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HISTOIRE
D'ANGLETERRE.
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DE L'IMPRfMiEÎRtE t>É P. 6lt)0t L'AINÉ^
Ç^fiYALUB DE L*ORDRE ROYAL DE 0AIST-MlGHK|;^
lUPBUUUB Dt7 AOk
DigitizecUsy CjOOQ IC
HISTOIRE
DANGLETERRE
DEPUIS 1760
;fDSQU'A LA FIN DU RÈGNE DE GEORGES H?
Pau SMODLETT et;^ADOLPH^US.
traduction de l'anglois,
Reyne ptir M. CAMPENON, de l'Acaddinie françoise,
four servir de complément à VHistoire d^Angletem de Hem.
TOME PREMIER.
A PARIS,
CHEZ JANET ET COTELLE, LIBRAIRES,
BUE HECVE-DES-PETITS-CHAMPS, N° 17.
M. DGCCXXI.
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AVERTISSEMENT,
On ne doit point s attendre à trouver dansi
SmoUett ce coup-d'œil pénétrant, cette pro-
fondeur, cet esprit philosophique, cette heu-
reuse concision, enfin cette rare impartialité,
qui ont élevé David Hume à un rang si dis-
tingué parmi les historiens modernes. Smoilett
fait souvent regretter que l'écrivain écossois
n'ait pas entrepris de compléter son histoire
d'Angleterre. Narrateur minutieux, il se borne
ordinairement à la simple exposition des faits,
et livre le lecteur aux réflexions qu'ils font
naître.
Heureusement un grand nombre de ces faits
sont assez attachants par eux-mêmes. Le pé-
riode de temps qui s'est écoulé depuis la révo-
lution de 1688 jusqu'à la mçrt du roi Geor-
ges H, est sans contredit une des époques les -
plus intéressantes de l'histoire d'Angleterre,
d'est cette époque que traite SmoUett. Aucun
des documents nécessaires pour la retracer
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VJ AVERTISSEMENT,
avec fidélité ne lui manqua; les meilleurea
sources lui furent ouvertes/, il eut k sa dispo-
sition les relations officielles des événements,
militaires et les registres du parlement. Cela
seul suffisoit pour donner du prix à son livre ,^
et ce fut sans doute ce qui en détermina le
succès en Angleterre. Ce succès s est soutenu
jusqu'à nos jours, puisqu'on réimprime rare-
ment Hume sans réimprimer en même tempa
Sipollett.
Quoique l'ouvrage de Smollett soit évidem-^
ment inférieur à celui de Hume, on a jugé
convenable de le traduire, paroequ'il en est
la continuation, la seule existante jusqu'à pré-»
sent en Angleterre. On a d'ailleurs cherché à
faire disparoître quelques uns de ses défauts,
et particulièrement une partialité bien mar-^
quée contre la France, partialité qui se mani->
feste çur-tout dans le récit des opérations mi-
litaires. On s'est également attaché à rendre
moins sensible la diffusion qu'on lui reproche,
en supprimant plusieurs petits détails peu di*^
gnes de l'histoire.
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HISTOIRE
DANGLETERRE.
GUILLAUME Ht ET MARIE.
LÏVRE PREMIER*
État de la nation immédiatement après la révolutioQ. —
Nouveau ministèrei — La convention transformée en par-
lement. — Révolte dans l'armée. •*- Couronnement , et
abolition de l'impôt sur les feux. — Les communes votent
des indemnités en faveur des Provinces-Unies. — t'enta*
. tives de Gu. lia urne pour gagner, les non-conformistes. ^-
Acte de tolérance. — Violents débats au sujet du bill dû
compréhension, — La chambre des communes fait une
adresse au roi pour demander la convocation du clergéé
-^ Revenus fixés. — La conduite des whigs donne de l'om-
brage au roi. — Animosités qu'excite le bill d'amnistie*
— Naissance du duc d« Giocester. — Affaires du conti-
nent. — La guerre est déclarée ^ la France. — Convenu
tion d'Ecosse. — Lettres du roi Guillaume et du roi Jac<*
ques à- la convention d'Ecosse. — L'autorité de Guillaumâ
est reconnue par la convention. — La couronne est dé-»
ctarée vacante. — Acte qui proclame Guillaume et Marie
souverains d'Ecosse. — Guillaume accepte la couronne
aux conditions proposées. — Énumération de? griefs de la
convention. — L'épiscopat est aboli en Ecosse. — Débatt
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3 >ÏÏSTOIRÉ d'ANGIETëARÉ^
dans e parlement d'Ecosse. -^ Le parlement est ajourna.'
— Siège et prise du château d'Edimbourg. — Les troupes
de Gnillaiinie sont battOFS ^ Killicrankie. — Le roi Jacques
c$t accueilli à la coâr de France. -^ Tyrconnel temporise
avec le roi Guillaume. — Jacques arrive en Irlande. —
— Proclamation' de Dublin. — Courageuse défense des
hai^itsTAts de Londonrferry. -^ Conduite de Bosen. — La
ville est secourue par Rirke. — Les habitants d'Inniskil-
ling défont et prennent le général Maccarty. -^ Assemblée
du parlement ^*Ii4aiide. — L'acte qui confîrmoit les pro-
testants dans leurs biens est annulé. — Acte de proscrip-
tion. — Le roi Jacques fait battre une monnote à bas titre..
— Les catholiques s'emparent des églises des protestants*
— Combat de la flotle françoise. — On revient , en Angle-
-terre , sur plusiedrè jugements.
■"""~"~ Ljk eonstttutlon tl'An^eterre avmt pris une face nott-
} ^' vellè: le prittcrpfe tfe l'hérédité, droit touiaurs invio-
la nation lablc, venoit d être ênJnn méconnu par un parlement
Mnmédia- jy^rg, Qn ne voyoit plus dans le pouvoir royal que
après i» l'effet d'un contrat entre le prince et le peuple : Tobli-
'iIod"' 6^^*^** de protéger d'une p£irt, et de Fautif celle d'obéir
étoietot regardées comme le lien qui les unissoit. Les
représentants xiè la nation firent une réclamation en
fùrmêées drôitskle leârs commettants, etGuillaume III
iïiôlita sur te trôné par une dapitolatîon véritable avec
le peuple. Le zélé des membres du parlement pour leur
libérateur paroît cependant l'avoir emporté dans cette
circonstance sur leur attachement à la liberté et à leur»
privilèges, il est sûr au moins qu^ils négligèrent la plu»
belle occasion qui pût se présenter d'ô ter à la couronne
les prérogatives auxquelles ils imputoient toutes les
;incieûiies calamités conune tous les maux récents -da
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(^toiiiàtMË iti Et !iAlil£j â
t^yaume. Le noavëau oionarque conâerva danâ toute "
«on étendue le,|>oiiv(Mr royal sur les parlements. On lui
laissa la liberté de les convoquer, ajourner, proroger et
dissoudre à son gré, aveti les moyens de dominer les
élections et d'opprimer les communautés. Il eut le droit
fie choisir 8àn^prop^e conseil, de nommer à tous les
grands «mpiois de l'état, de Tarmée, de la marine et
de Téglise^ et %e réserva le commandement absolu de
ia milice. Il festa ainsi éntièr^iient maître de- totts les
insferumeiïts de corruption et de violence^ sans autre
frein qii« sa propre modération et les eonseils de la
prudence qui lui commandoit de respecter les droits
réclamés par le pei^le, et le principe d^opposition sur
lequel la révohilioa létoit fondée, £n uii mot la nou-
nfelle oonstitntkHi fut terminée à la hâte, avant que
ie plan en eût été coavenafaiement réfléchi : précipi-^
tatîon toujours inévitable lorsque^ par un événement
&ubit, un gouvernement se ferme en présence d'une
opposition. On r«aQaix{ua que ie roi, qui étoit élu par
Je peuple, m<nt o^endant le pouVotr de régir 'l'état
sans sa participation , qu il pouit^oit gouverner /iffoe diyi"
no, quoiqu'il fût établi fure htananOy et que la qonsti-
jtution étoit fondée sur les maximes des torys , quoique
le changement de gouvernepent dérivât dl'un esprit ré-
puUioaia. En effet le roi ne fut pas fias qu'auparavant
responsable des actes d'administration du royaniiie, et
«a personne r^ta sacrée et inviplable.
Le prince d'Orange avoit été jqppelé en «Ân^eterre
par différents partis qu'un commun danger avoit réu«
nis ; mais ce lien ne fut pas plus tôt rœnpu qu'ils se
séparèrent, et chacun d'eux reprit sa première atti-
tude. Leur jalousie et leur animosité mutuelles se ra^
itdgé
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1689.
4 4IIST0IRE D*ÀNGLETÈAR£.
" Ilimërent, et s'accrurent encore par les discnssiom oii
les entralaoient un zélé et un enthousiasme immodé^
rés. Ceux qui d abord agîssoient par esprit de psitrio^-
tisme privent insensiblement toute Fanimosité de Tes*
prit de parti, et le roi Guillaume se trouva bientôt à la
tête d'une faction. Comme il avoit été élevé dans le
calvinisme^ et qu'il avcrit toujours témoigné de Téloi*
gnement pour les persécutions religieuses , les presby*
tériens et les autres protestants non-conformistes It
regardèrent comme leur protecteur spécial^ et montré'*
rent pour ses intérêts le zélé le plus ardent et le plus
soutenu/ LéîB amis de 1 église furent, par les mêmes
motifs, mécontents de son élévation : ils employèrent
toute lenr influence, d'abord à lui fermer laccès d«
trône, et ensuite à traverser ses mesures. Leur parti
fut embrassé par tous les partisans de l'hérédité, par
les catholiques romains, par les perspnnes attachées
au dernier roi, et par ceux que la conduite de Guil*
laume, depuis son arrivée en Angleterre, avoit aliénés^
jUs observèrent que, contre sa déclaration, il avoit ou-
vertement aspiré à la courcnme,^ et traité son beau-père
avec autant d'insolence que de rigueur ; que son armée
contenoit un nombre d'étrangers papistes {Mresque égal à
celui des catholiques romains d'Angleterre que Jacques
avoit eus dans la sienne , que les bruits. répandus avec .
tant d'artifice sur la naissance du prince de Galles, sur
lie traité avec la France, dans l'intention d'asservir l'An-
gleterre, et sur le meurtre du comte d'Essex, bruits
accrédités par le prince d'Orange, paroissoient main-
tenant sans aucun fondement ; que les troupes hoUan-
doises restoient à Londres, tandis que les forces de
i'Angleterre étoient distribuées dana des résidences éloi?-^
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GUILLAUME IIl ET MARIE. ' 5
gnées ; que le prince avoit déclaré qu'il garderoit les — '
premières auprès de sa personne , et qu'il enverroit les
autres en Irlande; que les deux chambres, complai- -
santés à l'excès pour Guillaume, avoient refosé, contre
toute justice, d'entendre dans sa défense leur dernier
souverain, et que les Hollandois avoient porté récem-
iaaent un grand préjudice au commerce de Londres, qui
déjà se trouvoit diminué d'une manière sensible. Telles
éloient les causes de mécontentement, qu'exagéroit en*
core le ressentiment de plusieurs gentilshommes et de
quelques autres personnes trompées dans leurs espé**
rances de fortune et d'élévation.
Guillaume commença son régne par une proclama* Nouveau
tiôn qui confirma tous les protestants dans les em- ™^°*****^*-
plois qu'ils exérçoient au premier décembre. Il choisit
ensuite les membres de son conseil. Us s'étoient tous
dévoués à ses intérêts, excepté l'arcfaevêque de Cantor^
bery et le comte de Nottingham. On les nomma par ^
égard pour le parti de l'église, qu'on ne crut pas pru-
dent de provoquer. Nottingham et Shrewsbury furent
faits secrétaires d'état. On donna le sceau-privé au mar-
quis d'Halifax, et le comte de Danby fut nommé pré-
sident du conseil. Ces deux derniers avoient beaucoup
de part à la confiance du roi , et Nottingham étoit un
personnage considérable comme chef du parti de Té*
glise; mais le principal favori étoit Bentinck, le pre«
mier membre des communes qui obtint la charge de
conseiller^privé, et celle de gentilhomme de la garde-
robe et de trésorier de la. cassette du roi. I>'Auver-r
querque fut fait grand-écuyer, Zuylesteiu grand-maitre
4e la garde-robe, ^t Schomberg maître de l'artillerie. On
confia è uue commission la trésorerie, l'amirauté et la
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6 HISTOIRE d'aNGLETERIIE,
i68û cheincellérie; dou^ç j^g^^ habile» furent élus; et le
diocèse de Salisbury étant devenu vacant par la mort
du docteur Ward, le roi» de son propre moureineiit»
y nomma le docteur Burnet» zélé défenseur db ses in-*
téréts» et Ftin des principaux artisans de la révolution*
Sancroft^ archevêque de Cantorbery, refiisa de le sa-*
çrer» sans spécifier les inotifs de son refus : priais crat-^
gnànt d'encourir la peine de rémprisonnement et dé la
confiscation <^es biens, il chargea de cette cérémonie
Vévéque de Londres et trois autres évéques suffragants^
Burnet étoit un prélat qui avoif des talents et beaucbiip
*d adresse» peu difficile en matière de discipline, d'aile
leurs curieux, vain, crédule, et araent à se mêler de
tout. Ayant encouru la disgrâce du dernier roi, U s'étoit
retiré siir le continent, et avoit fixé sa résidence ea
Hollande, où, après s'être fait naturaliser, il s'éloit
attaché aux intérêts du princîe d'Orange, qui le cohf
sultoit sur les affaires de TAngleterre. Il avoit servi
lambition du prince en composant son manifeste, et
en écrivant quelques pamphlets poor soutenir son en^
treprise. L^ambassadeur d'Angleterre Tavoit demandé
aux états de Hollande , comme un Ahglois fugitif, prost
crit par le roi Jacques, et excepté de Tacte d'amnistie;
mais il revint avec Gmllaume en qualité de son aumô^
nier, et, par ses intrigues, il contribua beaucoup au
succès de Texpédition^
L'histoire des régnes précédents nous a fait connottre
le caractère des principaux personnages dont fut com-
posé le nouveau ministère. On a dû remarquer les
grands talents, l'esprit vif et flexible d'Halifax ; le génie
actif, entreprenant et opiniâtre de Danhy ; l'éloquence
pompeuse, la chaleur et rpstentation de Nottingham;^
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GUILLAUME III ET MARIE. 7
la probité et la popularité de Shrewsbqry. Godolpkin , — ^ -
«ippelé au trésor, étoit joao^este, discir^t « l^abUf^, et pleia * ^*
de droiture. IVIords^unt» umamé d'abQr<^ cpiPiip^s^ire
du conseil, et depuis créé, dup de Mi^çmaiith) étoit
ouvert, généreux et ii24>u de principes répHblicakis.
Delamere, chancelier de Téchiquier, él^v4 d«ins ^ ^uite
au rang de comte 4^ W^K^ii^g^oP? étpit un boKup^ vén^
et dissimulé. L obéissance, la fidélité et le dévoufineQt
h son maître formoient le caractère de B^iiti^ck^quî
fut porté par le roi à la dignité de comte de Port^^nd.
Le favori anglois Sidney étpit ^n hopme d'esprit et
de plaisir, possédant tous les talents £|im£d>lef çleU çqa- '
versation, et fait pour te^ rapports iati^ie^ d^ Fainitié»
mais peu pcopre ^\\x afFair^ç publique^ par son ifi^do*
leace et son peu d application. l\ fiit ^nobti» ^% noinmé
ensuite comte de Ronj^^ey , titr^ auquel furent ^JQutées
successivement plusieurs pl^icf^ ifl^pprtantes et luor^*
tives. Les honneurs et le^ emplois furent prodigués «lux
whigs, et cette apparente partialité confirma le parti
opposé dans ses s^oupçqas et d^nfr SQ^ resseQtJimeiit,
La première résolution prise ^b^s le nouveau conseil La con-
fut de changer la convention en parlement, afin que le Jansfor-
nouvel ordij-e de choses pût être affermi par une' ssjnc- raée eu
lion légale, sanction qui naanquoit encore, rassemblée ^^J^^
A'ayant point été convoquée par lettres du prince. L'es-
sai de nouvelles élections fut trouvé trop hasardeux, et
Je conseil décida que le rçi poiivoit» de sa propre au^
torité, changer la cpnvention en pf^rl^iaent, en se ren-
dant à la chambre de^ pairs avec le céréinonial d'usage
pour les souverains, et en adressant du haut de son ^
trône une harangue aux deux chambres r^unie^. C0
moyen fut donc employé. Guillaume assura \e% charnu
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8 HISTOIRE d'aNGLETEKRK.
- " ' ■ ■ '■ - ■ - bres qu il ne feroit jamais riea qui pût diminuer la
*"°9' bonne opinion quon avoit conçue de son intégrité. Il
leur dit que la déplorable situation de la Hollande exi*
geoit sur-le-champ leur attention et leur assistance;
que Tétat des affaires de Tintérieur demandoit égale-
ment de leur part un çxamen sérieux; qu'il étoit né-
cessaire de bien établir la marche du gouvernement,
non seulement pour assurer la paix dans le royaume,
mais encore pour soutenir au-dehors les intérêts des
protestants ; que les affaires de Flrlande étoient dans
une situation trop critique pour souffrir le moindre
délai dans les délibérations ; il finit en les i)riant de se
concerter sans retard sur les mesures qu'elles juge-
roient nécessaires au bien de la nation. Les communes ,
de retour ^ans leur chambre , votèrent aussitôt une
adresse de remerciement à sa majesté, et décidèrent
que son discours seroit pris en considération. Depuis
que le trône avoit été déclaré vacant par une foible ma-
jorité de la chambre des pairs, ceux qui s'étoîent oppo-
sés à cette déclaration s'étoient peu-à-peu retirés de la
chambre ; en sorte qu'il n ^ resta guère que les membres
dévoués au nouveau monarque. Ils présentèrent uni
bill dont l'objet étoit de prévenir toute contestation
sur le parlement actuels Pendant qu'on s'en occupoit;
M. Hambden , dans la chambre-basse , proposa cette
question : Un roi élu par les lords spirituels et sécu-
liers et pçir les membres des communes assemblés à
Westminster ne forme^-t-il pas,, en venant délibérer
avec eux sur les affaires de l'état, un parlement aussi
complet, un pouvoir législatif aussi légitime que s'il
avoit, par une ordonnance, fait procéder à de nou-
velles élections? Plusieurs inembres affirmèrent qu'unç
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GUILLAUME III ET MARIE. 9
ordonnance du roi étoit aussi nécessaire que sa pré- *"
sence pour former un parlement légal, et que cette
condition n'ayant pas été remplie, la convention ne
pouvoit être, en aucune manière, investie de l'autorité
de parlement. Les whigs répliquèrent que l'essence
d'un parlement étoit tout entière dans la réunion et
la coopération du roi, des lords et des communes, et
que la convocation par writs ou lettres n'étoit point
une formalité indispensable. Ils appuyèrent cette opi*
nion d'exemples tirés de l'histoire d'Angleterre ; ils ob-
servèrent que de nouvelles élections entraîneroient de
grands troubles,. des dépenses et une perte de temps;
et qu'un pareil délai pourroit être funeste aux intérêts
des protestants en Irlande, aussi-bien qu'aux alliés du
continent. Au milieu de ces débats le bill fut apporté
de la chambre des lords; on en fit lecture, et un co-
mité fut nommé pour y faire quelques amendements.
Dès qu'ils furent terminés les communes le renvoyèrent
à la chambre -haute, et il reçut aussitôt la sanction
royale. Par cet acte les lords et les membres des com-
munes, assemblés à Westminster, furent constitués en
chambres du parlement, et investis de tous les pou-
voirs attachés à ce titre; il fut déclaré que le présent
acte, et tous ceux qui recevroient la sanction royale
avant la prochaine prorogation du parlement, auroient
force de loi, à dater du i3 février; qu'au lieu des an-
ciens serments de fidélité et de suprématie, chaque
membre préteroit le ift>uveau serment consigné dans le
bill, sous les mêmes peines qu'auparavant, et que le
parlement actuel seroit dissous de la manière accou-
tumée.
Aussitôt après il s'éleva un vif débat dans la chambre.
1689.
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19 HISTOIRE D ANGLETERRE.
— - des commuaes au sujet des revenus que les partisans
* ^' de la couronne prétendoient être dévolus à Guillaume,
au moins jusqu'à la mort de Jacques, la plus gp^ade par-
tie en ayant été accordée pour toute la vie de ce âemier.
> Les membres de Topposition prétendirent que ces reve-
nus ayoient dû expirer avec lautorité de Jacques , et Le
parlement se rangea à cet avis. On fit alors une propo*
sition tendant à fixer le nouveau revenu du roi et de la
reine , et la chambre décida qu'elle seroit prise en conr*
sidération. Pendant qu'on délibéroit, un message de sa
majesté vint informer la chambre que le dernier roi
avoit mis à la voile de Brest avec un armement pour
faire une descente en Irlande. Les membres du parle»-
ment résolui^nt aussitôt de soutenir Guillaume de leura
fortunes et de leurs vies : ils votèrent des subsides tein?-
poraires de quatre cent vingt mille livres sterling , à
lever par mois; et les deux chambres portèrent au roi
cette détermination. Mais il ny eut d'unanimité que
lorsque plusieurs pairs spirituels et même séculiers se
furent retirés plutôt que de prêter le serment. C^ux qxkJL
le refusèrent furent, parmi les prélats, SanQrpft, ar-<
çhevequedeCantorbery; Turner, évêqued'Ély; linke»
évêque de Çhichester; Ken, évêque de Bath et Wells;
White, évêque de Peterborough , Thomas, évêque d«
Worcester; Lloyd, évêque de Norwich; Frampto»,
évêque de Glocester; et, parmi les pairs séculiers, le
duc de Newcastle, les comtes de Clarendon, de Litck*
field, de Yarmouth et de StafFord. Cinq évêques quittée
rent la chambre à-la-fpis; mais, avant de se retirer,
l'un d'eux proposa un bill de tolérance^ un autre un biU
de réunion des deux sectes, pour que les non-confor»
fuistes modérés pusseAt se réconcilier avec l'église» et
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GUILLAUME III ET MARIE. ft
être admis aux bénéfices ecclésiastiques. Ces bills fu- -
rent prépares et présentes par le comte de INottingnam,
qui reçut à ce sujet ks remerciements de la chambre.
]Depuis cette époque les membres du parti opposé au
gouvernement de Guillaume fuirent désignés sous le
pom de non-^assermerUés, Ils se refusoient à Tidée d'un
roi dejacto, et d'un pouvoir divisé et limité ; se décla<-
rant pour la puissance absolue et pour Thérédité de
droit divin, qu'ils regardoient comme inhérente au titre
de roi.
Ce parti avoit déjà commencé ses menées contre le Rr>o1te
nouveau gouvernement. Le roi, instruit de ses corn- ^"J^'^J.**^"
plots par des- lettres interceptées, fit arrêter le comte
d'Arran, sir Robert Hamilton, et quelques autres gen-
tilshommes écossois. Il informa ensuite les deux cham-
bres des mesures qu'il avoit prises, et demanda même
leur avis sur la conduite à tenir dans une affaire si déli-
cate, qui l'avoit mis dans la nécessité de s'écarter des
lois du royaume. En le remerciant du soin qu'il pre-
noit de leurs libertés, les pairs le prièi*ent de s'assurer .
de tous les perturbateurs du repos de l'état, et les com-
munes lui donnèrent plein pouvoir à cet égard par un
bill qui suspendoit Yhabeas corpus jusqu^au 17 avril
suivant. C'étoit une preuve de confiance qu'on n'avoit
jamais donnée à la couronne sous le dernier régne,
même lor8(5[ue d'Argyle et Monmouth étoient en révolte
ouverte. Cependant un esprit de mécontentement s'étoit
répandu dans l'armée. La cour en conçut de telles alar-
mes, que le roi résolut de retenir en Angleterre les
troupes hollandoises, et d'envoyer à leur place en Hol-
lande tous les régiments qui s'étoient fait remarquer
comme le moins attachés à sa personne. De ce nombre
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#
lit EISTOIBE D ANGLETERRE.
fut le régiment écossois de Dumbarton, commandé par
^' le maréchal Schomberg. Il se révolta, dans sa route ^
à Ipswich, s'empara de la caisse militaire, désarma les
officiers qui vouloient réprimer le désordre, se déclara
pour le roi Jacques, et, avec quatre pièces de canon,
se mit en marche vers TÉcosse. Au premier avis de
cette sédition, Guillaume ordonna au général Ginckle
de poursuivre les révoltés avec trois régiments de dra-
gons hoUandois ; alors ils furent forcés de se rendre à
discrétion. Comme les coupables étoient tous Écossois,
et que leur pays n'étoit pas encore régulièrement sou-
mis au nouveau régime, le roi ne crut pas devoir les
iraiter comme rebelles ; il les fit seulement partir pour
la Hollande, suivant les premiers oidres. Quoique cette
tentative eût échoué , elle fit une vive impression sur
les ministres, qui étoient divisés entre eux et irrésolus
dans leur marche. Ils profitèrent cependant de cette
circonstance pour proposer un bill contre la mutinerie
et la désertion. Ce bill n'eut pas de peine à passer aux
deux chambres, et reçut la sanction royale.
Courons La formule du serment pour le couronnement ayant
AbXion subi quelques changements et reçu quelques addi-
de rim- tious (i). Cette cérémonie eut lieu le ii avril. Ce fut
£ôt sur ^ ^^
is feux.
(i) Cette nouvelle formule contenoit les questions et les réponses
suivantes : « Demande. Promettez-vous et jurez^vous solennellement de
«gouverner ce royaume d'Angleterre et les états qui en dépendent^
a conformément aux statuts passés en parlement, et suivant ses lois et
<c couînmes? JRéponse. Je le promets solennellement. D, Pru mettez-vous
v d'employer tout votre pouvoir à fairr. exécuter les lois avec clé-
«raence dans tous vos jugement^? H, Je le promets. D, Promettes-
te vous d'employer tout votre pouvoir à maintenir les lois de Dieu ,
« la vraie profession de l'évangile , et la religion protestante réfor-
irviée, telle qu'elle est établie par les lois? Promettez- vous aussi do
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GUILLAUME III Cf MARIE* l3
Tévéque de Londres qui officia , suivant le désir du — T"T^
jroi,' au lieu du métropolitain, qui étoit du nombre des ^
mécontents. Les communes allèrent en corps à White-
hall présenter au roi et à la reine une adresse de féli-
citation. Guillaume, dans Tintention de se concilier
l'amoutde ses nouveaux sujets et d'arrêter les progrés ^
des mécontents^ fit conuottre par un message solennel
à la chambre des communes qu'il s'empresseroit d ac-
quiescer à toutes les mesures que le parlement jugeroit
convenable de prendre pour régler de nouveau, ou
même pour supprimer entièrement la taxe sur les' feux,
qu'il savoit être onéreuse au peuple: cette taxe fut abo-
lie. Il reçut à ce sujet une adresse de remerciement con-
tenant les protestations les plus vives de dévouement ,
de reconnoissance et d'amour, et une promesse de /
prendre toutes les mesures nécessaires au soutien de
la couronne, afin de prouver au monde entier qu'il
régnoit sur le cœur de ses sujets. ^
Le roi, dans sa réponse, assura le parlement qu'il j^^ go^^
auroit toujours à cœur les droits et le bonheur de la munea
nation. Il exposa l'épuisement de la Hollande, et s'éten- jes in-
dit sur le zélé de cette république pour les intérêts de <l««nnitë«
* CD faveur
l'Angleterre, et pour le maintien de la religion protes- des Pro-
tante ; il exprima l'espoir qu'il avoit que le parlement Unies"
Tembourseroit non seulement les sommes que les Pro-
«maintenir les évéqaes et le clergé de ce royaame, ainsi qae les
« églises confiées à leurs soins dans tous les droits et privilèges qui,
m d'après les lois, leur appartiennent ou appartiendront, soit à eux
«tous ensemble ou à chacun d'eux en particulier? JR. Je promets
« toutes ces choses. « Ensuite le roi et la reine dirent , en mettant
la main tnr les évangiles : « Les promesses que je viens de faire » j[e
.1 les accomplirai t^iites : ainsi Dieu me soit en aide ! »
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ii HÎSTClJRÈ d'a^GLETEÉIRÉ.
* ■ ' - vinces-Unies a voient dépensées pour son expédition ^
^^' mais encore qu'il les seconderoit de tous ses moyens
contre les cfnnemis communs <le letir liberté et de leur
religion ; il appuya sur la nécessité d'avoir une armée
et une flotté capables de réduire 1 Irlande et de défen-
dre TA'ttgleterre, et il demanda que le revenu de Tétat
fût réglé de manière à pouvoir être perçu sans difficnlté
iii résistance; La sonmae entière employée par les états-
généraux pouf l'expédition de Guillaume s'élevoit à
sept millions de floriias. Les communes accordèrent «ix
cent mille livres sterling pour acquitter cette dette y
contractée dans î intérêt de leurs droits et de leur reli-
gion. Elles votèrent des fontîs pour lever et entretenir
une armée, de vingt-deux mille hommes, et pour «qui*
per une flotte nombreuse ) mais elles n^assurèrent que
pour six mois les Fonds nécessaires à la subsistance des
troupes, espérant que ce teinpB sufBroit pour la sou-
inission de l'Irlande. Le roi regarda cette restriction
' comme un témoignage du 'peu de confiance qu'on avoit
en son administration. Les wbigs avoient résolu tie ne
lui accorder des subsides que successivement, afin qu'il
sentît le besoin qu'il avoit de leur zélé et de leur at-
tacbemeùt : mais tant de précaution fut loin de lui
plaire.
Teotati- Guillautae étoit naturèllemetit disposé en faveur du
ves de calvinisme, et ennemi de la persécution. Quelles qu'eus-
Guillau- ^ , m r -
me pour seut été ses promesses, quels que tussent ses senti^
G»6"«'' ments de respect pour l'église anglicane, l'opposition
confor- qu'il avoit rencontrée dans les membres du clergé, et
misics. par^cijjièreraeat dans les évéques, avoit altéré cette
bienveillance. En refusant de siéger au pai^lenent iU
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GUILLAUME lit Et I^ARÎE. tS
Avoiait ouvertement méconnu son titre et décliné son ^^
antorité. Il résolut donc d abaisser Téglise et d'élever ^^
eci même temps ses amis, en écartant les obstacles op-
potés aux Don^conformiMes, et en réintégrant les pro-
testants presbytériens dans le droit de posséder et
d exercer totts les emplois civils. Lorsqu'il revêtit de sa
sanction le bill qui suspendoit Vhabeas corpus^ il de-
manda <|ue Ton déterminât la formule du nouveau ser-
ment <pii devait remplacer ceux de fidélité et de supré-
matie; il exprima aussi le désir formel qu'il Ait permis
à tous les sujets protestants d'occuper les emplois dont
ils seroient jugés capables, présumant, disoit-il, que
eette mesure «établiroit plus d'union entre eux et leur
donneroit plus de force contre l'ennemi commun. C'est
pour répondre à <ce vœu du roi que, dans le bill qui
abrogeoit l'ancictti serment et le remplaçoit par un
autre, il fut inséré une clause portant que le test sacra*
mental n'étoit plus nécessaire pmtr rendre qui que ce
fàt kabile à posséder un office ou à exercer un emploi ;
mais ce bill fut rejeté, à une grande majorité, dans la
chambre des pairs. Une autre proposition faite en d'au*'
«res termes par les pfeirti<sans du roi , pour arriver au
même but, éprouva le même sort, quoique, dans les
deux chambres, plusieurs membres du parlement eus-
ses protesté contre la mestare du rejet.
Tant d'efforts malheureux en faveur des non-con-
fomnistc^ fùe fiveiit qu'augmenter les préventions du
H^f^^é cobtrfe le roi, qui auroit volontiers terminé le
débatl^ dispensant le clergé de tout serment , pourvu
que les non-conformistes ne fussent point assujettis au
test êadramoii[tal^ Mais c'étoh là le-boulevard de l'église ,
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l6 HISTOIRE 0*ANGLETERRE4
""TT et c'est ce qui fit rejeter la proposition. Dans la cfeam^
bre des pairs les partisans du clergé demandèrent qu'ati
lieu de l'obliger, par une clause expresse, à prêter les
serments, on autorisàt^ulement le roi à les demander
aux ecclésiastiques, qui, s'ilsl les refusoient^ seroient
passibles des peines légales : car, disoit-on^ il étoit à
redouter que la privation de leurs bénéfices, ou la
crainte de les perdre , ne réduisît^les membres du clergé
au désespoir, et ne les entraînât à quelque dessein con-
tre le gouvernement. Cet argument ne fut d'aucun poids
à la chambre des communes ; elle jugea qu'il étoit in-*
dispensable d'exiger le serment du clergé, dont l'exem-
pie influoit sur tout le royaume^ et dont les fonctions
s'étendoient sur l'éducation de la jeunesse. Après de
longs et vifs débats, le seul terme moyen qu'on put
obtenir fut une clause qui permettoit au roi de faire
jouir, aussi long- temps qu'il lui plairoit, du tiers de
leurs bénéfices les douze ecclésiastiques qui s'en trou-
voient dépouillés par l'effet de cet acte. Ainsi les an-
ciennes formules des serments de fidélité et de supré-
matie furent abolies; le nouveau serment de fidélité
fut réduit à sa simplicité primitive, et le serment du
couronnement fut renfermé dans des termes plus pré-
cis. Les membres du clergé furent tenus de prêter ser-
ment avant le premier d'août, sous peine d'être privés
pendant six mois de leurs emplois, et d'en être dépos-
sédés pour toujours s'ils n'obéissoient point avant l'expi-
ration de ce délai. Tous finirent par se soumettre, mais
avec des distinctions et des réserves qui faisoient peu
d'honneur à leur sincérité.
Quoique le roi eût échoué dans ses projets contre
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GUILLAUME III ET MARIE. 17
le test Mcramental, il voulut favoriser les non-c6nfor-
mistes par un ac^ de tolérance; il fit préparer à cet ^^
effet par le comte de Nottingham un bill qui, après ^^^^i^
quelques difficultés, padsa en loi sous le titre docte tolëmn*
pour exempter les non-conformistes ^ sujets dç leurs ma^ ^^'
jestés , des peines portées par certaines lois. Ce bill éta^^
blissoit qu aucune des lois pénales ne sei*oit applicable
aux non-confortni^tes qui aûroient prêté serment au
gouvernement actuel et signé la déclaration de la trei*
zième année du régne de Charles II , à condition toute*
fois qu'ils ne tiendroient ni assemblée particulière, ni
conciliabule à portes closes, et qu'ils seroient assujettis
au paiement des dîmes et des autres droits dé paroisse.
Le bill portoit aussi qUe^ s'ils étoient choisis pour rem*
plir les fonctions de constables ^ de marguilUers, sur-
veillants ^ etc. , et qu'ils répugnassent à prêter le sér-
iaient attaché à ces fonctions^ il leur serbit libre de les .
faire exercer par procureur; que les ndn*eobCûirmistes
chargés dans les congrégations de prêcher ou. d'ensei-
gner, qui aûroient prêté le serment et signié la décla-
ration, 4 l'exception des articles 34, 35, 36, et d'une
partie du 20*, ne seroient point sujets aux peines por-
tées contre eux, et seroient dispensés des devoirs de
juré et des fonctions paroissiales; que néanmoins. tous
les juges de paix seroient autorisés à exiger d'eux le
serment et à les forcer de signer la déclaration, avec
pouvoir, en cas de refus, de les constituer prisonniers,
sans qu'ils pussent être admis au privilège de donner
caution. Cette indulgence s'étendit jusqu'aux anabap-
tistes et même aux quakers, sur leur promesse solea-
neile devant Dieu d*étre fidèles au roi et à la reine, leur
II. ^ a
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l8 flISTDlRE d'ANGLETÈARB.
' "" " ' " simple pTomesse pcmva«t te»ir lieu du serment exigé
^* des autres. On les obligea seulement à déclarer leur
croyance à la Trinité et aux saintes Écritures.. Les pa^
pistes se ressentirent aussi de la modération dé Gtiil-
laume en matière de religion. Il repoussa les instances
de quelques zélateurs qui Fexcitoient à des mesures sé-
'A ^^^^^ contre les papistes récusants. Il objecta qii'un
*parti si violent détacheroit les catholiques européens
des intérêts de l'Angleterre, et poutroit foire dégénéi:er
la guerre actuelle en guerre de religioil ; qu^enfin il -né
pourroit pas protéger les protestants d'Allemagne pen-
dant qu'il persécuteront les catholiques d'Angleterre. Il
prit donc le parti de les traiter avec douceur, et de leé
admettre: au bénéfice de là toléraàce, quoiqu'ils ne
fussent pas compris dans l'acte. ,• ' '
Violents On a déjà vu que, sur la proposition des évéques qui
sujet ^diT s'^toient retirés du parlement, un bill aVoit été présenté
bill de à la. chambre des pait^ pour réunir tous lés sujets pro-
htmion, testants.: €ette démarche avoit été très agréable au roi;
qui desiroit vivement la réunion pl'oposée. Dans la dis-
cussion qui s'éleva au sujet de ce bill, on agita vivement
la question, de ^avmr si iâ communion d^voit être reçue
à genoux, et cette question fut résolue négativemeni
en faveur des non-conformistes. Des débats non moins
violents s'engagèrent lorsqu'il fut proposé d'admettre
des laïques dans une commission d'évéques et d'autres
membres du clergé que le roi devoit charger de prépa-
rer, dans les affaires ecclésiastiques , une réforme qui
terminât toutes les divisions et corrigeât ce qu'il pou-'
voit y avoir dans lia constitution de défectueux où d^er-
rôné. Beaucoup de Iwds temporels appuyèrent cette'
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1689.
GUILLAUME III Et MARIE". I9
j^ropositiott ; elle fut cependant rejetée, et quatre d'en-
tre feux protestèrent contre la délibération. L'évêque
Burnet fat un de ceux qui s'opposèrent le plus à Tad-
mission des laïques. Le zélé qu'il fit éclater dans cette*
circonstance fût attribué au désir qu'il avoit de gagner
la confiance du clergé, dont il étoit assez peu cbnsi-' , /:
déré. Mais le mérite de ce sacrifice fat détruit par les'^jM^^
arguments dont il se servit pour faire dispenser de"
Tagenouillement ceux qui recevroient la communion,'
et par la proposition qu'il fit d'ajouter au bill une clause
qui, en dispensant de toute appi^obation ceux qui s'y
soumettroient, ne les ohligeroit qu'à la promesse de
s'y conformer. '
Le bill, qui avoit passé avec tant dé difficulté à lal^a cham-
chambre des pairs , fut rejeté dans celle des communes, commu-
Un assez grand nombre de mécontents, qui s'éCoient ^®* ^*''
d'abord abstenus de siéger au parlement, y revinrent, adresse
dans la vue d'entraver la marche du ffouvememeat ^^ **°'»
^ pour
que leurs efforts n'avoient pu empêcher de s'établir, demander
Au lieu de discuter le bill, les communes présentèrent ç* t^o,°^j^|
une adressé aii roi pour le remercier de sa gracieuse clergé. *
déclaration, et dès assurances répétées qu'il leur don-
noit de maintenir, par la législation établie, l'église
d'Angleterre, dont la conduite et les doctrines prou-
voient une fidélité à toute épreuve. Elles supplioient
humblement sa majesté de convoquer le clergé, afin
que, suivant Tancienne coutume des parlements, il
fût consulté sur les matières ecclésiastiques ; déclarant'
qu'elles prendiroient alors en considération tous les
moyens propres à satisfaire les protestants non-confor-
mistes. Quoique le roi n'eût pas lieu d'être content de
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30 HISTOIRE O ANGLËTEJIAB.
"TT" cette adresse, à laquelle avoit concouru la chaïqbre des
pairs , il chargea le comte de Nottingham de répondre
aux chambres que Féglise d* Angleterre seroit toujours
Tobjet de ses égards et de son attention particulière,
qu'il leur recommandoit les non-conformistes, et qu'il
assembleroit le clergé aussitôt que cette mesure paroi-
troit convenable. Ce message ne produisit aucun effet
en faveur du bill, qui fut laissé de côté. Ceux, qui l'ap-
puyoïent, n'ayant d'autre vue que dé montrer leur
modération , excitoient en même temps leurs amis à le
combattre* D'autres craignoient qu'en y donnant leur
assentiment ils ne fussent considérés comme ennemis
de l'église, et un grand nombre des plus éminents pres-
bytériens ne favorisèrent pas un projet de réunion qui
diminuoit leurs forces et affoiblissoit leur parti. Le bill,
ainsi ccnnbattu violemment d'un côté et foiblement sou-
tenu de l'autre, ne put passer en loi. Cependant le rot
tenoit tellement à l'accomplissement de son dessein
qu'il le fit présenter à la session suivante sous une
autre forme, mais- avec aussi peu de succès.
Bevenus Le premier objet qui vint fixer ensuite l'attention
du parlement fut de déterminer les revenus nécessai-
res au soutien du gouvernement. Jusqu'alors il n'y
avoit eu aucune distinction entre les fonds destinés à
la couronne et ceux qui étoient consacrés au service
public : les uns et les autres étoient à la disposition
du souverain. Comme sous le dernier régne ces fonds
avoient été souvent dissipés ou mal appliqués, on con-
vint de fixer un revenu particulier pour l'entretien de
la maison du roi et les dépenses convenables à la di-
gnité de la couronne ; le reste des deniers publics de-
voit être employé sous l'inspection du parlement. C est
£Ui.
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GUILLAUME III ET MARIE, 21
depuis cette époque que les communes ont affecté à .
ehaque différent service un revenu annuel déterminé ,
et que le compte de ces dépenses a été soumis , cha-
que session , à la vérification des chambres. Ce fut
alors aussi que le parti dominant , qui étoit celui des
whigs, fit décider que les revendus seroient accordés
d'année en année, on du moins pour un très petit
nombre d'années , afin de tenir le roi dans une sorte
de dépendance du parlement , et de l'obliger à obtenir
par la sagesse et la popularité de son administration, le
renouvellement de ses revenus. D'après ce principe,
quand la question des revenus fut soumise aqx com-
munes, elles prirent prétexte des dépenses anticipées
qu elles n^avoient pas le loisir de vérifier, pour n'ac-
corder que le revenu d'une année. La liste civile fut
fixée à six cent mille livres sterling, somme sur la«
quelle dévoient être pris les appointements de la reine-
douairière, du prince et de la princesse de Danemarck,
des juges , et du maréchal de Schomberg , à qui le par-
lement avoit déjà accordé une gratification de cent
mille livres sterling , en considération des services im-
portants qu'il avoit rendus à l'Angleterre. Les çom-r
munes votèrent aussi un revenu constant de deux cent
mille livres sterling pour les dépenses de la couronne ^
en temps de paix.
Ces restrictions à l'emploi des deniers publics , ré- La con-
sultât le plus salutaire de la révolution, donnèrent de ^^^^. ^®*
l'ombrage au roi. Il les considéra comme un témoi- 4oBne de
gnage de méfiance par lequel on le distinguoit de ses ^ ^^^^
prédécesseurs , et comme une marque d'ingratitude
après les services qu'il avoit rendus à la nation. Les
ttorys , qui s'aperçurent de son mécontentement , saisi-
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> ^2 HISTOIRE D ANOLÊTEfi-IlC.
— rent cette occasion pour l'exciter contre leurs adf^er-^
^' saires» La conduite des whigs dai^s la discu^aûm rela-
tive à la milice ne fit qu^ajouter à .c0te disposition. 11
fut proposé à la chambre un bill qiui !(eadoit à sousf
traire presque entièrement la milice à la dépaatdance
du roi et des lords - lieutenants des comtés. Gomme
ces derniers étoient presque tous pairs, le biU resta
$ur le bureau. Néanmoins cette tei^tative confirma les
çpupçons du roi, qui craignoit d'être dominé par ua
parti républicain. Les tory s, il est vrai, avoient chargé
le comte de Nottingham de lui offrir leurs services;
mais ils se. plaignoient en même temps de ce qu!ex-
posés, comme ils Tétoient , dans leurs vies et dans
leurs fortunes, ils ne pou voient, sans encourir la per-'
sécution de leurs implacables ennemis., prouver leur
dévouement à la couronne , à moins qu'ils ne fussent
mis à couvert par un acte d'amnistie.
Animosi- ^es remontrances firent assez d'impression sur Tes*
*f* <ÏV'^^: prit du roi pour le décider à charger M. Hambden de
eiielébiU ^ ^ 1 1. u J un J»
d'arnnis- proposcr a la chambre des commpnos un mil d amms-*
tie, comme le moyen le plus ef^cace de mettre un
terme à toutes les divisions. Le roi demandoit que ce
bill fût examiné et adopté dans le plus court délai , et
sans autres exceptions que celles qui seroient oom->
mandées par l'intérêt de la justice , la sûreté du trône
et le bonheur de l'état. La chambre vota unanimement
un acte de remerciement pai roi. Mais les whigs mi-*
rent tant dç lenteur dans la discus3ion du bill , qui
dura tout le temps de la session, que le dessein du noi
se trouva paralysé. Leur projet étoit de contenir leurs
ennemis par la terreur, jusqu'au moment où ils pour^
roient trov^ver une occasion de se venger, et en même
ne.
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OVlhhAVUlR in tff MARIE. a3
Umps d^:).ea empêcher de ,former u^ part^ d'opposi- - . ■—
tioapw Tappr^eB^iqu du^ dapg€r imminent. Ih
ÛQUoiç^t q\iie le çb^^^ip 'd^ Qu^ilaume étpit d'éteadre
la -psévog^ffiye royale ^lassiyl^iQ qu'elle ^voit §té portée
sous les itègnes précf§den4s » «)t q^ c'étoit |>^r ce ix^otif
qu'il injsistoit sur 1 acte d'amnistie , ^n d'employer
ensuit^ plus lij^iSQieiit les hommes qui avoiem été les
instriuoeots de la dernière tyrannie. Pendant que les
cpmtes 4^ Mpnq[;4>|i^th et de ^Warrington répandoient
ces alarmes parmi leurs partisans, le comte de Notring-
ham^ de.spn côté^ ne néghg^t aucun moy^ de dé-
tacher }^ rqi de sqs anciens amis. De p^rt et d'autris ils
parvinrent à ^exciter beaucoup de trouble et d'^nimo*
§itéy m^gjçé les efforts des comtes de Shrewsbury et
de Dévpnsi;(irie pour calmer les esprits eH délruire les
préventions réciproques. .
. Suivant les premières résolutions de. 1^ convention , Naûsan-
QU crut convenable alors 4ç Passer un acte qui réglât ^^^ qj^^
\es droits à Ja succession. £46 l^ill présente à la çhaxnr cesier.
brjB xles coEumun^s contenoit .uçiie «laiise pour, en ex-
clure les papistes. La chambre d^s pairs cpQ^prit aussi
dans cette exclusion le$ prinqes q^, princesses qui
çpouserx;^iei^;t de^ papistes, relevant , daos ce cas, les
sujets du Sjerment de fidélijté. D'après le vœu du roi,
l'éyéque de Salisbury proposa de mentionner dans
Taçte de succession la priiK^esse de Hanovre et ses en-
fants ,.c9,m$ae le^ plus proches héritiers protestants , à
défaut 4e d^$Qç|2<^nts du roi y ou de la pri^esse
Anne de Danem^rck. Cçs additions occasioRèr^nt de
violents d^bpits ^m la chambre des communes ; elles
furent vivoment çQmbatti\ç§, et p^rceux qu^.étç^ent
restés atta^çhés au dernier roi et à la succession directe,
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â4 itISTOtBE D^ANeLET£RR£.
et par le parti républicaim qui se flattoit de voir Ia(
^' monarchie détruite par la mort des trois personnes dé-
signées dans le bill. Les lords persistèrent dans leur
propojsition , et les deux chambres eurent à ce sujet
plusieurs* conférences sans résultat. Mais le biil se
trouva écarté par un événement bien propre à ras-
surer ceux qui craignoient que la couronne ne passât
aux papistes. Le 27 juillet, la princesse Anne accoucha
d'ui^ fils qui reçut le nom de Guillaume , et fut nommé
duc de Glocester.
Affaires Au milieu de ces embarras domestiques , Guillaume
^^ ne néfflieeoit point les affairés du continent: Il conser-*
cpnti- . „ Il , . , rt
nent. voit en Hollande toute son ancienne muuençe, et ses
con^patriotes avoient raison de compter sur les assu-
rances répétées de Son attachement. Il commença dès-
lors à mettre à exécution le projet qu'il avoit depuis
long-temps d'une ligue contre la France. Les princes
de l'Empire assemblés à la diète poussoient l'empereur
à déclarer la guerre au roi de France , auquel ils re-
prochoient de nombreuses infractions aux traités de
Munster, d'Osnabruck , et de Nimégue, ainsi qu'à la
trêve. Us Taccusoient de s'être montré l'ennemi invé^
téré^u saint-empire en violant leur territoire sans pro-
vocation; ils conjuroient l'empereur de faire la paix
avec les Turcs, qui offroient des conditions avanta-
geuses , et.de rompre avec Louis XIV, déclarant que ,
si ce parti étoît adopté , ils regarderoient la guerre
comme guerre d'empire , et la soutiendroient de tous
leurs moyens. Les états-généraux publièrent un ma-?
nifeste contre l'ennemi commun , dans lequel , en rap-
pelant différentes infractions au traité de commerce^
ils reprpchoient à la France d'avoir enVeloppé des su*
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GUILLAUME III ET MARIE. â5
jets hoUandois dans la persécution dirigée contre les "
protestants, de les avoir caressés par des promesses
insidieuses , et insultés ensuite par des menaces ou-^
trageantes ; d'avoir opprimé et vexé les négociants
hollandois qui commerçoient avec la France ; enfin
d'avoir déclaré la guerre aux Provinces-Unies, sans
alléguer aucun motif qui pût justifier cette rupture.
L'électeur de Brandebourg , eh prenant parti contre la
France , déclara qu'il étoit du devoir de tout prince de
s'opposer aux vues ambitieuses de cette puissance.
Dans une réponse à la déclaration de Louis XIV contre
le roi d'Espagne, le marquis de Castanaga, gouver-
neur des Pays-Bas espagnols., lui reprodia d'avoir ra-
vagé r£mpire sans égard aux lois de l'humanité , de la
religion; et même de la guerre; d'avoir approuvé des
actes.de cruauté et d'oppression, et de s'être entendu
pour la destruction de l'Empire avec les ennemis du
christianisme? L'empereur coinclut avec les états-géné*
raux une ligue offensive et défensive , par laquelle ils
s'engagèrent mutuellement à agir de tout leur pou^
voir contre la France et ses alliés. Il y fut stipulé que,
sous quelque prétexte qde ce fût, les parties contrac-
tantes ne traitercrient point séparément , qu'on n'écon-*
teroit aucune proposition de paix que les traités de
>Vestphalie, d'Osnabruck, de Munsler et des Pyrénées
ne fussent exécutés ; que, dans le cné d'une négociation
pour la paix ou même pour une trêve, les deux par-*
ties se communiqueroient de bonn^ foi ce qui seroit
Élit; qu'enfin l'Angleterre et l'Espagne seroient invi-r
tées à signer ce traité. Dans un article séparé, les puist
sances contractantes convinrent que 9 dans le cas où
U roi d'Ë$pâgne viendrait ^ mourir sans enfants , les
i68g.
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26 HISTOIRE dVmgletsrii:.
^ _^ états - généraux aideroient Tempereur de tons leàrè
moyens pour le mettre en possession de cette âmnar-
chie; qu'ils useroient de tout leur crédit auprès des
princes-électeurs leurs alliés, pour que son fih Joseph .
fût promu à la dignité de roi des Romains /et qu'ils re-
dpubleroient d'efforts contre- la France, si elle tentoit
de .s'y opposer.
Lagnerre Guillaume, qui étoit Tame de cette confédération ^
rée à la ^'^^t aucuue peine à déterminer l'Angleterre à prendre
France, p^ti coutre une nation qni étoit son ennemie et sa ri»
vale. I^e i6 d'avril M. Hambden ayant invité lachamlM*é
des. communes à prendre en considération l'état du
royaume dans ses rapports avec la France et les puis*
sance^ étrangères , les communes témoignèrent à l'u-
nanimité que, dans le cas où sa majesté auroit l'ioten^
tion de déclarer la guerre à la France, elles étoient
disposées à lui fournir, par les voies législatives, les
secours nécessaires pour la faire avec vigueur. Aussitôt
après on prései^ta à Guillaume une adresse oii îl étoit
supplié d'examiner sérieusement la marche suivie dé-^
puis quelques années, par le roi de France pour" détruire
le commerce , la sécurité et le crédit de la nation; projet
qui se manifestoit sur-<tout dans Finyasion qu'il tentoit
en Irlande et dans la protection qu'il accordoit aux re*
belles du royaume. Les communes ne doutoient pas ,
disoient-elles , que les alliés de sa majesté et ceux qu'elle
pourroit acquérir par la suite ne fussent suffisante pour
empêcher ce prince de troubler désormais la paix de la
chrétienté, et de porter préjudice au commerce et à la
prospérité de l'Angleterre : ^les finissaient par assure^
le roi qu'il pouvoit Compter sur l'assistance de son par-
lement, suivant ce qui avoit déjà été décidé dân$ la
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C«iLLAXJM£ III ET MABIE. I7
chambre. Guillaume ressentit uae grande joie de cette
adresse. Il répondit que les secours cpii pourroient lui *
être accordés dans . cette circonstance seroient tous
jipp^qués aux besoins de la guerre , et le 7 mai la guerre
fut déclarée à la France. Les toits imputés à Louis XIV
étoient d'avoir, par des motifs d ambition , fait une in^
vasion sur le territoire de Tempereur, et violé , en dé-
clarant la guerre aux alliés de l'Angleterre^ les traités
dont la couronne anglôîse avoit donné la garantie;
d'avoir empiété sur les pèches de Terre-Neuve , et en-
vahi les îles Caraïbes; de s être mis, par la force, en
possession de la Nouvelle-York et de la baye d'Hudson ;
fi'avoir commis, sur mer, des déprédations envers les
Ânglois, prohibé l'importation des produits de leurs
manufactures , disputé le droit de pavillon , persécuté,
sous prétexte de religion, des sujets de l'Angleterre ,
contre la foi des traités et le droit des nations, et fourni ,
par un arasement , des secours aux rebelles 4'Irlande.
Après avoir fait connottre les progrès de la révolu- Conven-
.. . 1 ^ 1 tion .d'E-
tion en Angleterre, nous exposerons , en peu de mots , cosse.
les mesures prises en Ecosse pour soumettre ce pays à
l'autorité de Guillaume. La convention d'Ecosse étoil
convoquée pour le i4 mars. Les deux partis firent tous
leurs efforts pour influer sur lès élections: Le duc d'Ha-
miltofi et tous l^s presbytériens s'étoient déclarés pôui^
Guillaume. Mais le duc de Gordon tenoit le château
d'Edimbourg, qu'il conservoit à son ancien makre. Sa
négligence à se pourvoir de vivres le mettoit toutefois
dans la dépendance des habitants de la ville pour Tap-
provisionnement du château. Les partisans de Jacques
avoient à leur tête le comte de Balcarras , etGraham,
vicomte de Dundee , dont tous les efforts tendoient à
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aS HISTOIRE D^ÂN^LETËRIte.
- maintenir Tunion dans leur parti , à raffermir le duc de
^^' Gordon , qui commençoit à chanceler , et à se ménager
les moyens de tirer quelque avantage de ce qui se pas-
seroit dans la session. Quand les lords et les communes
furent assemblés, Tévêque d'Edimbourg qui officioit
comme chapelain de la convention , fit des prières pour
la restauration du roi Jacques. Le premier débat eut
pour objet le choix du président. Les partisans du der-
nier roi soutenoient le marquis d'Athol contre le duc
d'Hamilton. Mais celui-rci l'emporta, à une assez forte
majorité ; et un grand nombre de ceux du parti con-
traire , voyant son infériorité , Tabandonnèrent. Les
comtes de Lothion et de Tweedate furent envoyés
comme commissaires pour sommer le duc de Gordon ,
^a nom des états, de quitter le château dans vingt-
quatre heures , et d'en remettre le commandement au
premier des officiers protestants sous ses ordres. Gor-
don, quoique assez irrésolu , fat poussé par Dundee à
. demander des conditions auxquelles la convention re-
fusa de souscrire. Cette négociation n'ayant pas atteint
son but, les états le firent sommer par des hérauts ,
avec toutes les formalités d'usage, de rendre le château
si;r-le-champ , sous peine d'être déclaré coupable de
haute-trahison, et, sur le refus qu'il en fit, il fut dé-
claré traître; défenses furent faites , sous la même
peine, de lui prêter secours et d'avoir aucune communi-
cation avec lui. Le château fut bloqué par les troupes
de la ville.
Lettres Le lendemain la convention reçut deux dépêches ,
Guîuai!. l'"'*® du roi Guillaume et l'autre du roi Jacques. Cette
me et du dernière fut apportée par un nommé Crâne , attaché au
ques à la seryice de l'ancienne reine. Guillaume disoit qu'il avoit
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GUILLAUME III ET MARIB. 2^
tonvoqué rassemblée des états , suivant le desîr des
seigneurs et des gentilshommes d'Ecosse qui s etoient ^^'
trouvés à Londres , où ils 1 avoient conjuré de prendre tion d'É-
en main les rênes du gouvernement. Il exhortoit la ^^'
convention à concerter toutes les mesures capables
d établir la paix du royaume sur des bases solides , à
déposer toute animosité, tout esprit de parti , qui ne
pouvoit que les écarter de ce but salutaire. Il faisoit
sentir les heureux effets que devoit avoir Tunion entre
les deux rayaumes, et promettoit de ne rien négliger
pour la bien établir. Un comité ayant été nommé pour
répondre d'une manière respectueuse à de pareilles as*
surances , de grands débats s'élevèf eut sur la lettre du
roi Jacques. On prit cependant le parti de la lire après
que les membres des états eurent signé an acte , par
lequel ils déclaroient que , nonobstant tout ce qui dans
cette lettre pourroit tendre à dissoudre la convention
ou à suspendre ses délibérations, ils ne s en regarde-
roient pas moins comme formant rassemblée libre et
légale des états , laquelle ne pourroit être dissoute qu'a*
près avoir fait tout ce qui seroit nfécessaire pour la sû-
reté delà religion protestante, du gouvernement, des
lois et des libertés du royaume. Cette précaution prise,
on donna lecture de la lettre du dernier roi. Il conjuroit
les membres des états de soutenir âes intérêts comme
ils le dévoient , et de ne pas laisser échapper cette occa-
sion de se couvrir d'une gloire immortelle, par leur
fidélité à ïeurs premiers engagements. Il promettoit
d'envoyer promptement des secours assez puissants
pour défendre l'Ecosse contre toute tentative de la part
des étrangers, et pour maintenir ses propres droits contre
des eonemis qui , par la plus criante usurpation , par
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3o ntStôIRE D'^N&tETEARE.
^. des attentats qu'un Dieu juste ne laîsseroit pas impunis^
' Tavoient indigneinem dépouillé. Il ôffroit le pardon â
tous ceux qui reutreroient dans le devoir avant le der-
nier jour du mois, et menaçoit de punitions rigonreuseà
ceux qui persisteroient datis leur coupable rébellion.
L'autorité Cette lettre produisit peu d'effet en faveur du mal-
kume est heureux monarque : ses amis formoient une trop foible
reconnue minorité daus l'assemblée. Son messager, qu'on avoit
conven- dabord gardé à vue, fut renvoyé avec un passeport au
^^^' lieu de réponse. Jacques, qui avoit prévu ce résultat de
sa démarche, avoit, par un acte daté d'Irlande, auto-
risé l'archevêque de Glascov^, le comte de Balcarraset
le vicomte de Diindée à convoquer les états à Stirling;
Ces trois seigneurs comptoient sur l'appui du marquis
d'Athol et du comte de Mar, qui professoient l'un et
l'autre beaucoup d'attachement au dernier roi , et ils
espéroient qu'une réunion de leurs amis déconcerteroit
assez la convention pour arrêter le progrès des affaireà
du roi Guillaume. Leur attente fut cependant trompée.
Athol tes abandonna ; Mar se laissa prendre dans sa
retraite; et, excepté le vicomte de Dundee , qui, avec
cinquante cavaliers , gagna les montagnes , où il fut
poursuivi par ordfe des états , tout le reste du parti fut
mis , par la vigilance du duc d'Hamilton , hors d'état dé
gêner les travaux delà convention. Ce projet ayant ainsi
été déjoué, la convention approuva . par un acte solen-
nel, la conduite de la haute- noblesse et des gentilshom-
mes qui avoient engagé le roi Guiilàuiile à saisir les
réaes du gouvernement. Les membres qui la compo-
soient se reconnurent les obligés de ce prince, en' ce
qu'il avoit empêché la destruction de leurs lois , de leur
religion, et de leur constitution fondamentale, ils le
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GUILLAUME III BT MAtIB. 3l
supplièrent de se charger de l'administration de l'É-
cosse; ils publièrent une proclamation qui requéroit ^^*
tout individu de seize à soixante ans de se tenir prêt à
prendre les armes au premier ordre. Le commandement
de la cavalerie fiit donné à sir Patrice Hume, qui avoit
été compromis dans Tinsurrection de d'Argyle. Huit
cents hommes, furent levés et mis sous la conduite du
comte de Leven , pour la garde de la ville d'Edimbourg.
Toute la milice du royaume reçut pour chefs des ofB^
ciers de confiance. Le comte de Mar fut nommé gouver<-
neur du château de Stirling. Mackay , qui avoit amené
im renfort de cinq régiments d'Angleterre , fut choisi
pour général , et des mesures furent prises pour s'as^-
surer de toutes les personnes mal intentionnées. Le lord
Ross fut ensuite chargé par les états de porter la réponse
à la lettre du roi Guillaume. Ils y protestoient de leur
reconnoissajQce envers leur libérateur, et, en le fâici^
tant de ses succès, le i^emercioient d'avoir pris l'admi*
nistration de leurs affaires et convoqué leur assemblée ,
dédaraùt qu'ils étoient disposés à recourir aux mesures
les plus efficaces pour garantir la rdigion , le gouver-
nement, les lois et les libertés du royaume , et pour
terminer toutes les dissentions. Ils finissoient en priant
sa majesté detroutinuer à leur accorder ses soins et sa
prote<:tion.
Après le départ de lord Ross , les états nommèrent La con-
un comité de huit lords, de huit chevaliers et d'autant '^éciarëe*
de bourgeois,^ pour préparer les changements qu'exi* vacante,
geoit le nouvel ordre de choses. Mais ce comité ne put recoonoù
se former qu'après une vigoureuse résistance de la part GuiUan-.
de ceux qui étoient restés attachés au dernier roi , et à Mari«
la tête desquels on remarquoil L'arobevéque de Glasn oomm*
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31 HISTOIRE D'AN0LET£ftilt::
- — — — cow i tous les autres prélats , excepté celui d'Êdfitt-
^* bourg, s'étant retirés de la convention. Après de vio-f
rains d*É- Icuts débats , le Comité rédigea d'un commun accord Id
cosse, déclaration suivante : « Les états du royaume d'Ecosse
« reconnoissent et déclarent que le roi d'Ecosse Jac-
u ques VII , ayant professé le papisme , s'étant arrogé lé
« pouvoir royal , sans avoir prêté le serment exigé par
.« les lois ; ayant attaqué y d'après de perfides conseils i
à les constitutions fondamentales du royaume et d'une
M mflinarthie légale et limitée, pour exercer ime autorité
« despotique et arbitraire , contraire à la religion pro-^
« testante y aux lois et libertés du royaume , et au but
M naturel de tout gouvernement , eét déchu du droit à
* la couronne , et que le trône est devenu vacant. »
Quand cette déclaration firt présentée, l'évêque d'Édim-
boUrg la combattit fortement. Il soiïtint qu'elle con^e-
noit. des diarges qui ne pou voient s'appliquer au roi
Jacques^ et proposa dé l'inviter àt venir reprendre le
gouvernement d'Ecosse; Tous ses arguments faneiif
sans effet , et la chambre, à une grande majorité; con-
firma la déclaration, qui fut sur-le-champ convertie eiï
loi. Le lord-président, après avoir prononcé la vacanoe
du trône, proposa d'y appeler Guillaume et Marie; roi
et reine d'Angleterre, et le éomité fut chargé de lare-'
daction de deux actes , l'un pour que la couronlie leur
^ fût dévolue , l'autre pour lé redressement des griefs de
la nation.
GuiUau- Ces deux actes ; dont le premier contenoit les coÀdi^
meaccep. ^îq^s de l'hérédité, furent présentés^ discutés, adoptés
ronneaajc à l'unanimité, et publiés solennellement le même jour
.^***^^'" au carrefour du marché d'Edimbourg, en présence du
tions pro- " *
foséet: lord-président, assisté du lord-prévôt, des magistrats
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GUILLAUME m M MARIE. 33
de la ville, du duc de Quensberry, des marcjuls d*Athol — 7*^
et de Douglas, et dun grand nombre de seigneurs et
de gentilshommes. On publia en même temps une autre
proclamation qui défendoit, sous des peines très se'*
vères^ de reconnoitre ou d'assister le roi Jacques, de
lui obéir» de correspondre avec lui, de méconnoitre ou
de contrarier l'autorité du roi Guillaume et de la reine
Marie, soit par discours, soit par écrits, soit par la
voie de la prédication ; de blâmer la conduite des^tats
et d'exciter des divisions ou des alarmes au 90ÎA<des
actes du gouvernement. Lorsqu'on fut convenu dti ser-
ment pour le couronnement » les états nommèrent une
commission composée du comte d'Argyle, pour les
lords; de sir Jacques Montgomery, pour les chevaliers;
et de sir Jean Dalrymple, pour la bourgeoisie, avec
injonction de se rendre à Londres et d'y investir Guil<^
laume de l'autorité royale. La convention s'ajourna en-
suite au 21 mai, après avoir établi un comité chargé dé
tout ce qui concemoit la tranquillité publique. C'est le .
onze de ce même mois que les commissaires écossois
furent reçus à Whitehall et admis en présence du roi
et de la reine. Ils leur remirent, avec une lettre des
états et l'acte du gouvernement, un exposé des griefs
de la nation et une adresse où le roi étoit prié de chan-
ger la convention en parlement. Guillaume les accueillit
avec beaucoup de grâce, et leur promit de concourir
à toutes les mesures qui seroient prises dans l'intérêt
du royaume. La formule du serment pour le couronne-
ment fut ensuite présentée par le comte d'Argyle : Guil-
lauipe, y remarquant une clause où il étoit dit que
leurs majestés détruiroient Thérésie, déclara qu'il n'en
tendoit point contracter par ces mots l'obligation de
II. 3
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^4 JII^TOimC D'ANOtétBAKt.
^*''~ persécuter- hm ctmmiH^ir^ ay««^^ répondu que ùë
> ^ q'étok poipit Ih h ^M lel Tie^prit dn serment, le rcÂ
. prit les cq9i»mî^S9if$3 et lous ceuxxpi éloîent présent»
à témoins d^ la irestiiclîoa qu'il venok de faire.
Énuméra- CçpendaQt h viwBate de Duodée soutenoit avec ]li
griefs de f^^ ff^^P^e activité Ile? ÎDléréts de son maître : somme
la con- par un trqiaamu^ de $e rendre» il. refusa d obéir, soua
prétexta que les v^ëigs avoient attente a sa vie et que
le voisinage des troupes ao^loises, sous les ordres d^
Mac)L»y« avoit trop 4'iufl^ience sur les délîbératioiis
des étiit^. Il fut 6Ur^le-qha«Eip décUré rebelle, il s'étoit
attiré la baine des pre^ytçr^as par quelques cruautés
qu'il avoit auHreiFoîs exercées contre eux^ comme ofiS^
cier d)i dernier gouvernement. Les états résolurent de
je piinîr 4^M9 m^ni^re exemplaire. On détacha des pan-
lis pour fe poiirmi^re ainsi que Balcarras: Ce dernier
, s'éiaot laissé prendre, fui jeité en prison ; mais Duodée »
^ étant £sàt jom^ le3 armes à la main à travers les trôu^
fpes qni Tenvekippoient» ga^gna les montagnes avec la
résol'Uiion d'y lever des troupes en faveur de Jacques ^
qcioique ce prince lui eût défendu de faire aucune ten*>
l^tive av^nt d avoir reçu un renfort d'Irlande. Pendant
que cet officier s'ociQupoit à rassembler les bommes de
âoé parti, GuiHaume nomma le duc d^Hamilton com*>
inissaire à la Qonventiom» transformée en parlement^
^t donna les fonctions de secrétaire detat, pour FÉ^
cosse, à lord Melvil, homme d'un caractère foible ek
servile» qui s'étoit retiré en Hk>llande pour se soustraire
aux viotences des derniers régnes : mais le mionairque
agisspit particulièrement d'après les conseils de Dsi^
rymplci lord Stair, président du conseil de justice^
vieux et rusé ffinatique qui, depuis cinquante ans, s'ac*
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, otiiLLAUttiE lu iT uAnte. 35
tommodoît à tous les goi^vemeineiits. Quoique ces mi-
oistr^iii fussent da rigides presbytériens, le roi, pour '^'
pbire au pnitî opposé» 9<liuii; au conseil quelques mem-
bres de la noblesse éptsçopab^ Mais, loin d'éteindre les
anifn0sités^ ce mélange j)e fut qu'un sujet de discorde
et de |;roubl9. |)ans Ténumératioa des griefs de la na-
tion, la convention éqossoîse coosprenoît les hrds dés
wticlef (i), l'aote du parlemeai; par lequel, sous le ré-
gne de Cb^rbs II, la suprématie du roi s'étoit élevée
jasqu à le rondre maître de prescrire tel mode de reli^
fp^m qu'il voudroit ; enfin la prééminence de toute di-
gnité eoclésîastîque sur celle de prêtre, sans détruire
riostîtutîon des lordf des articles. Le roi , dans ses in-
structions au lord'^xHnmissaire, consentoît à ce qu'il
y eût un régleniipot à cet égard* Il promettoit de re$*
treindre la* suprématie du soaverain , et d'établir le
gouramomeixt de Tégliae de la manière la plus con- *
£orme aux vœnx du peuple. * j
Le 1 7 juin le duc d'Hamilton fit l'ouverture du par- Uépisc«-
lement d'Ecosse, nom que prit la convention d'après ^^l^
un acte passé suivant les ordres du roi. Les membres Egoim.
vii^ent en général avec mécontentement que les com-
missaires avicÂent consenti à des restrictions, relative-
menl: aux k^s des articles^ point qu'ils regardoient
c^Hume ienr principal grief. Le roi permettoit oq)en-
(i) Le roi donnoit pouToir au commissaire de choisir huit évé-
qnes , qui ensuite choisissoient huit sei^eurs ; ceux-ci nommoieiit
huit bai:*-OD8 et huit bourgeois , et tous ensemble , ëonjointement
ave€ ley officiers d'état, adiyis çiMnpie surnam^roires , ' formoient
le corps des lords des articles. Ce corps ëtoit en pofsession du droit
exclusif d'ouvrir des avis pour la rçforune des abus, et de proposer
les expédients pour le bien et la sûreté des sujets^ tous privilèges
revendiqua par le paiiement d'Éco^se.
3.
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36 MISrOIllÈ|I>*ANGtÉTER!eÉf.
•.. .. ,. j^j,^ aux. états d'élire ces lords par leurs prapresstr^
^* frages , et de remettre en délibération toutes les affaires?
que ceux-ci auroient rejetées; Il accorda ensuite aux
trois états la faculté de choisir, pour la commission des
lords, chacun onze députés, éligibles tous les trois
mois, et même plus souvent s'il étoit nécessaire. Mars
toutes ces concessions ne satisfâisoient pas des hommes
qui vouloient détruire cette institution. L'abolissement
de Tépiscopat ne suffit pas même pour les apaiser, et
leur mécontentement ne fit que s'accroître quand ils
virent Guillaume admettre dans le conseil des parti-
sans de la hiérarchie. Il se manifesta sur-tout danis la
proposition d'un faill qui tendoit à exclipre de toutes
places ou emplois, sous le gouvernement de leurs ma-
jestés, quiconque auroit participé à radministration
sous le dernier régne, ou témoigné son aversion pour
les changements survenus, ou entravé les mesures de
la convention. Après de grands débats ce bîll fut adopté
par la chambre, maïs demeura sans effet, le roi ayant
refusé sa sanction.
Débets Les états né montrèrent pas moins d^animosîté lors-»
parle-* qu'il fut questiou des juges que le roi avoit nommés en
raeat yertu de sa prérogative. Les mécontents proposèrent
un bill qui déclaroit le tribunal vacant, comme ài'épo*
que de la restauration, prétendant qu'ils a voient droit
d'examiner et d'approuver ceux qu'on choîsiroit pour
en faire partie; et afin de prévenir désormais l'entière
vacance de ce même tribunal , le bill , en attribuant le^
nominations à la couronne, exigeoit l'approbation du
parlement, et décidoit que toute clause des actes rela-
tifs à ladœission des lords ordinaires de session, et à
leur qualification comme tels, devroit être ratifiée et
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e.i^ILLAUME m ET MABIIS. ^^
Gonfirmëe pour êlre observée à perpétuité. Cfette pro- .
position fut soutenue avec tant de Yéhémence que le ^ ^*
hiti passa à la majorité des voix, malgré Topposition
4es ministres, qui résolurent de maintenir les nomina-
tions du roi contre le gré du parlement. La majorité de
rassemblée, indignée de cette violation de ses privi-
lèges, défendit aux juges de siéger jusqu'à ce qu'on fût
niieux informé des intentions du roi ; mais les ordres et
les menaces des ministres les déterminèrent au parti
contraire. La discussion fut très vive des deux côtés ,
e$ produisit une telle fermentation que, pour mainte-
nir les juges en exercice, les ministres crurent néces«
saire de placer des troupes dans le voisinage d'Edim-
bourg,
Le lord'commissaire, efFrayé de ce tumulte, ajour- Le parle.
na la chambre au 8 octobre, ce qui, joint aux autres ajourné.
mesures peu populaires de la cour, détermina Toppo-
sition à faire des remontrances au roi. On s'y plaignoit
de l'ajournement de la chambre dans des conjonctures
où rien n'étoit encore réglé pour les affaires de la na^
tion ; on y rappeloit toutes les circonstances où le par-
lement avoît donné des preuves de son dévouement et
de son zélé ; on y exposoit les motifs qui Fempécboient
de partager sur quelques points l'opinion du ministère ;
enfin on y supplioit le roi de sanctionner les actes du
parlement, et de prendre des mesures pour redresser
les griefs de la nation. Cette adresse fut remise à Guil-
laume, à Hamptoncourt. Il fut si touohé dii reproche
qu'on sembloit lui faire de n'avoir pas rempli les con-
ditions auxquelles il a voit accepté la couronne d'Ecosse ,
qu'il fitconnoltre les instructions qu'il avoit données
m lord-comiai#saire* On vit alors que celui-ci avoit eu
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38 HiaTGIRE D'ANÔLËtEMRfi.
' toute la latiiude nécessaire pour répondre a\x% vorux
^' d€s états, Avant leur ajournement ils avôieôt fixé le
revenu pour tonte la vie de Ouillatifne, et tofé les fonds
nécessaires pour Fentretieii des troupes et pour d^au^
très dépenses accidentelles du goruvernetnént pendant
quelques mois : une partie des troupes étôit (dépendant
^ la solde de radministration anglais. Ces divisions
dans le parlement laissoîent t'église san$ aucune orga*
nisation déterminée, La hiérarchie étoit bien abolie ;
mais la discipline n'avoit énidore rien de réglé, et les af*
faires ecclésiastiques étoient décidées par le conséii-
privé, qui he tiroit ce droit que de ce même acte de SU'»-
prématie dont le parlement demandoit la suppression.
Siège et Immédiatement après Tajournement de la session,
Vhâtefu ^^ changea le Wdcms du château d'Edimbourg en ùa
4'Édiin- siège régulier. Jean Lanier poussa l'attaque avec tant
t>ourQ. ^ vigueur qu'en peu de temps les fortifications furent
détruites, et que les travaux férent avancés jusqu'au
pied des murailles, où Tçn avoil déjà fait de larges
brèches. Le duc de Gordon se voyant sans vivres, sans
moyens de défense, sanainteUigencé an-dehors, et sans
espoir d'être secouru, (ietnanda et obtint une capitu^
lation favorable à sa garnison. Quant à Ini, il déclara
que son respect pour tous Jes princes descendants de
Jacques VI ne lui permettoît de rien stipuler pour son
compte, et il se rendit à discrétion le i3 juin. Toutes
les errances de Jacques et de son parti forent alors
réduites au' vicomte de Dundee, qui, à la tête d*nn
corps de montagnards, iivoit i-ésolu d'attaquer Mackay
d'après rassurance qui lui fut donnée par message
qu'au xboinent de Faction le r^iment des dragons
écossois passeroit àè SM côté. Mackay, instruit de son
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ctriLiAiTMir m et »Anis. %
4«^eio9 s'éloigûa de lui par de longuâs mftrclies jtis- ' '^ '"
qu'à ee qu'il fut renioreé par lès dragosls de Ramsey et ^
par. un autre- régiment d'iafismtçriô aiiglûiÂc. Alors il
revint sur ^ pas, ^t Dundee à éon tour se relira dans
le Lochabar. Ix>rd Marrây^ fils du marquis d'Alhol,
parvint à réunir sea yaMsàux^ «u nomJtire de douze cents
^mtnes^ pour le serrée de la régence; mai^ il fut
trahi par un des siens , qui , après s'être eti^ré du chà-
tesm de Kair pour Dundee, détermina les troupes de
Murray à se disperser plutôt que de porter les armes'
contre Jacques leur souverain légitinie*
La situation de Dundee étoit très fâcfaettsë. Dépuis Les trou-
1 . . . 1 . . . pes de
j^usieurs semaines ses troupes manquoteut de pam et' Cuiiiau.
de s^l, et se trouvoient réduites àfeau pour totrte me sont
boisson; au lieu .dé cinq cents hommes d'iiifant^rie et. à KîUi!
de trois cents chevaux que Jacques avoit promis d'eà- crankie.
Voyer d'Irlande avec un secours d'armes, de niuuitions
et de vivres , il ne re^t cpxe trois cents hommes de tett^
£ôrt, qui arrivèrent presque mxs, après que leurs vais-»
seaux de transqport-et leurs provisions furent tombés
entre les mains deia Angloîs. Quelque déplorable que fût
ce contrertempSy il le supporta B^et courage, et, loin'
de perdre^respérance, il marché au secours du château
de Blair," menacé par le général Mackay. Arrivé près
de cette forteresse, il eut avis que Fennemi étoit entré
dans le pas cïe Killkrankie, et résolut de l'attaquer sans
délai. U'èugâgement fut court, mais terrible. Les mon-
tagnards, après, avoir re^u le premier fôu des Anglois et
y avoir répondu, ixMnbeéent suti etrx arvec i^e telle im-
pétuosité que rinfa»telie fut rompue en sept minutes.
Les dragons prirent la>|bi<e'à la première charge; la
cavalerie de Dundee, qui n'exoédoit pas cent hommes*
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40 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
•""^T — rompit le régimeot même de Mackay; le comte de
^* Pumbarton, à la tête de quelques volontaires, s'em«>
para de rartilierie. Douze cents homimes des troupes de
Mackay restèrent sur le champ de bataille ; cinq cents
furent faits prisonniers ; tous les autres prirent la fuite ,
et ce ne fut qu'au bout dé quelques heures que leur
général, officier aussi brave qu'expérimenté, parvint à
les rallier. La victoire des montagnards étoit contpléte
et décisive ; mais elle fut achetée bien cher par la perte
de leur chef, qui périt dans Faction. Sa mort jeta parmi
les siens une telle confusion , qu'ils négligèrent de pour-
suivre i'enqeini. Dundee joignoit à un esprit entrepre-
liant un courage et une fidélité à toute épreuve; il
sembloit particulièrement propre à conduire les hom**
ines réunis $ou3 sa bannière. Il étoit Tame et la vie de
ce parti, qui, après sa mort, n'éprouva plus que revers.
Il fut remplacé par le colonel Cannon , qui avoit amené
le renfort d'Irlande ; mais les entreprises de celui-^ci fu-
rent si malheureuses, que les montagnards découragés
jetèrent peu-à-peu les armes et profitèrent d'une am-
nistie que Guillaume offrit à ceux qui se soumettroient
à son gouverpieniept dans un délai déterminé.
Le roi Aprè^ avoir exposé la situation de l'Ecosse, il est
accu"iUi temps de revenir au roi Jacques et à son expédition
k la cour d'Irlande. Louis XIV accorda la jJqs noble hospitalité
Fr^^ce. à ce n^alhçureux prince et à la reine. Il assigna pour
leur résidence le château de Saint-rGermain ; il monta
magnifiquement leur maison , les combla de riches pré-f
sents, et entreprit de les rétablir sur le trône d'Angle-
terre. Mais Jacques se conduisit de manière à donner
xme idée peu favorable de la vigueur et des ressources
de soqi esprit. Épervé par u^e 4évotion exagérée, i\
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GIU^ILLÂUME m ET MABI^K; l(t
|>an]t oublier entièrement ce courage et cette magnani-
mite qui avoient sifjnale sa jeunesse; il se motilra peu
affecté de la perte de son royaume ; une piété mal en-
tendue absorboit toutes ses facultés. Au lieu de cher-
cher tous les moyens de ressaisir sa couronne, il passoit
son temps en conférences avec des jésuites sur des ma^
tières de religion. Un sentiment qui tenoil du mépris
se mêla bientôt dans le cœur de Louis à la compassion
qu^excitoient ses malheurs. Les Italiens Taccabloient de
pasquinades, et le pape d'indulgences. L'archevêque
de Reims disoit ironiquement, en parlant de lui : Cest
un homme pieux qui sacrée trois couronnes pour une
messe. Enfin il devint pour les François même un objet
de raillerie et de ridicule.
Jacqiies,.poutremonter sur le trône, n'avoît d'espoir Tytcon-
que dans ses amis d'Ecosse et d'Irlande. Tyrconnel, qui porîsc
commandoit dans ce dernier royaume , fut affermi dans «T^ \«
son affection pour ce prince par Hamilton lui-même , laume.
qui s'étoit cependant chargé de l'amener à reconnoître
le nouveau gouvernement. Tyrconnel eut l'art de ca-
cher ses sentiments et temporisa avec Guillaume jus-
qu'à ce que Jacques fût en état delui envoyer de France
les secours qu'il réclamoit par des messages particu-
hers. Dans la vue de caresser les protestants d'Irlande
et d'abuser Guillaume par des apparences de soumis-
sion , il détermina lord Mountjoy, en qui les protestants
avoient une entière confiance, et le baron Rice à se
rendre auprès de Jacques pour lui représenter la né-
cessité de céder aux temps et d'attendre une meilleure
occasion de faire agir ses sujets d'Irlande. Loin de pou-
voir obtenir une audience du roi Jacques , Mountjoy,
k spn a|*rivée à Paris, fut envoyé à la Rastille , en puni-;
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4a HI9T0IAE Di*ANGt.KTSIklffr.
' tiondu zélé qu'il ayoit montré efn faTCror des pfottiâtdAtd.
' ^' Quoique Louis XIV désirât sÎDcèr«0letit le rétablisse-
ment dé Jacques^ sse% iDtentîotis fur^t paralysées par
le défaut d accord entre ses ministres « Lcmvois donii*
noit dans le conseil ; mais Seignelay avoit plus de crédit
auprès du roi et de madame de Maintenofi. C'est à ce
dernier, qui étoit secrétaire-<l'état de là marine, que le
prince anglojs s'étoit partioaliëremeot adressé. Seigûe*
lay avoit promis de donner le commandement aes
troupes destinées à son service à Lauzun , que Louvois
haïssoit* Aussi Louvois contraria -t -il toutes ses me*
sures ;- ce qui différa les secours que Louis XIY avoit
résolu ,de fournir.
Jacques Cependant ces secours furent accordés, et la ftottid^
^^lande** ^^* prôte à mettre en mer à la fin de février. On assore
que Louis avoit offert une expédition de qninsse ïùiWé
hommes , mais que Jacques s'y étoit opposé , efi disant'
qu'il vouloit triompher avec ses propres sujets ou périr
dans l'entreprise. Il partit donc avec douze ée^s An^
glois et un assez grand nombre d'officiers françois qui
s'embarquèrent à Brest sur une flotte composée de qvLA-*
torze vaisseaux de Hgne, sept frégates, trois brûlôtsT
et beaucoup de bâtiments de transport. Le roi lui foiH''-
nit une grande quantité d'armes pour ^es sujets d'Ir-^
lande, une somme considérable d'argent ,demagiÉiBqùes
équipages^ une riche vaisselle, et tout ce qui pduveié
être nécessaire pour cette campagne et pour sa' maison.
Il l'embrassa affectueusement à son départ, et après
lui avoir donné sa propre cuirasse , le véèu le plusfai/o^
rable que Je puisse Jaire pour *vou$^ Jui- dit-il , à*eitÀené
vous rei^oir jamais. Jacques s'embarqua à l^ést le 6 n^airs
jivec ses principaux officiers et le comte d'Avaox , qui
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lôSg.
GtfïtlAtJMÉ III Et MARIÉi 4'
Tâciconipdgtioit comme ambassadeur. Forcé par les
vents contraires dé rester dans le port jusqu'au 1 7 du
même mois, il mit enfin à la voile et débarqua le 22 à *
Kinsale, en Irlande, Cependant le im GùHlaume, s'apèi»-
cevant qu'il étoit joué par Tyrconnel , avoit publié une
déclaration qui enjoignoit aux Irlandois de poser lés
armés et de se soumettre à son gouvernement. Le 201
février , il fit mettre en commission trente vaisseaux dé -
guerre, sous le commandement de l'amiral Herbert.
Mais les divisions <jui régnoient dans le conseil, et VaU
teiltioti que le roi donnoit aux affaires du continent
retardèrent tellement ces préparatifs, que l'amiral ne
put mettre en mer qu'au commencement d'avril , et
seulement avec une partie de la flotte. Jacques fut reçu
à bras ouverts à Kinsale. Tout le pays se montra dé-
voué à sa cause ; car quoique les protestants du nord se
fussent ralliés au nouveau gouvernement, leurs fôt'Ces
ne pouvoient se comparer à celles de Tyrconnel, qiti ,
en un seul jour, avoit désarmé tous les autres sujets
protestants , et formé pour son maître une drmée de
trente noille hommes d'infanterie et de huit mille de ca-
valerie.
Ce fut à la fin de mars que Jacques fit son entrée se- Procî^i-
lennelle à Dublin , au milieu des acclamatioti» de tout matons
le peuple. Il fut reçu à la porte du château par les évê- Dubjin.
ques et le clergé catholique en habits sacerdotaux , et
portant l'hostie devant laquelle il se prosterna publi-
quement. Il commença par écarter de la chambre du
(5onseil le lord Granard, le juge Keating, et quelques
mitres protestants, qui avoient excité le lord-lieuténant
à un accommodement avec Guillaume; il mit à leur
place l'ambassadeur de France , l'évêque de Chestcr ^
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44 HISTOIBE D'ANGLETERRE.
' ' le colonel Darrington et quelques uns des principaux
' gentilshommes qui Taccompagnoient. Le second jour ,
il fit publier cinq proclamations. Par la première , il
rappeloit tous ses sujets d'Irlande qui avoient quitté le
ro^'aume , et fixoit pour leur retour un délai , passé le-
quel ils seroient déclarés proscrits et leurs biens confis-
qués ; il prescrivit en même temps à tout individu de
se joindre à lui contre le prince d'Orange. La seconde
contenoit l'expression de sa reconnoissance envers ses
sujets catholiques , pour leur zélé et leur fidélité y avec
injonction à ceux qui n'étoient pas pour lors à son ser-
vice de garder leurs armes jusqu'à ce qu'il devînt né-
cessaire d'en faire usage pour lui. Par la troisième, il
invitoit ses sujets à fournir des vivres et des armes à ses
soldats, et défendoit à ceux-ci de rien prendre sans
payer. Par les deux autres enfin, il augmentoit le titre
de l'argent monnoyé, convoquoit pour le 7 mai un par-
lement à Dublin , et portoit Tyrconnel au rang de duc,
en considération des services qu'il en avoit reçus.
Siège de Les partisans de Jacques en Angleterre le pressoient
derry"" ^® mettre ordre promptement aux affaires d'Irlande,,
et de s'avancer ensuite avec son armée, soit au nord de
l'Angleterre , soit à l'occident de l'Ecosse , où ceux de
son parti^ viendroient le joindre pour agir aussitôt con»
tre l'usurpateur. Son conseil le détourna décéder à leurs
instances avant que l'Irlande fût entièrement rentrée
sous sa domination. Sur le bruit qui se répandit d'un
massacre projeté, les habitants de Londonderry fermée
rent leurs portes au régiment commandé par le comte
d'Antrim , et résolurent de se défendre contre le lord-
lieutenant. Ils firent part de cette résolution au gouver-i
nemeot d'Angleterre, en lui représentant les dangers
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aUILLAUMfi III ET MARIfi. ^i
Mxqaels les exposoit leur résistance , et demandèrent ^
de pfoi^pts secours. On leur envoya quelques armes et *^^*
des munitions. Mais ils ne reçurent de renfort véritable
qu'au milieu d'avril , que deux régiments arrivèrent
dans le Loughfoyl , sous le commandetnent de Gun-
ningham et de Richards. Pendant ce temps , le roi Jac-
ques , qui s'étoit emparé de Goleraine et avoit investi .
Kilimore^ étoit arrivé presqu'à la vue de Londonderry.
Georges Walker y recteur de Donaghmore, qui avoit
levé un régiment pour les protestants , en donna avis
au gouverneur Lundy. Cet officier lui prescrivit de se
réunir au colonel Crafton et de prendre poste à Long-
causey « où il se'maintint toute la nuit contre la garde
avancéedeFennemi. Mais^ accablé par le nombre, il se
retira à Londonderry, où il engagea le gouverneur à se
mettre en campagne avant que l'armée de Jacques fût
con^létement formée. Il fut décidé dans un conseil de
guerre convoqué par Lundy, et où furent admis Gun«
ningham et Richards , que la place n- étant point tena-
ble, il seroit imprudent de débarquer les deux régi-
ments; on arrêta que les principaux officiers sortiroient
de Londonderry, afin qu'aprè^leur éloignement les ha-
bitants pussent obtenir une capitulation plus favora-
ble. On dépécha aussitôt up officier au roi Jacques,
avec des propositions de négociation , et il fut convenu
avec le lieutenant-général Hamilton que larmée reste-
roit à quatre milles de la ville. Nondl>stant ces p{*élimi-
naires, Jacques s'avança à la tête de ses troupes. Mais
les assiégés le reçurent si vigoureusement , qu'il fut
forcé de se replier, non sans quelque désordre, sur la
ville de Saint- Jean i Les habitants et les soldats de la
garoisop de Londonderry, vivement irrités contre le%
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40 HIStOIfiE p'AMGLÉTiEÀR^,
— — — membres du conseil de ggieire qui avoient résolu d'à.*
^ baadonner la place, jurèrent d'en tirer uoe prempifs
\eogeaDce. Cunningham et Richards se retirèr^Bit datte
leurs vaisseaux , et Lundy s epferma daus sa chambre^
Walker et le major Baker ne purent le dat^ngoiner à
garder son post^. Soit lâcheté, soit perAdie , il refusa
obstinément de concourir 4 la défense de la ville , et on
le laissa s échapper à la fav^vir d'up travestissement.*
Mais , arrêté ensuite en Ecosse , il fut mené à J^odrea
pour y rendre compte de aa conduite*
Conra- Les lïabitauts choisirent à s^ phioç pour leurs gour
fcnsc^des verneurs Walker et le niajor' Baker, qui devinent se
IpabiuDts. partager Tautorité. Mais ceuj^-ci ne voulurept point
accepter ce poste avant qu'il eût été offert au colonel
Cunningbam , le premier apiiès Lundy daus le çommaa-
dement. Gunningham rejeta lofi^re quon lui eu fit, et
revint avec Richards en Angleterre , où lun et lautre
furent aussitôt cassés» Les deux nouveaux gouverneurs^
ainsi livrés à leurs propre^ ressources , préparèrent tottt
pour une vigoureuse défepse , et on peut même dire
qu'ils furent emportée pajr leur coura^ au -delà de^
bornes de la prudence, ^r la place é.toit peu fortifiée;
leur artillerie, qui n'^xcédçil; pas vingt {«éces» étoit eu
ipauvais ét^t ; point d*ingénieur pour diriger les opéra-
tions, et avec fout cela très peu de cavalerie et une gar-
nison composée d'hommes m^l disciplinés et dépourvue
de provisions. Au-dehors, ils étoient assiégés par un
monarque eu personne, à la tête d'une armée formida-
ble, conduite par de bons officiers, et abondamment
pourvue de toutes les choses nécessaires pour vu siège
et une bataille. La ville fut cernée le 20 avril ; on dressia
aussitôt Iqs batteries , et on fit plusieurs attaquer Irèis
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Vive3 , où ks a^s^égeaQl^^ furent rqpoussés 'avcd une .j;
jl^rande perte. I^es IiabUaBis obtenoient toujours quel- ^'
qu^$ avantages daps leuff sorties, et ils auroient pu
^r9L\^ YexmQjocki sans liç pminque de vivres et la maladie
f pQt^gieuse qui se déclara parmi eux. Les malheureux
éprouvoient la sert d^ T^n^^d.e ; car plusieurs- vaisseaux
envoyés d'Angleterre avec des secours , ne purent re*
jpaonter la rivière , se trouvant arrêtés par les batteries
ijpe l'enpemi avpit élevées sur les deux rives , et par les
travaux qui ferminent le canal. Ënfiii ils virent arriver
4an^ le laç un renfçMrt sous les ordres du général Kirke,
qui ^vok abapdonné son maître pour passer au service
du roi Guillaume, Il trouva le moyen de faire savoir
à Walk^ qu'il avoit à bord des vivres et dés soldats
fQW l^s assiégés, mais qu'il étoit impossible de re-
jpiofitçr {p tPivière.'II promettoit cependant de mettre
à (erre, un corps de troupes à Tile d'Ineb , et de telitep
une diversion e» leur faveur^ lorsqu'il auroit été joint
par les troupes d'Inniskilling , qui s'élevoient à cinq
H^ille hom^aesy.dout deux mille de cavalerie. Il atten*
doit égaleijoeQt d'Angleterre, ajoutoit-il, six miHehon^
^les qui s'étoie^t embarqués avant lui ; il finissoit par
exhorter les habitants à persévérer dsAs leur coura*
geuse résistance , leur assurant qu'il affironteroit toué
les hasards pour venir à leur secours. €es promesses
soutinrent la constance des habitants, dont le nombre
diminuoit cependant de jour en jour. Le major Baker
étant mort , iji fut remplacé par le colonel Michelbuiti ,
qui fut as$9dlé ^ W^ilker dans les opérations du com*
inandement.
Le roi JacqUep étant retourné à Dublin pour être Conduite
grèvent ai^ j>arieii^e9t4 l^ssa le commandement de son <*« Ro«cn.
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48 HISTOIRE d'aNGLETEARE^
""""""^ armée au général François Rosen, qui, fatigaé de la
^^* résistance obstinée d^une poignée d'hommes à denâ
consumés par la faim , les menaça de raser leur ville et
de passer les habitants au fil de Fépée , s'ils ne se bâ*
toient de se soumettre. Les gouverneurs , loin d'être
effirayés de ses menaces, défendirent, sous peine de
mbrt, de parler de soumission.
Les malheureux habitants de Londonderry, livrés k
toutes les horreurs de la famine , virent bientôt s'épui-
ser les affreux aliments dont ils se nourrissoient^ Leur
détresse n'abattit point leur courage. Rosen les menaça
d'exercer sa vengeance sur tous les protestants du pays ^
et de les faire conduire sous les murs de la ville assié-
gée, en les y laissant exposés à toutes les ^ivation».
L'évêque de Meath se plaignit au roi de cette menace
barbare et le supplia d'en empêcher l'exécution. L'ordre
du roi fut sans pouvoir sur l'esprit de Rosen^ et ua
grand nombre de ces ntalheureux furent poussés jus-
qu'au pied des murs de Londonderry. Ce spectacle^
loin de produire l'effet qu'en attendoit le général , ne fit
qu'exciter le désespoir des assiégés; ils élevèrent une
potence à la vue de l'ennemi , et envoyèrent dire à Rosen
qu'ils feroient pendre tous les prisonniers s'il ne remet-
toit en liberté tous les protestants enlevés à leurs foyers.
Cette menace amena une négociation qui fut suivie du
renvoi des protestants.
La Tille La garnison de Londonderry étoit alors réduite de
est secou- ggp|- mille hommes à cinq mille sept cents. La dé-
Kirke. tresse des habitants étoit telle que Ton parla de mas-
sacrer les papistes pour se nourrir de leur chair. Dans
cette horrible extrémité, Kirke, qui jusque-là étoit
resté dans l'inaction , fit remonter la rivière à deUi
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CBILLAUME m Et MARtBi ^g
vaisseaux chargés de provisions , sous TesCorte de la
frégate le Dartmouth. L'un de ces vaisseaux, le Mount* '
joy, rompit les travaux de rënnemit et, après avoir
soutenu un feu très vif des deux côtés de la rivière ,
les trois vaisseaux arrivèrent^ sans dommage, à la
ville, où ils furent reçus aux acclamations de joie des
habitants. Cet incident porta un tel découragement
dans. Tarmée du roi Jacques , qu'elle prit le parti , de
lever le siège dans la nuit , et de se retirer précipitam-
ment , après avoir perdu neuf mille hommes devant la
place. Kirke ne fut pas plus tôt entré dans la ville que
Walker s'embarqua pour FAngleterre avec une adresse
où les habitants témoignoient au roi toute leur recon*
noissance du secours qu'ils en avoient reçu*
Les habitante d'Inniskiliing ne montrèrent pas moins Les liabi*
de valeur et de constance à s'opposer aux papistes que î|^^*jii^
ceux de Londonderry. Ils levèrent un régiment dont le défont et
commandement fut donné à Gustave Hamilton , qu'ils f/gén^rôl
avoient choisi pour leur gouverneur, et proclamèrent , Macarty*
le 1 1 mars , Guillaume et Marie , dont ils résolurent .
de soutenir Fautorité contre toute opposition. Le lord
Gilmoy ayant investi le château de Crom, qui étoit
occupé par les protestants , et peu éloigné d'Inniskil-^
ling, les habitants de cette dernière ville y jetèrent-
du secours , et forcèrent Gilmoy de se retirer à Bel*
turbet. Le lieutenant -colonel Lloyd, à la tête d'un
détachement de la garnison , s'empara du . château
d'Aughpr qu'il démolit, et obtint dans plusieurs es-,
carmouche&des avantages sur l'ennemi. Le jour même
qui précéda la délivrance de Londonderry, ces mêmes. *
troupes mirent en déroute, dans un endroit appelé New-
ton-Butler, six miUe papistes irlandois , dont le chef
II. 4
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^0 niSrOtfit D^AUGLCtEHRC^
•■ " MBoaily, plus connu mm le nom de lord Moncasl^ef ,.
»<%. fat fiât priwimier.
Âism- lJ9 pariemeot d'Irlande s'étatit assemblé à Dublin^
blée <ia çi'apfé^ jg proriamatlon du roi Jacquea, ce prince ,
weVitdlr- dans u» 4^0Qr9 prononcé du haut dn tr6ne, re^
^^^'^ naroia les membres de leur scéle, de leur courage et de
leur fidélité, et après avoir exalté la générosité du roi
de France, qui Tavoit mis en état de venir les joindre^
il insista sur la résolution où il étoît d'établir la liberté
dé conscience que rédamoient également la politique
el rhumanîté, et promit de concourir avec eux à toutes
les lois qui pourroient assurer la tranquillité et le
bonkeur de ses sujets. Sir Richard Neagle , orateur
des communes, proposa une adresse de remerciement
à sa majesté , et deaaânda qtie le comte d'Avaux fût
prié de téaioigner avr roi très chrétien toute leur re-^
eonnoissance pour l'appui qu'il avoit prêté si gêné*
veusement à leur souverain. Ces deux adresses ayant
écé rédigées avec le concours des deux chambres , îi
6Êt proposé un bill pour reconnoltre les droits de Jae-*
^UAS-, et pour exprimer foute l'horreur qu'inspiroient
au: parlement l'usurpation du prince d'Orange et la
défiection des Anglois. Le lendemain Jacques publia
mae dédaratîon, où , en se plaignant des calomnies ré-
pandues contre sa personne , il faisoit remarquer sonr
impartialité dans la protection accordée à ses suje^
protestants ^ dans son attention à les défendre contre
leurs adversaires, à écouter leurs plaintes, et à feire
jouir le royaume de la liberté de conscience ; promet--
tant de ne rien faire sans Tapprobation du parlement,
offrant le pardon à eem: qui se détacheroient du parti
de ses ennemi^ ^ur revenir à lui vingt^uatre joura
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CiTiLtAuiiE lii £f ifÀiitifi &t
ttpfèi Ml arriiEéc €d Idaade ^ et reiidaM reflfMmêables — '^T^
<fe tout le sang qm serait versé ceuk qui s'obstiae^ ^^^
mient dans leur révolte*
Le conduite dn roi Jacques ne répondit guère à cette L*acte<iiii
déciaratioa; an ne peut même l'expliquer qu^en sup^ ^^oh les
pesant qu'il suivoic moins sa propre ii^ination que' p^^^^
ke <îofiséik du comte d'Avaux et deâ eatholiques irlan* leurs
dok qui avoient toute sa éodfianoe. Ces derniers for^ ^^^'^^ J*^
mant la majorité dane les deux <^mbt^s ^ on He dut
pas s*étoûneJr d'y voir présekiter un bitt qui annulait
l'acte en vertu duquel les protestais avoient été con«
irmés dane la possession de leurs biens. Par ce nouvel
acte lie furent dépouillés de leurs terres , lesquefies fu^*
nmt dév([^ues aux héritiers des catholiques qui en
Moioût été pnopriétsdres avant la rébellion. Ce bill in^
juste ne 42oixtenoit aucune ^esU'ieti6n en feveur des
protestants qui avoient acheté ces biens à un prrl
convenable ; il n'était rien alloué pour l'amélioration
que le sol avait pu recevoir entre leur» mains^ rien
aocordé aux veuves, des protestants , et il ne fut pas
même permis aux propriétaires et aux fermiers d'en*
lever leors blés et d'arracber les arbres qu'ils avoient
plmtési Dans la diambre des lords, le docteur Dop^
pingi évêqnede lleàtfa , combattit le bill avec autant
de courage que d1i«^ileté , -et une adresse en faveur de
enix qui n'avoient Mbeté4(o'«^rè6 Tade de Confirma^
pou fot présentée au roi par ie comte de Granard t
«aass toutes ces rea^ntrances n'empédbèrerft point que
ie biU ne reçût la eauction royale; ce qui produisit la
mine cmftière des protestants.
Ain de conêommerlèur^niaère, ilitft pesée nn acte icts de
de proscription contre tous les protestants de l'un et de ^^^^^
4'
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Si RHTOIRB.D^ANGlETEjRlie»
*"~ — lautre sexe qui s^étoieat absentés du royaume dTr-*:
^' lande, et contre ceux qui s'4toient retirés dans une '
partie des trois royaumes non soumise à lautorité du
roi Jacqu^Sy ou. qui avoient eu dés intelligences avec
les rebelles depuis le premier août de Tannée précé-
dente. Le nombre des sujets nommément atteints par
cet acte s'élevoit>à près de trois mille , parmi lesquels ^
on comptoit deux archevêques, un duc, dix-sept
comtes, sept comtesses, autant d'évéques, dix '- huit
barons, trente-trois baronnets , cinquante-un cheva**
liers , et quatre-vingt-trois ecclésiastiques , tous con-
damnés à la peine de mort ayec conâscation de leurs
biens. Ces malheureux étoient privés de tout espoir de-
pardon, même du bénéfice d'appel; car lacté même
rendojt nulles les lettres de grâce que le roi pourroit
accorder, à moins qu'elles ne fussent enregistrées avant
; le premier décembre. Par des lois subséquentes, le
parlemeut d'Irlande fut déclaré indépendant de celui
d'Angleterre ;; une pensioA de vingt-mille livres ster?»
ling fut . donnée à Tyrconnel , en. récompense de ses
éminents services , indépendamment des biens confis"^
qués y et il fut mis à la disposition du roi une somme dé
vingt mille livrer sterling par mois; un acte en faveur
de la liberté de conscience reçut la sanction royale ;
tes dîmes payables par les catholiques furent affectées
aux prêtres de cette communion ; on . supprima les
sommes allouées au clergé protqstant par les villes et
communautés, et les non-conformistes furent déclarés
exempts dp la juridiction ecclésiastique. Ainsi Téglise
établie fut dépouillée de ses pouvoirs et de sa juridic*
tion, malgré I4 promesse dç Jacques,, qui, à sondé»
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GUILLAUME IIÏ ET MARrE. 53
i>£urquemeiit, avoit déclaré qu'il maintiendroit le clergé —
dans ses droits et privilèges^ ^*
-• On seroit tenté d'accuser le roi Jacques d'une ten^- Ja«q««»
dance inarquée au despotisme et à l'arbitraire, si l'on une mon-
ne devoit avec plus de raison imputer sa conduite tv- "^^^f * *^**
rannique au caractère de ses ministres , hommes
étrangers à tout sentiment de justice et d'humanité,
qni n'obéissoient qu'aux mouvements de la cupidité et
de la vengeance, et qui étoient possédés de toute l'a*
nimosité des haines religieuses. Les soldats vivbient à '
discrétion; les habitants étoient pillés et volés; letré*
sordu roi ayant été dévasté, on porta à la monnoie
et Ton fit frapper en espèces , pour les besoins du
prince , tout le cuivre qu'on put trouver dans les bou-
tiques des marchands et dans les cuisines des bour*
geois. On donna à ces espèces une valeur arbitraire
Qu-dessus de la valeur intrinsèque de toute la diffé^
rence d!un à trois cents, et il y eut ordre à tout le
monde de les recevoir en paiement sous les peines les
plus sévères. On répandit une quantité prodigieuse
de cette monnoie pendant le cours d'une année , et les
protestants étoient obligés de la prendre en paiement
de tout ce qui étoit fourni pour le service du roi. Jac-
ques , non content de la subvention que le parlement ^
lui a voit accordée, imposa de sa propre autorité une
taxe de vingt mille livres sterling par mois sur d'autres
domaines que ceux qui étoient imposés par la loi. Les
chambres n'étant ajournées que pour une durée de trois
mois , on auroit pu croire que cet expédient n'étoit qud
momentané : mais cette taxe fut levée en vertu d'une
conmiission munie du grand-scçau; et comme on au-
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$4 HISTOIRE D*AN'OLET£RB|E,
'" ■' ' roit pu ol^lenir la même somme par les rmtè parle*
^^* mentaireSy de toutes les extensions de la prérogatiirei
ce fut la plus inexcusable. Infomié ^ue les prolestantà
^voient employé toute leur moimoie de biUon à Fa^
quisitiop d'une grande quantité da cuirs , de suif, da
laines et de blé , Jacques fixa da sa propre aulorité la
prix de cas marchandises , afip de les acheter pour lui?*
même. Ses ministres en6n ne parmasoient travailler
qu'à la ruine totale de ce malheureux peuple.
tescatho. Toqtes les chaires qui vinrent à yaquer dans lai
}*^°** iooles publiques fureot données à des professeurs pa-»
rent des pistes. Ou supprima la pension que faisoit Téchiquier
dés pro- * l'université de DuhUn ; on eu chassa le vîce-prési»
tfsi^mtn. daQt y ses agents et les élèves. Sans aucun prétexte > et
au mépris de la promesse royale , on s'empara de leurs
meubles 9 de leur vaisselfe et de leur biblîoth^ue : les
pfficiers firent du collège un corps* de -garda, de la
chapelle un magasin , et des appartements une pri<»
son; un prêtre catholique fut nommé prévôt; un autr»
' catholiqqe nommé Maçarty fut fait bibliothécaire ;
l'université devint un séminaire. Quand les évécfaas
et les bénéfices à la nomination de la couronne de*
venoient vacants , le roi en faisoit porter les revenua
dans son échiquier, et laisaoit les paroisses sans pas-f
leurs; ces sommes étoient principalement employées
au profit des évéques et des prêtres catholiques. Une
telle faveur les rendit si exigeants, que, dans plusieura
paroisses, ils s'emparèrent de l'élise des protestanta*
Toutes les fois qu'on se plaignoit au roi de ces vexa-f
tions, il promettoit de faire justice, et donnoit l'ordre
de rendre les églises. Mais le clergé catholique refit-»
soit d'obéir, prétendant qu'en matière spirituelle il çte
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OUILLÀtJME m 15T MABIE. 55
«levoit obéissance qu'au saiot-siége; et Jacques n avoit — ~-^
point Idutorité nécessaire pour défendre ses sujets ^^*
protestants contre un corps puissant qu'il avoit à cœur
de ne point désobliger. Quelques vaisseaux s'étant
montrés dans la baie de Dublin* il fut fait défense aux
protestants de se réunir dans leurs églises ou ailleurs
sous peine de mort. On les obligea de remettre leurs
armes » s'ils ne vouloient être traités comme rebelles et
iraUres. Lutterel, gouverneur de Dublin , fit publier
à son de trompe un ordre aux fermiers d apporter,
<j[ans un délai fixé, leurs blés pour nourrir les che*
vaox du roi, sous peine d'être pendus à la porte de
leurs maisons. Le brigadier Sarsfield força tous les
protestants d un district de se retirer sous peine de
mort à une distancé de dix milles de leurs babitations ;
et la même peine fut prononcée contre ceux qui ne re-
x^evroient point la nouvelle monnoie au taux fixé.
Tous les revenus de l'Irlande et tous les expédients comb^it
imaginés pour donner cours à cette monnoie de bas ^^ ^^ ^^^
.aloi n'auroient pu suffire aux frais de la guerre, sans çoise
les secours que Jacques recevoit de temps en temps de
France! Aussitôt après le retour de la flotte qui avoit
transporté ce prince en Irlande, Louis XIV fit partir
plusieurs vaisseaux de transport avec des armes, des
munitions et une somme considérable d'argent, sous
l'escorte d'une forte escadre, commandée par Château-
Pienaut. Avant que ce convoi mtt en mer à Brest , 6uil«
laume, informé de sa destination, envoya de Spithead,
pour l'intercepter, douze vaisseaux de ligne, un brûlot
et quatre barques, sous les ordres de l'amiral Herbert,
qui fut jeté par la tempête dans le port de Milford, d où
il dirigea sa course vers Rinsale, dans la supposition
;raQ-
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56 HISTOIHE D'ANGLETERRE»
•^"""""^ — que la flotte Françoise a voit fiiit voile de Brest, et qu'il
9' la rencontreroit vers les côtes d'Irlande. Le i** mai il
la découvrit à Tanci'e dans la baie de Bantry, et quoi-
que l'ennemi fût très supérieur en nombre, il fit force
de voiles pour Tattaquer. Les François ne l'eurent pas
plus tôt aperçu au point du jour, que, levant Tancre,
ils s avancèrent à la faveur de la marée, se mirent en
ordre et engagèrent le combat, qui se soutint pendant
deux heures avec une valeur égale des deux côtés, mais
avec un dommage considérable pour la flotte angloisë,.
à cause de la supériorité du feu de Tennemi. Herbert
appareilla plusieurs fois pour gagner 1q vent ; mais
Famiral françois le conserva avec autant d'habileté que
de persévérance. Enfin les Anglois gagnèrent la liaute
mer et battirent en retraite jusqu'à cinq heures du soir.
Alors Château -Renaut mit à la voile, et rentra dans
la baie, content de l'avantage qu'il a voit remporté. La
perte en hommes fut peu considérable des deux côtés ,
et les François étolent si supérieurs en nombre que cette
victoire fut pour eux presque sans gloire. Herbert se
retira aux îlesScilly, où il attendit du renfort. lYompé
dans cette attente, il regagna Portsmouth , très mécon-
tent, ainsi que son équipage. Les matelots conservoient
lin reste d^attachement pour Jacques, qui , dans le prin«»
çipe, avoit obtenu leur affection, et les officiers se plai-
gnoient d'avoir été livrés aux forces supérieures de Ten-t
nemi. Pour apaiser ce mécontentement, Guillaume se
rendit à Portsmouthi II y dîna avec l'amiral à bord
du vaisseau Elisabeth. Il lui annonça qu'il se pjroposoit
dé le créer comte, en considération de sa bonne con*.
4uite et de ses services ; il nomma chevaliers les capi-
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eUILLAtlME III ET mah». $7
taines Ashby et Sbovel, et donna dix scbellinie^ à cha-
que matelot.
Le parlement- d'Ancletcrre pensa que, s'il étoit de On r«-
son devoir de subvenir aux dépenses de la guerre entre piuHîeurt
^ deux nations ) il devoit aussi rendre justice alix su- i"8^
jets qui, sous les derniers régnas, avoient été victimes «q Angl*-
de jugements iniques. Les actes A^€audnder portés ^'^^
contre le lord Russel, Algernon Sidney, l'alderman
Gornisb, et lady Lisle, furent annulés. Les lords Cta-
Mirent un comité des privilèges ^ chargé d'examiner Taf-
fisire du comte de Devonshire, condamné sous le der*
nier régne à une amende de trente mille livres sterKil|;
pour avoir attaqué le colonel Gulpepper en présence
de la chambre. Ce comité fut d'avis qu'en ôtaot au
parlement la connoissance de cette affaire la cour du
banc du roi avoit violé le privilège de cette assemblée;
que l'amende étoit exorbitante , contraire à la grande
charte , aux droits des sujets et aux lois du royaume.
On #apporta là sentence qui condamnoit Samuel John*
,son, chapelain de lord Busse! , à la dégradation, aune
amende, au fouet et au pilori, et lès communes le re-
commandèrent au roi pour un des premiers bénéBcës
vacants. Il reçut un dédommagement de mille livres
steriing, et une pension de trois cents livres sterling
poih* sa vie et celle de son fils, qui fut bieniét après
promu à un, emploi du revenu de cent livres sterling;
mais le père n'obtint point de bénéfice. Titus Oates
saisit cette occasion de demander à la chambre des
pairs que le jugement qui le déclaroit parjure fût cassé.
L'avis des juges et du conseil ayant été pris à la barre;
}e jugement fut en effet annulé ; mais les pairs ayant
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58 H18T0IME d'aNGLETEHRE.
' ioséré daos lacté qui Taonuloit quelques amendement»
avec une clause qui rendoit cet acte conditionnel, il
s'ensuivit de violents débats. Cependant Gates fut mis
en liberté, et les deux chambres le recommandèrent
au roi y qui lui accorda sa grâce avec une forte pen-
sion. Le comité chargé d examiner les afEaires des pri-
.sonniers detat fut d^avis que sir Robert Wright, der*
nier lord chef de la justice, avoit.eu part aux violences
c^immises dans les provinces occidentales.» après Fia*
surrectioh de Monmouth, ainsi qu'un des commissaires
ecclésiastiques. La. mort a voit délivré Jefferies du res^
9»ntiment de la nation; mais Graham et Burton, qui
avoieot agi comme solliciteurs dans les poursuites illé*
gales contre les antagonistes de la cour, sous le régne
de Charles II, furent reconnus coupables d'avoir par-^
tiçipé au jugement inique qui, huit ans auparavant,^
les avoit condamnés à mort avec confiscation de leurp
biens ; d avoir fait tous leurs efforts pour détruire la
religion protestante et le gouvernement du royateie ,
et enfin d'avoir employé à ces infâmes manœuvres
plusieurs milliers de livres sterling des revenus de
Tétat. La mauvaise administration du ministère actuel
ne put échapper à Tanimadversion du parlepnent. L^
piTirs, après s'être adressés au roi pour le prier de
mettre ^ état de défense les îles de .Wigbt, Jersey,
Guernesey, Scilly, le château de Douvres et les autres
forts du royaume, et pour obtenir le désarmement
des papistes, créèrent un comité chargé d examiner
la cause du mauvais succès des affaires d'Irlande,
qu'on attribuoit généralement à la négUgence des,mar«
quis de Caermarthen et d'Halifax. Us demandèrent au
roi, par une adresse, que le registre des délibérations
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OriLLAVUE 111 ET MTABIC. &$
lie la eômnission chargée dcft afftârea d'friaadi#fikettm ^,
entre leurs mûns;^ mais Guillauma n'ayant pas voiilil ^^
y coBsemir, les communes dédarèreni (féê ceuic ^di loi
avoient conseillé ce refus étotent ennemis du léyâutné.
Alarmé d'une telle résolution , GuillaumeYeur fit donner
communication du registre, <àL riles ne irouiAreni que
très peu de documents qui lépondisseilt à leurs vues.
Jjà ehamjbre, dans une adresâe au roi , reptésenta que le
secours en faveur de l'Irlande avoit été retardé sans né*
cessité ; que les vaisseaux dv transpdi*t pÉéparés étoitnt
insuffisants pour y conduire les forces nécessaires, et
que c'étoit faute d'une escorte coiivenable <|ue plusieurs
vaisseaux avoient été pris par l'ennemi. La question de
savoir si l'on devôît accuser auprès kIu roi le niarquis
d'Halifax, fut résolue nljg^tivement à une faible majo^
rite. Quelque temps auparavant, Howc, vice-chambellan
de la reine, avoit proposé de dénoncer à lacduronnè
les membres du conseil accusés en parlement pour
avoir attenté aux libertés de la nation, dette motion
eoncernoit Gaermarthen et Halifax. Le premier avoit
déjà été accusé de haute-trahison sous le nom dm comta
de Danby; et on imputoit à l'autre la mauvaise con«
duite de l'administration précédente. De violents débats
s'élevèrent; il est probable que la proposition auroît
passé si l'ardeur de ceux qui l'avoient d'abord vivement
soutenue ne se fût i^lentie. Quelques lettres Mu roi
Jacques à ses paitisans, relatives au projet d'une in«-
vasion , ayant été interceptées, M. Rambden , président
du comité de toute la chambre, insista sur le danfpsr
du royaume, et proposa d'accorder de plus forts siib*
aides à sa majesté ; proposition inattendue , qui ne fnt
|pas appnyée d'un seul membre. Cepaaâant la chambre
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6o HISTOIRE D^ANOLETÊlilLE.
go^ ayaiii pris en considération les lettres interceptées ,
vota une adresse au roi pour le prier de s'assurer de
tous les papistes de marque et de les* faire désarmer.
11 fut éÉsuite présenté un bill d'attainder contre plu-*
sieurs sujets en eut de révolte; mais il ne put être
Bills pas- adopté dans ^ette session.
8^8 dans La chambre des pairs prépara un autre bill qui oWi»-
$ioQ. geoit tous les sujets à porter, pendant certaines saisons
de Tanhéè, des liàbits de drap manufacturé en Ang^le-
terre ; mais et biH fut attaqué par une pétition des ou^
vriers en soie de Londnas et de Cantorbery, tumultuai-
rement réunis à Westmiifister. Les pairs ayant refusé
d'accéder à une pétition jprésentée dans des formes si
inusitées , on détermina les ou viîers à regagner chacui^
son domicile. On prit des précautions contre un nou-
veau rassemblement, et la chambre rejeta le bill. Le
parlement en adopta un nouveau relatif aux présen-
tations qui appartenoient aux papistfes dans les deux
universités. Celles des comtés méridionaux furent at-
tribuées à Tuniversité d'Oxford, et celles des comtés
septentrionaux à l'université de Cambridge, avec quel*,
ques conditions. On établit des cours à Bristol, Glo*.
cester et Newcastle , pour juger les cas de conscience ;
celle des marches galloises fut abolie, comme insup-.
portable au pAys. Les ecclésiastiques protestants, qu'on .
avoit dépouillés de leurs bénéfi(ves en Irlande, furent
déclai^s aptes à en posséder de seoil)lables en Angle-
terre, sans perdre leurs droits aux premiers ; mais à la .
condition expresse que, lorsqu'ils seroient réintégrés,
dans ceux-ci, ils renonceroient aux autres. On révoqua
le statut d'IIenri IV contre l'accroissement de l'or et de .
l'argent ; les sujets eurent le droit de fondre et de raf<« .
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GUILLAUME III ET MABIE. 6l
finer les métaux et les vieilles espèces , d'en tirer ce — — —
qu'elles contenoient dor et d'argent, à la charge par ^^*
eux d'apporter cette matière à la monnoie^ où elle •
seroit échangée contre la même valeur en monnoie
courante. Après l'adoption de ces bills et de quelques
autres de moindre importance, les deux chambres sa*
journèrent d'abord au ao septembre, et misuite au 19
octobre.
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1689.
LIVRE II.
Schomberg passe en Irlande avec une armée. — Victoire de^
Inniskiltinois. — Schomberg blâmé de son mactioo. — '
Êcbec des François à Walcoûrt. -^ Succès des alliés en
Allemagne. *-^ Mort du pape tonocent XI. -^ Guillaume;
perd xm peu de sa popuiarité. — One partie dii clergé re-
fust le ««nnent. ^»r Le roi Guillatime s^occupe de réformer
la discipline de l'église. ^^ Assemblée du clergé. -^ lot
session est plusieurs fois prorogée. ^^ Affaires du parler
ment. -^ Les vhigs mettent obstacle au bill d'amnistie. *^
On reprend les recherches sur les affaires d'Irlande. -^'
Ressentiment de Guillaume contre les whigs. -^ Complot
contre le gouTernement. •>— Débats au sujet du bill des
communautés. — Le roi veut terminer en personne la
guerre d'Irlande. — Arrivée de Ludlow en Angleterre. —
, Efforts des jacobites en Ecosse. --^ Le crédit de la eour
l^empprte. — Les torys ont le dessus en Angleterre. —
Bill pour reconnoltre Guillaume et Marie. ^- Débats sur
le bill d^ahjuration. — Guillaume passe en Irlande. -^
Jacques marche vers la Boyne. -^ Guillaume se décide à
livrer bataille. — Bataille de la Boyne. — Mort de Schom**
berg. — Jacques s'embarque pour la France. -^ Entrée
de Guillaume à Dublin. ^— Victoire des François. — Tor»
rington est envoyé à la Tour. — Progrès de Guillaume en
Irlande, -r^ Il assiège Limerick qu'il est obligé d'aban«
donner. -^ Réduction de Cork et de Kinsale. -^ Les
troupes françoises quittent l'Irlande. — Le duc de Savoie
se joint aux confédérés. — Défaite du prince de Wal-
deck. -* V^rchiduc Joseph est élu roi des Romains. —
Assemblée du parlement en Angleterre. -^ Les communes
accèdent aux demandes du roi. — Pétition des torys. —
Attaque contre le marquis de Caermarthen. — Voyage Se
Guillaume en Hollande. — Il assiste à un congrès^.
' Quelque urgent qu'il fût de remédier à la situation de
rirlande ^ et malgré les instances des protestants de ce
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CUItLAlJMÈ III ET^ MARlÊi è3
j>ay9 , les ministres étoient si peu d'accord , et Ton mit T— -
tant de négligence aux préparatifs de Texpédîtion, que «^^^^
l'armée ne put s'embarquer que six mois après la des- berg pas-
cente du roi Jacques. Enfin , lorsqu onefit levé dix-huit *®,,®°j^^'
régiments d'infanterie et cinq de dragons, lorsqu'on eut avec unt
pourvu au service de rartillerie et mis en état lés vais- •"**••
seaux de transport, le duc de Schomberg, chargé par
le roi du commandement en chef de l'expédition, partit
pour Chester, après avoir remercié en personne les com-
munes de la manière distinguée dont elles avoient payé
ses services, et reçu de la chambre l'assurance que l'ar-
mée qu'il commandoit seroit , ainsi que lui, l'objet
d'une attention particulière. Le i3 août il descendit
dans le voisinage de Oarrickfergus , avec environ dix
mille hommes , et prit possession de Belfast , que l'en-
nemi avoit quitté à son approche pour prendre position
à Carrickfergus. Schomberg , après avoir fait rafraîchir
ses troupes, marcha vers cette place, l'investit, et en
continua le siège jusqu'au 16 du mois. La brèche alors
étant devenue praticable , les assiégés capitulèrent , à
. condition qu'ils sortiroient avec armes et bagage, pour
être conduits à Newry, où se trouvoit la garnison irlan-
doîse la plus voisine. Pendant le siège Schomberg fut
joint par le reste de son armée d'Angleterre; mais par
Ses ordres , la plus grande partie de l'artillerie et des
bagages fut dirigée de Chester à Cariingford. Il se mit
ensuite en marche pour Lisbume et Hillsborough,
campa à Drummore, oti les protestants du nord avoient
été récemment battos par Hamihon , et de là poussa
jusi^u'àLongfabrillatie, oti la cavalerie et les dragons
dlnniskîfKng vinrent se joindre à lui. Ce mouvémetit
décida Tennemi à abandonner Newry et Dundalk, et
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64 HISTOIRE D^AN&tETERREv
T^ Scbomberg fit camper, ses troupes aux environs de eeê
^' deux places y dans un.terrsiinbas et humide j ayant la
ville et la rivière au midi^ et entouré de tous côtés par
des collines y des fondrières et des montagnes.
Vîcrçîre Son année , qui se composoit principalement de nou-
^kUlinolif ^^U^s récrites peu faites à la fatigue , commença alors à
souffrir de la marche, de la rigueur du temps et du
manque de vivres. Cependant il fut renforcé par les
régiments de Kirke^ Hanmer et Stuart, et il auroit
poussé jusqu'à Drogheda^ où il savoit que Bosen se
trouvoit avec à-peu-près vingt mille hommes^ s'il n eût
été obligé d'attendre son artillerie , qui n'étoit pas en-
core arrivée à Garlingford. Jacques, ayant réuni toutes
ses forces , marcha droit à Scbomberg , et se rangea en
bataille devant ses retranchements. Mais celui-ci voyant '
la supériorité de la cavalerie de l'ennemi, et l'état d'in-
discipline de son armée, qu'affoiblissoient encore les
maladies , retint les troupes dans lé camp , et l'ennemi
ne tarda pas à se retirer. Aussitôt après sa retraite, on
découvrit dans le camp des Anglois une conspiration
formée par quelques catholiques françois qui s'étoient
introduits dans les régiments protestants. L'un d'eux>
nommé Duplessis, avoit écrit au comte d' A vaux ^ am-
bassadeur de France , une lettre où il promettoit de dé-
serter avec tous les catholiques des trois régiments fran*
çois qui se trouvoient dans l'armée de Scbomberg ; cette
lettre fut interceptée, et Duplessis, jugé par une cour
martiale» fut exécuté avec cinq de ses conlplices. Envi-
ron deux cent cinquante cathoUques qu'on découvrit
dans les régiments françois furent envoyés en Angle- ^
terre et de là en HoUjande. Telle étoit la situation de
Scbomberg r lorsque les Inniskillinois , sous le commsua:-
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ÔUlLLAtMË III ET MARIEj 65
déoletit du colonel Lloyd, firent une excursion dans le — "' ' '
voisinage et remportèrent le a 5 septembre une victoire ' ^*
complète sur un nombre cinq fois plus considérable
dlrlandois. Ils tuèrent sept cents bommes, prirent le
commandant Okelly et environ cinquante officiers , et
firent un butin considérable en bétail. Le duc, charmé
de leur conduite, leur donna les plus honorables témoi-
gnages de sa satisfaction.
Cependant Tennemi s'empara de James-Town , et Schom«
réduisit Sligo^ dont l'un des forts fut vaillamment dé- ^^^A ^***
fendu par le capitaine françois Samt*Sauveur et sa com-» inaction,
pagnie de grenadiers , jusqu'à ce que le manque d'eau
et de provisions les força à capituler. Les maladies
contagieuses faisoient de tels ravages dans le camp de
Schomberg, qu au printemps suivant ce général avoit
perdu la moitié de son monde. Son inaction lui attiroit
des reproches; le roi, dans plusieurs lettres , le pressoit
de saisir la première occasion de hasarder une bataille.
Mais Schomberg refusoit de courir cette chance contre
un ennemi (rois fois supérieur en nombre, ayant des
troupes saines , bien disciplinées et commandées par d'ha-
biles officiers. Il étoit sans doute répréhensible d'avoir
choisi une position si malsaine. Il en sortit aux appro*
elles de la mauvaise saison , pour mettre ses troupes en
quartier d'hiver , avec l'espoir d'être renforcé par sept
mille Danois qui venoient d'arriver en Angleterre, en
vertu d'un traité récemment conclu ^entre Guillaume et
le roi dé Danemarck. Les Anglois n'étoient pas plus heu-
reux sur mer qu'ils ne l'avoient été sur terre. L'amiral
Herbert , nouvellement créé comte de Torrington , étant n^
descendu en Irlande avec les escadres combinées d'An-
gleterre et de Hollande, fit une tentative infructueuse
II. 5
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C& HISTOIRE D^ANGLErERR£.
-^— sur Cork , et perdit un grand nombre de ses matelots
^' par des maladies qui furent attribuées à la mauvaise,
qualité de ses vivres. Le vaisseau de guerre le Dartmouth
tomba entre les mains des ennemis , qui infestoient le ^
canal avec un si grand nombre de navires armés que
le commerce anglois en souffrit le plus grand dommage^
Échec cFes Les affaires de France présentoient un aspect asses
k^Wal' sombre sur le continent ; toutes les puissances de l'Eu-
court. rope sembloient avoir conspiré la destruction de cette
monarchie. Le roi Guillaume venoit de conclure avec
les états-généraux une nouvelle ligue , où le& précédent»
traités de paix et de commerce avoient été confirmés^
Il y étoit stipulé que, dans le cas où le roi de la Grande-»
Bretagne seroit attaqué ^ les Hollandois enverroientà
son secours six mille hommes d'infanterie et vingt vais-
seaux de ligne , et que si les hostilités étoient dirigée»
contre les états-»géhéraux , l'Angleterre les soutiendroit
par dix mille hommes d'infanterie et vingt vaisseaux de
guerre. Le traité fut à peine ratifié, que Guillaume en-
voya lord Churchill^ qui venoit d'être créé comte de
Marlborough , en Hollande, pour y commander le&
auxiliaires anglois, au nombre de onze mille hommes,,
dont la plupart avoient servi dans l'armée du roi Jàc*
ques, lors de Tarrivée du prince d'Orange en Angle-
terre. Il joignit aussitôt l'armée hoUandoise sous le»
erdres du prince de-Waldeck j qui avoit fixé son rendes-
vous au pays de Liège, dans l'intention d'agir contre
l'armée françoise, commandée par le maréchal d'Hu-
inières, pendant que le prince de Vaudemont , à la tète
d'un petit corps d'observation composé d'Espagnols,
de Hollandois et d'Allemands , surveilleroit les mqu.^
vements de Calvo dans une autre partie des Pays-Bas^.
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CÛILLATJME ÎII Et MARifei 67
La vîlîe de Liège , forcée de renoncer à la neutralité, se
déclara pour les alliés. Au mois d'août les fburrageurs ^*
de Tarmée des états furent attaqués à Walcourt par le
maréchal d'Humières. Le combat fut opiniâtre, et les
François se retirèrent en désordre , après avoir perdu
deux raille hommes et quelques pièces d'artillerie. L'ar-
mée d'observation combla une partie des lignes des ■
François du côté de Courtrayj et leva des contributions
Bm* lé territoire ennemi.
Les François étoient presque entièrement maîtres des 8accÀ«
trois électorats ecclésiastiques d'Allemagne. Ils tenoient /^ ^ui/
Mayence , Trêves, Bonn , Keiserswaert , Philisbourg et mag»**
Landau ; ils avoient démantelé le château d'Heidelberg
dans le Palatinat, ruiné Manheim, réduit en cendres
Worms et Spire, et démoli Frankendahl ^ ainsi que plu-
sieurs autres forteresses. Ces conquêtes , fruit d'une in-
vasion soudaine ) étoient couvertes par Une nombreuse
armée sous les ordres du maréchal de» Duras , et touô
ses officiers-généraux étoient aussi bVaves qu^habiles.
11 eut cependant quelque peine à conjierver son terrain
contre leâ différents princes de TEmpi re; Le duc de Lor-
raine , à la tête des troupes impérialrjs, investit Mayen-
ce, tjui se rendit à composition. L'él'ecteur de Brande-
bourg, après avoir réduit Keiserswa«ert, assiégea Bonn,
dont la garnison ne capitula qu'après une longue et
vigoureuse résistance. Le reâsentiir lent qu'éprouvoient .
les princes allemands des dévastât) ons commises dans
leur pays par les François, étoit le plus ferme principe
de leur union. Les intrigues de Ld uis XIV en Pologne
et à Constantinople ayant mis nt 4 obstacle à la paix
entre l'empereur et la Porte ottoi nane , la campagne
s'ouvrit en Croatie, où un corps ( le Croates battit cinq
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6H histoire d'angleteMév
*-: mille Turcs entre Vihitz et Novi. Le prince deB&dfe^
. ^' qui commandoit les Impériaux , traversa la Morave à
Passarowitz^ et marcha à la rencontre de larmée tur*
que , composée de cinquante mille hommes , ayant pour
chef un seraskier. Le i3 août^ il attaqua lennemi dans
ses retriiDcbements près de Patochin , força ses lignes ^
fit un grand carnage^ et resta maître du camp y de& ba-
gages et de Tartillerie. Les Turcs se retirèrent à Nissa ^
où leur général , se trouvant supérieur en nombre à Tar-
mée des Impériaux, prit son campement dans une po-
sition inaccessible de tous côtés y à l'exception du côté
de l'arrière - garde , qui resta ouvert pour faciliter la
retraite. Ce fut aussi par là que le prince de Bade l'at-
taqua le 24 septembre. Il remporta snr les Turcs une
nouvelle victoire, et, malgré la défense la plus opiniâ-
tre , fit entrer à Nissa son armée enrichie des dépouilles
de l'ennemi. Il trouva dans cette place plus de trois
mille chevaux et d'immenses magasins. Après avoir
donné quelques jours de repos à son armée ,. il marcha
de nouveau contre les Turcs, qui avoient choisi un
poste avantageux à Widen , et qui paroissoient jaloux de
rétablir l'honneur de leurs armes.. Les* Allemands atta-
quèrent leurs lignes sans hésiter , et,- quoique l'ennemi
se défendît avec un acharnement incroyable, il fut
défait pour la troisième fois , et sa déroute entraîna la
perte de Widen, qui se rendit au vainqueur. Le prince
mit ses troupes en quartier d'hiver , et se rendità Vienne
.couvert de gloire.
Mort du Les François échouèrent égaliement dans leur tenta-
pape In- ^j^g g^j* |g^ Catalogne, où le, duc de NoaiUes avoit pris^
-&l. Campredon au mois de mai. Pendant qu'il regagnoit
les frontières de France , après avoir laissé une garniaoi^
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OÛILLAtTME III ET MARIE. 69
dans cette place >. le duc de Villa-Harmosa, à la tête"
d'une armée esjfiagnole , en fit le blocus , et mit le Bous-
sillon à contribution. Le blocus ayant été ensuite con*
verti en siège régulier^ le duc de Noailles revint pour
secourir la place. Mais, vivement pressé par les Espa-
gnols, il fit sortir la garnison et se retira à la hâte,
quand il eut démantelé les fortifications. Le. roi de
France comptoit recueillir quelque avantage de la mort
du pape Innocent XI , son ennemi déclaré depuis l'af-
faire des franchises et le siège d'Avignon. A peine ce
pontife avoit cessé de vivre, qu'il se forma dans le parti
françois à Rome des cabales contre les intérêts des Es-
pagnols et des Allemands. Les cardinaux de Bouillon
etde Bonzi, accompagnés de Furstemberg, se rendi-
rent à Borne, munis d'une forte somme d'argent. Pierre
Ottobdnt , Vénitien > fut élu pape , et prit le nom d'A-
lexandre VIII. Aussitôtle duc de Chaulnes, ambassadeur
de France , lui annonça , au nom de son maître , qu'Avi-
gnon seroit rendu à l'église, et Louis, par une lettre de
sa main au nouveau pape, renonça ^ux franchises. Ce
fut avec les plus grande témoignages de reconnoissance
qu'Alexandre reçut ces marques de respect. Mais il
ferma l'oreille aux sollicitations de l'ambassadeur et de
Furstemberg , lorsqu'ils lui demandèrent un nouvel
examen de l'élection de l'archevêque de Cologne , source
de tant de calamités dans l'Empire. Il confirma même
les dispenses accordées par son prédécesseur au prince
de Bavière, qui put ainsi prendre possession de l'élec-
torat, quoiqu'il n'eût pas l'âge requis par les canons.'
Furstemberg se retira mécontent à Paris, où on lui
jdonna pour récompense l'abbaye de Saint-Germain.
Il fut plus facile au roi Guillaume de réunir toutes
i08<).
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7^ HISTOIRE D ANGLETERRE.
Jes cours de rEuroj>e contre l'ennemi commun que de
conserver laffection de ses sujets , parmi lesquels il
me perd perdoit chaque jour un peu de sa popularité* Ses me-'
sa"^*opu- ^^''^^ ^^ mécontentoient plusieurs; et 3a conduite per*
larité. sonnelle, peu conforme aux usages et au caractère du
peuple anglois , éloignoit un grand nombre de ceux
même qui s'étoient déclarés pour son élévation. Au lieu
d'entretenir une familiarité décente avec sa noblesse,
il se tenoit sur une réserve qui avoit toute lapparence
d'un orgueil ombrageux. Il parloit à peine à ses courti^
sans , et passoit presque tout le jour dans son cabinet ,
évitant toute (Communication, ou parmi ses troupes,
dans un camp qu'il avoit formé à Hounslow > ou enfio
à la chasse qu^il aimoit immodérément. Les médecins
lui avoient prescrit cet exercice pour fortifier sa cons-
titution naturellement assez débile'; mais il en avoii
tellement contracté l'habitude , qu'il ne pouvoit plus
s'en passer. Sa foible santé, jointe à son aversion natu*
relie pour la société, lui doonoit une humeur assess
fâcheuse pour ceux qui l'approchoient. Cette disposi-»
tion ne pouvoit que s'augmenter par les disputes qui
s'engageoient souvent dans son propre cabinet, par la
haine ouverte de ses ennemis , et par l'éloignement de
ses anciens amis. Comme la température de Londres ne
convenoit point à sa santé, il restoit habituellement à
Hamptoncourt, résidence qu'il avoit étendue et embellie
à grands frais. Il acheta aussi d^r comte de Nottingham
le château de Kensington. Toutes ces dépenses , au
commencement d'une guerre coûteuse, ne plaisoient
guère aux Anglois. Cependant , soit par le conseil de
ses ministres , soit que sa pénétration naturelle lui fit
Sentir l'avantage qu'il trouveroit à se plier aux habin
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GtïILLATJME III ET MARIB. 7I
tades des Anglois , il parut alors changer de conduite
et adopter en quelque sorte les usages de ses prédéces-
seurs. Gomme Charies II , il fréquenta les courses de
NewmarUel. Il visita l'université de Xlîainbridge, dont il
traita les membres avec beaucoup d'affabilité. Il dîna
avec lo lord-maire de Londres , accepta le titre de ci-
toyen de cette ville, et porta la condescendance jusqu'à
«ouffrir qu'on lui donnât le titre de grand-maître de la
compagnie des épiciers.
Pendant que Guillaume s'occupoit à détruire ainsi U"® par-
I ^ . . , .1 ^ . ■» 1 • . > n/ tie du
les préventions dont il etoit 1 objet, on arrjva a 1 époque cler{»é re-
que le parlement avoit prescrite pour prêter le serment ^^^*^ *«
au nouveau gouvernement. Quelques ecclésiastiques
firent aux scrupules de leur conscience le sacrifice de
leur fortune, et se refusèrent à tout serment contraif e "^
à celui qu ils avoient prêté au dernier roi. On les dis-
tingua par la qualification «de non-assermentés; mais le
nombre en fut très foible en comparaison de ceux qui
prétoient le serment avec des réserves et des restrictions
qui faisoient peu d'honneur à leur bonne-foi. Plusieurs
d'entre eux , qui s'étoient montrés les plus zélés partisans
de la non-résistance et de l'obéissance passive , n'hésitè-
rent point à se délier du serment prêté au roi Jacques,
en déclarant toutefois que , par le nouveau serment, ils
ne s'engageoient qu'à une soumission passive au pou-
voir établi. Ils prétendirent même que les lois avoient
consenti à la distinction d'un roi de Jacto et d'un roi de
jure^ puisque le mot légitime avoit été retranché lors
des débats sur la forme de l'acte. Ils ajoutèrent que la
prudence leur faisant un devoir de se conformer à la
lettre du serment , leur conscience les obligeoit à faire
biea connoitre comment ils l'interprétoient. Bien ne
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73. HÎSTOIRÇ: D ANGLETERRE.
-, r pouvoit être d'un plus mauvais exemple que de faire
"' naître ainsi une sorte d'équivoque sur le plus sacré de
tous les engagements. Ce fi;t là ce qui produisit cette
indifférence presque générale sur la foi du aerment ,
aource de tant de parjures et de corruption. Quoique
cette conduite fût vivement blâmée par les non-asser-
mentés et les papistes , ils s'accordèrent tous à regarder
GuiUavime comme un ennemi de Féglise, comme un
protecteur déclaré de la doctrine de Calvin , qu'il soute-
^oit ouvertement en accordant les faveurs et les béné-
fices à ceux qui prqfesaoient Iç plus d'indépendance en
matière de religion, et en détruisait l'épiscopat eu
Ecosse. Les presbytériena de ce dernier royaume der
vinrent à leur tour persécuteurs. ïlê avoient à leur tète
le comte de Crawford , homme violent et plein de prér
jugés . Il fut choisi , par le crédit de Mel vil , pour présider
le parlement, et il opprima tellement les épiscopauXjt
que la plupart d'entre eux se rattachèrent au roi Jace
quea par ressentiment. On étoit informéen Angleterre
de tous le3 mauyaia traitements qu'ils éprouvoient, et
le comte.de Clarendon, aiusi que tous les évêques dér
pouilléa, n'en laissoiept ignorer aucune circonstance*
L'archevêque de Cantorbéry, les évêquead'Ély, de Chi-
chçster , de Bath et Wells, de Péterborough et de Glo-
cester ayant refusé le serment , furent suspendus et
menacés d'être déposés. Lake, éveque dç Chicbester,
étant tombé dangereusement malade, fit un acte soleur
Bel, par lequel il prpte^toit de son attachement à la
doctrine de la non-réaistance et de l'obéissance passive,
qu'il regardoit comme les caractères distinctifsdu clergé
anglican. Cet acte fut rendu public à sa mprt, et tout
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GUILLAUME HI ET MARIE. 73
le parti le regarda comme un oracle inspiré à un martyr
de la vérité en matière de religion.
En dépit de toutes les clameurs , le roi Guillaume ne U* roi
se désista point de son projet de compréhension. Dix ^^ s od
évéques et vingt dignitaires de leglise furent autorisés ^^VP" ^^
à s assembler de temps en temps dans la chambre de u diaci-
Jérusalem pour y préparer des projets de changement U*î"® ^
dans la liturgie et les canons , et des plans de réforme
dans les juridictions ecclésiastiques , afin de ramener
Tunion daqs 1 église et de faire disparoltre toutes les
nuances qui divisoient les sujets protestants en matière
de religion. Cependant la compétence de cette com<»
mission fut attaquée. Dès sa première séance, son au-
torité fut mise en dfuestion par Sprat, évéque de Ro-»
cbester , qui se retira très mécontent et fut suivi de Mew
de Winchester, et des docteurs Jane et Aldrich. Ils se
prononcèrent contre tout changement qu on voudroit
opérer dans la forme et la constitution de Téglise en
faveur d'un parti insolent et opiniâtre, qui devoit être ^
assez content de la tolérance dont il jouissoit ; ils ob-
servèrent qu on ne pouvoit tenter de tels changements
sans diviser le clergé, sans faire mépriser au peuple
la liturgie, qu'une telle tentative feroit juger suscep-
tib^ d amélioration , et .qu ils blesseroient la dignité
ecclésiastique s'ils consentoient àdes offres que les non»
conformistes auroient la liberté de refuser ; ils suppo--
sèrent même à quelques uns dé leurs collègues le des-
sein de renoncer à Fordijiation épiscopale, ce que leur
çléfendoient également Thonneur , le devoir , leurs ser-^
inents et les engagements qu'ils a voient signés.
|4âlgré la retraite de leurs collègues, lescominis-»
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74 HISTOIRE D'ANGLETERRE. '
saires procédèi«nt avec modération à rexamen des abus
. * dont se plaignoient les non-conformistes , et à lamen-
blée du dément de chaque article qui pàroissoit susceptible de
«^'erge. quelque objection raisonnable. Mais le parti opposé mit
tout en œuvre pour enflammer les esprits. Les deux
universités se déclarèrent contre tous changements et
contre ceux qui en proposeroient. Le roi lui-même fut
traité en ennemi de la hiérarchie , et le parti se donna
tant de mouvement dans lelection des membres pour
l'assemblée du clergé, qu'il obtint une majorité consi-
dérable. A la première réunion, les partisans du système
de compréhension proposèrent pour orateur le docteur
Tillotson j clerc de la chapelle du roi : mais les autres
firent élire le docteur Jane , regarda comme le plus vio-
lent des ministres de l'assemblée. Dans une harangue
latine qu'il adressa à l'évêque de Londres, qui prési-
doit, il assura, au nom de la chambre -basse, que la
liturgie d'Angleterre n'avoit aucun besoin d'amende*
m€ât , et conclut par cette ancienne déclaration des
barons : nolumus leges Jlngliœ mutari; nous ne voulons
point de changements dans les lais angloises. Dans sa ré-
ponse , l'évêque exhorta les membres à user de modé^
ration , de charité et d'indulgence envers leurs frères
non-conformistes , et à faire dans les choses peu imppr*
tantes des modifications qui pourroient laisser une voie
de salut à la foule des chrétiens égarés. Ces exhorta*
tions furent sans effet : la chambre-basse sembloit ani-
mée d'un esprit d'opposition , et le lendemain le'prési-
dent la prorogea sous le prétexte que la commission
royale en vertu de laquelle elle agissoit n'avoit point
reçu la formalité du sceau , et que la prorogation étoit
nécessaire jusqu'à ce que cette formalité fût remplie.
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16^9.
CUILLAUME III ET MARIE. 7^
On profita de cet intervalle pour tenter de ramener les
esprits à des septiments de modération, mah ce fut
sans aucun succès. Quand les deux chambres se rou^
vrirent , le comte de Nottingham , qui leur portoît la
commission du roi, après ayoir pris la parole en son
propre nom, leur remit un message de Guillaume, an-
nonçant qu'un zélé religieux Tavoit porté à les réunir
pour s'occuper du bien de Féglise anglicane, à laquelle
il accorderoit toujours faveur et protection. Il les enga-
geoit à examiner avec calme et impartialité tout ce qui
leur seroit proposé, ajoutant qu'il ne leur feroit rien
présenter qui ne tendît à la paix et à l'honneur de la
religion protestante en général et de l'église d'Angle-
terre en particulier.
Les évêques réunis à la chambre de Jérusalem voté- La se*.
rent une adresse de remerciement au rei. Cette adresse, p7us*iedrs
pleine de témoignages de zèle et de déférence, éprouva fois pro-
dans la chambre-basse une violente opposition. On j ^
proposa des amendements, et, après des débats très
animés, l'adresse qui fut arrêtée se trouva induite à de
froides expressions de respect. La plupart des memb rési-
de cette chambre, loin de prendre des mesures en fa- -
veur des nou'-conformistes, portoient toute leur atten-
tion sur leurs frères non-assermentés. Des discours très
animés furent prononcés en faveur des évêques sus-
pendus. Le docteur Jane proposa même de chercher
quelque moyen de les faire siéger dans l'assemblée;
proposition qui parut trop délicate pour être discutée.
Enfin, au lieu de donner ses soins aux affaires pour
lesquelles on l'avoit convoquée, la chambre s'occupa
de plusieurs pamphlets qui venoient d'être publiés, et
qui lui sembloient dangereux pour la religion chré-^»
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'jS HISTOIRE D'ANGLETERRE. ^
^^ tienne. Le président et ceux qui étoient de son parti ,
^^ voyant bette disposition des esprits, jugèrent conve*
nable de ne faire aucune communication sur les chaii«
gements qu'on avoit en vue, et le roi permit que la
session fût interrompue par des prorogations réitérées-.
Affaires A Touvcrtum-du parlement, qui eut* lieu le 19 oc-
ment^' *^^''®» '^ ^^^» dans un discours composé par lui-niême ,
exposa la nécessité d'un secours suffisant pour les dé-
penses de la guerre. l\ insista sur la promptitude de ce
secours comme pouvant beaucoup contribuer à la dé-
termination que prendrôient les princes et les états
engagés dans la guerre contre la France, qui, dans
une réunion indiquée à La Haye pour le mois suivant,
dévoient régler les opérations de la campagne. Il finit
en recommandant aux chambres la même promptitude
pour le bill d'indemnité, qui devoit tranquilliser tous
ses sujets et les porter à concourir, d'un commun ac-
cord, à la prospérité et à la gloire du royaume. Gomme
les divisions qui, à la sessfon précédente, avoient pro^
duit tant d'animosité, subsistoient encore, le roi, après
avoir consulté les deux chambres, prit le parti de les
proroger, dans l'espoir de calmer les esprits. Il se ren-
dit donc à la chambre des lords, et fit ajourner le par-
lement au 21 octobre par le nouvel orateur sir Robert
Âtkins, successeur du. marquis d'Halifax, qui avoit ré-
signé cet office. Quand le parlement se rassembla -deux
jours après, le roi rouvrit la session par le même dis-
cours. Les communes résolurent unanimement de l'ai- -
der de tous leurs moyens à réduire Tlrlandeet à pousser
avec vigueur la guerre contre la France, conjointement
avec ses alliés. Elles votèrent à cet effet un subside d^
deux millions sterling. ...
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CUILLAUAiE III ET MARIB. ^7
Durant cette session les whigs employèrent tout leur
pouvoir et toute leur adresse à mettre obstacle au Bill ^'
d'amnistie , prévoyant qu'il ouvriroit la voie des faveurs mettent*
et des emplois au parti opposé qui commeneoit à obte- obstacle
' . ^ ' . 1 • T-. •! .au bill
nir les bonnes grâces du roi. Dans cette vue ils repn- d'amnis*
rent les poursuites contre les prisonniers d'état; un ^^^-
comité fut établi pour examiner les charges contre
Graham et Burton. Les communes accusèrent de haute-
trahison les comtes de Péterborough, de Salisbury et
de Castlemain, sir Edward Haies, et Obadiah Walker,
pour s'être réconciliés avec Péglise romaine, au mépris
des lois du royaume. Il fut ordonné de préparer un bill
qui déclarât les biens du dernier lord-chancelier Jeffe-
ries . confisqués au profit de la couronne et qui flétrît
sa mémoire ; mais il s éleva tant d'opposition que cette
mesure fut abandonnée. La chambre décida cepen-
dant que les amendes encourues, par tous ceux qui
avoient exercé des offices, en contravention aux lois
contre les papistes réfractaites, seroient exigées et ap-
pliquées au service public. On envoya prisonnier à la
tour le lord Griffin ,. sous prétexte d une correspondance
avec le roi Jacques et ses partisans : on n'a voit d'autre
preuve de sa trahison que quelques lettres cachées dans
le double fond d'une bouteille d'étain^ Cependant les
communes ne voulurent pas consentir à ce qu'il fut
relâché sous caution ^ quoiqu'elles eussent décidé qu'Al-
gemon Sidney avoit été condamné injustement, en ce
que, dans son procès y on n'avoit produit contre lui que
des témoignages écrits. Les deux chambres concouru-
rent à la nomination d'un comité chargé d'une enquête
contre les- auteurs et complices du jugement qui avoit
condamné à mort le lord Russel , sir Thomas Armstrong,.
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78 HISTOIRE Ïi'aNCLÉTERRE.
' ralderman Gornish , et plusieurs autres , et contre cerilC
^* qui avqient pris part aux actes arbitraires relatifs aux
writs de quo warranta et à la résignation des chartes. .
Une telle enquête avoit pour objet d'atteindi^e le mar-
quis d'Halifax, qui avoit concouru, avec les ministres
de Charles, à toutes ces mesures. Quoiqu'il n'existât
Contre lui aucune preuve positive, il crut nécessaire de
se retirer de l'administration. Il résigna donc le sceau-*
privé, et se réconcilia avec les torys, dont il devint
l'appui et le patron.
On re- Les communes, ayant alors repris l'eXamen des af-
^réciter- faircs d'Irlande, demandèrent que le roi nommât de^
ches sur commissaires pour aller constater sur les lieux Tétat
les Sirni'
res d*lr- de l'armée dans ce royaume. Schomberg, informé qu'il
lande. q^qJ^ ^té blâmé dans la chambre des communes de sort
inaction , fit remettre au roi une ample justification de
sa conduite, et il parut que les torts qui lui étoient
imputés dévoient être attribués à Jean Sbales, pour-
voyeur-général de l'armée.
Les communes demandèrent aussitôt au roi , par une
adresse, que Shales fût mis en lieu de sûreté, qu'on
s^emparàt de tous ses papiers, de ses livres de compte
ef de ses magasins, et que Schomberg fût autorisé à le
remplacer par un pourvoyeur plus exact. Le roi fit sa-
voir qu'il avoit déjà donné ses ordres à cet égard atf
. général. Les communes prièrent ensuite sa majesté de
vouloir bien leur faire connoître les noms de ceux qui
a voient recommandé Shales pour cette fonction, qu'il
avoit déjà exercée sous le roi Jacques, dont il étoît
soupçonné d'être le partisan. Sans accéder à cette de-
piande, Guillaume engagea la chambre à désigner un
certain nombre de commissaires pour surveiller l'ap-.
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GtlLtAUMÉ III ET M4BXE- 70
proyisionnement des troupes, et à nommer elle-même '
les personnes quelle jugeroit les plus capables de bien
vérifier sur les lieMX Tétat de Tarmée. Une telle condes-
cendance produisit un si bon effet sur les communes,
qu'elles laissèrent cette affaire à la prudence du roi,
et passèrent à Texamen des autres griefs. Le nombre
des coupables parut si grand qu'elles se bornèrent à
exposer dans une adresse tous les motifs du peu de
succès obtenu sur mer et sur terre, en demandant
qu'on en recherchât tous les auteurs, et qu'à l'avenir
l'administration des affaires ne fût confiée qu'à des
hommes à l'abri de tout soupçon ; elles exigèrent que
les pourvoyeurs des vivres de la marine, soupçonnés
d'avoir fourni des aliments corrompus, fussent mis en
prison, et de nouveaux commissaires furent nommés.
Le ministère essuya de vifs reproches. M. Hambden ,
après avoir témoigné son étonnement* de trouver dans
l'administration les mêmes personnes que le roi Jac-
ques, voyant ses affaires désespérées, avoit employées
pour traiter avec le prince d'Orange, proposa que le
roi fut supplié par une adresse de les éloigner de sa
personne et de les exclure de ses conseils. Cette propo-
sition frappoit particulièrement le comte de JNottin-
gham , que M. Hambden desiroit remplacer comme se-
crétaire d'état; mais elle ne fut point appuyée, les
membres du parti de la cour ayant observé que le roi
Jacques n'avoit point choisi les lords envoyés au prince
d'Orange, à cause de leur attachement à ses propres
intérêts^ nxais par des raisons tout opposées, et dans
l'idée que ceux qui désapprouvoient le plus sa conduite
n'en seroient que plus agréables à ce prince.
Un homme employé dans le gouvernement peut-il
1689.
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8o flISTOIRÉ D'ANdlETEBRÉ:.
""^^ siéger dans la chambre? Telle fut la quesli<]^n qti*dit
^* proposa ensuite. Après de violents débats, on se déter-
nien^da Hiina pour Taffirmati ve , en considérant que Texclusioa
w>i Giiil- pouvoit priver la chambre de quelques uns des hommes
contre les les plus habiles du royaume^ Guillaume conseryoit un
yi^Q9. ^f ressentiment de la lenteur des whigs à pourvoir au
service public^ et de leur répugnance à fixer le revenu
de la couronne pour toute sa vie ; il disoit hautement
que sa qualité de roi n'étoit ainsi quun vain titre ^ et
que le pire de tous les gouvernements étoit celui d'un
roi sans trésor. Néanmoins ils ne votèrent la liste civile
que pour une année. Ils commençoient à croire ce
( prince naturellement enclin au despotisme ; son air de
' réserve contribuoit sans doute à leur donner de lui cette
opinion que fortifioient encore les insinuations de se»
ennemis. Ce fut aussi Fîdée qu'en prirent les Écossois
venus à Londres pour y rendre compte des délibéra-
tions de leur padement. Simpson , presbytérien dé cette
nation, que le comte de Portland employoit en qualité
d'espion , avoit gagné la confiance de Nevil Payne, ag^nt
aussi actif qu'habile du roi Jacques. Il en profita pour
faire au comte de Portland quelques révélations qiii le
mirent en crédit auprès de lui, et ce crédit lui servit à
donner au ministre des préventions contre les meilleurs
% amis du roi , et des soupçons qui dégénérèrent bientôt
en animosités réciproques.
Complot Sir Jacques Montgomery, qui avoit été l'un des plus
contre le (S^audg partisans de la révolution, et quelques autres
prouver- *- ^ lï /» 1
nement. individus, apprirent avec autant d'effroi que de res-
sentiment qu'ils étôient soupçonnés d'être peu favora-
bles à la cour, et qu'elle s'occupoit de trouver >des
charges contre eux, afin de les poui suivre. Payne saisit
Digitized by CjOOQIC
(Î^ILLACME m Et MAÈlËi 6t
êette occasion pour les engager dans une cotrcspon* " " ■ " ? ■ ■ -
dance avec le roi Jacques. Us promirent de travailler * ^*
de tout leur pouvoir à sa restauration s'il consentoit à
établir en Ecosse la religion presbytérienne. S'étant ré^
conciliés avec le duc de Queensberry et les autres sei^
gneurs du parti des évéques, ils écrivirent à Jacques
pour demander qu'on leur envoyât un renfort de trois
mille hommes de Dunkerque^ avec un secours d'argent |
d'armes et de munitions. Montgomery employa tout
ion crédit auprès des wbigs d'Angleterre à les animer
contre le roi et ses ministres , qu'il leur peignit comme
des misérables qui se servoient de l'espionnage pour
attirer dans leurs pièges et perdre ensuite les hommes
les plus dévoués au gouvernement; il parvint ainsi à
lear inspirer tant d'aversion contre Guillaume qu'ils
songèrent sérieusement aux moyens de rappeler le mo-
narque banni. Le duc de Bolton et le comte de Mon-
mouth furent sur le point de se laisser entraîner dans
une conspiration en sa faveur, présumant que ce pqnce
sentoit assez maintenant les fautes qu'il avoit commises
pour qu'on pût enfin prendre confiance eu lui^ Mont-^
gomery et Payne^ les principaux chefs de ce complot ,
admirent Ferguson dans leurs conseils, comme un
homme consommé dans l'art de la trahison. Afin d'af-^ ,
foiblir le crédit de Guillaume à Londres^ ils répandi-
rent le bruit que le roi Jacques accorderoit une amnistie
g^iïérale, se détacheroit entièrement des intérêts de la
France ) et se borneroit à une simple tolérance en fa-
veur des catholiques romains. Mais le frère de Mont'
gomery informa l'évéque de Salisbury qu'il y a Voit uu
traité conclu avec le roi Jacques, et qu'une pièce im->
portante, signée de tout le parti ^ devoit être portée ed
II, 6
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tfg HI5T0IBÉ d'^ANOLÉTÉRHÈ.
""-^ Irlantle) parla Vote die France, attendu que les ccta-'
*^* municâtions directes étoi^at très difficiles ; il lui indi-
qua même tin moyen d'intercepter cette pièce avant
qu'elle fût hors du royaume. En conséquence on en-'
Voya à la poursuite de Williamson , qui en étoit sup-
iposé te porteur, et qui avoit obtenu un passe^port pour
îa Wandre. Ses tardes et son portcrmanteau furent
saisis; mais> malgré lexamen le plus scrupuleux, o»
lie trouva rien qui pût justifier un tel avis ; car William-
Son àvoit eu soin de remettre les papiers dont il étoit
tbargé entre les mains de Simpson , qui loua un bateau
à Dëal, et arriva sans obstacle en France, d'où il re-
tint avec de grandes promesses et une somme de douze
mîîle livres pour les conspirateurs d'Ecosse. Le frère
ide Montgpmery, iSont les révélations parurent ainsi
dénuées de fondement ^ perdit tout crédit auprès de
Tévêque, et, craignant le ressentiment du parti op-
posé , se retira sur le continent. Les conspirateurs se
plaignirent liatrtement deS' fausses imputations dont il»^
ëtoîent Tobjet. On regarda ce& prétendues découvertes-
confiine des artifices du ministère, et le roi perdit- beau-
'coup en cette occasion dams l'esprit de ses sujets.
*^^* Les torys entretenoient toujours en seci et des né^o-
«ujet du ciiatHMis avec la cour; ils tirèrent avantage de là mesm-
'^l* des têlligence entre Guillaume et les whigs, et promirent
-«ttiités. dé grands secours d'argent , si l'on Toùloit dissoudre le-
parlement et en convoquer aussitôt un autre. Leurs ad-
versaires, informés de leur dessein, présentèrent un
"bill à la chambre des communes pour rétablir les com-
munautés dans leurs anciens droits et privilèges, fis sa*
voient que toute leur force dans les élections provenoit
de ces eomthunautés ; et ils insérèrent dans le bîlt
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GUILLAUME lit Et MAaiË. 83
(ieu* clauses addidonoaUts de la plus grande sévérité ~
Contre ceux qui avoieut concouru $ de quelque manière
que ce fiit, à la résiffiOtian des chartes/ Les torys s'op««
posèrent à ces clauses de tout leur pouvoir, et les whigs,
cherchant à leur tour quelque moyen de plaire au roi^
promirent Fobéissance la plus entière îk le bill étoit
converti en loi. Mais les torys avoitet aoqiiis tant de
^t&b dans la chambre qu'ils remportèrent, et que les
clauses ayant été rejetées le hill passa sous Sa pre^
mière iorme. Il y eut quelques débats dans la cfaatnbré
des pairs sur la question de savoir si une communauté
pouvok encourir la peine de confiscation on celle àé
dissolution. Le lord ^grand- justicier Holt et deux juges
furent pour Taffirmative ; les autres furent d'un avis
contraire. Us se fondoient sur ce qu'ozà lie pouvoit
allégua aucun el^emple qui remontât pliu fanut que le
régne de Henri VIII ^ où Ton s'empara des abbayes ;
Âàesure trop violente pour servir de régie dans uiie acU
ministration régulière. Le bill passa cependant à la ma«
jorité d'une voix. Guillaume ^ entre deux partis qui le
presscHent également, se trouva si fatigué de leurs in^»
trigues qu'il prit la résolution de laisser le gouverne^
.ment «ntre les mains de la reine et de se retirer en
Hollande. Il fit part de ce dessein au marquis deXaer-
marthen^ au comte de Shrewsbury et à quelques autres
Seigneurs , qui ^ les larmes aux y^ux, le supplièrent d'y
xencocer.
Il se rendit enfin à leurs prises, et résolut de termi- ^ f^i
ner en personne la guerre d'Irlande ; résolution qui Q^jner su
étoit loîn dte plaire au parlement. Ses amis appréb^i- personne
doieifet pour son iciàÀe t<»npérament le climat de ce d'Irlande,
pays; d'un autre cdté les paitisans de Jacques crai-
6.
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84 MlST^OIitÊ D^AHiTÛLETERBr.
^^ ^oient que ce prince ne fût viveinent presse si Gufl-
laume faisoit la guerre en personne, et les deux chanil-
bres préparèrent une adresse contre cette expédition.
Lé roi, pour prévenir leurs remontrances, alla leur
déclarer sa résolution formelle, et les prorogea ensuite
au 2 avril. Le 6 février le parlement fut dissous par
une proclamation, et un nouveau fut convoqué pour
le ao mars. Avant la fin de cette session les communes
avoient demandé au roi , par une adresse ^ qu'un revenu
de cinquante mille livres sterling f&t établi, sur d'au-
tres fonds que ceux de la liste civile, eu' f^iveur du
prince et de la princesse de Danemarck, demande à
laquelle Guillaume accéda. Mais la chaleur que monr-
trèrent dans cette circonstance les amis de là prin-
cesse occasiona quelque mésintelligence entre les deux
sœurs, et la disgrâce qu'éprouva bientôt le comte de
Marlborough fut imputée aux intrigues de sa femnrcr
dans cette circonstance ; elle faisoit partie de la maison
de la princesse de Danemarck, elle possédoit sa con-'
fiance ,^ et ce fut elle qui lui conseilla d'insister pour
qu'à Faveiiir son revenu ne dépendît point de la géné-
rosité du roi et de la reine.
[ Arrivée Ce fut à-peu-près vers ce temps que le général Ludlow,
Ludlow V^ ' ^ l'époque de la restauration , avoit été excepté de
«Il Angle* lamnistife, conotme ayant participé à la condamnation
^^"^' de Charles .1 , vint e» Angleterre offrir ses services pour
la réduction de l'Irlande, où il avoit autrefois com-
mandé. Quoique rigide républicain , il avoit la réputa-
tion d'un homme droit et d'un bon officier. Il avoit éné
encouragé à passer ett Angleterre , et il eût sûrement été '
employé sans l'opposition des communes. Sir Edouard
SiTymour, alors possesseur, dans le Wiltshire,. d'ua
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CUILLATIME Ilï ET MARIE. 85
clomaioe considérable qui lui avoii appartenu , conçut — *
quelque crainte d'en être dépouillé. Il représenta à la * ^o-
chanibre que la nation se déshonoreroit en tolérant*
dans son sein la présence d'un des régicides, et Ton
demanda, par une adresse au roi, quil fût feit une^
proclamation dans laquelle on promettroit une récom-^
pense à quiconque se saisirait du général Ludlow. La
proclamation eut lieu; Mais il avoit déjà gagné la Hol-
lande. iDe là il passa àVevay, en Suisse , où il écrivit
les mémoires de sa. vie, U termina sa carrière après
trente ans d'exil. *
Pendant qu'il fiottoit en Angleterre entre les whîgs EfForu
et les torys /Guillaume fut sur le point de perdre tout jacobitec
son crédit en Ecosse, par la réunion des jacobites et du * *"*
parti de Montgomery, qui se composoit des presbyté-
riens mécontents. Le colonel Cannon, successeur de
Dundee, dans le commandement des montagnards^
après plusieurs tentatives infructueuses en faveur du^ •
dernier roi , se retira en Irlande , et sir Hugues Cameron^
fiit choisi pour le remplacer. Sous ce nouveau général,
les montagnards renouvelèrent leurs incursions , avec
d'autant plus d'apparence de succès que plusieurs ré-
giments de troupes réglées avoient quitté l'Ecosse pour
aljer renforcer l'armée de Scbomberg. Jacques leur en-
voya des vêtements, des armes et des munitions , avec
quelques officiers et le colonel Bucan pour les com- ^
mander. Ce dernier s'avança avec quinze cents hommes
d^ns le comté de Murray, où il espéroit que d'autres
m^écontents viendroient se joindre à lui. Mais il fut
surpris et mis en déroute par sir Thomas Livingstone,
tandis que d'un. autre côté le major Ferguson détruisoit
Us places que tenoient les insurgés dans Tile de Mull^
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^—- ce qui les força de se retirer sur les hauteurs et dé se?
^ ' cacher dans leurs forées. Les amis de Jacques , déses-f
péraut d agjjlr efficacement dans cette campagne , tour^
nèrent toutes leurs vue$ vers le parlement , où ils se
çroyoîent plus puissants qu'il9 ne Tétoient en effet. Us
s'hésitèrent pas à prêter serment , daps l'espoir qu'avec
le secours dé leurs nouveau^ partisans, ils embarrasse^
l*oient asses; |e gouvernement pour que )a plus g;rande
partie du peuple se déclarât en ÎFaveur de Jacques. Mais
Jes deux partis qui venoient de se réunir avoiem d^«
vues différentes, et leurs principes étpient opposés.
Malgré leurs communs efforts daçs ]ç parlement , le
comte de Melvil parvint à se procurer une majorité dé
quelques voix : l'opposition découragée perdit quelques
uns de ses membres , qui aipièrent mieux s'en détacher
que de soutenir une cause désespérée : les dissidences
recomineneèrent ; les divers chefs trs(itèrent séparément
avec le roi Jacques, firent des demandes opposées, et
se cacherait mutuellement leurs négociations. Enfin ,
de part et d'autre , la défiance et la jalousie firent na|tre
le plus implacable ressentiment.
j,e prédit L^s comtes d'Arevle, d'Anandale et Bréadalbanè
Tempor- Se |*etjrerent de 1 opposition , et passèrent en Angle-
^®^ terre. Effrayé de leur défection, M^ntgomery, après
avoir découvert à Melvil quelques circoustances du
complot i se rendit secrètement à Londres , çt sollicita
auprès de la reine un passe-port qui lui fut refusé,
Andndale, informé des révélations qu'il avoit faites,
se mit à la discrétion de cette princesse , et lui fit part
de tout cé qu'il savoit de la conspiration. Comme i)
n*avoit pas eu de relations avec les mécontents d'An^
gleterre, ceux-ci n^appréhendoièut nullement son te-.
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CUILLÂtTME Itï ET MARÏÎ5. 8^
fDOÎgdage ; mais il charjgea Nevil Payne , ((u'ils avoie»t • -
envoyé comme leur agent eu Ecosse, où U se tFOUVoit *
encore. Le conseil de ce royaume le fitim§sitôtî^?i?êter>
;sur une lettre du comte de Nottingfaam. Il fut mis deux
fois à la torture , sans qu on pût lui faire 4é'sÎ!g|a[er aucua . ^
iàe ses commettants. Cependant Montgomepy 4em6u«
roit caché à Londres , soUieitant son pardoB^ qu'on ne
lui promit que sous la condition de tout déclarer. Mkis
il aima mieux s'exiler pour jamais dé sa patrie que de
trahir ainsi ses compagnons. La désunion dès conspir
rateurs et la découverte du complot donnèrent àMelvU
une grande majorité dans le parlemenl. Il fut cepep-
«dant obligé , pour la conserver , de dépasser ses instriM>
lions sur les articles du patronage et la éuprématie de .
la couronne, qnil sacrifia, contre les intentionsi deGuilr
laume, à la foreur des presbytériens fanatiques. En
récompense, ils lui accordèrent Fimpôt sur les feus,
avec le serment du test, par lequel toute personne en
charge ou siégeant au parlement devoit reconnottre
pour souverains Guillaume et Marie, et tenir pour nul
le prétendu titre du roi Jacques. Toutes les lois en far
veur de Tépiscopat furent rapportées. Soi:|^ante des mi»-
nistres presbytériens qu'on avoit chassés, loars de la
restauration, vi voient encore, et le parlement déclara
quils formoient le corps entier de l'église. Le gotiver*»
nement leur en fut remis, avec pou voir de ehoisir, pour
les seconder, telles personnes qu'ils voudraient. Ce «
petit nombre de fanatiques ainsi réunis minent une
violence incroyable dans leurs poursuites contre les
épisœpauxj ex ils exercèrent à leur égard la méiae ty- ,
rannie contre laquelle ils s'étoient tant élevés.
Pendant que la cause des presbytérieos triomi^ioit
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^8 HISTOIRE d'aNGLETERHE.
-'.::vv;;.: . Cil Écossc, Ics deux partis qui divisoient l'Angleterrir
'^ * employoient , chacun de son côté|, tout leur pouvoir à
ont le se rendre les élections favorables : ce furent les torys
d^sus en ^^i remportèrent; Le roi seînbloit tomber par degrés
lerre, entre leurs mains. Ils se plaignoient d'avoir été entiè-
remeiit exclus du commandement de la milice de Lon-
dres, à l'avènement de ce prince, et un grand nombre
des plus violents torys de la ville y furent alors admis
•par le crédit et l'adresse de Tévéque de Londres, du.
marquis de Caermarthen , et du comte de Nottingham,
Pour satisfaire ce parti , les comtes de Monmouth et de
Warrington furent dépouillés de leurs charges^, et lors-
que le parlement s'assembla , le ao mars , les communes
choisirent pour orateur sir Jean Trevor , que le dernier
Toi avoit créé garde des archives. C'étoit un homme ar^
tificieux , qui entreprit d'attirer dans le parti de la cour -
)e plus grand nombre des membres, pourvu qu'on lui
fournît les sommes nécessaires pour tenter de les cor*
rompre. Guillaume, ne voyant pas un autre moyeix
d'assurer la paix.de son gouvernement, favorisa Tin-
digne système de la vénalité des voix , et nomma Trévor .
premier commissaire du grand-sceau. Dans son dis-
cours d'ouverture, il déclara au nouveau parlement
qu'il persistoit dans la résolution de passer en Irlande ,
€t demanda aux chambres d établir les revenus d'une
manière fixe, ou au moins de les déterminer immédia* -
m tement, comme un fonds de crédit sur lequel on pût
prélever dès*lors les sommes nécessaires pour le service
du gouvernement. Il leur annonça son intention de leur
présenter un acte d'amnistie , avec très peu d'excep-.
tions, afin de faire connoitre son incUnation à protéger
indistinctement tQus «e$ sujets, et dç nç laisser siueuQi
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GUILLAUME III ET MARIE. 69
prétexte à des troubles pendant son absence. Il leur —
recommanda l'union avec lÉcosse, dont le parlement
venoit de nommerlles commissaires à cet effet ; en leur
annonçant qu'il lais^èroit le gouvernement entre les
mains de la reine, il les engagea à préparer un acte
pour confirmer l'autorité de cette princesse; et, après
les avoir exhortées à ne pas traîner en longueur les af-
faires pour lesquelles le parlement étoit assemblé , et à
éviter toute dissention , il leur exprima [L'espoir qu'il
avoit conçu de les voir bientôt, dans la session suivante,
mettre la dernière main à ce qu'ils auroient laissé impar-
fait dans celle-ci,
ConforméiSent à la demande du roi, les communes fiiH pour
votèrent douze cent mille livres sterling; mais elles ne ^rVcuikT
purent se résoudre à établir un révenu fixe pour la vie Ia"«ne et
de Guillaume. Elles accordèrent toutefois l'accise pour
tout ce temps ; mms les droits de douane ne furent ac-
cordés que pour quatre isttéw Les communes regardoient
la courte durée de ces concessions comme un très grand
avantage pour le ^yaume, eà ce qu'elle obligeoit à de
fréquentes convocations du parlement : mais cette pré-
caution étoit loin de plaire au souverain. Une taxe par
tète fut aussi votée avec quelques antres subsides , et
les deux partis sem'Uoient se disputer la faveur de Guil-
laume , en lui fiiisant à l'envi des avances sur les fonds
de crédit. Cependant les whigs avoient en réserve une
autre ressource. Ils présentèrent à la chambre-haute
un bill pour reconnoltre leurs majestés comme légi-
times souverains des deux ro'yaumes , et pour déclarer
bons et vsdides tous les actes du parlement précédent.
Les torys se trouvoient par-là dans une position diffi-
cile ; ils ne pouvaient s opposer à ce bill sans compro*
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i&go.
90 HISTOIRE D ANGLETERRE.
mettre le crédit qu'ils veaoieiit d'acquérir , ni l'adopttnr
^Qs renoQcer hautement aux doctrines qu'ils avQÎefit
pro£ej|sées précédemment. Ils ne s'0pposèrent que foi*"
blcD^ent à la première partie du hill y et proposèrent
même de le regarder co«ime faisant loft pour l'avenir; •
mais ils refusèrent de le reconnottre Talide pour le
passé. Après un long débsit , le bill fut retjré. Mais on
le présenta de nouveau quelque temps après » et il passa
avec quelques changements dans les eiipressions , en
conséquence d'une protestation très vive de plusieurs
membres. li f^Uut tout le crédit de la cour pour le faire
triompher de la résistance des torys, dont les chefs,
ayant à leur tête le comte de Nottingb^m, crurent de-
voir protester. Le même parti , dams la chambre des
commun^, étoit déterminé à une opposition vigou*
reuse , et , en attendant , on présenta seulement quelques
légères objectioBs pour qu'il fût fak au bill quelques
ameudements..Mais le dessoio des torys fut découvert
par Timprudeace d'uQ des l^urs , qui révoqua en doute
la légalité de la casventioii, comme n'ayant point été
convoquée par writs du roi. Somers , solliciteur-géné^
rai , répondit que si cette assemblée n'avoit pas été
légale, ceux qui y avoient sié^^, et qui a voient prêté le
serment exigé par ce parlement , éloient coupables de
jtiaute- trahison; que les lois qu'ils avoient annulées
demeufoieat dans toute leur force, que leur devoir
étoit de. rentrer sou9 l'autorité du roi Jacques , et que
Ions ceip^qui avoiaet perçu ou acquitté lesimpôts votés
par le même parlement étoient également coupables.
Les torys , frappés de cet argument , laissèrent passer
sans autre opposition le bill , qui reçut aussitôt la sanc*
tion royale. Âîusi les actes de la convention furent
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GVîLiuktfuv. III ET MAttt. gr
Confirmés par ceux-là même qui en avoient proclamé -• \'~^
Tillégalité. Mais les whigs , malgré tous leurs manèges , ^'
^'auroient pu remporter sans Tinterveiition dé la cour.
Les débats se renouvelèrent entre les deux partis, à Déb»t»
^occasion d'un bill qui exigeoit que tous les sujets em- àahjura^
ployés par le gouvenïement fissent abjuration de tout '**^"'
engagement pris envers le roi Jacques, sous peine d'etti*'
prisonnement. Quoique le clergé f&t excepté de celte
mesure, les torys la combattirent avec acharnement, tas*
dis que les whigs , soutenus du ministère , TappuyoléM
avec la même chaleur. Dans la discussion, les forces des -
deux partis sembloient se balancer. Les torys enfin re*
présentèrent au roi qu un temps précieux seroit perdu
contestations sans résultat; que ceux quirs'opposdieiit en
au bill deviendroient de plus en plus obstinés et infrai*
tables , et finiroient par combattre toute proposition
favorable à la couronne ; que si le bill passoit , le soti-*
^rerain tomberoit de nouveau eâtre les mains des whigs,
qui renouvelleroient leurs anciennes. attaques contre sa
prérogative, et qu'un grand nombre de sujets attachés
à sa personne, ou au moins indifférents, se feroiéht
jacobites par ressentiment. Ces raisons eurent assét de
poids auprès de Guiflaume. pour le décider à faire en*
gager les communes à cesser le débat, et à tourner leur
attention vers des objets plus pressants. Le përti des
whigs fut en général mécontent de cette intervention ,
^et le comte de Shrewsbury, zélé partisan du bill , en fut
jsi blessé , qu*il demanda à résigner ses fonctions dé Sèt
crétaire-d'état. Le roi, qui faisôit cas de ses talents et
de son intégrité, Teû fit dissuader par le docteur Tik
lotson et quelques autres qu'il supposoit avoir du crédit
sur lui. Mais il pérsi^a, et né cons^tit pas m^é ^
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de.
9IX HISTOIRt: D ANGLETERRE.
^^^ . gîU'der les sceaux, malgré les instances du roî, qui le
^'^^ prioit de les conserver jusqu'à son retour d'Irlande. De
grands débats, s'élevèrent aus^i dans la chambre des
pairs, au sujet de ce bill à'ahjuration^ ou plutôt du
serment de fidélité à Guillaume , en opposition aux pré-,
tendus droits de Jacques. Les torys consentoient à un.,
engagement négatif contre le dernier roi et ses adhé- ^
rents , mais s'opposoient de toutes leurs forces au ser-
ment à' abjuration; et la chambre se trouva tellement .
partagée que, ni d'un côté ni de l'autre, on ne voulut
courir le hasard d'une décision. Ainsi tous Ces débats
n'aboutirent qu'à prolonger la session.
Guillau- Deux actes furent préparés , l'un pour investir la ,
en irlan- reii^ de l'administration du royaume, durant l'absence
du roi , l'autre pour annuler le jugement] de quo war-
ranto contre la ville de Londres , et la réintégrer dans
ses anciens droits et privilèges. Le bill d'amnistie, sî
vivement recommandé par le roi , passa enfin dans les
deux chambres. Le 21 mai, le roi fit la clôture de la
session, par un discours de peu d'étendue , où , en
remerciant les membres des subsides qu'ils venoient
d'accorder , il les exhortoit à se conduire , dans leurs
comtés respectifs , de manière à te que la trapquitlité '
de la nation ne fût point troublée pendant son absence.
Les chambres furent ajournées au 7 juillet, époque où
elles furent encore prorogées. Pour mieux assurer la
paix dans le royaume , les lieutenants-gouverneurs fu-
rent autorisés à rassembler la milice en cas de nécessité.
Défense fut faite à tout papiste de s'éloigner de plus de
cinq milles de son domicile. D'après une proclamation
qui enjoignoit d'arrêter certains individus mal inten-
tionnés, on se saisit de sir Jean Gochran et de Fergu-
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GUILLAUME lll ET MARIE. g3
«on, soupçonnés de sourdes pratiques. Le roi pteitit ' ■ ■
pour rirlande le 4 j^i" > accompagné du prince Georges ^ '
de Danemarck , du duc d'Ormond , des comtes d'Oxford,
de Scarborough , de Manchester et de quelques autres
personnes de marque. Le i4 du mois, il descendit à
Carrickfergus, et se rendit aussitôt à Belfast , où il fut
joint par le duc de Schomberg, le prince de Wirtem-
berg, le major-général Kiike, et autres officiers. Pen*
dant ce temps , le colonel Wolsey, à la tête de mille
hommes , avoit défait un fort détachement de lennemi
près Belturbat; sir Jean Lanier avoit pris le château de
Bedloé, et Ton avoit réduit celui de Charlemônt, poste
très important, ainsi que Balingary, prés Cavan. Le roi
Guillaume , après un repos de deux ou trois jours à Bel-
fast, visita le quartier-général du duc de Schomberg à
Lisburne. Il s'avança ensuite jusqu'à Hillsborough , el
fit défendre , par un ordre exprès , d'enlever les chevaux
de force, et de commettre quelque autre violence que
ce fût dans les campagnes. Plusieurs de ses officiers-
généraux lui ayant proposé quelques mesures de pru-
dence, il leur déclara qu'il n'étoit pas venu en Irlande
pour y laisser croître l'herbe sous ses pieds. Il fit à
Loughbrilland la revue de son armée, qu^il trouva forte
de trèttte-six mille hommes effectifs , bien équipés. Il se
porta ensuite à Dundalk , et de là à Ardée, que l'en-
nemi ne faisoit que d abandonner.
Jacques présumait que les dissentions du parle- lacque»
ment d'Angleterre ne permettroient point à son gendre ™"rclie
de quitter le royaume, et Guillaume étoit déjà depuis Boy&e. -
six jours en Irlande sans qu'il en fût informé. Au pre-
mier avis de son arrivée il confia Dublin à la garde de
la milice, que commandoit Lutterel, et^ avec un ren-
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94 HISTOIRE D^ANGLfiTCilftE/
•**^^7 — fort de six mille hommes d^infanterie, arrive técéta^
-^* ment de France, il joignit ses troupes, qui égalaient
à-peu-près ea nonfbre celles de Guillaume, sans y com-
prendre environ quina^ mille hommes laissés dans les
garnisons. Jacques oocupoit une position avantageasé
sur les hords de ]a Boyae, et il résolut den profiter
pour livrer bataille, contre Favis de ses officièrs-géné-^
taux y qui lui proposoieot de fortifier ses garnisons ec
die se retirer à Shànnon pour y attendre le résultat des
opérations sur mer. Louis XIY avoit promis un arme-"
inent considérable contre la flotte angloise, et un grand
fiombre de petites frégates pour détruire les vaisseaux
de transport de Guillaume, aussitèt que leur escorter
ituroit repassé en Angleterre. L'exécution d'un tel des*
aein ne présentoit pas de grandes difficultés^ et auroit
été fatale à Tarmée angloise; car toutes les munitions
lie guerre et de bouche étoient à bord de ces vaisseaux f
({ui saivoient le long de la c6te, à mesure que les trou-
pe» s'avançoient dans leur marche ; et il n'y avoit pas
de port où ils pussent au besoin trouver. un aèri sûr.
Cependant Jacques étoit décidé à tivrer bataille ; et il
$'en expliquott avec autant de confiance que d'ardeur.
Outre la rivière, qui «toit proliSNide, le front de son ar-*
mée étoit défiosidu par un marais et une côte , de façon
que l'aimée angloise ce pouvoit l'attaquer satts un d^
avantage manifeste.
6tiiU»u- Ouillaume s'afvança sur lia li vé opposée , et , pendant
me se dé- epi'jl reconnoisaok la {K>sition àe j'«onettii, il essuya le
iivt.er fev de quelques »batteraes /dirigées contre sa personne ;
bataille, j} ^^i ig^ liQmme €it deuX'Chevafax tués A ses oétés, et
le coBtre-QOttp d'ua bodbt déchira ses habits et eÉH
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CÛILLAUM£ m ET MAEIi:. ^g
potîB. xme partie de ses cheveux, sans qu'il eu fût ef- ^^^
frayé. Cet accident jeta ceux q«i lenvironnoient dans ^^^
Une confusion dont rennemi s'aperçut. On le crut tué;
fout le camp de Jacques en poussa des cris de joie, et
-plusiettf^ escadrons de sa cavaleiie s avancèrent comùie
^ur passer la rivière et attaquer Tarmée angloise. Le
bruit de la niort de Guillaume g£^na jusqu'à. Dublin , et '
jnéme jusqu'à Pari», où, contre l'usage, on en fit dea
^réjouissances publiques» Ce prince visita toutes ses
ligoes pour se montrer sain et sauf à son armée. Il con-
.inoqua le aoir un conseil de guerre, el il déclara que
son intention étoit d'attaquer Fennemi dès le lendemain
jQQtatin. Schomberg combattit d'abord ce dessein ; maisy
.Toyant le roi déterminé, il se borna à lui conseiller de
profiter de la nuit pour faire passer la Boyne, au pont
tde Slane, à un fort détachement de cavalerie et d'iir-*
fanterie, et de prendre position entre l'ennemi et le
passage de Duleck, pour rendre l'action plus décisive.
,Ce conseil ne fut point écoute ; mais le roi ordonna au
gàiéral Dou|[las et au jeune Scdiomberg de passer de
.grand matin le pont de âlane, avec l'aile droite de l'in-
-fonterie et avec la cavalerie, pendant que rinfanterie
du corps d'armée forcèrent le passage à Old-Bridge, et
-te reste à certains gués indiqués entre le eamp de l'en-
nemi etDrogheda. Schomberg^ voyant son avid rejeté
far les généraux hollandois, se retira dans sa tente,.
et^ quand on kiî apporta l'ordre de bvrer bataille, il le
reçut avec beaucoup d'humeur, ajoutant que c'étoit la
première fois qu'il lui étoit ainsi envoyé. Toutes lès
dispositions étant faites^ Guillaume parcourut son ar--
mée aux flambeaux, et {^«gna sunente» après avoir or-'
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9^ HISTOIRE d'ANGL£T£RKEÎ#
"•"^^ donné que tous les soldats eussent un rameau vert ^
leurs chapeaux pendant Taction, .afin de se reconnoîtrfe
au milieu de Tenn^mi.
Bataille A six heures du matin le général Douglas, le comte de
L Boyne. Schomberg, le comte de Portland et Auverquerque pas-*
sèrent la rivière au {k>nt de Slane^ presque sans oppo<^
sitioû - Parvenus à l'autre bord , ils virent Tennemi rangé
sur deux lignes, déployant une force imposante, tant
•n cavalerie qu'en infanterie, et protégé par un marais :
Douglas crut devoir attendre du renfort. A peine en fut-
il arrivé que Tififanterie se mit à traverser le marais aa
pas de charge, tandis que le comte de Schomberg en
faisoit le tour avec la cavalerie pour prendre rennemi
en flanc. Les Irlandois, au lieu de l'attendre, firenrt
volte-face, et se retirèrent vers Duleck avec quelque
précipitation. Toutefois le comte de Schomberg eut le-
temps de tomber sur leur arrière-garde et de leur tuer
beaucoup de monde ; mais le roi Jacques ayant détaché
des troupeS' du centre pour renforcer son aile gauchey
le comte eut à son tour besoin d'être soutenu. Alors le
corps de bataille de Guillaume, qui se compoaoit de.
gardes hoUandoises, des régiments françoi^ et de quel^
ques bataillons anglois, traversa la rivière, quoique
assez haute, à la faveur d'une déchaîne générale d'ar-
tillerie. Jacques, après avoir imprudemment retiré son, '
canon du rivage, avoit placé un gros corps de mous-
quetaires derrière .des haies ,. des maisons, et quelques
ouvrages avancés. Ils firent feu d'assez près , mais sauiS -
• beaucoup d'effet , sur les troupes angloises , . avant .
qu'elles eussent atteint le rivage. Les Irlandois pliè-«
rent, et plusieurs bataillons gagnèrent la . rive sans .
dsstacle; mais, avant qu'ils eussent pu se former, il»
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GUILLAUME lit ET MAitlË. ^7
furent cbargés vigoureusement par un escadron de la '
cavalerie ennemie. Le général Hamilton, à la tête d un *^^*
corps nombreux de cavalerie et d*infanterie, s'avan-
ça de derrière quelques éminences , attaqua ceux qui
avoient pris terre, et s'efforça d'empêcher les autres
d aborder. Son infanterie se débanda d abord ; mais la
cavalerie chai'gea avec tant de fureur, tant sur le rivage
que dans la rivière, qu'elle mit en désordre ceux qui
ne s'étoient pas encore formés. 'Le duc de Schomberg
passe à Tinstant même, se met à la tête des protestants
françois, et leur montrant l'ennemi , Camarades j, dit-il,
^oilà vos persécuteurs. Il marche à l'attaque en disant
ces mots, et soutient les violents efforts d'une partie
des cavaliers irlandois, qui, s'étant fait jour au travers
d'un des régiments, revenoient alors sur leurs pas. On
les prit pour des troupes angloises, et on les laissa
avancer à toute bride jusqu'au duc, qui fut blessé dan-
gereusement à la tête. Les François, reconnoissant l'er-
reur, firent une décharge imprudente sur les Irlandois,
qui pressoient le duc, et, au lieu de le dégager, ils
retendirent mort sur la place. La perte de ce général
manqua d'être funeste à l'armée angloise, qu'elle jeta
dans la confusion , pendant que les troupes d'infanterie
de Jacques se rallioient et repren oient leurs postes avec
une confiance marquée. Elles alloient tomber sur le
centre, lorsque Guillaume, qui venoit de passer avec
l'aile gauche, composée de la cavalerie danoise, hol-
landoise, et inniskillinoise , s'avança pour les attaquer
à la droite. Les soldats ennemis , frappés à sa vue d'une
terreur panique , firent aussitôt halte , tournèrent le dos ,
et se replièrent sur le village de Dunore, où ils se sou-
tinrent avec tant de vigueur, que la cavalerie hoUaa-
ïï- 7.
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98 HISTOIRE d'aN6L£TERRK.
[ doise ^t danoise» quoique ayant Guilkunie à sa tété, fbt
^^^* contrainte de reculer. Les Inniskillinois même plièrent ,
et toute Tarmée auroit élé jmise en déroute, si un déta-
chement de dragons des régiments de Cunningham et
de Levison n'eût mis pied à terre, et ne se fût rangé
derrière les baies des deux côtés du défilé par où len-
nemi poussoit les fuyards. Il chargea les assaillants
avec une vigueur qui ralentit bientôt leur poursuite :
la cavalerie rompue eut alors le temps de se rallier, et ,
retournant à la charge, fit à son tour plier lennemi.
Le général Hamilton, qui, durant toute Faction , avoît
été Tame des (rlandois, fut blessé et fait prisonnier;
ce qui les jeta dans un tel abattement qu'ils ne firent
plus aucune tentative pour recouvrer l'avantage qu'ils
a voient perdu. Hamilton fut aussitôt amené devant le
roi, qui lui demanda s'il pensoit que les Irlandois fissent
encore quelque résistance. Sur mon honneuTy répondit-
il , je crois quiU résisteront, car il leur reste un gros corpf
de cwalerie gui n est point encore entamé» — Fotre hon-
neur! votre honneur! s'écria vivement Guillaume en le
regardant avec mépris. Ce prince ne lui dit rien de plus
touchant la fausseté de sa conduite lorsqu'il lui avoit
été permis de passer en Irlande, sur sa promesse de
gagner Tyrconnel au nouveau gouvernement. Les Ir-*
landois abandonnèrent avec précipitation le champ de
bataille; mais les troupes auxiliaires suisses et fran-
çoises , sous les ordres de Lauzun , après avoir quelque
temps entretenu le combat avec autant d'intrépidité
que de persévérance, effectuèrent leur retraite en bon
ordre.
Mort de Quoique Guillaume n'eût pas jugé à propos de ponr-
l,erg. suivre l'ennemi, les Irlandois perdirent quinze mille
Digitized by CjOOQ IC
OlflLtAUBiE lit ET MARIE. 99
liommes, et les Asglois près de cinq mille. Mais la vie-
toire fut chôment achetée par la mort du vaillant duc
de Schomberg , qui fut tué dans la quatre-vingt-deuxième ,
année de son âge,* après avoir balancé la réputation
militaire des plus grands généraux de son temps. Il
desoendoit d'une noble famille du Palatinat. Sa mère
étoit angloise, fille de lord Dudley. Forcé de quitter
3on pays, à cause des troubles qui Tagitoiônt, il com-
mença sa carrière comme simple soldat de fortune, e%
servit successivement dans les armées de Hollande ,
d'Angleterre, de France, de Portugal et de Brande-
bourg. Il obtint les dignités de maréchal en France, de
grand en Portugal, de généralissime en Prusse et de
duc en Angleterre. Il professoit le protestantisme. Plein
•de politesse et de modestie dans ses mœurs , il étoit
calme, pénétrant, résolu, et d'une rare sagacité, ^a.
probité égaloit son courage. Le combat de la Boyne fut
également fatal au brave Caillemote, qui avoit suivi la
fortune du due, et qui commandoit un des régiments
'protestants. Quatre soldats le transportèrent blessé à
mort de l'autre côté de la rivière, et, tout agonisant
qu'il étoit, il ^xcitoit encore le courage de ceux qui le
portoient, et leur crioit avec fermeté : ^ la gloire ^ mes
^^arUs^ à la gloire! La troisième personne digne de
^regrets qui perdit la vie dans cette affaire, fut Walker,
ce même ecclésiastique qui avoit si vaillamment dé-
fendu Londonderry contre les troupes de Jacques. Guil^
Jaume l'avoit accueilli, et lui avoit fait un don de cinq
■tnille livres sterling, avec promesse de plus amples
faveurs; mais, entraîné par une sorte d'ardeur guer-
rière, il voulut accompagner le roi dans la bataille, fut
l»lessé aux entrailles et mourut en quelque? minutes.
7. ; :-v^
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lOO , HISTOIRE D ANGLETËllRE.
•~"-— Dans Tarmée ennemie on eut à regreter les lords Don-
^' gan et Carlingford , sir Neile O'Neile et le marquis
d'Hocquincourt. Jacques resta pendant toute l'action
sur la hauteur de Dunmore, entouré de quelques esca-
drons. Lorsqu'il vit que la fortune se déclaroit contre
lui, il regagna Dubljn sans chercher à rallier ses trou-
pes. Avec plus de courage et d'esprit de conduite il
pouvoît empêcher la dispersion de son armée , . la ren-
forcer par ses garnisons, et même prendre l'offensive ;
car sa perte avoit été d'abord peu considérable; et le
vainqueur n'avoit pas même tenté d'inquiéter ses trou-
pes dans leur retraite. Cette faute fut reprochée à Guil-
laume, qui, dans toute cette journée, paroît avoir mon-
tré plus de valeur personnelle que de science militaire.
Jacoues \ son arrivée à Dublin le roi Jacques réunit les ma-
qu« pour gistrats et le conseil de la ville, et, après une courte
ia France, harangue, les abandonna à jla fortune du vainqueur.
Dans cette harangue il accusa les Irlandois d'avoir man-
qué de courage, leur déclara sa résolution de quitter
sur-le-champ le royaume, leur fit défense, en vertu
du serment qu'ils lui avoient prêté, de brûler ou de
piller la ville après son départ ; et leur promit que ,
quoiqu'il cédât maintenant à la force, il ne cesseroit
pas de travailler de tout son pouvoir à leur délivrance-
Le lendemain il partit pour Waterford avec le duc de
Berwrick, Tyrconnel, et le marquis de Powis. Il fit
rompre tous les ponts derrière lui, et s'étant embarqué
sur un vaisseau qui l'attendoit, il trouva en mer l'es-
cadre françoise, commandée par M. de Foran, qui le
détermina à passer sur une de ses frégates, excellente
voilière. C'est ainsi que, sans autre accident, il gagna
1^ jFrance, où il reprit sa première résidence à Saint-
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GUILLAUME III ET MARIE. lOI
Germain. Dès qu'il eut quitté Dublin tous les papistes
abandonnèrent la ville. Les protestants, sous la con- ^^'
duite des évêques de Meath et de Limerick, s'emparè-
rent des armes qui appartenoient à la milice. On nomma
un comité chargé de l'administration , et la relation de
tout^e qui s'étoit passé fut envoyée à Guillaume, avec
prière d'hoi\prer la ville de sa présence.
Le lendemaili de la bataille de la Boyne, le roi Guil- F^q^^,
laume fit partir dès le matin un détachement de çava- laume à
lerie et d'infanterie, sous les ordres de M. Mellionere, ^°*
pour Drogheda, que le gouverneur rendit sans résis-
tance. Le roi se mit en marche pour Dublin avec son
armée, et fit halte, la première nuit, à Bally-Breghan,
où il apprit que l'ennemi venoit d'évacuer la capitale de
l'Irlande. Il envoya aussitôt le duc d'Ormond, avec un
corps de cavalerie, pour en prendre possession, et le
fit suivre immédiatement des gardes hollandoises , qui
occupèrent le château. Quelques jours après, Guil-
laume établit son camp à Finglas , dans le voisinage de
Dublin, et y reçut les évêques de Meath et de Lime-
rick, à la tête du clergé, qu'il assura de sa protection.
Il fit publier ensuite une déclaration où il garantissoit
le pardon à tous les individus de la classe du peuple qui
avoient porté les armes contre lui, sous la condition
de rentrer dans leurs foyers, et de rendre leurs armes
avant le premier août. Il y eut ordre à tout fermier de
terres appartenant aux papistes rebelles d'en retenir
les produits jusqu'à ce que les commissaires des reve-
nus eussent fait connoître entre quelles mains ils de-
voientles remettre. Les chefs lés plus obstinés de la
révolte, déclarés coupables d'avoir violé les lois du
royaume, appelé les François, au|:orisé les dépréda-
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des Fran-
çois
102 fflSTOIBB D*AKGLETËftflE.
tions commises sur les protestants, et rejeté le pardoA
^ * que leur avoit offert le roi dans ses premières pro-
clamations, furent abandonnés aux événements de la
guerre , jusqu'à ce que, par des témoignages non équi-
voques de repentir, ils eussent mérité leur grâce, qui ne
leur seroit alors jamais refusée. Pat* une nouvelle procla-
mation la monnoie de cuivre fut réduite à 9a valeur in-
trinsèque. Les officiers de Farmée de Jacques, après
l'avoir vu s'embarquer à Wàterford, rejoignirent leurs
troupes, avec la résolution de poursuivre la guerre
aussi long-temps qu'ils en ai;iroie&t les moyens.
Victoire Tandis que ces grands événemetits se passoient en
Irlande, la reine, en sa qualité de régente, étoit ab-
sorbée par une multitude de ^dins et d'embarras. Son
conseil, composé d'un nombre égal de whigs et de to-
rys, ne pouvoit procéder avec unanimité. Craignant à-
la-fois pour son époux et pour la Vie de son père, elle
étoit encore menacée au -dehors d'une invasion des
François, et au-dedaus du soulèvement des jacobites.
Elle cachoit néanmoins la difficulté de sa position, et
montrait dans sa conduite autant de prudence que de
courage. Sur l'avis qu'une flotte alloit partir de Brest,
le lord Torrington mit en iner aux dunes, et fit le tour
de Sainte-Hélène, afin de réunir assez de vaisseaux poUr
être en état d'engager lin combat. Le vingt juin on dé-
couvrit lennemi de Plymouth, et l'amiral angloîs, ren-
forcé par une escadre hoUandoise, tint la mer, dans
l'intention d'attaquer les François à la hautenr de l'Ue
de Wight, s'ils tentoient d'entrer dans le canal : non
qu'il se crût assez fort pour livrer bataille, car il n'avoit
que cinquante-six voilés contre une flotte de soixante-dix-
huit vaisseaux et de vingt-deux brûlots ; mais il avoit
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GUILLAUME IH ET HABIS. loS
ordre de hasarder uae action, pour peu qu'il entrevtt — —
quelque appareoce de succès* Les deux flottes ayant été '^^'
pendant cinq jours à la vue Tune de Taulre, le i3 juin
Torringtoo attaqua rennemi à la hauteur de la pointe
de Beachy. L'escadre hoUandoise, qui formoit rayant-
garde , comoiença rengagement à neuf iieures du ma-
tin» et, au bout dune demi -heure, la division ileue
des A nglois. attaqua Tarrière- garde Françoise; mais la
division rouge, qui formoit le centre, et qui étoit corn-
uuindée par Torrington, ne put se mettre en ligne avanr
dix heures, de sorte que lés Hollandois se virent en*
tourés par Tennemi, et éprouvèrent une perte consi*
dérable, quoiqu'ils se défendissent courageusement.
Enfin la division de l'amiral se jeta entre eux et les
François, et, dans cet état de choses, les flottes mi-
rent à Tancre, vers cinq heures après midi, le combat
étant interrompu par un calme plat. Les Hollandois
avoient tix)p souffert pour qu'ils pussent, sans impru-
dence, revenir à la charge. Torrington fit lever l'ancre
dans la nuit, et, à la faveur de la marée, ses vaisseaux
se retirèrent vers l'est. Le lendemain, pour faciliter
leur retraite, il fit détruire les vaisseaux qui avoient
perdu leurs agrès. On les ,'poursuivit jusqu'à Rye. Un
vaisseau anglois de soixante-dix canons, ayant échoué
près de Wiocbelsea, fut abandonné par le capitaine,
après qu'il y eut mis le feu. Un vaisseau hollandois
de soixante -quatre canons, ayant de même échoué,
quelques frégates françoises tentèrent de le brûler;
mais le capitaine se défendit si vaillamment qu'il leur
fit lâcher prise, et put ensuite gagner les côtes de
Hollande. Les Anglois perdirent dans ce comb^ deux
vaisseaux, deux capitaines, et environ quatre cents
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Io4 HISTOIRE 0*ANGLETEAII£.
"~^ — hommes. Les Hollandois fureot encore plus malheu-»
^ ' reux, ils perdirent six de leurs plus gros vaisseaux, et
leurs vice-amiraux Dick et Brackel, ainsi qu'un grand
nombre d officiers et de matelots. Torrington se retira,
sans être inquiété, jusqu'à Fembouchure de la Tamise,
et , après avoir pris sur ce point toutes les précautions
nécessaires contre les tentatives de Fennemi , il revint
à Londres, qu'il trouva dans la consternation.
Torring- La même terreur panique, s'étoit emparée du gou-
cnvo^é^ vernement. Les ministres feignoient de croire que les
la Tour. François agissoient de concert avec les mécontents de
la nation; que les jacobites méditoient des soulève-
ments sur plusieurs points du royaume, et qu'il y au-
roit une insurrection générale en Ecosse. Ces bruits,
répandus par des émissaires de la cour, avoient pour
objet de justifier aux yeux du public les mesures qu'il
seroit nécessaire de prendre dans cette conjoncture. Ils
eurent le succès qu'on s'en étoit promis. Les craintes
qu'ils firent naître parmi'le peuple ajoutèrent à sa haine
contre les jacobites et les non-assermentés. Les pro-
priétaires de mines d'étain de Cornouailles , les alder-
mans et lieutenants de Londres, le lord-maire, les lieu*
tenants de Middlesex protestèrent , dans les adresses les
plus respectueuses, de leur dévouement au roi et à la
reine, leurs légitimes souverains, et s'engagèrent à les
soutenir contre toute opposition. Dans ce moment cri-
tique la reine fit preuve d'un courage, d'une prudence
et- d'une activité remarquables. Elle donna des ordres
pour mettre le royaume en état de défense, pour ré-
parer et augmenter la flotte, et prit les mesures con-
venables pour calmer les chambres, qui se plaignoient
hautement de la conduite de Torrington dans la der-
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GUILLAUME III ET MARIE. Io5
nière affaire. On le dépouilla du commandement, on 7~
renvoya prisonnier à la Tour, et des commissaires fu-
rent chargés d'examiner sa conduite. Un camp fut éta-
bli dans le voisinage de Torbay, où les François parois-
soient vouloir effectuer une descente. L'artillerie de
leur flotte, qui étoit à l'ancre dans la baie, battit un
petit village nommé Teingmouth. Mille d'entre eux dé-
barquèrent sans opposition, mirent le feu à ce village,
brûlèrent quelques bâtiments de cabotage, et se rem-
barquèrent pour Brest après cette expédition. Quelques
partisans des whigs répandirent le bruit et avancèrent
même dans des pamphlets que les évéques suspendus
trempoient dans la conspiration contre le gouverne-
ment; ce qui enflamma tellement la populace que ces
prélats crurent devoir faire imprimer une déclaration
où ils protestoient solennellement de leur innocence,
La cour n'avoit sané doute aucun soupçon contre eux,
puisqu'ils ne furent pas compris dans une proclamation
de la reine ordonnant l'arrestation des comtes de Licht-
field, Aylesbury et Gastlemain, du vicomte de Preston,
des lords Montgomery et Bellasis, de sir Edouard Haies,
sir Robert Hamilton , sir Théophile Oglethorpe, du co-
lonel Edouard Sackville et de quelques autres officiers, *
tous accusés d'avoir ourdi, avec d'autres individus, une
conspiration pour détruire le gouvernement, et favo-
riser l'invasion projetée. On laissa le comte de Torring-
ton à la Tour ju^u'à la session suivante. Il fut alors
conduit à la chambre des communes, où il parla pour
sa justification. Cette affaire occasiona de longs débats
dans la chambre^haute, qui déclara son emprisonne-
ment illégal. Il fut enfin traduit devant une cour mar !
tiale, dont les membres avoient été désignés par les
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lOO HISTOIRE DANGLET£AR£.
""•-"■"-^ commissaires de Famirauté, qu'un acte réoeot investis^
^ ' soit de Tautorité de grand-amiral. La cour, présidée par
sir Ralph Délavai, qui avoit pris part au combat, en
qualité de vice-amiral de Tescadre bleue ^ acquitta lac*
cusé. Mais le roi cessa de remployer; et les HoUandois
se récrièrent contre la partialité de ses juges.
Profîrè* On prétend que tous les papiers de Jacques et de
Guillaa- Tyroounel tombèrent entre les mains de Guillaume,
Bie en ir- auquel ils dévoilèrent non seulement le dessein des
François, de brûler les bâtiments de transport anglois»
mais même rengagement qu un nommé Jones avoit
pris de Tassassiner. Il ne fut fait cependant aucune
tentative de cette nature; et tout porte à croire qu'un
pareil bruit n'étoit qu'un arti^ce pour rendre Jacques
plus odieux. Le 9 juillet Guillaume fit diriger sur
Athlone un corps nombreux de cavalerie sous les ordres
du général Douglas, pendant que lui-même, après avoir
laissé Trelawny pour commander à Dublin , se porta
avec le res(e de son armée à Inchiquin, sur la route
de Kilkenny. Le colonel Grâce, gouverneur d'Aihlone^
répondit par un coup de pistolet au trompette qui le
somma de se rendre : FoUà, dit-il, <pmMes sont me$
ccmdMons, Douglas entreprit donc le siège de la place^
quoiqu'elle fût très forte, et défendue par une excel-
lente garnison. On avoit déjà fait une brèche lorsque
Douglas , sur l'avis que Sarsfield marcboit au secours
de Grâce , leva le siège , après avoir perdu quatt^ cents
hommes. Le roi poursuivit sa marche vers la partie
occidentale^ et, par de sévères exemples , établit «dans
l'armée tant d'ordre et de discipline, que les paysans
n'avoient pas même à redouter la moindre violence. A
Carlow il détacha le du€ d'Ormond pour pneadrepM?>
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1690;
GUILLAUME III Et MARIE. IO7
session de Kilkenny, où ce seigneur le reçut dans son '
propre château, que les ennemis avoient abandonné
sans Tendommager. Pendant que rarmée campoit à
Carrick, le major -général Kirke fut envoyé contre
Waterford , dont la garnison , composée de deux régi-
ments, conclut une capitulation, poii;ant qu'elle sor-
tiroit avec armes et bagages/ et seroit conduite à Mal-
low. Les mêmes conditions furent accordées au fort de
Duncannon, où le lord Dover et le lord Georges Ho-
ward se mirent à la merci du roi, qui les reçut sous sa
protection.
Le premier août Guillaume publia à Chapel-Izard un i| fait le
second acte d'amnistie qui , en confirmant le premier, Limerick
l'étëndoit aux individus d'un rang supérieur, naturels q"jj|.®î^
ou étrangers, qui, avant le !i 5 du mois, déposeroient d'aban-
tes armes, et se soumettroient à certaines conditions. <*o»">^''-
Cette démarche produisit très peu d'effet. La plupart
des Irlandois étoient conduits par leur clergé, et le
bruit de la victoire remportée par la flotte françoise
leur étoit parvenu avec des détails si exagérés que leur
audace s'en étoit accrue, et que toute idée de soumis-
sion étoit écartée. Le roi étoit fetoumé à Dublin , dans
k vue de s'embarquer pour l'Angleterre; mais, ayant
appris que les projets de ses ennemis domestiques
étoient déconcertés, que sa flotte étoit réparée, et que
celle des François avoit regagné Brest, il différa son
voyage, et prit le parti d'attaquer liimerick, dont
M. Boisseleau étoit gouverneur, ayant sous ses ordres
le duc de Berwick et le colonel Sarsfield. Le 9 août le
roi, avec quelques détachements, s'avança près de la
place et fit sommer le commandant de se rendre. Bois-
seleau répondit qu'il pensoit que le meilleur moyen d'ob-
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loÔ HISTOIRE d'aNGLETERRE.
— ■ tenir Testime du prince d'Orange étoit de défendre vigou-
^ * reusement la ville qui lui avoit été confiée. Avant que
la place fût tout-à-fait investie, Sarsfield, à la tète d'un
corps de cavalerie, pa^sa le Shannon pendant la nuit,
enleva le train d'artillerie du roi, qui étoit en inarche
pour le carnp , mit en fuite les troupes qui Tescortoient ^
encloua les canons, détruisit les chariots, bagages et
munitions, et rentra, sans aucune peile, à Limerick»
Nonobstant cet échec on ouvrit la tranchée le 17 du:
mois, et Ton construisit une batterie de quelques ca-
nons amenés de Waterford. Le siège fut poussé avec
vigueur, et la place défendue de même. Enfin Guil-
laume fit faire à ses troupes un logement sur la con-
trescarpe, et Ton donna Tassant avec fureur^, mais la
résistance fut si vive que les assiégeants furent repous-
sés, après avoir perdu douze cents hommes tués ou
mortellement blessés. Cette perte, jointe aux incom-
modités d'un temps pluvieux et malsain, détermina le
roi à abandonner son entreprise, et à diriger son armée
vers Clonmel. Il nomma lord Sydney et Thomas Co-
ningsby lords-justiciers d'Irlande, et, laissant le com-
mandement de l'armée ati comte de Solmes, il s'embar*
qua le 5 septembre à Duncannon , et arriva le lendemain
près de Bristol , d'où il se rendit à Windsor.
Kedor- A la fin de ce même mois, le comte de Marlborough,
IWketde d'après un plan qu'il avoit soumis à Guillaume , arriva
KîQsale. en Irlande à la tête de cinq mille Anglois, pour atta-
quer Cork et Kinsale, conjointement avec un détache-
ment delà grande armée. Ses troupes ayant pris terre,
sans opposition , dans les environs de Cork , il y fut
joint par cinq mille hommes que commandoit le prince
de Wirtemberg. Quelques difficultés s'élevèr«nt entre
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/
• GUltLACME III Et MAftIK. IO9
ce prince et Marlborough, sur la question de savoir à "" — '
<|ui appartiendroit le commandement des deux corps. ^ '
Mais la médiation de La Mellionere concilia tout. La
place ayant été investie et les batteries élevées , le
siège fut poussé avec tant d'activité qu'on eut bientôt
ouvert une brèche.
Le colonel Mackillicut, gouverneur, entra en pour-
parler, et Ton échangea des otages. Mais il rejeta les
conditions qui lui furent proposées, et les hostilités re-
commencèrent avec une nouvelle vigueur. Le duc de
Grafton, jeune soigneur de grande espérance, qui servoit
en. qualité de volontaire, fut mortellement blessé dans
une attaque, et mourut bientôt après, laissant les regrets
les plus vifs. Tout étoit prêt pour un assaut général ,
lorsque les assiégés se décidèrent à capituler et se ren-
dirent prisonniers. Outre le gouverneur et le colonel
Bicault, les vainqueurs trouvèrent parmi les officiers
de la garnison les comtes de Clancarty et de Tyrone.
Marlborough , après avoir pris possession jde Cork ,
détacha le brigadier Villiers, avec un corps de dragons,
pour sommer la ville et les forts de Kinsale de se ren-
dre, et le lendemain il marcha lui-même vers cette
place avec le reste de ses troupes. Le vieux fort fut -
aussitôt pris d'assaut; mais l'autre fort, où comman-
doit sir Edouard Scott , soutint un siège dans les for-
mes, jusqu'à ce que la brèche étant devenue praticable
il obtint une capitulation honorable. La réduction de
ces places maritimes rendit impossible de ce côté
toute communication entre la France et l'ennemi; et
les Irlandois se trouvèrent confinés dans l'Ulster, oà
ils ne pou voient, subsister qu'avec beaucoup de diffi-
culté. Xe comte de Marlborough ayant terminé cette
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ItO HISTOIRE D A]!ÏCLET£RB£.
■ expédition en un mois , revint avec ses prisomûeFS en
^ Angleterre, ou ses nouveaux exploits ajoutèrent beaur
coup à sa réputation.
Les trou- Pendant ces opérations , le comte de Lausun , com*
pe8 fran- mandant les troupçs auxiliaires de France , étoit resté
COISCS
qniuent daus Finaction près de Galvt^ay* Il fit à sa cour un ta^
llrlande. yça^ gj triste de sa situation que des vaisseaux de
transport furent envoyés pour le ramener. Il s embar<-
qua avec ses troupes; le commandement des forces
d'Irlande fut donné au duc de Berwick , et transféré
depuis à M* de Saint^Ruth. Lauzun fut disgracié à
Versailles pour avoiç abandonné la cause de Jacques
avant qu'elle fût désespérée. Tyrconnel, qui Tavoit
accompagné en France, y sollicita de nouveaux ser
cours d'officiers , d armes , de vêtements et de muni*
tions pour Tarmée irlandoise , dont il garantissoit la
fidélité, pourvu qu'on ne cessât point de la soutenir.
Cependant les troupes se partagèrent en cjorps de fli-
bustiers, et pillèrent le pays. Pendant qu'une partie
de celles du roi Guillaume vivoit paisiblement dans ses
quartiers, l'autre partie se mit à imiter les rapines des
soldats irlandois; en sorte que le malheureux peuple
étoit également vexé par les uns et par les autres,
l^ dac de Durant tout ce temps , il ne s'étoit opéré aucun
-Qj^jj'^j^g^® changement notable dans les affaires du continent, si
confedé- ce n'est que le duc de Savoie avoît renoncé à la neu^
' ^ ' tralité pour contracter tine alliance avec l'empereur
et le roi d'Espagne , et entrée dans, la grande confédé*'
ration. Il ne s'étoit pas plus tôt déclaré , que Catinat
' s'avança sur son territoire avec dixrhuit mille hom«-
mes, et le défit dans une bataille sanglante, près de
Saluces , qui se rendit aussitôt. Le vainqueur réduisit
/
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GUlttAUME m Et MARIE. lit
Savillana , YilIafraDca , et plusieurs autres placer , '— -
poursuivit le duc jusqu'à Carignan, surprit Suze, et "^"*
distribua ensuite ses troupes en quartiers d'hiver, par-
tie dans la Provence, partie dans le duché de Savoie,
que Saint-Ruth venoit de soumettre à la France. Le
duc, après avoir inutilement attendu du secours de
l'empereur et du roi d'Espagne, en demanda aux états-
généraux et au roi Guillaume qu'il envoya féUciter
par un ambassadeur de son avènement au trône d'An-
gleterre. On étoit convenu dans le congrès général
des confédérés à La Haie que l'armée des états, sous
les ordres du prince de Waldeck , tiendroit tète à l'ar-
mée Françoise commandée en Flandre par le duc de *
Luxembourg , pendant que l'électeur de Brandebourg
observeroit les mouvements du marquis de Boufflers
sur la Moselle. Mais les troupes de Brandebourg n'é-
toient pas encore assemblées que déjà BoufjQers cam-
poit entre la Sambre et la Meuse, et entretenoit une
communication libre avec Luxembourg.
Le prince de Waldeck, voyant bien que l'intention Défaite
du duc de Luxembourg étoit de traverser la Meuse *^" P»*'»* «
entre Namur et Cbarleroi , afin de mettre à eontribu- Waldeck.
tion le territoire de l'Espagne, s'éloigna de la rivière
Piéton , et détacha le comte de Berlo , avec un corps
de cavalerie, pour observer les mouvements de l'en-
nemi. Berio fut rencontré par l'armée françoise près
de Fleurus : il y perdit la vie ; et ses troupes , quoique
soutenues par deux nouveaux détachements, eurent
beaucoup de peine à rejoindre le corps de l'armée,
qui demeura toute la nuit rangée en bataille. Le len-
demain, les HoUandois fiirent attaqués par les Fran-
çois très supérieurs eu nombi^ ; et , après un combat
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ÏI2 HISTOIRE D^ANGLETÉRRE.
"~ — opiniâtre , ils battirent en retraite , laissant près de
^ * cinq mille morts. L'ennemi fit environ quatre mille
prisonniers, et s'empara de la plus grande partie de
l'artillerie. Mais sa victoire fut chèrement achetée.
L'infanterie hollandoise fit dès prodi|[es de valeur.
Luxembourg avoua qu'elle avoit montré encore plus
de bravoure que l'infanterie espagnole à Rocroi. Ze
prince de TJTaldeckj dit-il , se soutiendra toujours de lu
cavalerie françoise; et moi je n'oublierai jamais Vinfati--
terie hollandoise. Le prince se conduisit avec tant d'ac-
tivité que les François ne tirèrent qu'un foible avan-
tage de leur victoire. Ce général, renforcé de cinq
mille Anglois, de neuf mille Hanovriens, et de dix
mille hommes de l'évêché de Liège et de la Hollande ,
se joignit à l'électeur de Brandebourg. L'armée confé-
dérée marcha, par la route de Genap, à Bois-Seigneur-
Isàac, au nombre de cinquante -cinq mille hommes ,
et supérieure alors à celle du duc de Luxembourg,
qui crut devoir fortifier son camp, afin de ne com-
battre qu'avec avantage , s'il y étoit forcé. Néanmoins
le prince de Waldeck l'auroit attaqué dans ses retran-
cfaements, s'il n'eût été retenu par une défense ex-
presse des états-* généraux de hasarder un nouveau
coioi)at; et quand cette défense fut levée, l'électeur ne
voulut plus courir le risque d'une bataille.
L*archî- Cependant le collège des électeurs nomma roi des
duc Jo- Romains Joseph, fils de l'empereur. Mais son crédit
élu roi fut fortement ébranlé par la mort du vaillant duc de
Lorraine , 'qui fut soudainement attaqué d'une esqui-
nancie dans un village près de Lintz , oii il expira. Ce
prince , doué de grands talents militaires , menaçoit de
rentrer l'été suivant , à la tète de quarante mille hom-
des
RomaiBS.
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Guillaume lii Et MIrie. iiS
iût^ f dans ses états de Lorraine , d*oii il avoit été "
chassé. A sa mort le commandement de Tarmée im-»
périale passa à Télecteur dé Bavière. Ce nouveau géné^
rai y s'étant joint à Télecteur de Saxe , marcha contre
le dauphin $ qui avoit passé le Rhin au Fort-Louis aved
une armée considérable, et qui paroissoit vouloir pé^
nétrer en Bavière. On arrêta ses progrès , ,et il se tint
sur la défensive le reste de la campagne; L'emperétic
fut moins heureux dans ses efforts contre les Turcs;
qui rejetèrent les conditions de paix qu'il leur ofFroit^
et se mirent en campagne sous un nouveau visir* Au
mois d^août le comte Tékély défit un corps d'Impériaux
près Cronstadt^ en Transylvanie^ Il convoqua ensuite
les états de cette province à Albajulia^ et les forç£^de
rélire pour leur souverain ; mais il ne le fut pas long*
temps. Le prince de Bade, ayant pris le commandement
de Tarmée autrichienne^ envoya quatre régiments à
Belgrade > et s'avança contre Tékély, qui^ à son appro»
che, se retira en Valachié. Cependant le grand-visir
investit Belgrade 2 il avoit déjà montré dans ses atta«
ques beaucoup de résolution, quand toutrà-coup la
terrible explosion du magasin à poudre des assiégés ,
causée par la chute d^une bombe, fit périr dix-sept
cents soldats de la garnison ^ fit sauter lès murs et les
remparts, combla les fo^s, et ouvrit une si large
brèche que les Turcs entrèrc^nt par bataillons, mas-*
sacrant tous ceux qu'ils rencontroient sur leur pas-»
sage. Le feu gagna de magasin en magasin, et il y
en eut onze de consumés. Dans cet horrible désastre ^
ce qui restoit de la garnison se sauva à Peterwaradin^
Pendant ce temps les Impériaux s'étoient mis en pos'
session de la Trai|sylvanie^ Qt avoient pris leurs jqbih
II. 8 •
1690*
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tt4 fflârtOIBE D^ANGtEtETBltt.
■>■■ ■ tonnements à Croostadt et à Clausinbourg. Tékétf
^°' entreprit d attaquer cette province dun côte, tandi»
€|u'i»i corps de Turcd y pénétreroit de Taulre ; mais ces
deméers fii mut dispersés par le prince Loui^ de Bade..
Le prince Atteste de Hanovre, qu'il avoit détaché
contre Tékéây^ bit tué dans im étroit défité, et ses*
troupes firent une retraite précipitée. Tékély cepen--
daiât oe profita pas de cet avantage. InforHié du sort de
ses alliés^ et crar^çnant de se voir conper la retraite
par les neiges, c[ui ferment souvent le. passage des^
montagnes, il se retira dans le seki de la Yalachie, et
le piince Louis retourtia à Vienne.
Jssetn- Le pariement d^Angtêterré, convoqué par une pro-
parie-*^ cfaoïatio» de Guilkuxne, s assembla le 2 octobre; le
netit ea fx>L^ ^fans je diseours d'ouverture qu'il prononça sui-
twrZ ^^^^ fusant, entrefilet les chambres de ce qu'il avoit
fait pour la rédt^ction de l'Irlande, et de la bonne con-
duite de ses troupes. Il leur dit qiire les subsides qu^oft
avoit accordés n'étoient pas en proportion avec les dé*
penses nécessaires , et que la nation seroit en danger si
l'on ne pouseoit la ^epre vigoureusement. 11 les con^^
jura de libérer ses revenus, engagés pour le paiement
^ des })remières dettes, et de lui fournir les moyens d'ac-
quitter ce qui étoit dû à l'armée, leur représenta que
* de la vigueur et de la diligence du parlement dépendoit
le succès de la confédératicMU dans le continent; et après
avoir exprimé son «essenttment contre ceux à qui l'on
knputoit ia désastre de la flotte, et i?ecommandé aux
mettibres Tunio» et la célérité, il déclara son ennemi et
cehii de la patrie quiconque entreprendroit de détoui^
ner leur attention des objets importants qu'il leur pré-^
senioit. J»a dernier^ . expédition^ des François sur i^
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bbitlAtiilË iii £t MÀBtL ii&
Côtes d'Angleterre, les bruits d'une conspiration des ^'7^*
jacobites, la valeur personnelle qtie Ouillautùe vénoit ^ *
de déployei^, c^otnparée à la conduite pusillaniïne de
Jacques, tout concourbit à indisposer la nation contre
les adhérents de ce dernifer, et à l'attacher au noùveisLa
gouvernement. Les deux chambres présentèirent sépa-^
rément dës adresses de félicitation àù roi sur âa bra«
voure et son hioibileté dans cette cam{)agné ^ eit à la reixufi
sur le courage et la sagesse qu'elle àvoit tnotitrés à la
' tête des affaires^ daiis des jours de trouble et de dan^
ger. Quand on eut soumis aux communes l^état éës
dépenses de la dernière année, elles votèrent quatre
millions sterling pour l'ëntretiéii de Tarméè et de la
marine.
Les chambres ptoposèretit dé réali^r un million ster té$ ëoÉk^
Hng par la vente des biens saisis en Irlande ; elles défci- à"ÏÏ^t
dèrent qull serôit rédigé un bill poulr la confiscation de «ux d««
tes biens ^ avec tme clause autorisant le roi à en accor- ^^\qu
der un tiers à teu^i qui avoient servi dans cette guerre.
La même ciause devoit l'autoriser en même tempd à
traiter avec les Irlandois encore en armed^ comme bon
kii sembleroit« Cette clause fut rejetée, et il fut pré-
senté contre le biH un grand nombre de pétitiotîs par
Ceux d'entre les ci'êânciers et héritiers des propriétaires
de ced biens qui étôient demeurés fidèles au gouverne-
ment. Comme les biens saisie avoient déjà été promis
aux favoris du roi, on accusa la cour d'avoir suggéré
ces démarches pour faire écarter le bill, qui passa
néanmoins dans la Chamhre4)asse, et qui fat arrêté
par rinfluénce des ministres à la chambre des pairs»
Ce fut dans des cirtonstancçs que lord Torrington fut
jngé et acquitté, au grand dfolaisir du roi, qui l'exclut
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Il6 HlSTÛIFE d'aNGLETERRE.
' -^ ' — de son service et lui défendit de paroître devant Iu£*
Quand GuiUaume vint à la chambre des pairs pour y
donner sa sanction à un bill qui doubloit laccise, il dit
au parlement que la situation des affaires exigeoit sa
présence à La Haye; qu'on devoit donc, sans perdre
de temps» terminer tout ce qui concernoit les subsides
nécessaires pour les armées de terre et de mer» et les
dépenses du gouvernement. On passa deux bills accor-
dant à leurs majestés pour cinq ans le droit d'importa-
tion sur certaines marchandises. Ces deux bills» et ua
autre relatif aux rebelles» reçurent la sanction royale»
Le roi ayant observé qu'un subside voté annuellement
pour l'augmentation de la marine contribueroit puis-
samment à l'honneur et à la sûreté de la nation» leâ
chambres votèrent une somme considérable pour la ^
construction de nouveaux vaisseaux; et leur zélé et
leur activité dans cette circonstance semblmcnt aller
au-devant des désirs du roi. Ces bonnes dispositions
étoient dues en grande partie aux soins de lord Godol-
phjn, trésorier^ et de Somers». solliciteur-général. La
place de secrétaire d'état dont s'étoit démis Shrews-
bui-y avoit été donnée à lord Sidney» qui fat remplacé»,
comme justicier d'Irlande» par sir Charles Porter.
Fï'tifion Malgré l'acte qui annuloit les procédures contre les
^^^^^' chartes de Londres »^ les whigs avoient si bien fiait qu'ils
étoient restés en possession de la magistrature. Pil-
kington étoit encore lerd-maire ^ et Robinson chambel-
lan. Les torysde la cité » {pleins de confiaiice dans leurs
services précédents » se plaignirent par une pétition à
la chambre des communes que les intentions du dernier
biU pour annuler le jugement de quo warranto avoient.
été éludées, à cause du, sens équivoque ^de quelques
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j6.jo.
GUILLAUME Ilï ET MARIE. II7
termes; de sorte que les anciens aldermans nommés par
Commissions revêtues du grand-sceau du dernier roi ,
cxerçoient encore en vertu de cette délégation ; que sir
Thomas Pilkington n'avoit pas été légalement continué
dans ses fonctions ; qu'il avoit , ainsi €[ne les alderman^ ,
choisi indûment M. Léonard Robinson pour chambel-
lan , fonction à laquelle avoit été légalement nommé un
autre sujet; et ^ que divers membres du conseil de la
commune en avoient été exclus contre toute régie , tan-
dis qu'on avoit refusé d'en admettre d'antres légalement
élus. Ils spécifioient encore quelques autres griefs dont
ils demandoient le redressement. Pilkington et ses as-
sociés soutinrent que ces allégations étoient sans fon-
dement , et que ]a pétition n'étoit qu^un artifice des
jdcobites, pour troubler la paix de la cité, retarder le
paiement des impôts , et porter le désordre dans l'état.
Gomme les whigs, au moment de la terreur panique
qu'avoit fait naître le désastre de la flotte, s'étoient
montrés les plus riches et les plus empressés à secourir
le gouvernement qu'ils avoient établi , pendant que les
torys se tenoient à l'écart, la cour interposa si bien son
influence , qu'on fit à peine attention à ces remontran-
ces. '
Le marquis de Caermarthen , lord - président , qui Attaque
étoit à la tête des torys dans le ministère , et s'étoit ac- marqua
quis beaucoup de crédit auprès du roi et de la reine , ^^ ^"•'"
fut alors en butte à toute la haine du parti opposé , qui
résolut de faire revivre contre lui son ancienne accu-
sation. Le comte de Shrewsbury et treize autres chefs
de ce parti s'unirent pour ce dessein. Un comité de lord9
fut chal:gé d'examiner si les accusations demeuroient
in statu que, d'un parlement à l'autre , et de rechercher
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llS HI9T0IRE D ANGLETERRE,
^' ^ ' des exemples pour résoudre cette question. Où jeu pro^-
^^ ' duisit plusieurs, et il s'éleva de violents débats. Mais le
marquis, éluda la vengeance 4^ ses enne«»ift, en deman*
dant si les comtes de Salisbury et de Peterborough , qui
avoient été açcqséa dans le dentier pârl«oien,t, pour
s'être réconciliés avec Féglise romaine ^ étoient libérés
de leurs cautions. La réponse de la chambre fut afiSr-
piativcy et plusieurs lords protestèrent. Les co^imuaes,
ayant rédigé un bill tendant à nommer da& commis^
saires pour recevoir et vérifier les comj^tes des dépenses
publiques ^ cboisirent ces cocpmissaires dans leur eham^
bre, et envoyèrent le bill à la chambra? haute , ^ui,
sur la proposition du comte de Rocbester , élut parmi
ses membres ui^ pareil noinbre de commissaires. Ro^
cbester fjat un de ceux qu on désigna ; mais il refpsa
de remplir cette n^issicm; les autres suivirent sçm eïembe
pie y et le bill fut aJov^ s^dopté sans aucun chaag^w^^t.
l.e 5 jfi^nvier le roi ferma la session patr un discours où,
en remerciant les membres des preuves réitérées qu'ils
^voient données de leur attachemeut k sa personne et
au gouvernenient , il leur annonça qu'il aUoit se rendre
en Hollande , leur recommanda Tunion , et les assura
de sa bienveillance çt de sa protection touteparticuiière^
Alors le premier ^uge A.thins leur signifia que le bou
plaisir de sa majesté ét;<»il que les chambres s'ajqur-.
< 1691. nassentau 3i mars,
%oya(;e GuiHaunie, après aveir mis ordre aux affaires de la
\^me^ nation, partit pour Margate lé 6 janvier; mais le vaisn
f n Hol- seau sur lequel il devoit s'embarquer se trouvant çeteou
par un vent d'est et par une forte gelée, il se détermiiaa
à retourner à Kensington. U s'énsibarqiia çepend^t
lande.
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OUILtAUME m ET MÂKIE. Itg
le i6 àGravesend avec une suite nombreuse , sou&Ies- '"T^
corte de douze vaisseaux de guerre, coœmaadéa par ^ '
ramiral Rooke. te leodeKoam, informé par im peeàeur
qu'il n'étmt qu'à us^ Keue et demie de. Gorée , il quitta le
yajcht et passa dans un bateau découvert , accompagné
^u doc d'Ormofid, de» comtes de Devonshire, Dc»rset,
Portland et Mooraoutb, aioai que d'Auverquerque et
de 24uylestein. Au lieu de débarquer aans déliai, ils per»
direet de vue la flotte, et, la nuit étant «prve«ue, ils
furent expoaé$, par un temps très rigoureux, è la renr
contre de renoemi et à tous les dangers de la mer, qui
Ait si grosse pendant dix-huit heures, qu ib ftireot (ow
inondéa. Comme les matelots semhlotent appréhender
de périr^ Goillanme leur demanda s ils étoient fâchés
de mourir en sa compagnie. Au point du jour il de^
cendit à lUe dfGorée , où il prit quelques rafraîchisse*
a[ient& dans une hutte de pécheur. Il rentra ensuite
dans le bateau, quile mit à terre près de Maeskndskiys,
Jl fut reçu à Hounslardikepar une députationdes états^
et à six heutes du soir, il arriva à La Haye. Les étata-
l^énéranx, les états de Holkuide, le conseil-d'état , Ica
autres collèges et les .ministres étrangers s'empressèrent
aussitôt de le complimenter. Sur la demande des magis*-
trats, il fit son entrée publique avec la plus grande ma*
fpAificence, et les HoUandois célébrèrent son arrivée
par des feux, des illuminations et autres réjouissances.
Il assista à leura différentes assemblées, les informa de
$es succès en Angleterre et en Irlande , et les assura de
Bon zéleet de son attachement inaltéraUepour sonpay^
Mtal.
Dans un congrès solennel des princes confédérés ^ il
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ISO HISTOfAE D ANGLETERRE.
^ ^^ ^ prononça un discours où il leur représenta à quels dan*
, . ' • gers ils étoient exposés par la puissance et Tambition
à un de la France , et de quelle nécessité il étoit pour eux
fongre^f d'agir avec autant de vigueur que de diligence. Il leur
promit de concourir de tous ses moyens aux mesures
qu'ils dévoient prendre, et de se mettre au printemps .
à la tète de ses troupes pour remplir ses engagements.
On décida alors qu'il seroit mis sur pied deux Cent vingt
mille bomnfes contre la France dans la campagne sui-
vante ; on régla les contingents que dévoient fournir les
différents prinoes et les divers états; le roi d'Angleterre
promit vingt mille hommes, et convint de venir puis-
samment au secours du duc de Savoie. On arrêta en-
suite le plan des opérations , et tout se passa avec tant .
d'harmonie qu'aucun différent n'interrompit la marche
des délibérations. Ce congrès venoit à p#ne de se sépa-
rer, lorsqu'au commencement de mars Louis XIV en
personne, accompagné du dauphin et des ducs d'Or*,
léans et de Chartres, vint mettre le siège devant Mons.
La garnison étoit d'environ six mille hommes, com-.
mandés parle prince de Bergue ; mais le siège fut poussé
avec tant d'aclivité que la résistance fut sans effet. Au
premier bruit du danger de cette place , Guillaume or^
dqnna au prince de Waldeck de rassembler l'armée y
et lui-même prit le parti de marcher en personne à l'en*
nemi. On eut bientôt réuni cinquante mille hommes à
Halle, près de Bruxelles; mais quand le roi les eut
joints , il s'aperçut que les Espagnols avoient négligé de
3e pourvoir de chariots et d'autres objets nécessaires à
cette expédition. Cependant les bourgeois de Mons, qui
voyoient leur ville au moinent d'être détruite par 1^
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CUILLAUtCE III ET MABIE. 121
eanon de l'ennemi , pressoient le gouverneur de capi- .-
tuler, et le menacoient même d'ouvrir la ville aux as- *^ *
siégeants. Il céda enfin, et obtint des conditions hono^
râbles. Guillaume, à la nouvelle de cet événement,
retourna à La Haye, s^embarqua pour l'Angleterre , et
larriva le i3 avril à White-hall,
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LIVRE III.
C(MMpii^atk|i4 décpHveple. -r^ I^e roi nomme aux évéchés va*
can^s. — i Affaires d'Ecosse. — Campagne de Flandre. —
Affaires du Piémont. — Élection d'un nouveau pape. —
Succès de l'empereur contre les Turcs. — Affaires d'Ir-
lande. — Les François et les Irlandois obtiennent une
capitulation honorable. — Douze mille Irlandois catholi-
ques romains sont transportés eu France, — assemblée
du parlement. — Actes du parlement. — Mauvais succès
des flottes angloise et holiandoise. — Le roi mécon-
tente les presbytériens d'Ecosse. — Massacre de Glencoé.
— Préparatifs en France pour une descente en Angle-
terre. — Manifeste de Jacques. — Précautions prises par
la reine pour défendre la nation. — L'n mirai Russel met
de nouveau en mer. — Il remporte une victoire sur la
flotte françoise. — Le roi de France prend Namur à la
vue du roi Guillaume. — Défaite des alliés à Steinkerque.
— Entreprise contre Dunkerque qui n'a pas de suites,
— Peu de succès des alliés sur le Rhin. — Affaires de
Hongrie. — Le duc de Hanovre créé électeur de l'empire»
•"—"*"" Une conspiration contre le gouvernement avoit été
^ ' découverte depuis peu. A la fin de décembre ^ un maître
rationné- de vaisseau de Barking, en Essex , informa le marquis
coayertc. ^j^ Caermarthen que sa femme avoit détaché un de ses
bateaux pourtransporter en France quelques personnes
qui dévoient s'embarquer à un jour qu'il indiquoit. Dès
que cet avis fut communiqué au roi et au conseil, on
ordonna au capitaine Billop de surveiller cette barque,
et de s'assurer des passagers. Il la joignit à Gravesend,
et trouva à bord le lord Preston , M. Ashton , un homme
attaché au service de la deraière reine , et un nommé
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0V1LLA17ME Iir ET MAAI8« Il3
£Uiot. Il se saisit sur-le-champ d'un i>aquet de papiers, ^
dont une partie étoient inintelligibles» mais parmi les*
quels se trouvèrent deu:& lettres qu on supposa écrites par
Truner» é véque d*£ly» au it>i Jacques et àla reine, sonsdes
noms empruntés. Le tout se réduisoit à des sollicitation»
auprès du roi de France » afin de rengager à profiter de
1 absence de QuiUauwe pour rétaUir le roi Jacques sur
le trône, moyouiant certaines conditions; mais le com-
plot étoit 9ial concerté « et soutenu seulement par un
petit nombre de personnes de marqué, k la tête des-
quelles étoient le comte de Clarendon, réwqued'Ély,
le lord Preston, M. Graham, et le fkmeox quaker Penn,.
liïonobstant les cris qui s'éloient élevés contre les sévé-
ritésdu dernier gouvernement, Preaton et son complice
Ashton furent jugés è la cour d'Old-JSmley, pour avoir
comploté la mort de leurs majestés; et on précipita leur
jugement , sans auoun égard aux pétitions quHls pré-
sentèrent afin d'obtenir un délai. LordPreston allégua ,
dans sa défense, que le crime de trahison qu'on lui im-
putoit n avoit pas été commis dans Je comté de IfSddle-
sex , comme il étoit dit dans Tacte d'accusation ; qu*atr-
cun des té«iQins n'avoit déclaré qu'il Iftt pour qu^ue
^hose dans le louage de la barque ; que les papiers
n'avoient pas été trouTés sur lui ; qu'il hïkÀt dent
témoins dignes de foi pour chacun des fieiits, sans quoi
toutes les charges contre lui se réduisoient à une res-
semblance d'écriture et à une pmre supposition : il fut
néanmoins jugé coupable. Ashton montra beaucoup de
calme et d'intrépidité; i] convint qu'il avoit eu le projet
de passer en France , tant pour acoom{dir une promesse
faite au général Warden, qui, an lit de mort, l'a voit
çpi»juré de s'y rendre , et d'y terminer quelques affaires
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1^4 HfSTOinE d'ancleterre.
"~— ^ importantes , que pour recouvrer une somme considé-
^'' rable qui lui étoit due à lui-même. Il nia qu il eût pris
connoissance des papiers saisis sur lui ; il se plai^it
qu'on ne lui eût pas laissé le temps de préparer ses
moyens de défense , et en appela à diverses personnes
pour témoigner qu'il professoit la religion protestante
avec une piété exen^laire et des moeurs sans reproche.
On n'eut aucun égard à ces observations. Les juges le
traitèrent avec dureté, et il fut déclaré coupable par le
jury , pour avoir eu les papiers en sa garde. Cependant
il n'étoit pas prouvé qu'il en eût eu connoissance ; et le
parti même des wihgs avoit plusieurs fois établi que
des papiers trouvés en la possession d'un individu
étoient la plus foible de toutes les preuves qu'on pût
faire valoir , personne ne pouvant être à l'abri d'un
pareil danger. Ashton subit sa peine avec une noble
résignation. Dans un papier quil remit au shérif, il
convint de son attachement au roi Jacques , se déclara
témoin de la naissance du prince de Galles , persista à
nier qu'il eût eu connoissance des pajners en question,
et se plaignit de la dureté des juges à son égard , en
ajoutant qu'il leurpardonnoitpourl'amour de Dieu. Les
non-assermentés honorèrent Ashton comme un martyr
de la fidélité, et publièrent que son plus grand crime
aux yeux du gouvernement étoit d'avoir eu en main
des preuves évidentes de la naissance du prince de
Galles , que beaucoup de gensxegardoient conome sup-
posée. • Le lord Preston obtint sa grâce ; EUiot ne fot
point mis en jugement , faute de preuves ; on envoya
le comte de Glarendon à la Tour , d'où il sortit au bout
' de quelques itiois , pour être confiné dans sa maison
de campagne : faveur dont il fiit redevable au titre de
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GtJltLAUME m ET MARIE. 125
cousin^germain de la reine. L evêque d'Ély, Graham et ~
Penn se cachèrent, et il fut. publié une proclamation ^.'
pour les arrêter comme traîtres.
La participation de 1 evêque d'Ély aii complot four- j^ ^^j
nit au roi un prétexte plausible de nommer aux évêcbés nomm«
vacants. On avoit fait espérer aux évéqùes dépossédés évéch^s
qu'on obtiendroit \in acte du parlement par lequel. ils ^«ca»^»'
seroient dispensés des seritient&^ pourvu .qu'ils rem-
plissent leurs fonctions épiscopales; Àiais ils décliné-*
rent cet expédient, et le roi résolut de nommer à leurs
places dès son retour de Hollande. En conséquence
l'évêché de Cantorbery fut conféré au docteur ïillot-
son , l'un des plus savants , des plus modérés et des plus
vertueux ecclésiastiques de son^ temps. Tillotson, pré«
voyant qu'il seroit exposé aux calomnies et à la haine
du parti qui avoit embrassé la cause de son prédéces-
seur, n'accepta qu'avec beaucoup de répugnance.. Le
roi donna les autres sièges v£icants à des ministres, ir-
réprochables , et l'on parut généralem^ent satisfait, de
l'usage qu'il fai^oit de sa suprématie. Les évéques dé-
possédés affectèrent d'abord ime entière résignation ,
se souvenant du cri qui s'étoit élevé en leiir faveur
parmi le peuple lors de la persécution qu'ils; avpient
éprouvée sôus le dernier gouvernement, et espérant la
même consolation dans leur infortune actuelle; mais,
quand ils virent la nation indifférente à leur égard , ils
eurent recours aux argunfents et à la déclamation. Leur
savoir et leur ressentiment se débordèrent dans une
foule d'écrits imprimés , dont aucun ne fut laissé sans
réponse par leurs adversaires. Les non-assermentéa
soutenoient que le christianisme étoit la doctrine de, la
croix '^ qu'aucun prétexte ne pouvoit justi&er le soul^
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1691
iti6 NtStOUft t' AiiGLÈT tUkÈi
' vement contre le souverain ; ils disoient que lés pi'ë'
œiers chrétiens ^voient regardé comme un devoir de
souffrir des attentats à leurs droits ; que là non-résis*
tance étoit Ih doctrine de Tégiise anglîoané, confirmée
par tomes les sanctions qui dérivoient des lois diiriae^
et hutnaioes. Leurs cidversaires non seulement soute-
noient les droits naturels à tout botntne, et s*efiforçoient
d'étabËT que lueage qû*on ftiisbit de la dot^trine de non-*
l-éÂstaAce ne tendoit qu*à etciter de nouveaux trou*
^les ; mais ils arguôient encore qM si Tobéissance pas-
sive étoit d« droit en certaines occasions, elle devoit
particuliôrement s'appliquer au goùvemement présent^
attendu que Vd^éisSance prescrite par rÉcritûre ^n^ lé
texte suivant , les pùwoirs sanx étabUs de Dien j t/ue tmd
hxfmme sok sùùmis aux pouyùirs ^ éfoit ind^nie , ils infé^
roient de ce texte que les nouveaux serments dévoient
être prêtés sans scrupnle, prétendant que ceux qui
les refusoient eachdient l'esprit de parti sous les vain»
dehors d'un devoir de o^nsdence. Ces derniers répli^
quoient que eet ai^uttent détruisoit totites distinctions
de joftice et tde devoir; que les défenseurs d'une telle
doctrine ne considéroîent que la possession^ quelque
injustement quelle eût pu être acquise ; que si vingt
usurpateurs se suecédoient sur le trône, ils reconnut-
troieut toujoiirs le dernier, sans égard aux serments
solennels qu'ils auroienc prêtés à son prédéciesseur; ik
nioient ensuite la justice des destitutions relativement
aux liâfqneSy et fiifsoient, pour le gouvernement dc^
fé^ise^ les mentes distinctions de liroît et de fait qu'ila
avuîeut d'abotid établies pour Fadministrâtion civile. Ils
descendirent même jusqu'aux plus outrageantes invec-
tives contre le docteur Tillotson et les autres tiouvemix
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OtILLAUME III Et MARIÉ. li'f
4véques , qu'ils traiioient d'intrus et d'usurpateurs. •*-*-;*— ^
Mais le principal objet de leur aversion étoit le docteur
Sherlock y qui, après s'être montré l'un des plus ar-
dvnts antagonistes de la révolution, avoit fini par
prêter le sernent, dès que Jacques eut abandonné
l'Irlande. Us le qualifioient d'apostat, et ils publièrent
un examen de toute sa conduite, examen qui n'étoit
cl'nn bout à l'autre qu'une violente satire. Des sentie
neots de vengeance contre le gouvernement se mé-
loient à leurs attaques contre les particuliers; et le
grand but de leurs théologiens, comme de leurs po-*
Kuques, étoit de saper les fondements du nouvel ordre
de choses. Dans la vue de détadber le peuple du prince
régnant, ils tournoient en ridicule }e caractère de ce der^
nier, ne cessoient d'invectiver contre ses mesures, et,
«n l'accusant de sacrifier les intérêts de l'ÂDgleterre à
ceux de son pays natal, êtablissoient d'odieuses com*'
poraisons entne le dernier régne et le régne actuel^
sous le rapport- de la richesse, du commerce et des im-'
pots. La cour, afin de déjouer les efihrts des mécon-
tents ^ employoit les moyens de récriminatîan. On
accueillit^ on encouragea toute espèce de denoadar
teurs; dans une prodamation xcmtre les papistes, et
autres individus peu fevorables au nouveau, roi, oo
enjoignit à tous les magistrats de Caire des recherches^
et d'arrêter quiconque, par des discours ou des libelles
séditieux, tent^roit de diffamer le gouvernement. Ce
fut ainsi que les auteurs de la révolution commencèrent
à se dédarer contm les mêmes arti^ces et les mêmes
manoeuvres qui les avoient mis en état de Texécnter.
La cottdnîte des prediiytériens d'Ecosse fut si dérai-^ Affaire»
sotinahle, si tiolente, $i tyrannique, qu'elle les rendit
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}â8 HlStailHE Û^ANGLÊTÈftRÈ;
*' "' ' ■■ également odieux et méprisables. Leur assemblée Qene*
^^* raie mit dans ses actes tant de dureté, de partialité et
dmjustice, que le rdî fut obligé de la dissoudre , et en
convoqua une nouvelle pour le mois de novembre dé
Tannée suivante. Le parti épiscopal promit d'entrer
avec sincérité dans les intérêts du nouveau gouverne-
ment^ de contenir les montagnards^ et d'amener le
clergé à feconnoitre et à servir le roi Guillafume, pour-
vu que le pouvoir^de Melvil fût tellement contrebalancé
qu'on pût être à l'abri de l'oppression, et qu'il fût per-
mis aux ministres du parti épiscopal de remplir leur
ministère auprès de ceux qui leur étoient attachés. Le
roi, las des presbytériens, accéda à ces propositions^
et le jeune Dalrymple, fils du lord Stair, fut adjoint à
Melvil en qualité de secrétaire d^état. Il entreprit de
gagner la plupart des jacobites^ dont un grand nombre
prêtèrent les serments ; mais ils n'en continuèrent pas
moins leur correspondance avec la cour de Saint-Ger^
main^ et ce fut d'intelligence avec elle qu'ils se soumi-
rent à Guillaume, afin de pouvoir servir Jacques plus
efficacement^ Une proclamation ajourna le parlement
d'Ecosse au 1 6 septembre. Des précautions furent prises
pour prévenir toute communication dangereuse avec le
continent; et un comité fut nommé pour mettre le
royaume en état de défense, exercer l'autorité d'une
régence, et s'assurer des ennemis du gouvernement ^
le comte de Home , sir Pierre Fraser et sir OEneas Mac-
Campa- phersou furent en conséquence arrêtés et emprisonnés*.
^ul^^ Guillaume n'eut pas plus tôt réglé les opérations d«
la campagne survante en Irl9nde, où commandoit le
général Ginckle, qu'il équipa sa flotte, en se procurant
des matelots par la presse^ au grand préjudice du con^
mercer Alors, laissant de nouveau le gouvernement
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ûtTiLtÂUMË ni tt MÀAiË. tng
enti'e les m^ins de la reiile, il repassa en RoUandè) ■' ';
accompagoé du lord Sidney, secrétaire d'état, ainsi que *^ *
des comtes de Marlborougn et de Portland^ et commença
ses préparatifs pour faire la catnpagne en personne.
Le i3 mai le duc de Luxembourg » après avoir passé
TEscaut, à la tête d'une nombreuse armée, s empara
de Halle,.qu'il livra au pillage, à la vue des confédérés,
obligés eux-mêmes de se tenir à couvert dans leurs re-
tranchements. Le marquis de Boufflets, avec un corps
UQmbreux, fit de son côté des retranchements devant
Liège, dans le dessein de bombarder cette place. Guil-
laume prit au commencement de juin le commande^
ment de Tarmée des alliés, qui avoit été si bien ren-
foroée qu'elle se trouvoit alors supérieure à celle des
ennemis. Il détacha aussitôt le comte de Tilly, avec dix
miileihpmmes , pour aller au secours de Liège, horrible*
ment endoinmagé par les bombes , le canon et les atta-
ques réitérées de BoufBers, qui, à son approche, se re*
tirasà Dinant. Dès que le siège eut été levé, Tilly jeta un
corps de troupes dans Huy, et rejoignit ensuite Tarmée,
encore grossie, depuis son déparé^ de six mille hommes
de Brandebourg, et de dix mille Hessois, commandés
parle landgrave en personne. La vigilance de Luxem-
bourg fut telle que Guillaume ne put profiter de sa su-
périorité. Inutilement il épuisa tout son art en mar->
ches , contre-marches , et stratagèmes de toute espèce >
pour attirer Luxembourg à une action générale. Lé
maréehal Tévita constamment avec une adresse qui dé-
concerta tous ses efforts. Les deux armées furent deux
fois en présence dans cette campagne, mais placées de
manière que Tune ne pouvoit attaquer Tautre sans un
désavantage manifeste. Pendaat que Guillaume étoit
II. o
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l3o aïStOiB.E »*ANGLÈTEâftï:.
' campé à Court-sur-H^Ure, un soldat, gagné par Veh*
^ ' nemiy mit le feU aux daéches de plusieurs bombes, doat
TexplosioB eût £ait saater tout le magasin et. produit le
plus graad desordre idaiis larmée, sans le courage et
la présence d esprit de ceux qui étoîent confiais à la
garde de Taftillerie. Au moment même où les mèches
brûkâeiit y ils dégagèrent les chariots de ta Hgncf , et les<
tournèrent vers une tiautèur, en sorte que la commu*
nication du feu fut interceptée. L'auteur de cet atten-*'
tat fut découvert ; il avoua qu'il avoit été séduit par k
duc de Luxembourg, fut jugé par une cour martiale, ef
subit la mart due a^x traîtres. Guillaume quitta Court'-
sur-^Heure et demeura. <;ampé dans la plaine de Saint*^
Girard > jusqu'au 4 septembre ^ consumant les fourra-
ges et épuisant lie pays. Il passa alors la Sambre, près
de J^mmapeé, tafidi€| que «les François la passoient à
Labussière» et jLe&deux ar^bées marchèreat vers En-
ghien. L'ennemi, se voyant ^ près des confédérés, sê
porta à Gramont, passa la Dendre, et s'établit danè
un camp fortifié entre Ath et Oudenarde. Guillaume
suivit la méiifte routQi^ ^ marqua le sien entre Atb el
Lenze. Il teno^it cette position quand les troupes de
Hesse et celles die Liège , au nombre d'environ dix-huit
mille hommes ,y se séparèrent de l'année, et passèrent
la Meuse à .^amur. Le m revint alors à La Haye, lais-
sant le commandefuettt au prince de Waldeck, qui, le
20 du mois, se mit gr marcbe vers Gandbnon. Luxem-
b^urgy qui suivoit tous ses mouvements d'un œil atten*
«if, réussit à l'attaquer si inopinément dans sa retraite >
que son arrière-gjarde fut surpnse et battue; mais les
François furent ensuite obligés de se retirer. Le prince
continua sa Toute, et peu de temps après les deux a!>
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GHttt^VMiS iU ET UAtlté t.3t
liées prirepl: hur^fjornijen à*imer^ Bur ces eotneiaiieê ■
le duc dç STosiiile^ assiégea <et ptit Urgel «n Catalogne, ^^^'
et uaç e&cacirp Françoise, mus les ordres dn oomte
d'Ëslréos., booibaixlaitareeloiieetAlicaDt».
Q96Â^tie les aH^féàété9 «Mdseot nésol* d'agir vîgou- Affairet
DettS9ttei»t p0o)tneie9 Frasçc^ en Italie « la saison étoit p^^^^gt.
déjà aV'aocée , sans qu ik Aisseai (en MMure de tenir la
ciaaf)ûgiie« L'^ocapei^ur et r£sf>a^De éftoieBt oonveojus
de fetfrnjir des tumpes <(ui pudseAt &e réunir an duc de
Savoie. Les f)u4ssaaOes marilîaieB ^donAèrenft leur cpn*
ti^geiU en .argent ; r^Ieolevr de Ba^^e fiât chargé du
OQOWBaiideioent en chef des troupes impériales dans
ce payis. lue m^f^qtiis ide Leganez, gouverneur du Mila-*
aeis., a^it p^Mir le roi d'Espagne; Je duc de Scbomberg,
fils du grand capkaiae qw .av(»t pendu la vie à la ba-
taitte de |a fioy«e, et nOttvdHenieiit créé duc de Leins^
ter, nepr^enta Gtuîllauine , tant oomme roi d'Angle^
tarife qxie comwe stàtbouder, et conamanda un corps
de Vaadoi^ à !u solde de TAngl^firre. Avant que les au»-»
liaif^s aUemands fussent arrivés, les François avoient
beau0oi:^.£^«té à leurs iConquétes.Catinat, après s'être
emparé de Villefrandbe., et de iplusieurs autres forts ,
f6i Vittwa et Canna gncde, e( détacha le uiarquis de
Feuquières >pour ûavestirConi, place très forte, et dé-
fendue par une garnison de \^audais .et de François ré'-
fugiés. Iieiluc de Satmie se trouvait réduit À >la<aEtuatioii
la fi^&» i^^hduse. Presque toutes aes pjaœs étoient au
pouvoir ilel ennemi ; €oni étoit assiégé; etLathoguette,
marédial-de-camp françois , avoit .forcé ié passage .de la
vaUée d'/Aoste , ensorte que le VerceUIois /et les confins*
du Milaneasrlusi'éAoieiit ouverts. Turin fot menacé d'un
bo<nbardeioent; le peuptle découragé jeloit de grsuids
9'
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lîi msToiBE d'angleterre.
" '■ " cris ; et le souverain , de la hauteur de Montcallier, où
" * il campoit avec sa petite armée, voyoit prendre ses
places et détruire son palais de Rivoli. Le duc de
Schomberg Fexhortoit à livrer bataille à Catinat , dont
rarmec étoit alord diminuée par les détachements ; le
prince Eugène appuyoit cet avis ; mais il fut vivement
combattu par lé marquis de Leganez, qui craignoit , si
le duc étoit défeit, que les ennemis n'entrassent sur le
territoire de Milan. Cependant le prince Eugène, ayant
entrepris de déHvrer Coni, se dirigea vers cette place
avec un convoi escorté de deux mille cinq cents hom-
mes de cavalerie, et fut renforcé à Magliano par cinq
mille hommes de mihce. A son approche, Bulonde, qui
commandoit au siège, se retira avec tant de précipita-
tion qu'il laissa derrière lui plusieurs pièces de canon,
une partie du bagage militaire et des provisions, ainsi
que les malades et les blessés. Il n'eut pas plus tôt joint
Catinat qu'il fut mis aux arrêts, et ensuite honteuse-
ment cassé. La Hoguette abandonna la vallée d'Aoste;
Feuquières fut envoyé avec un détachement pour rele-
ver la garnison de Casai, et Catinat se retira avec son
armée du coté de Villa-Nova-d'Aste.
Élection Le ministre Louvois fut si affecté du mauvais 'succès
nouveau ^^^ François devant Coni, qu'il ne put retenii* ses lar-
paj»e. mes en portant cette nouvelle à Louis XIV, qui Tapprit
avec beaucoup de calme. La retraite des François du
Piémont eut une grande influence sur les délibérations
du conclave assemblé pour l'élection d'un nouveau
pape, à la place d'Alexandre VIII, mort au commen*
cément de février. Malgré le crédit et les mouvements
du parti françois , qui avoit pour chef le cardinal d*Es-
trées, les Italiens, voyant les affaires du Piémont prenr
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(HJ^LLAITME lïl ET MARHS. .l53 /
<lre une meilleure tournure, firent cause commune avec — :~^
le parti, des Espagnols et des Impériaux ; et le cardinal
Pignatelli, Napolitain^ fut élu souverain pontife* H prit
]e nom d'Innocent , en mémoire du dernier pape de ce
nom , dont il adopta toutes les maximes cpmre le mo^
narque francois. Lorsque rélecteur de Bavière arriva,
.à la tète des auxiliaires allemands , les confédérés réso-
lurent de livrer bataille à Catinat; mais le maréchal
repassa le Pô, et dépéqha des courriers à Versailles
pour demander un renfort- Alors le prince Eugène in-
vestit Carmagnole, et le siège fut poussé avec tant de
vigueur que la garnison capitula au bout de <Mize jours.
Pendant ce temps le marquis d'Hocquincourt entreprit
de se rendre maître de Montmélian. La ville se soumit
sans résistance ; mais le château se défendit si bien que
Catinat crut devoir y marcher en personne, et, malgré
tous ses efforts, la place tint jusqu'au â décembre >
qu elle se rendit à des <;onditions honorables.
Il ne s^ passa cet été rien d'important sur le làhm. Succès do
Les François voulurent surprendre Mayenocrau moyen reur^*
d'une correspondance avec un des commissaires de contre les
1, ' . , • /• 1 ^ î Turcs.
1 empereur; mais leur tentative fut découverte, et le
dessein échoua. L armée impériale, sous les ordres de
rélecteur de Saxe, passa le Bhin, dans le voisinage de
Manheim. De leur côté les François, Tayant passé à
Philisbourg, réduisirent la ville de Portzhéim, dans le
marquisat de Bade-Dourlach. La mort de Télecteiu- de
Saxe, q^ui eut lieu le 2 septembre,, prévint Texécution
du plan que lempereur ayoit formé pour cette campa-
gne. Il fut plus heureux en Hongrie, où les- Turcs fu-
rent complètement défaits , sur les bords du Danube ^
par le prince Louis de Bade. Les Impériaux assiégèrent
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l34 HISTOIKE D'AîTÔLETltftRE,
• ^nsuke Grand-Waradin en TransyWame j mais lé éiège
'"U'î fut converti en blocus , et k place M se reodil qu'an
printemps suivant : les Tnrâ» furent tetléfiient. déeoçH
rages par leur défaite , qtii avoit coûté la vie à )ear
grandrvisirf cpie Feiiipereiir aaroit p>ii faire la paix à
des conditions très avanlageoses : mais sott orgueil et
son ambition hii firent pousset les choses trop loin^
Foible, vain et superstitieux , il se flattoit que, la guerre
d'Irlande étant près d'être terminée, )e i%î Gnitlatime,
avec le reste des alliés, seroit en état sans lui d'abaisser
la France, et que non seulement la Tr^msylvanie seroit
entièrement conqtdse, mais qu'il poanroit même porter
ses armes victorieosesjusqu'à Constantinople, confor-
mément à je ne sais quelle prophétie ridicule, dont il
repaissoit sa vanité. Le gouvemeinent espagnol étoit
tombé dans une telle foibtesse, que, pour s'épargner
les frais de la défense des Pays7Bas, il offrit de les
céder au roi Guillaume, soit cc/mme roi d'Angleterre,
soit comme stathouder des Provinces-Unies. Guillaume
déclina cette offre , sachant bien que le peuple de cette
contrée ne supporterait jatnais un gouvernement pro-
testant; mais il proposa aux Espagnols de confîérer
l'administration de la Flandre à l'électeur de Bavière ,
impatient de signaler son courage, et en^état, par ses
troupes et son argent, de défendre le pays. Cette pro-
position, agréée de la cour d'Espagne, fut transmise
^ par Tempereur à l'électeur de Bavière, qui n'hésita pas
à Taccepter, et qui fut aussitôt déclaré gouverneur des
Pays-Bas par le conseil de Madrid. Guillaume, après
son retour de l'armée, demeura quelque temps à La
Haye pouV réguler le$ opérations de lai campagne sni-r
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OtfILLAUME lil ET MARIE. l35
vante, et s embarqua ensuite pour rApglctérre, où il — ,
arriva le 19 octobre.
Avant den venir aux affaires du parlement, il egt Affair€ii
nécessaire d'entrer dai|fcs le détail de ce qui a'éloit passé <1'1»^^»**«'
en Irlande. Au €OiiiiQi0ncement de la «aison \e rxà de
France aveât envoyé pour les Irlandois à Limerick un
convoi considérable de provisions^ de musitioas et
d'équipements, soua la conduite de M. de Saint-I^utb,
qu^accompagnoient un assez grand novifare d'<»fBcters
françois, munie de commission^ du roi Jacques, quoi- '
que d'ailleurs tous les ordres fussent donnés par Saint*
Bpth , au nom de Louis XIV. Tyrconnel étoit arrivé, au
mois de janvier, avec trois frégates et neuf vaisseaux
chaînés de secours de même nature, san3 quoi les irlan.
dois n'auroient pu rester si long- temps réunis. Ces se-
cours ne les avoiént pas empêchés de former des bandes
séparées qui pilloient le pays. Les lords justiciers, de
concert avec le général Ginckle, avoient pris toutes
/les mesures que pouvok suggérer la prudence pour
apaiser les troubles de cette malheureuse contrée, et
faire cesser les violences et les rapines dont les soldats
de Guillaume n étoient pas entièrement innocents. Ils
avoient publié des proclamations portant les peines les
plus sévères contre quiconque soutiendroit ou recèle-
roit les coupables. Ils promirent en même temps leur
protection aux papistes qui vivroient paisiblement dans
une étendue de pays déterminée ; et Ginckle notijBa aux
catholiques quHl étoit autorisé à trs^iter avec eux , s'ils
étoient disposés à rentrer dans le devoir. Avant que les
armées se missent en campagne il y eut entre les diffé-
rents partis plusieurs escarmouches, au grand désa^-
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l36 HISTOIRE D'ANGLETERRE.'
"^ — vantàge des Irlandois,' dont le courage fut presque
^ * abattu 9 taxidis que celui des jLuglois augmentoît à pro-
portion,
Saint-Ruth et Ty rccmiiel furent joints par les diverses
bandes; et le général Ginckie fïit de son côté renforcé
par Mackay, à la tête des troupes qui avoient réduit les
montagnards d'Ecosse, Au commencement de juin il se
dirigea de MuUingar sur Ballyiâore, que tenoit une
garnison commandée par le colonel Bourke. Ce dernier,
«ommé de se rendre, fit une réponse évasive; mais,
quand les assiégés virent la brèche ouverte et les pré*
paratifs commencés pour un assaut général, ils mirent
bas les armes, et se rendirent à discrétion. Ginckie,
ayant fait réparer et augmenter les fortifications de
Ballymore, y laissa une garnison, et s'avança contre
Athlone, place située sur le Shannon, et soutenue par
l'armée irlandoise, campée presque sous ses murs. La
partie de la ville en-deçà de la rivière, c'est-à-dire la
ville angloise, fut emportée l'épée à la main, et l'en"
nemi rompit dans sa retraite une arche du pont. Des
batteries furent élevées contre l'autre partie, dite là
ville irlandoise, et l'on fit plusieurs tentatives infruc-
tueuses pour forcer le passage du pont, qui fut très
"bien défendu. Il fut alors arrêté, dans un conseil de
guerre, qu'un détachementpasseroit à gué, un peu au-
dessus de la partie gauche du pont, quoique la rivière
fût à*la-(fois profonde et rapide, que le fond en fût fan-
geux et rocailleux, et que cet endroit fût gardé par un
bastion; Ginckie mettoit sa principale espérance dans
soixante grenadiers à cheval, munis d'une forte ar-
mure, et conduits par le capitaine Sandys et deux lieu^
tenants. Ils étoient secondés par un autre détachement j^
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GUILLAUME III ET MARIE. iSy
et soutenus par six bataillons d'infanterie. Jamais en-;
tre'prise plus hasardeuse ne fut exécutée avec plus de
valeur. Ces braves passèrent sur vingt de front , en face
de Tennemi, et à travers une grêle de balles, de bou-
lets et de grenades. Ceux qui les suivoient s'emparèrent
du pont, et jetèrent des madriers sur l'arche rompue*;
des pontons furent établis en même temps pour que
l'armée passât en plusieurs endroits. Les Irlandois, in-
terdits, confondus, abandonnèrent la place, qui , en une
demi-heure, tomba au pouvoir des' Anglois, sans que
ces derniers eussent perdu plus de cinquante hommes
dan» l'attaque. Mackay, Tetteau et Ptolemache firent
preuve du plus .grand courage en traversant la rivière;
et le titre de comte d'Athlone fiit la récompense de
la conduite, de l'intrépidité et du suocès du générai
Ginckle dans cette circonstance. /
iiorsque Saint -Ruth fut averti par un exprès que tes
Anglois étoient entrés dans la rivière, il refusa de ie
croire, et Sarsfield insistant sur l'exactitude de cet avis,
et le pressant d'envoyer du secours à la ville, il se
mocqua des craintes de cet officier. Quand il ne put
douter que les Anglois ne fussent maîtres de la place,
il envoya quelques détachements pour tâcher de la re-
prendre ; mais le canon de leurs propres ouvrages fut
tourné contre eux; et l'entreprise ayant été jugée im-
praticable, l'armée irlandcûse décampa la même nuit.
3aint-Ruth, après une marche de dix milles,, prit poste
à Aghrim; et dès qu'il eut augmenté son armée de
vingt-cinq mille hommes tirés des garnisons , il résolut
de hasarder une action décisive.
Ginckle, ayant mis Athlone en état de défense, passa
^ le Shaonon, et marcha contre l'ennemi aipc la résolu-
ICÇ)!.
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l38 HISTOIRE DANGLETEtBE.
■"~~"~" tion de livrei' bataille, quoique ses forces ne s eleva»-
^^'' sent pas au-dessus de dix-huit mille hommes , et que
les Irlandois occupassent Une portion très avantageuse.
Saint-Buth fit d admirables dispositions, et prit toutes
les précautions que peut suggérer Thabileté miUtaire.
Son centre s'étendoit le long d'un terrain élevé, inégal
en plusieurs endroits^ entrecoupé de hauteurs et de
fossés, avec des lignes de communication, et protégé
en avant par une large fondrière presque impraticable.
Sa droite étoit fortifiée par des retranchements, et sa
gauche défendue par le château d'Aghrim. Il adressa à
ses troupes la harangue la plus propre à les animer,
conjura les Irlandois de déployer tout leur courage
pour la défense de leur sainte rehgion , TextirpaticNa de
rhérésie , le recouvrement de leurs domaines et de leurs
biens, et le rétablissement d'un roi plein de piété, dé^
trôné par un usurpateur étranger à tout sentiment na-
turel. Il fit appuyer ses exhortations par les prêtres,
qui promirent les prières de leglise et les récompenses
du ciel à ceux qui périroient dans le combat. On pré*
tend même que les soldats jurèrent sur reucharistie de
ne point abandonner leurs drapeaux , et qu'il leur fiit
prescrit de ne faire aucun quartier aux François béré*-
tiques de larmée du prince d'Orange. Ginckle s^étoit
campé du côté de Roscommon, sur la rivière Suc, à
environ trois milles des ennemis. Après avoir recomtn
leur position il résolut, sur l'avis du conseil de guerre,
de les attaquer le dimanche 12 juillet. L'armée ayant
passé la rivière à deux gués différents, et sur un pont
de pierre, s'avança au bord de la grande fondrière, et
mit près de deux heures à forcer le passage, afin de
^emparer dm terrain qui étoit au<delà. L'ennemi com-
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\
GritLAUJiifE III ^T MARIK. l3()
bdttit avec fureuF, et la cavalerie fut plusieurs fois "
repoussée, Etifi», a'Vec le secours de qi^elques pièces
de camp^ne, on pénétra par la droite. Le jour éfilt
alors si avancé que le général étoit disposé à remettre
le combat au lendemain , lorsqu'il remarqua parmi les
ennenais quelques mouvements qui lui firent craindre
qu'ils ne décampassent pendant la nuit : il ordonna
donc de reprendre lattaque. A six heures du soir Taile
Ipmche angloise se dirigea contre la droite des Irlan-
dois, qui la reçurent avec tai>t de vigueur que ce ne fut
que par des prodiges de courage et de persévérance
qu'elle put les faire plier; encore ne reculèrent-ils que
pas à pas, Sairït-Huth les voyant en danger d'être rom*
pns, détacha, pour les soutenir, des troupes de l'aile
gauche et du centre, que Mackay ne vit pas plus tôt
dégarnis qu'il ordonna à ti'ois bataillons d'aller les atta-
quer par la gauche, pendant que le centre avançoit à
travers le marais, où les soldats ne pouvwent marcher
qu'enfoncés dans la vase. Après avoir atteint l'autre
bord ils furent obligés de gravir une hauteur hérissée
de haies, coupée de fossés, et défendue par des mous-
quetaires, que soutenoient encore, en plusieurs en-
droits, des escadrons de cavalerie. La résistance des
Iriandois fut si acharnée, que les assaillants furent
repoussés jusqu'au milieu de la fondrière, avec une
perte considérable; ce qui fit dire à Saint-Buth : Je
pousserai les Anglais jusqvLoux portés de Dublin, Dans
ce moment critique , Ptolémache s'avança avec un corps
de troupes fraîches pour les soutenir, rallia les batail-
lons rompus, et recommença la charge avec une telle
impétuosité que les Iriandois reculèrent à leur tour, et
(|ue les Anglois regagnèrent le terrain qu'ils avoien(.
1G91
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i4o msToiRE d'Angleterre.
"~" — - perdu , mais sans qu'il leur fût possible de pousser plus
^ ' loin leur avantage. Mackay, à la tête d'un corps 4®
cÉvalerie et de dragons, marcha pour seconder l'aile
gauche, et commença à faire pencher la victoire en
faveur des Anglois. Le major-général Rouvigny, qui
avoit déployé la plus grande valeur pendant toute l'ac-
tion, s'avança avec cinq régiments de cavalerie pour
soutenir le centre; et Saint -Butb,. qui comprit son
dessein, se disposa à tomber sur lui dans un chemin
creux et fort dangereux, qu'il étoit obligé de passer;
mais il commençoit à peine à descendre de la hauteur
/ de Kircommodon, avec toute sa réserve de cavalerie,
lorsqu'il fut tué d'un boulet de canon : , ses troupes
firent aussitôt halte. Cette perte jeta les soldats dans
un tel découragement, et produisit une telle confusion
que Sarsfield ne put ramener J'ordre, quoiqu'il eût part
au commandement : depuis qu'il avoit été en opposi*
tion avec Saint-Ruth pour l'affaire d'Athlone, ce géné-
ral lui laissoit ignorer ses plans. Rouvigny, ayant passé
le chemin creux sans obstacle, chargea l'ennemi en
flanc, et le fit reculer à grands pas ; le centre, redou*
blant d'efforts, poussa les Irlandois jusqu'au sommet
de la hauteur; et toute leur ligne étant rompue à-la-fois
à la droite et à la gauche, ils jetèrent enfin leurs armés.
L'infanterie prit la fuite à travers un marais, et la ca-
valerie se dirigea vers les hauteurs de Lougbneagh. Les
uns et les autres furent poi^rsui vis, l'espace de quatre
milles, par la cavalerie angloise, qui en fit un horrible
carnage. Il y eut, tant dans le combat que dans la
poursuite, plus de quatre mille hommes de tués, et six
cents de pris, avec tout le bagage, les munitions, l'ar-
tillerie, les provisions^ xm grand nombre d'étendards,
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GUILLAUME III ET MÂRIE< l4l
et presque toutes les armes de Finfanterie. En un mot '
la victoire fut décisive*, et ne coûta pas aux Anglois
plus de huit cents hommes. Les vaincus arrivèrent daiis
le plus grand désordre à Limerick, où ils prirent le
parti.de s'arrêter, dans Tespoird'y recevoir de France
des secours assez considérables pour rétablir leurs af^
faires , ou leur faire obtenir des conditions avantageuses
du roi d'Angleterre. Ce fut là que Tyrconnel mourut de
désespoir, après avoir survécu à son autorité et à sa
réputation. Il s'étoit attiré le mépris des François et laî,
haine des Irlandois, pour avoir conseillé à ceux-ci de
se soumettre au dernier gouvernement, plutôt que
d'achever de se perdre eux et leurs familles.
Aussitôt après cette bataille, des détachements fu-
rent envoyés pour réduire Portumny, Botinachar, et
Moorcastle, points importants sur le Shannon. Dè^
qu'on s'en fiit emparé, Ginckle s'avança vers Galway, .
et somma la place de se rendre. Le lord Dillon et le gé-
néral d'Ussone, qui commandoient la garnison, lui ré-
pondirent par un défi. Ginckle fit aussitôt ouvrir la
tranchée ; on emporta d'assaut un fort qui dominoit les
approches de la ville; six régiments d'infanterie et qua-
tre escadrons de cavalerie passèrent la rivière sur des
pontons : quand le gouverneur vit la place investie de
tous côtés, il se décida à capituler. La garnison sortit
avec tous les honneurs de la guerre, et un sauf-conduit
pour Limerick.
: Ginckle se. dirigea vers cette dernière ville, le seul
poste important qui restât au roi Jacques. Il fit halte à
quatre milles de la place, jusqu'à ce qu^ le gros canon
arrivât d'Athlone. . Instruit que Lutterel, pour avoir
proposé de se rendre, a voit été arrêté par les ordres du
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J%l.
géDéral françois d'U-ssoDe, et condamné à être ftisillé^
U fit déclarer au coBunandant , par un trompette , que ,
91 quelqu^un étoit mis à mort p&ur une propostioa de
cette Batttre^ il .useroit de r^ré6aiUes sur les prison-^
BÎers irlandois. Le 25 août on délogea Veniuaoài de tous
les postes avancés. Le cs^taine Cole, avec une esca-
dre, remonta le ShanDou et fit jeter Tancre à ses fré*
gâtes y à la vue de la viUe. Les batteries comaencèreKit
i jouçr ie .2<$> et il fut foraié une ligne de contre-»
TàUattim : Tarmée irlaodoôse étott alors campée de
r.autre cété de la rivière^ dotiit les gués étoient gardés
par qsKiatiFe régiments de dra^onrs. La viUe étoit près-"
que ruinée par les bombes, et 1 artillerie avoit fait de
larges bnêches, lorsque toutnà-coup «on démonta Jes
canons, on évacua les fmts extérieurs, et Ton fit d'au-«
très mouvements qui semUoient aninosicer la résolii-
tion de jever le siège. La joie des ennemis éclata par
de grandes acdamations ; mais elle ne £uit pas de loa^
gue durée : dans la D%»t les assiégeants se mirent à
jicter un pont de bateaux sur la rivière^ à un mille
au-dessus du camp, et 1 -ouvrage fut terminé a^ant
le jour. "Quand Talarme £m donoiée aux Irland^s, un
corps nombreux de cavalerie et d'infanterie était déjà
passé. Us furent saisis d'une telle coustemation qu*i}^
jetèrent leurs armes et prirent ladite, abismdonHant
leurs tentes, leur baga|^,, >deux piéoes de canon «et un
étendard. Alors on rapprocha le pont de tbatoaux delà
ville, et ^n le fortifia; «on s'assura de teus les gués
et de tous les ^passages ; et lies i>atteries coiitiauèrecit
leur feu sans nslàclie jusqu'au ^Jt du mnevs , où Oinckle
' pnssa la rivière avec une division de i armée et -deux
pièces de canon. Vers quatre iienres après «ndi, les
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(GUILLAUME m ET MARIE. i0
Ibrts qai cMMUâiiidoieQt le pcmt de Thomond furent ~
attaqués par les grenadiers, et emportés lepée à la
main, après la résisU&çe la plas obstinée. Une partie
die là garnison de la ville a voit fait une sortie pour les
SQàitenir; mais elle fut repoussée avec tant d'impétuo^
site que Tofificier françois qui commandoit le cété par
où eue devoit rentrer, craignant que les Angtois ne pé-^
0é<rasseiit péle^méle avec les fuyards, fit lever le pont
et laissa sânsi s«b propres soldats à la merci de Tennemî
i^ictofieux, qui en tua six cents, et en fit deux cents
piisonnieits : un. graad nombre d'autres périrent dans
ieSfaaiiQon.
Alors les Anglois firent un logement à dix pas du LesFran-
pont, et les Iriandois, se voyant investis de toutes friandoU
parts, prircflat le patti de capituler. Le général Sars- obtien-
field et 4e colonel Waliop firent notifier cette déter- "apitula-
minatioa à Scravenmore et à fiouvigny : des otages tion,ho-
Aireat anssitét échdh^és; la négociation s'ouvrit, et
les hostilités cessèrent des deux côtés de la rivière. Les
lords justiciers arrivèrent au camp le premier octobre ;
la capitulaivon fut st|;née «t €xé(»tée le 4 » et on Tétendit
è toutes les places du royaume que tenoient encore les
irlandois. On assnra aux catlx^liqùes romains, pour
l^^xeroice de leur religion, autant de liberté que les lois
^ Tlrlande en comportoient, et qu^ils en avoient eu
sbus le régne de Charles IL Tout citoyen, sans -distinc-^
lion^ fut a{^lé à jouir de la protection des lois et réin-
tégré dans ses biens et privilèges , sous la condition de
ae sounettre au gouvernement actuel, et de prêter
serment de£délité au roi Guillamne et à la reine Marie*
Ob excepta néanmoins certains individus condamnés à
la GCMKSfisï^tioii de leurs biens ou à Texil. Le bénéfice de
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l44 HISTOIRE d'aNGLET£BRE4
"^ cette partie de la capitulation fut étëadu à tous le*
^ ' marchands de Limerick et des autres places, se trcm*
vaut en pays étrangers et n'ayant pas porté les armes
" depuis la déclaratioii de la première année du régne
actuel, pourvu qu'ils fussent de retour dans un délai
de huit mois. Toutes les personnes comprises dans cet
article et les précédents furent déchargées, par un par-
don général, de toute poursuite, arrêt, ou accusation^
pour quelque motif que ce pût être, à dater du com*-
mencement du régne de Jacques IL Afin de calmer la
violence de Tesprit de parti, et d'éteindre les animo-
sites particulières, il fut convenu que personne de part
et d'autre ne seroit attaqué ou poursuivi en justice pour
aucun délit antérieur, et ne seroit comptable pour au*^
cune rente, terre, ou maison dont il auroit joui depuis
le commencement de la guerre. Chaque seigneur et
|[entilhomme , compris dans ces mêmes articles, fut
autorisé à garder une épée, un^ paire de pistolets, et
un fusil, pour sa défense ou son amusement. Il fut
permis aux habitants de Limerick et des autres places
d'emporter leurs effets et d'emmener leurs bestiaux,
sans être assujettis à aucune recherche ou visite, ni au
paiement d'aucun droit. Les lords justiciers promirent
de faire en sorte que tout individu admis au bénéfice de
cette capitulation fût protégé pendant huit mois contre
tout arrêt et exécution pour dettes ou dommages. Us
s'engagèrent enfin à faire ratifier les divers articles par
leurs majestés, dans le même délai de huit mois, et à
fair^ tous leurs efforts pour qu'ils fussent également
ratifiés et confirmés par le parlement. Un autre article
avoit pour objet d'indemniser le colonel Jean Brown,
V dont les biens avoient été saisis et affectés au service
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GUILLAUME III ET MARIE; l4^
de Tàrméè irlandoise parTyrconnel et Sarsfield, quij '
nouvellement créé lord Lucan par le roi Jacques, fut ^ *
alors désigné sous c6 titrer On accorda à tout individu
la liberté de se retirer avec sa famille et ses effets où
bon lui sembleroit, TAngleterre et TÉcosse exceptées;
Les officiers et les soldats au service de Jacques, qui
voudroient passer la mer^ furent autorisés à marcher
en corps jusqu'au lieu de leur embarquement, pour
être transportés sur le continent avec les officiers et •
soldats françois. On leur fournit des passeports et des
voitures par eau et par terre; et le général Ginckle
«'engagea de plus à mettre, au besoin , à leur disposi-
tion soixante -dix bâtiments de transport, avec deux
frégates d'escorte. Il fut stipulé que les provisions et le
fourrage qu'on leur avanceroit seroient. payés à leui'
arrivée en France, et qu'il seroit donné des otages,
comme garantie de ce paiement, ainsi que du retour
des vaisseaux ; que toutes les gariiisons sortiroient , avec
les honneurs de la guerre , de leurs places et forteresses
respectives; que les Irlanddis pourroient transporter
neuf cents chevaux , et que ceux qui aimeroient mieux
demeurer pourroient librement disposer de leurs per-
'sorines, après avoir reinis leurs armes à des commis-
saires nommés à cet effet; que tous les prisonniers de ,
guerre, de part et d'autre, seroient mis en liberté ; que
deux bâtiments seroient fournis par le général pour
conduire eii France deux personnes différentes char-/
gées de la notification de ce traité ; et qu'aucun de ceux
qui voudroient sortir du. royaume n'y seroit retenil;
pour dettes, ni pour aucun autre prétexte.
Telle est la substance de ce fameux traité de Lime^
rick^ CQnsidéré dès lors par les Irlandoiç catholiques»
II. to
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tiS I IHSTO ^E D^ANGLlrTERRÊ.
romains comme la grande charte de leurs libertés d'*
■**0* viles et religieuses» La ville de Limerick fut remise à
Ginckle : mais il tut convenu que les deux armées res*
teroient dans leurs retranchements jusqu'à rembar-
quement des Irlandois , afin de prévenir tout désordre
qui auroit pu résulter de la communication.
Douze Ces concessions, faites à des rebelles vaincus et cou-
ïancTois' P^blcs de tant de rapines et de cruautés, déplurent
c:itholi- extrêmement aux protestants d'Irlande, qui se plaigni-
^m^ins ''ent d'être négligés, et de n être pas dédommagés de
sont leurs pertes, eux qui avoient tout souffert pour leur
transpor- ^ , , • ^ «ii j*
tes en fidélité au roi Guillaume, tandis que lety^s ennemis,
itviisàce. Jqjj|. l'opposition au gouvernement avoit fait répandre
tant de sang, se trouvoient déchargés et même favo-
risés, avec une complaisance toute particulière, par
les articles de la capitulation : ils étoient renvoyés avec:
les honneurs de la guerre, et transportés aux frais duf
gouvernement pour aller combattre contre lui dans le»
pays étrangers ; ceux qui avoient fait partie des bandes ^
véritables brigands de profession, étoient traités hono-
rablemant; le catholicisme, en Irlande, pbtenoit la
sanction royale; enfi^n, par cette capitulation, on ne
tenoit aucun compte des actes à'attainder, on annuloit
les confiscations, ou étendoit les grâces, on laissoit le»
lois sans vigueur.
Guillaume avoit donné ordre à Ginckle de mettre un
terme à la guerre y à quelque prix que ce fût, afin de
pouvoir porter toute son attention et toutes ses forces
»ur les affaires du continent. A peine eut-on signé les?
articles, et échangé les otages, pour en garantir lexé-
cution, qu'environ deux mille hommes de l'infanterie
ii^l^idoise, et trois cents de la cavalerie se mirent en
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élTILtAû^tE III ET MA4iïÉi t^?
mardbé vers Gork, résolus de s'y embarquer pour la •
France, sous la conduite de Sarsfield : mais trois régi-
ments, ne voulant pas quitter le royaume, remirent
leurs armes, et les soldats se dispersèrent et regagnè-
rent chacun leur premier domicile. Ceux qui restèrent
à Limerick s'embarquèrent le 7 novembre pour la
France, sur dès bâtiments de transport de cette nation^
et sous l'escorte d'une escadre Françoise , qui étoit arri-*
Vée dans la baie de Dangle, aussitôt après que la càpi*
tulation eut été signée^ Douze mille hommes aimèrent
mieux s'exiler de leur patrie que de se soumettre au gou^
Vernement de Guillauiue. Ils reçurent à leur abord en
France une lettre de félicitation du roi Jacques, qui, en
les remerciant de leur fidélité, leur assuroit qu'ils ser-
viroient toujours soîis sa direction, et leur annonçoit
que le roi de France avoit déjà donné ses ordres pour
qu'ils fussent équipés et casernes»
La réduction de l'Irlande ainsi consommée , GincWe
revint en Angleterre , où il reçut les remerciements so-
lennels des communes pour ses grands services. Quand
le parlement s'ouvrit le 22 octobre, le roi, dans son
discours , insista sur la nécessité de mettre en mer une
puissante flotte, dès que la saison le permettroit, et
d*entretenir uile armée considérable, tant pour atta-
quer l'ennemi au-dehors , que pour mettre le royaume
à l'abri dé toute insulte et de toute invasion. Il ajouta
que soixante-cinq mille hommes suffiroient à peine à
remplir ce double objet. Les deux chambres présentè-
rent chacune au monarque une adresse de félicitation
sur son heureux retour en Angleterre , et sur la réduc-
tion de l'Irlande. Elles promirent de l'aider de tous
leurs moyens à poursuivre la guerre contre la France*
169K
Asstm'i
blée du
parle-
ment.
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l^S HISTOIRC d'aNGLBTERRBv
■'"' ^ ■* " * Elles témoignèrent en même temps à la reine par d^aiH
109 ïi très adresses leur reconnoissance de sa sage adminis-
tration en labsence du roi. Malgré cette apparence de
cordialité et de complaisance à l'égard de Guillaume ,
un esprit de mécontentement s'étoit insinué dans les
deux chambres , et se trouvoit partagé par Une grande
partie de la nation.
Beaucoup de citoyens amis de la patrie ne pouvoient
voir sans inquiétude et sans ressentiment Tintérêt de
la nation sacrifié à des affections étrangères ^ et les^
HoUandois favorisés avec tant de partialité par le roi
Guillaume y au préjudice de ses sujets d'Angleterre. Ils
observoientque ce prince demandait un bien plus grand
nombre de troupes que l'État n'en a voit jamais entre-
tenu même dans ses dangers les plus imminents; qu'au
lieu de coopérer comme alliés à la guerre du continent,
les Anglois y jouoient le principal rôle, et en portoient
le plus lourd fardeau, quoique ne devant en retirer que
le moindre profit. Ils allèrent jusqu'à insinuer qu'une
telle armée paroissoit plutôt destinée à rendre Guil-
laume absolu au-dedans qu'à le rendre formidable au-
dehors, et les partisans secrets du dernier roi ne man-
quèrent pas d'appuyer ces insinuations. Us appelèrent
de nouveau l'attention sur ce qu'il y avoit de déplaisant
dans le caractère de Guillaume, faisant ressortir son
qrgueilleuse réserve, son humeur taciturne et impé-
rieuse, et sa basse ingratitude , particulièrement en-
vers le comte de Marlborough , qu'il avoit dépouillé de
tous ses emplois , au moment même où. il yenoit de lui
rendre en Irlande les services les plus signalés. On at-.
tribuoit la disgrâce de ce dernier , tant à la liberté avec
laquelle il s'étoit plaint du peu de cas que le roi faisoit
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StJILLAUME IIÏ ET MAKIE. 149
de ses services , qu'aux intrigues de sa femme , qui "
avoi^, disoit-on, profité de son ascendant sur la prin-
cesse Anne de Danemarck pour fomenter la mésintel-
ligence entre les deux sœurs. Les mécontents du paiti
des whigs , furieux de voir décliner leur crédit à la cour ,
unissoient leurs cris à ceux ^es jacobites contre le gou-
vernement. Ils disoient hautement qu on se livroit à
une indigne pratique de Fart de la corruption , pour
s'assurer la majorité dans le parlement ; que le roi étoit
plus jaloux de sa prérogative qu^aucun de ses prédé-
cesseurs , et qu'il n'avoit même pas craint d'admettre
des jacobites dans le conseil, paroequ'ils étoient les
meilleurs instruments du pouvoir arbitraire. €e dernier
reproche faisoît allusion aux comtes de Rochester et àe
Ranelagh , qui , avec sir Edouard Seymour , venoient
d'être appelés au conseil privé du roi. Rochester avoit
de grandes idées de l'autorité royale , et la sévérité étoit
à ses yeîix un des plus puissants ressorts du gouverne-
ment. Avec beaucoup de capacité, il avoit un caractère
violent et une grande inflexibilité de principes. Rane-
lagh, hbmme spirituel et ami du plaisir, étoit doué de
l'adresse la plus insinuante , et capable de traiter les
affaires les plus graves au sein des voluptés et de la dé-
bauche. Il avoit administré les revenus d'Irlande sous
le régne de Charles II , et rempli la place de trésorier-
général de l'armée sous Jacques II , place qu'il avoit
conservée sous le gouvernement de Guillaume. Si^
Edouard Seymour étoit Thomme le plus fier des com-
munes d'Angleterre, et Torateur le plus hardi qui ja-
mais eût occupé la tribune. Il avoit une profonde con-
noissance de la chambre , et savoit si bien pénétrer
phaqae membre en particulier qu'il prévoyoit d'abord
i%a.
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i5o HiSTOïKE d*angleterre;,
'-"T^ — l'issue d*une motion. Il s etoit opposé à la cour avec
^ ' acharnement . et avoit même mis en question la vali-
dité du titre du roi , dont il ayoit en méipe temps cen^
sure la Conduite et critiqué le caractère; ce qui n em-
pêcha pas ce priqce d'en faire son prosélyte , et de
l'appeler au trésor.
Actes du Les communes votèrent trois millions quatre cent
P^"^*^" onze mille six cent soixante-quinze livres sterling , pour
le service de l'année suivante. Mais on différa de déter-
miner sur quels fonds seroitlmputée cette dépense , et
ce retard fut causé en partie par la mauvaise humeur
de l'opposition , en partie par les affaires qui vinrent
détourner l'attention des communes. Les principaux
négociants présentèrent à la chambre une pétition
contre la compagnie des Indes orientales , qu'ils accu-
soient d'abus manifestes , et qui elle-même se défendit
par une autre pétition. L'examen de l'affaire fut ren-
voyé à nn comité. Après une recherche scrupuleuse sur
la nature et le sujet des plaintes , on vota certains rè-
glements relatifs aux actions et au trafic, avec une
adresse à sa majesté pour que , conformément à ces
règlements , la compagnie des Indes fût constituée par
une charte. Le comité fut chargé de rédiger un bill à cet
effet: mais diverses pétitions combattirent cette me-
sure; et les réponses de la compagnie n'ayant pas été
trouvées satisfaisantes , la chambre demanda au roi son
abolition, avec une charte pour une nouvelle compar
gnie. Guillaume répondit qu'une telle affaire intéres^
soit le royaume, qu'il vouloit en faire l'objet d'un exa-
men particulier, et qu'il ne tarder oit pas à donner une
réponse positive. L'attention du parlement fut aussi
détournée par une prétendue conspiration des papist^fti
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GUILLAUME ÏÏI ET MARIE. l5l
dans le comté de Laiicaster, tendante à exciter un sou- 7"^
lO03J«
lévement et à rétablir Jacques sur le trône- On arrêta
quelques personnes, et Ton confronta quelques témoins ;
mais rien de positif ne vint justifier cette information.
Enfin un nommé FuUer, prisonnier du banc-^du-roi ,
ayant offert son témoignage , fut conduit à la barre des
communes y où il produisit quelques papiers. Il ob-
tint des passeports en blaac pour deux personnes ,
qui, disoit-il, viéndroient du continent faire leur dé-
position. Interrogé ensuite en particulier, il affirma
que ces deux témoins étoient le colonel Thomas Déla-
vai, et Jacques Hayes. On fit en conséquence des re-
cherches, dont le résultat fut que les deux personnes
désignées n'existoient point. Fuller, déclaré par les corn»
munes imposteur avéré et faux accusateur, fut, à la
requête de la chambre, poursuivi par le procureur-gé-
néral, et condamnera être attadhé au pilori, sentence
qui fut mise à exécution. '
Un bill relatif aux procès pour cause de haute-trahi-
son étoit resté sur le bureau à la chambre des lords ,
dans la session précédente. Présenté de nouveau dans
celle-ci , il passa à la chambre-basse. Ce bill , dcmt lobjet
étoit de mettre les citoyens à Tabri des rigueurs aux-
quelles ils a voient été assujettis sous les derniers régnes ,
portoit qu'il seroit donné au prisonnier copie de son
accusation et de la liste de ses juges, dix jours avant
l'instruction de l'affaire, et que les témoins à décharge
seroient interrogés sur serment, aussi bien que les té-
moins en faveur de la couronne. Les lords ajoutèrent
une clause portant que, dans tout procès intenté contre
un pair ou la femme d un pair, pour cause de trahison
ou de complicité de trahison ^ tous les pairs ayant
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l6t^ HISTOIRE d'aNOLETERRE.
^^ séance et voix en parlement seroient duement sommés
1ÔQ2.
^ ' d assister au procès , assignation qui auroit lieu vingt
jours avant l'instruction , et que tout pair ainsi assigné
et présent au procès y donnerait sa voix. L'amende-
ment fut rejeté par les communes , et il y eut à ce sujet
des conférences. Ce point fut discuté de part et d'autre
avec une vivacité qui ne fit que rendre chaque parti
plus opiniâtre dans son opinion. Après trois conféren-
ces sans résultat, le bill fut rejeté, les communes ai-
mant encore mieux supporter les abus dont elles se
plaignoient, que de les réformer en accordant aux lords
un nouveau privilège , et les lords de leur côté ne vou-
lant pas accéder à cette réforme sous d'autres condi-
tions. .
Mauvais Le premier objet dont s'occupa ensuite la chambre
Miccèsdes £^^ j^ mauvais succès de la flotte dans la dernière expé-
pottesan- ... . .
gloise et ditiou. L'amiral Russel, qui commandoit en mer , ayant
tfoise" ^'^ joint par une escadre hoUandoise, s'étoit mis à la
recherche de l'ennemi. Mais le roi de France , instruit
que les escadres combinées, plus nombreuses que sa
/ flotte, étoient encore supérieures par l'artillerie, avoit
prescrit à Tourville d'éviter une action. La vigilance et
l'habileté de cet officier déconcertèrent tous les efforts
de Russel, embarrassé d'ailleurs par les instructions
obscures et contradictoires qu'il avoit reçues. Il ne
laissa pas de crois^er tout l'été pour favoriser le com-
merce, et particulièrement pour protéger le retour de
la flotte de Smyrne, sur laquelle les Anglois et les IIol'
landois avoient un intérêt commun de quatre millions
sterling. Après avoir nettoyé la Manche, et parcouru
une grande partie des côtes de France, il retourna à
Torbay au commencement d'août, et reçut ordre de
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GUILLAUME III ET MARIE. l53
remettre en mer, nonobstant ses instantes représen- '"
Cations sur le danger d'exposer de grands vaisseaux aux ^ *
^ros temps, si fréquents à l'approche des équinoxes. Il
se mit donc à croiser de nouveau , jusqu au 2 septem-
bre, qu'une violente tempête le repoussa dans la Man-
che, et le contraignit de relâcher à Plymouth. Le temps
étant devenu peu favorable , il eut beaucoup de diffi-
culté à gagner le Sund. Le vaisseau le Couronnement
coula à fond près le cap de Ram, où il étoit à l'ancre;
le Harwich fut jeté sur des rochers, et périt misérable-
ment ; deux autres navires échouèrent sur la côte , quoi-
que sans beaucoup de dommage : enfin toute la flotte
fut dispersée et réduite à un misérable état. La nation
fit entendre ses plaintes, et attribua ces malheurs à
l'amiral, que les communes assujettirent à une enquête.
Mais l'examen de ses papiers et de ses instructions
ayant prouvé qu'il n'a voit fait qu'obéir ponctuellement
aux ordres qu'il avoit reçus , elles ne poussèrent pas
plus loin cette poursuite , par ménagement pour le mi-
nistère. La chambre donna ensuite son attention à plu-
sieurs lettres saisies sur un vaisseau françois qu^avoit
pris sir Ralph Délavai. On prétend que trois de ces let-
tres étoient de la main de Jacques , et que les autres
étoient scellées de son sceau. Elles étoient relatives au
plan d'un soulèvement en Ecosse et dans les parties
septentrionales de l'Angleterre. Legge, lord Dartmouth
s'y trouvant désigné , avec un nommé Crew , comme
agent de la conspiration , on décréta aussitôt l'arresta-
tion de ces deux individus. Crew se cacha : mais le lord
Dartmouth fut mis à la Tour. Le lord Preston, interrogé
§ur quelques chiffres dont il ne put expliquer le sens,
soutint qu'il étoit étranger à cette affaire, et fut néan-
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169a.
l54 HISTOIRE d'aNGLETEKRE.
moins emprisonaé à Newgate, où il ne resta pas long-
temps , ayant obtenu son élargissement. Les fonds pour
les revenus de lannée suivante furent ensuite fixés,
après quoi on passa plusieurs actes relatifs à des règle-
ments domestiques. Le 24 février , le roi ferma la session
par un discours de peu d'étendue , où il remercia le par-
lement des marques d affection qu'il lui avoit données,
en lui accordant des subsides considérables , et lui an-
nonça son dessein de repasser bientôt sur le continent.
Les deux chambres s'ajournèrent alors au 1 2 avril , et
furent ensuite prorogées au 29 mai par une proclama-
tion (i).
Le roi On avoit su si mauvais gré au roi de sa condescen-
fenteTes ^ancc à l'égard des presbytériens d'Ecosse, et il était
presbyte- si mécoutcut de Cette secte opiniâtre , qu'il prit le parti
d'introduire quelques épiscopaux dans l'administra-
tion. Johnston, qui avoit été envoyé auprès de l'électeur
de Brandebourg , fut rappelé , et nommé l'un des secré-
taires d'état en Ecosse. Melvil , qui avoit perdu beau-
coup de son crédit , fut fait garde du petit-sceau dans
ce mén^e royaume ; Tweedale fut créé lord-chancelier ; .
CraMrfurd conserva la présidence du conseil , et Lothian
fut nommé grand -commissaire. Le parlement, dans
lequel on n'avoit pas ehcore beaucoup de confiance , fut
ajourné au 1 5 avril ; et le clergé épiscopal fut appelé à
prendre part au gouvernement de l'église. Ces mesures ,
au lieu de mettre un terme aux divisions , n'eurent
(1) Pehdant cette session le sceau privé fat donne an comte de
Pembroke ; le lord-vicomte Sidney fat nommé lord-lieutenant d'Ir-
lande , et le docteur Thomas Tennison <, qu'on avoit recommandé
au roi comme un théologien dont la modération é(;a1oit la piété,
fut appelé au siège de Lî&coln , Vacant par la mort de Barlow.
riens d'E-
cosse.
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GUILLAUME III ET MARIE. l55
d'autre effet que d'enflammer encore Fanimosité des "
'deux partis. Les épiscopaux, enorgueillis de la faveur
du roi , commencèrent à traiter leur» adversaires avec
insolence et mépris. Les presbytériens, de leur côte,
s'irritèrent de la disgrâce de leurs amis et de la proteôr-
tion spéciale accordée par Guillaume à leurs ennemis.
Us firent valoir l'autorité des lois qui leur étoient favo-
rables , se montrèrent plus que jamais intraitables et
obstinés, refusèrent d'être les coopérateurs des épisco-
paux, et de faire à leur discipline le moindre change-
ment : en un mot ils firent si bien que leur assemblée
fut dissoute , sans qu'on assignât ni l'époque ni le lieu
d'une nouvelle réunion. Les presbytériens se préten-
.doient en droit de s'assembler tous les ans , même sans
convocation du roi, et ils s'ajournèrent eux-mêmes,
après avoir protesté contre la dissolution; ce qui fut
regardé par Guillaume comme un attentat à sa préro-
gative, et lui inspira de Ta version pour toute la secte,
qui , de son côté , commença dès-lors à s'affrancJiir de
tout respect pour sa personne et son gouvernement.
Comme les montagnards n'étoient pas entoré entiè-'
rement réduits ,' le comte de Bréadalbane entreprit de
les gagner , en distribuant à leurs chefs des sommes
d'argent. On lui envoya à cet effet d'Angleterre seize
mille livres sterl. Les tribus écossoises, qui en furent
informées , soupçonnèrent que son dessein étoit de s'ap-
proprier la meilleure partie de cet argent ; et lorsqu'il
leur fit des ouvertures , leurs demandes furent si extra-
vagantes que, jugeant son entreprise impraticable, il
y rencMiça, et renvoya l'argent qu'il avoit reçu, bien
déterminé à saisir la première occasion de se venger de
ceux qui avoient fait échouer sa négociation. Elle avoif
1693.
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l56 HISTOIRE d'aNGLETERRE.
été principalement contrariée par Macdonald de Glen-
coé, dont l'oppo^tion tenoit à une circonstance parti-
culière qui ne paroissoit pas faite pour prévenir un
traité lié si étroitement au bien public. Macdonald ,
dans le cours des hostilités , avoit pillé les terreâ de
Bréadalbane ; et celui-ci vouloit être indemnisé de ses
pertes sur la part que Macdonald d)eYoit avoir à la dis-
tribution des seize mille livres sterling.* Le montagnard
ne se borna pas à rejeter cette demande : mais, aa
moyen du crédit qu'il avoit parmi les tribus , il déjoua
les projets du comte, qui , à son tour, jura de le perdre.
Une proclamation de Guillaume avoit offert le pardon
à tous ceux qui , ayant porté les armes contre lui , se
soumettroient et préteroient serment dans un délai dé-
terminé, qu'il étendit ensuite jusqu'à la fin de Tannée,
en déclarant que tous ceux qui persisteroient dans leur
rébellion, le mois de décembre expiré, seroient punis
par l'exécution militaire. Macdonald , effrayé d'une
telle déclaration , se rendit le dernier jour du mois au
fort Guillaume , et demanda que le colonel Hill , gou-
verneur de cette place, reçût son serment. Mais cet
officier n'étant pas revêtu du pouvoir d'un magistrat
civil, ne voulut pas se charger de cette formalité, et
Macdonald se mit aussitôt en marche pour Inverary,
maison de campagne d'Argyle. Il ne puty arriver qu'un
jour après le terme de rigueur. Il s'adressa à sir Jean
Campbell , shérif du comté , qui , eu égard au refus qu'il
avoit éprouvé au fort Guillaume , reçut son serment et
celui de ses adhérents. Dès4ors , plein de confiance dans
la protection du gouvernement qu'il venoit de recon-»
noitre d'une manière solennelle , il regagna sa demeure
dans la vallée de Glencoé.
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GUILLAUME III ET MARIB. ^ iSy
Mâcdonald avoit été représenté à la cour par son ,
ennemi comme un rebelle incorrigible , comme un mi- "^
sérable accoutumé au sang et à la rapine, qui n'avoit Massacre
jamais cessé d'être en contravention aux lois , et n'avoit g. **® ,
pu vivre en paix sous aucun souverain. Bréadalbane
assura qu'il n'a voit tenu aucun compte de la déclaratioit '
de Guillaume , et proposa au gouvernement de le sacri-
fier à la tranquillité du royaume , et d'envelopper avec
lui sa famille et ses adhérents dans une exécution mili-
taire. Les autres ministres écossois appuyèrent cet avis;
et le roi , dont la vertu dominante u'étoit pas l'huma-
nité, signa contre ces malheureux un arrêt, d'après
lequel on peut croire qu'il ignoroit encore la soumission
de Mâcdonald. Un ordre pour cette barbare exécution ^
portant la signature de sa majesté, fut envoyé à l'un
des secrétaires-d'état en Ecosse. En conséquence, ce
ministre adressa à Livingstone , qui commandoit les
troupes du royaume , des instructions particulières , où
il lui étoit enjoint de passer au fil de Tépée les habi-
tants de Glencoé , sans faire aucun prisonnier ^.afin de
rendre l'exécution plus terrible. Au mois de février , le
capitaine Campbell , de Glenlyon , en vertu d'un ordre
du major Duncanson , se rendit dans la vallée de Glen-*
coé , avec une compagnie de soldats du régiment de
d'Argyle, sous prétexte d'y lever ce qui étoit dû de cer-.
tains impôts. Mâcdonald ayant demandé s'ils venoient
comme nmis ou comme ennemis, Campbell répondit
que c'étoit à titre d'amis, et promit de ne rien entre-
prendre contre lui et les siens. Sur cette déclaration , le
capitaine et ses troupes reçurent l'hospitalité la plus
cordiale, et vécurent amicalement, pendant quinze
jours, avec les habitants de la vallée. Cependant le
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i58 HISTOIRE D^ANGLÈTEÈRè.
**~^ tertoe fatal approcHoit. Macdonald et Campbell, ayant
^ ' passé la journée ensemble , se séparèrent à sept heures
du soir , après les plus vives protestations d'une amitié
réciproque. Le plus jeune fils de Macdonald, s'aperce-
vant que la garde étoit doublée, soupçonna quelque
trahison , et fit part de ce soupçon à son frère et à son
père, qui repoussèrent jusqu'au moindre doute sûr la
sincérité de Campbell. Cependant les deux frères ne
laissèrent pas de sortir en secret pour observer de nou-
Teau. Us entendirent plusieurs soldats se plaindre d'être
employés à une œuvre de barbarie contre les Macdo-^
nalds de Glencoé, qu'ils auroient j disoient-ils, com-^
battus volontiers en bataille rangée, mais qu'il étoif
affreux de massacrer ainsi de sang-froid : du reste,
ajoutoient-ils, leurs officiers étoient responsables de
cette trahison. Aussitôt les deux frères s'en retour-
nent à la hâte pour instruire MacdonaM du danger qui
le menace. Mais ils trouvent la maison déjà investie ; ils
entendent la décharge des mousquets, les cris des fem-
mes et des enfants, et, se voyant sans armes, ils ont
recours à la fuite pour sauver leur vie. Les barbare»
ministres d une horrible vengeance avoient pénétré dans
la chambre du vieux Macdonald , et ce fut là qu'ils re-
gorgèrent entre les bras de sa femme , qui elle-même
mourut le lendemain de douleur et de désespoir. Un
hôte de Macdonald partagea le sort de ce malheureux,
quoiquHl se fût soumis au gouvernement plus d'un
mois avant le terme prescrit , et qu'il eût sur luî uû
acte qui devoit lui servir de sauve-garde. Un enfant de
huit ans s'étantjeté aux pieds de Campbell, et offrant
de se mettre pour toujours à son service, s'il vouloit lui
sauver la vie , fut frappé au cœur dans cette posture
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Guillaume m et marïe. i5gi
par un officier subalterne. Ce monstre se nommoit '
Drumœoud. Trente-huit personnes , surprises pour la
plupart dans leurs lits , furent ainsi égorgées, sans
v^u^on leur laissât un seul instant pour implorer la mi-
séricorde divine. Les assassins dévoient mettre à mort
tous les habitants mâles de cette vallée , au-dessous de
soixante-dix ans. Le nombre de ces derniers s elevoit à
deux cents. Mais quelques uns des détachements com-
mandés n^étant pas arrivés assez tôt pour s'emparer des
paisages , il en échappa cent soixante. Après cette hor-
rible exécution , Campbell fit mettre le feu à toutes les
maisons , enlever tous les effets et emmener tous les bes-
tiaux de la vallée , laissant les femmes et les enfants de
ses victimes sans vêtements, sans nourriture et sans
abri , au milieu des heiges , et à une distance de plus de
^ix milles de tout endroit habité. Pénétrés d'horreur et
de désespoir 9 plongée dans les ténèbres de la nuit, en-^
gourdis par le froid, et croyant sentir à chaque instant
le fer assassin qui venoit de leur ravir pour toujours
leurs amis et leurs parents, ces infortunés ne purent
soutenir cet excès de misère , et succombèrent tous
avant d'avoir pu trouver le moindre secours.
Ce massacre abominable, exécuté sous la sanctioa
de Tautorité du roi, produisit l'effet immédiat qu'en
attendoit la cour, en imprimant la terreur aux monta-
gnards jacobites : mais en même temps il excita Thor-
reur de ceux qui n'avoient point encore abjuré tout
sentiment d'humanité, et rendit le gouvernement l'ob-
jet d'une profonde aversion / qu'il ne parvint jamais à
détruire entièrement. La relation en fut publiée à P'aria ,
non sans quelque exagération y et les jacobites pe man-
quèrent pas de s'étendre sur<:haque circonstance, soit
1692.
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tfiô ÉISTOIRÉ d'ANGLeITEBRë:.
•*«»-^ — ^ dans leurs écrits, soit dans leurs eonversatioûs. Alâf-'
^ ' mé du cri d'indignation qui s'éleva de toutes parts, le
' roi donna ordre de faire des informations, et priva de
sa place le secrétaire d'état d'Ecosse , qui avoit donné
les instructions pour le massacre. Il prétendit même
qu'il avoit signé l'ordre avec une multitude d'autres-
papiers, sans en prendre connoissance ; mai», comme
il ne punit pas sévèrement ceux qui avoient fait servir
son autorité à leur cruelle vengeance, sa réputation en
reçut une flétrissure ineffaçable; et les montagnards^
quoique retenus dans l'obéissance par la terreur, con-
servèrent contre 9a personne et son gouvernement le
ressentiment le plus implacable.
Prépara* Bcaucoup de citoyens, dans les deux royaumes^ sou-^
iifs pour piroient après l'occasion de se déclarer en faveur d»
une des- * * ^
ceote en mouarque banni , qui , très bien informé de tout ce qui
terre? ^ passoit, ne négligcoit rien pour tirer parti du mé-
contentement qui commençoit à se développer. Guil-*
laume, après avoir mis ordre* aux affaires intérieures,
et apporté le plus grand soin à Téquipement .d'^ne
flotte formidable, s'embarqua le 5 mars pour la Hol-
lande, où les états le reçurent avec les démonstration»
an plus vif attachement. Tandis qu'il s'occnpoit à di-
riger la grande confédération ^ Louis XIV voulut pro-
:fiter de son absence pour une invasion en Angleterre,
et parut adopter entièrement les Intérêts de Jacques^
Les émissaires de ce dernier dans la Grande-Bretagne
travailloient dès-lors à disposer la nation à son retour.
Un nomméLant. qui, soupçonné d'être son agent, avoit
été mis en prison , fut assez heureux pour se foire relâ--
cherj et les papistes dn comté de Lancaster le députè-
rent à la cour de Saint*&ermain , pour y annoncer qu^ife
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GUILLAUME IIl ET MARIK* l6l
éCoient en mesure de recevoir leur ancien maitre« Il re- ^
vint chargé de leur donner avis que ce prince feroit
une descente au printemps, et que le colonel Parker et
.d'autres officiers leur seroient envoyés avec d'amplesr
instructions sur ce qu'ils auroient à faire avant et après
l'arrivée de Jacques. Parker passa en effet en Angle-
terre , où il développa aux jacobites le plan de descente
concerté entre Jacques et le roi de Fxance. Il leur as-
sura que leur souverain légitime pénétreroit une se^
çonde fois dans ses états- à la tête de trente mille hom-
mes effectifs^ qui s'embarqueroient à La Hogue, et que
les vaisseaux de transport étoient déjà prépai^és avec
une forte escadre pour les escorter; il kur recom-
manda la promptitude et le secret dans les dispositions
qu'ils feroient de leur côté pour être prêts à prendre
les armes et coopérer au rétablissement de Jacques*
On prétend que cet officier et un prêtre appelé Johnson
entreprirent d'assassiner le roi Guillaume, mais que le
départ de ce prince pour la Hollande prévint leur at-
tentat.
Cependant Jacques adressa à plusieurs lords qui Manifeste
avoient été membres de ses conseils , aussi-bien qu'à j^ ^®
plusieurs dames de distinction, une lettre, où, en leur
annonçant la grossesse de la reine, il les invitoit à se
trouver comme témoins à son accouchement. Il y rap- .
pelôit l'injure faite à sa ^unille et à son honneur par
les perfides insinuations de ses ennemis, relativement
à la naissance de son fils, et se félicitoit d'obtenir de
la Providence une nouvelle occasion de convaincre
d'imposture ceux qui avoient accusé la reine de stéri*
lité. Il terminoit sa lettre en leur assurant, au nom de
$pn frère le roi de France, et en son propre nom , qu'ik ^
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îSa HISTOIRE d'anGLETERBÊ.
' ' auroient une entière liberté de venir à sa cour, et dé
^ * repartir après la délivrance de la reine ; mais personne
ne voulut courir le risque de se rendre à cette invita-
tion. Jacques fit ensuite répandre par ses émissaires un
manifeste imprimé, portant que le roi de France l'avoit
mis en état de faire un nouvel effort pour ressaisir sa
couronne ; qu'il avoit à sa disposition xles forces assez
considérables pour y parvenir sans le secours de ses
sujets ; mais qu'il ne vouloit pas leur ôter la gloire de
. coopérer au rétablissement de leur souverain légitime :
il exhortoit le peuple à se ranger sous ses drapeaux,
lui garantissoit la plus stricte discipline de la part des
auxiliaires, étrangers, et promettoit de les renvoyer
aussitôt après sa restauration. Il déckiroit qu'un grand
nombre de ses sujets n'ayant secondé la sacrilège en-
treprise du prince d'Orange que parcequ'ils avoient été
un instant séduits , il aimoit mieux se confier à la fidé-
lité de l'armée angloise que d'accepter en entier les se-
cours de sa majesté très chrétienne. Près d'opposer la
force à la force, il offroit pourtant , disoit-il, de donner
à ses sujets trompés toute satisfaction raisonnable, et
d'employer tous les moyens de leur ouvrir les yeux sur
les vaines allégations de son adversaire, dont le but n'a-
voit pas été la réforme, mais la subversion du gouver-
nement. Il ajoutent que, trahi par ses ministres, aban-
donné de ses troupes et même de ses propres enfants^
indignement chassé de son palais par d'insolents étran-
gers, il avoit dû pourvoir à sa sûreté en se réfutant
en France; qu'on n'avoit pii considérer cette retraite
comme une abdication, et que la constitution delà mo-
narchie n'avoit été détruite que par une réunion d'indi-
vidus rassemJ^lés illégalement, et n'ayant pas même fe
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GtitLAUMfe lit Et MAfttÉ* l63
droit d'aliéner la propriété du moindre de ôes sujets ; "
qu'il ne doutoit pas que dépuis lors la natioli n'eût , ^ *
porté un jugement impartial de tout ce qui s'étoit pas^
se , et ne se fût convaincue , par lexamen des comptes
et des dépenses énormes de ces trois dernières années »
que le remède étoit pire que le prétendu mal. Il aver-
tissoit son peuple que les commencements de l'usurpa-*
teur seroient sans doute, comme les commencements
de Néron , l'époque la moins odieuse de son régne î
mais que les artisans de l'élévation de cet homme vî-
Vroient assez pour maudire ïeur ouvrage^ et sentir eux-
mêmes le poids d'une tyrannie qui ne tarderoit pas à
se développer; qu'enfin^ en supposant que l'usurpation
6e prolongeât tout le temps de sa vie, il laisseroit à ses
descendants un droit incontestable, qu'ils ne cesseroient
jpas de soutenir ; ce qui exposeroit le royaiime à tous
les maux des guerres civiles : d'après toutes ces consi-
dérations, non seulement il recommandoit à ses sujets,
mais il leur énjoignoit même de se réunir à lui, comm^
l'exigeoient leurs devoirs et, leurs serments ; il leur dé-
fendoit de payer aucune taxe pour Tusurpateur ; il pro-
mettoit te pardon, et même des récompenses à tous
ceux qui rentreroient dans le devoir, s^engageant à
faire passer, dans le premier parlement qu^l convo-
queroit, un acte d'amnistié dont il ne s'eroit excepté
que très peu de personnes qu'il désignoit ; il déclaroit
que tous les soldats qui abandonneroient la cause de
Tusurpatéurj pour se ranger sous ses drapeaux, pou-
voient compter sur le paiement de tout ce qui leur étoit
dû ; et que les trotipés étrangères qui mettroient bas
les armes seroient également payées, et transportée^
dans leurs pays respectifs; il prenoit l'engagement so^»
II.
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l64 HISTOIRE D'ANGLETERRE^
"" " lennel de protéger l'église d'Angleterre et de la mainte
^^^* tenir, conformément aux lois établies, dans tous ses
droits et privilèges, ainsi que dans toutes ses posses^
sions; il proclamoit ensuite la résolution où il étok
d employer tout son crédit, dans un parlement légal,
à faire obtenir à tous ses sujets la liberté de conscience;
ce qui étoit entièrefnent dans Fesprit de la religion
chrétienne » et pou voit seul assurer la prospérité de la
nation. Il consacreroit principalement ses soins ^ disoit-
il encore, à guérir les maux produits par les derniers
troubles, et à relever le commerce en surveillant Texé-
cution de Facte de navigation, violé récemment en fa-
veur des étrangers; il s'appliqueroit à rendre la ma-
rine florissante; en un mot il n^auroit pour but; dans
toute sa conduite, que la grandeur de la monarchie et
le bonheur de éon peuple. Il finissoit en protestai)! de
son entière résignation à la volonté divine^ et en déclii-
rant que tous ceux qui, insensibles au pardon qu'il *
leur offroit, paroîtroient les armes à la main contre
leur souverain légitime, seroient responsables devant
Dieu de tout le sang qui seroit versé , et de tous les
maiîx où leur criminelle et déraisonnable ob$tination
plongeroît l'état.
Tandis que ce manifeste faisoit sur les esprits des
ioipressions diverses, le colonel Parker et quelques
autres officiers enrôlèrent secrètement des soldats pour
le service de Jacques, dans les comtés d'York et de
Lancaster, et dans l'évêché de Durham. Dans le même
temps Fountaine et Holeman travailloient à lever deux
régiments de cavalerie à Londres, afin de joindre leur
maître aussitôt après son arrivée. Ses partisans dépé*
çhèrent le capitaine Lloyd au lord Melfoot, pour l'io-
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rôgi.'
GUILLAUME III ET MARIE, l65
former de ces particularités , et de l'espoir qu'ils avoient
d'attirer le contre-amiral Carter dans le parti de Jac-
ques. Ils lui transmirent aussi une liste des vaisseaux
.qui composoient la flotte angloise, et pressèrent Jac-
ques de faire usage de tout son crédit auprès du roi de
France pour que ce prince donnât ordre au comte de
Tourville de les attaquer avant qu'ils fussent joints par
Tescadre hollandoise. D'après cet avis Louis XIV enjoi-
gnit à Tourville de tomber sur la flotte angloise, même
sans attendre qu'il fût renforcé par l'escadre de Tou-
lon , que commandoit le marquis d'Estrées. Cependant
Jacques étoit déjà rendu à La Hogue, prêt à s'embar-
quer avec son armée, composée d'un corps de troupes '
françoises^ d'un petit nombre d'Ânglois et d'Écossois
réfugiés, et des régiments qui avoient été transportés
d'Irlande en France, en vertu de la capitulation de
Limerick.
Le ministère anglois fut informé de toutes ces circon- Precau-
stances, tant par quelques agents de Jacques, qui tra- prises par
hirent la cause de ce prince, que par l'amiral Carter, ** "'»"®
qui ne laissa pas ignorer à la reine qu'on cherchoit à le défense
de U
nation.
corrompre, et qui reçut des instructions du gouverne- ^® ^*
ment pour amuser les jacobites en feignant de se prêter
à une négociation. Guillaume, après son arrivée en
Hollande, pressa tellement les préparatifs maritimes
des états-généraux, que leur flotte fut prête à mettre
en mer plus tôt qu'on ne l'avoit espéré. Au premier avis
de la descente projetée, il détacha le général Ptole-
mache avec trois des régiments anglois qui étoient en
Hollande. Ils se joignirent aux régiments restés en
Angleterre; et tous ensemble eurent ordre de camper
dans le voisinage de Portsmouth. Une proclamation de
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l66 HISTOIRE d'aNGLETERRE,
-' la reine enjoignit à tous les papistes de sortir de Loa-
^ ' dres et de Westminster, Les chambres furent convo-
quées pour le 24 mai, afin qu'on pût prendra leur avi»
dans une aussi grave conjoncture. On ordonna Farres*
tation de plusieurs individus, qui prirent le parti de se
cacher : on publia alors une nouvelle proclamation
pour qu'ils fussent découverts et livrés à la justice. Les
comtes deSce^rsdale, Litcbfield, etNewbourg, les lords
GrifiBn, Forbès, sir Jean Fenwick, sir Théophile Ogle-
thorpe, et plusieurs autres trouvèrent moyen de se
soustraire aux recherches. Les comtes d'Huntingdon
et de Marlborough furent envoyés à la Tour. Edouard
Ridley, Kn^vitt, Hastings et Robert Ferguson fu-
rent emprisonnés à Newgate. L'évêque de Roches ter
fîit confiné dans son propre domicile. On s'assura des
Jords Brudenel et Fanshaw. Les comtes de Dunmore >
Middleton et sir André Forrester, découverts dans la
maison d'un quaker, furent jetés en prison, avec plu-
sieurs autres personnes de marque. La reine fit armer
la bourgeoisie de Londres et de Westminster, qu'elle
passa elle-même en revue. L'amiral Russel eut ordre
de mettre en mer, sans perdre un instant, et Carter^
avec une escadre de dix-huit voiles , continua de croiser
le long des côtes de France pour observer les mouve-
ments de Tennemi,
t'amiral Le 1 1 mai Russel mit à la voile de Rye pour Sainte-
met de Hélène , où il fut joint par les escadres sous le comman-
nouveau dément de Laval et de Carter, Il y reçut une lettre du
en mer. i ^t . 1 1 1 . ^ •
comte de Nottmgham, portant que, sur le bruit ré-
pandu que ses officiers étoient suspects à la reine, sa
majesté lavoit autorisé h déclarer en son nom qu'elle
a voit une entière confiance dans leur fidélité, et qu eil^
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GUILLAUME III ET MARIE. 167
regardent un bruit si injurieux comme un pur artifice — t*-^
des ennemis du gouvernement. Les officiers de la flotte ^
s'empressèrent alors de rédiger une adresse pleine de
protestations de fidélité et de dévouement. La reine la
reçut avec beaucoup de satisfaction, et la fit publier
pour dissiper toutes les craintes. Dès que Bussel eut été
renforcé par les escadres hellandoises que comman-
doient Ailemonde, Callemberg et Vandergoes, il se di-
rigea, le 18 ^ai, vers les côtes de France , avec une
flotte de quatre-vingt-dix-neuf vaiM|^ux de ligne, non
compris les frégates et les brûlots. Ce lendemain , à-peu-
près à trois heures du matin , il découvrit la flotte en-
nemie, sous les ordres du comte de Tourville, et donna
le signal pour qu'on se formât en ligne de bataille. A
huit heures sa flotte étoit en ordre, les HoUandois à
Tavant-garde, la division bleue à l'arrière-garde, et la
division r€aige au centre. La flotte françoise n'avoit pas
plus de soixante-trois vaisseaux de ligne, et comme elle
avoit en outre le désavantage du vent, Tourville auroit
évité le combat, s'il n'avoit eu des ordres positifs , qu'on
ne lui avoit donnés que dan'S la supposition que les es-
cadres angloise et hoUandoise n'avoient point encore
opéré leur jonction. Au premier avis qu'elles s'étoient
réunies, Louis XIV dépécha séparément deux vais-
seaux pour porter contre-ordre à son amiral; mais l'un
tomba entre les mains des Anglois, et Fautre n'arriva
que le lendemain de l'action.
En exécution des premiers ordres qu'il avoit reçus, n rem-
Tourville fit une décharf^e contre le vaisseau de Russel, P®/"'® î^"*
" . ' vicioire
et l'engagement eut lieu de très près. Il combattit avec sur la flot-
fureur jusqu'à une heure après midi. Alors ses manœu- * ç^j^g^J*"
yres et ses voiles se trouvant considérablement endom*
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l68 HISTOIRE d'aNGLETERRE.
^ magées , son vaisseau , le Soleil-Royal j, qui étoit dé cent
*^^' quatre canons , fut forcé de se mettre hors de ligne,
dans un grand désordre. Le combat continua cepen^
dant jusqu'à ce qu'un épais brouillard vint séparer lés
deux flottes , à prys de trois heures. Quand ce brouil-f
lard se fut dissipé, on découvrit Tennemi fuyant au
nord, et Russel donna le signal pour le joindre. Une
partie de l'escadre bhue atteignit les François à huit
heures du soir, et les combattit pen4§nt une demi^
heure. L'amiral ^|tfter fut alors mortellement blessé :
se sentant mourir, li exhorta le capitaine de son vais*-
seau à combattre tant qu'il pourroit voguer, et il ex^-
^ pira dans une héroïque tranquillité. Enfin les François
se retirèrent du côté de Conquet, après a(voir perdu
quatre vaisseaux dans cette journée. Le lendemain , à
huit heures du matin, on aperçut l'ennemi précipitant
sa retraite à l'ouest : les flottes combinées le .poursui-
virent, toutes leurs voiles déployées, et jetèrent Tancr^
près le cap de La Hogue. Le 22 du mois, à sept heures
du matin, une partie de la flatte française fut de nou-
veau découverte : quelques vaisseaux étoient à l'aiici'e ;
4'autres faisoient route à l'est, à la feveur de la marée.
Aussitôt Russel et les vaisseaux les plus proches cou-
pèrent leurs câbles, et donnèrent la chasse à l'ennemi.
^ Le Soleil-Royal, ayant perdu ses mâts, fut poussé à
terre,, près de Cherbourg , où sir Ralph Délavai le brûla ,
ainsi que V Admirable, vaisseau de premier rang, et
le Conquérant, de quatre-vingts canons. Dix-huit autres
vaisseaux de la même flotte se réfugièrent à La Hogue,
Ce fut là que sir Georges Rooke les attaqua : malgré le
feu terrible de l'ennemi , et à la vue même du camp de
iJacques, il parvint à les détruire, aiqsi qu'un gran4
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' GUILLAUME IIÏ ET MARIE. 169
nombre de vaisseaux de transport chargés de muni- "
tions. Sir Jean Ashby^ avec son escadre et quelques
vaisseaux hoUandois, poursuivit le reste de la flotte
françoise, qui trouva moyen d'échapper. Otte défaite
fut un coup bien sensible pour le roi de France, ac-
coutumé depuis si long*temps à voir triompher ses
armes ; elle découragea entièrement le roi Jacques^
dont le projet de descente se trouvoit ainsi renversé, et
jeta dans le désespoir tous ses amis d'Angleterre. Quel-
ques historiens prétendent que Russel ne poussa pas
les avantages de sa victoire aussi loin qu'il auroit pu le
faire, avant que l'ennemi fût revenu de sa consterna-
tion. S'il faut les en croire, la disgrâce de son ami
Marlborough ayoit refroidi considérablement son zèle
pour le service de Guillaume. Ils. ajoutent qu'il avoit
une profonde aversion pour le comte de Nottingham ,
par qui les ordres du gouvernement lui étoient trans-
mis, et qu'il se conforma plutôt à la lettre qu'à l'esprit
de ses instructions; mais on ne doit voir dans ces
imputations qu'une coupable ingratitude envers un
homme qui avoit rendu à son pays les plus grands
services. Jl parut animé, dans toute cette expédition,
du véritable esprit d'un amiral anglois. Il passa de
ISore aux dunes, par un vent foible, et à travers, des
écueils très périlleux, contre l'avis de tous ses pilotes ;
et, par ce hardi mouvement, il opéra la jonction de
différentes escadres que les François auroient pu atta*
quer séparément et peut-être défaire. Il montra la plus
grande valeur dans toute l'action, et détruisit environ
quinze des principaux vaisseaux de l'ennemi : en un
mot sa victoire fut si complète et si décisive que, pen-
dant tout le reste de la guerre , les François ne voulu-
1692.
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i6g2.
170 HISTOIRE D ANGLETERRE.
rent plus courir le risque d'une bataille navale contre
les Anglois.
Russel ayant donné ordre à Tamiral bollandois Cal-
lemberg et à sir Jean Ashby de se diriger vers le Havre-
de-Grace , et de faire tous leurs efforts pour détruire ce
qui restoit de la flotte françoise, fit voile pour Sainte-
Hélène , afin de faire radouber les vaisseaux lendoniina-
gés , et de se pourvoir de provisions et de munitions :
mais son but principal étoit de prendre à bord un nom-
bre de troupes suffisant pour opérer une descente en
France, conformément aux vues de l'Angleterre et de
la Hollande , qui vouloient donner l'alarme à l'ennemi
dans ses propres états , et faire ainsi une utile diversion.
La reine, dans la joie qu'elle éprouva de cette victoire,
fit distribuer trente mille livres sterling aux gens de
mçr. Des médailles furent frappées en mémoire d'une
action si éclatante, et l'on fit les plus pompeuses funé-
railles à l'amiral Carter et au capitaine Hastings, qui
venoient d'y perdre la vie. Vers la fin de juillet, sept
mille hommes, commandés par le duc de Leinster,
s'embarquèrent sur des bâtiments de transport , pour
tenter une descente à Saint-Malo , Brest, ou Rochefort ,
et le peuple anglois conçut de cette expédition les plus
grandes espérances. Datis un conseil de gu^re, com-
posé d'officiers, de terre et de mer, qui se tint à bord
du Breda, il fut reconn^ que la saison étoit trop avan-
cée pour une telle entreprise. Cependant l'amiral, après
avoir détaché de nouveau sir Jean Ashby, avec une
escadre , pour couper les restes de la flotte françoise
dans le passage de. Saint-Malo à Brest, mit lui-même à
la voile pour la Hogue , mais le vent qui changea au
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GUILLAUME IIÏ ET MARI«. lyi
bout de quelques jours, le força de regagner Sainte- "
Hélène.
La reine envoya aussitôt le marquis de Gaermarthen ,
les comtes de Devonshire, Dorset, Nottingham et Ro-
chester, ainsi que les lords Sidney et Cornwallis, se
concerter avec Tamiral , qui fit sentir qu'il étoit impos-
sible d'effectuer avec fruit, dans cette saison de Tan-
née, une descente sur les côtes de France. L'entreprise
fut donc abandonnée , et les troupes furent transpor-
tées en Flandre. La nation parut d'autant plus mécon-
tente, qu'elle avoit beaucoup attendu de cette expédi-
tion. De toutes parts il s'.éleva des clameurs contre le
ministère, auquel on attribuoit ce contre-temps. Le
peuple se plaignit qu'on le ruinoit et qu'on l'abusoit à-
la-fois , qu'on lui extorquoit des sommes énormes par
d'exorbitantes impositions , que l'odieux expédient
d'emprunter sur les fonds établis rendoit les taxes per-
pétuelles ; que les charges croissoient de jour en jour;
que son argent étoit ou dissipé en chimériques entre-
prises , ou sacrifié à des intérêts étrangers à la nation*
Ces plaintes étoient d'autant plus excusables , que le
commerce de l'Angleterre avoit reçu de graves atteintes
des armateurs françois qui couvroient la Manche. Inu-
tilement les commerçants avoient-ils eu recours à l'a-
mirauté : elle ne pouvoit mettre en sûreté les convois
particuliers , lorsque de grandes flottes étoient néces-
saires pour la défense de la nation. Le roi de France
n'ayant plus rien à craindre de l'armement des An^ois,
retira ses troupes de la côte de Normandie , et Jacques
retourna tristement à Saint-Germain, où, durant son
absence ^ la reine avoit mis au monde une princesse ,
169a.
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172 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
" dont la naissance avoit eu pour témoins Farchevêqiie
de Paris, lé garde des sceaux, et quelques autres per-
sonnages de marque.
Le roi de Louis XIV s'étoit mis en cao^pagne à la fin de mai:
p7enï Arrivé dans son camp de Flandre, il fit la revue dé son
Namur à armée , qui s élevoit à cent vingt mille hommes , et en-
la vue du . . , . , 1 mT »•! . . ■■
roîGuil- treprit ensuite le siège de Namur, quil mvcstit des
iaume. deux côtés de la Sambre , avec la moitié de ses troupes^
pendant que l'autre moitié couvroit le siège, sous le
commandement du maréchal de Luxembourg. Namur
est situé au confluent de la Meuse et de la Sambre. Sa
citadelle étoit regardée comme une des plus fortes pla-
ces de Flandre , et le fameux ingénieur Cohorn , qui la
défendoit en personne, en avoit encore augmenté les
fortifications. La garnison, composée de neuf mille
hommes, étoit commandée par le prince deBarbason.
La place étoit abondamment pourvue , et le gouverneur
^avoit que le roi Guillaume feroit tous ses efforts pour
le secourir , ce qui excitoit puissamment le courage des
assiégés. Mais , malgré tous ces avantages , les François
mirent tant de vigueur dans leurs attaques , que la ville
capitula au bout de huit jours de tranchée ouverte , et
la garnison se retira dans la citadelle. Quand les troupes
de Liège et de Brandebourg eurent joint Guillaume , ce
prince, qui se trou voit alors à la tête de cent mille hom-
mes effectifs , s'avança jusqu'à la Mehaigne, et campa à
une portée de canon de larmée de Luxembourg, située
sur l'autre bord de cette rivière. Le maréchal avoit si
bien pris ses précautions, que Guillaume ne pouvoit in-
terrompre le siège, ni attaquer ses lignes, sans un grand,
désavantage. Animés par la présence de leur roi , et se-
condés de la science et de l'habileté supérieures de leur
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GUILLAUME III ET MARIE. fji
ingénieur Vauban, les assiégeants multiplièrent leurs '
attaques avec tant d'impétuosité, que le fort de Cohorn
fut contraint de se rendre, après une défense opiniâtre,
où Cohorn lui-même reçut une blessure dangereuse.
La citadeUe, alors accessible à Tennemi, ne pouvoit
tenir long-temps. Les deux chemins couverts furent
emportés d assaut, et, le ao mai, le gouverneur capi-
tula; ce qui fut une cruelle mortification pour le roi
Guillaume , forcé de rester dans Tinaction pendant que
la plus importante forteresse des Pays-Bas tomboit,
sous ses yeux, entre les mains de ses ennemis. Louis XIV,
ayant pris possession de cette place, retourna triom-
phant à Versailles, où Ton célébra ses succès de mille
manières.
Luxembourg, après avoir laissé à Namur une puis- Défaite
santé garnison, détacha BoufHers avec un corps de à^stein-*
troupes vers la Bassière , et campa avec le reste de son kerquc.
armée à Soignies. Le roi d'Angleterre envoya des déta-
chements du côté de Liège et de Gand, et, le 6 juillet,
il campa à Genap, bien déterminé à saisir la première
occasion de rétablir Thonneur de ses armes , en atta-
quant Tennemi. Instruit que le général françois étoit en
mouvement pour prendre poste entre Steinkerque et
£nghien, il passa la rivière appelée la Senne, dans la
vue de le prévenir. Mais en dépit de toute sa diligence,
Luxembourg occupoit déjà ce point , et Guillaume choi-
sit son camp à Lambecq , à une distance d'environ six
milles de Farmée françoise. Il fut décidé dans un con-
. seil de guerre qu'on attaqueroit Tennemi , et Ton fit
les dispositions nécessaires. Guillaume donnaordre.de
conduire les bagages sur l'autre rive de la Senne ; et un
•nommé Mille voix , qu on venoit de saisir comme es-
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1^4 HISTOIRE d'anGLETEAKÉ.
pion , fut contraint par menaces à donner un faux stvi§
à Luxembourg) en Tassurant qu il ne devoit point s'a-
larmer des mouvements de Fennemi , qui se disposoif
seulement à un fourrage général pour le lendemain. Le
24 juillet on commença à se mettre en mouvement à la
gauche, sur deux colonnes, le terrain ne comportant
pas un front plus étendu. Le. prince de Wirtemberg,
avec dix bataillons d'infanterie angloise , danoise et
hoUandoise, ouvrit Tattaque à la droite de Tenaerni. Il
fut soutenu par un corps nombreux de cavalerie et d'^in-
\ fànterie angloise , commandé par le lieutenant-général
Mackay. Quoique le terrain fût coupé de fossés , de
haies et de défilés extrêmement étroits , il avoit marché
avec tant dé diligence, qu'il étoit à peine deux heures
après inidï, lorsqu'il engagea la bataille. Il chargea les
\ François avec tant d'impétuosité qu'il les chassa de leur^
postés, et que tout leur camp devint un théâtre de tu-
multe et de confusion. Luxembourg, qui avoit une en-
tière confiance dans l'avis qu'il avoit reçu , se laissa
surprendre; et il ne fallut pas liioins que toutes les
ressources dé ses grands talents militaires pour remé-
dier aux effets de cette négligence. Oubliant alors une
grave indisposition dont il étoit affecté, il rallia ses ba-
taillons rompus , forma ses troupes en ordre de bataille ,
et les mena lui-même à la charge. Le duc de Chartres ^
à peine âgé de quinze ans , les ducs de Bourbon et de
Vendôme, le prince dé Canti, et uii grand nombre de
volontaires de la plus haute distinction , se mirent à la
tête de là maison du roi, et tombèrent avec fureur sur
les Anglois , fbiblement soutenus par le comte de Sol-
mes , qui commandoit lé centre des alliés. Le prince de
"Wirtemberg , après s'être etoparé d'une des batterie»
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GUILLAUME Uî ET MARIE. tjS
des ennemis , avoit pénétré dans leurs lignes ; mais , -
en danger d'être accablé par le nombre , il dépécha deux *^
fois un aide-de-camp à Solmes , qui, au lieu de lui en-
voyer du secours, plaisanta sur sa détresse. Enfin, ce
dernier ayant reçu du roi un ordre exprès de soutenir
Taile gauche, fit un mouvement avec sa cavalerie, qui
ne pouvoit agir pendant que son infanterie occupoit le
terrain , et que les troupes angloises , avec un petit nom*
bre de Hollandois et de Danois , supportoient tout Tef-
fort du combat ; elles se battirent avec une valeur et une
constance admirables contre des ennemis supérieurs en
nombre, et tinrent la victoire en suspens jusqu'à ce
que Boufflers joignit l'armée françoise avec un corps
nombreux de dragons. Les aUiés ne pouvant soutenir
à-la-foi^ le choc de ces nouvelles troupes et celui de
leurs premiers adversaires , lâchèrent pied , quoique
sans désordre, et l'ennemi ne jugea pas à propos de
poursuivre son avantage. Les confédérés perdirent dans
cette action le comte d'Angus, le général Mackay, sir
Jean Lanier, sir Robert Douglas, et plusieurs autres
braves officiers , avec environ trois mille hommes restés
sur le champ de bataille , un pareil nombre de soldats
blessés ou prisonniers, beaucoup d^étendards, et plu-
sieurs pièces de canon.
Les François ne retirèrent aucun avantage impor-
tant de cette victoire, qui leur coûta près de trois mille
hommes , en y comprenant le prince de Turenne , le
marquis de Bellefond , TiUadet et Fermacon , avec quel-
ques officiers de distinction. Quant à l'espion Mille-
voix , il avoit été pendu à un arbre. Le roi Guillaume^
se retira dans son camp, sans être inquiété. Ce prince,
malgré tous ses échecs, ne cessa pas d'être pour les
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176 HISTOIRE d'aNGLETERRÉ.
— '', François un ennemi respectable, et par son couragtf
que rieti ne pouvoit surmonter, et par son génie fé-
cond en ressources.
Éntrepri- A-peu-près vers ce temps , le duc de Leinster arriva à
*Dun*kep.* Ostende, avec les troupes embarquées à Sainte-Hélène-
que qui On lui cuvoya de M^estricht , par la Meuse , un convoi
Mui«», ^ d'artillerie; il fut renforcé par un nombreux détache-
ment de Tarmëe de Guillaume ; le comte de Pdrtland
et M. d'Auverquerque le joignirent ensuite; et des dis-
^ positions furent faites pour investir Duïikerque : mais
une mûre délibération ayant fait sentir tout le danger
de cette entreprise , on crut devoir y renoncer. On
ajouta de nouveaux ouvrages aujt fortifications de Fur-
nes et de Dixmi^de^ que venoit de réduire le brigadier
Ramsey, et Ton mit dans ces deux places de fortes gar-
nisons. Le canon fut ensuite renvoyé; les troupes re-
tournèrent à Ostende, et de là en Angleterre. Cette
expédition infructueuse accrut encore la mauvaise hu-
meur que donnoient au peuple anglois les opération»
peu glorieuses de la campagne. On reprocha à Guil-
laume d'être demeuré tranquillement dans son camp de
Gramont , avec une armée de cent mille homtnes ,
pendant que Luxembourg étoit posté à Courtray, avec
la moitié moins de troupes. On prétendit que s'il n'a-
voit pas cru possible de forcer les lignes des François ,
du moins il auroit pu faire passer plus haut l'Escaut à
son armée , et iion seulement mettre à contribution les
conquêtes de l'ennemi, mais même pénétrer dans le
cœur de la France : on ajoutoit que Furnes et Dixmude
ne vàloient pas les sommes dépensées pour y entretenir
des garnisons. Le 26 septembre, Guillaume laissa Tar-
mée sous le commandement de l'électeur de Bavière ,
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et se rendit à sa maison de Loo. Deux jourë après son ".
départ , on détruisit le camp de Gramont : Tinfante- ^
rié se porta à Marienkerke i et la cavalerie à Gaure. Le
16 octobre , le roi, sur Tavis que Boufflers avoit investi
Charleroy^ et que Luxembourg avoit pris poste près de
Condé , donna ordre à ses troupes de se réunir entre le
village d^lkells et Halle : son dessein étoit de faire lever
le siège de Charleroy : s'ctatit transporté à Bruxelles ,
il y tint un conseil de guerre, où on délibéra sur les
mesures à prendre* Il retourna ensuite en Hollande ,
laissant toujours à la tête de Farmée l'électeur de Ba-
vière , qui se mit aussitôt en marche pour Charleroy.
A son approche, BoufHei^s leva le siège, et se dirigea
vers Pbilippeville. L'électeur, après avoir renforcé la
garnison , et jeté du secoyrs dans Ath , distribua ses
troupes en quartiers d'hiver. Luxembourg, qui avoit
mis les siennes en cantonnement entre Condé , Leuze
et Toumay, revint à Paris ; et Boufflers eut le comman-
dement en son absence.
Les alliés , malheureux en Flandre , ne Tétoient guère peu d«
moins en Allemagne. Le landgrave de Hesse-^Cassel, j''*^*;^?.
ayant entrepris le siège d'Éberemburgh, fut obligé de sur le
l'abandonner. Le duc de Lorges , qui commandoit les j^^^i^'^
François sur le Rhin, surprit , défit et enleva le duc de de
Wirtemberg , qui s'étoit ppsté, avec quatre mîUe hom«. ^"C^"**
mes de cavalerie, près d'£idelsheim , pour arrêter les
progrès de l'ennemi. Le comteide Tallard ayant investi
Rhinefield, le landgrave vola au secours de la place, et
obligea les François de se retirer. L'électeur de Saxe
s'étoit engagé à tenir une armée en campagne : mais il
se plaignit que l'empereur laissoit aux princes tout le
fardeau de la guerre contre la France , pour ne s'occu*
11. 12
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i'jè HIStOIRE D*ANGLETEftRÈ.
-' per que de la campagne de Hongrie. La jalousie et I2I
^ * niésintelligence survinrent bientôt. Schœning, général
saxon, se rendant aux eaux de I^blitz, en Bohême,^
fut arrêté par ordre de lempereur, gui le soupçonnoit
d'avoir entretenu de secrètes intelligences avec l'en-
nemi , et il s'éleva à ce sujet de très vives altercations
entre les cours de Vienne et de Dresde : Schœning ne
fut relâché qu'au bout de deux ans, et à condition qu'il
ne sseroit plus employé dans l'Empire. La guerre de
Hongrie ne fut signalée par aucun événement remar-
quable. La division régnoit dans le cabinet de la Porte-
Ottomane, et le sérail étoit menacé de troubles : le
peuple étoit las d'une guen^e infructueuse. Le visir fut
déposé, et ce fut durant tous ces désordres que la gar-
nison de Grandr-Waraditt, dont le blocus s'étoit pro-
longé tout l'hiver, se rendit par capitulation aux Impé»
riaux. LordPaget, ambassadeur d'Angleterre à Vienne,
i fut envoyé à Constantinople, avec des pouvoirs pour
négocier la paix comme médiateur : mais la Porte rejeta
les conditions de l'empereur; larmée turque garda la
défensive, et la saison fut consumée en négociation»
sans résultat.
te eue Les affaires du Piémont avoient pris une tournure
pénèfre P^^^s favorable pour les alliés : mais la cour de France
ti^^ lî^ avoit amené le pape à un accommodement. Elle entama
tté. une négociation avec le duc de Savoie. M. Chanlais fut
envoyé à Turin , chargé^e propositions avantageuses,,
que le duc ne voulut pourtant pas accepter, parcequ'il
se croyoit en état d'en obtenir encore de meilleures ^
Farmée des alliés s'élevant à cinquante mille hommes ,
tandis que les forces de Catinat n'étoient pas suffisantes
pour défendre ses conquêtes. Au mois de juillet , le duc
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tiltlLLAtMÈ tll ET MARtÈ; tfg
entra dans le Dauphiné, où il pilla un grand nombre de ■ "
villages , et réduisit le fort de Guillestre : passant alors *^^'
la Durance , il investit Envbrun , qui capitula aii bout
de neuf jours de siège; il mit ensuite toutes les villes
voisiUes à contribution. Le duc de Schômberg , qui
oommandoit les auxiliaires' à la solde de TÂngletcrre,
publia, au nom de Guillaume, une déclaration , où il
invitent les habitants à âe ranger sous ses drapeaux ^ et
leur assurait que son maître, en ordonnant à ses trou-*
pes d'entrer en France $ n'avoit d'autre dessein que dé
rendre à la noblesse toute son andenne splendeur, aux '
parlements leur première autorité^ et au peuple ses
justes privilèges.
Cette déclaration fit très peu d^effet^ et les Allemands
jjévastèrent tout le pays , en représailles des excès com-
mis parles troupes françoises dans le Palatinat. Vanjûsé^-
des alliés s'avança jusqu'à Gap, sur la frontière de Pro-
vence : cette place se soumit sans opposition. La cons-
ternation régnoit à Grenoble et même à Ljon. Toute
cette partie du royaume étoit presque sans défense, et
il ne%ouvoit s'offrir une occasion plus favorable d'hu-
milier la nation françoise. Cette occasion fut cependant
négligée ; ce qu^on peut attribuer soit à l'esprit de divi-
sion qui cômmenooit à s'introduire dans l'armée des
alliés, soit à l'indisposition du duc de Savoie ^ qui fut
attaqué de la petite -vérole au milieu de l'expédition,
soit enfin au manque de bonne foi dont ce prince fut
fortement soupçonné. On prétend en effet qu'il ne cessa
point d'entretenir une correspondance avec la cour de
France, et que, pat ménagement pour elle; il retarda
les opérations des confédérés. Au moins est-il vrai qu'il
abandonna toutes ses conquêtes , et , vers le milieu de
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l8o HISTOIRE d'aNGLETERRE.
•'"^T"*'"^ septembre, il sortit du territoire François, aprèst avoir
* pillé et ravagé tout le pays sur son passage.
. En Catalogne, rien d'important ne fut entrepris par
les François dans cette campagne , et les Espagnols s y
tinrent dans l'inaction la plus complète.
Le duc . Lç crédit des protestants en AUemagne se fortifia
vre c*réé P^^ ^^ créatioii d'un neuvième électorat , en faveur
ëlecieur d'Ernest Auguste j duc d'Hanovre. Il renonça dès-lors
de -, , ' 1 r, «17
l'Empire* « toute liaison avec la France, et prit 1 engagement
d'entrer, sans détour, dans les intérêts des alliés, en
reconnoissance de sa promotion à la dignité électo*
i-ale. Guillaume l'avoît appuyé si vivement à la cour de
Vienne, que l'empereur avoit donné son agrément à
cette promotion, dans le cas où elle obtiendroit celui
des autres électeurs. Toutefois ce ne fut qu'à force d'im*
portunités que le roi d'Angleterre extorqua le consen-
tement de ce prince, qui ne vouloit pas le désobliger :
Léopold professoit un dévouement aveugle à la religion
catholique-romaine , et une nouvelle création qui devoit
affoiblir l'influence des catholiques dans le collège élec-
toral^ ne pouvoit être. de son goût. Aussi employ|*t-il
ses émissaires à traverser les démarches du duCtQuel-
ques princes protestants se montrèrent opposés à ce
dernier , par des motifs de jalousie, et le roi de France
usa de tout son art et de toute son influence pour pré*
venir l'élévation de la maison d'Hanovre. Lorsque le
duc eut triomphé de tous ces obstacles , et que la ma-
jorité des électeurs se fût déclarée pour lui , 'il s'éleva
encore de nouvelles difficultés. L'empereur demandoit
qu'il fût créé un autre électorat catholique, afin de
compenser l'avantage que retiroient les luthériens de
celui d'Hanovre, et il proposa l'Autriche. Mais comme
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GUILLAUME III ET MARIE. 1%1
Tempereur auroit eu alors deux voix dans le collège -
électoral » sa demande éprouva une opposition violente. ^ ^^'
Enfin y après une loifgue négociation , le duc d'Hanovre
reçut Tinvestiture, comme électeu^ de Brunswick, le
19 décembre, fut créé grand-maréchal de TEmpire, et
fit hommage à l'empereur. Cependant il ne fut pas en-^
core admis dans le collège , parcequ'il n'avoit pu obte-^
nir le consentement de tous les électeurs.
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LIVRE IV.
(iC comte de Marlborough et Févéque de Rochester fausse*
ment accusés. — Causes du mécontentement général. -«
Division entre la reine et la princesse Anne de Danemarck«
— Les lords revendiquent leurs privilèges, — Les cona-
munes présentent des adresses au roi et à la reine, -r-^
Le» lords présentent des remontrances au roi. • — Adresse
des communes au roi. — Instruction pastorale de Bur-
net brûlée par la main du bourreau. •>— Adresses des
chambres au roi, — Bills favorables à la liberté. — Procès
de lord Mohun. — Changements dans le ministère. — Le
roi rassemble l'armée des confédérés en Flandre. — Les
François réduisent Huy. -r-^ Luxembourg se détermine à
attaquer les alliés. — Charleroy pris par les François. --^
Campagnes sur le Rhin et en Piémont, -r— Affaires navales.
— Expédition dans les {ndes occidentales. — Benbow
bombarde Saint-Malo. t<- Le roi de France a recours à
la médiation du Danemarck. — r Guillaun^e retourne en
Angleterre. — Enquête relative aux désastres éprouvés
sur mer. — Des sommes énormes >sont accordées pour le
service de Tannée suivante. — Établissement de la banque
en Angleterre. — Charte de la compagnie des Indes
orientales. — Bill général de natùralisatio)^. — Tentative
de descente à la baie de Camaret. — L'amiral Russel se-
court Barcelone. — Campagne de Flandre. — Les alliés
reprennent Huy. — Opérations sur le Rhin. — Succès
des François en Catalogne. — Mort de l'archevêque Tik
, lotson et de la reine Marie.
^ ^ ■ ' ' ' ^ — JTENDANT quc le Foi Guillaume sembloit uniquement
lOQ^' occupé, des affaires du contineut , TAngleterre étoit
de MarU agitée par des dissentions domestiques , infectée de
^i)r^ugh, vices et de corruption, Il y avoit, outre Içs j[acobites.
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GUILLAUME III ET &IARIE. l83
une foulé de mécontents qui se grossissoit tous les — T'"^
jours. (Ils ne se bornoient pas à des murmures, à Té- .,, /'
gard des griefs de la nation : ils publioient de nom- de
breux écrits où cette matière étoit amplement traitée, ^"^^^^
et qui firent tant d'impression sur un peuple déjà vive- fausse
ment irrite des taxes, inquiète dans son commerce, ^.„^^
et trompé dans ses grandes espérances , que la reine
crut nécessaire de mettre un frein à Taudace des écri-
vains y en promettant , par une proclamation , des
récompenses à ceux qui les feroient découvrir. Le
comte de Marlborough avoit été mis à la Tour, sur le
faux témoignage d un prisonnier de Newgate nommé
Robert Young , qui avoit contrefait son écriture , et
rédigé un projet d'association en faveur de Jacques,
au bas duquel il avoit apposé les noâis des comtes de
Marlborough et de Salisbury , de Sprat , évcque de
Rochester, de lord Cornbury et de sir Basile Firebrace.
Un de ses émissaires avoit trouvé moyen de cacher
cette pièce dans la maison de Tévéque de Rochester,
à Bromley, province de Kent. Ce fut là qu'elle fut sai-
sie, et Ion arrêta le prélat sur la déposition d' Young:
mais il^e justifia pleinement, et l'accusateur fut con-
vaincu de faux témoignage par Taveu même de son
complice. On relâcha aussitôt 1 evêque, et le comte de
Marlborough fut admis à donner caution à la cour du
banc-du-roi.
Le nombre des personnes distinguées par leur rang Causes du
et leur caractère qu'on avoit emprisonnées durant le ""^■^*'^-
régne actuel, sur les plus légers soupçons, étoit si ment g«-
considérable , que les mécontents avoient quelque rai • "^*^ *
son de dire qu'on n'avoit fait que changer de tyran. Ils ' '
soutenoient que l'acte dihabeas corpus étoit insufiisaiit
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ï84 HISTOIHE d'aNGLETERRE.
pour mettre les sujets à labri des emprisonnements
^ ' injustes , ou que du moins on le violoit sans pudeur.
Ils s etendoient sur la perte des vaisseaux pris depuis
peu p;^^ Tennemi , sur la disette de matelots, la négli-
gence relativement aux pêches , l'interruption du
commerce , l'avantage qu'on laissoit prendre sur ce .
dernier point aux alliés, Tépuisement du trésor, ab-
sorbé pour soutenir des intérêts étrangers à la nation ,
la perte des meilleurs et des plus braves citoyens, dont
on avoit prodigué le sang pour la défense de ces
mêmes intérêts. Ils développoient ensuite les graves
inconvénients de la position vacillante où se trouvoit
l'état; ils démontroient que le gouvernement ne seroit
jamais bien établi, jusqu'à ce qu'une déclaration so-
lennelle confirmât la validité du titre en vertu duquel
Guillaume et Marie possédoient le trône ; que Torgani-!
sation des parlements manquoit de solidité , en ce
qu'ils existoient absolument au gré de la couronne ^
qui ne les laisseroit en exercice que le temps nécessaire
pour obtenir des subsides. Ils se récrioient contre l'u-
sage de loger les soldats dans les maisons des particu-
liers, au mépris des anciennes lois du royaume, et de
l'acte passé à ce sujet sous le régne de Charles II; iJs
comptoient parmi leurs griefs le peu de scrupule qu'on
se faisoit de violer 1^ propriété , en prenant de force
des bâtiments de transport pour le service, sans affec-
ter aucun fonds pour dédommager les propriétaires ,
l'assujettissement à la miHce, non moins onéreux qu'in-
utile, la partialité révoltante en faveur des alliés, qui
étoient en commerce ouvert avec la France , et four-
nissoient des provisions à l'ennemi, tandis que les
Anglois, sous le poids des plus sévères prohibitions,^
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GUILLAUME III ET MARIE. l85
étoient dupes de ces mêmes puissances qu'ils ne ces- *
soient de protéger. Ils se plaignoient du défaut de
conduite , de prévoyance et de discernement des mi-
nistres , invectivant contre leur ignorance , leur inso-
lence extrême et leur négligence , qui les rendoient
aussi funestes à la nation que s'ils avoient formé le
dessein de la perdre. On ne peut dissimuler que la
vertu publique étoit devenue, dans ces temps de désor- .
dre , un otjet de ridicule , et que' l'immoralité et la
corruption régnoient dans tout le royaume ; fléaux
que plusieurs circonstances concouroient à entretenir.
Le peuple anglois étoit divisé en trois partis , les par-
tisans de Guillaume, les jacobites et les révolution-
naires mécontents. Chacun de ces partis saisissoit
toutes les occasions d'entraver et de tourner en ridi-
cule les mesures et les principes des autres : en sorte
que le patriotisme n'étoit plus regardé que comme une
chimère, ou comme un calcul. De cette division étoit
née lodieuse maxime que tout individu devoit consul-
ter son intérêt personnel au préjudice de l'intérêt pu-
blic; maxime qui fut bientôt généralement adoptée.
L'usage d'acheter la majorité dans le parlement eut
l'influence la plus pernicieuse sur toutes les classes de
la société , depuis le candidat jusqu'au dernier électeur
du plus petit bourg. Un autre usage, celui d'établir
des fonds de crédit à l'effet de lever des subsides pour
les dépenses du gouvernement , fit passer des sommes
immenses dans les mains de vils usuriers , courtiers et
agioteurs, qui, enivrés de leurs richesses, affectèrent
de disputer de luxe et de magnificence avec les grands,
mais qui , dépourvus de toute espèce de goôt et de ju-
gement dans l'emploi de leur nouvelle fortune , se
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'ï86 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
jetèrent dans les extravagances les plus absurdes^
^ * violèrent toute bienséance , et se plongèrent dan.s Tin-
tempérance et la débauche. Leur exemple fut bientôt
suivi par la foule. Insensiblement Ton s'affranchit de
tout principe , et même de toute décence ; les talents
restèrent sans culture , et Tignorance se montra par-
tout à côté du vice.
Division Quand le roi Guillaume eut concerté avec les états-
reir!e et 6^'^^''^"'^ ®^ '^^ ministres des puissances alliées les opé-
la prin- ratious de la campa{][ne suivante, laissant son armée
CCSS6
Anne de ^^ quartiers d'hiver , il fit voile pour F Angleterre le
Dane- i5 octobre, débarqua le i8 à Yarmouth, fut joint par
la reine à Nèwhall , et se rendit à Kensington par
Londres, au milieu des acclamations de la populace.
Il reçut dans cette dernière ville une adresse. dé félici-
tation des principaux magistrats, avec lesquels il dina
en public. On fixa un jour d actions de grâces pour
la victoire obtenue sur mer , çt le parlement s'assem-
bla le 4 novembre. Le mécontentement régnoit dans
la chambjije des lords, et provenoit en partie de la di-
vision entre la reine et sa sœur la princesse Anne de
Daniemarck, qui essuya toutes sortes de mortifications
de la part de la cour. On lui ôta ses gardes ; tous les
honneurs qui lui étoient rendus par les magistrats de
Bath , où elle faisoit de fréquents séjours , et par le
clergé , lorsqu'elle assistoit au service divin , furent
discontinués par un ordre exprès. Sa cause fut natu-
rellement embrassée par tous les seigneurs qui l'a:
voient déjà vivement appuyée lors de son premier dé-
mêlé avecle roi, pour que son revenu f6t indépendant
de la couronne : ils eurent pour auxiliaires tous les
amis du comte de IMlarlborough , qui,. vivement sen-
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6UILLAUM^ lïl ET MARIE. ïSy
sibles à sa disgrâce et à son emprisonnement , regar-
doient comme un devoir de soutenir la princesse dans
une persécution qu'elle devoit à son attachement pour
Tépouse de leur ami. Le comte de Shrewsbury étoit
lié intimement avec Marlborougb, et trouvoit que le
roi l'avoit traité avec ingratitude. Le marquis d'Halifax
lui étoit attaiché par opposition au ministère, et on dis-
tinguoit parmi ses autres partisans le comte de Mul-
grave, qui ne cherchoit qu'une occasion de signaler
ses talents , «t d'acquérir la considération qu'il croyoit
due à son mérite. Devonsliire , Montagne et Bradford
adoptèrent par principes la même cause , et ces prin-
cipes furent aussi professés par les comtes de Stam-
ford , de Monmouth et de Warrington , et autres
whigs , quoiqu'au fond ils fussent entraînés dans cette
voie par leur jalousie et leur ressentiment coiitre ceux
qui les avoient supplantés. Quant aux jacobites , ils
se firent un plaisir de prêter leur secours à un parti
qui pouvoit entraver l'administration.
Le roi, en ouvrant la session , remercia les chambres Lçs lord»
des derniers subsides qu'elles avoient accordés , félicita ^^''^ç^^'
la nation de la victoire remportée sur mw, exprima le leurs pri-
chagrin qu'il ressentoit du peu de succès de la cam- ^' ^^^^'
pagne de Flandre, exalta à dessein la puissance des
François, représenta la nécessité de leur opposer de
grandes forces , et demanda des subsides proportion-
nés à ce besoin de l'état ; il dit que ce n'étoit qu'avec
beaucoup de répugnance qu'il provoquoit ainsi l'ac-'
croissement des charges, mais que le salut du royaume
exigeoit cette mesure. Il demanda l'avis des chambres,
sur les moyens de remédier à l'inconvénient qu'il y
.^voit à transporter des espèces pour le paiement des
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1692.
l86 HISTOIRE d'aNGLETEHRE.
' ti'oupes ; il leur déclara son dessein d'effectuer une
descente en France , protestant qu'il n'avoit d'autre
but que de rendre son peuple heureux , et que , pour
y parvenir, il exposeroit encore volontiers sa vie. Les
lords f après un ajournement de trois jours , commen-
cèrent à revendiquer avec force leurs privilèges , qui
leur paroissoient violés dans l'affaire du comte de
Marlborough et autres seigneurs ^ qu'on avoit arrêtés ,
emprisonnés , et admis ensuite à donner caution à la
cour du banc-du-roi. Toutes ces circonstances ayant
été l'objet d'une vive discussion , la chambre enjoignit
au lord Lucas , gouverneur de la Tour de Londres, de
produire les actes d'emprisonnement , et au greffier de
la cour du banc-^u-roi de représenter tqffidavit d'Aa-
ron Smith , solliciteur de la cour, sur lequel les lords
avoient été reconduits en prison. Toute cette affaire
fut renvoyée à un comité , avec pouvoir de mander les
personnes , et de requérir les papiers et les registres.
Les juges eurent ordre de suivre; Aaron Smith fiit in-
terrogé sur les dépositions faites contre les lords em-
prisonnés. Le rapport du comité fit naître un violent
débat, et l'avis des juges ne satisfit ^ucun parti. On
en référa alors à un comité de toute la chambre , où il
fut déclaré, comme le sentiment unanime de l'assem-
blée, que, d'après l'acte A^hubeas corpus , il étoit du
devoir des juges d'élargir les prisonniers sous caution ,
lorsqu'ils se trouvoient arrêtés pour haute-trahison y à
moins qu'il ne fut affirmé aVec serment qu'il y avoit
contre chacun des prisonniers deux témoins qui ne
pouvoient encore être produits. Cette décision fut en-^
registrée pour servir de régie à tous les juges futurs,
malgré la vive opposition des membres attachés à ki
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GUILLAUME III ET MARIE. ' l8g
cour. Il s'éleva ensuite un nouveau débat sur la ma- ^ .
nière dont les lords emprisonnés seroient mis en li-
berté, et la discussion devint si animée que lés parti-
sans de la cour intimidés proposèrent Un expédient
quon adopta. La chambre s'ajourna au 17 du mois, et
lorsqu'elle reprit ses travaux ^ il lui fut notifié que le
roi avoit fait élargir les lords arrêtés. Après un débat,
assez vif, on consigna sur le procès - Verbal que la
chambre ayant été instruite des ordres donnés par sa
majesté pour élargir les lords sous caution à la cour
du banc*du-roi, il n'y avoit plus lieu à aucune dis^
cussion sur cette matière. Les pairs, ainsi apaisés ^ pri-
rent en considération le discours du roi.
Les communes , après avoir voté des remerciements Les com-
au roi , et une adresse tendant à le supplier de leur ^"serf-
faire connoître ses alliances à l'étranger , rédigèrent ^"it des
un bill réglant la marche à suivre dans les procès pour au roi et
cause, de haute^trahison. Elles votèrent aussi des re- ^ *^ ''"***^'
merciements à lord Russel , à ses officiers et aux gens
de mer, pour la victoire qu'ils avoient remportée , et
recherchèrent ensuite par quel motif les avantages de
cette victoire n'avoient pas été poursuivis , pourquoi
l'on n'avoit pas effectué une descente , et comment le
commerce n'avoit pas été mieux protégé contre les ar-
mateurs ennemis. L'amiral ayant donné raison de sa
conduite, les communes arrêtèrent que les lords de
l'amirauté produiroient des copies de toutes les let->
très , instructions et ordres qu'il avoit reçus , enjoi-
gnirent à Russel de produire de son côté ses réponses,
et aux commissaires des bâtiments de transport, aux
fournisseurs, et aux bureaux de l'artillerie, de rendre
compte de leur conduite. Elles présentèrent au roi et
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igO MlSfOIRÈ d'angleterke-
**•; ■ à la reine des adresses où elles témoignoient leur joîé
^ ' de voir Guillaume rendu à son peuple , félicitoient ce
prince d'avoir évité les pièges de ses ennemis , tant
secrets cfue déclarés, et lassuroieiit que^ suivant le
désir exprimé dans son gracieux discours , elles se-
roient toujours disposées à aider son gouvernement de
leurs conseils et de leurs secours. La reine reçut des
témoignages de reconnoissance pour la sagesse de sort
administration durant l'absence du roi : les communes»
la félicitèrent de la victoire navale qui avoit fait échouer
le projet formé pour sa ruine et celle de son glorieut
époux, et l'assurèrent qu'elle trouveroit toujours dans
leur zélé et leur fidélité la récompense du soili qu elle
avoit pris de rendre les sujets heureux^
Quand ces formalités eurent été remplies ^ la cham-
bre, au lieu de voter d'abord les subsides', insista pour
qu'on lui coq^uniquât sans délai les traités, les comp-
tes des dépenses publiques, et les estimations, afia
qu'elle fût mieux en état de donner des conseils et des
secours au roi. Ces diverses pièces lui ayant été remises ,
elle décida , par line disposition préliminaire , qu'il seroit
accordé des subsides , et délibéra ensuite sur les repré-*
sentations qu'elle devoit faire. Quelques mejafbres s'éle-
vèrent avec force coûtre la partialité qu'oti marcjuoit
pour les généraux étrangers ; ils s'étemliren-t particulier,
rement sur la mauvaise conduite du comte de Solmes à
SteinkerquCi Après d'assez vives sdtercations il fut arrêté
que sa majesté seroit siippliée de n'appeler aux places
vacantes , parmi lés officiers-généraux ^ que des sujets
nés dans ses états, et de ne confier qu'à un Anglois
le commandement en chef des troupes angloises. Les
communes considérant, disoient-elles, que les affaires
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GUILtAtJMË III ET MARIÉ. t^t
les plus importantes du gouvernement avoient été de- •* "
puis quelque temps mal conduites, décidèrent que lé * ^^'
roi seroit aussi engagé à prévenir désormais de sembla-
bles inconvénients , en ayant soin d'employer des hom-
mes dont la capacité, les connoissanOes et Tintégrité ne
seroient point équivoques. Plusieurs membres attaquè-
rent hautement Texistence du cabinet particulier, qui
leur sembloit, dans le système du gouvernement bri-
tannique, une innovation incompatible avec le conseil-
privé, qu'elle déponilloit de ses fonctions. Ils préten-
dirent que tous les abus dont se plaignoit la nation
provenoient des principes vicieux du ministère, et ob-
servèrent qu'on ne devoit pas s'attendre à voir le nou-
vel ordre de choses soutenu avec zélé pajr ceux qui en
avoient combattu rétablissement. Le comte de Nottin-
gham fut à ce sujet nommément désigné, et la cham*
bre convint d'engager sa majesté à n'employer dans
ses conseils que des hommes portés par principes à
soutenir ses droits contre le dernier souverain et tout
autre prétendant. Le crédit de Marlborough dominoit
toujours dans les communes. Son ami Russel se justifia
à la satisfaction de la chambre, et rejeta les torts qu'on
lui avoit imputés sur son ennemi le comte de Nottin-
gharo, en déclarant qu'il s'étoît écoulé vingt-un jours
entre sa première lettre à ce ministre et la réponse qu'il
en avoit reçue. Les amis du comte, en grand nombre
dans la chambre, prirenj sa défense avec chaleur, et
usèrent même de récrimination contre Russel; ce qui
fit naître de violents débats. Les deux partis furent
d'accord sur ce point que le projet de desceuie avoit
été mal concerté. Un membre proposa de déclarer
qu'une des principales causes qui en avoient empêché
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l6j2.
193 HIStOIRE D'ANGLfiTERRE.
■ l'exécution étoit le défaut d'ordres en temps opportun J
fondement d'un juste reproche envers ceux qui a voient
eu la direction de cette affaire. La chambre fut divisée
par cette motion , qui passa cependant^ mais à la ma-
jorité d'une^ seule voix. Dans la première séance du
comité, sir Richard Temple proposa de délibérer sur
les moyens de payer les troupes en pays étranger, par
la voie des manufactures angloises, sans aucun trans-'.
port d'argent. Il fut convenu quon demanderoit à la
chambre rétablissement d'une commission pour exaini-
ner ce point ; mais le comité fut dissous comme n'ayant
point fait de rapport, et ses délibérations furent décla-
rées nulles. La chambre le rétablit cependant, et fixa
un jour pour sa réunion; mais, avant qu'il eût repris
ses travaux, Tamiral Russel proposa de l'ajourner, et
les projets de ce comité n'eurent ainsi aucune suite.
Cependant les agents de la cour étoient parvenus à
lui assurer la majorité par des moyens de corruption;
les communes n'insistèrent pas plus long-temps sur les
représentations qu'elles avoient votées, et tournèrent
alors toute leur attention vers les subsides. Elles accor-
dèrent environ deux millions sterling pour l'entretien
de trente-trois mille hommes sur mer, la construction
de quelques vaisseaux de guerre, et l'achèvement du
bassin de Plymouth, avec sept cent cinquante mille
livres sterling pour combler le déficit de la taxe par
tête. L'estimation du nombre de troupes nécessaires
pour le service de terre donna lieu à de longs et vio-
lents débats. Le ministère detnandoit cinquante-quatre
mille hommes, dont vingt mille resteroient dans le
royaume pour la défense de la nation ^ tandis que le
reste serviroit dans l'armée des alliés. Plusieurs mem-
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CUILLÂUMB in ET MARIE» tg^
brea manifestèrent leur aversion pour une guerre à ' '] ' " '
laquelle la nation n'avoit pas un intérêt immédiat, et *^*'
dont rien ne faisoit espérer le succès. D autres , en ad*
mettant qu'on pouvoit soutenir les alliés sur le conti-
nent par un contingent de troupes angloises , pensèrent
que la nation devoit seulement agir comme auxiliaire ^
au lieu de remplir le rôle principal^ et que toutes les •
dépenses dévoient se borner à contribuer simplement
aux frais de la guerre» Mais ces observations n'eprent
d autre effet que de prolonger les débats : Tinfluence
ministérielle avoit surmonté toute opposition, et la
chambre vota le nombre d'hommes demandé. Sa con^«
plaisance fut telle, que, lorsqu'il fut question d'exa^
miner les .traités, conclus entre les Anglois, les HoUan^
dois et les princes allemands, et qu'on eut remarqué
que, malgré la lettre de ces traités, l'Angleterre siip»*
portoit les deux tiers des charges, elle ferma les yeux
sur une preuve aussi évidente de partialité, et fournit
au roi le moyen de continuer cette dépense^ Les prin-
cipes de cette chambre étoient si altérés, que, loin de
persévérer dans son ressentiment contre les généraux,
étrangers, elle vota qu'il seroit accordé au prince de
Wirtemberg, ainsi qu'aux majors-généraux Tetteau et
Laforest, qui commandoient les troupes danoises .à la
solde des états-généraux, une augmentation de paye qui
"portât leurs appointements au taux fixé pour les trou-
pes angloises. Enfin elle accorda plus de trois millions
sterling pour les subsistances des troupes de terre^ et
pour les dépenses extraordinaires de la guerre du conti-
nent.
. La chambre des lords n'étoit point exempte d aiïi-
jnosité; la faction MarlborougU s'y agitoit vivemeut*
il. )3
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' "" ' ' Ceux qui là coiilpopoiênt prétendirent qu'une dfes attrf-'
•^^' butions de la chambre étoit de faire des remontrance»
prt-sefi- au souverain. Gomme la chambre des communes, ils
tent des ^^ prévalurent à ce sujet d'un passage du discours de
trances &Dillaume> OÙ ce prince avoit demandé des conseils au
*^" '**** parlement, ne prévoyant pas sans doute qu'on s'empa*
reroit avidement de cette expression. Ils proposèrent
de confier la rédaction des diverses remontrances à un
comité fbrdié de membres des deux chambres : mais
tous ceux qui étoient dans la dépendance de la cour, en
y comprenant tout le banc des évéques, à l'exception
de Watson de Saint-David, furent invités à s^opposer à
cette motion , qui fut alors rejetée à une majorité de
Aimze voix. Cette victoire de ta cfonr fut suivie d'une
protestation des vaincus. Ils poursuivirent , malgré leur
défaite, le dessein qu'ils a voient formé d'adresser des
remontrances, et, après de grands débats, la chambre
arrêta une adresse à sa majesté pour demander que le
eommanden^ent des troupes angloises fût toujours con-
fié à un Anglois ; que les officiers anglois jouissent dans
Farmée des confédérés des mêmes prérogatives que
tous lés autres officiers du même grade, les princes
exceptés ; que l'usage de se procurer des knatelots par
le moyen de la presse fût aboli ; que les officiers qui
s'étoient servis de cet odieux expédient fussent cassés et
punis ; enfin qu^aucun étranger ne fût admis au conseil
de l'artillerie. Le roi reçut cette adresse assez Iroide-
ment, et dit qu'il la prendroit en considération.
Les lords résolurent ensuite de rechercher ce qui
avoït pu faire avorter le projet de descente, et deman-
dèrent toutes les pièces de cette affaire ; mais la plujast
se proposoient moins ext cela de rectifier les erreurs ou
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DtJlLLAtMÈ itt Et ^AtttÈi igS
ée faire connoitre les torts du gouvernement ^ que de ^ ' " ;
mettre Nottingham à couvert, et de Censurer l'amiral ^ ^^'
Bussel. Nottingham produisit son livre d'enregistré^
ment y ainsi que toute sa correspondance avec Famiral^
et prétendit que si l'expédition avoit aVorté, c'étoit à
ce dernier qu'il falloits'en prfendre. On renvoya l'affaire
à un comité. Sir Jean Ashby fut interrogé ; la chambré
invita le comte dé Nottingham à dresser un résumé des
charges, et les. pièces composant ce résumé furent re-
mises à un comité des communes, dans une conférence
où se trouvoient le lord^président et les autres membres
du comité de la chambre-haute : elles furent soumises
aux communes , parceque plusieurs articles concer-
noient divers membres de cette chambre qui pouvoiétit
donner des renseîgneknents plus particuliers. Dans une
autre conférence qui eut lieu à la demande des com-
munes^ leur comité déclara, au nom de la chambre,
qu'îl avoit mûrement examiné les papiers envoyés pai*
les lords ^ et qu'il avoit été unanimement reconnu que
la conduite de Pamiral pendant la dernière expédition
ne méritoit que des éloges. Les lords, blessés d'une dé-
claration qui paralysoit leur ressentiment contre Rus-»
sel, demandèrent une conférence libre entre les comi-
tés des deux chambres ^ Dans cette conférence le cointe
de Bochestér déclara aux membres dés communes que
les lords regardoient comme irrégulier le procédé de la
chambre-basse en renvoyant les pièces , attendu qu'elle
ne leur avoit point communiqué les renseignements
qu'elle avoit reçus, ni les motifs de sa déclaration en
faveur de Russel. Une pièce relative au même objet fut
remise au colonel Grauville, qui s'engagea à la pré-
senter aux communes, et à leur faire un rapport exact
i3.
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FOI.
^96 ' HISTOIRE d'aNGLETERJIB.
— àe ce qui avoit été dit par le comte dç RochestdP aa
i*>U^' nom de la chambre-haute. Tel fut le résultat de eelte
conférence, et Tenquéte fut discontinuée.
Adresse L^ chambre-basse ne paroissoit pas moins animée
^^^ contre Nottingham que la chambre-haute contre Bus-
ses au sel. Il fut proposé de présenter im avis au roi, pour
qu'il n'appelât au conseil de Tamirauté que des com-
missaires dont Fexpérience dan& les affaires maritimeS'
seroit reconnue. Cette motion ne fut pas accueillie :
toutefois la chambre ne laissa pas de présenter une
adresse aif roi pour demander qu'à lavenir tous les
ordres relatifs à la conduite de la flotte passassent par
des mains habiles et expérimentées : c'étoit au fond
vue véritable protestation contre la conduite de Nottin-
gham. Les communes décidèrent ensuite qu'il seroit
mis pour une année, sur toutes les terres, un impôt
de quatre schellings par livre sterling du revenu an-*
nuel, ainsi que sur toutes les autres propriétés et tous
les offices et emplois auxquels étoient attachés des
émoluments, à l'exception des emplois militaires dan»
les armées de terre et de mer. L'acte dressé conformée
ment à cette délibération autorisa le roi à emprunter à
sept pour cent sur le produit éventuel de cette taxe. Il
fut encore autorisé à lever un million sur le crédit géné-
ral de Féchiquier. De nouveaux droits d'importationt
furent établis. On renouvela la dernière capitatiôn par*
quartiers, en arrêtant que, dans le cas où elle produi-.
loit moins de trois cent mille livres sterling, le déficit
seroit comblé par un emprunt sur le crédit général de
l'échiquier. Les impôts sur le vin, le vinaigre, le tabac ^
le sucre, furent continués pour cinq ans, et les droits.
Sun les marchandises des Indes orientales pour quatre ^
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GUILLAUME III ET MARIE. 197
en mit un nouvel impôt de huit pour cent sur le capital — ;"~"'~
de la compagnie des Indes orientales, estimé sept cent '^
quarante-quatre mille livres sterling, un autre d*un
pour cent sur le capital de la compagnie d'Afrique, et
un de cinq livres sterling sur chaque action du capital
de la compagnie de la baie d'Hudson : le roi eut pou-
voir d'emprunter cinq cent mille livres sterling sur tous
ces fonds, qui furent expressément affectés aux dé-
penses que nécessiterait la guerre^
• Les bills pour les subsiîdes furent retardés dans la instruc-
chambre-haute par les manœuvres d'Halifax , de Mul- toralF^dê
grave et d'autres mécontents. Ils insérèrent dans le bill Burnet
relatif à la taxe des terres, une clause portant que les J^r^^
lords se taxeroient eux-mêmes. Cette clause passa à la ««»» ^^
majorité, et le bill fut renvoyé avec cet amendement
aux communes , qui le rejetèrent à l'unanimité , comme
une infraction manifeste à leurs privilèges. Elles de-
mandèrent une conférence , où elles déclarèrent que la
clause en question étoit évidemment contraire au droit
qu'elles possédoient de régler tout ce qui concemoit les
subsides accordés par le parlement. Lorsque te rapport
des communes sur ce point futdiscuté dans la chambre-
haute , le comte de Mulgrave déploya toutes les res-
sources de l'éloquence et du raisonnement pour per-
suader aux lords qu'en cédant à cette prétention des
communes , ils se dépouilleroient eux*mémes de leur
véritable dignité, et qu'il ne leur resteroit plus que le
nom de pairs et une ombre de pouvoir. 'Tous ses argu-
ments n'empêchèrent point les lords de retirer la clause-,
en déclarant toutefois que, bien convaincus du droit
qu'ils avoient de la soutenir, ils adoptoient le bill sans
aucun changement , en considération de Tétat urgent
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ig8 HI8TOIBE D'ANGLETEnBE,
■ , ■ ■ ■ des affaires. Une plaiote en forme fut rendue dans la
' chambre - basse contre un pamphlet intitulé , le roi
Guillaume et la reine Marie conquérants^ comme ren*
fermant des assertions d'une dangereuse conséquence
pour leurs majestés et la tranquillité du royaume,
L*imprimeur et celui qui avoit autorisé Timpression fii^
rent emprisonnés , et , Touvrage ayant été e](aminé , les
communes le condamnèrent à être brûlé par la main
du bourreau , et demandèrent au roi la destitution de
celui qui avoit autorisé Timpression. Elles prononcée
rent la uiéme sentence contre une instruction pastorale
de révéqile Burnet , où la même dénomination ctoU
donnée au roi et à la reine. Les lords , jaloux de mani-
fester leur sentiment àrcet égard, déclarèrent une telle
doctrine injurieuse pour leurs majestés., contraire aux
droits du peuple, et aux principes sur lesquels étoit
fondé le gouvernement; Bohun , qui avoit permis d'inir
primer, fut mandé à Içi barre de la chambre, et dé^
chargé, sur sa requête, après avoir reçu à genoux une
réprimande de Torateilr.
Plusieurs membres s'étant plaints que des hommes
attachés à leur service eussent été enlevés et envoyés
çn Flandre pour y servir comme soldats , la chambre
nomma un comité qu'elle chargea de faire une enquête
sur les abus commis par les enrôleurs. Elle adressa à
ce sujet des remontrances au roi , qui témoigna son in-
<ïignation d'une telle pratique, et assura la chambre que
l^s coupables seroient punis d'une manière exemplaire.
Cependant les communes , ayant appris dans la suite
que les moyens employés par sa majesté contre cet abus
n a voient produit aucun effet, reprirent Tenquête , et
agirent avec beaucoup de viçue\u* , d'après les informi^*
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i^i.2.
rot-
CniLLAUME III ET MARIE. 199
. tions qu'elles reçurent. Du grand nombre d'individus
qui avoient ainsi été pris de force furent relâchés par
ordre de la chambre; et le capitaine Winter, le prin-
cipal fauteur de cette odieuse ipEinière de recruter Far-
mée, fut conduit par un sergent devant le lord-chef de
la justice, pour être poiirsuivi suivant toute la rigueur
des lois.
L'agitation causée par cet abus tyrannique n'étoit *^3-
pas encore apaisée, lorsque le mécontentement de la ^^^^^^^^
nation fut aggravé par des plaintes contre lord Sidney , cham-
^ue des Irlandois accusoient de gouverner despotique- ^^* **
ment leur pays. Ces plaintes furent portées par sir
Francis Brewster, sir William Gore , sir Jean Macgill,
le lieutenant Stafford, M. Stone, et M. Rerne; interro-
gés à la barre de la chambre, ils remirent un exposé de
leurs griefs. Les deux chambres procédèrent de con-
cert à une information , qui ne tiit pas plus tôt terminée
qu'elles présentèrent séparément des adresses au roi.
Les lords observèrent qu'on avoit commis de grands
abus en disposant des biens confisqués ; qu'on avoit
accordé aux Irlandois des avantages non compris dans
le traité de Limerick , et dont l'effet étoit de priver les
protestants du bénéfice des lois contre les papistes ; que
les quartiers de l'armée n'avoient pas été payés confor-
mément au^ dispositions arrêtées dans le parlement;
qu'un maire avoit été imposé a la ville de Dublin pen-
dant deux années successives , contre les anciens pri-
vilèges et contre les chartes ; que plusieurs individus
accusés de meurtre avoient été exécutés sans preuves,
tandis qu'un nommé Sweetman , le plus coupable de
tpus, avoit été déchargé, sans qu'aucune poursuite eût,
été dirigée contre lui. Les communes s'exprimèrent
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!îOO HISTOIRE D ANGLETERRE,
-* ' ■ avec plus de liberté dans leur adresse : elles exposèrent '
* 9^' nettement les vices de Tad^ainistration , qui consis^
toient à laisser les sujets protestants en butte aux vio-
lences d'une armée licencieuse;' à recruter les troupes
parmi les papistes irlandois , naguère en révolte ouverte
contre le souverain ; à accorder à d autres papistes du
même pays une protection qui arrétoit la marche des
lois ; à annuler des condamnations pour haUte-trahison ^
non comprises dans les articles du trsiité de Limerick ;
à laisser tomber en non^valeur les terres confisquées,
fiu grand préjudice des revenus de sa majesté ; à dissi-
per les munitions qui restoient dans les villes et les
forts qu'avoit occupés le roi Jacques , aussi bien que les
meubles et effets des domaines confisqués , tous objets
qui auroient pu être employés à l'avantage dé Tétat ;
enfin , à ajouter de nouvelles clauses au traité de Lime-
rick , depuis qu'il avoit été signé , et que la place avoit
' été rendue. Sa majesté étoit instamment suppliée de
réformer tous ces abus , qui avoient puissammeiit en-
couragé les papistes d'Irlande, et affoiblila cause des
protestants. Les deux adresses furent très bien reçues
du roi , qui promit de donner une attentiop particulière
à toutes les remontrances qui lui viendroient de l'une
ou de l'autre chambre. Cependant il ne fut pris .aucune
mesure contre les lords^idney, Athlone , et Coningsby ,
qui paroissoient s'être appropriés , par concessions dé
la cour, une grande partie des biens confisqués; et Ye
commissaire Cullifbrd, coupable des actes d'oppression
les plus criants , demeura lui-même impuni.
BiHsfavo- L'ancien esprit des whiffs n'étoit pas encore entière-
ralxlesàla ru r
liberté, «^ent banni de la chambre-basse , et Tinfluence de la
cour s'exerçoit avec $i peu de mystère, et d'une manicçô
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etJILLAUME m ET MAKIE. ^01
si scandaleuse , que la plupart des membres en furent "
offensés. Dans le temps même que leur condescen-
dance envers la cour se manifestoit , sir Edouard Hus-
sey, membre des communes pour Lincoln , présenta
un bill propre à établir dans le parlement une liberté et
une^ impartialité entières. L'objet de ce bill étoit de
faire interdire aux membres du parlement l'exercice de
tout emploi de confiance , ou auquel seroient attachés
de^ émoluments : il étoit particulièrement dirigé contre
les officiers de terre et de mer , qui étoient en si grand
nombre dans la chambre , qu'on ^a nommoit communé-
ment le parlement des officiers. Le bill passa dans la
chambre des communes , et fut envoyé aux lords , qui ,
après une seconde lecture, en remirent l'examen à un
comité : mais le ministère employa tout son crédit pour
en empêcher l'adoption; et lorsqu'on fit le rapport, il
fut rejeté à la majorité de deux voix. Le comte de Mul*
grave fit alors briller de nouveau son éloquence , dans
un discours qui excita au plus haut degré l'admiration
du peuple. Parmi ceux qui protestèrent dans le procès-
verbal contre le rejet du bill , on distingua le prince
Georges de Danemarck. La cour n'étoit pas encore re-
venue de la consternation où l'avoit jetée une opposi-
tion si vigoureuse , quand le comte de Shrewsbury pré-
senta un autre bill portant que les parlements seroient
renouvelés tous les trois ans ; qu'il y auroit annuelle-
^ ment une session; et que si, à l'expiration^des trois
années , la couronne n'expédioit pas les lettres de con-
vocation, le lord-chancelier ou le commissaire du grand
sceau seroient tenus de les expédier d'office, en vertu
du présent acte , sous des peines sévères. Cette motion
9voit pour but immédiat la dissolution du parlement
1G93.
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202 HISTOIRE D ANGLETERRE.
""~*~" actuel, qui avoit déjà eu trois sessions , et quicommen*
^ ' çoit à devenir formidable au peuple par ses concessions
au ministère. Le bien qui devoit résulter pour la con-
stitution de rétablissement des parlements triennaux
n'étoit point équivoque, cette matière ayant été, sous
les régnes précédents, Tobjet de nombreuses discus-
sions. Les courtisans objectèrent que les élections frér
quentes rendroient les francs-tenanciers orgueilleux 0t
insolents, favoriseroient Tesprit de faction pariQi les
électeurs , et occasioneroient des dépense^ continuelles
pour chaque membre, qui, voyant à si peu de distance
le retour des élections, croiroit nécessaire de se livrer,
pendant toute la session , aux manèges d'un candidat
avoué. Mais toute Tinfluence du ministère ne put em*
pécher qye le bill ne passât dans la chambre-haute,
avec une clause pour que le présent parlement qe pût
3e prolonger au-delà du mois de janvier suivait. Dans
la chambre des communes le ministère redoubla d'ef<
forts contre ce bill , qui passa néanmoins , avec quel-
ques légers amendements qu'approuvèrent les lords.
Mais tous ces succès devinrent inutiles , le roi ayant
jrefusé sa sanction. Les communes,/! Finstigation du
ministère , rédigèrent ^n bill pour continuer çt expli*
quer certaines lois temporaires, déjà expirées ou près
d'expirer, entra autres un acte pour restreindre la li-
l>erté de la presse , acte qui appartenoit au régne de
Charles il , et qui avoit été remis en vigueur la pre-
mière année du /régne suivant. Le bill passa dans la
çhambre-basse sans difficulté : mais il éprouva la plus
vive opposition dans la chambre des lords. Un grand
nombre de ces derniers protestèrent contre le renou-
vellement d'une loi qui , à leur avis , asservissoit les tra-
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GIJILCAUME m ET MARIÉ. 2oS
vaux de la science , et le langage même de la vérité au TT"
Il ^ • ^ 1 1^9^
jugement et au caprice d un censeur mercenaire et quel-
quefois ignorant , violoit la propriété des auteurs , et
étendoit le fléau des monopoles. Le bill relatif aux pro-
cès fut abandonné, et il en fut produit un autre à la
place, pour mettre hors de toute atteinte les personnes
sacrées de leurs majestés et leur gouvernement. Mais
le ministère, par ses pratiques secrètes, parvint aie
faire rejeter. La compagnie des Indes orientales se vit
en danger d'être dissoute. On préseata des pétitions
contre elle à la chambre des communes : d'autres péti-
tions furent présentées pour sa défense. Les unes et les
autres furent discutées avec attentioh. Un comité de
toute la chambre arrêta qu'il seroit fait une souscrip-
tion additionnelle d'actions , dont le fonds ne pourroit
excéder deux millions cinq cent mille livres sterling,
«t qui auroit lieu pour une durée de vingt*un ans. Le
rapport fut fait et accueilli , et le public s'attendoit à
voir terminer promptement cette affaire : mais la com-
pagnie' eut recours aux mêmes expédients qui avoient
«ù tant de succès dans les mains du ministère. Ceux
qui s'étoient montrés les plus ardents à dénoncer les
abus se refroidirent tout-à-coup , et laffaire commença
à languir. Cependant la chambre demanda au roi, par
une adresse, de dissoudre la compagnie, en la préve-
nant trois ans d'avance ; comme l'exigeoit la charte re-
lative à cette compagnie. Le roi répondit qu'il exami-
neroit cette demande ; et les communes bornèrent là
leurs remontrances. Le bill pour confirmer les juges
dans leurs emplois et honoraires , bill que le roi avoit
refusé de sanctionner dans la session précédente, fut
reproduit , lu à deux reprises , et rejeté. Un aùtrç bill
Digitize^by Google
îio4 HISTOIBE DANGLETEBRt.
^g^ pour empêcher lexportation et la fonte de la tnonnoie^,
resta sur le bureau . Le 1 4 mars , le roi ferma la session
par un discours, où il remercia le parlement de toutes
les preuves d'affection qu'il lui avoit données , promit
que les subsides recevroient une sage application , et
annonça aux chambres que l'état des affaires exigeoit
son départ , en ajoutant qu'il laisseroit un nombre de
troupes suffisant pour la sécurité du royaume. Il les
assura enfin qu en toute occasion il exposeroit sa per«
sonne pour l'avantage de Tétat, et ne riégligeroit rien
de ce qui pouvoit faire des Anglois une nation floris-
sante.
Procès de Dans le cours de cette session , le lord Mohun , aecusé
Mohun. " ®^re complice du meurtre d un célèbre acteur , fut
^mems •'"^^ P^^ ^^^ P^*''* ^^"^ '^ ^^'® ^^ Westminster, et ac-
daris le quitté à Une grande majorité Le roi, qui, dès son avè-
Tère! ï^^^ent au trône , avoit voulu tenir la balance égate
entre les whigs et les torys, en les appelant les uns et
les autres dans son ministère , suivit la même politique
dans les changements qu'il crut devoir opérer. Le grand
sceau , avec le titre de lord-chancelier, fut conféré à sir
Jean Somers, homme versé dans la connoissance dés
lois, et qui étoit loin d'être étranger aux diverses bran*
ches de littérature. Il avoit un talent particulier pour
les affaires, auxquelles il se livroit avec beaucoup de
patience et d'assiduité; son caractère étoit plein de
douceur et d^équité : ses principes le faisoient pencher
vers les whigs , sans rien ôter à sa modération et à ses
habitudes conciliantes. On remarquoit les mêmes qua-
lités dans sir Jean Trenchard, que le roi nomma secré*
taire-d'état^ Il avoitpris parti pour le duc de Monmouth ,
qu'il avoit suivi sur le continent , et avec qui il avok
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cyiLLAUME m ET MARIE, HoS
passé quelques années. Il étoit calme et posé, propre
aux affaires diplomatiques, et considéré coinihe un des ^
chefs de son parti. On prétendit que Tun et l'autre dé-
voient leur élévation aux bons offices du comte de Sun-
derland, qui avoit su gagner la confiance et la faveur
du roi. Les chefs de l'opposition étoient sir Edouard
Seymour, jeté de nouveau dans le parti des mécon-^
tents, et sir Christophe Musgrave, gentilhomme du
Cumberland, qui , malgré l'exagération de ses principes
comine tory, avoit cependant refusé de concourir à tous
les projets du dernier roi. C'étoit un homme de mœur»
graves et régulières. Il avoit repoussé plusieurs fois les
offres du ministère , et l'avoit toujours combattu vio-
lemment. On citoit cependant quelques circonstances
critiques pu son avarice , plus forte que son patriotisme ^
Tavoit déterminé à des concessions, à la vue de sommes
considérables que la cour lui avoit fait offrir secrète-
ment. Quelques autres se déclarèrent contre Tadminis^
tration , par Tidée que leurs talents n etoient pœnt assez
récompensés* Les principaux étoient Paul Foley^ et
Robert Harley : le premier étoit un habile juriscon-
sulte, homme d'une instruction très étendue , vertueux
par principes, m*ais dur, entêté et capricieux. Il pro^
fessoit un grand mépris pour la cour, et trouvoit moyen
de £Biire partager ce sentiment à beaucoup d'autres.
Harley, dominé par une haute ambition , possédôit un
grand fonds de connoissances : capable de l'application
la plus forte et la plus opiniâtre, il avoit particulière-
ment tourné ses études vers la politique; il n'igno-
roit aucune des formes , aucune des ressources qu'on
pouvoit employer dans les parlements ; et personne ne
I9 ^urpassoit en de;xtérité pour diriger y ralentir ou em*
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î»o6 MlSTOinE D'^NGtETEHilÉ.
"" — brouiller les débats. L'amiral Bussel fut fait trésoriet
^^ * de la maison * du roi ; et le commandement de la flotte
passa entre les mains de Killigrew ^ Délavai et ShoveL
Sir Georges Booke fut nommé vice-amiral de la division
rouge; et le lord Jean Berkeley, de la division bleue: leurs
contre - amiraux furent Mathieu Avlmer et David
Mitchel.
I^ roi Après avoir visité la flotte et les fortifications de Ports*'
'l*armée i3aouth| donné des instructions pour faire àTennemi
^^' tout le mal possible par terre et par mer, et laissé
rés en le gouvcmement a la reme ^ le roi s embarq ua le 3 1 mars
Flandre, p^.^^ Graveseud , et arriva en Hollande le 3 avril. Aussi-*
tôt les troupes des confédérés eurent ordre de se ras-
sembler. Mais pendant que Guillaume faisoit ses pré-
paratifs, le roi de France se mit en campagne : on lut
supposa le desaein d'attaquer quelque viile du Brabant.
Son armée, abondamment pourvue des choses néces-
saires pour les opérations militaires de toute espèce,
s elevoit à cent vingt mille hommes très bien équipés.
Guillaume prit d'abord possession du camp fortifié &
Parke , proche Louvain , poate où il pouvoit couvrir les
placés les plus exposées. Instruit que les émissaires de
la France âvoient jeté des semences de division entre
révéque et le chapitre de Liège , il envoya le duc de
Wirtemberg dan» cette ville pour réconcilier les partis,
et concerter les mesures propres à mettre la place en
sûreté. Il renforça la garnison de neuf bataillons; et
rélecteur palatin se hâta de marcher au secours avec
ses troupes. Guillaume jeta aussi des renforts dan»
Maestricbt, Huy et Charleroyi et résolut, quant à lui,
de se tenir sur la défensive à la tête de soixante n^ille
hommes ^ avec un train d'artillerie fort considérable^
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CUILLâUME lil ET RiARIE. 20^
Quand Louis XIV eut passé son armée en revue à '"''-*
Oemblours , voyant ses projets sur le Brabant décon- ^ '
certes par la diligence de son ennemi , il détacha Bouf- çois ré-
flers avec vingt miHe hommes vers le Haut-Rhin , pour ^^^^^^
joindre le dauphin, qui commandoit sur ce point, laissa
à Luxembourg le commandement de ses forces dans
les Pays-Bas, et reprit le chemin de Versailles avec sa
cour. Immédiatement après son départ , Luxembourg
établit son quartier-général à Mildert , et Guillaume
fortifia son camp de ce c6té par dix bataillons et vingt-
huit pièces de canon. Les convois ennemis furent sur-
pris fréquemment par des détachements de la garnison
de Charleroy, et un corps nombreux de troupes de ca-
valerie et d'infanterie tirées de Liège et de Maestricht ,
prit poste à Huy, sous lés ordres du comte de Tilly,
afin de resserrer les François dans leurs quartiers. Mais
le comte fut délogé par Luxembourg en personne , et,
forcé* de passer le Jaar, laissant derrière lui trois esca-
drons et tout son bagage , qui tombèrent entre les mains
de lennemi. Heureusement cet échec fut compensé par
les succès du duc de Wirtemberg , qui , avec treize ba-
taillons d'infantferie et vingt escadrons de cavalerie, força
les lignes des François entre TEscaut et la Lys, et mit
tout le pays jusqu'à Lille à contribution. Le même jour
(c'étoit le i8 juillet) , Luxembourg marcha sur Huy,
qu'investit le lendeiùain M. de Villeroy. Le général en
dief couvrit le siège , et se précautionna contre les al-
liés par des lignes de contrevallation. Avant même que
lès batteries commençassent à jouer , la ville capitula,
La garnison s'etant mutinée, le 23 du même mois,
les châteaux furent rendus ; le gouverneur demeura
prisonnier y eft ses troupes furent conduites à Liège.
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ao8 HISTOIRE D'ANOLETKflIlE>.
"^ — 7"; — L'armée des alliés s'avança, dans 1 iatçntion desecpurîi*
^ ' la ville ; mais Guillaume apprit qu il ifétpit plus temps;
il détacha aussitôt dix bataillons pour renforcer encore
la garnison de Liège, et, le jour suivant, il retùuraa à
Neer-Hespen.
Laxem- Luxembourg fit un mouvement vers Liégè, comme
bourg se g'j| youloit assiéger cette place; et campa à Hellecheim ,
neàaua-à Une distance d'environ sept lieues des confédérés.
^Ivàé ^^ N'ignorant pas combien ils étoient affoiblis , depuis que
divers détachements avoient été tirés de leur armée , ij
prit le parti de les attaquer dans leur camp , ou , s'ils se
retîroient à son approche, de tomber sur leur arrière-
garde. Il se mit en marche sur quatre colonnes le aS
juillet, et passa le Jaar près de sa source, avec une
armée supérieure en nombre à celle des alliés. Le
roi d'Angleterre ne. vit d'abord dans ce mouvement
qu^une feinte pour couvrir un dessein contre Liège*
Mais ayant eu avis que toute l'armée ennemie étoit en
pleine marche pour l'attaquer dans son camp , il résolut
de garder son terrain, et rangea aussitôt ses troupes
en ordre de bataille. Ses officiers-généraux lui conseil-
loient de repasser la Geet : mais il aima mieux courir le
risque d'une bataille que d exposer son arrière-garde^
en répassant cette rivière. Son aile droite, s'étendant jus-
qu'à Nerwinde , le long de la Geet , étoiteouverte par des
haies, des chemins creux, et par un petit ruisseau; sa
gauche atteignoit Neer-Landen, et ces deux villages
furent joints par un petit retranchement que le roi fit^
faire le soir même. Le brigadier Ramsey, avec les régi-
ments d'O'Parrel , de Mackay, de Lauder^ de Leven, et
de Monroé, fut placé à la droite de toute l'armée, le long
de quelques haies et chemins creux, au-delà du village
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ctJiLLÂUME tu w UAuxÉ. iog
de Lare. Six bataillons de Brandebourg furent podtés à ■ ■ ■
la gauche de ce village, et le général Dûment^ avec '^•^^'
Finfanterie hanovrienne, oompa le village de Nerwîn^
de, qui couvroit Une partie du camp ^ entre Iç corps de
bataille et laile droite de la cavalerie. Meer<>Landen, sur
la gauche, fut défendu par six bataillons de troupes
angloises , danoises et hollandoises.
Après avoir visité à cheval tous les postes , et donné
les ordres nécessaires, le roi prit environ deux heures
de repos dans son carrosse. Le lendemain de grand
matin , il fit venir son chapelain , et se mit pendant
quelque temps en prière avec lui^ Au soleil levant^ on
vit Tennemi se déployer en ordre de bataille; et le feu
des 'alliés eomniença avec asse2 de succès. Les Fran-
çois , vers huit heures , attaquèrent impétueusement
les villages de Lare et de Nerwinde. Deux foi&âls s'em**
parèrent de ces deux postes , et deux fois ils en forent
repoussés. Les alliés conservèrent leiu* terrain, et 1^
duc de Berwick fut fait prisonnier par son oncle le bri*
gadier Churchill. Les François attaquèrent alors Taile
gauche des confédérés à Neer-Landen , et, après un
combat très acharné, furent obligés de se retirer /quoi^
que déjà maîtres des avenues. Le prince dç Cônti revint
à. la charge, avec la fleur de Tinfanterie françoise; et
les alliés ,. accablés par le nombre , abandonnèrent Ifi
village, laissant ce côté du camp à découvert. Villeroy,
s'y portant avec un corps de cavalerie, fut attaqué et
repoussé par le comte d'Arco , général des cuirassiers
de Bavière. Le duc de Chartres fut alors au moment
d'être pris. Sur ces entrefaites , Luxembourg , le prince
de Conti, le comte de Marsin et le maréchal de Joyecise»
chargèrent à la droite sur différents points de la ligne ^.
II. «4
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âlO ltl9lrOlRfi D^ARGtfitÈARt.
""^"^ — àv€c tant û'impétno^iié^ que tout plia devant eux. Lei
^ ' François inondèreot le caiop des confédérés , et les
VîUages de Lare et de Nerwinde furent emportés , mal-'
gré la résistance la phis désespérée, hsk cavalerie hano^
arienne et hoUandmse étant rompue , le roi vint eii
fiersoane à son secours, à la tête de la cavalerie an-
gloise. Ces ttoupes fraîches se battirent vaillammenf^
et refardèrent de quelques heures la funeste issue de
cette journée» L'^infanterie parvint à se rallier, et se
défendit jusqu'à ce que ses munitions fussent épuisées :
enfin Ton en étoit au point de soutenir ie choc d^un
ennemi supérieur en nombre , lorsque le marquisd'Har-
court y sortant de Huy , à la tête de^vingt-deux escadrons
de troupes fraîches , vint enfin fixer le sort de la bataille.
Après des efforts extraordinaires , Félecteur de Bavière
se retira avec beauooup de difficulté par le pont de
l'autre côté de la rivière, où il rallia ses troupes y pour
£aciUter la retraite à ceux qui n'étoient pas encore pas*'
* ses. Le roi , témoin de la perte de la bataille et du dés-
ordre de Tarmée , gagna avec son infanterie Dormul »
sur le ruisseau du fieck, où se trouvoient les dragons
deTaile gauche. Il eiit beaucoup de peine à effectuer sa
retraite par le pont de Neer-Hespen , quoiqu'elle fl^t
couverte par les régiments de Wyndham, Lumley et
Galway. Ce n'étmt plus que tumulte, désordre, con*
sternatioD ; la dérouta fut générale : un grand nombre
de fuyards se jetèrent dan» la rivière, et y périrent. On
a lieu de croire que ce fut aussi le sort du brave comte
d'Atfaloae. Le duc d'Ormond , couvert de blessures,
tomba entre les mains de Tennemi j et le comte de
Solmes fut blessé à mort. La plus grande partie de
Tinfanterie angloise fut sauvée par le courage et Thabi*
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ûtJlLLAtJMË Ht Et MAttlËi 21 1
letc de Ptolemache. Quant au bagage, il avok4té en* , . ■ ■
voyé à Liège avant laction t mais les confédéré» perdi* *^
rent soixante piéce9 de canon » et environ sept mille
hommes. Cependant il est incontestable que les alliés
combattirent dans cette journée avec autant de valeur
que de constance ; Guillaume fit des prodiges de cou-*
rage et d activité, pour retenir la fortune qui lui échap-
poit ; il vola tour^-tour sur tous les points de la bataillé ,
chargea en personne à pied et à^ cheval, et courut les
plus grands dangers : sa perruque, la tnandbe de sa
cotte d'armes et le nœud de son écharpe', furent percés
de trois balles , et beaucoup de soldats tombèrent à ses^
côtés^ Sa valeur extraordinaire étonna Fennemi : le
prince de Gonti , entre autres , en témoigna toute son
admiration. Cependant sa conduite et ses dispositions
dans cette bataille , comme dans toiiitea les autres qu'il
avoit livrées, furent sévèrement censurées. On dit que
Luxembourg observant sa situation quelques moments
avant le combat , prononça ces mots : J^ croU k présent
qvue le prince, de Waldeck estiien réellement màrt^ allu-
sion à rhabileté connue de ce général dans le ofaoâx du
terrain. Quoi qu'il en soit , il paya son triomphe asseas
eher^ Sa perte e^ of^ciers et en soldats fut presque
égale à celle des alliés , et il ne retira pas de c^tte vie*
toire de bien grands avantages. Il demeura quinze purs
dans Tinaction à Waren , . pendant que le roi Guillaume
rappelant le duc de Wirtemberg, et tirant des troupes
de Liège et des autres garnisons , se mit en état dé ha*
sard^r une nouvelle action.
Il n'y eut rien de bien remarquad)le dans le reste «de charleroi
cette campagne, jusqu'à ce que Luxembourg ayant été v^'^ P»^
90U.
M-
irejoint par BoufHers à la tête d'am renfort considérable ^* ^^^
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2Ï2 iriStOIRÉ D'ANGLfitEfeRÉ.
"■*''■ ' des troli^fes du Rhin, investit Charleroi. Il a voit prlô des
" mesures si sages et si habiles, que les alliés ne pou-
voiefft déranger ses opérations sans attaquer ses lignes
avec un grand désavantage. Le roi détacha l'électeur
dé Bavière et le duc de Wirtemberg avec trente batail-
lons et quarante escadrons pour opérer une diversion
en Flandre; mais ils revinrent au bout de quelques
jours, sans avoiip entrepris rien d'important. Charleroi
fiit admirablement défendu par la garnison, depuis
le lo septembre jusqu'au ii octobre: elle repoussa
plusieurs fois les attaques des assiégeants; mais enfin,
^ désespérant d'être secouru, le gouverneur se déter-
mina à capituler, et obtint les conditions lés plus ho-
norables. La prise de cette place fut célébrée à Paris
par un Te Deum et par des réjouissances. Cependant
Louis XIV, au milieu de toute sa gloire , ne voyoit pas/'
sans beaucoup de chagrin le peu d'avantages que sesT
dernières victoires a voient produit. Les alliés avoieht
été défaits successivement à Fleurus, Steinkerque et
Kerwinde; mais, quinze jours après chaque combat,
Guillaume se trou voit en- état d'en livrer un nouveau.
Précédemment le monarque françois avoit conquis,
sans bataille, la moitié de là Hollande, la Flandre et
la Franche-Comté : maintenant, avec les plus grands
efforts , et après les victoires les plus signalées , il ne
pouvoit passer les frontières des Provinces-Unies. La
eonquéte de Charleroi ferma la campagne dans les
Pays-Bas, et les deux armées prirent ensuite leurs
quartiers d'hiver.
Campa- L'armée frahçoise , commandée sur le Rhin par de
le Rhin et Lotges , passa ce fleuve , au mois de mai , à PhilisboUrg,
^Q Pîé- çç investit la ville d'Heidelberg, qu'elle prit, livra au
mont.
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GUILLAUME IH ET MARIE,. ai3
pillage et réduisit en cendres. Ce général exerça dei -
cruautés sans nombre dans le Palâtinat, et ravagea cet ^
infortuné pays^ sans, y respecter mémeJa cendre desi
morts. Les soldats françois semblèrent inspirée daas
cette circonstance par la plus àtiY)ce iphumanké. Mas-
sacres'y viols, pillages des maisons et des églises, meur-
tre des prêtres à Fautel même, rien ne manqua à leurs
excès. Les tombeaux des électeurs furent brisés, et
leurs cendres dispersées dans les rues ; le feu fut mis
aux différents quartiers de la ville ; quinze millç habi-
tants de tout âge et de tout sexe furent dépouillés et
poussés dans cet état vers le château , afin que Taspect
de ces malheureux portât la garnison à ca{Âtuler.. Ils
demeurèrent, comme des troupeaux, en plein air, sans
vétemenés, sans nourriture, et joignant à Thorreur de
leur état la crainte d'un bombardement. Quand la sou-
mission du fort leur eut rendu la liberté, un grand
nombre moururent sur les bords du Necker, de froid „
de faim et de désespoir. Des hordes de Tartares au-
roient-elles été capables de plus'de cruautés ? De Lorges
s'avança vers le Necker contre le prince de Bade, campé
sur Tautre rive, tenta le passage, et fut repoussé deux
fois avec une perte considérable « Le dauphin, ayant
joint Tarmée, qui s'éleva alors à soixante* dix mille
hommes, passa le Necker sans opposition; mais voyant
la position avantageuçe des Allemands, il ne voulut
point hasarder une attaque, çt repi^ssa la rivière. U
mit une garnison dans Stutgard, envoyâmes détache*
ments en Flandre et en Piémont, et retourna à Ver-
sailles au mois d'août^
En Piémont les alliés furent encore plus malheureux.
Le duc de Savoie et le& confédérés ses auxiliaires entrer
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ai4 HISTOIRE D'ANGLETERRE,
■- """ ■ ■ prirent de chasser les François de Casai et de Pignerol,
'^^* lia première de ces places étoit bloquée, et on investit
la seconde, que couvroit le fort de Saînte^Brigite. Ce
fort fut pris, et la ville bombardée ; mais Catinat ayant
reçu du renfort, descendit alors dans la plaine. Le duc
fut si alarmé pour Turin , qu'il abandonna le siège de
Pignerol, après avoir fait sauter le fort, et marcha au-
devant de Fennemi dans la plaine de Marsaille, voisine
de sa capitale. Le 4 octobre les François s'avancèrent
sur lui des hauteurs, entre Orbassau et Piorasque, et
il s'engagea un combat furieux. L'ennemi chargea,
l'épée à la main , l'aile gauche des confédérés avec une
valeur étonnante. Repoussé deux fois, il revint à la
charge avec une telle impétuosité, qu'il culbuta la ca-
valerie napolitaine et milanoise, et mit en désordre la
cavalerie allemande, qui se renversa sur l'infanterie,
en sorte que toute l'aile fut dans la plus grande confu-^
sion. Cependant le centre et l'aile droite de l'armée sou-
tinrent la charge sans s'ébranler, jusqu'à ce que la dé-
faite de la cavalerie permit de les prendre en flanc.
Alors tout le front plia ; en vain la seconde ligne reçut
ordre de le soutenir : la cavalerie tourna le dos et l'in-
fanterie fut mise complètement en déroute. En un mot
les confédérés furent contraints de se retirer précipi-
tamment , abandonnait leur canon à l'ennemi , et lais-
sant huit mille hommes tués ou blessés sur le champ
de bataille. Le duc de Schomberg, à qui l'on avoit
^ refusé le rang qui lui étoit dtf^ avoit du moins voulu
combattre à la tête des troupes à la solde du roi d'An-
gleterre, placées au centre, et ces troupes se compor-:
tèrent, sous les yeux de leur chef, avec la plus grande
valeur. Quand l'aile gauche fut defs^ite, le comte d^
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OUILLAUMË IH ET MARIE. jStlS
X«06-Torres voulut remettre le commandement à Schom- "
berg, pour que ce général dirigeât la retraite de Tin- *
fanterie et de l'aile droite; mais Sdhomberg refusa
d'agir sans les ordres du duc de Savoie « et dit que les
choses en étoient venues au point qu'il falloit vaincre
ou mourir. Il ne cessa point d'animer ses troupes de la
voix et de l'exemple, jusqu'à ce qu'il fut frappé griè-
vement à la cuisse. Son domestique, le voyant tomber,
vole à son secours en criant, quartier! mais il est lue
lui-même avant qu'on ait pu l'entendre. Schomberg est
pris aussitôt, et relâché ensuite sur sa parole; mais
quelques jours sont à peine écoulés que ce héros meurt
à Turin, emportant des regrets universels, bien dus à
ses grandes et aimables qualités. Le comte de Warvick ,
qui l'accompagnoit en qualité de volontaire , fut comme ^
lui blessé et fait prisonnier; mais, plus heureux, il ne
tarda pas à guérir et à recouvrer sa liberté. Cette vic-
toire ne fut pas plus décisive que celle de Nerwinde, et
ne coûta pas moins aux François, par la défense opi-
niâtre des alliés. Le duc de Savoie se retira à Mont-
callier, et jeta un renfort dans Coni, que Gatinat n'osa
pas assiéger, tant ses troupes avoient souffert dans la
bataille. Il se borna à mettre le pays à contribution,
et, après avoir renforcé les garnisons de Casai, PignO'^
roi et Suse, se disposa à repasser les monts. A la pre«
mière nouvelle de cette victoire, Louis XTV envoya à
Turin M. de Chaulais, chargé de faire des propositions --
au duc de Savoie, pour le détacher de la cause des
alliés, et cette négociation fut vivement appuyée par^
le pape, devenu partisan de la France; mais ce que
proposoit Louis XIV n étoit pas encore ce que vouloit
le duc, qui crut devoir refuser.
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2.l6 HISTOIRE to^ANOLETERRfc.
V^j Les démarches de la France n'avoient pas obtenu
inoins de succès à Gonstantinople qu'à Bdme. Le gi^nd*
visir étoit devenu pensionnaire et partisan de Louis ;
piais une guerre où les Turcs étoient engagés depuis si
long'temps» et ay:ec si peu de fruit, rendit ce ministre
tellement odieux, que le grand^seigneur né put apai-
'ser les clameurs qqen le déposant. Les ambassadeurs
d'Angleterre et de Hollande à Gonstantinople s^empres-
sèrent alors de renouveler leur médiation pour la paix
avqç Tempereur) mais leurs propositions furent tou-
jours dédaigneusement rejetées. Pendant ce temps le
général Hei^sler^ qui commandoit les Impériaux en
Transylvanie, réduisit les forteresses de Jeno et Villa-
guèwar. Au commencement de juillet le duc de Croy
prit le commandement en chef de larmée allemande,
et passant le Danube et la Saave, investit Belgrade. Le
siège fut poussé pendant quelque temps avec beaucoup
de vigueur ; mais on l'abandonna à l'approche du visir,
qui obligea les Impériaux à repasser la Saave, et en^
voya: des partis faire des incursions dans la Haute^
Hongrie, La puissance de la France n'avoit jamais été
si imposante qu'à cette époque, où elle entretenoit une
' .flotte formidable sur la mer, et quatre grandes armées
en (lifféren^s parties de l'Europe. On vient de voir les
opérations des François en Allemagne et en Piémont.
Le comte de Noailles avoit investi Roses en Catalogne ,
vers là Çn de mai, pendant que, la place étoit bloquée
par la flotté du comte d'Estrées. l^lle se rendit au bout
de quelques jours par capitulation, et il en fut de
méaie du château d'Ampurias. La puissance espagnole
se trouvoit tellement abaissée que Noailles auroit pourr
çùivi ses conquête^ sans interruption, s'il lï'çût été
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GUILLAUME III ET MARIE. 217
obligé de détacber une partie de son armée pour ren-
forcer Catinai; en Piémont. . «. .
AtFaircs
Rien ne pouvoit être moins glorieux pour les Anglois navale».
que leurs opérations maritimes de cet été. Le roi avoit
commandé aux amiraux la plus grande diligence dans
l'équipement des flottes, afin de pouvoir bloquer les
ports de lenpemi, et protéger le commerce, qui avoit
beaucoup souffert de la part des armateurs françois ;
mais ils mirent tant de lenteur dans leurs dispositions,
que les escadres ennemies étoient sorties de leurs ports
avant que la flotte angloise ftlt en mer. Enfin, vers le
milieu de mai, elle fut rassemblée à Sainte-Hélène, et
prit à bord cinq régiments qu'on destinoit à une des-
cente à Brest; entreprise qui rie fut point exécutée.
Les escadres angloise et hollandoise, ayant opéré leur
jonction, formèrent ainsi une flotte nombreuse et im-
posante ; et le peuple anglois comptoit sur quelque
grande expédition. Malheureusement les amiraux fu-
rent d'avis différents ; leur dissidence les empêcha de
rien effectuer d'important. Killigrew et Délavai n'échap-
pèrent pas au soupçon de répugnance pour le service
de Guillaume, et l'on prétendit que la France entre-
tenoit des intelligences secrètes avec les mécontents
d'Angleterre, Louis XIV avbit fait de prodigieux efforts
pour réparer le désastre de sa flotte* Il avoit acheté
plusieurs grands vaisseaux qu'il avoit transformés en
bâtiments de guerre. Il avoit mis un embargo sur tous
les navires de son royaume, jusqu'à ce que ses escadres
fussent équipées, et avoit fait beaucoup de promotions
parmi les troupes et les officiers de mer, expédient qui
porta au plus haut degré l'émulation et l'activité. Dans
\§i mois de mai sa flotte parut sur la Méditerranée ^ di-
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3l8 HISTOIRE D*AII6LETERRE.
visée en trois escadres, qui formoient soixante «onze
' vaisseaux de ligne, sans compter les galliotes à bom*
bes, les brûlots et les allèges.
Ce fut au commencement de juin que les flottes an-
gloise et hollandoise mii*ent à la voile et entrèrent dans
la IVliinche. Le 6 sir Georges Rooke fut détaché avec
une escadre de vingt-trois vaisseaux pour parcourir les
détroits, à Feffet de protéger le commerce. La grande
flotte retourna à Torbay, pendant qu'il poursuivoit
sou voyage, ayant sous son escorte environ quatre
cents vaisseaux marchands anglois, danois , hoUan*
dois, suédois, hambourgeois et flamands. Le 16 ses
corvettes découvrirent une partie de la flotte françoise
sous le cap Saint-Vincent, et le lendemain on la vit
tout entière au nombre de quatre-vingts voiles. Seize
vaisseaux ennemis prirent le devant sur Tesçadre an*
gloise. Sir Georges Rooke, par le conseil de Tamiral
hollandois Vandergoçs, résolut d'éviter, s'il étoit possi*
ble, un combat dont les suites pouvoient être si désas*
treuses. Il envoya ordre aux petits navires, qui étoient
proches de terre, de se réfugier dans les ports de Faro,
St.-Lucar et Cadix, dont ils n etpient pas éloignés , pen«
dant qu'il protégeroit lui-même le reste. Vers six heu-
res du soir, dix vaisseaux de l'ennemi coupèrent deux
vaisseaux de guerre hollandais, commandés par les
capitaines Schrijver et Vander*Poel, qui, ne voyant au-
cun moyen d'édiapper, essayèrent du moins de sauver
le reste de la flotte en se dirigeant vers le côté de terre,
où les François furent obligés de les suivre. Attaqués
alors, ils se défendirent en désespérés ; mais, accablés
par le nombre, ils finirent par être pris. Un vaisseau
de guerre anglois et une riche pinasse furent brûlés.
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GUILLAUME III ET MARIE. aig
Les comtes de Tourville et d'Estrées s'emparèrent de TT^
\nigt-neuf vaisseaux marchands, et en détruisirent cin-
quante. Sept des plus gros vaisseaux de Smyrne tom-
bèrent au pouvoir de M. de Coetlogon, et quatre furent
coulés à fond dans la baie de Gibraltar. On évalua la
perte faite dans cette occasion à un million sterling.
Cependant Rooke gagna le large par un vent frais , et,
le 19, envoya le vaisseau de guerre TAllouette porter
la nouvelle de son désastre. Il gagna Madère, où il fit
du bois et de l'eau, mit ensuite à la voile pour l'Ir-
lande, et, le 3 août, arriva à Cork, avec cinquante
voiles, y compris beaucoup de vaisseaux marchands.
Il détacha poiir Kinsale le capitaine Fairborne et toute
son escadre, à l'exception de six vaisseaux de ligne,
avec lesquels il eut ordre de joindre la grande flotte,
qui croisoit dans la Manche. Le 2 5 août elle retourna
à Sainte -Hélène, et les régiments furent débarquée.
Quinze vaisseaux de ligne hoUandois et deux frégates
firent voile pour la Hollande, et J'on assigna pour la
garde des côtes, durant l'hiver, vingt-six vaisseaux et
sept brûlots.
Au lieu de poursuivre Booke à Madère, les amiraux Expodi-
françois firent une tentative infructueuse sur Cadix , et i^g |„ j^.,
bombardèrent Gibraltar, où les marchands aimèrent occidea-
mieux couler à fond leurs vaisseaux que de les laisser
exposés à tomber entre les mains des ennemis. Ces der-
niers parcoururent ensuite les côtes d'Espagne, dé-
truisirent quelques vaisseaux anglois et hoUandois à
Malaga , Alicante , et en d'autres endroits , et retour-
nèrent en triomphe à Toulon.
A-peu-près à la même époque, sir François WHeelèr
revint en Angleterre avec son escadre, après une ex-*
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lôyS.
ii20 ttfSTOIBE O ANGLETERRE^
pédition malheureuse dans les Indes occidentales. De
concert avec le colonel Godrin]g[ton, gouverneur des
Iles-sous-le-vent , il a voit fait sur les iles de la Marti-
nique et de* la Dominique une entreprise sans résultat.
Il étoit ensuite allé à Boston, dans la Nouvelle-Angle-
terre, pour y concerte^» contre Québec une expéditioa
qui fut jugée impraticable , et il avoit fini par se diri-
ger vers Placentia, qu'il n'auroit pas hésité à attaquer,
sans la décision du conseil de guerre , qui rejeta ce
projet. Ainsi déconcerté de toute manière , il avoit re-
pris le chemin de l'Angleterre, et il arriva à Ports-
mouth, dans le plus mauvais état, et seulement avec
la moindre partie de ses gens , les autres étant morts
dans le cours de ce triste voyage.
Benbow q^^ g^ ^^ ^j^^jg j^ novembre un nouvel effort contre
Doraoar*
de Saidt- l'ennemi. Le chef d'escadre Benbow, avec douze vais-
seaux de ligne , quatre galUotes à bombes et dix hri-
gantins , mit à la voile pour Saint-Malo, et jeta l'ancre
à un demi-mille de la ville, qu'il canonna et bombarda
pendant trois jours successivement. Ses gens débar-
quèk*ent ensuite dans une île , où ils brûlèrent un cou-
vent. Le 29 , à la faveur d'une nuit ténébreuse , d'un
vtot frais et d'une forte marée , ils firent avancer un
brûlot d'une construction particulière , appelé T/ij^^
nal , pour incendier la ville. Mais il donna contre u«
rocher , avant d'être arrivé à l'endroit de sa destina-
tion , en sorte que l'ingénieur fut oblige d'y mettre le
feu et de se retirer. Le navire sauta, après avoir brûlé
quelque temps, et l'explosion fut si violente, que toute
la ville en fut ébranlée, comme d'un tremblement de
terre ; trois cents maisons souffrirent- considérable-
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CVtttAV^^ m ET ÀiARlE. 2l2f
mebt ; toutes les vitres furent brisées, et la commotion ""
se fit sentir à troië lieues à la ronde. Un cabestan
du poids de deux cents livres fut jeté «ur la place , où
il écrasa par sa chute une maison. La plus grande
partie des murs du côté de la mer s'écroul^i Tout cet
horrible fracas plongea les habitants dans la plus pro-
fonde consternation , et en cette conjoncture un petit
nombre de troupes auroient pu s'emparer de la ville ,
sahs trouver aucune résistance : mais il n'y avoit pa«
un seul soldat à bord. Cependant les matelots prirent
et démolirent le fort de Quince, et firent éprouver le
plus grand dommage à la ville de Saint-Malo, d'où
tant d'armateurs étoîent sortis pour infester le com^
merce anglois. Quoique cette entreprise eût été habi-
lement dirigée, et n'eût pas été sans quelque succès,
les clameurs du peuple ne firent qu'augmenter de plus
en plus. On ne se faisoit pas scrupule de dire que
les intérêts de la nation étoient trahis^ et les secré-^
taires d'état n'étoient pas^ même à l'abri des soup-
çons. On soutenoit qoe les François étoient toujours
informés d'avance des moindres •mouvements des An-
glois , et prenoienti leurs mesures en conséquence;
on . rapprochoit beaucoup de particularités qui sem-
bloient justifier lès soupçons de trahison : mais c'étoit
plutôt au mélange et à la division du ministère qu'il
falloit attribuer le peu de succès de la nation. Au lieu
d'agir de concert pour le bien public, les ministres
employoient toute leur influence à se rendre odieux ,
et à s'entraver les uns les autres. Le peuple selevoit
en puerai contre le marquis de Caermarthen , les
comtes de Nottingham et de Bochester, qui avoieat ac«
1693.
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■-' quis beaucoup de crédit ftuprès de la reine , et croyoît
^^^' que la haine dont iU étoient amméa contre les i^higd
les rendoit infidèles à la nation.
Le roi de Màis si les Anglois étoient mécontents ^ les Fran**
recouM l 9^*^» ®^ dépit de toutes leurs victoires, étoient dans un
la média- étatâsscz n^alheureux« Leur pays étoit désolé par une
Dane- cruelle famine » causée tant par Tintempérie des saL*
uarck* gous que par la guerre, qui ne laissoit pas assez de bras
à lagriculture. Malgré toute la prévoyance et tous les
efforts du ministère françois , qui fit venir des blés do
Suéde et de Danemarck, qui en tata rigoureusement
le prix , ne négligea rieù pour faire fournir les mar->
cbés , et distribua des sommes considérables parmi les
indigents ^ une foule de malheureux périrent de misère^
et la détresse s'étendit dans tout le royaume. Louis XIV,
au milieu de tous ses succès» n'étoit pas exempt de
chagrin; il voyoit ses sujets épuisés par une guerre
ruineuse , où les avoit engagea son ambition ; il négo^
cioit séparément avec chacune des puissances alliées f
pour la détacher de la grande confédération , et sollici-^
toit les états du nord de se rendre médiateurs d'une
paix générale. Il fut présenté par le ministre danois au
roi Guillaume un mémoire d'après lequel il pouvoit
juger que lercùde France étoit disposé à acheter la paix
par quelques concessions considérables. Mais Guil*
laume , dont Tambition .et la vengeance n'étoient pas
satisfaites, et qui pouvoit tirer de ses sujets de nou*
veaux secours , quoiqu'ils fussent déjà assez chaînés
d'impôts , rejeta les conditions proposées.
Les jacobites avoient observé avec attention les pro-»
grès du mécontentement en Angleterre, et l'avoient
fomenté avec leur activité ordinaire; La dernière déda-
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GUiLLÂtME llf £T MARIC. ^^3
ration du roi Jacques étoit conçue en termes si impé- *"
rieux , que ceux mémie qui favorisoient ses intérêts s*en
étoient offensés. Le comte de Middleton se rendit à
Saint-Germain au commencement de Tannée , et obtint
une nouvelie déclaration , qui contenoit, avec une pra«
messe d'amnistie sans exceptions , toutes les autres
concessions que des sujets pouvoient exiger. Vers la fin
de mai y deux individus nommés Tun Ganninget Fautre
Dormer y furent arrêtés pour en avoir distribué des co*
pies, jugés à Old-Bailey, déclarés coupables d^avoir, non
seulement répandu , mais aussi composé des écrits feux
et séditieux , et condamnés à une amende de cinq cents
marcs chacun , ainsi qu'à être attachés trois fois au pi-
lori , et à fournir caution pour leur conduite à venir.
Mais aucune circonstance ne jeta sur ce régne plus de
défaveur que Faflaire d'Anderton , supposé imprimeur
de quelques écrits contre le gouvernement. Mis en ju-
gement pour cause de haute- trahison , il se défendit
avec force , malgré les insultes et la partialité d un tri-
bunal impitoyable. Comme on ne trouvoit contre lui
que des présomptions , les jurés se firent scrupule d'é-
mettre un sentiment qui dût lui coûter la vie, jusqu'à
ce qu'ils fussent fortement réprimandés par le juge
Treby, el^ alors ils déclarèrent l'accusé coupable. En
vain eut-il recours à la clémence de la reine : il fut exé-
cuté à Tyburn , laissant une pièce où il protestoit so-
lennellement contre la décision du tribunal, formé,
disoit-ii, non pour le juger, mais pour le déclarer con-
vaincu ; du reste, il prioit le ciel de pardonner sa mort
aux jurés. La sévérité du gouwrnement fut aussi re-
marquée dans l'affaire de quelques aventuriers , qui ,
ayant armé en course pour croiser contre les Ânglois^
1693.
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1
tl24 HISTOIRE D^ANGLETEAREé
' — SOUS les auspices du roi Jacques et de Louis XIV, avoîent
. ' été pris par les vaisseaux de Guillaume. Le docteur
Oldys, avocat du roi, reçut ordre de les poursuivre^
comme coupables de haute-trahison et de piraterie;
mais il refusa de procéder contre eux, déclarant, dans
un avis écrit y qu'ils n'étoient ni traîtres ^ ni pirates. Il
soutint son opinion devant le conseil par des arguments
auxquels répondit le docteur Littlèton , qui fut nommé
à sa place, et les prisonniers furent exécutés. Les jaco-
bites ne manquèrent pas alors d'employer contre le
gouvernement les mêmes armes dont leurs adversaires
s'étoient si bien servis sous le dernier régne. Ils s'éle*
vèrent contre Tésprit vindicatif de Tadministration ,
qu'ils accusèrent d'encourager les délateurs et les fauî
témoins, accusation qui n'étoit que trop fondée*
Les amis de Jacques en Ecosse, formoient toujours
des projets en faveur de ce prince : mais leur corres-
pondance fut découverte , et leurs projets déjoués par
la vigilance du ministère écossois. Le secrétaire-d'état
Jonston , non seulement avoit l'œil sur toutes leurs
manœuvres , mais même ^ par une adroite distribution
des libéralités et des faveurs de la cour , il sut si bien
apaiser le mécontentement des presbytériens, que le
roi ne vit plus aucun risque à assembler le |nirlement.
Les chefs du parti de leglise furent appelés à divers
emplois, et le duc d'Hamilton, qui s*étoit réconcilié
avec le gouvernement , fut nommé commissaire. La
session s^ouvrit le 1 8 avril , et dès qu'on eut pris lecture
de la lettre du roi , conçue dans les termes les plus flat-
teurs , le parlement donna des marques non équivoques
de ses bonnes dispositions envers la cour. H fit à la
lettre du prince une réponse pleine de ^ témoignages
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otiLtAtMË m Et MARie. iaS
tl^attachemeat/vota la création de six nouveaux régi- "
ments écossois, et une subvention de plus de cent cin-
<}uante mille livres sterling pour ^a majesté, passa une
loi à TefFet de lever des hommes pour le service- de la
marine , porta une amende contre tous les absents , à
quelque classe qu'ils appartinssent ^ et déclara vacants
les emplois de tous ceux qui rèfusoient un. serment
dont Tesprit étoit de reconnoitre pour nuls les préten*
dus droits de Jacques. Le parlenient ordonna ensuite
une enquête relativement à un projet d'invasion ^ publia
quelques lettres interceptées, qu'on supposoit écrites
au roi Jacques par Nevil Payne, qui fut emprisonné et
menacé d'être mis en jugement pour haute-trahison*
Mais il sut éviter le danger , en menaçant à son tour
d'accuser ceux qui avoient fait leur paix avec le gou-
vernement» Un acte fut passé en faveur de tous les
membres du clergé épiscopal qui voudroient prêter les
serments avant le lo juillet» Tout ce que l'assemblée
générale exigea d'eux fut un consentement de souscrire
à la profession de foi, et de reconnoître les presbyté-
riens seuls comme investis du gouvernement de l'église
d'Ecosse. Mais ils nç voulurent point se soumettre à
ces conditions, et ne prêtèrent point serment dans le
délai prescrit ; en sorte qu'on les déclara déchus de tout
droit légal à leurs bénéfices. Us les gardèrent cepen*-
dant , et reçurent même des assurances particulières de
la protection du roi. G'étoit une des mai|imes politiques
de Guillaume de faire la cour à ses ennemis domesti-
ques; mais il n'en retira jamais aucun fruit. Cette in-
dulgence irrita les presbytériens ^ et leur premier mé-
contentement commença à se réveiller.
Le roi ayant obtenu des états-généraux l'augmenta'^
1693.
i5
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226! ftlSTOIBE b'^ASCGLËTEKAK.
**'**'*"*'"'^ tion de leurs forces de terre et de mer paur la campagntf
'^ \ suivante, s^embarqua pour l'Angleterre, et arriva à
retourne KensingtiCMi le i3 octobre. Voyant le peuple mécontent ,
. ^'\ le conjimerce de plus en plu» affoibli ^ les affaires d'état
terre* mal cènduites , et les ministres occupés à s accuser ks.
uns Lés autres, il sentit la nécessité d opérer des chan-
geqa4nts. Sunderkind, le premier de ses conseillers^
Ijyrî représenta que les torys étoient prononcés contre la
continuation d'une guerre dont ou a avoit recueilli que
des pertes et des rêver», mais que les whigs étoient
plus traitaUe», et le teconderoient plus volontiers , soit
par la crainte d'une invasion et dès sueeès du papisme ^
soit par le désir d être reeberc^s de la couronne, soit
enfin par la perspective des avantages qu^îls pouvoient
trouver à avancer de l'argent au gouvernement sur les^
fonda alloués par le parlement. Guillaume examina at-
tentivement toutes ces représentations ; et cependant le
parlement s'assembla le 7 novembre. Le roi , dans soc^
discours , exprima son ressentiment contre les auteur»
des désastres éprouvés sur mer, insista sur la nécessité
d'augmenter tes forces navales , ainsi que les forces de
^ terre, et demanda à cet effet une subvention convena-
ble. Afin de disposer les communes à la condescen-
da&ce, il avoit d^ja renvoyé de son conseil le cëmte de
Mottingham,. celui de tous les ministres qui étoit le plus
odieux au peuple. U auroit été à l'instant remplacé par
le comte de Shrevsrsbury; mais pdLui-ci , craignant que
ce ne fût plutèt un changeiéent de ministre qu'un
changement de système , se défendit pendant qudlque
temps, jusqu'à ce que le roi lui eût assuré positive-
ment que ses scrupules n'étoient point fondés. A1oe9»
seulement ît accepta la place de secrétaire-detat. D'au-
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CtllLATTME m Et MAfttK. ^37
tresdiaûgenkents furent opérés dans Tintérêtcles whigs, — '
à Lohdres et dans le reste du royaume; divers emplois ^ *
de confiance furent donnés à des membres de ce parti.
Mais les torys étoient trop puissants' dans la chambre
des Communes pour s'en décourager , et un grand
âômbre d'entre eux conservèrent leurs places.
Le sixième jour après Touverture de la session , les Enquêta
tH^mmunes résolurent à l'unanimité de seconder de 'Vnx^*
tous leurs moyens le gouvernement de Ouillauilie , de dësastret
rechercher les causes des désastres éprouvés sur mer, .ur^œ«r!
«t d'aviser aux moyens d6 protéger le commerce. La
Compagnie de Turquie fut soknmée de produire les pé-
titions qu'elle avoit présentées Hiix commissaires de
IWirauté pour obtenir un convoi. Le lord Falkland ,
iqui étôit à la tête de ces coinmissaires, délivra des co-
J)ies de tous les ordres expédiés à sir Georges Booke,
k^ëlativement à la flotte affectée aux détroits , avec une
li^te de tous les vaisseaux qui étoient alors enxomtnis*
sion. Il parut dans^ le cours de cette enquête que le%
malheurs de la flotte de Booke dévoient être attribuée
eii gratide partie à la mauvaise conduite des amiraux,
et à la négligence des pourvoyeurs. Les uns et lès autres
eurent pour eux la majorité dans les communes. M. Har-
ley, l'un des commissaires pout* régler les tomptes des
dépenses publiques, remit un rapport conteilailt une
accusation de pécnlat contre le lord ("alkland. Bèiins-
ford , receveur des droits et émoltimetits dé là itiârlnte ,
âvôua qu'il avoit reçu et payé de plus fortes èdmkhes
qit'il n'étoit porté sur les comptes , et qu'en pai tîduliér
il avoit délivré quatre mille livres sterling au lord Fal-
klâbd, par ordre de Sa majesté. Ce lord avoit déclaré
déyani les commissaires qu'il avoit compté la moitié dé
i5.
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1693.
â28 HISTOIRE d'aNGLETERRE.
' cette somme *par ordre du roi , à une personne qui n'é^
toit membre ni de Tune ni de l'autre chambre / et que
le reste étoit encore entre ses mains. Rainsford annonça
qu'il avoit la lettre originale que le lord lui avoit adres-
sée pour lui demander largent^ Celui-ci s'étant fait
représenter cette pièce , s en empara , circonstance qui
excita la colère de la chambre à un tel degré y qu'il fut
proposé de Fenvoyer à la Tour, et cette proposition ne
fiit rejetée qu'après de très vifs débats^ Toutefois la
chambre voulut lui faire sentir son mécontentement ^
et le réprimanda en pleine séance. Les lords ayant fait
aussi des recherches sur les causes du peu de succès
, qu'on avoit eu sur mer ^ de vifs débats s'engagèrent stkr
ce. point. Enfin, il fut déclaré, à la simple majorité,
que les amiraux s'étoient conduits comme ils le dévoient
d'après les ordres qu'ils avoient reçus. Cette décision
fut un triomphe sur les v^higs de la chambre , qui
avoient porté dans cette affaire beaucoup de chaleur.
Us protestèrent contre la déclaration de la majorité ,^
non sans une grande apparence de raison. Le premier
soin des lords fut ensuite de disculper le comte de Not-
tingham , sur lequel sembloit retomber tout le blâme ,
si les amiraux étoient innocents. Dans la vue de se dé*
charger de ce blâme sur Trenchard , secrétaire-d'état ,
du parti des whigs , le comte fit savoir à la chambre
qu'il avoit reçu de Paris au commencemjent de juin un
avis contenant la liste des vaisseaux françois , et le
temps où ils dévoient mettre à la voile; que cet avis
avoit été communiqué à un comité du conseil , et par-
ticulièrement au secrétaire-d'état Trenchard , dont une
des attributions étoit de transmettre les instructions
f^ux amiraux. Il y eut à ce sujet deux conférences entre
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GUILLAUME III ET MARIE. 229
les lords et les communes. Trenchard donna sa défense -
par écrit , et il fut à son tour mis à couvert par les èf- * ^ '
forts du ministère, où dominoit alors le crédit des'
whigs. Ce fut ainsi qu^une enquête d'un intérêt si na-
tional , et dont le principe étoit dans un passage même'
du discours du roi, où il exprimoit son ressentiment
contre les coupables , fut étouffée par Pinfluence de la
cour, parceque cette enquête sembloit devoir atteindre
une de ses créatures. Cependant on ne pou voit douter
que rintéi*êt public n'eût été sacrifié, dans les circon-
stances dont il s'agissoit , à Tanimosité réciproque des
ministres , quoique d'ailleurs on ne pût y voir aucune
trahison préméditée. L'accusation contre le lord Fal-
kland ayant été reprise dans la chambre des commu-
nes , il parut que ce lord avoit demandé au ror et reçu*
de sa majesté les deux mille livres sterling qui étoient
restées. de l'argent payé par fiàinsford. C'est ce motif
qui le fit déclarer coupable de haute-malversation et
d'abus de confiance , et il fut mis à la Tour ; néanmoins ,
au bout de deux jours , il fut élargi à sa requête.
Harley, Foley et Harcourt présentèrent à la chambre Des som-
un état de recelte et de dépense des revenus, avec deux °*^^ ^'^^^J
JT ' mes sont
rapports des commissaires des comptes relatifs à cer- accordées
taines sotnmes qui avoient été affectées à des dépenses g^^^^cede
secrètes, ou dont on avoit disposé en faveur des mem- l'année
bres du parlement. C'étoit une découverte des prati-
ques les plus scandaleuses dans l'art de la corruption ,
art déplorable qui avoit été également exercé sur les
membres des deux partis, par des largesses, des conces-
sions, des places, des pensions et augmentations d'ap-
pointements. Les mécontents observoient avec raison
que. la chambre- des communes étoit si bien maniée
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a3o^ < HISTOIRE d'angleterre.
■ par la cour que le roi pouvoit se jouer desj bills, fouler
'^* aux pieds toutes les réclamations » rendre les compta
illusoires et modifier à squ gré lea airticles 4^ ^\^\^é 4^
Limerick. Lorsque les comi^moei s'çiÇc^pèFent des
dépenses pour Fanaée suivante , le roi deinand^ qua-
rante mille hommes pour la marine , et plus de cent
mille pour le service de terre. Avant de prendre en
considération des demandes aussi exorbitantes , la
cbs^mbre accorda quatre cent mille livres sterling à
titre d avances , afin d'apaiser les clameurs et Texaspé-
ration des gei^s de mer» à qui il étoit dû un niillioa
sterling de paie. Les coipmunes votèrent ensuite le
nombre d'hommes demandé pour la marine. Mais elles
furent si surprises de la demande concernant Farm^
de terre , qu elles crurent devoir agir de manière à té-
moigner qu'elles avoieqt encore quelques égards pour
leur patrie. Elles invoquèrent les traités existants entre
le roi et ses alliés , examinèrent les divers contingents
de troupes fournis par les puissances respectives , con*
sentirent à une augmentation de la part de FAngle-
terre, et fixèrent à quatre-vingt-trois mille cent vingt et
im hommes , y compris les officiers , letat mtU^ire do
çettç année. Elles allouèrent pour Teptretien de ce^
troupes la sompie de deux millions cinq pçnt trente
mille cinq cent neuf livres sterling > v^^rent deux
milligns pour la mairioe , et environ cinq cent mille
livrçç. sterling ppur combler les déficits di^ns les an*
ni^ités et la t^sie par tête; en ^Qic%e que les subsidca
s élevèrent à près de cinq mill^ms sterling çt demi «
qui dévoient être levés au moyen d'^n imp6^ de quatre
schellings par Uv^re sterling siur le prçKluit àesi terres ,
d une augmentation sip* les ann^ité^» 4'«M augmenta^
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GUILLAUME III ET MARIE. a3l
tion de Taccise sur la bière, d'un nouveau droit sur *
le sel et d'une loterie.
Quoique les mécontents dans le parleînent ne pus-
sent mettre des bornes à ces profusions , ils tentèrent
d^affoiblir le crédit de la cour en faisant revivre les biUs
de la session précédente à lavantage du peuple , en*
tre autres le bill qui régloit les procès en matière de
haute-trahison, celui qui avoit pour objet la convo-
cation plus fréquente des paiements, et cehii qui
tendoit à assurer la liberté et l'impartialité des délibé-
rations des chambres. Le premier fut négligé dans la
chambre des lords, le second fut rejeté, et les com-*
munes adoptèrent le dernier, dans la supposition qu'il
seroit écarté dans l'autre chambre. Cependant les lords
le renvoyèrent avec certains amendements, qui ne
furent point agréés des communes. Il s'ensuivit une
conférence, par suite de laquelle les pairs retirèrent
leurs amendements, et adoptèrent le jbill. Mais le roi
ne voulut point le sanctionner^ Bien ne pouvoit être
moins populaire et plus dangereux que ce refus, dans
une telle conjoncture. Les communes , afin de recou-
vrer quelque crédit paimi le peuple , se déterminèrent
à désapprouver la conduite de sa majesté. La cham-
bre se forma en comité secret pour prendre en consi-
dération l'état du royaume. Elle déclara que quiconque
avoit conseillé au roi de refuser sa sanction au bill
étoit l'ennemi de leurs majestéa et de la nation. Elle
présenta aussi une adresse où ^ en exprimant le dé-
plaisir^ qu'un tel refus lui causoit, elle supplioit sa
majesté d'écouter plutôt à l'avenir les avis de son par-
lement que les conseils de quelques particuliers mus
par .des intérêts personnels qui différoient beaucoup
169:^-
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a3a HISTOIRE d'angleterre.
•"~-~— de ceux du monarque et du peuple. Le roi remercia
^ ' les communes de leur zélé, leur assura qu'il avoit les
plus grands égards pour leurs prérogatives , et qu il
regarderoit comme ennemis tous les partis qui tente-
roient d'affoiblir la confiance entre le souverain et le
peuple. Cette réponse générale fut loin de satisfaire
les membres de lopposition. Un jour ayant été fixé
pour la prendre en considération, un violent débat
s'engagea et fut soutenu dç part et d'autre avec autant
d'éloquence que d'aigreur. Il fut enfin proposé de pré-
senter une nouvelle adresse pour demander une ré-«
ponse plus positive ; mais une grande majorité rejeta
1694* cette proposition.
Établisse- La ville de Londres demanda par une pétition au
U banque parlement qu'il fut créé un établissement pour les or-
^^° phelins dont les biens avoient été scandaleusement
terre, dissipés. Une semblable demande avoit été faite à la
session précédente , et rejetée comme ne pouvant se
réaliser qu'au moyen d'un impôt sur la nation. Mais
cette fois on écarta tout scrupule, et la chambre passa
pour cet objet un bill en plusieurs articles, qui établis*
soit iihe augmentation d'impôts sur les terrains, aque«
ducs , et autres immeubles appartenant à la cité , qui
soumettoit à une taxe les apprentis et les maîtres , et
fixoit un droit à prélever sur les vins et les charbons
importés à Londres. Le 23 mars , ce bill reçut la sanc-»
tion royale, et Guillaume saisit cette occasion d'exciter
le zélé et la diligence des chambres , attendu que la
saison étoit fort avancée, et que l'ennemi pressoit ses
préparatifs, afin d'entrer de bonne heure en campagne.
L'établissement d'une banque nationale, à l'imitation
de celles d'Ara.$trrdam çt de Gênes ^ avcât été proposa
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GtfI^LAUME III ET MARIE. 233
au ministère, comme une institution aussi favorable au» "
crédit et à la sécurité du gouvernement qu'à raccroiësfe-'
ment du commerce et à la circulation de Fargent. Le
docteur Hughes Chamberlain présenta un projet da-
près lequel on mettroit en circulation un certain nom-
bre de billets portant créance hypothécaire. Mais ce
fut le plan de Guillaume Paterson qui prévalut par
le crédit de Michel Godfrey et de plusieurs autres spé-
culateurs très actifs. Ce plan étoit fondé sur Tidée
d'un fonds effectif et de valeurs destinées à être mises
en circulation sur le crédit d'un capital considérable.
Quarante marchands souscrivirent pour la somme de
cinq cent mille livres sterling, comme fonds effectif,
et pour un million sterling de billets en circulation des*
tiné à être prêté au gouvernement à huit pour cent. Le
fonds d'argent comptant devoit rapporter le même
intérêt. Quand le plan eut été mûri dans le cabinet, et
qu'on se fut assuré, pour l'adoption, de la majorité du
parlement, les partisans de la cour le présentèrent à
la chambre des communes, et s'étendirent sur les avan-
tages qui en résulteroient pour la nation. Us dirent
que ce projet a voit pour but de la délivrer des manœu-
vres des éxacteurs et des usuriers, d'abaisser les inté-
rêts, d'éleVer la valeur des terres, de relever et d'affer-
mir le crédit public, d'étendre la circulation, d'amélio-
rer ainsi le commerce, de faciliter les subsides annuels,
et d'unir plus étroitement le peuple au gouvernement.
Cette. mesure fut vigoureusement combattue par un
nombreux parti , qui soutenoit que ce seroit tm vrai
mouopole, que la banque envabiroit tout l'argent du
royaume, que les fonds n'étant destinés qu'à seconder
les vues du gouvernement, l'emploi qu'on en feroit
1694.
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1694.
^34 HISTOIRE d'aNGLETEME.
pQuvoit favoriser le& actes les plus arbitraires du pou-
vei|[) qu au lieu d'être utile au commerce, ce moyeu ne
sçrviriMt qu,'êi eu diwnuer les ressources , en inspirant
au peuple le désir d*a»ployer ses fonds à lagiotage »
qu'il ne produiroit qu\jiie multitude de courtiers et de
spéculateurs pressurant lieurs compatriotes , encoura*
géant la fraude et le jeu y et corrompant les meeurs de
la nation. En dépit de toutes ces objections, le bill
passa dans les deux chambres. Il portoit une création
de fonds pour la garantie et Tavantage des actionnai-
res ; il donnoît pouvoir au roi de les réunir ai société
sous le titre de gouverneur et compagnie de la banque
d'Angleterre, avec faculté de dissoucke la commu*
nauté au premier août 1706 , mais seulement après le
remboursement des capitaux , et après l'avoir prévenue
une année d^avance. Le biU renfermoit quelques autres
clawes qui approprioient cette banque au service pu*
blic. La souscnpticm fut remplie^en àix jours, et les
directeurs de la banque complétèrent le paiement
avant l'expiration du délai prescrit par l'acte, quoi*
qu^its n'eusaent encore reçu que sept cent mille livres
sterling des fonds souscrits. Tous ces fonds n'ayant
point produit le résultat qu'on en avoit attendu, les
communes passèrent un biU pour soumettre à un droit
de timbre le papier,, parchemin ou vélin employé aux
actes ,30w seing«>pidvé , et , pour comble d'opfuression ,
eUee établirent une forte taxe sur les voitures, aous le
nom de tiU pour ré^r le service des voitures de lestage
et vehù.
Charte de Lee communes, dans une clause d'un bill pour éta-
^^'lîie'dM ^^^ ^®® ^^^ ^^^ '^ actions des compagnies , décla*
Indes roient nulle et comme non-avenue la charte de toute
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CUILLÂUME HT ET MARIE. a3S
t^ompagnie qui ne se seroit point acquittée de cette
taxe au terme fixé. La compagnie des Indes orientales
1694.
orienU-
ayant négligé de satisfaire à ce paiesQient , on crut gé- les.
néralement que le ministère saisiroit cette occasion
d'abolir un monopole contre lequel s'étoient élevées
tant de plaintes. Mais les directeurs entreprirent de
$e défendre y et, loin que la dissoluticm fiil prononcée ,
ils obtinrent la promesse d'une nouvelle charte. On
n'en fut pas plus t^t informé que les anciens démêlés
entre cette compagnie et ses adversaires se ranimèrent
avec une telle force, que le conseil crut devoir en-
tendre les deux partis. Cette audience n'ayant eu au-
cun résultat y les négociants antagonistes de la com-
pagnie demandèrent, par une pétition, que la nouvelle
charte fut différée. Des adresses pour le même objet
furent présentées par un grand nombre d autres com-
merçants. Une réponse écrite fut publiée par la corn*
pagnie. Les marchands firent imprimer une réplique,
où ils essayoiept de convaincre la compagnie d'actes
injurieux pour les lois, tendant au scandale de la reli-
gion, au déshonneur de la nation, à l'oppression du
peuple , à la ruine du commerce. Ils ohservoient que
deux vaisseaux particuliers s^voient exporté en une an-
née troi3 fois autant de draps que la compagnie en avoit
exporté en trois ans; ils offrirent d'envoyer aux Indes
en une année plus de draps et de marchandises angloises
que la compagnie n'en ^ivoât exporté en ciqq, de fournir
au gouverneipeat cinq cents tonneaux de salpêtre à un
prix au-dessous du prix ordinaire de plus de moitié,
et représentèrent que lsi compagnie ne chargeoit ja-
mais se^ vs^isseaux en Angleterre, et ne les rechargeoit
point dans les Indes orientales* Toutes ces remon-
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236 inStOIRE D'ANGLETERRE.
. trances ne purent empêcher que la charte ne fût revê-*
'^*' tue du grand-sceau. Les concessions qu'elle renfermoit
étoient toutefois limitées de manière à ne pas dégé-
nérer en privilège exclusif, et le texte même de la
charte assujettissoit la compagnie à tous les change-
ments , restrictions et modifications que le roi jugeroit
convenable d'établir avant le 29 septembre. Cette in-
dulgence et d'autres faveurs accordées à la compagnie
furent secrètement achetées au ministère, et donnèrent
lieu à beaucoup de cris contre le gouvernement. Les
négociants publièrent un exposé de toute cette affaire ,
et demandèrent , par pétition , à la chambre des com-
munes, que la liberté qu'ils avoient de commercer aux
Indes orientales fut confirmée par le parlement. Une
autre pétition fut présentée par la compagi;iie9 pour
demander que sa nouvelle charte reçût la sanction par-
lementaire. De part et d'autre on fit des démarches
auprès de chaque membre en particulier. La chambre
ayant examiné les différentes chartes , déclara que
tous les sujets de l'Angleterre avoient également droit
de commercer aux Indes orientales , à moins que ce
commerce ne leur fût prohibé par acte du parlement.
Bill {',éné- Mais rien n'attira plus l'attention du public qu'un
raî de //a- jjjjj q^j f^^ prééeuté à la chambre pour une naturalisa-
tioh. tion générale de tous les protestants étrangers. Les
partisans de cette mesure alléguoient qu'une grande
partie des terres d'Angleterre restoient sans culture ;
que la force d'une nation étoit dans le nombre de ses
habitants; que la population étoit diminuée par la
guerre et les voyages à l'étranger; que beaucoup de
protestants , péfrèécutés en France et dans d'autres
pays , passeroient avec joie dans une terre de liberté ,
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GUlLLAUltfE III ET MARIE. 287
et y transporteroient leurs richesses et leurs manufac- '
tures ; que la nation s'étoit très bien trouvée de la pro-
acction accordée aux réfugiés qui s'étoient déjà établis
duns le royaume ; qu'ils y avoient introduit de nou-
veaux procédés de fabrication, étendu l'industrie, et
abaissé le prix du travail, circonstance fort importante
pour le commerce, opprimé comme il letoit par les
taxes, et exposé aux plus grands dangers de la part de
Tennemi* Les adversaires du bill objectoient avec beau-
coup de véhémence qu'il rendoit vénal le droit naturel
des Anglois ; que si toutes les terres n'étoient pas culti-
vées, il ne falloit l'attribuer qu'au malheur des temps;
que les étrangers, une fois admis aux privilèges du
commerce anglois , s'enrichiroient aux dépens de leurs
bienfaiteurs, pour transporter ensuite dans leur pays
natal les fortunes qu'ils auroient acquises ; que la dimi-
nution dans le prix du travail étoit un mal pour la na-
tion, plusieurs milliers d'ouvriers anglois se trouvant
dans la détresse, faute d'être occupés, et que le prix
des aliments étoit assez élevé pour que ceux mêmes qui
travailloient eussent peine à fournir du pain à leurs
familles. Ils ajoutoient que les auteurs du bill se propo-
soient au fonds d'augmenter tellement le nombre des
non-conformistes, qu'ils fussent en équilibre dans le
corps politique avec les membres de l'église anglicane,
et de mettre ainsi les sujets dans une plus grande ^dé-
pendance de la couronne. Sir Jean Knight, membre de
la chambre, dans un discours plein d'amertume, exa-
géra les funestes conséquences du bill. Ce discours,
imprimé et répandu dans le royaume, excita parmi le
peuple une fermentation telle qu'on n'en avoit point vu
de semblable depuis la révolution. On s'écria que toutes
1694-
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238 Histoire o'ANGLETEfiRË.
""T^ les places seroient conférées à des Hollandois^ , qui
bientôt voudroient modifier à leur gré la religion et W> '
institutioûS, et sir Jean Knight fut exalté coUime -'e
sauveur de la nation. Les partisans de la cour, irrités
de ces clameurs, se plaignirent à la chambre que le
discours de Knight eût été imprimé ; et cet orateur fut '
menacé d'expulsion et d emprisonnement. 11 crut alort
devoir désavouer cette pièce, qui fat brûlée parla main
du bourreau ; mais ce sacrifice ne fit qu'accroître Tef-
fervescence populaire, qui en vint à un tel degré de
violence, que le parti de la cour trembla, et le bill fut
mis de côté pour le moment.
Lord Coningsby et M. Portef avpient commis en Ir-
lande les actes d^oppression les plus criants. Ces vexa-
tions avoient été exposées, dans la dernière session^
par les mémeâ gentilshommes qui s'étoient plaints de
l'administration de lord Sidney; mais les coupables
avoient été mis à couvert par le ministère. Cette fois ils
furent accusés par le comte de Bellamont, qui étoit,
aussi^bien qu'eux, membre- de la chambre des com-
munes. Après avoir examiné les charges produites con-
tre eux, les communes, qui étoient alors à la dévotion
de la cour, déclarèrent que , vu la situation des affaires
etï Irlahde, elles ne peusoieût pas qu'il y eût lieu à
accusation. Durant le cours de cette session l'Angle-
ferfe eut à déplorer utie nouvelle infortune, la mort
de sir t'rançois Wheeler, qui avait ïté nommé comman-
dant en chef de l'escadre de la Méditerranée. Les in-
structions qu'il avoit reçues portoient qu'il devoit escor-
ter les vaisseaux marchands chargés pour la Turquie,
TEspagne et Fltalie ; il avoit ordre de croiser, pendant
un mois, dans une latitude déterminée^ pour protéger
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GÛILtAPME III ET MAfilt. aSg
te retour de la flotte des galions espagnole, de laisser — — —
à Cadix une partie de son escadre , destinée à cou\Tir * ^^'
le commerce d'Angleterre, de tenir la Méditerranée
avec le reste, de se joindre à la flotte d^Espagne lors-
qu'elle reviendroit, et d'agir de concert avec elle, jus-
qu'à ce qu'il eût été joint par la flotte de Turqme et
celle des détroits, qu'il devoit ramener en Angleterre.
Il mit à la voile de Sainte-Hélène à la fin d'octobre, et
arriva à Cadix, au mois de janvier, avec les vaisseaux
qu'il escortoit. Agrès y avoir laisse le contre-amiral
Hopson, il s'avança sur la Méditerranée; dans la baie
de Gibraltar, il eut à essuyer une effroyable tempête
dans un endroit où le terrain étoit si vaseux que l'ancre
ne put y prendre : on tenta néanmoins cet expédient.
Un grand nombre de vedsseaux furent jetés à la côte,
et plusieurs y périrent : celui que montoit l'amiral coula
à fond ; et cet officier fut englouti dans les flots avec
tout son équipage, à l'exception de deux Maures qui
furent miraculeusement sauvés. On perdit deux autres
vaisseaux de ligne, trois petits bâtiments, et six vais-
seaux marchands, l^es vaisseaux qui restoient avoient
tant souffert, qu'au lieu de poursuivre leur route ils
rentrèrent à Cadix pour s'y fmre radouber et éviter l'at-
taque des François y qui tenoient encore la mer, soua
le commandement de Château-Renaud et de Cabaret.
Le 25 avril le roi termina la session par un discours
qui n'eut rien de remarquable.
Louis XIV, fatigué d'une guerre qui appauvrissoit Tentatiw
son royaume, continuoit ses démarches auprès du duc descente
de Savoie, et, par llntermédiaire de la cour de Rome, ^ la baU
tentoit auprès du roi d'Espagûe quelques négociations Camarefr
qui n'eurent aucun succès. Il prit le parti de se tenir
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a4o HISTOIRE d'aNgleterre.
— , par-tout sur la défensive pendant la campagne sui-
vante, excepté en Catalogne, où ses forces navales
dévoient ' s'entendre avec le comte de Noailles, qui
commandoit Tarmée de terre* Le roi Guillaume ayant
.eu avis de leur projet contre Barcelone, mit tout en
œuvre pour empêcher la jonction des escadres de Brest
et de Toulon. Dans ce dessein il ordonna à Russel de
se mettre en mer aussitôt que la flotte seroit en état;
mais Tescadre de Brest avoit déjà mis à la voile avant
que cçlui^ci fut arrivé à Portsmouth. Le 3 mai Famiral
quitta Sainte-^Héléne avec les escadres combinées d'An-
gleterre et de Hollande, au nombre de quatre-vingt-dioc
vaisseaux, sans compter les frégates, les brûlots et les
allèges. Il détacha le capitaine Pritchard de Monmouth
avec deux brûlots, pour détruire un convoi de vais-
seaux marchands françois, près la baie du Conquet,
et, dès que cet ordre fut exécuté, il regagna Sainte-
Hélène, où il avoit laissé sir Cloudesley Shovel avec
une escadre, pour prendre à bord quelques troupes de
terre destinées à une descente sur les côtes de France.
Dès que ces troupes furent embarquées, sous les. or-
dres du général Ptolemache, toute la flotte remit à la
voile le 29 mai. Il fut convenu, dans un conseil de
guerre composé des officiers de terre et de mer, qu'une
partie de la flotte désignée pour cette expédition se sé-
pareroit du reste, et s'avanceroit vers la baie de Cama-
ret, où l'on débarqueroit les troupes. Le 5 juin le lord
Berkeley, qui commandoit cette escadre, partit avec
la grande flotte, et le 7 il jeta l'ancre entre l^s baies de
Qamaret et de Bertaume. Le lepdemain le marquis de
Caermarthen, depuis duc de Leeds, qui servoit sous
Berkeley, en qualité de contre -amiral de la division
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GUILLAUME III BT MARIE. a4l
hleuej entra ddns là baie de Gamaret avec deux gros "
vaisseaux et six frégates, pour protéger le débarque-
iQent des troupes. Les François avoient reçu avis du
projet, et pris de. telled précautions, sous la conduite
de Vauban, . que lés Ânglois eurent à essuyer un feu
tçrrible de batteries nopvellement élevées, aussi-bien
'que le feu d'un corps considérable <ïe troupes; et,
quoique celui de leurs vaisseaux fût aussi. très actif,
les soldats ne purent observer dans leur descente aucun
ordre régulier. Un grand nombre furent tués dans des
cbaloupes découvertes avant de. pouvoir atteindre le
rivage , et ceux qui débarquèrent furent promptement
repoussés, malgré tous les effort^s du général Ptole-
mache, qui reçut à la cuisse une blessure qu'on jugea
mortelle. Sept cents soldats péHrent dans c^tte occa-
sion, outre ceux qui firent, tués à bord des bàtim^epts.
Le vaisseau de guerre le Monk fut remorqué avec be^iu-
coup de difficulté; mais unç frégate hoUandqise/die
trente canons tomba entre les mains de l'ennemi.
Après cette malheureuse entreprise, lord Berkeley,
de l'avis du conseil de guerre, mit à la voile pour l'An-
gleterre, et à Sainte-Hélène il reçut ordre de la reine
d'assembler un conseil de gueire pour délibérer sur, la
manière la plus avantageuse d'einployer les vaisseaux
et les troupes. On résolut de faire quelque tentative
sur les côtes de Normandie. Dans cette vue les vais-
seaux remirent à la v^ile le 5 juillet. Ils bombardèrent
Dieppe, et réduisirent en cendres la plus grai^de partie
de cette ville. Le Havre-de-Orace fut aussi bombardé,
mais souffrit beaucoup moins. Les Anglois harassèrent
les troupes françoises, qui suivoient le rivage à. me-
sure quilsparcouroient.la côte, et qui étoient obligées
II. 16
1694.
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■ ^ ■r d'employer la force pour retenir dans les villes les t»-
*^' }>ît|ii]t« consternés. Qerkdey retourna le 26 à Saintes
Hélène, Oii il quitta la âotte, deot le çommandemeiit
fut dévolu à sir Cloudesley Schovel. Cet ofHcier ayant
reçu des Instructions pour tenter une entreprise sar
Donkercfoe^ prit sa roule par les duneë, où il fnt joint
par Meesters avec vingt-six pilotes hollandois. Le »s
septembre A parut devant Dunkerqite, et le lendemain
<ft fil avancer la galère te Charles avec deux galiotes à
bombe», et autant de machines appelées iw/imaies. On
y fliit le feu, mats sans effet, et le projet fut Eoanqfié»
Alors Shovel se dirigea sur Calais, qu'il bombarda près-
tffue sans fruit. H regagna ensuite les côtes d'Angle-
terre, et les gjBiliotes à bombes ,, ainsi que les machines^
farmf envoyées dans la Tamise.
raKniral I^udaut que tout cela se passoif , l'iMniral Russel,
Mco'ttrt ^^' ^ gt^nde flotte, mit à la voile pour la Méditenra-
B.»rce- née. Ayant été joint par le contrenamiral Neville , qui ve*
^' noit de Cadix , ainsi que par CaUémbergh et Everteen ,
il se dirigea vers Baroelone, qu assié^peoient la flotte et
IWmée françaises. A son approche Tosm&e se hâta
4e se retirer dans lé port de Toulon , et Noailles aban*
donna son éntreprtqe. Iiies affaires de TEspagne étoient
dans uft étaft si déplorable que, si le secoure n'étoit pas
afprivé si à p<>opos,. la ruine du royaume 46)»it presque
inévitable» Tant que âussd tint la Méditerranée, Tami*
rai fitmçcâs n'osa pas ^ montrer, et tous ses projeta
liirent déconcertés. Après avoir maintenu s«ir ces mers ,
durant tout Tété, Thonneur du pavillon britannique^
Russel mit à la voile an mois de novembre pour Cadix ,
où il resta tout l'faîveT, suivant les ordres du roi , el
piîlt «onsfamment de $i bonnes précautioqis pom» em--
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^cher^^amlle de pifisser tes détroits » que celui-ci ne '
«r«t pas devoir riscfueroe passage. * Ô«f'
U est OkamteiMUit néoessatve d'edtt^ér dans le détail Gainp«-
des aiffeires du ciotitMKeot. Dans fe miiieù de mai Goil)* Flandre.
itmine surira en HpUande, oè il se concerta avoe les
états-géaéraax. Il ee reudk le 3 juin à F^bbaye d^ Be*
tfhleni) près Léwain, lieu indiqué poyr le rendea-vout
de rannée* Ce fat là que les Moteurs de Bavière et
de Cologne se réunirent à lui. En peu de jours on eut
rassemblé une armée nombreux, et tout seni&lok an^
<iioncer une caffipagQe active. Le 3 jtiiii ledaup'bin prit
le commandeiBentdes forces fran^ses , avec lesquelles
fiuxembourg s*«t0ft posté ^ntre Mens et Maube«^, et
fiassant la Sandire il campa à Fleurus ; mais le 16 ii
abandonna cette position , et porta ses quartiers entvir
^Int-Tron et Yanlieiœ, pendant que les confâdérét
ëf oient à Bbosbeck. Le 1 1 juillet le dauphin se mit «m
Aarcbe, sur<(uatre<:oIonnes, pourOBt^e, surle&ar/
'OÙ il marqua 'Son camp. Le sâ les confédérés se portèi-
<rent à Bomale ; le prkice françois prit la route de Vign»>
dnont, où il mit son année à couvert par des retran^
«hements, attendu qn^^le étoit moins Bombreuseque
T^éHe des alliés y et que son père lui avoit reconuDandé
d'éviter le combat. Les deux snrmées restèrent dans
4;ette situation jusqu'au j 5 août. Alors le roi Ouillaume
envoya le gros 'bagage à Louvain , «t fit un mouvement
-vers Sombref. L'ennemi n'en fut pas plus tôt infonùé
«qu'il décampa, et, marchant toute la nuit, se posta
entre Templbux et Masy, à une distance d'environ
•une lieue et demie des confédérés. Le roi d'Angleterre
■résolut de passer rEscatit, et, dans cette vue, se porta
par le chemin de 'Nivelle et Soignîes à (fièvres, d'od
16.
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à44 B<I8TOI£S D'ANGLETERR£r
' il détacha le duc de Wirtemberg avec un corps nonu»^
»P94» brcux de cavalerie et d'infanterie , pour passer ce flcave
à Oudenarde, tandis que Télecteur de Bavière s*avan-
çoit avec nn autre détachement pour le passer au poot
d'Espières. Malgré toute leur diligence, leur dessein
fut prévenu par Luxembourg, qui, informé de leur
jnarche, avoit détaché quatre mille hommes de cava-
lerie, ayant chacun un fantassin en croupe^ pour ren-
forcer M. de La Valette, chargé du commandement
dans dette partie des lignes francoises. Ces trotipes fu-
rent dorutenues par un corps d'élite, qu-i s'avança avec
la plus grande célérité , sans observer aucun ordre
<fe marche. Le maréchal de Villeroy suivit la même
route avec toute la cavalerie dé l'aile droite, la maison
du roi, et vingt pièces de campagne; le reste de Tar-
ifée fut conduit par le dauphin en personne. Ils oiaiv
chèrent avec une si incroyable diligence que Télectear
de Bavière ne put en croire ses propres yeux, lorsque,
arrivé au bord de TEscaut, il les vit retranchés sur la
rive opposée. Le roi Guillaume ayant reconnu leurs
dispositions jugea le passtage impossible à cet endroit,
et suivit le fleuve jusqu'à Oudenarde» où le duc de
Wirtemberg Tavoit déjà traversé. Ce fut là que les con-
fédérés ppssèrent l'Escaut, le 27 du mois ; le roi établit
son quartier-général à Wanneghem. Son intention étoit
de s^emparer de Courtray, et de mettre une grande
partie de son armée en quartiers d'hiver dans les envi-
rons; mais Luxembourg s'étant posté entre cette plaee
et Menin, étendit ses lignes de manière que les c(Hifé-
dérés ne pussent entreprendre de les forcer, ni même
l'empêcher de faire subsister son armée aux dépens de
la chatellenie de Courtray, durant le reste de la capgi'
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GJsn^ÂVUiR m ET MARtc. ni'
pagne. Cette mardie étonnante avoit des résultats si ^^ •
importants pour le roi de France,, qu'il écrivit de sa ^
propre main, une lettre de remerciement à son ar«
mée, et voulut qu'on en donnât lecture à chaque ba-
taillon et à chaque escadron en particulier.
Quoique déconcerté dans- son dessein sur Courtray, Les alliât
le roi d'Angleterre trouva moyen de mettre à profit, au nentHuy,
moins en quelque chose, sa. supériorité numérique. li
tira des troupes des garnisons de Li^e et de Maes* .
tricht; le 3 septembre il \ajouta à oôs troupes un déta-
chement considérable de sa propre, armée , et forma
ainsi un corps , dont il confia le commandement au diic
de HolsteiurPloen , avec ordre d'entreprendre le siège
de Huy. Le lendemain, toutes les forces confédérées
passèrent la Lys et campèrent à Wouterghem. De là
Guillaume, avec une partie de l'armée , se porta à Ro-
selaer , et cette division mit le dauphin dans la nécessité
d'affoiblir son armée en. détachant un grand nombre
de troupes, pour la sûreté d'Ypres et de Menin d'un
côté, et pour couvrir Fumes et Dunkerque de l'autre»
Le 1 6 du mois, le duc de Holstein-Ploen investit Huy,
et poussa le siège de cette place avec tant de vigueur,
que la garnison capitula au bout de ^x jours. Le roi
ordonna de mettre en état Dixmude, Deynse, Ninove
et Tirlemont, pour servir, de quartiers d'hiver à une
partie de son armée. Le dauphin retourna à Versailles;
Guillaume quitta le camp le 3o septembre , et les deux
armées se séparèrent vers le milieu d'octobre.
Les opérations sur le Rhin ayoient été concertéèe Opera-
entre Guillaume et le prince d^ Rade , qui 3'étoit rendu ^^^"* f^^^
à Lqndres pendant l'hiver. Oii convint d'arbitres pE^ur
le différent entre l'empereur et l'électeur de Stexe; et
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ifigi-
%^6 HT9rv(Hinc nf A.N«s.Kr»raair
ce def nier' étant mt^Yt darMÉ là oéj^MAtiM»^ eHr fœ
consommée pdr son firère, qiri lui sudcéda^ et^qsii s^'^n*»
gagea à fournir aniNMUeiaitiir doiua aiiilb boanoes^
MoyenDaiM un subside accordé par ku coilr ée ^ejme.
Au commencanaiitcle jum leataréetuA dnrLorgos' passa
le&bin à PUiriioBrif , dans le dessein' d&Umnr ImMMle
aux Impérîaitx ^ campes à Emlbraa* Lie prince dei Bmàe^
ifii n'aYoit encore été jtÂn^ m*per les Savans^ bî pcn;
lès Hessois^ ni pat ks tvenipes de Munsler et de ]^der«
born , dépèdra desoourricss pour presser la nrarcbe de
eesaoxiliaises, et s'ayanç» à Eppinigen^ otsil sep^o^
posoit de les attendre. Mais kr i5 , sur faviscfse l'en*"
weùn ¥eaott à lai , iè marcha à sa rencooire en ordre de
bataille. De Lorgés ne Tfl dans ce moifteawenS qn'isa
effort de désespoir, et fit ausaîtdt batte, afin de font
puépafev pour le combat. Cette panse pemnit au prince
Léws de prendre possession d'an fort piIssBige , pitès
Seiasdaeéin ^ d'où il ii'étoit point aisé de te d^oger. AbM*»
le iliaréchal se p^vta à VisdioiCb , et ravagea tout le pays
^R^centy dans- réspdr de fiaire sortir le» iflSpérâMn
de leai^ redranehômentsi Le prince, que fetittieut dé
joindre les troupes de iSessd, résolsR d'àttaqtiee l69
^astiers derenùeM^el k génémli&ançoîs^înfimiiéde
soo* dessein, se retitfaàJoitifciîtâveepsscîpitailoB. iiy^uM
pfris poste à Bittb, il envoya son gra» bagtigtf k Pfailiâ^
)x»ksg; il se drrigiëa ensuiee vans Orombei^r dâitts k
iroisÎDcage de Msseàmm , repassale Bbin,- ef eaiOfM ettur^
Spire et Woms. Le prince de Bade tt^evr pas pteâ^tate été
joiMpar ks alliés^, ^il pmt^ k fleuve^ sur un pottt de
baieao t , près^ HsgSiriMteli^ , dané^k Hùl^fem d^ septembre ,
et Hit FAfcace à eoutribution^ CTëlsît une eMr^priss
téfttérsM»e , em égat^ à k mi&^ a^smeée; et k génén4
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CUILtADME m ET MAliE. 34?
françoig viiuku profiler de cette «prudence. Il ^'avança — 7-*^
coutre ks Inupériaux, prév#yaB4 bie& que s't)» étoient ^ ^
défaite «Uine tiM «enk bataille » leur armée éloiit perdue.
Le prince Louig^ iostrait de Bom pnojet ^ repaatale Bbia
eu toute hàle; il u'eut paa plue t6t elfeetué sa retraite,
que le fleuve grossit au point «L'iaolider File qui étoit au
«ûlieu 9 et une grande partie du camp. Bientôt après les
deux armées entrèrent eu quartiers 4*lnver.
£n Hon([m « la campagne n'offrit aucun événement
important { èUe fut ouverte par le nouveau visir« qui *
arriva à Belgrade au milieu du mois d'aoùt« Ce fut à-
peu-pràs veri ce temps que Caprara assembla Tarmée
impériale danl le voisinage de PeterWaradia. Les Turcs
passèrent la SaaVe, avec le projet d'attaquer le camp
ennemi; ils s'avancèrent avefc cinq oenta pièces de ca-
non, mais firent très peu de progrès; les Impériaux
reçurent des renforts; la saison étoit peu favorable ;
il s éleva un différent entre le visit et le kan des Tar*
tares; et les }^utes fréquentes grossirent tellement le
Danube, que les Tm:cs furent obligés de suspendre
toute opération , et décampèrent dans la nuit du pre*
mier octobre. Us firent ensmte une tentative infruc-
tueuse sur Titul , pendant que le général des Impériaux
s emparoit de Giula. Durant ce même été les Vénitiens »
qui étoîent aussi en |parre avec les Turcs » réduisirent
Cyciut , place importante sur la rivière Naranta » et
s'emparèrent de Scie dans TArehipel.
Il a déjà été observé que le roi de France avoît résolu Succès
d. agir avec vigueur en Catalogne. Au commencement pran^
OIS
de mai , le duc de llïoailles s^avança à la tête de vingt- «" ^'**»'-
buit mille bommes sur le Ter , dont le. rivage exposé
étoit occupé par le viœ-roi de Catalogne avec seize mille
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348 HfSTOÎRK D'ANGLEfERRE.
''•■^'"■^— Espagnols. Nbâilles passa la rivière en face de cette ài**
^^4« uiée , dont il attaqua lés retranchements avec une telle
impétuosité, qu'en moins d'une heure elle fut complète-
ment défaite. Alors il marcha sur Palamos , et entreprit
le siège de cette place, qui fut en même temps bloquée
par les escadres combinées de Brest et de Toulon. Quel*
que vive que fût la résistance des assiégés, la ville ftit
prise d'assaut et livrée au pillage , et les habitants fo-
rent passés au fil de Tépée^ Les François investirent
ensuite Gironne, qui ne tarda pas à capituler; il en fut
de même d'Ostalric, et Noailles fut nommé vice-roi de
Catalogne. Au cctmmencement d'août il mit ses troupes
en quartiers de r^fi^aichissement sur les bords du Ter-
dorè , déterminé à entreprendre le siège de Barcelone ^
que sauva Tarrivéelde Tamiral Bussel.' La guerre lan-
guissoit en Piémont, par Teffet. d'une négociation se-
crète entre le roi de France et le duc de Savoie, malgré
les remontrances de Bbuvigny, comte de Galway, qui
avoit remplacé le duc de Schomberg dans le çomman-.
dément des forces britanniques de ï^iémont. Casai fut
étroitement bloque, par suite de la réduction du fort
Saint-Georges , et les Vaudois obtinrent quelques suc-
cès d'escarmouches dans la vallée de Bagelas; mais il
' ne se passa rien d'important.
La tranquillité n^avoit été troublée en Angleterre,
sous l'administration de la reine, que par quelques foi-
bles mouvements , occasionés par les pratiques bu pré-
tendues pratiques des jacobites. Dès poursuites furent
renouvelées contre plusieurs gentilshommes des com-
tés de Lancaster et de Ghester, pour cause de par-
ticipation au complot tendant à favoriser l'invasion
projetée du dernier roi. Le principe dé ces poursuites
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eÛILLATJMlj^II ET MARIE. 249
était dans le$ suggestions de quelques infâmes délateurs ~
soutenus par le ministère. Le colonel Parker et un
nommé Grosby furent emprisonnés comme traîtres.
Mai^ Parker s'évada de la Tour, et ne fut' jamais res-
saisi , quoique sa tête eût été mise à prix. Le roi , après
avoir. réglé les affaires des confédérés à La Haye, s'em-
barqua pour l'Angleterre le 8 novembre, et le lende<«
main descendit à Margate. Le 12 il fit l'ouverture du
parlement par un discours où, en observant que les
affaires avoient pris une tournure plus favorable $ur
terre et sur mer, et qu'on avoit heureusement arrêté
les progrès des armes françoises, il demanda aux cham-
bres de continuer les droits de tonnage et poundtzge qui
expiroient k I!^oël , leur rappela la dette contractée pour
les bâtiments de. transport employés à la réduction de
l'Irlande, et les exhorta à préparer les bills les plus
propres à encourager la marine. La majorité dans les
deux chambres lui étoit déjà assurée ; ce fut sans doute
pour acheter leur condescendance qu'il donna son con-
sentement au bill des parlements triennaux : aussi tout
ce qui concernoit les subsides passa-t-il sans obstacle.
Après avoir vérifié les comptes et examiné l'état des
dépenses proposées , les communes votèrent quatre
millions sept cent soixante-quatre mille sept cent douze
livres sterling, pour les services de terre et de meh
Afin de faire face à cette dépense, elles continuèrent
l'impôt sur les terres, renouvelèrent le subside de
tonnage et poundage pour dnq ans , et établirent de .
nouveaux droits sur diverses marchandises. Le bill
triennal portoit qu'un parlement seroit tenu au moins
une foi^ en trois ans ; que, dans l'espace de trois ans au
plus après la dissolution du parlement actuel^ et ainsi
1694.
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^5o HIftTOIRB D*AN6LfiTEil«B. .
' g. pour r«yeiiir , la couronne expédieroU les wriu acMéê
du grand sceau, pour convociuery réunir et temr un
autre parlement; qu'aucun parlemem ne pourroît dici*
rer plus de trois ans,, à dater de rouverture de sa pre-
mière session 9 et que le parlement actuel saroit dissotts
b premier novembre suivant , à m<Hns que la couronne
ne jugeât convenable de le dissoudre plus tôt. Le duc de
Pevonshire, le marquis d'Hali&x et les comtes de Wey-
mouth et d'Aylesbury protestèrent coittpe le bill, par-
oequil tendoit à continuer le parlement actuel plus
kmg-temps qu'il ne convenoit|, selon eux, àlaconsti-
tnlion d'Angleterre.
Mort de Pendant qu'on discutoit ce bill , le docteur Jean Til-
véqur "^^^^^ y archevéquc de Cantorbéry, fut frappé de para-
Tillotson lysie dans la chapelle de Whitehsdl, et mourut le^aa
reine^ uovembre , emportant les regrets du roi et de la reine ,
Marie. qQ^ q^ purent retenir leurs larmes à cette nouvelle. Le
public fut aussi très sensible à la perte d'un bomme
regardé comme un esprit d'un ordre très élevé, comme
nn ntodéle de douceur, de modération et d'élégance
dans Tart de la parole. Ces qualités ne peuvent lai être
Contestées, malgré les invective» de ses ennemis, qui
l'aoCnsoîent de puritanisme, de flatterie et d'ambition ,
et lui reprocboiént d'avoir introduit dans l'église un
schisme dangereux, en acceptant l'archevêché du vivant
de Sancroft, qui en avoit été dépossédé. Il eut ponr
successeur dans le siège mécropelitatn le doctemr Ten*
nison , évéque de Lincoln , recmnmandé par les whigs ,
qui dominoient alors dans le cabinet. La reine ne sur*
vécut pas long-temps à son prélat favori. Un mots en-»
viron après la mort d^ ce dernier , elle fut attaquée de
la petite-vérole, et les symptômes étant devenus fort
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là^.
dîtràiants f «àk tfr p^ép^ra àfaD«Mfe*t anree bta«6c3Mip xie
calme. . £làe pamB^ qudcfM t«ni|».ai esenâce» de piété ,
«t ed Mia*tftieBiipârticflrfn»« am^lé oMivel arclMvèqiitt ,
98çm ks daemuwntt «• présence de um» lcsévéi|oes
v)f «i se troonHoiâiiS à kr. cour y et expira le %b décembre
dne kl ureiite«ireiBièBie eiMée de soft àffê et k stsièine
de 9aek 0é(|^e^ loitsem deoe ki f^s emiM douitiirle
réi sen épouos^cpiitf ptsdhoi quénfOÊ^ semmAcs, ne
touhxt recevoir fmnMktm y m s'eceeper d'eocoAe efifaîré
é'étatt^ Merie éteôK greade et bieii pfofWtîotaiée;.dla
eMit kr visefftfcmile , ki 5êttx.iitfs , Ie$ trek^ ej^râaiik» ,
k fdifsietinaMe deucse, im air de digôtf^; à tcne cdq«-
eefHfoii^ cfaôee die joigaieit une ttéoMiire idèk et un
jugement solide. Zélée protestante , d'une «taeticude
scrupuleuse dans tous ses devoirs de religion , d'un
caractère toujours égal , et d'une conversation douce et
calme » elle n'étoit agitée par aucune passion ; il semble
qu'elle fut étrangère aux sentiments de la nature , puis-
qu'elle monta sans regret sur le trône dont son père
avoit été dépouillé ^ et traita sa sœur comme si elle eût
été d'un autre sang. En un mot , toute la froideur et
toute l'insensibilité de son époux parurent avoir passé
dans son ame; et l'on eût dit qu'elle bornoit toute son
ambition à mériter le nom d'épouse humble et obéis-
sante.
La princesse Anne n'eut pas plus tôt appris le danger Rcconri-
de sa sœur qu'elle fit demander à être admise auprès r^i'^" ^|^
d'elle, ce qui ne lui fut point accordé. En la remerciant la prin-
de l'intérêt qu elle prenoit à l'état de Marie , on lui fit Ann^e de
dire que l'avis des médecins étoit qu'on laissât la reine !>»««-
dans la plus profonde tranquillité. Néanmoins , avant
d'expirer , Marie envoya demander pardon à sa sœur ,
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2i% RflTOIBI D'ÀVGtETBBM. '
et, après sa mort, lecomle de Sunderland parvint!
^ ' ■ opérer une récoBciUation entre le roi et la princesse,
qui lui fit une visite à Kensington , où elle fut très biea
accueillie ; Guillaunae assigns^ pour sa résidence le pa-;
lids de SaintrJames, et lui fit présent de la meilleuret
partie des joyaux de la reine. Mais^ous ces dehors d'es-
timie et d'amitié subsistèrent toujcmrs un dégoût: et une
jalousie réciproques. Une députation des deux cham-
. bres se rendit auprès da roi à Kensington, pour lui
offrir y. dans une adresse, les consolations dont il avait
besoin. Cet exemple fut suivi par la régence d'Écosse»^
la cité et le clergé de Londres, les. ministres non-coa-
formistes , et presque toutes le^ grandes communaulél
d'Angleterre.
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LIVRE V.
.Complot de Lancaster. — Enquête 8ur les abus introduits
* dans Fàrmée. — Interrogatoire de Cooke, d'Acton et de
quelques antres. — Le duc de Leeds accusé par \ei com«
. munes; — !F^rIement d'ËUïosse. — Enquête sur le massacre
. 'de Çlencoép — * Acte du parlement d*Êcps3e pour une
compagnie de commerce. — Délibérations du parlement
d'Irlande. — Disposition des armées en Flandre. — Guil-
laume entreprend le siège de Namur. — Retraite du
prince de Vaudemont. — 'Campagne sur le Rhin.' —
Prise de Casai par le duc de Savoie. — Affairés de Cata-
• logne. — Une flotte angloise bombarde Saint-Malo. — •
— Expédition dans les Indesr occidentales. — *• Nouveau
parlement. -^Bill qui régie les procès en cas de haute-tra-^
hisop. — Résolutions relatives à un nouveau monnoyage^
— Intrigues des jacobites. — Conspiration contre le roi
Guillaume. — Projet d'invasion déjoué. — Association
pour la défense du roi. — Établissement d'une banque
territoriale. — Lefe alliés brûlent le magasin de Givet. —
Louis XIV fait auprès de la ^Hollande des avances pour la
. paix; ^^ Affaires navales. -^ Délibérations des parlements
d'Ecosse et d'Irlande. — Zèle des comn>unes d'Angleterre
pour Guillaume. — Résolutions relatives à la monnoie. —
Procès et condamnation de sir Jean Fenwick. — Le comte
de Monmouth envoyé à la Tour. — Enquête sur le peu de
succès des affaires navales. — Négociations à Ryswick. — «
L'es François s'emparent de Barcelone. — Expédition de
l'amiral Neville aux Indes occidentales. -^ L'électeur de
Saxe est élu roi de Pologne. — Le ezar de Moscovie voyage
déguisé. — Gongi^ès de Ryswick. — On signe le traité. .—
Pacification générale.
Le royaume retentissoit des plaintes des papistes et T^
des mécontents, . qui. accusoieut le ministère d avoir
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!i5/J HlSTOfliE I^AMÔLÉTERRlS.
-""'; suborné de faux témoins dans TafFaire des gentils
^ * hommes de Lancaster qu'on âvdit poursuivis comme
Complot . . ^ ^ , * . . TT » 1 1 . é'
de Lan- ayant participe a la conspiralion. Un Irlandois w>sxx\Ȏ
casier, ^ujjt avoit av4Hi^ à sii" Jaaji Twficbard^ sflcnétiûre
4i'«lat, q«'il A¥9it été epwyiié (dlf^aade d«f9c d«d ocun-
mimiMis dn roi JFaoques ]M»ùr idhnsrs fffeti^tlsèiowMmes
des eooités de Lanca9t«r ^ de diedter^cja^^ avilit <5ôn-
couru à acheter dé^ armes et à enrcïér dtes soldat»
pour soutenir le roi Jacques dans son invasion pro-
' xetée; qii'il ayoit été dépéché deux fois par ces même»
^ntlldboinniie» à la «oiur de Saint^G^nvain;; qu'il âvoit
aidé ;plodie^iirs jaoièiite» à fiaa^er «n FrAPce, .prectiré
À «[udques «irtt«s opii «rrivoîeHt de de pays -le»
■moyens de 'se eadier-; et que tons «es indfvidiils s'etoient
accordés à lui dire que fargent nécessaire pour leurtf
missions leur avoit été {durni par sir Jean Triend. Son
témoi^na^e fut confirané par d'autres iiifames émis*
iiairesy^ui ne recevaient i^ue iMp ii'împubion et d^iap-
,pu 4u ^Miyi^TOeiHicmi:. iGa» marfwa^ « btmc &ut&nt
jexpédtésy leC raoïpiîs, '9UiiPfmt foommai/^e toiis leé
iioms<quetié9ignoient4es -A^ateu^. tis ft^nent délivrés
a Aaron Smith, BolliciteuT au trésor, "qui , avec des nles-
sagers d'état, accompagna Lunt et ses s^sociés dans le
comté de Lancaster, sous Tescorte d^un détachement
de ^ardes-à-iche val hollandais ^ jcomxnaodés piar le capi-
tai«ie ^aker. ils avoiant pouvoir de péoké^er de force
dans les msisoflis , ide «aiëir ie» pa|)ters >ct d'^arvêter :les
persofMies à leur volonté ; 'ditasi coiiHmrein»Bstm grand
nombre d'actes de violence et d'oppression. î^es indivi-
dus qui étoient l'objet de ces mesures, ayant reçu avis
du danger qui les menaçdit , abandonnèrent pour la plu-
part leurs domicHes; On en saisit cependantphisietft'd'qiii
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fiimit jetés en prison; Ton s'empara de qndkjues —
Êswma , et, dans la maison de M. Standish , à Standidb- '^*
Hall, on trouva le modale d'une déclaration qui derott
être publiée par le rot Jaeques à son arrivée. Comme
cette persécution senyi^lett caleulée pour foire revivre
ie simulacre d*uiie conspiration déjà surannée, et que
tes témoias étoient des hommes perdus 4e réputation ,
les amie de ceux qu'offi poursuivoit n'^em^ent pas beau-
C30«p <ie pmmie à rendre de telles manoeuvres odieuseè
à la nation. Ils se servirent même de la ptume de Fer*-
çuson , qui s'étoît engagé dans tous ies complots tra>>
méa depuis la conspiration de Rye-House, Quoiqu^on
lui eût donné un emploi avantagenx dans l'accise »
ne se trouvant pas assec récompensé pour la part
qu'il avoit prise À la révolution, il s^^oit rangé parmi
ies mécontents, et, en cette occasion, A puMia une
iettre à sir lean Trencbard sur Tairas du pouvoir. Elle
étoit pleine des plus amères invectives contre le minis-
tère > et beaucoup de cireonsftanees odieuses , où la conr
avoit faip^risé la oorraptien la plus vile et Tailiitraire
le plus oppressif, s'y tronvoient rapportées. €et écrit
fat lûentôt dans toutes les ^mains, et fit tantil'impres-
«Ma, que lorsque les prisonniers furent mis en juge^
tntnt à Mancbêster^ la populace auroit massacré lé»
témoins, si elle n'eût été retenae parles amis mêmes
-des accusés, -qui avoient déjà pris les mesures les plus
^efScafO^ P^^'' ^^ sauver» I<e principal coopérateur de
liuM, dans icette s&nvrede délation , éfoit un nomm^
Taaife, vrai miséralitë, imbu des principes les plus
pervers f qui, se voyant trompé dans Tespoir detre
récompensé par le ministère, se laissa gagner secrète-
Unent par tes agents des prisonniers. Lunt, quand <m
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a56 HiSToiitB d'angl^érre.
— — ^ lui demanda , au tribunal ^ de montrer les personnes
* ^ • qu'il a voit accusées , se méprit si grossièrement que son
témoignage en perdit toute autorité , et TaafFe déclara
devant les juges que le prétendu complot n'étoit autre
chose qu'une invention concertée entre lui et Lunt,
afin de tirer de Fargent du gouvernement. Les pri-
sonniers furent aussitôt acquittés, et. le ministère se
vit en butte à la haine publique, comme Fauteur
ou du moins comme l'instigateur de machinations
destinées à perdre Finnocence. Dans la vue de ma*'
nifester son horreur pour de telles pratiques , le gou-
vernement ordonna que les faux témoins fussent pour^
suivis pour conspiration contre la vie et les biens
des gentilshommes accusés; et Faffaire finit par être
portée à la chambre des communes» Les jaçobites
triompfaoient; ils eurent eux-mêmes recours à des
voies de corruption à Fégard des téinoins pour là
couronne, et ce ne fut pas sans succès. Mais la cause
étoit maintenant entre les mains de juges peu favo-
rables à leurs vues. Les communes ayant profï:édé à
une enquête, et examiné toutes les pièces et toutes les
circonstances relatives au prétendu complot, déclarè-
rent qu'il y avoit lieu à poursuite et à procès contre les
gentilshommes , et qu'il existoit ime dangereuse con-
spiration contre le gouvernement. Elles donnèrent or-
dre d'emprisonner M. Standish, et le messager d'état,
rapportant qu'on ne Favoit point. trouvé, elles prièrent
le roi, par une adresse, de publier une proclamation
qui promît une récompense à ceux qui se saisiroient
de cet individu. Les lords partagèrent les sentiments
des communes dans cette affaire. . Des pUintes ayant
été portées devant leur chambre par les personnes qui
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CtlLtAtîMÈ m. âSy
Se croyoîent lésées , on éleva la question de savoir si le — ~^
gouvernement étoit fondé à les poursuivre, et cette
question fut résolue affirmativement , malgré Favis ded
comtes de Rochester et dé Nottingham, qui jprotes-
tèrent contre cette décision* Les gentilshommes accusés
ne laissèrent pas de poursuivre en calomnie et en faux
témoignage devant les assises de Lancastér Lunt et
deux de ses Complices , qui, tous trois, furent déclarés
coupables. La couronne les déféra aussitôt pour cause
de conspiration contre les vies et libertés de ceux qu'ils
avoient accusés. Llntention du ministère dans cette
démarche étoit de saisir Pocc^sion de punir quelques
uns des témoins à décharge, qui avoient prévariqué
dans leurs dépositions. Mais les gentilshommes) péné-'
trant ce dessein, refusèrent de produire leurs témoins
contre les accusateurs, ce qui fit tomber cette pour-
suite , et les prisonniers furent élargis*
Pendant que les communes examinoient Tétat des Enqtjét»
revenus , et s'occupoient des mesures à prendre pour ^^^ '5*
lever les subsides, les habitants de Roystôn présenté-* iroduics
rent une pétition où ils se plaignoient de ce que les l'ur'J^e
officiers et les soldats du régiment du colonel Hastings,
cantonné chez eux, exigeoient une rétribution alimen*^
taire, sous peine d'exécution militaire. La chambré
prit feu sur cette pétition. On fit une information rela»
tive aux officiers et à Pauncefort, payeur du régiment ^
et il fut déclaré à Tunanimité qu'une telle pratique étoit
arbitraire, illégale, et attentatoire aux droits et aux li-
bertés des sujets. Par suite d'une enquête ultérieure,
Pauncefort et quelques autres furent gardés à Vue,
comme ayant négligé de payer les sommes qu'ils avoient
reçues pour la subsistance des officiers et des soldat».
17
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aôo HISTOIRE d'angleterrït.
— ■■■ ; ^ - vénalité et de corruplion. Il fut reconnu que la cônï*
^ ' pagnie, dans le cours de 1 année précédente, avoit
payé près de quatre-vingt-dix mille livres sterL., pour
^ des services secrets, et que le principal agent de cet
infâme commerce avoit été sir Thomas Gooke,.run des
directeurs , et en même temps membre de la cbambre.
Cooke , refusant de répondre'aux questions qui lui furent
faites, fut mis à la Tour, et il fut passé un bill portant
des peines contre lui, afin de Fobliger à déclarer de
quelle manière ii avoit distribué le$ somm^ :mentionr
nées dans le rapport du- comité. Gé biU fut violemment
combaitudansla chambre-bautëpar leduc de Leeds,
comme contraire aux lois et à lequité ^ et comme étant
d'un dangereux exemple. Cooke, amené, sur sa pro-
pre demande, à la barre de cette chambre, déclara
quil étoit prêt à tout découvrir, si l'on consentoit à
voter sa grâce , poiir le garantir de toutes actions et
poursuites , excepté de la part de la compagniedes Indes
orientales, dont il étoit bien sûr de n'avoir pas encouru
Lanimad version. Les lords accédèrent à sa demande,,
et rédigèrent un bill à cet effet; mais- les communes y
insérèrent une clause pénale, et le bill ne passa qu avec
cet amendement.
lnteri*o- Quaud Guillaume Se rendit à la chambre pour donner
de Cooke ^a Sanction au bill des subsides, il s efforça d'arrêter
d'Acton, cette enquête en représentant au parlement que la sai*
quelques ^^^ ^^^*^ fortavauçée, et les circonstances extrême*
autres, n^ent ptcssantes. Il demanda en conséquence que les
chambres s'occupaissent exclusivement d'expédier les
affaires les plus importantes pour Fétat, .vu qu'il se
pi:oposoit de fermer la session sous peu de joura. Non-
obstant cette honteuse intervention , les deux chambres
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crrïLLAUME iiï. a6i
nommèrent conjointement un comité, pour" mettre à"
découvert la tactique de fraude' et d'iniquité qu'on ri'a-
Toit pas rbugi de pratiquer. Cooke,;dan§ son premier
mterrogàtoirç , avoua qu'il avoit délivré pour âix mille
Kvres sterl. d'ordonnisinces :à François Tyssen , lieute-
nant-gouverneur, pour le service spécial de fei trompa-
gnie, pareille somme à Richard Acton^ pour employei*
son crédit à empêcher rétablissement d'une nouvelle
compagnie, , et favoriser le maintien d% la compagnie
existante; qu'il avoit remis en odtre au mémie Richard
Acton une gratification particulière de deux mille livres
sterl. ; que le colonel Fitzpatrick avoit reçu dé'iui',
piour le même objet , mille guinées , Charles B^tos )cinq
cents, un négociant nommé Molineux trots cent di?e,
et que quarante mille livres sterl. avoient été comptées
à'sir Basile Firebrace, sous divers prétextes. Il ajouta
qu'il croyoit que les dix mille Kvtos sterl. comptées à
Tyssen avoient été remises au roi par sir Josiâh Child,
comme un don qu'on avoit été dans l'usage de lEaire aux
rois précédents, et que les sommes délivrées à* Acton
avoient été partagées entre quelques membres dû par<*
iement. Firebrace interrogé répcmdit qu'il avoit 'reçu
lès quarante mille livres pour son propre compte; mais
qu'il avoit. remis à Bâtes des sommes qu'il savoir avoi^
été offertes à quelques personnes' de première quahté i
Acton* déclara que les dix ^milie livres sterl, qui- lui
avoient été ^ comptées avoient été distribuées- à des
personnes qui avaient de l^infiuenee sur plusieurs
membres du parlement, et qu'u&b grande partie de cet
argent avoit passé par les mains deCraggs, étroitement
Ké' avec quelques oolonels qui faisoient partie de la
chambre et avec pli^sieurs autres m^ocibres des com*<
i%5.
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264 HISTOIRE d'aNGLETERRE.
— On crut nécessaire d'assembler le parlement d'Ecosse,
, * afin d'obtenir de nouveaux subsides pour l'entretieii
Parle- *
ment des troupes de ce royaume, qui avoient été si utiles
dEposie. ^j^ |g cours de la guerre. Mais comme TÉcosse avoit
élevé un cri terrible contre le gouvernement au sujet
du massacre de Glencoé^ et que les Écossois étoient
las de contribuer aux frais d^ude guerre dont il ne
résultoit pour eux auoun avantage, le ministre crut
devoir les caresser par la promesse de quelque con-
cession nationale. II. fut expédié une commission re^
vêtue du grand sceau à l'effet de constater les circon-
stances du massacre en question , comme pour prélu-
der au procès des individus compris dans cette hor-
rible aifisûre. Le 9 ipai, la session fut ouverte par le
marquis de Tweed^Ie , notnmé commissaire, qui, après
-avoir donné lecture de la lettre du roi, s'étendit sur
les soins et le zélé de sa majesté pour la gloire et ie
l)onheup de ses sujets, et sur la fermé intention où
ellei étoit de niainteair dane l'églisis d'Ecosse la disci-
pline presbytérienne. Il promit ensuite, au nom du
roi i que si le parlement passoit un acte pour l'établis-
sentent d'une colonie, soit en Afriqde, soit en Amé-
rique, soit en toute autre partie du moùde où on
pouvoit légitim«nent efi fonder une, sa majesté ac-
corderoit pour cet objet tous les droits, et privilèges
qu'elle avoit accordés :en pareil cas aux sujets de ses
autres états. Il-fifiit en exhortant le parlement à s'oct
éminent jurisconsi|lte , .bomme savant , actif et vertueuf ^ qui avoit
€U une mission à Paris et à Con^tantinople.
Le mois d*avril de cette année fut marqué par la mort du fameux
Qeprges Savilte, marquis d'tlâlifa]E,.qui^vpit 9urvéca^i) grande pairti*
$1 ses talents. et à sa rf^pi(t£|fion.
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GUILLAUME llf* â65
cuper des inoyens de lever les subsides nécessaires — ^
pour 1 entretien des troupes de tei^re ecossoises, et pour ^ '
réquipemeDt d'un nombre de vaisseaux de guerre
qui pût suffire à protéger le commerice du j:oyat|jne,
• Le parlement, après avoir voté une adresse de con-
doléance au roi' sur la mort de la reine , accorda, pour
le service de l'année suivante , cent vingt mille livres
sterl. à lever par une capitation générale, une taxé sur
les terres et une augmentation de Taccise.
Le premier soin des chambras fut ensuite d'enga- enquête
ffer le commissaire è transmettre au roi leurs humbles ^"^ ^®
' 1 .1 VI ^ • . 171 massacre
remerciements au zèle qu il teipo^gnoit pour 1 honneur de
du gouvernement, i non moii^ qift^ pour la justice , Glencoe'.
en ordonnant qu'on prit tou^ les renseignements né-
cessaires sur le massacre de Glencoé* Un membre
proposa que les commissaires nommés à cet effet ren-
^ssent compte des. démarches qu'ils auroient faites;
.et un r£ippoirt contenaiit les instructions du roi, les
Jettdres de Dalrymple., les dépositions des témoins , et
l'opinion des cpmmîssaires, fut présenté au parlementa
On assure que cette .proposition a voit été suggérée à
>()n auteur p^r le^^çicj^étaire d'état Johnston, qui vqu-
jioit p^r là préparer la disgrâce de Dalrymple], son rival
^n pouvoir et en crédit. Les commissaires, créatures
de la cour, remirent un avis écrit, portant que Mac-.
donald.de Glencoéavoit été victime d^une infâme per-
fidie , que les instructions du roi ne eontenoient rien
qui put autoriser cette exécution , et que le secrétaire
d'était Dalrymple avpit excédé ses ordres. Le parlement
fit des recherphes de son côté, et déclara qu'il n'y
avoit pas lieu à blâmer Livingston pour avoir donné
1^^ prdres consignés dans sa lettre au lieutenant-colonel
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a66 HISTOIRE d'augletekre.
"— ^ Hamilton , mais qu'il y avoît lieu de poursuivre ce der-
^ ' nier ; il fut décidé qu'on demanderoit au roi de faire
interroger le major Duncanson en Flandre , sur la part
qu'il avoit eue dans cette affaire , ou de le faire conduire
en Ecosse pour y être jugé, aussi bien que Campbell
de Glenlyon , le capitaine Druiâmond , le lieutenant
Lindsey, Fenseigne Lundy, et le sergent Barber, qui
seroient poursuivis, conformément aux lois, pour le
rôle qu'ils avoient joué dans cette scène de barbariei
En conséqtielice de ces résolutions , le parlement ré-
digea une adresse où tout le blâme étoit rejeté sur
Dalrymple comme ayant outrepassé ses pouvoirs dans
les lettres qu'il avoît expédiées pour cette affaire déplo-
rable. Sa majesté étoit suppliée de pretidré an sujet de
ce ministre les mesures les plus propres à justifier son
gouvernement, de donner des ordres pour que les
exécuteurs d'un tel attentat fussent poursuivis par l'a-
vocat du roi, suivant les lois établies, et pour que' ceux
des habitants de Glencoé qui avoient échappe au mas-
sacre fussent dédommagés , autant qu'il étoit possible »
de la perte de leurs biens et de leut^ effets. Malgré
cette adresse où le roi étoit si solennellement disculpé ,
la mémoire de ce prince resta entachée du soupçon
d'avoir concèMé et inspiré les horreurs de Oiencoé;
et ce qui parolt propre à conJSrmer ce soupçon , c'est
que Dalrymple demeura impuni, et que les autres ac-
teurs de cette tragédie, loin de subir aucune peine,
obtinrent de l'avanceitient. Daiis le cours de l'enquête,
on fit des découvertes sur la conduite du comte de
Bréadalbane , qui ftit accusé de haute-trahison et em-
prisonné dans le château d'Edimbourg. Mais il paroît
qu'il n'avoit usé de dissimulation à l'égard des monta-
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OniLLÂVME III. 167
gnards que par autorisation du roi , et il fut «bis à cou* "
vert par Feffet d'un pardon royal.
Le comité de commerce, coufonEQémetit aux pouvoirs Acte du
accordés par le roi à son commissaire , prépara un acte J^'^J^ ^'f^.
pour rétablissement d'une compagnie de commeroe.en coase
-. 1 .irjj pour une
Afrique et aux Indes, avec pouvoir de fonder des co- rompa-
lonies, de bâtir des villes, des forteresses en lieu in- n<'<' '^^
' ' Col., mer-
habité, ou ailleurs, sauf à obtenir le consentement des ce.
naturels du pays; le même acte accordoit à la com-
pagnie un privilège exclusif et une exemption de tous
droits et impositions pendant vingt et un ans. Il fut
confirnié par lettres patentes scellées du grand sceau.
Paterson , auteur du projet, avoit formé le plan d'un
étaUîsseiDetilt âor l'isthme de Darien , de manière à
étendre le commerce sur la mer du Sud , aussi bien
que sur l'Atlantique, et même jusqu'aux Indes orient
tale&. Beaucoup de négociants de Londres , excités par
Tespoir du gain, s'empressèrent de s'engager darrs
une compaf^ie favorisée de tant de privilèges. Dans
le même temps le parlement d'Ecosse passa un autre
acte en faveur do elergé épiseopal, portant que ceux
qui contracteroient envers le souverain les engage»-
ments requis par les lois , seroient confirmés dans leurs
bénéfices, et en jouiroient souS' la protection du rôi,
sans être assujettis au pouvoir presbytérien. Soixante
et dix des ministres- les plus marquants de ce clergé
acceptèrent le bienfeit de cette concession. On di^essà
ensuite une autre loi qui ordonnoit la levée annuelle
de neuf mille hommes, pour recruter les régiments
écossois servant à l'étranger, et il fiit passé un acte pour
l'établissement d'une banque pubKqiXe. Le parlement
fut ajourné au 7 novembre.
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%6i UtSTOIKE d'aNGLGTERRC.
Le$ mêmes factions qui avotein tourmenté l'Angle-
n ih' ' t®rre depuis la révolution commençœent à s'introduire
cioDâdu en Irlande* Le vice^roi, lord Gapel, gouvernoit avec
^ent beaucoup de partialité, et opprimok ouvertement les
^'Irlan^e. papistcs iriandois. Il entreprit de'fbrmer un parlement
qui se prêtât à toutes les deouindes du ministère,
et il y réussit en faisant arbitrairement dans les em-
plois les changemeiits les plus conformes à ses vues.
Ces précautions prises^ il convoqua un parlement pour
le 37 août: ce terme arrivé, il ouvrit ]a session par un
discours où il s etendoit sur les obligations que les Ir-
iandois avoient au roi Guillaume ^ et suà* la reôon&ois-
sance qu'ils. lui dévoient. Il obs^rvoit.que les' revenus
publics avo^nt tellement diminué] en Iriaiide , que le
paiement des dépenses civiles et militaires étoit ccmsi-
dérablement arriéré , et que sa majesté proposoit un
bill pour une augmentation de Taccise, «dans Tespoir
que le parlement pourvoiroit convenablejnent aux be-
soins du service. Après avoir voté une adresse de re-
merciement, le parlement résolut de ^soutenir Guillan-
me de tout son pouvoir cçntre ses ennemis étrangers
et domestiques. Il adopta le bill pour Faugmentation
de l'accise, et^ prit différentes décisions qui.abolissoient
le writ de heretico comburendo ^ qui annulaient totis les
bills passés quelques années auparavant par le préten-
du parlement du roi Jacques, qui interdisoient toute
éducation des nationaux en pays étranger^ désarmoient
les papistes , et prescrivôient certaini^s dispositious re^
latives aux biens (les individus moribs intestat. On dé-
cida ensuite qu'il seroit accordé à sa maîestéune somme
qui n excéderoit pas cent soixadte-trôis mille trots cent
vingt-cinq livres sterl. , et qui seroit levée par une ca-
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etlILLAUME III. ^269
pitation , une augmentation sur les douanes , et le main-
tien de Taugmentation sur Faccisé. Le chancelier , sir
Charles Porter, voyant' son importance et son autori-
té diminuées , pour ne pas dire presque entièrement
anéanties par les empiétements et la puissance du vice-
roi, voulut se rendre populaire en embrassant la cause
des Irlandois contre une administration si sévère, et
forma dès-lors iine espèce de parti de torys qui travér-
soit lord Capel dans tontes ses mesures. 11 fut proposé
dans le parlement d'accuser le chancehèr comme semant
la discorde entre les sujets de sa majesté. Mais ayant de-
mandé à être entendu dans la chambre des communes ,
il se justifia à leur entière satisfaction, et une grande
majorité déclara qu'il n'y avoit lieu à aucune imputa
tion contre lui ; toutefois, à la fin delà session , les com-
munes rédigèrent une adresse au roi, où elles ren-
doient témoignage à l'administration douce et équitable
du vice-roi. 4
Le roi Guillaume ayant pris les mesures qu'il jugea Disposi-
les plus propres à i^aintenir la paix en Angleterre arme'eseî
durant son absence , se rendit en Hollande vers le mi- Fiandré.
lieu de mai , bien déterminé à tout tenter pour étendre
sa renommée militaire , et humilier la puissance fran-
çoise, qui commençoit à décliner. Tel étoit alors l'épui-
sement de la France que Louis XIV se trouva forcé
de rester sur la défensive contre des ennemis dont il
avoit triomphé si souvent et sans interruption : il en-
tendoit les cris de. son peuple, sans pouvoir les apai-
ser; il voyoit ses avances rejètées par les alUés, et,
pour comble d'infortune, il fit une perte irréparable
dans la personne de François de Montmorency , duc de
Luxembourg , aux talents militaires duquel il dévoie la
en
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272 HISTOIRE d'ANGI^ETEBBE.
-"-~— — cette entreprise de Guillaume parut téméraire* La tran-
^ ^ ' chée fut ouverte le 11 , et le iendemaiti les batteries
commencèrent à jouer avec une incroyable activité. Le
roi, ayant eu avis quun corps de troupes françoises
faisoit un mouvement dans le dessein d'intercepter ses
convois » détacha vingt escadrons de cavalerie poiïr ob-
server Fennemi.
' Retraite Le prince de Vaudemont, qui avoit été laissé à Rose*
de Vau- l^çr avec cinquante bataillons 9 et autant d'escadrons,
demont. ay^nt appris que ViUeroy avoit passé la Lys, afin de
Fattaquer, prit poste avec son aile gauche près de Gram*
men ^ sa droite occupant Aerseele et Ganeghem , et
commença à fortifier son camp , dans le dessein d'at*
tendre Fennemi. L'avant-garde des François fut aper^
çue, le 1 3 au soir, à Deatregbèm; alors il changea
la disposition de son camp, et se retrancha des deux
côtés. Toutefois, le lendemain, voyant que le dessein
de ViUeroy étoit de Fenvelopper, au moyen d un autre
corps de troupes commandé par M. Montai^ qui avoit
déjà passé FEscaut à cet effet , il résolut d'éviter une
action, et ce fut alors qu'il effectua cette fameuse re^
traite sur Gand qu'on cite comme une des plus savantes
combinaisons de Fart militaire. Il détacha aussitôt
douze bataillons et douze pièces de canon pour la dé-
fense de Newport , que ViUeroy se proposoit d'attaquer:
mais ce général changea aussitôt de résolution, et en«
treprit le siège de Dixmude, qu'occupoit une garnison
de huit bataillons d'infanterie et d'un régiment de dra-
gons, commandée par le major-général Ellemberg, qui,
trente-six heures après la tranchée, se rendit prison-
nier de guerre avec ses soldats. Ce honteux exemple
fut suivi parle cglpnel O'Farrel, qui rendit Deynse aux
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GCtLLAÛMK tlh ÈL'ji
mêmes conditions, sans attendre, même que les assié-, -^^
géants eussent disposé leurs batteries. Ces deux officiers ^^
furent depuis mis en jugement pour une conduite aussi
lâche : Ëllemberg fut puni de mort, et O'Fdrrel cassé
avec ignominie* Le prince dé Yaudemont .envoya un
message au général françois , poi^r réclamer les garni-^
sons des deux places, en vertu d'un cartel conclu
entre les puissances belligérantes : mais on n'eut aucun,
égard à cette demande. Yilleroy, après diverses mar-^
çhes et contre-marches, parut devant Bruxelles, le x3
août ; il notifia au gouyemeur de cette ville qu'il avoit
ordre de la bombarder, en représailles des dommages
que la flotte angloise avoit fait éprouver aux villes ma->
ritimes de France, et le pria de lui faire savoir quel
quartier. habitoit l'épibuse de l.!électeur de Bavière, afin
que le feu de lartillerie l'épargnât. Après cette insi*
gnifiante déclaration, Villeroy fit bombarder et canon«
ner la place; les boulets rouges mirentrle feu en diffé^
rents quartiers ^ et l'effroi qu'en ressentit l'épouse de
l'électeur la fit accoucher, avant le terme. Le bom-*
bardement cessa le 1 5 , et les François se retirèrent à
Ënghien.
Cependant le siège de Wamur étoit continué avec
beaucoup d'ardeur, soùs les ordres du roi d'Angleterre ,
et la défense n'-étoit pas moins vive que l'attaque. Le
i8 juillet, le major-général Ramsay et lord Cutts, à
la tête de cinq bataillons anglois, écossois et hollan*
dois, attaquèrent les ouvrages avancés de l'ennemi
sur la droite de la contrescarpe. Ils furent soutenus
par six bataillons anglois, commandés par Icbriga^*»
4ier-général Fitzpatrick, pendant que huit régiments ^
étrangers , avec neuf mille pionniers , sous les ordres
II» i8
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^•^4 HISTOIRE D^Al!ÏGLETEItRBv
"■"""■'^ — du major-général Sabah ^ s avançoient sur la gancEew
^ * L'assaut fut terrible et meurtrier ; rennemi conserva
s<Hi teripain pendant decrx heures avec une admirable
intrépidité; enfin, contraint de plier, il fut poursuivi
jusqu'aux portes de la vâle, mais après avoir tué ovk
blessé plus .de douze cents hooMnes. Le roi fut si enchan-'
té des effort» de» troupes britanniques^, que , durant
Faction, mettant la mai» sur 1 épaule du duc de Bavière^
il s'écria avec transport : FojrezHfous mes brades An^
gfois? Le 27 , les Aog^is et les Écossois ,. eodi mandés
par Ramsay ef Samâlton, attaquèrent la contrescarpe 'y.
\e feijL de rennemi fut épouvantable : cependant , se>-
condéspar le^floUandois^, ils parvinrent à faire un lo<^
gement, dans la partie la plus avancée <ltt chemin
couvert, devant b porte Saint^Nicolas , aoesi bien que
sur !un côté de la contrescarpe. Assiégés et assiégeants ,
tons déployèrent dans cette occasion une valeur inouïe
et presque-incroyable. Plusieurs personnes furent tuées-
dans la tranchée, aux oôté&tnémes de Guillaume, éntro
autres M. Godfvey, gouverneur en second de la banque
d'Angleterre , <}ui étoit arrivé au camp dans Finten*-
tion de conférer avec le roi sur la remise des fonds pour
)e paiement des troupes. Le 3p juillet, l'électeur de
Bavière attaqua la ligne établie par Vauban autour de»
f i&uvjnages de la citadelle. Le général Goborn étoit pré*
«eut à cette attaque^ qui fut dirigée avec autant de va-
leur qne deisuccès. Non seulement on rompit la ligne,.
00 s'empara <méme du fort dit de Cohorn, où il ne
parut pourtant pas«pdssible de «e loger. Le 2 août , lord
Cutis., avec quatre mille grenadiers angloîs et faoUan^
niois, attaqua l'angle saillant d'andemiibastion^et se
logea sur la seconde contrescarpe. Comme la brécbè
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4toit enfin praticable, ^et le^ préparatifs faks potir un '
assaut général» le q^ipte Guisçard, gouyemfiur, capi-
.t^la.pourla ville le 4 fioût, qt les François se reticèrent
dans la citadelle , cop^e laquelle Jea hatt€^ries ne tar-
dèrent point à jouer. Les ttriMPtohées furent poussées
av^cbea^qoi^y) d'acfiwté, ni$ilgré les .-efforts et le feu
.conti^i^el des assiégés, qui se défendoient.avec le plus
i;rand <;ourage M mettoient la plus grande diligence
à, réparer le dcupainage qu'ils éprouvaient; enfin, ce
dommage .devint si considérable, par 1 effet npn inter^-
jToppu dos bombes et desboulets rouges, que BoufBers,
après avoir fait avec fureur plusieurs sorties , ^forma
ie projfit de s-auvrir un passage avec sa cavalerie à
travers le camp. des rçonfédéirés : mais ce.projet fut pré«
Itenu par la vigilance du rofi Guillaume.
Après le bpmbardement de Bruxelles, Villeroy, ren-
forcé de toutes les troupes qu'il put tirer des garnisons,
^'avança vers Namur avec une armée de quatre-vingt-
dix mille hommes ; et le prince de Vaudemont, que le<
prince de Hes^e avp^t joint avec un corps nombreux
des troupes du JRhip, prit possession d'un camp for-
tifié à Masy, distant d'environ cinq milles anglois de
Fermée des assiégeaiits. Le rpi, sur l'avis que l'ennemi
s'étoit avancé jusqu'à Fleurus, où il avoit fait une dé-
charge de quatre- vingt-di;x .pièces de canon, comme un
^igoal pour avertir les assiégés de son approche, laissa
laxqnduite du siège à l'électeur de Bavière, et*prit lui»
même le commandement de l'armée qui le couvroit ,
afin de s'opposer à yill^roy, qui,. nouvellement renforcé
p^r un détachemept de l'armée françoise du.Rhiii, vou*
|pit hasarder une bataille pour secourir Namur, mais
^uij lorsqu'il vit la position des alliés près Masy, re^
1695.
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iû»5*
^'jS HISTGTIKE tfAnGtÉttHHe.
' non^ à ce dessein/ et se retîfà là nuit. Le 36' aoûf ïeSê
assiégés furent sommés de se rendre par le comte de,
Horn, qui, dans une eonférânce, apprit an comte de
Lamont, généra) de i'infantefie Françoise, qtie le ma-
réchal de VtUeroy 5*étoit retira vers la Mehaigne ; en
sorte que la garnison ne pouvoit plus espérer d'étns
secourue. Aucune réponse immédiate n'ayant été faite
à cette sommation, la conférence fût rompue, et le roi
résolut de donner san9 délai uù assaM généra}, qti'il
avoit déjà combiné avec Félecteuj^ et ses autres gêné-,
raux. Entre une et deux heures après midi, lord Gmts^
s^élança de la tranchée de ist seconde ligfne, ar la tête
de trois cents grenadiers, pour faire un Ibgettient sur
la brèche de Terra-Nova , soutenu par les régiments,
deCoulthorp, Buchan, Hamilton et Mackay, pendant
que le colonel Marselly, avec un corps de Hollandois , *
de Bavarois et de Brandebourgeois , attaquoit en deux
autres endroits. Les assaillants furent si vigoureuse-
ment reçus, que les grenadiers anglois, même après
être montés sur la brèche, furent culbutés, lord Cutts,
ayant été mis pour quelqu.e temps hors de combat par
une blessure à la tète. Marselly, défait et pris, fut tué
malheureusement par un bonlet même des assiégeants.
Les Bavarois, s'étant trompés de chemin , forent expo-
sés à un feu terrible, et leur général, le comte Rivera^
périt avec un grand nombre de ses officiers ; ils par-
vinrent toutefois à s^établir sur le retranchement ex-
térieur de la pointe de Gohorn , près la Sambre, et su-
rent, à force de valeur, conserver leur terrain. Lord
Cutts n*eut pas plus tôt fait panser sa blessure qu'il
reparut sur le théâtre de Faction , et donna ordre k
deux cents hommes d*élite du régiment de Mackay^*
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CUItXAUME IIU 277
commandés par le lieutenant Cockle, d'attaquer, iepee ■■ '
a la main, la face de Taogle saillant voisin de la br0- ' \
che, tandis que les enseigoes du même régiment avan-
ceroient pour planter leurs drapeaux sur les palissades.
Cockle et ses gens exécutèrent cet ordre avec une
admirable intrépidités Us enfoncèrent les palissades,
chassèrent les François du chemin couvert, firent un
logement sur une des batteries, et tournèîrent le ca-
non contre les assiégés^ Les Bavarois,, ainsi soutenus^
demeurèrent en possession du poste qu'ils avoient ga^
gné. Les majors-généraiix Lacave et Schweria se logè-
rent en même temps sur le chemin couvjert ; et quoique
Fassaut général ne réussit pas sur tous les points, les,
confédérés restèi'ent maîtres d^un logement considéra-^
ble ; mais ils payèrent cet avantage de la perte de deuxi
mille hommes, parmi lesquels plusieurs officiers dis-
tingués par leur rang et leur réputation. L'électeur 4e
Bavière fit preuve, dans cette action, du plus grand
courage ; on le vit volant à cheval d'un lieu à un autre,
à travers le feu le plus vif, donnant ses ordres avec une
admirable présence d'esprit, animant ses ofiBciers par
des éloges et par des promesses, et jetant des poignées
d'or aux simples soldats. ^
Le premier septembre les assiégés ayant obtenu une
suspension d'armes , pour enterrer leurs morts , le comte
de Guiscard parut sur la brèche, et demanda un entre-
tien avec l'électeur de Bavière. Ce prince monta sur la
brèche à Tinstant même, et là le gouverneur françoia
offrit de rendre le fort de Cohofn \ mais il lui fut ré-»
pondu que, s'il vouloit capituler^ ce devoit être pour
tout ce qu'il occupoit. Cette réponse fut communiqué^
4 Boufflers, qui ne la rejeta point. La suspension d'an
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i'jS HISTOIRE d'aNGLETISrRE.
"" ' *mes ftit' prolongée, et la capitulatioil signée le soîi'
^^ * même.' Villéroy, qui étoit oattipé à Oéin&Ioùrs, ii^eut
pas plus iét afppWîi' éfet évéïiMlient par une tripte cïé-
ohargé de totrt'e Fartflîèriê; et tto' fèti fèùîanl fe long
des ligttes de l^arinéé confédéré, qtf il de 6âta de passer
la Sasibre près Gharleroy, et, aprëë avoir renforcé la
garni^onî de Dinant, il se i*etiï^a vers lés lignes dans lé
voisinage âe Stens. Le 5 septembi*e là garnison fraftft-
çoise, qui, dequimëiâiHë hommes, seirbuvoit réduite
à cinq nîiiîle, éVarctet la citadelle de Nânaur. Bbùfffers
en sortant fût arrête au ilom dtk rôî d'Angleterre, pat*
i^eprésailles de Tittîéiëctrtion du cartel subsistant entre
les derfx^ nations pour les garnisons dé Dixmude et de
Deynâé. Ott à vu qlie Ife^ François àvoîerit retenu ce^
deux garnisoiis. Le maréchal né fat pas peu surpris de
cet incndent imprévu, let, <;omme il s'en plaîgndît vive-
tïièènt^ on lui àss^ura que ïe roi d'Angleterre professoit
le plus grand respect pour sa persbnfie et son caractère.
Guillaume offirtt ftrêtoie dé lui rendre la lifeérté s'il vou-
toit.doniier sa parole quélèà garnisons de Dixmude et
de Dèynse sei^oîent rendues, à défaut de quoi il seroit
lui-même de retour, dans quinze joui^s. Boufflers répon-
dit qu'il ne pouvoit prendre un tét engagement, at-
tend» qu'il nie connoissoit point les raisoâs qu'aVoit son
maître pour rétcwir les garnisons réclamées; il fui
donc recbàduit à Naihur, d'où on* le transféra à Maës-
triohff, et oillé trarÉa avec les plus grands égards, jus-
qu'au rètbuV d'un officier qu'il avoit dépêfché à Ver-
sailles pour y rendre compte dé sa captivité. Il donna
alorà sa parole qù^ l^s garnisons de IM'xtnude et dé
I>eynsë ser^iénlr r^voryées à Tàrûiéë des àlKés. Il fui
aussitôt rélftchë av^e Vfù sauf-<;onduit pour Dinanf , e£
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CT7ILLÂUME III. ^^9
se sendit à Versailles, où Louis XIV 1^ reçut avec les ^
témoignages les plus édatants d'estime et d'amitié ; ce ' *^
prince Teiubrass» pufaliqiieaMttt de fai manîève la ptua
affectueuse, dédara cpi'it étoit fort satisfait de sa con-
duite, le créa duc et pair dtt- France, et hir fit don
d'une 80BM»e très considérable, en reoonnoissance de
ses signaiéa serrices.
Guillauacie, apràs k réduction de Namur, qui re- Campa-
àaussa beaucoup sa renommée militaire, se relira dans ^Bhïu. *
sa maison da Loo, sa résidence favorite, laissant le
«ommandeoient à Télecteur de Bavière, et les demi
armées se séparèrent vers la fin de septembre. Les
troupes firançoises rentrèrent dans leurs lignes. Un
grand nombre de troupes confédérées- furent distri-
buées en diverses garnisons, et un fort détachement se
porta à Newport, sous le commandement du prince de
Wirtemberg, pour mettre en stoecé cette pllsM^e. Ainsi
se termina la campagne dans les Pâtys-Bas. Sur te Rhin
rien d'important ne fut entrepris par Tune ou l'autre
armée. Le maréchal de Lorges passa ïe Rhin à Pbilis-
bourg, au cemoieiicement de juin, et se portant à
Brncksal, envoya des partis ravager le pays. Le prince
de Bade joignit l'armée allemande à Steppach, le 1 1 du
même mois, et fut renforcé, quelque temps après, par
les troupes des auti^s états confédérés d'Allemagne.
Dans la nnit du- 19 ks François se retirèrent vers
'Manheim, où ils' repassèrent le fleuve, sans être in-
quiétés par le général des Impériaux. Ce fut alors qu'ils
envoyèrent en Flandre un détachement considérable.
Le prince de Bade en fit autant, et les deux armées
demeurerait dans leurs quartiers le reste de la cam-
pagne. Le commandement des troupes allemandes en
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a8o HISTOIRE DANGLETERfiE.
-^ Hongrie fat transféré à Félectéur de Saxe ; mais la cour
'^. * de Vienne fut si lente dans ses préparatifs qu'il ne fiit
pas en état d'agir avant le milieu d'août. Ijord Paget
fut envoyé d'Angleterre, cbmme ambassadeur, auprès
de la Porte-Ottomane, avec des instructions relatives
è. la paix ; mais , avant qu'il pût obtenir audience , lé
sultan mourut, et eut pour successeur son neveu Mus^
tapha, qui se détermina à poursuivre la guerre en per-
sonne). Le génie belliqueux de ce nouvel empereur étoit
d^un asse^ triste augure pour son peuple, qui ne pou*
Ypit voir sans inquiétude que le czar de Moscovie a voit
profité de la guerre de Hongrie pour envahir la Crimée,
et mettre le siège devant Asoph ; en sorte que les Tar^
tares étoient trop occupés chez eux pour fournir les
secours que demandoit le sultan. Néanmoins, Musta*
pha et son visir se mirent en campagne avant que Ici
Impériaux eussent commencé leurs opérations, et, pas^
sant le Danube, prirent d assaut Lippa et Titul; ils
attaquèrent enduite le camp du général Veterani, qui
étoit posté à Lugos avec sept mille hommes, et qui
perdit la vie dans cette action : son infanterie fut
taillée en pièces, après avoir fait une défense désespé-
rée ; mai^ la cavalerie , sous la conduite du général
Trusches, effectua sa retraite sur Carousèbes. Les
Turcs, satisfaits de cet avantage, se retirèrent à Oiv
sowa. P^ns le même temps leur flotte surprit celle des
Vénitiens à Scio ; plusieurs vaisseaux de la république
furent détruits, et les Turcs recouvrèrent cette île,
que les Vénitiens crurent devoir abandonner; mais
ceux-ci furent dédommagés de cette, perte par une
victoire complète sur le pacha de Négrepont dans lu
Horée,
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GUILLAUME III. 28r
Le roi de France entreténoit toujours de sécrétés né-
gociations avec le duc de Savoie , dont la conduite et oit p .^^' ^^
dépuis quelque temps mystérieuse et équivoque. Contré Casai par
Tavis de ses alliés , il entreprit le siège de Casai , qu'on g, "oie.
regardoit comme une des plus fortes places de l^Eu-
rope, et que défendoit une garnison nombreuse, abon-
damment pourvue de munitions. Le siège fut com-
mencé vers le milieu de mai, et la place se rendit par
capitulation au bout de quatorze jours , au grand éton-
nement des confédérés, qui ne savoient point que c'é-
toit un sacrifice par lequel le roi de France achetoii
Tinaction du duc pendant le reste de la campagne. La
capitulation portoit que la place seroit rendue au duc
de Mantoue, qui en étoit le légitime souverain ; que les
fortifications seroient démolies aux dépens des alliés,
et que la garnison resteroit dans le fort jusqu'à ce que
cette démolition eût été effectuée. On échangea des
Otages pour garantir lexécution de ces divers articles^
Le duc de Savoie sut si bien traîner en longueur , que
la place n'étoit pas encore entièrement démantelée aii
milieu de septembre ; il fut alors attaqué d'une fièvre
qui l'obligea de quitter Tarmée.
En Catalogne , les François eurent peine à conserver Afhlres
le terrain qu'ils avôient gagné. L'amiral Russel , qui i^^^^
avoit hiverné à Cadix, fut nommé amiral en chef, et
commandant-général de tous les vaisseaux de sa ma-
jesté britannique, employés ou qui pourroient l'être
dans les détroits ou dans la Méditerranée. Il fut ren-
forcé par quatre mille cinq cents hommes , sotts le com-
mandement du brigadier-général Stewart , et l'on tira
d'Italie, pour la défrâse de la Catalogne, sept mille
hommes, Impériaux ou Espagnols. Ces troupes furent
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^82 RISTOIBE D'ANGLETERRE.
«transportées à Barcelone, sous l'escorte de Tamiral
^ ' Nevil, détaché à cet effet par Russel. Les affaires de
GaCalogne aToient déjà changé de fece ;* divers partis
françois avoient été défiiits ; les Espagnols avoient blo«
qné Ostalric et Gastel^Follit. Noailles ayant été rappelé,
le duc de Vendôme, qui lui succéda, fit détfiameler ces
deux places , au prenfier avis de Tarrivée dîes troupes
tirées' d'Italie, et se retira à Palamos. Le vice-i^oi de
Gfttalegue et Taniiipal a^glois résolurent de livrer ba-
taille à F^HÈisemi , et de reprendre PahHnos*. On fit donc
débav<{uer les troupes angloises le 9 août , et Famnée
des aWiéB s'avança sur cette place. Les François^ se pré-
sentèrent eti oncfee de bataille : mais le vice^roi évita le
combat ; il retira tnéme ses troupes , et Famiral bom-
barda 1* ville. Le peu de succès dé cette expédition fctt
dû y en grande partie , k une mésinteliîgenee en'tre
Sussel et la cour d'Espagne. L'amira^l se plaigndit que
sa majesté catholique rt'eût point fait de prépàraitife
pouf kl campagne, qu'elte eût négligé de rempfir ses
engigements relatifs à l'escadre espagnole qui auroît
dû joindre les flottes d^'Angleterré et de Hollande, et
qu'elle n'eût pris aucun soin de faire approvisionner les
troupes britannicpies. Le 27 août , Russel mit à k voile
pour lés côte^ de Pfovei^ce , oii ht flotte , afsëâltlié d^uiie
terrible tempête , courut le phis grand danger ; il se
dirigea alors ver» Gadiit , et entra dans la rade à la fin
de septembre. Il y laissa une partie de ses vaisseaux ,
sous le commandement de David Mitche! , que devoit
joindre sir Geerges Rooke , qu'on attendoit d* Angle-
terre, et il y retourna lui-même avec le reste des esca-
dres combinées.
Tandis que r^^irsi) Russel maintenoit ht domination
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CtJILLAUME m. 283
britannique sur la Méditerranée , les côtés de France — T^"
furent insultées de nouveau par une antre flotté sôus „ ' *
,r L ne flotte
le commandement de lord Berkeley de Sttatton , secondé angIoi»e
de l'aÉitral hoUandois Alleniotidé. Le 4 juillet, ils je- ^^"^^^l
tèrent l'ancre devadlt Sa«nt-Mak> , qu^iis firent bombdr- Malo.
der par neuf gafliotes cfouVertes par qi>elques frégates,
qui ^rou^vèrenf pins de dommage qu'on n'en fit éprôu*
ver à TeâtkâttiK lie €^ oïl bombarda de même Granville ,
et k flotte revint à Pbrtsmontb. Les galiotes à bombes
ayant été répai^ées , la flotte fit i^oute ters les Dunes , où
quatre cents soMatsf furent embarqués pour une étif re-^
prise ooiifti^ DiHMterque, formée st)us la direction du
célèbre in^éViiieur h^andbis Mfeesters , qui avoit pré-
paré à cet effet'Ses brûlots et ses machines infernales. Lé
premier aotft , Inexpérience ertlhit faite sans succès. Les
be^mbès Bveàt quelque effet ; mais les François avoiènt
pris de telles pré^éatitiôns que les macbines ne purent
appr<»oll6r ésdèli près pour leur faire beaucoup de mal.
lyàiMeilrs , de vk>letites animosités divisoient le conseil
des^ adsaiHâiIVs; Les ofSciets angfois hal'ssoient Mees-
ters^ pai^eêtfn'il étoit RoHandois, et qilll efVoit acquis
quelque crédit auprès du rot , et Meesters de son côté
ks traitbk a^efc Ibft peu de considération. ïl se retira
dans la nuit avec sed machines , et refusa de seconder
Berkeley dans la tentative qulF fit le t6 ^ur Calaig. L'a-
miral dirigea ses batteries conti*é cette placé, et mît té
feu à di^ffiérents quartiers. Mais Teniiemi âVôit si bien
pris ses mesuresrque Tentreprrse échoua.
Une escadre, ayant à boi'd douze cents hommes de Expédi-
troupes déterre, avoit été envoyée àut Indes ôccîden- V^°.^^°*
- * . , •' , les Indes
taies , sous le commrahdement du capitaine Robert Wil- occîden-
mot et du colonel Ltlingston. Ils avoient des instruc- ^^*^*'
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ad4 HISTOIRE d'âncleteare.
étions pour agir de concert avec les Espagnols , à BSspa-
^ * Biola , contre les établissements François de cette ile ,
et pour détruire à leur retour les pèches françoises sur
les bancs de Terre-Neuve. En conséquence ils furent
joints par dix-sept cents Espàgùols levés parle président
de Saint-Domingue ; mais au lieu d agir tiontre Petit-
Guavas , comme il a voit été recommandé y Wilmot s'em-
para du Port - François , malgré les remontrances de
Lilingston, qui protesta contre une telle conduite. Les
officiers de terre et de mer vivoient dans une divisioa
^ continuelle , et les Espagnols conçurent tant d'éloigne-
ment pour les uns et pour les autres ^ qu'ils renoncèrent
à toute coopération. Au commencement de septembre ,
Fescadre mit à la voile pour l'Angleterre, et y amva
dans Tétat le plus déplomble, après avoir perdu un dé
ses vaisseaux dans le golfe de la Floride ; Tun des deux
chefs étoit mort dans la traversée , et la plus grande
partie de leurs gens étoient attaqués d'une maladie épi-
démique. Malgré tous les efforts que la nation avoit
faits pour entretenir un nombre considérable d'esc4dres
différentes, le commerce avoit beaucoup à souffrir des
armateurs françois , qui infestoient l'un et Tautre canal ,
et qui firent de riches et nombreuses prises. Le marquis
de Caermartben en station avec une escadre à la hau-
teur des îles de Scilly, crut voir la flotte de Brest dans
une flotte de vaisseaux marchands , et se retira préci-
pitamment à Milford-Haven. Grâces à sa retraite, les
armateurs ennemis s'emparèrent d'un grand nombre
de vaisseaux des Barbades et de cinq vaisseaux des Indes
orientales , évalués à un million délivres sterling. Les
négociants renouvelèrent leurs cris contre les commis-
saires de l'amirauté , qui se défendirent en produisant
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GUILLAUME Ilf. 2^85
leà ordres et les instructions qu'ils avoient donnés. Le -
i6o5
marquis de Gaermarthen méritoit de grands repro- ^
•ches ; mais la principale source de ces calamités natio-.
nales étoit dans les intelligences qu'entretenoient avec
la France les raécimtents d'Angleterre, qui se réjouis^
soient alors , comme ils Font toujours fait depuis, de la
détresse de leur pays. ,
Guillaume , après avoir conféré avec les états de Hol- Nouveavi
lande et l'électeur de Brandebourg, qui se rendit au- ^^^^
près de lui à La Haye , s'embarqua pour l'Angleterre
le 19 octobre, et fut reçu à Londres comme un con-
quérant , au milieu' des réjouissances et des acclama-
tions du peuple. Dès soh arrivée, il tint un conseil à
Kensington , et 11 y fut résolu de convoquer un nouveau
parlement. Gomme la nation paroissoit éprouver quel-
que contentement, on supposoit qu'elle ne rééliroit
que |es membres bien disposés pour le gouvernement,
au lieu que le parlement actuel pouvoit reprendre ses
enquêtes sur la corruption et autres abus , et devenir
d'autant moins accessible à l'influence de la couronne ,
qu'il se verroit peu éloigné du terme de son existence.
Le parlement fut donc dissous par une proclamation ,
e^ on en convoqua un nouveau à Westminster pour le
a2 novembre. Pendant que la nation toute entière étoit
occupée lies élections, Guillaume, par le conseil de ses
principaux confidents , fit un nouvel effort pour acqué-
rir de la popularité, en essayant de faire violence à son
caractère. Il parut aux divertissements de Newmarket,
et y fut complimenté par l'université de Gambridge. Il
rendit visite aux comtes de Sunderland , Northamptoa
et Montagne, dans leurs maisons de campagne , et se.
transfiorta , avec une brillante suite , à Lincoln ; il alla
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286 niSTOlJIfi DVNGtETCRRE.
' .. . ' ^ ■ easuUe k W^lbedk, pffO(>i-îél^ dn dite de ftewcastle-,
^^* df^os le comté.de Ko^pigUiiin.,^ il reçut les tkouitiiageft
deJi'afcbevécjue d'York «^ ;^ ga« clergé. Il passa une
«nuit oh^ lord :BroQ)Kf , mi cbâtewi -de W^^vmék , êÈnii
^ £be^ ie duc dç âhrewa^nry ji £yefi»rt, ^ > par ia iH>ut6
|]^ Wood^tpçk 9 fit #Qa fintfée solennelle è Osdùpd , d'où
leducd'Ormond, comme chancelier dernniversité, le
.tipe-cha^celier, le$ ^Q^^^eufs et ies magistrats :setoient
partes aurdevsiiitide lui à quelque. distance. Jl se rendit
;Bt|i' théâtre, où JI lui vfutdftdcessé une iiaitangue latine
jFprt élégante. Il reçut rde 1» mw^ du tihs^nc^ier 4es pré-
sents d*usage , conMsts^ut en une grande i>ible angloîse ;
janlivre.de prières ordionces^iet^iifê paire de gants à
franges d'or. On &t eottler des fontaines de ^vki ; nn
hauquet inagnifi<|ue étoit pi?éparé : maïs une letcre, où
)1 étoit dit qu pn a^oH ^fetmé je dessein d'-emi^oisonner
le roi 9 ayant été trouvée dans les nues , <(6tttUânme ne
voulut rien prendre à Qxïord, et parfit aus^kôt pour
Windspr. Ce brusque dépa]rt,<|ui ne décéloit pas beau-
coup de magnanimité y ^n'empêcha pas luniversité de
choisir sir Guillaume Tviwihall, secrét^ire-d'état , pour
un de ses représentants au parlement.
Btll qui Les élections furent engénéral favorables aux whigs ;
procès en quoiquc j>eauQOiip dîenire eux fussent au nombre de»
cas de luéconteuts , et, quand le^parlement s'assembla , ^Foler^
haute-tra- L- j ,
lùson. lut ne nouveau cnoisi.pour orateur des communes. Le
roi, dans scm premier discours, exalta la valeur des
troupes angloises, exprima le ohagfin qu^l ressentoit
d'être. qbligé de demaudM* sa sqn peuple, des subsides
fort coi^dérajiles^ observa ^iie4es derniers ^nds s'é-
toieut trouvés msufisants, «et que la liste civile étoit
d^n^ un fâcheux état« Hl reeanimafida à'k conmiiséra-^
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GUILtAUME liÎ4 1287
tion des chambres la malheureuse situation des protes- ' '
tants IraAçois , les engagea à préparer un Ji»ill ppopre à ^^*
encourager et à foiAîfier la marise, et des lois qui pus-
sent .fineiliter les proigrès du commerce. Il parla des
grands :préparatifs que faisoient les François pour se
mettre de *bonne. heure en campag^ » et témoigna sa
satlsfactinn des choix qu'avoit faits son peuple pour
4ive digneoient représenté. Les chaadM*es féhcitèrem i
leur tour le roi sur 'ses derniers suoûès , et promirent de
Taider à poucsuiirre la guerre avec vigueur. Cependant
la nation s'élevoit fortement contre les fardeaux insou-
tenaUes et les dommages de toute espèce qu'elle sup-
portoity pour soutenir le système de politique étran-
gère qu-on s'obfiûnoît à suivre. Tous les efforts du roi
pour masquer le côté malheureux de son ^caractère
avoient été smis succès. Il étoit toujours sec , réservé et
repoussant , et les mécont^rats aeousoient hautonent sa
conduite envers la prînoesse Anne. A la pr^mièretnoU'^
velle de la réduction de Mamur, cette princesse Yen
avoit félicité par unelettve respectueuse, à laquelle il
n a voit daigné faire .aucune réponse, et depuis son re-
tour en Angleterre il me.lui donnoit aucune marque de
considération, non plus qu'à son époux. Les- membres
delà chamhre4)asse qui avoient embrassé les maximes
de Topposition, soit par principes , soit par ressenti-
ment, voulurent que la couronne achetât les subsides
par quelques concessions en faveur du peuple. Ils pré-
isentèvent le biU en contestation depuis si long-temps,
sur les procès en matière de haute-trahison. Les lords
y. insérèrent une clause ^d'après laquelle un pair devoit
être jugé partout le corps de la ppirie , et les communes
acquiescèrant àcet amendement. Le bill portait que lea
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288 HISTOIRE ti'ANGLËtlSRRE.
— individus accasés de haute-trahison, ou detiatoirpaf
i^iP* découvert un crime de haute-trahison qui aoroit éféi.
leur coanoissance, recevroient une copie de l'acte d ac-
cusation cinq jours avant le procès , et qu'il leur seroit
accordé un conseil pour les défendre; que nul ne pour-
roit être accusé que sur le serment de deux témoins,
qui déposeroient en même temps de Tintention dans
kquelle le déUt auroit été commis ; que , lorsqu'un acte
/ d'accusation omtiendroit deux ou plusieurs circon-
stances distinctes , dont la première seroit affirmée par
un témoin , la seconde par un autre témoin , et ainsi de
suite , la condition des deux témoins ne pourroit éti«
regardée conune remplie ; que nul ne seroit poursaivi
pour crimes de cette nature ^ à moins que laccusation
ne fût poitée dans les trois ans qui suivroient le délit,
ou qu'elle n'eût pour sujet , soit un dessein , soit une
tentative d'assassinat ou d'empoisonnement sur la pep
sonne du roi ; qu'il seroit délivré aux individus accusés
de haute-trahison, ou de n'avoir pas découvert un crime
de haute^trabison dont ils auroient eu connoissance,
des copies de la liste des jurés , deux jours au moins
avant Tinstruction du procès, et qu'ils auroient droit
de forcer les témoins à décharge à comparoitre ; qu'au-
cun témoin ne seroit admis pour des circonstances qui
ne seroient pas expressément énoncées dans l'accusa-
tion ; que le présent bill ne pourroit s'appliquer à au-
cune autre accusation, ou procès dans le parlement,
pas même à un procès intenté pour contrefaçon delà
monnoie, dii grand sceau du roi , du sceau privé, de sa
signature ou de son cachet. Eu égard à la situation cri-
tique des affaires , le parti de la cour craignit de s'op-
poser à cehîU, qui étoit de nature à plaire à la uation.
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OtiLLAtliE lit. 38g
' Les communes procédèrent ensuite à rexamen des _ ^
coinptes et des dépenses proposées, et votèrent plus de -^ /^. '
Cinq Bâillions sterling, pour le service de Tannée eui-* tîons re«
vantei L'état de la monn<He étant devenu alors un vé- ^"^^^®' ^
un non-
ritable détriment national , ne pouvoit échapper à Tat-^ veau mon«
teotion du parlement. Les lords préparèrent une adresse '^^^"C^'
pour demander à la couronne une proclamation qui
arrêtât le cours des espèces altérées, et requirent à ce
sujet le concours des communes. Mais la chambre**»
basse résolut de d'attribuer particulièrement cette af«
Caire, et nomma un comité de toute la chambre, pour
délibérer sur Tétat de la nation relativement aux mon*
noies courantes. Il y. eut une opposition vigoureuse
ccmtrela proposition d'un, non veau monnoyage , faite
et vivement soutenue par M. Montague , qui agissoit
en cette circonstance par le conseil du grand mathéma-
ticien Isàac Newton. Les adversaires de cette mesure
ofajectoient que M l'argent monnoyé étoit retiré de la
circulation , il seroit impossible de soutenir la guerre
But le continent , et de Continuer le commerce étran«
ger , attendu que Les marchands ne pourroient acquitter
leurs lettres de change, ni les soldats recevoir leur
solde. Ils ajoutoient que tout paiement seroit suspendu ,
et que de là naltroient une confusion et une inquiétude
universelles. Il est vrai de dire qu'une réforme de cette
Q^tyre n'est jamais sans danger ni sans difficulté; mais
elle étoit alors devenue indispensable ; le mal augmen<«
toit tous les jours, et auroit bientôt amené l'anarchie i
après de longs et véhéments débats , il fut décidé , à une
simple majorité, qu'on procéderoit , avec toute la dili«
gfnce possible, à un nouveau moûnoyage. Il s'éleva
une autre question ^ xlont l'objet étoit >de s^iyoir si la
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âga RiSTOifii: D'ANot£TÉ:Éfiir.
"" uouvdle œonnbîe, dans ses jdifiià*eiites éénommatioM f
^ ^ * aurait le même poids et le môme titre cfu'avoit eus ori-^
g^inairement rancienee , ou si te préétabli serait aug*
r mente. Lie célèbre Locke eut sur cette tfuestioii une
dispute avec M. Lowndes^ qui proposbit Tâugitienta'»
tioi9 du titre. Les rats€»s de Loeke étoiem: si couvain^
caotes» que le comité se déciéa pour le maintieiidù
ûire quant au poids et à la finesse. Il f«t aussi arrêté
que la perte résultaut pour le revenu ée i'état des es-»
péee» rogaées seroit supportée par le puMIc. Afiti de
prévenir une stoguatioa générale , It fut décidé qa apt^è^
uo terme fi» , aucune «noviii^e rogtiée ïie serait reçue
eu paiemeAt, si ce a'est par les cdlectéursdes revenus
et des taxes , ou d£»i5 les prêts et paiements de Téchi*^
quier; quaprèa unr antre terme égalemeat prescrit ^
cette (moQfnoîe ne seroit reçue dans aueutie •espèce âê
paiement^ sans exception ; <|u'ejifin il seroit fixeim dér^
nier terme , où tout citoyen de vroit apporter les espèces
rognées pour être i^efendiies , et qm ce délai passé il ne
setroic rien aUoné pMrr «e qu'on apporteroit. Les GO«â^
munes prièrent le roi^^par une adresse , de publier une
proclamation coo&Nnne^ aux réanluticms qu'elles ve*
paient de prandre^, «t cette prcfçlamation eut lieu le^
19. décembre. Les craintes du pèufde» accrues et en«*
flammées parles eùnemisKiu gouvernement, en vinrent
^ uo te) points qne tomtpaîemait «essaet que te dés*
ordre se répandit en un moment -dans rétat. Les àd-
verflaire& du bill aaisireat cëttetaccasiontf aggraver 1^
larmes publi^qnea. ils attacpaèPÊnt vivement le minis-^
tère comme auttnr de cette ^éfplora^le stagnation., et
4û*igérent particulièrement leUrs traits contre Mût.*
' "^ Mgiie ; il fallut beaucoup d'adra»se «t de eç^ràge pour
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^triiLAtJMft m* n^t
détourner les dangereux effets du mécotitêntemènl du — *~^
^eitpie. La chaitebre des communes décida qu'il seroît '^ V
levé dolt^e cem mille livres sterling au moyen d'un
droit sur les vitres ^ en compen'satioh de la perte sur la
itidmioie rognée; que rindemnité accordée pour sup^
piéer à œ qui manquait aux espèces rognées is'âppîi-^
querok à tout argeijt-monnoie, quoique d'un alôi plus
bfts ttftt« le tittre ; que les collecteurs et receveurs dés
dtibsides €l «avenus auroient ordre de recevoir toutes
ces espèces; qu'il sièroit accordé une prime dé cinq
pour Hieut à quiconque apporteroit des pièces no^ alté-
rées pourôtr« données dans tout le royaume en échange
de 4a mannoie rognée » et une prime de six sous par
onde à quiconqtte apporteroit à la inonnoie de la vais-
sctfe plate pour ^tre tnonnoyée ; que chacun pourroit
pÉyer en espèces rognées la taiîle de Tannée suivante ,
jesqtt'à l'expiration d'un délai déterminé ; que des corn-
misscùres seroient nommés dans chaque comté , pour
écAHmger la monitoie non rognée, ainsi que la nouvelle
meoiieie^ contre celle qui étoit altérée. On envoya à la
dfiamb^e des lords le bill qui contenoit ces différentes *
résaltitîons ; ceux-ci firent quelques amendenaents, que
lès ^jommuîiès rejetèrent : mais stfin d'éviter les disputes
et les conférences , elles retirèrent ce bîlï et en rédigè-
rent un -autre, sans 'f comprendre les clauses insérées
dans lé prétûiér par tes lords. Ces clauses firrént pro-
posées de nouveau dans la chanibrè-haute, mais écar-*
téefi "Cette fois par la ùiajorité , et , le 2 1 janvier i îè bill
reçut la satiction royale, ainsi qu'un autre qui prôroh-
geoit le délai fiké pour acquérir des annuités^ éîf qui
ccmtitikikoit léS' droits sur lès vîUs de dernière qualité, tuè ' *
roi sanctionna également le bîll sur les pi-ocès pour
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293 HISTOIBE d'aNGLBTBBRC.
""— * hautertrahisoa , et un acte tendant à prévenir les élec*
^y ' tions vénales. Divers marchands et commerçants s'étant
adressés à la chambre des communes, pour la prier de
prendre en considération les pertes qu ils &upportoient ,
par Feffet de Taugmeniation des guinées , elle passa un
biU, qui suspendoit pour un temps limité Tobligation
de jfabriquer de nouvelles gainées , et s'occupa d'abais*
ser la valeur de cette monnoie* Malgré la vive opposi*
lion de plusieurs membres ^ qui manifestoient la crainte
qu^une telle mesure ne fomentât «icore des troubles,
il fut convenu que la guinée seroit réduite de trente
schellings à vingt-huit; enfin, pour encourager les ci-
toyens à apporter à la monnqie la vaisselle d'argent ^
l'on inséra dans le bill nue clause qui fixoit la valeur de
la guinée à yingt-deux schellings, et elle tomba natu-
rellement à sa valeur originaire de vingt schelUngs et
douze sols. Néanmoins certaines personnes supposant
que dans la session prochaine on éléveroit le prix deTor,
retinrent leurs guiuées ^ et ^ dans une supposition sem*
blable , que les mécontents ne manquoient pas d encou»
rager, les nouvelles espèces d'argent furent aussi mises
en réserve , au grand détriment du commerce. Le roi fit
établir à York , Bristol , Exeter et Chester , des fabriques
pour te nouveau monnoyage ,. dont le succès passa toute
espérance; en sorte que, dans moins d'un an, la monK
noie d'Angleterre» qui avoitété la plus mauvaise , devint
la meilleure de l'Europe.
1Q9Ô. L'atteption des communes se tourna vers un objet
d'un intérêt moins général. Le comte de Portland, far
vori du roi, a voit obtenu le don de quelques terres
seigneuriales dans le comté de Derby; avant que le
ivar7wit etit été expédié, les geatilshonunes de cette
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GUILLAUME HT. 298
province résolurent de s'opposer de tout leur pouvoir à '
cette concession. Ils demandèrent et obtinrent d'être
^tendus par les lords de la trésorerie. X'un d'eux, sîr
Guillaume Williams, représenta, en leur nom, que les
terres concédées étoiént d'anciens domaines du prince
de ûalles, absolument inaliénables; que les revenus
de ces terres servoient à l'administration du pays dé
Oalles, pour les honoraires des juges, et pour d'autres
émoluments; qu'elles étoient trop étendues et trop peu-
plées pour être mises dans la dépendance d'aucun sujet
étranger. La concession fut combattue par d'autres rai-
sons puissantes , qui n'auroiént cependant produit au-
cun efFet, si les gentilshommes gallois ne se fussent
adressés à la chambre des communes par une pétition.
M. Price, membre de la chambre, s'emporta à cette
occasion contre les HoUandois en général, et ne s'abs-
tint pas même, dans ison discours, de sarcasmes con-
tre la personne, le titre et le gouvernement du roi.
Les objections des pétitionnaires, ayant été exaini-
nées, furent trouvées si raisonnables, que les conv-
munes s'adressèrent au roi pour lui représenter que les
terres seigneuriales dont il s'agissoit avoient été tou-
jours annexées à la principauté de Galles, et affectées
à la dotation des princes de ce nom; que plusieurs
personnes, dans ces mêmes terres, possédoieut des do-
maines par tenures nyyales^ à la charge de payer des
rentes et à d'autres conditions envers la couronne et le
prince de Galles, en vertu desquelles ils jouissoient de
certains privilèges. Les communes prioient le roi d'an-
nuler le don qu'il avoit fait au comte de Portland,
comme étant contraire aux intérêts et à l'honneur de
la couronne, et demandoient que les seigneuries en
1696.
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294 HISTOIRE d'aNCXETERRE.
/ — question ne pussent être aliénées sans le' consentement
^ ' du parlement Cette adresse fut reçue froîdem^iU du
roi ; il promit d'annuler le don, puisqu'il) 4é^aîsQtt t^flit
aux communes , et dit qu'il trouveroit quelque Hioy<ft
de dédommager le comte de Portla^d. Le p^e^ipte es
général avoit de l'aversion pour ce favori. Lea méco^f
tents insiinuoient qu'il se servoit d^ son crédii pour
favoriser le commerce de son pays au détrim^it de
l'Angleterre ; c est à ses suggestions, qu'ils attribuaient
l'acte et les lettres-patentes en faveu>r de Ifl^ compagnie
d'JÉcosse, qu'on regardoit comme un sn^ dedivifiion
entre les deux royaumes. Ce point fut d'abord trai#é à
la chambre des lords , qui invitèrent les ^^omm^unee à
une conférence. Un comité fut cliargé d examyiner, d^uii
toutes ses parties , Tacte pour L'érection de la. compo*
gnie d'Ecosse; et les deux cbamJ>re^ pcésentèreot con«
jointement une adresse contre cet a^De, conuve devant
porter préjudice à tous les sujets intéressés dans la
commerce de la nation aogloise ; elles y observoient
que l'exemption des taxes et les autres avantages aor
cordés à la compagnie aiu?oient pour résultai de fûre
de l'Ecosse comme un port libre pour toiUes les hhuv
chandises des Indes orientales et occidentales ; que les
Écossois seroient bientôt en état de fournir toute VEùf
rope à im prix au-dessous de celui que les Anglois met-
toient à leurs marchandises, et que par là l'Angleterre
perdroit tout le bénéfice de son, commerce ^tran^r . Lea
communes 6n;is9oient en représentant que les Écossoia
feroient passer à la dérobée leurs marchandises en Aa-^
gleterre, au grand détriment de sa ms^esté et des droit»
étabhs pour ses revenus. Guillaume répondit à ces.re*
montrances qu'il avoit été mal servi epî Ecosse, mak.
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GUILLAUME UI. âgS
qu'ail espéroit qu on trouveroit quelque remède aux m- " ^'V ^ ^'
couvéïiients qu'apprébendoieot les communes. Tout ' ^'
porte à eroire que h nkit&tère d'Ecosse lui en «voit
imposé ; car il ne tard» pas à priter de Leurs emplies
le marquis d)e Tw«edale et les deux secrétaires d'état
de ce royatmie; ces deux dernier^ fureqt remptacés
par lord Mttnray, &s du mnrqms d'Athol. La réponse
du roi n empêcha pas le pomité de faire une enquête ,
et 4 d après son rappcNrt à Tappui d'usie pétition de la
€Qmpag»ie des Indes orienilales^ lacjhambre décida
que les directeurs de la cocxqoagnâe d'Ecosse étoient
coupables de haute mal versatio» pour avoir prêté et
reçu dans ce royaume un serment deJideUj et qflu'^s
^croient mis en accusation. Cependant Roderic Maid-
kenzie, dont le comité tenoit ses principales inlbrma)-
tions, ne crai^^ p<^nt.de se rétracter, et il y eut
ordre de le mettre en prison; mais il trouva moyen
d'écbappeiff et ne fWt point repris, quoique le roi, à la .
requête da c<Miûté^ fît publier une proclamation à ce
sujet. Les Écc^sois s'irritèrent vivement contre Gnili-
laume en apprenant qu'il aveit désavidiié leur compcd-
gnie> sur laquelle ils fondaient tant d'espérances. Oi|
avoit déjà ai rété le plan de rétablisaemient de Darien^
et il fut mis depuis en exécution ; ce dont on eut lieu
par la suite de se .repentir.
Les plaintes des né^gociants anglois. qui avoient sout* intriçnes
fert de la auerre furent cette foi« si fortes que les . **5?
^ jacobite»*
communes csurem devoir les ptemlre ea considéra^
tion. La chambre se ferma en comité secret pour déli^
bérer sur Tétat de la nation relativement au commerce,
eh^ après un m0r examen de toutes les< circonstances.,
adopta les résolutions suivantes : qii un conâeii decon*»
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*!i9^ HISTOIRE. VaNGLETEBAË.
■^^ merce seroit établi par acte du parlement » avec pott-
^^' voir de prendre les mesures les plus propres à protéger
le commerce de la nation; que ces commissaires se*
roient nommés par le parlement , mais qu'aucun d'eiix,
n'auroit séance dans la chambre , et qu'ils préteroient
un sarment, à 1 effet de reconnbttre Tautorité de Guil-
laume comme légitime, et de tenir pour nuls les pré-
tendus titres du roi Jacques, ou de tout autre. Le rt>i
considéra ces résolutions comme une atteinte ouvert^ à
sa prérogative, et en témoigna son déplaisir au comte
de Sunderland, qui appuyoit cette mesure ; mais celui-
ci avoit tant d'influence dans la chambre, qu'il est vrai-
semblable que les résolutions auroient été exécutées, si
la découverte d'un nouveau complot n'étoit venue dé-
tourner l'attention des communes. Â la mort de la reine
Marie, les amis de Jacques, dans la supposition que
jcet événement afïbiblissoit beaucoup la cause de Guil-
laume, recommencèrent leurs menées pour le réta-
blissement du monarque exilé. Certains individus, dtas
Vexai tation d'un zélé aveugle pour ce prince, formè-
rent le dessein de se saisir de Guillaume, et de le trans-
porter en France, ou même de le tuer en cas de résis-*
tance. Ils avoient envoyé des émissaires à la cour de
Saint«Germain pour, demander qu'on les y autorisât,
ce qui fut refusé. Les principaux auteurs de ce projet
étoient le comte d'Àylesbury, lord Montgomery, fils du
marquis de Powis , sir JeanFenw^ick , sir Jean Friend , le
capitaine Charnock, le cïipitaine Porter et un M. Good-
man. Charnock fut dépéché pour proposer au roi Jac-
ques de demander au roi de France un corps de cava-
lerie et d'infanterie, avec lequel il feroit une descente
en Angleterre. L'on s'engageoit non seulement à le join-
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eUILLAtTME 111. â97
' dre à son débarquement, mais même à le replacer sur lé .
troue d'Angleterre. Ces offres, ayant été déclinées par '^^'
Jacques , sous prétexte que le roi de France ne voudroit
point hasarder ainsi un corps de troupes, dans la con-
joncture où il se trouvoit, le comte d'Aylesbûry se ren-
dit lui-même en France, et eut avec Louis XIV une
conférence où le plan d'une invasion fut concerté. An
commencement de février le duc de Berwick pa^sa se-
: crétement en Angleterre, où il conféra avec les conspi*» .
rateurs, leur assura que le roi Jacques étoit déterminé
à faire une descente à la tète d'un nombre de troupes
considérable 2 distribua des commissions, et prit des
mesures pour qu'à l'arrivée du prince ses partisans pus-
sent le joindre avec des soldats, des armes et des che«
vaux. Quand il révint en France il trouva tout préparé
pour dette expédition. Des troupes furent dirigées vers
les côtes ; un grand nombre de bâtiments de transport
furent rassemblés à Dunkerque ; M. Cabaret s'étoit déjà
avancé jusqu'à Calais avec une escadre, qui fut jointe
par celle que Jean Bart commandoit à Dunkerque. Ces
deux escadres parurent former un convoi suffisant, et
Jacques se rendit à Calais dans l'intention de s'y em«
Isarquer. Les jacobites travailloient alors sans relâche à
organiser une révolte en Angleterre. Sir Jean Friend
étoit parvenu à former un régiment de cavalerie qui'
n'étoit pas loin d'être complet ; sir Guillaume Perkins
en levoit un autre; sir Jean Fènwick, le colonel Tem-
pes t, le colonel Parker, M. Curzon, étoient aussi occu-
pés, chacun de son côté, à recruter des troupes qu'ils
dévoient commander, et le comté de SufFolk, où les
^ mécontents avôient le plus d'influence, devoit fournir*
un régiment.
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1^ HISTOIRE 4>'ANGLETBRflE.
Fendaat qu'une partie des jacobites cberchmt) par
^ . lesmoyensiordioaires, à exciter un çQulêvement contre
tion coo. GuiHajttme, d'autres conspirateui^s plus désespérés mé-^
^de GuJu ^'^^^^ lassassi^atde ee prince. Un Éeoœois, qm ayxÀt
laume. servi. en (qualité d'officier dans rarmée du roi Jaccpies »
sk Georges Bareky, homme plein de courage , mais
possédé dtt 9éle le plus fanatique pour kk.relig^n ro«
nusiilie:,^ d'^iUeurs secret, dreonspect et résokt, aaroift
débai:qiié, vers les premiers jours de janvier, à Bomney-
Marsfa, 9vae quek(i«as aulvesoâîeieirs, et loii prétend
que ^m dessein é^it d'ealever ou d'assassiner GmU
\aufxm* Il en fit part à un prêtre appelé Harrisoo , connu
aussi $0U9 le nom de Johnston, à Cliarnock, à Porter,
et .ài sif* GuiUauine Perkins, qui Tapprouvèneuty et il
teuv gHAura même que c'étoit une missioai psrtieuiiàce
4q^ il étoit ejiargé. Après diverses ooasultatiûne , les
conjurés convin^nt d attaquer le roi à son çetouB de
Riebmond, où il «voit coutume de chasser Le samedi,
et eboisûrenlî poiAr le lieu dis leur onthuscade un sentier
fermé de bat^ , entr4î Brentford et Turnbam-Green.
Comme il éloit nécessaire d'attaqiter et de diapersier les
gasdee qui oseortoient la voiture de GuiUauobe, ils ju-
gèrent à propos de porter leur nombre à quarante ca-
vali^vs., et pour cela i^acun d'eux m charma d'enga^r
d'autves individus dans cette entreprise ; quand le nom-
bre estimé nécessaire fut complu ,. ils fixèrent le i S fé-
vrier poui7 l'exécution, et prirent touies les préeaotions
néosssaâros pour n'inspirer jusque-là aucun soupçon ;
ipiai^ ^9U% l'intençalle quelqjues uns des acteurs subal*
tjemes, saisis d'borreur ea réfléchissant à l'engagement,
qu'ils, avoieut pris, ou excités par l'espoir d'une réeom*
pense, se déterminèrent à révéler le compfet. Le ii
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«6ILLAUME III. 399
février un noipmé Fisker ai prévint lé tomte de Port* '
landy et lui dési^ipisi sei^eouent quelques nas de&eon*-
«piraleurs; ce b6 fut i^m le t3 i^'ii r^Mlil compie de
tous les détails. Le lendemain k comte de Pertbnd fut
accosté par im certain Pendeirgras», efficief irlandoîs,
qui lui dit qué<aB>t tQut-èt-rhyeure arrivé d'Hampsliîre,
sur riavitatioft d'un ami particulier» il venoit d'appren^
dre qu'on Taveit attiré à Londres pour le faire patlâdir
per à ane coaspiratioa contre la vie du vcti Gaillmimfi;
qu'il avoit pronûs de s'y en^ger, quoiqu'au foiidim
tel projet lui fît herreur,. mais cpue ce n'aVoit étéqn^vec
Tiatention secrète de saiâir la pteinière occasion, de lé
dévoiler pour sauver les jours du roi. Il avoua qu'ï élaok
catholique romain 9 mais en déclarant qu'U ne penaoit
pas qu'aucune religion pût justiéter un. si noir attentat;
il ajoma qu'ayant des oJ^ligajtioAS à queiques uns des
conjurés, il croiroic, enleswMnvianty manquer à l'hon'-
&eur et à 1» recoanoissance» et qu'auciiBe considéf
ratio» tte pourroit le résoudre à eomparoltre comme
témoin^ Le roi avoit éèé si souveni! abuse par de pré»
tendues découvertes de eémplols, quld eui peu d*éga#d
à ces information», jus<pi'à ce qu'elles, fussent confir*
mées* par le témoignage d'un aulore des conspirateuirst
nomme Larue, François de nation ^ qui révéla les
mêmes particularités au brigadier Levison, sai^s se
douter q^'il eAt été devancé. Le roi. comprit alors* qu'il
y avoit quelque chose de réel; Pendergraas et Larue
garent séparément interrogés» eft sa présence. 11 re^
met cta partiddièr ement te premiec et ieua rhasméteté
dont it fiwsoît preuve ; mms il lui représenta que, s'il ne
feisoit pas connoitre nonHuément les conspirateurs^ il
ne poorroit g^ntir ses jours de leurs attentats, et le
16^
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iôgô.
SdO HISTOIRE D*AN6L1STCRRE.
' détermina enfin à donner une liste de ceux qu'il eon*
noissoity en lui promettant toutefois qu'il ne seroit
point appelé en témoignage contre eux, à moins quil
n'y consentit. Le roi n'alla point à Bichmond le jour
fixé par les conjurés , et ils remirent l'exécution de leur
dessein au samedi suivant. Ils se réunirent la veille en
différentes maisons , et chacun d'efux reçut ses instruc-
tions. Il fut convenu que, le meurtre consommé, ils
iroient ensemble à clieval jusrqu'à Hammersmith, et
cpe là ils se disperseroient pour entrer à Londres de
différents côtés ; mais le samedi matin , informés que
les gardes étoient retournés dans leurs casernes , et que
les carrosses du roi avoient été renvoyés, ils tremblè-
rent au soupçon qu'ils étoient découverts. Sir Georges
Barclay se hâta de se cacher, et chacun des autres
chercha dé même à pourvoir à sa sûreté. Cependant un
f(rand nombre furent arrêtés la nuit suivante, et totit
fut alors communiqué au conseil-privé. On lança une
proclamation contre ceux des conspirateurs qui étoient
encore. cachés; et Ton fit sur-tout les plus promptes re-
cherches pour s'emparer de sir Georges Barclay, qu'on
supposoit particuUèrempnt chargé par le roi Jacques
d'assassiner Guillaume; mais il sut se dérober aux
poursuites, et il n'y eut jamais de preuve qu'une telle
commission eût été donnée.
Projet Le projet d'invasion ne réussit pas mieux que la ten-
^o^^dJ- ^^^'^^ d'assassinat. Jacques étoit à peine arrivé à Calais ,
joué, que le duc de Wirtemberg dépécha de Flandre un de
ses aides^de-camp au roi Guillaume , pour l'informer de
la descente projetée. Des messagers arrivèrent dans la
même vue, de la part de l'électeur de Bavière et da
prinoe de Vaudemont. Deux escadres considérables se
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GUILLAUME lit» Sor
trouvoient en état de mettre en mer; l*aniiral Russel
s'embarqua à l^ithead , et se dirigea vers les côtes de ^^^''
France , avec environ cinquante vaisseaux de ligne. ▲
leur aspect les ennemis furent confondus, et retirèrent
leurs vaisseaux dans un endroit si peu profond que
Russel ne put les suivre. Mais du moins, eu les tenant
renfermés dans leurs ports, il déjoua entièrement le
dessein de Jacques , qui , après un séjour de quelques
semaines à Calais , retourna à Saint-Germain. Les trou-
pes eurent ordre de rejoindre la garnison d'où on les
avoit tirées«
Grâces à la récompense promise dans la prodama-
, tion , la plupart des conspira.teurs furent trahis ou pris.
Georges Harris , qui avoit été envoyé de France j avec
injonction .d obéir à sir Georges Barclay, se livra lui-
n^éme à. sir Guillaume Trumball, et s'avoua complice
des conjurés. Porter et Pendergrass furent trouvés en-
semble. Le dernier réclama la promesse du roi, pour
ne point servir de témoin. Mais quand Porter se fut re-
connu coupable, Pendergrass déclara qu'il ne se croyoit
plus obligé au silence , puisque son ami avoit tout avoué ,
et l'un et l'autre furent produits comme témoins pour
la couronne.
4près qu'ils eurent été interrogés, le roi fit connottre Associa-
aux deux chambres le complot tramé contre sa vie , et î**^" P®"*'
'^ . . ' la défense
leur communiqua les avis qu'il avoit reçus touchant du roi.
l'invasion; il entra dans le détail des précautions qu'il
avoit prises pour déjouer l'un et l'autre projet , et leur
exprima la confiance qu'il avoit dans leur zélé à con-^
courir à toutes les mesures qu'exigeait la sûreté com-
mune. Le jour même 9 les deux, chambres se rendirent
en Gorps auprès deiuià Kensington^ et lui présentèrent
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Sol lilSTOlAE D^AOrâtÈTBRat^
^ «m adresse, où, en leiH* témoigna»! l^ur alfedioii , ellé^
'^* exprîmoiMit l'horneor la plus profonde pdur lattestaf
^'on «voîi voulu commettre dor sa personne, «t I0
supplioîent de veiller sur ses jobrs avec plus 4*Mteiil3oif
que ja«iaÎ6. Elles lessorbient qu'elles ne «ég^igeroiefit
rîeo (le leur côte pour défieudre sa vie et soutenir soif
gouvemefûeiat oomre le dénier roi et tous ses outres
adversaires; elles déclaromit eafin que, dans le cas
où , contre tous leurs vasax , il vieodrott à périr de «sort
violente , dles se feroient «n devoir de le venger sur ses
ennemis et leurs adhérents. Cette adresse fit beaucoup
de fJaisir à Guillaume, qui) à son totn*, assura les
diambres qu'il ne laisseroit échapper aucu&e occasioii
d acquérir de nouveaux droits à leur affectioii et à leur
fidélité. Les communes lui donnèrent aussitôt peu'^r ,
par un bill , de s assurer de tous les indi^^dus soupçon-
nés de conspiration oontre sa personne et son jgt>uver«
cernent. Par un autre bill , elles décidèrent qu'en cas de
mort de sa majesté, le parlement alors existant seroit
coiitinué juSqu^à ce qu'il fûit dissous par le plus proche
hérïtier ée la couronne « recoonn par un acte du parie*
ment ; et que si sa majesté mourait dans l'intervalle d'un
parlement à l'autre , celui qui auroit été dissous se rèa-
sembleroit aussitôt pour ré^^cr les affairés nationales.
Les communes votèrent ensuite use nouvelle adresse,
poiftr demander an roi de bmmir, psr une proctemin
tioa, tous les papistes à la distance de dilc tmlles des
villes de Londres et de Westminster, et de donner des
ÎBStruÊttOfiS amt juges 1 pour qu'ils «dissent en exécn*
tion les ioii contre Ara catfaaliqiies romains , et les non*
assermentés. lies »einbres de la ohambre rédigèrent
un acte d'assodation, par lequel ils s'eogegeoîent mu*
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nvtthAtUÉ tu. 3o3
tuètlement à défendre le roi et son gouveriiement , et à *
punir toute TÎolence qui serait -comtâise sur sa per-
lonne. Cet acte fut signé par tous ceux qui se trouvoient
}u*é$ents*; mais, comme plusieurs membres s'étoient
absentés sous de frivoles prétextes , id chambre déclara
que , dans un délai de seize jours , les absents seroient
tenus de souscrire ou de notifier leur refus. Qtrelque4
«as ayant négligé dé satisfaire à cette injonction dan^
ie temps prescrit , Torateur eut ordre d'écrire à ceuTt
qui étoient à la campagne pour leur demander une ré-
ponse péremptoire , et le secrétaire de la chambre se
tmnsportâ chez ceux qui se disoi^nt malades à la ville^
8e Toyant ainsi pressés, les absents se déterminèrent
enfin à signer , ix/mtoe les autres , lactiî d^associatioq ,
qui fut pçéeenté ati roi par les communes en corps ,
Bveù une requête pour qoe cet acte fut déposé parmi
ies archives d'Ângletei'ne , à la tour de Londres , comme
um monâment durable de leur ^délité et deletir aflFec^
tïon envers le isouveraih. Le roi reçut cette pièce avec
une sati^rfaotion itiexprinbaMe , témoigna combien îf
élXHt touché d*»ne tetle association , et déclara qull
seroit toajours prêt à exposer sa vie nvec ses bons et
fidtles sujets , contre tous ceux qui teïfteroient de ren-
verser la religion , les lois et les libertés de l'Angleterre ^
il promit aux communes de faire déposer letrr acte
parmi les archives du royaume, he lendemain les corn-'
natiHies votèneiit que quiéonque laxeroit celte associa*
tmi d'illégalité seroit considéré comme fatrteur des
desseins du dernier roi , et ennemi des lois et des hhi^^
tée du royaume. Les lords suivirent Texemple de la
ehombre^basaè , tn souscrivant un^î association. Mais
le comte de Kottin^bam ^ sir Edouard Seymour et
Tt)g6.
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3o4 HISTOIBE d'aMGLETERRE.
*~~~ M. Finch y désapprouvèrent le mot légitime apfrftqtië }
^ ^ * sa majesté 9 disant que, puisque Guillaume étoit rcvêta
de la couronne et de ses prérogatives» ils lui rendoient
obéissai^ce, mais qu'ils ne pou voient le recounoitre pour
leur légitime souverain* Rien ne devoit paroitre fdas
absurde que cette distinction, faite par dè9 hommes
qui concouroient alors à eiiercer une portion constitu"
tive du gouvernement , à moins qu*on ne supposât que
les droits de Guillaume étoient expirés avec la reine
liarie. Le comte de Bochester proposa un expédient ^
ihveur des consciences timorées. Cet expédient ^ qui fut
adopté, consistoit à changer le mot qui les bleasoit;
quinze pairs et quatèe-vingt^douze membres des coni^
munes ne signèrent l'association qu'avec répugnance.
Elle fut d'ailleurs souscrite par des sujets de toutes les
classes dans les différentes parties du royaume y et les
évéques dressèrent pour le clergé un acte du même
genre , qui fut signé du plus grand nombre. Les com-
munes passèrent un billqui déclaroit incapable d'exercer
. aucun emploi public et d'avoir séance au parlem^t
quiconque refuseroit de s'engager daus Tassociaticm.
En même temps le conseil rendit une ordonnance qui
privoit de leurs emplois, comme sujets mal intention-.
nés y tous ceux qui ne l'auroient pas signée volontai-
rement.
Établisse- Après ces fénK>igaages éclatants de fidéKté ^ les eom-
dune xnunes s'occupèrent des moyens de fournir les subsides.
banque Une uouvelle banque fut établie comme un fonds sur
rîale. lequel il seroit levé deux millions cinq cent soixante-
quatre mille livres sterling /et on lui donna la dénomi-
nation de barufue territoriale ^ parcequ'elle étoit établie
sur des valeurs en bien-fonds i, le plan ,, qui en étoit at*
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6tJfLLA01iE ni. 3oS
tribué au faittëux docteur Chamberlain , fut fevorisé ^
par lé comte de Sunderland , et soutenu à la chambre
des communes par Foley et Harley. La banque d'An-
gleterre fit une pétition contre ce bill, et son conseil fut
entendu; mais ses représentations furent sans effet : le
bill y adopté par les deux chambres , reçut la sanction
royale. Le 217 avril le roi termina la session ^ et le par-»
lemeut fut prorogé au 1 6 juin»
L'on avoit déjà instruit le procès de quelques tms des
conspirateurs. Le premier qui subit sa peine fut Robert
Gharnock, Tun des deux membres du collège de la
Madelaine, qui, sous le régne de Jacques , avoient
abandonné la religion protestaîilte,' Après lui » le lieute^
nant King et Thomas Reys , reconnus coupables de
haute-trahison, furent exécutés à Tybum. Ils remirent
au shérif un papier, où ils déclaroient solennellement
qu'ils n'avoient jamais eM connoissance d'aucune com*
mission donnée par le roi Jacques pour assassiner Guil-»
laume. Gharnock avoit auparavant déclaré qu'il avoit
toujours entendu dire que le roi Jacques s'étoit con^
stamment offensé de toute proposition sur cet objet, et
n'a voit, jamais donné d'instructions que pour faire la
guerre dans les formes accoutumées. Sir Jean Friand
et sir GuiUaume Perkins furent jugés en avril. Le pre-
mier s'étoit élevé d'une fortune cbétive jusqu'à un très
haut degré de richesse et de crédit , et avoit toujours
montré beaucoup d'attachement aux intérêts du roi
Jacques. L'autre étoit aussi un homme de fortune , vio-
lent partisan des mêmes principes, quoiqu'il eût prêté
serment au nouveau gouvernement , en sa qualité d'un
des six clercs de la chancellerie. Porter, et Blair , autre
témoin ^ déposèrent que sir Jean Friend avoit concouru
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3o6 RISTOI&È D^ANGIETERRE.
**""■"■; — à lever des troupes au nom du roi Jacques , et qu'il
^^ ' avoit eu connoissance du complot contre la vie de
Guillaume ) quoiqu'il n'y fût point engagé personnel-
lement. L'accusé s'efforça d'ôter toute autorité au té*
moignage de Biair, en prouvant qu'il éloit coupable de
la plus noire ingratitude. Il fit remarquer que les deux
témoins étoient réputés papistes. Le vicaire de Hack*
ney, quiremplissoit l'office de chapelain dans la maisoii
de Friend , déclara sous serment que , depuis la révolu-
tion , il avoit coutume d^y prier peur le r(û Guillaume,
et qu'il avoit souvent entendu dire à Friend que , quoi*
qu'il ne fût pas partisan du nouvel ordre de choses , it
vouloit vivre en paix sous le r^^ de Guillaume, et
n'entrer jamais dans aucune conspiration. M.Hoadley,,
père de révéqne de Winchester , ajouta que le prison-
nier étoitun bon protestant, et avoit souvent témoigné
la plus^ grande horreur pour les principes de ceux qui
eroyoient permis d'assassiner le. roi. Le prisonnier luir
même, en avouant qu'il s'étoit trouvé avec quelques
uns des conspirateurs dans une assemblée à Leaden*
hall-l^ceet, soutînt qu'il n'y £^voit été question ni de
lever des troupes , ni d'aucun autre projet contre le
gouvernement ; il se défendit en disant qu'une confé-
rence où se dîscutoientles moyens d'exciter une guerre ^
ne poavoit être considérée comme une trahison. Le
lord'^chef de k justice ^ Holt., déclara qu'un simple des*
sein ou qu'une simple conspiration ayant pour objet
d'excitar une guerre <» n'étoit pas une trahison • d'après
le statut d^ouard III ; mais que si ce dessein ou cette-
conspiration tendoient à faire périr, déposer ou empri-
sonner le roi par le moyen d'une guerre, alors il y avoit
crime de haute-trahison ^ quoique la guerre n'eût point
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Ct^ILtAUMB llté 3o7
^u lieu. Le même principe auroit pu s appliquer aux -— -—
auteurs et aux agents de la révqlutipn; il eut pourtant ^^^'
de Tinfluence sur le jury, qui , aprèd une a^set courte
délibération y déclara Vaccusé coupable. Le lendemain,
sir Guillaume Perkius comparut, et, sur le témoignage
de Porter, d'Éiyebank, son propre domestique, et de
Qaywoqd, koipme qui avoit la réputation d'un délateur,
il fi^t déclaré convaincu d'avoir eu part , non seulement «
ai^ projet d'invasion , mais encore au complot contre la
vie du roi. Les dépositions des témoins étojeut insuffî^
santés; Taccusé, versé daus les lois, se défendit avec
beaucoup d'art et de vigueur. Mais les jurés obéirent
aux ifnpres^îons qu'ils reçurent des juges : une sen-
tence de mort fut prononcée contre P^rkins et sir Jean
Frieud, qui furent exécutés èTybnrnle 3 avril. Ce der-
nier protesta devant Dieu qu'il n'avoit point été à sa
connoissance que le rpi Jacques dût immédiatement
effectuer une descente, et quil n'avoit fait en consé*
quenqe aucun préparatif ; qu'il avoit également ignoré
le projet d'assassinat contre Guillaume; qu'il mouroit
dans la communion de Téglise d'Angleterre , et se félif
citoit de perdrç la vie pour la cause qu'il avpit adoptée.
Quant à Per)iins, il affirma, ayant de mourir, qu'il
n'avoit jamais entendu parler d'aucune coo^mission
particulière donnée p^ le roi Jacques pour assassiner
U prince d'Orange ; qu'il avoit vu seulement des instruc-
tiojis cQUçues ep termes généraux et adressiées aux ja?
cobites, pour qu'ils excitas^nt et soutinssent la guerre
contre QjuuUaum,e. }1 avpua cependant qu'il avoit été
ifib^ru^ du prpjet d'as^9^inat , m^is qu'il ue le croyoit
qoi^nu que des auteurs ou d'un très petit nombre .de
personnes. Ces d^ux Qondamnfs furent assistés dans»
ao.
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i6ç)6.
3(>§ klSTÔIRE b'ANGLÊtEAitl^
" leurs déi^niers moments, de trois ministres non-^isser^
Bientés , qui leur donnèrent labsolution à la vue de la
populace , par un^ imposition des mains ; cette insulte
au gouvernement eut des suites fâcheuses pour les trois
ministres , qui fuient accusés d'avoir encouragé la tra-
hison en donnant Fabsolution à des traîtres , et porté
par-là d'autres individus à troublei* la paix du royaume.
Deux d'entre eux furent enfermés à Nevsrgate ; le troi-
sième fut contraint de; se cacher, et publia ensuite, pour
se justifier, un mémoire où il affirmoit que l'imposition
des mains en pareil cas étoit une pratique générale de la
primitive église. D'un autre côté , les deux prélats métro-
politains etdouze autres évéques désapprouvèrent toute
absolution qui n'auroit pas été précédée de la confes-
sion et des témoignages de repentir des condamnés.
Dans le cours du même mois , Rookwood , Cranbome
et Lowick, eu vertu d'une commission spéciale, furent
mis en jugement à la cour du banc-du-roi comme
conspirateurs, et déclarés convaincus sur les témoi-
gnages de Porter, Harris, Larue, Bertram, Fisher et
Pendergrass. Il y eut quelques circonstances en faveur
de Lowick. Les preuves de sa participation au projet
d'assassinat étoient très défectueuses; plusieurs per-
sonnes jouissant d'une bonne réputation déclarèrent
qu'il étoit honnête homme, et d'un caractère doux. et
paisible, et lui-même termina sa défense par une pro-
testation solennelle de son innocence. Sa grâce fut vive-
ment , mais inutilement sollicitée par quelques sei-
gneurs. Cranborne mourut dans un accès de colère,
laissant un papier que le gouvernement jugea à propos
de supprimer. Lowick et Rookwood remirent aussi des
déclarations au shériff, et, comme ce qu'elles conte*
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GUILLAtfME III. 3c9
noient étoit moins violent, on en permit la publication. ■
L'un et Tàutre nioient solennellement qu'ils eussent eu ^'
connoissance d'aucune commission donnée par le roi
Jacques pour assassiner Guillaume; le premier affir-
moit que Jacques étoit incapable de donner des ordres
aussi criminels, et le second protestoit que ce prince,,
le meilleur des rois, avoit souvent rejeté des proposi-^
tions de cette nature. Lowick avouoit qu'il auroit joint
le roi à son débarquement; mais, il j^uroit que, dans
tout le cours de sa^vie , il n'avoit jamais trempé dans
aucune affaire qui pût occasioner la moindre effusion
de sang, et qu'il n'auroit pas même voulu acheter au
prix d'une telle effusion le rétablissement de son sou-
verain. Rookwood alléguoit qu'il avoit été engagé dans
la conspiration par son commandant immédiat, auquel
il avoit cru devoir obéir, quoique ce qu'on exigeoit de
lui blessât également son jugement et son inclination ;
il exprimoit de l'horreur pour toute trahison, même
contre uu ennemi ; il pardonnoit à tout le monde , même
au prince d'Orange , qui, disoit-il, avant de signer le
'Warrant de mort y auroit dû, comme soldat, considé-
rer davantage le cas où il s'étoit trouvé. Il prioit le ciel
de lui ouvrir les yeux, de le rendre enfin sensible à la
voix du sang qui, de toute part, crioit contre lui, ,et
de faire éviter ainsi à ce prince une peine plus terrible
que celle qu'il lui faisoit subir. Le premier qu'on mit
ensuite en jugement fut M. Cooke, fils de sir Miles
Cooke, Ikm des six clercs de la chancellerie ; Poçtcr et
Goodman déposèrent qu'il avoit fait paitie de deux as-
semblées dans une taverne, où se trou voient, les loçds Ay-
lesbury et Montgomery, sir Guillaume Perkins, sirJeaa
Fepwick, sir Jean Friend, Gharnock et Portei:; mais le
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ÎIO HISTOIRE D ANGLETERRE.
■— "-"^ témoignage de Goodman fut détruit par celui dii maître
*^^' et de deux garçons de la taverne, qui attestèrent que
Goodman n'y étoit point alors. L'accusé lui-même pro-
testa $olennteIleméht qu'il avôit toujours condatnué
toute introduction de troupes étrangères, qu'il n'avoit
été informé du projet d'invasion que lorsque ce projet
étoit la matière de tous les entretiens, et qu'il n'avoit
jamais vu Goodman à la taverne en question. On n'eut
aucun égard à ces protestations. Le solliciteur-général
Hawles, et le lord-chef de la justice, Treby, mirent
beaucoup de sévérité dans leur poursuite contre lui,
et les juréis le déclarèrent convaincu de crime capital.
Après la condamnation les agents de la cour mirent tout
en œuvre pour tirer de lui de plus grands éclaircisse'
ments; on fit d'abord retarder l'exécution de la sen-
tence, et il fut ensuite envoyé en exil. Il résulte de
toutes ces procédures et déclarations que Jacques avoit
tout récemment médité une invasion, que ses parti-
sans d'Angleterre avoient fait des préparatifs pour le
joindre à son arrivée, que quelques uns des plus exas-
pérés avoient tramé un complot contre la viie [de Guil-
laume, que, dans la poursuite dés conspirateurs, la
cour avoit encouragé les délateurs , que les juges avoient
outrepassé les lois, aggravé les circonstances, et s'é-
toient même écartés de leurs fonctions pour convaincre
les accusés ; en un tnot que l'administration avoit usé
contre ces malheureux des mêmes pratiques que ceux
qui la composoient avoient mis eu^-mêmës sôûs Ife der^
Tiier régtie au liombre des griefs de la nation.
tet alli^a jj^ dhaleui* qu'on rtàhîfestaen générai danscette cir-
brûlent . > > • / n /v» i . . . i
le maga- constaûce ctoft 1 éfFet dix rcfssentiment national contre
siu de nnyasion projetée, Les deux chambres et la plus grande
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OtMLLAUME III, 3 II
partie du peuple étoient alors animés d'une excessive — T"^
indignation contre la France. Les lords, dans une * ^*
adresse. solennelle, supplièrent sa majesté de fixer un
jour d'actions de grâces au Tout-Puissant, qui venoit
de confondre les desseins odieux de ses ennemis, et
cette cérémonie se fit avec un zélé et une dévotion re<-
raarquables. L'amiral Russel, ayant laissé une escadre
en observation sur les cotes de France, retourna aux
dunes; mais sir Cloudesley Shovel, qui étoit en état
de tenter une expédition , fit essuyer à Calais un nou-
veau bombardement, qui mit le feu en divers endroits
de la ville, et jeta les habitants dans la consternation.
Les généraux de larmée des alliés en Flandre cher^
chèrent à faire éprouver qœlque grand dommage à
Louis XIV. Ce prince, ayant d'abord compté sur la des*
cente en Ang^erre, pour faire une diversion puis-
sante, a voit établi un immense magasin à Oivet, dans
le dessein de frapper .quelque grand coup lorsque' les
alliés seroîent affoiblts par le rappel des troupe^ bri-
tanniques. Les alliés résolurent de détruire ce magasin.
Au conunencement de mars, le comte d'Athlone etCo-
faorn, avec le concours du duc de Holstetn-Ploen , qui
vcommandoit les alliés, tirèrent de Bruxelles ^ des gar-
nisons Voisines un fort détachement de cavalerie, et
l'envoyèrent, pour amuser l'ennemi, du côté 4ie Char-
leroi, pendant qu'ils rassembloient, dans le territoire
de Namur, quarante escadrons et trente bataillons, avec
.quinze pièces de canon et six mortiers» Athlone, avec
une partie de ce corps, investit Dinànt, et Cohorn,
avec le reste, s'avança snr Givet, qu'il bombarda. £n
trois heures la place fut en feu , et à quatre heures après
«ûdi elle étoit entièrement détruite, avec le grand ma-*.
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3l2 HISTOIRE D ANGLETERRE.
•"-■"'"*" gasin. Aussitôt les deux généraux se rejoignirent et re-
^ * tournèrent à Namur. La république de Venise, qui jus-
qu'alors avoit refusé de reconnoître Guillaume pour roi
d'Angleterre , lui envoya une ambassade extraordinaire ,
composée des seigneurs Soranzo et Venier, qui furent
reçus en audience publique le premier mai. Le roi , dans
cette occasion, arma chevalier Soranzo , comme le plus
ancien des deux ambassadeurs, et lui fit présent d'une
épée, suivant Tusage, Le même jour Guillaume dér
clara, dans le conseil, qu'il venoit de nommer la même
régence qui , en dernier lieu , avoit gouverné le royaume
pendant son absence. 11 s embarqua le 7 à Margate, et
•arriva le soir à Orange-Polder, sous l'escorte du vice-,
amiral Aylmer, qui avoit eu ordre de l'accompagner
avec une escadre, parceque le fameux Jean Bart se
trouvoit toujours à Dunkerque, et qu'on appréhendoit
quelque tentative importante de la part d'un homme si
entreprenant.
I^owisXlV Avant que l'armée des alliés fut rassemblée, celle de$
^rè» deîsi ^^^^Ç^^^ ^^oî* d^j^ sur pied ; mais cette campagne n'of-
HoUande frit rien d'important ni sur le Rhin ni en Flandre.
res pouT I^ouis XIV persistoit à garder la défensive du côté des
lapais. Pays-Bas, et le défaut d'argent fit avorter les plans
offensifs du roi Guillaume. Les pertes de la nation sur
la refonte des espèces s'élevèrent à deux millions deux
cent mille livres sterl. , et quoique différentes fabriques
fussent en .continuelle activité, elles ne purent, durant
quelques mois, fournir suffisamment à la circulation^
attendu qu'une grande partie de la nouvelle monnoie
étoit mise en réserve par ceux qui la recevoient en paie-
ment, ou qu'ils n'en disposoient que moyennant un
bénéfice illicite. Le roi de France, ayant épuisé les ri'»
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GUILLAUME III. 3l3
cfaesses et la patience de ses sujets, dont le nombre 7~"
avoit considérablement diminué dans le cours de cette
guerre, commença à se défier de ses armes, et eut re-
cours à des négociations particulières. Pendant que son
ministre d'Avaux prfessoit le- roi de Suéde d'offrir sa
médiation; il envoya Callières en Hollande, avec des
propositions pour régler les préliminaires d'un traité.
Il pensoit que les Hollandois, nation toute commer-
çante, et dont le négoce avoit beaucoup souffert de la
guerre, ne pouvoient avoir de l'éloignement pour la
paix , et ses émissaires reçurent des instructions pour
tâcher de gagner les mécontents de la république, et
particulièrement les restes de la faction Louvestein ,
qui avoit toujours combattu les projets du stathouder.
Callières fut bien accueilli des états, qui commencèrent
à traiter avec lui des préliminaires , mais non sans lé
consentement et le concours de Guillaume et des au-
tres alliés. Afin de hâter l'effet de cette négociation,
Louis XIV poursuivit ses opérations offensives en Ca-
talogne, où son général, le duc de Vendôme, attaqua
et défit les Espagnols dans leur camp près d^'Ostalric ,
combat qpi ne fut pourtant pas décisif, puisqu'il fut
obligé de se retirer après de vigoureux efforts pour
forcer leurs retranchements.
Le 3o juin, le maréchal de Lorges passa le Rhin à
Philisbourg, et campa à unelieue d'Eppingen, où le&
troupes impériales, sous le commandement du prince
de Bade, avoient été obligées de se retrancher, parce-
qu elles n'avoient pas encore été jointes par les forces
auxiliaires. Après être resté environ un mois en présen-
ce des Allemands, le général françois repassa le fleuve,
détacha pour la Flandre un corps de cavalerie, et mit
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3i4 HisToifiE d'angletkrre.
g^g le reste de ses troupes en canton nement à Spire, Franc-
kendal, Worms et Ostofen. Le 3i août, le prince de
Bade, voulant à son tour insulter rennemi, traversa
le Rhin, fut joint, quelques jours après, par le géné-
ral Thungen, qui commandoit un corps séparé, ainsi
que les milices de Souabe et de Franconie , et s'avança
sur le camp des François , qui étoient sur leurs gardes ;
ils étoient postés avec* tant d'avantage, qu'il n osa pas
courir le risque de les attaquer, il se borna à les ca*
nonner pendant quelques jours , envoya des partis faire
des excursions dans le pays adjacent, et s'empara du
I petit château de Wiezengen , après quoi il repassa le
fleuve à Worms, le 7 octobre. Les François le traver-
sèrent de nouveau à Philisbourg, espérant de sur-
prendre le général Thungen , qui avoit pris poste dans
le voisinage de Strasbourg; mais il se retira à Eppingen
avant leur arrivée, et bientôt après les deux armées
furent mises en quartiers dUiiver.
Cependant Pierre, czar de Moscovie, avoit poussé
avec tant de vigueur le ^tége d*Asoph, que la garniscm
fut contrainte de capituler, après qne les Russes eurent
défait un secours considérable qu'on lui envoyoit. La
cour de Vienne s'empressa alors de conclure une al-
liance avec l'empereur moscovite ; mais oa ne sut pas
assez profiter du désastre éprouvé par les Turcs. L'ar-
mée impériale, sous fes ordres de l'électeur de Saxe,
resta dans l'inaction sur la rivière Maroscfa j«i8qu'ati
19 juillet. Elle feignit alors de vouloir attaquer Temes-
war: mais elle marcha vers Betzerch, sur la R)ùte de
Belgrade, au premier avis que le gi^and-seigneurse pro-
posoit d'assiéger Titul. Lé 21 août, les deux armées
furent en présence : la cavderie des Turcs attaqua les
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GUILLAUME llî. 5l5
Impériatix dans une- plaine près la rivière de Bègue;"*
mais elle fut repoussée. Le lendemain les Allemands
firent une retraite simulée, dans l'espcjir d'attirer les
Turcs hors de leurs retranchements. Le stratag^e
réussit ; les Turcs se mirent en mouvement le 26. Pen-
dant qu ils traversaient un bois, un détachement deâ
Impériaux les attaqua en flanc; il s'engagea une action
terrible qui coûta la vire aux généraux Heuslef et Po-
land, ainsi qu'à plusieurs autres braves officiers. Enfin
les Ottomans forent mis en déroute; tenais les Impé-
. riaux avoient été si maltraités , que , deux jours après
le combat, ils se retirèrent à minuit, et les Turcs de-
meurèrent tranquilles dans leurs retranchements.
En Piémont, il y eut un grand changement dans les
affaires. Le duc de Savoie^qtii, depuis quelque temps ,
étoit engagé dans une négociatifon secrète avec la
France, accepta enfin les offres de cette puissance,
et signa secrètement un traité de paix à Lorette , où il
s'étoit rendu sous prétexte d'un péleriftage. Le roi de
France convint de lui donner quatre millions ^n répa-
ration d'es dommages qu'il âvoit éprouvés , dé le sou-
tenir contre tous ses ennemis par un nombre convenu
de troupes auxihaires, et de conclure uifi mariage entre
le duc de fiourgc^ne et la princesse de Piémont aussitôt
que les parties seroient en âge. Le traîté fut garanti
par le pape et les Vénitiens , qui desiroient avec ardeur
de voir les Allemaiiâs chassés de l'Italie. Le roi Guil-
laume , à la première nouvelle de cette irïégociation ,
en donna avis au comte de Galway, son ambassadeur
-à Ttuîti, qui se plaignit au duc de sa défectîcfn ; mais
celui-ci persista à nier qli'il fût en négociation avec la
France, jusqu'à ce que l'approche de l'armée françoise
1696.
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3l6 HISTOIRE d'aNOLETKBBE.
^ lui permit de l'avouer, sans craindre le ressentiment
des alliés qu'il abandonnoit.
Catinat marcha dans les plaines de Turin, à la tête
d'une armée de cinquante mille hommes; ce fut alors
que le duc de Savoie communiqua aux ministres des
puissances les propositions qui lui étoient faites, en
leur représentant la supériorité de l'armée françoise, le
danger auquel il se trouvoit exposé, et finalement l'in-
clination qu'il avoit à accepter les offres de la France.
Le 12 juillet une trêve fut conclue pour un mois, et
prolongée ensuite jusqu'au 1 5 septembre. Le duc écri*
vit à toutes les puissances confédérées, à l'exception
du roi Guillaume , s'étendit sur les mêmes motifs et
sollicita leur consentement. Quoique chacune en parti-
culier refusât de concourir au traité , il signa publique-
ment, le 23 août, la même convention qu'il avoit au*
paravant conclue en secret. L'empereur n'avoit pas
plus tôt été informé de son intention, qu'il avoit fait
auprès de lui toutes les démarches propres à l'en dé-
tourner; il avoit envoyé le comte de Mansfeld à Turin,
avec des propositions pour un mariage du roi des Ro-
mains et de la princesse de Savoie, et des offres pour
augmenter son contingent de troupes et de subsides.
Mais le duc avoit déjà traité avec la France, et ne
voulut pas se dédire. Le prince Eugène, quoique son
•parent, témoigna la plus vive indignation de sa con-
duite, et le jeune prince de Commercy fut outré de sa
défection au point de le délier à un combat singulier,
défi que le duc accepta, mais qui n'eut pas d'autre
suite, parceque les amis communs de ces princes in-
terposèrent leur médiation et parvinrent à les récon-»
ciller. Le duc avoit caché son traité avec la Francjs
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CtllLLAUME ni. 3l7
jiisqu^à ce qu'il eût reçu ce qui restoit des subsides '
que les confédérés s'étoient engagés à lui payer. Le
gouTernement anglois avoit fait remettre pour lui à
Gênes une somme ^considérable. Mais aussitôt qu'on
connut ses nouveaux engagemetfts , lord Galway
arrêta le paiement de cette somme, qui fut employée
dans le Milanez, pour la subsistance des troupes à la
solde de la Grande - Bretagne. Le roi Guillaume étoit
campé à Geoablours, lorsque Tenvoyé du duc de Savoie
lui notifia le traité séparé, conclu par son maître avec
Louis XIV. Quoique extrêmement affecté de cette nou-
velle, il dissimula son chagrin et écouta le ministre sans
le moindre signe d'émotion. Une des conditions de ce
traité portoit que , dans un temps fixé , les alliés éva-
cueroient les états du ^ncy sans quoi ils en seroient
chassés par les forces combinées de France et de Sa-
voie. Le duc offrit la neutralité aux confédérés, qui la
rejetèrent; ce qui fit prendre aux deux parties con-
tractantes la résolution d'attaquer le Milanez. Dèâ que
la trêve fut expirée, le duc de Savoie entra dans ce
duché en qualité de généralissime du roi de France ,
et entreprit le siège de Valence ; en sorte qu'on le vit
dans une même campagne commander deux armées
opposées. La garnison de Valence , forte de sept mille
hommes, Allemands, Espagnols et protestants françois,
fit une défense opiniâtre, et l'ennemi, de son côté , poussa
le siège avec beaucoup d'ardeur. Mais, après treize
jours de tranchée ouverte , un courrier de Madrid ap-
porta des dépêches par lesquelles sa majesté cathofi-
que acceptoit la neutralité pour l'Italie. Cet acte por-
toit qu'il y auroit une suspension d'armes , jusqu'à la
conclusion de la paix générale, et que les troupes fran-
1696.
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3i8 MisTomiE d'a^îolètérrê.
^^ çc^sçs et impériales retourneroient dans leurs pays res-
pectifs.
I^a chrétienté avoit été sur le point d être jetée dan^
de nouveaux troubles p£)r la mort de Jean Sobieski ^
roi de Pologne, qui avoit cessé de vivre dans le cours
de cet été, à l'âge de soixante et dix' ans , après avoir
survécu à ses facultés et à sa réputation. Gomnae la
couronne étoit élective , il y eut plusieurs compétiteurs.
he royaume fi^t divisé p£|r des factions , et les diverses
puissances de Iflurope prirept un vif intérêt aux diffé-
rentes prétentions rivqjes.
affaires Rien d'iipportaut n avoit été exéeuté sur mer, quand
on découvrit la conspiratiQ^. Sir Georges Rooke avoit
reçu ordre dp revenir de C^dix, et il arriva à la fin
d avril. I^orsqu'il entr^^ dan^ le conseil de 1 amirauté,
le lord Berkeley )ui succéda dans le commandement de
la 9otte , et au mois de juin se dirigea du côté d'Ushant ,
avec le dessein d'insulter les côtes de Francie ; il pilla et
brûla les viilag^s des îles de Grouais, Houat et Heydic,
s'empara d environ vingt vaisseaux, bombarda Sainte
Martin dans Tile 4e Qbé , ainsi que la ville d'Olonne.
Quelque peu importâtes qae parussent ces entreprises,
elles ne laissèrent p£|s de tenir toute la côte de France
dans des alarmes perpétuelles. Le gouvernement fran*
çpis apprébendoit tellement une invasion qu'il fit dres-
ser plus de cent batteries entre Brest et Goulet , et que
plus de soixante miUe bomnjies furent continuellement
sous les ^rmes pou^ jia défense des places maritimes.
An mois de mai, le conitreramiral Benbo^v mit à la
voile avec jun^ petite escadre, pour bloquer Jean Bart
d^s le port de Dunkerque; mais ce célèbre marin
trouva moyen de sortir à la faveur d'un brouillard, et
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GUItLAtJBtE lit. 3l9
se dirigeant vers l'est, attaqua sur la mer Baltique une — —
flotte hoUandoise qu'escortoient cinq frégates. Il se '^ '
rendit maître de cette escorte et de la moitié des vais-
seaux marchands. Mais ayant rencontré une autre
flotte escortée de treize vaisseaux de ligne, il fut obligé
de brûler quatre des frégates , de livrer la cinquième aux
ventSy et d abandonner toutes ses prises , à Texception
de quinze navires qu'il conduisit à Dunkerque.
Le parlement d'Ecosse s'assembla le 8 septembre, et D^Hb^ra-
oe fut lord Murray, secrétaire d'état, nommé récemment ^'o^s ^^9
comte de TuUibardin, qui présida en qualité de com- nients
missaire du roi. Quoique l'Ecosse fiit épuisée à*la-fois <*'Eco8«ç
par la guerre^ et par deux années d'une disette cruelle lande,
qui avoit fait passer en Irlande un grand nombre d'ha-
bitants, il n'y eut aucune opposition aux mesures dési-
rées par la cour. Une association semblable à celle
d'Angleterre fut signée par les membres^du parlement.
Ils accordèi'ent un subside de cent vingt mille livres
sterling, pour l'entretien des troupes ecossoises de terre
et de mer. Us passerait un acte qui pourvoyoit à la
sûreté de leur religion, de leur vie et de leurs biens ,
dans le cas où sa majesté vtendroit à périr de mort im*
prévue. Par un autre biU, tous les citoyens occupant
des emplois publics furent tenus de signer l'association ^'
et le parlement fut«nsuite ajourné au S décembre. Les
troubles d'Irlande sembloieat alors entièrement apaisés .
Lord Capel étant mort au mois de mai , le conseil , en
vertu d'un acte passé sous le régne de Henri VIfl, élut
le chancelier, sir Charles Porter, poor remplir les fonc*
tioQS de lord-justicier et de gouverneur dte l'Irlande ,
jusqu'à ee que sa majesté eût fait connofltre sa volonté.
Le pantement s'assembla au mois de juin ; les com^
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320 HISTOIRE D*AIIGLETERRE.
' — , munes exclurent de leur chambre M. Sanderson, le
^ ' seul membre qui eût refusé de signer rassociation, et
elles s'ajournèrent au 4 août. A cette époque, sir Char-
les Porter et les comtes de Montrath et de Drogheda
furent nommés lords-justiciers, et firent connoître que
la volonté du roi étoit que le parlement s'ajournât. Le
chancelier mourut d'apoplexie au commencement de
décembre.
Zèle des Las de. passer la campagne dans l'inaction, Guil-
ûL^s^d'An- laume laissa l'armée sous le commandement de l'élec-
^leierre teur de Bavière, et, vers la fin d'août, il se rendit à son
pour 1 . 1 X !• , n , . ^ .
. Coillau- palais de Loo , et se livra a son exercice favon , qui etoit
"**• la chasse. Il visita la cour de Brandebourg à Cléves, et
conféra avec les états de Hollande à La Haye, après
quoi il regagna l'Angleterre. Il trouva les affaires inté-
rieures dans un extrême embarras, causé par le déclin
du crédit public, et la stagnation qui avoit 4û suivre la
refonte des espèces. Les difficultés d'une telle situation
furent surmontées, non sans peine, par l'habileté, le
génie entreprenant, et le courage infatigable de M.
Montagne, chancelier de l'échiquier. Le roi ouvrit la
session du parlement le 20 octobre. En informant les
chambres que des ouvertures avoient été faites pour
une négociation, il lej^r dit que c'étoit Uépée à la main
qu'il falloit traiter st^ec la France. Il les pria de mettre
la plus grande diligence, tant à voter les subsides pour
le service de l'année suivante , qu'à faciliter l'entière le-
vée de ceux qu'elles avoient précédemment accordés. Il
réclama leur attention en faveur de la liste civile , et
leur intérêt pour les protestants françois , et les exhorta
à s'occuper des moyens les plus propres à relever le
crédit public. Les communes, ayant pris cette harangue ,
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1696.
ettLLAÛttE nu 32f
en considéraiion^décidèrent quelles foûrniroient à sa
majesté les moyens de poursuivre la guerre ; que le titre
de Tor et de l'argent ne seroit point altéré, et que des
mesures seroient prisc^ pour assurer Tentière levée dé
tous les impôts consentis. Elles présentèrent elisuité une
adresse éloquente, où elles déclaroient que, malgré tous
les sacrifices que là nation âvoit déjà faits en hommes
et en argent, ses représentants ne se désistoient point
de leur ferme résolution d'obtenir par la guerre une
paix sûre et honorable. Elles promettoient de nouveau
à sa majesté de la soutenir contre tous ses ennemis
étrangers et domestiques* La chambre des lords, par
une adresse rédigée dans le même esprit, assuroit
Guillaume (qu'il n'avoit à craindre de sa part aucun re-^
fus ni aucun obstacle dans tout ce qui seroit nécessaire
à rhonneur de sa majesté, au bien de ses royaumes et
à la tranquillité de l'Europe. Dans les premiers trans-
ports de leur zélé, les communes condamnèrent deux
pamphlets séditieux à être brûlés par la main du bour*
reau; elles accordèrent plus de six millions pour., le
service de l'année suivante; enfin elles votèrent un sub"
side pour remplir le déficit des fonds votés par le par-'
lement, et établirent à cet effet différents droits.
On s'occupa ensuite de la nouvelle monnoie: l'acte' fte'sola'
par lequel on avoit suspendu, pour un certain temps ^ r°"ç'^*C
la fabrication des guinées et les encouragements donnés la mon-
à cette fabrication, fut alors annulé, le motif qui avoit "^***
donné lieu à cet acte n'existant plus. On passa deux
autres biils, l'un pour remédier au mauvais état des es-
pèces , l'autre pour expliquer un acte de la session pré-
cédente qui mettoit des droits sur les vins à bas prix, et
sur l'esprit-de-vin de première qualité. Quant à la levée
II. 31
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i6^6.
3il âlStÛÏRÉ D*ABIGLÉTE«RE>
■ des subsides de cette année, il fut résolu que tfSftït»
personne seroit taxée suivant la juste valeur de ses
biens réels et personneb, soit en foqds de terre, ou
fond» de commerce, soit en emplois, pensions on pro^
fessions. Un droit d un sou par semaine fu$ établi,
pour une année, sur tous les sujets, à lexception de
eeuxqui^ient réduits à TaoBiène. Unamre droit heb-
domadaire d'un liard par livre sterl. Ait mis sur tons
les domestiques dont les gages n'étoient pas au-dessous
de quatre- livres sterf. par an, ni au -dessus de huit;
ceux qui veeevoient de huit à seize livres furent taxés
à un demi*so^ par Uvre. On mit un impôt de trois schet*
tings par livre pour un an, sur toutes les terres et
tous les héritages , en raison de leur valeur. Sans spé-
cifier tous le» impôts qui furent voté», nous remarque^
rons seulement que les communes n exceptèrent de»
charges publiques aucun de ceux qu'elles supposoient
pouvoir y contribuer en quelquemanière. On arrêta par
une disposition provisoire que l'argent fabriqué seroit
reçu en paiement de ces impositions , à raison de cinq
schelliiigs huit sois Tonce. Le déficit sur les annuités
et tous le» emprunts faits sur le crédit de Téchiquier
furent imputés sur ces subsides. La trésorerie fat au»
torisée à emprunter un million sterL et demi à huit
pour cent, et à mettre en circulation des billets de
l'échiquier pour le double de cette somme. Le surplus
de tous les subside», l'impôt de trois schellings excepté,
devoit être affecté à combler cette dette. Les commune»
"votèrent cent vingt-cinq mille livres st^rl. pour couvrir
les pertes occasionées par la refonte des espèces , et peur
encourager par une prime ceux qui apporteroient à la
monnoie l'argent fabriqué. Cette sommedèvoitétre levée
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CÛILLAUME lit. 323
au moyen d*une taxe sur la vaisselle d'or et d^argent , sur j"
le papier, le carton, le vélin et le parchemin, soit que ^
ces objets fussent fabriqués dans le royaume , soit qu'ils
fussent importés. Prenant en considération les services
de la banque et l'état languissant où elle se trouvoit
alors, puisque ses billets perdoient vingt pour cent,
les communes prirent différentes mesures extrêmement
énergiques et vigoureuses pour relever son crédit et
augmenter ses capitaux; elles décidèrent aussi qu'elle
seroit prolongée jusqu^au 8 août de l'année 1710; qu'elle
éeroit exempte de toute taxe et imposition, et qu'aucune
autre banque ne seroit établie par un acte du parle-
ment pendant la durée de la banque d'Angleterre.
La chambre, ayant reçu un message du roi touchant
l'état de la liste civile, vota, pour Tannée suivante, une
somme de cinq cent quinze mille livres sterl. , qui se-
roit levée au moyen d'une taxe sur la dréche et d'une
augmentation de droits sur certaines boissons. Il fut
ensuite arrêté qu'il seroit mis sur les terrefe un impôt
additionnel d'un schelling par livre sterL, comme un
équivalent du droit de dix pour cent sur les biens
mixtes, et qu'il seroit levé un million quatre cent mille
livres sterl., au moyen d'une loterie. La trésorerie fut
autorisée à émettre de nouveaux billets de l'échiquier
pour douze cent mille livres sterl. ; cent livres port oient
un intérêt de cinq sols par jour, et de dix pour cent en
circulation. Enfin il fut passé un bill qui obligeoit les
colporteurs et petits merciers à se pourvoir de licences ,
pour lesquelles ils paieroient un droit. On ne peut ré-
fléchir sans étonnement aux prodigieux efforts qu'on fit
en cette circonstance, ni penser sans indignation aux
fortunes énormes qu'amassèrent les usuriers et les
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3^4 iiisroiRE d'angleterrë.
■""" exacteurs, en spéculant sur la détresse de leurpay». Ld
^ ^ * nation ne sembla avoir bien connu ses forces que lors^
qu elles furent mises à une si rude épreuve. L'essai qu'on
fit des emprunts hypothécaires eut tant de succès^ que
depuis lors les ministres ont suivi le même système.,
imposant fardeaux sur fardeaux, comme s'ils étoient
sûrs de ne jamais épuiser la nation^
1697. . Le crédit public jetant ainsi soutenu par l'adresse de
Procès et M. Montague , et les subsides de l'année suivante
^^^"q*"^^ ayant été votés, l'attenticm des communes se porta sur
sir Jean lafFaire -de sir Jean Fenwick qui avoit été arrêté au
mois de juin à New-Romney , au moment où il.se ren-
doit en France. Il avoit à cette époque écrit à sa femme
par Un .certain Webber, qui l'accompagnoit. Sa lettre fut
saisie avec le porteur, et l'on y trouva, une confidence
qui proTivoit manifestonent qu'il étoit coupable. Il con-
clut alors des arrangements avec la cour pour servir de
témoin, et remit une déposition écrite , qui fut envoyée
à Guillaume. Il ne révéla rien de préjudiciable à aucun
des jacobites , qui, d'après cette déposition, et plusieurs
autres témoignages, paroissoient divisés en deux partis ,
connus sous les noms de composants et de non-compo-
sants* Les premiers, dont le chef étoit le comte de
Middleton, exigeoient du roi Jacques dès garanties
pour le maintien de la religion et des libertés de l' An-
gleterre ; au lieu que les autres , à la tête desquels étoit
le comte de Melfoft,ne mettoient aucune condition au
rétablissement de ce prince, s'en rapportant à son bon-
Xieur et à sa générosité. Guillaume ayant donné ordre
de mettre Fenwick en jugement, s'il ne faisoit de plus
importantes révélations , le prisonnier, dans la vue d'à-
muser le ministère ^ jusqu'à ce qu'il pût prendre quel*
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* GUILLAUME IIÏ. SaS
qu'autre mesure pour sa sûreté, aécusa les comtes de — ~-"
Shrewsbuty, de Marlborough et de Bath, ainsi que ^*
lord Godolphin et Tamiral Russel , d'avoir fait leur paix
avec le roi Jacques et de s'être engagés à agir pour sou
intérêt. Cependant sa femme et ses parents s'efforcèrent
de gagner les deux témoins Porter et Goodman. Le pre-
mier fit connoître leurs démarches au gouvernement;
et un nommé Clancey , agent de lady Fenv^ick, fut con-
vaincu de subornation , condamnée Tamende, et mis
au pilori. Mais la famille de Fenwick réussit mieux
auprès de Goodman , qui disparut ; en sorte qu'il ne resta
plus qu'un témoin et que le prisonnier commença à
croire sa vie hors de danger. L'amiral Russel informa la
chambre des communes qu'il étoit compris, ayec plu-
sieurs personnes de marque, dans quelques dépositions
de sir Jean Fenv^ick, et demanda qu'on lui fournit une
occasion de se justifier. Le secrétaire-d'état Trumball pro-
duisit des papiers, dont la lecture détermina les com-
munes à faire amener Fenwick à la barre de la chambre.
Il y fut exhorté par l'orateur à faire de plus amples rêvé*
lations ; ce qu'il refusa , à moins qu'on ne lui garantit en
quelque manière que rien de^ce qu'il pourroit dire ne
tourneroit à son préjudice; il lui fut répondu qu'il de-
voit mériter l'indulgence de la chambre en découvrant
tout ce qu'il pouvoit savoir. Il demanda quelque temps
pour se recueillir, 'promettant d'obéir ensuite à l'ordre
de la chambre; sur le refus des communes, il persista
à demander une garantie, qu'on ne jugea pas à propos
de lui accorder. Il prit alors le parti du silence, et fut
renvoyé de la barre. Les communes déclarèrent que ses
dépositions contre plusieurs seigneurs et membres de la
chambre, ne pou voient être fondées qqe sur des ouw
Digitized by CjOOQ IC
3^6 HISTOIRE d'aNGLETEARÏ.
— dire, qu'elles ctoicnt fausses et scandaleuses, et n'a-
' W- voient d autre objet que de troubler le gouvernement,
en élevant des nuages entre le roi et ses sujets , pour
détourner son attention des véritables conspirateurs.
La proposition de rédiger un bill qui le déclarât cou-
pable de haute-trahison fut adoptée après de vifs dé-
bats et à une grande majorité. Il lui fut remis une copi«
de ce bill , et on lui accorda Fusage des plumes , de
Tencre et du papier, avec un conseil. Il demanda par
une pétition que ses défenseurs fussent entendus contre
le bill; on décida que son conseil seroit admis à parler
pour sa défense à la barre de la chambre , et on renga-
gea ainsi dans une procédure irrégulière, au lieu de lui
fournir ]e moyen d émettre ses objections contre Tadop-
tion du bill d'attainder. Il fut amené à la barre , et le
bill ayant été lu en sa présence, lorateur requit Tavocat
du roi de produire les témoins. Le conseil du prison^
nier s'opposa à ce qu'il fût procédé si brusquement à
Tinstruction du procès, et allégua que Fenwick n a voit
pu encore préparer ses défenses. La chambre , après
un long débat, arrêta qu'il lui seroit accordé du temps
pour produire les témoins à décharge, et que l'avocat
du roi seroit aussi admis à produire les siens; il y eut
ordre de ramener le prisonnier à la barre trois jours
après. Ce terme arrivé, on l'y conduisit de nouveau;
l'acte d'accusation dressé contre lui par le grand jury
fut alors produit, et Porter interrogé comme témoin.
L'avocat du roi démanda qu'il fût donné lecture de la
déposition de Goodman, reçue par M. Venion; mais
sir Jean Powis et sir Bartbélemi Sbower, défenseurs du
prisonnier, s'y opposèrent de tout leur pouvoir. Us re-
présentèrent qu'une déposition reçue lorsque la partie
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CUILLAUME m. 827
qu elle ooncernoit n'étoit point présente pour contredire ~
le déposant, ne pouvoit être admise même dans les
affaires les moins importantes ; que quoique la cbambre
ne fût point soumise aux tnémes régies que les cours
inférieures y elle n'en étoit pas moins assujettie aux ré^
gles étemelles de la justice; que, d'après les principes
du droit, la déclaration d'un absent ne pouvoit tenir
lieu de son témoignage donné par lui-même. La dissi*
dence des gens de kû sur cette question oceasiona un
débat animé entre les membres de la chambre. Sir
Edouard Seymour ,-^ir Richard Temple , M. Harley ,
M. Harcourt , M. Manly , sir Christophe Musgrave , et
tous les chefs du parti des torys , firent ressortir la du-
reté et rinjustice qu'il y auroit à considérer une telle
déclaration comme une déposition. Us démontrèrent
que ce seroit une manière de procéder coniraire à ce
qui se pratiquoit dans toutes les cours judiciaires , et à
toutes les notions communes de justice et d'humanité ;
contraire également au dernier acte qu'on avoit passé
pour régler les procès en matière de haute*trabison, et
d'une conséquence dangereuse pour la vie et la liiyerté
des sujets. D'autre part, sirTbcmias Lyttleton^M. Mon-
tagne, M. Smith et le procurettr^général Trevor soth
tinrent que la chambre n'étoit liée par aucune forme de
loi ; qu'il s'agissoit d'un cas extraoïdinaire qui intéres*-
soit la sûreté du gouvernement; que bien que la lot
commune exigeât deux témoins en matière de haute-
trahison, la chambre pouvoit dans les cas extraordi-
naires s'écarter de cette régie ; qu'il n'y avoit aucune
raison de douter que Fenwick n'eût pris part à la Con-
spiration , que lui ou ses amis n'eussent tenté de gagner
Porter, et qu'il y avoit de fortes présomptions peur
1697;
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i697-
3a8 HisToiBE d'angieteare.
" croire que c'étoit par de tels manèges qu'on avoit per-
suadé à Goodman de se cacher; en un mot, les tory s ,
soit par esprit de parti , soit par esprit de patriotisme ;
défendirent énergiquement en cette occasion la cause
de la liberté et de Thumanité, par les mêmes arguments
qu'on avoit employés contre eux sous les derniers ré*
goes ; au lieu que les whigs embrassèrent avec une
égale chaleur , mais avec plus de succès , la cause de
l'arbitraire et de l'oppression , contre tous leurs prin-
cipes précédents. Enfin, la question de savoir si l'ex*^
plication donnée par Goodman devoit être lue, fut
résolue affirmativement à la majorité de soixante-treize
voix. Alors deux des grands jurés qui avoient dressé
l'accusation exposèrent les renseignements qui leur
avoient été donnés, par Porter et Goodman. L'avocat du
roi insista pour qu'on produisit l'acte qui établissoit la
culpabilité de Cooke, attendu qu'il avoit été condamné
pour la même conspiration. Les défenseurs du prison-
nier objectèrent que si cet acte étoit admis comme fai-
. $ant autorité, le jugement d'un seul individu dans la
naéioe société seroit celui de tous , et qu'en défendant
Fenwick ils n'entendaient pas répondre aux charges
HG0nti*e Cooke. Il .s'éleva sur ce point un nouveau débat;
non moins animé, et les whigs remportèrent une se-
conde victoire; il fut donné lecture de l'acte; l'avocat
du roi demanda qu'un des jurés qui avoient figuré dans
le procès de Cooke fût requis d'affirmer qu'il avoit été
convaincu par le témoignage de Goodman. Sir Bartbc^
lemi Shower soumit à la chambre la question suivante :
Est' il juste quun témoignage contre une personne soit
i^i^oqué contre une autre personne datant un tribunal dif-
férent^ et dam un êas ou il y va de la vie de l'accusée
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CU1Ï.LAUME III, 329
Cette question , vivement débattue comme les précé- r~
dentés , fut résolue de même au désavantage du prison-
nier, et Tun des jurés de l'affaire de Cooke prêta le
serment requis. M. Gould proposa d'inviter M. Vernon
à produire la lettre interceptée de sir Jean Fenwick à sa
femme. Le conseil du prisonnier combattit vivement
cette proposition y alléguant qu'avant de faire valoir
cette lettre contre lui, il falloit prouver qu'elle étoit de
sa main ; M. Gould n'insista pas davantage. Invités à
présenter les moyens de défense , les avocats de Fen-
wick répondirent que la fatigue d'une séance de douze
heures ne leur permettoit pas de traiter encore une
matière aussi importante^
La chambre résolut d entendre , la nuit même, les
témoins à décharge que le prisonnier pouvoit présen-
ter. Son conseil déclara qu'il n'avoit à produire que la
copie d'un acte qui prouvoit en sa faveur; et il fut alors
décidé qu'on le raméneroit à la barre le lendemain à
midi. Il y fut donc ramené, et sir Jean Powis plaida
pour sa défense. Il représenta que le bill proposé attei- *
gnoit les vies des sujets, et ne pouvoit qu'être d'un
dangereux exemple; que sir Jean Fenv^ick devoit être
jugé suivant les formes ordinaires de la justice; que s'il
y avoit contre lui des preuves suffisantes, ainsi que
l'avoit déclaré l'avocat du roi , il n'y avoit pas de raison
de le priver du bénéfice d'une procédure conforme au
droit naturel de tous les sujets de la Grande-Bretagne ,
et que si les preuves légales manquoient, il ne pouvoit
y avoir matière à un bill. Il fit remarquer que les régi-
cides même avoient le privilège d'être jugés suivant les
règles qu'il invoquoit ; que le dernier acte relatif aux
procès en matière de haute - trahison prouvoit Fex-
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33o HISTOIRE d'aNGLETERRe/
^ tréme circonspection des lois qui touchoient à la vie
' des sujets, et il exprima toute sa surprise de voir que
* le même parlement qui avoit passé cet acte voulût en
passer un autre pour &ire périr un citoyen sans ferme
de procès ; il admit qu'il y avoit eu déjà plusieurs biHs
ài€atainder , mais en ajoutant qu'ils étoient générale-»
ment regardés conune illégaux et accidentels, et qu'on
en avoit dans la suite annulé quelques uns comme in-*
justes et arbitraires; il soutint qu'il ne pouvoit être
allégué , dans celui dont il étoit question, que Fenwick
fût coupable du crime de haute-trahison , pour lequel
il avoit été mis en jugement, drconstaiice qui l'empé*
choit de produire des témoins, tant sur ce point que
sur plusieurs autres amplement discutés par l'avocat du
roi. Il dit qu'on avoit produit deTtémoignages pour
prouver des circonstances non comprises dans le btll,
et que les témoignages sur lesquels on s'aj^uyoit pour
établir celles qui s'y trouvoient comprises étoient dé-*
fectueux ; que Porter n'avoit pas été interrogé sous ser-
ment ; que rien ne pouvoit être plus sévère que de con<-
damner un homme à mort , de noter sa famille d'infamie
et de confisquer %^% biens, sur le simple témoignage
d'un scélérat , qui , de son aveu , s'étoit d'abord associé
avec d'autres individus pour commettre le plus atroce
des crimes , et que la crainte seule portoit à donner des
marques de repentir; il invalida ce qu'on appeloit le
témoignage de Goodman ; il observa que l'acte d'accu*-
sation portoit sur un complot formé à l'effet d'af^Ier
une puissance étrangère ; mais que ce complot,, n'ayant
pas été exécuté , ne pouvoit suffire à établir le crime de
haute-trahison , suivant l'opinion du soUidteurrgénérai
Hawles, qui agissoit dans cette affaire; il fit valoir en
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GUILLAUME III. 33l
même temps les observations que ce jurisconsulte avoit "
publiées sur les affaires de lord Bussel , du colonel Sîd*
uey et de plusieurs autres exécutés sous le régne de
Charles II ; il s'appuya d'un passage de cet écrit , où il
est dit qu une conspiration pour ejcciter une guerre ne
peut être considérée comme une trahison y si la guerre
n'a point été réellement excitée ; opinion partagée par
le lord Coke et le lord-chef de la justice Haies. Powis
conclut en ces termes : « Nous savons aujourd'hui sur
« quel terrain nous sommes ; parle statut d'ÉdouardIfl ,
« nous connoissons ce qui est trahison ; par les deux
« statuts d'Edouard VI et le dernier acte , nous connois*
« sons ce qui est preuve ; par la grande charte , nous
« savons que nous devers être jugés suivant les lois du
« pays et le ministère de nos pairs. Mais si Fusage des
« bills d'altaînder est adopté , nous ne savons plus ce
<« qui est trahison , ce qui est preuve , ni de quelle ma-
«nière, ni à quel tribunal nous devons être jugés. »
Powis fiit secondé par sir Barthélemi Shower, qui parla
comme lui avec une éloquence énergique. L^avocat du
roi répondit aux arguments de l'un et de l'autre. Les
raisonnements en faveur du bill consistoient à dire que
le parlement pouvoit et devoit intervenir dans les cas
extraordinaires; que les témoignages exigés pour les
cours inférieures n'étant pas complets en cette circon«
stance , le parlement , qui n'étoit pas assujetti à la même
régie que ces cours, avoit droit d'exercer son pouvoir
extraordinaire en punissant un malfaiteur qui , sans son
intervention, échapperoit à la vengeance des lois; que
si la découverte d'un comjJot n'étoit pas suivie de me-
sures sévères , le gouvernement perdoit beaucoup de
sa force et de son autorité , et devoit même finir pap
iG<i7.
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332 HISTOIRE D^ANGLETERRE.'
-""""~" être renversé; qu'il étoit notoire que des partis travail-
^'' loient pour le roi Jacques , qu'il y avoit des conspira-
teurs sur plusieurs points du royaume, et qu'on étott
ouvertement menacé d'une invasion ; qu-ainsi c'éioit
pour les chambres le moment de faire usage de leur
pouvoir extraordinaire ; que les Ahglois difFéroient des
autres nations , en mettant pour ainsi dire face à face
les témoins et le prévenu , et en exigeant deux témoins en
cas de trahison;*que d'ailleurs la loi anglaise elle-même ne
requéroit pas en certains cas les mêmes preuves que dans
les autres, puisqu'un témoin suffisoit pour les crimes
de félonie et de faux-monnoyàge; queFenwick étoit no-
toirement coupable et méritoit d'éprouver le ressenti*-
ment de la nation ; qu'il auroit ||ibi un châtiment exem-
plaire , suivant le cours ordinaire de la justice , s^il ne
l'a voit éludé en écartant un témoin. Si c^s raisopne*
ments étoient justes , la chambre des communes auroit
droit d'agir en opposition directe aux lois existantes , et
seroit revêtue d'un pouvoir despotique sur les vies et
les biens de ses commettants , pour la défense desquels
elle est constituée. Si l'on songe qu'il n'est point imposi>
sible qu'un parlement se laisse corrompre jusqu'à se
prêter aux desseins d'un prince arbitraire, combien ne
doit-on pas trembler pour les suites d'une telle coudes^
cendance!
Quand les débats furent terminés, le prisonnier , à la
demande de l'amiral Russel , fut interrogé sur les ini-
putations qu'il avoit dirigées, d'après des ouï- dire,
contre ce seigneur et plusieurs autres : mais il s'abstint
de toute explication, pour ne pas être l'objet d'une
double poursuite, s'il lui échappoit quelque chose qui
pût tourner à son préjudice, ^
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GtILtAUitfE Itf« 333
, Dès qu'il eut quitté la barre, M. VeruoU) à Tinvita- ' " " '
tion de la chambre, fit une récapitulation des manèges ' ^*
de sir Jean Fenwick et de ses amis pour retarder le pro-
cès. Il fut donné une seconde lecture du bill ; de nou*
veaux débats s'élevèrent : le solliciteur-général Hawles
fut d'avis qu'en cette circonstance la chambre ppuvoit
agir êhla-fpis comme juge et comme jury. M« Harcourt
dit qu'il ne connoissoit de procès pour cause de trahi-
son que ceux qui étoient autorisés par la^grande-charte^
confirmés par la loi du pays, laquelle comprenoit les
accusations en parlement, et jugés par un jury, ce qui
etoit le droit naturel et le plus cher privilège des ci*
toyens anglois ; que c'étoit un étrange procès que celui
qui ne laissoit point au prévenu des chances de salut ;
qu'il n'avoit jamais entendu dire qu on pût remplir le rôle
de juré sans prêter serment, ni celui de juge sans faire
prêter serment aux témoins, et sans avoir les mêmes
moyens de sauver l'innocent que de punir le coupable.
. Sir Thomas Lyttleton soutint que le parlement de-
voir s'affranchir des minutieuses formalités des autres
cours , quand le gouvernement étoit en péril. M. Howe
répliqua que se conduire ainsi , parcequ'on le pou voit,
étoit une étrange manière de raisonner; que ce qui étoit
justice et équité à la cour de Westminster étoit justice
et équité par-tout ailleurs; qu'un mauvais exemple
donné par le parlement étoit d'une plus dangereuse
conséquence que cent autres donnés par cette cour,
parceque des injustices personnelles ou particulières
ne pouvoient empêcher de revendiquer les droits re-
connus, au lieu que le parlement pouvoit, sans retour/
perdre la nation , parcequll pouvoit établir la tyrani^
par la loi. Sir Richard Temple, en parlant contre le ly^%
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334 HISTOIRE D'aNGLETËRRC.
— — observa que le pouvoir de faire des lois , attribué au
'^^* parlement, ne le dispensoit point de se conformer aux
f lois ; que faire une loi contraire à toutes celles d*Angle->
^ terre étoit un remède extrême et dangereux qu'on de-
voit réserver pour les cas d'une absolue nécessité. II
soutint que, par cet exemple, la chambre renverseroit
^ toutes les lois d'Angleterre, en condamnant un indi-
vidu sur la déposition d'un seul témoin, et en portant
un jugement sans procès préalable ; que les communes
n'a voient le droit de juger personne; qu'elles pou voient
requérir et entendre des informations, mais qu'il n'y
avoit point de procès là où les témoins ne prétoient pas
senqent ; que tous les bills d'attainder a\oient été passés
contre des individus morts, ou en fuite, ou hors de la
portée des lois ; que plusieurs avoient été dressés après
que le procès eut été instruit à la cour de Westminster,
mais qu'aucun de ceux-ci n'avoit été qualifié de juge-
ment, et qu'en général ils avoient été annulés. Il nia
que le parlement eût le pouvoir de déclarer trahison ce
qui ne l'étdit pas auparavant ; il finit en disant que lors-
que les cours inférieures étoient en doute , le cas étoit
porté devant le parlement , pour qu'il décidât si le crime
commis étoit trahison ou félonie ; mais que même alors
il devoit être jugé d'après les lois existantes; que ce
jugement n avoit pas lieu par la voie d'un bill dans le
parlement, mais qu'il en étoit ainsi seulement à la
chambre des pairs. Lord Digby, M. Harley et le colonel
Granville parlèrent dans le même sens , mais sans faire
aucune impression sur la majorité, qui avoit dévoué
le prisonnier à la mort. Le bill passa, et fut envoyé à
^ chambre des lords, oii il produisit les débats les plus
*^gs et les plus animés qui se fussent élevés depuis la
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GUILLAUME lll. • 335
restauration. L*évéque Burnet si^ala son a^ pour le " ■
gouvernement par un diseours fort étendu ea faveur *^''
du biU, qu'il ne put défendre qu'en contredisant plu- ^
sieurs maximes fondamentales qu'il avoit précédem^ ^
jxient professées sur les libertés du peuple. Enfin ce biU
fut adopté à la majorité de sept voix; quarante -un
lords y y compris huit prélats, protestèrent dans les ^
termes les plus forts contre cette adoption.
Lorsque le bill reçut la sanction royale, il fut passé
un acte de la même nature contre Barclay, Holmes, et
neuf autres conspirateurs qui s'étoient soustraits à la
justice. Cet acte devoit toutefois être regardé comme
non avenu, dans le cas où ils se présenteroient avant
le 22 mars suivant. Sir Jean Fenwick sollicita la média-
lion des lords en sa faveur, pendant que ses amis im-
ploroient la clémence royale. Les lords lui firent en-
tendre que le succès de ses sollicitations dépendoît des
amples révélations qu'il pourroitIKre. Il voulut d'abord
stipuler pour un pardon ; mais ils exigèrent qu'it s'e»
remit à leur discrétion. Il flotta quelque temps entre la
crainte de l'infamie et la terreur de la mort. Enfin il se
résolut à périr plutôt qu'à jouer le rôle de dcnoncia--
teur. Il obtint de mourir par la hache, en considération
de son alliance avec la maison Howard, et subit so»
sort avec une grande intrépidité. Dans un papier qu'il
remit, au moment de sa mort, au shérif, il prit le ciet
à témoin qu'il n'avoit eu connoissance de l'invasion
projetée que 4orsqu'dle devint le sujet de tous les en-
tretiens, et qu'il ne s'étoit engagé en aucune manière
pour ie service de Jacques; il remercia les membres
du parlement qui s'étoient opposés au bill d'attainder,
affirma devant Dieu que les informations qu'il avoit
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336 HtsTOtRE d'ancletërse.
■ données au ministère, il les a voit reçues par des lettres
^^7' gt deg messagers de France , ajoutant qu^il auroit pu
attendre sa grâce du prince d'Orange, attendu qu'il /
avoit contribué à lui sauver la vie, en prévenant Texé^
cution d*un dessein contre sa personne, ce qui sans
doute avoit porté les derniers conspirateurs à lui cacher
le dessein du même genre qu'ils avoient formé. Il pro-
testa enfin de sa fidélité envers le roi Jacques, et de-
manda au ciel le prompt rétablissement de ce prince.
Le comte Pendant qu'on traitoit l'affaire de Fenwick, le comte
mouth' ^^ Monmouth avoit ourdi quelques intrigues contre le
envoyé à duc de Sbrewsbury . Un neveu de sir Guillaume Perkins ,
appelé Macthieu Smith, avoit été quelque temps em^
ployé par le duc en qualité d'espion ; mais, ne loi ayant
*pas été d'un grand secours, il avoit reçu son congé.
. Cet homme eut recours au comte de Monmouth, et lui
.** inspira des sentiments peu favorables pour le duc , in^
sinuant qu'il avoit fSt de grandes découvertes, dont,
par de coupables motifs , ce seigneur n'avoit pas voulu
faire usage. Monmouth communiqua ces ouvertures au
comte de Portland, qui prit Smith au nombre de ses
espions. Des copies des lettres qu'il avoit adressées au
duc dé Sbrewsbury furent remises cachetées au secré-
taire-d'état Trumball, pour être lues par le roi à son
retour de Flandre. Lorsque Fenw^ick mentionna le duc
de Sbrewsbury dans ses dépositions, le comte de Mon-
mouth voulut saisir cette occasion de perdre ce dernier.
Il fit engager lady Fenwick, par la duchesse de Norfolk,
à persuader à son mari de persister dans son accusa-
tion, et fit même présenter des instructions à Fenwick,
^ qui les rejeta avec mépris, et refusa de se prêter à cet
indigne manège. Monmouth fut si blessé de son refus,
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dtîLLAtîME îtt. 33-;
que, lorsque le bill d'attainder fut présenté à la cliam-
bre des lotds, il s'en montra le ch9ud partisan. Irritée *^
d'une telle conduite > lady Fenwick obtint de son ne-
veu, le comte de Caflisle, qu'il portât la chambre à
interroger Fenwick sur quelques avis qui lui avoient
été adressés relativement à ses dépositions. Celui-ci fut
donc interrogé) et rendit compte de toutes les particu-*
ladites du plan de Monmouth pour perdre le duc de
Shrewsbury, au moyen des lettres de Smith. La du-
chesse de Norfolk et une autre confidente confirmèrent
ces détails. La chambre se fit représenter, par sir Guil-
laume Trumball, les lettres de Smith. Le comte de
Monmouth fut envoyé à la Tour, et prité^jde t%us ses
emplois ; il fut cependant relâché à la &i de la sessfl&n.
La cour le dédommagea secrètement de toutes ses
pertes, de peur qu'il ne fïit tenté de se jeter danç .'
l'opposition. 'f.
^vant d'être assouvis par la mort de Fenwick^ les Enquête
M^higs avoient résolu de se venger de sir Georges Rooke , je'^succè»
qui étoit l'un des chefs du parti opposé. Sir Cloudeslev des
oi_ 1 • ' ^ .1 1 affaires
Shovel avoit ete envoyé avec une escadre pour observer «avalw.
le port de Brest, où, d'après les avis qu'avoit reçus le '
gouvernement, les François Ipaisoieiit des préparatifs
pour une descente en Angleterre; mais on reconnut
que ces avis étoient mal fondés : les François fravail-
loient à équiper un armement pour les Indes occiden-
tales, qui se dirigea vers la Nouvelle-Espagne, sôus les
ordres de M. de Pointis, et prit la ville de Carthagène.
Rooke avoit eu ordre d'intercepter l'escadre de Toulon ,
dans sa route de Toulon à Brest; mais sa tentative
échoua: les communes, dans un comité de toute la
chambre, résolurent d'en rechercher la cause. Rooke
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S3S HrSTOlHE D*'AÎÏCLETEftRllr^
'— :^ subit un long examen» et fut obligé de produire sot»
^^'^' journal, ses instructions et ses lettres. Sbavel et Mit*
çbel furent aussi interrogés ; mais, on ne trouva rie»
contre lamiral , et la chambre crut devoir se désister
de ses poursuites. Après avoir statué sur le sort de Fen-
wick^ elle s occupa de régler par des lois sévères Féco*
nomie domestique de la nation. Eutre autres mesures
il fut passé un acte pour soutenir plus efficacement les
droits des créanciers, en cas d'évasion de leurs débite
teurs, et pour empêcher tout abus dans ce qui concert» ,
noit les prisons et les lieux prétendus privilégiés. Cer-^
tains endroits, aur-dedans et au-dehpr» de la cité de
Londres, qui avoient été des Ueuxde refiige,. du temps
de la religion catliolique, servoient encore d'asile aux
débiteurs et aux gens sans aveu, qui sembloient y bra-
ver les lors. Une de ces retraites étoit un repaire de
scélérats, qui ne passoient pas un jour sans commettre-
. quelqujQ violence; mais la nouvelle loi fut si sévère-
".ment exécutée qu'ils furent contraints d'abandonner
leur asile. Le 1 6 avril, le roi £çrma la session après avoir
remercié le parlement des subsides, qu'il avoit si libéra*
lement accordés , et des mesures qu'il avoit prises pour
rekver le crédit public. Avant de quitter le soyaun^ie, il
voulut faire paroitre au grand jour le comte de Sunder*
i.and, qui jusqu'alors ne l'avoit aidé qu'en secret de se»
conseils. Il le nomma membre du conseil-privé, et lui
donna la place de lord-cbambellan , qu'a voit résignée
\e comte de Dorset, homme doué des talents les plus
aimables, mais d'une indolence invincible; d'ailleurs
doux, humain et généreux dans ses relations avec tout
le monde, quoique sévère et mordant dans ses écrits
et dans ses réflexions sur les hommes en.généraL .
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CtTlLLÀtJMË Ut. 33g
Après avoir nommé Somers lord-chancelier d^Angle-
terre> en le créant baron, et revêtu Famiral Russel du
1697.
titre de comte d'Oxford, Guillaume s'embarqua pour là tions 4
Hollande le 26 avril, afin d'être à portée dé surveiller ï^y»^^«?^*
les négociations relatives à une paix générale. Lés pré^
liminaires furent réglés entre M. de Gallières, au nom
de la France, et M. Dykvelt au nom des états-généraux,
qui| d'après les concessions offertes par la France, se
concertèrent mmc les autres alliés pour accepter la mé^
diation de la'uéde. Cependant l'empereur et la cour
d'Espagne ne furent p^s satisfaits de ces concessions*
L'empereur déclara qu'il accepteroit la médiation pro-
posée, pourvu que le traité de Westphalie fut rétabli,
ott que le roi de Suéde s'engageât à joindre ses troupes
à celles des alliés , dans le cas où là France se refuse-
roit à cette stipulation. Les ministres d'Angleterre et •
de Hollande à Vienne pressèrent de concert l'empe-
reur d'accepter la médiation sans réserve. Il se rendit^^^ '*
enfin, non sans répugnance. Le 4 février, tousJes mi-^'
nistres des alliés, excepté l'ambassadeur d'Espace ,
s'accondèrent à accepter la proposition du roi de Suéde,
et le lendemain notifièrent leur consentement à M. Lil-
Uenroot, plénipotentiaire suédois. L'Espagne deman-
doit, comme préliminaire, que la France convint de
rendre toutes les places mentionnées dans une longue
note qu'elle fit remettre aux plénipotentiaires. Ces der-
niers, sur la proposition du roi de France, choisirent
pour le lieu du congrès un cbâteau appelle Newbourg-
House , appartenant au roi GuilUume , et situé dans le
village de Ryswick, entre La Haye et Delft . Les ministres
plénipotentiaires d'Angleterre étoient le comte de Pem-
broke, homme véritablement vertueux, savant et po-
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34^ tlISTOIRE D'ANGLKtEjRRËr.
■■ pulaire, le lord Villiers et sir Joseph Williarnsôn. Lsl
* ^7' France adjoignit à Callières MM. de Harlay et Crecy . Non
seulement Louis XIV étoit lassé d'une guerre qui entre*
tenoit la misère dans son royaume , mai»>l avoit encore
un autre motifde désirer la paix. Depuis quelque temps
la santé du roi d'Espagne étoit en très mauvais état^.
et le monarque françois avoit les yeux sur la succès**
sion. Ses vues ne pou voient s'accomplir tant que la con"
fédération subsisteroit, et il avoit besoiardela paix pour
tourner toutes ses forces contra FEspa^ne, dès que
Charles auroit fermé les yeux. L'empereur avoit le
même dessein sur la couronne d'Espagne , et , pour cette
raison, étoit. intéressé à la continuation de la grande
fitliance. Il prévoyoit de plus qu'il ne tarderoit pas à
être eii état d'agir contre la France avec de nouvelles
forces. Le czar de Moscovie s'étoit engagé à occuper les
Turcs et les Tartares. Ce prince avoit en vue d'élevé»
l'électeur de Saxe sur le trône de Pologne , et avoit déjà
fait quelques progrès dans une négociation avec les cer-
cles du Rhin , pour en obtenir un corps considérable de;
troupes auxiliaires. . Les Hollandais u'avoient d'autre
but que de s'assurer une barrière dans les Payd^Bâs.
Guillaume exigeoit que le roi de France reconnût soa
titre de roi de la Grande-Bretagne, et le peuple anglois
ne desiroit rien avec tant d'ardeur que. la fin d'une
guerre ruineuse. Le lo février, Callières, au nom de
son maître, consentit aux préliminaires suivants; que
les traités de Westphalie et de Nimégue seroient pris
pour base de la négociation; que Strasbourg seroit
rendu à l'Empire, et Luxembourg aux Espagnols, ainsi
que Mons , Charleroy et toutes les places conquises en
Catalogne par les François depuis le traité de Nimégue;
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GUILLAUME III. 34l
que Dinant seroit cédé à Tévêché de Liège , et que ce — T"^
^iie la France avoit réuni à son territoire depuis le ^''
traité de Niméguè seroit rendu; que cette puissance ef-
fectueroit la restitution de la Lorraine , et, à la conclu-
sion de la paix, reconnoitroit le prince d'Orange pour
jToi delà Grande-Bretagne, sans nulle condition ni ré-
serve. Les conférences furent interrompues par la mort
de Charles XI , roi de Suéde, qui eut pour successeur
son fils Charles XII, encore mineur ; mais la reine et
cinq sénateurs , que le feu roi , par son testament, avoit
chargés du gouvernement, crurent devoir continuer là
médiation, et laisaèrent Lillienroot chargé de ce minis-
tère. Le cérémonial ayant été réglé entre toutes les par-
ties , les plénipotentiaires de Fempereur remirent aux
médiateurs, le 22 mai, les demandes de leur maître^
et les divers ministres allemands remirent aussi celles
des princes qu'ils représentoient.
' Cependant le roi de France, dans l'espoir de se pro- ^s Fran-
curer des conditions plus favorables, résolut de faîï'e paremde
les plus grands efforts contre les Espagnols dans la Ca- ïjarce-
talogne et dans les Pays-Bas, et d'élever le prince de
Conti sur le trône de Pologne; événement qui auroit
beaucoup accru l'influence de la France en Europe. Il
avoit devancé les confédérés en Flandre , où il avoit
envoyé une armée nombreuse, commandée par Gati-
-nat, Villeroy et Boufflers. Les François débutèrent par ^
le siège d'Ath; à peine cette place fut-elle investie, que
le roi Guillaume, qui relevoit d'une indisposition, se
mit en campagne et eut une entrevue avec l'électeur de
Bavière , qui commandait un corpsséparé. Il ne jugea
pas à propos d'interrompre l'ennemi dans ses opérations
devant Ath, qui se renditau bout de quelques jours de
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34^ HisToi&c Vangletskre.
""—""^ tranchée ouverte; il se borna à prendre possessioo d'un
^'* camp très avantageux où il couvroit Bruxelles, que Vil-
> leroy et Boufflers ^voient l'intention d assiéger.
En Catalogne y le duc de Vendôme investit Barcelone,
que défendoit une garnison de dix mille hommes de
troupes réglées, sans compter cinq mille bourgeois qui
avoient pris volontairement les armes. Le gouverneur
de la place étoit le prince de Hesse-d'Armstadt, qui avoit
servi en Irlande, et avoit été mis à la tète des troupes
impériales envoyées en Espagne. Le général François
ayant reçu du renfort, commença ses attaques avec
une étonnante impétuosité; il fut cependant repoussé
plusieurs fois par la valeur des assiégés. Enfin lennemi
surprit et mit en déroute le vice* roi de Catalogne , et,
animé par*cette victoire, emporta d'assaut les ouvrages
extérieurs, que son artillerie avoit constamment battus*
L'action fut sanglante et opiniâtre, et ce ne fut qu'ave<)
de grands efforts que les François se rendirent maîtres
du chemin couvert et de deux bastions. Ils y dressèrent
des batteries de canon et de mortiers , et firent un feu ter-
nble sur la ville; le prince de Hesse résolut cependant
de la défendre jusqu'à la dernière extrémité. Mais la
cour dç Madrid , pour ne pas voir entièrement ruiner
une place qui, suivant toutes les probabilités, lui seroit
rendue à la paix, dépêcha au prince Tordre de capitu*
1er. [1 obtint les conditions les plus honorables, après
avoir fait pendant neuf semaines une défense glorieuse,
pour prix de laquelle il fut nommé vice^roi de la pro*
vince. La France n'eut pas plus tôt entre les mains cette
place importante, que les Espagnols montrèrent au^
tant d'empressement pour la paix, qu'ils avoient na->
guère montré d'éloignement pour une négociation,
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«T71LLAUME III. ^43
Ce qui ne contribua pas peu à augmenter cet empres- ■■
«ement, ce furent les succès de M. de Pointis en Âme- ^ '^/]
rique, où il prit Garthàgène. Il 7 fit pour huit millions tiolT de
d'écus de butin. Ayant ruiné les fortifications de cette l'«"»»;ai
place^ il eut avis qu'une escadre angloise, sous les or» auxindet
dres de lamiral NeviK étoit arrivée dans les Indes occi- oc^^^^^c»*
taies.
dentales, avec l'intention de Tattaquer à son retour. Il
mit aussitôt à la voile pour Bahama. Le 2a mai, il ren-
contra la flotte angloise, et un de ses flibots fut pris. Mais,
grâces à sa dextérité, ou à sa bonne fortune, il parvint à
s'échapper, quoique poursuivi durant cinq jours. Alors
Nevil se dirigea vers Carthagène ; il trouva cette ville en-
tièrement abandonnée de ses habitants , qui , apràs le dé- .
part de Pointis, avoient été pillés une seconde fois par
les boucaniers , sous prétexte qu on les avoit frustrés de ^
leur part du butin. Us avoient en effet contribué aux
succès de Pointis, et en avoient été mal récompenses.
Au bout de quelques jours, lamiral angloîs découvrit
huit de leurs vaisseaux; deux furent poussés sur lé ri-
vage et détruits; on en prit deux autres , et le reste se ^
sauva. Nevil fit ensuite route pour la Jamaïque, et , sur
lavis du gouverneur, il détacha le contre-amiral, avec
quelques vaisseaux et des troupes , pour attaquer Petit-
Ouavas, qu'il prit et réduisit en cendres. Après cette
expédition assez peu importante , Nevil se dirigea vers
la Havane, dans Fintention de prendre les galions sous
son escorte pour les ramener en Europe, suivant les
instructions qu il avoit reçues du roi. Mais le gouver-
neur de la place et le commandant des galions conçurent
des soupçons sur Toffre qu'il leur fit à ce sujet, et lui
refusèrent l'entrée du port. Alors il fit voile par le
golfe de Floride à la Virginie, où il mourut de chagrin.
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344 HISTOIBE d'aNGLETKRRE.
■""'"■■" Le commandement de la flotte passa au capitaine Dilkes,
^^' qui arriva en Angleterre, le 24 octobre, avec l'escadre
en très mauvais état, au grand déplaisir du peuple ,
trompé dans les espérances de gloire et de richesses qu'il
avoit conçues de cette expédition. Pointis fit route pour
Terre-Neuve , et entra dans la baie de la Conception ;
dans le même temps qu'une forte escadre angloise;
sous les ordres de Norris, étoit à Tancre dans la baie dé
Saint-Jean. Cet officier, instruit de Tarrivée d'une flotté
frauçoise, crut d'abord que ce ne pou voit être que l'es-
cadre de M. de Nesmond , venu pour l'attaquer, et se
hâta de travailler à mettre la place en état dé défense;
Mai^^quand il apprit que c^étoit M. de Pointis, char^^é
des dépouilles de Carthagène, il convoqua un conseil
de guerre , et proposa d'aller aussitôt chercher l'cnnémii
Ce .ne fut point l'avis de la majorité du conseil, qui pen-
sa qu'on devoit rester où Ton se trouvoit, et ne point
courir d'inutiles périls. Grâces à cette honteuse déter-
xnination, Pointis put continuer sa route potir l'Europe.
Mais il n'étoit pas encore échappé à tous les dangers :
le i4 août, il rencontra l'escadre du capitaine Harlow^,
qui le força de combattre jusqu'à ce que la nuit vînt
les séparer. Il fut poursuivi le lendemain; mais ses
toiles étant meilleures que celles de Harlow , il ne put
être atteint et entra le jour suivant dans le port de Brest'.
Que des vaisseaux nécessairement affoiblis par une lon-
gue e^cpédition, eussent pu échapper à la poursuite d'une
escadre angloise , nouvellement mise en mer, c'étoit
un mystère que le peuple anglois ne comprenoit pas.
Il s'imagina et se plaignit qu'on avoit trahi ses intérêts
dans tout le cours de l'expédition aux Indes occiden-
tales . Le roi ne 3e faisoit pas scrupule d'avouer son
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GUILLAUME III. 34^
ignorance quant aux affaires maritimes, dont il aban- ^^
donnoit la conduite à lamiral Bussel , qui étoit devenu
peu populaire, et qu'on supposa avoir été trahi par
ses subordonnés; il est sûr au moins que le service
avoit beaucoup souffert de la division qui s'étoit mise
parmi les ofBciers, et qui eut pour la nation les mêmes
effets que la trahison et la mauvaise conduite.
Heureux en Catalogne, en Flandre et aux Indes ^'^^J^^"^
<>oci(lentales, les François ne le furent pas en Pologne. Saxe est
Louis XIV, encouragé par Fabbé de Polignac, qui diii- ^l^l{^l^^^
geoit les affaires de France dans ce pays, résolut de
soutenir vivement le prince de Conti dans ses préten-
tions à la couronne, et fif distribuer de fortes soidjEnes
d'argent parmi la noblesse polonoise. L'empereur s^étoit
d'abord déclaré pour le fils du dernier roi; mais voyant
le parti françois assez fort pour triompher de ce com-
pétiteur, il entra en négociation avec l'électeur de Saxe,
qui consentit à changer de religion, à distribuer huit
millions de florins en Pologne, s'engagea à confirtner
tous les privilèges , et fit avancer ses troupes sur la fron-
tière du royaume. Alors il se déclara candidat, et sa cause
fut publiquement embrassée par les Impériaux. Le duc
de Lorraine , le prince de Bade et don Livio Odeschal-
chi, neveu du pape Innocent, étoient aussi au nombre
des compétiteurs. Mais ne se voyant point assez ap-
puyés , ils réunirent leurs partis à celui de l'électeur, qui
fut proclamé roi de Pologne. Il prêta aussitôt le serment
requis , constata son changement de religion , et se por-
ta avec son armée à Cracovie, où il fut couronné sui-
vant les formes d'usage. Louis XïV n'en persista pas
moins à soutenir les prétentions du prince de Conti , et
fit équiper une flotte à Dunkerque, pour l'escorter jus-
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346 HISTOIRE D*ANGLETERRE.
^r — qu'à Dantzick , d où il devoit se rendre en Pologne. Mais
^^' les magistrats de cette ville, qui s'étoient déclarés pour
le nouveau roi, ne voulurent pas permettre que les trou-
pes qui étoient à bord fussent débarquées , et offrirent
seulement de recevoir le prince avec une suite peu
nombreuse. Il aima mieux aller débarquer à Marien*
bourg, où il fut joint par quelques chefs de son parti.
Mais le nouveau roi Auguste prit si bien ses mesures,
que son * rival jugesi qu'il lui étoit impossible de former
une armée. Il soupçonnoit d'ailleurs la fidélité de ses par-
tisans polonois : aussi ne voulut-il pas répandre les tré-
sors qu'il avoit apportés, et , au commencement de l'hi-
ver, il retourna à Dunkerque^.
Lcczarde .L'élévatiou d'Auguste sur le trône de Pologne fut en
voy^age^ grande partie l'ouvrage de Pierre, czar de Moscovîe,
déyuisé. qui, ayant formé de grands desseins contre la Porte-Ot*^
tomane, n'auroit pas vu sans chagrin monter sur lé
trône un partisan delà France, alHée du grand-seigneur;
Il donna ordre à son général de rassembler une armée
sur les frontières de Lithûanie, mesure qui, en intimi-
dant les partisans du prince de Obnti , influa beaucoup
sur l'élection. Ce grand législateur, étrange composé
d'héroïsme et de barbarie, connoissant les défauts de
son éducation, et l'ignorance grossière où ses états
étoient plongés , résolut d'étendre ses idées et de per-
fectionner son jugement par les voyages, et pour n'être
ni gêné par le cérémonial , ni interrompu dans ses ob-
servations par une importune curiosité, il crut ne pou-
voir mieux faire que de voyager en gardant l'incognito.
Comme un des objets de son ambition étoit de faire de
ses états une puissance maritime, et particulièrement
d'entretenir une flotte sur la mer Noire, il pensa que
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GUILLAUME III, 34?
sonpremiersôindevoit être d'apprendre la conetructipn
des vaisseaux. Il nomma une ambassade pour aller en '*
Hollande régler quelques points de commerce avec les
états-généraux, et laissant l'administra tion de ses états
aux personnes en qui il avoit le plus de confiance, il sa
mit en route avec ses ambassadeurs, comme faisant
partie de leur suite. Il se fit d'abord connoitre à Félec-
teur de Brandebourgs en Prusse, et ensuite au roi Guil^
laume , avec lequel il eut à Utrecht des conférences par-*
ticulières. Il s'engagea comme un ouvrier ordinaire
souk un charpentier de navire , en* Hollande , et le servit
pendant quelques mois avec beaucoup de patience et
d'activité, après quoi il visita l'Angleterre, où il s'exer-
ça particulièrement au même genre de travail. De là
il se rendit à Vienne , et apprenant que sa sœur for-
moit dans ses états des intrigues contre soi^ gouverne-
ment, il se hâta de regagner la Moscovie. Il trouva
toutes les machinations des conspirateurs déjouées psir
la vigilance et la fidélité de ceux qui, en son absence,
avoient été chargés du gouvernement. Son naturel sau-
vage se manifesta dans cette circonstance ; il fit pendre
tout autour de sa capitale plusieurs centaines de ses
sujets; un grand nombre d'autres eurent la tète tran-
chée, et l'on vit ce prince faire de sa propre main l'of-
fice d'exécuteur.
Il y eut pendant quelque temps beaucoup de lenteur Gongrci
dans les négociations de Ryswick. Les ministres impé- R^sJick.
riaux demandoient que la France rendit toutes les pla«
ces et tout le territoire qu'elle avoit enlevés à l'Empire
depuis la paix de Munster. Les Espagnols réclamoient
tout ce qu'ils popvoient exiger en vertu des traités de
^imégue et des Pyrénées. Les François répondoient
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i697-
348 UISTOIEE d'aNGLETERRE*
que, si Içs préliminaires offerts par Gallières étoient
acceptés, ces propositions ne pou voient être prises en
considération. Les Impériaux persistoient à demander
une réponse circonstanciée, article par article, et les
Espagnols, voulant qu'on procédât à leur égard de la
même manière, cherchoient à faire appuyer leurs pré^
tentions par le médiateur et les ministres hollandois:
Les plénipotentiaires françois déclarèrent qu'ils n*ad'
mettroient aucune demande ou proposition contraire
aux articles préliminaires; mais quafin d'abréger les
négociations ils étoient prêts à présenter un projet de
paix. Les ambassadeurs espagnols consentirent à cet
expédient. Durant toutes ces discussions le comte de
Portland eut plusieurs conférences près de Halle avec
le maréchal de Boufflers, a la vue des deux armées. Le
2 août ils signèrent Fun et l'autre, dans une maison de
Halle 9 un acte contenant les principaux articles de la
paix entre la France et l'Angleterre. Le lendemain Guil-
laume quitta le camp et se retira dans son château de
Loo, avec l'assurance d'avoir pris pour la paix les me-*
sures les plus efficaces. 11 s'étoit déterminé à cette né-
gociation particulière dans la vue d'alarmer la jalousie
des alliés, et de hâter ainsi les grandes négociations, de
Ryswick ; car il avoit jugé que Tempereur ne manque-
roit pas d'y apporter des lenteurs, et que, si tant d'in-
térêts compliqués étoient discutés suivant les formes
ordinaires, il s'éléveroit des difficultés sans fin. Avant
l'ouverture du congrès , le roi Jacques avoit publié deux
manifestes adressés aux princes catholiques et protes-
tants de la confédération, et relatifs aux injustices qull
avoit essuyées et dont il demandoit la réparation. Ses
représentations ayant été inutiles, il protesta solennelle-
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GUILLAUME ni. 349
ment contre. tout ce qui pourroit être stipulé avec — ' —
l'usurpateur de ses états. C'étoit le 20 juillet que les '*
ambassadeurs François avoient présenté leur projet dé
paix générale^ en déclarant que, s'il n'étoit pas accepté
avant le dernier août, la France ne se croiroit plus liée
pour les conditions quelle offroit alors. Kaunitz, plé-
nipotentiaire de lempereur, intima qu'il ne vouloit
point s'astreindre à cette limitation; cependant le 3o
août il remit au médiateur un ultimatum j portant qu'il
adhéroit aux traités de Westpbalie et de Nimégue, et
acçeptoit Strasbourg avec ses dépendances ; qu'il insis-
toit sur 'la. restitution de la Lorraine au prince qui en
portoit le nom, et qu'il demandoit que l'église et le cha*
pitre de Liège fussent rétablis dans leurs droits. Le len-
demain les plénipotentiaires François déclarèrent que,
le mois d'août expirant, toutes leurs offres étoient re-
tirées ; qu'en conséquence leur maître garderoit Stras*
bourg, et réuniroit pour toujours à sa couronne cette
ville et ses dépendances ; que du reste il s'en tenoit aux
autres parties du projet, et restitueroit Barcelone aux
Espagnols; mais que les conditions dévoient être accep-
tçes dans vingt jours , sans quoi il se croiroit en droit de
les retirer. Les ministres des électeurs <^t^ princes de
l'Empire remirent conjointement aux plénipotentiaires
espagnols une note où ils leur représentoient les incon-
vénients et les dangers qu'il y auroit, pour le corps ger-
manique, à laisser la France en possession du Luxem-
bourg, et les pressoient de rejeter toutes les offres d'un •
équi violent pour cette province.; Ils en remirent une
autre aux .états-généraux pour les engager à continuer
U guerre, jusqu'à ce que la France accédât aux préli-
minaires.- On n'eut aucun égard à ces notes. Alors les
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35o ItLSTOIRE b'ANCteTEARE.
* ambassadeurs impériaux réclamèreat les bons oflEcet
' ^^' du médiateur, relativement à certains articles; mais,
tout ce qu'il put obtenir de la France , Ait que le
terme pour la conclusion de la paix entre cette puis-
sance et lempereur seroit prolongé jusqu'au premier
novembre, et que larmistice seroit. ponctuellement ob-
servé durant tout ce temps. La France n accorda même
ce délai que sous la condition que le traité avec TAb*
gleterre, TEspagne et la Hollande, seroit signé le jour
indiqué, quand même lempereur et FEmpire ne vou-
droient pas y prendre part.
On sïçine Eu conséquence Içs articles furent signés, leacsep*
*^ '^'''^' tembre, par les ambassadeurs de Hollande « d^Angle-
terre, d'Espagne et de France, malgré les plaintes des
ministres impériaux ^ qui observèrent que c'étoit pour
la seconde fois qu'on concluoit avec la France une paii
séparée, et ajoutèrent que les états de l'Empire, voyant
bien qu'on avoit abusé de leur crédulité, ne se laisse-
roient plus désormais persuader si aisément d^entrer
dans les confédérations. Dans certains articles parti"*
culiers, passés entre la France et l'Angleterre, le roi
Guillaume convint de payer annuellement à la reine
Marie d'Esté, à titre de pension, cinquante mille livres
sterling, ou telle autre somme qui seroit réglée par le
parlement. Le traité se composoit de dix-sept articles.
Le roi de France s'engageoit à ne point inquiéter le roi
de la Grande -foetagne dans la possession ec dans le
gouvernement de ses états, à ne point assister ses en*
nemis, et à ne favoriser aucune conspiration contre sa
personne. Cette oUigation éteit réciproque» On réta-
blissoit la liberté du commerce. On nommoît des cônb
missaires qui dévoient se réunir à Londres pour régler
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GUILtAUifE III. 35i
les prétentions des deux couronnes snr la baie d'Hud- — ' —
son , déterminer les limites des places qui dévoient être '"
rendues y et les échanges qu on devait faire. Il étoit
stipulé qu en cas de ruptui^ six mois seroient accordes
aux sujets de Tune et Tautre puissance pour disposer
de leurs propriétés ; que les articles séparés du traité
de Nimégue^ relatifs à la principauté d'Orange, rece-
vroient leur entière exécution, et que les ratification»
seroient échangées trois ^semaines après le jour de la
signature. Les principales disposition^ du traité entre
la France et la Hollande étoient une restitution mu*
tuelle, une renonciation réciproque à toutes préten-
tions d'une des deux puissances sur Tautre^ une con<^
firmatioq de la paix avec la Savoie , et le rétablissement
du traité conclu en 1679 ^^^"^^ ^^ France et le ^an"**
debourg. De plus les ministres hollandois conclurent
avec la France nn traité de commerce, quifnt immé-
diatement mis à exécution. L'Espagne avoit de gran*
d^s raisons de se féliciter d'une paix par laquelle elle
recouvroit Gironne, Roses, Barcelone, Luxembourg^
Charleroy, Mens , Courtray, toutes les villes , forte-
resses et territoires pris par lesl^rançois dans la pro^-
vince de Luxembourg, Mamur, le Braisant, la Flandre
et le Hainaut , à l'exception de quatre-vingt-deux
villes et villages réclamés par la France ; réclamation
dont les arbitres dévoient être des commissaires, ou ^
en cas de dissidence , les états - généraux. La veille
de la conclusion du traité , le comte de Pejmbroke, au
nom. des alliés protestants , remit au médiateur un
mémoire en faveur des François de cette religion , ré^
fugiés en Angleterre, en Hollande et en Allemagne;
mais les plénipotentiaires françois déclarèrent , au nom
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Iliyn
35^ HISTOIRE D'aNÇLETERRE.
de leur maître, que, comme il ne prétendoit point prê$'
crire de régies au roi Guillaume à Tégard de ses sujets
anglois, de même il entendoit jouir, à Tégard des siens,
d'une entière liberté. On n'insista pas davantage; les
traités furent ratifiés, et la paix proclamée à Paris et
à Londres.
Pacifîca- L'empereur tenoit toujours bon , et peut-être étoit-il
néraUT ^i^couragé dans cette opiniâtreté par le succès de ses
armes en Hongrie, où son général, le prince Eugène,
obtint à Zente une victoire complète sur le grand-sei-
gneur, qui commandoit son armée en personne. Cette
bataille, livrée le 1 1 septembre, coûta la vie au grand*
visir, à l'aga des janissaires, à vingt-sept pachas/ et
à près de trente mille Turcs. Il y en eut six mille de
blessés ou pris, avec toute lartillerie, les munitions
et les bagages ; le grand-seigneur lui-même eut peine
à se sauver. La gloire et la joie d'un pareil triomphe
furent d'autant plus grandes, que les Turcs étoient
fort supérieurs en nombre, et que les Impériaux ne
perdirent pas mille hommes dans toute l'action. Quand
l'empereur vit qu§ ce grand événement n'avoit pu re-
tarder la conclusion du traité, il crut devoir profiter de
l'armistice et continuer la négociation. Les princes.de
l'Empire en firent autant, quoique ceux qui suivoient
la religion protestante se plaignissent que leurs intérêts
avoient été négligés. Par un des articles du traité il éloit
stipulé que la religion catholique romaine coritinueroit
à être exercée dans les places rendues par la France,
de la même manière qu'elle y avoit été rétablie. Les
ambassadeurs des princes protestants demandèrent que
la religion luthérienne fût rétablie dans les lieux où
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tttJlLLATJMfe III. 353
die âvoit d*abot*d été dotninatite. Cette deiûande déplut
à-Ià«-foid à la France et à Tempereur, et fut rejetée* *^^*
Alors ceux qui Favoient faite refusèrent de signer le
traité, qui fut enfin conclu entre la France, Fempereur
et les princes catholiques de FEmpire. Par te traité ,
Trêves, le Palatinat et la Lorraine furent retidus à leurs
princes respectifs. Les pays de Spanhein^ et Veldentz,
avec le duché des Deux-Ponts, furent cédés au roi de
Suéde. Le palatin François^Louis fut confirmé dans
Félectorat de Cologne, et le cardinal Furstemberg re-
couvra tous ses droits et bénéfices. Les prétentions de
la duchesse d'Orléans sur le Palatinat furent remises à
Farbitrage de la France et de Fempereur, et Félecteur
> palatin s'engagea à payer annuelleipent à la duchesse
cent mille florins. Les ministres des princes protestants
publièrent une délaration formelle contre la clause re«
lative à la religion, et protestèrent ensuite solennelle*»
ment contre la manière dont la négociation avoit été
conduite. Telle fut Fissue d^une longue et sanglante
guerre, qui avoit épuisé l'Angleterre d'hommes et d'ar-
gent, entièrement ruiné son commerce, perverti ses
mœurs en favorisant la vénalité et la corruption , at^
tiré sur elle la malédiction de ses alliés, et accumulé
sur sa tête une dette nationale qui peu-à-peu étoit de-
, venue un fardeau insupportable. Après tant de sang et .
de trésors répandus, l'ambition et le désir de ven-
geance, qui dominoient Guillaume, n'étoient point en-
core assouvis ; il avoit cependant obtenu le précieux
avantage d'être enfin solidement établi sur le trône
d*Angleterre, et si la confédération n'avoit pas réussi
dans tous ses projets^ elle avoit du moins atteint son
i 1 . 23
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354 msraiitx D^MGLEtBRirEr
■ but principal, qui étoit d'arrêter les entreprises éa,
^^^* monar(]ue François» Guillaume, ayant terminé cette
importante négociation» revînt en Angleterre vers le
milieu de novembre, et fut reçu à Londres au milieu
des acclamations d'un peuple transporté de joie d'être
délivré d'une guerre qui ne ppuvoit se comtim^? sans
k rédmre à la decmère misère.
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UVRË VI.
État des partis en Ançletetre. — Caractère des tainisttés. -^^
Le nombre des troapee permaBentes réduit à dix luille^
kommesk ^ Vote pour la lis^ civile. -^ Eodossements^
frauduleux de MUeis de i'échif|9iier* ^ KovveUe oompii-*-
gaie des Indes orieatalea constituée par acte du parlement*
•^ Soçiéié pour h réforiue des mœurs. — ' Le couate de
Portlaud résigne ses emplois. ^- Le roi se montre peu fa-^
vorable à la comjpagnie d'Ecosse. — Il s^embarque pour la*
Hollande. -*■ Premier traité de partage. — Intrigues de*
la France à la cour de Madrid. — ^ Adresse des communes
au roi. -^ La compagnie d'Écosie forme un établissement
dans rîsthme de Darieo. -^ Remontrances de la cour d'fis*
pagoe. -^ Les communes persistc^nt da^s leuri résolu*
ttous. — Enquête sur Texpédition du capitaine Kidd. —
Enquête sur les biens confisqués en Irlande. -— Bill qui
déplaît extrêmement à Guillaume. -^ Les communes pas-^
sent un bill très sévère contre les papistes. — Rétablisse-
ment de Fancicnnc compagnie des Indes orientales. — *
Dangereuse fermentation en Ecosse. •«- Reofvot de lerd
Soniers. — Second traitté de partage. *-* Une flotte angloise^
est envoyée dans la mer Baltique, r^ Le 9econd traité de
partage e^t mal accueilli de plusieurs puissances.— Le crédit
de la France prévaut & la cour d'Espagne. — Mort du roi
d'Espagne. — Philippe reconnu roi d'Espagne par les états-
généraux. — Nouveau ministère et nouveau parlement. —
Lettre interceptée. — On régie la succession à la couronne.
-^ Négociation infructueuse avec la France.
£9 ouvrant la seasiou du parlement le 3 décettdi>re , je 1697.
roi dit 9UX chambres qu'il avoit atteint soa but eu ten» État des
iQiuant la guerre par une paix ttonorable; il leur repré- ^Ingl^^
senta qu'il étoit dû. coBsidérablement à la flotte et à ^^^^^
larmée^ que les revenus^ de la couronne avoient été
s3.
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ii6 HISTOIRE D^AÎïGLïrTirAKïr.
---> anticipés , et leur témoigna Tespoir quHl avoit coneM
>^1' qu'elles pourvoieroient à ses besoins pour sa vie en-
tière » comme lexigeoit la dignité du gouvernement. Il
leur recommanda Tentretien d'une marine considéra-
ble^ Ilajouta.qa il ne eroyoit point que TAngleterre pût
encore être, en sûreté, si Ton ne lenoit une armée sur
pied, il leur promit de réformer lés abus qui s'étoieDt
introduits durant la guerre dan^ quelques parties de
Fadministration ^ et de prendre les mesures les pfus
efficaces contre la corruption et llmmoralité ; enfin il
les assura qu'après avoir sauvé des dangers les plus
immioeiits leur religion ,p leurs lois et leurs libertés,. il
mettroit sa gloire à défendre de toute atteinte ces biens
précieux , pour les transmetti^ aux générations» sui-
vantes dans toute leur intégrité. Les communes répon-
dirent à ce discours par une adresse où elles félicitoient
Guillaume de la paix qu'il avoit conclue, et promet-
toient d'être toujours disposées à seconder un prince
qui, ayant confirmé ses sujets dans leurs droits et leurs
libertés, venott, en mettant fin à la guerre, de couronr-
ner dignement l'œuvre de leur délivrance. Malgré ces
apparences de satisfaction , la majorité du parlement et
la nation entière ne voyoient point sans de grandes
alarmes et une vive douleur, le projet de la cour de
tenir une armée sur pied. Le génie de^Guillaume étoit
absolument militaire. Il ne supportoit point l'idée d'un
roi sans puissance , et ne pou voit se résoudre à ren-
voyer ces officiers qui lui avoient donné tant de preuves^
de courage et de fidélité. Il eroyoit la force militaire
nécessaire à la sûreté de son trôney dans un royaume
plein de mécontents , qui avoient si souvent conspiré
contre sa personne et son gouvernement ; il redontôit
l'ambition du roi de France, qui entretenoit toujours
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GUILLAUME III. 357
une puissante armée ; il prévoyoit que la réduction de .—.i.-.
la sienne diminueroit beaucoup de son importance au* ^%7*
dedans et au-dehors, et le priveroit de ces étrangers
<}ui avoient toute sa confiance. Il fit part de ées senti-
ments au comte de Sunderland, qui connpissoitpar exr
périence Ta version du peuple pour une armée perma*»
nente , mais qui ne laissa paç d'encourager Guillaume,
supposant que les communes feroient la différence d'un
corps de vieilles troupes maintenu par le consentement
du parlement pour la sûreté du royaume, à une armée
levée par l'autorité privée du monarque. Mais cette
différence, le peuple ne la fit point. Il sembla même
que la seule proposition de Guillaume eût réveillé con-
tre lui la même défiance qu'avoient d'abord manifestée
les parlements précédents, et cette disposition des es*
prits étoit encore accrue par un préjugé national contre
les réfugiés, qui recevoient fréquemment du roi des
marques d'une faveur particulière. Ils se montroient
soumis , traitables , et mettoient toute leur ressource
dans sa générosité. Les jacobites ne manquèrent pas
d'étendre ces levains de mécontentement ; ils reprA-
chèrent aux whigs d'appuyer le projet de la cour , et
les représentèrent comme ayant abjuré leurs premiers
principes, observant que les mêmes sujets qui, souç
les derniers régnes, s 'étoient efforcés d'enlever au sou-
verain sa prérogative , si nécessaire à la conduite et à'
la marche du gouvernement , étoient devenus mainte*
nant les défenseurs de l'étrange proposition d'entretenir
une armée en temps de paix , et ne rougissoient pas
d*a vouer que leur complaisance pour la cour ej^ cette
occasion étoit l'effet du désir qu'ils a;voient d'^clure
les torys de toute part à l'administration < Le plus grand
nombre de ceux qui avoient adopté pour principes la
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358 HISTOIRE D'ANGLEtERRE.
' catrséddlarévolutidiiySé montrèrent en cette cîrcon-
*^^' -^attoe o|>posés A la conr ; ils eraignoient qiic r^rtretieh
^'une aimtée «tt temp^ de paix ne devim un usage et
-une r^le <lu gouvernement , et que si Tépée diemeuroit
'ériVte les main^ d'iiôimnès mercéÊraires ^ tandis que lé
-peuplé ser0it<lé»aEr»tfé, lés libertés d^ la natîoh ne fti^
fSëUt à lameirci àé celui qili leS commanderok ; qu'il nt
tptt p^r leur moyl^ dicter les élections, dominer lek
pariieiàeftta, et enfin établir la tyrannie a^mit que }e
peuple ftft en état dé prendre âUcù^e iriesure pour la
^éfonse de ses droits, lié ne croyoient pas qu'9 ftft im>»
possible de forme): une milice , qui , avec le concours
tienne flotte ^ ftt en état de garantir le royaume des
'•dangers d'une invasion. Ils étoient , au contraire , bien
"persuadés qu'une mflîce réguHèremeht exercée au ma-
^ieknent des armes acqtrerroit la dextérité des sdldatft
'de profession y et surpasseroit ces derniers en courage,
^rcequ'eHéseroit animée par des motifs d'intérêt et de
'gentiment. A leurs yeux, la <yrande-Bretagne, environ-
%iéè delà mer, protégée par des remparts ïlbttants,
'pWMpléè d'hommes courageux et hardis, àe méritott
^5 d'être libre, si ses habitants ne savoient d'éfendre
cette' Kberté sans le secours des mi^rcenaires , qui étoient
réell^neht les seuls esélàves du royaume. Cependant
parmi les vrais amis de la patrie, il s'en trouvoit quel*
qiiesDns qui combattoient césinaximes. Ils observoieni
que tout étoit changé dans lé système militaire des
gouvernements européens; que la guerre étoit devenue
un véritable commerce?, -et la discipline utiè science qui
ne pottvoit être apprise qpe de ceux qui tn faisoient
leur unique profession ; que, puisque la France tentnt
sur pied une armée nombreuse de lideffltes troupe^ eti
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cniLLÀUME in. îSg
^tat de s'embarquer pour le rivage opposé^ la sûreté de "
la BatHHi exigeoit ittpérmttsemeQt qu'on eu entretint
«n petit corps, que le {larletuent Voteroii ebaque ànr
mée. Ils auroieM pu isu^t^rer un antre expédient qui ,
iNï peu d'années, auroit produit une milice d'hommes
disciplinés. Si ies soldttts dé cette petite armée a voient
iété enrôlés pour «un temps limité , à l'expiration duquel
ils auroient eu dfoit à un o^fj^é, ote eût trouvé dans
,tcmtes ies parties âm royaiiiae des volontaires qui se
«croient offerts d'eux-mêmes, soit par le désir d^ap-
-prendre le métier des armes et d^ prendre part aux
événements , soit pat des contrariétés domestiques ou
tout autre chagrin passager , qui pourtant n'auroit pas
eu assex d'empire pour leur ftriré contracter, aux con-
ditions ordinaires, un engagement illimité, ils auroient
«été ren^lacés par d'autres volontaires, et, au moyen
<l'une telle succession , tout lé royaume eût bientôt été
rempli d'une milice disciplinée, au moins égale en cou-
rage à une armée dé soldats de profession. Mais cet
expédient eût contrarié le systèine dn gouvernement,
t]ut craignoit plus les ennemis domeistiques que les en-
nemis étrangers, et avoit soin d écarter adroitement
tous les plans de cette nature, comme pouvant contri-
buer à rendre les mécontents plus formidables.
1693,
Avant d'en venir aux délibérations du parlement Caractère
des
ministres.
dans cette session , il est à propos de faire connoître ^^^
le ministère tel qu'il étoit alors. L'affection du roi pour
ie comte de Portland avôit diminué à mesure que son
4estime pour le comte de Sunderland s'étoît accrue avec
son penchant pour mistriss Villiers , qui avoit reçu
plusieiu*s marques particulières de sa bienveillance. On
lâstire que ces deux favoris avoient supplanté le comte
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1697.
36o HISTOIRE d'angleterrc
' de Portland , et que la place qu il avoit eue dans le cœur
du roi étoit alors occupée par van Keppel , gentilhomme
du pays de Gueldres , qui , de page de Guillaume, étoit
devenu son secrétaire particulier. La jalousie ayant
xendu le comte de Portland d'pne humeur très difficile ,
le roi prit le parti de Fexiler honorablement en le nom-
mant ambassadeur extraordinaire à la cour de France ^
et Trumball, son ami et sa créature, fut privé de sa'
place de secrétaire -d'état, qu'on donna à Yemon ,
homme entièrement livré aux affaires , qui avoit été
sous secrétaire du duc de Shrewsbury. Ce nouveau mi-
nistre balança le crédit du comte de Sunderland dans
le conseil, et fut soutenu par Somers, lord-chancelier
d'Angleterre , par Bussel , depuis peu comte d'Orford,
premier lord de l'amirauté , et par Montague, chance*
lier de Téchiquier. Somers. étoit un juge intégre , poli-
tique habile, courtisan consommé, d'un caractère af-
fable, doux et insinuant. Ce caractère n'étoit pas celui
d'Orford, qui paroît avoir été dur, turbulent, factieux
et sombre. Montague s etoit d'abord annoncé comme
un grand poète; mais s'étant bientôt tourné vers une
carrière plus solide, il s'étoit fait remarquer par son
éloquence ,. sa sagacité et une profonde connoissance
de la constitution angloise. Au goût le plus délicat il
joignoit la passion des études politiques , et embrassoit
à-la-fois tout ce qui pouvoit donner de l'agrément à son
esprit et servir à son ambition, il fut le protecteur le
plus éclairé des beaux* arts, et comme le patron des
hommes à projets. Libéral, aimable et familier dans sa
vie privée, il se montroit, dans ses fonctions d'homme
d'état, hardi, absolu et entreprenant,
I^'appréhension d'une arméç periiiançnte avoit pro^
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GUILLAUME tlî. 36l
duît une fermeotatioa si universelle , que les partisans
ae la cour dans la*chambre des communes n osèrent ,
Le nom-
s'opposer ouvertement à la réduction des troupes. Ils bre des
se bornèrent à mettre en œuvre toute leur adresse pour JJ^"][***
persuader à la chambre de consentir à ce qu on en re- nentes
tint un petit nombre. La chambre ayant voté le licencie- ^^]^ nliu«
ment de toutes les troupes levées depuis Tannée i6So, Sommes,
ils demandèrent qu'on revint sur la délibération, sous
prétexte que ce vote réduiroit le roi' aux anciens régi-
ments de torys, dans la fidélité desquels il ne pouvoit
avoir une pleine confiance. Cette motion fut rejetée à
une majorité considérable. Ils proposèrent alors un
amendement qui neut pas plus de succès, et deman-
dèrent enfin qu'on accordât cinq cent mille livres sterl.
par an, pour Tentretien des gardes et des garnisons. Ils
ne purent faire adopter cette proposition , quoiqu'elle
fût appuyée par un grand nombre de membres, et tout
ce qu'ils purent obtenir fut qu'on allouât trois cent cin-
quante mille livres sterling pour 1 entretien de dix mille
hommes , auxquels on en ajouta ensuite trois mille pour
le service de mer. Guillaume fut mortifié de toutes ces
résolutions des communes , jusqu'à dire à ses amis par-
ticuliers qu'il ne se seroit jamais mêlé des affaires de la
nation s'il avoit prévu qu'on dût montrer à son égard
tant dlngratitude et de méfiance. Son chagrin fut en-
core augmenté par le ressentiment de cette chambre
contre Sunderland , aux conseils duquel on attribuoit
la proposition d'une armée permanente. Ce seigneur,
. appréhejndant la vengeance des communes , se déter-
mina à conjurer l'orage en résignant sa place, et en se
retirant de la cour malgré les instances de ses amis et
du roi lui-même.
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36a HISTOIRE d'akcletehre.
' . .. . La chambre des communes , afin d'adoucir le eot^p
^^' qa elle yenoit de porter au roi , vota sept cent mille \W.
ponr U sterling par an pour la liste civile , îndépendaÉtmetot de
civVlc ^^^ autre service. Elle accorda ensuite Un subside , pour
«ompléter les fonds destinés à éteindre les btHets de
Téchiqui^ , qui s'élevoient à la somme de deuii mil-
lîtms sept cent «tille livres st^ing. Un autre subside
fui affecté au paiement dés trotipes > y compris la demi-
paie de tous les officiers nés sujets de TAngletérré et en
non-actii^té par Tefiet de la réduction. On Vota un mil-
lion; quatre cent mille livres «terling-, pour combler les
idtficits. La somme de deux millions trois ceiit ^Uà-
4*ante*huit mille cent deux livrés sterling fut jugée né-
^cessaîre pour le paiement des arrérages des subsistan-
ce&, ainsi que des ^officiers-g^énéraux , des gardes et des
luratsons ; environ un tiers de cette somme detoit rester
entre les mains du payeur. Les communes s'occupèrent
ensuite des sabsides dus aiix puissances étratigèré^ , et
4e ce qui restoit à payer aux entrepreneurs des vivreis
«t fourrages. Par un examen gi^éral des dettes de la
nation , dles trouvèrent que celles de la marine s'éle-
vment a un million trois cent quatre-vingt-dotlise «lilie
i^ept cent quarante-deux livres sterling, oetks lierai^
tillerie à deux cent quatre mille cent cinquante -sept
livres sterling^ ceHes q«'4»n nvoit contract^ée^ pour le
transport des mumtions et des troupes deslinééls à ré-
duire rirlande , et pour d'autres services , à qtotk^e cent
jaoixante-six mille quatre cent quatre-vii^-tr^erté livres
^erling ; à quoi il felioit ajouter qtiarQÂté-neuf mille
neuf cent ^ingt^neuf livres sterling pour les fixais d^
quartiers d'hiver et d'habillement de l'armée levée e'À
1677 P^^ ^^^^ ^^ parlement, et licenciée par un autre
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GUILLAUME III. 365
acte en 1679. Comme une dette aussi énorme ne pou- • ^
voit être acquittée à-la-foîs , les comoiunes passèrent ' ^^*
plusieurs biUs à Teffet de lever des fonds suffîeantls
pour la diminuer considérablement , et continuèrent Ift
taxe sur les terres et autres impositions. A Tégard àé
la liste civile, la^ofume déterminée de voit être produite
par un nouveau droit de tonnage et poiafidage, une ^6ft»
tinuation limitée ^e Taccise , les revenus dû duché de
Cornouailles, les rentes de toutes tes autres terrés ap-
|>artenant à la couronne en Angleterre et dsUls le pays
de Galles , le droit de quatre et demi pour cent sur cièr-
tains objets venant des Barbades et des tles-feou«4e
Vent, et plusieurs autres taxes. Le bill portoit qu^il
seroit rendu compte au pai^Iemem du surplus de ces
fends. Sur les sept cent mille livres sterling Votées pour
là liste civile, cent mille étoient affectées à payer à la
reine Marie d'Esté le douaire fixé par le traité de Rys-
y^ick , et à former une maison potjr lé duc de Glocester ,
fils de la princesse Anne de DaTOmarck , alorg kgé dé
lieuf ans. Maié le douaire ne fin jamais payé , et Guil-
latimeue voulut pas qu'il fût alloué plus de quinze mille
livres stei4ing par an pour ie duc de Glocester , dont
Bùmet, évéque deSalisbury, fut nommé précepteur.
' Après avoir discuté les moyens de lever les subsides Eo<Io9se-
de Tannée suivante , qui s elevoîent à près de cinq mil- f" uj„.
lions sterling', les communes prirent connaissance de lenx de
quelles endossements frauduleûîc ée WHets de l'échi" Vëchi- *
quier, espèce de friponnerie qui avoit été pratiquée* q«*6r,
par une compagnie composée de Charles Duncomb , re-
éeveur - général de l'accise; Baithélemi Burton , qui
6ccup6it une place da1[is la même partie; JeànRuigbt,
trésorier des douanes, et Begitiald Bferriot, commis-
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3i64 HISTOIRE d'aNGLETER&E.
— compteur deTéchiquier. Ce dernier joua le rôle de dé-
^'* nonciateur, et les preuves furent si accablantes que la
cbambre crut devoir, faire un exemple sur les coupa-
bles. DuQComb et Knight^Tunet l'autre membres du
parlement , en furent exclus , et on les mit à la Tour ;
Burton fut envoyé à Newgatei et il y eut ordre de dres-
ser des bills contre eux. Le premier de ces biils , relatif
à Duncomb, passa à la chambre-basse , quoiqu'avec une
forte opposition ; mais il fut rejeté à la chambre des
lords , à la majorité d'une seule voix. Il en fut de même
des deux autres bills. Duncomb , qui étoit fort riche ,
paya , dit-on , de grandes sommes pour se tirer d'af-
faire. Déchargé par les pairs de la peine d'emprison-
nement j il fut de nouveau décrété par les communes ,
et demeura en prison jusqu'à la fin de la session. Pen-
dant que les communes étoient occupées des subsides,
quelques membres de l'opposition proposèrent d'ap-
pliquer au service public un quart de l'argent prove-
nant des dons faits par la couronne sans motif, plau-
sible. Une telle proposition devoit rencontrer beaucoup
d'ennemis , parcequ'elle affectoit non seulement les
virhigs du régne de Guillaume , mais même les torys
qui avoient reçu des dons de Charles II et de son frère.
Un grand nombre de pétitions furent présentées contre
cette mesure^ et il s'éleva tant de difficultés que les
deux partis , après quelques recherches , s'accordèrent
à passer outre. Dans le cours de l'enquête , on découvrit
qu'un certain Railton étoit dépositaire d'un don pour
M. Montagne, chancelier de l'échiquier II fut aussitôt
proposé de demander le renvoi de ce ministre. Mais
une grande majorité rejeta cette motion , et » loin.de le
poursuivre, la chambre déclara, par un vote exprès^
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GUILLAUME IIL 36S
qu'il méritoit la faveur de sa majesté, en raison des'ser- ^ ^
Vices qu il avoit rendus au gouvernement. *
Ce vote extraordinaire présageoit infailliblement le Nouvelle
succès du projet qu'avoit formé Montague contre la; ani^^dèi
compagnie des Indes orieQtales. On avoit sondé cette fndes
compagnie pour savoir si elle voudroit avancer , à titre °co^sti^*
de prêt , une somme d'argent applicable au. service pu-, ^«ee par
-ai- > 1) 1 • 9 • ^cte du
bhc, pour pnx d un acte parlementaire qu on passeroit parle-
en sa faveur; elle offrit de fournir à ce prix sept cent »«»*•
mille livres sterling ; mais avant qu'elle s'y fût détermi-
née, un autre corps de négociants , sous les auspices
de Montague, offrit de prêter deux millions sterling à
huit pour cent, pourvu qu'on lui accordât le privilège
exclusif du commerce des Indes orientales. Cette pro-
position fut très bien accueillie par la majorité de 4a,
chambre des communes. Un bill fut. dressé pour cet
objet avec une addition de clauses réglementaires.
L'ancienne compagnie fit une pétition pour exposer ses
droits et ses titres, fondés sur tant de chartes royales.
Elle insistoit sur les égards qu'on devoit à plus de mille
familles intéressées dans son capital , et sur l'attention
que méritoient les biens qu'elle possédoit dans l'Inde ,
et qui.montoient à quarante-quatre mille livres sterling
de revenu annuel. Elle représentoit qu'elle avoit de*
pensé un million sterling en fortifications ; que durant
la guerre elle avoit perdu douze grands vaisseaux, éva-
lués à quinze cent mille livres sterling ; que , depuis la
dernière souscription , elle avoit payé deux cent quatre-
vingt-quinze mille livres sterling de droits , et plus de
quatre-vingt-cinq mille en taj^'es; qu'elle avoit fourni
six mille barils de poudre dans une occasion extrême-
ment pressante, et quatre- vingt mille livres sterling
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364 nisTQUÊ s^'iNcitEtenAÉ^
""TT** f^mr k eîroiikititf»a de kiUets <fe i'éclià}fsieF, émâ ttjM
*^ * conjoncture cxiiiqae^ sm la deoiamdk: de& lorda de la
tréaorerie^ qui aboient avoué (}u*eUe readoîl «n eela un
graod aervice aa gouyerneoient.. Cas i«0u>litBaiicesi
ft ayant produk aucun effet, la eosoipagim^Btreprit de
frire le ptêt de deux niUkina stediÎBg,. et souscrivit
aussitôt deux cent mille livres sterliiig, ceoune premier
patenoeikt. Les propositicyas faites de part et d'autre
lurent comparées et attentivement exaniinées ^ et la
finajorité se déclara pour le lûll^ q^ fut envt^yé à la
chambre des lords. L^auciepne compagnie présenta une,
autre pétition à cette chambre , et fiit entendue par le*
conseiL Le bill fut néanmeins adopté; mais ce He fut
^ pas sans une opposition tràs vive ^ et il y eut même une
protestation formelle de vingt-un lords^^ qui regardoii^t
une telle résolutioa comme une injustice. Cet acte qui
prononçoit la dissolution de 1 ancienne compagnie^
nuisit considéraUement à la réputation des whigs, qui,,
depuis quelque temps, arment beaucoup perdu dans
Fesprit du peuple. Ils avoient soutetiu le projet d^itne
armée permanente; maintenant ils abolissoient iiijus-^
tement la compagnie des Indes orientales. Om les accu-*
Soit d'aiileurf d'avoir volé le public en dissipant le trésor
nalionaly et d'avoir amassé des richesses par des oon--
tr»ts ueurairea, aux dépens de leurs ooBciteyeBs, que
gémissoient sous 1^ l^rdeaux les^ plus accablants. Ce
qu'on ne peut contester, c'est que les whigs étoient à
cette époque les agentsf les plus mercenaires et tes plus
corrompus qui eussent été employés par aucun sou-^
verain ou aucangouvernem^it, depuis l'étabUseanent
de la monarchie angloise.
L'attention des communes se porta alors sur certaine-
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éiîriiLi.Aiisi£ ni. ^6j
objets qui întértssoiflDt le peuple irlandoi6« Le co1<mm1 '""TT'
IVtîtchebaroe , iqui, penciaiit le siège de Londooderry, ^^'
avoît eu part att/gQU^emenieiit de cette place, présent»
une péliti&n à la diambre au nom des officiers et soldats ,
auxquels il éteîi dû Kine somne considérable. La ville
elle-même impkMroitlaH^iatiim àescommunes auprès
de sa mi^esté , pour qu'on lui tint coinpte de oe qu^elle
avoil souffert et des services qu^elle avoit rendus. La
chambre, aynt examiné ces diverses représentalions/
recommanda» par une adresse, les habitants de Ldtt<><
4osiderry à la faveur de sa majesté, pour qu'ils ne restas-'
s^nt pas plus loag-temps exposés au mépris de leur»
ennemis, et que leur exemple ne servk poipt à décour*
rager les sujets zélés et fidèles. • Les communes deela*
jvpient en même temps que le gouverneur et ki garni**
son avoient droit à des marques particulières de la
faveur royale. CkiiBanme répondit qu'il afuroit égard à
ces recommandations.
GttiUaumie Molineux, gentilhomme dé Dublin , ayant
publié un livre oti il s'efforçoit de prouver que le royau'
me d'Irlande étoit indépendant du parlement d'Angle-^
terre, la chanibre nomma un comité pour examiner le
motif et la nature de cet ouvrage. Sur le rapport du
comité, le roi fut prié de donner ses ordres pour que
Fauteur fût découvert et puni.. Les communes en côrpe
présentèrent à sa majesté une adresse où elles appek
loient son attention sur les entreprises dangereuses fer^
mées depuis quelque temps par quelques sujets dli^
lande pour. se soustraire à la dépendance de TAngle-
terre; entreprises qui se manifestaient non seulement
par ^eâ hardies et pernicieuses assertioM' t;6ntenue$
dans le livre récemment publié , mais sur-tout par cer*^
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368 HISTOIRE d'angletebsë.
' taÎDS voted et certaines^ démarches des commîmes d'îi*-
*^^ lande. Cette chambre, durant sa dernière session, avoit
transmis un acte pour la plus grande sûreté de la per*
sonne et du gouvernement de Guillaume; elle y préten-
doit qu'un acte du parlement anglois devoit être refait
avec des changements obligatoires, pour les cours de
justice et le grand sceau. Les communes d'Angleterre
supplioient sa majeâté de prendre les mesures les plus
efficaces pour prévenir désoi*mais de semblables usur-
pations, et les conséquences pernicieuses que pour*
roient avoir celles qui avoient eu lieu ^ en punissant
ceux qui en étoient coupables; de veiller à ce que les
lois qui régissoient le parlement d'Irlande et restrei-
gnoiept son pouvoir fussent complètement observées ,
et d'empêcher tout ce qui pourroit tendre à affoiblir
la dépendance de l'Irlande. Cette remontrance fut très
bien accueillie, et le roi protnit d'agir en conséquence.
La jalousie des communes envers le gouvernement d'Ir-'
lande leur fit faire d'autres démarches pour rendre
plus sensible la dépendance de ce royaume. Informées
que les Irlandois avoient établi plusieurs manufactures
de laines , elles supplièrent le roi de prendre les mesures
les plus propres à faire tomber ces établissements , qui
nuisoient à ceux de l'Angleterre , et à rendre florissantes
les manufactures de lin, dont l'utilité étoic la même
f pour les deux pays. Ayant reçu avis en même temps
que les François avoient attiré quelques manufacturiers
anglois, et formé en Picardie un grand établissement
pour la fabrique du drap y elles dressèrent un bill à Vet-
fet d'expliquer et de faire ainsi mieux exécuter les actes
précédents^qui interdisoient l'exportation des laines, des
terres à foulon et terres à dégraisser^ et ce bill passa aiis*
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(^mtLAtJMË m* i6^
sljtôt e]:^lôi. Vûè pétition fut présentée à la chainbre par ^ ^
la coinpa^ie de.s fabricants de taffetas contre des mar-* ^
chands qui avoient introduit par contrebande des taf*
feta^ de France, même pendant la guerre; le cotnitéde
commerce eut ordre de faire une enquête j qui dévoila
tous les secrets de ce tt*afic« Sur le rapport du comité ^
la chambre déclara que les maniifactures de taffetas éta-*.
blies en Angleterre ayoient été profitables au royauitie ;
qu'il y avqit eu pendant la guerre un commerce préj udi<*
ciable et illégal pour l'importation des marchandises dâ
cette espèce^ commerce qui avoit frustré le gouverne<*.
ment de ses droits de douane ^ et singulièrement décou^
ragé les manufactures imgloises; que les vaisseaux em-.
ployés à cette contrebande avoient également servi à
donner aux François des communications durant la
guerre^ et à transporter les ennemis du gouvernement
hors des atteintes de la justice* Etienne Seigooret^
lihene, Baudoin^ Jean Goodet, Nicolas Santini^ Pierre
de;Hearse} Jean Pierce^ Jean Dumaitre et David Bar-*
reau furent accusés à la barre de la chambre dès pairs ^
etf sur Taveu de leur culpabilité, condamnés à deê
amendes proportionnées aux torts de chacun< Ils furent
enfermés à Newgate jusqu'à ce qu'ils les eussent payées^
et les communes demandèrent au roi que l'argent pro^*
venant de ces amendes fût appliqué à l'entretien de
Thôpital deGreéUMrich. La chainbre fit ensuite quelque^
nouveaux règlements pour le commerce d'Afrique, et*
présenta au roi uneadressesolennelle, où, en appelant
aoa attention sur la corruption des mœurs de cettci»
époque 9 elle le snpplioit d'enjoindre à. tous ses juges/
justiciers et magistrats de mettre en exécution les Jois, i
contre l'impiété et Timmoralité* GiuUaui|ie se mcKUtta^
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Bflturs.
370 HISTOIRE D'ANGLETÉRIlïr^
* *■' ; fort satisfait de C5ette démarche, promit de doniïér ïfflr'
^ ' uiédiatement les ordres les plus favorables à la réfor^
me des mœura, et téœoigoa son désir qu'A fut pri»
des précautions plus efficaces pour la suppression de
quelques livres impies^ contenant des doctrines contre
la trinité, doctrine» alors très i^épandues et qui étaient
le fruit de la licence et de la corruption de ce temps"»
Société Au milieu de ce» déplorables désordre»,, le docteur;
îéîbrme Thomas Bray, eccléstastique plein de aéle et d'activité ^
des forma un plan pour la propagation de Févangile dan»
les pays étrangers^ Des missionmaire» furent envoyé»
àêjaê le» eolonie» angloise» d^Amérique,. avec des caté*^
cfai$mes , des liturgies^ et autres Irvres destmés à Un*
struction du peuple. Ges louables efforts furent soute*
nus par une contribntion volontaire, et un biU ayant
été présenté à la ebankbre des cominvnes à TefTèt de
mieux connoître quels étoient le» bien» cfmsaerés à des^
usx'rges superstitieux , le docteur Bray demanda par une
pétition qu une partie de ces biens fut mise à part pour
servir à la propagation de la reKgion réformée dans le
Marylatid^ la Virginie et les Ues-sous-le-Vent. A-pei:^-
prè» ver» le même temps ,. il se forme son» le» auspice»
^t la prolcecion du roi , une société pour la réforme de»
m^urs. On Bt de» collectes considérables pour Penere»
ûea des ecelésiastiques qui feroient des lectures et de»
prière» à certaines heures ^ dans les lieux destinés ai»
euli;e publie,, et administreroient le sacrement tous le»
dimanche». Le» membres de celte société convinreni
d'instruire les magistrats de tous les désordres qui
vœndroient à leur eonnoissance, et d'employer lai par*
lie des amendes réservée par la loi aux dénonciateurs^
& former un fond» de charité. Les af&ire» de la »essioa
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étant termidéet) le 3 juilkt, Guillaume prorogea leâ " \yz "
chatnbres, après les avoir remerciées en peu de rapts
des témoignages d affection qu'elles lui avoient don-
Dés 9 et deux jours après Cette prorogation le parlement ,
fiit dissous»
Datisle mois de janvier, le comte de Portland^ nomtné, Le comtt
comme on a vu » ambassadeiir en ^France ^ étoit parti portî^^a
pour ce royaume ^ où il reçut des marques toutes par- résigne
ticulières de distinction. Il fit son entrée publique à 'piou/
Paris avec une magnificence qui étonna ^ dit-on, la
nation Françoise» Il intercéda pour les protestants de
cette nation, persécutés avec une nouvelle violence, il
proposa de reléguer le roi Jacques à Avignon , où Guil-*
Jaunie lui feroit une pension honorable. Mais ses te*
montrances sur ces deux points furent inutiles. On
croit néanmoins que Louis XIV, dans une conférence
particulière à Marly, lui communiqua le projet d'un
traité de partage des états espagnols. Le comte de Port*
land, à son retour en Angleterre , se trouvant tout-à-
fait éclipsé dans la faveur du roi par Keppel , nouvel-
lement créé comte d^Albemarle , se dégoûta de ses
emplois et les résigna. Le roi ne put le faire consentir
à reprendre aucune fonction dans sa maison; mais le
oomte de Portland promit de servir ce prince en toute
autre occasion , et fut bientôt après employé à négocier
1^ traité de partage. Si ce seigneur ne réussit point dans
c/e qui faisoit Tobjet de son ambassade à la cour de Ver-
sailles , les agentè de France ne furent pas plus heureux
dans leurs efforts pour rétablir le commerce avec les
Anglois , imerrompu par la guerre. I<es commissaireai
fraoçois , envoyés à Londres pour régler les relations
commerciales ei|tre les deux nations^ rencontrèrent
^4.
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/
3;» HisToiHE i^'anoleterhë^
^ d'insurmontables difficultés. Lé parlement* avoit iiM-^
^ogo- ^^ ^^^ j^ marchandises des droits très onéreux , dont
le revenu avoit élé d avance affecté à divers usages, et
les routes du commerce étoient entièrement changées.
Les négociants anglois foumissoient leur nation de
vins dltalie » d'Espagne , de Portugal', ainsi que de
toiles de Hollande et de ^lésie, et des manufactures de
papier y de chapeaux, d'étoffes et de soie a voient été
heureusement transportées en Angleterre par les réfu-
giés françois*
f .^ Le roi se Dans le même temps , une antre fermentation s'étbit
pTu ?avo- ^l^vée en Ecosse par l'opposition qu'avoit éprouvée la
vable à la nouvclle Compagnie; elle avoit employé en Angleterre ,
enîrïL. ^^ Hollande et à Hambourg , divers agents chargés de
€OMe. recevoir des souscriptions. Mais les spéculateurs an-^
glois avoient été intimidés par les mesures prises dans*
le parlement contre cette compagnie. D'un autre côté,
la compagnie hoUandoise des Indes orientales avoit pris
Talarme , et mis en œuvre tout son crédit pour empe-'
cher ses compatriotes de souscrire. Guillaume permit
même à son résident à Hambourg de remettre au sénat
de cette ville un mémoire contre la compagnie écos»
«(Hsé. Le parlement d'Ecosse ayant été assemblé par
le comte de Marchmond» commissaire du roi, la corn*
pagnie présenta des observations touchant la conduite
I . de la chambre des communes d'Angleterre à son égard ^
I et contre le mémoire remis au sénat dé Hambourg ,
pour désavouer Tacte du parlement et les lettres-pa-
tentes passées en sa faveur, et menacer les habitants de*
cette ville du ressentiment de Guillaume ^ dans le cas
où ils prendroient part à l'entreprise des Écossois. Ces
démarches , étoit-il dit dans ces observsitions^ avoient^
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GUILLAUME IH. 'i^i
arrêté les souscriptions en Angleterre et à Hambourg , — —
porté- le plus grand préjudice au crédit de la compa- ^^ *
gnie , tt faisoient craindre la ruine entière d une entre-
prise dans laquelle étoient engagées toutes les familles
considérables de la nation. Le parlement, prenaiit cette
affaire en considération, représenta à Guillaume, pat
une adresse, les dangers auxquels on venoit d'exposer
la compagnie , lui fit connoitre combien la nation en
général étoit intéressée dans cette entreprise, et le sup-^
plia dQ la soutenir par des oiesares efficaces. Cette
adresse fut suivie d'une requête de la compagnie elle-
même , qui prioit le roi de ne point s'opposer à ce* que
les habitants de Hambourg renouvelassent les souscrip-
tions qu'ils avoient retirées , de mettre à sa disposi-
tion deux petites frégates qui étoient restées inutiles
dans le port de Bumt-Island, et de la dédommager des
obstacles qu'elle avoit éprouvés en lui continuant ses
privilèges et immunités pour tout le temps qu'il jugeroit
convenable. Le commissaire , quoique entièrement dé-
voué au roi qui avoit résolu de ruiner cette compagnie ,
ne pot apaiser le ressentiment de la nation écossois^^
et l'animosité du parlement devint si violente qu'il fut
obligé de l'ajourner au 5 novembre. Dans eetintervalleii
les directeurs de la compagnie, instruits par leur agent
de Hambourg que l'adresse du parlement et leur propre
pétition n'a voient produit aucun effet, écrivirent au
lord Seafield , secrétaire-d'état , une lettre de plaintes ,
lui Élisant observer qu'ils avoient reçu l'assurance réi-
térée que le roi , d'après leur requête , avoit donné des
ordres à son résident à Hambourg, et sollicitant sott
intervention pour qu'il fùt rendu justice àla compa-
gnie. Le ministre I dans sa réponse » promit de saisir U
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1698.
374 HISTOIAE D'ANGLETERRE.
' première occasion favorable de recomihanëer cette af«-
faire à sa majesté ; mais il ajouta que cette occasion ne
pouvoit se présenter de quelque temps , le roi se troa<»
vant absorbé par des occupations fort importantes;
Cette réponse ne parut aux directeurs que ce qu'elle
était y c]fs§t"à-dire une pure défaite, et ne contribua pas
peu à aliéner lesprit du peuple écossois de la personne
et du gouvernement du roi.
lls'embar. Guillaume méditoit alors un projet de là plus haute
^r* hT*^ ^P^'^^^^^® pour les intérêts de l'Europe, concernant
lande, la succession du trône d'Espagne , qui ne pouvoit tarder
à être vacant par la mort de Charles II, dont le dépéris^
sèment devenoit de jour en jour plus rapide. Ce prince
avoit été naguère à Fextrémité , et la nouvelle de son état
n'étoit pas plus tôt parvenue en France, que Louis XIV
avoit envoyé une flotte vers Cadix , avec ordre d inter*^
çepter les galions , dans le cas où le roi d'Espagne
mourroit avant qu'ils fussent de retour. Guillaume en-
vo^'a une autre flotte pour les protéger ; mais elle ar-
riva trop tard , et les galions seroient tombés entre les
mains des François , si le roi Charles n'étoit relevé de
cette maladie , à la grande surprise de ses sujets. Mal*
gré ce bonheur inattendu , la santé de ce prince demeura
si foible et si chancelante, qu'on appréhendoit à chaque
instant une rechute. A la fin de juillet , Guillaume ^'em-
barqua, pour la Hollande, sous prétexte de donner un
peu d^ relâche à son application aux affaires, ce que
senjibloit exiger .sa constitution. Il étoit bien aise de
s absenter quelque. temps d'un pays où il avoit éprouvé
tant d'oppositions et tant de chagrins. Mais le motif
réel de son voyage étoit le dessein de traiter avec le roi
de France , loin des yeux qui auroient pu pénétrer
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GUILLAUME ni. 37S
r<»bjet de cette négociation. Il avoit établi une régence — —
pour gouverner le royaume jusqu'à son retour ; le comte * ^ '
de Marlborough, qui étoit rentré en grâce , et avoit été
nommé gouverneur du duc de Glocester, en fais(Ht
partie. A son départ , Guillaume avoit laissé au minis-
tère des ordres cachetés pour qu'on gardât seize mille
hommes de troupes » nonobstant le vote des communes ,
quiavoient fixé à dix mille le nombre de celles qu on
devoit conserver. U motivoit ces ordres sur rappréhen«-
sion des troubles qui pourroient s'élever à la mort dn
roi d'Espagne, et il espéroit que le nouveau parlement
seroit plus favorable. Ses ennemis tirèrent avantage de
c^te circonstance pour déprimer de nouveau son ca^
ractère aux yeux de ses sujets.
Après avoir assisté à l'assemblée des états-généraux, Premier
et donné audience à divers ambassadeurs à La Haye^ palt^j^et
Guillaume se rendît à sa maison de Loo, aocompagné
des comtes d'Ëssex^ de Portland et de Selkirlu U y fui
visité par le comte de Taliard , ministre de France ,. qui
avoit des instructions pour négocier le traité concernant
la succession d'£spagne. Par ses ordres, le comte dé
Portland avoit communiqué au secrétair&d'état V^non
les principales conditions que proposoit le roi de France^
et Guillaume écrivit lui-même au lord-chancelier So-
naers pour lui demander son avis sur ces propositions^
et des pleins-pouvoirs sous le grand-sceou: avec des es^
paces^n blanc qui seroient remplis suiiv^ant l'occasion,
afin que le traité pût être commencé immédiatement
avec le comte de Taliard; il lui recommandoit en même
temps le secret. Le duc de Shrewsbury et M. Montague
reçurent communication de la lettre du comte de Port*
land , et tinrent conseil avec le chancelier et M. Vemoa
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376 fiISTOI&£ D*AVGLEtERRC.
'■'■ 8ur ce qui en faisoit Tobjet. Lechancdier répondit aiî
'^ Toi en lui adressant le résultat de cette délibération.
IVfais avant Tarrivée de cette réponse, le traité de par-
tage étoit déjà signé par le comte de Portland et sir
Joseph VilliamsoD. Les puissances cpntractantes con-
vinrent que, si le roi d'Espagne mouroit sans postérité,
le royaume de Naples et de Sicile, avec les dépendances
àe la monarohie espagnole sur les côtes de Toscane ou
" dans les îles adjacentes, le marquisat de Finale, la {iro-
: TÎnce de Guipuscoa , toutes les places des Pyrénées
du côté de là France, ou toute la partie des montagnes
de la Navarre , d'Âlve et de la Biscaye, située de Fautre
côté de la province de Guipuscoa, ainsi que tous les
vaisseaux et bâtiments , seroient le partage du dauphin
de France, en considération de son droit à la cou*
ronne d'Espagne; que cette couronne , avec toutes ses
autres dépendances, passerait au prince électoral de
Bavière , sons la tutéle de son père , et le duché de Milan
à Tarcfaiduc Charles, second fils de l'empereur ; que ce
, traité serait communiqué à Tempereur et à l'électeur de
&vière par le roi d'Angleterre et les étafs-généra^x;
que si l'Un ou l'autre refîisoit d'acquiescer à ces ari^n*
gements, la part qui lui seroit échue demeurerbit en
séquestre jusqu'à ce que un accommodement vint ter*
miner tonte contestation ; que dans le cas où le prince
électoral de Bavière viendroit à mourir avant son père,
l'électeur et ses héritiers lui succéderaient dans les états
qui lui étoient assignés ; et que si l'archiduc refus<Ht
le duché de Milan, ce duché seroit mis en séquestre,
et gouverné par le prince de Vaudemont. Il est néces*
saire d'observer que Philippe IV, père du roi d'Espagne
alors régnant, avoit, par son testament ^ appdlé à la
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GtriLLAHMLE ITL . 377
couronne les enfants de l'empereur; que le daruphin
étoit fils de Marie-Thérèse, fille du même Philippe IV^ * *
que Louis XIV avoit solennellement renonce au droit
de sa famille à cette succession , et que le prince élèc-*
tovâl de Bavière étoit petit-fils d une infente d^Espagne.
Ce traité de partage, d'après lequel on devoit démem-
brer un royaume sans son aveu, étoit sans contredit
UQ monunîelit d'injustice et d'arbitraire; qui blessoit
toutes les lois divines et humaines. ' '
Pendant que Guillaume, flatté d'être pris en quelque IntHgnp*
sorte pour arbitre des intérêts de l'Europe dans cette i^ Francs
négociation , se laissoit ainsi amuser par la politique ^ l» co*»
de Louis XIV, Fambassadeur, de ce dernier à Madrid ifadrid.
ne perdoit pas son temps. La reine d'Espagne, soup-
çonnant les desseins de la cour de France, employa tout
son crédit en faveur du roi des Romains, dont elle étoit
proche parente. Elle renouvela le conseil, donna le
{gouvernement de Milan au prince de Vaudemont, et
le prince de. Hesse-d'Armstadt fut établi dans Jà vice-
royauté de CSatalogne. Tous ses efforts ne purent em-
pêcher le ministre de France d'acquérir quelque in- •
fluence dans les conseils d'Espagne. Suivant ses instruc-
tions, il devoit ménager la succession de la couronne
à l'un des fils du dauphin, ou au moins faire en sorte
qu'elle ne passât point aux enfants de l'empereur. Son
maître, voulant donner du poids à la négociation, fit
avancer une armée de soixante mille hommes vers le&
frontières de Catalogne et de Navarre, tandis qu'un
grand nombre de vaisseaux et de galères croisoient
le long de la côte, ou même entroiefit dans les ports
d'Espagne. Harcourt commença dès-lors à former son
parti ; il représenta que Philippe IV n*avoit pas en le
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378 HISTOiRE D^ANGLETBARE*
pouvoir Je disposer de sa couronne contre les lois de
^ '- la nature et la constitution du royaume; qu'en suivant
Tordre naturel de la succession, le trône devoit passer
aux enfants de sa fille, p^r préférence à des parents
plus éloignés; que si les Espagnols vouloient se décla-
rer en feveur du duc d'Anjou, second fils du dauphin,
ils pourroient le former aux mœurs et aux coutumes
de leur pays. Voyant quWnegoûtoitpas sa proposi-
tion, il assura que son maître approuveroit Félévation
du prince électoral de Bavière au trône, plutôt que d'y
laisser monter un fils de Tempereur, Il fit même enten-
dre que si les Espagnols vouloient se choisir un souve-
rain parmi eux, ils pourroient compter sur la protec-
tion de sa majesté très chrétienne, dont le but étoit
uniqu^nent d'empêcher la maison d'Autriche de deve-
nir trop formidable aux libertés de l'Europe. La reine ,
ayant découvert les menées de ce ministre , emmena le
roi à Tolède, sous prétexte que Tair de Madrid étoit
nuisible à sa santé. Harcourt. prit aussitôt.ralarme; il
jugea qu elle avoit le dessein de s'emparer de l'esprit
de «on mari dans cette retraite, et de lui faire ratifier le
testamept de son père; il n'en douta plus quand il ap-
prit que le comte de Uarrach, ambassadeur de Tempe-,
reur , s'étoit rendu secrètement h Tolède. Il s'y rendit
Im-méme, alléguant qu'il avoit reçu un mémoire du
roi son maître avec l'ordre de ne Te confier qu'au roi.
On lui répondit que le département des affaires étran-
gères à Madrid étoit confié au cardinal de CoFdoue , et
que la santé du roi lui interdisoit toute occupation sé-
rieuse. Parle mémoire en question, la France offroit
des troupes pour faire lever le siège de Ceuta, en
Barbarie , que les Maures avoient entrepris depuis pcn«
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CUILLAUME IIÏ. 379
On éluda cette proposition , mats Harcourt ne se rebuta *
pas. De retour à Madrid, il redoubla d'efforts et parvint
à engager le cardinal de Portocarrerb dans les intérêts
de son maître. Louis XIV concluoit alors urie alliancf
avec la Suéde, sous prétexte d entretenir la paix par tous
les moyens qui seroient jugés les plus convenables. Au
milieu de tous ces événements, Guillaume mettoit tout en
œuvre pour terminer la guerre de Hongrie, dont le fléau
duroit depuis «quinze ans. Lord Paget et M. Colliers,
aoibassadeurs d'Angleterre et de Hollande, arrivèrent
au camp des Turcs près de Belgrade, vers le milieu
du mois daoût, et des conférences s'étant ouvertes
sous leur médiation, la paix de Garlowitz fut signée
le 36 janvier. Ce traité maintenoit Tempereur en pos<»
session de toutes ses conquêtes, rendoit Càminieck à
la Pologne , cédoit la Morée et plusieurs forts de la Dal-f
matie aux Vénitiens, et laissoit Azoph au pouvoir du
czar de Moscovie, pendant une trêve de deux ans;
conditions qui privoient la Turquie d'une grande partie
de ses états d'Europe. Le cardinal primat de Pe^ogne^
qui avoit vivement soutenu les intérêts du prince de
Conti, se décida enfin à reconnoltre Auguste; et les
troubles de Lithuanie étant apaisés 1 la paix se trouva
rétablie dans toute la chrétienté.
Au commencement de décembre, Guillaume fut dé
retour en Angleterre, où un nouveau parlement avoit
été élu et ensuite prorogé à cause de 1 absence du aouve^
rain, que les vents contraires avoient retenu quelque
temps. Le ministère ne s'étoit pas donné beaucoup dé
peine pour influer sur les élections; elles étoienttem-*
bées en général sur des hommes partisans, il est vrai^
des principes de la révolution^ mais qui ne paroissoient
ib^a
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38ô HISTÔIBE D'ANGLETERRE.'
pas fort dévoués à la personne du roi. Cependant le
^ ' choix qu'ils firent de sir Thomas Lyttleton pour ora-
teur, sembloit présager une session favorable au mi-
nistère. Les deux chambres s'assemblèrent le 6 décem-
bre. Guillaume, dans son discours d'ouverture, leur
Jit que des forces qu'elles croiroient devoir entretenir
sur terre et sur mer, dépendoient en grande partie la
sûreté, Thonneur et la prospérité du royaume ; il témoi-
gna le désir qu'elles hâtassent Fextinctien de la dette
nationale, et prissent les mesures les plus promptes
pour occuper les indigents, encourager le commerce et
réformer les mœurs. La chambre des communes de ce
nouveau parlement fut tellement irritée de voir que le
roi vonloit entretenir un plus grand nombre de troupes
qu'il n'avoit été voté par la chambre précédente, qu'elle
résolut de lui faire sentir son mécontentement. Elle
s'abstint de le complimenter par l'adresse d'usage , vota
le licenciement de toutes les troupes à la solde de T-An-
l^eterre au-delà de sept mille hommes, la réduction
de celles d'Iiiande à douze mille hommes, et décidai
que les sujets naturels de sa majesté pouvoient seul^
faire partie des troupes conservées. Ces diverses réso-
lutions furent l'objet d'un bill qu'on soutint avec unt9
extrême chaleur, au grand chagrin de Guillaume, qui
fut profondément sensible à cet affront , et ne put voir
sur-tout sans une peine amère qu'on voulût l'empêcher
de cmuserver ses gardes hoUandoiâes et les régiments
de François réfugiés , auxquels il tenoit beaucoup. Avant
l'ouverture du parlement, les ministres lui avoient dé-
claré qu'ils pouvoient obtenir un vote pour dix ou
douze millç hommes, mais qu'ils ne se chàrgeoient
point d'en feire consentir un plus grand nombre. Mé-
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b,y Google
GUILLAUME III* 3Sl
content de cette réserve, il avoit répondu qu'il vaudroit *'■'
autant licencier toutes les troupes , que d'en garder une *^ *
si foible quantité; Les niinistres ne voulurent point ex-
poser leur crédit en proposant d'en entretenir davan-
tage, et n'ayant reçu aucune instruction à ce sujet, ils
gardèrent le silence , lorsque ce point fut débattu à la
chambre des communes.
Guillaume fut si indigné de la ccmduite des ministres^:
et du parlement, qu'il menaça d'abandonner le gouver-
nement, et il écrivit même dans cette intention un dis-
coursqii'il devoit prononcer aux deux chambres; mais
ses ministres et ses conseillers intimes parvinrent à le
détourner d'un tel dessein , et le déterminèrent à sanc-
tionner le bili qui l'avoit si vivement offensé. Lorsque
ce bill fût en -état de recevoir la sanction royale, Guil-
laume se rendit à la chambré des pairs , y manda les
communes, et leur dit que, quoique on en eût mal usé
à son égard en voulant le priver de ses gardes, qui
Tavoient constamment accompagné, cependant comme
il étoit persuadé que rien ne pouvoit être plus funeste
à la nation que la mésintelligence entre le souverain et
le paji^ement, il venoit passer le bill, conformément à
leurs désirs. En même temps , afin de justifier la répu-
gnance qu'il, avoit manifestée pour cette démarclrè, il
leur déclara qu'à ses yeux la nation dégarnie de troupes
seroit trop exposée ; et qu'il régardoit comme un devoir
pour elles de pourvoir:à la sûreté du royaume par l'en-
tretic^^de forces nécessaires. Les communes le remer-
cièrent, par une adresse, de sa condescendance aux
désirs du parlement, l'assurèrent que jamais elles ne*
lui donneroient lieu de penser qu'elles manquassent
pour lui d'attach«ment et de respect, et qu'en toute
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383 HISTOIRE D*ANCL£T£Rfi£4
' occasion il les trouveroit disposées à le soutenir contra
^^^* tous ses ennemis , quels quHls pussent être. Les lords
présentèrent une adresse dans le même esprit, et Giiil-
laume assura les deux chambres qu'il n'aFVoit aucua
doute sur leurs sentiments. Aussitôt après il donna se»
ordres pour la réduction de Tarmée à sept mille hommes^
qui seroient entretenus en Angleterre sous le nom de
gardes et de garnisons, et croyant les communes adou-
cies, il voulut tenter un dernier effort en faveur de ses
gardes hollandoises, dont il ne pouvoit se séparer sans
des regrets amers. Lord Banelagh fut envoyé à la cham-
bre avec un message par lequel Guillaume informoit les
communes que tout étoit prêt pour le transport de»
gardes qui Tavoient suivi en Angleterre ^ et que ce corps
s*embarqueroit immédiatement , à moins qne , par con*
sidération pour lui , la chambre ne fût disposée à trou--
ver quelque moyen de continuer leur service; ce quil
verroit avec beaucoup de satisfaction. Loin de céder à
ses désirs, les communes lui présentèrent une adresse
où elles témoîgnoient leur surprise de ce qu'il leur pro-
posoit une chose qui ne s^accorderoit point avec cette
constitution qu'il étoit venu rétablir, et pour le iKain-
tien de laquelle il avoit exposé si souvent sa personne
sacrée ; elles lui rappeloient la déclaration par laquelle
il avoit promis le renvoi de toutes les troupes étran*
gères; observoient que d'une entière confiance entre
le peuple et son roi dépendoit la félicité de Tun et de
l'autre; et que rien netoit plus propre* à produire cette
confiance que de laisser la garde de sa personne à ses
pix>pres sujets, qui av(|îent soutenu avec tantd'hou'
iieur et de constance une ffu&te longue et dispendieuse.
Les communes reçurent u^e réponse gracieuse; mais.
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1698.
ÔVILtàÙME Ilf. 383
lôUes restèrent fermes dans leur résolution; le roi fut
contraint d^ acquiescer, et les gardes hollandoises fu-
rent transportées dans leur pays. Une aussi forte oppo-
sition pour une affaire si peu importante , étoit plutôt
de Topiniâtreté que du patriotisme. Ad milieu de tous
leurs beaux témoignages d'attachement pour Guillaume,
les communes partageoient un préjugé national contre
ce prince et tous les étrangers à son service. Dans cette
même chambre des communes, on s*exprimoit sur son
c^ompte avec fort peu de respect. On y suggéroit qu'il
n'avoit jamais eu pour le peuple anglois ni penchant
ni confiance, qu'il traitoit les naturels avec la réserve
la plus rebutante, et choisissoit ses confidents parmi
les étrangers qui Tentouroient; qu'après chaque session
îl s'échappoit du royaume pour aller s'égayer avec quel-
ques favoris. Il est vrai que ces suggestions étoient fon*
dées : Guillaume étoit extrêmement dégoûté des Anglois,
qu'il regardoit comme une nation méchante, ingrate et
peu raisonnable, et il ne prénoit pas beaucoup de peine
pour déguiser ses sentiments.
Les communes, avant ainsi obtenu la dissolution de /<*«•««•
** ^ des com*
Farmée, votèrent quinze mille hommes de mer avec muoe»
une flotte proportionnée à ce nombre, pour la sûreté
du royaume, et un million quatre èent quatre-vingt-
quatre mille livres sterling pour le service de Tannée;
somme qtie devoit produire une taxe de trois schellings
par livre sterling sur le revenu des terres, les biens per-
sonnels, les pensions et les emplois. Un grand nombre
dd prêtres et de catholiques romains, que la peur avoir
chassés de Londres à l'époque de la dernière révolu-
tion, rassturés par le traité de Ryswick, se montrèrent
dans cette ville et à Westminster, avec une confiance
au roi.
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384 HISTOIRE 0^AN6LETER«[£.
- remarquable. Les ennemis du gouvernement firent cdtir
*^^* rir le bruit que ce traité contenoit un article secret en
faveur de ceux qui professoient cette religion. Quel-*
ques uns même ne se firent pas scmpcile d'insinuer
que Guillaume étqit papiste au fond du cœur. Lès com«
munes, effrayées du nombre et de la hardiesse des ca-
tholiques, firent une adresse au roi pour le prier d'éloi-
gner de Londres et des lieux circon voisins les papistes
et les nqn-assermentésy et de déjouer tous les projets
qu'ils pouvoient former eu faisant exécuter les lois por«
tées contre eux* Conformément à cette requête^ le roi
fit publier une proclamation à ^laquelle les papistes
n'eurent pas beaucoup d'égard ; mais , dans la session
suivante, une loi remarquable fut portée contre eux^
Vers le même temps, les membres de l'ancienne compa^
gnie des Indes orientales demandèrent, par une péti*'
tion à la chambre^basse, que leur corporation pût sub«
sister jusqu'à l'expiration du terme de viugt-un ans,fix4
par la charte royale ^ que le paiement de cinq livres
Sterling pour cent, prescrit par le dernier acte relatif
au commerce des Indes orientales, fût réglé de manière
à ne pas devenir un fardeau pour les pétitionnaires, et
qu'on s'occupât des moyens de venir à leur secours et
de protéger le commerce des Indes (mentales. Il fut
proposé un bill sur ce qui faisoit l'objet de cette péti-
tion ; mais à la seconde lecture on Je rejeta. Le mécon-^
tentement en étoit venu au point que quelques membres
ne craignoient pas d'avancer qu'ils n'étoient pas tenu»
de maintenir les actes du parlement précédent; et^
d'après cette maxime, ils proposèrent de rapporter^
l'acte que ce parlement avoit passé en faveur de la nou»
velle compagnie; mais une telle mesure étoit d'une.
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ÛtJItLAUMS lit* 385
trop dangereuse conséquence à Fégard du crédit pu* — i-^— •
blic pour être adoptée. ^ *
Cet esprit d'inquiétude « que ne pouvoient satisfieiire
les sacrifices de Guillaume, fit entreprendre ^ sur Fad^
ministration des affaires, navales, une enquête où Ion
avoit en vue le comte d'Orford, dont le pouvoir iaisoit
ombrage, et dont les richesses excitoient Tenvie. ^
remplissoit à-la*fois le poste de trésorier de la manne >
et celui de lord-commissaire de l'amirauté, et sembloit
avoir oublié de quelle condition il étoit parvenu à cette
haute fortune. Les communes présentèrent une adressa
sur quelques abus peu importants dans Tadministra"
tion de la marine, et le comte fut assez prudent pour
prévenir des poursuites plus graves en résignant ses
emplois. Le 4 mai le roi ferma la session, en se plai*
gnant qu'on eût négligé plusieurs points qi^il avoit re-
commandés à l'attention des chambres, et le parlement
fut prorogé au premier juin (i).
Peu de temps après cette prorogation, Guillaume
nomma une régence, et le a juin il s'embarqua pour
la Hollande*
Rien d'important ne s'étoit passé en Irlande; le par-* La com-
lement de ce royaume vota cent vingt mille livres sterL c^Ecduo
à lever sur les terres, fermes et héritages, pour.sub* forme un
w > . . 17 • j j établisse»
venir aux dépenses quexigeoit 1 entretien de douze jneot
mille hommes, nombre fixé par les communes d^Ân- ,,^^^*
de
(i) A-pett-ptès vers ce temps, Villers, comte de Jersey, ^tii ovoit **^^^^^
été en ambassade à la cour de France , fat nomm^ secrétaire-dVtat
à la place du dac de Shrewsbucy, qui fiit fait lord-chambellan ; le
comte de Manchester fut envoyé comme ambassadeur extraordi«
naire en France; le comte de Pembroke fut nommé lord-président
du conseil , et le lord vicomte Lonsdale ^ (jarde du sceau privé*
11. aS
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31^6 HISTOIRE ïi AV<ihttEKÎit.
■■■ gleterre. L'assetoWéc £ut ensuite prorogée. ItC duc de
**^^' Bolton, les comtes de Berkeley et Galway furent nom-
mes lords-justiciers d'Iiiande. Cependant le» nuirmures
des Écossoîs angmentoient de plus en plus centre le
ministère y qui ayoît désavoué leur compagnie , et ren-
versé en grande partie^ une entreprise dont ils s^étoienC
promis tant de richesses, «Malgré les coups <}u^on loi
avok pcMTtéSt celte compagnie avoit mis en naer deux
des plus {prands vaisseaux qui eussent encore été con-
struits à Hambourg pour le service des Écossois. Ih
avotent à bord une cargaison pour le commerce, aver
c[uelque art^erie et des munitions ; les aventuriers , au
nombre de douze cenis, s'étoient embarqués au. détroit
d'Edimbourg le 17 juillet de Faimée pxécédente , avec
quelques allèges. Us chargèrent à Madère une provi-
sion de vii^, et firent ensuite voile vers Ttle de Grab,
dan» le voisinage de Saint-Thomas. Leur dessein étoit
, de prendre possession. de cette petite lie; mais, lors-
qu'ils entrèrent dans la rade, ils aperçurent le pavillon
danois^ avec une grande tente dressée sur le* rivage.
Voyant qu'ils avoient été prévenus , ils se dirigèrent vers
la côte ds Tisthme de Darien> où^ ils traitèrent avec les
naturels pour l'établissement d'une colonie ; et se met-
tant aussitèt en possession du terrain,, auquel ils don-
nèrent le nom de Calédonie , ils commencèrent à exécu-
ter le plan qu'ils avoient f<M*mé d^élever une ville sous
le nom de Nouvelle-Edimbourg, et furent dirigés dans
cette entreprise par leur oonseil, composé de Paterson,
auteur du plan, et de six autres directeurs» Ils n'eurent
pas plus tôt achevé leur établissement qu'ils adressè-
rent au roi un exposé de leur conduite. Ils prétendoiait
avoir re^ avis que les François vouloient former un
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iélablissédoiênt sur cette côte, et représentoiént leur co- — — — —
lonie Comme le meilleur moyen de prévenir lés dan* ^"9^
^ereuses conséquences <];uauroit pu avoir pour les états
de sa majesté Texécution d'un tel projet. Ils témoi-
^noient au roi leur recotinoissance de ce qu^il avoit
d'abord fait pour eut, en leur accordant les privilèges
sur lesquels étoit fondée Texisteiice de leur compagnie^
et le suppUoient de leur continuer sa protection, quHls
4[;royoient avoir méritée ^ en se conformant avec exac«
titude aux conditions portées par l'acte du parlement
iet les lettres-^patentes qu'ils avoient .obtenues*
Mais le roi étoit résolu à lés traverser en toute^lna'*
nière. Ayant appris qu'ils avoient perdu la plus grande
partie de leurs provisions avant de mettre à la voile
d'Ecosse, et jugeant qu'ils seroient réduits ià l'état le
plus malheureux s'ils n'étoient secourus pal* les colo-
nies angloises, il envoya ordre aux gouverneurs de la
Jamaïque et aux autres établissements anglois en Amé-
rique, de défendre, sous les peines les plus sévères ^
qu'on entretint aucune correspondance ayec la compa«
gaie écossoise^ et qu'on la secourût en aucune manière
de munitions, d'armes et de provisions, sous prétexte
qu'elle ne lui avoit pas communiqué son prcrjet, et
qu'en peuplant Darien elle avoit violé la paix subsis^
tante entre lui et ses alliés. Il est vrai que rétabli&se?*
ment de cette colonie étoit une espèce d'usurpation sur
les Espagnols, en ce qu'elle auroit commandé le pas*
sage entre Porto*Bello et Panama, et divisé leurs pos-
sessions américaines. Le roi de France» se plaignit de
cette invasion , et offrit à la cour de Madrid une flotte
pour chasser ces interlopes. Colonna, marquis de Ca-
nales, ambassadeur d'Espagne à la cour de Londres,
25.
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388 HISTOÏAB: D^iNClEtÈRRÉ.
' , remit à Guillaume des observations contre Cet étrang»
' établissement, qu'il représenta comme une in&action
injurieuse à TalKance qui existoit entre les deux cou-
ronnes y déclarant que son maître prendroit toutes les
nèesures qu'exigeoit un pareil acte d'hostilité. Les Écos«-
sois soutinrent que les naturels de Darien étoient un
peuple libre que les Espagnols avoient inutilement youlu
assujettir ; qu'ainsi ou ne pouvoit leur contester l^e droit
de disposer de leurs terres, dont une partie avoît été
achetée au prix convenable par la cdmpagnie ; mais un
motif plus puissant que les plaintes de la cour d'Es*
pagne fut la jalousie des négociants et des planteur»
anglois, et c'est à cette jalousie que la colonie fut sa-
crifiée. Darien étoit , disoit-on , un pays abondant en or,
qui auroit en peu de temps enrichi les aventuriers. Les
Écossois passoient pour des hommes entreprenants et
obstinés; et l'étabHssement qu'ils avoient formé près
de l'ile d'Or avoit déjà été déclaré port libre. L'Angle-
terre craignoit que ses planteurs ne fussent attirés dans
la nouvelle colonie par l'appât de l'or et par l'espoir d'y
piller les Espagnols ; que les boucaniers n'en lissent
leur principale résidence ; que les plantations angloises
De fussent abandonnées ; que Darien ne devint une es-
pèce d'Alger, et que cet établissement n'amenât avec
l'Espagne' une rupture dont elle pourroit profiter pour
confisquer les propriétés angloises dans ce royaume.
On assuroit aussi que les HoUandois, voyant d'un œil
jaloux une compagnie qui pouvoit un jour entrer en
concurrence avec eux pour le commerce illicite des
mers d'Espagne, avoient excité le roi contre la nouvelle
colonie, qu'il abandonna à son sort, nonobstant les
pétitions réitérées et les remontrances des fondateur».
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CUILLAUME .111. 389
lia £uimiDe força les colons de quitter Darien ; on y '. —
en envoya de nouveaux d'Ecosse, avec des bâtiments '^
chargés de provisions : mais un de ces bâtiments ayant
été brûlé par accident , lés nouveaux colons abandon-
nèrent Tisthme. Il en arriva d'autres qui, mieux pour->
vus que leurs prédécesseurs , auroient pu s'y maintenir.
Malheureusement la division se mit parmi eux, et fit
avorter tous leurs projets. Les Espagnols s'éta'nt avandis
pour les attaquer, Us demandèrent et obtinrent une ca-
pitulation, en vertu de laquelle il leur fût permiis de se
retirer. Ainsi s'évanouirent toutes les belles espérances
de là nation écossoise, qui s'étoit engagée dans cette
entreprise avec une ardeur incroyable, et y avoit même
employé une plus forte somme d'argent qu'elle n'en
avoit hasardé dans aucune autre occasion. Non seule-
ment les Écossois étoient complètement déconcertés
dans leurs calculs de gain et de richesse , mais la ruine
de l'entreprise ent'raina celle d'un grand nombre de fa-i
nAilles ; et ce malheur fut uniquement imputé à la con-^
duite du roi Guillaume. Tout le royaume parut éTevey .. ,
la voix pour l'accuser de duplicité, d'inhumanité et sur^
tout d'ingratitude envers un peuple qui avoit soutenu
son gouvernement de son sang et de ses trésors ; et si
les forces des Écossais eussent été égales à leur ani^
mosité, il y auroit eu vraisemblableiùent une révolte.
Cependant Guillaume ste récréoit à Loo , où il fut B^moa
visité parle duc de Z,ell , avec lequel il avoit long-temps deîrooui
vécu daiis l'intimité. Durant son séjour en ce lieu , le d'Esp»
comte de Portland et le grand pensionnaire de Hollande
eurent de fréquentes conférences avec le comte de Tal-
lard, ambassadeur françois, sur la succession d'Es-
pagne, Le premier plan de partage ayant été dérangé
giie.
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SgO HISTOIRE D*ANGLETeRRE.
- par la mort du jeune prince de Bavière , ils crurent
' ^ ' nécessaire d^en concerter un autre, et ils entamèrent
à ce sujet une négociation particulière. La cour d'Es^
pagne, informée de leurs vues, témoigna à M. Stha^
nope, ministre d'Angleterre à Madrid , tout son res-
sentiment d^une pareille conduite , jusqu'alors sans
exemple , et demanda qu'on mit fin à toutes ces intri^
gûes , attendu que le roi d'Espagne prendroit lui-^même
toutes les mesures convenables pour garantir la tran*
quillité du royaume, dans le cas où il viendroit à mou<*
rir sans enfants; Les mêmes réprésentations furent
^ites aux ministres de France et de Hollande, Le mar-»
quis de Canales ,, ambassadeur d'Espagne à Londres,^
remit sur cette affaire aux lords*-jtisticiers un mémoire
conçu dans les termes les plus virulents, et dans lequel
il en appeloit au parlement de la conduite du roi. Cet
Espagnol étoit bien aise de trouver cette occasion d'în-»
sulter Guillaume, qui le haïssoit personnellement j et
lui ayoit défendu de paroître à sa cour, par la raison
qu'il étoit resté couvert en sa présence. La régence
îi'eut pas plus tôt communiqué ce mémoire au roi, qu'il
enjoignit ^ Tambassadeur de sortir en huit jours du
royaume et de se tenir renfermé chez lui jusqu'à son
départ. Il lui fut en même temps signifié qu'on ne re^
cevroit aucun écrit de lui ou des personnes attachées h
son service. M, Sthanope eut ordre de porter ses plain-
tes à IVfadrid de l'affront fait à son maître, affront qu'il
représenta comme upe insolente et audacieuse tenta-
tive pour exciter une sédition dans le royaume, La cour
d'Espagne justifia la conduite de son ministre, et enjoi-r
gnit à son tour à M. Slhanopede sortir deses états. L'am«
bassadeur d'Espagne en Hollaiide, dom BçrnardQ d§
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GUILLAUME lit. 891
Guiros , avoit rédigé sur le même sujet un méàioîre *
adressé aux étatsrgénéraux^ <jtti re&sèreiït de le rece- ' ^
voir. Cet incident n'interrooip^ point la négociation ,
et Louis XIV y mit un tel empressement qu'il se plai^
gnit de Guillaume , comme n'ayant pas emj^oyé tout
son crédit auprès des HoUandois pour les porter à
donner leur accession aux articles convenus entre la
France et TAngleterre^ Mais Ouillaume trouva moyen
de dissiper cette espèce de d^ance.
Vers le milieu d'octobre ce prince revint ^^ Angle- Les com-
terre, et dom[ia au duc de Shrîewsbttry la place de ^"^gl
chambellan, vacante par la démis^çm de Sudderland: tent dans
M. Montague résigna dans le même temps sa place au golutlonsl
conseil de la trésorerie -et celle de chancelier de Téchi-
quier , soit qu il prévit que la chambre des communes^
qui s'étoit séparée avec des marques de mécontente^
ment, seroit intraitable, soit qu'il appréhendât que ses
ennemis n'eussent assez de crédit auprès d'elle pour
faire déclarer ces deux places incompatibles. La session
s'ouvrit le 16 novembre, et Guillaume, dans un long
discours, exhorta les chambres à pourvoir à la sûreté
du royauiùe sur mer et sur terre , à s'occuper de la ré-
paration des vaisseaux et des fortifications , à combler
le déficit des , fonds précédemment votés f et à ne rien
négliger pour éteindre la dette nationale. Il leur recom^
manda de prendre dès mesures vigoureuses pour em-
pêcher et punir le commerce illégal et clandestin , et
de chercher les moyens de donner du travail aux pau-
vres , qui étoient devenus un fiirdeàu pour le royaume.
Il leur assura que l'objet de tous ses efforts seroit d en-
courager la vertu et d'extirper, le vice, et qu'il n*étioit
point d'obstacles et de dangers qui pussent ïe rebuten,
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393 MISTOIRE D'ANGLETERRE.
' - toutes les fois qu'il- s agiroit du bien de ses sujets, il
^ ^ teriuiua par ces mots : «Puisque notre but commua^
« est le bieo général , agissons les uns et les autres avec
« une confiance réciproque , ce qui ^.avec le secours de
«Dieu, ne peut manquer de faire de moi un prince
« heureux , et de vous une nation grande et florissante . »
Mais les .communes n'étoient pas revenues de leur
mécontentement y et quoique leur colère n eiit point été
provoquée, elles résolurent de mortifier Guillaume par
leurs procédés. Elles affectèrent de donner une inter-
prétation odieuse à ces roots, certes bien innocents :
ngissons les uns et les autres a\fecvne confiance réciprotpw^
Au lieu d'une adresse de remerciement suivant lusage ,
elles présentèrent une remontrance chagrine pour se
plaindre des ombrages et de la défiance qu'elles parois-
soient inspirer au roi , malgré leur fidéUté et leur atta-
chement à leurs devoiris , et demandèrent qu'il fit sentir
son indignation à tous ceux qui avoient osé lui présenter
leur conduite sous des couleurs défavorables. Il répon-
dit que persbnne ne s'étoit jamais permis rien de sem-
blable , et qu'il traiteroit comme son plus grand ennemi
quiconque entreprendrpit de les calomnier auprès de
lui. . ,
Bnqnétft X^a chambf 6 n'étoit pas d'humeur à se laisser apaiser
pëdition P^** ^^^ assUrances et des promesses flatteuses. Elle
du capi- voulut exaspérer Guillaume en poursuivant ses minis*
Kidd. très. Durant la guerre ,, les colonies de TAmérique sep*
tentrionale s'étoient enrichies par des pirateries. Un
maître d^ chaloupe ^ nommé Kidd, avoit entrepris de
délivrer la mer des pirates^ si le gouvernement vouloit
lui fqurnir un .vaisseau de trente canons bien équipé.
J^e conseil de l'amirauté ayant déclaré qu'on ne pouvoit
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f&UILLAUME m. 393
distraire du service public le nombre de matelots né- '
cessaire à cette entreprise, Kidd eut recours à un autre
expédient. Il arma un. vaisseau au moyen d'une sous-
cription particulière du duc de Shrewsbury, des comtes
de Romney, Orford et Bèllamont, de sir Edvirard Har-
rison, et du colonel Livingstone, de la Mouvelle-York.
Le roi promit de payer la moitié des frais , et se réserva
le dixième du bénéfice ; mais il n'effectua jamais sa pro«
messe. Ainsi équipé , Kidd mit à la voile de Plimoutb ,
muni d'une commission pour agir contre les François,
et pour attaquer certains pirates , nommément dési-
gnés. Mais au lieu de croiser sur la côte de TAmérique^
il se dirigea vers les Indes orientales , où il se fit lui-
même pirate, et prit un riche vaisseau appartenant aux
Mores. Il partagea son butin avec les gens de son équi-
page, dont quatre-vingt-dix le quittèrent pour se join*
dre à d^autres aventuriers, brûla son propre vaisseau,
et fit voile avec sa prise pour les Indes occidentales. Il y
acheta une chaloupe, et laissant une partie de ses gens
avec le navire capturé dans une des Iles-sous Je-Vent,
où ils dévoient attendre de nouvelles instructions, il se
rendit lui-même sur les côtes de la Nouvelle-York, et
députa un nommé Emmet pour faire sa paix avec le
comte de Beljamont , gouverneur de cette province , qui
lamusa par une négociation, durant laquelle on s'em-
para, de lui. Le comte en prévint aussitôt le gouverne-
ment , et demanda que les prisonniers fussent trans-
portés en Angleterre , parcequ'il n'y avoit point dans
la colonie de loi qui punit de mort la piraterie, et que
la plus grande partie du peuple favorisoit ce brigan-
dage. L amimipté , par ordre des lords-justiciers , dépê-
cha le vaissenu le Rochester, pour aller prendre les
,69s.
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39i HISTOIRE D*ANGLKTBRRE.
prisonniers et leurs effets. Mais après avoir quelque
^^* temps lutte contre les vents , ce vaisseau fut obligé de
regagner Plimoutk dans le plus mauvais étal, incident
£âcheux qui fournit aux mécontents un prétexte de re^^
présenter les ministres comme fauteurs d'une expédi-
tion de piraterie qu'ils avoient besoin de dérober à la^
connoissance du public. L'ancienne compagnie des
Indes orientales s'étoit plainte à la régence que le capi-
taine Kidd se fût permis de capturer dans les Indes Un
vaisseau appartenant aux Mores , ce qui pouvoit expo-
ser cette compagnie au ressentiment du Mogol. Au
commencement de décembre , cette affaire fut portée
brusquement à la chambre des communes, et Ton y fit
une motion tendante à faire déclarer que les lettres-pa-
tentes accordées au comte de- Bellamont et à plusieurs
autres relativement aux biens des pirates , étoient désr
honorantes pour le roi , contraires au droit des nations,
aux lois et statuts du royaume , attentatoires à la pro-
priété , et destructives du commerce. Un débat très
animé suivit cette motion ; quelques membres atta«
quèrent violemment le duc de Shrewsbury et le chan*
celier, comme complices d'un plan de piraterie. Mais
ces imputations furent réfutées , et Ton rejeta la propo^
sition à une grande majorité. L'expédition de Kidd fut
justement regardée comme une affaire peu importante,
dans laquelle ces seigneurs s'étoient engagés'^pour leur
avantage particulier.
Pendant qu'on s'en ocçupoit à la chambre des com-
munes, l'attention de la chambre-haute se portoit sur
le docteur Watson, évéque de Saint-David. On préten-
doitque ce prélat n'avoit obtenu son évé#é qu'à forcer
d'^rçent,.et qu'après son élévation il s'étoit, remboursé
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iM-
GUILLAUME IIL âgS
«n vendant les bénéfices à son profit. Accusé de simo- '
nie, il fut entendu en séance solennelle par Tévéque
de Cantorbéry et six de ses suffragants , déclaré cou-
pable et déposé. Alors il réclama son privilège , et Taf-
faire fut portée à la chambre des lords , qui refusèrent
de le reconnoltre comme pair, après qu'il avoit cessé
d'être évéque. Ainsi déconcerté, il s'adressa à la cour
des délégués, qui confirma la sentence de 1 archevêque.
Les communes, voulant donner à Guillaume de nou-
veaux chagrins , attaquèrent Tévêque Burnefe. Il fiit re-
présenté comme un étrange précepteur pour le duc de
Glocester , tant parcequ'it étoit Écossois , que pauce-
qu'il étoit auteur de la lettre pastorale^où il étoit ques-
tion d'un prétendu droit de conquête de Guillaume ,
lettre que le parlement avoit fait brûler. On proposa de
prier le roi de lui ôter sa place. Mais cette motion fut
rejetée à une grande majorité. Burnet s'étoit conduit
avec une intégrité peu commune en acceptant cet em-^
ploi. Il l'avoit refusé d'abord , et s'étoit trouvé en quelr
que manière forcé de s'en charger. Il avoit offert de
résigner son évéché ^ craignant que ses fonctions de
précepteur ne l'empêchassent de remplir tous ses de-
voirs de pasteur.' Il avoit même e:^igé que le jeune prince
résidât pendant tout l'été à Windsor, qui étoit situé
dans son diocèse, et il ajoutoit à ses charités particu-
lières tout ce que lui rapportoit son nouvel emploi.
Mais les plus grandes espérances de ceux qui vou- Enquêt©
loient inquiéter et flétrir le gouvernement , étoient dans *"J
une enquête sur les biens confisqués en Irlaihde, que con6s*
le roi avoit distribués aux hommes qui lui étoient atta- {JJ^^J^
chés. Les commissaires que le parlement nomma pour
l'eiçamen de cette affaire furent Annesley, Trenchard ,
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396 HISTOIRE d'aNGLETERAE.
Hamihoir, liangford, le coitite deDrogheda» sir Fran-
^^* çois Brewster, et sir tiichard Leving. Les quatre pre-
miers avoient toute Tanimosité de l'esprit de ËEiction ;
^ les trois autres obéissoient secrètement à Tinfluence mi-
nistérielle. Ils commencèrent Tenquéte en Irlande , et
procédèrent avec une telle sévérité qu'ils sembloient
plutôt inspirés par le ressentiment contre la cour, que
par Tamour de la justice et- l'Jborreur de la corruption-
Ils s'attachèrent particulièrement au don que le roi
avoit fait a mistriss yillieif's , depuis comtesse d'Grkney,
voulant par-là mettre au grand jour la prédilection de
Guillaume pour cette favorite , afin d'ajouter à la haihè
du peuple contre sa personne. Dans le cours de l'en-
quête , le comte de Droghedà ^ Leving et Brewster
furent Oj^posés aux autres commissaires sur divers ar-
ticles du rapport , qu'ils réfusèrent de signer , et en-
voyèrent un mémoire à la chambre des communes
pour motiver ce refus. On commença dés-lors à les
considérer comme des hommes vendus à la cour, et
l'on n'eut aucun égard à leurs observations. Les autres
remirent leur rapport, déclarant qu'on pouvoit tirer
un million sterling et demi de la vente des biens con-
fisqués, et il fut dressé unbill pouk* appliquer ces biens
au service public. La proposition qu'on fit d'en laisser
un tiers à la disposition du roi fut rejetée. Les com-
munes, par un vote bien extraordinaire, décidèrent
qu'elles ne récevroient aucune pétition de qui que ce
fut concernant les biens concédés, et qu'elles pren-
droient en considération les grands services rendus
par les commissaires chargés de l'enquête. Elles décla-
rèrent que les quatre commissaires qui avoient signé
le rapport s'étoient conduits avec beaucoup de discer-*
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GUILLAUME III, ig^
nement, décourage et d'intégrité, et que leur collègue, '
sir Richard Leving, comme auteur de fausses et seau- ^^ *
daleuses imputations contre eux y seroit emprisonné à
la Tour de Londres. Elles prirent ensuite et présentè-
rent au roi , en forme d'adresse , la résolution suivante :
que les concessions qui avoiexit été faites des biens con-
fisqués avoient occasioné pour Tétat des dettes consi*
dérables, et pour le peuple des taxes onéreuses ; que
Thonneur même de*sa majesté en avoit souffert, et que
ceux qui les avoient provoquées avoient manqué grié«-
vement à leur devoir et abusé de la confiance qui leur
étoit accordée. Guillaume répondit qu'il avoit cru de sa
justice, comme il étoit de son inclination, de récom*
penser ceux qui Favoient bien servi dans la réduction
de rirlande ; il observa qu'une longue guerre ayant con- .
sidérablement endetté la nation, les mesures efficaces
que prendroient les communes pour diminuer cette
dette et soutenir le crédit public contribueroient mieux .
que leurs démarches actuelles à l'honneur , à la pros-
périté et à la sûreté du royaume. Cette réponse alluma '
l'indignation de la chambre; elle déclara aussitôt que
celui qui l'avoit suggérée avoit voulu exciter la défiance
et la mésintelligence entre le roi et son peuple.
Les communes ordonnèrent que le rapport des Bill qm
commissaires fût imprimé et publié pour leur justifica- extrême-
tion , avec la promesse et les discours du roi , ainsi que ™*^5^*
les premières résolutions de la chambre touchant les laome.
biens confisqués en Irlande ; elles arrêtèrent que tout
membre du conseil privé, soit sous le régne actuel,
soit sous le régne précédent, qui auroit sollicité et ob--
tenu des dons exorbitants pour son propre usage, étoit
coupable de haute-malversation. On donna pouvoir k
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3^8 Histoire d'anglètërre^
7" treize personnes d'entendre et de juger toutes les ré*
'^^* clamations relatives à ces biens, et de les vendre au:s
plus offrants; il fut en même temps décidé que le pro^
duit de cette vente seroit appliqué au paiement des at*
rérages de Farmée. On passa à cet effet un acte sOus le
titre de bill pour subvenir aux dépenses du gouverne-*
ment de sa majesté par la vente des biens confisqués
en Irlande; et afin que ce bill n'éprouvât auoin chan-*
gement dans la chambre des lords ^ on le réutiit au bill
des subsides de Tannée. Il ne laissa pas d'occasioner
dans cette chambre de très vifs débats , et les lords y
firent plusieurs changements que les comiûunes reje-*
tèrent à Tunanimité. Elles par oissoient plus que jamais
exaspérées contre le ministère^ et se firent remettre
une liste des membres du conseil-privé. Les lords de-
mandèrent des conférences qui ne servirent qu'à ani-
mer les deux dbambres Tune contre Tautre, celle des
pairs insistant sur ses amendements , et celle des com-
munes s'irritant des obstacles qu'on apportoit à un bill
de finances. I.ies membres de celle^i se livrèrent à tout
leur ressentiment; ils firent fermer les portes de la
chambre , pour qu'aucun d'entre eux ne pût sortir, et
prirent en considération le rapport sur les confiscations
d'Irlande ; la proposition d'une adresse ^u roi pour le
prier d'exclure à jamais de sa présence et de ses con-
seils le lord Jean Somers, chancelier d'Angleterre, fut
cependant écartée à une grande majorité. Guillaume
étoit extrêmement affecté du bill , qu'il regard.oit com-
me une usurpation de sa prérogative , une insulte à sa
personne, à ses amis et à ses serviteurs. Il voulut d'a-
bord courir le risque de refuser sa sanction ; mais il en
fut détourné par ceux qui étoient en possession de sa
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GUlLLAÙMK Ut. âgg
confiance. Toutefois il ne put dissimuler soii ressenti-
.ment; il devint sombre et morose; et ses ennemis ne ^^'
manquèrent pas de. tirer de sa mauvaise humeur une
preuve de son aversion pour le peuple anglois. Quoique
~la motion contre le chancelier eût été rejetée, les com-
munes résolurent de présenter une adresse pour de^
mander qu'à lexception du prince Georges ^e Dane-
marck, aucun étranger ne fût' admis dans les conseils
du roi en Angleterre et en Irlande* Cette démarche étoit
particulièrement dirigée contre les comtes de Pordand,
d'Albemarie et de Gualway. Mais avant que l'adresse
pût être présentée , Guillauùie se rendit à la chambre
des P^irs , et ^ après avoir sanctionné le bill qui avoit
/ produit tant de fermentation , ainsi que quelques autres
actes, il donna ordre au comte de Bridgewater, ora-
teur de la chambre en l'absence du chanceler , qui étoit
indisposé, de proroger le parlement au 23 maie
. Dahs le cburs de cette session, les communes ayant Les eom-
terminé leur enquête sur la conduite de Kidd, avoient ™sen*t
adopté contre la piraterie un iHll^qui reçut force de loi. ^^ bill
Lorsqu'elles furent informées que Kidd étoit transporté ^ère con-
en A.nfAeterrer elfes demandèrent au roi que ce capi- ^^^, *®*
• r . 1 . • îr 1 papiste»-
tame ne pût être ^uge m obtenir sa grâce jusqu a la pro-
chaine session du parlement; ce que Guillaume ne crut
pas devoir refuser. Vivement animée contre le chance-
lier, qui avoît;ôté à plusieurs sujets peu attachés au
gouvernement des emplois institués pour le maintien
de la paix publique , elles ordonnèrent qu'il fût préparé
un bill concernant les juges-de-paix, et chargèrent un
romité d'examiner comment ces places étoient remplies»
Sur le rapport du comité que plusieurs non-confor*
mistes et gens sans fortune y avoient été nommés, elles
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iôO HISTOIRE D'aNGLETERKC.
^ déclarèrent par une adresse qu'il étoit dans' l'intérêt
^ * du prince et du royaume que les emplois de j,uges-de-
paix et autres emplois de cette nature fussent donnés ou
rendus à des citoyens distingués par leur rang et par
leur fortune, et ôtés ou interdits à ceux qui île rempli'
roient point cette condition. Le roi leur assura qu'il par^
tageoit leur opinion à cet égard, et qu^il donneroit ses
ordres en conséquence. Cette condescendance fit tant de
plaisir aux communes qu'elles le remercièrent en corps.
Ayant ensuite reçu une pétition du clergé de la province
de Lancaster , qui se plaignoit de l'insolence et des entre*
prises des prêtres catholiques, la chambre nomma uu.
comité pour examiner de quelle manière les lois contre
les papistes réfugiés avoient été exécutées, et^ sur le '
rapport de ce comité, on rédigea un bill faisant droit à
la pétition. Par cet acte, on assignoit une récompense
plus considérable à quiconque feroit découvrir' et con-
vaincre des prêtres papistes et des jésuites, et on con-
damnoit à l'emprisonnement à perpétuité ceux qui se'*
roient convaincus sur le serment d'un ou plusieurs té-
moins; ondécidoit que tous les individus nés après le 2 5
mars de l'année suivante ne pourroient, s'ils étoient ca-
tholiques , hériter d'aucun bien ou d'aucun titre hono-
rifique dans le royaume d'Angleterre , le pays de Galles
et la ville de Bervi^ick-sur-Tweed, et qu'il ne seroit per-
mis à aucun papiste d'acheter des terres, ou tout autre
bien , soit en son nom , soit sous le nom d'un autre. Plu-
sieurs changements furent faits à cette première rédac-
tioQ , après quoi l'on envoya le bill à la chambre des lords,
dojdt quelques uns proposèrent des amendements, qui
ne furent pas adoptés ; le roi donna sa sanction , contre
l'attente de beaucoup de membres qui n'avoient prdvo- ,
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tjué celte mesure sévère que parcequ^ils le supposoient —— — —
protecteur des papistes. Mais comme il manquoit à la ^^ '
nouvelle loi des clauses nécessaires pour en bien assurer '^
l'exécution^ on n'y eut flans la suite que peu d égard.
La cour essuya une autre insulte de Tancienne com- R^tablîs^
pagnie des Indes orientales, dont les membres présen- de"la&-
tèrent à la chambre une pétition , pour éf re continués par tienne
lautorité du parlement durant le reste du temps que gnie des
portoit leur charte. Ils publièrent en même temps un ex«> 'P^^*
* , onenta-
posé de leur cause , où ils s'étendoient sur leurs droits ei lei.
sur les injustices qu'ils avoient éprouvées* La nouvelle
compagnie répliqua par un tableau des moyens de cor-
ruption que ses adversaires avoient mis en usage. Mais
le crédit de son patron, M. Montagne , étoit alors entiè-
rement tombé; et comme la discussion des subsides n'a-
•voit pas encore eu lieu , le ministère ne voulut pas irriter
les communes qui marquoient du penchant pour l'an-
cienne compagnie, en faveur de laquelle il fut passé un.
bill de rétablissement: adopté par les pairs, ce bill reçut
force de loi ; en sorte qu'il y eut alors deux compagnies
rivales de négociants faisant le commerce des Indes
orientales. Les communes , qui n'étoient point encore sa-
tisfaites des désagréments qu'elles avoient fait essuyer à
leur souverain , passèrent un autre bill pour nommer des
commissaires chargés d'examiner les comptes publics.
Des loisjfurent faites pour prohiber l'usage des étoffes de
soie de l'Inde , qui portoient préjudice aux manufactures
angloises, pour supprimer les droits sur l'exportation
des marchandises provenant des manufactures de laine,
sur les grains, les farines, le pain et le biscuit, et pour
punir les gouverneurs et commandants en chef de» co- '
loniesèt des plantations, qui dans leur administration
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4oa HISTOIRE D^ANGLCfERRr,
■ ee rendroient coupables de quelque crime ou de qoe!*^
*^* que acte d'oppression et d'injustice.
j. Une violente agitation fégnoit toujours parmi les.
leuse fer- Écossois. Ils publièrent un pamphlet où se trouyoit le
t^n"en ^^^^^ ^ leurs griefs contre Guillaume» Des- plaintes eu
ÉcoM€. ayant été portées à la chambre des communes d'Angle
terre, on déclara fausses , scandaleuses et tendante» à la
trahison toutes les allégations contennes dans cet écrit,,
et Ton ordonna qu'il seroit brûlé par ia main du bour*
reau. La chambre demanda ensuite à Guillaume de pu-
blier une proclamation pour que 1 auteur , rimprimeur
et le distributeur fussent arrêtés;. ce que le roi fit ausr
sitôt. La compagnie d'Ecosse lui avoit adressé une re-
quête en faveur de quelques uns de ses agents injuste-
ment retenus prisonniers à Carthagène..Maislerd Basile
Hamilton^ chargé de cette requête, ne put obtenir aïK
dience de sa majesté^ sous prétexte qu'il étoit suspect
de malveillance à l'égard du gouvernement. Le roi écri-
vit cependant à son conseil d'Éeosse qu'il demanderoit
^élargissement des prisonniers, et Êivoriseroit toute»
les entreprises légitimes que feroit-le commerce de oe^
royaume. Cette déclaration ne satisfit point les direc-
teurs de la compagnie, qui importunèrent le lord chan-
celieF d'Ecosse, alors à Londres, pour qu'il procurât
l'accès du trène à lord Basile Hamilton. Le ministère se-
débarrassa de leurs s(^ieitations par une enquête par-
lementaire. L'affaire de la compagnie écossoise ayant
été soumise à la chambre^ des lords, où l'influence
âoinistérielle avoit le dessus, une partie des membres^
engagèrent un débat très vif, non par égard aux inté-
rêts de rÉcosse, mais uniquement par opposition à
la COUP, qui cependant finit par triompher. La pro*
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GUILLAUME ttfi 4o8
^sitioiii de déclarer rétablissement de la colonie à " ' "
Darien incompatible avec le succès du commerce d'An^ ^^*
gleterre fut-adoptée à une foible majorité. Les lords re-
présentèrent alors au roi que la continuation d'une telle
entreprise seroit non seulement injurieuse pour eux^
Buiis deviendroit extrêmement funeste au commerce
et à la tranquillité du royaume; ils lui rappelèrent
l'adresse des deux chambres touchant cet établissement^
et ils témoignèrent leur satisfiiction des ordres que sa
majesté avoit donnés à ce sujet aux gouverneurs des
colonies. Le roi prit occasion de cette adresse à laquelle
les communes avoient refusé de concourir , pour exhor« '
ter le parlement à regarder Tunion entre les deux
royaumes comme le meilleur moyen d^assarer la pros^
périté de Tun et de Tautre. Conformément à cet avis , les
lords préparèrent un bill à TefiFet de nommer des com«
missaires anglois qui traiteroient avec des commissaires
d'Ecosse pour tout ce qui intéressoit le bien des deux
royaumes; mais il fut écarté dans la chambre des com-*
tnunes, déterminées à traverser toutes les mesures qui
tendroient à calmer Tanimosité des Écossois. Les mé-
contents insinuèrent qu'il ne falloit pas attribuer rop-^
position du roi à la compagnie d'Ecosse à son zélé pour
les intérêts de l'Angleterre ou à son respect pour les
traités conclus avec l'Espagne, mais uniquemefità sa
prédilection pour les HoUandois , qui faisoient un com^
merce avantageux de Ttle de Curaçao aux colonies es*
pagndies en Amérique, et qui appréhendoient que la
compagnie écossoise ne leur enlevât ce commerce. Une
telle interprétation servit à augmenter le feu déjà allu*^
mé«n Ecosse, et soigneusement entretenu parles cai*
lomnies des jacobites. Le parlement de ce royaume
36.
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4^4 HISTOIRE DANGLETSRRE.
^ adopta la cause de la compagnie comme un intérêt im*
^^ tional , en déclarant que la colonie de Darien étoît uo
établissement légitime, quHl étoit de son devoir de
soutenir. Cette résolution fit proroger le parlement
pour quelque temps. Lorsque les Écossois apprirent
que leur nouvel établissement étoit entièrement abaut
donné I leur capital perdu, et toutes leurs espérances
trompées, un transport de fureur s'empara de toute la
nation. Ils s'écrièrent qu'ils avotent été sacrifiés et bas-
sement trahis par ceux dont ils n'avoient dû attendre
que de la protection ; ils rédigèrent une adresse au roi ^
conçue dans les termes les plus hauts , dans laquelle ils
représentoient la nécessité d'a&sembler aussitôt le par-
lement. Cette adresse courut le royaume pour recueil*-
lir des signatures, et reçut celles d'un grand nombre
de personnes ayant séance au parlement; on déptita
lord Ross avec quelques autres pour la remettre au roi.
Guillaume leur dit qu'ils auroient comioissance de se$
intentions en Ecosse; et en même temps il ajourna lemr
parlement par une proclamation. Le peuple ,^ exaspéré
, du nouveau coup qu'on lui portoit, projeta une ser
conde adresse pour être signée par les comtés et bourgs
du royaume. Mais avant qu'elle eût reçu toutes ces for-
malités , Guillaume écrivit au duc de Guiensbevry et au
conseil privé d'Ecosse une lettre qui fut publiée pour
la satisfaction du peuple. Il témoignoit combien il étoit
sensible aux pertes de la nation, et disposé, à accordei?
tout ce qu'exigeroit le bien d'un royaume, dont il a voit
à coeur les intérêts ; il promettoit de donner des preuves
manifestes delà sincérité de ses sentiments à cet égard ^
ajoutant qu'il avoit la confiance que cette déclaration
satisferoit tous les esprits raisonnables; qu'ils ne^ sç
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GUILLAUME IIK . ^oS
kôsseroient point égarer » et ne voudroient fournir ni — —
aux ennemis ni aux malveillants une occasion de trou- '^^*
bler le gouvernement. Il disoit que son dbsence étoit
la seule raison de Tajoumement; mais qu'aussitôt qu'il
pourroit être de retour, le parlement seroit assemblé.
Cette explication, quoique appuyée de tout le crédit et
de toute l'adresse de ses ministres, adoucit à peine la
fermentation nationale, prête à se tourner en insur-
rection.
Le roi qui, depuis son élévation si^r le trône, avoit Benvot
passé d'un parti à un autre, suivant Tétat de ses affaires Somers.
et l'opposition qu'il avoit rencontrée, fut alors telle-
ment irrité et mis dans un tel embarrafS, par le caprice
et l'insolence des communes, qu'il prêta volontiers To-
reiUe aux chefs des torys, qui entreprirent de lui ren-
dre le parlement favorable, s'il vouloit renvoyer quel-
ques uns de ses ministres particulièrement odieux à
la chambre-basse. Le principal objet de cette aversion
étoit le lord-chancelier Somers, le chef le plus actif du
parti des whigs. On demanda le renvoi de ce ministre,;
et le roi l'engagea à se démettre ; mais il se refusa à
toute démarche qui pût indiquer ou qu'il craignoit ^es
ennemis, ou qu'il se reconnoissoit coupable de quelque
tort grave ; et le roi lui fit porter, par lord Jersey, un
ordre péremptoire de rendre les sceaux, qu'il n'hésita
pas à remettre. Us furent successivement offerts au
lord-chef de la justice Holt, et au procureur-général
Treyor, qui ne voulurent point accepter un* poste où il
étoit si difficile de se maintenir. Cependant Guillaume
forma une commission provisoire de trois juges pour
siéger à la cour de la chancellerie, et enfin il donna la
place de lord-garde-des-sceaux à sir Na^am Whright,
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4o6 HISTOIRE D^ANGLETKRRE.
" homme médiocrement propre à cet emploi. Quoique
109g. Q^^g^m^g ^ montrât tout-à-fait attaché aux torys, et
semblât incliner pour un nouveau parlement , cepen-
dant on ne voyoit pas bien par quelle influence étoient
Conduites les affaires, et pendant quelque temps Tad-
ministration parut ne suivre aucune direction particu-
lière.
1700. Pendant la dernière session le ministre françois Tal-
irahë'de ^^^^ s'étoit occupé à Londres , avec les comtes de Port-
partage, land et Jersey, d'un nouveau traité de partage qui fut
signé par eut le 2 1 février, et un mois après à La Haye
par Briord, envoyé de France, et par les plénipoten-
tiaires des états-généraux. Cette convention cônfirmoit
le traité de Riswick, et portoit que, dans le cas où sa
majesté catholique viendroit à mourir sans enfants , le
dauphin auroit en partage, pour lui et ses héritiers,
les royaumes de Naples et de Sicile, les îles de Sainte
Etienne, Porto -Hercole, Orbitello, Telamoné, Porto-
Longone, Piombino, la ville et le marquisat de Final,
la province de Guipuscoa, et les duchés de Lorraine et
de Bar, en échange desquels le duc de Lorraine se-
roit mis en possession du duché de Milan ; que néan-
moins le comté de Biche deméureroit en souveraineté
au prince de Yaudemont ; que larcbiduc Charles hérite*
roit du royaume d'Espagne et de toutes ses dépen-
dances au-dedans et au-dehors de l'Europe; que, s'il
mouroit sans postérité, ce royaume passerôit à un au-
tre des enfants de l'empereur, celui d'entre ces der-
niers qui succéderoit à son père étant excepté de cette
disposition ; que la monarchie espagnole ne pourroit
jamais passer au roi de France ni au dauphin ; et qu'il
seroit donné trois mois à l'empereur pour accéder ou
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CUILLAUME III. 407
non à ce traité. Étoit-ce sincèrement que le roi de ~
France Ta voit proposé, ou nétoit-ce que dans la vue
de s'en servir secrètement auprès du roi d'Espagne,
pour obtenir de plus grands avantages? Il n'est pas fa-
cile de résoudre cette question. Tout ce qu'on sait de
certain à cet égards c'est qu'on eut soin de le dérober
d'abord à la connoissance du public, comme si les par-
ties contractantes avoient résolu de ne faire aucune
démardie, en conséquence de cette convention^ auprdé
du roi d'Espagne.
Au commencement de juillet le roi s'embarqua pour
la Hollande, après avoir nommé une régence. Le 29
du même mois le jeune duc de Glocester, le seul enfant
qui restât à la princesse Anne, de dix-sept qu'elle a voit
eus , mourut d'une fièvre maligne dans la onzième an-
née de son âge. Cet événement fût déploré de la plus
grande partie de la nation angloise, non seulement à
cause des belles espérances que donnoit le jeune prince,
et de son caractère aimable, mais aussi parceque sa
mort laissoit la succession indécise, et. pou voit donner
lieu à des différents fort dangereux pour l'état. Les ja*
cobites. triomphèrent ouvertement de voir ainsi dispa-
roitre le principal obstacle qui s'opposoit aux intérêts
du prince de Galles; mais les protestants tournèrent
généralement les yeux sur la princesse Sophie, éleç-
trice douairière d'Hanovre, et petite-fille de Jacques I.
Ce fut pour lui préparer les voies que la cour de Bruns*
wick rendit visite au roi Guillaume. L'état présent des
. affaires en Angleterre étoit loin d'être satisfaisant. Le
peuple en général étoit dégoûté de la personne et dû
gouvernement de Guillaume ; les esprits avoient perdu
leur vigueur par leiuxe et l'oisiveté; une longue babi^
KOO.
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s4o8 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
■~~*"^ tude de vénalité et de corruption avoit singulièrement
' ' relâché les mœurs ; la santé du roi commençoit à décli-
ner, et ses facultés même s'altéroient sensiblement. La
seule faction jacobite étoit active, vigilante, entrepre-
nante et véritablement forte. Â la mort du duc de GIo-
cester elle députa M. Graham, frère de^lord Preston. à
la cour de Saint-Germain, et commença à se mettre en
mouvement dans tout le royaume. Le bruit se répandit
que la princesse Anne avpit secrétemetit envoyé un
message à son père; et la Grande-Bretagne semblait
encore une fois menacée de guerre civile , de confusion
et d anarchie.
Une flotte Cependant le roi Guillaume ne passoit pas son temps
est^ en- ^^^^ Tinactiou. Les rois de Danemarck et de Pologne,
voyée a vec Télectcur de Brandebourg , avoient formé une ligue
mer Bal- pour accabler le jeune roi de Suéde, en faisant une in-
tique, vasion dans ses états de différents côtés. Les Polonois
entrèrent en Livonie, et entreprirent le siège de Riga;
le roi de Danemarck, après avoir démoli quelques forts
dans le Holstein , dojDLt le duc étoit du parti de la Suéde,
investit Tonninghen. Le ministre suédois en Angleterre
demanda le secours qu'on avoit stipulé en renouvelant
Fancien traité entre les deux royaumes. De semblables
sollicitations eurent lieu auprès des états-généraux. En
conséquence une flotte de trente vaisseaux anglois et
hollandois fut envoyée dans la Baltique, sous le com^
mandement de sir George Booke, qui se joignit à Tes-
oadre suédoise, et bombarda Copenhague, où s'étoit
retirée la flotte danoise. En même temps le duc de Lu-
nébourg, avec les forces suédoises qui se trouvoient à
Brème, passa l'Elbe et marcha au secoure du duc de
Hobtein. Les Danois abandonnèrent au8$itôt le. siège
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OUILLAUME m. 4^9
deJTonniBghen, et un corps de Saxons, qui avoit fait
une irruption âur le territoire du duc de Brunswick,
fut obligé de se retirer en désordre. Par la médiation
de Guillaume une négociation s'ouvrit pour un traité
entre la Suéde et le Danemarck. Le jeune roi de Suéde
Charles XII, afin d*en accélérer la coiy^lusion, fit une
descente dans Ttle de Zélande ; descente qui fut exécu-
tée avec un grand succès. Chaires débarqua le premier,
et se^ignala par un courage si extraordinaire, et par
une conduite si fort au-dessus de «on âge , que Tadmi-
ration vint se mêler à la terreur dans l'ame des enne-
mis. Il se détermina à faire le siège de Copenhague, et
cette résolution effraya tellement les Danois, qu'ils re-
doublèrent de diligence dans la négociation du traité
qui fut conclu, vers le milieu d'août, entre le Dane-
marck, l'a Suéde et le Holstein. Les Suédois se retirè-
rent alors, et les escadres des puissances maritimes
quittèrent la Baltique.
Lorsque le nouveau tf*aité de partage fut communi- Le second
que par les miùistres des parties contractantes aux^ parta^^e
autres puissances de TEurope, il en fut généralement ««t mal
accueilli av^c peu de satisfaction. La Saxe et les cou- ^^
ronnes du nord étoient trop occupées de leurs propres pl«fip"ra
■ DUlSSAll"
démêlés pour donner beaucoup d'attention à une affaire ces.
éloignée. Les princes allemands furent lents et circon-
spects dans leurs réponses, ne voulant s'engager dans
aucun plan qui pût exciter le ressentiment de la maison
d'Autriche. L'électeur de Brandebourg, en particulier,
aspiroit à la dignité royale, et il avoit besoin pour l'ob-
tenir d'être favorisé par l'empereur. Les états d'Italie ,
craignant de voir la France en possession de Naples et
d'autres parties de leur contrée, fui'ent opposés au
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4lO HISTOIRE D^ANGLETERRE.
—*■"*" traité de partage. Le duc de Savoie afFectoît une ncu-
- ' tralité mystérieuse, dans l'espoir de faire acheter son
consentement par quelque concession considérable.
Les cantons suisses évitèrent de donner leur accession
comme garants. L'empereur exprima toute sa surprise '
qu'on disposât ainsi de la monarchie espagnole sans
l'aveu du possesseur actuel et des états du royaume. Il
observa, qu'il n'y avoit ni justice, ni décence à vouloir
le contraindre, lui qui étoit l'héritier légitime, d'ac-
cepter une partie de son héritage dans l'espace de trois
mois, sous peine de voir les parties contractantes dis-
poser de cette même partie en faveur d'une autre per-
sonne non encore désignée ; il déclara qu il ne prendroit
aucune résolution définitive avant de çonnoitre les sen^
timents de sa majesté catholique sur une affaire où
leurs intérêts mutuels étoient si étroitement liés. Léo-
pold étoit alors engagé dans une négociation avec le
roi d'Espagne, qui signa un testament en faveur de
Charles, son second fils; il ne prit cependant aucune
mesure pour soutenir cette disposition , comme il au-
roit pu le faire, soit en envoyant l'archidùc avec des
forces suffisantes en Espagne, soit en faisant passer
des troupes en Italie.
Le crédit Le peuple espagnol fut exaspéré de cette insolente
la France ^^dace de trois puissances qui prétendoient morce-
prcvaut 1er ses états. Son orgueil prit l'alarme à l'idée du dé-
d'Espa- membrement de la monarchie , et les grands tremblè-
G^^' rent de voir tarir la source de leurs richesses ; les re-
tours fréquents de la maladie du roi achevoient de le
consumer; le ministère étoit foible et divisé , la noblesse
factieuse et le peu|>le/mécontent; les cœurs avoient été
aliénés de la maison d'Autriche par l'insolence et l'avi-
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17*^0-
GUILLAUME III. 4^'
dite de la reine Marie-Anne. Les François avoient attire '
dans leurs intérêts le cardinal Portocarrero, le marquis
de Montercy et plusieurs autres seigneurs et person-
nages de distinction. Les uns et les autres, voyant les
sentiments du peuple, employèrent leurs émissaires à
répandre dans tout le royaume le bruit que la France
pouvoit seule maintenir la succession intacte, que la
maison d'Autriche étoit foible et épuisée, et que les
princes de cette maison dévoient leur principal appni
à d'infâmes hérétiques. Portocarrero , profitant de la
foiblesse de son souverain , lui répéta tous ces discours
en les exagérant, et lui conseilla de consulter le pape
Innocent XII sur la manière de régler la succession. Ce
pontife, qui étoit une créature de la France, ayant pris
Tavis du collège des cardinaux, décida que la renoncia-
tion de Marie-Thérèse étoit invalide et nulle ^ comme
ayant étéleffetde la contrainte et comme étant con-
traire aux lois fondamentales de la monarchie espagnole;
il exhorta donc le roi Charles à contribuer à la propaga-
tion de la foi et au repos de la chrétienté, en faisant un
nouveau testament en faveur d'un petit-fils de France.
Portocarrero ne manqua pas d'appuyer cet avis , et le
foible monarque s'y prêta. Cependant Louis XIV sem-
bloit agir sincèrement comme le plus intéressé au traité
de partage. Ses ministres dans les cours étrangères solli-
citoient, de concert avec ceux des puissances maritimes,
l'accession des différents potentats de l'Europe. Quand
le comte de Zinzendorf, ambassadeur de l'empereur à
Paris, demanda quelle conduite tieûdroit la France, si
ie roi d^Espagne appeloit volontairement au trône un
petit-fils de Louis XIV, le marquis de Torcy promit que
sa majesté très chrétienne ne répondroit en aucune
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4ia HISTOIRE D*ANGLETEBRE.
■*"*—- manière à cet appel ; et même quand le ministre im^
^ ^* périal notifia que son maître étoit disposé à entamer
une négociation particulière avec la cour de Versailles ,
touchant la succession d'Espagne, le roi de France dé-
clara qu'il ne pouvoit traiter ce point sans le concours
de ses alliés.
.^ On ne connut pas plutôt en Angleterre les disposi-
tions du traité de partage , qu'elles furent condamnées
de la partie la plus éclairée de là nation. On se plaignit
avant tout qu^une affaire aussi importante eût été
conclue sans Ta vis du parlement. On observa que le
plan en étoit injuste, et l'exécution hasardeuse; qu'en
signant les articles , les puissances maritimes sembloient
n'avoir agi que comme partisans de la France ; puisque
la possession de Naples et des ports de Toscane assu-
jêttiroit l'Italie à sa domination, et lui donneroit les
moyens d'enlever aux Ânglois le commerce du Levant
et de la Méditerranée; tandis qu'en cas de rupture,
Gujlpuscoa donneroit un nouvel accès dans le cœur de
l'Espagne. De tout cela l'on inféroit que ce traité étoit de
nature à détruire la balance du pouvoir, et à porter un
grand préjudice aux intérêts de l'Angleterre. Les mé-
contents répétoient bien haut toutes ces observations;
en-sorte que tout le royaume retentit de violents mur-
mures. Sir Christophe Musgrave, et autres membres de
la faction des Tprys, commencèrent de songer aux
moyens d'assurer la succession de la couronne au prin-
ce de Galles. On prétend qu'ils députèrent M. Grafaam
à Saint-Germain, pour faire des ouvertures à ce sujet,
et promettre qu'il seroit proposé à la chambre des corn-»
munes d'émettre le vote que fa couronne ne seroit pas
soutenue dans Texécution du traité de partage. Le roi
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GUILLAUME III» 4î3
Guillaume nHgnoroit pas les Vives censures dont il étoit "
Tobjety et ne s'alarmoit pas peu de se voir si peu de po-
pularité. Afin de pouvoir donner toute son attention aux
affaires d'Angleterre , il résolut de prendre quelques me*^
sures propres à satisfaire FÉcosse. Il permit que le par-
lement de ce royaume s'assemblât le I2S octobre , et il lui
adressa de sa maison de Loo une lettre où il assuroit
qu'il se ieroit un devoir de soutenir tout ce qu'on pro-
poseront de raisonnable pour consolider la paix et le
bonheur du royaume; il promettoit de sanctionner tous
les actes du parlement qui auroient pour objet d'établir
avec plus de force la discipline presbytérienne , d'empê-
cher les progrès du papisme, d'extirper le vice et l'im*
moraUté, d'encourager la piété et hi vertu, de garantir
la liberté individuelle , de faire fleurir le commerce, de
dédommager les sujets des pertes qu'ils avoient faites, et
de protéger les intérêts de leurs compagnies d'Afrique
et des Indes; il exprimoit son chagrin de ne pouvoir fa-
voriser les droits de la compagnie dans l'établissement
d'une colonie à Darieo , sans troubler la paix de la chré-
tienté, et sans attirer sur son peuple une guerre ruineu-
se; ilrecommandoit aux membres l'union et la diligence
dans leurs. délibérations sur les taxes nécessaires pour le
soutien et la défense de leur propre nation , et leur faisoit
connoitre qu'il avoit jugé à propos de continuer le duc
de Gueensberry dans la place de commissaire de la cou-
ronne. Malgré cette lettre flatteuse, le ressentiment de
la nation ne cessa point de se manifester, et le parle-
ment sembloit tout-à-fait intraitable. Vers le même
temps , la compagnie avoit reçu la nouvelle certaine
que son établissement étoit entièrement perdu; et, dès
le premier jour de la session , elle représenta au parle-
1700.
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4^4 HtSTOIfifi o'ABraJUEtERRK.
""^"^-^ ment que, £aut« d'une protection convenable au dekoftf^
''^^^ ses privilèges avoient été violés dans son propre pays pai*
certaines personnes qu'encourageoit l'opposition qu'elle
avoitéprottvée. Cette représentation fut suivied'une nou"
velle adresse de lanation au roi, qui répondit qu'itue pou-*
voit prendre une plus ample connoissance de cette affai-
re y attendu que le parlement étoit alors assemblé , et que
d'ailleurs il avoit fait une déclaration dont il espéroit
que ses sujets seroient contents. Néanmoins il crut in*
dispensable de recourir à d'autres expédients pour cal'*
mer la fermentation. Ses ministres et leurs agents firent
si bien qu'ils parvinrent à ramener le parlement, et que
tous les cris du peuple se réduisirent bientôt à de vains
murmures. Le parlement déclara que regardant la déli-
vrance du royaume comme l'ouvrage de sa majesté^
et persuadé que le bonheur et la tranquillité de l'Ecosse
étoient attachés à sa conservation et au maintien de son
gouvernement , il soutiendroit l'un et l'autre de tout son
pouvoir. Il passa ensuite un acte pour tenir sur pied
trois mille hommes pendant deux ans, au moyen d'une
taxe sur les terres. Le commissaire produisit ensuite
une lettre du roi , qui dèmandoit à pouvoir entretenir
onze mille hommes à son propre compte ; le parlement
y consentit sans difficulté, et fut ensuite prorogé au
6 mai. Les troupes supplémentaires furent envoyées
aux états -généraux, et le comte d'Ârgyle fut revêtu
du titre de duc pour avoir contribué efficacement avec
le commissaire à rendre le parlement favorable.
Jtfort du Le roi Guillaume étoit retourné en Angleterre le
i8 octo^e, avec un vif chagrin des embarras où il se
trouvoit engagé, et, au commencement du mois sui*
roi d'Es-
pagne.
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6tJllXAUBi£ III. 4rlS
vant f il apprit la mort du roi d'Espagne^ Cet événement , '
depuis long-temps attendu, ne pouvoit le surprendre;
mais il fut accompagné d'une circonstance qui n^avoit pas
été prévue. Charles^ par son dernier testament , décla^
roit le duc d'Anjou, secondais du dauphin, seul héritier
de la monarchie espagnole, et décidoit en même temps
/que, dans le cas où ce prince mourroit sans postérité^
ou hériteroit de la couronne de France, celle d'Espagne
seroit dévolue au duc de ^nry , et à son défaut , ou au
défaut de ses enfants , à Tarchiduc Charles et à ses héri-'
tiers; il recommandoit aussi de conclure un mariage
entre le duc d'Anjou et l'une des archiduchesses. Lors*
que ce testament fut notifié à la cour de France, Loui9
XIV parut hésiter entre son inclination et ses engage*
ments envers Guillaume et les états-généraux. Madame
de Maintenon joignit, dit-on^ son influence à celle du:
dauphin pour persuader au mcHiarque d'accoter le
testament; et Pontchartrain fut engagé à donner le
même avis. 13 n conseil de cabinet fut convoqué dans
l'appartement de cette dame. Les autres ministres se
déclarèrent pour le traité de partage; Louis XIV affecta
une espèce de neutralité. Le dauj^n parla en faveur
de son fils avec un air de résolution qu'on ne lui avoit
pas encore vu ; Pontchartrain l'appuya. Le rtste des
membres se rangea au même avis^ après avoir entendu
demander par madame de Maintenon en quoi le duc
d'Anjou pouvoit avoir mérité que le roi le privât de son
droit à la succeslion d'Espagne. Louis XIV témoigna
qu'il étoit convaincu par leurs raisons* Il est vraisem-*
blâble que la décision de ce conseil étoit une cjsipse ar*
rétée d'avance. Après que le testament eut été accepté^
1700.
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4^6 HISTOIBE D'aNGLBTBBRE.
^ Louis fit venir le duc d'Anjou dans son cabinet , et loi
* ' dit en présence du marquis Dès-Bios : » Monsieur, le
« roi d'£spagne vous a fait roi; les grands vous appel-
« lent; le peuple vous désire, et je vous donne mon
• consentement. Souvenez-vous seulement que vous
« êtes prince François. Je vous recommande d aimer
« votre peuple, de vous concilier son affection par la
m douceur de votre gouvernement; en tm mot de vous
» rendre digne du trône su|| lequel vous allez monter^»
Le nouveau monatque reçut les félicitations des prin-
ces du sang. Néanmoins le duc d'Orléans et son fils pro-*
testèrent contre le testament, parceqne Farchiduc étoit
placé, dans Fordredelasuccession , immédiatement après
le duc de Berry, disposition contraire au droit qu'ils
avoient conmie descendants d'Anne d'Autriche, dont la
renonciation ne ponvott pas avoir plus de force que celle
de Marie-Thérèse^ Le 4 décembre le nouveau roi partit
pour TEspagne, et fut accompagné par ses deux frères
jusqu'aux frontières de ce pays-
Lorsque Louis XIV accepta le testament, son minis-
tre M. de Torcy s'efforça de justifier cette conduite
auprès du comte de Manchester , qui résidoit à Paris
en qualité d'ambassadeur de la cour de Lpndres. Il
représenta que le traité de partage ne répondroit pro-
bsdilement pas aux vue&dans lesquelles il avoit été con-
certé; que l'empereur avoit refusé d'y accéder; que ce
traité n'étoit pas approuvé par aucmi des princes* aux-
quels ili avoit été communiqué ; que les peuples d'An-
^eterre et de Hollande avoient exprimé leur mécon-
tentement à l'idée de vcrir la France en possession de
Naples et de la Sicile; que si son maître avoit rejeté
le testament, l'archiduc auroit eu un double titre dé-
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^tiLLAt^tE lit; 4^^
tïv^tït du testatoent de Philippe IV, et de celui du der- ^*^
nier roi; que les Espagnols étoieiit si opposés aii dé-» *^^
membrement de leur mouafcbie^ qu'il eût fallu la con-^
quérir avant de pouvoir exécuter le traité ; que lés vais-
seaux que dévoient fournir l'Angleterre et la Hollande
nauroient point été suffisants pour atteiûdl^e le but
d'une telle guerre; et qu'il étoit douteux que Tube et
l'autre eussent voulu s'engager dans une dépense pluâ
eonsidérable. Il conclut en disant que le traité eût été
plus avantageux à' la FraiiCe que le testament, et que
le roi n'avoit accepté celui-ci que pat* le désir de main-
tenir la paix de l'Europe; qu^ainsi ce prince espéroit
que la bonne intelligence contihueroit à régner entre
lui^t le roi de la Grande-Bretagne. Les métneâ faisons
furent présentées aux états-généraux par l'ambassa-^
deur de France à La Haye. Malgré cette explication, les
états firent remettre au monarque françois' un mémoire
où ils témoignoient leur surprise qu'il eût accepté le
testiament^ et l'espoir qu'ils avoient conçu que le tempd
donné à l'empereur pour accéder au traité n'étant paà
encore expiré, sa majesté très chrétienne examineroit
de nouveau cette affaire importante, et ne voudroit
manquer à aucun de ses engagements. Louis XIV, dans
sa réponse, qu'il envoya à toutes les cours de l'Europe,
déclara qu'il consid^oit par-dessus tout le but princi-*
pal des parties contractantes, qui étoit le maintien de
la paix de l'Europe ^ et que}, suivant ce principe , il s'é--
cartoit, seulement des paroles ^ pour mieux se Confor^
mer à l'esprit du traitée
Ayec cette réponse, le roi de France adressa aux Philippe
états-généraux une lettre où il leur disoit que le testa- ^oi^j^E^
ment du roi d'Espagne en faveur de son petit-fils éta- pagnepair
II. J7
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I700.
4l$ HISTOIBE D^ANGLËTEffAE.
' blissoit sur des bases si solides la paix de TEurope qaH
ne doutoit point que la succession de ce prince à la
les él'itâ-
çéuéiùox. couronne d'Espagne n'c^tînt leur approbation. Les
états répondirent qu'ils ne pou voient s^ déclarer sur
une affaire d'une teUe importance ^ sans consulter leurs
provinces respectives ; Louis agréa cette excuse. L'am-
bassadeur d'Espagne à La Haye remk aux états une
lettre de son nouveau maître, qui notifia de même son
avènement à toutes les puissances de l'Europe hormis ao
roi d'Angleterre. L'empereur jeta uq eri contre le tes*
tamenty qu'il trou voit encore plus injuste ^ie le traité
départage, et menaça de se faire justice peur la force
des armes. Les Espagnols af^rébend^nt qu^il ne se
formât une %ue entre l'empereur et les puissances
maritimes , pour écarter la couronne de la tête du due
d'Anjou , et sentant leur insuffisance pour défendre leurs
états, se mirent entièrement sous la protection de la
monarchie ffançoise. Les villes des Pays-Bas espagnols
et du duché de Milan reçurent des garnisons françoîses.
Une escadre de la même nation jeta l'ancre dans le p^rt
de Cadix, et une autre fut envoyée aux établissements
espagnols dans les Indes occidentales. Une partie de
l'armée hollandoise qui se trou voit en quartier à Litxem*
bourg, Mons et Namur, fut faite prisonnière de guerre,.
' comme n^ayant pas voulu reeonnoMre le roî d'Espagne
qui n'étoit pas encore reconnu du gouvernement koUan-
dois. Cet événement plotigea les états dans la phis gran-
de consternation; ils se voyoient sans d^éfimse, et ne
doutoient paé que les garnisons espagnoles ne tombas-
sent sur eux avant qu'ils eussent pu rassembler un corps
de troupes. Le danger étoit si pressant, qu'ils se déter*
* minèrent à reconnoitre le roi d'Espagne» Ils écrivirent à
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CtJiLLÀtJMfe Ut* 4*9
Cet effet à Louis XIV, qui donna aussitôt ses ordres — ^****
Jpour qu'où relâchât leurs troupes. ^^^^'
Quelque ressentiment qu'inspiroit au roi Guillaume Nouv«aa
la conduite du monarque fraiiçois , si contraire aux ^^^^^^ "^^
engagements qu*avoit pris ce prince , il dissimula son not»v«att
chagrin^ et se comporta dans cette circonstance avec menu
Une réserve et une indiflFerencè apparente qui persua-
délrent à quelques personnes qu*il avoit en secret donné
les mains à cette affaire; d^slutrès pensèrent que ses
hïfirmités qui croissoient de jour en jour, et ]a crainte
bien fondée de trouver beaucoup d'opposition dans le
parlement, le dégoûtoient de s'engager daiis une nou-
velle guerre* Mais son but réel étoit de cacher ses sen-
timenti jusqu'à ce qu'il eût sondé ceux des autres puis-
sances de l'Europe , et qu'il eût vu jusqu'à quel point il
pouvoit compter sur son nouveau ministère. Il parois^
soit alors mettre sa principale confiance dans le comte
de Rochester, qui étoit partisan des torys, et qui fut
nommé vice-roi d'Irlande. Lord Godolphin fut fait pre*
toier commissaire de la trésorerie ; lord Tankerville
succéda comme garde du sceau privé à lord Londslade ^
fliort depuis peu , et sir Charles Hedges remplaça le
eomte de Jersey en qualité de secrétaire d'état ; mais
Remploi de modérer et de diriger les Communes fut
confié à M. Kobert Harley, qui jusqu'alors s'étoit opposé
aux mesures de la cour avec autant de virulence que
d'habileté. Ces nouveaux personnages voyant bien qu'il
»eroit très diflScile, 8*il n'étoit pas impossible, d^obtenir
la majorité dans le parlement, déterminèrent le roi à le
dissoudre par une proclamation; et dés writs furent ex*
pédiés pour en assemble^ un nouveau le 6 février.
Dans cet intervalle , le comte de Wratislaw arriva en
27.
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l^OO,
420 HISTOIBE d'^ANGLETERRE.
Angleterre comme ambassadeur de lempereur^ pouf
faire valoir les titres de Léopold à la monarchie espa-
gnole; titres appuyés sur des substitutions et des re-
nonciations réitérées^ et confirmées par les trsfités \eê
plus solennels. Ce ministre reçut raccueil le plus froid
de ceux qui se trouvoient à la tête des affaires. Ils
croyoient devoir éviter toute alliance qui pût entraîner
leurs compatriotes dans une nouvelle guerre sur le con-
tinent , épuisés comme ils Tétoient de tant de pertes et.
de malheurs que la guerre précédente leuravoit cau-
sés ^ et dont leurs descendants se ressentiroient encore.
Ils sembloient penser que Louis XIV, plutôt que de
s'exposer à de nouveaux troubles^, donneroit toutes les
garanties que pouvoit exiger le maintien de là paix ea
Europe; et que , quand bien même il s'y refoseroit , ce
ne seroit pas pour la Grande-Bretagne une raison de
prodiguer de nouveau son sang et ses richesses , afin
de soutenir un équilibre chimérique, auquel elle n'avoit
qu'un intérêt éloigné. Ils pensoîent aussi qu'en demeu-
rant à l'écart , elle n'en seroit que plus imposante ; que
sa réserve tiendroit en respect les puissances conten-
d^tQS, dont chacune en particulier imploreroit sotk
assistance ou ses bons offices ; et qu'au lieu de prendre
part à leurs différents , elle auroit l'honneut' d'en être,
l'arbitre. Peut-être étendoient-ils ces idées trop loin ; il
est même vraisemblable que l'esprit de faction n'y étoit
pas étranger. Ils haïssoient les whigs comme leurs ad-
versaires politiques, et avoienC la guerre en aversion ^
parcequ elle avoit été encouragée et soutenue par le
crédit de ce parti. Le roi croyoit, au contraire, que la
réunion des monarchies de France et d'Espagne devien-
drpit fatale à la liberté de l'Europe , et qu'un tel mal-
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GUILLAUME III. 4^1
heur ne pouvoit être prévenu que par un concert gé- — — —
néral des autres puissances européennes. Il entroit '^**
certainement de l'enthousiasme dans ses idées sur l'é-
quilibre politique, et ce prince étoit pleinement con-
vaincu que, de tous les potentats de la chrétienté , il
était le seul qui pût maintenir la balance. L'ambassa-
deur de l'empereur ne tarda pas à être instruit de ses^
véritables sentiments par des entretiens avec les favoris
hollandois qui connoissoientet approuvoient le des-
sein de leur maître, dessein qu'il évitoit de déclarer
- jusqu'à ce qu'il eût rendu ses ministres plus favorables
à ses vues , mais le motif secret de la réserve qu'on
avoit gardée envers le comte de Wratislaw à son arrivée
étoit dans une négociation particulière que Guillaume
avoit ouverte avec la régence d'Espagne , touchant une
barrière à établir dans les Pays-Bas. Il proposoit de
mettre en garnison dans certaines villes des troupes an-
gloises et hollandoises , pour servir de rempart contre
lés vues ambitieuses de la France. La régence étoit si
dévouée aux intérêts de cette nation , qu'elle refusa
d'accéder à aucune proposition de cette nature. Pen-
dant la durée de cette négociation, Guillaume crut dq.-
voir se tenir à une sage distance de l'empereur. Mais
quand ses efforts eurent écboué, l'ambassadeur le
trouva beaucoup plus ouvert et plus accessible.
Le parlement , assemblé le 6 , fut prorogé au lo fé- i^qi.
vrier. Ce terme arrivé, M. Harley fut élu orateur par
une grande majorité , en opposition à sir Richard 0ns-
loh. Le roi avoit eu soin d'avertir sir Thomas Lyttleton
qu'il lui rendroit un véritable service en cédant ses pré-
tentions à M. Harley dans cette circonstance, et Lyt-
tleton consentit à s'absenter de la chambre le jour de
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4%2 HISTOIRE D*ANGLETERRE.
-^'"^^ Télection. Le roi dit aux chambres dans son discoure
^ * que la mort du duc de Glocester les mettoit dans la
nécessité de prendre des mesures plus efficaces pour
maintenir dans la ligne protestante la succession à la
couronne ; et que les grands changements apportés
dans les affaires du continent par le décès du roi d'£s*
pagne exigeoient de leur part la plus sérieuse et la plus
.prompte délibération. Il termina par les demandes et
les recommandations accoutumées. Quoique les élec*
tions eussent été faites en général dans le sens des tory s ,
le ministère n'avoit pu s assurer que d'une partie de
cette faction. Quelques uns des chefs les plus popu-
laires , comme le duc de Leeds , le marquis de Nor*
mamby, les comtes de Nottingham, Seymour, Mus-
grave , Howe , Finch et Showers , a voient été ou négligés
ou trouvés intraitables, et ils se pjlomirent bien de
s'opposer de toute leur influence aux mesures de la
cour. D'un autre côté, l'on prétend que le roi de Fraxice
li'ignorant pas que la paix de l'Europe dépendoit en
grande partie des résolutions du parlement d'Angleterre,
avoit fait répandre dans ce pays de fortes sommes d'ar*
gent par son ministre Tallard, afin de fortifier l'oppo-
sition de la chambre des communes. Il est certain que
les pièces de France connues sous le n<Hn de louis^'or
ou de pistoles abondoient alors en Angleterre. Mais on
ne peut dire si elles y étoieut entrées par les voies du
commerce , ou par les largesses de Louis XIV. Nous
devons observer aussi que les moyens de corruption
n'avoient jamais été aussi indignement pratiqués en-
vers les électeurs que dans le choix des représentants à
ce parlement. Ce scandaleux trafic avoit été particu-
lièrement la ressource des whigs. Aussi lem^s antago*
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OtriLLÂUME III. 4^3
nistes résolurent-ils de De rien négliger pour mettre à "
découvert toutes leurs pratiques. Sir Edouard Seymour,
qui se distingua dans cette circonstance par son zélé
actif, en dévoila plusieurs , et signala particulièrement
la compagnie des Indes orientales , comme ayant pris
beaucoup de part h cet indigne manège. Une enquête
fut entreprise dans la chambre des communes; plu*
sieurs élections furent déclarées nulles , et divers indi*
vidus qui avoieni été réélus illégalement, furent d^abord
expulsés de la chambre et ensuite mis en prison. Mais
ces poursuites se firent avec tant de partialité , qu'il
étoit facile de voir qu elles étaient plutôt inspirées par
u^'zéle de parti que par un vrai patriotisme.
Une grande partie des communes avoit résolu de
présenter une adivsse à Guillaume,. pour lui demander
de reconnoltre le roi jd*Espagne. Et la motion qui fut
faite à ce sujet auroit probablement été adoptée à une
majorité considérable , sans quelques mots hardis jetés
avec un rare bonheur , qui firent prendre au débat une
telle toupam^e, que les membres opposés à la cour
crurent devoir se désister. M. Moncktpn, dans le feu
d'une sortie contre la proposition , dit ironiquement
qu il s'attendoit que le premier vote seroit pour recon-
noitre le prétendu prince de Galles. Quoiqu^il n'y eût
que peu ou point de rapport entre ces deux sujets, un
grand nombre de membres furent frappés de la ré-
flexion, et abandonnèrent la mesure proposée, qui se
trouva ainsi écartée. Le discours du roi ayant été pris
en considération , la chambre décida qu'elle soutien-
droit sa majesté et son gouvernement, et qu'elle pren-
dront les mesures les plus favorables aux intérêts de
l'Angleterre et a ceux de la religion protestante. Cette
I Ol.
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4a4 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
*""*"" résolution fut présentée au roi dans une adresse qu'il
^ * . reçut très gracieusement. En même temps, il fit mettre
sous les yeux des communes un mémoire qu'il avoit
reçu des états-généraux ^ et demanda leur avis et leur
assistance sur ce. qui en faisoit l'objet. Les états t'infor-
moient qu'ils avoient reconnu le duc d'Anjou comnie
, roi d'Espagne, que la France avoit consenti aune né-
. gociation, où seroient stipulées les conditions néces-
saires pom* le maintien de la paix en Europe , et qu'ils
étoient bien déterminés à ne rien faire sans le concours
de sa majesté et de leurs autres alliés. Us demandoient
en- conséquence qu'il envoyât un ministre àXa Haye
pour coopérer avec eux à cette négociation. Ils ajoù-
tpient que si elle étoit infructueuse , ou que la Hollande
fût soudaii^ement envahie par les troupes que LouisXIV
avoit fait avancQr vers leurs frontières ; ils comptoietit
sur l'assistance de TAngleterre, et espéroient que sa
majesté feroit préparer les secours convenus dans le
traité , pour qu'on pût s'en servir si l'occasion le re-
quéroit. Ce mémoire fut également communiqué à la
chambre des pairs, Les communes demandèrent que
ies traités çntre l'Angleterre et les états-généraux fus-
sent mis sous leurs yeux. Après en avoir pris lecture»,
elles résolurent de demander au roi , par une adresse ,
d'entrer avec les états^généraux et les autres puissan-
ces dans les négociations les plus propres à conduire
?m but qu'on devoit se proposer, c'est-à-dire à la sûreté
mutuelle de la GranderBretagne et des Provinces^Unies,
et à la garantie de la paix de l'Europe ; elles dévoient
en même temps l'assurer de leur zélé à le seconder dans
l'exécution du traité subsistant entre l'Angleterre et les
étjats-généraujç. Cette résolution ne passa cependant
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1701.
ttUILLAUMIB III. 4^5
qu'après une vigoureuse résistance de la part de ceux *
qui s opposoient à ce que la nation s'engageât dans une
nouvelle guerre sur le continent. Guillaume témoigna
toute la satisfaction qu'il ressentoit de cette adresse , et
dit qu'il donneroit immédiatement à ses ministres en
pays étranger l'ordre d'agir de concert avec les états-
généraux et les autres puissances , pour remplir les
désirs que manifestoit la chambre.
Le roi communiqua ensuite aux communes une L®""** il-
lettré écrite par le comte de Melfort à son frère le
comte de Perth, gouverneur du prince de Galles. Cette
" lettre avoit été égarée par accident, et venoit d'arriver
à Londres dans la malle de France. Elle contenoit lé
projet d'une nouvelle invasion en Angleterre, avec
quelques réflexions sur le caractère du comte de Mid-
dleton, qui avoit supplanté le comte de Melfort à la
cour de Saint^Germain. Melfort étoit un homme à pro-
jets, et paroissoit n'avoir d'autres vues que de se ren-
dre recommandable aux yeux du roi Jacques et de faire
disgracier son rival. La chambre des lords, à qui la
lettre fut également communiquée, en ordonna l'im-
pression , et présenta le lendemain une adresse où , en
remerciant; Guillaume du soin qu'il prenoit des intérêts
de la religion protestante, elle demandoit qu'on lui re-
présentât tous les traités faits depuis la dernière guerre ,
prioit le roi de s'engager dans les^ alliances qu'il croiroit
les plus propres à maintenir l'équiHbre en Europe,
l'assuroit du concours des lords, et lui témoignoit sa
reconnoissance pour l'attention qu'il avoit eue de don-
ner communication de la lettre de Melfort. La chambre
lui demandoit aussi de donner des ordres pour qu'on
e^isU les chevaux et les armes des malveillants, d'éloi*
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4^6 HISTOIRE d'aNGLETCRBE.
~— ~* goer de Londres les papistes qui pouvoient s'y trouver,
^ * d'ordonner qu'on fît la recherche des armes et des mu*
nitions mentionnées dans la lettre, enfin de faire équi-
per le plus tôt possible une flotte suffisante pour la
défense de son gouvernement et de son royaume. Goil-
laume fit la réponse la plus gracieuse à cette adresse,
où les demandes des lords se rencontroient si bien avec
ses propres desseins , et lencourageoient à les exécu^
ter. Il eut la satisfaction de voir la lettre de Melfort
enflammer encore le ressentiment de la nation contre
la France, qui représenta inutilement cet homme
comme un faiseur de projets chimériques ani^quels la
cour de Versailles n avoit auctm égard. Le ministère
françois se plaignit de la publication de cette lettre
comme d'une démarche faite pour aigrir les deux na-
tions Tune contre lautre, et voulant donner une preuve
de sa sincérité, il exila le comte de Melfort à Angers,
bn renie Le Crédit des billets de Téchiquier se ressentit telle-
■j^^^jJ^J^' ment du changement de ministère, et de l'expiration
courcm- . du temps déterminé pour leur circulation , qu'ils tom-
bèrent à près de vingt pour cent au préjudice du re-
venu public, et au grand désavantage du gouvernement
dans les pays étrangers. Les communes, ayant pris ce
discrédit en considération, arrêtèrent qujl scroit pour-
vu , à des époques indéterminées , an paiement du prin-
cipal et des intérêts dus sur les fonds alloués par le
parlement ; elles passèrent un bill pour renouveler les
billets de l'échiquier. Ce bill fut envoyé le 6 mars à la
chambre des lords , et le 1 3 il reçut la sanction royale.
Le premier soin des communes fut ensuite de régler la
succession au trône, ce que le roi leur avoit recom-
mandé à l'ouverture de la session. Après une longue
ne.
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GUILLAITME Ili. 4^7
délibération elles décidèrent qu'il étoit absolument né- "
cessaire à ia paix et au IxHibeur du royaume, comme
à la sûreté de la religion protestante, de faire une dé«
claration plus étendue pour régler et pour limiter à la
ligne protestante la successicm à la couronne^ après sa
majesté la princesse Anne, et leurs descendants res-
pectifs , et pour assurer de plus en plu| les droits et les
libertés du peuple. M, Harley proposa qu avant de rien
déterminer, quant aux personnes ayant titre à la suc*
cession , on réglât , en forme de préliminaires , plù<*
sieurs des conditions qu'elles devroient remplir pour
gouverner la Grande-Bretagne ; ce qui garantirait mieux
Tobservation de ces conditions. La chambre prit en
conséquence les résolutions suivantes.: que quiconque
parviendroit désormais à la couronne devroit être de
la communion de Téglise d'Angleterre^ telle qu'elle
étoit établie par les lois ; que s il arrivoit que la cou*
ronne passât à un prince qui ne seroit pas né anglois ,
la nation ne seroit tenue de s'engager dans aucnne
guerre pour défendre un état ou un territoire qui n'ap*
partiendroit pas à cette couronne, sans le consente-
ment du parlement, qui seroit également nécessaire
pour autoriser à l'avenir le souverain ou I9 souveraine
à sortir d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande ; que, pour
parvenir à l'exécution rigoureuse de l'acte de limita-'
tion^ toutes les affaires, ayant pour objet d'améliorer
l'administration, continœroient d'être soumises à la
connoissance du conseil privé, suivant les lois et cou-
tumes ; mais que , tant pour le présent que pour l'avenir,
les résolutions prises dans ce conseil seraient signées
par tous ceux qui auroient donné en leur ùveur un avis
ou une adhésion; que, lorsque Taote de limitation au*
1701.
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170Ï-
428 HISTOIRE D'ANGLETERRE.
■ roit son efFet, tout individu né hors des trois royaumes
ou hors des territoires de leur dépendance, à moins
qu'il ne dût le jour à des parents anglois , seroit inha-
bile à entrer. au conseil privé, à siéger au parlement ,
à occuper aucune place de confiance soit dans le civil ,
soit dans le militaire, à recevoir des terres ,' maisons
ou héritages, p^r concessions de la couronne, faites
directement ou par l'entremise d'un prête-nom , quand
même il seroit naturalisé et déclaré regnicolé; que
nulle personne possédant un office ou une place sala-
riée, dépendante du roi , ou pensionnée de la couronne,
ne pourroit être admise à la chambre des communes ;
que l'acte de limitation ayant son effet, les commissions
des juges leur seroient délivrées quamdiu se bene ges-
serint; que sur la demande des deux chambres ils poud-
roient être légalement révoqués ; qu'enfin aucunes let-
tres de grâce scellées du grand sceaii ne seroient va-
lides contre une accusation portée en parlement par la
chambre-basse. Les communes décidèrent ensuite que
la princesse Sophie, duchesse douairière d'Hanovre,
seroit déclarée première héritière de la couronne dans
' la ligne protestante, après sa majesté, et la princesse,
et leurs descendants respectifs, et que l'acte de limita-
tion des prérogatives de la couronne auroit son effet à
dater de ladite princesse Sophie. Un bill conforme à ces
résolutions fut envoyé à la chapbre des lords, où il
éprouva quelque opposition de la part du marquis de
Normanby; les comtes de Huntingdon et Plymoùth,
les lords Guilfort et Jeffries protestèrent contre ce bill,
qui passa cependant sans amendement, et reçut le 12
juin la sanction royale. Ces limitations préliminaires
donnèrent beaucoup de chagrin à Guillaume, qui les
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GUILLAUME IIL 4^9
regarda comme une critique ouverte de sa conduite et
de son administration, tandis qu'en général les bons '7^
esprits n'y virent que des précautions nécessaires, na-
turellement suggérées par l'expérience des maux aux*
quels la nation avoit été exposée pour avoir élevé un •
prince étranger sur le trône. Les torys, qu'on accusoit
de favoriser les intérêts du dernier roi , montrèrent en
cette occasion beaucoup de zélé pour détruire cette im-
putation, et s'insinuer dans la confiance du peuple,
espérant que par la suite ils pourroient détourner la
nation de s'engager trop avant dans les affaires du con-
tinent, sans encourir le soupçon de n'être point parti-
sans du roi et du gouvernement. L'acte de succession
étant passé, le comte de Macclesfield fut envoyé pour
en donner connoissance à la princesse Sophie, qui re-
çut aussi de ses mains l'ordre de la jaKretière. Cet acte
fit ombrage à tous les princes papistes, qui étoient plus
près de la couronne par leur naissance que cette prin-
cesse, qu'ils se vôyoient préférer par le parlement. La
duchesse de Savoie, petite-fille par sa mère du roi
Charles I , ordonna au comte de Maffei , son ambassa- ^
deur, de faire en son nom , auprès du parlement d'An-
gleterre, une protestation contre toutes les résolutions
contraires à son titre, attendu qu'elle étoit seule fille
de la princesse Henriette, et par cette raison la plus
proche de la succession après le roi Guillaume et la-
princesse Anne de Danemarck. Maffai aidressa cette
protestation au lord garde-des-sceaux et à Porateur de
la chambre des communes; mais ou n'y eut aucun
égard. Pendant que l'ambassadeur de Savoie faisoit
cette démarche, son maître formoit une alliance avec
les cours de France et d'Espagne, à condition que sa
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43ù tlISTOtRE D'ANClEtÊftAË;
— majesté catholique épouserait la plus jeune de ses fiUeê ^
' ' sans qu'elle lut apportât aucune dot; que lui-même
auroit le commandement de Farmée alliée en Italie , et
qu'il fourniroit huit mille hommes d'infoftterie et deux
mille cinq cents chevaux ^ moyennant un subside de
cinquante mille écus par mois.
M^{;oeia- Oaus le même temps M« Stanhope, envoyé extraor-
frnctueu- diuaire auprès des états-généraux, reçut pouToir de
•e avec la (raiter avec les ministres de France et d'Espagne, con«
formément aux adresses des deux chambres du par*
lement. Il représenta que si sa majesté très chrétienne
avoit jugé à-propos de s'écarter du traité de partage^ il
n'étoit pas raisonnable que le roi d'Angleterre perdtt le
fruit de cette convention, et qu'il espéroit en dédom-^
magement quelque garantie pour la paix de TEurope ;
en conséquenoe*il proposa certains articles portant que
Louis XIV retireroit immédiatement ses troupes des
Pays-Bas e^>agnoIs; que, pour la sûreté de TAngle-
terre^ les villes d'Osteode et de^Nieuport seroient re-
mises entre les mains de sa majesté britannique; que
bulies provinces, villes, terres ou places appartenant
à la couronne d'Espagne ne seroient jamais ^ sous au^
cun prétexte, cédées ou transférées à la couronne de
fVance; que les sujets de la Orande-^Bretagne conser--
ireroient pour la navigation et le commerce, dans les
états de l'Espagne, tous les privilèges , droits et immu*
nités dont ils jouissoient à la tnort du dernier mo«
narque espagnol ; qu'ils jouiroient également de toutes
les franchises et de tous les droits que pôssédoient ou
que pourroient posséder à l'avenir les sujets du roi de
France ou de toute autre puissance ; qu^ou renouvelle-
roit tous les traités de paix et toutes les conventions
DigitizedbyCjOOQlC
GùatAtMÈ lîh 43i
entre l'Angleterre et FEspagne; et que le! traité qui"
seroit conclu en conséquence de ces demandes, seroit
garanti par toutes les puissances dont Tune ou l'autre
des parties contractantes solliciteroit Taccessioa. Les
mêmes propositions furent faites par les états-géné-
raux, avec cette différence qu'ils demandèrent comme
villes de garantie toutes les plus fortes places des Pays-
Bas. Le comte d'Avaux, ministre de France, fut si sur^
pris de ces demandes es^orbitantes, qu'il ne put s'em-
pêcher de dire qu'on n'auroit pas exigé davantage de
son maître après deux victoires successives remportées
sur lui. Il assura que sa majesté très chrétienne retire-^
roit ses troupes des Pays-Bas espagnols aussitôt que le
roi d'Espagne auroit dans cette contrée des forces suf-
fisantes. Quant aux autres articles , il ne répondit autre
chose sinon qu'il alloit les transmettre à la cour de
Versailles. Louis XIV. fut indigné de ces propositions ,
quon s'accordoit insolemment à lui faire; il y vit une
preuve certaine des intentions hostiles de Guillaume^
Il refusa de donner d'autre garantie pour la paix de
TEurope que le renouvellement du traité de Byswick^
et Ton dit même que, par le moyen de ses agents et
de ses émissaires , il s'efforça de gagner les membres du
parlement anglois , pour qu'ils s'opposassent à toutes
les mesures qui pouvoient tepdre à une nouvdile guerre
fur Le continent.
FIN ou TOME 0K2IÈME*
1701
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TABLE
Des Ghapitreâ et Sommaires contenus dan»
le onzième Volume*
tlVRE PAEXIJSR.
Guillaume III et Marie. État de la nation immédïaf-'
tement après la révolution « . . . « Page s
Nouveau ministère •«•«•••«. 5
La convention transformée en parlement. . « . .c . 7
Révolte dans Tarmée • • • n
Couronnement, et abolition de Timpôt sur les feux. . 12
Les communes ^lotent des indemzdtés en faveur des
Provinces-Unies ••...•..« 4 iJ
Tentatives de Guillaume pour gagner les non-confc^-
mistes .« «..^««^•«.«^ i4
Acte pouF la tolérance . • •«.<•• if
Vidlepts débats au sujet du bill de compréhension • . i9
Ls^jchambre des communes fait une adresse au roi
pour demander la convocation du clergé * • « « 19
Revenus fixés • ^ • . . . ^ • • • 20
La conduite des vtrhigs donne de l'ombrage au roi • • ii
Animosités qu'excite Je bill d'amnistie . « . « • .r n
Naissance du duc de Glocester ..•••«..«• a3
Affa)f^ du continent a4
La guerre est déclarée à la France . a6
Convention d'Ecosse . • . * • 2J
Lettres dulroi Guillaume et du roi Jacques à la con-
vention d'Ecosse a6
L'autorité de Guillaume est reconnue par la convenu
lion «••...•^r«r. ••.••,..•. 3o
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TABLE» 433
La couronne ^i déclarëe vacante. Acte qui reiConnoît
Guillaume et Marie comme souverains d'Ecosse . Page 3i
Guillaume accepte la couronne aux conditions pro-
posées • ... é ...... • 3a
Ë numération des griefs de la convention .*.... 34
L'épiscopat é&t aboli en Ecosse \ é ^ . 35
Débats dans le parlement d*Ëcosse « .4 3ô
Le parlement est ajourné • . • « é é • • . 4 . . 37
Siège et prise du château d*Édimbourg . .... * 38
Les troupes de Guillaume sont battues à Rillicrankie. . 3q
Le roi Jacques est accueilli à la cour de France • é . 4^
Tyrconnel temporise avec le roi Guillaume • . « . 4^
Jacques arrive en Irlande < «*.«*... é . . « 4^
Proclamations de Dublin . . * . < . , é • • . • 4^
Siège de Londonderry . « . é . . ^ . é . . . • 44
Courageuse défense des habitants . . . . ^ . . . 4^
\]!onduite de Rosen « ........ 4 « . « . 4?
La ville est secourue par Kirke •..<,.«..< 4^
Les habitants d'InniskilHng défont et prennent le
général Maccarty .. é ••««.• i .. « . 49
Assemblée du parlement d'Irlande • • * ^o
L'acte qui confirmoit les protestants dans leurs biens
est annulé . • . é * . . . . * . i? . . . . - . * ' Se
Acte de proscription/ . .........*.♦"• Skiai
Jacques fait battre une monnoie à bas titre * . . • . 53
ïiCs catholiques s^empareUt des églises des protestants. 54
Combat de la (lotte françoise é . • 55
On revient sur plusieurs jugements en Angleterre * • 5^
Bills passés dans cette session •«...« 60
^
LIVRE il.
Suite du régne de Guillaume III et Marie. Schomberg
passé en Irlande avec une armée 6li
il. 28 •
Digitized by CjOOQ IC
434 TABLE.
Victoire ^des Inni^tninois Page tS4
Schomberg biàmé de son inaction 6S
Échec des François 4 Walcotirt • • . 66
Succès des alliés en Allemagne 67
Mort du pape innocent XI 6ft
Gnillaume perd tin peu de sa popularité ...••. 70
Une partie tlu dergé refuse le serment ^1
Le roi GuiHaume s'occupe de réfomoer !a discipline
de l'église .... % yS
Assemblée du dergé ....»..••.*.., 74
La session est plnsieurs fois prorogée 7S
Affaires du parlement • . 76
Les wbigs mettent obstade an bill d^ammscîe .... 77
On reprend les recheixhes sur les affaires d'f rlarnde • 78
Ressentiment de GuiHaume icomtre tes "wbigs .... 80
Complot -contre le goirvemement ibid.
Débats au sujet du bill <les communautés .... 8»
liC roi veut terminer en personne hi guerre dlrîande . 8S
Arrivée de Ludletv en At^gleterre 84
Efforts des jacnbîtes en Ecosse '. . 8S
Le crédit de la -cour remporte . • ^ 86
Les torys ont le dessus en Airgléterre ....... 88
Bill pour reconnoltre Guillaume et Marie ..... Sg
Débats «ur le biH d'abjuration ...»•.•... 91
Guillaume passe en Irlande 9«
Iftcques marche vers la Boyne pS
Gnillaume se décide à «livrer batsffHe . • . • • ^ . 94
Bataille de la Boyne 96
Mort de Schomberg . • • ^
Jacques s'embarque pour |a France • loa
Entrée de Guillaume à Dublin ........ .^ . rot
Victoire des François « 107
Torrington est envoyé 4 la Tour .......... io4
Progrès de Guillaume en Irlande . ....... ^ 10&
11 fait le siège de Llmerick qu'il est obligé d'abandonner .^ 1 07
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TABLE, 435
Iltductien de Cork et de J^iosale .•..•• Pagç 108
Les troupes françaises %uiUeBt l'Irlan4e • .. • » • • ii«
te duc de Savoie se joint aux confédérés ibid.
Héfaite du prince 4e WaMeefc ^ «•...... • m
X/archlducJosefili es* élu voî des Romains . « .. • . 113
Assemblée du parlement ea Angleterre 114
Lies cooimune^ acQédeat aux demandes du roi • . • ii5
Péiitioa dea torys . .•,.•«•«.«..««• 11$
Attaque contre le BQiarquîs de Gaer«ii9irtb0n « . • « . 117
Voyage de Guifiaunie en Holbkude* lit
Il assiste il un congrès 120
LlVftE m.
Suite du régne de Guiilautne III et Marie. Conspira-
tion découverte Page ma
Le roi nomme aux évèchés Tacants .....••« laS
Affaires d'Ecosse . •• ««* ' 127
Campagne de Flandre 12S
Affaires du Piémont ^••.••«•. i3i
Élection d'un i^ouveau pape . . • • « i3i
Succès de l'empereur contre les Turcs i33
Affaires d'Irlande ^ i33
Les François et les Irlandais obtiennent une capitu-
lation honorable • . • . • i43
Douze mille Irlandois catholiques romains sont trans-
portés en France ••.•••••.•«.... i46
Assemblée du parlement • . • • 147
Actes du parlement. •••...•.•• i5o
Mauvais succès des flottes angloise et hoUapdoise • i5%
Le roi mécontente les presbytériens d'Ecosse • «' • • i54
Massacre de Glencoé . • iS^
Préparatifs en France pour une descente en Angle-
terre • . , ^ • . • • {€•
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436 TABL£.
Manifeste de Jacques Page i6i
Précautions prises par la reine pour la défense de la
nation ,•... i6S
L'amiral Russel met de nouveau en mer . « . . « 166
Il remporte une victoire sur la flotte Françoise . . 167
Le roi de France prend Namnr à la vue du roi Guil-
laume • • .••,,.•.,. 172
Défaite des alliés à Steinkerque •...,..., 173
Entreprise contre Dunkerquc qui n'a pas de suites . 176
Peu de succès des alliés sur le Rhin. Affaires de
Hongrie , • ....•,•.. •.,..,.. 177
Le duc de Savoie pénétre dans le Dauphiné • • • . 178
Le 4uç de Hanovre ctéé électeur 4e l'empire • , • • iSJo
LIVRE IV.
Suite du régne de Guillaume III et Marie. Le comte
de Marlborough et l'évêque de Rochester fausse-
ment accusés • 183
Causes du mécontentement général i83
Division entre la reine et la princesse Anne de Dane-
marck 186
Les lords revendiquent leurs privilèges 187
Les communes présentent des adresses au roi et à
la reine • 189
Les lords présentent des remontrances au roi . • . 194
Adresse des communes au roi 196
Instruction pastorale de Burnet brûlée par la main
' du bourreau • 19-^
Adresses des chambres au roi . •...,•..• 199
Bills favcrables à la liberté 120e
Procès de lord Mohun. Changements dans le mi-
nistère 3o4
Le roi rassemble l'armée des confédérés en Flandre . 20Q
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TABLE. 4^7
IjCs François réduisent Huy Page 207
Ijuxemboùrç se détermitie à attaquer les alliés . • . ao8
Cliarleroi pris par les François an
Campagnes sur le Rhin et en Piémont • • • , . , . 21a
Affaires navales 217
Expédition dans les Indes occidentales ••«... 21g
Benbow bombarde Saint-Malo 220
Le roi de France a recours à la médiation du Dahe-
marck 222
Le roi retourne en Angleterre ...... w ,. • 226
Enquête relative aux désastres éprouvés sur mer . . 227
Des sommes énormes sont accordées pour le service
de l'année suivante t T .•••'• • 229
Établissement de la banque en Angleterre 232
Charte de la compagnie des Indes orientales • . . • 234
Bill général de naturalisation '. 236
Tentative de descente à la baie de Camaret . • • . 23^
L'amiral Russel secourt Barcelone . 242
Campagne de Flandre ' . . . 243
Les alliés reprennent Huy .•...,.. ^ ,. . 245
Opérations sur le Rhin • • . ibid.
Succès des François en Catalogne ........ 247
Mort de l'archevêque Tillotson et de la reine Marie . 260
Réconciliation <lu roi et de la princesse Anne de Dane^
marck , 25ï
LIVRE V.
Suite du régne de Guillaume IIL Complot de Lan-
caster . 254
Enquête sur le3 abus introduits dans Farmée . . . 267
Interrogatoire de Cooke, d'Acton, et de quelques au-
tres ........ 260
Le duc de Leeds accusé par les communes . . • . 262
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4!38 TABLE.
Parlement d'Ecosse. . • • Pag€ !à64
Enquête sur le massacre de Glencoé 26S
Acte du parlement d'Ecosse pour une compagnie de
commerce •••••••... .. ^j
Délibérations du parlement d'Irlande 9i68
Disposition des arnciées en Fl^dre •••••••• si6g
Guillaume entreprend le siège de Nainùr 17 1
Retraite du prince deVaudemont ••••..., 272
Campagne sur le Rhin • • 279
Prise de Casai par le duc de Savoie a8i
Affaires de Catalogne • » • ibid^
One fibtte angloise bombarde Saint-Malo • . , . • !i83
Expédition dans les Indes occidentales ibid.
Nouveau parlement ».. ^85
Bill qui rigle les procès en cas de haute-trahison . . a86
Résolutions relatives à un nouveau monooyage . • • aSg
Intrigues des jacobites. •••...• ^ agS
Conspiration contre la vie du roi Guillaume . . • • 298
Projet d'invasion déjoué • . • • 3oo
Association pour la défense du roi • • 3oi
Établissement d'une banque territoriale ,«•••• 3o4
Les alliés brûlent le magasin de Givet . ..««•. 3io
Louis XIV fait auprès de la {loUande des avances pour
la paix ^\%
Affai résina vales 3 18
Délibérations des parlements d'Ecosse et d^Irlande . 3 19
Zélé des communes d'Angleterre pour Guillaume • • 3ao
Résolutions relatives à la moonoie • . 32 1
Procès et condamnation de sir Jean Fenwick . • • . 324
Le comte de Monmouth envoyé à la Tour 336
Enquête sur le peu de succès des affaires navales. . • 337
Négociations à Rysw^ck 339
Les François s'emparent de Rarcelone. ...••• 34 1
Expédition de l'amiral Nevil aux Indes occiden*
taies . . • 343
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L'électeor de Saxe e%i él«JK>i de Pologne . - . Page 345
Le czar de Moscovie voyage dégiiisë B46
Congrçs de Ryswick ••...♦. 347
On signe le traiié 3^
i'aL'ification générale ......•••«••••• S5s
LÏVfeE T1.
6u4te du régne de Guillaume III. Étal diss jMdrtis 45B Ad-
gletecre . • ^ • • • • . 35S
Caractère des minisires •• « ^. •«#••••• • 359
Le nombre des troupes, permanentes réduit li dis «mUe
hommes 36t
Vote pour la liste civile ..«•«• 36a
Endossements frauduleuse de billets de Téchiquier » 363
Nouvelle compagnie des Indes orientales constituée
par acte du parlement 365
Société pour la réforme des moeurs 370
Le comte de PorUand vésîgne tses «mploîs « . « • • 371
Le roi se montre peu favorable à la compagnie d'E-
cosse. ' • • • 371
Il s*embarque pour la Hollande 374
Premier traité de partage •...'•. 375
Intrigues de la France à la cour de Madrid •••.,. 377
Adresse des communes au roi .... « '• 383
La compagnie d'Ecosse forme un établissement dans
. l'isthme de Darien 385
Remontrances de la cour d'Espagne • 38g
Les communes persistent dans leurs résolutions ... 391
Enquête sur l'expédition du capitaine Kidd • . . . 392
Enquête sur les biens confisqués en Irlande . . « . 395
Bill qui déplaît extrêmement à Guillaume 397
Les communes passent un bill très sévère contre les
papistes 399
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44o TABLG.
Rétablissement de l'ancienne compagnie des Inde^
orientales • Page ^ài
Dangereus»^ fermentation en Ecosse 4^^
Renvoi de lord Somcrs • . • 4^^
Second traité de partage ^i • «. • . • 4^^
Une flotte angloise est envoyée dans la mer Baltique . 4^
Le second traité de partage est mal accueilli de plu-
sieurs puissances •• ^og
Le crédit de la France prévaut à la cour d'Espagne . i^io
nfort du roi d*E$pagne * . 4^4
Philippe reconnu roi d'Espagne par les états*généraux. 4 > ^
Nouveau ministère et nouveau parlement 4^9
Lettre interceptée •. «... ^25
On régie la succession à la couronnf ....... 4^^
Négociatiop infructueuse avec la France .•••.. 4^^
FIN D£ LA TAKrE DV ONIIEHS VOLUME»
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