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Full text of "Histoire D'Angleterre Depuis 1760....."

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HISTOIRE 

D'ANGLETERRE. 



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DE L'IMPRfMiEÎRtE t>É P. 6lt)0t L'AINÉ^ 

Ç^fiYALUB DE L*ORDRE ROYAL DE 0AIST-MlGHK|;^ 
lUPBUUUB Dt7 AOk 



DigitizecUsy CjOOQ IC 



HISTOIRE 

DANGLETERRE 

DEPUIS 1760 

;fDSQU'A LA FIN DU RÈGNE DE GEORGES H? 

Pau SMODLETT et;^ADOLPH^US. 
traduction de l'anglois, 

Reyne ptir M. CAMPENON, de l'Acaddinie françoise, 
four servir de complément à VHistoire d^Angletem de Hem. 

TOME PREMIER. 




A PARIS, 



CHEZ JANET ET COTELLE, LIBRAIRES, 

BUE HECVE-DES-PETITS-CHAMPS, N° 17. 

M. DGCCXXI. 



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^^;^^,^^^^^^^,^,i^i^^VVVVVVVV%iV»/»<»^.'»/«/%i'«»%»V%»VVV'V*''V»/V%/«^»VVV%^»%/VVVV%^^^ 



AVERTISSEMENT, 



On ne doit point s attendre à trouver dansi 
SmoUett ce coup-d'œil pénétrant, cette pro- 
fondeur, cet esprit philosophique, cette heu- 
reuse concision, enfin cette rare impartialité, 
qui ont élevé David Hume à un rang si dis- 
tingué parmi les historiens modernes. Smoilett 
fait souvent regretter que l'écrivain écossois 
n'ait pas entrepris de compléter son histoire 
d'Angleterre. Narrateur minutieux, il se borne 
ordinairement à la simple exposition des faits, 
et livre le lecteur aux réflexions qu'ils font 
naître. 

Heureusement un grand nombre de ces faits 
sont assez attachants par eux-mêmes. Le pé- 
riode de temps qui s'est écoulé depuis la révo- 
lution de 1688 jusqu'à la mçrt du roi Geor- 
ges H, est sans contredit une des époques les - 
plus intéressantes de l'histoire d'Angleterre, 
d'est cette époque que traite SmoUett. Aucun 
des documents nécessaires pour la retracer 

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VJ AVERTISSEMENT, 

avec fidélité ne lui manqua; les meilleurea 
sources lui furent ouvertes/, il eut k sa dispo- 
sition les relations officielles des événements, 
militaires et les registres du parlement. Cela 
seul suffisoit pour donner du prix à son livre ,^ 
et ce fut sans doute ce qui en détermina le 
succès en Angleterre. Ce succès s est soutenu 
jusqu'à nos jours, puisqu'on réimprime rare- 
ment Hume sans réimprimer en même tempa 
Sipollett. 

Quoique l'ouvrage de Smollett soit évidem-^ 
ment inférieur à celui de Hume, on a jugé 
convenable de le traduire, paroequ'il en est 
la continuation, la seule existante jusqu'à pré-» 
sent en Angleterre. On a d'ailleurs cherché à 
faire disparoître quelques uns de ses défauts, 
et particulièrement une partialité bien mar-^ 
quée contre la France, partialité qui se mani-> 
feste çur-tout dans le récit des opérations mi- 
litaires. On s'est également attaché à rendre 
moins sensible la diffusion qu'on lui reproche, 
en supprimant plusieurs petits détails peu di*^ 
gnes de l'histoire. 



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HISTOIRE 

DANGLETERRE. 



GUILLAUME Ht ET MARIE. 



LÏVRE PREMIER* 

État de la nation immédiatement après la révolutioQ. — 
Nouveau ministèrei — La convention transformée en par- 
lement. — Révolte dans l'armée. •*- Couronnement , et 
abolition de l'impôt sur les feux. — Les communes votent 
des indemnités en faveur des Provinces-Unies. — t'enta* 

. tives de Gu. lia urne pour gagner, les non-conformistes. ^- 
Acte de tolérance. — Violents débats au sujet du bill dû 
compréhension, — La chambre des communes fait une 
adresse au roi pour demander la convocation du clergéé 
-^ Revenus fixés. — La conduite des whigs donne de l'om- 
brage au roi. — Animosités qu'excite le bill d'amnistie* 
— Naissance du duc d« Giocester. — Affaires du conti- 
nent. — La guerre est déclarée ^ la France. — Convenu 
tion d'Ecosse. — Lettres du roi Guillaume et du roi Jac<* 
ques à- la convention d'Ecosse. — L'autorité de Guillaumâ 
est reconnue par la convention. — La couronne est dé-» 
ctarée vacante. — Acte qui proclame Guillaume et Marie 
souverains d'Ecosse. — Guillaume accepte la couronne 
aux conditions proposées. — Énumération de? griefs de la 
convention. — L'épiscopat est aboli en Ecosse. — Débatt 



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3 >ÏÏSTOIRÉ d'ANGIETëARÉ^ 

dans e parlement d'Ecosse. -^ Le parlement est ajourna.' 

— Siège et prise du château d'Edimbourg. — Les troupes 
de Gnillaiinie sont battOFS ^ Killicrankie. — Le roi Jacques 
c$t accueilli à la coâr de France. -^ Tyrconnel temporise 
avec le roi Guillaume. — Jacques arrive en Irlande. — 

— Proclamation' de Dublin. — Courageuse défense des 
hai^itsTAts de Londonrferry. -^ Conduite de Bosen. — La 
ville est secourue par Rirke. — Les habitants d'Inniskil- 
ling défont et prennent le général Maccarty. -^ Assemblée 
du parlement ^*Ii4aiide. — L'acte qui confîrmoit les pro- 
testants dans leurs biens est annulé. — Acte de proscrip- 
tion. — Le roi Jacques fait battre une monnote à bas titre.. 

— Les catholiques s'emparent des églises des protestants* 

— Combat de la flotle françoise. — On revient , en Angle- 
-terre , sur plusiedrè jugements. 

■"""~"~ Ljk eonstttutlon tl'An^eterre avmt pris une face nott- 

} ^' vellè: le prittcrpfe tfe l'hérédité, droit touiaurs invio- 

la nation lablc, venoit d être ênJnn méconnu par un parlement 

Mnmédia- jy^rg, Qn ne voyoit plus dans le pouvoir royal que 

après i» l'effet d'un contrat entre le prince et le peuple : Tobli- 

'iIod"' 6^^*^** de protéger d'une p£irt, et de Fautif celle d'obéir 

étoietot regardées comme le lien qui les unissoit. Les 

représentants xiè la nation firent une réclamation en 

fùrmêées drôitskle leârs commettants, etGuillaume III 

iïiôlita sur te trôné par une dapitolatîon véritable avec 

le peuple. Le zélé des membres du parlement pour leur 

libérateur paroît cependant l'avoir emporté dans cette 

circonstance sur leur attachement à la liberté et à leur» 

privilèges, il est sûr au moins qu^ils négligèrent la plu» 

belle occasion qui pût se présenter d'ô ter à la couronne 

les prérogatives auxquelles ils imputoient toutes les 

;incieûiies calamités conune tous les maux récents -da 



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(^toiiiàtMË iti Et !iAlil£j â 

t^yaume. Le noavëau oionarque conâerva danâ toute " 
«on étendue le,|>oiiv(Mr royal sur les parlements. On lui 
laissa la liberté de les convoquer, ajourner, proroger et 
dissoudre à son gré, aveti les moyens de dominer les 
élections et d'opprimer les communautés. Il eut le droit 
fie choisir 8àn^prop^e conseil, de nommer à tous les 
grands «mpiois de l'état, de Tarmée, de la marine et 
de Téglise^ et %e réserva le commandement absolu de 
ia milice. Il festa ainsi éntièr^iient maître de- totts les 
insferumeiïts de corruption et de violence^ sans autre 
frein qii« sa propre modération et les eonseils de la 
prudence qui lui commandoit de respecter les droits 
réclamés par le pei^le, et le principe d^opposition sur 
lequel la révohilioa létoit fondée, £n uii mot la nou- 
nfelle oonstitntkHi fut terminée à la hâte, avant que 
ie plan en eût été coavenafaiement réfléchi : précipi-^ 
tatîon toujours inévitable lorsque^ par un événement 
&ubit, un gouvernement se ferme en présence d'une 
opposition. On r«aQaix{ua que ie roi, qui étoit élu par 
Je peuple, m<nt o^endant le pouVotr de régir 'l'état 
sans sa participation , qu il pouit^oit gouverner /iffoe diyi" 
no, quoiqu'il fût établi fure htananOy et que la qonsti- 
jtution étoit fondée sur les maximes des torys , quoique 
le changement de gouvernepent dérivât dl'un esprit ré- 
puUioaia. En effet le roi ne fut pas fias qu'auparavant 
responsable des actes d'administration du royaniiie, et 
«a personne r^ta sacrée et inviplable. 

Le prince d'Orange avoit été jqppelé en «Ân^eterre 
par différents partis qu'un commun danger avoit réu« 
nis ; mais ce lien ne fut pas plus tôt rœnpu qu'ils se 
séparèrent, et chacun d'eux reprit sa première atti- 
tude. Leur jalousie et leur animosité mutuelles se ra^ 



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1689. 



4 4IIST0IRE D*ÀNGLETÈAR£. 

" Ilimërent, et s'accrurent encore par les discnssiom oii 
les entralaoient un zélé et un enthousiasme immodé^ 
rés. Ceux qui d abord agîssoient par esprit de psitrio^- 
tisme privent insensiblement toute Fanimosité de Tes* 
prit de parti, et le roi Guillaume se trouva bientôt à la 
tête d'une faction. Comme il avoit été élevé dans le 
calvinisme^ et qu'il avcrit toujours témoigné de Téloi* 
gnement pour les persécutions religieuses , les presby* 
tériens et les autres protestants non-conformistes It 
regardèrent comme leur protecteur spécial^ et montré'* 
rent pour ses intérêts le zélé le plus ardent et le plus 
soutenu/ LéîB amis de 1 église furent, par les mêmes 
motifs, mécontents de son élévation : ils employèrent 
toute lenr influence, d'abord à lui fermer laccès d« 
trône, et ensuite à traverser ses mesures. Leur parti 
fut embrassé par tous les partisans de l'hérédité, par 
les catholiques romains, par les perspnnes attachées 
au dernier roi, et par ceux que la conduite de Guil* 
laume, depuis son arrivée en Angleterre, avoit aliénés^ 
jUs observèrent que, contre sa déclaration, il avoit ou- 
vertement aspiré à la courcnme,^ et traité son beau-père 
avec autant d'insolence que de rigueur ; que son armée 
contenoit un nombre d'étrangers papistes {Mresque égal à 
celui des catholiques romains d'Angleterre que Jacques 
avoit eus dans la sienne , que les bruits. répandus avec . 
tant d'artifice sur la naissance du prince de Galles, sur 
lie traité avec la France, dans l'intention d'asservir l'An- 
gleterre, et sur le meurtre du comte d'Essex, bruits 
accrédités par le prince d'Orange, paroissoient main- 
tenant sans aucun fondement ; que les troupes hoUan- 
doises restoient à Londres, tandis que les forces de 
i'Angleterre étoient distribuées dana des résidences éloi?-^ 



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GUILLAUME IIl ET MARIE. ' 5 

gnées ; que le prince avoit déclaré qu'il garderoit les — ' 
premières auprès de sa personne , et qu'il enverroit les 
autres en Irlande; que les deux chambres, complai- - 
santés à l'excès pour Guillaume, avoient refosé, contre 
toute justice, d'entendre dans sa défense leur dernier 
souverain, et que les Hollandois avoient porté récem- 
iaaent un grand préjudice au commerce de Londres, qui 
déjà se trouvoit diminué d'une manière sensible. Telles 
éloient les causes de mécontentement, qu'exagéroit en* 
core le ressentiment de plusieurs gentilshommes et de 
quelques autres personnes trompées dans leurs espé** 
rances de fortune et d'élévation. 

Guillaume commença son régne par une proclama* Nouveau 
tiôn qui confirma tous les protestants dans les em- ™^°*****^*- 
plois qu'ils exérçoient au premier décembre. Il choisit 
ensuite les membres de son conseil. Us s'étoient tous 
dévoués à ses intérêts, excepté l'arcfaevêque de Cantor^ 
bery et le comte de Nottingham. On les nomma par ^ 
égard pour le parti de l'église, qu'on ne crut pas pru- 
dent de provoquer. Nottingham et Shrewsbury furent 
faits secrétaires d'état. On donna le sceau-privé au mar- 
quis d'Halifax, et le comte de Danby fut nommé pré- 
sident du conseil. Ces deux derniers avoient beaucoup 
de part à la confiance du roi , et Nottingham étoit un 
personnage considérable comme chef du parti de Té* 
glise; mais le principal favori étoit Bentinck, le pre« 
mier membre des communes qui obtint la charge de 
conseiller^privé, et celle de gentilhomme de la garde- 
robe et de trésorier de la. cassette du roi. I>'Auver-r 
querque fut fait grand-écuyer, Zuylesteiu grand-maitre 
4e la garde-robe, ^t Schomberg maître de l'artillerie. On 
confia è uue commission la trésorerie, l'amirauté et la 



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6 HISTOIRE d'aNGLETERIIE, 

i68û cheincellérie; dou^ç j^g^^ habile» furent élus; et le 
diocèse de Salisbury étant devenu vacant par la mort 
du docteur Ward, le roi» de son propre moureineiit» 
y nomma le docteur Burnet» zélé défenseur db ses in-* 
téréts» et Ftin des principaux artisans de la révolution* 
Sancroft^ archevêque de Cantorbery, refiisa de le sa-* 
çrer» sans spécifier les inotifs de son refus : priais crat-^ 
gnànt d'encourir la peine de rémprisonnement et dé la 
confiscation <^es biens, il chargea de cette cérémonie 
Vévéque de Londres et trois autres évéques suffragants^ 
Burnet étoit un prélat qui avoif des talents et beaucbiip 
*d adresse» peu difficile en matière de discipline, d'aile 
leurs curieux, vain, crédule, et araent à se mêler de 
tout. Ayant encouru la disgrâce du dernier roi, U s'étoit 
retiré siir le continent, et avoit fixé sa résidence ea 
Hollande, où, après s'être fait naturaliser, il s'éloit 
attaché aux intérêts du princîe d'Orange, qui le cohf 
sultoit sur les affaires de TAngleterre. Il avoit servi 
lambition du prince en composant son manifeste, et 
en écrivant quelques pamphlets poor soutenir son en^ 
treprise. L^ambassadeur d'Angleterre Tavoit demandé 
aux états de Hollande , comme un Ahglois fugitif, prost 
crit par le roi Jacques, et excepté de Tacte d'amnistie; 
mais il revint avec Gmllaume en qualité de son aumô^ 
nier, et, par ses intrigues, il contribua beaucoup au 
succès de Texpédition^ 

L'histoire des régnes précédents nous a fait connottre 
le caractère des principaux personnages dont fut com- 
posé le nouveau ministère. On a dû remarquer les 
grands talents, l'esprit vif et flexible d'Halifax ; le génie 
actif, entreprenant et opiniâtre de Danhy ; l'éloquence 
pompeuse, la chaleur et rpstentation de Nottingham;^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. 7 

la probité et la popularité de Shrewsbqry. Godolpkin , — ^ - 
«ippelé au trésor, étoit joao^este, discir^t « l^abUf^, et pleia * ^* 
de droiture. IVIords^unt» umamé d'abQr<^ cpiPiip^s^ire 
du conseil, et depuis créé, dup de Mi^çmaiith) étoit 
ouvert, généreux et ii24>u de principes répHblicakis. 
Delamere, chancelier de Téchiquier, él^v4 d«ins ^ ^uite 
au rang de comte 4^ W^K^ii^g^oP? étpit un boKup^ vén^ 
et dissimulé. L obéissance, la fidélité et le dévoufineQt 
h son maître formoient le caractère de B^iiti^ck^quî 
fut porté par le roi à la dignité de comte de Port^^nd. 
Le favori anglois Sidney étpit ^n hopme d'esprit et 
de plaisir, possédant tous les talents £|im£d>lef çleU çqa- ' 
versation, et fait pour te^ rapports iati^ie^ d^ Fainitié» 
mais peu pcopre ^\\x afFair^ç publique^ par son ifi^do* 
leace et son peu d application. l\ fiit ^nobti» ^% noinmé 
ensuite comte de Ronj^^ey , titr^ auquel furent ^JQutées 
successivement plusieurs pl^icf^ ifl^pprtantes et luor^* 
tives. Les honneurs et le^ emplois furent prodigués «lux 
whigs, et cette apparente partialité confirma le parti 
opposé dans ses s^oupçqas et d^nfr SQ^ resseQtJimeiit, 

La première résolution prise ^b^s le nouveau conseil La con- 
fut de changer la convention en parlement, afin que le Jansfor- 
nouvel ordij-e de choses pût être affermi par une' ssjnc- raée eu 
lion légale, sanction qui naanquoit encore, rassemblée ^^J^^ 
A'ayant point été convoquée par lettres du prince. L'es- 
sai de nouvelles élections fut trouvé trop hasardeux, et 
Je conseil décida que le rçi poiivoit» de sa propre au^ 
torité, changer la cpnvention en pf^rl^iaent, en se ren- 
dant à la chambre de^ pairs avec le céréinonial d'usage 
pour les souverains, et en adressant du haut de son ^ 
trône une harangue aux deux chambres r^unie^. C0 
moyen fut donc employé. Guillaume assura \e% charnu 



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8 HISTOIRE d'aNGLETEKRK. 

- " ' ■ ■ '■ - ■ - bres qu il ne feroit jamais riea qui pût diminuer la 
*"°9' bonne opinion quon avoit conçue de son intégrité. Il 
leur dit que la déplorable situation de la Hollande exi* 
geoit sur-le-champ leur attention et leur assistance; 
que Tétat des affaires de Tintérieur demandoit égale- 
ment de leur part un çxamen sérieux; qu'il étoit né- 
cessaire de bien établir la marche du gouvernement, 
non seulement pour assurer la paix dans le royaume, 
mais encore pour soutenir au-dehors les intérêts des 
protestants ; que les affaires de Flrlande étoient dans 
une situation trop critique pour souffrir le moindre 
délai dans les délibérations ; il finit en les i)riant de se 
concerter sans retard sur les mesures qu'elles juge- 
roient nécessaires au bien de la nation. Les communes , 
de retour ^ans leur chambre , votèrent aussitôt une 
adresse de remerciement à sa majesté, et décidèrent 
que son discours seroit pris en considération. Depuis 
que le trône avoit été déclaré vacant par une foible ma- 
jorité de la chambre des pairs, ceux qui s'étoîent oppo- 
sés à cette déclaration s'étoient peu-à-peu retirés de la 
chambre ; en sorte qu'il n ^ resta guère que les membres 
dévoués au nouveau monarque. Ils présentèrent uni 
bill dont l'objet étoit de prévenir toute contestation 
sur le parlement actuels Pendant qu'on s'en occupoit; 
M. Hambden , dans la chambre-basse , proposa cette 
question : Un roi élu par les lords spirituels et sécu- 
liers et pçir les membres des communes assemblés à 
Westminster ne forme^-t-il pas,, en venant délibérer 
avec eux sur les affaires de l'état, un parlement aussi 
complet, un pouvoir législatif aussi légitime que s'il 
avoit, par une ordonnance, fait procéder à de nou- 
velles élections? Plusieurs inembres affirmèrent qu'unç 



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GUILLAUME III ET MARIE. 9 

ordonnance du roi étoit aussi nécessaire que sa pré- *" 
sence pour former un parlement légal, et que cette 
condition n'ayant pas été remplie, la convention ne 
pouvoit être, en aucune manière, investie de l'autorité 
de parlement. Les whigs répliquèrent que l'essence 
d'un parlement étoit tout entière dans la réunion et 
la coopération du roi, des lords et des communes, et 
que la convocation par writs ou lettres n'étoit point 
une formalité indispensable. Ils appuyèrent cette opi* 
nion d'exemples tirés de l'histoire d'Angleterre ; ils ob- 
servèrent que de nouvelles élections entraîneroient de 
grands troubles,. des dépenses et une perte de temps; 
et qu'un pareil délai pourroit être funeste aux intérêts 
des protestants en Irlande, aussi-bien qu'aux alliés du 
continent. Au milieu de ces débats le bill fut apporté 
de la chambre des lords; on en fit lecture, et un co- 
mité fut nommé pour y faire quelques amendements. 
Dès qu'ils furent terminés les communes le renvoyèrent 
à la chambre -haute, et il reçut aussitôt la sanction 
royale. Par cet acte les lords et les membres des com- 
munes, assemblés à Westminster, furent constitués en 
chambres du parlement, et investis de tous les pou- 
voirs attachés à ce titre; il fut déclaré que le présent 
acte, et tous ceux qui recevroient la sanction royale 
avant la prochaine prorogation du parlement, auroient 
force de loi, à dater du i3 février; qu'au lieu des an- 
ciens serments de fidélité et de suprématie, chaque 
membre préteroit le ift>uveau serment consigné dans le 
bill, sous les mêmes peines qu'auparavant, et que le 
parlement actuel seroit dissous de la manière accou- 
tumée. 

Aussitôt après il s'éleva un vif débat dans la chambre. 



1689. 



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19 HISTOIRE D ANGLETERRE. 

— - des commuaes au sujet des revenus que les partisans 
* ^' de la couronne prétendoient être dévolus à Guillaume, 
au moins jusqu'à la mort de Jacques, la plus gp^ade par- 
tie en ayant été accordée pour toute la vie de ce âemier. 
> Les membres de Topposition prétendirent que ces reve- 
nus ayoient dû expirer avec lautorité de Jacques , et Le 
parlement se rangea à cet avis. On fit alors une propo* 
sition tendant à fixer le nouveau revenu du roi et de la 
reine , et la chambre décida qu'elle seroit prise en conr* 
sidération. Pendant qu'on délibéroit, un message de sa 
majesté vint informer la chambre que le dernier roi 
avoit mis à la voile de Brest avec un armement pour 
faire une descente en Irlande. Les membres du parle»- 
ment résolui^nt aussitôt de soutenir Guillaume de leura 
fortunes et de leurs vies : ils votèrent des subsides tein?- 
poraires de quatre cent vingt mille livres sterling , à 
lever par mois; et les deux chambres portèrent au roi 
cette détermination. Mais il ny eut d'unanimité que 
lorsque plusieurs pairs spirituels et même séculiers se 
furent retirés plutôt que de prêter le serment. C^ux qxkJL 
le refusèrent furent, parmi les prélats, SanQrpft, ar-< 
çhevequedeCantorbery; Turner, évêqued'Ély; linke» 
évêque de Çhichester; Ken, évêque de Bath et Wells; 
White, évêque de Peterborough , Thomas, évêque d« 
Worcester; Lloyd, évêque de Norwich; Frampto», 
évêque de Glocester; et, parmi les pairs séculiers, le 
duc de Newcastle, les comtes de Clarendon, de Litck* 
field, de Yarmouth et de StafFord. Cinq évêques quittée 
rent la chambre à-la-fpis; mais, avant de se retirer, 
l'un d'eux proposa un bill de tolérance^ un autre un biU 
de réunion des deux sectes, pour que les non-confor» 
fuistes modérés pusseAt se réconcilier avec l'église» et 



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GUILLAUME III ET MARIE. ft 

être admis aux bénéfices ecclésiastiques. Ces bills fu- - 

rent prépares et présentes par le comte de INottingnam, 
qui reçut à ce sujet ks remerciements de la chambre. 
]Depuis cette époque les membres du parti opposé au 
gouvernement de Guillaume fuirent désignés sous le 
pom de non-^assermerUés, Ils se refusoient à Tidée d'un 
roi dejacto, et d'un pouvoir divisé et limité ; se décla<- 
rant pour la puissance absolue et pour Thérédité de 
droit divin, qu'ils regardoient comme inhérente au titre 
de roi. 

Ce parti avoit déjà commencé ses menées contre le Rr>o1te 
nouveau gouvernement. Le roi, instruit de ses corn- ^"J^'^J.**^" 
plots par des- lettres interceptées, fit arrêter le comte 
d'Arran, sir Robert Hamilton, et quelques autres gen- 
tilshommes écossois. Il informa ensuite les deux cham- 
bres des mesures qu'il avoit prises, et demanda même 
leur avis sur la conduite à tenir dans une affaire si déli- 
cate, qui l'avoit mis dans la nécessité de s'écarter des 
lois du royaume. En le remerciant du soin qu'il pre- 
noit de leurs libertés, les pairs le prièi*ent de s'assurer . 
de tous les perturbateurs du repos de l'état, et les com- 
munes lui donnèrent plein pouvoir à cet égard par un 
bill qui suspendoit Yhabeas corpus jusqu^au 17 avril 
suivant. C'étoit une preuve de confiance qu'on n'avoit 
jamais donnée à la couronne sous le dernier régne, 
même lor8(5[ue d'Argyle et Monmouth étoient en révolte 
ouverte. Cependant un esprit de mécontentement s'étoit 
répandu dans l'armée. La cour en conçut de telles alar- 
mes, que le roi résolut de retenir en Angleterre les 
troupes hollandoises, et d'envoyer à leur place en Hol- 
lande tous les régiments qui s'étoient fait remarquer 
comme le moins attachés à sa personne. De ce nombre 



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lit EISTOIBE D ANGLETERRE. 

fut le régiment écossois de Dumbarton, commandé par 
^' le maréchal Schomberg. Il se révolta, dans sa route ^ 
à Ipswich, s'empara de la caisse militaire, désarma les 
officiers qui vouloient réprimer le désordre, se déclara 
pour le roi Jacques, et, avec quatre pièces de canon, 
se mit en marche vers TÉcosse. Au premier avis de 
cette sédition, Guillaume ordonna au général Ginckle 
de poursuivre les révoltés avec trois régiments de dra- 
gons hoUandois ; alors ils furent forcés de se rendre à 
discrétion. Comme les coupables étoient tous Écossois, 
et que leur pays n'étoit pas encore régulièrement sou- 
mis au nouveau régime, le roi ne crut pas devoir les 
iraiter comme rebelles ; il les fit seulement partir pour 
la Hollande, suivant les premiers oidres. Quoique cette 
tentative eût échoué , elle fit une vive impression sur 
les ministres, qui étoient divisés entre eux et irrésolus 
dans leur marche. Ils profitèrent cependant de cette 
circonstance pour proposer un bill contre la mutinerie 
et la désertion. Ce bill n'eut pas de peine à passer aux 
deux chambres, et reçut la sanction royale. 
Courons La formule du serment pour le couronnement ayant 
AbXion subi quelques changements et reçu quelques addi- 
de rim- tious (i). Cette cérémonie eut lieu le ii avril. Ce fut 

£ôt sur ^ ^^ 

is feux. 

(i) Cette nouvelle formule contenoit les questions et les réponses 
suivantes : « Demande. Promettez-vous et jurez^vous solennellement de 
«gouverner ce royaume d'Angleterre et les états qui en dépendent^ 
a conformément aux statuts passés en parlement, et suivant ses lois et 
<c couînmes? JRéponse. Je le promets solennellement. D, Pru mettez-vous 
v d'employer tout votre pouvoir à fairr. exécuter les lois avec clé- 
«raence dans tous vos jugement^? H, Je le promets. D, Promettes- 
te vous d'employer tout votre pouvoir à maintenir les lois de Dieu , 
« la vraie profession de l'évangile , et la religion protestante réfor- 
irviée, telle qu'elle est établie par les lois? Promettez- vous aussi do 



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GUILLAUME III Cf MARIE* l3 

Tévéque de Londres qui officia , suivant le désir du — T"T^ 
jroi,' au lieu du métropolitain, qui étoit du nombre des ^ 

mécontents. Les communes allèrent en corps à White- 
hall présenter au roi et à la reine une adresse de féli- 
citation. Guillaume, dans Tintention de se concilier 
l'amoutde ses nouveaux sujets et d'arrêter les progrés ^ 
des mécontents^ fit conuottre par un message solennel 
à la chambre des communes qu'il s'empresseroit d ac- 
quiescer à toutes les mesures que le parlement jugeroit 
convenable de prendre pour régler de nouveau, ou 
même pour supprimer entièrement la taxe sur les' feux, 
qu'il savoit être onéreuse au peuple: cette taxe fut abo- 
lie. Il reçut à ce sujet une adresse de remerciement con- 
tenant les protestations les plus vives de dévouement , 
de reconnoissance et d'amour, et une promesse de / 
prendre toutes les mesures nécessaires au soutien de 
la couronne, afin de prouver au monde entier qu'il 
régnoit sur le cœur de ses sujets. ^ 

Le roi, dans sa réponse, assura le parlement qu'il j^^ go^^ 
auroit toujours à cœur les droits et le bonheur de la munea 
nation. Il exposa l'épuisement de la Hollande, et s'éten- jes in- 
dit sur le zélé de cette république pour les intérêts de <l««nnitë« 

* CD faveur 

l'Angleterre, et pour le maintien de la religion protes- des Pro- 
tante ; il exprima l'espoir qu'il avoit que le parlement Unies" 
Tembourseroit non seulement les sommes que les Pro- 



«maintenir les évéqaes et le clergé de ce royaame, ainsi qae les 
« églises confiées à leurs soins dans tous les droits et privilèges qui, 
m d'après les lois, leur appartiennent ou appartiendront, soit à eux 
«tous ensemble ou à chacun d'eux en particulier? JR. Je promets 
« toutes ces choses. « Ensuite le roi et la reine dirent , en mettant 
la main tnr les évangiles : « Les promesses que je viens de faire » j[e 
.1 les accomplirai t^iites : ainsi Dieu me soit en aide ! » 



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ii HÎSTClJRÈ d'a^GLETEÉIRÉ. 

* ■ ' - vinces-Unies a voient dépensées pour son expédition ^ 
^^' mais encore qu'il les seconderoit de tous ses moyens 
contre les cfnnemis communs <le letir liberté et de leur 
religion ; il appuya sur la nécessité d'avoir une armée 
et une flotté capables de réduire 1 Irlande et de défen- 
dre TA'ttgleterre, et il demanda que le revenu de Tétat 
fût réglé de manière à pouvoir être perçu sans difficnlté 
iii résistance; La sonmae entière employée par les états- 
généraux pouf l'expédition de Guillaume s'élevoit à 
sept millions de floriias. Les communes accordèrent «ix 
cent mille livres sterling pour acquitter cette dette y 
contractée dans î intérêt de leurs droits et de leur reli- 
gion. Elles votèrent des fontîs pour lever et entretenir 
une armée, de vingt-deux mille hommes, et pour «qui* 
per une flotte nombreuse ) mais elles n^assurèrent que 
pour six mois les Fonds nécessaires à la subsistance des 
troupes, espérant que ce teinpB sufBroit pour la sou- 
inission de l'Irlande. Le roi regarda cette restriction 
' comme un témoignage du 'peu de confiance qu'on avoit 
en son administration. Les wbigs avoient résolu tie ne 
lui accorder des subsides que successivement, afin qu'il 
sentît le besoin qu'il avoit de leur zélé et de leur at- 
tacbemeùt : mais tant de précaution fut loin de lui 
plaire. 
Teotati- Guillautae étoit naturèllemetit disposé en faveur du 
ves de calvinisme, et ennemi de la persécution. Quelles qu'eus- 

Guillau- ^ , m r - 

me pour seut été ses promesses, quels que tussent ses senti^ 
G»6"«'' ments de respect pour l'église anglicane, l'opposition 
confor- qu'il avoit rencontrée dans les membres du clergé, et 
misics. par^cijjièreraeat dans les évéques, avoit altéré cette 
bienveillance. En refusant de siéger au pai^lenent iU 



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GUILLAUME lit Et I^ARÎE. tS 

Avoiait ouvertement méconnu son titre et décliné son ^^ 
antorité. Il résolut donc d abaisser Téglise et d'élever ^^ 
eci même temps ses amis, en écartant les obstacles op- 
potés aux Don^conformiMes, et en réintégrant les pro- 
testants presbytériens dans le droit de posséder et 
d exercer totts les emplois civils. Lorsqu'il revêtit de sa 
sanction le bill qui suspendoit Vhabeas corpus^ il de- 
manda <|ue Ton déterminât la formule du nouveau ser- 
ment <pii devait remplacer ceux de fidélité et de supré- 
matie; il exprima aussi le désir formel qu'il Ait permis 
à tous les sujets protestants d'occuper les emplois dont 
ils seroient jugés capables, présumant, disoit-il, que 
eette mesure «établiroit plus d'union entre eux et leur 
donneroit plus de force contre l'ennemi commun. C'est 
pour répondre à <ce vœu du roi que, dans le bill qui 
abrogeoit l'ancictti serment et le remplaçoit par un 
autre, il fut inséré une clause portant que le test sacra* 
mental n'étoit plus nécessaire pmtr rendre qui que ce 
fàt kabile à posséder un office ou à exercer un emploi ; 
mais ce bill fut rejeté, à une grande majorité, dans la 
chambre des pairs. Une autre proposition faite en d'au*' 
«res termes par les pfeirti<sans du roi , pour arriver au 
même but, éprouva le même sort, quoique, dans les 
deux chambres, plusieurs membres du parlement eus- 
ses protesté contre la mestare du rejet. 

Tant d'efforts malheureux en faveur des non-con- 
fomnistc^ fùe fiveiit qu'augmenter les préventions du 
H^f^^é cobtrfe le roi, qui auroit volontiers terminé le 
débatl^ dispensant le clergé de tout serment , pourvu 
que les non-conformistes ne fussent point assujettis au 
test êadramoii[tal^ Mais c'étoh là le-boulevard de l'église , 



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l6 HISTOIRE 0*ANGLETERRE4 

""TT et c'est ce qui fit rejeter la proposition. Dans la cfeam^ 
bre des pairs les partisans du clergé demandèrent qu'ati 
lieu de l'obliger, par une clause expresse, à prêter les 
serments, on autorisàt^ulement le roi à les demander 
aux ecclésiastiques, qui, s'ilsl les refusoient^ seroient 
passibles des peines légales : car, disoit-on^ il étoit à 
redouter que la privation de leurs bénéfices, ou la 
crainte de les perdre , ne réduisît^les membres du clergé 
au désespoir, et ne les entraînât à quelque dessein con- 
tre le gouvernement. Cet argument ne fut d'aucun poids 
à la chambre des communes ; elle jugea qu'il étoit in-* 
dispensable d'exiger le serment du clergé, dont l'exem- 
pie influoit sur tout le royaume^ et dont les fonctions 
s'étendoient sur l'éducation de la jeunesse. Après de 
longs et vifs débats, le seul terme moyen qu'on put 
obtenir fut une clause qui permettoit au roi de faire 
jouir, aussi long- temps qu'il lui plairoit, du tiers de 
leurs bénéfices les douze ecclésiastiques qui s'en trou- 
voient dépouillés par l'effet de cet acte. Ainsi les an- 
ciennes formules des serments de fidélité et de supré- 
matie furent abolies; le nouveau serment de fidélité 
fut réduit à sa simplicité primitive, et le serment du 
couronnement fut renfermé dans des termes plus pré- 
cis. Les membres du clergé furent tenus de prêter ser- 
ment avant le premier d'août, sous peine d'être privés 
pendant six mois de leurs emplois, et d'en être dépos- 
sédés pour toujours s'ils n'obéissoient point avant l'expi- 
ration de ce délai. Tous finirent par se soumettre, mais 
avec des distinctions et des réserves qui faisoient peu 
d'honneur à leur sincérité. 

Quoique le roi eût échoué dans ses projets contre 



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GUILLAUME III ET MARIE. 17 

le test Mcramental, il voulut favoriser les non-c6nfor- 
mistes par un ac^ de tolérance; il fit préparer à cet ^^ 
effet par le comte de Nottingham un bill qui, après ^^^^i^ 
quelques difficultés, padsa en loi sous le titre docte tolëmn* 
pour exempter les non-conformistes ^ sujets dç leurs ma^ ^^' 
jestés , des peines portées par certaines lois. Ce bill éta^^ 
blissoit qu aucune des lois pénales ne sei*oit applicable 
aux non-confortni^tes qui aûroient prêté serment au 
gouvernement actuel et signé la déclaration de la trei* 
zième année du régne de Charles II , à condition toute* 
fois qu'ils ne tiendroient ni assemblée particulière, ni 
conciliabule à portes closes, et qu'ils seroient assujettis 
au paiement des dîmes et des autres droits dé paroisse. 
Le bill portoit aussi qUe^ s'ils étoient choisis pour rem* 
plir les fonctions de constables ^ de marguilUers, sur- 
veillants ^ etc. , et qu'ils répugnassent à prêter le sér- 
iaient attaché à ces fonctions^ il leur serbit libre de les . 
faire exercer par procureur; que les ndn*eobCûirmistes 
chargés dans les congrégations de prêcher ou. d'ensei- 
gner, qui aûroient prêté le serment et signié la décla- 
ration, 4 l'exception des articles 34, 35, 36, et d'une 
partie du 20*, ne seroient point sujets aux peines por- 
tées contre eux, et seroient dispensés des devoirs de 
juré et des fonctions paroissiales; que néanmoins. tous 
les juges de paix seroient autorisés à exiger d'eux le 
serment et à les forcer de signer la déclaration, avec 
pouvoir, en cas de refus, de les constituer prisonniers, 
sans qu'ils pussent être admis au privilège de donner 
caution. Cette indulgence s'étendit jusqu'aux anabap- 
tistes et même aux quakers, sur leur promesse solea- 
neile devant Dieu d*étre fidèles au roi et à la reine, leur 
II. ^ a 



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l8 flISTDlRE d'ANGLETÈARB. 

' "" " ' " simple pTomesse pcmva«t te»ir lieu du serment exigé 
^* des autres. On les obligea seulement à déclarer leur 
croyance à la Trinité et aux saintes Écritures.. Les pa^ 
pistes se ressentirent aussi de la modération dé Gtiil- 
laume en matière de religion. Il repoussa les instances 
de quelques zélateurs qui Fexcitoient à des mesures sé- 
'A ^^^^^ contre les papistes récusants. Il objecta qii'un 
*parti si violent détacheroit les catholiques européens 
des intérêts de l'Angleterre, et poutroit foire dégénéi:er 
la guerre actuelle en guerre de religioil ; qu^enfin il -né 
pourroit pas protéger les protestants d'Allemagne pen- 
dant qu'il persécuteront les catholiques d'Angleterre. Il 
prit donc le parti de les traiter avec douceur, et de leé 
admettre: au bénéfice de là toléraàce, quoiqu'ils ne 
fussent pas compris dans l'acte. ,• ' ' 

Violents On a déjà vu que, sur la proposition des évéques qui 
sujet ^diT s'^toient retirés du parlement, un bill aVoit été présenté 
bill de à la. chambre des pait^ pour réunir tous lés sujets pro- 
htmion, testants.: €ette démarche avoit été très agréable au roi; 
qui desiroit vivement la réunion pl'oposée. Dans la dis- 
cussion qui s'éleva au sujet de ce bill, on agita vivement 
la question, de ^avmr si iâ communion d^voit être reçue 
à genoux, et cette question fut résolue négativemeni 
en faveur des non-conformistes. Des débats non moins 
violents s'engagèrent lorsqu'il fut proposé d'admettre 
des laïques dans une commission d'évéques et d'autres 
membres du clergé que le roi devoit charger de prépa- 
rer, dans les affaires ecclésiastiques , une réforme qui 
terminât toutes les divisions et corrigeât ce qu'il pou-' 
voit y avoir dans lia constitution de défectueux où d^er- 
rôné. Beaucoup de Iwds temporels appuyèrent cette' 



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1689. 



GUILLAUME III Et MARIE". I9 

j^ropositiott ; elle fut cependant rejetée, et quatre d'en- 
tre feux protestèrent contre la délibération. L'évêque 
Burnet fat un de ceux qui s'opposèrent le plus à Tad- 
mission des laïques. Le zélé qu'il fit éclater dans cette* 
circonstance fût attribué au désir qu'il avoit de gagner 
la confiance du clergé, dont il étoit assez peu cbnsi-' , /: 
déré. Mais le mérite de ce sacrifice fat détruit par les'^jM^^ 
arguments dont il se servit pour faire dispenser de" 
Tagenouillement ceux qui recevroient la communion,' 
et par la proposition qu'il fit d'ajouter au bill une clause 
qui, en dispensant de toute appi^obation ceux qui s'y 
soumettroient, ne les ohligeroit qu'à la promesse de 
s'y conformer. ' 

Le bill, qui avoit passé avec tant dé difficulté à lal^a cham- 
chambre des pairs , fut rejeté dans celle des communes, commu- 
Un assez grand nombre de mécontents, qui s'éCoient ^®* ^*'' 
d'abord abstenus de siéger au parlement, y revinrent, adresse 
dans la vue d'entraver la marche du ffouvememeat ^^ **°'» 

^ pour 

que leurs efforts n'avoient pu empêcher de s'établir, demander 
Au lieu de discuter le bill, les communes présentèrent ç* t^o,°^j^| 
une adressé aii roi pour le remercier de sa gracieuse clergé. * 
déclaration, et dès assurances répétées qu'il leur don- 
noit de maintenir, par la législation établie, l'église 
d'Angleterre, dont la conduite et les doctrines prou- 
voient une fidélité à toute épreuve. Elles supplioient 
humblement sa majesté de convoquer le clergé, afin 
que, suivant Tancienne coutume des parlements, il 
fût consulté sur les matières ecclésiastiques ; déclarant' 
qu'elles prendiroient alors en considération tous les 
moyens propres à satisfaire les protestants non-confor- 
mistes. Quoique le roi n'eût pas lieu d'être content de 



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30 HISTOIRE O ANGLËTEJIAB. 

"TT" cette adresse, à laquelle avoit concouru la chaïqbre des 
pairs , il chargea le comte de Nottingham de répondre 
aux chambres que Féglise d* Angleterre seroit toujours 
Tobjet de ses égards et de son attention particulière, 
qu'il leur recommandoit les non-conformistes, et qu'il 
assembleroit le clergé aussitôt que cette mesure paroi- 
troit convenable. Ce message ne produisit aucun effet 
en faveur du bill, qui fut laissé de côté. Ceux, qui l'ap- 
puyoïent, n'ayant d'autre vue que dé montrer leur 
modération , excitoient en même temps leurs amis à le 
combattre* D'autres craignoient qu'en y donnant leur 
assentiment ils ne fussent considérés comme ennemis 
de l'église, et un grand nombre des plus éminents pres- 
bytériens ne favorisèrent pas un projet de réunion qui 
diminuoit leurs forces et affoiblissoit leur parti. Le bill, 
ainsi ccnnbattu violemment d'un côté et foiblement sou- 
tenu de l'autre, ne put passer en loi. Cependant le rot 
tenoit tellement à l'accomplissement de son dessein 
qu'il le fit présenter à la session suivante sous une 
autre forme, mais- avec aussi peu de succès. 

Bevenus Le premier objet qui vint fixer ensuite l'attention 
du parlement fut de déterminer les revenus nécessai- 
res au soutien du gouvernement. Jusqu'alors il n'y 
avoit eu aucune distinction entre les fonds destinés à 
la couronne et ceux qui étoient consacrés au service 
public : les uns et les autres étoient à la disposition 
du souverain. Comme sous le dernier régne ces fonds 
avoient été souvent dissipés ou mal appliqués, on con- 
vint de fixer un revenu particulier pour l'entretien de 
la maison du roi et les dépenses convenables à la di- 
gnité de la couronne ; le reste des deniers publics de- 
voit être employé sous l'inspection du parlement. C est 



£Ui. 



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GUILLAUME III ET MARIE, 21 

depuis cette époque que les communes ont affecté à . 
ehaque différent service un revenu annuel déterminé , 
et que le compte de ces dépenses a été soumis , cha- 
que session , à la vérification des chambres. Ce fut 
alors aussi que le parti dominant , qui étoit celui des 
whigs, fit décider que les revendus seroient accordés 
d'année en année, on du moins pour un très petit 
nombre d'années , afin de tenir le roi dans une sorte 
de dépendance du parlement , et de l'obliger à obtenir 
par la sagesse et la popularité de son administration, le 
renouvellement de ses revenus. D'après ce principe, 
quand la question des revenus fut soumise aqx com- 
munes, elles prirent prétexte des dépenses anticipées 
qu elles n^avoient pas le loisir de vérifier, pour n'ac- 
corder que le revenu d'une année. La liste civile fut 
fixée à six cent mille livres sterling, somme sur la« 
quelle dévoient être pris les appointements de la reine- 
douairière, du prince et de la princesse de Danemarck, 
des juges , et du maréchal de Schomberg , à qui le par- 
lement avoit déjà accordé une gratification de cent 
mille livres sterling , en considération des services im- 
portants qu'il avoit rendus à l'Angleterre. Les çom-r 
munes votèrent aussi un revenu constant de deux cent 
mille livres sterling pour les dépenses de la couronne ^ 
en temps de paix. 

Ces restrictions à l'emploi des deniers publics , ré- La con- 
sultât le plus salutaire de la révolution, donnèrent de ^^^^. ^®* 
l'ombrage au roi. Il les considéra comme un témoi- 4oBne de 
gnage de méfiance par lequel on le distinguoit de ses ^ ^^^^ 
prédécesseurs , et comme une marque d'ingratitude 
après les services qu'il avoit rendus à la nation. Les 
ttorys , qui s'aperçurent de son mécontentement , saisi- 



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> ^2 HISTOIRE D ANOLÊTEfi-IlC. 

— rent cette occasion pour l'exciter contre leurs adf^er-^ 
^' saires» La conduite des whigs dai^s la discu^aûm rela- 
tive à la milice ne fit qu^ajouter à .c0te disposition. 11 
fut proposé à la chambre un bill qiui !(eadoit à sousf 
traire presque entièrement la milice à la dépaatdance 
du roi et des lords - lieutenants des comtés. Gomme 
ces derniers étoient presque tous pairs, le biU resta 
$ur le bureau. Néanmoins cette tei^tative confirma les 
çpupçons du roi, qui craignoit d'être dominé par ua 
parti républicain. Les tory s, il est vrai, avoient chargé 
le comte de Nottingham de lui offrir leurs services; 
mais ils se. plaignoient en même temps de ce qu!ex- 
posés, comme ils Tétoient , dans leurs vies et dans 
leurs fortunes, ils ne pou voient, sans encourir la per-' 
sécution de leurs implacables ennemis., prouver leur 
dévouement à la couronne , à moins qu'ils ne fussent 
mis à couvert par un acte d'amnistie. 
Animosi- ^es remontrances firent assez d'impression sur Tes* 
*f* <ÏV'^^: prit du roi pour le décider à charger M. Hambden de 

eiielébiU ^ ^ 1 1. u J un J» 

d'arnnis- proposcr a la chambre des commpnos un mil d amms-* 
tie, comme le moyen le plus ef^cace de mettre un 
terme à toutes les divisions. Le roi demandoit que ce 
bill fût examiné et adopté dans le plus court délai , et 
sans autres exceptions que celles qui seroient oom-> 
mandées par l'intérêt de la justice , la sûreté du trône 
et le bonheur de l'état. La chambre vota unanimement 
un acte de remerciement pai roi. Mais les whigs mi-* 
rent tant dç lenteur dans la discus3ion du bill , qui 
dura tout le temps de la session, que le dessein du noi 
se trouva paralysé. Leur projet étoit de contenir leurs 
ennemis par la terreur, jusqu'au moment où ils pour^ 
roient trov^ver une occasion de se venger, et en même 



ne. 



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OVlhhAVUlR in tff MARIE. a3 

Umps d^:).ea empêcher de ,former u^ part^ d'opposi- - . ■— 
tioapw Tappr^eB^iqu du^ dapg€r imminent. Ih 
ÛQUoiç^t q\iie le çb^^^ip 'd^ Qu^ilaume étpit d'éteadre 
la -psévog^ffiye royale ^lassiyl^iQ qu'elle ^voit §té portée 
sous les itègnes précf§den4s » «)t q^ c'étoit |>^r ce ix^otif 
qu'il injsistoit sur 1 acte d'amnistie , ^n d'employer 
ensuit^ plus lij^iSQieiit les hommes qui avoiem été les 
instriuoeots de la dernière tyrannie. Pendant que les 
cpmtes 4^ Mpnq[;4>|i^th et de ^Warrington répandoient 
ces alarmes parmi leurs partisans, le comte de Notring- 
ham^ de.spn côté^ ne néghg^t aucun moy^ de dé- 
tacher }^ rqi de sqs anciens amis. De p^rt et d'autris ils 
parvinrent à ^exciter beaucoup de trouble et d'^nimo* 
§itéy m^gjçé les efforts des comtes de Shrewsbury et 
de Dévpnsi;(irie pour calmer les esprits eH délruire les 
préventions réciproques. . 

. Suivant les premières résolutions de. 1^ convention , Naûsan- 
QU crut convenable alors 4ç Passer un acte qui réglât ^^^ qj^^ 
\es droits à Ja succession. £46 l^ill présente à la çhaxnr cesier. 
brjB xles coEumun^s contenoit .uçiie «laiise pour, en ex- 
clure les papistes. La chambre d^s pairs cpQ^prit aussi 
dans cette exclusion le$ prinqes q^, princesses qui 
çpouserx;^iei^;t de^ papistes, relevant , daos ce cas, les 
sujets du Sjerment de fidélijté. D'après le vœu du roi, 
l'éyéque de Salisbury proposa de mentionner dans 
Taçte de succession la priiK^esse de Hanovre et ses en- 
fants ,.c9,m$ae le^ plus proches héritiers protestants , à 
défaut 4e d^$Qç|2<^nts du roi y ou de la pri^esse 
Anne de Danem^rck. Cçs additions occasioRèr^nt de 
violents d^bpits ^m la chambre des communes ; elles 
furent vivoment çQmbatti\ç§, et p^rceux qu^.étç^ent 
restés atta^çhés au dernier roi et à la succession directe, 



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â4 itISTOtBE D^ANeLET£RR£. 

et par le parti républicaim qui se flattoit de voir Ia( 
^' monarchie détruite par la mort des trois personnes dé- 
signées dans le bill. Les lords persistèrent dans leur 
propojsition , et les deux chambres eurent à ce sujet 
plusieurs* conférences sans résultat. Mais le biil se 
trouva écarté par un événement bien propre à ras- 
surer ceux qui craignoient que la couronne ne passât 
aux papistes. Le 27 juillet, la princesse Anne accoucha 
d'ui^ fils qui reçut le nom de Guillaume , et fut nommé 
duc de Glocester. 
Affaires Au milieu de ces embarras domestiques , Guillaume 

^^ ne néfflieeoit point les affairés du continent: Il conser-* 
cpnti- . „ Il , . , rt 

nent. voit en Hollande toute son ancienne muuençe, et ses 

con^patriotes avoient raison de compter sur les assu- 
rances répétées de Son attachement. Il commença dès- 
lors à mettre à exécution le projet qu'il avoit depuis 
long-temps d'une ligue contre la France. Les princes 
de l'Empire assemblés à la diète poussoient l'empereur 
à déclarer la guerre au roi de France , auquel ils re- 
prochoient de nombreuses infractions aux traités de 
Munster, d'Osnabruck , et de Nimégue, ainsi qu'à la 
trêve. Us Taccusoient de s'être montré l'ennemi invé^ 
téré^u saint-empire en violant leur territoire sans pro- 
vocation; ils conjuroient l'empereur de faire la paix 
avec les Turcs, qui offroient des conditions avanta- 
geuses , et.de rompre avec Louis XIV, déclarant que , 
si ce parti étoît adopté , ils regarderoient la guerre 
comme guerre d'empire , et la soutiendroient de tous 
leurs moyens. Les états-généraux publièrent un ma-? 
nifeste contre l'ennemi commun , dans lequel , en rap- 
pelant différentes infractions au traité de commerce^ 
ils reprpchoient à la France d'avoir enVeloppé des su* 



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GUILLAUME III ET MARIE. â5 

jets hoUandois dans la persécution dirigée contre les " 
protestants, de les avoir caressés par des promesses 
insidieuses , et insultés ensuite par des menaces ou-^ 
trageantes ; d'avoir opprimé et vexé les négociants 
hollandois qui commerçoient avec la France ; enfin 
d'avoir déclaré la guerre aux Provinces-Unies, sans 
alléguer aucun motif qui pût justifier cette rupture. 
L'électeur de Brandebourg , eh prenant parti contre la 
France , déclara qu'il étoit du devoir de tout prince de 
s'opposer aux vues ambitieuses de cette puissance. 
Dans une réponse à la déclaration de Louis XIV contre 
le roi d'Espagne, le marquis de Castanaga, gouver- 
neur des Pays-Bas espagnols., lui reprodia d'avoir ra- 
vagé r£mpire sans égard aux lois de l'humanité , de la 
religion; et même de la guerre; d'avoir approuvé des 
actes.de cruauté et d'oppression, et de s'être entendu 
pour la destruction de l'Empire avec les ennemis du 
christianisme? L'empereur coinclut avec les états-géné* 
raux une ligue offensive et défensive , par laquelle ils 
s'engagèrent mutuellement à agir de tout leur pou^ 
voir contre la France et ses alliés. Il y fut stipulé que, 
sous quelque prétexte qde ce fût, les parties contrac- 
tantes ne traitercrient point séparément , qu'on n'écon-* 
teroit aucune proposition de paix que les traités de 
>Vestphalie, d'Osnabruck, de Munsler et des Pyrénées 
ne fussent exécutés ; que, dans le cné d'une négociation 
pour la paix ou même pour une trêve, les deux par-* 
ties se communiqueroient de bonn^ foi ce qui seroit 
Élit; qu'enfin l'Angleterre et l'Espagne seroient invi-r 
tées à signer ce traité. Dans un article séparé, les puist 
sances contractantes convinrent que 9 dans le cas où 
U roi d'Ë$pâgne viendrait ^ mourir sans enfants , les 



i68g. 



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26 HISTOIRE dVmgletsrii:. 

^ _^ états - généraux aideroient Tempereur de tons leàrè 
moyens pour le mettre en possession de cette âmnar- 
chie; qu'ils useroient de tout leur crédit auprès des 
princes-électeurs leurs alliés, pour que son fih Joseph . 
fût promu à la dignité de roi des Romains /et qu'ils re- 
dpubleroient d'efforts contre- la France, si elle tentoit 
de .s'y opposer. 
Lagnerre Guillaume, qui étoit Tame de cette confédération ^ 
rée à la ^'^^t aucuue peine à déterminer l'Angleterre à prendre 
France, p^ti coutre une nation qni étoit son ennemie et sa ri» 
vale. I^e i6 d'avril M. Hambden ayant invité lachamlM*é 
des. communes à prendre en considération l'état du 
royaume dans ses rapports avec la France et les puis* 
sance^ étrangères , les communes témoignèrent à l'u- 
nanimité que, dans le cas où sa majesté auroit l'ioten^ 
tion de déclarer la guerre à la France, elles étoient 
disposées à lui fournir, par les voies législatives, les 
secours nécessaires pour la faire avec vigueur. Aussitôt 
après on prései^ta à Guillaume une adresse oii îl étoit 
supplié d'examiner sérieusement la marche suivie dé-^ 
puis quelques années, par le roi de France pour" détruire 
le commerce , la sécurité et le crédit de la nation; projet 
qui se manifestoit sur-<tout dans Finyasion qu'il tentoit 
en Irlande et dans la protection qu'il accordoit aux re* 
belles du royaume. Les communes ne doutoient pas , 
disoient-elles , que les alliés de sa majesté et ceux qu'elle 
pourroit acquérir par la suite ne fussent suffisante pour 
empêcher ce prince de troubler désormais la paix de la 
chrétienté, et de porter préjudice au commerce et à la 
prospérité de l'Angleterre : ^les finissaient par assure^ 
le roi qu'il pouvoit Compter sur l'assistance de son par- 
lement, suivant ce qui avoit déjà été décidé dân$ la 



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C«iLLAXJM£ III ET MABIE. I7 

chambre. Guillaume ressentit uae grande joie de cette 
adresse. Il répondit que les secours cpii pourroient lui * 

être accordés dans . cette circonstance seroient tous 
jipp^qués aux besoins de la guerre , et le 7 mai la guerre 
fut déclarée à la France. Les toits imputés à Louis XIV 
étoient d'avoir, par des motifs d ambition , fait une in^ 
vasion sur le territoire de Tempereur, et violé , en dé- 
clarant la guerre aux alliés de l'Angleterre^ les traités 
dont la couronne anglôîse avoit donné la garantie; 
d'avoir empiété sur les pèches de Terre-Neuve , et en- 
vahi les îles Caraïbes; de s être mis, par la force, en 
possession de la Nouvelle-York et de la baye d'Hudson ; 
fi'avoir commis, sur mer, des déprédations envers les 
Ânglois, prohibé l'importation des produits de leurs 
manufactures , disputé le droit de pavillon , persécuté, 
sous prétexte de religion, des sujets de l'Angleterre , 
contre la foi des traités et le droit des nations, et fourni , 
par un arasement , des secours aux rebelles 4'Irlande. 

Après avoir fait connottre les progrès de la révolu- Conven- 

.. . 1 ^ 1 tion .d'E- 

tion en Angleterre, nous exposerons , en peu de mots , cosse. 
les mesures prises en Ecosse pour soumettre ce pays à 
l'autorité de Guillaume. La convention d'Ecosse étoil 
convoquée pour le i4 mars. Les deux partis firent tous 
leurs efforts pour influer sur lès élections: Le duc d'Ha- 
miltofi et tous l^s presbytériens s'étoient déclarés pôui^ 
Guillaume. Mais le duc de Gordon tenoit le château 
d'Edimbourg, qu'il conservoit à son ancien makre. Sa 
négligence à se pourvoir de vivres le mettoit toutefois 
dans la dépendance des habitants de la ville pour Tap- 
provisionnement du château. Les partisans de Jacques 
avoient à leur tête le comte de Balcarras , etGraham, 
vicomte de Dundee , dont tous les efforts tendoient à 



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aS HISTOIRE D^ÂN^LETËRIte. 

- maintenir Tunion dans leur parti , à raffermir le duc de 

^^' Gordon , qui commençoit à chanceler , et à se ménager 
les moyens de tirer quelque avantage de ce qui se pas- 
seroit dans la session. Quand les lords et les communes 
furent assemblés, Tévêque d'Edimbourg qui officioit 
comme chapelain de la convention , fit des prières pour 
la restauration du roi Jacques. Le premier débat eut 
pour objet le choix du président. Les partisans du der- 
nier roi soutenoient le marquis d'Athol contre le duc 
d'Hamilton. Mais celui-rci l'emporta, à une assez forte 
majorité ; et un grand nombre de ceux du parti con- 
traire , voyant son infériorité , Tabandonnèrent. Les 
comtes de Lothion et de Tweedate furent envoyés 
comme commissaires pour sommer le duc de Gordon , 
^a nom des états, de quitter le château dans vingt- 
quatre heures , et d'en remettre le commandement au 
premier des officiers protestants sous ses ordres. Gor- 
don, quoique assez irrésolu , fat poussé par Dundee à 
. demander des conditions auxquelles la convention re- 
fusa de souscrire. Cette négociation n'ayant pas atteint 
son but, les états le firent sommer par des hérauts , 
avec toutes les formalités d'usage, de rendre le château 
si;r-le-champ , sous peine d'être déclaré coupable de 
haute-trahison, et, sur le refus qu'il en fit, il fut dé- 
claré traître; défenses furent faites , sous la même 
peine, de lui prêter secours et d'avoir aucune communi- 
cation avec lui. Le château fut bloqué par les troupes 
de la ville. 
Lettres Le lendemain la convention reçut deux dépêches , 
Guîuai!. l'"'*® du roi Guillaume et l'autre du roi Jacques. Cette 
me et du dernière fut apportée par un nommé Crâne , attaché au 
ques à la seryice de l'ancienne reine. Guillaume disoit qu'il avoit 



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GUILLAUME III ET MARIB. 2^ 

tonvoqué rassemblée des états , suivant le desîr des 
seigneurs et des gentilshommes d'Ecosse qui s etoient ^^' 
trouvés à Londres , où ils 1 avoient conjuré de prendre tion d'É- 
en main les rênes du gouvernement. Il exhortoit la ^^' 
convention à concerter toutes les mesures capables 
d établir la paix du royaume sur des bases solides , à 
déposer toute animosité, tout esprit de parti , qui ne 
pouvoit que les écarter de ce but salutaire. Il faisoit 
sentir les heureux effets que devoit avoir Tunion entre 
les deux rayaumes, et promettoit de ne rien négliger 
pour la bien établir. Un comité ayant été nommé pour 
répondre d'une manière respectueuse à de pareilles as* 
surances , de grands débats s'élevèf eut sur la lettre du 
roi Jacques. On prit cependant le parti de la lire après 
que les membres des états eurent signé an acte , par 
lequel ils déclaroient que , nonobstant tout ce qui dans 
cette lettre pourroit tendre à dissoudre la convention 
ou à suspendre ses délibérations, ils ne s en regarde- 
roient pas moins comme formant rassemblée libre et 
légale des états , laquelle ne pourroit être dissoute qu'a* 
près avoir fait tout ce qui seroit nfécessaire pour la sû- 
reté delà religion protestante, du gouvernement, des 
lois et des libertés du royaume. Cette précaution prise, 
on donna lecture de la lettre du dernier roi. Il conjuroit 
les membres des états de soutenir âes intérêts comme 
ils le dévoient , et de ne pas laisser échapper cette occa- 
sion de se couvrir d'une gloire immortelle, par leur 
fidélité à ïeurs premiers engagements. Il promettoit 
d'envoyer promptement des secours assez puissants 
pour défendre l'Ecosse contre toute tentative de la part 
des étrangers, et pour maintenir ses propres droits contre 
des eonemis qui , par la plus criante usurpation , par 



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3o ntStôIRE D'^N&tETEARE. 

^. des attentats qu'un Dieu juste ne laîsseroit pas impunis^ 
' Tavoient indigneinem dépouillé. Il ôffroit le pardon â 
tous ceux qui reutreroient dans le devoir avant le der- 
nier jour du mois, et menaçoit de punitions rigonreuseà 
ceux qui persisteroient datis leur coupable rébellion. 
L'autorité Cette lettre produisit peu d'effet en faveur du mal- 
kume est heureux monarque : ses amis formoient une trop foible 
reconnue minorité daus l'assemblée. Son messager, qu'on avoit 
conven- dabord gardé à vue, fut renvoyé avec un passeport au 
^^^' lieu de réponse. Jacques, qui avoit prévu ce résultat de 
sa démarche, avoit, par un acte daté d'Irlande, auto- 
risé l'archevêque de Glascov^, le comte de Balcarraset 
le vicomte de Diindée à convoquer les états à Stirling; 
Ces trois seigneurs comptoient sur l'appui du marquis 
d'Athol et du comte de Mar, qui professoient l'un et 
l'autre beaucoup d'attachement au dernier roi , et ils 
espéroient qu'une réunion de leurs amis déconcerteroit 
assez la convention pour arrêter le progrès des affaireà 
du roi Guillaume. Leur attente fut cependant trompée. 
Athol tes abandonna ; Mar se laissa prendre dans sa 
retraite; et, excepté le vicomte de Dundee , qui, avec 
cinquante cavaliers , gagna les montagnes , où il fut 
poursuivi par ordfe des états , tout le reste du parti fut 
mis , par la vigilance du duc d'Hamilton , hors d'état dé 
gêner les travaux delà convention. Ce projet ayant ainsi 
été déjoué, la convention approuva . par un acte solen- 
nel, la conduite de la haute- noblesse et des gentilshom- 
mes qui avoient engagé le roi Guiilàuiile à saisir les 
réaes du gouvernement. Les membres qui la compo- 
soient se reconnurent les obligés de ce prince, en' ce 
qu'il avoit empêché la destruction de leurs lois , de leur 
religion, et de leur constitution fondamentale, ils le 



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GUILLAUME III BT MAtIB. 3l 

supplièrent de se charger de l'administration de l'É- 
cosse; ils publièrent une proclamation qui requéroit ^^* 
tout individu de seize à soixante ans de se tenir prêt à 
prendre les armes au premier ordre. Le commandement 
de la cavalerie fiit donné à sir Patrice Hume, qui avoit 
été compromis dans Tinsurrection de d'Argyle. Huit 
cents hommes, furent levés et mis sous la conduite du 
comte de Leven , pour la garde de la ville d'Edimbourg. 
Toute la milice du royaume reçut pour chefs des ofB^ 
ciers de confiance. Le comte de Mar fut nommé gouver<- 
neur du château de Stirling. Mackay , qui avoit amené 
im renfort de cinq régiments d'Angleterre , fut choisi 
pour général , et des mesures furent prises pour s'as^- 
surer de toutes les personnes mal intentionnées. Le lord 
Ross fut ensuite chargé par les états de porter la réponse 
à la lettre du roi Guillaume. Ils y protestoient de leur 
reconnoissajQce envers leur libérateur, et, en le fâici^ 
tant de ses succès, le i^emercioient d'avoir pris l'admi* 
nistration de leurs affaires et convoqué leur assemblée , 
dédaraùt qu'ils étoient disposés à recourir aux mesures 
les plus efficaces pour garantir la rdigion , le gouver- 
nement, les lois et les libertés du royaume , et pour 
terminer toutes les dissentions. Ils finissoient en priant 
sa majesté detroutinuer à leur accorder ses soins et sa 
prote<:tion. 

Après le départ de lord Ross , les états nommèrent La con- 
un comité de huit lords, de huit chevaliers et d'autant '^éciarëe* 
de bourgeois,^ pour préparer les changements qu'exi* vacante, 
geoit le nouvel ordre de choses. Mais ce comité ne put recoonoù 
se former qu'après une vigoureuse résistance de la part GuiUan-. 
de ceux qui étoient restés attachés au dernier roi , et à Mari« 
la tête desquels on remarquoil L'arobevéque de Glasn oomm* 



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31 HISTOIRE D'AN0LET£ftilt:: 

- — — — cow i tous les autres prélats , excepté celui d'Êdfitt- 
^* bourg, s'étant retirés de la convention. Après de vio-f 
rains d*É- Icuts débats , le Comité rédigea d'un commun accord Id 
cosse, déclaration suivante : « Les états du royaume d'Ecosse 
« reconnoissent et déclarent que le roi d'Ecosse Jac- 
u ques VII , ayant professé le papisme , s'étant arrogé lé 
« pouvoir royal , sans avoir prêté le serment exigé par 
.« les lois ; ayant attaqué y d'après de perfides conseils i 
à les constitutions fondamentales du royaume et d'une 
M mflinarthie légale et limitée, pour exercer ime autorité 
« despotique et arbitraire , contraire à la religion pro-^ 
« testante y aux lois et libertés du royaume , et au but 
M naturel de tout gouvernement , eét déchu du droit à 
* la couronne , et que le trône est devenu vacant. » 
Quand cette déclaration firt présentée, l'évêque d'Édim- 
boUrg la combattit fortement. Il soiïtint qu'elle con^e- 
noit. des diarges qui ne pou voient s'appliquer au roi 
Jacques^ et proposa dé l'inviter àt venir reprendre le 
gouvernement d'Ecosse; Tous ses arguments faneiif 
sans effet , et la chambre, à une grande majorité; con- 
firma la déclaration, qui fut sur-le-champ convertie eiï 
loi. Le lord-président, après avoir prononcé la vacanoe 
du trône, proposa d'y appeler Guillaume et Marie; roi 
et reine d'Angleterre, et le éomité fut chargé de lare-' 
daction de deux actes , l'un pour que la couronlie leur 
^ fût dévolue , l'autre pour lé redressement des griefs de 
la nation. 
GuiUau- Ces deux actes ; dont le premier contenoit les coÀdi^ 
meaccep. ^îq^s de l'hérédité, furent présentés^ discutés, adoptés 
ronneaajc à l'unanimité, et publiés solennellement le même jour 
.^***^^'" au carrefour du marché d'Edimbourg, en présence du 

tions pro- " * 

foséet: lord-président, assisté du lord-prévôt, des magistrats 



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GUILLAUME m M MARIE. 33 

de la ville, du duc de Quensberry, des marcjuls d*Athol — 7*^ 
et de Douglas, et dun grand nombre de seigneurs et 
de gentilshommes. On publia en même temps une autre 
proclamation qui défendoit, sous des peines très se'* 
vères^ de reconnoitre ou d'assister le roi Jacques, de 
lui obéir» de correspondre avec lui, de méconnoitre ou 
de contrarier l'autorité du roi Guillaume et de la reine 
Marie, soit par discours, soit par écrits, soit par la 
voie de la prédication ; de blâmer la conduite des^tats 
et d'exciter des divisions ou des alarmes au 90ÎA<des 
actes du gouvernement. Lorsqu'on fut convenu dti ser- 
ment pour le couronnement » les états nommèrent une 
commission composée du comte d'Argyle, pour les 
lords; de sir Jacques Montgomery, pour les chevaliers; 
et de sir Jean Dalrymple, pour la bourgeoisie, avec 
injonction de se rendre à Londres et d'y investir Guil<^ 
laume de l'autorité royale. La convention s'ajourna en- 
suite au 21 mai, après avoir établi un comité chargé dé 
tout ce qui concemoit la tranquillité publique. C'est le . 
onze de ce même mois que les commissaires écossois 
furent reçus à Whitehall et admis en présence du roi 
et de la reine. Ils leur remirent, avec une lettre des 
états et l'acte du gouvernement, un exposé des griefs 
de la nation et une adresse où le roi étoit prié de chan- 
ger la convention en parlement. Guillaume les accueillit 
avec beaucoup de grâce, et leur promit de concourir 
à toutes les mesures qui seroient prises dans l'intérêt 
du royaume. La formule du serment pour le couronne- 
ment fut ensuite présentée par le comte d'Argyle : Guil- 
lauipe, y remarquant une clause où il étoit dit que 
leurs majestés détruiroient Thérésie, déclara qu'il n'en 
tendoit point contracter par ces mots l'obligation de 



II. 3 



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^4 JII^TOimC D'ANOtétBAKt. 

^*''~ persécuter- hm ctmmiH^ir^ ay««^^ répondu que ùë 
> ^ q'étok poipit Ih h ^M lel Tie^prit dn serment, le rc 
. prit les cq9i»mî^S9if$3 et lous ceuxxpi éloîent présent» 
à témoins d^ la irestiiclîoa qu'il venok de faire. 
Énuméra- CçpendaQt h viwBate de Duodée soutenoit avec ]li 
griefs de f^^ ff^^P^e activité Ile? ÎDléréts de son maître : somme 
la con- par un trqiaamu^ de $e rendre» il. refusa d obéir, soua 
prétexta que les v^ëigs avoient attente a sa vie et que 
le voisinage des troupes ao^loises, sous les ordres d^ 
Mac)L»y« avoit trop 4'iufl^ience sur les délîbératioiis 
des étiit^. Il fut 6Ur^le-qha«Eip décUré rebelle, il s'étoit 
attiré la baine des pre^ytçr^as par quelques cruautés 
qu'il avoit auHreiFoîs exercées contre eux^ comme ofiS^ 
cier d)i dernier gouvernement. Les états résolurent de 
je piinîr 4^M9 m^ni^re exemplaire. On détacha des pan- 
lis pour fe poiirmi^re ainsi que Balcarras: Ce dernier 
, s'éiaot laissé prendre, fui jeité en prison ; mais Duodée » 
^ étant £sàt jom^ le3 armes à la main à travers les trôu^ 
fpes qni Tenvekippoient» ga^gna les montagnes avec la 
résol'Uiion d'y lever des troupes en faveur de Jacques ^ 
qcioique ce prince lui eût défendu de faire aucune ten*> 
l^tive av^nt d avoir reçu un renfort d'Irlande. Pendant 
que cet officier s'ociQupoit à rassembler les bommes de 
âoé parti, GuiHaume nomma le duc d^Hamilton com*> 
inissaire à la Qonventiom» transformée en parlement^ 
^t donna les fonctions de secrétaire detat, pour FÉ^ 
cosse, à lord Melvil, homme d'un caractère foible ek 
servile» qui s'étoit retiré en Hk>llande pour se soustraire 
aux viotences des derniers régnes : mais le mionairque 
agisspit particulièrement d'après les conseils de Dsi^ 
rymplci lord Stair, président du conseil de justice^ 
vieux et rusé ffinatique qui, depuis cinquante ans, s'ac* 



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, otiiLLAUttiE lu iT uAnte. 35 

tommodoît à tous les goi^vemeineiits. Quoique ces mi- 

oistr^iii fussent da rigides presbytériens, le roi, pour '^' 
pbire au pnitî opposé» 9<liuii; au conseil quelques mem- 
bres de la noblesse éptsçopab^ Mais, loin d'éteindre les 
anifn0sités^ ce mélange j)e fut qu'un sujet de discorde 
et de |;roubl9. |)ans Ténumératioa des griefs de la na- 
tion, la convention éqossoîse coosprenoît les hrds dés 
wticlef (i), l'aote du parlemeai; par lequel, sous le ré- 
gne de Cb^rbs II, la suprématie du roi s'étoit élevée 
jasqu à le rondre maître de prescrire tel mode de reli^ 
fp^m qu'il voudroit ; enfin la prééminence de toute di- 
gnité eoclésîastîque sur celle de prêtre, sans détruire 
riostîtutîon des lordf des articles. Le roi , dans ses in- 
structions au lord'^xHnmissaire, consentoît à ce qu'il 
y eût un régleniipot à cet égard* Il promettoit de re$* 
treindre la* suprématie du soaverain , et d'établir le 
gouramomeixt de Tégliae de la manière la plus con- * 
£orme aux vœnx du peuple. * j 

Le 1 7 juin le duc d'Hamilton fit l'ouverture du par- Uépisc«- 
lement d'Ecosse, nom que prit la convention d'après ^^l^ 
un acte passé suivant les ordres du roi. Les membres Egoim. 
vii^ent en général avec mécontentement que les com- 
missaires avicÂent consenti à des restrictions, relative- 
menl: aux k^s des articles^ point qu'ils regardoient 
c^Hume ienr principal grief. Le roi permettoit oq)en- 

(i) Le roi donnoit pouToir au commissaire de choisir huit évé- 
qnes , qui ensuite choisissoient huit sei^eurs ; ceux-ci nommoieiit 
huit bai:*-OD8 et huit bourgeois , et tous ensemble , ëonjointement 
ave€ ley officiers d'état, adiyis çiMnpie surnam^roires , ' formoient 
le corps des lords des articles. Ce corps ëtoit en pofsession du droit 
exclusif d'ouvrir des avis pour la rçforune des abus, et de proposer 
les expédients pour le bien et la sûreté des sujets^ tous privilèges 
revendiqua par le paiiement d'Éco^se. 

3. 

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36 MISrOIllÈ|I>*ANGtÉTER!eÉf. 



•.. .. ,. j^j,^ aux. états d'élire ces lords par leurs prapresstr^ 
^* frages , et de remettre en délibération toutes les affaires? 
que ceux-ci auroient rejetées; Il accorda ensuite aux 
trois états la faculté de choisir, pour la commission des 
lords, chacun onze députés, éligibles tous les trois 
mois, et même plus souvent s'il étoit nécessaire. Mars 
toutes ces concessions ne satisfâisoient pas des hommes 
qui vouloient détruire cette institution. L'abolissement 
de Tépiscopat ne suffit pas même pour les apaiser, et 
leur mécontentement ne fit que s'accroître quand ils 
virent Guillaume admettre dans le conseil des parti- 
sans de la hiérarchie. Il se manifesta sur-tout danis la 
proposition d'un faill qui tendoit à exclipre de toutes 
places ou emplois, sous le gouvernement de leurs ma- 
jestés, quiconque auroit participé à radministration 
sous le dernier régne, ou témoigné son aversion pour 
les changements survenus, ou entravé les mesures de 
la convention. Après de grands débats ce bîll fut adopté 
par la chambre, maïs demeura sans effet, le roi ayant 
refusé sa sanction. 

Débets Les états né montrèrent pas moins d^animosîté lors-» 
parle-* qu'il fut questiou des juges que le roi avoit nommés en 
raeat yertu de sa prérogative. Les mécontents proposèrent 
un bill qui déclaroit le tribunal vacant, comme ài'épo* 
que de la restauration, prétendant qu'ils a voient droit 
d'examiner et d'approuver ceux qu'on choîsiroit pour 
en faire partie; et afin de prévenir désormais l'entière 
vacance de ce même tribunal , le bill , en attribuant le^ 
nominations à la couronne, exigeoit l'approbation du 
parlement, et décidoit que toute clause des actes rela- 
tifs à ladœission des lords ordinaires de session, et à 
leur qualification comme tels, devroit être ratifiée et 



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e.i^ILLAUME m ET MABIIS. ^^ 

Gonfirmëe pour êlre observée à perpétuité. Cfette pro- . 
position fut soutenue avec tant de Yéhémence que le ^ ^* 
hiti passa à la majorité des voix, malgré Topposition 
4es ministres, qui résolurent de maintenir les nomina- 
tions du roi contre le gré du parlement. La majorité de 
rassemblée, indignée de cette violation de ses privi- 
lèges, défendit aux juges de siéger jusqu'à ce qu'on fût 
niieux informé des intentions du roi ; mais les ordres et 
les menaces des ministres les déterminèrent au parti 
contraire. La discussion fut très vive des deux côtés , 
e$ produisit une telle fermentation que, pour mainte- 
nir les juges en exercice, les ministres crurent néces« 
saire de placer des troupes dans le voisinage d'Edim- 
bourg, 

Le lord'commissaire, efFrayé de ce tumulte, ajour- Le parle. 
na la chambre au 8 octobre, ce qui, joint aux autres ajourné. 
mesures peu populaires de la cour, détermina Toppo- 
sition à faire des remontrances au roi. On s'y plaignoit 
de l'ajournement de la chambre dans des conjonctures 
où rien n'étoit encore réglé pour les affaires de la na^ 
tion ; on y rappeloit toutes les circonstances où le par- 
lement avoît donné des preuves de son dévouement et 
de son zélé ; on y exposoit les motifs qui Fempécboient 
de partager sur quelques points l'opinion du ministère ; 
enfin on y supplioit le roi de sanctionner les actes du 
parlement, et de prendre des mesures pour redresser 
les griefs de la nation. Cette adresse fut remise à Guil- 
laume, à Hamptoncourt. Il fut si touohé dii reproche 
qu'on sembloit lui faire de n'avoir pas rempli les con- 
ditions auxquelles il a voit accepté la couronne d'Ecosse , 
qu'il fitconnoltre les instructions qu'il avoit données 
m lord-comiai#saire* On vit alors que celui-ci avoit eu 



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38 HiaTGIRE D'ANÔLËtEMRfi. 

' toute la latiiude nécessaire pour répondre a\x% vorux 

^' d€s états, Avant leur ajournement ils avôieôt fixé le 
revenu pour tonte la vie de Ouillatifne, et tofé les fonds 
nécessaires pour Fentretieii des troupes et pour d^au^ 
très dépenses accidentelles du goruvernetnént pendant 
quelques mois : une partie des troupes étôit (dépendant 
^ la solde de radministration anglais. Ces divisions 
dans le parlement laissoîent t'église san$ aucune orga* 
nisation déterminée, La hiérarchie étoit bien abolie ; 
mais la discipline n'avoit énidore rien de réglé, et les af* 
faires ecclésiastiques étoient décidées par le conséii- 
privé, qui he tiroit ce droit que de ce même acte de SU'»- 
prématie dont le parlement demandoit la suppression. 
Siège et Immédiatement après Tajournement de la session, 
Vhâtefu ^^ changea le Wdcms du château d'Edimbourg en ùa 
4'Édiin- siège régulier. Jean Lanier poussa l'attaque avec tant 
t>ourQ. ^ vigueur qu'en peu de temps les fortifications furent 
détruites, et que les travaux férent avancés jusqu'au 
pied des murailles, où Tçn avoil déjà fait de larges 
brèches. Le duc de Gordon se voyant sans vivres, sans 
moyens de défense, sanainteUigencé an-dehors, et sans 
espoir d'être secouru, (ietnanda et obtint une capitu^ 
lation favorable à sa garnison. Quant à Ini, il déclara 
que son respect pour tous Jes princes descendants de 
Jacques VI ne lui permettoît de rien stipuler pour son 
compte, et il se rendit à discrétion le i3 juin. Toutes 
les errances de Jacques et de son parti forent alors 
réduites au' vicomte de Dundee, qui, à la tête d*nn 
corps de montagnards, iivoit i-ésolu d'attaquer Mackay 
d'après rassurance qui lui fut donnée par message 
qu'au xboinent de Faction le r^iment des dragons 
écossois passeroit àè SM côté. Mackay, instruit de son 



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ctriLiAiTMir m et »Anis. % 

4«^eio9 s'éloigûa de lui par de longuâs mftrclies jtis- ' '^ '" 
qu'à ee qu'il fut renioreé par lès dragosls de Ramsey et ^ 
par. un autre- régiment d'iafismtçriô aiiglûiÂc. Alors il 
revint sur ^ pas, ^t Dundee à éon tour se relira dans 
le Lochabar. Ix>rd Marrây^ fils du marquis d'Alhol, 
parvint à réunir sea yaMsàux^ «u nomJtire de douze cents 
^mtnes^ pour le serrée de la régence; mai^ il fut 
trahi par un des siens , qui , après s'être eti^ré du chà- 
tesm de Kair pour Dundee, détermina les troupes de 
Murray à se disperser plutôt que de porter les armes' 
contre Jacques leur souverain légitinie* 

La situation de Dundee étoit très fâcfaettsë. Dépuis Les trou- 

1 . . . 1 . . . pes de 

j^usieurs semaines ses troupes manquoteut de pam et' Cuiiiau. 
de s^l, et se trouvoient réduites àfeau pour totrte me sont 
boisson; au lieu .dé cinq cents hommes d'iiifant^rie et. à KîUi! 
de trois cents chevaux que Jacques avoit promis d'eà- crankie. 
Voyer d'Irlande avec un secours d'armes, de niuuitions 
et de vivres , il ne re^t cpxe trois cents hommes de tett^ 
£ôrt, qui arrivèrent presque mxs, après que leurs vais-» 
seaux de transqport-et leurs provisions furent tombés 
entre les mains deia Angloîs. Quelque déplorable que fût 
ce contrertempSy il le supporta B^et courage, et, loin' 
de perdre^respérance, il marché au secours du château 
de Blair," menacé par le général Mackay. Arrivé près 
de cette forteresse, il eut avis que Fennemi étoit entré 
dans le pas cïe Killkrankie, et résolut de l'attaquer sans 
délai. U'èugâgement fut court, mais terrible. Les mon- 
tagnards, après, avoir re^u le premier fôu des Anglois et 
y avoir répondu, ixMnbeéent suti etrx arvec i^e telle im- 
pétuosité que rinfa»telie fut rompue en sept minutes. 
Les dragons prirent la>|bi<e'à la première charge; la 
cavalerie de Dundee, qui n'exoédoit pas cent hommes* 



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40 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

•""^T — rompit le régimeot même de Mackay; le comte de 
^* Pumbarton, à la tête de quelques volontaires, s'em«> 
para de rartilierie. Douze cents homimes des troupes de 
Mackay restèrent sur le champ de bataille ; cinq cents 
furent faits prisonniers ; tous les autres prirent la fuite , 
et ce ne fut qu'au bout dé quelques heures que leur 
général, officier aussi brave qu'expérimenté, parvint à 
les rallier. La victoire des montagnards étoit contpléte 
et décisive ; mais elle fut achetée bien cher par la perte 
de leur chef, qui périt dans Faction. Sa mort jeta parmi 
les siens une telle confusion , qu'ils négligèrent de pour- 
suivre i'enqeini. Dundee joignoit à un esprit entrepre- 
liant un courage et une fidélité à toute épreuve; il 
sembloit particulièrement propre à conduire les hom** 
ines réunis $ou3 sa bannière. Il étoit Tame et la vie de 
ce parti, qui, après sa mort, n'éprouva plus que revers. 
Il fut remplacé par le colonel Cannon , qui avoit amené 
le renfort d'Irlande ; mais les entreprises de celui-^ci fu- 
rent si malheureuses, que les montagnards découragés 
jetèrent peu-à-peu les armes et profitèrent d'une am- 
nistie que Guillaume offrit à ceux qui se soumettroient 
à son gouverpieniept dans un délai déterminé. 
Le roi Aprè^ avoir exposé la situation de l'Ecosse, il est 
accu"iUi temps de revenir au roi Jacques et à son expédition 
k la cour d'Irlande. Louis XIV accorda la jJqs noble hospitalité 
Fr^^ce. à ce n^alhçureux prince et à la reine. Il assigna pour 
leur résidence le château de Saint-rGermain ; il monta 
magnifiquement leur maison , les combla de riches pré-f 
sents, et entreprit de les rétablir sur le trône d'Angle- 
terre. Mais Jacques se conduisit de manière à donner 
xme idée peu favorable de la vigueur et des ressources 
de soqi esprit. Épervé par u^e 4évotion exagérée, i\ 



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GIU^ILLÂUME m ET MABI^K; l(t 

|>an]t oublier entièrement ce courage et cette magnani- 
mite qui avoient sifjnale sa jeunesse; il se motilra peu 
affecté de la perte de son royaume ; une piété mal en- 
tendue absorboit toutes ses facultés. Au lieu de cher- 
cher tous les moyens de ressaisir sa couronne, il passoit 
son temps en conférences avec des jésuites sur des ma^ 
tières de religion. Un sentiment qui tenoil du mépris 
se mêla bientôt dans le cœur de Louis à la compassion 
qu^excitoient ses malheurs. Les Italiens Taccabloient de 
pasquinades, et le pape d'indulgences. L'archevêque 
de Reims disoit ironiquement, en parlant de lui : Cest 
un homme pieux qui sacrée trois couronnes pour une 
messe. Enfin il devint pour les François même un objet 
de raillerie et de ridicule. 

Jacqiies,.poutremonter sur le trône, n'avoît d'espoir Tytcon- 
que dans ses amis d'Ecosse et d'Irlande. Tyrconnel, qui porîsc 
commandoit dans ce dernier royaume , fut affermi dans «T^ \« 
son affection pour ce prince par Hamilton lui-même , laume. 
qui s'étoit cependant chargé de l'amener à reconnoître 
le nouveau gouvernement. Tyrconnel eut l'art de ca- 
cher ses sentiments et temporisa avec Guillaume jus- 
qu'à ce que Jacques fût en état delui envoyer de France 
les secours qu'il réclamoit par des messages particu- 
hers. Dans la vue de caresser les protestants d'Irlande 
et d'abuser Guillaume par des apparences de soumis- 
sion , il détermina lord Mountjoy, en qui les protestants 
avoient une entière confiance, et le baron Rice à se 
rendre auprès de Jacques pour lui représenter la né- 
cessité de céder aux temps et d'attendre une meilleure 
occasion de faire agir ses sujets d'Irlande. Loin de pou- 
voir obtenir une audience du roi Jacques , Mountjoy, 
k spn a|*rivée à Paris, fut envoyé à la Rastille , en puni-; 



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4a HI9T0IAE Di*ANGt.KTSIklffr. 

' tiondu zélé qu'il ayoit montré efn faTCror des pfottiâtdAtd. 

' ^' Quoique Louis XIV désirât sÎDcèr«0letit le rétablisse- 
ment dé Jacques^ sse% iDtentîotis fur^t paralysées par 
le défaut d accord entre ses ministres « Lcmvois donii* 
noit dans le conseil ; mais Seignelay avoit plus de crédit 
auprès du roi et de madame de Maintenofi. C'est à ce 
dernier, qui étoit secrétaire-<l'état de là marine, que le 
prince anglojs s'étoit partioaliëremeot adressé. Seigûe* 
lay avoit promis de donner le commandement aes 
troupes destinées à son service à Lauzun , que Louvois 
haïssoit* Aussi Louvois contraria -t -il toutes ses me* 
sures ;- ce qui différa les secours que Louis XIY avoit 
résolu ,de fournir. 
Jacques Cependant ces secours furent accordés, et la ftottid^ 
^^lande** ^^* prôte à mettre en mer à la fin de février. On assore 
que Louis avoit offert une expédition de qninsse ïùiWé 
hommes , mais que Jacques s'y étoit opposé , efi disant' 
qu'il vouloit triompher avec ses propres sujets ou périr 
dans l'entreprise. Il partit donc avec douze ée^s An^ 
glois et un assez grand nombre d'officiers françois qui 
s'embarquèrent à Brest sur une flotte composée de qvLA-* 
torze vaisseaux de Hgne, sept frégates, trois brûlôtsT 
et beaucoup de bâtiments de transport. Le roi lui foiH''- 
nit une grande quantité d'armes pour ^es sujets d'Ir-^ 
lande, une somme considérable d'argent ,demagiÉiBqùes 
équipages^ une riche vaisselle, et tout ce qui pduveié 
être nécessaire pour cette campagne et pour sa' maison. 
Il l'embrassa affectueusement à son départ, et après 
lui avoir donné sa propre cuirasse , le véèu le plusfai/o^ 
rable que Je puisse Jaire pour *vou$^ Jui- dit-il , à*eitÀené 
vous rei^oir jamais. Jacques s'embarqua à l^ést le 6 n^airs 
jivec ses principaux officiers et le comte d'Avaox , qui 



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lôSg. 



GtfïtlAtJMÉ III Et MARIÉi 4' 

Tâciconipdgtioit comme ambassadeur. Forcé par les 
vents contraires dé rester dans le port jusqu'au 1 7 du 
même mois, il mit enfin à la voile et débarqua le 22 à * 
Kinsale, en Irlande, Cependant le im GùHlaume, s'apèi»- 
cevant qu'il étoit joué par Tyrconnel , avoit publié une 
déclaration qui enjoignoit aux Irlandois de poser lés 
armés et de se soumettre à son gouvernement. Le 201 
février , il fit mettre en commission trente vaisseaux dé - 
guerre, sous le commandement de l'amiral Herbert. 
Mais les divisions <jui régnoient dans le conseil, et VaU 
teiltioti que le roi donnoit aux affaires du continent 
retardèrent tellement ces préparatifs, que l'amiral ne 
put mettre en mer qu'au commencement d'avril , et 
seulement avec une partie de la flotte. Jacques fut reçu 
à bras ouverts à Kinsale. Tout le pays se montra dé- 
voué à sa cause ; car quoique les protestants du nord se 
fussent ralliés au nouveau gouvernement, leurs fôt'Ces 
ne pouvoient se comparer à celles de Tyrconnel, qiti , 
en un seul jour, avoit désarmé tous les autres sujets 
protestants , et formé pour son maître une drmée de 
trente noille hommes d'infanterie et de huit mille de ca- 
valerie. 

Ce fut à la fin de mars que Jacques fit son entrée se- Procî^i- 
lennelle à Dublin , au milieu des acclamatioti» de tout matons 
le peuple. Il fut reçu à la porte du château par les évê- Dubjin. 
ques et le clergé catholique en habits sacerdotaux , et 
portant l'hostie devant laquelle il se prosterna publi- 
quement. Il commença par écarter de la chambre du 
(5onseil le lord Granard, le juge Keating, et quelques 
mitres protestants, qui avoient excité le lord-lieuténant 
à un accommodement avec Guillaume; il mit à leur 
place l'ambassadeur de France , l'évêque de Chestcr ^ 



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44 HISTOIBE D'ANGLETERRE. 

' ' le colonel Darrington et quelques uns des principaux 

' gentilshommes qui Taccompagnoient. Le second jour , 
il fit publier cinq proclamations. Par la première , il 
rappeloit tous ses sujets d'Irlande qui avoient quitté le 
ro^'aume , et fixoit pour leur retour un délai , passé le- 
quel ils seroient déclarés proscrits et leurs biens confis- 
qués ; il prescrivit en même temps à tout individu de 
se joindre à lui contre le prince d'Orange. La seconde 
contenoit l'expression de sa reconnoissance envers ses 
sujets catholiques , pour leur zélé et leur fidélité y avec 
injonction à ceux qui n'étoient pas pour lors à son ser- 
vice de garder leurs armes jusqu'à ce qu'il devînt né- 
cessaire d'en faire usage pour lui. Par la troisième, il 
invitoit ses sujets à fournir des vivres et des armes à ses 
soldats, et défendoit à ceux-ci de rien prendre sans 
payer. Par les deux autres enfin, il augmentoit le titre 
de l'argent monnoyé, convoquoit pour le 7 mai un par- 
lement à Dublin , et portoit Tyrconnel au rang de duc, 
en considération des services qu'il en avoit reçus. 

Siège de Les partisans de Jacques en Angleterre le pressoient 
derry"" ^® mettre ordre promptement aux affaires d'Irlande,, 
et de s'avancer ensuite avec son armée, soit au nord de 
l'Angleterre , soit à l'occident de l'Ecosse , où ceux de 
son parti^ viendroient le joindre pour agir aussitôt con» 
tre l'usurpateur. Son conseil le détourna décéder à leurs 
instances avant que l'Irlande fût entièrement rentrée 
sous sa domination. Sur le bruit qui se répandit d'un 
massacre projeté, les habitants de Londonderry fermée 
rent leurs portes au régiment commandé par le comte 
d'Antrim , et résolurent de se défendre contre le lord- 
lieutenant. Ils firent part de cette résolution au gouver-i 
nemeot d'Angleterre, en lui représentant les dangers 



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aUILLAUMfi III ET MARIfi. ^i 

Mxqaels les exposoit leur résistance , et demandèrent ^ 

de pfoi^pts secours. On leur envoya quelques armes et *^^* 
des munitions. Mais ils ne reçurent de renfort véritable 
qu'au milieu d'avril , que deux régiments arrivèrent 
dans le Loughfoyl , sous le commandetnent de Gun- 
ningham et de Richards. Pendant ce temps , le roi Jac- 
ques , qui s'étoit emparé de Goleraine et avoit investi . 
Kilimore^ étoit arrivé presqu'à la vue de Londonderry. 
Georges Walker y recteur de Donaghmore, qui avoit 
levé un régiment pour les protestants , en donna avis 
au gouverneur Lundy. Cet officier lui prescrivit de se 
réunir au colonel Crafton et de prendre poste à Long- 
causey « où il se'maintint toute la nuit contre la garde 
avancéedeFennemi. Mais^ accablé par le nombre, il se 
retira à Londonderry, où il engagea le gouverneur à se 
mettre en campagne avant que l'armée de Jacques fût 
con^létement formée. Il fut décidé dans un conseil de 
guerre convoqué par Lundy, et où furent admis Gun« 
ningham et Richards , que la place n- étant point tena- 
ble, il seroit imprudent de débarquer les deux régi- 
ments; on arrêta que les principaux officiers sortiroient 
de Londonderry, afin qu'aprè^leur éloignement les ha- 
bitants pussent obtenir une capitulation plus favora- 
ble. On dépécha aussitôt up officier au roi Jacques, 
avec des propositions de négociation , et il fut convenu 
avec le lieutenant-général Hamilton que larmée reste- 
roit à quatre milles de la ville. Nondl>stant ces p{*élimi- 
naires, Jacques s'avança à la tête de ses troupes. Mais 
les assiégés le reçurent si vigoureusement , qu'il fut 
forcé de se replier, non sans quelque désordre, sur la 
ville de Saint- Jean i Les habitants et les soldats de la 
garoisop de Londonderry, vivement irrités contre le% 



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40 HIStOIfiE p'AMGLÉTiEÀR^, 

— — — membres du conseil de ggieire qui avoient résolu d'à.* 
^ baadonner la place, jurèrent d'en tirer uoe prempifs 
\eogeaDce. Cunningham et Richards se retirèr^Bit datte 
leurs vaisseaux , et Lundy s epferma daus sa chambre^ 
Walker et le major Baker ne purent le dat^ngoiner à 
garder son post^. Soit lâcheté, soit perAdie , il refusa 
obstinément de concourir 4 la défense de la ville , et on 
le laissa s échapper à la fav^vir d'up travestissement.* 
Mais , arrêté ensuite en Ecosse , il fut mené à J^odrea 
pour y rendre compte de aa conduite* 
Conra- Les lïabitauts choisirent à s^ phioç pour leurs gour 
fcnsc^des verneurs Walker et le niajor' Baker, qui devinent se 
IpabiuDts. partager Tautorité. Mais ceuj^-ci ne voulurept point 
accepter ce poste avant qu'il eût été offert au colonel 
Cunningbam , le premier apiiès Lundy daus le çommaa- 
dement. Gunningham rejeta lofi^re quon lui eu fit, et 
revint avec Richards en Angleterre , où lun et lautre 
furent aussitôt cassés» Les deux nouveaux gouverneurs^ 
ainsi livrés à leurs propre^ ressources , préparèrent tottt 
pour une vigoureuse défepse , et on peut même dire 
qu'ils furent emportée pajr leur coura^ au -delà de^ 
bornes de la prudence, ^r la place é.toit peu fortifiée; 
leur artillerie, qui n'^xcédçil; pas vingt {«éces» étoit eu 
ipauvais ét^t ; point d*ingénieur pour diriger les opéra- 
tions, et avec fout cela très peu de cavalerie et une gar- 
nison composée d'hommes m^l disciplinés et dépourvue 
de provisions. Au-dehors, ils étoient assiégés par un 
monarque eu personne, à la tête d'une armée formida- 
ble, conduite par de bons officiers, et abondamment 
pourvue de toutes les choses nécessaires pour vu siège 
et une bataille. La ville fut cernée le 20 avril ; on dressia 
aussitôt Iqs batteries , et on fit plusieurs attaquer Irèis 



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Vive3 , où ks a^s^égeaQl^^ furent rqpoussés 'avcd une .j; 
jl^rande perte. I^es IiabUaBis obtenoient toujours quel- ^' 
qu^$ avantages daps leuff sorties, et ils auroient pu 
^r9L\^ YexmQjocki sans liç pminque de vivres et la maladie 
f pQt^gieuse qui se déclara parmi eux. Les malheureux 
éprouvoient la sert d^ T^n^^d.e ; car plusieurs- vaisseaux 
envoyés d'Angleterre avec des secours , ne purent re* 
jpaonter la rivière , se trouvant arrêtés par les batteries 
ijpe l'enpemi avpit élevées sur les deux rives , et par les 
travaux qui ferminent le canal. Ënfiii ils virent arriver 
4an^ le laç un renfçMrt sous les ordres du général Kirke, 
qui ^vok abapdonné son maître pour passer au service 
du roi Guillaume, Il trouva le moyen de faire savoir 
à Walk^ qu'il avoit à bord des vivres et dés soldats 
fQW l^s assiégés, mais qu'il étoit impossible de re- 
jpiofitçr {p tPivière.'II promettoit cependant de mettre 
à (erre, un corps de troupes à Tile d'Ineb , et de telitep 
une diversion e» leur faveur^ lorsqu'il auroit été joint 
par les troupes d'Inniskilling , qui s'élevoient à cinq 
H^ille hom^aesy.dout deux mille de cavalerie. Il atten* 
doit égaleijoeQt d'Angleterre, ajoutoit-il, six miHehon^ 
^les qui s'étoie^t embarqués avant lui ; il finissoit par 
exhorter les habitants à persévérer dsAs leur coura* 
geuse résistance , leur assurant qu'il affironteroit toué 
les hasards pour venir à leur secours. €es promesses 
soutinrent la constance des habitants, dont le nombre 
diminuoit cependant de jour en jour. Le major Baker 
étant mort , iji fut remplacé par le colonel Michelbuiti , 
qui fut as$9dlé ^ W^ilker dans les opérations du com* 
inandement. 

Le roi JacqUep étant retourné à Dublin pour être Conduite 
grèvent ai^ j>arieii^e9t4 l^ssa le commandement de son <*« Ro«cn. 



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48 HISTOIRE d'aNGLETEARE^ 

""""""^ armée au général François Rosen, qui, fatigaé de la 
^^* résistance obstinée d^une poignée d'hommes à denâ 
consumés par la faim , les menaça de raser leur ville et 
de passer les habitants au fil de Fépée , s'ils ne se bâ* 
toient de se soumettre. Les gouverneurs , loin d'être 
effirayés de ses menaces, défendirent, sous peine de 
mbrt, de parler de soumission. 

Les malheureux habitants de Londonderry, livrés k 
toutes les horreurs de la famine , virent bientôt s'épui- 
ser les affreux aliments dont ils se nourrissoient^ Leur 
détresse n'abattit point leur courage. Rosen les menaça 
d'exercer sa vengeance sur tous les protestants du pays ^ 
et de les faire conduire sous les murs de la ville assié- 
gée, en les y laissant exposés à toutes les ^ivation». 
L'évêque de Meath se plaignit au roi de cette menace 
barbare et le supplia d'en empêcher l'exécution. L'ordre 
du roi fut sans pouvoir sur l'esprit de Rosen^ et ua 
grand nombre de ces ntalheureux furent poussés jus- 
qu'au pied des murs de Londonderry. Ce spectacle^ 
loin de produire l'effet qu'en attendoit le général , ne fit 
qu'exciter le désespoir des assiégés; ils élevèrent une 
potence à la vue de l'ennemi , et envoyèrent dire à Rosen 
qu'ils feroient pendre tous les prisonniers s'il ne remet- 
toit en liberté tous les protestants enlevés à leurs foyers. 
Cette menace amena une négociation qui fut suivie du 
renvoi des protestants. 
La Tille La garnison de Londonderry étoit alors réduite de 
est secou- ggp|- mille hommes à cinq mille sept cents. La dé- 
Kirke. tresse des habitants étoit telle que Ton parla de mas- 
sacrer les papistes pour se nourrir de leur chair. Dans 
cette horrible extrémité, Kirke, qui jusque-là étoit 
resté dans l'inaction , fit remonter la rivière à deUi 



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CBILLAUME m Et MARtBi ^g 

vaisseaux chargés de provisions , sous TesCorte de la 
frégate le Dartmouth. L'un de ces vaisseaux, le Mount* ' 
joy, rompit les travaux de rënnemit et, après avoir 
soutenu un feu très vif des deux côtés de la rivière , 
les trois vaisseaux arrivèrent^ sans dommage, à la 
ville, où ils furent reçus aux acclamations de joie des 
habitants. Cet incident porta un tel découragement 
dans. Tarmée du roi Jacques , qu'elle prit le parti , de 
lever le siège dans la nuit , et de se retirer précipitam- 
ment , après avoir perdu neuf mille hommes devant la 
place. Kirke ne fut pas plus tôt entré dans la ville que 
Walker s'embarqua pour FAngleterre avec une adresse 
où les habitants témoignoient au roi toute leur recon* 
noissance du secours qu'ils en avoient reçu* 

Les habitante d'Inniskiliing ne montrèrent pas moins Les liabi* 
de valeur et de constance à s'opposer aux papistes que î|^^*jii^ 
ceux de Londonderry. Ils levèrent un régiment dont le défont et 
commandement fut donné à Gustave Hamilton , qu'ils f/gén^rôl 
avoient choisi pour leur gouverneur, et proclamèrent , Macarty* 
le 1 1 mars , Guillaume et Marie , dont ils résolurent . 
de soutenir Fautorité contre toute opposition. Le lord 
Gilmoy ayant investi le château de Crom, qui étoit 
occupé par les protestants , et peu éloigné d'Inniskil-^ 
ling, les habitants de cette dernière ville y jetèrent- 
du secours , et forcèrent Gilmoy de se retirer à Bel* 
turbet. Le lieutenant -colonel Lloyd, à la tête d'un 
détachement de la garnison , s'empara du . château 
d'Aughpr qu'il démolit, et obtint dans plusieurs es-, 
carmouche&des avantages sur l'ennemi. Le jour même 
qui précéda la délivrance de Londonderry, ces mêmes. * 
troupes mirent en déroute, dans un endroit appelé New- 
ton-Butler, six miUe papistes irlandois , dont le chef 
II. 4 



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^0 niSrOtfit D^AUGLCtEHRC^ 

•■ " MBoaily, plus connu mm le nom de lord Moncasl^ef ,. 

»<%. fat fiât priwimier. 

Âism- lJ9 pariemeot d'Irlande s'étatit assemblé à Dublin^ 
blée <ia çi'apfé^ jg proriamatlon du roi Jacquea, ce prince , 
weVitdlr- dans u» 4^0Qr9 prononcé du haut dn tr6ne, re^ 
^^^'^ naroia les membres de leur scéle, de leur courage et de 
leur fidélité, et après avoir exalté la générosité du roi 
de France, qui Tavoit mis en état de venir les joindre^ 
il insista sur la résolution où il étoît d'établir la liberté 
dé conscience que rédamoient également la politique 
el rhumanîté, et promit de concourir avec eux à toutes 
les lois qui pourroient assurer la tranquillité et le 
bonkeur de ses sujets. Sir Richard Neagle , orateur 
des communes, proposa une adresse de remerciement 
à sa majesté , et deaaânda qtie le comte d'Avaux fût 
prié de téaioigner avr roi très chrétien toute leur re-^ 
eonnoissance pour l'appui qu'il avoit prêté si gêné* 
veusement à leur souverain. Ces deux adresses ayant 
écé rédigées avec le concours des deux chambres , îi 
6Êt proposé un bill pour reconnoltre les droits de Jae-* 
^UAS-, et pour exprimer foute l'horreur qu'inspiroient 
au: parlement l'usurpation du prince d'Orange et la 
défiection des Anglois. Le lendemain Jacques publia 
mae dédaratîon, où , en se plaignant des calomnies ré- 
pandues contre sa personne , il faisoit remarquer sonr 
impartialité dans la protection accordée à ses suje^ 
protestants ^ dans son attention à les défendre contre 
leurs adversaires, à écouter leurs plaintes, et à feire 
jouir le royaume de la liberté de conscience ; promet-- 
tant de ne rien faire sans Tapprobation du parlement, 
offrant le pardon à eem: qui se détacheroient du parti 
de ses ennemi^ ^ur revenir à lui vingt^uatre joura 



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CiTiLtAuiiE lii £f ifÀiitifi &t 

ttpfèi Ml arriiEéc €d Idaade ^ et reiidaM reflfMmêables — '^T^ 
<fe tout le sang qm serait versé ceuk qui s'obstiae^ ^^^ 
mient dans leur révolte* 

Le conduite dn roi Jacques ne répondit guère à cette L*acte<iiii 
déciaratioa; an ne peut même l'expliquer qu^en sup^ ^^oh les 
pesant qu'il suivoic moins sa propre ii^ination que' p^^^^ 
ke <îofiséik du comte d'Avaux et deâ eatholiques irlan* leurs 
dok qui avoient toute sa éodfianoe. Ces derniers for^ ^^^'^^ J*^ 
mant la majorité dane les deux <^mbt^s ^ on He dut 
pas s*étoûneJr d'y voir présekiter un bitt qui annulait 
l'acte en vertu duquel les protestais avoient été con« 
irmés dane la possession de leurs biens. Par ce nouvel 
acte lie furent dépouillés de leurs terres , lesquefies fu^* 
nmt dév([^ues aux héritiers des catholiques qui en 
Moioût été pnopriétsdres avant la rébellion. Ce bill in^ 
juste ne 42oixtenoit aucune ^esU'ieti6n en feveur des 
protestants qui avoient acheté ces biens à un prrl 
convenable ; il n'était rien alloué pour l'amélioration 
que le sol avait pu recevoir entre leur» mains^ rien 
aocordé aux veuves, des protestants , et il ne fut pas 
même permis aux propriétaires et aux fermiers d'en* 
lever leors blés et d'arracber les arbres qu'ils avoient 
plmtési Dans la diambre des lords, le docteur Dop^ 
pingi évêqnede lleàtfa , combattit le bill avec autant 
de courage que d1i«^ileté , -et une adresse en faveur de 
enix qui n'avoient Mbeté4(o'«^rè6 Tade de Confirma^ 
pou fot présentée au roi par ie comte de Granard t 
«aass toutes ces rea^ntrances n'empédbèrerft point que 
ie biU ne reçût la eauction royale; ce qui produisit la 
mine cmftière des protestants. 

Ain de conêommerlèur^niaère, ilitft pesée nn acte icts de 
de proscription contre tous les protestants de l'un et de ^^^^^ 

4' 



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Si RHTOIRB.D^ANGlETEjRlie» 

*"~ — lautre sexe qui s^étoieat absentés du royaume dTr-*: 
^' lande, et contre ceux qui s'4toient retirés dans une ' 
partie des trois royaumes non soumise à lautorité du 
roi Jacqu^Sy ou. qui avoient eu dés intelligences avec 
les rebelles depuis le premier août de Tannée précé- 
dente. Le nombre des sujets nommément atteints par 
cet acte s'élevoit>à près de trois mille , parmi lesquels ^ 
on comptoit deux archevêques, un duc, dix-sept 
comtes, sept comtesses, autant d'évéques, dix '- huit 
barons, trente-trois baronnets , cinquante-un cheva** 
liers , et quatre-vingt-trois ecclésiastiques , tous con- 
damnés à la peine de mort ayec conâscation de leurs 
biens. Ces malheureux étoient privés de tout espoir de- 
pardon, même du bénéfice d'appel; car lacté même 
rendojt nulles les lettres de grâce que le roi pourroit 
accorder, à moins qu'elles ne fussent enregistrées avant 
; le premier décembre. Par des lois subséquentes, le 
parlemeut d'Irlande fut déclaré indépendant de celui 
d'Angleterre ;; une pensioA de vingt-mille livres ster?» 
ling fut . donnée à Tyrconnel , en. récompense de ses 
éminents services , indépendamment des biens confis"^ 
qués y et il fut mis à la disposition du roi une somme dé 
vingt mille livrer sterling par mois; un acte en faveur 
de la liberté de conscience reçut la sanction royale ; 
tes dîmes payables par les catholiques furent affectées 
aux prêtres de cette communion ; on . supprima les 
sommes allouées au clergé protqstant par les villes et 
communautés, et les non-conformistes furent déclarés 
exempts dp la juridiction ecclésiastique. Ainsi Téglise 
établie fut dépouillée de ses pouvoirs et de sa juridic* 
tion, malgré I4 promesse dç Jacques,, qui, à sondé» 



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GUILLAUME IIÏ ET MARrE. 53 

i>£urquemeiit, avoit déclaré qu'il maintiendroit le clergé — 
dans ses droits et privilèges^ ^* 

-• On seroit tenté d'accuser le roi Jacques d'une ten^- Ja«q««» 
dance inarquée au despotisme et à l'arbitraire, si l'on une mon- 
ne devoit avec plus de raison imputer sa conduite tv- "^^^f * *^** 
rannique au caractère de ses ministres , hommes 
étrangers à tout sentiment de justice et d'humanité, 
qni n'obéissoient qu'aux mouvements de la cupidité et 
de la vengeance, et qui étoient possédés de toute l'a* 
nimosité des haines religieuses. Les soldats vivbient à ' 
discrétion; les habitants étoient pillés et volés; letré* 
sordu roi ayant été dévasté, on porta à la monnoie 
et Ton fit frapper en espèces , pour les besoins du 
prince , tout le cuivre qu'on put trouver dans les bou- 
tiques des marchands et dans les cuisines des bour* 
geois. On donna à ces espèces une valeur arbitraire 
Qu-dessus de la valeur intrinsèque de toute la diffé^ 
rence d!un à trois cents, et il y eut ordre à tout le 
monde de les recevoir en paiement sous les peines les 
plus sévères. On répandit une quantité prodigieuse 
de cette monnoie pendant le cours d'une année , et les 
protestants étoient obligés de la prendre en paiement 
de tout ce qui étoit fourni pour le service du roi. Jac- 
ques , non content de la subvention que le parlement ^ 
lui a voit accordée, imposa de sa propre autorité une 
taxe de vingt mille livres sterling par mois sur d'autres 
domaines que ceux qui étoient imposés par la loi. Les 
chambres n'étant ajournées que pour une durée de trois 
mois , on auroit pu croire que cet expédient n'étoit qud 
momentané : mais cette taxe fut levée en vertu d'une 
conmiission munie du grand-scçau; et comme on au- 



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$4 HISTOIRE D*AN'OLET£RB|E, 

'" ■' ' roit pu ol^lenir la même somme par les rmtè parle* 

^^* mentaireSy de toutes les extensions de la prérogatiirei 

ce fut la plus inexcusable. Infomié ^ue les prolestantà 

^voient employé toute leur moimoie de biUon à Fa^ 

quisitiop d'une grande quantité da cuirs , de suif, da 

laines et de blé , Jacques fixa da sa propre aulorité la 

prix de cas marchandises , afip de les acheter pour lui?* 

même. Ses ministres en6n ne parmasoient travailler 

qu'à la ruine totale de ce malheureux peuple. 

tescatho. Toqtes les chaires qui vinrent à yaquer dans lai 

}*^°** iooles publiques fureot données à des professeurs pa-» 

rent des pistes. Ou supprima la pension que faisoit Téchiquier 

dés pro- * l'université de DuhUn ; on eu chassa le vîce-prési» 

tfsi^mtn. daQt y ses agents et les élèves. Sans aucun prétexte > et 

au mépris de la promesse royale , on s'empara de leurs 

meubles 9 de leur vaisselfe et de leur biblîoth^ue : les 

pfficiers firent du collège un corps* de -garda, de la 

chapelle un magasin , et des appartements une pri<» 

son; un prêtre catholique fut nommé prévôt; un autr» 

' catholiqqe nommé Maçarty fut fait bibliothécaire ; 

l'université devint un séminaire. Quand les évécfaas 

et les bénéfices à la nomination de la couronne de* 

venoient vacants , le roi en faisoit porter les revenua 

dans son échiquier, et laisaoit les paroisses sans pas-f 

leurs; ces sommes étoient principalement employées 

au profit des évéques et des prêtres catholiques. Une 

telle faveur les rendit si exigeants, que, dans plusieura 

paroisses, ils s'emparèrent de l'élise des protestanta* 

Toutes les fois qu'on se plaignoit au roi de ces vexa-f 

tions, il promettoit de faire justice, et donnoit l'ordre 

de rendre les églises. Mais le clergé catholique refit-» 

soit d'obéir, prétendant qu'en matière spirituelle il çte 



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OUILLÀtJME m 15T MABIE. 55 

«levoit obéissance qu'au saiot-siége; et Jacques n avoit — ~-^ 
point Idutorité nécessaire pour défendre ses sujets ^^* 
protestants contre un corps puissant qu'il avoit à cœur 
de ne point désobliger. Quelques vaisseaux s'étant 
montrés dans la baie de Dublin* il fut fait défense aux 
protestants de se réunir dans leurs églises ou ailleurs 
sous peine de mort. On les obligea de remettre leurs 
armes » s'ils ne vouloient être traités comme rebelles et 
iraUres. Lutterel, gouverneur de Dublin , fit publier 
à son de trompe un ordre aux fermiers d apporter, 
<j[ans un délai fixé, leurs blés pour nourrir les che* 
vaox du roi, sous peine d'être pendus à la porte de 
leurs maisons. Le brigadier Sarsfield força tous les 
protestants d un district de se retirer sous peine de 
mort à une distancé de dix milles de leurs babitations ; 
et la même peine fut prononcée contre ceux qui ne re- 
x^evroient point la nouvelle monnoie au taux fixé. 

Tous les revenus de l'Irlande et tous les expédients comb^it 
imaginés pour donner cours à cette monnoie de bas ^^ ^^ ^^^ 
.aloi n'auroient pu suffire aux frais de la guerre, sans çoise 
les secours que Jacques recevoit de temps en temps de 
France! Aussitôt après le retour de la flotte qui avoit 
transporté ce prince en Irlande, Louis XIV fit partir 
plusieurs vaisseaux de transport avec des armes, des 
munitions et une somme considérable d'argent, sous 
l'escorte d'une forte escadre, commandée par Château- 
Pienaut. Avant que ce convoi mtt en mer à Brest , 6uil« 
laume, informé de sa destination, envoya de Spithead, 
pour l'intercepter, douze vaisseaux de ligne, un brûlot 
et quatre barques, sous les ordres de l'amiral Herbert, 
qui fut jeté par la tempête dans le port de Milford, d où 
il dirigea sa course vers Rinsale, dans la supposition 



;raQ- 



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56 HISTOIHE D'ANGLETERRE» 

•^"""""^ — que la flotte Françoise a voit fiiit voile de Brest, et qu'il 
9' la rencontreroit vers les côtes d'Irlande. Le i** mai il 
la découvrit à Tanci'e dans la baie de Bantry, et quoi- 
que l'ennemi fût très supérieur en nombre, il fit force 
de voiles pour Tattaquer. Les François ne l'eurent pas 
plus tôt aperçu au point du jour, que, levant Tancre, 
ils s avancèrent à la faveur de la marée, se mirent en 
ordre et engagèrent le combat, qui se soutint pendant 
deux heures avec une valeur égale des deux côtés, mais 
avec un dommage considérable pour la flotte angloisë,. 
à cause de la supériorité du feu de Tennemi. Herbert 
appareilla plusieurs fois pour gagner 1q vent ; mais 
Famiral françois le conserva avec autant d'habileté que 
de persévérance. Enfin les Anglois gagnèrent la liaute 
mer et battirent en retraite jusqu'à cinq heures du soir. 
Alors Château -Renaut mit à la voile, et rentra dans 
la baie, content de l'avantage qu'il a voit remporté. La 
perte en hommes fut peu considérable des deux côtés , 
et les François étolent si supérieurs en nombre que cette 
victoire fut pour eux presque sans gloire. Herbert se 
retira aux îlesScilly, où il attendit du renfort. lYompé 
dans cette attente, il regagna Portsmouth , très mécon- 
tent, ainsi que son équipage. Les matelots conservoient 
lin reste d^attachement pour Jacques, qui , dans le prin«» 
çipe, avoit obtenu leur affection, et les officiers se plai- 
gnoient d'avoir été livrés aux forces supérieures de Ten-t 
nemi. Pour apaiser ce mécontentement, Guillaume se 
rendit à Portsmouthi II y dîna avec l'amiral à bord 
du vaisseau Elisabeth. Il lui annonça qu'il se pjroposoit 
dé le créer comte, en considération de sa bonne con*. 
4uite et de ses services ; il nomma chevaliers les capi- 



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eUILLAtlME III ET mah». $7 

taines Ashby et Sbovel, et donna dix scbellinie^ à cha- 
que matelot. 

Le parlement- d'Ancletcrre pensa que, s'il étoit de On r«- 
son devoir de subvenir aux dépenses de la guerre entre piuHîeurt 
^ deux nations ) il devoit aussi rendre justice alix su- i"8^ 
jets qui, sous les derniers régnas, avoient été victimes «q Angl*- 
de jugements iniques. Les actes A^€audnder portés ^'^^ 
contre le lord Russel, Algernon Sidney, l'alderman 
Gornisb, et lady Lisle, furent annulés. Les lords Cta- 
Mirent un comité des privilèges ^ chargé d'examiner Taf- 
fisire du comte de Devonshire, condamné sous le der* 
nier régne à une amende de trente mille livres sterKil|; 
pour avoir attaqué le colonel Gulpepper en présence 
de la chambre. Ce comité fut d'avis qu'en ôtaot au 
parlement la connoissance de cette affaire la cour du 
banc du roi avoit violé le privilège de cette assemblée; 
que l'amende étoit exorbitante , contraire à la grande 
charte , aux droits des sujets et aux lois du royaume. 
On #apporta là sentence qui condamnoit Samuel John* 
,son, chapelain de lord Busse! , à la dégradation, aune 
amende, au fouet et au pilori, et lès communes le re- 
commandèrent au roi pour un des premiers bénéBcës 
vacants. Il reçut un dédommagement de mille livres 
steriing, et une pension de trois cents livres sterling 
poih* sa vie et celle de son fils, qui fut bieniét après 
promu à un, emploi du revenu de cent livres sterling; 
mais le père n'obtint point de bénéfice. Titus Oates 
saisit cette occasion de demander à la chambre des 
pairs que le jugement qui le déclaroit parjure fût cassé. 
L'avis des juges et du conseil ayant été pris à la barre; 
}e jugement fut en effet annulé ; mais les pairs ayant 



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58 H18T0IME d'aNGLETEHRE. 

' ioséré daos lacté qui Taonuloit quelques amendement» 
avec une clause qui rendoit cet acte conditionnel, il 
s'ensuivit de violents débats. Cependant Gates fut mis 
en liberté, et les deux chambres le recommandèrent 
au roi y qui lui accorda sa grâce avec une forte pen- 
sion. Le comité chargé d examiner les afEaires des pri- 
.sonniers detat fut d^avis que sir Robert Wright, der* 
nier lord chef de la justice, avoit.eu part aux violences 
c^immises dans les provinces occidentales.» après Fia* 
surrectioh de Monmouth, ainsi qu'un des commissaires 
ecclésiastiques. La. mort a voit délivré Jefferies du res^ 
9»ntiment de la nation; mais Graham et Burton, qui 
avoieot agi comme solliciteurs dans les poursuites illé* 
gales contre les antagonistes de la cour, sous le régne 
de Charles II, furent reconnus coupables d'avoir par-^ 
tiçipé au jugement inique qui, huit ans auparavant,^ 
les avoit condamnés à mort avec confiscation de leurp 
biens ; d avoir fait tous leurs efforts pour détruire la 
religion protestante et le gouvernement du royateie , 
et enfin d'avoir employé à ces infâmes manœuvres 
plusieurs milliers de livres sterling des revenus de 
Tétat. La mauvaise administration du ministère actuel 
ne put échapper à Tanimadversion du parlepnent. L^ 
piTirs, après s'être adressés au roi pour le prier de 
mettre ^ état de défense les îles de .Wigbt, Jersey, 
Guernesey, Scilly, le château de Douvres et les autres 
forts du royaume, et pour obtenir le désarmement 
des papistes, créèrent un comité chargé d examiner 
la cause du mauvais succès des affaires d'Irlande, 
qu'on attribuoit généralement à la négUgence des,mar« 
quis de Caermarthen et d'Halifax. Us demandèrent au 
roi, par une adresse, que le registre des délibérations 



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OriLLAVUE 111 ET MTABIC. &$ 

lie la eômnission chargée dcft afftârea d'friaadi#fikettm ^, 
entre leurs mûns;^ mais Guillauma n'ayant pas voiilil ^^ 
y coBsemir, les communes dédarèreni (féê ceuic ^di loi 
avoient conseillé ce refus étotent ennemis du léyâutné. 
Alarmé d'une telle résolution , GuillaumeYeur fit donner 
communication du registre, <àL riles ne irouiAreni que 
très peu de documents qui lépondisseilt à leurs vues. 
Jjà ehamjbre, dans une adresâe au roi , reptésenta que le 
secours en faveur de l'Irlande avoit été retardé sans né* 
cessité ; que les vaisseaux dv transpdi*t pÉéparés étoitnt 
insuffisants pour y conduire les forces nécessaires, et 
que c'étoit faute d'une escorte coiivenable <|ue plusieurs 
vaisseaux avoient été pris par l'ennemi. La question de 
savoir si l'on devôît accuser auprès kIu roi le niarquis 
d'Halifax, fut résolue nljg^tivement à une faible majo^ 
rite. Quelque temps auparavant, Howc, vice-chambellan 
de la reine, avoit proposé de dénoncer à lacduronnè 
les membres du conseil accusés en parlement pour 
avoir attenté aux libertés de la nation, dette motion 
eoncernoit Gaermarthen et Halifax. Le premier avoit 
déjà été accusé de haute-trahison sous le nom dm comta 
de Danby; et on imputoit à l'autre la mauvaise con« 
duite de l'administration précédente. De violents débats 
s'élevèrent; il est probable que la proposition auroît 
passé si l'ardeur de ceux qui l'avoient d'abord vivement 
soutenue ne se fût i^lentie. Quelques lettres Mu roi 
Jacques à ses paitisans, relatives au projet d'une in«- 
vasion , ayant été interceptées, M. Rambden , président 
du comité de toute la chambre, insista sur le danfpsr 
du royaume, et proposa d'accorder de plus forts siib* 
aides à sa majesté ; proposition inattendue , qui ne fnt 
|pas appnyée d'un seul membre. Cepaaâant la chambre 



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6o HISTOIRE D^ANOLETÊlilLE. 

go^ ayaiii pris en considération les lettres interceptées , 
vota une adresse au roi pour le prier de s'assurer de 
tous les papistes de marque et de les* faire désarmer. 
11 fut éÉsuite présenté un bill d'attainder contre plu-* 
sieurs sujets en eut de révolte; mais il ne put être 

Bills pas- adopté dans ^ette session. 

8^8 dans La chambre des pairs prépara un autre bill qui oWi»- 
$ioQ. geoit tous les sujets à porter, pendant certaines saisons 
de Tanhéè, des liàbits de drap manufacturé en Ang^le- 
terre ; mais et biH fut attaqué par une pétition des ou^ 
vriers en soie de Londnas et de Cantorbery, tumultuai- 
rement réunis à Westmiifister. Les pairs ayant refusé 
d'accéder à une pétition jprésentée dans des formes si 
inusitées , on détermina les ou viîers à regagner chacui^ 
son domicile. On prit des précautions contre un nou- 
veau rassemblement, et la chambre rejeta le bill. Le 
parlement en adopta un nouveau relatif aux présen- 
tations qui appartenoient aux papistfes dans les deux 
universités. Celles des comtés méridionaux furent at- 
tribuées à Tuniversité d'Oxford, et celles des comtés 
septentrionaux à l'université de Cambridge, avec quel*, 
ques conditions. On établit des cours à Bristol, Glo*. 
cester et Newcastle , pour juger les cas de conscience ; 
celle des marches galloises fut abolie, comme insup-. 
portable au pAys. Les ecclésiastiques protestants, qu'on . 
avoit dépouillés de leurs bénéfi(ves en Irlande, furent 
déclai^s aptes à en posséder de seoil)lables en Angle- 
terre, sans perdre leurs droits aux premiers ; mais à la . 
condition expresse que, lorsqu'ils seroient réintégrés, 
dans ceux-ci, ils renonceroient aux autres. On révoqua 
le statut d'IIenri IV contre l'accroissement de l'or et de . 
l'argent ; les sujets eurent le droit de fondre et de raf<« . 



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GUILLAUME III ET MABIE. 6l 

finer les métaux et les vieilles espèces , d'en tirer ce — — — 
qu'elles contenoient dor et d'argent, à la charge par ^^* 
eux d'apporter cette matière à la monnoie^ où elle • 
seroit échangée contre la même valeur en monnoie 
courante. Après l'adoption de ces bills et de quelques 
autres de moindre importance, les deux chambres sa* 
journèrent d'abord au ao septembre, et misuite au 19 
octobre. 



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1689. 



LIVRE II. 

Schomberg passe en Irlande avec une armée. — Victoire de^ 
Inniskiltinois. — Schomberg blâmé de son mactioo. — ' 
Êcbec des François à Walcoûrt. -^ Succès des alliés en 
Allemagne. *-^ Mort du pape tonocent XI. -^ Guillaume; 
perd xm peu de sa popuiarité. — One partie dii clergé re- 
fust le ««nnent. ^»r Le roi Guillatime s^occupe de réformer 
la discipline de l'église. ^^ Assemblée du clergé. -^ lot 
session est plusieurs fois prorogée. ^^ Affaires du parler 
ment. -^ Les vhigs mettent obstacle au bill d'amnistie. *^ 
On reprend les recherches sur les affaires d'Irlande. -^' 
Ressentiment de Guillaume contre les whigs. -^ Complot 
contre le gouTernement. •>— Débats au sujet du bill des 
communautés. — Le roi veut terminer en personne la 
guerre d'Irlande. — Arrivée de Ludlow en Angleterre. — 
, Efforts des jacobites en Ecosse. --^ Le crédit de la eour 
l^empprte. — Les torys ont le dessus en Angleterre. — 
Bill pour reconnoltre Guillaume et Marie. ^- Débats sur 
le bill d^ahjuration. — Guillaume passe en Irlande. -^ 
Jacques marche vers la Boyne. -^ Guillaume se décide à 
livrer bataille. — Bataille de la Boyne. — Mort de Schom** 
berg. — Jacques s'embarque pour la France. -^ Entrée 
de Guillaume à Dublin. ^— Victoire des François. — Tor» 
rington est envoyé à la Tour. — Progrès de Guillaume en 
Irlande, -r^ Il assiège Limerick qu'il est obligé d'aban« 
donner. -^ Réduction de Cork et de Kinsale. -^ Les 
troupes françoises quittent l'Irlande. — Le duc de Savoie 
se joint aux confédérés. — Défaite du prince de Wal- 
deck. -* V^rchiduc Joseph est élu roi des Romains. — 
Assemblée du parlement en Angleterre. -^ Les communes 
accèdent aux demandes du roi. — Pétition des torys. — 
Attaque contre le marquis de Caermarthen. — Voyage Se 
Guillaume en Hollande. — Il assiste à un congrès^. 

' Quelque urgent qu'il fût de remédier à la situation de 
rirlande ^ et malgré les instances des protestants de ce 



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CUItLAlJMÈ III ET^ MARlÊi è3 

j>ay9 , les ministres étoient si peu d'accord , et Ton mit T— - 
tant de négligence aux préparatifs de Texpédîtion, que «^^^^ 
l'armée ne put s'embarquer que six mois après la des- berg pas- 
cente du roi Jacques. Enfin , lorsqu onefit levé dix-huit *®,,®°j^^' 
régiments d'infanterie et cinq de dragons, lorsqu'on eut avec unt 
pourvu au service de rartillerie et mis en état lés vais- •"**•• 
seaux de transport, le duc de Schomberg, chargé par 
le roi du commandement en chef de l'expédition, partit 
pour Chester, après avoir remercié en personne les com- 
munes de la manière distinguée dont elles avoient payé 
ses services, et reçu de la chambre l'assurance que l'ar- 
mée qu'il commandoit seroit , ainsi que lui, l'objet 
d'une attention particulière. Le i3 août il descendit 
dans le voisinage de Oarrickfergus , avec environ dix 
mille hommes , et prit possession de Belfast , que l'en- 
nemi avoit quitté à son approche pour prendre position 
à Carrickfergus. Schomberg , après avoir fait rafraîchir 
ses troupes, marcha vers cette place, l'investit, et en 
continua le siège jusqu'au 16 du mois. La brèche alors 
étant devenue praticable , les assiégés capitulèrent , à 
. condition qu'ils sortiroient avec armes et bagage, pour 
être conduits à Newry, où se trouvoit la garnison irlan- 
doîse la plus voisine. Pendant le siège Schomberg fut 
joint par le reste de son armée d'Angleterre; mais par 
Ses ordres , la plus grande partie de l'artillerie et des 
bagages fut dirigée de Chester à Cariingford. Il se mit 
ensuite en marche pour Lisbume et Hillsborough, 
campa à Drummore, oti les protestants du nord avoient 
été récemment battos par Hamihon , et de là poussa 
jusi^u'àLongfabrillatie, oti la cavalerie et les dragons 
dlnniskîfKng vinrent se joindre à lui. Ce mouvémetit 
décida Tennemi à abandonner Newry et Dundalk, et 



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64 HISTOIRE D^AN&tETERREv 

T^ Scbomberg fit camper, ses troupes aux environs de eeê 

^' deux places y dans un.terrsiinbas et humide j ayant la 
ville et la rivière au midi^ et entouré de tous côtés par 
des collines y des fondrières et des montagnes. 
Vîcrçîre Son année , qui se composoit principalement de nou- 
^kUlinolif ^^U^s récrites peu faites à la fatigue , commença alors à 
souffrir de la marche, de la rigueur du temps et du 
manque de vivres. Cependant il fut renforcé par les 
régiments de Kirke^ Hanmer et Stuart, et il auroit 
poussé jusqu'à Drogheda^ où il savoit que Bosen se 
trouvoit avec à-peu-près vingt mille hommes^ s'il n eût 
été obligé d'attendre son artillerie , qui n'étoit pas en- 
core arrivée à Garlingford. Jacques, ayant réuni toutes 
ses forces , marcha droit à Scbomberg , et se rangea en 
bataille devant ses retranchements. Mais celui-ci voyant ' 
la supériorité de la cavalerie de l'ennemi, et l'état d'in- 
discipline de son armée, qu'affoiblissoient encore les 
maladies , retint les troupes dans lé camp , et l'ennemi 
ne tarda pas à se retirer. Aussitôt après sa retraite, on 
découvrit dans le camp des Anglois une conspiration 
formée par quelques catholiques françois qui s'étoient 
introduits dans les régiments protestants. L'un d'eux> 
nommé Duplessis, avoit écrit au comte d' A vaux ^ am- 
bassadeur de France , une lettre où il promettoit de dé- 
serter avec tous les catholiques des trois régiments fran* 
çois qui se trouvoient dans l'armée de Scbomberg ; cette 
lettre fut interceptée, et Duplessis, jugé par une cour 
martiale» fut exécuté avec cinq de ses conlplices. Envi- 
ron deux cent cinquante cathoUques qu'on découvrit 
dans les régiments françois furent envoyés en Angle- ^ 
terre et de là en HoUjande. Telle étoit la situation de 
Scbomberg r lorsque les Inniskillinois , sous le commsua:- 



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ÔUlLLAtMË III ET MARIEj 65 

déoletit du colonel Lloyd, firent une excursion dans le — "' ' ' 
voisinage et remportèrent le a 5 septembre une victoire ' ^* 
complète sur un nombre cinq fois plus considérable 
dlrlandois. Ils tuèrent sept cents bommes, prirent le 
commandant Okelly et environ cinquante officiers , et 
firent un butin considérable en bétail. Le duc, charmé 
de leur conduite, leur donna les plus honorables témoi- 
gnages de sa satisfaction. 

Cependant Tennemi s'empara de James-Town , et Schom« 
réduisit Sligo^ dont l'un des forts fut vaillamment dé- ^^^A ^*** 
fendu par le capitaine françois Samt*Sauveur et sa com-» inaction, 
pagnie de grenadiers , jusqu'à ce que le manque d'eau 
et de provisions les força à capituler. Les maladies 
contagieuses faisoient de tels ravages dans le camp de 
Schomberg, qu au printemps suivant ce général avoit 
perdu la moitié de son monde. Son inaction lui attiroit 
des reproches; le roi, dans plusieurs lettres , le pressoit 
de saisir la première occasion de hasarder une bataille. 
Mais Schomberg refusoit de courir cette chance contre 
un ennemi (rois fois supérieur en nombre, ayant des 
troupes saines , bien disciplinées et commandées par d'ha- 
biles officiers. Il étoit sans doute répréhensible d'avoir 
choisi une position si malsaine. Il en sortit aux appro* 
elles de la mauvaise saison , pour mettre ses troupes en 
quartier d'hiver , avec l'espoir d'être renforcé par sept 
mille Danois qui venoient d'arriver en Angleterre, en 
vertu d'un traité récemment conclu ^entre Guillaume et 
le roi dé Danemarck. Les Anglois n'étoient pas plus heu- 
reux sur mer qu'ils ne l'avoient été sur terre. L'amiral 
Herbert , nouvellement créé comte de Torrington , étant n^ 
descendu en Irlande avec les escadres combinées d'An- 
gleterre et de Hollande, fit une tentative infructueuse 
II. 5 



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C& HISTOIRE D^ANGLErERR£. 

-^— sur Cork , et perdit un grand nombre de ses matelots 

^' par des maladies qui furent attribuées à la mauvaise, 
qualité de ses vivres. Le vaisseau de guerre le Dartmouth 
tomba entre les mains des ennemis , qui infestoient le ^ 
canal avec un si grand nombre de navires armés que 
le commerce anglois en souffrit le plus grand dommage^ 
Échec cFes Les affaires de France présentoient un aspect asses 
k^Wal' sombre sur le continent ; toutes les puissances de l'Eu- 
court. rope sembloient avoir conspiré la destruction de cette 
monarchie. Le roi Guillaume venoit de conclure avec 
les états-généraux une nouvelle ligue , où le& précédent» 
traités de paix et de commerce avoient été confirmés^ 
Il y étoit stipulé que, dans le cas où le roi de la Grande-» 
Bretagne seroit attaqué ^ les Hollandois enverroientà 
son secours six mille hommes d'infanterie et vingt vais- 
seaux de ligne , et que si les hostilités étoient dirigée» 
contre les états-»géhéraux , l'Angleterre les soutiendroit 
par dix mille hommes d'infanterie et vingt vaisseaux de 
guerre. Le traité fut à peine ratifié, que Guillaume en- 
voya lord Churchill^ qui venoit d'être créé comte de 
Marlborough , en Hollande, pour y commander le& 
auxiliaires anglois, au nombre de onze mille hommes,, 
dont la plupart avoient servi dans l'armée du roi Jàc* 
ques, lors de Tarrivée du prince d'Orange en Angle- 
terre. Il joignit aussitôt l'armée hoUandoise sous le» 
erdres du prince de-Waldeck j qui avoit fixé son rendes- 
vous au pays de Liège, dans l'intention d'agir contre 
l'armée françoise, commandée par le maréchal d'Hu- 
inières, pendant que le prince de Vaudemont , à la tète 
d'un petit corps d'observation composé d'Espagnols, 
de Hollandois et d'Allemands , surveilleroit les mqu.^ 
vements de Calvo dans une autre partie des Pays-Bas^. 



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CÛILLATJME ÎII Et MARifei 67 

La vîlîe de Liège , forcée de renoncer à la neutralité, se 

déclara pour les alliés. Au mois d'août les fburrageurs ^* 

de Tarmée des états furent attaqués à Walcourt par le 
maréchal d'Humières. Le combat fut opiniâtre, et les 
François se retirèrent en désordre , après avoir perdu 
deux raille hommes et quelques pièces d'artillerie. L'ar- 
mée d'observation combla une partie des lignes des ■ 
François du côté de Courtrayj et leva des contributions 
Bm* lé territoire ennemi. 

Les François étoient presque entièrement maîtres des 8accÀ« 
trois électorats ecclésiastiques d'Allemagne. Ils tenoient /^ ^ui/ 
Mayence , Trêves, Bonn , Keiserswaert , Philisbourg et mag»** 
Landau ; ils avoient démantelé le château d'Heidelberg 
dans le Palatinat, ruiné Manheim, réduit en cendres 
Worms et Spire, et démoli Frankendahl ^ ainsi que plu- 
sieurs autres forteresses. Ces conquêtes , fruit d'une in- 
vasion soudaine ) étoient couvertes par Une nombreuse 
armée sous les ordres du maréchal de» Duras , et touô 
ses officiers-généraux étoient aussi bVaves qu^habiles. 
11 eut cependant quelque peine à conjierver son terrain 
contre leâ différents princes de TEmpi re; Le duc de Lor- 
raine , à la tête des troupes impérialrjs, investit Mayen- 
ce, tjui se rendit à composition. L'él'ecteur de Brande- 
bourg, après avoir réduit Keiserswa«ert, assiégea Bonn, 
dont la garnison ne capitula qu'après une longue et 
vigoureuse résistance. Le reâsentiir lent qu'éprouvoient . 
les princes allemands des dévastât) ons commises dans 
leur pays par les François, étoit le plus ferme principe 
de leur union. Les intrigues de Ld uis XIV en Pologne 
et à Constantinople ayant mis nt 4 obstacle à la paix 
entre l'empereur et la Porte ottoi nane , la campagne 
s'ouvrit en Croatie, où un corps ( le Croates battit cinq 



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6H histoire d'angleteMév 

*-: mille Turcs entre Vihitz et Novi. Le prince deB&dfe^ 

. ^' qui commandoit les Impériaux , traversa la Morave à 
Passarowitz^ et marcha à la rencontre de larmée tur* 
que , composée de cinquante mille hommes , ayant pour 
chef un seraskier. Le i3 août^ il attaqua lennemi dans 
ses retriiDcbements près de Patochin , força ses lignes ^ 
fit un grand carnage^ et resta maître du camp y de& ba- 
gages et de Tartillerie. Les Turcs se retirèrent à Nissa ^ 
où leur général , se trouvant supérieur en nombre à Tar- 
mée des Impériaux, prit son campement dans une po- 
sition inaccessible de tous côtés y à l'exception du côté 
de l'arrière - garde , qui resta ouvert pour faciliter la 
retraite. Ce fut aussi par là que le prince de Bade l'at- 
taqua le 24 septembre. Il remporta snr les Turcs une 
nouvelle victoire, et, malgré la défense la plus opiniâ- 
tre , fit entrer à Nissa son armée enrichie des dépouilles 
de l'ennemi. Il trouva dans cette place plus de trois 
mille chevaux et d'immenses magasins. Après avoir 
donné quelques jours de repos à son armée ,. il marcha 
de nouveau contre les Turcs, qui avoient choisi un 
poste avantageux à Widen , et qui paroissoient jaloux de 
rétablir l'honneur de leurs armes.. Les* Allemands atta- 
quèrent leurs lignes sans hésiter , et,- quoique l'ennemi 
se défendît avec un acharnement incroyable, il fut 
défait pour la troisième fois , et sa déroute entraîna la 
perte de Widen, qui se rendit au vainqueur. Le prince 
mit ses troupes en quartier d'hiver , et se rendità Vienne 
.couvert de gloire. 
Mort du Les François échouèrent égaliement dans leur tenta- 
pape In- ^j^g g^j* |g^ Catalogne, où le, duc de NoaiUes avoit pris^ 
-&l. Campredon au mois de mai. Pendant qu'il regagnoit 
les frontières de France , après avoir laissé une garniaoi^ 



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OÛILLAtTME III ET MARIE. 69 

dans cette place >. le duc de Villa-Harmosa, à la tête" 
d'une armée esjfiagnole , en fit le blocus , et mit le Bous- 
sillon à contribution. Le blocus ayant été ensuite con* 
verti en siège régulier^ le duc de Noailles revint pour 
secourir la place. Mais, vivement pressé par les Espa- 
gnols, il fit sortir la garnison et se retira à la hâte, 
quand il eut démantelé les fortifications. Le. roi de 
France comptoit recueillir quelque avantage de la mort 
du pape Innocent XI , son ennemi déclaré depuis l'af- 
faire des franchises et le siège d'Avignon. A peine ce 
pontife avoit cessé de vivre, qu'il se forma dans le parti 
françois à Rome des cabales contre les intérêts des Es- 
pagnols et des Allemands. Les cardinaux de Bouillon 
etde Bonzi, accompagnés de Furstemberg, se rendi- 
rent à Borne, munis d'une forte somme d'argent. Pierre 
Ottobdnt , Vénitien > fut élu pape , et prit le nom d'A- 
lexandre VIII. Aussitôtle duc de Chaulnes, ambassadeur 
de France , lui annonça , au nom de son maître , qu'Avi- 
gnon seroit rendu à l'église, et Louis, par une lettre de 
sa main au nouveau pape, renonça ^ux franchises. Ce 
fut avec les plus grande témoignages de reconnoissance 
qu'Alexandre reçut ces marques de respect. Mais il 
ferma l'oreille aux sollicitations de l'ambassadeur et de 
Furstemberg , lorsqu'ils lui demandèrent un nouvel 
examen de l'élection de l'archevêque de Cologne , source 
de tant de calamités dans l'Empire. Il confirma même 
les dispenses accordées par son prédécesseur au prince 
de Bavière, qui put ainsi prendre possession de l'élec- 
torat, quoiqu'il n'eût pas l'âge requis par les canons.' 
Furstemberg se retira mécontent à Paris, où on lui 
jdonna pour récompense l'abbaye de Saint-Germain. 
Il fut plus facile au roi Guillaume de réunir toutes 



i08<). 



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7^ HISTOIRE D ANGLETERRE. 

Jes cours de rEuroj>e contre l'ennemi commun que de 
conserver laffection de ses sujets , parmi lesquels il 
me perd perdoit chaque jour un peu de sa popularité* Ses me-' 
sa"^*opu- ^^''^^ ^^ mécontentoient plusieurs; et 3a conduite per* 
larité. sonnelle, peu conforme aux usages et au caractère du 
peuple anglois , éloignoit un grand nombre de ceux 
même qui s'étoient déclarés pour son élévation. Au lieu 
d'entretenir une familiarité décente avec sa noblesse, 
il se tenoit sur une réserve qui avoit toute lapparence 
d'un orgueil ombrageux. Il parloit à peine à ses courti^ 
sans , et passoit presque tout le jour dans son cabinet , 
évitant toute (Communication, ou parmi ses troupes, 
dans un camp qu'il avoit formé à Hounslow > ou enfio 
à la chasse qu^il aimoit immodérément. Les médecins 
lui avoient prescrit cet exercice pour fortifier sa cons- 
titution naturellement assez débile'; mais il en avoii 
tellement contracté l'habitude , qu'il ne pouvoit plus 
s'en passer. Sa foible santé, jointe à son aversion natu* 
relie pour la société, lui doonoit une humeur assess 
fâcheuse pour ceux qui l'approchoient. Cette disposi-» 
tion ne pouvoit que s'augmenter par les disputes qui 
s'engageoient souvent dans son propre cabinet, par la 
haine ouverte de ses ennemis , et par l'éloignement de 
ses anciens amis. Comme la température de Londres ne 
convenoit point à sa santé, il restoit habituellement à 
Hamptoncourt, résidence qu'il avoit étendue et embellie 
à grands frais. Il acheta aussi d^r comte de Nottingham 
le château de Kensington. Toutes ces dépenses , au 
commencement d'une guerre coûteuse, ne plaisoient 
guère aux Anglois. Cependant , soit par le conseil de 
ses ministres , soit que sa pénétration naturelle lui fit 
Sentir l'avantage qu'il trouveroit à se plier aux habin 



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GtïILLATJME III ET MARIB. 7I 

tades des Anglois , il parut alors changer de conduite 
et adopter en quelque sorte les usages de ses prédéces- 
seurs. Gomme Charies II , il fréquenta les courses de 
NewmarUel. Il visita l'université de Xlîainbridge, dont il 
traita les membres avec beaucoup d'affabilité. Il dîna 
avec lo lord-maire de Londres , accepta le titre de ci- 
toyen de cette ville, et porta la condescendance jusqu'à 
«ouffrir qu'on lui donnât le titre de grand-maître de la 
compagnie des épiciers. 

Pendant que Guillaume s'occupoit à détruire ainsi U"® par- 

I ^ . . , .1 ^ . ■» 1 • . > n/ tie du 

les préventions dont il etoit 1 objet, on arrjva a 1 époque cler{»é re- 
que le parlement avoit prescrite pour prêter le serment ^^^*^ *« 
au nouveau gouvernement. Quelques ecclésiastiques 
firent aux scrupules de leur conscience le sacrifice de 
leur fortune, et se refusèrent à tout serment contraif e "^ 
à celui qu ils avoient prêté au dernier roi. On les dis- 
tingua par la qualification «de non-assermentés; mais le 
nombre en fut très foible en comparaison de ceux qui 
prétoient le serment avec des réserves et des restrictions 
qui faisoient peu d'honneur à leur bonne-foi. Plusieurs 
d'entre eux , qui s'étoient montrés les plus zélés partisans 
de la non-résistance et de l'obéissance passive , n'hésitè- 
rent point à se délier du serment prêté au roi Jacques, 
en déclarant toutefois que , par le nouveau serment, ils 
ne s'engageoient qu'à une soumission passive au pou- 
voir établi. Ils prétendirent même que les lois avoient 
consenti à la distinction d'un roi de Jacto et d'un roi de 
jure^ puisque le mot légitime avoit été retranché lors 
des débats sur la forme de l'acte. Ils ajoutèrent que la 
prudence leur faisant un devoir de se conformer à la 
lettre du serment , leur conscience les obligeoit à faire 
biea connoitre comment ils l'interprétoient. Bien ne 



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73. HÎSTOIRÇ: D ANGLETERRE. 

-, r pouvoit être d'un plus mauvais exemple que de faire 
"' naître ainsi une sorte d'équivoque sur le plus sacré de 
tous les engagements. Ce fi;t là ce qui produisit cette 
indifférence presque générale sur la foi du aerment , 
aource de tant de parjures et de corruption. Quoique 
cette conduite fût vivement blâmée par les non-asser- 
mentés et les papistes , ils s'accordèrent tous à regarder 
GuiUavime comme un ennemi de Féglise, comme un 
protecteur déclaré de la doctrine de Calvin , qu'il soute- 
^oit ouvertement en accordant les faveurs et les béné- 
fices à ceux qui prqfesaoient Iç plus d'indépendance en 
matière de religion, et en détruisait l'épiscopat eu 
Ecosse. Les presbytériena de ce dernier royaume der 
vinrent à leur tour persécuteurs. ïlê avoient à leur tète 
le comte de Crawford , homme violent et plein de prér 
jugés . Il fut choisi , par le crédit de Mel vil , pour présider 
le parlement, et il opprima tellement les épiscopauXjt 
que la plupart d'entre eux se rattachèrent au roi Jace 
quea par ressentiment. On étoit informéen Angleterre 
de tous le3 mauyaia traitements qu'ils éprouvoient, et 
le comte.de Clarendon, aiusi que tous les évêques dér 
pouilléa, n'en laissoiept ignorer aucune circonstance* 
L'archevêque de Cantorbéry, les évêquead'Ély, de Chi- 
chçster , de Bath et Wells, de Péterborough et de Glo- 
cester ayant refusé le serment , furent suspendus et 
menacés d'être déposés. Lake, éveque dç Chicbester, 
étant tombé dangereusement malade, fit un acte soleur 
Bel, par lequel il prpte^toit de son attachement à la 
doctrine de la non-réaistance et de l'obéissance passive, 
qu'il regardoit comme les caractères distinctifsdu clergé 
anglican. Cet acte fut rendu public à sa mprt, et tout 



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GUILLAUME HI ET MARIE. 73 

le parti le regarda comme un oracle inspiré à un martyr 
de la vérité en matière de religion. 

En dépit de toutes les clameurs , le roi Guillaume ne U* roi 
se désista point de son projet de compréhension. Dix ^^ s od 
évéques et vingt dignitaires de leglise furent autorisés ^^VP" ^^ 
à s assembler de temps en temps dans la chambre de u diaci- 
Jérusalem pour y préparer des projets de changement U*î"® ^ 
dans la liturgie et les canons , et des plans de réforme 
dans les juridictions ecclésiastiques , afin de ramener 
Tunion daqs 1 église et de faire disparoltre toutes les 
nuances qui divisoient les sujets protestants en matière 
de religion. Cependant la compétence de cette com<» 
mission fut attaquée. Dès sa première séance, son au- 
torité fut mise en dfuestion par Sprat, évéque de Ro-» 
cbester , qui se retira très mécontent et fut suivi de Mew 
de Winchester, et des docteurs Jane et Aldrich. Ils se 
prononcèrent contre tout changement qu on voudroit 
opérer dans la forme et la constitution de Téglise en 
faveur d'un parti insolent et opiniâtre, qui devoit être ^ 
assez content de la tolérance dont il jouissoit ; ils ob- 
servèrent qu on ne pouvoit tenter de tels changements 
sans diviser le clergé, sans faire mépriser au peuple 
la liturgie, qu'une telle tentative feroit juger suscep- 
tib^ d amélioration , et .qu ils blesseroient la dignité 
ecclésiastique s'ils consentoient àdes offres que les non» 
conformistes auroient la liberté de refuser ; ils suppo-- 
sèrent même à quelques uns dé leurs collègues le des- 
sein de renoncer à Fordijiation épiscopale, ce que leur 
çléfendoient également Thonneur , le devoir , leurs ser-^ 
inents et les engagements qu'ils a voient signés. 

|4âlgré la retraite de leurs collègues, lescominis-» 



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74 HISTOIRE D'ANGLETERRE. ' 

saires procédèi«nt avec modération à rexamen des abus 
. * dont se plaignoient les non-conformistes , et à lamen- 
blée du dément de chaque article qui pàroissoit susceptible de 
«^'erge. quelque objection raisonnable. Mais le parti opposé mit 
tout en œuvre pour enflammer les esprits. Les deux 
universités se déclarèrent contre tous changements et 
contre ceux qui en proposeroient. Le roi lui-même fut 
traité en ennemi de la hiérarchie , et le parti se donna 
tant de mouvement dans lelection des membres pour 
l'assemblée du clergé, qu'il obtint une majorité consi- 
dérable. A la première réunion, les partisans du système 
de compréhension proposèrent pour orateur le docteur 
Tillotson j clerc de la chapelle du roi : mais les autres 
firent élire le docteur Jane , regarda comme le plus vio- 
lent des ministres de l'assemblée. Dans une harangue 
latine qu'il adressa à l'évêque de Londres, qui prési- 
doit, il assura, au nom de la chambre -basse, que la 
liturgie d'Angleterre n'avoit aucun besoin d'amende* 
m€ât , et conclut par cette ancienne déclaration des 
barons : nolumus leges Jlngliœ mutari; nous ne voulons 
point de changements dans les lais angloises. Dans sa ré- 
ponse , l'évêque exhorta les membres à user de modé^ 
ration , de charité et d'indulgence envers leurs frères 
non-conformistes , et à faire dans les choses peu imppr* 
tantes des modifications qui pourroient laisser une voie 
de salut à la foule des chrétiens égarés. Ces exhorta* 
tions furent sans effet : la chambre-basse sembloit ani- 
mée d'un esprit d'opposition , et le lendemain le'prési- 
dent la prorogea sous le prétexte que la commission 
royale en vertu de laquelle elle agissoit n'avoit point 
reçu la formalité du sceau , et que la prorogation étoit 
nécessaire jusqu'à ce que cette formalité fût remplie. 



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16^9. 



CUILLAUME III ET MARIE. 7^ 

On profita de cet intervalle pour tenter de ramener les 
esprits à des septiments de modération, mah ce fut 
sans aucun succès. Quand les deux chambres se rou^ 
vrirent , le comte de Nottingham , qui leur portoît la 
commission du roi, après ayoir pris la parole en son 
propre nom, leur remit un message de Guillaume, an- 
nonçant qu'un zélé religieux Tavoit porté à les réunir 
pour s'occuper du bien de Féglise anglicane, à laquelle 
il accorderoit toujours faveur et protection. Il les enga- 
geoit à examiner avec calme et impartialité tout ce qui 
leur seroit proposé, ajoutant qu'il ne leur feroit rien 
présenter qui ne tendît à la paix et à l'honneur de la 
religion protestante en général et de l'église d'Angle- 
terre en particulier. 

Les évêques réunis à la chambre de Jérusalem voté- La se*. 
rent une adresse de remerciement au rei. Cette adresse, p7us*iedrs 
pleine de témoignages de zèle et de déférence, éprouva fois pro- 
dans la chambre-basse une violente opposition. On j ^ 
proposa des amendements, et, après des débats très 
animés, l'adresse qui fut arrêtée se trouva induite à de 
froides expressions de respect. La plupart des memb rési- 
de cette chambre, loin de prendre des mesures en fa- - 
veur des nou'-conformistes, portoient toute leur atten- 
tion sur leurs frères non-assermentés. Des discours très 
animés furent prononcés en faveur des évêques sus- 
pendus. Le docteur Jane proposa même de chercher 
quelque moyen de les faire siéger dans l'assemblée; 
proposition qui parut trop délicate pour être discutée. 
Enfin, au lieu de donner ses soins aux affaires pour 
lesquelles on l'avoit convoquée, la chambre s'occupa 
de plusieurs pamphlets qui venoient d'être publiés, et 
qui lui sembloient dangereux pour la religion chré-^» 



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'jS HISTOIRE D'ANGLETERRE. ^ 

^^ tienne. Le président et ceux qui étoient de son parti , 
^^ voyant bette disposition des esprits, jugèrent conve* 
nable de ne faire aucune communication sur les chaii« 
gements qu'on avoit en vue, et le roi permit que la 
session fût interrompue par des prorogations réitérées-. 
Affaires A Touvcrtum-du parlement, qui eut* lieu le 19 oc- 
ment^' *^^''®» '^ ^^^» dans un discours composé par lui-niême , 
exposa la nécessité d'un secours suffisant pour les dé- 
penses de la guerre. l\ insista sur la promptitude de ce 
secours comme pouvant beaucoup contribuer à la dé- 
termination que prendrôient les princes et les états 
engagés dans la guerre contre la France, qui, dans 
une réunion indiquée à La Haye pour le mois suivant, 
dévoient régler les opérations de la campagne. Il finit 
en recommandant aux chambres la même promptitude 
pour le bill d'indemnité, qui devoit tranquilliser tous 
ses sujets et les porter à concourir, d'un commun ac- 
cord, à la prospérité et à la gloire du royaume. Gomme 
les divisions qui, à la sessfon précédente, avoient pro^ 
duit tant d'animosité, subsistoient encore, le roi, après 
avoir consulté les deux chambres, prit le parti de les 
proroger, dans l'espoir de calmer les esprits. Il se ren- 
dit donc à la chambre des lords, et fit ajourner le par- 
lement au 21 octobre par le nouvel orateur sir Robert 
Âtkins, successeur du. marquis d'Halifax, qui avoit ré- 
signé cet office. Quand le parlement se rassembla -deux 
jours après, le roi rouvrit la session par le même dis- 
cours. Les communes résolurent unanimement de l'ai- - 
der de tous leurs moyens à réduire Tlrlandeet à pousser 
avec vigueur la guerre contre la France, conjointement 
avec ses alliés. Elles votèrent à cet effet un subside d^ 
deux millions sterling. ... 



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CUILLAUAiE III ET MARIB. ^7 

Durant cette session les whigs employèrent tout leur 



pouvoir et toute leur adresse à mettre obstacle au Bill ^' 
d'amnistie , prévoyant qu'il ouvriroit la voie des faveurs mettent* 
et des emplois au parti opposé qui commeneoit à obte- obstacle 

' . ^ ' . 1 • T-. •! .au bill 

nir les bonnes grâces du roi. Dans cette vue ils repn- d'amnis* 
rent les poursuites contre les prisonniers d'état; un ^^^- 
comité fut établi pour examiner les charges contre 
Graham et Burton. Les communes accusèrent de haute- 
trahison les comtes de Péterborough, de Salisbury et 
de Castlemain, sir Edward Haies, et Obadiah Walker, 
pour s'être réconciliés avec Péglise romaine, au mépris 
des lois du royaume. Il fut ordonné de préparer un bill 
qui déclarât les biens du dernier lord-chancelier Jeffe- 
ries . confisqués au profit de la couronne et qui flétrît 
sa mémoire ; mais il s éleva tant d'opposition que cette 
mesure fut abandonnée. La chambre décida cepen- 
dant que les amendes encourues, par tous ceux qui 
avoient exercé des offices, en contravention aux lois 
contre les papistes réfractaites, seroient exigées et ap- 
pliquées au service public. On envoya prisonnier à la 
tour le lord Griffin ,. sous prétexte d une correspondance 
avec le roi Jacques et ses partisans : on n'a voit d'autre 
preuve de sa trahison que quelques lettres cachées dans 
le double fond d'une bouteille d'étain^ Cependant les 
communes ne voulurent pas consentir à ce qu'il fut 
relâché sous caution ^ quoiqu'elles eussent décidé qu'Al- 
gemon Sidney avoit été condamné injustement, en ce 
que, dans son procès y on n'avoit produit contre lui que 
des témoignages écrits. Les deux chambres concouru- 
rent à la nomination d'un comité chargé d'une enquête 
contre les- auteurs et complices du jugement qui avoit 
condamné à mort le lord Russel , sir Thomas Armstrong,. 



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78 HISTOIRE Ïi'aNCLÉTERRE. 

' ralderman Gornish , et plusieurs autres , et contre cerilC 

^* qui avqient pris part aux actes arbitraires relatifs aux 
writs de quo warranta et à la résignation des chartes. . 
Une telle enquête avoit pour objet d'atteindi^e le mar- 
quis d'Halifax, qui avoit concouru, avec les ministres 
de Charles, à toutes ces mesures. Quoiqu'il n'existât 
Contre lui aucune preuve positive, il crut nécessaire de 
se retirer de l'administration. Il résigna donc le sceau-* 
privé, et se réconcilia avec les torys, dont il devint 
l'appui et le patron. 
On re- Les communes, ayant alors repris l'eXamen des af- 
^réciter- faircs d'Irlande, demandèrent que le roi nommât de^ 
ches sur commissaires pour aller constater sur les lieux Tétat 

les Sirni' 

res d*lr- de l'armée dans ce royaume. Schomberg, informé qu'il 
lande. q^qJ^ ^té blâmé dans la chambre des communes de sort 
inaction , fit remettre au roi une ample justification de 
sa conduite, et il parut que les torts qui lui étoient 
imputés dévoient être attribués à Jean Sbales, pour- 
voyeur-général de l'armée. 

Les communes demandèrent aussitôt au roi , par une 
adresse, que Shales fût mis en lieu de sûreté, qu'on 
s^emparàt de tous ses papiers, de ses livres de compte 
ef de ses magasins, et que Schomberg fût autorisé à le 
remplacer par un pourvoyeur plus exact. Le roi fit sa- 
voir qu'il avoit déjà donné ses ordres à cet égard atf 
. général. Les communes prièrent ensuite sa majesté de 
vouloir bien leur faire connoître les noms de ceux qui 
a voient recommandé Shales pour cette fonction, qu'il 
avoit déjà exercée sous le roi Jacques, dont il étoît 
soupçonné d'être le partisan. Sans accéder à cette de- 
piande, Guillaume engagea la chambre à désigner un 
certain nombre de commissaires pour surveiller l'ap-. 



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GtlLtAUMÉ III ET M4BXE- 70 

proyisionnement des troupes, et à nommer elle-même ' 
les personnes quelle jugeroit les plus capables de bien 
vérifier sur les lieMX Tétat de Tarmée. Une telle condes- 
cendance produisit un si bon effet sur les communes, 
qu'elles laissèrent cette affaire à la prudence du roi, 
et passèrent à Texamen des autres griefs. Le nombre 
des coupables parut si grand qu'elles se bornèrent à 
exposer dans une adresse tous les motifs du peu de 
succès obtenu sur mer et sur terre, en demandant 
qu'on en recherchât tous les auteurs, et qu'à l'avenir 
l'administration des affaires ne fût confiée qu'à des 
hommes à l'abri de tout soupçon ; elles exigèrent que 
les pourvoyeurs des vivres de la marine, soupçonnés 
d'avoir fourni des aliments corrompus, fussent mis en 
prison, et de nouveaux commissaires furent nommés. 
Le ministère essuya de vifs reproches. M. Hambden , 
après avoir témoigné son étonnement* de trouver dans 
l'administration les mêmes personnes que le roi Jac- 
ques, voyant ses affaires désespérées, avoit employées 
pour traiter avec le prince d'Orange, proposa que le 
roi fut supplié par une adresse de les éloigner de sa 
personne et de les exclure de ses conseils. Cette propo- 
sition frappoit particulièrement le comte de JNottin- 
gham , que M. Hambden desiroit remplacer comme se- 
crétaire d'état; mais elle ne fut point appuyée, les 
membres du parti de la cour ayant observé que le roi 
Jacques n'avoit point choisi les lords envoyés au prince 
d'Orange, à cause de leur attachement à ses propres 
intérêts^ nxais par des raisons tout opposées, et dans 
l'idée que ceux qui désapprouvoient le plus sa conduite 
n'en seroient que plus agréables à ce prince. 

Un homme employé dans le gouvernement peut-il 



1689. 



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8o flISTOIRÉ D'ANdlETEBRÉ:. 

""^^ siéger dans la chambre? Telle fut la quesli<]^n qti*dit 

^* proposa ensuite. Après de violents débats, on se déter- 
nien^da Hiina pour Taffirmati ve , en considérant que Texclusioa 
w>i Giiil- pouvoit priver la chambre de quelques uns des hommes 
contre les les plus habiles du royaume^ Guillaume conseryoit un 
yi^Q9. ^f ressentiment de la lenteur des whigs à pourvoir au 
service public^ et de leur répugnance à fixer le revenu 
de la couronne pour toute sa vie ; il disoit hautement 
que sa qualité de roi n'étoit ainsi quun vain titre ^ et 
que le pire de tous les gouvernements étoit celui d'un 
roi sans trésor. Néanmoins ils ne votèrent la liste civile 
que pour une année. Ils commençoient à croire ce 
( prince naturellement enclin au despotisme ; son air de 
' réserve contribuoit sans doute à leur donner de lui cette 
opinion que fortifioient encore les insinuations de se» 
ennemis. Ce fut aussi Fîdée qu'en prirent les Écossois 
venus à Londres pour y rendre compte des délibéra- 
tions de leur padement. Simpson , presbytérien dé cette 
nation, que le comte de Portland employoit en qualité 
d'espion , avoit gagné la confiance de Nevil Payne, ag^nt 
aussi actif qu'habile du roi Jacques. Il en profita pour 
faire au comte de Portland quelques révélations qiii le 
mirent en crédit auprès de lui, et ce crédit lui servit à 
donner au ministre des préventions contre les meilleurs 
% amis du roi , et des soupçons qui dégénérèrent bientôt 
en animosités réciproques. 
Complot Sir Jacques Montgomery, qui avoit été l'un des plus 
contre le (S^audg partisans de la révolution, et quelques autres 

prouver- *- ^ lï /» 1 

nement. individus, apprirent avec autant d'effroi que de res- 
sentiment qu'ils étôient soupçonnés d'être peu favora- 
bles à la cour, et qu'elle s'occupoit de trouver >des 
charges contre eux, afin de les poui suivre. Payne saisit 



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(Î^ILLACME m Et MAÈlËi 6t 

êette occasion pour les engager dans une cotrcspon* " " ■ " ? ■ ■ - 
dance avec le roi Jacques. Us promirent de travailler * ^* 
de tout leur pouvoir à sa restauration s'il consentoit à 
établir en Ecosse la religion presbytérienne. S'étant ré^ 
conciliés avec le duc de Queensberry et les autres sei^ 
gneurs du parti des évéques, ils écrivirent à Jacques 
pour demander qu'on leur envoyât un renfort de trois 
mille hommes de Dunkerque^ avec un secours d'argent | 
d'armes et de munitions. Montgomery employa tout 
ion crédit auprès des wbigs d'Angleterre à les animer 
contre le roi et ses ministres , qu'il leur peignit comme 
des misérables qui se servoient de l'espionnage pour 
attirer dans leurs pièges et perdre ensuite les hommes 
les plus dévoués au gouvernement; il parvint ainsi à 
lear inspirer tant d'aversion contre Guillaume qu'ils 
songèrent sérieusement aux moyens de rappeler le mo- 
narque banni. Le duc de Bolton et le comte de Mon- 
mouth furent sur le point de se laisser entraîner dans 
une conspiration en sa faveur, présumant que ce pqnce 
sentoit assez maintenant les fautes qu'il avoit commises 
pour qu'on pût enfin prendre confiance eu lui^ Mont-^ 
gomery et Payne^ les principaux chefs de ce complot , 
admirent Ferguson dans leurs conseils, comme un 
homme consommé dans l'art de la trahison. Afin d'af-^ , 
foiblir le crédit de Guillaume à Londres^ ils répandi- 
rent le bruit que le roi Jacques accorderoit une amnistie 
g^iïérale, se détacheroit entièrement des intérêts de la 
France ) et se borneroit à une simple tolérance en fa- 
veur des catholiques romains. Mais le frère de Mont' 
gomery informa l'évéque de Salisbury qu'il y a Voit uu 
traité conclu avec le roi Jacques, et qu'une pièce im-> 
portante, signée de tout le parti ^ devoit être portée ed 
II, 6 



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tfg HI5T0IBÉ d'^ANOLÉTÉRHÈ. 

""-^ Irlantle) parla Vote die France, attendu que les ccta-' 

*^* municâtions directes étoi^at très difficiles ; il lui indi- 
qua même tin moyen d'intercepter cette pièce avant 
qu'elle fût hors du royaume. En conséquence on en-' 
Voya à la poursuite de Williamson , qui en étoit sup- 
iposé te porteur, et qui avoit obtenu un passe^port pour 
îa Wandre. Ses tardes et son portcrmanteau furent 
saisis; mais> malgré lexamen le plus scrupuleux, o» 
lie trouva rien qui pût justifier un tel avis ; car William- 
Son àvoit eu soin de remettre les papiers dont il étoit 
tbargé entre les mains de Simpson , qui loua un bateau 
à Dëal, et arriva sans obstacle en France, d'où il re- 
tint avec de grandes promesses et une somme de douze 
mîîle livres pour les conspirateurs d'Ecosse. Le frère 
ide Montgpmery, iSont les révélations parurent ainsi 
dénuées de fondement ^ perdit tout crédit auprès de 
Tévêque, et, craignant le ressentiment du parti op- 
posé , se retira sur le continent. Les conspirateurs se 
plaignirent liatrtement deS' fausses imputations dont il»^ 
ëtoîent Tobjet. On regarda ce& prétendues découvertes- 
confiine des artifices du ministère, et le roi perdit- beau- 
'coup en cette occasion dams l'esprit de ses sujets. 
*^^* Les torys entretenoient toujours en seci et des né^o- 

«ujet du ciiatHMis avec la cour; ils tirèrent avantage de là mesm- 
'^l* des têlligence entre Guillaume et les whigs, et promirent 

-«ttiités. dé grands secours d'argent , si l'on Toùloit dissoudre le- 
parlement et en convoquer aussitôt un autre. Leurs ad- 
versaires, informés de leur dessein, présentèrent un 
"bill à la chambre des communes pour rétablir les com- 
munautés dans leurs anciens droits et privilèges, fis sa* 
voient que toute leur force dans les élections provenoit 
de ces eomthunautés ; et ils insérèrent dans le bîlt 



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GUILLAUME lit Et MAaiË. 83 

(ieu* clauses addidonoaUts de la plus grande sévérité ~ 
Contre ceux qui avoieut concouru $ de quelque manière 
que ce fiit, à la résiffiOtian des chartes/ Les torys s'op«« 
posèrent à ces clauses de tout leur pouvoir, et les whigs, 
cherchant à leur tour quelque moyen de plaire au roi^ 
promirent Fobéissance la plus entière îk le bill étoit 
converti en loi. Mais les torys avoitet aoqiiis tant de 
^t&b dans la chambre qu'ils remportèrent, et que les 
clauses ayant été rejetées le hill passa sous Sa pre^ 
mière iorme. Il y eut quelques débats dans la cfaatnbré 
des pairs sur la question de savoir si une communauté 
pouvok encourir la peine de confiscation on celle àé 
dissolution. Le lord ^grand- justicier Holt et deux juges 
furent pour Taffirmative ; les autres furent d'un avis 
contraire. Us se fondoient sur ce qu'ozà lie pouvoit 
allégua aucun el^emple qui remontât pliu fanut que le 
régne de Henri VIII ^ où Ton s'empara des abbayes ; 
Âàesure trop violente pour servir de régie dans uiie acU 
ministration régulière. Le bill passa cependant à la ma« 
jorité d'une voix. Guillaume ^ entre deux partis qui le 
presscHent également, se trouva si fatigué de leurs in^» 
trigues qu'il prit la résolution de laisser le gouverne^ 
.ment «ntre les mains de la reine et de se retirer en 
Hollande. Il fit part de ce dessein au marquis deXaer- 
marthen^ au comte de Shrewsbury et à quelques autres 
Seigneurs , qui ^ les larmes aux y^ux, le supplièrent d'y 
xencocer. 

Il se rendit enfin à leurs prises, et résolut de termi- ^ f^i 
ner en personne la guerre d'Irlande ; résolution qui Q^jner su 
étoit loîn dte plaire au parlement. Ses amis appréb^i- personne 
doieifet pour son iciàÀe t<»npérament le climat de ce d'Irlande, 
pays; d'un autre cdté les paitisans de Jacques crai- 

6. 



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84 MlST^OIitÊ D^AHiTÛLETERBr. 

^^ ^oient que ce prince ne fût viveinent presse si Gufl- 

laume faisoit la guerre en personne, et les deux chanil- 
bres préparèrent une adresse contre cette expédition. 
Lé roi, pour prévenir leurs remontrances, alla leur 
déclarer sa résolution formelle, et les prorogea ensuite 
au 2 avril. Le 6 février le parlement fut dissous par 
une proclamation, et un nouveau fut convoqué pour 
le ao mars. Avant la fin de cette session les communes 
avoient demandé au roi , par une adresse ^ qu'un revenu 
de cinquante mille livres sterling f&t établi, sur d'au- 
tres fonds que ceux de la liste civile, eu' f^iveur du 
prince et de la princesse de Danemarck, demande à 
laquelle Guillaume accéda. Mais la chaleur que monr- 
trèrent dans cette circonstance les amis de là prin- 
cesse occasiona quelque mésintelligence entre les deux 
sœurs, et la disgrâce qu'éprouva bientôt le comte de 
Marlborough fut imputée aux intrigues de sa femnrcr 
dans cette circonstance ; elle faisoit partie de la maison 
de la princesse de Danemarck, elle possédoit sa con-' 
fiance ,^ et ce fut elle qui lui conseilla d'insister pour 
qu'à Faveiiir son revenu ne dépendît point de la géné- 
rosité du roi et de la reine. 

[ Arrivée Ce fut à-peu-près vers ce temps que le général Ludlow, 
Ludlow V^ ' ^ l'époque de la restauration , avoit été excepté de 

«Il Angle* lamnistife, conotme ayant participé à la condamnation 
^^"^' de Charles .1 , vint e» Angleterre offrir ses services pour 
la réduction de l'Irlande, où il avoit autrefois com- 
mandé. Quoique rigide républicain , il avoit la réputa- 
tion d'un homme droit et d'un bon officier. Il avoit éné 
encouragé à passer ett Angleterre , et il eût sûrement été ' 
employé sans l'opposition des communes. Sir Edouard 
SiTymour, alors possesseur, dans le Wiltshire,. d'ua 



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CUILLATIME Ilï ET MARIE. 85 

clomaioe considérable qui lui avoii appartenu , conçut — * 

quelque crainte d'en être dépouillé. Il représenta à la * ^o- 
chanibre que la nation se déshonoreroit en tolérant* 
dans son sein la présence d'un des régicides, et Ton 
demanda, par une adresse au roi, quil fût feit une^ 
proclamation dans laquelle on promettroit une récom-^ 
pense à quiconque se saisirait du général Ludlow. La 
proclamation eut lieu; Mais il avoit déjà gagné la Hol- 
lande. iDe là il passa àVevay, en Suisse , où il écrivit 
les mémoires de sa. vie, U termina sa carrière après 
trente ans d'exil. * 

Pendant qu'il fiottoit en Angleterre entre les whîgs EfForu 
et les torys /Guillaume fut sur le point de perdre tout jacobitec 
son crédit en Ecosse, par la réunion des jacobites et du * *"* 
parti de Montgomery, qui se composoit des presbyté- 
riens mécontents. Le colonel Cannon, successeur de 
Dundee, dans le commandement des montagnards^ 
après plusieurs tentatives infructueuses en faveur du^ • 
dernier roi , se retira en Irlande , et sir Hugues Cameron^ 
fiit choisi pour le remplacer. Sous ce nouveau général, 
les montagnards renouvelèrent leurs incursions , avec 
d'autant plus d'apparence de succès que plusieurs ré- 
giments de troupes réglées avoient quitté l'Ecosse pour 
aljer renforcer l'armée de Scbomberg. Jacques leur en- 
voya des vêtements, des armes et des munitions , avec 
quelques officiers et le colonel Bucan pour les com- ^ 
mander. Ce dernier s'avança avec quinze cents hommes 
d^ns le comté de Murray, où il espéroit que d'autres 
m^écontents viendroient se joindre à lui. Mais il fut 
surpris et mis en déroute par sir Thomas Livingstone, 
tandis que d'un. autre côté le major Ferguson détruisoit 
Us places que tenoient les insurgés dans Tile de Mull^ 



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^—- ce qui les força de se retirer sur les hauteurs et dé se? 
^ ' cacher dans leurs forées. Les amis de Jacques , déses-f 
péraut d agjjlr efficacement dans cette campagne , tour^ 
nèrent toutes leurs vue$ vers le parlement , où ils se 
çroyoîent plus puissants qu'il9 ne Tétoient en effet. Us 
s'hésitèrent pas à prêter serment , daps l'espoir qu'avec 
le secours dé leurs nouveau^ partisans, ils embarrasse^ 
l*oient asses; |e gouvernement pour que )a plus g;rande 
partie du peuple se déclarât en ÎFaveur de Jacques. Mais 
Jes deux partis qui venoient de se réunir avoiem d^« 
vues différentes, et leurs principes étpient opposés. 
Malgré leurs communs efforts daçs ]ç parlement , le 
comte de Melvil parvint à se procurer une majorité dé 
quelques voix : l'opposition découragée perdit quelques 
uns de ses membres , qui aipièrent mieux s'en détacher 
que de soutenir une cause désespérée : les dissidences 
recomineneèrent ; les divers chefs trs(itèrent séparément 
avec le roi Jacques, firent des demandes opposées, et 
se cacherait mutuellement leurs négociations. Enfin , 
de part et d'autre , la défiance et la jalousie firent na|tre 
le plus implacable ressentiment. 
j,e prédit L^s comtes d'Arevle, d'Anandale et Bréadalbanè 
Tempor- Se |*etjrerent de 1 opposition , et passèrent en Angle- 
^®^ terre. Effrayé de leur défection, M^ntgomery, après 
avoir découvert à Melvil quelques circoustances du 
complot i se rendit secrètement à Londres , çt sollicita 
auprès de la reine un passe-port qui lui fut refusé, 
Andndale, informé des révélations qu'il avoit faites, 
se mit à la discrétion de cette princesse , et lui fit part 
de tout cé qu'il savoit de la conspiration. Comme i) 
n*avoit pas eu de relations avec les mécontents d'An^ 
gleterre, ceux-ci n^appréhendoièut nullement son te-. 



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CUILLÂtTME Itï ET MARÏÎ5. 8^ 

fDOÎgdage ; mais il charjgea Nevil Payne , ((u'ils avoie»t • - 
envoyé comme leur agent eu Ecosse, où U se tFOUVoit * 
encore. Le conseil de ce royaume le fitim§sitôtî^?i?êter> 
;sur une lettre du comte de Nottingfaam. Il fut mis deux 
fois à la torture , sans qu on pût lui faire 4é'sÎ!g|a[er aucua . ^ 
iàe ses commettants. Cependant Montgomepy 4em6u« 
roit caché à Londres , soUieitant son pardoB^ qu'on ne 
lui promit que sous la condition de tout déclarer. Mkis 
il aima mieux s'exiler pour jamais dé sa patrie que de 
trahir ainsi ses compagnons. La désunion dès conspir 
rateurs et la découverte du complot donnèrent àMelvU 
une grande majorité dans le parlemenl. Il fut cepep- 
«dant obligé , pour la conserver , de dépasser ses instriM> 
lions sur les articles du patronage et la éuprématie de . 
la couronne, qnil sacrifia, contre les intentionsi deGuilr 
laume, à la foreur des presbytériens fanatiques. En 
récompense, ils lui accordèrent Fimpôt sur les feus, 
avec le serment du test, par lequel toute personne en 
charge ou siégeant au parlement devoit reconnottre 
pour souverains Guillaume et Marie, et tenir pour nul 
le prétendu titre du roi Jacques. Toutes les lois en far 
veur de Tépiscopat furent rapportées. Soi:|^ante des mi»- 
nistres presbytériens qu'on avoit chassés, loars de la 
restauration, vi voient encore, et le parlement déclara 
quils formoient le corps entier de l'église. Le gotiver*» 
nement leur en fut remis, avec pou voir de ehoisir, pour 
les seconder, telles personnes qu'ils voudraient. Ce « 
petit nombre de fanatiques ainsi réunis minent une 
violence incroyable dans leurs poursuites contre les 
épisœpauxj ex ils exercèrent à leur égard la méiae ty- , 
rannie contre laquelle ils s'étoient tant élevés. 

Pendant que la cause des presbytérieos triomi^ioit 



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^8 HISTOIRE d'aNGLETERHE. 

-'.::vv;;.: . Cil Écossc, Ics deux partis qui divisoient l'Angleterrir 
'^ * employoient , chacun de son côté|, tout leur pouvoir à 
ont le se rendre les élections favorables : ce furent les torys 
d^sus en ^^i remportèrent; Le roi seînbloit tomber par degrés 
lerre, entre leurs mains. Ils se plaignoient d'avoir été entiè- 
remeiit exclus du commandement de la milice de Lon- 
dres, à l'avènement de ce prince, et un grand nombre 
des plus violents torys de la ville y furent alors admis 
•par le crédit et l'adresse de Tévéque de Londres, du. 
marquis de Caermarthen , et du comte de Nottingham, 
Pour satisfaire ce parti , les comtes de Monmouth et de 
Warrington furent dépouillés de leurs charges^, et lors- 
que le parlement s'assembla , le ao mars , les communes 
choisirent pour orateur sir Jean Trevor , que le dernier 
Toi avoit créé garde des archives. C'étoit un homme ar^ 
tificieux , qui entreprit d'attirer dans le parti de la cour - 
)e plus grand nombre des membres, pourvu qu'on lui 
fournît les sommes nécessaires pour tenter de les cor* 
rompre. Guillaume, ne voyant pas un autre moyeix 
d'assurer la paix.de son gouvernement, favorisa Tin- 
digne système de la vénalité des voix , et nomma Trévor . 
premier commissaire du grand-sceau. Dans son dis- 
cours d'ouverture, il déclara au nouveau parlement 
qu'il persistoit dans la résolution de passer en Irlande , 
€t demanda aux chambres d établir les revenus d'une 
manière fixe, ou au moins de les déterminer immédia* - 
m tement, comme un fonds de crédit sur lequel on pût 
prélever dès*lors les sommes nécessaires pour le service 
du gouvernement. Il leur annonça son intention de leur 
présenter un acte d'amnistie , avec très peu d'excep-. 
tions, afin de faire connoitre son incUnation à protéger 
indistinctement tQus «e$ sujets, et dç nç laisser siueuQi 



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GUILLAUME III ET MARIE. 69 

prétexte à des troubles pendant son absence. Il leur — 
recommanda l'union avec lÉcosse, dont le parlement 
venoit de nommerlles commissaires à cet effet ; en leur 
annonçant qu'il lais^èroit le gouvernement entre les 
mains de la reine, il les engagea à préparer un acte 
pour confirmer l'autorité de cette princesse; et, après 
les avoir exhortées à ne pas traîner en longueur les af- 
faires pour lesquelles le parlement étoit assemblé , et à 
éviter toute dissention , il leur exprima [L'espoir qu'il 
avoit conçu de les voir bientôt, dans la session suivante, 
mettre la dernière main à ce qu'ils auroient laissé impar- 
fait dans celle-ci, 

ConforméiSent à la demande du roi, les communes fiiH pour 
votèrent douze cent mille livres sterling; mais elles ne ^rVcuikT 
purent se résoudre à établir un révenu fixe pour la vie Ia"«ne et 
de Guillaume. Elles accordèrent toutefois l'accise pour 
tout ce temps ; mms les droits de douane ne furent ac- 
cordés que pour quatre isttéw Les communes regardoient 
la courte durée de ces concessions comme un très grand 
avantage pour le ^yaume, eà ce qu'elle obligeoit à de 
fréquentes convocations du parlement : mais cette pré- 
caution étoit loin de plaire au souverain. Une taxe par 
tète fut aussi votée avec quelques antres subsides , et 
les deux partis sem'Uoient se disputer la faveur de Guil- 
laume , en lui fiiisant à l'envi des avances sur les fonds 
de crédit. Cependant les whigs avoient en réserve une 
autre ressource. Ils présentèrent à la chambre-haute 
un bill pour reconnoltre leurs majestés comme légi- 
times souverains des deux ro'yaumes , et pour déclarer 
bons et vsdides tous les actes du parlement précédent. 
Les torys se trouvoient par-là dans une position diffi- 
cile ; ils ne pouvaient s opposer à ce bill sans compro* 



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i&go. 



90 HISTOIRE D ANGLETERRE. 

mettre le crédit qu'ils veaoieiit d'acquérir , ni l'adopttnr 
^Qs renoQcer hautement aux doctrines qu'ils avQÎefit 
pro£ej|sées précédemment. Ils ne s'0pposèrent que foi*" 
blcD^ent à la première partie du hill y et proposèrent 
même de le regarder co«ime faisant loft pour l'avenir; • 
mais ils refusèrent de le reconnottre Talide pour le 
passé. Après un long débsit , le bill fut retjré. Mais on 
le présenta de nouveau quelque temps après » et il passa 
avec quelques changements dans les eiipressions , en 
conséquence d'une protestation très vive de plusieurs 
membres. li f^Uut tout le crédit de la cour pour le faire 
triompher de la résistance des torys, dont les chefs, 
ayant à leur tête le comte de Nottingb^m, crurent de- 
voir protester. Le même parti , dams la chambre des 
commun^, étoit déterminé à une opposition vigou* 
reuse , et , en attendant , on présenta seulement quelques 
légères objectioBs pour qu'il fût fak au bill quelques 
ameudements..Mais le dessoio des torys fut découvert 
par Timprudeace d'uQ des l^urs , qui révoqua en doute 
la légalité de la casventioii, comme n'ayant point été 
convoquée par writs du roi. Somers , solliciteur-géné^ 
rai , répondit que si cette assemblée n'avoit pas été 
légale, ceux qui y avoient sié^^, et qui a voient prêté le 
serment exigé par ce parlement , éloient coupables de 
jtiaute- trahison; que les lois qu'ils avoient annulées 
demeufoieat dans toute leur force, que leur devoir 
étoit de. rentrer sou9 l'autorité du roi Jacques , et que 
Ions ceip^qui avoiaet perçu ou acquitté lesimpôts votés 
par le même parlement étoient également coupables. 
Les torys , frappés de cet argument , laissèrent passer 
sans autre opposition le bill , qui reçut aussitôt la sanc* 
tion royale. Âîusi les actes de la convention furent 



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GVîLiuktfuv. III ET MAttt. gr 

Confirmés par ceux-là même qui en avoient proclamé -• \'~^ 
Tillégalité. Mais les whigs , malgré tous leurs manèges , ^' 
^'auroient pu remporter sans Tinterveiition dé la cour. 

Les débats se renouvelèrent entre les deux partis, à Déb»t» 
^occasion d'un bill qui exigeoit que tous les sujets em- àahjura^ 
ployés par le gouvenïement fissent abjuration de tout '**^"' 
engagement pris envers le roi Jacques, sous peine d'etti*' 
prisonnement. Quoique le clergé f&t excepté de celte 
mesure, les torys la combattirent avec acharnement, tas* 
dis que les whigs , soutenus du ministère , TappuyoléM 
avec la même chaleur. Dans la discussion, les forces des - 
deux partis sembloient se balancer. Les torys enfin re* 
présentèrent au roi qu un temps précieux seroit perdu 
contestations sans résultat; que ceux quirs'opposdieiit en 
au bill deviendroient de plus en plus obstinés et infrai* 
tables , et finiroient par combattre toute proposition 
favorable à la couronne ; que si le bill passoit , le soti-* 
^rerain tomberoit de nouveau eâtre les mains des whigs, 
qui renouvelleroient leurs anciennes. attaques contre sa 
prérogative, et qu'un grand nombre de sujets attachés 
à sa personne, ou au moins indifférents, se feroiéht 
jacobites par ressentiment. Ces raisons eurent assét de 
poids auprès de Guiflaume. pour le décider à faire en* 
gager les communes à cesser le débat, et à tourner leur 
attention vers des objets plus pressants. Le përti des 
whigs fut en général mécontent de cette intervention , 
^et le comte de Shrewsbury, zélé partisan du bill , en fut 
jsi blessé , qu*il demanda à résigner ses fonctions dé Sèt 
crétaire-d'état. Le roi, qui faisôit cas de ses talents et 
de son intégrité, Teû fit dissuader par le docteur Tik 
lotson et quelques autres qu'il supposoit avoir du crédit 
sur lui. Mais il pérsi^a, et né cons^tit pas m^é ^ 



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de. 



9IX HISTOIRt: D ANGLETERRE. 

^^^ . gîU'der les sceaux, malgré les instances du roî, qui le 
^'^^ prioit de les conserver jusqu'à son retour d'Irlande. De 
grands débats, s'élevèrent aus^i dans la chambre des 
pairs, au sujet de ce bill à'ahjuration^ ou plutôt du 
serment de fidélité à Guillaume , en opposition aux pré-, 
tendus droits de Jacques. Les torys consentoient à un., 
engagement négatif contre le dernier roi et ses adhé- ^ 
rents , mais s'opposoient de toutes leurs forces au ser- 
ment à' abjuration; et la chambre se trouva tellement . 
partagée que, ni d'un côté ni de l'autre, on ne voulut 
courir le hasard d'une décision. Ainsi tous Ces débats 
n'aboutirent qu'à prolonger la session. 
Guillau- Deux actes furent préparés , l'un pour investir la , 
en irlan- reii^ de l'administration du royaume, durant l'absence 
du roi , l'autre pour annuler le jugement] de quo war- 
ranto contre la ville de Londres , et la réintégrer dans 
ses anciens droits et privilèges. Le bill d'amnistie, sî 
vivement recommandé par le roi , passa enfin dans les 
deux chambres. Le 21 mai, le roi fit la clôture de la 
session, par un discours de peu d'étendue , où , en 
remerciant les membres des subsides qu'ils venoient 
d'accorder , il les exhortoit à se conduire , dans leurs 
comtés respectifs , de manière à te que la trapquitlité ' 
de la nation ne fût point troublée pendant son absence. 
Les chambres furent ajournées au 7 juillet, époque où 
elles furent encore prorogées. Pour mieux assurer la 
paix dans le royaume , les lieutenants-gouverneurs fu- 
rent autorisés à rassembler la milice en cas de nécessité. 
Défense fut faite à tout papiste de s'éloigner de plus de 
cinq milles de son domicile. D'après une proclamation 
qui enjoignoit d'arrêter certains individus mal inten- 
tionnés, on se saisit de sir Jean Gochran et de Fergu- 



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GUILLAUME lll ET MARIE. g3 

«on, soupçonnés de sourdes pratiques. Le roi pteitit ' ■ ■ 
pour rirlande le 4 j^i" > accompagné du prince Georges ^ ' 
de Danemarck , du duc d'Ormond , des comtes d'Oxford, 
de Scarborough , de Manchester et de quelques autres 
personnes de marque. Le i4 du mois, il descendit à 
Carrickfergus, et se rendit aussitôt à Belfast , où il fut 
joint par le duc de Schomberg, le prince de Wirtem- 
berg, le major-général Kiike, et autres officiers. Pen* 
dant ce temps , le colonel Wolsey, à la tête de mille 
hommes , avoit défait un fort détachement de lennemi 
près Belturbat; sir Jean Lanier avoit pris le château de 
Bedloé, et Ton avoit réduit celui de Charlemônt, poste 
très important, ainsi que Balingary, prés Cavan. Le roi 
Guillaume , après un repos de deux ou trois jours à Bel- 
fast, visita le quartier-général du duc de Schomberg à 
Lisburne. Il s'avança ensuite jusqu'à Hillsborough , el 
fit défendre , par un ordre exprès , d'enlever les chevaux 
de force, et de commettre quelque autre violence que 
ce fût dans les campagnes. Plusieurs de ses officiers- 
généraux lui ayant proposé quelques mesures de pru- 
dence, il leur déclara qu'il n'étoit pas venu en Irlande 
pour y laisser croître l'herbe sous ses pieds. Il fit à 
Loughbrilland la revue de son armée, qu^il trouva forte 
de trèttte-six mille hommes effectifs , bien équipés. Il se 
porta ensuite à Dundalk , et de là à Ardée, que l'en- 
nemi ne faisoit que d abandonner. 

Jacques présumait que les dissentions du parle- lacque» 
ment d'Angleterre ne permettroient point à son gendre ™"rclie 
de quitter le royaume, et Guillaume étoit déjà depuis Boy&e. - 
six jours en Irlande sans qu'il en fût informé. Au pre- 
mier avis de son arrivée il confia Dublin à la garde de 
la milice, que commandoit Lutterel, et^ avec un ren- 



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94 HISTOIRE D^ANGLfiTCilftE/ 

•**^^7 — fort de six mille hommes d^infanterie, arrive técéta^ 
-^* ment de France, il joignit ses troupes, qui égalaient 
à-peu-près ea nonfbre celles de Guillaume, sans y com- 
prendre environ quina^ mille hommes laissés dans les 
garnisons. Jacques oocupoit une position avantageasé 
sur les hords de ]a Boyae, et il résolut den profiter 
pour livrer bataille, contre Favis de ses officièrs-géné-^ 
taux y qui lui proposoieot de fortifier ses garnisons ec 
die se retirer à Shànnon pour y attendre le résultat des 
opérations sur mer. Louis XIY avoit promis un arme-" 
inent considérable contre la flotte angloise, et un grand 
fiombre de petites frégates pour détruire les vaisseaux 
de transport de Guillaume, aussitèt que leur escorter 
ituroit repassé en Angleterre. L'exécution d'un tel des* 
aein ne présentoit pas de grandes difficultés^ et auroit 
été fatale à Tarmée angloise; car toutes les munitions 
lie guerre et de bouche étoient à bord de ces vaisseaux f 
({ui saivoient le long de la c6te, à mesure que les trou- 
pe» s'avançoient dans leur marche ; et il n'y avoit pas 
de port où ils pussent au besoin trouver. un aèri sûr. 
Cependant Jacques étoit décidé à tivrer bataille ; et il 
$'en expliquott avec autant de confiance que d'ardeur. 
Outre la rivière, qui «toit proliSNide, le front de son ar-* 
mée étoit défiosidu par un marais et une côte , de façon 
que l'aimée angloise ce pouvoit l'attaquer satts un d^ 
avantage manifeste. 

6tiiU»u- Ouillaume s'afvança sur lia li vé opposée , et , pendant 

me se dé- epi'jl reconnoisaok la {K>sition àe j'«onettii, il essuya le 
iivt.er fev de quelques »batteraes /dirigées contre sa personne ; 

bataille, j} ^^i ig^ liQmme €it deuX'Chevafax tués A ses oétés, et 
le coBtre-QOttp d'ua bodbt déchira ses habits et eÉH 



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CÛILLAUM£ m ET MAEIi:. ^g 

potîB. xme partie de ses cheveux, sans qu'il eu fût ef- ^^^ 
frayé. Cet accident jeta ceux q«i lenvironnoient dans ^^^ 
Une confusion dont rennemi s'aperçut. On le crut tué; 
fout le camp de Jacques en poussa des cris de joie, et 
-plusiettf^ escadrons de sa cavaleiie s avancèrent comùie 
^ur passer la rivière et attaquer Tarmée angloise. Le 
bruit de la niort de Guillaume g£^na jusqu'à. Dublin , et ' 
jnéme jusqu'à Pari», où, contre l'usage, on en fit dea 
^réjouissances publiques» Ce prince visita toutes ses 
ligoes pour se montrer sain et sauf à son armée. Il con- 
.inoqua le aoir un conseil de guerre, el il déclara que 
son intention étoit d'attaquer Fennemi dès le lendemain 
jQQtatin. Schomberg combattit d'abord ce dessein ; maisy 
.Toyant le roi déterminé, il se borna à lui conseiller de 
profiter de la nuit pour faire passer la Boyne, au pont 
tde Slane, à un fort détachement de cavalerie et d'iir-* 
fanterie, et de prendre position entre l'ennemi et le 
passage de Duleck, pour rendre l'action plus décisive. 
,Ce conseil ne fut point écoute ; mais le roi ordonna au 
gàiéral Dou|[las et au jeune Scdiomberg de passer de 
.grand matin le pont de âlane, avec l'aile droite de l'in- 
-fonterie et avec la cavalerie, pendant que rinfanterie 
du corps d'armée forcèrent le passage à Old-Bridge, et 
-te reste à certains gués indiqués entre le eamp de l'en- 
nemi etDrogheda. Schomberg^ voyant son avid rejeté 
far les généraux hollandois, se retira dans sa tente,. 
et^ quand on kiî apporta l'ordre de bvrer bataille, il le 
reçut avec beaucoup d'humeur, ajoutant que c'étoit la 
première fois qu'il lui étoit ainsi envoyé. Toutes lès 
dispositions étant faites^ Guillaume parcourut son ar-- 
mée aux flambeaux, et {^«gna sunente» après avoir or-' 



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9^ HISTOIRE d'ANGL£T£RKEÎ# 

"•"^^ donné que tous les soldats eussent un rameau vert ^ 

leurs chapeaux pendant Taction, .afin de se reconnoîtrfe 
au milieu de Tenn^mi. 
Bataille A six heures du matin le général Douglas, le comte de 
L Boyne. Schomberg, le comte de Portland et Auverquerque pas-* 
sèrent la rivière au {k>nt de Slane^ presque sans oppo<^ 
sitioû - Parvenus à l'autre bord , ils virent Tennemi rangé 
sur deux lignes, déployant une force imposante, tant 
•n cavalerie qu'en infanterie, et protégé par un marais : 
Douglas crut devoir attendre du renfort. A peine en fut- 
il arrivé que Tififanterie se mit à traverser le marais aa 
pas de charge, tandis que le comte de Schomberg en 
faisoit le tour avec la cavalerie pour prendre rennemi 
en flanc. Les Irlandois, au lieu de l'attendre, firenrt 
volte-face, et se retirèrent vers Duleck avec quelque 
précipitation. Toutefois le comte de Schomberg eut le- 
temps de tomber sur leur arrière-garde et de leur tuer 
beaucoup de monde ; mais le roi Jacques ayant détaché 
des troupeS' du centre pour renforcer son aile gauchey 
le comte eut à son tour besoin d'être soutenu. Alors le 
corps de bataille de Guillaume, qui se compoaoit de. 
gardes hoUandoises, des régiments françoi^ et de quel^ 
ques bataillons anglois, traversa la rivière, quoique 
assez haute, à la faveur d'une déchaîne générale d'ar- 
tillerie. Jacques, après avoir imprudemment retiré son, ' 
canon du rivage, avoit placé un gros corps de mous- 
quetaires derrière .des haies ,. des maisons, et quelques 
ouvrages avancés. Ils firent feu d'assez près , mais sauiS - 
• beaucoup d'effet , sur les troupes angloises , . avant . 
qu'elles eussent atteint le rivage. Les Irlandois pliè-« 
rent, et plusieurs bataillons gagnèrent la . rive sans . 
dsstacle; mais, avant qu'ils eussent pu se former, il» 



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GUILLAUME lit ET MAitlË. ^7 

furent cbargés vigoureusement par un escadron de la ' 
cavalerie ennemie. Le général Hamilton, à la tête d un *^^* 
corps nombreux de cavalerie et d*infanterie, s'avan- 
ça de derrière quelques éminences , attaqua ceux qui 
avoient pris terre, et s'efforça d'empêcher les autres 
d aborder. Son infanterie se débanda d abord ; mais la 
cavalerie chai'gea avec tant de fureur, tant sur le rivage 
que dans la rivière, qu'elle mit en désordre ceux qui 
ne s'étoient pas encore formés. 'Le duc de Schomberg 
passe à Tinstant même, se met à la tête des protestants 
françois, et leur montrant l'ennemi , Camarades j, dit-il, 
^oilà vos persécuteurs. Il marche à l'attaque en disant 
ces mots, et soutient les violents efforts d'une partie 
des cavaliers irlandois, qui, s'étant fait jour au travers 
d'un des régiments, revenoient alors sur leurs pas. On 
les prit pour des troupes angloises, et on les laissa 
avancer à toute bride jusqu'au duc, qui fut blessé dan- 
gereusement à la tête. Les François, reconnoissant l'er- 
reur, firent une décharge imprudente sur les Irlandois, 
qui pressoient le duc, et, au lieu de le dégager, ils 
retendirent mort sur la place. La perte de ce général 
manqua d'être funeste à l'armée angloise, qu'elle jeta 
dans la confusion , pendant que les troupes d'infanterie 
de Jacques se rallioient et repren oient leurs postes avec 
une confiance marquée. Elles alloient tomber sur le 
centre, lorsque Guillaume, qui venoit de passer avec 
l'aile gauche, composée de la cavalerie danoise, hol- 
landoise, et inniskillinoise , s'avança pour les attaquer 
à la droite. Les soldats ennemis , frappés à sa vue d'une 
terreur panique , firent aussitôt halte , tournèrent le dos , 
et se replièrent sur le village de Dunore, où ils se sou- 
tinrent avec tant de vigueur, que la cavalerie hoUaa- 
ïï- 7. 



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98 HISTOIRE d'aN6L£TERRK. 

[ doise ^t danoise» quoique ayant Guilkunie à sa tété, fbt 

^^^* contrainte de reculer. Les Inniskillinois même plièrent , 
et toute Tarmée auroit élé jmise en déroute, si un déta- 
chement de dragons des régiments de Cunningham et 
de Levison n'eût mis pied à terre, et ne se fût rangé 
derrière les baies des deux côtés du défilé par où len- 
nemi poussoit les fuyards. Il chargea les assaillants 
avec une vigueur qui ralentit bientôt leur poursuite : 
la cavalerie rompue eut alors le temps de se rallier, et , 
retournant à la charge, fit à son tour plier lennemi. 
Le général Hamilton, qui, durant toute Faction , avoît 
été Tame des (rlandois, fut blessé et fait prisonnier; 
ce qui les jeta dans un tel abattement qu'ils ne firent 
plus aucune tentative pour recouvrer l'avantage qu'ils 
a voient perdu. Hamilton fut aussitôt amené devant le 
roi, qui lui demanda s'il pensoit que les Irlandois fissent 
encore quelque résistance. Sur mon honneuTy répondit- 
il , je crois quiU résisteront, car il leur reste un gros corpf 
de cwalerie gui n est point encore entamé» — Fotre hon- 
neur! votre honneur! s'écria vivement Guillaume en le 
regardant avec mépris. Ce prince ne lui dit rien de plus 
touchant la fausseté de sa conduite lorsqu'il lui avoit 
été permis de passer en Irlande, sur sa promesse de 
gagner Tyrconnel au nouveau gouvernement. Les Ir-* 
landois abandonnèrent avec précipitation le champ de 
bataille; mais les troupes auxiliaires suisses et fran- 
çoises , sous les ordres de Lauzun , après avoir quelque 
temps entretenu le combat avec autant d'intrépidité 
que de persévérance, effectuèrent leur retraite en bon 
ordre. 

Mort de Quoique Guillaume n'eût pas jugé à propos de ponr- 
l,erg. suivre l'ennemi, les Irlandois perdirent quinze mille 

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OlflLtAUBiE lit ET MARIE. 99 



liommes, et les Asglois près de cinq mille. Mais la vie- 
toire fut chôment achetée par la mort du vaillant duc 
de Schomberg , qui fut tué dans la quatre-vingt-deuxième , 
année de son âge,* après avoir balancé la réputation 
militaire des plus grands généraux de son temps. Il 
desoendoit d'une noble famille du Palatinat. Sa mère 
étoit angloise, fille de lord Dudley. Forcé de quitter 
3on pays, à cause des troubles qui Tagitoiônt, il com- 
mença sa carrière comme simple soldat de fortune, e% 
servit successivement dans les armées de Hollande , 
d'Angleterre, de France, de Portugal et de Brande- 
bourg. Il obtint les dignités de maréchal en France, de 
grand en Portugal, de généralissime en Prusse et de 
duc en Angleterre. Il professoit le protestantisme. Plein 
•de politesse et de modestie dans ses mœurs , il étoit 
calme, pénétrant, résolu, et d'une rare sagacité, ^a. 
probité égaloit son courage. Le combat de la Boyne fut 
également fatal au brave Caillemote, qui avoit suivi la 
fortune du due, et qui commandoit un des régiments 
'protestants. Quatre soldats le transportèrent blessé à 
mort de l'autre côté de la rivière, et, tout agonisant 
qu'il étoit, il ^xcitoit encore le courage de ceux qui le 
portoient, et leur crioit avec fermeté : ^ la gloire ^ mes 
^^arUs^ à la gloire! La troisième personne digne de 
^regrets qui perdit la vie dans cette affaire, fut Walker, 
ce même ecclésiastique qui avoit si vaillamment dé- 
fendu Londonderry contre les troupes de Jacques. Guil^ 
Jaume l'avoit accueilli, et lui avoit fait un don de cinq 
■tnille livres sterling, avec promesse de plus amples 
faveurs; mais, entraîné par une sorte d'ardeur guer- 
rière, il voulut accompagner le roi dans la bataille, fut 
l»lessé aux entrailles et mourut en quelque? minutes. 

7. ; :-v^ 



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lOO , HISTOIRE D ANGLETËllRE. 

•~"-— Dans Tarmée ennemie on eut à regreter les lords Don- 
^' gan et Carlingford , sir Neile O'Neile et le marquis 
d'Hocquincourt. Jacques resta pendant toute l'action 
sur la hauteur de Dunmore, entouré de quelques esca- 
drons. Lorsqu'il vit que la fortune se déclaroit contre 
lui, il regagna Dubljn sans chercher à rallier ses trou- 
pes. Avec plus de courage et d'esprit de conduite il 
pouvoît empêcher la dispersion de son armée , . la ren- 
forcer par ses garnisons, et même prendre l'offensive ; 
car sa perte avoit été d'abord peu considérable; et le 
vainqueur n'avoit pas même tenté d'inquiéter ses trou- 
pes dans leur retraite. Cette faute fut reprochée à Guil- 
laume, qui, dans toute cette journée, paroît avoir mon- 
tré plus de valeur personnelle que de science militaire. 
Jacoues \ son arrivée à Dublin le roi Jacques réunit les ma- 
qu« pour gistrats et le conseil de la ville, et, après une courte 
ia France, harangue, les abandonna à jla fortune du vainqueur. 
Dans cette harangue il accusa les Irlandois d'avoir man- 
qué de courage, leur déclara sa résolution de quitter 
sur-le-champ le royaume, leur fit défense, en vertu 
du serment qu'ils lui avoient prêté, de brûler ou de 
piller la ville après son départ ; et leur promit que , 
quoiqu'il cédât maintenant à la force, il ne cesseroit 
pas de travailler de tout son pouvoir à leur délivrance- 
Le lendemain il partit pour Waterford avec le duc de 
Berwrick, Tyrconnel, et le marquis de Powis. Il fit 
rompre tous les ponts derrière lui, et s'étant embarqué 
sur un vaisseau qui l'attendoit, il trouva en mer l'es- 
cadre françoise, commandée par M. de Foran, qui le 
détermina à passer sur une de ses frégates, excellente 
voilière. C'est ainsi que, sans autre accident, il gagna 
1^ jFrance, où il reprit sa première résidence à Saint- 



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GUILLAUME III ET MARIE. lOI 

Germain. Dès qu'il eut quitté Dublin tous les papistes 
abandonnèrent la ville. Les protestants, sous la con- ^^' 
duite des évêques de Meath et de Limerick, s'emparè- 
rent des armes qui appartenoient à la milice. On nomma 
un comité chargé de l'administration , et la relation de 
tout^e qui s'étoit passé fut envoyée à Guillaume, avec 
prière d'hoi\prer la ville de sa présence. 

Le lendemaili de la bataille de la Boyne, le roi Guil- F^q^^, 
laume fit partir dès le matin un détachement de çava- laume à 
lerie et d'infanterie, sous les ordres de M. Mellionere, ^°* 

pour Drogheda, que le gouverneur rendit sans résis- 
tance. Le roi se mit en marche pour Dublin avec son 
armée, et fit halte, la première nuit, à Bally-Breghan, 
où il apprit que l'ennemi venoit d'évacuer la capitale de 
l'Irlande. Il envoya aussitôt le duc d'Ormond, avec un 
corps de cavalerie, pour en prendre possession, et le 
fit suivre immédiatement des gardes hollandoises , qui 
occupèrent le château. Quelques jours après, Guil- 
laume établit son camp à Finglas , dans le voisinage de 
Dublin, et y reçut les évêques de Meath et de Lime- 
rick, à la tête du clergé, qu'il assura de sa protection. 
Il fit publier ensuite une déclaration où il garantissoit 
le pardon à tous les individus de la classe du peuple qui 
avoient porté les armes contre lui, sous la condition 
de rentrer dans leurs foyers, et de rendre leurs armes 
avant le premier août. Il y eut ordre à tout fermier de 
terres appartenant aux papistes rebelles d'en retenir 
les produits jusqu'à ce que les commissaires des reve- 
nus eussent fait connoître entre quelles mains ils de- 
voientles remettre. Les chefs lés plus obstinés de la 
révolte, déclarés coupables d'avoir violé les lois du 
royaume, appelé les François, au|:orisé les dépréda- 



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des Fran- 
çois 



102 fflSTOIBB D*AKGLETËftflE. 

tions commises sur les protestants, et rejeté le pardoA 
^ * que leur avoit offert le roi dans ses premières pro- 
clamations, furent abandonnés aux événements de la 
guerre , jusqu'à ce que, par des témoignages non équi- 
voques de repentir, ils eussent mérité leur grâce, qui ne 
leur seroit alors jamais refusée. Pat* une nouvelle procla- 
mation la monnoie de cuivre fut réduite à 9a valeur in- 
trinsèque. Les officiers de Farmée de Jacques, après 
l'avoir vu s'embarquer à Wàterford, rejoignirent leurs 
troupes, avec la résolution de poursuivre la guerre 
aussi long-temps qu'ils en ai;iroie&t les moyens. 
Victoire Tandis que ces grands événemetits se passoient en 
Irlande, la reine, en sa qualité de régente, étoit ab- 
sorbée par une multitude de ^dins et d'embarras. Son 
conseil, composé d'un nombre égal de whigs et de to- 
rys, ne pouvoit procéder avec unanimité. Craignant à- 
la-fois pour son époux et pour la Vie de son père, elle 
étoit encore menacée au -dehors d'une invasion des 
François, et au-dedaus du soulèvement des jacobites. 
Elle cachoit néanmoins la difficulté de sa position, et 
montrait dans sa conduite autant de prudence que de 
courage. Sur l'avis qu'une flotte alloit partir de Brest, 
le lord Torrington mit en iner aux dunes, et fit le tour 
de Sainte-Hélène, afin de réunir assez de vaisseaux poUr 
être en état d'engager lin combat. Le vingt juin on dé- 
couvrit lennemi de Plymouth, et l'amiral angloîs, ren- 
forcé par une escadre hoUandoise, tint la mer, dans 
l'intention d'attaquer les François à la hautenr de l'Ue 
de Wight, s'ils tentoient d'entrer dans le canal : non 
qu'il se crût assez fort pour livrer bataille, car il n'avoit 
que cinquante-six voilés contre une flotte de soixante-dix- 
huit vaisseaux et de vingt-deux brûlots ; mais il avoit 



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GUILLAUME IH ET HABIS. loS 

ordre de hasarder uae action, pour peu qu'il entrevtt — — 
quelque appareoce de succès* Les deux flottes ayant été '^^' 
pendant cinq jours à la vue Tune de Taulre, le i3 juin 
Torringtoo attaqua rennemi à la hauteur de la pointe 
de Beachy. L'escadre hoUandoise, qui formoit rayant- 
garde , comoiença rengagement à neuf iieures du ma- 
tin» et, au bout dune demi -heure, la division ileue 
des A nglois. attaqua Tarrière- garde Françoise; mais la 
division rouge, qui formoit le centre, et qui étoit corn- 
uuindée par Torrington, ne put se mettre en ligne avanr 
dix heures, de sorte que lés Hollandois se virent en* 
tourés par Tennemi, et éprouvèrent une perte consi* 
dérable, quoiqu'ils se défendissent courageusement. 
Enfin la division de l'amiral se jeta entre eux et les 
François, et, dans cet état de choses, les flottes mi- 
rent à Tancre, vers cinq heures après midi, le combat 
étant interrompu par un calme plat. Les Hollandois 
avoient tix)p souffert pour qu'ils pussent, sans impru- 
dence, revenir à la charge. Torrington fit lever l'ancre 
dans la nuit, et, à la faveur de la marée, ses vaisseaux 
se retirèrent vers l'est. Le lendemain, pour faciliter 
leur retraite, il fit détruire les vaisseaux qui avoient 
perdu leurs agrès. On les ,'poursuivit jusqu'à Rye. Un 
vaisseau anglois de soixante-dix canons, ayant échoué 
près de Wiocbelsea, fut abandonné par le capitaine, 
après qu'il y eut mis le feu. Un vaisseau hollandois 
de soixante -quatre canons, ayant de même échoué, 
quelques frégates françoises tentèrent de le brûler; 
mais le capitaine se défendit si vaillamment qu'il leur 
fit lâcher prise, et put ensuite gagner les côtes de 
Hollande. Les Anglois perdirent dans ce comb^ deux 
vaisseaux, deux capitaines, et environ quatre cents 



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Io4 HISTOIRE 0*ANGLETEAII£. 

"~^ — hommes. Les Hollandois fureot encore plus malheu-» 
^ ' reux, ils perdirent six de leurs plus gros vaisseaux, et 
leurs vice-amiraux Dick et Brackel, ainsi qu'un grand 
nombre d officiers et de matelots. Torrington se retira, 
sans être inquiété, jusqu'à Fembouchure de la Tamise, 
et , après avoir pris sur ce point toutes les précautions 
nécessaires contre les tentatives de Fennemi , il revint 
à Londres, qu'il trouva dans la consternation. 
Torring- La même terreur panique, s'étoit emparée du gou- 
cnvo^é^ vernement. Les ministres feignoient de croire que les 
la Tour. François agissoient de concert avec les mécontents de 
la nation; que les jacobites méditoient des soulève- 
ments sur plusieurs points du royaume, et qu'il y au- 
roit une insurrection générale en Ecosse. Ces bruits, 
répandus par des émissaires de la cour, avoient pour 
objet de justifier aux yeux du public les mesures qu'il 
seroit nécessaire de prendre dans cette conjoncture. Ils 
eurent le succès qu'on s'en étoit promis. Les craintes 
qu'ils firent naître parmi'le peuple ajoutèrent à sa haine 
contre les jacobites et les non-assermentés. Les pro- 
priétaires de mines d'étain de Cornouailles , les alder- 
mans et lieutenants de Londres, le lord-maire, les lieu* 
tenants de Middlesex protestèrent , dans les adresses les 
plus respectueuses, de leur dévouement au roi et à la 
reine, leurs légitimes souverains, et s'engagèrent à les 
soutenir contre toute opposition. Dans ce moment cri- 
tique la reine fit preuve d'un courage, d'une prudence 
et- d'une activité remarquables. Elle donna des ordres 
pour mettre le royaume en état de défense, pour ré- 
parer et augmenter la flotte, et prit les mesures con- 
venables pour calmer les chambres, qui se plaignoient 
hautement de la conduite de Torrington dans la der- 



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GUILLAUME III ET MARIE. Io5 

nière affaire. On le dépouilla du commandement, on 7~ 
renvoya prisonnier à la Tour, et des commissaires fu- 
rent chargés d'examiner sa conduite. Un camp fut éta- 
bli dans le voisinage de Torbay, où les François parois- 
soient vouloir effectuer une descente. L'artillerie de 
leur flotte, qui étoit à l'ancre dans la baie, battit un 
petit village nommé Teingmouth. Mille d'entre eux dé- 
barquèrent sans opposition, mirent le feu à ce village, 
brûlèrent quelques bâtiments de cabotage, et se rem- 
barquèrent pour Brest après cette expédition. Quelques 
partisans des whigs répandirent le bruit et avancèrent 
même dans des pamphlets que les évéques suspendus 
trempoient dans la conspiration contre le gouverne- 
ment; ce qui enflamma tellement la populace que ces 
prélats crurent devoir faire imprimer une déclaration 
où ils protestoient solennellement de leur innocence, 
La cour n'avoit sané doute aucun soupçon contre eux, 
puisqu'ils ne furent pas compris dans une proclamation 
de la reine ordonnant l'arrestation des comtes de Licht- 
field, Aylesbury et Gastlemain, du vicomte de Preston, 
des lords Montgomery et Bellasis, de sir Edouard Haies, 
sir Robert Hamilton , sir Théophile Oglethorpe, du co- 
lonel Edouard Sackville et de quelques autres officiers, * 
tous accusés d'avoir ourdi, avec d'autres individus, une 
conspiration pour détruire le gouvernement, et favo- 
riser l'invasion projetée. On laissa le comte de Torring- 
ton à la Tour ju^u'à la session suivante. Il fut alors 
conduit à la chambre des communes, où il parla pour 
sa justification. Cette affaire occasiona de longs débats 
dans la chambre^haute, qui déclara son emprisonne- 
ment illégal. Il fut enfin traduit devant une cour mar ! 
tiale, dont les membres avoient été désignés par les 



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lOO HISTOIRE DANGLET£AR£. 

""•-"■"-^ commissaires de Famirauté, qu'un acte réoeot investis^ 
^ ' soit de Tautorité de grand-amiral. La cour, présidée par 
sir Ralph Délavai, qui avoit pris part au combat, en 
qualité de vice-amiral de Tescadre bleue ^ acquitta lac* 
cusé. Mais le roi cessa de remployer; et les HoUandois 
se récrièrent contre la partialité de ses juges. 
Profîrè* On prétend que tous les papiers de Jacques et de 
Guillaa- Tyroounel tombèrent entre les mains de Guillaume, 
Bie en ir- auquel ils dévoilèrent non seulement le dessein des 
François, de brûler les bâtiments de transport anglois» 
mais même rengagement qu un nommé Jones avoit 
pris de Tassassiner. Il ne fut fait cependant aucune 
tentative de cette nature; et tout porte à croire qu'un 
pareil bruit n'étoit qu'un arti^ce pour rendre Jacques 
plus odieux. Le 9 juillet Guillaume fit diriger sur 
Athlone un corps nombreux de cavalerie sous les ordres 
du général Douglas, pendant que lui-même, après avoir 
laissé Trelawny pour commander à Dublin , se porta 
avec le res(e de son armée à Inchiquin, sur la route 
de Kilkenny. Le colonel Grâce, gouverneur d'Aihlone^ 
répondit par un coup de pistolet au trompette qui le 
somma de se rendre : FoUà, dit-il, <pmMes sont me$ 
ccmdMons, Douglas entreprit donc le siège de la place^ 
quoiqu'elle fût très forte, et défendue par une excel- 
lente garnison. On avoit déjà fait une brèche lorsque 
Douglas , sur l'avis que Sarsfield marcboit au secours 
de Grâce , leva le siège , après avoir perdu quatt^ cents 
hommes. Le roi poursuivit sa marche vers la partie 
occidentale^ et, par de sévères exemples , établit «dans 
l'armée tant d'ordre et de discipline, que les paysans 
n'avoient pas même à redouter la moindre violence. A 
Carlow il détacha le du€ d'Ormond pour pneadrepM?> 



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1690; 



GUILLAUME III Et MARIE. IO7 

session de Kilkenny, où ce seigneur le reçut dans son ' 
propre château, que les ennemis avoient abandonné 
sans Tendommager. Pendant que rarmée campoit à 
Carrick, le major -général Kirke fut envoyé contre 
Waterford , dont la garnison , composée de deux régi- 
ments, conclut une capitulation, poii;ant qu'elle sor- 
tiroit avec armes et bagages/ et seroit conduite à Mal- 
low. Les mêmes conditions furent accordées au fort de 
Duncannon, où le lord Dover et le lord Georges Ho- 
ward se mirent à la merci du roi, qui les reçut sous sa 
protection. 

Le premier août Guillaume publia à Chapel-Izard un i| fait le 
second acte d'amnistie qui , en confirmant le premier, Limerick 
l'étëndoit aux individus d'un rang supérieur, naturels q"jj|.®î^ 
ou étrangers, qui, avant le !i 5 du mois, déposeroient d'aban- 
tes armes, et se soumettroient à certaines conditions. <*o»">^''- 
Cette démarche produisit très peu d'effet. La plupart 
des Irlandois étoient conduits par leur clergé, et le 
bruit de la victoire remportée par la flotte françoise 
leur étoit parvenu avec des détails si exagérés que leur 
audace s'en étoit accrue, et que toute idée de soumis- 
sion étoit écartée. Le roi étoit fetoumé à Dublin , dans 
k vue de s'embarquer pour l'Angleterre; mais, ayant 
appris que les projets de ses ennemis domestiques 
étoient déconcertés, que sa flotte étoit réparée, et que 
celle des François avoit regagné Brest, il différa son 
voyage, et prit le parti d'attaquer liimerick, dont 
M. Boisseleau étoit gouverneur, ayant sous ses ordres 
le duc de Berwick et le colonel Sarsfield. Le 9 août le 
roi, avec quelques détachements, s'avança près de la 
place et fit sommer le commandant de se rendre. Bois- 
seleau répondit qu'il pensoit que le meilleur moyen d'ob- 



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loÔ HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

— ■ tenir Testime du prince d'Orange étoit de défendre vigou- 

^ * reusement la ville qui lui avoit été confiée. Avant que 
la place fût tout-à-fait investie, Sarsfield, à la tète d'un 
corps de cavalerie, pa^sa le Shannon pendant la nuit, 
enleva le train d'artillerie du roi, qui étoit en inarche 
pour le carnp , mit en fuite les troupes qui Tescortoient ^ 
encloua les canons, détruisit les chariots, bagages et 
munitions, et rentra, sans aucune peile, à Limerick» 
Nonobstant cet échec on ouvrit la tranchée le 17 du: 
mois, et Ton construisit une batterie de quelques ca- 
nons amenés de Waterford. Le siège fut poussé avec 
vigueur, et la place défendue de même. Enfin Guil- 
laume fit faire à ses troupes un logement sur la con- 
trescarpe, et Ton donna Tassant avec fureur^, mais la 
résistance fut si vive que les assiégeants furent repous- 
sés, après avoir perdu douze cents hommes tués ou 
mortellement blessés. Cette perte, jointe aux incom- 
modités d'un temps pluvieux et malsain, détermina le 
roi à abandonner son entreprise, et à diriger son armée 
vers Clonmel. Il nomma lord Sydney et Thomas Co- 
ningsby lords-justiciers d'Irlande, et, laissant le com- 
mandement de l'armée ati comte de Solmes, il s'embar* 
qua le 5 septembre à Duncannon , et arriva le lendemain 
près de Bristol , d'où il se rendit à Windsor. 
Kedor- A la fin de ce même mois, le comte de Marlborough, 
IWketde d'après un plan qu'il avoit soumis à Guillaume , arriva 
KîQsale. en Irlande à la tête de cinq mille Anglois, pour atta- 
quer Cork et Kinsale, conjointement avec un détache- 
ment delà grande armée. Ses troupes ayant pris terre, 
sans opposition , dans les environs de Cork , il y fut 
joint par cinq mille hommes que commandoit le prince 
de Wirtemberg. Quelques difficultés s'élevèr«nt entre 



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• GUltLACME III Et MAftIK. IO9 

ce prince et Marlborough, sur la question de savoir à "" — ' 
<|ui appartiendroit le commandement des deux corps. ^ ' 
Mais la médiation de La Mellionere concilia tout. La 
place ayant été investie et les batteries élevées , le 
siège fut poussé avec tant d'activité qu'on eut bientôt 
ouvert une brèche. 

Le colonel Mackillicut, gouverneur, entra en pour- 
parler, et Ton échangea des otages. Mais il rejeta les 
conditions qui lui furent proposées, et les hostilités re- 
commencèrent avec une nouvelle vigueur. Le duc de 
Grafton, jeune soigneur de grande espérance, qui servoit 
en. qualité de volontaire, fut mortellement blessé dans 
une attaque, et mourut bientôt après, laissant les regrets 
les plus vifs. Tout étoit prêt pour un assaut général , 
lorsque les assiégés se décidèrent à capituler et se ren- 
dirent prisonniers. Outre le gouverneur et le colonel 
Bicault, les vainqueurs trouvèrent parmi les officiers 
de la garnison les comtes de Clancarty et de Tyrone. 
Marlborough , après avoir pris possession jde Cork , 
détacha le brigadier Villiers, avec un corps de dragons, 
pour sommer la ville et les forts de Kinsale de se ren- 
dre, et le lendemain il marcha lui-même vers cette 
place avec le reste de ses troupes. Le vieux fort fut - 
aussitôt pris d'assaut; mais l'autre fort, où comman- 
doit sir Edouard Scott , soutint un siège dans les for- 
mes, jusqu'à ce que la brèche étant devenue praticable 
il obtint une capitulation honorable. La réduction de 
ces places maritimes rendit impossible de ce côté 
toute communication entre la France et l'ennemi; et 
les Irlandois se trouvèrent confinés dans l'Ulster, oà 
ils ne pou voient, subsister qu'avec beaucoup de diffi- 
culté. Xe comte de Marlborough ayant terminé cette 



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ItO HISTOIRE D A]!ÏCLET£RB£. 

■ expédition en un mois , revint avec ses prisomûeFS en 

^ Angleterre, ou ses nouveaux exploits ajoutèrent beaur 

coup à sa réputation. 

Les trou- Pendant ces opérations , le comte de Lausun , com* 

pe8 fran- mandant les troupçs auxiliaires de France , étoit resté 

COISCS 

qniuent daus Finaction près de Galvt^ay* Il fit à sa cour un ta^ 
llrlande. yça^ gj triste de sa situation que des vaisseaux de 
transport furent envoyés pour le ramener. Il s embar<- 
qua avec ses troupes; le commandement des forces 
d'Irlande fut donné au duc de Berwick , et transféré 
depuis à M* de Saint^Ruth. Lauzun fut disgracié à 
Versailles pour avoiç abandonné la cause de Jacques 
avant qu'elle fût désespérée. Tyrconnel, qui Tavoit 
accompagné en France, y sollicita de nouveaux ser 
cours d'officiers , d armes , de vêtements et de muni* 
tions pour Tarmée irlandoise , dont il garantissoit la 
fidélité, pourvu qu'on ne cessât point de la soutenir. 
Cependant les troupes se partagèrent en cjorps de fli- 
bustiers, et pillèrent le pays. Pendant qu'une partie 
de celles du roi Guillaume vivoit paisiblement dans ses 
quartiers, l'autre partie se mit à imiter les rapines des 
soldats irlandois; en sorte que le malheureux peuple 
étoit également vexé par les uns et par les autres, 
l^ dac de Durant tout ce temps , il ne s'étoit opéré aucun 
-Qj^jj'^j^g^® changement notable dans les affaires du continent, si 
confedé- ce n'est que le duc de Savoie avoît renoncé à la neu^ 
' ^ ' tralité pour contracter tine alliance avec l'empereur 
et le roi d'Espagne , et entrée dans, la grande confédé*' 
ration. Il ne s'étoit pas plus tôt déclaré , que Catinat 
' s'avança sur son territoire avec dixrhuit mille hom«- 

mes, et le défit dans une bataille sanglante, près de 
Saluces , qui se rendit aussitôt. Le vainqueur réduisit 



/ 

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GUlttAUME m Et MARIE. lit 

Savillana , YilIafraDca , et plusieurs autres placer , '— - 

poursuivit le duc jusqu'à Carignan, surprit Suze, et "^"* 
distribua ensuite ses troupes en quartiers d'hiver, par- 
tie dans la Provence, partie dans le duché de Savoie, 
que Saint-Ruth venoit de soumettre à la France. Le 
duc, après avoir inutilement attendu du secours de 
l'empereur et du roi d'Espagne, en demanda aux états- 
généraux et au roi Guillaume qu'il envoya féUciter 
par un ambassadeur de son avènement au trône d'An- 
gleterre. On étoit convenu dans le congrès général 
des confédérés à La Haie que l'armée des états, sous 
les ordres du prince de Waldeck , tiendroit tète à l'ar- 
mée Françoise commandée en Flandre par le duc de * 
Luxembourg , pendant que l'électeur de Brandebourg 
observeroit les mouvements du marquis de Boufflers 
sur la Moselle. Mais les troupes de Brandebourg n'é- 
toient pas encore assemblées que déjà BoufjQers cam- 
poit entre la Sambre et la Meuse, et entretenoit une 
communication libre avec Luxembourg. 

Le prince de Waldeck, voyant bien que l'intention Défaite 
du duc de Luxembourg étoit de traverser la Meuse *^" P»*'»* « 
entre Namur et Cbarleroi , afin de mettre à eontribu- Waldeck. 
tion le territoire de l'Espagne, s'éloigna de la rivière 
Piéton , et détacha le comte de Berlo , avec un corps 
de cavalerie, pour observer les mouvements de l'en- 
nemi. Berio fut rencontré par l'armée françoise près 
de Fleurus : il y perdit la vie ; et ses troupes , quoique 
soutenues par deux nouveaux détachements, eurent 
beaucoup de peine à rejoindre le corps de l'armée, 
qui demeura toute la nuit rangée en bataille. Le len- 
demain, les HoUandois fiirent attaqués par les Fran- 
çois très supérieurs eu nombi^ ; et , après un combat 



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ÏI2 HISTOIRE D^ANGLETÉRRE. 



"~ — opiniâtre , ils battirent en retraite , laissant près de 
^ * cinq mille morts. L'ennemi fit environ quatre mille 
prisonniers, et s'empara de la plus grande partie de 
l'artillerie. Mais sa victoire fut chèrement achetée. 
L'infanterie hollandoise fit dès prodi|[es de valeur. 
Luxembourg avoua qu'elle avoit montré encore plus 
de bravoure que l'infanterie espagnole à Rocroi. Ze 
prince de TJTaldeckj dit-il , se soutiendra toujours de lu 
cavalerie françoise; et moi je n'oublierai jamais Vinfati-- 
terie hollandoise. Le prince se conduisit avec tant d'ac- 
tivité que les François ne tirèrent qu'un foible avan- 
tage de leur victoire. Ce général, renforcé de cinq 
mille Anglois, de neuf mille Hanovriens, et de dix 
mille hommes de l'évêché de Liège et de la Hollande , 
se joignit à l'électeur de Brandebourg. L'armée confé- 
dérée marcha, par la route de Genap, à Bois-Seigneur- 
Isàac, au nombre de cinquante -cinq mille hommes , 
et supérieure alors à celle du duc de Luxembourg, 
qui crut devoir fortifier son camp, afin de ne com- 
battre qu'avec avantage , s'il y étoit forcé. Néanmoins 
le prince de Waldeck l'auroit attaqué dans ses retran- 
cfaements, s'il n'eût été retenu par une défense ex- 
presse des états-* généraux de hasarder un nouveau 
coioi)at; et quand cette défense fut levée, l'électeur ne 
voulut plus courir le risque d'une bataille. 
L*archî- Cependant le collège des électeurs nomma roi des 
duc Jo- Romains Joseph, fils de l'empereur. Mais son crédit 
élu roi fut fortement ébranlé par la mort du vaillant duc de 
Lorraine , 'qui fut soudainement attaqué d'une esqui- 
nancie dans un village près de Lintz , oii il expira. Ce 
prince , doué de grands talents militaires , menaçoit de 
rentrer l'été suivant , à la tète de quarante mille hom- 



des 
RomaiBS. 



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Guillaume lii Et MIrie. iiS 

iût^ f dans ses états de Lorraine , d*oii il avoit été " 
chassé. A sa mort le commandement de Tarmée im-» 
périale passa à Télecteur dé Bavière. Ce nouveau géné^ 
rai y s'étant joint à Télecteur de Saxe , marcha contre 
le dauphin $ qui avoit passé le Rhin au Fort-Louis aved 
une armée considérable, et qui paroissoit vouloir pé^ 
nétrer en Bavière. On arrêta ses progrès , ,et il se tint 
sur la défensive le reste de la campagne; L'emperétic 
fut moins heureux dans ses efforts contre les Turcs; 
qui rejetèrent les conditions de paix qu'il leur ofFroit^ 
et se mirent en campagne sous un nouveau visir* Au 
mois d^août le comte Tékély défit un corps d'Impériaux 
près Cronstadt^ en Transylvanie^ Il convoqua ensuite 
les états de cette province à Albajulia^ et les forç£^de 
rélire pour leur souverain ; mais il ne le fut pas long* 
temps. Le prince de Bade, ayant pris le commandement 
de Tarmée autrichienne^ envoya quatre régiments à 
Belgrade > et s'avança contre Tékély, qui^ à son appro» 
che, se retira en Valachié. Cependant le grand-visir 
investit Belgrade 2 il avoit déjà montré dans ses atta« 
ques beaucoup de résolution, quand toutrà-coup la 
terrible explosion du magasin à poudre des assiégés , 
causée par la chute d^une bombe, fit périr dix-sept 
cents soldats de la garnison ^ fit sauter lès murs et les 
remparts, combla les fo^s, et ouvrit une si large 
brèche que les Turcs entrèrc^nt par bataillons, mas-* 
sacrant tous ceux qu'ils rencontroient sur leur pas-» 
sage. Le feu gagna de magasin en magasin, et il y 
en eut onze de consumés. Dans cet horrible désastre ^ 
ce qui restoit de la garnison se sauva à Peterwaradin^ 
Pendant ce temps les Impériaux s'étoient mis en pos' 
session de la Trai|sylvanie^ Qt avoient pris leurs jqbih 
II. 8 • 



1690* 



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tt4 fflârtOIBE D^ANGtEtETBltt. 

■>■■ ■ tonnements à Croostadt et à Clausinbourg. Tékétf 
^°' entreprit d attaquer cette province dun côte, tandi» 
€|u'i»i corps de Turcd y pénétreroit de Taulre ; mais ces 
deméers fii mut dispersés par le prince Loui^ de Bade.. 
Le prince Atteste de Hanovre, qu'il avoit détaché 
contre Tékéây^ bit tué dans im étroit défité, et ses* 
troupes firent une retraite précipitée. Tékély cepen-- 
daiât oe profita pas de cet avantage. InforHié du sort de 
ses alliés^ et crar^çnant de se voir conper la retraite 
par les neiges, c[ui ferment souvent le. passage des^ 
montagnes, il se retira dans le seki de la Yalachie, et 
le piince Louis retourtia à Vienne. 
Jssetn- Le pariement d^Angtêterré, convoqué par une pro- 
parie-*^ cfaoïatio» de Guilkuxne, s assembla le 2 octobre; le 
netit ea fx>L^ ^fans je diseours d'ouverture qu'il prononça sui- 
twrZ ^^^^ fusant, entrefilet les chambres de ce qu'il avoit 
fait pour la rédt^ction de l'Irlande, et de la bonne con- 
duite de ses troupes. Il leur dit qiire les subsides qu^oft 
avoit accordés n'étoient pas en proportion avec les dé* 
penses nécessaires , et que la nation seroit en danger si 
l'on ne pouseoit la ^epre vigoureusement. 11 les con^^ 
jura de libérer ses revenus, engagés pour le paiement 
^ des })remières dettes, et de lui fournir les moyens d'ac- 
quitter ce qui étoit dû à l'armée, leur représenta que 
* de la vigueur et de la diligence du parlement dépendoit 
le succès de la confédératicMU dans le continent; et après 
avoir exprimé son «essenttment contre ceux à qui l'on 
knputoit ia désastre de la flotte, et i?ecommandé aux 
mettibres Tunio» et la célérité, il déclara son ennemi et 
cehii de la patrie quiconque entreprendroit de détoui^ 
ner leur attention des objets importants qu'il leur pré-^ 
senioit. J»a dernier^ . expédition^ des François sur i^ 



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bbitlAtiilË iii £t MÀBtL ii& 

Côtes d'Angleterre, les bruits d'une conspiration des ^'7^* 
jacobites, la valeur personnelle qtie Ouillautùe vénoit ^ * 
de déployei^, c^otnparée à la conduite pusillaniïne de 
Jacques, tout concourbit à indisposer la nation contre 
les adhérents de ce dernifer, et à l'attacher au noùveisLa 
gouvernement. Les deux chambres présentèirent sépa-^ 
rément dës adresses de félicitation àù roi sur âa bra« 
voure et son hioibileté dans cette cam{)agné ^ eit à la reixufi 
sur le courage et la sagesse qu'elle àvoit tnotitrés à la 
' tête des affaires^ daiis des jours de trouble et de dan^ 
ger. Quand on eut soumis aux communes l^état éës 
dépenses de la dernière année, elles votèrent quatre 
millions sterling pour l'ëntretiéii de Tarméè et de la 
marine. 

Les chambres ptoposèretit dé réali^r un million ster té$ ëoÉk^ 
Hng par la vente des biens saisis en Irlande ; elles défci- à"ÏÏ^t 
dèrent qull serôit rédigé un bill poulr la confiscation de «ux d«« 
tes biens ^ avec tme clause autorisant le roi à en accor- ^^\qu 
der un tiers à teu^i qui avoient servi dans cette guerre. 
La même ciause devoit l'autoriser en même tempd à 
traiter avec les Irlandois encore en armed^ comme bon 
kii sembleroit« Cette clause fut rejetée, et il fut pré- 
senté contre le biH un grand nombre de pétitiotîs par 
Ceux d'entre les ci'êânciers et héritiers des propriétaires 
de ced biens qui étôient demeurés fidèles au gouverne- 
ment. Comme les biens saisie avoient déjà été promis 
aux favoris du roi, on accusa la cour d'avoir suggéré 
ces démarches pour faire écarter le bill, qui passa 
néanmoins dans la Chamhre4)asse, et qui fat arrêté 
par rinfluénce des ministres à la chambre des pairs» 
Ce fut dans des cirtonstancçs que lord Torrington fut 
jngé et acquitté, au grand dfolaisir du roi, qui l'exclut 



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Il6 HlSTÛIFE d'aNGLETERRE. 

' -^ ' — de son service et lui défendit de paroître devant Iu£* 
Quand GuiUaume vint à la chambre des pairs pour y 
donner sa sanction à un bill qui doubloit laccise, il dit 
au parlement que la situation des affaires exigeoit sa 
présence à La Haye; qu'on devoit donc, sans perdre 
de temps» terminer tout ce qui concernoit les subsides 
nécessaires pour les armées de terre et de mer» et les 
dépenses du gouvernement. On passa deux bills accor- 
dant à leurs majestés pour cinq ans le droit d'importa- 
tion sur certaines marchandises. Ces deux bills» et ua 
autre relatif aux rebelles» reçurent la sanction royale» 
Le roi ayant observé qu'un subside voté annuellement 
pour l'augmentation de la marine contribueroit puis- 
samment à l'honneur et à la sûreté de la nation» leâ 
chambres votèrent une somme considérable pour la ^ 
construction de nouveaux vaisseaux; et leur zélé et 
leur activité dans cette circonstance semblmcnt aller 
au-devant des désirs du roi. Ces bonnes dispositions 
étoient dues en grande partie aux soins de lord Godol- 
phjn, trésorier^ et de Somers». solliciteur-général. La 
place de secrétaire d'état dont s'étoit démis Shrews- 
bui-y avoit été donnée à lord Sidney» qui fat remplacé», 
comme justicier d'Irlande» par sir Charles Porter. 

Fï'tifion Malgré l'acte qui annuloit les procédures contre les 
^^^^^' chartes de Londres »^ les whigs avoient si bien fiait qu'ils 
étoient restés en possession de la magistrature. Pil- 
kington étoit encore lerd-maire ^ et Robinson chambel- 
lan. Les torysde la cité » {pleins de confiaiice dans leurs 
services précédents » se plaignirent par une pétition à 
la chambre des communes que les intentions du dernier 
biU pour annuler le jugement de quo warranto avoient. 
été éludées, à cause du, sens équivoque ^de quelques 



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j6.jo. 



GUILLAUME Ilï ET MARIE. II7 

termes; de sorte que les anciens aldermans nommés par 
Commissions revêtues du grand-sceau du dernier roi , 
cxerçoient encore en vertu de cette délégation ; que sir 
Thomas Pilkington n'avoit pas été légalement continué 
dans ses fonctions ; qu'il avoit , ainsi €[ne les alderman^ , 
choisi indûment M. Léonard Robinson pour chambel- 
lan , fonction à laquelle avoit été légalement nommé un 
autre sujet; et ^ que divers membres du conseil de la 
commune en avoient été exclus contre toute régie , tan- 
dis qu'on avoit refusé d'en admettre d'antres légalement 
élus. Ils spécifioient encore quelques autres griefs dont 
ils demandoient le redressement. Pilkington et ses as- 
sociés soutinrent que ces allégations étoient sans fon- 
dement , et que ]a pétition n'étoit qu^un artifice des 
jdcobites, pour troubler la paix de la cité, retarder le 
paiement des impôts , et porter le désordre dans l'état. 
Gomme les whigs, au moment de la terreur panique 
qu'avoit fait naître le désastre de la flotte, s'étoient 
montrés les plus riches et les plus empressés à secourir 
le gouvernement qu'ils avoient établi , pendant que les 
torys se tenoient à l'écart, la cour interposa si bien son 
influence , qu'on fit à peine attention à ces remontran- 
ces. ' 

Le marquis de Caermarthen , lord - président , qui Attaque 
étoit à la tête des torys dans le ministère , et s'étoit ac- marqua 
quis beaucoup de crédit auprès du roi et de la reine , ^^ ^"•'" 
fut alors en butte à toute la haine du parti opposé , qui 
résolut de faire revivre contre lui son ancienne accu- 
sation. Le comte de Shrewsbury et treize autres chefs 
de ce parti s'unirent pour ce dessein. Un comité de lord9 
fut chal:gé d'examiner si les accusations demeuroient 
in statu que, d'un parlement à l'autre , et de rechercher 



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llS HI9T0IRE D ANGLETERRE, 

^' ^ ' des exemples pour résoudre cette question. Où jeu pro^- 
^^ ' duisit plusieurs, et il s'éleva de violents débats. Mais le 
marquis, éluda la vengeance 4^ ses enne«»ift, en deman* 
dant si les comtes de Salisbury et de Peterborough , qui 
avoient été açcqséa dans le dentier pârl«oien,t, pour 
s'être réconciliés avec Féglise romaine ^ étoient libérés 
de leurs cautions. La réponse de la chambre fut afiSr- 
piativcy et plusieurs lords protestèrent. Les co^imuaes, 
ayant rédigé un bill tendant à nommer da& commis^ 
saires pour recevoir et vérifier les comj^tes des dépenses 
publiques ^ cboisirent ces cocpmissaires dans leur eham^ 
bre, et envoyèrent le bill à la chambra? haute , ^ui, 
sur la proposition du comte de Rocbester , élut parmi 
ses membres ui^ pareil noinbre de commissaires. Ro^ 
cbester fjat un de ceux qu on désigna ; mais il refpsa 
de remplir cette n^issicm; les autres suivirent sçm eïembe 
pie y et le bill fut aJov^ s^dopté sans aucun chaag^w^^t. 
l.e 5 jfi^nvier le roi ferma la session patr un discours où, 
en remerciant les membres des preuves réitérées qu'ils 
^voient données de leur attachemeut k sa personne et 
au gouvernenient , il leur annonça qu'il aUoit se rendre 
en Hollande , leur recommanda Tunion , et les assura 
de sa bienveillance çt de sa protection touteparticuiière^ 
Alors le premier ^uge A.thins leur signifia que le bou 
plaisir de sa majesté ét;<»il que les chambres s'ajqur-. 
< 1691. nassentau 3i mars, 

%oya(;e GuiHaunie, après aveir mis ordre aux affaires de la 
\^me^ nation, partit pour Margate lé 6 janvier; mais le vaisn 
f n Hol- seau sur lequel il devoit s'embarquer se trouvant çeteou 
par un vent d'est et par une forte gelée, il se détermiiaa 
à retourner à Kensington. U s'énsibarqiia çepend^t 



lande. 



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OUILtAUME m ET MÂKIE. Itg 

le i6 àGravesend avec une suite nombreuse , sou&Ies- '"T^ 
corte de douze vaisseaux de guerre, coœmaadéa par ^ ' 
ramiral Rooke. te leodeKoam, informé par im peeàeur 
qu'il n'étmt qu'à us^ Keue et demie de. Gorée , il quitta le 
yajcht et passa dans un bateau découvert , accompagné 
^u doc d'Ormofid, de» comtes de Devonshire, Dc»rset, 
Portland et Mooraoutb, aioai que d'Auverquerque et 
de 24uylestein. Au lieu de débarquer aans déliai, ils per» 
direet de vue la flotte, et, la nuit étant «prve«ue, ils 
furent expoaé$, par un temps très rigoureux, è la renr 
contre de renoemi et à tous les dangers de la mer, qui 
Ait si grosse pendant dix-huit heures, qu ib ftireot (ow 
inondéa. Comme les matelots semhlotent appréhender 
de périr^ Goillanme leur demanda s ils étoient fâchés 
de mourir en sa compagnie. Au point du jour il de^ 
cendit à lUe dfGorée , où il prit quelques rafraîchisse* 
a[ient& dans une hutte de pécheur. Il rentra ensuite 
dans le bateau, quile mit à terre près de Maeskndskiys, 
Jl fut reçu à Hounslardikepar une députationdes états^ 
et à six heutes du soir, il arriva à La Haye. Les étata- 
l^énéranx, les états de Holkuide, le conseil-d'état , Ica 
autres collèges et les .ministres étrangers s'empressèrent 
aussitôt de le complimenter. Sur la demande des magis*- 
trats, il fit son entrée publique avec la plus grande ma* 
fpAificence, et les HoUandois célébrèrent son arrivée 
par des feux, des illuminations et autres réjouissances. 
Il assista à leura différentes assemblées, les informa de 
$es succès en Angleterre et en Irlande , et les assura de 
Bon zéleet de son attachement inaltéraUepour sonpay^ 
Mtal. 

Dans un congrès solennel des princes confédérés ^ il 



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ISO HISTOfAE D ANGLETERRE. 

^ ^^ ^ prononça un discours où il leur représenta à quels dan* 
, . ' • gers ils étoient exposés par la puissance et Tambition 
à un de la France , et de quelle nécessité il étoit pour eux 

fongre^f d'agir avec autant de vigueur que de diligence. Il leur 
promit de concourir de tous ses moyens aux mesures 
qu'ils dévoient prendre, et de se mettre au printemps . 
à la tète de ses troupes pour remplir ses engagements. 
On décida alors qu'il seroit mis sur pied deux Cent vingt 
mille bomnfes contre la France dans la campagne sui- 
vante ; on régla les contingents que dévoient fournir les 
différents prinoes et les divers états; le roi d'Angleterre 
promit vingt mille hommes, et convint de venir puis- 
samment au secours du duc de Savoie. On arrêta en- 
suite le plan des opérations , et tout se passa avec tant . 
d'harmonie qu'aucun différent n'interrompit la marche 
des délibérations. Ce congrès venoit à p#ne de se sépa- 
rer, lorsqu'au commencement de mars Louis XIV en 
personne, accompagné du dauphin et des ducs d'Or*, 
léans et de Chartres, vint mettre le siège devant Mons. 
La garnison étoit d'environ six mille hommes, com-. 
mandés parle prince de Bergue ; mais le siège fut poussé 
avec tant d'aclivité que la résistance fut sans effet. Au 
premier bruit du danger de cette place , Guillaume or^ 
dqnna au prince de Waldeck de rassembler l'armée y 
et lui-même prit le parti de marcher en personne à l'en* 
nemi. On eut bientôt réuni cinquante mille hommes à 
Halle, près de Bruxelles; mais quand le roi les eut 
joints , il s'aperçut que les Espagnols avoient négligé de 
3e pourvoir de chariots et d'autres objets nécessaires à 
cette expédition. Cependant les bourgeois de Mons, qui 
voyoient leur ville au moinent d'être détruite par 1^ 



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CUILLAUtCE III ET MABIE. 121 

eanon de l'ennemi , pressoient le gouverneur de capi- .- 
tuler, et le menacoient même d'ouvrir la ville aux as- *^ * 
siégeants. Il céda enfin, et obtint des conditions hono^ 
râbles. Guillaume, à la nouvelle de cet événement, 
retourna à La Haye, s^embarqua pour l'Angleterre , et 
larriva le i3 avril à White-hall, 



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LIVRE III. 

C(MMpii^atk|i4 décpHveple. -r^ I^e roi nomme aux évéchés va* 
can^s. — i Affaires d'Ecosse. — Campagne de Flandre. — 
Affaires du Piémont. — Élection d'un nouveau pape. — 
Succès de l'empereur contre les Turcs. — Affaires d'Ir- 
lande. — Les François et les Irlandois obtiennent une 
capitulation honorable. — Douze mille Irlandois catholi- 
ques romains sont transportés eu France, — assemblée 
du parlement. — Actes du parlement. — Mauvais succès 
des flottes angloise et holiandoise. — Le roi mécon- 
tente les presbytériens d'Ecosse. — Massacre de Glencoé. 

— Préparatifs en France pour une descente en Angle- 
terre. — Manifeste de Jacques. — Précautions prises par 
la reine pour défendre la nation. — L'n mirai Russel met 
de nouveau en mer. — Il remporte une victoire sur la 
flotte françoise. — Le roi de France prend Namur à la 
vue du roi Guillaume. — Défaite des alliés à Steinkerque. 

— Entreprise contre Dunkerque qui n'a pas de suites, 

— Peu de succès des alliés sur le Rhin. — Affaires de 
Hongrie. — Le duc de Hanovre créé électeur de l'empire» 

•"—"*"" Une conspiration contre le gouvernement avoit été 

^ ' découverte depuis peu. A la fin de décembre ^ un maître 

rationné- de vaisseau de Barking, en Essex , informa le marquis 

coayertc. ^j^ Caermarthen que sa femme avoit détaché un de ses 

bateaux pourtransporter en France quelques personnes 

qui dévoient s'embarquer à un jour qu'il indiquoit. Dès 

que cet avis fut communiqué au roi et au conseil, on 

ordonna au capitaine Billop de surveiller cette barque, 

et de s'assurer des passagers. Il la joignit à Gravesend, 

et trouva à bord le lord Preston , M. Ashton , un homme 

attaché au service de la deraière reine , et un nommé 



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0V1LLA17ME Iir ET MAAI8« Il3 

£Uiot. Il se saisit sur-le-champ d'un i>aquet de papiers, ^ 
dont une partie étoient inintelligibles» mais parmi les* 
quels se trouvèrent deu:& lettres qu on supposa écrites par 
Truner» é véque d*£ly» au it>i Jacques et àla reine, sonsdes 
noms empruntés. Le tout se réduisoit à des sollicitation» 
auprès du roi de France » afin de rengager à profiter de 
1 absence de QuiUauwe pour rétaUir le roi Jacques sur 
le trône, moyouiant certaines conditions; mais le com- 
plot étoit 9ial concerté « et soutenu seulement par un 
petit nombre de personnes de marqué, k la tête des- 
quelles étoient le comte de Clarendon, réwqued'Ély, 
le lord Preston, M. Graham, et le fkmeox quaker Penn,. 
liïonobstant les cris qui s'éloient élevés contre les sévé- 
ritésdu dernier gouvernement, Preaton et son complice 
Ashton furent jugés è la cour d'Old-JSmley, pour avoir 
comploté la mort de leurs majestés; et on précipita leur 
jugement , sans auoun égard aux pétitions quHls pré- 
sentèrent afin d'obtenir un délai. LordPreston allégua , 
dans sa défense, que le crime de trahison qu'on lui im- 
putoit n avoit pas été commis dans Je comté de IfSddle- 
sex , comme il étoit dit dans Tacte d'accusation ; qu*atr- 
cun des té«iQins n'avoit déclaré qu'il Iftt pour qu^ue 
^hose dans le louage de la barque ; que les papiers 
n'avoient pas été trouTés sur lui ; qu'il hïkÀt dent 
témoins dignes de foi pour chacun des fieiits, sans quoi 
toutes les charges contre lui se réduisoient à une res- 
semblance d'écriture et à une pmre supposition : il fut 
néanmoins jugé coupable. Ashton montra beaucoup de 
calme et d'intrépidité; i] convint qu'il avoit eu le projet 
de passer en France , tant pour acoom{dir une promesse 
faite au général Warden, qui, an lit de mort, l'a voit 
çpi»juré de s'y rendre , et d'y terminer quelques affaires 



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1^4 HfSTOinE d'ancleterre. 

"~— ^ importantes , que pour recouvrer une somme considé- 
^'' rable qui lui étoit due à lui-même. Il nia qu il eût pris 
connoissance des papiers saisis sur lui ; il se plai^it 
qu'on ne lui eût pas laissé le temps de préparer ses 
moyens de défense , et en appela à diverses personnes 
pour témoigner qu'il professoit la religion protestante 
avec une piété exen^laire et des moeurs sans reproche. 
On n'eut aucun égard à ces observations. Les juges le 
traitèrent avec dureté, et il fut déclaré coupable par le 
jury , pour avoir eu les papiers en sa garde. Cependant 
il n'étoit pas prouvé qu'il en eût eu connoissance ; et le 
parti même des wihgs avoit plusieurs fois établi que 
des papiers trouvés en la possession d'un individu 
étoient la plus foible de toutes les preuves qu'on pût 
faire valoir , personne ne pouvant être à l'abri d'un 
pareil danger. Ashton subit sa peine avec une noble 
résignation. Dans un papier quil remit au shérif, il 
convint de son attachement au roi Jacques , se déclara 
témoin de la naissance du prince de Galles , persista à 
nier qu'il eût eu connoissance des pajners en question, 
et se plaignit de la dureté des juges à son égard , en 
ajoutant qu'il leurpardonnoitpourl'amour de Dieu. Les 
non-assermentés honorèrent Ashton comme un martyr 
de la fidélité, et publièrent que son plus grand crime 
aux yeux du gouvernement étoit d'avoir eu en main 
des preuves évidentes de la naissance du prince de 
Galles , que beaucoup de gensxegardoient conome sup- 
posée. • Le lord Preston obtint sa grâce ; EUiot ne fot 
point mis en jugement , faute de preuves ; on envoya 
le comte de Glarendon à la Tour , d'où il sortit au bout 
' de quelques itiois , pour être confiné dans sa maison 
de campagne : faveur dont il fiit redevable au titre de 



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GtJltLAUME m ET MARIE. 125 

cousin^germain de la reine. L evêque d'Ély, Graham et ~ 

Penn se cachèrent, et il fut. publié une proclamation ^.' 
pour les arrêter comme traîtres. 

La participation de 1 evêque d'Ély aii complot four- j^ ^^j 
nit au roi un prétexte plausible de nommer aux évêcbés nomm« 
vacants. On avoit fait espérer aux évéqùes dépossédés évéch^s 
qu'on obtiendroit \in acte du parlement par lequel. ils ^«ca»^»' 
seroient dispensés des seritient&^ pourvu .qu'ils rem- 
plissent leurs fonctions épiscopales; Àiais ils décliné-* 
rent cet expédient, et le roi résolut de nommer à leurs 
places dès son retour de Hollande. En conséquence 
l'évêché de Cantorbery fut conféré au docteur ïillot- 
son , l'un des plus savants , des plus modérés et des plus 
vertueux ecclésiastiques de son^ temps. Tillotson, pré« 
voyant qu'il seroit exposé aux calomnies et à la haine 
du parti qui avoit embrassé la cause de son prédéces- 
seur, n'accepta qu'avec beaucoup de répugnance.. Le 
roi donna les autres sièges v£icants à des ministres, ir- 
réprochables , et l'on parut généralem^ent satisfait, de 
l'usage qu'il fai^oit de sa suprématie. Les évéques dé- 
possédés affectèrent d'abord ime entière résignation , 
se souvenant du cri qui s'étoit élevé en leiir faveur 
parmi le peuple lors de la persécution qu'ils; avpient 
éprouvée sôus le dernier gouvernement, et espérant la 
même consolation dans leur infortune actuelle; mais, 
quand ils virent la nation indifférente à leur égard , ils 
eurent recours aux argunfents et à la déclamation. Leur 
savoir et leur ressentiment se débordèrent dans une 
foule d'écrits imprimés , dont aucun ne fut laissé sans 
réponse par leurs adversaires. Les non-assermentéa 
soutenoient que le christianisme étoit la doctrine de, la 
croix '^ qu'aucun prétexte ne pouvoit justi&er le soul^ 



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1691 



iti6 NtStOUft t' AiiGLÈT tUkÈi 

' vement contre le souverain ; ils disoient que lés pi'ë' 
œiers chrétiens ^voient regardé comme un devoir de 
souffrir des attentats à leurs droits ; que là non-résis* 
tance étoit Ih doctrine de Tégiise anglîoané, confirmée 
par tomes les sanctions qui dérivoient des lois diiriae^ 
et hutnaioes. Leurs cidversaires non seulement soute- 
noient les droits naturels à tout botntne, et s*efiforçoient 
d'étabËT que lueage qû*on ftiisbit de la dot^trine de non-* 
l-éÂstaAce ne tendoit qu*à etciter de nouveaux trou* 
^les ; mais ils arguôient encore qM si Tobéissance pas- 
sive étoit d« droit en certaines occasions, elle devoit 
particuliôrement s'appliquer au goùvemement présent^ 
attendu que Vd^éisSance prescrite par rÉcritûre ^n^ lé 
texte suivant , les pùwoirs sanx étabUs de Dien j t/ue tmd 
hxfmme sok sùùmis aux pouyùirs ^ éfoit ind^nie , ils infé^ 
roient de ce texte que les nouveaux serments dévoient 
être prêtés sans scrupnle, prétendant que ceux qui 
les refusoient eachdient l'esprit de parti sous les vain» 
dehors d'un devoir de o^nsdence. Ces derniers répli^ 
quoient que eet ai^uttent détruisoit totites distinctions 
de joftice et tde devoir; que les défenseurs d'une telle 
doctrine ne considéroîent que la possession^ quelque 
injustement quelle eût pu être acquise ; que si vingt 
usurpateurs se suecédoient sur le trône, ils reconnut- 
troieut toujoiirs le dernier, sans égard aux serments 
solennels qu'ils auroienc prêtés à son prédéciesseur; ik 
nioient ensuite la justice des destitutions relativement 
aux liâfqneSy et fiifsoient, pour le gouvernement dc^ 
fé^ise^ les mentes distinctions de liroît et de fait qu'ila 
avuîeut d'abotid établies pour Fadministrâtion civile. Ils 
descendirent même jusqu'aux plus outrageantes invec- 
tives contre le docteur Tillotson et les autres tiouvemix 



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OtILLAUME III Et MARIÉ. li'f 

4véques , qu'ils traiioient d'intrus et d'usurpateurs. •*-*-;*— ^ 
Mais le principal objet de leur aversion étoit le docteur 
Sherlock y qui, après s'être montré l'un des plus ar- 
dvnts antagonistes de la révolution, avoit fini par 
prêter le sernent, dès que Jacques eut abandonné 
l'Irlande. Us le qualifioient d'apostat, et ils publièrent 
un examen de toute sa conduite, examen qui n'étoit 
cl'nn bout à l'autre qu'une violente satire. Des sentie 
neots de vengeance contre le gouvernement se mé- 
loient à leurs attaques contre les particuliers; et le 
grand but de leurs théologiens, comme de leurs po-* 
Kuques, étoit de saper les fondements du nouvel ordre 
de choses. Dans la vue de détadber le peuple du prince 
régnant, ils tournoient en ridicule }e caractère de ce der^ 
nier, ne cessoient d'invectiver contre ses mesures, et, 
«n l'accusant de sacrifier les intérêts de l'ÂDgleterre à 
ceux de son pays natal, êtablissoient d'odieuses com*' 
poraisons entne le dernier régne et le régne actuel^ 
sous le rapport- de la richesse, du commerce et des im-' 
pots. La cour, afin de déjouer les efihrts des mécon- 
tents ^ employoit les moyens de récriminatîan. On 
accueillit^ on encouragea toute espèce de denoadar 
teurs; dans une prodamation xcmtre les papistes, et 
autres individus peu fevorables au nouveau, roi, oo 
enjoignit à tous les magistrats de Caire des recherches^ 
et d'arrêter quiconque, par des discours ou des libelles 
séditieux, tent^roit de diffamer le gouvernement. Ce 
fut ainsi que les auteurs de la révolution commencèrent 
à se dédarer contm les mêmes arti^ces et les mêmes 
manoeuvres qui les avoient mis en état de Texécnter. 

La cottdnîte des prediiytériens d'Ecosse fut si dérai-^ Affaire» 
sotinahle, si tiolente, $i tyrannique, qu'elle les rendit 



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}â8 HlStailHE Û^ANGLÊTÈftRÈ; 

*' "' ' ■■ également odieux et méprisables. Leur assemblée Qene* 
^^* raie mit dans ses actes tant de dureté, de partialité et 
dmjustice, que le rdî fut obligé de la dissoudre , et en 
convoqua une nouvelle pour le mois de novembre dé 
Tannée suivante. Le parti épiscopal promit d'entrer 
avec sincérité dans les intérêts du nouveau gouverne- 
ment^ de contenir les montagnards^ et d'amener le 
clergé à feconnoitre et à servir le roi Guillafume, pour- 
vu que le pouvoir^de Melvil fût tellement contrebalancé 
qu'on pût être à l'abri de l'oppression, et qu'il fût per- 
mis aux ministres du parti épiscopal de remplir leur 
ministère auprès de ceux qui leur étoient attachés. Le 
roi, las des presbytériens, accéda à ces propositions^ 
et le jeune Dalrymple, fils du lord Stair, fut adjoint à 
Melvil en qualité de secrétaire d^état. Il entreprit de 
gagner la plupart des jacobites^ dont un grand nombre 
prêtèrent les serments ; mais ils n'en continuèrent pas 
moins leur correspondance avec la cour de Saint-Ger^ 
main^ et ce fut d'intelligence avec elle qu'ils se soumi- 
rent à Guillaume, afin de pouvoir servir Jacques plus 
efficacement^ Une proclamation ajourna le parlement 
d'Ecosse au 1 6 septembre. Des précautions furent prises 
pour prévenir toute communication dangereuse avec le 
continent; et un comité fut nommé pour mettre le 
royaume en état de défense, exercer l'autorité d'une 
régence, et s'assurer des ennemis du gouvernement ^ 
le comte de Home , sir Pierre Fraser et sir OEneas Mac- 

Campa- phersou furent en conséquence arrêtés et emprisonnés*. 

^ul^^ Guillaume n'eut pas plus tôt réglé les opérations d« 
la campagne survante en Irl9nde, où commandoit le 
général Ginckle, qu'il équipa sa flotte, en se procurant 
des matelots par la presse^ au grand préjudice du con^ 
mercer Alors, laissant de nouveau le gouvernement 



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ûtTiLtÂUMË ni tt MÀAiË. tng 

enti'e les m^ins de la reiile, il repassa en RoUandè) ■' '; 
accompagoé du lord Sidney, secrétaire d'état, ainsi que *^ * 
des comtes de Marlborougn et de Portland^ et commença 
ses préparatifs pour faire la catnpagne en personne. 
Le i3 mai le duc de Luxembourg » après avoir passé 
TEscaut, à la tête d'une nombreuse armée, s empara 
de Halle,.qu'il livra au pillage, à la vue des confédérés, 
obligés eux-mêmes de se tenir à couvert dans leurs re- 
tranchements. Le marquis de Boufflets, avec un corps 
UQmbreux, fit de son côté des retranchements devant 
Liège, dans le dessein de bombarder cette place. Guil- 
laume prit au commencement de juin le commande^ 
ment de Tarmée des alliés, qui avoit été si bien ren- 
foroée qu'elle se trouvoit alors supérieure à celle des 
ennemis. Il détacha aussitôt le comte de Tilly, avec dix 
miileihpmmes , pour aller au secours de Liège, horrible* 
ment endoinmagé par les bombes , le canon et les atta- 
ques réitérées de BoufBers, qui, à son approche, se re* 
tirasà Dinant. Dès que le siège eut été levé, Tilly jeta un 
corps de troupes dans Huy, et rejoignit ensuite Tarmée, 
encore grossie, depuis son déparé^ de six mille hommes 
de Brandebourg, et de dix mille Hessois, commandés 
parle landgrave en personne. La vigilance de Luxem- 
bourg fut telle que Guillaume ne put profiter de sa su- 
périorité. Inutilement il épuisa tout son art en mar-> 
ches , contre-marches , et stratagèmes de toute espèce > 
pour attirer Luxembourg à une action générale. Lé 
maréehal Tévita constamment avec une adresse qui dé- 
concerta tous ses efforts. Les deux armées furent deux 
fois en présence dans cette campagne, mais placées de 
manière que Tune ne pouvoit attaquer Tautre sans un 
désavantage manifeste. Pendaat que Guillaume étoit 

II. o 



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l3o aïStOiB.E »*ANGLÈTEâftï:. 

' campé à Court-sur-H^Ure, un soldat, gagné par Veh* 

^ ' nemiy mit le feU aux daéches de plusieurs bombes, doat 
TexplosioB eût £ait saater tout le magasin et. produit le 
plus graad desordre idaiis larmée, sans le courage et 
la présence d esprit de ceux qui étoîent confiais à la 
garde de Taftillerie. Au moment même où les mèches 
brûkâeiit y ils dégagèrent les chariots de ta Hgncf , et les< 
tournèrent vers une tiautèur, en sorte que la commu* 
nication du feu fut interceptée. L'auteur de cet atten-*' 
tat fut découvert ; il avoua qu'il avoit été séduit par k 
duc de Luxembourg, fut jugé par une cour martiale, ef 
subit la mart due a^x traîtres. Guillaume quitta Court'- 
sur-^Heure et demeura. <;ampé dans la plaine de Saint*^ 
Girard > jusqu'au 4 septembre ^ consumant les fourra- 
ges et épuisant lie pays. Il passa alors la Sambre, près 
de J^mmapeé, tafidi€| que «les François la passoient à 
Labussière» et jLe&deux ar^bées marchèreat vers En- 
ghien. L'ennemi, se voyant ^ près des confédérés, sê 
porta à Gramont, passa la Dendre, et s'établit danè 
un camp fortifié entre Ath et Oudenarde. Guillaume 
suivit la méiifte routQi^ ^ marqua le sien entre Atb el 
Lenze. Il teno^it cette position quand les troupes de 
Hesse et celles die Liège , au nombre d'environ dix-huit 
mille hommes ,y se séparèrent de l'année, et passèrent 
la Meuse à .^amur. Le m revint alors à La Haye, lais- 
sant le commandefuettt au prince de Waldeck, qui, le 
20 du mois, se mit gr marcbe vers Gandbnon. Luxem- 
b^urgy qui suivoit tous ses mouvements d'un œil atten* 
«if, réussit à l'attaquer si inopinément dans sa retraite > 
que son arrière-gjarde fut surpnse et battue; mais les 
François furent ensuite obligés de se retirer. Le prince 
continua sa Toute, et peu de temps après les deux a!> 



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GHttt^VMiS iU ET UAtlté t.3t 

liées prirepl: hur^fjornijen à*imer^ Bur ces eotneiaiieê ■ 
le duc dç STosiiile^ assiégea <et ptit Urgel «n Catalogne, ^^^' 
et uaç e&cacirp Françoise, mus les ordres dn oomte 
d'Ëslréos., booibaixlaitareeloiieetAlicaDt». 

Q96Â^tie les aH^féàété9 «Mdseot nésol* d'agir vîgou- Affairet 
DettS9ttei»t p0o)tneie9 Frasçc^ en Italie « la saison étoit p^^^^gt. 
déjà aV'aocée , sans qu ik Aisseai (en MMure de tenir la 
ciaaf)ûgiie« L'^ocapei^ur et r£sf>a^De éftoieBt oonveojus 
de fetfrnjir des tumpes <(ui pudseAt &e réunir an duc de 
Savoie. Les f)u4ssaaOes marilîaieB ^donAèrenft leur cpn* 
ti^geiU en .argent ; r^Ieolevr de Ba^^e fiât chargé du 
OQOWBaiideioent en chef des troupes impériales dans 
ce payis. lue m^f^qtiis ide Leganez, gouverneur du Mila-* 
aeis., a^it p^Mir le roi d'Espagne; Je duc de Scbomberg, 
fils du grand capkaiae qw .av(»t pendu la vie à la ba- 
taitte de |a fioy«e, et nOttvdHenieiit créé duc de Leins^ 
ter, nepr^enta Gtuîllauine , tant oomme roi d'Angle^ 
tarife qxie comwe stàtbouder, et conamanda un corps 
de Vaadoi^ à !u solde de TAngl^firre. Avant que les au»-» 
liaif^s aUemands fussent arrivés, les François avoient 
beau0oi:^.£^«té à leurs iConquétes.Catinat, après s'être 
emparé de Villefrandbe., et de iplusieurs autres forts , 
f6i Vittwa et Canna gncde, e( détacha le uiarquis de 
Feuquières >pour ûavestirConi, place très forte, et dé- 
fendue par une garnison de \^audais .et de François ré'- 
fugiés. Iieiluc de Satmie se trouvait réduit À >la<aEtuatioii 
la fi^&» i^^hduse. Presque toutes aes pjaœs étoient au 
pouvoir ilel ennemi ; €oni étoit assiégé; etLathoguette, 
marédial-de-camp françois , avoit .forcé ié passage .de la 
vaUée d'/Aoste , ensorte que le VerceUIois /et les confins* 
du Milaneasrlusi'éAoieiit ouverts. Turin fot menacé d'un 
bo<nbardeioent; le peuptle découragé jeloit de grsuids 

9' 



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lîi msToiBE d'angleterre. 

" '■ " cris ; et le souverain , de la hauteur de Montcallier, où 

" * il campoit avec sa petite armée, voyoit prendre ses 
places et détruire son palais de Rivoli. Le duc de 
Schomberg Fexhortoit à livrer bataille à Catinat , dont 
rarmec étoit alord diminuée par les détachements ; le 
prince Eugène appuyoit cet avis ; mais il fut vivement 
combattu par lé marquis de Leganez, qui craignoit , si 
le duc étoit défeit, que les ennemis n'entrassent sur le 
territoire de Milan. Cependant le prince Eugène, ayant 
entrepris de déHvrer Coni, se dirigea vers cette place 
avec un convoi escorté de deux mille cinq cents hom- 
mes de cavalerie, et fut renforcé à Magliano par cinq 
mille hommes de mihce. A son approche, Bulonde, qui 
commandoit au siège, se retira avec tant de précipita- 
tion qu'il laissa derrière lui plusieurs pièces de canon, 
une partie du bagage militaire et des provisions, ainsi 
que les malades et les blessés. Il n'eut pas plus tôt joint 
Catinat qu'il fut mis aux arrêts, et ensuite honteuse- 
ment cassé. La Hoguette abandonna la vallée d'Aoste; 
Feuquières fut envoyé avec un détachement pour rele- 
ver la garnison de Casai, et Catinat se retira avec son 
armée du coté de Villa-Nova-d'Aste. 
Élection Le ministre Louvois fut si affecté du mauvais 'succès 
nouveau ^^^ François devant Coni, qu'il ne put retenii* ses lar- 
paj»e. mes en portant cette nouvelle à Louis XIV, qui Tapprit 
avec beaucoup de calme. La retraite des François du 
Piémont eut une grande influence sur les délibérations 
du conclave assemblé pour l'élection d'un nouveau 
pape, à la place d'Alexandre VIII, mort au commen* 
cément de février. Malgré le crédit et les mouvements 
du parti françois , qui avoit pour chef le cardinal d*Es- 
trées, les Italiens, voyant les affaires du Piémont prenr 



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(HJ^LLAITME lïl ET MARHS. .l53 / 

<lre une meilleure tournure, firent cause commune avec — :~^ 
le parti, des Espagnols et des Impériaux ; et le cardinal 
Pignatelli, Napolitain^ fut élu souverain pontife* H prit 
]e nom d'Innocent , en mémoire du dernier pape de ce 
nom , dont il adopta toutes les maximes cpmre le mo^ 
narque francois. Lorsque rélecteur de Bavière arriva, 
.à la tète des auxiliaires allemands , les confédérés réso- 
lurent de livrer bataille à Catinat; mais le maréchal 
repassa le Pô, et dépéqha des courriers à Versailles 
pour demander un renfort- Alors le prince Eugène in- 
vestit Carmagnole, et le siège fut poussé avec tant de 
vigueur que la garnison capitula au bout de <Mize jours. 
Pendant ce temps le marquis d'Hocquincourt entreprit 
de se rendre maître de Montmélian. La ville se soumit 
sans résistance ; mais le château se défendit si bien que 
Catinat crut devoir y marcher en personne, et, malgré 
tous ses efforts, la place tint jusqu'au â décembre > 
qu elle se rendit à des <;onditions honorables. 

Il ne s^ passa cet été rien d'important sur le làhm. Succès do 
Les François voulurent surprendre Mayenocrau moyen reur^* 
d'une correspondance avec un des commissaires de contre les 

1, ' . , • /• 1 ^ î Turcs. 

1 empereur; mais leur tentative fut découverte, et le 
dessein échoua. L armée impériale, sous les ordres de 
rélecteur de Saxe, passa le Bhin, dans le voisinage de 
Manheim. De leur côté les François, Tayant passé à 
Philisbourg, réduisirent la ville de Portzhéim, dans le 
marquisat de Bade-Dourlach. La mort de Télecteiu- de 
Saxe, q^ui eut lieu le 2 septembre,, prévint Texécution 
du plan que lempereur ayoit formé pour cette campa- 
gne. Il fut plus heureux en Hongrie, où les- Turcs fu- 
rent complètement défaits , sur les bords du Danube ^ 
par le prince Louis de Bade. Les Impériaux assiégèrent 



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l34 HISTOIKE D'AîTÔLETltftRE, 

• ^nsuke Grand-Waradin en TransyWame j mais lé éiège 
'"U'î fut converti en blocus , et k place M se reodil qu'an 
printemps suivant : les Tnrâ» furent tetléfiient. déeoçH 
rages par leur défaite , qtii avoit coûté la vie à )ear 
grandrvisirf cpie Feiiipereiir aaroit p>ii faire la paix à 
des conditions très avanlageoses : mais sott orgueil et 
son ambition hii firent pousset les choses trop loin^ 
Foible, vain et superstitieux , il se flattoit que, la guerre 
d'Irlande étant près d'être terminée, )e i%î Gnitlatime, 
avec le reste des alliés, seroit en état sans lui d'abaisser 
la France, et que non seulement la Tr^msylvanie seroit 
entièrement conqtdse, mais qu'il poanroit même porter 
ses armes victorieosesjusqu'à Constantinople, confor- 
mément à je ne sais quelle prophétie ridicule, dont il 
repaissoit sa vanité. Le gouvemeinent espagnol étoit 
tombé dans une telle foibtesse, que, pour s'épargner 
les frais de la défense des Pays7Bas, il offrit de les 
céder au roi Guillaume, soit cc/mme roi d'Angleterre, 
soit comme stathouder des Provinces-Unies. Guillaume 
déclina cette offre , sachant bien que le peuple de cette 
contrée ne supporterait jatnais un gouvernement pro- 
testant; mais il proposa aux Espagnols de confîérer 
l'administration de la Flandre à l'électeur de Bavière , 
impatient de signaler son courage, et en^état, par ses 
troupes et son argent, de défendre le pays. Cette pro- 
position, agréée de la cour d'Espagne, fut transmise 
^ par Tempereur à l'électeur de Bavière, qui n'hésita pas 

à Taccepter, et qui fut aussitôt déclaré gouverneur des 
Pays-Bas par le conseil de Madrid. Guillaume, après 
son retour de l'armée, demeura quelque temps à La 
Haye pouV réguler le$ opérations de lai campagne sni-r 



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OtfILLAUME lil ET MARIE. l35 

vante, et s embarqua ensuite pour rApglctérre, où il — , 
arriva le 19 octobre. 

Avant den venir aux affaires du parlement, il egt Affair€ii 
nécessaire d'entrer dai|fcs le détail de ce qui a'éloit passé <1'1»^^»**«' 
en Irlande. Au €OiiiiQi0ncement de la «aison \e rxà de 
France aveât envoyé pour les Irlandois à Limerick un 
convoi considérable de provisions^ de musitioas et 
d'équipements, soua la conduite de M. de Saint-I^utb, 
qu^accompagnoient un assez grand novifare d'<»fBcters 
françois, munie de commission^ du roi Jacques, quoi- ' 
que d'ailleurs tous les ordres fussent donnés par Saint* 
Bpth , au nom de Louis XIV. Tyrconnel étoit arrivé, au 
mois de janvier, avec trois frégates et neuf vaisseaux 
chaînés de secours de même nature, san3 quoi les irlan. 
dois n'auroient pu rester si long- temps réunis. Ces se- 
cours ne les avoiént pas empêchés de former des bandes 
séparées qui pilloient le pays. Les lords justiciers, de 
concert avec le général Ginckle, avoient pris toutes 
/les mesures que pouvok suggérer la prudence pour 
apaiser les troubles de cette malheureuse contrée, et 
faire cesser les violences et les rapines dont les soldats 
de Guillaume n étoient pas entièrement innocents. Ils 
avoient publié des proclamations portant les peines les 
plus sévères contre quiconque soutiendroit ou recèle- 
roit les coupables. Ils promirent en même temps leur 
protection aux papistes qui vivroient paisiblement dans 
une étendue de pays déterminée ; et Ginckle notijBa aux 
catholiques quHl étoit autorisé à trs^iter avec eux , s'ils 
étoient disposés à rentrer dans le devoir. Avant que les 
armées se missent en campagne il y eut entre les diffé- 
rents partis plusieurs escarmouches, au grand désa^- 



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l36 HISTOIRE D'ANGLETERRE.' 

"^ — vantàge des Irlandois,' dont le courage fut presque 
^ * abattu 9 taxidis que celui des jLuglois augmentoît à pro- 
portion, 

Saint-Ruth et Ty rccmiiel furent joints par les diverses 
bandes; et le général Ginckie fïit de son côté renforcé 
par Mackay, à la tête des troupes qui avoient réduit les 
montagnards d'Ecosse, Au commencement de juin il se 
dirigea de MuUingar sur Ballyiâore, que tenoit une 
garnison commandée par le colonel Bourke. Ce dernier, 
«ommé de se rendre, fit une réponse évasive; mais, 
quand les assiégés virent la brèche ouverte et les pré* 
paratifs commencés pour un assaut général, ils mirent 
bas les armes, et se rendirent à discrétion. Ginckie, 
ayant fait réparer et augmenter les fortifications de 
Ballymore, y laissa une garnison, et s'avança contre 
Athlone, place située sur le Shannon, et soutenue par 
l'armée irlandoise, campée presque sous ses murs. La 
partie de la ville en-deçà de la rivière, c'est-à-dire la 
ville angloise, fut emportée l'épée à la main, et l'en" 
nemi rompit dans sa retraite une arche du pont. Des 
batteries furent élevées contre l'autre partie, dite là 
ville irlandoise, et l'on fit plusieurs tentatives infruc- 
tueuses pour forcer le passage du pont, qui fut très 
"bien défendu. Il fut alors arrêté, dans un conseil de 
guerre, qu'un détachementpasseroit à gué, un peu au- 
dessus de la partie gauche du pont, quoique la rivière 
fût à*la-(fois profonde et rapide, que le fond en fût fan- 
geux et rocailleux, et que cet endroit fût gardé par un 
bastion; Ginckie mettoit sa principale espérance dans 
soixante grenadiers à cheval, munis d'une forte ar- 
mure, et conduits par le capitaine Sandys et deux lieu^ 
tenants. Ils étoient secondés par un autre détachement j^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. iSy 

et soutenus par six bataillons d'infanterie. Jamais en-; 
tre'prise plus hasardeuse ne fut exécutée avec plus de 
valeur. Ces braves passèrent sur vingt de front , en face 
de Tennemi, et à travers une grêle de balles, de bou- 
lets et de grenades. Ceux qui les suivoient s'emparèrent 
du pont, et jetèrent des madriers sur l'arche rompue*; 
des pontons furent établis en même temps pour que 
l'armée passât en plusieurs endroits. Les Irlandois, in- 
terdits, confondus, abandonnèrent la place, qui , en une 
demi-heure, tomba au pouvoir des' Anglois, sans que 
ces derniers eussent perdu plus de cinquante hommes 
dan» l'attaque. Mackay, Tetteau et Ptolemache firent 
preuve du plus .grand courage en traversant la rivière; 
et le titre de comte d'Athlone fiit la récompense de 
la conduite, de l'intrépidité et du suocès du générai 
Ginckle dans cette circonstance. / 

iiorsque Saint -Ruth fut averti par un exprès que tes 
Anglois étoient entrés dans la rivière, il refusa de ie 
croire, et Sarsfield insistant sur l'exactitude de cet avis, 
et le pressant d'envoyer du secours à la ville, il se 
mocqua des craintes de cet officier. Quand il ne put 
douter que les Anglois ne fussent maîtres de la place, 
il envoya quelques détachements pour tâcher de la re- 
prendre ; mais le canon de leurs propres ouvrages fut 
tourné contre eux; et l'entreprise ayant été jugée im- 
praticable, l'armée irlandcûse décampa la même nuit. 
3aint-Ruth, après une marche de dix milles,, prit poste 
à Aghrim; et dès qu'il eut augmenté son armée de 
vingt-cinq mille hommes tirés des garnisons , il résolut 
de hasarder une action décisive. 

Ginckle, ayant mis Athlone en état de défense, passa 
^ le Shaonon, et marcha contre l'ennemi aipc la résolu- 



ICÇ)!. 



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l38 HISTOIRE DANGLETEtBE. 



■"~~"~" tion de livrei' bataille, quoique ses forces ne s eleva»- 
^^'' sent pas au-dessus de dix-huit mille hommes , et que 
les Irlandois occupassent Une portion très avantageuse. 
Saint-Buth fit d admirables dispositions, et prit toutes 
les précautions que peut suggérer Thabileté miUtaire. 
Son centre s'étendoit le long d'un terrain élevé, inégal 
en plusieurs endroits^ entrecoupé de hauteurs et de 
fossés, avec des lignes de communication, et protégé 
en avant par une large fondrière presque impraticable. 
Sa droite étoit fortifiée par des retranchements, et sa 
gauche défendue par le château d'Aghrim. Il adressa à 
ses troupes la harangue la plus propre à les animer, 
conjura les Irlandois de déployer tout leur courage 
pour la défense de leur sainte rehgion , TextirpaticNa de 
rhérésie , le recouvrement de leurs domaines et de leurs 
biens, et le rétablissement d'un roi plein de piété, dé^ 
trôné par un usurpateur étranger à tout sentiment na- 
turel. Il fit appuyer ses exhortations par les prêtres, 
qui promirent les prières de leglise et les récompenses 
du ciel à ceux qui périroient dans le combat. On pré* 
tend même que les soldats jurèrent sur reucharistie de 
ne point abandonner leurs drapeaux , et qu'il leur fiit 
prescrit de ne faire aucun quartier aux François béré*- 
tiques de larmée du prince d'Orange. Ginckle s^étoit 
campé du côté de Roscommon, sur la rivière Suc, à 
environ trois milles des ennemis. Après avoir recomtn 
leur position il résolut, sur l'avis du conseil de guerre, 
de les attaquer le dimanche 12 juillet. L'armée ayant 
passé la rivière à deux gués différents, et sur un pont 
de pierre, s'avança au bord de la grande fondrière, et 
mit près de deux heures à forcer le passage, afin de 
^emparer dm terrain qui étoit au<delà. L'ennemi com- 



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\ 

GritLAUJiifE III ^T MARIK. l3() 

bdttit avec fureuF, et la cavalerie fut plusieurs fois " 
repoussée, Etifi», a'Vec le secours de qi^elques pièces 
de camp^ne, on pénétra par la droite. Le jour éfilt 
alors si avancé que le général étoit disposé à remettre 
le combat au lendemain , lorsqu'il remarqua parmi les 
ennenais quelques mouvements qui lui firent craindre 
qu'ils ne décampassent pendant la nuit : il ordonna 
donc de reprendre lattaque. A six heures du soir Taile 
Ipmche angloise se dirigea contre la droite des Irlan- 
dois, qui la reçurent avec tai>t de vigueur que ce ne fut 
que par des prodiges de courage et de persévérance 
qu'elle put les faire plier; encore ne reculèrent-ils que 
pas à pas, Sairït-Huth les voyant en danger d'être rom* 
pns, détacha, pour les soutenir, des troupes de l'aile 
gauche et du centre, que Mackay ne vit pas plus tôt 
dégarnis qu'il ordonna à ti'ois bataillons d'aller les atta- 
quer par la gauche, pendant que le centre avançoit à 
travers le marais, où les soldats ne pouvwent marcher 
qu'enfoncés dans la vase. Après avoir atteint l'autre 
bord ils furent obligés de gravir une hauteur hérissée 
de haies, coupée de fossés, et défendue par des mous- 
quetaires, que soutenoient encore, en plusieurs en- 
droits, des escadrons de cavalerie. La résistance des 
Iriandois fut si acharnée, que les assaillants furent 
repoussés jusqu'au milieu de la fondrière, avec une 
perte considérable; ce qui fit dire à Saint-Buth : Je 
pousserai les Anglais jusqvLoux portés de Dublin, Dans 
ce moment critique , Ptolémache s'avança avec un corps 
de troupes fraîches pour les soutenir, rallia les batail- 
lons rompus, et recommença la charge avec une telle 
impétuosité que les Iriandois reculèrent à leur tour, et 
(|ue les Anglois regagnèrent le terrain qu'ils avoien(. 



1G91 



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i4o msToiRE d'Angleterre. 

"~" — - perdu , mais sans qu'il leur fût possible de pousser plus 
^ ' loin leur avantage. Mackay, à la tête d'un corps 4® 
cÉvalerie et de dragons, marcha pour seconder l'aile 
gauche, et commença à faire pencher la victoire en 
faveur des Anglois. Le major-général Rouvigny, qui 
avoit déployé la plus grande valeur pendant toute l'ac- 
tion, s'avança avec cinq régiments de cavalerie pour 
soutenir le centre; et Saint -Butb,. qui comprit son 
dessein, se disposa à tomber sur lui dans un chemin 
creux et fort dangereux, qu'il étoit obligé de passer; 
mais il commençoit à peine à descendre de la hauteur 
/ de Kircommodon, avec toute sa réserve de cavalerie, 
lorsqu'il fut tué d'un boulet de canon : , ses troupes 
firent aussitôt halte. Cette perte jeta les soldats dans 
un tel découragement, et produisit une telle confusion 
que Sarsfield ne put ramener J'ordre, quoiqu'il eût part 
au commandement : depuis qu'il avoit été en opposi* 
tion avec Saint-Ruth pour l'affaire d'Athlone, ce géné- 
ral lui laissoit ignorer ses plans. Rouvigny, ayant passé 
le chemin creux sans obstacle, chargea l'ennemi en 
flanc, et le fit reculer à grands pas ; le centre, redou* 
blant d'efforts, poussa les Irlandois jusqu'au sommet 
de la hauteur; et toute leur ligne étant rompue à-la-fois 
à la droite et à la gauche, ils jetèrent enfin leurs armés. 
L'infanterie prit la fuite à travers un marais, et la ca- 
valerie se dirigea vers les hauteurs de Lougbneagh. Les 
uns et les autres furent poi^rsui vis, l'espace de quatre 
milles, par la cavalerie angloise, qui en fit un horrible 
carnage. Il y eut, tant dans le combat que dans la 
poursuite, plus de quatre mille hommes de tués, et six 
cents de pris, avec tout le bagage, les munitions, l'ar- 
tillerie, les provisions^ xm grand nombre d'étendards, 



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GUILLAUME III ET MÂRIE< l4l 

et presque toutes les armes de Finfanterie. En un mot ' 
la victoire fut décisive*, et ne coûta pas aux Anglois 
plus de huit cents hommes. Les vaincus arrivèrent daiis 
le plus grand désordre à Limerick, où ils prirent le 
parti.de s'arrêter, dans Tespoird'y recevoir de France 
des secours assez considérables pour rétablir leurs af^ 
faires , ou leur faire obtenir des conditions avantageuses 
du roi d'Angleterre. Ce fut là que Tyrconnel mourut de 
désespoir, après avoir survécu à son autorité et à sa 
réputation. Il s'étoit attiré le mépris des François et laî, 
haine des Irlandois, pour avoir conseillé à ceux-ci de 
se soumettre au dernier gouvernement, plutôt que 
d'achever de se perdre eux et leurs familles. 

Aussitôt après cette bataille, des détachements fu- 
rent envoyés pour réduire Portumny, Botinachar, et 
Moorcastle, points importants sur le Shannon. Dè^ 
qu'on s'en fiit emparé, Ginckle s'avança vers Galway, . 
et somma la place de se rendre. Le lord Dillon et le gé- 
néral d'Ussone, qui commandoient la garnison, lui ré- 
pondirent par un défi. Ginckle fit aussitôt ouvrir la 
tranchée ; on emporta d'assaut un fort qui dominoit les 
approches de la ville; six régiments d'infanterie et qua- 
tre escadrons de cavalerie passèrent la rivière sur des 
pontons : quand le gouverneur vit la place investie de 
tous côtés, il se décida à capituler. La garnison sortit 
avec tous les honneurs de la guerre, et un sauf-conduit 
pour Limerick. 

: Ginckle se. dirigea vers cette dernière ville, le seul 
poste important qui restât au roi Jacques. Il fit halte à 
quatre milles de la place, jusqu'à ce qu^ le gros canon 
arrivât d'Athlone. . Instruit que Lutterel, pour avoir 
proposé de se rendre, a voit été arrêté par les ordres du 



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J%l. 



géDéral françois d'U-ssoDe, et condamné à être ftisillé^ 
U fit déclarer au coBunandant , par un trompette , que , 
91 quelqu^un étoit mis à mort p&ur une propostioa de 
cette Batttre^ il .useroit de r^ré6aiUes sur les prison-^ 
BÎers irlandois. Le 25 août on délogea Veniuaoài de tous 
les postes avancés. Le cs^taine Cole, avec une esca- 
dre, remonta le ShanDou et fit jeter Tancre à ses fré* 
gâtes y à la vue de la viUe. Les batteries comaencèreKit 
i jouçr ie .2<$> et il fut foraié une ligne de contre-» 
TàUattim : Tarmée irlaodoôse étott alors campée de 
r.autre cété de la rivière^ dotiit les gués étoient gardés 
par qsKiatiFe régiments de dra^onrs. La viUe étoit près-" 
que ruinée par les bombes, et 1 artillerie avoit fait de 
larges bnêches, lorsque toutnà-coup «on démonta Jes 
canons, on évacua les fmts extérieurs, et Ton fit d'au-« 
très mouvements qui semUoient aninosicer la résolii- 
tion de jever le siège. La joie des ennemis éclata par 
de grandes acdamations ; mais elle ne £uit pas de loa^ 
gue durée : dans la D%»t les assiégeants se mirent à 
jicter un pont de bateaux sur la rivière^ à un mille 
au-dessus du camp, et 1 -ouvrage fut terminé a^ant 
le jour. "Quand Talarme £m donoiée aux Irland^s, un 
corps nombreux de cavalerie et d'infanterie était déjà 
passé. Us furent saisis d'une telle coustemation qu*i}^ 
jetèrent leurs armes et prirent ladite, abismdonHant 
leurs tentes, leur baga|^,, >deux piéoes de canon «et un 
étendard. Alors on rapprocha le pont de tbatoaux delà 
ville, et ^n le fortifia; «on s'assura de teus les gués 
et de tous les ^passages ; et lies i>atteries coiitiauèrecit 
leur feu sans nslàclie jusqu'au ^Jt du mnevs , où Oinckle 
' pnssa la rivière avec une division de i armée et -deux 
pièces de canon. Vers quatre iienres après «ndi, les 



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(GUILLAUME m ET MARIE. i0 

Ibrts qai cMMUâiiidoieQt le pcmt de Thomond furent ~ 
attaqués par les grenadiers, et emportés lepée à la 
main, après la résisU&çe la plas obstinée. Une partie 
die là garnison de la ville a voit fait une sortie pour les 
SQàitenir; mais elle fut repoussée avec tant d'impétuo^ 
site que Tofificier françois qui commandoit le cété par 
où eue devoit rentrer, craignant que les Angtois ne pé-^ 
0é<rasseiit péle^méle avec les fuyards, fit lever le pont 
et laissa sânsi s«b propres soldats à la merci de Tennemî 
i^ictofieux, qui en tua six cents, et en fit deux cents 
piisonnieits : un. graad nombre d'autres périrent dans 
ieSfaaiiQon. 

Alors les Anglois firent un logement à dix pas du LesFran- 
pont, et les Iriandois, se voyant investis de toutes friandoU 
parts, prircflat le patti de capituler. Le général Sars- obtien- 
field et 4e colonel Waliop firent notifier cette déter- "apitula- 
minatioa à Scravenmore et à fiouvigny : des otages tion,ho- 
Aireat anssitét échdh^és; la négociation s'ouvrit, et 
les hostilités cessèrent des deux côtés de la rivière. Les 
lords justiciers arrivèrent au camp le premier octobre ; 
la capitulaivon fut st|;née «t €xé(»tée le 4 » et on Tétendit 
è toutes les places du royaume que tenoient encore les 
irlandois. On assnra aux catlx^liqùes romains, pour 
l^^xeroice de leur religion, autant de liberté que les lois 
^ Tlrlande en comportoient, et qu^ils en avoient eu 
sbus le régne de Charles IL Tout citoyen, sans -distinc-^ 
lion^ fut a{^lé à jouir de la protection des lois et réin- 
tégré dans ses biens et privilèges , sous la condition de 
ae sounettre au gouvernement actuel, et de prêter 
serment de£délité au roi Guillamne et à la reine Marie* 
Ob excepta néanmoins certains individus condamnés à 
la GCMKSfisï^tioii de leurs biens ou à Texil. Le bénéfice de 



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l44 HISTOIRE d'aNGLET£BRE4 

"^ cette partie de la capitulation fut étëadu à tous le* 

^ ' marchands de Limerick et des autres places, se trcm* 
vaut en pays étrangers et n'ayant pas porté les armes 
" depuis la déclaratioii de la première année du régne 
actuel, pourvu qu'ils fussent de retour dans un délai 
de huit mois. Toutes les personnes comprises dans cet 
article et les précédents furent déchargées, par un par- 
don général, de toute poursuite, arrêt, ou accusation^ 
pour quelque motif que ce pût être, à dater du com*- 
mencement du régne de Jacques IL Afin de calmer la 
violence de Tesprit de parti, et d'éteindre les animo- 
sites particulières, il fut convenu que personne de part 
et d'autre ne seroit attaqué ou poursuivi en justice pour 
aucun délit antérieur, et ne seroit comptable pour au*^ 
cune rente, terre, ou maison dont il auroit joui depuis 
le commencement de la guerre. Chaque seigneur et 
|[entilhomme , compris dans ces mêmes articles, fut 
autorisé à garder une épée, un^ paire de pistolets, et 
un fusil, pour sa défense ou son amusement. Il fut 
permis aux habitants de Limerick et des autres places 
d'emporter leurs effets et d'emmener leurs bestiaux, 
sans être assujettis à aucune recherche ou visite, ni au 
paiement d'aucun droit. Les lords justiciers promirent 
de faire en sorte que tout individu admis au bénéfice de 
cette capitulation fût protégé pendant huit mois contre 
tout arrêt et exécution pour dettes ou dommages. Us 
s'engagèrent enfin à faire ratifier les divers articles par 
leurs majestés, dans le même délai de huit mois, et à 
fair^ tous leurs efforts pour qu'ils fussent également 
ratifiés et confirmés par le parlement. Un autre article 
avoit pour objet d'indemniser le colonel Jean Brown, 
V dont les biens avoient été saisis et affectés au service 



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GUILLAUME III ET MARIE; l4^ 

de Tàrméè irlandoise parTyrconnel et Sarsfield, quij ' 

nouvellement créé lord Lucan par le roi Jacques, fut ^ * 
alors désigné sous c6 titrer On accorda à tout individu 
la liberté de se retirer avec sa famille et ses effets où 
bon lui sembleroit, TAngleterre et TÉcosse exceptées; 
Les officiers et les soldats au service de Jacques, qui 
voudroient passer la mer^ furent autorisés à marcher 
en corps jusqu'au lieu de leur embarquement, pour 
être transportés sur le continent avec les officiers et • 
soldats françois. On leur fournit des passeports et des 
voitures par eau et par terre; et le général Ginckle 
«'engagea de plus à mettre, au besoin , à leur disposi- 
tion soixante -dix bâtiments de transport, avec deux 
frégates d'escorte. Il fut stipulé que les provisions et le 
fourrage qu'on leur avanceroit seroient. payés à leui' 
arrivée en France, et qu'il seroit donné des otages, 
comme garantie de ce paiement, ainsi que du retour 
des vaisseaux ; que toutes les gariiisons sortiroient , avec 
les honneurs de la guerre , de leurs places et forteresses 
respectives; que les Irlanddis pourroient transporter 
neuf cents chevaux , et que ceux qui aimeroient mieux 
demeurer pourroient librement disposer de leurs per- 
'sorines, après avoir reinis leurs armes à des commis- 
saires nommés à cet effet; que tous les prisonniers de , 
guerre, de part et d'autre, seroient mis en liberté ; que 
deux bâtiments seroient fournis par le général pour 
conduire eii France deux personnes différentes char-/ 
gées de la notification de ce traité ; et qu'aucun de ceux 
qui voudroient sortir du. royaume n'y seroit retenil; 
pour dettes, ni pour aucun autre prétexte. 

Telle est la substance de ce fameux traité de Lime^ 
rick^ CQnsidéré dès lors par les Irlandoiç catholiques» 



II. to 



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tiS I IHSTO ^E D^ANGLlrTERRÊ. 

romains comme la grande charte de leurs libertés d'* 
■**0* viles et religieuses» La ville de Limerick fut remise à 
Ginckle : mais il tut convenu que les deux armées res* 
teroient dans leurs retranchements jusqu'à rembar- 
quement des Irlandois , afin de prévenir tout désordre 
qui auroit pu résulter de la communication. 
Douze Ces concessions, faites à des rebelles vaincus et cou- 
ïancTois' P^blcs de tant de rapines et de cruautés, déplurent 
c:itholi- extrêmement aux protestants d'Irlande, qui se plaigni- 
^m^ins ''ent d'être négligés, et de n être pas dédommagés de 
sont leurs pertes, eux qui avoient tout souffert pour leur 

transpor- ^ , , • ^ «ii j* 

tes en fidélité au roi Guillaume, tandis que lety^s ennemis, 
itviisàce. Jqjj|. l'opposition au gouvernement avoit fait répandre 
tant de sang, se trouvoient déchargés et même favo- 
risés, avec une complaisance toute particulière, par 
les articles de la capitulation : ils étoient renvoyés avec: 
les honneurs de la guerre, et transportés aux frais duf 
gouvernement pour aller combattre contre lui dans le» 
pays étrangers ; ceux qui avoient fait partie des bandes ^ 
véritables brigands de profession, étoient traités hono- 
rablemant; le catholicisme, en Irlande, pbtenoit la 
sanction royale; enfi^n, par cette capitulation, on ne 
tenoit aucun compte des actes à'attainder, on annuloit 
les confiscations, ou étendoit les grâces, on laissoit le» 
lois sans vigueur. 

Guillaume avoit donné ordre à Ginckle de mettre un 
terme à la guerre y à quelque prix que ce fût, afin de 
pouvoir porter toute son attention et toutes ses forces 
»ur les affaires du continent. A peine eut-on signé les? 
articles, et échangé les otages, pour en garantir lexé- 
cution, qu'environ deux mille hommes de l'infanterie 
ii^l^idoise, et trois cents de la cavalerie se mirent en 



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élTILtAû^tE III ET MA4iïÉi t^? 

mardbé vers Gork, résolus de s'y embarquer pour la • 
France, sous la conduite de Sarsfield : mais trois régi- 
ments, ne voulant pas quitter le royaume, remirent 
leurs armes, et les soldats se dispersèrent et regagnè- 
rent chacun leur premier domicile. Ceux qui restèrent 
à Limerick s'embarquèrent le 7 novembre pour la 
France, sur dès bâtiments de transport de cette nation^ 
et sous l'escorte d'une escadre Françoise , qui étoit arri-* 
Vée dans la baie de Dangle, aussitôt après que la càpi* 
tulation eut été signée^ Douze mille hommes aimèrent 
mieux s'exiler de leur patrie que de se soumettre au gou^ 
Vernement de Guillauiue. Ils reçurent à leur abord en 
France une lettre de félicitation du roi Jacques, qui, en 
les remerciant de leur fidélité, leur assuroit qu'ils ser- 
viroient toujours soîis sa direction, et leur annonçoit 
que le roi de France avoit déjà donné ses ordres pour 
qu'ils fussent équipés et casernes» 

La réduction de l'Irlande ainsi consommée , GincWe 
revint en Angleterre , où il reçut les remerciements so- 
lennels des communes pour ses grands services. Quand 
le parlement s'ouvrit le 22 octobre, le roi, dans son 
discours , insista sur la nécessité de mettre en mer une 
puissante flotte, dès que la saison le permettroit, et 
d*entretenir uile armée considérable, tant pour atta- 
quer l'ennemi au-dehors , que pour mettre le royaume 
à l'abri dé toute insulte et de toute invasion. Il ajouta 
que soixante-cinq mille hommes suffiroient à peine à 
remplir ce double objet. Les deux chambres présentè- 
rent chacune au monarque une adresse de félicitation 
sur son heureux retour en Angleterre , et sur la réduc- 
tion de l'Irlande. Elles promirent de l'aider de tous 
leurs moyens à poursuivre la guerre contre la France* 



169K 



Asstm'i 
blée du 
parle- 
ment. 



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l^S HISTOIRC d'aNGLBTERRBv 

■'"' ^ ■* " * Elles témoignèrent en même temps à la reine par d^aiH 
109 ïi très adresses leur reconnoissance de sa sage adminis- 
tration en labsence du roi. Malgré cette apparence de 
cordialité et de complaisance à l'égard de Guillaume , 
un esprit de mécontentement s'étoit insinué dans les 
deux chambres , et se trouvoit partagé par Une grande 
partie de la nation. 

Beaucoup de citoyens amis de la patrie ne pouvoient 
voir sans inquiétude et sans ressentiment Tintérêt de 
la nation sacrifié à des affections étrangères ^ et les^ 
HoUandois favorisés avec tant de partialité par le roi 
Guillaume y au préjudice de ses sujets d'Angleterre. Ils 
observoientque ce prince demandait un bien plus grand 
nombre de troupes que l'État n'en a voit jamais entre- 
tenu même dans ses dangers les plus imminents; qu'au 
lieu de coopérer comme alliés à la guerre du continent, 
les Anglois y jouoient le principal rôle, et en portoient 
le plus lourd fardeau, quoique ne devant en retirer que 
le moindre profit. Ils allèrent jusqu'à insinuer qu'une 
telle armée paroissoit plutôt destinée à rendre Guil- 
laume absolu au-dedans qu'à le rendre formidable au- 
dehors, et les partisans secrets du dernier roi ne man- 
quèrent pas d'appuyer ces insinuations. Us appelèrent 
de nouveau l'attention sur ce qu'il y avoit de déplaisant 
dans le caractère de Guillaume, faisant ressortir son 
qrgueilleuse réserve, son humeur taciturne et impé- 
rieuse, et sa basse ingratitude , particulièrement en- 
vers le comte de Marlborough , qu'il avoit dépouillé de 
tous ses emplois , au moment même où. il yenoit de lui 
rendre en Irlande les services les plus signalés. On at-. 
tribuoit la disgrâce de ce dernier , tant à la liberté avec 
laquelle il s'étoit plaint du peu de cas que le roi faisoit 



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StJILLAUME IIÏ ET MAKIE. 149 

de ses services , qu'aux intrigues de sa femme , qui " 
avoi^, disoit-on, profité de son ascendant sur la prin- 
cesse Anne de Danemarck pour fomenter la mésintel- 
ligence entre les deux sœurs. Les mécontents du paiti 
des whigs , furieux de voir décliner leur crédit à la cour , 
unissoient leurs cris à ceux ^es jacobites contre le gou- 
vernement. Ils disoient hautement qu on se livroit à 
une indigne pratique de Fart de la corruption , pour 
s'assurer la majorité dans le parlement ; que le roi étoit 
plus jaloux de sa prérogative qu^aucun de ses prédé- 
cesseurs , et qu'il n'avoit même pas craint d'admettre 
des jacobites dans le conseil, paroequ'ils étoient les 
meilleurs instruments du pouvoir arbitraire. €e dernier 
reproche faisoît allusion aux comtes de Rochester et àe 
Ranelagh , qui , avec sir Edouard Seymour , venoient 
d'être appelés au conseil privé du roi. Rochester avoit 
de grandes idées de l'autorité royale , et la sévérité étoit 
à ses yeîix un des plus puissants ressorts du gouverne- 
ment. Avec beaucoup de capacité, il avoit un caractère 
violent et une grande inflexibilité de principes. Rane- 
lagh, hbmme spirituel et ami du plaisir, étoit doué de 
l'adresse la plus insinuante , et capable de traiter les 
affaires les plus graves au sein des voluptés et de la dé- 
bauche. Il avoit administré les revenus d'Irlande sous 
le régne de Charles II , et rempli la place de trésorier- 
général de l'armée sous Jacques II , place qu'il avoit 
conservée sous le gouvernement de Guillaume. Si^ 
Edouard Seymour étoit Thomme le plus fier des com- 
munes d'Angleterre, et Torateur le plus hardi qui ja- 
mais eût occupé la tribune. Il avoit une profonde con- 
noissance de la chambre , et savoit si bien pénétrer 
phaqae membre en particulier qu'il prévoyoit d'abord 



i%a. 



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i5o HiSTOïKE d*angleterre;, 

'-"T^ — l'issue d*une motion. Il s etoit opposé à la cour avec 
^ ' acharnement . et avoit même mis en question la vali- 
dité du titre du roi , dont il ayoit en méipe temps cen^ 
sure la Conduite et critiqué le caractère; ce qui n em- 
pêcha pas ce priqce d'en faire son prosélyte , et de 
l'appeler au trésor. 
Actes du Les communes votèrent trois millions quatre cent 
P^"^*^" onze mille six cent soixante-quinze livres sterling , pour 
le service de l'année suivante. Mais on différa de déter- 
miner sur quels fonds seroitlmputée cette dépense , et 
ce retard fut causé en partie par la mauvaise humeur 
de l'opposition , en partie par les affaires qui vinrent 
détourner l'attention des communes. Les principaux 
négociants présentèrent à la chambre une pétition 
contre la compagnie des Indes orientales , qu'ils accu- 
soient d'abus manifestes , et qui elle-même se défendit 
par une autre pétition. L'examen de l'affaire fut ren- 
voyé à nn comité. Après une recherche scrupuleuse sur 
la nature et le sujet des plaintes , on vota certains rè- 
glements relatifs aux actions et au trafic, avec une 
adresse à sa majesté pour que , conformément à ces 
règlements , la compagnie des Indes fût constituée par 
une charte. Le comité fut chargé de rédiger un bill à cet 
effet: mais diverses pétitions combattirent cette me- 
sure; et les réponses de la compagnie n'ayant pas été 
trouvées satisfaisantes , la chambre demanda au roi son 
abolition, avec une charte pour une nouvelle compar 
gnie. Guillaume répondit qu'une telle affaire intéres^ 
soit le royaume, qu'il vouloit en faire l'objet d'un exa- 
men particulier, et qu'il ne tarder oit pas à donner une 
réponse positive. L'attention du parlement fut aussi 
détournée par une prétendue conspiration des papist^fti 



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GUILLAUME ÏÏI ET MARIE. l5l 

dans le comté de Laiicaster, tendante à exciter un sou- 7"^ 

lO03J« 

lévement et à rétablir Jacques sur le trône- On arrêta 
quelques personnes, et Ton confronta quelques témoins ; 
mais rien de positif ne vint justifier cette information. 
Enfin un nommé FuUer, prisonnier du banc-^du-roi , 
ayant offert son témoignage , fut conduit à la barre des 
communes y où il produisit quelques papiers. Il ob- 
tint des passeports en blaac pour deux personnes , 
qui, disoit-il, viéndroient du continent faire leur dé- 
position. Interrogé ensuite en particulier, il affirma 
que ces deux témoins étoient le colonel Thomas Déla- 
vai, et Jacques Hayes. On fit en conséquence des re- 
cherches, dont le résultat fut que les deux personnes 
désignées n'existoient point. Fuller, déclaré par les corn» 
munes imposteur avéré et faux accusateur, fut, à la 
requête de la chambre, poursuivi par le procureur-gé- 
néral, et condamnera être attadhé au pilori, sentence 
qui fut mise à exécution. ' 

Un bill relatif aux procès pour cause de haute-trahi- 
son étoit resté sur le bureau à la chambre des lords , 
dans la session précédente. Présenté de nouveau dans 
celle-ci , il passa à la chambre-basse. Ce bill , dcmt lobjet 
étoit de mettre les citoyens à Tabri des rigueurs aux- 
quelles ils a voient été assujettis sous les derniers régnes , 
portoit qu'il seroit donné au prisonnier copie de son 
accusation et de la liste de ses juges, dix jours avant 
l'instruction de l'affaire, et que les témoins à décharge 
seroient interrogés sur serment, aussi bien que les té- 
moins en faveur de la couronne. Les lords ajoutèrent 
une clause portant que, dans tout procès intenté contre 
un pair ou la femme d un pair, pour cause de trahison 
ou de complicité de trahison ^ tous les pairs ayant 



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l6t^ HISTOIRE d'aNOLETERRE. 

^^ séance et voix en parlement seroient duement sommés 

1ÔQ2. 

^ ' d assister au procès , assignation qui auroit lieu vingt 
jours avant l'instruction , et que tout pair ainsi assigné 
et présent au procès y donnerait sa voix. L'amende- 
ment fut rejeté par les communes , et il y eut à ce sujet 
des conférences. Ce point fut discuté de part et d'autre 
avec une vivacité qui ne fit que rendre chaque parti 
plus opiniâtre dans son opinion. Après trois conféren- 
ces sans résultat, le bill fut rejeté, les communes ai- 
mant encore mieux supporter les abus dont elles se 
plaignoient, que de les réformer en accordant aux lords 
un nouveau privilège , et les lords de leur côté ne vou- 
lant pas accéder à cette réforme sous d'autres condi- 
tions. . 
Mauvais Le premier objet dont s'occupa ensuite la chambre 
Miccèsdes £^^ j^ mauvais succès de la flotte dans la dernière expé- 

pottesan- ... . . 

gloise et ditiou. L'amiral Russel, qui commandoit en mer , ayant 
tfoise" ^'^ joint par une escadre hoUandoise, s'étoit mis à la 
recherche de l'ennemi. Mais le roi de France , instruit 
que les escadres combinées, plus nombreuses que sa 
/ flotte, étoient encore supérieures par l'artillerie, avoit 
prescrit à Tourville d'éviter une action. La vigilance et 
l'habileté de cet officier déconcertèrent tous les efforts 
de Russel, embarrassé d'ailleurs par les instructions 
obscures et contradictoires qu'il avoit reçues. Il ne 
laissa pas de crois^er tout l'été pour favoriser le com- 
merce, et particulièrement pour protéger le retour de 
la flotte de Smyrne, sur laquelle les Anglois et les IIol' 
landois avoient un intérêt commun de quatre millions 
sterling. Après avoir nettoyé la Manche, et parcouru 
une grande partie des côtes de France, il retourna à 
Torbay au commencement d'août, et reçut ordre de 



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GUILLAUME III ET MARIE. l53 

remettre en mer, nonobstant ses instantes représen- '" 

Cations sur le danger d'exposer de grands vaisseaux aux ^ * 
^ros temps, si fréquents à l'approche des équinoxes. Il 
se mit donc à croiser de nouveau , jusqu au 2 septem- 
bre, qu'une violente tempête le repoussa dans la Man- 
che, et le contraignit de relâcher à Plymouth. Le temps 
étant devenu peu favorable , il eut beaucoup de diffi- 
culté à gagner le Sund. Le vaisseau le Couronnement 
coula à fond près le cap de Ram, où il étoit à l'ancre; 
le Harwich fut jeté sur des rochers, et périt misérable- 
ment ; deux autres navires échouèrent sur la côte , quoi- 
que sans beaucoup de dommage : enfin toute la flotte 
fut dispersée et réduite à un misérable état. La nation 
fit entendre ses plaintes, et attribua ces malheurs à 
l'amiral, que les communes assujettirent à une enquête. 
Mais l'examen de ses papiers et de ses instructions 
ayant prouvé qu'il n'a voit fait qu'obéir ponctuellement 
aux ordres qu'il avoit reçus , elles ne poussèrent pas 
plus loin cette poursuite , par ménagement pour le mi- 
nistère. La chambre donna ensuite son attention à plu- 
sieurs lettres saisies sur un vaisseau françois qu^avoit 
pris sir Ralph Délavai. On prétend que trois de ces let- 
tres étoient de la main de Jacques , et que les autres 
étoient scellées de son sceau. Elles étoient relatives au 
plan d'un soulèvement en Ecosse et dans les parties 
septentrionales de l'Angleterre. Legge, lord Dartmouth 
s'y trouvant désigné , avec un nommé Crew , comme 
agent de la conspiration , on décréta aussitôt l'arresta- 
tion de ces deux individus. Crew se cacha : mais le lord 
Dartmouth fut mis à la Tour. Le lord Preston, interrogé 
§ur quelques chiffres dont il ne put expliquer le sens, 
soutint qu'il étoit étranger à cette affaire, et fut néan- 



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169a. 



l54 HISTOIRE d'aNGLETEKRE. 

moins emprisonaé à Newgate, où il ne resta pas long- 
temps , ayant obtenu son élargissement. Les fonds pour 
les revenus de lannée suivante furent ensuite fixés, 
après quoi on passa plusieurs actes relatifs à des règle- 
ments domestiques. Le 24 février , le roi ferma la session 
par un discours de peu d'étendue , où il remercia le par- 
lement des marques d affection qu'il lui avoit données, 
en lui accordant des subsides considérables , et lui an- 
nonça son dessein de repasser bientôt sur le continent. 
Les deux chambres s'ajournèrent alors au 1 2 avril , et 
furent ensuite prorogées au 29 mai par une proclama- 
tion (i). 
Le roi On avoit su si mauvais gré au roi de sa condescen- 
fenteTes ^ancc à l'égard des presbytériens d'Ecosse, et il était 
presbyte- si mécoutcut de Cette secte opiniâtre , qu'il prit le parti 
d'introduire quelques épiscopaux dans l'administra- 
tion. Johnston, qui avoit été envoyé auprès de l'électeur 
de Brandebourg , fut rappelé , et nommé l'un des secré- 
taires d'état en Ecosse. Melvil , qui avoit perdu beau- 
coup de son crédit , fut fait garde du petit-sceau dans 
ce mén^e royaume ; Tweedale fut créé lord-chancelier ; . 
CraMrfurd conserva la présidence du conseil , et Lothian 
fut nommé grand -commissaire. Le parlement, dans 
lequel on n'avoit pas ehcore beaucoup de confiance , fut 
ajourné au 1 5 avril ; et le clergé épiscopal fut appelé à 
prendre part au gouvernement de l'église. Ces mesures , 
au lieu de mettre un terme aux divisions , n'eurent 

(1) Pehdant cette session le sceau privé fat donne an comte de 
Pembroke ; le lord-vicomte Sidney fat nommé lord-lieutenant d'Ir- 
lande , et le docteur Thomas Tennison <, qu'on avoit recommandé 
au roi comme un théologien dont la modération é(;a1oit la piété, 
fut appelé au siège de Lî&coln , Vacant par la mort de Barlow. 



riens d'E- 
cosse. 



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GUILLAUME III ET MARIE. l55 

d'autre effet que d'enflammer encore Fanimosité des " 
'deux partis. Les épiscopaux, enorgueillis de la faveur 
du roi , commencèrent à traiter leur» adversaires avec 
insolence et mépris. Les presbytériens, de leur côte, 
s'irritèrent de la disgrâce de leurs amis et de la proteôr- 
tion spéciale accordée par Guillaume à leurs ennemis. 
Us firent valoir l'autorité des lois qui leur étoient favo- 
rables , se montrèrent plus que jamais intraitables et 
obstinés, refusèrent d'être les coopérateurs des épisco- 
paux, et de faire à leur discipline le moindre change- 
ment : en un mot ils firent si bien que leur assemblée 
fut dissoute , sans qu'on assignât ni l'époque ni le lieu 
d'une nouvelle réunion. Les presbytériens se préten- 
.doient en droit de s'assembler tous les ans , même sans 
convocation du roi, et ils s'ajournèrent eux-mêmes, 
après avoir protesté contre la dissolution; ce qui fut 
regardé par Guillaume comme un attentat à sa préro- 
gative, et lui inspira de Ta version pour toute la secte, 
qui , de son côté , commença dès-lors à s'affrancJiir de 
tout respect pour sa personne et son gouvernement. 

Comme les montagnards n'étoient pas entoré entiè-' 
rement réduits ,' le comte de Bréadalbane entreprit de 
les gagner , en distribuant à leurs chefs des sommes 
d'argent. On lui envoya à cet effet d'Angleterre seize 
mille livres sterl. Les tribus écossoises, qui en furent 
informées , soupçonnèrent que son dessein étoit de s'ap- 
proprier la meilleure partie de cet argent ; et lorsqu'il 
leur fit des ouvertures , leurs demandes furent si extra- 
vagantes que, jugeant son entreprise impraticable, il 
y rencMiça, et renvoya l'argent qu'il avoit reçu, bien 
déterminé à saisir la première occasion de se venger de 
ceux qui avoient fait échouer sa négociation. Elle avoif 



1693. 



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l56 HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

été principalement contrariée par Macdonald de Glen- 
coé, dont l'oppo^tion tenoit à une circonstance parti- 
culière qui ne paroissoit pas faite pour prévenir un 
traité lié si étroitement au bien public. Macdonald , 
dans le cours des hostilités , avoit pillé les terreâ de 
Bréadalbane ; et celui-ci vouloit être indemnisé de ses 
pertes sur la part que Macdonald d)eYoit avoir à la dis- 
tribution des seize mille livres sterling.* Le montagnard 
ne se borna pas à rejeter cette demande : mais, aa 
moyen du crédit qu'il avoit parmi les tribus , il déjoua 
les projets du comte, qui , à son tour, jura de le perdre. 
Une proclamation de Guillaume avoit offert le pardon 
à tous ceux qui , ayant porté les armes contre lui , se 
soumettroient et préteroient serment dans un délai dé- 
terminé, qu'il étendit ensuite jusqu'à la fin de Tannée, 
en déclarant que tous ceux qui persisteroient dans leur 
rébellion, le mois de décembre expiré, seroient punis 
par l'exécution militaire. Macdonald , effrayé d'une 
telle déclaration , se rendit le dernier jour du mois au 
fort Guillaume , et demanda que le colonel Hill , gou- 
verneur de cette place, reçût son serment. Mais cet 
officier n'étant pas revêtu du pouvoir d'un magistrat 
civil, ne voulut pas se charger de cette formalité, et 
Macdonald se mit aussitôt en marche pour Inverary, 
maison de campagne d'Argyle. Il ne puty arriver qu'un 
jour après le terme de rigueur. Il s'adressa à sir Jean 
Campbell , shérif du comté , qui , eu égard au refus qu'il 
avoit éprouvé au fort Guillaume , reçut son serment et 
celui de ses adhérents. Dès4ors , plein de confiance dans 
la protection du gouvernement qu'il venoit de recon-» 
noitre d'une manière solennelle , il regagna sa demeure 
dans la vallée de Glencoé. 



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GUILLAUME III ET MARIB. ^ iSy 

Mâcdonald avoit été représenté à la cour par son , 

ennemi comme un rebelle incorrigible , comme un mi- "^ 
sérable accoutumé au sang et à la rapine, qui n'avoit Massacre 
jamais cessé d'être en contravention aux lois , et n'avoit g. **® , 
pu vivre en paix sous aucun souverain. Bréadalbane 
assura qu'il n'a voit tenu aucun compte de la déclaratioit ' 
de Guillaume , et proposa au gouvernement de le sacri- 
fier à la tranquillité du royaume , et d'envelopper avec 
lui sa famille et ses adhérents dans une exécution mili- 
taire. Les autres ministres écossois appuyèrent cet avis; 
et le roi , dont la vertu dominante u'étoit pas l'huma- 
nité, signa contre ces malheureux un arrêt, d'après 
lequel on peut croire qu'il ignoroit encore la soumission 
de Mâcdonald. Un ordre pour cette barbare exécution ^ 
portant la signature de sa majesté, fut envoyé à l'un 
des secrétaires-d'état en Ecosse. En conséquence, ce 
ministre adressa à Livingstone , qui commandoit les 
troupes du royaume , des instructions particulières , où 
il lui étoit enjoint de passer au fil de Tépée les habi- 
tants de Glencoé , sans faire aucun prisonnier ^.afin de 
rendre l'exécution plus terrible. Au mois de février , le 
capitaine Campbell , de Glenlyon , en vertu d'un ordre 
du major Duncanson , se rendit dans la vallée de Glen-* 
coé , avec une compagnie de soldats du régiment de 
d'Argyle, sous prétexte d'y lever ce qui étoit dû de cer-. 
tains impôts. Mâcdonald ayant demandé s'ils venoient 
comme nmis ou comme ennemis, Campbell répondit 
que c'étoit à titre d'amis, et promit de ne rien entre- 
prendre contre lui et les siens. Sur cette déclaration , le 
capitaine et ses troupes reçurent l'hospitalité la plus 
cordiale, et vécurent amicalement, pendant quinze 
jours, avec les habitants de la vallée. Cependant le 



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i58 HISTOIRE D^ANGLÈTEÈRè. 

**~^ tertoe fatal approcHoit. Macdonald et Campbell, ayant 

^ ' passé la journée ensemble , se séparèrent à sept heures 
du soir , après les plus vives protestations d'une amitié 
réciproque. Le plus jeune fils de Macdonald, s'aperce- 
vant que la garde étoit doublée, soupçonna quelque 
trahison , et fit part de ce soupçon à son frère et à son 
père, qui repoussèrent jusqu'au moindre doute sûr la 
sincérité de Campbell. Cependant les deux frères ne 
laissèrent pas de sortir en secret pour observer de nou- 
Teau. Us entendirent plusieurs soldats se plaindre d'être 
employés à une œuvre de barbarie contre les Macdo-^ 
nalds de Glencoé, qu'ils auroient j disoient-ils, com-^ 
battus volontiers en bataille rangée, mais qu'il étoif 
affreux de massacrer ainsi de sang-froid : du reste, 
ajoutoient-ils, leurs officiers étoient responsables de 
cette trahison. Aussitôt les deux frères s'en retour- 
nent à la hâte pour instruire MacdonaM du danger qui 
le menace. Mais ils trouvent la maison déjà investie ; ils 
entendent la décharge des mousquets, les cris des fem- 
mes et des enfants, et, se voyant sans armes, ils ont 
recours à la fuite pour sauver leur vie. Les barbare» 
ministres d une horrible vengeance avoient pénétré dans 
la chambre du vieux Macdonald , et ce fut là qu'ils re- 
gorgèrent entre les bras de sa femme , qui elle-même 
mourut le lendemain de douleur et de désespoir. Un 
hôte de Macdonald partagea le sort de ce malheureux, 
quoiquHl se fût soumis au gouvernement plus d'un 
mois avant le terme prescrit , et qu'il eût sur luî uû 
acte qui devoit lui servir de sauve-garde. Un enfant de 
huit ans s'étantjeté aux pieds de Campbell, et offrant 
de se mettre pour toujours à son service, s'il vouloit lui 
sauver la vie , fut frappé au cœur dans cette posture 



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Guillaume m et marïe. i5gi 

par un officier subalterne. Ce monstre se nommoit ' 
Drumœoud. Trente-huit personnes , surprises pour la 
plupart dans leurs lits , furent ainsi égorgées, sans 
v^u^on leur laissât un seul instant pour implorer la mi- 
séricorde divine. Les assassins dévoient mettre à mort 
tous les habitants mâles de cette vallée , au-dessous de 
soixante-dix ans. Le nombre de ces derniers s elevoit à 
deux cents. Mais quelques uns des détachements com- 
mandés n^étant pas arrivés assez tôt pour s'emparer des 
paisages , il en échappa cent soixante. Après cette hor- 
rible exécution , Campbell fit mettre le feu à toutes les 
maisons , enlever tous les effets et emmener tous les bes- 
tiaux de la vallée , laissant les femmes et les enfants de 
ses victimes sans vêtements, sans nourriture et sans 
abri , au milieu des heiges , et à une distance de plus de 
^ix milles de tout endroit habité. Pénétrés d'horreur et 
de désespoir 9 plongée dans les ténèbres de la nuit, en-^ 
gourdis par le froid, et croyant sentir à chaque instant 
le fer assassin qui venoit de leur ravir pour toujours 
leurs amis et leurs parents, ces infortunés ne purent 
soutenir cet excès de misère , et succombèrent tous 
avant d'avoir pu trouver le moindre secours. 

Ce massacre abominable, exécuté sous la sanctioa 
de Tautorité du roi, produisit l'effet immédiat qu'en 
attendoit la cour, en imprimant la terreur aux monta- 
gnards jacobites : mais en même temps il excita Thor- 
reur de ceux qui n'avoient point encore abjuré tout 
sentiment d'humanité, et rendit le gouvernement l'ob- 
jet d'une profonde aversion / qu'il ne parvint jamais à 
détruire entièrement. La relation en fut publiée à P'aria , 
non sans quelque exagération y et les jacobites pe man- 
quèrent pas de s'étendre sur<:haque circonstance, soit 



1692. 



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tfiô ÉISTOIRÉ d'ANGLeITEBRë:. 

•*«»-^ — ^ dans leurs écrits, soit dans leurs eonversatioûs. Alâf-' 
^ ' mé du cri d'indignation qui s'éleva de toutes parts, le 
' roi donna ordre de faire des informations, et priva de 
sa place le secrétaire d'état d'Ecosse , qui avoit donné 
les instructions pour le massacre. Il prétendit même 
qu'il avoit signé l'ordre avec une multitude d'autres- 
papiers, sans en prendre connoissance ; mai», comme 
il ne punit pas sévèrement ceux qui avoient fait servir 
son autorité à leur cruelle vengeance, sa réputation en 
reçut une flétrissure ineffaçable; et les montagnards^ 
quoique retenus dans l'obéissance par la terreur, con- 
servèrent contre 9a personne et son gouvernement le 
ressentiment le plus implacable. 
Prépara* Bcaucoup de citoyens, dans les deux royaumes^ sou-^ 
iifs pour piroient après l'occasion de se déclarer en faveur d» 

une des- * * ^ 

ceote en mouarque banni , qui , très bien informé de tout ce qui 
terre? ^ passoit, ne négligcoit rien pour tirer parti du mé- 
contentement qui commençoit à se développer. Guil-* 
laume, après avoir mis ordre* aux affaires intérieures, 
et apporté le plus grand soin à Téquipement .d'^ne 
flotte formidable, s'embarqua le 5 mars pour la Hol- 
lande, où les états le reçurent avec les démonstration» 
an plus vif attachement. Tandis qu'il s'occnpoit à di- 
riger la grande confédération ^ Louis XIV voulut pro- 
:fiter de son absence pour une invasion en Angleterre, 
et parut adopter entièrement les Intérêts de Jacques^ 
Les émissaires de ce dernier dans la Grande-Bretagne 
travailloient dès-lors à disposer la nation à son retour. 
Un nomméLant. qui, soupçonné d'être son agent, avoit 
été mis en prison , fut assez heureux pour se foire relâ-- 
cherj et les papistes dn comté de Lancaster le députè- 
rent à la cour de Saint*&ermain , pour y annoncer qu^ife 



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GUILLAUME IIl ET MARIK* l6l 

éCoient en mesure de recevoir leur ancien maitre« Il re- ^ 

vint chargé de leur donner avis que ce prince feroit 
une descente au printemps, et que le colonel Parker et 
.d'autres officiers leur seroient envoyés avec d'amplesr 
instructions sur ce qu'ils auroient à faire avant et après 
l'arrivée de Jacques. Parker passa en effet en Angle- 
terre , où il développa aux jacobites le plan de descente 
concerté entre Jacques et le roi de Fxance. Il leur as- 
sura que leur souverain légitime pénétreroit une se^ 
çonde fois dans ses états- à la tête de trente mille hom- 
mes effectifs^ qui s'embarqueroient à La Hogue, et que 
les vaisseaux de transport étoient déjà prépai^és avec 
une forte escadre pour les escorter; il kur recom- 
manda la promptitude et le secret dans les dispositions 
qu'ils feroient de leur côté pour être prêts à prendre 
les armes et coopérer au rétablissement de Jacques* 
On prétend que cet officier et un prêtre appelé Johnson 
entreprirent d'assassiner le roi Guillaume, mais que le 
départ de ce prince pour la Hollande prévint leur at- 
tentat. 

Cependant Jacques adressa à plusieurs lords qui Manifeste 
avoient été membres de ses conseils , aussi-bien qu'à j^ ^® 
plusieurs dames de distinction, une lettre, où, en leur 
annonçant la grossesse de la reine, il les invitoit à se 
trouver comme témoins à son accouchement. Il y rap- . 
pelôit l'injure faite à sa ^unille et à son honneur par 
les perfides insinuations de ses ennemis, relativement 
à la naissance de son fils, et se félicitoit d'obtenir de 
la Providence une nouvelle occasion de convaincre 
d'imposture ceux qui avoient accusé la reine de stéri* 
lité. Il terminoit sa lettre en leur assurant, au nom de 
$pn frère le roi de France, et en son propre nom , qu'ik ^ 



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îSa HISTOIRE d'anGLETERBÊ. 

' ' auroient une entière liberté de venir à sa cour, et dé 

^ * repartir après la délivrance de la reine ; mais personne 
ne voulut courir le risque de se rendre à cette invita- 
tion. Jacques fit ensuite répandre par ses émissaires un 
manifeste imprimé, portant que le roi de France l'avoit 
mis en état de faire un nouvel effort pour ressaisir sa 
couronne ; qu'il avoit à sa disposition xles forces assez 
considérables pour y parvenir sans le secours de ses 
sujets ; mais qu'il ne vouloit pas leur ôter la gloire de 
. coopérer au rétablissement de leur souverain légitime : 
il exhortoit le peuple à se ranger sous ses drapeaux, 
lui garantissoit la plus stricte discipline de la part des 
auxiliaires, étrangers, et promettoit de les renvoyer 
aussitôt après sa restauration. Il déckiroit qu'un grand 
nombre de ses sujets n'ayant secondé la sacrilège en- 
treprise du prince d'Orange que parcequ'ils avoient été 
un instant séduits , il aimoit mieux se confier à la fidé- 
lité de l'armée angloise que d'accepter en entier les se- 
cours de sa majesté très chrétienne. Près d'opposer la 
force à la force, il offroit pourtant , disoit-il, de donner 
à ses sujets trompés toute satisfaction raisonnable, et 
d'employer tous les moyens de leur ouvrir les yeux sur 
les vaines allégations de son adversaire, dont le but n'a- 
voit pas été la réforme, mais la subversion du gouver- 
nement. Il ajoutent que, trahi par ses ministres, aban- 
donné de ses troupes et même de ses propres enfants^ 
indignement chassé de son palais par d'insolents étran- 
gers, il avoit dû pourvoir à sa sûreté en se réfutant 
en France; qu'on n'avoit pii considérer cette retraite 
comme une abdication, et que la constitution delà mo- 
narchie n'avoit été détruite que par une réunion d'indi- 
vidus rassemJ^lés illégalement, et n'ayant pas même fe 



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GtitLAUMfe lit Et MAfttÉ* l63 

droit d'aliéner la propriété du moindre de ôes sujets ; " 
qu'il ne doutoit pas que dépuis lors la natioli n'eût , ^ * 
porté un jugement impartial de tout ce qui s'étoit pas^ 
se , et ne se fût convaincue , par lexamen des comptes 
et des dépenses énormes de ces trois dernières années » 
que le remède étoit pire que le prétendu mal. Il aver- 
tissoit son peuple que les commencements de l'usurpa-* 
teur seroient sans doute, comme les commencements 
de Néron , l'époque la moins odieuse de son régne î 
mais que les artisans de l'élévation de cet homme vî- 
Vroient assez pour maudire ïeur ouvrage^ et sentir eux- 
mêmes le poids d'une tyrannie qui ne tarderoit pas à 
se développer; qu'enfin^ en supposant que l'usurpation 
6e prolongeât tout le temps de sa vie, il laisseroit à ses 
descendants un droit incontestable, qu'ils ne cesseroient 
jpas de soutenir ; ce qui exposeroit le royaiime à tous 
les maux des guerres civiles : d'après toutes ces consi- 
dérations, non seulement il recommandoit à ses sujets, 
mais il leur énjoignoit même de se réunir à lui, comm^ 
l'exigeoient leurs devoirs et, leurs serments ; il leur dé- 
fendoit de payer aucune taxe pour Tusurpateur ; il pro- 
mettoit te pardon, et même des récompenses à tous 
ceux qui rentreroient dans le devoir, s^engageant à 
faire passer, dans le premier parlement qu^l convo- 
queroit, un acte d'amnistié dont il ne s'eroit excepté 
que très peu de personnes qu'il désignoit ; il déclaroit 
que tous les soldats qui abandonneroient la cause de 
Tusurpatéurj pour se ranger sous ses drapeaux, pou- 
voient compter sur le paiement de tout ce qui leur étoit 
dû ; et que les trotipés étrangères qui mettroient bas 
les armes seroient également payées, et transportée^ 
dans leurs pays respectifs; il prenoit l'engagement so^» 

II. 



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l64 HISTOIRE D'ANGLETERRE^ 

"" " lennel de protéger l'église d'Angleterre et de la mainte 
^^^* tenir, conformément aux lois établies, dans tous ses 
droits et privilèges, ainsi que dans toutes ses posses^ 
sions; il proclamoit ensuite la résolution où il étok 
d employer tout son crédit, dans un parlement légal, 
à faire obtenir à tous ses sujets la liberté de conscience; 
ce qui étoit entièrefnent dans Fesprit de la religion 
chrétienne » et pou voit seul assurer la prospérité de la 
nation. Il consacreroit principalement ses soins ^ disoit- 
il encore, à guérir les maux produits par les derniers 
troubles, et à relever le commerce en surveillant Texé- 
cution de Facte de navigation, violé récemment en fa- 
veur des étrangers; il s'appliqueroit à rendre la ma- 
rine florissante; en un mot il n^auroit pour but; dans 
toute sa conduite, que la grandeur de la monarchie et 
le bonheur de éon peuple. Il finissoit en protestai)! de 
son entière résignation à la volonté divine^ et en déclii- 
rant que tous ceux qui, insensibles au pardon qu'il * 
leur offroit, paroîtroient les armes à la main contre 
leur souverain légitime, seroient responsables devant 
Dieu de tout le sang qui seroit versé , et de tous les 
maiîx où leur criminelle et déraisonnable ob$tination 
plongeroît l'état. 

Tandis que ce manifeste faisoit sur les esprits des 
ioipressions diverses, le colonel Parker et quelques 
autres officiers enrôlèrent secrètement des soldats pour 
le service de Jacques, dans les comtés d'York et de 
Lancaster, et dans l'évêché de Durham. Dans le même 
temps Fountaine et Holeman travailloient à lever deux 
régiments de cavalerie à Londres, afin de joindre leur 
maître aussitôt après son arrivée. Ses partisans dépé* 
çhèrent le capitaine Lloyd au lord Melfoot, pour l'io- 



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rôgi.' 



GUILLAUME III ET MARIE, l65 

former de ces particularités , et de l'espoir qu'ils avoient 
d'attirer le contre-amiral Carter dans le parti de Jac- 
ques. Ils lui transmirent aussi une liste des vaisseaux 
.qui composoient la flotte angloise, et pressèrent Jac- 
ques de faire usage de tout son crédit auprès du roi de 
France pour que ce prince donnât ordre au comte de 
Tourville de les attaquer avant qu'ils fussent joints par 
Tescadre hollandoise. D'après cet avis Louis XIV enjoi- 
gnit à Tourville de tomber sur la flotte angloise, même 
sans attendre qu'il fût renforcé par l'escadre de Tou- 
lon , que commandoit le marquis d'Estrées. Cependant 
Jacques étoit déjà rendu à La Hogue, prêt à s'embar- 
quer avec son armée, composée d'un corps de troupes ' 
françoises^ d'un petit nombre d'Ânglois et d'Écossois 
réfugiés, et des régiments qui avoient été transportés 
d'Irlande en France, en vertu de la capitulation de 
Limerick. 

Le ministère anglois fut informé de toutes ces circon- Precau- 
stances, tant par quelques agents de Jacques, qui tra- prises par 
hirent la cause de ce prince, que par l'amiral Carter, ** "'»"® 



qui ne laissa pas ignorer à la reine qu'on cherchoit à le défense 

de U 
nation. 



corrompre, et qui reçut des instructions du gouverne- ^® ^* 



ment pour amuser les jacobites en feignant de se prêter 
à une négociation. Guillaume, après son arrivée en 
Hollande, pressa tellement les préparatifs maritimes 
des états-généraux, que leur flotte fut prête à mettre 
en mer plus tôt qu'on ne l'avoit espéré. Au premier avis 
de la descente projetée, il détacha le général Ptole- 
mache avec trois des régiments anglois qui étoient en 
Hollande. Ils se joignirent aux régiments restés en 
Angleterre; et tous ensemble eurent ordre de camper 
dans le voisinage de Portsmouth. Une proclamation de 



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l66 HISTOIRE d'aNGLETERRE, 

-' la reine enjoignit à tous les papistes de sortir de Loa- 

^ ' dres et de Westminster, Les chambres furent convo- 
quées pour le 24 mai, afin qu'on pût prendra leur avi» 
dans une aussi grave conjoncture. On ordonna Farres* 
tation de plusieurs individus, qui prirent le parti de se 
cacher : on publia alors une nouvelle proclamation 
pour qu'ils fussent découverts et livrés à la justice. Les 
comtes deSce^rsdale, Litcbfield, etNewbourg, les lords 
GrifiBn, Forbès, sir Jean Fenwick, sir Théophile Ogle- 
thorpe, et plusieurs autres trouvèrent moyen de se 
soustraire aux recherches. Les comtes d'Huntingdon 
et de Marlborough furent envoyés à la Tour. Edouard 
Ridley, Kn^vitt, Hastings et Robert Ferguson fu- 
rent emprisonnés à Newgate. L'évêque de Roches ter 
fîit confiné dans son propre domicile. On s'assura des 
Jords Brudenel et Fanshaw. Les comtes de Dunmore > 
Middleton et sir André Forrester, découverts dans la 
maison d'un quaker, furent jetés en prison, avec plu- 
sieurs autres personnes de marque. La reine fit armer 
la bourgeoisie de Londres et de Westminster, qu'elle 
passa elle-même en revue. L'amiral Russel eut ordre 
de mettre en mer, sans perdre un instant, et Carter^ 
avec une escadre de dix-huit voiles , continua de croiser 
le long des côtes de France pour observer les mouve- 
ments de Tennemi, 
t'amiral Le 1 1 mai Russel mit à la voile de Rye pour Sainte- 
met de Hélène , où il fut joint par les escadres sous le comman- 
nouveau dément de Laval et de Carter, Il y reçut une lettre du 

en mer. i ^t . 1 1 1 . ^ • 

comte de Nottmgham, portant que, sur le bruit ré- 
pandu que ses officiers étoient suspects à la reine, sa 
majesté lavoit autorisé h déclarer en son nom qu'elle 
a voit une entière confiance dans leur fidélité, et qu eil^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. 167 

regardent un bruit si injurieux comme un pur artifice — t*-^ 
des ennemis du gouvernement. Les officiers de la flotte ^ 
s'empressèrent alors de rédiger une adresse pleine de 
protestations de fidélité et de dévouement. La reine la 
reçut avec beaucoup de satisfaction, et la fit publier 
pour dissiper toutes les craintes. Dès que Bussel eut été 
renforcé par les escadres hellandoises que comman- 
doient Ailemonde, Callemberg et Vandergoes, il se di- 
rigea, le 18 ^ai, vers les côtes de France , avec une 
flotte de quatre-vingt-dix-neuf vaiM|^ux de ligne, non 
compris les frégates et les brûlots. Ce lendemain , à-peu- 
près à trois heures du matin , il découvrit la flotte en- 
nemie, sous les ordres du comte de Tourville, et donna 
le signal pour qu'on se formât en ligne de bataille. A 
huit heures sa flotte étoit en ordre, les HoUandois à 
Tavant-garde, la division bleue à l'arrière-garde, et la 
division r€aige au centre. La flotte françoise n'avoit pas 
plus de soixante-trois vaisseaux de ligne, et comme elle 
avoit en outre le désavantage du vent, Tourville auroit 
évité le combat, s'il n'avoit eu des ordres positifs , qu'on 
ne lui avoit donnés que dan'S la supposition que les es- 
cadres angloise et hoUandoise n'avoient point encore 
opéré leur jonction. Au premier avis qu'elles s'étoient 
réunies, Louis XIV dépécha séparément deux vais- 
seaux pour porter contre-ordre à son amiral; mais l'un 
tomba entre les mains des Anglois, et Fautre n'arriva 
que le lendemain de l'action. 

En exécution des premiers ordres qu'il avoit reçus, n rem- 
Tourville fit une décharf^e contre le vaisseau de Russel, P®/"'® î^"* 

" . ' vicioire 

et l'engagement eut lieu de très près. Il combattit avec sur la flot- 
fureur jusqu'à une heure après midi. Alors ses manœu- * ç^j^g^J*" 
yres et ses voiles se trouvant considérablement endom* 



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l68 HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

^ magées , son vaisseau , le Soleil-Royal j, qui étoit dé cent 

*^^' quatre canons , fut forcé de se mettre hors de ligne, 
dans un grand désordre. Le combat continua cepen^ 
dant jusqu'à ce qu'un épais brouillard vint séparer lés 
deux flottes , à prys de trois heures. Quand ce brouil-f 
lard se fut dissipé, on découvrit Tennemi fuyant au 
nord, et Russel donna le signal pour le joindre. Une 
partie de l'escadre bhue atteignit les François à huit 
heures du soir, et les combattit pen4§nt une demi^ 
heure. L'amiral ^|tfter fut alors mortellement blessé : 
se sentant mourir, li exhorta le capitaine de son vais*- 
seau à combattre tant qu'il pourroit voguer, et il ex^- 
^ pira dans une héroïque tranquillité. Enfin les François 
se retirèrent du côté de Conquet, après a(voir perdu 
quatre vaisseaux dans cette journée. Le lendemain , à 
huit heures du matin, on aperçut l'ennemi précipitant 
sa retraite à l'ouest : les flottes combinées le .poursui- 
virent, toutes leurs voiles déployées, et jetèrent Tancr^ 
près le cap de La Hogue. Le 22 du mois, à sept heures 
du matin, une partie de la flatte française fut de nou- 
veau découverte : quelques vaisseaux étoient à l'aiici'e ; 
4'autres faisoient route à l'est, à la feveur de la marée. 
Aussitôt Russel et les vaisseaux les plus proches cou- 
pèrent leurs câbles, et donnèrent la chasse à l'ennemi. 
^ Le Soleil-Royal, ayant perdu ses mâts, fut poussé à 
terre,, près de Cherbourg , où sir Ralph Délavai le brûla , 
ainsi que V Admirable, vaisseau de premier rang, et 
le Conquérant, de quatre-vingts canons. Dix-huit autres 
vaisseaux de la même flotte se réfugièrent à La Hogue, 
Ce fut là que sir Georges Rooke les attaqua : malgré le 
feu terrible de l'ennemi , et à la vue même du camp de 
iJacques, il parvint à les détruire, aiqsi qu'un gran4 



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' GUILLAUME IIÏ ET MARIE. 169 

nombre de vaisseaux de transport chargés de muni- " 
tions. Sir Jean Ashby^ avec son escadre et quelques 
vaisseaux hoUandois, poursuivit le reste de la flotte 
françoise, qui trouva moyen d'échapper. Otte défaite 
fut un coup bien sensible pour le roi de France, ac- 
coutumé depuis si long*temps à voir triompher ses 
armes ; elle découragea entièrement le roi Jacques^ 
dont le projet de descente se trouvoit ainsi renversé, et 
jeta dans le désespoir tous ses amis d'Angleterre. Quel- 
ques historiens prétendent que Russel ne poussa pas 
les avantages de sa victoire aussi loin qu'il auroit pu le 
faire, avant que l'ennemi fût revenu de sa consterna- 
tion. S'il faut les en croire, la disgrâce de son ami 
Marlborough ayoit refroidi considérablement son zèle 
pour le service de Guillaume. Ils. ajoutent qu'il avoit 
une profonde aversion pour le comte de Nottingham , 
par qui les ordres du gouvernement lui étoient trans- 
mis, et qu'il se conforma plutôt à la lettre qu'à l'esprit 
de ses instructions; mais on ne doit voir dans ces 
imputations qu'une coupable ingratitude envers un 
homme qui avoit rendu à son pays les plus grands 
services. Jl parut animé, dans toute cette expédition, 
du véritable esprit d'un amiral anglois. Il passa de 
ISore aux dunes, par un vent foible, et à travers, des 
écueils très périlleux, contre l'avis de tous ses pilotes ; 
et, par ce hardi mouvement, il opéra la jonction de 
différentes escadres que les François auroient pu atta* 
quer séparément et peut-être défaire. Il montra la plus 
grande valeur dans toute l'action, et détruisit environ 
quinze des principaux vaisseaux de l'ennemi : en un 
mot sa victoire fut si complète et si décisive que, pen- 
dant tout le reste de la guerre , les François ne voulu- 



1692. 



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i6g2. 



170 HISTOIRE D ANGLETERRE. 

rent plus courir le risque d'une bataille navale contre 
les Anglois. 

Russel ayant donné ordre à Tamiral bollandois Cal- 
lemberg et à sir Jean Ashby de se diriger vers le Havre- 
de-Grace , et de faire tous leurs efforts pour détruire ce 
qui restoit de la flotte françoise, fit voile pour Sainte- 
Hélène , afin de faire radouber les vaisseaux lendoniina- 
gés , et de se pourvoir de provisions et de munitions : 
mais son but principal étoit de prendre à bord un nom- 
bre de troupes suffisant pour opérer une descente en 
France, conformément aux vues de l'Angleterre et de 
la Hollande , qui vouloient donner l'alarme à l'ennemi 
dans ses propres états , et faire ainsi une utile diversion. 
La reine, dans la joie qu'elle éprouva de cette victoire, 
fit distribuer trente mille livres sterling aux gens de 
mçr. Des médailles furent frappées en mémoire d'une 
action si éclatante, et l'on fit les plus pompeuses funé- 
railles à l'amiral Carter et au capitaine Hastings, qui 
venoient d'y perdre la vie. Vers la fin de juillet, sept 
mille hommes, commandés par le duc de Leinster, 
s'embarquèrent sur des bâtiments de transport , pour 
tenter une descente à Saint-Malo , Brest, ou Rochefort , 
et le peuple anglois conçut de cette expédition les plus 
grandes espérances. Datis un conseil de gu^re, com- 
posé d'officiers, de terre et de mer, qui se tint à bord 
du Breda, il fut reconn^ que la saison étoit trop avan- 
cée pour une telle entreprise. Cependant l'amiral, après 
avoir détaché de nouveau sir Jean Ashby, avec une 
escadre , pour couper les restes de la flotte françoise 
dans le passage de. Saint-Malo à Brest, mit lui-même à 
la voile pour la Hogue , mais le vent qui changea au 



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GUILLAUME IIÏ ET MARI«. lyi 

bout de quelques jours, le força de regagner Sainte- " 
Hélène. 

La reine envoya aussitôt le marquis de Gaermarthen , 
les comtes de Devonshire, Dorset, Nottingham et Ro- 
chester, ainsi que les lords Sidney et Cornwallis, se 
concerter avec Tamiral , qui fit sentir qu'il étoit impos- 
sible d'effectuer avec fruit, dans cette saison de Tan- 
née, une descente sur les côtes de France. L'entreprise 
fut donc abandonnée , et les troupes furent transpor- 
tées en Flandre. La nation parut d'autant plus mécon- 
tente, qu'elle avoit beaucoup attendu de cette expédi- 
tion. De toutes parts il s'.éleva des clameurs contre le 
ministère, auquel on attribuoit ce contre-temps. Le 
peuple se plaignit qu'on le ruinoit et qu'on l'abusoit à- 
la-fois , qu'on lui extorquoit des sommes énormes par 
d'exorbitantes impositions , que l'odieux expédient 
d'emprunter sur les fonds établis rendoit les taxes per- 
pétuelles ; que les charges croissoient de jour en jour; 
que son argent étoit ou dissipé en chimériques entre- 
prises , ou sacrifié à des intérêts étrangers à la nation* 
Ces plaintes étoient d'autant plus excusables , que le 
commerce de l'Angleterre avoit reçu de graves atteintes 
des armateurs françois qui couvroient la Manche. Inu- 
tilement les commerçants avoient-ils eu recours à l'a- 
mirauté : elle ne pouvoit mettre en sûreté les convois 
particuliers , lorsque de grandes flottes étoient néces- 
saires pour la défense de la nation. Le roi de France 
n'ayant plus rien à craindre de l'armement des An^ois, 
retira ses troupes de la côte de Normandie , et Jacques 
retourna tristement à Saint-Germain, où, durant son 
absence ^ la reine avoit mis au monde une princesse , 



169a. 



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172 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

" dont la naissance avoit eu pour témoins Farchevêqiie 

de Paris, lé garde des sceaux, et quelques autres per- 
sonnages de marque. 

Le roi de Louis XIV s'étoit mis en cao^pagne à la fin de mai: 

p7enï Arrivé dans son camp de Flandre, il fit la revue dé son 

Namur à armée , qui s élevoit à cent vingt mille hommes , et en- 
la vue du . . , . , 1 mT »•! . . ■■ 

roîGuil- treprit ensuite le siège de Namur, quil mvcstit des 
iaume. deux côtés de la Sambre , avec la moitié de ses troupes^ 
pendant que l'autre moitié couvroit le siège, sous le 
commandement du maréchal de Luxembourg. Namur 
est situé au confluent de la Meuse et de la Sambre. Sa 
citadelle étoit regardée comme une des plus fortes pla- 
ces de Flandre , et le fameux ingénieur Cohorn , qui la 
défendoit en personne, en avoit encore augmenté les 
fortifications. La garnison, composée de neuf mille 
hommes, étoit commandée par le prince deBarbason. 
La place étoit abondamment pourvue , et le gouverneur 
^avoit que le roi Guillaume feroit tous ses efforts pour 
le secourir , ce qui excitoit puissamment le courage des 
assiégés. Mais , malgré tous ces avantages , les François 
mirent tant de vigueur dans leurs attaques , que la ville 
capitula au bout de huit jours de tranchée ouverte , et 
la garnison se retira dans la citadelle. Quand les troupes 
de Liège et de Brandebourg eurent joint Guillaume , ce 
prince, qui se trou voit alors à la tête de cent mille hom- 
mes effectifs , s'avança jusqu'à la Mehaigne, et campa à 
une portée de canon de larmée de Luxembourg, située 
sur l'autre bord de cette rivière. Le maréchal avoit si 
bien pris ses précautions, que Guillaume ne pouvoit in- 
terrompre le siège, ni attaquer ses lignes, sans un grand, 
désavantage. Animés par la présence de leur roi , et se- 
condés de la science et de l'habileté supérieures de leur 



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GUILLAUME III ET MARIE. fji 

ingénieur Vauban, les assiégeants multiplièrent leurs ' 

attaques avec tant d'impétuosité, que le fort de Cohorn 
fut contraint de se rendre, après une défense opiniâtre, 
où Cohorn lui-même reçut une blessure dangereuse. 
La citadeUe, alors accessible à Tennemi, ne pouvoit 
tenir long-temps. Les deux chemins couverts furent 
emportés d assaut, et, le ao mai, le gouverneur capi- 
tula; ce qui fut une cruelle mortification pour le roi 
Guillaume , forcé de rester dans Tinaction pendant que 
la plus importante forteresse des Pays-Bas tomboit, 
sous ses yeux, entre les mains de ses ennemis. Louis XIV, 
ayant pris possession de cette place, retourna triom- 
phant à Versailles, où Ton célébra ses succès de mille 
manières. 

Luxembourg, après avoir laissé à Namur une puis- Défaite 
santé garnison, détacha BoufHers avec un corps de à^stein-* 
troupes vers la Bassière , et campa avec le reste de son kerquc. 
armée à Soignies. Le roi d'Angleterre envoya des déta- 
chements du côté de Liège et de Gand, et, le 6 juillet, 
il campa à Genap, bien déterminé à saisir la première 
occasion de rétablir Thonneur de ses armes , en atta- 
quant Tennemi. Instruit que le général françois étoit en 
mouvement pour prendre poste entre Steinkerque et 
£nghien, il passa la rivière appelée la Senne, dans la 
vue de le prévenir. Mais en dépit de toute sa diligence, 
Luxembourg occupoit déjà ce point , et Guillaume choi- 
sit son camp à Lambecq , à une distance d'environ six 
milles de Farmée françoise. Il fut décidé dans un con- 
. seil de guerre qu'on attaqueroit Tennemi , et Ton fit 
les dispositions nécessaires. Guillaume donnaordre.de 
conduire les bagages sur l'autre rive de la Senne ; et un 
•nommé Mille voix , qu on venoit de saisir comme es- 



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1^4 HISTOIRE d'anGLETEAKÉ. 

pion , fut contraint par menaces à donner un faux stvi§ 
à Luxembourg) en Tassurant qu il ne devoit point s'a- 
larmer des mouvements de Fennemi , qui se disposoif 
seulement à un fourrage général pour le lendemain. Le 
24 juillet on commença à se mettre en mouvement à la 
gauche, sur deux colonnes, le terrain ne comportant 
pas un front plus étendu. Le. prince de Wirtemberg, 
avec dix bataillons d'infanterie angloise , danoise et 
hoUandoise, ouvrit Tattaque à la droite de Tenaerni. Il 
fut soutenu par un corps nombreux de cavalerie et d'^in- 
\ fànterie angloise , commandé par le lieutenant-général 
Mackay. Quoique le terrain fût coupé de fossés , de 
haies et de défilés extrêmement étroits , il avoit marché 
avec tant dé diligence, qu'il étoit à peine deux heures 
après inidï, lorsqu'il engagea la bataille. Il chargea les 
\ François avec tant d'impétuosité qu'il les chassa de leur^ 
postés, et que tout leur camp devint un théâtre de tu- 
multe et de confusion. Luxembourg, qui avoit une en- 
tière confiance dans l'avis qu'il avoit reçu , se laissa 
surprendre; et il ne fallut pas liioins que toutes les 
ressources dé ses grands talents militaires pour remé- 
dier aux effets de cette négligence. Oubliant alors une 
grave indisposition dont il étoit affecté, il rallia ses ba- 
taillons rompus , forma ses troupes en ordre de bataille , 
et les mena lui-même à la charge. Le duc de Chartres ^ 
à peine âgé de quinze ans , les ducs de Bourbon et de 
Vendôme, le prince dé Canti, et uii grand nombre de 
volontaires de la plus haute distinction , se mirent à la 
tête de là maison du roi, et tombèrent avec fureur sur 
les Anglois , fbiblement soutenus par le comte de Sol- 
mes , qui commandoit lé centre des alliés. Le prince de 
"Wirtemberg , après s'être etoparé d'une des batterie» 



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GUILLAUME Uî ET MARIE. tjS 

des ennemis , avoit pénétré dans leurs lignes ; mais , - 
en danger d'être accablé par le nombre , il dépécha deux *^ 
fois un aide-de-camp à Solmes , qui, au lieu de lui en- 
voyer du secours, plaisanta sur sa détresse. Enfin, ce 
dernier ayant reçu du roi un ordre exprès de soutenir 
Taile gauche, fit un mouvement avec sa cavalerie, qui 
ne pouvoit agir pendant que son infanterie occupoit le 
terrain , et que les troupes angloises , avec un petit nom* 
bre de Hollandois et de Danois , supportoient tout Tef- 
fort du combat ; elles se battirent avec une valeur et une 
constance admirables contre des ennemis supérieurs en 
nombre, et tinrent la victoire en suspens jusqu'à ce 
que Boufflers joignit l'armée françoise avec un corps 
nombreux de dragons. Les aUiés ne pouvant soutenir 
à-la-foi^ le choc de ces nouvelles troupes et celui de 
leurs premiers adversaires , lâchèrent pied , quoique 
sans désordre, et l'ennemi ne jugea pas à propos de 
poursuivre son avantage. Les confédérés perdirent dans 
cette action le comte d'Angus, le général Mackay, sir 
Jean Lanier, sir Robert Douglas, et plusieurs autres 
braves officiers , avec environ trois mille hommes restés 
sur le champ de bataille , un pareil nombre de soldats 
blessés ou prisonniers, beaucoup d^étendards, et plu- 
sieurs pièces de canon. 

Les François ne retirèrent aucun avantage impor- 
tant de cette victoire, qui leur coûta près de trois mille 
hommes , en y comprenant le prince de Turenne , le 
marquis de Bellefond , TiUadet et Fermacon , avec quel- 
ques officiers de distinction. Quant à l'espion Mille- 
voix , il avoit été pendu à un arbre. Le roi Guillaume^ 
se retira dans son camp, sans être inquiété. Ce prince, 
malgré tous ses échecs, ne cessa pas d'être pour les 



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176 HISTOIRE d'aNGLETERRÉ. 

— '', François un ennemi respectable, et par son couragtf 

que rieti ne pouvoit surmonter, et par son génie fé- 
cond en ressources. 
Éntrepri- A-peu-près vers ce temps , le duc de Leinster arriva à 
*Dun*kep.* Ostende, avec les troupes embarquées à Sainte-Hélène- 
que qui On lui cuvoya de M^estricht , par la Meuse , un convoi 
Mui«», ^ d'artillerie; il fut renforcé par un nombreux détache- 
ment de Tarmëe de Guillaume ; le comte de Pdrtland 
et M. d'Auverquerque le joignirent ensuite; et des dis- 
^ positions furent faites pour investir Duïikerque : mais 
une mûre délibération ayant fait sentir tout le danger 
de cette entreprise , on crut devoir y renoncer. On 
ajouta de nouveaux ouvrages aujt fortifications de Fur- 
nes et de Dixmi^de^ que venoit de réduire le brigadier 
Ramsey, et Ton mit dans ces deux places de fortes gar- 
nisons. Le canon fut ensuite renvoyé; les troupes re- 
tournèrent à Ostende, et de là en Angleterre. Cette 
expédition infructueuse accrut encore la mauvaise hu- 
meur que donnoient au peuple anglois les opération» 
peu glorieuses de la campagne. On reprocha à Guil- 
laume d'être demeuré tranquillement dans son camp de 
Gramont , avec une armée de cent mille homtnes , 
pendant que Luxembourg étoit posté à Courtray, avec 
la moitié moins de troupes. On prétendit que s'il n'a- 
voit pas cru possible de forcer les lignes des François , 
du moins il auroit pu faire passer plus haut l'Escaut à 
son armée , et iion seulement mettre à contribution les 
conquêtes de l'ennemi, mais même pénétrer dans le 
cœur de la France : on ajoutoit que Furnes et Dixmude 
ne vàloient pas les sommes dépensées pour y entretenir 
des garnisons. Le 26 septembre, Guillaume laissa Tar- 
mée sous le commandement de l'électeur de Bavière , 



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et se rendit à sa maison de Loo. Deux jourë après son ". 
départ , on détruisit le camp de Gramont : Tinfante- ^ 
rié se porta à Marienkerke i et la cavalerie à Gaure. Le 
16 octobre , le roi, sur Tavis que Boufflers avoit investi 
Charleroy^ et que Luxembourg avoit pris poste près de 
Condé , donna ordre à ses troupes de se réunir entre le 
village d^lkells et Halle : son dessein étoit de faire lever 
le siège de Charleroy : s'ctatit transporté à Bruxelles , 
il y tint un conseil de guerre, où on délibéra sur les 
mesures à prendre* Il retourna ensuite en Hollande , 
laissant toujours à la tête de Farmée l'électeur de Ba- 
vière , qui se mit aussitôt en marche pour Charleroy. 
A son approche, BoufHei^s leva le siège, et se dirigea 
vers Pbilippeville. L'électeur, après avoir renforcé la 
garnison , et jeté du secoyrs dans Ath , distribua ses 
troupes en quartiers d'hiver. Luxembourg, qui avoit 
mis les siennes en cantonnement entre Condé , Leuze 
et Toumay, revint à Paris ; et Boufflers eut le comman- 
dement en son absence. 

Les alliés , malheureux en Flandre , ne Tétoient guère peu d« 
moins en Allemagne. Le landgrave de Hesse-^Cassel, j''*^*;^?. 
ayant entrepris le siège d'Éberemburgh, fut obligé de sur le 
l'abandonner. Le duc de Lorges , qui commandoit les j^^^i^'^ 
François sur le Rhin, surprit , défit et enleva le duc de de 
Wirtemberg , qui s'étoit ppsté, avec quatre mîUe hom«. ^"C^"** 
mes de cavalerie, près d'£idelsheim , pour arrêter les 
progrès de l'ennemi. Le comteide Tallard ayant investi 
Rhinefield, le landgrave vola au secours de la place, et 
obligea les François de se retirer. L'électeur de Saxe 
s'étoit engagé à tenir une armée en campagne : mais il 
se plaignit que l'empereur laissoit aux princes tout le 
fardeau de la guerre contre la France , pour ne s'occu* 
11. 12 



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i'jè HIStOIRE D*ANGLETEftRÈ. 

-' per que de la campagne de Hongrie. La jalousie et I2I 

^ * niésintelligence survinrent bientôt. Schœning, général 
saxon, se rendant aux eaux de I^blitz, en Bohême,^ 
fut arrêté par ordre de lempereur, gui le soupçonnoit 
d'avoir entretenu de secrètes intelligences avec l'en- 
nemi , et il s'éleva à ce sujet de très vives altercations 
entre les cours de Vienne et de Dresde : Schœning ne 
fut relâché qu'au bout de deux ans, et à condition qu'il 
ne sseroit plus employé dans l'Empire. La guerre de 
Hongrie ne fut signalée par aucun événement remar- 
quable. La division régnoit dans le cabinet de la Porte- 
Ottomane, et le sérail étoit menacé de troubles : le 
peuple étoit las d'une guen^e infructueuse. Le visir fut 
déposé, et ce fut durant tous ces désordres que la gar- 
nison de Grandr-Waraditt, dont le blocus s'étoit pro- 
longé tout l'hiver, se rendit par capitulation aux Impé» 
riaux. LordPaget, ambassadeur d'Angleterre à Vienne, 
i fut envoyé à Constantinople, avec des pouvoirs pour 
négocier la paix comme médiateur : mais la Porte rejeta 
les conditions de l'empereur; larmée turque garda la 
défensive, et la saison fut consumée en négociation» 
sans résultat. 
te eue Les affaires du Piémont avoient pris une tournure 
pénèfre P^^^s favorable pour les alliés : mais la cour de France 
ti^^ lî^ avoit amené le pape à un accommodement. Elle entama 
tté. une négociation avec le duc de Savoie. M. Chanlais fut 
envoyé à Turin , chargé^e propositions avantageuses,, 
que le duc ne voulut pourtant pas accepter, parcequ'il 
se croyoit en état d'en obtenir encore de meilleures ^ 
Farmée des alliés s'élevant à cinquante mille hommes , 
tandis que les forces de Catinat n'étoient pas suffisantes 
pour défendre ses conquêtes. Au mois de juillet , le duc 



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tiltlLLAtMÈ tll ET MARtÈ; tfg 

entra dans le Dauphiné, où il pilla un grand nombre de ■ " 

villages , et réduisit le fort de Guillestre : passant alors *^^' 
la Durance , il investit Envbrun , qui capitula aii bout 
de neuf jours de siège; il mit ensuite toutes les villes 
voisiUes à contribution. Le duc de Schômberg , qui 
oommandoit les auxiliaires' à la solde de TÂngletcrre, 
publia, au nom de Guillaume, une déclaration , où il 
invitent les habitants à âe ranger sous ses drapeaux ^ et 
leur assurait que son maître, en ordonnant à ses trou-* 
pes d'entrer en France $ n'avoit d'autre dessein que dé 
rendre à la noblesse toute son andenne splendeur, aux ' 
parlements leur première autorité^ et au peuple ses 
justes privilèges. 

Cette déclaration fit très peu d^effet^ et les Allemands 
jjévastèrent tout le pays , en représailles des excès com- 
mis parles troupes françoises dans le Palatinat. Vanjûsé^- 
des alliés s'avança jusqu'à Gap, sur la frontière de Pro- 
vence : cette place se soumit sans opposition. La cons- 
ternation régnoit à Grenoble et même à Ljon. Toute 
cette partie du royaume étoit presque sans défense, et 
il ne%ouvoit s'offrir une occasion plus favorable d'hu- 
milier la nation françoise. Cette occasion fut cependant 
négligée ; ce qu^on peut attribuer soit à l'esprit de divi- 
sion qui cômmenooit à s'introduire dans l'armée des 
alliés, soit à l'indisposition du duc de Savoie ^ qui fut 
attaqué de la petite -vérole au milieu de l'expédition, 
soit enfin au manque de bonne foi dont ce prince fut 
fortement soupçonné. On prétend en effet qu'il ne cessa 
point d'entretenir une correspondance avec la cour de 
France, et que, pat ménagement pour elle; il retarda 
les opérations des confédérés. Au moins est-il vrai qu'il 
abandonna toutes ses conquêtes , et , vers le milieu de 



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l8o HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

•'"^T"*'"^ septembre, il sortit du territoire François, aprèst avoir 
* pillé et ravagé tout le pays sur son passage. 

. En Catalogne, rien d'important ne fut entrepris par 

les François dans cette campagne , et les Espagnols s y 

tinrent dans l'inaction la plus complète. 

Le duc . Lç crédit des protestants en AUemagne se fortifia 

vre c*réé P^^ ^^ créatioii d'un neuvième électorat , en faveur 

ëlecieur d'Ernest Auguste j duc d'Hanovre. Il renonça dès-lors 

de -, , ' 1 r, «17 

l'Empire* « toute liaison avec la France, et prit 1 engagement 
d'entrer, sans détour, dans les intérêts des alliés, en 
reconnoissance de sa promotion à la dignité électo* 
i-ale. Guillaume l'avoît appuyé si vivement à la cour de 
Vienne, que l'empereur avoit donné son agrément à 
cette promotion, dans le cas où elle obtiendroit celui 
des autres électeurs. Toutefois ce ne fut qu'à force d'im* 
portunités que le roi d'Angleterre extorqua le consen- 
tement de ce prince, qui ne vouloit pas le désobliger : 
Léopold professoit un dévouement aveugle à la religion 
catholique-romaine , et une nouvelle création qui devoit 
affoiblir l'influence des catholiques dans le collège élec- 
toral^ ne pouvoit être. de son goût. Aussi employ|*t-il 
ses émissaires à traverser les démarches du duCtQuel- 
ques princes protestants se montrèrent opposés à ce 
dernier , par des motifs de jalousie, et le roi de France 
usa de tout son art et de toute son influence pour pré* 
venir l'élévation de la maison d'Hanovre. Lorsque le 
duc eut triomphé de tous ces obstacles , et que la ma- 
jorité des électeurs se fût déclarée pour lui , 'il s'éleva 
encore de nouvelles difficultés. L'empereur demandoit 
qu'il fût créé un autre électorat catholique, afin de 
compenser l'avantage que retiroient les luthériens de 
celui d'Hanovre, et il proposa l'Autriche. Mais comme 



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GUILLAUME III ET MARIE. 1%1 

Tempereur auroit eu alors deux voix dans le collège - 

électoral » sa demande éprouva une opposition violente. ^ ^^' 
Enfin y après une loifgue négociation , le duc d'Hanovre 
reçut Tinvestiture, comme électeu^ de Brunswick, le 
19 décembre, fut créé grand-maréchal de TEmpire, et 
fit hommage à l'empereur. Cependant il ne fut pas en-^ 
core admis dans le collège , parcequ'il n'avoit pu obte-^ 
nir le consentement de tous les électeurs. 



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LIVRE IV. 

(iC comte de Marlborough et Févéque de Rochester fausse* 
ment accusés. — Causes du mécontentement général. -« 
Division entre la reine et la princesse Anne de Danemarck« 

— Les lords revendiquent leurs privilèges, — Les cona- 
munes présentent des adresses au roi et à la reine, -r-^ 
Le» lords présentent des remontrances au roi. • — Adresse 
des communes au roi. — Instruction pastorale de Bur- 
net brûlée par la main du bourreau. •>— Adresses des 
chambres au roi, — Bills favorables à la liberté. — Procès 
de lord Mohun. — Changements dans le ministère. — Le 
roi rassemble l'armée des confédérés en Flandre. — Les 
François réduisent Huy. -r-^ Luxembourg se détermine à 
attaquer les alliés. — Charleroy pris par les François. --^ 
Campagnes sur le Rhin et en Piémont, -r— Affaires navales. 

— Expédition dans les {ndes occidentales. — Benbow 
bombarde Saint-Malo. t<- Le roi de France a recours à 
la médiation du Danemarck. — r Guillaun^e retourne en 
Angleterre. — Enquête relative aux désastres éprouvés 
sur mer. — Des sommes énormes >sont accordées pour le 
service de Tannée suivante. — Établissement de la banque 
en Angleterre. — Charte de la compagnie des Indes 
orientales. — Bill général de natùralisatio)^. — Tentative 
de descente à la baie de Camaret. — L'amiral Russel se- 
court Barcelone. — Campagne de Flandre. — Les alliés 
reprennent Huy. — Opérations sur le Rhin. — Succès 
des François en Catalogne. — Mort de l'archevêque Tik 

, lotson et de la reine Marie. 

^ ^ ■ ' ' ' ^ — JTENDANT quc le Foi Guillaume sembloit uniquement 

lOQ^' occupé, des affaires du contineut , TAngleterre étoit 

de MarU agitée par des dissentions domestiques , infectée de 

^i)r^ugh, vices et de corruption, Il y avoit, outre Içs j[acobites. 



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GUILLAUME III ET &IARIE. l83 

une foulé de mécontents qui se grossissoit tous les — T'"^ 
jours. (Ils ne se bornoient pas à des murmures, à Té- .,, /' 
gard des griefs de la nation : ils publioient de nom- de 
breux écrits où cette matière étoit amplement traitée, ^"^^^^ 
et qui firent tant d'impression sur un peuple déjà vive- fausse 
ment irrite des taxes, inquiète dans son commerce, ^.„^^ 
et trompé dans ses grandes espérances , que la reine 
crut nécessaire de mettre un frein à Taudace des écri- 
vains y en promettant , par une proclamation , des 
récompenses à ceux qui les feroient découvrir. Le 
comte de Marlborough avoit été mis à la Tour, sur le 
faux témoignage d un prisonnier de Newgate nommé 
Robert Young , qui avoit contrefait son écriture , et 
rédigé un projet d'association en faveur de Jacques, 
au bas duquel il avoit apposé les noâis des comtes de 
Marlborough et de Salisbury , de Sprat , évcque de 
Rochester, de lord Cornbury et de sir Basile Firebrace. 
Un de ses émissaires avoit trouvé moyen de cacher 
cette pièce dans la maison de Tévéque de Rochester, 
à Bromley, province de Kent. Ce fut là qu'elle fut sai- 
sie, et Ion arrêta le prélat sur la déposition d' Young: 
mais il^e justifia pleinement, et l'accusateur fut con- 
vaincu de faux témoignage par Taveu même de son 
complice. On relâcha aussitôt 1 evêque, et le comte de 
Marlborough fut admis à donner caution à la cour du 
banc-du-roi. 

Le nombre des personnes distinguées par leur rang Causes du 
et leur caractère qu'on avoit emprisonnées durant le ""^■^*'^- 
régne actuel, sur les plus légers soupçons, étoit si ment g«- 
considérable , que les mécontents avoient quelque rai • "^*^ * 
son de dire qu'on n'avoit fait que changer de tyran. Ils ' ' 

soutenoient que l'acte dihabeas corpus étoit insufiisaiit 



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ï84 HISTOIHE d'aNGLETERRE. 

pour mettre les sujets à labri des emprisonnements 
^ ' injustes , ou que du moins on le violoit sans pudeur. 
Ils s etendoient sur la perte des vaisseaux pris depuis 
peu p;^^ Tennemi , sur la disette de matelots, la négli- 
gence relativement aux pêches , l'interruption du 
commerce , l'avantage qu'on laissoit prendre sur ce . 
dernier point aux alliés, Tépuisement du trésor, ab- 
sorbé pour soutenir des intérêts étrangers à la nation , 
la perte des meilleurs et des plus braves citoyens, dont 
on avoit prodigué le sang pour la défense de ces 
mêmes intérêts. Ils développoient ensuite les graves 
inconvénients de la position vacillante où se trouvoit 
l'état; ils démontroient que le gouvernement ne seroit 
jamais bien établi, jusqu'à ce qu'une déclaration so- 
lennelle confirmât la validité du titre en vertu duquel 
Guillaume et Marie possédoient le trône ; que Torgani-! 
sation des parlements manquoit de solidité , en ce 
qu'ils existoient absolument au gré de la couronne ^ 
qui ne les laisseroit en exercice que le temps nécessaire 
pour obtenir des subsides. Ils se récrioient contre l'u- 
sage de loger les soldats dans les maisons des particu- 
liers, au mépris des anciennes lois du royaume, et de 
l'acte passé à ce sujet sous le régne de Charles II; iJs 
comptoient parmi leurs griefs le peu de scrupule qu'on 
se faisoit de violer 1^ propriété , en prenant de force 
des bâtiments de transport pour le service, sans affec- 
ter aucun fonds pour dédommager les propriétaires , 
l'assujettissement à la miHce, non moins onéreux qu'in- 
utile, la partialité révoltante en faveur des alliés, qui 
étoient en commerce ouvert avec la France , et four- 
nissoient des provisions à l'ennemi, tandis que les 
Anglois, sous le poids des plus sévères prohibitions,^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. l85 

étoient dupes de ces mêmes puissances qu'ils ne ces- * 

soient de protéger. Ils se plaignoient du défaut de 
conduite , de prévoyance et de discernement des mi- 
nistres , invectivant contre leur ignorance , leur inso- 
lence extrême et leur négligence , qui les rendoient 
aussi funestes à la nation que s'ils avoient formé le 
dessein de la perdre. On ne peut dissimuler que la 
vertu publique étoit devenue, dans ces temps de désor- . 
dre , un otjet de ridicule , et que' l'immoralité et la 
corruption régnoient dans tout le royaume ; fléaux 
que plusieurs circonstances concouroient à entretenir. 
Le peuple anglois étoit divisé en trois partis , les par- 
tisans de Guillaume, les jacobites et les révolution- 
naires mécontents. Chacun de ces partis saisissoit 
toutes les occasions d'entraver et de tourner en ridi- 
cule les mesures et les principes des autres : en sorte 
que le patriotisme n'étoit plus regardé que comme une 
chimère, ou comme un calcul. De cette division étoit 
née lodieuse maxime que tout individu devoit consul- 
ter son intérêt personnel au préjudice de l'intérêt pu- 
blic; maxime qui fut bientôt généralement adoptée. 
L'usage d'acheter la majorité dans le parlement eut 
l'influence la plus pernicieuse sur toutes les classes de 
la société , depuis le candidat jusqu'au dernier électeur 
du plus petit bourg. Un autre usage, celui d'établir 
des fonds de crédit à l'effet de lever des subsides pour 
les dépenses du gouvernement , fit passer des sommes 
immenses dans les mains de vils usuriers , courtiers et 
agioteurs, qui, enivrés de leurs richesses, affectèrent 
de disputer de luxe et de magnificence avec les grands, 
mais qui , dépourvus de toute espèce de goôt et de ju- 
gement dans l'emploi de leur nouvelle fortune , se 



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'ï86 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

jetèrent dans les extravagances les plus absurdes^ 
^ * violèrent toute bienséance , et se plongèrent dan.s Tin- 
tempérance et la débauche. Leur exemple fut bientôt 
suivi par la foule. Insensiblement Ton s'affranchit de 
tout principe , et même de toute décence ; les talents 
restèrent sans culture , et Tignorance se montra par- 
tout à côté du vice. 
Division Quand le roi Guillaume eut concerté avec les états- 
reir!e et 6^'^^''^"'^ ®^ '^^ ministres des puissances alliées les opé- 
la prin- ratious de la campa{][ne suivante, laissant son armée 

CCSS6 

Anne de ^^ quartiers d'hiver , il fit voile pour F Angleterre le 
Dane- i5 octobre, débarqua le i8 à Yarmouth, fut joint par 
la reine à Nèwhall , et se rendit à Kensington par 
Londres, au milieu des acclamations de la populace. 
Il reçut dans cette dernière ville une adresse. dé félici- 
tation des principaux magistrats, avec lesquels il dina 
en public. On fixa un jour d actions de grâces pour 
la victoire obtenue sur mer , çt le parlement s'assem- 
bla le 4 novembre. Le mécontentement régnoit dans 
la chambjije des lords, et provenoit en partie de la di- 
vision entre la reine et sa sœur la princesse Anne de 
Daniemarck, qui essuya toutes sortes de mortifications 
de la part de la cour. On lui ôta ses gardes ; tous les 
honneurs qui lui étoient rendus par les magistrats de 
Bath , où elle faisoit de fréquents séjours , et par le 
clergé , lorsqu'elle assistoit au service divin , furent 
discontinués par un ordre exprès. Sa cause fut natu- 
rellement embrassée par tous les seigneurs qui l'a: 
voient déjà vivement appuyée lors de son premier dé- 
mêlé avecle roi, pour que son revenu f6t indépendant 
de la couronne : ils eurent pour auxiliaires tous les 
amis du comte de IMlarlborough , qui,. vivement sen- 



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6UILLAUM^ lïl ET MARIE. ïSy 

sibles à sa disgrâce et à son emprisonnement , regar- 
doient comme un devoir de soutenir la princesse dans 
une persécution qu'elle devoit à son attachement pour 
Tépouse de leur ami. Le comte de Shrewsbury étoit 
lié intimement avec Marlborougb, et trouvoit que le 
roi l'avoit traité avec ingratitude. Le marquis d'Halifax 
lui étoit attaiché par opposition au ministère, et on dis- 
tinguoit parmi ses autres partisans le comte de Mul- 
grave, qui ne cherchoit qu'une occasion de signaler 
ses talents , «t d'acquérir la considération qu'il croyoit 
due à son mérite. Devonsliire , Montagne et Bradford 
adoptèrent par principes la même cause , et ces prin- 
cipes furent aussi professés par les comtes de Stam- 
ford , de Monmouth et de Warrington , et autres 
whigs , quoiqu'au fond ils fussent entraînés dans cette 
voie par leur jalousie et leur ressentiment coiitre ceux 
qui les avoient supplantés. Quant aux jacobites , ils 
se firent un plaisir de prêter leur secours à un parti 
qui pouvoit entraver l'administration. 

Le roi, en ouvrant la session , remercia les chambres Lçs lord» 
des derniers subsides qu'elles avoient accordés , félicita ^^''^ç^^' 
la nation de la victoire remportée sur mw, exprima le leurs pri- 
chagrin qu'il ressentoit du peu de succès de la cam- ^' ^^^^' 
pagne de Flandre, exalta à dessein la puissance des 
François, représenta la nécessité de leur opposer de 
grandes forces , et demanda des subsides proportion- 
nés à ce besoin de l'état ; il dit que ce n'étoit qu'avec 
beaucoup de répugnance qu'il provoquoit ainsi l'ac-' 
croissement des charges, mais que le salut du royaume 
exigeoit cette mesure. Il demanda l'avis des chambres, 
sur les moyens de remédier à l'inconvénient qu'il y 
.^voit à transporter des espèces pour le paiement des 



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1692. 



l86 HISTOIRE d'aNGLETEHRE. 

' ti'oupes ; il leur déclara son dessein d'effectuer une 
descente en France , protestant qu'il n'avoit d'autre 
but que de rendre son peuple heureux , et que , pour 
y parvenir, il exposeroit encore volontiers sa vie. Les 
lords f après un ajournement de trois jours , commen- 
cèrent à revendiquer avec force leurs privilèges , qui 
leur paroissoient violés dans l'affaire du comte de 
Marlborough et autres seigneurs ^ qu'on avoit arrêtés , 
emprisonnés , et admis ensuite à donner caution à la 
cour du banc-du-roi. Toutes ces circonstances ayant 
été l'objet d'une vive discussion , la chambre enjoignit 
au lord Lucas , gouverneur de la Tour de Londres, de 
produire les actes d'emprisonnement , et au greffier de 
la cour du banc-^u-roi de représenter tqffidavit d'Aa- 
ron Smith , solliciteur de la cour, sur lequel les lords 
avoient été reconduits en prison. Toute cette affaire 
fut renvoyée à un comité , avec pouvoir de mander les 
personnes , et de requérir les papiers et les registres. 
Les juges eurent ordre de suivre; Aaron Smith fiit in- 
terrogé sur les dépositions faites contre les lords em- 
prisonnés. Le rapport du comité fit naître un violent 
débat, et l'avis des juges ne satisfit ^ucun parti. On 
en référa alors à un comité de toute la chambre , où il 
fut déclaré, comme le sentiment unanime de l'assem- 
blée, que, d'après l'acte A^hubeas corpus , il étoit du 
devoir des juges d'élargir les prisonniers sous caution , 
lorsqu'ils se trouvoient arrêtés pour haute-trahison y à 
moins qu'il ne fut affirmé aVec serment qu'il y avoit 
contre chacun des prisonniers deux témoins qui ne 
pouvoient encore être produits. Cette décision fut en-^ 
registrée pour servir de régie à tous les juges futurs, 
malgré la vive opposition des membres attachés à ki 



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GUILLAUME III ET MARIE. ' l8g 

cour. Il s'éleva ensuite un nouveau débat sur la ma- ^ . 
nière dont les lords emprisonnés seroient mis en li- 
berté, et la discussion devint si animée que lés parti- 
sans de la cour intimidés proposèrent Un expédient 
quon adopta. La chambre s'ajourna au 17 du mois, et 
lorsqu'elle reprit ses travaux ^ il lui fut notifié que le 
roi avoit fait élargir les lords arrêtés. Après un débat, 
assez vif, on consigna sur le procès - Verbal que la 
chambre ayant été instruite des ordres donnés par sa 
majesté pour élargir les lords sous caution à la cour 
du banc*du-roi, il n'y avoit plus lieu à aucune dis^ 
cussion sur cette matière. Les pairs, ainsi apaisés ^ pri- 
rent en considération le discours du roi. 

Les communes , après avoir voté des remerciements Les com- 
au roi , et une adresse tendant à le supplier de leur ^"serf- 
faire connoître ses alliances à l'étranger , rédigèrent ^"it des 
un bill réglant la marche à suivre dans les procès pour au roi et 
cause, de haute^trahison. Elles votèrent aussi des re- ^ *^ ''"***^' 
merciements à lord Russel , à ses officiers et aux gens 
de mer, pour la victoire qu'ils avoient remportée , et 
recherchèrent ensuite par quel motif les avantages de 
cette victoire n'avoient pas été poursuivis , pourquoi 
l'on n'avoit pas effectué une descente , et comment le 
commerce n'avoit pas été mieux protégé contre les ar- 
mateurs ennemis. L'amiral ayant donné raison de sa 
conduite, les communes arrêtèrent que les lords de 
l'amirauté produiroient des copies de toutes les let-> 
très , instructions et ordres qu'il avoit reçus , enjoi- 
gnirent à Russel de produire de son côté ses réponses, 
et aux commissaires des bâtiments de transport, aux 
fournisseurs, et aux bureaux de l'artillerie, de rendre 
compte de leur conduite. Elles présentèrent au roi et 



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igO MlSfOIRÈ d'angleterke- 

**•; ■ à la reine des adresses où elles témoignoient leur joîé 
^ ' de voir Guillaume rendu à son peuple , félicitoient ce 
prince d'avoir évité les pièges de ses ennemis , tant 
secrets cfue déclarés, et lassuroieiit que^ suivant le 
désir exprimé dans son gracieux discours , elles se- 
roient toujours disposées à aider son gouvernement de 
leurs conseils et de leurs secours. La reine reçut des 
témoignages de reconnoissance pour la sagesse de sort 
administration durant l'absence du roi : les communes» 
la félicitèrent de la victoire navale qui avoit fait échouer 
le projet formé pour sa ruine et celle de son glorieut 
époux, et l'assurèrent qu'elle trouveroit toujours dans 
leur zélé et leur fidélité la récompense du soili qu elle 
avoit pris de rendre les sujets heureux^ 

Quand ces formalités eurent été remplies ^ la cham- 
bre, au lieu de voter d'abord les subsides', insista pour 
qu'on lui coq^uniquât sans délai les traités, les comp- 
tes des dépenses publiques, et les estimations, afia 
qu'elle fût mieux en état de donner des conseils et des 
secours au roi. Ces diverses pièces lui ayant été remises , 
elle décida , par line disposition préliminaire , qu'il seroit 
accordé des subsides , et délibéra ensuite sur les repré-* 
sentations qu'elle devoit faire. Quelques mejafbres s'éle- 
vèrent avec force coûtre la partialité qu'oti marcjuoit 
pour les généraux étrangers ; ils s'étemliren-t particulier, 
rement sur la mauvaise conduite du comte de Solmes à 
SteinkerquCi Après d'assez vives sdtercations il fut arrêté 
que sa majesté seroit siippliée de n'appeler aux places 
vacantes , parmi lés officiers-généraux ^ que des sujets 
nés dans ses états, et de ne confier qu'à un Anglois 
le commandement en chef des troupes angloises. Les 
communes considérant, disoient-elles, que les affaires 



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GUILtAtJMË III ET MARIÉ. t^t 

les plus importantes du gouvernement avoient été de- •* " 

puis quelque temps mal conduites, décidèrent que lé * ^^' 
roi seroit aussi engagé à prévenir désormais de sembla- 
bles inconvénients , en ayant soin d'employer des hom- 
mes dont la capacité, les connoissanOes et Tintégrité ne 
seroient point équivoques. Plusieurs membres attaquè- 
rent hautement Texistence du cabinet particulier, qui 
leur sembloit, dans le système du gouvernement bri- 
tannique, une innovation incompatible avec le conseil- 
privé, qu'elle déponilloit de ses fonctions. Ils préten- 
dirent que tous les abus dont se plaignoit la nation 
provenoient des principes vicieux du ministère, et ob- 
servèrent qu'on ne devoit pas s'attendre à voir le nou- 
vel ordre de choses soutenu avec zélé pajr ceux qui en 
avoient combattu rétablissement. Le comte de Nottin- 
gham fut à ce sujet nommément désigné, et la cham* 
bre convint d'engager sa majesté à n'employer dans 
ses conseils que des hommes portés par principes à 
soutenir ses droits contre le dernier souverain et tout 
autre prétendant. Le crédit de Marlborough dominoit 
toujours dans les communes. Son ami Russel se justifia 
à la satisfaction de la chambre, et rejeta les torts qu'on 
lui avoit imputés sur son ennemi le comte de Nottin- 
gharo, en déclarant qu'il s'étoît écoulé vingt-un jours 
entre sa première lettre à ce ministre et la réponse qu'il 
en avoit reçue. Les amis du comte, en grand nombre 
dans la chambre, prirenj sa défense avec chaleur, et 
usèrent même de récrimination contre Russel; ce qui 
fit naître de violents débats. Les deux partis furent 
d'accord sur ce point que le projet de desceuie avoit 
été mal concerté. Un membre proposa de déclarer 
qu'une des principales causes qui en avoient empêché 



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l6j2. 



193 HIStOIRE D'ANGLfiTERRE. 

■ l'exécution étoit le défaut d'ordres en temps opportun J 
fondement d'un juste reproche envers ceux qui a voient 
eu la direction de cette affaire. La chambre fut divisée 
par cette motion , qui passa cependant^ mais à la ma- 
jorité d'une^ seule voix. Dans la première séance du 
comité, sir Richard Temple proposa de délibérer sur 
les moyens de payer les troupes en pays étranger, par 
la voie des manufactures angloises, sans aucun trans-'. 
port d'argent. Il fut convenu quon demanderoit à la 
chambre rétablissement d'une commission pour exaini- 
ner ce point ; mais le comité fut dissous comme n'ayant 
point fait de rapport, et ses délibérations furent décla- 
rées nulles. La chambre le rétablit cependant, et fixa 
un jour pour sa réunion; mais, avant qu'il eût repris 
ses travaux, Tamiral Russel proposa de l'ajourner, et 
les projets de ce comité n'eurent ainsi aucune suite. 

Cependant les agents de la cour étoient parvenus à 
lui assurer la majorité par des moyens de corruption; 
les communes n'insistèrent pas plus long-temps sur les 
représentations qu'elles avoient votées, et tournèrent 
alors toute leur attention vers les subsides. Elles accor- 
dèrent environ deux millions sterling pour l'entretien 
de trente-trois mille hommes sur mer, la construction 
de quelques vaisseaux de guerre, et l'achèvement du 
bassin de Plymouth, avec sept cent cinquante mille 
livres sterling pour combler le déficit de la taxe par 
tête. L'estimation du nombre de troupes nécessaires 
pour le service de terre donna lieu à de longs et vio- 
lents débats. Le ministère detnandoit cinquante-quatre 
mille hommes, dont vingt mille resteroient dans le 
royaume pour la défense de la nation ^ tandis que le 
reste serviroit dans l'armée des alliés. Plusieurs mem- 



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CUILLÂUMB in ET MARIE» tg^ 

brea manifestèrent leur aversion pour une guerre à ' '] ' " ' 
laquelle la nation n'avoit pas un intérêt immédiat, et *^*' 
dont rien ne faisoit espérer le succès. D autres , en ad* 
mettant qu'on pouvoit soutenir les alliés sur le conti- 
nent par un contingent de troupes angloises , pensèrent 
que la nation devoit seulement agir comme auxiliaire ^ 
au lieu de remplir le rôle principal^ et que toutes les • 
dépenses dévoient se borner à contribuer simplement 
aux frais de la guerre» Mais ces observations n'eprent 
d autre effet que de prolonger les débats : Tinfluence 
ministérielle avoit surmonté toute opposition, et la 
chambre vota le nombre d'hommes demandé. Sa con^« 
plaisance fut telle, que, lorsqu'il fut question d'exa^ 
miner les .traités, conclus entre les Anglois, les HoUan^ 
dois et les princes allemands, et qu'on eut remarqué 
que, malgré la lettre de ces traités, l'Angleterre siip»* 
portoit les deux tiers des charges, elle ferma les yeux 
sur une preuve aussi évidente de partialité, et fournit 
au roi le moyen de continuer cette dépense^ Les prin- 
cipes de cette chambre étoient si altérés, que, loin de 
persévérer dans son ressentiment contre les généraux, 
étrangers, elle vota qu'il seroit accordé au prince de 
Wirtemberg, ainsi qu'aux majors-généraux Tetteau et 
Laforest, qui commandoient les troupes danoises .à la 
solde des états-généraux, une augmentation de paye qui 
"portât leurs appointements au taux fixé pour les trou- 
pes angloises. Enfin elle accorda plus de trois millions 
sterling pour les subsistances des troupes de terre^ et 
pour les dépenses extraordinaires de la guerre du conti- 
nent. 

. La chambre des lords n'étoit point exempte d aiïi- 
jnosité; la faction MarlborougU s'y agitoit vivemeut* 
il. )3 



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' "" ' ' Ceux qui là coiilpopoiênt prétendirent qu'une dfes attrf-' 
•^^' butions de la chambre étoit de faire des remontrance» 
prt-sefi- au souverain. Gomme la chambre des communes, ils 
tent des ^^ prévalurent à ce sujet d'un passage du discours de 
trances &Dillaume> OÙ ce prince avoit demandé des conseils au 
*^" '**** parlement, ne prévoyant pas sans doute qu'on s'empa* 
reroit avidement de cette expression. Ils proposèrent 
de confier la rédaction des diverses remontrances à un 
comité fbrdié de membres des deux chambres : mais 
tous ceux qui étoient dans la dépendance de la cour, en 
y comprenant tout le banc des évéques, à l'exception 
de Watson de Saint-David, furent invités à s^opposer à 
cette motion , qui fut alors rejetée à une majorité de 
Aimze voix. Cette victoire de ta cfonr fut suivie d'une 
protestation des vaincus. Ils poursuivirent , malgré leur 
défaite, le dessein qu'ils a voient formé d'adresser des 
remontrances, et, après de grands débats, la chambre 
arrêta une adresse à sa majesté pour demander que le 
eommanden^ent des troupes angloises fût toujours con- 
fié à un Anglois ; que les officiers anglois jouissent dans 
Farmée des confédérés des mêmes prérogatives que 
tous lés autres officiers du même grade, les princes 
exceptés ; que l'usage de se procurer des knatelots par 
le moyen de la presse fût aboli ; que les officiers qui 
s'étoient servis de cet odieux expédient fussent cassés et 
punis ; enfin qu^aucun étranger ne fût admis au conseil 
de l'artillerie. Le roi reçut cette adresse assez Iroide- 
ment, et dit qu'il la prendroit en considération. 

Les lords résolurent ensuite de rechercher ce qui 
avoït pu faire avorter le projet de descente, et deman- 
dèrent toutes les pièces de cette affaire ; mais la plujast 
se proposoient moins ext cela de rectifier les erreurs ou 



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DtJlLLAtMÈ itt Et ^AtttÈi igS 

ée faire connoitre les torts du gouvernement ^ que de ^ ' " ; 
mettre Nottingham à couvert, et de Censurer l'amiral ^ ^^' 
Bussel. Nottingham produisit son livre d'enregistré^ 
ment y ainsi que toute sa correspondance avec Famiral^ 
et prétendit que si l'expédition avoit aVorté, c'étoit à 
ce dernier qu'il falloits'en prfendre. On renvoya l'affaire 
à un comité. Sir Jean Ashby fut interrogé ; la chambré 
invita le comte dé Nottingham à dresser un résumé des 
charges, et les. pièces composant ce résumé furent re- 
mises à un comité des communes, dans une conférence 
où se trouvoient le lord^président et les autres membres 
du comité de la chambre-haute : elles furent soumises 
aux communes , parceque plusieurs articles concer- 
noient divers membres de cette chambre qui pouvoiétit 
donner des renseîgneknents plus particuliers. Dans une 
autre conférence qui eut lieu à la demande des com- 
munes^ leur comité déclara, au nom de la chambre, 
qu'îl avoit mûrement examiné les papiers envoyés pai* 
les lords ^ et qu'il avoit été unanimement reconnu que 
la conduite de Pamiral pendant la dernière expédition 
ne méritoit que des éloges. Les lords, blessés d'une dé- 
claration qui paralysoit leur ressentiment contre Rus-» 
sel, demandèrent une conférence libre entre les comi- 
tés des deux chambres ^ Dans cette conférence le cointe 
de Bochestér déclara aux membres dés communes que 
les lords regardoient comme irrégulier le procédé de la 
chambre-basse en renvoyant les pièces , attendu qu'elle 
ne leur avoit point communiqué les renseignements 
qu'elle avoit reçus, ni les motifs de sa déclaration en 
faveur de Russel. Une pièce relative au même objet fut 
remise au colonel Grauville, qui s'engagea à la pré- 
senter aux communes, et à leur faire un rapport exact 



i3. 



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FOI. 



^96 ' HISTOIRE d'aNGLETERJIB. 

— àe ce qui avoit été dit par le comte dç RochestdP aa 

i*>U^' nom de la chambre-haute. Tel fut le résultat de eelte 
conférence, et Tenquéte fut discontinuée. 

Adresse L^ chambre-basse ne paroissoit pas moins animée 
^^^ contre Nottingham que la chambre-haute contre Bus- 

ses au sel. Il fut proposé de présenter im avis au roi, pour 
qu'il n'appelât au conseil de Tamirauté que des com- 
missaires dont Fexpérience dan& les affaires maritimeS' 
seroit reconnue. Cette motion ne fut pas accueillie : 
toutefois la chambre ne laissa pas de présenter une 
adresse aif roi pour demander qu'à lavenir tous les 
ordres relatifs à la conduite de la flotte passassent par 
des mains habiles et expérimentées : c'étoit au fond 
vue véritable protestation contre la conduite de Nottin- 
gham. Les communes décidèrent ensuite qu'il seroit 
mis pour une année, sur toutes les terres, un impôt 
de quatre schellings par livre sterling du revenu an-* 
nuel, ainsi que sur toutes les autres propriétés et tous 
les offices et emplois auxquels étoient attachés des 
émoluments, à l'exception des emplois militaires dan» 
les armées de terre et de mer. L'acte dressé conformée 
ment à cette délibération autorisa le roi à emprunter à 
sept pour cent sur le produit éventuel de cette taxe. Il 
fut encore autorisé à lever un million sur le crédit géné- 
ral de Féchiquier. De nouveaux droits d'importationt 
furent établis. On renouvela la dernière capitatiôn par* 
quartiers, en arrêtant que, dans le cas où elle produi-. 
loit moins de trois cent mille livres sterling, le déficit 
seroit comblé par un emprunt sur le crédit général de 
l'échiquier. Les impôts sur le vin, le vinaigre, le tabac ^ 
le sucre, furent continués pour cinq ans, et les droits. 
Sun les marchandises des Indes orientales pour quatre ^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. 197 

en mit un nouvel impôt de huit pour cent sur le capital — ;"~"'~ 
de la compagnie des Indes orientales, estimé sept cent '^ 
quarante-quatre mille livres sterling, un autre d*un 
pour cent sur le capital de la compagnie d'Afrique, et 
un de cinq livres sterling sur chaque action du capital 
de la compagnie de la baie d'Hudson : le roi eut pou- 
voir d'emprunter cinq cent mille livres sterling sur tous 
ces fonds, qui furent expressément affectés aux dé- 
penses que nécessiterait la guerre^ 

• Les bills pour les subsiîdes furent retardés dans la instruc- 
chambre-haute par les manœuvres d'Halifax , de Mul- toralF^dê 
grave et d'autres mécontents. Ils insérèrent dans le bill Burnet 
relatif à la taxe des terres, une clause portant que les J^r^^ 
lords se taxeroient eux-mêmes. Cette clause passa à la ««»» ^^ 
majorité, et le bill fut renvoyé avec cet amendement 
aux communes , qui le rejetèrent à l'unanimité , comme 
une infraction manifeste à leurs privilèges. Elles de- 
mandèrent une conférence , où elles déclarèrent que la 
clause en question étoit évidemment contraire au droit 
qu'elles possédoient de régler tout ce qui concemoit les 
subsides accordés par le parlement. Lorsque te rapport 
des communes sur ce point futdiscuté dans la chambre- 
haute , le comte de Mulgrave déploya toutes les res- 
sources de l'éloquence et du raisonnement pour per- 
suader aux lords qu'en cédant à cette prétention des 
communes , ils se dépouilleroient eux*mémes de leur 
véritable dignité, et qu'il ne leur resteroit plus que le 
nom de pairs et une ombre de pouvoir. 'Tous ses argu- 
ments n'empêchèrent point les lords de retirer la clause-, 
en déclarant toutefois que, bien convaincus du droit 
qu'ils avoient de la soutenir, ils adoptoient le bill sans 
aucun changement , en considération de Tétat urgent 



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ig8 HI8TOIBE D'ANGLETEnBE, 

■ , ■ ■ ■ des affaires. Une plaiote en forme fut rendue dans la 
' chambre - basse contre un pamphlet intitulé , le roi 
Guillaume et la reine Marie conquérants^ comme ren* 
fermant des assertions d'une dangereuse conséquence 
pour leurs majestés et la tranquillité du royaume, 
L*imprimeur et celui qui avoit autorisé Timpression fii^ 
rent emprisonnés , et , Touvrage ayant été e](aminé , les 
communes le condamnèrent à être brûlé par la main 
du bourreau , et demandèrent au roi la destitution de 
celui qui avoit autorisé Timpression. Elles prononcée 
rent la uiéme sentence contre une instruction pastorale 
de révéqile Burnet , où la même dénomination ctoU 
donnée au roi et à la reine. Les lords , jaloux de mani- 
fester leur sentiment àrcet égard, déclarèrent une telle 
doctrine injurieuse pour leurs majestés., contraire aux 
droits du peuple, et aux principes sur lesquels étoit 
fondé le gouvernement; Bohun , qui avoit permis d'inir 
primer, fut mandé à Içi barre de la chambre, et dé^ 
chargé, sur sa requête, après avoir reçu à genoux une 
réprimande de Torateilr. 

Plusieurs membres s'étant plaints que des hommes 
attachés à leur service eussent été enlevés et envoyés 
çn Flandre pour y servir comme soldats , la chambre 
nomma un comité qu'elle chargea de faire une enquête 
sur les abus commis par les enrôleurs. Elle adressa à 
ce sujet des remontrances au roi , qui témoigna son in- 
<ïignation d'une telle pratique, et assura la chambre que 
l^s coupables seroient punis d'une manière exemplaire. 
Cependant les communes , ayant appris dans la suite 
que les moyens employés par sa majesté contre cet abus 
n a voient produit aucun effet, reprirent Tenquête , et 
agirent avec beaucoup de viçue\u* , d'après les informi^* 



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i^i.2. 



rot- 



CniLLAUME III ET MARIE. 199 

. tions qu'elles reçurent. Du grand nombre d'individus 
qui avoient ainsi été pris de force furent relâchés par 
ordre de la chambre; et le capitaine Winter, le prin- 
cipal fauteur de cette odieuse ipEinière de recruter Far- 
mée, fut conduit par un sergent devant le lord-chef de 
la justice, pour être poiirsuivi suivant toute la rigueur 
des lois. 

L'agitation causée par cet abus tyrannique n'étoit *^3- 
pas encore apaisée, lorsque le mécontentement de la ^^^^^^^^ 
nation fut aggravé par des plaintes contre lord Sidney , cham- 
^ue des Irlandois accusoient de gouverner despotique- ^^* ** 
ment leur pays. Ces plaintes furent portées par sir 
Francis Brewster, sir William Gore , sir Jean Macgill, 
le lieutenant Stafford, M. Stone, et M. Rerne; interro- 
gés à la barre de la chambre, ils remirent un exposé de 
leurs griefs. Les deux chambres procédèrent de con- 
cert à une information , qui ne tiit pas plus tôt terminée 
qu'elles présentèrent séparément des adresses au roi. 
Les lords observèrent qu'on avoit commis de grands 
abus en disposant des biens confisqués ; qu'on avoit 
accordé aux Irlandois des avantages non compris dans 
le traité de Limerick , et dont l'effet étoit de priver les 
protestants du bénéfice des lois contre les papistes ; que 
les quartiers de l'armée n'avoient pas été payés confor- 
mément au^ dispositions arrêtées dans le parlement; 
qu'un maire avoit été imposé a la ville de Dublin pen- 
dant deux années successives , contre les anciens pri- 
vilèges et contre les chartes ; que plusieurs individus 
accusés de meurtre avoient été exécutés sans preuves, 
tandis qu'un nommé Sweetman , le plus coupable de 
tpus, avoit été déchargé, sans qu'aucune poursuite eût, 
été dirigée contre lui. Les communes s'exprimèrent 



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!îOO HISTOIRE D ANGLETERRE, 

-* ' ■ avec plus de liberté dans leur adresse : elles exposèrent ' 
* 9^' nettement les vices de Tad^ainistration , qui consis^ 
toient à laisser les sujets protestants en butte aux vio- 
lences d'une armée licencieuse;' à recruter les troupes 
parmi les papistes irlandois , naguère en révolte ouverte 
contre le souverain ; à accorder à d autres papistes du 
même pays une protection qui arrétoit la marche des 
lois ; à annuler des condamnations pour haUte-trahison ^ 
non comprises dans les articles du trsiité de Limerick ; 
à laisser tomber en non^valeur les terres confisquées, 
fiu grand préjudice des revenus de sa majesté ; à dissi- 
per les munitions qui restoient dans les villes et les 
forts qu'avoit occupés le roi Jacques , aussi bien que les 
meubles et effets des domaines confisqués , tous objets 
qui auroient pu être employés à l'avantage dé Tétat ; 
enfin , à ajouter de nouvelles clauses au traité de Lime- 
rick , depuis qu'il avoit été signé , et que la place avoit 
' été rendue. Sa majesté étoit instamment suppliée de 
réformer tous ces abus , qui avoient puissammeiit en- 
couragé les papistes d'Irlande, et affoiblila cause des 
protestants. Les deux adresses furent très bien reçues 
du roi , qui promit de donner une attentiop particulière 
à toutes les remontrances qui lui viendroient de l'une 
ou de l'autre chambre. Cependant il ne fut pris .aucune 
mesure contre les lords^idney, Athlone , et Coningsby , 
qui paroissoient s'être appropriés , par concessions dé 
la cour, une grande partie des biens confisqués; et Ye 
commissaire Cullifbrd, coupable des actes d'oppression 
les plus criants , demeura lui-même impuni. 

BiHsfavo- L'ancien esprit des whiffs n'étoit pas encore entière- 

ralxlesàla ru r 

liberté, «^ent banni de la chambre-basse , et Tinfluence de la 
cour s'exerçoit avec $i peu de mystère, et d'une manicçô 



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etJILLAUME m ET MAKIE. ^01 

si scandaleuse , que la plupart des membres en furent " 
offensés. Dans le temps même que leur condescen- 
dance envers la cour se manifestoit , sir Edouard Hus- 
sey, membre des communes pour Lincoln , présenta 
un bill propre à établir dans le parlement une liberté et 
une^ impartialité entières. L'objet de ce bill étoit de 
faire interdire aux membres du parlement l'exercice de 
tout emploi de confiance , ou auquel seroient attachés 
de^ émoluments : il étoit particulièrement dirigé contre 
les officiers de terre et de mer , qui étoient en si grand 
nombre dans la chambre , qu'on ^a nommoit communé- 
ment le parlement des officiers. Le bill passa dans la 
chambre des communes , et fut envoyé aux lords , qui , 
après une seconde lecture, en remirent l'examen à un 
comité : mais le ministère employa tout son crédit pour 
en empêcher l'adoption; et lorsqu'on fit le rapport, il 
fut rejeté à la majorité de deux voix. Le comte de Mul* 
grave fit alors briller de nouveau son éloquence , dans 
un discours qui excita au plus haut degré l'admiration 
du peuple. Parmi ceux qui protestèrent dans le procès- 
verbal contre le rejet du bill , on distingua le prince 
Georges de Danemarck. La cour n'étoit pas encore re- 
venue de la consternation où l'avoit jetée une opposi- 
tion si vigoureuse , quand le comte de Shrewsbury pré- 
senta un autre bill portant que les parlements seroient 
renouvelés tous les trois ans ; qu'il y auroit annuelle- 
^ ment une session; et que si, à l'expiration^des trois 
années , la couronne n'expédioit pas les lettres de con- 
vocation, le lord-chancelier ou le commissaire du grand 
sceau seroient tenus de les expédier d'office, en vertu 
du présent acte , sous des peines sévères. Cette motion 
9voit pour but immédiat la dissolution du parlement 



1G93. 



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202 HISTOIRE D ANGLETERRE. 

""~*~" actuel, qui avoit déjà eu trois sessions , et quicommen* 
^ ' çoit à devenir formidable au peuple par ses concessions 
au ministère. Le bien qui devoit résulter pour la con- 
stitution de rétablissement des parlements triennaux 
n'étoit point équivoque, cette matière ayant été, sous 
les régnes précédents, Tobjet de nombreuses discus- 
sions. Les courtisans objectèrent que les élections frér 
quentes rendroient les francs-tenanciers orgueilleux 0t 
insolents, favoriseroient Tesprit de faction pariQi les 
électeurs , et occasioneroient des dépense^ continuelles 
pour chaque membre, qui, voyant à si peu de distance 
le retour des élections, croiroit nécessaire de se livrer, 
pendant toute la session , aux manèges d'un candidat 
avoué. Mais toute Tinfluence du ministère ne put em* 
pécher qye le bill ne passât dans la chambre-haute, 
avec une clause pour que le présent parlement qe pût 
3e prolonger au-delà du mois de janvier suivait. Dans 
la chambre des communes le ministère redoubla d'ef< 
forts contre ce bill , qui passa néanmoins , avec quel- 
ques légers amendements qu'approuvèrent les lords. 
Mais tous ces succès devinrent inutiles , le roi ayant 
jrefusé sa sanction. Les communes,/! Finstigation du 
ministère , rédigèrent ^n bill pour continuer çt expli* 
quer certaines lois temporaires, déjà expirées ou près 
d'expirer, entra autres un acte pour restreindre la li- 
l>erté de la presse , acte qui appartenoit au régne de 
Charles il , et qui avoit été remis en vigueur la pre- 
mière année du /régne suivant. Le bill passa dans la 
çhambre-basse sans difficulté : mais il éprouva la plus 
vive opposition dans la chambre des lords. Un grand 
nombre de ces derniers protestèrent contre le renou- 
vellement d'une loi qui , à leur avis , asservissoit les tra- 



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GIJILCAUME m ET MARIÉ. 2oS 

vaux de la science , et le langage même de la vérité au TT" 
Il ^ • ^ 1 1^9^ 

jugement et au caprice d un censeur mercenaire et quel- 
quefois ignorant , violoit la propriété des auteurs , et 
étendoit le fléau des monopoles. Le bill relatif aux pro- 
cès fut abandonné, et il en fut produit un autre à la 
place, pour mettre hors de toute atteinte les personnes 
sacrées de leurs majestés et leur gouvernement. Mais 
le ministère, par ses pratiques secrètes, parvint aie 
faire rejeter. La compagnie des Indes orientales se vit 
en danger d'être dissoute. On préseata des pétitions 
contre elle à la chambre des communes : d'autres péti- 
tions furent présentées pour sa défense. Les unes et les 
autres furent discutées avec attentioh. Un comité de 
toute la chambre arrêta qu'il seroit fait une souscrip- 
tion additionnelle d'actions , dont le fonds ne pourroit 
excéder deux millions cinq cent mille livres sterling, 
«t qui auroit lieu pour une durée de vingt*un ans. Le 
rapport fut fait et accueilli , et le public s'attendoit à 
voir terminer promptement cette affaire : mais la com- 
pagnie' eut recours aux mêmes expédients qui avoient 
«ù tant de succès dans les mains du ministère. Ceux 
qui s'étoient montrés les plus ardents à dénoncer les 
abus se refroidirent tout-à-coup , et laffaire commença 
à languir. Cependant la chambre demanda au roi, par 
une adresse, de dissoudre la compagnie, en la préve- 
nant trois ans d'avance ; comme l'exigeoit la charte re- 
lative à cette compagnie. Le roi répondit qu'il exami- 
neroit cette demande ; et les communes bornèrent là 
leurs remontrances. Le bill pour confirmer les juges 
dans leurs emplois et honoraires , bill que le roi avoit 
refusé de sanctionner dans la session précédente, fut 
reproduit , lu à deux reprises , et rejeté. Un aùtrç bill 



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îio4 HISTOIBE DANGLETEBRt. 

^g^ pour empêcher lexportation et la fonte de la tnonnoie^, 
resta sur le bureau . Le 1 4 mars , le roi ferma la session 
par un discours, où il remercia le parlement de toutes 
les preuves d'affection qu'il lui avoit données , promit 
que les subsides recevroient une sage application , et 
annonça aux chambres que l'état des affaires exigeoit 
son départ , en ajoutant qu'il laisseroit un nombre de 
troupes suffisant pour la sécurité du royaume. Il les 
assura enfin qu en toute occasion il exposeroit sa per« 
sonne pour l'avantage de Tétat, et ne riégligeroit rien 
de ce qui pouvoit faire des Anglois une nation floris- 
sante. 
Procès de Dans le cours de cette session , le lord Mohun , aecusé 
Mohun. " ®^re complice du meurtre d un célèbre acteur , fut 

^mems •'"^^ P^^ ^^^ P^*''* ^^"^ '^ ^^'® ^^ Westminster, et ac- 
daris le quitté à Une grande majorité Le roi, qui, dès son avè- 
Tère! ï^^^ent au trône , avoit voulu tenir la balance égate 
entre les whigs et les torys, en les appelant les uns et 
les autres dans son ministère , suivit la même politique 
dans les changements qu'il crut devoir opérer. Le grand 
sceau , avec le titre de lord-chancelier, fut conféré à sir 
Jean Somers, homme versé dans la connoissance dés 
lois, et qui étoit loin d'être étranger aux diverses bran* 
ches de littérature. Il avoit un talent particulier pour 
les affaires, auxquelles il se livroit avec beaucoup de 
patience et d'assiduité; son caractère étoit plein de 
douceur et d^équité : ses principes le faisoient pencher 
vers les whigs , sans rien ôter à sa modération et à ses 
habitudes conciliantes. On remarquoit les mêmes qua- 
lités dans sir Jean Trenchard, que le roi nomma secré* 
taire-d'état^ Il avoitpris parti pour le duc de Monmouth , 
qu'il avoit suivi sur le continent , et avec qui il avok 



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cyiLLAUME m ET MARIE, HoS 

passé quelques années. Il étoit calme et posé, propre 
aux affaires diplomatiques, et considéré coinihe un des ^ 
chefs de son parti. On prétendit que Tun et l'autre dé- 
voient leur élévation aux bons offices du comte de Sun- 
derland, qui avoit su gagner la confiance et la faveur 
du roi. Les chefs de l'opposition étoient sir Edouard 
Seymour, jeté de nouveau dans le parti des mécon-^ 
tents, et sir Christophe Musgrave, gentilhomme du 
Cumberland, qui , malgré l'exagération de ses principes 
comine tory, avoit cependant refusé de concourir à tous 
les projets du dernier roi. C'étoit un homme de mœur» 
graves et régulières. Il avoit repoussé plusieurs fois les 
offres du ministère , et l'avoit toujours combattu vio- 
lemment. On citoit cependant quelques circonstances 
critiques pu son avarice , plus forte que son patriotisme ^ 
Tavoit déterminé à des concessions, à la vue de sommes 
considérables que la cour lui avoit fait offrir secrète- 
ment. Quelques autres se déclarèrent contre Tadminis^ 
tration , par Tidée que leurs talents n etoient pœnt assez 
récompensés* Les principaux étoient Paul Foley^ et 
Robert Harley : le premier étoit un habile juriscon- 
sulte, homme d'une instruction très étendue , vertueux 
par principes, m*ais dur, entêté et capricieux. Il pro^ 
fessoit un grand mépris pour la cour, et trouvoit moyen 
de £Biire partager ce sentiment à beaucoup d'autres. 
Harley, dominé par une haute ambition , possédôit un 
grand fonds de connoissances : capable de l'application 
la plus forte et la plus opiniâtre, il avoit particulière- 
ment tourné ses études vers la politique; il n'igno- 
roit aucune des formes , aucune des ressources qu'on 
pouvoit employer dans les parlements ; et personne ne 
I9 ^urpassoit en de;xtérité pour diriger y ralentir ou em* 



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î»o6 MlSTOinE D'^NGtETEHilÉ. 

"" — brouiller les débats. L'amiral Bussel fut fait trésoriet 
^^ * de la maison * du roi ; et le commandement de la flotte 
passa entre les mains de Killigrew ^ Délavai et ShoveL 
Sir Georges Booke fut nommé vice-amiral de la division 
rouge; et le lord Jean Berkeley, de la division bleue: leurs 
contre - amiraux furent Mathieu Avlmer et David 
Mitchel. 
I^ roi Après avoir visité la flotte et les fortifications de Ports*' 

'l*armée i3aouth| donné des instructions pour faire àTennemi 

^^' tout le mal possible par terre et par mer, et laissé 

rés en le gouvcmement a la reme ^ le roi s embarq ua le 3 1 mars 

Flandre, p^.^^ Graveseud , et arriva en Hollande le 3 avril. Aussi-* 
tôt les troupes des confédérés eurent ordre de se ras- 
sembler. Mais pendant que Guillaume faisoit ses pré- 
paratifs, le roi de France se mit en campagne : on lut 
supposa le desaein d'attaquer quelque viile du Brabant. 
Son armée, abondamment pourvue des choses néces- 
saires pour les opérations militaires de toute espèce, 
s elevoit à cent vingt mille hommes très bien équipés. 
Guillaume prit d'abord possession du camp fortifié & 
Parke , proche Louvain , poate où il pouvoit couvrir les 
placés les plus exposées. Instruit que les émissaires de 
la France âvoient jeté des semences de division entre 
révéque et le chapitre de Liège , il envoya le duc de 
Wirtemberg dan» cette ville pour réconcilier les partis, 
et concerter les mesures propres à mettre la place en 
sûreté. Il renforça la garnison de neuf bataillons; et 
rélecteur palatin se hâta de marcher au secours avec 
ses troupes. Guillaume jeta aussi des renforts dan» 
Maestricbt, Huy et Charleroyi et résolut, quant à lui, 
de se tenir sur la défensive à la tête de soixante n^ille 
hommes ^ avec un train d'artillerie fort considérable^ 



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CUILLâUME lil ET RiARIE. 20^ 

Quand Louis XIV eut passé son armée en revue à '"''-* 

Oemblours , voyant ses projets sur le Brabant décon- ^ ' 
certes par la diligence de son ennemi , il détacha Bouf- çois ré- 
flers avec vingt miHe hommes vers le Haut-Rhin , pour ^^^^^^ 
joindre le dauphin, qui commandoit sur ce point, laissa 
à Luxembourg le commandement de ses forces dans 
les Pays-Bas, et reprit le chemin de Versailles avec sa 
cour. Immédiatement après son départ , Luxembourg 
établit son quartier-général à Mildert , et Guillaume 
fortifia son camp de ce c6té par dix bataillons et vingt- 
huit pièces de canon. Les convois ennemis furent sur- 
pris fréquemment par des détachements de la garnison 
de Charleroy, et un corps nombreux de troupes de ca- 
valerie et d'infanterie tirées de Liège et de Maestricht , 
prit poste à Huy, sous lés ordres du comte de Tilly, 
afin de resserrer les François dans leurs quartiers. Mais 
le comte fut délogé par Luxembourg en personne , et, 
forcé* de passer le Jaar, laissant derrière lui trois esca- 
drons et tout son bagage , qui tombèrent entre les mains 
de lennemi. Heureusement cet échec fut compensé par 
les succès du duc de Wirtemberg , qui , avec treize ba- 
taillons d'infantferie et vingt escadrons de cavalerie, força 
les lignes des François entre TEscaut et la Lys, et mit 
tout le pays jusqu'à Lille à contribution. Le même jour 
(c'étoit le i8 juillet) , Luxembourg marcha sur Huy, 
qu'investit le lendeiùain M. de Villeroy. Le général en 
dief couvrit le siège , et se précautionna contre les al- 
liés par des lignes de contrevallation. Avant même que 
lès batteries commençassent à jouer , la ville capitula, 
La garnison s'etant mutinée, le 23 du même mois, 
les châteaux furent rendus ; le gouverneur demeura 
prisonnier y eft ses troupes furent conduites à Liège. 



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ao8 HISTOIRE D'ANOLETKflIlE>. 



"^ — 7"; — L'armée des alliés s'avança, dans 1 iatçntion desecpurîi* 
^ ' la ville ; mais Guillaume apprit qu il ifétpit plus temps; 
il détacha aussitôt dix bataillons pour renforcer encore 
la garnison de Liège, et, le jour suivant, il retùuraa à 
Neer-Hespen. 
Laxem- Luxembourg fit un mouvement vers Liégè, comme 
bourg se g'j| youloit assiéger cette place; et campa à Hellecheim , 
neàaua-à Une distance d'environ sept lieues des confédérés. 
^Ivàé ^^ N'ignorant pas combien ils étoient affoiblis , depuis que 
divers détachements avoient été tirés de leur armée , ij 
prit le parti de les attaquer dans leur camp , ou , s'ils se 
retîroient à son approche, de tomber sur leur arrière- 
garde. Il se mit en marche sur quatre colonnes le aS 
juillet, et passa le Jaar près de sa source, avec une 
armée supérieure en nombre à celle des alliés. Le 
roi d'Angleterre ne. vit d'abord dans ce mouvement 
qu^une feinte pour couvrir un dessein contre Liège* 
Mais ayant eu avis que toute l'armée ennemie étoit en 
pleine marche pour l'attaquer dans son camp , il résolut 
de garder son terrain, et rangea aussitôt ses troupes 
en ordre de bataille. Ses officiers-généraux lui conseil- 
loient de repasser la Geet : mais il aima mieux courir le 
risque d'une bataille que d exposer son arrière-garde^ 
en répassant cette rivière. Son aile droite, s'étendant jus- 
qu'à Nerwinde , le long de la Geet , étoiteouverte par des 
haies, des chemins creux, et par un petit ruisseau; sa 
gauche atteignoit Neer-Landen, et ces deux villages 
furent joints par un petit retranchement que le roi fit^ 
faire le soir même. Le brigadier Ramsey, avec les régi- 
ments d'O'Parrel , de Mackay, de Lauder^ de Leven, et 
de Monroé, fut placé à la droite de toute l'armée, le long 
de quelques haies et chemins creux, au-delà du village 



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ctJiLLÂUME tu w UAuxÉ. iog 

de Lare. Six bataillons de Brandebourg furent podtés à ■ ■ ■ 
la gauche de ce village, et le général Dûment^ avec '^•^^' 
Finfanterie hanovrienne, oompa le village de Nerwîn^ 
de, qui couvroit Une partie du camp ^ entre Iç corps de 
bataille et laile droite de la cavalerie. Meer<>Landen, sur 
la gauche, fut défendu par six bataillons de troupes 
angloises , danoises et hollandoises. 

Après avoir visité à cheval tous les postes , et donné 
les ordres nécessaires, le roi prit environ deux heures 
de repos dans son carrosse. Le lendemain de grand 
matin , il fit venir son chapelain , et se mit pendant 
quelque temps en prière avec lui^ Au soleil levant^ on 
vit Tennemi se déployer en ordre de bataille; et le feu 
des 'alliés eomniença avec asse2 de succès. Les Fran- 
çois , vers huit heures , attaquèrent impétueusement 
les villages de Lare et de Nerwinde. Deux foi&âls s'em** 
parèrent de ces deux postes , et deux fois ils en forent 
repoussés. Les alliés conservèrent leiu* terrain, et 1^ 
duc de Berwick fut fait prisonnier par son oncle le bri* 
gadier Churchill. Les François attaquèrent alors Taile 
gauche des confédérés à Neer-Landen , et, après un 
combat très acharné, furent obligés de se retirer /quoi^ 
que déjà maîtres des avenues. Le prince dç Cônti revint 
à. la charge, avec la fleur de Tinfanterie françoise; et 
les alliés ,. accablés par le nombre , abandonnèrent Ifi 
village, laissant ce côté du camp à découvert. Villeroy, 
s'y portant avec un corps de cavalerie, fut attaqué et 
repoussé par le comte d'Arco , général des cuirassiers 
de Bavière. Le duc de Chartres fut alors au moment 
d'être pris. Sur ces entrefaites , Luxembourg , le prince 
de Conti, le comte de Marsin et le maréchal de Joyecise» 
chargèrent à la droite sur différents points de la ligne ^. 
II. «4 



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âlO ltl9lrOlRfi D^ARGtfitÈARt. 



""^"^ — àv€c tant û'impétno^iié^ que tout plia devant eux. Lei 
^ ' François inondèreot le caiop des confédérés , et les 
VîUages de Lare et de Nerwinde furent emportés , mal-' 
gré la résistance la phis désespérée, hsk cavalerie hano^ 
arienne et hoUandmse étant rompue , le roi vint eii 
fiersoane à son secours, à la tête de la cavalerie an- 
gloise. Ces ttoupes fraîches se battirent vaillammenf^ 
et refardèrent de quelques heures la funeste issue de 
cette journée» L'^infanterie parvint à se rallier, et se 
défendit jusqu'à ce que ses munitions fussent épuisées : 
enfin Ton en étoit au point de soutenir ie choc d^un 
ennemi supérieur en nombre , lorsque le marquisd'Har- 
court y sortant de Huy , à la tête de^vingt-deux escadrons 
de troupes fraîches , vint enfin fixer le sort de la bataille. 
Après des efforts extraordinaires , Félecteur de Bavière 
se retira avec beauooup de difficulté par le pont de 
l'autre côté de la rivière, où il rallia ses troupes y pour 
£aciUter la retraite à ceux qui n'étoient pas encore pas*' 
* ses. Le roi , témoin de la perte de la bataille et du dés- 

ordre de Tarmée , gagna avec son infanterie Dormul » 
sur le ruisseau du fieck, où se trouvoient les dragons 
deTaile gauche. Il eiit beaucoup de peine à effectuer sa 
retraite par le pont de Neer-Hespen , quoiqu'elle fl^t 
couverte par les régiments de Wyndham, Lumley et 
Galway. Ce n'étmt plus que tumulte, désordre, con* 
sternatioD ; la dérouta fut générale : un grand nombre 
de fuyards se jetèrent dan» la rivière, et y périrent. On 
a lieu de croire que ce fut aussi le sort du brave comte 
d'Atfaloae. Le duc d'Ormond , couvert de blessures, 
tomba entre les mains de Tennemi j et le comte de 
Solmes fut blessé à mort. La plus grande partie de 
Tinfanterie angloise fut sauvée par le courage et Thabi* 



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ûtJlLLAtJMË Ht Et MAttlËi 21 1 

letc de Ptolemache. Quant au bagage, il avok4té en* , . ■ ■ 
voyé à Liège avant laction t mais les confédéré» perdi* *^ 
rent soixante piéce9 de canon » et environ sept mille 
hommes. Cependant il est incontestable que les alliés 
combattirent dans cette journée avec autant de valeur 
que de constance ; Guillaume fit des prodiges de cou-* 
rage et d activité, pour retenir la fortune qui lui échap- 
poit ; il vola tour^-tour sur tous les points de la bataillé , 
chargea en personne à pied et à^ cheval, et courut les 
plus grands dangers : sa perruque, la tnandbe de sa 
cotte d'armes et le nœud de son écharpe', furent percés 
de trois balles , et beaucoup de soldats tombèrent à ses^ 
côtés^ Sa valeur extraordinaire étonna Fennemi : le 
prince de Gonti , entre autres , en témoigna toute son 
admiration. Cependant sa conduite et ses dispositions 
dans cette bataille , comme dans toiiitea les autres qu'il 
avoit livrées, furent sévèrement censurées. On dit que 
Luxembourg observant sa situation quelques moments 
avant le combat , prononça ces mots : J^ croU k présent 
qvue le prince, de Waldeck estiien réellement màrt^ allu- 
sion à rhabileté connue de ce général dans le ofaoâx du 
terrain. Quoi qu'il en soit , il paya son triomphe asseas 
eher^ Sa perte e^ of^ciers et en soldats fut presque 
égale à celle des alliés , et il ne retira pas de c^tte vie* 
toire de bien grands avantages. Il demeura quinze purs 
dans Tinaction à Waren , . pendant que le roi Guillaume 
rappelant le duc de Wirtemberg, et tirant des troupes 
de Liège et des autres garnisons , se mit en état dé ha* 
sard^r une nouvelle action. 

Il n'y eut rien de bien remarquad)le dans le reste «de charleroi 
cette campagne, jusqu'à ce que Luxembourg ayant été v^'^ P»^ 

90U. 

M- 



irejoint par BoufHers à la tête d'am renfort considérable ^* ^^^ 



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2Ï2 iriStOIRÉ D'ANGLfitEfeRÉ. 

"■*''■ ' des troli^fes du Rhin, investit Charleroi. Il a voit prlô des 
" mesures si sages et si habiles, que les alliés ne pou- 
voiefft déranger ses opérations sans attaquer ses lignes 
avec un grand désavantage. Le roi détacha l'électeur 
dé Bavière et le duc de Wirtemberg avec trente batail- 
lons et quarante escadrons pour opérer une diversion 
en Flandre; mais ils revinrent au bout de quelques 
jours, sans avoiip entrepris rien d'important. Charleroi 
fiit admirablement défendu par la garnison, depuis 
le lo septembre jusqu'au ii octobre: elle repoussa 
plusieurs fois les attaques des assiégeants; mais enfin, 
^ désespérant d'être secouru, le gouverneur se déter- 

mina à capituler, et obtint les conditions lés plus ho- 
norables. La prise de cette place fut célébrée à Paris 
par un Te Deum et par des réjouissances. Cependant 
Louis XIV, au milieu de toute sa gloire , ne voyoit pas/' 
sans beaucoup de chagrin le peu d'avantages que sesT 
dernières victoires a voient produit. Les alliés avoieht 
été défaits successivement à Fleurus, Steinkerque et 
Kerwinde; mais, quinze jours après chaque combat, 
Guillaume se trou voit en- état d'en livrer un nouveau. 
Précédemment le monarque françois avoit conquis, 
sans bataille, la moitié de là Hollande, la Flandre et 
la Franche-Comté : maintenant, avec les plus grands 
efforts , et après les victoires les plus signalées , il ne 
pouvoit passer les frontières des Provinces-Unies. La 
eonquéte de Charleroi ferma la campagne dans les 
Pays-Bas, et les deux armées prirent ensuite leurs 
quartiers d'hiver. 
Campa- L'armée frahçoise , commandée sur le Rhin par de 
le Rhin et Lotges , passa ce fleuve , au mois de mai , à PhilisboUrg, 
^Q Pîé- çç investit la ville d'Heidelberg, qu'elle prit, livra au 



mont. 



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GUILLAUME IH ET MARIE,. ai3 

pillage et réduisit en cendres. Ce général exerça dei - 

cruautés sans nombre dans le Palâtinat, et ravagea cet ^ 
infortuné pays^ sans, y respecter mémeJa cendre desi 
morts. Les soldats françois semblèrent inspirée daas 
cette circonstance par la plus àtiY)ce iphumanké. Mas- 
sacres'y viols, pillages des maisons et des églises, meur- 
tre des prêtres à Fautel même, rien ne manqua à leurs 
excès. Les tombeaux des électeurs furent brisés, et 
leurs cendres dispersées dans les rues ; le feu fut mis 
aux différents quartiers de la ville ; quinze millç habi- 
tants de tout âge et de tout sexe furent dépouillés et 
poussés dans cet état vers le château , afin que Taspect 
de ces malheureux portât la garnison à ca{Âtuler.. Ils 
demeurèrent, comme des troupeaux, en plein air, sans 
vétemenés, sans nourriture, et joignant à Thorreur de 
leur état la crainte d'un bombardement. Quand la sou- 
mission du fort leur eut rendu la liberté, un grand 
nombre moururent sur les bords du Necker, de froid „ 
de faim et de désespoir. Des hordes de Tartares au- 
roient-elles été capables de plus'de cruautés ? De Lorges 
s'avança vers le Necker contre le prince de Bade, campé 
sur Tautre rive, tenta le passage, et fut repoussé deux 
fois avec une perte considérable « Le dauphin, ayant 
joint Tarmée, qui s'éleva alors à soixante* dix mille 
hommes, passa le Necker sans opposition; mais voyant 
la position avantageuçe des Allemands, il ne voulut 
point hasarder une attaque, çt repi^ssa la rivière. U 
mit une garnison dans Stutgard, envoyâmes détache* 
ments en Flandre et en Piémont, et retourna à Ver- 
sailles au mois d'août^ 

En Piémont les alliés furent encore plus malheureux. 
Le duc de Savoie et le& confédérés ses auxiliaires entrer 



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ai4 HISTOIRE D'ANGLETERRE, 

■- """ ■ ■ prirent de chasser les François de Casai et de Pignerol, 
'^^* lia première de ces places étoit bloquée, et on investit 
la seconde, que couvroit le fort de Saînte^Brigite. Ce 
fort fut pris, et la ville bombardée ; mais Catinat ayant 
reçu du renfort, descendit alors dans la plaine. Le duc 
fut si alarmé pour Turin , qu'il abandonna le siège de 
Pignerol, après avoir fait sauter le fort, et marcha au- 
devant de Fennemi dans la plaine de Marsaille, voisine 
de sa capitale. Le 4 octobre les François s'avancèrent 
sur lui des hauteurs, entre Orbassau et Piorasque, et 
il s'engagea un combat furieux. L'ennemi chargea, 
l'épée à la main , l'aile gauche des confédérés avec une 
valeur étonnante. Repoussé deux fois, il revint à la 
charge avec une telle impétuosité, qu'il culbuta la ca- 
valerie napolitaine et milanoise, et mit en désordre la 
cavalerie allemande, qui se renversa sur l'infanterie, 
en sorte que toute l'aile fut dans la plus grande confu-^ 
sion. Cependant le centre et l'aile droite de l'armée sou- 
tinrent la charge sans s'ébranler, jusqu'à ce que la dé- 
faite de la cavalerie permit de les prendre en flanc. 
Alors tout le front plia ; en vain la seconde ligne reçut 
ordre de le soutenir : la cavalerie tourna le dos et l'in- 
fanterie fut mise complètement en déroute. En un mot 
les confédérés furent contraints de se retirer précipi- 
tamment , abandonnait leur canon à l'ennemi , et lais- 
sant huit mille hommes tués ou blessés sur le champ 
de bataille. Le duc de Schomberg, à qui l'on avoit 
^ refusé le rang qui lui étoit dtf^ avoit du moins voulu 
combattre à la tête des troupes à la solde du roi d'An- 
gleterre, placées au centre, et ces troupes se compor-: 
tèrent, sous les yeux de leur chef, avec la plus grande 
valeur. Quand l'aile gauche fut defs^ite, le comte d^ 



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OUILLAUMË IH ET MARIE. jStlS 

X«06-Torres voulut remettre le commandement à Schom- " 
berg, pour que ce général dirigeât la retraite de Tin- * 

fanterie et de l'aile droite; mais Sdhomberg refusa 
d'agir sans les ordres du duc de Savoie « et dit que les 
choses en étoient venues au point qu'il falloit vaincre 
ou mourir. Il ne cessa point d'animer ses troupes de la 
voix et de l'exemple, jusqu'à ce qu'il fut frappé griè- 
vement à la cuisse. Son domestique, le voyant tomber, 
vole à son secours en criant, quartier! mais il est lue 
lui-même avant qu'on ait pu l'entendre. Schomberg est 
pris aussitôt, et relâché ensuite sur sa parole; mais 
quelques jours sont à peine écoulés que ce héros meurt 
à Turin, emportant des regrets universels, bien dus à 
ses grandes et aimables qualités. Le comte de Warvick , 
qui l'accompagnoit en qualité de volontaire , fut comme ^ 
lui blessé et fait prisonnier; mais, plus heureux, il ne 
tarda pas à guérir et à recouvrer sa liberté. Cette vic- 
toire ne fut pas plus décisive que celle de Nerwinde, et 
ne coûta pas moins aux François, par la défense opi- 
niâtre des alliés. Le duc de Savoie se retira à Mont- 
callier, et jeta un renfort dans Coni, que Gatinat n'osa 
pas assiéger, tant ses troupes avoient souffert dans la 
bataille. Il se borna à mettre le pays à contribution, 
et, après avoir renforcé les garnisons de Casai, PignO'^ 
roi et Suse, se disposa à repasser les monts. A la pre« 
mière nouvelle de cette victoire, Louis XTV envoya à 
Turin M. de Chaulais, chargé de faire des propositions -- 
au duc de Savoie, pour le détacher de la cause des 
alliés, et cette négociation fut vivement appuyée par^ 
le pape, devenu partisan de la France; mais ce que 
proposoit Louis XIV n étoit pas encore ce que vouloit 
le duc, qui crut devoir refuser. 



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2.l6 HISTOIRE to^ANOLETERRfc. 

V^j Les démarches de la France n'avoient pas obtenu 

inoins de succès à Gonstantinople qu'à Bdme. Le gi^nd* 
visir étoit devenu pensionnaire et partisan de Louis ; 
piais une guerre où les Turcs étoient engagés depuis si 
long'temps» et ay:ec si peu de fruit, rendit ce ministre 
tellement odieux, que le grand^seigneur né put apai- 
'ser les clameurs qqen le déposant. Les ambassadeurs 
d'Angleterre et de Hollande à Gonstantinople s^empres- 
sèrent alors de renouveler leur médiation pour la paix 
avqç Tempereur) mais leurs propositions furent tou- 
jours dédaigneusement rejetées. Pendant ce temps le 
général Hei^sler^ qui commandoit les Impériaux en 
Transylvanie, réduisit les forteresses de Jeno et Villa- 
guèwar. Au commencement de juillet le duc de Croy 
prit le commandement en chef de larmée allemande, 
et passant le Danube et la Saave, investit Belgrade. Le 
siège fut poussé pendant quelque temps avec beaucoup 
de vigueur ; mais on l'abandonna à l'approche du visir, 
qui obligea les Impériaux à repasser la Saave, et en^ 
voya: des partis faire des incursions dans la Haute^ 
Hongrie, La puissance de la France n'avoit jamais été 
si imposante qu'à cette époque, où elle entretenoit une 
' .flotte formidable sur la mer, et quatre grandes armées 
en (lifféren^s parties de l'Europe. On vient de voir les 
opérations des François en Allemagne et en Piémont. 
Le comte de Noailles avoit investi Roses en Catalogne , 
vers là Çn de mai, pendant que, la place étoit bloquée 
par la flotté du comte d'Estrées. l^lle se rendit au bout 
de quelques jours par capitulation, et il en fut de 
méaie du château d'Ampurias. La puissance espagnole 
se trouvoit tellement abaissée que Noailles auroit pourr 
çùivi ses conquête^ sans interruption, s'il lï'çût été 



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GUILLAUME III ET MARIE. 217 

obligé de détacber une partie de son armée pour ren- 
forcer Catinai; en Piémont. . «. . 

AtFaircs 

Rien ne pouvoit être moins glorieux pour les Anglois navale». 
que leurs opérations maritimes de cet été. Le roi avoit 
commandé aux amiraux la plus grande diligence dans 
l'équipement des flottes, afin de pouvoir bloquer les 
ports de lenpemi, et protéger le commerce, qui avoit 
beaucoup souffert de la part des armateurs françois ; 
mais ils mirent tant de lenteur dans leurs dispositions, 
que les escadres ennemies étoient sorties de leurs ports 
avant que la flotte angloise ftlt en mer. Enfin, vers le 
milieu de mai, elle fut rassemblée à Sainte-Hélène, et 
prit à bord cinq régiments qu'on destinoit à une des- 
cente à Brest; entreprise qui rie fut point exécutée. 
Les escadres angloise et hollandoise, ayant opéré leur 
jonction, formèrent ainsi une flotte nombreuse et im- 
posante ; et le peuple anglois comptoit sur quelque 
grande expédition. Malheureusement les amiraux fu- 
rent d'avis différents ; leur dissidence les empêcha de 
rien effectuer d'important. Killigrew et Délavai n'échap- 
pèrent pas au soupçon de répugnance pour le service 
de Guillaume, et l'on prétendit que la France entre- 
tenoit des intelligences secrètes avec les mécontents 
d'Angleterre, Louis XIV avbit fait de prodigieux efforts 
pour réparer le désastre de sa flotte* Il avoit acheté 
plusieurs grands vaisseaux qu'il avoit transformés en 
bâtiments de guerre. Il avoit mis un embargo sur tous 
les navires de son royaume, jusqu'à ce que ses escadres 
fussent équipées, et avoit fait beaucoup de promotions 
parmi les troupes et les officiers de mer, expédient qui 
porta au plus haut degré l'émulation et l'activité. Dans 
\§i mois de mai sa flotte parut sur la Méditerranée ^ di- 



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3l8 HISTOIRE D*AII6LETERRE. 

visée en trois escadres, qui formoient soixante «onze 
' vaisseaux de ligne, sans compter les galliotes à bom* 
bes, les brûlots et les allèges. 

Ce fut au commencement de juin que les flottes an- 
gloise et hollandoise mii*ent à la voile et entrèrent dans 
la IVliinche. Le 6 sir Georges Rooke fut détaché avec 
une escadre de vingt-trois vaisseaux pour parcourir les 
détroits, à Feffet de protéger le commerce. La grande 
flotte retourna à Torbay, pendant qu'il poursuivoit 
sou voyage, ayant sous son escorte environ quatre 
cents vaisseaux marchands anglois, danois , hoUan* 
dois, suédois, hambourgeois et flamands. Le 16 ses 
corvettes découvrirent une partie de la flotte françoise 
sous le cap Saint-Vincent, et le lendemain on la vit 
tout entière au nombre de quatre-vingts voiles. Seize 
vaisseaux ennemis prirent le devant sur Tesçadre an* 
gloise. Sir Georges Rooke, par le conseil de Tamiral 
hollandois Vandergoçs, résolut d'éviter, s'il étoit possi* 
ble, un combat dont les suites pouvoient être si désas* 
treuses. Il envoya ordre aux petits navires, qui étoient 
proches de terre, de se réfugier dans les ports de Faro, 
St.-Lucar et Cadix, dont ils n etpient pas éloignés , pen« 
dant qu'il protégeroit lui-même le reste. Vers six heu- 
res du soir, dix vaisseaux de l'ennemi coupèrent deux 
vaisseaux de guerre hollandais, commandés par les 
capitaines Schrijver et Vander*Poel, qui, ne voyant au- 
cun moyen d'édiapper, essayèrent du moins de sauver 
le reste de la flotte en se dirigeant vers le côté de terre, 
où les François furent obligés de les suivre. Attaqués 
alors, ils se défendirent en désespérés ; mais, accablés 
par le nombre, ils finirent par être pris. Un vaisseau 
de guerre anglois et une riche pinasse furent brûlés. 



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GUILLAUME III ET MARIE. aig 

Les comtes de Tourville et d'Estrées s'emparèrent de TT^ 
\nigt-neuf vaisseaux marchands, et en détruisirent cin- 
quante. Sept des plus gros vaisseaux de Smyrne tom- 
bèrent au pouvoir de M. de Coetlogon, et quatre furent 
coulés à fond dans la baie de Gibraltar. On évalua la 
perte faite dans cette occasion à un million sterling. 
Cependant Rooke gagna le large par un vent frais , et, 
le 19, envoya le vaisseau de guerre TAllouette porter 
la nouvelle de son désastre. Il gagna Madère, où il fit 
du bois et de l'eau, mit ensuite à la voile pour l'Ir- 
lande, et, le 3 août, arriva à Cork, avec cinquante 
voiles, y compris beaucoup de vaisseaux marchands. 
Il détacha poiir Kinsale le capitaine Fairborne et toute 
son escadre, à l'exception de six vaisseaux de ligne, 
avec lesquels il eut ordre de joindre la grande flotte, 
qui croisoit dans la Manche. Le 2 5 août elle retourna 
à Sainte -Hélène, et les régiments furent débarquée. 
Quinze vaisseaux de ligne hoUandois et deux frégates 
firent voile pour la Hollande, et J'on assigna pour la 
garde des côtes, durant l'hiver, vingt-six vaisseaux et 
sept brûlots. 

Au lieu de poursuivre Booke à Madère, les amiraux Expodi- 
françois firent une tentative infructueuse sur Cadix , et i^g |„ j^., 
bombardèrent Gibraltar, où les marchands aimèrent occidea- 
mieux couler à fond leurs vaisseaux que de les laisser 
exposés à tomber entre les mains des ennemis. Ces der- 
niers parcoururent ensuite les côtes d'Espagne, dé- 
truisirent quelques vaisseaux anglois et hoUandois à 
Malaga , Alicante , et en d'autres endroits , et retour- 
nèrent en triomphe à Toulon. 

A-peu-près à la même époque, sir François WHeelèr 
revint en Angleterre avec son escadre, après une ex-* 



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lôyS. 



ii20 ttfSTOIBE O ANGLETERRE^ 

pédition malheureuse dans les Indes occidentales. De 
concert avec le colonel Godrin]g[ton, gouverneur des 
Iles-sous-le-vent , il a voit fait sur les iles de la Marti- 
nique et de* la Dominique une entreprise sans résultat. 
Il étoit ensuite allé à Boston, dans la Nouvelle-Angle- 
terre, pour y concerte^» contre Québec une expéditioa 
qui fut jugée impraticable , et il avoit fini par se diri- 
ger vers Placentia, qu'il n'auroit pas hésité à attaquer, 
sans la décision du conseil de guerre , qui rejeta ce 
projet. Ainsi déconcerté de toute manière , il avoit re- 
pris le chemin de l'Angleterre, et il arriva à Ports- 
mouth, dans le plus mauvais état, et seulement avec 
la moindre partie de ses gens , les autres étant morts 
dans le cours de ce triste voyage. 
Benbow q^^ g^ ^^ ^j^^jg j^ novembre un nouvel effort contre 

Doraoar* 

de Saidt- l'ennemi. Le chef d'escadre Benbow, avec douze vais- 
seaux de ligne , quatre galUotes à bombes et dix hri- 
gantins , mit à la voile pour Saint-Malo, et jeta l'ancre 
à un demi-mille de la ville, qu'il canonna et bombarda 
pendant trois jours successivement. Ses gens débar- 
quèk*ent ensuite dans une île , où ils brûlèrent un cou- 
vent. Le 29 , à la faveur d'une nuit ténébreuse , d'un 
vtot frais et d'une forte marée , ils firent avancer un 
brûlot d'une construction particulière , appelé T/ij^^ 
nal , pour incendier la ville. Mais il donna contre u« 
rocher , avant d'être arrivé à l'endroit de sa destina- 
tion , en sorte que l'ingénieur fut oblige d'y mettre le 
feu et de se retirer. Le navire sauta, après avoir brûlé 
quelque temps, et l'explosion fut si violente, que toute 
la ville en fut ébranlée, comme d'un tremblement de 
terre ; trois cents maisons souffrirent- considérable- 



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CVtttAV^^ m ET ÀiARlE. 2l2f 

mebt ; toutes les vitres furent brisées, et la commotion "" 
se fit sentir à troië lieues à la ronde. Un cabestan 
du poids de deux cents livres fut jeté «ur la place , où 
il écrasa par sa chute une maison. La plus grande 
partie des murs du côté de la mer s'écroul^i Tout cet 
horrible fracas plongea les habitants dans la plus pro- 
fonde consternation , et en cette conjoncture un petit 
nombre de troupes auroient pu s'emparer de la ville , 
sahs trouver aucune résistance : mais il n'y avoit pa« 
un seul soldat à bord. Cependant les matelots prirent 
et démolirent le fort de Quince, et firent éprouver le 
plus grand dommage à la ville de Saint-Malo, d'où 
tant d'armateurs étoîent sortis pour infester le com^ 
merce anglois. Quoique cette entreprise eût été habi- 
lement dirigée, et n'eût pas été sans quelque succès, 
les clameurs du peuple ne firent qu'augmenter de plus 
en plus. On ne se faisoit pas scrupule de dire que 
les intérêts de la nation étoient trahis^ et les secré-^ 
taires d'état n'étoient pas^ même à l'abri des soup- 
çons. On soutenoit qoe les François étoient toujours 
informés d'avance des moindres •mouvements des An- 
glois , et prenoienti leurs mesures en conséquence; 
on . rapprochoit beaucoup de particularités qui sem- 
bloient justifier lès soupçons de trahison : mais c'étoit 
plutôt au mélange et à la division du ministère qu'il 
falloit attribuer le peu de succès de la nation. Au lieu 
d'agir de concert pour le bien public, les ministres 
employoient toute leur influence à se rendre odieux , 
et à s'entraver les uns les autres. Le peuple selevoit 
en puerai contre le marquis de Caermarthen , les 
comtes de Nottingham et de Bochester, qui avoieat ac« 



1693. 



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■-' quis beaucoup de crédit ftuprès de la reine , et croyoît 

^^^' que la haine dont iU étoient amméa contre les i^higd 

les rendoit infidèles à la nation. 

Le roi de Màis si les Anglois étoient mécontents ^ les Fran** 

recouM l 9^*^» ®^ dépit de toutes leurs victoires, étoient dans un 

la média- étatâsscz n^alheureux« Leur pays étoit désolé par une 

Dane- cruelle famine » causée tant par Tintempérie des saL* 

uarck* gous que par la guerre, qui ne laissoit pas assez de bras 

à lagriculture. Malgré toute la prévoyance et tous les 

efforts du ministère françois , qui fit venir des blés do 

Suéde et de Danemarck, qui en tata rigoureusement 

le prix , ne négligea rieù pour faire fournir les mar-> 

cbés , et distribua des sommes considérables parmi les 

indigents ^ une foule de malheureux périrent de misère^ 

et la détresse s'étendit dans tout le royaume. Louis XIV, 

au milieu de tous ses succès» n'étoit pas exempt de 

chagrin; il voyoit ses sujets épuisés par une guerre 

ruineuse , où les avoit engagea son ambition ; il négo^ 

cioit séparément avec chacune des puissances alliées f 

pour la détacher de la grande confédération , et sollici-^ 

toit les états du nord de se rendre médiateurs d'une 

paix générale. Il fut présenté par le ministre danois au 

roi Guillaume un mémoire d'après lequel il pouvoit 

juger que lercùde France étoit disposé à acheter la paix 

par quelques concessions considérables. Mais Guil* 

laume , dont Tambition .et la vengeance n'étoient pas 

satisfaites, et qui pouvoit tirer de ses sujets de nou* 

veaux secours , quoiqu'ils fussent déjà assez chaînés 

d'impôts , rejeta les conditions proposées. 

Les jacobites avoient observé avec attention les pro-» 
grès du mécontentement en Angleterre, et l'avoient 
fomenté avec leur activité ordinaire; La dernière déda- 



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GUiLLÂtME llf £T MARIC. ^^3 

ration du roi Jacques étoit conçue en termes si impé- *" 
rieux , que ceux mémie qui favorisoient ses intérêts s*en 
étoient offensés. Le comte de Middleton se rendit à 
Saint-Germain au commencement de Tannée , et obtint 
une nouvelie déclaration , qui contenoit, avec une pra« 
messe d'amnistie sans exceptions , toutes les autres 
concessions que des sujets pouvoient exiger. Vers la fin 
de mai y deux individus nommés Tun Ganninget Fautre 
Dormer y furent arrêtés pour en avoir distribué des co* 
pies, jugés à Old-Bailey, déclarés coupables d^avoir, non 
seulement répandu , mais aussi composé des écrits feux 
et séditieux , et condamnés à une amende de cinq cents 
marcs chacun , ainsi qu'à être attachés trois fois au pi- 
lori , et à fournir caution pour leur conduite à venir. 
Mais aucune circonstance ne jeta sur ce régne plus de 
défaveur que Faflaire d'Anderton , supposé imprimeur 
de quelques écrits contre le gouvernement. Mis en ju- 
gement pour cause de haute- trahison , il se défendit 
avec force , malgré les insultes et la partialité d un tri- 
bunal impitoyable. Comme on ne trouvoit contre lui 
que des présomptions , les jurés se firent scrupule d'é- 
mettre un sentiment qui dût lui coûter la vie, jusqu'à 
ce qu'ils fussent fortement réprimandés par le juge 
Treby, el^ alors ils déclarèrent l'accusé coupable. En 
vain eut-il recours à la clémence de la reine : il fut exé- 
cuté à Tyburn , laissant une pièce où il protestoit so- 
lennellement contre la décision du tribunal, formé, 
disoit-ii, non pour le juger, mais pour le déclarer con- 
vaincu ; du reste, il prioit le ciel de pardonner sa mort 
aux jurés. La sévérité du gouwrnement fut aussi re- 
marquée dans l'affaire de quelques aventuriers , qui , 
ayant armé en course pour croiser contre les Ânglois^ 



1693. 



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1 



tl24 HISTOIRE D^ANGLETEAREé 

' — SOUS les auspices du roi Jacques et de Louis XIV, avoîent 
. ' été pris par les vaisseaux de Guillaume. Le docteur 
Oldys, avocat du roi, reçut ordre de les poursuivre^ 
comme coupables de haute-trahison et de piraterie; 
mais il refusa de procéder contre eux, déclarant, dans 
un avis écrit y qu'ils n'étoient ni traîtres ^ ni pirates. Il 
soutint son opinion devant le conseil par des arguments 
auxquels répondit le docteur Littlèton , qui fut nommé 
à sa place, et les prisonniers furent exécutés. Les jaco- 
bites ne manquèrent pas alors d'employer contre le 
gouvernement les mêmes armes dont leurs adversaires 
s'étoient si bien servis sous le dernier régne. Ils s'éle* 
vèrent contre Tésprit vindicatif de Tadministration , 
qu'ils accusèrent d'encourager les délateurs et les fauî 
témoins, accusation qui n'étoit que trop fondée* 

Les amis de Jacques en Ecosse, formoient toujours 
des projets en faveur de ce prince : mais leur corres- 
pondance fut découverte , et leurs projets déjoués par 
la vigilance du ministère écossois. Le secrétaire-d'état 
Jonston , non seulement avoit l'œil sur toutes leurs 
manœuvres , mais même ^ par une adroite distribution 
des libéralités et des faveurs de la cour , il sut si bien 
apaiser le mécontentement des presbytériens, que le 
roi ne vit plus aucun risque à assembler le |nirlement. 
Les chefs du parti de leglise furent appelés à divers 
emplois, et le duc d'Hamilton, qui s*étoit réconcilié 
avec le gouvernement , fut nommé commissaire. La 
session s^ouvrit le 1 8 avril , et dès qu'on eut pris lecture 
de la lettre du roi , conçue dans les termes les plus flat- 
teurs , le parlement donna des marques non équivoques 
de ses bonnes dispositions envers la cour. H fit à la 
lettre du prince une réponse pleine de ^ témoignages 



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otiLtAtMË m Et MARie. iaS 

tl^attachemeat/vota la création de six nouveaux régi- " 
ments écossois, et une subvention de plus de cent cin- 
<}uante mille livres sterling pour ^a majesté, passa une 
loi à TefFet de lever des hommes pour le service- de la 
marine , porta une amende contre tous les absents , à 
quelque classe qu'ils appartinssent ^ et déclara vacants 
les emplois de tous ceux qui rèfusoient un. serment 
dont Tesprit étoit de reconnoitre pour nuls les préten* 
dus droits de Jacques. Le parlenient ordonna ensuite 
une enquête relativement à un projet d'invasion ^ publia 
quelques lettres interceptées, qu'on supposoit écrites 
au roi Jacques par Nevil Payne, qui fut emprisonné et 
menacé d'être mis en jugement pour haute-trahison* 
Mais il sut éviter le danger , en menaçant à son tour 
d'accuser ceux qui avoient fait leur paix avec le gou- 
vernement» Un acte fut passé en faveur de tous les 
membres du clergé épiscopal qui voudroient prêter les 
serments avant le lo juillet» Tout ce que l'assemblée 
générale exigea d'eux fut un consentement de souscrire 
à la profession de foi, et de reconnoître les presbyté- 
riens seuls comme investis du gouvernement de l'église 
d'Ecosse. Mais ils nç voulurent point se soumettre à 
ces conditions, et ne prêtèrent point serment dans le 
délai prescrit ; en sorte qu'on les déclara déchus de tout 
droit légal à leurs bénéfices. Us les gardèrent cepen*- 
dant , et reçurent même des assurances particulières de 
la protection du roi. G'étoit une des mai|imes politiques 
de Guillaume de faire la cour à ses ennemis domesti- 
ques; mais il n'en retira jamais aucun fruit. Cette in- 
dulgence irrita les presbytériens ^ et leur premier mé- 
contentement commença à se réveiller. 

Le roi ayant obtenu des états-généraux l'augmenta'^ 



1693. 



i5 



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226! ftlSTOIBE b'^ASCGLËTEKAK. 

**'**'*"*'"'^ tion de leurs forces de terre et de mer paur la campagntf 
'^ \ suivante, s^embarqua pour l'Angleterre, et arriva à 
retourne KensingtiCMi le i3 octobre. Voyant le peuple mécontent , 
. ^'\ le conjimerce de plus en plu» affoibli ^ les affaires d'état 
terre* mal cènduites , et les ministres occupés à s accuser ks. 
uns Lés autres, il sentit la nécessité d opérer des chan- 
geqa4nts. Sunderkind, le premier de ses conseillers^ 
Ijyrî représenta que les torys étoient prononcés contre la 
continuation d'une guerre dont ou a avoit recueilli que 
des pertes et des rêver», mais que les whigs étoient 
plus traitaUe», et le teconderoient plus volontiers , soit 
par la crainte d'une invasion et dès sueeès du papisme ^ 
soit par le désir d être reeberc^s de la couronne, soit 
enfin par la perspective des avantages qu^îls pouvoient 
trouver à avancer de l'argent au gouvernement sur les^ 
fonda alloués par le parlement. Guillaume examina at- 
tentivement toutes ces représentations ; et cependant le 
parlement s'assembla le 7 novembre. Le roi , dans soc^ 
discours , exprima son ressentiment contre les auteur» 
des désastres éprouvés sur mer, insista sur la nécessité 
d'augmenter tes forces navales , ainsi que les forces de 
^ terre, et demanda à cet effet une subvention convena- 
ble. Afin de disposer les communes à la condescen- 
da&ce, il avoit d^ja renvoyé de son conseil le cëmte de 
Mottingham,. celui de tous les ministres qui étoit le plus 
odieux au peuple. U auroit été à l'instant remplacé par 
le comte de Shrevsrsbury; mais pdLui-ci , craignant que 
ce ne fût plutèt un changeiéent de ministre qu'un 
changement de système , se défendit pendant qudlque 
temps, jusqu'à ce que le roi lui eût assuré positive- 
ment que ses scrupules n'étoient point fondés. A1oe9» 
seulement ît accepta la place de secrétaire-detat. D'au- 



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CtllLATTME m Et MAfttK. ^37 

tresdiaûgenkents furent opérés dans Tintérêtcles whigs, — ' 
à Lohdres et dans le reste du royaume; divers emplois ^ * 
de confiance furent donnés à des membres de ce parti. 
Mais les torys étoient trop puissants' dans la chambre 
des Communes pour s'en décourager , et un grand 
âômbre d'entre eux conservèrent leurs places. 

Le sixième jour après Touverture de la session , les Enquêta 
tH^mmunes résolurent à l'unanimité de seconder de 'Vnx^* 
tous leurs moyens le gouvernement de Ouillauilie , de dësastret 
rechercher les causes des désastres éprouvés sur mer, .ur^œ«r! 
«t d'aviser aux moyens d6 protéger le commerce. La 
Compagnie de Turquie fut soknmée de produire les pé- 
titions qu'elle avoit présentées Hiix commissaires de 
IWirauté pour obtenir un convoi. Le lord Falkland , 
iqui étôit à la tête de ces coinmissaires, délivra des co- 
J)ies de tous les ordres expédiés à sir Georges Booke, 
k^ëlativement à la flotte affectée aux détroits , avec une 
li^te de tous les vaisseaux qui étoient alors enxomtnis* 
sion. Il parut dans^ le cours de cette enquête que le% 
malheurs de la flotte de Booke dévoient être attribuée 
eii gratide partie à la mauvaise conduite des amiraux, 
et à la négligence des pourvoyeurs. Les uns et lès autres 
eurent pour eux la majorité dans les communes. M. Har- 
ley, l'un des commissaires pout* régler les tomptes des 
dépenses publiques, remit un rapport conteilailt une 
accusation de pécnlat contre le lord ("alkland. Bèiins- 
ford , receveur des droits et émoltimetits dé là itiârlnte , 
âvôua qu'il avoit reçu et payé de plus fortes èdmkhes 
qit'il n'étoit porté sur les comptes , et qu'en pai tîduliér 
il avoit délivré quatre mille livres sterling au lord Fal- 
klâbd, par ordre de Sa majesté. Ce lord avoit déclaré 
déyani les commissaires qu'il avoit compté la moitié dé 



i5. 



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1693. 



â28 HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

' cette somme *par ordre du roi , à une personne qui n'é^ 
toit membre ni de Tune ni de l'autre chambre / et que 
le reste étoit encore entre ses mains. Rainsford annonça 
qu'il avoit la lettre originale que le lord lui avoit adres- 
sée pour lui demander largent^ Celui-ci s'étant fait 
représenter cette pièce , s en empara , circonstance qui 
excita la colère de la chambre à un tel degré y qu'il fut 
proposé de Fenvoyer à la Tour, et cette proposition ne 
fiit rejetée qu'après de très vifs débats^ Toutefois la 
chambre voulut lui faire sentir son mécontentement ^ 
et le réprimanda en pleine séance. Les lords ayant fait 
aussi des recherches sur les causes du peu de succès 
, qu'on avoit eu sur mer ^ de vifs débats s'engagèrent stkr 
ce. point. Enfin, il fut déclaré, à la simple majorité, 
que les amiraux s'étoient conduits comme ils le dévoient 
d'après les ordres qu'ils avoient reçus. Cette décision 
fut un triomphe sur les v^higs de la chambre , qui 
avoient porté dans cette affaire beaucoup de chaleur. 
Us protestèrent contre la déclaration de la majorité ,^ 
non sans une grande apparence de raison. Le premier 
soin des lords fut ensuite de disculper le comte de Not- 
tingham , sur lequel sembloit retomber tout le blâme , 
si les amiraux étoient innocents. Dans la vue de se dé* 
charger de ce blâme sur Trenchard , secrétaire-d'état , 
du parti des whigs , le comte fit savoir à la chambre 
qu'il avoit reçu de Paris au commencemjent de juin un 
avis contenant la liste des vaisseaux françois , et le 
temps où ils dévoient mettre à la voile; que cet avis 
avoit été communiqué à un comité du conseil , et par- 
ticulièrement au secrétaire-d'état Trenchard , dont une 
des attributions étoit de transmettre les instructions 
f^ux amiraux. Il y eut à ce sujet deux conférences entre 



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GUILLAUME III ET MARIE. 229 

les lords et les communes. Trenchard donna sa défense - 
par écrit , et il fut à son tour mis à couvert par les èf- * ^ ' 
forts du ministère, où dominoit alors le crédit des' 
whigs. Ce fut ainsi qu^une enquête d'un intérêt si na- 
tional , et dont le principe étoit dans un passage même' 
du discours du roi, où il exprimoit son ressentiment 
contre les coupables , fut étouffée par Pinfluence de la 
cour, parceque cette enquête sembloit devoir atteindre 
une de ses créatures. Cependant on ne pou voit douter 
que rintéi*êt public n'eût été sacrifié, dans les circon- 
stances dont il s'agissoit , à Tanimosité réciproque des 
ministres , quoique d'ailleurs on ne pût y voir aucune 
trahison préméditée. L'accusation contre le lord Fal- 
kland ayant été reprise dans la chambre des commu- 
nes , il parut que ce lord avoit demandé au ror et reçu* 
de sa majesté les deux mille livres sterling qui étoient 
restées. de l'argent payé par fiàinsford. C'est ce motif 
qui le fit déclarer coupable de haute-malversation et 
d'abus de confiance , et il fut mis à la Tour ; néanmoins , 
au bout de deux jours , il fut élargi à sa requête. 

Harley, Foley et Harcourt présentèrent à la chambre Des som- 
un état de recelte et de dépense des revenus, avec deux °*^^ ^'^^^J 

JT ' mes sont 

rapports des commissaires des comptes relatifs à cer- accordées 
taines sotnmes qui avoient été affectées à des dépenses g^^^^cede 
secrètes, ou dont on avoit disposé en faveur des mem- l'année 
bres du parlement. C'étoit une découverte des prati- 
ques les plus scandaleuses dans l'art de la corruption , 
art déplorable qui avoit été également exercé sur les 
membres des deux partis, par des largesses, des conces- 
sions, des places, des pensions et augmentations d'ap- 
pointements. Les mécontents observoient avec raison 
que. la chambre- des communes étoit si bien maniée 



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a3o^ < HISTOIRE d'angleterre. 
■ par la cour que le roi pouvoit se jouer desj bills, fouler 

'^* aux pieds toutes les réclamations » rendre les compta 
illusoires et modifier à squ gré lea airticles 4^ ^\^\^é 4^ 
Limerick. Lorsque les comi^moei s'çiÇc^pèFent des 
dépenses pour Fanaée suivante , le roi deinand^ qua- 
rante mille hommes pour la marine , et plus de cent 
mille pour le service de terre. Avant de prendre en 
considération des demandes aussi exorbitantes , la 
cbs^mbre accorda quatre cent mille livres sterling à 
titre d avances , afin d'apaiser les clameurs et Texaspé- 
ration des gei^s de mer» à qui il étoit dû un niillioa 
sterling de paie. Les coipmunes votèrent ensuite le 
nombre d'hommes demandé pour la marine. Mais elles 
furent si surprises de la demande concernant Farm^ 
de terre , qu elles crurent devoir agir de manière à té- 
moigner qu'elles avoieqt encore quelques égards pour 
leur patrie. Elles invoquèrent les traités existants entre 
le roi et ses alliés , examinèrent les divers contingents 
de troupes fournis par les puissances respectives , con* 
sentirent à une augmentation de la part de FAngle- 
terre, et fixèrent à quatre-vingt-trois mille cent vingt et 
im hommes , y compris les officiers , letat mtU^ire do 
çettç année. Elles allouèrent pour Teptretien de ce^ 
troupes la sompie de deux millions cinq pçnt trente 
mille cinq cent neuf livres sterling > v^^rent deux 
milligns pour la mairioe , et environ cinq cent mille 
livrçç. sterling ppur combler les déficits di^ns les an* 
ni^ités et la t^sie par tête; en ^Qic%e que les subsidca 
s élevèrent à près de cinq mill^ms sterling çt demi « 
qui dévoient être levés au moyen d'^n imp6^ de quatre 
schellings par Uv^re sterling siur le prçKluit àesi terres , 
d une augmentation sip* les ann^ité^» 4'«M augmenta^ 



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GUILLAUME III ET MARIE. a3l 

tion de Taccise sur la bière, d'un nouveau droit sur * 
le sel et d'une loterie. 

Quoique les mécontents dans le parleînent ne pus- 
sent mettre des bornes à ces profusions , ils tentèrent 
d^affoiblir le crédit de la cour en faisant revivre les biUs 
de la session précédente à lavantage du peuple , en* 
tre autres le bill qui régloit les procès en matière de 
haute-trahison, celui qui avoit pour objet la convo- 
cation plus fréquente des paiements, et cehii qui 
tendoit à assurer la liberté et l'impartialité des délibé- 
rations des chambres. Le premier fut négligé dans la 
chambre des lords, le second fut rejeté, et les com-* 
munes adoptèrent le dernier, dans la supposition qu'il 
seroit écarté dans l'autre chambre. Cependant les lords 
le renvoyèrent avec certains amendements, qui ne 
furent point agréés des communes. Il s'ensuivit une 
conférence, par suite de laquelle les pairs retirèrent 
leurs amendements, et adoptèrent le jbill. Mais le roi 
ne voulut point le sanctionner^ Bien ne pouvoit être 
moins populaire et plus dangereux que ce refus, dans 
une telle conjoncture. Les communes , afin de recou- 
vrer quelque crédit paimi le peuple , se déterminèrent 
à désapprouver la conduite de sa majesté. La cham- 
bre se forma en comité secret pour prendre en consi- 
dération l'état du royaume. Elle déclara que quiconque 
avoit conseillé au roi de refuser sa sanction au bill 
étoit l'ennemi de leurs majestéa et de la nation. Elle 
présenta aussi une adresse où ^ en exprimant le dé- 
plaisir^ qu'un tel refus lui causoit, elle supplioit sa 
majesté d'écouter plutôt à l'avenir les avis de son par- 
lement que les conseils de quelques particuliers mus 
par .des intérêts personnels qui différoient beaucoup 



169:^- 



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a3a HISTOIRE d'angleterre. 

•"~-~— de ceux du monarque et du peuple. Le roi remercia 
^ ' les communes de leur zélé, leur assura qu'il avoit les 
plus grands égards pour leurs prérogatives , et qu il 
regarderoit comme ennemis tous les partis qui tente- 
roient d'affoiblir la confiance entre le souverain et le 
peuple. Cette réponse générale fut loin de satisfaire 
les membres de lopposition. Un jour ayant été fixé 
pour la prendre en considération, un violent débat 
s'engagea et fut soutenu dç part et d'autre avec autant 
d'éloquence que d'aigreur. Il fut enfin proposé de pré- 
senter une nouvelle adresse pour demander une ré-« 
ponse plus positive ; mais une grande majorité rejeta 
1694* cette proposition. 
Établisse- La ville de Londres demanda par une pétition au 
U banque parlement qu'il fut créé un établissement pour les or- 
^^° phelins dont les biens avoient été scandaleusement 
terre, dissipés. Une semblable demande avoit été faite à la 
session précédente , et rejetée comme ne pouvant se 
réaliser qu'au moyen d'un impôt sur la nation. Mais 
cette fois on écarta tout scrupule, et la chambre passa 
pour cet objet un bill en plusieurs articles, qui établis* 
soit iihe augmentation d'impôts sur les terrains, aque« 
ducs , et autres immeubles appartenant à la cité , qui 
soumettoit à une taxe les apprentis et les maîtres , et 
fixoit un droit à prélever sur les vins et les charbons 
importés à Londres. Le 23 mars , ce bill reçut la sanc-» 
tion royale, et Guillaume saisit cette occasion d'exciter 
le zélé et la diligence des chambres , attendu que la 
saison étoit fort avancée, et que l'ennemi pressoit ses 
préparatifs, afin d'entrer de bonne heure en campagne. 
L'établissement d'une banque nationale, à l'imitation 
de celles d'Ara.$trrdam çt de Gênes ^ avcât été proposa 



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GtfI^LAUME III ET MARIE. 233 

au ministère, comme une institution aussi favorable au» " 
crédit et à la sécurité du gouvernement qu'à raccroiësfe-' 
ment du commerce et à la circulation de Fargent. Le 
docteur Hughes Chamberlain présenta un projet da- 
près lequel on mettroit en circulation un certain nom- 
bre de billets portant créance hypothécaire. Mais ce 
fut le plan de Guillaume Paterson qui prévalut par 
le crédit de Michel Godfrey et de plusieurs autres spé- 
culateurs très actifs. Ce plan étoit fondé sur Tidée 
d'un fonds effectif et de valeurs destinées à être mises 
en circulation sur le crédit d'un capital considérable. 
Quarante marchands souscrivirent pour la somme de 
cinq cent mille livres sterling, comme fonds effectif, 
et pour un million sterling de billets en circulation des* 
tiné à être prêté au gouvernement à huit pour cent. Le 
fonds d'argent comptant devoit rapporter le même 
intérêt. Quand le plan eut été mûri dans le cabinet, et 
qu'on se fut assuré, pour l'adoption, de la majorité du 
parlement, les partisans de la cour le présentèrent à 
la chambre des communes, et s'étendirent sur les avan- 
tages qui en résulteroient pour la nation. Us dirent 
que ce projet a voit pour but de la délivrer des manœu- 
vres des éxacteurs et des usuriers, d'abaisser les inté- 
rêts, d'éleVer la valeur des terres, de relever et d'affer- 
mir le crédit public, d'étendre la circulation, d'amélio- 
rer ainsi le commerce, de faciliter les subsides annuels, 
et d'unir plus étroitement le peuple au gouvernement. 
Cette. mesure fut vigoureusement combattue par un 
nombreux parti , qui soutenoit que ce seroit tm vrai 
mouopole, que la banque envabiroit tout l'argent du 
royaume, que les fonds n'étant destinés qu'à seconder 
les vues du gouvernement, l'emploi qu'on en feroit 



1694. 



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1694. 



^34 HISTOIRE d'aNGLETEME. 

pQuvoit favoriser le& actes les plus arbitraires du pou- 
vei|[) qu au lieu d'être utile au commerce, ce moyeu ne 
sçrviriMt qu,'êi eu diwnuer les ressources , en inspirant 
au peuple le désir d*a»ployer ses fonds à lagiotage » 
qu'il ne produiroit qu\jiie multitude de courtiers et de 
spéculateurs pressurant lieurs compatriotes , encoura* 
géant la fraude et le jeu y et corrompant les meeurs de 
la nation. En dépit de toutes ces objections, le bill 
passa dans les deux chambres. Il portoit une création 
de fonds pour la garantie et Tavantage des actionnai- 
res ; il donnoît pouvoir au roi de les réunir ai société 
sous le titre de gouverneur et compagnie de la banque 
d'Angleterre, avec faculté de dissoucke la commu* 
nauté au premier août 1706 , mais seulement après le 
remboursement des capitaux , et après l'avoir prévenue 
une année d^avance. Le biU renfermoit quelques autres 
clawes qui approprioient cette banque au service pu* 
blic. La souscnpticm fut remplie^en àix jours, et les 
directeurs de la banque complétèrent le paiement 
avant l'expiration du délai prescrit par l'acte, quoi* 
qu^its n'eusaent encore reçu que sept cent mille livres 
sterling des fonds souscrits. Tous ces fonds n'ayant 
point produit le résultat qu'on en avoit attendu, les 
communes passèrent un biU pour soumettre à un droit 
de timbre le papier,, parchemin ou vélin employé aux 
actes ,30w seing«>pidvé , et , pour comble d'opfuression , 
eUee établirent une forte taxe sur les voitures, aous le 
nom de tiU pour ré^r le service des voitures de lestage 
et vehù. 
Charte de Lee communes, dans une clause d'un bill pour éta- 
^^'lîie'dM ^^^ ^®® ^^^ ^^^ '^ actions des compagnies , décla* 
Indes roient nulle et comme non-avenue la charte de toute 



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CUILLÂUME HT ET MARIE. a3S 

t^ompagnie qui ne se seroit point acquittée de cette 
taxe au terme fixé. La compagnie des Indes orientales 



1694. 



orienU- 

ayant négligé de satisfaire à ce paiesQient , on crut gé- les. 
néralement que le ministère saisiroit cette occasion 
d'abolir un monopole contre lequel s'étoient élevées 
tant de plaintes. Mais les directeurs entreprirent de 
$e défendre y et, loin que la dissoluticm fiil prononcée , 
ils obtinrent la promesse d'une nouvelle charte. On 
n'en fut pas plus t^t informé que les anciens démêlés 
entre cette compagnie et ses adversaires se ranimèrent 
avec une telle force, que le conseil crut devoir en- 
tendre les deux partis. Cette audience n'ayant eu au- 
cun résultat y les négociants antagonistes de la com- 
pagnie demandèrent, par une pétition, que la nouvelle 
charte fut différée. Des adresses pour le même objet 
furent présentées par un grand nombre d autres com- 
merçants. Une réponse écrite fut publiée par la corn* 
pagnie. Les marchands firent imprimer une réplique, 
où ils essayoiept de convaincre la compagnie d'actes 
injurieux pour les lois, tendant au scandale de la reli- 
gion, au déshonneur de la nation, à l'oppression du 
peuple , à la ruine du commerce. Ils ohservoient que 
deux vaisseaux particuliers s^voient exporté en une an- 
née troi3 fois autant de draps que la compagnie en avoit 
exporté en trois ans; ils offrirent d'envoyer aux Indes 
en une année plus de draps et de marchandises angloises 
que la compagnie n'en ^ivoât exporté en ciqq, de fournir 
au gouverneipeat cinq cents tonneaux de salpêtre à un 
prix au-dessous du prix ordinaire de plus de moitié, 
et représentèrent que lsi compagnie ne chargeoit ja- 
mais se^ vs^isseaux en Angleterre, et ne les rechargeoit 
point dans les Indes orientales* Toutes ces remon- 



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236 inStOIRE D'ANGLETERRE. 

. trances ne purent empêcher que la charte ne fût revê-* 
'^*' tue du grand-sceau. Les concessions qu'elle renfermoit 
étoient toutefois limitées de manière à ne pas dégé- 
nérer en privilège exclusif, et le texte même de la 
charte assujettissoit la compagnie à tous les change- 
ments , restrictions et modifications que le roi jugeroit 
convenable d'établir avant le 29 septembre. Cette in- 
dulgence et d'autres faveurs accordées à la compagnie 
furent secrètement achetées au ministère, et donnèrent 
lieu à beaucoup de cris contre le gouvernement. Les 
négociants publièrent un exposé de toute cette affaire , 
et demandèrent , par pétition , à la chambre des com- 
munes, que la liberté qu'ils avoient de commercer aux 
Indes orientales fut confirmée par le parlement. Une 
autre pétition fut présentée par la compagi;iie9 pour 
demander que sa nouvelle charte reçût la sanction par- 
lementaire. De part et d'autre on fit des démarches 
auprès de chaque membre en particulier. La chambre 
ayant examiné les différentes chartes , déclara que 
tous les sujets de l'Angleterre avoient également droit 
de commercer aux Indes orientales , à moins que ce 
commerce ne leur fût prohibé par acte du parlement. 
Bill {',éné- Mais rien n'attira plus l'attention du public qu'un 
raî de //a- jjjjj q^j f^^ prééeuté à la chambre pour une naturalisa- 
tioh. tion générale de tous les protestants étrangers. Les 
partisans de cette mesure alléguoient qu'une grande 
partie des terres d'Angleterre restoient sans culture ; 
que la force d'une nation étoit dans le nombre de ses 
habitants; que la population étoit diminuée par la 
guerre et les voyages à l'étranger; que beaucoup de 
protestants , péfrèécutés en France et dans d'autres 
pays , passeroient avec joie dans une terre de liberté , 



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GUlLLAUltfE III ET MARIE. 287 

et y transporteroient leurs richesses et leurs manufac- ' 
tures ; que la nation s'étoit très bien trouvée de la pro- 
acction accordée aux réfugiés qui s'étoient déjà établis 
duns le royaume ; qu'ils y avoient introduit de nou- 
veaux procédés de fabrication, étendu l'industrie, et 
abaissé le prix du travail, circonstance fort importante 
pour le commerce, opprimé comme il letoit par les 
taxes, et exposé aux plus grands dangers de la part de 
Tennemi* Les adversaires du bill objectoient avec beau- 
coup de véhémence qu'il rendoit vénal le droit naturel 
des Anglois ; que si toutes les terres n'étoient pas culti- 
vées, il ne falloit l'attribuer qu'au malheur des temps; 
que les étrangers, une fois admis aux privilèges du 
commerce anglois , s'enrichiroient aux dépens de leurs 
bienfaiteurs, pour transporter ensuite dans leur pays 
natal les fortunes qu'ils auroient acquises ; que la dimi- 
nution dans le prix du travail étoit un mal pour la na- 
tion, plusieurs milliers d'ouvriers anglois se trouvant 
dans la détresse, faute d'être occupés, et que le prix 
des aliments étoit assez élevé pour que ceux mêmes qui 
travailloient eussent peine à fournir du pain à leurs 
familles. Ils ajoutoient que les auteurs du bill se propo- 
soient au fonds d'augmenter tellement le nombre des 
non-conformistes, qu'ils fussent en équilibre dans le 
corps politique avec les membres de l'église anglicane, 
et de mettre ainsi les sujets dans une plus grande ^dé- 
pendance de la couronne. Sir Jean Knight, membre de 
la chambre, dans un discours plein d'amertume, exa- 
géra les funestes conséquences du bill. Ce discours, 
imprimé et répandu dans le royaume, excita parmi le 
peuple une fermentation telle qu'on n'en avoit point vu 
de semblable depuis la révolution. On s'écria que toutes 



1694- 



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238 Histoire o'ANGLETEfiRË. 

""T^ les places seroient conférées à des Hollandois^ , qui 
bientôt voudroient modifier à leur gré la religion et W> ' 
institutioûS, et sir Jean Knight fut exalté coUime -'e 
sauveur de la nation. Les partisans de la cour, irrités 
de ces clameurs, se plaignirent à la chambre que le 
discours de Knight eût été imprimé ; et cet orateur fut ' 
menacé d'expulsion et d emprisonnement. 11 crut alort 
devoir désavouer cette pièce, qui fat brûlée parla main 
du bourreau ; mais ce sacrifice ne fit qu'accroître Tef- 
fervescence populaire, qui en vint à un tel degré de 
violence, que le parti de la cour trembla, et le bill fut 
mis de côté pour le moment. 

Lord Coningsby et M. Portef avpient commis en Ir- 
lande les actes d^oppression les plus criants. Ces vexa- 
tions avoient été exposées, dans la dernière session^ 
par les mémeâ gentilshommes qui s'étoient plaints de 
l'administration de lord Sidney; mais les coupables 
avoient été mis à couvert par le ministère. Cette fois ils 
furent accusés par le comte de Bellamont, qui étoit, 
aussi^bien qu'eux, membre- de la chambre des com- 
munes. Après avoir examiné les charges produites con- 
tre eux, les communes, qui étoient alors à la dévotion 
de la cour, déclarèrent que , vu la situation des affaires 
etï Irlahde, elles ne peusoieût pas qu'il y eût lieu à 
accusation. Durant le cours de cette session l'Angle- 
ferfe eut à déplorer utie nouvelle infortune, la mort 
de sir t'rançois Wheeler, qui avait ïté nommé comman- 
dant en chef de l'escadre de la Méditerranée. Les in- 
structions qu'il avoit reçues portoient qu'il devoit escor- 
ter les vaisseaux marchands chargés pour la Turquie, 
TEspagne et Fltalie ; il avoit ordre de croiser, pendant 
un mois, dans une latitude déterminée^ pour protéger 



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GÛILtAPME III ET MAfilt. aSg 

te retour de la flotte des galions espagnole, de laisser — — — 
à Cadix une partie de son escadre , destinée à cou\Tir * ^^' 
le commerce d'Angleterre, de tenir la Méditerranée 
avec le reste, de se joindre à la flotte d^Espagne lors- 
qu'elle reviendroit, et d'agir de concert avec elle, jus- 
qu'à ce qu'il eût été joint par la flotte de Turqme et 
celle des détroits, qu'il devoit ramener en Angleterre. 
Il mit à la voile de Sainte-Hélène à la fin d'octobre, et 
arriva à Cadix, au mois de janvier, avec les vaisseaux 
qu'il escortoit. Agrès y avoir laisse le contre-amiral 
Hopson, il s'avança sur la Méditerranée; dans la baie 
de Gibraltar, il eut à essuyer une effroyable tempête 
dans un endroit où le terrain étoit si vaseux que l'ancre 
ne put y prendre : on tenta néanmoins cet expédient. 
Un grand nombre de vedsseaux furent jetés à la côte, 
et plusieurs y périrent : celui que montoit l'amiral coula 
à fond ; et cet officier fut englouti dans les flots avec 
tout son équipage, à l'exception de deux Maures qui 
furent miraculeusement sauvés. On perdit deux autres 
vaisseaux de ligne, trois petits bâtiments, et six vais- 
seaux marchands, l^es vaisseaux qui restoient avoient 
tant souffert, qu'au lieu de poursuivre leur route ils 
rentrèrent à Cadix pour s'y fmre radouber et éviter l'at- 
taque des François y qui tenoient encore la mer, soua 
le commandement de Château-Renaud et de Cabaret. 
Le 25 avril le roi termina la session par un discours 
qui n'eut rien de remarquable. 

Louis XIV, fatigué d'une guerre qui appauvrissoit Tentatiw 
son royaume, continuoit ses démarches auprès du duc descente 
de Savoie, et, par llntermédiaire de la cour de Rome, ^ la baU 
tentoit auprès du roi d'Espagûe quelques négociations Camarefr 
qui n'eurent aucun succès. Il prit le parti de se tenir 



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a4o HISTOIRE d'aNgleterre. 

— , par-tout sur la défensive pendant la campagne sui- 
vante, excepté en Catalogne, où ses forces navales 
dévoient ' s'entendre avec le comte de Noailles, qui 
commandoit Tarmée de terre* Le roi Guillaume ayant 
.eu avis de leur projet contre Barcelone, mit tout en 
œuvre pour empêcher la jonction des escadres de Brest 
et de Toulon. Dans ce dessein il ordonna à Russel de 
se mettre en mer aussitôt que la flotte seroit en état; 
mais Tescadre de Brest avoit déjà mis à la voile avant 
que cçlui^ci fut arrivé à Portsmouth. Le 3 mai Famiral 
quitta Sainte-^Héléne avec les escadres combinées d'An- 
gleterre et de Hollande, au nombre de quatre-vingt-dioc 
vaisseaux, sans compter les frégates, les brûlots et les 
allèges. Il détacha le capitaine Pritchard de Monmouth 
avec deux brûlots, pour détruire un convoi de vais- 
seaux marchands françois, près la baie du Conquet, 
et, dès que cet ordre fut exécuté, il regagna Sainte- 
Hélène, où il avoit laissé sir Cloudesley Shovel avec 
une escadre, pour prendre à bord quelques troupes de 
terre destinées à une descente sur les côtes de France. 
Dès que ces troupes furent embarquées, sous les. or- 
dres du général Ptolemache, toute la flotte remit à la 
voile le 29 mai. Il fut convenu, dans un conseil de 
guerre composé des officiers de terre et de mer, qu'une 
partie de la flotte désignée pour cette expédition se sé- 
pareroit du reste, et s'avanceroit vers la baie de Cama- 
ret, où l'on débarqueroit les troupes. Le 5 juin le lord 
Berkeley, qui commandoit cette escadre, partit avec 
la grande flotte, et le 7 il jeta l'ancre entre l^s baies de 
Qamaret et de Bertaume. Le lepdemain le marquis de 
Caermarthen, depuis duc de Leeds, qui servoit sous 
Berkeley, en qualité de contre -amiral de la division 



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GUILLAUME III BT MARIE. a4l 

hleuej entra ddns là baie de Gamaret avec deux gros " 
vaisseaux et six frégates, pour protéger le débarque- 
iQent des troupes. Les François avoient reçu avis du 
projet, et pris de. telled précautions, sous la conduite 
de Vauban, . que lés Ânglois eurent à essuyer un feu 
tçrrible de batteries nopvellement élevées, aussi-bien 
'que le feu d'un corps considérable <ïe troupes; et, 
quoique celui de leurs vaisseaux fût aussi. très actif, 
les soldats ne purent observer dans leur descente aucun 
ordre régulier. Un grand nombre furent tués dans des 
cbaloupes découvertes avant de. pouvoir atteindre le 
rivage , et ceux qui débarquèrent furent promptement 
repoussés, malgré tous les effort^s du général Ptole- 
mache, qui reçut à la cuisse une blessure qu'on jugea 
mortelle. Sept cents soldats péHrent dans c^tte occa- 
sion, outre ceux qui firent, tués à bord des bàtim^epts. 
Le vaisseau de guerre le Monk fut remorqué avec be^iu- 
coup de difficulté; mais unç frégate hoUandqise/die 
trente canons tomba entre les mains de l'ennemi. 

Après cette malheureuse entreprise, lord Berkeley, 
de l'avis du conseil de guerre, mit à la voile pour l'An- 
gleterre, et à Sainte-Hélène il reçut ordre de la reine 
d'assembler un conseil de gueire pour délibérer sur, la 
manière la plus avantageuse d'einployer les vaisseaux 
et les troupes. On résolut de faire quelque tentative 
sur les côtes de Normandie. Dans cette vue les vais- 
seaux remirent à la v^ile le 5 juillet. Ils bombardèrent 
Dieppe, et réduisirent en cendres la plus grai^de partie 
de cette ville. Le Havre-de-Orace fut aussi bombardé, 
mais souffrit beaucoup moins. Les Anglois harassèrent 
les troupes françoises, qui suivoient le rivage à. me- 
sure quilsparcouroient.la côte, et qui étoient obligées 
II. 16 



1694. 



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■ ^ ■r d'employer la force pour retenir dans les villes les t»- 

*^' }>ît|ii]t« consternés. Qerkdey retourna le 26 à Saintes 
Hélène, Oii il quitta la âotte, deot le çommandemeiit 
fut dévolu à sir Cloudesley Schovel. Cet ofHcier ayant 
reçu des Instructions pour tenter une entreprise sar 
Donkercfoe^ prit sa roule par les duneë, où il fnt joint 
par Meesters avec vingt-six pilotes hollandois. Le »s 
septembre A parut devant Dunkerqite, et le lendemain 
<ft fil avancer la galère te Charles avec deux galiotes à 
bombe», et autant de machines appelées iw/imaies. On 
y fliit le feu, mats sans effet, et le projet fut Eoanqfié» 
Alors Shovel se dirigea sur Calais, qu'il bombarda près- 
tffue sans fruit. H regagna ensuite les côtes d'Angle- 
terre, et les gjBiliotes à bombes ,, ainsi que les machines^ 
farmf envoyées dans la Tamise. 
raKniral I^udaut que tout cela se passoif , l'iMniral Russel, 
Mco'ttrt ^^' ^ gt^nde flotte, mit à la voile pour la Méditenra- 
B.»rce- née. Ayant été joint par le contrenamiral Neville , qui ve* 
^' noit de Cadix , ainsi que par CaUémbergh et Everteen , 
il se dirigea vers Baroelone, qu assié^peoient la flotte et 
IWmée françaises. A son approche Tosm&e se hâta 
4e se retirer dans lé port de Toulon , et Noailles aban* 
donna son éntreprtqe. Iiies affaires de TEspagne étoient 
dans uft étaft si déplorable que, si le secoure n'étoit pas 
afprivé si à p<>opos,. la ruine du royaume 46)»it presque 
inévitable» Tant que âussd tint la Méditerranée, Tami* 
rai fitmçcâs n'osa pas ^ montrer, et tous ses projeta 
liirent déconcertés. Après avoir maintenu s«ir ces mers , 
durant tout Tété, Thonneur du pavillon britannique^ 
Russel mit à la voile an mois de novembre pour Cadix , 
où il resta tout l'faîveT, suivant les ordres du roi , el 
piîlt «onsfamment de $i bonnes précautioqis pom» em-- 



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^cher^^amlle de pifisser tes détroits » que celui-ci ne ' 
«r«t pas devoir riscfueroe passage. * Ô«f' 

U est OkamteiMUit néoessatve d'edtt^ér dans le détail Gainp«- 
des aiffeires du ciotitMKeot. Dans fe miiieù de mai Goil)* Flandre. 
itmine surira en HpUande, oè il se concerta avoe les 
états-géaéraax. Il ee reudk le 3 juin à F^bbaye d^ Be* 
tfhleni) près Léwain, lieu indiqué poyr le rendea-vout 
de rannée* Ce fat là que les Moteurs de Bavière et 
de Cologne se réunirent à lui. En peu de jours on eut 
rassemblé une armée nombreux, et tout seni&lok an^ 
<iioncer une caffipagQe active. Le 3 jtiiii ledaup'bin prit 
le commandeiBentdes forces fran^ses , avec lesquelles 
fiuxembourg s*«t0ft posté ^ntre Mens et Maube«^, et 
fiassant la Sandire il campa à Fleurus ; mais le 16 ii 
abandonna cette position , et porta ses quartiers entvir 
^Int-Tron et Yanlieiœ, pendant que les confâdérét 
ëf oient à Bbosbeck. Le 1 1 juillet le dauphin se mit «m 
Aarcbe, sur<(uatre<:oIonnes, pourOBt^e, surle&ar/ 
'OÙ il marqua 'Son camp. Le sâ les confédérés se portèi- 
<rent à Bomale ; le prkice françois prit la route de Vign»> 
dnont, où il mit son année à couvert par des retran^ 
«hements, attendu qn^^le étoit moins Bombreuseque 
T^éHe des alliés y et que son père lui avoit reconuDandé 
d'éviter le combat. Les deux snrmées restèrent dans 
4;ette situation jusqu'au j 5 août. Alors le roi Ouillaume 
envoya le gros 'bagage à Louvain , «t fit un mouvement 
-vers Sombref. L'ennemi n'en fut pas plus tôt infonùé 
«qu'il décampa, et, marchant toute la nuit, se posta 
entre Templbux et Masy, à une distance d'environ 
•une lieue et demie des confédérés. Le roi d'Angleterre 
■résolut de passer rEscatit, et, dans cette vue, se porta 
par le chemin de 'Nivelle et Soignîes à (fièvres, d'od 

16. 



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à44 B<I8TOI£S D'ANGLETERR£r 

' il détacha le duc de Wirtemberg avec un corps nonu»^ 

»P94» brcux de cavalerie et d'infanterie , pour passer ce flcave 
à Oudenarde, tandis que Télecteur de Bavière s*avan- 
çoit avec nn autre détachement pour le passer au poot 
d'Espières. Malgré toute leur diligence, leur dessein 
fut prévenu par Luxembourg, qui, informé de leur 
jnarche, avoit détaché quatre mille hommes de cava- 
lerie, ayant chacun un fantassin en croupe^ pour ren- 
forcer M. de La Valette, chargé du commandement 
dans dette partie des lignes francoises. Ces trotipes fu- 
rent dorutenues par un corps d'élite, qu-i s'avança avec 
la plus grande célérité , sans observer aucun ordre 
<fe marche. Le maréchal de Villeroy suivit la même 
route avec toute la cavalerie dé l'aile droite, la maison 
du roi, et vingt pièces de campagne; le reste de Tar- 
ifée fut conduit par le dauphin en personne. Ils oiaiv 
chèrent avec une si incroyable diligence que Télectear 
de Bavière ne put en croire ses propres yeux, lorsque, 
arrivé au bord de TEscaut, il les vit retranchés sur la 
rive opposée. Le roi Guillaume ayant reconnu leurs 
dispositions jugea le passtage impossible à cet endroit, 
et suivit le fleuve jusqu'à Oudenarde» où le duc de 
Wirtemberg Tavoit déjà traversé. Ce fut là que les con- 
fédérés ppssèrent l'Escaut, le 27 du mois ; le roi établit 
son quartier-général à Wanneghem. Son intention étoit 
de s^emparer de Courtray, et de mettre une grande 
partie de son armée en quartiers d'hiver dans les envi- 
rons; mais Luxembourg s'étant posté entre cette plaee 
et Menin, étendit ses lignes de manière que les c(Hifé- 
dérés ne pussent entreprendre de les forcer, ni même 
l'empêcher de faire subsister son armée aux dépens de 
la chatellenie de Courtray, durant le reste de la capgi' 



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GJsn^ÂVUiR m ET MARtc. ni' 

pagne. Cette mardie étonnante avoit des résultats si ^^ • 
importants pour le roi de France,, qu'il écrivit de sa ^ 
propre main, une lettre de remerciement à son ar« 
mée, et voulut qu'on en donnât lecture à chaque ba- 
taillon et à chaque escadron en particulier. 

Quoique déconcerté dans- son dessein sur Courtray, Les alliât 
le roi d'Angleterre trouva moyen de mettre à profit, au nentHuy, 
moins en quelque chose, sa. supériorité numérique. li 
tira des troupes des garnisons de Li^e et de Maes* . 
tricht; le 3 septembre il \ajouta à oôs troupes un déta- 
chement considérable de sa propre, armée , et forma 
ainsi un corps , dont il confia le commandement au diic 
de HolsteiurPloen , avec ordre d'entreprendre le siège 
de Huy. Le lendemain, toutes les forces confédérées 
passèrent la Lys et campèrent à Wouterghem. De là 
Guillaume, avec une partie de l'armée , se porta à Ro- 
selaer , et cette division mit le dauphin dans la nécessité 
d'affoiblir son armée en. détachant un grand nombre 
de troupes, pour la sûreté d'Ypres et de Menin d'un 
côté, et pour couvrir Fumes et Dunkerque de l'autre» 
Le 1 6 du mois, le duc de Holstein-Ploen investit Huy, 
et poussa le siège de cette place avec tant de vigueur, 
que la garnison capitula au bout de ^x jours. Le roi 
ordonna de mettre en état Dixmude, Deynse, Ninove 
et Tirlemont, pour servir, de quartiers d'hiver à une 
partie de son armée. Le dauphin retourna à Versailles; 
Guillaume quitta le camp le 3o septembre , et les deux 
armées se séparèrent vers le milieu d'octobre. 

Les opérations sur le Rhin ayoient été concertéèe Opera- 
entre Guillaume et le prince d^ Rade , qui 3'étoit rendu ^^^"* f^^^ 
à Lqndres pendant l'hiver. Oii convint d'arbitres pE^ur 
le différent entre l'empereur et l'électeur de Stexe; et 

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ifigi- 



%^6 HT9rv(Hinc nf A.N«s.Kr»raair 

ce def nier' étant mt^Yt darMÉ là oéj^MAtiM»^ eHr fœ 
consommée pdr son firère, qiri lui sudcéda^ et^qsii s^'^n*» 
gagea à fournir aniNMUeiaitiir doiua aiiilb boanoes^ 
MoyenDaiM un subside accordé par ku coilr ée ^ejme. 
Au commencanaiitcle jum leataréetuA dnrLorgos' passa 
le&bin à PUiriioBrif , dans le dessein' d&Umnr ImMMle 
aux Impérîaitx ^ campes à Emlbraa* Lie prince dei Bmàe^ 
ifii n'aYoit encore été jtÂn^ m*per les Savans^ bî pcn; 
lès Hessois^ ni pat ks tvenipes de Munsler et de ]^der« 
born , dépèdra desoourricss pour presser la nrarcbe de 
eesaoxiliaises, et s'ayanç» à Eppinigen^ otsil sep^o^ 
posoit de les attendre. Mais kr i5 , sur faviscfse l'en*" 
weùn ¥eaott à lai , iè marcha à sa rencooire en ordre de 
bataille. De Lorgés ne Tfl dans ce moifteawenS qn'isa 
effort de désespoir, et fit ausaîtdt batte, afin de font 
puépafev pour le combat. Cette panse pemnit au prince 
Léws de prendre possession d'an fort piIssBige , pitès 
Seiasdaeéin ^ d'où il ii'étoit point aisé de te d^oger. AbM*» 
le iliaréchal se p^vta à VisdioiCb , et ravagea tout le pays 
^R^centy dans- réspdr de fiaire sortir le» iflSpérâMn 
de leai^ redranehômentsi Le prince, que fetittieut dé 
joindre les troupes de iSessd, résolsR d'àttaqtiee l69 
^astiers derenùeM^el k génémli&ançoîs^înfimiiéde 
soo* dessein, se retitfaàJoitifciîtâveepsscîpitailoB. iiy^uM 
pfris poste à Bittb, il envoya son gra» bagtigtf k Pfailiâ^ 
)x»ksg; il se drrigiëa ensuiee vans Orombei^r dâitts k 
iroisÎDcage de Msseàmm , repassale Bbin,- ef eaiOfM ettur^ 
Spire et Woms. Le prince de Bade tt^evr pas pteâ^tate été 
joiMpar ks alliés^, ^il pmt^ k fleuve^ sur un pottt de 
baieao t , près^ HsgSiriMteli^ , dané^k Hùl^fem d^ septembre , 
et Hit FAfcace à eoutribution^ CTëlsît une eMr^priss 
téfttérsM»e , em égat^ à k mi&^ a^smeée; et k génén4 



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CUILtADME m ET MAliE. 34? 

françoig viiuku profiler de cette «prudence. Il ^'avança — 7-*^ 
coutre ks Inupériaux, prév#yaB4 bie& que s't)» étoient ^ ^ 
défaite «Uine tiM «enk bataille » leur armée éloiit perdue. 
Le prince Louig^ iostrait de Bom pnojet ^ repaatale Bbia 
eu toute hàle; il u'eut paa plue t6t elfeetué sa retraite, 
que le fleuve grossit au point «L'iaolider File qui étoit au 
«ûlieu 9 et une grande partie du camp. Bientôt après les 
deux armées entrèrent eu quartiers 4*lnver. 

£n Hon([m « la campagne n'offrit aucun événement 
important { èUe fut ouverte par le nouveau visir« qui * 
arriva à Belgrade au milieu du mois d'aoùt« Ce fut à- 
peu-pràs veri ce temps que Caprara assembla Tarmée 
impériale danl le voisinage de PeterWaradia. Les Turcs 
passèrent la SaaVe, avec le projet d'attaquer le camp 
ennemi; ils s'avancèrent avefc cinq oenta pièces de ca- 
non, mais firent très peu de progrès; les Impériaux 
reçurent des renforts; la saison étoit peu favorable ; 
il s éleva un différent entre le visit et le kan des Tar* 
tares; et les }^utes fréquentes grossirent tellement le 
Danube, que les Tm:cs furent obligés de suspendre 
toute opération , et décampèrent dans la nuit du pre* 
mier octobre. Us firent ensmte une tentative infruc- 
tueuse sur Titul , pendant que le général des Impériaux 
s emparoit de Giula. Durant ce même été les Vénitiens » 
qui étoîent aussi en |parre avec les Turcs » réduisirent 
Cyciut , place importante sur la rivière Naranta » et 
s'emparèrent de Scie dans TArehipel. 

Il a déjà été observé que le roi de France avoît résolu Succès 
d. agir avec vigueur en Catalogne. Au commencement pran^ 



OIS 



de mai , le duc de llïoailles s^avança à la tête de vingt- «" ^'**»'- 
buit mille bommes sur le Ter , dont le. rivage exposé 
étoit occupé par le viœ-roi de Catalogne avec seize mille 

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348 HfSTOÎRK D'ANGLEfERRE. 

''•■^'"■^— Espagnols. Nbâilles passa la rivière en face de cette ài** 
^^4« uiée , dont il attaqua lés retranchements avec une telle 
impétuosité, qu'en moins d'une heure elle fut complète- 
ment défaite. Alors il marcha sur Palamos , et entreprit 
le siège de cette place, qui fut en même temps bloquée 
par les escadres combinées de Brest et de Toulon. Quel* 
que vive que fût la résistance des assiégés, la ville ftit 
prise d'assaut et livrée au pillage , et les habitants fo- 
rent passés au fil de Tépée^ Les François investirent 
ensuite Gironne, qui ne tarda pas à capituler; il en fut 
de même d'Ostalric, et Noailles fut nommé vice-roi de 
Catalogne. Au cctmmencement d'août il mit ses troupes 
en quartiers de r^fi^aichissement sur les bords du Ter- 
dorè , déterminé à entreprendre le siège de Barcelone ^ 
que sauva Tarrivéelde Tamiral Bussel.' La guerre lan- 
guissoit en Piémont, par Teffet. d'une négociation se- 
crète entre le roi de France et le duc de Savoie, malgré 
les remontrances de Bbuvigny, comte de Galway, qui 
avoit remplacé le duc de Schomberg dans le çomman-. 
dément des forces britanniques de ï^iémont. Casai fut 
étroitement bloque, par suite de la réduction du fort 
Saint-Georges , et les Vaudois obtinrent quelques suc- 
cès d'escarmouches dans la vallée de Bagelas; mais il 
' ne se passa rien d'important. 

La tranquillité n^avoit été troublée en Angleterre, 
sous l'administration de la reine, que par quelques foi- 
bles mouvements , occasionés par les pratiques bu pré- 
tendues pratiques des jacobites. Dès poursuites furent 
renouvelées contre plusieurs gentilshommes des com- 
tés de Lancaster et de Ghester, pour cause de par- 
ticipation au complot tendant à favoriser l'invasion 
projetée du dernier roi. Le principe dé ces poursuites 



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eÛILLATJMlj^II ET MARIE. 249 

était dans le$ suggestions de quelques infâmes délateurs ~ 
soutenus par le ministère. Le colonel Parker et un 
nommé Grosby furent emprisonnés comme traîtres. 
Mai^ Parker s'évada de la Tour, et ne fut' jamais res- 
saisi , quoique sa tête eût été mise à prix. Le roi , après 
avoir. réglé les affaires des confédérés à La Haye, s'em- 
barqua pour l'Angleterre le 8 novembre, et le lende<« 
main descendit à Margate. Le 12 il fit l'ouverture du 
parlement par un discours où, en observant que les 
affaires avoient pris une tournure plus favorable $ur 
terre et sur mer, et qu'on avoit heureusement arrêté 
les progrès des armes françoises, il demanda aux cham- 
bres de continuer les droits de tonnage et poundtzge qui 
expiroient k I!^oël , leur rappela la dette contractée pour 
les bâtiments de. transport employés à la réduction de 
l'Irlande, et les exhorta à préparer les bills les plus 
propres à encourager la marine. La majorité dans les 
deux chambres lui étoit déjà assurée ; ce fut sans doute 
pour acheter leur condescendance qu'il donna son con- 
sentement au bill des parlements triennaux : aussi tout 
ce qui concernoit les subsides passa-t-il sans obstacle. 
Après avoir vérifié les comptes et examiné l'état des 
dépenses proposées , les communes votèrent quatre 
millions sept cent soixante-quatre mille sept cent douze 
livres sterling, pour les services de terre et de meh 
Afin de faire face à cette dépense, elles continuèrent 
l'impôt sur les terres, renouvelèrent le subside de 
tonnage et poundage pour dnq ans , et établirent de . 
nouveaux droits sur diverses marchandises. Le bill 
triennal portoit qu'un parlement seroit tenu au moins 
une foi^ en trois ans ; que, dans l'espace de trois ans au 
plus après la dissolution du parlement actuel^ et ainsi 



1694. 



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^5o HIftTOIRB D*AN6LfiTEil«B. . 

' g. pour r«yeiiir , la couronne expédieroU les wriu acMéê 
du grand sceau, pour convociuery réunir et temr un 
autre parlement; qu'aucun parlemem ne pourroît dici* 
rer plus de trois ans,, à dater de rouverture de sa pre- 
mière session 9 et que le parlement actuel saroit dissotts 
b premier novembre suivant , à m<Hns que la couronne 
ne jugeât convenable de le dissoudre plus tôt. Le duc de 
Pevonshire, le marquis d'Hali&x et les comtes de Wey- 
mouth et d'Aylesbury protestèrent coittpe le bill, par- 
oequil tendoit à continuer le parlement actuel plus 
kmg-temps qu'il ne convenoit|, selon eux, àlaconsti- 
tnlion d'Angleterre. 

Mort de Pendant qu'on discutoit ce bill , le docteur Jean Til- 
véqur "^^^^^ y archevéquc de Cantorbéry, fut frappé de para- 

Tillotson lysie dans la chapelle de Whitehsdl, et mourut le^aa 
reine^ uovembre , emportant les regrets du roi et de la reine , 
Marie. qQ^ q^ purent retenir leurs larmes à cette nouvelle. Le 
public fut aussi très sensible à la perte d'un bomme 
regardé comme un esprit d'un ordre très élevé, comme 
nn ntodéle de douceur, de modération et d'élégance 
dans Tart de la parole. Ces qualités ne peuvent lai être 
Contestées, malgré les invective» de ses ennemis, qui 
l'aoCnsoîent de puritanisme, de flatterie et d'ambition , 
et lui reprocboiént d'avoir introduit dans l'église un 
schisme dangereux, en acceptant l'archevêché du vivant 
de Sancroft, qui en avoit été dépossédé. Il eut ponr 
successeur dans le siège mécropelitatn le doctemr Ten* 
nison , évéque de Lincoln , recmnmandé par les whigs , 
qui dominoient alors dans le cabinet. La reine ne sur* 
vécut pas long-temps à son prélat favori. Un mots en-» 
viron après la mort d^ ce dernier , elle fut attaquée de 
la petite-vérole, et les symptômes étant devenus fort 



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là^. 



dîtràiants f «àk tfr p^ép^ra àfaD«Mfe*t anree bta«6c3Mip xie 
calme. . £làe pamB^ qudcfM t«ni|».ai esenâce» de piété , 
«t ed Mia*tftieBiipârticflrfn»« am^lé oMivel arclMvèqiitt , 
98çm ks daemuwntt «• présence de um» lcsévéi|oes 
v)f «i se troonHoiâiiS à kr. cour y et expira le %b décembre 
dne kl ureiite«ireiBièBie eiMée de soft àffê et k stsièine 
de 9aek 0é(|^e^ loitsem deoe ki f^s emiM douitiirle 
réi sen épouos^cpiitf ptsdhoi quénfOÊ^ semmAcs, ne 
touhxt recevoir fmnMktm y m s'eceeper d'eocoAe efifaîré 
é'étatt^ Merie éteôK greade et bieii pfofWtîotaiée;.dla 
eMit kr visefftfcmile , ki 5êttx.iitfs , Ie$ trek^ ej^râaiik» , 
k fdifsietinaMe deucse, im air de digôtf^; à tcne cdq«- 
eefHfoii^ cfaôee die joigaieit une ttéoMiire idèk et un 
jugement solide. Zélée protestante , d'une «taeticude 
scrupuleuse dans tous ses devoirs de religion , d'un 
caractère toujours égal , et d'une conversation douce et 
calme » elle n'étoit agitée par aucune passion ; il semble 
qu'elle fut étrangère aux sentiments de la nature , puis- 
qu'elle monta sans regret sur le trône dont son père 
avoit été dépouillé ^ et traita sa sœur comme si elle eût 
été d'un autre sang. En un mot , toute la froideur et 
toute l'insensibilité de son époux parurent avoir passé 
dans son ame; et l'on eût dit qu'elle bornoit toute son 
ambition à mériter le nom d'épouse humble et obéis- 
sante. 

La princesse Anne n'eut pas plus tôt appris le danger Rcconri- 
de sa sœur qu'elle fit demander à être admise auprès r^i'^" ^|^ 
d'elle, ce qui ne lui fut point accordé. En la remerciant la prin- 
de l'intérêt qu elle prenoit à l'état de Marie , on lui fit Ann^e de 
dire que l'avis des médecins étoit qu'on laissât la reine !>»««- 
dans la plus profonde tranquillité. Néanmoins , avant 
d'expirer , Marie envoya demander pardon à sa sœur , 



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2i% RflTOIBI D'ÀVGtETBBM. ' 

et, après sa mort, lecomle de Sunderland parvint! 
^ ' ■ opérer une récoBciUation entre le roi et la princesse, 
qui lui fit une visite à Kensington , où elle fut très biea 
accueillie ; Guillaunae assigns^ pour sa résidence le pa-; 
lids de SaintrJames, et lui fit présent de la meilleuret 
partie des joyaux de la reine. Mais^ous ces dehors d'es- 
timie et d'amitié subsistèrent toujcmrs un dégoût: et une 
jalousie réciproques. Une députation des deux cham- 
. bres se rendit auprès da roi à Kensington, pour lui 
offrir y. dans une adresse, les consolations dont il avait 
besoin. Cet exemple fut suivi par la régence d'Écosse»^ 
la cité et le clergé de Londres, les. ministres non-coa- 
formistes , et presque toutes le^ grandes communaulél 
d'Angleterre. 



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LIVRE V. 

.Complot de Lancaster. — Enquête 8ur les abus introduits 

* dans Fàrmée. — Interrogatoire de Cooke, d'Acton et de 
quelques antres. — Le duc de Leeds accusé par \ei com« 

. munes; — !F^rIement d'ËUïosse. — Enquête sur le massacre 
. 'de Çlencoép — * Acte du parlement d*Êcps3e pour une 
compagnie de commerce. — Délibérations du parlement 
d'Irlande. — Disposition des armées en Flandre. — Guil- 
laume entreprend le siège de Namur. — Retraite du 
prince de Vaudemont. — 'Campagne sur le Rhin.' — 
Prise de Casai par le duc de Savoie. — Affairés de Cata- 

• logne. — Une flotte angloise bombarde Saint-Malo. — • 

— Expédition dans les Indesr occidentales. — *• Nouveau 
parlement. -^Bill qui régie les procès en cas de haute-tra-^ 
hisop. — Résolutions relatives à un nouveau monnoyage^ 

— Intrigues des jacobites. — Conspiration contre le roi 
Guillaume. — Projet d'invasion déjoué. — Association 
pour la défense du roi. — Établissement d'une banque 
territoriale. — Lefe alliés brûlent le magasin de Givet. — 
Louis XIV fait auprès de la ^Hollande des avances pour la 

. paix; ^^ Affaires navales. -^ Délibérations des parlements 
d'Ecosse et d'Irlande. — Zèle des comn>unes d'Angleterre 
pour Guillaume. — Résolutions relatives à la monnoie. — 
Procès et condamnation de sir Jean Fenwick. — Le comte 
de Monmouth envoyé à la Tour. — Enquête sur le peu de 
succès des affaires navales. — Négociations à Ryswick. — « 
L'es François s'emparent de Barcelone. — Expédition de 
l'amiral Neville aux Indes occidentales. -^ L'électeur de 
Saxe est élu roi de Pologne. — Le ezar de Moscovie voyage 
déguisé. — Gongi^ès de Ryswick. — On signe le traité. .— 
Pacification générale. 

Le royaume retentissoit des plaintes des papistes et T^ 
des mécontents, . qui. accusoieut le ministère d avoir 



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!i5/J HlSTOfliE I^AMÔLÉTERRlS. 

-""'; suborné de faux témoins dans TafFaire des gentils 

^ * hommes de Lancaster qu'on âvdit poursuivis comme 

Complot . . ^ ^ , * . . TT » 1 1 . é' 

de Lan- ayant participe a la conspiralion. Un Irlandois w>sxx\Ȏ 
casier, ^ujjt avoit av4Hi^ à sii" Jaaji Twficbard^ sflcnétiûre 
4i'«lat, q«'il A¥9it été epwyiié (dlf^aade d«f9c d«d ocun- 
mimiMis dn roi JFaoques ]M»ùr idhnsrs fffeti^tlsèiowMmes 
des eooités de Lanca9t«r ^ de diedter^cja^^ avilit <5ôn- 
couru à acheter dé^ armes et à enrcïér dtes soldat» 
pour soutenir le roi Jacques dans son invasion pro- 
' xetée; qii'il ayoit été dépéché deux fois par ces même» 
^ntlldboinniie» à la «oiur de Saint^G^nvain;; qu'il âvoit 
aidé ;plodie^iirs jaoièiite» à fiaa^er «n FrAPce, .prectiré 
À «[udques «irtt«s opii «rrivoîeHt de de pays -le» 
■moyens de 'se eadier-; et que tons «es indfvidiils s'etoient 
accordés à lui dire que fargent nécessaire pour leurtf 
missions leur avoit été {durni par sir Jean Triend. Son 
témoi^na^e fut confirané par d'autres iiifames émis* 
iiairesy^ui ne recevaient i^ue iMp ii'împubion et d^iap- 
,pu 4u ^Miyi^TOeiHicmi:. iGa» marfwa^ « btmc &ut&nt 
jexpédtésy leC raoïpiîs, '9UiiPfmt foommai/^e toiis leé 
iioms<quetié9ignoient4es -A^ateu^. tis ft^nent délivrés 
a Aaron Smith, BolliciteuT au trésor, "qui , avec des nles- 
sagers d'état, accompagna Lunt et ses s^sociés dans le 
comté de Lancaster, sous Tescorte d^un détachement 
de ^ardes-à-iche val hollandais ^ jcomxnaodés piar le capi- 
tai«ie ^aker. ils avoiant pouvoir de péoké^er de force 
dans les msisoflis , ide «aiëir ie» pa|)ters >ct d'^arvêter :les 
persofMies à leur volonté ; 'ditasi coiiHmrein»Bstm grand 
nombre d'actes de violence et d'oppression. î^es indivi- 
dus qui étoient l'objet de ces mesures, ayant reçu avis 
du danger qui les menaçdit , abandonnèrent pour la plu- 
part leurs domicHes; On en saisit cependantphisietft'd'qiii 



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fiimit jetés en prison; Ton s'empara de qndkjues — 

Êswma , et, dans la maison de M. Standish , à Standidb- '^* 
Hall, on trouva le modale d'une déclaration qui derott 
être publiée par le rot Jaeques à son arrivée. Comme 
cette persécution senyi^lett caleulée pour foire revivre 
ie simulacre d*uiie conspiration déjà surannée, et que 
tes témoias étoient des hommes perdus 4e réputation , 
les amie de ceux qu'offi poursuivoit n'^em^ent pas beau- 
C30«p <ie pmmie à rendre de telles manoeuvres odieuseè 
à la nation. Ils se servirent même de la ptume de Fer*- 
çuson , qui s'étoît engagé dans tous ies complots tra>> 
méa depuis la conspiration de Rye-House, Quoiqu^on 
lui eût donné un emploi avantagenx dans l'accise » 
ne se trouvant pas assec récompensé pour la part 
qu'il avoit prise À la révolution, il s^^oit rangé parmi 
ies mécontents, et, en cette occasion, A puMia une 
iettre à sir lean Trencbard sur Tairas du pouvoir. Elle 
étoit pleine des plus amères invectives contre le minis- 
tère > et beaucoup de cireonsftanees odieuses , où la conr 
avoit faip^risé la oorraptien la plus vile et Tailiitraire 
le plus oppressif, s'y tronvoient rapportées. €et écrit 
fat lûentôt dans toutes les ^mains, et fit tantil'impres- 
«Ma, que lorsque les prisonniers furent mis en juge^ 
tntnt à Mancbêster^ la populace auroit massacré lé» 
témoins, si elle n'eût été retenae parles amis mêmes 
-des accusés, -qui avoient déjà pris les mesures les plus 
^efScafO^ P^^'' ^^ sauver» I<e principal coopérateur de 
liuM, dans icette s&nvrede délation , éfoit un nomm^ 
Taaife, vrai miséralitë, imbu des principes les plus 
pervers f qui, se voyant trompé dans Tespoir detre 
récompensé par le ministère, se laissa gagner secrète- 
Unent par tes agents des prisonniers. Lunt, quand <m 



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a56 HiSToiitB d'angl^érre. 

— — ^ lui demanda , au tribunal ^ de montrer les personnes 
* ^ • qu'il a voit accusées , se méprit si grossièrement que son 
témoignage en perdit toute autorité , et TaafFe déclara 
devant les juges que le prétendu complot n'étoit autre 
chose qu'une invention concertée entre lui et Lunt, 
afin de tirer de Fargent du gouvernement. Les pri- 
sonniers furent aussitôt acquittés, et. le ministère se 
vit en butte à la haine publique, comme Fauteur 
ou du moins comme l'instigateur de machinations 
destinées à perdre Finnocence. Dans la vue de ma*' 
nifester son horreur pour de telles pratiques , le gou- 
vernement ordonna que les faux témoins fussent pour^ 
suivis pour conspiration contre la vie et les biens 
des gentilshommes accusés; et Faffaire finit par être 
portée à la chambre des communes» Les jaçobites 
triompfaoient; ils eurent eux-mêmes recours à des 
voies de corruption à Fégard des téinoins pour là 
couronne, et ce ne fut pas sans succès. Mais la cause 
étoit maintenant entre les mains de juges peu favo- 
rables à leurs vues. Les communes ayant profï:édé à 
une enquête, et examiné toutes les pièces et toutes les 
circonstances relatives au prétendu complot, déclarè- 
rent qu'il y avoit lieu à poursuite et à procès contre les 
gentilshommes , et qu'il existoit ime dangereuse con- 
spiration contre le gouvernement. Elles donnèrent or- 
dre d'emprisonner M. Standish, et le messager d'état, 
rapportant qu'on ne Favoit point. trouvé, elles prièrent 
le roi, par une adresse, de publier une proclamation 
qui promît une récompense à ceux qui se saisiroient 
de cet individu. Les lords partagèrent les sentiments 
des communes dans cette affaire. . Des pUintes ayant 
été portées devant leur chambre par les personnes qui 



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CtlLtAtîMÈ m. âSy 

Se croyoîent lésées , on éleva la question de savoir si le — ~^ 
gouvernement étoit fondé à les poursuivre, et cette 
question fut résolue affirmativement , malgré Favis ded 
comtes de Rochester et dé Nottingham, qui jprotes- 
tèrent contre cette décision* Les gentilshommes accusés 
ne laissèrent pas de poursuivre en calomnie et en faux 
témoignage devant les assises de Lancastér Lunt et 
deux de ses Complices , qui, tous trois, furent déclarés 
coupables. La couronne les déféra aussitôt pour cause 
de conspiration contre les vies et libertés de ceux qu'ils 
avoient accusés. Llntention du ministère dans cette 
démarche étoit de saisir Pocc^sion de punir quelques 
uns des témoins à décharge, qui avoient prévariqué 
dans leurs dépositions. Mais les gentilshommes) péné-' 
trant ce dessein, refusèrent de produire leurs témoins 
contre les accusateurs, ce qui fit tomber cette pour- 
suite , et les prisonniers furent élargis* 

Pendant que les communes examinoient Tétat des Enqtjét» 
revenus , et s'occupoient des mesures à prendre pour ^^^ '5* 
lever les subsides, les habitants de Roystôn présenté-* iroduics 
rent une pétition où ils se plaignoient de ce que les l'ur'J^e 
officiers et les soldats du régiment du colonel Hastings, 
cantonné chez eux, exigeoient une rétribution alimen*^ 
taire, sous peine d'exécution militaire. La chambré 
prit feu sur cette pétition. On fit une information rela» 
tive aux officiers et à Pauncefort, payeur du régiment ^ 
et il fut déclaré à Tunanimité qu'une telle pratique étoit 
arbitraire, illégale, et attentatoire aux droits et aux li- 
bertés des sujets. Par suite d'une enquête ultérieure, 
Pauncefort et quelques autres furent gardés à Vue, 
comme ayant négligé de payer les sommes qu'ils avoient 
reçues pour la subsistance des officiers et des soldat». 

17 



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aôo HISTOIRE d'angleterrït. 

— ■■■ ; ^ - vénalité et de corruplion. Il fut reconnu que la cônï* 
^ ' pagnie, dans le cours de 1 année précédente, avoit 
payé près de quatre-vingt-dix mille livres sterL., pour 
^ des services secrets, et que le principal agent de cet 

infâme commerce avoit été sir Thomas Gooke,.run des 
directeurs , et en même temps membre de la cbambre. 
Cooke , refusant de répondre'aux questions qui lui furent 
faites, fut mis à la Tour, et il fut passé un bill portant 
des peines contre lui, afin de Fobliger à déclarer de 
quelle manière ii avoit distribué le$ somm^ :mentionr 
nées dans le rapport du- comité. Gé biU fut violemment 
combaitudansla chambre-bautëpar leduc de Leeds, 
comme contraire aux lois et à lequité ^ et comme étant 
d'un dangereux exemple. Cooke, amené, sur sa pro- 
pre demande, à la barre de cette chambre, déclara 
quil étoit prêt à tout découvrir, si l'on consentoit à 
voter sa grâce , poiir le garantir de toutes actions et 
poursuites , excepté de la part de la compagniedes Indes 
orientales, dont il étoit bien sûr de n'avoir pas encouru 
Lanimad version. Les lords accédèrent à sa demande,, 
et rédigèrent un bill à cet effet; mais- les communes y 
insérèrent une clause pénale, et le bill ne passa qu avec 
cet amendement. 
lnteri*o- Quaud Guillaume Se rendit à la chambre pour donner 
de Cooke ^a Sanction au bill des subsides, il s efforça d'arrêter 
d'Acton, cette enquête en représentant au parlement que la sai* 
quelques ^^^ ^^^*^ fortavauçée, et les circonstances extrême* 
autres, n^ent ptcssantes. Il demanda en conséquence que les 
chambres s'occupaissent exclusivement d'expédier les 
affaires les plus importantes pour Fétat, .vu qu'il se 
pi:oposoit de fermer la session sous peu de joura. Non- 
obstant cette honteuse intervention , les deux chambres 



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crrïLLAUME iiï. a6i 

nommèrent conjointement un comité, pour" mettre à" 
découvert la tactique de fraude' et d'iniquité qu'on ri'a- 
Toit pas rbugi de pratiquer. Cooke,;dan§ son premier 
mterrogàtoirç , avoua qu'il avoit délivré pour âix mille 
Kvres sterl. d'ordonnisinces :à François Tyssen , lieute- 
nant-gouverneur, pour le service spécial de fei trompa- 
gnie, pareille somme à Richard Acton^ pour employei* 
son crédit à empêcher rétablissement d'une nouvelle 
compagnie, , et favoriser le maintien d% la compagnie 
existante; qu'il avoit remis en odtre au mémie Richard 
Acton une gratification particulière de deux mille livres 
sterl. ; que le colonel Fitzpatrick avoit reçu dé'iui', 
piour le même objet , mille guinées , Charles B^tos )cinq 
cents, un négociant nommé Molineux trots cent di?e, 
et que quarante mille livres sterl. avoient été comptées 
à'sir Basile Firebrace, sous divers prétextes. Il ajouta 
qu'il croyoit que les dix mille Kvtos sterl. comptées à 
Tyssen avoient été remises au roi par sir Josiâh Child, 
comme un don qu'on avoit été dans l'usage de lEaire aux 
rois précédents, et que les sommes délivrées à* Acton 
avoient été partagées entre quelques membres dû par<* 
iement. Firebrace interrogé répcmdit qu'il avoit 'reçu 
lès quarante mille livres pour son propre compte; mais 
qu'il avoit. remis à Bâtes des sommes qu'il savoir avoi^ 
été offertes à quelques personnes' de première quahté i 
Acton* déclara que les dix ^milie livres sterl, qui- lui 
avoient été ^ comptées avoient été distribuées- à des 
personnes qui avaient de l^infiuenee sur plusieurs 
membres du parlement, et qu'u&b grande partie de cet 
argent avoit passé par les mains deCraggs, étroitement 
Ké' avec quelques oolonels qui faisoient partie de la 
chambre et avec pli^sieurs autres m^ocibres des com*< 



i%5. 



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264 HISTOIRE d'aNGLETERRE. 

— On crut nécessaire d'assembler le parlement d'Ecosse, 

, * afin d'obtenir de nouveaux subsides pour l'entretieii 

Parle- * 

ment des troupes de ce royaume, qui avoient été si utiles 
dEposie. ^j^ |g cours de la guerre. Mais comme TÉcosse avoit 
élevé un cri terrible contre le gouvernement au sujet 
du massacre de Glencoé^ et que les Écossois étoient 
las de contribuer aux frais d^ude guerre dont il ne 
résultoit pour eux auoun avantage, le ministre crut 
devoir les caresser par la promesse de quelque con- 
cession nationale. II. fut expédié une commission re^ 
vêtue du grand sceau à l'effet de constater les circon- 
stances du massacre en question , comme pour prélu- 
der au procès des individus compris dans cette hor- 
rible aifisûre. Le 9 ipai, la session fut ouverte par le 
marquis de Tweed^Ie , notnmé commissaire, qui, après 
-avoir donné lecture de la lettre du roi, s'étendit sur 
les soins et le zélé de sa majesté pour la gloire et ie 
l)onheup de ses sujets, et sur la fermé intention où 
ellei étoit de niainteair dane l'églisis d'Ecosse la disci- 
pline presbytérienne. Il promit ensuite, au nom du 
roi i que si le parlement passoit un acte pour l'établis- 
sentent d'une colonie, soit en Afriqde, soit en Amé- 
rique, soit en toute autre partie du moùde où on 
pouvoit légitim«nent efi fonder une, sa majesté ac- 
corderoit pour cet objet tous les droits, et privilèges 
qu'elle avoit accordés :en pareil cas aux sujets de ses 
autres états. Il-fifiit en exhortant le parlement à s'oct 

éminent jurisconsi|lte , .bomme savant , actif et vertueuf ^ qui avoit 
€U une mission à Paris et à Con^tantinople. 

Le mois d*avril de cette année fut marqué par la mort du fameux 
Qeprges Savilte, marquis d'tlâlifa]E,.qui^vpit 9urvéca^i) grande pairti* 
$1 ses talents. et à sa rf^pi(t£|fion. 



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GUILLAUME llf* â65 

cuper des inoyens de lever les subsides nécessaires — ^ 
pour 1 entretien des troupes de tei^re ecossoises, et pour ^ ' 
réquipemeDt d'un nombre de vaisseaux de guerre 
qui pût suffire à protéger le commerice du j:oyat|jne, 
• Le parlement, après avoir voté une adresse de con- 
doléance au roi' sur la mort de la reine , accorda, pour 
le service de l'année suivante , cent vingt mille livres 
sterl. à lever par une capitation générale, une taxé sur 
les terres et une augmentation de Taccise. 

Le premier soin des chambras fut ensuite d'enga- enquête 
ffer le commissaire è transmettre au roi leurs humbles ^"^ ^® 

' 1 .1 VI ^ • . 171 massacre 

remerciements au zèle qu il teipo^gnoit pour 1 honneur de 
du gouvernement, i non moii^ qift^ pour la justice , Glencoe'. 
en ordonnant qu'on prit tou^ les renseignements né- 
cessaires sur le massacre de Glencoé* Un membre 
proposa que les commissaires nommés à cet effet ren- 
^ssent compte des. démarches qu'ils auroient faites; 
.et un r£ippoirt contenaiit les instructions du roi, les 
Jettdres de Dalrymple., les dépositions des témoins , et 
l'opinion des cpmmîssaires, fut présenté au parlementa 
On assure que cette .proposition a voit été suggérée à 
>()n auteur p^r le^^çicj^étaire d'état Johnston, qui vqu- 
jioit p^r là préparer la disgrâce de Dalrymple], son rival 
^n pouvoir et en crédit. Les commissaires, créatures 
de la cour, remirent un avis écrit, portant que Mac-. 
donald.de Glencoéavoit été victime d^une infâme per- 
fidie , que les instructions du roi ne eontenoient rien 
qui put autoriser cette exécution , et que le secrétaire 
d'était Dalrymple avpit excédé ses ordres. Le parlement 
fit des recherphes de son côté, et déclara qu'il n'y 
avoit pas lieu à blâmer Livingston pour avoir donné 
1^^ prdres consignés dans sa lettre au lieutenant-colonel 



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a66 HISTOIRE d'augletekre. 

"— ^ Hamilton , mais qu'il y avoît lieu de poursuivre ce der- 

^ ' nier ; il fut décidé qu'on demanderoit au roi de faire 
interroger le major Duncanson en Flandre , sur la part 
qu'il avoit eue dans cette affaire , ou de le faire conduire 
en Ecosse pour y être jugé, aussi bien que Campbell 
de Glenlyon , le capitaine Druiâmond , le lieutenant 
Lindsey, Fenseigne Lundy, et le sergent Barber, qui 
seroient poursuivis, conformément aux lois, pour le 
rôle qu'ils avoient joué dans cette scène de barbariei 
En conséqtielice de ces résolutions , le parlement ré- 
digea une adresse où tout le blâme étoit rejeté sur 
Dalrymple comme ayant outrepassé ses pouvoirs dans 
les lettres qu'il avoît expédiées pour cette affaire déplo- 
rable. Sa majesté étoit suppliée de pretidré an sujet de 
ce ministre les mesures les plus propres à justifier son 
gouvernement, de donner des ordres pour que les 
exécuteurs d'un tel attentat fussent poursuivis par l'a- 
vocat du roi, suivant les lois établies, et pour que' ceux 
des habitants de Glencoé qui avoient échappe au mas- 
sacre fussent dédommagés , autant qu'il étoit possible » 
de la perte de leurs biens et de leut^ effets. Malgré 
cette adresse où le roi étoit si solennellement disculpé , 
la mémoire de ce prince resta entachée du soupçon 
d'avoir concèMé et inspiré les horreurs de Oiencoé; 
et ce qui parolt propre à conJSrmer ce soupçon , c'est 
que Dalrymple demeura impuni, et que les autres ac- 
teurs de cette tragédie, loin de subir aucune peine, 
obtinrent de l'avanceitient. Daiis le cours de l'enquête, 
on fit des découvertes sur la conduite du comte de 
Bréadalbane , qui ftit accusé de haute-trahison et em- 
prisonné dans le château d'Edimbourg. Mais il paroît 
qu'il n'avoit usé de dissimulation à l'égard des monta- 



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OniLLÂVME III. 167 

gnards que par autorisation du roi , et il fut «bis à cou* " 

vert par Feffet d'un pardon royal. 

Le comité de commerce, coufonEQémetit aux pouvoirs Acte du 
accordés par le roi à son commissaire , prépara un acte J^'^J^ ^'f^. 
pour rétablissement d'une compagnie de commeroe.en coase 

-. 1 .irjj pour une 

Afrique et aux Indes, avec pouvoir de fonder des co- rompa- 

lonies, de bâtir des villes, des forteresses en lieu in- n<'<' '^^ 
' ' Col., mer- 

habité, ou ailleurs, sauf à obtenir le consentement des ce. 

naturels du pays; le même acte accordoit à la com- 
pagnie un privilège exclusif et une exemption de tous 
droits et impositions pendant vingt et un ans. Il fut 
confirnié par lettres patentes scellées du grand sceau. 
Paterson , auteur du projet, avoit formé le plan d'un 
étaUîsseiDetilt âor l'isthme de Darien , de manière à 
étendre le commerce sur la mer du Sud , aussi bien 
que sur l'Atlantique, et même jusqu'aux Indes orient 
tale&. Beaucoup de négociants de Londres , excités par 
Tespoir du gain, s'empressèrent de s'engager darrs 
une compaf^ie favorisée de tant de privilèges. Dans 
le même temps le parlement d'Ecosse passa un autre 
acte en faveur do elergé épiseopal, portant que ceux 
qui contracteroient envers le souverain les engage»- 
ments requis par les lois , seroient confirmés dans leurs 
bénéfices, et en jouiroient souS' la protection du rôi, 
sans être assujettis au pouvoir presbytérien. Soixante 
et dix des ministres- les plus marquants de ce clergé 
acceptèrent le bienfeit de cette concession. On di^essà 
ensuite une autre loi qui ordonnoit la levée annuelle 
de neuf mille hommes, pour recruter les régiments 
écossois servant à l'étranger, et il fiit passé un acte pour 
l'établissement d'une banque pubKqiXe. Le parlement 
fut ajourné au 7 novembre. 



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%6i UtSTOIKE d'aNGLGTERRC. 

Le$ mêmes factions qui avotein tourmenté l'Angle- 
n ih' ' t®rre depuis la révolution commençœent à s'introduire 
cioDâdu en Irlande* Le vice^roi, lord Gapel, gouvernoit avec 
^ent beaucoup de partialité, et opprimok ouvertement les 
^'Irlan^e. papistcs iriandois. Il entreprit de'fbrmer un parlement 
qui se prêtât à toutes les deouindes du ministère, 
et il y réussit en faisant arbitrairement dans les em- 
plois les changemeiits les plus conformes à ses vues. 
Ces précautions prises^ il convoqua un parlement pour 
le 37 août: ce terme arrivé, il ouvrit ]a session par un 
discours où il s etendoit sur les obligations que les Ir- 
iandois avoient au roi Guillaume ^ et suà* la reôon&ois- 
sance qu'ils. lui dévoient. Il obs^rvoit.que les' revenus 
publics avo^nt tellement diminué] en Iriaiide , que le 
paiement des dépenses civiles et militaires étoit ccmsi- 
dérablement arriéré , et que sa majesté proposoit un 
bill pour une augmentation de Taccise, «dans Tespoir 
que le parlement pourvoiroit convenablejnent aux be- 
soins du service. Après avoir voté une adresse de re- 
merciement, le parlement résolut de ^soutenir Guillan- 
me de tout son pouvoir cçntre ses ennemis étrangers 
et domestiques. Il adopta le bill pour Faugmentation 
de l'accise, et^ prit différentes décisions qui.abolissoient 
le writ de heretico comburendo ^ qui annulaient totis les 
bills passés quelques années auparavant par le préten- 
du parlement du roi Jacques, qui interdisoient toute 
éducation des nationaux en pays étranger^ désarmoient 
les papistes , et prescrivôient certaini^s dispositious re^ 
latives aux biens (les individus moribs intestat. On dé- 
cida ensuite qu'il seroit accordé à sa maîestéune somme 
qui n excéderoit pas cent soixadte-trôis mille trots cent 
vingt-cinq livres sterl. , et qui seroit levée par une ca- 



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etlILLAUME III. ^269 

pitation , une augmentation sur les douanes , et le main- 
tien de Taugmentation sur Faccisé. Le chancelier , sir 
Charles Porter, voyant' son importance et son autori- 
té diminuées , pour ne pas dire presque entièrement 
anéanties par les empiétements et la puissance du vice- 
roi, voulut se rendre populaire en embrassant la cause 
des Irlandois contre une administration si sévère, et 
forma dès-lors iine espèce de parti de torys qui travér- 
soit lord Capel dans tontes ses mesures. 11 fut proposé 
dans le parlement d'accuser le chancehèr comme semant 
la discorde entre les sujets de sa majesté. Mais ayant de- 
mandé à être entendu dans la chambre des communes , 
il se justifia à leur entière satisfaction, et une grande 
majorité déclara qu'il n'y avoit lieu à aucune imputa 
tion contre lui ; toutefois, à la fin delà session , les com- 
munes rédigèrent une adresse au roi, où elles ren- 
doient témoignage à l'administration douce et équitable 
du vice-roi. 4 

Le roi Guillaume ayant pris les mesures qu'il jugea Disposi- 
les plus propres à i^aintenir la paix en Angleterre arme'eseî 
durant son absence , se rendit en Hollande vers le mi- Fiandré. 
lieu de mai , bien déterminé à tout tenter pour étendre 
sa renommée militaire , et humilier la puissance fran- 
çoise, qui commençoit à décliner. Tel étoit alors l'épui- 
sement de la France que Louis XIV se trouva forcé 
de rester sur la défensive contre des ennemis dont il 
avoit triomphé si souvent et sans interruption : il en- 
tendoit les cris de. son peuple, sans pouvoir les apai- 
ser; il voyoit ses avances rejètées par les alUés, et, 
pour comble d'infortune, il fit une perte irréparable 
dans la personne de François de Montmorency , duc de 
Luxembourg , aux talents militaires duquel il dévoie la 



en 



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272 HISTOIRE d'ANGI^ETEBBE. 

-"-~— — cette entreprise de Guillaume parut téméraire* La tran- 
^ ^ ' chée fut ouverte le 11 , et le iendemaiti les batteries 
commencèrent à jouer avec une incroyable activité. Le 
roi, ayant eu avis quun corps de troupes françoises 
faisoit un mouvement dans le dessein d'intercepter ses 
convois » détacha vingt escadrons de cavalerie poiïr ob- 
server Fennemi. 
' Retraite Le prince de Vaudemont, qui avoit été laissé à Rose* 
de Vau- l^çr avec cinquante bataillons 9 et autant d'escadrons, 
demont. ay^nt appris que ViUeroy avoit passé la Lys, afin de 
Fattaquer, prit poste avec son aile gauche près de Gram* 
men ^ sa droite occupant Aerseele et Ganeghem , et 
commença à fortifier son camp , dans le dessein d'at* 
tendre Fennemi. L'avant-garde des François fut aper^ 
çue, le 1 3 au soir, à Deatregbèm; alors il changea 
la disposition de son camp, et se retrancha des deux 
côtés. Toutefois, le lendemain, voyant que le dessein 
de ViUeroy étoit de Fenvelopper, au moyen d un autre 
corps de troupes commandé par M. Montai^ qui avoit 
déjà passé FEscaut à cet effet , il résolut d'éviter une 
action, et ce fut alors qu'il effectua cette fameuse re^ 
traite sur Gand qu'on cite comme une des plus savantes 
combinaisons de Fart militaire. Il détacha aussitôt 
douze bataillons et douze pièces de canon pour la dé- 
fense de Newport , que ViUeroy se proposoit d'attaquer: 
mais ce général changea aussitôt de résolution, et en« 
treprit le siège de Dixmude, qu'occupoit une garnison 
de huit bataillons d'infanterie et d'un régiment de dra- 
gons, commandée par le major-général Ellemberg, qui, 
trente-six heures après la tranchée, se rendit prison- 
nier de guerre avec ses soldats. Ce honteux exemple 
fut suivi parle cglpnel O'Farrel, qui rendit Deynse aux 



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GCtLLAÛMK tlh ÈL'ji 

mêmes conditions, sans attendre, même que les assié-, -^^ 

géants eussent disposé leurs batteries. Ces deux officiers ^^ 
furent depuis mis en jugement pour une conduite aussi 
lâche : Ëllemberg fut puni de mort, et O'Fdrrel cassé 
avec ignominie* Le prince dé Yaudemont .envoya un 
message au général françois , poi^r réclamer les garni-^ 
sons des deux places, en vertu d'un cartel conclu 
entre les puissances belligérantes : mais on n'eut aucun, 
égard à cette demande. Yilleroy, après diverses mar-^ 
çhes et contre-marches, parut devant Bruxelles, le x3 
août ; il notifia au gouyemeur de cette ville qu'il avoit 
ordre de la bombarder, en représailles des dommages 
que la flotte angloise avoit fait éprouver aux villes ma-> 
ritimes de France, et le pria de lui faire savoir quel 
quartier. habitoit l'épibuse de l.!électeur de Bavière, afin 
que le feu de lartillerie l'épargnât. Après cette insi* 
gnifiante déclaration, Villeroy fit bombarder et canon« 
ner la place; les boulets rouges mirentrle feu en diffé^ 
rents quartiers ^ et l'effroi qu'en ressentit l'épouse de 
l'électeur la fit accoucher, avant le terme. Le bom-* 
bardement cessa le 1 5 , et les François se retirèrent à 
Ënghien. 

Cependant le siège de Wamur étoit continué avec 
beaucoup d'ardeur, soùs les ordres du roi d'Angleterre , 
et la défense n'-étoit pas moins vive que l'attaque. Le 
i8 juillet, le major-général Ramsay et lord Cutts, à 
la tête de cinq bataillons anglois, écossois et hollan* 
dois, attaquèrent les ouvrages avancés de l'ennemi 
sur la droite de la contrescarpe. Ils furent soutenus 
par six bataillons anglois, commandés par Icbriga^*» 
4ier-général Fitzpatrick, pendant que huit régiments ^ 
étrangers , avec neuf mille pionniers , sous les ordres 
II» i8 



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^•^4 HISTOIRE D^Al!ÏGLETEItRBv 

"■"""■'^ — du major-général Sabah ^ s avançoient sur la gancEew 
^ * L'assaut fut terrible et meurtrier ; rennemi conserva 
s<Hi teripain pendant decrx heures avec une admirable 
intrépidité; enfin, contraint de plier, il fut poursuivi 
jusqu'aux portes de la vâle, mais après avoir tué ovk 
blessé plus .de douze cents hooMnes. Le roi fut si enchan-' 
té des effort» de» troupes britanniques^, que , durant 
Faction, mettant la mai» sur 1 épaule du duc de Bavière^ 
il s'écria avec transport : FojrezHfous mes brades An^ 
gfois? Le 27 , les Aog^is et les Écossois ,. eodi mandés 
par Ramsay ef Samâlton, attaquèrent la contrescarpe 'y. 
\e feijL de rennemi fut épouvantable : cependant , se>- 
condéspar le^floUandois^, ils parvinrent à faire un lo<^ 
gement, dans la partie la plus avancée <ltt chemin 
couvert, devant b porte Saint^Nicolas , aoesi bien que 
sur !un côté de la contrescarpe. Assiégés et assiégeants , 
tons déployèrent dans cette occasion une valeur inouïe 
et presque-incroyable. Plusieurs personnes furent tuées- 
dans la tranchée, aux oôté&tnémes de Guillaume, éntro 
autres M. Godfvey, gouverneur en second de la banque 
d'Angleterre , <}ui étoit arrivé au camp dans Finten*- 
tion de conférer avec le roi sur la remise des fonds pour 
)e paiement des troupes. Le 3p juillet, l'électeur de 
Bavière attaqua la ligne établie par Vauban autour de» 
f i&uvjnages de la citadelle. Le général Goborn étoit pré* 

«eut à cette attaque^ qui fut dirigée avec autant de va- 
leur qne deisuccès. Non seulement on rompit la ligne,. 
00 s'empara <méme du fort dit de Cohorn, où il ne 
parut pourtant pas«pdssible de «e loger. Le 2 août , lord 
Cutis., avec quatre mille grenadiers angloîs et faoUan^ 
niois, attaqua l'angle saillant d'andemiibastion^et se 
logea sur la seconde contrescarpe. Comme la brécbè 



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4toit enfin praticable, ^et le^ préparatifs faks potir un ' 
assaut général» le q^ipte Guisçard, gouyemfiur, capi- 
.t^la.pourla ville le 4 fioût, qt les François se reticèrent 
dans la citadelle , cop^e laquelle Jea hatt€^ries ne tar- 
dèrent point à jouer. Les ttriMPtohées furent poussées 
av^cbea^qoi^y) d'acfiwté, ni$ilgré les .-efforts et le feu 
.conti^i^el des assiégés, qui se défendoient.avec le plus 
i;rand <;ourage M mettoient la plus grande diligence 
à, réparer le dcupainage qu'ils éprouvaient; enfin, ce 
dommage .devint si considérable, par 1 effet npn inter^- 
jToppu dos bombes et desboulets rouges, que BoufBers, 
après avoir fait avec fureur plusieurs sorties , ^forma 
ie projfit de s-auvrir un passage avec sa cavalerie à 
travers le camp. des rçonfédéirés : mais ce.projet fut pré« 
Itenu par la vigilance du rofi Guillaume. 

Après le bpmbardement de Bruxelles, Villeroy, ren- 
forcé de toutes les troupes qu'il put tirer des garnisons, 
^'avança vers Namur avec une armée de quatre-vingt- 
dix mille hommes ; et le prince de Vaudemont, que le< 
prince de Hes^e avp^t joint avec un corps nombreux 
des troupes du JRhip, prit possession d'un camp for- 
tifié à Masy, distant d'environ cinq milles anglois de 
Fermée des assiégeaiits. Le rpi, sur l'avis que l'ennemi 
s'étoit avancé jusqu'à Fleurus, où il avoit fait une dé- 
charge de quatre- vingt-di;x .pièces de canon, comme un 
^igoal pour avertir les assiégés de son approche, laissa 
laxqnduite du siège à l'électeur de Bavière, et*prit lui» 
même le commandement de l'armée qui le couvroit , 
afin de s'opposer à yill^roy, qui,. nouvellement renforcé 
p^r un détachemept de l'armée françoise du.Rhiii, vou* 
|pit hasarder une bataille pour secourir Namur, mais 
^uij lorsqu'il vit la position des alliés près Masy, re^ 



1695. 



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iû»5* 



^'jS HISTGTIKE tfAnGtÉttHHe. 

' non^ à ce dessein/ et se retîfà là nuit. Le 36' aoûf ïeSê 
assiégés furent sommés de se rendre par le comte de, 
Horn, qui, dans une eonférânce, apprit an comte de 
Lamont, généra) de i'infantefie Françoise, qtie le ma- 
réchal de VtUeroy 5*étoit retira vers la Mehaigne ; en 
sorte que la garnison ne pouvoit plus espérer d'étns 
secourue. Aucune réponse immédiate n'ayant été faite 
à cette sommation, la conférence fût rompue, et le roi 
résolut de donner san9 délai uù assaM généra}, qti'il 
avoit déjà combiné avec Félecteuj^ et ses autres gêné-, 
raux. Entre une et deux heures après midi, lord Gmts^ 
s^élança de la tranchée de ist seconde ligfne, ar la tête 
de trois cents grenadiers, pour faire un Ibgettient sur 
la brèche de Terra-Nova , soutenu par les régiments, 
deCoulthorp, Buchan, Hamilton et Mackay, pendant 
que le colonel Marselly, avec un corps de Hollandois , * 
de Bavarois et de Brandebourgeois , attaquoit en deux 
autres endroits. Les assaillants furent si vigoureuse- 
ment reçus, que les grenadiers anglois, même après 
être montés sur la brèche, furent culbutés, lord Cutts, 
ayant été mis pour quelqu.e temps hors de combat par 
une blessure à la tète. Marselly, défait et pris, fut tué 
malheureusement par un bonlet même des assiégeants. 
Les Bavarois, s'étant trompés de chemin , forent expo- 
sés à un feu terrible, et leur général, le comte Rivera^ 
périt avec un grand nombre de ses officiers ; ils par- 
vinrent toutefois à s^établir sur le retranchement ex- 
térieur de la pointe de Gohorn , près la Sambre, et su- 
rent, à force de valeur, conserver leur terrain. Lord 
Cutts n*eut pas plus tôt fait panser sa blessure qu'il 
reparut sur le théâtre de Faction , et donna ordre k 
deux cents hommes d*élite du régiment de Mackay^* 



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CUItXAUME IIU 277 

commandés par le lieutenant Cockle, d'attaquer, iepee ■■ ' 
a la main, la face de Taogle saillant voisin de la br0- ' \ 
che, tandis que les enseigoes du même régiment avan- 
ceroient pour planter leurs drapeaux sur les palissades. 
Cockle et ses gens exécutèrent cet ordre avec une 
admirable intrépidités Us enfoncèrent les palissades, 
chassèrent les François du chemin couvert, firent un 
logement sur une des batteries, et tournèîrent le ca- 
non contre les assiégés^ Les Bavarois,, ainsi soutenus^ 
demeurèrent en possession du poste qu'ils avoient ga^ 
gné. Les majors-généraiix Lacave et Schweria se logè- 
rent en même temps sur le chemin couvjert ; et quoique 
Fassaut général ne réussit pas sur tous les points, les, 
confédérés restèi'ent maîtres d^un logement considéra-^ 
ble ; mais ils payèrent cet avantage de la perte de deuxi 
mille hommes, parmi lesquels plusieurs officiers dis- 
tingués par leur rang et leur réputation. L'électeur 4e 
Bavière fit preuve, dans cette action, du plus grand 
courage ; on le vit volant à cheval d'un lieu à un autre, 
à travers le feu le plus vif, donnant ses ordres avec une 
admirable présence d'esprit, animant ses ofiBciers par 
des éloges et par des promesses, et jetant des poignées 
d'or aux simples soldats. ^ 

Le premier septembre les assiégés ayant obtenu une 
suspension d'armes , pour enterrer leurs morts , le comte 
de Guiscard parut sur la brèche, et demanda un entre- 
tien avec l'électeur de Bavière. Ce prince monta sur la 
brèche à Tinstant même, et là le gouverneur françoia 
offrit de rendre le fort de Cohofn \ mais il lui fut ré-» 
pondu que, s'il vouloit capituler^ ce devoit être pour 
tout ce qu'il occupoit. Cette réponse fut communiqué^ 
4 Boufflers, qui ne la rejeta point. La suspension d'an 



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i'jS HISTOIRE d'aNGLETISrRE. 

"" ' *mes ftit' prolongée, et la capitulatioil signée le soîi' 
^^ * même.' Villéroy, qui étoit oattipé à Oéin&Ioùrs, ii^eut 
pas plus iét afppWîi' éfet évéïiMlient par une tripte cïé- 
ohargé de totrt'e Fartflîèriê; et tto' fèti fèùîanl fe long 
des ligttes de l^arinéé confédéré, qtf il de 6âta de passer 
la Sasibre près Gharleroy, et, aprëë avoir renforcé la 
garni^onî de Dinant, il se i*etiï^a vers lés lignes dans lé 
voisinage âe Stens. Le 5 septembi*e là garnison fraftft- 
çoise, qui, dequimëiâiHë hommes, seirbuvoit réduite 
à cinq nîiiîle, éVarctet la citadelle de Nânaur. Bbùfffers 
en sortant fût arrête au ilom dtk rôî d'Angleterre, pat* 
i^eprésailles de Tittîéiëctrtion du cartel subsistant entre 
les derfx^ nations pour les garnisons dé Dixmude et de 
Deynâé. Ott à vu qlie Ife^ François àvoîerit retenu ce^ 
deux garnisoiis. Le maréchal né fat pas peu surpris de 
cet incndent imprévu, let, <;omme il s'en plaîgndît vive- 
tïièènt^ on lui àss^ura que ïe roi d'Angleterre professoit 
le plus grand respect pour sa persbnfie et son caractère. 
Guillaume offirtt ftrêtoie dé lui rendre la lifeérté s'il vou- 
toit.doniier sa parole quélèà garnisons de Dixmude et 
de Dèynse sei^oîent rendues, à défaut de quoi il seroit 
lui-même de retour, dans quinze joui^s. Boufflers répon- 
dit qu'il ne pouvoit prendre un tét engagement, at- 
tend» qu'il nie connoissoit point les raisoâs qu'aVoit son 
maître pour rétcwir les garnisons réclamées; il fui 
donc recbàduit à Naihur, d'où on* le transféra à Maës- 
triohff, et oillé trarÉa avec les plus grands égards, jus- 
qu'au rètbuV d'un officier qu'il avoit dépêfché à Ver- 
sailles pour y rendre compte dé sa captivité. Il donna 
alorà sa parole qù^ l^s garnisons de IM'xtnude et dé 
I>eynsë ser^iénlr r^voryées à Tàrûiéë des àlKés. Il fui 
aussitôt rélftchë av^e Vfù sauf-<;onduit pour Dinanf , e£ 



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CT7ILLÂUME III. ^^9 

se sendit à Versailles, où Louis XIV 1^ reçut avec les ^ 
témoignages les plus édatants d'estime et d'amitié ; ce ' *^ 
prince Teiubrass» pufaliqiieaMttt de fai manîève la ptua 
affectueuse, dédara cpi'it étoit fort satisfait de sa con- 
duite, le créa duc et pair dtt- France, et hir fit don 
d'une 80BM»e très considérable, en reoonnoissance de 
ses signaiéa serrices. 

Guillauacie, apràs k réduction de Namur, qui re- Campa- 
àaussa beaucoup sa renommée militaire, se relira dans ^Bhïu. * 
sa maison da Loo, sa résidence favorite, laissant le 
«ommandeoient à Télecteur de Bavière, et les demi 
armées se séparèrent vers la fin de septembre. Les 
troupes firançoises rentrèrent dans leurs lignes. Un 
grand nombre de troupes confédérées- furent distri- 
buées en diverses garnisons, et un fort détachement se 
porta à Newport, sous le commandement du prince de 
Wirtemberg, pour mettre en stoecé cette pllsM^e. Ainsi 
se termina la campagne dans les Pâtys-Bas. Sur te Rhin 
rien d'important ne fut entrepris par Tune ou l'autre 
armée. Le maréchal de Lorges passa ïe Rhin à Pbilis- 
bourg, au cemoieiicement de juin, et se portant à 
Brncksal, envoya des partis ravager le pays. Le prince 
de Bade joignit l'armée allemande à Steppach, le 1 1 du 
même mois, et fut renforcé, quelque temps après, par 
les troupes des auti^s états confédérés d'Allemagne. 
Dans la nnit du- 19 ks François se retirèrent vers 
'Manheim, où ils' repassèrent le fleuve, sans être in- 
quiétés par le général des Impériaux. Ce fut alors qu'ils 
envoyèrent en Flandre un détachement considérable. 
Le prince de Bade en fit autant, et les deux armées 
demeurerait dans leurs quartiers le reste de la cam- 
pagne. Le commandement des troupes allemandes en 



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a8o HISTOIRE DANGLETERfiE. 

-^ Hongrie fat transféré à Félectéur de Saxe ; mais la cour 
'^. * de Vienne fut si lente dans ses préparatifs qu'il ne fiit 
pas en état d'agir avant le milieu d'août. Ijord Paget 
fut envoyé d'Angleterre, cbmme ambassadeur, auprès 
de la Porte-Ottomane, avec des instructions relatives 
è. la paix ; mais , avant qu'il pût obtenir audience , lé 
sultan mourut, et eut pour successeur son neveu Mus^ 
tapha, qui se détermina à poursuivre la guerre en per- 
sonne). Le génie belliqueux de ce nouvel empereur étoit 
d^un asse^ triste augure pour son peuple, qui ne pou* 
Ypit voir sans inquiétude que le czar de Moscovie a voit 
profité de la guerre de Hongrie pour envahir la Crimée, 
et mettre le siège devant Asoph ; en sorte que les Tar^ 
tares étoient trop occupés chez eux pour fournir les 
secours que demandoit le sultan. Néanmoins, Musta* 
pha et son visir se mirent en campagne avant que Ici 
Impériaux eussent commencé leurs opérations, et, pas^ 
sant le Danube, prirent d assaut Lippa et Titul; ils 
attaquèrent enduite le camp du général Veterani, qui 
étoit posté à Lugos avec sept mille hommes, et qui 
perdit la vie dans cette action : son infanterie fut 
taillée en pièces, après avoir fait une défense désespé- 
rée ; mai^ la cavalerie , sous la conduite du général 
Trusches, effectua sa retraite sur Carousèbes. Les 
Turcs, satisfaits de cet avantage, se retirèrent à Oiv 
sowa. P^ns le même temps leur flotte surprit celle des 
Vénitiens à Scio ; plusieurs vaisseaux de la république 
furent détruits, et les Turcs recouvrèrent cette île, 
que les Vénitiens crurent devoir abandonner; mais 
ceux-ci furent dédommagés de cette, perte par une 
victoire complète sur le pacha de Négrepont dans lu 
Horée, 



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GUILLAUME III. 28r 

Le roi de France entreténoit toujours de sécrétés né- 



gociations avec le duc de Savoie , dont la conduite et oit p .^^' ^^ 
dépuis quelque temps mystérieuse et équivoque. Contré Casai par 
Tavis de ses alliés , il entreprit le siège de Casai , qu'on g, "oie. 
regardoit comme une des plus fortes places de l^Eu- 
rope, et que défendoit une garnison nombreuse, abon- 
damment pourvue de munitions. Le siège fut com- 
mencé vers le milieu de mai, et la place se rendit par 
capitulation au bout de quatorze jours , au grand éton- 
nement des confédérés, qui ne savoient point que c'é- 
toit un sacrifice par lequel le roi de France achetoii 
Tinaction du duc pendant le reste de la campagne. La 
capitulation portoit que la place seroit rendue au duc 
de Mantoue, qui en étoit le légitime souverain ; que les 
fortifications seroient démolies aux dépens des alliés, 
et que la garnison resteroit dans le fort jusqu'à ce que 
cette démolition eût été effectuée. On échangea des 
Otages pour garantir lexécution de ces divers articles^ 
Le duc de Savoie sut si bien traîner en longueur , que 
la place n'étoit pas encore entièrement démantelée aii 
milieu de septembre ; il fut alors attaqué d'une fièvre 
qui l'obligea de quitter Tarmée. 

En Catalogne , les François eurent peine à conserver Afhlres 
le terrain qu'ils avôient gagné. L'amiral Russel , qui i^^^^ 
avoit hiverné à Cadix, fut nommé amiral en chef, et 
commandant-général de tous les vaisseaux de sa ma- 
jesté britannique, employés ou qui pourroient l'être 
dans les détroits ou dans la Méditerranée. Il fut ren- 
forcé par quatre mille cinq cents hommes , sotts le com- 
mandement du brigadier-général Stewart , et l'on tira 
d'Italie, pour la défrâse de la Catalogne, sept mille 
hommes, Impériaux ou Espagnols. Ces troupes furent 



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^82 RISTOIBE D'ANGLETERRE. 

«transportées à Barcelone, sous l'escorte de Tamiral 
^ ' Nevil, détaché à cet effet par Russel. Les affaires de 
GaCalogne aToient déjà changé de fece ;* divers partis 
françois avoient été défiiits ; les Espagnols avoient blo« 
qné Ostalric et Gastel^Follit. Noailles ayant été rappelé, 
le duc de Vendôme, qui lui succéda, fit détfiameler ces 
deux places , au prenfier avis de Tarrivée dîes troupes 
tirées' d'Italie, et se retira à Palamos. Le vice-i^oi de 
Gfttalegue et Taniiipal a^glois résolurent de livrer ba- 
taille à F^HÈisemi , et de reprendre PahHnos*. On fit donc 
débav<{uer les troupes angloises le 9 août , et Famnée 
des aWiéB s'avança sur cette place. Les François^ se pré- 
sentèrent eti oncfee de bataille : mais le vice^roi évita le 
combat ; il retira tnéme ses troupes , et Famiral bom- 
barda 1* ville. Le peu de succès dé cette expédition fctt 
dû y en grande partie , k une mésinteliîgenee en'tre 
Sussel et la cour d'Espagne. L'amira^l se plaigndit que 
sa majesté catholique rt'eût point fait de prépàraitife 
pouf kl campagne, qu'elte eût négligé de rempfir ses 
engigements relatifs à l'escadre espagnole qui auroît 
dû joindre les flottes d^'Angleterré et de Hollande, et 
qu'elle n'eût pris aucun soin de faire approvisionner les 
troupes britannicpies. Le 27 août , Russel mit à k voile 
pour lés côte^ de Pfovei^ce , oii ht flotte , afsëâltlié d^uiie 
terrible tempête , courut le phis grand danger ; il se 
dirigea alors ver» Gadiit , et entra dans la rade à la fin 
de septembre. Il y laissa une partie de ses vaisseaux , 
sous le commandement de David Mitche! , que devoit 
joindre sir Geerges Rooke , qu'on attendoit d* Angle- 
terre, et il y retourna lui-même avec le reste des esca- 
dres combinées. 

Tandis que r^^irsi) Russel maintenoit ht domination 



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CtJILLAUME m. 283 

britannique sur la Méditerranée , les côtés de France — T^" 
furent insultées de nouveau par une antre flotté sôus „ ' * 

,r L ne flotte 

le commandement de lord Berkeley de Sttatton , secondé angIoi»e 
de l'aÉitral hoUandois Alleniotidé. Le 4 juillet, ils je- ^^"^^^l 
tèrent l'ancre devadlt Sa«nt-Mak> , qu^iis firent bombdr- Malo. 
der par neuf gafliotes cfouVertes par qi>elques frégates, 
qui ^rou^vèrenf pins de dommage qu'on n'en fit éprôu* 
ver à TeâtkâttiK lie €^ oïl bombarda de même Granville , 
et k flotte revint à Pbrtsmontb. Les galiotes à bombes 
ayant été répai^ées , la flotte fit i^oute ters les Dunes , où 
quatre cents soMatsf furent embarqués pour une étif re-^ 
prise ooiifti^ DiHMterque, formée st)us la direction du 
célèbre in^éViiieur h^andbis Mfeesters , qui avoit pré- 
paré à cet effet'Ses brûlots et ses machines infernales. Lé 
premier aotft , Inexpérience ertlhit faite sans succès. Les 
be^mbès Bveàt quelque effet ; mais les François avoiènt 
pris de telles pré^éatitiôns que les macbines ne purent 
appr<»oll6r ésdèli près pour leur faire beaucoup de mal. 
lyàiMeilrs , de vk>letites animosités divisoient le conseil 
des^ adsaiHâiIVs; Les ofSciets angfois hal'ssoient Mees- 
ters^ pai^eêtfn'il étoit RoHandois, et qilll efVoit acquis 
quelque crédit auprès du rot , et Meesters de son côté 
ks traitbk a^efc Ibft peu de considération. ïl se retira 
dans la nuit avec sed machines , et refusa de seconder 
Berkeley dans la tentative qulF fit le t6 ^ur Calaig. L'a- 
miral dirigea ses batteries conti*é cette placé, et mît té 
feu à di^ffiérents quartiers. Mais Teniiemi âVôit si bien 
pris ses mesuresrque Tentreprrse échoua. 

Une escadre, ayant à boi'd douze cents hommes de Expédi- 
troupes déterre, avoit été envoyée àut Indes ôccîden- V^°.^^°* 

- * . , •' , les Indes 

taies , sous le commrahdement du capitaine Robert Wil- occîden- 
mot et du colonel Ltlingston. Ils avoient des instruc- ^^*^*' 



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ad4 HISTOIRE d'âncleteare. 

étions pour agir de concert avec les Espagnols , à BSspa- 
^ * Biola , contre les établissements François de cette ile , 
et pour détruire à leur retour les pèches françoises sur 
les bancs de Terre-Neuve. En conséquence ils furent 
joints par dix-sept cents Espàgùols levés parle président 
de Saint-Domingue ; mais au lieu d agir tiontre Petit- 
Guavas , comme il a voit été recommandé y Wilmot s'em- 
para du Port - François , malgré les remontrances de 
Lilingston, qui protesta contre une telle conduite. Les 
officiers de terre et de mer vivoient dans une divisioa 
^ continuelle , et les Espagnols conçurent tant d'éloigne- 
ment pour les uns et pour les autres ^ qu'ils renoncèrent 
à toute coopération. Au commencement de septembre , 
Fescadre mit à la voile pour l'Angleterre, et y amva 
dans Tétat le plus déplomble, après avoir perdu un dé 
ses vaisseaux dans le golfe de la Floride ; Tun des deux 
chefs étoit mort dans la traversée , et la plus grande 
partie de leurs gens étoient attaqués d'une maladie épi- 
démique. Malgré tous les efforts que la nation avoit 
faits pour entretenir un nombre considérable d'esc4dres 
différentes, le commerce avoit beaucoup à souffrir des 
armateurs françois , qui infestoient l'un et Tautre canal , 
et qui firent de riches et nombreuses prises. Le marquis 
de Caermartben en station avec une escadre à la hau- 
teur des îles de Scilly, crut voir la flotte de Brest dans 
une flotte de vaisseaux marchands , et se retira préci- 
pitamment à Milford-Haven. Grâces à sa retraite, les 
armateurs ennemis s'emparèrent d'un grand nombre 
de vaisseaux des Barbades et de cinq vaisseaux des Indes 
orientales , évalués à un million délivres sterling. Les 
négociants renouvelèrent leurs cris contre les commis- 
saires de l'amirauté , qui se défendirent en produisant 



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GUILLAUME Ilf. 2^85 

leà ordres et les instructions qu'ils avoient donnés. Le - 

i6o5 
marquis de Gaermarthen méritoit de grands repro- ^ 

•ches ; mais la principale source de ces calamités natio-. 
nales étoit dans les intelligences qu'entretenoient avec 
la France les raécimtents d'Angleterre, qui se réjouis^ 
soient alors , comme ils Font toujours fait depuis, de la 
détresse de leur pays. , 

Guillaume , après avoir conféré avec les états de Hol- Nouveavi 
lande et l'électeur de Brandebourg, qui se rendit au- ^^^^ 
près de lui à La Haye , s'embarqua pour l'Angleterre 
le 19 octobre, et fut reçu à Londres comme un con- 
quérant , au milieu' des réjouissances et des acclama- 
tions du peuple. Dès soh arrivée, il tint un conseil à 
Kensington , et 11 y fut résolu de convoquer un nouveau 
parlement. Gomme la nation paroissoit éprouver quel- 
que contentement, on supposoit qu'elle ne rééliroit 
que |es membres bien disposés pour le gouvernement, 
au lieu que le parlement actuel pouvoit reprendre ses 
enquêtes sur la corruption et autres abus , et devenir 
d'autant moins accessible à l'influence de la couronne , 
qu'il se verroit peu éloigné du terme de son existence. 
Le parlement fut donc dissous par une proclamation , 
e^ on en convoqua un nouveau à Westminster pour le 
a2 novembre. Pendant que la nation toute entière étoit 
occupée lies élections, Guillaume, par le conseil de ses 
principaux confidents , fit un nouvel effort pour acqué- 
rir de la popularité, en essayant de faire violence à son 
caractère. Il parut aux divertissements de Newmarket, 
et y fut complimenté par l'université de Gambridge. Il 
rendit visite aux comtes de Sunderland , Northamptoa 
et Montagne, dans leurs maisons de campagne , et se. 
transfiorta , avec une brillante suite , à Lincoln ; il alla 



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286 niSTOlJIfi DVNGtETCRRE. 

' .. . ' ^ ■ easuUe k W^lbedk, pffO(>i-îél^ dn dite de ftewcastle-, 
^^* df^os le comté.de Ko^pigUiiin.,^ il reçut les tkouitiiageft 
deJi'afcbevécjue d'York «^ ;^ ga« clergé. Il passa une 
«nuit oh^ lord :BroQ)Kf , mi cbâtewi -de W^^vmék , êÈnii 
^ £be^ ie duc dç âhrewa^nry ji £yefi»rt, ^ > par ia iH>ut6 
|]^ Wood^tpçk 9 fit #Qa fintfée solennelle è Osdùpd , d'où 
leducd'Ormond, comme chancelier dernniversité, le 
.tipe-cha^celier, le$ ^Q^^^eufs et ies magistrats :setoient 
partes aurdevsiiitide lui à quelque. distance. Jl se rendit 
;Bt|i' théâtre, où JI lui vfutdftdcessé une iiaitangue latine 
jFprt élégante. Il reçut rde 1» mw^ du tihs^nc^ier 4es pré- 
sents d*usage , conMsts^ut en une grande i>ible angloîse ; 
janlivre.de prières ordionces^iet^iifê paire de gants à 
franges d'or. On &t eottler des fontaines de ^vki ; nn 
hauquet inagnifi<|ue étoit pi?éparé : maïs une letcre, où 
)1 étoit dit qu pn a^oH ^fetmé je dessein d'-emi^oisonner 
le roi 9 ayant été trouvée dans les nues , <(6tttUânme ne 
voulut rien prendre à Qxïord, et parfit aus^kôt pour 
Windspr. Ce brusque dépa]rt,<|ui ne décéloit pas beau- 
coup de magnanimité y ^n'empêcha pas luniversité de 
choisir sir Guillaume Tviwihall, secrét^ire-d'état , pour 
un de ses représentants au parlement. 

Btll qui Les élections furent engénéral favorables aux whigs ; 

procès en quoiquc j>eauQOiip dîenire eux fussent au nombre de» 
cas de luéconteuts , et, quand le^parlement s'assembla , ^Foler^ 

haute-tra- L- j , 

lùson. lut ne nouveau cnoisi.pour orateur des communes. Le 
roi, dans scm premier discours, exalta la valeur des 
troupes angloises, exprima le ohagfin qu^l ressentoit 
d'être. qbligé de demaudM* sa sqn peuple, des subsides 
fort coi^dérajiles^ observa ^iie4es derniers ^nds s'é- 
toieut trouvés msufisants, «et que la liste civile étoit 
d^n^ un fâcheux état« Hl reeanimafida à'k conmiiséra-^ 



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GUILtAUME liÎ4 1287 

tion des chambres la malheureuse situation des protes- ' ' 
tants IraAçois , les engagea à préparer un Ji»ill ppopre à ^^* 
encourager et à foiAîfier la marise, et des lois qui pus- 
sent .fineiliter les proigrès du commerce. Il parla des 
grands :préparatifs que faisoient les François pour se 
mettre de *bonne. heure en campag^ » et témoigna sa 
satlsfactinn des choix qu'avoit faits son peuple pour 
4ive digneoient représenté. Les chaadM*es féhcitèrem i 
leur tour le roi sur 'ses derniers suoûès , et promirent de 
Taider à poucsuiirre la guerre avec vigueur. Cependant 
la nation s'élevoit fortement contre les fardeaux insou- 
tenaUes et les dommages de toute espèce qu'elle sup- 
portoity pour soutenir le système de politique étran- 
gère qu-on s'obfiûnoît à suivre. Tous les efforts du roi 
pour masquer le côté malheureux de son ^caractère 
avoient été smis succès. Il étoit toujours sec , réservé et 
repoussant , et les mécont^rats aeousoient hautonent sa 
conduite envers la prînoesse Anne. A la pr^mièretnoU'^ 
velle de la réduction de Mamur, cette princesse Yen 
avoit félicité par unelettve respectueuse, à laquelle il 
n a voit daigné faire .aucune réponse, et depuis son re- 
tour en Angleterre il me.lui donnoit aucune marque de 
considération, non plus qu'à son époux. Les- membres 
delà chamhre4)asse qui avoient embrassé les maximes 
de Topposition, soit par principes , soit par ressenti- 
ment, voulurent que la couronne achetât les subsides 
par quelques concessions en faveur du peuple. Ils pré- 
isentèvent le biU en contestation depuis si long-temps, 
sur les procès en matière de haute-trahison. Les lords 
y. insérèrent une clause ^d'après laquelle un pair devoit 
être jugé partout le corps de la ppirie , et les communes 
acquiescèrant àcet amendement. Le bill portait que lea 



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288 HISTOIRE ti'ANGLËtlSRRE. 

— individus accasés de haute-trahison, ou detiatoirpaf 

i^iP* découvert un crime de haute-trahison qui aoroit éféi. 
leur coanoissance, recevroient une copie de l'acte d ac- 
cusation cinq jours avant le procès , et qu'il leur seroit 
accordé un conseil pour les défendre; que nul ne pour- 
roit être accusé que sur le serment de deux témoins, 
qui déposeroient en même temps de Tintention dans 
kquelle le déUt auroit été commis ; que , lorsqu'un acte 
/ d'accusation omtiendroit deux ou plusieurs circon- 
stances distinctes , dont la première seroit affirmée par 
un témoin , la seconde par un autre témoin , et ainsi de 
suite , la condition des deux témoins ne pourroit éti« 
regardée conune remplie ; que nul ne seroit poursaivi 
pour crimes de cette nature ^ à moins que laccusation 
ne fût poitée dans les trois ans qui suivroient le délit, 
ou qu'elle n'eût pour sujet , soit un dessein , soit une 
tentative d'assassinat ou d'empoisonnement sur la pep 
sonne du roi ; qu'il seroit délivré aux individus accusés 
de haute-trahison, ou de n'avoir pas découvert un crime 
de haute^trabison dont ils auroient eu connoissance, 
des copies de la liste des jurés , deux jours au moins 
avant Tinstruction du procès, et qu'ils auroient droit 
de forcer les témoins à décharge à comparoitre ; qu'au- 
cun témoin ne seroit admis pour des circonstances qui 
ne seroient pas expressément énoncées dans l'accusa- 
tion ; que le présent bill ne pourroit s'appliquer à au- 
cune autre accusation, ou procès dans le parlement, 
pas même à un procès intenté pour contrefaçon delà 
monnoie, dii grand sceau du roi , du sceau privé, de sa 
signature ou de son cachet. Eu égard à la situation cri- 
tique des affaires , le parti de la cour craignit de s'op- 
poser à cehîU, qui étoit de nature à plaire à la uation. 



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OtiLLAtliE lit. 38g 

' Les communes procédèrent ensuite à rexamen des _ ^ 

coinptes et des dépenses proposées, et votèrent plus de -^ /^. ' 

Cinq Bâillions sterling, pour le service de Tannée eui-* tîons re« 

vantei L'état de la monn<He étant devenu alors un vé- ^"^^^®' ^ 

un non- 

ritable détriment national , ne pouvoit échapper à Tat-^ veau mon« 
teotion du parlement. Les lords préparèrent une adresse '^^^"C^' 
pour demander à la couronne une proclamation qui 
arrêtât le cours des espèces altérées, et requirent à ce 
sujet le concours des communes. Mais la chambre**» 
basse résolut de d'attribuer particulièrement cette af« 
Caire, et nomma un comité de toute la chambre, pour 
délibérer sur Tétat de la nation relativement aux mon* 
noies courantes. Il y. eut une opposition vigoureuse 
ccmtrela proposition d'un, non veau monnoyage , faite 
et vivement soutenue par M. Montague , qui agissoit 
en cette circonstance par le conseil du grand mathéma- 
ticien Isàac Newton. Les adversaires de cette mesure 
ofajectoient que M l'argent monnoyé étoit retiré de la 
circulation , il seroit impossible de soutenir la guerre 
But le continent , et de Continuer le commerce étran« 
ger , attendu que Les marchands ne pourroient acquitter 
leurs lettres de change, ni les soldats recevoir leur 
solde. Ils ajoutoient que tout paiement seroit suspendu , 
et que de là naltroient une confusion et une inquiétude 
universelles. Il est vrai de dire qu'une réforme de cette 
Q^tyre n'est jamais sans danger ni sans difficulté; mais 
elle étoit alors devenue indispensable ; le mal augmen<« 
toit tous les jours, et auroit bientôt amené l'anarchie i 
après de longs et véhéments débats , il fut décidé , à une 
simple majorité, qu'on procéderoit , avec toute la dili« 
gfnce possible, à un nouveau moûnoyage. Il s'éleva 
une autre question ^ xlont l'objet étoit >de s^iyoir si la 



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âga RiSTOifii: D'ANot£TÉ:Éfiir. 

"" uouvdle œonnbîe, dans ses jdifiià*eiites éénommatioM f 

^ ^ * aurait le même poids et le môme titre cfu'avoit eus ori-^ 

g^inairement rancienee , ou si te préétabli serait aug* 

r mente. Lie célèbre Locke eut sur cette tfuestioii une 

dispute avec M. Lowndes^ qui proposbit Tâugitienta'» 

tioi9 du titre. Les rats€»s de Loeke étoiem: si couvain^ 

caotes» que le comité se déciéa pour le maintieiidù 

ûire quant au poids et à la finesse. Il f«t aussi arrêté 

que la perte résultaut pour le revenu ée i'état des es-» 

péee» rogaées seroit supportée par le puMIc. Afiti de 

prévenir une stoguatioa générale , It fut décidé qa apt^è^ 

uo terme fi» , aucune «noviii^e rogtiée ïie serait reçue 

eu paiemeAt, si ce a'est par les cdlectéursdes revenus 

et des taxes , ou d£»i5 les prêts et paiements de Téchi*^ 

quier; quaprèa unr antre terme égalemeat prescrit ^ 

cette (moQfnoîe ne seroit reçue dans aueutie •espèce âê 

paiement^ sans exception ; <|u'ejifin il seroit fixeim dér^ 

nier terme , où tout citoyen de vroit apporter les espèces 

rognées pour être i^efendiies , et qm ce délai passé il ne 

setroic rien aUoné pMrr «e qu'on apporteroit. Les GO«â^ 

munes prièrent le roi^^par une adresse , de publier une 

proclamation coo&Nnne^ aux réanluticms qu'elles ve* 

paient de prandre^, «t cette prcfçlamation eut lieu le^ 

19. décembre. Les craintes du pèufde» accrues et en«* 

flammées parles eùnemisKiu gouvernement, en vinrent 

^ uo te) points qne tomtpaîemait «essaet que te dés* 

ordre se répandit en un moment -dans rétat. Les àd- 

verflaire& du bill aaisireat cëttetaccasiontf aggraver 1^ 

larmes publi^qnea. ils attacpaèPÊnt vivement le minis-^ 

tère comme auttnr de cette ^éfplora^le stagnation., et 

4û*igérent particulièrement leUrs traits contre Mût.* 

' "^ Mgiie ; il fallut beaucoup d'adra»se «t de eç^ràge pour 



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^triiLAtJMft m* n^t 

détourner les dangereux effets du mécotitêntemènl du — *~^ 
^eitpie. La chaitebre des communes décida qu'il seroît '^ V 
levé dolt^e cem mille livres sterling au moyen d'un 
droit sur les vitres ^ en compen'satioh de la perte sur la 
itidmioie rognée; que rindemnité accordée pour sup^ 
piéer à œ qui manquait aux espèces rognées is'âppîi-^ 
querok à tout argeijt-monnoie, quoique d'un alôi plus 
bfts ttftt« le tittre ; que les collecteurs et receveurs dés 
dtibsides €l «avenus auroient ordre de recevoir toutes 
ces espèces; qu'il sièroit accordé une prime dé cinq 
pour Hieut à quiconque apporteroit des pièces no^ alté- 
rées pourôtr« données dans tout le royaume en échange 
de 4a mannoie rognée » et une prime de six sous par 
onde à quiconqtte apporteroit à la inonnoie de la vais- 
sctfe plate pour ^tre tnonnoyée ; que chacun pourroit 
pÉyer en espèces rognées la taiîle de Tannée suivante , 
jesqtt'à l'expiration d'un délai déterminé ; que des corn- 
misscùres seroient nommés dans chaque comté , pour 
écAHmger la monitoie non rognée, ainsi que la nouvelle 
meoiieie^ contre celle qui étoit altérée. On envoya à la 
dfiamb^e des lords le bill qui contenoit ces différentes * 
résaltitîons ; ceux-ci firent quelques amendenaents, que 
lès ^jommuîiès rejetèrent : mais stfin d'éviter les disputes 
et les conférences , elles retirèrent ce bîlï et en rédigè- 
rent un -autre, sans 'f comprendre les clauses insérées 
dans lé prétûiér par tes lords. Ces clauses firrént pro- 
posées de nouveau dans la chanibrè-haute, mais écar-* 
téefi "Cette fois par la ùiajorité , et , le 2 1 janvier i îè bill 
reçut la satiction royale, ainsi qu'un autre qui prôroh- 
geoit le délai fiké pour acquérir des annuités^ éîf qui 
ccmtitikikoit léS' droits sur lès vîUs de dernière qualité, tuè ' * 
roi sanctionna également le bîll sur les pi-ocès pour 



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293 HISTOIBE d'aNGLBTBBRC. 

""— * hautertrahisoa , et un acte tendant à prévenir les élec* 
^y ' tions vénales. Divers marchands et commerçants s'étant 
adressés à la chambre des communes, pour la prier de 
prendre en considération les pertes qu ils &upportoient , 
par Feffet de Taugmeniation des guinées , elle passa un 
biU, qui suspendoit pour un temps limité Tobligation 
de jfabriquer de nouvelles gainées , et s'occupa d'abais* 
ser la valeur de cette monnoie* Malgré la vive opposi* 
lion de plusieurs membres ^ qui manifestoient la crainte 
qu^une telle mesure ne fomentât «icore des troubles, 
il fut convenu que la guinée seroit réduite de trente 
schellings à vingt-huit; enfin, pour encourager les ci- 
toyens à apporter à la monnqie la vaisselle d'argent ^ 
l'on inséra dans le bill nue clause qui fixoit la valeur de 
la guinée à yingt-deux schellings, et elle tomba natu- 
rellement à sa valeur originaire de vingt schelUngs et 
douze sols. Néanmoins certaines personnes supposant 
que dans la session prochaine on éléveroit le prix deTor, 
retinrent leurs guiuées ^ et ^ dans une supposition sem* 
blable , que les mécontents ne manquoient pas d encou» 
rager, les nouvelles espèces d'argent furent aussi mises 
en réserve , au grand détriment du commerce. Le roi fit 
établir à York , Bristol , Exeter et Chester , des fabriques 
pour te nouveau monnoyage ,. dont le succès passa toute 
espérance; en sorte que, dans moins d'un an, la monK 
noie d'Angleterre» qui avoitété la plus mauvaise , devint 
la meilleure de l'Europe. 
1Q9Ô. L'atteption des communes se tourna vers un objet 
d'un intérêt moins général. Le comte de Portland, far 
vori du roi, a voit obtenu le don de quelques terres 
seigneuriales dans le comté de Derby; avant que le 
ivar7wit etit été expédié, les geatilshonunes de cette 



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GUILLAUME HT. 298 

province résolurent de s'opposer de tout leur pouvoir à ' 
cette concession. Ils demandèrent et obtinrent d'être 
^tendus par les lords de la trésorerie. X'un d'eux, sîr 
Guillaume Williams, représenta, en leur nom, que les 
terres concédées étoiént d'anciens domaines du prince 
de ûalles, absolument inaliénables; que les revenus 
de ces terres servoient à l'administration du pays dé 
Oalles, pour les honoraires des juges, et pour d'autres 
émoluments; qu'elles étoient trop étendues et trop peu- 
plées pour être mises dans la dépendance d'aucun sujet 
étranger. La concession fut combattue par d'autres rai- 
sons puissantes , qui n'auroiént cependant produit au- 
cun efFet, si les gentilshommes gallois ne se fussent 
adressés à la chambre des communes par une pétition. 
M. Price, membre de la chambre, s'emporta à cette 
occasion contre les HoUandois en général, et ne s'abs- 
tint pas même, dans ison discours, de sarcasmes con- 
tre la personne, le titre et le gouvernement du roi. 
Les objections des pétitionnaires, ayant été exaini- 
nées, furent trouvées si raisonnables, que les conv- 
munes s'adressèrent au roi pour lui représenter que les 
terres seigneuriales dont il s'agissoit avoient été tou- 
jours annexées à la principauté de Galles, et affectées 
à la dotation des princes de ce nom; que plusieurs 
personnes, dans ces mêmes terres, possédoieut des do- 
maines par tenures nyyales^ à la charge de payer des 
rentes et à d'autres conditions envers la couronne et le 
prince de Galles, en vertu desquelles ils jouissoient de 
certains privilèges. Les communes prioient le roi d'an- 
nuler le don qu'il avoit fait au comte de Portland, 
comme étant contraire aux intérêts et à l'honneur de 
la couronne, et demandoient que les seigneuries en 



1696. 



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294 HISTOIRE d'aNCXETERRE. 

/ — question ne pussent être aliénées sans le' consentement 
^ ' du parlement Cette adresse fut reçue froîdem^iU du 
roi ; il promit d'annuler le don, puisqu'il) 4é^aîsQtt t^flit 
aux communes , et dit qu'il trouveroit quelque Hioy<ft 
de dédommager le comte de Portla^d. Le p^e^ipte es 
général avoit de l'aversion pour ce favori. Lea méco^f 
tents insiinuoient qu'il se servoit d^ son crédii pour 
favoriser le commerce de son pays au détrim^it de 
l'Angleterre ; c est à ses suggestions, qu'ils attribuaient 
l'acte et les lettres-patentes en faveu>r de Ifl^ compagnie 
d'JÉcosse, qu'on regardoit comme un sn^ dedivifiion 
entre les deux royaumes. Ce point fut d'abord trai#é à 
la chambre des lords , qui invitèrent les ^^omm^unee à 
une conférence. Un comité fut cliargé d examyiner, d^uii 
toutes ses parties , Tacte pour L'érection de la. compo* 
gnie d'Ecosse; et les deux cbamJ>re^ pcésentèreot con« 
jointement une adresse contre cet a^De, conuve devant 
porter préjudice à tous les sujets intéressés dans la 
commerce de la nation aogloise ; elles y observoient 
que l'exemption des taxes et les autres avantages aor 
cordés à la compagnie aiu?oient pour résultai de fûre 
de l'Ecosse comme un port libre pour toiUes les hhuv 
chandises des Indes orientales et occidentales ; que les 
Écossois seroient bientôt en état de fournir toute VEùf 
rope à im prix au-dessous de celui que les Anglois met- 
toient à leurs marchandises, et que par là l'Angleterre 
perdroit tout le bénéfice de son, commerce ^tran^r . Lea 
communes 6n;is9oient en représentant que les Écossoia 
feroient passer à la dérobée leurs marchandises en Aa-^ 
gleterre, au grand détriment de sa ms^esté et des droit» 
étabhs pour ses revenus. Guillaume répondit à ces.re* 
montrances qu'il avoit été mal servi epî Ecosse, mak. 



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GUILLAUME UI. âgS 

qu'ail espéroit qu on trouveroit quelque remède aux m- " ^'V ^ ^' 
couvéïiients qu'apprébendoieot les communes. Tout ' ^' 
porte à eroire que h nkit&tère d'Ecosse lui en «voit 
imposé ; car il ne tard» pas à priter de Leurs emplies 
le marquis d)e Tw«edale et les deux secrétaires d'état 
de ce royatmie; ces deux dernier^ fureqt remptacés 
par lord Mttnray, &s du mnrqms d'Athol. La réponse 
du roi n empêcha pas le pomité de faire une enquête , 
et 4 d après son rappcNrt à Tappui d'usie pétition de la 
€Qmpag»ie des Indes orienilales^ lacjhambre décida 
que les directeurs de la cocxqoagnâe d'Ecosse étoient 
coupables de haute mal versatio» pour avoir prêté et 
reçu dans ce royaume un serment deJideUj et qflu'^s 
^croient mis en accusation. Cependant Roderic Maid- 
kenzie, dont le comité tenoit ses principales inlbrma)- 
tions, ne crai^^ p<^nt.de se rétracter, et il y eut 
ordre de le mettre en prison; mais il trouva moyen 
d'écbappeiff et ne fWt point repris, quoique le roi, à la . 
requête da c<Miûté^ fît publier une proclamation à ce 
sujet. Les Écc^sois s'irritèrent vivement contre Gnili- 
laume en apprenant qu'il aveit désavidiié leur compcd- 
gnie> sur laquelle ils fondaient tant d'espérances. Oi| 
avoit déjà ai rété le plan de rétablisaemient de Darien^ 
et il fut mis depuis en exécution ; ce dont on eut lieu 
par la suite de se .repentir. 

Les plaintes des né^gociants anglois. qui avoient sout* intriçnes 
fert de la auerre furent cette foi« si fortes que les . **5? 

^ jacobite»* 

communes csurem devoir les ptemlre ea considéra^ 
tion. La chambre se ferma en comité secret pour déli^ 
bérer sur Tétat de la nation relativement au commerce, 
eh^ après un m0r examen de toutes les< circonstances., 
adopta les résolutions suivantes : qii un conâeii decon*» 



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*!i9^ HISTOIRE. VaNGLETEBAË. 

■^^ merce seroit établi par acte du parlement » avec pott- 
^^' voir de prendre les mesures les plus propres à protéger 
le commerce de la nation; que ces commissaires se* 
roient nommés par le parlement , mais qu'aucun d'eiix, 
n'auroit séance dans la chambre , et qu'ils préteroient 
un sarment, à 1 effet de reconnbttre Tautorité de Guil- 
laume comme légitime, et de tenir pour nuls les pré- 
tendus titres du roi Jacques, ou de tout autre. Le rt>i 
considéra ces résolutions comme une atteinte ouvert^ à 
sa prérogative, et en témoigna son déplaisir au comte 
de Sunderland, qui appuyoit cette mesure ; mais celui- 
ci avoit tant d'influence dans la chambre, qu'il est vrai- 
semblable que les résolutions auroient été exécutées, si 
la découverte d'un nouveau complot n'étoit venue dé- 
tourner l'attention des communes. Â la mort de la reine 
Marie, les amis de Jacques, dans la supposition que 
jcet événement afïbiblissoit beaucoup la cause de Guil- 
laume, recommencèrent leurs menées pour le réta- 
blissement du monarque exilé. Certains individus, dtas 
Vexai tation d'un zélé aveugle pour ce prince, formè- 
rent le dessein de se saisir de Guillaume, et de le trans- 
porter en France, ou même de le tuer en cas de résis-* 
tance. Ils avoient envoyé des émissaires à la cour de 
Saint«Germain pour, demander qu'on les y autorisât, 
ce qui fut refusé. Les principaux auteurs de ce projet 
étoient le comte d'Àylesbury, lord Montgomery, fils du 
marquis de Powis , sir JeanFenw^ick , sir Jean Friend , le 
capitaine Charnock, le cïipitaine Porter et un M. Good- 
man. Charnock fut dépéché pour proposer au roi Jac- 
ques de demander au roi de France un corps de cava- 
lerie et d'infanterie, avec lequel il feroit une descente 
en Angleterre. L'on s'engageoit non seulement à le join- 



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eUILLAtTME 111. â97 

' dre à son débarquement, mais même à le replacer sur lé . 
troue d'Angleterre. Ces offres, ayant été déclinées par '^^' 
Jacques , sous prétexte que le roi de France ne voudroit 
point hasarder ainsi un corps de troupes, dans la con- 
joncture où il se trouvoit, le comte d'Aylesbûry se ren- 
dit lui-même en France, et eut avec Louis XIV une 
conférence où le plan d'une invasion fut concerté. An 
commencement de février le duc de Berwick pa^sa se- 

: crétement en Angleterre, où il conféra avec les conspi*» . 
rateurs, leur assura que le roi Jacques étoit déterminé 
à faire une descente à la tète d'un nombre de troupes 
considérable 2 distribua des commissions, et prit des 
mesures pour qu'à l'arrivée du prince ses partisans pus- 
sent le joindre avec des soldats, des armes et des che« 
vaux. Quand il révint en France il trouva tout préparé 
pour dette expédition. Des troupes furent dirigées vers 
les côtes ; un grand nombre de bâtiments de transport 
furent rassemblés à Dunkerque ; M. Cabaret s'étoit déjà 
avancé jusqu'à Calais avec une escadre, qui fut jointe 
par celle que Jean Bart commandoit à Dunkerque. Ces 
deux escadres parurent former un convoi suffisant, et 
Jacques se rendit à Calais dans l'intention de s'y em« 
Isarquer. Les jacobites travailloient alors sans relâche à 
organiser une révolte en Angleterre. Sir Jean Friend 
étoit parvenu à former un régiment de cavalerie qui' 
n'étoit pas loin d'être complet ; sir Guillaume Perkins 
en levoit un autre; sir Jean Fènwick, le colonel Tem- 
pes t, le colonel Parker, M. Curzon, étoient aussi occu- 
pés, chacun de son côté, à recruter des troupes qu'ils 
dévoient commander, et le comté de SufFolk, où les 

^ mécontents avôient le plus d'influence, devoit fournir* 
un régiment. 



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1^ HISTOIRE 4>'ANGLETBRflE. 

Fendaat qu'une partie des jacobites cberchmt) par 
^ . lesmoyensiordioaires, à exciter un çQulêvement contre 
tion coo. GuiHajttme, d'autres conspirateui^s plus désespérés mé-^ 
^de GuJu ^'^^^^ lassassi^atde ee prince. Un Éeoœois, qm ayxÀt 
laume. servi. en (qualité d'officier dans rarmée du roi Jaccpies » 
sk Georges Bareky, homme plein de courage , mais 
possédé dtt 9éle le plus fanatique pour kk.relig^n ro« 
nusiilie:,^ d'^iUeurs secret, dreonspect et résokt, aaroift 
débai:qiié, vers les premiers jours de janvier, à Bomney- 
Marsfa, 9vae quek(i«as aulvesoâîeieirs, et loii prétend 
que ^m dessein é^it d'ealever ou d'assassiner GmU 
\aufxm* Il en fit part à un prêtre appelé Harrisoo , connu 
aussi $0U9 le nom de Johnston, à Cliarnock, à Porter, 
et .ài sif* GuiUauine Perkins, qui Tapprouvèneuty et il 
teuv gHAura même que c'étoit une missioai psrtieuiiàce 
4q^ il étoit ejiargé. Après diverses ooasultatiûne , les 
conjurés convin^nt d attaquer le roi à son çetouB de 
Riebmond, où il «voit coutume de chasser Le samedi, 
et eboisûrenlî poiAr le lieu dis leur onthuscade un sentier 
fermé de bat^ , entr4î Brentford et Turnbam-Green. 
Comme il éloit nécessaire d'attaqiter et de diapersier les 
gasdee qui oseortoient la voiture de GuiUauobe, ils ju- 
gèrent à propos de porter leur nombre à quarante ca- 
vali^vs., et pour cela i^acun d'eux m charma d'enga^r 
d'autves individus dans cette entreprise ; quand le nom- 
bre estimé nécessaire fut complu ,. ils fixèrent le i S fé- 
vrier poui7 l'exécution, et prirent touies les préeaotions 
néosssaâros pour n'inspirer jusque-là aucun soupçon ; 
ipiai^ ^9U% l'intençalle quelqjues uns des acteurs subal* 
tjemes, saisis d'borreur ea réfléchissant à l'engagement, 
qu'ils, avoieut pris, ou excités par l'espoir d'une réeom* 
pense, se déterminèrent à révéler le compfet. Le ii 



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«6ILLAUME III. 399 

février un noipmé Fisker ai prévint lé tomte de Port* ' 
landy et lui dési^ipisi sei^eouent quelques nas de&eon*- 
«piraleurs; ce b6 fut i^m le t3 i^'ii r^Mlil compie de 
tous les détails. Le lendemain k comte de Pertbnd fut 
accosté par im certain Pendeirgras», efficief irlandoîs, 
qui lui dit qué<aB>t tQut-èt-rhyeure arrivé d'Hampsliîre, 
sur riavitatioft d'un ami particulier» il venoit d'appren^ 
dre qu'on Taveit attiré à Londres pour le faire patlâdir 
per à ane coaspiratioa contre la vie du vcti Gaillmimfi; 
qu'il avoit pronûs de s'y en^ger, quoiqu'au foiidim 
tel projet lui fît herreur,. mais cpue ce n'aVoit étéqn^vec 
Tiatention secrète de saiâir la pteinière occasion, de lé 
dévoiler pour sauver les jours du roi. Il avoua qu'ï élaok 
catholique romain 9 mais en déclarant qu'U ne penaoit 
pas qu'aucune religion pût justiéter un. si noir attentat; 
il ajoma qu'ayant des oJ^ligajtioAS à queiques uns des 
conjurés, il croiroic, enleswMnvianty manquer à l'hon'- 
&eur et à 1» recoanoissance» et qu'auciiBe considéf 
ratio» tte pourroit le résoudre à eomparoltre comme 
témoin^ Le roi avoit éèé si souveni! abuse par de pré» 
tendues découvertes de eémplols, quld eui peu d*éga#d 
à ces information», jus<pi'à ce qu'elles, fussent confir* 
mées* par le témoignage d'un aulore des conspirateuirst 
nomme Larue, François de nation ^ qui révéla les 
mêmes particularités au brigadier Levison, sai^s se 
douter q^'il eAt été devancé. Le roi. comprit alors* qu'il 
y avoit quelque chose de réel; Pendergraas et Larue 
garent séparément interrogés» eft sa présence. 11 re^ 
met cta partiddièr ement te premiec et ieua rhasméteté 
dont it fiwsoît preuve ; mms il lui représenta que, s'il ne 
feisoit pas connoitre nonHuément les conspirateurs^ il 
ne poorroit g^ntir ses jours de leurs attentats, et le 



16^ 



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iôgô. 



SdO HISTOIRE D*AN6L1STCRRE. 

' détermina enfin à donner une liste de ceux qu'il eon* 
noissoity en lui promettant toutefois qu'il ne seroit 
point appelé en témoignage contre eux, à moins quil 
n'y consentit. Le roi n'alla point à Bichmond le jour 
fixé par les conjurés , et ils remirent l'exécution de leur 
dessein au samedi suivant. Ils se réunirent la veille en 
différentes maisons , et chacun d'efux reçut ses instruc- 
tions. Il fut convenu que, le meurtre consommé, ils 
iroient ensemble à clieval jusrqu'à Hammersmith, et 
cpe là ils se disperseroient pour entrer à Londres de 
différents côtés ; mais le samedi matin , informés que 
les gardes étoient retournés dans leurs casernes , et que 
les carrosses du roi avoient été renvoyés, ils tremblè- 
rent au soupçon qu'ils étoient découverts. Sir Georges 
Barclay se hâta de se cacher, et chacun des autres 
chercha dé même à pourvoir à sa sûreté. Cependant un 
f(rand nombre furent arrêtés la nuit suivante, et totit 
fut alors communiqué au conseil-privé. On lança une 
proclamation contre ceux des conspirateurs qui étoient 
encore. cachés; et Ton fit sur-tout les plus promptes re- 
cherches pour s'emparer de sir Georges Barclay, qu'on 
supposoit particuUèrempnt chargé par le roi Jacques 
d'assassiner Guillaume; mais il sut se dérober aux 
poursuites, et il n'y eut jamais de preuve qu'une telle 
commission eût été donnée. 
Projet Le projet d'invasion ne réussit pas mieux que la ten- 
^o^^dJ- ^^^'^^ d'assassinat. Jacques étoit à peine arrivé à Calais , 
joué, que le duc de Wirtemberg dépécha de Flandre un de 
ses aides^de-camp au roi Guillaume , pour l'informer de 
la descente projetée. Des messagers arrivèrent dans la 
même vue, de la part de l'électeur de Bavière et da 
prinoe de Vaudemont. Deux escadres considérables se 



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GUILLAUME lit» Sor 

trouvoient en état de mettre en mer; l*aniiral Russel 
s'embarqua à l^ithead , et se dirigea vers les côtes de ^^^'' 
France , avec environ cinquante vaisseaux de ligne. ▲ 
leur aspect les ennemis furent confondus, et retirèrent 
leurs vaisseaux dans un endroit si peu profond que 
Russel ne put les suivre. Mais du moins, eu les tenant 
renfermés dans leurs ports, il déjoua entièrement le 
dessein de Jacques , qui , après un séjour de quelques 
semaines à Calais , retourna à Saint-Germain. Les trou- 
pes eurent ordre de rejoindre la garnison d'où on les 
avoit tirées« 

Grâces à la récompense promise dans la prodama- 
, tion , la plupart des conspira.teurs furent trahis ou pris. 
Georges Harris , qui avoit été envoyé de France j avec 
injonction .d obéir à sir Georges Barclay, se livra lui- 
n^éme à. sir Guillaume Trumball, et s'avoua complice 
des conjurés. Porter et Pendergrass furent trouvés en- 
semble. Le dernier réclama la promesse du roi, pour 
ne point servir de témoin. Mais quand Porter se fut re- 
connu coupable, Pendergrass déclara qu'il ne se croyoit 
plus obligé au silence , puisque son ami avoit tout avoué , 
et l'un et l'autre furent produits comme témoins pour 
la couronne. 

4près qu'ils eurent été interrogés, le roi fit connottre Associa- 
aux deux chambres le complot tramé contre sa vie , et î**^" P®"*' 

'^ . . ' la défense 

leur communiqua les avis qu'il avoit reçus touchant du roi. 
l'invasion; il entra dans le détail des précautions qu'il 
avoit prises pour déjouer l'un et l'autre projet , et leur 
exprima la confiance qu'il avoit dans leur zélé à con-^ 
courir à toutes les mesures qu'exigeait la sûreté com- 
mune. Le jour même 9 les deux, chambres se rendirent 
en Gorps auprès deiuià Kensington^ et lui présentèrent 



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Sol lilSTOlAE D^AOrâtÈTBRat^ 

^ «m adresse, où, en leiH* témoigna»! l^ur alfedioii , ellé^ 

'^* exprîmoiMit l'horneor la plus profonde pdur lattestaf 
^'on «voîi voulu commettre dor sa personne, «t I0 
supplioîent de veiller sur ses jobrs avec plus 4*Mteiil3oif 
que ja«iaÎ6. Elles lessorbient qu'elles ne «ég^igeroiefit 
rîeo (le leur côte pour défieudre sa vie et soutenir soif 
gouvemefûeiat oomre le dénier roi et tous ses outres 
adversaires; elles déclaromit eafin que, dans le cas 
où , contre tous leurs vasax , il vieodrott à périr de «sort 
violente , dles se feroient «n devoir de le venger sur ses 
ennemis et leurs adhérents. Cette adresse fit beaucoup 
de fJaisir à Guillaume, qui) à son totn*, assura les 
diambres qu'il ne laisseroit échapper aucu&e occasioii 
d acquérir de nouveaux droits à leur affectioii et à leur 
fidélité. Les communes lui donnèrent aussitôt peu'^r , 
par un bill , de s assurer de tous les indi^^dus soupçon- 
nés de conspiration oontre sa personne et son jgt>uver« 
cernent. Par un autre bill , elles décidèrent qu'en cas de 
mort de sa majesté, le parlement alors existant seroit 
coiitinué juSqu^à ce qu'il fûit dissous par le plus proche 
hérïtier ée la couronne « recoonn par un acte du parie* 
ment ; et que si sa majesté mourait dans l'intervalle d'un 
parlement à l'autre , celui qui auroit été dissous se rèa- 
sembleroit aussitôt pour ré^^cr les affairés nationales. 
Les communes votèrent ensuite use nouvelle adresse, 
poiftr demander an roi de bmmir, psr une proctemin 
tioa, tous les papistes à la distance de dilc tmlles des 
villes de Londres et de Westminster, et de donner des 
ÎBStruÊttOfiS amt juges 1 pour qu'ils «dissent en exécn* 
tion les ioii contre Ara catfaaliqiies romains , et les non* 
assermentés. lies »einbres de la ohambre rédigèrent 
un acte d'assodation, par lequel ils s'eogegeoîent mu* 



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nvtthAtUÉ tu. 3o3 

tuètlement à défendre le roi et son gouveriiement , et à * 
punir toute TÎolence qui serait -comtâise sur sa per- 
lonne. Cet acte fut signé par tous ceux qui se trouvoient 
}u*é$ents*; mais, comme plusieurs membres s'étoient 
absentés sous de frivoles prétextes , id chambre déclara 
que , dans un délai de seize jours , les absents seroient 
tenus de souscrire ou de notifier leur refus. Qtrelque4 
«as ayant négligé dé satisfaire à cette injonction dan^ 
ie temps prescrit , Torateur eut ordre d'écrire à ceuTt 
qui étoient à la campagne pour leur demander une ré- 
ponse péremptoire , et le secrétaire de la chambre se 
tmnsportâ chez ceux qui se disoi^nt malades à la ville^ 
8e Toyant ainsi pressés, les absents se déterminèrent 
enfin à signer , ix/mtoe les autres , lactiî d^associatioq , 
qui fut pçéeenté ati roi par les communes en corps , 
Bveù une requête pour qoe cet acte fut déposé parmi 
ies archives d'Ângletei'ne , à la tour de Londres , comme 
um monâment durable de leur ^délité et deletir aflFec^ 
tïon envers le isouveraih. Le roi reçut cette pièce avec 
une sati^rfaotion itiexprinbaMe , témoigna combien îf 
élXHt touché d*»ne tetle association , et déclara qull 
seroit toajours prêt à exposer sa vie nvec ses bons et 
fidtles sujets , contre tous ceux qui teïfteroient de ren- 
verser la religion , les lois et les libertés de l'Angleterre ^ 
il promit aux communes de faire déposer letrr acte 
parmi les archives du royaume, he lendemain les corn-' 
natiHies votèneiit que quiéonque laxeroit celte associa* 
tmi d'illégalité seroit considéré comme fatrteur des 
desseins du dernier roi , et ennemi des lois et des hhi^^ 
tée du royaume. Les lords suivirent Texemple de la 
ehombre^basaè , tn souscrivant un^î association. Mais 
le comte de Kottin^bam ^ sir Edouard Seymour et 



Tt)g6. 



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3o4 HISTOIBE d'aMGLETERRE. 

*~~~ M. Finch y désapprouvèrent le mot légitime apfrftqtië } 
^ ^ * sa majesté 9 disant que, puisque Guillaume étoit rcvêta 
de la couronne et de ses prérogatives» ils lui rendoient 
obéissai^ce, mais qu'ils ne pou voient le recounoitre pour 
leur légitime souverain* Rien ne devoit paroitre fdas 
absurde que cette distinction, faite par dè9 hommes 
qui concouroient alors à eiiercer une portion constitu" 
tive du gouvernement , à moins qu*on ne supposât que 
les droits de Guillaume étoient expirés avec la reine 
liarie. Le comte de Bochester proposa un expédient ^ 
ihveur des consciences timorées. Cet expédient ^ qui fut 
adopté, consistoit à changer le mot qui les bleasoit; 
quinze pairs et quatèe-vingt^douze membres des coni^ 
munes ne signèrent l'association qu'avec répugnance. 
Elle fut d'ailleurs souscrite par des sujets de toutes les 
classes dans les différentes parties du royaume y et les 
évéques dressèrent pour le clergé un acte du même 
genre , qui fut signé du plus grand nombre. Les com- 
munes passèrent un billqui déclaroit incapable d'exercer 
. aucun emploi public et d'avoir séance au parlem^t 
quiconque refuseroit de s'engager daus Tassociaticm. 
En même temps le conseil rendit une ordonnance qui 
privoit de leurs emplois, comme sujets mal intention-. 
nés y tous ceux qui ne l'auroient pas signée volontai- 
rement. 

Établisse- Après ces fénK>igaages éclatants de fidéKté ^ les eom- 
dune xnunes s'occupèrent des moyens de fournir les subsides. 
banque Une uouvelle banque fut établie comme un fonds sur 
rîale. lequel il seroit levé deux millions cinq cent soixante- 
quatre mille livres sterling /et on lui donna la dénomi- 
nation de barufue territoriale ^ parcequ'elle étoit établie 
sur des valeurs en bien-fonds i, le plan ,, qui en étoit at* 



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6tJfLLA01iE ni. 3oS 

tribué au faittëux docteur Chamberlain , fut fevorisé ^ 
par lé comte de Sunderland , et soutenu à la chambre 
des communes par Foley et Harley. La banque d'An- 
gleterre fit une pétition contre ce bill, et son conseil fut 
entendu; mais ses représentations furent sans effet : le 
bill y adopté par les deux chambres , reçut la sanction 
royale. Le 217 avril le roi termina la session ^ et le par-» 
lemeut fut prorogé au 1 6 juin» 

L'on avoit déjà instruit le procès de quelques tms des 
conspirateurs. Le premier qui subit sa peine fut Robert 
Gharnock, Tun des deux membres du collège de la 
Madelaine, qui, sous le régne de Jacques , avoient 
abandonné la religion protestaîilte,' Après lui » le lieute^ 
nant King et Thomas Reys , reconnus coupables de 
haute-trahison, furent exécutés à Tybum. Ils remirent 
au shérif un papier, où ils déclaroient solennellement 
qu'ils n'avoient jamais eM connoissance d'aucune com* 
mission donnée par le roi Jacques pour assassiner Guil-» 
laume. Gharnock avoit auparavant déclaré qu'il avoit 
toujours entendu dire que le roi Jacques s'étoit con^ 
stamment offensé de toute proposition sur cet objet, et 
n'a voit, jamais donné d'instructions que pour faire la 
guerre dans les formes accoutumées. Sir Jean Friand 
et sir GuiUaume Perkins furent jugés en avril. Le pre- 
mier s'étoit élevé d'une fortune cbétive jusqu'à un très 
haut degré de richesse et de crédit , et avoit toujours 
montré beaucoup d'attachement aux intérêts du roi 
Jacques. L'autre étoit aussi un homme de fortune , vio- 
lent partisan des mêmes principes, quoiqu'il eût prêté 
serment au nouveau gouvernement , en sa qualité d'un 
des six clercs de la chancellerie. Porter, et Blair , autre 
témoin ^ déposèrent que sir Jean Friend avoit concouru 



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3o6 RISTOI&È D^ANGIETERRE. 

**""■"■; — à lever des troupes au nom du roi Jacques , et qu'il 
^^ ' avoit eu connoissance du complot contre la vie de 
Guillaume ) quoiqu'il n'y fût point engagé personnel- 
lement. L'accusé s'efforça d'ôter toute autorité au té* 
moignage de Biair, en prouvant qu'il éloit coupable de 
la plus noire ingratitude. Il fit remarquer que les deux 
témoins étoient réputés papistes. Le vicaire de Hack* 
ney, quiremplissoit l'office de chapelain dans la maisoii 
de Friend , déclara sous serment que , depuis la révolu- 
tion , il avoit coutume d^y prier peur le r(û Guillaume, 
et qu'il avoit souvent entendu dire à Friend que , quoi* 
qu'il ne fût pas partisan du nouvel ordre de choses , it 
vouloit vivre en paix sous le r^^ de Guillaume, et 
n'entrer jamais dans aucune conspiration. M.Hoadley,, 
père de révéqne de Winchester , ajouta que le prison- 
nier étoitun bon protestant, et avoit souvent témoigné 
la plus^ grande horreur pour les principes de ceux qui 
eroyoient permis d'assassiner le. roi. Le prisonnier luir 
même, en avouant qu'il s'étoit trouvé avec quelques 
uns des conspirateurs dans une assemblée à Leaden* 
hall-l^ceet, soutînt qu'il n'y £^voit été question ni de 
lever des troupes , ni d'aucun autre projet contre le 
gouvernement ; il se défendit en disant qu'une confé- 
rence où se dîscutoientles moyens d'exciter une guerre ^ 
ne poavoit être considérée comme une trahison. Le 
lord'^chef de k justice ^ Holt., déclara qu'un simple des* 
sein ou qu'une simple conspiration ayant pour objet 
d'excitar une guerre <» n'étoit pas une trahison • d'après 
le statut d^ouard III ; mais que si ce dessein ou cette- 
conspiration tendoient à faire périr, déposer ou empri- 
sonner le roi par le moyen d'une guerre, alors il y avoit 
crime de haute-trahison ^ quoique la guerre n'eût point 



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Ct^ILtAUMB llté 3o7 

^u lieu. Le même principe auroit pu s appliquer aux -— -— 
auteurs et aux agents de la révqlutipn; il eut pourtant ^^^' 
de Tinfluence sur le jury, qui , aprèd une a^set courte 
délibération y déclara Vaccusé coupable. Le lendemain, 
sir Guillaume Perkius comparut, et, sur le témoignage 
de Porter, d'Éiyebank, son propre domestique, et de 
Qaywoqd, koipme qui avoit la réputation d'un délateur, 
il fi^t déclaré convaincu d'avoir eu part , non seulement « 
ai^ projet d'invasion , mais encore au complot contre la 
vie du roi. Les dépositions des témoins étojeut insuffî^ 
santés; Taccusé, versé daus les lois, se défendit avec 
beaucoup d'art et de vigueur. Mais les jurés obéirent 
aux ifnpres^îons qu'ils reçurent des juges : une sen- 
tence de mort fut prononcée contre P^rkins et sir Jean 
Frieud, qui furent exécutés èTybnrnle 3 avril. Ce der- 
nier protesta devant Dieu qu'il n'avoit point été à sa 
connoissance que le rpi Jacques dût immédiatement 
effectuer une descente, et quil n'avoit fait en consé* 
quenqe aucun préparatif ; qu'il avoit également ignoré 
le projet d'assassinat contre Guillaume; qu'il mouroit 
dans la communion de Téglise d'Angleterre , et se félif 
citoit de perdrç la vie pour la cause qu'il avpit adoptée. 
Quant à Per)iins, il affirma, ayant de mourir, qu'il 
n'avoit jamais entendu parler d'aucune coo^mission 
particulière donnée p^ le roi Jacques pour assassiner 
U prince d'Orange ; qu'il avoit vu seulement des instruc- 
tiojis cQUçues ep termes généraux et adressiées aux ja? 
cobites, pour qu'ils excitas^nt et soutinssent la guerre 
contre QjuuUaum,e. }1 avpua cependant qu'il avoit été 
ifib^ru^ du prpjet d'as^9^inat , m^is qu'il ue le croyoit 
qoi^nu que des auteurs ou d'un très petit nombre .de 
personnes. Ces d^ux Qondamnfs furent assistés dans» 



ao. 



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i6ç)6. 



3(>§ klSTÔIRE b'ANGLÊtEAitl^ 

" leurs déi^niers moments, de trois ministres non-^isser^ 
Bientés , qui leur donnèrent labsolution à la vue de la 
populace , par un^ imposition des mains ; cette insulte 
au gouvernement eut des suites fâcheuses pour les trois 
ministres , qui fuient accusés d'avoir encouragé la tra- 
hison en donnant Fabsolution à des traîtres , et porté 
par-là d'autres individus à troublei* la paix du royaume. 
Deux d'entre eux furent enfermés à Nevsrgate ; le troi- 
sième fut contraint de; se cacher, et publia ensuite, pour 
se justifier, un mémoire où il affirmoit que l'imposition 
des mains en pareil cas étoit une pratique générale de la 
primitive église. D'un autre côté , les deux prélats métro- 
politains etdouze autres évéques désapprouvèrent toute 
absolution qui n'auroit pas été précédée de la confes- 
sion et des témoignages de repentir des condamnés. 

Dans le cours du même mois , Rookwood , Cranbome 
et Lowick, eu vertu d'une commission spéciale, furent 
mis en jugement à la cour du banc-du-roi comme 
conspirateurs, et déclarés convaincus sur les témoi- 
gnages de Porter, Harris, Larue, Bertram, Fisher et 
Pendergrass. Il y eut quelques circonstances en faveur 
de Lowick. Les preuves de sa participation au projet 
d'assassinat étoient très défectueuses; plusieurs per- 
sonnes jouissant d'une bonne réputation déclarèrent 
qu'il étoit honnête homme, et d'un caractère doux. et 
paisible, et lui-même termina sa défense par une pro- 
testation solennelle de son innocence. Sa grâce fut vive- 
ment , mais inutilement sollicitée par quelques sei- 
gneurs. Cranborne mourut dans un accès de colère, 
laissant un papier que le gouvernement jugea à propos 
de supprimer. Lowick et Rookwood remirent aussi des 
déclarations au shériff, et, comme ce qu'elles conte* 



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GUILLAtfME III. 3c9 

noient étoit moins violent, on en permit la publication. ■ 

L'un et Tàutre nioient solennellement qu'ils eussent eu ^' 
connoissance d'aucune commission donnée par le roi 
Jacques pour assassiner Guillaume; le premier affir- 
moit que Jacques étoit incapable de donner des ordres 
aussi criminels, et le second protestoit que ce prince,, 
le meilleur des rois, avoit souvent rejeté des proposi-^ 
tions de cette nature. Lowick avouoit qu'il auroit joint 
le roi à son débarquement; mais, il j^uroit que, dans 
tout le cours de sa^vie , il n'avoit jamais trempé dans 
aucune affaire qui pût occasioner la moindre effusion 
de sang, et qu'il n'auroit pas même voulu acheter au 
prix d'une telle effusion le rétablissement de son sou- 
verain. Rookwood alléguoit qu'il avoit été engagé dans 
la conspiration par son commandant immédiat, auquel 
il avoit cru devoir obéir, quoique ce qu'on exigeoit de 
lui blessât également son jugement et son inclination ; 
il exprimoit de l'horreur pour toute trahison, même 
contre uu ennemi ; il pardonnoit à tout le monde , même 
au prince d'Orange , qui, disoit-il, avant de signer le 
'Warrant de mort y auroit dû, comme soldat, considé- 
rer davantage le cas où il s'étoit trouvé. Il prioit le ciel 
de lui ouvrir les yeux, de le rendre enfin sensible à la 
voix du sang qui, de toute part, crioit contre lui, ,et 
de faire éviter ainsi à ce prince une peine plus terrible 
que celle qu'il lui faisoit subir. Le premier qu'on mit 
ensuite en jugement fut M. Cooke, fils de sir Miles 
Cooke, Ikm des six clercs de la chancellerie ; Poçtcr et 
Goodman déposèrent qu'il avoit fait paitie de deux as- 
semblées dans une taverne, où se trou voient, les loçds Ay- 
lesbury et Montgomery, sir Guillaume Perkins, sirJeaa 
Fepwick, sir Jean Friend, Gharnock et Portei:; mais le 



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ÎIO HISTOIRE D ANGLETERRE. 

■— "-"^ témoignage de Goodman fut détruit par celui dii maître 
*^^' et de deux garçons de la taverne, qui attestèrent que 
Goodman n'y étoit point alors. L'accusé lui-même pro- 
testa $olennteIleméht qu'il avôit toujours condatnué 
toute introduction de troupes étrangères, qu'il n'avoit 
été informé du projet d'invasion que lorsque ce projet 
étoit la matière de tous les entretiens, et qu'il n'avoit 
jamais vu Goodman à la taverne en question. On n'eut 
aucun égard à ces protestations. Le solliciteur-général 
Hawles, et le lord-chef de la justice, Treby, mirent 
beaucoup de sévérité dans leur poursuite contre lui, 
et les juréis le déclarèrent convaincu de crime capital. 
Après la condamnation les agents de la cour mirent tout 
en œuvre pour tirer de lui de plus grands éclaircisse' 
ments; on fit d'abord retarder l'exécution de la sen- 
tence, et il fut ensuite envoyé en exil. Il résulte de 
toutes ces procédures et déclarations que Jacques avoit 
tout récemment médité une invasion, que ses parti- 
sans d'Angleterre avoient fait des préparatifs pour le 
joindre à son arrivée, que quelques uns des plus exas- 
pérés avoient tramé un complot contre la viie [de Guil- 
laume, que, dans la poursuite dés conspirateurs, la 
cour avoit encouragé les délateurs , que les juges avoient 
outrepassé les lois, aggravé les circonstances, et s'é- 
toient même écartés de leurs fonctions pour convaincre 
les accusés ; en un tnot que l'administration avoit usé 
contre ces malheureux des mêmes pratiques que ceux 
qui la composoient avoient mis eu^-mêmës sôûs Ife der^ 
Tiier régtie au liombre des griefs de la nation. 
tet alli^a jj^ dhaleui* qu'on rtàhîfestaen générai danscette cir- 

brûlent . > > • / n /v» i . . . i 

le maga- constaûce ctoft 1 éfFet dix rcfssentiment national contre 
siu de nnyasion projetée, Les deux chambres et la plus grande 



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OtMLLAUME III, 3 II 

partie du peuple étoient alors animés d'une excessive — T"^ 
indignation contre la France. Les lords, dans une * ^* 
adresse. solennelle, supplièrent sa majesté de fixer un 
jour d'actions de grâces au Tout-Puissant, qui venoit 
de confondre les desseins odieux de ses ennemis, et 
cette cérémonie se fit avec un zélé et une dévotion re<- 
raarquables. L'amiral Russel, ayant laissé une escadre 
en observation sur les cotes de France, retourna aux 
dunes; mais sir Cloudesley Shovel, qui étoit en état 
de tenter une expédition , fit essuyer à Calais un nou- 
veau bombardement, qui mit le feu en divers endroits 
de la ville, et jeta les habitants dans la consternation. 

Les généraux de larmée des alliés en Flandre cher^ 
chèrent à faire éprouver qœlque grand dommage à 
Louis XIV. Ce prince, ayant d'abord compté sur la des* 
cente en Ang^erre, pour faire une diversion puis- 
sante, a voit établi un immense magasin à Oivet, dans 
le dessein de frapper .quelque grand coup lorsque' les 
alliés seroîent affoiblts par le rappel des troupe^ bri- 
tanniques. Les alliés résolurent de détruire ce magasin. 
Au conunencement de mars, le comte d'Athlone etCo- 
faorn, avec le concours du duc de Holstetn-Ploen , qui 
vcommandoit les alliés, tirèrent de Bruxelles ^ des gar- 
nisons Voisines un fort détachement de cavalerie, et 
l'envoyèrent, pour amuser l'ennemi, du côté 4ie Char- 
leroi, pendant qu'ils rassembloient, dans le territoire 
de Namur, quarante escadrons et trente bataillons, avec 
.quinze pièces de canon et six mortiers» Athlone, avec 
une partie de ce corps, investit Dinànt, et Cohorn, 
avec le reste, s'avança snr Givet, qu'il bombarda. £n 
trois heures la place fut en feu , et à quatre heures après 
«ûdi elle étoit entièrement détruite, avec le grand ma-*. 



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3l2 HISTOIRE D ANGLETERRE. 

•"-■"'"*" gasin. Aussitôt les deux généraux se rejoignirent et re- 
^ * tournèrent à Namur. La république de Venise, qui jus- 
qu'alors avoit refusé de reconnoître Guillaume pour roi 
d'Angleterre , lui envoya une ambassade extraordinaire , 
composée des seigneurs Soranzo et Venier, qui furent 
reçus en audience publique le premier mai. Le roi , dans 
cette occasion, arma chevalier Soranzo , comme le plus 
ancien des deux ambassadeurs, et lui fit présent d'une 
épée, suivant Tusage, Le même jour Guillaume dér 
clara, dans le conseil, qu'il venoit de nommer la même 
régence qui , en dernier lieu , avoit gouverné le royaume 
pendant son absence. 11 s embarqua le 7 à Margate, et 
•arriva le soir à Orange-Polder, sous l'escorte du vice-, 
amiral Aylmer, qui avoit eu ordre de l'accompagner 
avec une escadre, parceque le fameux Jean Bart se 
trouvoit toujours à Dunkerque, et qu'on appréhendoit 
quelque tentative importante de la part d'un homme si 
entreprenant. 
I^owisXlV Avant que l'armée des alliés fut rassemblée, celle de$ 
^rè» deîsi ^^^^Ç^^^ ^^oî* d^j^ sur pied ; mais cette campagne n'of- 
HoUande frit rien d'important ni sur le Rhin ni en Flandre. 
res pouT I^ouis XIV persistoit à garder la défensive du côté des 
lapais. Pays-Bas, et le défaut d'argent fit avorter les plans 
offensifs du roi Guillaume. Les pertes de la nation sur 
la refonte des espèces s'élevèrent à deux millions deux 
cent mille livres sterl. , et quoique différentes fabriques 
fussent en .continuelle activité, elles ne purent, durant 
quelques mois, fournir suffisamment à la circulation^ 
attendu qu'une grande partie de la nouvelle monnoie 
étoit mise en réserve par ceux qui la recevoient en paie- 
ment, ou qu'ils n'en disposoient que moyennant un 
bénéfice illicite. Le roi de France, ayant épuisé les ri'» 



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GUILLAUME III. 3l3 

cfaesses et la patience de ses sujets, dont le nombre 7~" 
avoit considérablement diminué dans le cours de cette 
guerre, commença à se défier de ses armes, et eut re- 
cours à des négociations particulières. Pendant que son 
ministre d'Avaux prfessoit le- roi de Suéde d'offrir sa 
médiation; il envoya Callières en Hollande, avec des 
propositions pour régler les préliminaires d'un traité. 
Il pensoit que les Hollandois, nation toute commer- 
çante, et dont le négoce avoit beaucoup souffert de la 
guerre, ne pouvoient avoir de l'éloignement pour la 
paix , et ses émissaires reçurent des instructions pour 
tâcher de gagner les mécontents de la république, et 
particulièrement les restes de la faction Louvestein , 
qui avoit toujours combattu les projets du stathouder. 
Callières fut bien accueilli des états, qui commencèrent 
à traiter avec lui des préliminaires , mais non sans lé 
consentement et le concours de Guillaume et des au- 
tres alliés. Afin de hâter l'effet de cette négociation, 
Louis XIV poursuivit ses opérations offensives en Ca- 
talogne, où son général, le duc de Vendôme, attaqua 
et défit les Espagnols dans leur camp près d^'Ostalric , 
combat qpi ne fut pourtant pas décisif, puisqu'il fut 
obligé de se retirer après de vigoureux efforts pour 
forcer leurs retranchements. 

Le 3o juin, le maréchal de Lorges passa le Rhin à 
Philisbourg, et campa à unelieue d'Eppingen, où le& 
troupes impériales, sous le commandement du prince 
de Bade, avoient été obligées de se retrancher, parce- 
qu elles n'avoient pas encore été jointes par les forces 
auxiliaires. Après être resté environ un mois en présen- 
ce des Allemands, le général françois repassa le fleuve, 
détacha pour la Flandre un corps de cavalerie, et mit 



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3i4 HisToifiE d'angletkrre. 

g^g le reste de ses troupes en canton nement à Spire, Franc- 
kendal, Worms et Ostofen. Le 3i août, le prince de 
Bade, voulant à son tour insulter rennemi, traversa 
le Rhin, fut joint, quelques jours après, par le géné- 
ral Thungen, qui commandoit un corps séparé, ainsi 
que les milices de Souabe et de Franconie , et s'avança 
sur le camp des François , qui étoient sur leurs gardes ; 
ils étoient postés avec* tant d'avantage, qu'il n osa pas 
courir le risque de les attaquer, il se borna à les ca* 
nonner pendant quelques jours , envoya des partis faire 
des excursions dans le pays adjacent, et s'empara du 
I petit château de Wiezengen , après quoi il repassa le 

fleuve à Worms, le 7 octobre. Les François le traver- 
sèrent de nouveau à Philisbourg, espérant de sur- 
prendre le général Thungen , qui avoit pris poste dans 
le voisinage de Strasbourg; mais il se retira à Eppingen 
avant leur arrivée, et bientôt après les deux armées 
furent mises en quartiers dUiiver. 

Cependant Pierre, czar de Moscovie, avoit poussé 
avec tant de vigueur le ^tége d*Asoph, que la garniscm 
fut contrainte de capituler, après qne les Russes eurent 
défait un secours considérable qu'on lui envoyoit. La 
cour de Vienne s'empressa alors de conclure une al- 
liance avec l'empereur moscovite ; mais oa ne sut pas 
assez profiter du désastre éprouvé par les Turcs. L'ar- 
mée impériale, sous fes ordres de l'électeur de Saxe, 
resta dans l'inaction sur la rivière Maroscfa j«i8qu'ati 
19 juillet. Elle feignit alors de vouloir attaquer Temes- 
war: mais elle marcha vers Betzerch, sur la R)ùte de 
Belgrade, au premier avis que le gi^and-seigneurse pro- 
posoit d'assiéger Titul. Lé 21 août, les deux armées 
furent en présence : la cavderie des Turcs attaqua les 



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GUILLAUME llî. 5l5 

Impériatix dans une- plaine près la rivière de Bègue;"* 
mais elle fut repoussée. Le lendemain les Allemands 
firent une retraite simulée, dans l'espcjir d'attirer les 
Turcs hors de leurs retranchements. Le stratag^e 
réussit ; les Turcs se mirent en mouvement le 26. Pen- 
dant qu ils traversaient un bois, un détachement deâ 
Impériaux les attaqua en flanc; il s'engagea une action 
terrible qui coûta la vire aux généraux Heuslef et Po- 
land, ainsi qu'à plusieurs autres braves officiers. Enfin 
les Ottomans forent mis en déroute; tenais les Impé- 
. riaux avoient été si maltraités , que , deux jours après 
le combat, ils se retirèrent à minuit, et les Turcs de- 
meurèrent tranquilles dans leurs retranchements. 

En Piémont, il y eut un grand changement dans les 
affaires. Le duc de Savoie^qtii, depuis quelque temps , 
étoit engagé dans une négociatifon secrète avec la 
France, accepta enfin les offres de cette puissance, 
et signa secrètement un traité de paix à Lorette , où il 
s'étoit rendu sous prétexte d'un péleriftage. Le roi de 
France convint de lui donner quatre millions ^n répa- 
ration d'es dommages qu'il âvoit éprouvés , dé le sou- 
tenir contre tous ses ennemis par un nombre convenu 
de troupes auxihaires, et de conclure uifi mariage entre 
le duc de fiourgc^ne et la princesse de Piémont aussitôt 
que les parties seroient en âge. Le traîté fut garanti 
par le pape et les Vénitiens , qui desiroient avec ardeur 
de voir les Allemaiiâs chassés de l'Italie. Le roi Guil- 
laume , à la première nouvelle de cette irïégociation , 
en donna avis au comte de Galway, son ambassadeur 
-à Ttuîti, qui se plaignit au duc de sa défectîcfn ; mais 
celui-ci persista à nier qli'il fût en négociation avec la 
France, jusqu'à ce que l'approche de l'armée françoise 



1696. 



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3l6 HISTOIRE d'aNOLETKBBE. 

^ lui permit de l'avouer, sans craindre le ressentiment 
des alliés qu'il abandonnoit. 

Catinat marcha dans les plaines de Turin, à la tête 
d'une armée de cinquante mille hommes; ce fut alors 
que le duc de Savoie communiqua aux ministres des 
puissances les propositions qui lui étoient faites, en 
leur représentant la supériorité de l'armée françoise, le 
danger auquel il se trouvoit exposé, et finalement l'in- 
clination qu'il avoit à accepter les offres de la France. 
Le 12 juillet une trêve fut conclue pour un mois, et 
prolongée ensuite jusqu'au 1 5 septembre. Le duc écri* 
vit à toutes les puissances confédérées, à l'exception 
du roi Guillaume , s'étendit sur les mêmes motifs et 
sollicita leur consentement. Quoique chacune en parti- 
culier refusât de concourir au traité , il signa publique- 
ment, le 23 août, la même convention qu'il avoit au* 
paravant conclue en secret. L'empereur n'avoit pas 
plus tôt été informé de son intention, qu'il avoit fait 
auprès de lui toutes les démarches propres à l'en dé- 
tourner; il avoit envoyé le comte de Mansfeld à Turin, 
avec des propositions pour un mariage du roi des Ro- 
mains et de la princesse de Savoie, et des offres pour 
augmenter son contingent de troupes et de subsides. 
Mais le duc avoit déjà traité avec la France, et ne 
voulut pas se dédire. Le prince Eugène, quoique son 
•parent, témoigna la plus vive indignation de sa con- 
duite, et le jeune prince de Commercy fut outré de sa 
défection au point de le délier à un combat singulier, 
défi que le duc accepta, mais qui n'eut pas d'autre 
suite, parceque les amis communs de ces princes in- 
terposèrent leur médiation et parvinrent à les récon-» 
ciller. Le duc avoit caché son traité avec la Francjs 



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CtllLLAUME ni. 3l7 

jiisqu^à ce qu'il eût reçu ce qui restoit des subsides ' 
que les confédérés s'étoient engagés à lui payer. Le 
gouTernement anglois avoit fait remettre pour lui à 
Gênes une somme ^considérable. Mais aussitôt qu'on 
connut ses nouveaux engagemetfts , lord Galway 
arrêta le paiement de cette somme, qui fut employée 
dans le Milanez, pour la subsistance des troupes à la 
solde de la Grande - Bretagne. Le roi Guillaume étoit 
campé à Geoablours, lorsque Tenvoyé du duc de Savoie 
lui notifia le traité séparé, conclu par son maître avec 
Louis XIV. Quoique extrêmement affecté de cette nou- 
velle, il dissimula son chagrin et écouta le ministre sans 
le moindre signe d'émotion. Une des conditions de ce 
traité portoit que , dans un temps fixé , les alliés éva- 
cueroient les états du ^ncy sans quoi ils en seroient 
chassés par les forces combinées de France et de Sa- 
voie. Le duc offrit la neutralité aux confédérés, qui la 
rejetèrent; ce qui fit prendre aux deux parties con- 
tractantes la résolution d'attaquer le Milanez. Dèâ que 
la trêve fut expirée, le duc de Savoie entra dans ce 
duché en qualité de généralissime du roi de France , 
et entreprit le siège de Valence ; en sorte qu'on le vit 
dans une même campagne commander deux armées 
opposées. La garnison de Valence , forte de sept mille 
hommes, Allemands, Espagnols et protestants françois, 
fit une défense opiniâtre, et l'ennemi, de son côté , poussa 
le siège avec beaucoup d'ardeur. Mais, après treize 
jours de tranchée ouverte , un courrier de Madrid ap- 
porta des dépêches par lesquelles sa majesté cathofi- 
que acceptoit la neutralité pour l'Italie. Cet acte por- 
toit qu'il y auroit une suspension d'armes , jusqu'à la 
conclusion de la paix générale, et que les troupes fran- 



1696. 



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3i8 MisTomiE d'a^îolètérrê. 

^^ çc^sçs et impériales retourneroient dans leurs pays res- 
pectifs. 

I^a chrétienté avoit été sur le point d être jetée dan^ 
de nouveaux troubles p£)r la mort de Jean Sobieski ^ 
roi de Pologne, qui avoit cessé de vivre dans le cours 
de cet été, à l'âge de soixante et dix' ans , après avoir 
survécu à ses facultés et à sa réputation. Gomnae la 
couronne étoit élective , il y eut plusieurs compétiteurs. 
he royaume fi^t divisé p£|r des factions , et les diverses 
puissances de Iflurope prirept un vif intérêt aux diffé- 
rentes prétentions rivqjes. 
affaires Rien d'iipportaut n avoit été exéeuté sur mer, quand 
on découvrit la conspiratiQ^. Sir Georges Rooke avoit 
reçu ordre dp revenir de C^dix, et il arriva à la fin 
d avril. I^orsqu'il entr^^ dan^ le conseil de 1 amirauté, 
le lord Berkeley )ui succéda dans le commandement de 
la 9otte , et au mois de juin se dirigea du côté d'Ushant , 
avec le dessein d'insulter les côtes de Francie ; il pilla et 
brûla les viilag^s des îles de Grouais, Houat et Heydic, 
s'empara d environ vingt vaisseaux, bombarda Sainte 
Martin dans Tile 4e Qbé , ainsi que la ville d'Olonne. 
Quelque peu importâtes qae parussent ces entreprises, 
elles ne laissèrent p£|s de tenir toute la côte de France 
dans des alarmes perpétuelles. Le gouvernement fran* 
çpis apprébendoit tellement une invasion qu'il fit dres- 
ser plus de cent batteries entre Brest et Goulet , et que 
plus de soixante miUe bomnjies furent continuellement 
sous les ^rmes pou^ jia défense des places maritimes. 
An mois de mai, le conitreramiral Benbo^v mit à la 
voile avec jun^ petite escadre, pour bloquer Jean Bart 
d^s le port de Dunkerque; mais ce célèbre marin 
trouva moyen de sortir à la faveur d'un brouillard, et 



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GUItLAtJBtE lit. 3l9 

se dirigeant vers l'est, attaqua sur la mer Baltique une — — 
flotte hoUandoise qu'escortoient cinq frégates. Il se '^ ' 
rendit maître de cette escorte et de la moitié des vais- 
seaux marchands. Mais ayant rencontré une autre 
flotte escortée de treize vaisseaux de ligne, il fut obligé 
de brûler quatre des frégates , de livrer la cinquième aux 
ventSy et d abandonner toutes ses prises , à Texception 
de quinze navires qu'il conduisit à Dunkerque. 

Le parlement d'Ecosse s'assembla le 8 septembre, et D^Hb^ra- 
oe fut lord Murray, secrétaire d'état, nommé récemment ^'o^s ^^9 
comte de TuUibardin, qui présida en qualité de com- nients 
missaire du roi. Quoique l'Ecosse fiit épuisée à*la-fois <*'Eco8«ç 
par la guerre^ et par deux années d'une disette cruelle lande, 
qui avoit fait passer en Irlande un grand nombre d'ha- 
bitants, il n'y eut aucune opposition aux mesures dési- 
rées par la cour. Une association semblable à celle 
d'Angleterre fut signée par les membres^du parlement. 
Ils accordèi'ent un subside de cent vingt mille livres 
sterling, pour l'entretien des troupes ecossoises de terre 
et de mer. Us passerait un acte qui pourvoyoit à la 
sûreté de leur religion, de leur vie et de leurs biens , 
dans le cas où sa majesté vtendroit à périr de mort im* 
prévue. Par un autre biU, tous les citoyens occupant 
des emplois publics furent tenus de signer l'association ^' 
et le parlement fut«nsuite ajourné au S décembre. Les 
troubles d'Irlande sembloieat alors entièrement apaisés . 
Lord Capel étant mort au mois de mai , le conseil , en 
vertu d'un acte passé sous le régne de Henri VIfl, élut 
le chancelier, sir Charles Porter, poor remplir les fonc* 
tioQS de lord-justicier et de gouverneur dte l'Irlande , 
jusqu'à ee que sa majesté eût fait connofltre sa volonté. 
Le pantement s'assembla au mois de juin ; les com^ 



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320 HISTOIRE D*AIIGLETERRE. 

' — , munes exclurent de leur chambre M. Sanderson, le 
^ ' seul membre qui eût refusé de signer rassociation, et 
elles s'ajournèrent au 4 août. A cette époque, sir Char- 
les Porter et les comtes de Montrath et de Drogheda 
furent nommés lords-justiciers, et firent connoître que 
la volonté du roi étoit que le parlement s'ajournât. Le 
chancelier mourut d'apoplexie au commencement de 
décembre. 
Zèle des Las de. passer la campagne dans l'inaction, Guil- 
ûL^s^d'An- laume laissa l'armée sous le commandement de l'élec- 
^leierre teur de Bavière, et, vers la fin d'août, il se rendit à son 

pour 1 . 1 X !• , n , . ^ . 

. Coillau- palais de Loo , et se livra a son exercice favon , qui etoit 
"**• la chasse. Il visita la cour de Brandebourg à Cléves, et 
conféra avec les états de Hollande à La Haye, après 
quoi il regagna l'Angleterre. Il trouva les affaires inté- 
rieures dans un extrême embarras, causé par le déclin 
du crédit public, et la stagnation qui avoit 4û suivre la 
refonte des espèces. Les difficultés d'une telle situation 
furent surmontées, non sans peine, par l'habileté, le 
génie entreprenant, et le courage infatigable de M. 
Montagne, chancelier de l'échiquier. Le roi ouvrit la 
session du parlement le 20 octobre. En informant les 
chambres que des ouvertures avoient été faites pour 
une négociation, il lej^r dit que c'étoit Uépée à la main 
qu'il falloit traiter st^ec la France. Il les pria de mettre 
la plus grande diligence, tant à voter les subsides pour 
le service de l'année suivante , qu'à faciliter l'entière le- 
vée de ceux qu'elles avoient précédemment accordés. Il 
réclama leur attention en faveur de la liste civile , et 
leur intérêt pour les protestants françois , et les exhorta 
à s'occuper des moyens les plus propres à relever le 
crédit public. Les communes, ayant pris cette harangue , 



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1696. 



ettLLAÛttE nu 32f 

en considéraiion^décidèrent quelles foûrniroient à sa 
majesté les moyens de poursuivre la guerre ; que le titre 
de Tor et de l'argent ne seroit point altéré, et que des 
mesures seroient prisc^ pour assurer Tentière levée dé 
tous les impôts consentis. Elles présentèrent elisuité une 
adresse éloquente, où elles déclaroient que, malgré tous 
les sacrifices que là nation âvoit déjà faits en hommes 
et en argent, ses représentants ne se désistoient point 
de leur ferme résolution d'obtenir par la guerre une 
paix sûre et honorable. Elles promettoient de nouveau 
à sa majesté de la soutenir contre tous ses ennemis 
étrangers et domestiques* La chambre des lords, par 
une adresse rédigée dans le même esprit, assuroit 
Guillaume (qu'il n'avoit à craindre de sa part aucun re-^ 
fus ni aucun obstacle dans tout ce qui seroit nécessaire 
à rhonneur de sa majesté, au bien de ses royaumes et 
à la tranquillité de l'Europe. Dans les premiers trans- 
ports de leur zélé, les communes condamnèrent deux 
pamphlets séditieux à être brûlés par la main du bour* 
reau; elles accordèrent plus de six millions pour., le 
service de l'année suivante; enfin elles votèrent un sub" 
side pour remplir le déficit des fonds votés par le par-' 
lement, et établirent à cet effet différents droits. 

On s'occupa ensuite de la nouvelle monnoie: l'acte' fte'sola' 
par lequel on avoit suspendu, pour un certain temps ^ r°"ç'^*C 
la fabrication des guinées et les encouragements donnés la mon- 
à cette fabrication, fut alors annulé, le motif qui avoit "^*** 
donné lieu à cet acte n'existant plus. On passa deux 
autres biils, l'un pour remédier au mauvais état des es- 
pèces , l'autre pour expliquer un acte de la session pré- 
cédente qui mettoit des droits sur les vins à bas prix, et 
sur l'esprit-de-vin de première qualité. Quant à la levée 

II. 31 



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i6^6. 



3il âlStÛÏRÉ D*ABIGLÉTE«RE> 

■ des subsides de cette année, il fut résolu que tfSftït» 
personne seroit taxée suivant la juste valeur de ses 
biens réels et personneb, soit en foqds de terre, ou 
fond» de commerce, soit en emplois, pensions on pro^ 
fessions. Un droit d un sou par semaine fu$ établi, 
pour une année, sur tous les sujets, à lexception de 
eeuxqui^ient réduits à TaoBiène. Unamre droit heb- 
domadaire d'un liard par livre sterl. Ait mis sur tons 
les domestiques dont les gages n'étoient pas au-dessous 
de quatre- livres sterf. par an, ni au -dessus de huit; 
ceux qui veeevoient de huit à seize livres furent taxés 
à un demi*so^ par Uvre. On mit un impôt de trois schet* 
tings par livre pour un an, sur toutes les terres et 
tous les héritages , en raison de leur valeur. Sans spé- 
cifier tous le» impôts qui furent voté», nous remarque^ 
rons seulement que les communes n exceptèrent de» 
charges publiques aucun de ceux qu'elles supposoient 
pouvoir y contribuer en quelquemanière. On arrêta par 
une disposition provisoire que l'argent fabriqué seroit 
reçu en paiement de ces impositions , à raison de cinq 
schelliiigs huit sois Tonce. Le déficit sur les annuités 
et tous le» emprunts faits sur le crédit de Téchiquier 
furent imputés sur ces subsides. La trésorerie fat au» 
torisée à emprunter un million sterL et demi à huit 
pour cent, et à mettre en circulation des billets de 
l'échiquier pour le double de cette somme. Le surplus 
de tous les subside», l'impôt de trois schellings excepté, 
devoit être affecté à combler cette dette. Les commune» 
"votèrent cent vingt-cinq mille livres st^rl. pour couvrir 
les pertes occasionées par la refonte des espèces , et peur 
encourager par une prime ceux qui apporteroient à la 
monnoie l'argent fabriqué. Cette sommedèvoitétre levée 



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CÛILLAUME lit. 323 

au moyen d*une taxe sur la vaisselle d'or et d^argent , sur j" 

le papier, le carton, le vélin et le parchemin, soit que ^ 
ces objets fussent fabriqués dans le royaume , soit qu'ils 
fussent importés. Prenant en considération les services 
de la banque et l'état languissant où elle se trouvoit 
alors, puisque ses billets perdoient vingt pour cent, 
les communes prirent différentes mesures extrêmement 
énergiques et vigoureuses pour relever son crédit et 
augmenter ses capitaux; elles décidèrent aussi qu'elle 
seroit prolongée jusqu^au 8 août de l'année 1710; qu'elle 
éeroit exempte de toute taxe et imposition, et qu'aucune 
autre banque ne seroit établie par un acte du parle- 
ment pendant la durée de la banque d'Angleterre. 

La chambre, ayant reçu un message du roi touchant 
l'état de la liste civile, vota, pour Tannée suivante, une 
somme de cinq cent quinze mille livres sterl. , qui se- 
roit levée au moyen d'une taxe sur la dréche et d'une 
augmentation de droits sur certaines boissons. Il fut 
ensuite arrêté qu'il seroit mis sur les terrefe un impôt 
additionnel d'un schelling par livre sterL, comme un 
équivalent du droit de dix pour cent sur les biens 
mixtes, et qu'il seroit levé un million quatre cent mille 
livres sterl., au moyen d'une loterie. La trésorerie fut 
autorisée à émettre de nouveaux billets de l'échiquier 
pour douze cent mille livres sterl. ; cent livres port oient 
un intérêt de cinq sols par jour, et de dix pour cent en 
circulation. Enfin il fut passé un bill qui obligeoit les 
colporteurs et petits merciers à se pourvoir de licences , 
pour lesquelles ils paieroient un droit. On ne peut ré- 
fléchir sans étonnement aux prodigieux efforts qu'on fit 
en cette circonstance, ni penser sans indignation aux 
fortunes énormes qu'amassèrent les usuriers et les 



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3^4 iiisroiRE d'angleterrë. 

■""" exacteurs, en spéculant sur la détresse de leurpay». Ld 
^ ^ * nation ne sembla avoir bien connu ses forces que lors^ 
qu elles furent mises à une si rude épreuve. L'essai qu'on 
fit des emprunts hypothécaires eut tant de succès^ que 
depuis lors les ministres ont suivi le même système., 
imposant fardeaux sur fardeaux, comme s'ils étoient 
sûrs de ne jamais épuiser la nation^ 
1697. . Le crédit public jetant ainsi soutenu par l'adresse de 
Procès et M. Montague , et les subsides de l'année suivante 
^^^"q*"^^ ayant été votés, l'attenticm des communes se porta sur 
sir Jean lafFaire -de sir Jean Fenwick qui avoit été arrêté au 
mois de juin à New-Romney , au moment où il.se ren- 
doit en France. Il avoit à cette époque écrit à sa femme 
par Un .certain Webber, qui l'accompagnoit. Sa lettre fut 
saisie avec le porteur, et l'on y trouva, une confidence 
qui proTivoit manifestonent qu'il étoit coupable. Il con- 
clut alors des arrangements avec la cour pour servir de 
témoin, et remit une déposition écrite , qui fut envoyée 
à Guillaume. Il ne révéla rien de préjudiciable à aucun 
des jacobites , qui, d'après cette déposition, et plusieurs 
autres témoignages, paroissoient divisés en deux partis , 
connus sous les noms de composants et de non-compo- 
sants* Les premiers, dont le chef étoit le comte de 
Middleton, exigeoient du roi Jacques dès garanties 
pour le maintien de la religion et des libertés de l' An- 
gleterre ; au lieu que les autres , à la tête desquels étoit 
le comte de Melfoft,ne mettoient aucune condition au 
rétablissement de ce prince, s'en rapportant à son bon- 
Xieur et à sa générosité. Guillaume ayant donné ordre 
de mettre Fenwick en jugement, s'il ne faisoit de plus 
importantes révélations , le prisonnier, dans la vue d'à- 
muser le ministère ^ jusqu'à ce qu'il pût prendre quel* 



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* GUILLAUME IIÏ. SaS 

qu'autre mesure pour sa sûreté, aécusa les comtes de — ~-" 
Shrewsbuty, de Marlborough et de Bath, ainsi que ^* 
lord Godolphin et Tamiral Russel , d'avoir fait leur paix 
avec le roi Jacques et de s'être engagés à agir pour sou 
intérêt. Cependant sa femme et ses parents s'efforcèrent 
de gagner les deux témoins Porter et Goodman. Le pre- 
mier fit connoître leurs démarches au gouvernement; 
et un nommé Clancey , agent de lady Fenv^ick, fut con- 
vaincu de subornation , condamnée Tamende, et mis 
au pilori. Mais la famille de Fenwick réussit mieux 
auprès de Goodman , qui disparut ; en sorte qu'il ne resta 
plus qu'un témoin et que le prisonnier commença à 
croire sa vie hors de danger. L'amiral Russel informa la 
chambre des communes qu'il étoit compris, ayec plu- 
sieurs personnes de marque, dans quelques dépositions 
de sir Jean Fenv^ick, et demanda qu'on lui fournit une 
occasion de se justifier. Le secrétaire-d'état Trumball pro- 
duisit des papiers, dont la lecture détermina les com- 
munes à faire amener Fenwick à la barre de la chambre. 
Il y fut exhorté par l'orateur à faire de plus amples rêvé* 
lations ; ce qu'il refusa , à moins qu'on ne lui garantit en 
quelque manière que rien de^ce qu'il pourroit dire ne 
tourneroit à son préjudice; il lui fut répondu qu'il de- 
voit mériter l'indulgence de la chambre en découvrant 
tout ce qu'il pouvoit savoir. Il demanda quelque temps 
pour se recueillir, 'promettant d'obéir ensuite à l'ordre 
de la chambre; sur le refus des communes, il persista 
à demander une garantie, qu'on ne jugea pas à propos 
de lui accorder. Il prit alors le parti du silence, et fut 
renvoyé de la barre. Les communes déclarèrent que ses 
dépositions contre plusieurs seigneurs et membres de la 
chambre, ne pou voient être fondées qqe sur des ouw 



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3^6 HISTOIRE d'aNGLETEARÏ. 

— dire, qu'elles ctoicnt fausses et scandaleuses, et n'a- 
' W- voient d autre objet que de troubler le gouvernement, 
en élevant des nuages entre le roi et ses sujets , pour 
détourner son attention des véritables conspirateurs. 
La proposition de rédiger un bill qui le déclarât cou- 
pable de haute-trahison fut adoptée après de vifs dé- 
bats et à une grande majorité. Il lui fut remis une copi« 
de ce bill , et on lui accorda Fusage des plumes , de 
Tencre et du papier, avec un conseil. Il demanda par 
une pétition que ses défenseurs fussent entendus contre 
le bill; on décida que son conseil seroit admis à parler 
pour sa défense à la barre de la chambre , et on renga- 
gea ainsi dans une procédure irrégulière, au lieu de lui 
fournir ]e moyen d émettre ses objections contre Tadop- 
tion du bill d'attainder. Il fut amené à la barre , et le 
bill ayant été lu en sa présence, lorateur requit Tavocat 
du roi de produire les témoins. Le conseil du prison^ 
nier s'opposa à ce qu'il fût procédé si brusquement à 
Tinstruction du procès, et allégua que Fenwick n a voit 
pu encore préparer ses défenses. La chambre , après 
un long débat, arrêta qu'il lui seroit accordé du temps 
pour produire les témoins à décharge, et que l'avocat 
du roi seroit aussi admis à produire les siens; il y eut 
ordre de ramener le prisonnier à la barre trois jours 
après. Ce terme arrivé, on l'y conduisit de nouveau; 
l'acte d'accusation dressé contre lui par le grand jury 
fut alors produit, et Porter interrogé comme témoin. 
L'avocat du roi démanda qu'il fût donné lecture de la 
déposition de Goodman, reçue par M. Venion; mais 
sir Jean Powis et sir Bartbélemi Sbower, défenseurs du 
prisonnier, s'y opposèrent de tout leur pouvoir. Us re- 
présentèrent qu'une déposition reçue lorsque la partie 



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CUILLAUME m. 827 

qu elle ooncernoit n'étoit point présente pour contredire ~ 
le déposant, ne pouvoit être admise même dans les 
affaires les moins importantes ; que quoique la cbambre 
ne fût point soumise aux tnémes régies que les cours 
inférieures y elle n'en étoit pas moins assujettie aux ré^ 
gles étemelles de la justice; que, d'après les principes 
du droit, la déclaration d'un absent ne pouvoit tenir 
lieu de son témoignage donné par lui-même. La dissi* 
dence des gens de kû sur cette question oceasiona un 
débat animé entre les membres de la chambre. Sir 
Edouard Seymour ,-^ir Richard Temple , M. Harley , 
M. Harcourt , M. Manly , sir Christophe Musgrave , et 
tous les chefs du parti des torys , firent ressortir la du- 
reté et rinjustice qu'il y auroit à considérer une telle 
déclaration comme une déposition. Us démontrèrent 
que ce seroit une manière de procéder coniraire à ce 
qui se pratiquoit dans toutes les cours judiciaires , et à 
toutes les notions communes de justice et d'humanité ; 
contraire également au dernier acte qu'on avoit passé 
pour régler les procès en matière de haute*trabison, et 
d'une conséquence dangereuse pour la vie et la liiyerté 
des sujets. D'autre part, sirTbcmias Lyttleton^M. Mon- 
tagne, M. Smith et le procurettr^général Trevor soth 
tinrent que la chambre n'étoit liée par aucune forme de 
loi ; qu'il s'agissoit d'un cas extraoïdinaire qui intéres*- 
soit la sûreté du gouvernement; que bien que la lot 
commune exigeât deux témoins en matière de haute- 
trahison, la chambre pouvoit dans les cas extraordi- 
naires s'écarter de cette régie ; qu'il n'y avoit aucune 
raison de douter que Fenwick n'eût pris part à la Con- 
spiration , que lui ou ses amis n'eussent tenté de gagner 
Porter, et qu'il y avoit de fortes présomptions peur 



1697; 



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i697- 



3a8 HisToiBE d'angieteare. 

" croire que c'étoit par de tels manèges qu'on avoit per- 
suadé à Goodman de se cacher; en un mot, les tory s , 
soit par esprit de parti , soit par esprit de patriotisme ; 
défendirent énergiquement en cette occasion la cause 
de la liberté et de Thumanité, par les mêmes arguments 
qu'on avoit employés contre eux sous les derniers ré* 
goes ; au lieu que les whigs embrassèrent avec une 
égale chaleur , mais avec plus de succès , la cause de 
l'arbitraire et de l'oppression , contre tous leurs prin- 
cipes précédents. Enfin, la question de savoir si l'ex*^ 
plication donnée par Goodman devoit être lue, fut 
résolue affirmativement à la majorité de soixante-treize 
voix. Alors deux des grands jurés qui avoient dressé 
l'accusation exposèrent les renseignements qui leur 
avoient été donnés, par Porter et Goodman. L'avocat du 
roi insista pour qu'on produisit l'acte qui établissoit la 
culpabilité de Cooke, attendu qu'il avoit été condamné 
pour la même conspiration. Les défenseurs du prison- 
nier objectèrent que si cet acte étoit admis comme fai- 

. $ant autorité, le jugement d'un seul individu dans la 
naéioe société seroit celui de tous , et qu'en défendant 
Fenwick ils n'entendaient pas répondre aux charges 
HG0nti*e Cooke. Il .s'éleva sur ce point un nouveau débat; 
non moins animé, et les whigs remportèrent une se- 
conde victoire; il fut donné lecture de l'acte; l'avocat 
du roi demanda qu'un des jurés qui avoient figuré dans 
le procès de Cooke fût requis d'affirmer qu'il avoit été 
convaincu par le témoignage de Goodman. Sir Bartbc^ 
lemi Shower soumit à la chambre la question suivante : 
Est' il juste quun témoignage contre une personne soit 
i^i^oqué contre une autre personne datant un tribunal dif- 
férent^ et dam un êas ou il y va de la vie de l'accusée 



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CU1Ï.LAUME III, 329 

Cette question , vivement débattue comme les précé- r~ 
dentés , fut résolue de même au désavantage du prison- 
nier, et Tun des jurés de l'affaire de Cooke prêta le 
serment requis. M. Gould proposa d'inviter M. Vernon 
à produire la lettre interceptée de sir Jean Fenwick à sa 
femme. Le conseil du prisonnier combattit vivement 
cette proposition y alléguant qu'avant de faire valoir 
cette lettre contre lui, il falloit prouver qu'elle étoit de 
sa main ; M. Gould n'insista pas davantage. Invités à 
présenter les moyens de défense , les avocats de Fen- 
wick répondirent que la fatigue d'une séance de douze 
heures ne leur permettoit pas de traiter encore une 
matière aussi importante^ 

La chambre résolut d entendre , la nuit même, les 
témoins à décharge que le prisonnier pouvoit présen- 
ter. Son conseil déclara qu'il n'avoit à produire que la 
copie d'un acte qui prouvoit en sa faveur; et il fut alors 
décidé qu'on le raméneroit à la barre le lendemain à 
midi. Il y fut donc ramené, et sir Jean Powis plaida 
pour sa défense. Il représenta que le bill proposé attei- * 
gnoit les vies des sujets, et ne pouvoit qu'être d'un 
dangereux exemple; que sir Jean Fenv^ick devoit être 
jugé suivant les formes ordinaires de la justice; que s'il 
y avoit contre lui des preuves suffisantes, ainsi que 
l'avoit déclaré l'avocat du roi , il n'y avoit pas de raison 
de le priver du bénéfice d'une procédure conforme au 
droit naturel de tous les sujets de la Grande-Bretagne , 
et que si les preuves légales manquoient, il ne pouvoit 
y avoir matière à un bill. Il fit remarquer que les régi- 
cides même avoient le privilège d'être jugés suivant les 
règles qu'il invoquoit ; que le dernier acte relatif aux 
procès en matière de haute - trahison prouvoit Fex- 



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33o HISTOIRE d'aNGLETERRe/ 

^ tréme circonspection des lois qui touchoient à la vie 
' des sujets, et il exprima toute sa surprise de voir que 
* le même parlement qui avoit passé cet acte voulût en 
passer un autre pour &ire périr un citoyen sans ferme 
de procès ; il admit qu'il y avoit eu déjà plusieurs biHs 
ài€atainder , mais en ajoutant qu'ils étoient générale-» 
ment regardés conune illégaux et accidentels, et qu'on 
en avoit dans la suite annulé quelques uns comme in-* 
justes et arbitraires; il soutint qu'il ne pouvoit être 
allégué , dans celui dont il étoit question, que Fenwick 
fût coupable du crime de haute-trahison , pour lequel 
il avoit été mis en jugement, drconstaiice qui l'empé* 
choit de produire des témoins, tant sur ce point que 
sur plusieurs autres amplement discutés par l'avocat du 
roi. Il dit qu'on avoit produit deTtémoignages pour 
prouver des circonstances non comprises dans le btll, 
et que les témoignages sur lesquels on s'aj^uyoit pour 
établir celles qui s'y trouvoient comprises étoient dé-* 
fectueux ; que Porter n'avoit pas été interrogé sous ser- 
ment ; que rien ne pouvoit être plus sévère que de con<- 
damner un homme à mort , de noter sa famille d'infamie 
et de confisquer %^% biens, sur le simple témoignage 
d'un scélérat , qui , de son aveu , s'étoit d'abord associé 
avec d'autres individus pour commettre le plus atroce 
des crimes , et que la crainte seule portoit à donner des 
marques de repentir; il invalida ce qu'on appeloit le 
témoignage de Goodman ; il observa que l'acte d'accu*- 
sation portoit sur un complot formé à l'effet d'af^Ier 
une puissance étrangère ; mais que ce complot,, n'ayant 
pas été exécuté , ne pouvoit suffire à établir le crime de 
haute-trahison , suivant l'opinion du soUidteurrgénérai 
Hawles, qui agissoit dans cette affaire; il fit valoir en 



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GUILLAUME III. 33l 

même temps les observations que ce jurisconsulte avoit " 
publiées sur les affaires de lord Bussel , du colonel Sîd* 
uey et de plusieurs autres exécutés sous le régne de 
Charles II ; il s'appuya d'un passage de cet écrit , où il 
est dit qu une conspiration pour ejcciter une guerre ne 
peut être considérée comme une trahison y si la guerre 
n'a point été réellement excitée ; opinion partagée par 
le lord Coke et le lord-chef de la justice Haies. Powis 
conclut en ces termes : « Nous savons aujourd'hui sur 
« quel terrain nous sommes ; parle statut d'ÉdouardIfl , 
« nous connoissons ce qui est trahison ; par les deux 
« statuts d'Edouard VI et le dernier acte , nous connois* 
« sons ce qui est preuve ; par la grande charte , nous 
« savons que nous devers être jugés suivant les lois du 
« pays et le ministère de nos pairs. Mais si Fusage des 
« bills d'altaînder est adopté , nous ne savons plus ce 
<« qui est trahison , ce qui est preuve , ni de quelle ma- 
«nière, ni à quel tribunal nous devons être jugés. » 
Powis fiit secondé par sir Barthélemi Shower, qui parla 
comme lui avec une éloquence énergique. L^avocat du 
roi répondit aux arguments de l'un et de l'autre. Les 
raisonnements en faveur du bill consistoient à dire que 
le parlement pouvoit et devoit intervenir dans les cas 
extraordinaires; que les témoignages exigés pour les 
cours inférieures n'étant pas complets en cette circon« 
stance , le parlement , qui n'étoit pas assujetti à la même 
régie que ces cours, avoit droit d'exercer son pouvoir 
extraordinaire en punissant un malfaiteur qui , sans son 
intervention, échapperoit à la vengeance des lois; que 
si la découverte d'un comjJot n'étoit pas suivie de me- 
sures sévères , le gouvernement perdoit beaucoup de 
sa force et de son autorité , et devoit même finir pap 



iG<i7. 



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332 HISTOIRE D^ANGLETERRE.' 

-""""~" être renversé; qu'il étoit notoire que des partis travail- 
^'' loient pour le roi Jacques , qu'il y avoit des conspira- 
teurs sur plusieurs points du royaume, et qu'on étott 
ouvertement menacé d'une invasion ; qu-ainsi c'éioit 
pour les chambres le moment de faire usage de leur 
pouvoir extraordinaire ; que les Ahglois difFéroient des 
autres nations , en mettant pour ainsi dire face à face 
les témoins et le prévenu , et en exigeant deux témoins en 
cas de trahison;*que d'ailleurs la loi anglaise elle-même ne 
requéroit pas en certains cas les mêmes preuves que dans 
les autres, puisqu'un témoin suffisoit pour les crimes 
de félonie et de faux-monnoyàge; queFenwick étoit no- 
toirement coupable et méritoit d'éprouver le ressenti*- 
ment de la nation ; qu'il auroit ||ibi un châtiment exem- 
plaire , suivant le cours ordinaire de la justice , s^il ne 
l'a voit éludé en écartant un témoin. Si c^s raisopne* 
ments étoient justes , la chambre des communes auroit 
droit d'agir en opposition directe aux lois existantes , et 
seroit revêtue d'un pouvoir despotique sur les vies et 
les biens de ses commettants , pour la défense desquels 
elle est constituée. Si l'on songe qu'il n'est point imposi> 
sible qu'un parlement se laisse corrompre jusqu'à se 
prêter aux desseins d'un prince arbitraire, combien ne 
doit-on pas trembler pour les suites d'une telle coudes^ 
cendance! 

Quand les débats furent terminés, le prisonnier , à la 
demande de l'amiral Russel , fut interrogé sur les ini- 
putations qu'il avoit dirigées, d'après des ouï- dire, 
contre ce seigneur et plusieurs autres : mais il s'abstint 
de toute explication, pour ne pas être l'objet d'une 
double poursuite, s'il lui échappoit quelque chose qui 
pût tourner à son préjudice, ^ 



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GtILtAUitfE Itf« 333 

, Dès qu'il eut quitté la barre, M. VeruoU) à Tinvita- ' " " ' 
tion de la chambre, fit une récapitulation des manèges ' ^* 
de sir Jean Fenwick et de ses amis pour retarder le pro- 
cès. Il fut donné une seconde lecture du bill ; de nou* 
veaux débats s'élevèrent : le solliciteur-général Hawles 
fut d'avis qu'en cette circonstance la chambre ppuvoit 
agir êhla-fpis comme juge et comme jury. M« Harcourt 
dit qu'il ne connoissoit de procès pour cause de trahi- 
son que ceux qui étoient autorisés par la^grande-charte^ 
confirmés par la loi du pays, laquelle comprenoit les 
accusations en parlement, et jugés par un jury, ce qui 
etoit le droit naturel et le plus cher privilège des ci* 
toyens anglois ; que c'étoit un étrange procès que celui 
qui ne laissoit point au prévenu des chances de salut ; 
qu'il n'avoit jamais entendu dire qu on pût remplir le rôle 
de juré sans prêter serment, ni celui de juge sans faire 
prêter serment aux témoins, et sans avoir les mêmes 
moyens de sauver l'innocent que de punir le coupable. 
. Sir Thomas Lyttleton soutint que le parlement de- 
voir s'affranchir des minutieuses formalités des autres 
cours , quand le gouvernement étoit en péril. M. Howe 
répliqua que se conduire ainsi , parcequ'on le pou voit, 
étoit une étrange manière de raisonner; que ce qui étoit 
justice et équité à la cour de Westminster étoit justice 
et équité par-tout ailleurs; qu'un mauvais exemple 
donné par le parlement étoit d'une plus dangereuse 
conséquence que cent autres donnés par cette cour, 
parceque des injustices personnelles ou particulières 
ne pouvoient empêcher de revendiquer les droits re- 
connus, au lieu que le parlement pouvoit, sans retour/ 
perdre la nation , parcequll pouvoit établir la tyrani^ 
par la loi. Sir Richard Temple, en parlant contre le ly^% 



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334 HISTOIRE D'aNGLETËRRC. 

— — observa que le pouvoir de faire des lois , attribué au 
'^^* parlement, ne le dispensoit point de se conformer aux 
f lois ; que faire une loi contraire à toutes celles d*Angle-> 
^ terre étoit un remède extrême et dangereux qu'on de- 
voit réserver pour les cas d'une absolue nécessité. II 
soutint que, par cet exemple, la chambre renverseroit 
^ toutes les lois d'Angleterre, en condamnant un indi- 
vidu sur la déposition d'un seul témoin, et en portant 
un jugement sans procès préalable ; que les communes 
n'a voient le droit de juger personne; qu'elles pou voient 
requérir et entendre des informations, mais qu'il n'y 
avoit point de procès là où les témoins ne prétoient pas 
senqent ; que tous les bills d'attainder a\oient été passés 
contre des individus morts, ou en fuite, ou hors de la 
portée des lois ; que plusieurs avoient été dressés après 
que le procès eut été instruit à la cour de Westminster, 
mais qu'aucun de ceux-ci n'avoit été qualifié de juge- 
ment, et qu'en général ils avoient été annulés. Il nia 
que le parlement eût le pouvoir de déclarer trahison ce 
qui ne l'étdit pas auparavant ; il finit en disant que lors- 
que les cours inférieures étoient en doute , le cas étoit 
porté devant le parlement , pour qu'il décidât si le crime 
commis étoit trahison ou félonie ; mais que même alors 
il devoit être jugé d'après les lois existantes; que ce 
jugement n avoit pas lieu par la voie d'un bill dans le 
parlement, mais qu'il en étoit ainsi seulement à la 
chambre des pairs. Lord Digby, M. Harley et le colonel 
Granville parlèrent dans le même sens , mais sans faire 
aucune impression sur la majorité, qui avoit dévoué 
le prisonnier à la mort. Le bill passa, et fut envoyé à 
^ chambre des lords, oii il produisit les débats les plus 
*^gs et les plus animés qui se fussent élevés depuis la 



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GUILLAUME lll. • 335 

restauration. L*évéque Burnet si^ala son a^ pour le " ■ 
gouvernement par un diseours fort étendu ea faveur *^'' 
du biU, qu'il ne put défendre qu'en contredisant plu- ^ 
sieurs maximes fondamentales qu'il avoit précédem^ ^ 
jxient professées sur les libertés du peuple. Enfin ce biU 
fut adopté à la majorité de sept voix; quarante -un 
lords y y compris huit prélats, protestèrent dans les ^ 
termes les plus forts contre cette adoption. 

Lorsque le bill reçut la sanction royale, il fut passé 
un acte de la même nature contre Barclay, Holmes, et 
neuf autres conspirateurs qui s'étoient soustraits à la 
justice. Cet acte devoit toutefois être regardé comme 
non avenu, dans le cas où ils se présenteroient avant 
le 22 mars suivant. Sir Jean Fenwick sollicita la média- 
lion des lords en sa faveur, pendant que ses amis im- 
ploroient la clémence royale. Les lords lui firent en- 
tendre que le succès de ses sollicitations dépendoît des 
amples révélations qu'il pourroitIKre. Il voulut d'abord 
stipuler pour un pardon ; mais ils exigèrent qu'it s'e» 
remit à leur discrétion. Il flotta quelque temps entre la 
crainte de l'infamie et la terreur de la mort. Enfin il se 
résolut à périr plutôt qu'à jouer le rôle de dcnoncia-- 
teur. Il obtint de mourir par la hache, en considération 
de son alliance avec la maison Howard, et subit so» 
sort avec une grande intrépidité. Dans un papier qu'il 
remit, au moment de sa mort, au shérif, il prit le ciet 
à témoin qu'il n'avoit eu connoissance de l'invasion 
projetée que 4orsqu'dle devint le sujet de tous les en- 
tretiens, et qu'il ne s'étoit engagé en aucune manière 
pour ie service de Jacques; il remercia les membres 
du parlement qui s'étoient opposés au bill d'attainder, 
affirma devant Dieu que les informations qu'il avoit 



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336 HtsTOtRE d'ancletërse. 

■ données au ministère, il les a voit reçues par des lettres 

^^7' gt deg messagers de France , ajoutant qu^il auroit pu 
attendre sa grâce du prince d'Orange, attendu qu'il / 
avoit contribué à lui sauver la vie, en prévenant Texé^ 
cution d*un dessein contre sa personne, ce qui sans 
doute avoit porté les derniers conspirateurs à lui cacher 
le dessein du même genre qu'ils avoient formé. Il pro- 
testa enfin de sa fidélité envers le roi Jacques, et de- 
manda au ciel le prompt rétablissement de ce prince. 

Le comte Pendant qu'on traitoit l'affaire de Fenwick, le comte 
mouth' ^^ Monmouth avoit ourdi quelques intrigues contre le 

envoyé à duc de Sbrewsbury . Un neveu de sir Guillaume Perkins , 
appelé Macthieu Smith, avoit été quelque temps em^ 
ployé par le duc en qualité d'espion ; mais, ne loi ayant 
*pas été d'un grand secours, il avoit reçu son congé. 
. Cet homme eut recours au comte de Monmouth, et lui 
.** inspira des sentiments peu favorables pour le duc , in^ 
sinuant qu'il avoit fSt de grandes découvertes, dont, 
par de coupables motifs , ce seigneur n'avoit pas voulu 
faire usage. Monmouth communiqua ces ouvertures au 
comte de Portland, qui prit Smith au nombre de ses 
espions. Des copies des lettres qu'il avoit adressées au 
duc dé Sbrewsbury furent remises cachetées au secré- 
taire-d'état Trumball, pour être lues par le roi à son 
retour de Flandre. Lorsque Fenw^ick mentionna le duc 
de Sbrewsbury dans ses dépositions, le comte de Mon- 
mouth voulut saisir cette occasion de perdre ce dernier. 
Il fit engager lady Fenwick, par la duchesse de Norfolk, 
à persuader à son mari de persister dans son accusa- 
tion, et fit même présenter des instructions à Fenwick, 
^ qui les rejeta avec mépris, et refusa de se prêter à cet 
indigne manège. Monmouth fut si blessé de son refus, 



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dtîLLAtîME îtt. 33-; 

que, lorsque le bill d'attainder fut présenté à la cliam- 

bre des lotds, il s'en montra le ch9ud partisan. Irritée *^ 
d'une telle conduite > lady Fenwick obtint de son ne- 
veu, le comte de Caflisle, qu'il portât la chambre à 
interroger Fenwick sur quelques avis qui lui avoient 
été adressés relativement à ses dépositions. Celui-ci fut 
donc interrogé) et rendit compte de toutes les particu-* 
ladites du plan de Monmouth pour perdre le duc de 
Shrewsbury, au moyen des lettres de Smith. La du- 
chesse de Norfolk et une autre confidente confirmèrent 
ces détails. La chambre se fit représenter, par sir Guil- 
laume Trumball, les lettres de Smith. Le comte de 
Monmouth fut envoyé à la Tour, et prité^jde t%us ses 
emplois ; il fut cependant relâché à la &i de la sessfl&n. 
La cour le dédommagea secrètement de toutes ses 
pertes, de peur qu'il ne fïit tenté de se jeter danç .' 
l'opposition. 'f. 

^vant d'être assouvis par la mort de Fenwick^ les Enquête 
M^higs avoient résolu de se venger de sir Georges Rooke , je'^succè» 
qui étoit l'un des chefs du parti opposé. Sir Cloudeslev des 

oi_ 1 • ' ^ .1 1 affaires 

Shovel avoit ete envoyé avec une escadre pour observer «avalw. 
le port de Brest, où, d'après les avis qu'avoit reçus le ' 
gouvernement, les François Ipaisoieiit des préparatifs 
pour une descente en Angleterre; mais on reconnut 
que ces avis étoient mal fondés : les François fravail- 
loient à équiper un armement pour les Indes occiden- 
tales, qui se dirigea vers la Nouvelle-Espagne, sôus les 
ordres de M. de Pointis, et prit la ville de Carthagène. 
Rooke avoit eu ordre d'intercepter l'escadre de Toulon , 
dans sa route de Toulon à Brest; mais sa tentative 
échoua: les communes, dans un comité de toute la 
chambre, résolurent d'en rechercher la cause. Rooke 



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S3S HrSTOlHE D*'AÎÏCLETEftRllr^ 

'— :^ subit un long examen» et fut obligé de produire sot» 

^^'^' journal, ses instructions et ses lettres. Sbavel et Mit* 
çbel furent aussi interrogés ; mais, on ne trouva rie» 
contre lamiral , et la chambre crut devoir se désister 
de ses poursuites. Après avoir statué sur le sort de Fen- 
wick^ elle s occupa de régler par des lois sévères Féco* 
nomie domestique de la nation. Eutre autres mesures 
il fut passé un acte pour soutenir plus efficacement les 
droits des créanciers, en cas d'évasion de leurs débite 
teurs, et pour empêcher tout abus dans ce qui concert» , 
noit les prisons et les lieux prétendus privilégiés. Cer-^ 
tains endroits, aur-dedans et au-dehpr» de la cité de 
Londres, qui avoient été des Ueuxde refiige,. du temps 
de la religion catliolique, servoient encore d'asile aux 
débiteurs et aux gens sans aveu, qui sembloient y bra- 
ver les lors. Une de ces retraites étoit un repaire de 
scélérats, qui ne passoient pas un jour sans commettre- 
. quelqujQ violence; mais la nouvelle loi fut si sévère- 
".ment exécutée qu'ils furent contraints d'abandonner 
leur asile. Le 1 6 avril, le roi £çrma la session après avoir 
remercié le parlement des subsides, qu'il avoit si libéra* 
lement accordés , et des mesures qu'il avoit prises pour 
rekver le crédit public. Avant de quitter le soyaun^ie, il 
voulut faire paroitre au grand jour le comte de Sunder* 
i.and, qui jusqu'alors ne l'avoit aidé qu'en secret de se» 
conseils. Il le nomma membre du conseil-privé, et lui 
donna la place de lord-cbambellan , qu'a voit résignée 
\e comte de Dorset, homme doué des talents les plus 
aimables, mais d'une indolence invincible; d'ailleurs 
doux, humain et généreux dans ses relations avec tout 
le monde, quoique sévère et mordant dans ses écrits 
et dans ses réflexions sur les hommes en.généraL . 



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CtTlLLÀtJMË Ut. 33g 

Après avoir nommé Somers lord-chancelier d^Angle- 

terre> en le créant baron, et revêtu Famiral Russel du 



1697. 



titre de comte d'Oxford, Guillaume s'embarqua pour là tions 4 
Hollande le 26 avril, afin d'être à portée dé surveiller ï^y»^^«?^* 
les négociations relatives à une paix générale. Lés pré^ 
liminaires furent réglés entre M. de Gallières, au nom 
de la France, et M. Dykvelt au nom des états-généraux, 
qui| d'après les concessions offertes par la France, se 
concertèrent mmc les autres alliés pour accepter la mé^ 
diation de la'uéde. Cependant l'empereur et la cour 
d'Espagne ne furent p^s satisfaits de ces concessions* 
L'empereur déclara qu'il accepteroit la médiation pro- 
posée, pourvu que le traité de Westphalie fut rétabli, 
ott que le roi de Suéde s'engageât à joindre ses troupes 
à celles des alliés , dans le cas où là France se refuse- 
roit à cette stipulation. Les ministres d'Angleterre et • 
de Hollande à Vienne pressèrent de concert l'empe- 
reur d'accepter la médiation sans réserve. Il se rendit^^^ '* 
enfin, non sans répugnance. Le 4 février, tousJes mi-^' 
nistres des alliés, excepté l'ambassadeur d'Espace , 
s'accondèrent à accepter la proposition du roi de Suéde, 
et le lendemain notifièrent leur consentement à M. Lil- 
Uenroot, plénipotentiaire suédois. L'Espagne deman- 
doit, comme préliminaire, que la France convint de 
rendre toutes les places mentionnées dans une longue 
note qu'elle fit remettre aux plénipotentiaires. Ces der- 
niers, sur la proposition du roi de France, choisirent 
pour le lieu du congrès un cbâteau appelle Newbourg- 
House , appartenant au roi GuilUume , et situé dans le 
village de Ryswick, entre La Haye et Delft . Les ministres 
plénipotentiaires d'Angleterre étoient le comte de Pem- 
broke, homme véritablement vertueux, savant et po- 



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34^ tlISTOIRE D'ANGLKtEjRRËr. 

■■ pulaire, le lord Villiers et sir Joseph Williarnsôn. Lsl 

* ^7' France adjoignit à Callières MM. de Harlay et Crecy . Non 
seulement Louis XIV étoit lassé d'une guerre qui entre* 
tenoit la misère dans son royaume , mai»>l avoit encore 
un autre motifde désirer la paix. Depuis quelque temps 
la santé du roi d'Espagne étoit en très mauvais état^. 
et le monarque françois avoit les yeux sur la succès** 
sion. Ses vues ne pou voient s'accomplir tant que la con" 
fédération subsisteroit, et il avoit besoiardela paix pour 
tourner toutes ses forces contra FEspa^ne, dès que 
Charles auroit fermé les yeux. L'empereur avoit le 
même dessein sur la couronne d'Espagne , et , pour cette 
raison, étoit. intéressé à la continuation de la grande 
fitliance. Il prévoyoit de plus qu'il ne tarderoit pas à 
être eii état d'agir contre la France avec de nouvelles 
forces. Le czar de Moscovie s'étoit engagé à occuper les 
Turcs et les Tartares. Ce prince avoit en vue d'élevé» 
l'électeur de Saxe sur le trône de Pologne , et avoit déjà 
fait quelques progrès dans une négociation avec les cer- 
cles du Rhin , pour en obtenir un corps considérable de; 
troupes auxiliaires. . Les Hollandais u'avoient d'autre 
but que de s'assurer une barrière dans les Payd^Bâs. 
Guillaume exigeoit que le roi de France reconnût soa 
titre de roi de la Grande-Bretagne, et le peuple anglois 
ne desiroit rien avec tant d'ardeur que. la fin d'une 
guerre ruineuse. Le lo février, Callières, au nom de 
son maître, consentit aux préliminaires suivants; que 
les traités de Westphalie et de Nimégue seroient pris 
pour base de la négociation; que Strasbourg seroit 
rendu à l'Empire, et Luxembourg aux Espagnols, ainsi 
que Mons , Charleroy et toutes les places conquises en 
Catalogne par les François depuis le traité de Nimégue; 



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GUILLAUME III. 34l 

que Dinant seroit cédé à Tévêché de Liège , et que ce — T"^ 
^iie la France avoit réuni à son territoire depuis le ^'' 
traité de Niméguè seroit rendu; que cette puissance ef- 
fectueroit la restitution de la Lorraine , et, à la conclu- 
sion de la paix, reconnoitroit le prince d'Orange pour 
jToi delà Grande-Bretagne, sans nulle condition ni ré- 
serve. Les conférences furent interrompues par la mort 
de Charles XI , roi de Suéde, qui eut pour successeur 
son fils Charles XII, encore mineur ; mais la reine et 
cinq sénateurs , que le feu roi , par son testament, avoit 
chargés du gouvernement, crurent devoir continuer là 
médiation, et laisaèrent Lillienroot chargé de ce minis- 
tère. Le cérémonial ayant été réglé entre toutes les par- 
ties , les plénipotentiaires de Fempereur remirent aux 
médiateurs, le 22 mai, les demandes de leur maître^ 
et les divers ministres allemands remirent aussi celles 
des princes qu'ils représentoient. 

' Cependant le roi de France, dans l'espoir de se pro- ^s Fran- 
curer des conditions plus favorables, résolut de faîï'e paremde 
les plus grands efforts contre les Espagnols dans la Ca- ïjarce- 
talogne et dans les Pays-Bas, et d'élever le prince de 
Conti sur le trône de Pologne; événement qui auroit 
beaucoup accru l'influence de la France en Europe. Il 
avoit devancé les confédérés en Flandre , où il avoit 
envoyé une armée nombreuse, commandée par Gati- 
-nat, Villeroy et Boufflers. Les François débutèrent par ^ 

le siège d'Ath; à peine cette place fut-elle investie, que 
le roi Guillaume, qui relevoit d'une indisposition, se 
mit en campagne et eut une entrevue avec l'électeur de 
Bavière , qui commandait un corpsséparé. Il ne jugea 
pas à propos d'interrompre l'ennemi dans ses opérations 
devant Ath, qui se renditau bout de quelques jours de 



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34^ HisToi&c Vangletskre. 

""—""^ tranchée ouverte; il se borna à prendre possessioo d'un 
^'* camp très avantageux où il couvroit Bruxelles, que Vil- 
> leroy et Boufflers ^voient l'intention d assiéger. 

En Catalogne y le duc de Vendôme investit Barcelone, 

que défendoit une garnison de dix mille hommes de 

troupes réglées, sans compter cinq mille bourgeois qui 

avoient pris volontairement les armes. Le gouverneur 

de la place étoit le prince de Hesse-d'Armstadt, qui avoit 

servi en Irlande, et avoit été mis à la tète des troupes 

impériales envoyées en Espagne. Le général François 

ayant reçu du renfort, commença ses attaques avec 

une étonnante impétuosité; il fut cependant repoussé 

plusieurs fois par la valeur des assiégés. Enfin lennemi 

surprit et mit en déroute le vice* roi de Catalogne , et, 

animé par*cette victoire, emporta d'assaut les ouvrages 

extérieurs, que son artillerie avoit constamment battus* 

L'action fut sanglante et opiniâtre, et ce ne fut qu'ave<) 

de grands efforts que les François se rendirent maîtres 

du chemin couvert et de deux bastions. Ils y dressèrent 

des batteries de canon et de mortiers , et firent un feu ter- 

nble sur la ville; le prince de Hesse résolut cependant 

de la défendre jusqu'à la dernière extrémité. Mais la 

cour dç Madrid , pour ne pas voir entièrement ruiner 

une place qui, suivant toutes les probabilités, lui seroit 

rendue à la paix, dépêcha au prince Tordre de capitu* 

1er. [1 obtint les conditions les plus honorables, après 

avoir fait pendant neuf semaines une défense glorieuse, 

pour prix de laquelle il fut nommé vice^roi de la pro* 

vince. La France n'eut pas plus tôt entre les mains cette 

place importante, que les Espagnols montrèrent au^ 

tant d'empressement pour la paix, qu'ils avoient na-> 

guère montré d'éloignement pour une négociation, 



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«T71LLAUME III. ^43 

Ce qui ne contribua pas peu à augmenter cet empres- ■■ 
«ement, ce furent les succès de M. de Pointis en Âme- ^ '^/] 
rique, où il prit Garthàgène. Il 7 fit pour huit millions tiolT de 
d'écus de butin. Ayant ruiné les fortifications de cette l'«"»»;ai 
place^ il eut avis qu'une escadre angloise, sous les or» auxindet 
dres de lamiral NeviK étoit arrivée dans les Indes occi- oc^^^^^c»* 

taies. 

dentales, avec l'intention de Tattaquer à son retour. Il 
mit aussitôt à la voile pour Bahama. Le 2a mai, il ren- 
contra la flotte angloise, et un de ses flibots fut pris. Mais, 
grâces à sa dextérité, ou à sa bonne fortune, il parvint à 
s'échapper, quoique poursuivi durant cinq jours. Alors 
Nevil se dirigea vers Carthagène ; il trouva cette ville en- 
tièrement abandonnée de ses habitants , qui , apràs le dé- . 
part de Pointis, avoient été pillés une seconde fois par 
les boucaniers , sous prétexte qu on les avoit frustrés de ^ 

leur part du butin. Us avoient en effet contribué aux 
succès de Pointis, et en avoient été mal récompenses. 
Au bout de quelques jours, lamiral angloîs découvrit 
huit de leurs vaisseaux; deux furent poussés sur lé ri- 
vage et détruits; on en prit deux autres , et le reste se ^ 
sauva. Nevil fit ensuite route pour la Jamaïque, et , sur 
lavis du gouverneur, il détacha le contre-amiral, avec 
quelques vaisseaux et des troupes , pour attaquer Petit- 
Ouavas, qu'il prit et réduisit en cendres. Après cette 
expédition assez peu importante , Nevil se dirigea vers 
la Havane, dans Fintention de prendre les galions sous 
son escorte pour les ramener en Europe, suivant les 
instructions qu il avoit reçues du roi. Mais le gouver- 
neur de la place et le commandant des galions conçurent 
des soupçons sur Toffre qu'il leur fit à ce sujet, et lui 
refusèrent l'entrée du port. Alors il fit voile par le 
golfe de Floride à la Virginie, où il mourut de chagrin. 



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344 HISTOIBE d'aNGLETKRRE. 

■""'"■■" Le commandement de la flotte passa au capitaine Dilkes, 
^^' qui arriva en Angleterre, le 24 octobre, avec l'escadre 
en très mauvais état, au grand déplaisir du peuple , 
trompé dans les espérances de gloire et de richesses qu'il 
avoit conçues de cette expédition. Pointis fit route pour 
Terre-Neuve , et entra dans la baie de la Conception ; 
dans le même temps qu'une forte escadre angloise; 
sous les ordres de Norris, étoit à Tancre dans la baie dé 
Saint-Jean. Cet officier, instruit de Tarrivée d'une flotté 
frauçoise, crut d'abord que ce ne pou voit être que l'es- 
cadre de M. de Nesmond , venu pour l'attaquer, et se 
hâta de travailler à mettre la place en état dé défense; 
Mai^^quand il apprit que c^étoit M. de Pointis, char^^é 
des dépouilles de Carthagène, il convoqua un conseil 
de guerre , et proposa d'aller aussitôt chercher l'cnnémii 
Ce .ne fut point l'avis de la majorité du conseil, qui pen- 
sa qu'on devoit rester où Ton se trouvoit, et ne point 
courir d'inutiles périls. Grâces à cette honteuse déter- 
xnination, Pointis put continuer sa route potir l'Europe. 
Mais il n'étoit pas encore échappé à tous les dangers : 
le i4 août, il rencontra l'escadre du capitaine Harlow^, 
qui le força de combattre jusqu'à ce que la nuit vînt 
les séparer. Il fut poursuivi le lendemain; mais ses 
toiles étant meilleures que celles de Harlow , il ne put 
être atteint et entra le jour suivant dans le port de Brest'. 
Que des vaisseaux nécessairement affoiblis par une lon- 
gue e^cpédition, eussent pu échapper à la poursuite d'une 
escadre angloise , nouvellement mise en mer, c'étoit 
un mystère que le peuple anglois ne comprenoit pas. 
Il s'imagina et se plaignit qu'on avoit trahi ses intérêts 
dans tout le cours de l'expédition aux Indes occiden- 
tales . Le roi ne 3e faisoit pas scrupule d'avouer son 



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GUILLAUME III. 34^ 

ignorance quant aux affaires maritimes, dont il aban- ^^ 
donnoit la conduite à lamiral Bussel , qui étoit devenu 
peu populaire, et qu'on supposa avoir été trahi par 
ses subordonnés; il est sûr au moins que le service 
avoit beaucoup souffert de la division qui s'étoit mise 
parmi les ofBciers, et qui eut pour la nation les mêmes 
effets que la trahison et la mauvaise conduite. 

Heureux en Catalogne, en Flandre et aux Indes ^'^^J^^"^ 
<>oci(lentales, les François ne le furent pas en Pologne. Saxe est 
Louis XIV, encouragé par Fabbé de Polignac, qui diii- ^l^l{^l^^^ 
geoit les affaires de France dans ce pays, résolut de 
soutenir vivement le prince de Conti dans ses préten- 
tions à la couronne, et fif distribuer de fortes soidjEnes 
d'argent parmi la noblesse polonoise. L'empereur s^étoit 
d'abord déclaré pour le fils du dernier roi; mais voyant 
le parti françois assez fort pour triompher de ce com- 
pétiteur, il entra en négociation avec l'électeur de Saxe, 
qui consentit à changer de religion, à distribuer huit 
millions de florins en Pologne, s'engagea à confirtner 
tous les privilèges , et fit avancer ses troupes sur la fron- 
tière du royaume. Alors il se déclara candidat, et sa cause 
fut publiquement embrassée par les Impériaux. Le duc 
de Lorraine , le prince de Bade et don Livio Odeschal- 
chi, neveu du pape Innocent, étoient aussi au nombre 
des compétiteurs. Mais ne se voyant point assez ap- 
puyés , ils réunirent leurs partis à celui de l'électeur, qui 
fut proclamé roi de Pologne. Il prêta aussitôt le serment 
requis , constata son changement de religion , et se por- 
ta avec son armée à Cracovie, où il fut couronné sui- 
vant les formes d'usage. Louis XïV n'en persista pas 
moins à soutenir les prétentions du prince de Conti , et 
fit équiper une flotte à Dunkerque, pour l'escorter jus- 



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346 HISTOIRE D*ANGLETERRE. 

^r — qu'à Dantzick , d où il devoit se rendre en Pologne. Mais 
^^' les magistrats de cette ville, qui s'étoient déclarés pour 
le nouveau roi, ne voulurent pas permettre que les trou- 
pes qui étoient à bord fussent débarquées , et offrirent 
seulement de recevoir le prince avec une suite peu 
nombreuse. Il aima mieux aller débarquer à Marien* 
bourg, où il fut joint par quelques chefs de son parti. 
Mais le nouveau roi Auguste prit si bien ses mesures, 
que son * rival jugesi qu'il lui étoit impossible de former 
une armée. Il soupçonnoit d'ailleurs la fidélité de ses par- 
tisans polonois : aussi ne voulut-il pas répandre les tré- 
sors qu'il avoit apportés, et , au commencement de l'hi- 
ver, il retourna à Dunkerque^. 

Lcczarde .L'élévatiou d'Auguste sur le trône de Pologne fut en 
voy^age^ grande partie l'ouvrage de Pierre, czar de Moscovîe, 

déyuisé. qui, ayant formé de grands desseins contre la Porte-Ot*^ 
tomane, n'auroit pas vu sans chagrin monter sur lé 
trône un partisan delà France, alHée du grand-seigneur; 
Il donna ordre à son général de rassembler une armée 
sur les frontières de Lithûanie, mesure qui, en intimi- 
dant les partisans du prince de Obnti , influa beaucoup 
sur l'élection. Ce grand législateur, étrange composé 
d'héroïsme et de barbarie, connoissant les défauts de 
son éducation, et l'ignorance grossière où ses états 
étoient plongés , résolut d'étendre ses idées et de per- 
fectionner son jugement par les voyages, et pour n'être 
ni gêné par le cérémonial , ni interrompu dans ses ob- 
servations par une importune curiosité, il crut ne pou- 
voir mieux faire que de voyager en gardant l'incognito. 
Comme un des objets de son ambition étoit de faire de 
ses états une puissance maritime, et particulièrement 
d'entretenir une flotte sur la mer Noire, il pensa que 



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GUILLAUME III, 34? 

sonpremiersôindevoit être d'apprendre la conetructipn 
des vaisseaux. Il nomma une ambassade pour aller en '* 

Hollande régler quelques points de commerce avec les 
états-généraux, et laissant l'administra tion de ses états 
aux personnes en qui il avoit le plus de confiance, il sa 
mit en route avec ses ambassadeurs, comme faisant 
partie de leur suite. Il se fit d'abord connoitre à Félec- 
teur de Brandebourgs en Prusse, et ensuite au roi Guil^ 
laume , avec lequel il eut à Utrecht des conférences par-* 
ticulières. Il s'engagea comme un ouvrier ordinaire 
souk un charpentier de navire , en* Hollande , et le servit 
pendant quelques mois avec beaucoup de patience et 
d'activité, après quoi il visita l'Angleterre, où il s'exer- 
ça particulièrement au même genre de travail. De là 
il se rendit à Vienne , et apprenant que sa sœur for- 
moit dans ses états des intrigues contre soi^ gouverne- 
ment, il se hâta de regagner la Moscovie. Il trouva 
toutes les machinations des conspirateurs déjouées psir 
la vigilance et la fidélité de ceux qui, en son absence, 
avoient été chargés du gouvernement. Son naturel sau- 
vage se manifesta dans cette circonstance ; il fit pendre 
tout autour de sa capitale plusieurs centaines de ses 
sujets; un grand nombre d'autres eurent la tète tran- 
chée, et l'on vit ce prince faire de sa propre main l'of- 
fice d'exécuteur. 

Il y eut pendant quelque temps beaucoup de lenteur Gongrci 
dans les négociations de Ryswick. Les ministres impé- R^sJick. 
riaux demandoient que la France rendit toutes les pla« 
ces et tout le territoire qu'elle avoit enlevés à l'Empire 
depuis la paix de Munster. Les Espagnols réclamoient 
tout ce qu'ils popvoient exiger en vertu des traités de 
^imégue et des Pyrénées. Les François répondoient 



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i697- 



348 UISTOIEE d'aNGLETERRE* 

que, si Içs préliminaires offerts par Gallières étoient 
acceptés, ces propositions ne pou voient être prises en 
considération. Les Impériaux persistoient à demander 
une réponse circonstanciée, article par article, et les 
Espagnols, voulant qu'on procédât à leur égard de la 
même manière, cherchoient à faire appuyer leurs pré^ 
tentions par le médiateur et les ministres hollandois: 
Les plénipotentiaires françois déclarèrent qu'ils n*ad' 
mettroient aucune demande ou proposition contraire 
aux articles préliminaires; mais quafin d'abréger les 
négociations ils étoient prêts à présenter un projet de 
paix. Les ambassadeurs espagnols consentirent à cet 
expédient. Durant toutes ces discussions le comte de 
Portland eut plusieurs conférences près de Halle avec 
le maréchal de Boufflers, a la vue des deux armées. Le 
2 août ils signèrent Fun et l'autre, dans une maison de 
Halle 9 un acte contenant les principaux articles de la 
paix entre la France et l'Angleterre. Le lendemain Guil- 
laume quitta le camp et se retira dans son château de 
Loo, avec l'assurance d'avoir pris pour la paix les me-* 
sures les plus efficaces. 11 s'étoit déterminé à cette né- 
gociation particulière dans la vue d'alarmer la jalousie 
des alliés, et de hâter ainsi les grandes négociations, de 
Ryswick ; car il avoit jugé que Tempereur ne manque- 
roit pas d'y apporter des lenteurs, et que, si tant d'in- 
térêts compliqués étoient discutés suivant les formes 
ordinaires, il s'éléveroit des difficultés sans fin. Avant 
l'ouverture du congrès , le roi Jacques avoit publié deux 
manifestes adressés aux princes catholiques et protes- 
tants de la confédération, et relatifs aux injustices qull 
avoit essuyées et dont il demandoit la réparation. Ses 
représentations ayant été inutiles, il protesta solennelle- 



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GUILLAUME ni. 349 

ment contre. tout ce qui pourroit être stipulé avec — ' — 
l'usurpateur de ses états. C'étoit le 20 juillet que les '* 

ambassadeurs François avoient présenté leur projet dé 
paix générale^ en déclarant que, s'il n'étoit pas accepté 
avant le dernier août, la France ne se croiroit plus liée 
pour les conditions quelle offroit alors. Kaunitz, plé- 
nipotentiaire de lempereur, intima qu'il ne vouloit 
point s'astreindre à cette limitation; cependant le 3o 
août il remit au médiateur un ultimatum j portant qu'il 
adhéroit aux traités de Westpbalie et de Nimégue, et 
acçeptoit Strasbourg avec ses dépendances ; qu'il insis- 
toit sur 'la. restitution de la Lorraine au prince qui en 
portoit le nom, et qu'il demandoit que l'église et le cha* 
pitre de Liège fussent rétablis dans leurs droits. Le len- 
demain les plénipotentiaires François déclarèrent que, 
le mois d'août expirant, toutes leurs offres étoient re- 
tirées ; qu'en conséquence leur maître garderoit Stras* 
bourg, et réuniroit pour toujours à sa couronne cette 
ville et ses dépendances ; que du reste il s'en tenoit aux 
autres parties du projet, et restitueroit Barcelone aux 
Espagnols; mais que les conditions dévoient être accep- 
tçes dans vingt jours , sans quoi il se croiroit en droit de 
les retirer. Les ministres des électeurs <^t^ princes de 
l'Empire remirent conjointement aux plénipotentiaires 
espagnols une note où ils leur représentoient les incon- 
vénients et les dangers qu'il y auroit, pour le corps ger- 
manique, à laisser la France en possession du Luxem- 
bourg, et les pressoient de rejeter toutes les offres d'un • 
équi violent pour cette province.; Ils en remirent une 
autre aux .états-généraux pour les engager à continuer 
U guerre, jusqu'à ce que la France accédât aux préli- 
minaires.- On n'eut aucun égard à ces notes. Alors les 



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35o ItLSTOIRE b'ANCteTEARE. 

* ambassadeurs impériaux réclamèreat les bons oflEcet 

' ^^' du médiateur, relativement à certains articles; mais, 
tout ce qu'il put obtenir de la France , Ait que le 
terme pour la conclusion de la paix entre cette puis- 
sance et lempereur seroit prolongé jusqu'au premier 
novembre, et que larmistice seroit. ponctuellement ob- 
servé durant tout ce temps. La France n accorda même 
ce délai que sous la condition que le traité avec TAb* 
gleterre, TEspagne et la Hollande, seroit signé le jour 
indiqué, quand même lempereur et FEmpire ne vou- 
droient pas y prendre part. 

On sïçine Eu conséquence Içs articles furent signés, leacsep* 
*^ '^'''^' tembre, par les ambassadeurs de Hollande « d^Angle- 
terre, d'Espagne et de France, malgré les plaintes des 
ministres impériaux ^ qui observèrent que c'étoit pour 
la seconde fois qu'on concluoit avec la France une paii 
séparée, et ajoutèrent que les états de l'Empire, voyant 
bien qu'on avoit abusé de leur crédulité, ne se laisse- 
roient plus désormais persuader si aisément d^entrer 
dans les confédérations. Dans certains articles parti"* 
culiers, passés entre la France et l'Angleterre, le roi 
Guillaume convint de payer annuellement à la reine 
Marie d'Esté, à titre de pension, cinquante mille livres 
sterling, ou telle autre somme qui seroit réglée par le 
parlement. Le traité se composoit de dix-sept articles. 
Le roi de France s'engageoit à ne point inquiéter le roi 
de la Grande -foetagne dans la possession ec dans le 
gouvernement de ses états, à ne point assister ses en* 
nemis, et à ne favoriser aucune conspiration contre sa 
personne. Cette oUigation éteit réciproque» On réta- 
blissoit la liberté du commerce. On nommoît des cônb 
missaires qui dévoient se réunir à Londres pour régler 



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GUILtAUifE III. 35i 

les prétentions des deux couronnes snr la baie d'Hud- — ' — 
son , déterminer les limites des places qui dévoient être '" 

rendues y et les échanges qu on devait faire. Il étoit 
stipulé qu en cas de ruptui^ six mois seroient accordes 
aux sujets de Tune et Tautre puissance pour disposer 
de leurs propriétés ; que les articles séparés du traité 
de Nimégue^ relatifs à la principauté d'Orange, rece- 
vroient leur entière exécution, et que les ratification» 
seroient échangées trois ^semaines après le jour de la 
signature. Les principales disposition^ du traité entre 
la France et la Hollande étoient une restitution mu* 
tuelle, une renonciation réciproque à toutes préten- 
tions d'une des deux puissances sur Tautre^ une con<^ 
firmatioq de la paix avec la Savoie , et le rétablissement 
du traité conclu en 1679 ^^^"^^ ^^ France et le ^an"** 
debourg. De plus les ministres hollandois conclurent 
avec la France nn traité de commerce, quifnt immé- 
diatement mis à exécution. L'Espagne avoit de gran* 
d^s raisons de se féliciter d'une paix par laquelle elle 
recouvroit Gironne, Roses, Barcelone, Luxembourg^ 
Charleroy, Mens , Courtray, toutes les villes , forte- 
resses et territoires pris par lesl^rançois dans la pro^- 
vince de Luxembourg, Mamur, le Braisant, la Flandre 
et le Hainaut , à l'exception de quatre-vingt-deux 
villes et villages réclamés par la France ; réclamation 
dont les arbitres dévoient être des commissaires, ou ^ 
en cas de dissidence , les états - généraux. La veille 
de la conclusion du traité , le comte de Pejmbroke, au 
nom. des alliés protestants , remit au médiateur un 
mémoire en faveur des François de cette religion , ré^ 
fugiés en Angleterre, en Hollande et en Allemagne; 
mais les plénipotentiaires françois déclarèrent , au nom 



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Iliyn 



35^ HISTOIRE D'aNÇLETERRE. 

de leur maître, que, comme il ne prétendoit point prê$' 
crire de régies au roi Guillaume à Tégard de ses sujets 
anglois, de même il entendoit jouir, à Tégard des siens, 
d'une entière liberté. On n'insista pas davantage; les 
traités furent ratifiés, et la paix proclamée à Paris et 
à Londres. 
Pacifîca- L'empereur tenoit toujours bon , et peut-être étoit-il 
néraUT ^i^couragé dans cette opiniâtreté par le succès de ses 
armes en Hongrie, où son général, le prince Eugène, 
obtint à Zente une victoire complète sur le grand-sei- 
gneur, qui commandoit son armée en personne. Cette 
bataille, livrée le 1 1 septembre, coûta la vie au grand* 
visir, à l'aga des janissaires, à vingt-sept pachas/ et 
à près de trente mille Turcs. Il y en eut six mille de 
blessés ou pris, avec toute lartillerie, les munitions 
et les bagages ; le grand-seigneur lui-même eut peine 
à se sauver. La gloire et la joie d'un pareil triomphe 
furent d'autant plus grandes, que les Turcs étoient 
fort supérieurs en nombre, et que les Impériaux ne 
perdirent pas mille hommes dans toute l'action. Quand 
l'empereur vit qu§ ce grand événement n'avoit pu re- 
tarder la conclusion du traité, il crut devoir profiter de 
l'armistice et continuer la négociation. Les princes.de 
l'Empire en firent autant, quoique ceux qui suivoient 
la religion protestante se plaignissent que leurs intérêts 
avoient été négligés. Par un des articles du traité il éloit 
stipulé que la religion catholique romaine coritinueroit 
à être exercée dans les places rendues par la France, 
de la même manière qu'elle y avoit été rétablie. Les 
ambassadeurs des princes protestants demandèrent que 
la religion luthérienne fût rétablie dans les lieux où 



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tttJlLLATJMfe III. 353 

die âvoit d*abot*d été dotninatite. Cette deiûande déplut 
à-Ià«-foid à la France et à Tempereur, et fut rejetée* *^^* 
Alors ceux qui Favoient faite refusèrent de signer le 
traité, qui fut enfin conclu entre la France, Fempereur 
et les princes catholiques de FEmpire. Par te traité , 
Trêves, le Palatinat et la Lorraine furent retidus à leurs 
princes respectifs. Les pays de Spanhein^ et Veldentz, 
avec le duché des Deux-Ponts, furent cédés au roi de 
Suéde. Le palatin François^Louis fut confirmé dans 
Félectorat de Cologne, et le cardinal Furstemberg re- 
couvra tous ses droits et bénéfices. Les prétentions de 
la duchesse d'Orléans sur le Palatinat furent remises à 
Farbitrage de la France et de Fempereur, et Félecteur 

> palatin s'engagea à payer annuelleipent à la duchesse 
cent mille florins. Les ministres des princes protestants 
publièrent une délaration formelle contre la clause re« 
lative à la religion, et protestèrent ensuite solennelle*» 
ment contre la manière dont la négociation avoit été 
conduite. Telle fut Fissue d^une longue et sanglante 
guerre, qui avoit épuisé l'Angleterre d'hommes et d'ar- 
gent, entièrement ruiné son commerce, perverti ses 
mœurs en favorisant la vénalité et la corruption , at^ 
tiré sur elle la malédiction de ses alliés, et accumulé 
sur sa tête une dette nationale qui peu-à-peu étoit de- 

, venue un fardeau insupportable. Après tant de sang et . 
de trésors répandus, l'ambition et le désir de ven- 
geance, qui dominoient Guillaume, n'étoient point en- 
core assouvis ; il avoit cependant obtenu le précieux 
avantage d'être enfin solidement établi sur le trône 
d*Angleterre, et si la confédération n'avoit pas réussi 
dans tous ses projets^ elle avoit du moins atteint son 

i 1 . 23 



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354 msraiitx D^MGLEtBRirEr 

■ but principal, qui étoit d'arrêter les entreprises éa, 
^^^* monar(]ue François» Guillaume, ayant terminé cette 
importante négociation» revînt en Angleterre vers le 
milieu de novembre, et fut reçu à Londres au milieu 
des acclamations d'un peuple transporté de joie d'être 
délivré d'une guerre qui ne ppuvoit se comtim^? sans 
k rédmre à la decmère misère. 



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UVRË VI. 

État des partis en Ançletetre. — Caractère des tainisttés. -^^ 
Le nombre des troapee permaBentes réduit à dix luille^ 
kommesk ^ Vote pour la lis^ civile. -^ Eodossements^ 
frauduleux de MUeis de i'échif|9iier* ^ KovveUe oompii-*- 
gaie des Indes orieatalea constituée par acte du parlement* 
•^ Soçiéié pour h réforiue des mœurs. — ' Le couate de 
Portlaud résigne ses emplois. ^- Le roi se montre peu fa-^ 
vorable à la comjpagnie d'Ecosse. — Il s^embarque pour la* 
Hollande. -*■ Premier traité de partage. — Intrigues de* 
la France à la cour de Madrid. — ^ Adresse des communes 
au roi. -^ La compagnie d'Écosie forme un établissement 
dans rîsthme de Darieo. -^ Remontrances de la cour d'fis* 
pagoe. -^ Les communes persistc^nt da^s leuri résolu* 
ttous. — Enquête sur Texpédition du capitaine Kidd. — 
Enquête sur les biens confisqués en Irlande. -— Bill qui 
déplaît extrêmement à Guillaume. -^ Les communes pas-^ 
sent un bill très sévère contre les papistes. — Rétablisse- 
ment de Fancicnnc compagnie des Indes orientales. — * 
Dangereuse fermentation en Ecosse. •«- Reofvot de lerd 
Soniers. — Second traitté de partage. *-* Une flotte angloise^ 
est envoyée dans la mer Baltique, r^ Le 9econd traité de 
partage e^t mal accueilli de plusieurs puissances.— Le crédit 
de la France prévaut & la cour d'Espagne. — Mort du roi 
d'Espagne. — Philippe reconnu roi d'Espagne par les états- 
généraux. — Nouveau ministère et nouveau parlement. — 
Lettre interceptée. — On régie la succession à la couronne. 
-^ Négociation infructueuse avec la France. 



£9 ouvrant la seasiou du parlement le 3 décettdi>re , je 1697. 
roi dit 9UX chambres qu'il avoit atteint soa but eu ten» État des 
iQiuant la guerre par une paix ttonorable; il leur repré- ^Ingl^^ 
senta qu'il étoit dû. coBsidérablement à la flotte et à ^^^^^ 
larmée^ que les revenus^ de la couronne avoient été 

s3. 



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ii6 HISTOIRE D^AÎïGLïrTirAKïr. 

---> anticipés , et leur témoigna Tespoir quHl avoit coneM 

>^1' qu'elles pourvoieroient à ses besoins pour sa vie en- 
tière » comme lexigeoit la dignité du gouvernement. Il 
leur recommanda Tentretien d'une marine considéra- 
ble^ Ilajouta.qa il ne eroyoit point que TAngleterre pût 
encore être, en sûreté, si Ton ne lenoit une armée sur 
pied, il leur promit de réformer lés abus qui s'étoieDt 
introduits durant la guerre dan^ quelques parties de 
Fadministration ^ et de prendre les mesures les pfus 
efficaces contre la corruption et llmmoralité ; enfin il 
les assura qu'après avoir sauvé des dangers les plus 
immioeiits leur religion ,p leurs lois et leurs libertés,. il 
mettroit sa gloire à défendre de toute atteinte ces biens 
précieux , pour les transmetti^ aux générations» sui- 
vantes dans toute leur intégrité. Les communes répon- 
dirent à ce discours par une adresse où elles félicitoient 
Guillaume de la paix qu'il avoit conclue, et promet- 
toient d'être toujours disposées à seconder un prince 
qui, ayant confirmé ses sujets dans leurs droits et leurs 
libertés, venott, en mettant fin à la guerre, de couronr- 
ner dignement l'œuvre de leur délivrance. Malgré ces 
apparences de satisfaction , la majorité du parlement et 
la nation entière ne voyoient point sans de grandes 
alarmes et une vive douleur, le projet de la cour de 
tenir une armée sur pied. Le génie de^Guillaume étoit 
absolument militaire. Il ne supportoit point l'idée d'un 
roi sans puissance , et ne pou voit se résoudre à ren- 
voyer ces officiers qui lui avoient donné tant de preuves^ 
de courage et de fidélité. Il eroyoit la force militaire 
nécessaire à la sûreté de son trôney dans un royaume 
plein de mécontents , qui avoient si souvent conspiré 
contre sa personne et son gouvernement ; il redontôit 
l'ambition du roi de France, qui entretenoit toujours 



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GUILLAUME III. 357 

une puissante armée ; il prévoyoit que la réduction de .—.i.-. 
la sienne diminueroit beaucoup de son importance au* ^%7* 
dedans et au-dehors, et le priveroit de ces étrangers 
<}ui avoient toute sa confiance. Il fit part de ées senti- 
ments au comte de Sunderland, qui connpissoitpar exr 
périence Ta version du peuple pour une armée perma*» 
nente , mais qui ne laissa paç d'encourager Guillaume, 
supposant que les communes feroient la différence d'un 
corps de vieilles troupes maintenu par le consentement 
du parlement pour la sûreté du royaume, à une armée 
levée par l'autorité privée du monarque. Mais cette 
différence, le peuple ne la fit point. Il sembla même 
que la seule proposition de Guillaume eût réveillé con- 
tre lui la même défiance qu'avoient d'abord manifestée 
les parlements précédents, et cette disposition des es* 
prits étoit encore accrue par un préjugé national contre 
les réfugiés, qui recevoient fréquemment du roi des 
marques d'une faveur particulière. Ils se montroient 
soumis , traitables , et mettoient toute leur ressource 
dans sa générosité. Les jacobites ne manquèrent pas 
d'étendre ces levains de mécontentement ; ils reprA- 
chèrent aux whigs d'appuyer le projet de la cour , et 
les représentèrent comme ayant abjuré leurs premiers 
principes, observant que les mêmes sujets qui, souç 
les derniers régnes, s 'étoient efforcés d'enlever au sou- 
verain sa prérogative , si nécessaire à la conduite et à' 
la marche du gouvernement , étoient devenus mainte* 
nant les défenseurs de l'étrange proposition d'entretenir 
une armée en temps de paix , et ne rougissoient pas 
d*a vouer que leur complaisance pour la cour ej^ cette 
occasion étoit l'effet du désir qu'ils a;voient d'^clure 
les torys de toute part à l'administration < Le plus grand 
nombre de ceux qui avoient adopté pour principes la 



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358 HISTOIRE D'ANGLEtERRE. 

' catrséddlarévolutidiiySé montrèrent en cette cîrcon- 
*^^' -^attoe o|>posés A la conr ; ils eraignoient qiic r^rtretieh 
^'une aimtée «tt temp^ de paix ne devim un usage et 
-une r^le <lu gouvernement , et que si Tépée diemeuroit 
'ériVte les main^ d'iiôimnès mercéÊraires ^ tandis que lé 
-peuplé ser0it<lé»aEr»tfé, lés libertés d^ la natîoh ne fti^ 
fSëUt à lameirci àé celui qili leS commanderok ; qu'il nt 
tptt p^r leur moyl^ dicter les élections, dominer lek 
pariieiàeftta, et enfin établir la tyrannie a^mit que }e 
peuple ftft en état dé prendre âUcù^e iriesure pour la 
^éfonse de ses droits, lié ne croyoient pas qu'9 ftft im>» 
possible de forme): une milice , qui , avec le concours 
tienne flotte ^ ftt en état de garantir le royaume des 
'•dangers d'une invasion. Ils étoient , au contraire , bien 
"persuadés qu'une mflîce réguHèremeht exercée au ma- 
^ieknent des armes acqtrerroit la dextérité des sdldatft 
'de profession y et surpasseroit ces derniers en courage, 
^rcequ'eHéseroit animée par des motifs d'intérêt et de 
'gentiment. A leurs yeux, la <yrande-Bretagne, environ- 
%iéè delà mer, protégée par des remparts ïlbttants, 
'pWMpléè d'hommes courageux et hardis, àe méritott 
^5 d'être libre, si ses habitants ne savoient d'éfendre 
cette' Kberté sans le secours des mi^rcenaires , qui étoient 
réell^neht les seuls esélàves du royaume. Cependant 
parmi les vrais amis de la patrie, il s'en trouvoit quel* 
qiiesDns qui combattoient césinaximes. Ils observoieni 
que tout étoit changé dans lé système militaire des 
gouvernements européens; que la guerre étoit devenue 
un véritable commerce?, -et la discipline utiè science qui 
ne pottvoit être apprise qpe de ceux qui tn faisoient 
leur unique profession ; que, puisque la France tentnt 
sur pied une armée nombreuse de lideffltes troupe^ eti 



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cniLLÀUME in. îSg 

^tat de s'embarquer pour le rivage opposé^ la sûreté de " 
la BatHHi exigeoit ittpérmttsemeQt qu'on eu entretint 
«n petit corps, que le {larletuent Voteroii ebaque ànr 
mée. Ils auroieM pu isu^t^rer un antre expédient qui , 
iNï peu d'années, auroit produit une milice d'hommes 
disciplinés. Si ies soldttts dé cette petite armée a voient 
iété enrôlés pour «un temps limité , à l'expiration duquel 
ils auroient eu dfoit à un o^fj^é, ote eût trouvé dans 
,tcmtes ies parties âm royaiiiae des volontaires qui se 
«croient offerts d'eux-mêmes, soit par le désir d^ap- 
-prendre le métier des armes et d^ prendre part aux 
événements , soit pat des contrariétés domestiques ou 
tout autre chagrin passager , qui pourtant n'auroit pas 
eu assex d'empire pour leur ftriré contracter, aux con- 
ditions ordinaires, un engagement illimité, ils auroient 
«été ren^lacés par d'autres volontaires, et, au moyen 
<l'une telle succession , tout lé royaume eût bientôt été 
rempli d'une milice disciplinée, au moins égale en cou- 
rage à une armée dé soldats de profession. Mais cet 
expédient eût contrarié le systèine dn gouvernement, 
t]ut craignoit plus les ennemis domeistiques que les en- 
nemis étrangers, et avoit soin d écarter adroitement 
tous les plans de cette nature, comme pouvant contri- 
buer à rendre les mécontents plus formidables. 



1693, 



Avant d'en venir aux délibérations du parlement Caractère 

des 
ministres. 



dans cette session , il est à propos de faire connoître ^^^ 



le ministère tel qu'il étoit alors. L'affection du roi pour 
ie comte de Portland avôit diminué à mesure que son 
4estime pour le comte de Sunderland s'étoît accrue avec 
son penchant pour mistriss Villiers , qui avoit reçu 
plusieiu*s marques particulières de sa bienveillance. On 
lâstire que ces deux favoris avoient supplanté le comte 



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1697. 



36o HISTOIRE d'angleterrc 

' de Portland , et que la place qu il avoit eue dans le cœur 
du roi étoit alors occupée par van Keppel , gentilhomme 
du pays de Gueldres , qui , de page de Guillaume, étoit 
devenu son secrétaire particulier. La jalousie ayant 
xendu le comte de Portland d'pne humeur très difficile , 
le roi prit le parti de Fexiler honorablement en le nom- 
mant ambassadeur extraordinaire à la cour de France ^ 
et Trumball, son ami et sa créature, fut privé de sa' 
place de secrétaire -d'état, qu'on donna à Yemon , 
homme entièrement livré aux affaires , qui avoit été 
sous secrétaire du duc de Shrewsbury. Ce nouveau mi- 
nistre balança le crédit du comte de Sunderland dans 
le conseil, et fut soutenu par Somers, lord-chancelier 
d'Angleterre , par Bussel , depuis peu comte d'Orford, 
premier lord de l'amirauté , et par Montague, chance* 
lier de Téchiquier. Somers. étoit un juge intégre , poli- 
tique habile, courtisan consommé, d'un caractère af- 
fable, doux et insinuant. Ce caractère n'étoit pas celui 
d'Orford, qui paroît avoir été dur, turbulent, factieux 
et sombre. Montague s etoit d'abord annoncé comme 
un grand poète; mais s'étant bientôt tourné vers une 
carrière plus solide, il s'étoit fait remarquer par son 
éloquence ,. sa sagacité et une profonde connoissance 
de la constitution angloise. Au goût le plus délicat il 
joignoit la passion des études politiques , et embrassoit 
à-la-fois tout ce qui pouvoit donner de l'agrément à son 
esprit et servir à son ambition, il fut le protecteur le 
plus éclairé des beaux* arts, et comme le patron des 
hommes à projets. Libéral, aimable et familier dans sa 
vie privée, il se montroit, dans ses fonctions d'homme 
d'état, hardi, absolu et entreprenant, 
I^'appréhension d'une arméç periiiançnte avoit pro^ 



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GUILLAUME tlî. 36l 

duît une fermeotatioa si universelle , que les partisans 
ae la cour dans la*chambre des communes n osèrent , 

Le nom- 

s'opposer ouvertement à la réduction des troupes. Ils bre des 
se bornèrent à mettre en œuvre toute leur adresse pour JJ^"][*** 
persuader à la chambre de consentir à ce qu on en re- nentes 
tint un petit nombre. La chambre ayant voté le licencie- ^^]^ nliu« 
ment de toutes les troupes levées depuis Tannée i6So, Sommes, 
ils demandèrent qu'on revint sur la délibération, sous 
prétexte que ce vote réduiroit le roi' aux anciens régi- 
ments de torys, dans la fidélité desquels il ne pouvoit 
avoir une pleine confiance. Cette motion fut rejetée à 
une majorité considérable. Ils proposèrent alors un 
amendement qui neut pas plus de succès, et deman- 
dèrent enfin qu'on accordât cinq cent mille livres sterl. 
par an, pour Tentretien des gardes et des garnisons. Ils 
ne purent faire adopter cette proposition , quoiqu'elle 
fût appuyée par un grand nombre de membres, et tout 
ce qu'ils purent obtenir fut qu'on allouât trois cent cin- 
quante mille livres sterling pour 1 entretien de dix mille 
hommes , auxquels on en ajouta ensuite trois mille pour 
le service de mer. Guillaume fut mortifié de toutes ces 
résolutions des communes , jusqu'à dire à ses amis par- 
ticuliers qu'il ne se seroit jamais mêlé des affaires de la 
nation s'il avoit prévu qu'on dût montrer à son égard 
tant dlngratitude et de méfiance. Son chagrin fut en- 
core augmenté par le ressentiment de cette chambre 
contre Sunderland , aux conseils duquel on attribuoit 
la proposition d'une armée permanente. Ce seigneur, 
. appréhejndant la vengeance des communes , se déter- 
mina à conjurer l'orage en résignant sa place, et en se 
retirant de la cour malgré les instances de ses amis et 
du roi lui-même. 



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36a HISTOIRE d'akcletehre. 



' . .. . La chambre des communes , afin d'adoucir le eot^p 
^^' qa elle yenoit de porter au roi , vota sept cent mille \W. 

ponr U sterling par an pour la liste civile , îndépendaÉtmetot de 
civVlc ^^^ autre service. Elle accorda ensuite Un subside , pour 
«ompléter les fonds destinés à éteindre les btHets de 
Téchiqui^ , qui s'élevoient à la somme de deuii mil- 
lîtms sept cent «tille livres st^ing. Un autre subside 
fui affecté au paiement dés trotipes > y compris la demi- 
paie de tous les officiers nés sujets de TAngletérré et en 
non-actii^té par Tefiet de la réduction. On Vota un mil- 
lion; quatre cent mille livres «terling-, pour combler les 
idtficits. La somme de deux millions trois ceiit ^Uà- 
4*ante*huit mille cent deux livrés sterling fut jugée né- 
^cessaîre pour le paiement des arrérages des subsistan- 
ce&, ainsi que des ^officiers-g^énéraux , des gardes et des 
luratsons ; environ un tiers de cette somme detoit rester 
entre les mains du payeur. Les communes s'occupèrent 
ensuite des sabsides dus aiix puissances étratigèré^ , et 
4e ce qui restoit à payer aux entrepreneurs des vivreis 
«t fourrages. Par un examen gi^éral des dettes de la 
nation , dles trouvèrent que celles de la marine s'éle- 
vment a un million trois cent quatre-vingt-dotlise «lilie 
i^ept cent quarante-deux livres sterling, oetks lierai^ 
tillerie à deux cent quatre mille cent cinquante -sept 
livres sterling^ ceHes q«'4»n nvoit contract^ée^ pour le 
transport des mumtions et des troupes deslinééls à ré- 
duire rirlande , et pour d'autres services , à qtotk^e cent 
jaoixante-six mille quatre cent quatre-vii^-tr^erté livres 
^erling ; à quoi il felioit ajouter qtiarQÂté-neuf mille 
neuf cent ^ingt^neuf livres sterling pour les fixais d^ 
quartiers d'hiver et d'habillement de l'armée levée e'À 
1677 P^^ ^^^^ ^^ parlement, et licenciée par un autre 



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GUILLAUME III. 365 

acte en 1679. Comme une dette aussi énorme ne pou- • ^ 

voit être acquittée à-la-foîs , les comoiunes passèrent ' ^^* 
plusieurs biUs à Teffet de lever des fonds suffîeantls 
pour la diminuer considérablement , et continuèrent Ift 
taxe sur les terres et autres impositions. A Tégard àé 
la liste civile, la^ofume déterminée de voit être produite 
par un nouveau droit de tonnage et poiafidage, une ^6ft» 
tinuation limitée ^e Taccise , les revenus dû duché de 
Cornouailles, les rentes de toutes tes autres terrés ap- 
|>artenant à la couronne en Angleterre et dsUls le pays 
de Galles , le droit de quatre et demi pour cent sur cièr- 
tains objets venant des Barbades et des tles-feou«4e 
Vent, et plusieurs autres taxes. Le bill portoit qu^il 
seroit rendu compte au pai^Iemem du surplus de ces 
fends. Sur les sept cent mille livres sterling Votées pour 
là liste civile, cent mille étoient affectées à payer à la 
reine Marie d'Esté le douaire fixé par le traité de Rys- 
y^ick , et à former une maison potjr lé duc de Glocester , 
fils de la princesse Anne de DaTOmarck , alorg kgé dé 
lieuf ans. Maié le douaire ne fin jamais payé , et Guil- 
latimeue voulut pas qu'il fût alloué plus de quinze mille 
livres stei4ing par an pour ie duc de Glocester , dont 
Bùmet, évéque deSalisbury, fut nommé précepteur. 
' Après avoir discuté les moyens de lever les subsides Eo<Io9se- 
de Tannée suivante , qui s elevoîent à près de cinq mil- f" uj„. 
lions sterling', les communes prirent connaissance de lenx de 
quelles endossements frauduleûîc ée WHets de l'échi" Vëchi- * 
quier, espèce de friponnerie qui avoit été pratiquée* q«*6r, 
par une compagnie composée de Charles Duncomb , re- 
éeveur - général de l'accise; Baithélemi Burton , qui 
6ccup6it une place da1[is la même partie; JeànRuigbt, 
trésorier des douanes, et Begitiald Bferriot, commis- 



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3i64 HISTOIRE d'aNGLETER&E. 

— compteur deTéchiquier. Ce dernier joua le rôle de dé- 
^'* nonciateur, et les preuves furent si accablantes que la 
cbambre crut devoir, faire un exemple sur les coupa- 
bles. DuQComb et Knight^Tunet l'autre membres du 
parlement , en furent exclus , et on les mit à la Tour ; 
Burton fut envoyé à Newgatei et il y eut ordre de dres- 
ser des bills contre eux. Le premier de ces biils , relatif 
à Duncomb, passa à la chambre-basse , quoiqu'avec une 
forte opposition ; mais il fut rejeté à la chambre des 
lords , à la majorité d'une seule voix. Il en fut de même 
des deux autres bills. Duncomb , qui étoit fort riche , 
paya , dit-on , de grandes sommes pour se tirer d'af- 
faire. Déchargé par les pairs de la peine d'emprison- 
nement j il fut de nouveau décrété par les communes , 
et demeura en prison jusqu'à la fin de la session. Pen- 
dant que les communes étoient occupées des subsides, 
quelques membres de l'opposition proposèrent d'ap- 
pliquer au service public un quart de l'argent prove- 
nant des dons faits par la couronne sans motif, plau- 
sible. Une telle proposition devoit rencontrer beaucoup 
d'ennemis , parcequ'elle affectoit non seulement les 
virhigs du régne de Guillaume , mais même les torys 
qui avoient reçu des dons de Charles II et de son frère. 
Un grand nombre de pétitions furent présentées contre 
cette mesure^ et il s'éleva tant de difficultés que les 
deux partis , après quelques recherches , s'accordèrent 
à passer outre. Dans le cours de l'enquête , on découvrit 
qu'un certain Railton étoit dépositaire d'un don pour 
M. Montagne, chancelier de l'échiquier II fut aussitôt 
proposé de demander le renvoi de ce ministre. Mais 
une grande majorité rejeta cette motion , et » loin.de le 
poursuivre, la chambre déclara, par un vote exprès^ 



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GUILLAUME IIL 36S 

qu'il méritoit la faveur de sa majesté, en raison des'ser- ^ ^ 
Vices qu il avoit rendus au gouvernement. * 

Ce vote extraordinaire présageoit infailliblement le Nouvelle 
succès du projet qu'avoit formé Montague contre la; ani^^dèi 
compagnie des Indes orieQtales. On avoit sondé cette fndes 
compagnie pour savoir si elle voudroit avancer , à titre °co^sti^* 
de prêt , une somme d'argent applicable au. service pu-, ^«ee par 

-ai- > 1) 1 • 9 • ^cte du 

bhc, pour pnx d un acte parlementaire qu on passeroit parle- 
en sa faveur; elle offrit de fournir à ce prix sept cent »«»*• 
mille livres sterling ; mais avant qu'elle s'y fût détermi- 
née, un autre corps de négociants , sous les auspices 
de Montague, offrit de prêter deux millions sterling à 
huit pour cent, pourvu qu'on lui accordât le privilège 
exclusif du commerce des Indes orientales. Cette pro- 
position fut très bien accueillie par la majorité de 4a, 
chambre des communes. Un bill fut. dressé pour cet 
objet avec une addition de clauses réglementaires. 
L'ancienne compagnie fit une pétition pour exposer ses 
droits et ses titres, fondés sur tant de chartes royales. 
Elle insistoit sur les égards qu'on devoit à plus de mille 
familles intéressées dans son capital , et sur l'attention 
que méritoient les biens qu'elle possédoit dans l'Inde , 
et qui.montoient à quarante-quatre mille livres sterling 
de revenu annuel. Elle représentoit qu'elle avoit de* 
pensé un million sterling en fortifications ; que durant 
la guerre elle avoit perdu douze grands vaisseaux, éva- 
lués à quinze cent mille livres sterling ; que , depuis la 
dernière souscription , elle avoit payé deux cent quatre- 
vingt-quinze mille livres sterling de droits , et plus de 
quatre-vingt-cinq mille en taj^'es; qu'elle avoit fourni 
six mille barils de poudre dans une occasion extrême- 
ment pressante, et quatre- vingt mille livres sterling 



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364 nisTQUÊ s^'iNcitEtenAÉ^ 

""TT** f^mr k eîroiikititf»a de kiUets <fe i'éclià}fsieF, émâ ttjM 
*^ * conjoncture cxiiiqae^ sm la deoiamdk: de& lorda de la 
tréaorerie^ qui aboient avoué (}u*eUe readoîl «n eela un 
graod aervice aa gouyerneoient.. Cas i«0u>litBaiicesi 
ft ayant produk aucun effet, la eosoipagim^Btreprit de 
frire le ptêt de deux niUkina stediÎBg,. et souscrivit 
aussitôt deux cent mille livres sterliiig, ceoune premier 
patenoeikt. Les propositicyas faites de part et d'autre 
lurent comparées et attentivement exaniinées ^ et la 
finajorité se déclara pour le lûll^ q^ fut envt^yé à la 
chambre des lords. L^auciepne compagnie présenta une, 
autre pétition à cette chambre , et fiit entendue par le* 
conseiL Le bill fut néanmeins adopté; mais ce He fut 

^ pas sans une opposition tràs vive ^ et il y eut même une 

protestation formelle de vingt-un lords^^ qui regardoii^t 
une telle résolutioa comme une injustice. Cet acte qui 
prononçoit la dissolution de 1 ancienne compagnie^ 
nuisit considéraUement à la réputation des whigs, qui,, 
depuis quelque temps, arment beaucoup perdu dans 
Fesprit du peuple. Ils avoient soutetiu le projet d^itne 
armée permanente; maintenant ils abolissoient iiijus-^ 
tement la compagnie des Indes orientales. Om les accu-* 
Soit d'aiileurf d'avoir volé le public en dissipant le trésor 
nalionaly et d'avoir amassé des richesses par des oon-- 
tr»ts ueurairea, aux dépens de leurs ooBciteyeBs, que 
gémissoient sous 1^ l^rdeaux les^ plus accablants. Ce 
qu'on ne peut contester, c'est que les whigs étoient à 
cette époque les agentsf les plus mercenaires et tes plus 
corrompus qui eussent été employés par aucun sou-^ 
verain ou aucangouvernem^it, depuis l'étabUseanent 
de la monarchie angloise. 
L'attention des communes se porta alors sur certaine- 



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éiîriiLi.Aiisi£ ni. ^6j 

objets qui întértssoiflDt le peuple irlandoi6« Le co1<mm1 '""TT' 
IVtîtchebaroe , iqui, penciaiit le siège de Londooderry, ^^' 
avoît eu part att/gQU^emenieiit de cette place, présent» 
une péliti&n à la diambre au nom des officiers et soldats , 
auxquels il éteîi dû Kine somne considérable. La ville 
elle-même impkMroitlaH^iatiim àescommunes auprès 
de sa mi^esté , pour qu'on lui tint coinpte de oe qu^elle 
avoil souffert et des services qu^elle avoit rendus. La 
chambre, aynt examiné ces diverses représentalions/ 
recommanda» par une adresse, les habitants de Ldtt<>< 
4osiderry à la faveur de sa majesté, pour qu'ils ne restas-' 
s^nt pas plus loag-temps exposés au mépris de leur» 
ennemis, et que leur exemple ne servk poipt à décour* 
rager les sujets zélés et fidèles. • Les communes deela* 
jvpient en même temps que le gouverneur et ki garni** 
son avoient droit à des marques particulières de la 
faveur royale. CkiiBanme répondit qu'il afuroit égard à 
ces recommandations. 

GttiUaumie Molineux, gentilhomme dé Dublin , ayant 
publié un livre oti il s'efforçoit de prouver que le royau' 
me d'Irlande étoit indépendant du parlement d'Angle-^ 
terre, la chanibre nomma un comité pour examiner le 
motif et la nature de cet ouvrage. Sur le rapport du 
comité, le roi fut prié de donner ses ordres pour que 
Fauteur fût découvert et puni.. Les communes en côrpe 
présentèrent à sa majesté une adresse où elles appek 
loient son attention sur les entreprises dangereuses fer^ 
mées depuis quelque temps par quelques sujets dli^ 
lande pour. se soustraire à la dépendance de TAngle- 
terre; entreprises qui se manifestaient non seulement 
par ^eâ hardies et pernicieuses assertioM' t;6ntenue$ 
dans le livre récemment publié , mais sur-tout par cer*^ 



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368 HISTOIRE d'angletebsë. 

' taÎDS voted et certaines^ démarches des commîmes d'îi*- 

*^^ lande. Cette chambre, durant sa dernière session, avoit 
transmis un acte pour la plus grande sûreté de la per* 
sonne et du gouvernement de Guillaume; elle y préten- 
doit qu'un acte du parlement anglois devoit être refait 
avec des changements obligatoires, pour les cours de 
justice et le grand sceau. Les communes d'Angleterre 
supplioient sa majeâté de prendre les mesures les plus 
efficaces pour prévenir désoi*mais de semblables usur- 
pations, et les conséquences pernicieuses que pour* 
roient avoir celles qui avoient eu lieu ^ en punissant 
ceux qui en étoient coupables; de veiller à ce que les 
lois qui régissoient le parlement d'Irlande et restrei- 
gnoiept son pouvoir fussent complètement observées , 
et d'empêcher tout ce qui pourroit tendre à affoiblir 
la dépendance de l'Irlande. Cette remontrance fut très 
bien accueillie, et le roi protnit d'agir en conséquence. 
La jalousie des communes envers le gouvernement d'Ir-' 
lande leur fit faire d'autres démarches pour rendre 
plus sensible la dépendance de ce royaume. Informées 
que les Irlandois avoient établi plusieurs manufactures 
de laines , elles supplièrent le roi de prendre les mesures 
les plus propres à faire tomber ces établissements , qui 
nuisoient à ceux de l'Angleterre , et à rendre florissantes 
les manufactures de lin, dont l'utilité étoic la même 
f pour les deux pays. Ayant reçu avis en même temps 
que les François avoient attiré quelques manufacturiers 
anglois, et formé en Picardie un grand établissement 
pour la fabrique du drap y elles dressèrent un bill à Vet- 
fet d'expliquer et de faire ainsi mieux exécuter les actes 
précédents^qui interdisoient l'exportation des laines, des 
terres à foulon et terres à dégraisser^ et ce bill passa aiis* 



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(^mtLAtJMË m* i6^ 

sljtôt e]:^lôi. Vûè pétition fut présentée à la chainbre par ^ ^ 
la coinpa^ie de.s fabricants de taffetas contre des mar-* ^ 
chands qui avoient introduit par contrebande des taf* 
feta^ de France, même pendant la guerre; le cotnitéde 
commerce eut ordre de faire une enquête j qui dévoila 
tous les secrets de ce tt*afic« Sur le rapport du comité ^ 
la chambre déclara que les maniifactures de taffetas éta-*. 
blies en Angleterre ayoient été profitables au royauitie ; 
qu'il y avqit eu pendant la guerre un commerce préj udi<* 
ciable et illégal pour l'importation des marchandises dâ 
cette espèce^ commerce qui avoit frustré le gouverne<*. 
ment de ses droits de douane ^ et singulièrement décou^ 
ragé les manufactures imgloises; que les vaisseaux em-. 
ployés à cette contrebande avoient également servi à 
donner aux François des communications durant la 
guerre^ et à transporter les ennemis du gouvernement 
hors des atteintes de la justice* Etienne Seigooret^ 
lihene, Baudoin^ Jean Goodet, Nicolas Santini^ Pierre 
de;Hearse} Jean Pierce^ Jean Dumaitre et David Bar-* 
reau furent accusés à la barre de la chambre dès pairs ^ 
etf sur Taveu de leur culpabilité, condamnés à deê 
amendes proportionnées aux torts de chacun< Ils furent 
enfermés à Newgate jusqu'à ce qu'ils les eussent payées^ 
et les communes demandèrent au roi que l'argent pro^* 
venant de ces amendes fût appliqué à l'entretien de 
Thôpital deGreéUMrich. La chainbre fit ensuite quelque^ 
nouveaux règlements pour le commerce d'Afrique, et* 
présenta au roi uneadressesolennelle, où, en appelant 
aoa attention sur la corruption des mœurs de cettci» 
époque 9 elle le snpplioit d'enjoindre à. tous ses juges/ 
justiciers et magistrats de mettre en exécution les Jois, i 
contre l'impiété et Timmoralité* GiuUaui|ie se mcKUtta^ 



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Bflturs. 



370 HISTOIRE D'ANGLETÉRIlïr^ 

* *■' ; fort satisfait de C5ette démarche, promit de doniïér ïfflr' 
^ ' uiédiatement les ordres les plus favorables à la réfor^ 
me des mœura, et téœoigoa son désir qu'A fut pri» 
des précautions plus efficaces pour la suppression de 
quelques livres impies^ contenant des doctrines contre 
la trinité, doctrine» alors très i^épandues et qui étaient 
le fruit de la licence et de la corruption de ce temps"» 

Société Au milieu de ce» déplorables désordre»,, le docteur; 

îéîbrme Thomas Bray, eccléstastique plein de aéle et d'activité ^ 
des forma un plan pour la propagation de Févangile dan» 
les pays étrangers^ Des missionmaire» furent envoyé» 
àêjaê le» eolonie» angloise» d^Amérique,. avec des caté*^ 
cfai$mes , des liturgies^ et autres Irvres destmés à Un* 
struction du peuple. Ges louables efforts furent soute* 
nus par une contribntion volontaire, et un biU ayant 
été présenté à la ebankbre des cominvnes à TefTèt de 
mieux connoître quels étoient le» bien» cfmsaerés à des^ 
usx'rges superstitieux , le docteur Bray demanda par une 
pétition qu une partie de ces biens fut mise à part pour 
servir à la propagation de la reKgion réformée dans le 
Marylatid^ la Virginie et les Ues-sous-le-Vent. A-pei:^- 
prè» ver» le même temps ,. il se forme son» le» auspice» 
^t la prolcecion du roi , une société pour la réforme de» 
m^urs. On Bt de» collectes considérables pour Penere» 
ûea des ecelésiastiques qui feroient des lectures et de» 
prière» à certaines heures ^ dans les lieux destinés ai» 
euli;e publie,, et administreroient le sacrement tous le» 
dimanche». Le» membres de celte société convinreni 
d'instruire les magistrats de tous les désordres qui 
vœndroient à leur eonnoissance, et d'employer lai par* 
lie des amendes réservée par la loi aux dénonciateurs^ 
& former un fond» de charité. Les af&ire» de la »essioa 



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étant termidéet) le 3 juilkt, Guillaume prorogea leâ " \yz " 
chatnbres, après les avoir remerciées en peu de rapts 
des témoignages d affection qu'elles lui avoient don- 
Dés 9 et deux jours après Cette prorogation le parlement , 
fiit dissous» 

Datisle mois de janvier, le comte de Portland^ nomtné, Le comtt 
comme on a vu » ambassadeiir en ^France ^ étoit parti portî^^a 
pour ce royaume ^ où il reçut des marques toutes par- résigne 
ticulières de distinction. Il fit son entrée publique à 'piou/ 
Paris avec une magnificence qui étonna ^ dit-on, la 
nation Françoise» Il intercéda pour les protestants de 
cette nation, persécutés avec une nouvelle violence, il 
proposa de reléguer le roi Jacques à Avignon , où Guil-* 
Jaunie lui feroit une pension honorable. Mais ses te* 
montrances sur ces deux points furent inutiles. On 
croit néanmoins que Louis XIV, dans une conférence 
particulière à Marly, lui communiqua le projet d'un 
traité de partage des états espagnols. Le comte de Port* 
land, à son retour en Angleterre , se trouvant tout-à- 
fait éclipsé dans la faveur du roi par Keppel , nouvel- 
lement créé comte d^Albemarle , se dégoûta de ses 
emplois et les résigna. Le roi ne put le faire consentir 
à reprendre aucune fonction dans sa maison; mais le 
oomte de Portland promit de servir ce prince en toute 
autre occasion , et fut bientôt après employé à négocier 
1^ traité de partage. Si ce seigneur ne réussit point dans 
c/e qui faisoit Tobjet de son ambassade à la cour de Ver- 
sailles , les agentè de France ne furent pas plus heureux 
dans leurs efforts pour rétablir le commerce avec les 
Anglois , imerrompu par la guerre. I<es commissaireai 
fraoçois , envoyés à Londres pour régler les relations 
commerciales ei|tre les deux nations^ rencontrèrent 

^4. 



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/ 



3;» HisToiHE i^'anoleterhë^ 

^ d'insurmontables difficultés. Lé parlement* avoit iiM-^ 
^ogo- ^^ ^^^ j^ marchandises des droits très onéreux , dont 
le revenu avoit élé d avance affecté à divers usages, et 
les routes du commerce étoient entièrement changées. 
Les négociants anglois foumissoient leur nation de 
vins dltalie » d'Espagne , de Portugal', ainsi que de 
toiles de Hollande et de ^lésie, et des manufactures de 
papier y de chapeaux, d'étoffes et de soie a voient été 
heureusement transportées en Angleterre par les réfu- 
giés françois* 

f .^ Le roi se Dans le même temps , une antre fermentation s'étbit 
pTu ?avo- ^l^vée en Ecosse par l'opposition qu'avoit éprouvée la 
vable à la nouvclle Compagnie; elle avoit employé en Angleterre , 
enîrïL. ^^ Hollande et à Hambourg , divers agents chargés de 
€OMe. recevoir des souscriptions. Mais les spéculateurs an-^ 
glois avoient été intimidés par les mesures prises dans* 
le parlement contre cette compagnie. D'un autre côté, 
la compagnie hoUandoise des Indes orientales avoit pris 
Talarme , et mis en œuvre tout son crédit pour empe-' 
cher ses compatriotes de souscrire. Guillaume permit 
même à son résident à Hambourg de remettre au sénat 
de cette ville un mémoire contre la compagnie écos» 
«(Hsé. Le parlement d'Ecosse ayant été assemblé par 
le comte de Marchmond» commissaire du roi, la corn* 
pagnie présenta des observations touchant la conduite 
I . de la chambre des communes d'Angleterre à son égard ^ 

I et contre le mémoire remis au sénat dé Hambourg , 

pour désavouer Tacte du parlement et les lettres-pa- 
tentes passées en sa faveur, et menacer les habitants de* 
cette ville du ressentiment de Guillaume ^ dans le cas 
où ils prendroient part à l'entreprise des Écossois. Ces 
démarches , étoit-il dit dans ces observsitions^ avoient^ 



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GUILLAUME IH. 'i^i 

arrêté les souscriptions en Angleterre et à Hambourg , — — 
porté- le plus grand préjudice au crédit de la compa- ^^ * 
gnie , tt faisoient craindre la ruine entière d une entre- 
prise dans laquelle étoient engagées toutes les familles 
considérables de la nation. Le parlement, prenaiit cette 
affaire en considération, représenta à Guillaume, pat 
une adresse, les dangers auxquels on venoit d'exposer 
la compagnie , lui fit connoitre combien la nation en 
général étoit intéressée dans cette entreprise, et le sup-^ 
plia dQ la soutenir par des oiesares efficaces. Cette 
adresse fut suivie d'une requête de la compagnie elle- 
même , qui prioit le roi de ne point s'opposer à ce* que 
les habitants de Hambourg renouvelassent les souscrip- 
tions qu'ils avoient retirées , de mettre à sa disposi- 
tion deux petites frégates qui étoient restées inutiles 
dans le port de Bumt-Island, et de la dédommager des 
obstacles qu'elle avoit éprouvés en lui continuant ses 
privilèges et immunités pour tout le temps qu'il jugeroit 
convenable. Le commissaire , quoique entièrement dé- 
voué au roi qui avoit résolu de ruiner cette compagnie , 
ne pot apaiser le ressentiment de la nation écossois^^ 
et l'animosité du parlement devint si violente qu'il fut 
obligé de l'ajourner au 5 novembre. Dans eetintervalleii 
les directeurs de la compagnie, instruits par leur agent 
de Hambourg que l'adresse du parlement et leur propre 
pétition n'a voient produit aucun effet, écrivirent au 
lord Seafield , secrétaire-d'état , une lettre de plaintes , 
lui Élisant observer qu'ils avoient reçu l'assurance réi- 
térée que le roi , d'après leur requête , avoit donné des 
ordres à son résident à Hambourg, et sollicitant sott 
intervention pour qu'il fùt rendu justice àla compa- 
gnie. Le ministre I dans sa réponse » promit de saisir U 



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1698. 



374 HISTOIAE D'ANGLETERRE. 

' première occasion favorable de recomihanëer cette af«- 
faire à sa majesté ; mais il ajouta que cette occasion ne 
pouvoit se présenter de quelque temps , le roi se troa<» 
vant absorbé par des occupations fort importantes; 
Cette réponse ne parut aux directeurs que ce qu'elle 
était y c]fs§t"à-dire une pure défaite, et ne contribua pas 
peu à aliéner lesprit du peuple écossois de la personne 
et du gouvernement du roi. 
lls'embar. Guillaume méditoit alors un projet de là plus haute 
^r* hT*^ ^P^'^^^^^® pour les intérêts de l'Europe, concernant 
lande, la succession du trône d'Espagne , qui ne pouvoit tarder 
à être vacant par la mort de Charles II, dont le dépéris^ 
sèment devenoit de jour en jour plus rapide. Ce prince 
avoit été naguère à Fextrémité , et la nouvelle de son état 
n'étoit pas plus tôt parvenue en France, que Louis XIV 
avoit envoyé une flotte vers Cadix , avec ordre d inter*^ 
çepter les galions , dans le cas où le roi d'Espagne 
mourroit avant qu'ils fussent de retour. Guillaume en- 
vo^'a une autre flotte pour les protéger ; mais elle ar- 
riva trop tard , et les galions seroient tombés entre les 
mains des François , si le roi Charles n'étoit relevé de 
cette maladie , à la grande surprise de ses sujets. Mal* 
gré ce bonheur inattendu , la santé de ce prince demeura 
si foible et si chancelante, qu'on appréhendoit à chaque 
instant une rechute. A la fin de juillet , Guillaume ^'em- 
barqua, pour la Hollande, sous prétexte de donner un 
peu d^ relâche à son application aux affaires, ce que 
senjibloit exiger .sa constitution. Il étoit bien aise de 
s absenter quelque. temps d'un pays où il avoit éprouvé 
tant d'oppositions et tant de chagrins. Mais le motif 
réel de son voyage étoit le dessein de traiter avec le roi 
de France , loin des yeux qui auroient pu pénétrer 



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GUILLAUME ni. 37S 

r<»bjet de cette négociation. Il avoit établi une régence — — 
pour gouverner le royaume jusqu'à son retour ; le comte * ^ ' 
de Marlborough, qui étoit rentré en grâce , et avoit été 
nommé gouverneur du duc de Glocester, en fais(Ht 
partie. A son départ , Guillaume avoit laissé au minis- 
tère des ordres cachetés pour qu'on gardât seize mille 
hommes de troupes » nonobstant le vote des communes , 
quiavoient fixé à dix mille le nombre de celles qu on 
devoit conserver. U motivoit ces ordres sur rappréhen«- 
sion des troubles qui pourroient s'élever à la mort dn 
roi d'Espagne, et il espéroit que le nouveau parlement 
seroit plus favorable. Ses ennemis tirèrent avantage de 
c^te circonstance pour déprimer de nouveau son ca^ 
ractère aux yeux de ses sujets. 

Après avoir assisté à l'assemblée des états-généraux, Premier 
et donné audience à divers ambassadeurs à La Haye^ palt^j^et 
Guillaume se rendît à sa maison de Loo, aocompagné 
des comtes d'Ëssex^ de Portland et de Selkirlu U y fui 
visité par le comte de Taliard , ministre de France ,. qui 
avoit des instructions pour négocier le traité concernant 
la succession d'£spagne. Par ses ordres, le comte dé 
Portland avoit communiqué au secrétair&d'état V^non 
les principales conditions que proposoit le roi de France^ 
et Guillaume écrivit lui-même au lord-chancelier So- 
naers pour lui demander son avis sur ces propositions^ 
et des pleins-pouvoirs sous le grand-sceou: avec des es^ 
paces^n blanc qui seroient remplis suiiv^ant l'occasion, 
afin que le traité pût être commencé immédiatement 
avec le comte de Taliard; il lui recommandoit en même 
temps le secret. Le duc de Shrewsbury et M. Montague 
reçurent communication de la lettre du comte de Port* 
land , et tinrent conseil avec le chancelier et M. Vemoa 



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376 fiISTOI&£ D*AVGLEtERRC. 

'■'■ 8ur ce qui en faisoit Tobjet. Lechancdier répondit aiî 

'^ Toi en lui adressant le résultat de cette délibération. 
IVfais avant Tarrivée de cette réponse, le traité de par- 
tage étoit déjà signé par le comte de Portland et sir 
Joseph VilliamsoD. Les puissances cpntractantes con- 
vinrent que, si le roi d'Espagne mouroit sans postérité, 
le royaume de Naples et de Sicile, avec les dépendances 
àe la monarohie espagnole sur les côtes de Toscane ou 

" dans les îles adjacentes, le marquisat de Finale, la {iro- 
: TÎnce de Guipuscoa , toutes les places des Pyrénées 
du côté de là France, ou toute la partie des montagnes 
de la Navarre , d'Âlve et de la Biscaye, située de Fautre 
côté de la province de Guipuscoa, ainsi que tous les 
vaisseaux et bâtiments , seroient le partage du dauphin 
de France, en considération de son droit à la cou* 
ronne d'Espagne; que cette couronne , avec toutes ses 
autres dépendances, passerait au prince électoral de 
Bavière , sons la tutéle de son père , et le duché de Milan 
à Tarcfaiduc Charles, second fils de l'empereur ; que ce 

, traité serait communiqué à Tempereur et à l'électeur de 
&vière par le roi d'Angleterre et les étafs-généra^x; 
que si l'Un ou l'autre refîisoit d'acquiescer à ces ari^n* 
gements, la part qui lui seroit échue demeurerbit en 
séquestre jusqu'à ce que un accommodement vint ter* 
miner tonte contestation ; que dans le cas où le prince 
électoral de Bavière viendroit à mourir avant son père, 
l'électeur et ses héritiers lui succéderaient dans les états 
qui lui étoient assignés ; et que si l'archiduc refus<Ht 
le duché de Milan, ce duché seroit mis en séquestre, 
et gouverné par le prince de Vaudemont. Il est néces* 
saire d'observer que Philippe IV, père du roi d'Espagne 
alors régnant, avoit, par son testament ^ appdlé à la 



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GtriLLAHMLE ITL . 377 

couronne les enfants de l'empereur; que le daruphin 
étoit fils de Marie-Thérèse, fille du même Philippe IV^ * * 
que Louis XIV avoit solennellement renonce au droit 
de sa famille à cette succession , et que le prince élèc-* 
tovâl de Bavière étoit petit-fils d une infente d^Espagne. 
Ce traité de partage, d'après lequel on devoit démem- 
brer un royaume sans son aveu, étoit sans contredit 
UQ monunîelit d'injustice et d'arbitraire; qui blessoit 
toutes les lois divines et humaines. ' ' 

Pendant que Guillaume, flatté d'être pris en quelque IntHgnp* 
sorte pour arbitre des intérêts de l'Europe dans cette i^ Francs 
négociation , se laissoit ainsi amuser par la politique ^ l» co*» 
de Louis XIV, Fambassadeur, de ce dernier à Madrid ifadrid. 
ne perdoit pas son temps. La reine d'Espagne, soup- 
çonnant les desseins de la cour de France, employa tout 
son crédit en faveur du roi des Romains, dont elle étoit 
proche parente. Elle renouvela le conseil, donna le 
{gouvernement de Milan au prince de Vaudemont, et 
le prince de. Hesse-d'Armstadt fut établi dans Jà vice- 
royauté de CSatalogne. Tous ses efforts ne purent em- 
pêcher le ministre de France d'acquérir quelque in- • 
fluence dans les conseils d'Espagne. Suivant ses instruc- 
tions, il devoit ménager la succession de la couronne 
à l'un des fils du dauphin, ou au moins faire en sorte 
qu'elle ne passât point aux enfants de l'empereur. Son 
maître, voulant donner du poids à la négociation, fit 
avancer une armée de soixante mille hommes vers le& 
frontières de Catalogne et de Navarre, tandis qu'un 
grand nombre de vaisseaux et de galères croisoient 
le long de la côte, ou même entroiefit dans les ports 
d'Espagne. Harcourt commença dès-lors à former son 
parti ; il représenta que Philippe IV n*avoit pas en le 



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378 HISTOiRE D^ANGLETBARE* 

pouvoir Je disposer de sa couronne contre les lois de 
^ '- la nature et la constitution du royaume; qu'en suivant 
Tordre naturel de la succession, le trône devoit passer 
aux enfants de sa fille, p^r préférence à des parents 
plus éloignés; que si les Espagnols vouloient se décla- 
rer en feveur du duc d'Anjou, second fils du dauphin, 
ils pourroient le former aux mœurs et aux coutumes 
de leur pays. Voyant quWnegoûtoitpas sa proposi- 
tion, il assura que son maître approuveroit Félévation 
du prince électoral de Bavière au trône, plutôt que d'y 
laisser monter un fils de Tempereur, Il fit même enten- 
dre que si les Espagnols vouloient se choisir un souve- 
rain parmi eux, ils pourroient compter sur la protec- 
tion de sa majesté très chrétienne, dont le but étoit 
uniqu^nent d'empêcher la maison d'Autriche de deve- 
nir trop formidable aux libertés de l'Europe. La reine , 
ayant découvert les menées de ce ministre , emmena le 
roi à Tolède, sous prétexte que Tair de Madrid étoit 
nuisible à sa santé. Harcourt. prit aussitôt.ralarme; il 
jugea qu elle avoit le dessein de s'emparer de l'esprit 
de «on mari dans cette retraite, et de lui faire ratifier le 
testamept de son père; il n'en douta plus quand il ap- 
prit que le comte de Uarrach, ambassadeur de Tempe-, 
reur , s'étoit rendu secrètement h Tolède. Il s'y rendit 
Im-méme, alléguant qu'il avoit reçu un mémoire du 
roi son maître avec l'ordre de ne Te confier qu'au roi. 
On lui répondit que le département des affaires étran- 
gères à Madrid étoit confié au cardinal de CoFdoue , et 
que la santé du roi lui interdisoit toute occupation sé- 
rieuse. Parle mémoire en question, la France offroit 
des troupes pour faire lever le siège de Ceuta, en 
Barbarie , que les Maures avoient entrepris depuis pcn« 



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CUILLAUME IIÏ. 379 

On éluda cette proposition , mats Harcourt ne se rebuta * 
pas. De retour à Madrid, il redoubla d'efforts et parvint 
à engager le cardinal de Portocarrerb dans les intérêts 
de son maître. Louis XIV concluoit alors urie alliancf 
avec la Suéde, sous prétexte d entretenir la paix par tous 
les moyens qui seroient jugés les plus convenables. Au 
milieu de tous ces événements, Guillaume mettoit tout en 
œuvre pour terminer la guerre de Hongrie, dont le fléau 
duroit depuis «quinze ans. Lord Paget et M. Colliers, 
aoibassadeurs d'Angleterre et de Hollande, arrivèrent 
au camp des Turcs près de Belgrade, vers le milieu 
du mois daoût, et des conférences s'étant ouvertes 
sous leur médiation, la paix de Garlowitz fut signée 
le 36 janvier. Ce traité maintenoit Tempereur en pos<» 
session de toutes ses conquêtes, rendoit Càminieck à 
la Pologne , cédoit la Morée et plusieurs forts de la Dal-f 
matie aux Vénitiens, et laissoit Azoph au pouvoir du 
czar de Moscovie, pendant une trêve de deux ans; 
conditions qui privoient la Turquie d'une grande partie 
de ses états d'Europe. Le cardinal primat de Pe^ogne^ 
qui avoit vivement soutenu les intérêts du prince de 
Conti, se décida enfin à reconnoltre Auguste; et les 
troubles de Lithuanie étant apaisés 1 la paix se trouva 
rétablie dans toute la chrétienté. 

Au commencement de décembre, Guillaume fut dé 
retour en Angleterre, où un nouveau parlement avoit 
été élu et ensuite prorogé à cause de 1 absence du aouve^ 
rain, que les vents contraires avoient retenu quelque 
temps. Le ministère ne s'étoit pas donné beaucoup dé 
peine pour influer sur les élections; elles étoienttem-* 
bées en général sur des hommes partisans, il est vrai^ 
des principes de la révolution^ mais qui ne paroissoient 



ib^a 



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38ô HISTÔIBE D'ANGLETERRE.' 

pas fort dévoués à la personne du roi. Cependant le 
^ ' choix qu'ils firent de sir Thomas Lyttleton pour ora- 
teur, sembloit présager une session favorable au mi- 
nistère. Les deux chambres s'assemblèrent le 6 décem- 
bre. Guillaume, dans son discours d'ouverture, leur 
Jit que des forces qu'elles croiroient devoir entretenir 
sur terre et sur mer, dépendoient en grande partie la 
sûreté, Thonneur et la prospérité du royaume ; il témoi- 
gna le désir qu'elles hâtassent Fextinctien de la dette 
nationale, et prissent les mesures les plus promptes 
pour occuper les indigents, encourager le commerce et 
réformer les mœurs. La chambre des communes de ce 
nouveau parlement fut tellement irritée de voir que le 
roi vonloit entretenir un plus grand nombre de troupes 
qu'il n'avoit été voté par la chambre précédente, qu'elle 
résolut de lui faire sentir son mécontentement. Elle 
s'abstint de le complimenter par l'adresse d'usage , vota 
le licenciement de toutes les troupes à la solde de T-An- 
l^eterre au-delà de sept mille hommes, la réduction 
de celles d'Iiiande à douze mille hommes, et décidai 
que les sujets naturels de sa majesté pouvoient seul^ 
faire partie des troupes conservées. Ces diverses réso- 
lutions furent l'objet d'un bill qu'on soutint avec unt9 
extrême chaleur, au grand chagrin de Guillaume, qui 
fut profondément sensible à cet affront , et ne put voir 
sur-tout sans une peine amère qu'on voulût l'empêcher 
de cmuserver ses gardes hoUandoiâes et les régiments 
de François réfugiés , auxquels il tenoit beaucoup. Avant 
l'ouverture du parlement, les ministres lui avoient dé- 
claré qu'ils pouvoient obtenir un vote pour dix ou 
douze millç hommes, mais qu'ils ne se chàrgeoient 
point d'en feire consentir un plus grand nombre. Mé- 



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GUILLAUME III* 3Sl 

content de cette réserve, il avoit répondu qu'il vaudroit *'■' 
autant licencier toutes les troupes , que d'en garder une *^ * 
si foible quantité; Les niinistres ne voulurent point ex- 
poser leur crédit en proposant d'en entretenir davan- 
tage, et n'ayant reçu aucune instruction à ce sujet, ils 
gardèrent le silence , lorsque ce point fut débattu à la 
chambre des communes. 

Guillaume fut si indigné de la ccmduite des ministres^: 
et du parlement, qu'il menaça d'abandonner le gouver- 
nement, et il écrivit même dans cette intention un dis- 
coursqii'il devoit prononcer aux deux chambres; mais 
ses ministres et ses conseillers intimes parvinrent à le 
détourner d'un tel dessein , et le déterminèrent à sanc- 
tionner le bili qui l'avoit si vivement offensé. Lorsque 
ce bill fût en -état de recevoir la sanction royale, Guil- 
laume se rendit à la chambré des pairs , y manda les 
communes, et leur dit que, quoique on en eût mal usé 
à son égard en voulant le priver de ses gardes, qui 
Tavoient constamment accompagné, cependant comme 
il étoit persuadé que rien ne pouvoit être plus funeste 
à la nation que la mésintelligence entre le souverain et 
le paji^ement, il venoit passer le bill, conformément à 
leurs désirs. En même temps , afin de justifier la répu- 
gnance qu'il, avoit manifestée pour cette démarclrè, il 
leur déclara qu'à ses yeux la nation dégarnie de troupes 
seroit trop exposée ; et qu'il régardoit comme un devoir 
pour elles de pourvoir:à la sûreté du royaume par l'en- 
tretic^^de forces nécessaires. Les communes le remer- 
cièrent, par une adresse, de sa condescendance aux 
désirs du parlement, l'assurèrent que jamais elles ne* 
lui donneroient lieu de penser qu'elles manquassent 
pour lui d'attach«ment et de respect, et qu'en toute 



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383 HISTOIRE D*ANCL£T£Rfi£4 

' occasion il les trouveroit disposées à le soutenir contra 

^^^* tous ses ennemis , quels quHls pussent être. Les lords 
présentèrent une adresse dans le même esprit, et Giiil- 
laume assura les deux chambres qu'il n'aFVoit aucua 
doute sur leurs sentiments. Aussitôt après il donna se» 
ordres pour la réduction de Tarmée à sept mille hommes^ 
qui seroient entretenus en Angleterre sous le nom de 
gardes et de garnisons, et croyant les communes adou- 
cies, il voulut tenter un dernier effort en faveur de ses 
gardes hollandoises, dont il ne pouvoit se séparer sans 
des regrets amers. Lord Banelagh fut envoyé à la cham- 
bre avec un message par lequel Guillaume informoit les 
communes que tout étoit prêt pour le transport de» 
gardes qui Tavoient suivi en Angleterre ^ et que ce corps 
s*embarqueroit immédiatement , à moins qne , par con* 
sidération pour lui , la chambre ne fût disposée à trou-- 
ver quelque moyen de continuer leur service; ce quil 
verroit avec beaucoup de satisfaction. Loin de céder à 
ses désirs, les communes lui présentèrent une adresse 
où elles témoîgnoient leur surprise de ce qu'il leur pro- 
posoit une chose qui ne s^accorderoit point avec cette 
constitution qu'il étoit venu rétablir, et pour le iKain- 
tien de laquelle il avoit exposé si souvent sa personne 
sacrée ; elles lui rappeloient la déclaration par laquelle 
il avoit promis le renvoi de toutes les troupes étran* 
gères; observoient que d'une entière confiance entre 
le peuple et son roi dépendoit la félicité de Tun et de 
l'autre; et que rien netoit plus propre* à produire cette 
confiance que de laisser la garde de sa personne à ses 
pix>pres sujets, qui av(|îent soutenu avec tantd'hou' 
iieur et de constance une ffu&te longue et dispendieuse. 
Les communes reçurent u^e réponse gracieuse; mais. 



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1698. 



ÔVILtàÙME Ilf. 383 

lôUes restèrent fermes dans leur résolution; le roi fut 
contraint d^ acquiescer, et les gardes hollandoises fu- 
rent transportées dans leur pays. Une aussi forte oppo- 
sition pour une affaire si peu importante , étoit plutôt 
de Topiniâtreté que du patriotisme. Ad milieu de tous 
leurs beaux témoignages d'attachement pour Guillaume, 
les communes partageoient un préjugé national contre 
ce prince et tous les étrangers à son service. Dans cette 
même chambre des communes, on s*exprimoit sur son 
c^ompte avec fort peu de respect. On y suggéroit qu'il 
n'avoit jamais eu pour le peuple anglois ni penchant 
ni confiance, qu'il traitoit les naturels avec la réserve 
la plus rebutante, et choisissoit ses confidents parmi 
les étrangers qui Tentouroient; qu'après chaque session 
îl s'échappoit du royaume pour aller s'égayer avec quel- 
ques favoris. Il est vrai que ces suggestions étoient fon* 
dées : Guillaume étoit extrêmement dégoûté des Anglois, 
qu'il regardoit comme une nation méchante, ingrate et 
peu raisonnable, et il ne prénoit pas beaucoup de peine 
pour déguiser ses sentiments. 

Les communes, avant ainsi obtenu la dissolution de /<*«•««• 

** ^ des com* 

Farmée, votèrent quinze mille hommes de mer avec muoe» 
une flotte proportionnée à ce nombre, pour la sûreté 
du royaume, et un million quatre èent quatre-vingt- 
quatre mille livres sterling pour le service de Tannée; 
somme qtie devoit produire une taxe de trois schellings 
par livre sterling sur le revenu des terres, les biens per- 
sonnels, les pensions et les emplois. Un grand nombre 
dd prêtres et de catholiques romains, que la peur avoir 
chassés de Londres à l'époque de la dernière révolu- 
tion, rassturés par le traité de Ryswick, se montrèrent 
dans cette ville et à Westminster, avec une confiance 



au roi. 



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384 HISTOIRE 0^AN6LETER«[£. 

- remarquable. Les ennemis du gouvernement firent cdtir 
*^^* rir le bruit que ce traité contenoit un article secret en 
faveur de ceux qui professoient cette religion. Quel-* 
ques uns même ne se firent pas scmpcile d'insinuer 
que Guillaume étqit papiste au fond du cœur. Lès com« 
munes, effrayées du nombre et de la hardiesse des ca- 
tholiques, firent une adresse au roi pour le prier d'éloi- 
gner de Londres et des lieux circon voisins les papistes 
et les nqn-assermentésy et de déjouer tous les projets 
qu'ils pouvoient former eu faisant exécuter les lois por« 
tées contre eux* Conformément à cette requête^ le roi 
fit publier une proclamation à ^laquelle les papistes 
n'eurent pas beaucoup d'égard ; mais , dans la session 
suivante, une loi remarquable fut portée contre eux^ 
Vers le même temps, les membres de l'ancienne compa^ 
gnie des Indes orientales demandèrent, par une péti*' 
tion à la chambre^basse, que leur corporation pût sub« 
sister jusqu'à l'expiration du terme de viugt-un ans,fix4 
par la charte royale ^ que le paiement de cinq livres 
Sterling pour cent, prescrit par le dernier acte relatif 
au commerce des Indes orientales, fût réglé de manière 
à ne pas devenir un fardeau pour les pétitionnaires, et 
qu'on s'occupât des moyens de venir à leur secours et 
de protéger le commerce des Indes (mentales. Il fut 
proposé un bill sur ce qui faisoit l'objet de cette péti- 
tion ; mais à la seconde lecture on Je rejeta. Le mécon-^ 
tentement en étoit venu au point que quelques membres 
ne craignoient pas d'avancer qu'ils n'étoient pas tenu» 
de maintenir les actes du parlement précédent; et^ 
d'après cette maxime, ils proposèrent de rapporter^ 
l'acte que ce parlement avoit passé en faveur de la nou» 
velle compagnie; mais une telle mesure étoit d'une. 



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ÛtJItLAUMS lit* 385 

trop dangereuse conséquence à Fégard du crédit pu* — i-^— • 
blic pour être adoptée. ^ * 

Cet esprit d'inquiétude « que ne pouvoient satisfieiire 
les sacrifices de Guillaume, fit entreprendre ^ sur Fad^ 
ministration des affaires, navales, une enquête où Ion 
avoit en vue le comte d'Orford, dont le pouvoir iaisoit 
ombrage, et dont les richesses excitoient Tenvie. ^ 
remplissoit à-la*fois le poste de trésorier de la manne > 
et celui de lord-commissaire de l'amirauté, et sembloit 
avoir oublié de quelle condition il étoit parvenu à cette 
haute fortune. Les communes présentèrent une adressa 
sur quelques abus peu importants dans Tadministra" 
tion de la marine, et le comte fut assez prudent pour 
prévenir des poursuites plus graves en résignant ses 
emplois. Le 4 mai le roi ferma la session, en se plai* 
gnant qu'on eût négligé plusieurs points qi^il avoit re- 
commandés à l'attention des chambres, et le parlement 
fut prorogé au premier juin (i). 

Peu de temps après cette prorogation, Guillaume 
nomma une régence, et le a juin il s'embarqua pour 
la Hollande* 

Rien d'important ne s'étoit passé en Irlande; le par-* La com- 
lement de ce royaume vota cent vingt mille livres sterL c^Ecduo 
à lever sur les terres, fermes et héritages, pour.sub* forme un 

w > . . 17 • j j établisse» 

venir aux dépenses quexigeoit 1 entretien de douze jneot 
mille hommes, nombre fixé par les communes d^Ân- ,,^^^* 

de 
(i) A-pett-ptès vers ce temps, Villers, comte de Jersey, ^tii ovoit **^^^^^ 
été en ambassade à la cour de France , fat nomm^ secrétaire-dVtat 
à la place du dac de Shrewsbucy, qui fiit fait lord-chambellan ; le 
comte de Manchester fut envoyé comme ambassadeur extraordi« 
naire en France; le comte de Pembroke fut nommé lord-président 
du conseil , et le lord vicomte Lonsdale ^ (jarde du sceau privé* 
11. aS 



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31^6 HISTOIRE ïi AV<ihttEKÎit. 

■■■ gleterre. L'assetoWéc £ut ensuite prorogée. ItC duc de 

**^^' Bolton, les comtes de Berkeley et Galway furent nom- 
mes lords-justiciers d'Iiiande. Cependant le» nuirmures 
des Écossoîs angmentoient de plus en plus centre le 
ministère y qui ayoît désavoué leur compagnie , et ren- 
versé en grande partie^ une entreprise dont ils s^étoienC 
promis tant de richesses, «Malgré les coups <}u^on loi 
avok pcMTtéSt celte compagnie avoit mis en naer deux 
des plus {prands vaisseaux qui eussent encore été con- 
struits à Hambourg pour le service des Écossois. Ih 
avotent à bord une cargaison pour le commerce, aver 
c[uelque art^erie et des munitions ; les aventuriers , au 
nombre de douze cenis, s'étoient embarqués au. détroit 
d'Edimbourg le 17 juillet de Faimée pxécédente , avec 
quelques allèges. Us chargèrent à Madère une provi- 
sion de vii^, et firent ensuite voile vers Ttle de Grab, 
dan» le voisinage de Saint-Thomas. Leur dessein étoit 
, de prendre possession. de cette petite lie; mais, lors- 

qu'ils entrèrent dans la rade, ils aperçurent le pavillon 
danois^ avec une grande tente dressée sur le* rivage. 
Voyant qu'ils avoient été prévenus , ils se dirigèrent vers 
la côte ds Tisthme de Darien> où^ ils traitèrent avec les 
naturels pour l'établissement d'une colonie ; et se met- 
tant aussitèt en possession du terrain,, auquel ils don- 
nèrent le nom de Calédonie , ils commencèrent à exécu- 
ter le plan qu'ils avoient f<M*mé d^élever une ville sous 
le nom de Nouvelle-Edimbourg, et furent dirigés dans 
cette entreprise par leur oonseil, composé de Paterson, 
auteur du plan, et de six autres directeurs» Ils n'eurent 
pas plus tôt achevé leur établissement qu'ils adressè- 
rent au roi un exposé de leur conduite. Ils prétendoiait 
avoir re^ avis que les François vouloient former un 



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iélablissédoiênt sur cette côte, et représentoiént leur co- — — — — 
lonie Comme le meilleur moyen de prévenir lés dan* ^"9^ 
^ereuses conséquences <];uauroit pu avoir pour les états 
de sa majesté Texécution d'un tel projet. Ils témoi- 
^noient au roi leur recotinoissance de ce qu^il avoit 
d'abord fait pour eut, en leur accordant les privilèges 
sur lesquels étoit fondée Texisteiice de leur compagnie^ 
et le suppUoient de leur continuer sa protection, quHls 
4[;royoient avoir méritée ^ en se conformant avec exac« 
titude aux conditions portées par l'acte du parlement 
iet les lettres-^patentes qu'ils avoient .obtenues* 

Mais le roi étoit résolu à lés traverser en toute^lna'* 
nière. Ayant appris qu'ils avoient perdu la plus grande 
partie de leurs provisions avant de mettre à la voile 
d'Ecosse, et jugeant qu'ils seroient réduits ià l'état le 
plus malheureux s'ils n'étoient secourus pal* les colo- 
nies angloises, il envoya ordre aux gouverneurs de la 
Jamaïque et aux autres établissements anglois en Amé- 
rique, de défendre, sous les peines les plus sévères ^ 
qu'on entretint aucune correspondance ayec la compa« 
gaie écossoise^ et qu'on la secourût en aucune manière 
de munitions, d'armes et de provisions, sous prétexte 
qu'elle ne lui avoit pas communiqué son prcrjet, et 
qu'en peuplant Darien elle avoit violé la paix subsis^ 
tante entre lui et ses alliés. Il est vrai que rétabli&se?* 
ment de cette colonie étoit une espèce d'usurpation sur 
les Espagnols, en ce qu'elle auroit commandé le pas* 
sage entre Porto*Bello et Panama, et divisé leurs pos- 
sessions américaines. Le roi de France» se plaignit de 
cette invasion , et offrit à la cour de Madrid une flotte 
pour chasser ces interlopes. Colonna, marquis de Ca- 
nales, ambassadeur d'Espagne à la cour de Londres, 

25. 



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388 HISTOÏAB: D^iNClEtÈRRÉ. 

' , remit à Guillaume des observations contre Cet étrang» 
' établissement, qu'il représenta comme une in&action 
injurieuse à TalKance qui existoit entre les deux cou- 
ronnes y déclarant que son maître prendroit toutes les 
nèesures qu'exigeoit un pareil acte d'hostilité. Les Écos«- 
sois soutinrent que les naturels de Darien étoient un 
peuple libre que les Espagnols avoient inutilement youlu 
assujettir ; qu'ainsi ou ne pouvoit leur contester l^e droit 
de disposer de leurs terres, dont une partie avoît été 
achetée au prix convenable par la cdmpagnie ; mais un 
motif plus puissant que les plaintes de la cour d'Es* 
pagne fut la jalousie des négociants et des planteur» 
anglois, et c'est à cette jalousie que la colonie fut sa- 
crifiée. Darien étoit , disoit-on , un pays abondant en or, 
qui auroit en peu de temps enrichi les aventuriers. Les 
Écossois passoient pour des hommes entreprenants et 
obstinés; et l'étabHssement qu'ils avoient formé près 
de l'ile d'Or avoit déjà été déclaré port libre. L'Angle- 
terre craignoit que ses planteurs ne fussent attirés dans 
la nouvelle colonie par l'appât de l'or et par l'espoir d'y 
piller les Espagnols ; que les boucaniers n'en lissent 
leur principale résidence ; que les plantations angloises 
De fussent abandonnées ; que Darien ne devint une es- 
pèce d'Alger, et que cet établissement n'amenât avec 
l'Espagne' une rupture dont elle pourroit profiter pour 
confisquer les propriétés angloises dans ce royaume. 
On assuroit aussi que les HoUandois, voyant d'un œil 
jaloux une compagnie qui pouvoit un jour entrer en 
concurrence avec eux pour le commerce illicite des 
mers d'Espagne, avoient excité le roi contre la nouvelle 
colonie, qu'il abandonna à son sort, nonobstant les 
pétitions réitérées et les remontrances des fondateur». 



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CUILLAUME .111. 389 

lia £uimiDe força les colons de quitter Darien ; on y '. — 

en envoya de nouveaux d'Ecosse, avec des bâtiments '^ 
chargés de provisions : mais un de ces bâtiments ayant 
été brûlé par accident , lés nouveaux colons abandon- 
nèrent Tisthme. Il en arriva d'autres qui, mieux pour-> 
vus que leurs prédécesseurs , auroient pu s'y maintenir. 
Malheureusement la division se mit parmi eux, et fit 
avorter tous leurs projets. Les Espagnols s'éta'nt avandis 
pour les attaquer, Us demandèrent et obtinrent une ca- 
pitulation, en vertu de laquelle il leur fût permiis de se 
retirer. Ainsi s'évanouirent toutes les belles espérances 
de là nation écossoise, qui s'étoit engagée dans cette 
entreprise avec une ardeur incroyable, et y avoit même 
employé une plus forte somme d'argent qu'elle n'en 
avoit hasardé dans aucune autre occasion. Non seule- 
ment les Écossois étoient complètement déconcertés 
dans leurs calculs de gain et de richesse , mais la ruine 
de l'entreprise ent'raina celle d'un grand nombre de fa-i 
nAilles ; et ce malheur fut uniquement imputé à la con-^ 
duite du roi Guillaume. Tout le royaume parut éTevey .. , 
la voix pour l'accuser de duplicité, d'inhumanité et sur^ 
tout d'ingratitude envers un peuple qui avoit soutenu 
son gouvernement de son sang et de ses trésors ; et si 
les forces des Écossais eussent été égales à leur ani^ 
mosité, il y auroit eu vraisemblableiùent une révolte. 

Cependant Guillaume ste récréoit à Loo , où il fut B^moa 
visité parle duc de Z,ell , avec lequel il avoit long-temps deîrooui 
vécu daiis l'intimité. Durant son séjour en ce lieu , le d'Esp» 
comte de Portland et le grand pensionnaire de Hollande 
eurent de fréquentes conférences avec le comte de Tal- 
lard, ambassadeur françois, sur la succession d'Es- 
pagne, Le premier plan de partage ayant été dérangé 



giie. 



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SgO HISTOIRE D*ANGLETeRRE. 

- par la mort du jeune prince de Bavière , ils crurent 

' ^ ' nécessaire d^en concerter un autre, et ils entamèrent 
à ce sujet une négociation particulière. La cour d'Es^ 
pagne, informée de leurs vues, témoigna à M. Stha^ 
nope, ministre d'Angleterre à Madrid , tout son res- 
sentiment d^une pareille conduite , jusqu'alors sans 
exemple , et demanda qu'on mit fin à toutes ces intri^ 
gûes , attendu que le roi d'Espagne prendroit lui-^même 
toutes les mesures convenables pour garantir la tran* 
quillité du royaume, dans le cas où il viendroit à mou<* 
rir sans enfants; Les mêmes réprésentations furent 
^ites aux ministres de France et de Hollande, Le mar-» 
quis de Canales ,, ambassadeur d'Espagne à Londres,^ 
remit sur cette affaire aux lords*-jtisticiers un mémoire 
conçu dans les termes les plus virulents, et dans lequel 
il en appeloit au parlement de la conduite du roi. Cet 
Espagnol étoit bien aise de trouver cette occasion d'în-» 
sulter Guillaume, qui le haïssoit personnellement j et 
lui ayoit défendu de paroître à sa cour, par la raison 
qu'il étoit resté couvert en sa présence. La régence 
îi'eut pas plus tôt communiqué ce mémoire au roi, qu'il 
enjoignit ^ Tambassadeur de sortir en huit jours du 
royaume et de se tenir renfermé chez lui jusqu'à son 
départ. Il lui fut en même temps signifié qu'on ne re^ 
cevroit aucun écrit de lui ou des personnes attachées h 
son service. M, Sthanope eut ordre de porter ses plain- 
tes à IVfadrid de l'affront fait à son maître, affront qu'il 
représenta comme upe insolente et audacieuse tenta- 
tive pour exciter une sédition dans le royaume, La cour 
d'Espagne justifia la conduite de son ministre, et enjoi-r 
gnit à son tour à M. Slhanopede sortir deses états. L'am« 
bassadeur d'Espagne en Hollaiide, dom BçrnardQ d§ 



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GUILLAUME lit. 891 

Guiros , avoit rédigé sur le même sujet un méàioîre * 

adressé aux étatsrgénéraux^ <jtti re&sèreiït de le rece- ' ^ 
voir. Cet incident n'interrooip^ point la négociation , 
et Louis XIV y mit un tel empressement qu'il se plai^ 
gnit de Guillaume , comme n'ayant pas emj^oyé tout 
son crédit auprès des HoUandois pour les porter à 
donner leur accession aux articles convenus entre la 
France et TAngleterre^ Mais Ouillaume trouva moyen 
de dissiper cette espèce de d^ance. 

Vers le milieu d'octobre ce prince revint ^^ Angle- Les com- 
terre, et dom[ia au duc de Shrîewsbttry la place de ^"^gl 
chambellan, vacante par la démis^çm de Sudderland: tent dans 
M. Montague résigna dans le même temps sa place au golutlonsl 
conseil de la trésorerie -et celle de chancelier de Téchi- 
quier , soit qu il prévit que la chambre des communes^ 
qui s'étoit séparée avec des marques de mécontente^ 
ment, seroit intraitable, soit qu'il appréhendât que ses 
ennemis n'eussent assez de crédit auprès d'elle pour 
faire déclarer ces deux places incompatibles. La session 
s'ouvrit le 16 novembre, et Guillaume, dans un long 
discours, exhorta les chambres à pourvoir à la sûreté 
du royauiùe sur mer et sur terre , à s'occuper de la ré- 
paration des vaisseaux et des fortifications , à combler 
le déficit des , fonds précédemment votés f et à ne rien 
négliger pour éteindre la dette nationale. Il leur recom^ 
manda de prendre dès mesures vigoureuses pour em- 
pêcher et punir le commerce illégal et clandestin , et 
de chercher les moyens de donner du travail aux pau- 
vres , qui étoient devenus un fiirdeàu pour le royaume. 
Il leur assura que l'objet de tous ses efforts seroit d en- 
courager la vertu et d'extirper, le vice, et qu'il n*étioit 
point d'obstacles et de dangers qui pussent ïe rebuten, 



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393 MISTOIRE D'ANGLETERRE. 

' - toutes les fois qu'il- s agiroit du bien de ses sujets, il 

^ ^ teriuiua par ces mots : «Puisque notre but commua^ 
« est le bieo général , agissons les uns et les autres avec 
« une confiance réciproque , ce qui ^.avec le secours de 
«Dieu, ne peut manquer de faire de moi un prince 
« heureux , et de vous une nation grande et florissante . » 
Mais les .communes n'étoient pas revenues de leur 
mécontentement y et quoique leur colère n eiit point été 
provoquée, elles résolurent de mortifier Guillaume par 
leurs procédés. Elles affectèrent de donner une inter- 
prétation odieuse à ces roots, certes bien innocents : 
ngissons les uns et les autres a\fecvne confiance réciprotpw^ 
Au lieu d'une adresse de remerciement suivant lusage , 
elles présentèrent une remontrance chagrine pour se 
plaindre des ombrages et de la défiance qu'elles parois- 
soient inspirer au roi , malgré leur fidéUté et leur atta- 
chement à leurs devoiris , et demandèrent qu'il fit sentir 
son indignation à tous ceux qui avoient osé lui présenter 
leur conduite sous des couleurs défavorables. Il répon- 
dit que persbnne ne s'étoit jamais permis rien de sem- 
blable , et qu'il traiteroit comme son plus grand ennemi 
quiconque entreprendrpit de les calomnier auprès de 
lui. . , 

Bnqnétft X^a chambf 6 n'étoit pas d'humeur à se laisser apaiser 
pëdition P^** ^^^ assUrances et des promesses flatteuses. Elle 
du capi- voulut exaspérer Guillaume en poursuivant ses minis* 
Kidd. très. Durant la guerre ,, les colonies de TAmérique sep* 
tentrionale s'étoient enrichies par des pirateries. Un 
maître d^ chaloupe ^ nommé Kidd, avoit entrepris de 
délivrer la mer des pirates^ si le gouvernement vouloit 
lui fqurnir un .vaisseau de trente canons bien équipé. 
J^e conseil de l'amirauté ayant déclaré qu'on ne pouvoit 



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f&UILLAUME m. 393 

distraire du service public le nombre de matelots né- ' 
cessaire à cette entreprise, Kidd eut recours à un autre 
expédient. Il arma un. vaisseau au moyen d'une sous- 
cription particulière du duc de Shrewsbury, des comtes 
de Romney, Orford et Bèllamont, de sir Edvirard Har- 
rison, et du colonel Livingstone, de la Mouvelle-York. 
Le roi promit de payer la moitié des frais , et se réserva 
le dixième du bénéfice ; mais il n'effectua jamais sa pro« 
messe. Ainsi équipé , Kidd mit à la voile de Plimoutb , 
muni d'une commission pour agir contre les François, 
et pour attaquer certains pirates , nommément dési- 
gnés. Mais au lieu de croiser sur la côte de TAmérique^ 
il se dirigea vers les Indes orientales , où il se fit lui- 
même pirate, et prit un riche vaisseau appartenant aux 
Mores. Il partagea son butin avec les gens de son équi- 
page, dont quatre-vingt-dix le quittèrent pour se join* 
dre à d^autres aventuriers, brûla son propre vaisseau, 
et fit voile avec sa prise pour les Indes occidentales. Il y 
acheta une chaloupe, et laissant une partie de ses gens 
avec le navire capturé dans une des Iles-sous Je-Vent, 
où ils dévoient attendre de nouvelles instructions, il se 
rendit lui-même sur les côtes de la Nouvelle-York, et 
députa un nommé Emmet pour faire sa paix avec le 
comte de Beljamont , gouverneur de cette province , qui 
lamusa par une négociation, durant laquelle on s'em- 
para, de lui. Le comte en prévint aussitôt le gouverne- 
ment , et demanda que les prisonniers fussent trans- 
portés en Angleterre , parcequ'il n'y avoit point dans 
la colonie de loi qui punit de mort la piraterie, et que 
la plus grande partie du peuple favorisoit ce brigan- 
dage. L amimipté , par ordre des lords-justiciers , dépê- 
cha le vaissenu le Rochester, pour aller prendre les 



,69s. 



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39i HISTOIRE D*ANGLKTBRRE. 

prisonniers et leurs effets. Mais après avoir quelque 
^^* temps lutte contre les vents , ce vaisseau fut obligé de 
regagner Plimoutk dans le plus mauvais étal, incident 
£âcheux qui fournit aux mécontents un prétexte de re^^ 
présenter les ministres comme fauteurs d'une expédi- 
tion de piraterie qu'ils avoient besoin de dérober à la^ 
connoissance du public. L'ancienne compagnie des 
Indes orientales s'étoit plainte à la régence que le capi- 
taine Kidd se fût permis de capturer dans les Indes Un 
vaisseau appartenant aux Mores , ce qui pouvoit expo- 
ser cette compagnie au ressentiment du Mogol. Au 
commencement de décembre , cette affaire fut portée 
brusquement à la chambre des communes, et Ton y fit 
une motion tendante à faire déclarer que les lettres-pa- 
tentes accordées au comte de- Bellamont et à plusieurs 
autres relativement aux biens des pirates , étoient désr 
honorantes pour le roi , contraires au droit des nations, 
aux lois et statuts du royaume , attentatoires à la pro- 
priété , et destructives du commerce. Un débat très 
animé suivit cette motion ; quelques membres atta« 
quèrent violemment le duc de Shrewsbury et le chan* 
celier, comme complices d'un plan de piraterie. Mais 
ces imputations furent réfutées , et Ton rejeta la propo^ 
sition à une grande majorité. L'expédition de Kidd fut 
justement regardée comme une affaire peu importante, 
dans laquelle ces seigneurs s'étoient engagés'^pour leur 
avantage particulier. 

Pendant qu'on s'en ocçupoit à la chambre des com- 
munes, l'attention de la chambre-haute se portoit sur 
le docteur Watson, évéque de Saint-David. On préten- 
doitque ce prélat n'avoit obtenu son évé#é qu'à forcer 
d'^rçent,.et qu'après son élévation il s'étoit, remboursé 



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iM- 



GUILLAUME IIL âgS 

«n vendant les bénéfices à son profit. Accusé de simo- ' 
nie, il fut entendu en séance solennelle par Tévéque 
de Cantorbéry et six de ses suffragants , déclaré cou- 
pable et déposé. Alors il réclama son privilège , et Taf- 
faire fut portée à la chambre des lords , qui refusèrent 
de le reconnoltre comme pair, après qu'il avoit cessé 
d'être évéque. Ainsi déconcerté, il s'adressa à la cour 
des délégués, qui confirma la sentence de 1 archevêque. 

Les communes, voulant donner à Guillaume de nou- 
veaux chagrins , attaquèrent Tévêque Burnefe. Il fiit re- 
présenté comme un étrange précepteur pour le duc de 
Glocester , tant parcequ'it étoit Écossois , que pauce- 
qu'il étoit auteur de la lettre pastorale^où il étoit ques- 
tion d'un prétendu droit de conquête de Guillaume , 
lettre que le parlement avoit fait brûler. On proposa de 
prier le roi de lui ôter sa place. Mais cette motion fut 
rejetée à une grande majorité. Burnet s'étoit conduit 
avec une intégrité peu commune en acceptant cet em-^ 
ploi. Il l'avoit refusé d'abord , et s'étoit trouvé en quelr 
que manière forcé de s'en charger. Il avoit offert de 
résigner son évéché ^ craignant que ses fonctions de 
précepteur ne l'empêchassent de remplir tous ses de- 
voirs de pasteur.' Il avoit même e:^igé que le jeune prince 
résidât pendant tout l'été à Windsor, qui étoit situé 
dans son diocèse, et il ajoutoit à ses charités particu- 
lières tout ce que lui rapportoit son nouvel emploi. 

Mais les plus grandes espérances de ceux qui vou- Enquêt© 
loient inquiéter et flétrir le gouvernement , étoient dans *"J 
une enquête sur les biens confisqués en Irlaihde, que con6s* 
le roi avoit distribués aux hommes qui lui étoient atta- {JJ^^J^ 
chés. Les commissaires que le parlement nomma pour 
l'eiçamen de cette affaire furent Annesley, Trenchard , 



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396 HISTOIRE d'aNGLETERAE. 

Hamihoir, liangford, le coitite deDrogheda» sir Fran- 
^^* çois Brewster, et sir tiichard Leving. Les quatre pre- 
miers avoient toute Tanimosité de l'esprit de ËEiction ; 
^ les trois autres obéissoient secrètement à Tinfluence mi- 
nistérielle. Ils commencèrent Tenquéte en Irlande , et 
procédèrent avec une telle sévérité qu'ils sembloient 
plutôt inspirés par le ressentiment contre la cour, que 
par Tamour de la justice et- l'Jborreur de la corruption- 
Ils s'attachèrent particulièrement au don que le roi 
avoit fait a mistriss yillieif's , depuis comtesse d'Grkney, 
voulant par-là mettre au grand jour la prédilection de 
Guillaume pour cette favorite , afin d'ajouter à la haihè 
du peuple contre sa personne. Dans le cours de l'en- 
quête , le comte de Droghedà ^ Leving et Brewster 
furent Oj^posés aux autres commissaires sur divers ar- 
ticles du rapport , qu'ils réfusèrent de signer , et en- 
voyèrent un mémoire à la chambre des communes 
pour motiver ce refus. On commença dés-lors à les 
considérer comme des hommes vendus à la cour, et 
l'on n'eut aucun égard à leurs observations. Les autres 
remirent leur rapport, déclarant qu'on pouvoit tirer 
un million sterling et demi de la vente des biens con- 
fisqués, et il fut dressé unbill pouk* appliquer ces biens 
au service public. La proposition qu'on fit d'en laisser 
un tiers à la disposition du roi fut rejetée. Les com- 
munes, par un vote bien extraordinaire, décidèrent 
qu'elles ne récevroient aucune pétition de qui que ce 
fut concernant les biens concédés, et qu'elles pren- 
droient en considération les grands services rendus 
par les commissaires chargés de l'enquête. Elles décla- 
rèrent que les quatre commissaires qui avoient signé 
le rapport s'étoient conduits avec beaucoup de discer-* 



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GUILLAUME III, ig^ 

nement, décourage et d'intégrité, et que leur collègue, ' 

sir Richard Leving, comme auteur de fausses et seau- ^^ * 
daleuses imputations contre eux y seroit emprisonné à 
la Tour de Londres. Elles prirent ensuite et présentè- 
rent au roi , en forme d'adresse , la résolution suivante : 
que les concessions qui avoiexit été faites des biens con- 
fisqués avoient occasioné pour Tétat des dettes consi* 
dérables, et pour le peuple des taxes onéreuses ; que 
Thonneur même de*sa majesté en avoit souffert, et que 
ceux qui les avoient provoquées avoient manqué grié«- 
vement à leur devoir et abusé de la confiance qui leur 
étoit accordée. Guillaume répondit qu'il avoit cru de sa 
justice, comme il étoit de son inclination, de récom* 
penser ceux qui Favoient bien servi dans la réduction 
de rirlande ; il observa qu'une longue guerre ayant con- . 
sidérablement endetté la nation, les mesures efficaces 
que prendroient les communes pour diminuer cette 
dette et soutenir le crédit public contribueroient mieux . 
que leurs démarches actuelles à l'honneur , à la pros- 
périté et à la sûreté du royaume. Cette réponse alluma ' 
l'indignation de la chambre; elle déclara aussitôt que 
celui qui l'avoit suggérée avoit voulu exciter la défiance 
et la mésintelligence entre le roi et son peuple. 

Les communes ordonnèrent que le rapport des Bill qm 
commissaires fût imprimé et publié pour leur justifica- extrême- 
tion , avec la promesse et les discours du roi , ainsi que ™*^5^* 
les premières résolutions de la chambre touchant les laome. 
biens confisqués en Irlande ; elles arrêtèrent que tout 
membre du conseil privé, soit sous le régne actuel, 
soit sous le régne précédent, qui auroit sollicité et ob-- 
tenu des dons exorbitants pour son propre usage, étoit 
coupable de haute-malversation. On donna pouvoir k 



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3^8 Histoire d'anglètërre^ 

7" treize personnes d'entendre et de juger toutes les ré* 

'^^* clamations relatives à ces biens, et de les vendre au:s 
plus offrants; il fut en même temps décidé que le pro^ 
duit de cette vente seroit appliqué au paiement des at* 
rérages de Farmée. On passa à cet effet un acte sOus le 
titre de bill pour subvenir aux dépenses du gouverne-* 
ment de sa majesté par la vente des biens confisqués 
en Irlande; et afin que ce bill n'éprouvât auoin chan-* 
gement dans la chambre des lords ^ on le réutiit au bill 
des subsides de Tannée. Il ne laissa pas d'occasioner 
dans cette chambre de très vifs débats , et les lords y 
firent plusieurs changements que les comiûunes reje-* 
tèrent à Tunanimité. Elles par oissoient plus que jamais 
exaspérées contre le ministère^ et se firent remettre 
une liste des membres du conseil-privé. Les lords de- 
mandèrent des conférences qui ne servirent qu'à ani- 
mer les deux dbambres Tune contre Tautre, celle des 
pairs insistant sur ses amendements , et celle des com- 
munes s'irritant des obstacles qu'on apportoit à un bill 
de finances. I.ies membres de celle^i se livrèrent à tout 
leur ressentiment; ils firent fermer les portes de la 
chambre , pour qu'aucun d'entre eux ne pût sortir, et 
prirent en considération le rapport sur les confiscations 
d'Irlande ; la proposition d'une adresse ^u roi pour le 
prier d'exclure à jamais de sa présence et de ses con- 
seils le lord Jean Somers, chancelier d'Angleterre, fut 
cependant écartée à une grande majorité. Guillaume 
étoit extrêmement affecté du bill , qu'il regard.oit com- 
me une usurpation de sa prérogative , une insulte à sa 
personne, à ses amis et à ses serviteurs. Il voulut d'a- 
bord courir le risque de refuser sa sanction ; mais il en 
fut détourné par ceux qui étoient en possession de sa 



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GUlLLAÙMK Ut. âgg 

confiance. Toutefois il ne put dissimuler soii ressenti- 
.ment; il devint sombre et morose; et ses ennemis ne ^^' 
manquèrent pas de. tirer de sa mauvaise humeur une 
preuve de son aversion pour le peuple anglois. Quoique 
~la motion contre le chancelier eût été rejetée, les com- 
munes résolurent de présenter une adresse pour de^ 
mander qu'à lexception du prince Georges ^e Dane- 
marck, aucun étranger ne fût' admis dans les conseils 
du roi en Angleterre et en Irlande* Cette démarche étoit 
particulièrement dirigée contre les comtes de Pordand, 
d'Albemarie et de Gualway. Mais avant que l'adresse 
pût être présentée , Guillauùie se rendit à la chambre 
des P^irs , et ^ après avoir sanctionné le bill qui avoit 
/ produit tant de fermentation , ainsi que quelques autres 
actes, il donna ordre au comte de Bridgewater, ora- 
teur de la chambre en l'absence du chanceler , qui étoit 
indisposé, de proroger le parlement au 23 maie 
. Dahs le cburs de cette session, les communes ayant Les eom- 
terminé leur enquête sur la conduite de Kidd, avoient ™sen*t 
adopté contre la piraterie un iHll^qui reçut force de loi. ^^ bill 
Lorsqu'elles furent informées que Kidd étoit transporté ^ère con- 
en A.nfAeterrer elfes demandèrent au roi que ce capi- ^^^, *®* 

• r . 1 . • îr 1 papiste»- 

tame ne pût être ^uge m obtenir sa grâce jusqu a la pro- 
chaine session du parlement; ce que Guillaume ne crut 
pas devoir refuser. Vivement animée contre le chance- 
lier, qui avoît;ôté à plusieurs sujets peu attachés au 
gouvernement des emplois institués pour le maintien 
de la paix publique , elles ordonnèrent qu'il fût préparé 
un bill concernant les juges-de-paix, et chargèrent un 
romité d'examiner comment ces places étoient remplies» 
Sur le rapport du comité que plusieurs non-confor* 
mistes et gens sans fortune y avoient été nommés, elles 



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iôO HISTOIRE D'aNGLETERKC. 

^ déclarèrent par une adresse qu'il étoit dans' l'intérêt 
^ * du prince et du royaume que les emplois de j,uges-de- 
paix et autres emplois de cette nature fussent donnés ou 
rendus à des citoyens distingués par leur rang et par 
leur fortune, et ôtés ou interdits à ceux qui île rempli' 
roient point cette condition. Le roi leur assura qu'il par^ 
tageoit leur opinion à cet égard, et qu^il donneroit ses 
ordres en conséquence. Cette condescendance fit tant de 
plaisir aux communes qu'elles le remercièrent en corps. 
Ayant ensuite reçu une pétition du clergé de la province 
de Lancaster , qui se plaignoit de l'insolence et des entre* 
prises des prêtres catholiques, la chambre nomma uu. 
comité pour examiner de quelle manière les lois contre 
les papistes réfugiés avoient été exécutées, et^ sur le ' 
rapport de ce comité, on rédigea un bill faisant droit à 
la pétition. Par cet acte, on assignoit une récompense 
plus considérable à quiconque feroit découvrir' et con- 
vaincre des prêtres papistes et des jésuites, et on con- 
damnoit à l'emprisonnement à perpétuité ceux qui se'* 
roient convaincus sur le serment d'un ou plusieurs té- 
moins; ondécidoit que tous les individus nés après le 2 5 
mars de l'année suivante ne pourroient, s'ils étoient ca- 
tholiques , hériter d'aucun bien ou d'aucun titre hono- 
rifique dans le royaume d'Angleterre , le pays de Galles 
et la ville de Bervi^ick-sur-Tweed, et qu'il ne seroit per- 
mis à aucun papiste d'acheter des terres, ou tout autre 
bien , soit en son nom , soit sous le nom d'un autre. Plu- 
sieurs changements furent faits à cette première rédac- 
tioQ , après quoi l'on envoya le bill à la chambre des lords, 
dojdt quelques uns proposèrent des amendements, qui 
ne furent pas adoptés ; le roi donna sa sanction , contre 
l'attente de beaucoup de membres qui n'avoient prdvo- , 



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tjué celte mesure sévère que parcequ^ils le supposoient —— — — 
protecteur des papistes. Mais comme il manquoit à la ^^ ' 
nouvelle loi des clauses nécessaires pour en bien assurer '^ 
l'exécution^ on n'y eut flans la suite que peu d égard. 

La cour essuya une autre insulte de Tancienne com- R^tablîs^ 
pagnie des Indes orientales, dont les membres présen- de"la&- 
tèrent à la chambre une pétition , pour éf re continués par tienne 
lautorité du parlement durant le reste du temps que gnie des 
portoit leur charte. Ils publièrent en même temps un ex«> 'P^^* 

* , onenta- 

posé de leur cause , où ils s'étendoient sur leurs droits ei lei. 
sur les injustices qu'ils avoient éprouvées* La nouvelle 
compagnie répliqua par un tableau des moyens de cor- 
ruption que ses adversaires avoient mis en usage. Mais 
le crédit de son patron, M. Montagne , étoit alors entiè- 
rement tombé; et comme la discussion des subsides n'a- 
•voit pas encore eu lieu , le ministère ne voulut pas irriter 
les communes qui marquoient du penchant pour l'an- 
cienne compagnie, en faveur de laquelle il fut passé un. 
bill de rétablissement: adopté par les pairs, ce bill reçut 
force de loi ; en sorte qu'il y eut alors deux compagnies 
rivales de négociants faisant le commerce des Indes 
orientales. Les communes , qui n'étoient point encore sa- 
tisfaites des désagréments qu'elles avoient fait essuyer à 
leur souverain , passèrent un autre bill pour nommer des 
commissaires chargés d'examiner les comptes publics. 
Des loisjfurent faites pour prohiber l'usage des étoffes de 
soie de l'Inde , qui portoient préjudice aux manufactures 
angloises, pour supprimer les droits sur l'exportation 
des marchandises provenant des manufactures de laine, 
sur les grains, les farines, le pain et le biscuit, et pour 
punir les gouverneurs et commandants en chef de» co- ' 
loniesèt des plantations, qui dans leur administration 



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4oa HISTOIRE D^ANGLCfERRr, 

■ ee rendroient coupables de quelque crime ou de qoe!*^ 

*^* que acte d'oppression et d'injustice. 

j. Une violente agitation fégnoit toujours parmi les. 

leuse fer- Écossois. Ils publièrent un pamphlet où se trouyoit le 

t^n"en ^^^^^ ^ leurs griefs contre Guillaume» Des- plaintes eu 

ÉcoM€. ayant été portées à la chambre des communes d'Angle 
terre, on déclara fausses , scandaleuses et tendante» à la 
trahison toutes les allégations contennes dans cet écrit,, 
et Ton ordonna qu'il seroit brûlé par ia main du bour* 
reau. La chambre demanda ensuite à Guillaume de pu- 
blier une proclamation pour que 1 auteur , rimprimeur 
et le distributeur fussent arrêtés;. ce que le roi fit ausr 
sitôt. La compagnie d'Ecosse lui avoit adressé une re- 
quête en faveur de quelques uns de ses agents injuste- 
ment retenus prisonniers à Carthagène..Maislerd Basile 
Hamilton^ chargé de cette requête, ne put obtenir aïK 
dience de sa majesté^ sous prétexte qu'il étoit suspect 
de malveillance à l'égard du gouvernement. Le roi écri- 
vit cependant à son conseil d'Éeosse qu'il demanderoit 
^élargissement des prisonniers, et Êivoriseroit toute» 
les entreprises légitimes que feroit-le commerce de oe^ 
royaume. Cette déclaration ne satisfit point les direc- 
teurs de la compagnie, qui importunèrent le lord chan- 
celieF d'Ecosse, alors à Londres, pour qu'il procurât 
l'accès du trène à lord Basile Hamilton. Le ministère se- 
débarrassa de leurs s(^ieitations par une enquête par- 
lementaire. L'affaire de la compagnie écossoise ayant 
été soumise à la chambre^ des lords, où l'influence 
âoinistérielle avoit le dessus, une partie des membres^ 
engagèrent un débat très vif, non par égard aux inté- 
rêts de rÉcosse, mais uniquement par opposition à 
la COUP, qui cependant finit par triompher. La pro* 



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GUILLAUME ttfi 4o8 

^sitioiii de déclarer rétablissement de la colonie à " ' " 
Darien incompatible avec le succès du commerce d'An^ ^^* 
gleterre fut-adoptée à une foible majorité. Les lords re- 
présentèrent alors au roi que la continuation d'une telle 
entreprise seroit non seulement injurieuse pour eux^ 
Buiis deviendroit extrêmement funeste au commerce 
et à la tranquillité du royaume; ils lui rappelèrent 
l'adresse des deux chambres touchant cet établissement^ 
et ils témoignèrent leur satisfiiction des ordres que sa 
majesté avoit donnés à ce sujet aux gouverneurs des 
colonies. Le roi prit occasion de cette adresse à laquelle 
les communes avoient refusé de concourir , pour exhor« ' 
ter le parlement à regarder Tunion entre les deux 
royaumes comme le meilleur moyen d^assarer la pros^ 
périté de Tun et de Tautre. Conformément à cet avis , les 
lords préparèrent un bill à TefiFet de nommer des com« 
missaires anglois qui traiteroient avec des commissaires 
d'Ecosse pour tout ce qui intéressoit le bien des deux 
royaumes; mais il fut écarté dans la chambre des com-* 
tnunes, déterminées à traverser toutes les mesures qui 
tendroient à calmer Tanimosité des Écossois. Les mé- 
contents insinuèrent qu'il ne falloit pas attribuer rop-^ 
position du roi à la compagnie d'Ecosse à son zélé pour 
les intérêts de l'Angleterre ou à son respect pour les 
traités conclus avec l'Espagne, mais uniquemefità sa 
prédilection pour les HoUandois , qui faisoient un com^ 
merce avantageux de Ttle de Curaçao aux colonies es* 
pagndies en Amérique, et qui appréhendoient que la 
compagnie écossoise ne leur enlevât ce commerce. Une 
telle interprétation servit à augmenter le feu déjà allu*^ 
mé«n Ecosse, et soigneusement entretenu parles cai* 
lomnies des jacobites. Le parlement de ce royaume 



36. 



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4^4 HISTOIRE DANGLETSRRE. 

^ adopta la cause de la compagnie comme un intérêt im* 
^^ tional , en déclarant que la colonie de Darien étoît uo 
établissement légitime, quHl étoit de son devoir de 
soutenir. Cette résolution fit proroger le parlement 
pour quelque temps. Lorsque les Écossois apprirent 
que leur nouvel établissement étoit entièrement abaut 
donné I leur capital perdu, et toutes leurs espérances 
trompées, un transport de fureur s'empara de toute la 
nation. Ils s'écrièrent qu'ils avotent été sacrifiés et bas- 
sement trahis par ceux dont ils n'avoient dû attendre 
que de la protection ; ils rédigèrent une adresse au roi ^ 
conçue dans les termes les plus hauts , dans laquelle ils 
représentoient la nécessité d'a&sembler aussitôt le par- 
lement. Cette adresse courut le royaume pour recueil*- 
lir des signatures, et reçut celles d'un grand nombre 
de personnes ayant séance au parlement; on déptita 
lord Ross avec quelques autres pour la remettre au roi. 
Guillaume leur dit qu'ils auroient comioissance de se$ 
intentions en Ecosse; et en même temps il ajourna lemr 
parlement par une proclamation. Le peuple ,^ exaspéré 
, du nouveau coup qu'on lui portoit, projeta une ser 
conde adresse pour être signée par les comtés et bourgs 
du royaume. Mais avant qu'elle eût reçu toutes ces for- 
malités , Guillaume écrivit au duc de Guiensbevry et au 
conseil privé d'Ecosse une lettre qui fut publiée pour 
la satisfaction du peuple. Il témoignoit combien il étoit 
sensible aux pertes de la nation, et disposé, à accordei? 
tout ce qu'exigeroit le bien d'un royaume, dont il a voit 
à coeur les intérêts ; il promettoit de donner des preuves 
manifestes delà sincérité de ses sentiments à cet égard ^ 
ajoutant qu'il avoit la confiance que cette déclaration 
satisferoit tous les esprits raisonnables; qu'ils ne^ sç 



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GUILLAUME IIK . ^oS 

kôsseroient point égarer » et ne voudroient fournir ni — — 
aux ennemis ni aux malveillants une occasion de trou- '^^* 
bler le gouvernement. Il disoit que son dbsence étoit 
la seule raison de Tajoumement; mais qu'aussitôt qu'il 
pourroit être de retour, le parlement seroit assemblé. 
Cette explication, quoique appuyée de tout le crédit et 
de toute l'adresse de ses ministres, adoucit à peine la 
fermentation nationale, prête à se tourner en insur- 
rection. 

Le roi qui, depuis son élévation si^r le trône, avoit Benvot 
passé d'un parti à un autre, suivant Tétat de ses affaires Somers. 
et l'opposition qu'il avoit rencontrée, fut alors telle- 
ment irrité et mis dans un tel embarrafS, par le caprice 
et l'insolence des communes, qu'il prêta volontiers To- 
reiUe aux chefs des torys, qui entreprirent de lui ren- 
dre le parlement favorable, s'il vouloit renvoyer quel- 
ques uns de ses ministres particulièrement odieux à 
la chambre-basse. Le principal objet de cette aversion 
étoit le lord-chancelier Somers, le chef le plus actif du 
parti des whigs. On demanda le renvoi de ce ministre,; 
et le roi l'engagea à se démettre ; mais il se refusa à 
toute démarche qui pût indiquer ou qu'il craignoit ^es 
ennemis, ou qu'il se reconnoissoit coupable de quelque 
tort grave ; et le roi lui fit porter, par lord Jersey, un 
ordre péremptoire de rendre les sceaux, qu'il n'hésita 
pas à remettre. Us furent successivement offerts au 
lord-chef de la justice Holt, et au procureur-général 
Treyor, qui ne voulurent point accepter un* poste où il 
étoit si difficile de se maintenir. Cependant Guillaume 
forma une commission provisoire de trois juges pour 
siéger à la cour de la chancellerie, et enfin il donna la 
place de lord-garde-des-sceaux à sir Na^am Whright, 



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4o6 HISTOIRE D^ANGLETKRRE. 

" homme médiocrement propre à cet emploi. Quoique 

109g. Q^^g^m^g ^ montrât tout-à-fait attaché aux torys, et 
semblât incliner pour un nouveau parlement , cepen- 
dant on ne voyoit pas bien par quelle influence étoient 
Conduites les affaires, et pendant quelque temps Tad- 
ministration parut ne suivre aucune direction particu- 
lière. 
1700. Pendant la dernière session le ministre françois Tal- 
irahë'de ^^^^ s'étoit occupé à Londres , avec les comtes de Port- 
partage, land et Jersey, d'un nouveau traité de partage qui fut 
signé par eut le 2 1 février, et un mois après à La Haye 
par Briord, envoyé de France, et par les plénipoten- 
tiaires des états-généraux. Cette convention cônfirmoit 
le traité de Riswick, et portoit que, dans le cas où sa 
majesté catholique viendroit à mourir sans enfants , le 
dauphin auroit en partage, pour lui et ses héritiers, 
les royaumes de Naples et de Sicile, les îles de Sainte 
Etienne, Porto -Hercole, Orbitello, Telamoné, Porto- 
Longone, Piombino, la ville et le marquisat de Final, 
la province de Guipuscoa, et les duchés de Lorraine et 
de Bar, en échange desquels le duc de Lorraine se- 
roit mis en possession du duché de Milan ; que néan- 
moins le comté de Biche deméureroit en souveraineté 
au prince de Yaudemont ; que larcbiduc Charles hérite* 
roit du royaume d'Espagne et de toutes ses dépen- 
dances au-dedans et au-dehors de l'Europe; que, s'il 
mouroit sans postérité, ce royaume passerôit à un au- 
tre des enfants de l'empereur, celui d'entre ces der- 
niers qui succéderoit à son père étant excepté de cette 
disposition ; que la monarchie espagnole ne pourroit 
jamais passer au roi de France ni au dauphin ; et qu'il 
seroit donné trois mois à l'empereur pour accéder ou 



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CUILLAUME III. 407 

non à ce traité. Étoit-ce sincèrement que le roi de ~ 
France Ta voit proposé, ou nétoit-ce que dans la vue 
de s'en servir secrètement auprès du roi d'Espagne, 
pour obtenir de plus grands avantages? Il n'est pas fa- 
cile de résoudre cette question. Tout ce qu'on sait de 
certain à cet égards c'est qu'on eut soin de le dérober 
d'abord à la connoissance du public, comme si les par- 
ties contractantes avoient résolu de ne faire aucune 
démardie, en conséquence de cette convention^ auprdé 
du roi d'Espagne. 

Au commencement de juillet le roi s'embarqua pour 
la Hollande, après avoir nommé une régence. Le 29 
du même mois le jeune duc de Glocester, le seul enfant 
qui restât à la princesse Anne, de dix-sept qu'elle a voit 
eus , mourut d'une fièvre maligne dans la onzième an- 
née de son âge. Cet événement fût déploré de la plus 
grande partie de la nation angloise, non seulement à 
cause des belles espérances que donnoit le jeune prince, 
et de son caractère aimable, mais aussi parceque sa 
mort laissoit la succession indécise, et. pou voit donner 
lieu à des différents fort dangereux pour l'état. Les ja* 
cobites. triomphèrent ouvertement de voir ainsi dispa- 
roitre le principal obstacle qui s'opposoit aux intérêts 
du prince de Galles; mais les protestants tournèrent 
généralement les yeux sur la princesse Sophie, éleç- 
trice douairière d'Hanovre, et petite-fille de Jacques I. 
Ce fut pour lui préparer les voies que la cour de Bruns* 
wick rendit visite au roi Guillaume. L'état présent des 
. affaires en Angleterre étoit loin d'être satisfaisant. Le 
peuple en général étoit dégoûté de la personne et dû 
gouvernement de Guillaume ; les esprits avoient perdu 
leur vigueur par leiuxe et l'oisiveté; une longue babi^ 



KOO. 



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s4o8 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

■~~*"^ tude de vénalité et de corruption avoit singulièrement 
' ' relâché les mœurs ; la santé du roi commençoit à décli- 
ner, et ses facultés même s'altéroient sensiblement. La 
seule faction jacobite étoit active, vigilante, entrepre- 
nante et véritablement forte. Â la mort du duc de GIo- 
cester elle députa M. Graham, frère de^lord Preston. à 
la cour de Saint-Germain, et commença à se mettre en 
mouvement dans tout le royaume. Le bruit se répandit 
que la princesse Anne avpit secrétemetit envoyé un 
message à son père; et la Grande-Bretagne semblait 
encore une fois menacée de guerre civile , de confusion 
et d anarchie. 

Une flotte Cependant le roi Guillaume ne passoit pas son temps 

est^ en- ^^^^ Tinactiou. Les rois de Danemarck et de Pologne, 
voyée a vec Télectcur de Brandebourg , avoient formé une ligue 

mer Bal- pour accabler le jeune roi de Suéde, en faisant une in- 
tique, vasion dans ses états de différents côtés. Les Polonois 
entrèrent en Livonie, et entreprirent le siège de Riga; 
le roi de Danemarck, après avoir démoli quelques forts 
dans le Holstein , dojDLt le duc étoit du parti de la Suéde, 
investit Tonninghen. Le ministre suédois en Angleterre 
demanda le secours qu'on avoit stipulé en renouvelant 
Fancien traité entre les deux royaumes. De semblables 
sollicitations eurent lieu auprès des états-généraux. En 
conséquence une flotte de trente vaisseaux anglois et 
hollandois fut envoyée dans la Baltique, sous le com^ 
mandement de sir George Booke, qui se joignit à Tes- 
oadre suédoise, et bombarda Copenhague, où s'étoit 
retirée la flotte danoise. En même temps le duc de Lu- 
nébourg, avec les forces suédoises qui se trouvoient à 
Brème, passa l'Elbe et marcha au secoure du duc de 
Hobtein. Les Danois abandonnèrent au8$itôt le. siège 



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OUILLAUME m. 4^9 

deJTonniBghen, et un corps de Saxons, qui avoit fait 
une irruption âur le territoire du duc de Brunswick, 
fut obligé de se retirer en désordre. Par la médiation 
de Guillaume une négociation s'ouvrit pour un traité 
entre la Suéde et le Danemarck. Le jeune roi de Suéde 
Charles XII, afin d*en accélérer la coiy^lusion, fit une 
descente dans Ttle de Zélande ; descente qui fut exécu- 
tée avec un grand succès. Chaires débarqua le premier, 
et se^ignala par un courage si extraordinaire, et par 
une conduite si fort au-dessus de «on âge , que Tadmi- 
ration vint se mêler à la terreur dans l'ame des enne- 
mis. Il se détermina à faire le siège de Copenhague, et 
cette résolution effraya tellement les Danois, qu'ils re- 
doublèrent de diligence dans la négociation du traité 
qui fut conclu, vers le milieu d'août, entre le Dane- 
marck, l'a Suéde et le Holstein. Les Suédois se retirè- 
rent alors, et les escadres des puissances maritimes 
quittèrent la Baltique. 

Lorsque le nouveau tf*aité de partage fut communi- Le second 
que par les miùistres des parties contractantes aux^ parta^^e 
autres puissances de TEurope, il en fut généralement ««t mal 
accueilli av^c peu de satisfaction. La Saxe et les cou- ^^ 
ronnes du nord étoient trop occupées de leurs propres pl«fip"ra 

■ DUlSSAll" 

démêlés pour donner beaucoup d'attention à une affaire ces. 
éloignée. Les princes allemands furent lents et circon- 
spects dans leurs réponses, ne voulant s'engager dans 
aucun plan qui pût exciter le ressentiment de la maison 
d'Autriche. L'électeur de Brandebourg, en particulier, 
aspiroit à la dignité royale, et il avoit besoin pour l'ob- 
tenir d'être favorisé par l'empereur. Les états d'Italie , 
craignant de voir la France en possession de Naples et 
d'autres parties de leur contrée, fui'ent opposés au 



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4lO HISTOIRE D^ANGLETERRE. 

—*■"*" traité de partage. Le duc de Savoie afFectoît une ncu- 
- ' tralité mystérieuse, dans l'espoir de faire acheter son 
consentement par quelque concession considérable. 
Les cantons suisses évitèrent de donner leur accession 
comme garants. L'empereur exprima toute sa surprise ' 
qu'on disposât ainsi de la monarchie espagnole sans 
l'aveu du possesseur actuel et des états du royaume. Il 
observa, qu'il n'y avoit ni justice, ni décence à vouloir 
le contraindre, lui qui étoit l'héritier légitime, d'ac- 
cepter une partie de son héritage dans l'espace de trois 
mois, sous peine de voir les parties contractantes dis- 
poser de cette même partie en faveur d'une autre per- 
sonne non encore désignée ; il déclara qu il ne prendroit 
aucune résolution définitive avant de çonnoitre les sen^ 
timents de sa majesté catholique sur une affaire où 
leurs intérêts mutuels étoient si étroitement liés. Léo- 
pold étoit alors engagé dans une négociation avec le 
roi d'Espagne, qui signa un testament en faveur de 
Charles, son second fils; il ne prit cependant aucune 
mesure pour soutenir cette disposition , comme il au- 
roit pu le faire, soit en envoyant l'archidùc avec des 
forces suffisantes en Espagne, soit en faisant passer 
des troupes en Italie. 
Le crédit Le peuple espagnol fut exaspéré de cette insolente 
la France ^^dace de trois puissances qui prétendoient morce- 
prcvaut 1er ses états. Son orgueil prit l'alarme à l'idée du dé- 
d'Espa- membrement de la monarchie , et les grands tremblè- 
G^^' rent de voir tarir la source de leurs richesses ; les re- 
tours fréquents de la maladie du roi achevoient de le 
consumer; le ministère étoit foible et divisé , la noblesse 
factieuse et le peu|>le/mécontent; les cœurs avoient été 
aliénés de la maison d'Autriche par l'insolence et l'avi- 



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17*^0- 



GUILLAUME III. 4^' 

dite de la reine Marie-Anne. Les François avoient attire ' 
dans leurs intérêts le cardinal Portocarrero, le marquis 
de Montercy et plusieurs autres seigneurs et person- 
nages de distinction. Les uns et les autres, voyant les 
sentiments du peuple, employèrent leurs émissaires à 
répandre dans tout le royaume le bruit que la France 
pouvoit seule maintenir la succession intacte, que la 
maison d'Autriche étoit foible et épuisée, et que les 
princes de cette maison dévoient leur principal appni 
à d'infâmes hérétiques. Portocarrero , profitant de la 
foiblesse de son souverain , lui répéta tous ces discours 
en les exagérant, et lui conseilla de consulter le pape 
Innocent XII sur la manière de régler la succession. Ce 
pontife, qui étoit une créature de la France, ayant pris 
Tavis du collège des cardinaux, décida que la renoncia- 
tion de Marie-Thérèse étoit invalide et nulle ^ comme 
ayant étéleffetde la contrainte et comme étant con- 
traire aux lois fondamentales de la monarchie espagnole; 
il exhorta donc le roi Charles à contribuer à la propaga- 
tion de la foi et au repos de la chrétienté, en faisant un 
nouveau testament en faveur d'un petit-fils de France. 
Portocarrero ne manqua pas d'appuyer cet avis , et le 
foible monarque s'y prêta. Cependant Louis XIV sem- 
bloit agir sincèrement comme le plus intéressé au traité 
de partage. Ses ministres dans les cours étrangères solli- 
citoient, de concert avec ceux des puissances maritimes, 
l'accession des différents potentats de l'Europe. Quand 
le comte de Zinzendorf, ambassadeur de l'empereur à 
Paris, demanda quelle conduite tieûdroit la France, si 
ie roi d^Espagne appeloit volontairement au trône un 
petit-fils de Louis XIV, le marquis de Torcy promit que 
sa majesté très chrétienne ne répondroit en aucune 



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4ia HISTOIRE D*ANGLETEBRE. 

■*"*—- manière à cet appel ; et même quand le ministre im^ 
^ ^* périal notifia que son maître étoit disposé à entamer 
une négociation particulière avec la cour de Versailles , 
touchant la succession d'Espagne, le roi de France dé- 
clara qu'il ne pouvoit traiter ce point sans le concours 
de ses alliés. 
.^ On ne connut pas plutôt en Angleterre les disposi- 

tions du traité de partage , qu'elles furent condamnées 
de la partie la plus éclairée de là nation. On se plaignit 
avant tout qu^une affaire aussi importante eût été 
conclue sans Ta vis du parlement. On observa que le 
plan en étoit injuste, et l'exécution hasardeuse; qu'en 
signant les articles , les puissances maritimes sembloient 
n'avoir agi que comme partisans de la France ; puisque 
la possession de Naples et des ports de Toscane assu- 
jêttiroit l'Italie à sa domination, et lui donneroit les 
moyens d'enlever aux Ânglois le commerce du Levant 
et de la Méditerranée; tandis qu'en cas de rupture, 
Gujlpuscoa donneroit un nouvel accès dans le cœur de 
l'Espagne. De tout cela l'on inféroit que ce traité étoit de 
nature à détruire la balance du pouvoir, et à porter un 
grand préjudice aux intérêts de l'Angleterre. Les mé- 
contents répétoient bien haut toutes ces observations; 
en-sorte que tout le royaume retentit de violents mur- 
mures. Sir Christophe Musgrave, et autres membres de 
la faction des Tprys, commencèrent de songer aux 
moyens d'assurer la succession de la couronne au prin- 
ce de Galles. On prétend qu'ils députèrent M. Grafaam 
à Saint-Germain, pour faire des ouvertures à ce sujet, 
et promettre qu'il seroit proposé à la chambre des corn-» 
munes d'émettre le vote que fa couronne ne seroit pas 
soutenue dans Texécution du traité de partage. Le roi 



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GUILLAUME III» 4î3 

Guillaume nHgnoroit pas les Vives censures dont il étoit " 
Tobjety et ne s'alarmoit pas peu de se voir si peu de po- 
pularité. Afin de pouvoir donner toute son attention aux 
affaires d'Angleterre , il résolut de prendre quelques me*^ 
sures propres à satisfaire FÉcosse. Il permit que le par- 
lement de ce royaume s'assemblât le I2S octobre , et il lui 
adressa de sa maison de Loo une lettre où il assuroit 
qu'il se ieroit un devoir de soutenir tout ce qu'on pro- 
poseront de raisonnable pour consolider la paix et le 
bonheur du royaume; il promettoit de sanctionner tous 
les actes du parlement qui auroient pour objet d'établir 
avec plus de force la discipline presbytérienne , d'empê- 
cher les progrès du papisme, d'extirper le vice et l'im* 
moraUté, d'encourager la piété et hi vertu, de garantir 
la liberté individuelle , de faire fleurir le commerce, de 
dédommager les sujets des pertes qu'ils avoient faites, et 
de protéger les intérêts de leurs compagnies d'Afrique 
et des Indes; il exprimoit son chagrin de ne pouvoir fa- 
voriser les droits de la compagnie dans l'établissement 
d'une colonie à Darieo , sans troubler la paix de la chré- 
tienté, et sans attirer sur son peuple une guerre ruineu- 
se; ilrecommandoit aux membres l'union et la diligence 
dans leurs. délibérations sur les taxes nécessaires pour le 
soutien et la défense de leur propre nation , et leur faisoit 
connoitre qu'il avoit jugé à propos de continuer le duc 
de Gueensberry dans la place de commissaire de la cou- 
ronne. Malgré cette lettre flatteuse, le ressentiment de 
la nation ne cessa point de se manifester, et le parle- 
ment sembloit tout-à-fait intraitable. Vers le même 
temps , la compagnie avoit reçu la nouvelle certaine 
que son établissement étoit entièrement perdu; et, dès 
le premier jour de la session , elle représenta au parle- 



1700. 



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4^4 HtSTOIfifi o'ABraJUEtERRK. 

""^"^-^ ment que, £aut« d'une protection convenable au dekoftf^ 
''^^^ ses privilèges avoient été violés dans son propre pays pai* 
certaines personnes qu'encourageoit l'opposition qu'elle 
avoitéprottvée. Cette représentation fut suivied'une nou" 
velle adresse de lanation au roi, qui répondit qu'itue pou-* 
voit prendre une plus ample connoissance de cette affai- 
re y attendu que le parlement étoit alors assemblé , et que 
d'ailleurs il avoit fait une déclaration dont il espéroit 
que ses sujets seroient contents. Néanmoins il crut in* 
dispensable de recourir à d'autres expédients pour cal'* 
mer la fermentation. Ses ministres et leurs agents firent 
si bien qu'ils parvinrent à ramener le parlement, et que 
tous les cris du peuple se réduisirent bientôt à de vains 
murmures. Le parlement déclara que regardant la déli- 
vrance du royaume comme l'ouvrage de sa majesté^ 
et persuadé que le bonheur et la tranquillité de l'Ecosse 
étoient attachés à sa conservation et au maintien de son 
gouvernement , il soutiendroit l'un et l'autre de tout son 
pouvoir. Il passa ensuite un acte pour tenir sur pied 
trois mille hommes pendant deux ans, au moyen d'une 
taxe sur les terres. Le commissaire produisit ensuite 
une lettre du roi , qui dèmandoit à pouvoir entretenir 
onze mille hommes à son propre compte ; le parlement 
y consentit sans difficulté, et fut ensuite prorogé au 
6 mai. Les troupes supplémentaires furent envoyées 
aux états -généraux, et le comte d'Ârgyle fut revêtu 
du titre de duc pour avoir contribué efficacement avec 
le commissaire à rendre le parlement favorable. 
Jtfort du Le roi Guillaume étoit retourné en Angleterre le 
i8 octo^e, avec un vif chagrin des embarras où il se 
trouvoit engagé, et, au commencement du mois sui* 



roi d'Es- 
pagne. 



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6tJllXAUBi£ III. 4rlS 

vant f il apprit la mort du roi d'Espagne^ Cet événement , ' 
depuis long-temps attendu, ne pouvoit le surprendre; 
mais il fut accompagné d'une circonstance qui n^avoit pas 
été prévue. Charles^ par son dernier testament , décla^ 
roit le duc d'Anjou, secondais du dauphin, seul héritier 
de la monarchie espagnole, et décidoit en même temps 
/que, dans le cas où ce prince mourroit sans postérité^ 
ou hériteroit de la couronne de France, celle d'Espagne 
seroit dévolue au duc de ^nry , et à son défaut , ou au 
défaut de ses enfants , à Tarchiduc Charles et à ses héri-' 
tiers; il recommandoit aussi de conclure un mariage 
entre le duc d'Anjou et l'une des archiduchesses. Lors* 
que ce testament fut notifié à la cour de France, Loui9 
XIV parut hésiter entre son inclination et ses engage* 
ments envers Guillaume et les états-généraux. Madame 
de Maintenon joignit, dit-on^ son influence à celle du: 
dauphin pour persuader au mcHiarque d'accoter le 
testament; et Pontchartrain fut engagé à donner le 
même avis. 13 n conseil de cabinet fut convoqué dans 
l'appartement de cette dame. Les autres ministres se 
déclarèrent pour le traité de partage; Louis XIV affecta 
une espèce de neutralité. Le dauj^n parla en faveur 
de son fils avec un air de résolution qu'on ne lui avoit 
pas encore vu ; Pontchartrain l'appuya. Le rtste des 
membres se rangea au même avis^ après avoir entendu 
demander par madame de Maintenon en quoi le duc 
d'Anjou pouvoit avoir mérité que le roi le privât de son 
droit à la succeslion d'Espagne. Louis XIV témoigna 
qu'il étoit convaincu par leurs raisons* Il est vraisem-* 
blâble que la décision de ce conseil étoit une cjsipse ar* 
rétée d'avance. Après que le testament eut été accepté^ 



1700. 



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4^6 HISTOIBE D'aNGLBTBBRE. 

^ Louis fit venir le duc d'Anjou dans son cabinet , et loi 

* ' dit en présence du marquis Dès-Bios : » Monsieur, le 
« roi d'£spagne vous a fait roi; les grands vous appel- 
« lent; le peuple vous désire, et je vous donne mon 
• consentement. Souvenez-vous seulement que vous 
« êtes prince François. Je vous recommande d aimer 
« votre peuple, de vous concilier son affection par la 
m douceur de votre gouvernement; en tm mot de vous 
» rendre digne du trône su|| lequel vous allez monter^» 
Le nouveau monatque reçut les félicitations des prin- 
ces du sang. Néanmoins le duc d'Orléans et son fils pro-* 
testèrent contre le testament, parceqne Farchiduc étoit 
placé, dans Fordredelasuccession , immédiatement après 
le duc de Berry, disposition contraire au droit qu'ils 
avoient conmie descendants d'Anne d'Autriche, dont la 
renonciation ne ponvott pas avoir plus de force que celle 
de Marie-Thérèse^ Le 4 décembre le nouveau roi partit 
pour TEspagne, et fut accompagné par ses deux frères 
jusqu'aux frontières de ce pays- 

Lorsque Louis XIV accepta le testament, son minis- 
tre M. de Torcy s'efforça de justifier cette conduite 
auprès du comte de Manchester , qui résidoit à Paris 
en qualité d'ambassadeur de la cour de Lpndres. Il 
représenta que le traité de partage ne répondroit pro- 
bsdilement pas aux vue&dans lesquelles il avoit été con- 
certé; que l'empereur avoit refusé d'y accéder; que ce 
traité n'étoit pas approuvé par aucmi des princes* aux- 
quels ili avoit été communiqué ; que les peuples d'An- 
^eterre et de Hollande avoient exprimé leur mécon- 
tentement à l'idée de vcrir la France en possession de 
Naples et de la Sicile; que si son maître avoit rejeté 
le testament, l'archiduc auroit eu un double titre dé- 



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^tiLLAt^tE lit; 4^^ 

tïv^tït du testatoent de Philippe IV, et de celui du der- ^*^ 

nier roi; que les Espagnols étoieiit si opposés aii dé-» *^^ 
membrement de leur mouafcbie^ qu'il eût fallu la con-^ 
quérir avant de pouvoir exécuter le traité ; que lés vais- 
seaux que dévoient fournir l'Angleterre et la Hollande 
nauroient point été suffisants pour atteiûdl^e le but 
d'une telle guerre; et qu'il étoit douteux que Tube et 
l'autre eussent voulu s'engager dans une dépense pluâ 
eonsidérable. Il conclut en disant que le traité eût été 
plus avantageux à' la FraiiCe que le testament, et que 
le roi n'avoit accepté celui-ci que pat* le désir de main- 
tenir la paix de l'Europe; qu^ainsi ce prince espéroit 
que la bonne intelligence contihueroit à régner entre 
lui^t le roi de la Grande-Bretagne. Les métneâ faisons 
furent présentées aux états-généraux par l'ambassa-^ 
deur de France à La Haye. Malgré cette explication, les 
états firent remettre au monarque françois' un mémoire 
où ils témoignoient leur surprise qu'il eût accepté le 
testiament^ et l'espoir qu'ils avoient conçu que le tempd 
donné à l'empereur pour accéder au traité n'étant paà 
encore expiré, sa majesté très chrétienne examineroit 
de nouveau cette affaire importante, et ne voudroit 
manquer à aucun de ses engagements. Louis XIV, dans 
sa réponse, qu'il envoya à toutes les cours de l'Europe, 
déclara qu'il consid^oit par-dessus tout le but princi-* 
pal des parties contractantes, qui étoit le maintien de 
la paix de l'Europe ^ et que}, suivant ce principe , il s'é-- 
cartoit, seulement des paroles ^ pour mieux se Confor^ 
mer à l'esprit du traitée 

Ayec cette réponse, le roi de France adressa aux Philippe 
états-généraux une lettre où il leur disoit que le testa- ^oi^j^E^ 
ment du roi d'Espagne en faveur de son petit-fils éta- pagnepair 
II. J7 



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I700. 



4l$ HISTOIBE D^ANGLËTEffAE. 

' blissoit sur des bases si solides la paix de TEurope qaH 
ne doutoit point que la succession de ce prince à la 

les él'itâ- 

çéuéiùox. couronne d'Espagne n'c^tînt leur approbation. Les 
états répondirent qu'ils ne pou voient s^ déclarer sur 
une affaire d'une teUe importance ^ sans consulter leurs 
provinces respectives ; Louis agréa cette excuse. L'am- 
bassadeur d'Espagne à La Haye remk aux états une 
lettre de son nouveau maître, qui notifia de même son 
avènement à toutes les puissances de l'Europe hormis ao 
roi d'Angleterre. L'empereur jeta uq eri contre le tes* 
tamenty qu'il trou voit encore plus injuste ^ie le traité 
départage, et menaça de se faire justice peur la force 
des armes. Les Espagnols af^rébend^nt qu^il ne se 
formât une %ue entre l'empereur et les puissances 
maritimes , pour écarter la couronne de la tête du due 
d'Anjou , et sentant leur insuffisance pour défendre leurs 
états, se mirent entièrement sous la protection de la 
monarchie ffançoise. Les villes des Pays-Bas espagnols 
et du duché de Milan reçurent des garnisons françoîses. 
Une escadre de la même nation jeta l'ancre dans le p^rt 
de Cadix, et une autre fut envoyée aux établissements 
espagnols dans les Indes occidentales. Une partie de 
l'armée hollandoise qui se trou voit en quartier à Litxem* 
bourg, Mons et Namur, fut faite prisonnière de guerre,. 
' comme n^ayant pas voulu reeonnoMre le roî d'Espagne 
qui n'étoit pas encore reconnu du gouvernement koUan- 
dois. Cet événement plotigea les états dans la phis gran- 
de consternation; ils se voyoient sans d^éfimse, et ne 
doutoient paé que les garnisons espagnoles ne tombas- 
sent sur eux avant qu'ils eussent pu rassembler un corps 
de troupes. Le danger étoit si pressant, qu'ils se déter* 

* minèrent à reconnoitre le roi d'Espagne» Ils écrivirent à 



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CtJiLLÀtJMfe Ut* 4*9 

Cet effet à Louis XIV, qui donna aussitôt ses ordres — ^**** 
Jpour qu'où relâchât leurs troupes. ^^^^' 

Quelque ressentiment qu'inspiroit au roi Guillaume Nouv«aa 
la conduite du monarque fraiiçois , si contraire aux ^^^^^^ "^^ 
engagements qu*avoit pris ce prince , il dissimula son not»v«att 
chagrin^ et se comporta dans cette circonstance avec menu 
Une réserve et une indiflFerencè apparente qui persua- 
délrent à quelques personnes qu*il avoit en secret donné 
les mains à cette affaire; d^slutrès pensèrent que ses 
hïfirmités qui croissoient de jour en jour, et ]a crainte 
bien fondée de trouver beaucoup d'opposition dans le 
parlement, le dégoûtoient de s'engager daiis une nou- 
velle guerre* Mais son but réel étoit de cacher ses sen- 
timenti jusqu'à ce qu'il eût sondé ceux des autres puis- 
sances de l'Europe , et qu'il eût vu jusqu'à quel point il 
pouvoit compter sur son nouveau ministère. Il parois^ 
soit alors mettre sa principale confiance dans le comte 
de Rochester, qui étoit partisan des torys, et qui fut 
nommé vice-roi d'Irlande. Lord Godolphin fut fait pre* 
toier commissaire de la trésorerie ; lord Tankerville 
succéda comme garde du sceau privé à lord Londslade ^ 
fliort depuis peu , et sir Charles Hedges remplaça le 
eomte de Jersey en qualité de secrétaire d'état ; mais 
Remploi de modérer et de diriger les Communes fut 
confié à M. Kobert Harley, qui jusqu'alors s'étoit opposé 
aux mesures de la cour avec autant de virulence que 
d'habileté. Ces nouveaux personnages voyant bien qu'il 
»eroit très diflScile, 8*il n'étoit pas impossible, d^obtenir 
la majorité dans le parlement, déterminèrent le roi à le 
dissoudre par une proclamation; et dés writs furent ex* 
pédiés pour en assemble^ un nouveau le 6 février. 
Dans cet intervalle , le comte de Wratislaw arriva en 

27. 



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l^OO, 



420 HISTOIBE d'^ANGLETERRE. 

Angleterre comme ambassadeur de lempereur^ pouf 
faire valoir les titres de Léopold à la monarchie espa- 
gnole; titres appuyés sur des substitutions et des re- 
nonciations réitérées^ et confirmées par les trsfités \eê 
plus solennels. Ce ministre reçut raccueil le plus froid 
de ceux qui se trouvoient à la tête des affaires. Ils 
croyoient devoir éviter toute alliance qui pût entraîner 
leurs compatriotes dans une nouvelle guerre sur le con- 
tinent , épuisés comme ils Tétoient de tant de pertes et. 
de malheurs que la guerre précédente leuravoit cau- 
sés ^ et dont leurs descendants se ressentiroient encore. 
Ils sembloient penser que Louis XIV, plutôt que de 
s'exposer à de nouveaux troubles^, donneroit toutes les 
garanties que pouvoit exiger le maintien de là paix ea 
Europe; et que , quand bien même il s'y refoseroit , ce 
ne seroit pas pour la Grande-Bretagne une raison de 
prodiguer de nouveau son sang et ses richesses , afin 
de soutenir un équilibre chimérique, auquel elle n'avoit 
qu'un intérêt éloigné. Ils pensoîent aussi qu'en demeu- 
rant à l'écart , elle n'en seroit que plus imposante ; que 
sa réserve tiendroit en respect les puissances conten- 
d^tQS, dont chacune en particulier imploreroit sotk 
assistance ou ses bons offices ; et qu'au lieu de prendre 
part à leurs différents , elle auroit l'honneut' d'en être, 
l'arbitre. Peut-être étendoient-ils ces idées trop loin ; il 
est même vraisemblable que l'esprit de faction n'y étoit 
pas étranger. Ils haïssoient les whigs comme leurs ad- 
versaires politiques, et avoienC la guerre en aversion ^ 
parcequ elle avoit été encouragée et soutenue par le 
crédit de ce parti. Le roi croyoit, au contraire, que la 
réunion des monarchies de France et d'Espagne devien- 
drpit fatale à la liberté de l'Europe , et qu'un tel mal- 



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GUILLAUME III. 4^1 

heur ne pouvoit être prévenu que par un concert gé- — — — 
néral des autres puissances européennes. Il entroit '^** 
certainement de l'enthousiasme dans ses idées sur l'é- 
quilibre politique, et ce prince étoit pleinement con- 
vaincu que, de tous les potentats de la chrétienté , il 
était le seul qui pût maintenir la balance. L'ambassa- 
deur de l'empereur ne tarda pas à être instruit de ses^ 
véritables sentiments par des entretiens avec les favoris 
hollandois qui connoissoientet approuvoient le des- 
sein de leur maître, dessein qu'il évitoit de déclarer 
- jusqu'à ce qu'il eût rendu ses ministres plus favorables 
à ses vues , mais le motif secret de la réserve qu'on 
avoit gardée envers le comte de Wratislaw à son arrivée 
étoit dans une négociation particulière que Guillaume 
avoit ouverte avec la régence d'Espagne , touchant une 
barrière à établir dans les Pays-Bas. Il proposoit de 
mettre en garnison dans certaines villes des troupes an- 
gloises et hollandoises , pour servir de rempart contre 
lés vues ambitieuses de la France. La régence étoit si 
dévouée aux intérêts de cette nation , qu'elle refusa 
d'accéder à aucune proposition de cette nature. Pen- 
dant la durée de cette négociation, Guillaume crut dq.- 
voir se tenir à une sage distance de l'empereur. Mais 
quand ses efforts eurent écboué, l'ambassadeur le 
trouva beaucoup plus ouvert et plus accessible. 

Le parlement , assemblé le 6 , fut prorogé au lo fé- i^qi. 
vrier. Ce terme arrivé, M. Harley fut élu orateur par 
une grande majorité , en opposition à sir Richard 0ns- 
loh. Le roi avoit eu soin d'avertir sir Thomas Lyttleton 
qu'il lui rendroit un véritable service en cédant ses pré- 
tentions à M. Harley dans cette circonstance, et Lyt- 
tleton consentit à s'absenter de la chambre le jour de 



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4%2 HISTOIRE D*ANGLETERRE. 

-^'"^^ Télection. Le roi dit aux chambres dans son discoure 
^ * que la mort du duc de Glocester les mettoit dans la 
nécessité de prendre des mesures plus efficaces pour 
maintenir dans la ligne protestante la succession à la 
couronne ; et que les grands changements apportés 
dans les affaires du continent par le décès du roi d'£s* 
pagne exigeoient de leur part la plus sérieuse et la plus 
.prompte délibération. Il termina par les demandes et 
les recommandations accoutumées. Quoique les élec* 
tions eussent été faites en général dans le sens des tory s , 
le ministère n'avoit pu s assurer que d'une partie de 
cette faction. Quelques uns des chefs les plus popu- 
laires , comme le duc de Leeds , le marquis de Nor* 
mamby, les comtes de Nottingham, Seymour, Mus- 
grave , Howe , Finch et Showers , a voient été ou négligés 
ou trouvés intraitables, et ils se pjlomirent bien de 
s'opposer de toute leur influence aux mesures de la 
cour. D'un autre côté, l'on prétend que le roi de Fraxice 
li'ignorant pas que la paix de l'Europe dépendoit en 
grande partie des résolutions du parlement d'Angleterre, 
avoit fait répandre dans ce pays de fortes sommes d'ar* 
gent par son ministre Tallard, afin de fortifier l'oppo- 
sition de la chambre des communes. Il est certain que 
les pièces de France connues sous le n<Hn de louis^'or 
ou de pistoles abondoient alors en Angleterre. Mais on 
ne peut dire si elles y étoieut entrées par les voies du 
commerce , ou par les largesses de Louis XIV. Nous 
devons observer aussi que les moyens de corruption 
n'avoient jamais été aussi indignement pratiqués en- 
vers les électeurs que dans le choix des représentants à 
ce parlement. Ce scandaleux trafic avoit été particu- 
lièrement la ressource des whigs. Aussi lem^s antago* 



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OtriLLÂUME III. 4^3 

nistes résolurent-ils de De rien négliger pour mettre à " 
découvert toutes leurs pratiques. Sir Edouard Seymour, 
qui se distingua dans cette circonstance par son zélé 
actif, en dévoila plusieurs , et signala particulièrement 
la compagnie des Indes orientales , comme ayant pris 
beaucoup de part h cet indigne manège. Une enquête 
fut entreprise dans la chambre des communes; plu* 
sieurs élections furent déclarées nulles , et divers indi* 
vidus qui avoieni été réélus illégalement, furent d^abord 
expulsés de la chambre et ensuite mis en prison. Mais 
ces poursuites se firent avec tant de partialité , qu'il 
étoit facile de voir qu elles étaient plutôt inspirées par 
u^'zéle de parti que par un vrai patriotisme. 

Une grande partie des communes avoit résolu de 
présenter une adivsse à Guillaume,. pour lui demander 
de reconnoltre le roi jd*Espagne. Et la motion qui fut 
faite à ce sujet auroit probablement été adoptée à une 
majorité considérable , sans quelques mots hardis jetés 
avec un rare bonheur , qui firent prendre au débat une 
telle toupam^e, que les membres opposés à la cour 
crurent devoir se désister. M. Moncktpn, dans le feu 
d'une sortie contre la proposition , dit ironiquement 
qu il s'attendoit que le premier vote seroit pour recon- 
noitre le prétendu prince de Galles. Quoiqu^il n'y eût 
que peu ou point de rapport entre ces deux sujets, un 
grand nombre de membres furent frappés de la ré- 
flexion, et abandonnèrent la mesure proposée, qui se 
trouva ainsi écartée. Le discours du roi ayant été pris 
en considération , la chambre décida qu'elle soutien- 
droit sa majesté et son gouvernement, et qu'elle pren- 
dront les mesures les plus favorables aux intérêts de 
l'Angleterre et a ceux de la religion protestante. Cette 



I Ol. 



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4a4 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

*""*"" résolution fut présentée au roi dans une adresse qu'il 
^ * . reçut très gracieusement. En même temps, il fit mettre 
sous les yeux des communes un mémoire qu'il avoit 
reçu des états-généraux ^ et demanda leur avis et leur 
assistance sur ce. qui en faisoit l'objet. Les états t'infor- 
moient qu'ils avoient reconnu le duc d'Anjou comnie 
, roi d'Espagne, que la France avoit consenti aune né- 
. gociation, où seroient stipulées les conditions néces- 
saires pom* le maintien de la paix en Europe , et qu'ils 
étoient bien déterminés à ne rien faire sans le concours 
de sa majesté et de leurs autres alliés. Us demandoient 
en- conséquence qu'il envoyât un ministre àXa Haye 
pour coopérer avec eux à cette négociation. Ils ajoù- 
tpient que si elle étoit infructueuse , ou que la Hollande 
fût soudaii^ement envahie par les troupes que LouisXIV 
avoit fait avancQr vers leurs frontières ; ils comptoietit 
sur l'assistance de TAngleterre, et espéroient que sa 
majesté feroit préparer les secours convenus dans le 
traité , pour qu'on pût s'en servir si l'occasion le re- 
quéroit. Ce mémoire fut également communiqué à la 
chambre des pairs, Les communes demandèrent que 
ies traités çntre l'Angleterre et les états-généraux fus- 
sent mis sous leurs yeux. Après en avoir pris lecture», 
elles résolurent de demander au roi , par une adresse , 
d'entrer avec les états^généraux et les autres puissan- 
ces dans les négociations les plus propres à conduire 
?m but qu'on devoit se proposer, c'est-à-dire à la sûreté 
mutuelle de la GranderBretagne et des Provinces^Unies, 
et à la garantie de la paix de l'Europe ; elles dévoient 
en même temps l'assurer de leur zélé à le seconder dans 
l'exécution du traité subsistant entre l'Angleterre et les 
étjats-généraujç. Cette résolution ne passa cependant 



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1701. 



ttUILLAUMIB III. 4^5 

qu'après une vigoureuse résistance de la part de ceux * 
qui s opposoient à ce que la nation s'engageât dans une 
nouvelle guerre sur le continent. Guillaume témoigna 
toute la satisfaction qu'il ressentoit de cette adresse , et 
dit qu'il donneroit immédiatement à ses ministres en 
pays étranger l'ordre d'agir de concert avec les états- 
généraux et les autres puissances , pour remplir les 
désirs que manifestoit la chambre. 

Le roi communiqua ensuite aux communes une L®""** il- 
lettré écrite par le comte de Melfort à son frère le 
comte de Perth, gouverneur du prince de Galles. Cette 
" lettre avoit été égarée par accident, et venoit d'arriver 
à Londres dans la malle de France. Elle contenoit lé 
projet d'une nouvelle invasion en Angleterre, avec 
quelques réflexions sur le caractère du comte de Mid- 
dleton, qui avoit supplanté le comte de Melfort à la 
cour de Saint^Germain. Melfort étoit un homme à pro- 
jets, et paroissoit n'avoir d'autres vues que de se ren- 
dre recommandable aux yeux du roi Jacques et de faire 
disgracier son rival. La chambre des lords, à qui la 
lettre fut également communiquée, en ordonna l'im- 
pression , et présenta le lendemain une adresse où , en 
remerciant; Guillaume du soin qu'il prenoit des intérêts 
de la religion protestante, elle demandoit qu'on lui re- 
présentât tous les traités faits depuis la dernière guerre , 
prioit le roi de s'engager dans les^ alliances qu'il croiroit 
les plus propres à maintenir l'équiHbre en Europe, 
l'assuroit du concours des lords, et lui témoignoit sa 
reconnoissance pour l'attention qu'il avoit eue de don- 
ner communication de la lettre de Melfort. La chambre 
lui demandoit aussi de donner des ordres pour qu'on 
e^isU les chevaux et les armes des malveillants, d'éloi* 



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4^6 HISTOIRE d'aNGLETCRBE. 

~— ~* goer de Londres les papistes qui pouvoient s'y trouver, 
^ * d'ordonner qu'on fît la recherche des armes et des mu* 
nitions mentionnées dans la lettre, enfin de faire équi- 
per le plus tôt possible une flotte suffisante pour la 
défense de son gouvernement et de son royaume. Goil- 
laume fit la réponse la plus gracieuse à cette adresse, 
où les demandes des lords se rencontroient si bien avec 
ses propres desseins , et lencourageoient à les exécu^ 
ter. Il eut la satisfaction de voir la lettre de Melfort 
enflammer encore le ressentiment de la nation contre 
la France, qui représenta inutilement cet homme 
comme un faiseur de projets chimériques ani^quels la 
cour de Versailles n avoit auctm égard. Le ministère 
françois se plaignit de la publication de cette lettre 
comme d'une démarche faite pour aigrir les deux na- 
tions Tune contre lautre, et voulant donner une preuve 
de sa sincérité, il exila le comte de Melfort à Angers, 
bn renie Le Crédit des billets de Téchiquier se ressentit telle- 
■j^^^jJ^J^' ment du changement de ministère, et de l'expiration 
courcm- . du temps déterminé pour leur circulation , qu'ils tom- 
bèrent à près de vingt pour cent au préjudice du re- 
venu public, et au grand désavantage du gouvernement 
dans les pays étrangers. Les communes, ayant pris ce 
discrédit en considération, arrêtèrent qujl scroit pour- 
vu , à des époques indéterminées , an paiement du prin- 
cipal et des intérêts dus sur les fonds alloués par le 
parlement ; elles passèrent un bill pour renouveler les 
billets de l'échiquier. Ce bill fut envoyé le 6 mars à la 
chambre des lords , et le 1 3 il reçut la sanction royale. 
Le premier soin des communes fut ensuite de régler la 
succession au trône, ce que le roi leur avoit recom- 
mandé à l'ouverture de la session. Après une longue 



ne. 



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GUILLAITME Ili. 4^7 

délibération elles décidèrent qu'il étoit absolument né- " 
cessaire à ia paix et au IxHibeur du royaume, comme 
à la sûreté de la religion protestante, de faire une dé« 
claration plus étendue pour régler et pour limiter à la 
ligne protestante la successicm à la couronne^ après sa 
majesté la princesse Anne, et leurs descendants res- 
pectifs , et pour assurer de plus en plu| les droits et les 
libertés du peuple. M, Harley proposa qu avant de rien 
déterminer, quant aux personnes ayant titre à la suc* 
cession , on réglât , en forme de préliminaires , plù<* 
sieurs des conditions qu'elles devroient remplir pour 
gouverner la Grande-Bretagne ; ce qui garantirait mieux 
Tobservation de ces conditions. La chambre prit en 
conséquence les résolutions suivantes.: que quiconque 
parviendroit désormais à la couronne devroit être de 
la communion de Téglise d'Angleterre^ telle qu'elle 
étoit établie par les lois ; que s il arrivoit que la cou* 
ronne passât à un prince qui ne seroit pas né anglois , 
la nation ne seroit tenue de s'engager dans aucnne 
guerre pour défendre un état ou un territoire qui n'ap* 
partiendroit pas à cette couronne, sans le consente- 
ment du parlement, qui seroit également nécessaire 
pour autoriser à l'avenir le souverain ou I9 souveraine 
à sortir d'Angleterre, d'Ecosse et d'Irlande ; que, pour 
parvenir à l'exécution rigoureuse de l'acte de limita-' 
tion^ toutes les affaires, ayant pour objet d'améliorer 
l'administration, continœroient d'être soumises à la 
connoissance du conseil privé, suivant les lois et cou- 
tumes ; mais que , tant pour le présent que pour l'avenir, 
les résolutions prises dans ce conseil seraient signées 
par tous ceux qui auroient donné en leur ùveur un avis 
ou une adhésion; que, lorsque Taote de limitation au* 



1701. 



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170Ï- 



428 HISTOIRE D'ANGLETERRE. 

■ roit son efFet, tout individu né hors des trois royaumes 
ou hors des territoires de leur dépendance, à moins 
qu'il ne dût le jour à des parents anglois , seroit inha- 
bile à entrer. au conseil privé, à siéger au parlement , 
à occuper aucune place de confiance soit dans le civil , 
soit dans le militaire, à recevoir des terres ,' maisons 
ou héritages, p^r concessions de la couronne, faites 
directement ou par l'entremise d'un prête-nom , quand 
même il seroit naturalisé et déclaré regnicolé; que 
nulle personne possédant un office ou une place sala- 
riée, dépendante du roi , ou pensionnée de la couronne, 
ne pourroit être admise à la chambre des communes ; 
que l'acte de limitation ayant son effet, les commissions 
des juges leur seroient délivrées quamdiu se bene ges- 
serint; que sur la demande des deux chambres ils poud- 
roient être légalement révoqués ; qu'enfin aucunes let- 
tres de grâce scellées du grand sceaii ne seroient va- 
lides contre une accusation portée en parlement par la 
chambre-basse. Les communes décidèrent ensuite que 
la princesse Sophie, duchesse douairière d'Hanovre, 
seroit déclarée première héritière de la couronne dans 
' la ligne protestante, après sa majesté, et la princesse, 
et leurs descendants respectifs, et que l'acte de limita- 
tion des prérogatives de la couronne auroit son effet à 
dater de ladite princesse Sophie. Un bill conforme à ces 
résolutions fut envoyé à la chapbre des lords, où il 
éprouva quelque opposition de la part du marquis de 
Normanby; les comtes de Huntingdon et Plymoùth, 
les lords Guilfort et Jeffries protestèrent contre ce bill, 
qui passa cependant sans amendement, et reçut le 12 
juin la sanction royale. Ces limitations préliminaires 
donnèrent beaucoup de chagrin à Guillaume, qui les 



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GUILLAUME IIL 4^9 

regarda comme une critique ouverte de sa conduite et 

de son administration, tandis qu'en général les bons '7^ 
esprits n'y virent que des précautions nécessaires, na- 
turellement suggérées par l'expérience des maux aux* 
quels la nation avoit été exposée pour avoir élevé un • 
prince étranger sur le trône. Les torys, qu'on accusoit 
de favoriser les intérêts du dernier roi , montrèrent en 
cette occasion beaucoup de zélé pour détruire cette im- 
putation, et s'insinuer dans la confiance du peuple, 
espérant que par la suite ils pourroient détourner la 
nation de s'engager trop avant dans les affaires du con- 
tinent, sans encourir le soupçon de n'être point parti- 
sans du roi et du gouvernement. L'acte de succession 
étant passé, le comte de Macclesfield fut envoyé pour 
en donner connoissance à la princesse Sophie, qui re- 
çut aussi de ses mains l'ordre de la jaKretière. Cet acte 
fit ombrage à tous les princes papistes, qui étoient plus 
près de la couronne par leur naissance que cette prin- 
cesse, qu'ils se vôyoient préférer par le parlement. La 
duchesse de Savoie, petite-fille par sa mère du roi 
Charles I , ordonna au comte de Maffei , son ambassa- ^ 
deur, de faire en son nom , auprès du parlement d'An- 
gleterre, une protestation contre toutes les résolutions 
contraires à son titre, attendu qu'elle étoit seule fille 
de la princesse Henriette, et par cette raison la plus 
proche de la succession après le roi Guillaume et la- 
princesse Anne de Danemarck. Maffai aidressa cette 
protestation au lord garde-des-sceaux et à Porateur de 
la chambre des communes; mais ou n'y eut aucun 
égard. Pendant que l'ambassadeur de Savoie faisoit 
cette démarche, son maître formoit une alliance avec 
les cours de France et d'Espagne, à condition que sa 



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43ù tlISTOtRE D'ANClEtÊftAË; 

— majesté catholique épouserait la plus jeune de ses fiUeê ^ 

' ' sans qu'elle lut apportât aucune dot; que lui-même 
auroit le commandement de Farmée alliée en Italie , et 
qu'il fourniroit huit mille hommes d'infoftterie et deux 
mille cinq cents chevaux ^ moyennant un subside de 
cinquante mille écus par mois. 
M^{;oeia- Oaus le même temps M« Stanhope, envoyé extraor- 
frnctueu- diuaire auprès des états-généraux, reçut pouToir de 
•e avec la (raiter avec les ministres de France et d'Espagne, con« 
formément aux adresses des deux chambres du par* 
lement. Il représenta que si sa majesté très chrétienne 
avoit jugé à-propos de s'écarter du traité de partage^ il 
n'étoit pas raisonnable que le roi d'Angleterre perdtt le 
fruit de cette convention, et qu'il espéroit en dédom-^ 
magement quelque garantie pour la paix de TEurope ; 
en conséquenoe*il proposa certains articles portant que 
Louis XIV retireroit immédiatement ses troupes des 
Pays-Bas e^>agnoIs; que, pour la sûreté de TAngle- 
terre^ les villes d'Osteode et de^Nieuport seroient re- 
mises entre les mains de sa majesté britannique; que 
bulies provinces, villes, terres ou places appartenant 
à la couronne d'Espagne ne seroient jamais ^ sous au^ 
cun prétexte, cédées ou transférées à la couronne de 
fVance; que les sujets de la Orande-^Bretagne conser-- 
ireroient pour la navigation et le commerce, dans les 
états de l'Espagne, tous les privilèges , droits et immu* 
nités dont ils jouissoient à la tnort du dernier mo« 
narque espagnol ; qu'ils jouiroient également de toutes 
les franchises et de tous les droits que pôssédoient ou 
que pourroient posséder à l'avenir les sujets du roi de 
France ou de toute autre puissance ; qu^ou renouvelle- 
roit tous les traités de paix et toutes les conventions 



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GùatAtMÈ lîh 43i 

entre l'Angleterre et FEspagne; et que le! traité qui" 
seroit conclu en conséquence de ces demandes, seroit 
garanti par toutes les puissances dont Tune ou l'autre 
des parties contractantes solliciteroit Taccessioa. Les 
mêmes propositions furent faites par les états-géné- 
raux, avec cette différence qu'ils demandèrent comme 
villes de garantie toutes les plus fortes places des Pays- 
Bas. Le comte d'Avaux, ministre de France, fut si sur^ 
pris de ces demandes es^orbitantes, qu'il ne put s'em- 
pêcher de dire qu'on n'auroit pas exigé davantage de 
son maître après deux victoires successives remportées 
sur lui. Il assura que sa majesté très chrétienne retire-^ 
roit ses troupes des Pays-Bas espagnols aussitôt que le 
roi d'Espagne auroit dans cette contrée des forces suf- 
fisantes. Quant aux autres articles , il ne répondit autre 
chose sinon qu'il alloit les transmettre à la cour de 
Versailles. Louis XIV. fut indigné de ces propositions , 
quon s'accordoit insolemment à lui faire; il y vit une 
preuve certaine des intentions hostiles de Guillaume^ 
Il refusa de donner d'autre garantie pour la paix de 
TEurope que le renouvellement du traité de Byswick^ 
et Ton dit même que, par le moyen de ses agents et 
de ses émissaires , il s'efforça de gagner les membres du 
parlement anglois , pour qu'ils s'opposassent à toutes 
les mesures qui pouvoient tepdre à une nouvdile guerre 
fur Le continent. 



FIN ou TOME 0K2IÈME* 



1701 



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TABLE 

Des Ghapitreâ et Sommaires contenus dan» 
le onzième Volume* 



tlVRE PAEXIJSR. 

Guillaume III et Marie. État de la nation immédïaf-' 

tement après la révolution « . . . « Page s 

Nouveau ministère •«•«•••«. 5 

La convention transformée en parlement. . « . .c . 7 

Révolte dans Tarmée • • • n 

Couronnement, et abolition de Timpôt sur les feux. . 12 
Les communes ^lotent des indemzdtés en faveur des 

Provinces-Unies ••...•..« 4 iJ 

Tentatives de Guillaume pour gagner les non-confc^- 

mistes .« «..^««^•«.«^ i4 

Acte pouF la tolérance . • •«.<•• if 

Vidlepts débats au sujet du bill de compréhension • . i9 
Ls^jchambre des communes fait une adresse au roi 

pour demander la convocation du clergé * • « « 19 

Revenus fixés • ^ • . . . ^ • • • 20 

La conduite des vtrhigs donne de l'ombrage au roi • • ii 

Animosités qu'excite Je bill d'amnistie . « . « • .r n 

Naissance du duc de Glocester ..•••«..«• a3 

Affa)f^ du continent a4 

La guerre est déclarée à la France . a6 

Convention d'Ecosse . • . * • 2J 

Lettres dulroi Guillaume et du roi Jacques à la con- 
vention d'Ecosse a6 

L'autorité de Guillaume est reconnue par la convenu 

lion «••...•^r«r. ••.••,..•. 3o 



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TABLE» 433 
La couronne ^i déclarëe vacante. Acte qui reiConnoît 

Guillaume et Marie comme souverains d'Ecosse . Page 3i 
Guillaume accepte la couronne aux conditions pro- 
posées • ... é ...... • 3a 

Ë numération des griefs de la convention .*.... 34 

L'épiscopat é&t aboli en Ecosse \ é ^ . 35 

Débats dans le parlement d*Ëcosse « .4 3ô 

Le parlement est ajourné • . • « é é • • . 4 . . 37 

Siège et prise du château d*Édimbourg . .... * 38 

Les troupes de Guillaume sont battues à Rillicrankie. . 3q 

Le roi Jacques est accueilli à la cour de France • é . 4^ 

Tyrconnel temporise avec le roi Guillaume • . « . 4^ 

Jacques arrive en Irlande < «*.«*... é . . « 4^ 

Proclamations de Dublin . . * . < . , é • • . • 4^ 

Siège de Londonderry . « . é . . ^ . é . . . • 44 

Courageuse défense des habitants . . . . ^ . . . 4^ 

\]!onduite de Rosen « ........ 4 « . « . 4? 

La ville est secourue par Kirke •..<,.«..< 4^ 
Les habitants d'InniskilHng défont et prennent le 

général Maccarty .. é ••««.• i .. « . 49 

Assemblée du parlement d'Irlande • • * ^o 

L'acte qui confirmoit les protestants dans leurs biens 
est annulé . • . é * . . . . * . i? . . . . - . * ' Se 

Acte de proscription/ . .........*.♦"• Skiai 

Jacques fait battre une monnoie à bas titre * . . • . 53 

ïiCs catholiques s^empareUt des églises des protestants. 54 

Combat de la (lotte françoise é . • 55 

On revient sur plusieurs jugements en Angleterre * • 5^ 

Bills passés dans cette session •«...« 60 



^ 



LIVRE il. 



Suite du régne de Guillaume III et Marie. Schomberg 
passé en Irlande avec une armée 6li 

il. 28 • 



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434 TABLE. 

Victoire ^des Inni^tninois Page tS4 

Schomberg biàmé de son inaction 6S 

Échec des François 4 Walcotirt • • . 66 

Succès des alliés en Allemagne 67 

Mort du pape innocent XI 6ft 

Gnillaume perd tin peu de sa popularité ...••. 70 

Une partie tlu dergé refuse le serment ^1 

Le roi GuiHaume s'occupe de réfomoer !a discipline 

de l'église .... % yS 

Assemblée du dergé ....»..••.*.., 74 

La session est plnsieurs fois prorogée 7S 

Affaires du parlement • . 76 

Les wbigs mettent obstade an bill d^ammscîe .... 77 

On reprend les recheixhes sur les affaires d'f rlarnde • 78 

Ressentiment de GuiHaume icomtre tes "wbigs .... 80 

Complot -contre le goirvemement ibid. 

Débats au sujet du bill <les communautés .... 8» 

liC roi veut terminer en personne hi guerre dlrîande . 8S 

Arrivée de Ludletv en At^gleterre 84 

Efforts des jacnbîtes en Ecosse '. . 8S 

Le crédit de la -cour remporte . • ^ 86 

Les torys ont le dessus en Airgléterre ....... 88 

Bill pour reconnoltre Guillaume et Marie ..... Sg 

Débats «ur le biH d'abjuration ...»•.•... 91 

Guillaume passe en Irlande 9« 

Iftcques marche vers la Boyne pS 

Gnillaume se décide à «livrer batsffHe . • . • • ^ . 94 

Bataille de la Boyne 96 

Mort de Schomberg . • • ^ 

Jacques s'embarque pour |a France • loa 

Entrée de Guillaume à Dublin ........ .^ . rot 

Victoire des François « 107 

Torrington est envoyé 4 la Tour .......... io4 

Progrès de Guillaume en Irlande . ....... ^ 10& 

11 fait le siège de Llmerick qu'il est obligé d'abandonner .^ 1 07 



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TABLE, 435 

Iltductien de Cork et de J^iosale .•..•• Pagç 108 

Les troupes françaises %uiUeBt l'Irlan4e • .. • » • • ii« 

te duc de Savoie se joint aux confédérés ibid. 

Héfaite du prince 4e WaMeefc ^ «•...... • m 

X/archlducJosefili es* élu voî des Romains . « .. • . 113 

Assemblée du parlement ea Angleterre 114 

Lies cooimune^ acQédeat aux demandes du roi • . • ii5 

Péiitioa dea torys . .•,.•«•«.«..««• 11$ 

Attaque contre le BQiarquîs de Gaer«ii9irtb0n « . • « . 117 

Voyage de Guifiaunie en Holbkude* lit 

Il assiste il un congrès 120 

LlVftE m. 

Suite du régne de Guiilautne III et Marie. Conspira- 
tion découverte Page ma 

Le roi nomme aux évèchés Tacants .....••« laS 

Affaires d'Ecosse . •• ««* ' 127 

Campagne de Flandre 12S 

Affaires du Piémont ^••.••«•. i3i 

Élection d'un i^ouveau pape . . • • « i3i 

Succès de l'empereur contre les Turcs i33 

Affaires d'Irlande ^ i33 

Les François et les Irlandais obtiennent une capitu- 
lation honorable • . • . • i43 

Douze mille Irlandois catholiques romains sont trans- 
portés en France ••.•••••.•«.... i46 

Assemblée du parlement • . • • 147 

Actes du parlement. •••...•.•• i5o 

Mauvais succès des flottes angloise et hoUapdoise • i5% 

Le roi mécontente les presbytériens d'Ecosse • «' • • i54 

Massacre de Glencoé . • iS^ 

Préparatifs en France pour une descente en Angle- 
terre • . , ^ • . • • {€• 



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436 TABL£. 

Manifeste de Jacques Page i6i 

Précautions prises par la reine pour la défense de la 

nation ,•... i6S 

L'amiral Russel met de nouveau en mer . « . . « 166 
Il remporte une victoire sur la flotte Françoise . . 167 
Le roi de France prend Namnr à la vue du roi Guil- 
laume • • .••,,.•.,. 172 

Défaite des alliés à Steinkerque •...,..., 173 

Entreprise contre Dunkerquc qui n'a pas de suites . 176 
Peu de succès des alliés sur le Rhin. Affaires de 

Hongrie , • ....•,•.. •.,..,.. 177 

Le duc de Savoie pénétre dans le Dauphiné • • • . 178 

Le 4uç de Hanovre ctéé électeur 4e l'empire • , • • iSJo 



LIVRE IV. 

Suite du régne de Guillaume III et Marie. Le comte 
de Marlborough et l'évêque de Rochester fausse- 
ment accusés • 183 

Causes du mécontentement général i83 

Division entre la reine et la princesse Anne de Dane- 

marck 186 

Les lords revendiquent leurs privilèges 187 

Les communes présentent des adresses au roi et à 

la reine • 189 

Les lords présentent des remontrances au roi . • . 194 

Adresse des communes au roi 196 

Instruction pastorale de Burnet brûlée par la main 

' du bourreau • 19-^ 

Adresses des chambres au roi . •...,•..• 199 

Bills favcrables à la liberté 120e 

Procès de lord Mohun. Changements dans le mi- 
nistère 3o4 

Le roi rassemble l'armée des confédérés en Flandre . 20Q 



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TABLE. 4^7 

IjCs François réduisent Huy Page 207 

Ijuxemboùrç se détermitie à attaquer les alliés . • . ao8 

Cliarleroi pris par les François an 

Campagnes sur le Rhin et en Piémont • • • , . , . 21a 

Affaires navales 217 

Expédition dans les Indes occidentales ••«... 21g 

Benbow bombarde Saint-Malo 220 

Le roi de France a recours à la médiation du Dahe- 

marck 222 

Le roi retourne en Angleterre ...... w ,. • 226 

Enquête relative aux désastres éprouvés sur mer . . 227 
Des sommes énormes sont accordées pour le service 

de l'année suivante t T .•••'• • 229 

Établissement de la banque en Angleterre 232 

Charte de la compagnie des Indes orientales • . . • 234 

Bill général de naturalisation '. 236 

Tentative de descente à la baie de Camaret . • • . 23^ 

L'amiral Russel secourt Barcelone . 242 

Campagne de Flandre ' . . . 243 

Les alliés reprennent Huy .•...,.. ^ ,. . 245 

Opérations sur le Rhin • • . ibid. 

Succès des François en Catalogne ........ 247 

Mort de l'archevêque Tillotson et de la reine Marie . 260 
Réconciliation <lu roi et de la princesse Anne de Dane^ 

marck , 25ï 



LIVRE V. 

Suite du régne de Guillaume IIL Complot de Lan- 

caster . 254 

Enquête sur le3 abus introduits dans Farmée . . . 267 

Interrogatoire de Cooke, d'Acton, et de quelques au- 
tres ........ 260 

Le duc de Leeds accusé par les communes . . • . 262 



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4!38 TABLE. 

Parlement d'Ecosse. . • • Pag€ !à64 

Enquête sur le massacre de Glencoé 26S 

Acte du parlement d'Ecosse pour une compagnie de 

commerce •••••••... .. ^j 

Délibérations du parlement d'Irlande 9i68 

Disposition des arnciées en Fl^dre •••••••• si6g 

Guillaume entreprend le siège de Nainùr 17 1 

Retraite du prince deVaudemont ••••..., 272 

Campagne sur le Rhin • • 279 

Prise de Casai par le duc de Savoie a8i 

Affaires de Catalogne • » • ibid^ 

One fibtte angloise bombarde Saint-Malo • . , . • !i83 

Expédition dans les Indes occidentales ibid. 

Nouveau parlement ».. ^85 

Bill qui rigle les procès en cas de haute-trahison . . a86 

Résolutions relatives à un nouveau monooyage . • • aSg 

Intrigues des jacobites. •••...• ^ agS 

Conspiration contre la vie du roi Guillaume . . • • 298 

Projet d'invasion déjoué • . • • 3oo 

Association pour la défense du roi • • 3oi 

Établissement d'une banque territoriale ,«•••• 3o4 

Les alliés brûlent le magasin de Givet . ..««•. 3io 
Louis XIV fait auprès de la {loUande des avances pour 

la paix ^\% 

Affai résina vales 3 18 

Délibérations des parlements d'Ecosse et d^Irlande . 3 19 

Zélé des communes d'Angleterre pour Guillaume • • 3ao 

Résolutions relatives à la moonoie • . 32 1 

Procès et condamnation de sir Jean Fenwick . • • . 324 

Le comte de Monmouth envoyé à la Tour 336 

Enquête sur le peu de succès des affaires navales. . • 337 

Négociations à Rysw^ck 339 

Les François s'emparent de Rarcelone. ...••• 34 1 
Expédition de l'amiral Nevil aux Indes occiden* 

taies . . • 343 



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L'électeor de Saxe e%i él«JK>i de Pologne . - . Page 345 

Le czar de Moscovie voyage dégiiisë B46 

Congrçs de Ryswick ••...♦. 347 

On signe le traiié 3^ 

i'aL'ification générale ......•••«••••• S5s 

LÏVfeE T1. 

6u4te du régne de Guillaume III. Étal diss jMdrtis 45B Ad- 

gletecre . • ^ • • • • . 35S 

Caractère des minisires •• « ^. •«#••••• • 359 

Le nombre des troupes, permanentes réduit li dis «mUe 

hommes 36t 

Vote pour la liste civile ..«•«• 36a 

Endossements frauduleuse de billets de Téchiquier » 363 
Nouvelle compagnie des Indes orientales constituée 

par acte du parlement 365 

Société pour la réforme des moeurs 370 

Le comte de PorUand vésîgne tses «mploîs « . « • • 371 
Le roi se montre peu favorable à la compagnie d'E- 
cosse. ' • • • 371 

Il s*embarque pour la Hollande 374 

Premier traité de partage •...'•. 375 

Intrigues de la France à la cour de Madrid •••.,. 377 

Adresse des communes au roi .... « '• 383 

La compagnie d'Ecosse forme un établissement dans 

. l'isthme de Darien 385 

Remontrances de la cour d'Espagne • 38g 

Les communes persistent dans leurs résolutions ... 391 

Enquête sur l'expédition du capitaine Kidd • . . . 392 

Enquête sur les biens confisqués en Irlande . . « . 395 

Bill qui déplaît extrêmement à Guillaume 397 

Les communes passent un bill très sévère contre les 

papistes 399 



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44o TABLG. 

Rétablissement de l'ancienne compagnie des Inde^ 

orientales • Page ^ài 

Dangereus»^ fermentation en Ecosse 4^^ 

Renvoi de lord Somcrs • . • 4^^ 

Second traité de partage ^i • «. • . • 4^^ 

Une flotte angloise est envoyée dans la mer Baltique . 4^ 
Le second traité de partage est mal accueilli de plu- 
sieurs puissances •• ^og 

Le crédit de la France prévaut à la cour d'Espagne . i^io 

nfort du roi d*E$pagne * . 4^4 

Philippe reconnu roi d'Espagne par les états*généraux. 4 > ^ 

Nouveau ministère et nouveau parlement 4^9 

Lettre interceptée •. «... ^25 

On régie la succession à la couronnf ....... 4^^ 

Négociatiop infructueuse avec la France .•••.. 4^^ 



FIN D£ LA TAKrE DV ONIIEHS VOLUME» 



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