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ERAETS.….
_ SUITE ds MEMOIRES
DE
MATHEMATIQUE &4 PHYSIQUE
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D ROYALE
MES SCIENCES,
| M DCCLIL.
sh = ires des Hegiftres de cette Acadernie.
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DE LIMPRIMERIE ROYALE.
M. DCCEVI.
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RONDE SE RVATION
DEVLECLIPSE DE LUÜNE,
F4 -Dù 2 Décembre 1751,
FAITE A L'OBSERVATOIRE ROYAL.
ne”.
Par M. CassiNi DE THurÿ.
1e temps. qui avoit été très-favorable au commencement
dr de lécliple, s'eft couvert vers le milieu, de forte que
Ton na pù déterminer que -très-imparfaitement l’émerfion
des taches dont on avoit obfervé limmerfion. Le ciel fut
enfuite découvert vers là fin de l'éclipfe, que lon a déter-
minée avec la même précifion que le commencement. J'ai
fait cette obfervation de concert avec M. Maraldi & mon
_ père: nous nous fommes fervis de lunettes de huit pieds,
. montées fur une machine parallaétique, dont deux étoient
_garnies d’un micromètre à réticule dont les fils comprenoïient
Lt exactement l’image de là Lune, & nous croyons que l'on
DE à , k 3 à «
peut compter fur l'exactitude de lobfervation des doigts
éclipfés. Voici le réfultat de nos obfervations.
‘ A 8ñ 20° 5 8" l'ombre fe diftingue difficilement de Ia pénombre,
A & on doute du commencement.
Ne _ 8. 21. 28 commencement certain,
CR 8. 25. 53 un doigt.
8. 28. 25 ombre à Ariftarque.
|. 8.31. 53 deux doigts.
8. 35.48 Grimaldi dans l'ombre.
_ 8. 39. 12 Yombre à Hélicon.
8. 39. 28 trois doigts.
8. 40. 28 Hélicon dans l'ombre.
À 8. 43. 44 Tombre à Copernic.
8. 45. 25 quatre doigts.
* ë 8. 51.43 cinq doigts:
1 | Ée ii
222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
À 8h 59° 16" fix doigts.
8. 59. 48 l'ombre à Menelaüs.
1. 29 ÂMenclaüs entre.
5. 22 l'ombre à Pline.
7. 38 fept doigts.
8. 28 Denys dans l'ombre.
13. 52 l'ombre à Mare humorum.
16. 28 huit doigts.
23. 28 huit doipts & demi.
34. 37 neuf doigts.
. 40. 28 neuf doigts & un tiers,
. 52. 28 neuf doigts & demi. L'ombre paroît mal terminée, &
l'on doute fi l'éclipfe augmente ou n'augmente plus.
La Lune a reparu aflez diftinétement.
A 10h37 28” cinq doigts & demi environ.
10. 46. 38 quatre doigts.
10. 52. 25 Hélicon cft forti.
10. 53. 25 trois doigts.
10. 58. 12 deux doigts.
11. 4.25 un doigt.
11. 9.35 fin de l'éclipfe.
Ÿ Ÿ 6 LL L V LL V
Des phafes précédentes on tire le milieu de l'éclipfe par
le commencement & la fin, à oh 45° 31"; par la phale d'un
doigt, à oh 45 8"; par celle de deux doigts, à oh 45" 1”;
par celle de trois doigts, à 9" 46" 26"; par celle de quatre
doigts, à oh 45° 20"; & par Æélicon, à 9P 46° 26". Après
lobfervation de léclipfe nous avons fait celle du pañage de
la Lune au méridien, qui eft arrivé à 12h 6° 2"; la hauteur
du bord fupérieur de la Lune a été obfervée de 624 23°
20”, & celle du bord inférieur de 614 59° 10". La diffé-
rence d'afcenfion droite entre la Lune & € du Taureau a
été trouvée de 409 541, & la différence de déclinaifon
entre cette étoile & le bord vü de la Lune a été oblervée
au mural de 14° 5".
D'ENS SCT E NC ES 22e
RELATION
D'UNE
MALADIE RARE DE L'ESTOMAC;
L AVEC
Quelques Obfervations concernant le méchanifine du
vorntiflement, 7 l'ufage de la Rate.
Par M. LrEUTAUD.
NTous recumes à la Charité royale vers la fin du mois
de Mars de cette année un homme de 65 ans, cachec-
tique depuis long temps, qui avoit alors les jambes fort
gorgées, & le bas-ventre aflez tendu, fans pourtant aucun
figne d'épanchement : la refpiration paroïfloit d'ailleurs affez
libre; le pouls étoit foible & fébrile; les urines épaifles &
bourbeufes fe féparoient en petite quantité, & le ventre étoit
extrémement pareffeux. Au furplus le malade fe plaignoit
d’une plénitude ou pefanteur à leffomac, accompagnée de
quelques douleurs fourdes aux environs de fa région, qui a
toûjours été plus élevée que les autres parties du bas-ventre.
H defroit de vomir, mais la Nature & l’art même n’avoient
pû fe prèter à fes defirs: il refufoit toute boiïflon, prenoit
très-peu d’alimens, & ce n'étoit qu'avec une peine extrème
qu'il confentoit à recevoir les remèdes qu'on lui préfentoit,
encore avoit-on l'attention de les réduire au plus petit volume.
Tout ce qu'on a pü faire pendant deux mois pour arrêter les
progrès de cette maladie, ou dans la vüe d'en prévenir les
fuites, n'a pas empêché qu'elle ne fe foit terminée par une hy-
dropifie univerf{elle, avec épanchement dans toutes les cavités;
ce qui s'eft manifeflé un mois avant la mort par l’oppreffion
& par une fluétuation manifefte dans a cavité du bas-ventre,
partie qui a toüjours paru être la plus affectée, le malade
s'étant conftamment plaint, comme je l'ai dit, d'une tenfon
23 Jui
1752.
224 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
douloureufe & d’une pefanteur confidérable à l'eftomac. II
eft encore furvenu quinze jours avant la mort une douleur
très-vive qui occupoit la partie latérale gauche du bas-ventre,
au deflus de la crête des os des iles: fa vüe & le taét ont
été inutilement employés pour découvrir la caufe très-cachée
de cette douleur ; elle a réfifté à tous les topiques qu'on à
mis en ufage, & n'a été calmée que par F'affoupiflément lé-
thargique qui a terminé la vie du malade. Une circonftance
à laquelle on doit s'arrêter eft que dans le dernier temps de fa
maladie il ne prenoit prefque rien, quoique les organes de
la déglutition fuflent parfaitement libres, difant, lorfqu’on le
préfloit à ce fujet, qu'il étoit rempli & que rien ne pafloit, On
a remarqué pendant le cours de fa maladie, qu'il n'alloit à a
felle que les jours qu'on aïguifoit fes remèdes avec les hydra-
gogues qui opéroient très-foiblement, de même que le tartre
{tibié qu'on avoit donné quelquefois dans la vûe d’exciter le
vomifiement, fans avoir pü y réuflr.
L'ouverture du cadavre nous a préfenté des fingularités
très-intéreflantes : ’incifon ordinaire des tégumens & des
mufcles du bas-ventre nous a découvert dans le côté gauche,
qui étoit le fiège de la douleur dont j'ai parlé, une poche
aflez étendue, fituée entre le grand & le petit oblique, formée
par l'écartement de ces mufcles; elle contenoit plus de deux
livres de fang grumelé, d'un beau rouge, fans aucune marque
de corruption, tel qu'il pourroit être une heure après la faignée.
I n'eft pas douteux que ce dépôt ait été la caule de la dou-
leur vive que le malade a reffentie quinze jours avant fa
mort, puifqu'il ne s'en eft point plaint auparavant, & qu'il
n'a afluré n'en avoir jamais éprouvé de pareilles, I[ ne nous
a pas été poflible de reconnoïître la caufe d'une extravafation
de cette nature, dont l'époque n'a été marquée d'aucun acci-
dent qui püt y avoir donné lieu. Le réfultat de cet expofé
eft que le fang a croupi dans cette cavité pendant quinze jours
fans aucune apparence de putréfaétion; mais ce fait ne pa-
roitra point nouveau à ceux qui ont 1 ou obfervé.
Après l'écoulement des eaux contenues dans Ia du -
u
RL Ci
DhEN SES CRE NrciE's, 225
du bas-ventre, qui pouvoient aller à deux ou trois pintes, parmi
bien des chofes prelque communes à tous les hydropiques,
l'état de l'eflomac & des boyaux a fixé principalement notre
attention. Ce vifcère étoit extrémement étendu & rempli à
proportion, quoique le malade depuis quelques jours ne prit
prefque rien : le canal inteftinal étoit au contraire très-ref
ferré, au point que tous les boyaux enfemble formoient un
volume qui ne furpafloit guère celui de l'eflomac. Cette
difpofition furprenante nous à portés à penfer qu'il devoit
avoir dans le pylore ou dans le canal inteftinal quelque
obftacle qui sétoit oppolé au paflage du liquide contenu
dans l’'eftomac; mais toutes les recherches que nous avons
faites à cet égard ont été inutiles, & le canal nous a paru,
quoique rétréci, parfaitement libre par-tout, de même que
le pylore, qui n'étoit point forti de fon état naturel.
Ce fait, qui s'accorde très-bien avec fhiftoire de cette
maladie, & qui juftifie les réponfes du malade, ne life,
ce me femble, aucun liéu de douter que l'eftomac n'ait été
pendant long temps dans cet état de plénitude, & que Ja
matière dont il regorgeoit ne pouvoit pafler qu'en petite
quantité dans le canal, de forte qu'il eft évident que le
volume de ce dernier devoit être extrémement diminué,
Ne puis-je pas encore aflurer, en m'interdifant même toute
conjecture, que la perte de mouvement & peut-être de fen-
fation de l'efiomac, maladie très-femblable à celle qui arrive
quelquefois à la veffie dans un âge avancé, a été la fource
de cæ delordre? Il paroïtra fans doute furprenant que le
malade n'ait pas vomi pendant le cours de fa maladie, quoi-
qu'il en ait eu beaucoup d'envie, & que j'aie tenté plufieurs
. fois de l'y exciter, avec des ménagemens à la vérité que
Yétat de l'eflomac, fi je l'avois bien connu, ne demandoit
point; mais fi l'on confidère que ce vifcère étoit privé de
mouvement , il fera aifé de concevoir que le liquide qui
croupifloit dans fa cavité, quelque altéré qu'il pût être par
fon féjour, l'agaçoit inutilement, & qu'incapable de contrac-
tion il ne pouvoit fe décharger de fon fardeau. I n'eft pas
Mém, 1752.
226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
furprenant encore que le malade dans cet état ait été privé
de tout fentiment de faim, & qu'il ait mème eu tant d'é-
loignement pour la boifion & pour les alimens.
Mais pourquoi, dira-t-on, le diaphragme & les mufcles
du bas- ventre, qu'on croit être aujourd huï les principaux
agens dans le vomifiement, ont-ils été fans action, puifque
le malade fe plaignoit d’une fenfation douloureufe de pléni-
tude & de pelanteur, qui feule devoit être capable de mettre
ces puiflances en ieu? Cela devoit en effet arriver, fi le mé-
chanifme du vomifiement étoit tel qu'on le fuppofe fur la
foi de M. Chirac. Me fera-t-il permis de n''élever contre
un préugé qui a féduit les favans comme les ignorans, &
de n'infcrire en faux contre une opinion qui a été reçüe,
fi je l'ofe dire, fans examen & avec un empreffement dont
il eft difficile de rendre raifon. On avoit voulu donner
autrefois une force étonnante à l'eflomac; l'efprit de difpute,
qui porte toüjours vers les extrêmes, la lui enleva tout d'un
coup & la tranfporta aux organes qui l'environnent. Ces
deux opinious, qui paroiffent aufli faufles qu'elles font op-
poées, ont été pourtant fucceflixement reçües, & ont trouvé
des défenfeurs dignes de faire un meilleur ufage de leurs
talens : c'eft ainfi que l'erreur trouve du crédit, pendant que
la vérité éprouve fouvent un fort contraire. Les Anatomiftes
conviendront fans doute que l'eflomac, placé en partie fous
la charpente de la poiurine, eft peut-être, de tous les vifcères,
le moins foumis à lation des mufcles du bas-ventre: il
eft à la vérité expofé, par fa fnuation, à celle du diaphragme;
mais fon orifice fupérieur ne feroit-il pas plus exaélement
fermé par la contraction de ce mufcle, ainfi que M. Haller
Va remarqué? dilons plus, fe contracte-t-il dans le vomif.e-
met? Quoique je ne me propole pas à préfent de traiter
à fond cette matière, quelque lice qu'elle foit à mon lu,et,
je ferai cependant quelques.oblervations propres à Féclaircir,
ou tout au moins à faie naïue des doutes qui pourront
orter à de nouvelles recherches.
I eft très-certain que le diaphragme & les mufcles du
ME NSUISC CITE NICE 5 227
bas-ventre concourent à l'expulfion du fœtus & des matières
fécales, quoiqu'elle puifle fe faire & qu'elle fe fafle en effet très-
fouvent fans ce fecours: il n'eft pas moins afluré que la vefie
fe vuide par fon propre mouvement. Ceux qui exercent Ja
Médecine favent très-bien que lorfqu'elle eft engourdie ou
paralytique dans les M. les efforts que ces der-
niers peuvent faire n'en fauroïéntichailer l'urine, quoique {on
volume s'élève alors quelquefois jufqu'au deflus du nombril,
& qu'il foit par conféquent plus expolé par fa faillie à l'ac-
tion des mufcles du bas-ventre. S'il arrive dans quelques
circonftances que ces puiflances prêtent leur fecours en fe-
condant les eforts de Ja veflie, il eft très-aifé de {e con-
vaincre que c'eft toùjours 1 volonté qui les y détermine,
de même que dans l'expulfion du fardeau de la matrice &
des boyaux , circonftance qui ne fe rencontre point dans le
vomiflement : il eft encore évident que les mulcles du bas-
ventre, dans tous ces cas, ne fauroient agir que de concert
avec le diaphragme, & que leur action eft fimultance,
Cependant on ne fauroit douier que le vomiflement ne
dépende d’une caufe purement méchanique, à laquelle la vo-
lonté n'a aucune part, puifqu'il arrive tous les jours qu'on
eft tourmenté par l'envie & le defir de vomir, fans qu'on
savife de faire le moindre effort en arrétant la refpiration
pour y parvenir; mais quelqu'un s'eft-il aperçü , lorfqu'on les
emploie, ces efforts, dans d'autres circonftances, qu'ils aient
porté [ur l'eflomac, ou, ce qui peut revenir au même, qu'en
vomiflant on ait été invité d’aller à la felle, fi ce n’eft dans
le cholera-mortus, maladie fpafmodique de l'eflomac & des
boyaux. Quelques-uns de ceux qui ont expliqué, d'après
M. Chirac, la méchanique du vomiffement, ont fenti une
partie de ces difficultés, & ont tâché de les réfoudre en
difant que la contraction fimultanée du diaphragme & des
mufcles du bas-ventre précédoit le vomiffement, mais que
lorifice fupérieur de Feftomac ne s'ouvroit que lorfque les
mufcles du bas-ventre l'emportoient fur le diaphragme &
obligeoient.ce dernier à rentrer dans la poitrine. Mais fera-t-on
Ffij
228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
fatisfait d’une pareille explication? la veflie ne fe vuide-t-elle
pas dans le temps de fa contraction? le cœur ne pouffe-t-if
pas le fang pendant la fyftole? Il feroit bien fuprenant que
l'eftomac qui, à ce qu'on prétend, ne peut fe décharger que
par da preffion qui lui vient de dehors, fe vuidät dans le
moment même que cette | 24 déagir.
Peut-on d’ailleurs penfer#fans renoncer aux notions les plus
communes de Anatomie & de la Méchanique, que les mufcles
du bas-ventre foient les feuls agens dans cette opération,
pendant que l'eflomac, comme je lai dit, eft de tous les
vifcères le moins expofé à leur preflion, fur-tout lorfqu'il
contient peu de matière? mais eft-il vrai qu'ils fe contraétent au
delà de cette réaction tonique qu'ils exercent néceflairement
dans l'expiration! La raifon qui a déterminé à le croire, c'eft-
ä-dire , leur mouvement vers l’épine, *eft celle qui me porte
à en douter. Les plus forts mufcles font fans contredit les
droits & les grands obliques: on fait que les uns & les autres
tiennent d’un côté à la charpente de la poitrine, & de l’autre
aux os du baflin : qu'arrivera-t-il dans feur contraétion? La
ligne courbe qu'ils décrivent fe redreffera, & ils tendront à la
ligne droite, qui fera terminée par leurs attaches. On fait très-
bien que la preflion qu'ils peuvent exercer fur les vifcères ne
peut être qu'à raifon de leur courbure: elle peut être confi-
dérable lorfque par le volume des vifcères ils font’ repouffés
en dehors; mais il ceffe d'y en avoir dans le cas contraire.
On ne voit pas cependant que ceux qui ont le ventre grêle
& aplati aient plus de peine à vomir que les autres. Dans le
marafme, le ventre eft non feulement aplati, mais il eft creufé :
les principaux mufcles, dans ce cas, doivent décrire une courbe
qui rentre en dedans. Qu'arrivera-t-il s'ils fe contractent? ils
tendront à la ligne droite, & les vifcères feront par conféquent
plus au large. Je demande comment dans ce cas s'exécutera
le vomiflement : on doit pourtant remarquer qu'il arrive
alors aufli fréquemment, avec la même violence, & que le
mouvement des mufcles vers l'épine eft encore plus mani-
fefle: ofera-t-on après cela l'attribuer, ce mouvement, à leur
L
DUE. SU2S /GLIE N-C Es. 229
contraction pluftôt qu'au relâchement du diaphragme, qui
rentrant dans la poitrine, fait remonter les vifcères qui y font
attachés, de même qu'à l'évacuation de l'eftomac, qui perdant
de fon volume, cède aux efforts de Fair extérieur, qui pefant
fur l'enceinte mufculeufe, doit la repouffer vers l'épine toutes
les fois qu'une puiffance contraire ne sy oppofera pas?
Aura-t-on recours aux mufcles tranfverles & aux petits
obliques, qui peuvent à la vérité par la direction de leurs
fibres concourir à cet eflet; mais comment les droits & les
grands obliques , qui forment avec eux un tout inféparable,
fe prêteront-ils à ce mouvement? j'en laïfle la décifion à ceux
qui connoiflent la ftruéture de ces parties *. Mais exami-
nons encore ce qui fe pañle, lorfque les mufcles du bas-
ventre fe contraétent dans le temps que le diaphragme fe
voûte ou fe relâche: on fait que cela arrive dans tous les efforts
violens de la poitrine, favoir, lorfqu’on touffe, qu'on crache,
qu'on éternue ou qu'on fe mouche: on fent très- bien dans
tous ces cas, que les mufcles du bas-ventre, qui font les prin-
cipaux expirateurs, fe contraétent & fe durcifient très fenfible-
ment; c'eft une chofe trop manifefte pour qu'on puifle en
douter. L'eflomac fouffre-t-il alors quelque preffion? a-t-on
dans ce moment quelque envie de vomir? Je ne crois pas
. qu'on Fait remarqué : ceux même qui ont des naufées peuvent
fe moucher & éternuer tant qu'ils voudront, ils n'en vomi-
ront pas plus tôt. Qu'on applique enfin la main fur le bas-
ventre de ceux qui vomiffent actuellement, & qu'on les faffe
enfuite moucher ou touffer, afin de pouvoir comparer bien
commodément ce qui fe paflera dans lun & l'autre état; on
fentira pendant la toux une forte tenfion dans les mufcles, &
un gonflement très-manifefle dans les différentes portions des
droits: on n'éprouvera ni l'un ni l'autre dans le temps du
vomiffement. La chofe n'a toûjours paru fi évidente, que j'ofe
_ * M. Bertin a remarqué que les | leur connoît, & qu’ils doivent par
fibres aponévrotiques des grands & | conféquent tous concourir à une
petits obliques fe confondent avec | même action. / Voy. ls Mém, de
celles des mufcles droits ou avec | /’Acad, 1740, page 297.
Les interfections tendineufes qu'on LISTE
Ffiij
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230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
affurer que tous ceux qui fe donneront la peine de l'examiner:
n'en jugeront pas autrement : cependant les mufcles du bas-
ventre, en qualité de mufcles expirateurs, fe contraélent
comme par accident dans le temps du vomiflement ; mais
cette contraétion n'approche point de celle qu'ils éprouvent
dans les eflorts violens de la poitrine, & ne fauroit par
conféquent agir fur leflomac, puifqu'une force qui lui eft
fupérieure ne produit point cet eflet. Je rapporterai encore
ici ce que j'ai obfervé il y a plufieurs années dans un jeune
homme attaqué d'une inflammation aux mufcles du bas-
ventre, que les nombreufes faignées & les fomentations réi-
térées terminèrent heureufement. Le malade fouffroit des dou-
leurs inexprimables lorfqu'il toufloit , lorfqu'il crachoit ou
qu'il fe mouchoit; il vomit cependant plufieurs fois dans
cet état, avec autant de facilité qu'il lauroit fait dans tout
autre temps: ce fait, auquel je ne fis alors aucune attention,
& qui fe préfente à préfent à ma mémoire, prouve encore
très-bien, à ce qu'il me paroït, que le vomiflement ne dé-
pend en aucune façon des mufcles du bas-ventre.
Il n'y a donc que le diaphragme qui puifle exercer cette
preffion fur l'eflomac:; mais il eft très-ailé de s’affurer qu'on
ne vomit que dans le temps de l'expiration, c'eft-à-dire,
lorfqu'il eft dans le relichement. Il ny a perfonne qui ne
puifie l'éprouver fur foi-même: il n'eft pas plus difhcile de
s'en convaincre en examinant ce qui fe pafle dans les autres ;
mais un fait auquel on n'a pas fait aflez d'attention, le prouve
évidemment. On fait que tout ce qui entre dans le pharinx
ou qui en fort, paffe fur la glotte: on connoît très-bien ce qui
en défend l'entrée lorfqu'on avale, mais on ne voit rien qui
puifle la couvrir dans le vomiffement. Il eft même impoflible
de concevoir qu'un liquide rejeté par leflomac , quelque
mouvement qu'on lui donne, puifle franchir cette ouverture
fans s'y infinuer, fi fair qui eft en même temps repoufié par
le poumon n'y mettoit un obftacle bien néceflaire. Enfin
orifice fupérieur de l'eftomac ne fauroit s'ouvrir que dans le
temps de l'expiration : on en fera convaincu fi l'on confidère le
CR
i s,
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Ÿ L2
DES S JGELE Ni C.r.5 'Étév221
‘pafage de l'œfophage à travers le diaphragme, dont les faifceaux
charnus qui embraflent ce canal, tiennent vrai-femblab ement
lieu de fphinéler, qui balançant la force tonique de l'eftomac,
met un obftacle à la fortie des aliméens, qui ne pourroit pas
même être furmonté par l'effort fpafmodique de ce vifcère,
fi le diaphragme n'entroit point dans le relâchement. Tous
ces faits, comme on doit s'en apercevoir, fe lient parfaite-
ment, & doivent diffiper, ce me femble, les doutes qu'on
pourroit former contre ce qui fait le fujet de cette digreffion.
La maladie extraordinaire de l'eftomac qui y a donné lieu,
me préfente encore une obfervation aflez intéreffante au fujet
de la rate. L'Académie aura la bonté de fe rappeler celles
que je lui avois communiquées il y a plus de quinze ans, qui
tendoient à prouver que le volume de ce vifcère étoit, dans
fon état ordinaire, en raifon inverfe de celui de l'eftomac.
Tout ce que j'ai obfervé depuis ce temps dans les cadavres
& dans les animaux vivans, m'a paru s'accorder parfaitement
avec ce que J'avois avancé; mais Je n'avois pas encore ren-
contré un cas qui füt auffi favorable à mes recherches. L'efto-
mac étoit ici bien rempli, & l'on ne püût pas douter quilne
le füt depuis long temps; il falloit donc, felon le réfultat de
mes obfervations, que la rate füt bien petite, fuppol£ qu'elle
füt faine, comme elle l'étoit en effet. J'ai prévenu là-de‘lus
tous les affiftans avant d'apercevoir ce vifcère, qui étoit caché
par le volume de l'efomac. L’infpetion à juftifié mon attente,
& Fa même furpaflée, puilquelle nous à préfenté une rate
fi pete, le croira-t-on, qu'elle n'excédoit guère le votume
d'une capfule atrabilaire, au point que nous avons tous jugé
Welle ne pouvoit pas peler deux onces. Elle nous a paru
d'ailleurs. très- bien conformce, très-naturele & fans aucune
apparence de maladie. Il-doit être certainement bien rare
de la trouver fi petite; je ne me fouvieus pas de l'avoir vûe
telle, quoiqu'on trouve feuvent l'eflomac auffi rempli & auf
dilaté que celui dont je viens de parler. Mais fi le degré de
pieflion qu'elle éprouve de la part de l'eftomac, doit en iixer
la giolleur, l'efiet de ceute preflion doit être comme fa durée.
232 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLr
Si l'eflomac fe vuide & fe remplit alternativement, comme
cela arrive prefque toüjours, le fang qui féjourne dans la rate
ne fera exprimé qu'imparfaitement : {1 au contraire l’eflomac
retient pendant long temps, dans quelque circonflance parti-
culière , une quantité extraordinaire de liquide, il n'eft pas
douteux que la preffion uniforme & continue qu'il exerce
{ur da rate, n'ait un eflet tel que nous l'avons obfervé dans
le cadavre en queftion. Ce fait n'a paru mériter d'être rap-
porté.
J'ai œu qu'il froit fuperflu de faire mention ici de ce
ue nous avons obfervé dans l'examen des autres parties : il
fuffira de dire qu'elles étoient toutes inondées; mais nous
n'avons trouvé que dans le bas- ventre les traces d’une an-
cienne maladie: nous avons cru pouvoir juger qu'elle avoit
commencé par le foie, qui renfermoit plufieurs pierres très-
folides, dont quelques-unes s’élevoient très-fenfiblement fur fa
furface, & approchoient de la grofleur d'une noifette.
OBSERVATIONS
D'isasy IS ENT E NICtErS. 233
OBS E, REA L-LI:0: NS
SUR
ELECTRIC ITE, DE LATRKR
Par M. LE MONNIER Médecin.
| re près de vingt ans que les Phyficiens s'occupent
affidument de l'Electricité, il ne s'elt guère pañlé
d'année fans qu'ils aient fait quelques découvertes impor-
tantes, qui aient augmenté nos connoiffances fur la nature &
fur les propriétés du fluide éleétrique: je pourrois citer les
expériences qui ont établi la diftinction fingulière qui fe
trouve entre les corps capables par leur nature de tranfmettre
ou d'arrêter les écoulemens de la matière électrique; la com-
munication qui peut fe faire de cette matière aux corps à
qui la Nature fa refufée; fa propagation rapide le long de
l'eau & des métaux; enfin la fameufe expérience de Leyde,
qui, en excitant l'admiration des Phyficiens, a fait faire une
infinité de découvertes.
Néanmoins je ne crois pas que parmi toutes celles que
je viens de rapporter, il y en ait jamais eu d’aufi intéref-
fantes que celle qui fut annoncée à l Académie, il y a près
de fix mois, touchant la parfaite reffemblance qu'on venoit
d’obferver entre la matière électrique & celle du tonnerre.
IL y avoit déjà long-temps que d’habiles Phyficiens avoient
remarqué beaucoup d'analogie entre quelques effets du ton-
nerre & ceux de l'électricité; & 1a violente étincelle de
l'expérience de Leyde, qu'on avoit aflez juftement nommée
foudroyante, avoit fait penfer à plufieurs qu'un éclat de
tonnerre n'étoit que lexplofion d'une très-groffe étincelle
électrique,
Cette analogie a paru entre autres fi inconteftable à M.
Franklin, qu'il a fondé fur elle un nouveau fyftème pour
expliquer les météores, & propolé l'idée d'une expérience
Mém, 1752. Gg
234 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
décifive, par le moyen de laquelle il feroit facile de démon-
trer l'identité de l'électricité & du tonnerre.
Cependant tout ce qu'en ont dit ces Phyficiens, n’a dû
être regardé que comme une conjecture plus où moins pro-
bable, jufqu'à ce que M. d'Alibard en eût prouvé la réalité
par l'expérience qu'il fit exécuter par un de fes amis, &
dont il a fait part à l'Académie,
Aufli-tôt que j'ai fü le détail & le fuccès de cette expé-
rience, j'ai penfé qu'elle pouvoit être appliquée à des re-
cherches très-iniéreflantes, & qu'elle pouvoit nous donner
de grandes lumières fur la nature de l'électricité, fur celle
du tonnerre & des météores en général ; c'eft pourquoi je
me préparai à en examiner avec foin toutes les circonftances,
chaque fois qu'il furviendroit quelque orage.
Je difpofai pour cet effet un appareil fort fimple, & que
j'ai reconnu dans la fuite très-commode pour ces fortes d’ob-
fervations : il confiftoit en une perche de trente-deux pieds
de hauteur, que je fis planter à Saint-Germain au milieu
d'une pièce de gazon, dans un lieu où elle étoit abfolument
ifolée. Je fixai à fon extrémité fupérieure un gros tube de
verre très-fort, qui portoit un tuyau de fer-blanc, terminé
en pointe: vers le milieu du tuyau de fer-blanc étoit lié un
fil de fer fort mince, long d'environ cinquante toifes, qui,
fans toucher à aucun corps, venoit fe rendre à un cordon
de foie tendu horizontalement dans un pavillon.
Le 7 Juin 1752; à midi, le temps étant entièrement
décidé à l'orage, j'eus à peine achevé d'établir cet appareil,
que j'entendis un coup de tonnerre précédé d'un éclair, qui
fortit d'un gros nuage peu éloigné du lieu où j'obfervois : je
m'empreflai de toucher le bout du fil d'archal proche de
endroit où il étoit lié au cordon'de foie; il en fortit aufir-
tôt avec vivacité une étincelle très-piquante, & qui me fit
reflentir dans le bras à peu près la même impreflion que
celle que produit l’étincelle de la bouteille dans l'expérience
de Leyde.
Je répétai cette expérience un grand” nombre de fois
Di Es AS 4CHAE Nr CE Se 2
pendant quatre ou cinq heures que dura l'orage. Plufieurs
perfonnes qui étoient prélentes voulurent bien aufii la faire;
elle réuffit toüjours avec un égal fuccès, malgré la pluie
abondante qui tomba fouvent pendant cet intervalle, & qui
mouilloit en partie le tube de verre. Différentes expériences
que j'eus le temps d'exécuter, ne me permirent pas de douter
que cette matière électrique dont le fil de fer s'étoit chargé
pendant orage, ne füt de la même nature que celle que
nous excitons par le frottement des corps électriques: en
effet , ce fil attiroit & repoufloit très - vivement les corps lé-
gers que je lui préfentois; la matière fortoit en étincellant
avec éclat; elle excitoit dans les bras de plufieurs perfonnes
qui fe tenoïent par la main , une commotion confidérable ;
elle fortoit par les pointes fous la forme d’une aigrette; elle
enflammoit f'efprit de vin & les liqueurs fpiritueufes ; elle
exhaloit l'odeur particulière à la matière électrique; en un
mot, elle paroïfloit avoir tout le caraétère de la matière élec-
trique que nous excitons avec nos inflrumens, & qui la
différencient de tous les autres fluides.
La matière que nous produifons par le frottement, & que
nous communiquons à des corps métalliques d'une grande
furface, a encore la propriété de fe conferver pendant quel.
que temps dans ces corps lorfqu'ils font fufpendus par des
cordons de foie, & que l'air eft afez fec ; & en multi-
pliant les furfaces & les longueurs de ces corps, on fe fert
avec fuccès de cette propriété pour accumuler deflus la ma-
tière électrique, & en groflir les effets. Je fuis parvenu de
même à augmenter confidérablement ceux de l'éleétricité des
nuages, en faifant communiquer mon fil de fer avec de gros
cylindres de papier doré , & avec plufieurs tuyaux de fer-blanc,
fufpendus par de la foie; en un mot, je fuis venu à bout
de produire avec l'électricité des nuages les mêmes eflets
que lon produit avec la meilleure machine électrique.
: J'ai obfervé régulièrement depuis le mois de Juin jufqu'à
ce jour, avec cet appareil compolé, tous les effets de l'élec-
tricité des nuages, & je me fuis toûjours aperçà par fou
G£gi
236 MÉMoIREs DE L’ACADÉMIE ROYALE
moyen de fes moindres variations. J'ai fait plufieurs fois {a
remarque que M. Delor acommuniquée à l'Académie, favoir,
que les gros nuages lancent la matière électrique jufqu'à nous,
même quand ces nuages font encore fort éloignés ; que ceute
matière paroit augmenter en quantité à melure qu'ils sap-
prochent, & diminuer à mefure qu'ils s'éloignent.
Cette obfervation fembleroit prouver que les nuages ora-
geux font des corps fortement électrifés par communication,
ui ont autour d'eux des atmofphères de matière éleétrique
très-denfes & d'une très-grande étendue, par lefquelles ils
eommuniquent à tous les corps qui s'y trouvent renfermés,
des quantités de matière éléctrique d'autant plus confidérables
que ces corps font dans des couches plus denfes de ces atmo-
fphères. Cependant nous ne trouvons pas affez d'uniformité
dans les eflets de l'électricité communiquée par les nhäges,
pour ofer encore adopter cette idée fi naturelle ; au contraire la
diftribution de la matière électrique qui fe fait quelquefois
comme par fecoufles, nous a paru fujète à de grandes irrégu-
larités, & nous avons obfervé dans fes eHlets des variations
fi fubites d'accroiflement & de diminution, que nous ne
pouvons encore l'aflujétir à aucunes règles. Pour, mettre
quelque ordre dans les oblervations que j'ai à rapporter, je
vais indiquer les faits qui m'ont paru les plus généraux, &
tout ce que j'ai p faifir de plus invariable.
1. La matière élettrique ne manque guère de fe faire
apercevoir dans les temps d'orage, lorfque le tonnerre gronde
ou qu'il éclate, principalement quand ces orages ont été pré-
cédés d'un grand calme, & que la chaleur de l'air a été plus
vive qu'à l'ordinaire.
2." Elle paroït auft quelquefois quand il n'y a que de
fimples apparences d'orage, lorfque le ciel eft chargé de gros
nuages qui flottent avec lenteur, & qui font alternativement
emportés de côté ou d'autre par deux vents contraires.
.” Le moment où elle femble fe répandre avec plus d’a-
bondance elt pluflôt celui de la réfolution des nuages en
grofles pluies, que l'inftant où le tonnerre éclate avec le plus de
DéENS SNIC'I E N'C'E’S 23%
bruit & que les éclairs fe fuccèdent avec le plus de vivacité:
cet effet eft fi ordinaire, que je n'ai pas vü tomber de groffe
pluie fans qu'elle n'ait été précédée & accompagnée des fignes
de l'électricité la plus forte.
Cette obfervation eft une des plus conflantes que j'aie
faites; après l'avoir réitérée bien des fois pendant l'été, j'ai eu la
fatisfaction de la confirmer encore les 9, 10 & 1 1 du mois
de Novembre: il-eft tombé à différentes heures de ces trois
jours, de grofles pluies amenées par un vent de fud-oueft,
& qui reffembloient fort à des grains d'orage, quoique nous
m'ayons entendu aücun coup de tonnerre ni aperçû aucun
éclair.
Dès le commencement de ces pluies & pendant toute leur
durée, mes fils de fer ont été f1 fort électrifés, qu'on ne
pouvoit s'expofer deux fois de fuite à tirer des étincelles, &
qu'on pouvoit allumer à plufieurs reprifes de l'efprit de vin
contenu dans un vale de métal.
4 Le calme qui précède ordinairement les pluies d'orage
cefle au moment que fa matière électrique cominence à fe
répandre, & j'ai remarqué quil s'élevoit un vent d’autant
plus impétueux, que cette matière avoit paru aux inftrumens
en plus grande abondance.
ge Enfin, aufli-tôt que la mafle de l'air commence à être
humeétée, ce qui n'eft pas toüjours, comme l'on fait, un
effet affuré de la pluie, la matière életrique difparoît tout-à-
fait pendant un efpace de temps affez confidérable.
Après avoir reconnu par ces obfervations , que dans les
temps d'orage & de pluie la matière électrique fe dépoloit
fur mes fils de fer, je voulus m'aflurer fi elle étoit véritable-
ment élancée des nuages, répandue dans notre atmofphère,
& comment elle parvenoit jufqu'à nous. Pour cet effet, j'ai
coupé hors du pavillon une portion du fil de fer, longue
d'environ quatre pieds, & je lui ai fubftitué un cordon de
foie bien fec : j'obfervai pendant l'orage que le fil de fer
devint électrique jufqu'à ce nouveau cordon de foie, & que
la portion qui étoit comprile depuis ce cordon jufqu'à celui
Gg ii]
238 MÉMmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
du pavillon, n'avoit aucun figne d'électricité, à moins que je
ne remille les choles dans leur premier état; ce qui prouve
que le mouvement de la matière électrique étoit du fommet
de la perche vers le pavillon, & par conféquent qu'elle venoit
de l'atmofphère.
M'étant donc fatisfait fur ce premier point, j'effayai de
découvrir fi la grande élévation de la perche & la figure
particulière de la pointe qui terminoit l'appareil, étoient caufes
que la matière électrique étoit fl manifefte dans le fil de fer
en l'attirant du nuage, ou bien fi cette matière étoit élancée
indiftinétement fur la furface de la terre, & parvenoit aufft
facilement aux corps les plus proches de fa fuperficie qu'à
ceux qui étoient les plus élevés.
Je pris, pour m'en aflurer, fix barres de fer quarré d'un
pouce, je les difpofai horizontalement fur des trétaux où elles
étoient fupportées par fix bouteilles de verre bien sèches : j'é-
tablis une communication entre ces fix barres par un fil de
fer horizontal qui venoit fe terminer au cordon de foie, tendu
dans le pavillon où j'obfervois: ces fix barres étoient placées
au bas de la perche de mon appareil ordinaire, & n'étoient
élevées que de quatre ou cinq pieds au deflus de la furface
de la terre, enfin elles ne préfentoient en l'air rien d’aigu
que leurs angles. Au premier témps d'orage l'électricité fut
très-fenfible au fil de fer & aux barres horizontales, en forte
que j'en tirai des étincelles qui me parurent auffi fortes que
je les pouvois attendre de l'étendue de leur fuperficie: d'où
je conclus que la matière électrique parvenoit jufqu'à la fur-
face de la terre.
Je fufpendis par le moyen de cordons de foie un grand
porte-voix de fer-blanc, en forte qu'il füt tantôt horizontal &c
tantôt vertical: il s'électrifa très-bien dans toute forte de
fituations, & il me parut l'être autant, quand fon large pavillon
étoit tourné en haut, que quand fon embouchüre, que j'avois
garnie d’une pointe, étoit tournée vers le ciel. Cette expé-
rience me prouva donc que la matière éle‘trique fe répand
auffi bien dans les corps, de quelque figure qu'ils foient, que
dans ceux qui font fort élevés & terminés en pointe.
DES SCIENCES. 239
Une autre fois (toûjours pendant un temps d'orage) je
me plaçai-au milieu d'un jardin fur un gâteau de poix réfine
bien fec, & j'élevai la main gauche en l'air pour recevoir
Yélectricité: je fus éleGrifé à linftant, & on tira de mon
vilage & de mes jambes des étincelles comme fi je l’eufle
été par le globe de verre.
Enfin, je coupai une branche de charme d'environ neuf
pieds de haut, je lui laiflai tout fon feuillage, & je l'aflu-
jétis à un arrofoir de cuivre que je pofai fur le gâteau de
réfine: la branche devint à lnftant très-électrique, & je tirai
de la lumière de fes feuilles, aufli-bien que de l'arrofoir.
J'ai électrilé avec un égal fuccès plufieurs corps de dif
férentes efpèces, en les mettant fur le gâteau de réfine, &
j'ai communiqué à de Feau contenue dans des cloches de
verre renverfées, une électricité très-fenfible, foit en leur
failant recevoir la pluie d'orage, foit feulement par le moyen
de l'air.
H paroït par toutes ces expériences, que dans les temps
d'orage la matière éleftrique eft élancée des nuages en grande
abondance, qu'elle fe répand comme la pluie fur toute {a
furface de la terre, & qu'elle fe diftribue dans tous les corps
capables de la recevoir, quelles que foient leur figure & leur
polition ; que celle qui fe dépofe fur les corps pointus & fort
élevés, n'empêche pas qu'il ne s'en répande fur ceux qui font
au deflous, & que nous pouvons aifément nous en apercevoir
toutes les fois que ces corps font bien ifolés & fupportés par
d'autres qui foient électriques de leur nature,
Dans le cours des obleivations que j'ai faites depuis le
mois de Juin jufquà ce jour, j'ai prefque toûjours aperçû
des marques d'électricité lorlqu'il a patié quelque nuage au
deffus-de mon appareil. J'ai reconnu la préfence de cette
matière, tantôt par des étincelles-que j’excitois en approchant
Je doigt, tantôt par l'attraction de la pouffière lorfque l'élec-
tricité étoit trop foible. Ces eflets, moins fenfibles à la vérité
que ceux qui fe font apercevoir dans les temps d'orage, ont
paru aflez conflamment, fans qu'il ait été quellion de tonnerre
240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
ni de pluie. Cette obfervation, qui m'engageoit à vifiter fou-
vent la nouvelle machine éleétrique, n'en fit faire une autre
d'une plus grande importance. Je prélentai un jour du mois
de Juillet, fur les neuf heures du matin, de la pouffière à
l'extrémité du fil de fer: le ciel étoit alors parfaitement clair,
& il ne paroifloit aucun nuage fur tout l'horizon; il fouf-
floit un petit vent de nord-eft, qui rendoit l'air affez fec.
Je fus très-furpris de voir que mon fil de fer attiroit très-
vivement la pouffière: cette obfervation auroit dû me faire
plus d'impreffion qu'elle ne nr'en fit alors; je négligeai de la
réitérer, & j'attribuai trop légèrement cet effet à la grande
fécherefle de Fair, à la faveur de laquelle l'électricité com-
muniquée pendant la nuit par quelque nuage, auroit pü s'être
confervée dans l'appareil, rien n'étant fi ordinaire que de
voir les métaux conferver l'électricité qu'ils ont reçüe, quand
l'air eft fort fec. En un mot, ce ne fut quele 22 du mois
de Septembre, que je commençai à croire qu'il pouvoit y
avoir de l'éleétricité répandue dans l'air fans la préfence d’au-
cun nuage: il régnoit ce jour-là un vent d'équinoxe très-
violent & en même temps très-fec, qui s’étoit élevé à a
fuite d’un terrible ouragan arrivé la veille prefque à la même
heure, dans une étendue de la France de plus de cent lieues.
Cet orage avoit été accompagné , à l'ordinaire , de beaucoup
d'éectricité, mais dont il n'étoit relté aucun veftisce après
qu'il fat fini; cependant le lendemain matin je trouvai que
le fil de fer attiroit continuellement la pouflière, & il con-
tinua de l'attirer jufqu'à la nuit.
Pendant toute la journée le ciel fut très-ferein & très-fec;
on ne vit que quelques nuages peu confidérables, écartés les
uns des autres, qu'un vent violent venant de left empor-
toit avec la plus grande vitefle. Je vis très -diftinétement
beaucoup d'électricité dans des intervalles de temps aflez
longs, pendant lefquels il ne pafla aucun nuage au deflus de
nous ; enfin le vent les chafla tous de l'horizon, & l’électri-
cité continua de paroître avec la même vigueur.
Depuis ce jour jufqu'à la fin du mois d'Oétobre, le ciel
a confervé
DES SNCAILE NICE Se 241
a confervé cette férénité ; le foleil pendant plus de fix femaines
s'eft levé & seit couché fans que fa lumière ait été obfcurcie
par aucun nuage, ni même affoiblie par la moindre vapeur :
la fécherefle que produifoit le vent d'eft pendant le jour,
cédoit le foir à la rofée qui humedoit fair pendant la nuit.
Je n'ai pas ceflé, pendant ces fix femaines, d'apercevoir chaque
jour des fignes d'électricité; elle étoit plus foible à Ja vérité
que celle qui nous eft communiquée par de gros nuages,
mais toûjours affez forte pour attirer de la pouflière à la dif.
tance de trois à quatre lignes, & fouvent pour produire de
petites ctincelles.
Je n'aperçus bien-tôt que l'éle&tricité diminuoit graduel-
lement au coucher du foleil, & qu'elle difparoifloit tout-à-
fait une heure ou deux après, enfin qu'elle revenoit régu-
lièrement fur les huit à neuf heures du matin. Je me doutai
bien qu'il falloit qu'elle fût interceptée par la rofée, qui sa
maflant pendant la nuit fur le tuyau de verre, lui faifoit
perdre fa qualité de corps életrique, & ‘le rendoit capable
de tranfmettre l'électricité du fil de fer, d'autant mieux que
ce tuyau reprenoit fa propriété naturelle d'arrêter l'e‘ricité,
dès que le foleil favoit affez échauflé pour en difliper hu-
midité. Ma conjeéture devint une preuve, lorfque j'eus attaché |
mon fil de fer à un cordon de foie bien fec & lié au haut
de la perche: au bout de cinq à fix minutes l'éledricité fe
manifefta très-fenfiblement, & continua de paroïre toute
da journée, jufqu'à ce que le cordon de foie fût pareillement
hume‘té par le ferein qui tomba vers le foir.
Pour remédier deformais à cet inconvénient, j'ai tendu;
au travers d'un grand jardin, un fil de fer d'environ 300
toifes de longueur, qui, paffant quatre fois de ma fenêtre
à une de celles du château de Saint Germain, étoit fufpendu
à fes extrémités & à fes retours, par des cordons de foie
attachés au fond de chaque chambre: ces cordons fe trou-
vérent par ce moyen à l'abri de la pluie & de la grande
humidité de Ja nuit. Depuis ce temps-là, je les ai trouvés
aflez, conflamment électriques dans tous les temps; je dis
Mém. 1752. . Hh
242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
aflez conftamment, parce que je les ai trouvés quelquefois
fans effet, fur-tout au commencement de ce mois, un jour
que l'air fut le matin extrémement humide après une pluie
venue par un vent de fud-oueft.
Je crus qu'il ne s’agifloit, pour y rappeler fa matière élec-
trique, que de bien fécher les cordons de foie : il étoit tout
naturel de croire que l'humidité, qui étoit exceflive, les avoit
mouillés en pénétrant jufque dans les chambres, dont il fal-
loit que les fenêtres demeuraffent ouvertes; mais j'eus beau
les fécher avec foin, & même leur en fubftituer d’autres tous
neufs & parfaitement fecs, je n'aperçus aucun figne d’élec-
tricité qu'au bout de quelques heures, quand l'humidité de
Yair & le brouillard eurent été un peu diffipés par un vent
doux qui s'éleva de left.
Comme il paroît fuivre de ces expériences, que la matière
électrique eft répandue dans l'air, qu'elle eft plus apparente
par un temps fec que quand Fair eft humide, & que d’ail-
leurs cette éleétricité naturelle reffemble en tout à celle que
nous excitons par nos machines, j'ai penfé que nous pou-
vions regarder l'air comme un des magafins de l'électricité,
que nous pouvons exciter à tout moment de nos globes,
de nos tuyaux de verre, & généralement de tous les corps
électriques chauffés & frottés. Je n'ignore pas que cette idée
éft abfolument contraire à celle de quelques Phyficiens, par-
ticulièrement de M. Watfon, qui aflure, d'après une expé-
rience très-politive qu'il a faite à ce fujet, que la matière
électrique fort de la terre & monte jufqu'au globe de verre
par les pieds de la machine, à mefure que ce globe eft
frotté; qu'en plaçant les inftrumens fur de bons gâteaux de
poix réfine, aufli-bien que l'homme qui fait tourner la roue,
il ne paroît plus aucun figne d'électricité : néanmoins j'ofe:
douter du fuccès de cette expérience, qui ne m'a point encore
réuffr jufqu'à préfent, quelque peine que j'aie prife de fuf-
pendre par de bons cordons de foie une machine éleétrique:
avec tout fon équipage, en forte qu'elle fût bien ifolée. J'ai
toûjours excité beaucoup d'éledtricité , qui ne pouvoit venir
DES SCIENCES. 243
-que de l'air, & celle que je produifois de cette manière à
paflé non feulement dans un grand tuyau de fer-blanc, fuf-
pendu vis-à-vis par des foies, mais jufqu'à moi-même qui
frottois le globe, à celui qui tournoit la roue, & enfin à
la table fur laquelle étoit pofée la machine.
Il paroït encore fuivre des expériences que j'ai rapportées,
que l'air de notre atmofphère ne doit pas étre regardé ab-
folument comme un fluide originairement électrique, puif-
qu’il tranfmet, conferve & retient la matière de l'électricité;
que cependant cette matière paflant avec tant de facilité de
l'air dans les fubftances métalliques, animales ou végétales,
paroït avoir beaucoup plus de rapport avec ces différentes
fubftances qu'avec l'air.
I fuit auffi que la matière électrique s’unit plus volon-
tiers avec leau qu'avec tous les autres corps, puifque la
grande humidité de l'air nous dérobe celle qui peut étre
répandue dans l'atmofphère, & l'empêche de fe manifefter
à nos yeux. Enfm il réfulte de ces expériences que le fluide
électrique, un des plus actifs & des plus mobiles que nous
connoiflions, dont les parties fubtiles & pénétrantes font
quelquefois capables de sembrafer & de produire de très-’
violens effets; il réfulte, dis-je, que ce fluide a de grands
rapports avec le tonnerre, le vent, la pluie, & avec les autres
météores ; qu'il eft actuellement répandu dans Fair que nous
refpirons, continuellement appliqué à nos corps & à tous
ceux de la Nature, foit animaux ou végétaux, fur lefquels
il ne fauroit manquer d'avoir de grandes influences & de
produire: une infinité d'effets que le temps dévoilera peut-
être à nos recherches.
Hhij e
8 Mars
1752.
244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
OBSERVATIONS ANATOMIQUES
SUR. LE CB
Premier Mémoire.
Par M. LIEUTAU 02.
E cœur, qui eft devenu depuis quelque temps lobjet
des recherches des plus grands Anatomiftes, fera toû-
jours une fource féconde de nouveautés, lorfqu'on s’appliquera
à le confidérer fous différens points de vüe. Sa conftruétion
dépend de J'aflemblage d'un fi grand nombre de pièces,
qu'il eft extrèmement difficile d'en découvrir le rapport, &
de préfenter clairement à l'imagination Îe tout qui en réfulte.
On fent par-là qu’il eft prefque impoflible d'en donner une
bonne delcription; auffi n'éprouve-t-on que trop que celles.
qui paflent pour être les plus exactes, laiflent encore beau-
coup à defirer. Un Auteur célèbre a remarqué que celle
qu'on lit dans mon Anatomie, manquoit d’étendue, & pour
me fervir de fes termes, qu'elle étoit fuperficielle : je. pour-
rois répondre qu'il eft inutile & même nuifible d'entrer dans
un certain détail, lorfqu'on travaille à un traité complet qu'on
deftine à l'inftruétion des jeunes gens, & que la multitude
des objets qui m'occupoient également, ne me permettoit
pas de donner à l'article du, cœur plus d'étendue qu'aux
autres; mais pourquoi diffimuler que n'ayant pas alors des
notions bien claires de cette partie, il nxétoit difficile de la
mieux repréfenter? Dans la vûe de réparer cette omiflion,
jai étudié aujourd’hui cet organe avec plus de foin & de
loifir, & jy ai découvert bien des particularités qui m'a-
voient échappé dans un autre temps. Je ne me fuis pas
attaché préfentement à dévoiler cette ftrudture cachée, où
la dextérité la plus exercée a coûtume d’échouer : je me
fuis borné à examiner ce qui peut tomber fous les fens de:
piles SCA EANICAE NS. 245
Thomme le moins intelligent : peut-être que mes obfervations
n'en paroïtront pas moins importantes. Je ne crois pas d'ail-
leurs qu'il foit bien néceflaire, pour parvenir à connoître
Jaétion que le cœur exerce fur le fang, & le degré de ré-
fiflance qu'il oppole à ce liquide, de mefurer géométrique-
ment les courbes que décrivent les fibres de ce mufcle cave,
de déméler avec exactitude leurs entrelacemiens, & de les
pourfuivre fcrupuleufement jufqu’à leurs dernières extrémités.
Ne fufhit-il pas de favoir que les parois des cavités du cœur,
lorfqu'elles ne s’éloignent pas de leurs dimenfions naturelles,
ont toute la force qui peut réfulter de l’ordre & de Farrange-
ment le plus parfait? A-t-on beloin, pour juger de l'adtion
d'un mufcle, d'en faire lanalyfe? Ne peut-on pas connoître
fa puiflance en confidérant attentivement fa forme exté-
rieure, fon étendue, fa direétion & fes attaches, avec ce:
qui concerne la réfiflance des différens leviers quil doit
mettre en mouvement , ou celle de toute autre partie foû-
mife à fon ation! Le cœur, ainfi que tout le monde en
convient, eft un vrai mufcle qui ne diffèré des autres que
par fa forme particulière, -qui eft fans doute-la plus conve-
uable à {es fonctions: n'eft-ce pas cette forme, {ur laquelle -
il me paroït qu'on a paffé un peu légèrement, qu'il nous,
importe le plus de faifir? Je ne prétends pas cependant blâmer
ceux qui, courant dans la même. carrière, fe font livrés à
des recherches plus relevées ou plus fubtiles : on doit leur
favoir gré d'avoir fait tous leurs efforts pour dévoiler ce que
la Nature femble_ vouloir nous cacher; & fi l'on ne retire
pas encore beaucoup de fruit de leurs travaux, c'eft parce
que le temps d'en faire ufage n'eft peut-être pas venu, Je
mai donc examiné préfentement dans le cœur , que ce qui
peut manifefter fon. méchanifme, en déduifant de fa: confor-
mation & de la ftructure de fes. cavités, l'effet que le choc
du fang peut produire fur fes parois, & le mouvement que
leur réaétion peut imprimer à ce liquide. Je ne me propofe
pourtant pas de donner une defcription complète du cœur,
ni de répéter par conféquent tout ce qui a été dit fi fouvent,
Hh ïüj
Le péricarde,
Pofition du
cœur, détermi-
née par celle
du péricarde.
246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
mais d'ajoûter à l’hifloire anatomique de ce vifcère quelques
obfervations nouvelles ou plus éclaircies fur tout ce qui lui
eft relatif, & d'y joindre les réflexions que des faits bien
conftatés pourront faire naître.
Le péricarde, cette enveloppe libre où non adhérente
du cœur, mérite une attention particulière. Sa pofition fait
connoître la véritable fituation du cœur, qui eft très-fouvent
déplacé dans le cadavre. Sa capacité eft relative au volume
de ce vifcère & en fixe les dimenfions, telles qu'elles peu-
vent être dans l'homme vivant, auquel les travaux anato-
miques doivent fe rapporter. Sa flruélure ne permet pas de
penfer qu'il foit borné aux fimples fonétions d’une capfule;
il femble qu'il doit jouer un plus grand rôle dans l'économie
animale: fes connexions avec l’eftomac, le diaphragme & le
poumon fortifient ces conjeétures , qui font encore appuyées
für les accidens qui accompagnent les maladies très-fréquentes
dont ïl eft le fiége.
Je crois qu'il eft inutile de s'arrêter à la figure du péri-
carde, parce qu'il n'eft pas douteux qu'il ne prenne celle des
parties qu'il embrafle, & auxquelles pendant Ja vie & dans
l'état de fanté il doit être toûjours appliqué. Il réfulte de-à
que la véritable pofition du cœur ne peut être déterminée
que par celle du péricarde; mais comme dans le cadavre la
capacité de ce fac, fur-tout dans l'hydropifie qui lui eft par-
ticulière & qui eft fi commune, ne répond point ordinai-
rement au volume des parties vuides & affaiflées qu'il ren-
ferme, il ne faut pas être furpris fr l'infpection anatomique
ne préfente point le cœur dans fa véritable pofition, qu'il
eft d'autant plus important de faifir, Eee doit rendre raifon
de la forme aplatie que fon bord inférieur conferve, même
dans fa plus grande dilatation, fans parler des avantages plus
réels que la Médecine & la Chirurgie peuvent en retirer.
Pour trouver le cœur à la place qu'il occupe dans le fujet
vivant, autant que la diminution confidérable de fa mafle
peut le permettre, il faut l’examiner avant d’avoir touché
au bas-ventre, afin que le diaphragme conferve toute fa
DES SCHtENCES. 247
convexité, & avoir Fattention de placer le tronc du cadavre
à plomb, parce que le poumon saflaiffant à la première
ouverture de la poitrine, laifle un grand efpace dans cette
cavité, qui permet au cœur, ordinairement aflaiflé & rétréci,
de quitter fa place, fon propre poids 'entraïnant dans le
fond du péricarde relâché, qui paroît beaucoup plus large
que la maffe du cœur ne femble le demander. Des Auteurs du
premier ordre ont penfé que le cœur n'occupoit point de
place fixe, & que fon mouvement le tranfportoit d’un lieu
dans un autre: ce fentiment eft appuyé fur un fait très-équi-
voque, ou fur l'obfervation faite fur un cœur vuide, qui a
quelquefois perdu plus de la moitié de fon volume. Lorf
w'il contiendra autant de fang que la grande capacité des
ventricules le demande, les oreillettes & les vaifleaux étant
remplis à proportion, il eft certain qu'il ne laïflera aucun
vuide dans le péricarde, & qu'il ne pourra pas par confé-
quent fe déplacer dela manière qu'on l'entend , fans entraîner
cette caplule, qui doit s’y oppoler par les fortes connexions
qu'elle contraéte avec les parties voifines, fans parler des
inconvéniens auxquels on fent bien que ce déplacement l'ex-
poferoit. Le bord inférieur du cœur remplira donc l'angle
qui eft formé par la convexité du diaphragme & la face
interne du fternum ; de-là on jugera aïfément que ce bord
doit toûjours conferver fa forme angulaire, c’eft-à-dire, que
- rencontrant la ligne d'union du diaphragme & de la char-
pente, il ne fauroit s'arrondir comme le bord fupérieur, qui
n'a d'autre obftacle à vaincre que lepoumon, dont la flexi-
bilité cède à tous fes mouvemens. C’eft par la même raiïfon.
que le bord inférieur de l'un & autre Iobé du poumon doit
être figuré de même que celui du cœur, parce qu'il occupe
des deux côtés tout le refte de l'efpace angulaire que laifle
Fattache circulaire du diaphragme.
Ne doit-on pas donc craindre de fe tromper lorfqu'on
joge de la capacité relative du péricarde par ce qu'on ob-
ferve le plus fouvent dans le cadavre, & qu'on aflure que
lefpace que renferme cette capfule eft le double de celui
Capacité
du péricarde ÿ
relativement
au cœWs
248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qu'occupe le cœur? Cela peut être vrai lorfque le cœur eft :
vuide, où qu'il n’a retenu que la partie couenneule du fang,
qui, figée dans les derniers momens de la vie, fe trouve
arrêtée par l'entrelacement des colonnes, & ne fauroit par .
conféquent être rejetée par les derniers eforts du cœur, ainffr
que là partie rouge & féreufe que les artères qui participent
au mouvement afloibli du cœur tranfmettent aux veines,
auxquelles il ne refle alors plus d'action : cependant plufieurs
caufes qui tiennent à l'état de maladie, ne permettent pas
au cœur de fe vuider, & on le trouve alors rempli de fang,
tel à peu près qu'il doit être dans le vivant. Ce fait n'eft
ignoré de perfonne, mais on ne s'y eft pas arrêté, & l'on
fe contente de dire, lorfque le cas fe préfente, que ce cœur
eft d'une groffeur monftrueufe, fans fe trop mettre en peine
de la caufe de ce prétendu accident. IL peut pourtant arriver,
& il arrive en effet, que le volume du cœur, par engorge-
ment où par une conformation particulière, furpafle fes
bornes ordinaires; mais cela ne s'oblerve pas auffi commu
nément qu'on peut le penfer. Il n'eft pas douteux que la
mafle du cœur ne foit expolée aux mèmes variétés qu'é-
prouvent les autres vifcères : fa grofleur n'eft pas toûüjours
proportionnée à celle des autres parties où à la grandeur du
fujet. Les maladies y apportent encore beaucoup de chan-
gement ; mais ces variétés ne frappent que ceux qui ont
acquis l'habitude de les obferver.
On peut donner au cœur, tel qu'il eft dans la plufpart
des fujets, le volume qu'il a perdu, de même qu'aux oreil-
lettes & aux vaifleaux contenus dans le péricarde : if ne faut
qu'injecter du fuif ou de la cire dans leurs cavités par la.
veine-cave fupérieure & une des pulmonaires, après avoir
placé dés ligatures là où elles font néceffaires. Ces parties di-.
latées préfenteront alors un volume qui ne balotera pas très-
certainement dans la capacité du péricarde. Le peu de force
qu'il faut employer pour exciter cette dilatation, ne permet
guère de penfer que celle du fang lui foit inférieure: il eft
cependant vrai que l'injection peut forcer un peu ces cavités,
mais
DAEUISTISNCUT EN CE: SX 249
mais on ne fera alors que compenfer ce qui manque à fa
partie charnue du cœur: car ce n'eft pas la fule déplétion
des väntricules qui en diminue le volume, celle de fes propres
waifieaux y contribue auff. Ces derniers doivent fe deflem-
plir, fi lation du cœur fubfifte encore quelque temps après
que les autres parties ont perdu la leur. On fait que cet
organe conferve fon mouvement, quoique languiffant, juf-
qu'au dernier moment de la vie, & peut-être lui refte-t-il
quelque vibration peu de temps après la mort, ainfi qu'un
très-grand nombre d'expériences faites fur les cœurs des ani-
maux femble le prouver. Le peu de fang qui pañle alors
par les ventricules ne fauroit, comme on le verra dans la
fuite, fournir aux coronaires, dont les rameaux foûmis aux
effets de la contraction mufculaire chafieront le liquide qu'ils
contiennent , dans les troncs veineux, qui rampant fur a
furface du cœur, & moins expofés par conféquent à lation
de fes fibres, pourront retenir une partie du fang qui fra
exprimé des capillaires, fur-tout lorfque ce liquide fera peu
coulant. If eft aifé de juger que dans ces circonftances les
fibres charnues dont les vaifleaux feront afaifiés, fe rappro-
cheront, & que les parois des ventricules perdront par con-
féquent de leur épaiffeur.
Quelques Auteurs qui n'ont pà concilier la grande
capacité du péricarde avec la mafle reflerrée du cœur, &
qui ont douté qu'il contint de l'eau dans fétat naturel, ont
cru qu'il pouvoit ètre rempli de vapeurs. On ne fauroit di£
convenir que le cœur ne tranfpire comme les autres vifcères,
mais le péricarde donne pafñlage à ces fumées, & n'eft pas
plus propre à les arrêter, que Îa plèvre & le péritoine ne
peuvent le faire à l'égard de celles qui s'élèvent de la furface
du poumon & des vifcères du bas-ventre; mais on a voulu
rendre raifon d’une conformation qui n'a paru fingulière que
parce qu'on a négligé de rapprocher les faits anatomiques :
ainfi je ne doute pas que le péricarde, dans fétat de fanté,
ne foit appliqué dans toute fon étendue à la furface du cœur
& des autres parties contenues dans fa cavité, de même
Mém. 1752. li
250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
que la plèvre & le péritoine, quoique collés à des parties
folides, le font aux vilcères qu'ils renferment, qui, ainfi que le
cœur, ont la liberté de fe mouvoir avec quelque frottement
contre Ja face cave, polie & humide de ces enveloppes.
Mais le cœur pourra-t-il fe dilater dans une capfule affez
forte, qui l'embraffera exactement? fes bornes étroites ne
s'oppoferont-elles pas à ce mouvement alternatif & non in-
terrompu de dilatation & de contraétion? Si nous fuppofons,
contre toute vrai-femblance, que le péricarde foit obligé de
s'étendre dans la diaftole, fera-t-il furprenant qu'une partie
membraneufe, & par conféquent flexible, fe prête à ce mou-
vement® les deux facs de la plèvre qui embraffent le pou-
mon, ne s’étendent-ils pas à chaque infpiration!? le péritoine
ne fe dilate-t-il pas lorfque l'efflomac fe remplit d'alimens?
ces deux facs membraneux, malgré leur point d'appui aux
parties contenantes, en font-ils moins appliqués aux vifcères
qu'ils renferment! Mais je confens qu'on refufe au péricarde
cette flexibilité, parce que je ne crois pas qu'il foit foùmis
à aucune dilatation confidérable, fi ce n'eft dans l’état de
maladie. IL eft évident que le cœur groffit dans la diaftole,
puifqu'il reçoit une nouvelle quantité de fang ; mais ce liquide
ne lui vient-il pas des oreillettes ou des grofles veines qui
y aboutiflent ? il eft donc néceflaire que ces facs, & peut-être
ces vaifleaux, fe defempliffent, & occupent par conféquent
moins de place lorfque le volume du cœur augmentera; ce
qui fait une jufte compenfation qui laiffe le fac membraneux
renfermant toutes ces parties, dans le même état où il étoit
auparavant, à fa figure près, qui éprouvera quelque chan-
gement. Peut-on douter que pendant la fyflole, qui pouffe
le fang dans les artères, les veines n’en verfent une pareille
quantité dans les oreillettes , de forte qu'il y a continuellement
une alternative de dilatation & de contraétion entre ces parties
caves? mais le tout qui réfulte de leur aflemblage-préfente toù-
jours le même volume, & le péricarde qui les contient, ne
fauroit fouffrir aucune extenfion qui puiffe nuire à leur mou-
vement. Si ce que je viens d'expofer ne fuflit point pour
D'ENSRUSNCIL EN C'E' S 251
conftater la capacité du péricarde, relativement à la mañle du
cœur , l'examen de ce vifcère me fournira de nouvelles preuves
que l'ordre que je fuis ne me permet pas de placer ici.
S'il n’eft pas ailé de fixer l'étendue du péricarde, il n’eft
pas moins difhcile d'en développer la fruéture. Je confidère
dans ce fac deux parties principales, favoir, la membrane
tendineufe, connue de plufieurs Anatomifes, qui fait prefque
toute fon épaifleur & fa folidité, & la membrane fine &
polie qui tapifle avec beaucoup d'adhérence fa cavité, &
qui fournit des capfules plus où moins complètes à toutes les
parties qui y font renfermées : on peut l'appeler pour cette
raifon #embrane capfulaire. W faut ajoûter à ces deux parties
qui conftituent eflentiellement le péricarde , le tiflu cellulaire
qui les lie entr'elles, & forme extérieurement des connexions
avec le fternum , le thymus , la plèvre, le diaphragme &
l'œfophage, fans parler de l'enveloppe commune qu'il fournit à
tous les vaiffeaux qui fortent du péricarde ou qui y font reçüs.
La partie tendineufe eft la moins étendue, parce qu'elle
ne paroît pas aller au delà du fac du péricarde; les fibres
qui forment fon tiflu ne font guère fenfibles dans les enfans
& les jeunes fujets: on les voit affez diflinétement dans les
adultes, mais elles font plus apparentes dans les vieillards.
Leur entrelacement paroït irrégulier, leur direction n'a rien
de déterminé: elles fe préfentent dans toutes les faces du
péricarde, mais il faut auparavant dépouiller ce fac de la
plèvre qui l'embrafle fort étroitement, & de la graifle que
fon tiflu cellulaire renferme en quelques endroits. Cette opé-
ration n’eft pas fans difficulté, parce que ces parties font fi
fortement collées enfemble, & la plèvre fr déliée, qu'il eft
bien difficile de ne pas la déchirer en lenlevant, fur-tout
lorfqu'on en pourfuivra la diflection jufqu'au diaphragme,
qui doit être aufli mis à nu aux environs du péricarde,
pour découvrir avec plus de netteté li communication qui
eft entre ces parties.
On fait que le fac tendineux du péricarde eft très-forte-
ment attaché au diaphragme, tant à fon centre tendineux
lii
Structure
du
péricarde.
l
252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qu'il recouvre en partie, qu'à fa portion charnue qu'il ren+
contre en plufieurs endroits. Carte attache n'eft point une
fimple adhérence, c'efl une continuité des fibres tendineufes
& aponévrotiques du diaphragme, qui fe jettent fur le péri-
carde; mais on n'obferve cette communication que dans le
bord ou le contour elliptique de la face diaphragmatique du
péricarde, encore fouflre-t-elle quelque interruption. L'inté-
rieur de cette face aplatie, ne contracte avec la partie tendi-
neufe & charnue du diaphragme, qu'une adhérence très-légère
par le tiflu cellulaire & la graifle même quil y a entre-deux:
il faut, pour bien ‘apercevoir cette continuité, qu'il n'y refte,
ainfi que je l'ai. dit, ni plèvre, ni graifle, & le moins de
tiflu cellulaire qu'il fera poñlible d'y laifler. Une expanfion
aponévrotique qui recouvre fous la plèvre Ja partie: charnue
du diaphragme, qui. peut être confidérée comme la mem-
brane propre de ce mufcle, à laquelle femblent s'inférer les
fibres charnues qui occupent fa furface, paroît fe diviler en.
rencontrant le bord du péricarde, en deux feuillets, dont.
Fextérieur monte fur la face convexe de ce fac, & l'intérieur
fe répand. fur. la face plate; mais cette continuité eft bien
plus fenfible vers le bord du péricarde qui porte: fur le centre.
tendineux du diaphragme, parce que les. bandes aponévro-
tiques de ce mufcle qui forment, comme on le fait, un
entrelacement lâche & fort irrégulier, gardent à peu près le
même arrangement en fe jetant fur le péricarde, de forte
qu'on peut communément les y pourfuivre jufqu'à un ou deux
pouces de diflance-du diaphragme : elles font très-apparentes
dans les jeunes comme dans les vieux fujets, fur la partie
du péricarde qui donne entrée à la veine-cave inférieure,
parce qu'elles ne fouffrent dans cet endroit aucune divifion
par rappoit. à la furface plate du péricarde qui manque ici.
pour donner paflage au vaifleau.
C'eft donc du bord de l'ouverture du diaphragme qui
donne entrée à la veine-cave, que viennent. ces bandes
tendineufes qu'on peut découvrir, même fans préparation,
à travers la plèvre, lorfque la graifle ne les cache point : elles .
DES SICTE NCE S 253
fe croifent en montant fur le péricarde, qui forme dans cet
endroit une efpèce d’entonnoir qui embrafle la veine, c'eft-
à-dire que les antérieures rencontrent les poftérieures, &
forment par leur entrelacement un réfeau tendineux lâche,
qu'on perd de vüe à plus ou moins de diftance du dia-
phragme ; cependant on peut fuivre dans quelques vieux
fujets ces fibres tendineufes très-fenfibles & très-manifefles,
jufqu’à l'entrelacement qui borde l'ouverture dela veine pul-
monaire droite & inférieure, dont je parlerai bientôt. Ces
fibres, ou pluftôt ces cordons, communiquant avec les plexus
tendineux qui occupent l'entrée des deux veines, étoient
aufli diftinéts dans un homme de foixante-dix ans, que les
bandes qu'on obferve dans le centre tendineux .du diaphragme,
Le nerf diaphragmatique droit va fe rendre à ce-réfean-in.
férieur, & peut par conféquent y conduire. On découvre
encore facilement cette continuité vers la pointe du péricarde;
auprès de linfertion du nerf diaphragmatique gauche; mais
les bandes aponévrotiques qui: s'élèvent ici du. diaphragme,
font moins ramaflées que celles de l'autre côté, & ne fe pré-
fentent que fous: la forme d’un ligament aponévrotique très-
folide, qu'on ne-peut pas fuivre- bien loin dans le péricarde..
On trouve toüjours une communication plus manifefle à la
partie la plus antérieure de ce fac, à peu de diftance de celle:
de la veinecave: j'ai pourfuivi quelquefois dans celle-ci les:
fibres tendineufes beaucoup plus loin; l’entrelacement eft plus:
irrégulier. J'ai remarqué plufieurs fois que les fibres les plus
fenfibles ont leur direétion vers. la bafe du-cœur, c'eft-à-
dire, quelles marchent obliquement vers Ja partie fupérieure
du péricarde : on peut en füuivre quelques-unes qui com-
muniquent, en fe portant à droite, avec l'entrelacement qui
embrafle a. veine-cave.
Ce que je viens de dire fur Vattache circulaire ou ellip-
tique du péricarde; ne peut fe rapporter qu'à ce qu'on ob:
ferve dans fa face externe; mais lon découvrira bien mieux,
cette continuité, lorfqu'on la confidérera par fon côté interne. .
On doit, pour la découvrir, faire des incifions fur le fond.
Li if,
254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
du péricarde, & pourfuivre les lambeaux jufqu'à ce qu'on
les trouve confondus avec le diaphragme : on peut apercevoir
alors très-clairement la continuité de ces parties. On décou-
vrira dans l'attache qui répond au centre tendineux, des fibres
ou des trouffeaux qui fe répandent très-fenfiblement fur la face
aplatie du péricarde. Dans celles qui portent fur la partie
charnue, les fibres font moins fenfibles, mais la communi-
cation n'en eft pas moins manifefle, parce qu'on ne fauroit
pourfuivre cette diflection qu'en féparant les trouffeaux des
fibres charnues qui fe terminent par leurs tendons aponévro-
tiques au péricarde, de ceux qui vont fe rendre au centre
tendineux: ce qui prouve plus évidemment la continuité de
ces parties, fur laquelle je ne crois pas que ceux qui voudront
prendre la peine de lexaminer, puiflent avoir des doutes *,
On fait que le péricarde, confidéré dans fa partie tendi-
neufe, a neuf ouvertures pour recevoir les deux veines-caves,
les quatre pulmonaires, & laifler fortir le tronc de l'aorte
& les deux branches de l'artère pulmonaire, auxquelles on
peut ajoûter celle du canal artériel dans le fœtus, ou du li-
gament qui le repréfente dans l'adulte, fans parler de celles
qui donnent entrée aux nerfs. Les ouvertures des cinq veines
fupérieures, qui deviennent ovales lorfque ces vaiffeaux font
affaiflés, paroiflent être formées par l’écartement des fibres
tendineufes du péricarde : je les ai vües quelquefois décrivant
autour des vaifleaux que je viens de nommer, plufieurs
courbes parallèles qui fe croifoient affez régulièrement dans
les points de partage. On découvre le plus fouvent dans
ces anneaux tendineux, des fibres irrégulièrement entrelacées;
elles font même, dans quelques fujets d’un âge avancé, fi en-
taflées, qu'on n’a pas befoin de beaucoup d'attention pour
les apercevoir. Si l'on ne difcerne pas toüjours dans l'adulte
les fibres qui compofent ces anneaux, lon découvre affez
conflamment, en étendant la partie du péricarde qui donne
entrée à ces vaifleaux, un cercle blancheâtre qui les embrafle
* Lancift paroït avoir connu cette fruéture ; mais ce qu’il en dit ef
fort obfcur, di cit
nm"
SPORE PER RE Enr
2% Ag
nm
DéE SL SCIE N°C ES. 255
étroitement lorfqu'ils font dilatés ; mais les fibres qui les
compofent font fi confondues, qu’on ne fauroit les diftinguer :
lon a mème de la peine à apercevoir ces anneaux dans les
jeunes fujets où les parties ne font pas encore formées: ils
m'ont toujours paru plus fenfibles à l'entrée de a veine-cave
fupérieure & de la veine pulmonaire inférieure, fur-tout fr
ces recherches fe font immédiatement après avoir ouvert 1a
poitrine, parce que ces parties expofées à l'air perdent de
leur confiftance & de leur blancheur.
La fhucture du fac tendineux du péricarde à 1a fortie des
artères, eft plus difficile à développer; il ne n'a pas été poffible
d'y diftinguer aucun anneau: on voit à la vérité dans quel-
ques fujets fur la face interne du péricarde, un cercle blan-
cheître, irrégulier, qui ayant quelque relief, paroît être formé
par un repli de la membrane capfulaire; mais il ne reflemble
en aucune façon à ceux qui font à l'entrée des veines. Le
fac tendineux ne paroît pas fe terminer ici; on n’y voit rien
qui puifle défigner fes bornes, & il y a tout lieu de penfer
uil accompagne les artères, mais il femble dégénérer en
f confondant avec le tiflu cellulaire qui embrafle ces vaif
feaux. Ne peut-on pas dire que les fibres tendineufés, fi
fenfibles dans toutes les parties du péricarde, & qu'on perd
de vüe dans cet endroit, fouffrent, en fe prolongeant, un
écartement qui les confond avec celles du tiflu cellulaire, qui
eft ici très-remarquable par le concours des trois couches
qui s’y rendent? La première qu'il reçoit, eft celle qui fous
la tunique capfulaire embraffe l'artère, & qui eft par confé-
quent une continuité de celle du cœur: la feconde eft fituée
entre la membrane capfülaire formant le fac, & la tendineufe :
elle eft très-mince: la troifième eft celle qui environne le
péricarde, & qui Funit à la plèvre. Ces trois couches fe ren-
contrant à a ce de l'aorte & des branches de l'artère pul-
monaire, leur fourniflent une enveloppe dont on la dépouille
facilement, & dans laquelle on ne fauroit pourfuivre les fibres
tendineufes qui s'y perdent ; de forte qu'il ne me paroït pas
bien important de décider fi ces fibres détachées du fac
Membrane
capfulaire du
péricarde.
256 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
accompagnent ces vaifleaux , ou fi elles fe terminent au tiffu
cellulaire qui les embrafle , parce qu'on peut envilager dans l'un
& l'autre état une continuité manifefte qui doit produire le
même effet, d'autant mieux que les fibres qui forment ici Le
tiffu cellulaire paroiflent tirer leur origine de celles qui com-
pofent la membrane tendineute, & ne diffèrent peut-être de
ces dernières que par leur degré de coliéfron. Les Anato-
mifles n'ignorent pas que letifiu cellulaire dégénère dans plu-
fieurs endroits en attaches ligamenteufes, qui ont beaucoup
de folidité, & qu'il forme prefque par-tout des feuillets
membraneux qui ne diffèrent des véritables membranes que
parce que leur trop grand nombre ne permet pas de les
faire connoître fous des noms particuliers: c'eft cette parfaite
reflemblance qui rend opération du bubonocelle fi. diff-
cile & fr laborieufe; ce qui n'arriveroit certainement point
{1 l'on pouvoit diftinguer les feuillets membraneux, du corps
du péritoine. On trouve un exemple très-remarquable de ces
productions membraneufes fur le péricarde ; {eur folidité
pourroit même les faire prendre pour des lames aponévro-
tiques qui naiflent de la partie antérieure de ce fac, & fe
jettent en manière de ligamens fur le thymus qui eft cou-
ché, comme on le fait, fur le péricarde, & plongé dans le
tiflu cellulaire, duquel on a fouvent de la peine à le dégager.
La membrane capfulaire du péricarde eft très-difficile à
décrire, à caufe des différentes routes qu'elle tient. On peut
la comparer au péritoine qui, après avoir tapiflé l'enceinte
mufculeufe du bas-ventre, fournit, en fe repliant, des liga-
mens & des capfules à tous les vifcères qui font logés dans
fa cavité. La membrane caplulaire lui reflemble en cela très-
parfaitement; elle revêt la face interne du fac tendineux, &
{e réfléchit à où elle rencontre les vaifleaux, pour 1eur fournir
des attaches & une enveloppe qui fe répand enfuite fur les
oreillettes de même que fur le cœur; de forte qu'elle tapifle
fimplement & avec beaucoup d’adhérence la partie antérieure,
la latérale gauche, la poftérieure & l'inférieure du péricarde,
gais dans fa partie droite & la fupérieure elle s'en écarte
‘pour
DIET SN LS /C) À E NC E:s. 257
pour fe jeter fur les parties que j'ai nommées. La veine-cave
inférieure s'abouchant, prelque à fon entrée dans le péricarde,
avec la première oreillette, ne reçoit qu'une petite portion de
la membrane capfulaire qui rencontre bientôt l'oreillette, dont
la partielatérale externe, qu'on pourroit regarder dans l'homme
comme une continuité des veines, eft aftachée dans toute
fon étendue au péricarde, jufqu'à fon embouchüre avec 1a
veine cave fupérieure, qui fait un demi-pouce environ de
chemin dans le péricarde, recevant dans ce trajet la même
capfule dont elle eft prefque entièrement enveloppée.
On fait que la membrane caplulaire, avant de fe replier fur
l'oreillette & fur les deux veines-caves, rencontre les vaiffeaux
pulmonaires droits, qui font derrière l'oreillette & la veine-
cave fupérieure des faillies recouvertes par cette membrane.
L'artère pulmonaire paroît très-rarement de ce côté; le con-
tour des veines laiffe dans l’entre-deux, des cavités plus ou
moins profondes & irrégulières, dans fefquelles la membrane
caplulaire s'infinue: elle rencontre enfuite dans la partie fa
périeure du péricarde, l'aorte & les deux branches de l'artère
pulmonaire; elle enveloppe prefque entièrement la partie fu-
périeure du tronc de l'artère pulmonaire & Ja partie de l'aorte
qui lui répond, mais elle ne recouvre que la fice antérieure
des branches dé la première, qui touchent par leur partie
poftérieure à la membrane tendineufe. 11 faut remarquer que
la droite fait une faillie qui la rend très-fenfble entre l'aorte
& la veinecave fupérieure, derrière lefquelles elle marche.
La gauche s'aperçoit peu dans le péricarde, parce qu'elle en
fort prefque à fa naïffance.
Au deffous de la branche droite de 1 pulmonaire, 1a
membrane fournit une gaine complète & commune à l'aorte
& au tronc de l'artère pulmonaire; de forte qu'il y a derrière
ces vaifleaux, ou entr'eux & la feconde oreillette, un paflage
confidérable où l'on peut placer le pouce. Après avoir em-
brafé ces artères, la membrane capfulaire rencontre les veines
pulmonaires gauches, qui font ordinairement aflez TEMar-
quables dans le péricarde, & {eur fournit des enveloppes qui
Mém, 1752.
258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
n'embraflent qu'une partie du contour de ces vaifleaux, lef-
quels marchent pourtant diftinétement & féparément dans fa
cavité du péricarde, laiffant communément entr'eux une cavité
profonde qui s'étend derrière la fupérieure; elle s'ouvre même
dans quelques fujets, pour communiquer avec le grand paf-
fage qui eft derrière les grofles artères; & dans ce cas, la veine
fupérieure reçoit une gaine complète. La membrane capfulaire
fe répand enfuite fur toutes les parties libres des deux oreillettes,
d'où elle fe prolonge fur la furface du cœur, qu'elle recouvre
avec beaucoup d’adhérence.
Il fe préfente ici une remarque très-importante à faire au
fujet de la gaine commune à l'aorte & au tronc de l'artère
pulmonaire. On fait que ces vaifleaux ne font point en-
veloppés féparément, mais qu'une même capfule les lie très-
étroitement : il eft aifé de juger qu'ils doivent être adoffés
par de larges furfaces, qui, outre l'attache membraneufe qui
les termine, font encore très-fortement collées enfemble
par le tifiu cellulaire, ainfr que ceux qui ont pourfuivi quel-
quefois le plexus cardiaque le favent très-bien : les côtés
correfpondans feront donc aplatis, fi les forces qui les dilatent
font égales : s'il y en a une fupérieure, elle doit faire rentrer
le côté correfpondant dans la cavité du vaiffeau qui pré-
fentera moins de réfiftance. C'eft ce qui arrive au tronc de
l'artère pulmonaire, dont la feétion fémilunaire ne fauroit,
dans aucun cas, devenir circulaire : elle eft telle, même dans
le cadavre, parce que l'aorte, quoique vuide, ayant plus de
folidité, doit repouffer ce canal, qu'on fait être bien plus
foible. Jai dit que la membrane caplulaire étoit très-fortement
collée à toutes les parties qu'elle recouvre; on peut pourtant
l'en détacher, ainfi que je l'ai fait plufieurs fois: cette fépa-
ration un peu avancée n’eft pas difficile à pourfuivre; il n'eft
queflion que d'avoir un flambeau affez étendu pour être
faifi avec les doigts, qui doivent fuppléer ici aux pincettes
qui la déchireroient bientôt. Dans les vieillards, elle a plus
d’épaiffeur & de folidité : on peut y pourfuivre quelquefois
denx feuillets, muis on ne doit pas sy tromper, interne
.
nie 08 Lai. D'E Ta Q us. 259
appartenant au tiflu cellulaire qui doit {e rencontrer, comme
je l'ai obfervé, entre ces deux membranes, & qui acquiert
par l'âge plus de confiftance & de folidité.
J'ai dit qu'il ne falloit pas regarder le péricarde comme
une fimple caplule , & qu'il devoit tenir un rang plus
confidérable dans l’économie animale. I] ne faut, pour s'en
convaincre, qu'examiner les connexions très-étroites qu'il
contraéte avec les vifcères les plüs néceffaires à la vie, favoir,
Teftomac, le diaphragme, le cœur & le poumon, parties
dont il forme les liens. Peut-on douter que le péricarde, qui
eft fi intimement uni à la plèvre, & qui fournit aux vai
feaux pulmonaires une gaine très-folide, provenant de fon
tilu cellulaire, n'entretienne le rapport merveilleux qu'on
découvre entre les mouvemens du poumon & de la glotte,
& ceux de la charpente de la poitrine & du diaphragme!
On à voulu expliquer ce rapport par les nerfs, mais l' Ana-
tomie ne fe prête point à de telles explications; elle nous
met devant les yeux des membranes douées, comme on le
fait, d'un fentiment très-vif, & bien plus propres à entretenir
les mouvemens fympathiques, puifqu’elles forment les liens
de toutes les parties, & qu'on peut les pourfuivre fans inter-
ruption depuis Îa tête jufqu'aux dernières extrémités du
corps. Le tiflu cellulaire qui en eft inféparable, par-tout
où elles contraétent quelque adhérence, leur appartient, &
les filets qui le compofent ne font qu'une expanfion de
ceux qui forment le tiflu ferré des membranes ; de forte
qu'il n'y a de différence, comme je l'ai dit, entre ces deux
corps, que celle qui réfulte du plus ou moins de cohéfion
de leurs fibres.
Enfin les maladies du péricarde, qui font plus communes
qu'on ne le penfe, portent ordinairement le trouble dans le
mouvement du cœur & dans celui de la refpiration ; ce qui
prouve, ce me femble, évidemment que l'état de ce fac
influe beaucoup fur ces deux grandes fonctions. Le fpafme
qui lui eft fi familier, principalement dans 'affection hifté-
rique & bypochondriaque, maladies qui ont leur principal
k ij
Ufages
du
péricarde.
Fau du
péricarde,
260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
fiége dans le péricarde , ne produitil pas le même defordre?
il fe manifefte aflez fouvent par une fenfation très-alarmante,
qui va quelquefois jufqu’à la douleur, ainfi que je l'ai oblervé
dans quelques hiftériques. Vieuffens nous à Jaiffé l'hifloire
de deux femmes, qui dans l'accès de cette maladie poufloient
les hauts cris de la douleur qu'elles reflentoient au péricarde,
difant qu'on leur arrachoit le cœur, Perfonne n'ignore que
les paflions de l'ame eh impreffion fur cette partie:
ceux qui s'abandonnent à la triftefle y éprouvent une efpèce
de poids que les Provençaux appellent 4 coudon, nom qu'ils
donnent au fruit du coignaflier, & qui exprime parfaite-
ment la nature de la fenfation dont on fe plaint, & la forme
de la partie qui en eft le fiége: c'eft ce qu'on nomme par-tout
ailleurs ferrement de cœur, indifpofition qui ne peut être
rapportée qu'au péricarde.
Quoiqu'il ne foit pas de mon objet de parler des maladies
du péricarde, fur lefquelles M. Senac a raffemblé beaucoup
d'obfervations , je ferai cependant quelques réflexions fur la
collection d'eau qu'on y obferve fi communément, parce
que cette difpofition tient à une queition de phyfiologie
qu'il eft important d'éclaircir. Plufieurs Anatomiftes croient
que dans l’état naturel ou de fanté ce fac doit en contenir,
mais ils n'en ont pas déterminé Îa quantité ; de forte qu x
eft bien difhcile, felon leurs principes, de décider par
Yinfpection de la partie fr elle eft dans l'état de maladie: ce
qu'on ne peut aflurer, fr l’eau n'excède de beaucoup la
quantité arbitraire qu'on y juge néceflaire. Quelques Auteurs
ont prétendu voir dans les porofités de là membrane cap{u-
lire, les fources de l'eau qu'ils croient devoir fe filtrer dans
la cavité: on n'a qu'à preffer, difent-ils, le péricarde, on
verra fuinter des gouttes d'eau de fa face interne. Mais doit-
on conclurre de ce fait, quoique très- véritable, que le
péricarde foit un organe fecrétoire , & que les porofités ap-
parentes, par lefquelles cette humidité tranfude, foient les
orifices des LÉ fecrétoires, puifqu'on fait cette expé-
rience avec le même fuccès fur da plèvre, le péritoine, la
OERENS M ISTCHNE NucC'E/s 261
dure-mère, en un mot fur toutes les membranes & les
parties molles qui compofent le corps des animaux, dont le
tiflu doit ouvrir un paflage à la tranfpiration abondante qui
s'élève de toutes les parties?
S'il n'eft pas douteux qu'on obferve affez communément
de l'eau dans le péricarde de ceux qui font morts de mala-
die, il n'eft pas moins certain qu'on n'en trouve pas dans
tous. On en rencontre très-rarement dans le corps des fup-
pliciés & des noyés, de même que dans ceux qui ont été
enlevés par des chûtes ou autres accidens, ainfi que j'ai eu
l'occafion de le vérifier quelquefois. Ajoûtons que le péri-
carde des chiens, des cerfs & des autres quadrupèdes qu'il
m'a été permis d'obferver, n'en contient point. Enfin, je ne
crois pas qu'il foit plus néceffaire d'admettre de l’eau dans le
péricarde que dans les facs de la plèvre, du péritoine, &
dans les autres cavités où perfonne ne s’eft encore avifé d'en
fuppoler : il paroït même que M. Senac n'eft point éloigné
de ce fentiment, puifqu'il convient avoir vû plufieürs fois
des péricardes à fec, & n'avoir pas cru pour cela qu'ils fuffent
dans un état de maladie.
Cependant l'eau qu'on trouve en petite quantité le plus
communément dans le péricarde, ne doit pas toüjours être
regardée comme un produit de maladie: il s’en fépare après
la mort, non feulement dans la cavité de ce fac, mais en-
core dans celle de la poitrine, du bas-ventre & du cerveau.
J'ai même obfervé très-fouvent que cette eau qui fuinte des
parties privées de vie & affaiffées, eft d'autant plus abon-
dante que le temps de la diffeétion eft éloigné de celui de
la mort. M. Winflow a fait cette remarque au füujet du
péricarde: on peut obferver très-facilement la même chofe
dans les autres cavités, fi la nature des humeurs où d'au-
tres circonftances n'y font pas contraires. Ce fait eft afez
important pour qu'il mérite d’être bien éclairci, parce qu'il
peut rectifier le jugement que l'on porte fur le carattère de
bien des maladies, d'autant plus féduifant qu'il eft appuyé {ur
un fait qu'on ne contefle point, Tous les Anatomifles favent ,
; K K ii
262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
par Jincommodité qu'ils en reflentent, que les vifcères fé
parés du cadavre, bien defféchés & laïffés fur une table,
s’humeétent & expriment une férofité qui contribue beau-
coup à les gâter, fi l'on néglige de les effuyer. Qu'on laiffe
feulement pendant la nuit un cœur entier, bien féché, fur
une table, on la trouvera le lendemain mouillée, & ainfr
des autres vifcères dont les vaiffeaux auront été liés. N'eft:if
donc pas vrai-femblable que la très-petite quantité d'eau qu'on
rencontre ft communément dans le péricarde, ne sy eft
ramaflée que depuis que les parties privées de vie ont perdu
leur reflort? & ne peut-on pas conclurre de tout ce que je
viens d'expofer, que l’eau qu'on trouve dans le péricarde eft
toûjours ou un produit de maladie, ou une fuite de lafai-
fement ou d’une efpèce de diflolution putride que toutes les
parties molles éprouvent après la mort? D'ailleurs la nature de
ce liquide, qui préfente tant de variétés par rapport à fa
confiftance & à fa couleur, ne prouve-t-elle pas la même
chofe? Plufieurs Auteurs rapportent même y avoir trouvé du
fang. Sans nier la poffibilité de cet épanchement, je ferai à
ce fujet lhiftoire de mon erreur, qui peut jeter quelques
doutes fur de telles obfervations.
Nous trouvames, il y a très-peu de temps, du fang épanché
à la quantité de deux ou trois onces, dans le péricarde d'une
fille morte d'une fièvre lente. Ce fang, qui étoit coulant,
n'avoit point perdu fa couleur naturelle; il n’y paroifloit au-
cune marque de corruption, & lon ne voyoit aucune caufe
manifefte de cette extravafation: ce qui me fit juger que cet
épanchement ne pouvoit être ancien, & que je devois en
découvrir la fource. Pour y réufñr, je fis pomper ce fang,
& pañler de l'eau dans la cavité pour bien laver ces parties,
qui furent enfuite féchées avec quelques précautions, pour
ne rien forcer & découvrir plus fürement la route que cette
liqueur s'étoit frayée. Il ne parut d'abord rien qui la défignät,
mais en maniant ces parties, & preflant, quoique légèrement,
la première oreillette qui étoit gorgée de fang, nous en vimes
couler quelques gouttes. Il ne nous fut pas difficile alors,
DES SCIENCES. 263
en examinant attentivement l'endroit ou le point qui le
laifloit échapper, de découvrir une petite fente » Que tous ceux
qui étoient préfens, reconnurent avoir été faite avec la pointe
du fcalpel, qui ayant été vrai-femblablement porté trop avant
en détachant fe fternum ou en ouvrant le péricarde, avoit
entamé légèrement la convexité de l'oreillette, d'autant plus
expolée qu'elle étoit fort dilatée, & par conféquent tendue,
La plufpart des obfervations qu'on a faites à ce fujet ne
pourroient-elles pas être rapportées à un pareil accident, qui
m'auroit très-certainement échappé fr j'avois été moins en
garde contre l'illufion ?
On rencontre encore quelquefois du pus dans le péricarde,
mais il eft très-rare d'y en voir autant que j'en ai trouvé
dans le cadavre d’un homme mort d'une inflammation de
poitrine: ceite obfervation m'a paru trop intéreflante & trop
convenable à mon fujet, pour ne pas lui donner une place
à la fin de ce Mémoire,
Jappuration abondante de la membrane capfulaire
du péricarde.
Un homme d'environ quarante-cinq ans, & d'un tem-
pérament fanguin, vint à la Charité royale de Verfailles les
derniers jours de Janvier 175 1: il étoit attaqué depuis deux
jours de la péripneumonie, & fe plaignoit d'une douleur
qu'il rapportoit au côté gauche de la poitrine, près du fler-
num & des attaches du diaphragme. Son pouls avoit plus
de vitefle que de fréquence; fa refpiration étoit gênée, &
les crachats, tels qu'ils doivent être dans la péripneumonie,
étoient pouflés avec affez de liberté & d'aibondance. Les
remèdes ordinaires ayant été mis en ufage, le malade pafla
affez tranquillement le troifième & le quatrième jour de fa
maladie, la douleur linquiétant peu, & crachant toûjours
abond:mment. Ce calme füt interrompu dans la nuit du
quatrième au cinquième, par un orage des plus terribles; {a
fièvre augmenta confidérablement, la douleur devint plus
aigue, les crachats fe fupprimèrent » & la difficulté de relpirer
Obfervation,
264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
augmenta au point qu'on jugeoit qu'il ne pañleroit pas Îa
nuit; cependant le redoublement, après avoir duré cinq ou
fix heures avec la dernière violence, finit à quatre heures
du matin, le cinquième jour de la maladie. Inftruit à ma
première vifite de tout ce qui étoit arrivé pendant la nuit,
je fus affez furpris de trouver mon malade dans l'état où
je l'avois laiflé le jour précédent, à cela près qu'il paroifloit
un peu plus accablé: la refpiration d'ailleurs étoit aflez libre,
& les crachats fe détachoient avec la même liberté. L'ayant
interrogé fur l'état de fa douleur, il me répondit qu'elle avoit
été très-vive pendant la nuit, & qu'elle s’étoit même un
peu étendue fur le devant de la poitrine, mais qu'il n'en
fouffroit pas beaucoup dans le moment qu'il me parloit. Si
la douleur avoit été plus aigue, la refpiration plus laborieufe
& l'artère plus tendue, je n’aurois pas douté que le médiaftin
ne füt attaqué conjointement avec le poumon ; mais l'abfence
de ces fignes éloigna mes foupçons, qui ne tombèrent pas
non plus fur le péricarde: je penfois fimplement que le fiége
de l'inflammation étoit au bord antérieur du lobe gauche du
poumon. Le foir du même jour je ne remarquai rien de
nouveau; mon malade, qui ne manquoit pas de courage, me
parut aflez content de fon état, & je ne dois pas diflimuler
que je ne craignois pas plus pour lui que pour plufieurs
autres qui, dans le même temps, étoient pris, à ce qu'il
me paroifloit, du même mal; de forte que j'eus lieu d'être
aflez furpris le lendemain, qui n'étoit que le fixième de fa
maladie, en apprenant qu'il étoit mort dans fa nuit, & qu'un
redoublement pareil à celui du jour précédent, mais qui
avoit été annoncé par de violens friflons, l'avoit enlevé
en quatre ou cinq heures de temps.
N'ayant rien obfervé dans les fymptomes & les accidens
de cette maladie, qui püt me faire deviner la caufe d’une
mort aufli prompte, je cherchai à m'en éclaircir dans le
cadavre. À {a première ouverture de la poitrine, le Iobe
gauche du poumon nous parut enflammé; fa furface étoit
gnduite d’une matière purulente qui formoit une efpèce de
croûte,
MARAIS SIC ESPN (C {5 !s: 26
croûte, ainfi qu'on l'obferve dans un très-grand nombre de
ceux qui font morts de la péripneumonie , mais il n'y
avoit aucun liquide épanché. La plèvre étoit en quelques
endroits un peu altérée, mais fe médiaftin & le diaphragme,
de même que le lobe droit du poumon, n'avoient point
fouffert. Ce que nous avions fous les yeux ne nous donnoit
encore aucun éclairciflement fur le fiége de la douleur &
fur la caufe d'une mort aufli imprévüe : en cherchant donc ce
qui pouvoit y avoir donné lieu, nous nous aperçumes que
le péricarde préfentoit un volume extraordinaire, nous re-
connumes au premier coup de fcalpel que ce fac contenoit
une grande quantité d'un pus de la couleur & de la confif-
tance du lait, dans lequel le cœur nageoit, & nous jugeames
(tous les préfens) que le volume de cette matière purulente
furpañloit de beaucoup celui du cœur. Après avoir vuidé le
fac, nous obfervames que toute la membrane capfulaire du
cœur & des oreillettes étoit calleufe, avec beaucoup d’iné-
galités : la face interne du péricarde étoit également altérée,
& le fac avoit plus d'épaiffeur que dans l'état naturel. Les
cavités du cœur & des oreillettes n’avoient pas fouflert, finon
qu'elles étoient affez remplies de ces concrétions couenneufes
qu'on y trouve fr communément. I[ paroït par cet expolé,
que la membrane capfulaire dans toute fon étendue avoit
été le fiége de Finflammation qui avoit précédé cette fup-
puration, & que le pus, par fon volume ou par fa qualité,
avoit donné lieu aux accidens qui terminèrent la vie du fujet
qui m'a fourni cette obfervation.
ge
S qe
Mém, 1752. che:
266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
SUR LA DIGESTION DES OISEAUX.
PREMIER MEMOIRE,
Expériences fur la manière. dont Je fait la digeflion
dans les Oifeaux qui vivent principalement de
grains à d'herbes, à7 dont l'eflomac eff un
géfier.
Par M. DE REAUMUR.
1 Me digeftion des alimens, cette opération par laquelle
des matières de qualité & de nature fi différentes {ont
converties en une efpèce de liqueur laiteufe qui fournit à
l'accroiffement des animaux, & à réparer les pertes de ceux
qui n'ont plus à croître, eft pour nous une opération bien
importante: on n'a pû manquer d'en chercher la caufe, dès
qu'on a commencé à raifonner fur les efiets phyfiques; elle
en eft un très-admirable. Les plus anciens Médecins ont
été partagés fur cette caule ; il feroit inutile de rapporter ici
les difftientes opinions qu'ils en ont eues: nous nous con-
tenterons de rappeler ce qui elt très-connu, qu'il n'y a eu
que trois fentimens qui aient prévalu dans notre fiècle, dont
chacun a eu pour partifans de grands Médecins & de célèbres
Phyficiens. Les uns ont voulu que la digeftion ne füt opérée
que par des diflolvans : les auties ont prétendu qu'elle étoit
uniquement Fouvrage de la trituration, que les alimens étoient
broyés dans l'eflomac de tous les animaux en quelque forte
comme des grains de blé le font fous une meule : enfin
d'auties, qui ont pris un parti moyen, ont penfé que la tri-
turation & les diflolvans concouroient à la digeftion; que
ceux-ci y avoient plus de part dans des animaux de certains
geures, & que celle-à y contribuoit davantage dans des ani-
maux d'autres genres.
Comme les oifeaux diffèrent fouvent plus entreux par
la ftructure de leur eflomac que par leur extérieur, il ma
DES 2 SYCA'ESN CES 267
paru qu'on pouvoit faire aifément fur eux des expériences
qui donneroient beaucoup d'éclairciffemens fur la manière
dont la digeftion eft opérée dans les animaux de claffes fort
différentes de la leur. Parmi les oifeaux, il y en a qui ont
un eftomac charnu, épais, & d'une tiflure compacte, auquel
on a donné le nom de gélier; d'autres ont un eftomac beau-
coup plus mince, & qui a plus de capacité, proportionnel
Jement à la grandeur de loifeau; c’eft une efpèce de poche
membraneufe. [1 y en a qui ont, pour ainfi dire, un eftomac
mi-parti; une de fes portions eft épaïfle & charnue, le
refte eft mince & membraneux: par un bout il eft géfier,
& par l'autre, effomac membraneux. Les oifeaux ont encore
à nous faire voir des eftomacs qui font en entier d’une épaif-
feur & d'une confiflance moyennes entre celles des géfiers
& celles des poches membraneufes. J'ai fait des expériences
pour découvrir quelle part avoit la trituration & quelle part
avoient les diflolvans à la digeftion faite dans ces différentes
fortes d'eflomacs. Je les rapporterai dans deux Mémoires ;
dans le premier, je ne parlerai que de celles qui ont été
tentées fur des oifeaux dont l'eflomac eft un géfier, & dans
Vautre il ne sagira que de celles qui ont été faites fur les
oifeaux qui ont un eftomac plus mince, Au refte, les rélul-
tats des expériences de ces deux Mémoires me femblent
propres à décider les queftions qui ont partagé les Phyficiens,
fu la manière dont fe fait la digeftion dans des animaux
de claffes fort différentes de celle des oïfeaux.
On ne court guère rifque de fe tromper, quand on uge
que des mufcles d’un ‘volume confidérable, épais & folides,
font déftinés à produire des effets dont des nanisles beau-
coup plus petits & minces feroient incapables : l'expérience
& le raifonnement font d'accord pour le prouver. La foli-
dité & lépaiffeur de ceux qui compofent cet eflomac des
oïfeaux de diverfes efpèces, qu'on nomme géfier, a donc dû
Je faire regarder comme un puiffant agent: auffi a-t-on penfé
aflez généralement qu'il étoit chargé de broyer des corps
durs, tels que font les grains dont ces oifeaux fe nourriflent.
Lii
* De motu
anima/ium, tom.
STE
268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
La première infpection de l'intérieur d'un géfier qu'on vient
d'ouvrir, & dont la cavité eft très-remplie, conduit à prendre
cette idée de la manière dont il exerce fa force fur les ali-
mens qu'il a reçüs. Parmi les matières qui y devoient être
digérées, on voit une grande quantité de grains, foit de
fable, foit de gravier, de petits cailloux ou d’autres petites
pierres ; on y rencontre de ces corps fi durs, plus ou moins
gros, felon que cet eflomac a appartenu à un plus grand
ou à un plus petit oifeau: il n'eft pas rare d'en trouver dans
celui d'un dindon, de bien plus gros qu'une cerife; quel-
quefois le volume de tous ces grains très-durs , fürpaffe celui
des autres matières avec lefquelles ils font mêlés. I n’y a pas
d'apparence que ce foit par des méprifes réitérées fi fouvent
& fi conftimment, que l'oifeau faffe pañler dans fon géfier,
pour s'en nourrir, des corps dont il ne paroît guère poffible
que ce vifcère parvienne à extraire aucun fuc nourricier ; il eft
plus vrai-femblable que s'ils ne peuvent être digérés, ils font
deftinés à aïder à la digeftion des alimens, & que c'eft parce
qu'ils y font néceflaires , que le defir de les chercher & de
les avaler a été donné à des oifeaux. À quoi peuvent paroïître
propres des corps d’une fi grande dureté, & qui ne fauroient
être diflous que par un violent diflolvant , qu'à mettre en
pièces, à broyer des corps plus tendres renfermés avec eux ?
pour leur faire produire cet effet, il ne faut que les faire agir ;
or un eflomac compolé de fi fort mufcles, paroït très-capable
de les mettre en action.
I eft vrai que Borelli n’a pas paru éloigné de croire que des
oifeaux pouvoient fe nourrir de fragmens de cailloux & de
fable *, & que les cygnes s'en nourrifloient réellement : Fer-
dinand fecond , Duc de Médicis , lui avoit attefté que ce fait
étoit prouvé par des obfervations répétées avec affiduité pen-
dant quarante ans ; qu'on avoit conftamment trouvé l'eftomac
des cygnes qu'on avoit ouverts, rempli de fable , avec lequel
il y avoit au plus quelques filamens d'herbes très-déliés qu'on
prétendoit avoir été embarraflés dans le fable qui avoit été
avalé, mais lon navoit jamais vü dans leur eflomac ni
eph Ernst: S »C MEN: cm & 26.
gravier, ni débris d'animaux. La Seine feroit encore parée ja
cygnes comme elle létoit du temps de {a mort de Louis XIV,
Îi ceux dont elle étoit peuplée alors euflent fà f contenter
pour toute nourriture du fable de fes rivages ; ils n’euflent pas
Jouffert du retranchement qui leur fat fait d'une fomme aflez
confidérable, qui , dans chacune des années qui avoient pré-
cédé, avoit été employée à leur fournir du grain.
Quand on ne voudroit pas avec Borelli que les cailloux &
les graviers de fable fuflent broyés eux-mêmes dans e géfier
des oifeaux, quand on s’en tiendroit à penfer qu'ils ne font
deflinés qu'à brifer & à réduire en parcelles très-fines les
matières moins dures avec lefquelles ils y font mélés, if
refteroit à oppofer à un fentiment fi vrai-{emblable , des diff-
cultes qui ne font pas à méprifer. On à demandéil y a long-
temps fi le géfier lui-même n’auroit pas tout à craindre de fa
digeftion qui fe feroit au moins en partie par cette voie; fi
l'action de ces petites pierres, qui écraferoit des grains revêtus
d'une écorce aufli dure que l'eft celle des grains d'orge , qui
en feroit {ortir la farine, n'attaqueroit pas aufli la membrane
qui revêt la cavité du géfier ; fi cette membrane ne feroit
pas bien-tôt pleine de plaies, & déchirée en lambeaux : pour
peu que ce vifcere fût fenfible, la digeftion ne feroit-elle pas
extrêmement douloureufe? Enfin ne jugera-t-on pas plus na-
turel d'attribuer la digeftion à un diflolyant incapable d'agir
fur la membrane de a cavitésde l'eflomac?
Ces difficultés ont paru fi confidérables à de très-crands
Phyficiens, que malgré la folidité de la ftrudture des eflomacs
appelés géfiers, malgré beaucoup d'expériences très-favorables
à la manière dont on veut les faire agir pour broyer les ali-
mens, ces Ph; ficiens ont perfiité à foûtenir que la digeftion
qui s'y fait étoit principalement dûe à un diffolvant d’une eff-
cacité admirable ; que le mouvement de l'eflomac ne {ervoit
qu'à bien mêler ce diflolvant avec les maticres qu'il avoit à
difloudre, & au plus à les faire frotier les unes contreles autres
pour en détacher ce qui avoi, été diflous. Il me fuffit de citer
un des partifans de ce dernier fentiment » Vallifnieri, qu'un
LI ii
270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
grand nombre de belles obfervations d'Hiftoire Naturelle ont
rendu très-célèbre, & connu pour un Savant toüjours prêt
à combattre les préjugés les plus accrédités. C’eft dans un Mé-
moiré où il a donné l'anatomie de f'autruche , qu'il s'eft
déclaré contre la digeflion operce dans les géfiers les plus com-
pactes par la trituration , qu'il traite d'idée chimérique la
refflemblance qu'on a voulu trouver entre l'aétion de ce vifcère
& le mouvement d'une meule, Il étoit pourtant très-inftruit
des expériences faites par les Académiciens de Florence, par
Borelli, & en beaucoup plus grand nombre par Redi, par lef-
quelles ces Savans fr illuftres avoient été convaincus que le véfier
des poules & celui des canards broïent avec une grande facilité
les matières les plus dures. Ayant fait avaler aux unes & aux
autres des grains de verre creux, femblables aux grains dont on
fait des colliers qui imitent ceux de perles, ils virent que dans
un temps aflez court ces boules creufes, d’une matière fi difh-
cile à altérer, avoient été brifées & réduites en une poudre très-
fine. Quoique la Chymie ne nous fournifle point de diffol-
vant capable de divier ainfi le verre, quoique les plus puiffans
de ceux que nous lui devons foient confervés dans des bou-
teilles de verre, M. Vallifnieri n'a pas balancé à croire que la
Nature en fait faire un auquel le verre ne fauroit rébfter, &
qu'il fe trouve dans le géfier des oifeaux. La promptitude même
avec laquelle les grains de verre y deviennent une poudre im-
palpable, lui a paru être une preuve de l'éxiftence de ce diflol-
vant : il en donne pourtant une plus forte, en rapportant qu'il
avoit trouvé dans l'eftomac d'une autruche un morceau de
verre tout criblé comme un van où comme une filière, de
trous extrémement petits. Ces trous, dit-il, qui n'avoient pà
être percés par un trépan, l'avoient donc été par un diflolvant
d'une activité prodigieufe. 4
L’eftoniac d’une des deux autruches que M. Vallifnieri à
difféquées, lui à fait voir un fait fmgulier, duquel il tire encore
une objection contre ceux qui véulent que l'eftomac de ces
fortes d'oifeuux parviennent à broyer les corps les plus durs.
y trouva un grand clou qui avoit perdu fa tête, enfoncé
DES SCIENCES. 271
par la pointe dans la fubflance charnue de ce vifcère, comme
il l'eut éié dans une planche, & aufli folidement arrêté; il
ne put l'en dégager qu'au moyen du fcalpel. Ce clou étoit
fais par un monticule charnu, très-fain, qui sétoit formé
tout autour ; mais une portion aflez confidérable de ce même
clou s'élevoit au defius du monticule, Dans l'endroit que fon
gros bout devoit toucher lorfque les deux faces oppofées de
l'eflomac venoient à fe rapprocher jufqu'à un certain point,
il y avoit un fecond monticule calleux, plus bas que le pre-
mier. Cette portion du clou ne permettoit pas aux deux
faces oppoltes de l'eflomac de sapprocher jufqu'à s'appliquer
June contre l'autre, & Vallifnieri a penfé en pouvoir con-
clurre qu'elles n’étoient nullement en état de faire la fonétion
de meule fur les corps qui étoient entre elles.
Mon intention n'eft pas d'examiner actuellement la force
de cette ob,ection, ni même de détailler plus au long les
raifons que Vallifnieri a rapportées, tant contre le broiement
qu'en faveur de l'exiflence & de la grande adtivité du dif
folvant; d'ailleurs à flru@ure de l'eftomac de l'autruche étant
très-diflérente de celle des géfiers proprement dits, cet eflomac
n'eit point de ceux qui entient dans objet de ce piemier
Mémoire. Je pafe plus volontiers à faire remarquer qu'il
y a des expériences auxquelles on n'a pas fongé, aufi fimples
que celles qui ont été tentées, qui peuvent nous apprendre
fi Ja digeftion opérée dans un géfier eft principalement l'ou-
vrage de la triiuration, ou fi elle eft celui d'un diflolvant,
Quelque force que les partifans de la première opinion veuil-
lent accorder à ce vifcère, il ne leur paroitra ni impofhble,
ni même difficile d'y introduire un COrps cIEUX, percé par
les deux bouts, dont la figure ne puifle être aliérée {enfi-
blement par la preffion du géfier, ou dont au moins la cavité
pourra être confervée malgré les efforts qu'il fera contre ce
corps; ils peuvent être impuiffans contre des boules cieufes &
contre des cylindres creux de certaines matières & d'une cer-
taine épaifleur, Si avant que de faire avaler ces boules ou
ces cylindres à l'oifeau , on les remplit de grains, ces grains
272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
aïrivés dans le géfier s'y trouveront hors de rifque d'être
broyés, s'ils font mis à fabri de fon action par les parois
de la cavité dans laquelle ils font logés; mais les boules étant
percées de deux trous diamétralement oppolés, & les cylin-
dres étant ouverts par les deux bouts, les grains ne feront
pas inacceflibles aux liqueurs dont font imbibées les matières
contenues dans le géfier. S'il y a dans ce vifcère un diflol-
vant auffi actif que celui qu'y veut Vallifnieri, il y attaquera
les grains, & quand on en retirera les boules ou les tubes,
on trouvera dans leur cavité les grains changés en une
efpèce de bouillie, à moins que fa trop grande fluidité ne
Jen ait fait écouler. Dans le cas au contraire où le diflolvant
fi pénétrant aura manqué au géfier , les grains fe montreront
avec leur première forme.
Ces expériences étant fi aïfées à répéter, je ne n'embar-
raflai pas, dans les premières que je tentaï, d'employer des
boules creufes que j'eufle lieu de croire capables de foûtenir
la preflion du géfier; loin de voir de l'inconvénient à en
employer d'abord de trop foibles pour lui réfifter, il me :
parut que je devois commencer par lui en donner de celles-
ci, & enfuite par degrés de plus folides, pour parvenir à
avoir la melure de fa force.
Je commençai par me fervir de ces boules de verre dont
on fait des perles faufles ; leur groffeur me permettoit de
faire entrer dans chacune cinq à fix grains d'orge: je me
bornerai à rapporter quelques-uns des eflais que je fis avec
ces boules ainfr farcies de grains. Un dindon fut le premier
oifeau que j'obligeai d'avaler de ces dures pillules, il y a plu-
fieurs années, dans le mois de Décembre; il étoit auffr
grand & auffr fort que le font les plus avancés de ceux qui ont
moins d'un an. Ce fut le matin que je lui en fis entrer fix
les unes après les autres dans le gofier, d'où je les conduifis
dans le jabot en les preffant par dehors avec la main, jufqu’à
ce qu'en y entrant elles m'échappaflent. Le dindon fut mis
fous une cage où il ne tint qu'à lui de manger autant d’orge
qu'il en voulut, jufqu'au lendemain, temps pour io
on
DES SCT INIC ES 273
fon arèt de mort avoit été prononcé : aucune des boules
de verre, ni même aucun fragment de ces boules ne furent
trouvés dans les excrémens qu’il rendit pendant les dernières
vingt-quatre heures de fa vie. Lorfqu'elle lui eût été ôtée,
Jouvris le canal des alimens, & j'examinai ce qui y étoit
contenu depuis le commencement de l'œfophage jufqu'à
Vanus. Le jabot étoit très-plein de grains macérés , mais il
ne contenoit aucuné des fix boules de verre; aucune n'étoit
reftée non plus dans le paflage du jabot au géfier. C’étoit dans
ce dernier vifcère qu'on pouvoit le plus fe promettre d'en
trouver ; il étoit rempli, autant qu'il étoit poffible qu'il le
fût, de grains d'orge digérés en partie, de pierrailles, de
gravier & de fable plus fin: inutilement y cherchai-je des
boules de verre entières, je ne pus même en apercevoir
aucun fragment fenfible. Ces fragmens, pour m'échapper
malgré l'attention avec laquelle mes yeux & mes doigts
furent employés à les découvrir, devoient avoir été rendus
plus fins que des grains de fable. Un examen exact de tout
ce qui étoit contenu dans le canal des inteitins, ne fit encore
rien voir de fenfible qui eût appartenu aux boules de verre.
J'étois curieux de favoir fi quelque portion du canal n'a-
voit point été déchirée: je le trouvai plus fain dans toute
fon étendue, que je ne l'avois efpéré. Je ne pus découvrir
Ja plus légère bleffure dans la partie qui précède l'eflomac,
ni dans celle qui le fuit. Le géfier avoit pas plus fouffert ;
l'épaiffe membrane qui le revêt, étoit très-entière: on n'y
apercevoit aucun endroit où elle eût été excoriée.
Des expériences femblables à celles que j'avois faites fur
le dindon , furent répétées fur un coq & fur un canard, à
chacun defquels je fis avaler trois boules de verre, remplies
de grains d'orge. N'ayant trouvé aucun fragment de verre
dans les excrémens qu'ils rendirent pendant les vingt-quatre
heures fuivantes, je leur fs prendre à chacun trois nouvelles
pillules. Deux de celles qui furent données au coq étoient
des boules de verre femblables à celles dont il a été queftion
jufqu'ici, la troifième pillule avoit une figure plus oblongue;
Meëm, 1752, Mm
274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
elle étoit plus groffe & faite en poire, elle avoit été deftinéé
à être une de ces perles qui font mifes aux oreilles. Je fis
avaler au canard deux de ces grofles pendeloques, & feule-
ment une boule de verre; je le fis tuer trois heures après
qu'il les eût avalées. Quoique la voracité du canard paroifle
prouver que fa digeftion fe fait très-vite, je penlois que
c'étoit lui avoir Ôté la vie affez tôt pour retrouver dans le
géfier, ou dans quelque autre endroit du canal des alimens,
des morceaux auffi difficiles à digérer que l’étoient les perles
de verre. Le canal fut ouvert dans toute fa longueur, c'eft-
à-dire, depuis l'œfophage jufqu'à l'anus; je n'y trouvai au-
cune perle entière: tout ce que j'en pus retrouver fe réduifit
à deux petits fragmens de figure irrégulière, qui étoient
dans le géfier, dont l’un avoit au plus deux tiers de ligne
de longueur, & qui étoit au moins une fois plus long que
large ; l'autre morceau, qui avoit un peu plus de largeur,
étoit plus court: tout le relle des trois. dernières perles, comme
les trois avalées vingt-fept heures auparavant, avoit été di-
vifé en parcelles fi petites, qu'elles étoient infenfibles aux
yeux & aux doigts; le dernier ouvrage avoit été fait en
trois heures.
Les coqs emploient plus de temps que les canards à faire
la digeflion: celui à qui j'avois fait avaler deux perles rondes
& une longue, fut tué une demi-heure plus tard que le
canard, qui avoit pris fes pillules à la même heure que lui:
Je retrouvai encore dans fon jabot, qui étoit extrémement
plein, une perle ronde bien entière, & 1 perle en poire;
mais une des perles rondes avoit fans doute paflé dans le
géfier, & y avoit été mife en pièces fi petites, qu'il ne me
fut pas poflible d'en apercevoir aucune : inutilement en cher-
chai-je des fragmiens dans toute l'étendue du canal inteftinal,
Cette dernière perle, comme les trois avalées la veille, avoit
été pulvérifée en parties fi fines, que mes doigts & mes
yeux ne les purent découvrir.
Au refle, ces perles de verre, pour être fimplement bri-
fées, n'euffent pas exigé que le géfier eût employé contre
7
:
D'E S. S C'L11E Nc Es. 275$
elles une force bien confidérable; Jes rondes pouvoient être
caflées par la preflion d'un aflez petit poids. Entre plufieurs
de même diamètre, il ÿ en a eu peu que je n'aie écrafées
lorfque je les ai chargées de quatre livres. Les perles en poire
étoient capables d'en foûtenir un trois fois plus grand ;
quelques-unes ont réfifté à la preflion d’un poids de douze
livres : pour les mettre en pièces, l'effomac n'auroit donc
eu -befoin de faire agir contre ces dernières chacune des deux
faces entre lefquelles il les auroit ferrées, qu'avec une force.
d'environ douze livres. ÿ
Pour mettre des géfiers à de plus fortes épreuves, & dans
la vüe de tenir dans leur capacité des grains d'orge qui n'y
pourroient être attaqués que par un difiolvant, s'il s'y trou-
voit, je me déterminai à faire ufage de courts tubes de verre,
capables d'une plus grande réfiftance que les perles, & dont
chacun pouvoit recevoir au moins un ou deux grains d'orge.
Je fis avaler d'abord à un coq, & enfuite à un dindon, des
cylindres creux de verre, qui avoient environ fix lignes de
longueur & quatre de diamètre; de ces quatre lignes, le
diamètre de la cavité en avoit deux, d’où ül fuit que dans
toute la circonférence il refloit au verre une ligne d’épaifleur.
Les bouts de ces courts tubes étoient terminés irrégulière-
ment, & on imaginera aifément à quel point ils l’étoient,
lorfqu'on faura que chacun d'eux avoit été une portion d'un
tube très-long, & que c'étoit en rompant le long tube, comme
. on rompt un bâton, en un endroit entaillé par une lame
d'acier, que ces courts tubes avoient été détachés du refle;
auffi tel bout avoit-il un, & quelquefois plufieurs fragmens
du verre, longs de plus d'une ligne, & qui finifloient par
une pointe aigue. Ces fortes de pointes & d’autres inégalités
moins marquées étoient bien capables de piquer & d'écor-
‘cher des chairs délicates. Ces cylindres creux de verre, qui
avoient une ligne d’épaiffeur, étoient capables de réfifter à
une forte compreffion : en ayant engagé un dans Ja fente que
laifloient entrelles deux feuilles de parquet, je mis le talon
deflus & je fis pirouetter mon corps afin que tout fon poids
' M nm ij
276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
chargeît le cylindre pendant la durée de la pirouette. Le
petit tube foûtint cette charge fans fe brifer, & en auroit
foûtenu une plus pefante.
Deux fois vingt-quatre heures après que j'eus fait avaler
à un coq trois de ces tubes de verre, je crus devoir le faire
tuer. J'ouvris d'abord fon géfier, qui étoit le lieu où je comp-
tois de les trouver: je les y trouvai auffr, au milu des
matières dont ce vifcère étoit très-rempli, mais fous une
figure très-différente de celle fous laquelle ils y étoient en-
trés; ils avoient été changés en fix gouttières de verre, ceft-
à-dire que chaque tube avoit été divifé fuivant fa longueur
en deux parties à peu près égales. Les gouttières avoient
pourtant perdu du volume qu'elles avoient eu immédiite-
ment après la divifion, les unes un peu plus, les autres un
peu moins ; toutes avoient leurs angles émouflés & arrondis,
les pointes faillantes de leurs bouts avoient été abattues, en
mot il ne leur étoit refté aucune arête vive & aigue; ils
n'avoient aucun endroit fur lequel on ne püt pafler le doist,
& l'appuyer fortement en frottant, fans courir rifque de fe
couper. Le poli qu'avoit la furface convexe des gouttières,
lorfque deux d'entr'elles formoient par leur union un tube,
avoit été enlevé. Cette furface reffembloit à celle d'un verre
ufé par un fable groflier, avec pourtant cette différence, qu'on
n'y pouvoit fuivre, même à la loupe, les traces de ces grains:
on n'y voyoit point des raies“longues & étroites, mais des
aires de figure irrégulière, plus ou moins grandes & plus
où moins profondes. La furface concave avoit été beaucoup
moins dépolie; elle avoit confervé fon luifant dans beau-
coup d'endroits.
Ceux qui auroient le plus de penchant à attribuer ici le
dépoliment & Varrondiflement des angles à Faétion d'un
diffolvant, ne fauroient imaginer avec quelque vrai-femblance
que la divifion des tubes en deux parties eût été fon ou-
vrage: s'il avoit été en fon pouvoir d'enlever des parcelles,
tant du côté convexe que du côté concave, il ne lui a pas
été poffble de s'introduire dans lépaifieur du verre fur deux
me. À
LL
BE (SA SLIC LATINE ri 277
fignés droites diamétralement oppolées. Qu'eft-cé qui auroit
pu l'y déterminer & le contenir [ur ces deux lignes!
Ce qui ft arrivé à ces trois tubes, eft arrivé à beaucoup
d’autres , dont les uns ont été donnés à des canards, & d’au-
tres à des dindons. La manière dont ils ont été brifés à
été la même, ils ont été divifés en deux gouttières; je n'y
ai vû, ou pluftôt je n'ai eu lieu d'y foupçonner qu'une ex-
ception, Dans le géfier d'un dindon à qui j'avois fait avaler
quatre tubes que j'avois laiflés pendant quatre jours dans fon
corps avant que de le faire tuer, je trouvai neuf morceaux
creux qui avoient beaucoup perdu en tout fens de leurs diæ
menfions. Le plus petit, qui alors étoit prefque plat, étoit-il
venu d'un cylindre creux divifé d'abord felon fa longueur
en trois parties, ou étoit-il un fragment d’une des deux
moitiés dans lefquelles ce cylindre avoit été divilé? c'eft ce
qui eft incertain, & aflez indifférent à favoir.
Quelque force au refle qu'on füt difpof£ à accorder aux
mufcles épais dont un géfier eft compolé, on ne concevra
pas que par la compreflion elle puifle parvenir à faire fendre
en deux des tubes de verre aufli folides que ceux dont il
s'agit, fi elle eft appliquée également fur leur furface : Le
füt-elle inégalement, on auroit encore peine à concevoir.
qu'elle püt produire cette divifion; mais fi la force, au lieu
. d'agir de dehors en dedans, agit de dedans en dehors, elle
Waura pas befoin d'être fi confidérable pour produire cet
effet. J'avois foupçonné que l'agent qui avoit fendu en deux
les premiers tubes, auroit pû être indépendant de l'eftomac :
J'avois fait entrer dans chacun d'eux un grain d'orge, qui fe
&ouvoit à l'étroit dans quelques-uns. On pouvoit penfer avec
vrai-femblance que ce grain, en tendant à {e renfler, avoit
fait-contre le verre des efforts femblables à ceux que des
coins introduits fecs, & mouillés enfuite, font avec un fi
merveilleux fuccès pour détacher de la carrière & foulever
les blocs de pierre dont on forme les meules de moulin.
11 fut aifé de m'affurer que cette idée, malgré fa vrai-fem-
blance, n'étoit nullement vraie; le moyen en étoit fimple,
M m ii]
»78 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Je fis avaler à un chapon & à un dindon des tubes dans
lefquels je 'avois pas mis de grains d'orge ; ils furent fendus
en deux dans le géfier, comme les autres l'avoient été.
Les tubes qui entrent vuides dans le géfier, n'y reftent pas
Jong-temps fans être remplis; j'en aï eu la preuve dans di-
verles circonftances que je ne m'arrêterai pas à détailler. Si fa
preflion de l'eflomac agit contre les bouts du tube qui eft
plein, & par conféquent fur la matière qui le remplit, elle
fera effort pour dilater le tube, ou, ce qui eft la même chofe,
pour le rompre: cette action étant accordée au géfier, on
trouvera bien des cas où il pourra forcer le tube de verre à
s'ouvrir, quoique la capacité intérieure du tube foit vuide;
les petites pierrailles , les très-gros graviers qui fe feront pré-
fentés à fes bouts, & qui, ayant plus de diamètre que fa
cavité, n'y feront entrés qu’en partie, feront l'office de coins
lorfqu'ils feront pouffés vers intérieur. Avec de pareils coins ;
c'eftà-dire , avec deux petits cailloux , dont un étoit engagé
dans chacun des bouts d'un cylindre de verre , tel que ceux
dont nous parlons, M. Hériffant & moi fommes venus à bout
de le partager en deux gouttières , en n’employant qu'une forte
preflion de nos doigts. If eft vrai que la preflion alors n'é-
toit contre-balancée par aucune force étrangère, appliquée à la
furface extérieure du cylindre ; & quand le cylindre eft
preffé par de pareils coins ou autrement , de dedans en dehors ;
dans l’eftomac de l'oifeau, il peut être preflé de dehors en
dedans par les corps appliqués contre fa furface : ce feroient
alors deux forces oppolées, dont l'une tendroit à confer-
ver , à maintenir l'union que l'autre travailleroit à détruire.
Comment cette dernière, celle qui poufle de dedans en
dehors, peut-elle donc produire quelque effet ? c’eft fans doute
parce que lation de l'eftomac eft tantôt plus forte dans un
fens, & tantôt plus forte dans un autre, qu'il agit dans des
momens plus fortement dans le fens où font les bouts du
cylindre que fur fa furface, contre laquelle mème il pour-
roit ne point agir du tout en certains temps.
On doit {e laiffer conduire par les expériences, aller où
DÉS S16 TE N CE s 279
elles nous mènent: les précédentes invitoient à en tenter de
plus propres à démontrer la réalité de la force du géfier de
différens oïfeaux , & à nous en donner des mefures moins
vagues. J'abandonnai pour quelque temps celles que je m'é-
tois propolé de faire fur des grams tenus dans des tuyaux où
le diflolvant que fournit l'eftomac, s'il en fournit un, pouré
roit agir-fur eux : je crus devoir expofer à faction de ce
vifcère des tuyaux fermés par les deux bouts, qui me mon-
treroient mieux que ceux qui font ouverts, le degré de
force qu’il eft capable d'employer contre les corps contenus
dans fa capacité. Je fis faire de petits tubes de fer-blanc qui
avoient {ept lignes & demie de longueur, & dont la cavité
avoit environ une ligne trois quarts de diamètre; chacun de
leurs bouts fut bouché par de la foudure à l'ufage des Fer-
blantiers , qui y fut coulée liquide avec les précautions
néceffaires pour qu'elle s'y moulât en une plaque circulaire
d'une ligne d'épaifleur au plus. Voici comment on sy pre-
noit pour y réuflir. Un noyau de bois, un petit bâton, étoit
introduit dans le tube, & n'y laifloit de vuide que la place
que fon vouloit que la foudure occupät à un des bouts;
après que la foudure lavoit rempli, on retiroit le bâton.
Il n'étoit pas tout-à-fait auffi facile de donner précifément la
même épaifleur à la plaque qui devoit boucher l'autre bout,
on y réuffifloit cependant en faifant entrer dans ce tube un
petit cercle de papier , mis parallèlement aux bouts , fur le-
quel on faifoit tomber un peu de réfine en poudre ; il fuff-
foit pour arrêter la foudure , pour lempécher dé couler plus
loin. On a eu recours encore à un autre moyen, pour
donner aux deux plaques de foudure afez précifément une
épaiffeur égale, & celle qu'on leur vouloit. On rouloit un
petit morceau de papier , & aplatiflant enfuite fes bouts ,on en
formoit un cylindre plus court que le tube de fer-blanc
dans lequel on le faifoit entrer , & où on le placoit de ma-
niere qu'il laifloit un vuide égal à chaque bout du tube:
aurefle, il n'y avoit aucun inconvénient en ce que le cylin-
dre de papier { trouvoit dans la fuite renfermé entre deux
390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
plaques de foudure. Or eût fouhaité qu'au moyen des pré:
cautions qui viennent d'être expliquées on eût pû parvenir
à rendre tous les tubes, qui avoient été faits d'une même
feuille de fer-blanc , capables de réfifler à des preflions égales:
fi on ne pouvoit pas {e flatter d'y avoir réuffi, on pouvoit
au moins fe promettre d'en avoir autant approché que le
demandoient les expériences auxquelles les tubes étoient
deftinés. Il s’agifloit de favoir fi le géfier d'un oifeau auroit
la force d'altérer leur figure, s’il pourroit y produire quel-
qu'enfoncement ou quelque aplatifiement, & en cas qu'il y
en produifit, de mettre ces tubes à des épreuves qui appren-
droient à quel poids on étoit obligé d'avoir recours pour
forcer un tube à lui céder autant qu'il avoit cédé à Faétion
du géfier.
Un dindon fut le premier oïfeau*à qui je fis avaler un
de cestubes ; je ne le laiflai vivre que deux fois vingt-quatre
heures après qu'il l’eût pris : dès qu'il eut ceffé de refpirer ;
je lui fis tirer le géfier hors du corps & je l'ouvris , très-curieux
de voir en quel état étoit le tube de fer-blanc que je comp-
tois d'y trouver. Je l’y trouvai aufr , il étoit bien entier ,
mais il avoit perdu fa rondeur ; fes deux bouts, dont chacun
avoit été foûtenu par la plaque de foudure , avoient feuls
confervé la forme cylindrique; très-près de l'un & de f'autre
bout , le tuyau avoit été aplati fur deux faces diamétrale-
ment oppolées ; l’aplatiffement alloit en augmentant depuis
chaque bout jufque vers le milieu de 1 longueur. Ce n'eft
pas affez de dire qu'il avoit été aplati , un enfoncement
avoit été fait dans chacune des deux faces oppofces , il y
formoit une efpèce de gouttière ; la gouttière d’urte des faces
étoit un peu plus creufe que celle de l’autre. Je fuis incertain
fi vers le milieu de a longueur, les parties de l'intérieur
diamétralement oppofées avoient été rapprochées jufqu'à fe
toucher; mais je fais que s’il étoit reflé [à quelque intervalle
entr'elles , il étoit extrèmement petit.
Faire avaler des tubes de fer-blanc à des oiïfeaux, étoit
gne expérience fi aifée à répéter , qu'il n'eût pas été naturel
qué
nine UT PR
PT SN TE
DMEMSN) SUCHIVE N CLE Se 285
que je m'en fufle tenu à celle qui vient d'être rapportée; je.
l'ai refaite plus de fois qu'on ne jugeroit néceffaire qu'elle l'eût
été, auflr ne rendrai-je pas compte de ce qui eft arrivé à
tous les morceaux trop durs à digérer , que j'ai donnés à
des canards & à des coqs : je me contenterai de parler d'un
{eul dindon, je mis fon géfier dans la néceflité de s’exer-
cer {ur fix tubes de fer-blanc femblables aux premiers ; je les
lui fis avaler tout de fuite, comme fi c'euflent été des pâtons
avec lefquels j'euffe voulu l’engraifler. Quelques autres tubes,
dont il neft pas encore temps de parler, parce qu'ils étoient
.de matières & de confiftances différentes , & qu'ils diffé-
roient en proportions, furent auffi introduits dans fe jabot
de ce dindon ; après qu'il eût été fi. mal empâté , on mit
à fa difpofition des mets plus à fon goût , au de-là de ce
qu'il en pouvoit confommer. Il fut tué environ vingt-huit
heures après que fon jabot eût été farci de tubes : je les retrouvai
tous dans fon géfier, mais avec des figures fort différentes de
la régulière avec laquelle ils y étoient entrés ; tous y avoient
été aplatis, & bien plus que je ne m'étois attendu qu'ils le
feroient ; leurs bouts même n'avoient pas confervé la figure
cylindrique : la platine de foudure par laquelle chacun d'eux
étoit foûtenu , avoit été un appui trop foible pour réfifter à
la force qui les avoit attaqués; les unes avoient été courbées ;
d’autres avoient été brifées, & d’autres avoient été chaffées
de leur place; mais de courtes defcriptions de l'état dans
lequel chacun des fix tubes avoit été réduit , étant propres
à faire juger du degré de la force qui avoit agi contre
eux, il ne conviendroit pas que je me difpenfaffe de les
donner.
1. Il y en avoit un auquel fes deux platines circulaires
avoient été enlevées , on ne fui en put trouver aucun refte ;
un de fes bouts cependant étoit aplati au point que les
paities oppofées diamétralement avoient été forcées de venir
fe toucher ; l'autre bout étoit ouvert, mais fon ouverture
n'étoit nullement circulaire, elle étoit contrefaite; elle avoit
été confervée par un gros grain de gravier introduit dans
Mén. 1752 Nn
282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Je tube, auffi-tôt apparemment que l'entrée en eût été ren:
due libre par le déplacement de la platine.
2. Un autre tube n'avoit perdu que la platine d'im de fes
bouts , l'ouverture de ce bout avoit été maintenue en partie
par du gravier qui s'étoit logé dans le tube ; la platine de
l'autre bout étoit enfoncée d'un côté dans le tube , dont lou
verture avoit été rendue plus oblongue par l'aplatiffement.
3. Un autre tube avoit à un de fes bouts une platine qui
avoit aflez confervé fa forme circulaire, mais celle de l'au-
tre bout, fans être détachée, avoit été rendue très-convexe vers
le dehors , & s'étoit courbée de la façon que l’exigeoit le con-
tour qu'avoit pris le bord du bout du tube, qui étoit devenu
un ovale très-alongé.
4° La platine d'un des bouts d'un autre tube, fans avoir
été détachée du bord contre lequel elle avoit été foudée,
avoit été enfoncée en dedans du tube; elle préfentoit vers
le dehors une concavité qui formoit une efpèce de petit
vafe, une calotte d'environ une demi-ligne de profondeur :
la platine circulaire de l'autre bout du même tube étoit reftée
adhérente à une partie de la circonférence du bout, & déta-
chée du refte. La partie détachée avoit été enfoncée dans le
tube, dont l'entrée ne ceffoit pas pour cela d’être bouchée, le
bord du tube qui répondoïit à la portion déplacée de la pla-
tine ayant été forcé de faire un recouvrement dans l'endroit
où aufoit été le vuide.
5 L'un dés bouts d'un autre tube étoit de ceux dont Ja
platine avoit été détachée entièrement, mais dont l'ouverture
avoit cependant été confervée par le gravier qui Favoitrem-
placée : la platine de Fautre bout avoit été entièrement
enfoncée dans le tube & détachée de fon bord ; ce bord
avoit été aplati & recourbé de façon qu'il ne laïfloit qu'une
très-petite ouverture par laquelle une portion de la platine
étoit aperçue.
6.° Enfin le fixième tube étoit prefque entièrement aplati
par un de fes bouts, qui avoit perdu fa platine; l'aplatifie-
ment y eût été parfait, fi de très-petits grains de gravier ne
+ Vos
MES UNANTEN CEE 283
s'y fuffent pas oppofés : l'autre bout avoit confervé fà platine,
mais défoudée, & qui avoit pris une figure oblongue, dont
Ja convexité étoit tournée vers le dehors ; les bords du tube
avoient été pliés & ramenés fur les bords de celle-ci.
Je n'ai pas eu befoin d'infifter fur l'aplatiflement du corps
de ces différens tubes , qu'on a dû aflez condlurre de ce qui
s'étoit paffé à chacun de leurs bouts, capable d'une toute autre
réfiflance ; mais voulant donner une idée des preffions qu'ils
avoient eu à foûtenir, je ne dois pas laifler ignorer ce qui
étoit arrivé à trois de ces mêmes tubes, ils avoient été dé-
roulés , au moins en partie. On entendra en quoi confifte cet
effet, lorfque j'aurai dit que la lame par le roulement de
laquelle le tube étoit formé, étoit un peu contournée en
fpirale; par conféquent un de fes côtés fe trouvoit recouvert
par l'autre; le bord de ce dernier, feul vifible, étoit foudé
fur le corps du tube; le bord extérieur de la lame de trois
des tubes dont il s'agit, avoit été défoudé; là partie qui étoit
en recouvrement avoit enfuite été redreflée, & même rendue
plate; le corps du tube, qui étoit refté roulé, ayant été
aplati, le tube avoit pris une figure affez femblable à celle
de l'inftrument que fon ufage a fait nommer un coupe-pâte.
Quelle force le géfier du dindon avoit-il été obligé d’em-
ployer pour produire dans la figure des tubes les altérations
qui viennent d'être décrites ? Pour en faire une eflime afez
approchante du vrai, il falloit voir par quels poids pour-
roient être aplatis des tubes auffi femblables à ceux fur lefquels
il avoit agi, qu'il étoit poflible d'en avoir : il m'en étoit
refté plufieurs du nombre de ceux que j'avois fait faire, &
parmi lefquels les tubes avalés par le dindon avoient été
pris au halard. Des tenailles m'ayant paru l'inflrument le
plus commode pour connoître le poids capable de vaincre
la réfiflance que ces tubes pouvoient oppofer à leur aplatif-
fement, j'ai ferré fortement entre les mâchoires d'un étau,
une des deux branches de ces groffés tenailles à l'ufage des
maréchaux, & des cochers, qu'ils appellent des triquoi[es.
Quand je ne le dirois pas, on imagineroit afez que les deux
| ‘ Naiï
284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
branches fe trouvoient placées dans un plan vertical, que
Tune étoit pole au defflous de’ autre. C'étoit la plus bafle,
& par conféquent celle à laquelle äppartenoit la mâchoire
la plus élevée, qui étoit aflujétie, & elle étoit faifie très-
près du clou par lequel elles font aflemblées, & autour du-
quel elles tournent toutes deux quand elles font libres. Un
tube mis entre les mâchoires des tenailles y pouvoit étre
d'autant plus comprimé, que la branche fupérieure, la feule
mobile, feroit chargée d'un plus grand poids, & que ce
poids feroit pofé plus loin du point d'appui, ou, ce qui eft
la même chofe, plus loin du clou autour duquel cette branche
avoit la liberté de tourner.
La première épreuve à laquelle je mis un des tubes, fut
celle dans laquelle il pouvoit oppofer moins de réfiflance.
Je le plaçai entre les mâchoires des tenailles, de manière.que
fa longueur étoit perpendiculaire à la leur, & qu'elles ne
pouvoient agir que fur fon milieu, l'endroit lé plus foible,
& fur une portion de fa longueur extrémement petite, fur une
portion écale à l'épaifleur du tranchant des tenailles. Le bras
du levier auquel différens poids furent fufpendus jufqu'à ce
qu'un enfoncement fenfible eût été produit dans le tube,
étoit au bras de levier par lequel les tenailles preffoient ce
même tube, comme 3+à 1. Dans des expériences répétées,
le tube attaqué fi fort à fon defavantage, n'a ordinaire-
ment commencé à céder, & ne s'eft laiflé enfoncer fenfi-
blement que lorfque la branche des tenailles a été chargée
de vingt-deux livres: or par leur pofition ces vingt-deux
livres faifoient produire à la mâchoire mobile des tenailles,
une preffion de quatre-vingts livres deux tiers. Le tube com-
primé entre deux faces oppofées du géfer du dindon n'eût
donc pü être enfoncé au même point, à moins que chacune
des faces du géfier n'eût employé contre lui une force de
80 livres£.
L'état dans lequel ont été trouvés les tubes tirés du gé-
fier du dindon, apprend que ce géfier ne cherche point à les
attuquer par leur partie la plus foible, & prefque dans un
Lt ee 2 dé
: MES TS CT EN C FE 285
feul point, comme avoit été attaqué celui dont nous venons
de parler; qu'il les prefle en mème temps dans toute leur
longueur, ou au moins dans une partie confidérable de leur.
longueur; car on n’obferve fur aucun de ces tubes des en-
foncemens féparés les uns des autres par des élévations, on
n'y trouve point des inégalités qui forment une forte de
chapelet ; la gouttière, quand ïl y en a une, ou laplatif
fement, règne d'un bout à fautre: c'eft donc de long, ou
parallèlement aux mâchoires des tenailles, que le tube doit
être pofé entr'elles, fi on veut les faire agir fur lui comme
le géfier y eût agi, & c'eft ainfr que j'en fis pofer un. Dif
férens poids dont la branche mobile fut chargée , furent
fufpendus à une diftance du clou ou de l'appui, qui étoit
à celle du tranchant des mâchoires à ce même clou comme
3+à 1. Les tenailles ne parvinrent à entailler une gouttière
très-étroite & peu profonde dans chacun des deux côtés
oppolés fur lefquels tomboit leur aétion, que quand la
branche mobile eût été chargée de 78 livres: or ces 78
livres, par leur pofition , faifoient produire à la mâchoire de
leur branche une preflion de 273 livres. L’eflet qui étoit
une fuite de cette preflion n'eüt donc pü étre opéré par
le géfier du dindon, à moins qu'il n'eüt fait agir chacune
de deux de fes fices oppofées avec une force équivalente au
poids de 273 livres. 3
La gouttière entaillée dans deux côtés oppofés du ‘tube ;
ne donnoit pas encore la mefure de la force que le géfier
du dindon avoit exercée fur ceux qu'il avoit été obligé de
recevoir. Chaque entaille étoit étroite & peu profonde, plus
de force eût été néceffaire pour en faire de plus creufes & de
plus larges: il eût fallu encore plus de force pour aplatir les
tubes dans toute leur longueur, ou dans une grande portion
de leur longueur. Pour connoître celle qui eft capable de
les rendre plats, un tube fut mis entre deux James d'acier,
épaifles chacune d'environ une ligne: ce ne fut donc plus
par le tranchant des mâchoires des tenailles qu'il fut preflé
immédiatement, mais par des lames qui avoient plus de
N n iij
286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
largeur qu'il n'avoit de diamètre. Plufieurs tubes ont été mis
ainfi fucceffivement à l'épreuve: je m'attendois à ne les pas
trouver tous capables de réfifler également. On ne pouffa
pas l'aplatiffement de celui fur lequel le premier eflai fut
fait, jufqu'à le rendre parfait, c'efl-à-dire, jufqu'à obliger les
deux faces oppofées à fe toucher; celui qu'on fe contenta
de lui faire prendre, fut opéré par un poids de 103 livres,
que la longueur du levier par lequel il agifloit, rendoit équi-
valent à 3602. Le géfier n'eût donc pü produire le même
aplatifiement qu'en faifant agir chacune des deux faces entre
lefquelles il leüt comprimé, avec 3 60+ livres.
Un autre tube fut plus aplati que le précédent, fans avoir
néanmoins été aufli écrafé que quelques-uns de eeux qui
avoient féjourné dans le géfier du dindon, & il ne le fut au
point où ceux-ci l'avoient été qu'au moyen d'un poids de
125$ livres, dont la puiflance devoit être évaluée à 437 +
Le même effet eût donc exigé que deux faces oppofées
du géfier du dindon euflent chacune attaqué le tube avec
437 + livres de force.
Un troifième tube fut trouvé beaucoup plus fort que les
précédens ; il n'a été que médiocrement aplati par un poids
de 153 livres, dont la branche mobile des tenailles avoit
été chargée: celui-ci a donc foûtenu de la part de la mä-
choire de cette branche une preffion de $ 3 5 + livres.
De deux tubes qui avoient été aplatis dans les tenailles
dont la branche mobile étoit chargée d'un poids de 125
livres, j'en fis avaler un à une dinde, & je gardai l'autre
pour terme de comparaifon: celui-ci étoit le plus aplati.
Quand le premier eut été tiré du géfier de la dinde, après
y avoir féjourné près de deux fois vingt-quatre heures, il
étoit plus plat que celui auquel il fut comparé. Le géfier de
la dinde avoit donc fait fur le tube qu'il avoit reçü, ce que
n'avoit pû faire la branche mobile des tenailles, qui avoit
agi contre lui avec 437 + livres; mais j'ai lieu de douter fr
la puiffance qu'il avoit employée contre ce tube eût été
capable de vaincre une réfiflance plus grande ou aufli grande
AIN ES LEE
, DES SCIENCES. 287
que celle qu'avoit oppofée un autre tube, qui n'avoit été que
médiocrement aplati par 1 53 livres fufpendues à la branche
mobile des tenailles, & qui par leur pofition étoient équi-
valentesà 5 3 5 + livres. Ce tube fut donné à Ia même dinde,
& retiré de fon géfier, comme l'autre favoit été, plus de
deux fois vingt-quatre heures après qu'il eut été avalé, I n’en
fortit pas plus plat par les bouts qu'il n'y étoit entré ; à a
vérité un enfoncement confidérable en forme de gouttière y
avoit été fait fur deux côtés oppolés, mais cet enfoncement
eût pà y éfre opéré par une preflion de la mâchoire mobile
des tenaïlles, moindre que celle de 437 livres.
Tous les géfiers des oïfeaux d'une même efpèce n’ont pas
apparemment le même degré de force. Un très-gros dindon
male peut avoir un eftomac plus vigoureux que celui d'une
dinde: je ne reprocherai donc point à Borelli d'avoir accordé
au géfier d'un dindon une trop grande force, lorfqu'il Ya
abitrée à 1350 livres; ce qu'il a fait en doublant celle de
675 livres, exercée par chacune des faces oppofées; mais
je dois dire que fes propres expériences, fur lefquelles ï
a fondé fon eflimation, ne la lui euflent pas dü faire porter
fr haut. H fit paffer dans le géfier d’un dindon des noifettes
& des grains de verre qu'il ne cafloit qu'avec peine entre fes
dents molaires : les ayant trouvées le jour fuivant brifées &
réduites en poudre, il en a conclu que le géfier avoit agi
fur les noifettes & fur les grains de verre avec une force égale
à celle avec laquelle les mufcles de Ja mâchoire inférieure lui
font preffer les corps durs que les dents doivent rompre ou
‘divifer. Je ne m'arrêterai point à faire remarquer que cette
conféquence étoit lors prématurée, parce qu'il n'étoit pas
encore prouvé que cet ouvrage fût celui de a preflion, &
non celui d’uñ difflolvant, comme Vallifnieri l’a foûtenu de-
puis. Quoi qu'il en foit, Borelli ayant prétendu avoir établi
ailleurs que la force des mufcles employés à mouvoir la
mâchoire étoit de plus de 1350, il s'eft cru en droit d'af
furer que le géfier avoit employé la même force pour pro-
duire le même effet.
Tom, IL, prop
19 £,
s Tome I,
prop. 88.
L Tome Il,
top. 191"
£ © Tome 1,
fcholie de la
prop. sg.
288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Ce Savant fi célèbre avoit eu tant d'occafions de trouver
la Nature prodigue en forces, de lui en voir employer de
fort grandes pour produire d’aflez petits effets, qu'il fembloit
en avoir pris un penchant à mettre fort haut celles avec
lefquelles elle opère dans les animaux. C’eft apparemment
ce penchant qui lui avoit fait oublier que felon fon raifon-
nement & fes propres calculs, il ne devoit évaluer fa puif-
fance du géfier du dindon qu'à $34 livres; car ceft à
534% qu'il avoit eflimé la force exercée par deux mächoires
humaines fur les corps les plus durs qu'elles aient à divifer:
c'eft entre les fiennes que la réfiflance des grains de verre
& des noifettes avoit été éprouvéeb. Lorfqu'il a fait monter
la force de preffion de deux mâchoires à 13506, il étoit
queftion de la force de mächoires plus alongées que celles
de l'homme, comme des mächoires des plus gros chiens &
des plus vigoureux.
D'ailleurs Borelli avoit très-bien comparé les mächoires
à des efpèces de tenailles, & le géfier à une elpèce de pref-
foir : il s'agifloit donc de voir par quel poids des noilettes
auf dures que celles qu'il avoit mifes entre fes dents pour-
roient être écraftes. Après en avoir ferré plufieurs entre les
miennes, qui font très-bonnes, j'ai mis à part celles qu'elles
n'ont pû venir à bout de cafler; j'en ai de même fait mettre
à part d'autres qui avoient réfifté à des dents plus jeunes que
les miennes. Ces noifettes, dont la dureté avoit été éprouvée,
ont été ferrées les unes après les autres entre les mâchoires des
tenailles ; la plufpart ont été caflées par un poids de 20 livres,
& aucune n’en a foûtenu , fans être brifée, un de 22 livres,
placé comme dans les expériences fur les tubes de fer-blanc :
{a pofition rendoit le premier équivalent à 70 livres, & le
fecond à 77 livres. Le oéfier du dindon feroit donc parvenu
à cafler ces mèmes noiïfettes en faifant agir chacune des deux
faces oppofées entre lefquelles il les prefloit , avec une force de
70, ou au plus de 77 livres, bien diflérente de celle de 675,
qui, étant doublée, donne Ja force de 1350 livres, que
Borelli a fait employer dans ce cas par le aéfier,
AR
RG T
M'ais ii S:C LEIN € Es. 289
A Ja vérité Borelli peut avoir prétendu, quoiqu'il ne l'ait
ni dit, ni prouvé, que les mufcles du géfier du dindon
agifloient avec autant de defavantage, foit à caufe de leur
pofition, foit à caufe de la direétion oblique de leurs fibres,
qu'agiffent les mufcles qui meuvent la mâchoire lorfqu'elle
doit produire de la preflion. Dans cette fuppofition, {1 nos
expériences fur les tubes de fer-blanc lui euffent été connues,
il ne fe fût pas borné à faire agir le géfier avec une force
de 1350 livres. Les mâchoires, felon lui, emploient cette
force lorfqu'elles vainquent une réfiftance de 1 $0 livres, &
nous avons vû que le géfier en furmonte une de plus de
875 livres, en doublant la force ainfr que l'a fait Borelli;
d'où il s'enfuit que comme 150 livres font à 1350 livres,
ainfi 87 s livres feroient à a force exercée par le géfier, ou
à une force de 7808+ livres.
Pendant que le géfier du dindon avoit travaillé à défr-
gurer les fix tubes de fer-blanc dont il a été fait mention
ci-devant fort au long, il avoit encore eu à agir contre
deux autres tubes de même métal, plus gros & plus longs;
ils avoient dix lignes & demie de longueur, & fept de
diamètre.. Leur groffeur les rendoit beaucoup plus foibles
que les autres; cependant leurs bouts n'étoient foûtenus que
par des platines de même matière que le corps du tube, qui
y avoient été fixées par de la foudure: auffi ces tubes furent-
ils concaffés en différentes pièces de figure irrégulière. Un
feul morceau tenoit encore de celle qu'il avoit eue; il étoit
plié en gouttière, & avoit près de la moitié de la longueur
& de la circonférence du tube: les platines elles-mêmes furent
brifées en plufieurs petites pièces ; il refta cependant une pièce
grande & reconnoiflable, qui étoit à peu près la moitié
d’une des deux.
Des tuyaux d’un métal moins dur & moins caffant que le fer,
des tuyaux de plomb, avoient aufi été conduits, tant dans le
géfier du dindon précédent, que dans celui de plufieurs au-
tres. J'en ai fait faire de lames roulées, qui cédoient lorfqu'ils
étoient fortement comprimés entre deux doigts, & on croit
Mém. 175 2. Oo
290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
bien qu'ils ont été aplatis par le géfier dans lequel ils ont
paflé; mais j'en fis fondre d'autres qui avoient plus de quatre
lignes de diamètre, defquelles il n'y en avoit guère qu'une
accordée à leur cavité. Les efforts du géfier ont été impuif-
fans contre ces derniers tubes, au moins pour leur faire per-
dre leur forme; tout ce qu'ils ont pù fur eux s’eft réduit à
en emporter de la limaille.
Si on étoit curieux de pouffer plus loin les expériences fur
les forces des géfiers des oifeaux , de comparer celles d'oi-
feaux de différentes efpèces, des tubes de plomb ou de quel-
qu'autre métal gradués , pour ainfi dire, en donneroïient le
moyen ; il feroit aifé d'en avoir dont les uns ne foûtien-
droient qu'un poids d'une livre, & d’autres celui de deux,
trois, quatre , cinq, &c. & d'en avoir d'autres qui ne
céderoient qu'à celui de dix, vingt, trente , quarante ,
cinquante , d'autres qui ne pourroient être aplatis que par
un poids de cent, & d’autres qui ne le pourroient être que
par celui de plufieurs centaines de livres.
Avant que d’avoir fait ces expériences, on voit déjà que
les petits oileaux qui vivent de grains, comme les moineaux ,
les linottes , les chardonnerets , les allouettes, doivent avoir
un géfier capable d’écrafer des grains de chenevi, de millet
& de navette; mais il trouveroit trop de difficulté à les
brifer , s'il avoit à agir fur eux pendant qu'ils font recouverts
d’une enveloppe très-dure. La Nature a appris à ces oifeaux
à fe conduire comme fi la force de leur eftomac leur étoit
connue , elle leur a appris à écaler ces grains , & à ne les avaler
qu'après que leur écorce a été détachée : d'ailleurs le grain de
millet & celui de chenevi font tout autrement aifés à ra-
mollir, quand ils ont été dépouillés de leur peau très-com-
pacte & prefque écailleufe, que quand ils en font revêtus ;
l'humidité qui les pénètre plus aifément quand ils n'ont plus
d'écorce , les attendrit. Les oifeaux de plus grandes efpèces
avalent les grains fans les écaler ; leur eflomac furpañe
en force celui des oifeaux des petites efpèces, dans un plus
grand rapport que celui de la réfftance qu'oppofe un grain
RL
M NUS AC TE IN CE s 201
non écalé à la réfiftance qu'il oppole étant écalé : les géfiers
des petits oifeaux font par rapport à ceux des grands ce qu'eft
unemeule müe par Je bras d'un homme à celle qui l'eft par le
vent ou par le courant d'une rivière. L’eftomac d'un ferin n’a
befoin de moudre qu'une très-petite quantité de grain pour
fournir à fa fubfiflance , en comparaïifon de la quantité qu'a
à moudre celui du dindon pour fournir à la fienne : ia quan-
tité moulue par le premier n'eft pas probablement à 1a
quantité moulue par le fecond, dans un rapport fort différent
de celui de la pefanteur ou grofieur du petit oifeau à la
pefanteur ou grofleur du grand.
Quelque vorace que foit le canard, fon géfier, confidéra-
blement moins gros que celui du dindon, ne peut pas agir
avec autant de force que le géfier de ce dernier : les tubes
de fer-blanc de près de deux lignes de diamètre , Jongs de
fept, & bouchés par les deux bouts, que celui-ci aplatit & dé-
figure fi aifément, ont féjourné dans le géfier du canard fans
que leur forme y ait été fenfiblement altérée.
Après avoir vü des tubes de fer aplatis, d’autres mis en
pièces, defolides tubes de verre brifés & ufés par des géfiers ,
on ne fera pas furpris que les graines les plus dures, & les :
fruits renfermés dans les coques les plus folides, ne leur
oppofent qu'une foible réfiftance ; on ne trouvera rien de fort
étrange dans une pratique vantée pour engraifler les dindons,
& dont fe moquent ceux qui en entendent parler pour la
première fois, c'eft de leur faire avaler chaque jour une ou
deux groffes noix bien entières avec leur coquille. J'ai oui
dire qu'une noix avalée chaque jour faifoit partie du régime
auquel les Juifs de Metz tiennent des oies, pour leur faire
avoir ces foies renommés par leur groffeur énorme & pour
leur excellence. Je n’examine point encore comment une
noix qui a fa coque peut faire que le dindon ou l'oie qui
lavale s'engraifle plus vite, je me contenterai: de faire re-
marquer qu'on ne doit pas être inquiet fi le géfier dans lequel
elle fera entrée aura la force nécelfaire pour la cafler & la
mettre en pièces : tout ce qu'on pourroit appréhender, c'ef
. Oo ij
292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
que le volume de la noix ne lui permit pas de pénétrer dans
la cavité de ce vilcère; mais les expériences m'ont appris que
de très-grofles noix y arrivent aifément , & qu'il s’en falloit
bien que ce fût donner au géfier d'un dindon un ouvrage
difficile à faire, que de l'obliger d'en digérer une ou deux
dans la journée. Après avoir vü que celui à qui j'en avois
fait avaler une, ne l'avoit plus le lendemain dans fon jabot ,
je luien fis prendre deux ce jour-là ; elles furent conduites du
jabot dans le géfier, & digérées comme la première f'avoit
été : le troifième jour je doublai fa dofe de noix, je lui en
donnai quatre ; n'en ayant {enti aucune dans le jabot au bout
de vingt-quatre heures , la dofe fut encore augmentée de
deux ; le quatrième jour je lui en fis avaler fix tout de fuite,
ayant trouvé fon jabot très-vuide ; le cinquième jour , dès le
matin , je lui en fis avaler huit, qui, comme celles des jours
précédens , furent obligées de fe rendre dans le géfier en
moins de vingt-quatre heures ; le fixième jour j'augmentai {a
dofe plus confidérablement que je ne l'avois fait jufque-là, je
l'augmentai de quatre noix pour fon premier déjeüné , le
dindon reçut donc ce jour-là douze noix dans fon jabot : Îa
dofe en fut encore plus augmentée le feptième jour ; fon jabot
ayant été trouvé très-vuide le matin, je lui en fis avaler dix-
huit; enfin aucune de ces dix-huit noix ne s'étant trouvée
dans le jabot, le jour fuivant ou huitième jour , je lui en fis
‘avaler vingt-quatre : toutes ces noix étoient au moins de grof-
feur ordinaire, & il y en avoit quelques-unes de très-grofes.
Il eft affez plaifant de voir un dindon porter à fon cou une
poche pleine de noix auxquelles on fait faire un dcliquetis
lorfqu’on agite ou manie cette poche. Chacune des dernières
noix qui y entrent, fait aflez ordinairement du bruit en tom-
bant fur celles qui y font déjà : fi on obferve le cou pendant
qu'il y en a-une en marche, on voit les mouvemens que
fait le canal par lequel elle pañle, pour la faire defcendre, Ces
vingt-quatre noix furent conduites en moins de vingt-quatre
heures dans l'eftomac , comme l’euffent été des grains d'orge,
& y furent de même digérées ; le lendemain il n’en reftoit
dd
DES RU SICNILE NICE SS. 293
aucune dans le jabot. Le dindon n’avoit pourtant pas été mis
aux noix pour _toute nourriture, il avoit la liberté de paître
Yherbe & la paifloit, il avoit à fa difpofition du fon dé-
trempé & de l'orge bouillie, & il en mangeoit ; ainfi fa
belogne que fon eftomac avoit eu à faire en vingt-quatre heures
n'avoit pas été réduite à digérer deux douzaïnes de noix.
Un jeune coq a été traité en dofes de noïfettes comme
le dindon f'avoit été en noix, mais feulement pendant fept
jours ; les noïfettes étoient de groffeur ordinaire , & très-
dures : j'avois inutilement tenté de cafler avec mes dents ,
quoique je les aie bonnes, plufieurs de celles qu'on lui fit
avaler. Je ne pouffai pas le nombre de celles dont je chargeai
fon jabot au-delà de dix-huit , parce que le huitième jour j'y
en trouvai une de celles qui y étoient entrées la veille : il en
réfulte que les géfiers des coqs font à peu-près d’aufli bons
cafle-noïfettes, que ceux des dindons font de bons caffe-noix.-
A huit heures du matin je fis avaler dix-huit noix à un
dindon, que j'avois condamné à périr quatre heures après
qu'il les auroit prifes : j'étois curieux de favoir combien il
en feroit forti de fon jabot dans ces quatre heures, & dans
quel état feroient celles qui auroient pañlé dans le géfier.
Dès qu'il eut été tué, toutes {es parties intérieures furent tirées
hors de fon corps, & le jabot ne tarda pas à être ouvert ; je
n'y trouvai que treize noix , cinq en étoient {orties en quatre
heures, & étoient entrées dans le géfier , car il n’en étoit reflé
aucune dans le canal qui avoit dü les y conduire. Aucune
de ces cinq noix ne füt trouvée entière dans le géfier où je les
cherchai fur le champ ; leurs coques avoient été caflées &
divifées en fragmens, dont les plus confidérables avoient au
plus deux ou trois lignés de longueur dans le fens où ils en
avoient le plus ; mais il y en avoit de toute forte de gran-
deurs au-deffous de celle de ceux-ci, d’aufli petits & plus
petits que des grains de fable ; ils n'avoient pas été fenfible-
ment ramolis ; leur dureté atuelle ne diféroit de celle qu'ils
avoient lorfque la coque étoit entière, qu'autant que diffère
celle d’une coque de noix féche de la dureté de la même
© o ii
294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
coque qui a reflé dans l'eau pendant une heure ou deux.
S'il étoit aflez prouvé qu'une ou deux noix données cha-
que jour à un dindon ou à une oje, contribuent beaucoup à
les engraifler , on auroit encore peine à croire que ce füt par
Ja quantité & par la qualité du fuc nourricier qui en eft ex-
trait ; on penferoit plus volontiers que les fragmens de coque
tiennent lieu du gravier, pour avancer & rendre plus par-
faite la digeftion des alimens avec fefquels ils font mélés.
Au refte, les faits que nous avons rapportés , apprennent
que le géfier n'agit pas contre les corps contenus dans fa
capacité par une fimple preflion, telle que celle des tenailles
au moyen defquelles nous avons éprouvé la réfiftance dont
étoient capables des tubes de fer-blanc: comme des poids
agiffent fur les corps qui les foûtiennent; le géfier fait effuyer
des frottemens fans nombre à ceux fur lefquels il exerce fa
force ; c'eft aa moyen de ces frottemens qu'il les réduit en de
fi petites parcelles ; il ne peut leur faire foufirir ces frottemens
qu'en les agitant continuellement , qu'en les tournant &
retournant fans ceffle. Aux preuves que fourniffent nos expé-
riences précédentes de la réalité & de l'eicacité de ces frot-
temens, j'en ajoûterai encore une, Dans le temps où je faifois
avaler à des dindons des tubes de verre ouverts par les deux
bouts, que le géfier ne manquoit pas de fendre en deux felon
leur longueur, j'en fis fceller un à la lampe par les deux
bouts , qui ne différoit des autres qu'en ce qu'il étoit un
peu plus long : une grofle larme de verre, & des rugofités
confidérables qui fe trouvèrent à chaque bout, furent une
fuite néceffaire de l'opération. Je comptois que le géfier du
dindon dans lequel je ferois paffer ce tube, ne viendroit pas
à bout de le fendre : après l'avoir laiffé féjourner pendant
quatre jours dans, celui où je lavois fait entrer, je l'en retirai
auffi fans qu'il eût été divifé en deux , mais il y avoit été no-
tablement ufé, fon diamètre avoit été fenfiblement diminué
par l'épailfeur de la couche qui avoit été enlevée; les rugo-
fités des bouts avoient été aplanies, les deux larmes avoient
été prelque détruites , elles ne formoient plus qu'une petite
ms
DES SAGE Ni) CE: 56 295
convexité ; celle d'un des bouts étoit même percée par un
petit trou qui avoit permis à de la matière liquide de s'in-
troduire dans la cavité du tube, & de la remplir en partie,
Les mouvemens du géfier ne font pourtant pas auffi fen-
fibles, que les eflets qu'ils produifent feroient juger qu'ils
devroient l'être. I fembleroit que ce vifcère auroit à faire
voir des dilatations & des contractions fucceflives, analogues
à celles du cœur, ou une de fes parties qui glifferoit alter-
nativement fur l'autre en diflérens fens, pour. faire l'office
d'une molette à broyer; néanmoins ça été inutilement qu'a-
près avoir introduit dans le corps de plufieurs poules, coqs
& dindons, le pouce & le doigt qui le fuit, j'ai tenu le
géfier faifi entre ces deux doigts pendant un demi- quart
d'heure & plus: je n'ai fenti ni pulfation, ni gliflement. Ayant
ouvert le ventre de plufieurs de ces oifeaux, & écarté tous
les téguimens pour mettre le géfier à découvert, je n'ai réuffi
qu'une feule fois à y obferver des mouvemens un peu fen-
fibles. JI eft vrai que l'eftomac d'un oïfeau peut être mal
difpolé pour travailler à digérer, lorfque des bleffures confi-
dérables ont mis le ventre dans un grand délabrement, &
lorfque des doigts le tiennent fifi; cependant un chapon
qui avoit beaucoup de vigueur, malgré l'entaille confidérable
que j'avois fañe à fon ventre, me permit de voir des mou-
vemens dans fon géfier que j'avois mis à découvert fans le
déplacer. Je vis des portions de ce vifcère fe contraéter,
s'aplatir, & fe dilater ou relever enfuite: j'ai vû des cordons
charnus fe former à fa furface, parce qu'il s'y failoit des
enfoncemens qui les féparoient ; j'ai vû ces cordons marcher,
ce me fembloit, comme des ondes, mais très-lentement.
On doit faire attention que les oifeaux dont nous par-
lons, tiennent la cavité de leur géfier très-remplie: que
lorfque le grain leur manque, ils y font entrer de l'herbe
plus aifée à trouver par-tout, & que les grains de gravier y
font en quantité d'autant plus grande, que celle des alimens
eft plus petite; alors on juge que les parois intérieures de la
cavité n'ont pas befoin de venir chercher de loin les ma-
tières contre lefquelles elles ont à agir.
296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
L'eftomac, pour qui les grains de fable & de gravier font
des inftruniens au moyen defquels il emploie fa force avec
plus de fuccès, ne paroït pas fe défaire auffi vite de ceux
qui y'ont été introduits, qu'il fe défait de parcelles, foit plus
grofles, foit plus petites, mais moins dures & trop difliciles à
digérer , comme font des fragmens d'écorce de grains. J'ai
fait tuer un canard & un chapon, au bout de huit jours,
pendant lefquels ils avoient été tenus à deffein dans une cage
où ils ne pouvoient trouver ni grains de fable, ni pierrailles:
lorfque leur géfier fut ouvert, je vis cependant qu'il en étoit
encore aflez fourni ; des écales de grains n’y feroient pas reftées
ce temps-là.
Quoiqu'il foit inconteftablement prouvé que le géfier
broie les alimens qu'il reçoit, on ne laiffera pas de demander
comment il fe peut faire que par fa façon d'opérer il ne fe
détruife pas bien-tôt lui-même: les grains de gravier au moyen
defquels il réduit en poudre des morceaux de verre, ne doi-
vent-ils pas ufer bien vite la membrane dont fon intérieur
eft revêtu? Nous éclaircirions plus aifément cette difficulté,
fi la manière dont le géfier met les grains de fable en mou-
vement nous étoit plus connue : nous pouvons au moins
Vafloiblir, en faifant remarquer que la membrane intérieure
eft extrêmement épaifle dans les eflomacs dont nous parlons,
u’elle femble d'une nature fort approchante de la corne,
qu'elle eft au moins calleufe, enfin qu'elle eft ridée & plifiée.
Les roues de plomb au moyen defquelles on fait agir
la poudre d'émeril pour tailler des criflaux ou d’autres
pierres plus dures, les morceaux de bois, les cuirs dont on
fe fert pour frotter avec une poudre extrêmement dure les
corps auxquels on veut faire prendre un grand poli, ne s’ufent
pas bien vite. Les grains de poudre engagés entre les parties
des corps qui les mettent en mouvement, ne dérangent pas
la tiflure de ces corps, pendant qu'ils enlèvent des parcelles
de ceux fur lefquels on les fait glifler. Que favons-nous fi
les graviers, les petits cailloux, logés dans les creux des plis
de la membyane intérieure du géfier, & faifis par ces plis,
ng
sé À Chonus-à
a ;
DES SCIENCES. 297
ne peuvent pas être müûs fans faire plus de mal à cette
membrane, qu'une molette n'en fait à la main de l’ouvrier
qui l'entretient en mouvement? & cette membrane n'a pas
à fouffrir des grains de fable qui {e trouvent mélés avec des
matières molles & déjà broyées en partie.
Enfin, ce que cette membrane peut-perdre, ce qui lui eft
enlevé, eft réparé, s'il a befoin de l'être, comme le font les
calus des mains de ceux qui travaillent à des ouvrages de
force. M. Hériffant foupçonne plus; il a ouvert des géfiers
qui lui ont donné de {a difpofition à penfer que la mem-
brane intérieure {e renouvelle comme l’eftomac des écrevilles,
Mais par parties: il a va & m'a fait voir des endroits où
des lambeaux manquoient à cette membrane, & d’autres
morceaux de membrane formés par deflous, prêts à avoir
la confiftance de l’ancienne membrane. I n'’eft pas rare de
trouver des géfiers auxquels cette membrane ne tient prefque
point, & il n'en eft pas dont il ne foit aif& de la détacher.
Dans les royaumes de Péou & de Siam, & en d’autres
endroits des Indes orientales , il y a une efpèce de pi-
geons, qui, pour broyer les grains dont ils fe nourriflent ,
ne femblent pas avoir befoin d'avaler du gravier ni du
fable ; leur géfier eft pourvû de deux meules propres à
écrafer le grain qui eft conduit entr’elles. On veut dans les
Indes que ce foient deux véritables meules de Pierre: on
prétend que la membrane qui revêt le géfrer de ces pigeons,
n'a pas fimplement, comme celle du géfier des autres oïfeaux,
une confiflance qui fe rapproche de celle de la corne, qu'elle
eft véritablement pétrifiée & beaucoup plus épaifle que la
membrane du géfier. M. le Marié, qui pendant plufieurs
années a été Chirurgien-major de la Compagnie des Indes
dans l'hôpital de Chandernagor , & enfuite dans celui de
Bondichery, eft Le premier qui m'ait raconté ce fait très-
fingulier : il avoit cherché à s’aflurer de fa réalité par fes
propres yeux. On lui fit préfent à Chandernagor d’un très-
beau pigeon de l'efpèce de ceux qui paflent pour avoir chaque
moitié du géfier pavée d'une meule. La beauté de l'oifeau
Men. 1752. Pp
208 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE
ne put lui fauver ka vie, il fut facrifié à l'envie qu'avoit
M. ie Marié de voir l'intérieur de fon géfier : il fentit en
l'ouvrant, une réfiflance que celui d'un autre oifeau n’auroit
pas cRpPle Dès qu'il l'eut divifé en deux parties, les deux
meules fe montrèrent & furent aifées à reconnoître: chacune
d'elles étoit enchàffée dans une membrane femblable à celle
du géfier des poules, ceft-à-dire qu'une membrane ridée
& plifiée, mais de couleur verte, lui faifoit une fertiffure. Il
détacha de chaque moitié du géfier la meule & la mem-
brane par laquelle elle ctoit afujétie; il en cafla une, curieux
de favoir fi la membrane pénétroit dans l'intérieur de la
meule, dont elle bordoit le contour: la caflure le confirma
dans l'id‘e qu'on lui avoit voulu donner de fa nature; la
membrane ne s'introduiloit point dans fon intérieur & n’en
troubloit point la tranfparence. I a apporté ces deux pièces
en France, & il a bien voulu s’en priver pour enrichir mes
cabinets : il ne refte à l'une & à l’autre qu'un étroit cordon
de la membrane, qui devenue friable en fe féchant, n'a pas
réfiflé, foit aux frotiemens qu'elle a effuyés pendant la route,
foit à ceux auxquels elle a été expolte toutes les fois que des
Curieux ont manié les meules. Celles-ci ont chacune environ
7 lignes de diamètre, & 2 lignes d'épaifleur vers leur milieu;
elles font concaves d'un côté, & convexes de l'autre: on juge
bien que ce dernier eft celui qui étoit appliqué contre les
chairs. Leur caflure retlemble fi fort à celle d'une cornaline,
qu'on feroit tenté de les regarder comme des pierres de ce
genre; mais quand on n ‘eft pas aflez féduit par de fortes
apparences pour croire inutile un examen de la nature de
ces meules, on reconnoit bien-tôt qu'elles ne font pas ce
qu'elles femblent être. Si on fe fert d'un couteau, ou pluftôt
d'un cauif, pour täter leur degré de dureté, on eft détrompé
fur le champ, on eft convaincu par les petites lames queile
canif coupe, qu'elles ne font pas pierre, mais qu'elles font
une corne plus dure & phis tranfparente que la corne ordi-
naire: au refle, cen ef une qui diflere fur-tout de la corne
ordinaire en ce qu'elie eft plus caflante, elle peut êue brifce
ummitas
mEUS PS C/HIENN CES 299
comme une gomme ou une réfine très-dure, comme du
karabé ou de li gomme copal. M. Hériflant n'avoit pas
attendu que jeuffe effayé de les couper, pour juger qu'elles
étoient d'une nature fort différente de celle des pierres.
Ce font donc deux meules, non de pierre, mais d’une
corne très-dure, dont l'eftomac de certains pigeons eft muni,
C'eft encore un exemple à joindre à tant d'autres que l'Hif
toire Naturelle nous fournit, des inftrumens de corne que
la Nature a donnés, tant aux oifeaux qu'aux infeétes, pour
faire des ouvrages femblables à ceux que nous n’exécutons
qu'avec des inftrumens d'acier ou de pierre. Le bec avec
lequel les différentes efpèces de pics, & entre autres le pic-
vert, percent le bois comme nous le perçons avec des ta-
rières, eft de corne: les tarières avec lelquelles les infedtes
percent, foit le bois, foit du mortier auffi dur que de fa
pierre, & les dents avec lefquelles ils mettent en pièces les
corps les plus compactes, font aufii de corne. Les meules de
corne qui dans nos pigeons font deftinées à opérer ce que
font nos meules de pierre, ne font fans doute que la mem-
brane analogue à celle qui tapiffe le géfier des autres oifeaux,
ui a été rendue plus épaifle & plus dure dans une grande
patie de fon étendue, que le commun de ces fortes de
membranes. Il féroit curieux de voir le degré d'épaifleur &
de confiftance qu'ont ces meules dans le géfier des jeunes
pigeons ; mais pour cela il faut attendre qu'on ait fait pafier
cette efpèce, de Pégu ou de Siam en Europe, & qu'on
nous ait envoyé de ces royaumes de très-jeunes pigeons dans
lefprit de vin. Il n'a pas été permis à M. le Marié de fe
livrer à un foupçon qu'il eut pendant un inftant, que ces
meules étoient une maladie du pigeon qu'il avoit difféqué,
puifque ce qu'il avoit trouvé dans le géfier étoit conforme à
ce qui lui avoit été annoncé par ceux à qui cette efpèce
d'oifeaux étoit connue.
H y a lieu de croire que quelques-uns de ces pigeons
finguliers par leurs meules ont été apportés en Angleterre,
& que nous en avons deux figures, lune du mâle, & l'autre
Ppi
300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
de la femelle, dans les xzvir & xLvie planches du troi-
fième volume de l'Hifloire des Oiïfeaux, d'Eléazar Albin.
La defcription qu'il a donnée de ces deux planches, apprend
que les pigeons qui y font reprélentés, font des ifles de
Nincombar (ou Nicobar) voifines du Pégu, où ils font fauvages
comme nos ramiers, M ajoûte tout de fuite, que cette forte de
pigeons eff fujète à la pierre, laquelle devient auffi groffle que
celle qu'on trouve dans la veflle à fiel d'un bœuf: elle croit par
couches qui fe couvrent les unes les autres, jufqu'a boucher à la fin
l'ouverture du géfier; ce qui fait périr l'oifeau. M. Albin fit prélent
de deux de ces pigeons à M. Sloare: s'ils font morts chez ce
Savant, quia fi bien mérité de l'Hifloire Naturelle, il feroit
à fouhaiter qu'on eût ouvert leur géfier ; il y a apparence qu'on
y eùt trouvé cette prétendue pierre à laquelle on veut que
leur efpèce foit fujète, & qu'on auroit vü que cette pierre n'eft
autre chofe que les meules deflinées à broyer le grain.
La grande & très-grande part qu'a le broiement à la
digeftion des oifeaux qui ont un géfier, a été bien & fuf-
fifamment montrée par les expériences rapportées ci-devant :
il ne nous refle à parler que de celles que nous avons faites
pour apprendre ce qu'on devoit penfer de ce diflolvant fi
actif, dont Vallifnieri, avec plufieurs autres Phyficiens, a
fait l'agent principal de cette importante opération ; fi le
géfier en fournit un aflez puiflant pour réduire en parties im-
perceptibles par leur finefle, les grains de blé & d'autres
corps durs expofés à fon aétion, lorfqu'ils font à l'abri de la
force capable de les écrafer & de les moudre., J'ai dit dans
le commencement de ce Mémoire, quel avoit été le fort,
{oit des boules-creules , foit des tubes de verre dans lefquels
Javois logé des grains d'orge; qu'ayant été brifés, les grains
s'étoient trouvés expofés à être broyés par le géfier. Je recon-
nus dans la fuite que des tubes de plomb jetés en moule,
qui avoient quatre lignes de diamètre, dont une feule avoit
été laifiée à celui de leur cavité, étoient affez folides pouf
ne pas céder à la preffion d'un très-fort géfier : en ayant
fait fondre de tels en aflez bon nombre , je fis entrer dans
VEN SU SLOMD'E NTCAE NS". 301
la cavité de chacun un grain d'orge par lequel cette cavité fe
trouvoit prefque remplie ; j'en fis avaler de ceux qui avoient
été ainft fourrés d’un grain, à des poules ou coqs, à des
canards , à des dindons. Je n'en retirai trois du géfier d’un
de ces derniers oifeaux , que deux fois vingt-quatre heures
après qu'il les eut pris : je trouvai le grain d'orge de chaque
tube très-entier & très-fain, fans qu'il s'y füt fait aucun chan-
gement fenfible; il s'étoit feulement un peu renflé, comme
il füt arrivé à tout grain femblable tenu pendant deux jours
dans l'eau, ou dans un lieu très-humide; les grains n’avoient
donc pas été attaqués par ce diffolvant, auquel le verre même,
felon Vallifnieri, ne fauroit réfifter. Les grains d'orge qui ont
été introduits dans le géfier de plufieurs autres dindons, dans
celui des poules, dans celui des canards, en font fortis fans
avoir été plus altérés.
Au lieu de grains d'orge cruds, comme l'étoient ceux
dont il vient d'être queftion , j'ai fait entrer dans chaque
tube un grain d'orge cuit au point d'être de ceux qu'on
appelle crevés, c'eft-à-dire, de ceux dont l'écorce s’étoit fen-
due par le renflement de la fubftance farineufe, produit par
la cuiflon: ces grains, déjà ramollis, pouvoient donner plus de
prife au diffolvant ; cependant aucun de ceux qui ont été tirés
de leur tube après avoir paflé vingt-quatre heures où plus,
foit dans le géfier d'un'coq, foit dans celui d’un dindon , n’a paru
y avoir été ataqué avec quelque fuccès par un diflolvant,
les yeux n'ont pü y apercevoir aucune altération fenfible.
On pourroit foupçonner que des grains d'orge, foit cruds,
foit cuits, font défendus par leur écorce; que le diffolvant
ne peut rien fur cette écorce, quoiqu'il agiffe efficacement
contre Ja fubftance farineufe mife à découvert. Pour juger de
la valeur de ce foupçon, j'ai fait avaler à un dindon deux tubes
de plomb, dans chacun defquels j'avois introduit un grain d'orge
mondé: les deux grains dépouillés de leur écorce n'ont pas
plus perdu de leur fubflance que les autres, pendant vingt-quatre
heures & plus paflées dans un géfier ; ils ont de même
confervé leur figure, & n'ont pas été fenfiblement ramollis,
Ppii
302 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
Quelque décifives que foient les expériences qui vien-
nent d'être rapportées contre l'exiflence d’un diffolvant dans
le géfier des oifeaux , au moins d'une aétivité prodigieufe,
jai voulu favoir fi la réalité d'un diflolvant plus foible ne
nous feroit pas montrée par des chairs expolées à fon aétion,
fur lefquelles if pourroit avoir plus de pouvoir que fur des
fubftances farineules : ç'a donc été d’un petit morceau de viande
qui n'avoit que la groffeur d’un grain d'orge, & qui n'étoit
guère plus long, que jai rempli chacun de mes tubes de
plomb. Le gefier d'un canard me parut un des plus propres
à l'épreuve où je voulois mettre ces morceaux de viande. La
promptitude avec laquelle les oifeaux de cette efpèce digèrent
la viande , eft aufli connue que leur voracité : il n’eft per-
fonne qui n'ait ouï pailer de l'expérience du petit canard par
le corps duquel on en fait paffer en quelque forte onze autres,
en un temps affez court. De douze canards, un mis en pièces
eft donné aux onze reftans, ils l'avalent fur le champ ; le onziè-
me eft enfuite diftribué de même aux dix qui reflent: au
moyen d'une femblable diftribution réitérée onze fois , il ne
refle plus qu'un feul canard au bout de très-peu de temps.
Je ne donnai pas une fi grande befogne à faire au géfier
d'un canard mäle, âgé de dix mois, dans lequel je fis con-
duire des tubes remplis de chair de veau, fur les dix heures
du matin ; je ne fis prendre au canafd qu'un feul de ces
tubes ; un autre femblablement garni lui fut donné à huit
heures du foir: le lendemain à fix heures du matin, je lui
donnai encore pour fon déjeüné un tube préparé comme
ceux du jour précédent, & de plus deux tubes de fer-blanc
dont chacun avoit un de fes bouts bouché avec_de la foudure,
& l'autre ouvert; le diamètre de leur cavité étoit de près de
deux lignes, & leur longueur environ de quatre: le mor-
ceau de viande de l'un & de f’autre de ces tubes de fer-blanc
étoit plus gros que celui des tubes de plomb; enfin à neuf
heures je lui en fis encore avaler un de ces derniers. Ce fut
à dix heures que la vie lui fut ôtée. Des quatre tubes de
plomb, il en avoit rendu un la veille avec fes excrémens
Rs tn te
|
RE LÉ EyT
DES NSNCIT.E NC’ ES. 303
vers les neuf heures du foir , celui qu'il avoit pris fe
même jour à huit heures du matin. Je trouvai les trois autres
tubes de plomb, & les deux de fer blanc, dans fon géfier :
chacun des fix avoit fon morceau de viande, qui non feulement
paroifloit être reflé dans fon entier, mais qui avoit même
confervé toute fa confiftance ; quelques - uns n'avoient rien
perdu de leur couleur rouge, trois pourtant en avoient pris
une plus pâle: aucun d'eux ne faifoit fentir une odeur de chair
pourrie. Quelques-uns n'occupoient plus les deux bouts dé leur
tube; ce n'eft pas qu'ils euffent perdu réellement de leur vo-
lume, mais ils avoient été comprimés, foit par des grains de
fable, foit par des fragmens d'écorce de grain, qui, en s’in-
troduifant dans le tube, les avoient forcés à remplir exacte-
ment la portion où ils étoient logés , au lieu que je les avois
placés à l'aife dans le tube. Enfin il étoit évident qu'ils n'a-
voient été ni divifés, ni diflous, leur état ne faifoit nulle-
ment foupçonner que quelque diflolvant eût agi fur eux.
A la vérité la polition des morceaux de chair, qui les met à
Pabri d'être broyés par le géfier, empêche qu'ils ne foient auffi
acceflibles au diflolvant qui pourroit s'y trouver , qu'ils le
feroient s'ils étoient immédiatement & libres dans fa cavité:
le diflolvant ne pourroit guère attaquer que par les deux
bouts le morceau de viande contenu dans un tube, mais
alors il feroit au moins à la longue ce qu'il feroit en peu de
temps, fi rien n'empéchoit de l'attaquer à la fois de toutes parts
Un morceau de veau, pareil à celui des tubes, feroit digéré
dans le géfier du canard en moins d'un quart d'heure: celui
qui eft dans un tube ne devroit-il pas l'être aufi, en tout ou
en partie, dans un temps cinquante à foixante fois plus long?
cependant le morceau de veau du tube qui a reflé depuis
huit heures du foir dans le géfier du canard, jufqu à dix heu-
res du matin, n'y a pas été fenfiblement altéré. H faut donc
convenir au moins que fi les alimens n'étoient pas broyés
dans le géfier des oifeaux , ils ne s'y digéreroient pas, & que
ce net pas par un difolvant qu'ils y font divifés en parcelles
extrèmement petites.
304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RovaLE
Doit-on conclurre de toutes ces expériences ce que veulent
les plus zélés partifans de la-trituration, que la digeftion, ou
au moins celle qui fe fait dans le géfier , foit uniquement fon
ouvrage ? Beaucoup de faits me paroiffent soppoler à ce qu'on
reçoive une conféquence fi étendue : le géfier peut, en écra-
fant & triturantle grain, faire lortir la farine qui étoit ren-
fermée fous l'écorce ; mais de la farine délayée avec de l’eau
eft-elle fufffamment préparée pour fournir un fuc nourricier
convenable à toutes les parties de l'animal ? l'odeur que répan-
dent les matières qu'on retire d'un géfier , fort difiérente de
celle qu'elles avoient avant : que d'y entrer , ne conduit-elle
pas à croire qu'elles y ont fermenté? Je fais qu'on peut dire
ue cette odeur eft due aux liqueurs avec lefquelles elles ont
été mêlées , & dont elles ont, pour ainfi dire , été affaifonnées ;
mais y at-il apparence que ces liqueurs ne difpofent pas à
fermenter, des matières dans lefquelles la fermentation eft
aifément excitée ? la farine réduite en pâte, & les fruits, ne
demandent prefque que de la chaleur pour fermenter. La
plufpart des efpèces d'oifeaux qui ont un géfier , peuvent
être regardées comme pourvües de trois eftomacs, dont chacun
fournit une liqueur qui lui eft particulière, pour aider la di-
geflion des alimens: le premier de ces trois eflomacs eft le
jabot, cette poche dans laquelle les alimens féjournent pour
y ètre macérés ; les grains y font ramollis, & quand on
les en retire, on ne les trouve pas fans odeur, comme ils
l'étoient avant que d'y avoir été introduits.
Le canal qui conduit les alimens du jabot au géfier, eft
Je fecond eftomac ; il me femble qu'on ne peut guère refufer
.ce nom, au moins à fa partie la plus proche du géfier. Les
alimens ne paffent pas aufft rapidement par celle-ci que par
la partie du canal qui la précède, ils y reflent pendant du
temps & sy accumulent ; auf; cet endroit en eft-il la portion
la plus fpacieufe: je Fai quelquefois trouvée plus remplie de
matières que le géfier. Le féjour que les alimens y font, doit
être aflez long pour qu'ils puiffent etre arrofés par la liqueur
que fourniffent avec abondance les glandes dont cette Fa
u
DAENSU /S/C IE N° € ES. 305$
du canal, ou ce fecond eftomac, eff tapiflée. Dans des oïfeaux
auffi grands que le dindon, la portion garnie de glandes
très-vilibles, a plus de deux pouces de longueur: la plus
longue partie du conduit, c'eft-à-dire, celle qui précède,
n'eft point pourvûüe des glandes fi fenfibles dont nous par-
lons, qui dans le dindon font plus grofles à leur bafe que
des grains de millet, & même que des grains de chenevi;
elles font coniques , leur ouverture excrétoire paroît à la
vüûe fimple , elle eft placée au fommet du cone. Lorfqu'on
prefle entre deux doigts une de ces glandes, on en fait
{ortir des gouttes d'une liqueur épaifle, blancheätre, & qui
au goût m'a femblé avoir un peu de falure: chaque goutte
eft plus grofle que la tête d'une très-grofle épingle. J'ai
quelquefois fait fortir cette liqueur par jets des glandes, &
cela lorfque je pliois la partie fur laquelle celles-ci fe trou-
voient, de manière à la rendre convexe de concave qu'elle
étoit auparavant, Il ne feroit pas difficile de raffembler une
affez grande quantité de cette liqueur, en ramaffant celle que
les dindons tués dans un même jour par quelques rôtiffeurs
de Paris en pourroient fournir, & de faire deffus des épreuves
propres à en faire connoitre la nature: la feule que j'aie
tentée, a été de Fétendre fur le papier bleu , qu'elle n'a pas
rougi. Les glandes dont je parle ont été obfervées dans l’ou-
tarde; les anciens Mémoires de l'Académie en font men-
tion, à F'article où lon a donné la diffettion de cet oifeau.
Je ne fais fi on les à regardées alors comme lui étant
particulières ; mais on n'a point averti que les poules , les
dindons, les canards & les oies, &c. étoient fournis de glandes
pareilles, cependant il y a lieu de croire que M. Perrault les à
-vües dans ces oifeaux; on Îes reconnoît dans la figure qu'il a
fait graver d'un géfier , avec le canal qui y conduit les alimens :
ce canal ÿ eft repréfenté ouvert en partie ; fon intérieur mis
en vüe offre un chagriné à gros grains, qui ne peut être
compofé que de glandes.
L'eftomac dont il s'agiteft le premier, & il eff très-confi-
dérable dans certaines efpèces d'oifeaux privés de jabot, & qui
Mém, 1752. Q q
366 MÉMOIRES DÉ L'ACADÉMIE ROYALE
ont un géfier, comme les oïes, les canards ,les géais : il eft de
rnême très-confidérablé dans des oiféaux dont il eft encore
le prémier eftomac, &t dont le fecond n'eft qu'un demi-
géfier, c’eft-à-diré, un eftomac dont une partie eft rufcu-
feufe, & dont le refle éft membraneux. Lé pic-vert n'a
qu'un demi-géfier, dont le diamètre eft beaucoup plus petit
que celui de la portion du canal qui le précède; aufi, quoi-
que dans cé demi-géfier j'aie trouvé plus d’une fois uné
quantité de fourmis dont j'ai été furpris, la quantité qu'il y
avoit dé ces mêmes infectes dans le prémier eflomac étoit
beaucoup plus grande.
Quand les grains d'orge ou d'autres blés arrivent dans le
pélier des oifeaux de la claffe des poules, ils font donc im-
bibés des fucs fournis par le jabot ou premier eftomac, &
enduits, au moins d'un fuc plüs épais dont ils font mouillés
dans le fecond. La membrane interne du géfier peut enfuite
leur fournir une autre efpèce de fuc, dont la nature éft plus
aifée à connoître, fi cette membrane leur fournit celui qu'on
eft certain qu'elle contient. La cuifine& l'office ont fait pour
nous des expériences qui nous apprennent l'exiftence de cette
liqueur, & qui nous inftruifent de fa nature : lorfqu'on manque
de préfure pour faire cailler le lait, ou de parties de plantes
capables de produire cet effet, les cuifiniers & les officiers
de bouche ne font pas embarraflés où trouver une matière
auffi efficace; ils enlèvent la membrane interne des géfiers
de quelques poulets où de quelqu'autre volaille, ils la lavent
pour la rendre nette & propre , ils la broient enfüuite dans de
l'eau ; cette eau chargée des parcelles de cette membrane, eft
capable de faire prendre au lait a confiftance que doit avoir
une crême veloutée, de le caiïller,
Une attention autre que celle que doit avoir un cuiïfinier,
mais digne d'un Phyficien, eft d’obferver ce qui fe pañlé
lorfqu'on détache cette membrane d’un géfier. Dans les en-
droits où on la fépare, on voit des filets blancs d'une extrême
finefle, qui fe dégagent de la membrane peu à peu, & qui
reftent implantés dans la partie du géfier qu'on a mife à
DEMS IS CNE NC p1s. 307
découvért: ces filets font extrêmement près les uns des
autres; il y en a des mille milliers; enfemble, ils font un
aflez joli effet fur la furface à laquelle ils reftent attachés :
on croit y voir une de ces moïfiflures compofées de filets
qui tous s'élèvent perpendiculairement. Les gros géfiers, tels
que ceux des dindons & des oies, en font voir de plus
longs que ceux des géfiers de poules : ces filets ont de com-
mun avec ceux des moififlures, de n'être pas de longue
durée, foit qu'ils fe defsèchent à l'air, foit qu'ils ne puiflent
foûtenir long-temps leur propre poids; quand il leur arrive
de fe coucher, ils difparoiffent bien-tôt.
Si on foupçonnoit que ces filets font les tuyaux qui por-
tent à la membrane de l'eftomac ce fuc propre à faire
caïller le lait, dont elle eft remplie, ce foupçon n'auroit rien
que de très-vrai-femblable : ïl eft auf très-probable que la
membrane laiffe échapper de ce fuc dans la cavité qui con-
tient les matières qui doivent y être digérées.
19 Avril
1752.
Figure
du cœur.
Oreillettes.
08 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
3
OBSERVATIONS ANATOMIQUES
JOUR ERLEL RC, EE 0 RP
SECOND MEMOIRE,
Contenant fa Defcription générale.
Par, Me L'ILE U D'AU D:
| A figure conique qu'on attribue au cœur , eft aflez régu-
lière dans celui des quadrupèdes ; mais il n'en eft pas
de même du cœur humain , & cette différence vient des
circonftances tirées de la place qu'il occupe : je les ai expotes
dans mon premier Mémoire. Pour fe tracer une image du
cœur de homme , il faut le comparer à une pomme de
pin, dont la longueur & le diamètre du plus grand cercle
de fa bafe feroient d'environ cinq pouces. Si fon pofoit
cette mafle charnue, d'une forme très-régulière, fur une table,
portant fur une des lignes qui, du bord de la convexité de fa
bafe, fe terminent à la pointe, il eft certain que ce corps
Saffaifleroit fous fon propre poids, & que le côté fur lequel
il péferoit , devroit en conféquence s'aplatir : les bords qui
réfulteroient de cet aplatiffement participant de fa convexité
fupérieure (un peu étendue ) refteroient arrondis. Si l'on
appliquoit enfuite à fon bord antérieur ( la pointe étant tour-
née à gauche ) une petite planche du poids de quelques
livres, qui, ayant un point d'appui fur latable, formeroit fur
fon plan un angle d'environ foixante degrés , il eft évident
que le bord du cone expolé à cette preflion s'aplatiroit en
forme de coin, pendant que celui qui lui feroit oppolé con-
ferveroit fa rondeur : la figure de ce cone exprimeroit alors
aflez exactement celle du cœur , telle qu'on l’obferve dans
les cadavres.
Mais ce que je viens de dire ne regarde que fa partie
chunue ; il faut ajoûter à la convexité de fa bafe deux facs
de 2 ontént her nds
TES
Do
DAENSN SET EN C Es. 30
adoffés qui la recouvrent & la rendent irrégulière : ils for-
ment par leur rencontre un croiflant qui embraffe l'aorte. On
fait que leurs cavités, qui ne communiquent que dans le foetus,
récoivent le fang qui revient fans exception de toutes les
parties, c'efl-à-dire, que le premier ou le plus antérieur s'a-
bouche avec les deux veines-caves & la veine coronaire, &
le fecond avec les veines pulmonaires ; mais cet ufage bien
connu n'a pas manifeflé celui dés appendices figurées, qui
terminent léchancrure fémi-Junaire dont je viens dé parler , &
qui flottant fur Ja bafe du cœur, ont fait donner à ces facs
le nom d'oreillettes : ces prolongemens préfentent commu-
nément des rides ou des efpèces de découpures, qui leur
donnent quelque reflemblance avec les pavillons des trompes
de la matrice. On n'aura pas de peine à rendre raifon de {x
conformation bizarre en apparence de ces appendices , fi l'on
fait quelque attention à leur fituation , ou à la forme de l'e£
pace qu'elles occupent : terminant les pointes du croiflant
qui embraffe l'aorte , elles s'appliquent de chaque côté à la bafe
de l'artère pulmonaire, qui eft, comme perfonne ne l'ignore,
immédiatement avant l'aorte. I paroît évident-que cette partie
libre & flexible des oreillettes, qui remplit de chaque côté
l'efpace angulaire qui eft entre les deux groffes artères & la
bafe du cœur, doit , pour ainfi dire, s’y mouler ; & l'on remar-
que conftamment dans chaque appendice des faces légèrement
creufées qui regardent les côtés correfpondans de ces parties,
pendant que la face des oreillettes qui eft appliquée au péri-
carde en prend le contour, & forme de chaque côté une
convexité qui fait le complément de celle du cœur.
Lorfqu’on connoît la ftruéture mufculeufe & membraneufe,
par conféquent flexible & extenfible, des oreïllettes , on con-
çoit aifément que limpulfion qu'elles recoivent du fang doit
les étendre & les prolonger, fi rien ne s’y oppole ; de même:
que le péritoine, le canal inteftinal , la veflie, &c. forment
des hernies où des poches , lorfque les parties qui doivent les
contenir cèdent à leurs efforts. Ces appendices font dentelées.
ou comme découpées , parce que les colonnes charnues qui
Q qi]
310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
s'y rencontrent, ne cèdent pas fi facilement que la partie
membräneufe qui les contient & les lie ; capable d’une plus
grande dilatation, elle fe prolonge en de petits facs qui for-
ment ces inégalités qu'on remarque dans le bord flottant.
Ce qu'on obferve dans les oreillettes gorgées de fang, femble
prouver ce que je viens d'avancer : ces facs, qui débordent
alors de leurs cavités , prennent une rondeur qui fait difpa-
roitre les appendices; dans cet état on n'y aperçoit prefque
pas de dentelures, parce qu'elles s'oblitèrent par la même
raifon. On peut même aflurer que la forme de ces appendices
n'eft point dans le fujet vivant telle qu'elle paroît dans un
grand nombre de cadavres, parce que fe trouvant dans ce
dernier cas vuides & flétries, elles doivent rentrer dans le
petit efpace dont elles prennent la forme : on remarquera
même conftamment dans tous les fujets, que les appendices
ne font bien figurées ou bien terminées que dans le feul
cas où elles n'occupent que l’efpace angulaire dont j'ai parlé,
& qu'elles perdent cette forme lorfque leur plénitude les
jette hors de cette cavité.
I y a une différence très-marquée entre les deux oreillettes,
qui nait de leur pofition , de {eur étendue & de leur folidité.
La première, placée antérieurement, a une direction verticale ;
le trajet des deux veines-caves parallèles à peu près à la
colonne des vertèbres , rend cette difpofition nécefaire ; la
feconde eft fituée prefque tranfverfalement , pour recevoir de
chaque côté les veines pulmonaires qui marchent obliquement
fur le même niveau. La première a conftamment plus d’é-
tendue & moins de folidité qué la feconde , quoiqu'elles
reçoivent toutes les deux la même quantité de fang; mais il
a vrai-femblablement moins de vitefie dans celle-là, qui doit
avoir par conféquent plus de capacité , fa force d'ailleurs
devant être en raifon de celle du premier ventricule, qui eft,
comme on le fait, incomparablement plus foible que le fecond.
Les oreillettes, par leur ftrudture, de même que par leur fitua-
tion, tiennent un milieu entre les veines & les ventricules
du cœur : elles font tranfparentes comme ces premières, &
a de ee 2 CS ns
DES SCIÉNCES. 311
foit fournies dé colonñés chaïnuiés comme les dérniers: elles
ôjit la couleur des veines lorfqu'elles fotit remplies, elles
prennent celle du cœur lorfqu’elles ne contiennent que peu
où point dé fang:
Le cœur, de même que les oreillettes, eft recouvert de
la mémibrané capfulairé du péricarde : j'ai dit qu'elle fe re-
plioit en réhcontrant les vaiffeaux pour {e répandre fur toutes
les partiès contenues dans le péricarde , auxquelles elle four-
hit une enveloppe. Mais le cœur n'a-t-il que cette tunique?
il m'a toûjours paru qu'elle feule pouveit porter ce nom :
h difléétion manifefle cependant, dans les cœurs préparés ,
éoïiné dans ceux qui ne lé font pas, des feuilléts mem-
braneux dont on ne fauroit fixer le nombre: ce qui dépend
béaucoup dé la dextérité de celui qui les pourfuit; mais leur
ftruéture & leurs entrélacemens font bien-tôt connoitre qu'ils
appartiennent au tiflu cellulairé, & lon ne fauroit, ce me
femible, leur donner le nom de tuñique fans abufer des termes.
On remarque, en dépouillant le cœur de fa membrane cap-
fulaire, un très-grand nombre de filets qui sélèvent de Ja
patie charnue, & qui traverfant très-fenfiblement lés couches
extérieures, de même que le tiflu cellulaire, aboutiffent à
cette tunique : on les regarde comme des produétions du tiflu
cellulaire; mais les recherches que j'ai faites là-deflus, &
dont je rendrai compte dans un autre Mémoire, rendent
cette opinion très-douteufe. Quoi qu'il en foit, ces attaches
prefque autant multipliées que les trouffeaux de fibres vif-
bles, rendent cette tunique très-adhérente, & fa difleétion
très-difficile. Lorfqu'on a enlevé au cœur fon enveloppe,
détruit les nerfs & les vaifleaux qui rampent fur fa furface,
& emporté le tiffu cellulaire avec la graifle qu'on y ren-
contre, l'on voit diftinétément fr chaque face une efpèce
de gouttière où un fillon qui, en la divifant, fixe l'étendue
du premier ventricule : l'antérieure partant de la bafe qui en
eft échancrée, répond au tronc de l'artère coronaire gauche,
& fe porte obliquement vers la pointe, où elle rencontre
la poflérieure, qui a fa naïiffance fous fa cloifon commune
AT
Tunique
du cœur.
Les
ventricules.
312 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE
des oreillettes. Il eft aifé de juger que la pointe du cœur
doit en être divifée, & que chaque ventricule doit avoir
la fienne.
Tous les Anatomiftes s'accordent fur le nombre des ven-
tricules ; mais ils ne paroïflent pas convenir de leur pofition,
fi l'on peut en juger par leur manière de les diftinguer: les
uns les placent lateralément, & les nomment droit & gau-
che ; les autres les croient fitués lun devant l'autre, & les
diftinguent par conféquent en antérieur & poftérieur; quelques-
uns enfin les rangent dans une pofition verticale, & les
défignent fous les noms d’inférieur & fupérieur. Cette der-
nière dénomination n'ayant pas été trop fuivie, quoiqu'elle
foit peut-être la meilleure, je n’examinerai que les deux
premières , qui partagent aujourd'hui , fi je ne me trompe,
tous les Anatomifles ; elles font toutes les deux également
fondées fur la difpofition des ventricules , auxquels on peut
avec autant de raifon donner les noms de droit & de gau-
che, que ceux d’antérieur & de poftérieur : mais ces méthodes
me paroiflent l'une & l'autre également défeétueufes , parce
qu'elles peuvent donner une faufle idée de la fituation ref-
peétive de ces cavités. Quant à la première, on fait (le cœur
n'étant pas déplacé) que faorte au-deflus de fa naiffance
prend la droite de l'artère pulmonaire : or, quelle incongruité
de dire que l'aorte que lon voit à droite , fort du ventri-
cule gauche, & que l'artère pulmonaire qui eft à gauche,
vient du ventricule droit : cette difcordance ne peut que
jeter de l'obfcurité fur une defcription qui n’eft déjà que trop
embrouillée par elle-même, & qu'il importe le plus de rendre
claire. A l'égard de la feconde, on jugera qu'elle ne s'accorde pas
mieux avec la difpofition de ces parties, fi l'on confidère que
la face aplatie du cœur, que tout le monde convient être la
poftérieure, appartient également, à peu de chofe près, aux
deux ventricules : on peut s’en rapporter au fillon qui s'étend
de la bafe à la pointe, & qui fixe le terme de leur fépara-
tion. S'il eft donc vrai, comme on n'en fauroit douter, que
la partie poftérieure du cœur foit également partagée entre
les
nu EL À 5,
tn É-.
DANS SCT E N'c'E s.* 312
les deux ventricules , il faut convenir que leur diftinétion en
antérieur & poftérieur ne fauroit donner une jufte idée de
leur pofition. Si l'on ne confidère que la branche fupérieure
du premier ventricule, on peut affurer qu'elle eft placée
antérieurement , & qu'elle s'étend même jufqu'à la partie
gauche : fi lon n'a égard qu'à la partie inférieure , il n'eft pas
douteux qu’elle ne foit placée à la droite, de forte qu'il faut en
conclurre que lune & l'autre méthode font très-difhciles à
concilier avec la difpofition de ces parties.
Outre ces inconvéniens, il en eft un autre que j'ai toüjours
le plus redouté en enfeignant l’Anatomie ; c'eft qu'on eft par-
tagé entre ces deux méthodes, & que ce double langage jette
beaucoup de confufion dans le difcours. Ayant adopté la
dernière, j'ai toüjours eu de la peine à me faire entendre de
ceux qui fuivoient l’autre : m'étant trouvé dernièrement dans
ce cas, c'eftà-dire, dans celui de parler à des perfonnes, d’ail-
leurs très-inftruites, qui ne connoïfloient que les ventricules
droit & gauche; n'apercevant que mon langage les trou-
bloit, je voulus le changer pour me rendre plus intelligible ;
mais je ne parlois pas long-temps fans me brouiller moi-même,
ce qui me fit prendre le parti fur le champ de nommer
premier veutricule celui qui répond à l'artère pulmonaire, &
de donner par conféquent le nom de /econd à celui qui re-
garde faorte. Ce que je fis fans réflexion , & comme
par r té, me réuflit parfaitement ; & je vis avec fatis-
ae ceux qui avoient adopté la première méthode,
comme ceux qui avoient embraflé l'autre, m'entendirent
très-bien , fans même qu'aucun s'avifät de men demander
l'explication. Cet eflai, que j'ai depuis répété avec le même
fuccès, m'a perfuadé que cette dénomination feroit plus jufte
que toute autre, & qu'outre l'avantage qu'elle a de ne donner
aucune impreffion qui puiffe nuire à la connoïfflance de fa
véritable conftruétion du cœur , elle a encore celui de s’accor-
der avec la pratique de l Anatomie & avec F'ufage des parties.
En effet, le ventricule qui précède l'artère pulmonaire fe pré-
fente le premier dans les difeétions ordinaires, & on lui donne
Mém. 175 2. Rr
Structure
du cœur.
314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
toûjours ce rang dans toutes les démonftrations : Je fang d’ail-
leurs ne parvient à l'autre ventricule qu'après avoir paflé par
celui-là ; cette dénomination lui convient donc à double titre.
Chaque ventricule a deux grandes ouvertures , dont l'une
répondant à l'oreillette eft appelée auriculaire, & l'autre plus
petite communiquant avec l'artère eft nommée artérielle.
La première eft formée dans l'un & l'autre ventricule par un
anneau grêle, qui paroït d'abord tendineux ; mais Jorfqu'on
la examiné avec plus d'attention , fa fubftance a été Jugée
calleufe ou cartilagineufe : on avoit penfé que c'étoit l'atta-
che commune de toutes les fibres du cœur ; mais ileft difficile
de concilier cette opinion avec l'examen réfléchi de cette
partie. Ces anneaux font elliptiques , la conftruétion des ven-
tricules ne permet pas de croire qu'ils puiflent prendre Ja
forme circulaire, même dans la plus grande dilatation : c'eft
par ces anneaux mitoyens que les oreillettes font attachées
aux ventricules, mais la valvule annulaire & la membrane
qui tapifle leur cavité, comme celle qui les recouvre, forti-
fient cette connexion. Les anneaux qui occupent les ouver-
tures artérielles paroiffent ètre de la même nature, mais leur
conformation eft bien différente : ils fuivent le contour des
valvules figmoïdes, qui y ont leur attache, & décrivent par
conféquent trois arcs qui forment , en fe rencontrant, des
angles aigus remplis par les fibres charnues des ventricules :
cette ftructure & leur fubftance prouvent qu'ils ne fontieapables
d'aucune contraction , & qu'ils ne peuvent jouir que du
reflort vital qui eft commun à toutes les parties folides.
Lorfqu'on dit que les ventricules du cœur font adofiés,
& qu'une cloïfon mitoyenne les fépare, on s'éloigne beau-
coup, ce me femble, de Ja vraie ftruéture de ce vifcère: ces
faufles impreffions , qu'un confentement prefque unanime for-
tifie, tiennent l’efprit dans une forte de contrainte qui l'em-
pêche de découvrir la vérité. Pour prendre une jufte idée,
quoique groffière , de la conformation du cœur , il faut
confidérer premièrement fa principale partie, qui eft le Jecond
ventricule, à laquelle on doit rapporter toutes les autres : c'eft
LUS est ne SN
ht
M'els" Sc TE N CES, 315
un fac charnu, très-folide , de la forme d’un œuf un peu
alongé ; il paroît à nu dans la cavité du premier ventricule,
car tout ce qu'on prend'pour cloifon mitoyenne peut lui
appartenir, & les colonnes charnues dont cette face libre eft
chargée , font, comme je le dirai plus bas, les productions ou
les continuités des fibres mufculeufes qui décrivent diffé-
rentes courbes fur ce fac, ou qui en forment le tiffu. Sil'on
fépare la bafe du cœur du refte de la mafle par une féttion
perpendiculaire à fon axe, on verra très-diflinétement que
fa forme peut être rapportée entièrement au fécond ventri-
cule, quoiqu'il n'en occupe pas le centre: on fera encore
convaincu que le premier ventricule n'eft qu'une fimple poche,
ou un appendice, pour me fervir de l'expreflion de Lower,
qui eft attaché à cette mafle elliptique , & que par conféquent
la face convexe qui regarde la cavité du premier ventricule
ne fauroit concourir à fa dilatation. Le premier ventricule
préfente donc par cette fection un efpace fémi lunaire , dont
la maffe du fecond ventricule fait le petit arc ou Æ té
rentrant; le grand arc (qui doit avoir une forme angulaire
lorfque le cœur n’eft pas déplacé ) eft repréfenté par l'enceinte
flexible & mobile du premier ventricule, qui fe termine,
comme je l'ai dit, au filon qui partage les deux faces du
cœur. La cavité du fecond ventricule , fl'on n’a point d'égard
aux deux grofles colonnes libres qu'on y rencontre toûjours, eft
régulièrement elliptique; if ne paroït pas même qu'elle puifle
changer de forme, ni dans {a dilatation , ni dans la contraction :
elle peut feulement s'aplatir ou affaifler par le relâchement
des fibres, où par le défaut du liquide qui doit contre-balancer
T'aétion de fes parois; ce qui arrive préfque toûjours après Ja
mort, & peut-être quelquefois pendant la vié.
Il eft aifé de concluire de tout ce que j'ai avancé, que la
cavité du premier ventricnle doit avoir une {orme #riangulaire,
ou pluftôt prifinatique, comme Tabor l'a obfervé, c'eft-à-dire,
qu'il effterminé par trois côtés dont le plus remarquable eft
convexe, rentrant dans fa cavité; ce premier femble appar-
tenir entièrement à la maffle du fecond ventricule, & ne
Rri
316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
communiquer avec les autres côtés que par les colonnes tran'-
verfales qui occupent les angles qui rélultent de leur rencontre :
cette convexité, qui a été connue de quelques Anatomiftes,
ne les a pas empêchés de la rapporter à la cloifon mitoyenne;
langage , comme je l'aidit, très-équivoque , & qui ne s'ac-
corde point avec la vraie conformation de ces parties. Les
deux autres côtés, dont l'un eft antérieur & l'autre poftérieur,
forment une efpèce de fac qui eft attaché à la mafle du
fécond ventricule ; les fibres charnues qui le compolent, font
plites dans le bord inférieur du cœur : ce ph, très-remar-
uable & conftant , eft la ligne qui termine comme par
accident les deux côtés mobiles du premier ventricule, puif-
que les fibres charnues ne {ouffrent aucune interruption , &
qu'elles s'étendent fur un & l'autre côté. L'on jugera que ce
pli n'eft point, comme on pourroit le penfer , l'effet du
relächement de ces parties , fi lon examine la difpofition des
fibres qui s’y rencontrent, l'écartement de celles qui font exté-
rieures & Ja graiffe qui s'y ramafle, de même que cette forme
conftante qu'elles confervent dans toutes les pofitions qu'on
donne au cœur , féparé des autres parties : cependant ce pli ne
paroît point une fuite néceflaire de la conformation du cœur,
on ne doit l'attribuer qu'à la place qu'il occupe, aïnfi qu'on
la déjà remarqué. Si cette poche charnue avoit la liberté de
s'étendre en tout fens , il n’eft pas douteux que les deux
côtés ne décrivifient une courbe régulière , de même que
dans le cœur des quadrupèdes; mais {e fternum qui répond
au côté antérieur & qui le fixe, comme le diaphragme qui
foûtient l'inférieur, s'oppofent à cet arrondiflement , & il ne
paroît pas que le ventricule, dans fa plus grande dilatation ,
puifle dans l'homme perdre fa forme angulaire , qui dans ce
cas devient à la vérité plus obtufe ou plus émouffée.
J'ai dit que les deux faces mobiles du premier ventricule
étoient diftingutes du refte de la furface du cœur par un
fillon, qui doit être regardé comme le terme du mouvement
dont jouiflent les deux parois mobiles de cette cavité : la
ligne qui en fixe la profondeur doit donc en être confidérée
se dti
TE
DANS STIEUT EH NC ES! 317
comme /4 charniére , fi Von peut ainfi appeler une ligne
courbe qui borne le mouvement d'une enceinte charnue: Ja
furface convexe qui reçoit fes attaches , doit être regardée
comme immobile par rapport à la dilatation du premier ven-
tricule , parce qu'elle ne fauroit dans aucun cas perdre fa
convexité : il eft vrai qu'en faifant, dans la diaftole du fecond
ventricule, portion d'un plus grand cercle, elle peut donner
en quelque façon lieu à l'agrandiffement du premier, favoir,
en éloignant les deux charnières qui bornent fon mouve-
ment. Cependant les fibres charnues de cette poche ne fe
terminent point à ce fillon , elles fe croifent avec celles qu’elles
y rencontrent, pour former avec ces dernières cette couche
qui embrafle une grande partie du fecond ventricule , & qui
lui devient comme propre : il eft aifé de juger que dans fa
diaftole les fibres doivent plier fur cette charnière, & que
dans cette circonftance la gouttière qui l'indique doit avoir
plus de profondeur, Quoique Z côté rentrant du premier
ventricule foit affez manifefte dans l'homme, le grand nom-
bre de colonnes dont il.eft chargé, & principalement les
tranfverfales, qui s'élevant de cette furface vont s'implanter
aux côtés mobiles, le cachent en partie ; mais dans le cœur
des quadrupèdes , & fur-tout du cerf, où il y à moins de
colonnes, il fe préfente nettement à la vüe, & fon aire a
bien plus d’étendue, bien que ie premier ventricule dans ces
animaux foit beaucoup plus court.
Quoique je ne me propofe pas ici de parler de fa ftruc-
ture interne du cœur, je ne dois pas cependant laïffer ignorer
que c'eft fur cet examen que je me fuis déterminé à regarder
le côté convexe ou rentrant de la cavité du premier ventri-
cule, comme appartenant à la mafle du fecond : il nv'a porté
( cet examen) à confidérer le cœur comme compofé de deux
facs, l'un fort grand occupant toute fa circonférence, l'autre:
plus petit contenu dans le premier. Le /écond ventricule, qui
répréfente le petit, &c qui eft par conféquent entièrement ren-
fermé dans l'autre, occupe plus de la moitié de la cavité de
ce dernier, dont Fautre partie libre & irrégulière conftitue
À Rr iij
Colonnes.
318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
la cavité du premier ventricule ; celk-à-dire qu'elle eft formée
( cette cavité) par la moitié environ de l'enceinte du “ac
externe, & par une grande partie de la furface convexe de
l'intérieur. On pourroit reconnoitre cette ftruéture à la feule
infpection des parties, mais on ne doit pas s'en rapporter
À ces apparences, fi elles ne font confirmées par des recher-
ches plus exactes & plus décifives ; c'eft dans cette vüe que
j'ai pourfuivi les colonnes charnues qui couvrent ce côté
convexe, & J'ai remarqué conflamment, & même démontré
plufieurs fois, qu'elles fe jettent fur le fecond ventricule, ou
qu'elles lembraflent en différens fens. Quoique le plan que
forment ces différentes fpirales foit très-étroitement uni à
la face interne du grand fac qui y eft appliqué, il n’eft pas
cependant difficile, en enlevant fucceflivement les couches
qui appartiennent à ce dernier , de mettre, pour ainfi dire,
le petit à nu, en fe réglant fur le côté convexe du pre-
mier ventricule, qui fixe l'épaifleur des parois qui femblent
appartenir effentiellement au fecond. I eft bon de favoir
que ce dépouillement ne fauroit pourtant fe faire fans enta-
mer & déchirer les bords de cette face qui communiquent,
comme je l'ai dit, par des colonnes tranfverfales avec le grand
fic; mais cela n'empêche pas qu'on ne puifle fuivre avec
affez de facilité , & très-diflinétement, un grand nombre de
faifceaux de fibres charnues , qui, après avoir décrit plufieurs
fortes de courbes fur la face recouverte de ce noyau , chan-
gent de direétion ou fe coudent , s’entre-croifant avec leurs
femblables, pour former fur cette face libre, féparément ou
par leur convours, les colonnes qu'on y remarque.
On doit diflinguer dans lun & l'autre ventricule trois
fortes de colonnes, favoir, les murales, les tranfverfales &
les bres : les premières, quien manière de pilaftres tiennent
aux parois , ont toute forte de direétions; elles font les plus
nombreufés & forment par leur entrelacement des efpèces de
nates qui tapiffent les cavités du cœur; les /écondes , qui font
plus dégagées de la fubflance du, cœur, fuivent difiérentes
routes en traverfant 1a cavité, & ne-tiennent aux parois que»
DLEUSt S'CTE NCÉS 2
par leurs extrémités : on rénconñtre un grand nombre de celles-
ci dans le tiers'inférieur du prémiér ventricule , dans les angles
répondans aux charnières , & dans la pointe du fecond ventri-
cule: Ces deux efpèces de colônnesn'ont aucun ordre ; leur lon-
gueur, leu grofleur & leur direction variént à l'infini : il y a
plus-de deux pouces de différence entre les plus courtes & les
plus longues ; plufieurs ont au-delà de quatre lignes de dia-
mètre, & depuis cette groffeur jufqu’à celle d’un cheveu , on en
trquve de tous les degrés. Les sroifièmes ou les libres, font
des efpèces de piliers qui ne tiennent aux parois que par
leurbale, leur fommet dégénérant en brides tendineufes qui
fe répandent fur lé bord flottant de la valvulé annulaire; ces
cordages paroiflent, pour la plufpart, s'y terminer; les autres
marchent fenfiblement derrière fa convexité jufqu'à l'anneau
qui lui fournit une attache fixe: il en eft plufieurs qui pren-
nent une autre route, & qui s'implantent à la partie -charnue:
du cœur ; les unes & les autres communiquent aflez fré-.
quemment enfemble par des brides tranfverfales, formant
des réfeaux qui donnent de {à folidité à ces parties. Les
colonnes de cette dernière claffe ont différentes figures , avec
une direction conflante vers Vorifice auriculaire ; il y en a de
fr courtes qu'elles reffemblent à de fimplés mamelons ; les
autres plus Iongues font communément cylindriques , arron-
dies par le bout, ou pyramidales ; on en obferve encore d'’irré-
gulières, où d’une forme bizarre ; il en eft enfin qui font
entaflées ou compofées de plufieurs , unies enfemble par un
contact immédiat, ou par des colonnes tranfverfales plus où
moins épaifles; elles n'ont rien de conftant dans leur figure,
ni dans leur grofleur : il part de leur fomimet un plus grand
nombre de filets tendineux, rangés en évantail, qui aboutiffent
prefquée tous à la valvule. On obfervé, dans tous les füujets,
deux de ces colonnes dans le fecond ventricule, &'jamais
davantage ; on en trouve une ‘aflez conflamment dans le
premier, & quelquefois plus.
La vahvulé annulaire ; qui occupe lorificé auriculaire de vue
l'un &- fautre ventricule, reçoit prefque toutes les brides annuhire:
Double cavité
des ventricules.
320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE
tendineufes dont je viens de parler , qui fe rendent au bord
libre & aux découpures de cet anneau , ou fe prolongent,
comme il a-été remarqué, collées à fa convexité jufqu'à fon
attache. M, Haller reconnoit cet anneau membraneux ; mais
ilajoûte, en parlant du premier ventricule, qu'il fe divife en
trois portions qu'on pourroit en quelque façon appeler avec
les Anciens, valvules. Si cette divifion étoit conftante, ï ne
conviendroit pas d'abandonner leur langage , quoique très-
équivoque; mais l'on trouve beaucoup de fujets où Jon ge
fauroit démontrer ces trois portions, ce que j'efpère bien
éclaircir dans l'examen particulier de chaque ventricule: on y
verra qu'on ne fauroit décrire cette valvule, dont les variétés
vont à l'infini, que d'après un grand nombre de fujets. Une feule
partie conftante & invariable , que je nomme cli{on valvulaire
dans l'un & l’autre ventricule, à laquelle on n'a pas fait beaucoup
d'attention , eftune portion de cette valvule, très-remarquable
par fa forme, fon étendue & fa folidité, qui a toûjours la
même fituation, & dont les brides écartées forment conftam-
ment uñ arc très-régulier, qui divile l'un & l'autre ventri-
cule en deux cavités égales, répondant aux deux orifices :
le contour de la valvule annulaire xenferme ou défigne Ja
cavité que tous les auteurs ont décrite ; le grand efpace qui
eft derrière la cloifon valvulaire , dont l'arc qui la foûtient
forme l'entrée , efl la feconde dont je ne fache point qu'on ait
fait mention. Il ne faut pas penfer que cette divifion foit arbi-
taire , elle eft telle dans la Nature, & l’on ne fauroit pren-
dre une connoiffance exacte de l'intérieur des ventricules,
fans l'y reconnoitre, Il me paroït encore bien difficile de juger :
des différens états du cœur, & de déterminer fon aétion fur
le fang , fl lon ne fait une attention particulière à la difpofi-
tion relative de ces deux cavités, qui marquent la route que
le fang doit y tenir.
Lorfqu'on démontre les ventricules du cœur à la manière
ordinaire, on découvre un efpace confidérable, dont la val-
vule annulaire occupe l'entrée: toutes les portions de cette
valvule font alors appliquées aux parois de cet efpace, &
lon
DES SCIENCES 327
Yon n'imagine pas qu'il puiffe y avoir d'autre cavité dans
lun & l'autre ventricule, que le fimple paflage qui conduit
à Lartère, efpace que la vüe encore ne découvre que diff-
cilement. Tous ceux auxquels J'ai démontré ces parties, ont
été furpris d'apprendre qu'il y eût dans chaque ventricule
une feconde cavité tout aufli confidérable que celle qu'on
avoit fous les yeux, & que la portion de la valvule que je
viens de défigner, & qui paroît fixer l'étendue des ventri-
cules & la terminer, m'étoit que le terme de leur divifion.
En effet, cette cloifon occupe le milieu de chaque ventri-
cule, & le divife en deux parties qui paroiffent parfaitement
égales, dont l'une que tout le monde connoît, & qui répond
à l'oreillette, doit être appelée cavité auriculaire, & Y'autre
qui a été jufqu'à préfent cachée ou connue très-confufément,
qui regarde l'artère, & qu'on ne fauroit bien apercevoir par
la méthode ordinaire, doit être nommée cavité artérielle,
On demandera fans doute pourquoi un efpace auffi con-
fidérable a échappé aux recherches des Anatomiftes les plus
exacts & les plus éclairés. Il faut en chercher la raifon dans
Ra difpofition de ces parties, & dans la méthode la plus
reçüe de les démontrer, c’eft-à-dire, dans la néceflité prefque
indifpenfable d'étendre les parois des ventricules, ainfi que
les planches les repréfentent, & qu'on le pratique par-tout.
Lorfqu'on ouvre un livre qui a quelque épaiffeur , le dos
rentre en dedans, & de convexe qu'il étoit il devient
concave: voilà ce qui arrive lorfqu'on démontre Îles ventri-
cules ; la fection de la cavité auriculaire repréfente 1a tranche
du livre, le fond de la cavité artérielle tiendra la place du
dos. Lorfqu'on étendra les parois de la première cavité, con-
formément à la méthode reçûüe, le fond de la feconde s'en
rapprochera & s'appliquera à la face poftérieure de la cloifon
valvulaire, qui, dans l'état naturel, en eft très-éloignée, de
forte qu'il eft évident que la cavité artérielle doit dilparoître:
on la découvrira dans toute fon étendue, fi lon ouvre le
premier ventricule par fa partie fupérieure, à l'embouchüre
de l'artère pulmonaire. I faut diriger cette fection tout le
Am. 1752 Sf
322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
long de la charnière antérieure, à quelque diflance pourtant
de ce filon: on pourra juger alors de la profondeur de cette
cavité, en jetant fimplement les yeux fur la cloifon val-
vulaire qui .en indique l'entrée. Pour bien apercevoir la ca-
vité artérielle du fecond ventricule, il faut fendre le côté:
rentrant du premier, & l’on obfervera entre cette fection &
la doifon valvulaire qui répond aux deux grofles colonnes.
libres qui lui fourniflent fes attaches inférieures, une grande
cavité, qui cependant peut à peine recevoir le doigt, lorf-
qu'à la manière ordinaire on a ouvert le ventricule par la
partie oppolée.
On connoît depuis long temps a chifon valvulaire ; elle
a été défignée fous le nom de grande valvule par ceux qui
en admettent plufieurs : on a dit qu'elle couvroit l'orifice
_de F'artère, & qu'elle étoit par conféquent placée fur le bord
de la cavité des ventricules. Je l'ai cru de même pendant
long temps, & ce n'eft que depuis mes dernières oblerva-
tions que j'ai reconnu qu'elle occupoit précifément le milieu
de lun & autre ventricule, & qu'elle les diviloit en parties
égales. Si les Auteurs les plus célèbres ont eu connoiffance
de la double cavité des ventricules , W faut avouer qu'ils en
ont négligé la defcription. M. Senac femble l'avoir reconnue
dans le premier ventricule; cependant plufieurs perfonnes
très-verfées dans Ÿ Anatomie, & qui ont pour la plufpart 1û tout
ce qu'on a écrit de mieux fur cette matière, comme tous ceux
qui ont affiflé aux leçons des meilleurs Maîtres, m'ont avoué
fmcèrement qu'ils n’en avoient aucune idée. Au refte, ces
cavités n'ont pas la même difpofition dans les deux ventricules;
celles du premier ne font point au même niveau, la cavité
artérielle étant de beaucoup fupérieure à l’autre; dans le fecond
ventricule elles font parallèles : j'en ferai. mieux connoître la
différence dans l'examen particulier des ventricules, que ces
obfervations générales devoient précéder..
À.
Fa
nn
im
D'AISIUS ECM ENNL CES 323
SUITE DU. MEMOIRE
Dans lequel on compare le Canada à la Suiffe,
par rapport à fes minéraux.
SECONDE PARTIE.
Deféription des Minéraux de la Suiffe.
Par M. GUETTARD.
E pourrois renvoyer au Mémoire que j'ai donné en 1746,
fur une Carte minéralogique de la France, ou à celui
de 1751, fur les granits de France comparés à ceux d'E- -
gypte, pour mettre en état de faire le parallèle du Canada
avec un pays de l'Europe qui fût riche en mines; mais j'ai
cru devoir faire ici un nouveau parallèle, & le choifir dans
un pays étranger à la France. Il eft arrivé que la Suifle
a été le pays fur lequel j'avois ramaffé le plus d’obfervations;
les ouvrages de M.'s Scheuchzer & Bourguet en fourniffent
d'excellentes & en grand nombre, mais j'ai été principa-
lement aidé de deux excellens catalogues fur les minéraux
de ce pays, dreflés par M. Cappeler, habile Médecin de Sc-
leure, qui les avoit envoyés à feu M. le duc d'Orléans avec
plufieurs des fofliles dont il eft parlé dans ces deux catalogues.
L'examen que j'ai fait de ces fofliles, & ces diflérentes ob-
fervations feront le fond de ce que j'ai à dire pour établir la
comparaifon de ce pays avec le Canada.
Celui des Grifons fufroit en quelque forte lui feul pour
Ja prouver ; il eft riche en mines de plufieurs efpèces.
Scheuchzer, dans la relation de fon fecond voyage des Alpes, Xer ficmdum,
dit de Ja vallée de. Schams, qui eft une partie de ce pays, USE
qu'elle eft très-2bondante non feulement en fer, qui y eft in-4°
fi commun qu'un endroit en eft appelé Ferrera, mais qu'il
y a une mine de plomb au deflus de Zillis en Barenwald,
Sfij :
324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
une de plomb & de cuivre à Anneberg, une d'argent à
Johanneberg, une de fer à Ficenel, & dans d'autres endroits
de l'or & du cuivre. M. Cappeler, dans un des Mémoires
dont j'ai parlé, enchérit fur M. Scheuchzer, & dit que le
cuivre mêlé à l’argent fe montre de toutes parts dans le mont
Spin & au deflus de Zillis, que je viens de nommer d'après
Scheuchzer: M. Cappeler décrit de plus les différences qu'on
peut trouver dans ces mines, felon les endroits d’où elles
{e tirent. Le cuivre eft joint avec de la chryfocolle à Scham-
zerthal proche Zillis, & fur les montagnes de Zins & de
Spin; avec de la pierre à fufi ou du marbre blanc à Schams:;
avec du marbre blanc, de la chryfocolle & du bleu dans
le même canton proche les Alpes de Lambin ; avec de
l'argent qui renferme de la chryfocolle, à Schuffers en Ge-
rinwald. La vallée de Ferrera, les environs de Schams, de
Davos & de Difentis fourniflent du plomb: ces trois der-
niers endroits, & de plus Felifur, Oberfaz, la montagne
Kukalin donnent de l'argent mêlé avec du cuivre, ou avec
de la chryfocolle & du bleu où Zapis laguli.
De tous ces lieux, Difentis eft le feul où l’on ait reconnu
de l'or, mais il s'en eft montré dans plufieurs endroits de
la Valteline, comme dans la valée de Malenga, au deflus
des bains de Mafleno & de Ganier, & dans la montagne
del Oro, qui ne tient fon nom que de ce métal. Le Rhin,
dont le fable en renferme, comme je lai dit en parlant de
celui du Canada, en roule dès le: pays des Grifons, & c’eft
peut-être de là qu'il le tire, finon en total, du moins en
partie.
Celui de tous les demi-métaux que on dit contenir le
plus de l'or, Fantimoine:, vient de Schamferthal & de Rhin-
wald.
Le pays des Grifons eft, comme on voit, aflez abondant
en mines, & on peut lui appliquer en général ce que j'ai
rapporté d'après Scheuchzer, fur le pays de Schams en par-
ticulier. Les autres minéraux qui fe trouvent, felon ce que
je penfe, dans de femblables endroits, n’y font pas-moins
fréquens..
Ge te put és à à à
\
DES SIC'AENN COLE NS. 325
Il y a à Pufchiavio du marbre incarnat, un qui eft très-
rouge fur le mont Jule, un blanc & gypfeux & qui forme
tout le rocher à Samada, de l’albâtre à T'innezons, un marbre
noir à Tirano. Dansla Valteline, & à Valmara du même
canton un qui n'eft pas fi beau que les précédens , rouge
cependant, mais qui ne forme que de petites mafies dont
on peut faire des mortiers.
Les pierres talqueufes s’y rencontrent auffi fréquemment
vers les fources du bas Rhin; il y en a dont le fond de la
pierre eft blanc, & les paillettes dorées ou argentées. A
Jamino, le talc eft blanc; à Phlinfor il eft de la même
couleur, & la pierre a des veines d'un brun foncé; à Soglio
& fur le mont Bergetta il eft blanc, & d'un blanc tirant fur
le verd; enfin on en voit dans quelques autres endroits où
ileft verd & à demi-tranfparent.
Cette pierre fameufe dès le temps de Pline pour les vafes
& autres vaifleaux de toute efpèce, fe tire encore chez les
Grifons. C'eft, fuivant M. Scheuchzer, de cette pierre que
le Naturalifte Romain parle fous le nom de pierre dé Come,
non de ce qu'on la tira des environs de cette ville, mais
de ce que Come étoit l'entrepôt où l'on apportoit les vaif-
feaux fabriqués, pour les envoyer enfuite dans toute l'Italie,
Cette pierre venoit d'Ufcion près de Clavenne, dont les
habitans vivent encore de nos jours du commerce qu'ils en
font. Les environs de cette ville ne font pas les feuls endroits
où elle fe trouve: il y en a proche Plurs, dans les endroits
appelés Dafile & Carotio, dans le comté de cette ville au
pied de la montagne del Oro, au deflus des bains de Maffeno
& dans la vallée de Malenga, tous endroits de lt Valteline,
Le pays des Grifons n'eft pas même le feul où l'on ren-
contre cette pierre fr utile; il y en a dans la vallée de Ver-
zafca, dans la préfeéture de Loearno, dans-le Valais entre
Vifp & Stalden. Cette pierre n'eft pas la même dans tous
ces endroits: celle qui {e tire près de Clavenne, eft grife; dans
le comté de Plurs & à Vilp, elle eft d'un verd noirâtre avec
des taches blanches, & on en fait ufage pour les fourneaux, :
SL.
326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
mème pour ceux où l'on entretient un feu continuel; elle eft
plus blanche & plus tendre dans la vallée de Verzafca.
Les différences de couleur & de dureté dans cette pierre,
la rapprochent beaucoup de celle du Canada, que j'ai dit
être une pierre ollaire, & fi elle en difière, ce n'eft certai-
nement qu'en très-peu de chofe; ainfi je fuis perfuadé que
la pierre du Canada pourroit être utile au pays où elle vient,
fi jamais ce pays fe peuple comme peut l'être la Suifle où,
malgré abondance des vafes de terre cuite, malgré ladreffe
que la fabrique de ces vaifieaux exige, plus grande peut-être
que celle que demande la fabrique des vaifleaux de terre,
& malgré le prix que le tranfport doit mettre à ces vaifleaux ,
on ne laifle pas d'en faire un commerce confidérable, Scheu-
chzer rapporte d’après un Auteur, que les habitans de Plurs
tiroient par an du commerce de cette pierre plus de foixante
mille couronnes d'or. Dans un temps où le Canada feroit
peuplé comme a Suifle, on ne peut guère douter que cette
pierre ne püt être d'une grande utilité , & peut-être même que
les envois qu'il feroit poflible de faire en France ou chez l'Etran-
ger de ces vaifieaux , rendroient cette pierre aufli intéreffante
pour le Canada que celle de la Suifle l'eft pour ce pays.
Une pierre dont l'ufage ne feroit pas fi étendu, mais qui
auroit une utilité préférable en quelque forte, puifqu'elle {er-
viroit à guérir une maladie auffi cruelle que la néphrétique,
fi elle avoit réellement cette vertu, eft celle qui porte le nom
de cette maladie ; elle fe trouve dans le pays des Grifons ,
au deffus de la montagne di-Serre proche T'ieflenkaften , &
fur la montagne Septime.
L'ardoife, dont l'utilité eft connue de tout le monde, fe
tire entre Giefa & Bofco, & proche Gordon, dans le comté
de Clavenne.
Le Valais, qui n'eft éloigné du pays des Grifons que de
cinq à fix lieues, renferme auffi plufieurs de ces foffiles :
quelques montagnes, par exemple , paroiffent être entièrement
compofées d'ardoifes cendrées plus ou moins bonnes. Sedu-
um proche le Rhin a de falbâtre, du marbre veiné de
D'ENS HS COL'E Nr CES 3227
blanc , & l'Hermitage qui en eft proche, un marbre bleu
qui imite le Zapis lazuli où azur, & dont on fait du bleu
qui cède peu en bonté à l'outremer; Lethfchertal a du plomb,
la montagne Simplen vers la vallée d'Oflola, Goens, Orfine
près Martinach, les montagnes Furca & Grimfel donnent du
criftal dont je parlerai plus bas; Vips, de la pierre ollaire,
comme je viens de le dire en parlant de celle de Clavenne,
& quelques endroits de l'amiante, dont les fibres font diff-
ciles à féparer.
Le canton d'Uri, qui eft borné d’un côté par le Valais,
d'un autre par le pays des Grifons, eft principalement riche
en criftal. Il n'eft produit nulle part, dit M. Cappeler , en
plus grande abondance qu'en Suifle, fur-tout dans le canton
d'Uri ou dans le haut des Alpes, fur la montagne Saint-
Godard, par exemple, & fur celles qui en font voifines, &
formées d'une pierre blanche quartzeufe dans laquelle il y a
des paillettes noirâtres : il ne vient de vrai criflal que dans
les endroits où l'on trouve une pierre femblable, ou le quartz
lui-même, & f1 on rencontre autre part du criflal, ou il y
a été tranfporté, ou il fe trouve au moins du quartz dans les
environs.
Le canton d'Uri n’eft pas le feul où l’on en fouille : les mon-
tagnes du canton de Berne, qui avoifinent la montagne Saint-
Godard, en fournifient auf. On ouvrit en 171 9 proche
Grimfel une caverne qui devint fameufe par la quantité qu’on
en tira ; cette quantité fe monta à plus de cent mille livres
pefant, dont il yavoit des mafles d'une figure régulière, qui
pefoient cent & cinq cens , unéalla même jufqu'à huit cens
livres : depuis cette groffeur jufqu'à celle du plus petit mor-
ceau , il y a des variétés infinies , mais quelles qu'elles foient,
le’ criftal affecte toùjours la figure pyramidale à fix pans,
dont trois font grands & trois petits ; & malgré ce rapport
général , il y a tant de varictés entre les uns & les autres,
qu'il eft difficile d'en trouver deux femblables, les côtés
étant imclinés différemment les uns par rapport aux autres,
&: leur largeur ou leur hauteur étant inégales, Ces variéiés
328 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
augmentent, fi on a encore égard à leur couleur, qui peut
être en total ou en partie noire, verte, bleue ou couleur de
faphir, violette ou améthyfle, rouffe ou brune, pourpre,
couleur de rubis ou d'hyacinthe. Certains accidens que les
criflaux fouffrent dans leur formation multiplient encore ces
variétés ; il y en a qui renferment de l'eau, de la chryfocolle,
de l'amiante, des infettes , des pailles, où qui femblent en
renfermer par les fêlures qu'ils ont intérieurement, & qui
les font quelquefois varier de couleur, de façon qu'ils paroif
fent avoir dans ces endroits les couleurs de l'iris.
Le criftal de Roche étant fi commun en Suifle, on ne
doit pas douter qu'on n'y trouve de ces efpèces de criftaux
qu'on appelle faux diamans, qui ne diffèrent fouvent du vrai
criftal que parce qu'ils font moins durs, d’une eau moins
belle & moins parfaite : auffr ces pierres n'y font-elles pas
vares , on en trouve fur la montagne Simplen dans le Valais,
vers la vallée d'Oflola, où ils font opaques d’un rouge de grenat
& renfermés dans une pierre quartzeufe qui contient de l'or.
Goms, du même pays, & la vallée d'Otnatia dans le pays des
Grifons en donnent qu'on appelle faux améthyftes : Schniden
dans le canton d'Underwald , les montagnes Splugen ,
Rotzherg, Golberg, dans le pays des Grifons, la montagne
Aubrig du canton de Schwitz, celle de Legerberg proche
Wichlen, Roffmatt, Kratzeren, & plufeurs autres endroits
en fourniflent auffr.
Mais pour ne pas {ortir du canton d'Uri, je dirai quele
talc ny eft pas moins commun; les montagnes en donnent
ui fe lève en feuilles flexibles, que lon peut plier, &
qui reflemble en tout à celui qu'on appelle communément
verre de Mofcovie; un autre eft noir & difperfé dans une
pierre dont Île fond eft jaune, laquelle fe trouve aufii dans
le diftriét d'Engelberg, canton d'Underwald ; enfin celui
d'Uri fournit du cuivre & du plomb dans les montagnes
proche Staeg, du fer à Shwarfenbourg & à Ertzherg, du
marbre noir veiné de blanc à Silenen, & des grenats dodé-
caëdres opaques, & renfermés dans une pierre d'un blanc
verditre,
PR Te PT CUS CORNE CP SIT
PO PE
DiENS) SCTE N C ES 2
vérdâtre, à la defcente du mont-Saint-Godard, du côté
d’Airolo.
Le canton de Glaris, qui borne en partie le pays des
Grifons , & qui eft aufli célèbre en Suifle par fes eaux
chaudes de Pelers, que peut l'être celui d'Uri parfon criflal
de la montagne Saint-Godard , ne diffère pas beaucoup des
cantons précédens : comme eux il a des marbres noirs veinés
de blanc, ils fe trouvent à Guppenberg, à Schwanden &
à Pfefers ; ce dernier en a de plus qui eft gris noir, & quel-
quelois parfemé de lentilles ftriées & convexes des deux côtés :
les pierres talqueues fe rencontrent fur les montagnes de Glim-
merenwel & de Waiflenwel , le talc en eft blanc.
La montagne de Blattenberg, qui tient fon nom de F'ar-
doife qu'elle renferme , en eft entièrement compolée, & c'eft
particulièrement elle qui en fournit dans tout le pays : cette
ardoife eff: noïre, fe taille aifément, on entire fouvent des
tables de dix pieds .de long fur quelques lignes d’épaiffeur ;
ainfi que les autres ardoiles, elle eft inclinée à l'horizon,
& regarde , flon Scheuchzer, le midi, de même quela pluf-
pat des couches des autres carrières de la Suifle. Cette
ardoife montre quelquefois des empreintes de plantes & de
poiflons ; on peut voir dans les ouvrages de Scheuchzer des
exemples des uns & des autres.
Comme il n'y a guère d'empreintes de poiffons au deflus
de celle de Fardoife que M. Cappeler a envoyée à S. A. S.
Jai penfé que je devois en donner la figure * : cette empreinte
eft, fuivant M. Cappeler , celle d’une Murène où Morène, elle
ef très-bien faite, le fquelette eft entier & n’a que très-peu ou
point fouffert , on y voit jufqu'à l'empreinte des barbillons ;
quelques-unes des arêtes cependant font caffées en deux dans
leur milieu , de façon qu'elles tiennent encore dans leurs
cavités , & prouvent que le poifion a fouffert une compref-
fion , douce cependant , puifqu'autrement toutes les autres
arêtes auroient été aufi caffées , au lieu qu’elle n’a été portée que
jufqu'au point fufffant pour en rompre feulement quelques-
unes dans une partie de leur longueur.
Mém. 1752. Tt
* Voy, Planche
It 1
30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
M. Cappeler a vûü dans une ardoife du même endroit ;
l'empreinte du xyphias ou efpadon tout entier, dont il fit
préfent au célèbre M. Sloane, & qui eft confervé dans fon
cabinet d'Hiftoire Naturelle,
Le pays qui eft entre Valenz & Pfefers, renferme une
efpèce d'ardoile qui eft cendrée & friable ; mais un peu plus
haut , entre le premier endroit & les montagnes appelées
Crivehoten , cette ardoife eft dure, noire & prefque fem-
blable à celle du diflriét de Glaris : près de la fource même
de Piefers il s'en trouve une qui eft bleue, veinée de blanc
& méke de quartz de cette dernière couleur.
Les montagnes de Guppen , Glarnifch & Schwanden
donnent du fer; la première, celle de Schniden & de Wolf,
de l'argent ; celle de Flimienbers & de Glimmeren, du
fpath, qui eft rhomboïde dans cette dernière, & fans figure
régulière dans l'autre.
Indépendamment du fpath qui doit fouvent accompagner
les mines du canton de Schwitz dont je viens de parler, la
montagne Aubrig & la vallée Silana ont aufli de cette pierre,
Le fpath de la vallée Silana eft par lames diaphanes , celui de
la montagne Aubrig forme des incruftitions fur les côtés d'une
pierre noirâtre parfemée de petits points blancs.
L'or & l'argent que l’on connoiît jufqu'à préfent dans ce
canton, ne font pas cependant accompagnés de fpath, mais
difperfés dans une terre grife qui fe tire fur la montagne de
Dethelm , de deux cavernes appelées lune Silberloch, &
Yautre Goldloch.
Les Alpes du canton de Schwitz renferment des mines de
plomb, la montagne Aubrig de l'étain qui eft mélé à des
pierres lenticulaires & à des peignes dans la même pierre ; le
morceau que jen ai vü eft un amas de ces lentilles liées par
une matière quartzeufe d'un gris blanc, & qui, examinée à la
loupe, paroît parfemée de grains d’un aflez beau verd, couleur
qui eft quelquefois celle que l'étain prend dans les mines,
J'ai encore examiné une pierre verte de cette même monta-
gne, qui avoit des empreintes de peignes, & qui étoit fau-
th
star
DES SCIENCES. £
poudrée d'une matière blanche, peut - être de chryfocolle,
On trouve aufli dans cette même montagne de ces cif-
taux qu'on appelle faux diamans.
Les environs de Wohlerau donnent du marbre noir veiné
de blanc, ceux d'Einfiollen un qui eft gris veiné auffi de
blanc , de même que le rouge de l'abbaye d’Einfilden.
Le talc fe remarque dans la Thile, qui doit le tirer de ce
canton , puifqu'elle y prend fa fource, & qu'il ne me paroît
pas qu'elle reçoive des rivières de cantons différens , du
moins tant qu'elle coule dans celui-ci. La montagne Royale &
plufieurs autres endroits ont une pierre talqueufe cendrée,
qui fe lève par tables ; celle que j'ai examinée & qui étoit de
da montagne Royale , étoit compofée de paillettes d’une
moyenne grandeur, d'un beau blanc argenté, & liées par
une matière fpatheufe ou quartzeule ; l'autre pourroit étre une
efpèce de fchite , puifqu'elle fe lève par tables, auffi-bien que
les pierres à rafoir cendrées, fines ou rudes, qui fe tirent l’une
de Repenweïd, l'autre de Golbenberg, endroits placés au-
deflus de Lachen, bourg peu éloigné du fac de Zurich.
Le canton dont ce lac dépend , outre prefque tous les autres
foffiles dont il a été queftion jufqu'ici, fournit du charbon
de terre dans plufieurs endroits, & nommément à Keffnach.
Le marbre n'y eft guère moins commun , on en tire de
noir qui a des veines blanches à Vedenchwil & à Riche-
tenfchwil, de veiné de jaune derrière Albifrieden qui eft
au-deflus de Renderenalbis , de l'albâtre qui renferme des
cailloux de la nature de la pierre à fufil , & dont il eft parlé
dans les obfervations topographiques de Raï, page 3 8 3.
En général, le canton de Zurich ne manque pas de pierres
talqueufes dont le fond eft rougeütre , mêlé de parties de tale,
dorées ou argentées : une de cette nature que j'ai vüe, & qui,
fuivant le Mémoire de M. Cappeler, fe trouve dans plufieurs
endroits de la Suifle, étoit par petits lits d’une ou deux li-
ges , entre-coupés par des lits de talc plus minces & d'un
rouge cuivreux. Les environs de Zurich en ont une qui eft
employée dans les bâtimens, & qui a du talc cendré: proche
Tti
332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Skenen en Tennaker, ce tale eft blanc ; la Thile y roule des
paillettes couleur d’or ou d'un noir de poix, & quelquefois une
pierre talqueufe verdâtre, mais qui n'appartient peut-être pas
plus à ce canton qu'à celui de Schwitz , où la Thile a fa fource:
on trouve des boules de talc d'un jaune d'or à Bulach.
La pierre à rafoir de la paroifié de Durnten, qui eft
d'un gris noirâtre, pourroit bien être, comme celle dont j'ai
parlé, une efpèce de fchite, & la pierre à aiguifer qui fe
tire de Kopfnach , Stampfenbach , & peut-être aufli de
Hatliberg , pourroit être une efpèce de granit dont la fineffe
des grains le fit reffembler prefque à du grès: cette pierre
entre dans l'Architecture, & réfifte au feu.
Le criftal & le fpath viennent fur la montagne Leger:
ha Thile, le Glat & l'Emme roulent du quartz; les environs
de Ufter & de Neptenbach donnent des agathes, ceux de
Schnabelberg, dans les montagnes blanches, de l'argent qui
eft mélé à une terre cendrée.
J'ai dit plus haut que le canton d'Uri étoit célèbre par fon
criftal du mont-Saint- Godard , celui de Glaris par fes bains
de Pfefers & fes mines d’ardoïfes, le comté de Clavenne
- par fa pierre ollaire ; celui de Lucerne, dont il va être quef-
tion , l'eft par une matière qui fe tire du mont Pilate, & qui
eft beaucoup moins précieufe que celles-ci , quoiqu'elle le
foit beaucoup dans l'idée des Alchymiftes , qui penfent qu'elle
eft une de ces matières dont il eft poffble de tirer ce qu'ils
appellent femence aurifere , & qui, en flattant toujours leurs
defirs , les foûtienent dans leurs travaux continuels, mais encore
plus inutiles pour eux que pour les autres. Cette matière fr
recherchée eft le Zac Lunæ , ou cette pouffière blanche qui
n'eft que le produit des parties que l'eau détache en fuintant
entre les pierres, & qu'elle dépofe dans des cavités, ou le
long des furfaces des pierres mêmes, où elle prend une cer-
ine confiftance : elle refflemble alors aflez à unagaric très-
blanc & léger, & on la prendroit en effet pour une efpèce
de champignon qui ne feroit pas fibreufe: lorfqu'on l'écrafe
entre les doigts , on diroit que c'eft réellement de f'agarie
DÉPASSE UN c'E 33
qu'on froifle : elle ne fe trouve pas feulement dans la fa-
meufe caverne du mont Pilate, dit M. Cappeler, mais dans
les antres ou les fentes des rochers de pierres calcaires de plufieurs
autres endroits. Je pourrai revenir à cette matière lorfqu'il
sagira de ces endroits, il fufhit de l'avoir annoncée ici , je
pafie à des fofliles plus intéreffans.
J'ai déjà parlé d'un qui eft des plus précieux, dans fen-
droit où j'ai décrit le fable du Canada qui reflemble aux f:-
bles aurifères : l'or fe trouve en paillettes dans le Rufa qui
coule dans le canton de Lucerne , Aar & l'Emme en cha-
rient auf. On a découvert en creufant le baflin de Kriembach
à deux heures de chemin de Lucerne, qu'une pierre bleuâtre
& grainée, que l'on étoit obligé de caffer, renfermoit de
Fargent : on tire à Surlac une efpèce d'ochre verdätre, qui
paroït cuivreufe & qui tache en verd une pierre quartzeufe.
Près de Schinberg, de Thal & dans la vallée de Fontana,
on fouille du charbon de terre; du malthe, elpèce de bitume
grofier, à Schinberg ; des pierres à aiguifer grifes à Roth, on
les tranfporte de tous côtés pour les meules à aiguifer.
Le canton de Lucerne que je viens de parcourir, eft un
des plus grands ; il avoifine celui d'Underwald, qui eft à
la vérité un des plus petits, mais qui n’eft pas des moins
fournis en foffiles ; le feul diftrit d'Engelberg renferme de
l'or, de l'argent, du fpath, du criftal, des pierres talqueufes,
du fchite, de l'ardoife & du marbre, le pañfage fuivant, tiré de
Scheuchzer *, doit fufhire pour en convaincre : « le catalogue
que je vais rapporter , dit Scheuchzer , démontrera que les
montagnes & les vallées du domaine d'Engelberg font fécondes
en minéraux de tout genre. Le marbre noir veiné de blanc
& marqué de taches pâles, fe trouve abondamment dans
les montagnes qui font voifines du Monaftère.
Les criftaux de fa vallée d'Ochfenalp font hexagones, poin:
tus des deux côtés, & nommés par les habitans fchwindel-
flein; 1 y en a d'autres qui fe tirent d’une caverne appelée
gegen dem Graffenorth, mais ils font mal formés, & doivent pluf£
tôt ètre regardés comme des for ou faux criftaux.
Tti.
* Jter prinimn;
«PAZ. 24
»”
»
M
2
34 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Il y a des indices d'or dans la montagne des Anges : c’eft
peut - être la veine d'or & d'argent cendié qu'on trouve à Bru-
derloch , mêlée avec une pyrite ferrugineufe, & avec une terre
vitriolique cendrée ou de couleur d’ochre, qui prend par la cal-
cination une couleur brune, qui indique un fafran de mars ; c'eft
auffr de cette terre que les eaux qui coulent de la caverne
tiepnent leur goût acidule.
On trouve à Graflen, de même que dans les Alpes de
Surenen, une autre pyrite d'où il fort du mify même.
La caverne de Geisfloch, qui eft vis-à-vis de Bruderloch,
donne aufli une veine d'argent & de vitriol, prefque fem-
blable à la précédente.
On voit çà & là des veines glaifeufes & vitrioliques dans les
fentes des rochers, au pied de la montagne de Tittlis, &
des pierres qui fe lèvent par feuillets , parfemées de pyrite auffi
vitriolique, teinte d'une couleur de fer, & qui, étant man-
gée par le vitriol, devient une argille cendrée & molle.
On rencontre une pyrite argentée & anguleufe à Urner-
graffen , une argentée renfermée dans une pierre très-dure &
teinte d’une terre rouge & martiale à Firnapelin & à Hofad,
enfin des pyrites rondes fur la montagne de Geisfberg.
Lattenberg fournit abondamment des carrières d'ardoifes
femblables à celles de Glaris, & des pierres à aiguifer : les ar-
doifes donnent le nom à l'endroit.
Une terre noire , propre aux Peintres, & qui eft en mottes,
fe fouille à Galtiberg & à Herrenrüti.
Une certaine caverne d'Horbis donne du /ac Lune.
Enfin on y peut ramafler une efpèce de f{el, qui, par fes
propriétés, approche de la nature du borax, & qui couvre les
furfaces d’une pierre qui tient de l’ardoife & qui eft cendrée. »
Pour finir ce qui regarde le canton d'Underwald, j'ajoû-
terai feulement à ce catalogue, que Melchtal & Wolffenchiefs
ont du marbre noir veiné de blanc, Schniden du criftal ou
des faux diamans, & je rapporterai quelques obfervations que
j'ai faites fur les pierres d'Engelberg, qui ont été envoyées
par M. Cappeler. Le fpath rhomboïde de cet endroit eft
DIE S:CA'EIN C'E S. 335
un vrai criftal d'Iflande , en affez gros morceaux opaques ;
celui du moins que j'ai examiné avoit très-peu de tranfparence.
La terre noire dont j'ai parlé plus haut , eft réellement très-
noire , elle reflemble entièrement à une que j'ai trouvée dans
les trous des carrières de pierre noire de la Ferrière en
Normandie , avec laquelle j'ai fait de la poudre à canon, en
la mêlant avec du charbon de bois mis en poudre.
Le marbre eft d’un noir fale, très-dur, d'une nature de
quartz, & faifant feu frappé par l'acier.
La terre vitriolique qui vient des pyrites tombées en
efflorefcence, eft d’un jaune pâle de fouflre, & en a même
l'odeur.
Les pyrites fulfureufes fe pulvérifent pour fervir de fable à
mettre {ur le papier lorfqu'on a écrit ; elles s’'enflamment jetées
ainfi en poudre à travers la lumière d'une bougie ; elles font
d'un blanc argenté ordinaire aux pyrites de cette couleur; elles
ont une figure a plufieurs côtés & irrégulière, leur grofeur
eft au plus celle d’un noyau de cerife.
La pierre cendrée eftune efpèce d'arjalètre ou de fchite qui
approche beaucoup de la craie de Briançon, & qui eft quel-
quefois d'un brun verdätre.
Les criftaux pointus des deux côtés , & qui font com-
muns , non feulement dans ce diftriét, mais dans les Alpes
de plufieurs cantons, font affez blancs, défeétueux cependant;
ils diffèrent en groffeur, les plus gros de ceux qui ont été en-
voyés n'excèdent pas celle d’un noyau de prune.
Le petit canton d‘Underwald eft borné d'un côté par ce-
lui de Berne, qui eft un des plus confidérables par fon
étendue ; & même par fes foffiles : quand il n'y auroit que
la grande quantité de marbre qui sy trouve dans plufieurs
endroits, il le feroit déjà beaucoup , mais il renferme
prefque tous les autres : plufieurs des marbres font gypfeux
ou plâtreux , à Schenznach, par exemple, où il eft noir;
près ces carrières il y en a d'autres où il eft de couleur
de chair ; proche Rotfloch & Arburg il eft blanc, & on
en fait de très-bon plétre. Ces prétendus marbres ne font
336 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
peut-être dans la vérité que des plätres mis au nombre des
marbres dans le fyftème de M. Linnæus, que M. Cappeler
a adopté dans fon catalogue : quelques autres de ces marbres
font de l'albâtre. Les environs de Biberftein & de Ruttingen
en donnent un qui eft blanc, dur, & qui approche beaucoup
de l'albâtre : celui qui fe tire proche le château de Biberftein
& dans la préfecture de Romain-moutier, au deffus de Bevieux
près les falines, eft blanc ; il étoit employé autrefois par les
Romains à différens ouvrages : celles de ces pierres qui portent
proprement le nom de marbres, font d'entre Aigle & Olon,
où il eft noir; un qui a des taches jaunes, des veines blan-
ches, & parfemé quelquefois de lentilles, fe tire proche Spiez,
peu éloigné du lac de Thun; enfin un de couleur verte a été
trouvé depuis peu d’années à Grindelwald.
La vallée de ce dernier endroit donne du fpath blanc ftrié
& en lames; à Lauterbrwn proche Aigle & les bains de
Schinznach, on en rencontre de rhomboïde que Scheuchzer
appelle androadamas : au deffous des rocheïs de Stokeren-flue,
il yen a de femblable, qui porte communément le nom de
fpath de Bienne.
Souvent les endroits qui donnent du fpath ne manquent
pas de mines, mais ce n'eft pas, comme je l'ai dit, une règle
conflante d'y en trouver, c'eft un indice, & non pas une
marque füre & certaine. De tous ces endroits où l'on en
rencontre, il n'y a jufqu'à préfent que les environs de Grin-
delwald où lon ait vü du minéral, encore n'efl-ce que de
Yantimoine. L'or ne fe tire dans ce canton que des rivières ;
il y en a des paillettes mêlées dans le fable de l'Aar, des deux
Emmes; on en lave fur-tout près de Havenftein & Wildeck :
les environs de Bex & du lac Leman montrent des veines
d'argent, Grimfel du plomb ; un endroit qui eft à fix heures
de chemin de Romain-moutier, du cuivre: Romain-moutier
même, de l'étain qui eft fous la forme de grenats renfermés
dans une pierre talqueufe verdätre. On a vüû autrefois près de
Thun, du vifargent coulant : enfin le fer n’eft pas rare dans la
vallée d'Hafle, à Langnau, Baumgarten, Lerfberg & Rotzberg,
La
|
DES SCIENCES. 337
La vallée d'Engftlen, qui eft fur les confins du territoire
de Berne, renferme un fchite rougeître.
Au deflus de Bevieux & près de Tenala, qui n'eft pas
éloigné des falines , on ramaffe du foufre pur, communé-
ment appelé foufre vierge. Erla près Stephifburg & Thun
donne du jayet , & le charbon de terre fe tire dans plufieurs
endroits, nommément à Bemont & à Lufris, proche Laufanne
& derrière Sana.
Le fable de ce dernier endroit, & celui de derrière Rotf-
chmund dans les monts de Doronaz, eft mêlé de petites pierres
appelées chélidoines minérales.
Ce canton de Berne eft le dernier de ceux qu'on peut re-
garder comme confidérables par les mines & les autres foffiles
qui les accompagnent : un ou deux deceux dont il me refte
à parler, appartiennent cependant à ces premiers cantons, de
même que quelques-uns de ceux-ci paroiflent s'enclaver dans
les autres par quelques côtés; celui de Zurich, par exemple,
tient au canton de Schafhoufe par Siein, Andelfingen, Egli-
fow, Hep, & vers Bulach, qui font abondans en coquilles
renfermées dans des pierres calcaires, de même que celles qui
font f: communes dans les cantons dont j'ai à parler : je
crois même qu'on peut comprendre encore dans ce pays
Filingen & Wintertur ; le premier de ces endroits a des
mines de fer, & l'autre n'eft connu que par une glaife ou ar-
gile dont on fait en Suifle & hors de Suifle , des vafes & des
fourneaux : peut-être même que Dieltorf, Lagerberg, Wie-
dikon & Rieden, fameux par leurs coquilles fofliles, en
font encore , mais je mn’ai pû déterminer leurs pofitions.
Quoique Baden ait des eaux chaudes, & que je penfe qu'il
ne peut être par conféquent renfermé dans ce terrein, je crois
cependant que {es environs peuvent l'être en partie, de même
que Wurenlos peu éloigné de Baden, qui ont l’un & l'autre des
coquilles foffiles, une partie de Weiïflembourg, quoiqu'il ait
. auffr des bains chauds, Surda & Degerfeld , qui donnent
tous les trois une efpèce de marne bleue qui eft dure, mais
qui devient par da fuite caflante, & qui fert à engraifer les
Mém, 1752 | V2Vu
338 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
prés prefque pour une vingtaine d'années : les plantes à feuilles
de glayeul principalement s’y plaifent. Le foin de ces prés eft
fi agréable aux troupeaux, que ces animaux meurent quel-
quefois , fur-tout les quatre ou cinq premières années qu'on
a marné ces prés, à caufe de la quantité qu'ils mangent de
ce foin.
Le canton de Lucerne me paroïît auffi anticiper fur celui
de Soleurre , mais je ne fuis porté à le croire qu'à caufe de
la nature de la pierre des feuls environs de Saint-Urbain, qui
eft, à ce que je penfe, de ce canton; elle eft d’un blanc cendré,
dure, d’un grain aflez fin, mêlée de boules de pierres à fufl,
& bonne pour les bâtimens.
Si plufieurs des marbres du canton de Berne dont j'ai
parlé , font réellement du plâtre & non du marbre propre-
ment dit, Je crois que les endroits où les carrières font in-
diquées, fe lieroient avec quelques-uns du canton de Soleurre,
ou de la principauté de Neufchâtel : il me paroît par les obfer-
tions faites en France, que ces pierres fe trouvent plus com-
munément dans des lieux femblables à ces cantons par les
foffiles; & s'il y a du plâtre dans les autres, il femble être
d'une nature un peu difiérente. Il pourroit cependant fe
faire que celui de Suifle füt de celle-ci, & c'eft cette incer-
titude qui m'a laiflé indécis fur la place qu'on doit donner à
ces lieux, quoique je des aie compris dans l'étendue de ceux
des pierres de la nature de la craie ou de fa marne : fur ce prin-
cipe , le terrein de cette nature peut s'étendre jufqu'à Berne
& Beroulles près Fribourg. On tire en petits quartiers proche
le premier endroit une belle pierre tendre, d’un blanc cen-
dré, qui durcit à Fair, & dont prefque toutes les maifons,
les murs de clôtures, font faits fans mortier ; celle de Beroulles
eft d'un jaune cendré facile à couper & à travailler en fortant
de la carrière, mais elle fe durcit à l'air, & elle eft en plus
gros blocs.
Si le pays des pierres calcaires avance dans ces cantons;
celui des {chites, des charbons deterre, des métaux , &c. rentre
dans celui-ci par quelques-uns de ces foffiles, fur-tout la
or RS OR tt + te.
DE Si SCT EN c Er 6 } 339
principauté de Neufchâtel & de Vallangin, par fon naphte ou
huile de pétrole de Chavenach, par {on afphalte, qui s'y trouve
abondamment dans d.vers endroits, comme dans le val de
Travers, par fon foufre de Saraguier, par le mercure coulant
qui a été découvert près Lode dans la vallée de Vallangin,
par le plomb®qu'on a trouvé dans quelques endroits de la
principauté de Neufchâtel, & f1 l'on veut, par une efpèce de
pierre qui peut être un marbre blanc, marqué de lignes &
de cercles entre-mélés quelquefois de coquilles, qui fe tire
à Chaumont, dont les {fortifications de Soleurre font faites,
& les coteaux voifins du mont Jura compolés, où il n'eft
qu'en petits quartiers. Le comté de Soleurre ne me paroït
tenir au canton de Lucerne que par Bipp, où l'on prétend
avoir vû du mercure coulant.
Le refle de ces cantons, c’efl-i-dire, de Schafhoufe, de
Büle, y compris fon évêché, de Soleurre, de da principauté
de Neufchâtel & de Vallangin, toute cette étendue de pays
qui forme devant les autres cantons comme un rideau qui
sétend prefque depuis un bout de la Suiffe jufquà l'autre,
n'eft qu'un amas de coquilles foffiles féparées ou enclavées
dans des pierres calcaires, des pierres à full, des mines de
fer qui y font très-abondantes; mais on n'y trouve plus de
pierres talqueufes, de fchite, d'ardoife & autres fofiles que
nous avons vü être en fi grande quantité dans le refte de Ia
Suifle, & en former tout le terrein.
Je n'entrerois pas ici dans le détail long & ennuyeux de
décrire toutes les efpèces de coquilles foffiles, quand je le
pourrois; il fuffira de rapporter quelques obfervations générales
tirées de Langius, & de dire quelque chofe fur les pierres &
les mines de fer qu'on peut avoir reçûes de M. Cappeler.
Les pierres frumentacées fe trouvent dans plufieurs mon-
tagnes des Alpes de la Suiffe, dans celles des cantons de
Schwitz, de Glaris, d'Underwald, d'Uri, du couvent de la
montagne des Anges, fur le mont Pilite, dont tout le côté
{eptentrional en eft rempli, & d'où les torrens en détachent,
qu'ils portent dans les rivières où ils fe vont jeter. Si toutes
Vuï
340 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royarr
ces pierres font réunies par un ciment femblable à celui qui
lie les pierres frumentacées qui forment le morceau qui a
été envoyé, les torrens doivent en détacher beaucoup : ce
ciment n'eft qu'une matière glaifeufe & jaunâtre, qui me
paroît facile à délayer & à laifler à nu les lentilles ou pierres
frumentacées. Ces pierres font bien différentes par la gran-
deur; il y en a depuis les plus petites jufqu'à la grandeur d'un
écu de trois livres, & même d’un de fix.
Les cornes d'ammon fe rencontrent aufli le plus fouvent
fur les montagnes qui ont d’autres pierres figurées: celles des
cornes d’ammon qui font lifles, qui ont le dos arrondi, &
qui font d’une nature de pierre, viennent en grande partie du
mont Leger & des montagnes des environs de Saint-Gal:
celles qui ont été changées en marcaflites, font des mon-
tagnes d'Underwald, de Schwitz, des Alpes du pays des
Grifons, du comté de Sargans & des environs d'Entlibuch.
On n'en voit nulle part autant que dans la principauté de
Neufchîtel, à Souchie, Haute-rive & Prile.
Tous les dimaçons ou cochlires font jaunâtres ou cendrés,
& viennent des montagnes du comté de Baden proche Lug-
geren & Boœftein, des montagnes de Randen & Leger, qui
renferment aufit prefque toutes les autres efpèces de coquilles
foffiles.
Les montagnes du comté de Baden abondent principa-
lement en fabots ou srochites, près Bæœftein fur-tout & Lug-
geren.
Les buccins ou buccinites fe voient dans les montagnes
de Saint-Gal, & lorfqu'ils font changés en marcaflites, ils
viennent des montagnes de la principauté de Neufchätel , dans
lefquelles les fofliles prennent communément cette nature:
on en trouve cependant auffi dans quelques autres endroits
des Alpes.
Les turbinites cendrées & jaunâtres avec leurs matrices,
font des montagnes près Saint-Gal; celles qui font moins
foncées en couleur, des montagnes du comté de Baden, peu
éloignées de Bœftein & Luggeren; celles qui font marcaffites
PR ete Te ne
DELEUISICÈE N CE s 4
dés montagnes de Schwitz & de la principauté de Neufchätel.
Les bélemnites accompagnent prefque toûjours les autres
pierres figurées ; mais on en trouve plus communément fur {a
montagne de Wicken du canton de Lucerne fur le mont Leger,
& proche Andelfmgen dans celui de Zurich, fur la mon-
tagne Randen dans celui de Schafhoufe, & aux environs de
Sibling & d'Hallow; dans celui de Bâle fur la montagne qui
eft proche Liechtal, fur celle de la citadelle de Mœnchenflein
& Muterzt; mais elles ne font jamais en fi grande quantité
que {ur les montagnes des environs du couvent d'Offiburg,
qui eft à une lieue de Rheinfeld, où on peut les ramafler
par milliers.
Les conchites ou les chamires fe trouvent dans une pierre
fableufe des environs de Saint-Gal.
Les plus grandes gryphites font des montagnes du comté
de Baden autour de Bæœftein & de Luggeren : on en trouvé
aufli dans toutes les autres où il y a des bélemnites.
Les monts Lever, Randen, les bords de la rivière de
Sion, Souchie, Haute-rive & plufeurs autres endroits, font
pleins de térébratules ou pierres judaïques.
Quant aux pierres proprement dites, il y en a de difié-
rentes fortes, qu'on peut regarder prefque toutes comme
du mème genre: celles qui font compolées de petits grains
ronds qui les ont fait comparer à des œufs de poiffons ou
à des femences de millet & de pavot, ou à des pois, fe
rencontrent dans différens endroits ; elles font blancheîtres
dans la préfecture de Sana du canton de Berne, fur la mon-
tagne de Doronaz & fur le mont Jura, roufleitres dans les
monts Cinereens ou Efchenberg du même diftriét: la rivière
Birfa en roule auffi près Bâle, qui en a une blancheître dans
fes environs, & qui eft employée dans les bâtimens de cette
ville. On en voit dans la vallée de Fricktal, aux environs
du bourg de Tertznach, & dans le Rufa près Altorff. La
principauté de Neufchâtel en à une jaune qui renferme des
écailles reluifantes: une autre fe tire près les murs de Schaf-
houle; elle renferme quelquefois de petits criflaux.
Vuïy,
342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE
Lettenberg près Horgan dans le canton de Zurich, &
les montagnes des environs de Brug du diftriét de Beine,
ont des pierres pifolites fur lefquelles il y a des dendrites:
les mafles de ces pierres font bonnes pour les bâtimens.
Les montagnes du comté de Baden font, principalement
du côté de Boœftein & de Luggeren, compofées d’une pierre
calcaire, jaunâtre, remplie de différentes coquilles. Les co-
quilles de la montagne de Randen font renfermées dans une
matière qui fait aufli de la chaux. On ramafle en quantité
à une demi-lieue de Rheinfeld, des moufles, des algues, des
feuilles de différens arbres, des morceaux de bois pétrifés,
& le long des bords du Rhin, qui font remplis de rochers,
au bas defquels il coule un ruifleau qui incrufte d'une fub£
tance pierreufe tout ce qui y tombe. Les rochers qui bordent
la rivière de Sion dans la principauté de Neufchâtel, font
remplis d'échinites enclavés dans une terre blanche & bleuñtre:
les montagnes de cette principauté renferment des bucamites
priles dans la marne.
Si l'on parcourt tout l'efpace qui eft compris depuis l'ex-
trémité orientale de la principauté de Neufchätel jufqu'à la
feptentrionale du canton de Schafhoufe, on ne verra que
coquilles foffiles de toute efpèce, des pierres blanches & autres
de la nature des calcaires, excepté du marbre. Les fentes de
ces pierres font fouvent incruftées de petits criflaux, peut-être
fpatheux, comme à Haute-rive, Lavarque, près de Neuf-
châtel, & ils y font jaunûtres. Ce terrein pourroit même
s'étendre jufque dans le canton d’Appenze, où l'on tire du
moins une terre crétacée près Hérilau, une grande quantité
de coquilles foffiles, & fur-tout de cornes d’ammon, deve-
nues marcaflites, dans les montagnes de Saint-Gal dont j'ai
déjà parlé, & dans plufieurs endroits de ce canton du /4e
ZJanæ où agaric minéral, qu'on dit ne fe former que dans les
trous des pierres calcaires.
Le refle de ce terrein me paroît appartenir à celui de
Yautre partie de la Suifle. Le fpath rhomboïde ou androa-
damas de Scheuchzer eft très-commun dans le Rheidthal: if
PP EE PC TE VS NS SR ES
DES SCTENCES. 343
ÿ a dans quelques endroits du canton d'Appenzel, du malthe
ou bitume groflier, de la pierre à polir, qui eft en petits
morceaux prifmatiques & quadrangulaires, ou en morceaux
beaucoup plus gros; ce qui me paroît annoncer un fchite,
Les Alpes de Fachneren au deflus de Gimmor, les environs
de l’abbaye de Fifchingen & de Turhovie donnent du marbre
de différentes couleurs, & la carrière d'ŒEningen , peu éloi-
gnée du lac de Conftance & de Stein, eft fameufe par une
elpèce d’ardoife grile qui a des empreintes de poiffons, &
où on en a trouvé une d'un prétendu fquelette d'homme
dont Bourguet a donné a figure : autour de Schweg, on
voit quelques veftiges de fel gemme. Ces différens foffiles
me font croire que le canton d’Appenzel appartient à quel-
qu'un des cantons riches en mines.
Ceux des pierres crétacées ou calcaires ne font pas feule-
ment abondans en coquilles foffiles & en autres corps marins,
mais le fer y eft aufit très-commun ; il fufhit, pour le prou-
ver, de dire avec M. Cappeler, que tout l'efpace du mont
Jura, qui porte précifément ce nom, qui commence aux
confins de Schafhoufe, qui s'étend jufque, & même au-
delà du comté de Neufchâtel, donne de toute part des mar-
ques de mines de fer, mais plus abondamment dans les
coteaux fuivans , favoir, Banden, Legerberg, Blaren, Botz-
berg , Schaffmat , Ober & Niderhavenftein | Wafferhal & 1a
montagne Saint-Claude : ces mines font fous la forme de pois,
& mélées à de la glaife, dans le Strofa proche Clufette, dans
la côte aux Fées, à Butte, qui font du comté de Neufchâtet;
le terroir de Soleurre a des mines ordinaires à Falckeinftein ,
Thierftein ; l'évêché de Bâle , à Richonet & à Urfez.
I eft vrai que ces mines ne font guère moins communes
dans plufieurs des autres cantons, & que ce métal fe‘trouve
en Suifle, comme en France, répandu dans tous’ les terreins
de quelque nature qu'ils foient ; c'eft ce que fera voir un
coup d'œil jeté fur la carte de Suiffle: je dirai feulement
ici que fur la montagne de Guntzen, du comté de Sargans,
il y a une mine très-pure d'acier dans une pierre rouge, &:,
344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
{uivant le diétionnaire de la Martinière, du talc. La mine de
fer eft appelée Schwartz-Ertz, Meliwer-Ek, Roth-Ert, du
nom des trois minières d'où elle fe tire : ces différentes fortes,
fondues enfemble, forment d’excellent acier.
D'autres efpèces de foffiles qui font très-communes dans
tous les cantons, font les glaifes; elles font plus erdinaire-
ment blanches, rouges , bleuätres ou veinées dans les cantons
crétacés, & dans les autres affez fouvent noires, ou tirant {ur
cette couleur; elles fe lèvent par feuilles, comme fi elles étoient
des fchites qui ne fuffent pas durcis: j'en ai vû de femblables
en France dans les environs de Reaumur en bas Poitou, &
les feuilles ont une figure rhomboïde comme les petits mor-
ceaux de fchite dont tout ce pays eft rempli. Je renverrai en-
core à la carte pour favoir les endroits où l'on a trouvé la
plufpart des glaifes qui méritoient quelque attention : je ne
parlerai que de celles qui ont été envoyées.
Une de ces glailes eft de Mocters , elle eft jaune & bleuitre,
elle prend une certaine dureté, & qui eft telle qu'elle furpafe
celle de certaines pierres calcaires ; celle qui fe trouve le plus.
communément , tire fur le blanc & eft légère. L'antré de
Balm du mont Royal, qui eft profond de cent orgyes , &
dans le fend duquel il y a une fontaine dont les eaux tom-
bent perpendiculairement , remontent enfuite en jailliffant
vers la voûte, & font ainfr le jet d'eau, cet autre, dis-je,
donne une glaife fine & rougeitre : le territoire* d'Einfilden
en fournit une qui tire fur le jaune & le rouge, dont on
fait de petites flatues.
Pour finir cette partie de mon Mémoire, qui regarde Ja
Suifle en particulier , je parlerai des fontaines minérales, de
celles qui font fulfureufes & des intercalaires, dont je n'ai
encore parlé en aucune façon. Suivant les cartes de Mrs
Scheuchzer & de l'Ile, il fe trouve des bains dans prefque
tous les cantons: fi l'on jugeoit de la qualité de ces bains
par la finale Bade du nom que quelques-unes de ces fon-
taines portent, on pourroit les croire d'eau chaude, Cette
finale eft le, nom même de Baden, qui ne l'a qu'à caufe de
{es
DLENSN SUÈCT E N°C'E S 345
fes fontaines chaudes, & il fembleroit que tous les endroits
dont le nom finit ainfr, auroient de ces fontaines dans leurs
environs: je ne crois pas cependant que cela foit, à en juger.
par les autres ouvrages de Scheuchzer; il dit, par exemp'e,
que les bains de Nider-uren Bade font d’une eau tranfpa-
rente, agréable au goût & froide: proche Ander, la fon-
taine minérale appelée das-Bade, n'eft que d’un goût martial;
celle de Rotten-Brunnen, annoncée avec le caractère de
bain, ne porte ce nom, qui fignife fontaine rouge, que
parce qu'elle dépofe une matière rougeâtre ou d'un jaune
d'ochre; celles de Saint-Maurice font acidules , & tiennent
ce goût des veines martiales & vitrioliques dont les mon-
tagnes & les vallées :voifies : font remplies; les environs
de ce même endroit ont plüfieurs autres fontaines martiales
qui dépofent une matière d’ochre, & qui ont de même un
goût acidule, principalement une qui eft vers le nord de
cetie vallée. La terre de ce quartier eft noire, & on en peut
tirer par faction du feu beaucoup de fel. Saint-Maurice, au
refle , eft fi rempli de fontaines d'eau douce, que prefque cha-
que maifon a la fenne : une qui eft proche Vefana eft auffi
martiale. N'ayant pü déterminer la nature des autres fontaines,
fi ce n'eft celle de Baden, Pfefers, Stinbach & Leuck, qui
font des eaux chaudes, je ne leur ai donné que la marque géné-
rale de bain, imaginée par M. Scheuchzer.
D’autres fontaines qui ne font pas marquées dans les cartes
des deux Auteurs cités ci-deflus , font les fulfureufes & Îes in-
tercalairès : une des premières eft celle qui eft fur le haut de fa
montagne de Hacken où Hogyen dans le canton de Schwitz,
fon eau eft boueufe , noire & d’une odeur forte de foufre.
Une autre dont les éiux dépofent du foufre ou du bitume,
fort du bas des montagnes de Wallenberg, placées au côté
méridional du dac de Walleftat ; une troifième eft du canton
de Zurich au deffus des villages de Rufchlikon & de Kilch-
berg : cestrois fontaines, & les intercalaires dont je vais parler,
font de cantons différens de ceux qui renferment des pierres
crétacées ou calcaires.
Mém. 1752. Xx
46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
On appelle fontaines intercalaires celles qui ne coulent
que pendant un certain temps: je ne crois pas que la nature
du terrein influe fur elles comme fur les bitumineufes où fur
les fulfureufes, & fur celles qui font chaudes, à moins qu'on
ne penfat qu'elles fuflent dües, de même que les torrens qui
ne coulent aufli que par intervalle, à des feux foûterrains qui
trouvent dans ces cantons plus de matières propres à les en
tretenir que dans les autres ; mais outre que la régularité avec
laquelle ces fontaines coulent, eft une forte objection contre
ce fentiment, la Suifle a peu de volcans ou d'endroits qui don-
nent des marques de feux foûterrains : il y a bien, comme on
Fa vû, des matières propres à en former, mais je ne fache pas
qu'on ait jamais oblervé des uns ou des autres, fi ce n'eft
ue M. de lIfle a marqué dans fa carte un volcan, qui,
felon lui, s'eft allumé en 1714, dans un endroit peu éloigné
de Sion dans le Valais.
Ileft facile maintenant de faire la comparaifon que j'ai
annoncée dès le commencement de ce Mémoire ; elle eft
même en quelque forte faite par le détail où je fuis entré
fur les foffiles des deux pays, & principalement par les cartes
que j'en donne, pour la conftruétion defquelles j'ai été aidé -
de la main de M. Buache comme pour celles dont le public |
eft déjà en pofleflion : ces cartes font voir d’un coup d'œil |
que les pierres talqueufes les fchites, les ardoïfes, les marbres,
les criftaux , les bitumes, les métaux, &c. fe rencontrent en-
femble au Canada comme en Suifle. Pour que la compa- +
raifon eût été complète, il auroit fallu pouvoir déterminer
sily a au Canada, de même qu'en Suifie , une étendue de
terrein rempli de pierres crétacées où calcaires : les obferva-
tions ne font pas encore affez multipliées fur ce pays pour
qu'il foit poffible de bien éclaircir ce point. J'ai parlé, il eft
vrai, de quelques pierres de cette nature, mais ces pierres
font en fi petit nombre, qu'elles ne fufhfent pas pour jeter
une certaine lumière fur cette queftion. Une note à mon
Mémoire, que M. Gautier a bien voulu faire avec celles
dont j'ai déjà parlé, pourroit cependant y donner un grand
ten té née
DES SCIENCES. 347
jour. Les pierres calcairés ou pierres à chaux, dit M. Gautier,
font répandues prefque partout : je ne connois point d’en-
droit habité, où ceux qui ÿ demeurent ne trouvent des pierres
avec lefquelles ils font de la chaux , tant pour bâtir leurs
maifons que pour vendre ; mais comme le fpath dont il
a été fi fouvent queftion dans la partie de ce Mémoire qui
regarde le Canada , eft calcinable , qu’on s'en fert même pour
faire de la chaux, fuivant une remarque de M. Gautier, que
ce fpath eft très-fréquent, & fe rencontre aufli prefque par-
tout, felon le même Obfervateur, il n’eft pas aifé de déterminer
fi ce n'eft pas avec ce même fpath qu'on fait en partie la chaux
qui fe vend & qui entre dans la bâtiffe des maifons.
Je vais, à cette importante remarque de M. Gautier, join-
dre quelques obfervations tirées du Père Charlevoix , qui
pourront commencer à faire entrevoir qu'il.eft pofible que
le Canada ait un pareil térrein , & qu'il pourroit fe faire qu'il
y eût dans ce continent un où plufieurs cul-de-facs, comme
il y en a un en France, un en Egypte & un en Suifle;
(ce dernier pourroit cependant n'être qu'une continuité de
celui de France, avec lequel ä auroit communication par la
Lorraine, la Franche-Comté, la Souabe, comme je le ferai
voir autre part). Ces efpèces de golfes font remplis le plus
communément de pierres crétacées & de coquilles foffiles,
qui y font très-abondantes, & plus qu’en tout autre terrein ;
c'eft ce qu'il étoit prefque inutile de rappeler.
Le fond de toutes les ifles des Martyrs eft un fable très-
fin, ou pluftôt une efpèce de chaux calcinée & toute par-
femée d’un corail blanc qui s’écrafe fans peine : une ifle qui
eft le commencement des ifles Tortues, eft d’un terrein fem-
blable; une autre à quelques journées de la baie des Apa-
laches eft fableufe; Ja côte entre ces deux endroits eft plate
& tellement pavée de caïlloux pointus, qu'à fix lieues au
large un bâtiment qui ne tiroit que deux pieds d'eau, étoit
à chaque inflant en danger de toucher & de fe crever :
toute la côte depuis la baie des Apalaches jufqu'à Saint-Marc
d'Apalache eft parfemée de bancs & de fables qui, pour la
X x i
348 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
plufpart, font couverts d’huitres, non fofliles fans doute : Saint=
Joleph eft une côte plate d'un fable ftérile, le fort efl bâti
dans le milieu de ce fable, qui eft fi mobile qu'on y enfonce
aifément : le canal de Sainte-Role eft formé par l'ifle qui
porte le nom de ceite Saime , & qui a toute cette longueur À
mais qui el fort étroite & qui paroit toute couverte de
fable ; le terrein y eft prefque aufii fablonneux qu'à Saint-
Marc, mais pour peu qu'on y creufe on trouve de l'eau :
le terroir de Penfacole ne paroïit pas meilleur; la côte depuis
le Biloxi jufqu'au lac Pontchurtrain ,le Biloxi même , ne font
que du fable.
Lorfque j'ai cherché. fur une carte du Canada , ou pluftôt
de la Louifiane, car ces endroits font de cette partie de la
nouvelle France, à m’aflurer de la pofition de ces endroits,
j'ai été aflez furpris de voir qu'ils étoient tous peu éloignés de
la côte du golfe du Mexique : je l'ai encore plus été lorfque
jai reconnu que les pierres calcaires, la marne & les pierres
qui renferment les poulettes dont J'ai parlé au commencement
de ce Mémoire, viennent de lieux aflez près de Québec,
qui pourioit être une des bornes où le terrein à pierres cal-
caires cefleroit: J'ai penfé dès-lors qu'il pourroit bien fe faire
que le golfe du Mexique 1emplifle maintenant ce cul-de-fac
dont j'ai parlé plus haut, qu'il n'y en ait du moins que
très peu de découvert, & que cette étendue découverte fur
laquelle on a quelques oblervations pourroit comprendre
Montréal, qui, outre fa marne dont j'ai parlé, donne auffr
des pyrites qui fe trouvent fur les bords des rivières. La ville
des ‘L'rois-rivières , célèbre par fon fer, fon fable ferrugineux
& par fes fources minérales de [a nature de celles de Forges
en France, l'Ange-gardien , la Pointe-aux-trembles, une
partie des environs du lac Champlain, peut-être un endroit
qui eft quelques lieues au-delà du fort de la Mobile , où l'on
prétend avoir découvert une carrière que je penferois être
de pierres calcaires, à fa façon dont le Pere Charlevoix s'ex-
prime, font encore renfermés dans cette étendue de terrein.
Si elle exitte ; il faut que la Penfilvanie, la nouvelle York &
PP SE CR
DES SCrENCESs. 349
la nouvelle Angleterre y foient en plus grande partié, au-
tremient ce terrein auroit des contours infinis: il elt vrai que
celui de la France, qui eft de cetie nature, en a beaucoup, &
que je trouve de plus en plus que ces contours fe multiplient ;
il en pourroit bien êue ainfi dans le Canada & dans la Loui-
fiane. H ne faut pas defefpérer qu'on ne puiffe un jour décrire
ces contours, il ne s'agiroit pour cela que de marquer exac-
tement tous les endroits qui peuvent avoir des carrières,
& de bien caraérifer la pierre dont elles font compoltes,
d'examiner les coupes des montagnes, de les décrire, d'entrer
même dans le détail des glaifes, des marnes , des fontaines
chaudes ou froides, des différens cailloux, en un mot de
tous les minéraux, & même des coquilles fofiles.
Il paroiït par le peu que j'ai rapporté de ces coquilles, que
le Canada en peut renfe:mer de différentes efpèces: il feroit
curieux de les bien caractérifer, & de mettre par-là en état
de déterminer fi elles font femblables à celles d'Europe. La
poulette flriée dont j'ai parlé*, n'a paru peu différente de» 75y. ptmete
celles qu'on trouve en France. J'ai vü chez M:rs de Juffieu 47 fe. 2.
une empreinte de fougères fur une ardoife de l'ifle Royale,
qui ne me paroît pas différer beaucoup de celles de notre con-
tinent. J'aurois bien defiré pouvoir comparer ainfi une groffe
dent foffileb d'un endroit qui eft marqué dans les cartes du # #2 planches
Canada, fous le nom de canton où lon a trouvé des os PRE,
d'éléphant ; muis de quel animal efl-elle? & refiemble-t-elle ’
aux dents foffiles de cette grofieur, qu'on a trouvées dans diffé-
rens endroits de l'Europe ? ce font:là deux points qu'il ne
m'a pas été poflible d’éclaircir ; la figure que j'en donne, &
les recherches qu'on pourra faire par la fuite fur ces dents,
nous donneront peut-être quelques lumières: voici déjà ce
que M. Gautier dit dans une remarque fur mon Mémoire,
« Tous ceux qui ont été dans cet endroit, rapportent,
qu'on y voit des fquelettes ou offemens de: ces animaux, & «
que les fqueleties font prefque complets : on ne fe charge «
ue des dents, parce que ce font-là les feules pièces qu'on «
quille ailément tranfporter ; les autres os font trop monf- «
X x ii
»
»
“V. planche
JII , fig. 2.
350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE
trueux & trop confidérables. Ils difent de plus que ces offe-
mens font dans un cul-de-fac formé par deux montagnes,
& que le {ol ou la fuperficie de ce cul-de-fac eft un marais
rempli de terres grafles, de différentes couleurs. Au refte , con:
tinue M. Gautier, le Père Bonecamp, Jéluite, doit aller dans
cet endroit, & il nous apportera le deflein de ces offemens
& du terrein où ils font , conformément au Mémoire que
je lui ai donné: s'il defline exaétement toutes les parties de
ces offemens, on faura de quels animaux ils font. »
J'aurois encore defiré de ne laifer aucun doute fur un foffile
encore plus rare & plus curieux que les précédens, c'eft une
empreinte de papillon * qui s’'eft moulé für une mauvaife
ardoife d’un brun rougeûtre des environs du lac Champlain :
cette empreinte efl très- exacte, le papillon y paroît les aîles
déployées ; on y voit diftinétement la féparation du corps
avec le corcelet & la tête, on remarque même fur cette
dernière partie les éminences formées par les yeux qui fail:
lent ordinairement dans ces infeétes, enfin il n'eft pis pof
fible de fe tromper fur la nature de cet animal, on peut
même déterminer qu'il eft de ceux qui ne volent que la nuit,
& il me paroït avoir beaucoup de rapport avec celui qui
vient d’une efpèce de chenille arpenteule, & qui eft figuré
(planche xX1x du tome 11 de Y'Hifloire des Infeétes, par M.
de Reaumur) & décrit page 365. Le fommet de l'angle
* des premières aîles lorfqu’elles font développées , comme dans
l'empreinte, fait un angle droit avec le point où elles font arti-
1EmpP ;
culées, & non un angle aigu, comme dans les autres papillons,
de forte que la tête ne fort pas en dehors dans les premiers autant
q sdb
que dans ceux-ci. Des obfervations fur le lieu où l’on trouve ce
foffile feroient d'autant plus intéreffantes, qu'on ne trouve pas
. . , .P 2. » P
ordinairement d'empreintes d’infesles terreftres , fi ce n’eft dans
Jambre, où fouvent même l'infeéle eft confervé & comme
embaumé, ce qu'il ne feroit peut-être pas impoffible de trou-
ver dans lardoile du lac Champlain : en un mot, il réfultera
de ces obfervations & de celles qui pourront être faites fur
le terrein du Canada, plufieurs avantages; on connoîtra ces
de 1".
DE suSre TE N CE Ss 35T
animaux & ces coquilles foffiles , connoiffancé qui pourra
éclairer fur la formation des pierres mêmes ; on déterminera
V'étendue du terrein marneux , & on augmentera nos con-
noiflances fur l'autre partie de ce continent, qui, quoiqu'un
peu plus connue, exige des recherches multipliées, pour que
fa delcription ait un certain degré de perfection.
H faudroit , pour cet eflet , favoir de quelle nature font les
pierres qui fe trouvent dans les endroits où il y a de ces
mines, quoiqu'on ait lieu de penfer par celles qu’on connoit,
w’elles font femblables ou peu différentes de celles-ci: il fau-
droit de plus obferver les pierres qui fe rencontrent dans les
lieux qui font entre ceux où l'on en a remarqué, lier ainfi
ces diffirens cantons, & en faire une fuite continue; par-là
on verroit fi on peut y diftinguer différentes bandes de ter-
rein. Il me paroit, comme je f'ai dit, que le Canada eft, en
grande partie, d’une bande fchiteufe, peut-être eft-il auff
d'une marneufe, & la quantité des bancs de fable du golfe
du Mexique feroit penfer qu'il pourroit y en avoir une
fablonneule qui s’étendroit jufqu'à ce golfe.
En effet, outre les endroits fableux que j'ai déjà indiqués,
il y a à l'embouchure du Miffifipiune barre confidérable de
fable & de vale ; f Acadie a devant elle plufieurs bancs confi-
dérables qui ne font auffr que de fable, tant du côté de la baie
Verte que du côté de Beauféjour où Galparo ; il y a même
une ifle proche ces bancs, qui en tire fon nom, de méme
qu'un cap de ce canton. L'ifle de Terre-neuve eft couverte
auffi par quelques bancs femblables : un qu'on appelle grand
banc de Terre-neuve, vaut par fon étendue tous les autres.
Je ne donne cependant tout ceci que comme des conjec-
tures qu'il feroit curieux de vérifier ; il faudroit même porter
ces vües jufque fur les ifles qui peuvent être difperfées dans
le golfe du Mexique, faire ufage des fondes * qu'on pourroit:
* Le Père Laval, Jéfuite, habile | une carte de cette côte, inférée dans
Mathématicien,nous ena donné pour | l’ouvrage qu'il a compofé pour le
la mer qui eft bordée par la côte de | voyage qu’il avoit fait dans ce pays.
Ja Louifiane: il les a marquées dans | I] a parlé dans une note de ce
% Voyage de
Louifiane , pags 4
2$2:
352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
y jeter, on acquerroit ainfi quelques connoïflances fur
le fond de ce golfe. Ces obfervations, il eft vrai, font dif-
ficiles à faire, il fera fans doute plus aifé de déterminer fur
la terre ferme fa direction que ces terreins peuvent avoir : je
crois que fi jamais on cherche à s'aflurer de ce point, on
trouvera que le terrein de pierres calcaires s'étend peu dans
le continent du Canada , & que ce pays eft prefque tout dans
une bande fchiteufe ou métallique, en le prenant même
depuis fon exiremité nord jufqu'à celle du fud. Si fon s'en
teuoit aux oblervations des voyageurs qui en ont donné, prin-
cipalement fur les mines de la Louifiane, & qui font pour
que douze de ces fondes avoient ap- | Père Charlevoix , s’étendroït dans
-porté. À 90 brafles on avoit eu deux | Ta mer à plus de vingt lieues; une
fois un fond de vafe srife & fine; | des fondes, de 90 brafles, & qui
à so, de fable fin mélé de vale | eft la plus éloignée, l'étant de cette
fine; à 35, de eros fable gris; à | étendue ouenviron d'une des pointes
30, de gros fable ; à 28, de fable | qui forment la baie Sainte-Rofe.
gris vafeux ; à 25 , de fable noir ; On trouve dans le corps de lou-
deux heures après, méme fond de | vrage du Pere Laval, plufeurs au-
fable fin gris, mêlé de coquillages; | tres fondes qui pourroïient venir à
à 22, de gros fable gris, mélé de ro- | lappui de celles-ci. Cet ouvrage cu-
che pourrie rouge ; à 17, de fable | rieux , à plufeurs égards, en fournira
gris vafeux ; à 16, de fable fin va- | plus d’un exemple, comme aufli de
feux ; à 14, de fable blanc; à 7, | cette règle, peut-être générale, que
de fable fin & de vale. les fondes les plus éloignées de la
Les fondes de 16,22,30,35$, | terre fontles plus profondes , à moins
90 brafes , font prefque fur lamême | qu'il n’y ait des bancs ou des écueils
ligne du nord au fud, & à peu prés | cachés fous l'eau, qui alors chan-
vis-à-vis de la baie Sainte-Rofe; la | gent cet ordre, ou pluitôt le confir-
fonde de 14 braffes eft dans l’aligne- | ment, puifque ce font des conti-
ment de l'ifle qui porte le nom de | nuités de la terre ; ce que le Père
cette Sainte ; celle de 28 brafles | Laval * a très-bien reconnu en par-
regarde la pointe de la Mobile; celle | lant de la pêche du corail qu’on fait
de 75 brafles, l’ifle Dauphine que le | fur les côtes de Provence. « Le fond
Père Laval aflure dans plufieurs en- | dela mer, dit-il, obfervant la mê- «
droits de fon ouvrage n'être qu'un | me figure que la côte , on doit «
amas de fable fans pierres, ni cailloux, | fe perfuader qu'il y a des collines, «e
ni rocailles. Les autres fondes font | des vallons, des rochers comme «
plus ou moins près de celles-ci , & | furterre; c'eft dans ces vailons, «e
éloignées de quatre, cinq, quinze ou | que les pêcheurs connoïffent & «e
yinet lieues les unes des autres. où ils jettent leurs filets, qu'ils «
Il fmbleroit donc que le terrein | trouvent les branches de corail «
fableux de la Mobile, de Penfacole, | qu'ils tirent avec adrefle. »
de la baie & de l’ifle Sainte-Rofe
dont on a parlé plus haut, d’après le
oo
»* Recueil de divers Voyages , p. 142 , à la fuite du
yoyage de la Louifiane,
la plufpart
smtebé À és mue
MONS IS CT EN :CHEUS. 53
% plufpart marquées dans la carte que M. de TIfle a faite
de ce pays, la Louifiane y feroit en total ou en grande
partie renfermée; je crois même que l'Acadie , 'ifle de
Terre-neuve en dépendront également : on connoït plufieurs
mines de plomb & de cuivre dans l'Acadie, & je ne fais
que la Pointe blanche & Canfeau, où il y a du plâtre, qui
puiflent faire penfer qu'elle peut appartenir par quelque
endroit au terrein marneux.
I ne feroit pas impoffible, au moyen des obfervations qui
ent été recueillies fur les autres continens voifins du Canada,
‘de démontrer que l'un ou autre de ces terreins s'y étend
de part & d'autre: on fait même en général que le Mexi-
que eft riche en mines, & fi on réunifloit ces obfervations,
on pourroit acquerir quelques connoiffances de détail. Je
n'ai pas encore entièrement exécuté cette recherche ; il me
fera plus facile, avec les ouvrages de M. Anderfon & Ellis,
de lier le Groenland avec le Canada, où du moins de faire
entrevoir que cette liaifon eft poflible , les obfervations n'é-
tant encore qu'en très-petit nombre. vx
Suivant M. Anderfon, « le terrein des vallées de la côte du ie
détroit de Davis eft une efpèce de tourbe, qui eft fort grafle « &c. p. jo,
par la fiente des oifeaux dont elle eft prefque eouverte: on « ts
trouve quantité de mines d’amianthe dont les veines font « madué. fran-
aflez larges, & le lin fort long, mol & d’une blancheur « Re
parfaite. Il paroît extraordinaire que ce minéral fe trouve en «
plus grande quantité & dans fa plus pfaite bonté dans les «
pays les plus reculés du Nord. Quantité d'autres montagnes «
renferment dans leurs entrailles une efpèce de pierre molle «
qu'on appelle weckfleen, qui, felon M. Egede, n'eft autre «
chofe qu'un marbre imparfait ; il y en a de.toutes fortes de «
couleurs, comme du rouge, du verd, & mème du blanc «
tacheté de noir: cette dernière efpèce eft plus enfoncée dans «
les montagnes, & comme elle eft aifée à travailler, les Sau- «
vages en font leurs lampes & autres uftenfiles de ménage. «
Cette mème pierre fe trouve auffi en grande abondance dans «
la Norwège, & les morceaux qu'on en a envoyés, dit «
ÂMém. 175 2 Y y
Voyage de
{a baie de
Hudfon, pp.
14 T1,
tome 1, trad.
franç. in-3 2»
31749
s4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rovyare
» M. Anderfon, font gris & luifans; ils tiennent même de fa
» nature du talc, & reflemblent beaucoup à cette pierre que les
» mineurs Norwégiens appellent grauglimmer, & les nôtres
» greifgeflein; mais ils ne font pas ft durs, &c ils approchent
» plus du talc par la quantité des petites écailles.
» La reflemblance que cette pierre a avec celle des mines de
» Norwège, & la fingularité d’une autre que je n'ai pas vüe,
» mais dont on m'a dit, continue M. Anderfon , qu'étant frap-
» pée elle fonnoit comme une cloche, me fait préfumer qu'il
» doit y avoir de bons métaux, & probablement du cuivre &
» de l'argent, d'autant plus que je fais de bonne part que ces
» pierres paroiflent en certains endroits teintes de verd & de
» bleu. Le fieur Egede, dans la Relation de fa Miflion {page
» 239) dit avoir trouvé un morceau de pierre qui reflem-
» bloit à la mine de plomb. Tout le Groenland eft parfemé
» de mines de fer, mais quel eft le pays où il ne s'en trouve
» pas? ainfi il n’eft pas étonnant que felon le rapport de M.
» Egede /page 84) on ramafle fur le golfe Junnulliarbik une
» efpèce de couleur ou pierre rouge; dans d'autres endroits
» (page 87 ] une couleur jaune parfemée de veines rouges qui
» reflemblent au vermillon ; & dans d’autres encore {page 2 0 3)
» une belle couleur rouge foncée. M. Egede fait encore mention
» (page 1 65) d'un échantillon de charbon de terre, que ceux
» qui avoient été envoyés pour reconnoître les environs de la
» baie de Difco, rapportèrent à Copenhague. Dans l'endroit
» à peu près où l'on place ordinairement le détroit de Fro-
» bisher , il { trouve une fource d'eau minérale, qui, felon le
» rapport des Groenlandois , eft fi chaude en hiver, que de
» gros morceaux de glace qu'on y jette fe fondent fur le champ ;
l'eau a le goût & l'odeur extrémement forts. Voyez M. Egede
à l'endroit cité /page 79 ). »
Le détroit de Frobisher a des pierres talqueufes , à en
juger par ce que dit M. Ellis. « Parmi d'autres curiofités
» que Frobisher rapporta de ces pays, dit cet Auteur, il fe
» trouva un morceau de pierre noire, qui fut donné comme
>» une chofe de nulle valeur à une femme d'un des intérefiés.
w
ÿ
DES SCIENCES. s
Elle s'avifa de le faire rougir au feu, & l'ayant éteint dans «
Je vinaigre, elle y remarqua des points brillans comme de «
l'or : on eflaya la pierre, & les raffineurs {a déclarèrent pour «
une mine d'or. On fit bien+ôt des préparatifs pour un fecond «
voyage, dont on conçut de grandes efpérances : dans ce voyage «
Frobisher fe contenta de prendre à bord environ cinq cens «
quintaux de cette prétendue mine d’or, qu'on trouva depuis «
m'être bonne à rien. » r Î
Frobisher fut féduit par l'apparence; il lui arriva ce qu'é-
prouvèrent ceux qui firent les premières découvertes dans
l'Afrique , ils crurent que des pierres qui avoient auffi des
points brillans de couleur d'or ou d'argent , contenoient
Jun ou l'autre de ces métaux : les expériences prouvèrent que ce
. n'étoit que du talc, & je crois qu'on doit penfer ainfi des
pierres & du fable du Groenland. Au refte, ces obfervations
font fuflifantes pour prouver le point en queftion , favoir, que
le Groenland, du côté au moins du Canada ; €ft un terrein
femblable à la partie de ce dernier pays qui forme la baie
d'Hudfon.
Pour le prouver, il ne s’agit que de rapporter ce que M.
Ellis dit de ce pays. « Quant aux minéraux, dit-il, il eft
Ibid. pages
certain qu'il s'en trouve ici des quantités prodigieufes de dif. «77 74.
férentes efpèces : j'ai trouvé moi-même de Ja mine de fer , «
& on m'a afluré qu'on voit par-tout de la mine de plomb «
fur la furface de la terre à Churchill, fans parler d’une mine «
de cuivre extrêmement riche, dont les Indiens feptentrionaux «
apportent fouvent des morceaux tels que j'en conferve un «
dans mon cabinet : on y trouve de même différentes elpèces «
de talc & le criflal de roche de plufieurs couleurs, princi- «
palement du rouge & du blanc ; e premier reffemble au rubis ,
mais le dernier eft plus gros, fort tranfparent & formé en «
prifme pentagone. On rencontre dans les diftrids fepten- «
-trionaux une fubftance qui reflemble à nos charbons, & «
qui brûle de même. L’afbefte ou lin incombuftible eft fort «
commun ici, aufli-bien qu'une efpèce de pierre noire unie «
& luifante , qui fe détache aifément par feuilles minces & «
Yyi
Voy: de la
Baie de Hud-
fon , some 1,
page 125,
Idem, 1ome
I, p.41.
Tbd' pi 74:
\
356 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
» tranfparentes, qui reflemble beaucoup au verre de Molfcovie',.
» & dont les gens du pays fe fervent en guife de lunettes d'ap=
» proche : on y trouve encore diflérentes efpèces de marbres,.
» dont les uns font parfaitemens blancs, & les autres tachetés
de rouge, de verd & de bleu. »
La conformité de ces deux paffages eff fi grande, qu'elle
ne peut laiffer aucun doute fur da reflemblance des deux pays
dont il s'agit ; il feroit feulement à fouhaiter que ces Auteurs
euflent défigné en particulier les endroits où on a oblervé les
uns ou les autres de ces minéraux, on pourroit par ee moyen plus
aifément voir la continuité qu'il y a entre eux : il eft vrai que
cette façon générale de parler femble annoncer que ces diffé-
rentes matières y font abondantes, qu'elles forment le fond:
du terrein de ce pays, & que les variétés qui peuvent y:
être ne font pas-eflentielles. M. Ellis nomme cependant quel-
ques-uns de ces endroits.
« Les environs de Deer-fond ou Sond des-bêtes-fauves ;
» font fort montagneux, ftériles & entre-coupés de rocs dont
» la pierre reflembleau marbre. À trois lieues du continent, vis-
» à-vis de Brook cobham , il y a une ifle qui eft prefque toute
d'une pierre: blanche & dure, qui reflemble à du marbre : »
L'ifle de Marbre étoit connue depuis fong tems pour en être
prefque entièrement compofée, elle ne tenoit fon nom que
de là. M. Ellis confirme ce fentiment & dit, « que tout le
» terrein n'eft qu'un roc continué d'une efpèce de marbre dur
» & blanc, picoté en certains endroits de taches de différentes:
>» couleurs, comme vertes , bleues & noires... L'eau qui fort
>» en différens endroits des fentes de ces rochers, fait penfer
» qu'il pourroit bien y avoir quelque mine de cuivre ou au-
“tre; car on la trouva, dans un endroit verdâtre, ayant un
» goût de verd de- gris, & dans un autre parfaitement rouge ,
» teignant même de cette couleur les pierres par où elle pafloit.
> Le terrein des endroits méridionaux dela baie d’Hudfon où
»: M. Ellis hiverna, c’'eft-à-dire, les environs de la rivière des
» Hayes du côté du fort York, eft couvert fur la furface d’une:
» terre légère , noire, fous laquelle il y a des couches de terres
DIFEMISNo: TE N: CES, 357
glaifes blancheîtres , jaunes & de plufieurs autres couleurs :
environ fept lieues du fort, il y a un grand diftriét couvert
de pierres, parmi lefquelles on trouve une quantité confidé-
rable de pyrites parfaitement rondes, & à peu près de Ja
forme d'un boulet de canon de fix livres. »
Cette dernière obfervation pourroit peut-être faire croire
qu'elle annonce une différence de terrein effentielle, mais j'ai
dit que les glaifes fe trouvent dans toutes fortes de pays, & les
pyrites par conféquent, puifqu'il n'y a guère de glaifes où il ne
s'en forme. Cette obfervation n'a donc rien d'oppofé à ma
prétention; au contraire, cette terre noire femble lui être f2-
vorable , & il paroïit de même, qu'en Groenland cette terre
fe rencontre en plufieurs endroits: le terrein des vallées du
cap Fry eft d’un fol pareil ; les collines du cap même étant
vüûes d'une certaine diftance de la côte, paroiflent d’une
couleur rougeñtre & très-unie, mais fériles, avec plufieurs
lits de fable. Au nord de la baie, à 654 s’ de latitude, fur la
côte occidentale du Welcome, il y a un pays affez fem-
blable à celui du cap Fry : la montagne Raleigh, qui eft
dans la rade Totnefl, dont la côte feptentrionale fe nomme:
cap de Dyer, & la méridionale cap de Walfingham , 4 fes.
pentes de couleur d'or.
Voilà les petites variations qu'on peut extraire de l'ouvrage
de M. Ellis, encore n’en font-elles pas, & Îa couleur de
cette dernière montagne n'eft-elle peut-être dûe qu'à de {a
glaife d'un beau jaune, ou à du talc, ou à des pierres tal-
queufes. Concluons donc que le terrein de fa baie d'Hudfon
eft femblable à celui de la côte du Groenland , qui borne
le détroit de Davis, & que l'un & l'autre conviennent avee
le refte du Canada, qui eft un pays fchiteux.
Je pourrois encore rapporter en preuve pour celui de Ja
baie d'Hudfon , la hauteur de fes montagnes, qui font rem-
plies de rochers efcarpés, comme le font ordinairement celles
qui renferment des mines autres que celles de fer. Le pays
eft fort élevé tout le long de la côte de la baie de Baffin,
du détroit d'Hudfon, &c, IA y a des rochers qui s'étendent
; Y y ii
Le
ñ
cc
c
LS 3
358 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
deux ou trois lieues dans la mer, du côté de l'ifle Centry.
Les ifles Biby, Merry, Jean, de Corbet , la baie de Ran-
chin, les environs du cap Jallabert & de Fullerton , la côte
au nord de ces caps, font tous couverts de rochers ; le port
de Douglas eft entouré de plufieurs ifles fort élevées & rem-
plies de rochers: la côte peu éloignée de la cataracte du haut
de la baie de Wager en eft hériffée ; la plus grande partie du
pays des Efquimaux n'en eft qu'une chaîne: je pourrois,
fans trop vouloir prédire, avancer que ces rochers, ceux du
moins du pays des Efquimaux , font de pierres talqueufes, puif-
ue j'ai dit en décrivant les pierres du Canada, qu'il y en avoit
de femblables dans la côte de Labrador en tirant vers la baie
d'Hudfon , dans les cantons des Efquimaux. Il faut outre cela
que le pays des Efquimaux renferme de la pierre ollaire,
puifque ceux de ce pays qui habitent le long de la côte du
nord en allant à a baie d'Hudfon, & qui viennent réguliè-
rement tous les ans à {a baie des Châteaux, ont des vafes de
pierres dans lefquels ils font bouillir leurs alimens : peut-être
auffi que ces peuples tirent ces vafes du Groenland ; c'eft ce
que M. Gautier, de qui je tiens cette remarque, n’a pu appren-
dre, n'ayant pas même encore eu de ces vaifleaux.
On ne doit donc pas trop refufer de croire qu'en général le
terrein eft d’une même nature dans prefque tout le Canada, que
c'eftun pays à mines , que la comparaifon que j'en ai faite avec
la Suifle peut fe foûtenir , que les pierres font les mêmes,
que les montagnes y font hautes & efcarpées ; on peut même
ajoûter qu'on y voit des cataractes confidérables , que les rivières
y ont fouvent des fauts, & que le Canada, malgré ces marques
d'un pays peu cultivé ,eft un pays aufli ancien que la Suifle,
qui, quoique plus habitée & cultivée , n'eft pas moins affreule
par {es irrégularités & par les difficultés qu'on y rencontre.
Quoiqueje pufle regarder ces différens points comme autant
de vérités , j'avouerai cependant que tout ce que j'ai dit du
Canada dans ce Mémoire n’eft qu'un eflai, qu'une annonce
de ce qu'il y a à faire , que des vües à remplir. S'il fe trou-
voit fouvent dans ce pays des hommes femblables aux deux,
DAEUSES CT EN GE Ss. 359
à qui j'ai obligation des obfervations que j'ai rapportées , il y
auroit lieu d'efpérer qu'en peu de temps nos connoiflances
s’augmenteroient confidérablement. Le Canada en pofède
encore un dans M. Gautier, Médecin du Roi à Québec, où
il eft auffi eflimé par fon habileté dans la Médecine, qu'il
'eft de l'Académie par fon zéle defintéreffé à communiquer
fes obfervations à plufieurs de fes Membres. M. Gautier
m'en fait errcore efpérer de nouvelles; celles qu'il m'a bien
voulu facrifier , & qui font une partie de celles que j'ai rap-
ortées dans ce Mémoire, ne me laiflent aucun doute fur ce
qu'il peut faire d'excellent en ce genre : je dois les autres à
M. le Comte de la Galiffoniere, qui , dans un temps où il étoit
occupé à procurer la paix & la tranquillité à Québec alarmé
par les ennemis qui fembloient vouloir l'attaquér, ne Jaïffa
pas de tourner fon attention fur les avantages qu'on peut
tirer du pays même dans un temps de paix. M. de la Galif-
foniere fit ramafler quantité de différens minéraux dont
il a bien voulu me gratifier, en me donnant même l'efpé-
rance qu'il continueroit à me communiquer toutes les connoif-
fances qu'il pourra acquerir au moyen des correfpondances
qu'il a dans ce pays, que l'utilité de fes habitans & de
toute la France même lui empêchent de perdre de vüe,
EXPLICATION DES FIGURES.
PTAUINIC HUEANE
La figure repréfentée dans cette planche eft celle de l’empreinte
d’un poiffon, qui pourroit être une Murène. Cette empreinte s’eft
faite fur une ardoile de Blttenberg du canton de Glaris en Suifle,
Cette empreinte a plus de treize pouces de long ; on y compte
celle de trente-cinq arêtes 4, A; plufieurs de ces arêtes font
caflées en deux, comme on le voit en 2, B: les arêtes des
nageoires s'y voyent aufli. On a marqué C, €, C, celles de la
nageoire fupérieure ou du dos; celles des nageoires latérales &-
antérieures ou qui font proches de fa tête, & qu’on à nommées
efpèces de barbillons en décrivant cette empreinte dans le corps du
Mémoire, font défignées par D, D.
Ke: MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE
Pr kmCir EL
Cette planche fait feulement voir la contre-partie de l'empreinte
de la première planche ; on y diftingue les mêmes parties, & on les
a défrgnées par les mêmes lettres.
Pr AN CU EE CUITE
Figure r. Dent d’une groffeur confidérable, qu'on trouve en Ca-
nada : cette dent a plufieurs tubérofités 4, 4, À, &c. qui affectent
Ja frgure conique , elles forment la partie fupérieure ou le corps de
Ja dent. La racine fe divife en deux parties ou deux crocs P, PB;
ces crocs font relevés de plufieurs crètes €, €, qui ne font appa-
remment faites que pour multiplier les furfaces, & par conféquent
l’adhérence de fa dent avec l’alvéole.
Figure 2. Pierre de la nature du fchite, où l'on voit d&ux em-
preintes D, D, d'un papillon noéturne, & plufieurs autres Æ, £, £,
&c. qui font peut-être celles de quelques parties d’entroques ; elles
font voir un ou trois petits points dans leur milieu : une autre
marquée F montre deux lignes qui fe joignent 2pAl pres dans fon.
centre, où elles forment un angle aigu.
Pétarnicméet lv:
La figure première repréfente I dent gravée, planche troifième,
& vüûe par fa face poftérieure ; on y a ‘défigné les mêmes par-
ties par les mêmes lettres. Cette figure ne fait voir de particulier ,
qu'une divifion du principal croc, qui fe fépare en une petite
portion D qui eft cependant attachée avecde maître croc. Celui-ci,
comme le fecond , femble n'être qu’un compolé de plufieurs petits
crocs réunis He & qui répondent à chaque tubérofné du
corps de Ka dent, &il paroïît que celui qui eft détaché eft fem-
blable aux autres.
La figure feconde eft un morceau de pierre où il y a deux em-
preintes E,F, d'une poulette ftriée, qui eft aufli du Canada,
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OBSERVATIONS
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Mem. de lAe.R. des Se,r
Mem. de UAc R. der fe.1752, Pay. 360 Plra
A gran Seul:
Des Sciences 36r
OBSERVATIONS
BOTANICO-METEOROLOGIQUES,
Faites au château de Denamvilliers, proche Pluviers
. en Gätinois, pendant l'année 175 1.
Par M. pu HAMEL.
AV E RGUI)S SEM E N\T:
: 5 Obfervations météorologiques font divifées en fept
colonnes, de mème que les années précédentes. On
_s’eft toûjours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, &
on part du point zéro, ou du terme de la glace: la barre à
côté du chiffre, indique que le degré du thermomètre étoit
au deflous de zéro; quand les degrés font au deflus, il n'y
a point de barre; —o défigne que la température de Fair
étoit précifément au terme de la congélation.
H eft bon d’être prévenu que quand il a fait chaud plu-
fieurs jours de fuite, il gèle quoique le thermomètre placé
en dehors & à l'air libre marque 3 & quelquefois 4 degrés
au deffus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la
boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur ;
c'eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée.
Les Obfervations ont été faites à huit heures du matia,
à deux heures après midi & à onze heures du foir, ’
Mén. 1752, Zz
362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
TAN VITE. KR
|
Jours THERMOMÈTRE.
du | VENT, | a | Baromètre ETAT PDU NC IEL.
Mois. Matin | Midi. | Soir.
FIGE Dègrés. | Degrés.| Degrés.\poue. lign, RU RE LULU
I | N. I rl o |28. o |couvert & brumeux,
& N. I 2 1 |27. 9 |fombre.
3 N. o 3 |—1 |27. 9 |beau, gelée blanche.
4" LIN E (0) 3 © |27. 8 |beau, gelée blanche.
s | NO (e 3 s |27. 6 |couvert, gelée blanche.
6 S. $ 7 7 |27. 1 [variable & humide.
7 S. 7 8 7 |27. s |couvert & humide.
$ S! 7 4 41|2 . 2 |grande pluie.
NS AO: 4 s 3 |27. 6 |couvert & pluvieux.
TON RSME 1 S s |27. 3 [gelée blanche.
11 S. 6 8 7 |27. 1 |variable & pluvieux.
12 5: F4 8 8 |27. o |variable & pluvieux.
13 Se 7 9 8 127. o ldoux & variable fans pluie.
14 E. 7 9 61:\26. 11 |beau & variable.
A 15 Se 7 9 5+126. 2 |beau & variable,
16 S. 4 7 6 |26. $ |beau temps.
00 NET (OX, 4 7 s |26. 5$ |pluie & grand vent.
18 SNO: I 4 1 |26. 8 |brouillard, gelée blanche,
19 N. O. I 4 3 126. 6 [gelée blanche.
20 S. 3 7 21136. 6 |variable & pluie.
2x N. ONE 2 |26. 8 |beau, gelée blanche.
22) N. o |[—21|—21|:6. ro |couvert, brouillard puant.
23 S — 413 |—3 |26. $2+|neige & pluie.
24 S- 3 6 1 |26. 5 £|beau & froid.
2$ DE 3 4 3 |[26. 14|grande pluie.
26 | S. O. e) 3 1 |26. 3 pluie & givre.
27 | S: 0: I 3 [—11]26. 8 +|beau avec nuages.
28 EF; —3i| o |—7r1 |26. 6,|beau , "gelée blanche.
20 NS. E- 3 6 6 |26. 21|variable.
30 S: 1 8 4 |26. 4 |ouraoan.
31 N. I 34l—1 [26 5i brouillard & variable.
#4
D di
Le. itre tint
PRE: SANOLCONE NuCHE Sc 11 367
Quoique les pluies n'aient pas été continuelles, le ciel
a prefque toüjours été couvert, & de temps en temps il eft
tombé des pluies abondantes ; cependant il n'y a pas eu beau-
coup de marres dans les champs , parce que la terre étant
foûlevée par les petites gelées, l'eau y pénétroit; mais fa
terre étant molle comme de la pâte, les chemins étoient
très-mauvais.
L'humidité de l'air le rendoit incommode , mais les gelées
n'ont point été fortes, puifque le thermomètre n'a pas def-
cendu à 4 degrés au deflous de o.
L'élévation du mercure a fouffert de grandes variations,
& ce n'eft pas lorfqu'il a été le plus bas, queles pluies ont
été les plus abondantes. L’herbe des blés n'étoit pas forte,
mais bien verte. Les perdrix ont commencé à s’'appareiller
vers le 15. +
À Ja fin du mois, les noïfettiers étoient en fleur.
On a continué à planter des arbres , & on a profité des
gelées pour porter des fumiers dans les potagers.
Il y avoit beaucoup d'eau dans les rivières, néanmoins
les fources ne poufloient pas plus abondamment qu'à l'ordi-
naire,
Zzit
364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
J POUR RATE 1e
ft, | Baromètre ETATS D'URCUEL
Matin | Midi. | Soir.
I N. o 2 |[— 1 |26. 325|fombre & couvert.
2 | N.O: [—3 |[—2 |—r1 |26. 6 neige.
3 | NE. |—2 | o |-—:1 |26. 9 [couvert
4 N. |—1 |[—oil—2£:126. ro |couvert.
s S. — 2 01126. 4 |couvert & nébuleux.
CHIRSAO I 2 |[—1 27. 3 |couvert, grand vent & froid.
7 S: I 2 o |26. 11 [grand vent & neige,
8 S. — 3 I © |26. 3 |neige fondue,
9 O. |—1 1 |— 1 |26. 6 |bcau temps.
10 O. |—4 o |—4 |26. 6 |beau temps.
11 N. |—; o| o |27. o |grand vent & ricige,
12 E: 1 2 27. 3 |couvert, déve.
13 S.E. 2 4 2 |27. 4 |couvert & humide.
14 N. |[—1 |—r |—2:|27 9 froïd noir & verglas,
15 N. |—4 —1 |—3 |27. 6 [grand vent & froid,
16 N. —4 |—1 4270010 beau temps.
17 N. Us 52/27. 6 |beau & variable,
18 N. —$ |—1 |—51|28. 8 variable.
19 N. j—61—2 |—5 |27 9 beau temps.
20 NAME o |—3:l28. o beau temps.
21 Fe —3£| off—1128 o beau & doux,
22 LE —14| 7 SIENS variable.
23 SE 5 6 6 |28. 8 |variable.
24 GE 6 7 21128 7 pluvieux.
2 SO 22 07 6 |29. 6 variable,
26 SE 4 6 31/28. o1 froid.
27 | N.-E. 3 $ 12128. 6 variable.
28 N. E. o s 1 |28. ÿ |variable fans pluie.
DES SCIENCES. 265
Il y a eu pendant ce mois deux reprifes de gelée, qui ont été
aflez fortes , puifque le thermomètre a defcendu à 6 + degrés
au deflous de o.
Ce mois a été fort humide, non feulement à caufe de Ia
quantité de neige qui eft tombée, mais encore parce que
les dégels ont été accompagnés de pluies abondantes.
Pendant la première gelée, les blés étoient couverts de
neige, & la terre n’étoit point gelée deflous.
La fonte des neiges a fait déborder la rivière ; alors la
gelée ayant repris pour la feconde fois , les eaux baiflèrent, &
on voyoit danses prés qui avoient été inondés, trois couches
de glace à un demi-pied l'une de fautre.
Le fecond dégel fit groffir les eaux, ce fecond déborde-
ment fut plus confidérable que le premier.
À la fin du mois, les ouvrages étoient fort retardé ; car
pendant les gelées, les chemins étoient fr rudes, à caufe que
la gelée avoit pris fubitement après un mou prodigieux, que
l'on n'ofoit faire fortir les chevaux. S’if ne geloit pas, la terre
étoit fi molle qu'on ne pouvoit tirer les charrettes à vuide, &
qu'il étoit impoflible de fabourer.
L'épaifleur de a neige a été de 7 à 8 pouces.
Les perdrix qui s’étoient appareïllées le mois précédent ,
ont formé pendant la gelée de petites compagnies.
A la fin du mois, les blés étoient fufffamment forts &
bien vers ; le fac pefant 240 livres fe vendoit douze à quatorze
livres, & Favoine quatre livres dix fols.
Zziüj
366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
MARS.
TS
THERMOMÈTRE.
TS | Baromètre ET AT Du, -C1EL
Matin | Midi. | Soir,
n > x
Degrés. | Degrés.| Dégrés | pou. lisn.
6 28.
variable.
brouillard, gelée blanche.
couvert & pluvieux.
variable & pluvieux.
gréle.
couvert & pluvieux.
R=
couvert, grand vent.
pluie & gréle.
grande pluie.
Le]
[
BlA
œ 0 NN] © N] \O \0 OO NJ 00 o0 oo co + VO N] NN
3 5 7
4 4 8
5 6 5
5 3 3
4 © 8
I 3 6
() 6 3
6 3 ÿ
6 6 6
10 S, 6 42126. 9 |variable.
4. s |26. 9 |variable.
2 10: 7 7. |26. 8 |variable.
13 Se 7 92126. 2 |pluie & grand vent,
14. ss 7 81126. 1 |pluie continuelle. .
15 S. s 4 |27. 3 |grand vent & pluie.
MOMINSAO! 61 61/27. 3 [grand vent, pluie & grêle.
17110510: 47 5 |27. 3 |variable.
18 S: 6 s |27: 3 |variable fans pluie.
19 N. s 4 |27. 4 |variable.
20 S: 4 7 $ 127. S |pluie continuelle.
21 510: S OZ 7 |27. 8 |varible fans pluie.
22 Se 9 | 112] 82/27. 9 |beau avec nuages.
23 S. O. 9 14+| 10 |27. 7 |beau & chaud,
24 S. 9 | 114] 7 |27. 8 variable & pluie.
25 Se 7 9 81/27. 6 [grand vent, pluie.
26 ©. 7 7 s 127 8 |grêle.
27 TT INAO: 7 s 31127. 732|]variable.
28 | N.O, 4 9 s |27. 9 {petite gelée blanche,
29 Oo: 7 9 | .4:|27. 7 |grand vent & grêle.
30 O. S 9 32/27. 3 |variable, grand vent.
30 SO: 2 s 3 [27 6 [grand vent & grêle.
pes ScrENcCEs 367
! Ce mois a été très-humide , il a plu tous les jours, quel-
quefois très-abondamment ; le débordement des étangs & de
la rivière a été fi prodigieux, qu'on a trouvé du poifion dans
les foffés, qui bordent les terres labourées : comme l'eau étoit
très-haute dans les gués, & qu'elle pañoit fur les chaufiées
des moulins , les communications étoient fort difficiles, &c
® beaucoup de terres labourées ont été inondées.
Quoique le thermomètre ait rarement defcendu au deffous
de o, & qu'il ait monté à midi jufqu'à 14+ degrés, Fair a
toûjours été froid & incommode à caufe des grands vents,
qui ont été prefque continuels.
L'élévation du mercure dans le baromètre a varié depuis
26 pouces $ lignes jufqu'à 27 pouces 9 lignes.
Le 2, on entendit le coaffement des crapauds. Le 4, on
commençoit à tailler la vigne. Le 8, grand vent & grêle,
Le 10, larivière étoit toüjours débordée ; il y avoit dans ces
temps d'inondation beaucoup de, pluviers dorés fur les blés.
Le 11, on trouvoit quelques fleurs de violette, & les tapis
prenoient un œil de verdure.
Le r 3,des coups de vent terribles. Le r 4, les perce-neigés
commençoient à défleurir.
Le r5, il plut toute la journée, & le vent fut fort grand;
à deux heures du matin le vent fe fortifia, & augmentant
jufqu'à 6 heures, l'ouragan devint terrible : comme la terre
étoit extrémement pénétrée d'eau, les racines n'y étant pas
rétenues aflez ferme, de très-gros arbres furent renverfés.
L'humidité qui régnoit depuis le commencement de l'hi-
ver, avoit tellement pénétré dans l'intérieur des muraïlles,
qu'une grande partie fut renverfée.
Un moulin de notre voifinage fut renverfé & brifé, néan-
moins le garçon meunier qui étoit couché dans ce moulin,
& qui ne fut réveillé que par la chûte, ne reçut aucun mal.
On peut juger du defordre ique ce coup de vent fit aux
368 MÉMorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
couvertures, néanmoins celles d’ardoife & de tuiles furent
plus endommagées que celles de chaume, parce que la grande
humidité avoit donné à celles-ci plus de confiftance,
Un orme de nos avenues, qui avoit 7 ou 8 pieds de
circonférence , ayant été renverfé par le vent, enleva avec
{es racines toute la terre, jufque fur le tuf blanc qui, en cet
endroit, ne fe trouve qu'après avoir fouillé plus de trois pieds
au deffous de la fuperficie. 11 eft probable que cet arbre avoit
été planté, il y a 100 ou 120 ans, trop profondément en
terre ; les racines qu'il avoit lors de fa plantation , n’avoient
prefque pas augmenté de grofleur, nous les avons trouvées
au deffous des grofles racines de l'orme renverfé ; la princi-
pale étoit groffe comme le bras; il en partoit des racines
d’un demi-pied de Jongueur , telles qu'elles étoient quand on
les avoit rognées avant de mettre l'arbre en terre; & de ces
racines il en fortoit quelques-unes de chevelues qui avoient 7
à 8 pouces de longueur ; de forte que jufque-là les racines
étoient dans le même état où elles font ordinairement quand
on arrache un arbre un an ou deux ans après la plantation,
Un pied au deflus de ces racines il partoit du corps de far-
bre beaucoup de très-grofles racines qui étoient originaire-
ment forties du collet de la greffe ; aufli tous les rejets de
cet arbre étoient-ils à large feuille de la même efpèce que
la greffe.
Cette obfervation juftifie ce que j'ai dit dans fes Mémoires
de l'Académie , au fujet des boutures, & fournit un moyen
d'avoir certains arbres francs de pied, dont les rejets n'ont
point befoin d'être greffés : j'ai fix ou fept efpèces de prunes
qui font dans ce cas,
Le 18,on ne faifoit que commencer à Jabourer pour les
mars, tant les gelées & les pluies continuelles avoient retardé
les ouvrages, & les terres fortes du bord de Ja forêt étoient
tellement remplies d'eau , qu'il étoit impoñlible d'en appro-
cher la charrue. Ces contre-temps avoient déjà fait augmenter
le prix des avoines ; le fac, qui le mois précédent ne coûtoit
que
mie SONSNCUEE NICE $. 369
que quatre livres dix fols, valoit fix livres. Les grofeillers
blancs épineux commençoient à avoir quelques feuilles vertes.
Le 23 ,il faïloit des éclairs , les narcifes jaunes étoient en
fleur, &-on entendit le coaffement des grenouilles.
Le 24, les abeilles ramafloient leurs provifions fur es.
buis qui étoient en fleur.
Le 25 , on fema le blé de mars fuivant la nouvelle culture,
& on vit les premières hirondelles.
Le 26, le mezereum étoit en pleine fleur, & les abrico-
tiers commençoient à fleurir auffi-bien que les pêchers.
Le 27, on vit le foir des chauve-fouris,
Men, 1752, À aa
370 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
AVR RE
Jours THERMOMÈTRE.
du P'VENT. | ON !| Baromètre ETAT DU: CIEL.
Soir
Mois. Matin | Midi.
l
Degrés.| Degrés | Degrés.|pouc. lign.
2 L|2$
TO IN TO) 3 $ 21126, variable, pluie & grêle,
2 | NA OS 4 S 2 |28. 6 |pluie, neige & grêle.
3 | N. 2 s 1 |28.. 0 |gelée à glace.
4 N. o 6 24128, 11 [gelée aglace.
5 S: $ 9 6 |28. 5 |variable fans pluie.
6 SF 6 9 $ |28. 4 [grand vent.
APE (O sl 9 7 (28. > couvert & vent.
8 SO: 7 9 9 |28. 6 {pluie continuelle.
9 S. Go 8 |28. 4 |pluie continuelle & vent.
10 S. 6:| 9 61128. 1 |variable fans pluie.
11 SRE s 9 61128. 2 |variable.
12 N. O. 61! 9 $s |28. 4 |variable, & tonnerre.
13 N. s 8 4 |28. 6 |variable fans pluie.
14 S; 14 8 6 |28. 4 |selée blanche.
15 ©. D 5 3 [28 3% |pluic, neige & grêle.
16 N. 3 8 21128. $s [grêle & gelée blanche.
17 | N. 0. 4:| 9 | s |28. 6 {variable fans pluie.
18 | N.E. s 8 s |28. 5 |pluie.
19 N. s3| 12 71128. 6 beau & nébuleux.
207 |MN 10; 6:18 s |28. 6 |nébuleux & variable.
21 N. O: S 7 4 128. 7 |variable fans pluie.
22 (OË S 6 $s 128. 6 |brouillard & pluie.
23 S40: 710) OO 7 |28. 6 |beau, gelée blanche,
24 O. 7 8 6 |28. x |pluie continuelle.
2$ N. ssl 9 71128. 2 [pluie continuelle.
2OM INSEE 72| 10 61128. -3 lvariable fans pluie.
27 | N°0. 7 | 11 72128. 4 |pluie.
28 N. 6:| 9 6 |28. 6 [variable fans pluie.
29 N. s=| 10 7 |28. 6 |variable fans pluie.
30 E. 82 9 |28. 3 [couvert & lourd.
DV ENS VSACAIVNEIN C EIS 372
Le temps a été des plus defagréables pendant tout ce mois:
les pluies prefque continuelles, fouvent abondantes, & le vent
qui n’a point ceflé d'être violent, & qui, detempsen temps,
étoit forcé, ne permettoient pas de fortir pour vaquer aux
travaux de la campagne, qui étoient fort retardés, La terre
pénétrée d'eau & battue par les pluies, ne pouvoit être 1a-
bourée ni herfée; aïinfi les femaïlles des menus grains fe
faifoient très-mal dans la plaine, & étoient tout à fait fuf-
pendues dans les terres fortes du côté de Ha forêt.
La rivière étoit toüjours débordée, & le niveau des eaux
fi élevé dans l'intérieur de la terre , que les fources qui étoient
à fec depuis douze à quinze ans, poufloient avec une force
extrême.
Les feigles n’avoient point tallé , chaque grain n'avoit
produit qu'un tuyau, qui étoit même fort menu.
Les blés étoient fort bas &fort clairs, & ils commençoient
un peu à jaunir.
Les avoines qui avoient été femées les premières , evoient
aflez bien.
Les vignes n'étoient point achevées de tailler dans les
terres fortes, & par-tout elles n’étoient pas plus avancées qu'en
hiver. La fleur des abricotiers étoit pañfée fans qu'il fût refté
de fruits ; les pêchers ont bien noué; les pruniers commen-
çoient à défleurir; les poiriers & les cerifiers étoient en pleine
fleur , & les pommiers étoient prefque défleuris.
Le 9, les haies d'épine blanche commencoient à avoir un
petit œil de verdure.
Le ro ,on entendit chanter le coucou.
Le 11, il y avoit beaucoup d'hirondelles qui voloient
autour du château, maïs tout d'un coup elles difparurent , &
on n'en vit qu'à {a fin du mois. Les abeilles fortoient fur le
midi, pour aller faire leur récolte fur les péchers.
Le 1 2, il tonna , & fur le chample vent tourna vers le nord.
Le 16, on entendit chanter le roffignol.
Le 18 ,les boutons des maronniers d'Inde | des tilleuls &
des charmes commençoient à laiffer apercevoir les feuilles,
A aa ij
372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
M À 1
Jours THERMOMÈTRE.
du | VENT. at)
Mois. Matin | Midi. | Soir.
Baromètre ETAT DU CIEL.
Degrés.| Degrés. | Degré.
1 S II 12 7 128. 2 |variable & pluie.
à S. 6 9 7 |27« 13|grand vent & pluie.
3 pe 1] 61] 10 |27. 2 |variable & nébuleux.
4 S tn 15 10 |27. 1 |lourd, pluie & orage.
S SAOE 112] 14 | 11 |27. 3 |beau avec nuages.
6 N. 12 | 16 | 11 |27. 6 |beau, nuages fans pluie.
7 N. 10 | 16 | 10 |27. $ [brouillard & rofée.
8 E. 12 | 19 | 12 |27. 2 |pluie & tonnerre.
9 SO? 125| 15 9 |27. S$ |variable.
TON IN O AINTONIRIE +127. 6 |beau avec nuages.
11 | N. ©. 1] 14 | 11 [27 8 couvert & lourd.
12 Se 10 | 175] 13 |27. 7 |beau avec nuages.
13 S: 13 | 17 | 12 |27. 6 |couvert & grand vent.
14 NS AO PINS MIE 9 |27. 3 [grande pluie & vent.
15 S10:4Mmon|Ure 8 |27. $ [grand vent froid & pluie.
16. 510. 7 9 s [27 7 {grand vent froid, pluie & grêle.
17 SO 8 | 1 6 |27. 8 {grande pluie & vent.
18 S. O. 9 | 12 9 |27. 6 |variable. F
19 | S. O. | 12 | 15 | 11 |27. 4 [variable & pluie.
20 N. 7 9 5 |27. 9 [grand vent froid & pluie.
21 NN. E: s. 10 6 |27. 9 |gelée blanche.
221 11S20 73| 12 8 |27. 7 |gelée & pluie,
2 SE 7 9 92127. 3 [pluie froide.
24 NINSE JON 9 |27. 3 [grand vent, pluie.
21900 SRE 8 | 14 9 127. 8 jpluvieux & froid.
26 S. DA SU27 6 ui continmuelle.
2 O. 8 | 14 | 10 |27. 8 lvariable.
28 SU 9 | 16 | 10 |27. 8:|lourd & variable.
29 | N.O. | 12 | 16 | 10 |27. 10 |variable & pluvieux.
30 | N.O. | ro | 16%] 11 |27. 11+|variable fans nee
31 N. 10 | 15 | 112127. 11 [beau & fercin.
DES SCIENCES. 37%
Les pluies abondantes, les grands vents & le froid ont
continué pendant tout ce mois. Le débordement de la rivière
eft devenu plus confidérable, & il y avoit 8+ pieds d'eau
dans un puits où il n'y en avoit que 3 pieds quand on le
fouilla en 17 34.
Les feigles ne promettoient rien, les blés étoient bas &
clairs , ce qui les faifoit augmenter de prix : le blé de mouture
valoit dix-huit à vingt livres.
L’herbe des avoines étoit auffi forte que celle des fromens:
Les fleurs des poiriers & des pommiers étoient tombées
fans nouer leur fruit. Les feuilles des péchers étoient extrême-
ment chifonnées , ou , comme difent les jardiniers, brouies.
Les hannetons, qui ont commencé à paroître les premiers
jours du mois, étoient en grande quantité, & malgré le
mauvais temps ils ont mangé les feuilles des maronniers d'Inde,
des érables, des fycomores, des cerifiers, des pruniers, des
noyers, &c.
On n’a commencé à voir les raifins que les derniers jours
de ce mois,
À aa i
374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
J ŒTN,
Dérsn me ce cc UE Re CE dé À
Fos THERMOMÈTRE.
du | VENT. | | Baromètre ETAT DU CIEL.
Mois Matin | Midi. | Soir.
nl mx - (Ce
» Degrés.| Degrés. Degrés, | pouc. lign.
L N.E. 12 17 | au |27. 10 |beau.
5 N. 10 | 15 | 10 |27. 10 |beau fixe, grand vent.
3 N. one 9 127. 8 |beau avec nuages.
4 | NE. 8 | 14 | 10 |27. 6 |brouillard & pluie.
s N. 10 12+ 1127. 8 |couvert.
6 N. 10 | 12 9 |27. 9 [beau & froid,
7 N. 10 | 14 |.10 |27. 8 |beau.
8 vel .|27. 6 |pluvieux.
9 . | ro | 14 | r1 |27. 7 |pluvieux.
ro 17 | 12 |27. 8:|beau.
II 17 | 14 |[27. 7 |nébuleux.
17 | 13 |27. 8 |beau.
18 | 15 |27. 9 21beau & chaud.
21 | 18 127. 11 |beau & chaud.
22 | 22 |27. 10 |beau, hâle.
23 | 21 |27. 7 |beau & chaud,
24 | 21 |27. 7 |beau & chaud.
23 | 20 |27. 62|lourd & orageux,
23 | 21 |27. 7 |beau, mais couvert.
16 | 16 |27. 7 [couvert & variable.
10 | 17 |27. 7 |beau.
21 | 16 |27. 9 |beau & häleux.
20 | 12 |27. 10 |beau avec nuages.
213| 16 |27. 9 |beau.
154) 13 |27. 9 [couvert & brouillard.
19 | 14 |27. 8 |couvert.
15 | 14 |27. 6 |petite pluie.
18 | 14 |27. 8 |variable.
II 11 |27. 9 |bruine.
| 16 | 13 |27. 9 |variable,
RCE EE EVE OEIL ANR SCEP TO (PIRE LAN RE ET RP EE SET ENST CO PTEREESIE RER ET (PEINE per RENE TTEV RE)
S HV auEY RER
Fr pois d'une
TES OICICIOIC
SIN Han PR N
DES SCIENCES. 7$
Ce mois a été fec & venteux, par conféquent le hâle
a été grand. Le thermomètre a monté le 17 à midi, à 24
degrés au deflus de zéro. |
La terre, qui avoit été très-abreuvée & battue par le vent,
s'eft durcie comme de la brique, on ne pouvoit la labourer
& les grains foufroient beaucoup.
Ces chaieurs ont fait épier les blés à un pied de terre,
& comme les épis paroïffoient fort courts , le prix de ce grain
augmentoit ; il fe vendoït vingt-deux livres dix fols. Vers {a
moitié du mois, on faucha les fainfoins ; l'herbe en étoit baffe,
mais bien garnie. Les avoines étoient belles, bien garnies, &
elles commencèrent à épier vers la fin du mois.
Les vignes étoient au tiers fleuries, les gouas montroient
plus de grappes que le haut plan, tel que l'auveronat, le
fromenté, &c.
Les poires & Îes pommes n'ont point noué, & Îes pêches
tomboient.
On a mangé pendant ce mois la cerife précoce, & les
fraifes ont donné abondamment.
Il ny a point eu de chenilles, mais beaucoup de hannetons
qui ont vécu fort long-temps, parce qu'ils ne fe font accou-
plés que par les jours chauds de Juin; ainfr, quoiqu'ils né
mangent pas tant lorfqu'il fait froid que par les chaleurs,
comme ils fubfiftent plus long-temps, c’eft une queftion
que de favoir lequel eft le plus avantageux aux arbres, rela-
tivement aux hannetons, que le printemps foit chaud ou
froid.
Vers la moitié du mois, les cantharides ont fuccédé aux
hannetons.
376 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
J'OESIEET
THERMOMÈTRE.
Baromètre ETAT DU CIEL:
Matin | Midi. | Soir.
Degrés.| Degrés. | Degrés. | pouc, ligm
I E, 12 | 12 | 11 |27. 7 |variable.
2 E. 13 | 17 | 14 !27. 8 |beau & chaud.
3 JE 13 | 17 | 14 |27. 6 |variable & orageux.
4 | N°0. | 14 18 | 14 |27. 7 |variable & couvert.
s SO: 13 14] 12 |27. 8 variable & pluie.
6 | N.O. |bro | r7 |:13 |27. 8 variable.
7 | NO. | 10 | 172] 13 |27- 83|variable avec nuages.
8 Si 12 182] 15 |27. 9 |beau & chaud.
9 | SO. | 13 | 21 | 14 |27. 7 |beau & variable.
10 S} 16 | 20 | 17 |27. 4 [lourd & variable.
11 S. 14 | 16 | 13 |27. 2 |pluie.
12 | S.O. | 13 | 16 | 12 |27. 6 |pluie.
13 S: 12 | 17 | 14 |27. 7 |beau & variable.
14 | S.O. | 14 | 172| 13 |27. 7 |variable.
15 9210: 13 19 | 16 |27. 6 |grand vent.
16 | S. O. | 13 | 19 ! 15 |27: 8 |variable avec nuages,
17 |" SO; 13 | 19 | 15 |27. 8 |lourd & orageux.
18 | N.E. | 13 | 21 | 18 |27. 6 [lourd & chaud.
19 | N.O. | 17 | 20 | 18 }27. 9 \couvert.
20 | N.E. | 14 | 23 | 19 |27. 6 |couvert & lourd.
21 N. E. 1$ 20 15+|27- 10 variable & orageux.
22 | S.O. | 15 | 20 | 18 |27. 9 |beau & chaud.
23 | S.O. | 16 | 21 | 17:]27. 9 |beau & couvert,
24 | S. E. | 16 | 21 À 18 |27. 9 |beau.
25 S. 17 | 22 | 20 127. 8 |beau & chaud,
26 S. 20 | 23 | 191|27. 6 {\grand vent & tonnerre.
27 S° 14 | 17 À 12 |27. 3 |variable, froid & orage,
28 | S.O. 12 | 17 | 13 |27. 7 |variable.
29oMRSAO; 112] 174] 14 |27. 9 [variable avec nuages,
30 | S.O. | 13 | 17 | 14 |2y. 8 |variable avec nuages,
31 0. 13 | 17 | 16 27. 7 [beau & variable.
Il a
DES SCIENCE S. 377
Il a plu prefque tous les jours ; néanmoins, fl on excepte
les grands orages du commencement du mois, le vent qui
a prefque toûjours été grand & hâleux, defléchoit la terre en
peu de temps.
Les chaleurs vives du mois précédent , & Ia dureté de
la terre, lavoient beaucoup fatigué les grains, & quantité de
petits épis commençoient à jaunir. Les pluies de Juillet ont
fait reverdir tous les grains, mais elles ont fait paroitre
beaucoup d'herbe, mème dans les terres qui n'ont pas coû-
tume d'en produire.
On a commencé vers le 12 la moiflon des feigles qui
étoient clairs, ils avoient la paille courte & menue, & lépi
foible & léger.
Les blés promettoient auffr fort peu, mais les menus
grains étoient très-beaux.
I y avoit encore à la fin du mois des raifins qui n'étoient
pas noués.
| On a commencé le 11 à faucher les prés hauts, ils ont
fourni aflez d'herbe, qu'on a eu peine à fanner à caufe des
petites pluies qui tomboient prefque. tous les jours.
Le 16, on a commencé à cueillir la fleur d'orange, mais
il y en a eu fort peu.
Le 28 ,on donnoit la troifième façon aux vignes, & on
commençoit à planter les oignons de fafran,
L'intempérie des fifons a influé fur les toifons, elles ont
été bien moins bonnes qu'à l'ordinaire, ce qui a diminué
leur prix de plus d’un tiers. Les marchands fe plaignoient de
ce que la laine étoit moins grafle que de coûtume, & ils
difoient cependant qu'elle diminuoit beaucoup en la lavant :
fur quoi il eft bon de remarquer qu'on a tondu les troupeaux
plus tard qu'à l'ordinaire, & quand nous en avons demandé
{a raifon aux fermiers, ils ont répondu (pour me fervir de leur
expreflion) que les bêtes n'avoient pas pouffé leur fuin, qui
eft, felon eux, une graïfle qui fe répand fur la laine quand
ancienne quitte la peau, & que la nouvelle en fort.
Mem. 1752. Bbb
378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
| AO IC ISA
{ Jours THERMOMÈTRE.
Ü du | VENT. | a Baromètre
à Mois. Matin | Midi. | Soir.
mess eme mcm
ETAT DU -CTEL.
Degrés.| Degrés. | Degrés.| pouc., lign.
1 S. 14 | 20 | 18 |27. 6 |variable avec nuages,
2 S' FSI 20 |27. $ |beau avec nuages.
3 Se 15 | 185] 16 |27. 7 |pluie & orage:
4 O. 15 | 165] 1$ [27° 7 |couvert tout le jour.
S S3 14 | 16 13. |27- 8 |pluie & tonnerre.
6 SES 13 17 | 15 |27. Sz2|couvert.
7 5! 14 | 16 14 |27. 3+|couvert.
8 OS O1 IS 10 |27. 7-+|couvert, grand vent.
9 S. He TS 13 |27. 9 |variable avec nuages.
10 CE 12 17 15 |27. 6 |variable & lourd, fans pluie.
II Sy 132] 162] 12 |27. 6 |couvert & pluvieux.
12 S. 12 17 | 15 |27. 7 |pluvieux tout le jour.
13. So 14 19:| 20 |27. 4 |étouflant:
14 S. Soul 43h03 |2 6 |pluie & orage toute la nuir.
15 S. 10 | 16 | 13 |27. 6 |pluie & tonnerre,
16 Se Tor 13 |27. 8 |ondéesde pluie.
17 Sè 13 16 | 13 |27. 9 |variable fans pluie.
18 S: 13 18 13 |27: 7 |beau.
19 | N.O. | 13 | 16 | 13 |27. 8 |variable fans pluie.
SO SO! 10 16 13 |27. 9 |beau avec nuages.
21 E 11 17 14 |[27. 7 |beau.
5e FE: rep Eee ECO 1 7 |beau & orage.
23 | S 14 | 18 14 |27. 10 |beau avec nuages,
22401 LNN? TT TON le 8 |beau avec nuages.
25 NIMES 19 15 [27. 10 lil tonne au loin.
26 N 14 | 18 | 14 |27. 9 |beau.
27 Fe 15 19+| 17 ba 7 |beau.
28 @: 15 | 20 | 13 |27. 7 |brouillard.
29 | S, O BRIE Ir È 7 jeouveit.
SONNSI0O 144016 das |27:07 pluie.
31 S 12 | 17 | 54 |27., 7 Jbeau & couvert.
tn POSTES SAC A lE NT ER Bo MAN SE,
Le commencement du mois a été très-pluyieux & orageux ;
le 3 für-tout , il y eut pendant la nuit un tonnerre terrible :
depuis le 19 jufqu’à la fin, il a peu tombé d’eau. Comme
la moiflon des blés a commencé :prefque- avec- le mois | les
premiers coupés ont refté dix à douze jours {ur lé champ, dans
une-humidité continuelle, & ils y: germoient ; les autres ont
été ferrés affez fecs. Les blés étoient {r bas & fi clairs , qu'on
en a fauché une partie, & les fermiers auroient préfque tout
coupé à la faux, Î la chofe eût été poffiblé ; mais comme il
avoit beaucoup d'herbe, & que les blés étoïent fort \vérlés, la
faux en laifloit une trop grande quantité, ce qui a obligé de
des fcier au raz de terre: la rareté des ouvriers & la difficulté
du travail, a beaucoup augmenté les frais de la récolie.
On a commencé à faucher les avoines prefque auffiôt que
Ja récolte des blés; elles étoient fort belles, {ur-tout dans {a
plaine, car dans les terres fortes il.y en a eu: de tardives.
iqui n'ont pas donné beaucoup de grain : ceux-là :ont mieux
\fait qui ont femé les terres préparées pour les avoines, en pois
paid : 5 D
-& en velces, qu'on a fauchées toutes vertes pour ‘en faire du
fourrage, mais ‘on a eu bien de Îa péine à les fanner.
fa] ’
Les vignes failoient fort mal; à la fin de ce mois , les
verjus étoient encore fort petits & pourrifloient au lieu de,
tourner. Er
t Le blé augmentoit encore, il fe vendoit vingt-cinq à
vingt-fix livres, & l'avoine fix livres dix fols. |
LAENPRONT PARDON TAN NÉE ED ET 2 ATEN DE PET NE RO mire PRE TER
j
© € €
380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
S'AVPL E M DIRE.
THERMOMÈTRE.
Gore it Baromètre
Matin | Midi. | Soir.
ETAT DU CIEL.
Degrés.| Degrés.| Degrés.| pouce. lign.
13 | 18 | 15 |27. 7 |couvert fans pluie.
OA 3 17 13 127+ 9 |beau & nébuleux,
Oh 16 11 |27. 10 |nébuleux.
10 | 15 À 10 |27. 10 |beau, vent froid,
14 | 11 27. 10 |beau & froid.
16 12/]27. 10 '{|beau
EMIUOMIETE +|beau & hâleux.
17 | 13 |27. 8 |beau avec nuages,
ns 9 |27- 11 |beau.
15 12 |27. 9 lbeau avec nuages.
15 9 |27- 10 |pluvieux.
15 12 |27. 8 |beau.
pluvieux.
beau.
beau , gelée blanche.
beau.
variable.
variable.
variable avec nuages.
variable, gelée blanche.
beau.
variable.
beau avec nuages.
variable.
beau.
17 | 13 |27. 7 |variable,
i Wie & tonnerre.
1$ 9 |27. 7 |variable fans pluie.
14 | 13 |27. 6 |puie, tonnerre & éclairs.
17 | 15 |27. 24|variable fans pluie,
m OÙ HI un BB ww ND »
©
b
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cm © NN Lo © 0 ©
16
22
15 11:127- 10
D D D
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On Eu Laye
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NNNNNNN
0 © œu à æœ0
|
DES SCIENCES 387
Le commencement de ce mois a été humide, enfüite if
a cefé de pleuvoir , mais l'air étoit froid, & il y a eu quel-
ques gelées blanches ; vers la fin du mois l'air s'eft échauffé,
& il y a eu de la pluie & du tonnerre,
On a achevé la moiflon des avoines dans Ia plaine avant
le 15, mais elle a duré tout le mois dans les terres fortes.
A la fin du mois les raifins du haut plan, fromenté,
auvergnat , &c. étoient noirs, mais à peine le gouas étoit-il
rouge, & on trouvoit des grappes entières qui étoient tout
en verjus.
Les chenilles ont dévoré tous les choux dans la plufpart
des potagers.
A la fin du mois les grives étoient arrivées, 1a plufpart
des hirondelles étoient parties, il en reftoit feulement quel-
ques-unes retenues par leurs petits qui étoient encore dans
le nid.
La rivière n'a pas débordé, mais les fources pouffoient
toüjours avec beaucoup de force,
Le blé de mouture fe vendoit vingt-trois livres, & celui
pour les femences vinyt-huit & trente.
© Bbb ii
382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
OPCTIOMPARME
EE
Toute THERMOMÈTRE. |
du | Vent | = | Baromètre ETAT DU CIEL,
Mois. .. [Maün| Mis] Soir.
CARS rl Déi| Degrés.| pouce lign. pt Tail
S. O.… | ro | 17 | 12, |27. :22|variable fans pluie.
ADI IS ICE OMIETE 10 |27. 6 |variable. À
3 | N.O. 8 | 12 7 127: 8 |beau avec nuages,
4 N. ÿ 12 10 |27. 8 :|heau.
s O. 10 | 14 | 11 |27. 8 |couvert fans pluie. l
6 N. 10 1$ 12,127. : 6 |vartable,
7 N. 12 13 s=l27. 8 |couvert. 3
8 SO: 3 10 4 |27. 9 |celée blanche,
9 S, a M his 9 |27. 6° |beau & variable.
10 S: 11 À 14 | 9 |27. ‘6 |beau & variable,
II S, Œ 7 10 9 127: 7 variable.
12 SO: 7 10 7 |27: 8 |fombre.
130 |NS 10% FAIRE 8 |27.. 9 [couvert fans pluie,
14 | S: 0. 8 |r2 9 |27. 10 |couvert fans pluie.
15 A|PUN 0: CRE 8 ;27. 10 |variable.
16. | SON 6 | 10 8 |27. 8<|variable avec pluie.
MINS AO: 7 |'ro 8 |27. :5 Îcouvert & pluvieux.
18 S. 7 II 11 |27. 2 |couvert & pluvieux.
19 5: 10 | 13 | 11 127. 2 |fombre & couvert.
20 S. 11 | 14 | 11 |27. 6 |pluvieux.
rs A0) TOITS 8 |27. 8 |couvert & pluvieux.
22/0 | INCVE 6 8 6 |27. 9 [couvert fans pluie.
23 N. 4 8 2 |27. 8 [beau temps, gelée blanche.
24 N. I 6 3 [27. 8 |beau temps, gelée blanche.
25 N. () 6 | 3 |27. 9 |gelée à glace.
26 N. 3 7 4. |27. 8 Jbeau, gelée blanche.
27 N. 2 9 4 127. 8 {beau, gelée blanche.
28 N. 2 7 3 [27 8 |beau, gelée blanche.
29 N. © 5 1 |27. 10 [gelée à glace.
30 N. o 7 3 |27. 11 [gelée à glace.
Sup |lAN-tE; 0 UE 3 |27. 10 |gelée blanche.
*
DN ESS MICITUENNT CET st 383
Nous aurions fouhaité différer la vendange , mais les nuits
froides , les rofées abondantes qui entretenoient l'humidité dans
les vignes jufqu'à dix & onze heures, le ciel qui paroifloit
menacer de pluie & de gelée, enfin les raifims qui pourrif-
{oient au lieu de mürir, toutes ces raïfons noûs déter iminèrent
à faire couper les railins les plus approchans de leur maturité,
le 6,le 7 & le 8.
Le 8, la récolte du fafran étoit dans fa force, & on tra-
vailloit aux femailles,
Le 16, les vendanges étoient finies dans Ja plaine, car
les gelées ont obligé de cueillir les raifms qu'on avoit laiflés
aux vignes dans l'elpérance qu'ils muüriroient ; ainfi tout ce
que nous avons gagné à faire deux vendanges, eft d'avoir
une cuvée de vin dont la qualité eft païlable. “La fin du mois
a été très-froide.
384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
NOVEMBRE.
b
SA + VU)
26
u Z
m1 1
Bb w on NN O = O O O “W mm O N »m R N w
THERMOMÈTRE.
CT | Baromètre ETAT DU CIEL.
Matin | Midi. | Soir.
Degrés.| Degrés. | Degrés.| pouc lign.
(o 7 3 [27 8 |celée blanche.
o 7 3 |27- 10 |gelée blanche.
(o) 7 7 ]27 9 {gelée blanche, beau temps.
S 7 6 |27. 7 |beau temps.
6 10 9 127. 3 |couvert.
8 1$ 10 |27. 1 {couvert & variable.
9 | 13 9 |26. 11 |couvert & pluvieux.
4 $ 3126. 6-=|créle, pluie & vent.
D 3 126. 8 |beau, gelée à glace.
7Z 4 |26. 7 [couvert & pluvieux.
$ oO |26. 9 |variable & nébuleux.
= A1 EE Oo |26. 6=|variable, forte gelée.
— 3 |[— 1 [26. 8 lhbeau. -
— © |—3 |26. 9 |couvert.
3 |[—12:126. 11 |couvert avec brouillard,
—13| 2 |[—7:1 |27. 2 |beau temps.
— © |—12:|28. 1 |beau temps.
—1:| o 2 |27. 11 |beau temps.
I © |27. 11 |brouillard tout le jour.
I | o |28. o couvert & brumeux.
1 |— +128. Oo |couvert & brumeux.
I o |28. 9 |couvert & brumeux.
3 3 128. 7 [couvert & pluvieux.
4 5 128. 7 [couvert & brumeux.
S s 128. 10 {couvert & humide.
8 6 |28. 8 |brouillard.
7 3 |28. 7+|variable avec pluie.
7 6 {28. $+|grande pluie & vent.
:l 8 4+126. 10 [grande pluie & vent.
S 3 |26. 3 grande pluie & vent.
EEE ES
Ce mois
i DES SCIENCES. 385
Ce mois a été aflez fec & très-froid : les femaïlles étoient
finies vers le 15 , mais à la fin il n'y avoit encore que les
blés femés avant le 10 d'Oftobre, qui fuflent levés.
Le prix du blé de mouture a toûüjours été de vingt-quatre
livres le fac, & pour les lemences, vingt-huit ; mais l'avoine
valoit {ept à huit livres dix {ols, l'orge quatorze livres.
Mém. 1752: Ccce
336 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
PN'ÉUC AMAR ES
THERMOMÈTRE.
Baromètre ETAT Du CIEz.
Mois Matin | Nidi. | Soir.
ee means pement
Degrés. Degrés | Degrés. G
I S. 3 $ 6 |26. 2+|crand vent, variable.
2 räe 6 7 6 |26. 2 |grand vent & pluie.
3 | S. 6 8 8 126. 8 |beau & variable,
4 Se 7 | 16 6 j26. 9 Jcouvert & variable,
s 62 6" |"10 7 |26. 8 |beau temps.
6 De s 7 s |26. 9 |pluvieux.
AA IBN NO: 3 S 3 |26. 9 |couvert & variable,
8 N. O. 3 S 3 [26. 8:]|pluvieux.
OMIEINCRE: 3 4 |[—1 |26. 8 [grand vent, variable.
10%) NE" lt o o |26. 8 |ucige.
II N. |— 1-2 |—3:26 8 |neige.
12 N. er ea 26. 8 {beau & variable,
13 N. |—61:—3 |—4 |26. 8 |beau temps.
14 SENS 2 |—12/26. 9 |beau temps.
15 IN Mr 2 |—1 |26. 9 |fombre & brumeux.
16 N. o 2 1 |26. 8 |couvert.
17 N. l—1 I o |26. 8 |beau temps, neige.
18 O. o © |—1 |26. 6 |neige.
19 | N.E. |—3:l—3 |—4 |26. 6 j|variable & nébuleux.
20 N. |—4 |—1 |[—3 |26. 6 |variable & nébuleux.
21 N.E. |[—3 |—1 |—3 |26. 7:|beau & variable.
22 S. O. 2 o 2 |[26. 7+|fombre & brumeux,
23 Ge Ce) 1 o |26. 6 |couvert.
240 IS NO; o 2 01126. 7 [beautemps. ,
25 | SO. |— +| 1 |— 21126. 9 [beau & variable.
26 N. |—1 o | 1126. 7 |beau & variable.
27 S. oO 2 2 |26. $2|brume, verglas & brouillard.
28 c: 14 S 4126. 5 [couvert & humide.
29 S. 4 7 s |26. $ |couvert.
304|NS: E: 11] 6 6 |26. 2 {couvert & pluvieux.
31 S'1E: $ 7 6 |26. 6 |fombre & couvert.
DES SCIENCES 387
Les froids ayant été continuels pendant ce mois, la levée
des blés a été fort lente, & les tardifs n’ont cornmencé à
paroître que les derniers jours.
Comme il y a eu de la neige fur terre pendant a plus
grande partie du mois, fes vignerons n'ont prefque pas pü
travailler à donner la première façon aux vignes , & il n’a pas
été poflible aux fermiers de labourer les terres.
Le niveau des eaux baifloit dans les fources.
RE CAPITULATION.
On voit que cette année a été fort humide, & l'air toù-
jours froid : il n’y a eu de chaleurs que dans le mois de Juin,
où le hâle qui étoit fort grand failoit beaucoup de tort aux
productions de la terre.
BLiés.
La récolte des blés a été fort mauvaife pour la quantité &
pour la qualité ; la plufpart font petits, mêlés de beaucoup
de noirs & remplis de graines: on ne peut guère eftimer la
récolté qu'à cinq ou fix mines arpent, lun dans l'autre; une
pièce de vingt-quatre arpens n'a produit qu'à raifon de quatre
mines flarpent, & il y a des terres qui n'ont donné que la
femence. Le prix du blé a toujours été de vingt-deux à vingt-
fix livres le fac, pefant 240 livres : les blés de l'année précé-
dente ayant été difficiles à conferver , on seft preffé de les
vendre, & il en refte peu dans les greniers.
AVOINE S.
Dans les pays où l’on à pü femer les avoines en bonne fai-
fon, la récolte à été affez bonne.; néanmoins elles font fort
chères, elles fe véndent fix. à huit livres le fic, non feule-
ment parce qu'il y à eu bien des terres fortes qui n’ont pû
être enfemencées , maïs encore parce qu'il s’'eni fait une grande
confommation , les fermiers sen fervant au lieu de blé pour
affourér leurs troupeaux.
Ccci
388 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
PiÉSs DE MARSUET ORGE Ss,
La récolte de ces grains a été aflez bonne.
PLAIN TE SNL EG MUNIE NU SES
Une partie des pois & des vefces ont pourri fur pied, &
même le fourrage de la portion qu'on a pü ferrer avec bien
de la peine & de la dépenfe, ne vaut rien, ce qui eft d’une
grande conféquence cette année.
Les petites féves ou haricots ont moifr fur pied au lieu
de muürir.
F0: renuy.
L'herbe des fainfoins a été fort baffle, mais bien fournie ;
il en a été de même de celle des prés, dont la dépouille a
été à peu près égale à celle de l'année dernière ; il y a eu des
lufernes qu'on n'a pas pü fanner , & qui ont pourri fur le
champ. 2
H ANVRES.
Ta filafle eft fort chère & tendre ; elle eft tendre à caufe
des humidités, & chère parce que beaucoup de chenevières
étant inondées, n’ont pù être enfemencées. S
ébore
Les raifins ont müûri fort imparfaitement & inégalement ;
car dans le temps de la vendange il y en avoit fur le même
{ep de pourris , de mûrs, de rouges, & d'autres qui n'avoient
pû tourner, ce qui nous a obligés de faire trois vendanges;
la première, dont les raifins étoient affez mürs, a fourni du
vin qui aun peu de qualité, le vin de la feconde vendange,
qui a été faite huit jours après , eft d'une qualité plus mé-
diocre ; la troifième vendange, qui étoit de raifin rouge ou
tout à fait verd, a fourni de très-mauvais vin : ceux qui ont
retardé leurs vendanges dans l'efpérance que leurs raifins
müûriroient, en ont eu beaucoup de pourris, & ont fait du
vin qui na ni couleur , ni qualité, & qui ne peut éclaircir.
Des MS ler EN C Es 389
Les vins ont été affez long-temps à fe faire dans les cuves,
& n'ont prefque point jeté d'écume, ils étoient alors extrême-
ment verds; cette verdeur s’eft en partie paflée, mais ils n'ont
point de force : la quantité de la récolte peut être évaluée à
une petite demi-année, & comme il y a des vins de qualités
bien différentes, il y en a auffi de toute forte de prix.
Fr U.I Ts:
If n'y a eu ni abricots, ni prunes, ni pommes , ni glands,
ni fenelle ; très-peu de poires, de pêches, de noix & de
noifettes ; aflez abondamment de cerifes.
SAFRAN S:.
La récolte n’a été, pour la quantité, que la moitié de l'an-
née dernière , mais la qualité a été fort bonne, il s’eft vendu
vingt-fept à vingt-huit livres : je rapporterai à cette occafion
une obfervation que mon frère a faite fur cette plante parafite,
que j'ai dit être la caufe d'une maladie qu'on appelle #7 mort
du fafran.
En 1695 , il y avoit auprès du château de Denaïinvilliers
un bois de bouleau que mon père fit arracher: en 1707 &
en 1708 il fit planter du fafran dans cette terre qui depuis
ce temps a toüjours rapporté du grain en abondance: en
1744 on fit enclorre de murailles cette terre pour la joindre
aux potagers, & en 1747 & 1748 mon frère fit planter
des afperges de Hollande dans un coin de ce potager neuf,
où il y avoit anciennement eu du fafran.
En 1751, pendant l'été, mon frère s'aperçut que les
afperges étoient mortes dans un certain efpace, & que celles
du voifinage étoient malades.
Comme ces afperges avoient été plantées avec beaucoup
de foin, & dans des rayons bien fumés, on ne pouvoit attri-
buer ce defordre à la qualité de la terre, & mon frère crut que
ces pieds avoient été mangés par les mulots.
I fit marquer cet efpace pour faire ouvrir de nouveau
les rayons, & les difpoler à recevoir de nouveaux plans le
C cc ii
390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE
printemps prochain; ce qui ayant été exécuté, il fut fort
furpris de trouver les racines d'afperges mortes , couvertes de
filets violets & de ces petites truffes qui caufent la mort
du fafran.
J'ai dit dans mon Mémoire, que cette plante parafite atta-
quoit les racines de plufieurs efpèces de plantes ; mais oferoit-on
foupçonner qu'elle fe feroit confervée en terre pendant près
d'un demi-fiècle, que cette terre a été labourée tous les ans,
& enfemencée en plantes annuelles, qui, comme je l'ai dit
dans mon Mémoire, ne font point attaquées par cette plante
parafite. Les vignerons prétendent qu'elle fe conferve pendant
vingt ans, mais qu'après ce temps elle périt & n'endommage
plus le fafran. L'obfervation que je viens de rapporter , ne
s'accorde pas avec celle de nos payfans.
TROUPE A UUY,
Le bétail n'a été attaqué d'aucune maladie contagieufe ;
mais on eft bien embarraflé pour le nourrir pendant cet
hiver : la rareté des fourrages a engagé bien des payfans à
vendre leurs vaches pour ne les point voir périr de faim dans
leurs étables. Les fermiers ont aufli mené leurs troupeaux aux
foires, mais n'ayant pü s'en défaire, même à vil prix, üls font
obligés de les nourrir, comme nous Favons dit, avec de
Yavoine, ce qui augmente le prix de ce grain.
I y a des fermiers qui ont ôté les béliers de leurs tOu-
peaux, pour n'avoir point d'agneaux , parce que les brebis
qui font pleines mangent le double des autres.
CSTOBNTIENR;
Il n’y a point eu de perdrix , les nids ayant été inondés
par les pluies: cette même raifon a fait qu'il y a eu peu de
cailles. On a eu un peu de lièvres & beaucoup d'alouettes.
JONVSLE C T ES.
IH n'y a point eu de chenilles, excepté celle du chou, qui
a été auffi abondante que l'année dernière. Il y a eu beaucoup
DES SCfENCESs. 391
de hannetons & de cantharides, qui n’ont cependant pas
entièrement dépouillé les frènes. On à vû très-peu de guépes
pendant automne; il y a éu par-tout une grande quantité
de rats.
ABEILLES.
Les mouches ont fourni cette année beaucoup de miel &
de cire, de forte que plufieurs ruches ont été changées
deux fois, & les mouches ont fait malgré cela une récolte
affez abondante pour pafler l'hiver ; mais les effains n’ont rien
valu, ils étoient f petits qu'on a été obligé d'en méler plu-
fieurs enfemble , pour en faire un bon panier.
HavTEuRrR DES EAU x,
Les débordemens ont été très-fréquens , & les fources ont
pouffé avec une force extréme: celles qui font fort élevées fur
la côte, & qui font prefque toûjours taries , n’ont ceflé de poufs
fer qu'à la fin du mois de Décembre. Le niveau des eaux a
été auffi fort élevé dans les puits, puifque celui du Chi:eau,
où il n'y avoit que 3 pieds d'eau en 1744, en a prefque
toûjours eu cette année 8 à 9 pieds.
MALADIES,
Il n’y a point eu de maladies épidémiques cette année, fi
on excepte des fièvres malignes qui ont été fréquentes cette
automne,
ŸY
de
I
#
392 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
OBS ENRAP ANT T'ON,
SUR LA
LIQUEUR'D'E EF ALIANTOIDE
Par M. DAUBENTON.
S lon trouve quelques variétés entre des animaux de fa
même efpèce, ces différences font toûjours très-lépères,
puifqu'elles ne paroïffent ni affez marquées, ni affez conftantes ,
pour faire des caractères fpécifiques , qui puiffent conftituer
deux efpèces au lieu d’une. Nous ne pouvons donc efpérer
de voir dans ces animaux qu'un feul modèle du méchanifme de
la Nature, fans avoir jamais l'idée des différens moyens qu’elle
emploie dans d’autres efpèces , pour produire le même effet,
Ce n'eft cependant que par la comparaifon des différentes
conformations des animaux , qu'il nous eft poflible d’acquerir
de vraies connoiflances fur l’économie animale: en faifant
des recherches fur un grand nombre d’efpèces , non feulement
on apprend à mieux connoître toutes les parties femblables
& correfpondantes dans les diflérens fujets , mais aufi on par-
vient à obferver les conformations particulières à certains
animaux ; enfin c’eft le feul moyen qu'il y ait pour découvrir
ces faits finguliers dans la Nature, & fi importans dans la Phy-
fique, qui lient quantité d’autres faits , entre lefquels on ne
reconnoifloit aucun rapport.
Pour juger de la valeur de ces faits dans l’économie ani-
male, & pour en tirer de juftes conféquences , il faut non
feulement avoir un grand nombre d’obfervations fur la con-
formation des différentes efpèces d'animaux , mais il faut encore
qu'il y ait dans ces recherches un plan fuivi, qui rende les
obfervations relatives entre les individus d’une même efpèce,
& entre ceux qui appartiennent à différentes efpèces. C'eft
en fuivant cette méthode dans la defcription intérieure des”
animaux quadrupèdes, que j'ai fait fur la liqueur de l'allantoide
une
mio
1} ESS /GUE E NICE S. 393
une obfervation générale dont je vais rendre compte.
L’hippomanès a été la première occafion de cette obferva-
tion , & enfuite il en eft devenu l'objet, c'eft pourquoi le
Mémoire que j'ai Iù l’année dernière à Académie , fur Fhip-
pomanès, a beaucoup de rapport avec celui-ci; il eft donc
néceflaire que l'on fe rappelle que lhippomanès n'eft pas
une excroiflance de chair qui tienne à la tête du poulain,
comme on l'avoit toüjours cru, mais feulement un fédiment
de la liqueur contenue dans la cavité qui fe trouve entre
lallantoïde & l'amnios du cheval. Depuis la leture de ce Mé-
moire, je me fuis encore affuré du même fait fur plufieurs
jumens pleines, dont j'ai eu befoin pendant l'hiver dernier
pour d’autres recherches , & j'ai toüjours vü que l'hippomanès
varie plus ou moins par fa groffeur & fa figure dans les
différens fujets, & que le nombre des hippomanès n’eft pas
toûjours le mêmé, parce que cette matière eft un fédiment qui
fe raffemble fur une bafe dont le niveau change très-fouvent ,
& qui peut par conféquent fe partager en plufieurs pièces.
La grande refflemblance que j'ai obfervée entre les diffé-
rentes parties du corps de l'âne & du cheval, tant à l'extérieur
u'à l'intérieur, nva fait trouver en même temps dans fun
& dans l'autre de ces animaux , des parties relatives qui étoient
ignorées; il ne doit être fait ici mention que d’une matière qui
fe trouve dans fâne, & qui eft de même nature que l'hip-
pomanès.
J'avois déjà difféqué plufieurs ânes, avant de pouvoir
trouver une änefle pleine, & la reffemblance que j'avois
reconnue entre les parties intérieures du corps de l'âne &
celles du corps du cheval, ne me permettoit pas de douter
que les enveloppes du fœtus de ces deux animaux ne fuflent
pareilles, & que la liqueur contenue entre lallantoïde &
famnios de âne ne formät un fédiment femblable à l'hip-
pomanès. Dès que j'eus une ânefle pleine, je fis ouvrir fon
abdomen ; on en tira la matrice en entier, avec tout ce qu'elle
contenoit : Jouvris la matrice & le chorion, que je trouvai
doublé intérieurement, comme dans le cheval, par l'allantoïde ;
Mém. 1752, D'dd
394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
je reçûs dans un vaifleau la liqueur contenue entre l'allan-
toïde & lamnios : il tomba dans le vaifleau avec cette liqueur,
plufieurs corps flottans, dont l'un fe trouva beaucoup plus
gros que les autres ; ils étoient tous de fa même nature que
l'hippomanès , mais de couleur plus roufle, & de confiftance
moins dure ; le plus gros avoit une figure oblongue & irré-
gulière , de trois pouces & demi de longueur, & d'environ
un pouce & demi de largeur , fur un demi-pouce d'épaifleur ;
il y avoit au dedans une cavité qui s'étendoit fur la moitié de
la longueur , fes parois étoient inégales, &, pour ainfi dire,
raboteules ; cette cavité n'étoit pas dans le milieu, car l’une
des parois n'avoit qu'une ligne d'épaifleur dans les endroits
les plus minces : en général , la fubftance de ce fédiment étoit
en partie rouffe, & en partie jaunâtre , ce qui venoit fans doute
du plus ou du moins de denfité ; il pefoit une once un gros.
En ouvrant l'amnios, je reçüs dans un autre vaitleau fa
liqueur qui y étoit contenue, je trouvai le cordon ombilical
parfaitement femblable à celui du cheval, fur-tout pour le
développement, la figure & la pofition de l'allantoïde. Après
cet examen , je fis évaporer au bain de fable la liqueur que
j'avois tirée de la cavité qui fe trouvoit entre l'allantoïde &c
lamnios , elle rendit une odeur urineufe, & il refta après l'é-
vaporation un réfidu de même couleur , de même confiftance
& de même nature que les corps qui s’étoient formés natu-
rellement dans le ventre de lâneffe; enfuite je fis évaporer de
la même façon la liqueur de lamnios, & il n'y eût point de
réfidu. É
Après nrètre afluré que dans l’ânefle la liqueur contenue
entre lallantoïde & Famnios dépoloit un fédiment pareil à
Yhippomanès, je foupçonnai qu'on en pourroit: trouver un
pareil dans tous les animaux qui ont uneallantoïde, & je crus
qu'il ne feroit nulle part plus fenfible que dans les plus gros
de ces animaux ; c'eft pourquoi je cominençai par le chercher
dans la vache, quoique fon allantoïde foit différente de celle
du cheval & de l'âne, par fon développement , par fa pofition
& fa figure ; ear l'allantoïde des ruminans, au lieu de former
Cr me. Re
DE SAS /E TE IN CES, 395
une bouche à peu près dans le milieu de la longueur du cordon
ombilical, s'étend jufqu'au bout de ce cordon , fous la forme
d’un inteftin : mais au-delà cette allantoïde fe dilate, s’épanouit,
& fe prolonge de côté & d'autre en deux poches : ces poches
reffemblent en quelque façon à deux cornes recourbées qui
s'étendent de part & d'autre dans les deux cornes de la matrice,
entre le chorion & lamnios; ainfi l'allantoïde des ruminans
forme une bourfe entière, capable par elle feule de conte-
nir fa liqueur , au contraire de l'allantoide du cheval & de
âne, qui ne forme qu'une partie de la bourfe, puilqu'elle ne
revêt que le chorion , tandis que l'amnios forme l'autre partie.
Je fis donc ouvrir une vache prête à mettre bas, & après
en avoir enlevé le chorion, je foufflai Fallantoïde ; je vis dans
le commencement de la corne droite, un corps qui tenoit à la
paroi fupérieure , & qui la tiroit en bas par fon poids, de
forte que l'allantoïde formoit au dehors dans cet endroit,
une forte d’entonnoir : j'ouvris l'allantoïde , & je reconnus que
ce corps étoit d'une confiftance vifqueufe comme l'hippo-
manès, mais fa couleur étoit jaunâtre ; celle de l'allantoïde
étant blanche, on reconnoifloit aifément l'endroit où if tenoit
à cette membrane; j'eflayai de l'en détacher en le tirant dou-
cement avec la main, car je foupçonnois qu'il n'y étoit que
collé: je parvins facilement à l'en féparer ; auffi-tôt la partie
de 'allantoïde qui étoit courbée par Le poids de ce corps étran-
ger, fe rétablit dans fa forme naturelle, il n’y eut plus ni
convexité au dedans, ni concavité au dehors.
Je me rappelai alors les pédicules que j'avois vûs à quel-
ques hippomanès dont jai parlé dans le Mémoire que
j'ai déjà cité, c'étoit avec raifon que j'avois pris ces pédicules
pour des prolongemens de l'allantoïde. Je ne pouvois pas
concevoir comment ils s'étoient formés, mais à préfent on
voit clairement que l'hippomanès , ou, pour mieux dire, la
matière du fédiment de la liqueur de l'allantoïde , venant à fe
coller contre cette membrane , la fait baifler par fon poids, &
fait prendre une figure conique à l'endroit où il eft collé,
comme je l'ai vû dans fallantoïde d'un veau : fi le cone
D dd i
96 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE
s'alonge , foit parce que le poids de l'hippomanès augmente,
ou parce que la membrane a une plus grande flexibilité, if
arrive que la portion de l'allantoïde qui tient à l'hippomanès,
forme un tuyau qui a l'apparence d'un pédicule, comme je
Vai obfervé dans 'allantoïde du poulain; & ce prétendu pédi-
cule conferve conflamment Ja même forme, fi la membrane
s'accroît & fe fortifie tandis que l'hippomanèsefl ainfi fufpendu.
Le corps formé par le fédiment de la liqueur de lallan-
toïde du veau, avoit la figure d'un ovoïde aplati fur fon
petit diamètre ; fa longueur étoit de deux pouces & demi , fa
largeur d'un pouce cinq lignes; il avoit {ept lignes d'épaifleur
{ur un des côtés, & feulement trois lignes fur l'autre ; il étoit
terminé à fun des bouts parune forte de pédicule , d'environ un:
pouce de longueur, de fept lignes de largeur, & de deux lignes
d'épaifleur. On ne diftinguoit dans ce corps aucune organi-
fation de fibres ni de vaifleaux , il avoit la confiftance d'une
gomme ramollie , & il en avoit aufli l'apparence; on y voyoit
des fortes de filets contournés en différens fens, de couleur plus.
jaune que le refle, & tels qu'on en verroit dans une matière.
vifqueufe, dont toutes les parties ne feroient pas bien fembla-
bles, & qui auroit été agitée dans le temps de fa fluidité, &.
enfuite coagulée : ce corps peloit cinq gros & demi, je le.
fendis en différens fens, je ne trouvai point de cavité à f'in-
térieur, & il me parut que fa fubftance étoit par-tout la même.
Dès que j'eus trouvé dans Fallantoïde du veau un fédi-
ment femblable à celui.que j'avois vû dans F'allantoïde de
Jâne & du cheval, je ne doutai pas qu'il n'y eût aufli un
fédiment dans l'allantoïde de tous les ruminans, puifque ces
animaux ont une bien plus grande reffemblance les uns avec
les autres, qu'ils n’en ont avec le cheval & l'âne, & que la
différence qui eft entre l'allantoïde de ces derniers & celle:
des ruminans , n'empêche pas qu'il n'y eût un fédiment dans
lallantoïde du veau. Mais, quelque préfomption que l'on ait.
en pareil cas, on ne doit pas négliger de fe convaincre par
fes yeux, c'eft pourquoi je réfolus de chercher ce fédiment
dans les allantoïdes de toutes les’ efpèces de ruminans que je
DAEUSMISLCNPE N'C'E'S, 397
pourrois avoir: Le premier fujet qui me vint, fut une biche
pleine : je foufflai l'ailantoïde, & j'y vis un petit corps de
couleur blancheître, mêlée d’une teinte de bleu, tranfparent
comme une gomme épaiflie; il fottoit dans la liqueur de l'al-
lantoïde, qui étoit laiteuie ; il avoit la figure d'un ovoïde aplati,
de huit lignes de Jongueur, de quatre lignes de largeur, &
d'environ deux d’épaifieur : c'étoit une matière femblable à celle
de f'hippomanès, quoique de couleur différente, & de con-
fiflance plus molle, car il fe deffécha & fe raccornit en peu de:
temps, & il devint d’une couleur jaunûtre.
J'ai fait ouvrir une chèvre prête à mettre bas , & j'artrouvé
dans la matrice deux fœtus, un dans chaque corne; il y
avoit de petits corps flottans dans la liqueur de chacun des:
allantoïdes, ces corps étoient grumeleux & de couleur blan-
cheître, comme dans la biche: au premier coup d'œil on auroït
pû les prendre pour de petites graines arrondies, & raflem-
blées en grouppe; il y avoit plufieurs de ces grouppes, &
la plufpart étoient très - petits, leur confiftance différoit peu de:
celle de l’hippomanès. Après avoir fait évaporer les liqueurs de
ces allantoïdes, il eft reftéun réfidu grumeleux & femblable
aux petits corps flottans , fur-tout par rapport aux grains dont.
ils étoient compofés.
Enfin, j'ai encore cherché le fédiment de la liqueur de Pal-
lantoïde dans une brebis pleine; qui approchoit de fon terme :
il n'y avoit qu'un fœtus: j'ai tiré, avec la liqueur de l'allan-
toïde , de petits corps flottans parfaitement reffemblans à ceux
qui étoient dans les allantoïdes des fœtus de la chèvre, à l'ex-
céption de la couleur qui étoit d’un verd d'olive : cette même:
couleur s'eft trouvée fur le réfidu de la liqueur de l'allantorde
de la brebis, qui, au refte, reflembloit parfaitement au réfidu.
de la liqueur de l’allantoïde de la chèvre.
J'aurois fait les mêmes recherches fur la chevrette & fur la
daine, fr j'avois pu les avoir pleines ; cela m'a été impoñlible,
qroique j'aie difléqué plufieurs chevrettes, même après le-
temps du rat de ces animaux. Mais, après les obfervations que:
je viens de rapporter, on ne peut guère douter qu'il n’y ait un:
D dd üj
93 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
fédiment formé naturellement dans la liqueur de l'allantoïde
de tout animal qui eft pourvü de cette partie.
Quelqu'un s'avifera peut-être de dire, à limitation des
Grecs, que l'âne a fon onomanés , le cerf fon elaphomanes,
& ainfi des autres , comme le cheval a fon hippomanès ; mais
nous n'avons déjà en Hifloire Naturelle que trop de déno-
minations ridicules & fuperflues : d’ailleurs, nous ne pouvons
pas mieux défigner la matière que dépole une liqueur, que
par le mot de fédiment , & il feroit à fouhaiter que ce mot füt
fubflitué à celui d’hippomanès, qui a plus d’une fignification
par rapport au cheval , & dont toutes les acceptions font fauffes,
& ne peuvent qu'induire en erreur ceux qui ne font pas
bien inftruits de l'origine & de la nature de cette matière.
DES ScrIENCES. 399
LA RTL EE ET OPEN CT TRES,
ENS 187 AU
DE
CHOGRAPHIE. PAVMSIQUE,
Où l'on propofe des vies générales Jüur l'efpèce de
Charpente du Globe, compofée des chaînes de mon-
tagnes qui traverfent les mers comme les terres ;
avec quelques confidérations particuliéres fur les
différens baffins de la mer, € fur fa configuration
intérieure.
Par M. BUACHE.
uorqu’1L fût naturel à l'homme de connoître la térre
qui lui a été donnée pour habitation , cependant c'eft
moins à la curiofité qu’à l'utilité & au beloin , que la Géogra-
phie doit fon origine. Les Egyptiens & les Phéniciens, les
Grecs & les Romains, fe formérent tour à tour , felon leurs
connoiflances , une idée de la furface de la terre & de la mer.
I paroît néanmoins que ce ne fut que vers le temps d'Augufte
& de la naiffance de J. C. que la Géographie commença à
prendre une forme régulière. Les Arabes, vers Jan 1000,
en augmentèrent les connoiffances par rapport à l'Orient ;
mais les Européens occidentaux l'ont perfectionnée confidé-
rablément depuis deux cens cinquante ans, par 11 découverte
de l'Amérique, & par leurs navigations aux Indes. Pouvons-
nous maintenant être contens, lorfque nous favons que nous
ne connoiffons prefque rien au-delà du $ o€ d:gré de latitude
méridionale, fins parler de l'incertitude où nous fommes
fur la jufte pofition de quantité de villes, &c?
On a confidéré la Géographie fous trois faces différentes ,
pour la traiter dans toutes fes parties; la Naturelle ou Phyfi-
que, l'Hiflorique, & la Mathématique. On me permettra
15 Novemb,
1752+
4oo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
de dire un mot fur chacune, pour fervir d'introduétion à
ce qui fait l'objet de ce Mémoire.
La Géographie phyfique où naturelle peut être confidérée
fimplement, & telle que tous les hommes en font plus ou
moins d'ufage : c'eft alors la connoiffance de la fituation &
du fol extérieur des lieux qu'ils habitent, & de ceux qui
les environnent. Cette Géographie phyfique , que j'appellerai
extérieure , donne la connoiffance des terres, des montagnes,
des rivières, des lacs, &c. pour la partie terreftre ; & pour
Ja maritime, la connoiffance des mers, des détroits , des ifles,
& autres détails. Une autre partie de Ja Géographie phyfique,
que j'appellerai intérieure, a pour objet ce qui eft au dedans
de la terre & de la mer, comme ce qui concerne les miné-
raux , l'origine des fontaines , les diflérentes couches qui fe
découvrent dans les montagnes , l'intérieur de la mer, la di-
reélion des courans, ce qui concerne les obfervations fur
Y'aimant, qui font fi importantes pour la Navigation, enfin
divers autres objets utiles à la fociété humaine.
La Géographie Aiflorique nous fait connoître les premières
peuplades & les tranfmigrations des différentes Nations fur fa
face de la terre, l'étendue & les particularités locales des
Empires, Royaumes & Républiques, en un mot ce qui con-
cerne la Géographie des différens âges du monde. Comme
Von en fait ufage pour le politique, on sen fert auffi pour
l'eccléfiaftique , le militaire, le commerce, &c.
La Géographie mathématique où théorique comprend Ja
{cience des projections & des méthodes pour dreffer les
cartes , avec celle de fixer les objets & les lieux indiqués dans les
deux claffes précédentes, foit par les voies géométriques, foit
par celles des Itinéraires & des Routiers, foit par celles des
Obfervations aftronomiques, qui indiquent en même temps
Ja correfpondance du Globe terrefre avec le ciel, & qui font
aufli comme la bafe de la fcience géographique.
I} me femble que c'eft dans cet ordre que les différentes
portions de la Géographie doivent être préfentées, & c'eft
pour n'y conformer que je vais tâcher d’expofer la partie que je
confidère
DUMAS C TE NICE Se 401
confidère comme la plus générale de la Géographie phyfique
ou naturelle. Elle confifte dans l'efpèce de charpente que je
regarde comme le foûtien des différentes parties du Globe
terreltre, & qui eft formée par les chaînes des hautes mon-
tagnes qui le ceignent & le traverfent avec une proportion qui
paroîtra d'autant plus admirable, qu'on en approfondira Îes
circonftances.
Après plufieurs examens fur ce que nous préfente en général
la configuration des terres & des mers, & de ce qui s’y trouve
compris en particulier, j'ai été conduit aux connoiffances que
je cherchois, par la Nature même, avant que de faire ufage
des obfervations de toute efpèce qui peuvent avoir rapport
à mon objet, & qui en font la preuve.
J'ai été dirigé, 1.° par les fources des fleuves ou grandes
rivières, qui indiquent naturellement les plus hautes mon-
tagnes & les terreins les plus élevés où ces fleuves prennent
leur fource ; 2.° par les ifles, vigies, roches, &c. que l'on
connoït dans la mer, & par lefquelles on peut fe former
une idée de Ia fuite des chaînes de montagnes que j'appel-
lerai marines, aïinfi que d'une partie confidérable du fond
de la mer, dont le niveau, ou la furface, doit être regardé
comme un terme commun ou mitoyen , qui fervira de com-
paraïfon pour y rapporter les différences de hauteurs & de
profondeurs. |
On voit aflez que l'objet que j'ai l'honneur de préfenter à
la Compagnie, avec divers plans, foit en cartes géographi-
ques, foit en profil, foit en relief, offre ce qu’il ya naturel-
lement de plus frappant fur notre Globe, puifque cet objet
embraffe non feulement la connoiffance de toute la terre, par
les hautes montagnes & par la diflribution naturelle des fleuves
& des rivières , mais encore la connoiflance méthodique des
mers, de leurs baflins, &c. par les ïfles, les roches & les
vigies ou recifs , que les marins appellent bas-fonds , parce
qu'on eft en danger d'y échouer.
Pour commencer par la terre à établir comme la charpente
de notre Globe, il sagit d’abord d'en reconnoître le {ol
Mém. 1752. Eee
402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
extérieur & la partie la plus élevée. Ce que lon a connu
jufqu’à préfent des chaînes de montagnes ne fuffifant pas pour
déterminer la fuite non interrompue des lieux les plus élevés
de la terre (car l'on avouera aïfément que les Géographes
& les Phyficiens ont trop négligé cette partie de la Géo-
graphie *), J'ai cru que pour parvenir à cette connoiffance
je devois me fervir des indices que fourniflent les rivières.
On ne peut difconvenir que les fources des fleuves & des
rivières n'indiquent naturellement l'élévation des terreins où
elles prennent leurs eaux pour arrofer & fertilifer les pays
qu'elles parcourent en defcendant des hauteurs , par une pente
plus ou moins fenfble, jufqu'à la mer où elles vont {e rendre.
On ne peut douter non plusde la liaifon & du rapport que les
montagnes ont avec les rivières, & que les diftributions des
premières ne foient aufli variées que les direétions des fecondes
font différentes ; de manière que l'on conçoit en général, que
des fleuves qui ont leur cours à Foccident ou à lorient , dé-
fignent la fituation des grandes chaines de montagnes du
nord au fud, & que ceux qui coulent vers le midi ou le
nord , la marquent de l'occident à lorient.
IL me femble qu'on doit diftinguer trois efpèces de hautes
montagnes. La première comprend les plus hautes, qui for-
ment avec celles de la mer que je n’ai fait encore qu'indiquer,
ces grandes chaînes dont les unes ceignent notre Globe
comme d'occident en orient, & les autres le foûtiennent
d'un pole à l'autre. A la feconde clafle de montagnes , que
j'appellerai de revers, fe rapportent celles qui font de moyenne
grandeur ; elles partent des grandes chaines, & dirigent leur
cours vers la mer entre les fleuves. Enfin la troifième efpèce
comprend les petites chaînes de montagnes ou de terreins un
peu élevés, qui partent comme en patte d’oie , des moyennes,
& d'où fortent les rivières des côtes: pour cette raïfon, je
* On voit une remarque femblable, dans le fupplément au manufcrit
de M. de Corberon, imprimé à la fin du Tome VI du Didionnaire de
la Martinière, édition de France, page 4, avec ce titre: MNéoligence des
Géographes dans les defcriptions qu’ils nous ont données des montagnes , èT
Zur utilité par rapport à la Géographie,
P. 5
DÉS MS CT EN CES 403
crois qu'on pourroit leur donner le nom de montagnes
côtières.
Je tire cette diftinction des montagnes, de Ia diftribution
naturelle ‘des fleuves & des rivières en trois dafles. 1°
me fémble qu'on devroit fe fixer à donner 1e nôm dé fleuves
aux grandes rivières, qui prenant leur fource dans es grandes
chaînes de montagnés, parcourént un grand terrein , reçoivent
un nombre confidérablé de rivières , & confervent leur nom
depuis leur fource jufqu'à la mer où elles fe jettent.
2° Les moyennes rivières, qui fortent la plufpart dés chaînes
de montagnes de révers, perdent leur nom en joignant leurs
eaux à celles des fleuves. Confidérées ‘avec eux, on peut fe
les repréféntér fous la forme des branches d'un grand arbre,
dont le pied eft près de la mer ; & ainfi l'on peut voir comme
d'un coup d'œil tout le terrein qui fert à l'écoulement des
eaux d'un fleuve, depuis les hautes & moÿennes ‘chäines de
montagnes.
3. On doit obfervèr qu'il y à cértames rivièrès qui ne
prennent leur fourcé , ni dans les chaînes de revers, ni dans
les grandes chaînes de montagnés, & qui cependant portent
leurs'eaux jufqu'à la mir. Je crois qu'il faut faire de celles-là
uné clffe particulière, & je les nomme rires de côtes.
Après ces diftmétions , fon pourra, dans le détail, faire
diverfes remarques fur certaines rivières, dont quelques-unes
font navicablés dépuis un certain endroit, foît parmi les
moyennes, foit parmi les côtières. De ces dernières en par-
ticulier , il y en à d'afféz fortes, & qui ont une reffemblance
avec les fleuves, comme la Some, la Vilaine, la Charente.
Tout ce que je viens de dire des rivières & dés montagnes
féroit réndu fénfible en particulier, par une caÿte de France
divifée par terreins de fleuves à de rivières, à par chaînes de
montagnes *. On én peut prendre une idée par la carte de
la Manche , c-jointe. |
La carte de l'Europe feroit Voir le même objet d'uné
* Le plan de cette carte & des autres dont on parle dans ce Mémoire,
a été préfenté en manufcrit à l’Académie.
Eee ij
404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
manière plus générale , & l'on y diftingueroit les deux baffins
intérieurs de Océan, favoir, les mers Méditerranée & Baltique
avec une partie du terrein que parcourent du côté de l'Afie
les eaux qui forment le baflin fingulier de Ja mer Cafpienne.
Avant que de tirer, par rapport à notre Globe , les confé-
quences vraiment naturelles de ce que je viens de repréfenter
comme partie des principes fur la continuité des chaînes de
montagnes, il nous faut confidérer la mer qu'elles traverfent
en divers fens. Faifant abftraétion de ce qui a été dit par
divers Auteurs fur les divifions de la mer, je la trouve dif-
tribuée naturellement en trois parties, par la difpofition des
terres , & par la direétion des grands caps des trois conti-
pens, qui d'un autre côté font comme les têtes des chaînes
terreftres de hautes montagnes qui vont comme d’un pole
vers l'autre.
La partie de la mer que je mets au premier rang, c'eft
l'Océan, qui baigne les parties occidentales de l'Europe &
de l'Afrique, & les orientales de l'Amérique. L'Océan eft
divifé par certaines directions des ifles , roches & vigies
(que je regarde comme les fommets de la fuite des monta-
gnes marines ) en trois grands baflins dont deux fe fubdi-
vifent en plufieurs autres. 1.” La mer du Nord, depuis la
fuite marine de montagnes qui va du Nord-cap , par lflande,
au Groenland, jufqu’à la chaîne de montagnes qui part des
ifles Britanniques ; & cette mer forme, par des épanchemens
dans les terres à travers les détroits du Sund & de Davis,
le bain de fa mer Baltique, nommée par les navigateurs du
nord mer de l'Eff, & celui que j'appelle mer du Nord-oueff,
qui comprend les baies d'Hudfon & de Bafhin. 2." L'Ocean
Atlantique, depuis la chaîne qui, du pas de Calais (que je
ferai voir fenfiblement être un Hfthme marin) va, à travers
les ifles Britanniques & des vigies, joindre l'Europe à l'Amé-
rique feptentrionale, par le grand banc & le cap raz de T'erre-
neuve, jufqu'à la chaîne qui joint l'Afrique à l'Amérique
méridionale. Cette partie de l'Océan a trois baflins particuliers,”
outre le grand; favoir , à lorient, celui qui eft borné au nord
must Éd
D'EMSVSACULLE IN:C Es. o
par la chaîne de montagnes marines qui pañle par les ifles Britan-
niques, & par celle qui part du cap Non, environne les ifles
Canaries & les Açores, & va faire la jonétion de l'Afrique
avec l Amérique feptentrionale, à l'ifle de T'erre-neuve, &
au cap-fable d'Acadie. Plus à Forient, eft le fecond baffin
particulier, qui eft féparé du précédent par le détroit de
Gibraltar, & qui a été fort bien nommé par les anciens , la
mer Méditerranée ou intérieure. Enfin , à l'occident , le baflin
‘du Golfe du Mexique, formé par la chaîne des ifles Antilles
& des Lucayes, jufqu'à la prefqu'ifle de la Floride. 3.° J'ap-
pelle Océan méridional, la troifième & dernière partie de
cette mer, qui s'étend depuis la chaîne de montagnes ma-
rines qui joint l'Afrique avec l'Amérique méridionale, &
qui eft dans la direction du cap Tagrin de Guinée, à Rio-
grande & au cap Saint-Auguftin du Brefil, comme je l'ai
fait voir dans une carte publiée en 1746 , avec l'approbation
de l'Académie, Cette partie de l'Océan eft bornée au midi,
felon notre façon d'envifager les chofes , par une partie des
terres Antartiques que j'appelle de l'Océan, parce qu'il en
doit baigner les côtes d’un côté, entre la chaîne de monta-
gnes marines qui va du cap Bonne-efpérance à 11 terre
ou au cap de la Circoncifion, reconnu en 1739 par les
vaifleaux de notre Compagnie des Indes, & de l'autre côté
jufqu'à 1 chaîne qui joint la terre de Feu avec le port de
Drack. |
La feconde grande partie de fa mer, eft celle des Zndes ,
qui eft entre l'Afrique & le continent auftral, & qui baigne
les côtes méridionales de lAfie. Elle s'étend jufqu'à la partie
des terres Antarcfiques , que j'appelle de la mer des Indes,
pour les diftinguer des autres. On peut remarquer dans cette
mer, trois baflins particuliers , qui en font féparés par une
chaîne de montagnes marines qui commence à l'ifle de
Madagafcar, & continuant jufqu'à celle de Sumatra, va
rejoindre Ja terre de Diemen & la nouvelle Guinée. Le
premiér de ces trois baflins de la mer des Indes eft, à l’oc-
cident , celui d'Arabie & de Perfe, qui forme les deux golfes
Eee ii
406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qu'on appeloit autrefois mer Rouge & fein Perfique, &
que j'appelle d’un feul mot, go/fe des Arabes, à caufe de leurs
anciennes colonies fur ces côtes. Le fecond n'eft autre chofé
que le golfe de Bengale, entre les deux prefqu'ifles de l'Inde,
Le troifième baflin eft ce grand Archipel qui contient les
ifles de la Sonde, les Moluques & les Philippines : c’eft
comme un maflif qui joint l'Afie au continent auftral, &
qui foûtient le poids des eaux de la Grande mer ou Pacifique;
dont il eft d'ailleurs féparé par un petit baffin particulier , à
Yorient duquel fe trouve une chaine dé montagnes marines ,
formée par les ifles Marianes.
La troifième mer eft vulgairement appelée #1er du Sud
& Pacifique ; mais comme l'on fait aujourd’hui qu'elle eft fort
étendue vers le nord, & qu'on y éprouve de violentes tem-
êtes, ces noms ne paroiffent pas convenir ; c'eft pourquoi
je l'appelle fimplement la Grande mer, Elle s'étendentrel'Afie,
le continent auftral & l'Amérique , étant d'ailleurs bornée
du côté du pole Arétique par le détroit que les Ruffes ont
découvert, il y a quelques années, entre le nord-eft de l'Afie &
le nord-oueft de l Amérique. Cette mer fe fubdivife en trois
baflins. 1° La mer feptentrionale, qui va depuis le détroit.
du nord dont je viens de parler, jufqu'un peu au deflous
du tropique du Cancer, où eft une chaîne de montagnes
marines qui va des caps Corientes de la Nouvelle-Efpagne
& Saint-Lucas de la Californie , jufqu'à la chaîne des Marianes
& au continent auftral. 2.” Le fecond baffin eft formé par
la partie du milieu de la Grande mer : on peut donner avee
exactitude à celui-ci le nom de la mer du Sud. H s'étend
depuis les bornes que j'ai données au précédent baflin, jufqu'à
la chaine qui part des ifles de Chiloé, & qui va gagner par
celles de Salomon la partie du continent auftral que l'on appelle
terre du Saint-Efprit. 3.° J'appelle #er méridionale le troïfième
baffin, qui s'étend depuis la dernière chaîne de montagnes
marines dont je viens de parler, jufqu'à celles des terres
Antardiques que je nomme de la Grande mer. Ce baffin ef
entre le continent auftral & la partie du fud-oueft d'Amérique
lt he er ne SOS
DLBISNASUICII 'E MNUIC:EnS. 407
où eft & détroit de Magellan & la terre de Feu, d'où part
la chaîne qui fépare cette mer de Océan méridional, & qui
va vers Je port découvert par François Drack.
On doit ajoûter aux baflins de ces trois grandes mers,
qui fe communiquent les uns aux autres par des débouque-
mens ou par des détroits, deux autres baflins particuliers,
auxquels on peut donner le nom de petites mers. Le premier
eft la mer Glaciale, qui communique avec la mer du nord
ou l'Océan {eptentrional, par les débouquemens formés dans
la chaîue des pointes de Stade & de lIflande, & par le
nouveau détroit avec la mer feptentrionale, ou le premier
baffin de la Grande mer. La feconde petite mer peut être
fuppofée au deflous du pole Antarctique, & environnée par
les terres dont on ne connoït que quelques côtes oppolées,
baignées par l'Océan, la mer des Indes & a Grande mer.
Je foupçonne que ce bañlin, ou cette petite mer, commu-
nique aux deux précédentes; & je regarde les deux mers
Glaciales comme les têtes des autres, puifque les glaces qui
en fortent, y font portées jufqu'à la latitude du $o€ degré,
comme on la oblérvé à Louifbourg & au cap de la Cir-
” concifion.
Le temps ne me permet pas de fuivre en détail les grandes
chaînes de montagnes terreftres , comme j'ai fait les marines.
Celles-ci partent des caps les plus fameux, dans la direction
que donnent les fuites d’ifles, roches, vigies, &c. pour tra-
verfer les mers, & les divifer par parties. Celles-là aboutiffent
à ces mêmes caps, étant déterminées fürement & indubita-
blement par les fources des grands fleuves, auffi-bien que par
le contour des baffins intérieurs dont j'ai parlé. C’eft de quoi
lon peut prendre une idée en jettant la vüe fur le Planifphere
Plyfique , où l'on voit du pole feptentrional tout ce que Ton
connoît de terres & de mers, avec les grandes chaînes de mon-
tagnes. Une connoiflance plus détaillée pourroit être donnée
en trois cartes, qui, felon la divifion naturelle du Globe
terreflre , repréfenteroient à part, chacune des trois grandes
mers, avec les terreins inclinés vers chaque mer, & dont les
408 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
eaux des fleuves € rivières s'y déchargent depuis les chaînes
de montagnes , qui font comme la crête de Jeurs baffins.
Ce qui paroît de plus fingulier dans l'enchainement de cette
efpèce de charpente qui traverfe les continens,& qui foûtient
les parties de notre Globe, c'eft que les chaînes terreftres
femblent partir la plufpart comme en rayons, de certains en-
droits qui doivent ètre les lieux les plus élevés de la terre,
& des elpèces de plateaux , formés par des montagnes comme
grouppées & entaffées les unes fur les autres, Je ne puis main-
tenant rechercher pourquoi les uns font des terreins de fable
avec affez peu d’eau, quoique fort étendus, & pourquoi les autres
de très-grands lacs, comme dans le Canada ; mais j'obferve
ue de ces plateaux, les plus remarquables font environ au
milieu de l’Afie & de chacune des deux grandes parties de
l'Amérique, qu'il y en a un au moins très -confidérable en
Afrique, & deux moindres en Europe.
De ces derniers , lun occupe la Suifle, & l'autre eft vers
le nord. De celui-ci, où fe trouvent les fources du Volga,
du Don, &c. partent quatre chaînes de montagnes, dont
June vient aboutir au détroit de Gibraltar ( c'eft celle qui
traverfe la France ) : la feconde côtoie le Don , la mer Noire,
une partie de la Méditerranée, & aboutit à l'ifthme de Suez
qui joint l'Afrique à l'Afie; la troifième va au Nord-cap &
aux pointes de Stade, formant les montagnes de Norvège;
la quatrième fe joint au grand plateau d'Afie. De celui-ci
fortent entrautres les montagnes de l’Afie méridionale &
celles de la Sibérie orientale, qui vont fe joindre avec les
montagnes de l Amérique feptentrionale , par le détroit du
nord dont je dirai dans un moment quelque chofe de
particulier.
Du grand plateau de l'Afrique fortent cinq chaînes de hautes
montagnes ; la première côtoyant la mer Rouge, après avoir
jeté de côté une de fes branches vers les détroits de Babel-
mandel & d'Ormus, va aboutir à l'ifthme de Suez, & joindre
l'une des chaînes d'Europe & d’Afie. La feconde fe réunit au
mont Atlas du côté de Tripoli. La troifième, après avoir
jeté
D'ÉIMTIO/C IE N CES, 40
jeté une de ces branches qui fert à former la tête de Ia chaîne
marine qui paflé par les ifles Canaries & les Açores ( &
fait la feconde liaifon de l'Amérique feptentrionale) , va
elle-même vers le cap Tagrin de Guinée, former la grande
chaîne marine qui lie Amérique méridionale à lAfrique,
La quatrième chaîne va au cap de Bonne-efpérance, pour y
être la tête de la chaîne marine qui fait l'union de l’Afrique
avec les terres Antarctiques. Enfin, la cinquième aboutit vis-
à-vis l'ifle de Madagafcar, & fert à former {a chaîne marine
qui traverfe la mer des Indes.
Les plateaux de l'Amérique font de différente efpèce,
comme je l'ai déjà obfervé en parlant des lacs du Canada.
La plus grande chaîne de montagnes va aflez régulièrement
le long de la Grande mer, du nord-oueft au fud, depuis le
détroit du Nord jufqu'à celui de Magellan.
J'avois foupçonné Ia liaifon de l'Amérique avec l'Afe,
à peu près telle qu'elle eft aujourd'hui prouvée par les navi-
gations des Rufles & des Chinois, avant que M. de F'fle le
Profefieur royal, &Membre de cette Académie, m'eût com-
muniqué fes Mémoires, fur lefquels j'ai dreffé la carte des
nouvelles découvertes , qui eft publique depuis quelque temps.
Ce qui avoit déterminé mon foupçon, c'étoit la direc-
tion des caps, des montagnes, des rivières & des glaces,
qu'offroit la vüe de l'Atlas Ruffien que M. le Comte
d’Argenfon me fit l'honneur de me prêter dans fa nouveauté ,
& avant que M. de l'Ifle füt revenu de Ruflie. L'Académie,
qui a donné fon approbation le 6 Septembre dernier, au
Mémoire que je lui ai préfenté fur les terres d'Amérique
qui avoifment lAfie, & qui paroîtra bien-tôt avec les cartes
relatives ; l'Académie, dis-je, fait que la carte que l'on peut
faire d'après la relation feule de Y Amiral de Fonte, s'accorde
avec deux points principaux déjà reconnus fürement , favoir,
1.” la côte d'Amérique qui regarde le détroit du Nord, au
milieu duquel les Rufles ont obfervé une ifle, & à l'eft les
indices d'une côte baffle; 2.° avec la jufle pofition du cap
Blanc de Californie , connue depuis long temps, Entre
Mém. 1752.
410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
ces deux points & les côtes des baies d'Hudfon & de Bafin,
fe préfentent fort bien les pays décrits par l’Amiral de Fonte,
fur-tout fi l'on a égard à tout ce que j'ai oblervé dans mon
Mémoire du mois de Septembre,
Quelque envie que j'aie d'abréger, je ne puis m'empé-
cher de faire ici deux oblervations | par ticulières, au fujet de
ces nouvelles terres d'Amérique. 1.” La grande prefqu’ ifle
que lon voit au haut de fa carte de la Grande mer, & qui
fert à former une efpèce de manche entre te Kamchatka &
l'ifle de Beering, eft juftifiée comme le refle, non-feulement
par le fyflème phyfique qui fait l'objet de ce Mémoire , mais
encore par la carte de Strahlenberg , & par une autre publiée
à Nurembeig, fur les Mémoires dé Allemands qui font au
Érvicéttle liRufier2:le giffement que j'ai donné aux
côtes d'Amérique qui avoifinent celles de l'Afie , eft non feu-
lement reiatif à tout ce que l’on en peut favoir d ailleurs, &
aux navigations des Rufles, mais encore à celles des ed
fur lefquelles M. de Guignes m'a bien voulu communiquer
la diflertation qu'il a faite au fujet de ces navigations , dont
nous n'avions point de connoiffance. Il prouve par les grandes
hiftoires authentiques de la Chine, que les Chinois naviguoient
fréquemment dans le cinquième & le fixième fiècle du côté
de} Amérique, où ils mettoient un pays de Fou- -fang. Or, par
le détail de {eur route & fes différentes diftances, l’on recon-
noit que ce pays de Fou-fang répond au voifinage des décou-
vertes faites par les Rufles en 1741, & des terres de Amiral
de Fonte.On doit remarquer que les Chinois, qui ne naviguent
que côte à côte, alloient de la Chine reconnoître au midi les
iles que nous appelons du Japon, pafloient au Veuchin, qui
ft notre terre d'Yeco, enfuite à la prefqu'ile du 74han,
aujourd'hui le Kamchatka, & delà le long de la grande
prefqu'ifle du nord-oueft de Amérique (puifqu'ils alloient
toûjours côte à côte), jufqu'au Fou-fang, qu'ils mettent à
quarante-quatre mille lis de la Chine. Je finis cet-article, en
obfervant que la fomme totale des diflances de leur route,
s'accorde fort bien avec ce que nous favons d’ailleurs fur cette
HNEASUMSMNENT LES NYC ES. AIT
partie des côtes feptentrionales baignées par les eaux de fa
grande mer.
Je vais maintenant faire voir que les détroits qui fCpa-
rent les continens, fe changent dans la mer en ifthmes , que
j'appelle marins; & par-R je crois juftifier pleinement le fyfième
naturel de la continuité des chaînes de montagnes marines ,
ui f fait au deffous du niveau dela mer, par le maflif de
fuites d'ifles , de vigies, &c. qui indiquent les fommets de
ces montagnes. Je vais, pour le prouver fenfiblement, comme
êter les eaux du fond d’un détroit qui a de grands rapports
avec celui du Nord dont je viens de parler, & je ferai voir
auffi au dedans de la mer, autant qu'il eft pofhble, la forme
d'une grande chaîne de montagnes marines, qui a ce qu'on
appelle des débouquemens, que lon fent être fur mer en
grand ce que les détroits font en petit.
Je ne puis mieux faire pour cela, que de me fervir de
deux morceaux qui font partie de ces ellais que j'ai préfentés
en différens temps à l'Académie, lorfque je cherchois à établir
le fyflème général qui fait l'objet du préfent Mémoire. Je
commence par la carte de l'Océan vers l'E quateur, qui a été
rendue publique, & qui étoit la fuite d’une première carte de
l'Océan feptentrional qui a été auffi gravée, mais qui eft au
dépôt de la marine depuis fon exécution en 173 6.
Cette carte de l'Océan vers l'Equateur , renferme la tra-
verfée & le détail de l'ifle de Noronha, avec une partie des
côtes de Guinée & celles du Brefl. J'y ai marqué la grande
chaîne de montagnes marines qui unit en cet endroit les
deux continens, & elle f reconnoît fenfiblement par les ifles,
vigies & bas-fonds, dont on voit auffi la coupe & le profil
dans cette carte, de fa même manière que je donne aujour-
d'hui le détail de la Manche & du pas de Calais. Cette
grande chaîne de montagnes marines continue par deflous
le niveau de la mer; & quoiqu'elle joigne le cap Tagrin de
Ja Guinée près de l'embouchüre de Rio-grande, & au cap Saint-
Auguftin du Brefil, cependant on remarque qu'elle forme
à une certaine profondeur des ouvertures ou débouquemens ,
Fffÿ
412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qui font les paffages que les navigateurs cherchent , pour éviter
les vigies de ces parages, qui font partie des fommeis de cette
chaîne de montagnes marines. Je ne m'arrêterai pas davantage
fur ce qui réfulte de la confidération de cette carte, qui eft
connue.
Je pafle à ce qui regarde un détroit très-voifin de nous , &
à l'examen des ralus qui defcendent par des pentes plus ou
moins grandes , jufqu'aux profondeurs de la mer ou derniers
petits baflins , qui font comme des lacs entre les montagnes
marines. On peut de-là remonter en efprit » comme par étages,
jufque fur les côtes, d'où par degré & le long des pentes
terreftres qui fervent à l'écoulement des rivières & des fleuves,
on parviendra jufqu'à la chaine des plus hautes montagnes
qui ceignent & traverfent notre Globe.
La repréfentation de ce que nous appelons le Cana] ou
la Manche avec le pas de Calais , que je donne en plan &
profil, conformément à ce que j'ai préfenté à l'Académie le
25 Mair737, nous doit paroitre d'autant plus intéreflante,
qu'elle eft dreflée dans les mêmes vües Phyfiques, & que
la chofe nous touche de plus près. Pour a rendre encore plus
fenfible, je lai fait exécuter en un relief. On y voit, aufli-
bien que dans le plan, par la réunion des fondes que les
navigateurs ont oblervées , le rapport qu'il y a entre la difpo-
fition extérieure des côtes de France & d'Angleterre, & celle
du fond de la mer. L’ufage que je fais ici des fondes ( comme
je l'ai remarqué dans la carte de l'Océan vers l'Equateur , pour
les bas-fonds voifins de l'ifle de Noronha }, montre au premier
coup d'œil dans le plan de la Manche, par les lignes tracées
entre les côtes & dans l'intérieur de la mer, que j'ai fait ufage
des fondes de 1 o braffes en 1 o braffes, & qu'ainfi l'efpace com-
pris entre la côte & la première ligne repréfente les profondeurs
priles du niveau de la mer, depuis zéro jufqu’à dix brafles, efpace
que j'appelle /t ou banc. De cette première ligne à la feconde,
font comprifes les profondeurs depuis dix jufqu'à vingt braffes.
Il en eft ainfi des autres lignes qui fervent à faire connoître
Yétendue & les bornes de chaque efpèce de lit, dont il eft
DIANSPISICIME N CES. 413
à remarquer que la figure affez variée tend toûjours à fa
circulaire du côté des côtes qui la dirigent d'un côté ou
d’un autre. J'emploie dans ce cas particulier , la mefure tirée
des fondes jufqu'à foixante à foixante-dix brafes : c'eft à
cette profondeur que fe fait l'entière liaifon de la partie méri-
dionale de l'Angleterre avec les côtes de France qui y font
oppolées, liaifon qui a commencé à fe faire par degré à l’ifthme
marin qui eft au deflous du pas de Calais, comme je vais le
faire voir.
Le premier lit, qui contient le fond de zéro brafles jufqu’à
dix, conferve dans fon contour à peu près celui des côtes
extérieures dont il eft le talus: ce qui eft très-remarquable au
pas de Calais, foit du côté de la ville qui porte ce nom fur
les côtes de France, foit du côté de Douvres fur celles
d'Angleterre.
( Et ici je crois devoir avertir que par rapport à mon
objet, je n'ai pas dû avoir égard aux plus petites ifles, aux
roches, &c. qui tiennent aux côtes, non plus qu'aux baies
ou ports dont l'étendue peut être comme celui de Bref.
Dans ce premier lit eft compris la bafe ou le mañlif de
lille de Wight, qui neft féparée de l'Angleterre que par
un petit canal.
Le fecond lit, qui contient les fonds depuis dix jufqu'à
vingt brafes , eft prefque la continuation du premier talus , &
fuit la même pente ; mais il change & s'avance en mer au-delà
du cap de la Hague , parce qu'alors il devient le talus des ifles
de Jerfey, de Grenefey & d’Aurigny qu'il unit à fa Nor-
mandie : après cela il devient le maflif ou le {ol des côtes
particulières du Cotentin, de ŸAvranchin & jufqu'à Saint-
Malo. H continue enfuite {e long dela Bretagne , avec quelque
différence de la côte, à caufe des petites ifles dont il eft Ja
bafe ; jufqu'aux ifles d'Oueffant * qui font alors unies à fa
Bretagne. Il eft encore à remarquer qu’au fond de ce lit &
près le pas de Cülais, au fud-eff, eft un petit lac de figure
* L’ifle d’Oueffant eft entourée de quelques autres ifes moins grandes, qui,
à cau{e d'elle , font nommées lesifles d'Ouefant.
| Fff iÿ
4
414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
alongée, qui eft dans la direétion de la côte, & quia environ
uinze brafles de profondeur au deffous de ce fecond lit.
Du côté de l'Angleterre , quoique celit s'éloigne diver fement
des côtes, il ne différe pastrop de leurs contours, & il laiffe
les ifies Sorlingues ifolées.
Le troifième lit, qui comprend le fond de vingt braffes
jufqu'i à trente, commence, en prenant plus de pente, à former
une e{pèce de golfe marin dans la Manche: car fi lon luppole
maintenant avec moi, & par une fuite de ce que je viens de
dire, les eaux , tant de la Manche que de la mer du nord,
retirdes de vingt-trois brafles ou de vingt à vingt-cinq, on
en aura trois de découvertes dans ce lit; ainfi le pas ou
détroit de Calais fera à fec, & joignant par un ifthme
Angleterre avec la France, il fera un col ou pas entre les
terreins élevés de Calais & de Douvres, & la mer formera
un golfe dans la Manche.
1e continuation de ce troifième lit le long des côtes &
autour des ifles, dificre de plus en plus pour fee finuofités,
& il va fe terminer d'un côté à la bafe desifles d'Ouefant,
& de l'autre au cap Lézard, en laiflant encore les ifles Sor-
lingues ifolées.
Le de ième lit, dont Ia profondeur commence à trente
braffes jufqu'à quarante, ne fe continue plus dans le pas de
Calais, mais fe termine encore en forme de golfe vis-à-vis l'ifle
de Wight & la pointe orientale du Cotentin, ce qui fait
une plus grande liaifon de l'Angleterre avec la France. La
continuation de ce lit fert encore de bafe au cap Lézard &
aux ifles d'Oueffant , dont le talus eft prefque à plomb, au
lieu qu'à l'endroit où il forme le golfe marin, il peut être
regardé comme un petit bas-fond.
"Le cinquième lit comprend le fond de quarante à cinquante
braffes ; l'efpèce de golfe qu'il forme, finit vis-à-vis l'ifle de
Portland & Saint-Malo: c'eft une troifième jonction de la
France avec l'Angleterre.
Le fixième lit, dont les profondeurs font de cinquante à
foixante brafles, ne le quatrième & dernier golfe marin,
—
e
DLEPSNL SIC LE UN GE 5. ATS
qui fe termine vis-à-vis le cap Lézard & la pointe de Bre-
tagne , & va rejoindre du côté de fon ouverture en pleine
mer, les deux extrémités de l'Angleterre & de la France,
u’il achève alors de joindre entièrement dans toute l'étendue
de la Manche, étant fa dernière bafe des ifles Sorlingues &
d'Oueffant. L’efpèce de grouppe des unes & des autres eft
comme à pic: entre elles & la pointe occidentale d’Angleterre
nommée Lands-end, font des roches ou bas-fonds qu'on
appelle le Gouffre.
Enfin le feptième lit, qui comprend le fond de foixante
à foixante-dix braffes, ne prend plus la forme d'un golfe,
mais s'avance en forme de pointe dans le parallèle des ifles
Sorlingues jufqu'à vingt-deux lieues, & va enfuite gagner par
divers contours les ifles d'Oueffant.
On 2 lieu de foupçonner que les fonds fe continuent plus
ou moins en avançant dans la mer, & tournent du côté de
l'Irlande jufqu'à la rencontre des roches qui font dans la tra-
verfée d'Europe au Grand-banc & à Terre-neuve.
Ï eft encore à remarquer que l'on trouve fur le bord du
cinquième au fixième lit de la Manche, une efpèce d’abîime
ou de puits, qui va jufqu'à foixante-dix braffes, à compter du
niveau de la mer. Serviroit-il à quelque communication
foûterraine ?
l’ufage que j'ai fait des Sondes, & que perfonne n'avoit
employé avant moi pour exprimer les fonds de fa mer,
me paroît très-propre à faire connoître d’une manière fenfible
les pentes ou talus des côtes, & en même-temps les efpèces
de lits que cette méthode me donne, & qui nous condui-
fent par degrés jufqu’aux fonds des baflins de la mer.
La Géographie & Hydrographie étudiées felon toutes
les vües que j'ai propofées dans ce Mémoire, peuvent prendre
une nouvelle face. On pourroit auffi fe fervir de ce com-
mencement de fyfème, pour en tirer des conféquences plus
étendues. H feroit ainft à propos que les navigateurs vou-
luffent bien remarquer, relativement aux vûes que j'aiindiquées,
les efpèces de petits phénomènes qu'on eft fouvent porté à
416 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyazE
négliger, & dont la réunion pourroit cependant conduire à
la découverte d'une caufe générale dont les variétés dépen-
dent de différences particulières dans la difpofition des côtes
& dans celle des fonds de la mer, comme ce qui regarde
les courans & les vents, dont on a pü fouvent confondre
leflet, en attribuant aux uns ce qui convenoit aux autres.
On me permettra de propofer encore un moyen pour
perfectionner ce fyflème, ce feroit d'exécuter un Globe en
relief, par portions de mers & de terres, que l'on pourroit
détacher & réunir quand on le voudroit; ainfi, après avoir
remarqué les élévations plus ou moins grandes au deflus du
niveau de la mer, auffi-bien que le cours des fleuves &
rivières, avec les pofitions des villes, & même ce qui concerne
YHiftoire Naturelle, on pourra lever ce qui repréfentera la
fuperficie des eaux de la mer, pour confidérer la différence
de fes fonds, la difpofition des chaînes de montagnes marines ,
& tout ce qui peut concerner l'Hiftoire Naturelle de la mer.
On fe flatte qu'un tel ouvrage ferviroit non feulement à expli-
quer beaucoup de phénomènes , mais fourniroit encore de
nouvelles vües pour la perfection de la Géographie & de la
Navigation, aufli-bien que pour celle de la Phyfique.
OBSERVATION
*
ÿ
Mem. de LAc. REdes Se: 1762.
Page’ 416. PL.xnr.
ou l'on voit du Pole Septentrional
Grandes Chaînes de Montagnes qui traverfent le GLOBE.
de l'Academie le 15. Novembre 1762. par Phihppe Buache.
FE Equateuy. ,
uvre pour em ppe 4 te Ter, 4
n
&
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AS:
A
ï \hmI de 4 RE À \
D ee ù , : Mem. de Le REder Je: 1782
PLANISPHERKE PHYSIQU En ne) où l'on voit du Pole Septentrional PT LE
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n : =
des Grandes Chaines de Montagnes qu traverfent le GLOBE.
on connott de TERRES et de Mers, Avec mA
Memoire Lu à LAsremblee publique
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3 Û ,
GENTILLE de l'Académie le 15. Novembre 1762. par Philippe Buache
Dresse pour le £
V4
Grave par Derbrrlne
la MER du NoRD, owve voit l'etat actuel des profondeurs de la MER, AE: Deer L'Acaderi
brectement dans ces MERS, depuis Les dffer. entes Chaînes de Montagnes:
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À. XIV.
Mem. de l'draderuk
dar Je. 1753. pag pub.
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pressée en 1752. Par Philippe Buache
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L'Auteur prerenta em 197. a lAcad® Bet
“ir Je. ce Plan Phyprique de la Manche,
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‘Equateur, pour montrer comment
le font ler jonctionr der Terres, soit Re. QUE Ve 3
vrochainer, soit éloignéer.
25 de do ol. Commun “à
12 y
_
D'ESNSAC/TE IN C'E 417
OBSERVATION ANATOMIQUE
SUR LES
ORGANES DE LA DIGESTION
D E
LOISEAU APPELE COUCOU.
Par M. HÉRISSANT.
j E Coucou eft un des oifeaux qui nous annoncent par
leur chant le retour des beaux jours: c’eft au fien qu'il
doit fon nom; en chantant, il articule coucou aufli diftinc-
tement que le pourroit faire une voix humaine. Il n’eft
point d'oifeaux dont les anciens Naturalifles nous aient ra-
conté plus de merveilles, entre lefquelles quelques-unes,
malgré leur air trop fabuleux, ont été adoptées ou n'ont
pas été aflez rejetées par des Naturalifles modernes.
Si l'on en croit Pline, qui cite pour garant Ariftote, le
coucou eft une efpèce d’épervier, ou pluftôt l’épervier n'eft
‘ autre chofe que le coucou devenu adulte; & Bélon rapporte
que le faucon étoit, de fon temps, regardé en France comme
le père du coucou.
Son plumage, par lequel il reffemble aflez à un oifeau de
proie, dont il n’a d’ailleurs ni le bec, ni les ferres, aura fans
doute donné lieu à ces erreurs. Tous ceux pourtant de ce
pays n'ont pas le même plumage : on en peut voir dans le
cabinet de M. de Reaumur, qui, par le leur, reffemblent à
différentes efpèces d’émouchets, & un autre qui reflemble
affez à un pigeon bizet; leur grandeur eft à peu près celle
de ce dernier.
Ifidore de Séville (qui le fait revenir chez nous fur le
dos d'un milan, étant incapable, après l'hiver, de faire de
longs vols) ofe en rapporter un conte encore plus ridicule:
il dit que fa falive du coucou engendre des cigales qui ont
fi peu de retour pour loifeau auquel elles doivent l'être,
Mém, 175 2. Ggg
418 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qu'elles fe jettent fur lui, fe cachent fous fes aîles, & le
font enfin mourir par leur piqüre.
D'autres Auteurs l'exemptent de faire de longs voyages :
ils veulent qu'à l'approche de l'hiver il fe retire dans des
troncs d'arbres, où quelques-uns prétendent qu'il a eu foin
de faire un magafn de blé. Il eft pourtant certain que pen-
dant le refle de l'année, ïl fe laïfleroit mourir de faim
sil ne trouvoit que du blé pour fe nourrir. D'autres veulent
que dans la caverne où il seft logé, fes plumes tombent,
que fon corps fe couvre de galle, & qu'il refte en un état de
foibleffe jufqu’à ce que de nouvelles plumes lui foient revenues
au printemps, & qu'il foit alors en état de prendre l'efior.
Mais une fmgularité de cet oifeau , au moins auffi grande
que celles qui viennent d'être indiquées, & beaucoup plus
certaine, c'eft qu'il a été déchargé par la Nature prefque de
tous foins pour la confervation & la multiplication de fon
efpèce: il montre pour fa poftérité une indifférence dont on
ne fauroit trouver d'exemples dans aucune des autres clafles
des grands animaux. Les loups, les lions , les tigres, les aigles,
les vautours, en un mot les animaux Îes plus féroces font
tendres pour leurs petits, rien ne leur coûte pour les élever
& les défendre. Le coucou, par une exception fort étrange,
eft le feul qui ait été difpenfé du foin de faire éclorre &
d'élever fes petits. La femelle ne fe donne pas la peine de
faire fon nid : tout ce qu'elle fait pour fa poftérité, fe réduit
à aller pondre un œuf dans le nid d'un autre oifeau ; alors
cle eft quitte de tout. Quoiqu'elle foit auf grande au moins
qu'une tourterelle , le nid dans lequel elle le dépole eft toujours
celui d'un fort petit oifeau, comme d'une rouffette, d’une
fauvette , d'une gorge-rouge, &c. c'eft au petit oifeau à élever
le petit coucou qui éclorra de cet œuf, & il s'en charge.
Ce fait n’eft plus du nombre de ceux qui aient befoin d'être
vérifiés : il a été obfervé par M. Frifch , par M. Salerne
Médecin à Orléans , Correfpondant de cette Académie; &
M. de Reaumur a dans fon cabinet le nid d'une rouflette,
& le coucou qui y avoit été élevé dans le parterre de fon
ea
DES SCIENCES. 419
château de Reaumur. On lui avoit attaché une ficelle à une
patte, afin que lorfqu'il feroit devenu affez grand pour s'en-
voler , il ne put échapper.
C'eft une étrange commiflion pour un petit oifeau , que
d’avoir à en élever un d’une taille fi fupérieure à la fiemne. Ce
dernier refle feul poflefleur du nid; les enfans naturels en
font chañlés & condamnés à périr. La petite nourrice chargée
de cette commiflion, paroït devoir l'être pendant long temps ;
car il eft furprenant combien les jeunes coucous font de temps
avant que de vouloir prendre la peine de manger feuls. La
pareffe femble être la qualité dominante de cet oifeau: j'en
ai vü chez M. de Reaumur, chez moi & ailleurs, plufieurs
qui après être devenus grands comme père & mère, ont exigé
pendant un mois & demi ou deux mois qu'on leur donnât
la becquée. Des infeétes de diverfes efpèces, comme chenilles,
vers, &c. font leur nourriture naturelle, & on y fupplée en
leur donnant de la viande crue.
Ces fortes de fmgularités ne font pas celles qui font l'objet
de ce Mémoire ; je me fuis propolé d'en faire connoître
d’autres qu'il faut aller chercher dans l'intérieur du corps, &
dont on n'a point encore parlé. On y trouve les inteftins
placés autrement que dans les autres oifeaux, & un eftomac
dont la grandeur, la pofition & les attaches font très-dignes
d’être remarquées & connues.
Lorfqu'on a fait au ventre d'un oifeau une grande ouverture
qui a été pouflée jufqu'à l'aus, ce qui frappe le plus les
yeux, c'eft la mafle des inteftins qui cachent fouvent en
grande partie le géfier ou leftomac, comme on le peut voir
planche première, aufi fus-je très-étonné, & j'eus lieu de
l'être, de ce qu'après avoir fait une telle ouverture au ventre
du premier coucou que j'eus occafion de difféquer, je n'a-
perçus pas la mafle de fes inteflins. J'avois commencé par
faire une incifion longitudinale au milieu des parties conte-
nantes du ventre : cette incifion, qui étoit pénétrante , s'étendit
depuis extrémité inférieure du ffernum jufqu'à l'anus exclu-
fivement. (Woyez la planche I.)
Gegi
420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Au lieu de voir des inteflins, je fus fort furpris de
rencontrer fous mon fcalpel une affez grande quantité de mor-
ceiux de viande crue ; c'étoit la nourriture que cet animal avoit
avalée trois heures avant fa mort: cette provifion de viande
occupoit prefque les deux tiers de a cavité du ventre, prin-
cipalement du côté de fa partie antérieure, c'eft-à-dire, depuis
environ l'extrémité inférieure du ffermum jufqu'à l'anus, en fe
portant auffi fur les côtés; en forte que par cette ouverture anté-
rieure du ventre, il ne me fut pas poflble d'apercevoir aucune
portion des inteftins ni des vifcères, qui font fi apparens dans
les autres oifeaux lorfqu'on leur a fait une femblable ouver-
ture: ce ne fut qu'en faifant une incifion fur le dos de cet
animal, que je parvins à découvrir , comme je le dirai ci-après,
les inteftins qui étoient logés-là.
Ce phénomène me parut d'autant plus furprenant , que je
ne me rappelai pas d’avoir jamais rien obfervé de femblable
fur aucun des oifeaux que j'avois difféqués jufqu'alors.
Le premier foupçon qui me vint , fut que peut-être il s'étoit
formé quelque route contre nature, à la faveur de laquelle
cette viande avoit pü s'échapper pour tomber dans la cavité
du bas-ventre; ce que je regardois alors comme étant la caufe
de la mort de cet oifeau.
Mais mon foupçon fut bientôt diflipé, lorfque j'eus tout
examiné de plus près. J'enlevai doucement & avec précau-
tion toute la viande qui fe préfentoit à ma vüe, & je pris
bien garde de ne rien déranger & de rien forcer: cela
étant fait, je ne vis plus qu'une efpèce de poche ou de fac
dont la figure étoit ovale { voyez la planche 11): ce fac
occupoit toute la partie antérieure de la cavité du ventre,
depuis le ffernum juiqu'à l'anus : fes parois étoient minces,
en partie membraneules, & en partie mufculeufes : ce fac,
qui étoit l'eflomac, avoit à peu près une capacité égale
à celle de la coquille d'un moyen œuf de poule. On juge
fans doute que c'étoit par une ouverture que je lui avois faite
contre mon gré, qu'une partie de la viande qu'il contenoit
en étoit fortie ou avoit été mife à découvert; mais ce qui
»
pe ist SNC'T-E N°C ES, 421
me parut extrémement fingulier, c'eft que je trouvai que cet
eftomac étoit intimement adhérent par fa furface externe,
au moyen d'un tiffu fibreux ou cellulaire, aux différentes par-
ties qui l'entouroient : cette adhérence étoit très-intime aux
endroits qui répondoient à la région des mufcles du bas-
ventre, comme je l'ai démontré dans une de nos affemblées.
Après avoir enlevé toute la viande de l'intérieur de cet
eftomac ; j'y trouvaiune matière gélatineufe qui remplifoit
les interftices des plis & des godrons qui s'y rencontroient
en grand nombre, & qui étoient polés en divers fens, (A,
planche 1) : chaque godron étoit frifé & pliffé. J'obfervai
de plus dans fa cavité deux ouvertures, dont l'une étoit fupé-
rieure, & femblable à celle d’une bourfe fermée { B, même
planche) ; elle communiquoit avec le canal de l’'œfophage : au
deffus de cette ouverture, il y avoit beaucoup de grains glan-
duleux, affez régulièrement arrangés ; chacun d’eux étoit percé
d'un petit trou par où il fortoit de la liqueur lorfqu'on les
comprimoit. Il y avoit de plus entre cette ouverture & ces
grains glanduleux plufieurs fibres charnues très-fenfibles, &
fées circulairement pour former en cet endroit une efpèce
de fphinéter capable par fa contraction d’empècher les ali-
mens de refluer vers le canal de l'œfophage. L'autre ouverture
(C; même planche) étoït oblongue & pliffée fur fes bords comme
la précédente; c'étoit le pylore, puifqu'elle communiquoit
avec les inteftins.
Par l'expofition qui vient d'être faite de la forme & de la
fituation de l'effomac de f'oifeau dont il eft ici queftion, il
eft aifé de concevoir que la pofition des inteftins, &c. devoit
être différente, dans cet oifeau, de ce qu'elle eft dans les autres
volatils : c'eft dans la partie inférieure du dos qu'ils étoient
placés, & ce ne fut qu'après avoir brifé les os du baflin que
je pus les découvrir fans endommager leflomac. (Voyez la
planche III.)
On feroit tenté de foupçonner que cette conformation de
leflomac, & cette pofition des inteftins, fi différentes de
celles que nous font voir les autres oifeaux, pouvoient ètre
Gggi
422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
particulières à l'individu que j'avois difléqué, comme on trouve
même dans des cadavres humains des coñformations & des
déplacemens bizarres ; mais les ayant trouvés les mêmes dans
deux autres coucous, & M. Salerne, à qui on avoit fait part
de mon obfervation, ayant eu occafion d'en difféquer un
pendant ces vacances, a obfervé dans fon intérieur tout ce que
javois vû dans l'intérieur des miens.
Au moyen d'expériences auffi décifives qu'heureufement
imaginées, M. de Reaumur a démontré que la trituration eft
le principal agent de la digeftion dans les oifeaux dont l'efto-
mac très-mufculeux eft un géfier, mais qu'elle n'a aucune
part à celle qui fe fait dans les eflomacs membraneux des
oifeaux de proie ; qu’elle étoit uniquement opérée par un diflol-
vant. La forte & intime adhérence de l'eftomac du coucou
aux parties qui l'environnent, nous montre auflr d'une ma-
nière bien évidente que Ia digeftion des alimens n’y eft point
l'ouvrage de la trituration, qu'elle s’y fait comme dans les
eftomacs des oiïfeaux de proie: car, incapable d'exercer fur
ces alimens une preflion confidérable, telle que celle que le
broiement exige, il ne peut tout au plus agir fur eux qu'à
peu près de même que la veffie agit chez nous fuf l'urine
pour s'en débarrafler.
EXPETCATION DES FIGURES
Fér'AMNIc'EA NE E
Carre planche repréfente un pigeon plumé, dont le ventre eft
ouvert, pour faire voir ( comme exemple) que Îes inteftins cachent
en grande partie le géfier dans la plufpart des oifeaux.
Panic IE
Cette planche repréfente un coucou plumé, dont le ventre eft
ouvert, pour faire voir l’eflomac qui occupe toute fa partie
antérieure de cette grande cavité, depuis lextrémité inférieure du
© flernum jufqu'à l'anus. Cet eflomac eft tel qu'il fe trouve lorf
qu'il eft rempli d’alimens ; çar à mefure qu'il fe vuide, il fe ramafle
DES SCIENCES. 423
& fe retire fur lui-même, en entraînant avec lui les différentes parties
membraneufes auxquelles il eft adhérent.
A, plis & godrons de cet eftomac.
B, fon ouverture ou orifice fupérieur, qui communique avec
l'œfophage. È
=)
C, fon ouverture inférieure ou pylore.
PA NUE IUIeE
Elle repréfente un coucou plumé, vû par le dos, lequel eft
ouvert, afin de faire voir les inteflins fans que leftomac foit
endommagé.
424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
FAITES
A LOBSERMAMORRES ROYAL
DE GREENWICA,
Correfpondantes a celles de M. l'abbé de la Cailk,
au cap de Bonne-efpérance, pour la parallaxe
de la Lune, de Mars 7 de Vénus.
Tirées d'une lertre écrite par M. Bradley à M. de
l'Ile, datée de Greenwich le 22 Aout 1752,
ancien flyle. Traduit de l’Angloïs.
E vous envoie, Monfieur, les obfervations que le ciel
nous a permis de faire vers les temps fpécifiés dans F'Avis
aux Affronomes , publié par M. de la Caiïlle. La lifte ci-jointe
eft une copie du journal dans lequel nous écrivons les obler-
vations à mefure que nous les faifons. Je n'ai pas corrigé les
diftances apparentes au zénit, prifes avec mon quart-de-cercle;
mais cela fe peut faire aifément, quand on le jugera à propos,
en ôtant 4 fecondes pour l'abaiffement du rayon viluel, &
une feconde pour chaque arc de 54 42", parce que cet inftru-
ment s'eft trouvé de 1 6 fecondes plus petit que 90 degrés.
Sur ces fondemens, la diftance corrigée de l'étoile y du V'erfeau,
le 4 oétobre 1751, a dû être de 6od 31° 16”.
Vous remarquerez, Monfieur, que mes pendules marquent
le temps du premier mobile ou des étoiles fixes, & à peu près
J'afcenfion droite du milieu du ciel réduite en temps, cette
méthode n'ayant paru la plus commode à caufe de habitude
où je fuis d'obferver les paffages de plufieurs étoiles fixes.
Nous fuppofons que le jour commence au paflage du Soleil
par le méridien,
Les
Mer, de Le.R. des Se. 1782. Lag 424. 15.
4 Li
Al
il \
.
KL ALL
KE AE (il
ANA
Ni
ins le LR dire, 2782 Pag gag, PL
2,
gran S'eulp
Mer, de lAc. R. des Se.1752. Pag, 324.PL16,
a
Mem. de L'Ac. R der Se.175a Pag, 928 PL16.
Tram Jap
em, de l’Ae. R, des S'e,1752.Pay 42
em, de L'4e R der Se,1753 Pay
5 Pls7.
Je hgrum Je
‘ hu
DES SCcTENCES. 425
Les paffages de la Lune & des étoiles fixes par le méridien,
ont été obfervés quelquefois avec un très-bon inftrument des
paffages, dont la lunette a 8 pieds de longueur, & d’autres
fois par la lunette de mon quart-de-cercle mural dont le plan
eff f bien placé dans le plan du méridien , que les temps des
paflages donnent exactement les différences des afcenfions
droites des objets céleftés qui ne diffèrent pas beaucoup en
déclinaifon. L'infrument des paffages eft fi exaétement dans
le plan du méridien, qu'il donne les vraies différences en
afcenfion droite dans tous les cas.
On. s'eft fervi de deux pendules, dont Fune eft placée
contre le quart-de-cercle mural, & l'autre proche linflrument
des paffages. Quand le temps du pañlage eft oblervé avec
Yinftrument des paffages & avec fa pendule voifine, il eft
marqué par la lettre T, & quand c'eft par le quart-de-cercle
mural qu'on a oblervé, & fa pendule, le temps eft marqué
par la lettre Q.
J'efpère, Monfieur, que vous ne trouverez pas beaucoup
de mébprifes dans ces oblervations : il eft vrai que je ne les
ai pas examinées moi-même ; mais fi vous en rencontriez quel-
ques-unes, je vous prie de me communiquer ce que vous y
aurez.remarqué, de même que les réfultats des comparaifons
que vous en ferez avec les obfervations de M. de la Caïlle.
Je vous prie aufii de me procurer, à votre loifir, une copie
des obfervations de M. de la Caille ; car nous. pourrions
peut-être avoir fait d'autres obfervations correfpondantes aux
fiennes, dans d'autres jours que ceux qu'il a marqués dans
fon Avis aux Affronomes, |
Mn, 1752; .Hhh
426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE
TE MUPUS
DES PASSAGES
aux pendules,
Le 8 Mars,
7720 2 Cafter (avec la pendule T°).
7 27 $56—| Procyon.
AR ONE Pollux.
3.50, 55 2 bord précédent. . .... Bord fupér. ...
DORÉ APDSI SE NS celte RE. cos PES
La pendule avance de o”+ par jour.
Le ÿ Mars.
4. 42. 4—| à bord préc. (avec la pendule Q@). Bord fup..
4 49 30—| 7 Leonis.r . ........ DÉS PEMEC EE
4 57. 32] « Regulis. ... 4... Da tt EM e hote
La pendule avance de 2/1 par jour.
Le ro Mars.
ÿ+ 44. 115 | « Orionis (avec la pendule Q).........
7128. 454] PracJon NS Ne MR IE re
1O:102 10710 | 2 bord précédent. . . ... Bord fupér. . ..
Le $ Mars 1751, nouveau fiyle,
& Orionis (avec la pendule T°).
à Bord précédent . . .. Bord inférieur. ..,
Syrius.
hou sss «s . se ‘
MS RES Ed FR Eos) NON NE ‘
SON AS 3 Ds AA jt. insr ARTE
Cetté pendule retardoit par jour de 7”+: elle a été
changée le 7 Mars.
“ta
La pendule avance de 2“+ par jour.
DISTANCES
AU ZÉNIT,
obfervéés avec
le quart - de -cércle
mural.
“rap di 22
OT ONE
45: 37: 3623
A7. 42 SI
DES SCIENCES. 427
Le 4 Juillet 17 5 Tr nouveau fiyle,
® Scorpii (avec la pendule Q)......,...
> bord précédent. . ..., Bord fupér. . . .
La pendule avance de 2” par jour.
Le 3} Août.
18. 10. $2| 2 bord préc. (avec la pendule T°). Bord inf...
18. 29. 1+| « Lyræ.
La pendule avance de 1” + par jour.
1 4 Aoû.
Nuage, D Ce ee RBOIdHNpELEUr. eee 2e
MS GPHIEATI Tele eee le lele tee elelele elulelelere
Le 30 Août.
23. 55. 2 | 33 Pifcium (avec la pendule Q})........[58. 32. s5
23. 55+ 16 Mars HCIcEntrC MM MIN Re NeRne 58. 44 16—
La pendule avance 2“ - par jour.
Le 2 Septembre.
20. 9. 344] B Capricorni (avec la pendule Q).......166. 59. 122
20. 30. 15 2 bord précédent . . . . Bord inférieur. . . .|67: 16. 6:
BRAS) 30 PCA NE ONE ..-158. 50. 4r
23. 52. 49 JE rue MONET ..158. 58. 272
33 Pifcium..…....sssss.ossess [58 32 54
Le > Septembre.
21. 23. 17 | 2 bord préc. (avec ei . Q).Bordinf.….|63. o. 46
23.51. 462$ 30 Pifciumie NN Tele ee one 58. 50. 39
2351, 55H Mars, le-centre,.....… « sie sono ae oiaitet e $9213:- 5
23 55e 11—| 33 Pifcium............. unes. lN0e, 322 ,5 2
428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
hors » ;]
TEMPs DES Pass. DisT. AU ZÉNIT.
CORPORATE
HO M S Les Septembre 1 7 $ Ts nouveau flyle.
23: 50. 4—+| Mars, le centre. .............. se.
23. 51. $1—| 30 Piféium........ ss...
23. 55e 154] 33. msotoers se À Eboo Cipnere
Le 7 Septembre.
14 5: 32—| Arélurus (avec la pendule T°).
19. 39: 53 — a Aguilæ.
1. 0. 40—| 2 bordfuivant. ..... Bord précédent . ..
à Pegaf DCE ON MDION PO OO) CARS 2 see
La pendule avance 1°-+ ‘par jour.
Le 8 Septembre.
y Pegafi (avec la pendule T)...,.....
HONG IE > bord fuivant. . .... Bord fupérieur. . .
$e 42. 58—+| « Orionis. ;
6.35. 26+| Syrius.
La pendule avance 1°+ par jour.
Le 13 Septembre.
19. 39. 14] « Aguilæ (avec Ia pendule T').
23. 39. 13—| Mars, le centre. . ,.......... ro
23. 49. 35—+| 30 Pifcium. ................. TE
235 2545 9m tele rare sors. OADITION. 10 Ce
ÿ. 2 58+| Rige. ... se .
Le 14 Septembre.
19. 39. 2+| « Aguilæ (avec la pendule T°).
23. 38 7—| Mars, lecentre............ 0
Le 16 Septembre.
23. 35. $4—| Mas, le centre (avec la pendule 7°). . ...
5. 42 9+| « Orionis.
6. 34. 37+| Syrius.
Le 1 9 Septembre 1 75 1, nouveau ftyle.
æ Aguilæ (avec la pendule T°).
Mars, le centre, . .:::. oo cecodio ici LUciE
30 Pifcium 4.2. ARR RER 2
grossesses sssissei ee
Le 21 Septembre.
a Aguilæ (avec la pendule T').
Mas, lecentre..:.........: s.....l60. 16. 56+
Le 23 Septembre.
à Aguarii (avec la pendule T)..... +«.[60. 20. 35
NE ES DR ET DIOICI AO T EEE se ARIEU 60. 28. 40
rade is lalatale à ave ee je iheieteiehellelel safe 60. 31. 33+
Mars, le éentre. . . .: 4... 60. 21. 21—+
La pendule avance de 2“ par jour.
Le 1,7 Olobre.
> bord préc. (avec la pendule Q). Bord infr.|60. 24. 24.
À AQUATIE ne se ne nee ee een mes 60. 20. 38+
1 Assororcietese stone to nste se PIQUE 60. 28. 42+
+ AI] Xe. CHE ION SR CIC EL O 60. 31. 35+
Mars, le centre.. …... + à came eve 160. 27: 15
Son bord feptentrional. . . ........... COMPARE
Son bord auftral. . . . .. JCerAURRE ...[60. 27. 28°
Le 2 O&obre.
&
.
.
L]
ax
[e]
Le
Le
D
430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
DIST. AU ZÉNIT.
Temps DES PASS:
Le 2 Olobre 1751, nouveau Ayle.
Son bord feptentrional . . ..... atpaei eue
Sonbord'aultral. Ale SA
À Eridani. ...…. ALORS. RCE
Rigel su. COR RONON NON PORC CC
22, 41. 27, | à Aquarii (avec la pendule Q}).........
22, $4e . 1—|] 1 RNA LR A ER nee à ;
23 SNA Dis chatotetelsse ele on idieleelele + /êe a
23. 21. 23+| Mars, le centre. ......... ss elsueie,s »
Son bord feptentrional . ......4......
Son bord auftral ........... SES
20. 33. 48+| « Cygni (même JE À la pendule T).
19 Pifcium.
> bord précédent. .. . . Bord inférieur . .…
Syrius.
y CAR STI SES SS CP .
Cette pendule T avance de 1+ par jour.
Le 4 Olobre.
a Aguarii (avec la pendule Qj........
Mars, 1e centres... tente
Son bord feptentrional. . . ...... site ie
Le 7 Obbre.
22. 41, 39—) À Aquarii (avec la pendule @). ..... os
22. $4. 12—| 1 Re SA «erlalosete le ele ete
ANR Ee UEp eler D cc :
21:49. 25 Mars, le centre. . . ..... AA SERRES
Son bord feptentrional.… .. ... CÉGieete
4 59. 17. | à Eridani.................. s…
DES SCIENCES 437
DIST. AU ZÉNIT.
Le 9 Odobre r 75 Ts nouveau ftyle.
à Aguarii (avec la pendule @). , ...:...
(0) EPRRRRRS ER RRENTR PEER IAA À Ne ETS UTP EE
Mars! ‘le centre. 0 Re ETS EU MAUR
Son bord feptentrional... . . ..... nee
Le 10 Octobre.
14 5. 19—| Ar@urus (avec la pendule 7°).
6. $o. 541| 2 bord fuivant. . . ... Bord inférieur. ...
CGeminoruin. ses sssssses 30. 33° 467
La pendule avance de 17 par jour.
Le 1 3 Otobre.
| Vénus, le centre (avec la pendule Q). ...
Son bord feptentrional. . ........... .|74. 44. =
L& Capricorni. nn ss ses esse 74 $3e 31
47 Aguarii 8 4 leu see se
La pendule avance 3" par jour.
14. 444 45
LI. 125 46
22 Le U2 + |74s 1 56 17%
Le 2$ Odôbre.
14. Hé 294 Vénus, bord feptentr, (avec la pendule ah, «72. 59. 59
18, 50. oo Dee joe ee Bord inférieur. . . . . .. PROS
22. 21. $9+ u Aguarii . ss ussrenseseeese 73: 23. 482
23- Los iso] 12... M euuventss eue déudilgas Sat 44#
b3. 13. 54 |20..4, 404 2h 2e Etes [73 25. 27
La pendule avance z" , pat jour.
18. 28. 54 rs avec l'inftrument des Pape Late la ||
| Mpa.% 0. 4 pendule Toi R- .BS.
18. 30: 18+#| 2 bord précédent. ….... oiefnane 272: 4 ÿe L 2
19. 39. 3 | « Aquilæ.
19. 43. 30+-| L.
La pendule avance 1/2 par Ep |
432 MÉMOIRES DE WACADÉMIE ROYALE
DisT. AU ZÉNIT.
Le 26 Odoëre 175 Ts nouveau fyle.
Vénus (avec la pendule Q ). Bord feptentr. . ...
n CAPriCOTRE nn à om nn we où om een eue es hole
uv Aguarits sus ese ss esse lose os
La pendule avance 3“ par jour,
Le 1.1 Novembre.
0. 59.5 & bord préc. (avec la pendule Q ). Bord inf... 4r. 5$. 40
I
si
1. 4 125 | y Aritiss ses 33484. » 0
La pendule avance 3 par jour,
P 3 Par ]
Le 2 Novembre.
22. 30. 22+.| € Pegaf (avec la pendule Q ). ; enr oenlLie S5e 09
La pendule avance de 3" par jour.
Le 3 Novembre.
1. 53. 222 | x Arietis (avec la pendule 7).
1. 53e 53—] & Arietis:
3 6. 30 2 bord précédent. .. . Bordifupérieur. . . .|32. 57. 482
y Arietis. nn denses ese 33: 24% OÀ
La pendule avance 1/+ par jour.
Le 10 Novembre.
13. 59« 84] Vénus (avec la pendule Q). Bord méridional...|66. 32. 35
La pendule avance 3! + par jour, ,
Le 11 Novembre.
23.428.145 10 Aquarii (avec la pendule Q)..:..,.. 67-107. s9£
23e 31» 4Q Mots ENG el etes at sls sors 67. 214 23—
La pendule avance 3“-+ par jour.
Le 2 Décembre,
2 bord préc. (avec la pendule Q). Bord inf..|30. 46. 49
|
TEMP$
DYE Si AISNCUTIE N+C4VE:S
= Le 2 Décembre 1751, nouveau fiyte.
. 39 | 2 bord fuiv. (avec la pendule Q). Bord fup...
Ps SL Or NO MR OMIS CR ER
URL
La pendule avance de 3” + par jour.
Le 6 Décembre,
8. 44. 5<+| 1 « Cancri (avec la pendule T)........
AO 318 |N2 alCarcr RE ele eee ae ee
8. 56 I Koss roses CCC
ge 1. 21—+| > bordfuivant . .... Bord inférieur, . ...
La pendule avance 2“ par jour,
Le 31 Décembre,
6. 23. 40 2 bord fuiv. (avec Ia pendule 7”). Bord fup..
-6.,30..19 ec Gem.
6. 35. 52 Syrius.
La pendule avance de 2{ + par jour.
Le 11 Janvier 17 S2:
$+ 43: 264-| à Orionis (avec Ia pendule T').
7. 20. 25+| Caflor.
7» 29. 27+|] 2 bordfuivant. ..,.. Bord inférieur . . . .
À GEMINOUIE eo ann ee ee = sel
Le 25 Janvier.
3 bord préc. (avec la pendule Q ). Bord inf...
DS PP El oi cie D AE ete ie ae
ss se
Mém. 1752 SRI
434 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
DISTr. AU ZÉNIT.
TEMPS DES PASs.
Le 26 Janvier 175 2, nouveau fiyle.
Jupitér (avec la pendule Q}. . ... ... É rs
. 384] 2 bord préc. . .... Bord inférieur. .....
MÉRE NT TERIS RASE RNA
La pendule avance 4” par jour.
Le 27 Janvier.
$: 47018 > bord préc. (avec la pendule Q). Bord infér...
D us ea Bord UperIeHT ER ei l20: 2705 0
627 où M6 n Gem as id. date me 2814515 16
ICONS NC ViGem Ne steel Rien |2tre NE7 AC
CES IS OT IP AIR sa cel30s 3200
La pendule avance 4” par jour.
RÉPONSE de M. de PIfle à M. Bradkey.
À Paris, le 30 Novembre 1752.
MAR Sen.
J'ai reçû la lettre que vous n'avez fait honneur de nv'é-
crire le 22 Août de cette année, vieux ftyle, en n''envoyant
les obfervations que vous avez faites à Greenwich, corref-
pondantes à celles de M. de la Caille, au cap de Bonne-
efpérance, pour la parallaxe de la Lune, de Vénus & de
Mars. Je vous envoie, comme vous l'avez fouhaité, 11 com-
paraifon que j'en ai faite avec celles de M. de la Calle. Je
n'ai encore comparé que celles de Mars, & quoiqu'il s’en
trouve un aflez grand nombre faites de part & d'autre, il
ne s'en eft cependant rencontré que fix qui aient été vérita-
blement correfpondantes, c’eft-à-dire, faites à la même étoile
& dans la même nuit, n'y ayant eu entr'ellesique l'intervalle
du temps pour paffer du méridien du cap à celui de Green-
wich. Par plufeurs obfervations de M. de la Calle, comparées
LES u MRC, L'ÉLNLC 154 435
avec celles d'Europe, l'on eft afluré que le cap de Bonne-
efpérance eft oriental à Greenwich, de 1h 14, & c'eft la
différence de longitude que j'ai fuppolée pour réduire vos
obfervations à celles du cap.
Comme vous n'avez pas rapporté vos premières obferva-
tions au bord fupérieur ou boréal de Mars, ainfi que M. de
la Caille avoit averti qu'il le feroit de fon côté, j'ai été
obligé de fuppofer 1e diamètre apparent de Mars connu; &
dans l'ufage de vos premières obfervations, je l'ai employé
tel ou un peu plus petit que vous l'avez trouvé lorfque vous
avez commencé à l'obferver.
La première obfervation que vous avez faite, correfpon-
dante à celle de M. de la Caille, eft du 31 Août 1750
au matin, auquel jour vous avez trouvé que le centre de
Mars dans le méridien étoit de 11° 21", auftral à l'étoile
33 des Poiflons. Si l'on en ôte 1 3 fecondes pour le demi-
diamètre apparent de Mars dans ce temps-là, il en réfultera
11° 8" pour Îa différence de déclinaifon du bord fepten-
trional de Mars & de l'étoile au méridien de Greenwich.
La variation diurne de Mars en déclinaifon étoit dans ce
temps-là de 4 47", d'où on la conclud pendant 1h 14
de 14" 48" à fouftraire de la diftance obfervée à Green-
wich pour la réduire à ce qu'elle auroit été au méridien du
Cap; ainfr, par votre obfervation, le bord feptentrional de
Mars auroit été auftral à l'étoile, de 10° 53" 12°. M. de
la Caïlle à trouvé cette étoile feptentrionale au bord boréal
de Mars, de 10° 18" 24”; la différence eft donc 34" 48"
pour la fomme des parallaxes de hauteur de Mars, ce jour-là,
au méridien de Greenwich & du Cap.
436 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYaLr
Voici ce que jai trouvé pour les autres jours.
Sept. 14 matin. A Greenwich, Rigel méridional au !
centtelde Mars elels elelelale ce SIC ON
Demi-diamètre de Mars. ....... 0. M3 000
Rigel méridional au bord fept. de Mars
à Gicenwiche re el 8.10 3. 30
Variat. diurne de Mars en déclin. 4’ 8”
répond pour 146. 011. ONU 47
Rigel mérid. au bord feptent. de Mars
par l'obferv. de Greenw. réd. au cap. 8. 16. 17
La même diftance obfervée au cap. .. 8. 51. 30
Différ. ou la fomme des parallaxes de
ROUtEULITEAMATS SN EN RIRE (dede 0)
Octobre, foir. À Greenwich, le bord feptent. de Mars
étoit auftral à l'ét. à du Verfeau, de 4. 42. 30
Variat. diurne de Mars en déclin. o’5 9”
TÉPORdI POULET Late Late OL
Le bord fept. de Mars, auflral à l'étoile
réd. au méridien du cap....... 4, 045:32
La diflance obfervée au cap . . .. .. 4. 9. 54
Somme des parall. de haut, de Mars oo. 35. 38
DERNIERS EN NAESE ET
Oétobre, 4 foir. À Greenwich, l'étoile À boréale au
bord feptentrional de Mars. . ... 3.226. 10
Variation journalière en déclin. 1° 1 8"
répond pour 1h 14... CARE NE à
L'étoile boréale au bord fept. de Mars,
réd. au méridien du cap. ...... 3130. RE
L'étoile boréale obfervée au cap. . .. 2. 58. 12
Somme des parall. de haut. de Mars. oo. 31. 49
Le js ne QE
Octobre, 7 foir. À Greenwich, l'étoile à auftrale au
bord feptentrional de Mars. . . .. 27e NO
Variat. jour. en déclin. 2° 10° répond
ONE PRÉRMEANRE Be 3 MATE CHAN
L'étoile auftrale au bord fept. de Mars,
réduite au méridien du cap ..... 2-00 TO
L'étoile auftrale obfervée au cap. ... 2. 36. 36
Somme des parall, de haut, de Mars. 0. 26. 18
pe ee NT 7)
DREMSN ONG E NC ES 437
Octobre, 9 foir. A Greenwich , l'étoile à auftrale au £
bord boréal de Mars. . ....... ZE TLC
Var. journ. de Mars en déclin. 2° 49"
FÉDONANPOUT EL TA lee els Le o. 8. 42
L'étoile à auft. au bord boréal de Mars,
réduite au cap de Bonne-cfpérance. 7. 26. 18
L'étoile à auftrale obfervée au cap... 7. 57. 24.
Somme des parall. de haut. de Mars. © o. 31. 6
Les ne nr ra }
Cette fomme des parallaxes que je viens de trouver par
chaque obfervation, eft l'angle à Mars, formé par les deux
rayons vifuels menés des deux Oblervateurs à un mème
point de Mars: j'ai enfuite déduit de chacune de ces fix
obfervations 1a parallaxe horizontale de Mars, en la pre-
nant dans le même rapport avec fe fmus total, que cet angle
à Mars eft à la fomme des finus des diftances apparentes
de Maïs au zénit de chaque Oblervateur , & j'ai trouvé cette
parallaxe horizontale de Mars, comme vous voyez ici.
an
4 Correct, addit.
1
pour réduire
È
Ê
4751 Août 31 |26" 42
Sept. 14 |27. 10 Parallaxe
Où. 3 |2 horizontale
È de Mars 6 qu’elles auroient
#4 SOEE pour chaque 27 À dû être dans
7 20. 20
D, 7€
Comme la parallaxe horizontale de Mars à dû varier;
fuivant la diftance de Mars à la Terre, j'ai calculé, par les
tables de M. Halley, les diftances réelles de Mars à la Terre
pour le temps des fix obfervations rapportées ci-deflus, &
pour le temps de l'oppofition de Mars à la Terre ; me fervant
enfuite du rapport de ces diftances, j'ai cherché de combien
la parallaxe horizontale de Mars a dù étre plus petite dans
chacune de vos obfervations que dans le temps de oppoñition.
Ce font ces quantités qui compofent la petite table que j'ai
rapportée ci-deflus fous le titre de correétions : ces quantités
étant ajoûtées à la parallaxe déduite fimplement de chaque
obfervation, ont donné la parallaxe horizontale, telle qu'elle
lii à
34 les parallaxes à ce
D D © ©
b
©
l'oppoñition de
Mars au Soleil,
obfervation.
Lo
LA
% Lo
EN
a
‘
438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
auroit dû être par chaque obfervation réduite au temps de
loppofition. Les calculs étant faits, voici ce que j'ai trouvé
pour la parallaxe horizontale de Mars au temps de l'oppofition:
Jun
par l'obfervation du 31 Août... 27" 9
14 Septembre 27. 10
3 Oétobre..30. 9 *
Lies ee 2 D
ARRETE: M cu
Dersrsseso 27e 39e
En prenant un milieu ou moyen arithmétique entre ces fix
déterminations, lon en conclud la parallaxe horizontale de
Mars dans le temps de l’oppofition, de 27" 11‘”; mais
comme il y a deux déterminations qui s'éloignent des autres
d'environ 3 fecondes, qui font celles du 3 & du 7 O&obre,
Jon pourroit les rejeter , & alors on trouveroit le milieu entre
les quatre autres, de 27" 20"; d'où vous voyez, Monfieur,
que foit qu'on rejette ces deux déterminations, foit qu'on
les emploie, la parallaxe hoxizontale de Mars dans le temps
de l'oppofition en réfulte tout près de 27" +; & fuivant le
rapport de la diftance du Soleil & de Mars à la Terre dans
ce temps-là, l'on en conclud la parallaxe horizontale du Soleil,
de 10" + environ.
Voilà ce que j'ai pü conclurre de vos obfervations de Mars
pour la parallaxe du Soleil. Ayant fait les mêmes calculs fur
mes obfervations & fur celles des autres Aftronomes que j'ai
pû recueillir jufqu'ici, j'ai trouvé à peu près la même parallaxe
du Soleil, en prenant un milieu entre toutes les obfervations
de chaque obfervateur; mais je n'ai pas toüjours trouvé que
les différentes obfervations des autres Aflronomes s’accor-
daffent auffi bien entrelles que les vôtres, c’eft pourquoi j'ai
été un peu plus incertain pour en conclurre Îa véritable pa-
rallaxe horizontale du Soleil, & je n'efpère la pouvoir dé.
terminer plus précifément que celle que j'ai déduite de vos
obf@rvations, qu'après avoir vérifié les obfervations de tous
D #isi SCIE N-C ES 9
les Aftronomes les unes par les autres, & rejeté celles qui
feront manifeftement défectueufes, après l'examen rigoureux
que je me propole d'en faire.
Je n'ai pas encore comparé vos autres obfervations avec
celles de M. de la Caille, c'eft ce que je me propofe de faire
le plus tôt que j'en aurai le loifir. Je vous envoie, en atten-
dant, les fiennes, que l'Académie a fait imprimer pour donner
aux autres Aftronomes la fatisfaction de les pouvoir comparer
avec les leurs propres var
x8 Décemb,.
1754+
440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
DNS SERA I ONE
SU 'RMLIE
DIAMETRE APPARENT DU SOLEIL,
Et fur les précautions que l'on prend ordinairement
pour le regarder.
Par M. LE GENTIL.
TS favantes recherches que les plus célèbres Aftronomes
ont faites jufqu'ici fur le diamètre apparent du Soleil,
m'avoient toûjours paru ne laifler que très-peu de chofes à
defirer; c'eft pourquoi, dans mon premier Mémoire fur le
diamètre de la Lune, javois fuppolé le diamètre du Soleil tel
qu'on le trouve dans les Tables de M. Caflini; & j'ai trouvé
que le diamètre de la Lune, déduit de plufieurs obfervations
d'écliples, étoit encore, dans cet afpect, affez différent de celui
que lui affignent M.rs Flamfteed, Halley & Caflini. Une
objection a fufpendu x fuite de mes recherches : la voici.
M. de lle a rapporté à l'Académie, que M. Bradley lui
avoit écrit qu'il avoit trouvé par fes obfervations le diamètre
du Soleil environ + de minute plus petit que celui qui eft
dans les Tables du Docteur Halley: mais M. Bradley n'a point
envoyé à M. de F'ffle fes obfervations : cette objection, qui ne
paroît regarder que les tables de M. Halley, peut cependant
s'appliquer également à celles de M.rs Flimfieed & Caflini.
Ayant donc bien fenti tout le poids de cette difficulté, j'ai
cru' devoir fixer de la manière la plus exacte qu’il foit poffble,
Je diamètre apparent du Soleil, & pour y parvenir je parlerai
1.° des meilleures obfervations que je connoiffe fur ce diamètre:
en fecond:lieu , je rendrai compte de celles que j'en ai faites
* Quoique ce Mémoire n’ait été | diamètre de la Lune, plufteurs confi-
Jû à l’Académie qu’à la fin de 1754, | dérations l'ont porté à en demander
c’eft-à-dire, huit mois environ aprés | l’impreflion dans ce Volume.
celui que l’Auteur avoit donné {ur le
pendant
‘
DES SCIENCES 44Y
péndant les dix derniers jours de Juin, les dix prémiers de
Juillet, les deux ou trois derniers jours de Septembre , les
15 & 17 de Novembre de la prélente année 1754 Cette
feconde partie fera accompagnée de plufieurs expériences
fur la différente nature des verres colorés ou enfumés , dont
on a coûtume de fe fervir pour les obfervations du Soleil ; j'y
rendrai compte en même temps des moyens que j'ai imaginés
auffi pour afoiblir l'action de fes rayons.
L'éclipfe de Soleil du 2 Juillet 1 666, fit voir aux premiers
Mathématiciens de cette Académie qui l'obfervèrent à Paris,
la néceffité de connoître les diamètres apparens du Soleil &
de la Lune, avec plus de précifion qu’on m'avoit encore fait.
Mrs Auzout & Picard s’appliquèrent dès ce moment avec
beaucoup de foin à cette recherche: fans rapporter ici tout
le détail de leurs opérations, qu'on peut lire en partie dans le
premier volume de 'Hiftoire de Académie /page 10,
dans le feptième volume , page 1 1 8 ), fufhra de dire qu'ils
trouvèrent que le diamètre du Soleil apogée n'avoit guère
été plus petit que de 31° 37".
À peu près vers ce temps, M. Mouton, Prêtre à Lyon ;
travailla de fon côté fur le même fujet: il fit imprimer dans
cette ville en 1670, un petit volume #7-guarto fur cette ma-
tière*, dans lequel on voit qu'il n’avoit eu aucune connoiflance
de ce qui s’étoit pafé fur ce fujet à l’Académie des Sciences
de Paris. Quoique le nom de cet Aftronome foit affez peu
connu ; il n'en règne pas moins d’exactitude dans fes opéra-
tions , & j'ai cru lui rendre juftice & à fon ouvrage, que de
lui donner rang parmi les plus habiles obfervateurs de ces
temps-là. Il obferva le diamètre du Soleil pendant. plufieurs
années de fuite, ceft-à-dire, depuis l'an 1659 jufqu'à lan
1 661; ilemploya, pour faire fes oblervations , deux méthodes
diférentes; mais celle fur laquelle il infifte , & à qui il donne
la préférence, eft d'obferver le temps du pañlage du Soleil
par un cercle horaire. Cette méthode eff aflez connue; M. le
Chevalier de Louville la employée en 1724, avec cetie
feule différence qu’il {e fervoit d'un feul objeétif ; M. Mouton,
Mém. 17 $ 2: Kkk
* Obfervationes
diametror. Sols
d Lunæ, dTca
Luod. 1670.
442 MÉmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
au contraire, employa une lunette à deux verres convexes :
Jun & l'autre recevoient l'image du Soleil fur un tableau placé
perpendiculairement à l'axe de la lunette , & fur lequel étoit
tracée une ligne qui répréfentoit le méridien.
Le tableau de M. Mouton étoit à environ trois pieds de
diftance de fa lunette; il étoit compolé d'un chaffis fixe qui
repréfentoit une très-petite portion de la voûte du ciel; ce
chaffis portoit un carton mobile autour d’une aiguille placée
à angle droit au milieu, & fur ce carton M. Mouton avoit
tracé une ligne repréfentant le plan du méridien , pendant que
les côtés de ce carton, perpendiculaires à la ligne méridienne,
marquoient le parallèle du Soleil.
M. Mouton ne donne point la defcription dela lunette dont
il s’eft fervi pour fes obfervations , il renvoie fes lecteurs au
livre du Père Scheïner , à Hevelius, & à plufieurs aûtres qui
ont traité amplement cette matière ; il fe contente de faire
voir l'avantage que l Aftronomie retire de l’ufage des lunettes.
Cet Aftronome n’avoit pas connoifflance pour lors de l'ap-
plication des pendules fimples aux horloges : ilavoit cependant
befoin d'une mefure de temps exacte, au moins pendant
2 ou 3 minutes; il fit donc conflruire un pendule fimple
affez court, & dont il donne une explication très-détaillée,
depuis la page 77 jufqu’à la page 8 o de fon livre. Le moyen
dont il {e fervit pour connoître les heures , minutes & fecondes
qui répondoient à un certain nombre d'efcillations de fon
pendule , m'a paru une des principales chofes à remarquer dans
fes opérations. Il avoit tracé fur un plan horizontal une
méridienne dont il avoit très-fouvent éprouvé la bonté; if
répréfenta le plan de cette méridienne par deux fils perpen-
diculaires ; un troifrème fil à plomb, placé à côté, & à quelque
diftance de la méridienne, formoit avec les deux premiers
fils trois plans verticaux; un de ces plans étoit un azimuth
oriental, & M. Mouton détermina l'angle de cet azimuth
avec le méridien , en mefurant fort exactement la diftance
réciproque des trois fils ; il trouva cet angle de $ 44 20° 20".
‘La préférence qu'il donne au cercle vertical fur le cercle
DES SCIENCES. 442
horaïré, vient de ce que les parallaxes &c les réfraétions ne
déplacent point les aftres de feurs verticaux, & qu'il n'en
eft pas de même des autres cercles de la fphère. Lorfque le
centre du Soleil étoit arrivé dans le plan de cet azimuth , il
commençoit à compter les vibrations de fon pendule, & il
ne cefloit que lorfque le Soleil étoit arrivé au méridien : il
obfervoit pour lors la hauteur du centre du Soleil, dont il fe
{ervoit avec fon azimuth connu, pour calculer Farc de l'E‘qua-
teur correfpondant au nombre des vibrations ; cét arc étoit
toûjours de plus de deux heures & demie, & le nombre
des ofcillations de vingt-quatre ou vingt-cinq mille, ce qu'il
faifoit à deffein de connoître avec plus d’exactitude le nombre
des vibrations qui répondoit à une heure: il trouva, par exem-
ple, que le 30 Août 1660, fon pendule avoit fait 24730
vibrations dans F'efpace de 2h 3 $'28", il en conclut lenombre
des vibrations pour une heure ou 60 minutes, de 9544:
après fept expériences de cetteefpèce, faites chacune dans un
jour différent, il trouva 9562, 9549, 9555 & 9543»
&, en prenant un terme moyen entre toutes ces différentes
déterminations, il fixa le nombre horaire des vibrations de
fon pendule à 9 5 5.0. Quoique la moitié de la différence qui
fe trouve entre ces différentes déterminations , foit de onze
vibrations & demie pour une heure, M. Mouton a foin
d'avertir que le milieu ne peut pas beaucoup sécarter de la
vérité, & que quand même il s'en écarteroit des onze vibra-
tions & demie entières, il n'en réfulteroit pas plus de 2°
de degré d'erreur , foit dans le diamètre de la Lune, foit dans
Je diamètre du Soleil, parce qu'ils r'emploient jamais 2°
à pañér par le méridien , ou par tout autre cercle horaire.
Tout étant bien difpolé, M. Mouton trouva que le Soleil
avoit employé 364 & 365 vibrations à pañler par le cercle
horaire, de 2 $ Juin 1 660 à une heure après midi; le ciel étoit
très-ferein , mais le Soleil un peu agité: il répéta fon oblerva-
tion feize fois de fuite, fans qu'il {e foit jamais trouvé plus
d'une vibration de différence entre fes rélultats, c'eft-à-dire,
environ un tiers de feconde.
KKkij
444 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE
Le 27 Juin 1661, par un très-beau temps, & le Soleif
n'étant prefque point agité, M. Mouton compta trois fois
364, & trois fois 365$ vibrations pour le paflage entier du
Soleil par le méridien : de ces obfervations il condut le
diamètre apogée du Soleil, de 31° 31", & 31° 32".
Le 28 Septembre 1 660 , le ciel étant très-pur , le Soleil
vers fes moyennes diftances & nullement agité fur fes bords,
M. Mouton trouva la durée de fon paflage, par onze obferva-
tions, de 340 vibrations, ce qui donne, felon lui, 32° 1°
pour fon diamètre apparent.
M. Mouton à fait quantité d’autres obfervations fort exactes
fur le diamètre du Soleil, que nous ne rapporterons point ici.
Je me fuis fixé à ces trois, parce que cet Aftronome en a fait
le calcul , & qu'elles n'ont paru fufhfantes pour fervir de com-
paraifon : je n'aurois même pas tant infifté fur fon article, fi
{es oblervations euflent été plus répandues, & euflent moins
mérité notre attention.
On trouve dans l'Hiftoire Célefte de Flamfteed, de l'édition
de Londres /année 1 722) qu'à l'occafion des éclipfes de Soleil
du 12 Juin 1676 & du 14 Septembre 1 687, cet Afiro-
nome avoit obfervé le diamètre apparent du Soleil de 3 1°
43", & 31 47".
Tous les autres Aftronomes ont trouvé à peu près la même
quantité que Flamfteed , quelques-uns même ont fait le dia-
mètre apparent du Soleil encore un peu plus grand : j'en excepte
cependant Mrs le Chevalier de Louville & Caflini.
Le premier étant bien perfuadé de importance dont il eft
en Aftronomie, d'avoir dans la dernière précifion le diamètre
apparent du Soleil, & ne voulant sen rapporter qu'à fes
propres obfervations, fit en 1724 plufieurs recherches fur
cette matière : il trouva que le diamètre apogée étoit de 3 1°
32" 57", & le périgée de 32° 37" 24". M. le Chevalier de
Louville s'eft fervi de deux méthodes différentes; l'une étoit un
objectif de vingt-trois pieds de foyer, avec lequel il obfervoit
à fa montre à fecondes, le temps du pañlage du Soleil par le
méridien ; autre méthode étoit un micromètre appliqué à une
>
DES SCIENCES 445
lunette de fept pieds. On peut confulter le volume de 1724,
on y verra un long détail de toutes fes opérations, & ce qu'il
a fait pour fe garantir de la parallaxe des fils, enfin Fattention
qu'il a apportée à ce que les fils de fon micromètre ne fiflent
que rafer les deux bords du Soleil & les deux extrémités
de fes mires fans les faire mordre. Cette dernière circonftance
peut elle feule produire $ ou 6” de différence entre les ob-
{ervations de deux Aftronomes, dont lun n’y auroit point
égard pendant que l'autre en tiendroit compte *, J'ai renfermé
dans la table fuivante toutes les obfervations dont je viens de
parler, afin qu'on y puifle voir d'un feul coup d'œil les
différences qu'elles donnent entre elles.
TABLE des diamètres du Soleil apogée à périgée.
Noms Dés AUTEURS. Diamètre apogée.
ent
Meffieurs Min, Sr,
Auzout & Picard, année 1666... Rae re
Mouton, année 1660 à 1667... 3e NAT
Famfteed, ( Tables Affronomiques). . . . .. 31. 40.
Le Chevalier de Louville, vol. de l'Ac. 1724. 31. 32.
De la Hire, Tab. Affr. 2 éd. an. 1727. | 31. 38.
Caffini, Tab. Affr. éd. du Louv. an. 1740 ..| 31. 36.
Caffini, Elém. d'Affr. éd. du Louv. an. 1740.| 31. 32. 30
| Haïley, Tab. Aftr. éd. de Londres, an. 1749.| 31. 3 8. oo
D EE CC PE
Je finirai cette première partie par une remarque fur l'une
des méthodes dont M.rs Mouton & le Chevalier de Louville
fe font {ervis.
* M. Caffini, dans fes Elémens | mètre apparent du Soleil, qui ne dif
d’Aftronomie, imprimés au Louvre | fère que de quelques tierces de celui
en 1740, cite une obfervation qu'il | que M. Je Chevalier de Louville avoit
a faite le 30 Juin 1735, du dia- | déterminé en 1724.
!
KKk i
446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
RemaAreuEs fur les diamètres du Soleil, dérerminés
par M Mouton à le Chevalier de Louville.
Jai dit que M. Mouton & le Chevalier de Louville
avoient employé deux différentes méthodes dans leurs opéra-
tions ; que l’une de ces méthodes confiftoit à eftimer le temps
que le Soleil met à paffer par le méridien, ou par un cercle
horaire voifin du méridien, &c. Je vais examiner à préfent le
degré de précifion dont cette méthode peut être fufceptible.
Je n'apporterai d'autres preuves de ce que je dirai, que celles
que je tirerai de leurs propres obfervations.
Quelques précautions que l'on prenne, & quelqu'attention
ue lon donne pour déterminer la durée entière du pañage
du Soleil par le méridien, l'expérience m'a fouvent appris
qu'il eft impoñlible de s'en aflurer plus près qu'à un quart
de feconde. I eft vrai que quand on penfe d’abord à la durée
d'un battement de pendule à fecondes, & à la vitefle avec
laquelle le Soleil paroït avancer dans nos grandes lunettes,
on eft prefque tenté de croire qu'un quart de feconde eft
une erreur monftrueufe, & dont par conféquent on peut
aifément fe garantir; mais avec un peu de réflexion & d'ex-
érience on fe defabufe aifément. Un quart de feconde, quel-
qu'idée que l'on fe forme de fon étendue, pafle fi légèrement
wil ne laiffe dans l'imagination que de très-foibles traces
de fon paflage: le fecond qui fuccède, efface l'impreflion du
premier, & ainfr fucceffivement les quarts de chaque feconde
de temps s’envolent & fe fuccèdent avec tant de rapidité, qu'on
s'imagine le plus fouvent les faifir lorfqu'ils font déjà paffés.
Ce feroit encore peu, fi l'imagination m’avoit uniquement
qu'à diftinguer les quarts de feconde fans être diftraite pen-
dant ce temps par aucun autre objet; mais pendant que l'ouïe
la tient attentive d’un côté, de l'autre l'œil emploie tout fon
art pour lui peindre en même temps l'attouchement des deux
bords du Soleil au méridien; ce qui fait que cette faculté eft
portée vers deux différens objets au même inftant, &, pour
ainfi dire, forcée de les faifir à la fois, quelque différentes &
DiEASN LS UCI L'E AN, C,E S 447
légères que foient les impreffions qu'ils font fur elle. Quel
accord ne faudroit-il donc pas fuppofer dans nos deux fens,
pour ne pas fe tromper d'un quart de feconde dans la durée
entière du pañlage du Soleil par le méridien ? cependant ce
quart de feconde produit un peu plus de 3 fecondes de degré
dans le diamètre du Soleil, périgée ou apogée ; & c'eft encore
Ja moindre faute qu'on puifle fe flatter de commettre dans
les obfervations de cette efpèce, parce que l'erreur peut aller
à 8 ou 9 fecondes, fi l'on ne prend pas toutes les précautions
néceflaires pour s'en garantir *. * Mén. Acad.
M. le Chevalier de Louville nous en fournit une forte Ur. FE
preuve dans fes obfervations du diamètre du Soleil. Comme î
tout le monde connoît la grande exactitude & l'extrême
précifion qui règnent dans toutes les opérations de ce favant
obfervateur, ce que je vais rapporter confirmera ce que j'ai
avancé, & fera voir qu'il n’eft pas fi aifé qu'on peut le croire,
d'eftimer les fractions des fecondes de temps. Voici les propres
termes de M. le Chevalier de Louville *. * Jbidem;
« J'ai obfervé tous les joursà midi, depuisle 27 Juin juf es
qu'au 6 Juillet, le diamètre du Soleil de deux manières diffé « :
rentes ; favoir, par le temps qu'employoit le Soleil à pafler <
par une ligne verticale au foyer d'une lunette (de 23 pieds) «
sus... J'ai obfervé huit fois pendant les jours que je viens «
de dire, que le diamètre horizontal du Soleil étoit exatement «
2! 16" 48” de temps à pañer par le méridien. Je me fuis «
fervi, pour faire cette obfervation, d'une montre à fecondes,.«
dont je m'étois déjà fervi pour obferver le diamètre du Soleil
en périgée; cette montre fait cinq battemens par fecondes, «
de forte que le diamètre du Soleil a été à pañler 2° 16", & «
quatre battemens, fans qu'il fe foit trouvé aucune différence «
dans toutes les obfervations; ce que j'ai répété un grand «
nombre de fois, de crainte que la montre neût avancé ou «
retardé pendant lobfervation. »
Pour calculer le diamètre du Soleil d'après cette obferva-
tion, M. le Chevalier de Louville fe fert de la déclinaïfon
de cet aftre, telle que fes tables la donnent pour le 6 Juillet,
& en pouffe même l'exactitude jufqu'aux fecondes, Il en
448 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
déduit le diamètre horizontal de 31° 32" 57°", qu'il prend
pour Île diamètre apogée. Les Aftronomes font tous d'accord
ue du 20 Juin au 10 Juillet, l'angle du diamètre apparent
d Soleil varie à peine de 3 0 tierces de degré; mais puifque
du 27 Juin au 6 Juillet le Soleil, felon M. le Chevalier de
Louville, n’a employé que 2° 16" 48" à pafler par le mé-
ridien, il s'enfuit qu'on peut indifféremment employer a
déclinaifon du 27 Juin ou du 6 Juillet. Dans ce cas, le dia-
mètre apogée du Soleil feroit de 9 fecondes plus petit que
celui que trouve M. le Chevalier de Louvile. En prenant la
déclinaifon du Soleil qui convient au 6 Juillet, il y a tout
lieu de croire que ce favant Aftronome s’eft imaginé que du
27 Juin au 6 Juillet le changement du Soïeil en déclinaifon
n'étoit pas capable d'influer fur fon diamètre apparent: quelle
autre raifon, en effet, peut-il avoir eue pour préférer la décli-
naifon du 6 Juillet à celle du 27 Juin, puilque de fon propre
aveu le Soleil avoit employé dans toutes les oblervations qui
ont été faites dans cet intervalle 2° 1 6" 48°", ni plus ni moins?
Si l'on veut {e donner la peine d'examiner {a chofe de près,
on remarquera que quoiqu'il n'arrive aucune variation dans
l'angle du diamètre apparent du Soleil depuis ke 27 Juin'juf.
qu'au 6 de Juillet, la différence de déclinaifon qui convient
à cet intervalle, en caufe une d'environ 40 tierces de temps
dans la durée entière du paflage de cet aftre par le méridien :
ces40 tierces répondent à trois battemens & démi de la montre
“de M. le Chevalier de Louville, dont cinq battemens font
une feconde. Si c'étoit donc une chofe fi aifée que de divifer
le temps, & d'en diftinguer les quarts de feconde, même en
fe {ervant de montre à fecondes, cet Aftronome auroit re-
marqué à la fienne ces trois battemens & demi, ou la pius
grande partie, dans la durée du paflage du Soleil par le méri-
dien: en fuppofant donc que le 6 Juillet il eût trouvé le
temps que le Soleil met à pañler par le méridien, de 2° 16”
& quatre battemens de fa montre, il auroit dû avoir trouvé le
27 Juin trois battemens & demi de plus, ceft-à-dire, 2° 17"
& deux battemens & demi, à très-peu près, ce qui vaut autant
que 2° 17" 28". On
DES SCIENCES. 449
On trouve dans le même volume de l'Académie page ÿ
€ fuiv.) un autre Mémoire de M. le Chevalier de Louville
far le diamètre du Soleil en périgée : ce Mémoire fournit
encore des preuves abondantes en faveur de tout ce que je
viens d'avancer fur la difficulté qui fe ‘trouve à eftimer les
quarts & les demi-quarts de feconde de temps.
Les remarques que je viens de faire fur les obfervations de
M. le Chevalier de Louville, peuvent s'appliquer à celles de
M. Mouton; mais cet Aftronome s’eft donné Ia peine de
faire le calcul du diamètre du Soleil pour chaque jour d’ob-
fervation qu'il prend pour exemple. On trouve que le 22,&
le 27 Décembre 1 660, le Soleil avoit employé, felon lui,
le même nombre de vibrations à pafler par un cercle horaire;
cependant le diamètre du Soleil que M. Mouton déduit de
cette obfervation eft de 2 fecondes plus petit le 22 que le
27, parce que la déclinaifon du Soleil a un peu varié pen-
dant cet intervalle de temps. On remarquera la même chofe
dans les obfervations du 2 $ & du 27 Juin: M. Mouton dit
que la durée du paflage du Soleil pour ces deux jours avoit
été Ia même par un très-beau temps; cependant, quoiqu'il
ne {e trouve que deux jours d'intervalle entre ces deux obfer-
vations, le changement du Soleil en déclinaïfon, quoique
très-petit, produit encore une feconde de différence dans fon
diamètre apparent. {
Ces exemples fuffifent, ce me femble, pour faire voir les
difficultés qu'on doit s'attendre à trouver quand on voudra
déduire le diamètre du Soleil de fon pañlage au méridien ;
difficultés qui naïffent, comme l'on voit, de leftime des parties
des fecondes de temps, qui ne font pas affez fenfibles, car je
fuppofe que le Soleil ne foit agité d'aucun mouvement capable
d’influer fur l'exaétitude des obfervations : c'eft pourquoi je
n'ai point fait entrer ici une efpèce de trépidation ou de ba-
lancement continuel qu’on remarque quelquefois dans le Soleil
Jorfqu’il règne des calmes dans l'atmofphère; ces fortes de
“fauts, s'il m'eft permis d'employer ce terme, font le plus
fouvent fi confidérables, qu'il feroit téméraire de vouloir
Mém. 1752. LII
+
450 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
répondre alors d’une demi-feconde , ou même d’une feconde
entière de temps dans la durée du pañlage du Soleil par le
méridien, quand même on pofléderoit la plus parfaite montre
à fecondes.
J'ai remarqué le 1 $ Mars de la préfente année, un fem-
blable mouvement, non feulement dans le Soleil, mais encore
dans les étoiles du baudrier d'Orion , de forte que je ne pus
n''afiurer parfaitement de leur hauteur méridienne.
J'ai éprouvé la même chofe le 4 Mai dernier, fur le Soleif,
fur l’épi de la Vierge & fur la Lune, qui paffa ce jour-là à dix
heures du foir par le méridien ; & cependant l'air étoit fi calme
qu'on ne fentoit pas le moindre foufile.
Paflons maintenant à la feconde partie de ce Mémoire,
Les Aftronomes qui nous ont laiflé leurs obfervations fur
le diamètre apparent du Soleil, ont tous gardé le filence fur les
moyens qu'ils ont employés à le regarder, parce qu'ils n’ont
pas cru fans doute qu'il füt néceffaire de les rapporter; mais
comme on paroit penfer différemment aujourd'hui, j'ai cru
que je devois prévenir les objections que j'ai prevû qu'on
pourroit me faire fur ce fujet. C'eft dans cette vüe que j'ai
employéune grande partie des plus beaux jours de l'été dernier,
à faire les expériences fuivantes fur la nature & les eflets
des différens verres colorés ou enfumés, dont on fe fert pour
regarder le Soleil: ces expériences, qui ont été répétées &
vérifiées un très-grand nombre de fois, pourront peut-être fervir
à juftifier ce filence des Aftronomes, dont je viens de parler.
Pour fe mettre en garde contre 1 trop forte impreffion
que feroient fur œil les rayons folaires, les Aftronomes fe
fervent ordinairement d’un morceau de verre commun ou de
glace, qu'ils noirciflent à la fumée d'une bougie ou d’une lampe
allumées : quelques-uns au contraire, pour un peu plus decom-
modité , emploient une efpèce de verre d’un rouge très-foncé,
dont la couleur eft infufe, & par conféquent permanente;
c'eft cette dernière efpèce de verre que nos artiftes appliquent
aux télefcopes qu'ils débitent : on place l'un & l'autre à l'ex-
trémité du porte-oculaire, c'eft-à-dire, entre l'œil & le petit
DE S IS:C'1IE N €'E S AST
trou du porte-oculaire qui laifle aux rayons un paflage libre
pour fortir de la lunette. Pour faire l'effai de la bonté de ces
verres, on fe contente prefque toûjours de regarder le Soleil
au travers, & on choïfit entre plufieurs celui de tous à travers
lequel le Soleil paroît le mieux terminé; mais cette méthode
m'a paru aflez peu fatisfaifante, parce qu'elle ne rend pas aflez
fenfibles les inégalités qui fe rencontrent prefque toûjours, tant
dans les deux furfaces que dans l'intérieur de ces verres, &
qu'on pourroit foupçonner d'altérer l'image du Soleil. Les
expériences fuivantes n'en ont pleinement convaincu.
Ma première expérience a été fur un verre rouge dont
nous nous fervions depuis quelque temps à l'Obfervatoire
pour regarder le Soleil. Je plaçai ce verre, non pas au devant
de l’oculaire comme c'eft la coûtume, mais à l'extrémité du
tuyau qui porte l'objectif , en forte que les rayons du Soleil,
avant que d'arriver à l'objectif, étoient obligés de paffer par
le verre rouge; je regardai enfuite le Soleil à travers la lunette,
& je vis que bien loin qu'il füt terminé , il étoit au contraire
fi confus & fi peu rond, qu'il étoit prefque impofhble d'y
rien connoître : nous avons encore remarqué qu’en faifant
mouvoir ce verre parallèlement à l'objettif, l'image changeoit
de place & de forme, & avoit le plus fouvent un double
bord de plus de 1de largeur. J'ai fait a même expérience
fur plufieurs autres verres femblables , & j'ai toûjours remar-
qué à peu près les rnèmes apparences que celles dont je viens
de parler , c'eft-à-dire, que quoiqu'on vit le Soleil bien terminé
lorfqu'on les tenoit à la main ; il paroiffoit au contraire très-
confus & très-mal terminé lorfqu'on les appliquoit au devant
de Fobjettif.
Ces “expétiences m'ont appris que ces verres ainfr placés
au devant de Fobjectif, empêchent par leurs furfèces & par
Jeurs inégalités, que les rayons du Soleil ne tombent paral-
èles fur l'objectif, & que prenant toutes fortes d'inclinaifons
& d’écarts, ces rayons ( eu égard à la longueur du foyer de
l'objectif ) fe réuniffent en autant de points différens , ce qui
forme une: innge confufe & mal terminée. Ces inégalités
Lili
452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
difparoiffent toutes ou prefque toutes, lorfqu'on place le verre
rouge entre l'œil & loculaire : cela vient, à ce que je penfe,
de ce que les rayons du Soleil ne pañlent alors que par un
très-petit point de Ja furface de ce verre, & que les écarts
qu'ils peuvent fouflrir en y pafñant, font confidérablement
diminués par fa grande proximité du foyer & de l'œil.
Pour me convaincre d’une façon encore plus fatisfaifante,
que cette image confufe & mal terminée ne vient unique-
ment que des inégalités qui fe rencontrent , tant aux furfaces
que dans l'intérieur des verres rouges, j'ai fait l'expérience
qui fuit.
J'ai choifi différens morceaux de glace bien unis, &
d'une ligne environ d'épaifleur ; je les ai noircis à la fumée
d'une bougie allumée, & les appliquant fucceflivement au
devant de l'objedtif, je regardois le Soleil à chaque fois à
travers la lunette; il paroifloit affez bien terminé, plufieurs
même de ces morceaux de glace ne donnoient prefque au-
cune différence dans l'image du Soleil, foit qu'on les appliquât
au devant de l’objedif, foit qu'on les plaçät ausdevant de
loculaire : je réfervai ceux-ci pour de nouvelles expériences.
I fuit naturellement de ces premières expériences, qu'on
doit préférer les glaces enfumées aux verres rouges dans les
obfervations du Soleil, & que le meilleur moyen de s'aflurer
de leur bonté, eft de les_ placer au devant de l'objectif, peur
voir fi elles font paroître le Soleil bien terminé.
Après/m'étre ainfi afluré de la bonté de plufieurs morceaux
de glace que j'avois enfumés, j'en pris trois que je joignis
féparément avec un verre jaune, un verre bleu & un verre
vert; ces verres n'étoient féparés entre eux que par un cercle
découpé dans une carte à jouer très-mince : je fis avec ces
nouveaux verres les mêmes expériences qu'on a vües plus
haut, & j'y trouvai encore de très-grandes inégalités. J'attribuai
avec raifon ces inégalités aux verres colorés, puifque je nr'étois
affuré par expérience, que mes glaces enfumées terminoient
très-bien le Soleil. IL eft vrai que lorfque je tenois ces verres
ainfi combinés, à Ja main, le Soleil paroifloit affez bien terminé;
DAEUSAISNCUIUE N°C'E S. 453
mais il n’en étoit pas de même fi-tôt que je les changeoïs de
place, & que je les appliquois au devant de l'objectif: je
remarquai même que le verre vert défiguroit plus le Soleil
que les deux autres, jaune & bleu, & qu'il le faioit paroître
16 ou 17" plus grand, étant appliqué au devant de lob-
jetif, que lorfque je le tenois à la main.
J'ai répété cette expérience avec plus d'une douzaine de
verres, tant jaunes que bleus ou verts , qui ne m'ont pas donné
des réfultats bien différens les uns des autres.
Ayant fait ces expériences fur le Soleil un aflez grand
nombre de fois, je les ai répétées fur la Lune, & j'ai remarqué,
comme fur le Soleil, que les verres colorés, lorfqu'ils étoient
appliqués au devant de l'objectif, la terminoient toûjours très-
mal. Les différentes efpèces de parties métalliques qu'on eft
obligé de mêler avec la matière de ces verrés pour leur don-
ner la couleur verte, bleue, jaune, rouge, &c. pourroient
bien être la caufe de ce phénomène, & faire que ces verres
auroient la propriété de faire paroître le Soleil plus confus
& plus mal terminé que les glaces ordinaires. Quoi qu'il en
{oit, je m'arrête au fait, qui eft l'unique objet que j'aie ici en
vûe, comme on Île remarquera encore mieux dans tout le
refte de ce Mémoire.
Les expériences que je viens de rapporter , ont toutes été
faites à Ja lunette d’un quart-de-cercle de deux pieds de rayon;
c'eft avec le fecours de la lunette de cet inflrument, que
jai remarqué, tant dans les glaces ordinaires que dans les
verres colorés, outre les inégalités dont je viens de parler,
une autre efpèce d'inégalité, dont la caufe eft connue, mais
qu'il eft néceffaire (comme on le verra plus loin) de rap-
porter ici : je veux parler d'une réfraction très-confidérable ,
qui abaïfloit ou qui élevoit le Soleil felon que j'appliquois lun
ou l'autre de mes verres au devant de l'objectif. Cette réfrac-
tion refloit conftamment la même , foit que les glaces fuffent
enfumées ou qu'elles ne le fuffent pas; elle devenoit même
fouvent en fens contraire, & prelque toûjours plus grande ou
plus petite, felon que je préfentois au Soleil lune ou l'autre
LH ïï
454 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE
furface des verres. On reconnoît aïfément à cette defcription
les défauts ordinaires des glaces & des verres, qui font les
filets, les ondes, les cavités, les boffes, &c. & principale-
ment le peu de parallélifme de leurs deux furfaces, vice qu'il
eft très-rare de ne pas rencontrer dans les glaces.
I ne me refle plus à préfent qu’à examiner fi ces mégalités
influent réellement fur le diamètre apparent du Soleil, & de
combien elles deviennent moins fenfibles lorfqu'on place les
verres au devant de l’oculaire, comme font tous les Aftro-
nomes. Je fais que cette quantité ef fort difficile à fixer, c'eft
pourquoi je ne prétends pas la déterminer avec la dernière
rigueur : ce que j'en dirai fera cependant fufhfant pour faire
voir que les verres, foit enfumés, foit colorés , feroient bien
défectueux , s'ils caufoient 2 ou 3” d'erreur dans le diamètre
apparent du Soleil, mais on évitera toûjours cette erreur en
eflayant les verres avant que de s'en fervir.
Pour partir d'une expérience invariable , & à laquelle toutes
celles que j'avois faites, & que je devois faire, puflent fe com-
parer, j'ai cherché un moyen qui, en confervant au Soleil une
couleur pâle, & telle qu'on lui voit lorfqu'on le regarde à travers
certains nuages , n'exigeñt point l'aflemblage de plufieurs verres
de différente nature. Je n'ai pas été long-temps à imaginer
qu'il falloit pour cet effet couvrir l'extrémité du tuyau de la
lunette qui porte l'objedtif, de plufieurs toiles d'araignée, cou-
-chées légèrement les unes fur les autres : ces toiles doivent être
bien choifies , & en affez grand nombre, pour ne laiffer tomber
fur l'objectif que la quantité fufhfante de rayons qui font
voir le Soleil fans aucune peine, & fans le fecours d'aucun
verre étranger. Pour être à portée de regarder fucceffivement
le Soleil avec mes verres d'expériences & mes toiles d'araignée,
je me fuis fervi d’un petit tuyau de carton que je plaçois au
bout de la lunette, & que j'en Ôtois à volonté: ce petit
tuyau portoit par un bout les toiles d'araignée les mieux
travaillées, & les plus propres que javois pü ramufier. Je
me fuis aperçu que cette façon de regarder le Soleil, étoit la
plus convenable qui eût encore étéemployée, tant parce qu'elle
DIENSAASIGIATE NC. ES. 455
ne fatigue point la vûe, comme font tous les verres rouges ou ,
enfumés , que parce qu'elle dégage les bords du Soleil de
cette quantité immenfe d'ondulations qu'on y remarque fi
fouvent lorfqu'on fe {ert de verres colorés ou enfumés. Tous
ceux à qui j'ai fait voir ces expériences en ont porté le même
jugement: C'eft avec ce nouveau moyen que j'ai mefuré le
diamètre du Soleil, & que j'en ai enfuite comparé la mefure
avec celle que me donnoient tous mes différens verres. J'ai
répété ces expériences un f-grand nombre de fois, que je fuis
en état d'aflurer que je n'ai trouvé aucune différence fenfible
entre tous mes réfultats. Le verre rouge qui m'a fervi pour ma
première expérience, eft le feul qui nrait fait abercevoir le
Soleil un peu différent de ce qu'il me paroifloit avec mes
toiles d'araignée: j'en fus d'autant moins furpris qu'en le pla-
gant, comme je l'ai dit plus haut, au devant de l'objectif,
il m'avoit fait voir un double bord autour du Soleil, de 17
de largeur environ; ce double bord fe diftinguoit encore, quoi-
qu'avec peine, en mettant ce verreau devant de l'ocukire :
quand je eus donc ainfi placé au devant de oculaire, je fis
en forte que les fils de mon micromètre rafaffent les bords
du Soleil (en y comprenant le double bord), en forte qu'il
fût impoñhble d'entrevoir aucune féparation entre ces fils &
les bords du Soleil. Je fubftituai les toiles d'araignée au verre
rouge, & je n'aperçus que le Soleil étoit devenu un peu
plus petit, & qu'en faifant toucher un des bords par un des
fils, le bord oppofé n'atteignoit pas tout à fait à l'autre fi ;
mais la différence eft à peine montée à 2 ou 3”, d'où jai
conclu que les inégalités de ce verre étoient devenues envi-
ron foixante-dix fois moins fenfibles en l'appliquant, comme
je venois de faire, au devant de l'oculaire.
J'ai reconnu pour lors la caufe qui faifoit que je n’aper-
cevois point de différence dans le diamètre du Soleil , foit que
je me fervifle de toiles d’araignée, foit que j'employafle des :
verres colorés, combinés avec des glaces enfumées : cependant
j'ai fait remarquer que le diamètre du Soleil paroïfloit affez mal
terminé, & 16 ou 17° plus grand lorfque je plaçois quel-
456 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
ques-uns de ces verres au devant de l'objectif; mais cette
différence de 16 ou 17” devoit être foixante-dix fois plus
petite en plaçant ces verres au devant de l’oculaire ; le dia-
mètre du Soleil n'en pouvoit donc être augmenté que d’un
fixième de feconde de degré au plus: or, qui pourra jamais
saflurer par obfervation d'une fr petite quantité?
Ce qui m'ale plus étonné, a été de voir que cette réfrac-
tion dont j'ai parlé plus haut, devenoit nulle lorfqu'après avoir
lacé mes verres au devant de l'objectif, je les plaçois enfüite
au devant de l'oculaire : celui de tous ces verres qui faifoit ob-
ferver plus deréfraétion dans les rayons folaires, étoit un verre
jaune que j'avois combiné avec un verre bleu & un morceau
de glace enfumé. L'affemblage de ces trois verres ayant été
Jacé au devant de l’objeétif de la lunette, ne changeoit rien
dans l'angle du diamètre apparent du Soleil, mais il abaifloit
cet aftre de plus de 84: j'en conclus d'abord qu'en plaçant
. ces verres au devant de l’oculaire, je verrois le Soleil 7 ou
8" moins élevé que fi jeme fervois de mes toiles d'araignée,
où que j'employaffe d'autres verres qui ne fuflent points fujets
à des réfraétions ; mais mon attente a été trompée, je n'ai
pas feulement remarqué une demi-feconde de différence.
Dans la crainte où Jj'étois que le petit quart-de-cercle de
deux pieds, dont je me fervois, ne rendit pas aflez fenfibles
les différences dont je parle, j'ai répété cette dernière expé-
rience avec l lunette du grand quart-de-cercle mobile de
fix pieds de rayon : l'ufage fréquent que j'ai fait depuis plu-
fieurs années, & que je fais encore de cet inftrument , me
met en état de répondre des obfervations que je peux entre-
prendre par fon fecours ; c'eft pourquoi je ne crains point
d'avancer ici que tous les réfultats qu'il m'a donnés confirment
pleinement ceux que j'ai tirés du petit quart-de-cercle.
Je crois avoir fufffamment parlé, dans cette diflertation,
de la nature & des effets des différens verres colorés ou en-
fumés dont on peut fe fervir pour les obfervations du Soleil,
& avoir fait connoître qu'on peut indifféremment les employer,
quand on les a eflayés, fans craindre qu'ils altèrent l'angle du
diamètre
DUB SE ASNCIITE. NC E:5 457
diamètré apparent de cet aftre ; il eft temps maintenant, pour
mettre fin à ce Mémoire, que je rapporte les obfervations
que j'ai faites fur ce diamètre.
En me fervant des différens moyens que je viens de citer
pour régarder le Soleil, & en employant la lunette d'un petit
quart-de-cercle de deux pieds , j'ai trouvé le diamètre apogée de
cet aftre, der 087 £ parties, qui valent 3 1° 3 6"$ 0°"; ajoûtant
30°" pour la réfraction, parce que l'obfervation a été faite à
midi , j'en ai conclu lediamètrehorizontal de 3 1° 37" 20".
Ayant bien compris qu'il étoit néceflaire de vérifier cette
obfervation avec une lunette plus Jongue, j'y ai employé un
excellent objectif de 8 pieds 1 pouce de foyer avec un bon
micromètre : le diamètre du Soleil s'eft trouvé, avec cette
lunette, de 2 1 2 parties au deffus de (0) : pour avoir la valeur
de ces parties , j'ai mefuré dans le clos des Chartreux , une
bafe de 203 toifes o pieds 9 pouces; j'ai attaché fur une
règle de 12 pieds, deux cartes à jouer, dont les extrémités
étoient éloignées entr'elles de 11 pieds 3 pouces 9 lignes :
cette longueur répondoit à 32° 00" 30" de degré, & à
269 £ parties de mon micromètre au deflus de (o), ce qui
donne $ 7 Z parties à rabattre pour avoir le diamètre du Soleil,
qui, par conféquent , fe réduit à 3 1°33" 20"; ajoûtant 30".
pour la réfraction , l’on aura le diamètre horizontal & apogée,
de 31° 33" 50°”, c'eftà-dire, de 3°+ plus petit que celui
que j'ai trouvé en me fervant de la lunette de deux pieds.
J'ai pris dans cette obfervation les mêmes précautions que
M. le Chevalier de Louville a apportées dans les fiennes, &
jai vû avec fatisfation que mon diamètre étoit plus grand
que le fien, de $3 tierces feulement.
Ce même diamètre eft de 1” 20" feulement plus grand
que celui que M. Caffini a déterminé en 1735 avec le
quart-de-cercle de 6 pieds de rayon. L'on peut en voir tout
le détail dans fes Elémens d'Aftronomie.
On fait que depuis M. le Chevalier de Louville , le micro-
mètre a été porté à un très-grand degré de perfection : celui
dont je me fuis fervi eft dans le goût de ceux que fait le fieur
Mém. 1752. . Mmm
458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Langlois; il a été exécuté fous mes yeux. On s'eft fur-tout
appliqué à rendre la vis auffi parfaite qu'il füt poffible, on lui a
donné 44 pas pour 1 2 lignes , & j'ai eu foin de faire faire un
écrou affez profond pour qu'il contint 1 $ ou 1 6 de ces pas: j'ai
cru qu'avec cette précaution je fauverois la plus grande partie
des inégalités qui pourroient fe trouver entre les pas, &c.
Le 27 du mois de Septembre, parun très-beau temps, j'ai
trouvé, en me fervant toüjours des moyens indiqués plus haut
pour regarder le Soleil, fon diamètre vertical à midi,
Par la petite lunette, de. . : . . .. 326% Et A
Par la grande lunette, de ...... 32.2. 50 réfraction.
Le 1$ de Novembre & le 17 du même mois, par un
flez beau temps, j'ai obfervé lé diamètre du Soleil à midi,
Par la lunette de deux pieds, de .. 32° 33" or sta
Par la lunette de huit pieds, de . . 32. 29. 00 réfraétion.
C'eft fur ces obfervations que j'ai recherché le diamètre du
Soleil qui convient aux diflérens points de fon orbite; mais
‘e n'ai employé dans mes recherches que les obfervations qui
ont été faites avec l'objectif de 8 pieds 1 pouce de foyer,
tant parce que les objets & les parties du micromètre font
bien plus fenfibles en fe fervant d’une lunette de huit pieds
préférablement à une de deux , que parce que M.'sle Chevalier
de Louville & Caffini ont employé pour le même fujet chacun
une lunette à peu près de la même longueur.
J'ai donc fuppofé une ellipfe qui paflàt par mes trois points
obfervés, & j'ai calculé, indépendamment des élémens des
tables, l'excentricité folaire & fon diamètre périgée: en fup-
pofant les propriétés connues de F'ellip{e, j'ai trouvé lexcen-
tricité folaire de 1 69 6, & le diamètre périgée de 3 2° 39-22.
Ces déterminations ne font pas fort éloignées de celles que
M." le Chevalier de Louville & Caffini ont trouvé par
obfervation, Fun en 1724, & f'autre en 1735 *.
* M, le Chevalier de Louville a | le même diamètre de 32’ 37” 24"
obfervé le diamètre périgée de 32/ | ou 30”, & l'extentricité qui répond
3730", & l’excentricité qui répond | à fes deux diamètres obfervés, eft de
à fes deux diamètres obfervés, eft | 1688 parties.
de 1 683 parties. M. Caffini a trouvé
DES SCIENCES. 459
De cette grande conformité entre les réfultats de ces deux
célèbres Aftronomes & les miens, j'ai conclu quemes diamètres
ne pouvoient pas être fort éloignés des véritables, & qu'il fal-
loit ôter environ 2 fecondes des diamètres périgée & apogée
des Tables de M. Caffini, 4 fecondes de celles de M. Halley,
& 6 ou 7 fecondes de ceux de Flamfleed. Je mai point
conftruit de tables des diamètres folaires, je me contenterai
feulement d'indiquer comment on pourra, par Îe moyen de
deux feules analogies très-courtes , calculer à 2 de feconde
près le diamètre du Soleil dans tous les points de fon orbite
dont on aura befoin: cette méthode eft tirée de la nature
même de l'ellipfe que m'ont donnée mes trois obfervations.
I faut prendre, dans les Tables aftronomiques, l'anomalie
vraie du Soleil qui convient au temps donné, ajoüter le cofi-
nus de cette anomalie au logarithme conflant 3, 2293778 ;la
fomme donneraun autre logarithme, dont le nombre naturel
doit être Ôté de 100000 dans le premier & le quatrième
quart d'anomalie vraie, & ajoûté au contraire à 100000
dans le fecond & le troifième quart. On cherchera le {oga-
rithme de cette fomme ou de cette différence, dont on Ôtera
toûjours le logarithme conftant 0,016708 5 , & le refte fera
le logarithme du demi -diamètre apparent du Soleil en cen-
tièmes de feconde.
EXEMPLE.
On cherche le diamètre apparent du Soleil pour le
31 Mars 1764, à 22h 43°
‘Ajoûtant 10 minutes à l'apogée de M. Caflini, j'ai trouvé
pour le temps donné, l'anomalie vraie du Soleil fur fes tables,
RS SET ot dE 048
Cofinus de anomalie vraie . . . . 8,7619731:
Logarithme conftant à ajoûter . . . 3,2293778
SOMME.......++ 1,9913509
Le nombre qui répond, et.............. 15,80 —
100000
99984 refte
Mn ji
460 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE
Logarithme du refle . ....... 4,9009305
Logarithme conftant à Ôter . . . . 0,0167085;
Logarithme du demi-diam. du Sol. 4,9832220
Le nombre qui répond, et......,.....062102
2
Es
96210
Dontleldouble ete MORE ER PUToz242r
100
& par conféquent le diamètre du Soleil pour le temps donné,
fera de eue es luttes ie nelle (td "2.
Je crois devoir avertir en finiflant, que l'apogée du Soleil
dans mon ellipfe fe trouve environ 2 degrés plus avancé que
felon les Tables aftronomiques: j'aurois pü le rétablir dans
fon vrai lieu, en faifant un peu varier mes diamètres obfervés ;
mais plufieurs confidérations m'ont fait Jaiffer les chofes dans
Y'état où elles font. La première eft Ja fidélité que l'on doit
toûjours aux obfervations telles qu'on les a faites; la feconde,
eft que je crois pouvoir me flatter de repréfenter le diamètre
du Soleil à une feconde près dans les cas les plus malheureux,
précifion que j'ai regardée comme fufhfante, ne croyant pas
qu'il foit pofible d'avoir le diamètre apparent du Soleil avec
plus d'exalitude que celle d’une feconde.
If eft aifé de voir par-là limpofñbilité qu'il y auroit de
chercher à établir le lieu de l'apogée du Soleil par les obfer-
vations de fes diamètres, puifqu'une feule feconde d'erreur
de plus ou de moins dans quelques-unes des obfervations, fait
qu'elles ne s'accordent à donner la pofition de cet apogée qu’à
1 ou 2 degrés près. :
Je donnerai dans mon fecond & dernier Mémoire fur le
diamètre de la Lune, les corrections qu'il faut faire au premier
Mémoire fuivant les obfervations de celui-ci; & jindiquerai
en mème temps le moyen de trouver le diamètre apparent
de la Lune dans tous les points de fon orbite, comme je
viens de le faire pour le Soleil.
LOÛRE
DA ENS EASMIGNILUE NC: ES. 461
SUR LA DIGESTION DES OISEAUX.
SECOND MEMOIRE,
De la manière dont elle fe fait dans l'eflomac des
Oifeaux de proie.
Par M. DE REAUMUR.
E Mémoire précédent nous a appris combien la tritura-
tion a de part à la digeftion, danses oifeaux qui vivent
de grains, dans ceux qui ont cet eftomac fi mufculeux appelé
géfier , il nous a fait voir que ce géfier eft chargé de faire la
fonction de nos dents ; quoiqu'il ne foit qu'une mafle de chair,
qu'un affemblage de fibres charnues, il broie plus facilement
des corps très-durs que les meilleures dents ne le pourroient
faire : nous avons vü que des coques de noifettes & de noix,
que les nôtres ne pourroient venir à bout de caffer, étoient
brifées, les premières par le géfier du coq, & les unes & les
autres par celui du dindon, dès qu'elles y étoient entrées ;
& que ces géfiers étoient capables de mettre en pièces des
corps qui oppoloient des réfiflances bien fupérieures à celle
que peuvent oppoler les plus dures de ces coques. Enfin, il a
été bien démontré dans ce Mémoire , que fi les alimens n’é-
toient pas broyés dans le géfier, ils ne s'y digéreroient point;
qu'il ne s'y trouvoit aucun diffolvant qui eût le pouvoir de les
divifer ; que leur divifion, pouffée au moins auffi loin que celle
qui fe fait fous les meules de nos moulins à blé, étoit unique-
ment dûe à la force avec laquelle ce vifcère agit fur eux.
La trituration at-elle une auffi grande part à la digeftion
qui fe fait dans les oifeaux dont les eftomacs font autrement
conftruits, & à celle qui fe fait dans les animaux munis de dents?
quelle part y at-elle? y en at-elle quelqu'une?
Les Phyficiens qui {e font le plus déclarés pour la trituration ,
M m m iij i
462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
ayant cru qu'il étoit très-bien prouvé par la ftructure du géfier
des oifeaux de différentes efpèces, que la digeflion y étoit fon
ouvrage ,\ ont voulu qu'elle fût de même uniquement faite par
fon moyen, dans les eftomacs des différentes fortes d'animaux ,
dans les eflomacs fimplement membraneux comme dans les
plus charnus. Ceux au contraire qui n'ayant pas jugé les efto-
macs membraneux capables de broyer , ont prétendu que la
digeftion y étoit opérée par un diffolvant, ont afluré qu'elle
étoit de mème düe à un diflolvant dans les eftomacs les plus
charnus. On cède trop volontiers au penchant qui porte à géné-
ralifer fes idées ; il eft commode de s’épargner des difcuffions :
d’ailleurs on s’y croit autorifé par des analogies qu'on étend
fouvent trop loin en regardant les loïx de la Nature comme
plus uniformes qu'elles ne le font réellement. Nous avons
pourtant par-tout des preuves, fi nous voulons y faire
attention, que fon Auteur a voulu employer des moyens
différens pour arriver à des fins femblables. Les oifeaux nous
en fourniflent aflez d'exemples : on fera furpris combien les
formes de leurs becs diffèrent, ft on les étudie & fi on les
compare entre elles ; ces becs font cependant tous deftinés
à prendre & à faire pafler dans l'intérieur du corps, des ali-
mens quelquefois femblables. Combien l Auteur par excellence
femble-t-il s'être plu à mettre des variétés dans fes ouvrages!
combien en a-t-il mis dans l'extérieur des animaux ! II n’en
a pas fait entrer de moins confidérables dans Ja flructure de
leur intérieur : celles-ci ne paroiflent-elles pas prouver qu'il a
voulu produire les mêmes effets par des moyens différens ? II
a établi que la plufpart des animaux , fans en excepter l’homme ,
les oifeaux, les quadrupèdes, devroient leur accroiflement &
la durée de leur vie à une liqueur laiteufe, au chyle, qui
eft préparé en partie dans l’eflomac ; mais a-t-il voulu que cette
liqueur füt extraite des alimens dans tous les animaux, par
des opérations femblables ? nous avons au moins lieu d'en
douter, puifqu'il y a employé des eftomacs dont la confor-
mation eft différente. Quoiqu'il foit donc très-prouvé qué
la trituration eft le grand agent de Ia digeflion dans les géfiers,
D'ESSENCE s 463
nous n’en avons pas moins befoin de nous affurer par des expé-
riences, fi elle fe fait par la même méchanique, ou par une
méchanique différente dans les eftomacs membraneux.
Les eftomacs des oifeaux de proie font les plus propres
à nous donner des lumières fur cette queftion , ils font de
ceux qui ont le. plus de rapport avec le nôtre. Il eft pourtant
vrai que le pouvoir de triturer fembleroit leur être plus nécef-
faire qu'à celui de homme: ces oifeaux voraces, avalent
fouvent de très-gros morceaux de viande que leur bec a
arrachés ; ils n’ont point de dents dont ils puiffent fe fervir
pour les divifer; le géfier fupplée aux dents qui manquent
à d’autres oifeaux , il en fait l'office. J'ai cru me devoir inf
truire de la manière dont fe fait la digeftion dans les oifeaux
de proie, & que ce que nous en apprendrions ne feroit pas
inutile pour nous donner des idées juftes de la manière dont
elle s'opère chez nous-mêmes. Pour peu qu'on fe fouvienne
du Mémoire précédent, on prévoit que je me fuis propofé
de leur faire avaler bien des tubes différemment conditionnés.
Quoïqu'on n'ait pas de bafle-cours peuplées de ces oifeaux
comme on en a qui le font de poules, de dindons, de canards,
&c. j'ai penfé avec plaifir que je pourrois multiplier fur eux
les expériences à mon gré. On ne doit point être porté de
compañlion pour des oïifeaux qui Ôtent impitoyablement la
vie à tous ceux à qui ils font fupérieurs en force, qui ne fub-
fiftent que de carnage; j'ai pourtant été content de voir que
je tirerois d'eux autant d'éclairciffemens que j'en fouhaiterois,
fans devenir le vengeur des autres oïfeaux , fans étre obligé
d'ôter la vie à un feui de ces meurtriers.
Pour peu qu'on ait Iü quelque ouvrage de fauconnerie,
on pourra prévoir que Je ne devois pas me trouver dans la
néceflité de tuer un oïfeau de proie, pour examiner ce qui
feroit arrivé au tube qui auroit paflé vingt-quatre heures dans
fon eftomac : on fe rappellera, & je me rappelai heureufement,
que les oifeaux carnaciers rejettent par le bec les matières que
leur eflomac n'a pas pü digérer. Il leur eft fort ordinaire d'y
faire entrer par voracité des plumes de l'oifeau infortuné de
464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
la chair feule duquel ils voudroient fe raflafier : ces plumes,
qui ne sy digèrent point, ne fortent pas de l'intérieur du
corps par la voie des excrémens, elles font chaffées par celle
qui Les y avoit conduites.
Ce fait, qui apparemment a été connu de bonne heure
par les Fauconniers, leur a appris que leurs oïfeaux étoient
fujets au vomiflement, & qu'ils vomifloient avec facilité;
il leur a fait penfer qu'il y avoit un temps où il convenoit
de les purger par une voie indiquée par la Nature, avec des
pillules vomitives ; auffi feur en font-ils prendre: ces pillules
en terme de fauconnerie, font appelées «res; ce font de grofes
boules oblongues, de matières infpides , aflez ordinairement
de plumes très-preflées les unes contre les autres, & collées
enfemble, ou même plus fouvent ce font des boules de filaffe :
ils rendent pour l'ordinaire celles qu'on leur a fait avaler, au
bout de vingt-quatre heures. Dans mon enfance je navois
pas épargné les cures à des éperviers & à des émouchets que
je m'étois amufé à élever, & je n'avois point remarqué qu'ils
s'en fuflent trouvés mal : j'efpérai donc qu'un oifeau de proie
à qui j'en donnerois d'une toute autre nature, les recevroit
& les rejetteroit fans en foufhir. Celles que je lui fis préparer
étoient des tubes de fer-blanc, d’un volume affez confidérable;
leur longueur étoit de dix lignes, & le diamètre de leur cavité
en avoit fept.
Une bufe d’une groffe efpèce & commune dans le royaume,
à qui j'avois feulement arraché quelques plumes des aîles pour
Ja iffer vivre en liberté dans mon jardin, fut deftinée à des
expériences auxquelles eût pü fervir tout autre oifeau carnacier
que j'euffe eu de même à ma difpofition. La première épreuve
à laquelle je mis fon eflomac, fut de lui donner à s'exercer
fur un de ces gros tubes de fer-blanc dont if vient d’être
parlé, qui étoit ouvert par les deux bouts; fa groffeur empé-
choit qu'il ne fût capable d'une grande réfiftance, il n’auroit
pà tenir contre Îa preflion de deux doigts d’une main médiocre-
ment forte. Ce n'eût été qu’un jeu pour le géfier d’un dindon,
non feulement de l'aplatir, mais même de le mettre en pièces.
Je
pt Es MS het rE EN, c ‘El 's 465
Je ne me propofai pas feulement, dans cette première ex-
périence, de m'affurer fi fa réfiftance d'un tube fr foible feroit
fupérieure à fa force avec laquelle l'eftomac de la bufe agiroit
contre lui; je voulus qu'elle pût m'apprendre de plus, dans le
cas où le tube auroit féjourné dans cet eflomac fans y avoir
été brifé, ni méme confidérablement aplati, fi de la viande
logée dans la cavité de ce tube ne laifieroit pas d’être réduite
en parcelles imperceptibles, d'y être -digérée, quoiqu'elle y
füt à l'abri del'action immédiate de l'eftomac ; en un mot;
fi un diflolvant ne tenoit pas lieu à cet eflomac membraneux,
de la force qui réfide dans les eftomacs les plus mufculeux,
dans les géfiers. J'arrêtai donc dans le tube ouvert par les deux
bouts, un morceau de viande qui l'écaloit prefque en longueur,
& qui n'avoit guère que le tiers de fon diamètre, &. cela
d’une manière aflez fimple. Au moyen d’une aiguille à coudre,
le morceau de viande fut enfilé tout du long d'un gros fil; on
laiffa à ce fil affez de longueur par de-là chacun des bouts de
la viande, pour queles fiens puffent être ramenés fur l'extérieur
du tube , & lui faire vers fon milieu une ceinture compofée de
plufieurs tours, avant que d’être liés tous deux enfemble.
Le tube ainfr garni de viande fut donné à la bufe pour
‘fon premier déjeuner, à fept heures du matin; dès que je l'eus
introduit dans fon gofier , mes doigts le faifirent par dehors
au travers des plumes & des membranes du canal, pour le
faire defcendre peu à peu jufqu’à l'eftomac : je ne l'abandonnaï
que quand j'eus lieu de croire qu'il y étoit entré, parce qu'il
m'avoit échappé. Après que la bufe eut pris cette pillule tout
autrement dure que les cures que les fauconniers font prendre à
leurs oifeaux, elle fut renfermée dans une grande cage à poulets,
qui devint fon habitation ordinaire : il étoit effentiel de pouvoir
trouver aifément ce qu’elle auroit rendu par le bec. C'eût été
réduire cet oifeau vorace à un jeûne trop auftère , que de ne lui
accorder pour toute nourriture que le petit morceau de viande
affujéti dans le tube; on ne lui retrancha rien fur la quantité
d'alimens qu'on avoit coûtume de fui donner , elle manger
pendant le refte du jour à fon ordinaire,
Mém, 1752. . Nan
466 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Je ne laiffai pas paffer ce jour-là fans aller voir bien des
fois fi la bufe n’avoit rien rejeté par le bec, ce ne fut que le
lendemain au matin fur les fept heures & demie, que je
trouvai le tube qu'elle venoit de rendre : il étoit précifément
tel qu'il lui avoit été donné, je veux dire qu'il avoit toute
fa rondeur , que fa forme n'avoit été aucunement altérée ; on
ne découvroit {ur fa furface extérieure aucune trace de frot-
iemens qu'il eût efluyés; ces deux brins de fils, qui, après
avoir été conduits fur l’extérieur du tube, avoient été en-
tortillés vers le milieu de fa longueur & liés enfemble,
étoient reftés très-entiers, & en apparence très-fains : on ne
découvroit donc aucun effet qui montrât que l'eflomac de {a
bufe eût agi contre le tube même, avec une foible portion
de cette force qui l'eût écrafé & mis en pièces dans un géfier
où il eût féjourné auffi ong-temps.
Quoique l’eftomac de la bufe n’eût pas fait de ces grands
actes de force , il n’étoit pas refté dans une parfaite inaétion
pendant tout le temps que le tube y avoit été logé: je ne
veux pas laiffer imaginer que la forme de cet eflomac eüt été
auffi conflamment la même que left celle d’un vafe de por-
celaine ou de métal : le tube prouvoit qu’il y avoit eu au moins
des compreffions légères dans fa capacité de leftomac , foit
qu'elles euffent été l'effet de l'action de ce vifcère, foit qu'elles
fuflent dûes aux mouvemens alternatifs de la refpiration qui
agiflent fur lui. Le tube étoit beaucoup plus plein par un bout
qu'il ne l'étoit lorfqu'il avoit été avalé; ce bout avoit un bou-
chon fait de duvet & imbibé d'une efpèce de bouillie, qui
pénétroit au-delà du tiers de la longueur du tube : des poulets
morts peu de jours après être nés, qui avoient été donnés à
la bufe pour s'en nourrir, avoient fourni le duvet : Fautre bout
du tube avoit fon ouverture entièrement libre.
Ces circonftances , que je nai pas dü laifler ignorer, ne
font pas ce qu'on eft le plus curieux, & ce qu'il eft le plus
important de favoir. Le morceau de viande arrêté dans le
tube par un fil avoit-il été digéré ? voilà de quoi on demande
à être inftruit : en quel état fut-il trouvé? il avoit été réduit
DES SCIENCES. 467
à moins du tiers, peut-être au quart de {on premier volume
& de fon premier poids; ce qui en refloit étoit bien retenu
par le fil, & couvert par une efpèce de bouillie, venue pro-
bablement de celles de fes parties qui avoient été difloutes.
Après que la bouillie eut été enlevée, le refte de chair qui fut
mis à découvert , parut avoir à peu près fon ancienne couleur,
peut-être néanmoins étoit-elle un peu plus blancheâtre; mais
cette chair avoit perdu de fa confiftance; en la tirahit doucement
avec la pointe d'un canif en différens fens , on la mettoit en
charpie; fon odeur n'étoit point celle de viande pourrie, elle
en avoit pris une qui n'avoit rien de fi defagréable.
La confidérable déperdition qu'avoit faite le morceau de
chair, & l’efpèce de bouillie dont étoit enveloppé ce qui en
reftoit, doivent, cefemble, convaincre les plus prévenus pour
le fyftème de Ja trituration , qu'elle n'eft pas l'agent principal
de la digeftion dans les oifeaux de proie. Ce n'avoit pas été
par des broïemens que les deux tiers ou les trois quarts du
morceau de viande aflujéti par un fil dans le tube , avoient
été enlevés: cet ouvrage n'avoit pü ètre que celui d'un dif
folvant qui avoit détaché peu à peu les petites parcelles qui
formoient le fédiment , l'efpèce de bouillie, dont s'étoit trouvé
recouvert ce qui n'avoit pas encore été diflous. Un trop
fort attachement au fyflème de la trituration ne laifiera-t-i
point néanmoins encore quelques doutes? ne fera-t-il point
imaginer que le morceau de viande a pü être broyé dans le
tube par les frottemens auxquels il a été expolé? que ces
frottemens ont pü être produits par cette forcé qui avoit mis,
peut-être trop tard, un bouchon de duvet à un des bouts du
tube! cette force, avant que le bouchon fût en place , n'a-t-elle
point fait mouvoir continuellement dans le tube des matières
folides qu'elle y avoit introduites, & qu’elle poufloit alterna-
tivement d’un bout vers l'autre ? n’eft-ce pas par de pareils
frottemens répétés pendant près de vingt-quatre heures que
le morceau de chair avoit été ufé, pour ainfi dire , en grande
partie & réduit en bouillie ?
Heureufement qu'il étoit aifé d'imaginer une expérience
Nanni
468 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
qui apprit ce qu'on devoit penfer des difficultés précédentes,
une expérience qui démontrât de la manière la plus rigou-
reufe dont un fait de Phyfique peut être démontré, fi la
digeftion eft opérée dans les oïfeaux carnaciers par la feule
action d'un diflolvant, & par Ja fermentation qu'il fait
naître. Une addition affez légère faite à notre tube, le rendra
propre à faire cette expérience fi décifive : plaçons dedans
un morceau de viande qui n’occupe qu'une partie de fa lon-
gueur, & qu'il foit à égale diflance de Fun & de l'autre de
fes bouts; au lieu de laifler ceux-ci entièrement ouverts,
donnons-leur à chacun un grillage qui bouche l'entrée à tout
corps folide, & qui ne permette qu'à de la liqueur de
pénétrer dans le tube. Il eft de toute évidence que fi le
morceau de viande eft réduit en bouillie & digéré dans ce
tube où il eft ifolé, & feulement acceffible à de la liqueur,
çaura été par un diflolvant. Tout ce qu'il fembleroit y
avoir à craindre, c'eft que le diflolvant, s'il y en.a un dans
l'eflomac, n'y füt pas en aflez grande quantité pour fournir
celle qu'il faudroit qui s'introduifit dans le tube pour agir
avec fuccès contre le morceau de chair , dont les bouts feuls
font expolés à fon aétion.
Cette expérience, par elle-même fi fimple, le devient encore
davantage par l’efpèce de grillage pour lequel je me déterminai.
Le peu d'idée que leflomac de {a bufe m'avoit donné de fa
force de preflion, me fit juger qu'un grillage de fil ordinaire,
de fil de lin, feroit en état de lui réfifter. Je grillai donc avéc
du fil chaque bout d'un tube où j'avois fait entrer un mor-
ceau de bœuf: pour les griller, je n’y fis d'autre façon que de
dévider du fil fur le tube comme on dévide autour d'un
tampon de linge ou de papier celui qu'on veut mettre en
peloton, c'eft-à-dire que chaque tour de fil étoit conduit
felon a longueur du tube fur deux lignes diamétralement
oppolées; chaque tour paffoit donc fur le centre de chaque
bout. En multipliant de pareils tours placés très-proches les
uns des autres fur la furface du tube, les deux bouts fe trou-
voient grillés d'une grille dont les mailles, au lieu d'être des
D'EUS SITE N CES. 469
quarrés comune celles des grilles ordinaires, étoient des fec-
teurs de cercle. Cette efpèce de grille étoit plus à jour, moins
ferrée près de la circonférence que vers le centre; mais les
plus grands vuides ne Jaiffoient pas un paffage libre à des
corps de demi-ligne de diamètre. Tous les tours de fil em-
ployés à former les deux grilles, & qui peuvent être appelés
tours longitudinaux , étoient arrètés par des tours tranfverfaux
du même fil, par des tours devidés autour de la circonfé-
rence du tube, & qui formoient enfemble une ceinture vers
le milieu de fa longueur.
Avant que de griller le tube, Jy avois fait entrer, comme je
Yai déjà dit, un morceau de bœuf qui l'égaloit prefque en lon-
gueur, mais qui mavoit quà peine la moitié du diamètre
de fa cavité. Je m'étois propolé de l'y tenir ifolé, de le fixer
à peu près dans Vaxe du tube, ou au moins d'empêcher qu'il
ne fût exaétement appliqué en quelques endroits contre les
parois intérieures, & cela afin qu'aucune portion de fon ex-
térieur ne fe trouvât à l'abri de 'aétion de Ja liqueur difio!-
vante qui s'introduiroit dans le tube. Un fil paflé tout du
long du morceau de bœuf, & dont les deux bouts fortoient
hors du tube, devint l'axe qui devoit le foûtenir ; en formant
les deux grilles, on lui donna deux appuis au moyen defqueis
on parvint à Je tenir tendu après avoir fait faire à fes bouts
uelques tours fur l'extérieur du tube, & les avoir arrêtés
enfemble par un nœud.
Le tube ainfi préparé & garni de fon morceau de bœuf,
fut introduit dans le gofier de la bufe à fept heures du matin,
& conduit avec mes doigts jufqu'à l'eflomac, dans lequel il
entra fur le champ: il y refla pendant près de vingt-quatre
heures, elle ne le rendit que le {éndemain un peu avant fept
heures du matin. Le grillage Sétoit foûtenu comme je l'avois
efpéré, non feulement Le fil n'avoit été brifé en aucun endroit ,
tous Les tours fe trouvoient précifément placés comme ils
Vétoient immédiatement après avoir été devidés. Je ne pus voir
qu'ils s'étoient fi bien foûtenus & qu'ils avoient fi bien con-
{ervé leur arrangement, que lorfque j'eus enlevé un enduit
_Nnniï
470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
dont tout le tube étoit enveloppé ; cet enduit, plus épais fur
les bouts que par-tout ailleurs, lui donnoit la forme d’un ellip-
foïde; fur l'un des deux bouts il avoit près dé trois à quatre
lignes d’épaifleur : il étoit plus mince fur l'autre bout, &
n’avoit peut-être pas une ligne fur la furface extérieure du tube :
cet enduit étoit compolé d'un duvet femblable à celui dont
nous avons déjà eu occafion de parler, il venoit des poulets
nouvellement nés que la bufe avoit mangés plufieurs jours au-
paravant ; fon eflomac ne sen étoit pas encore vuidé,
le duvet étoit imbibé d’une efpèce de bouillie. Inquiet de
favoir fi cet enduit n'avoit pas bouché trop tôt les mailles des
grilles, sil n'avoit point empêché de pénétrer dans le tube
une quantité fuffifante de la liqueur capable d'opérer la digef-
tion: du morceau de bœuf, je tardai peu à couper la ceinture
& tous les tours faits par le fil, & à les enlever de deffus le
tube : l'ouverture de lun & de l'autre bout ayant été mife
entièrement à découvert , il fe préfenta une matière molle,
d’un blanc griftre, qui s’étendoit jufqu'auprès de leurs bords ;
en ayant enlevé un peu avec la pointe d’un canif, & l'ayant
mife entre le pouce & l'index , je lui trouvai la confiftance
d'une pâte molle extrêmement douce, & comme graffe : une
glaife bien pure, ramollie à même confiftance, n'eût paru ni
plus fine ni plus onétueufe au toucher ; on n'y trouvoit aucun
grumeau, rien qui par fa couleur, fa folidité ou fa tiflure, ref-
femblit à des fragmens de fibres.
Avec la lame du canif, je continuai à retirer du tube
alternativement par l'un & par l'autre bout, Ja matière qui
y étoit contenue ; toute celle que j'en fis fortir jufqu'au quart
de la longueur du tube de chaque côté, c'eft-à-dire, celle qui
fe trouvoit dans deux étendues égales enfemble à fa moitié
de la longueur de ce tube, étoit parfaitement femblable, au
jugement des yeux & du toucher, à celle que je viens de décrire:
je mis enfuite à découvert une matière un peu rougeitre,
& qui avoit plus de confiftance ; l'une & l’autre avoiïent fait
partie du morceau de bœuf avant qu'il entrât dans le tube:
la première, venue des fragmens qui en avoient été pluftôt
DES SCIENCES. 471
détachés, étoit plus parfaitement difloute, plus parfaitement
digérée que la feconde : une couche de cette feconde matière
enveloppoit ce qui étoit refté du morceau de bœuf fous une
forme folide, & avec à peu près fa couleur naturelle. Après avoir
lavé doucement ce refte de chair pour emporter la pâte qui
l'enveloppoit , je jugeai qu'il n’étoit pas une huitième partie
de celui qui étoit entré dans le tube, fa longueur n'étant que
la moitié de cêife de l'autre, & la différence entre les diamètres
étoit au moins aufli grande.
Au refte, la bouillie fournie par les fept huitièmes du morceau
de viande, & ce qui étoit refté de celle-ci fous une formé folide,
m'avoient aucunement l'odeur d’une viande corrompu ; ils n’en
avoient pas cependant une agréable, elle ne tiroit pas fur l'aigre,
elle n'étoit pas pénétrante, elle étoit pluftôt fade.
II eft donc inconteftablement prouvé par l'expérience pré-
cédente, que de la viande peut être digérée dans l'eflomac des
oifeaux carnaciers, non feulement fans y avoir été broyée,
mais fans même y avoir fouflert les plus légers frottemens :
cette opération peut donc être uniquement l'ouvrage d'un
diflolvant, dont l'exiftence eft bien démontrée.
Cette expérience qui ne laïfloit, ce femble, rien à defirer,
méritoit cependant d’être répétée, & demandoit à l'être
avec une petite précaution qui avoit été omife: pour avoir
négligé de pefer le morceau de viande, ce n'a été qué par
une éftimation vague que j'ai arbitré la quantité qui en étoit
reftée : d’ailleurs il convenoit de faire entrer le tube dans
l'eftomac, dans un temps où il sy trouveroit plus de duvet
capable de boucher les grilles. Un morceau de bœuf qui pefoit
un peu moins de quarante-huit grains, & un peu plus de
_quarante-fept, ayant été fixé dans le tube, & le tube ayant
été grilé comme fa première fois avec un fil, j'obligeai la
bufe de favaler & de le faire paffer dans fon eftomac ; il y
refla plus fong-temps que n’avoient fait les autres qu’il avoit
été obligé de recevoir : comme ceux-ci, il avoit été pris à fept.
heures du matin, & le lendemain à huit heures du foir il
n'étoit pas encore rendu: on ne le trouva dans la cage de
472 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
la bufe qu'au bout de deux jours à fix heures & demie du
matin ; fa furface encore toute mouillée apprenoit qu'il ny
avoit pas bien Jong-temps qu'il avoit été rejeté : au refte fa
furface n’étoit précilément que mouillée, je veux dire que le
tube n'avoit point été recouvert par un enduit de duvet imbibé
d'une efpèce de pâte; il ne fe trouvoit plus alors de ce duvet,
comme je lavois prévûü, dans f'eflomac dé Ja bufe. Non
feulement l'extérieur du tube étoit bien net, les grilles
l'étoient de même; rien ne bouchoit les vuides que les dif-
férens tours de fil y avoient laiflés, la liqueur capable d'opérer
Ja diflolution avoit donc trouvé des entrées libres qui avoient
permis de fortir hors du tube aux portions du morceau de
viande, qui après avoir été difloutes, avoient été délayées
fuffifamment pour devenir liquides. Je dûs juger que cela étoit
arrivé ainffr, lorfqu'après avoir coupé les fils & ôté à chaque
bout du tube la grille qui empêchoit qu'on ne püût apercevoir
ce qui étoit dans fon intérieur, je regardai par un des bouts
de ce tuyau comme on regarde par celui d'une lorgnette: je
vis que dans toute fa longueur il étoit plus d'à moitié vuide,
& qu'ainfi il s'en falloit bien que fa cavité ne contint toute
la matière que j'y avois introduite: ce qui y tenoit le plus
de place, étoit une bouillie d'un blanc grifatre, bien diffé-
rente en confiftance de la pâte que lexpérience précédente
avoit fait voir ; cette pâte étoit molle, & la bouillie étoit
liquide : ‘il y a tout lieu de croire que ce qui avoit été
encore davantage , étoit forti-par les mailles des grilles.
Une petite portion du morceau de bœuf étoit pourtant
reftée dans le tube fous fa première forme, mais elle avoit
pris une couleur plus blancheître, & perdu de fi confiftance:
cette portion ctoit partagée en trois morceaux fi petits, qu'ayant
été lavés & efluyés doucement , leur poids ne fut ‘trouvé
que defix grains, c'eft-à-dire, un huitième de celui du morceau
de bœuf, qui peloit près de quarante-huit grains : ils étoient
au refle attendris à un point qui annonçoit une diflolution
prochaine. Les ayant mis dans la paume de ma main, & les
y ayant {rottés doucement avec le bout d'un de mes doigts,
comme
ets ICE No ErSsay : M 478
comme avec une molette, ils y furent bien-tôt réduits en
une efpèce de pâte : je continuerai de faire remarquer que ceite
pâte n’avoit nullement l'odeur d’une viande corrompue.
Cette dernière remarque, que nous avons déjà eu occafion
de faire plus d'une fois, ne femble pas favorable à ceux qui ont
cru que la digeltion {e faifoit par une efpèce de putréfaétion ;
elle conduit à penfer que le diflolvant fourni par l'eftomac, agit
fur les alimens comme les liqueurs fortes agifient fur les métaux.
Les os n'ont pas, comme les chairs, une difpofition pro-
chaine à fe pourrir & à fermenter ; il m'a paru curieux de
favoir ce que deviendroient ceux qui pafferoient vingt-quatre
heures dans l'eftomac de la bufe, contenus dans un tube de
fer-blanc grillé de fil : je renfermai dans celui dont il s’eft agi
jufqu’ici, fix morceaux d'os très-tendres ; ils avoient été pris à
un poulet d'un mois, qui n'étoit pas plus gros qu'une caille ; l'os
de chacune de fes cuiffes, appelé vulgairement le pilon, fut
coupé en deux ; quatre morceaux d'os furent donc fournis par
les pilons , & les deux autres le furent par les deux gros os de
la cuiffe, auxquels on retrancha ce qu'ils avoient de plus en
longueur que le tube: ces fix morceaux d'os ne pefoient
enfemble que vingt-quatre grains. La bufe à laquelle on avoit
fait avaler le tube dans lequel ils étoient logés, le gardaudans
{on eflomac un peu moins de vingt-quatre heures ; elle favoit
pris à fept heures du matin , &c le jour fuivant elle l'avoit rendu
par le bec avant fix heures & demie; il étoit très-net au
dehors, aucune matière étrangère n'étoit attachée fur fon exté-
rieur ni fur celui des grilles. Après que le fil dont ces dernières
étoient formées, eût été enlevé, je cherchai les os dans la
cavité du tube, je n'y en trouvai pas la plus légère parcelle ;
il fmbloit qu'ils euflent été digérés plus aifément & plus vite
que la chair : il n'étoit refté dans le tuyau qu'un peu de
matière gélatineufe, dont la plus grande partie étoit appliquée
contre la furface extérieure d’une des grilles : la quantité de
cette matière étoit fi petite que je ne crus pas la devoir peler,
fon poids étoit peut-être à peine d'un demi-grain.
Les os qui avoient été fi parfaitement diffous , pourroient
Mém. 175 2: Ooo
474 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALe
être regardés comme prefque aufli tendres que certaines chairs ;
mais ils invitoient à éprouver ce que peut le diflolvant de l'ef-
tomac fur ceux qui font extrêmement durs. Pour en expoler
de tels à fon action, je fis détacher un fragment d’une côte
de bœuf, fur lequel il ne fe trouvoit qu'une couche affez
mince du corps cellulaire ou fpongieux ; tout ce qui étoit
d'une tiffure fi fiche fut emporté , je ne lui laiflai que la
partie la plus compacte, que celle qui reflemble à l'ivoire,
& qui peut de mème être employée à divers ouvrages &
recevoir du poli. Ce fragment, qui étoit de forme irrégulière,
avoit la longueur du tube, dont if ne remplifloit pas toute Ja
cavité daus l'endroit même où il étoit le plus gros : je fis
entrer encore dans le tube un autre fragment pris du même
os, & aufli compacte, mais plus petit; ces deux morceaux
d'os pefoient enfemble quarante-un grains : le tube grillé qui
les contenoit , refta un peu moins de vingt-quatre heures dans
l'eftomac de la bufe qui l'avoit avalé. Lorfque je le trouvai
dans la cage de l'oifeau , fa furface étoit bien nette, mais les
grilles n'étoient pas auffr à jour qu'elles l'étoient lorfque ce
tube avoit été rendu dans les expériences précédentes ; des
plaques minces de viande non encore digérée, qui s'y étoient
attachées en dehors, bouchoient une grande partie des mailles,
Après avoir Ôté le grillage de fil, je vis dans le tubeles deux
morceaux d'os, & j'aperçus à celui des bouts de l'un & de
Jautre qui étoit tourné vers mes yeux , une goutte de matière
gélatineufe : fi ces deux gouttes euflent été réunies enfemble,
elles n’euflent guère eu que la groffeur d'un petit pois. Je ne
trouvai à ces os aucun endroit où ils euffent été fenfiblement
ramollis, il étoit cependant vifible qu'ils avoient perdu de
leur volume : lorfqu'on leur avoit enlevé à Fun & à l'autre a
plus grande partie du corps cellulaire qui s’y étoit trouvé, on
avoit laiffé bien des inégalités ; toutes celles du plus petit frag-
ment avoient été effacées pendant fon féjour dans le tube, &
il en étoit peu refté au plus grand morceau : mais, pour avoir
quelque chofe de plus pofitif fur la quantité de matière qui
en avoit été emportée, je les pefai; les balances m'apprirent
D'iEùS |, ISNCUA'E ANGES 475
que leur poids total, qui étoit de quarante-un grains, avoit été
réduit à un peu moins de vingt-un; ils avoient donc perdu
vingt grains, ou, ce qüi eft la même chofe, près de la
moitié de leur mafle avoit été enlevée par le diflolvant, &
cela dans la circonftance où la digeftion ne s’étoit pas faite
auffi-bien dans l'eftomac de fa bufe qu'elle s'y fait ordinaire-
ment , puifque de la viande non digérée avoit été trouvée
attachée aux grilles , & dans la circonftance où les mailles
des grilles avoient été bouchées en grande partie.
Je fis repafler dans l'eftomac de la bufe les reftes des deux
fragmens d'os, pefant enfemble vingt-un grains, après les
avoir renfermés dans le tube grillé : ce tube fut rendu pendant
la nuit qui fuivit le jour où il avoit été pris, c'eft-à-dire,
environ au bout de vingt heures ; moins de douze après qu'elle
Jeut avalé, on lui vit faire des eflorts pour le vomir. II fortit
encore du corps de la bufe très-propre & fimplement mouillé :
on ne voyoit point de viande non digérée fur les grilles,
mais plus de la moitié de leurs mailles étoit bouchée par
une bouillie venue de la viande digérée : une petite mafe
de matière gélatineufe tenoit à un des bouts du plus petit os:
Jos qui par rapport à l'autre peut être appelé le grand, avoit
une partie de fa furface couverte d’une couche affez mince
d'une pareille matière. Ces feconds reftes étoient encore plus
unis ou lifles que les premiers : après avoir été lavés, ils
furent pelés, leur poids n’étoit que de on2e grains; ainf
près de la moitié du poids des premiers reftes avoit été
difloute dans cette feconde expérience.
Enfin, je fis retourner une troifième fois dans le corps de
la bufe , la légère portion d'os qui avoit réfifté au diffolvant ;
je n'ai pas befoin d'ajoûter que ce fut après l'avoir logée dans
le tuyau grillé: ce tuyau fut rendu environ au bout de vingt-
deux heures; des troifièmes reftes d'os y fubfiftoient encore,
ils étoient tous deux enduits dans toute leur étendue d’une
couche de gelée, qui étoit plus épaiffe que par-tout ailleurs à
un des bouts. Après que la gelée eut été enlevée, ces troi-
fièmes reftes d'os parurent bien petits, enfemble ils ne peloient
00 ij
476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
que quatre grains : fa gelée qui en avoit été enlevée, étoit
attachée en quelques endroits contre les parois du tube, &
contre la furface des grilles : je n'en avois pas encore vü de
pareille, elle étoit moufleufe.
H eût été inutile de faire rentrer dans l’eftomac de Ja bufe
ce dernier & très-petit refle des deux os, qui après y avoir
féjourné à trois repriles , de quaranteun grains qu'ils pefoient ,
avoient été réduits à n'en peler que quatre : ce qui en avoit
été enlevé fucceflivement, avoit affez montré l'exiftence &
la force d’un diflolvant contre lation duquel les corps de
cette efpèce ne fauroient être défendus par le plus grand
degré de dureté dont ils foient fufceptibles.
Les oileaux vraiment carnaciers, du nombre defquels étoit
notre bufe , ne fe nourriffent que de la chair des autres oifeaux,
de celle des quadrupèdes , de celle des reptiles, & quelques-
uns de celle des poiffons : la faim la plus preffante ne fauroit
les contraindre à recourir au grain , de quelque efpèce que ce
foit ; ils fe laifleroient périr d’inanition auprès d’un tas de
blé, & de même auprès des meilleurs fruits. Seroit-ce parce
que le diflolvant de leur eflomac n’a de prife que fur les chairs
& les os, & qu'il ne peut rien fur les productions du règne
végétal? ces oifeaux agiffent-ils comme s'ils fivoient qu'ils n'en
mourroient pas moins de faim, quand ils rempliroient leur
eflomac de grain, parce qu'il y refteroit fans pouvoir y être
digéré? La Nature donne aux animaux des leçons füres , celles
qu'ils ont befoind'avoir , & ils ne manquent pas de les fuivre.
Ï! étoit donc à préfumer, & il étoit curieux de s'en aflurer,
que ce diffolvant de l’eftomac de la bufe, fi puiffant contre les
chairs & les os, ne pouvoit rien ou que très-peu fur les matiè-
res végétales : nous avons déjà rapporté une expérience , répé-
tée bien des fois, qui paroît le prouver; les grilles de fil de nos
tubes fe font foûtenues fans qu'aucun de leurs brins ait été
caflé ; le diffolvant qui a réduit des os en gelée, n’a pas même
afloibli ces fils, ils font reftés très-fains. ”
II convenoit néanmoins d’expoler à l'ation de ce diffol-
vant, des matières tirées des plantes, fur lefquelles il étoit à
DAS ULSNENPE N'C'É Se 477
préfumer qu'il devoit avoir plus de prife que fur les fibres
defléchées que leur confiftance rend propres à tant d'ufages ;
il convenoit de mettre à fa portée des matières végétales,
qui n'entrent point impunément dans l'eftomac des oifeaux
de bien des efpèces différentes : nos gros tubes de fer-blanc
nous en donnoient des moyens faciles. J'en ai garni un de
pain & de grain; j'ai fait entrer dans fa cavité un morceau
de croûte auquel tenoit un peu de mie, large d'environ trois
lignes & aufli long que le tube : il n’y a été introduit qu'après
avoir été lardé de quatre grains; deux de ces grains étoient
de froment, & ont été piqués à la file lun de l'autre, près
d'un des bouts du petit morceau de pain ; les deux autres, qui
étoient des orains d'orge, ont été piqués à fon autre bout ;
un de ces derniers avoit fon écorce, & l'autre, qui étoit le
plus proche du bout, avoit été dépouillé de la fienne, if
avoit été mondé : un grillage fait à l'ordinaire avec un fil,
afluroit que ni le pain ni les grains ne pourroient être chaflés
hors du tube, tant qu'ils conferveroient leur confiftance &
leur volume. Le tube refta dans l'eftomac de la bufe pendant
environ vingt-deux heures ; lorfqu'elle l’eut rendu & que j'eus
coupé les deux grilles, je trouvai les quatre grains très-entiers,
ils étoient feulement ramollis : peut-être l'euffent-ils été davan-
tage s'ils euffent été tenus dans l'eau pendaut le même nombre
d'heures. Le grain d'orge mondé étoit aufli fain & auffi peu
altéré que les autres : la bufe, qui ne mange point de grain,
n'a donc pas un eflomac capable de le disérer. Le pain fembloit
avoir été un peu plus travaillé, il avoit quelque air de pain
mâché, mais il n’étoit point converti en une bouillie femblable
à celle en laquelle eût été changée de la viande qui auroit
occupé une pareille place dans le tube , il étoit encore vifible-
ment du pain.
Dans une autre expérience du même genre, c'eft-à-dire,
où des grains ont été encore expolés à l'action du diflolvant,
J'ai voulu pouvoir comparer ce qu'il auroit fait fur eux, avec
ce quil auroit opéré fur un morceau de chair: je plaçai dans
le tube un morceau de mouton qui n'avoit point de graifle,
Ooo ii
478 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
de manière que chacun de fes bouts fe trouvoit à la même
diflance de chacun des bouts du tube, dont il laïfloit de chaque
côté un peu plus du quut de fa longueur vuide ; il rem-
plifloit bien la partie où il étoit, ilavoit été preflé. Une petite
fève blanche, un pois fec & trois grains d'orge ayant leur
écorce , furent mis dans chacune des parties vuides du tube,
qui ne manqua pas d'être grillé à Fordinaire : celui-ci ne fut
rendu qu'au bout de deux fois vingt-quatre heures, je ne fais
fi c'eft parce que j'avois négligé de le conduire avec mes
doigts jufqu'à ce qu'il füt entré dans l'eflomac, & qu'il en
étoit arrivé qu'il n'y avoit été introduit que très-tard. Lorfque
je vins à examiner tout ce qui avoit été renfermé dans fa
capacité, je trouvai les deux fèves, les deux pois & les fix
grains d'orge très-entiers, mais très-renflés , fans qu'aucun d'eux
pourtant l'eüt été au point où l'écorce fe fend , où le grain
crève : des grains qui avoient féjourné dans un lieu humide &
chaud pendant deux fois vingt-quatre heures, y devoient
avoir pris cette augmentation de volume. Cependant la
viande jufqu'à laquelle le diflolvant fembloit avoir eu de la
peine à parvenir, & dont il ne lui avoit été permis d’at-
teindre que les bouts, parce qu'ayant été preflée, elle rem-
plifloit exactement le lieu où elle étoit, fut diffoute en
très-grande partie ; la portion qui en étoit reftée n'étoit guère
qu'un fixième, ou au plus un cinquième, du morceau qui y
avoit été logé. Cette portion qui n'avoit pas été difloute avoit
une odeur puante, une vraie odeur de viande pourrie: la
corruption indiquée par l'odeur , devoit être attribuée au long
féjour qu'elle avoit fait dans l'eflomac, & à ce qu'elle n'y avoit
ù être pénétrée par le diflolvant,
C'eft une bonne pratique, & dont j'ai prouvé ailleurs les
avantages, que celle de nourrir la volaille d'orge cuite: j'ai
voulu voir fr le diflolvant de l’eftomac de notre oifeau
n'auroit pas plus de prife fur celle qui eft cuite, que fur la
crue : j'ai encore fait entrer dans le tube un morceau de chair
de mouton, qui bien preffé a occupé la moitié de la capacité
du tube, & en a Jaïffé à chaque bout un quart de vuide :
DES SCIENCES. 479
c'étoient deux places deftinées à recevoir chacune neuf grains
d'orge cuite; de ces neuf grains, il y en avoit quatre à cinq
de crevés, c'eft-à-dire, dont l'écorce avoit été forcée de fe
fendre par le renflement de fa fubftance farineufe : il ef inu-
tile de diré que le tube fut grillé de fil, j'eus attention de le
faire entrer dans l'eflomac, il fut rendu au bout de vingt-
quatre heures. L'état dans lequel j'y trouvai les grains, nv'ap-
prit que le diflolvant de l'effomac de I bufe n'avoit pas plus
de pouvoir fur les grains d'orge cuits, & même crevés, que
fur ces mêmes grains crus : il n'étoit arrivé aucun changement
fenfible aux grains d'orge; je fuis même refté incertain fi
leur renflement y avoit été augmenté, & fi ceux qui, lorf-
qu'ils y avoient été introduits , étoient entr'ouverts, l'étoient
un peu plus lorfqu'ils furent tirés du tube : il étoit très-vifible
que le diflolvant, comme diffolvant , n'avoit rien opéré fur
eux, pendant qu'il avoit agi fi efficacement contre le morceau
de chair, que je ne pus rien trouver dans Îe tube qui en
eût fait partie, que quelques filimens gélatineux, que des
filamens gluans qui avoient de la tranfparence, qui reflem-
bloient à de la gelée, & nullement à de la viande.
I eft donc prouvé de refle, que ce feroit inutilement que
les oïifeaux de proie, forcés par la plus preffante néceflité de
manger, auroient recours aux grains; que leur eftomac n'en
tireroit aucun fuc nourricier ; que fût-il très-rempli de grains,
ils n'en mourroient pas moins de faim, fon difflolvant ne
pouvant rien fur les fubftances farineufes : n’agiroit-il pas avec
plus d'efficacité fur les fruits de nos arbres , fur les poires,
les pommes & les prunes? c’eft à quoi il n'y a guère d'ap-
parence, dès que ces oifeaux négligent toutes ces fortes de
fiuits : aufli me fuis-je contenté d'en faire une expérience.
Je renfermai dans le tube un morceau de poire d'orange qui
étoit bien mûre, pelant vingt-neuf grains ; le tube fut rendu
à l'ordinaire, environ vingt-quatre heures après qu’il eut été
pris : le morceau de poire y fut trouvé avec fa première
forme ; il avoit pourtant perdu quelque chofe de fon poids,
il ne pefoit plus alors que vingt-quatre grains ; fa chair étoit
480 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
ramollie à peu près comme celle d’une poire cuite, elle paroif-
foit macérée: la chaleur & l'humidité du lieu dans lequel
elle avoit été tenue, pouvoit bien avoir autant contribué à
cet effet que le diflolvant : elle avoit pris un goût aigrelet
très-léger. Quelque part qu'on voulût accorder au diflolvant ,
dans ces petites altérations, il feroit encore certain que fon
action fur les fruits feroit bien foible, fi on la compare à
ce qu'elle opère fur la viande.
Quelle eft la nature. de cette liqueur , qui agit en quelque
forte fur les chairs & fur les os comme l’eau régale agit fur
l'or, mais qui na pas plus de pouvoir fur les fubflances fari-
neufes que l'eau régale n'en a fur l'argent? auquel de tant de
diffolvans que la Chymie nous fournit, peut-elle être com-
arée ?
J'ai mis plufieurs fois fur ma fangue de cette gelée, en
laquelle elle avoit converti de la viande ou des os, & qui
devoit en être pénétrée ; je lui aï toûjours trouvé de l'amer-
_tume, tantôt” plus, & tantôt moins, mêlée avec un peu
de falure. J'ai auffi appliqué fur ma langue des reftes des os
qui avoient été diffous en partie ; ces refles d'os devoient au
moins être pénétrés de cette liqueur diflolvante près de leur
furface : je leur ai auffi trouvé un goût amer, mêlé de falé,
mais ce goût étoit plus foible que celui de la gelée.
Je ne dois pas laiffer ignorer qu'ayant voulu Ôter à un
tube l'odeur puante qu'il avoit prife dans une des expériences
que j'ai rapportées, & la feule où une portion reflante de
la viande fe füt pourrie, je le mis fur des charbons ardens ;
bientôt il fortit de fon intérieur une flamme qui dura pen-
dant plus d’une minute. Je ne me preflerai pas de conclure
de ce fait, que la matière inflammable entre pour beaucoup
dans le diflolvant que nous devons fouhaiter de connoître ; il
faut auparavant l'avoir foûmis à bien d’autres examens , & pour
cela en avoir des quantités fur lefquelles on puiffe opérer.
On n'auroit peut-être pas ofé fe promettre d'avoir aflez
de cette liqueur qui agit dans un eflomac avec tant d'eflica-
cité fur les alimens, pour la pouvoir mettre à toutes les
épreuves
DES SCIENCES. 481
preuves par lefquelles on fait pafler celles dont on veut
découvrir Ja compofition : nos tubes néanmoins, qui nous
ont valu tant de connoifflances certaines fur la manière dont
{e fait la digeftion dans des eftomacs différemment conftruits,
peuvent encore nous procurer affez de cette liqueur pour
varier fur elle des eflais qui ont un objet auffi utile que curieux.
Je n'ai encore qu'ébauché ces effais, mais je ne doute pas
qu'ils ne foient multipliés autant qu'ils méritent de l'être, par
plufieurs Savans qui feront frappés de l'importance de leur
objet; il ne s'agit que de les faire penfer au moyen fimple
dont ils peuvent fe fervir pour fe fournir d’une liqueur f
intéreffante : la quantité qui en entre dans un tube grillé,
pendant les vingt-quatre heures qu'il féjourne daïis l'eftomac
d’un oifeau de proie , eft confidérable ; elle fufñit pour mouiller
tout l'extérieur des morceaux de viande qui y font logés, &
pour les pénétrer intimement. Ce ne font pas ces morceaux
de viande qui attirent Ja liqueur diflolvante dans le tube;
füt-il vuide, elle ne s'y introduiroit pas en moindre quantité ;
il ne s’agiroit donc que de l'y retenir, & on l'y retiendra fr
Je tube eft rempli d'une matière qui sen laifle imbiber, &
qui ne foit pas capable d'émoufler fon activité, c’eft-à-dire,
qui ne lui foit pas diffoluble. Celle qui doit être employée
ici par préférence ne fe fait pas chercher, l'éponge fe pré-
fente la première; elle n'eft point de celles que mange un
oifeau de proie, & ce que nous avons vû ci-deffus nous a
appris à en conclure qu'elle n’eft donc point de celles que fon
eftomac peut digérer : aufli n'ayant aucun doute fur le fuccès
de lexpérience que j'allois tenter, je fis entrer plufieurs
petits morceaux d'éponge dans le tube, je l'en remplis fans
les y trop prefler, il fut grillé, avalé par la bufe & rendu
à l'ordinaire. Lorfque les morceaux d'éponge y furent intro-
duits , ils ne pefoient que treize grains : je les pefai dès que
je les en eus retirés, alors ils en pefoient foixante-trois ; ils
s'étoient donc chargés de cinquante grains de liqueur, qu'il
me fut ail d'exprimer en grande partie dans un vafe deftiné
à Ja recevoir.
Mém. 175 2: Ppp
482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Cette expérience feule fufht pour faire voir qu'on pour-
voit fe fournir aifément d'une quantité aflez confidérable
d’une pareille liqueur : deux ou trois tubes garnis d'éponge,
qu'on feroit prendre le même jour à fa bufe, en donne-
roient une quantité à peu près double ou triple, cent ou cent
cinquante grains pefant ; & fi on nourrifloit deux ou trois de
ces oifeaux , ce qui fe feroit fans de fort grands frais pen-
dant quelques femaines, on pourroit avoir chaque jour deux
ou trois cens, où mème quatre cens cinquante grains de
liqueur. Ceux qui, par leur goût pour cette chaïle où les
oïfeaux de proie montrent combien ils font fupérieurs en
vitefle de vol & en force aux oifeaux de tant d'autres genres,
{ont engagés à en nourrir chez eux plufieurs, pourroient
nous procurer encore une plus grande quantité de cette liqueur
diflolvante fans aucune dépenfe. S'ils craignoient que le tube
de fer-blanc, dont les bords font tranchans, ne bleffàt l’ef-
tomac de leurs oifeaux, ou le conduit par lequel ils y arrivent
& en fortent, on pourroit fubflituer au tube de fer-blanc, qui
cependant ne n'a jamais paru avoir fait aucun mal à ma bufe,
des tubes de plomb dont les bords feroient émouffés & doux.
De pareils tubes ne nuiroient pas plus à l'oifeau de proie que les
cures qu'on lui fait prendre pour aflurer fa fanté, & lui en
tiendroient lieu. Mais fi, peu fatisfait de la quantité de la
liqueur diflolvante qu'il eft permis de tirer de l'eflomac d’une
bufe ou d'un oifeau de proie qui lui eft au plus égal en
grandeur, on alloit la puifer dans celui des plus grands
oifeaux de cette clafe, dans celui d’un aigle ou dans celui
d'un vautour, les éponges qu'on retireroit du grand tube,
ou des grands tubes qui auroient féjourné dans cet eflomac,
donneroient une quantité de liqueur qui fufhroit à beaucoup
d'expériences. La mort de ma bufe eft arrivée avant que la
fuite de celles auxquelles je lavois deftinée ait été exécutée,
& j'ai à me reprocher ma négligence à la remplacer par une
autre, ou par quelque oifeau de proie d’une efpèce différente
de la fienne; mais je me promets de réparer cette faute, &
” de faire les expériences qui femblent être Le plus à defirer: j'en
DES; $C IE N CE: 483
vais indiquer les principales, pour inviter à les tenter de leur
côté, les Phyficiens qui en trouveront des occafions commodes.
Lorfque je perdis ma bufe , je n'avois encore tiré que
deux fois de fon eftomac, au moyen des éponges, de cette
liqueur qui y diflout les chairs & les os : celle que la preffion
de mes doigts obligea de {ortir de quelques morceaux d'é-
ponge qui en étoient imbibés, fut reçûe dans un vafe, elle
nereffembloit nullement par fa limpidité à la liqueur que dif-
{érentes diftillations nous donnent ; loin d’avoir cette belle
tranfparence , elle étoit un peu opaque & trouble, fa couleur
étoit très-louche & d'un blanc un peu jauntre. Au refte,
je fuis incertain ft fa couleur & fa tranfparence naturelles
navoient pas été altérées, & celt fur quoi de nouvelles
expériences ne manqueront pas de nous inftruire: dans les
premières, je ne pris pas la précaution de bien laver les
éponges : fi des parties terreufes, ou de quelqu'autre nature,
fe font trouvées dans leur intérieur , elles auront changé la
couleur de la liqueur qui s'en fera chargée, &: elles lui auront
Ôté de la tranfparence.
Indépendamment de ce que cette liqueur aura pû emporter
des éponges, une autre caufe peut l'avoir empêché d’être auffr
pure qu'il eût été à defirer de l'avoir : la liqueur, avant que
d'entrer dans le tube, aura trouvé dans fon chemin les mor-
ceaux de viande qui étoient dans l’eftomac, fur lefquels elle
n'aura pas manqué d'agir au moins un peu ; d’ailleurs, il eft
prefque impoffible que quelques portions de fa viande digérée
& réduite en bouillie, & même rendue plus liquide, ne fe
foient pas mêlées avec la liqueur : quoique celle qui avoit
imbibé les morceaux d'éponge eût eu le pouvoir de difloudre
de la viande, elle ne devoit-pas cependant être regardée
comme pure ; mais on peut parvenir à en avoir qui le foit,
ou qui le foit au moins beaucoup plus que ne l'étoit celle
dont nous parlons ; il ne faut pour cela qu'avoir attention à
ne faire avaler à l’oifeau de-proie le tube garni d’éponge,
-que dans un temps où fon eftomac efl vuide, & fe donner
-de garde de lui faire prendre aucune nourriture pendant tout
Pppi
484 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
celui où il gardera le tube dans fon corps. Ce jefine au<
quel nous voulons faire mettre cet oifeau , ne lui fera pas auff
difficile à foûtenir qu'il le pourroit fembler : la Nature a mis
ceux de ce genre en état d'en fupporter de très-longs ; leurs
chafles ne font pas toûjours heureules, il leur arrive fouvent de
pañier des journées fans rien prendre , & par conféquent fans
manger. M. le Commandeur Godeheu étant à Malte, reçut de
Tripoli un vautour vivant, qu'il deftina pour mes cabinets
où il eft aétuellement , fur lequel il fit une expérience qui
montre combien il eft peu néceflaire aux oifeaux de fon
elpèce, de prendre des alimens journellement. Pour le faire
deffécher plus aifément après qu'il feroit mort, il crut le
devoir rendre très-maigre, & il en prit le plus für moyen , il
lui retrancha totalement toute nourriture: ce vautour réfifla
pendant dix-fept jours à un jeûne fi rude.
J'ai mis fur ma langue de cette liqueur dont les éponges
s'étoient imbibées dans l'eflomac de la bufe; fon goût nra
paru tenir plus du falé que de l'amer, quoiqu'au contraire la
gelée d'os qui avoit été l'ouvrage d'une pareille liqueur, &
les refles des os fur lefquels elle avoit agi, nv'aient fait {entir,
comme je l'ai déjà dit, un goût plus amer que falé.
Du papier bleu'a été mouillé avec cette même liqueur,
elle l'a rougi.
Une des premières expériences qui fembloient demander à
être tentées avec cette liqueur, comme des plus curieufes ,
& des plus propres à nous démontrer qu'elle étoit incontef-
tablement celle qui réduit les chairs & les os en bouillie,
eût été de lui faire diffoudre des chairs dans un vafe comme
elle les diffout dans l'eflomac de loifeau. De véritables digef-
tions d'alimens, opérées dans un lieu fi diflérent de celui où
elles fe font faites jufqu’à ce jour, euffent été un phénomène
aufii fmoulier qu'intéreffant. Quoique mes tentatives pour y
parvenir ne m'aient point réufit, Je ne laiflerai pas de les
rapporter ; je n'en ai fait que deux, & elles demandent à être
répétées avec des précautions que-je n'ai pas prifes: peut-être
ne faura-t-on toutes celles qu'elles exigent pour avoir un plein.
DIR SISENT E NICE 6 485
fuccès, qu'après qu'elles auront été refaites un très-grand
nombre de fois. Fr
Je réfervai la liqueur dont quelques-uns de mes morceaux
d'éponge étoient imbibés, pour a faire travailler fur la
viande, & voici l'ufage que j'en fis. Dans un tube de fer-blanc
un peu plus grand que celui dont il seft agi jufqu'ici, &c
dont un bout étoit bouché par une plaque de même fer, qui
y toit foudée, je fis entrer un morceau de viande gros
comme une noifette; fur ce morceau de viande , je fis
tomber toute la liqueur que je pus exprimer des éponges en
les preffant entre mes doigts ; je fis enfuite rentrer dans Île
méme tube les épônges, & cela dans la vüe de diminuer au
moins l'évaporation d'une liqueur qui étoit en trop petite
quantité par rapport à la viande, ‘car celle-ci n’en étoit pas
entièrement couverte. La liqueur, pour être aflez aélive, a
befoin d'être aidée de la chaleur qui règne dans l'eftomac :
celle des fours où je fais couver des œufs, n'eft probable-
ment inférieure à l'autre que de peu de degrés: un de ces
fours fut choïfi pour faire une des fonctions de leftomac ;
mais avant que d'y faire placer le tube , je le logeai dans un
poudrier qui avoit un couvercle de papier ficelé autour de
fon bord, & cela encore dans la vüe de diminuer l'évapo-
ration : dans ce même poudrier je mis un morceau de viande
coupé à la même pièce de laquelle celui du tube avoit été
pris, & à peu près d’égale groffeur ; il devoit fervir de terme
de comparailon :, pour d'y rendre plus propre, il avoit été
trempé dans de l'eau ordinaire. Lorfque le poudrier qui conte-
noit le morceau de viande & le tube, entra dans le four ,
il y régnoit une chaleur de trente-trois degrés.
Le lendemain , c'eft-à-dire, au bout de vingt-quatre heures ,
je retirai le poudrier du four, pour examiner l'état des ma-
tières qui lui avoient été confiées : les changemens qui s'étoient
faits dans le tube, n'étoient pas ceux que javois cherché à
occafionner ; le morceau de viande qui étoit immédiatement
dans le poudrier , s'étoit defléché, il n'avoit d’humide que
la partie qui étoit immédiatement appliquée contre le verre;
Pppi
486 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe
il fentoit très-mauvais , il s'étoit corrompu: les éponges fupé-
rieures du tube s'étoient auffi defféchées, mais les inférieures
étoient encore humides; Ja viande cependant qu'elles cou-
vroient, m'étoit pas difloute, elle étoit fimplement ramollie,
mais elle avoit pris une mauvaile odeur, quoique moins
forte que celle de l'autre morceau.
Le peu de fuccès de l'expérience précédente, me parut
devoir être attribué à la petite quantité de la liqueur par
laquelle la viande avoit été attaquée : je refis provifion de
cette liqueur, en faifant féjourner dans eflomac de la bufe
un tube rempli de fragmens d'éponge, qui ne peloient en-
femble que onze grains, & qui lorfqu'ils furent retirés du
tube en pefoient cinquante-trois, ils avoient donc retenu qua-
rante-trois grains de liqueur. Pour en faire un meilleur ufage
que de la première que j'avois employée, je pris un morceau
de viande beaucoup plus mince; celui que je plaçai dans le
fond du tube , fut entièrement couvert par la liqueur que les
éponges fournirent; je les mouillai un peu avant que de les
faire entrer dans le tube; enfin le fond du poudrier qui
devoit recevoir le tube, fut couvert d’une couche d’eau épaiffe
de quelques lignes, & ce fut dans cette eau que fut plongé
le morceau de viande qui devoit être comparé avec celui du
tube. Ce poudrier paffa, comme le premier, vingt-quatre heures
dans le four à poulets; la viande qui étoit immédiatement
dans eau sy corrompit au point de répandre une odeur
déteftable ; les éponges du tube ne fe defféchèrent point,
la viande cependant au deflus de laquelle elles étoient, ne
fut point difloute; elle s'étoit même un peu corrompue,
mais très-peu en comparaifon de celle qui avoit été tenue
dans l'eau ordinaire; le diflolvant avoit au moins empêché
qu'elle ne fe corrompit autant qu'elle auroit fait Pour le
mettre en état d'opérer avec plus de fuccès, il refle, comme
je l'ai déjà dit, beaucoup de tentatives à faire, foit par rap-
ort à la quantité du diflolvant, foit par rapport au degré de
chaleur , foit par rapport à l'évaporation ; peut-être que pour
arrêter celle-ci fuffamment, le tube demanderoit à être bouché
DES SCIENCES. 487
par les deux bouts :-ne fufhroit-il pas qu'il le fût par un
bouchon de liège? peut-être faut-il s'en prendie au défaut du
degré de chaleur. C’eft de quoi on s’'inftruira en faifant entrer
dans l'eflomac de loifeau de proie, le tube bouché par les
deux bouts, dans lequel il y auroit un mince morceau de
viande couvert de la liqueur puifée dans f'eflomac du même
oifeau: on verroit, lorfqu'il en feroit forti, fi la liqueur dont
la viande auroit été entourée, auroit {ufh pour la difloudre.
Peut-être faudroit-il renouveler de temps en temps la liqueur
du tube tenu dans le four à poulets.
I n'eft_ guère permis de foupçonner à cette liqueur une
volatilité f1 grande, qu'elle perde tous les principes de fon
activité dès qu’elle eft expofée à l'air libre; fon odeur, qui
n'eft nullement pénétrante , n'annonce rien de pareil ; il con-
vient cependant d'éprouver fi elle ne s'altérera pas dans des
bouteilles de verre où elle fera renfermée avec foin : lorfqu’on
fera parvenu à en avoir des quantités un peu confidérables
dans ces fortes de bouteilles, on la mettra à toutes les épreuves
auxquelles elle mérite d'être mile,
Les conféquences qu'on peut tirer de la comparaïfon des
faits rapportés dans ce Mémoire, avec ceux qui l'ont été
dans celui qui l'a précédé, fe préfentent fi naturellement, que
je ne dois pas m'arrêter à les détailler ni à les développer.
Ïl ne paroîtra pas qu'il y ait quelque lieu de douter que la
digeftion ne fe fafle dans tous les oifeaux dont leftomac eft
épais, mufculeux, en un mot un géfier, par la trituration,
comme elle fe fait dans les dindons, les poules & les canards,
& qu'elle ne foit opérée par un diflolvant dans tous les oifeaux
dont l'eftomac eft finplement membraneux , comme elle l'eft
dans celui de la bufe : paroïtra très-vrai-femblable que le
broiement & le diflolvant y concourent dans les eftomacs d’une
fruéture moyenne, je veux dire, tant dans ceux qui font
mi-partis, comme celui du pic-vert, qui eft géfier par un bout,
& eflomac membraneux par Fautre, que dans ceux qui font
d'une confiftance & d'une épaifleur moyennes entre celles
des géfiers &. celles des eftomacs fimplement membraneux.
488 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
C'eft ce qui pourra être vérifié par des expériences, à mefure
qu'on aura des occafions d'en faire fur des oifeaux qui ont
en partage un eflomac à qui Fune ou F'autre des deux der-
nières ftructures eft propre.
On ne fe croira pas non plus en rifque de tirer des con-
féquences qui pourroient être démenties par les expériences ,
Jorfqu'on jugera que de quelque clafle que foient les animaux
qui ont un eftomac membraneux, la digeftion eft faite dans
le leur par un diffolvant comme elle lefl dans leflomac
membraneux des oifeaux ; que les alimens font diflous par
une liqueur convenable dans l'eflomac de plufieurs quadru-
pèdes, par exemple, dans celui des chiens, dans celui des co-
chons, dans celui des chevaux : qu'ils le font de même dans
celui au moins de la plufpart des poiflons, dans celui des
reptiles, & dans celui de divers infecles: je dis de divers
infectes , parce qu'il y en a des genres dont l’eflomac a une
fuéture qui paroit le rendre plus propre à broyer avec fuccès,
comme celui de courtillières ou taupes grillons, que ne l'eft
Je géfier des oifeaux. Qu'on ne penfe pas cependant être abfo-
lument difpenfé de faire des expériences fur l'eftomac de quel-
ques-uns au moins des animaux de chacune de ces différentes
claffes, elles ne feront pas inutiles ; elles donneront le plus grand
desré de certitude à un fentiment qui, tant qu'elles ne lap-
puieront pas, ne fera qu'extrèmement vrai-femblable.
Une feule expérience nv'a paru fuflire pour démontrer que
fa trituration n'a pas plus de part à la digeftion dans l'efto-
mac des chiens, que dans celui des oifeaux de proie: cette
expérience fut faite fur une petite chienne dont l'âge m'étoit
inconnu, & qui avoit un air vieillot, quoiqu'elle füt en chaleur.
Pendant qu'on lui tenoit la gueule ouverte, je fis entrer forcé-
ment dans fon gofier deux os qui furent bien-tôt conduits
dans l'eftomac , leur figure étoit à peu près cylindrique; ils
avoient chacun fept lignes de long & un peu moins de deux
lignes de diamètre ; ils avoient été pris de la partie la plus
compacte d'un gros os, & façonnés enfuite : c'étoient pour la
chienne deux morceaux qui devoient être caufe de fa mort,
elle
DES LONGTÉENN (CIE ts 489
elle fut étranglée après qu'ils eurent refté dans fon oh
pendant vingt-fix hèures : fur le champ j'ouvris ce vifcère
pour les y chercher, ils y étoient encore, & ne furent pas
difficiles à trouver, mais ils avoient perdu de leur volume ;
des lames longitudinales fembloient en avoir été enlevées. Je
ne m'aflurai point par des melures, de Ia quantité qu'ils avoient
perdue de leurs dimenfions & de {eur poids, je me contentai, |
par rapport à une expérience que je métois propolé de
répéter, d'avoir eu une preuve nullement équivoque de
Texifténce d’undiflolvant des os dans l’eftomac des chiens,
mon feulement. par. une perte vifible qu'avoient fait ceux
dont il étoit .queftion , mais {ur-tout en ce que les reftes de
deux os f1 durs, & par conféquent fi roides ,avoient été rendus
aufli flexibles que de la corne.
… La même expérience m'apprit de plus, que fi l'eflomac
du chien à la force de comprimer les alimens qu'il a reçûs,
cette force n’eft nullement comparable à celle des géfiers,
& qu il n’en faut pas attendre de grands effets . par. rap-
port. à la digeftion. Pour la mettre à une épreuve qui
men donnât quelque idée, avant que de faire avaler à fa
chienne les deux os, je l'avois obligée de faire pafler. dans
fon eftomac trois tubes cylindriques de, plomb ;-tous trois
avoient été faits d'une lame mince, ou pluflôt d'une feuille
de plomb roulée : le premier avoit une ligne trois quarts de
diamètre, & fept lignes de long ; fes deux bouts étoient bou-
chés, ils Favoient été par le fimple aplatiflement: du : tuyau
dans ces-mêmes endroits: le fecond, qui avoit eu fes, deux
bouts bouchés de la mème manière, étoit un peu plus. gros,
ayant deux lignes de diamètre ; il avoit d'un côté que cinq
lignes de long, & en avoit fix du côté oppolé: le troifième,
dont la longueur étoit de fix lignes, & qui avoit deux lignes
& demie de. diamètre, étoit ouvert par les deux bouts ; ce
dernier avoit été rempli de mie de pain bien preffée, Celui
de ces trois tubes qui étoit le plus capable de réfiflance, le
plus petit, eût été aplati entre le pouce & l'index d'une
main aflez foible: aucun d'eux cependant ne le fut dans
Mém. 175 2: À Qgqq
490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Veftomac de la chienne, tous trois y confervèrent leur ron-
deur , leur forme n'y reçut aucune altération ; un des deux
premiers avoit feulement le coin d’un de fes bouts un peu
relevé & un peu déroulé, mais l’état de toutes fes autres
portions & celui des autres tubes prouvent que ce dérange-
ment s'étoit fait dans la gueule, où il avoit un peu féjourné;
il avoit apparemment frotté contre quelque dent ; d’ailleurs,
la furface d'aucun de ces tuyaux n'avoit été ufée par des
frottemens. 7
Dans le tube ouvert par les deux bouts , je ne trouvai aucun
refte de la mie de pain dont il avoit été rempli. L'eftomac
ne contenoit qu'une bouillie verdâtre ; iln’y avoit non plus dans
le tube que de cette bouillie, & une matière filamenteufe.
S'il eft prouvé que la digeflion s'opère dans les eftomacs
membraneux par le moyen d'un diflolvant, il ne left pas
moins que celui qui agit dans l'eftomac membraneux d'un
genre d'animaux , eft très-différent de celui auquel la digeftion
eft dûe dans l'eflomac membraneux d'animaux d’un autre
genre. Les effets produits dans ces différens eflomacs le dé-
montrent : nous avons vü de plus, que le goût ou l'éloigne-
ment des oïifeaux de proie pour différentes matières, nous
apprennent quelles font celles qui peuvent, & celles qui
ne fauroient être des alimens pour eux; il en eft probable-
ment de même des autres animaux en général : des expé-
riences nous ont montré que le diflolvant de l'eftomac de ces
derniers oifeaux , ne peut rien für les matières végétales , pen-
” dant que les matières animales les plus dures & les plus com-
pattes ne fauroient lui réfifter. L’effomac du cheval, qui eft
aufli de la claffe des membraneux , a fans doute fon diflolvant ;
nous fommes d'autant plus en droit de le fuppofer, que
nous aurions des preuves inconteftables à en donner: or le
diflolvant au contraire de l’eflomac du cheval n'a de pouvoir
que fur des matières végétales, fur des herbes vertes, fur
du foin , fur des grains, & nous le devons croire incapable de
digérer de la viande, que le cheval n'aime point, & encore
plus de digérer des os; il ny a que:la Fable qui nous
DIS SPGUL EUN: CE. S 49t
fournifie un exemple de chevaux nourris-de chair, &c. méme
de chair humaine.
L'adivité du diflolvant de l’eflomac des chiens, comme
celle du diffolvant du nôtre, a bien plus d'étendue que celle
des deux derniers dont il vient d’être fait mention, il a un
pouvoir égal fur les matières animales & fur les matières
végétales ; celles-ci {ont le partage de l’un, de l'eflomac des
chevaux, & celles-là font le partage de l'autre, de celui des
oifeaux de proie. L’eflomac du chien opère non feulement
la digeftion de la viande, il opère de même celle du pain,
c'eft-à-dire, de la matière farineufe des grains tirée de deflous
leur écorce ; les chiens font friands de raïfin, ils aiment les
prunes, j'en ai vü qui mangeoient I& digéroient des poires
& des pommes. Quoique les cochons vivent principale-
ment de matières végétales, ils mangeroient de la viande
fi on leur en donnoit : les exemples de jeunes poulets
mangés par eux, dans les bafle-cours ne font pas rares :
on en a même de truies qui portent la voracité jufqu'à
manger leurs petits. FAURE
La digeftion fe fait auffi dans Ja plufpart des poiflons,
par le moyen d'un diflolvant; ils font prefque tous voraces,
& quoiqu'ils fe nouxriflent de leurs femblables , ils font avides
de viande, ils faififfent fouvent avec imprudence celle des
hameçons; ils ne dédaignent pourtant pas les matières végé-
tales. Les carpes des étangs & des baflins, qu'on fe plaît à
bien nourrir, nous apprennent journellement qu'elles aiment
le pain. Mais il y a des efpèces de poiffons qui rempliffent
leur eftomac d'une matière qui, pour fournir des fucs nour-
riciers , femble exiger d'être préparée par un diffolvant tout
autre que celui des eftomacs des oifeaux de proie, des qua-
drupèdes, & de l'homme; je veux parler des poiffons qui
mangent la .vafe recouverte par l'eau de la mer, & par celle
des rivières & des étangs: nous avons aufli parmi les infeétes
terreflres, des vers qui fe tiennent dans la terre & qui en
vivent.
H n'eft aucun de ces diffolvans qu'on ne puiffe fe procure
Qaqi
492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE ,
au moyen de tubes femblables à ceux’ que nous avons fait
pañler dans l'eflomac des oïfeaux de proie, & dont on ne
puifle parvenir à avoir une quantité fuffifante pour des eflais
propres à faire connoître en quoi ils différent principalement,
les uns des autres ; mais il y a aufli apparemment des nuances,
pour ainfi dire, dans les qualités des diffolvans qui fe rap-
prochent, dont la caufe ne fauroit étre découverte par les
analyfes qu'il fera permis d'en faire, Celui de l'eftomac du
cochon opère la digeftion des glands, des racines de plantes
& d'arbres, des feuilles de plantes, comme de chou, de
poirée, &c. Le diffolvant de leflomac du chien qui agit
avec füuccès fur différentes matières végétales, travailleroit
inutilement contre celles dont nous venons de parler ; il laïfle-
roit dans leur entier des grains d'orge, d'avoine, & peut-être
des grains de feisle & de froment, qui font bien digérés dans
J'eftomac du cochon. Il y a même quelques variétés dans Ta
manière dont des effets femblables font produits par différens
diflolvans : les reftes des os diflous dans leftomac de 1a
bufe confervent leur roideur, & les refles des os diflous
dans l’eftomac du chien font flexibles, comme nous l'avons
dit, Quoi qu'il en foit, il eft très-important d'acquerir toutes
les connoiffances qu'il eft poffible d'avoir fur la nature de
ces différens diffolvans ; l'analogie nous conduira à juger de
la nature de celui qui nous intérefle fr fort : nous n'avons
pas befoin d'ajoûter rien de plus pour faire naître des efpérances
peutêtre trop flattéufes, auxquelles on fe croira fondé à fe
livrer.
Quoique j'aie été curieux de favoir quelle part avoient
les diffolvans, & quelle part avoit la trituration à la digeftion
qui fe fait dans les eflomacs des ruminans, dont la flruéture
eft fi différente de celle des eflomacs des animaux qui ne
ruminent point , je nai encore fait, pour m'en inflruiré,
que deux expériences qui Wont pas fufit pour me donner, à:
beaucoup près, tous les échirciflemens que j'euffe fouhaités.
C'eft fur deux brebis qu'elles furent faites. Dans le mois
d'Odtobre 1752, le foir, fur les fept heures, je fis avaler &
D'ENEU SCT EN CE S$ 49%
uñe de ces brebis quatre tübes de fer-blanc, dont a longueur
étoit d'environ dix lignes & demie, & dont le diamètre en
avoit cinq : deux de ces tubes avoient été remplis de feuilles
fraiches de’ gramen, coupées en morceaux qui avoient à
peine chacun en longuêur la moitié de celle du tube ; les
deux autres tubes furent remplis de brins de foin coupés auf
courts que l'avoient été les feuilles de’gramen. Mon premier
objet étoit de favoir files matiètés ogées dans les tubes, y
pourroient être digérées par un diflolvant; j'avois donc dû
les y mettre à l'abri de toute tituration &poui-eela:donner
un grillage à chacun de leurs bouts : jaurois voulu le faire
de fil de laiton ou de fil de fer très-fin;, devidé fur le tube,
parce que j'avois lieu de craindre que le fil de lin ne réfiftät
pas à des eflomacs qui digèrent des plantes fèches de tant
d'efpèces ; mais étant à la campagne où je n'avois ni fil de
laiton, ni fil de fer, ce fut avec un long crin de queue de
cheval que je grillai les deux bouts du tube, comme
j'en avois grillé d'autres, pour les eflomacs des oïfeaux carna-
ciers , avec un fil à coudre.
Quitorze heures après que la brebis eut été forcée d’avaler
ces quatre tubes , le lendemain à neuf heures du matin;
elle fat tuée & ouverte fur le champ: je les trouvai tous
quatre dans le grand eftomac appelé la panfe : les brins de
foin des uns & les brins d'herbe .des autres n'avoient nul--
lement été digérés, ils étoientrreftés: très-entiers, &£ au plus
un peu macérés. &
Incertain fi le foin & herbe des tubes n’euffent pas été
plus altérés, & même digérés, # les tubes fuflent reflés plus:
longtemps dans les eftomacside fa brebis, j'en fis préparer
huit autres dans le deffein de leur faire faire un plus long:
féjour dans ceux d'une feconde brebis. Des huit nouveaux.
tubes , quatre furent encore remplis d'herbe fraiche, & quatre:
d'herbe fèche, ceft-à-dire, de foin : l'herbe avant que d'être
introduite dans deux de ces tubes, & le foin avant d'être.
introduit dans deux des autres, furent imbibés de falive
humaine; ils furent mächés non affez fortement. pour etre
Qqgqi
ai
494 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
broyés par les dents, mais aflez pour être mouillés de falive.
Tous les tubes furent grillés chacun avec un crin; je les fis
avaler tous huit à une brebis à huit heures du foir, qui ne
fut tuée que le furlendemain à neuf heures du matin, trente-
fept heures après les avoir pris. Dans cet intervalle elle fut
réduite au jeune le plus rude, on ne lui donna ni herbe, ni
foin, ni grain; c'eft aufli la façon dont la première avoit
été traitée pendant un temps plus court.
Le lendemain du jour où les huit tubes avoient été avalés
par la feconde brebis, on lui en fit encore prendre trois fur
le midi , uniquement remplis de morceaux d'éponge,
Lorfqu'elle fut tuée le jour fuivant, elle w'avoit plus dans
le corps le nombre de tubes que j'y avois fait pafler: des
onze, elle en avoit rendu fept par la voie des excrémens,
pendant la foirée & la nuit qui avoient précédé. Les brins,
{oit d'herbe, foit de foin , tant des tubes qui étoient fortis par
l'anus, que de ceux qui étoient reftés dans un des eflomacs,
dans la panfe, n'avoient nullement été digérés; ils avoient
confervé leur figure & toutes leurs dimenfions ; ils réfiftoient
autant à la force qui tendoit à les caffer , lorfqu'on les tiroit
par les deux bouts, qu'y euflent réfifté de pareils brins après
avoir été un peu macérés.
La digeftion ne paroît donc pas pouvoir être faite dans les
eftomacs des moutons, par un diflolvant qui n'eft nullement
aidé par une force qui triture : leur force triturante ne paroït
pourtant pas être comparable à celle des géfiers. Les tubes de
fer-blanc, quoiqu'aflez gros, font reftés dans l’eflomac des
brebis, & font fortis de leur corps fans que leur figure ait
été aucunement altérée, fans qu'ils y aient été aucunement
aplatis, & ils auroient été brifés par des géfiers. Le feul
éffet que j'y aie vû produit par cette force, mais qui n’en
donne pas la mefure, a été qu'un tube plus menu, que j'avois
fait avaler à la brebis, a été introduit dans un plus gros,
dans lequel je lai trouvé logé. Je ne penfe pas néanmoins
que la fe qui l'y avoit conduit eût brifé les grilles du plus
gros tube ; il y a plus d'apparence que le crin ayant été mal
DES SCIENCES.
arrêté, étoit devenu lâche, & que les grilles s’étoient défai-
tes. Je crois donc que les deux bouts du gros tube ont été
rendus libres, & qu'après qu'ils l'ont été, une force à pouflé
le plus petit dans da cavité du plus gros, & l'y a fait entrer,
en obligeant la matière contenue dans le gros tube d'en
fortir. Cette force eft fans doute celle qui agit fur les matières
qui font dans ces fortes d'eflomacs, & qui, en les agitant &
les preffant , aide au moins beaucoup à leur digeftion ; au
_ lieu que les matières qui, renfermées dans des tubes , font
à l'abri des atteintes de cette force, sy confervent fans étre
brifées & fans être difloutes.
Les éponges dont trois tubes avoïent été garnis , n’étoient
imbibées que d’une quantité de liqueur trop petite pour fournir
à des eflais; elles en avoient pourtant aflez pour me faire
juger que fi les brins d'herbe fraîche & d'herbe féche n’a
voient pas été diflous dans les tubes, ce n’étoit pas faute
d'avoir été imbibés de liqueur, mais qu'ils l'avoient été par
une liqueur qui feule eft trop peu active; elle a un goût
légèrement falé; elle n'a donné qu'une très-foible teinte de
rouge au papier bleu.
r4 Mai
1755:
496 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyarE
! j
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES
FAITES 'AU COLLEGE MAZARIN
) 1! (LE î
Pendant l'année 1749, à\ une, partie, de ,;
l'année 175 0. *
Par. M. l'Abbé DE LA CAILLE.
: { | vel TP | u ; / et
EE obfervations fuivantes n'ont. pas été faites. dans Je
même lieu que-celles. des années précédentes, La. tour
que j'ai fait conftruire en:17742 aù Collége Mazarin, étant
devenue trop petite pour contenir mes. inftramens ; elle. eft
d'ailleurs trop fufceptible des. variations de.chaud & de froid,
par le.peu d'épaiffeur de fes murailles: & de fa couverture , j'ai
fait accommoder un autre emplacement un peu plus bas &
à. côté de. cette, tour : c'eft fux-F'angle qui:joint la face méri-
dionale ide la, Chapelle du Collége Mazarin, avec la face
occidentale, au deflus des voûtes. Cet. obfervatoire eft :«com-
pofé de deux falles, dont la principale a quatorze pieds de
iong fur dix de large ; elle eft entourée de murs de plus de
deux pieds & demi d'épaifleur, & couverte par une terraffe
épaifle de dix-huit pouces; au milieu de cette terraffe on a
pratiqué une ouverture circulaire de fix pieds de diamètre ,
au deflus de laquelle on, fait rouler aifément un toit conique
couvert en bardaux , &. fufpendu, en dehors à une forte
potence de fer. Par le mouvement circulaire du toit, une
trappe qui y eft placée fe peut diriger vers tous les points du
ciel; c'eft fous ce toit que je fais les obfervations des hauteurs
des aftres dans tous les verticaux. Pour cet effet, j'ai fait conf-
truire en pierre de taille fort dure, un piédeftal d'environ trois
# Les obfervations que je donne ici, avoient été lües à l’Académie en
4750; mais le Mémoire qui les contenoit ayant été emporté par hafard
parmi d’autres papiers au cap de Bonne-efpérance, il n’a pû être imprimé
dans fon temps.
pieds
DES SCIENCES 9
pieds ën tout fens, fur lequel j'ai pofé mon quart-de-cercle
de trois pieds de rayon.
A côté de cet cblervatoire eft une falle de quinze pieds
en quarré environ , elle eft deftinée à fervir de décharge &
‘à placer un lit. Depuis mon retour, Ty ai fait ouvrir une
trappe au toit dans le plan du méridien, pour y placer mon
fextant de fix pieds de rayon. Au refle, je ne fuis entré dans
ces détails que pour ceux qui pourroient faire ufage des obfer-
vations que je rapporterai dans la fuite ; car un Aftronome ne
peut avoir de confiance dans les obfervations qu'il n’a pas faites,
qu'autant qu'il voit qu'on aura pris de précautions pour les
rendre précifes : or ces précautions ne confiftent pas feulement
dans l'attention & l’adrefie de l'Obfervateur, dans la bonté
de fes inftrumens, mais auffi dans le choix des lieux, qui
ne peuvent être trop folidement bâtis, ni trop à l'abri du
paflage fubit du chaud au froid, & de la fécherefle à
Thumidité,
Dans les mois de Janvier & de Février 1749, j'ai vérifié
avec foin la pofition des fils de la lunette du quart-de-cercle.
Je les avois changés, & j'avois mis un réticule plus com-
mode à la place des quatre fils d'argent qui fe croifoient au
foyer fous des angles de 4$ degrés.
Par cinq obfervations de 1a Claire de Perfée’, réduites
chacune en particulier au premier Janvier par l'aberration &
Ja préceflion des équinoxes, la hauteur méridienne de cette
étoile auroit dù paroître à mon quart-de-cercle de 894 54
153"; 4 du côté du nord, & par fept obfervations réduites
de même, elle a dû paroïtre de 904 5’ 22”,6 du côté du
fad ; d’où if fuit que la véritable hauteur méridienne du côté
du nordétoit de 894 $4° 45", 4 & que mon quart-de-cercle
donnoit les hauteurs trop grandes de 8”.
ARTICLE PREMIER.
E chipfe d'une des Pleyades par la Lune;
Le 22 Mars 1749, à 7h 30° 37"+du foir , l'étoilé
VER EST iQ end | Rrr
498 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
des Pleyades, nommée At/as, fut éclipfée fous le bord obfcur
de la Lune. Les nuages qui furvinrent, empêchèrent d'en
obferver davantage. L'étoile nommée Peyone fut écliplée peu
après Atlas.
AOROTCEIC ANNE
Oppofirion de Saturne au Soleil.
‘La révolution des fixes étant marquée à la pendule dé
LA [2
23h 59° 5679
Le 6 Mai, le Soleil paffa au méridien, par un milieu
pris entre les réfultats de feize hau-
teurs correfpondantes, à . ....... 2 SOS
Aréurus, par quatre hauteurs correfp. à 14. 4. 1,6
Saturne, par dix hauteurs correfpond. à 15. 1, 52,4
Le 7 Mai, la hauteur méridienne apparente de «
de la Balance, étoit. . . ....... 26. 11. 43,6
L Gélleide Saturne tete MMS 26. 35. 48,1]
Le 9 Mai, la révolution des fixes à la pendule fe
. faifant en 23" 59° 56”,8, le Soleil
pafla au méridien, par cinq hauteurs
correfpondantes, a ........... E OPEN CPE
Aréturus, par dix hauteurs correfpond. à 14. 3. 51,2
L'étoile « de la Balance, par douze hau-
teurs correfpondantes, à....... 14. 36. 40,9
Saturne, par fix hauteurs correfpond. à 15. o. 48,0
La hauteur méridienne apparente de «
de la Balance au quart-de-cercle... 261 11° 35"6
Céllede Saturne. 27 2 10 2 26. 384 17,4
Suppofant Fafcenfion droite apparente d’Aréurus , de
2114 4 7”, telle qu'elle réfulte d'après les réduétions faites
à fa pofition, déterminée dans le dernier tome des Ephé-
mérides, & la déclinaifon apparente de « de la Balance,
de 144 58 59”,6, j'ai conclu par le calcul des obferva-
tions précédentes,
DÂE.S LSNC 1'EN CES + 499
Temps vrai, Afcenfion droite, Déclin, auftrale.
Le 6 Mai,à… où oo. o"|o 43430 $9”
dan let O7 loU22 Sels k
Le 7 Mai, à. 12. 1 56 |p...........|144 34 55"
Le 9 Mai,ä… oo. 0. oo 46. 25. 29,5
Au 12 534 3531b 225. 18, 21,0|14. 32. 33
Suppofant donc l'obliquité apparente de l'écliptique, de 2 34
2823", les mouvemens diurnes du Soleil tirés des tables,
J'aberration du Soleil de 20", celle de Saturne de 1 3" fouf
tractive, l'équation lunaire du Soleil, le 6 Mai à minuit, de
8",2 additive, & le 9 Mai à minuit, de 9”,9 aufli additive,
j'ai trouvé les pofitions fuivantes. |
Temps vrai. | Lengit. du Soleil. | Longit. de D. | Lat. bor. de b.| Eong. de Saturne
Le 6 Maïä ah 6! | 16428" 437 |17d 15! 56m | 24 30° 48/|Gf où 47 12°3
où. 0810 az near 7e N'aslz4 2. 30. 29%|5. 27. 40.
d'où j'ai conclu le temps vrai de l'oppofition de Saturne au
Soleil, le 7 Mai 1749, à 6P 12’, la longitude vraie de Saturne
étant 174 12° 31” du Scorpion, & fa latitude boréale de
2° 30'43".
| ART INCIE EU CRIE
Oppofirion de Mars au Soleil.
Le 19 Juin à 12P 2° $" de temps vrai, j'obfervai avec
un réticule compofé de quatre fils de foie inclinés de 454,
placé au foyer d'une lunette de 3 pieds, montée fur une
machine parallaétique , la différence d'afcenfion droite entre
Fétoile + du Sagittaire & le centre de Mars, de $< 9’ o”,
dont Mars étoit plus occidental, & en déclinaifon de 26!
39"+ dont Mars étoit plus boréal.
Le 22 Juin à 14h 6’ 8", ces différences étoient de 6d
7°37 +, & de 12’ 42",
Le 27 Juin à 12h 23° 12", la différence d’afcenfion
droite étoit 74 45° 30", & en déclinaïfon 6’ $7", dont
Mars étoit plus auftral, - f
Rrri
6
oo Mémoïres DE L'ACADÉMIÉ ROYALE \
Suppofant donc l'afcenfion droite apparente de + du Sagit
taire, de 2824 49 28", & fa déclinaifon apparente de 2 84
o’ 28", telles qu'elles réfultent, toutes réductions faites, de
la pofition de cette étoile marquée dans le même tome des
Ephémérides : fuppofint de plus fa paralfaxe horizontale de
Mars de 2 3", & les réfraétions de la Connoiflance des Temps ;
il faudra Ôter 2”,7 dela première différence d’afcenfion droite,
ajoûter 7,6 à la deuxième , & 2",2 à la troïfième; il faudra
ajoûter 21” de parallaxe & 8" de réfraction à la première
différence de déclinaifon , ajoûter 21”,9 & 6" à la feconde ;
Ôter 22",5, & ajoûter 2" à la troifième. Suppofant enfin
l'obliquité apparente de l'écliptique, de 234 28° 23", Faber-
ration de Mars de 4” fouftractive, celle du Soleil de 20";
additive, & les tables du Soleil dont j'ai donné les élémens
imprimés parmi les Mémoires de Académie (année 17 50;
page 2 5, ) j'ai conftruit la table fuivante.
Temps vrai. | Afe. dr. & & | Détl. auf. |Long. de & | Latit. aufl. | Long. di Où:
oJuinaiazh 24 s/|2gyd 40 31274 33° 19/2161 40! s"plad rs" 51°|284 39° 17H]
22.0, 14. 6812764. 43.[27- 47: 18 |. 57.3 142711210136 15)
27.12 23. 122752 3.:56|28. 7.1 47 |4. 28. so |4. 43. 26 | 6. 17. so
Et par une interpolation exacte, j'ai trouvé l'heure vraie dé
loppofition de Mars au Soleil, le 26 Juin, à 1° 44’, fa
longitude étant de of 4% 55" 10", & fa latitude de 44 387
40" auftrale.
AUROD'EICULE AIN
Hauteur folfliciale du tropique du Cancer:
Cette hauteur a été déterminée avec l'inflrument qui à
fervi à la mefure des degrés du méridien en France. C'eft
un feéteur de fix pieds de rayon , dont on peut voir la figure
& la defcription dans le livre de la Méridienne de Paris
vérifiée {page zx x1 ). La pofition de l'axe de fa lunette à
l'égard des points de la divifion, avoit été déterminée par
un grand nombre d'obfervations de diftances du zénit à 76.
étoiles différentes, tant dans fa partie pofitive de ces divifions ,
que dans fa partie négative.
n'es Set EN c'E.s. soï
Dif. du bord fap. de | Diflance du © au | Difi. Jofft. du bord
© au zénit. tropique. Jup. du © au génir.
1749 Juin 13 [25% 19° 450 |— 12° 59225 6 45"8
17 |25+ 9. 59,1 |— 3. 11,5 |25. 6. 47,6
18: |25. . 8. 37,7 |— 1. 46,8 |25+ 6. 50,9
230 25% 1.7: 40,9 |— 0. 52,81|25.,16. 48;
24 |25. 8. 46,6 |— 1. 56,7 |25. 6. 49,9
25 [252 10. 13,6 | 13: 25,0 |25. 16: 48,6
27,|25% 1423,00— 07 36,01| 25.0 60 47,0
29 25. 20. 15,7 |[— 13. 25,4 |25+, 6. So,3
Mie meme "25. 6. 48%
Demi-diamètre du © 15. 48,0
Diflance apparente du tropique au zénit . ..... 222 36,S
Hauteur apparente ................. 640037. 23,5.
AR TT: Gus > xcVe
Hauteur fofliciale du tropique du Capricorne.
J'ai déterminé cette hauteur avec Île quart-de-cercle.
Hauteur du bord Diflance du © | Haut, foff. app. da
Jip. di ©. | au tropique, | bord fup. du ©.
20 Décembre. [184 oo o"o |— o' 18"3 [17€ $9° 41"7
DHERHS SEAT 17, 59.045:3|— 0110-0217. 50.145,10
23% se me |. 0 34581|—-1100 49;71| 17.050.145, 7
DA mem nr = . (18. 1. 37,4 |— 1. 56,7 |r7. 59. 40,7
Milieu. ::...../17. 59. 431
Demi-diamètre du © 16. 20,2
CE À PETER ER
Hauteur folfliciale apparente du tropique du # .. 17. 43. 22,9
fans avoir égard à Ia réfraction , à la parallaxe, ni à a déviation de ïà
dunette,
MR CT'AORPE, (VE
Obfervarion de l'éclipfe de Lune du 23 Décembre.
Le ciel fut très-beau pendant toute la nuit où cette éclipfe
arriva, mais comme le temps avoit été très-long-temps
couvert dans les deux mois précédens, j'étois fort prefté
FTMIRU TE HT
502 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
de profiter de cette belle nuit pour obferver les étoiles. Je né
pouvois douter que l'éclipfe ne füt très-bien obfervée par les
autres Aflronomes de cette Académie : je n'en déterminai que
la fin qui arriva dans un moment de loifir ; elle me parut
à 9h 2125" au plus tôt, & à oh 22° $"au plus tard. Je
me fervois d'une lunette de près de $ pieds de longueur,
À He CPRREN TON ÉRL
Obfervarion de l'éclipfe de Lune du 19 Juin 1750.
Cette éclipfe commença avant que la Lune parût fur notre
horizon : le temps étoit embrumé lorfque la Lune fe leva,
fon immerfion totale dans l'ombre me parut, au travers de
cette brume, à 8h 28’ ro" de temps vrai. Le ciel étoit
fort clair au moment du commencement de lémerfion ,
que j'obfervai à oh 53° 43". Grimaldi étoit forti à oh 59"
15", Mare humorum à 10h 11° 28", Képler à 1oh 11°
34", & Tycho à rol 18 27". Alors la Lune rentra dans fa
brume, & l'on ne put diftinguer aucune autre phafe avec affez
d'évidence. Je me fervois d’une lunette de près de $ pieds,
AOPRORAT GC LUE 2 VON TRE
Hauteur folfliciale du Soleil dans le Cancer.
J'ai obfervé les diflances fuivantes du Soleil au zénit,
avec le même fecteur de fix pieds dont j'ai parlé dans lar-
ticle IV.
Diflance du bord | Diflance dd © if?. folft. du bord
up. du © au tropique. | Jip. du © au génit,
x9 Juin 1750 252 9° 514 |— 0° 58"4 |254 , 6! 530
DOS catalan 2 SN U2) 20) 1 DO TE, O RSC ENS 2
Pots baie ele Nesle Deus 0,0 MUOSMO; S01I2 SA MNO NS
DE EN TOR LE OR C7 A Or CNE A A ET
Milieu bi. à: 25: 6.526
Demi-diamètre du © 15. 48,0
Diftance apparente du tropique au zénit...... 25. 22. 40,6
Hauteur folfticiale apparente . ..........., 64. 37. 19,4
LE Ce
DimUS) 2 SCT EN) CE 5: 503
REPLIQUE
A un Mémoire de M. DE MAUPERTUIS , fur
le principe de la moindre action, inféré dans les
Mémoires de l'Académie Royale des Sciences
de Berlin, de l'année 175 2.
Par M. le Chevalier D’AR CY.
ANS l'écrit que M. de Maupertuis vient d’inférer parmi
les Mémoires de Berlin de 1752, il s'exprime avec
tant de modeftie, que le lecteur ne peut pas manquer d’être
prévenu en fa faveur. Après avoir fait remarquer l'accueil que
le Public a fait à l'eflai qu'il avoit donné de fon principe
dans l'année 1744, & les raifons flatteufes qui, en l'appelant à
Berlin, avoient retardé l'ouvrage que promettoit cet effai, il
expofe fes réponfes aux objections qui lui ont été faites,
avec cette politeffe & cette fimplicité qui montrent la diffé-
rence du vrai Savant à celui qui cache fon infufffance fous
la froide ironie.
On remarque mieux , dit M. de Maupertuis, la fageffe &
le deflein d'une intelligence ordonnatrice dans les principes
univerfels de Ja Nature, que dans ces petits détails fur fa
-génération & Ia confervation d’infeétes, &c. J'avouerai
cependant que fi j'avois befoin de preuve pour reconnoître
une intelligence ordonnatrice, & que je la trouvafle dans les
loix du mouvement des corps, dans celles de la lumière, &c.
quelque générales que fuflent ces loix , je reconnoîtrois autant
cette intelligence dans l’uniformité des loix de la génération
des plus vils infectes ; & l'action de l'Eftre fuprème dans ces
frêles animaux me peint autant fa puifflance, fa fagefle, que
les mouvemens des cieux & de la terre.
Tracer a Nature par un travail fuivi & affidu, recon-
noître la reflemblance des animaux , les loix générales qu'ils
504 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
fuivent pour la confervation & la propagation de leurs efpècés;
eft un ouvrage digne du citoyen & du philofophe.
Mais revenons à notre objet principal, examinons fa certi-
tude de cette loi qui réunit tant de phénomènes de la Nature
fous le même point de vüe.
M. de Maupertuis remarque avec raifon, que mes objec-
tions fe réduifent à trois points. |
Savoir, 1.” que ce que l'on entend par aétion , n’eft pas pro-
portionnel à la maffe multiplie par la vitefle & par l'efpace
parcouru ; 2.” que quand même l'action pourroit s'exprimer
de cette manière, la quantité dont cette ation feroit dimi-
nuée dans l'exemple du choc des corps, n'eft pas un wini-
aum ; & 3° qu'il eft impofhible d'entendre ce qu'il veut dire
par la loi du repos des corps.
A l'égard de ma première objedtion, qui confifte à montrer
que deux quantités d'action différentes produiroient le même
eflet, comme cela arriveroit en adoptant le principe de M.
de Maupertuis, je la regarde comme fubfiftant dans toute fa
force. On {e rejettera peut-être fur ce qu'on entend par action;
& que l'ayant défini, on eft hors d'atteinte. On le feroit, fr
on n'en tiroit aucune autre conféquence que celle de dire: dans
le choc des corps, une telle fonction de la mafle, de la vitefle
& de lefpace eft un #iximum ; mais lorfqu'on dit que Ia
Nature épargne l'action, qu'une intelligence ordonnatrice
détermine les effets de manière à employer le moins de
caufe poflble, lon entend clairement que cette quantité
exprime cette caufe ou la force réelle, &: par conféquent je
füis fondé à dire que cette quantité ne peut exprimer l'action;
puifque deux aétions égales & direftement oppofées ne fe
feroient pas équilibre.
Si l'on fuppole des corps formés d'une matière homogène
& impénétrable, l'on dira: un corps qui a une mafle double
où triple d'un autre corps, occupe un efpace double ou triple
de celui qu'occupoit ce corps; fon inertie fera deux ou trois
{is plus grande. Je dis auffi que la force, action ou puif-
fance de ce corps, ayant la mème vitefle que l'autre rs
£I&
DIE IS MSIE NICUE!IS so$
fera de mème deux ou trois fois plus grande; car quelque
poids, étendue, force, ation ou puiffance qu'ait un corps
À, marchant avec une vitefle 4 dans une direction don-
née, un autre corps À, égal & femblable à ce premier,
ayant la même vitefle dans la même direction, le méme
poids & la même étendue que l'autre, la force, attion ou puif
fance de ce fecond corps fera égale à la force, action ou
puiflance de l'autre, & la force, action ou puiffance des
deux corps fera double de celle d’un feul de ces corps s'ils
marchent dans Ja même direction, & fera zéro s'ils mar-
chent dans des directions oppolfées.
Objecteroit-on que fi un corps À, marchant avec une
vitefle 2, & frappant un corps À qui lui eft égal en repos,
produit dans le corps Z une vitefle 7, un corps 2 À,
marchant avec fa même vitefle , doit, en conféquence de ce
que j'avance, produire 2 de vitefle dans le corps 2, parce que
l'action du corps 2 À eft double de l'action du corps 4!
On pourroit aufli raifonnablement dire qu'un corps À, de
figure donnée, étant formé de deux corps 2, B, égaux entre
eux, & de figure femblable au corps À, n’auroit pas une
mafle double d'un des corps 2, parce que le corps À n'a
pas une longueur double de celle du corps B.
La puiflance , force ou ation totale d’un fyftème de corps ;
n’eft pas proportionnelle à l'effet produit, mais la force, puif-
fance ou action de l'effet produit, eft égale à la force, puif-
fance ou aétion que l'agent a perdue; & de là on tire ce prin-
cipe général, que nulle action ne fe perd dans la Nature.
D'après cette idée de faction, nous chercherons à Ia fin
de ce Mémoire à expliquer plus au long ce que nous appelons
action, & nous juftifierons l'expreflion que nous lui don-
nons, en montrant qu'elle renferme tout ce que l’on doit
attendre de l’idée métaphyfique d'action.
Que M. de Maupertuis puifle alléguer, comme il nous
en aflure, de bonnes raifons pour nommer aétion la maffe par
lefpace & par la vitefle , je l'ignore abfolument, & continuerai
probablement à ignorer jufqu'à ce qu'il les rende publiques.
Mém. 1752. Sf[
‘506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
A l'égard de l'autorité de M. Léibnitz & de fes fetateurs , je
répondrai que les autorités ne tiennent jamais lieu de raifons.
La timidité qui empéchel'examen, & la condefcendance à rece-
voir les fyflèmes fur la célébrité d'un Auteur, font la route-
la plus füre vers l'erreur. Combien l'aflujettiflement aux
opinions n'a-t-il pas retardé le progrès des Sciences ! Arf:
tote l'a dit, a tenu lieu de raifon pendant plufieurs fiècles.
Quelle honte pour les hommes ! quelle indolence ils aiment
mieux croire que d'examiner. Tels étoient cependant nos pré-
déceffeurs. Si l'on s'étonne avec raifon d’une pareille conduite,
mème dans ces fiècles de ténèbres, combien notre furprife ne
doit-elle pas être plus grande, de voir la même erreur pré-
valoir dans un fièce éclairé par les plus grands génies!
Defcartes, Newton, Léibnitz ont diflipé les ténèbres, ont
détruit les idoles, ont rendu la liberté à la Philofophie ;
mais, comme fi le fort de Fhumanité étoit d’être idolatre,
en détruifant les idoles ils le font devenus, &un Savant qui
tient un rang diftingué dans la république des Lettres , dit :
au refle, ce n'efl pas mon affaire: Léibnitz à ceux qui l'ont
fuivi, ont appelé ation la mafle par la vitefe à par l'efpace
parcouru , © l'on n'a jamais conteflé cette expreffion. Quelle
différence y a-t-il entre cette phrate & celle d'Ariflore l'a dit!
Abandonnons donc l'idoltrie, failons abftraétion des noms,
& ne confidérons que les ouvrages mêmes. On ne doit au
plus grand homme qu'une fufpenfion de fon jugement , juf-
qu'à une plus ample information.
Quant à ce que dit M. de Maupertuis, que mon objec-
tion tombe également fur fe principe des forces vives, j'en
fuis d'accord, & s'il me falloit une autorité, je citerois M.
de Maupertuis lui-même {voyez la note ).* Le principe des
forces vives eftil démontré généralement ? la confervation:
* M, de Maupertuis , dans fon | dans certains corps ; ni l'une ni
effai de Cofmologie /page 102) s'ex- | l’autre ne peut donc paffer pour un:
prime ainfi : /4 confervation de la | principe univerfel, ni méme pour
quantité de mouvement n’eft vraie | un réfulrat général des loix du mou-
que dans certains cas ; la conferva- | vement.
tion des forces vives n'a dieu que
"bats SICII-E NCtEs. 507
des forces vives eft un théorème vrai dans beaucoup de
cas, mais il y a Join d'un théorème qui ne peut fe démontrer
qu'avec certaines fuppofitions vraies dans quelques cas parti-
culiers, à un principe général qui ne fuppole rien dont
l'évidence ne foit reconnue, foit par l'expérience la plus
exacte pour les principes phyfiques, foit par évidence la
plus grande pour les principes métaphyfiques.
Et quant à la force morte, mes objections ne. fauroient
tomber fur cette manière de confidérer la force des corps,
puifque de quelque manière que des corps, foit à reflort,
foit durs, fe choquent, la force morte réfultanie eft toûjours
la mème dans chaque direction que l'on pourroït prendre
avant comme après ce choc, & par conféquent il ne naît
ni ne périt aucune force morte dans le choc des corps à
reflort, comme le prétend M. de Maupertuis.
La feconde objection confifle à dire que quand même
on adopteroit la mafle par la vitefle & par l'elpace pour lex-
preflion de l'action, ce n'eft pas cetie quantité dont la Nature
fait le moins de dépenfe poflible dans les changemens qui
arrivent dans les vitefles des corps.
Soient les corps À & P marchant, dans la même direc-
tion, le corps À avec la vitefle a, le corps À avec la viteffe
Bb, Yaétion de ces corps fera Aaa —— Bb: fi ces corps,
après le choc, marchent À, avec la vitefle «à, & B avec la
vitefle 6, l'aétion des corps fera Aaa + BGG; c'eft lac-
tion que la Nature épargne autant qu'il eft poffible: or {a
perte qu'elle a faite, eft ce qu'elle avoit, moins ce qui lui
refte, c'eft-à-dire Aaa + Bbb — Aux — BEC; &
cette quantité étant un nimum, donne Aa + BG —=0,
ce qui eft précifément ce que j'ai déjà dit dans mon pre-
mier Mémoire.
Pour éclaircir tout-à-fait ce point, je rapporterai ici ce
que lon trouve dans l'Encyclopédie, article Co/mologie, page
196. Mais tout dépend auffi de l'idée qu'on voudra attacher
aux mots de changement arrivé dans la Nature ; car ne pour-
roit-on pas dire que le changement arrivé confifle en ce que le
Sff ÿ
508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
corps À qui, avant le choc, a la quantité d'aéion ou de force
Aaa, la change après le choc en la quantité Axx, © de
même du corps B; qu'ainfi Aaa — Axx eff le changement
arrivé dans l'état du corps À, &” Bxx — Bbb chan-
gement arrivé dans le corps B? de forte que la quantité d'action
qui a opéré ce changement, eff Aaa — Axx + Bxx
—— Bbb: or cette quantité égalée à un minimum, se donne
plus la loi ci-deffus du choc des corps durs. C'eff une objection
que l'on peut faire à M. de Maupertuis qu'on lui a méme
faite à peu près, avec cette différence, que l'on a Juppofe A x x
+ Bxx — Aaa — Bbb égalée à un minimum, en
retranchant la quantité Aaa — Axx de la quantité Bxx
— Bbb, au lieu de la lui ajoûter, comme il femble qu'on
T'auroit auf] pä faire ; car les deux quantités Aaa — Axx à
Bxx — Bbb, quoique l'une doive être retranchée de Aaa,
l'autre ajoûtée à Bbb, font réelles, © peuvent étre ajoitees
enfemble fans égard au fens dans lequel elles agifent.
Par ce que Von a vü plus haut, qui eft à peu près 1a
même chofe que ce que j'ai donné dans les Mémoires de
l'Académie de 1749, l'objection que l'on à faite, femble
pouvoir tomber fur ce que j'ai exprimé l'action perdue par
Aaa + Bbb — Aaa — BGGC; mais il paroïit que
je ne dois pas du tout favoir fi le corps B a gagné ou perdu
de la viteffe. La fomme de l'action avant le choc, moins
la fomme de l'action après le choc, doit être un winimum,
puifque ceft cette quantité que la Nature a perdue; & je
ne m'embarrafle pas que le corps B ait perdu ou gagné de
la vitefle. Cette façon de confidérer la dépenfe de lac-
tion, eft clairement la même que celle de M. de Maupertuis,
comme il paroît par le paragraphe qui fuit, tiré du Mé-
moire de Berlin, page 197. « Dans le choc des corps
élaftiques, il eft potlible que l'action demeure la même; elle
le demeure en effet, & la quantité d'aétion néceflaire pour
changer les vitefles eft la plus petite qu'il foit poffible. Dans
le choc des corps durs, où la quantité d'action ne pouvoit
demeurer conftamment la même, la Nature épargne, au
D''etsl LS NOMUE 2Nr e E::S s09
moins le plus qu'il eft poflible, Faction néceflare pour «
changer les viteffes. » |
Je crois que fi ce paragraphe peut s'entendre, ce n'eft que
de la manière dont je vais le confidérer. Dans le choc des
corps élaftiques, l'aétion demeure 11 même avant & après
ce choc, & la quantité néceflaire pour changer les viteffes
eft égale à zéro, c'eft-à-dire que l'aétion avant le choc, moins
l'action après le choc, eft égale à zéro. Dans le choc des
corps durs, où la quantité d'action avant le choc n’eft pas
la mème qu'après le choc, la Nature épargne au moins cette
action, c'eft-à-dire que l'aéon avant le choc, moins lac-
tion après le choc, eft un wirimum, & nous avons montré
que de-là on tiroit une conclufion abfurde. Je se préfume
pas que la précipitation foit la caufe de cette erreur, je la laifferai
qualifier au lecfeur.
Mais, pour terminer tout-à-fait cet article, nous allons
examiner ce que M. de Maupertuis appelle action dans la
réfraétion de la lumière, & f1 la manière dont il emploie
fon principe eft la mème que dans le choc des corps.
Dans la réfraction, il ajoûte à l’action de la lumière hors
du corps diaphane, l’action de cette même lumière dans le
corps diaphane, & il trouve les loix de la réfraction en
fuppofant la fomme de Faétion un minimum : fuivons ce
. mème procédé dans le choc des corps durs, & nous aurons
Aaa + Bbb + Aux + BCC un minimum; & deà,
en fuppofant da — 46, comme il eft néceffaire de le fup-
pofer, 6 étant — a dans les corps durs, &a—1—(6 4
dans le corps à reflort, l'on trouve, A4 + BG — 0,
comme nous l'avons déjà trouvé dans notre façon de confi-
dérer la dépenfe de l'action. Comment donc peut-on penfer
qu'un principe général puifle prendre des formes fi contraires,
& par quel moyen pouvons-nous trouver la manière de
l'appliquer? Dans la lumière, e'eft l'action avant le change-
ment, plus l'action après, qui eft un #inimum; dans le choc
des corps, c'eft la mafle par la vitefle perdue & par l'efpace
qui feroit parcouru en conféquence de cette viteffe. II feroit
Sffiÿ
s10o MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
je crois, difficile de rendre compte de ces contraditions,
à de les concilier fous un même point. |
A l'égard de ma troifième objection fur Ha loi du repos
des corps, je le répéterai, je ne fais ce que M. de Mau-
pertuis veut dire par les loix du repos: je conçois les loix
de l'équilibre, qui ne peuvent être autres que celles du mou-
vement; c'eft pour cela même que j'en parlerai peu, je rap-
porterai feulement la réponfe de M. de Maupertuis, qui
confifte à dire. « Quant à la troifième objeétion, &c. elle
» neft pas plus jufte; AZ de Maupertuis dit, je fuppofe que
» le levier fe meut d'un mouvement angulaire 7 confiant ,
» fuppofition qui me paroit abfolument gratuite. J'ai raïfon de
» le fuppofer: le mouvement eft néceflairement angulaire par
» Ja nature d'une verge inflexible foûtenue dans un de fes
» points. Quant au mouvement, j'ai aufli raifon de le fuppofer,
» puifque je prends le levier dans l'état de repos, & ne le fup-
pofe qu'infiniment peu tiré de ce repos. » |
M. de Maupertuis, lorfque je lui objeéte qu'il fuppofe
gratuitement que fon levier décrit un même angle dans le
même temps, me fait la grace de n'apprendre qu'une verge
inflexible, en tournant fur un point fixe de cette verge, fe
meut d’un mouvement angulaire. Je Ten remercie beaucoup,
mais je le prierois de lire d'un mouvement angulaire conf-
tant, au lieu de angulaire 7 conflant; il me paroït que par
cette correction il s’apercevra que je favois ce que c'étoit
qu'un mouvement angulaire. Et pour cette partie du para-
graphe où M. de Maupertuis dit, guant au mouvement, j'ai
raifon de le fuppofer, à cela parte que le levier n'eff qu'infr-
uniment peu tiré du repos; je crois que cela veut dire, &
quant au mouvement angulaire conflant, j'ai raifon de le
fuppofer tel, car on ne peut tirer un levier infiniment peu de
fon état de repos qu'en lui faiflant décrire un petit angle
conflant, quel que foit le point autour duquel on le faffe
tourner, conclufion que je laiffe encore qualifier au leéeur.
Et quant à l'objection que j'aurois pu faire, & que M.
le Maupertuis avoue être véritable, je me fuis contenté de
DES LSuCIR EN CE S Stx
donner quelques-unes des difficultés que j'aurois pü expofer;
jen laifle une infinité dont je n'ai pas parlé, & dont je ne
parlerai probablement jamais.
J'ai cu devoir rapporter ici un paragraphe de article
Cofmologie déjà cité.
« L'Auteur, c'eft M. de Maupertuis, applique encore
fon principe à l'équilibre dans le levier, mais il faut pour
cela faire certaines fuppofitions, entre autres que la viteffe eft
proportionnelle à la diflance du point d'appui (comme je
l'ai exprimé que la vitefle angulaire foit conftante), & que
le temps eft conflant comme dans le cas du choc des corps:
il faut fuppofer la longueur du levier donnée, & que c'eft
le point d'appui que l'on cherche, &c. enfuite on continue
en difant : au refte, les fuppofitions que fait ici M. de Mau-
pertuis font permifes; il fufht de les énoncer pour étre hors
d'atteinte, & toute autre fuppofition devroit de mème être
énoncée. »
Les difficultés que l'on fait ici à M. de Maupertuis, font
à peu près les mêmes que,celles que j'ai faites dans le Mé-
moire que j'ai lü à l'Académie: mon but étoit de montrer
que le principe de la moindre action n'étoit fondé que fur
des fuppofitions gratuites, & par conféquent que le principe
n'exifloit pas. Il feroit fingulier de faire une fuppoñition gra-
tuite, d'en conclurre les loix de la Nature, & d'être hors
d'atteinte, parce qu'on a annoncé la fuppofition.
Paflons à préfent à l'application du principe de M. de
Maupertuis à la réflexion de la lumière. Soit un miroir
circulaire concave À B, dont le centre eft €, trouver le
point Æ7 qui renvoie la lumière du foyer F au foyer f.
F & f étant également diftans du centre C, on {ent que la
vitefle de Ja lumière eft la même avant comme après la ré-
flexion, & que la male & la viteffe étant conftantes, c'eft
FM + f M qui doit être un minimum. Que Yon décrive
du point 7, que je fuppofe également diflant de F&f,
une elliple o p des foyers F'& f, & l'on fent que À 2 étant
en dedans de l'ellipfe, Æ°41-+- f M fera un maximum , étant
Fig, t;
$12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
évidemment plus grand que Æ & + f b: fi au contraire l'arc
AB étoit dehors de f'elliple, comme a 6, cette quantité
FM + fM feroit un minimum ; donc fur telle furface con-
cave la réflexion fuit le plus court chemin ou la moindre
ation, & fur telle autre furface c’eft la plus grande ation.
Je rapporterai ici un paragraphe de l'Encyclopédie / page r 9 5)
article Cofmologie. « Nous avons vü, article caufes finales ,
» que le principe de la minimité du temps eft en défaut dans
» Ja réflexion fur le miroir concave ; il paroît qu'il en eft de
» même de la minimité de l'action, car alors le chemin du
» rayon de lumière eft un maximum. W eft vrai que l'on pour-
» roit faire cadrer ici le principe, en rapportant toùjours Îa
» réflexion à des furfaces planes; mais peut-être que les adver-
» faires des caufes finales ne goûteront pas cette réponle; il
» vaut mieux dire, ce me femble , que faction eft ici un #axi-
mum, & dans les autres cas un #nimum, »
Mais, par ce que lon vient de voir, il paroït que Faction,
dans la réflexion de la lumière, n'eft pas un waximum fur
tous les miroirs concaves, & par conféquent il faudroit dire:
Yaction dans quelques furfaces concaves eft un #4Ximunt ,
pendant que fur d’autres c'eft un winimum, & la Nature eft
prodigue ou avare de fon aétion, fuivant qu'un miroir eft
plus ou moins concave.
Je crois que Les vrais juges en ces matières favent à préfent
quel jugement ils doivent porter des produélions de M. de
Maupertuis.
Mais, pour les éclairer davantage, il eft nécefaire de re-
marquer qu'il y a tel cercle dans lequel il y a trois points où l'ac-
Fig. 2. tion eft la même. Soit une ellipfe 4 DB, dont les foyers font
F,f, AB le grand axe, CD la moitié du petit axe; du point
M, pris à volonté, foit menée la ligne #ZR, qui coupe le
diamètre CD, prolongé en forte que AR foit égal à RD;
que lon décrive du centre À, un cercle m3 D M, ïl eft
évident que fi on cherche le point de ce cercle qui renverra
la lumière du foyer au foyer f, l'on doit trouver par le
principe de la moindre aétion, trois folutions {ur cette PE
cle
DE, S, 4 SACLINE, NI C. ES. S13
de miroir ; car la minimité de l'action n'étant dans la réfle-
xion que la minimité du chemin, il eft évident que 422, m,
“étant trois points communs au cercle & à l'ellip{e, il eft
évident, dis-je, que FM + fM= FD + fD = Fm
— fm, ceft-à-dire, que la loi de fa minimité de l'action,
ou pluftôt celle par laquelle fa différentielle eft égale à zéro,
n'eft pas fufhfante pour déterminer la Nature, puifque cer-
tainement la lumière ne prend pas les chemins FM + f M
ou Fm + fm, qui rempliffent également la loi de Faétion.
IL eft donc néceffaire de faire entrer dans la confidération ,
quelque autre loi que fuit la lumière, pour la déterminer à
paffer par le point D au lieu des points 47 ou #: il me
femble que l'on doit conclurre que épargne de action
n'eft pas la feule chofe qui détermine la Nature.
Après avoir montré l'infuffifance du principe de M. de
Maupertuis, je tâcherai encore de lui en fubftituer un autre
que je crois mieux fondé, J'ai donné dans mon Mémoire
inféré dans le volume de Académie {année 1749) Yappli-
cation aux loix de la réfraction, d’un principe de Dyna-
mique, lü en 1746, & inféré dans le volume de 1747:
je ne cherchois alors qu'à donner les mêmes exemples que
M. de Maupertuis; mais le cas que l’on paroît faire de
l'application de fon principe à la réfraction de la lumière,
m'enhardit à montrer la réunion de a loi de la réflexion
à cette même loi ou principe de Méchanique, favoir que
nulle action ne fe perd dans là Nature.
L'action d'un fyftème de corps eft la puiflance de ce fy£
tème pour produire un effet : la puiffance de deux forces op-
pofées pour produire un effer, eft Ia différence de ces forces;
fi les forces agiffent dans la même diredion, c’eft leur fomme.
L'action d'un corps double étant double de l'aétion d'un
corps fimple, comme nous Yavons vû, il senfuit que par
quelqu'expreffion que l'on puiffe repréfenter l'action, il faut
toüjours qu'elle foit compolée de la maffe, c'eft-à-dire, que
Ja mafle multipliera dans cette expreflion, par conféquent
que faction eft en raifon des mafles,
Mém. 1752. MIRE
Fig. 3.
Fig. 4.
514 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
JL feroit auffi aifé de voir que fa viteffe fuit la même
loï; car fi le corps dur À, marchant avec la vitefle 2, choque
le corps 2 qui lui eft égal & femblable, mais en repos, fa
viteffe des deux corps fera 7 après le choc. Pour le prouver,
on fuppole le plan fur lequel font les corps, fe mouvoir de
A en B avec une vitefle 7, & on fent qu'alors les corps
B & A marchent fur ce plan avec des vitefles égales & op-
pofées; donc leur mouvement fur ce plan fera détruit par le
choc: or le plan fe mouvant avec 7 de viteffe, il s'enfuit que
les deux corps marcheront avec 7 de viteffe. Mais fi un
corps dur À vient choquer un corps dur 2 en repos, &
cela avec une vitefle 2, les corps 4, À marcheront enfemble
après le choc. Le corps À a produit un certain effet, &
il a employé une certaine quantité d'action ; & cette quan-
tité d'action, jointe avec celle qui lui refte, doit être égale
à celle qu'il avoit avant le choc: mais fi on conçoit un autre
corps C'égal à À, marchant avec la même vitefle 2 du corps
À, & cela dans une direction oppofée à celle de ce corps, il
eft certain que le corps €, en choquant les corps B & À qui
marchent enfemble, doit les réduire au repos; car fi le
corps À avoit de l’action dans la direétion AB, le corps €
avoit une action oppofée & égale à celle de ce corps; par
‘conféquent ces aétions oppofées & égales , agiflant fur un
même corps, doivent le réduire au repos; donc Faétion des
corps À + B après le choc, eft égale à l'action du corps À
avant le choc; donc l’action qu'a gagné le corps B, eft égale à
Yadtion qu'a perdu le corps À; donc il n’y a point d'aétion de
perdue. De là on peut conclurre que l'action d'un corps À avec
2 de vitefle,eft égale à l'action d’un corps 2 Aavec 7 de vitefle;
donc une aétion égale à une autre implique dans ce cas que 1x
malle par la vitefle eft conftante, & peut alors exprimer l'action.
Mais fi un corps À égal au corps B venoit frapper un
levier € À, auquel eft attaché le corps B, en repos, le
levier pouvant tourner fur le point €, l'action ne feroit pas
comine la mafle par la viteffe; l'action changeroit füivant la
difance AC où elle frapperoit le corps À, mais fans favoir
DRE. SUASIC LE N C.E S. s15
quel élément il faut faire entrer. Je dis encore que l'action
que gagnera le corps 2, fera égale à l'action que perdra le
corps À; car fi on fuppofe un corps D, égal au corps À,
frappant au point À la verge AC chargée alors des corps À,
B, il eft clair que tous ces corps refteront en repos après le
choc; donc la fomme de l'action des deux corps À, B, après
que le corps À a choqué la verge AC, eft égale à faction
du corps €, ou, ce qui revient au même, à l'action du corps
A avant le choc; donc l'aétion que le corps À a perdue en
choquant la verge AC chargée du corps Z en repos, eft ésale
à faction que le corps B a gagnée par ce choc; donc la
quantité d'action eft toûjours la même dans ce cas.
Mais, pour reconnoître l'expreflion générale de faction, il
faut favoir comment les longueurs de fevier AC, BC entrent
dans cette quantité.
Soient À & B deux corps égaux, & que AZ foit égal à
BC, je demande quelle vitefle il faudroit donner au corps 2
pour réduire le corps À avec la vitefle a au repos. On voit
clairement que fi au lieu du point fixe C, j'eufle fait frapper
un autre corps Fégal au corps À, avec la même viteffe que
ce corps, & que l’on eût fuppolé que le fyftème fût refté
en repos, on voit, dis-je, que le corps F’eût fait le même
effet que le point fixe C; par conféquent les corps À & F
égaux, marchant avec a de vitefle, & venant frapper fe
corps 2, & faifant équilibre avec ce corps, dayiteffe de ce
corps doit être 2 a; car À + Fou 2 À pa de viteñe,
eft égale à B ou À par 24 de vitefle: donc faction du corps
B qui frappe à la moitié de [a diflance AC avec 2 de
vitefle, eft égale à action du corps À qui marche avec
‘r de vitefle, & qui frappe à la longueur totale AC; donc
B par 2 de viteffe & par un demi de diflance, eft égal
à À par z de vitefle & par 7 de diftance; donc l'action
dans ce cas eft encore directement comme la longueur du
levier, & fon expreflion fera la mafle par la vitefle & par
la longueur du levier. ;
À préfent, au lieu de fuppofer que le corps frappe en B,
LES
Fig. 4e
516 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
fuppofant qu'il frappe en à de Faure côté de €, avec uné
direction oppolce, il eft évident que cela ne changera rien
à l'équilibre; mais alors, au lieu du point fixe €, je pourrois
faire frapper le levier en ce point par un corps #, éncore égaf
au corps A, avec une vitefle telle, que ce corps feroit lé
même effet que le point fixe, & alors ceci fe réduit au choc
direct, & lon aura B par 2 de vitefle, plus À par 7 de
viefle, égal à A par > de vitefle: donc fr fe point fixe étoit
B, ce que lon peut fuppofer, l'on auroit encore le corps
faifant équilibre avec le corps À, c'eft-à-dire, encore que
A x 1 x Abeft égal à H x > x Cb, ou bien À x 1 x AY
— À x 3 x + Ab, ce qui eft évident. En continuant
ce raifonnement, on conclurra que deux corps qui fe font
équilibre autour d'un point, auront le produit de la mañle
par la viteffle & par le levier d'un de ces corps, égal à a
mafñle, & par la vitefle & par le levier de autre, & lon
conclurra auffi que lorfque l'action de deux corps les réduit
au repos, leurs mafles par leur vitefle & par leur levier
font égales en fens contraire, & vice verfa.
Tout ce qui vient de fe dire pour les vitefles, peut fe
dire de même des mafles, en fuppofant que le corps B, au
lieu de deux ou trois fois la vitefle du corps À avec la même
mafle, ait deux ou trois fois la mafle avec la méme viteffe.
On pourroit objecter que deux corps qui marchent en
fens contrairéänt la même ation que s'ils marchoiïent dans
le même fens? mais je demanderoiïs quelle eft l'action qui
feroit équilibre à la fomme de ces actions, feroit-elle 1x
même quand les corps marchent dans le même fens, que
lorfqu'ils marchent dans un fens contraire? il eft évident
que non, & que l'action d'an fyflème de corps eft d'au-
tint plus grande, qu'il faut une plus grande force ou puiffance
pour lui faire équilibre, ou, ce qui revient au même, pour’
réduire le fyflème au repos.
* Voilà tout ce que je dirai à préfent fur la démonfiration
de la confervation de laétion comme principe métaphyfique,
me réfervant à en traiter plus amplement dans un autre
DE NM ICRRIENN GUEST SX
temps : je me bornerai dans ce Mémoire à en montrer l'appli-
cation au phénomène de la lumière, & la réunion de plufieurs
principes méchaniques à cette feule loi.
Je vais rappeler à cet effet le principe de Dynamique
dont j'ai déjà parlé, & je donnerai feulement les énoncés
& les réfulrats, les démonftrations étant déjà dommées ou
faciles à trouver. ,
Soit un fyftème quelconque de corps 4, B, C, qui agiffent
les uns fur les autres d'une manière quelconque, foit par
des attractions, répulfions , chocs, ou par des fils ou verges
inflexibles, &c. & qu'ils aient reçu des impulfions quelcon-
ques , en forte qu'ils décrivent les petits arcs Aa, Bb, Cc;
je dis qu'autour d'un point quelconque ©, fixe dans l'efpace,
le produit compofé de la fomme de la mafie de chaque
corps multiplié par fa viteffe & par fa perpendiculaire tirée
du point o fur la ligne que décrit le corps prolongé, fera
toûjours le même fi le fyftènxe eft libre par rapport à tout
autre corps environnant; & pour exprimer cette loi ou ce
principe plus clairement , appelons v la vitefle du corps À,
4 celle du corps 8, & v’ celle du corps C; foient tirées les
perpendiculaires op, 0Q , 0R, lon aura Av x op + Bu
x 0QCv' x 0R égal à une quantité conflante: fi un des corps
rarchoit dms un fens contraire, on fouftrait au lieu d'a-
joûter cette quaptité, & le réfultat fera conftant de même.
J'appellerai ation ou force, la maffe par la vitefle & par
le bras de levier.
Cette manière de confidérer a force ou F'aétion remplit
nos vües, puifqu'un corps double ou triple d'un autre corps
étant dans les mêmes circonftances, aura le double & le
triple d'action.
Maïs cherchons à réunir les différentes loix de fa méchas
nique à cette feule loi; voyons d'abord cette loi, que le centre
de gravité d'un fyftème de corps refte en repos , ou marche
toûjours d'im mouvement uniforme. Soit 4, B,C, un fyflème
de corps, que lon fuppole le point © à l'infini, notre loï
du mouvement peut s'exprimer ainfi, comme nous l'avons
Titi
Fig.
Fig. 6.
518 MÉMOIRES DE L'A€ADÉMIE ROYALE
fait en 1746, la fomme des efpaces ou fecteurs décrits par
le corps autour du point ©, multipliés chacun par le corps
qui les a décrits, eft proportionnelle au temps, ou pluflôt
eft conftante lorfque le temps eft conflant ; donc 4oa x À
+ Bob x B + Coc x C eft conftant : mais fi O eft à
l'infini, alors Aoa, Bob & Coc feront proportionnels aux
lignes ap, bg, cr; donc en fubflituant ces quantités l'on
aura À xpa — B x bg + Cxocr égal à zéro ou à
une conftante. Or il eft aifé de voir que lorfque la fomme
des mafles de chaque corps multiplié par fa vitefle dans une
direction donnée, eft une quantité conftante, alors le
mouvement du centre de gravité décompolé dans cette
direction , fera uniforme; & comme la direction eft prife
à volonté, il s'enfuit qu'il marchera de même dans la direc-
tion où il marche avec la plus grande vitefle; donc, &c.
Nous déduirons enfuite cette loi, que les aires que décrit
un corps attiré vers un centre autour de ce centre, font
proportionnelles au temps.
Que le corps A1 foit attiré vers le centre, & qu'il décrive
l'arc Mm, je ne peux appliquer mon principe , parce que ce
n'eft pas un fyftème libre de corps; mais en employant un
principe de fymmétrie dont j'ai déjà fait ufage dans un Mé-
moire Iû en 1743, & imprimé dans le Volume de 1747 , on
rend le fyftème libre. Au lieu du centre C, je place un corps
Q égal & femblable au corps #1, & je lui donne une vitefle
dans la direétion Qg égale à la vitefle du corps 47, Q gq
elt parallèle & égal à Am; j'arrange Ia loi d'attraction de
ces corps, en forte qu'elle réponde exaétement à la loi vers
Je centre : lon fent alors que le corps décrit la même
courbe par Faction du corps, que par celle du centre C.
Mais on a par mon principe 41 x MCm + Q x QCq
proportionnel au temps, or MCm— QC, & M = Q;
donc MCm x M moitié de MCm x M + QC xQ
eft proportionnel; donc étant conftant, MCm et propor-
tionnel au temps; donc, &c.
Ceci bien entendu, on fent que le choc des corps & les
DES SCIENCE + s19
Hoix de l'équilibre fe déduifent fur le champ : paflons donc Fig. 7.
à la lumière. Soit le rayon de lumière Æ°47 tombant fur le
point #1 d'un corps diaphane AB quelconque, quel eft
le chemin #1f que doit fuivre ce rayon dans le corps
diaphane? Tirons la ligne A/m perpendiculaire à la courbe
AB au point M, & plaçons une courbe 4 b égale, femblable
& fymmétriquement placée par rapport au point O milieu de
Mm ; nous ne confidérerons qu'un feul corpufcule de lumière
en M, & unautre égal en "1: l'on fent que les actions de ces
deux corpufcules }/m fur les plans À B, a b unis fermement
enfemble, fe feront équilibre, de forte que les plans 4,
ab ne pourront prendre aucun mouvement ; donc le fyflème
eft libre, donc + étant la vitefle des corpufcules 47, #1, avant
d'entrer dans le corps diaphane, z la vitefle après qu'ils y font
entrés, on aura la fomme de l’action des corpufcules 41, m,
ou Faction du corpufcule #7 qui en eft la moitié, fera
conftante avant comme après qu'il eft entré dans le corps dia-
phane ; donc Mu x op = MuixoQ où vxop —=uxoQ,
ou bien ie fmus de langle d'incidence eft au finus de
Vangle de réfraction, comme la viteffe dans le corps dia-
phane eft à la vitefle avant d'entrer dans ce corps; 4 x op
—= ux0Q eft Ia propriété de la trajeétoire vers un centre,
d'où fon conclurra que la courbe que décrit un rayon de
lumière en paflant au travers de notre atmofphère, eft une
trajectoire autour du centre de la Terre, la loi de la gra-
vité étant donnée par les loix de la compreffion ou de
la denfité de l'air à différente hauteur.
Paflons à Ja réflexion de la lumière. Soit un miroir quel- Fie. 8,
conque à réflexion À B; je demande quelle fera la direction |
M f du rayon FM après avoir été réfléchi par le point 47
du miroir? Soit ÆZo perpendiculaire à la courbe au point
M, je rendrai le fyfème libre comme dans la réfraction,
& je conclurrai de même, « étant la vitefle du corpufcule 44
de lumière avant la réflexion, & # la vitefe après, & x op
— 4 x 0Q; & fiu — v, op = 0Q, & par conféquent
Fangle de réflexion eft égal à l'angle d'incidence,
RD
29 Janvier
1755:
$20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
(MEMOIRE
SUR LES
ELEMENS DE LA THEORIE DU SOLEIL,
Pour fervir de fupplément aux deux Mémoires fur
le même fujet, qui font imprimés parmi ceux
de d'année 175 0.
Par M. l'Abbé DE LA CAILLE.
L y a quatre années que je lus à l'Académie deux Mémoires
fur les élémens de la Théorie du Soleil ; je les déduifois
d'un grand nombre d'obfervations que j'avois faites exprès
avec tout le foin poflible, & dans les occafions les plus
favorables. Mais étant allé dans la fuite au cap de Bonne-
efpérance, je me fuis trouvé en état de faire des obferva-
tions du Soleil plus exactes qu'il n'eft poffible d'en faire à
Paris, par la méthode des hauteurs correfpondantes que j'ai
toûjours fuivie. Car outre qu'à caufe de la moindre obliquité
de la fphère, les aftres montent & defcendent plus vite au
Cap qu'en aucun endroit de l'Europe, on y a encore cet
avantage, que les meilleures obfervations du Soleil fe font
près de fon périgée & dans fe voifinage du tropique du
Capricorne, tandis que celles qu'on fait alors en Europe
{ont néceflairement aflez imparfaites, (
C'eft à Syrius que j'ai toüjours comparé le Soleil, &
même toutes les étoiles dont j'ai déterminé l'afcenfion droite.
Le recueil des obfervations que j'ai remis à f Académie,
contient le détail de toutes les hauteurs que j'ai prifes, &
des calculs pour les réductions néceffaires. Je me contente
de rapporter ici un extrait des afcenfions droites apparentes
du Soleil, & des longitudes que j'en ai déduites, en fuppo-
fant que Fobliquité de l'écliptique a paru décroitre de 234
a
Li llem. de l'Ac: R. des Se.1752.Pag, 820 F1.18,
Alem. de l'A À, der Se. 1752 Pag 820 PIB
|
|
|
|
4 Biyram Se |
|
Il
»
4
Mem. de l'Ac.R. des Se.1762 Zag. #20 Pl 19.
1751»
S0midi, … du Soleil. du Soleil. à midi, du Soleil. du Soleil.
re pro ER Eros | D MS
67. 50. 15,2 |H 9. 30. 46,94 FJanvier 9|290.
88020, 37,0 |‘ 28. 37 56 10|291. 20. 32,2 19.43. 4,8
00.2 4.:20,6 | 5 ‘Oo. 31035,;7 22|304. 12. 6,8 | 1. 56. 24,2
96. 48. 30,8 | 6. 14. 58,1} Février 41317. 36. 6,0 | 1S-M7-Se,S
98. 52. 49,7 819% | -
IL. 1 2. 40,6 19. 35
hs \ 2 Î
Are Ex SH STEEL NAC.E s21
28" 16" à 234 28° 12", depuis le mois de Mai 1751,
jufqu'à la fin de1752. |
EEE RE ACER CE SE EEE EEE ARE DEEE DE TEE EOI NOTE EETE DIS
| Ascens. proie | LONGITUDE 1752, | ASCENS. DROITE | LONGITUDE
a — a ——
277: - 2, 28,8 6. 27.
30/279. 15. 30,6 8. 30.
Pour établir les élémens de la Théorie du Soleil, qui
réfultent de ces obfervations, j'ai choifi celles qui ont été
Mém, 17 5 2 Vuu
522 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
faites près des diftances moyennes, & près du périgée du
Soleil. J'ai réduit à une feule les obfervations faites à très-
peu de jours d'intervalle, en calculant fcrupuleufement les
mouvemens diurnes du Soleil, de la même manière que je
Jai pratiqué dans le premier des deux Mémoires de 175 0.
J'ai employé dans ces réduétions l'équation lunaire, dont l'exif-
tence & la quantité me femblent afflez bien établies, tant
par les obfervations que j'ai comparées dans le fecond de ces
Mémoires, que par ce que M. Euler & d’Alembert en
ont conclu de leurs Théories de la Lune. J'ai encore eu égard
à la déviation du Soleil en longitude, caufée par la nutation
de l'axe de la Terre : des longitudes du Soleil ainfi réduites,
j'ai Ôté le lieu de l'apogée, tel qu'il réfultoit de la Théorie
établie dans les deux Mémoires de 1750, & jai eu les
anomalies vraies du Soleil. Enfin J'ai calculé fur cette même
Théorie, l'anomalie moyenne du Soleil, en fuppofant Ia dif-
férence des méridiens de Paris & du cap de Bonne-efpérance,
de 1° 4’ 40". La table fuivante repréfente tous ces calculs
préliminaires.
LONGITUDE
FA DU SOLEIL,
à midi, | chfervée & réduite.
temps vrai.
ANOMALIE ANOMALIE
DL IM ANSE
Déc. 30
1752»
Janv.1o| 9. 19.42. 57,516. 11 x 14,516. 10, 39, 28,0
Mars 311. 13. 19. 29,818. 4:37 38,018. 2, 53. 50,5
14|11. 24. 17. 40,5|8."15.735. 46,518: 13: 44: 13,0
28] o.. 8. 9. 27.685292 3015189 27e 31. SG
a
Par différentes combinaïfons de trois de ces obfervations,
Jai trouvé les réfultats fuivans , felon la méthode du premier
des deux Mémoires de 1750.
VO NO mm WIN ON Om mm =
D
. 1751. 30 Déc, 3 Mars 17523.
. 1751. 10 Janv. 28 Mars 1752|3.
. 1751. 10 Janv. 14 Mars 1752|3. 8. 42. 15 |9. 10. 31. 13,8|0,0168106
- 1751. 10 Janv. 28 Mars 1752|3. 8. 44. 28 |9. 10. 31. 18,5/0,016805;
» 1751. 10 Janv. 14 Maïs 1752
. 1751. 30 Déc. 28 Mars 1752|3f 84 45° 40
. 1751. 30 Déc. 14 Mars 1752|3. 8. 45. 35 |9. 10. 31. 14,9/0,0168135
. 1751. 30 Déc. 3 Mars 175213.
. 1751. 30 Déc. 28 Mars 175213.
. 1751, 30 Déc.
E‘poquede la longitude
Epoquedel'apogée moyenne du Soleil
COMBINAISON du Soleil ,
Es OBSERVATIONS. pour le
j ir Janvier 1752.
pour fe Excentricité.
197 Janvier 1752,
au méridien de Päris.
15"110,0168 138
+45: 5 [9: 10. 31. 13,910,0168108
8
8. 47: 35 |9. 10. 31. 18,6|0,0168045
14 Mars 175213. 8. 48. 19 |9. 10. 31. 20,410,0168076
RE RTE Co An A PP:
8
. 49. 17 |9. 10. 31. 24,310,0168040
. 43. 6 |9, 10.31. 15,410,0168133
3. 8. 40. 54 |9. 10. 31. 10,8|0,0168167
En prenant un milieu pour chacun de ces élémens, on
a l’époque de l'apogée du Soleil dans 3f 84 45° 13", plus
avancée de 34 que felon la détermination du premier
Mémoire de 1750. L'époque dé la longitude moyenne eft
9! 10d 31° 16,6, plus avancée d'une feconde, & l’excen-
tricité de 0,0168r01, plus petite de 0,000014. Cette
nouvelle excentricité donne a plus grande équation du
Soleil, de 14 $s° 35"; &, en comparant immédiatement
lobfervation du premier Oétobre 1751, avec celle du
28 Mars 1752, on la trouve, indépendamment de l'hy-
pothèfe elliptique, de 14 55" 36".
Vuuïi
524 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe
ADDITION AU MEMOIRE
Dans lequel on compare le Canada à la Suiffe,
par rapport à fes minéraux,
Par M GUETTARD.
"AI dit à la fin de la feconde partie de mon Mémoire
fur le Canada & fur la Suifle, que M. le Comte de Ja
Galiflonière continuoit à favorifer mon travail, en me pro-
curant, au moyen des correfpondances qu'il a dans le premier
de ces pays, de nouveaux foffiles & de nouvelles obferva-
tions touchant ces fofliles. L’addition que je fuis obligé
de faire à mon Mémoire en fera une bonne preuve. Cette
addition me paroît d'autant plus néceflaire , qu'elle fervira
à confirmer ce que j'ai avancé fur la nature & fur la qua-
lité des différentes pierres dont j'ai déjà parlé, & qu'il y
fera queftion de quelques autres qui ont été tirées d’en-
droits diflérens de ceux qui ont été indiqués dans mon
Mémoire : de plus, on trouvera dans cette addition. une
comparaifon établie entre les pierres à. chaux, qui détermine
la bonté de la chaux qu'on fait avec ces pierres. Cette
comparaifon fera d’après celle que M. Coagne fous - Ingé-
nieur à Québec a faite, & qu'il a envoyée à M. de la
Galiflonière avec les pierres en queftion , auxquelles il en
avoit joint plufieurs autres de nature différente. Outre ces
motifs que j'avois de faire une addition à-mon Mémore,
j'ai eu encore celui de donner une connoiflance exacte des
pierres qui venoient d'endroits dont je n'avois point parlé
dans mon Mémoire, & que je ne pouvois m'empêcher
d'indiquer dans la Carte que je donne du Canada, afin de
la rendre un peu plus complète & plus intéreflante : cette
raifon , indépendamment des autres, auroit même dû me
déterminer à ne pas différer cette addition. Il fera plus
DES S'éMTtE NN CES 525
commode de trouver dans le même volume fa Carte &
toutes les obfervations fur lefquelles elle a été conftruite,
Je parlerai ici des fofliles dont il s’agit, en gardant l'ordre
que j'ai fuivi dans le Mémoire, c'eft-à-dire que je décrirai
1.” les terres, 2.° les pierres calcinables , 3.° les pierres
vitrifiables , 4.° les minéraux.
La feule terre dont j'ai à parler, eft cette efpèce de fable
ferrugineux , que’ j'ai dit dans mon Mémoire devoir être
rangé pluftôt parmi les mines de fer que parmi les terres.
Ce fable, comme on fait maintenant, eft très-commun en
Canada ; mais ce qu'il eft bon de dire d’après M. Coagne,
c’elt que le fable le plus net fe trouve à la pointe Déleffée
ou de Leflé, qui regarde le fault Montmorenci, de même
qu'à la pointe Rouffelle, fituée au nord de la petite rivière
vis-à-vis le Palais. Le fable de ces deux endroits eft plus
lavé que celui que l'on prend fur tout le refte du platin
de la petite rivière: ce font les feuls cantons d’où lon
tire du fable pour bâtir.
La pierre à plâtre eft [a première pierre dont j'ai fait
mention dans mon Mémoire ; j'y ai dit que celle du Canada
étoit en aiguilles brillantes, qu'elle avoit plus de rapport
avec celle de Lyon, qu'avec celle des environs de Paris, qui
étoit moins belle que f1 première : celle dont j'ai à parler
eft communément plus connue fous le nom de pierre fpé-
culaire. Cette pierre fe trouve, pour Fordinaire, entre les
lits de la pierre à plâtre proprement dite; elle prend ou
ciie affecte la figure triangulaire, elle fe lève par feuillets ,
elle eft luifante & à demi-tranfparente : celle du Canada qui
fe trouve à Canfeau , a toutes ces qualités, & elle a émi-
nemment les deux dernières, c'eft-à-dire, le luifant & la
demi-tranfparence ; il ne faut pas mème que les lames foient
bien minces pour que la lumière fe faffe fentir au travers;
ka vivacité de fon brillant eft des plus grandes, l'argent le
plus poli n'eft pas plus beau , & lorfque cette pierre reçoit
le jour dans certaines pofitions, on peut dire qu'elle furprend
par fa beauté: la pierre fpéculaire de Montmartre n'a rien
Vuu ii
Du fable.
De Ia pierre
à plètre.-
Des pierres
à chaux.
526 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qui en approche ; elle eft d'un jaune brillant à la vérité, mais
qui n'a aucune vivacité, & qu'on peut même dire être fale
& terne, fur-tout f1 on le compare avec l’argenté de la pierre
fpéculaire du Canada. J'aurois bien voulu pouvoir faire le
parallèle de celle-ci avec celle qu'on trouve fans doute dans
les carrières d’où on tire la pierre à plâtre de Lyon; elle doit
participer de la beauté de cette pierre, & approcher confé-
quemment de Ja pierre fpéculaire du Canada; mais n'ayant
point de la première, je n'ai pû me fatisfaire fur ce point,
qui n'eft au refte que curieux. On peut cependant, à ce que
je crois, dire par induction, que la netteté de la pierre fpé-
culaire fera proportionnelle à celle de la pierre à plâtre
entre les lits de laquelle elle fe trouvera : comme il y a
tout lieu de penfer que cette dernière pierre n'eft qu'une
pierre à plâtre plus pure que la pierre ordinaire, & que ce
n'eft peut-être qu'un extrait de celle-ci, qui seft dépofé
entre les lits, qu'elle n’eft qu'une forte de flahétite, elle
doit par conféquent participer de la netteté de la pierre dont
elle a été extraite, netteté qui fera d'autant plus grande
que la pierre à plâtre fera plus dégagée de parties hétéro-
gènes ; & par une conféquence néceflaire, le plâtre qu'elle
fournira étant calcinée, fera plus beau, plus blanc & plus
fin, propriétés qu'on remarque dans le plâtre provenu de
la pierre fpéculaire du Canada, comparé à celui que donne
la pierre de Montmartre. x
La pierre à chaux de fa pointe aux Trembles, dont il eft
fait mention dans mon Mémoire, n'eft pas la feule qui
fe trouve dans ce canton, M. Coagne rapporte dans fes
remarques, qu'il sen tire du même endroit une autre qui
eft à peu près de a nature de la pierre noire de Québec :
M. Coagne, par tout ce qu'il dit de la première, confirme
la-defcription que j'en ai faite,
I! en eft de même pour celle de Beauport, ce que M:
Coagne en a écrit, établit la bonté de cette pierre, & enchérit
même fur ce que j'en ai rapporté. La pierre de Beauport,
dit M. Coagne, eft fufceptible de l'action de l'air, mais
DES SNONANE NICE S. 527
bien peu, puifque la maifon feigneuriale de cet endroit eft
bâtie depuis plus de cent ans, & qu'elle eft encore très-
bonne, quoiqu'elle foit des plus mal entretenues.
Cette pierre fe délite parfaitement bien , & eft par con-
féquent excellente pour les votes ; on pourroit même,
felon M. Coagne, fe difpenfer d'employer celle de l Ange-
gardien, qui coûte beaucoup plus cher, & qui n'eft pas
meilleure pour les ouvrages qui font à couvert. M. Coagne
voudroit même plus, il demanderoit que les bâtimens civils
& militaires fuflent conftruits de cette pierre; il paroît
y être engagé par la facilité qu'on a à la travailler, & par
le coup d'œil agréable qu'elle donne aux maïfons qui en
{ont faites. On en voit plufieurs à Québec, dit M. Coagne,
dans la conftruétion defquelles cette pierre eft entrée, les
joints en font tirés avec foin, & de façon qu'il femble,
comme s'exprime M. Coagne, que ce foit de la pierre
taillée par aflifes de mème échantillon.
Les pierres à chaux que je vais décrire, font de celles dont
je n'ai point parlé dans mon Mémoire, n'en ayant point
eu avant l'envoi de M. Coagne. L'une vient de la pointe
de Lévi, elle eft d'un gris-clair, pleine, dure, lifle, d'un
grain fin, & de la meilleure qualité qui foit en Canada.
La chaux qu'elle donne par la calcination, eft très-blanche
& grafle, de façon que fi on la jette dans plus d’eau qu'il
n'en faut pour l'éteindre, elle fe tient au fond & forme une
mafle vifqueufe & gluante, fr cependant on ne la remue pas
aflez, & alors la fuperficie de l'eau eft verdâtre & dorée,
de même que lorfqu'on a délayé toute autre chaux, & fait,
comme l'on dit, la gorge de pigeon.
L'ifle d'Orléans a plufieurs endroits qui fourniffent égale-
ment des pierres à chaux qui diflèrent un peu entre elles ;
une eft d'un gris-clair, parfemée de points jaunâtres terreux ,
qui nempêchent cependant pas qu'elle ne foit dure, &
d’un grain aflez fin. Une autre, qui fe trouve dans l'intérieur
de l'ile, & dont la carrière eft [a carrière principale de:
gette ifle, eft d'un gris-foncé, d'un grain pour le moins
“
528 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
auffi fin, & d'une dureté auft grande que la précédente.
La chaux que la première de ces pierres donne, eft moins
blanche, quoique la pierre foit moins grife, mais cette
chaux eft fupcrieure à celle que la feconde pierre fournit :
celle ci cependant n'éft point à méprifer, elle eft d'une
uaité aflez bonne; & ce qui la fait rechercher, outre fa
grande blancheur , eft la facilité qu'on°a à s'en procurer,
ce qui eft caufe qu'on s'en fert prefque toûjours dans cette
ifle préférablement à l'autre, dont la carrière eft beaucoup
plus éloignée des ‘endroits habités. à
Quoique la chaux de cette dernière pierre foit bonne,
quoique même on en fafle encore une qui lui eft fupé-
rieure en blancheur & en bonté, avec des cailloux extré-
mement durs qui fe trouvent dans la même carrière, la
chaux de cette ifle eft cependant, felon M. Coagne *, en
général la moins bonne de toutes celles qu'on connoït aux
environs de Québec, & il a appris d’un Entrepreneur des
bâtimens, que les habitans de cette ifle ne fe fervent de
leur chaux que lorfqu'ils ne peuvent en avoir d’ailleurs.
La pierre à chaux de Saint-Michel fitué au deflus
de Beauport, à trois quarts de lieue ou environ dans
Tintérieur des terres, eft d'un brun noirâtre, d'un grain
fin & fans cavités; elle laifle voir cependant quelques
empreintes de très-petites cames flriées, & de très-petites
poulettes ondces à leur bafe, également flriées. Cette pierre;
fuivant M. Coagne, produit fans contredit la meilleure
chaux que fon emploie pour l'ordinaire à Québec; elle
eft extrêmement grafle & fe pétrifie toujours , quand
le mortier eft bien fait. Il fe trouve une pierre de la
* M. Coagne avertit qu'il tient | Coudre, une efpèce de pierre qui
tout ce qu'il rapporte des pierres | donne de la chaux meilleure que
de l'ifle d'Orléans, du fieur Mo- | toutes celles qu’on emploie en Ca-
vide, Chirureien de cette ifle, | nada. II aflure avoir vü des maifons
dont il n’a pas lieu de fufpeéter la | bâties depuis cinquante ans, dont
fincérité. le crépis, quoiqu’expofé à toutes les
Suivant le même fieur Movide , | injures de Vair, n'étoit point du
U fe tire à la petite rivière fituée au | tout endommagé.
nord du fleuve, & proche l’ifle au
même
DH A MMEULNE NC E $. 29
inéme qualité au fault Montmorenci , qui eft à deux lieues
au deffous de Québec, au nord du fleuve Saint-Laurent.
Il fembleroit que la bonté de cette chaux, fupérieure à
toutes les autres des environs de cette ville, devroit la faire
toûjours préférer; cependant celle de Beauport eft Ia plus
employée à Québec, parce qu'il eft plus facile d'en avoir
de cet endroit que de tout autre.
La pierre noire de la pointe aux Trembles donne une
chaux femblable à cette dernière; l'autre pierre de ce même
endroit en produit une qui contient du fable, & qui ne
foifonne pas beaucoup, quoique d'ailleurs aflez bonne. On
fait à Charlebourg, qui eft à deux lieues au nord du fleuve
Saint-Laurent vis-à-vis de Québec , uné chaux qui eft encore
femblable à celle de Béauport.
Si fon en croit un Entrepreneur de bâtimens, if n’y a
point de meilleure pierre à chaux aux environs de Québec,
que celle qui fe trouve dans les chenaux des Trois-rivières ;
c'eft une elpèce de caillou, dont la chaux eft d'un blanc
tirant fur le bleu.
Avant quon eût ouvert les carrières de Beauport, on fe
fervoit, fuivant le même Entrepreneur, de la chaux faite
avec la pierre de la pointe de Lévi, qui, dit-il, vaut beau-
coup mieux, mais qui eft plus chère. Quoi qu'il en foit,
M. Coagne penfe qu'on ne devroit point employer, pour
les travaux du Roi, d'autre chaux que celle de St Michel,
du fault de Montmorenci ou de la pointe de Lévi.
Une matière auffi intéreffante que left celle qui regarde
la nature & les propriétés d’une chaux excellente, méri-
teroit fans doute d’être fuivie avéc attention & avec foin,
& d'être fcrupuleufement difcutée au moyen d'expériences
exactes & répétées plus d’une fois: ce travail eft un de
seux que je ne defefpère pas de fuivre un jour. Plus
sccupé jufqu’à préfent à ramafler des matériaux fur lefquels je
uiffe opérer par la fuite, qu'à les décompofer , je n'ai pas
cru devoir taire les obfervations générales que je viens de
Mén. 175 2 X xx
Voy. Mén.
de L'Académie
Roy. des Scenc,
année 1749»
2474
530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
rapporter, d'autant plus qu'elles ont été faites par des pér-
fonnes qui emploient tous les jours ces différentes chaux,
& qu'appuyées de l'examen de ces pierres, qu'on pourroit
appeler extérieur , elles peuvent déjà jeter quelques lumières
fur la queftion dont il s'agit.
Pour qu'une chaux foit bonne, on demande ordinaire-
ment deux chofes; qu'elle ait une grande blancheur &
beaucoup de ténacité ou de vifcofité, &, comme difent les
ouvriers, qu'elle foit grafie. Ces qualités fe trouvent com-
munément dans la chaux qui provient de pierres dures
& d'un brun plus ou moins foncé, de forte-que plus la
pierre ef compacte & folide, & plus elle approche du
noir par fa couleur, plus la chaux participe des propriétés
requifes pour qu'elle foit bonne : il femble même que
comme il n'y a guère de pierre à chaux qui foit plus noire
que le beau marbre noir, & que ce marbre paroit ètre la
pierre de ce genre qui, fous un même volume, renferme
plus de matière, & qui par conféquent eft la pierre la plus
pefante, il femble, dis-je, que la meilleure chaux eff celle qui
fe fait avec cette efpèce de pierre.
Elle eft en quelque forte l'échelle fur laquelle on peut
mefurer les autres confidérées du côté de leur bonté par
rapport à la chaux, de façon que plus une pierre appro-
chera de ce marbre, & plus elle fera propre à Ja chaux.
En füivant ce principe, toutes es efpèces de marbre paroif-
fent devoir être préférées à caufe de leur dureté : les pierres
bleuâtres ou gris-de-fer , éomme celle avec laquelle on fait
la cendrée de Tournai, la pierre de Supergue, qui ef
employée pour la chaux à Turin, fuivant M. l'Abbé
Nollet, & qui fe trouve dans plufieurs autres endroits de
l'Italie, donnent des chaux excellentes ; chaux qu'on peut fe
procurer auffi dans plufieurs endroits de Ia France, puifqu'on
y poffède une pierre femblable aux précédentes, ou qui
en approche beaucoup : on en tire, par exemple, aux envi-
vons de l'Orient, de Metz en Lorraine, de Mézières , de
D''ÉSUIMEALE N C E 9 s3r
Mérbé près Maroles en Tiérache, de Boulogne -fur-mer,
de l'abbaye de Haut-mont à une lieue de Maubeuge, de
Falize, de Ferrière-le-grand , endroits qui font encore
pioche Maubeuge, de Nolii à quatre lieues de Beaune, de
Saint-Germain piès Lyon, & fans doute dans plufieurs
autres endroits que des recherches feront connoître, fur-tout,
à ce que je penle, vers les pays qui avoifinent ceux qui:
font d'une bande fchiteufe : il femble qu'elle foit la marque
qui annonce la proximité des pays à fchite, & le terme
de ceux qui renferment les pierres à chaux. Si je ne crai-
gnois même de paroïtre trop fyffématique, je dirois qu'il
auroit lieu de penfer que plus on s'éloigne des cantons
où l'on trouve de ces pierres, & qu'on rentre dans le pays
des pierres à chaux, plus les pierres deviennent tendres
& molles, jufqu'à n'être qu'un tufleau, de la craie, & même
de la marne.
Cette idée pourra peut-être paroître fingulière, & méri-
ter d'être foûtenue de preuves plus complètes & appuyées
fur des faits. Il feroit trop long de le faire ici, H fuffit pour
le préfent de Favoir propofée, en ayant eu befoin pour
qu'on füt en état d'entendre ce que je voulois dire au
fujet des pierres à chaux du Canada.
Ces pierres font toutes d'un gris plus ou moins foncé,
dures, compactes, aflez pelantes, & fe trouvent fur les con-
fins d'une bande fchiteufe ; & f1 la pierre à chaux de Qué-
bec, qui eft noire, ne fait peut-être pas une chaux auffi
bonne que celle de Saint-Michel , de la pointe de Lévi &
du fault Montmorenci, c'eft que cette pierre n'eft pas auffi
dure, qu'elle s'exfolie aïfément à l'air : peut-être que la chaux
qu'on en fait eft plus blanche que celle qui provient des
autres pierres, mais je mai point de preuves de fait fur ce
point. Cette propriété, au refte, n'étant pas aufli eflentielle
que la ténacité & la vifcofité, cette pierre peut être négligée
par rapport à la chaux, puifqu'il eft facile d'en avoir de
meilleure, à moins qu'on ne s'en fervit pour les crépis & les
enduits où une chaux très-blanche eft préférable.
Xxxij
532 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
J'ai placé dans mon Mémoire la pierre puante ou Ja
pierre-porc de Canada, à la fuite des pierres calcinables,
ainfi ceft ici le lieu de rapporter ce que je fai de
nouveau touchant cette pierre : il fe réduit à la con-
noiflance du lieu d'où elle fe tire. J'ai appris de M. de
la Galiflonière, qu'elle eft du cap Santé, à quelques lieues
de Québec.
Il en fera à peu près de même pour toutes les efpèces
de pierres qui ne fe calcinent point, ceft-à-dire que je
ne les rappellerai ici que pour faire connoître des endroits
nouveaux où lon en trouve, où que pour dire que l'on
a été confirmé par rapport à ceux où jai, dans mon
Mémoire, placé les unes ou les autres de ces pierres.
Ce n'eft, par exemple, que fur ce qu'on dit commu-
nément en Canada, que la pierre ou le marbre à Calu-
met fe tire du portage du grand Calumet, dans la grande
rivièie, que jai annoncé des carrières de cette pierre
dans cet endroit: je puis maintenant dire avec plus de
certitude & fans craindre de me tromper, qu'il en vient
dans ce canton, puifqu'il y en a dans le cabinet de
S. A. S. Monfeigneur le Duc d'Orléans, qui ont été
détachés du cap même ou du pied du grand Calumet, par
M. de Lotbinière * Cette pierre eft verdâtre ou d'un
blanc fale, elle reffemble par conféquent à celle dont j'ai
fait mention dans mon Mémoire; comme elle, elle ren-
ferme quelquefois des grains pyriteux ; un morceau en
avoit qui étoient de la couleur du cuivre de rofette.
A l'occafion de ces grains de pyrite, je ne craindraï
point de relever une méprife que j'ai faite dans mon
Mémoire ; jy ai dit que certains morceaux de cetté pierre
excitoient dans l'eau forte une efpèce d'effervefcence ou de
fermentation, & quil me paroifloit que la caufe de cet
eflet étoit dûe aux parties pyriteufes dont cette pierre
eft parfemée. Cette affertion n'eft pas jufte; les pyrites,
* II y en a encore près le fort de Frontenac , peu éloigné du lac Ontario
far le fleuve. Saint-Laurent.
came RL
Es
DE SN OS/CMUE N CE S , : 623
du moins celles de la nature de la pyrite qui fe trouve
‘dans cette pierre, ne {ont point attaquées par l'acide nitreux.
!
Ayant eu occafion de faire cette remarque fur dés! pyrites
femblables à celles-ci, & qui étoient d'Europe, tette expé-
“périencé m'a ouvert les yeux fur celles du Canada, &
m'ayant obligé d'examiner avec plus d'atténtiont ce qui én
” étoit, jai reconnu que cés pyrites ne fe diffolvoient pas: à
* l'eau forte, & qu'il faut par conféquent que l'éffervefcénte
excitée dans l'eau forte, lorfqu'on y jette certains morceaux
de. pierre à Calumet, vienne d'une autre caufé : il füffit
pour cela que ces morceaux foient un peu plus’ poreüx
que les autres; l'air chaflé paf acide qui s'introduit dans
ces pores, excitera ces mouvemens; jai fait cette obfer-
vation fur quelques autres pierres d’une nature bien différente
de la pierre à Calumet, & qui, quoique infolubles à l'eau
forte, ne laiflent pas quelquefois de jeter des bulles d'air
lorfqu'on verfe deffus de fefprit nitreux.
Ce qui me feroit penfer que cette explication pourroit
être admife , eft que les morceaux de pierré à Calimet'
qui excitent une efpèce d'eflérvefcence où de fermenta-
tion, paroiflent ètre plus tendres que ceux qui ne font
point attaqués par l'acide. Il arrive même que ceux des
morceaux de cette pierre qui ont encore leur boufm, &
qui font infolubles dans leurs parties dures, ne le font pas,
du moins en grande partie, dans ce boufin, qui le devient
lui-même fi on le met en poudre. I n'exifte plus alors de
vuide ou de pores entre les parties de ce boufin, ou
plufiôt ces parties font plus écartées qu'elles n'étoient, il y a
plus d’efpace entre elles, l'air a plus de jeu pour s'étendre
* & s'échapper, il n'agit conféquemment pas fur les parties
de là pierre, ne les écarte pas les unes des autres, &
n'excite pas cette eflervéfcence trompeufe.
On peut donc sen tenir à cette explication, à moins
qu'on ne voulüt que le marbre à Calumet püût contenir
quelques parties de fpath difloluble, ce qui ne ferdit pas:
hors de vraï-femblance, vû le mélange fürprenant' qui {e’
X x x° ii]
MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Jouvent dans les pierres tirées de là même carrière.
1534
JIences Jur june pierre femblable à celle-ci,,qui vient de
Suèue. Cette pierre eft du cabinet de M. dé Bois-jourdain,
qui la reçue de M. le Comte de Teflin, fous le nom
dé, lerpentine. Un morceau de cette pierre étoit d'un jaune
à oufifé ; & un autre d'un noir affez foncé; tous les deux
_ ont, été tirés des-mines de Salhbere dans la Weflmanie :
-ainfi il paroit que cette pierre, de quelque pays qu'elle foit,
Mufeum Tef-
finianum » pag.
À
20.n. J.
jn-fol. Holmiæ,
4753:
fait voir les mêmes phénomènes lorfqu'on la foûmet à
action des mêmes acides.
C'eft, à ce que je crois, de ces pierres dont il eft parlé
-dans le catalogue du cabinet de M. le Comte de Teflin,
fous ce nom ordinaire de ferpentine, & fous le nom [yflé-
-matique de talc dont les parties font impalpables , qui
eft folide & maculé, ou noir, ou cendré, ou verdûtre.
On ne doit pas être beaucoup arrêté par cette diverfité
de nom, elle ne vient que de la différente façon dont
€ . 2 PT 2 rs ù > .
ceite pierre a été confidérée par les Auteurs qui en ont
» Minéralogie,
ag. 2$2. 8.9
édit. françoife.
Paris, 1757:
b / ithogéogno”
fe, pag. 278
Ÿ fuir. in-12.
édir. françoife. *
Paris, 1753:
€ Oyf'ema na=
turale, pag 1 6y
in-4.0 berlin,
1746.
d frdex fupel.
kctilis layideæ ,
pag. 12, in 8.0
Lugauni Batav.
3750:
arlé. Ces noms ne, font pas mème les feuls qu'elle porte,
Wallerius 2 l'appelle pierre ollaire, P Pott lui donne le nom
de ftéatite, © Wolfterfdorft célui de fmectite, d Gronovius
la range avec les pierres ollaires, & elle a conféquemment
ce nom générique dans cer Auteur: il eft vrai que tous
ces Minéralogiftés, qui diffèrent entr'eux de ce côté, fe réu-
miflent en même temps d'un autre, & lui donnent le nom
commun de ferpentine.
Quelle eft donc là caufe d'une telle variation dans la
nomenclature de cette pierre ? la voici : ceux qui ont voulu
rapprocher cette pierre de celle qui étoit appelée fléatite
ou, fmecite pan les Anciens, lui ont donné#'un ou l'autre
de ces noms : ceux qui l'ont confidérée de ce côté &
Roc ne à tomes tt nt tin.
|'UDE SUNSUENMLE N CE S 535
fyftématiquement én même temps, ou féparément, lui ont
donné fun ou Fautre de ces noms, ou celui de la pierre
à laquelle, fuivant eux, elle avoit plus de rapport. Linnæus,
qui eft Auteur du catalogue du cabinet de M. de Teflin,
la revarde comme analogue au talc, aïnfr il l'appelle de ce
nom générique. Wallerius reconnoït des différences trop
effentielles entre ces deux pierres pour lés réunir fous le
même genre, de-là il établit le genre de pierre ollaire outre
celui du talc, & il eft fuivi en cela de Wolfterfdoff
de Gronovius; fe premier n'en diflère que parce qu'i
adopté un nom ancien pour cette pierre; le fecond garde
celui de pierre ollaire. Pott, qui a cherché à reconnoître
à quel genre de pierres la fféatite des Anciens pouvoit
avoir rapport, prouve que cette fléatite, Ja fmectite, Ja
ferpentine, la pierre ollaire ou de Come, fe rapprochent les
unes des autres; il y eft conduit par les defcriptions que les
Anciens nous ont laiflées de ces pierres, & par les. expé-
riences de Chymie qu'il a faites fur celles de ces pierres
qu'il a eues en fa pofieffion.
Ceci fe réduit donc à dire que toutes ces pierres ont tant
de rapport les unes avec les autres, qu'on pourroit leur don-
ner indifféremment lun ou lautre de ces noms, peut-être
mème celui de talc; car les Auteurs qui, des genres du talc
& de fa pierre ollaire, n’en font qu'un, mettent au nombre
de celle-ci des pierres qu'on pourroit autant regarder comme
des pierres talqueufes ou des fchites talqueux , que comme des
pierres ollaires proprement dites. J'ai déjà infinué cette pro-
pofition dans mon Mémoire, j'ajoûterai ici.que dans l'envoi
de foffiles fait à M..de Bois-jourdain , par M.'le Comte de
Teffin , il. y avoit quatre fortes de pierres jellaires . qui. fe
lèvent par feuillets comme les {chites, & qui ne font prefque
qu'un amas de parties talqueufes réunies par une matière qui
me paroït être de la nature du fchite. L'une de ces jpierres
eft d'un gris noïrâtre, & vient de Salhberg ; la feconde ef
verdâtre & fe:tire,des mines de Faklun en Dakerlie; la
toïlième eff grainée, elle approche de la pierre fchiteule, &.
$36 MÉmoïREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
contient des parties de fer qui la rendent pelante ; elle fe trouvé
à Dannemora dans la province d'Uplande ; la quatrième eft
d'un gris-noir, mêlée de quartz gris-blanc, & parfemée de
petits grains de galène qui font de la première de ces deux
couleurs ; elle eft des mines de Loefarens en Dalécarlie, Au
refle, celle de toutes ces pierres qui a le plus de rapport
avec le marbre à Calumet, eft Ja ferpentine ; ainfi on pour-
roit, fi on l'aimoit mieux, lui afligner ce nom, que j'ai cru
ne devoir pas cependant préférer à f'autre fous lequel j'ai
mieux aimé fa faire connoitre, vü l'utilité qu'on en peut
tirer, dont j'ai fait mention dans mon Mémoire.
A a fuite de cette forte de pierre, j'y ai parlé de celles
qui font talqueufes : je dois d'autant plus le faire encore ici,
qu'une de ces pierres tient un peu de la pierre ollaire ; elle
eft dure, de couleur de rouille de fer, & compofe de
paillettes talqueufes argentées ; fa dureté ne lui vient que de
la matière pierreufe qui lie ces paillettes, de forte qu'on
pourroit la regarder comme un fchite dur, ou bien comme
une pierre ollaire de la nature de celles d'Allemagne ou de
Suède, dont il a été queftion plus haut, ou dans le corps
de mon Mémoire. Celle du Canada a été prife par M. de
Lotbinière à une pointe à l'oueft de [a pointe Saint-Vital,
dans le lac Huron : une autre pierre aufli de cette forte,
prife encore par M. de Lotbinière dans le port du Ford qui eft
dans 15 chenaux des Calumets, eft gris-de-fer, & d’un jaune
fembiable à la rouille formée par ce métal ; les paillettes de
cette pierre font argentées : une troifième, qui a également
de la dureté, eft noire & compofée de paillettes brillantes,
de la même noirceur; elle contient du fer, fuivant l’effai
qu'en a fait M. Hellot qui me la donnée; elle avoit été
envoyée comme. une pierre intéreflante pour le métal qu'elle
devoit fournir; elle fe trouve vers l'embouchüre du fleuve
Saint-Laurent, ou dans un endroit peu éloigné du cap
Moulin.
Je ne puis encore que placer fous cet article une pierre
gui vient de F'ifle Saint-Jean; cette pierre a beaucoup de
rapport
D'EIS ISICA EN CE S. 537
rapport à une qui fe trouve en France dans fés fandes de
Mouen à quelques lieues de Caen, fur Ra grande route de
Bretagne: ces pierres font dures, un peu graveleufes, elles
femblent être formées par lames, elles renferment quelques
petites paillettes talqueules , fur-tout celles de l'ifle Säint-Jean ;
leur couleur tire fur le rouge de la lie de vin, laquelle
couleur m'a paru un peu plus vive dans la pierre du Canada ;
ni fune ni l'autre de ces pierres ne fe diflout à l'eau forte,
ainfi on pourroit jufqu'à préfent les regarder comme des fchites
durs, ou pluftôt, fi fon aime mieux, comme des pierres qui
tiennent le milieu entre ces pierres & le granit.
La feule pierre dont il me refte à parler, eft un fpath
femblable à celui de la baie Saint-Paul, dont il a été beau-
coup fait mention dans le corps du Mémoire; celui dont
il s’agit ici eft, de même que l'autre , un compofé d'écailles
parallélogrammes, il eft de même blanc ou verdâtre ; il fe
trouve au pied du grand Calumet, d'où M. de Lotbinière
a détaché le morceau que j'ai examiné , ou au portage Talon
dans fa petite rivière. Celui-ci, le morceau du moins que
M. de Lotbinière a apporté, contient de la blinde, &
un de fes côtés eft recouvert d'une efpèce de terre blanche
favonneufe, de la nature de celle de Plombières en Franche-
comté; l'autre morceau éft parfemé de points pyriteux.
A foccafion de cette matière de,pyrite, je dirai en
finiffant cette addition à mon Mémoire; qu'il fe rencontre
des pyrites aux environs de Québec; celles que j'ai vües
font rondes, d'un jaune doré: il paroît qu'elles fe forment
dans une matière noire, elles font du moins faupoudrées
d'une pouflière de cette couleur, & ne font point mêlées
avec d’autres matières; elles approchent de la nature de celles
qu'on a fü polir & travailler, de façon qu'on en faifoit des
boucles d'oreilles ou des boucles de fouliers. Quoiqu'elles
foient en boules, même affez rondes, chaque partie affecte ce-
pendant la figure parallélogramme ou cubique, de même que
celles qui fe forment dans les fchites ; ce qui me feroit penfer
qu'elles pourroient bien avoir été tirées d’entre fes couches
Mém. 1 7 5 2. .Yyy
538 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
de cette efpèce de fchite noir des environs de Québec dont
il a été parlé Une autre pyrite également à lames, de
figure parallélogramme, & d'un jaune doré & brillant, eft
répandue dans une pierre de Corne jaunâtre & grainue ; elle
vient du nouvel établiflement que M. F Abbé Piquet a fait
à la Préfentation, à foixante ou quatre-vingts lieues au defius
de Montréal : lune & l'autre de ces pyrites *, ainfi que la
pierre de Corne, font infolubles à l'eau forte; elles contribuent
par conféquent, aufli-bien que tout ce que j'ai rapporté dans
cette addition, à confirmer ce que j'ai avancé dans mon
Mémoire fur la difpofition du terrein du Canada, par rap-
port aux pierres & aux autres foffiles, & je ne defefpère pas
que cètte idée ne fe trouve appuyée par la fuite de nou-
velles obfervations ; l'addition que je viens de faire à mon
Mémoire me le fait efpérer.
bords d’une petite rivière qui fe dé-
charge dans celle de Sonioto , à une
demi-journée de l'Ohio.
* On, trouve. des pyrites ftriées ,
& qui paroiffent être de Ja nature de
celles qu'on tire des glaifes,. fur les
DES SG VEN © E & 539
qq
TABLE
C DES
ASCENSIONS DROITES
ET DES
DEÉCLINAISONS APPARENTES
Des Etoiles auffrales renfermées dans le tropique du
Capricorne ; obfervées au cap de Bonne-efpérance,
dans l'intervalle du 6 Aoûr 175 1, au 18 Juilles 17 5 2.
Par M. l'Abbé DE LA CAILLE.
NOMS eee ASCENSION
des & DROITE. de
CONSTELLATIONS. |Grandeurs. Obfervations.
ji ee nm
19 Nov.
14 O4.
3 Nov.
20 Nov.
22 Nov.
13 Oct.
20 Sept.
23 Août
24 Sept.
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16 Août
23 Août
28 Nov.
24 Scpt.
24 Sept.
14 Nov.
7 Nov.
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6 ©: 41. 4e | 72. .28. 2$ 14 Sept
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542 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
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D De F'Hydre . . . ....| À 4./, 2*17. 2 . 19 | 23 Août
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L De Horloge . . . . ..| À 6 28h 17e CPGE 13 Août
6 2. 18. VAT 1 Déc.
6 22119: 8 30 Nov.
6 2 1 Déc.
4 29120: 6 Août
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568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
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570 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
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572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
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6 | 23. 32. 53 | 41. 33. 50 | 10 Nov.
6 | 23. 33. 28 | 69. 46. o | 23 Août
BABPhente. + à 6.4 s 6 | 23: 34 2 | $1. 36. 35 | 24 O&ob.
De l'atelier du Sculpteur.| À $ | 23: 36. o | 29. 30. 10 | 28 Nov.
6 | 23. 36. 18 | 64. 12. 1$ | 16 Aoû
De l'Oétans. . . .... 7 5 | 23* 36. 48 | 83. 23. 47 | 28 Sept.
6 | 23. 37. 31 | 48. 45. 35 3 Nov.
6 | 23. 40. 31 | 25. 36. 25 | 2$ Juin
6 | 23: 41. 37 | 41. 40. 4s | 10 Nov.
DetOans EU 7 5 | 23: 43. 18 | 83. 32. 40 | 28 Sept.
6 | 23. 44. 12 | 64. 22. 35 | 16 Août
DurFode nie Nu n $ | 23. 44 26 | 6$. 40. 35 | 16 Août
DuPhénix 4. 4 m 6 | 23. 45. 59 | $4 8. 10 | 21 Oétob.
6 | 23. 46. 43 | 30. $1. 35 | 18 Juin
Ballons ERA ME SN I23 #46 110 M6. 7. lo 6 Août
ERP ENENEE 7. sers T 6 | 23. 48. 18 | $o. 12. 25 | 24 Oétob.
6 | 23. 48. 32 | $1. 43. 25 | 24 O&tob.
MAlOÉEANS ENS 8 6 | 23. 48. 33 | 78. 26. 15 | 24 Sep.
« 61 23.148055 : :
De l’attelier du Sculpteur.| € 6 | 23. 49. 3s MCE ;
CONS SN ET A7 M6: ë
' CIN ES ES 7 . 48. $
| GRAS 2 AT 20; !
6H|E2S TU :
CEE : 2 -
De l'atelier du Sculpteur.| x 6 | 23. 122) 2. :
DulPhénie eat; £ 4 | 23. En 6) G 2 -
6 | 23. ô : :
DAlOnS ee TPE 136: -
De l’attelier du Sculpteur.| x 6 | 23. 30 dE 2 ù
De l'attelier du Sculpteur.| 8 6 | 23. ANT :
BTE SERRE SERRE ETS
REMARQUES fur le Catalogue précédent.
Ce Catalogue a été calculé fur dés obfervations faites au
cap de Bonne-efpérance avec différens réticules rhomboïdes.
Les afcenfions droites & les déclinaifons des étoiles qui y
Eeceei
588 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
font rapportées, font apparentes, c'eft-à-dire, telles qu'on
les a trouvées au jour marqué pour chacune: elles font par
conféquent affectées de l'aberration caufée par la lumière,
& de la déviation caufée par la nutation de l'axe de fa Terre.
Comme ces deux caufes ne produifent des différences que
de peu de fecondes entre la pofition apparente & la pofition
vraie, & qu'à caufe du court intervalle depuis le jour de
chaque obfervation jufqu'au premier Janvier 175 2, la pré-
ceffion des équinoxes eft fort petite, on peut fuppofer dans
les ufages ordinaires auxquels on emploie les lieux des étoiles,
que les pofitions rapportées dans ce catalogue ont en effet le
premier Janvier 1752 pour époque. Mais dans les calculs
qui demandent plus de précifion, l'on peut, à l’aide des dates
des obfervations, réduire ces pofitions apparentes à tel jour
qu'on voudra, en y faifant les corrections qu'exigent les trois
caufes des mouvemens apparens des étoiles.
Parmi ces étoiles il y en a un grand nombre qui ont été
obfervées avec toute la précifion pofñible, favoir, les afcen-
fions droites par des hauteurs correfpondantes, & les décli-
naïifons par un grand nombre de hauteurs méridiennes prifes
avec un inftrument de fix pieds de rayon. Ces étoiles ont
{ervi de termes de comparaifon pour déterminer toutes les
autres : elles font diftinguées ici par un aftérifque (*).
Pour remplir les grands intervalles vuides entre les conf-
tellations anciennes, j'en ai fuppolé de nouvelles: j'y ai mis
les figures des principaux inftrumens des arts. En voici {a
life felon l'ordre de leur afcenfion droite. I. L’arrelier du
Sculpteur: i eft compolé d’un fcabellon qui porte un mo-
dèle, & d'un bloc de marbre fur lequel on a pofé un maillet
& un cifeau. IL. Le Fourneau chymique, avec fon alambic
& fon récipient. IIL L'ÆHorloge à pendule & à fecondes.
IV. Le Réticule rhomboïde, petit inftrument aftronomique
qui a fervi à dreffer ce catalogue: on le conftruit par l'inter-
feétion de quatre droites tirées de chaque angle d'un carré
au milieu de deux côtés oppolés. V. Le Brin du Graveur:
la figure eft compofée d'un burin & d'une échope en fautoir,
CPOOODT CORPS NU UE JO
D'E39+ SCHYENCES 589
liés par un. ruban. VI. Le Chevalet du Peintre, auquel
eft attachée une palette. VII. La Bouflole ou le Compas de
mer. VIII. La Machine pneumatique avec fon récipient, pour
repréfenter la Phyfique expérimentale. IX. L'Odans ou le
Quartier de réflexion, principal inftrument des Navigateurs
pour obferver la hauteur du pole, &c. X. Le Compas du
Géomètre. XI L’Æquerre & la règle de l'Architeéte: j'ai
aufli deffiné le triangle auftral en forme de niveau. XII. Le
Télefcope ou la grande lunette aftronomique fufpendue à un
mât. XIIL Le Aficrofcope : felon la figure qu'on lui donne
ordinairement, c'eft un tuyau placé au deflus d’une boîte
carrée. XIV. Enfin jai mis au deflous du grand nuage la
Montagne de la Table, célèbre au cap de Bonne-efpérance
par fa figure de table, & principalement par un nuage blanc
qui la vient couvrir en forme de nappe à l'approche d'un
vent violent de fud-eft; d'ailleurs la plufpart des Navigateurs
appellent vuages du Cap, ce que nous appelons nuées de
Magellan, où le grand & le petit nuage.
J'ai donné, à imitation de Bayer, des lettres grecques
& latines à chacune des étoiles vifibles des conftellations
nouvelles, & à celles des anciennes qui n’en avoient pas.
L'ordre alphabétique des letires grecques fuit à peu près
Tordre de l'éclat ou de la grandeur des étoiles. J'ai été obligé
de changer les lettres que Bayer avoit aflignées aux conf-
tellations du Navire, du Centaure, de l'Autel, du Poiffon
auftral & du Loup, tant parce qu'elles étoient fort mal dif-
tribuées , que parce que plufieurs des plus belles étoiles n'en
avoient aucune. Il m'a été fouvent impoflble de reconnoître
dans le ciel l'étoile à laquelle une de ces lettres étoit attri-
buée, ce qui vient fans doute de ce que les Planifphères
de Bayer ont été conftruits en cette partie fur l'ancien cata-
logue de Ptolomée, & fur des obfervations fort groffières
faites par des Pilotes Portugais.
J'ai été obligé auffi de donner des lettres latines aux étoiles
qui font dans la partie Ja plus auftrale des conftellations
de fEridan, du grand Chien, de F'Hydre femelle & du
Leee ii
590 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Sagittaire, dans lefquelles j'ai confervé les lettres grecques de
Bayer.
La confiellation du Navire étant compofée de plus de
cent foixanté étoiles très-faciles à diftinguer à la vüe, jai
d'abord diftribué des lettres grecques à toutes les plus belles
qui la compofent: je l'ai enfuite partagée en trois parties,
favoir, la Pouppe, le Corps & la Voilure, La Pouppe eft
féparée du corps du vaiffeau par le gouvernail, & j'ai appelé
la voilure tout ce qui eft hors du vaifleau, entre fes bords
& le mât horizontal, ou antenne fur laquelle la voïle eft
pliée. Dans chacune de ces parties, j'ai mis des lettres latines
majufcules & minufcules.
Les grandeurs des étoiles ont été déterminées, en les
comparant entrelles à fa vüe fimple, avec toute l'attention
poffible. Chaque étoile de ce catalogue eft au moins de Ia
grandeur que je lui ai affignée; car lorfque j'ai eu quelque
incertitude, par exemple, lorfque je doutois fi une étoile
que je confidérois étoit de la troifième ou de la quatrième
grandeur, je lai mife de la quatrième grandeur. Cependant
les étoiles de la fixième grandeur qui n'ont dans ce catalogue
aucune lettre particulière, n'ont été jugées de cette grandeur
qu'au moment de leur pañlage dans le champ de la lunette,
& il fe pourroit faire que quelques-unes fuffent au deffous
de la fixième grandeur, parce qu'au moment de l'obfervation,
les petites étoiles ont pü paroitre dans la lunette plus ou
moins claires, felon les différentes circonftances, par exemple,
felon que l'œil étoit alors plus ou moins dégagé de Jumière
étrangère, felon que le ciel étoit plus ou moins net, felon
qu'il étoit plus ou moins éclairé par la Lune ou par le cré-
pufcule.
J'ai marqué avec foin toutes les étoiles nébuleufes que
jai vües; il fe peut faire néanmoins que le clair de Lune
n'ait pas permis de les diflinguer toutes. Différentés lettres
défignent leur nature dans ce catalogue; l'expreffion abrégée
néb. fignifie une nébulofité ou une blincheur remarquable
dans le ciel, telle que feroit une foible comète; Æ. ne.
D'EMNUSICNME UN CES o1
fignifie une étoile entourée ou accompagnée d’une nébulofité;
À. néb. un amas de petites étoiles ferrées, qui paroïffent à
la vüe fimple une nébulofité dans le ciel; G 4. néb, un
amas confidérable de pareilles étoiles; Æ. néb, un amas de
petites étoiles enveloppées dans une nébulofité,
Pour faire voir l'ordre & la difpofition des nouvelles conf-
tellations que j'ai cru devoir introduire, afin de donner des
noms & de défigner par des lettres particulières les étoiles
qui {e font trouvées comprifes dans les intervalles vuides des
conftelltions anciennes, je joins ici un petit planifphère ré-
duit d'après celui de fix pieds de diamètre, que j'ai préfenté
à l’Académie. On na pü, dans une fr petite feuille, s’affujétir
à une échelle diftinétement graduée, pour repréfenter_ les
différentes grandeurs des étoiles : c'eft le catalogue qu'il faut
confulter pour s'en aflurer.
On n'y trouvera pas la conftellation nouvelle que M. Halley
a inférée dans fon Planifphère en 1677, fous le nom de
Robur Carolinum , parce que j'ai rendu au Navire les belles
étoiles que cet Aflronome, ägé alors de vingt-un ans, en
a détachées pour faire fa cour au roi d'Angleterre. Quelque
louable qu'ait été ce: motif, je ne puis approuver la façon
dont M. Halley s’y eft pris pour faire pañfer fa conftellation ;
car pour la faire paroître ifolée, il a tellement raccourci le
Navire, qu'il a laïflé informes d’aflez belles étoiles entre le
Navire & fon arbre; & pour faire entendre que les étoiles
qui compofent fon arbre étoient nouvelles, ou n'avoient ja-
mais été obfervées, il n'en a pas comparé les pofitions avec
celles des anciens catalogues, comme il avoit toüjours pra-
tiqué à l'égard des étoiles des autres conftellations: cependant,
des douze étoiles dont l'arbre de M. Halley eft compolé,
neuf font dans ces anciens catalogues, & défignées par des
lettres particulières fur les planifphères de Bayer, dans la
conftellation du Navire. Enfin on ne peut douter que tous
ceux qui dans le quinzième & le feizième fiècle ont ok-
fervé les étoiles auftrales, pour les renfermer dans de nou-
velles conftellations, n'aient attribué conftamment au Navire
592 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
toutes les étoiles dont l'arbre de M. Halley eft compofé;
autrement eft-il raifonnable de croire qu'ils euflent formé les
conftellations du Poiflon volant & du Caméléon, qui font
fi voifines du Navire, & dont les plus belles étoiles font
de la cinquième grandeur, tandis qu'ils auroient laiflé fans
conftellation, entre le Centaure & le Navire, un grand ef
pace rempli d'étoiles de la première, deuxième, troifième
& quatrième grandeur, fr bien grouppées avec celles du
Navire?
Faute à corriger dans le Catalogue.
Page 581, ligne 19, au lieu de &. a, 6, lifeg 1 6.
CONSTRUCTION
Mom, de l'Ac.R. des Se. 1752. Pag. 492. PlL.20 .
CONSTELLATIONS CELESTES
et Le Tropique du Capricorne
Ir Capricor®*
PLANISPHERE contenant les - BE
compris entre de Pole Austral é
STÉLLATIONS CELESTES
ct & Tropique du Capricorne
& Lrud\N ©
Es
TK +
Tropique du Mr Capricorne
PR RS D NT
DES SCciENCESs. 593
CONSTRUCTION
DES
TABLES DU MOUVEMENT HORAIRE
D'E°'L'ASCLSUMN"E. ;
Par M. CLAIRAUT.
ES Tables que je publiai au commencement de l’année
dernière, peuvent donner le mouvement horaire de 1a
Lune pour un inflant quelconque, puifqu'en calculant par
leur moyen le lieu de la Lune pour cet inftant, & le lieu
où eft ce même aftre une heure plus tard, la différence de
ces deux lieux eft le mouvement horaire demandé.
Mais cette méthode n'a paru trop pénible pour ne pas
chercher à l'abréger, & le peu de variations que fouffrent
les équations du lieu de la Lune pendant un intervalle de
temps f1 court, ne permettoit guère de douter qu'on ne pût
les déterminer directement par quelques équations plus petites
& moins nombreufes que celles du lieu même, & qui ne
demandaffent pas de nouveaux argumens.
Je vais expofer à l’Académie la voie que j'ai fuivie pour
trouver ces équations; elle pourroit aifément étre employée
dans la plufpart des théories de la Lune, mais je me fuis
contenté de l'appliquer à la mienne.
Après avoir déterminé par cette méthode les formules
qui expriment les équations horaires du mouvement de 1a
Lune, jai pris la peine de calculer les Tables qu'elles in-
diquent; travail fec & rebutant, mais dont je me croirai
bien dédommagé fi fon utilité e rend agréable aux Aftro-
nomes.
Au refte, l'avantage des Tables que je donne en ce Mé-
moire ne fera pas feulement d’abrécer la peine de calculer
un fecond lieu de Ja Lune, pour avoir fe mouvement horaire,
Mém. 17 52. Ffff
30 Avril
175 5°
594 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
elles donneront ce mouvement avec plus d'exaétitude que
par le calcul de deux lieux, parce que la multiplicité des
équations des lieux de la Lune pouvant introduire quelques
fecondes d'erreur dans chaque lieu, on eft expolé à doubler
ces erreurs par les deux calculs, au lieu que trouvant ici di-
reétement le mouvement horaire par des équations où les
décimales font marquées, les cas les plus malheureux ne
pourront produire aucune erreur fenfible.
Lorfqu'on voudra calculer par les mêmes Tables un lieu
qui foit diftant d’un lieu déjà calculé, d'un intervalle moindre
qu'une heure ou un peu plus grand, on voit aifément que
Von aura autre chofe à faire qu'à prendre des parties pro-
portionnelles ; mais fi intervalle de temps étoit de plufieurs
heures, on pourroit commettre une erreur trop confidérable
en fe contentant de cette opération. Pour éviter cependant
au calculateur la peine de chercher un fecond lieu, je donne
ici les Tables qu'il faudroit employer pour corriger le lieu
qui auroit été calculé au moyen du mouvement horaire &
des parties proportionnelles. Ces équations, qui ne font qu'au
nombre de quatre, toutes aflez petites, n'ont pour argument
que des angles que l'on a néceflairement déterminés en cal-
culant le premier lieu de la Lune.
Ain: TDULCIESES :
PROBLÉME FONDAMENTAL POUR LA DÉTERMINATION
des Mouvemens horaires.
Suppofant que e fin. À repréfente une des équations quel-
conques du lieu d'un aftre, trouver l'équation qui en doit
réfulter pour le mouvement horaire du même aftre.
$ 1. On commencera par chercher la quantité dont Fangle
A, argument de l'équation propofée, varie pendant une heure,
& nommant « cette variation horaire, il eft clair que
€ fin. (À —+- à) repréfentera ce que devient l'équation € fin. À
après un intervalle d’une heure, & que par conféquent
e fin. (A + &) — 6 fin. À eft l'équation du mouvement
D'ES SICÉNE N°C2S, 9
horaire de 'aftre propolé, correfpondante à l'équation e fin. 4
du lieu: mais à la place de fin. (A + «) Von peut écrire
fin. À cof. & —- cof. À fin. &, où fin. À (1 — fin, verfe À)
+- cof. À fin. «, ou fin. À er fin, À + & cof. À,
2
Jorfque æ eft une quantité auffi peu confidérable que le doit
être la variation de À pendant une heure de temps; donc
au lieu de la quantité e ie ( + à) — e fin. À, nous
aurons en réduifant —
fin. À + ea cof. À pour
2
l'équation cherchée du mouvement horaire.
$. 2. Et lorfque le coëfficient e fera une aufñii petite quan-
tité que le font le plus grand nombre des équations du mou-
vement de la Lune ou de tout autre aftre, le feul terme
ea cof. À repréfentera avec une exactitude fuffifante l'équa-
tion du mouvement horaire, correfpondante à l'équation
e fin. À du lieu.
$. 3. Si l'équation dont l’on cherche Ia correfpondante
dans le mouvement horaire, au lieu d’être & fin. À, eût été
e cof. À, il eft évident qu elle auroit donné
— ea fin. À pour l'équation cherchée, puifque cof. (A = a
= cof. À cof. & — fin. À fin. &, où {1 ro
e 2
— « fin. À, lorfque, comme dans le cas précédent, « eft
peu confidérable,
ARTICLE Il
DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE
du lieu de la Lune.
$. 1. Pour appliquer la propofition précédente aux équa-
tions du mouvement de la Lune, lon commencera par re-
prendre lexpreflion générale du lieu de la Lune que j'ai
donnée, tant dans ma théorie de cet aftre, publiée en 1752
à Péterfbourg, qu'à la tête des Tables qui ont paru ici au
commencement de 1 À |
Gif Ffffi
596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
Expreffion du lien vrai dans l'orbite,
{ong. moy. € =— 62 17/44" in ÿ — 3! 41fn 1— 0 4fin ( 1— 9) — 1416 19"fin. (21 — 3) — 1 Bin (41 — y)
+ 12 $7 fin +39 54 Gn 2442 13 fin (21 — 23) + 43 fin. (4t— 2})
— 37 fin. 3 + 27 fin. 4f
D 10/3 5 "fin. LH 2/24 fin. — UV — 148" fn. (9 + L)— 2 44" fin (21 — L)— 3" Bin. (21 +9) + 3/27/Gn(2t — 9 — 7)
— 1/21 %fin.(25 — 210) + 1 11 /fin.(25 — 23) + 1/29 "fin. (25 — 9) + 20"fin.(22 — 2 + 27) — 27028 — y + 7)
2 2,3 in.(24 + 2) + 20" (20249) — 3 2 "fin (21— 29) — 1 in. (29 = L)H1 5"in ( 2 + )— 18 "in.(21 — 39)
+ 9 fin(21+ 2y)
dans laquelle on fe reflouviendra que
D —= long: moy. € — long. moy.apogs € 8 — Jong. moy. € — long. moy. ©
$ — Jong. moy. © — long. moy. & TZ —= long. moy. © — apog. [o]
$. 2. Onferaenfuite dans la quantité —— fin. A+ e@ cof. À,
A fucceflivement égal aux argumens y, 2y, 3y; #, 21. &c.
a égal aux mouvemens moyens de ces argumens pendant
une heure;
Enfin e égal aux coëfficiens qu'ont les finus de ces argu-
mens dans l'expreflion précédente.
$& 3. Ainfi pour fa première équation — 64 17° 44” fin. y,
on aura e —= — 64 17 44" ou — 22664": A—y:a
ou le mouvement moyen de y pendant une heure / Voyez
page 1 5 des Tables) = 32° 40", qui, en parties du rayon,
eft 0,009 503; & ces quantités fubftituées dans — <= fin. À
=
—+- ea cof. À, la changeront en + 1"fin.y — 3° 35",4 cof. ÿ,
qui eft l'équation horaire du lieu de la Lune dépendante de
Vargument y.
$& 4 Quant à l'équation du lieu + 12° $7" fin. 2y, elle
donnerae—+- 12" 57" ou 777% A—2y;a — 65 19"
où 0,019006, quantités qui fubflituées dans eæ cof. 4, (le
s a°
premier terme — <= fin. À étant en cette rencontre beau-
2
coup trop petit pour êtreemployé) donneront +- 14”,8 cof. 2ÿ
pour léquation du mouvement horaire répondante à largu-
ment 2:
© - cé mm dt tn
DRENSI SAUCE NC :E 5: 597
$. 5. L'équation — 37" fin. 3y donnera de même
— 1" cof. 3j:
_$ 6. Et comme les équations répondantes aux argumens
ÿs 23; 39 ne dépendent, à proprement parler, que de l'ar-
gument y, & qu'elles peuvent ainfi être toutes rangées fous
cet argument, ON aura
+ 0° 1",0 fin
me 8e à EN D
+ O0. 14,8 cof. 2Y
L : — ©. 1,0 cof. 37
pour former la première des Tables du mouvement horaire
de la Lune.
$. 7. L'équâtion — 3" 41" fin. ? du lieu, en faifant de
même ÀA—f, a — 30° 29" ou 0,00887,e—— 341"
ou — 22 1” dans l'expreflion «e cof. À, donnera — 2" cof. t
pour l'équation du mouvement horaire répondante à Fargu-
ment f.
S 8. Suppofant e — 39° 54" ou 2304", À = 27,
& partant « — 60° 57" où 0,017736, on aura par la
fubftitution dans — — fin. À + ê& cof. À, la quantité
0,4 fin. 22 + 42,5 cof. 27 pour l'équation dépendante
de l'argument 25.
$. 9. On trouvera de même que + 1,0 cof. 41 fera
l'équation du mouvement horaire dépendante de l'argument 4z.
$. 10. Et rangeant ces trois équations relatives à l'argu-
ment z fous cet argument, on aura pour former la feconde
des Tables du mouvement horaire de la Lune, la formule
— 2",0 cof.
— O,4 fin. 27
+ 42,5 cof. 2
+ 1,0 cçof. 4
Ffff ijj
598 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
$. 11. Quant aux équations — 0" 4"fin. { 4 — y)
—+ 2 13 fin (24 — 2})
qui forment la troifième Table de celles du lieu, on voit
bien que leurs correlpondantes dans celle du mouvement
horaire ne peuvent être qu'extrèmement petites, que la pre-
mière même ne peut donner qu'une fraction de feconde,
d'une petitefle fi exceflive, que la fubftitution eft totalement
inutile, & que la feconde ne demande que le terme ex cof. À.
Si Von fait dans ce terme e — 2° 13”, &, ou la varia-
tion horaire de 22— 2y,=— 4" 22"—— 0,00127,
on aura pour former la troifième Table du mouvement ho-
aire, l'équation — 0",2 cof. (21 27) fi petite, que lon
pourroit la négliger entièrement: je l'ai cependant employée,
mais pluftôt pour ne pas interrompre la fuite des argumens,
que pour montrer jufquoù j'ai pouflé le {crupule dans le
calcul en queftion.:
$&. 12. L'équation du lieu dépendante de Fargument
21 — y, laquelle ft — 14 16° 19"fn. (21 — y) donnera
e—œ— 1116 19" 004579" A 21—y;a — 2817"
ou 0,008 2 28; valeurs dont la fubftitution dans — 2% fin. À
2
+ ea cof. À donnera + 0",2 fin. (21 — }) — 37"7
cof. (21 — y) dont le premier terme eft encore d'une pe-
titefle bien négligeable; mais comme l'équation qu'il donne
doit par fa nature entrer dans la même Table que l'équation
fournie par le fecond terme, elle n’augmentera en aucune ma-
nière Ja peine de ceux qui calculeront les mouvemens horaires.
S1#30/13en fera de même de la troifième équation
+ 0",7 cof. (4t — 2}) relative au même argument que
donnera l'équation + 43" fin. (4f — 23) du lieu.
$. 14 C'eft-à-dire que la formule totale qui donne la
quatrième Table du mouvement horaire de la Lune fera
+ 0,2 fin {21 — })
— 377 cf (21 —
+ 0,7 cof. (4t — 2y).
DoElSy SCIE N° CE S « ‘599
$. 15. Si l'on continue [a même opération pour les autres
équations du lieu, en négligeant les huit dernières qui font
très-petites, même dans la détermination du lieu, & qui ne
donnent rien que de très-négligeable dans le mouvement ho-
raire, on aura pour l'expreffion générale du mouvement horaire
Valeur du mouvement horaire de la Lune.
32/56/20! 1/,0fin. ÿ— 2",0cof. f—0",2cof{21—2ÿ) + 0',2fnf{21— D)— 1", cor (4t—y)
3 45r4c0f Ÿ— 0,4 fin. 29 — 377 cf (21— 3)
+0 148cof2)+-42; 5 cof2# + 0,7cof(4t— 2})
—0 1,0cof. 3 y + 1,0cof4f
+ 0",5 cof.Z + 1°,3 cof. (y — Z) — 1,1 cof. (y + T)
— 28 cof. (21 — 7) — 54 co. (21 + y)
+ 19,6 cof. (24 — y — 7) — 0",9 cof. (25 — y).
600 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
AMOR AUTUC “IE L'AILE
TABLE DES EQUATIONS DU MOUVEMENT HORAIRE
de la Lune dans fon orbite.
PREMIÈRE EQUATION. Argument Y.
re)
SE DIE af pv
. 12
+3. 46,2 11
3e 471 lo
+0. 81—
3: 4719 9
+3. 45,6 cu] RE
.6
+3.492 [°° 7
+3- 497 TT 6
7123-15 052 5
+3: 50,6 4
+3 509 3
+3 SD 2
+3: S1,2 ll
+3: $1,2 o
VI.
DEUXIÈME
DES SCIENCES 6ot
[ DEUXIÈME EQUATION. NÉS Argument t.
I. IL. III. IV. V.
— 20,4 | + 22,8
|
532 + 35,8
he Er À
— 6,9 | + 42,2
LE. 8,4 | + 42,8
— 9»9 | + 4333 9
LS 11,4 | + 43,8 8
2 12,9 | +442 | 7
— 15,5 | — 41,0 |— 27,4 | + 14,3 [+446 | 6
— 16,8 | — 41,2 | — 26,3 | + 15,8 | + 44,9 | 5
— 18,1 | — 41,3 | — 25,2 | + 17,2 | + 45,1 4
— 19,4 | — 41,4 | — 24,1 | H 18,6 | + 45,2 | 3
— 20,6 | — 41,5 | — 22,9 | + 20,0 | + 45,4 | 2
— 21,8 | — 41,5 | — 21,7 | + 21,4 | H 4s,s I
— 23,0 | — 41,5 | — 20,4 | + 22,8 | + 45,5 ©
X IX VIII. VIT VI. |
CREER
602 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
TROISIÈME ÉQUATION.
Argument À — y.
o |+ 0,2 ER 0,2
—+ 0,0 | 0,2 |+ 0,2 | — 0,0
+ 0,0 [+ 0,2 |+ o,t
+ 0,1
|
LORS Sd à — D = ON LORS LD po pme mb.
H : ’
ae fl di éié B'A
D'FETS 4 OTOTET EUR SCENE 6063
QUATRIÈME ÉQUATION. ©: 4°: Argument 21 — y,
| Ofs TT MEN TT "| IV. V.
ON TI rm FN
chti,
— 8750 Vr 39 —{185 + 02 | 492 | 33,4
— 37,0 | — 3u,6 | —\18,0 | + 0,8 | + 19,8 | 433,8
3 | — 36,9 | — 31,2 MALADE 420,3 | H341|2
|— 36,9 | — 30,9 | —l16,9 | + 2,1 | 020:9 À + 34,4
[= 36,9 | — 30,5 | — 16,3 | + 2,8 | 420;
RER RL ET n à LL F2 ï
| — 368 | — 30,2 | — 15,7 | 4#+°3,5 | + 22,0
— 36,7 | — 29,8 | — 15,1 | +41 | 4°022:6
| — 367 [204 |— 145 | + 4,8 | + 23,1
ÉTAT Fate
| — 36,5 | — 28,6 F4 6,1 | 4242
|— 364 |— 28,2 |: + G7|+247
|— 362 |— 27,8 + 74 | 4252
UE : +187 } 25,8
+ 2:7 | +26,
+93 | + 26,8
+ 10,0 | + 27,2
+ 10,6 | + 27,7
+ 11,2 | H 38,1
+ 11,9 | -- 28,6
+ 12,5 | + 29,1
+ 13,1 | + 29,5
ni 16,8 | + 32,0
+174 | + 32,4
+ 18,0 | + 32,7
[+186 |+ 33
VTIT. VIT.
Geggi
— 20,7
2 | — 1,8
|
604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
V.c ÉQUATION. Argument at — y. VIe ÉQUATION. Argument 2
Of | Lee lon A V. 2 CON D RP AE PE 0 à QE < 2 D :
6|—1,8l—126|-—0,9 o|o,09|+1,6|30 o[-o,5|o,4l-ho,2| o|—0,2|—0,4|130
3|—1,8|—1,5|—0,8|+0,1|+1,0+1,6|27 3[+40,5|+-0,4l+0,2|—0,0|[—0,3|—0,4|27
G—1,8|—1,5|—0,7|+0,2|+4-1,1|4-1,6|24 6|—+0,5|+0,4|+0,2|—0,1|—0,3|—0,4|24
ol —1,8 Er 7 —o,6 +0,3 + 1,1|+-1,7 2% ol+o,s +0,4|+0,2|—0o,1 —0,3 —0,5 21
12|—1,8|—1,3|—0,6|+0,4|+1,2|+1,7|188 L12|o,s |—+0,4|—+o,2|—0,1|—0,3|—0o,5|18
15—1,7—1,3|—0,5 +05 4,375 540,5 /o,4l#o,1 0,1
18 —1,7|—1,2|—0,4 0,6 /1,3 car 8 12 AR NIAEN) —+0,1|—0,2
M—=1,7|— = 0,3 0,6 154 1,8 91 {21|—+o,5|+0,3|—+0,1|—0,2
24]—1,6|—1,1|—0,2|+0,7|+1,5|+1,8| 67 f24/—+0,4|+0,3|+o,1|—0o,2
27|—1,6 —1,0|[—0,1|+0,8|<+-1,5 ETRR si 27 40,4 —o,3|—o,0|—0,2
30|—1,6|—0,9 o|o,9|+1,6|+1,681 oÙ f30|—o,4|+0,3 o|—0,2
XI. X. °|! IXE VIT IIVT ES) OV | | XI. | X. | IX. | VII] VII. | "VI.
VIILe EQuATIoN. Argument y —z VILE EQUATION. ArgUMENt Y + Ze
Of 1 Ia TITLE) PE | VE Of Le) 17.0) 4 VE Ve
Pol+1,3 —+-1,1[--0,6 6|—0,6 5,:1[30 Fo
o|—1,1|—0,9|—0,5 o|+0,5|+0,9|30
3|+1,3|+1,1|#o0,6|—0,1|—0,7|—1,2|2 3|—1,1|—0,9|—0,$|+o,1|+0,6|+1,0|27
6|+1,3|+1,0|+o,s|—0o,1|—0,8|—1,2|24
6|—1,1|—0,9|—0,5|+0,1|+0,6|+1,0
9|+-1,3|+1,0|+0,5 |—0,2|—0,8|—1,2|21 Fo Lo,7
12|+1,3|+1,0|+0,4|—0,3|—0,9|—1,2|1814 fr2|—1,1|—0,8|—0,4|+o,2|+0,7|+1,0
151+1,3|+0,9|+0,31—0,3|—0,9|—1,31158 Disl—1,1|/—0,8|—0,3|#0,3|+0,81+# 1,1
Le off 02 to ras
9|—1,1|—0,8|—0,4|+0,2|+0,7|+1,0
21|+1,2|—0,8|+0,2|—0,5|—1,0|—1,3| 9Ù f21|—1,0|—0,7|—0,2|+0,4|<+0,8|+1,1
24|+1,2|+o,8|+o,1l—o,5|—1,0 —1,3| 6! f24|—1,0|—0,6|—o,1|<+0,5|+o,g|<+1,1
27 +1,2|-+-0,7|+-0,1|—0,6|—1,1|—1,3| 3 27 —1,0|—0,6|—0,1|+0,5|+o,9|+1,1
30|+1,1|—+o0,6 o|—0,6|—1,1|—1,3| où f30|—0,9|—0,5 o|+-0,5 |+0,9|+1,1
NEA CNIL EX INVITE VIT AIME
XI X. | IX. VIII, | VII | VI.
| ml = DIN
O WA bit co — |
DES S'CTENCES. 605
IX EQuATION. Argument 2t— y. X.° ÉQUATION. Argument 2t + Ye
RE ST
où! I nn. | TX. IV. | Y.
I. I. | III. | IV. | Y.
—54|—47|—2:7| oÙ+2,7l14,;
— 45 |—2,4|+0,3|+2,0|+4,8
—5,4|—4,4|—2,2|+0,6
TT ÿ»3|—42|—1,9 0,9 3,4 5,0
jr3|—40|—1,7|+1,1 43,6 45,1
—5,2|—3,8)—1,4|+1,4|13,8|+ 6,2
3
F8] 5,1 —3:6|—1,1|+1,7|+4,0|+5,
21|—5,0|—3;4|—0,9|—+1,9|+4,2|+5,
—2,8|—2,4|—1,4| o|+1,41+2,413
LA
—2,8|—2,4|—1,2|+0,1|+1,5|+2,5|27
—2,8|—2,3|—1,1|+o,3|+1,6|+2,5|2
—2;2|—1,0|—0,4
aw ol
|
LA
+
+1,8 2,6|21
—2,7|—2,1|—0,9|+0,6
—2,7|—2,0|—0,7|—+0,7
+19 |+2,7|18
—-2,0|+2,7|15
= =
A D
= | = =
| D © a w ©
©
CO
24|—4,9|—3,2|—0,6|+2,2
27 —4,8 —2;9|—0,3 172,4 4,5 +554 4
30|—4,7|—2;7 0|+2,7|+-4:7 mb 7 2 D
XI | x. | 1X. var. vi] vi |
SES A EC CO ENTREE
27|—2,5|—1,5
30|—2,4|—1,4
ML MTL. VAN:
For ral to,8l o|—0,8|—1,4
3|+41,6|+41,3|+0,7|—0,1|—0,8|—1,4
6|+1,6|[+1,3|+o0,7|—0,2|—0,0|—71,4
lo +1,6|1,2 +-0,6|—0,3|—1,0—1,5|21
18 La XILe & XIIIe
AR IPEIE Ge Th LE UATIONS nulles,
15|+1,5|+1,1|+o,s|—0,5|—71,1 I Arg. s—t Ag, S — y :Q
18 +1,5/+1,1/[+o0,4|—0,6|—1,2
21|+1,5|+1,0|+0,3 | —o0,6|—1,
24|+1,4|—0,9|+o0,2|—0,7|—1,3|—1
27|+1,4|+0,8| 0,1 —0,7|—1,3|—1,
30|+1,4|+0,8 o—0,8|—1,4|—1,
606 MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
: QUATORZIÈME ÉQUATION.
| Apauinent 28 —— y.
BLES of Hell ë
ST III, IV. Va
+ 0,4 | 0,8. |
— 038. 0,4 0,
|
— 0,4 | 0,0
— 0,3 [+ O1 [+ 0,5 |+ 0,8 | 21:
0,6 [— 0,3 |+ 0,2 [+ 0,6 [+ 0,9 | 18
— 0,6 |— 0,2 |—+.0,2 Ë vélo 15:
0,6 |— 0,2: |+ 0,3 | 0,6 | + ‘0,9 12,
0,5 [— 0,6 |+-0,3 [+ 0,7 | 0,9
0,5. |— 0,1 0,424 0,7 |+ 0,9
IX, | VII. | VII.
DES SCIENCES. 607
AAITAGEE IV.
DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE
de la longitude de la Lune.
H eft évident que la variation horaire de {a longitude de
la Lune ne peut diflérer de celle de fon lieu dans l'orbite,
que par la variation de [a réduction à l'Ecliptique: on n'aura
donc autre chofe à faire qu'à reprendre l'indiinaifon de lor-
bite & l'argument de la fatitude, qui ont été déterminés
dans le calcul du lieu de {+ Lune pour l'infant propofé,
lequel calcul a précédé celui du mouvement horaire; ajoûter
enfuite à cet argument de la latitude la variation horaire
moyenne de cet argument, laquelle eft 33° 4”,4, & y
appliquer en outre le réfultat des équations de la variation:
horaire du lieu de la Lune : car cette opération donnera le
nouvel argument de la fatitude pour l'inftant qui fuit d'une
heure le premier lieu calculé, & par le moyen de cet argu-
ment & de la même inclinaifon d’orbite on aura la nouvelle
réduction à l'écliptique. Il eft vrai qu'on néglige dans cette
opération les petites corrections que pourroient apporter la va-
riation horaire des noeuds &TCélle de l'inclinaifon de l'orbite:
mais ces corrections qui, comme on le va voir, font à peine
fnfibles dans le calcul de la latitude, font entièrement négli-
geables pour la réduétion à Fécliptique,
ARTICLE V.
DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE
de la laritude de la Lune.
$ 1. Pour trouver d’après mes tables de la Lune, la quan-
tité dont la latitude de cet aftre varie en une heure il eft
évident qu'il faut commencer par calculer les changemens
que les cinq équations de l'argument de la latitude & les
trois de Finclinaifon peuvent fubir pendant cet intervalle de
temps, enfüite examiner la variation que peuvent auffi éprou-
ver dans le même temps les huit dernières équations ou cor-
retions de la latitude.
608 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
$. 2. Soient donc reprifes premièrement les équations
+23" fn 9 + 7/21" fm 2t — 10 23" fn g — 1429 49" fin. (25 — 24]
H 1 8 fin, (4s — 41)
—7 afin: 25.
de l'argument de fa Jatitude, & cherchée la correfpondante
de chacune de ces équations pour le mouvement horaire,
ex
© fin, À + ea cof. À de
au moyen de la formule — -
l'article premier, laquelle formule fe réduit en cette rencon-
tre au feul terme ea cof. À, le premier ne donnant que des
quantités trop petites pour y faire attention.
PRIE Cette opération ne demandera autre chofe que de
fubflituer dans =— ea cof. À fucceflivement à la place
de C, + 2/ Du : +721 : —10/23" se 1929! 49" : RP Te : — 72"
de À J 2t ra 2S$ —2/ 45 —4t, 25
de & 32/40” 1d 1° 2! 28" 5127 10/24" 14 6?
ce qui donnera pour la variation horaire de l'argument de
la latitude dépendante des équations du nœud,
L 17,2 cof. Ÿ +7"; 8 cof 2 # — 0", $ cof. ? — 8, 1 co (25 — 21) —8/, 1 «of 25
+0 2 caf (45 —41)
dans laquelle les équations + 1",2 cof. y — 0”,5 cof. 7
—+- 0",2 cof. (45 — 4t) peuvent être entièrement négligées,
vû que les corrections qui en réfulteroient pour la latitude
devant étre environ onze fois moindres, (à caufe que le
finus de linclinaifon ne s’écarte guère de) feroient excef.
fivement petites.
$. 4. Soient reprifes maintenant les équations de l’'inclinai-
fon de Porbite
— 41" cof. 24 8° $" cof. (25 — 21) +38" cof. 25
dans laquelle on a omis l'équation 0’ 9" cof. (45 — 41) à
caufe de l'exceflive petitefle de celle qu'elle pourroit intro-
duire'pour la variation horaire, & foit fubftitué fucceffivement
dans la formule — — cof. ÀA— ea fin. À ou fimplement
- fouffrir finclinai{on ,
De FSU SUOE NN: Es Go)
— £a fin. À donnée (article premier, $ 3) à Ha place
de e les nombres — od o’ 41”; 8° s'; Dors 8"
de À les angles 24: 25 LS 25
de « les nombres 1d 1’; an 2m 0
on aura les trois équations ;
+ 0",7 fin. 2€ — 0",7 fin, (25 — 21) — 0",7 fin. 25
pour la variation horaire de l'inclinaifon de l'orbite.
$. 5. Il neft donc plus queftion pour favoir la variation
horaire de la latitude réfultante des équations de l'argument
de la latitude & de celles de l'inclinaifon de l'orbite, que de fa
déduire de la correction + 7",8 cof. 21— 8",1 cof.(25— 21)
— 8",1 cof. 25, del'argument & dela correttion +- 0",7fn. 24
— 0,7 fin. (25 — 21) — 0",7 fin. 25 de l'inclinaïfon : or
il fera bien aïfé d'employer ces corrections au moyen d'un
lemme dont j'ai déjà fait ufage pour une pareille occafon,
en expliquant fa conftruétion de mes Tables de la Lune *,
Ce lemme apprend que fi @ repréfente la correction qu
faut faire à l'argument de la latitude, & + celle que doit
® cof. arg. * fin. incl. + Y co£ incl, *X fin. arg. : fe a
cof. lait,
celle qui en réfultera pour la latitude.
$S 6. Avant de fubitituer dans cette formule à [a placé
de @ & de y, les termes +- 7,8 cof. 21 & + 0”,7 fin. 27;
— 8",r cof. (25 — 21) & — 0",7 fin. (25 — 21)
— 8",1 cof. 25 & — 0",7 fin. 25, on remarquera que
vû Ja petitefle des quantités à füubftituer, on peut, fans er-
reur fenfible, prendre le raÿon pour le cofinus de la latitude
\f
& pour celui de l'inclinaifon, & pour le finus de
J1,1
Yinclinaifon.
$. 7. Par ces fimplifications très-permifes dans l'opération
o
préfente, la formule à employer fera Te cof. arg. y fin. aïg.
Men. 1752, . Hhhh
* Vo. cdi:
‘il Page 1 52:
Pa)
6ro MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
où —— cof. + €) + y fin (5 + e),en nommant,
comme dans mes Tables de la Lune, e l'équation de far-
gument moyen de la latitude, c'eft-à-dire, la fomme des
équations du lieu de la Lune, & des cinq équations précé-
dentes, dûes au mouvement du nœud.
$ 8. Si Fon fait à préfent la fubflitution qu'on vient
d'indiquer , on aura pour les équations réfultantes, c'eft-à-dire,
pour la correction cherchée de la latitude, les équations
+ 0/,7 cof. 21 cof fs + €) — 0/7 cof.{25 — 21) cof{s + e) — 0/7 cof. 25 cof.{s + €)
+ 0, 7 fin. 2/fin.(s + €) — 0,7 fin. (25 — 21) fin. (5 ++ €) — 037 fin: 25 fin. (s + 6)
lefquelles fe réduifent aifément aux trois fuivantes
2 of oh (at —"s — 6) og caf Pat — 8 +0) og c0û (4)
& ces corrections, les feules que demandent pour le mou-
vement horaire les huit équations, tant de l'argument de la
latitude que de Finclinaifon , font fi légères, qu'on pourroit
aifément les omettre fans fcrupule.
$. 9. Refle enfin à examiner la correction de fa latitudé
que peut demander fa variation dans es huit petites équa<
tions ou corrections de la latitude
— 12"fin{s —y— 6) — 23" fin. (5 — 25 — e)
— Afin. {21— 2) HS HE) — 2 2"fin.fs = 25 —+- y)
+23" fnfse— 217) +4 11 finf/2t4 gs —c)
= "fin {2H 275 ce) + S"finf2r +y—5s #0),
opération qui ne demande que de fubftituer dans éà cof. À
à la place de À, les angles (5 — y —e), (5 — 2y —e),
(2t = 2y +4 5 + c), &ec à la place de 4 les variations
horaires de ces mêmes angles, & à la place de & les coëfficiens
on —— 29 — 4, dc. |
Le calcul fait, on aura, en omettant plufieurs équations
dont la petitefle eft exceflive,
+ 0",2 cof.(s — 2y— €) — 0",2@f/5—e—21+ 7)
+0",1cof./21+-7—5+e) #0", 1cof./214-y—5 He);
Jefquellés font encore plus négligeables que les trois du £. 8.
tatin
M EG LSLGUME AN É E tx)
Cependant en faveur de ceux qui ne voudroient pas néoli-
ger lerreur que ces fept équations pourroient caufer, quoique
dans les cas les plus malheureux elle ne montät guère qu'à
1", jai drefié les tables fuivantes.
AR Tr CRE + | Vol
TABLE DES CORRECTIONS DE LA LA TITUDE
pour le Mouvement horaire.
Lre EQUATION. Ang. s — y — e nulle.
ILe EQUATION. Arg. s — 2yÿy — €.
JILe EQUATION. Arg. 2t — 2ÿ + se I
IV. EQUATION. Argument s — 2t + y DAT
V.: EQUATION. Arg. s — 2t-+-2z—e.
RS +)
| or L'FU 9 nr. | IV. Y.
+ 0,2 .
(l
Flo
+01 | + 0,2 [24
L
ss
+ 0,0
+ 0,0 0,1 | + o,2 |18
+ 0,1 0,1 | 0,2 |12
+ 0,1 | + 0,2 | + 0,2
+ 0,1 | + 0,2 | + 0,2
vu. | VIL | vi
612 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE
VIe EQUATION. Arg 2t-4 2 —5+ e.
VILeEQUATION. Ar, 2t4- 2zZ—5$-+ € nulle.
VIILe EQUuATION. Arg. 21+ÿ —5s + e
Of
ol Ho,
6| + 0,1
12| + 0,1
Halo eo ER le
24| + 0,1 | + 0,0 | # 0,0 | — 0,0
30|+ 0,1 | + 0,0 O |. — 0;0
— ——
Neal ENS LOVE
IX.e EquaTIOoN:
HUE SR AS EN CE 5 613
X.e EQUATION. Argument 2t — s + €
AR TMÉFCULE SE. CIN D Î
EXEMPLE DE LA MANIERE
d'employer les Tables précédentes,
On demande le mouvement horaire de la Lune, tant
dans l'orbite qu'en longitude & en latitude, pour le 15
Décembre 1741, à 6P 15° 31", temps moyen.
Mouvement horaire dans T'orbite.
Comme l'on n’a guère lieu d'employer le mouvement
0 o » Ce re » . .
horaire de la Lune, que lon n'ait befoin d'avoir aufli le lieu
de la Lune, la détermination des argumens y, £, 1 L2
24— y, &c: pour linflant propolé, ne doit pas êire
Hhhh ii
* Ce lieu a été
mis en exemple
ë la fin de mes
Zabl CS
614 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
proprement regardée comme une partie de l'opération, mais
comme un travail préalablement fait,
Soient donc repris d'après le calcul du lieu de la Lune pour
le 15 Décembre 1741 *, à 6h 15° 31", temps moyen,
les argumens y, , t — y, 2t— y, 41 NT I + La
21— 7,21 21 —7Y — 7, 25— 7, & écrits les
argumens ainfi qu'on les voit dans la table ci-jointe.
Soient cherchées enfuite par les tables précédentes, les
douze équations répondantes à ces douze argumens, obfer-
vant, comme dans les autres opérations du calcul des lieux
de la Lune par mes tables, de mettre les équations pofitives
dans une colonne, & les négatives dans une autre,
Cela fait, on fommera ces deux colonnes d'équations ;
on retranchera la plus petite 1° 22",2, de [a plus grande
2.205000 appliquant l'équation réfultante + 2° Sr
au mouvement horaire moyen 32° 56", on aura 35° 3”,3|
pour le mouvement horaire de la Lune dans fon orbite à
linftant propolé.
Ainfi fi l’on ajoûte cette quantité 35° 3",3, au lieu de
Ja Lune précédemment calculé 11 254 48’ 20",0on aura
11{ 264 33° 23" pour le lieu de la Lune, le 1 5 Décem-
bre 1741, à 7h 15' 31", temps moyen,
RONGEURS
On appliquera les mêmes fommes des équations horaires ;
+ 2° 7",3, à la variation horaire 33° 4”,4 de l'argument
moyen s de la latitude, & fon aura 35° 11°,7 pour la
variation horaire de l'argument vrai de la latitude.
Ajoûtant cette variation à l'argument vrai of 94 34° 10"
précédemment calculé, on aura of 104 9° 22° pour F'ar-
gument vrai à 7h 15° 31”, & par le moyen de cet argu-
ment & de linclinaifon d'orbite précédemment déterminée,
laquelle étoit de sd 17° 2", on aura, foit en employant les
tables de réduétion ou la trigonométrie fphérique, la nouvelle
réduétion à lécliptique + 2° 32" qui, appliquée au lieu
gif 264 23° 23", donnera 11f 26 25° 55" pour la
DES SCHENCES 61$
fongitude cherchée le 1 5 Décembre 1741, à AUTS SU
temps moyen.
LU A AT UT NO JDE:
Avec le même argument vrai de la latitude of 104 9"
22", & la même indinaïfon $4 17 12", les tables ordi-
naires de la latitude, ou la trigonométrie fphérique, donne-
ront aifément la latitude cherchée, laquelle fera — sdr2'1”,
& cette valeur, en y appliquant les + 14" de 11 correc-
tion de la latitude trouvée dans le précédent calcul du lieu
de la Lune, devient — $d 11° 47", qui pourroit être
prie fans erreur fenfble pour la vraie latitude de la Lune à
Pinflant propolé 7h 1 5’ 31", à caufe de l'extrême petitefle
des fept équations qui en donnent {a correction.
Si l'on veut cependant favoir à quoi peuvent monter ces
pt équations, on commencera par reprendre les quatre
premiers argumens s 2} — 0 S— 2147 — 6,
DES He, 214 29 5 + e de ces fept
équations qui ont été calculées pour la latitude du premier lieu
de la Lune. L'on formera enfuite les trois derniers 5 —— 4 ;
28 —S HE, 21— 5 — e, dont le premier a déjà
été employé en cherchant les argumens de la latitude de
Ja Lune, & les deux autres le peuvent ètre de différentes
manières par le moyen des mêmes argumens.
Ces fept argumens étant écrits, on cherchera paï les fept
dernières des tables précédentes, les équations qui y corref-
pondent, & les réduifant , on aura pour la correction à appli-
quer à la latitude précédente + 0”,1 qui tout au plus ne mé-
ritéroit d'être employée que dans le cas où l’on voudroit par
le mouvement horaire déterminer celui de plufieurs heures.
Au refle, on voit combien le calcul des mouvemens horaires
eft fimple par cette méthode, puifqu'une bonne partie de
Fopération qui confifte dans la difpofition & dans le calcul
des argumens , peut être entièrement épargnée en écrivant les
équations fur la feuille même fur laquelle on a calculé Je pre-
mier lieu, ce qui eft fort aifé fi lon a obfervé en calculant
ce lieu, d'y laiffer un peu de marge, puifque les équations
horaires font toutes fort petites,
616 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
AVR UNoGMLRE CV: T'T LE
MANIERE DE DETERMINER LE MOUVEMENT
de la Lune pendant plufieurs heures, fans prendre
la peine de calculer deux lieux de cet affre.
Le mouvement horaire de la Lune donneroit par une
fimplè multiplication fon mouvement pendant plufieurs
heures, fi, en déduifant les équations du mouvement horaire
de celles du lieu au moyen de la formule — <— fin. À
+ ea cof. À (article 1, $: 1.) on avoit toüjours pû fe con-
tenter du feul terme eæ cof. À ; car il eft évident que toutes
les équations du lieu, qui fe trouvent aflez petites pour que
j . à : eæ
. on puiffe négliger le premier terme —— fin. À, ne donne-
ront que des équations horaires fimplement proportionnelles
à &, & feront par conféquent doubles en deux heures, triples
en trois heures, &c.
Mais comme il y a quelques équations dans lefquelles on
2
. . ex .
a befoin de faire entrer le terme — fin. À, qui eft propor-
2
tionnel au quarré de «, c'eft-à-dire, au quarré du temps dans
lequel on cherche le mouvement de la Lune, il faut déter-
miner ce que dans l'intervalle propolé, ces termes peuvent
ajoûter au mouvement qu'on auroit eu en multipliant le
mouvement horaire par le nombre d'heures propolé, fuppo-
fant toutefois que ce nombre d'heures foit peu .confidérable,
comme 4, 5, 6 ou 7; car pendant un plus grand intervalle,
la quantité & qui a été introduite au lieu de fon finus, en
différeroit trop en quelques cas, pour que même le terme
e& cof. À pût fe conferver proportionnel au temps, & d'ail-
leurs beaucoup d'équations qui n’avoient pas été employées
à caufe de leur petiteffe dans le caleul du mouvement horaire,
deviendroient en cette rencontre trop confidérables pour être
négligées.
Choififfons fix heures pour le temps pendant lequel on
demande
DER SM IST ENT EN" CC É 5) 617
demande le mouvement de la Lune, & reprenons toutes
les équations du lieu qui peuvent mériter l'attention d’em-
q n
e 5 û
ployer le terme — rt À; on verra qu'il n'y a guère
de ce nombre que les équations
— 68 17" 44" fin. +39! 54" fn. 21— 1416! 19"fni (24 —9)— 3! 18e (219)
+0 12 $7 fin. 2Y \
L ea
& fäfant fucceflivement dans —— {= fin. 4
2
À égal à», 29, 21 21 — 3, 21+9
€ Égal à 2 Ga 1744"; + r2157/: 2e 39 54" — 1816 19"; Se NL
& & Égal À za 15 8"; Ga za 57"; GA 3 45" 3 28 49 45" 3 où 2° qu”
qui font les variations des argumens y, 2, 24, 28 — y,
24 y pendant fix heures, on aura pour l'expreffion cherchée
+ 361 fin » — 135 fin 26 + 5,6 fin. (24 — y) + 2,6 fin (21 +-9)
— 5,0 fin. 2
d'après laquelle j'ai conftruit les tables fuivantes.
Et il eft évident qu'ayant réduit les quatre équations que
s donnent ces tables pour linftant propolé, & appliqué leur
réfultat à la fextuple de la réduite des équations horaires, on
aura la fomme totale des équations horaires du mouvement
de la Lune pendant les fix heures qui fuivent l'inflant pro-
pofé, à cela près du double emploi des très-petites équations
+ 1"fin.ÿ -— 0",4 fin. 21 + 0",2 fin. (21 — y), dont
on a fait ufage dans les équations horaires, & qu'il faudra
retrancher ici fi fon ne veut. pas négliger l'erreur que l'on
peut commettre par ce double emploi ; opération extréme-
ment aifée à. faire en diminuant d'un 3 6e l'équation réful-
tante de 1
+ 36",r fin y — 13",5 fin. 27, &c,
— 5,0 fin. 2.
Pour un autre nombre d'heures moindre ou peu au deffus
de fix, on commencera par retrancher, comme l'on vierit
de le confeiller dans le cas de fix heures, de la fomme des’
équations horaires, la 36e partie de l'équation réfultante
des quatre tables qui fuivent ; enfuite, après avoir trouvé,
Mém. Len 2 Liij
618 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
foit au moyen des tables de Street , foit de toute autre ma:
nière, la quatrième proportionnelle à fx heures, au temps
donné & au mouvement horaire ainfr corrigé , l'on appli-
quera à cette quatrième proportionnelle celle dont les trois
premiers termes font trente-fix heures, le quarré du temps
propolé, & l'équation réfultante des quatre tables qui fuivent
(opération auffi aifée que la première par les tables de Street, )
& l'on aura la fomme des équations lunaires pour le temps
propoé,
DES SCHENCE Ss 619
ARENE L EE XX,
LA BR LES VPONUERN SU: P'P'L EVERY AUX RERO IC FR DL EENN NES
lorfqu'on cherche le mouvement de la Lune pendant un intervalle de Plufieurs heures.
PREMIÈRE EQUATION. Argument y. DEUXIÈME EQUATION. Arg. t.
PES RP SE RER EME © ne
— VI. : $
+IV. | LV — Of
36,2 | 22,7 [30 Vo 0 30
3 559 22,1 |29 1 0,5 29
sise 21,4 28 2 0,9 28
35,4 | 20,7 27) À 3] 1,4 27
3531 20,1 |26 4 1,9 6
348 | 19,4 |25 5| 2,3 5
345 18,7 |24 6| 2,8 12,9 10,0 24
34,2 | 18,0 |23 7| 33 | 130 | 9,7 l23
33,8 pr NE 8 3:37 | 13,1 9,4 Ë
379 | 33:5 | 16,5 |21 9-42. | 13,2 9,0 |21
3719 | 331 | 15,8 |20) Mio| 4,6 | 13,3 8,7 |20
38,0 ETS 15,1 |19 Lil 51 13,4 8,3 |19
38,0 | 32,3 | 14,3 |18 PES INT 1324 7:9 |18
fa 349. 13,6 117] 13/7 5,9 | 13,5 7:6 |17
38,1 | 31,5 | 12,8 |16 A NTIC 7206:
6,8 "13,5 6,8 |15
732 1355 6,3 |14
É7|2776.1). 50) "5-00
12
;
10
9
8
|
ROUES + da
DR RER ES REG TOUL PONS 2 SOIT
6>0 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE
TROISIÈME EQUATION. Argument t — y nulle,
JV. EQUAT. Arg. 21 — y,
DV ESVET. | VIIL.
CON HE AIT
lo! o 2,8 4,8 3e pi «
3 ER EE | 5,0 |27] V.e EQUAT. Arg. 4t — y.
et Hi Fed 24 VIe EquaT. Arg, 7:
9| 0,9 5 SORTIE ie
12|- 1,2 | 367 | 5,3 |:18) VILE EqQua. Ar y — 7, pnulles
LR DA VIILe Equ. Ag y +
1 op 4,2 55 192 F |
21 2,0 | 44 | ds 9 IX. EQUAT. Arg. DENT
24) 23 45 | SN M
27 2,5 TE 50:12
30| 2,8 4,8 5,6 o
X.e EQUAT. Aro, 2 1 + y
a
MVL VAL -SNNIT
LS 9 0 ETES 1 re PE 1
Ho. o fee 272
3 “© , 1 1,4 2,3
6 0,3 1,6 2,4
Lo 0,4 1,6 J 2,4
12/1 0;5 197 255
15|1-0,7 1,8 2,5
18 0,8 mr 1,9 2,5 12
21 0,9 2,0 2,6 9
24. 1,1 2,1 2,6 6
27 152 2,2 2,6 3
BORIS DA 2,6 ©
HV. [IV | HU
Al LX,
Re Un ee OU 9 0)
D: ÉISULS CRE IN CE x 62t,
PORC EOCRUE | À,
EXE MBRLENDE LA MANIERE
d'employer les Tables de l'article précédent.
On démande le lieu de la Lune, fa longitude & fa latitude,
4h 47" 21" plus tard que le lieu calculé dans l'exemple
des tables / Woyez la Table ci-jointe).
On reprendra les argumens y, #, 21 — ÿ, 26+- y du
calcul de ce lieu, & avec les quatre tables précédentes on
trouvera es équations qui y répondent, lefquelles donneront
étant réduites + 23",7 pour la partie de l'équation cherchée
qui eft proportionnelle au quarré du temps, en fuppofant que
l'intervalle foit de fix heures.
On retranchera la 36m partie de cette équation de l'é:
quation horaire calculée dans l'exemple précédent, ce qui
donnera + 2° 6",7 pour déterminer la partie de l'équation
cherchée qui eft fimplement proportionnelle au temps.
On prendra enfuite le nombre qui eft à 2° 6”,7 comme
ahà 4h 47 27", ce qui fe peut faire aifément par les
tables de Street, & ne demande autre chofe que
1. De multiplier 2° 6”,7 par 6, & écrire le logarithme
logiftique du fextuple 12° 42,2.
2. De placer le logarithme logiftique de 4h 471 deffous
ce premier logarithme , en obfervant d'ôter la première figure
à caufe que lon a multiplié par 6 & non par 60. |
3° De prendre la fomme de ces deux logarithmes fogif
tiques, & de trouver le nombre qui lui répond, lequel fera
la proportionnelle cherchée.
Cela fait, on prendra une partie de l'équation 23,7,
ou 23° 42°", qui foit en mème ralfon avec le total que le
quarré du temps propolé 4h 47" + eft au quarré de 6h, ce qui
exige feulement de doubler le logarithme logiftique précédent
0979 de 4h 47'+, & de l'ajoüter au logarithme logiftique
4052 de 23" 42"; car la fomme 6oro de ces deux
nombres devient le logarithme logiftique du nombre cherché
Tiii ü
622 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
qui eft ainfr de 15" 2° ou 1 $",0 : ajoütant alors ces 15”
aux 10° 6",7 déjà trouvées par les équations fimplement
proportionnelles au temps, on aura + 10° 21",7 pour l'é-
quation totale pendant le temps propolé,
On appliquera alors cette équation au mouvenient moyen
de la Lune pendant le même temps, & l'on joindra leur
réfultat au lieu de Ja Lune précédemment calculé ; la fomme
fera le lieu vrai de la Lune pour l'inftant propoé : appliquant
pareillement cette même équation + 10° 21",7 à la varia-
tion moyenne de l'argument en latitude pendant le temps
propolé, & ajoûtant leur réfultat à l'ancien argument vrai de
la latitude calculé pour le premier lieu, on aura le nouvel
argument de la latitude, qui, avec l'ancienne inclinaifon de
Vorbite $4 17° 2", donnera, tant la nouvelle réduction à
l'écliptique +- 3° 3" que la latitude — 54 8° 26”,
Or cette réduction appliquée au nouveau lieu dans l'orbite,
donnera la longitude vraie de la Lune pour l'inflant propofé.
Et la correction + 14" de la latitude calculée dans le
premier lieu, étant appliquée ici à la latitude qu'on vient de
trouver, donnera la nouvelle latitude de — $ 4 8” 12", qui
fera la vraie pour le temps propolé, fi on veut négliger,
comme il feroit très-permis de le faire, ce qui rélulte des
fept petites équations de l'article V.
Si cependant lon ne vouloit pas négliger ces équations ;
on les reprendroit de l'exemple précédent, où lon a vü
qu'elles ne montoient qu'à - o",1 pendant une heure, &
multipliant cette quantité par $ (parce que 4h 47'+ ef
fort voifin de $ heures) on auroit pour la correction préfente
+ 0”,5, qui appliquée à la latitude — 54 8 12° qu'on
vient de trouver, donneroitenfm — 54 8° 11”,5 pour la
latitude demandée,
EE
ee
+ 12. 42,2 Pour 6 heures.
Mém, Acad, Roy, des Sc. année 1752, p, 622, Pl 2r,
CaAzcuz pu LIEU DE LA LuNE à 4h 4721", plustard que fe lieu
déjà calculé pour lirs Décembre 1741,à 68 15° 31", temps moyen.
Arg. de l'ancien lieu.
Equations por ces ang.
1 y sh 5’ 46"| + 18/,9
2 L 3e Sr ! 2,3 Mouy. moy. de la Lune: Rae
A AR ER NET >! 4h24 117 46/,0....2d 12! 18/,0
PE LES 2857) 1 og SOLS 120 CICICIOROIC EC 06 470. 25. 48,20. 25. 54,5
+ 24,3 217, 0, OO 11,5 IS
Core 2. 37: 457 2.38. 24 0
E'q: pour 6 heur. & prop. au quarré du temps: + 23» 7 OU 2 3! 42!
+ 2° 7,3 Equat. hor. précéd. calculée.
— 0,6 36e partie de l'E‘quation prop, au quarré du temps:
+ 2. 6,7 Equat. hor. prop. au temps.
6
Son log. logift...
6754 Log. logift. 23” 42/5., 4052
Log. logift, 4h47 rop7o ........... Son double 1958
Equation prop. au temps pour
l'intervalle 4h 47. . 10/
.....
+ 15,0
Edq- tot. pour le temps donné. + 10. 21,7.
- 24 35° 457
Mouv. moy. de la Lune
pour le même temps.
Mouv. vrai € 2. 48.
Lieu précéd. €
219,
Lieu vrai de la Lune pour le
moment propose. : : : . . -
réd.
11. 28. 36. 27, 0
+3: 3,0
Long. vraie € 11, 28. 39- 30, ©
6 re
r1f 25. 48. 20,0
CE SON TERRES
Eïquat. prop.
au quarré du
temps. 15” 20, ,. 6o10
7733
bo cR-Miod2l7
24 38. 24,0 Mouv. moy. des:
Mouvement vrai de l'arg:
æ 48. 46, 0 de la latitude.
of 9. 34. 10,0 Arg. vrai précéd.
Argument vrai pour Îe
9e 12. 22e 56 O moment propofe.
5 17: 2,0 Première inclin.
Donc réd. à l'éclipt. + 3° 3"
Donc latit. — 54 8. 26
Ancienne corr. + 14
— 5. 8. 12
Pour Je multiple de
la corr. horaire... + 0,5
Vraie lat. pour Je moment propofés, =— ÿ* CERN 135
Cazcuz où MouvEmeNT HORAIRE DE LA Lune,le 15 Décembre 1741,
à Gh 15" 31", temps moyen.
Ejuarions du Mouvement horaire
Argunens pris du lu caleul
RE es de la Lure.
pour le même jour.
x D AIS EP RENTE
2 € 3: San n......—0 40,7
3 y 9: 29. 15 MODE Co LC
al 2—7 1. 4e 17 [ses 0 30,8
DR JUNE TA CORTE
6 t S- 15: 56 DB OO | LH
7 DE Ti 11, 19. 50 oO. 1,3
8] y lio. 21. 42 Modo cu EE
9IR2ET 0, 24. 7 eus oles, Os 2,
10] 21<+y.|11. 15. 49 ans nt (0 5,2
a1]2—y—2| 7 18. 21 snesce Os NyiL
14] 25 —7 1 21. 33 fessier O0 0,$
7
+ 3: 29,5 —1. 22,2
— "1. 22,2
+ 2 73e...
32 56,0.
hdoochon ar
Somme des Eq. hor.
33- 54 4 Mare
Mouv. hor. moyen
Mouv. horaire vrail 35: 3,3 35: D 7n ba
Premierlieu calculé 11° 254 48. 20 9! D 34e 10 Premier spument
lea latitude.
11. 26. 23. 23 ge 10. 9. 22 Nouv. ag vni
Lieu vrai use heure après ;
d'el-idire, le 13. Décembre
- 3741733" 31" temps moy. z
+2. 32réd. Se 17° 2 ‘Ancienne Indlim
Long. vraieaumêmeinft, 11. 26. 25. 55 Donc +2. 32 réd.
"Et— 54 12° 1"Larirode
—0. 00. Ancienne cor.
s CORRE rrécéd.
Vie lie.
pour le SU A7.
Ange peur la corr. or, de la latit. | E. hor. de la lat.
2] s—2y—e iif Gil + oz moin. propos
sls—e—2+2 8. 24 o
él2zrt3—s+el z 8 o
B|zc+y—s—+e| 1. 28 o
9 s—e 9. 180-... — 0°,2
10! 22—s+e | 8. 22 + 0”,1
1: at 5)" 9
+ 2
6
+ 12. 42,2 PourGheures. Sonlog.logifl.… 6754 Log. logift. 23 42/5, 40$2 |
Log. logift. 4474. 10979 .. . Son double 1958 |
Equation prop. au temps pour
er le 4h 477. on té 7733 15 2. 6010
Mëm, Acad, Roy, des Sc. année 1752, ps 622, PL 2r,
Cazcuz DU LIEU DE LA LunE à 4h 47! 21", plustard que le lieu
déjà calculé pour le 1 $ Décembre 1741,à 6ht 5’ 31, temps moyen.
Arg. de l'ancien lieu. || Equations poùr ces arg. À
LM M CA IE CET
EN Es 313 Maur ma de lame: O0 E me À
4lat —y| 1 4 17 31 Ahaad 117 460.19 12! 18/0
10/21 + ui. 15. 49 sers — 006 47/0 25. 48,200, 25. 54,
+ 243 21/0, où 11,5 11,$
an 3:37: 457 2
8, 24,0 |
E‘q: pour 6 leur, & prope au quarrédu temps. + 23» 7 OÙ 23! 42"
+ 2 73 Equat, hor. précéd, calculée,
— 0, 6 36e panie de l'Equaion prop. au quarré du temps
6,7 Equat, hor. prop. au temps.
Eqz tot. pour le tempsdonné. + . 10! 21,7
Moifsmey: dela Lu
Mer LR bee ads" 457 24 38. 24,0 Mouv. moy. des:
fl 7 Mouv: vrai de l'arg:
Mouv. vrai © 2, 48 Do FT EEE
Lieu précéd. € 11 25: 48. 20,0
Lieu vrai de 1 Lune pour le
moment j'ropofe.
9Û 9. 34: 10,0 Arg. vrai précéd.
Argument vni pour le
12. 22, 56, O moment RTE
5-17. 3,0 Premiéreinclin.
11. 18. 36. 27,0 9.
réd. +3. 3,0
11, 28, 39- 30,0
Long. vraie €
Donc réd. à l'éclipt. + 3! 3
Donc lait. — 54 8. 26
Ancienne corr. +14
— 5. Bora
Pour le mültiple de
la corr. horaire... + 0,5
Yaie lat. pour le moment propofé. — 5 8. 11,5
DES SCrÈNCcEs 623
OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES
FAITES À L'OBSERVATOIRE ROYAL
PENDANT L'ANNEE M DCCLII.
Par M. DE Foucuy.
Jur La quantité d'eau de Pluie.
18 ; à pouc. lign. d bouc: lign,
N Janvier..s1 64 En Juillet..... 4 6+
Février.... I 1H AOÛ. de se 9 +
2 .
Mars. ..... 1 42 Septembre... o 6
Avril. O 7 Octobre... o o
Marat tr 35 Novembre.. 1 0 À
Juin... 2 2% Décembre.. 2 7
q ———_——_—_————#ÿ
+
8 :t1 10 5+
La pluie tombée pendant les fix premiers mois de l'annce
ä été de 8 pouces 11 lignes, celle des fix" derniers mois
de ro pouces $ lignes +, & par conféquent la quantité de
pluie tombée pendant toute l'année a été de 19 pouces
4 lignes£; cette quantité de pluie a donc été de 2 pouces
8 lignes £ au deflus de celle de 1 6 pouces 8 lignes, qui a été
déterminée en 1743 pour année moyenne,
Sur le Thermomerre.
Lé plus grand froid de Fannée a été le 16 Janvier &
le 30 Décembre. Le Thermomètre de M. de Reaumur
expolé à l'air, & à l'abri du Soleil, marquoit $ degrés Z au
deflous de la congélation, & l'ancien placé à côté marquoit
20 degrés.
La plus grande chaleur eff arrivée le 29 Juin ; la Hiqueur
du Thermomètre de M. de Reaumur ef montée à 27 degrés
624 ME: IRES DE L'ACADÉMIE#ROYALE -
au deffus de la congélation ; l'ancien marquoit alors 78
degrés +.
Jur le Baromerre.
Le Baromètre fimple a marqué la plus grande élévation
du Mercure le 30 Ottobre, à 28 pouces 4 lignes + par un
vent de nord-eft ; il eft defcendu au plus. bas Le 27 Janvier,
à 27 pouces 1 ligne par un vent de fud-oueft,
Déclinaifon de l Aïguille aimantée.
Les 15 & 16 Juin 1752, à lObfervatoire Royal ;
une aiguille de 4 pouces déclinoit de 17 degrés 1 $ minutes
vers le nord -oueft,
MESSIEURS
Qi LE
pre
LR SRE
EU st Ss
Me 7
MESSIEURS DE LA SOCIETE
Royale des Sciences établie a Montpellier, ont
envoyé a l’Académie l'Ouvrage qui fuit, pour
entretenir l'ünion intime qui doit être entre
elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux
termes des Statuts accordés par le Roi au mois
de Février 1 70 6.
OBSERVATIONS
SUR
LES EAUX DE BALARUC
Par M. ze Roy, Médecin.
M Duczos reconnut dans les eaux de Balaruc un fel 22 Novembs
- femblable au fl marin. M.rs Regis & Deidier obfer- ‘753:
Vèrent de plus que cette eau rougit la teinture de tournefol,
& que par conféquent elle contient un peu d'acide *. Voilà * if. æ PA.
en peu de mots ce qu'on a dit jufqu’ici fur la nature de ces “4,4 éme.
eaux. Les Auteurs que je viens de citer les ayant examinées
dans un temps où la Chymie, & fur-tout celle des eaux
minérales, étoit bien éloignée du degré de_perfeétion auquel
elle eft parvenue de nos jours, il étoit naturel de penfer que
ces Auteurs n’avoient pû nous donner une analy{e bien exacte
de ces eaux, C'eft ce qui m'engagea à profiter du féjour que
jy ai fait les mois de Juin & de Septembre derniers pour
en faire lanalyfe, & examiner en même temps tout ce qui
Men, 1752. KkKK
‘
626 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
concerne la manière de les employer. Les obfervations que j'ai
faites en conféquence m'ont fourni la matière de ce Mémoire,
que je diviferai en deux parties: dans la première je parlerai
des différentes fubflances que j'ai retirées des eaux de Balaruc;
dans la feconde je ferai quelques réflexions fur les eaux qu'on
pourroit employer en bain à leur place, & jy joindrai quel
ques obfervations fur les bains de cet endroit.
PREMIÈRE PARTEHE.
Sur les fubflances contenues dans l'eau de Balaruc.
Mr de Balaruc eft fimpide, fon goût falé indique d'avance
qu'elle contient du {el marin; puifée à fa fource, elle dépole
bien-tôt après aux parois du vaifleau dans lequel elle eft
contenue, des bulles d'air qui couvrent toute la furface in-
térieure de ce vaifleau : fa pefanteur fpécifique eft telle, qu'il
faut faire difloudre dans de l'eau diflillée, à peu-près la +-.me
partie de fon poids de fel marin, pour la rendre d'une pe-
fanteur fpécifique égale à celle de F'eau de Balaruc.
L'eau de Balaruc fe trouble & devient laiteufe par laffufron
de l'huile de tartre, ou de lefprit volatil de {el ammoniac;
ce qui indique la préfence de {els neutres dont la bafe eft
une terre abforbante. L'infufion de noix de gale ne produit
aucun effet fenfible fur cette eau, ce qui prouve aflez qu’elle
ne contient point de fer, au moins en aflez grande quantité
pour qu'il doive être mis en ligne de compte; enfm cette
eau rougit la teinture de tournefol , comme l'avoient obfervé
M. Regis & Deidier, ce qui indique qu'elle contient un
peu d'acide libre &. dégagé : au refte, cet acide ne donne
des indices de fa préfence que par cette feule expérience , l'eau
de Balaruc ne faifant point effervelcence avec les alkalis;
après même avoir demeuré quelque temps fur le feu, 'elle
ne rougit plus la teinture de tournefol, feulement après un aflez
long temps elle change la couleur de cette teinture en un
violet tirant fur le rouge; ce qui donne lieu de croire que cet
acide s'y trouve en très-petite quantité, & qu'il difparoit par
LS:
Des US LC E AVC E 6 C27
l'évaporation, foit à raifon de fa volatilité, foit parce qu'il
s'engage dans quelque bafe. Je ne puis rien avancer de certain
fur la mature de cet acide, je rapporterai feulement deux
obfervations qui paroitront peut-être indiquer que c'eft un
acide fulphureux volatil ; la première, c’eft que plufieurs
perfonnes n'ont afluré qu'étant defcendues le foir dans les
bains, lorfque tout étoit bien fermé, elles avoient fenti une
odeur de foufre /a) ; la feconde, c'eft que la boue que l'on
tire du ruiffeau qui conduit l'eau de Balaruc à l'étang de Thau,
a une odeur d'œufs couvés ou de foie de foufre /).
Ces remarques préliminaires devoient. naturellement pré-
céder l'analyfe des eaux de Balaruc, dont je:vais actuellement
rendre compte. Pour cette analyle, j'ai employé fimplement
Vévaporation lente & bien modérée, ayant foin de mettre
à part les différentes réfidences à mefure qu'il s'en étoit formé
une certaine quantité. J'ai fuivi en cela le confeil & le procédé
de M. Boulduc, qui f fervant prefque uniquement de ce
moyen, nous a laiflé d'excellens modèles en ce genre *.
Lorfqu'on met évaporer de l’eau de Balaruc, on voit après
quelque temps paroître à fa furface de petits corpufcules &
comme une pouflière fine, qui forme enfuite des feuillets,
& enfin une pellicule qui couvre la furface de la liqueur.
Des parties de la pellicule qui fe détachent à mefure & fe
précipitent, il fe_forme au fond une réfidence. Dans les pre-
imiers inftans de l'évaporation, cette réfidence & la pellicuie
paroiffent formées de fimples feuillets écailleux & fort minces;
mais en continuant l'évaporation , la pellicule qui fe forme à
la furface de la liqueur, & la réfidence qui s'amafle au fond,
changent bien-tôt, & paroiflent alors compolées de cryftaux
figurés en. petits filets , qui defléchés. paroiflent foyeux . &
(a) M5 Regis & Deidier aflu- | regarder cet effet comme une preuve
‘rent avoir remarqué Ja même chofe. l'de la préfence de l'acide fulphureux
Voyez l'Hifloire. de l Acad. 1699. volatil dans cette eau; mais l’eau
mére, dont.nous parlerons, dans Ja
(b) L'eau de Balaruc noircit à | fuite, produit le même efer, quoi-
‘a Jongue la vaïflèlle d'argent fur la- | qu’elle ne rougifle point la teinture
quelle elle féjourne: on, pourroit |-de rournefol.
KKK à
* J. Men. de
l'Acad. 1726
Ÿ 1729ÿ-
628 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
brillans. Ces cryftaux continuent à fe former, jufqu'à ce que
l'évaporation ait réduit la liqueur environ à la quarantième
partie de fon poids. Commençons par examiner la nature de
ces deux premières réfidences, enfuite nous reprendrons notre
évaporation au point où nous venons de la quitter.
Ces deux premières réfidences contiennent premièrement
un peu de fel marin, qu'on en peut féparer facilement par
le lavage, le refte de ces réfidences ne pouvant fe diffoudre
même dans l'eau bouillante,
Secondement, elles contiennent une terre abforbante qui
fe reconnoït aifément par l'effervefcence qu'une partie de ce
fédiment fait avec les acides, & par la propriété qu'elle a
d'être foluble dans le vinaigre fans l'être dans l'eau.
Enfin, on y trouve un fel féléniteux, compoé de Pacide
vitriolique & d'une terre abforbante : en voici la preuve,
Le vinaigre ne peut difloudre qu'une partie de ces deux
premières réfidences ; la partie qu'il ne peut difloudre, ne
fait point eflervefcence avec les acides ; & par l'affufiôn de
l'huile de vitriol, il ne s'en élève aucune vapeur acide. Ces
premières épreuves me firent d'abord foupçonner un fel {élé-
niteux, qu'il m'a été facile de démontrer par les expériences
qui fuivent.
1.° Ayant expofé à un feu de fonte une certaine quantité
de ce fédiment mêlé avec du fel de tartre, j'en ai retiré par
la diffolution & la cryftallifation un véritable tartre vitriolé
très-reconnoiflable par la figure de fes cryftaux.
2. Ayant mêlé quelques pincées de ce fédiment avec
du fel de tartre & du charbon en poudre, j'expofai ce
mélange au feu de fonte, dans un creufet couvert, & dont
les jointures étoient lutées avec exactitude. Après cette opé-
ration, le mélange refroidi a donné une violente odeur de
foie de foufre. Ayant paffé de l’eau bouillante fur ce mélange,
& ayant enfuite verfé du vinaigre fur cette eau, elle eft deve-
nue laiteufe, & paflée fur le filtre elle y a dépofé du foufre
dans une quantité très-petite à la vérité, mais cependant affez
confidérable pour que fa couleur & fon odeur le fiffent
Die St S:CRLE NTIC Ets 629
aïfément reconnoître, même à des perfonnes qui n’étoient
aucunement prévenues. Ces deux expériences prouvent claire-
ment que l'acide vitriolique fe trouve dans notre fédiment :
on fait d’ailleurs que cet acide combiné avec les alkalis fixes
ou volatils, ou même avec les fubftinces métalliques, forme
des fels folubles, & que par conféquent dans notre fédiment,
qui ne peut fe difloudre dans l'eau , cet acide ne peut qu'être
combiné avec une terre abforbante, & former ce que nous
appelons un fel féléniteux.
Nos deux premières réfidences contiennent donc une
terre abforbante & un fel féléniteux : je dis feulement une
terre abforbante & un fel féléniteux, parce que ce font
effectivement les feules fubftances qui foient, pour ainfi dire,
eflentielles à ces deux premières réfidences. Le fel marin qui
s'y trouve mêlé leur eft étranger, & vient feulement de ce
que quelque foin que l’on prenne d’égountter l'eau de deffus
ces deux premières réfiden@#, elles reflent néceflairement
imbibées d'eau de Balaruc, qui contenant du fel marin, en
laifle toùjours une petite quantité mélée avec la flénite &
là terre abforbante. Avant de finir cet article, je dois faire
remarquer que la terre abforbante & ie fel féléniteux ne fe
trouvent point mêlés en égale quantité dans ces deux pre-
mières réfidences. La première , qui eft compofée de feuillets
écailleux, fe diffout prefque entièrement dans le vinaigre,
& par conféquent n'eft autre chofe qu'une terre abforbante
mêlée avec une très-petite quantité de félénite. La feconde
au contraire, dont les cryftaux font figurés en petits filets,
contient beaucoup moins de terre abforbante, & plus l'éva-
poration avance, moins elle en contient; à {a fin c'eft un
{el féléniteux prefque pur, de forte que la cryftallifation en
fimples feuillets paroït propre à la terre abforbante, & la cryf.
tallifation en filets paroît propre au el féléniteux.
Lorfque lévaporation a réduit la liqueur, comme nous
Yavons dit ci-deflus, environ à la quarantième partie de fon
poids, pour lors le fel marin commence à paroître, & con-
tinue de fe cryftallifer jufqu'à ce que cette liqueur foit prefque
Kkkk ii
630 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE
entièrement épuifée. Pour faire bien cryftallifer ce fel, on doit
-employerune chaleur douce, telle que celle du foleil ; de cette
manière il fe cryflallife en cubes parfaits. On obferve qu'à
melure que l'évaporation avance, ces cryflaux deviennent
toûjours plus petits, de forte qu'à la fin ils font prefque
imperceptibles.
Lorfque le fef marin a ceffé de fe cryflallifer, il refle à Ja
fin un peu d'eau mère qui, mife fur la langue, y imprime
un goût falé & comme cuftique, mêlé d’une amertume
très-defagréable qui n'a femblé fe diftinguer, quoique foible-
ment, dans l'eau de Balaruc. Cette eau mère defféchée donne
un {el qui attire puifflamment l'humidité de Fair: les expé-
riences qui fuivent me paroiffent démontrer que ce fel eft
formé de l'acide du fel marin engagé dans une terre ab-
{orbante.
1. L'huile de tartre & l'efprit de {el ammoniac verfés
fur la diffolution de ce fel, ben & en précipitent une
terre blanche qui fait effervelcence avec tous les acides;
expérience qui prouve que la bafe de ce fel eft une terre
abforbante.
2. L'acide de ce fef, tranfporté dans l'expérience précé-
dente fur du fl de tartre, donne un fel marin régénéré, dont
le goût eft femblable à celui du fel marin.
3. Si on verfe de l'huile de vitriol für ce fel, il s'en
élève une vapeur très-pénétrante, qui fe fait aifément recon-
noître pour une vapeur d'acide du fel marin.
4 La folution de ce fel verfée fur une diffolution de
mercure par l'eau forte, ou fur une diflolution d'argent par
le mème acide, produit un caillé blanc. Ces trois dernières
expériences me paroïflent fuffifamment établir que l'acide de
notre fel eft véritablement F'acide du fel marin, & que par
conféquent ce fel qui eft contenu dans l'eau mère eft, comme
nous venons de le dire, compofé de l'acide du fel marin,
&. d'une terre ‘abforbante.t Quoique le el marin domine,
comme nous allons et faire: remarquer, dans les eaux de
Balaruc, cependantle goût âcre & pénétrant du fl dont
DES SCLENCES. 631
je viens de parler, me perfuade qu'il a beucoup de part
aux effets que ces eaux produifent, prifes intérieurement. Je
penfe même que les Praticiens devroient eflayer de donner
ce fel mêlé avec les purgatifs ou les apéritifs: fon goût péné-
trant donne tout lieu de croire qu'il conviendroit parfaitement
dans les cas où il s’agit d’incifer puiffamment les matières vif.
queufes des premières & des fecondes voies, par exemple, dans
les affections foporeufes. Le fuccès avec lequel la Médecine
emploie plufieurs fels, depuis environ un fiècle, fait affez voir
que cette conjecture n’eft point du tout deftituée de fon-
dement, & Von pourroit effayer les vertus de celui-ci avec
d'autant plus de fécurité, que l’on fait déjà que les malades
prennent à peu près un gros de ce fel, dans la prife ordinaire
des eaux de Balaruc, qui ne produifent que de bons effets
lorfqu'elles font employées à propos.
Voilà ce que j'ai obfervé par rapport aux fubftances con-
tenues dans l'eau de Balaruc: pour terminer cette première
partie, il me refle à dire en peu de mots ce que j'ai obfervé
fur les quantités relatives de ces différentes fubftances.
Le mois de Juin je fis évaporer douze pots, mefure de
Montpellier, d'eau de Bakruc, peñant 30 livres & poids de
marc; jen ai retiré,
Première & feconde réfidences, contenant une terre ab-
forbante & un fel féléniteux, 3 gros +
Sel marin, une once Fe
Sel déliquefcent tiré de l'eau mère & un peu humecté, 3 gros:
Le mois de Septembre dernier, j'en fis évaporer 48 livres
poids de marc; j'en ai retiré,
‘Terre abforbante & fel féléniteux, une once 2 gros.
Sel marin, 4 onces & + gros.
Sel déliquefcent un peu humecté, 6 gros L
Le réfultat de la première opération donne le poids de
l'eau de Balaruc au poids des fubftances que j'en ai retirées,
comme 192 elt à 1.
Le réfultat de la feconde opération donne le poids de l'eau
de Balaruc au poids des fubftances qu'elle contient,. comme
632 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE
125 eft à 1. J'attribue la grande différence de ces deux
réfultats, en partie à ce que dans le mois de Septembre, après
une longue fécherefle, l'eau de Balaruc devoit être plus chargée
de minéral que dans le mois de Juin; & auffi en partie à
ce que les fels que j'ai retirés par la deuxième opération n'ont
pas été autant defléchés que ceux de la première. Le leéteur
s'apercevra aifément qu'il eft impoffible de rien donner de
bien précis fur ce fujet, le‘plus ou moins de ficcité des fels
apportant une différence confidérable dans leur poids.
SÉESCHOUN: DUE PA RUPME)
Contenant quelques réflexions fur les eaux gui, em-
ployées en bain, pourroient être fubflituées à celles
de Balaruc; avec quelques obfervarions particulières
fur les bains de cet endroit.
use une opinion généralement reçûe, que l'effet des eaux
minérales chaudes employées en bain pour les paralyfies, les
engourdiflemens, les rhumatifmes, dépend de {a quantité,
de fa qualité & de la combinaifon des différentes fubftances
qu'elles contiennent: en un mot, on croit devoir attribuer
cet effet à leur compofition fpériale, de forte que fi quelques
perfonnes ont penfé qu'il fût poffible de préparer des bains
qui, dans un cas de néceffité, puflent tenir lieu des bains pris
à la fource, je ne fache pas qu'on ait cru jufqu'ici pouvoir
y parvenir autrement qu'en fe fervant de ces eaux minérales
tranfportées, ou d'eaux minérales artificielles qui les imitaffent
parfaitement.
Je me propofe dans cette feconde partie de faire voir le
peu de fondement de cette opinion, & de prouver que
pour qu'une eau minérale naturelle ou artificielle employée
en bain, & au degré de chaleur requis, puifle produire dans
les cas dont il s'agit les mêmes effets que les eaux de Bourbon
ou de Balaruc *, il n'eft point néceflaire qu'elle contienne
* Ces eaux font les plus ufitées dans les cas d’apoplexie, paralyfie
rhunatifme.
S précifément
DES! SC LE :N! © E7 5! 633
précifémént les mêmes fubftances & aux mêmes dofes que
l'eau de Bourbon ou celle de Balaruc. De-là ïl fera aifé de
conclurre, qu'en cherchant à préparer des bains qui, dans un
cas de néceffité, puiflent tenir lieu des bains de Bourbon ou
de ceux de Balaruc, bien loin de s'en tenir fcrupuleufement
au moyen dont nous-venons de parler, on doit au contraire
prendre d’autres vües, & chercher des fecours moins coûteux
& aufli efficaces dans certaines eaux minérales naturelles,
froides ou chaudes, qu'on ne croyoit pas pouvoir être em-
ployées à cet ufage: c'efl ce que je vais tâcher de prouver
par une comparaifon fuivie des eaux de Bourbon & de
Balaruc, qui, employées en bain, produifent, de l’aveu général
des Médecins, à peu près les mêmes eflets, quoique leur
compofition foit très- différente.
M. Boulduc a retiré des eaux de Bourbon une félénite,
du fel marin, un fel de Glauber, du bitume, du fel de foude,
une terre abforbante qui accompagne a félénite, & enfin
un peu de fer. Les eaux de Balaruc ont donné par le méme
procédé un fel féléniteux, une terre abforbante qui accom-
pagne ce premier fel, du fel marin, & le fel déliquefcent qui
fe tire de l'eau mère, & qui eft compofé de l'acide du fel
marin, & d'une terre abforbante. Outre cela, l'eau de Balaruc
rougit la teinture de tournelol, & ainfi donne des marques
d'acide.
Ces eaux n'ont, comme on voit, de commun que le fel
marin, la félénite & la terre abforbante; du refte elles con-
tiennent des fubftances fort diflérentes. On pourroit croire
_que faute d’y avoir apporté affez d'attention, je n’aurois pas
trouvé dans les eaux de Balaruc un fel de Glauber, du bitume
& du fer, qui y exifteroient réellement; mais je ne vois pas
qu'on puifle fuppofer avec aucune apparence de raïfon, que
ces eaux contiennent un {el de foude libre & dégagé, tel que
celui qui fe trouve dans les eaux de Bourbon. On w'auroit
pas plus de raifon de foupçonner que les eaux de Bourbon
contiennent un acide libre, & un {el femblable à celui que
Jai retiré de l'eau mère des eaux de Balaruc, & que ces fels
Mém. 1752. Lil
634 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
auroient échappé à l'habileté de M. Boulduc. IL refte donc
pour conftant que les eaux de Bourbon & de Balaruc con-
tiennent des {els entièrement diflérens ; cependant employées
en bain elles produifent à peu près les mêmes effets* : d’où if
fuit par une conféquence néceflaire, que ces eaux contiennent
lune & l'autre plufieurs fubftances qui ne concourent pas effen-
tiellement à cet eflet, & que par conféquent on pourroit
trouver des eaux minérales naturelles, ou en compoler d'ar-
tificielles, qui, employées en bain & au degré de chaleur
requis, produiroient dans ces cas les mêmes eflets que les eaux
de Bourbon ou de Balarüc, fans qu'il füt néceflaire pour
cela qu'elles continflent précilément les mêmes fubftances
& aux mêmes dofes.
Les eaux des fontaines falées me paroiffent des plus pro-
pres à cet ufage ; comme les eaux de Bourbon & de Balaruc,
elles contiennent abondamment du fel marin; outre cela on
en retire un {el de Glauber & une matière bitumineufe, fubf-
tances qui fe trouvent dans l'eau de Bourbon : enfin, quand
on fait évaporer ces eaux, il refle en dernier lieu une eau
mère qui tient en diffolution un {el déliquefcent, pareil à celui
qu'on retire de l'eau mère des eaux de Balaruc {voyez les
cahiers de M. Rouelle à J'article du fel marin); d'où i fuit
clairement que ies eaux des fontaines falées ont au moins
autant d’affinité avec les eaux de Bourbon ou de Balaruc,
que ces eaux en ont entr'elles. On doit donc efpérer que dans
les cas dont il s'agit, elles pourroient, échauffées au degré
de chaleur requis, leur être fubftituées avec fuccès ; quand
mème on voudroit fuppoler que leflet des bains de Bourbon
* A Bourbon on fait prendre aux
de l’eau récemment tirée de la fource;
malades des bains dans l’eau de Bour-
après cette douche les malades fuent
bon refroidie au degré de chaleur des
bains domeftiques : ces bains ne font
pas füuer les malades, & ne produifent
aucunement Îles mêmes eflets que les
bains que l’on donne à Balaruc. Le
remède que lon fait à Bourbon,
& qui répond à ces bains, c’eit une
douche donnée fur tout le corps'avec
comme après les bains de Balaruc,
C’eft de ce bain donné en forme de
douche que j'entends parler dans ce
Mémoire, lorfque je dis que les
bains de Bourbon produifent à peu-
près les mêmes effets que ceux de
Baluc,
DIENS SC FE Nice s 635
ou de Balaruc dépendroit en partie de quelques-uns des {els
qui font particuliers à l'une ou l'autre de ces eaux.
L'eau de la mer contient à peu près les mémes fübftances
que celle des fontaines falées /voyez l'Hifloire de l Académie
année 1 7 3 1), elle contient de plus utie matière huileufe phof-
phorique ; il y a donc aufii lieu de croire que cette eau
pourroit être employée au même ufage; l'expérience même
fémble nous l'indiquer , puifque’ nous voyons tous les jours
que dans les cas d’enflüres œdémateufes des jambes, les bains
de ces parties dans l'eau de la mer, chaude, réuffiffent auffi-
bien que les bains dans l'eau de Balaruc. Les bains préparés
avec l'eau de la mer auroient encore cet avantage, que cette
eau contenant beaucoup de fel, on pourroit, en la mélant à
diverfes proportions avec de l'eau douce, rendre ces bains
plus ou moins aétifs fuivant les vües du Médecin. .
Ce que je viens de dire fur les eaux minérales naturelles,
qui, employées en bain, me paroiflent pouvoir être fabfti.
tuées dans les cas où lon envoye aux eaux de Bourbon &
de Balaruc, s'applique naturellement aux eaux minérales
artificielles qu'on voudroit compofer dans la même vüe, II
eft clair que dans la compofition de ces eaux, on ne doit
point s'aftreindre à imiter minutienfement les eaux de Bour-
bon ou de Balamc, mais qu'on doit feulement les charger
des fels qui paroiffent avoir le plus de part à lation de ces
eaux : enfm, pour ne rien diffimuler, il me paroît vrai-fem-
blable que la chaleur très-confidérable des eaux de Bourbon
& de Balaruc (chaleur qui excite une fièvre d'environ une
heure ou une heure & demie) & le fel marin qui domine
dans lune & l'autre de ces eaux, font les caufes principales
des effets qu'elles produifent, employées en bain, & qu’on
pourroit peut-être avec de l'eau pure & du fel marin pré-
parer des bains, qui, dans un cas de néceffité, pourroient
être fubftitués à ceux de Bourbon & de Balaruc.
Quoique les raifons que je viens de rapporter en faveur
de mon fentiment, me paroiffent très-fortes, je fens ce-
pendant combien j'aurois tort de me flatter que les autres
LIÏ ïj
«
636 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE
perfonnes en jugeaffent de même; j'efpère feulement qu'elles
feront trouvées aflez fortes pour exiger que les Médecins à
qui l'âge & le favoir ont mérité la confiance du Public, ne
négligent aucune occafion de faire fur ce fujet les expériences
convenables : l’eau de la mer mérite fur-tout leur attention,
Ja découverte de fes propriétés intérefflant une partie très-
confidérable du genre humain.
Les perfonnes qui voudroient entrer dans mes vües, doi-
vent être exactement au fait de ce qui concerne la manière
de baigner les malades dans les cas dont il s'agit; c'eft pour-
quoi Je terminerai ce Mémoire par une hiftoire abrégée
de ce que Jai obfervé à Balaruc fur la chaleur des bains, fur
le temps que les malades y demeurent , fur les fignes aux-
quels on reconnoit qu'ils y ont aflez demeuré, & enfin fur
la manière de les foigner après le bain. I ne fera pas ‘inutile
d'entrer dans ces détails , parce que les Auteurs qui ont parlé
des eaux de Balaruc, ou les ont omis, ou nen ont pas parlé
avec aflez d’exactitude.
La chaleur de l'eau de Balaruc, à fa fource , eft du g2me2
au 43° degré du Thermomètre de M. de Reaumur; j'ai
fait cette expérience quinze jours de fuite au mois de Juin
dernier, & autant au mois de Septembre, & j'ai trouvé
conftamment le même degré de chaleur *. Les malades ne
peuvent guère demeurer dans la fource que quatre, fix
ou huit minutes, plus où moins fuivant leur tempérament :
cette chaleur eft fi forte, qu'elle ne convient qu'à très-peu de
fujets ; auffi les Médecins les plus habiles ne prefcrivent-ils
les bains pris à la fource que dans les cas de relâche-
ment total. |
Le bain pris dans la cuve eft beaucbup moins chaud ; le
* M. le Monnier le Médecin fixe
cette chaleur au 32.m° degré /Obf.
d’'Hift. Nat, page 221 ): ce degré
eft fi éloigné de celui que j'ai obfervé,
& fi peu propre à produire les effets
qu'ont produit conftamment les bains
pris à la fource, qu’il me paroît cer-
tin que ce célèbre Phyfiçien awa
écrit fur fes tablettes 32 pour 42.
L'eau de Balaruc parvenue aux bains
des pauvres ({ Voyez la deftription
des bains de Balaruc, dans les Mé-
imoires pour fervir a l'Hiftoire NVa-
tuÿelle de Languedoc) v’eft plus f
chaude , elle ne fait monter le ther:
momètre qu'au 41,6 degré,
6 um Ta et
DANS N ONE EN CE s 637
baigneur a foin de tirer tous les foirs de l'eau de Ja fource,
qui, refroidie pendant la nuit, fert à tempérer celle qu'on
tire le lendemain pour préparer le bain de chaque malade.
Le degré de chaleur auquel le baigneur donne ordinairement
ce bain, eft à peu près du 37 au 3ome degré ; la longue
habitude lui a rendu le taét aflez délicat pour qu’il ne s'écarte
guère de ces deux degrés. Quoique ce degré de chaleur
convienne aflez à la plus grande partie des malades, cepen-
dant les perfonnes qui connoiffent toute {a variété des tem-
péraméns, {e perfuaderont aifément qu'il ne peut convenir
à tous : en effet, il y a des malades pour qui ce degré dé
chaleur eft encore trop fort, & qui fe trouvent mieux du
36m, Il feroit à fouhaiter qu'on fit fur ce fujet des obfer-
vations fuivies, qui miflent les Médecins en état de dé-
terminer avec plus de précifion qu'on ne la fait jufqu'ici,
le degré de chaleur qui convient aux malades qu'ils envoient
à Balaruc.
Les malades fupportent ordinairement le bain dans {a
cuve, pendant dix, douze ou quinze minutes. La grande cha-
leur de ces bains eft une des caufes eflentielles de leurs effets :
pour le prouver, il fufhit de faire oblerver que les bains pris
dans Veau de Balaruc refroïdie au 32m€ decré, chaleur
ordinaire des bains domeftiques, ne produifent aucun effet
remarquable.
Lorfque les malades font dans le bain, on voit bien-tôt
la fueur découler de leur vifage, leur pouls devient de plus
en plus fréquent & élevé, à la fin il devient très-fréquent,
& en même temps foible & irrégulier ; c'eft à ce figne, que
le baigneur n'attend pourtant pas ordinairement, que l'on
reconnoit qu'il y auroit du danger à haiffer le malade plus
long-temps dans le bain. Le baigneur obferve le pouls fur
artère frontale, c'eft fans doute ce qui a fait croire à une
infinité de perfonnes, que le gonflement de la veine frontale
- lui fervoit à juger du temps que le malade devoit refter dans
le bain; mais l'artère frontale étant fort petite, & n'étant pas
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fenfible dans beaucoup de perfonnés, il feroit mieux d'ob-
ferver le pouls fur quelque autre artère de la tête,
Au fortir du bain, on enveloppe le malade dans un drap;
on le met dans un lit, on le couvre bien, & on l'y laifle
fuer environ demi-heure ou trois quarts d'heure , enfuite
on le change de draps & on l’efluie, on allège fes couvertures,
& on le laifle encore au lit environ une demi-heure, après
quoi il prend un bouillon & fort du lit : pendant ce temps,
la fréquence & l'élévation du pouls diminuent & reviennent
infenfiblement à l'état nature.
I y a quelque temps qu'on a conftruit à Balaruc des
étuves dont fa chaleur eft au 32m degré.
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