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Full text of "Histoire de l'Académie royale des sciences, avec les mémoires de mathématique et de physique"

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ERAETS.…. 


_ SUITE ds MEMOIRES 


DE 


 MATHEMATIQUE &4 PHYSIQUE 
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D ROYALE 
MES SCIENCES, 

| M DCCLIL. 

sh = ires des Hegiftres de cette Acadernie. 


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DE LIMPRIMERIE ROYALE. 


M. DCCEVI. 


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RONDE SE RVATION 
DEVLECLIPSE DE LUÜNE, 

F4 -Dù 2 Décembre 1751, 

FAITE A L'OBSERVATOIRE ROYAL. 


ne”. 


Par M. CassiNi DE THurÿ. 


1e temps. qui avoit été très-favorable au commencement 
dr de lécliple, s'eft couvert vers le milieu, de forte que 
Ton na pù déterminer que -très-imparfaitement l’émerfion 
des taches dont on avoit obfervé limmerfion. Le ciel fut 
enfuite découvert vers là fin de l'éclipfe, que lon a déter- 
minée avec la même précifion que le commencement. J'ai 
fait cette obfervation de concert avec M. Maraldi & mon 
_ père: nous nous fommes fervis de lunettes de huit pieds, 
. montées fur une machine parallaétique, dont deux étoient 
_garnies d’un micromètre à réticule dont les fils comprenoïient 
Lt exactement l’image de là Lune, & nous croyons que l'on 
DE à , k 3 à « 
peut compter fur l'exactitude de lobfervation des doigts 
éclipfés. Voici le réfultat de nos obfervations. 


‘ A 8ñ 20° 5 8" l'ombre fe diftingue difficilement de Ia pénombre, 
A & on doute du commencement. 
Ne _ 8. 21. 28 commencement certain, 
CR 8. 25. 53 un doigt. 
8. 28. 25 ombre à Ariftarque. 
|. 8.31. 53 deux doigts. 
8. 35.48 Grimaldi dans l'ombre. 
_ 8. 39. 12 Yombre à Hélicon. 
8. 39. 28 trois doigts. 
8. 40. 28 Hélicon dans l'ombre. 


À 8. 43. 44 Tombre à Copernic. 
8. 45. 25 quatre doigts. 
* ë 8. 51.43 cinq doigts: 
1 | Ée ii 


222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
À 8h 59° 16" fix doigts. 
8. 59. 48 l'ombre à Menelaüs. 
1. 29 ÂMenclaüs entre. 
5. 22 l'ombre à Pline. 
7. 38 fept doigts. 
8. 28 Denys dans l'ombre. 
13. 52 l'ombre à Mare humorum. 
16. 28 huit doigts. 
23. 28 huit doipts & demi. 
34. 37 neuf doigts. 
. 40. 28 neuf doigts & un tiers, 
. 52. 28 neuf doigts & demi. L'ombre paroît mal terminée, & 
l'on doute fi l'éclipfe augmente ou n'augmente plus. 
La Lune a reparu aflez diftinétement. 
A 10h37 28” cinq doigts & demi environ. 
10. 46. 38 quatre doigts. 
10. 52. 25 Hélicon cft forti. 
10. 53. 25 trois doigts. 
10. 58. 12 deux doigts. 
11. 4.25 un doigt. 
11. 9.35 fin de l'éclipfe. 


Ÿ Ÿ 6 LL L V LL V 


Des phafes précédentes on tire le milieu de l'éclipfe par 
le commencement & la fin, à oh 45° 31"; par la phale d'un 
doigt, à oh 45 8"; par celle de deux doigts, à oh 45" 1”; 
par celle de trois doigts, à 9" 46" 26"; par celle de quatre 
doigts, à oh 45° 20"; & par Æélicon, à 9P 46° 26". Après 
lobfervation de léclipfe nous avons fait celle du pañage de 
la Lune au méridien, qui eft arrivé à 12h 6° 2"; la hauteur 
du bord fupérieur de la Lune a été obfervée de 624 23° 
20”, & celle du bord inférieur de 614 59° 10". La diffé- 
rence d'afcenfion droite entre la Lune & € du Taureau a 
été trouvée de 409 541, & la différence de déclinaifon 
entre cette étoile & le bord vü de la Lune a été oblervée 


au mural de 14° 5". 


D'ENS SCT E NC ES 22e 


RELATION 
D'UNE 
MALADIE RARE DE L'ESTOMAC; 


L AVEC 
Quelques Obfervations concernant le méchanifine du 
vorntiflement, 7 l'ufage de la Rate. 


Par M. LrEUTAUD. 


NTous recumes à la Charité royale vers la fin du mois 
de Mars de cette année un homme de 65 ans, cachec- 

tique depuis long temps, qui avoit alors les jambes fort 
gorgées, & le bas-ventre aflez tendu, fans pourtant aucun 
figne d'épanchement : la refpiration paroïfloit d'ailleurs affez 
libre; le pouls étoit foible & fébrile; les urines épaifles & 
bourbeufes fe féparoient en petite quantité, & le ventre étoit 
extrémement pareffeux. Au furplus le malade fe plaignoit 
d’une plénitude ou pefanteur à leffomac, accompagnée de 
quelques douleurs fourdes aux environs de fa région, qui a 
toûjours été plus élevée que les autres parties du bas-ventre. 
H defroit de vomir, mais la Nature & l’art même n’avoient 
pû fe prèter à fes defirs: il refufoit toute boiïflon, prenoit 
très-peu d’alimens, & ce n'étoit qu'avec une peine extrème 
qu'il confentoit à recevoir les remèdes qu'on lui préfentoit, 
encore avoit-on l'attention de les réduire au plus petit volume. 
Tout ce qu'on a pü faire pendant deux mois pour arrêter les 
progrès de cette maladie, ou dans la vüe d'en prévenir les 
fuites, n'a pas empêché qu'elle ne fe foit terminée par une hy- 
dropifie univerf{elle, avec épanchement dans toutes les cavités; 
ce qui s'eft manifeflé un mois avant la mort par l’oppreffion 
& par une fluétuation manifefte dans a cavité du bas-ventre, 
partie qui a toüjours paru être la plus affectée, le malade 
s'étant conftamment plaint, comme je l'ai dit, d'une tenfon 


23 Jui 
1752. 


224 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
douloureufe & d’une pefanteur confidérable à l'eftomac. II 
eft encore furvenu quinze jours avant la mort une douleur 
très-vive qui occupoit la partie latérale gauche du bas-ventre, 
au deflus de la crête des os des iles: fa vüe & le taét ont 
été inutilement employés pour découvrir la caufe très-cachée 
de cette douleur ; elle a réfifté à tous les topiques qu'on à 
mis en ufage, & n'a été calmée que par F'affoupiflément lé- 
thargique qui a terminé la vie du malade. Une circonftance 
à laquelle on doit s'arrêter eft que dans le dernier temps de fa 
maladie il ne prenoit prefque rien, quoique les organes de 
la déglutition fuflent parfaitement libres, difant, lorfqu’on le 
préfloit à ce fujet, qu'il étoit rempli & que rien ne pafloit, On 
a remarqué pendant le cours de fa maladie, qu'il n'alloit à a 
felle que les jours qu'on aïguifoit fes remèdes avec les hydra- 
gogues qui opéroient très-foiblement, de même que le tartre 
{tibié qu'on avoit donné quelquefois dans la vûe d’exciter le 
vomifiement, fans avoir pü y réuflr. 

L'ouverture du cadavre nous a préfenté des fingularités 
très-intéreflantes : ’incifon ordinaire des tégumens & des 
mufcles du bas-ventre nous a découvert dans le côté gauche, 
qui étoit le fiège de la douleur dont j'ai parlé, une poche 
aflez étendue, fituée entre le grand & le petit oblique, formée 
par l'écartement de ces mufcles; elle contenoit plus de deux 
livres de fang grumelé, d'un beau rouge, fans aucune marque 
de corruption, tel qu'il pourroit être une heure après la faignée. 
I n'eft pas douteux que ce dépôt ait été la caule de la dou- 
leur vive que le malade a reffentie quinze jours avant fa 
mort, puifqu'il ne s'en eft point plaint auparavant, & qu'il 
n'a afluré n'en avoir jamais éprouvé de pareilles, I[ ne nous 
a pas été poflible de reconnoïître la caufe d'une extravafation 
de cette nature, dont l'époque n'a été marquée d'aucun acci- 
dent qui püt y avoir donné lieu. Le réfultat de cet expofé 
eft que le fang a croupi dans cette cavité pendant quinze jours 
fans aucune apparence de putréfaétion; mais ce fait ne pa- 
roitra point nouveau à ceux qui ont 1 ou obfervé. 

Après l'écoulement des eaux contenues dans Ia du - 

u 


RL Ci 


DhEN SES CRE NrciE's, 225 
du bas-ventre, qui pouvoient aller à deux ou trois pintes, parmi 
bien des chofes prelque communes à tous les hydropiques, 
l'état de l'eflomac & des boyaux a fixé principalement notre 
attention. Ce vifcère étoit extrémement étendu & rempli à 
proportion, quoique le malade depuis quelques jours ne prit 
prefque rien : le canal inteftinal étoit au contraire très-ref 
ferré, au point que tous les boyaux enfemble formoient un 
volume qui ne furpafloit guère celui de l'eflomac. Cette 
difpofition furprenante nous à portés à penfer qu'il devoit 

avoir dans le pylore ou dans le canal inteftinal quelque 
obftacle qui sétoit oppolé au paflage du liquide contenu 
dans l’'eftomac; mais toutes les recherches que nous avons 
faites à cet égard ont été inutiles, & le canal nous a paru, 
quoique rétréci, parfaitement libre par-tout, de même que 
le pylore, qui n'étoit point forti de fon état naturel. 

Ce fait, qui s'accorde très-bien avec fhiftoire de cette 
maladie, & qui juftifie les réponfes du malade, ne life, 
ce me femble, aucun liéu de douter que l'eftomac n'ait été 
pendant long temps dans cet état de plénitude, & que Ja 
matière dont il regorgeoit ne pouvoit pafler qu'en petite 
quantité dans le canal, de forte qu'il eft évident que le 
volume de ce dernier devoit être extrémement diminué, 
Ne puis-je pas encore aflurer, en m'interdifant même toute 
conjecture, que la perte de mouvement & peut-être de fen- 
fation de l'efiomac, maladie très-femblable à celle qui arrive 
quelquefois à la veffie dans un âge avancé, a été la fource 
de cæ delordre? Il paroïtra fans doute furprenant que le 
malade n'ait pas vomi pendant le cours de fa maladie, quoi- 
qu'il en ait eu beaucoup d'envie, & que j'aie tenté plufieurs 


. fois de l'y exciter, avec des ménagemens à la vérité que 


Yétat de l'eflomac, fi je l'avois bien connu, ne demandoit 

point; mais fi l'on confidère que ce vifcère étoit privé de 

mouvement , il fera aifé de concevoir que le liquide qui 

croupifloit dans fa cavité, quelque altéré qu'il pût être par 

fon féjour, l'agaçoit inutilement, & qu'incapable de contrac- 

tion il ne pouvoit fe décharger de fon fardeau. I n'eft pas 
Mém, 1752. 


226 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
furprenant encore que le malade dans cet état ait été privé 
de tout fentiment de faim, & qu'il ait mème eu tant d'é- 
loignement pour la boifion & pour les alimens. 

Mais pourquoi, dira-t-on, le diaphragme & les mufcles 
du bas- ventre, qu'on croit être aujourd huï les principaux 
agens dans le vomifiement, ont-ils été fans action, puifque 
le malade fe plaignoit d’une fenfation douloureufe de pléni- 
tude & de pelanteur, qui feule devoit être capable de mettre 
ces puiflances en ieu? Cela devoit en effet arriver, fi le mé- 
chanifme du vomifiement étoit tel qu'on le fuppofe fur la 
foi de M. Chirac. Me fera-t-il permis de n''élever contre 
un préugé qui a féduit les favans comme les ignorans, & 
de n'infcrire en faux contre une opinion qui a été reçüe, 
fi je l'ofe dire, fans examen & avec un empreffement dont 
il eft difficile de rendre raifon. On avoit voulu donner 
autrefois une force étonnante à l'eflomac; l'efprit de difpute, 
qui porte toüjours vers les extrêmes, la lui enleva tout d'un 
coup & la tranfporta aux organes qui l'environnent. Ces 
deux opinious, qui paroiffent aufli faufles qu'elles font op- 
poées, ont été pourtant fucceflixement reçües, & ont trouvé 
des défenfeurs dignes de faire un meilleur ufage de leurs 
talens : c'eft ainfi que l'erreur trouve du crédit, pendant que 
la vérité éprouve fouvent un fort contraire. Les Anatomiftes 
conviendront fans doute que l'eflomac, placé en partie fous 
la charpente de la poiurine, eft peut-être, de tous les vifcères, 
le moins foumis à lation des mufcles du bas-ventre: il 
eft à la vérité expofé, par fa fnuation, à celle du diaphragme; 
mais fon orifice fupérieur ne feroit-il pas plus exaélement 
fermé par la contraction de ce mufcle, ainfi que M. Haller 
Va remarqué? dilons plus, fe contracte-t-il dans le vomif.e- 
met? Quoique je ne me propole pas à préfent de traiter 
à fond cette matière, quelque lice qu'elle foit à mon lu,et, 
je ferai cependant quelques.oblervations propres à Féclaircir, 
ou tout au moins à faie naïue des doutes qui pourront 

orter à de nouvelles recherches. 

I eft très-certain que le diaphragme & les mufcles du 


ME NSUISC CITE NICE 5 227 
bas-ventre concourent à l'expulfion du fœtus & des matières 
fécales, quoiqu'elle puifle fe faire & qu'elle fe fafle en effet très- 
fouvent fans ce fecours: il n'eft pas moins afluré que la vefie 
fe vuide par fon propre mouvement. Ceux qui exercent Ja 
Médecine favent très-bien que lorfqu'elle eft engourdie ou 
paralytique dans les M. les efforts que ces der- 
niers peuvent faire n'en fauroïéntichailer l'urine, quoique {on 
volume s'élève alors quelquefois jufqu'au deflus du nombril, 
& qu'il foit par conféquent plus expolé par fa faillie à l'ac- 
tion des mufcles du bas-ventre. S'il arrive dans quelques 
circonftances que ces puiflances prêtent leur fecours en fe- 
condant les eforts de Ja veflie, il eft très-aifé de {e con- 
vaincre que c'eft toùjours 1 volonté qui les y détermine, 
de même que dans l'expulfion du fardeau de la matrice & 
des boyaux , circonftance qui ne fe rencontre point dans le 
vomiflement : il eft encore évident que les mulcles du bas- 
ventre, dans tous ces cas, ne fauroient agir que de concert 
avec le diaphragme, & que leur action eft fimultance, 

Cependant on ne fauroit douier que le vomiflement ne 
dépende d’une caufe purement méchanique, à laquelle la vo- 
lonté n'a aucune part, puifqu'il arrive tous les jours qu'on 
eft tourmenté par l'envie & le defir de vomir, fans qu'on 
savife de faire le moindre effort en arrétant la refpiration 
pour y parvenir; mais quelqu'un s'eft-il aperçü , lorfqu'on les 
emploie, ces efforts, dans d'autres circonftances, qu'ils aient 
porté [ur l'eflomac, ou, ce qui peut revenir au même, qu'en 
vomiflant on ait été invité d’aller à la felle, fi ce n’eft dans 
le cholera-mortus, maladie fpafmodique de l'eflomac & des 
boyaux. Quelques-uns de ceux qui ont expliqué, d'après 
M. Chirac, la méchanique du vomiffement, ont fenti une 
partie de ces difficultés, & ont tâché de les réfoudre en 
difant que la contraction fimultanée du diaphragme & des 
mufcles du bas-ventre précédoit le vomiffement, mais que 
lorifice fupérieur de Feftomac ne s'ouvroit que lorfque les 
mufcles du bas-ventre l'emportoient fur le diaphragme & 
obligeoient.ce dernier à rentrer dans la poitrine. Mais fera-t-on 


Ffij 


228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

fatisfait d’une pareille explication? la veflie ne fe vuide-t-elle 
pas dans le temps de fa contraction? le cœur ne pouffe-t-if 
pas le fang pendant la fyftole? Il feroit bien fuprenant que 
l'eftomac qui, à ce qu'on prétend, ne peut fe décharger que 
par da preffion qui lui vient de dehors, fe vuidät dans le 


moment même que cette | 24 déagir. 

Peut-on d’ailleurs penfer#fans renoncer aux notions les plus 
communes de Anatomie & de la Méchanique, que les mufcles 
du bas-ventre foient les feuls agens dans cette opération, 
pendant que l'eflomac, comme je lai dit, eft de tous les 
vifcères le moins expofé à leur preflion, fur-tout lorfqu'il 
contient peu de matière? mais eft-il vrai qu'ils fe contraétent au 
delà de cette réaction tonique qu'ils exercent néceflairement 
dans l'expiration! La raifon qui a déterminé à le croire, c'eft- 
ä-dire , leur mouvement vers l’épine, *eft celle qui me porte 
à en douter. Les plus forts mufcles font fans contredit les 
droits & les grands obliques: on fait que les uns & les autres 
tiennent d’un côté à la charpente de la poitrine, & de l’autre 
aux os du baflin : qu'arrivera-t-il dans feur contraétion? La 
ligne courbe qu'ils décrivent fe redreffera, & ils tendront à la 
ligne droite, qui fera terminée par leurs attaches. On fait très- 
bien que la preflion qu'ils peuvent exercer fur les vifcères ne 
peut être qu'à raifon de leur courbure: elle peut être confi- 
dérable lorfque par le volume des vifcères ils font’ repouffés 
en dehors; mais il ceffe d'y en avoir dans le cas contraire. 
On ne voit pas cependant que ceux qui ont le ventre grêle 
& aplati aient plus de peine à vomir que les autres. Dans le 
marafme, le ventre eft non feulement aplati, mais il eft creufé : 
les principaux mufcles, dans ce cas, doivent décrire une courbe 
qui rentre en dedans. Qu'arrivera-t-il s'ils fe contractent? ils 
tendront à la ligne droite, & les vifcères feront par conféquent 
plus au large. Je demande comment dans ce cas s'exécutera 
le vomiflement : on doit pourtant remarquer qu'il arrive 
alors aufli fréquemment, avec la même violence, & que le 
mouvement des mufcles vers l'épine eft encore plus mani- 
fefle: ofera-t-on après cela l'attribuer, ce mouvement, à leur 


L 


DUE. SU2S /GLIE N-C Es. 229 
contraction pluftôt qu'au relâchement du diaphragme, qui 
rentrant dans la poitrine, fait remonter les vifcères qui y font 
attachés, de même qu'à l'évacuation de l'eftomac, qui perdant 
de fon volume, cède aux efforts de Fair extérieur, qui pefant 
fur l'enceinte mufculeufe, doit la repouffer vers l'épine toutes 
les fois qu'une puiffance contraire ne sy oppofera pas? 

Aura-t-on recours aux mufcles tranfverles & aux petits 
obliques, qui peuvent à la vérité par la direction de leurs 
fibres concourir à cet eflet; mais comment les droits & les 
grands obliques , qui forment avec eux un tout inféparable, 
fe prêteront-ils à ce mouvement? j'en laïfle la décifion à ceux 
qui connoiflent la ftruéture de ces parties *. Mais exami- 
nons encore ce qui fe pañle, lorfque les mufcles du bas- 
ventre fe contraétent dans le temps que le diaphragme fe 
voûte ou fe relâche: on fait que cela arrive dans tous les efforts 
violens de la poitrine, favoir, lorfqu’on touffe, qu'on crache, 
qu'on éternue ou qu'on fe mouche: on fent très- bien dans 
tous ces cas, que les mufcles du bas-ventre, qui font les prin- 
cipaux expirateurs, fe contraétent & fe durcifient très fenfible- 
ment; c'eft une chofe trop manifefte pour qu'on puifle en 
douter. L'eflomac fouffre-t-il alors quelque preffion? a-t-on 
dans ce moment quelque envie de vomir? Je ne crois pas 


. qu'on Fait remarqué : ceux même qui ont des naufées peuvent 


fe moucher & éternuer tant qu'ils voudront, ils n'en vomi- 
ront pas plus tôt. Qu'on applique enfin la main fur le bas- 
ventre de ceux qui vomiffent actuellement, & qu'on les faffe 
enfuite moucher ou touffer, afin de pouvoir comparer bien 
commodément ce qui fe paflera dans lun & l'autre état; on 
fentira pendant la toux une forte tenfion dans les mufcles, & 
un gonflement très-manifefle dans les différentes portions des 
droits: on n'éprouvera ni l'un ni l'autre dans le temps du 
vomiffement. La chofe n'a toûjours paru fi évidente, que j'ofe 
_ * M. Bertin a remarqué que les | leur connoît, & qu’ils doivent par 
fibres aponévrotiques des grands & | conféquent tous concourir à une 
petits obliques fe confondent avec | même action. / Voy. ls Mém, de 


celles des mufcles droits ou avec | /’Acad, 1740, page 297. 
Les interfections tendineufes qu'on LISTE 
Ffiij 


te 


D ‘ 
“ 


+ 


230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
affurer que tous ceux qui fe donneront la peine de l'examiner: 
n'en jugeront pas autrement : cependant les mufcles du bas- 
ventre, en qualité de mufcles expirateurs, fe contraélent 
comme par accident dans le temps du vomiflement ; mais 
cette contraétion n'approche point de celle qu'ils éprouvent 
dans les eflorts violens de la poitrine, & ne fauroit par 
conféquent agir fur leflomac, puifqu'une force qui lui eft 
fupérieure ne produit point cet eflet. Je rapporterai encore 
ici ce que j'ai obfervé il y a plufieurs années dans un jeune 
homme attaqué d'une inflammation aux mufcles du bas- 
ventre, que les nombreufes faignées & les fomentations réi- 
térées terminèrent heureufement. Le malade fouffroit des dou- 
leurs inexprimables lorfqu'il toufloit , lorfqu'il crachoit ou 
qu'il fe mouchoit; il vomit cependant plufieurs fois dans 
cet état, avec autant de facilité qu'il lauroit fait dans tout 
autre temps: ce fait, auquel je ne fis alors aucune attention, 
& qui fe préfente à préfent à ma mémoire, prouve encore 
très-bien, à ce qu'il me paroït, que le vomiflement ne dé- 
pend en aucune façon des mufcles du bas-ventre. 

Il n'y a donc que le diaphragme qui puifle exercer cette 
preffion fur l'eflomac:; mais il eft très-ailé de s’affurer qu'on 
ne vomit que dans le temps de l'expiration, c'eft-à-dire, 
lorfqu'il eft dans le relichement. Il ny a perfonne qui ne 
puifie l'éprouver fur foi-même: il n'eft pas plus difhcile de 
s'en convaincre en examinant ce qui fe pafle dans les autres ; 
mais un fait auquel on n'a pas fait aflez d'attention, le prouve 
évidemment. On fait que tout ce qui entre dans le pharinx 
ou qui en fort, paffe fur la glotte: on connoît très-bien ce qui 
en défend l'entrée lorfqu'on avale, mais on ne voit rien qui 
puifle la couvrir dans le vomiffement. Il eft même impoflible 
de concevoir qu'un liquide rejeté par leflomac , quelque 
mouvement qu'on lui donne, puifle franchir cette ouverture 
fans s'y infinuer, fi fair qui eft en même temps repoufié par 
le poumon n'y mettoit un obftacle bien néceflaire. Enfin 
orifice fupérieur de l'eftomac ne fauroit s'ouvrir que dans le 
temps de l'expiration : on en fera convaincu fi l'on confidère le 


CR 
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DES S JGELE Ni C.r.5 'Étév221 
‘pafage de l'œfophage à travers le diaphragme, dont les faifceaux 
charnus qui embraflent ce canal, tiennent vrai-femblab ement 
lieu de fphinéler, qui balançant la force tonique de l'eftomac, 
met un obftacle à la fortie des aliméens, qui ne pourroit pas 
même être furmonté par l'effort fpafmodique de ce vifcère, 
fi le diaphragme n'entroit point dans le relâchement. Tous 
ces faits, comme on doit s'en apercevoir, fe lient parfaite- 
ment, & doivent diffiper, ce me femble, les doutes qu'on 

pourroit former contre ce qui fait le fujet de cette digreffion. 
La maladie extraordinaire de l'eftomac qui y a donné lieu, 
me préfente encore une obfervation aflez intéreffante au fujet 
de la rate. L'Académie aura la bonté de fe rappeler celles 
que je lui avois communiquées il y a plus de quinze ans, qui 
tendoient à prouver que le volume de ce vifcère étoit, dans 
fon état ordinaire, en raifon inverfe de celui de l'eftomac. 
Tout ce que j'ai obfervé depuis ce temps dans les cadavres 
& dans les animaux vivans, m'a paru s'accorder parfaitement 
avec ce que J'avois avancé; mais Je n'avois pas encore ren- 
contré un cas qui füt auffi favorable à mes recherches. L'efto- 
mac étoit ici bien rempli, & l'on ne püût pas douter quilne 
le füt depuis long temps; il falloit donc, felon le réfultat de 
mes obfervations, que la rate füt bien petite, fuppol£ qu'elle 
füt faine, comme elle l'étoit en effet. J'ai prévenu là-de‘lus 
tous les affiftans avant d'apercevoir ce vifcère, qui étoit caché 
par le volume de l'efomac. L’infpetion à juftifié mon attente, 
& Fa même furpaflée, puilquelle nous à préfenté une rate 
fi pete, le croira-t-on, qu'elle n'excédoit guère le votume 
d'une capfule atrabilaire, au point que nous avons tous jugé 
Welle ne pouvoit pas peler deux onces. Elle nous a paru 
d'ailleurs. très- bien conformce, très-naturele & fans aucune 
apparence de maladie. Il-doit être certainement bien rare 
de la trouver fi petite; je ne me fouvieus pas de l'avoir vûe 
telle, quoiqu'on trouve feuvent l'eflomac auffi rempli & auf 
dilaté que celui dont je viens de parler. Mais fi le degré de 
pieflion qu'elle éprouve de la part de l'eftomac, doit en iixer 
la giolleur, l'efiet de ceute preflion doit être comme fa durée. 


232 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLr 
Si l'eflomac fe vuide & fe remplit alternativement, comme 
cela arrive prefque toüjours, le fang qui féjourne dans la rate 
ne fera exprimé qu'imparfaitement : {1 au contraire l’eflomac 
retient pendant long temps, dans quelque circonflance parti- 
culière , une quantité extraordinaire de liquide, il n'eft pas 
douteux que la preffion uniforme & continue qu'il exerce 
{ur da rate, n'ait un eflet tel que nous l'avons obfervé dans 
le cadavre en queftion. Ce fait n'a paru mériter d'être rap- 
porté. 
J'ai œu qu'il froit fuperflu de faire mention ici de ce 
ue nous avons obfervé dans l'examen des autres parties : il 
fuffira de dire qu'elles étoient toutes inondées; mais nous 
n'avons trouvé que dans le bas- ventre les traces d’une an- 
cienne maladie: nous avons cru pouvoir juger qu'elle avoit 
commencé par le foie, qui renfermoit plufieurs pierres très- 
folides, dont quelques-unes s’élevoient très-fenfiblement fur fa 
furface, & approchoient de la grofleur d'une noifette. 


OBSERVATIONS 


D'isasy IS ENT E NICtErS. 233 


OBS E, REA L-LI:0: NS 


SUR 


ELECTRIC ITE, DE LATRKR 


Par M. LE MONNIER Médecin. 


| re près de vingt ans que les Phyficiens s'occupent 
affidument de l'Electricité, il ne s'elt guère pañlé 
d'année fans qu'ils aient fait quelques découvertes impor- 
tantes, qui aient augmenté nos connoiffances fur la nature & 
fur les propriétés du fluide éleétrique: je pourrois citer les 
expériences qui ont établi la diftinction fingulière qui fe 
trouve entre les corps capables par leur nature de tranfmettre 
ou d'arrêter les écoulemens de la matière électrique; la com- 
munication qui peut fe faire de cette matière aux corps à 
qui la Nature fa refufée; fa propagation rapide le long de 
l'eau & des métaux; enfin la fameufe expérience de Leyde, 
qui, en excitant l'admiration des Phyficiens, a fait faire une 
infinité de découvertes. 

Néanmoins je ne crois pas que parmi toutes celles que 
je viens de rapporter, il y en ait jamais eu d’aufi intéref- 
fantes que celle qui fut annoncée à l Académie, il y a près 
de fix mois, touchant la parfaite reffemblance qu'on venoit 
d’obferver entre la matière électrique & celle du tonnerre. 
IL y avoit déjà long-temps que d’habiles Phyficiens avoient 
remarqué beaucoup d'analogie entre quelques effets du ton- 
nerre & ceux de l'électricité; & 1a violente étincelle de 
l'expérience de Leyde, qu'on avoit aflez juftement nommée 
foudroyante, avoit fait penfer à plufieurs qu'un éclat de 
tonnerre n'étoit que lexplofion d'une très-groffe étincelle 
électrique, 

Cette analogie a paru entre autres fi inconteftable à M. 
Franklin, qu'il a fondé fur elle un nouveau fyftème pour 
expliquer les météores, & propolé l'idée d'une expérience 


Mém, 1752.  Gg 


234 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
décifive, par le moyen de laquelle il feroit facile de démon- 
trer l'identité de l'électricité & du tonnerre. 

Cependant tout ce qu'en ont dit ces Phyficiens, n’a dû 
être regardé que comme une conjecture plus où moins pro- 
bable, jufqu'à ce que M. d'Alibard en eût prouvé la réalité 
par l'expérience qu'il fit exécuter par un de fes amis, & 
dont il a fait part à l'Académie, 

Aufli-tôt que j'ai fü le détail & le fuccès de cette expé- 
rience, j'ai penfé qu'elle pouvoit être appliquée à des re- 
cherches très-iniéreflantes, & qu'elle pouvoit nous donner 
de grandes lumières fur la nature de l'électricité, fur celle 
du tonnerre & des météores en général ; c'eft pourquoi je 
me préparai à en examiner avec foin toutes les circonftances, 
chaque fois qu'il furviendroit quelque orage. 

Je difpofai pour cet effet un appareil fort fimple, & que 
j'ai reconnu dans la fuite très-commode pour ces fortes d’ob- 
fervations : il confiftoit en une perche de trente-deux pieds 
de hauteur, que je fis planter à Saint-Germain au milieu 
d'une pièce de gazon, dans un lieu où elle étoit abfolument 
ifolée. Je fixai à fon extrémité fupérieure un gros tube de 
verre très-fort, qui portoit un tuyau de fer-blanc, terminé 
en pointe: vers le milieu du tuyau de fer-blanc étoit lié un 

fil de fer fort mince, long d'environ cinquante toifes, qui, 
fans toucher à aucun corps, venoit fe rendre à un cordon 
de foie tendu horizontalement dans un pavillon. 

Le 7 Juin 1752; à midi, le temps étant entièrement 
décidé à l'orage, j'eus à peine achevé d'établir cet appareil, 
que j'entendis un coup de tonnerre précédé d'un éclair, qui 
fortit d'un gros nuage peu éloigné du lieu où j'obfervois : je 
m'empreflai de toucher le bout du fil d'archal proche de 
endroit où il étoit lié au cordon'de foie; il en fortit aufir- 
tôt avec vivacité une étincelle très-piquante, & qui me fit 
reflentir dans le bras à peu près la même impreflion que 
celle que produit l’étincelle de la bouteille dans l'expérience 
de Leyde. 

Je répétai cette expérience un grand” nombre de fois 


Di Es AS 4CHAE Nr CE Se 2 
pendant quatre ou cinq heures que dura l'orage. Plufieurs 
perfonnes qui étoient prélentes voulurent bien aufii la faire; 
elle réuffit toüjours avec un égal fuccès, malgré la pluie 
abondante qui tomba fouvent pendant cet intervalle, & qui 
mouilloit en partie le tube de verre. Différentes expériences 
que j'eus le temps d'exécuter, ne me permirent pas de douter 
que cette matière électrique dont le fil de fer s'étoit chargé 
pendant orage, ne füt de la même nature que celle que 
nous excitons par le frottement des corps électriques: en 
effet , ce fil attiroit & repoufloit très - vivement les corps lé- 
gers que je lui préfentois; la matière fortoit en étincellant 
avec éclat; elle excitoit dans les bras de plufieurs perfonnes 
qui fe tenoïent par la main , une commotion confidérable ; 
elle fortoit par les pointes fous la forme d’une aigrette; elle 
enflammoit f'efprit de vin & les liqueurs fpiritueufes ; elle 
exhaloit l'odeur particulière à la matière électrique; en un 
mot, elle paroïfloit avoir tout le caraétère de la matière élec- 
trique que nous excitons avec nos inflrumens, & qui la 
différencient de tous les autres fluides. 

La matière que nous produifons par le frottement, & que 
nous communiquons à des corps métalliques d'une grande 
furface, a encore la propriété de fe conferver pendant quel. 
que temps dans ces corps lorfqu'ils font fufpendus par des 
cordons de foie, & que l'air eft afez fec ; & en multi- 
pliant les furfaces & les longueurs de ces corps, on fe fert 
avec fuccès de cette propriété pour accumuler deflus la ma- 
tière électrique, & en groflir les effets. Je fuis parvenu de 
même à augmenter confidérablement ceux de l'éleétricité des 
nuages, en faifant communiquer mon fil de fer avec de gros 
cylindres de papier doré , & avec plufieurs tuyaux de fer-blanc, 
fufpendus par de la foie; en un mot, je fuis venu à bout 
de produire avec l'électricité des nuages les mêmes eflets 
que lon produit avec la meilleure machine électrique. 

: J'ai obfervé régulièrement depuis le mois de Juin jufqu'à 
ce jour, avec cet appareil compolé, tous les effets de l'élec- 
tricité des nuages, & je me fuis toûjours aperçà par fou 

G£gi 


236 MÉMoIREs DE L’ACADÉMIE ROYALE 
moyen de fes moindres variations. J'ai fait plufieurs fois {a 
remarque que M. Delor acommuniquée à l'Académie, favoir, 
que les gros nuages lancent la matière électrique jufqu'à nous, 
même quand ces nuages font encore fort éloignés ; que ceute 
matière paroit augmenter en quantité à melure qu'ils sap- 
prochent, & diminuer à mefure qu'ils s'éloignent. 

Cette obfervation fembleroit prouver que les nuages ora- 
geux font des corps fortement électrifés par communication, 

ui ont autour d'eux des atmofphères de matière éleétrique 
très-denfes & d'une très-grande étendue, par lefquelles ils 
eommuniquent à tous les corps qui s'y trouvent renfermés, 
des quantités de matière éléctrique d'autant plus confidérables 
que ces corps font dans des couches plus denfes de ces atmo- 
fphères. Cependant nous ne trouvons pas affez d'uniformité 
dans les eflets de l'électricité communiquée par les nhäges, 
pour ofer encore adopter cette idée fi naturelle ; au contraire la 
diftribution de la matière électrique qui fe fait quelquefois 
comme par fecoufles, nous a paru fujète à de grandes irrégu- 
larités, & nous avons obfervé dans fes eHlets des variations 
fi fubites d'accroiflement & de diminution, que nous ne 
pouvons encore l'aflujétir à aucunes règles. Pour, mettre 
quelque ordre dans les oblervations que j'ai à rapporter, je 
vais indiquer les faits qui m'ont paru les plus généraux, & 
tout ce que j'ai p faifir de plus invariable. 

1. La matière élettrique ne manque guère de fe faire 
apercevoir dans les temps d'orage, lorfque le tonnerre gronde 
ou qu'il éclate, principalement quand ces orages ont été pré- 
cédés d'un grand calme, & que la chaleur de l'air a été plus 
vive qu'à l'ordinaire. 

2." Elle paroït auft quelquefois quand il n'y a que de 
fimples apparences d'orage, lorfque le ciel eft chargé de gros 
nuages qui flottent avec lenteur, & qui font alternativement 
emportés de côté ou d'autre par deux vents contraires. 

.” Le moment où elle femble fe répandre avec plus d’a- 
bondance elt pluflôt celui de la réfolution des nuages en 
grofles pluies, que l'inftant où le tonnerre éclate avec le plus de 


DéENS  SNIC'I E N'C'E’S 23% 
bruit & que les éclairs fe fuccèdent avec le plus de vivacité: 
cet effet eft fi ordinaire, que je n'ai pas vü tomber de groffe 
pluie fans qu'elle n'ait été précédée & accompagnée des fignes 
de l'électricité la plus forte. 

Cette obfervation eft une des plus conflantes que j'aie 
faites; après l'avoir réitérée bien des fois pendant l'été, j'ai eu la 
fatisfaction de la confirmer encore les 9, 10 & 1 1 du mois 
de Novembre: il-eft tombé à différentes heures de ces trois 
jours, de grofles pluies amenées par un vent de fud-oueft, 
& qui reffembloient fort à des grains d'orage, quoique nous 
m'ayons entendu aücun coup de tonnerre ni aperçû aucun 
éclair. 

Dès le commencement de ces pluies & pendant toute leur 
durée, mes fils de fer ont été f1 fort électrifés, qu'on ne 
pouvoit s'expofer deux fois de fuite à tirer des étincelles, & 
qu'on pouvoit allumer à plufieurs reprifes de l'efprit de vin 
contenu dans un vale de métal. 

4 Le calme qui précède ordinairement les pluies d'orage 
cefle au moment que fa matière électrique cominence à fe 
répandre, & j'ai remarqué quil s'élevoit un vent d’autant 
plus impétueux, que cette matière avoit paru aux inftrumens 
en plus grande abondance. 

ge Enfin, aufli-tôt que la mafle de l'air commence à être 
humeétée, ce qui n'eft pas toüjours, comme l'on fait, un 
effet affuré de la pluie, la matière életrique difparoît tout-à- 
fait pendant un efpace de temps affez confidérable. 

Après avoir reconnu par ces obfervations , que dans les 
temps d'orage & de pluie la matière électrique fe dépoloit 
fur mes fils de fer, je voulus m'aflurer fi elle étoit véritable- 
ment élancée des nuages, répandue dans notre atmofphère, 
& comment elle parvenoit jufqu'à nous. Pour cet effet, j'ai 
coupé hors du pavillon une portion du fil de fer, longue 
d'environ quatre pieds, & je lui ai fubftitué un cordon de 
foie bien fec : j'obfervai pendant l'orage que le fil de fer 
devint électrique jufqu'à ce nouveau cordon de foie, & que 
la portion qui étoit comprile depuis ce cordon jufqu'à celui 


Gg ii] 


238 MÉMmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

du pavillon, n'avoit aucun figne d'électricité, à moins que je 
ne remille les choles dans leur premier état; ce qui prouve 
que le mouvement de la matière électrique étoit du fommet 
de la perche vers le pavillon, & par conféquent qu'elle venoit 
de l'atmofphère. 

M'étant donc fatisfait fur ce premier point, j'effayai de 
découvrir fi la grande élévation de la perche & la figure 
particulière de la pointe qui terminoit l'appareil, étoient caufes 
que la matière électrique étoit fl manifefte dans le fil de fer 
en l'attirant du nuage, ou bien fi cette matière étoit élancée 
indiftinétement fur la furface de la terre, & parvenoit aufft 
facilement aux corps les plus proches de fa fuperficie qu'à 
ceux qui étoient les plus élevés. 

Je pris, pour m'en aflurer, fix barres de fer quarré d'un 
pouce, je les difpofai horizontalement fur des trétaux où elles 
étoient fupportées par fix bouteilles de verre bien sèches : j'é- 
tablis une communication entre ces fix barres par un fil de 
fer horizontal qui venoit fe terminer au cordon de foie, tendu 
dans le pavillon où j'obfervois: ces fix barres étoient placées 
au bas de la perche de mon appareil ordinaire, & n'étoient 
élevées que de quatre ou cinq pieds au deflus de la furface 
de la terre, enfin elles ne préfentoient en l'air rien d’aigu 
que leurs angles. Au premier témps d'orage l'électricité fut 
très-fenfible au fil de fer & aux barres horizontales, en forte 
que j'en tirai des étincelles qui me parurent auffi fortes que 
je les pouvois attendre de l'étendue de leur fuperficie: d'où 
je conclus que la matière électrique parvenoit jufqu'à la fur- 
face de la terre. 

Je fufpendis par le moyen de cordons de foie un grand 
porte-voix de fer-blanc, en forte qu'il füt tantôt horizontal &c 
tantôt vertical: il s'électrifa très-bien dans toute forte de 
fituations, & il me parut l'être autant, quand fon large pavillon 
étoit tourné en haut, que quand fon embouchüre, que j'avois 
garnie d’une pointe, étoit tournée vers le ciel. Cette expé- 
rience me prouva donc que la matière éle‘trique fe répand 
auffi bien dans les corps, de quelque figure qu'ils foient, que 
dans ceux qui font fort élevés & terminés en pointe. 


DES SCIENCES. 239 

Une autre fois (toûjours pendant un temps d'orage) je 
me plaçai-au milieu d'un jardin fur un gâteau de poix réfine 
bien fec, & j'élevai la main gauche en l'air pour recevoir 
Yélectricité: je fus éleGrifé à linftant, & on tira de mon 
vilage & de mes jambes des étincelles comme fi je l’eufle 
été par le globe de verre. 

Enfin, je coupai une branche de charme d'environ neuf 
pieds de haut, je lui laiflai tout fon feuillage, & je l'aflu- 
jétis à un arrofoir de cuivre que je pofai fur le gâteau de 
réfine: la branche devint à lnftant très-électrique, & je tirai 
de la lumière de fes feuilles, aufli-bien que de l'arrofoir. 

J'ai électrilé avec un égal fuccès plufieurs corps de dif 
férentes efpèces, en les mettant fur le gâteau de réfine, & 
j'ai communiqué à de Feau contenue dans des cloches de 
verre renverfées, une électricité très-fenfible, foit en leur 
failant recevoir la pluie d'orage, foit feulement par le moyen 
de l'air. 

H paroït par toutes ces expériences, que dans les temps 
d'orage la matière éleftrique eft élancée des nuages en grande 
abondance, qu'elle fe répand comme la pluie fur toute {a 
furface de la terre, & qu'elle fe diftribue dans tous les corps 
capables de la recevoir, quelles que foient leur figure & leur 
polition ; que celle qui fe dépofe fur les corps pointus & fort 
élevés, n'empêche pas qu'il ne s'en répande fur ceux qui font 
au deflous, & que nous pouvons aifément nous en apercevoir 
toutes les fois que ces corps font bien ifolés & fupportés par 
d'autres qui foient électriques de leur nature, 

Dans le cours des obleivations que j'ai faites depuis le 
mois de Juin jufquà ce jour, j'ai prefque toûjours aperçû 
des marques d'électricité lorlqu'il a patié quelque nuage au 
deffus-de mon appareil. J'ai reconnu la préfence de cette 
matière, tantôt par des étincelles-que j’excitois en approchant 
Je doigt, tantôt par l'attraction de la pouffière lorfque l'élec- 
tricité étoit trop foible. Ces eflets, moins fenfibles à la vérité 
que ceux qui fe font apercevoir dans les temps d'orage, ont 
paru aflez conflamment, fans qu'il ait été quellion de tonnerre 


240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

ni de pluie. Cette obfervation, qui m'engageoit à vifiter fou- 
vent la nouvelle machine éleétrique, n'en fit faire une autre 
d'une plus grande importance. Je prélentai un jour du mois 
de Juillet, fur les neuf heures du matin, de la pouffière à 
l'extrémité du fil de fer: le ciel étoit alors parfaitement clair, 
& il ne paroifloit aucun nuage fur tout l'horizon; il fouf- 
floit un petit vent de nord-eft, qui rendoit l'air affez fec. 
Je fus très-furpris de voir que mon fil de fer attiroit très- 
vivement la pouffière: cette obfervation auroit dû me faire 
plus d'impreffion qu'elle ne nr'en fit alors; je négligeai de la 
réitérer, & j'attribuai trop légèrement cet effet à la grande 
fécherefle de Fair, à la faveur de laquelle l'électricité com- 
muniquée pendant la nuit par quelque nuage, auroit pü s'être 
confervée dans l'appareil, rien n'étant fi ordinaire que de 
voir les métaux conferver l'électricité qu'ils ont reçüe, quand 
l'air eft fort fec. En un mot, ce ne fut quele 22 du mois 
de Septembre, que je commençai à croire qu'il pouvoit y 
avoir de l'éleétricité répandue dans l'air fans la préfence d’au- 
cun nuage: il régnoit ce jour-là un vent d'équinoxe très- 
violent & en même temps très-fec, qui s’étoit élevé à a 
fuite d’un terrible ouragan arrivé la veille prefque à la même 
heure, dans une étendue de la France de plus de cent lieues. 
Cet orage avoit été accompagné , à l'ordinaire , de beaucoup 
d'éectricité, mais dont il n'étoit relté aucun veftisce après 
qu'il fat fini; cependant le lendemain matin je trouvai que 
le fil de fer attiroit continuellement la pouflière, & il con- 
tinua de l'attirer jufqu'à la nuit. 

Pendant toute la journée le ciel fut très-ferein & très-fec; 
on ne vit que quelques nuages peu confidérables, écartés les 
uns des autres, qu'un vent violent venant de left empor- 
toit avec la plus grande vitefle. Je vis très -diftinétement 
beaucoup d'électricité dans des intervalles de temps aflez 
longs, pendant lefquels il ne pafla aucun nuage au deflus de 
nous ; enfin le vent les chafla tous de l'horizon, & l’électri- 
cité continua de paroître avec la même vigueur. 

Depuis ce jour jufqu'à la fin du mois d'Oétobre, le ciel 

a confervé 


DES SNCAILE NICE Se 241 
a confervé cette férénité ; le foleil pendant plus de fix femaines 
s'eft levé & seit couché fans que fa lumière ait été obfcurcie 
par aucun nuage, ni même affoiblie par la moindre vapeur : 
la fécherefle que produifoit le vent d'eft pendant le jour, 
cédoit le foir à la rofée qui humedoit fair pendant la nuit. 
Je n'ai pas ceflé, pendant ces fix femaines, d'apercevoir chaque 
jour des fignes d'électricité; elle étoit plus foible à Ja vérité 
que celle qui nous eft communiquée par de gros nuages, 
mais toûjours affez forte pour attirer de la pouflière à la dif. 
tance de trois à quatre lignes, & fouvent pour produire de 
petites ctincelles. 

Je n'aperçus bien-tôt que l'éle&tricité diminuoit graduel- 
lement au coucher du foleil, & qu'elle difparoifloit tout-à- 
fait une heure ou deux après, enfin qu'elle revenoit régu- 
lièrement fur les huit à neuf heures du matin. Je me doutai 
bien qu'il falloit qu'elle fût interceptée par la rofée, qui sa 
maflant pendant la nuit fur le tuyau de verre, lui faifoit 
perdre fa qualité de corps életrique, & ‘le rendoit capable 
de tranfmettre l'électricité du fil de fer, d'autant mieux que 
ce tuyau reprenoit fa propriété naturelle d'arrêter l'e‘ricité, 
dès que le foleil favoit affez échauflé pour en difliper hu- 
midité. Ma conjeéture devint une preuve, lorfque j'eus attaché | 
mon fil de fer à un cordon de foie bien fec & lié au haut 


de la perche: au bout de cinq à fix minutes l'éledricité fe 


manifefta très-fenfiblement, & continua de paroïre toute 
da journée, jufqu'à ce que le cordon de foie fût pareillement 
hume‘té par le ferein qui tomba vers le foir. 

Pour remédier deformais à cet inconvénient, j'ai tendu; 
au travers d'un grand jardin, un fil de fer d'environ 300 
toifes de longueur, qui, paffant quatre fois de ma fenêtre 
à une de celles du château de Saint Germain, étoit fufpendu 
à fes extrémités & à fes retours, par des cordons de foie 
attachés au fond de chaque chambre: ces cordons fe trou- 
vérent par ce moyen à l'abri de la pluie & de la grande 
humidité de Ja nuit. Depuis ce temps-là, je les ai trouvés 
aflez, conflamment électriques dans tous les temps; je dis 


Mém. 1752. . Hh 


242 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

aflez conftamment, parce que je les ai trouvés quelquefois 
fans effet, fur-tout au commencement de ce mois, un jour 
que l'air fut le matin extrémement humide après une pluie 
venue par un vent de fud-oueft. 

Je crus qu'il ne s’agifloit, pour y rappeler fa matière élec- 
trique, que de bien fécher les cordons de foie : il étoit tout 
naturel de croire que l'humidité, qui étoit exceflive, les avoit 
mouillés en pénétrant jufque dans les chambres, dont il fal- 
loit que les fenêtres demeuraffent ouvertes; mais j'eus beau 
les fécher avec foin, & même leur en fubftituer d’autres tous 
neufs & parfaitement fecs, je n'aperçus aucun figne d’élec- 
tricité qu'au bout de quelques heures, quand l'humidité de 
Yair & le brouillard eurent été un peu diffipés par un vent 
doux qui s'éleva de left. 

Comme il paroît fuivre de ces expériences, que la matière 
électrique eft répandue dans l'air, qu'elle eft plus apparente 
par un temps fec que quand Fair eft humide, & que d’ail- 
leurs cette éleétricité naturelle reffemble en tout à celle que 
nous excitons par nos machines, j'ai penfé que nous pou- 
vions regarder l'air comme un des magafins de l'électricité, 
que nous pouvons exciter à tout moment de nos globes, 
de nos tuyaux de verre, & généralement de tous les corps 
électriques chauffés & frottés. Je n'ignore pas que cette idée 
éft abfolument contraire à celle de quelques Phyficiens, par- 
ticulièrement de M. Watfon, qui aflure, d'après une expé- 
rience très-politive qu'il a faite à ce fujet, que la matière 
électrique fort de la terre & monte jufqu'au globe de verre 
par les pieds de la machine, à mefure que ce globe eft 
frotté; qu'en plaçant les inftrumens fur de bons gâteaux de 
poix réfine, aufli-bien que l'homme qui fait tourner la roue, 
il ne paroît plus aucun figne d'électricité : néanmoins j'ofe: 
douter du fuccès de cette expérience, qui ne m'a point encore 
réuffr jufqu'à préfent, quelque peine que j'aie prife de fuf- 
pendre par de bons cordons de foie une machine éleétrique: 
avec tout fon équipage, en forte qu'elle fût bien ifolée. J'ai 
toûjours excité beaucoup d'éledtricité , qui ne pouvoit venir 


DES SCIENCES. 243 


-que de l'air, & celle que je produifois de cette manière à 


paflé non feulement dans un grand tuyau de fer-blanc, fuf- 
pendu vis-à-vis par des foies, mais jufqu'à moi-même qui 
frottois le globe, à celui qui tournoit la roue, & enfin à 


la table fur laquelle étoit pofée la machine. 


Il paroït encore fuivre des expériences que j'ai rapportées, 
que l'air de notre atmofphère ne doit pas étre regardé ab- 
folument comme un fluide originairement électrique, puif- 
qu’il tranfmet, conferve & retient la matière de l'électricité; 
que cependant cette matière paflant avec tant de facilité de 
l'air dans les fubftances métalliques, animales ou végétales, 
paroït avoir beaucoup plus de rapport avec ces différentes 
fubftances qu'avec l'air. 

I fuit auffi que la matière électrique s’unit plus volon- 
tiers avec leau qu'avec tous les autres corps, puifque la 
grande humidité de l'air nous dérobe celle qui peut étre 
répandue dans l'atmofphère, & l'empêche de fe manifefter 
à nos yeux. Enfm il réfulte de ces expériences que le fluide 
électrique, un des plus actifs & des plus mobiles que nous 
connoiflions, dont les parties fubtiles & pénétrantes font 
quelquefois capables de sembrafer & de produire de très-’ 
violens effets; il réfulte, dis-je, que ce fluide a de grands 
rapports avec le tonnerre, le vent, la pluie, & avec les autres 
météores ; qu'il eft actuellement répandu dans Fair que nous 
refpirons, continuellement appliqué à nos corps & à tous 
ceux de la Nature, foit animaux ou végétaux, fur lefquels 
il ne fauroit manquer d'avoir de grandes influences & de 
produire: une infinité d'effets que le temps dévoilera peut- 
être à nos recherches. 


Hhij e 


8 Mars 
1752. 


244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS ANATOMIQUES 
SUR. LE CB 


Premier Mémoire. 


Par M. LIEUTAU 02. 


E cœur, qui eft devenu depuis quelque temps lobjet 

des recherches des plus grands Anatomiftes, fera toû- 
jours une fource féconde de nouveautés, lorfqu'on s’appliquera 
à le confidérer fous différens points de vüe. Sa conftruétion 
dépend de J'aflemblage d'un fi grand nombre de pièces, 
qu'il eft extrèmement difficile d'en découvrir le rapport, & 
de préfenter clairement à l'imagination Îe tout qui en réfulte. 
On fent par-là qu’il eft prefque impoflible d'en donner une 
bonne delcription; auffi n'éprouve-t-on que trop que celles. 
qui paflent pour être les plus exactes, laiflent encore beau- 
coup à defirer. Un Auteur célèbre a remarqué que celle 
qu'on lit dans mon Anatomie, manquoit d’étendue, & pour 
me fervir de fes termes, qu'elle étoit fuperficielle : je. pour- 
rois répondre qu'il eft inutile & même nuifible d'entrer dans 
un certain détail, lorfqu'on travaille à un traité complet qu'on 
deftine à l'inftruétion des jeunes gens, & que la multitude 
des objets qui m'occupoient également, ne me permettoit 
pas de donner à l'article du, cœur plus d'étendue qu'aux 
autres; mais pourquoi diffimuler que n'ayant pas alors des 
notions bien claires de cette partie, il nxétoit difficile de la 
mieux repréfenter? Dans la vûe de réparer cette omiflion, 
jai étudié aujourd’hui cet organe avec plus de foin & de 
loifir, & jy ai découvert bien des particularités qui m'a- 
voient échappé dans un autre temps. Je ne me fuis pas 
attaché préfentement à dévoiler cette ftrudture cachée, où 
la dextérité la plus exercée a coûtume d’échouer : je me 
fuis borné à examiner ce qui peut tomber fous les fens de: 


piles SCA EANICAE NS. 245 
Thomme le moins intelligent : peut-être que mes obfervations 
n'en paroïtront pas moins importantes. Je ne crois pas d'ail- 
leurs qu'il foit bien néceflaire, pour parvenir à connoître 
Jaétion que le cœur exerce fur le fang, & le degré de ré- 
fiflance qu'il oppole à ce liquide, de mefurer géométrique- 
ment les courbes que décrivent les fibres de ce mufcle cave, 
de déméler avec exactitude leurs entrelacemiens, & de les 
pourfuivre fcrupuleufement jufqu’à leurs dernières extrémités. 
Ne fufhit-il pas de favoir que les parois des cavités du cœur, 
lorfqu'elles ne s’éloignent pas de leurs dimenfions naturelles, 
ont toute la force qui peut réfulter de l’ordre & de Farrange- 
ment le plus parfait? A-t-on beloin, pour juger de l'adtion 
d'un mufcle, d'en faire lanalyfe? Ne peut-on pas connoître 
fa puiflance en confidérant attentivement fa forme exté- 
rieure, fon étendue, fa direétion & fes attaches, avec ce: 


qui concerne la réfiflance des différens leviers quil doit 


mettre en mouvement , ou celle de toute autre partie foû- 
mife à fon ation! Le cœur, ainfi que tout le monde en 
convient, eft un vrai mufcle qui ne diffèré des autres que 
par fa forme particulière, -qui eft fans doute-la plus conve- 
uable à {es fonctions: n'eft-ce pas cette forme, {ur laquelle - 
il me paroït qu'on a paffé un peu légèrement, qu'il nous, 
importe le plus de faifir? Je ne prétends pas cependant blâmer 
ceux qui, courant dans la même. carrière, fe font livrés à 
des recherches plus relevées ou plus fubtiles : on doit leur 
favoir gré d'avoir fait tous leurs efforts pour dévoiler ce que 
la Nature femble_ vouloir nous cacher; & fi l'on ne retire 
pas encore beaucoup de fruit de leurs travaux, c'eft parce 
que le temps d'en faire ufage n'eft peut-être pas venu, Je 
mai donc examiné préfentement dans le cœur , que ce qui 
peut manifefter fon. méchanifme, en déduifant de fa: confor- 
mation & de la ftructure de fes. cavités, l'effet que le choc 
du fang peut produire fur fes parois, & le mouvement que 
leur réaétion peut imprimer à ce liquide. Je ne me propofe 
pourtant pas de donner une defcription complète du cœur, 
ni de répéter par conféquent tout ce qui a été dit fi fouvent, 
Hh ïüj 


Le péricarde, 


Pofition du 
cœur, détermi- 
née par celle 
du péricarde. 


246 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

mais d'ajoûter à l’hifloire anatomique de ce vifcère quelques 
obfervations nouvelles ou plus éclaircies fur tout ce qui lui 
eft relatif, & d'y joindre les réflexions que des faits bien 
conftatés pourront faire naître. 

Le péricarde, cette enveloppe libre où non adhérente 
du cœur, mérite une attention particulière. Sa pofition fait 
connoître la véritable fituation du cœur, qui eft très-fouvent 
déplacé dans le cadavre. Sa capacité eft relative au volume 
de ce vifcère & en fixe les dimenfions, telles qu'elles peu- 
vent être dans l'homme vivant, auquel les travaux anato- 
miques doivent fe rapporter. Sa flruélure ne permet pas de 
penfer qu'il foit borné aux fimples fonétions d’une capfule; 
il femble qu'il doit jouer un plus grand rôle dans l'économie 
animale: fes connexions avec l’eftomac, le diaphragme & le 
poumon fortifient ces conjeétures , qui font encore appuyées 
für les accidens qui accompagnent les maladies très-fréquentes 
dont ïl eft le fiége. 

Je crois qu'il eft inutile de s'arrêter à la figure du péri- 
carde, parce qu'il n'eft pas douteux qu'il ne prenne celle des 
parties qu'il embrafle, & auxquelles pendant Ja vie & dans 
l'état de fanté il doit être toûjours appliqué. Il réfulte de-à 
que la véritable pofition du cœur ne peut être déterminée 
que par celle du péricarde; mais comme dans le cadavre la 
capacité de ce fac, fur-tout dans l'hydropifie qui lui eft par- 
ticulière & qui eft fi commune, ne répond point ordinai- 
rement au volume des parties vuides & affaiflées qu'il ren- 
ferme, il ne faut pas être furpris fr l'infpection anatomique 
ne préfente point le cœur dans fa véritable pofition, qu'il 
eft d'autant plus important de faifir, Eee doit rendre raifon 
de la forme aplatie que fon bord inférieur conferve, même 
dans fa plus grande dilatation, fans parler des avantages plus 
réels que la Médecine & la Chirurgie peuvent en retirer. 

Pour trouver le cœur à la place qu'il occupe dans le fujet 
vivant, autant que la diminution confidérable de fa mafle 
peut le permettre, il faut l’examiner avant d’avoir touché 
au bas-ventre, afin que le diaphragme conferve toute fa 


DES SCHtENCES. 247 
convexité, & avoir Fattention de placer le tronc du cadavre 
à plomb, parce que le poumon saflaiffant à la première 
ouverture de la poitrine, laifle un grand efpace dans cette 
cavité, qui permet au cœur, ordinairement aflaiflé & rétréci, 
de quitter fa place, fon propre poids 'entraïnant dans le 
fond du péricarde relâché, qui paroît beaucoup plus large 
que la maffe du cœur ne femble le demander. Des Auteurs du 
premier ordre ont penfé que le cœur n'occupoit point de 
place fixe, & que fon mouvement le tranfportoit d’un lieu 
dans un autre: ce fentiment eft appuyé fur un fait très-équi- 
voque, ou fur l'obfervation faite fur un cœur vuide, qui a 
quelquefois perdu plus de la moitié de fon volume. Lorf 

w'il contiendra autant de fang que la grande capacité des 
ventricules le demande, les oreillettes & les vaifleaux étant 
remplis à proportion, il eft certain qu'il ne laïflera aucun 
vuide dans le péricarde, & qu'il ne pourra pas par confé- 
quent fe déplacer dela manière qu'on l'entend , fans entraîner 
cette caplule, qui doit s’y oppoler par les fortes connexions 
qu'elle contraéte avec les parties voifines, fans parler des 
inconvéniens auxquels on fent bien que ce déplacement l'ex- 
poferoit. Le bord inférieur du cœur remplira donc l'angle 
qui eft formé par la convexité du diaphragme & la face 
interne du fternum ; de-là on jugera aïfément que ce bord 
doit toûjours conferver fa forme angulaire, c’eft-à-dire, que 

- rencontrant la ligne d'union du diaphragme & de la char- 
pente, il ne fauroit s'arrondir comme le bord fupérieur, qui 
n'a d'autre obftacle à vaincre que lepoumon, dont la flexi- 


bilité cède à tous fes mouvemens. C’eft par la même raiïfon. 


que le bord inférieur de l'un & autre Iobé du poumon doit 
être figuré de même que celui du cœur, parce qu'il occupe 


des deux côtés tout le refte de l'efpace angulaire que laifle 


Fattache circulaire du diaphragme. 

Ne doit-on pas donc craindre de fe tromper lorfqu'on 
joge de la capacité relative du péricarde par ce qu'on ob- 
ferve le plus fouvent dans le cadavre, & qu'on aflure que 
lefpace que renferme cette capfule eft le double de celui 


Capacité 
du péricarde ÿ 
relativement 
au cœWs 


248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
qu'occupe le cœur? Cela peut être vrai lorfque le cœur eft : 
vuide, où qu'il n’a retenu que la partie couenneule du fang, 
qui, figée dans les derniers momens de la vie, fe trouve 
arrêtée par l'entrelacement des colonnes, & ne fauroit par . 
conféquent être rejetée par les derniers eforts du cœur, ainffr 
que là partie rouge & féreufe que les artères qui participent 
au mouvement afloibli du cœur tranfmettent aux veines, 
auxquelles il ne refle alors plus d'action : cependant plufieurs 
caufes qui tiennent à l'état de maladie, ne permettent pas 
au cœur de fe vuider, & on le trouve alors rempli de fang, 
tel à peu près qu'il doit être dans le vivant. Ce fait n'eft 
ignoré de perfonne, mais on ne s'y eft pas arrêté, & l'on 
fe contente de dire, lorfque le cas fe préfente, que ce cœur 
eft d'une groffeur monftrueufe, fans fe trop mettre en peine 
de la caufe de ce prétendu accident. IL peut pourtant arriver, 
& il arrive en effet, que le volume du cœur, par engorge- 
ment où par une conformation particulière, furpafle fes 
bornes ordinaires; mais cela ne s'oblerve pas auffi commu 
nément qu'on peut le penfer. Il n'eft pas douteux que la 
mafle du cœur ne foit expolée aux mèmes variétés qu'é- 
prouvent les autres vifcères : fa grofleur n'eft pas toûüjours 
proportionnée à celle des autres parties où à la grandeur du 
fujet. Les maladies y apportent encore beaucoup de chan- 
gement ; mais ces variétés ne frappent que ceux qui ont 
acquis l'habitude de les obferver. 

On peut donner au cœur, tel qu'il eft dans la plufpart 
des fujets, le volume qu'il a perdu, de même qu'aux oreil- 
lettes & aux vaifleaux contenus dans le péricarde : if ne faut 
qu'injecter du fuif ou de la cire dans leurs cavités par la. 
veine-cave fupérieure & une des pulmonaires, après avoir 
placé dés ligatures là où elles font néceffaires. Ces parties di-. 
latées préfenteront alors un volume qui ne balotera pas très- 
certainement dans la capacité du péricarde. Le peu de force 
qu'il faut employer pour exciter cette dilatation, ne permet 
guère de penfer que celle du fang lui foit inférieure: il eft 
cependant vrai que l'injection peut forcer un peu ces cavités, 

mais 


DAEUISTISNCUT EN CE: SX 249 
mais on ne fera alors que compenfer ce qui manque à fa 
partie charnue du cœur: car ce n'eft pas la fule déplétion 
des väntricules qui en diminue le volume, celle de fes propres 
waifieaux y contribue auff. Ces derniers doivent fe deflem- 
plir, fi lation du cœur fubfifte encore quelque temps après 
que les autres parties ont perdu la leur. On fait que cet 
organe conferve fon mouvement, quoique languiffant, juf- 
qu'au dernier moment de la vie, & peut-être lui refte-t-il 
quelque vibration peu de temps après la mort, ainfi qu'un 
très-grand nombre d'expériences faites fur les cœurs des ani- 
maux femble le prouver. Le peu de fang qui pañle alors 
par les ventricules ne fauroit, comme on le verra dans la 
fuite, fournir aux coronaires, dont les rameaux foûmis aux 
effets de la contraction mufculaire chafieront le liquide qu'ils 
contiennent , dans les troncs veineux, qui rampant fur a 
furface du cœur, & moins expofés par conféquent à lation 
de fes fibres, pourront retenir une partie du fang qui fra 
exprimé des capillaires, fur-tout lorfque ce liquide fera peu 
coulant. If eft aifé de juger que dans ces circonftances les 
fibres charnues dont les vaifleaux feront afaifiés, fe rappro- 
cheront, & que les parois des ventricules perdront par con- 
féquent de leur épaiffeur. 

Quelques Auteurs qui n'ont pà concilier la grande 
capacité du péricarde avec la mafle reflerrée du cœur, & 
qui ont douté qu'il contint de l'eau dans fétat naturel, ont 
cru qu'il pouvoit ètre rempli de vapeurs. On ne fauroit di£ 
convenir que le cœur ne tranfpire comme les autres vifcères, 
mais le péricarde donne pafñlage à ces fumées, & n'eft pas 
plus propre à les arrêter, que Îa plèvre & le péritoine ne 
peuvent le faire à l'égard de celles qui s'élèvent de la furface 
du poumon & des vifcères du bas-ventre; mais on a voulu 
rendre raifon d’une conformation qui n'a paru fingulière que 
parce qu'on a négligé de rapprocher les faits anatomiques : 
ainfi je ne doute pas que le péricarde, dans fétat de fanté, 
ne foit appliqué dans toute fon étendue à la furface du cœur 
& des autres parties contenues dans fa cavité, de même 


Mém. 1752. li 


250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
que la plèvre & le péritoine, quoique collés à des parties 
folides, le font aux vilcères qu'ils renferment, qui, ainfi que le 
cœur, ont la liberté de fe mouvoir avec quelque frottement 
contre Ja face cave, polie & humide de ces enveloppes. 
Mais le cœur pourra-t-il fe dilater dans une capfule affez 
forte, qui l'embraffera exactement? fes bornes étroites ne 
s'oppoferont-elles pas à ce mouvement alternatif & non in- 
terrompu de dilatation & de contraétion? Si nous fuppofons, 
contre toute vrai-femblance, que le péricarde foit obligé de 
s'étendre dans la diaftole, fera-t-il furprenant qu'une partie 
membraneufe, & par conféquent flexible, fe prête à ce mou- 
vement® les deux facs de la plèvre qui embraffent le pou- 
mon, ne s’étendent-ils pas à chaque infpiration!? le péritoine 
ne fe dilate-t-il pas lorfque l'efflomac fe remplit d'alimens? 
ces deux facs membraneux, malgré leur point d'appui aux 
parties contenantes, en font-ils moins appliqués aux vifcères 
qu'ils renferment! Mais je confens qu'on refufe au péricarde 
cette flexibilité, parce que je ne crois pas qu'il foit foùmis 
à aucune dilatation confidérable, fi ce n'eft dans l’état de 
maladie. IL eft évident que le cœur groffit dans la diaftole, 
puifqu'il reçoit une nouvelle quantité de fang ; mais ce liquide 
ne lui vient-il pas des oreillettes ou des grofles veines qui 
y aboutiflent ? il eft donc néceflaire que ces facs, & peut-être 
ces vaifleaux, fe defempliffent, & occupent par conféquent 
moins de place lorfque le volume du cœur augmentera; ce 
qui fait une jufte compenfation qui laiffe le fac membraneux 
renfermant toutes ces parties, dans le même état où il étoit 
auparavant, à fa figure près, qui éprouvera quelque chan- 
gement. Peut-on douter que pendant la fyflole, qui pouffe 
le fang dans les artères, les veines n’en verfent une pareille 
quantité dans les oreillettes , de forte qu'il y a continuellement 
une alternative de dilatation & de contraétion entre ces parties 
caves? mais le tout qui réfulte de leur aflemblage-préfente toù- 
jours le même volume, & le péricarde qui les contient, ne 
fauroit fouffrir aucune extenfion qui puiffe nuire à leur mou- 
vement. Si ce que je viens d'expofer ne fuflit point pour 


D'ENSRUSNCIL EN C'E' S 251 


conftater la capacité du péricarde, relativement à la mañle du 
cœur , l'examen de ce vifcère me fournira de nouvelles preuves 
que l'ordre que je fuis ne me permet pas de placer ici. 

S'il n’eft pas ailé de fixer l'étendue du péricarde, il n’eft 
pas moins difhcile d'en développer la fruéture. Je confidère 
dans ce fac deux parties principales, favoir, la membrane 
tendineufe, connue de plufieurs Anatomifes, qui fait prefque 
toute fon épaifleur & fa folidité, & la membrane fine & 
polie qui tapifle avec beaucoup d'adhérence fa cavité, & 
qui fournit des capfules plus où moins complètes à toutes les 
parties qui y font renfermées : on peut l'appeler pour cette 
raifon #embrane capfulaire. W faut ajoûter à ces deux parties 
qui conftituent eflentiellement le péricarde , le tiflu cellulaire 
qui les lie entr'elles, & forme extérieurement des connexions 
avec le fternum , le thymus , la plèvre, le diaphragme & 
l'œfophage, fans parler de l'enveloppe commune qu'il fournit à 
tous les vaiffeaux qui fortent du péricarde ou qui y font reçüs. 

La partie tendineufe eft la moins étendue, parce qu'elle 
ne paroît pas aller au delà du fac du péricarde; les fibres 
qui forment fon tiflu ne font guère fenfibles dans les enfans 
& les jeunes fujets: on les voit affez diflinétement dans les 
adultes, mais elles font plus apparentes dans les vieillards. 
Leur entrelacement paroït irrégulier, leur direction n'a rien 
de déterminé: elles fe préfentent dans toutes les faces du 
péricarde, mais il faut auparavant dépouiller ce fac de la 
plèvre qui l'embrafle fort étroitement, & de la graifle que 
fon tiflu cellulaire renferme en quelques endroits. Cette opé- 
ration n’eft pas fans difficulté, parce que ces parties font fi 
fortement collées enfemble, & la plèvre fr déliée, qu'il eft 
bien difficile de ne pas la déchirer en lenlevant, fur-tout 
lorfqu'on en pourfuivra la diflection jufqu'au diaphragme, 
qui doit être aufli mis à nu aux environs du péricarde, 
pour découvrir avec plus de netteté li communication qui 
eft entre ces parties. 

On fait que le fac tendineux du péricarde eft très-forte- 
ment attaché au diaphragme, tant à fon centre tendineux 

lii 


Structure 
du 
péricarde. 


l 
252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
qu'il recouvre en partie, qu'à fa portion charnue qu'il ren+ 
contre en plufieurs endroits. Carte attache n'eft point une 
fimple adhérence, c'efl une continuité des fibres tendineufes 
& aponévrotiques du diaphragme, qui fe jettent fur le péri- 
carde; mais on n'obferve cette communication que dans le 
bord ou le contour elliptique de la face diaphragmatique du 
péricarde, encore fouflre-t-elle quelque interruption. L'inté- 
rieur de cette face aplatie, ne contracte avec la partie tendi- 
neufe & charnue du diaphragme, qu'une adhérence très-légère 
par le tiflu cellulaire & la graifle même quil y a entre-deux: 
il faut, pour bien ‘apercevoir cette continuité, qu'il n'y refte, 
ainfi que je l'ai. dit, ni plèvre, ni graifle, & le moins de 
tiflu cellulaire qu'il fera poñlible d'y laifler. Une expanfion 
aponévrotique qui recouvre fous la plèvre Ja partie: charnue 
du diaphragme, qui. peut être confidérée comme la mem- 
brane propre de ce mufcle, à laquelle femblent s'inférer les 
fibres charnues qui occupent fa furface, paroît fe diviler en. 
rencontrant le bord du péricarde, en deux feuillets, dont. 
Fextérieur monte fur la face convexe de ce fac, & l'intérieur 
fe répand. fur. la face plate; mais cette continuité eft bien 
plus fenfible vers le bord du péricarde qui porte: fur le centre. 
tendineux du diaphragme, parce que les. bandes aponévro- 
tiques de ce mufcle qui forment, comme on le fait, un 
entrelacement lâche & fort irrégulier, gardent à peu près le 
même arrangement en fe jetant fur le péricarde, de forte 
qu'on peut communément les y pourfuivre jufqu'à un ou deux 
pouces de diflance-du diaphragme : elles font très-apparentes 
dans les jeunes comme dans les vieux fujets, fur la partie 
du péricarde qui donne entrée à la veine-cave inférieure, 
parce qu'elles ne fouffrent dans cet endroit aucune divifion 
par rappoit. à la furface plate du péricarde qui manque ici. 
pour donner paflage au vaifleau. 

C'eft donc du bord de l'ouverture du diaphragme qui 
donne entrée à la veine-cave, que viennent. ces bandes 
tendineufes qu'on peut découvrir, même fans préparation, 
à travers la plèvre, lorfque la graifle ne les cache point : elles . 


DES SICTE NCE S 253 
fe croifent en montant fur le péricarde, qui forme dans cet 
endroit une efpèce d’entonnoir qui embrafle la veine, c'eft- 
à-dire que les antérieures rencontrent les poftérieures, & 
forment par leur entrelacement un réfeau tendineux lâche, 
qu'on perd de vüe à plus ou moins de diftance du dia- 
phragme ; cependant on peut fuivre dans quelques vieux 
fujets ces fibres tendineufes très-fenfibles & très-manifefles, 
jufqu’à l'entrelacement qui borde l'ouverture dela veine pul- 
monaire droite & inférieure, dont je parlerai bientôt. Ces 
fibres, ou pluftôt ces cordons, communiquant avec les plexus 
tendineux qui occupent l'entrée des deux veines, étoient 
aufli diftinéts dans un homme de foixante-dix ans, que les 
bandes qu'on obferve dans le centre tendineux .du diaphragme, 
Le nerf diaphragmatique droit va fe rendre à ce-réfean-in. 
férieur, & peut par conféquent y conduire. On découvre 
encore facilement cette continuité vers la pointe du péricarde; 
auprès de linfertion du nerf diaphragmatique gauche; mais 
les bandes aponévrotiques qui: s'élèvent ici du. diaphragme, 
font moins ramaflées que celles de l'autre côté, & ne fe pré- 
fentent que fous: la forme d’un ligament aponévrotique très- 
folide, qu'on ne-peut pas fuivre- bien loin dans le péricarde.. 
On trouve toüjours une communication plus manifefle à la 
partie la plus antérieure de ce fac, à peu de diftance de celle: 
de la veinecave: j'ai pourfuivi quelquefois dans celle-ci les: 
fibres tendineufes beaucoup plus loin; l’entrelacement eft plus: 
irrégulier. J'ai remarqué plufieurs fois que les fibres les plus 
fenfibles ont leur direétion vers. la bafe du-cœur, c'eft-à- 
dire, quelles marchent obliquement vers Ja partie fupérieure 
du péricarde : on peut en füuivre quelques-unes qui com- 
muniquent, en fe portant à droite, avec l'entrelacement qui 
embrafle a. veine-cave. 

Ce que je viens de dire fur Vattache circulaire ou ellip- 
tique du péricarde; ne peut fe rapporter qu'à ce qu'on ob: 
ferve dans fa face externe; mais lon découvrira bien mieux, 
cette continuité, lorfqu'on la confidérera par fon côté interne. . 
On doit, pour la découvrir, faire des incifions fur le fond. 

Li if, 


254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
du péricarde, & pourfuivre les lambeaux jufqu'à ce qu'on 
les trouve confondus avec le diaphragme : on peut apercevoir 
alors très-clairement la continuité de ces parties. On décou- 
vrira dans l'attache qui répond au centre tendineux, des fibres 
ou des trouffeaux qui fe répandent très-fenfiblement fur la face 
aplatie du péricarde. Dans celles qui portent fur la partie 
charnue, les fibres font moins fenfibles, mais la communi- 
cation n'en eft pas moins manifefle, parce qu'on ne fauroit 
pourfuivre cette diflection qu'en féparant les trouffeaux des 
fibres charnues qui fe terminent par leurs tendons aponévro- 
tiques au péricarde, de ceux qui vont fe rendre au centre 
tendineux: ce qui prouve plus évidemment la continuité de 
ces parties, fur laquelle je ne crois pas que ceux qui voudront 
prendre la peine de lexaminer, puiflent avoir des doutes *, 
On fait que le péricarde, confidéré dans fa partie tendi- 
neufe, a neuf ouvertures pour recevoir les deux veines-caves, 
les quatre pulmonaires, & laifler fortir le tronc de l'aorte 
& les deux branches de l'artère pulmonaire, auxquelles on 
peut ajoûter celle du canal artériel dans le fœtus, ou du li- 
gament qui le repréfente dans l'adulte, fans parler de celles 
qui donnent entrée aux nerfs. Les ouvertures des cinq veines 
fupérieures, qui deviennent ovales lorfque ces vaiffeaux font 
affaiflés, paroiflent être formées par l’écartement des fibres 
tendineufes du péricarde : je les ai vües quelquefois décrivant 
autour des vaifleaux que je viens de nommer, plufieurs 
courbes parallèles qui fe croifoient affez régulièrement dans 
les points de partage. On découvre le plus fouvent dans 
ces anneaux tendineux, des fibres irrégulièrement entrelacées; 
elles font même, dans quelques fujets d’un âge avancé, fi en- 
taflées, qu'on n’a pas befoin de beaucoup d'attention pour 
les apercevoir. Si l'on ne difcerne pas toüjours dans l'adulte 
les fibres qui compofent ces anneaux, lon découvre affez 
conflamment, en étendant la partie du péricarde qui donne 
entrée à ces vaifleaux, un cercle blancheâtre qui les embrafle 


* Lancift paroït avoir connu cette fruéture ; mais ce qu’il en dit ef 
fort obfcur, di cit 


nm" 


SPORE PER RE Enr 


2% Ag 
nm 


DéE SL SCIE N°C ES. 255 
étroitement lorfqu'ils font dilatés ; mais les fibres qui les 
compofent font fi confondues, qu’on ne fauroit les diftinguer : 
lon a mème de la peine à apercevoir ces anneaux dans les 
jeunes fujets où les parties ne font pas encore formées: ils 
m'ont toujours paru plus fenfibles à l'entrée de a veine-cave 
fupérieure & de la veine pulmonaire inférieure, fur-tout fr 
ces recherches fe font immédiatement après avoir ouvert 1a 
poitrine, parce que ces parties expofées à l'air perdent de 
leur confiftance & de leur blancheur. 

La fhucture du fac tendineux du péricarde à 1a fortie des 
artères, eft plus difficile à développer; il ne n'a pas été poffible 
d'y diftinguer aucun anneau: on voit à la vérité dans quel- 
ques fujets fur la face interne du péricarde, un cercle blan- 
cheître, irrégulier, qui ayant quelque relief, paroît être formé 
par un repli de la membrane capfulaire; mais il ne reflemble 
en aucune façon à ceux qui font à l'entrée des veines. Le 
fac tendineux ne paroît pas fe terminer ici; on n’y voit rien 
qui puifle défigner fes bornes, & il y a tout lieu de penfer 

uil accompagne les artères, mais il femble dégénérer en 
f confondant avec le tiflu cellulaire qui embrafle ces vaif 
feaux. Ne peut-on pas dire que les fibres tendineufés, fi 
fenfibles dans toutes les parties du péricarde, & qu'on perd 
de vüe dans cet endroit, fouffrent, en fe prolongeant, un 
écartement qui les confond avec celles du tiflu cellulaire, qui 
eft ici très-remarquable par le concours des trois couches 
qui s’y rendent? La première qu'il reçoit, eft celle qui fous 
la tunique capfulaire embraffe l'artère, & qui eft par confé- 
quent une continuité de celle du cœur: la feconde eft fituée 
entre la membrane capfülaire formant le fac, & la tendineufe : 
elle eft très-mince: la troifième eft celle qui environne le 
péricarde, & qui Funit à la plèvre. Ces trois couches fe ren- 
contrant à a ce de l'aorte & des branches de l'artère pul- 
monaire, leur fourniflent une enveloppe dont on la dépouille 
facilement, & dans laquelle on ne fauroit pourfuivre les fibres 
tendineufes qui s'y perdent ; de forte qu'il ne me paroït pas 
bien important de décider fi ces fibres détachées du fac 


Membrane 
capfulaire du 
péricarde. 


256 MÉmoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
accompagnent ces vaifleaux , ou fi elles fe terminent au tiffu 
cellulaire qui les embrafle , parce qu'on peut envilager dans l'un 
& l'autre état une continuité manifefte qui doit produire le 
même effet, d'autant mieux que les fibres qui forment ici Le 
tiffu cellulaire paroiflent tirer leur origine de celles qui com- 
pofent la membrane tendineute, & ne diffèrent peut-être de 
ces dernières que par leur degré de coliéfron. Les Anato- 
mifles n'ignorent pas que letifiu cellulaire dégénère dans plu- 
fieurs endroits en attaches ligamenteufes, qui ont beaucoup 
de folidité, & qu'il forme prefque par-tout des feuillets 
membraneux qui ne diffèrent des véritables membranes que 
parce que leur trop grand nombre ne permet pas de les 
faire connoître fous des noms particuliers: c'eft cette parfaite 
reflemblance qui rend opération du bubonocelle fi. diff- 
cile & fr laborieufe; ce qui n'arriveroit certainement point 
{1 l'on pouvoit diftinguer les feuillets membraneux, du corps 
du péritoine. On trouve un exemple très-remarquable de ces 
productions membraneufes fur le péricarde ; {eur folidité 
pourroit même les faire prendre pour des lames aponévro- 
tiques qui naiflent de la partie antérieure de ce fac, & fe 
jettent en manière de ligamens fur le thymus qui eft cou- 
ché, comme on le fait, fur le péricarde, & plongé dans le 
tiflu cellulaire, duquel on a fouvent de la peine à le dégager. 
La membrane capfulaire du péricarde eft très-difficile à 
décrire, à caufe des différentes routes qu'elle tient. On peut 
la comparer au péritoine qui, après avoir tapiflé l'enceinte 
mufculeufe du bas-ventre, fournit, en fe repliant, des liga- 
mens & des capfules à tous les vifcères qui font logés dans 
fa cavité. La membrane caplulaire lui reflemble en cela très- 
parfaitement; elle revêt la face interne du fac tendineux, & 
{e réfléchit à où elle rencontre les vaifleaux, pour 1eur fournir 
des attaches & une enveloppe qui fe répand enfuite fur les 
oreillettes de même que fur le cœur; de forte qu'elle tapifle 
fimplement & avec beaucoup d’adhérence la partie antérieure, 
la latérale gauche, la poftérieure & l'inférieure du péricarde, 
gais dans fa partie droite & la fupérieure elle s'en écarte 
‘pour 


DIET SN LS /C) À E NC E:s. 257 
pour fe jeter fur les parties que j'ai nommées. La veine-cave 
inférieure s'abouchant, prelque à fon entrée dans le péricarde, 
avec la première oreillette, ne reçoit qu'une petite portion de 
la membrane capfulaire qui rencontre bientôt l'oreillette, dont 
la partielatérale externe, qu'on pourroit regarder dans l'homme 
comme une continuité des veines, eft aftachée dans toute 
fon étendue au péricarde, jufqu'à fon embouchüre avec 1a 
veine cave fupérieure, qui fait un demi-pouce environ de 
chemin dans le péricarde, recevant dans ce trajet la même 
capfule dont elle eft prefque entièrement enveloppée. 

On fait que la membrane caplulaire, avant de fe replier fur 
l'oreillette & fur les deux veines-caves, rencontre les vaiffeaux 
pulmonaires droits, qui font derrière l'oreillette & la veine- 
cave fupérieure des faillies recouvertes par cette membrane. 
L'artère pulmonaire paroît très-rarement de ce côté; le con- 
tour des veines laiffe dans l’entre-deux, des cavités plus ou 
moins profondes & irrégulières, dans fefquelles la membrane 
caplulaire s'infinue: elle rencontre enfuite dans la partie fa 
périeure du péricarde, l'aorte & les deux branches de l'artère 
pulmonaire; elle enveloppe prefque entièrement la partie fu- 
périeure du tronc de l'artère pulmonaire & Ja partie de l'aorte 
qui lui répond, mais elle ne recouvre que la fice antérieure 
des branches dé la première, qui touchent par leur partie 
poftérieure à la membrane tendineufe. 11 faut remarquer que 
la droite fait une faillie qui la rend très-fenfble entre l'aorte 
& la veinecave fupérieure, derrière lefquelles elle marche. 
La gauche s'aperçoit peu dans le péricarde, parce qu'elle en 
fort prefque à fa naïffance. 

Au deffous de la branche droite de 1 pulmonaire, 1a 
membrane fournit une gaine complète & commune à l'aorte 
& au tronc de l'artère pulmonaire; de forte qu'il y a derrière 
ces vaifleaux, ou entr'eux & la feconde oreillette, un paflage 
confidérable où l'on peut placer le pouce. Après avoir em- 
brafé ces artères, la membrane capfulaire rencontre les veines 
pulmonaires gauches, qui font ordinairement aflez TEMar- 
quables dans le péricarde, & {eur fournit des enveloppes qui 

Mém, 1752. 


258 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
n'embraflent qu'une partie du contour de ces vaifleaux, lef- 
quels marchent pourtant diftinétement & féparément dans fa 
cavité du péricarde, laiffant communément entr'eux une cavité 
profonde qui s'étend derrière la fupérieure; elle s'ouvre même 
dans quelques fujets, pour communiquer avec le grand paf- 
fage qui eft derrière les grofles artères; & dans ce cas, la veine 
fupérieure reçoit une gaine complète. La membrane capfulaire 
fe répand enfuite fur toutes les parties libres des deux oreillettes, 
d'où elle fe prolonge fur la furface du cœur, qu'elle recouvre 
avec beaucoup d’adhérence. 

Il fe préfente ici une remarque très-importante à faire au 
fujet de la gaine commune à l'aorte & au tronc de l'artère 
pulmonaire. On fait que ces vaifleaux ne font point en- 
veloppés féparément, mais qu'une même capfule les lie très- 
étroitement : il eft aifé de juger qu'ils doivent être adoffés 
par de larges furfaces, qui, outre l'attache membraneufe qui 
les termine, font encore très-fortement collées enfemble 
par le tifiu cellulaire, ainfr que ceux qui ont pourfuivi quel- 
quefois le plexus cardiaque le favent très-bien : les côtés 
correfpondans feront donc aplatis, fi les forces qui les dilatent 
font égales : s'il y en a une fupérieure, elle doit faire rentrer 
le côté correfpondant dans la cavité du vaiffeau qui pré- 
fentera moins de réfiftance. C'eft ce qui arrive au tronc de 
l'artère pulmonaire, dont la feétion fémilunaire ne fauroit, 
dans aucun cas, devenir circulaire : elle eft telle, même dans 
le cadavre, parce que l'aorte, quoique vuide, ayant plus de 
folidité, doit repouffer ce canal, qu'on fait être bien plus 
foible. Jai dit que la membrane caplulaire étoit très-fortement 
collée à toutes les parties qu'elle recouvre; on peut pourtant 
l'en détacher, ainfi que je l'ai fait plufieurs fois: cette fépa- 
ration un peu avancée n’eft pas difficile à pourfuivre; il n'eft 
queflion que d'avoir un flambeau affez étendu pour être 
faifi avec les doigts, qui doivent fuppléer ici aux pincettes 
qui la déchireroient bientôt. Dans les vieillards, elle a plus 
d’épaiffeur & de folidité : on peut y pourfuivre quelquefois 
denx feuillets, muis on ne doit pas sy tromper, interne 


. 


nie 08 Lai. D'E Ta Q us. 259 
appartenant au tiflu cellulaire qui doit {e rencontrer, comme 
je l'ai obfervé, entre ces deux membranes, & qui acquiert 
par l'âge plus de confiftance & de folidité. 

J'ai dit qu'il ne falloit pas regarder le péricarde comme 
une fimple caplule , & qu'il devoit tenir un rang plus 
confidérable dans l’économie animale. I] ne faut, pour s'en 
convaincre, qu'examiner les connexions très-étroites qu'il 
contraéte avec les vifcères les plüs néceffaires à la vie, favoir, 
Teftomac, le diaphragme, le cœur & le poumon, parties 
dont il forme les liens. Peut-on douter que le péricarde, qui 
eft fi intimement uni à la plèvre, & qui fournit aux vai 
feaux pulmonaires une gaine très-folide, provenant de fon 
tilu cellulaire, n'entretienne le rapport merveilleux qu'on 
découvre entre les mouvemens du poumon & de la glotte, 
& ceux de la charpente de la poitrine & du diaphragme! 
On à voulu expliquer ce rapport par les nerfs, mais l' Ana- 
tomie ne fe prête point à de telles explications; elle nous 
met devant les yeux des membranes douées, comme on le 
fait, d'un fentiment très-vif, & bien plus propres à entretenir 

les mouvemens fympathiques, puifqu’elles forment les liens 
de toutes les parties, & qu'on peut les pourfuivre fans inter- 
ruption depuis Îa tête jufqu'aux dernières extrémités du 
corps. Le tiflu cellulaire qui en eft inféparable, par-tout 
où elles contraétent quelque adhérence, leur appartient, & 
les filets qui le compofent ne font qu'une expanfion de 
ceux qui forment le tiflu ferré des membranes ; de forte 
qu'il n'y a de différence, comme je l'ai dit, entre ces deux 
corps, que celle qui réfulte du plus ou moins de cohéfion 
de leurs fibres. 

Enfin les maladies du péricarde, qui font plus communes 
qu'on ne le penfe, portent ordinairement le trouble dans le 
mouvement du cœur & dans celui de la refpiration ; ce qui 
prouve, ce me femble, évidemment que l'état de ce fac 
influe beaucoup fur ces deux grandes fonctions. Le fpafme 
qui lui eft fi familier, principalement dans 'affection hifté- 
rique & bypochondriaque, maladies qui ont leur principal 

k ij 


Ufages 
du 


péricarde. 


Fau du 


péricarde, 


260 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

fiége dans le péricarde , ne produitil pas le même defordre? 
il fe manifefte aflez fouvent par une fenfation très-alarmante, 
qui va quelquefois jufqu’à la douleur, ainfi que je l'ai oblervé 
dans quelques hiftériques. Vieuffens nous à Jaiffé l'hifloire 
de deux femmes, qui dans l'accès de cette maladie poufloient 
les hauts cris de la douleur qu'elles reflentoient au péricarde, 

difant qu'on leur arrachoit le cœur, Perfonne n'ignore que 
les paflions de l'ame eh impreffion fur cette partie: 

ceux qui s'abandonnent à la triftefle y éprouvent une efpèce 
de poids que les Provençaux appellent 4 coudon, nom qu'ils 
donnent au fruit du coignaflier, & qui exprime parfaite- 
ment la nature de la fenfation dont on fe plaint, & la forme 
de la partie qui en eft le fiége: c'eft ce qu'on nomme par-tout 
ailleurs ferrement de cœur, indifpofition qui ne peut être 
rapportée qu'au péricarde. 

Quoiqu'il ne foit pas de mon objet de parler des maladies 
du péricarde, fur lefquelles M. Senac a raffemblé beaucoup 
d'obfervations , je ferai cependant quelques réflexions fur la 
collection d'eau qu'on y obferve fi communément, parce 
que cette difpofition tient à une queition de phyfiologie 
qu'il eft important d'éclaircir. Plufieurs Anatomiftes croient 
que dans l’état naturel ou de fanté ce fac doit en contenir, 
mais ils n'en ont pas déterminé Îa quantité ; de forte qu x 
eft bien difhcile, felon leurs principes, de décider par 
Yinfpection de la partie fr elle eft dans l'état de maladie: ce 
qu'on ne peut aflurer, fr l’eau n'excède de beaucoup la 
quantité arbitraire qu'on y juge néceflaire. Quelques Auteurs 
ont prétendu voir dans les porofités de là membrane cap{u- 
lire, les fources de l'eau qu'ils croient devoir fe filtrer dans 
la cavité: on n'a qu'à preffer, difent-ils, le péricarde, on 
verra fuinter des gouttes d'eau de fa face interne. Mais doit- 
on conclurre de ce fait, quoique très- véritable, que le 
péricarde foit un organe fecrétoire , & que les porofités ap- 
parentes, par lefquelles cette humidité tranfude, foient les 
orifices des LÉ fecrétoires, puifqu'on fait cette expé- 
rience avec le même fuccès fur da plèvre, le péritoine, la 


OERENS M ISTCHNE NucC'E/s 261 
dure-mère, en un mot fur toutes les membranes & les 
parties molles qui compofent le corps des animaux, dont le 
tiflu doit ouvrir un paflage à la tranfpiration abondante qui 
s'élève de toutes les parties? 

S'il n'eft pas douteux qu'on obferve affez communément 
de l'eau dans le péricarde de ceux qui font morts de mala- 
die, il n'eft pas moins certain qu'on n'en trouve pas dans 
tous. On en rencontre très-rarement dans le corps des fup- 
pliciés & des noyés, de même que dans ceux qui ont été 
enlevés par des chûtes ou autres accidens, ainfi que j'ai eu 
l'occafion de le vérifier quelquefois. Ajoûtons que le péri- 
carde des chiens, des cerfs & des autres quadrupèdes qu'il 
m'a été permis d'obferver, n'en contient point. Enfin, je ne 
crois pas qu'il foit plus néceffaire d'admettre de l’eau dans le 
péricarde que dans les facs de la plèvre, du péritoine, & 
dans les autres cavités où perfonne ne s’eft encore avifé d'en 
fuppoler : il paroït même que M. Senac n'eft point éloigné 
de ce fentiment, puifqu'il convient avoir vû plufieürs fois 
des péricardes à fec, & n'avoir pas cru pour cela qu'ils fuffent 
dans un état de maladie. 

Cependant l'eau qu'on trouve en petite quantité le plus 
communément dans le péricarde, ne doit pas toüjours être 
regardée comme un produit de maladie: il s’en fépare après 
la mort, non feulement dans la cavité de ce fac, mais en- 
core dans celle de la poitrine, du bas-ventre & du cerveau. 
J'ai même obfervé très-fouvent que cette eau qui fuinte des 
parties privées de vie & affaiffées, eft d'autant plus abon- 
dante que le temps de la diffeétion eft éloigné de celui de 
la mort. M. Winflow a fait cette remarque au füujet du 
péricarde: on peut obferver très-facilement la même chofe 
dans les autres cavités, fi la nature des humeurs où d'au- 
tres circonftances n'y font pas contraires. Ce fait eft afez 
important pour qu'il mérite d’être bien éclairci, parce qu'il 
peut rectifier le jugement que l'on porte fur le carattère de 
bien des maladies, d'autant plus féduifant qu'il eft appuyé {ur 
un fait qu'on ne contefle point, Tous les Anatomifles favent , 

; K K ii 


262 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
par Jincommodité qu'ils en reflentent, que les vifcères fé 
parés du cadavre, bien defféchés & laïffés fur une table, 
s’humeétent & expriment une férofité qui contribue beau- 
coup à les gâter, fi l'on néglige de les effuyer. Qu'on laiffe 
feulement pendant la nuit un cœur entier, bien féché, fur 
une table, on la trouvera le lendemain mouillée, & ainfr 
des autres vifcères dont les vaiffeaux auront été liés. N'eft:if 
donc pas vrai-femblable que la très-petite quantité d'eau qu'on 
rencontre ft communément dans le péricarde, ne sy eft 
ramaflée que depuis que les parties privées de vie ont perdu 
leur reflort? & ne peut-on pas conclurre de tout ce que je 
viens d'expofer, que l’eau qu'on trouve dans le péricarde eft 
toûjours ou un produit de maladie, ou une fuite de lafai- 
fement ou d’une efpèce de diflolution putride que toutes les 
parties molles éprouvent après la mort? D'ailleurs la nature de 
ce liquide, qui préfente tant de variétés par rapport à fa 
confiftance & à fa couleur, ne prouve-t-elle pas la même 
chofe? Plufieurs Auteurs rapportent même y avoir trouvé du 
fang. Sans nier la poffibilité de cet épanchement, je ferai à 
ce fujet lhiftoire de mon erreur, qui peut jeter quelques 
doutes fur de telles obfervations. 

Nous trouvames, il y a très-peu de temps, du fang épanché 
à la quantité de deux ou trois onces, dans le péricarde d'une 
fille morte d'une fièvre lente. Ce fang, qui étoit coulant, 
n'avoit point perdu fa couleur naturelle; il n’y paroifloit au- 
cune marque de corruption, & lon ne voyoit aucune caufe 
manifefte de cette extravafation: ce qui me fit juger que cet 
épanchement ne pouvoit être ancien, & que je devois en 
découvrir la fource. Pour y réufñr, je fis pomper ce fang, 
& pañler de l'eau dans la cavité pour bien laver ces parties, 
qui furent enfuite féchées avec quelques précautions, pour 
ne rien forcer & découvrir plus fürement la route que cette 
liqueur s'étoit frayée. Il ne parut d'abord rien qui la défignät, 
mais en maniant ces parties, & preflant, quoique légèrement, 
la première oreillette qui étoit gorgée de fang, nous en vimes 
couler quelques gouttes. Il ne nous fut pas difficile alors, 


DES SCIENCES. 263 
en examinant attentivement l'endroit ou le point qui le 
laifloit échapper, de découvrir une petite fente » Que tous ceux 
qui étoient préfens, reconnurent avoir été faite avec la pointe 
du fcalpel, qui ayant été vrai-femblablement porté trop avant 
en détachant fe fternum ou en ouvrant le péricarde, avoit 
entamé légèrement la convexité de l'oreillette, d'autant plus 
expolée qu'elle étoit fort dilatée, & par conféquent tendue, 
La plufpart des obfervations qu'on a faites à ce fujet ne 
pourroient-elles pas être rapportées à un pareil accident, qui 
m'auroit très-certainement échappé fr j'avois été moins en 
garde contre l'illufion ? 

On rencontre encore quelquefois du pus dans le péricarde, 
mais il eft très-rare d'y en voir autant que j'en ai trouvé 
dans le cadavre d’un homme mort d'une inflammation de 
poitrine: ceite obfervation m'a paru trop intéreflante & trop 


convenable à mon fujet, pour ne pas lui donner une place 


à la fin de ce Mémoire, 


Jappuration abondante de la membrane capfulaire 
du péricarde. 


Un homme d'environ quarante-cinq ans, & d'un tem- 
pérament fanguin, vint à la Charité royale de Verfailles les 
derniers jours de Janvier 175 1: il étoit attaqué depuis deux 
jours de la péripneumonie, & fe plaignoit d'une douleur 
qu'il rapportoit au côté gauche de la poitrine, près du fler- 
num & des attaches du diaphragme. Son pouls avoit plus 
de vitefle que de fréquence; fa refpiration étoit gênée, & 
les crachats, tels qu'ils doivent être dans la péripneumonie, 
étoient pouflés avec affez de liberté & d'aibondance. Les 
remèdes ordinaires ayant été mis en ufage, le malade pafla 
affez tranquillement le troifième & le quatrième jour de fa 
maladie, la douleur linquiétant peu, & crachant toûjours 
abond:mment. Ce calme füt interrompu dans la nuit du 
quatrième au cinquième, par un orage des plus terribles; {a 
fièvre augmenta confidérablement, la douleur devint plus 
aigue, les crachats fe fupprimèrent » & la difficulté de relpirer 


Obfervation, 


264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
augmenta au point qu'on jugeoit qu'il ne pañleroit pas Îa 
nuit; cependant le redoublement, après avoir duré cinq ou 
fix heures avec la dernière violence, finit à quatre heures 
du matin, le cinquième jour de la maladie. Inftruit à ma 
première vifite de tout ce qui étoit arrivé pendant la nuit, 
je fus affez furpris de trouver mon malade dans l'état où 
je l'avois laiflé le jour précédent, à cela près qu'il paroifloit 
un peu plus accablé: la refpiration d'ailleurs étoit aflez libre, 
& les crachats fe détachoient avec la même liberté. L'ayant 
interrogé fur l'état de fa douleur, il me répondit qu'elle avoit 
été très-vive pendant la nuit, & qu'elle s’étoit même un 
peu étendue fur le devant de la poitrine, mais qu'il n'en 
fouffroit pas beaucoup dans le moment qu'il me parloit. Si 
la douleur avoit été plus aigue, la refpiration plus laborieufe 
& l'artère plus tendue, je n’aurois pas douté que le médiaftin 
ne füt attaqué conjointement avec le poumon ; mais l'abfence 
de ces fignes éloigna mes foupçons, qui ne tombèrent pas 
non plus fur le péricarde: je penfois fimplement que le fiége 
de l'inflammation étoit au bord antérieur du lobe gauche du 
poumon. Le foir du même jour je ne remarquai rien de 
nouveau; mon malade, qui ne manquoit pas de courage, me 
parut aflez content de fon état, & je ne dois pas diflimuler 
que je ne craignois pas plus pour lui que pour plufieurs 
autres qui, dans le même temps, étoient pris, à ce qu'il 
me paroifloit, du même mal; de forte que j'eus lieu d'être 
aflez furpris le lendemain, qui n'étoit que le fixième de fa 
maladie, en apprenant qu'il étoit mort dans fa nuit, & qu'un 
redoublement pareil à celui du jour précédent, mais qui 
avoit été annoncé par de violens friflons, l'avoit enlevé 
en quatre ou cinq heures de temps. 

N'ayant rien obfervé dans les fymptomes & les accidens 
de cette maladie, qui püt me faire deviner la caufe d’une 
mort aufli prompte, je cherchai à m'en éclaircir dans le 
cadavre. À {a première ouverture de la poitrine, le Iobe 
gauche du poumon nous parut enflammé; fa furface étoit 
gnduite d’une matière purulente qui formoit une efpèce de 

croûte, 


MARAIS SIC ESPN (C {5 !s: 26 
croûte, ainfi qu'on l'obferve dans un très-grand nombre de 
ceux qui font morts de la péripneumonie , mais il n'y 
avoit aucun liquide épanché. La plèvre étoit en quelques 
endroits un peu altérée, mais fe médiaftin & le diaphragme, 
de même que le lobe droit du poumon, n'avoient point 
fouffert. Ce que nous avions fous les yeux ne nous donnoit 
encore aucun éclairciflement fur le fiége de la douleur & 
fur la caufe d'une mort aufli imprévüe : en cherchant donc ce 
qui pouvoit y avoir donné lieu, nous nous aperçumes que 
le péricarde préfentoit un volume extraordinaire, nous re- 
connumes au premier coup de fcalpel que ce fac contenoit 
une grande quantité d'un pus de la couleur & de la confif- 
tance du lait, dans lequel le cœur nageoit, & nous jugeames 
(tous les préfens) que le volume de cette matière purulente 
furpañloit de beaucoup celui du cœur. Après avoir vuidé le 
fac, nous obfervames que toute la membrane capfulaire du 
cœur & des oreillettes étoit calleufe, avec beaucoup d’iné- 
galités : la face interne du péricarde étoit également altérée, 
& le fac avoit plus d'épaiffeur que dans l'état naturel. Les 
cavités du cœur & des oreillettes n’avoient pas fouflert, finon 
qu'elles étoient affez remplies de ces concrétions couenneufes 
qu'on y trouve fr communément. I[ paroït par cet expolé, 
que la membrane capfulaire dans toute fon étendue avoit 
été le fiége de Finflammation qui avoit précédé cette fup- 
puration, & que le pus, par fon volume ou par fa qualité, 
avoit donné lieu aux accidens qui terminèrent la vie du fujet 
qui m'a fourni cette obfervation. 


ge 


S qe 


Mém, 1752. che: 


266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


SUR LA DIGESTION DES OISEAUX. 
PREMIER MEMOIRE, 


Expériences fur la manière. dont Je fait la digeflion 
dans les Oifeaux qui vivent principalement de 
grains à d'herbes, à7 dont l'eflomac eff un 


géfier. 
Par M. DE REAUMUR. 

1 Me digeftion des alimens, cette opération par laquelle 
des matières de qualité & de nature fi différentes {ont 
converties en une efpèce de liqueur laiteufe qui fournit à 
l'accroiffement des animaux, & à réparer les pertes de ceux 
qui n'ont plus à croître, eft pour nous une opération bien 
importante: on n'a pû manquer d'en chercher la caufe, dès 
qu'on a commencé à raifonner fur les efiets phyfiques; elle 
en eft un très-admirable. Les plus anciens Médecins ont 
été partagés fur cette caule ; il feroit inutile de rapporter ici 
les difftientes opinions qu'ils en ont eues: nous nous con- 
tenterons de rappeler ce qui elt très-connu, qu'il n'y a eu 
que trois fentimens qui aient prévalu dans notre fiècle, dont 
chacun a eu pour partifans de grands Médecins & de célèbres 
Phyficiens. Les uns ont voulu que la digeftion ne füt opérée 
que par des diflolvans : les auties ont prétendu qu'elle étoit 
uniquement Fouvrage de la trituration, que les alimens étoient 
broyés dans l'eflomac de tous les animaux en quelque forte 
comme des grains de blé le font fous une meule : enfin 
d'auties, qui ont pris un parti moyen, ont penfé que la tri- 
turation & les diflolvans concouroient à la digeftion; que 
ceux-ci y avoient plus de part dans des animaux de certains 
geures, & que celle-à y contribuoit davantage dans des ani- 

maux d'autres genres. 
Comme les oifeaux diffèrent fouvent plus entreux par 
la ftructure de leur eflomac que par leur extérieur, il ma 


DES 2 SYCA'ESN CES 267 
paru qu'on pouvoit faire aifément fur eux des expériences 
qui donneroient beaucoup d'éclairciffemens fur la manière 
dont la digeftion eft opérée dans les animaux de claffes fort 
différentes de la leur. Parmi les oifeaux, il y en a qui ont 
un eftomac charnu, épais, & d'une tiflure compacte, auquel 
on a donné le nom de gélier; d'autres ont un eftomac beau- 
coup plus mince, & qui a plus de capacité, proportionnel 
Jement à la grandeur de loifeau; c’eft une efpèce de poche 
membraneufe. [1 y en a qui ont, pour ainfi dire, un eftomac 
mi-parti; une de fes portions eft épaïfle & charnue, le 
refte eft mince & membraneux: par un bout il eft géfier, 
& par l'autre, effomac membraneux. Les oifeaux ont encore 
à nous faire voir des eftomacs qui font en entier d’une épaif- 
feur & d'une confiflance moyennes entre celles des géfiers 
& celles des poches membraneufes. J'ai fait des expériences 
pour découvrir quelle part avoit la trituration & quelle part 
avoient les diflolvans à la digeftion faite dans ces différentes 
fortes d'eflomacs. Je les rapporterai dans deux Mémoires ; 
dans le premier, je ne parlerai que de celles qui ont été 
tentées fur des oifeaux dont l'eflomac eft un géfier, & dans 
Vautre il ne sagira que de celles qui ont été faites fur les 
oifeaux qui ont un eftomac plus mince, Au refte, les rélul- 
tats des expériences de ces deux Mémoires me femblent 
propres à décider les queftions qui ont partagé les Phyficiens, 
fu la manière dont fe fait la digeftion dans des animaux 
de claffes fort différentes de celle des oïfeaux. 

On ne court guère rifque de fe tromper, quand on uge 
que des mufcles d’un ‘volume confidérable, épais & folides, 
font déftinés à produire des effets dont des nanisles beau- 
coup plus petits & minces feroient incapables : l'expérience 
& le raifonnement font d'accord pour le prouver. La foli- 
dité & lépaiffeur de ceux qui compofent cet eflomac des 
oïfeaux de diverfes efpèces, qu'on nomme géfier, a donc dû 
Je faire regarder comme un puiffant agent: auffi a-t-on penfé 
aflez généralement qu'il étoit chargé de broyer des corps 
durs, tels que font les grains dont ces oifeaux fe nourriflent. 


Lii 


* De motu 
anima/ium, tom. 


STE 


268 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

La première infpection de l'intérieur d'un géfier qu'on vient 
d'ouvrir, & dont la cavité eft très-remplie, conduit à prendre 
cette idée de la manière dont il exerce fa force fur les ali- 
mens qu'il a reçüs. Parmi les matières qui y devoient être 
digérées, on voit une grande quantité de grains, foit de 
fable, foit de gravier, de petits cailloux ou d’autres petites 
pierres ; on y rencontre de ces corps fi durs, plus ou moins 
gros, felon que cet eflomac a appartenu à un plus grand 
ou à un plus petit oifeau: il n'eft pas rare d'en trouver dans 
celui d'un dindon, de bien plus gros qu'une cerife; quel- 
quefois le volume de tous ces grains très-durs , fürpaffe celui 
des autres matières avec lefquelles ils font mêlés. I n’y a pas 
d'apparence que ce foit par des méprifes réitérées fi fouvent 
& fi conftimment, que l'oifeau faffe pañler dans fon géfier, 
pour s'en nourrir, des corps dont il ne paroît guère poffible 
que ce vifcère parvienne à extraire aucun fuc nourricier ; il eft 
plus vrai-femblable que s'ils ne peuvent être digérés, ils font 
deftinés à aïder à la digeftion des alimens, & que c'eft parce 
qu'ils y font néceflaires , que le defir de les chercher & de 
les avaler a été donné à des oifeaux. À quoi peuvent paroïître 


propres des corps d’une fi grande dureté, & qui ne fauroient 


être diflous que par un violent diflolvant , qu'à mettre en 
pièces, à broyer des corps plus tendres renfermés avec eux ? 
pour leur faire produire cet effet, il ne faut que les faire agir ; 
or un eflomac compolé de fi fort mufcles, paroït très-capable 
de les mettre en action. 

I eft vrai que Borelli n’a pas paru éloigné de croire que des 
oifeaux pouvoient fe nourrir de fragmens de cailloux & de 
fable *, & que les cygnes s'en nourrifloient réellement : Fer- 
dinand fecond , Duc de Médicis , lui avoit attefté que ce fait 
étoit prouvé par des obfervations répétées avec affiduité pen- 
dant quarante ans ; qu'on avoit conftamment trouvé l'eftomac 
des cygnes qu'on avoit ouverts, rempli de fable , avec lequel 
il y avoit au plus quelques filamens d'herbes très-déliés qu'on 
prétendoit avoir été embarraflés dans le fable qui avoit été 
avalé, mais lon navoit jamais vü dans leur eflomac ni 


eph Ernst: S »C MEN: cm & 26. 
gravier, ni débris d'animaux. La Seine feroit encore parée ja 
cygnes comme elle létoit du temps de {a mort de Louis XIV, 
Îi ceux dont elle étoit peuplée alors euflent fà f contenter 
pour toute nourriture du fable de fes rivages ; ils n’euflent pas 
Jouffert du retranchement qui leur fat fait d'une fomme aflez 
confidérable, qui , dans chacune des années qui avoient pré- 
cédé, avoit été employée à leur fournir du grain. 

Quand on ne voudroit pas avec Borelli que les cailloux & 
les graviers de fable fuflent broyés eux-mêmes dans e géfier 
des oifeaux, quand on s’en tiendroit à penfer qu'ils ne font 
deflinés qu'à brifer & à réduire en parcelles très-fines les 
matières moins dures avec lefquelles ils y font mélés, if 
refteroit à oppofer à un fentiment fi vrai-{emblable , des diff- 
cultes qui ne font pas à méprifer. On à demandéil y a long- 
temps fi le géfier lui-même n’auroit pas tout à craindre de fa 
digeftion qui fe feroit au moins en partie par cette voie; fi 
l'action de ces petites pierres, qui écraferoit des grains revêtus 
d'une écorce aufli dure que l'eft celle des grains d'orge , qui 
en feroit {ortir la farine, n'attaqueroit pas aufli la membrane 
qui revêt la cavité du géfier ; fi cette membrane ne feroit 
pas bien-tôt pleine de plaies, & déchirée en lambeaux : pour 
peu que ce vifcere fût fenfible, la digeftion ne feroit-elle pas 
extrêmement douloureufe? Enfin ne jugera-t-on pas plus na- 
turel d'attribuer la digeftion à un diflolyant incapable d'agir 
fur la membrane de a cavitésde l'eflomac? 

Ces difficultés ont paru fi confidérables à de très-crands 
Phyficiens, que malgré la folidité de la ftrudture des eflomacs 
appelés géfiers, malgré beaucoup d'expériences très-favorables 
à la manière dont on veut les faire agir pour broyer les ali- 
mens, ces Ph; ficiens ont perfiité à foûtenir que la digeftion 
qui s'y fait étoit principalement dûe à un diffolvant d’une eff- 
cacité admirable ; que le mouvement de l'eflomac ne {ervoit 
qu'à bien mêler ce diflolvant avec les maticres qu'il avoit à 
difloudre, & au plus à les faire frotier les unes contreles autres 
pour en détacher ce qui avoi, été diflous. Il me fuffit de citer 
un des partifans de ce dernier fentiment » Vallifnieri, qu'un 

LI ii 


270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

grand nombre de belles obfervations d'Hiftoire Naturelle ont 
rendu très-célèbre, & connu pour un Savant toüjours prêt 
à combattre les préjugés les plus accrédités. C’eft dans un Mé- 
moiré où il a donné l'anatomie de f'autruche , qu'il s'eft 
déclaré contre la digeflion operce dans les géfiers les plus com- 
pactes par la trituration , qu'il traite d'idée chimérique la 
refflemblance qu'on a voulu trouver entre l'aétion de ce vifcère 
& le mouvement d'une meule, Il étoit pourtant très-inftruit 
des expériences faites par les Académiciens de Florence, par 
Borelli, & en beaucoup plus grand nombre par Redi, par lef- 
quelles ces Savans fr illuftres avoient été convaincus que le véfier 
des poules & celui des canards broïent avec une grande facilité 
les matières les plus dures. Ayant fait avaler aux unes & aux 
autres des grains de verre creux, femblables aux grains dont on 
fait des colliers qui imitent ceux de perles, ils virent que dans 
un temps aflez court ces boules creufes, d’une matière fi difh- 
cile à altérer, avoient été brifées & réduites en une poudre très- 


fine. Quoique la Chymie ne nous fournifle point de diffol- 


vant capable de divier ainfi le verre, quoique les plus puiffans 
de ceux que nous lui devons foient confervés dans des bou- 
teilles de verre, M. Vallifnieri n'a pas balancé à croire que la 
Nature en fait faire un auquel le verre ne fauroit rébfter, & 
qu'il fe trouve dans le géfier des oifeaux. La promptitude même 
avec laquelle les grains de verre y deviennent une poudre im- 
palpable, lui a paru être une preuve de l'éxiftence de ce diflol- 
vant : il en donne pourtant une plus forte, en rapportant qu'il 
avoit trouvé dans l'eftomac d'une autruche un morceau de 
verre tout criblé comme un van où comme une filière, de 
trous extrémement petits. Ces trous, dit-il, qui n'avoient pà 
être percés par un trépan, l'avoient donc été par un diflolvant 
d'une activité prodigieufe. 4 

L’eftoniac d’une des deux autruches que M. Vallifnieri à 
difféquées, lui à fait voir un fait fmgulier, duquel il tire encore 
une objection contre ceux qui véulent que l'eftomac de ces 
fortes d'oifeuux parviennent à broyer les corps les plus durs. 
y trouva un grand clou qui avoit perdu fa tête, enfoncé 


DES SCIENCES. 271 
par la pointe dans la fubflance charnue de ce vifcère, comme 
il l'eut éié dans une planche, & aufli folidement arrêté; il 
ne put l'en dégager qu'au moyen du fcalpel. Ce clou étoit 
fais par un monticule charnu, très-fain, qui sétoit formé 
tout autour ; mais une portion aflez confidérable de ce même 
clou s'élevoit au defius du monticule, Dans l'endroit que fon 
gros bout devoit toucher lorfque les deux faces oppofées de 
l'eflomac venoient à fe rapprocher jufqu'à un certain point, 
il y avoit un fecond monticule calleux, plus bas que le pre- 
mier. Cette portion du clou ne permettoit pas aux deux 
faces oppoltes de l'eflomac de sapprocher jufqu'à s'appliquer 
June contre l'autre, & Vallifnieri a penfé en pouvoir con- 
clurre qu'elles n’étoient nullement en état de faire la fonétion 
de meule fur les corps qui étoient entre elles. 

Mon intention n'eft pas d'examiner actuellement la force 
de cette ob,ection, ni même de détailler plus au long les 
raifons que Vallifnieri a rapportées, tant contre le broiement 
qu'en faveur de l'exiflence & de la grande adtivité du dif 
folvant; d'ailleurs à flru@ure de l'eftomac de l'autruche étant 
très-diflérente de celle des géfiers proprement dits, cet eflomac 
n'eit point de ceux qui entient dans objet de ce piemier 
Mémoire. Je pafe plus volontiers à faire remarquer qu'il 
y a des expériences auxquelles on n'a pas fongé, aufi fimples 
que celles qui ont été tentées, qui peuvent nous apprendre 
fi Ja digeftion opérée dans un géfier eft principalement l'ou- 
vrage de la triiuration, ou fi elle eft celui d'un diflolvant, 
Quelque force que les partifans de la première opinion veuil- 
lent accorder à ce vifcère, il ne leur paroitra ni impofhble, 
ni même difficile d'y introduire un COrps cIEUX, percé par 
les deux bouts, dont la figure ne puifle être aliérée {enfi- 
blement par la preffion du géfier, ou dont au moins la cavité 
pourra être confervée malgré les efforts qu'il fera contre ce 

corps; ils peuvent être impuiffans contre des boules cieufes & 
contre des cylindres creux de certaines matières & d'une cer- 
taine épaifleur, Si avant que de faire avaler ces boules ou 
ces cylindres à l'oifeau , on les remplit de grains, ces grains 


272 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
aïrivés dans le géfier s'y trouveront hors de rifque d'être 
broyés, s'ils font mis à fabri de fon action par les parois 
de la cavité dans laquelle ils font logés; mais les boules étant 
percées de deux trous diamétralement oppolés, & les cylin- 
dres étant ouverts par les deux bouts, les grains ne feront 
pas inacceflibles aux liqueurs dont font imbibées les matières 
contenues dans le géfier. S'il y a dans ce vifcère un diflol- 
vant auffi actif que celui qu'y veut Vallifnieri, il y attaquera 
les grains, & quand on en retirera les boules ou les tubes, 
on trouvera dans leur cavité les grains changés en une 
efpèce de bouillie, à moins que fa trop grande fluidité ne 
Jen ait fait écouler. Dans le cas au contraire où le diflolvant 
fi pénétrant aura manqué au géfier , les grains fe montreront 
avec leur première forme. 

Ces expériences étant fi aïfées à répéter, je ne n'embar- 
raflai pas, dans les premières que je tentaï, d'employer des 
boules creufes que j'eufle lieu de croire capables de foûtenir 
la preflion du géfier; loin de voir de l'inconvénient à en 


employer d'abord de trop foibles pour lui réfifter, il me : 


parut que je devois commencer par lui en donner de celles- 
ci, & enfuite par degrés de plus folides, pour parvenir à 
avoir la melure de fa force. 

Je commençai par me fervir de ces boules de verre dont 
on fait des perles faufles ; leur groffeur me permettoit de 
faire entrer dans chacune cinq à fix grains d'orge: je me 
bornerai à rapporter quelques-uns des eflais que je fis avec 
ces boules ainfr farcies de grains. Un dindon fut le premier 
oifeau que j'obligeai d'avaler de ces dures pillules, il y a plu- 
fieurs années, dans le mois de Décembre; il étoit auffr 
grand & auffr fort que le font les plus avancés de ceux qui ont 
moins d'un an. Ce fut le matin que je lui en fis entrer fix 
les unes après les autres dans le gofier, d'où je les conduifis 
dans le jabot en les preffant par dehors avec la main, jufqu’à 
ce qu'en y entrant elles m'échappaflent. Le dindon fut mis 
fous une cage où il ne tint qu'à lui de manger autant d’orge 
qu'il en voulut, jufqu'au lendemain, temps pour io 

on 


DES SCT INIC ES 273 
fon arèt de mort avoit été prononcé : aucune des boules 
de verre, ni même aucun fragment de ces boules ne furent 
trouvés dans les excrémens qu’il rendit pendant les dernières 
vingt-quatre heures de fa vie. Lorfqu'elle lui eût été ôtée, 
Jouvris le canal des alimens, & j'examinai ce qui y étoit 
contenu depuis le commencement de l'œfophage jufqu'à 
Vanus. Le jabot étoit très-plein de grains macérés , mais il 
ne contenoit aucuné des fix boules de verre; aucune n'étoit 
reftée non plus dans le paflage du jabot au géfier. C’étoit dans 
ce dernier vifcère qu'on pouvoit le plus fe promettre d'en 
trouver ; il étoit rempli, autant qu'il étoit poffible qu'il le 


fût, de grains d'orge digérés en partie, de pierrailles, de 


gravier & de fable plus fin: inutilement y cherchai-je des 
boules de verre entières, je ne pus même en apercevoir 
aucun fragment fenfible. Ces fragmens, pour m'échapper 
malgré l'attention avec laquelle mes yeux & mes doigts 
furent employés à les découvrir, devoient avoir été rendus 
plus fins que des grains de fable. Un examen exact de tout 
ce qui étoit contenu dans le canal des inteitins, ne fit encore 
rien voir de fenfible qui eût appartenu aux boules de verre. 

J'étois curieux de favoir fi quelque portion du canal n'a- 
voit point été déchirée: je le trouvai plus fain dans toute 
fon étendue, que je ne l'avois efpéré. Je ne pus découvrir 


Ja plus légère bleffure dans la partie qui précède l'eflomac, 


ni dans celle qui le fuit. Le géfier avoit pas plus fouffert ; 
l'épaiffe membrane qui le revêt, étoit très-entière: on n'y 
apercevoit aucun endroit où elle eût été excoriée. 

Des expériences femblables à celles que j'avois faites fur 
le dindon , furent répétées fur un coq & fur un canard, à 
chacun defquels je fis avaler trois boules de verre, remplies 
de grains d'orge. N'ayant trouvé aucun fragment de verre 
dans les excrémens qu'ils rendirent pendant les vingt-quatre 
heures fuivantes, je leur fs prendre à chacun trois nouvelles 
pillules. Deux de celles qui furent données au coq étoient 
des boules de verre femblables à celles dont il a été queftion 
jufqu'ici, la troifième pillule avoit une figure plus oblongue; 


Meëm, 1752, Mm 


274 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

elle étoit plus groffe & faite en poire, elle avoit été deftinéé 
à être une de ces perles qui font mifes aux oreilles. Je fis 
avaler au canard deux de ces grofles pendeloques, & feule- 
ment une boule de verre; je le fis tuer trois heures après 
qu'il les eût avalées. Quoique la voracité du canard paroifle 
prouver que fa digeftion fe fait très-vite, je penlois que 
c'étoit lui avoir Ôté la vie affez tôt pour retrouver dans le 
géfier, ou dans quelque autre endroit du canal des alimens, 
des morceaux auffi difficiles à digérer que l’étoient les perles 
de verre. Le canal fut ouvert dans toute fa longueur, c'eft- 
à-dire, depuis l'œfophage jufqu'à l'anus; je n'y trouvai au- 
cune perle entière: tout ce que j'en pus retrouver fe réduifit 
à deux petits fragmens de figure irrégulière, qui étoient 
dans le géfier, dont l’un avoit au plus deux tiers de ligne 
de longueur, & qui étoit au moins une fois plus long que 
large ; l'autre morceau, qui avoit un peu plus de largeur, 
étoit plus court: tout le relle des trois. dernières perles, comme 
les trois avalées vingt-fept heures auparavant, avoit été di- 
vifé en parcelles fi petites, qu'elles étoient infenfibles aux 
yeux & aux doigts; le dernier ouvrage avoit été fait en 
trois heures. 

Les coqs emploient plus de temps que les canards à faire 
la digeflion: celui à qui j'avois fait avaler deux perles rondes 
& une longue, fut tué une demi-heure plus tard que le 
canard, qui avoit pris fes pillules à la même heure que lui: 
Je retrouvai encore dans fon jabot, qui étoit extrémement 
plein, une perle ronde bien entière, & 1 perle en poire; 
mais une des perles rondes avoit fans doute paflé dans le 
géfier, & y avoit été mife en pièces fi petites, qu'il ne me 
fut pas poflible d'en apercevoir aucune : inutilement en cher- 
chai-je des fragmiens dans toute l'étendue du canal inteftinal, 
Cette dernière perle, comme les trois avalées la veille, avoit 
été pulvérifée en parties fi fines, que mes doigts & mes 
yeux ne les purent découvrir. 

Au refle, ces perles de verre, pour être fimplement bri- 
fées, n'euffent pas exigé que le géfier eût employé contre 


7 


: 


D'E S. S C'L11E Nc Es. 275$ 
elles une force bien confidérable; Jes rondes pouvoient être 
caflées par la preflion d'un aflez petit poids. Entre plufieurs 
de même diamètre, il ÿ en a eu peu que je n'aie écrafées 
lorfque je les ai chargées de quatre livres. Les perles en poire 
étoient capables d'en foûtenir un trois fois plus grand ; 
quelques-unes ont réfifté à la preflion d’un poids de douze 
livres : pour les mettre en pièces, l'effomac n'auroit donc 
eu -befoin de faire agir contre ces dernières chacune des deux 
faces entre lefquelles il les auroit ferrées, qu'avec une force. 
d'environ douze livres. ÿ 

Pour mettre des géfiers à de plus fortes épreuves, & dans 

la vüe de tenir dans leur capacité des grains d'orge qui n'y 
pourroient être attaqués que par un difiolvant, s'il s'y trou- 
voit, je me déterminai à faire ufage de courts tubes de verre, 
capables d'une plus grande réfiftance que les perles, & dont 
chacun pouvoit recevoir au moins un ou deux grains d'orge. 
Je fis avaler d'abord à un coq, & enfuite à un dindon, des 
cylindres creux de verre, qui avoient environ fix lignes de 
longueur & quatre de diamètre; de ces quatre lignes, le 
diamètre de la cavité en avoit deux, d’où ül fuit que dans 
toute la circonférence il refloit au verre une ligne d’épaifleur. 
Les bouts de ces courts tubes étoient terminés irrégulière- 
ment, & on imaginera aifément à quel point ils l’étoient, 
lorfqu'on faura que chacun d'eux avoit été une portion d'un 
tube très-long, & que c'étoit en rompant le long tube, comme 
. on rompt un bâton, en un endroit entaillé par une lame 
d'acier, que ces courts tubes avoient été détachés du refle; 
auffi tel bout avoit-il un, & quelquefois plufieurs fragmens 
du verre, longs de plus d'une ligne, & qui finifloient par 
une pointe aigue. Ces fortes de pointes & d’autres inégalités 
moins marquées étoient bien capables de piquer & d'écor- 
‘cher des chairs délicates. Ces cylindres creux de verre, qui 
avoient une ligne d’épaiffeur, étoient capables de réfifter à 
une forte compreffion : en ayant engagé un dans Ja fente que 
laifloient entrelles deux feuilles de parquet, je mis le talon 
deflus & je fis pirouetter mon corps afin que tout fon poids 


' M nm ij 


276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
chargeît le cylindre pendant la durée de la pirouette. Le 
petit tube foûtint cette charge fans fe brifer, & en auroit 
foûtenu une plus pefante. 

Deux fois vingt-quatre heures après que j'eus fait avaler 
à un coq trois de ces tubes de verre, je crus devoir le faire 
tuer. J'ouvris d'abord fon géfier, qui étoit le lieu où je comp- 
tois de les trouver: je les y trouvai auffr, au milu des 
matières dont ce vifcère étoit très-rempli, mais fous une 
figure très-différente de celle fous laquelle ils y étoient en- 
trés; ils avoient été changés en fix gouttières de verre, ceft- 
à-dire que chaque tube avoit été divifé fuivant fa longueur 
en deux parties à peu près égales. Les gouttières avoient 
pourtant perdu du volume qu'elles avoient eu immédiite- 
ment après la divifion, les unes un peu plus, les autres un 
peu moins ; toutes avoient leurs angles émouflés & arrondis, 
les pointes faillantes de leurs bouts avoient été abattues, en 
mot il ne leur étoit refté aucune arête vive & aigue; ils 
n'avoient aucun endroit fur lequel on ne püt pafler le doist, 
& l'appuyer fortement en frottant, fans courir rifque de fe 
couper. Le poli qu'avoit la furface convexe des gouttières, 
lorfque deux d'entr'elles formoient par leur union un tube, 
avoit été enlevé. Cette furface reffembloit à celle d'un verre 
ufé par un fable groflier, avec pourtant cette différence, qu'on 
n'y pouvoit fuivre, même à la loupe, les traces de ces grains: 
on n'y voyoit point des raies“longues & étroites, mais des 
aires de figure irrégulière, plus ou moins grandes & plus 
où moins profondes. La furface concave avoit été beaucoup 
moins dépolie; elle avoit confervé fon luifant dans beau- 
coup d'endroits. 

Ceux qui auroient le plus de penchant à attribuer ici le 
dépoliment & Varrondiflement des angles à Faétion d'un 
diffolvant, ne fauroient imaginer avec quelque vrai-femblance 
que la divifion des tubes en deux parties eût été fon ou- 
vrage: s'il avoit été en fon pouvoir d'enlever des parcelles, 
tant du côté convexe que du côté concave, il ne lui a pas 
été poffble de s'introduire dans lépaifieur du verre fur deux 


me. À 


LL 


BE (SA SLIC LATINE ri 277 
fignés droites diamétralement oppolées. Qu'eft-cé qui auroit 
pu l'y déterminer & le contenir [ur ces deux lignes! 

Ce qui ft arrivé à ces trois tubes, eft arrivé à beaucoup 
d’autres , dont les uns ont été donnés à des canards, & d’au- 
tres à des dindons. La manière dont ils ont été brifés à 
été la même, ils ont été divifés en deux gouttières; je n'y 
ai vû, ou pluftôt je n'ai eu lieu d'y foupçonner qu'une ex- 
ception, Dans le géfier d'un dindon à qui j'avois fait avaler 
quatre tubes que j'avois laiflés pendant quatre jours dans fon 
corps avant que de le faire tuer, je trouvai neuf morceaux 
creux qui avoient beaucoup perdu en tout fens de leurs diæ 
menfions. Le plus petit, qui alors étoit prefque plat, étoit-il 
venu d'un cylindre creux divifé d'abord felon fa longueur 
en trois parties, ou étoit-il un fragment d’une des deux 
moitiés dans lefquelles ce cylindre avoit été divilé? c'eft ce 
qui eft incertain, & aflez indifférent à favoir. 

Quelque force au refle qu'on füt difpof£ à accorder aux 
mufcles épais dont un géfier eft compolé, on ne concevra 
pas que par la compreflion elle puifle parvenir à faire fendre 
en deux des tubes de verre aufli folides que ceux dont il 
s'agit, fi elle eft appliquée également fur leur furface : Le 
füt-elle inégalement, on auroit encore peine à concevoir. 
qu'elle püt produire cette divifion; mais fi la force, au lieu 


. d'agir de dehors en dedans, agit de dedans en dehors, elle 


Waura pas befoin d'être fi confidérable pour produire cet 
effet. J'avois foupçonné que l'agent qui avoit fendu en deux 
les premiers tubes, auroit pû être indépendant de l'eftomac : 
J'avois fait entrer dans chacun d'eux un grain d'orge, qui fe 
&ouvoit à l'étroit dans quelques-uns. On pouvoit penfer avec 
vrai-femblance que ce grain, en tendant à {e renfler, avoit 
fait-contre le verre des efforts femblables à ceux que des 
coins introduits fecs, & mouillés enfuite, font avec un fi 
merveilleux fuccès pour détacher de la carrière & foulever 
les blocs de pierre dont on forme les meules de moulin. 
11 fut aifé de m'affurer que cette idée, malgré fa vrai-fem- 
blance, n'étoit nullement vraie; le moyen en étoit fimple, 
M m ii] 


»78 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Je fis avaler à un chapon & à un dindon des tubes dans 
lefquels je 'avois pas mis de grains d'orge ; ils furent fendus 
en deux dans le géfier, comme les autres l'avoient été. 

Les tubes qui entrent vuides dans le géfier, n'y reftent pas 
Jong-temps fans être remplis; j'en aï eu la preuve dans di- 
verles circonftances que je ne m'arrêterai pas à détailler. Si fa 
preflion de l'eflomac agit contre les bouts du tube qui eft 
plein, & par conféquent fur la matière qui le remplit, elle 
fera effort pour dilater le tube, ou, ce qui eft la même chofe, 
pour le rompre: cette action étant accordée au géfier, on 
trouvera bien des cas où il pourra forcer le tube de verre à 
s'ouvrir, quoique la capacité intérieure du tube foit vuide; 
les petites pierrailles , les très-gros graviers qui fe feront pré- 
fentés à fes bouts, & qui, ayant plus de diamètre que fa 
cavité, n'y feront entrés qu’en partie, feront l'office de coins 
lorfqu'ils feront pouffés vers intérieur. Avec de pareils coins ; 
c'eftà-dire , avec deux petits cailloux , dont un étoit engagé 
dans chacun des bouts d'un cylindre de verre , tel que ceux 
dont nous parlons, M. Hériffant & moi fommes venus à bout 
de le partager en deux gouttières , en n’employant qu'une forte 
preflion de nos doigts. If eft vrai que la preflion alors n'é- 
toit contre-balancée par aucune force étrangère, appliquée à la 
furface extérieure du cylindre ; & quand le cylindre eft 
preffé par de pareils coins ou autrement , de dedans en dehors ; 
dans l’eftomac de l'oifeau, il peut être preflé de dehors en 
dedans par les corps appliqués contre fa furface : ce feroient 
alors deux forces oppolées, dont l'une tendroit à confer- 
ver , à maintenir l'union que l'autre travailleroit à détruire. 
Comment cette dernière, celle qui poufle de dedans en 
dehors, peut-elle donc produire quelque effet ? c’eft fans doute 
parce que lation de l'eftomac eft tantôt plus forte dans un 
fens, & tantôt plus forte dans un autre, qu'il agit dans des 
momens plus fortement dans le fens où font les bouts du 
cylindre que fur fa furface, contre laquelle mème il pour- 
roit ne point agir du tout en certains temps. 

On doit {e laiffer conduire par les expériences, aller où 


DÉS S16 TE N CE s 279 
elles nous mènent: les précédentes invitoient à en tenter de 
plus propres à démontrer la réalité de la force du géfier de 
différens oïfeaux , & à nous en donner des mefures moins 
vagues. J'abandonnai pour quelque temps celles que je m'é- 
tois propolé de faire fur des grams tenus dans des tuyaux où 
le diflolvant que fournit l'eftomac, s'il en fournit un, pouré 
roit agir-fur eux : je crus devoir expofer à faction de ce 
vifcère des tuyaux fermés par les deux bouts, qui me mon- 
treroient mieux que ceux qui font ouverts, le degré de 
force qu’il eft capable d'employer contre les corps contenus 
dans fa capacité. Je fis faire de petits tubes de fer-blanc qui 
avoient {ept lignes & demie de longueur, & dont la cavité 
avoit environ une ligne trois quarts de diamètre; chacun de 
leurs bouts fut bouché par de la foudure à l'ufage des Fer- 
blantiers , qui y fut coulée liquide avec les précautions 
néceffaires pour qu'elle s'y moulât en une plaque circulaire 
d'une ligne d'épaifleur au plus. Voici comment on sy pre- 
noit pour y réuflir. Un noyau de bois, un petit bâton, étoit 
introduit dans le tube, & n'y laifloit de vuide que la place 
que fon vouloit que la foudure occupät à un des bouts; 
après que la foudure lavoit rempli, on retiroit le bâton. 
Il n'étoit pas tout-à-fait auffi facile de donner précifément la 
même épaifleur à la plaque qui devoit boucher l'autre bout, 
on y réuffifloit cependant en faifant entrer dans ce tube un 
petit cercle de papier , mis parallèlement aux bouts , fur le- 
quel on faifoit tomber un peu de réfine en poudre ; il fuff- 
foit pour arrêter la foudure , pour lempécher dé couler plus 
loin. On a eu recours encore à un autre moyen, pour 
donner aux deux plaques de foudure afez précifément une 
épaiffeur égale, & celle qu'on leur vouloit. On rouloit un 
petit morceau de papier , & aplatiflant enfuite fes bouts ,on en 
formoit un cylindre plus court que le tube de fer-blanc 
dans lequel on le faifoit entrer , & où on le placoit de ma- 
niere qu'il laifloit un vuide égal à chaque bout du tube: 
aurefle, il n'y avoit aucun inconvénient en ce que le cylin- 
dre de papier { trouvoit dans la fuite renfermé entre deux 


390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

plaques de foudure. Or eût fouhaité qu'au moyen des pré: 
cautions qui viennent d'être expliquées on eût pû parvenir 
à rendre tous les tubes, qui avoient été faits d'une même 
feuille de fer-blanc , capables de réfifler à des preflions égales: 
fi on ne pouvoit pas {e flatter d'y avoir réuffi, on pouvoit 
au moins fe promettre d'en avoir autant approché que le 
demandoient les expériences auxquelles les tubes étoient 


deftinés. Il s’agifloit de favoir fi le géfier d'un oifeau auroit 


la force d'altérer leur figure, s’il pourroit y produire quel- 
qu'enfoncement ou quelque aplatifiement, & en cas qu'il y 
en produifit, de mettre ces tubes à des épreuves qui appren- 
droient à quel poids on étoit obligé d'avoir recours pour 
forcer un tube à lui céder autant qu'il avoit cédé à Faétion 
du géfier. 

Un dindon fut le premier oïfeau*à qui je fis avaler un 
de cestubes ; je ne le laiflai vivre que deux fois vingt-quatre 
heures après qu'il l’eût pris : dès qu'il eut ceffé de refpirer ; 
je lui fis tirer le géfier hors du corps & je l'ouvris , très-curieux 
de voir en quel état étoit le tube de fer-blanc que je comp- 
tois d'y trouver. Je l’y trouvai aufr , il étoit bien entier , 
mais il avoit perdu fa rondeur ; fes deux bouts, dont chacun 
avoit été foûtenu par la plaque de foudure , avoient feuls 
confervé la forme cylindrique; très-près de l'un & de f'autre 
bout , le tuyau avoit été aplati fur deux faces diamétrale- 
ment oppolées ; l’aplatiffement alloit en augmentant depuis 
chaque bout jufque vers le milieu de 1 longueur. Ce n'eft 
pas affez de dire qu'il avoit été aplati , un enfoncement 
avoit été fait dans chacune des deux faces oppofces , il y 
formoit une efpèce de gouttière ; la gouttière d’urte des faces 
étoit un peu plus creufe que celle de l’autre. Je fuis incertain 
fi vers le milieu de a longueur, les parties de l'intérieur 
diamétralement oppofées avoient été rapprochées jufqu'à fe 
toucher; mais je fais que s’il étoit reflé [à quelque intervalle 
entr'elles , il étoit extrèmement petit. 

Faire avaler des tubes de fer-blanc à des oiïfeaux, étoit 
gne expérience fi aifée à répéter , qu'il n'eût pas été naturel 

qué 


nine UT PR 


PT SN TE 


DMEMSN) SUCHIVE N CLE Se 285 
que je m'en fufle tenu à celle qui vient d'être rapportée; je. 
l'ai refaite plus de fois qu'on ne jugeroit néceffaire qu'elle l'eût 
été, auflr ne rendrai-je pas compte de ce qui eft arrivé à 
tous les morceaux trop durs à digérer , que j'ai donnés à 
des canards & à des coqs : je me contenterai de parler d'un 
{eul dindon, je mis fon géfier dans la néceflité de s’exer- 
cer {ur fix tubes de fer-blanc femblables aux premiers ; je les 
lui fis avaler tout de fuite, comme fi c'euflent été des pâtons 
avec lefquels j'euffe voulu l’engraifler. Quelques autres tubes, 
dont il neft pas encore temps de parler, parce qu'ils étoient 


.de matières & de confiftances différentes , & qu'ils diffé- 


roient en proportions, furent auffi introduits dans fe jabot 
de ce dindon ; après qu'il eût été fi. mal empâté , on mit 
à fa difpofition des mets plus à fon goût , au de-là de ce 
qu'il en pouvoit confommer. Il fut tué environ vingt-huit 
heures après que fon jabot eût été farci de tubes : je les retrouvai 
tous dans fon géfier, mais avec des figures fort différentes de 
la régulière avec laquelle ils y étoient entrés ; tous y avoient 


été aplatis, & bien plus que je ne m'étois attendu qu'ils le 
feroient ; leurs bouts même n'avoient pas confervé la figure 


cylindrique : la platine de foudure par laquelle chacun d'eux 
étoit foûtenu , avoit été un appui trop foible pour réfifter à 
la force qui les avoit attaqués; les unes avoient été courbées ; 
d’autres avoient été brifées, & d’autres avoient été chaffées 
de leur place; mais de courtes defcriptions de l'état dans 
lequel chacun des fix tubes avoit été réduit , étant propres 
à faire juger du degré de la force qui avoit agi contre 
eux, il ne conviendroit pas que je me difpenfaffe de les 
donner. 

1. Il y en avoit un auquel fes deux platines circulaires 
avoient été enlevées , on ne fui en put trouver aucun refte ; 
un de fes bouts cependant étoit aplati au point que les 
paities oppofées diamétralement avoient été forcées de venir 
fe toucher ; l'autre bout étoit ouvert, mais fon ouverture 
n'étoit nullement circulaire, elle étoit contrefaite; elle avoit 
été confervée par un gros grain de gravier introduit dans 


Mén. 1752 Nn 


282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Je tube, auffi-tôt apparemment que l'entrée en eût été ren: 
due libre par le déplacement de la platine. 

2. Un autre tube n'avoit perdu que la platine d'im de fes 
bouts , l'ouverture de ce bout avoit été maintenue en partie 
par du gravier qui s'étoit logé dans le tube ; la platine de 
l'autre bout étoit enfoncée d'un côté dans le tube , dont lou 
verture avoit été rendue plus oblongue par l'aplatiffement. 

3. Un autre tube avoit à un de fes bouts une platine qui 
avoit aflez confervé fa forme circulaire, mais celle de l'au- 
tre bout, fans être détachée, avoit été rendue très-convexe vers 
le dehors , & s'étoit courbée de la façon que l’exigeoit le con- 
tour qu'avoit pris le bord du bout du tube, qui étoit devenu 
un ovale très-alongé. 

4° La platine d'un des bouts d'un autre tube, fans avoir 
été détachée du bord contre lequel elle avoit été foudée, 
avoit été enfoncée en dedans du tube; elle préfentoit vers 
le dehors une concavité qui formoit une efpèce de petit 
vafe, une calotte d'environ une demi-ligne de profondeur : 
la platine circulaire de l'autre bout du même tube étoit reftée 
adhérente à une partie de la circonférence du bout, & déta- 
chée du refte. La partie détachée avoit été enfoncée dans le 
tube, dont l'entrée ne ceffoit pas pour cela d’être bouchée, le 
bord du tube qui répondoïit à la portion déplacée de la pla- 
tine ayant été forcé de faire un recouvrement dans l'endroit 
où aufoit été le vuide. 

5 L'un dés bouts d'un autre tube étoit de ceux dont Ja 
platine avoit été détachée entièrement, mais dont l'ouverture 
avoit cependant été confervée par le gravier qui Favoitrem- 
placée : la platine de Fautre bout avoit été entièrement 
enfoncée dans le tube & détachée de fon bord ; ce bord 
avoit été aplati & recourbé de façon qu'il ne laïfloit qu'une 
très-petite ouverture par laquelle une portion de la platine 
étoit aperçue. 

6.° Enfin le fixième tube étoit prefque entièrement aplati 
par un de fes bouts, qui avoit perdu fa platine; l'aplatifie- 
ment y eût été parfait, fi de très-petits grains de gravier ne 


+ Vos 


MES UNANTEN CEE 283 
s'y fuffent pas oppofés : l'autre bout avoit confervé fà platine, 
mais défoudée, & qui avoit pris une figure oblongue, dont 
Ja convexité étoit tournée vers le dehors ; les bords du tube 


avoient été pliés & ramenés fur les bords de celle-ci. 


Je n'ai pas eu befoin d'infifter fur l'aplatiflement du corps 
de ces différens tubes , qu'on a dû aflez condlurre de ce qui 
s'étoit paffé à chacun de leurs bouts, capable d'une toute autre 
réfiflance ; mais voulant donner une idée des preffions qu'ils 
avoient eu à foûtenir, je ne dois pas laifler ignorer ce qui 
étoit arrivé à trois de ces mêmes tubes, ils avoient été dé- 
roulés , au moins en partie. On entendra en quoi confifte cet 
effet, lorfque j'aurai dit que la lame par le roulement de 
laquelle le tube étoit formé, étoit un peu contournée en 
fpirale; par conféquent un de fes côtés fe trouvoit recouvert 
par l'autre; le bord de ce dernier, feul vifible, étoit foudé 
fur le corps du tube; le bord extérieur de la lame de trois 
des tubes dont il s'agit, avoit été défoudé; là partie qui étoit 
en recouvrement avoit enfuite été redreflée, & même rendue 
plate; le corps du tube, qui étoit refté roulé, ayant été 
aplati, le tube avoit pris une figure affez femblable à celle 
de l'inftrument que fon ufage a fait nommer un coupe-pâte. 

Quelle force le géfier du dindon avoit-il été obligé d’em- 
ployer pour produire dans la figure des tubes les altérations 
qui viennent d'être décrites ? Pour en faire une eflime afez 
approchante du vrai, il falloit voir par quels poids pour- 
roient être aplatis des tubes auffi femblables à ceux fur lefquels 
il avoit agi, qu'il étoit poflible d'en avoir : il m'en étoit 
refté plufieurs du nombre de ceux que j'avois fait faire, & 
parmi lefquels les tubes avalés par le dindon avoient été 
pris au halard. Des tenailles m'ayant paru l'inflrument le 
plus commode pour connoître le poids capable de vaincre 
la réfiflance que ces tubes pouvoient oppofer à leur aplatif- 
fement, j'ai ferré fortement entre les mâchoires d'un étau, 
une des deux branches de ces groffés tenailles à l'ufage des 
maréchaux, & des cochers, qu'ils appellent des triquoi[es. 
Quand je ne le dirois pas, on imagineroit afez que les deux 

| ‘ Naiï 


284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
branches fe trouvoient placées dans un plan vertical, que 
Tune étoit pole au defflous de’ autre. C'étoit la plus bafle, 
& par conféquent celle à laquelle äppartenoit la mâchoire 
la plus élevée, qui étoit aflujétie, & elle étoit faifie très- 
près du clou par lequel elles font aflemblées, & autour du- 
quel elles tournent toutes deux quand elles font libres. Un 
tube mis entre les mâchoires des tenailles y pouvoit étre 
d'autant plus comprimé, que la branche fupérieure, la feule 
mobile, feroit chargée d'un plus grand poids, & que ce 
poids feroit pofé plus loin du point d'appui, ou, ce qui eft 
la même chofe, plus loin du clou autour duquel cette branche 
avoit la liberté de tourner. 

La première épreuve à laquelle je mis un des tubes, fut 
celle dans laquelle il pouvoit oppofer moins de réfiflance. 
Je le plaçai entre les mâchoires des tenailles, de manière.que 
fa longueur étoit perpendiculaire à la leur, & qu'elles ne 
pouvoient agir que fur fon milieu, l'endroit lé plus foible, 
& fur une portion de fa longueur extrémement petite, fur une 
portion écale à l'épaifleur du tranchant des tenailles. Le bras 
du levier auquel différens poids furent fufpendus jufqu'à ce 
qu'un enfoncement fenfible eût été produit dans le tube, 
étoit au bras de levier par lequel les tenailles preffoient ce 
même tube, comme 3+à 1. Dans des expériences répétées, 
le tube attaqué fi fort à fon defavantage, n'a ordinaire- 
ment commencé à céder, & ne s'eft laiflé enfoncer fenfi- 
blement que lorfque la branche des tenailles a été chargée 
de vingt-deux livres: or par leur pofition ces vingt-deux 
livres faifoient produire à la mâchoire mobile des tenailles, 
une preffion de quatre-vingts livres deux tiers. Le tube com- 
primé entre deux faces oppofées du géfer du dindon n'eût 
donc pü être enfoncé au même point, à moins que chacune 
des faces du géfier n'eût employé contre lui une force de 
80 livres£. 

L'état dans lequel ont été trouvés les tubes tirés du gé- 
fier du dindon, apprend que ce géfier ne cherche point à les 
attuquer par leur partie la plus foible, & prefque dans un 


Lt ee 2 dé 


: MES TS CT EN C FE 285 
feul point, comme avoit été attaqué celui dont nous venons 
de parler; qu'il les prefle en mème temps dans toute leur 
longueur, ou au moins dans une partie confidérable de leur. 
longueur; car on n’obferve fur aucun de ces tubes des en- 
foncemens féparés les uns des autres par des élévations, on 
n'y trouve point des inégalités qui forment une forte de 
chapelet ; la gouttière, quand ïl y en a une, ou laplatif 


fement, règne d'un bout à fautre: c'eft donc de long, ou 


parallèlement aux mâchoires des tenailles, que le tube doit 
être pofé entr'elles, fi on veut les faire agir fur lui comme 
le géfier y eût agi, & c'eft ainfr que j'en fis pofer un. Dif 
férens poids dont la branche mobile fut chargée , furent 
fufpendus à une diftance du clou ou de l'appui, qui étoit 
à celle du tranchant des mâchoires à ce même clou comme 
3+à 1. Les tenailles ne parvinrent à entailler une gouttière 
très-étroite & peu profonde dans chacun des deux côtés 
oppolés fur lefquels tomboit leur aétion, que quand la 
branche mobile eût été chargée de 78 livres: or ces 78 
livres, par leur pofition , faifoient produire à la mâchoire de 
leur branche une preflion de 273 livres. L’eflet qui étoit 
une fuite de cette preflion n'eüt donc pü étre opéré par 
le géfier du dindon, à moins qu'il n'eüt fait agir chacune 
de deux de fes fices oppofées avec une force équivalente au 
poids de 273 livres. 3 

La gouttière entaillée dans deux côtés oppofés du ‘tube ; 
ne donnoit pas encore la mefure de la force que le géfier 
du dindon avoit exercée fur ceux qu'il avoit été obligé de 
recevoir. Chaque entaille étoit étroite & peu profonde, plus 
de force eût été néceffaire pour en faire de plus creufes & de 
plus larges: il eût fallu encore plus de force pour aplatir les 
tubes dans toute leur longueur, ou dans une grande portion 
de leur longueur. Pour connoître celle qui eft capable de 
les rendre plats, un tube fut mis entre deux James d'acier, 
épaifles chacune d'environ une ligne: ce ne fut donc plus 
par le tranchant des mâchoires des tenailles qu'il fut preflé 
immédiatement, mais par des lames qui avoient plus de 


N n iij 


286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
largeur qu'il n'avoit de diamètre. Plufieurs tubes ont été mis 
ainfi fucceffivement à l'épreuve: je m'attendois à ne les pas 
trouver tous capables de réfifler également. On ne pouffa 
pas l'aplatiffement de celui fur lequel le premier eflai fut 
fait, jufqu'à le rendre parfait, c'efl-à-dire, jufqu'à obliger les 
deux faces oppofées à fe toucher; celui qu'on fe contenta 
de lui faire prendre, fut opéré par un poids de 103 livres, 
que la longueur du levier par lequel il agifloit, rendoit équi- 
valent à 3602. Le géfier n'eût donc pü produire le même 
aplatifiement qu'en faifant agir chacune des deux faces entre 
lefquelles il leüt comprimé, avec 3 60+ livres. 

Un autre tube fut plus aplati que le précédent, fans avoir 
néanmoins été aufli écrafé que quelques-uns de eeux qui 
avoient féjourné dans le géfier du dindon, & il ne le fut au 
point où ceux-ci l'avoient été qu'au moyen d'un poids de 
125$ livres, dont la puiflance devoit être évaluée à 437 + 
Le même effet eût donc exigé que deux faces oppofées 
du géfier du dindon euflent chacune attaqué le tube avec 
437 + livres de force. 

Un troifième tube fut trouvé beaucoup plus fort que les 
précédens ; il n'a été que médiocrement aplati par un poids 
de 153 livres, dont la branche mobile des tenailles avoit 
été chargée: celui-ci a donc foûtenu de la part de la mä- 
choire de cette branche une preffion de $ 3 5 + livres. 

De deux tubes qui avoient été aplatis dans les tenailles 
dont la branche mobile étoit chargée d'un poids de 125 
livres, j'en fis avaler un à une dinde, & je gardai l'autre 
pour terme de comparaifon: celui-ci étoit le plus aplati. 
Quand le premier eut été tiré du géfier de la dinde, après 
y avoir féjourné près de deux fois vingt-quatre heures, il 
étoit plus plat que celui auquel il fut comparé. Le géfier de 
la dinde avoit donc fait fur le tube qu'il avoit reçü, ce que 
n'avoit pû faire la branche mobile des tenailles, qui avoit 
agi contre lui avec 437 + livres; mais j'ai lieu de douter fr 
la puiffance qu'il avoit employée contre ce tube eût été 
capable de vaincre une réfiflance plus grande ou aufli grande 


AIN ES LEE 


, DES SCIENCES. 287 
que celle qu'avoit oppofée un autre tube, qui n'avoit été que 
médiocrement aplati par 1 53 livres fufpendues à la branche 
mobile des tenailles, & qui par leur pofition étoient équi- 
valentesà 5 3 5 + livres. Ce tube fut donné à Ia même dinde, 
& retiré de fon géfier, comme l'autre favoit été, plus de 
deux fois vingt-quatre heures après qu'il eut été avalé, I n’en 
fortit pas plus plat par les bouts qu'il n'y étoit entré ; à a 
vérité un enfoncement confidérable en forme de gouttière y 
avoit été fait fur deux côtés oppolés, mais cet enfoncement 
eût pà y éfre opéré par une preflion de la mâchoire mobile 
des tenaïlles, moindre que celle de 437 livres. 

Tous les géfiers des oïfeaux d'une même efpèce n’ont pas 
apparemment le même degré de force. Un très-gros dindon 
male peut avoir un eftomac plus vigoureux que celui d'une 
dinde: je ne reprocherai donc point à Borelli d'avoir accordé 
au géfier d'un dindon une trop grande force, lorfqu'il Ya 
abitrée à 1350 livres; ce qu'il a fait en doublant celle de 
675 livres, exercée par chacune des faces oppofées; mais 
je dois dire que fes propres expériences, fur lefquelles ï 
a fondé fon eflimation, ne la lui euflent pas dü faire porter 
fr haut. H fit paffer dans le géfier d’un dindon des noifettes 
& des grains de verre qu'il ne cafloit qu'avec peine entre fes 
dents molaires : les ayant trouvées le jour fuivant brifées & 
réduites en poudre, il en a conclu que le géfier avoit agi 
fur les noifettes & fur les grains de verre avec une force égale 
à celle avec laquelle les mufcles de Ja mâchoire inférieure lui 
font preffer les corps durs que les dents doivent rompre ou 
‘divifer. Je ne m'arrêterai point à faire remarquer que cette 
conféquence étoit lors prématurée, parce qu'il n'étoit pas 
encore prouvé que cet ouvrage fût celui de a preflion, & 
non celui d’uñ difflolvant, comme Vallifnieri l’a foûtenu de- 
puis. Quoi qu'il en foit, Borelli ayant prétendu avoir établi 
ailleurs que la force des mufcles employés à mouvoir la 
mâchoire étoit de plus de 1350, il s'eft cru en droit d'af 
furer que le géfier avoit employé la même force pour pro- 
duire le même effet. 


Tom, IL, prop 
19 £, 


s Tome I, 
prop. 88. 


L Tome Il, 
top. 191" 
£ © Tome 1, 
fcholie de la 
prop. sg. 


288 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Ce Savant fi célèbre avoit eu tant d'occafions de trouver 
la Nature prodigue en forces, de lui en voir employer de 
fort grandes pour produire d’aflez petits effets, qu'il fembloit 
en avoir pris un penchant à mettre fort haut celles avec 
lefquelles elle opère dans les animaux. C’eft apparemment 
ce penchant qui lui avoit fait oublier que felon fon raifon- 
nement & fes propres calculs, il ne devoit évaluer fa puif- 
fance du géfier du dindon qu'à $34 livres; car ceft à 
534% qu'il avoit eflimé la force exercée par deux mächoires 
humaines fur les corps les plus durs qu'elles aient à divifer: 
c'eft entre les fiennes que la réfiflance des grains de verre 
& des noifettes avoit été éprouvéeb. Lorfqu'il a fait monter 
la force de preffion de deux mâchoires à 13506, il étoit 
queftion de la force de mächoires plus alongées que celles 
de l'homme, comme des mächoires des plus gros chiens & 
des plus vigoureux. 

D'ailleurs Borelli avoit très-bien comparé les mächoires 
à des efpèces de tenailles, & le géfier à une elpèce de pref- 
foir : il s'agifloit donc de voir par quel poids des noilettes 
auf dures que celles qu'il avoit mifes entre fes dents pour- 
roient être écraftes. Après en avoir ferré plufieurs entre les 
miennes, qui font très-bonnes, j'ai mis à part celles qu'elles 
n'ont pû venir à bout de cafler; j'en ai de même fait mettre 
à part d'autres qui avoient réfifté à des dents plus jeunes que 
les miennes. Ces noifettes, dont la dureté avoit été éprouvée, 
ont été ferrées les unes après les autres entre les mâchoires des 
tenailles ; la plufpart ont été caflées par un poids de 20 livres, 
& aucune n’en a foûtenu , fans être brifée, un de 22 livres, 
placé comme dans les expériences fur les tubes de fer-blanc : 
{a pofition rendoit le premier équivalent à 70 livres, & le 
fecond à 77 livres. Le oéfier du dindon feroit donc parvenu 
à cafler ces mèmes noiïfettes en faifant agir chacune des deux 
faces oppofées entre lefquelles il les prefloit , avec une force de 
70, ou au plus de 77 livres, bien diflérente de celle de 675, 
qui, étant doublée, donne Ja force de 1350 livres, que 
Borelli a fait employer dans ce cas par le aéfier, 


AR 


RG T 


M'ais ii S:C LEIN € Es. 289 

A Ja vérité Borelli peut avoir prétendu, quoiqu'il ne l'ait 
ni dit, ni prouvé, que les mufcles du géfier du dindon 
agifloient avec autant de defavantage, foit à caufe de leur 
pofition, foit à caufe de la direétion oblique de leurs fibres, 
qu'agiffent les mufcles qui meuvent la mâchoire lorfqu'elle 
doit produire de la preflion. Dans cette fuppofition, {1 nos 
expériences fur les tubes de fer-blanc lui euffent été connues, 
il ne fe fût pas borné à faire agir le géfier avec une force 
de 1350 livres. Les mâchoires, felon lui, emploient cette 
force lorfqu'elles vainquent une réfiftance de 1 $0 livres, & 
nous avons vû que le géfier en furmonte une de plus de 
875 livres, en doublant la force ainfr que l'a fait Borelli; 
d'où il s'enfuit que comme 150 livres font à 1350 livres, 
ainfi 87 s livres feroient à a force exercée par le géfier, ou 
à une force de 7808+ livres. 

Pendant que le géfier du dindon avoit travaillé à défr- 
gurer les fix tubes de fer-blanc dont il a été fait mention 
ci-devant fort au long, il avoit encore eu à agir contre 
deux autres tubes de même métal, plus gros & plus longs; 
ils avoient dix lignes & demie de longueur, & fept de 
diamètre.. Leur groffeur les rendoit beaucoup plus foibles 
que les autres; cependant leurs bouts n'étoient foûtenus que 
par des platines de même matière que le corps du tube, qui 
y avoient été fixées par de la foudure: auffi ces tubes furent- 
ils concaffés en différentes pièces de figure irrégulière. Un 
feul morceau tenoit encore de celle qu'il avoit eue; il étoit 
plié en gouttière, & avoit près de la moitié de la longueur 
& de la circonférence du tube: les platines elles-mêmes furent 
brifées en plufieurs petites pièces ; il refta cependant une pièce 
grande & reconnoiflable, qui étoit à peu près la moitié 
d’une des deux. 

Des tuyaux d’un métal moins dur & moins caffant que le fer, 
des tuyaux de plomb, avoient aufi été conduits, tant dans le 
géfier du dindon précédent, que dans celui de plufieurs au- 
tres. J'en ai fait faire de lames roulées, qui cédoient lorfqu'ils 
étoient fortement comprimés entre deux doigts, & on croit 


Mém. 175 2. Oo 


290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

bien qu'ils ont été aplatis par le géfier dans lequel ils ont 
paflé; mais j'en fis fondre d'autres qui avoient plus de quatre 
lignes de diamètre, defquelles il n'y en avoit guère qu'une 
accordée à leur cavité. Les efforts du géfier ont été impuif- 
fans contre ces derniers tubes, au moins pour leur faire per- 
dre leur forme; tout ce qu'ils ont pù fur eux s’eft réduit à 
en emporter de la limaille. 

Si on étoit curieux de pouffer plus loin les expériences fur 
les forces des géfiers des oifeaux , de comparer celles d'oi- 
feaux de différentes efpèces, des tubes de plomb ou de quel- 
qu'autre métal gradués , pour ainfi dire, en donneroïient le 
moyen ; il feroit aifé d'en avoir dont les uns ne foûtien- 
droient qu'un poids d'une livre, & d’autres celui de deux, 
trois, quatre , cinq, &c. & d'en avoir d'autres qui ne 
céderoient qu'à celui de dix, vingt, trente , quarante , 
cinquante , d'autres qui ne pourroient être aplatis que par 
un poids de cent, & d’autres qui ne le pourroient être que 
par celui de plufieurs centaines de livres. 

Avant que d’avoir fait ces expériences, on voit déjà que 
les petits oileaux qui vivent de grains, comme les moineaux , 
les linottes , les chardonnerets , les allouettes, doivent avoir 
un géfier capable d’écrafer des grains de chenevi, de millet 
& de navette; mais il trouveroit trop de difficulté à les 
brifer , s'il avoit à agir fur eux pendant qu'ils font recouverts 
d’une enveloppe très-dure. La Nature a appris à ces oifeaux 
à fe conduire comme fi la force de leur eftomac leur étoit 
connue , elle leur a appris à écaler ces grains , & à ne les avaler 
qu'après que leur écorce a été détachée : d'ailleurs le grain de 
millet & celui de chenevi font tout autrement aifés à ra- 
mollir, quand ils ont été dépouillés de leur peau très-com- 
pacte & prefque écailleufe, que quand ils en font revêtus ; 
l'humidité qui les pénètre plus aifément quand ils n'ont plus 
d'écorce , les attendrit. Les oifeaux de plus grandes efpèces 
avalent les grains fans les écaler ; leur eflomac furpañe 
en force celui des oifeaux des petites efpèces, dans un plus 
grand rapport que celui de la réfftance qu'oppofe un grain 


RL 


M NUS AC TE IN CE s 201 
non écalé à la réfiftance qu'il oppole étant écalé : les géfiers 
des petits oifeaux font par rapport à ceux des grands ce qu'eft 
unemeule müe par Je bras d'un homme à celle qui l'eft par le 
vent ou par le courant d'une rivière. L’eftomac d'un ferin n’a 
befoin de moudre qu'une très-petite quantité de grain pour 
fournir à fa fubfiflance , en comparaïifon de la quantité qu'a 
à moudre celui du dindon pour fournir à la fienne : ia quan- 
tité moulue par le premier n'eft pas probablement à 1a 
quantité moulue par le fecond, dans un rapport fort différent 
de celui de la pefanteur ou grofieur du petit oifeau à la 
pefanteur ou grofleur du grand. 

Quelque vorace que foit le canard, fon géfier, confidéra- 
blement moins gros que celui du dindon, ne peut pas agir 
avec autant de force que le géfier de ce dernier : les tubes 
de fer-blanc de près de deux lignes de diamètre , Jongs de 
fept, & bouchés par les deux bouts, que celui-ci aplatit & dé- 
figure fi aifément, ont féjourné dans le géfier du canard fans 
que leur forme y ait été fenfiblement altérée. 

Après avoir vü des tubes de fer aplatis, d’autres mis en 
pièces, defolides tubes de verre brifés & ufés par des géfiers , 
on ne fera pas furpris que les graines les plus dures, & les : 
fruits renfermés dans les coques les plus folides, ne leur 
oppofent qu'une foible réfiftance ; on ne trouvera rien de fort 
étrange dans une pratique vantée pour engraifler les dindons, 
& dont fe moquent ceux qui en entendent parler pour la 
première fois, c'eft de leur faire avaler chaque jour une ou 
deux groffes noix bien entières avec leur coquille. J'ai oui 
dire qu'une noix avalée chaque jour faifoit partie du régime 
auquel les Juifs de Metz tiennent des oies, pour leur faire 
avoir ces foies renommés par leur groffeur énorme & pour 
leur excellence. Je n’examine point encore comment une 
noix qui a fa coque peut faire que le dindon ou l'oie qui 
lavale s'engraifle plus vite, je me contenterai: de faire re- 
marquer qu'on ne doit pas être inquiet fi le géfier dans lequel 
elle fera entrée aura la force nécelfaire pour la cafler & la 
mettre en pièces : tout ce qu'on pourroit appréhender, c'ef 

. Oo ij 


292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

que le volume de la noix ne lui permit pas de pénétrer dans 
la cavité de ce vilcère; mais les expériences m'ont appris que 
de très-grofles noix y arrivent aifément , & qu'il s’en falloit 
bien que ce fût donner au géfier d'un dindon un ouvrage 
difficile à faire, que de l'obliger d'en digérer une ou deux 
dans la journée. Après avoir vü que celui à qui j'en avois 
fait avaler une, ne l'avoit plus le lendemain dans fon jabot , 
je luien fis prendre deux ce jour-là ; elles furent conduites du 
jabot dans le géfier, & digérées comme la première f'avoit 
été : le troifième jour je doublai fa dofe de noix, je lui en 
donnai quatre ; n'en ayant {enti aucune dans le jabot au bout 
de vingt-quatre heures , la dofe fut encore augmentée de 
deux ; le quatrième jour je lui en fis avaler fix tout de fuite, 
ayant trouvé fon jabot très-vuide ; le cinquième jour , dès le 
matin , je lui en fis avaler huit, qui, comme celles des jours 
précédens , furent obligées de fe rendre dans le géfier en 
moins de vingt-quatre heures ; le fixième jour j'augmentai {a 
dofe plus confidérablement que je ne l'avois fait jufque-là, je 
l'augmentai de quatre noix pour fon premier déjeüné , le 
dindon reçut donc ce jour-là douze noix dans fon jabot : Îa 
dofe en fut encore plus augmentée le feptième jour ; fon jabot 
ayant été trouvé très-vuide le matin, je lui en fis avaler dix- 
huit; enfin aucune de ces dix-huit noix ne s'étant trouvée 
dans le jabot, le jour fuivant ou huitième jour , je lui en fis 
‘avaler vingt-quatre : toutes ces noix étoient au moins de grof- 
feur ordinaire, & il y en avoit quelques-unes de très-grofes. 
Il eft affez plaifant de voir un dindon porter à fon cou une 
poche pleine de noix auxquelles on fait faire un dcliquetis 
lorfqu’on agite ou manie cette poche. Chacune des dernières 
noix qui y entrent, fait aflez ordinairement du bruit en tom- 
bant fur celles qui y font déjà : fi on obferve le cou pendant 
qu'il y en a-une en marche, on voit les mouvemens que 
fait le canal par lequel elle pañle, pour la faire defcendre, Ces 
vingt-quatre noix furent conduites en moins de vingt-quatre 
heures dans l'eftomac , comme l’euffent été des grains d'orge, 
& y furent de même digérées ; le lendemain il n’en reftoit 


dd 


DES RU SICNILE NICE SS. 293 
aucune dans le jabot. Le dindon n’avoit pourtant pas été mis 
aux noix pour _toute nourriture, il avoit la liberté de paître 
Yherbe & la paifloit, il avoit à fa difpofition du fon dé- 
trempé & de l'orge bouillie, & il en mangeoit ; ainfi fa 
belogne que fon eftomac avoit eu à faire en vingt-quatre heures 
n'avoit pas été réduite à digérer deux douzaïnes de noix. 

Un jeune coq a été traité en dofes de noïfettes comme 
le dindon f'avoit été en noix, mais feulement pendant fept 
jours ; les noïfettes étoient de groffeur ordinaire , & très- 
dures : j'avois inutilement tenté de cafler avec mes dents , 
quoique je les aie bonnes, plufieurs de celles qu'on lui fit 
avaler. Je ne pouffai pas le nombre de celles dont je chargeai 
fon jabot au-delà de dix-huit , parce que le huitième jour j'y 
en trouvai une de celles qui y étoient entrées la veille : il en 
réfulte que les géfiers des coqs font à peu-près d’aufli bons 
cafle-noïfettes, que ceux des dindons font de bons caffe-noix.- 

A huit heures du matin je fis avaler dix-huit noix à un 
dindon, que j'avois condamné à périr quatre heures après 
qu'il les auroit prifes : j'étois curieux de favoir combien il 
en feroit forti de fon jabot dans ces quatre heures, & dans 
quel état feroient celles qui auroient pañlé dans le géfier. 
Dès qu'il eut été tué, toutes {es parties intérieures furent tirées 
hors de fon corps, & le jabot ne tarda pas à être ouvert ; je 
n'y trouvai que treize noix , cinq en étoient {orties en quatre 
heures, & étoient entrées dans le géfier , car il n’en étoit reflé 
aucune dans le canal qui avoit dü les y conduire. Aucune 
de ces cinq noix ne füt trouvée entière dans le géfier où je les 
cherchai fur le champ ; leurs coques avoient été caflées & 
divifées en fragmens, dont les plus confidérables avoient au 
plus deux ou trois lignés de longueur dans le fens où ils en 
avoient le plus ; mais il y en avoit de toute forte de gran- 
deurs au-deffous de celle de ceux-ci, d’aufli petits & plus 
petits que des grains de fable ; ils n'avoient pas été fenfible- 
ment ramolis ; leur dureté atuelle ne diféroit de celle qu'ils 
avoient lorfque la coque étoit entière, qu'autant que diffère 
celle d’une coque de noix féche de la dureté de la même 


© o ii 


294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
coque qui a reflé dans l'eau pendant une heure ou deux. 
S'il étoit aflez prouvé qu'une ou deux noix données cha- 
que jour à un dindon ou à une oje, contribuent beaucoup à 
les engraifler , on auroit encore peine à croire que ce füt par 
Ja quantité & par la qualité du fuc nourricier qui en eft ex- 
trait ; on penferoit plus volontiers que les fragmens de coque 
tiennent lieu du gravier, pour avancer & rendre plus par- 
faite la digeftion des alimens avec fefquels ils font mélés. 
Au refte, les faits que nous avons rapportés , apprennent 
que le géfier n'agit pas contre les corps contenus dans fa 
capacité par une fimple preflion, telle que celle des tenailles 
au moyen defquelles nous avons éprouvé la réfiftance dont 
étoient capables des tubes de fer-blanc: comme des poids 
agiffent fur les corps qui les foûtiennent; le géfier fait effuyer 
des frottemens fans nombre à ceux fur lefquels il exerce fa 
force ; c'eft aa moyen de ces frottemens qu'il les réduit en de 
fi petites parcelles ; il ne peut leur faire foufirir ces frottemens 
qu'en les agitant continuellement , qu'en les tournant & 
retournant fans ceffle. Aux preuves que fourniffent nos expé- 
riences précédentes de la réalité & de l'eicacité de ces frot- 
temens, j'en ajoûterai encore une, Dans le temps où je faifois 
avaler à des dindons des tubes de verre ouverts par les deux 
bouts, que le géfier ne manquoit pas de fendre en deux felon 
leur longueur, j'en fis fceller un à la lampe par les deux 
bouts , qui ne différoit des autres qu'en ce qu'il étoit un 
peu plus long : une grofle larme de verre, & des rugofités 
confidérables qui fe trouvèrent à chaque bout, furent une 
fuite néceffaire de l'opération. Je comptois que le géfier du 
dindon dans lequel je ferois paffer ce tube, ne viendroit pas 
à bout de le fendre : après l'avoir laiffé féjourner pendant 
quatre jours dans, celui où je lavois fait entrer, je l'en retirai 
auffi fans qu'il eût été divifé en deux , mais il y avoit été no- 
tablement ufé, fon diamètre avoit été fenfiblement diminué 
par l'épailfeur de la couche qui avoit été enlevée; les rugo- 
fités des bouts avoient été aplanies, les deux larmes avoient 
été prelque détruites , elles ne formoient plus qu'une petite 


ms 


DES SAGE Ni) CE: 56 295 
convexité ; celle d'un des bouts étoit même percée par un 
petit trou qui avoit permis à de la matière liquide de s'in- 
troduire dans la cavité du tube, & de la remplir en partie, 

Les mouvemens du géfier ne font pourtant pas auffi fen- 
fibles, que les eflets qu'ils produifent feroient juger qu'ils 
devroient l'être. I fembleroit que ce vifcère auroit à faire 
voir des dilatations & des contractions fucceflives, analogues 
à celles du cœur, ou une de fes parties qui glifferoit alter- 
nativement fur l'autre en diflérens fens, pour. faire l'office 
d'une molette à broyer; néanmoins ça été inutilement qu'a- 
près avoir introduit dans le corps de plufieurs poules, coqs 
& dindons, le pouce & le doigt qui le fuit, j'ai tenu le 
géfier faifi entre ces deux doigts pendant un demi- quart 
d'heure & plus: je n'ai fenti ni pulfation, ni gliflement. Ayant 
ouvert le ventre de plufieurs de ces oifeaux, & écarté tous 
les téguimens pour mettre le géfier à découvert, je n'ai réuffi 
qu'une feule fois à y obferver des mouvemens un peu fen- 
fibles. JI eft vrai que l'eftomac d'un oïfeau peut être mal 
difpolé pour travailler à digérer, lorfque des bleffures confi- 
dérables ont mis le ventre dans un grand délabrement, & 
lorfque des doigts le tiennent fifi; cependant un chapon 
qui avoit beaucoup de vigueur, malgré l'entaille confidérable 
que j'avois fañe à fon ventre, me permit de voir des mou- 
vemens dans fon géfier que j'avois mis à découvert fans le 
déplacer. Je vis des portions de ce vifcère fe contraéter, 
s'aplatir, & fe dilater ou relever enfuite: j'ai vû des cordons 
charnus fe former à fa furface, parce qu'il s'y failoit des 
enfoncemens qui les féparoient ; j'ai vû ces cordons marcher, 
ce me fembloit, comme des ondes, mais très-lentement. 

On doit faire attention que les oifeaux dont nous par- 
lons, tiennent la cavité de leur géfier très-remplie: que 
lorfque le grain leur manque, ils y font entrer de l'herbe 
plus aifée à trouver par-tout, & que les grains de gravier y 
font en quantité d'autant plus grande, que celle des alimens 
eft plus petite; alors on juge que les parois intérieures de la 
cavité n'ont pas befoin de venir chercher de loin les ma- 
tières contre lefquelles elles ont à agir. 


296 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

L'eftomac, pour qui les grains de fable & de gravier font 
des inftruniens au moyen defquels il emploie fa force avec 
plus de fuccès, ne paroït pas fe défaire auffi vite de ceux 
qui y'ont été introduits, qu'il fe défait de parcelles, foit plus 
grofles, foit plus petites, mais moins dures & trop difliciles à 
digérer , comme font des fragmens d'écorce de grains. J'ai 
fait tuer un canard & un chapon, au bout de huit jours, 
pendant lefquels ils avoient été tenus à deffein dans une cage 
où ils ne pouvoient trouver ni grains de fable, ni pierrailles: 
lorfque leur géfier fut ouvert, je vis cependant qu'il en étoit 
encore aflez fourni ; des écales de grains n’y feroient pas reftées 
ce temps-là. 

Quoiqu'il foit inconteftablement prouvé que le géfier 
broie les alimens qu'il reçoit, on ne laiffera pas de demander 
comment il fe peut faire que par fa façon d'opérer il ne fe 
détruife pas bien-tôt lui-même: les grains de gravier au moyen 
defquels il réduit en poudre des morceaux de verre, ne doi- 
vent-ils pas ufer bien vite la membrane dont fon intérieur 
eft revêtu? Nous éclaircirions plus aifément cette difficulté, 
fi la manière dont le géfier met les grains de fable en mou- 
vement nous étoit plus connue : nous pouvons au moins 
Vafloiblir, en faifant remarquer que la membrane intérieure 
eft extrêmement épaifle dans les eflomacs dont nous parlons, 

u’elle femble d'une nature fort approchante de la corne, 
qu'elle eft au moins calleufe, enfin qu'elle eft ridée & plifiée. 
Les roues de plomb au moyen defquelles on fait agir 
la poudre d'émeril pour tailler des criflaux ou d’autres 
pierres plus dures, les morceaux de bois, les cuirs dont on 
fe fert pour frotter avec une poudre extrêmement dure les 
corps auxquels on veut faire prendre un grand poli, ne s’ufent 
pas bien vite. Les grains de poudre engagés entre les parties 
des corps qui les mettent en mouvement, ne dérangent pas 
la tiflure de ces corps, pendant qu'ils enlèvent des parcelles 
de ceux fur lefquels on les fait glifler. Que favons-nous fi 
les graviers, les petits cailloux, logés dans les creux des plis 
de la membyane intérieure du géfier, & faifis par ces plis, 
ng 


sé À Chonus-à 


a ; 
DES SCIENCES. 297 


ne peuvent pas être müûs fans faire plus de mal à cette 
membrane, qu'une molette n'en fait à la main de l’ouvrier 
qui l'entretient en mouvement? & cette membrane n'a pas 
à fouffrir des grains de fable qui {e trouvent mélés avec des 
matières molles & déjà broyées en partie. 

Enfin, ce que cette membrane peut-perdre, ce qui lui eft 
enlevé, eft réparé, s'il a befoin de l'être, comme le font les 
calus des mains de ceux qui travaillent à des ouvrages de 
force. M. Hériffant foupçonne plus; il a ouvert des géfiers 
qui lui ont donné de {a difpofition à penfer que la mem- 
brane intérieure {e renouvelle comme l’eftomac des écrevilles, 
Mais par parties: il a va & m'a fait voir des endroits où 
des lambeaux manquoient à cette membrane, & d’autres 
morceaux de membrane formés par deflous, prêts à avoir 
la confiftance de l’ancienne membrane. I n'’eft pas rare de 
trouver des géfiers auxquels cette membrane ne tient prefque 
point, & il n'en eft pas dont il ne foit aif& de la détacher. 

Dans les royaumes de Péou & de Siam, & en d’autres 
endroits des Indes orientales , il y a une efpèce de pi- 
geons, qui, pour broyer les grains dont ils fe nourriflent , 
ne femblent pas avoir befoin d'avaler du gravier ni du 
fable ; leur géfier eft pourvû de deux meules propres à 
écrafer le grain qui eft conduit entr’elles. On veut dans les 
Indes que ce foient deux véritables meules de Pierre: on 
prétend que la membrane qui revêt le géfrer de ces pigeons, 
n'a pas fimplement, comme celle du géfier des autres oïfeaux, 
une confiflance qui fe rapproche de celle de la corne, qu'elle 
eft véritablement pétrifiée & beaucoup plus épaifle que la 
membrane du géfier. M. le Marié, qui pendant plufieurs 
années a été Chirurgien-major de la Compagnie des Indes 
dans l'hôpital de Chandernagor , & enfuite dans celui de 
Bondichery, eft Le premier qui m'ait raconté ce fait très- 
fingulier : il avoit cherché à s’aflurer de fa réalité par fes 
propres yeux. On lui fit préfent à Chandernagor d’un très- 
beau pigeon de l'efpèce de ceux qui paflent pour avoir chaque 
moitié du géfier pavée d'une meule. La beauté de l'oifeau 

Men. 1752. Pp 


208 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE 

ne put lui fauver ka vie, il fut facrifié à l'envie qu'avoit 
M. ie Marié de voir l'intérieur de fon géfier : il fentit en 
l'ouvrant, une réfiflance que celui d'un autre oifeau n’auroit 
pas cRpPle Dès qu'il l'eut divifé en deux parties, les deux 
meules fe montrèrent & furent aifées à reconnoître: chacune 
d'elles étoit enchàffée dans une membrane femblable à celle 
du géfier des poules, ceft-à-dire qu'une membrane ridée 
& plifiée, mais de couleur verte, lui faifoit une fertiffure. Il 
détacha de chaque moitié du géfier la meule & la mem- 
brane par laquelle elle ctoit afujétie; il en cafla une, curieux 
de favoir fi la membrane pénétroit dans l'intérieur de la 
meule, dont elle bordoit le contour: la caflure le confirma 
dans l'id‘e qu'on lui avoit voulu donner de fa nature; la 
membrane ne s'introduiloit point dans fon intérieur & n’en 
troubloit point la tranfparence. I a apporté ces deux pièces 
en France, & il a bien voulu s’en priver pour enrichir mes 
cabinets : il ne refte à l'une & à l’autre qu'un étroit cordon 
de la membrane, qui devenue friable en fe féchant, n'a pas 
réfiflé, foit aux frotiemens qu'elle a effuyés pendant la route, 
foit à ceux auxquels elle a été expolte toutes les fois que des 
Curieux ont manié les meules. Celles-ci ont chacune environ 
7 lignes de diamètre, & 2 lignes d'épaifleur vers leur milieu; 
elles font concaves d'un côté, & convexes de l'autre: on juge 
bien que ce dernier eft celui qui étoit appliqué contre les 
chairs. Leur caflure retlemble fi fort à celle d'une cornaline, 
qu'on feroit tenté de les regarder comme des pierres de ce 
genre; mais quand on n ‘eft pas aflez féduit par de fortes 
apparences pour croire inutile un examen de la nature de 
ces meules, on reconnoit bien-tôt qu'elles ne font pas ce 
qu'elles femblent être. Si on fe fert d'un couteau, ou pluftôt 
d'un cauif, pour täter leur degré de dureté, on eft détrompé 
fur le champ, on eft convaincu par les petites lames queile 
canif coupe, qu'elles ne font pas pierre, mais qu'elles font 
une corne plus dure & phis tranfparente que la corne ordi- 
naire: au refle, cen ef une qui diflere fur-tout de la corne 
ordinaire en ce qu'elie eft plus caflante, elle peut êue brifce 


ummitas 


mEUS PS C/HIENN CES 299 
comme une gomme ou une réfine très-dure, comme du 
karabé ou de li gomme copal. M. Hériflant n'avoit pas 
attendu que jeuffe effayé de les couper, pour juger qu'elles 
étoient d'une nature fort différente de celle des pierres. 

Ce font donc deux meules, non de pierre, mais d’une 
corne très-dure, dont l'eftomac de certains pigeons eft muni, 
C'eft encore un exemple à joindre à tant d'autres que l'Hif 
toire Naturelle nous fournit, des inftrumens de corne que 
la Nature a donnés, tant aux oifeaux qu'aux infeétes, pour 
faire des ouvrages femblables à ceux que nous n’exécutons 
qu'avec des inftrumens d'acier ou de pierre. Le bec avec 
lequel les différentes efpèces de pics, & entre autres le pic- 
vert, percent le bois comme nous le perçons avec des ta- 
rières, eft de corne: les tarières avec lelquelles les infedtes 
percent, foit le bois, foit du mortier auffi dur que de fa 
pierre, & les dents avec lefquelles ils mettent en pièces les 
corps les plus compactes, font aufii de corne. Les meules de 
corne qui dans nos pigeons font deftinées à opérer ce que 
font nos meules de pierre, ne font fans doute que la mem- 
brane analogue à celle qui tapiffe le géfier des autres oifeaux, 

ui a été rendue plus épaifle & plus dure dans une grande 
patie de fon étendue, que le commun de ces fortes de 
membranes. Il féroit curieux de voir le degré d'épaifleur & 
de confiftance qu'ont ces meules dans le géfier des jeunes 
pigeons ; mais pour cela il faut attendre qu'on ait fait pafier 
cette efpèce, de Pégu ou de Siam en Europe, & qu'on 
nous ait envoyé de ces royaumes de très-jeunes pigeons dans 
lefprit de vin. Il n'a pas été permis à M. le Marié de fe 
livrer à un foupçon qu'il eut pendant un inftant, que ces 
meules étoient une maladie du pigeon qu'il avoit difféqué, 
puifque ce qu'il avoit trouvé dans le géfier étoit conforme à 
ce qui lui avoit été annoncé par ceux à qui cette efpèce 
d'oifeaux étoit connue. 

H y a lieu de croire que quelques-uns de ces pigeons 
finguliers par leurs meules ont été apportés en Angleterre, 
& que nous en avons deux figures, lune du mâle, & l'autre 


Ppi 


300 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

de la femelle, dans les xzvir & xLvie planches du troi- 
fième volume de l'Hifloire des Oiïfeaux, d'Eléazar Albin. 
La defcription qu'il a donnée de ces deux planches, apprend 
que les pigeons qui y font reprélentés, font des ifles de 
Nincombar (ou Nicobar) voifines du Pégu, où ils font fauvages 
comme nos ramiers, M ajoûte tout de fuite, que cette forte de 
pigeons eff fujète à la pierre, laquelle devient auffi groffle que 
celle qu'on trouve dans la veflle à fiel d'un bœuf: elle croit par 
couches qui fe couvrent les unes les autres, jufqu'a boucher à la fin 
l'ouverture du géfier; ce qui fait périr l'oifeau. M. Albin fit prélent 
de deux de ces pigeons à M. Sloare: s'ils font morts chez ce 
Savant, quia fi bien mérité de l'Hifloire Naturelle, il feroit 
à fouhaiter qu'on eût ouvert leur géfier ; il y a apparence qu'on 
y eùt trouvé cette prétendue pierre à laquelle on veut que 
leur efpèce foit fujète, & qu'on auroit vü que cette pierre n'eft 
autre chofe que les meules deflinées à broyer le grain. 

La grande & très-grande part qu'a le broiement à la 
digeftion des oifeaux qui ont un géfier, a été bien & fuf- 
fifamment montrée par les expériences rapportées ci-devant : 
il ne nous refle à parler que de celles que nous avons faites 
pour apprendre ce qu'on devoit penfer de ce diflolvant fi 
actif, dont Vallifnieri, avec plufieurs autres Phyficiens, a 
fait l'agent principal de cette importante opération ; fi le 
géfier en fournit un aflez puiflant pour réduire en parties im- 
perceptibles par leur finefle, les grains de blé & d'autres 
corps durs expofés à fon aétion, lorfqu'ils font à l'abri de la 
force capable de les écrafer & de les moudre., J'ai dit dans 
le commencement de ce Mémoire, quel avoit été le fort, 
{oit des boules-creules , foit des tubes de verre dans lefquels 
Javois logé des grains d'orge; qu'ayant été brifés, les grains 
s'étoient trouvés expofés à être broyés par le géfier. Je recon- 
nus dans la fuite que des tubes de plomb jetés en moule, 
qui avoient quatre lignes de diamètre, dont une feule avoit 
été laifiée à celui de leur cavité, étoient affez folides pouf 
ne pas céder à la preffion d'un très-fort géfier : en ayant 
fait fondre de tels en aflez bon nombre , je fis entrer dans 


VEN SU SLOMD'E NTCAE NS". 301 
la cavité de chacun un grain d'orge par lequel cette cavité fe 
trouvoit prefque remplie ; j'en fis avaler de ceux qui avoient 
été ainft fourrés d’un grain, à des poules ou coqs, à des 
canards , à des dindons. Je n'en retirai trois du géfier d’un 
de ces derniers oifeaux , que deux fois vingt-quatre heures 
après qu'il les eut pris : je trouvai le grain d'orge de chaque 
tube très-entier & très-fain, fans qu'il s'y füt fait aucun chan- 
gement fenfible; il s'étoit feulement un peu renflé, comme 
il füt arrivé à tout grain femblable tenu pendant deux jours 
dans l'eau, ou dans un lieu très-humide; les grains n’avoient 
donc pas été attaqués par ce diffolvant, auquel le verre même, 
felon Vallifnieri, ne fauroit réfifter. Les grains d'orge qui ont 
été introduits dans le géfier de plufieurs autres dindons, dans 
celui des poules, dans celui des canards, en font fortis fans 
avoir été plus altérés. 

Au lieu de grains d'orge cruds, comme l'étoient ceux 
dont il vient d'être queftion , j'ai fait entrer dans chaque 
tube un grain d'orge cuit au point d'être de ceux qu'on 
appelle crevés, c'eft-à-dire, de ceux dont l'écorce s’étoit fen- 
due par le renflement de la fubftance farineufe, produit par 
la cuiflon: ces grains, déjà ramollis, pouvoient donner plus de 
prife au diffolvant ; cependant aucun de ceux qui ont été tirés 
de leur tube après avoir paflé vingt-quatre heures où plus, 
foit dans le géfier d'un'coq, foit dans celui d’un dindon , n’a paru 
y avoir été ataqué avec quelque fuccès par un diflolvant, 
les yeux n'ont pü y apercevoir aucune altération fenfible. 

On pourroit foupçonner que des grains d'orge, foit cruds, 
foit cuits, font défendus par leur écorce; que le diffolvant 
ne peut rien fur cette écorce, quoiqu'il agiffe efficacement 
contre Ja fubftance farineufe mife à découvert. Pour juger de 
la valeur de ce foupçon, j'ai fait avaler à un dindon deux tubes 
de plomb, dans chacun defquels j'avois introduit un grain d'orge 
mondé: les deux grains dépouillés de leur écorce n'ont pas 
plus perdu de leur fubflance que les autres, pendant vingt-quatre 
heures & plus paflées dans un géfier ; ils ont de même 
confervé leur figure, & n'ont pas été fenfiblement ramollis, 

Ppii 


302 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Quelque décifives que foient les expériences qui vien- 
nent d'être rapportées contre l'exiflence d’un diffolvant dans 
le géfier des oifeaux , au moins d'une aétivité prodigieufe, 
jai voulu favoir fi la réalité d'un diflolvant plus foible ne 
nous feroit pas montrée par des chairs expolées à fon aétion, 
fur lefquelles if pourroit avoir plus de pouvoir que fur des 
fubftances farineules : ç'a donc été d’un petit morceau de viande 
qui n'avoit que la groffeur d’un grain d'orge, & qui n'étoit 
guère plus long, que jai rempli chacun de mes tubes de 
plomb. Le gefier d'un canard me parut un des plus propres 
à l'épreuve où je voulois mettre ces morceaux de viande. La 
promptitude avec laquelle les oifeaux de cette efpèce digèrent 
la viande , eft aufli connue que leur voracité : il n’eft per- 
fonne qui n'ait ouï pailer de l'expérience du petit canard par 
le corps duquel on en fait paffer en quelque forte onze autres, 
en un temps affez court. De douze canards, un mis en pièces 
eft donné aux onze reftans, ils l'avalent fur le champ ; le onziè- 
me eft enfuite diftribué de même aux dix qui reflent: au 
moyen d'une femblable diftribution réitérée onze fois , il ne 
refle plus qu'un feul canard au bout de très-peu de temps. 
Je ne donnai pas une fi grande befogne à faire au géfier 
d'un canard mäle, âgé de dix mois, dans lequel je fis con- 
duire des tubes remplis de chair de veau, fur les dix heures 
du matin ; je ne fis prendre au canafd qu'un feul de ces 
tubes ; un autre femblablement garni lui fut donné à huit 
heures du foir: le lendemain à fix heures du matin, je lui 
donnai encore pour fon déjeüné un tube préparé comme 
ceux du jour précédent, & de plus deux tubes de fer-blanc 
dont chacun avoit un de fes bouts bouché avec_de la foudure, 
& l'autre ouvert; le diamètre de leur cavité étoit de près de 
deux lignes, & leur longueur environ de quatre: le mor- 
ceau de viande de l'un & de f’autre de ces tubes de fer-blanc 
étoit plus gros que celui des tubes de plomb; enfin à neuf 
heures je lui en fis encore avaler un de ces derniers. Ce fut 
à dix heures que la vie lui fut ôtée. Des quatre tubes de 
plomb, il en avoit rendu un la veille avec fes excrémens 


Rs tn te 


| 


RE LÉ EyT 


DES NSNCIT.E NC’ ES. 303 
vers les neuf heures du foir , celui qu'il avoit pris fe 
même jour à huit heures du matin. Je trouvai les trois autres 
tubes de plomb, & les deux de fer blanc, dans fon géfier : 
chacun des fix avoit fon morceau de viande, qui non feulement 
paroifloit être reflé dans fon entier, mais qui avoit même 
confervé toute fa confiftance ; quelques - uns n'avoient rien 
perdu de leur couleur rouge, trois pourtant en avoient pris 
une plus pâle: aucun d'eux ne faifoit fentir une odeur de chair 
pourrie. Quelques-uns n'occupoient plus les deux bouts dé leur 
tube; ce n'eft pas qu'ils euffent perdu réellement de leur vo- 
lume, mais ils avoient été comprimés, foit par des grains de 
fable, foit par des fragmens d'écorce de grain, qui, en s’in- 
troduifant dans le tube, les avoient forcés à remplir exacte- 
ment la portion où ils étoient logés , au lieu que je les avois 
placés à l'aife dans le tube. Enfin il étoit évident qu'ils n'a- 
voient été ni divifés, ni diflous, leur état ne faifoit nulle- 
ment foupçonner que quelque diflolvant eût agi fur eux. 

A la vérité la polition des morceaux de chair, qui les met à 
Pabri d'être broyés par le géfier, empêche qu'ils ne foient auffi 
acceflibles au diflolvant qui pourroit s'y trouver , qu'ils le 
feroient s'ils étoient immédiatement & libres dans fa cavité: 
le diflolvant ne pourroit guère attaquer que par les deux 
bouts le morceau de viande contenu dans un tube, mais 
alors il feroit au moins à la longue ce qu'il feroit en peu de 
temps, fi rien n'empéchoit de l'attaquer à la fois de toutes parts 
Un morceau de veau, pareil à celui des tubes, feroit digéré 
dans le géfier du canard en moins d'un quart d'heure: celui 
qui eft dans un tube ne devroit-il pas l'être aufi, en tout ou 
en partie, dans un temps cinquante à foixante fois plus long? 
cependant le morceau de veau du tube qui a reflé depuis 
huit heures du foir dans le géfier du canard, jufqu à dix heu- 
res du matin, n'y a pas été fenfiblement altéré. H faut donc 
convenir au moins que fi les alimens n'étoient pas broyés 
dans le géfier des oifeaux , ils ne s'y digéreroient pas, & que 
ce net pas par un difolvant qu'ils y font divifés en parcelles 
extrèmement petites. 


304 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RovaLE 
Doit-on conclurre de toutes ces expériences ce que veulent 
les plus zélés partifans de la-trituration, que la digeftion, ou 
au moins celle qui fe fait dans le géfier , foit uniquement fon 
ouvrage ? Beaucoup de faits me paroiffent soppoler à ce qu'on 
reçoive une conféquence fi étendue : le géfier peut, en écra- 
fant & triturantle grain, faire lortir la farine qui étoit ren- 
fermée fous l'écorce ; mais de la farine délayée avec de l’eau 
eft-elle fufffamment préparée pour fournir un fuc nourricier 
convenable à toutes les parties de l'animal ? l'odeur que répan- 
dent les matières qu'on retire d'un géfier , fort difiérente de 
celle qu'elles avoient avant : que d'y entrer , ne conduit-elle 
pas à croire qu'elles y ont fermenté? Je fais qu'on peut dire 
ue cette odeur eft due aux liqueurs avec lefquelles elles ont 
été mêlées , & dont elles ont, pour ainfi dire , été affaifonnées ; 
mais y at-il apparence que ces liqueurs ne difpofent pas à 
fermenter, des matières dans lefquelles la fermentation eft 
aifément excitée ? la farine réduite en pâte, & les fruits, ne 
demandent prefque que de la chaleur pour fermenter. La 
plufpart des efpèces d'oifeaux qui ont un géfier , peuvent 
être regardées comme pourvües de trois eftomacs, dont chacun 
fournit une liqueur qui lui eft particulière, pour aider la di- 
geflion des alimens: le premier de ces trois eflomacs eft le 
jabot, cette poche dans laquelle les alimens féjournent pour 
y ètre macérés ; les grains y font ramollis, & quand on 
les en retire, on ne les trouve pas fans odeur, comme ils 
l'étoient avant que d'y avoir été introduits. 
Le canal qui conduit les alimens du jabot au géfier, eft 
Je fecond eftomac ; il me femble qu'on ne peut guère refufer 
.ce nom, au moins à fa partie la plus proche du géfier. Les 
alimens ne paffent pas aufft rapidement par celle-ci que par 
la partie du canal qui la précède, ils y reflent pendant du 
temps & sy accumulent ; auf; cet endroit en eft-il la portion 
la plus fpacieufe: je Fai quelquefois trouvée plus remplie de 
matières que le géfier. Le féjour que les alimens y font, doit 
être aflez long pour qu'ils puiffent etre arrofés par la liqueur 
que fourniffent avec abondance les glandes dont cette Fa 
u 


DAENSU /S/C IE N° € ES. 305$ 
du canal, ou ce fecond eftomac, eff tapiflée. Dans des oïfeaux 
auffi grands que le dindon, la portion garnie de glandes 
très-vilibles, a plus de deux pouces de longueur: la plus 
longue partie du conduit, c'eft-à-dire, celle qui précède, 
n'eft point pourvûüe des glandes fi fenfibles dont nous par- 
lons, qui dans le dindon font plus grofles à leur bafe que 
des grains de millet, & même que des grains de chenevi; 
elles font coniques , leur ouverture excrétoire paroît à la 


vüûe fimple , elle eft placée au fommet du cone. Lorfqu'on 


prefle entre deux doigts une de ces glandes, on en fait 
{ortir des gouttes d'une liqueur épaifle, blancheätre, & qui 
au goût m'a femblé avoir un peu de falure: chaque goutte 
eft plus grofle que la tête d'une très-grofle épingle. J'ai 
quelquefois fait fortir cette liqueur par jets des glandes, & 
cela lorfque je pliois la partie fur laquelle celles-ci fe trou- 
voient, de manière à la rendre convexe de concave qu'elle 
étoit auparavant, Il ne feroit pas difficile de raffembler une 
affez grande quantité de cette liqueur, en ramaffant celle que 
les dindons tués dans un même jour par quelques rôtiffeurs 
de Paris en pourroient fournir, & de faire deffus des épreuves 
propres à en faire connoitre la nature: la feule que j'aie 
tentée, a été de Fétendre fur le papier bleu , qu'elle n'a pas 
rougi. Les glandes dont je parle ont été obfervées dans l’ou- 
tarde; les anciens Mémoires de l'Académie en font men- 
tion, à F'article où lon a donné la diffettion de cet oifeau. 
Je ne fais fi on les à regardées alors comme lui étant 
particulières ; mais on n'a point averti que les poules , les 
dindons, les canards & les oies, &c. étoient fournis de glandes 
pareilles, cependant il y a lieu de croire que M. Perrault les à 


-vües dans ces oifeaux; on Îes reconnoît dans la figure qu'il a 


fait graver d'un géfier , avec le canal qui y conduit les alimens : 
ce canal ÿ eft repréfenté ouvert en partie ; fon intérieur mis 
en vüe offre un chagriné à gros grains, qui ne peut être 
compofé que de glandes. 
L'eftomac dont il s'agiteft le premier, & il eff très-confi- 
dérable dans certaines efpèces d'oifeaux privés de jabot, & qui 
Mém, 1752. Q q 


366 MÉMOIRES DÉ L'ACADÉMIE ROYALE 

ont un géfier, comme les oïes, les canards ,les géais : il eft de 
rnême très-confidérablé dans des oiféaux dont il eft encore 
le prémier eftomac, &t dont le fecond n'eft qu'un demi- 
géfier, c’eft-à-diré, un eftomac dont une partie eft rufcu- 
feufe, & dont le refle éft membraneux. Lé pic-vert n'a 
qu'un demi-géfier, dont le diamètre eft beaucoup plus petit 
que celui de la portion du canal qui le précède; aufi, quoi- 
que dans cé demi-géfier j'aie trouvé plus d’une fois uné 
quantité de fourmis dont j'ai été furpris, la quantité qu'il y 
avoit dé ces mêmes infectes dans le prémier eflomac étoit 
beaucoup plus grande. 

Quand les grains d'orge ou d'autres blés arrivent dans le 
pélier des oifeaux de la claffe des poules, ils font donc im- 
bibés des fucs fournis par le jabot ou premier eftomac, & 
enduits, au moins d'un fuc plüs épais dont ils font mouillés 
dans le fecond. La membrane interne du géfier peut enfuite 
leur fournir une autre efpèce de fuc, dont la nature éft plus 
aifée à connoître, fi cette membrane leur fournit celui qu'on 
eft certain qu'elle contient. La cuifine& l'office ont fait pour 
nous des expériences qui nous apprennent l'exiftence de cette 
liqueur, & qui nous inftruifent de fa nature : lorfqu'on manque 
de préfure pour faire cailler le lait, ou de parties de plantes 
capables de produire cet effet, les cuifiniers & les officiers 
de bouche ne font pas embarraflés où trouver une matière 
auffi efficace; ils enlèvent la membrane interne des géfiers 
de quelques poulets où de quelqu'autre volaille, ils la lavent 
pour la rendre nette & propre , ils la broient enfüuite dans de 
l'eau ; cette eau chargée des parcelles de cette membrane, eft 
capable de faire prendre au lait a confiftance que doit avoir 
une crême veloutée, de le caiïller, 

Une attention autre que celle que doit avoir un cuiïfinier, 
mais digne d'un Phyficien, eft d’obferver ce qui fe pañlé 
lorfqu'on détache cette membrane d’un géfier. Dans les en- 
droits où on la fépare, on voit des filets blancs d'une extrême 
finefle, qui fe dégagent de la membrane peu à peu, & qui 
reftent implantés dans la partie du géfier qu'on a mife à 


DEMS IS CNE NC p1s. 307 
découvért: ces filets font extrêmement près les uns des 
autres; il y en a des mille milliers; enfemble, ils font un 
aflez joli effet fur la furface à laquelle ils reftent attachés : 
on croit y voir une de ces moïfiflures compofées de filets 
qui tous s'élèvent perpendiculairement. Les gros géfiers, tels 
que ceux des dindons & des oies, en font voir de plus 
longs que ceux des géfiers de poules : ces filets ont de com- 
mun avec ceux des moififlures, de n'être pas de longue 
durée, foit qu'ils fe defsèchent à l'air, foit qu'ils ne puiflent 
foûtenir long-temps leur propre poids; quand il leur arrive 
de fe coucher, ils difparoiffent bien-tôt. 

Si on foupçonnoit que ces filets font les tuyaux qui por- 
tent à la membrane de l'eftomac ce fuc propre à faire 
caïller le lait, dont elle eft remplie, ce foupçon n'auroit rien 
que de très-vrai-femblable : ïl eft auf très-probable que la 
membrane laiffe échapper de ce fuc dans la cavité qui con- 
tient les matières qui doivent y être digérées. 


19 Avril 
1752. 
Figure 
du cœur. 


Oreillettes. 


08 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
3 


OBSERVATIONS ANATOMIQUES 


JOUR ERLEL RC, EE 0 RP 
SECOND MEMOIRE, 


Contenant fa Defcription générale. 


Par, Me L'ILE U D'AU D: 
| A figure conique qu'on attribue au cœur , eft aflez régu- 


lière dans celui des quadrupèdes ; mais il n'en eft pas 
de même du cœur humain , & cette différence vient des 
circonftances tirées de la place qu'il occupe : je les ai expotes 
dans mon premier Mémoire. Pour fe tracer une image du 
cœur de homme , il faut le comparer à une pomme de 
pin, dont la longueur & le diamètre du plus grand cercle 
de fa bafe feroient d'environ cinq pouces. Si fon pofoit 
cette mafle charnue, d'une forme très-régulière, fur une table, 
portant fur une des lignes qui, du bord de la convexité de fa 
bafe, fe terminent à la pointe, il eft certain que ce corps 
Saffaifleroit fous fon propre poids, & que le côté fur lequel 
il péferoit , devroit en conféquence s'aplatir : les bords qui 
réfulteroient de cet aplatiffement participant de fa convexité 
fupérieure (un peu étendue ) refteroient arrondis. Si l'on 
appliquoit enfuite à fon bord antérieur ( la pointe étant tour- 
née à gauche ) une petite planche du poids de quelques 
livres, qui, ayant un point d'appui fur latable, formeroit fur 
fon plan un angle d'environ foixante degrés , il eft évident 
que le bord du cone expolé à cette preflion s'aplatiroit en 
forme de coin, pendant que celui qui lui feroit oppolé con- 
ferveroit fa rondeur : la figure de ce cone exprimeroit alors 
aflez exactement celle du cœur , telle qu'on l’obferve dans 
les cadavres. 
Mais ce que je viens de dire ne regarde que fa partie 
chunue ; il faut ajoûter à la convexité de fa bafe deux facs 


de 2 ontént her nds 


TES 


Do 


DAENSN SET EN C Es. 30 
adoffés qui la recouvrent & la rendent irrégulière : ils for- 
ment par leur rencontre un croiflant qui embraffe l'aorte. On 
fait que leurs cavités, qui ne communiquent que dans le foetus, 
récoivent le fang qui revient fans exception de toutes les 
parties, c'efl-à-dire, que le premier ou le plus antérieur s'a- 
bouche avec les deux veines-caves & la veine coronaire, & 
le fecond avec les veines pulmonaires ; mais cet ufage bien 
connu n'a pas manifeflé celui dés appendices figurées, qui 
terminent léchancrure fémi-Junaire dont je viens dé parler , & 
qui flottant fur Ja bafe du cœur, ont fait donner à ces facs 
le nom d'oreillettes : ces prolongemens préfentent commu- 
nément des rides ou des efpèces de découpures, qui leur 
donnent quelque reflemblance avec les pavillons des trompes 
de la matrice. On n'aura pas de peine à rendre raifon de {x 
conformation bizarre en apparence de ces appendices , fi l'on 
fait quelque attention à leur fituation , ou à la forme de l'e£ 
pace qu'elles occupent : terminant les pointes du croiflant 
qui embraffe l'aorte , elles s'appliquent de chaque côté à la bafe 
de l'artère pulmonaire, qui eft, comme perfonne ne l'ignore, 
immédiatement avant l'aorte. I paroît évident-que cette partie 
libre & flexible des oreillettes, qui remplit de chaque côté 
l'efpace angulaire qui eft entre les deux groffes artères & la 
bafe du cœur, doit , pour ainfi dire, s’y mouler ; & l'on remar- 
que conftamment dans chaque appendice des faces légèrement 
creufées qui regardent les côtés correfpondans de ces parties, 
pendant que la face des oreillettes qui eft appliquée au péri- 
carde en prend le contour, & forme de chaque côté une 
convexité qui fait le complément de celle du cœur. 

Lorfqu’on connoît la ftruéture mufculeufe & membraneufe, 
par conféquent flexible & extenfible, des oreïllettes , on con- 
çoit aifément que limpulfion qu'elles recoivent du fang doit 
les étendre & les prolonger, fi rien ne s’y oppole ; de même: 
que le péritoine, le canal inteftinal , la veflie, &c. forment 
des hernies où des poches , lorfque les parties qui doivent les 
contenir cèdent à leurs efforts. Ces appendices font dentelées. 
ou comme découpées , parce que les colonnes charnues qui 


Q qi] 


310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

s'y rencontrent, ne cèdent pas fi facilement que la partie 
membräneufe qui les contient & les lie ; capable d’une plus 
grande dilatation, elle fe prolonge en de petits facs qui for- 
ment ces inégalités qu'on remarque dans le bord flottant. 
Ce qu'on obferve dans les oreillettes gorgées de fang, femble 
prouver ce que je viens d'avancer : ces facs, qui débordent 
alors de leurs cavités , prennent une rondeur qui fait difpa- 
roitre les appendices; dans cet état on n'y aperçoit prefque 
pas de dentelures, parce qu'elles s'oblitèrent par la même 
raifon. On peut même aflurer que la forme de ces appendices 
n'eft point dans le fujet vivant telle qu'elle paroît dans un 
grand nombre de cadavres, parce que fe trouvant dans ce 
dernier cas vuides & flétries, elles doivent rentrer dans le 
petit efpace dont elles prennent la forme : on remarquera 
même conftamment dans tous les fujets, que les appendices 
ne font bien figurées ou bien terminées que dans le feul 
cas où elles n'occupent que l’efpace angulaire dont j'ai parlé, 
& qu'elles perdent cette forme lorfque leur plénitude les 
jette hors de cette cavité. 

I y a une différence très-marquée entre les deux oreillettes, 
qui nait de leur pofition , de {eur étendue & de leur folidité. 
La première, placée antérieurement, a une direction verticale ; 
le trajet des deux veines-caves parallèles à peu près à la 
colonne des vertèbres , rend cette difpofition nécefaire ; la 
feconde eft fituée prefque tranfverfalement , pour recevoir de 
chaque côté les veines pulmonaires qui marchent obliquement 
fur le même niveau. La première a conftamment plus d’é- 
tendue & moins de folidité qué la feconde , quoiqu'elles 
reçoivent toutes les deux la même quantité de fang; mais il 
a vrai-femblablement moins de vitefie dans celle-là, qui doit 
avoir par conféquent plus de capacité , fa force d'ailleurs 
devant être en raifon de celle du premier ventricule, qui eft, 
comme on le fait, incomparablement plus foible que le fecond. 
Les oreillettes, par leur ftrudture, de même que par leur fitua- 
tion, tiennent un milieu entre les veines & les ventricules 
du cœur : elles font tranfparentes comme ces premières, & 


a de ee 2 CS ns 


DES SCIÉNCES. 311 
foit fournies dé colonñés chaïnuiés comme les dérniers: elles 
ôjit la couleur des veines lorfqu'elles fotit remplies, elles 
prennent celle du cœur lorfqu’elles ne contiennent que peu 
où point dé fang: 

Le cœur, de même que les oreillettes, eft recouvert de 
la mémibrané capfulairé du péricarde : j'ai dit qu'elle fe re- 
plioit en réhcontrant les vaiffeaux pour {e répandre fur toutes 
les partiès contenues dans le péricarde , auxquelles elle four- 
hit une enveloppe. Mais le cœur n'a-t-il que cette tunique? 
il m'a toûjours paru qu'elle feule pouveit porter ce nom : 
h difléétion manifefle cependant, dans les cœurs préparés , 
éoïiné dans ceux qui ne lé font pas, des feuilléts mem- 
braneux dont on ne fauroit fixer le nombre: ce qui dépend 
béaucoup dé la dextérité de celui qui les pourfuit; mais leur 
ftruéture & leurs entrélacemens font bien-tôt connoitre qu'ils 
appartiennent au tiflu cellulairé, & lon ne fauroit, ce me 
femible, leur donner le nom de tuñique fans abufer des termes. 


On remarque, en dépouillant le cœur de fa membrane cap- 


fulaire, un très-grand nombre de filets qui sélèvent de Ja 
patie charnue, & qui traverfant très-fenfiblement lés couches 
extérieures, de même que le tiflu cellulaire, aboutiffent à 
cette tunique : on les regarde comme des produétions du tiflu 
cellulaire; mais les recherches que j'ai faites là-deflus, & 
dont je rendrai compte dans un autre Mémoire, rendent 
cette opinion très-douteufe. Quoi qu'il en foit, ces attaches 
prefque autant multipliées que les trouffeaux de fibres vif- 
bles, rendent cette tunique très-adhérente, & fa difleétion 
très-difficile. Lorfqu'on a enlevé au cœur fon enveloppe, 
détruit les nerfs & les vaifleaux qui rampent fur fa furface, 
& emporté le tiffu cellulaire avec la graifle qu'on y ren- 
contre, l'on voit diftinétément fr chaque face une efpèce 
de gouttière où un fillon qui, en la divifant, fixe l'étendue 
du premier ventricule : l'antérieure partant de la bafe qui en 
eft échancrée, répond au tronc de l'artère coronaire gauche, 
& fe porte obliquement vers la pointe, où elle rencontre 
la poflérieure, qui a fa naïiffance fous fa cloifon commune 


AT 


Tunique 


du cœur. 


Les 
ventricules. 


312 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 

des oreillettes. Il eft aifé de juger que la pointe du cœur 
doit en être divifée, & que chaque ventricule doit avoir 
la fienne. 

Tous les Anatomiftes s'accordent fur le nombre des ven- 
tricules ; mais ils ne paroïflent pas convenir de leur pofition, 
fi l'on peut en juger par leur manière de les diftinguer: les 
uns les placent lateralément, & les nomment droit & gau- 
che ; les autres les croient fitués lun devant l'autre, & les 
diftinguent par conféquent en antérieur & poftérieur; quelques- 
uns enfin les rangent dans une pofition verticale, & les 
défignent fous les noms d’inférieur & fupérieur. Cette der- 
nière dénomination n'ayant pas été trop fuivie, quoiqu'elle 
foit peut-être la meilleure, je n’examinerai que les deux 
premières , qui partagent aujourd'hui , fi je ne me trompe, 
tous les Anatomifles ; elles font toutes les deux également 
fondées fur la difpofition des ventricules , auxquels on peut 
avec autant de raifon donner les noms de droit & de gau- 
che, que ceux d’antérieur & de poftérieur : mais ces méthodes 
me paroiflent l'une & l'autre également défeétueufes , parce 
qu'elles peuvent donner une faufle idée de la fituation ref- 
peétive de ces cavités. Quant à la première, on fait (le cœur 
n'étant pas déplacé) que faorte au-deflus de fa naiffance 
prend la droite de l'artère pulmonaire : or, quelle incongruité 
de dire que l'aorte que lon voit à droite , fort du ventri- 
cule gauche, & que l'artère pulmonaire qui eft à gauche, 
vient du ventricule droit : cette difcordance ne peut que 
jeter de l'obfcurité fur une defcription qui n’eft déjà que trop 
embrouillée par elle-même, & qu'il importe le plus de rendre 
claire. A l'égard de la feconde, on jugera qu'elle ne s'accorde pas 
mieux avec la difpofition de ces parties, fi l'on confidère que 
la face aplatie du cœur, que tout le monde convient être la 
poftérieure, appartient également, à peu de chofe près, aux 
deux ventricules : on peut s’en rapporter au fillon qui s'étend 
de la bafe à la pointe, & qui fixe le terme de leur fépara- 
tion. S'il eft donc vrai, comme on n'en fauroit douter, que 
la partie poftérieure du cœur foit également partagée entre 

les 


nu EL À 5, 


tn É-. 


DANS SCT E N'c'E s.* 312 
les deux ventricules , il faut convenir que leur diftinétion en 
antérieur & poftérieur ne fauroit donner une jufte idée de 
leur pofition. Si l'on ne confidère que la branche fupérieure 
du premier ventricule, on peut affurer qu'elle eft placée 
antérieurement , & qu'elle s'étend même jufqu'à la partie 
gauche : fi lon n'a égard qu'à la partie inférieure , il n'eft pas 
douteux qu’elle ne foit placée à la droite, de forte qu'il faut en 
conclurre que lune & l'autre méthode font très-difhciles à 
concilier avec la difpofition de ces parties. 

Outre ces inconvéniens, il en eft un autre que j'ai toüjours 
le plus redouté en enfeignant l’Anatomie ; c'eft qu'on eft par- 
tagé entre ces deux méthodes, & que ce double langage jette 
beaucoup de confufion dans le difcours. Ayant adopté la 
dernière, j'ai toüjours eu de la peine à me faire entendre de 
ceux qui fuivoient l’autre : m'étant trouvé dernièrement dans 
ce cas, c'eftà-dire, dans celui de parler à des perfonnes, d’ail- 
leurs très-inftruites, qui ne connoïfloient que les ventricules 
droit & gauche; n'apercevant que mon langage les trou- 
bloit, je voulus le changer pour me rendre plus intelligible ; 
mais je ne parlois pas long-temps fans me brouiller moi-même, 
ce qui me fit prendre le parti fur le champ de nommer 
premier veutricule celui qui répond à l'artère pulmonaire, & 
de donner par conféquent le nom de /econd à celui qui re- 
garde faorte. Ce que je fis fans réflexion , & comme 
par r té, me réuflit parfaitement ; & je vis avec fatis- 
ae ceux qui avoient adopté la première méthode, 
comme ceux qui avoient embraflé l'autre, m'entendirent 
très-bien , fans même qu'aucun s'avifät de men demander 
l'explication. Cet eflai, que j'ai depuis répété avec le même 
fuccès, m'a perfuadé que cette dénomination feroit plus jufte 
que toute autre, & qu'outre l'avantage qu'elle a de ne donner 
aucune impreffion qui puiffe nuire à la connoïfflance de fa 
véritable conftruétion du cœur , elle a encore celui de s’accor- 
der avec la pratique de l Anatomie & avec F'ufage des parties. 
En effet, le ventricule qui précède l'artère pulmonaire fe pré- 
fente le premier dans les difeétions ordinaires, & on lui donne 

Mém. 175 2. Rr 


Structure 
du cœur. 


314 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
toûjours ce rang dans toutes les démonftrations : Je fang d’ail- 
leurs ne parvient à l'autre ventricule qu'après avoir paflé par 
celui-là ; cette dénomination lui convient donc à double titre. 
Chaque ventricule a deux grandes ouvertures , dont l'une 
répondant à l'oreillette eft appelée auriculaire, & l'autre plus 
petite communiquant avec l'artère eft nommée artérielle. 
La première eft formée dans l'un & l'autre ventricule par un 
anneau grêle, qui paroït d'abord tendineux ; mais Jorfqu'on 
la examiné avec plus d'attention , fa fubftance a été Jugée 
calleufe ou cartilagineufe : on avoit penfé que c'étoit l'atta- 
che commune de toutes les fibres du cœur ; mais ileft difficile 
de concilier cette opinion avec l'examen réfléchi de cette 
partie. Ces anneaux font elliptiques , la conftruétion des ven- 
tricules ne permet pas de croire qu'ils puiflent prendre Ja 
forme circulaire, même dans la plus grande dilatation : c'eft 
par ces anneaux mitoyens que les oreillettes font attachées 
aux ventricules, mais la valvule annulaire & la membrane 
qui tapifle leur cavité, comme celle qui les recouvre, forti- 
fient cette connexion. Les anneaux qui occupent les ouver- 
tures artérielles paroiffent ètre de la même nature, mais leur 
conformation eft bien différente : ils fuivent le contour des 
valvules figmoïdes, qui y ont leur attache, & décrivent par 
conféquent trois arcs qui forment , en fe rencontrant, des 
angles aigus remplis par les fibres charnues des ventricules : 
cette ftructure & leur fubftance prouvent qu'ils ne fontieapables 
d'aucune contraction , & qu'ils ne peuvent jouir que du 
reflort vital qui eft commun à toutes les parties folides. 
Lorfqu'on dit que les ventricules du cœur font adofiés, 
& qu'une cloïfon mitoyenne les fépare, on s'éloigne beau- 
coup, ce me femble, de Ja vraie ftruéture de ce vifcère: ces 
faufles impreffions , qu'un confentement prefque unanime for- 
tifie, tiennent l’efprit dans une forte de contrainte qui l'em- 
pêche de découvrir la vérité. Pour prendre une jufte idée, 
quoique groffière , de la conformation du cœur , il faut 
confidérer premièrement fa principale partie, qui eft le Jecond 
ventricule, à laquelle on doit rapporter toutes les autres : c'eft 


LUS est ne SN 


ht 


M'els" Sc TE N CES, 315 
un fac charnu, très-folide , de la forme d’un œuf un peu 
alongé ; il paroît à nu dans la cavité du premier ventricule, 
car tout ce qu'on prend'pour cloifon mitoyenne peut lui 
appartenir, & les colonnes charnues dont cette face libre eft 
chargée , font, comme je le dirai plus bas, les productions ou 
les continuités des fibres mufculeufes qui décrivent diffé- 
rentes courbes fur ce fac, ou qui en forment le tiffu. Sil'on 
fépare la bafe du cœur du refte de la mafle par une féttion 
perpendiculaire à fon axe, on verra très-diflinétement que 
fa forme peut être rapportée entièrement au fécond ventri- 
cule, quoiqu'il n'en occupe pas le centre: on fera encore 
convaincu que le premier ventricule n'eft qu'une fimple poche, 
ou un appendice, pour me fervir de l'expreflion de Lower, 
qui eft attaché à cette mafle elliptique , & que par conféquent 
la face convexe qui regarde la cavité du premier ventricule 
ne fauroit concourir à fa dilatation. Le premier ventricule 
préfente donc par cette fection un efpace fémi lunaire , dont 
la maffe du fecond ventricule fait le petit arc ou Æ té 
rentrant; le grand arc (qui doit avoir une forme angulaire 
lorfque le cœur n’eft pas déplacé ) eft repréfenté par l'enceinte 
flexible & mobile du premier ventricule, qui fe termine, 
comme je l'ai dit, au filon qui partage les deux faces du 
cœur. La cavité du fecond ventricule , fl'on n’a point d'égard 
aux deux grofles colonnes libres qu'on y rencontre toûjours, eft 
régulièrement elliptique; if ne paroït pas même qu'elle puifle 
changer de forme, ni dans {a dilatation , ni dans la contraction : 
elle peut feulement s'aplatir ou affaifler par le relâchement 
des fibres, où par le défaut du liquide qui doit contre-balancer 
T'aétion de fes parois; ce qui arrive préfque toûjours après Ja 
mort, & peut-être quelquefois pendant la vié. 

Il eft aifé de concluire de tout ce que j'ai avancé, que la 
cavité du premier ventricnle doit avoir une {orme #riangulaire, 
ou pluftôt prifinatique, comme Tabor l'a obfervé, c'eft-à-dire, 
qu'il effterminé par trois côtés dont le plus remarquable eft 
convexe, rentrant dans fa cavité; ce premier femble appar- 
tenir entièrement à la maffle du fecond ventricule, & ne 


Rri 


316 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
communiquer avec les autres côtés que par les colonnes tran'- 
verfales qui occupent les angles qui rélultent de leur rencontre : 
cette convexité, qui a été connue de quelques Anatomiftes, 
ne les a pas empêchés de la rapporter à la cloifon mitoyenne; 
langage , comme je l'aidit, très-équivoque , & qui ne s'ac- 
corde point avec la vraie conformation de ces parties. Les 
deux autres côtés, dont l'un eft antérieur & l'autre poftérieur, 
forment une efpèce de fac qui eft attaché à la mafle du 
fécond ventricule ; les fibres charnues qui le compolent, font 
plites dans le bord inférieur du cœur : ce ph, très-remar- 

uable & conftant , eft la ligne qui termine comme par 
accident les deux côtés mobiles du premier ventricule, puif- 
que les fibres charnues ne {ouffrent aucune interruption , & 
qu'elles s'étendent fur un & l'autre côté. L'on jugera que ce 
pli n'eft point, comme on pourroit le penfer , l'effet du 
relächement de ces parties , fi lon examine la difpofition des 
fibres qui s’y rencontrent, l'écartement de celles qui font exté- 
rieures & Ja graiffe qui s'y ramafle, de même que cette forme 
conftante qu'elles confervent dans toutes les pofitions qu'on 
donne au cœur , féparé des autres parties : cependant ce pli ne 
paroît point une fuite néceflaire de la conformation du cœur, 
on ne doit l'attribuer qu'à la place qu'il occupe, aïnfi qu'on 
la déjà remarqué. Si cette poche charnue avoit la liberté de 
s'étendre en tout fens , il n’eft pas douteux que les deux 
côtés ne décrivifient une courbe régulière , de même que 
dans le cœur des quadrupèdes; mais {e fternum qui répond 
au côté antérieur & qui le fixe, comme le diaphragme qui 
foûtient l'inférieur, s'oppofent à cet arrondiflement , & il ne 
paroît pas que le ventricule, dans fa plus grande dilatation , 
puifle dans l'homme perdre fa forme angulaire , qui dans ce 
cas devient à la vérité plus obtufe ou plus émouffée. 

J'ai dit que les deux faces mobiles du premier ventricule 
étoient diftingutes du refte de la furface du cœur par un 
fillon, qui doit être regardé comme le terme du mouvement 
dont jouiflent les deux parois mobiles de cette cavité : la 
ligne qui en fixe la profondeur doit donc en être confidérée 


se dti 


TE 


DANS STIEUT EH NC ES! 317 
comme /4 charniére , fi Von peut ainfi appeler une ligne 
courbe qui borne le mouvement d'une enceinte charnue: Ja 
furface convexe qui reçoit fes attaches , doit être regardée 
comme immobile par rapport à la dilatation du premier ven- 
tricule , parce qu'elle ne fauroit dans aucun cas perdre fa 
convexité : il eft vrai qu'en faifant, dans la diaftole du fecond 
ventricule, portion d'un plus grand cercle, elle peut donner 
en quelque façon lieu à l'agrandiffement du premier, favoir, 
en éloignant les deux charnières qui bornent fon mouve- 
ment. Cependant les fibres charnues de cette poche ne fe 
terminent point à ce fillon , elles fe croifent avec celles qu’elles 
y rencontrent, pour former avec ces dernières cette couche 
qui embrafle une grande partie du fecond ventricule , & qui 
lui devient comme propre : il eft aifé de juger que dans fa 
diaftole les fibres doivent plier fur cette charnière, & que 
dans cette circonftance la gouttière qui l'indique doit avoir 
plus de profondeur, Quoique Z côté rentrant du premier 
ventricule foit affez manifefte dans l'homme, le grand nom- 
bre de colonnes dont il.eft chargé, & principalement les 
tranfverfales, qui s'élevant de cette furface vont s'implanter 
aux côtés mobiles, le cachent en partie ; mais dans le cœur 
des quadrupèdes , & fur-tout du cerf, où il y à moins de 
colonnes, il fe préfente nettement à la vüe, & fon aire a 
bien plus d’étendue, bien que ie premier ventricule dans ces 
animaux foit beaucoup plus court. 

Quoique je ne me propofe pas ici de parler de fa ftruc- 
ture interne du cœur, je ne dois pas cependant laïffer ignorer 
que c'eft fur cet examen que je me fuis déterminé à regarder 
le côté convexe ou rentrant de la cavité du premier ventri- 
cule, comme appartenant à la mafle du fecond : il nv'a porté 
( cet examen) à confidérer le cœur comme compofé de deux 
facs, l'un fort grand occupant toute fa circonférence, l'autre: 
plus petit contenu dans le premier. Le /écond ventricule, qui 
répréfente le petit, &c qui eft par conféquent entièrement ren- 
fermé dans l'autre, occupe plus de la moitié de la cavité de 
ce dernier, dont Fautre partie libre & irrégulière conftitue 

À Rr iij 


Colonnes. 


318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

la cavité du premier ventricule ; celk-à-dire qu'elle eft formée 
( cette cavité) par la moitié environ de l'enceinte du “ac 
externe, & par une grande partie de la furface convexe de 
l'intérieur. On pourroit reconnoitre cette ftruéture à la feule 
infpection des parties, mais on ne doit pas s'en rapporter 
À ces apparences, fi elles ne font confirmées par des recher- 
ches plus exactes & plus décifives ; c'eft dans cette vüe que 
j'ai pourfuivi les colonnes charnues qui couvrent ce côté 
convexe, & J'ai remarqué conflamment, & même démontré 
plufieurs fois, qu'elles fe jettent fur le fecond ventricule, ou 
qu'elles lembraflent en différens fens. Quoique le plan que 
forment ces différentes fpirales foit très-étroitement uni à 
la face interne du grand fac qui y eft appliqué, il n’eft pas 
cependant difficile, en enlevant fucceflivement les couches 
qui appartiennent à ce dernier , de mettre, pour ainfi dire, 
le petit à nu, en fe réglant fur le côté convexe du pre- 
mier ventricule, qui fixe l'épaifleur des parois qui femblent 
appartenir effentiellement au fecond. I eft bon de favoir 
que ce dépouillement ne fauroit pourtant fe faire fans enta- 
mer & déchirer les bords de cette face qui communiquent, 
comme je l'ai dit, par des colonnes tranfverfales avec le grand 
fic; mais cela n'empêche pas qu'on ne puifle fuivre avec 
affez de facilité , & très-diflinétement, un grand nombre de 
faifceaux de fibres charnues , qui, après avoir décrit plufieurs 
fortes de courbes fur la face recouverte de ce noyau , chan- 
gent de direétion ou fe coudent , s’entre-croifant avec leurs 
femblables, pour former fur cette face libre, féparément ou 
par leur convours, les colonnes qu'on y remarque. 

On doit diflinguer dans lun & l'autre ventricule trois 
fortes de colonnes, favoir, les murales, les tranfverfales & 
les bres : les premières, quien manière de pilaftres tiennent 
aux parois , ont toute forte de direétions; elles font les plus 
nombreufés & forment par leur entrelacement des efpèces de 
nates qui tapiffent les cavités du cœur; les /écondes , qui font 
plus dégagées de la fubflance du, cœur, fuivent difiérentes 
routes en traverfant 1a cavité, & ne-tiennent aux parois que» 


DLEUSt S'CTE NCÉS 2 
par leurs extrémités : on rénconñtre un grand nombre de celles- 
ci dans le tiers'inférieur du prémiér ventricule , dans les angles 
répondans aux charnières , & dans la pointe du fecond ventri- 
cule: Ces deux efpèces de colônnesn'ont aucun ordre ; leur lon- 
gueur, leu grofleur & leur direction variént à l'infini : il y a 
plus-de deux pouces de différence entre les plus courtes & les 
plus longues ; plufieurs ont au-delà de quatre lignes de dia- 
mètre, & depuis cette groffeur jufqu’à celle d’un cheveu , on en 
trquve de tous les degrés. Les sroifièmes ou les libres, font 
des efpèces de piliers qui ne tiennent aux parois que par 
leurbale, leur fommet dégénérant en brides tendineufes qui 
fe répandent fur lé bord flottant de la valvulé annulaire; ces 
cordages paroiflent, pour la plufpart, s'y terminer; les autres 
marchent fenfiblement derrière fa convexité jufqu'à l'anneau 
qui lui fournit une attache fixe: il en eft plufieurs qui pren- 
nent une autre route, & qui s'implantent à la partie -charnue: 
du cœur ; les unes & les autres communiquent aflez fré-. 
quemment enfemble par des brides tranfverfales, formant 
des réfeaux qui donnent de {à folidité à ces parties. Les 
colonnes de cette dernière claffe ont différentes figures , avec 
une direction conflante vers Vorifice auriculaire ; il y en a de 
fr courtes qu'elles reffemblent à de fimplés mamelons ; les 
autres plus Iongues font communément cylindriques , arron- 
dies par le bout, ou pyramidales ; on en obferve encore d'’irré- 
gulières, où d’une forme bizarre ; il en eft enfin qui font 
entaflées ou compofées de plufieurs , unies enfemble par un 
contact immédiat, ou par des colonnes tranfverfales plus où 
moins épaifles; elles n'ont rien de conftant dans leur figure, 
ni dans leur grofleur : il part de leur fomimet un plus grand 
nombre de filets tendineux, rangés en évantail, qui aboutiffent 
prefquée tous à la valvule. On obfervé, dans tous les füujets, 
deux de ces colonnes dans le fecond ventricule, &'jamais 
davantage ; on en trouve une ‘aflez conflamment dans le 
premier, & quelquefois plus. 

La vahvulé annulaire ; qui occupe lorificé auriculaire de vue 
l'un &- fautre ventricule, reçoit prefque toutes les brides annuhire: 


Double cavité 
des ventricules. 


320 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE 

tendineufes dont je viens de parler , qui fe rendent au bord 
libre & aux découpures de cet anneau , ou fe prolongent, 
comme il a-été remarqué, collées à fa convexité jufqu'à fon 
attache. M, Haller reconnoit cet anneau membraneux ; mais 
ilajoûte, en parlant du premier ventricule, qu'il fe divife en 
trois portions qu'on pourroit en quelque façon appeler avec 
les Anciens, valvules. Si cette divifion étoit conftante, ï ne 
conviendroit pas d'abandonner leur langage , quoique très- 
équivoque; mais l'on trouve beaucoup de fujets où Jon ge 
fauroit démontrer ces trois portions, ce que j'efpère bien 
éclaircir dans l'examen particulier de chaque ventricule: on y 
verra qu'on ne fauroit décrire cette valvule, dont les variétés 
vont à l'infini, que d'après un grand nombre de fujets. Une feule 
partie conftante & invariable , que je nomme cli{on valvulaire 
dans l'un & l’autre ventricule, à laquelle on n'a pas fait beaucoup 
d'attention , eftune portion de cette valvule, très-remarquable 
par fa forme, fon étendue & fa folidité, qui a toûjours la 
même fituation, & dont les brides écartées forment conftam- 
ment uñ arc très-régulier, qui divile l'un & l'autre ventri- 
cule en deux cavités égales, répondant aux deux orifices : 
le contour de la valvule annulaire xenferme ou défigne Ja 
cavité que tous les auteurs ont décrite ; le grand efpace qui 
eft derrière la cloifon valvulaire , dont l'arc qui la foûtient 
forme l'entrée , efl la feconde dont je ne fache point qu'on ait 
fait mention. Il ne faut pas penfer que cette divifion foit arbi- 
taire , elle eft telle dans la Nature, & l’on ne fauroit pren- 
dre une connoiffance exacte de l'intérieur des ventricules, 


fans l'y reconnoitre, Il me paroït encore bien difficile de juger : 


des différens états du cœur, & de déterminer fon aétion fur 
le fang , fl lon ne fait une attention particulière à la difpofi- 
tion relative de ces deux cavités, qui marquent la route que 
le fang doit y tenir. 

Lorfqu'on démontre les ventricules du cœur à la manière 
ordinaire, on découvre un efpace confidérable, dont la val- 
vule annulaire occupe l'entrée: toutes les portions de cette 
valvule font alors appliquées aux parois de cet efpace, & 

lon 


DES SCIENCES 327 
Yon n'imagine pas qu'il puiffe y avoir d'autre cavité dans 
lun & l'autre ventricule, que le fimple paflage qui conduit 
à Lartère, efpace que la vüe encore ne découvre que diff- 
cilement. Tous ceux auxquels J'ai démontré ces parties, ont 
été furpris d'apprendre qu'il y eût dans chaque ventricule 
une feconde cavité tout aufli confidérable que celle qu'on 
avoit fous les yeux, & que la portion de la valvule que je 
viens de défigner, & qui paroît fixer l'étendue des ventri- 
cules & la terminer, m'étoit que le terme de leur divifion. 
En effet, cette cloifon occupe le milieu de chaque ventri- 
cule, & le divife en deux parties qui paroiffent parfaitement 
égales, dont l'une que tout le monde connoît, & qui répond 
à l'oreillette, doit être appelée cavité auriculaire, & Y'autre 
qui a été jufqu'à préfent cachée ou connue très-confufément, 
qui regarde l'artère, & qu'on ne fauroit bien apercevoir par 
la méthode ordinaire, doit être nommée cavité artérielle, 
On demandera fans doute pourquoi un efpace auffi con- 
fidérable a échappé aux recherches des Anatomiftes les plus 
exacts & les plus éclairés. Il faut en chercher la raifon dans 
Ra difpofition de ces parties, & dans la méthode la plus 
reçüe de les démontrer, c’eft-à-dire, dans la néceflité prefque 
indifpenfable d'étendre les parois des ventricules, ainfi que 
les planches les repréfentent, & qu'on le pratique par-tout. 
Lorfqu'on ouvre un livre qui a quelque épaiffeur , le dos 
rentre en dedans, & de convexe qu'il étoit il devient 
concave: voilà ce qui arrive lorfqu'on démontre Îles ventri- 
cules ; la fection de la cavité auriculaire repréfente 1a tranche 
du livre, le fond de la cavité artérielle tiendra la place du 
dos. Lorfqu'on étendra les parois de la première cavité, con- 
formément à la méthode reçûüe, le fond de la feconde s'en 
rapprochera & s'appliquera à la face poftérieure de la cloifon 
valvulaire, qui, dans l'état naturel, en eft très-éloignée, de 
forte qu'il eft évident que la cavité artérielle doit dilparoître: 
on la découvrira dans toute fon étendue, fi lon ouvre le 
premier ventricule par fa partie fupérieure, à l'embouchüre 
de l'artère pulmonaire. I faut diriger cette fection tout le 


Am. 1752 Sf 


322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
long de la charnière antérieure, à quelque diflance pourtant 


de ce filon: on pourra juger alors de la profondeur de cette 


cavité, en jetant fimplement les yeux fur la cloifon val- 
vulaire qui .en indique l'entrée. Pour bien apercevoir la ca- 


vité artérielle du fecond ventricule, il faut fendre le côté: 


rentrant du premier, & l’on obfervera entre cette fection & 


la doifon valvulaire qui répond aux deux grofles colonnes. 


libres qui lui fourniflent fes attaches inférieures, une grande 
cavité, qui cependant peut à peine recevoir le doigt, lorf- 
qu'à la manière ordinaire on a ouvert le ventricule par la 
partie oppolée. 

On connoît depuis long temps a chifon valvulaire ; elle 
a été défignée fous le nom de grande valvule par ceux qui 
en admettent plufieurs : on a dit qu'elle couvroit l'orifice 
_de F'artère, & qu'elle étoit par conféquent placée fur le bord 
de la cavité des ventricules. Je l'ai cru de même pendant 
long temps, & ce n'eft que depuis mes dernières oblerva- 


tions que j'ai reconnu qu'elle occupoit précifément le milieu 


de lun & autre ventricule, & qu'elle les diviloit en parties 
égales. Si les Auteurs les plus célèbres ont eu connoiffance 
de la double cavité des ventricules , W faut avouer qu'ils en 
ont négligé la defcription. M. Senac femble l'avoir reconnue 
dans le premier ventricule; cependant plufieurs perfonnes 
très-verfées dans Ÿ Anatomie, & qui ont pour la plufpart 1û tout 
ce qu'on a écrit de mieux fur cette matière, comme tous ceux 
qui ont affiflé aux leçons des meilleurs Maîtres, m'ont avoué 
fmcèrement qu'ils n’en avoient aucune idée. Au refte, ces 
cavités n'ont pas la même difpofition dans les deux ventricules; 
celles du premier ne font point au même niveau, la cavité 
artérielle étant de beaucoup fupérieure à l’autre; dans le fecond 
ventricule elles font parallèles : j'en ferai. mieux connoître la 
différence dans l'examen particulier des ventricules, que ces 
obfervations générales devoient précéder.. 


À. 


Fa 


nn 


im 


D'AISIUS ECM ENNL CES 323 


SUITE DU. MEMOIRE 


Dans lequel on compare le Canada à la Suiffe, 
par rapport à fes minéraux. 


SECONDE PARTIE. 
Deféription des Minéraux de la Suiffe. 


Par M. GUETTARD. 


E pourrois renvoyer au Mémoire que j'ai donné en 1746, 

fur une Carte minéralogique de la France, ou à celui 
de 1751, fur les granits de France comparés à ceux d'E- - 
gypte, pour mettre en état de faire le parallèle du Canada 
avec un pays de l'Europe qui fût riche en mines; mais j'ai 
cru devoir faire ici un nouveau parallèle, & le choifir dans 
un pays étranger à la France. Il eft arrivé que la Suifle 
a été le pays fur lequel j'avois ramaffé le plus d’obfervations; 
les ouvrages de M.'s Scheuchzer & Bourguet en fourniffent 
d'excellentes & en grand nombre, mais j'ai été principa- 
lement aidé de deux excellens catalogues fur les minéraux 
de ce pays, dreflés par M. Cappeler, habile Médecin de Sc- 
leure, qui les avoit envoyés à feu M. le duc d'Orléans avec 
plufieurs des fofliles dont il eft parlé dans ces deux catalogues. 
L'examen que j'ai fait de ces fofliles, & ces diflérentes ob- 
fervations feront le fond de ce que j'ai à dire pour établir la 
comparaifon de ce pays avec le Canada. 

Celui des Grifons fufroit en quelque forte lui feul pour 
Ja prouver ; il eft riche en mines de plufieurs efpèces. 
Scheuchzer, dans la relation de fon fecond voyage des Alpes, Xer ficmdum, 
dit de Ja vallée de. Schams, qui eft une partie de ce pays, USE 
qu'elle eft très-2bondante non feulement en fer, qui y eft in-4° 
fi commun qu'un endroit en eft appelé Ferrera, mais qu'il 


y a une mine de plomb au deflus de Zillis en Barenwald, 
Sfij : 


324 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

une de plomb & de cuivre à Anneberg, une d'argent à 
Johanneberg, une de fer à Ficenel, & dans d'autres endroits 
de l'or & du cuivre. M. Cappeler, dans un des Mémoires 
dont j'ai parlé, enchérit fur M. Scheuchzer, & dit que le 
cuivre mêlé à l’argent fe montre de toutes parts dans le mont 
Spin & au deflus de Zillis, que je viens de nommer d'après 
Scheuchzer: M. Cappeler décrit de plus les différences qu'on 
peut trouver dans ces mines, felon les endroits d’où elles 
{e tirent. Le cuivre eft joint avec de la chryfocolle à Scham- 
zerthal proche Zillis, & fur les montagnes de Zins & de 
Spin; avec de la pierre à fufi ou du marbre blanc à Schams:; 
avec du marbre blanc, de la chryfocolle & du bleu dans 
le même canton proche les Alpes de Lambin ; avec de 
l'argent qui renferme de la chryfocolle, à Schuffers en Ge- 
rinwald. La vallée de Ferrera, les environs de Schams, de 
Davos & de Difentis fourniflent du plomb: ces trois der- 
niers endroits, & de plus Felifur, Oberfaz, la montagne 
Kukalin donnent de l'argent mêlé avec du cuivre, ou avec 
de la chryfocolle & du bleu où Zapis laguli. 

De tous ces lieux, Difentis eft le feul où l’on ait reconnu 
de l'or, mais il s'en eft montré dans plufieurs endroits de 
la Valteline, comme dans la valée de Malenga, au deflus 
des bains de Mafleno & de Ganier, & dans la montagne 
del Oro, qui ne tient fon nom que de ce métal. Le Rhin, 
dont le fable en renferme, comme je lai dit en parlant de 
celui du Canada, en roule dès le: pays des Grifons, & c’eft 
peut-être de là qu'il le tire, finon en total, du moins en 
partie. 

Celui de tous les demi-métaux que on dit contenir le 
plus de l'or, Fantimoine:, vient de Schamferthal & de Rhin- 
wald. 

Le pays des Grifons eft, comme on voit, aflez abondant 
en mines, & on peut lui appliquer en général ce que j'ai 
rapporté d'après Scheuchzer, fur le pays de Schams en par- 
ticulier. Les autres minéraux qui fe trouvent, felon ce que 
je penfe, dans de femblables endroits, n’y font pas-moins 
fréquens.. 


Ge te put és à à à 


\ 


DES SIC'AENN COLE NS. 325 

Il y a à Pufchiavio du marbre incarnat, un qui eft très- 
rouge fur le mont Jule, un blanc & gypfeux & qui forme 
tout le rocher à Samada, de l’albâtre à T'innezons, un marbre 
noir à Tirano. Dansla Valteline, & à Valmara du même 
canton un qui n'eft pas fi beau que les précédens , rouge 
cependant, mais qui ne forme que de petites mafies dont 
on peut faire des mortiers. 

Les pierres talqueufes s’y rencontrent auffi fréquemment 
vers les fources du bas Rhin; il y en a dont le fond de la 
pierre eft blanc, & les paillettes dorées ou argentées. A 
Jamino, le talc eft blanc; à Phlinfor il eft de la même 
couleur, & la pierre a des veines d'un brun foncé; à Soglio 
& fur le mont Bergetta il eft blanc, & d'un blanc tirant fur 
le verd; enfin on en voit dans quelques autres endroits où 
ileft verd & à demi-tranfparent. 

Cette pierre fameufe dès le temps de Pline pour les vafes 
& autres vaifleaux de toute efpèce, fe tire encore chez les 
Grifons. C'eft, fuivant M. Scheuchzer, de cette pierre que 
le Naturalifte Romain parle fous le nom de pierre dé Come, 
non de ce qu'on la tira des environs de cette ville, mais 
de ce que Come étoit l'entrepôt où l'on apportoit les vaif- 
feaux fabriqués, pour les envoyer enfuite dans toute l'Italie, 
Cette pierre venoit d'Ufcion près de Clavenne, dont les 
habitans vivent encore de nos jours du commerce qu'ils en 
font. Les environs de cette ville ne font pas les feuls endroits 
où elle fe trouve: il y en a proche Plurs, dans les endroits 
appelés Dafile & Carotio, dans le comté de cette ville au 
pied de la montagne del Oro, au deflus des bains de Maffeno 
& dans la vallée de Malenga, tous endroits de lt Valteline, 
Le pays des Grifons n'eft pas même le feul où l'on ren- 
contre cette pierre fr utile; il y en a dans la vallée de Ver- 
zafca, dans la préfeéture de Loearno, dans-le Valais entre 
Vifp & Stalden. Cette pierre n'eft pas la même dans tous 
ces endroits: celle qui {e tire près de Clavenne, eft grife; dans 
le comté de Plurs & à Vilp, elle eft d'un verd noirâtre avec 
des taches blanches, & on en fait ufage pour les fourneaux, : 


SL. 


326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
mème pour ceux où l'on entretient un feu continuel; elle eft 
plus blanche & plus tendre dans la vallée de Verzafca. 

Les différences de couleur & de dureté dans cette pierre, 
la rapprochent beaucoup de celle du Canada, que j'ai dit 
être une pierre ollaire, & fi elle en difière, ce n'eft certai- 
nement qu'en très-peu de chofe; ainfi je fuis perfuadé que 
la pierre du Canada pourroit être utile au pays où elle vient, 
fi jamais ce pays fe peuple comme peut l'être la Suifle où, 
malgré abondance des vafes de terre cuite, malgré ladreffe 
que la fabrique de ces vaifieaux exige, plus grande peut-être 
que celle que demande la fabrique des vaifleaux de terre, 
& malgré le prix que le tranfport doit mettre à ces vaifleaux , 
on ne laifle pas d'en faire un commerce confidérable, Scheu- 
chzer rapporte d’après un Auteur, que les habitans de Plurs 
tiroient par an du commerce de cette pierre plus de foixante 
mille couronnes d'or. Dans un temps où le Canada feroit 
peuplé comme a Suifle, on ne peut guère douter que cette 
pierre ne püt être d'une grande utilité , & peut-être même que 
les envois qu'il feroit poflible de faire en France ou chez l'Etran- 
ger de ces vaifieaux , rendroient cette pierre aufli intéreffante 
pour le Canada que celle de la Suifle l'eft pour ce pays. 

Une pierre dont l'ufage ne feroit pas fi étendu, mais qui 
auroit une utilité préférable en quelque forte, puifqu'elle {er- 
viroit à guérir une maladie auffi cruelle que la néphrétique, 
fi elle avoit réellement cette vertu, eft celle qui porte le nom 
de cette maladie ; elle fe trouve dans le pays des Grifons , 
au deffus de la montagne di-Serre proche T'ieflenkaften , & 
fur la montagne Septime. 

L'ardoife, dont l'utilité eft connue de tout le monde, fe 
tire entre Giefa & Bofco, & proche Gordon, dans le comté 
de Clavenne. 

Le Valais, qui n'eft éloigné du pays des Grifons que de 
cinq à fix lieues, renferme auffi plufieurs de ces foffiles : 
quelques montagnes, par exemple , paroiffent être entièrement 
compofées d'ardoifes cendrées plus ou moins bonnes. Sedu- 
um proche le Rhin a de falbâtre, du marbre veiné de 


D'ENS HS COL'E Nr CES 3227 
blanc , & l'Hermitage qui en eft proche, un marbre bleu 
qui imite le Zapis lazuli où azur, & dont on fait du bleu 
qui cède peu en bonté à l'outremer; Lethfchertal a du plomb, 
la montagne Simplen vers la vallée d'Oflola, Goens, Orfine 
près Martinach, les montagnes Furca & Grimfel donnent du 
criftal dont je parlerai plus bas; Vips, de la pierre ollaire, 
comme je viens de le dire en parlant de celle de Clavenne, 
& quelques endroits de l'amiante, dont les fibres font diff- 
ciles à féparer. 

Le canton d'Uri, qui eft borné d’un côté par le Valais, 
d'un autre par le pays des Grifons, eft principalement riche 
en criftal. Il n'eft produit nulle part, dit M. Cappeler , en 
plus grande abondance qu'en Suifle, fur-tout dans le canton 
d'Uri ou dans le haut des Alpes, fur la montagne Saint- 
Godard, par exemple, & fur celles qui en font voifines, & 
formées d'une pierre blanche quartzeufe dans laquelle il y a 
des paillettes noirâtres : il ne vient de vrai criflal que dans 
les endroits où l'on trouve une pierre femblable, ou le quartz 
lui-même, & f1 on rencontre autre part du criflal, ou il y 
a été tranfporté, ou il fe trouve au moins du quartz dans les 
environs. 

Le canton d'Uri n’eft pas le feul où l’on en fouille : les mon- 
tagnes du canton de Berne, qui avoifinent la montagne Saint- 
Godard, en fournifient auf. On ouvrit en 171 9 proche 
Grimfel une caverne qui devint fameufe par la quantité qu’on 
en tira ; cette quantité fe monta à plus de cent mille livres 
pefant, dont il yavoit des mafles d'une figure régulière, qui 
pefoient cent & cinq cens , unéalla même jufqu'à huit cens 
livres : depuis cette groffeur jufqu'à celle du plus petit mor- 
ceau , il y a des variétés infinies , mais quelles qu'elles foient, 
le’ criftal affecte toùjours la figure pyramidale à fix pans, 
dont trois font grands & trois petits ; & malgré ce rapport 
général , il y a tant de varictés entre les uns & les autres, 
qu'il eft difficile d'en trouver deux femblables, les côtés 
étant imclinés différemment les uns par rapport aux autres, 
&: leur largeur ou leur hauteur étant inégales, Ces variéiés 


328 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
augmentent, fi on a encore égard à leur couleur, qui peut 
être en total ou en partie noire, verte, bleue ou couleur de 
faphir, violette ou améthyfle, rouffe ou brune, pourpre, 
couleur de rubis ou d'hyacinthe. Certains accidens que les 
criflaux fouffrent dans leur formation multiplient encore ces 
variétés ; il y en a qui renferment de l'eau, de la chryfocolle, 
de l'amiante, des infettes , des pailles, où qui femblent en 
renfermer par les fêlures qu'ils ont intérieurement, & qui 
les font quelquefois varier de couleur, de façon qu'ils paroif 
fent avoir dans ces endroits les couleurs de l'iris. 

Le criftal de Roche étant fi commun en Suifle, on ne 
doit pas douter qu'on n'y trouve de ces efpèces de criftaux 
qu'on appelle faux diamans, qui ne diffèrent fouvent du vrai 
criftal que parce qu'ils font moins durs, d’une eau moins 
belle & moins parfaite : auffr ces pierres n'y font-elles pas 
vares , on en trouve fur la montagne Simplen dans le Valais, 
vers la vallée d'Oflola, où ils font opaques d’un rouge de grenat 
& renfermés dans une pierre quartzeufe qui contient de l'or. 
Goms, du même pays, & la vallée d'Otnatia dans le pays des 
Grifons en donnent qu'on appelle faux améthyftes : Schniden 
dans le canton d'Underwald , les montagnes Splugen , 
Rotzherg, Golberg, dans le pays des Grifons, la montagne 
Aubrig du canton de Schwitz, celle de Legerberg proche 
Wichlen, Roffmatt, Kratzeren, & plufeurs autres endroits 
en fourniflent auffr. 

Mais pour ne pas {ortir du canton d'Uri, je dirai quele 
talc ny eft pas moins commun; les montagnes en donnent 

ui fe lève en feuilles flexibles, que lon peut plier, & 
qui reflemble en tout à celui qu'on appelle communément 
verre de Mofcovie; un autre eft noir & difperfé dans une 
pierre dont Île fond eft jaune, laquelle fe trouve aufii dans 
le diftriét d'Engelberg, canton d'Underwald ; enfin celui 
d'Uri fournit du cuivre & du plomb dans les montagnes 
proche Staeg, du fer à Shwarfenbourg & à Ertzherg, du 
marbre noir veiné de blanc à Silenen, & des grenats dodé- 
caëdres opaques, & renfermés dans une pierre d'un blanc 
verditre, 


PR Te PT CUS CORNE CP SIT 


PO PE 


DiENS) SCTE N C ES 2 
vérdâtre, à la defcente du mont-Saint-Godard, du côté 
d’Airolo. 

Le canton de Glaris, qui borne en partie le pays des 
Grifons , & qui eft aufli célèbre en Suifle par fes eaux 
chaudes de Pelers, que peut l'être celui d'Uri parfon criflal 
de la montagne Saint-Godard , ne diffère pas beaucoup des 
cantons précédens : comme eux il a des marbres noirs veinés 
de blanc, ils fe trouvent à Guppenberg, à Schwanden & 
à Pfefers ; ce dernier en a de plus qui eft gris noir, & quel- 
quelois parfemé de lentilles ftriées & convexes des deux côtés : 
les pierres talqueues fe rencontrent fur les montagnes de Glim- 
merenwel & de Waiflenwel , le talc en eft blanc. 

La montagne de Blattenberg, qui tient fon nom de F'ar- 
doife qu'elle renferme , en eft entièrement compolée, & c'eft 
particulièrement elle qui en fournit dans tout le pays : cette 
ardoife eff: noïre, fe taille aifément, on entire fouvent des 
tables de dix pieds .de long fur quelques lignes d’épaiffeur ; 
ainfi que les autres ardoiles, elle eft inclinée à l'horizon, 
& regarde , flon Scheuchzer, le midi, de même quela pluf- 
pat des couches des autres carrières de la Suifle. Cette 
ardoife montre quelquefois des empreintes de plantes & de 
poiflons ; on peut voir dans les ouvrages de Scheuchzer des 
exemples des uns & des autres. 

Comme il n'y a guère d'empreintes de poiffons au deflus 
de celle de Fardoife que M. Cappeler a envoyée à S. A. S. 
Jai penfé que je devois en donner la figure * : cette empreinte 
eft, fuivant M. Cappeler , celle d’une Murène où Morène, elle 
ef très-bien faite, le fquelette eft entier & n’a que très-peu ou 
point fouffert , on y voit jufqu'à l'empreinte des barbillons ; 
quelques-unes des arêtes cependant font caffées en deux dans 
leur milieu , de façon qu'elles tiennent encore dans leurs 
cavités , & prouvent que le poifion a fouffert une compref- 
fion , douce cependant , puifqu'autrement toutes les autres 
arêtes auroient été aufi caffées , au lieu qu’elle n’a été portée que 
jufqu'au point fufffant pour en rompre feulement quelques- 
unes dans une partie de leur longueur. 


Mém. 1752. Tt 


* Voy, Planche 


It 1 


30 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

M. Cappeler a vûü dans une ardoife du même endroit ; 
l'empreinte du xyphias ou efpadon tout entier, dont il fit 
préfent au célèbre M. Sloane, & qui eft confervé dans fon 
cabinet d'Hiftoire Naturelle, 

Le pays qui eft entre Valenz & Pfefers, renferme une 
efpèce d'ardoile qui eft cendrée & friable ; mais un peu plus 
haut , entre le premier endroit & les montagnes appelées 
Crivehoten , cette ardoife eft dure, noire & prefque fem- 
blable à celle du diflriét de Glaris : près de la fource même 
de Piefers il s'en trouve une qui eft bleue, veinée de blanc 
& méke de quartz de cette dernière couleur. 

Les montagnes de Guppen , Glarnifch & Schwanden 
donnent du fer; la première, celle de Schniden & de Wolf, 
de l'argent ; celle de Flimienbers & de Glimmeren, du 
fpath, qui eft rhomboïde dans cette dernière, & fans figure 
régulière dans l'autre. 

Indépendamment du fpath qui doit fouvent accompagner 
les mines du canton de Schwitz dont je viens de parler, la 
montagne Aubrig & la vallée Silana ont aufli de cette pierre, 
Le fpath de la vallée Silana eft par lames diaphanes , celui de 
la montagne Aubrig forme des incruftitions fur les côtés d'une 
pierre noirâtre parfemée de petits points blancs. 

L'or & l'argent que l’on connoiît jufqu'à préfent dans ce 
canton, ne font pas cependant accompagnés de fpath, mais 
difperfés dans une terre grife qui fe tire fur la montagne de 
Dethelm , de deux cavernes appelées lune Silberloch, & 
Yautre Goldloch. 

Les Alpes du canton de Schwitz renferment des mines de 
plomb, la montagne Aubrig de l'étain qui eft mélé à des 
pierres lenticulaires & à des peignes dans la même pierre ; le 
morceau que jen ai vü eft un amas de ces lentilles liées par 
une matière quartzeufe d'un gris blanc, & qui, examinée à la 
loupe, paroît parfemée de grains d’un aflez beau verd, couleur 
qui eft quelquefois celle que l'étain prend dans les mines, 
J'ai encore examiné une pierre verte de cette même monta- 
gne, qui avoit des empreintes de peignes, & qui étoit fau- 


th 


star 


DES SCIENCES. £ 
poudrée d'une matière blanche, peut - être de chryfocolle, 

On trouve aufli dans cette même montagne de ces cif- 
taux qu'on appelle faux diamans. 

Les environs de Wohlerau donnent du marbre noir veiné 
de blanc, ceux d'Einfiollen un qui eft gris veiné auffi de 
blanc , de même que le rouge de l'abbaye d’Einfilden. 

Le talc fe remarque dans la Thile, qui doit le tirer de ce 
canton , puifqu'elle y prend fa fource, & qu'il ne me paroît 
pas qu'elle reçoive des rivières de cantons différens , du 
moins tant qu'elle coule dans celui-ci. La montagne Royale & 
plufieurs autres endroits ont une pierre talqueufe cendrée, 
qui fe lève par tables ; celle que j'ai examinée & qui étoit de 
da montagne Royale , étoit compofée de paillettes d’une 
moyenne grandeur, d'un beau blanc argenté, & liées par 
une matière fpatheufe ou quartzeule ; l'autre pourroit étre une 
efpèce de fchite , puifqu'elle fe lève par tables, auffi-bien que 
les pierres à rafoir cendrées, fines ou rudes, qui fe tirent l’une 
de Repenweïd, l'autre de Golbenberg, endroits placés au- 
deflus de Lachen, bourg peu éloigné du fac de Zurich. 

Le canton dont ce lac dépend , outre prefque tous les autres 
foffiles dont il a été queftion jufqu'ici, fournit du charbon 
de terre dans plufieurs endroits, & nommément à Keffnach. 

Le marbre n'y eft guère moins commun , on en tire de 
noir qui a des veines blanches à Vedenchwil & à Riche- 
tenfchwil, de veiné de jaune derrière Albifrieden qui eft 
au-deflus de Renderenalbis , de l'albâtre qui renferme des 
cailloux de la nature de la pierre à fufil , & dont il eft parlé 
dans les obfervations topographiques de Raï, page 3 8 3. 

En général, le canton de Zurich ne manque pas de pierres 
talqueufes dont le fond eft rougeütre , mêlé de parties de tale, 
dorées ou argentées : une de cette nature que j'ai vüe, & qui, 
fuivant le Mémoire de M. Cappeler, fe trouve dans plufieurs 
endroits de la Suifle, étoit par petits lits d’une ou deux li- 
ges , entre-coupés par des lits de talc plus minces & d'un 
rouge cuivreux. Les environs de Zurich en ont une qui eft 


employée dans les bâtimens, & qui a du talc cendré: proche 
Tti 


332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Skenen en Tennaker, ce tale eft blanc ; la Thile y roule des 
paillettes couleur d’or ou d'un noir de poix, & quelquefois une 
pierre talqueufe verdâtre, mais qui n'appartient peut-être pas 
plus à ce canton qu'à celui de Schwitz , où la Thile a fa fource: 
on trouve des boules de talc d'un jaune d'or à Bulach. 

La pierre à rafoir de la paroifié de Durnten, qui eft 
d'un gris noirâtre, pourroit bien être, comme celle dont j'ai 
parlé, une efpèce de fchite, & la pierre à aiguifer qui fe 
tire de Kopfnach , Stampfenbach , & peut-être aufli de 
Hatliberg , pourroit être une efpèce de granit dont la fineffe 
des grains le fit reffembler prefque à du grès: cette pierre 
entre dans l'Architecture, & réfifte au feu. 

Le criftal & le fpath viennent fur la montagne Leger: 
ha Thile, le Glat & l'Emme roulent du quartz; les environs 
de Ufter & de Neptenbach donnent des agathes, ceux de 
Schnabelberg, dans les montagnes blanches, de l'argent qui 
eft mélé à une terre cendrée. 

J'ai dit plus haut que le canton d'Uri étoit célèbre par fon 
criftal du mont-Saint- Godard , celui de Glaris par fes bains 
de Pfefers & fes mines d’ardoïfes, le comté de Clavenne 
- par fa pierre ollaire ; celui de Lucerne, dont il va être quef- 
tion , l'eft par une matière qui fe tire du mont Pilate, & qui 
eft beaucoup moins précieufe que celles-ci , quoiqu'elle le 
foit beaucoup dans l'idée des Alchymiftes , qui penfent qu'elle 
eft une de ces matières dont il eft poffble de tirer ce qu'ils 
appellent femence aurifere , & qui, en flattant toujours leurs 
defirs , les foûtienent dans leurs travaux continuels, mais encore 
plus inutiles pour eux que pour les autres. Cette matière fr 
recherchée eft le Zac Lunæ , ou cette pouffière blanche qui 
n'eft que le produit des parties que l'eau détache en fuintant 
entre les pierres, & qu'elle dépofe dans des cavités, ou le 
long des furfaces des pierres mêmes, où elle prend une cer- 
ine confiftance : elle refflemble alors aflez à unagaric très- 
blanc & léger, & on la prendroit en effet pour une efpèce 
de champignon qui ne feroit pas fibreufe: lorfqu'on l'écrafe 
entre les doigts , on diroit que c'eft réellement de f'agarie 


DÉPASSE UN c'E 33 
qu'on froifle : elle ne fe trouve pas feulement dans la fa- 
meufe caverne du mont Pilate, dit M. Cappeler, mais dans 
les antres ou les fentes des rochers de pierres calcaires de plufieurs 
autres endroits. Je pourrai revenir à cette matière lorfqu'il 
sagira de ces endroits, il fufhit de l'avoir annoncée ici , je 
pafie à des fofliles plus intéreffans. 

J'ai déjà parlé d'un qui eft des plus précieux, dans fen- 
droit où j'ai décrit le fable du Canada qui reflemble aux f:- 
bles aurifères : l'or fe trouve en paillettes dans le Rufa qui 
coule dans le canton de Lucerne ,  Aar & l'Emme en cha- 
rient auf. On a découvert en creufant le baflin de Kriembach 
à deux heures de chemin de Lucerne, qu'une pierre bleuâtre 
& grainée, que l'on étoit obligé de caffer, renfermoit de 
Fargent : on tire à Surlac une efpèce d'ochre verdätre, qui 
paroït cuivreufe & qui tache en verd une pierre quartzeufe. 

Près de Schinberg, de Thal & dans la vallée de Fontana, 
on fouille du charbon de terre; du malthe, elpèce de bitume 
grofier, à Schinberg ; des pierres à aiguifer grifes à Roth, on 
les tranfporte de tous côtés pour les meules à aiguifer. 

Le canton de Lucerne que je viens de parcourir, eft un 
des plus grands ; il avoifine celui d'Underwald, qui eft à 
la vérité un des plus petits, mais qui n’eft pas des moins 
fournis en foffiles ; le feul diftrit d'Engelberg renferme de 
l'or, de l'argent, du fpath, du criftal, des pierres talqueufes, 
du fchite, de l'ardoife & du marbre, le pañfage fuivant, tiré de 
Scheuchzer *, doit fufhire pour en convaincre : « le catalogue 
que je vais rapporter , dit Scheuchzer , démontrera que les 
montagnes & les vallées du domaine d'Engelberg font fécondes 
en minéraux de tout genre. Le marbre noir veiné de blanc 
& marqué de taches pâles, fe trouve abondamment dans 
les montagnes qui font voifines du Monaftère. 

Les criftaux de fa vallée d'Ochfenalp font hexagones, poin: 
tus des deux côtés, & nommés par les habitans fchwindel- 
flein; 1 y en a d'autres qui fe tirent d’une caverne appelée 
gegen dem Graffenorth, mais ils font mal formés, & doivent pluf£ 
tôt ètre regardés comme des for ou faux criftaux. 


Tti. 


* Jter prinimn; 
«PAZ. 24 


»” 


» 


M 
2 


34 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Il y a des indices d'or dans la montagne des Anges : c’eft 
peut - être la veine d'or & d'argent cendié qu'on trouve à Bru- 
derloch , mêlée avec une pyrite ferrugineufe, & avec une terre 
vitriolique cendrée ou de couleur d’ochre, qui prend par la cal- 
cination une couleur brune, qui indique un fafran de mars ; c'eft 
auffr de cette terre que les eaux qui coulent de la caverne 
tiepnent leur goût acidule. 

On trouve à Graflen, de même que dans les Alpes de 
Surenen, une autre pyrite d'où il fort du mify même. 

La caverne de Geisfloch, qui eft vis-à-vis de Bruderloch, 
donne aufli une veine d'argent & de vitriol, prefque fem- 
blable à la précédente. 

On voit çà & là des veines glaifeufes & vitrioliques dans les 
fentes des rochers, au pied de la montagne de Tittlis, & 
des pierres qui fe lèvent par feuillets , parfemées de pyrite auffi 
vitriolique, teinte d'une couleur de fer, & qui, étant man- 
gée par le vitriol, devient une argille cendrée & molle. 

On rencontre une pyrite argentée & anguleufe à Urner- 
graffen , une argentée renfermée dans une pierre très-dure & 
teinte d’une terre rouge & martiale à Firnapelin & à Hofad, 
enfin des pyrites rondes fur la montagne de Geisfberg. 

Lattenberg fournit abondamment des carrières d'ardoifes 
femblables à celles de Glaris, & des pierres à aiguifer : les ar- 
doifes donnent le nom à l'endroit. 

Une terre noire , propre aux Peintres, & qui eft en mottes, 
fe fouille à Galtiberg & à Herrenrüti. 

Une certaine caverne d'Horbis donne du /ac Lune. 

Enfin on y peut ramafler une efpèce de f{el, qui, par fes 
propriétés, approche de la nature du borax, & qui couvre les 
furfaces d’une pierre qui tient de l’ardoife & qui eft cendrée. » 

Pour finir ce qui regarde le canton d'Underwald, j'ajoû- 
terai feulement à ce catalogue, que Melchtal & Wolffenchiefs 
ont du marbre noir veiné de blanc, Schniden du criftal ou 
des faux diamans, & je rapporterai quelques obfervations que 
j'ai faites fur les pierres d'Engelberg, qui ont été envoyées 


par M. Cappeler. Le fpath rhomboïde de cet endroit eft 


DIE S:CA'EIN C'E S. 335 
un vrai criftal d'Iflande , en affez gros morceaux opaques ; 
celui du moins que j'ai examiné avoit très-peu de tranfparence. 

La terre noire dont j'ai parlé plus haut , eft réellement très- 
noire , elle reflemble entièrement à une que j'ai trouvée dans 
les trous des carrières de pierre noire de la Ferrière en 
Normandie , avec laquelle j'ai fait de la poudre à canon, en 
la mêlant avec du charbon de bois mis en poudre. 

Le marbre eft d’un noir fale, très-dur, d'une nature de 
quartz, & faifant feu frappé par l'acier. 

La terre vitriolique qui vient des pyrites tombées en 
efflorefcence, eft d’un jaune pâle de fouflre, & en a même 
l'odeur. 

Les pyrites fulfureufes fe pulvérifent pour fervir de fable à 
mettre {ur le papier lorfqu'on a écrit ; elles s’'enflamment jetées 
ainfi en poudre à travers la lumière d'une bougie ; elles font 
d'un blanc argenté ordinaire aux pyrites de cette couleur; elles 
ont une figure a plufieurs côtés & irrégulière, leur grofeur 
eft au plus celle d’un noyau de cerife. 

La pierre cendrée eftune efpèce d'arjalètre ou de fchite qui 
approche beaucoup de la craie de Briançon, & qui eft quel- 
quefois d'un brun verdätre. 

Les criftaux pointus des deux côtés , & qui font com- 
muns , non feulement dans ce diftriét, mais dans les Alpes 
de plufieurs cantons, font affez blancs, défeétueux cependant; 
ils diffèrent en groffeur, les plus gros de ceux qui ont été en- 
voyés n'excèdent pas celle d’un noyau de prune. 

Le petit canton d‘Underwald eft borné d'un côté par ce- 
lui de Berne, qui eft un des plus confidérables par fon 
étendue ; & même par fes foffiles : quand il n'y auroit que 
la grande quantité de marbre qui sy trouve dans plufieurs 
endroits, il le feroit déjà beaucoup , mais il renferme 
prefque tous les autres : plufieurs des marbres font gypfeux 
ou plâtreux , à Schenznach, par exemple, où il eft noir; 
près ces carrières il y en a d'autres où il eft de couleur 
de chair ; proche Rotfloch & Arburg il eft blanc, & on 
en fait de très-bon plétre. Ces prétendus marbres ne font 


336 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
peut-être dans la vérité que des plätres mis au nombre des 
marbres dans le fyftème de M. Linnæus, que M. Cappeler 
a adopté dans fon catalogue : quelques autres de ces marbres 
font de l'albâtre. Les environs de Biberftein & de Ruttingen 
en donnent un qui eft blanc, dur, & qui approche beaucoup 
de l'albâtre : celui qui fe tire proche le château de Biberftein 
& dans la préfecture de Romain-moutier, au deffus de Bevieux 
près les falines, eft blanc ; il étoit employé autrefois par les 
Romains à différens ouvrages : celles de ces pierres qui portent 
proprement le nom de marbres, font d'entre Aigle & Olon, 
où il eft noir; un qui a des taches jaunes, des veines blan- 
ches, & parfemé quelquefois de lentilles, fe tire proche Spiez, 
peu éloigné du lac de Thun; enfin un de couleur verte a été 
trouvé depuis peu d’années à Grindelwald. 

La vallée de ce dernier endroit donne du fpath blanc ftrié 
& en lames; à Lauterbrwn proche Aigle & les bains de 
Schinznach, on en rencontre de rhomboïde que Scheuchzer 
appelle androadamas : au deffous des rocheïs de Stokeren-flue, 
il yen a de femblable, qui porte communément le nom de 
fpath de Bienne. 

Souvent les endroits qui donnent du fpath ne manquent 
pas de mines, mais ce n'eft pas, comme je l'ai dit, une règle 
conflante d'y en trouver, c'eft un indice, & non pas une 
marque füre & certaine. De tous ces endroits où l'on en 
rencontre, il n'y a jufqu'à préfent que les environs de Grin- 
delwald où lon ait vü du minéral, encore n'efl-ce que de 
Yantimoine. L'or ne fe tire dans ce canton que des rivières ; 
il y en a des paillettes mêlées dans le fable de l'Aar, des deux 
Emmes; on en lave fur-tout près de Havenftein & Wildeck : 
les environs de Bex & du lac Leman montrent des veines 
d'argent, Grimfel du plomb ; un endroit qui eft à fix heures 
de chemin de Romain-moutier, du cuivre: Romain-moutier 
même, de l'étain qui eft fous la forme de grenats renfermés 
dans une pierre talqueufe verdätre. On a vüû autrefois près de 
Thun, du vifargent coulant : enfin le fer n’eft pas rare dans la 
vallée d'Hafle, à Langnau, Baumgarten, Lerfberg & Rotzberg, 

La 


| 


DES SCIENCES. 337 

La vallée d'Engftlen, qui eft fur les confins du territoire 
de Berne, renferme un fchite rougeître. 

Au deflus de Bevieux & près de Tenala, qui n'eft pas 
éloigné des falines , on ramaffe du foufre pur, communé- 
ment appelé foufre vierge. Erla près Stephifburg & Thun 
donne du jayet , & le charbon de terre fe tire dans plufieurs 
endroits, nommément à Bemont & à Lufris, proche Laufanne 
& derrière Sana. 

Le fable de ce dernier endroit, & celui de derrière Rotf- 
chmund dans les monts de Doronaz, eft mêlé de petites pierres 
appelées chélidoines minérales. 

Ce canton de Berne eft le dernier de ceux qu'on peut re- 
garder comme confidérables par les mines & les autres foffiles 
qui les accompagnent : un ou deux deceux dont il me refte 
à parler, appartiennent cependant à ces premiers cantons, de 
même que quelques-uns de ceux-ci paroiflent s'enclaver dans 
les autres par quelques côtés; celui de Zurich, par exemple, 
tient au canton de Schafhoufe par Siein, Andelfingen, Egli- 
fow, Hep, & vers Bulach, qui font abondans en coquilles 
renfermées dans des pierres calcaires, de même que celles qui 
font f: communes dans les cantons dont j'ai à parler : je 
crois même qu'on peut comprendre encore dans ce pays 
Filingen & Wintertur ; le premier de ces endroits a des 
mines de fer, & l'autre n'eft connu que par une glaife ou ar- 
gile dont on fait en Suifle & hors de Suifle , des vafes & des 
fourneaux : peut-être même que Dieltorf, Lagerberg, Wie- 
dikon & Rieden, fameux par leurs coquilles fofliles, en 
font encore , mais je mn’ai pû déterminer leurs pofitions. 
Quoique Baden ait des eaux chaudes, & que je penfe qu'il 
ne peut être par conféquent renfermé dans ce terrein, je crois 
cependant que {es environs peuvent l'être en partie, de même 
que Wurenlos peu éloigné de Baden, qui ont l’un & l'autre des 
coquilles foffiles, une partie de Weiïflembourg, quoiqu'il ait 

. auffr des bains chauds, Surda & Degerfeld , qui donnent 
tous les trois une efpèce de marne bleue qui eft dure, mais 

qui devient par da fuite caflante, & qui fert à engraifer les 

Mém, 1752 | V2Vu 


338 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

prés prefque pour une vingtaine d'années : les plantes à feuilles 
de glayeul principalement s’y plaifent. Le foin de ces prés eft 
fi agréable aux troupeaux, que ces animaux meurent quel- 
quefois , fur-tout les quatre ou cinq premières années qu'on 
a marné ces prés, à caufe de la quantité qu'ils mangent de 
ce foin. 

Le canton de Lucerne me paroïît auffi anticiper fur celui 
de Soleurre , mais je ne fuis porté à le croire qu'à caufe de 
la nature de la pierre des feuls environs de Saint-Urbain, qui 
eft, à ce que je penfe, de ce canton; elle eft d’un blanc cendré, 
dure, d’un grain aflez fin, mêlée de boules de pierres à fufl, 
& bonne pour les bâtimens. 

Si plufieurs des marbres du canton de Berne dont j'ai 
parlé , font réellement du plâtre & non du marbre propre- 
ment dit, Je crois que les endroits où les carrières font in- 
diquées, fe lieroient avec quelques-uns du canton de Soleurre, 
ou de la principauté de Neufchâtel : il me paroît par les obfer- 
tions faites en France, que ces pierres fe trouvent plus com- 
munément dans des lieux femblables à ces cantons par les 
foffiles; & s'il y a du plâtre dans les autres, il femble être 
d'une nature un peu difiérente. Il pourroit cependant fe 
faire que celui de Suifle füt de celle-ci, & c'eft cette incer- 
titude qui m'a laiflé indécis fur la place qu'on doit donner à 
ces lieux, quoique je des aie compris dans l'étendue de ceux 


des pierres de la nature de la craie ou de fa marne : fur ce prin- 
cipe , le terrein de cette nature peut s'étendre jufqu'à Berne 


& Beroulles près Fribourg. On tire en petits quartiers proche 
le premier endroit une belle pierre tendre, d’un blanc cen- 
dré, qui durcit à Fair, & dont prefque toutes les maifons, 
les murs de clôtures, font faits fans mortier ; celle de Beroulles 
eft d'un jaune cendré facile à couper & à travailler en fortant 
de la carrière, mais elle fe durcit à l'air, & elle eft en plus 
gros blocs. 

Si le pays des pierres calcaires avance dans ces cantons; 
celui des {chites, des charbons deterre, des métaux , &c. rentre 
dans celui-ci par quelques-uns de ces foffiles, fur-tout la 


or RS OR tt + te. 


DE Si SCT EN c Er 6 } 339 
principauté de Neufchâtel & de Vallangin, par fon naphte ou 
huile de pétrole de Chavenach, par {on afphalte, qui s'y trouve 
abondamment dans d.vers endroits, comme dans le val de 
Travers, par fon foufre de Saraguier, par le mercure coulant 
qui a été découvert près Lode dans la vallée de Vallangin, 
par le plomb®qu'on a trouvé dans quelques endroits de la 
principauté de Neufchâtel, & f1 l'on veut, par une efpèce de 
pierre qui peut être un marbre blanc, marqué de lignes & 
de cercles entre-mélés quelquefois de coquilles, qui fe tire 
à Chaumont, dont les {fortifications de Soleurre font faites, 
& les coteaux voifins du mont Jura compolés, où il n'eft 
qu'en petits quartiers. Le comté de Soleurre ne me paroït 
tenir au canton de Lucerne que par Bipp, où l'on prétend 
avoir vû du mercure coulant. 

Le refle de ces cantons, c’efl-i-dire, de Schafhoufe, de 
Büle, y compris fon évêché, de Soleurre, de da principauté 
de Neufchâtel & de Vallangin, toute cette étendue de pays 
qui forme devant les autres cantons comme un rideau qui 
sétend prefque depuis un bout de la Suiffe jufquà l'autre, 
n'eft qu'un amas de coquilles foffiles féparées ou enclavées 
dans des pierres calcaires, des pierres à full, des mines de 
fer qui y font très-abondantes; mais on n'y trouve plus de 
pierres talqueufes, de fchite, d'ardoife & autres fofiles que 
nous avons vü être en fi grande quantité dans le refte de Ia 
Suifle, & en former tout le terrein. 

Je n'entrerois pas ici dans le détail long & ennuyeux de 
décrire toutes les efpèces de coquilles foffiles, quand je le 
pourrois; il fuffira de rapporter quelques obfervations générales 
tirées de Langius, & de dire quelque chofe fur les pierres & 
les mines de fer qu'on peut avoir reçûes de M. Cappeler. 

Les pierres frumentacées fe trouvent dans plufieurs mon- 
tagnes des Alpes de la Suiffe, dans celles des cantons de 
Schwitz, de Glaris, d'Underwald, d'Uri, du couvent de la 
montagne des Anges, fur le mont Pilite, dont tout le côté 
{eptentrional en eft rempli, & d'où les torrens en détachent, 
qu'ils portent dans les rivières où ils fe vont jeter. Si toutes 


Vuï 


340 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royarr 

ces pierres font réunies par un ciment femblable à celui qui 
lie les pierres frumentacées qui forment le morceau qui a 
été envoyé, les torrens doivent en détacher beaucoup : ce 
ciment n'eft qu'une matière glaifeufe & jaunâtre, qui me 
paroît facile à délayer & à laifler à nu les lentilles ou pierres 
frumentacées. Ces pierres font bien différentes par la gran- 
deur; il y en a depuis les plus petites jufqu'à la grandeur d'un 
écu de trois livres, & même d’un de fix. 

Les cornes d'ammon fe rencontrent aufli le plus fouvent 
fur les montagnes qui ont d’autres pierres figurées: celles des 
cornes d’ammon qui font lifles, qui ont le dos arrondi, & 
qui font d’une nature de pierre, viennent en grande partie du 
mont Leger & des montagnes des environs de Saint-Gal: 
celles qui ont été changées en marcaflites, font des mon- 
tagnes d'Underwald, de Schwitz, des Alpes du pays des 
Grifons, du comté de Sargans & des environs d'Entlibuch. 
On n'en voit nulle part autant que dans la principauté de 
Neufchîtel, à Souchie, Haute-rive & Prile. 

Tous les dimaçons ou cochlires font jaunâtres ou cendrés, 
& viennent des montagnes du comté de Baden proche Lug- 
geren & Boœftein, des montagnes de Randen & Leger, qui 
renferment aufit prefque toutes les autres efpèces de coquilles 
foffiles. 

Les montagnes du comté de Baden abondent principa- 
lement en fabots ou srochites, près Bæœftein fur-tout & Lug- 
geren. 

Les buccins ou buccinites fe voient dans les montagnes 
de Saint-Gal, & lorfqu'ils font changés en marcaflites, ils 
viennent des montagnes de la principauté de Neufchätel , dans 
lefquelles les fofliles prennent communément cette nature: 
on en trouve cependant auffi dans quelques autres endroits 
des Alpes. 

Les turbinites cendrées & jaunâtres avec leurs matrices, 
font des montagnes près Saint-Gal; celles qui font moins 
foncées en couleur, des montagnes du comté de Baden, peu 
éloignées de Bœftein & Luggeren; celles qui font marcaffites 


PR ete Te ne 


DELEUISICÈE N CE s 4 
dés montagnes de Schwitz & de la principauté de Neufchätel. 

Les bélemnites accompagnent prefque toûjours les autres 
pierres figurées ; mais on en trouve plus communément fur {a 
montagne de Wicken du canton de Lucerne fur le mont Leger, 
& proche Andelfmgen dans celui de Zurich, fur la mon- 
tagne Randen dans celui de Schafhoufe, & aux environs de 
Sibling & d'Hallow; dans celui de Bâle fur la montagne qui 
eft proche Liechtal, fur celle de la citadelle de Mœnchenflein 
& Muterzt; mais elles ne font jamais en fi grande quantité 
que {ur les montagnes des environs du couvent d'Offiburg, 
qui eft à une lieue de Rheinfeld, où on peut les ramafler 
par milliers. 

Les conchites ou les chamires fe trouvent dans une pierre 
fableufe des environs de Saint-Gal. 

Les plus grandes gryphites font des montagnes du comté 
de Baden autour de Bæœftein & de Luggeren : on en trouvé 
aufli dans toutes les autres où il y a des bélemnites. 

Les monts Lever, Randen, les bords de la rivière de 
Sion, Souchie, Haute-rive & plufeurs autres endroits, font 
pleins de térébratules ou pierres judaïques. 

Quant aux pierres proprement dites, il y en a de difié- 
rentes fortes, qu'on peut regarder prefque toutes comme 
du mème genre: celles qui font compolées de petits grains 
ronds qui les ont fait comparer à des œufs de poiffons ou 
à des femences de millet & de pavot, ou à des pois, fe 
rencontrent dans différens endroits ; elles font blancheîtres 
dans la préfecture de Sana du canton de Berne, fur la mon- 
tagne de Doronaz & fur le mont Jura, roufleitres dans les 
monts Cinereens ou Efchenberg du même diftriét: la rivière 
Birfa en roule auffi près Bâle, qui en a une blancheître dans 
fes environs, & qui eft employée dans les bâtimens de cette 
ville. On en voit dans la vallée de Fricktal, aux environs 
du bourg de Tertznach, & dans le Rufa près Altorff. La 
principauté de Neufchâtel en à une jaune qui renferme des 
écailles reluifantes: une autre fe tire près les murs de Schaf- 
houle; elle renferme quelquefois de petits criflaux. 

Vuïy, 


342 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALE 

Lettenberg près Horgan dans le canton de Zurich, & 
les montagnes des environs de Brug du diftriét de Beine, 
ont des pierres pifolites fur lefquelles il y a des dendrites: 
les mafles de ces pierres font bonnes pour les bâtimens. 
Les montagnes du comté de Baden font, principalement 
du côté de Boœftein & de Luggeren, compofées d’une pierre 
calcaire, jaunâtre, remplie de différentes coquilles. Les co- 
quilles de la montagne de Randen font renfermées dans une 
matière qui fait aufli de la chaux. On ramafle en quantité 
à une demi-lieue de Rheinfeld, des moufles, des algues, des 
feuilles de différens arbres, des morceaux de bois pétrifés, 
& le long des bords du Rhin, qui font remplis de rochers, 
au bas defquels il coule un ruifleau qui incrufte d'une fub£ 
tance pierreufe tout ce qui y tombe. Les rochers qui bordent 
la rivière de Sion dans la principauté de Neufchâtel, font 
remplis d'échinites enclavés dans une terre blanche & bleuñtre: 
les montagnes de cette principauté renferment des bucamites 
priles dans la marne. 

Si l'on parcourt tout l'efpace qui eft compris depuis l'ex- 
trémité orientale de la principauté de Neufchätel jufqu'à la 
feptentrionale du canton de Schafhoufe, on ne verra que 
coquilles foffiles de toute efpèce, des pierres blanches & autres 
de la nature des calcaires, excepté du marbre. Les fentes de 
ces pierres font fouvent incruftées de petits criflaux, peut-être 
fpatheux, comme à Haute-rive, Lavarque, près de Neuf- 
châtel, & ils y font jaunûtres. Ce terrein pourroit même 
s'étendre jufque dans le canton d’Appenze, où l'on tire du 
moins une terre crétacée près Hérilau, une grande quantité 
de coquilles foffiles, & fur-tout de cornes d’ammon, deve- 
nues marcaflites, dans les montagnes de Saint-Gal dont j'ai 
déjà parlé, & dans plufieurs endroits de ce canton du /4e 
ZJanæ où agaric minéral, qu'on dit ne fe former que dans les 
trous des pierres calcaires. 

Le refle de ce terrein me paroît appartenir à celui de 
Yautre partie de la Suifle. Le fpath rhomboïde ou androa- 
damas de Scheuchzer eft très-commun dans le Rheidthal: if 


PP EE PC TE VS NS SR ES 


DES SCTENCES. 343 
ÿ a dans quelques endroits du canton d'Appenzel, du malthe 
ou bitume groflier, de la pierre à polir, qui eft en petits 
morceaux prifmatiques & quadrangulaires, ou en morceaux 
beaucoup plus gros; ce qui me paroît annoncer un fchite, 
Les Alpes de Fachneren au deflus de Gimmor, les environs 
de l’abbaye de Fifchingen & de Turhovie donnent du marbre 
de différentes couleurs, & la carrière d'ŒEningen , peu éloi- 
gnée du lac de Conftance & de Stein, eft fameufe par une 
elpèce d’ardoife grile qui a des empreintes de poiffons, & 
où on en a trouvé une d'un prétendu fquelette d'homme 
dont Bourguet a donné a figure : autour de Schweg, on 
voit quelques veftiges de fel gemme. Ces différens foffiles 
me font croire que le canton d’Appenzel appartient à quel- 
qu'un des cantons riches en mines. 

Ceux des pierres crétacées ou calcaires ne font pas feule- 
ment abondans en coquilles foffiles & en autres corps marins, 
mais le fer y eft aufit très-commun ; il fufhit, pour le prou- 
ver, de dire avec M. Cappeler, que tout l'efpace du mont 
Jura, qui porte précifément ce nom, qui commence aux 
confins de Schafhoufe, qui s'étend jufque, & même au- 
delà du comté de Neufchâtel, donne de toute part des mar- 
ques de mines de fer, mais plus abondamment dans les 
coteaux fuivans , favoir, Banden, Legerberg, Blaren, Botz- 
berg , Schaffmat , Ober & Niderhavenftein | Wafferhal & 1a 
montagne Saint-Claude : ces mines font fous la forme de pois, 
& mélées à de la glaife, dans le Strofa proche Clufette, dans 
la côte aux Fées, à Butte, qui font du comté de Neufchâtet; 
le terroir de Soleurre a des mines ordinaires à Falckeinftein , 
Thierftein ; l'évêché de Bâle , à Richonet & à Urfez. 

I eft vrai que ces mines ne font guère moins communes 
dans plufieurs des autres cantons, & que ce métal fe‘trouve 
en Suifle, comme en France, répandu dans tous’ les terreins 
de quelque nature qu'ils foient ; c'eft ce que fera voir un 
coup d'œil jeté fur la carte de Suiffle: je dirai feulement 
ici que fur la montagne de Guntzen, du comté de Sargans, 
il y a une mine très-pure d'acier dans une pierre rouge, &:, 


344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
{uivant le diétionnaire de la Martinière, du talc. La mine de 
fer eft appelée Schwartz-Ertz, Meliwer-Ek, Roth-Ert, du 
nom des trois minières d'où elle fe tire : ces différentes fortes, 
fondues enfemble, forment d’excellent acier. 

D'autres efpèces de foffiles qui font très-communes dans 
tous les cantons, font les glaifes; elles font plus erdinaire- 
ment blanches, rouges , bleuätres ou veinées dans les cantons 
crétacés, & dans les autres affez fouvent noires, ou tirant {ur 
cette couleur; elles fe lèvent par feuilles, comme fi elles étoient 
des fchites qui ne fuffent pas durcis: j'en ai vû de femblables 
en France dans les environs de Reaumur en bas Poitou, & 
les feuilles ont une figure rhomboïde comme les petits mor- 
ceaux de fchite dont tout ce pays eft rempli. Je renverrai en- 
core à la carte pour favoir les endroits où l'on a trouvé la 
plufpart des glaifes qui méritoient quelque attention : je ne 
parlerai que de celles qui ont été envoyées. 

Une de ces glailes eft de Mocters , elle eft jaune & bleuitre, 
elle prend une certaine dureté, & qui eft telle qu'elle furpafe 


celle de certaines pierres calcaires ; celle qui fe trouve le plus. 


communément , tire fur le blanc & eft légère. L'antré de 
Balm du mont Royal, qui eft profond de cent orgyes , & 
dans le fend duquel il y a une fontaine dont les eaux tom- 
bent perpendiculairement , remontent enfuite en jailliffant 
vers la voûte, & font ainfr le jet d'eau, cet autre, dis-je, 
donne une glaife fine & rougeitre : le territoire* d'Einfilden 
en fournit une qui tire fur le jaune & le rouge, dont on 
fait de petites flatues. 

Pour finir cette partie de mon Mémoire, qui regarde Ja 
Suifle en particulier , je parlerai des fontaines minérales, de 
celles qui font fulfureufes & des intercalaires, dont je n'ai 
encore parlé en aucune façon. Suivant les cartes de Mrs 
Scheuchzer & de l'Ile, il fe trouve des bains dans prefque 
tous les cantons: fi l'on jugeoit de la qualité de ces bains 
par la finale Bade du nom que quelques-unes de ces fon- 
taines portent, on pourroit les croire d'eau chaude, Cette 
finale eft le, nom même de Baden, qui ne l'a qu'à caufe de 


{es 


DLENSN SUÈCT E N°C'E S 345 
fes fontaines chaudes, & il fembleroit que tous les endroits 
dont le nom finit ainfr, auroient de ces fontaines dans leurs 
environs: je ne crois pas cependant que cela foit, à en juger. 
par les autres ouvrages de Scheuchzer; il dit, par exemp'e, 
que les bains de Nider-uren Bade font d’une eau tranfpa- 
rente, agréable au goût & froide: proche Ander, la fon- 
taine minérale appelée das-Bade, n'eft que d’un goût martial; 
celle de Rotten-Brunnen, annoncée avec le caractère de 
bain, ne porte ce nom, qui fignife fontaine rouge, que 
parce qu'elle dépofe une matière rougeâtre ou d'un jaune 
d'ochre; celles de Saint-Maurice font acidules , & tiennent 
ce goût des veines martiales & vitrioliques dont les mon- 
tagnes & les vallées :voifies : font remplies; les environs 
de ce même endroit ont plüfieurs autres fontaines martiales 
qui dépofent une matière d’ochre, & qui ont de même un 
goût acidule, principalement une qui eft vers le nord de 
cetie vallée. La terre de ce quartier eft noire, & on en peut 
tirer par faction du feu beaucoup de fel. Saint-Maurice, au 
refle , eft fi rempli de fontaines d'eau douce, que prefque cha- 
que maifon a la fenne : une qui eft proche Vefana eft auffi 
martiale. N'ayant pü déterminer la nature des autres fontaines, 
fi ce n'eft celle de Baden, Pfefers, Stinbach & Leuck, qui 
font des eaux chaudes, je ne leur ai donné que la marque géné- 
rale de bain, imaginée par M. Scheuchzer. 

D’autres fontaines qui ne font pas marquées dans les cartes 
des deux Auteurs cités ci-deflus , font les fulfureufes & Îes in- 
tercalairès : une des premières eft celle qui eft fur le haut de fa 
montagne de Hacken où Hogyen dans le canton de Schwitz, 
fon eau eft boueufe , noire & d’une odeur forte de foufre. 
Une autre dont les éiux dépofent du foufre ou du bitume, 
fort du bas des montagnes de Wallenberg, placées au côté 
méridional du dac de Walleftat ; une troifième eft du canton 
de Zurich au deffus des villages de Rufchlikon & de Kilch- 
berg : cestrois fontaines, & les intercalaires dont je vais parler, 
font de cantons différens de ceux qui renferment des pierres 
crétacées ou calcaires. 


Mém. 1752. Xx 


46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

On appelle fontaines intercalaires celles qui ne coulent 
que pendant un certain temps: je ne crois pas que la nature 
du terrein influe fur elles comme fur les bitumineufes où fur 
les fulfureufes, & fur celles qui font chaudes, à moins qu'on 
ne penfat qu'elles fuflent dües, de même que les torrens qui 
ne coulent aufli que par intervalle, à des feux foûterrains qui 
trouvent dans ces cantons plus de matières propres à les en 
tretenir que dans les autres ; mais outre que la régularité avec 
laquelle ces fontaines coulent, eft une forte objection contre 
ce fentiment, la Suifle a peu de volcans ou d'endroits qui don- 
nent des marques de feux foûterrains : il y a bien, comme on 
Fa vû, des matières propres à en former, mais je ne fache pas 
qu'on ait jamais oblervé des uns ou des autres, fi ce n'eft 

ue M. de lIfle a marqué dans fa carte un volcan, qui, 
felon lui, s'eft allumé en 1714, dans un endroit peu éloigné 
de Sion dans le Valais. 

Ileft facile maintenant de faire la comparaifon que j'ai 
annoncée dès le commencement de ce Mémoire ; elle eft 
même en quelque forte faite par le détail où je fuis entré 
fur les foffiles des deux pays, & principalement par les cartes 
que j'en donne, pour la conftruétion defquelles j'ai été aidé - 
de la main de M. Buache comme pour celles dont le public | 
eft déjà en pofleflion : ces cartes font voir d’un coup d'œil | 
que les pierres talqueufes les fchites, les ardoïfes, les marbres, 
les criftaux , les bitumes, les métaux, &c. fe rencontrent en- 
femble au Canada comme en Suifle. Pour que la compa- + 
raifon eût été complète, il auroit fallu pouvoir déterminer 
sily a au Canada, de même qu'en Suifie , une étendue de 
terrein rempli de pierres crétacées où calcaires : les obferva- 
tions ne font pas encore affez multipliées fur ce pays pour 
qu'il foit poffible de bien éclaircir ce point. J'ai parlé, il eft 
vrai, de quelques pierres de cette nature, mais ces pierres 
font en fi petit nombre, qu'elles ne fufhfent pas pour jeter 
une certaine lumière fur cette queftion. Une note à mon 
Mémoire, que M. Gautier a bien voulu faire avec celles 
dont j'ai déjà parlé, pourroit cependant y donner un grand 


ten té née 


DES SCIENCES. 347 
jour. Les pierres calcairés ou pierres à chaux, dit M. Gautier, 
font répandues prefque partout : je ne connois point d’en- 
droit habité, où ceux qui ÿ demeurent ne trouvent des pierres 
avec lefquelles ils font de la chaux , tant pour bâtir leurs 
maifons que pour vendre ; mais comme le fpath dont il 
a été fi fouvent queftion dans la partie de ce Mémoire qui 
regarde le Canada , eft calcinable , qu’on s'en fert même pour 
faire de la chaux, fuivant une remarque de M. Gautier, que 
ce fpath eft très-fréquent, & fe rencontre aufli prefque par- 
tout, felon le même Obfervateur, il n’eft pas aifé de déterminer 
fi ce n'eft pas avec ce même fpath qu'on fait en partie la chaux 
qui fe vend & qui entre dans la bâtiffe des maifons. 

Je vais, à cette importante remarque de M. Gautier, join- 
dre quelques obfervations tirées du Père Charlevoix , qui 
pourront commencer à faire entrevoir qu'il.eft pofible que 
le Canada ait un pareil térrein , & qu'il pourroit fe faire qu'il 
y eût dans ce continent un où plufieurs cul-de-facs, comme 
il y en a un en France, un en Egypte & un en Suifle; 
(ce dernier pourroit cependant n'être qu'une continuité de 
celui de France, avec lequel ä auroit communication par la 
Lorraine, la Franche-Comté, la Souabe, comme je le ferai 
voir autre part). Ces efpèces de golfes font remplis le plus 
communément de pierres crétacées & de coquilles foffiles, 
qui y font très-abondantes, & plus qu’en tout autre terrein ; 
c'eft ce qu'il étoit prefque inutile de rappeler. 

Le fond de toutes les ifles des Martyrs eft un fable très- 
fin, ou pluftôt une efpèce de chaux calcinée & toute par- 
femée d’un corail blanc qui s’écrafe fans peine : une ifle qui 
eft le commencement des ifles Tortues, eft d’un terrein fem- 
blable; une autre à quelques journées de la baie des Apa- 
laches eft fableufe; Ja côte entre ces deux endroits eft plate 
& tellement pavée de caïlloux pointus, qu'à fix lieues au 
large un bâtiment qui ne tiroit que deux pieds d'eau, étoit 
à chaque inflant en danger de toucher & de fe crever : 
toute la côte depuis la baie des Apalaches jufqu'à Saint-Marc 
d'Apalache eft parfemée de bancs & de fables qui, pour la 

X x i 


348 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
plufpart, font couverts d’huitres, non fofliles fans doute : Saint= 
Joleph eft une côte plate d'un fable ftérile, le fort efl bâti 
dans le milieu de ce fable, qui eft fi mobile qu'on y enfonce 
aifément : le canal de Sainte-Role eft formé par l'ifle qui 
porte le nom de ceite Saime , & qui a toute cette longueur À 
mais qui el fort étroite & qui paroit toute couverte de 
fable ; le terrein y eft prefque aufii fablonneux qu'à Saint- 
Marc, mais pour peu qu'on y creufe on trouve de l'eau : 
le terroir de Penfacole ne paroïit pas meilleur; la côte depuis 
le Biloxi jufqu'au lac Pontchurtrain ,le Biloxi même , ne font 
que du fable. 

Lorfque j'ai cherché. fur une carte du Canada , ou pluftôt 
de la Louifiane, car ces endroits font de cette partie de la 
nouvelle France, à m’aflurer de la pofition de ces endroits, 
j'ai été aflez furpris de voir qu'ils étoient tous peu éloignés de 
la côte du golfe du Mexique : je l'ai encore plus été lorfque 
jai reconnu que les pierres calcaires, la marne & les pierres 
qui renferment les poulettes dont J'ai parlé au commencement 
de ce Mémoire, viennent de lieux aflez près de Québec, 
qui pourioit être une des bornes où le terrein à pierres cal- 
caires cefleroit: J'ai penfé dès-lors qu'il pourroit bien fe faire 
que le golfe du Mexique 1emplifle maintenant ce cul-de-fac 
dont j'ai parlé plus haut, qu'il n'y en ait du moins que 
très peu de découvert, & que cette étendue découverte fur 
laquelle on a quelques oblervations pourroit comprendre 
Montréal, qui, outre fa marne dont j'ai parlé, donne auffr 
des pyrites qui fe trouvent fur les bords des rivières. La ville 
des ‘L'rois-rivières , célèbre par fon fer, fon fable ferrugineux 
& par fes fources minérales de [a nature de celles de Forges 
en France, l'Ange-gardien , la Pointe-aux-trembles, une 
partie des environs du lac Champlain, peut-être un endroit 
qui eft quelques lieues au-delà du fort de la Mobile , où l'on 
prétend avoir découvert une carrière que je penferois être 
de pierres calcaires, à fa façon dont le Pere Charlevoix s'ex- 
prime, font encore renfermés dans cette étendue de terrein. 
Si elle exitte ; il faut que la Penfilvanie, la nouvelle York & 


PP SE CR 


DES SCrENCESs. 349 
la nouvelle Angleterre y foient en plus grande partié, au- 
tremient ce terrein auroit des contours infinis: il elt vrai que 
celui de la France, qui eft de cetie nature, en a beaucoup, & 
que je trouve de plus en plus que ces contours fe multiplient ; 
il en pourroit bien êue ainfi dans le Canada & dans la Loui- 
fiane. H ne faut pas defefpérer qu'on ne puiffe un jour décrire 
ces contours, il ne s'agiroit pour cela que de marquer exac- 
tement tous les endroits qui peuvent avoir des carrières, 
& de bien caraérifer la pierre dont elles font compoltes, 
d'examiner les coupes des montagnes, de les décrire, d'entrer 
même dans le détail des glaifes, des marnes , des fontaines 
chaudes ou froides, des différens cailloux, en un mot de 
tous les minéraux, & même des coquilles fofiles. 
Il paroiït par le peu que j'ai rapporté de ces coquilles, que 
le Canada en peut renfe:mer de différentes efpèces: il feroit 
curieux de les bien caractérifer, & de mettre par-là en état 
de déterminer fi elles font femblables à celles d'Europe. La 
poulette flriée dont j'ai parlé*, n'a paru peu différente de» 75y. ptmete 
celles qu'on trouve en France. J'ai vü chez M:rs de Juffieu 47 fe. 2. 
une empreinte de fougères fur une ardoife de l'ifle Royale, 
qui ne me paroît pas différer beaucoup de celles de notre con- 
tinent. J'aurois bien defiré pouvoir comparer ainfi une groffe 
dent foffileb d'un endroit qui eft marqué dans les cartes du # #2 planches 
Canada, fous le nom de canton où lon a trouvé des os PRE, 
d'éléphant ; muis de quel animal efl-elle? & refiemble-t-elle ’ 
aux dents foffiles de cette grofieur, qu'on a trouvées dans diffé- 
rens endroits de l'Europe ? ce font:là deux points qu'il ne 
m'a pas été poflible d’éclaircir ; la figure que j'en donne, & 
les recherches qu'on pourra faire par la fuite fur ces dents, 
nous donneront peut-être quelques lumières: voici déjà ce 
que M. Gautier dit dans une remarque fur mon Mémoire, 
« Tous ceux qui ont été dans cet endroit, rapportent, 
qu'on y voit des fquelettes ou offemens de: ces animaux, & « 
que les fqueleties font prefque complets : on ne fe charge « 
ue des dents, parce que ce font-là les feules pièces qu'on « 


quille ailément tranfporter ; les autres os font trop monf- « 
X x ii 


» 


» 


“V. planche 
JII , fig. 2. 


350 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE 
trueux & trop confidérables. Ils difent de plus que ces offe- 
mens font dans un cul-de-fac formé par deux montagnes, 
& que le {ol ou la fuperficie de ce cul-de-fac eft un marais 
rempli de terres grafles, de différentes couleurs. Au refte , con: 
tinue M. Gautier, le Père Bonecamp, Jéluite, doit aller dans 
cet endroit, & il nous apportera le deflein de ces offemens 
& du terrein où ils font , conformément au Mémoire que 
je lui ai donné: s'il defline exaétement toutes les parties de 
ces offemens, on faura de quels animaux ils font. » 

J'aurois encore defiré de ne laifer aucun doute fur un foffile 
encore plus rare & plus curieux que les précédens, c'eft une 
empreinte de papillon * qui s’'eft moulé für une mauvaife 
ardoife d’un brun rougeûtre des environs du lac Champlain : 
cette empreinte efl très- exacte, le papillon y paroît les aîles 
déployées ; on y voit diftinétement la féparation du corps 
avec le corcelet & la tête, on remarque même fur cette 
dernière partie les éminences formées par les yeux qui fail: 
lent ordinairement dans ces infeétes, enfin il n'eft pis pof 
fible de fe tromper fur la nature de cet animal, on peut 
même déterminer qu'il eft de ceux qui ne volent que la nuit, 
& il me paroït avoir beaucoup de rapport avec celui qui 
vient d’une efpèce de chenille arpenteule, & qui eft figuré 
(planche xX1x du tome 11 de Y'Hifloire des Infeétes, par M. 
de Reaumur) & décrit page 365. Le fommet de l'angle 


* des premières aîles lorfqu’elles font développées , comme dans 


l'empreinte, fait un angle droit avec le point où elles font arti- 
1EmpP ; 

culées, & non un angle aigu, comme dans les autres papillons, 
de forte que la tête ne fort pas en dehors dans les premiers autant 

q sdb 
que dans ceux-ci. Des obfervations fur le lieu où l’on trouve ce 
foffile feroient d'autant plus intéreffantes, qu'on ne trouve pas 
. . , .P 2. » P 

ordinairement d'empreintes d’infesles terreftres , fi ce n’eft dans 
Jambre, où fouvent même l'infeéle eft confervé & comme 
embaumé, ce qu'il ne feroit peut-être pas impoffible de trou- 
ver dans lardoile du lac Champlain : en un mot, il réfultera 
de ces obfervations & de celles qui pourront être faites fur 
le terrein du Canada, plufieurs avantages; on connoîtra ces 


de 1". 


DE suSre TE N CE Ss 35T 
animaux & ces coquilles foffiles , connoiffancé qui pourra 
éclairer fur la formation des pierres mêmes ; on déterminera 
V'étendue du terrein marneux , & on augmentera nos con- 
noiflances fur l'autre partie de ce continent, qui, quoiqu'un 
peu plus connue, exige des recherches multipliées, pour que 
fa delcription ait un certain degré de perfection. 

H faudroit , pour cet eflet , favoir de quelle nature font les 
pierres qui fe trouvent dans les endroits où il y a de ces 
mines, quoiqu'on ait lieu de penfer par celles qu’on connoit, 

w’elles font femblables ou peu différentes de celles-ci: il fau- 
droit de plus obferver les pierres qui fe rencontrent dans les 
lieux qui font entre ceux où l'on en a remarqué, lier ainfi 
ces diffirens cantons, & en faire une fuite continue; par-là 
on verroit fi on peut y diftinguer différentes bandes de ter- 
rein. Il me paroit, comme je f'ai dit, que le Canada eft, en 
grande partie, d’une bande fchiteufe, peut-être eft-il auff 
d'une marneufe, & la quantité des bancs de fable du golfe 
du Mexique feroit penfer qu'il pourroit y en avoir une 
fablonneule qui s’étendroit jufqu'à ce golfe. 

En effet, outre les endroits fableux que j'ai déjà indiqués, 
il y a à l'embouchure du Miffifipiune barre confidérable de 
fable & de vale ; f Acadie a devant elle plufieurs bancs confi- 
dérables qui ne font auffr que de fable, tant du côté de la baie 
Verte que du côté de Beauféjour où Galparo ; il y a même 
une ifle proche ces bancs, qui en tire fon nom, de méme 
qu'un cap de ce canton. L'ifle de Terre-neuve eft couverte 
auffi par quelques bancs femblables : un qu'on appelle grand 
banc de Terre-neuve, vaut par fon étendue tous les autres. 

Je ne donne cependant tout ceci que comme des conjec- 
tures qu'il feroit curieux de vérifier ; il faudroit même porter 
ces vües jufque fur les ifles qui peuvent être difperfées dans 


le golfe du Mexique, faire ufage des fondes * qu'on pourroit: 


* Le Père Laval, Jéfuite, habile | une carte de cette côte, inférée dans 
Mathématicien,nous ena donné pour | l’ouvrage qu'il a compofé pour le 
la mer qui eft bordée par la côte de | voyage qu’il avoit fait dans ce pays. 
Ja Louifiane: il les a marquées dans | I] a parlé dans une note de ce 


% Voyage de 
Louifiane , pags 4 
2$2: 


352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

y jeter, on acquerroit ainfi quelques connoïflances fur 
le fond de ce golfe. Ces obfervations, il eft vrai, font dif- 
ficiles à faire, il fera fans doute plus aifé de déterminer fur 
la terre ferme fa direction que ces terreins peuvent avoir : je 
crois que fi jamais on cherche à s'aflurer de ce point, on 
trouvera que le terrein de pierres calcaires s'étend peu dans 
le continent du Canada , & que ce pays eft prefque tout dans 
une bande fchiteufe ou métallique, en le prenant même 
depuis fon exiremité nord jufqu'à celle du fud. Si fon s'en 
teuoit aux oblervations des voyageurs qui en ont donné, prin- 
cipalement fur les mines de la Louifiane, & qui font pour 


que douze de ces fondes avoient ap- | Père Charlevoix , s’étendroït dans 
-porté. À 90 brafles on avoit eu deux | Ta mer à plus de vingt lieues; une 
fois un fond de vafe srife & fine; | des fondes, de 90 brafles, & qui 
à so, de fable fin mélé de vale | eft la plus éloignée, l'étant de cette 
fine; à 35, de eros fable gris; à | étendue ouenviron d'une des pointes 
30, de gros fable ; à 28, de fable | qui forment la baie Sainte-Rofe. 
gris vafeux ; à 25 , de fable noir ; On trouve dans le corps de lou- 
deux heures après, méme fond de | vrage du Pere Laval, plufeurs au- 
fable fin gris, mêlé de coquillages; | tres fondes qui pourroïient venir à 
à 22, de gros fable gris, mélé de ro- | lappui de celles-ci. Cet ouvrage cu- 
che pourrie rouge ; à 17, de fable | rieux , à plufeurs égards, en fournira 
gris vafeux ; à 16, de fable fin va- | plus d’un exemple, comme aufli de 
feux ; à 14, de fable blanc; à 7, | cette règle, peut-être générale, que 
de fable fin & de vale. les fondes les plus éloignées de la 
Les fondes de 16,22,30,35$, | terre fontles plus profondes , à moins 
90 brafes , font prefque fur lamême | qu'il n’y ait des bancs ou des écueils 
ligne du nord au fud, & à peu prés | cachés fous l'eau, qui alors chan- 
vis-à-vis de la baie Sainte-Rofe; la | gent cet ordre, ou pluitôt le confir- 
fonde de 14 braffes eft dans l’aligne- | ment, puifque ce font des conti- 
ment de l'ifle qui porte le nom de | nuités de la terre ; ce que le Père 
cette Sainte ; celle de 28 brafles | Laval * a très-bien reconnu en par- 
regarde la pointe de la Mobile; celle | lant de la pêche du corail qu’on fait 
de 75 brafles, l’ifle Dauphine que le | fur les côtes de Provence. « Le fond 
Père Laval aflure dans plufieurs en- | dela mer, dit-il, obfervant la mê- « 
droits de fon ouvrage n'être qu'un | me figure que la côte , on doit « 
amas de fable fans pierres, ni cailloux, | fe perfuader qu'il y a des collines, «e 
ni rocailles. Les autres fondes font | des vallons, des rochers comme « 
plus ou moins près de celles-ci , & | furterre; c'eft dans ces vailons, «e 
éloignées de quatre, cinq, quinze ou | que les pêcheurs connoïffent & «e 
yinet lieues les unes des autres. où ils jettent leurs filets, qu'ils « 
Il fmbleroit donc que le terrein | trouvent les branches de corail « 
fableux de la Mobile, de Penfacole, | qu'ils tirent avec adrefle. » 
de la baie & de l’ifle Sainte-Rofe 
dont on a parlé plus haut, d’après le 


oo 


»* Recueil de divers Voyages , p. 142 , à la fuite du 
yoyage de la Louifiane, 


la plufpart 


smtebé À és mue 


MONS IS CT EN :CHEUS. 53 
% plufpart marquées dans la carte que M. de TIfle a faite 
de ce pays, la Louifiane y feroit en total ou en grande 
partie renfermée; je crois même que l'Acadie , 'ifle de 
Terre-neuve en dépendront également : on connoït plufieurs 
mines de plomb & de cuivre dans l'Acadie, & je ne fais 
que la Pointe blanche & Canfeau, où il y a du plâtre, qui 
puiflent faire penfer qu'elle peut appartenir par quelque 
endroit au terrein marneux. 

I ne feroit pas impoffible, au moyen des obfervations qui 
ent été recueillies fur les autres continens voifins du Canada, 
‘de démontrer que l'un ou autre de ces terreins s'y étend 
de part & d'autre: on fait même en général que le Mexi- 
que eft riche en mines, & fi on réunifloit ces obfervations, 
on pourroit acquerir quelques connoiffances de détail. Je 
n'ai pas encore entièrement exécuté cette recherche ; il me 
fera plus facile, avec les ouvrages de M. Anderfon & Ellis, 
de lier le Groenland avec le Canada, où du moins de faire 
entrevoir que cette liaifon eft poflible , les obfervations n'é- 
tant encore qu'en très-petit nombre. vx 

Suivant M. Anderfon, « le terrein des vallées de la côte du ie 
détroit de Davis eft une efpèce de tourbe, qui eft fort grafle « &c. p. jo, 
par la fiente des oifeaux dont elle eft prefque eouverte: on « ts 
trouve quantité de mines d’amianthe dont les veines font « madué. fran- 
aflez larges, & le lin fort long, mol & d’une blancheur « Re 
parfaite. Il paroît extraordinaire que ce minéral fe trouve en « 
plus grande quantité & dans fa plus pfaite bonté dans les « 
pays les plus reculés du Nord. Quantité d'autres montagnes « 
renferment dans leurs entrailles une efpèce de pierre molle « 
qu'on appelle weckfleen, qui, felon M. Egede, n'eft autre « 
chofe qu'un marbre imparfait ; il y en a de.toutes fortes de « 
couleurs, comme du rouge, du verd, & mème du blanc « 
tacheté de noir: cette dernière efpèce eft plus enfoncée dans « 
les montagnes, & comme elle eft aifée à travailler, les Sau- « 
vages en font leurs lampes & autres uftenfiles de ménage. « 

Cette mème pierre fe trouve auffi en grande abondance dans « 
la Norwège, & les morceaux qu'on en a envoyés, dit « 


ÂMém. 175 2 Y y 


Voyage de 
{a baie de 
Hudfon, pp. 
14 T1, 
tome 1, trad. 
franç. in-3 2» 


31749 


s4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rovyare 

» M. Anderfon, font gris & luifans; ils tiennent même de fa 
» nature du talc, & reflemblent beaucoup à cette pierre que les 
» mineurs Norwégiens appellent grauglimmer, & les nôtres 
» greifgeflein; mais ils ne font pas ft durs, &c ils approchent 
» plus du talc par la quantité des petites écailles. 

» La reflemblance que cette pierre a avec celle des mines de 
» Norwège, & la fingularité d’une autre que je n'ai pas vüe, 
» mais dont on m'a dit, continue M. Anderfon , qu'étant frap- 
» pée elle fonnoit comme une cloche, me fait préfumer qu'il 
» doit y avoir de bons métaux, & probablement du cuivre & 
» de l'argent, d'autant plus que je fais de bonne part que ces 
» pierres paroiflent en certains endroits teintes de verd & de 
» bleu. Le fieur Egede, dans la Relation de fa Miflion {page 
» 239) dit avoir trouvé un morceau de pierre qui reflem- 
» bloit à la mine de plomb. Tout le Groenland eft parfemé 
» de mines de fer, mais quel eft le pays où il ne s'en trouve 
» pas? ainfi il n’eft pas étonnant que felon le rapport de M. 
» Egede /page 84) on ramafle fur le golfe Junnulliarbik une 
» efpèce de couleur ou pierre rouge; dans d'autres endroits 
» (page 87 ] une couleur jaune parfemée de veines rouges qui 
» reflemblent au vermillon ; & dans d’autres encore {page 2 0 3) 
» une belle couleur rouge foncée. M. Egede fait encore mention 
» (page 1 65) d'un échantillon de charbon de terre, que ceux 
» qui avoient été envoyés pour reconnoître les environs de la 
» baie de Difco, rapportèrent à Copenhague. Dans l'endroit 
» à peu près où l'on place ordinairement le détroit de Fro- 
» bisher , il { trouve une fource d'eau minérale, qui, felon le 
» rapport des Groenlandois , eft fi chaude en hiver, que de 
» gros morceaux de glace qu'on y jette fe fondent fur le champ ; 
l'eau a le goût & l'odeur extrémement forts. Voyez M. Egede 
à l'endroit cité /page 79 ). » 

Le détroit de Frobisher a des pierres talqueufes , à en 
juger par ce que dit M. Ellis. « Parmi d'autres curiofités 
» que Frobisher rapporta de ces pays, dit cet Auteur, il fe 
» trouva un morceau de pierre noire, qui fut donné comme 
>» une chofe de nulle valeur à une femme d'un des intérefiés. 


w 
ÿ 


DES SCIENCES. s 
Elle s'avifa de le faire rougir au feu, & l'ayant éteint dans « 
Je vinaigre, elle y remarqua des points brillans comme de « 
l'or : on eflaya la pierre, & les raffineurs {a déclarèrent pour « 
une mine d'or. On fit bien+ôt des préparatifs pour un fecond « 
voyage, dont on conçut de grandes efpérances : dans ce voyage « 
Frobisher fe contenta de prendre à bord environ cinq cens « 
quintaux de cette prétendue mine d’or, qu'on trouva depuis « 
m'être bonne à rien. » r Î 

Frobisher fut féduit par l'apparence; il lui arriva ce qu'é- 

prouvèrent ceux qui firent les premières découvertes dans 

l'Afrique , ils crurent que des pierres qui avoient auffi des 

points brillans de couleur d'or ou d'argent , contenoient 

Jun ou l'autre de ces métaux : les expériences prouvèrent que ce 

. n'étoit que du talc, & je crois qu'on doit penfer ainfi des 

pierres & du fable du Groenland. Au refte, ces obfervations 

font fuflifantes pour prouver le point en queftion , favoir, que 

le Groenland, du côté au moins du Canada ; €ft un terrein 

femblable à la partie de ce dernier pays qui forme la baie 

d'Hudfon. 
Pour le prouver, il ne s’agit que de rapporter ce que M. 
Ellis dit de ce pays. « Quant aux minéraux, dit-il, il eft 


Ibid. pages 


certain qu'il s'en trouve ici des quantités prodigieufes de dif. «77 74. 


férentes efpèces : j'ai trouvé moi-même de Ja mine de fer , « 
& on m'a afluré qu'on voit par-tout de la mine de plomb « 
fur la furface de la terre à Churchill, fans parler d’une mine « 
de cuivre extrêmement riche, dont les Indiens feptentrionaux « 
apportent fouvent des morceaux tels que j'en conferve un « 
dans mon cabinet : on y trouve de même différentes elpèces « 
de talc & le criflal de roche de plufieurs couleurs, princi- « 
palement du rouge & du blanc ; e premier reffemble au rubis , 
mais le dernier eft plus gros, fort tranfparent & formé en « 
prifme pentagone. On rencontre dans les diftrids fepten- « 
-trionaux une fubftance qui reflemble à nos charbons, & « 
qui brûle de même. L’afbefte ou lin incombuftible eft fort « 
commun ici, aufli-bien qu'une efpèce de pierre noire unie « 
& luifante , qui fe détache aifément par feuilles minces & « 
Yyi 


Voy: de la 
Baie de Hud- 
fon , some 1, 


page 125, 


Idem, 1ome 
I, p.41. 


Tbd' pi 74: 


\ 


356 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
» tranfparentes, qui reflemble beaucoup au verre de Molfcovie',. 
» & dont les gens du pays fe fervent en guife de lunettes d'ap= 
» proche : on y trouve encore diflérentes efpèces de marbres,. 
» dont les uns font parfaitemens blancs, & les autres tachetés 
de rouge, de verd & de bleu. » 

La conformité de ces deux paffages eff fi grande, qu'elle 
ne peut laiffer aucun doute fur da reflemblance des deux pays 
dont il s'agit ; il feroit feulement à fouhaiter que ces Auteurs 
euflent défigné en particulier les endroits où on a oblervé les 
uns ou les autres de ces minéraux, on pourroit par ee moyen plus 
aifément voir la continuité qu'il y a entre eux : il eft vrai que 
cette façon générale de parler femble annoncer que ces diffé- 
rentes matières y font abondantes, qu'elles forment le fond: 
du terrein de ce pays, & que les variétés qui peuvent y: 
être ne font pas-eflentielles. M. Ellis nomme cependant quel- 
ques-uns de ces endroits. 

« Les environs de Deer-fond ou Sond des-bêtes-fauves ; 

» font fort montagneux, ftériles & entre-coupés de rocs dont 
» la pierre reflembleau marbre. À trois lieues du continent, vis- 
» à-vis de Brook cobham , il y a une ifle qui eft prefque toute 

d'une pierre: blanche & dure, qui reflemble à du marbre : » 

L'ifle de Marbre étoit connue depuis fong tems pour en être 

prefque entièrement compofée, elle ne tenoit fon nom que 

de là. M. Ellis confirme ce fentiment & dit, « que tout le 
» terrein n'eft qu'un roc continué d'une efpèce de marbre dur 
» & blanc, picoté en certains endroits de taches de différentes: 
>» couleurs, comme vertes , bleues & noires... L'eau qui fort 
>» en différens endroits des fentes de ces rochers, fait penfer 
» qu'il pourroit bien y avoir quelque mine de cuivre ou au- 
“tre; car on la trouva, dans un endroit verdâtre, ayant un 
» goût de verd de- gris, & dans un autre parfaitement rouge , 
» teignant même de cette couleur les pierres par où elle pafloit. 
> Le terrein des endroits méridionaux dela baie d’Hudfon où 
»: M. Ellis hiverna, c’'eft-à-dire, les environs de la rivière des 
» Hayes du côté du fort York, eft couvert fur la furface d’une: 
» terre légère , noire, fous laquelle il y a des couches de terres 


DIFEMISNo: TE N: CES, 357 
glaifes blancheîtres , jaunes & de plufieurs autres couleurs : 
environ fept lieues du fort, il y a un grand diftriét couvert 
de pierres, parmi lefquelles on trouve une quantité confidé- 
rable de pyrites parfaitement rondes, & à peu près de Ja 
forme d'un boulet de canon de fix livres. » 

Cette dernière obfervation pourroit peut-être faire croire 
qu'elle annonce une différence de terrein effentielle, mais j'ai 
dit que les glaifes fe trouvent dans toutes fortes de pays, & les 
pyrites par conféquent, puifqu'il n'y a guère de glaifes où il ne 
s'en forme. Cette obfervation n'a donc rien d'oppofé à ma 
prétention; au contraire, cette terre noire femble lui être f2- 
vorable , & il paroïit de même, qu'en Groenland cette terre 
fe rencontre en plufieurs endroits: le terrein des vallées du 
cap Fry eft d’un fol pareil ; les collines du cap même étant 
vüûes d'une certaine diftance de la côte, paroiflent d’une 
couleur rougeñtre & très-unie, mais fériles, avec plufieurs 
lits de fable. Au nord de la baie, à 654 s’ de latitude, fur la 
côte occidentale du Welcome, il y a un pays affez fem- 
blable à celui du cap Fry : la montagne Raleigh, qui eft 
dans la rade Totnefl, dont la côte feptentrionale fe nomme: 
cap de Dyer, & la méridionale cap de Walfingham , 4 fes. 
pentes de couleur d'or. 

Voilà les petites variations qu'on peut extraire de l'ouvrage 
de M. Ellis, encore n’en font-elles pas, & Îa couleur de 
cette dernière montagne n'eft-elle peut-être dûe qu'à de {a 
glaife d'un beau jaune, ou à du talc, ou à des pierres tal- 
queufes. Concluons donc que le terrein de fa baie d'Hudfon 
eft femblable à celui de la côte du Groenland , qui borne 
le détroit de Davis, & que l'un & l'autre conviennent avee 
le refte du Canada, qui eft un pays fchiteux. 

Je pourrois encore rapporter en preuve pour celui de Ja 
baie d'Hudfon , la hauteur de fes montagnes, qui font rem- 


plies de rochers efcarpés, comme le font ordinairement celles 


qui renferment des mines autres que celles de fer. Le pays 

eft fort élevé tout le long de la côte de la baie de Baffin, 

du détroit d'Hudfon, &c, IA y a des rochers qui s'étendent 
; Y y ii 


Le 


ñ 


cc 


c 


LS 3 


358 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
deux ou trois lieues dans la mer, du côté de l'ifle Centry. 
Les ifles Biby, Merry, Jean, de Corbet , la baie de Ran- 
chin, les environs du cap Jallabert & de Fullerton , la côte 
au nord de ces caps, font tous couverts de rochers ; le port 
de Douglas eft entouré de plufieurs ifles fort élevées & rem- 
plies de rochers: la côte peu éloignée de la cataracte du haut 
de la baie de Wager en eft hériffée ; la plus grande partie du 
pays des Efquimaux n'en eft qu'une chaîne: je pourrois, 
fans trop vouloir prédire, avancer que ces rochers, ceux du 
moins du pays des Efquimaux , font de pierres talqueufes, puif- 
ue j'ai dit en décrivant les pierres du Canada, qu'il y en avoit 
de femblables dans la côte de Labrador en tirant vers la baie 
d'Hudfon , dans les cantons des Efquimaux. Il faut outre cela 
que le pays des Efquimaux renferme de la pierre ollaire, 
puifque ceux de ce pays qui habitent le long de la côte du 
nord en allant à a baie d'Hudfon, & qui viennent réguliè- 
rement tous les ans à {a baie des Châteaux, ont des vafes de 
pierres dans lefquels ils font bouillir leurs alimens : peut-être 
auffi que ces peuples tirent ces vafes du Groenland ; c'eft ce 
que M. Gautier, de qui je tiens cette remarque, n’a pu appren- 
dre, n'ayant pas même encore eu de ces vaifleaux. 

On ne doit donc pas trop refufer de croire qu'en général le 
terrein eft d’une même nature dans prefque tout le Canada, que 
c'eftun pays à mines , que la comparaifon que j'en ai faite avec 
la Suifle peut fe foûtenir , que les pierres font les mêmes, 
que les montagnes y font hautes & efcarpées ; on peut même 
ajoûter qu'on y voit des cataractes confidérables , que les rivières 
y ont fouvent des fauts, & que le Canada, malgré ces marques 
d'un pays peu cultivé ,eft un pays aufli ancien que la Suifle, 
qui, quoique plus habitée & cultivée , n'eft pas moins affreule 
par {es irrégularités & par les difficultés qu'on y rencontre. 

Quoiqueje pufle regarder ces différens points comme autant 
de vérités , j'avouerai cependant que tout ce que j'ai dit du 
Canada dans ce Mémoire n’eft qu'un eflai, qu'une annonce 
de ce qu'il y a à faire , que des vües à remplir. S'il fe trou- 
voit fouvent dans ce pays des hommes femblables aux deux, 


DAEUSES CT EN GE Ss. 359 
à qui j'ai obligation des obfervations que j'ai rapportées , il y 
auroit lieu d'efpérer qu'en peu de temps nos connoiflances 
s’augmenteroient confidérablement. Le Canada en pofède 
encore un dans M. Gautier, Médecin du Roi à Québec, où 
il eft auffi eflimé par fon habileté dans la Médecine, qu'il 
'eft de l'Académie par fon zéle defintéreffé à communiquer 
fes obfervations à plufieurs de fes Membres. M. Gautier 
m'en fait errcore efpérer de nouvelles; celles qu'il m'a bien 
voulu facrifier , & qui font une partie de celles que j'ai rap- 
ortées dans ce Mémoire, ne me laiflent aucun doute fur ce 
qu'il peut faire d'excellent en ce genre : je dois les autres à 
M. le Comte de la Galiffoniere, qui , dans un temps où il étoit 
occupé à procurer la paix & la tranquillité à Québec alarmé 
par les ennemis qui fembloient vouloir l'attaquér, ne Jaïffa 
pas de tourner fon attention fur les avantages qu'on peut 
tirer du pays même dans un temps de paix. M. de la Galif- 
foniere fit ramafler quantité de différens minéraux dont 
il a bien voulu me gratifier, en me donnant même l'efpé- 
rance qu'il continueroit à me communiquer toutes les connoif- 
fances qu'il pourra acquerir au moyen des correfpondances 
qu'il a dans ce pays, que l'utilité de fes habitans & de 
toute la France même lui empêchent de perdre de vüe, 


EXPLICATION DES FIGURES. 


PTAUINIC HUEANE 


La figure repréfentée dans cette planche eft celle de l’empreinte 
d’un poiffon, qui pourroit être une Murène. Cette empreinte s’eft 
faite fur une ardoile de Blttenberg du canton de Glaris en Suifle, 

Cette empreinte a plus de treize pouces de long ; on y compte 
celle de trente-cinq arêtes 4, A; plufieurs de ces arêtes font 
caflées en deux, comme on le voit en 2, B: les arêtes des 
nageoires s'y voyent aufli. On a marqué C, €, C, celles de la 
nageoire fupérieure ou du dos; celles des nageoires latérales &- 
antérieures ou qui font proches de fa tête, & qu’on à nommées 
efpèces de barbillons en décrivant cette empreinte dans le corps du 
Mémoire, font défignées par D, D. 


Ke: MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE 
Pr kmCir EL 


Cette planche fait feulement voir la contre-partie de l'empreinte 
de la première planche ; on y diftingue les mêmes parties, & on les 
a défrgnées par les mêmes lettres. 


Pr AN CU EE CUITE 


Figure r. Dent d’une groffeur confidérable, qu'on trouve en Ca- 
nada : cette dent a plufieurs tubérofités 4, 4, À, &c. qui affectent 
Ja frgure conique , elles forment la partie fupérieure ou le corps de 
Ja dent. La racine fe divife en deux parties ou deux crocs P, PB; 
ces crocs font relevés de plufieurs crètes €, €, qui ne font appa- 
remment faites que pour multiplier les furfaces, & par conféquent 
l’adhérence de fa dent avec l’alvéole. 

Figure 2. Pierre de la nature du fchite, où l'on voit d&ux em- 
preintes D, D, d'un papillon noéturne, & plufieurs autres Æ, £, £, 
&c. qui font peut-être celles de quelques parties d’entroques ; elles 
font voir un ou trois petits points dans leur milieu : une autre 
marquée F montre deux lignes qui fe joignent 2pAl pres dans fon. 
centre, où elles forment un angle aigu. 


Pétarnicméet lv: 


La figure première repréfente I dent gravée, planche troifième, 
& vüûe par fa face poftérieure ; on y a ‘défigné les mêmes par- 
ties par les mêmes lettres. Cette figure ne fait voir de particulier , 
qu'une divifion du principal croc, qui fe fépare en une petite 
portion D qui eft cependant attachée avecde maître croc. Celui-ci, 
comme le fecond , femble n'être qu’un compolé de plufieurs petits 
crocs réunis He & qui répondent à chaque tubérofné du 
corps de Ka dent, &il paroïît que celui qui eft détaché eft fem- 
blable aux autres. 

La figure feconde eft un morceau de pierre où il y a deux em- 
preintes E,F, d'une poulette ftriée, qui eft aufli du Canada, 


© 


y 


OBSERVATIONS 


0 
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La 
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CE 


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Mem.. de ra de 


E7] 217 20 20 30 


A 


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Gyps on Pltr. “e 
Huile de Fetrole 
Lac Lunæ 


Marbre 


Marcassie Ferrugineuse 


Wilre ou Salpetre 
Ocre ou Fer dissous 
Or 

Or roule’ 


Osteocolle ouPrerre que lon | 


prétend briser les Os 
Pierre Blanche 
Pierre à Chaux 
Pierre à Aiguiser 
Pierre à Meule 
PierreNephr. elique 


Pierre Ollaire 
Qi are Te uUeEuUse. 
SE “2 Plomb 
à ? Quark 
5 Sable 
9 JSuste 


tation des € ar sac 


es Sc. 1742 P: 360. 
aux rachis et pour ün Memoire deM Guetta: d en 1-52 PAIE 


g 40 


47 


\ Explication des Caradieres 


0 Fu E “anti 


CARTE MINERALOGIQUE DE LA SUISSE par Enpe Buache pour Sei aux recherc 


90 @ 72 o 
4 Éd L = 


50 


27 


hes el pour un Memoire deM CGucitæd en 1762 


Mem.de Lac. des Sc17%2 p: 360 
PL, HI 
ie 


2 


Suite de LExplication des Caracter: sl 
@ Albitre À  Gupsou Platre 
9  Alun de Auille de Parole | 
ÂÜ 8 Amiante D Laclune 
Lo Anlimoine S arbre 
battu Ardrire ru MarcassiteFerruaineure (Léo 
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à Argentjoint® Etain S Marne Fierreuse l 
2 Han / ÿ Mercure 
[+ Bye. rolüle coeleayet SE : 167 Mitre ou Sapare [ 
Bo Gullou opaque ouPirre y Fusil ant Dere ou Ter disrous | 
A — < se pr a. ee Er | 3 2e £ [ 
— Callou transparent È 3 ; vogen RÈ Or rou 
à Charbon de E ÿ L "7 $ DST ©s Ostercoll ouPiere quel | 
> Coquil k rAfpk pc A à préterul briser les Os 
Ex Marins fossiles TE 2e Sn ER, EX, © PierreBlanche fl 
£$ Cristal = RS a) Mo) UE) + Pire à Chaux 20 
Q Cuivre ; is 7% D @ Pérre à Aiouiser i 
[| 4 Æhun = - Ty me e Pierre à Meule 
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Licues commmmes des Pair de la Susse 


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_ Mem de l'AcR. des Se1752 Pay 60. PL 9 


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Echelle des Pouces 


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Mem. de l'Ae.R. des J'e.1762, Pag, 360 ?1,10. 


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Hem. de Lite der Se.175a Pag. 360 Pl10 


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52, Pag, 360 Pls2 


7 


Mem. de lAe.R. des Se,r 


Mem. de UAc R. der fe.1752, Pay. 360 Plra 


A gran Seul: 


Des Sciences 36r 


OBSERVATIONS 
BOTANICO-METEOROLOGIQUES, 


Faites au château de Denamvilliers, proche Pluviers 
. en Gätinois, pendant l'année 175 1. 


Par M. pu HAMEL. 


AV E RGUI)S SEM E N\T: 


: 5 Obfervations météorologiques font divifées en fept 
colonnes, de mème que les années précédentes. On 
_s’eft toûjours fervi du thermomètre de M. de Reaumur, & 
on part du point zéro, ou du terme de la glace: la barre à 
côté du chiffre, indique que le degré du thermomètre étoit 
au deflous de zéro; quand les degrés font au deflus, il n'y 
a point de barre; —o défigne que la température de Fair 
étoit précifément au terme de la congélation. 

H eft bon d’être prévenu que quand il a fait chaud plu- 
fieurs jours de fuite, il gèle quoique le thermomètre placé 
en dehors & à l'air libre marque 3 & quelquefois 4 degrés 
au deffus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la 
boîte du thermomètre ont confervé une certaine chaleur ; 
c'eft pourquoi on a mis dans la feptième colonne, Gelée. 


Les Obfervations ont été faites à huit heures du matia, 
à deux heures après midi & à onze heures du foir, ’ 


Mén. 1752, Zz 


362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
TAN VITE. KR 


| 


Jours THERMOMÈTRE. 
du | VENT, | a | Baromètre ETAT PDU NC IEL. 
Mois. Matin | Midi. | Soir. 
FIGE Dègrés. | Degrés.| Degrés.\poue.  lign, RU RE LULU 
I | N. I rl o |28. o |couvert & brumeux, 
& N. I 2 1 |27. 9 |fombre. 
3 N. o 3 |—1 |27. 9 |beau, gelée blanche. 
4" LIN E (0) 3 © |27. 8 |beau, gelée blanche. 
s | NO (e 3 s |27. 6 |couvert, gelée blanche. 
6 S. $ 7 7 |27. 1 [variable & humide. 
7 S. 7 8 7 |27. s |couvert & humide. 
$ S! 7 4 41|2 . 2 |grande pluie. 
NS AO: 4 s 3 |27. 6 |couvert & pluvieux. 
TON RSME 1 S s |27. 3 [gelée blanche. 
11 S. 6 8 7 |27. 1 |variable & pluvieux. 
12 5: F4 8 8 |27. o |variable & pluvieux. 
13 Se 7 9 8 127. o ldoux & variable fans pluie. 
14 E. 7 9 61:\26. 11 |beau & variable. 
A 15 Se 7 9 5+126. 2 |beau & variable, 
16 S. 4 7 6 |26. $ |beau temps. 
00 NET (OX, 4 7 s |26. 5$ |pluie & grand vent. 
18 SNO: I 4 1 |26. 8 |brouillard, gelée blanche, 
19 N. O. I 4 3 126. 6 [gelée blanche. 
20 S. 3 7 21136. 6 |variable & pluie. 
2x N. ONE 2 |26. 8 |beau, gelée blanche. 
22) N. o |[—21|—21|:6. ro |couvert, brouillard puant. 
23 S — 413 |—3 |26. $2+|neige & pluie. 
24 S- 3 6 1 |26. 5 £|beau & froid. 
2$ DE 3 4 3 |[26. 14|grande pluie. 
26 | S. O. e) 3 1 |26. 3 pluie & givre. 
27 | S: 0: I 3 [—11]26. 8 +|beau avec nuages. 
28 EF; —3i| o |—7r1 |26. 6,|beau , "gelée blanche. 
20 NS. E- 3 6 6 |26. 21|variable. 
30 S: 1 8 4 |26. 4 |ouraoan. 
31 N. I 34l—1 [26 5i brouillard & variable. 


#4 


D di 


Le. itre tint 


PRE: SANOLCONE NuCHE Sc 11 367 
Quoique les pluies n'aient pas été continuelles, le ciel 
a prefque toüjours été couvert, & de temps en temps il eft 
tombé des pluies abondantes ; cependant il n'y a pas eu beau- 
coup de marres dans les champs , parce que la terre étant 
foûlevée par les petites gelées, l'eau y pénétroit; mais fa 
terre étant molle comme de la pâte, les chemins étoient 
très-mauvais. 
L'humidité de l'air le rendoit incommode , mais les gelées 
n'ont point été fortes, puifque le thermomètre n'a pas def- 
cendu à 4 degrés au deflous de o. 


L'élévation du mercure a fouffert de grandes variations, 
& ce n'eft pas lorfqu'il a été le plus bas, queles pluies ont 
été les plus abondantes. L’herbe des blés n'étoit pas forte, 
mais bien verte. Les perdrix ont commencé à s’'appareiller 
vers le 15. + 


À Ja fin du mois, les noïfettiers étoient en fleur. 


On a continué à planter des arbres , & on a profité des 
gelées pour porter des fumiers dans les potagers. 


Il y avoit beaucoup d'eau dans les rivières, néanmoins 


les fources ne poufloient pas plus abondamment qu'à l'ordi- 
naire, 


Zzit 


364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
J POUR RATE 1e 


ft, | Baromètre ETATS D'URCUEL 


Matin | Midi. | Soir. 
I N. o 2 |[— 1 |26. 325|fombre & couvert. 
2 | N.O: [—3 |[—2 |—r1 |26. 6 neige. 
3 | NE. |—2 | o |-—:1 |26. 9 [couvert 
4 N. |—1 |[—oil—2£:126. ro |couvert. 
s S. — 2 01126. 4 |couvert & nébuleux. 
CHIRSAO I 2 |[—1 27. 3 |couvert, grand vent & froid. 
7 S: I 2 o |26. 11 [grand vent & neige, 
8 S. — 3 I © |26. 3 |neige fondue, 
9 O. |—1 1 |— 1 |26. 6 |bcau temps. 
10 O. |—4 o |—4 |26. 6 |beau temps. 
11 N. |—; o| o |27. o |grand vent & ricige, 
12 E: 1 2 27. 3 |couvert, déve. 
13 S.E. 2 4 2 |27. 4 |couvert & humide. 
14 N. |[—1 |—r |—2:|27 9 froïd noir & verglas, 
15 N. |—4 —1 |—3 |27. 6 [grand vent & froid, 
16 N. —4 |—1 4270010 beau temps. 
17 N. Us 52/27. 6 |beau & variable, 
18 N. —$ |—1 |—51|28. 8 variable. 
19 N. j—61—2 |—5 |27 9 beau temps. 
20 NAME o |—3:l28. o beau temps. 
21 Fe —3£| off—1128 o beau & doux, 
22 LE —14| 7 SIENS variable. 
23 SE 5 6 6 |28. 8 |variable. 
24 GE 6 7 21128 7 pluvieux. 
2 SO 22 07 6 |29. 6 variable, 
26 SE 4 6 31/28. o1 froid. 
27 | N.-E. 3 $ 12128. 6 variable. 
28 N. E. o s 1 |28. ÿ |variable fans pluie. 


DES SCIENCES. 265 

Il y a eu pendant ce mois deux reprifes de gelée, qui ont été 

aflez fortes , puifque le thermomètre a defcendu à 6 + degrés 
au deflous de o. 


Ce mois a été fort humide, non feulement à caufe de Ia 
quantité de neige qui eft tombée, mais encore parce que 
les dégels ont été accompagnés de pluies abondantes. 


Pendant la première gelée, les blés étoient couverts de 
neige, & la terre n’étoit point gelée deflous. 


La fonte des neiges a fait déborder la rivière ; alors la 
gelée ayant repris pour la feconde fois , les eaux baiflèrent, & 
on voyoit danses prés qui avoient été inondés, trois couches 
de glace à un demi-pied l'une de fautre. 


Le fecond dégel fit groffir les eaux, ce fecond déborde- 
ment fut plus confidérable que le premier. 


À la fin du mois, les ouvrages étoient fort retardé ; car 
pendant les gelées, les chemins étoient fr rudes, à caufe que 
la gelée avoit pris fubitement après un mou prodigieux, que 
l'on n'ofoit faire fortir les chevaux. S’if ne geloit pas, la terre 
étoit fi molle qu'on ne pouvoit tirer les charrettes à vuide, & 
qu'il étoit impoflible de fabourer. 


L'épaifleur de a neige a été de 7 à 8 pouces. 
Les perdrix qui s’étoient appareïllées le mois précédent , 
ont formé pendant la gelée de petites compagnies. 


A la fin du mois, les blés étoient fufffamment forts & 
bien vers ; le fac pefant 240 livres fe vendoit douze à quatorze 
livres, & Favoine quatre livres dix fols. 


Zziüj 


366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
MARS. 


TS 


THERMOMÈTRE. 
TS | Baromètre ET AT Du, -C1EL 


Matin | Midi. | Soir, 


n > x 
Degrés. | Degrés.| Dégrés | pou. lisn. 


6 28. 


variable. 
brouillard, gelée blanche. 


couvert & pluvieux. 
variable & pluvieux. 
gréle. 

couvert & pluvieux. 


R= 


couvert, grand vent. 


pluie & gréle. 
grande pluie. 


Le] 
[ 


BlA 
œ 0 NN] © N] \O \0 OO NJ 00 o0 oo co + VO N] NN 


3 5 7 

4 4 8 

5 6 5 

5 3 3 

4 © 8 

I 3 6 

() 6 3 

6 3 ÿ 

6 6 6 
10 S, 6 42126. 9 |variable. 

4. s |26. 9 |variable. 

2 10: 7 7. |26. 8 |variable. 

13 Se 7 92126. 2 |pluie & grand vent, 
14. ss 7 81126. 1 |pluie continuelle. . 
15 S. s 4 |27. 3 |grand vent & pluie. 
MOMINSAO! 61 61/27. 3 [grand vent, pluie & grêle. 
17110510: 47 5 |27. 3 |variable. 
18 S: 6 s |27: 3 |variable fans pluie. 
19 N. s 4 |27. 4 |variable. 
20 S: 4 7 $ 127. S |pluie continuelle. 
21 510: S OZ 7 |27. 8 |varible fans pluie. 
22 Se 9 | 112] 82/27. 9 |beau avec nuages. 
23 S. O. 9 14+| 10 |27. 7 |beau & chaud, 
24 S. 9 | 114] 7 |27. 8 variable & pluie. 
25 Se 7 9 81/27. 6 [grand vent, pluie. 
26 ©. 7 7 s 127 8 |grêle. 
27 TT INAO: 7 s 31127. 732|]variable. 
28 | N.O, 4 9 s |27. 9 {petite gelée blanche, 
29 Oo: 7 9 | .4:|27. 7 |grand vent & grêle. 
30 O. S 9 32/27. 3 |variable, grand vent. 
30 SO: 2 s 3 [27 6 [grand vent & grêle. 


pes ScrENcCEs 367 
! Ce mois a été très-humide , il a plu tous les jours, quel- 
quefois très-abondamment ; le débordement des étangs & de 
la rivière a été fi prodigieux, qu'on a trouvé du poifion dans 
les foffés, qui bordent les terres labourées : comme l'eau étoit 
très-haute dans les gués, & qu'elle pañoit fur les chaufiées 
des moulins , les communications étoient fort difficiles, &c 


® beaucoup de terres labourées ont été inondées. 


Quoique le thermomètre ait rarement defcendu au deffous 
de o, & qu'il ait monté à midi jufqu'à 14+ degrés, Fair a 
toûjours été froid & incommode à caufe des grands vents, 
qui ont été prefque continuels. 


L'élévation du mercure dans le baromètre a varié depuis 
26 pouces $ lignes jufqu'à 27 pouces 9 lignes. 

Le 2, on entendit le coaffement des crapauds. Le 4, on 
commençoit à tailler la vigne. Le 8, grand vent & grêle, 
Le 10, larivière étoit toüjours débordée ; il y avoit dans ces 
temps d'inondation beaucoup de, pluviers dorés fur les blés. 
Le 11, on trouvoit quelques fleurs de violette, & les tapis 
prenoient un œil de verdure. 


Le r 3,des coups de vent terribles. Le r 4, les perce-neigés 
commençoient à défleurir. 


Le r5, il plut toute la journée, & le vent fut fort grand; 
à deux heures du matin le vent fe fortifia, & augmentant 
jufqu'à 6 heures, l'ouragan devint terrible : comme la terre 
étoit extrémement pénétrée d'eau, les racines n'y étant pas 
rétenues aflez ferme, de très-gros arbres furent renverfés. 


L'humidité qui régnoit depuis le commencement de l'hi- 
ver, avoit tellement pénétré dans l'intérieur des muraïlles, 
qu'une grande partie fut renverfée. 


Un moulin de notre voifinage fut renverfé & brifé, néan- 
moins le garçon meunier qui étoit couché dans ce moulin, 
& qui ne fut réveillé que par la chûte, ne reçut aucun mal. 


On peut juger du defordre ique ce coup de vent fit aux 


368 MÉMorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
couvertures, néanmoins celles d’ardoife & de tuiles furent 
plus endommagées que celles de chaume, parce que la grande 
humidité avoit donné à celles-ci plus de confiftance, 


Un orme de nos avenues, qui avoit 7 ou 8 pieds de 
circonférence , ayant été renverfé par le vent, enleva avec 
{es racines toute la terre, jufque fur le tuf blanc qui, en cet 
endroit, ne fe trouve qu'après avoir fouillé plus de trois pieds 
au deffous de la fuperficie. 11 eft probable que cet arbre avoit 
été planté, il y a 100 ou 120 ans, trop profondément en 
terre ; les racines qu'il avoit lors de fa plantation , n’avoient 
prefque pas augmenté de grofleur, nous les avons trouvées 
au deffous des grofles racines de l'orme renverfé ; la princi- 
pale étoit groffe comme le bras; il en partoit des racines 
d’un demi-pied de Jongueur , telles qu'elles étoient quand on 
les avoit rognées avant de mettre l'arbre en terre; & de ces 
racines il en fortoit quelques-unes de chevelues qui avoient 7 
à 8 pouces de longueur ; de forte que jufque-là les racines 
étoient dans le même état où elles font ordinairement quand 
on arrache un arbre un an ou deux ans après la plantation, 
Un pied au deflus de ces racines il partoit du corps de far- 
bre beaucoup de très-grofles racines qui étoient originaire- 
ment forties du collet de la greffe ; aufli tous les rejets de 
cet arbre étoient-ils à large feuille de la même efpèce que 
la greffe. 


Cette obfervation juftifie ce que j'ai dit dans fes Mémoires 
de l'Académie , au fujet des boutures, & fournit un moyen 
d'avoir certains arbres francs de pied, dont les rejets n'ont 
point befoin d'être greffés : j'ai fix ou fept efpèces de prunes 
qui font dans ce cas, 


Le 18,on ne faifoit que commencer à Jabourer pour les 
mars, tant les gelées & les pluies continuelles avoient retardé 
les ouvrages, & les terres fortes du bord de Ja forêt étoient 
tellement remplies d'eau , qu'il étoit impoñlible d'en appro- 
cher la charrue. Ces contre-temps avoient déjà fait augmenter 
le prix des avoines ; le fac, qui le mois précédent ne coûtoit 


que 


mie SONSNCUEE NICE $. 369 
que quatre livres dix fols, valoit fix livres. Les grofeillers 
blancs épineux commençoient à avoir quelques feuilles vertes. 


Le 23 ,il faïloit des éclairs , les narcifes jaunes étoient en 
fleur, &-on entendit le coaffement des grenouilles. 


Le 24, les abeilles ramafloient leurs provifions fur es. 
buis qui étoient en fleur. 


Le 25 , on fema le blé de mars fuivant la nouvelle culture, 
& on vit les premières hirondelles. 


Le 26, le mezereum étoit en pleine fleur, & les abrico- 
tiers commençoient à fleurir auffi-bien que les pêchers. 


Le 27, on vit le foir des chauve-fouris, 


Men, 1752, À aa 


370 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
AVR RE 


Jours THERMOMÈTRE. 
du P'VENT. | ON !| Baromètre ETAT DU: CIEL. 
Soir 


Mois. Matin | Midi. 
l 


Degrés.| Degrés | Degrés.|pouc.  lign. 
2 L|2$ 


TO IN TO) 3 $ 21126, variable, pluie & grêle, 
2 | NA OS 4 S 2 |28. 6 |pluie, neige & grêle. 
3 | N. 2 s 1 |28.. 0 |gelée à glace. 
4 N. o 6 24128, 11 [gelée aglace. 
5 S: $ 9 6 |28. 5 |variable fans pluie. 
6 SF 6 9 $ |28. 4 [grand vent. 
APE (O sl 9 7 (28. > couvert & vent. 
8 SO: 7 9 9 |28. 6 {pluie continuelle. 
9 S. Go 8 |28. 4 |pluie continuelle & vent. 
10 S. 6:| 9 61128. 1 |variable fans pluie. 
11 SRE s 9 61128. 2 |variable. 
12 N. O. 61! 9 $s |28. 4 |variable, & tonnerre. 
13 N. s 8 4 |28. 6 |variable fans pluie. 
14 S; 14 8 6 |28. 4 |selée blanche. 
15 ©. D 5 3 [28 3% |pluic, neige & grêle. 
16 N. 3 8 21128. $s [grêle & gelée blanche. 
17 | N. 0. 4:| 9 | s |28. 6 {variable fans pluie. 
18 | N.E. s 8 s |28. 5 |pluie. 
19 N. s3| 12 71128. 6 beau & nébuleux. 
207 |MN 10; 6:18 s |28. 6 |nébuleux & variable. 
21 N. O: S 7 4 128. 7 |variable fans pluie. 
22 (OË S 6 $s 128. 6 |brouillard & pluie. 
23 S40: 710) OO 7 |28. 6 |beau, gelée blanche, 
24 O. 7 8 6 |28. x |pluie continuelle. 
2$ N. ssl 9 71128. 2 [pluie continuelle. 
2OM INSEE 72| 10 61128. -3 lvariable fans pluie. 
27 | N°0. 7 | 11 72128. 4 |pluie. 
28 N. 6:| 9 6 |28. 6 [variable fans pluie. 
29 N. s=| 10 7 |28. 6 |variable fans pluie. 
30 E. 82 9 |28. 3 [couvert & lourd. 


DV ENS VSACAIVNEIN C EIS 372 

Le temps a été des plus defagréables pendant tout ce mois: 
les pluies prefque continuelles, fouvent abondantes, & le vent 
qui n’a point ceflé d'être violent, & qui, detempsen temps, 
étoit forcé, ne permettoient pas de fortir pour vaquer aux 
travaux de la campagne, qui étoient fort retardés, La terre 
pénétrée d'eau & battue par les pluies, ne pouvoit être 1a- 
bourée ni herfée; aïinfi les femaïlles des menus grains fe 
faifoient très-mal dans la plaine, & étoient tout à fait fuf- 
pendues dans les terres fortes du côté de Ha forêt. 

La rivière étoit toüjours débordée, & le niveau des eaux 
fi élevé dans l'intérieur de la terre , que les fources qui étoient 
à fec depuis douze à quinze ans, poufloient avec une force 
extrême. 

Les feigles n’avoient point tallé , chaque grain n'avoit 
produit qu'un tuyau, qui étoit même fort menu. 

Les blés étoient fort bas &fort clairs, & ils commençoient 
un peu à jaunir. 

Les avoines qui avoient été femées les premières , evoient 
aflez bien. 

Les vignes n'étoient point achevées de tailler dans les 
terres fortes, & par-tout elles n’étoient pas plus avancées qu'en 
hiver. La fleur des abricotiers étoit pañfée fans qu'il fût refté 
de fruits ; les pêchers ont bien noué; les pruniers commen- 
çoient à défleurir; les poiriers & les cerifiers étoient en pleine 
fleur , & les pommiers étoient prefque défleuris. 

Le 9, les haies d'épine blanche commencoient à avoir un 
petit œil de verdure. 

Le ro ,on entendit chanter le coucou. 

Le 11, il y avoit beaucoup d'hirondelles qui voloient 
autour du château, maïs tout d'un coup elles difparurent , & 
on n'en vit qu'à {a fin du mois. Les abeilles fortoient fur le 
midi, pour aller faire leur récolte fur les péchers. 

Le 1 2, il tonna , & fur le chample vent tourna vers le nord. 

Le 16, on entendit chanter le roffignol. 

Le 18 ,les boutons des maronniers d'Inde | des tilleuls & 
des charmes commençoient à laiffer apercevoir les feuilles, 

A aa ij 


372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
M À 1 


Jours THERMOMÈTRE. 
du | VENT. at) 
Mois. Matin | Midi. | Soir. 


Baromètre ETAT DU CIEL. 


Degrés.| Degrés. | Degré. 
1 S II 12 7 128. 2 |variable & pluie. 
à S. 6 9 7 |27« 13|grand vent & pluie. 
3 pe 1] 61] 10 |27. 2 |variable & nébuleux. 
4 S tn 15 10 |27. 1 |lourd, pluie & orage. 
S SAOE 112] 14 | 11 |27. 3 |beau avec nuages. 
6 N. 12 | 16 | 11 |27. 6 |beau, nuages fans pluie. 
7 N. 10 | 16 | 10 |27. $ [brouillard & rofée. 
8 E. 12 | 19 | 12 |27. 2 |pluie & tonnerre. 
9 SO? 125| 15 9 |27. S$ |variable. 
TON IN O AINTONIRIE +127. 6 |beau avec nuages. 
11 | N. ©. 1] 14 | 11 [27 8 couvert & lourd. 
12 Se 10 | 175] 13 |27. 7 |beau avec nuages. 
13 S: 13 | 17 | 12 |27. 6 |couvert & grand vent. 
14 NS AO PINS MIE 9 |27. 3 [grande pluie & vent. 
15 S10:4Mmon|Ure 8 |27. $ [grand vent froid & pluie. 
16. 510. 7 9 s [27 7 {grand vent froid, pluie & grêle. 
17 SO 8 | 1 6 |27. 8 {grande pluie & vent. 
18 S. O. 9 | 12 9 |27. 6 |variable. F 
19 | S. O. | 12 | 15 | 11 |27. 4 [variable & pluie. 
20 N. 7 9 5 |27. 9 [grand vent froid & pluie. 
21 NN. E: s. 10 6 |27. 9 |gelée blanche. 
221 11S20 73| 12 8 |27. 7 |gelée & pluie, 
2 SE 7 9 92127. 3 [pluie froide. 
24 NINSE JON 9 |27. 3 [grand vent, pluie. 
21900 SRE 8 | 14 9 127. 8 jpluvieux & froid. 
26 S. DA SU27 6 ui continmuelle. 
2 O. 8 | 14 | 10 |27. 8 lvariable. 
28 SU 9 | 16 | 10 |27. 8:|lourd & variable. 
29 | N.O. | 12 | 16 | 10 |27. 10 |variable & pluvieux. 
30 | N.O. | ro | 16%] 11 |27. 11+|variable fans nee 
31 N. 10 | 15 | 112127. 11 [beau & fercin. 


DES SCIENCES. 37% 

Les pluies abondantes, les grands vents & le froid ont 

continué pendant tout ce mois. Le débordement de la rivière 

eft devenu plus confidérable, & il y avoit 8+ pieds d'eau 

dans un puits où il n'y en avoit que 3 pieds quand on le 
fouilla en 17 34. 


Les feigles ne promettoient rien, les blés étoient bas & 
clairs , ce qui les faifoit augmenter de prix : le blé de mouture 
valoit dix-huit à vingt livres. 

L’herbe des avoines étoit auffi forte que celle des fromens: 


Les fleurs des poiriers & des pommiers étoient tombées 
fans nouer leur fruit. Les feuilles des péchers étoient extrême- 
ment chifonnées , ou , comme difent les jardiniers, brouies. 


Les hannetons, qui ont commencé à paroître les premiers 
jours du mois, étoient en grande quantité, & malgré le 
mauvais temps ils ont mangé les feuilles des maronniers d'Inde, 
des érables, des fycomores, des cerifiers, des pruniers, des 
noyers, &c. 


On n’a commencé à voir les raifins que les derniers jours 
de ce mois, 


À aa i 


374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
J ŒTN, 


Dérsn me ce cc UE Re CE dé À 


Fos THERMOMÈTRE. 
du | VENT. | | Baromètre ETAT DU CIEL. 
Mois Matin | Midi. | Soir. 
nl mx - (Ce 
» Degrés.| Degrés. Degrés, | pouc. lign. 
L N.E. 12 17 | au |27. 10 |beau. 
5 N. 10 | 15 | 10 |27. 10 |beau fixe, grand vent. 
3 N. one 9 127. 8 |beau avec nuages. 
4 | NE. 8 | 14 | 10 |27. 6 |brouillard & pluie. 
s N. 10 12+ 1127. 8 |couvert. 
6 N. 10 | 12 9 |27. 9 [beau & froid, 
7 N. 10 | 14 |.10 |27. 8 |beau. 
8 vel .|27. 6 |pluvieux. 
9 . | ro | 14 | r1 |27. 7 |pluvieux. 
ro 17 | 12 |27. 8:|beau. 
II 17 | 14 |[27. 7 |nébuleux. 


17 | 13 |27. 8 |beau. 
18 | 15 |27. 9 21beau & chaud. 
21 | 18 127. 11 |beau & chaud. 
22 | 22 |27. 10 |beau, hâle. 
23 | 21 |27. 7 |beau & chaud, 
24 | 21 |27. 7 |beau & chaud. 
23 | 20 |27. 62|lourd & orageux, 
23 | 21 |27. 7 |beau, mais couvert. 
16 | 16 |27. 7 [couvert & variable. 
10 | 17 |27. 7 |beau. 
21 | 16 |27. 9 |beau & häleux. 
20 | 12 |27. 10 |beau avec nuages. 
213| 16 |27. 9 |beau. 
154) 13 |27. 9 [couvert & brouillard. 
19 | 14 |27. 8 |couvert. 
15 | 14 |27. 6 |petite pluie. 
18 | 14 |27. 8 |variable. 
II 11 |27. 9 |bruine. 
| 16 | 13 |27. 9 |variable, 


RCE EE EVE OEIL ANR SCEP TO (PIRE LAN RE ET RP EE SET ENST CO PTEREESIE RER ET (PEINE per RENE TTEV RE) 
S HV auEY RER 
Fr pois d'une 
TES OICICIOIC 
SIN Han PR N 


DES SCIENCES. 7$ 

Ce mois a été fec & venteux, par conféquent le hâle 
a été grand. Le thermomètre a monté le 17 à midi, à 24 
degrés au deflus de zéro. | 

La terre, qui avoit été très-abreuvée & battue par le vent, 
s'eft durcie comme de la brique, on ne pouvoit la labourer 
& les grains foufroient beaucoup. 

Ces chaieurs ont fait épier les blés à un pied de terre, 
& comme les épis paroïffoient fort courts , le prix de ce grain 
augmentoit ; il fe vendoït vingt-deux livres dix fols. Vers {a 
moitié du mois, on faucha les fainfoins ; l'herbe en étoit baffe, 
mais bien garnie. Les avoines étoient belles, bien garnies, & 
elles commencèrent à épier vers la fin du mois. 

Les vignes étoient au tiers fleuries, les gouas montroient 
plus de grappes que le haut plan, tel que l'auveronat, le 
fromenté, &c. 

Les poires & Îes pommes n'ont point noué, & Îes pêches 
tomboient. 

On a mangé pendant ce mois la cerife précoce, & les 
fraifes ont donné abondamment. 

Il ny a point eu de chenilles, mais beaucoup de hannetons 
qui ont vécu fort long-temps, parce qu'ils ne fe font accou- 
plés que par les jours chauds de Juin; ainfr, quoiqu'ils né 
mangent pas tant lorfqu'il fait froid que par les chaleurs, 
comme ils fubfiftent plus long-temps, c’eft une queftion 
que de favoir lequel eft le plus avantageux aux arbres, rela- 
tivement aux hannetons, que le printemps foit chaud ou 
froid. 

Vers la moitié du mois, les cantharides ont fuccédé aux 
hannetons. 


376 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
J'OESIEET 


THERMOMÈTRE. 


Baromètre ETAT DU CIEL: 


Matin | Midi. | Soir. 


Degrés.| Degrés. | Degrés. | pouc,  ligm 
I E, 12 | 12 | 11 |27. 7 |variable. 
2 E. 13 | 17 | 14 !27. 8 |beau & chaud. 
3 JE 13 | 17 | 14 |27. 6 |variable & orageux. 
4 | N°0. | 14 18 | 14 |27. 7 |variable & couvert. 
s SO: 13 14] 12 |27. 8 variable & pluie. 
6 | N.O. |bro | r7 |:13 |27. 8 variable. 
7 | NO. | 10 | 172] 13 |27- 83|variable avec nuages. 
8 Si 12 182] 15 |27. 9 |beau & chaud. 
9 | SO. | 13 | 21 | 14 |27. 7 |beau & variable. 
10 S} 16 | 20 | 17 |27. 4 [lourd & variable. 
11 S. 14 | 16 | 13 |27. 2 |pluie. 
12 | S.O. | 13 | 16 | 12 |27. 6 |pluie. 
13 S: 12 | 17 | 14 |27. 7 |beau & variable. 
14 | S.O. | 14 | 172| 13 |27. 7 |variable. 
15 9210: 13 19 | 16 |27. 6 |grand vent. 
16 | S. O. | 13 | 19 ! 15 |27: 8 |variable avec nuages, 
17 |" SO; 13 | 19 | 15 |27. 8 |lourd & orageux. 
18 | N.E. | 13 | 21 | 18 |27. 6 [lourd & chaud. 
19 | N.O. | 17 | 20 | 18 }27. 9 \couvert. 
20 | N.E. | 14 | 23 | 19 |27. 6 |couvert & lourd. 
21 N. E. 1$ 20 15+|27- 10 variable & orageux. 
22 | S.O. | 15 | 20 | 18 |27. 9 |beau & chaud. 
23 | S.O. | 16 | 21 | 17:]27. 9 |beau & couvert, 
24 | S. E. | 16 | 21 À 18 |27. 9 |beau. 
25 S. 17 | 22 | 20 127. 8 |beau & chaud, 
26 S. 20 | 23 | 191|27. 6 {\grand vent & tonnerre. 
27 S° 14 | 17 À 12 |27. 3 |variable, froid & orage, 
28 | S.O. 12 | 17 | 13 |27. 7 |variable. 
29oMRSAO; 112] 174] 14 |27. 9 [variable avec nuages, 
30 | S.O. | 13 | 17 | 14 |2y. 8 |variable avec nuages, 
31 0. 13 | 17 | 16 27. 7 [beau & variable. 


Il a 


DES SCIENCE S. 377 

Il a plu prefque tous les jours ; néanmoins, fl on excepte 
les grands orages du commencement du mois, le vent qui 
a prefque toûjours été grand & hâleux, defléchoit la terre en 
peu de temps. 

Les chaleurs vives du mois précédent , & Ia dureté de 
la terre, lavoient beaucoup fatigué les grains, & quantité de 
petits épis commençoient à jaunir. Les pluies de Juillet ont 
fait reverdir tous les grains, mais elles ont fait paroitre 
beaucoup d'herbe, mème dans les terres qui n'ont pas coû- 
tume d'en produire. 

On a commencé vers le 12 la moiflon des feigles qui 
étoient clairs, ils avoient la paille courte & menue, & lépi 
foible & léger. 

Les blés promettoient auffr fort peu, mais les menus 
grains étoient très-beaux. 

I y avoit encore à la fin du mois des raifins qui n'étoient 
pas noués. 
| On a commencé le 11 à faucher les prés hauts, ils ont 
fourni aflez d'herbe, qu'on a eu peine à fanner à caufe des 
petites pluies qui tomboient prefque. tous les jours. 

Le 16, on a commencé à cueillir la fleur d'orange, mais 
il y en a eu fort peu. 

Le 28 ,on donnoit la troifième façon aux vignes, & on 
commençoit à planter les oignons de fafran, 

L'intempérie des fifons a influé fur les toifons, elles ont 
été bien moins bonnes qu'à l'ordinaire, ce qui a diminué 
leur prix de plus d’un tiers. Les marchands fe plaignoient de 
ce que la laine étoit moins grafle que de coûtume, & ils 
difoient cependant qu'elle diminuoit beaucoup en la lavant : 
fur quoi il eft bon de remarquer qu'on a tondu les troupeaux 
plus tard qu'à l'ordinaire, & quand nous en avons demandé 
{a raifon aux fermiers, ils ont répondu (pour me fervir de leur 
expreflion) que les bêtes n'avoient pas pouffé leur fuin, qui 
eft, felon eux, une graïfle qui fe répand fur la laine quand 
ancienne quitte la peau, & que la nouvelle en fort. 


Mem. 1752. Bbb 


378 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
| AO IC ISA 


{ Jours THERMOMÈTRE. 


Ü du | VENT. | a Baromètre 
à Mois. Matin | Midi. | Soir. 


mess eme mcm 


ETAT DU -CTEL. 


Degrés.| Degrés. | Degrés.| pouc., lign. 


1 S. 14 | 20 | 18 |27. 6 |variable avec nuages, 
2 S' FSI 20 |27. $ |beau avec nuages. 
3 Se 15 | 185] 16 |27. 7 |pluie & orage: 
4 O. 15 | 165] 1$ [27° 7 |couvert tout le jour. 
S S3 14 | 16 13. |27- 8 |pluie & tonnerre. 
6 SES 13 17 | 15 |27. Sz2|couvert. 
7 5! 14 | 16 14 |27. 3+|couvert. 
8 OS O1 IS 10 |27. 7-+|couvert, grand vent. 
9 S. He TS 13 |27. 9 |variable avec nuages. 
10 CE 12 17 15 |27. 6 |variable & lourd, fans pluie. 
II Sy 132] 162] 12 |27. 6 |couvert & pluvieux. 
12 S. 12 17 | 15 |27. 7 |pluvieux tout le jour. 
13. So 14 19:| 20 |27. 4 |étouflant: 
14 S. Soul 43h03 |2 6 |pluie & orage toute la nuir. 
15 S. 10 | 16 | 13 |27. 6 |pluie & tonnerre, 
16 Se Tor 13 |27. 8 |ondéesde pluie. 
17 Sè 13 16 | 13 |27. 9 |variable fans pluie. 
18 S: 13 18 13 |27: 7 |beau. 
19 | N.O. | 13 | 16 | 13 |27. 8 |variable fans pluie. 
SO SO! 10 16 13 |27. 9 |beau avec nuages. 
21 E 11 17 14 |[27. 7 |beau. 
5e FE: rep Eee ECO 1 7 |beau & orage. 
23 | S 14 | 18 14 |27. 10 |beau avec nuages, 
22401 LNN? TT TON le 8 |beau avec nuages. 
25 NIMES 19 15 [27. 10 lil tonne au loin. 
26 N 14 | 18 | 14 |27. 9 |beau. 
27 Fe 15 19+| 17 ba 7 |beau. 
28 @: 15 | 20 | 13 |27. 7 |brouillard. 
29 | S, O BRIE Ir È 7 jeouveit. 
SONNSI0O 144016 das |27:07 pluie. 
31 S 12 | 17 | 54 |27., 7 Jbeau & couvert. 


tn POSTES SAC A lE NT ER Bo MAN SE, 


Le commencement du mois a été très-pluyieux & orageux ; 
le 3 für-tout , il y eut pendant la nuit un tonnerre terrible : 
depuis le 19 jufqu’à la fin, il a peu tombé d’eau. Comme 
la moiflon des blés a commencé :prefque- avec- le mois | les 
premiers coupés ont refté dix à douze jours {ur lé champ, dans 
une-humidité continuelle, & ils y: germoient ; les autres ont 
été ferrés affez fecs. Les blés étoient {r bas & fi clairs , qu'on 
en a fauché une partie, & les fermiers auroient préfque tout 
coupé à la faux, Î la chofe eût été poffiblé ; mais comme il 
avoit beaucoup d'herbe, & que les blés étoïent fort \vérlés, la 
faux en laifloit une trop grande quantité, ce qui a obligé de 
des fcier au raz de terre: la rareté des ouvriers & la difficulté 
du travail, a beaucoup augmenté les frais de la récolie. 

On a commencé à faucher les avoines prefque auffiôt que 
Ja récolte des blés; elles étoient fort belles, {ur-tout dans {a 


plaine, car dans les terres fortes il.y en a eu: de tardives. 


iqui n'ont pas donné beaucoup de grain : ceux-là :ont mieux 
\fait qui ont femé les terres préparées pour les avoines, en pois 
paid : 5 D 
-& en velces, qu'on a fauchées toutes vertes pour ‘en faire du 
fourrage, mais ‘on a eu bien de Îa péine à les fanner. 
fa] ’ 
Les vignes failoient fort mal; à la fin de ce mois , les 


verjus étoient encore fort petits & pourrifloient au lieu de, 


tourner. Er 
t Le blé augmentoit encore, il fe vendoit vingt-cinq à 
vingt-fix livres, & l'avoine fix livres dix fols. | 


LAENPRONT PARDON TAN NÉE ED ET 2 ATEN DE PET NE RO mire PRE TER 


j 


© € € 


380 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
S'AVPL E M DIRE. 


THERMOMÈTRE. 
Gore it Baromètre 
Matin | Midi. | Soir. 


ETAT DU CIEL. 


Degrés.| Degrés.| Degrés.| pouce. lign. 
13 | 18 | 15 |27. 7 |couvert fans pluie. 
OA 3 17 13 127+ 9 |beau & nébuleux, 
Oh 16 11 |27. 10 |nébuleux. 
10 | 15 À 10 |27. 10 |beau, vent froid, 
14 | 11 27. 10 |beau & froid. 
16 12/]27. 10 '{|beau 
EMIUOMIETE +|beau & hâleux. 
17 | 13 |27. 8 |beau avec nuages, 
ns 9 |27- 11 |beau. 
15 12 |27. 9 lbeau avec nuages. 
15 9 |27- 10 |pluvieux. 
15 12 |27. 8 |beau. 
pluvieux. 
beau. 
beau , gelée blanche. 
beau. 
variable. 
variable. 
variable avec nuages. 
variable, gelée blanche. 
beau. 
variable. 
beau avec nuages. 
variable. 
beau. 
17 | 13 |27. 7 |variable, 
i Wie & tonnerre. 
1$ 9 |27. 7 |variable fans pluie. 
14 | 13 |27. 6 |puie, tonnerre & éclairs. 
17 | 15 |27. 24|variable fans pluie, 


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0 © œu à  æœ0 
| 


DES SCIENCES 387 

Le commencement de ce mois a été humide, enfüite if 

a cefé de pleuvoir , mais l'air étoit froid, & il y a eu quel- 

ques gelées blanches ; vers la fin du mois l'air s'eft échauffé, 
& il y a eu de la pluie & du tonnerre, 


On a achevé la moiflon des avoines dans Ia plaine avant 
le 15, mais elle a duré tout le mois dans les terres fortes. 


A la fin du mois les raifins du haut plan, fromenté, 
auvergnat , &c. étoient noirs, mais à peine le gouas étoit-il 
rouge, & on trouvoit des grappes entières qui étoient tout 
en verjus. 


Les chenilles ont dévoré tous les choux dans la plufpart 
des potagers. 


A la fin du mois les grives étoient arrivées, 1a plufpart 
des hirondelles étoient parties, il en reftoit feulement quel- 
ques-unes retenues par leurs petits qui étoient encore dans 
le nid. 

La rivière n'a pas débordé, mais les fources pouffoient 
toüjours avec beaucoup de force, 


Le blé de mouture fe vendoit vingt-trois livres, & celui 
pour les femences vinyt-huit & trente. 


© Bbb ii 


382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
OPCTIOMPARME 


EE 


Toute THERMOMÈTRE. | 
du | Vent | = | Baromètre ETAT DU CIEL, 
Mois. .. [Maün| Mis] Soir. 
CARS rl Déi| Degrés.| pouce lign. pt Tail 
S. O.… | ro | 17 | 12, |27. :22|variable fans pluie. 
ADI IS ICE OMIETE 10 |27. 6 |variable. À 
3 | N.O. 8 | 12 7 127: 8 |beau avec nuages, 
4 N. ÿ 12 10 |27. 8 :|heau. 
s O. 10 | 14 | 11 |27. 8 |couvert fans pluie. l 
6 N. 10 1$ 12,127. : 6  |vartable, 
7 N. 12 13 s=l27. 8 |couvert. 3 
8 SO: 3 10 4 |27. 9 |celée blanche, 
9 S, a M his 9 |27. 6° |beau & variable. 
10 S: 11 À 14 | 9 |27. ‘6 |beau & variable, 
II S, Π7 10 9 127: 7 variable. 
12 SO: 7 10 7 |27: 8 |fombre. 
130 |NS 10% FAIRE 8 |27.. 9 [couvert fans pluie, 
14 | S: 0. 8 |r2 9 |27. 10 |couvert fans pluie. 
15 A|PUN 0: CRE 8 ;27. 10 |variable. 
16. | SON 6 | 10 8 |27. 8<|variable avec pluie. 
MINS AO: 7 |'ro 8 |27. :5 Îcouvert & pluvieux. 
18 S. 7 II 11 |27. 2 |couvert & pluvieux. 
19 5: 10 | 13 | 11 127. 2 |fombre & couvert. 
20 S. 11 | 14 | 11 |27. 6 |pluvieux. 
rs A0) TOITS 8 |27. 8 |couvert & pluvieux. 
22/0 | INCVE 6 8 6 |27. 9 [couvert fans pluie. 
23 N. 4 8 2 |27. 8 [beau temps, gelée blanche. 
24 N. I 6 3 [27. 8 |beau temps, gelée blanche. 
25 N. () 6 | 3 |27. 9 |gelée à glace. 
26 N. 3 7 4. |27. 8 Jbeau, gelée blanche. 
27 N. 2 9 4 127. 8 {beau, gelée blanche. 
28 N. 2 7 3 [27 8 |beau, gelée blanche. 
29 N. © 5 1 |27. 10 [gelée à glace. 
30 N. o 7 3 |27. 11 [gelée à glace. 
Sup |lAN-tE; 0 UE 3 |27. 10 |gelée blanche. 


* 


DN ESS MICITUENNT CET st 383 

Nous aurions fouhaité différer la vendange , mais les nuits 
froides , les rofées abondantes qui entretenoient l'humidité dans 
les vignes jufqu'à dix & onze heures, le ciel qui paroifloit 
menacer de pluie & de gelée, enfin les raifims qui pourrif- 
{oient au lieu de mürir, toutes ces raïfons noûs déter iminèrent 
à faire couper les railins les plus approchans de leur maturité, 


le 6,le 7 & le 8. 


Le 8, la récolte du fafran étoit dans fa force, & on tra- 
vailloit aux femailles, 


Le 16, les vendanges étoient finies dans Ja plaine, car 


les gelées ont obligé de cueillir les raifms qu'on avoit laiflés 


aux vignes dans l'elpérance qu'ils muüriroient ; ainfi tout ce 
que nous avons gagné à faire deux vendanges, eft d'avoir 
une cuvée de vin dont la qualité eft païlable. “La fin du mois 
a été très-froide. 


384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


NOVEMBRE. 


b 


SA + VU) 


26 


u Z 
m1 1 
Bb w on NN O = O O O “W mm O N »m R N w 


THERMOMÈTRE. 
CT | Baromètre ETAT DU CIEL. 


Matin | Midi. | Soir. 


Degrés.| Degrés. | Degrés.| pouc lign. 
(o 7 3 [27 8 |celée blanche. 


o 7 3 |27- 10 |gelée blanche. 
(o) 7 7 ]27 9 {gelée blanche, beau temps. 
S 7 6 |27. 7 |beau temps. 
6 10 9 127. 3 |couvert. 
8 1$ 10 |27. 1 {couvert & variable. 
9 | 13 9 |26. 11 |couvert & pluvieux. 
4 $ 3126. 6-=|créle, pluie & vent. 
D 3 126. 8 |beau, gelée à glace. 
7Z 4 |26. 7 [couvert & pluvieux. 
$ oO |26. 9 |variable & nébuleux. 
= A1 EE Oo |26. 6=|variable, forte gelée. 
— 3 |[— 1 [26. 8 lhbeau. - 
— © |—3 |26. 9 |couvert. 
3 |[—12:126. 11 |couvert avec brouillard, 
—13| 2 |[—7:1 |27. 2 |beau temps. 
— © |—12:|28. 1 |beau temps. 
—1:| o 2 |27. 11 |beau temps. 
I © |27. 11 |brouillard tout le jour. 
I | o |28. o couvert & brumeux. 
1 |— +128. Oo |couvert & brumeux. 
I o |28. 9 |couvert & brumeux. 
3 3 128. 7 [couvert & pluvieux. 
4 5 128. 7 [couvert & brumeux. 
S s 128. 10 {couvert & humide. 
8 6 |28. 8 |brouillard. 
7 3 |28. 7+|variable avec pluie. 
7 6 {28. $+|grande pluie & vent. 
:l 8 4+126. 10 [grande pluie & vent. 
S 3 |26. 3 grande pluie & vent. 


EEE ES 


Ce mois 


i DES SCIENCES. 385 

Ce mois a été aflez fec & très-froid : les femaïlles étoient 
finies vers le 15 , mais à la fin il n'y avoit encore que les 
blés femés avant le 10 d'Oftobre, qui fuflent levés. 


Le prix du blé de mouture a toûüjours été de vingt-quatre 
livres le fac, & pour les lemences, vingt-huit ; mais l'avoine 
valoit {ept à huit livres dix {ols, l'orge quatorze livres. 


Mém. 1752: Ccce 


336 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
PN'ÉUC AMAR ES 


THERMOMÈTRE. 


Baromètre ETAT Du CIEz. 


Mois Matin | Nidi. | Soir. 
ee means pement 
Degrés. Degrés | Degrés. G 
I S. 3 $ 6 |26. 2+|crand vent, variable. 
2 räe 6 7 6 |26. 2 |grand vent & pluie. 
3 | S. 6 8 8 126. 8 |beau & variable, 
4 Se 7 | 16 6 j26. 9 Jcouvert & variable, 
s 62 6" |"10 7 |26. 8 |beau temps. 
6 De s 7 s |26. 9 |pluvieux. 
AA IBN NO: 3 S 3 |26. 9 |couvert & variable, 
8 N. O. 3 S 3 [26. 8:]|pluvieux. 
OMIEINCRE: 3 4 |[—1 |26. 8 [grand vent, variable. 
10%) NE" lt o o |26. 8 |ucige. 
II N. |— 1-2 |—3:26 8 |neige. 
12 N. er ea 26. 8 {beau & variable, 
13 N. |—61:—3 |—4 |26. 8 |beau temps. 
14 SENS 2 |—12/26. 9 |beau temps. 
15 IN Mr 2 |—1 |26. 9 |fombre & brumeux. 
16 N. o 2 1 |26. 8 |couvert. 
17 N. l—1 I o |26. 8 |beau temps, neige. 
18 O. o © |—1 |26. 6 |neige. 
19 | N.E. |—3:l—3 |—4 |26. 6 j|variable & nébuleux. 
20 N. |—4 |—1 |[—3 |26. 6 |variable & nébuleux. 
21 N.E. |[—3 |—1 |—3 |26. 7:|beau & variable. 
22 S. O. 2 o 2 |[26. 7+|fombre & brumeux, 
23 Ge Ce) 1 o |26. 6 |couvert. 
240 IS NO; o 2 01126. 7 [beautemps. , 
25 | SO. |— +| 1 |— 21126. 9 [beau & variable. 
26 N. |—1 o | 1126. 7 |beau & variable. 
27 S. oO 2 2 |26. $2|brume, verglas & brouillard. 
28 c: 14 S 4126. 5 [couvert & humide. 
29 S. 4 7 s |26. $ |couvert. 
304|NS: E: 11] 6 6 |26. 2 {couvert & pluvieux. 
31 S'1E: $ 7 6 |26. 6 |fombre & couvert. 


DES SCIENCES 387 

Les froids ayant été continuels pendant ce mois, la levée 
des blés a été fort lente, & les tardifs n’ont cornmencé à 
paroître que les derniers jours. 

Comme il y a eu de la neige fur terre pendant a plus 
grande partie du mois, fes vignerons n'ont prefque pas pü 
travailler à donner la première façon aux vignes , & il n’a pas 
été poflible aux fermiers de labourer les terres. 

Le niveau des eaux baifloit dans les fources. 


RE CAPITULATION. 


On voit que cette année a été fort humide, & l'air toù- 
jours froid : il n’y a eu de chaleurs que dans le mois de Juin, 
où le hâle qui étoit fort grand failoit beaucoup de tort aux 
productions de la terre. 

BLiés. 


La récolte des blés a été fort mauvaife pour la quantité & 
pour la qualité ; la plufpart font petits, mêlés de beaucoup 
de noirs & remplis de graines: on ne peut guère eftimer la 
récolté qu'à cinq ou fix mines arpent, lun dans l'autre; une 
pièce de vingt-quatre arpens n'a produit qu'à raifon de quatre 
mines flarpent, & il y a des terres qui n'ont donné que la 
femence. Le prix du blé a toujours été de vingt-deux à vingt- 
fix livres le fac, pefant 240 livres : les blés de l'année précé- 
dente ayant été difficiles à conferver , on seft preffé de les 
vendre, & il en refte peu dans les greniers. 


AVOINE S. 


Dans les pays où l’on à pü femer les avoines en bonne fai- 
fon, la récolte à été affez bonne.; néanmoins elles font fort 
chères, elles fe véndent fix. à huit livres le fic, non feule- 
ment parce qu'il y à eu bien des terres fortes qui n’ont pû 
être enfemencées , maïs encore parce qu'il s’'eni fait une grande 
confommation , les fermiers sen fervant au lieu de blé pour 
affourér leurs troupeaux. 


Ccci 


388 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


PiÉSs DE MARSUET ORGE Ss, 
La récolte de ces grains a été aflez bonne. 
PLAIN TE SNL EG MUNIE NU SES 


Une partie des pois & des vefces ont pourri fur pied, & 
même le fourrage de la portion qu'on a pü ferrer avec bien 
de la peine & de la dépenfe, ne vaut rien, ce qui eft d’une 
grande conféquence cette année. 

Les petites féves ou haricots ont moifr fur pied au lieu 
de muürir. 

F0: renuy. 

L'herbe des fainfoins a été fort baffle, mais bien fournie ; 
il en a été de même de celle des prés, dont la dépouille a 
été à peu près égale à celle de l'année dernière ; il y a eu des 
lufernes qu'on n'a pas pü fanner , & qui ont pourri fur le 


champ. 2 
H ANVRES. 


Ta filafle eft fort chère & tendre ; elle eft tendre à caufe 
des humidités, & chère parce que beaucoup de chenevières 
étant inondées, n’ont pù être enfemencées. S 


ébore 


Les raifins ont müûri fort imparfaitement & inégalement ; 
car dans le temps de la vendange il y en avoit fur le même 
{ep de pourris , de mûrs, de rouges, & d'autres qui n'avoient 
pû tourner, ce qui nous a obligés de faire trois vendanges; 
la première, dont les raifins étoient affez mürs, a fourni du 
vin qui aun peu de qualité, le vin de la feconde vendange, 
qui a été faite huit jours après , eft d'une qualité plus mé- 
diocre ; la troifième vendange, qui étoit de raifin rouge ou 
tout à fait verd, a fourni de très-mauvais vin : ceux qui ont 
retardé leurs vendanges dans l'efpérance que leurs raifins 
müûriroient, en ont eu beaucoup de pourris, & ont fait du 
vin qui na ni couleur , ni qualité, & qui ne peut éclaircir. 


Des MS ler EN C Es 389 

Les vins ont été affez long-temps à fe faire dans les cuves, 

& n'ont prefque point jeté d'écume, ils étoient alors extrême- 

ment verds; cette verdeur s’eft en partie paflée, mais ils n'ont 

point de force : la quantité de la récolte peut être évaluée à 

une petite demi-année, & comme il y a des vins de qualités 
bien différentes, il y en a auffi de toute forte de prix. 


Fr U.I Ts: 


If n'y a eu ni abricots, ni prunes, ni pommes , ni glands, 
ni fenelle ; très-peu de poires, de pêches, de noix & de 
noifettes ; aflez abondamment de cerifes. 


SAFRAN S:. 


La récolte n’a été, pour la quantité, que la moitié de l'an- 
née dernière , mais la qualité a été fort bonne, il s’eft vendu 
vingt-fept à vingt-huit livres : je rapporterai à cette occafion 
une obfervation que mon frère a faite fur cette plante parafite, 
que j'ai dit être la caufe d'une maladie qu'on appelle #7 mort 
du fafran. 

En 1695 , il y avoit auprès du château de Denaïinvilliers 
un bois de bouleau que mon père fit arracher: en 1707 & 
en 1708 il fit planter du fafran dans cette terre qui depuis 
ce temps a toüjours rapporté du grain en abondance: en 
1744 on fit enclorre de murailles cette terre pour la joindre 
aux potagers, & en 1747 & 1748 mon frère fit planter 
des afperges de Hollande dans un coin de ce potager neuf, 
où il y avoit anciennement eu du fafran. 

En 1751, pendant l'été, mon frère s'aperçut que les 
afperges étoient mortes dans un certain efpace, & que celles 
du voifinage étoient malades. 

Comme ces afperges avoient été plantées avec beaucoup 
de foin, & dans des rayons bien fumés, on ne pouvoit attri- 
buer ce defordre à la qualité de la terre, & mon frère crut que 
ces pieds avoient été mangés par les mulots. 

I fit marquer cet efpace pour faire ouvrir de nouveau 
les rayons, & les difpoler à recevoir de nouveaux plans le 

C cc ii 


390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE 
printemps prochain; ce qui ayant été exécuté, il fut fort 
furpris de trouver les racines d'afperges mortes , couvertes de 
filets violets & de ces petites truffes qui caufent la mort 
du fafran. 

J'ai dit dans mon Mémoire, que cette plante parafite atta- 
quoit les racines de plufieurs efpèces de plantes ; mais oferoit-on 
foupçonner qu'elle fe feroit confervée en terre pendant près 
d'un demi-fiècle, que cette terre a été labourée tous les ans, 
& enfemencée en plantes annuelles, qui, comme je l'ai dit 
dans mon Mémoire, ne font point attaquées par cette plante 
parafite. Les vignerons prétendent qu'elle fe conferve pendant 
vingt ans, mais qu'après ce temps elle périt & n'endommage 
plus le fafran. L'obfervation que je viens de rapporter , ne 
s'accorde pas avec celle de nos payfans. 


TROUPE A UUY, 


Le bétail n'a été attaqué d'aucune maladie contagieufe ; 
mais on eft bien embarraflé pour le nourrir pendant cet 
hiver : la rareté des fourrages a engagé bien des payfans à 
vendre leurs vaches pour ne les point voir périr de faim dans 
leurs étables. Les fermiers ont aufli mené leurs troupeaux aux 
foires, mais n'ayant pü s'en défaire, même à vil prix, üls font 
obligés de les nourrir, comme nous Favons dit, avec de 
Yavoine, ce qui augmente le prix de ce grain. 

I y a des fermiers qui ont ôté les béliers de leurs tOu- 
peaux, pour n'avoir point d'agneaux , parce que les brebis 
qui font pleines mangent le double des autres. 


CSTOBNTIENR; 


Il n’y a point eu de perdrix , les nids ayant été inondés 
par les pluies: cette même raifon a fait qu'il y a eu peu de 
cailles. On a eu un peu de lièvres & beaucoup d'alouettes. 


JONVSLE C T ES. 


IH n'y a point eu de chenilles, excepté celle du chou, qui 
a été auffi abondante que l'année dernière. Il y a eu beaucoup 


DES SCfENCESs. 391 
de hannetons & de cantharides, qui n’ont cependant pas 
entièrement dépouillé les frènes. On à vû très-peu de guépes 
pendant automne; il y a éu par-tout une grande quantité 


de rats. 
ABEILLES. 


Les mouches ont fourni cette année beaucoup de miel & 
de cire, de forte que plufieurs ruches ont été changées 
deux fois, & les mouches ont fait malgré cela une récolte 
affez abondante pour pafler l'hiver ; mais les effains n’ont rien 
valu, ils étoient f petits qu'on a été obligé d'en méler plu- 
fieurs enfemble , pour en faire un bon panier. 


HavTEuRrR DES EAU x, 


Les débordemens ont été très-fréquens , & les fources ont 
pouffé avec une force extréme: celles qui font fort élevées fur 
la côte, & qui font prefque toûjours taries , n’ont ceflé de poufs 
fer qu'à la fin du mois de Décembre. Le niveau des eaux a 
été auffi fort élevé dans les puits, puifque celui du Chi:eau, 
où il n'y avoit que 3 pieds d'eau en 1744, en a prefque 
toûjours eu cette année 8 à 9 pieds. 


MALADIES, 


Il n’y a point eu de maladies épidémiques cette année, fi 
on excepte des fièvres malignes qui ont été fréquentes cette 
automne, 


ŸY 


de 


I 


# 


392 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBS ENRAP ANT T'ON, 


SUR LA 


LIQUEUR'D'E EF ALIANTOIDE 


Par M. DAUBENTON. 


S lon trouve quelques variétés entre des animaux de fa 
même efpèce, ces différences font toûjours très-lépères, 
puifqu'elles ne paroïffent ni affez marquées, ni affez conftantes , 
pour faire des caractères fpécifiques , qui puiffent conftituer 
deux efpèces au lieu d’une. Nous ne pouvons donc efpérer 
de voir dans ces animaux qu'un feul modèle du méchanifme de 
la Nature, fans avoir jamais l'idée des différens moyens qu’elle 
emploie dans d’autres efpèces , pour produire le même effet, 
Ce n'eft cependant que par la comparaifon des différentes 
conformations des animaux , qu'il nous eft poflible d’acquerir 
de vraies connoiflances fur l’économie animale: en faifant 
des recherches fur un grand nombre d’efpèces , non feulement 
on apprend à mieux connoître toutes les parties femblables 
& correfpondantes dans les diflérens fujets , mais aufi on par- 
vient à obferver les conformations particulières à certains 
animaux ; enfin c’eft le feul moyen qu'il y ait pour découvrir 
ces faits finguliers dans la Nature, & fi importans dans la Phy- 
fique, qui lient quantité d’autres faits , entre lefquels on ne 
reconnoifloit aucun rapport. 

Pour juger de la valeur de ces faits dans l’économie ani- 
male, & pour en tirer de juftes conféquences , il faut non 
feulement avoir un grand nombre d’obfervations fur la con- 
formation des différentes efpèces d'animaux , mais il faut encore 
qu'il y ait dans ces recherches un plan fuivi, qui rende les 
obfervations relatives entre les individus d’une même efpèce, 
& entre ceux qui appartiennent à différentes efpèces. C'eft 
en fuivant cette méthode dans la defcription intérieure des” 
animaux quadrupèdes, que j'ai fait fur la liqueur de l'allantoide 

une 


mio 


1} ESS /GUE E NICE S. 393 
une obfervation générale dont je vais rendre compte. 

L’hippomanès a été la première occafion de cette obferva- 
tion , & enfuite il en eft devenu l'objet, c'eft pourquoi le 
Mémoire que j'ai Iù l’année dernière à Académie , fur Fhip- 
pomanès, a beaucoup de rapport avec celui-ci; il eft donc 
néceflaire que l'on fe rappelle que lhippomanès n'eft pas 
une excroiflance de chair qui tienne à la tête du poulain, 
comme on l'avoit toüjours cru, mais feulement un fédiment 
de la liqueur contenue dans la cavité qui fe trouve entre 
lallantoïde & l'amnios du cheval. Depuis la leture de ce Mé- 
moire, je me fuis encore affuré du même fait fur plufieurs 
jumens pleines, dont j'ai eu befoin pendant l'hiver dernier 
pour d’autres recherches , & j'ai toüjours vü que l'hippomanès 
varie plus ou moins par fa groffeur & fa figure dans les 
différens fujets, & que le nombre des hippomanès n’eft pas 
toûjours le mêmé, parce que cette matière eft un fédiment qui 
fe raffemble fur une bafe dont le niveau change très-fouvent , 
& qui peut par conféquent fe partager en plufieurs pièces. 

La grande refflemblance que j'ai obfervée entre les diffé- 
rentes parties du corps de l'âne & du cheval, tant à l'extérieur 

u'à l'intérieur, nva fait trouver en même temps dans fun 
& dans l'autre de ces animaux , des parties relatives qui étoient 
ignorées; il ne doit être fait ici mention que d’une matière qui 
fe trouve dans fâne, & qui eft de même nature que l'hip- 
pomanès. 

J'avois déjà difféqué plufieurs ânes, avant de pouvoir 
trouver une änefle pleine, & la reffemblance que j'avois 
reconnue entre les parties intérieures du corps de l'âne & 
celles du corps du cheval, ne me permettoit pas de douter 
que les enveloppes du fœtus de ces deux animaux ne fuflent 
pareilles, & que la liqueur contenue entre lallantoïde & 
famnios de âne ne formät un fédiment femblable à l'hip- 
pomanès. Dès que j'eus une ânefle pleine, je fis ouvrir fon 
abdomen ; on en tira la matrice en entier, avec tout ce qu'elle 
contenoit : Jouvris la matrice & le chorion, que je trouvai 
doublé intérieurement, comme dans le cheval, par l'allantoïde ; 


Mém. 1752, D'dd 


394 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
je reçûs dans un vaifleau la liqueur contenue entre l'allan- 
toïde & lamnios : il tomba dans le vaifleau avec cette liqueur, 
plufieurs corps flottans, dont l'un fe trouva beaucoup plus 
gros que les autres ; ils étoient tous de fa même nature que 
l'hippomanès , mais de couleur plus roufle, & de confiftance 
moins dure ; le plus gros avoit une figure oblongue & irré- 
gulière , de trois pouces & demi de longueur, & d'environ 
un pouce & demi de largeur , fur un demi-pouce d'épaifleur ; 
il y avoit au dedans une cavité qui s'étendoit fur la moitié de 
la longueur , fes parois étoient inégales, &, pour ainfi dire, 
raboteules ; cette cavité n'étoit pas dans le milieu, car l’une 
des parois n'avoit qu'une ligne d'épaifleur dans les endroits 
les plus minces : en général , la fubftance de ce fédiment étoit 
en partie rouffe, & en partie jaunâtre , ce qui venoit fans doute 
du plus ou du moins de denfité ; il pefoit une once un gros. 

En ouvrant l'amnios, je reçüs dans un autre vaitleau fa 
liqueur qui y étoit contenue, je trouvai le cordon ombilical 
parfaitement femblable à celui du cheval, fur-tout pour le 
développement, la figure & la pofition de l'allantoïde. Après 
cet examen , je fis évaporer au bain de fable la liqueur que 
j'avois tirée de la cavité qui fe trouvoit entre l'allantoïde &c 
lamnios , elle rendit une odeur urineufe, & il refta après l'é- 
vaporation un réfidu de même couleur , de même confiftance 
& de même nature que les corps qui s’étoient formés natu- 
rellement dans le ventre de lâneffe; enfuite je fis évaporer de 
la même façon la liqueur de lamnios, & il n'y eût point de 
réfidu. É 

Après nrètre afluré que dans l’ânefle la liqueur contenue 
entre lallantoïde & Famnios dépoloit un fédiment pareil à 
Yhippomanès, je foupçonnai qu'on en pourroit: trouver un 
pareil dans tous les animaux qui ont uneallantoïde, & je crus 
qu'il ne feroit nulle part plus fenfible que dans les plus gros 
de ces animaux ; c'eft pourquoi je cominençai par le chercher 
dans la vache, quoique fon allantoïde foit différente de celle 
du cheval & de l'âne, par fon développement , par fa pofition 
& fa figure ; ear l'allantoïde des ruminans, au lieu de former 


Cr me. Re 


DE SAS /E TE IN CES, 395 
une bouche à peu près dans le milieu de la longueur du cordon 
ombilical, s'étend jufqu'au bout de ce cordon , fous la forme 
d’un inteftin : mais au-delà cette allantoïde fe dilate, s’épanouit, 
& fe prolonge de côté & d'autre en deux poches : ces poches 
reffemblent en quelque façon à deux cornes recourbées qui 
s'étendent de part & d'autre dans les deux cornes de la matrice, 
entre le chorion & lamnios; ainfi l'allantoïde des ruminans 
forme une bourfe entière, capable par elle feule de conte- 
nir fa liqueur , au contraire de l'allantoide du cheval & de 
âne, qui ne forme qu'une partie de la bourfe, puilqu'elle ne 
revêt que le chorion , tandis que l'amnios forme l'autre partie. 

Je fis donc ouvrir une vache prête à mettre bas, & après 
en avoir enlevé le chorion, je foufflai Fallantoïde ; je vis dans 
le commencement de la corne droite, un corps qui tenoit à la 
paroi fupérieure , & qui la tiroit en bas par fon poids, de 
forte que l'allantoïde formoit au dehors dans cet endroit, 
une forte d’entonnoir : j'ouvris l'allantoïde , & je reconnus que 
ce corps étoit d'une confiftance vifqueufe comme l'hippo- 
manès, mais fa couleur étoit jaunâtre ; celle de l'allantoïde 
étant blanche, on reconnoifloit aifément l'endroit où if tenoit 
à cette membrane; j'eflayai de l'en détacher en le tirant dou- 
cement avec la main, car je foupçonnois qu'il n'y étoit que 
collé: je parvins facilement à l'en féparer ; auffi-tôt la partie 
de 'allantoïde qui étoit courbée par Le poids de ce corps étran- 
ger, fe rétablit dans fa forme naturelle, il n’y eut plus ni 
convexité au dedans, ni concavité au dehors. 

Je me rappelai alors les pédicules que j'avois vûs à quel- 
ques hippomanès dont jai parlé dans le Mémoire que 
j'ai déjà cité, c'étoit avec raifon que j'avois pris ces pédicules 
pour des prolongemens de l'allantoïde. Je ne pouvois pas 
concevoir comment ils s'étoient formés, mais à préfent on 
voit clairement que l'hippomanès , ou, pour mieux dire, la 
matière du fédiment de la liqueur de l'allantoïde , venant à fe 
coller contre cette membrane , la fait baifler par fon poids, & 
fait prendre une figure conique à l'endroit où il eft collé, 
comme je l'ai vû dans fallantoïde d'un veau : fi le cone 


D dd i 


96 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
s'alonge , foit parce que le poids de l'hippomanès augmente, 
ou parce que la membrane a une plus grande flexibilité, if 
arrive que la portion de l'allantoïde qui tient à l'hippomanès, 
forme un tuyau qui a l'apparence d'un pédicule, comme je 
Vai obfervé dans 'allantoïde du poulain; & ce prétendu pédi- 
cule conferve conflamment Ja même forme, fi la membrane 
s'accroît & fe fortifie tandis que l'hippomanèsefl ainfi fufpendu. 

Le corps formé par le fédiment de la liqueur de lallan- 
toïde du veau, avoit la figure d'un ovoïde aplati fur fon 
petit diamètre ; fa longueur étoit de deux pouces & demi , fa 
largeur d'un pouce cinq lignes; il avoit {ept lignes d'épaifleur 
{ur un des côtés, & feulement trois lignes fur l'autre ; il étoit 
terminé à fun des bouts parune forte de pédicule , d'environ un: 
pouce de longueur, de fept lignes de largeur, & de deux lignes 
d'épaifleur. On ne diftinguoit dans ce corps aucune organi- 
fation de fibres ni de vaifleaux , il avoit la confiftance d'une 
gomme ramollie , & il en avoit aufli l'apparence; on y voyoit 
des fortes de filets contournés en différens fens, de couleur plus. 
jaune que le refle, & tels qu'on en verroit dans une matière. 
vifqueufe, dont toutes les parties ne feroient pas bien fembla- 
bles, & qui auroit été agitée dans le temps de fa fluidité, &. 
enfuite coagulée : ce corps peloit cinq gros & demi, je le. 
fendis en différens fens, je ne trouvai point de cavité à f'in- 
térieur, & il me parut que fa fubftance étoit par-tout la même. 

Dès que j'eus trouvé dans Fallantoïde du veau un fédi- 
ment femblable à celui.que j'avois vû dans F'allantoïde de 
Jâne & du cheval, je ne doutai pas qu'il n'y eût aufli un 
fédiment dans l'allantoïde de tous les ruminans, puifque ces 
animaux ont une bien plus grande reffemblance les uns avec 
les autres, qu'ils n’en ont avec le cheval & l'âne, & que la 
différence qui eft entre l'allantoïde de ces derniers & celle: 
des ruminans , n'empêche pas qu'il n'y eût un fédiment dans 
lallantoïde du veau. Mais, quelque préfomption que l'on ait. 
en pareil cas, on ne doit pas négliger de fe convaincre par 
fes yeux, c'eft pourquoi je réfolus de chercher ce fédiment 
dans les allantoïdes de toutes les’ efpèces de ruminans que je 


DAEUSMISLCNPE N'C'E'S, 397 
pourrois avoir: Le premier fujet qui me vint, fut une biche 
pleine : je foufflai l'ailantoïde, & j'y vis un petit corps de 
couleur blancheître, mêlée d’une teinte de bleu, tranfparent 
comme une gomme épaiflie; il fottoit dans la liqueur de l'al- 
lantoïde, qui étoit laiteuie ; il avoit la figure d'un ovoïde aplati, 
de huit lignes de Jongueur, de quatre lignes de largeur, & 
d'environ deux d’épaifieur : c'étoit une matière femblable à celle 
de f'hippomanès, quoique de couleur différente, & de con- 
fiflance plus molle, car il fe deffécha & fe raccornit en peu de: 
temps, & il devint d’une couleur jaunûtre. 

J'ai fait ouvrir une chèvre prête à mettre bas , & j'artrouvé 
dans la matrice deux fœtus, un dans chaque corne; il y 
avoit de petits corps flottans dans la liqueur de chacun des: 
allantoïdes, ces corps étoient grumeleux & de couleur blan- 
cheître, comme dans la biche: au premier coup d'œil on auroït 
pû les prendre pour de petites graines arrondies, & raflem- 
blées en grouppe; il y avoit plufieurs de ces grouppes, & 
la plufpart étoient très - petits, leur confiftance différoit peu de: 
celle de l’hippomanès. Après avoir fait évaporer les liqueurs de 
ces allantoïdes, il eft reftéun réfidu grumeleux & femblable 
aux petits corps flottans , fur-tout par rapport aux grains dont. 
ils étoient compofés. 

Enfin, j'ai encore cherché le fédiment de la liqueur de Pal- 
lantoïde dans une brebis pleine; qui approchoit de fon terme : 


il n'y avoit qu'un fœtus: j'ai tiré, avec la liqueur de l'allan- 


toïde , de petits corps flottans parfaitement reffemblans à ceux 
qui étoient dans les allantoïdes des fœtus de la chèvre, à l'ex- 
céption de la couleur qui étoit d’un verd d'olive : cette même: 
couleur s'eft trouvée fur le réfidu de la liqueur de l'allantorde 
de la brebis, qui, au refte, reflembloit parfaitement au réfidu. 
de la liqueur de l’allantoïde de la chèvre. 
J'aurois fait les mêmes recherches fur la chevrette & fur la 

daine, fr j'avois pu les avoir pleines ; cela m'a été impoñlible, 
qroique j'aie difléqué plufieurs chevrettes, même après le- 
temps du rat de ces animaux. Mais, après les obfervations que: 
je viens de rapporter, on ne peut guère douter qu'il n’y ait un: 


D dd üj 


93 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fédiment formé naturellement dans la liqueur de l'allantoïde 
de tout animal qui eft pourvü de cette partie. 

Quelqu'un s'avifera peut-être de dire, à limitation des 
Grecs, que l'âne a fon onomanés , le cerf fon elaphomanes, 
& ainfi des autres , comme le cheval a fon hippomanès ; mais 
nous n'avons déjà en Hifloire Naturelle que trop de déno- 
minations ridicules & fuperflues : d’ailleurs, nous ne pouvons 
pas mieux défigner la matière que dépole une liqueur, que 
par le mot de fédiment , & il feroit à fouhaiter que ce mot füt 
fubflitué à celui d’hippomanès, qui a plus d’une fignification 
par rapport au cheval , & dont toutes les acceptions font fauffes, 
& ne peuvent qu'induire en erreur ceux qui ne font pas 
bien inftruits de l'origine & de la nature de cette matière. 


DES ScrIENCES. 399 


LA RTL EE ET OPEN CT TRES, 


ENS 187 AU 


DE 


CHOGRAPHIE. PAVMSIQUE, 


Où l'on propofe des vies générales Jüur l'efpèce de 
Charpente du Globe, compofée des chaînes de mon- 
tagnes qui traverfent les mers comme les terres ; 
avec quelques confidérations particuliéres fur les 
différens baffins de la mer, € fur fa configuration 


intérieure. 
Par M. BUACHE. 


uorqu’1L fût naturel à l'homme de connoître la térre 
qui lui a été donnée pour habitation , cependant c'eft 
moins à la curiofité qu’à l'utilité & au beloin , que la Géogra- 
phie doit fon origine. Les Egyptiens & les Phéniciens, les 
Grecs & les Romains, fe formérent tour à tour , felon leurs 
connoiflances , une idée de la furface de la terre & de la mer. 
I paroît néanmoins que ce ne fut que vers le temps d'Augufte 
& de la naiffance de J. C. que la Géographie commença à 
prendre une forme régulière. Les Arabes, vers Jan 1000, 
en augmentèrent les connoiffances par rapport à l'Orient ; 
mais les Européens occidentaux l'ont perfectionnée confidé- 
rablément depuis deux cens cinquante ans, par 11 découverte 
de l'Amérique, & par leurs navigations aux Indes. Pouvons- 
nous maintenant être contens, lorfque nous favons que nous 
ne connoiffons prefque rien au-delà du $ o€ d:gré de latitude 
méridionale, fins parler de l'incertitude où nous fommes 
fur la jufte pofition de quantité de villes, &c? 
On a confidéré la Géographie fous trois faces différentes , 
pour la traiter dans toutes fes parties; la Naturelle ou Phyfi- 
que, l'Hiflorique, & la Mathématique. On me permettra 


15 Novemb, 
1752+ 


4oo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
de dire un mot fur chacune, pour fervir d'introduétion à 
ce qui fait l'objet de ce Mémoire. 

La Géographie phyfique où naturelle peut être confidérée 
fimplement, & telle que tous les hommes en font plus ou 
moins d'ufage : c'eft alors la connoiffance de la fituation & 
du fol extérieur des lieux qu'ils habitent, & de ceux qui 
les environnent. Cette Géographie phyfique , que j'appellerai 
extérieure , donne la connoiffance des terres, des montagnes, 
des rivières, des lacs, &c. pour la partie terreftre ; & pour 
Ja maritime, la connoiffance des mers, des détroits , des ifles, 
& autres détails. Une autre partie de Ja Géographie phyfique, 
que j'appellerai intérieure, a pour objet ce qui eft au dedans 
de la terre & de la mer, comme ce qui concerne les miné- 
raux , l'origine des fontaines , les diflérentes couches qui fe 
découvrent dans les montagnes , l'intérieur de la mer, la di- 
reélion des courans, ce qui concerne les obfervations fur 
Y'aimant, qui font fi importantes pour la Navigation, enfin 
divers autres objets utiles à la fociété humaine. 

La Géographie Aiflorique nous fait connoître les premières 
peuplades & les tranfmigrations des différentes Nations fur fa 
face de la terre, l'étendue & les particularités locales des 
Empires, Royaumes & Républiques, en un mot ce qui con- 
cerne la Géographie des différens âges du monde. Comme 
Von en fait ufage pour le politique, on sen fert auffi pour 
l'eccléfiaftique , le militaire, le commerce, &c. 

La Géographie mathématique où théorique comprend Ja 
{cience des projections & des méthodes pour dreffer les 
cartes , avec celle de fixer les objets & les lieux indiqués dans les 
deux claffes précédentes, foit par les voies géométriques, foit 
par celles des Itinéraires & des Routiers, foit par celles des 
Obfervations aftronomiques, qui indiquent en même temps 
Ja correfpondance du Globe terrefre avec le ciel, & qui font 
aufli comme la bafe de la fcience géographique. 

I} me femble que c'eft dans cet ordre que les différentes 
portions de la Géographie doivent être préfentées, & c'eft 
pour n'y conformer que je vais tâcher d’expofer la partie que je 

confidère 


DUMAS C TE NICE Se 401 
confidère comme la plus générale de la Géographie phyfique 
ou naturelle. Elle confifte dans l'efpèce de charpente que je 
regarde comme le foûtien des différentes parties du Globe 
terreltre, & qui eft formée par les chaînes des hautes mon- 
tagnes qui le ceignent & le traverfent avec une proportion qui 
paroîtra d'autant plus admirable, qu'on en approfondira Îes 
circonftances. 

Après plufieurs examens fur ce que nous préfente en général 
la configuration des terres & des mers, & de ce qui s’y trouve 
compris en particulier, j'ai été conduit aux connoiffances que 
je cherchois, par la Nature même, avant que de faire ufage 
des obfervations de toute efpèce qui peuvent avoir rapport 
à mon objet, & qui en font la preuve. 

J'ai été dirigé, 1.° par les fources des fleuves ou grandes 
rivières, qui indiquent naturellement les plus hautes mon- 
tagnes & les terreins les plus élevés où ces fleuves prennent 
leur fource ; 2.° par les ifles, vigies, roches, &c. que l'on 
connoït dans la mer, & par lefquelles on peut fe former 
une idée de Ia fuite des chaînes de montagnes que j'appel- 
lerai marines, aïinfi que d'une partie confidérable du fond 
de la mer, dont le niveau, ou la furface, doit être regardé 
comme un terme commun ou mitoyen , qui fervira de com- 
paraïfon pour y rapporter les différences de hauteurs & de 
profondeurs. | 

On voit aflez que l'objet que j'ai l'honneur de préfenter à 
la Compagnie, avec divers plans, foit en cartes géographi- 
ques, foit en profil, foit en relief, offre ce qu’il ya naturel- 
lement de plus frappant fur notre Globe, puifque cet objet 
embraffe non feulement la connoiffance de toute la terre, par 
les hautes montagnes & par la diflribution naturelle des fleuves 
& des rivières , mais encore la connoiflance méthodique des 
mers, de leurs baflins, &c. par les ïfles, les roches & les 
vigies ou recifs , que les marins appellent bas-fonds , parce 
qu'on eft en danger d'y échouer. 

Pour commencer par la terre à établir comme la charpente 
de notre Globe, il sagit d’abord d'en reconnoître le {ol 


Mém. 1752. Eee 


402 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
extérieur & la partie la plus élevée. Ce que lon a connu 
jufqu’à préfent des chaînes de montagnes ne fuffifant pas pour 
déterminer la fuite non interrompue des lieux les plus élevés 
de la terre (car l'on avouera aïfément que les Géographes 
& les Phyficiens ont trop négligé cette partie de la Géo- 
graphie *), J'ai cru que pour parvenir à cette connoiffance 
je devois me fervir des indices que fourniflent les rivières. 

On ne peut difconvenir que les fources des fleuves & des 
rivières n'indiquent naturellement l'élévation des terreins où 
elles prennent leurs eaux pour arrofer & fertilifer les pays 
qu'elles parcourent en defcendant des hauteurs , par une pente 
plus ou moins fenfble, jufqu'à la mer où elles vont {e rendre. 
On ne peut douter non plusde la liaifon & du rapport que les 
montagnes ont avec les rivières, & que les diftributions des 
premières ne foient aufli variées que les direétions des fecondes 
font différentes ; de manière que l'on conçoit en général, que 
des fleuves qui ont leur cours à Foccident ou à lorient , dé- 
fignent la fituation des grandes chaines de montagnes du 
nord au fud, & que ceux qui coulent vers le midi ou le 
nord , la marquent de l'occident à lorient. 

IL me femble qu'on doit diftinguer trois efpèces de hautes 
montagnes. La première comprend les plus hautes, qui for- 
ment avec celles de la mer que je n’ai fait encore qu'indiquer, 
ces grandes chaînes dont les unes ceignent notre Globe 
comme d'occident en orient, & les autres le foûtiennent 
d'un pole à l'autre. A la feconde clafle de montagnes , que 
j'appellerai de revers, fe rapportent celles qui font de moyenne 
grandeur ; elles partent des grandes chaines, & dirigent leur 
cours vers la mer entre les fleuves. Enfin la troifième efpèce 
comprend les petites chaînes de montagnes ou de terreins un 
peu élevés, qui partent comme en patte d’oie , des moyennes, 
& d'où fortent les rivières des côtes: pour cette raïfon, je 

* On voit une remarque femblable, dans le fupplément au manufcrit 
de M. de Corberon, imprimé à la fin du Tome VI du Didionnaire de 
la Martinière, édition de France, page 4, avec ce titre: MNéoligence des 


Géographes dans les defcriptions qu’ils nous ont données des montagnes , èT 
Zur utilité par rapport à la Géographie, 
P. 5 


DÉS MS CT EN CES 403 
crois qu'on pourroit leur donner le nom de montagnes 
côtières. 

Je tire cette diftinction des montagnes, de Ia diftribution 
naturelle ‘des fleuves & des rivières en trois dafles. 1° 
me fémble qu'on devroit fe fixer à donner 1e nôm dé fleuves 
aux grandes rivières, qui prenant leur fource dans es grandes 
chaînes de montagnés, parcourént un grand terrein , reçoivent 
un nombre confidérablé de rivières , & confervent leur nom 
depuis leur fource jufqu'à la mer où elles fe jettent. 

2° Les moyennes rivières, qui fortent la plufpart dés chaînes 
de montagnes de révers, perdent leur nom en joignant leurs 
eaux à celles des fleuves. Confidérées ‘avec eux, on peut fe 
les repréféntér fous la forme des branches d'un grand arbre, 
dont le pied eft près de la mer ; & ainfi l'on peut voir comme 
d'un coup d'œil tout le terrein qui fert à l'écoulement des 
eaux d'un fleuve, depuis les hautes & moÿennes ‘chäines de 
montagnes. 

3. On doit obfervèr qu'il y à cértames rivièrès qui ne 
prennent leur fourcé , ni dans les chaînes de revers, ni dans 
les grandes chaînes de montagnés, & qui cependant portent 
leurs'eaux jufqu'à la mir. Je crois qu'il faut faire de celles-là 
uné clffe particulière, & je les nomme rires de côtes. 

Après ces diftmétions , fon pourra, dans le détail, faire 
diverfes remarques fur certaines rivières, dont quelques-unes 
font navicablés dépuis un certain endroit, foît parmi les 
moyennes, foit parmi les côtières. De ces dernières en par- 
ticulier , il y en à d'afféz fortes, & qui ont une reffemblance 
avec les fleuves, comme la Some, la Vilaine, la Charente. 
Tout ce que je viens de dire des rivières & dés montagnes 
féroit réndu fénfible en particulier, par une caÿte de France 
divifée par terreins de fleuves à de rivières, à par chaînes de 
montagnes *. On én peut prendre une idée par la carte de 
la Manche , c-jointe. | 

La carte de l'Europe feroit Voir le même objet d'uné 

* Le plan de cette carte & des autres dont on parle dans ce Mémoire, 
a été préfenté en manufcrit à l’Académie. 


Eee ij 


404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
manière plus générale , & l'on y diftingueroit les deux baffins 
intérieurs de Océan, favoir, les mers Méditerranée & Baltique 
avec une partie du terrein que parcourent du côté de l'Afie 
les eaux qui forment le baflin fingulier de Ja mer Cafpienne. 

Avant que de tirer, par rapport à notre Globe , les confé- 
quences vraiment naturelles de ce que je viens de repréfenter 
comme partie des principes fur la continuité des chaînes de 
montagnes, il nous faut confidérer la mer qu'elles traverfent 
en divers fens. Faifant abftraétion de ce qui a été dit par 
divers Auteurs fur les divifions de la mer, je la trouve dif- 
tribuée naturellement en trois parties, par la difpofition des 
terres , & par la direétion des grands caps des trois conti- 
pens, qui d'un autre côté font comme les têtes des chaînes 
terreftres de hautes montagnes qui vont comme d’un pole 
vers l'autre. 

La partie de la mer que je mets au premier rang, c'eft 
l'Océan, qui baigne les parties occidentales de l'Europe & 
de l'Afrique, & les orientales de l'Amérique. L'Océan eft 
divifé par certaines directions des ifles , roches & vigies 
(que je regarde comme les fommets de la fuite des monta- 
gnes marines ) en trois grands baflins dont deux fe fubdi- 
vifent en plufieurs autres. 1.” La mer du Nord, depuis la 
fuite marine de montagnes qui va du Nord-cap , par lflande, 
au Groenland, jufqu’à la chaîne de montagnes qui part des 
ifles Britanniques ; & cette mer forme, par des épanchemens 
dans les terres à travers les détroits du Sund & de Davis, 
le bain de fa mer Baltique, nommée par les navigateurs du 
nord mer de l'Eff, & celui que j'appelle mer du Nord-oueff, 
qui comprend les baies d'Hudfon & de Bafhin. 2." L'Ocean 
Atlantique, depuis la chaîne qui, du pas de Calais (que je 
ferai voir fenfiblement être un Hfthme marin) va, à travers 
les ifles Britanniques & des vigies, joindre l'Europe à l'Amé- 
rique feptentrionale, par le grand banc & le cap raz de T'erre- 
neuve, jufqu'à la chaîne qui joint l'Afrique à l'Amérique 
méridionale. Cette partie de l'Océan a trois baflins particuliers,” 
outre le grand; favoir , à lorient, celui qui eft borné au nord 


must Éd 


D'EMSVSACULLE IN:C Es. o 
par la chaîne de montagnes marines qui pañle par les ifles Britan- 
niques, & par celle qui part du cap Non, environne les ifles 
Canaries & les Açores, & va faire la jonétion de l'Afrique 
avec l Amérique feptentrionale, à l'ifle de T'erre-neuve, & 
au cap-fable d'Acadie. Plus à Forient, eft le fecond baffin 
particulier, qui eft féparé du précédent par le détroit de 
Gibraltar, & qui a été fort bien nommé par les anciens , la 
mer Méditerranée ou intérieure. Enfin , à l'occident , le baflin 


‘du Golfe du Mexique, formé par la chaîne des ifles Antilles 


& des Lucayes, jufqu'à la prefqu'ifle de la Floride. 3.° J'ap- 
pelle Océan méridional, la troifième & dernière partie de 
cette mer, qui s'étend depuis la chaîne de montagnes ma- 
rines qui joint l'Afrique avec l'Amérique méridionale, & 
qui eft dans la direction du cap Tagrin de Guinée, à Rio- 
grande & au cap Saint-Auguftin du Brefil, comme je l'ai 
fait voir dans une carte publiée en 1746 , avec l'approbation 
de l'Académie, Cette partie de l'Océan eft bornée au midi, 
felon notre façon d'envifager les chofes , par une partie des 
terres Antartiques que j'appelle de l'Océan, parce qu'il en 
doit baigner les côtes d’un côté, entre la chaîne de monta- 
gnes marines qui va du cap Bonne-efpérance à 11 terre 
ou au cap de la Circoncifion, reconnu en 1739 par les 
vaifleaux de notre Compagnie des Indes, & de l'autre côté 
jufqu'à 1 chaîne qui joint la terre de Feu avec le port de 
Drack. | 

La feconde grande partie de fa mer, eft celle des Zndes , 
qui eft entre l'Afrique & le continent auftral, & qui baigne 
les côtes méridionales de lAfie. Elle s'étend jufqu'à la partie 
des terres Antarcfiques , que j'appelle de la mer des Indes, 
pour les diftinguer des autres. On peut remarquer dans cette 
mer, trois baflins particuliers , qui en font féparés par une 
chaîne de montagnes marines qui commence à l'ifle de 
Madagafcar, & continuant jufqu'à celle de Sumatra, va 
rejoindre Ja terre de Diemen & la nouvelle Guinée. Le 
premiér de ces trois baflins de la mer des Indes eft, à l’oc- 
cident , celui d'Arabie & de Perfe, qui forme les deux golfes 

Eee ii 


406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
qu'on appeloit autrefois mer Rouge & fein Perfique, & 
que j'appelle d’un feul mot, go/fe des Arabes, à caufe de leurs 
anciennes colonies fur ces côtes. Le fecond n'eft autre chofé 
que le golfe de Bengale, entre les deux prefqu'ifles de l'Inde, 
Le troifième baflin eft ce grand Archipel qui contient les 
ifles de la Sonde, les Moluques & les Philippines : c’eft 
comme un maflif qui joint l'Afie au continent auftral, & 
qui foûtient le poids des eaux de la Grande mer ou Pacifique; 
dont il eft d'ailleurs féparé par un petit baffin particulier , à 
Yorient duquel fe trouve une chaine dé montagnes marines , 
formée par les ifles Marianes. 

La troifième mer eft vulgairement appelée #1er du Sud 
& Pacifique ; mais comme l'on fait aujourd’hui qu'elle eft fort 
étendue vers le nord, & qu'on y éprouve de violentes tem- 
êtes, ces noms ne paroiffent pas convenir ; c'eft pourquoi 
je l'appelle fimplement la Grande mer, Elle s'étendentrel'Afie, 
le continent auftral & l'Amérique , étant d'ailleurs bornée 
du côté du pole Arétique par le détroit que les Ruffes ont 
découvert, il y a quelques années, entre le nord-eft de l'Afie & 
le nord-oueft de l Amérique. Cette mer fe fubdivife en trois 
baflins. 1° La mer feptentrionale, qui va depuis le détroit. 
du nord dont je viens de parler, jufqu'un peu au deflous 
du tropique du Cancer, où eft une chaîne de montagnes 
marines qui va des caps Corientes de la Nouvelle-Efpagne 
& Saint-Lucas de la Californie , jufqu'à la chaîne des Marianes 
& au continent auftral. 2.” Le fecond baffin eft formé par 
la partie du milieu de la Grande mer : on peut donner avee 
exactitude à celui-ci le nom de la mer du Sud. H s'étend 
depuis les bornes que j'ai données au précédent baflin, jufqu'à 
la chaine qui part des ifles de Chiloé, & qui va gagner par 
celles de Salomon la partie du continent auftral que l'on appelle 
terre du Saint-Efprit. 3.° J'appelle #er méridionale le troïfième 
baffin, qui s'étend depuis la dernière chaîne de montagnes 
marines dont je viens de parler, jufqu'à celles des terres 
Antardiques que je nomme de la Grande mer. Ce baffin ef 
entre le continent auftral & la partie du fud-oueft d'Amérique 


lt he er ne SOS 


DLBISNASUICII 'E MNUIC:EnS. 407 
où eft & détroit de Magellan & la terre de Feu, d'où part 
la chaîne qui fépare cette mer de Océan méridional, & qui 
va vers Je port découvert par François Drack. 

On doit ajoûter aux baflins de ces trois grandes mers, 
qui fe communiquent les uns aux autres par des débouque- 
mens ou par des détroits, deux autres baflins particuliers, 
auxquels on peut donner le nom de petites mers. Le premier 
eft la mer Glaciale, qui communique avec la mer du nord 
ou l'Océan {eptentrional, par les débouquemens formés dans 
la chaîue des pointes de Stade & de lIflande, & par le 
nouveau détroit avec la mer feptentrionale, ou le premier 
baffin de la Grande mer. La feconde petite mer peut être 
fuppofée au deflous du pole Antarctique, & environnée par 
les terres dont on ne connoït que quelques côtes oppolées, 
baignées par l'Océan, la mer des Indes & a Grande mer. 
Je foupçonne que ce bañlin, ou cette petite mer, commu- 
nique aux deux précédentes; & je regarde les deux mers 
Glaciales comme les têtes des autres, puifque les glaces qui 
en fortent, y font portées jufqu'à la latitude du $o€ degré, 
comme on la oblérvé à Louifbourg & au cap de la Cir- 


” concifion. 


Le temps ne me permet pas de fuivre en détail les grandes 
chaînes de montagnes terreftres , comme j'ai fait les marines. 
Celles-ci partent des caps les plus fameux, dans la direction 
que donnent les fuites d’ifles, roches, vigies, &c. pour tra- 
verfer les mers, & les divifer par parties. Celles-là aboutiffent 
à ces mêmes caps, étant déterminées fürement & indubita- 
blement par les fources des grands fleuves, auffi-bien que par 
le contour des baffins intérieurs dont j'ai parlé. C’eft de quoi 
lon peut prendre une idée en jettant la vüe fur le Planifphere 
Plyfique , où l'on voit du pole feptentrional tout ce que Ton 
connoît de terres & de mers, avec les grandes chaînes de mon- 
tagnes. Une connoiflance plus détaillée pourroit être donnée 
en trois cartes, qui, felon la divifion naturelle du Globe 
terreflre , repréfenteroient à part, chacune des trois grandes 
mers, avec les terreins inclinés vers chaque mer, & dont les 


408 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
eaux des fleuves € rivières s'y déchargent depuis les chaînes 
de montagnes , qui font comme la crête de Jeurs baffins. 

Ce qui paroît de plus fingulier dans l'enchainement de cette 
efpèce de charpente qui traverfe les continens,& qui foûtient 
les parties de notre Globe, c'eft que les chaînes terreftres 
femblent partir la plufpart comme en rayons, de certains en- 
droits qui doivent ètre les lieux les plus élevés de la terre, 
& des elpèces de plateaux , formés par des montagnes comme 
grouppées & entaffées les unes fur les autres, Je ne puis main- 
tenant rechercher pourquoi les uns font des terreins de fable 
avec affez peu d’eau, quoique fort étendus, & pourquoi les autres 
de très-grands lacs, comme dans le Canada ; mais j'obferve 

ue de ces plateaux, les plus remarquables font environ au 
milieu de l’Afie & de chacune des deux grandes parties de 
l'Amérique, qu'il y en a un au moins très -confidérable en 
Afrique, & deux moindres en Europe. 

De ces derniers , lun occupe la Suifle, & l'autre eft vers 
le nord. De celui-ci, où fe trouvent les fources du Volga, 
du Don, &c. partent quatre chaînes de montagnes, dont 
June vient aboutir au détroit de Gibraltar ( c'eft celle qui 
traverfe la France ) : la feconde côtoie le Don , la mer Noire, 
une partie de la Méditerranée, & aboutit à l'ifthme de Suez 
qui joint l'Afrique à l'Afie; la troifième va au Nord-cap & 
aux pointes de Stade, formant les montagnes de Norvège; 
la quatrième fe joint au grand plateau d'Afie. De celui-ci 
fortent entrautres les montagnes de l’Afie méridionale & 
celles de la Sibérie orientale, qui vont fe joindre avec les 
montagnes de l Amérique feptentrionale , par le détroit du 
nord dont je dirai dans un moment quelque chofe de 
particulier. 

Du grand plateau de l'Afrique fortent cinq chaînes de hautes 
montagnes ; la première côtoyant la mer Rouge, après avoir 
jeté de côté une de fes branches vers les détroits de Babel- 
mandel & d'Ormus, va aboutir à l'ifthme de Suez, & joindre 
l'une des chaînes d'Europe & d’Afie. La feconde fe réunit au 
mont Atlas du côté de Tripoli. La troifième, après avoir 

jeté 


D'ÉIMTIO/C IE N CES, 40 
jeté une de ces branches qui fert à former la tête de Ia chaîne 
marine qui paflé par les ifles Canaries & les Açores ( & 
fait la feconde liaifon de l'Amérique feptentrionale) , va 
elle-même vers le cap Tagrin de Guinée, former la grande 
chaîne marine qui lie Amérique méridionale à lAfrique, 
La quatrième chaîne va au cap de Bonne-efpérance, pour y 
être la tête de la chaîne marine qui fait l'union de l’Afrique 
avec les terres Antarctiques. Enfin, la cinquième aboutit vis- 
à-vis l'ifle de Madagafcar, & fert à former {a chaîne marine 
qui traverfe la mer des Indes. 

Les plateaux de l'Amérique font de différente efpèce, 
comme je l'ai déjà obfervé en parlant des lacs du Canada. 
La plus grande chaîne de montagnes va aflez régulièrement 
le long de la Grande mer, du nord-oueft au fud, depuis le 
détroit du Nord jufqu'à celui de Magellan. 

J'avois foupçonné Ia liaifon de l'Amérique avec l'Afe, 
à peu près telle qu'elle eft aujourd'hui prouvée par les navi- 
gations des Rufles & des Chinois, avant que M. de F'fle le 
Profefieur royal, &Membre de cette Académie, m'eût com- 
muniqué fes Mémoires, fur lefquels j'ai dreffé la carte des 
nouvelles découvertes , qui eft publique depuis quelque temps. 

Ce qui avoit déterminé mon foupçon, c'étoit la direc- 
tion des caps, des montagnes, des rivières & des glaces, 
qu'offroit la vüe de l'Atlas Ruffien que M. le Comte 
d’Argenfon me fit l'honneur de me prêter dans fa nouveauté , 
& avant que M. de l'Ifle füt revenu de Ruflie. L'Académie, 
qui a donné fon approbation le 6 Septembre dernier, au 
Mémoire que je lui ai préfenté fur les terres d'Amérique 
qui avoifment lAfie, & qui paroîtra bien-tôt avec les cartes 
relatives ; l'Académie, dis-je, fait que la carte que l'on peut 
faire d'après la relation feule de Y Amiral de Fonte, s'accorde 
avec deux points principaux déjà reconnus fürement , favoir, 
1.” la côte d'Amérique qui regarde le détroit du Nord, au 
milieu duquel les Rufles ont obfervé une ifle, & à l'eft les 
indices d'une côte baffle; 2.° avec la jufle pofition du cap 
Blanc de Californie , connue depuis long temps, Entre 


Mém. 1752. 


410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

ces deux points & les côtes des baies d'Hudfon & de Bafin, 
fe préfentent fort bien les pays décrits par l’Amiral de Fonte, 
fur-tout fi l'on a égard à tout ce que j'ai oblervé dans mon 
Mémoire du mois de Septembre, 

Quelque envie que j'aie d'abréger, je ne puis m'empé- 
cher de faire ici deux oblervations | par ticulières, au fujet de 
ces nouvelles terres d'Amérique. 1.” La grande prefqu’ ifle 
que lon voit au haut de fa carte de la Grande mer, & qui 
fert à former une efpèce de manche entre te Kamchatka & 
l'ifle de Beering, eft juftifiée comme le refle, non-feulement 
par le fyflème phyfique qui fait l'objet de ce Mémoire , mais 
encore par la carte de Strahlenberg , & par une autre publiée 
à Nurembeig, fur les Mémoires dé Allemands qui font au 
Érvicéttle liRufier2:le giffement que j'ai donné aux 
côtes d'Amérique qui avoifinent celles de l'Afie , eft non feu- 
lement reiatif à tout ce que l’on en peut favoir d ailleurs, & 
aux navigations des Rufles, mais encore à celles des ed 
fur lefquelles M. de Guignes m'a bien voulu communiquer 
la diflertation qu'il a faite au fujet de ces navigations , dont 
nous n'avions point de connoiffance. Il prouve par les grandes 
hiftoires authentiques de la Chine, que les Chinois naviguoient 
fréquemment dans le cinquième & le fixième fiècle du côté 
de} Amérique, où ils mettoient un pays de Fou- -fang. Or, par 
le détail de {eur route & fes différentes diftances, l’on recon- 
noit que ce pays de Fou-fang répond au voifinage des décou- 
vertes faites par les Rufles en 1741, & des terres de Amiral 
de Fonte.On doit remarquer que les Chinois, qui ne naviguent 
que côte à côte, alloient de la Chine reconnoître au midi les 
iles que nous appelons du Japon, pafloient au Veuchin, qui 
ft notre terre d'Yeco, enfuite à la prefqu'ile du 74han, 
aujourd'hui le Kamchatka, & delà le long de la grande 
prefqu'ifle du nord-oueft de Amérique (puifqu'ils alloient 
toûjours côte à côte), jufqu'au Fou-fang, qu'ils mettent à 
quarante-quatre mille lis de la Chine. Je finis cet-article, en 
obfervant que la fomme totale des diflances de leur route, 
s'accorde fort bien avec ce que nous favons d’ailleurs fur cette 


HNEASUMSMNENT LES NYC ES. AIT 
partie des côtes feptentrionales baignées par les eaux de fa 
grande mer. 

Je vais maintenant faire voir que les détroits qui fCpa- 
rent les continens, fe changent dans la mer en ifthmes , que 
j'appelle marins; & par-R je crois juftifier pleinement le fyfième 
naturel de la continuité des chaînes de montagnes marines , 

ui f fait au deffous du niveau dela mer, par le maflif de 
fuites d'ifles , de vigies, &c. qui indiquent les fommets de 
ces montagnes. Je vais, pour le prouver fenfiblement, comme 
êter les eaux du fond d’un détroit qui a de grands rapports 
avec celui du Nord dont je viens de parler, & je ferai voir 
auffi au dedans de la mer, autant qu'il eft pofhble, la forme 
d'une grande chaîne de montagnes marines, qui a ce qu'on 
appelle des débouquemens, que lon fent être fur mer en 
grand ce que les détroits font en petit. 

Je ne puis mieux faire pour cela, que de me fervir de 
deux morceaux qui font partie de ces ellais que j'ai préfentés 
en différens temps à l'Académie, lorfque je cherchois à établir 
le fyflème général qui fait l'objet du préfent Mémoire. Je 
commence par la carte de l'Océan vers l'E quateur, qui a été 
rendue publique, & qui étoit la fuite d’une première carte de 
l'Océan feptentrional qui a été auffi gravée, mais qui eft au 
dépôt de la marine depuis fon exécution en 173 6. 

Cette carte de l'Océan vers l'Equateur , renferme la tra- 
verfée & le détail de l'ifle de Noronha, avec une partie des 
côtes de Guinée & celles du Brefl. J'y ai marqué la grande 
chaîne de montagnes marines qui unit en cet endroit les 
deux continens, & elle f reconnoît fenfiblement par les ifles, 
vigies & bas-fonds, dont on voit auffi la coupe & le profil 
dans cette carte, de fa même manière que je donne aujour- 
d'hui le détail de la Manche & du pas de Calais. Cette 
grande chaîne de montagnes marines continue par deflous 
le niveau de la mer; & quoiqu'elle joigne le cap Tagrin de 
Ja Guinée près de l'embouchüre de Rio-grande, & au cap Saint- 
Auguftin du Brefil, cependant on remarque qu'elle forme 
à une certaine profondeur des ouvertures ou débouquemens , 


Fffÿ 


412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

qui font les paffages que les navigateurs cherchent , pour éviter 
les vigies de ces parages, qui font partie des fommeis de cette 
chaîne de montagnes marines. Je ne m'arrêterai pas davantage 
fur ce qui réfulte de la confidération de cette carte, qui eft 
connue. 

Je pafle à ce qui regarde un détroit très-voifin de nous , & 
à l'examen des ralus qui defcendent par des pentes plus ou 
moins grandes , jufqu'aux profondeurs de la mer ou derniers 
petits baflins , qui font comme des lacs entre les montagnes 
marines. On peut de-là remonter en efprit » comme par étages, 
jufque fur les côtes, d'où par degré & le long des pentes 
terreftres qui fervent à l'écoulement des rivières & des fleuves, 
on parviendra jufqu'à la chaine des plus hautes montagnes 
qui ceignent & traverfent notre Globe. 

La repréfentation de ce que nous appelons le Cana] ou 
la Manche avec le pas de Calais , que je donne en plan & 
profil, conformément à ce que j'ai préfenté à l'Académie le 
25 Mair737, nous doit paroitre d'autant plus intéreflante, 
qu'elle eft dreflée dans les mêmes vües Phyfiques, & que 
la chofe nous touche de plus près. Pour a rendre encore plus 
fenfible, je lai fait exécuter en un relief. On y voit, aufli- 
bien que dans le plan, par la réunion des fondes que les 
navigateurs ont oblervées , le rapport qu'il y a entre la difpo- 
fition extérieure des côtes de France & d'Angleterre, & celle 
du fond de la mer. L’ufage que je fais ici des fondes ( comme 
je l'ai remarqué dans la carte de l'Océan vers l'Equateur , pour 
les bas-fonds voifins de l'ifle de Noronha }, montre au premier 
coup d'œil dans le plan de la Manche, par les lignes tracées 
entre les côtes & dans l'intérieur de la mer, que j'ai fait ufage 
des fondes de 1 o braffes en 1 o braffes, & qu'ainfi l'efpace com- 
pris entre la côte & la première ligne repréfente les profondeurs 
priles du niveau de la mer, depuis zéro jufqu’à dix brafles, efpace 
que j'appelle /t ou banc. De cette première ligne à la feconde, 
font comprifes les profondeurs depuis dix jufqu'à vingt braffes. 
Il en eft ainfi des autres lignes qui fervent à faire connoître 
Yétendue & les bornes de chaque efpèce de lit, dont il eft 


DIANSPISICIME N CES. 413 
à remarquer que la figure affez variée tend toûjours à fa 
circulaire du côté des côtes qui la dirigent d'un côté ou 
d’un autre. J'emploie dans ce cas particulier , la mefure tirée 
des fondes jufqu'à foixante à foixante-dix brafes : c'eft à 
cette profondeur que fe fait l'entière liaifon de la partie méri- 
dionale de l'Angleterre avec les côtes de France qui y font 
oppolées, liaifon qui a commencé à fe faire par degré à l’ifthme 
marin qui eft au deflous du pas de Calais, comme je vais le 
faire voir. 

Le premier lit, qui contient le fond de zéro brafles jufqu’à 
dix, conferve dans fon contour à peu près celui des côtes 
extérieures dont il eft le talus: ce qui eft très-remarquable au 
pas de Calais, foit du côté de la ville qui porte ce nom fur 
les côtes de France, foit du côté de Douvres fur celles 
d'Angleterre. 

( Et ici je crois devoir avertir que par rapport à mon 
objet, je n'ai pas dû avoir égard aux plus petites ifles, aux 
roches, &c. qui tiennent aux côtes, non plus qu'aux baies 
ou ports dont l'étendue peut être comme celui de Bref. 

Dans ce premier lit eft compris la bafe ou le mañlif de 
lille de Wight, qui neft féparée de l'Angleterre que par 
un petit canal. 

Le fecond lit, qui contient les fonds depuis dix jufqu'à 
vingt brafes , eft prefque la continuation du premier talus , & 
fuit la même pente ; mais il change & s'avance en mer au-delà 
du cap de la Hague , parce qu'alors il devient le talus des ifles 
de Jerfey, de Grenefey & d’Aurigny qu'il unit à fa Nor- 
mandie : après cela il devient le maflif ou le {ol des côtes 
particulières du Cotentin, de ŸAvranchin & jufqu'à Saint- 
Malo. H continue enfuite {e long dela Bretagne , avec quelque 
différence de la côte, à caufe des petites ifles dont il eft Ja 
bafe ; jufqu'aux ifles d'Oueffant * qui font alors unies à fa 
Bretagne. Il eft encore à remarquer qu’au fond de ce lit & 
près le pas de Cülais, au fud-eff, eft un petit lac de figure 


* L’ifle d’Oueffant eft entourée de quelques autres ifes moins grandes, qui, 
à cau{e d'elle , font nommées lesifles d'Ouefant. 


| Fff iÿ 


4 


414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
alongée, qui eft dans la direétion de la côte, & quia environ 

uinze brafles de profondeur au deffous de ce fecond lit. 
Du côté de l'Angleterre , quoique celit s'éloigne diver fement 
des côtes, il ne différe pastrop de leurs contours, & il laiffe 
les ifies Sorlingues ifolées. 

Le troifième lit, qui comprend le fond de vingt braffes 
jufqu'i à trente, commence, en prenant plus de pente, à former 
une e{pèce de golfe marin dans la Manche: car fi lon luppole 
maintenant avec moi, & par une fuite de ce que je viens de 
dire, les eaux , tant de la Manche que de la mer du nord, 
retirdes de vingt-trois brafles ou de vingt à vingt-cinq, on 
en aura trois de découvertes dans ce lit; ainfi le pas ou 
détroit de Calais fera à fec, & joignant par un ifthme 
Angleterre avec la France, il fera un col ou pas entre les 
terreins élevés de Calais & de Douvres, & la mer formera 
un golfe dans la Manche. 

1e continuation de ce troifième lit le long des côtes & 
autour des ifles, dificre de plus en plus pour fee finuofités, 
& il va fe terminer d'un côté à la bafe desifles d'Ouefant, 
& de l'autre au cap Lézard, en laiflant encore les ifles Sor- 
lingues ifolées. 

Le de ième lit, dont Ia profondeur commence à trente 
braffes jufqu'à quarante, ne fe continue plus dans le pas de 
Calais, mais fe termine encore en forme de golfe vis-à-vis l'ifle 
de Wight & la pointe orientale du Cotentin, ce qui fait 
une plus grande liaifon de l'Angleterre avec la France. La 
continuation de ce lit fert encore de bafe au cap Lézard & 
aux ifles d'Oueffant , dont le talus eft prefque à plomb, au 
lieu qu'à l'endroit où il forme le golfe marin, il peut être 
regardé comme un petit bas-fond. 

"Le cinquième lit comprend le fond de quarante à cinquante 
braffes ; l'efpèce de golfe qu'il forme, finit vis-à-vis l'ifle de 
Portland & Saint-Malo: c'eft une troifième jonction de la 
France avec l'Angleterre. 

Le fixième lit, dont les profondeurs font de cinquante à 
foixante brafles, ne le quatrième & dernier golfe marin, 


— 


e 

DLEPSNL SIC LE UN GE 5. ATS 
qui fe termine vis-à-vis le cap Lézard & la pointe de Bre- 
tagne , & va rejoindre du côté de fon ouverture en pleine 
mer, les deux extrémités de l'Angleterre & de la France, 
u’il achève alors de joindre entièrement dans toute l'étendue 
de la Manche, étant fa dernière bafe des ifles Sorlingues & 
d'Oueffant. L’efpèce de grouppe des unes & des autres eft 
comme à pic: entre elles & la pointe occidentale d’Angleterre 
nommée Lands-end, font des roches ou bas-fonds qu'on 

appelle le Gouffre. 

Enfin le feptième lit, qui comprend le fond de foixante 
à foixante-dix braffes, ne prend plus la forme d'un golfe, 
mais s'avance en forme de pointe dans le parallèle des ifles 
Sorlingues jufqu'à vingt-deux lieues, & va enfuite gagner par 
divers contours les ifles d'Oueffant. 

On 2 lieu de foupçonner que les fonds fe continuent plus 
ou moins en avançant dans la mer, & tournent du côté de 
l'Irlande jufqu'à la rencontre des roches qui font dans la tra- 
verfée d'Europe au Grand-banc & à Terre-neuve. 

Ï eft encore à remarquer que l'on trouve fur le bord du 
cinquième au fixième lit de la Manche, une efpèce d’abîime 
ou de puits, qui va jufqu'à foixante-dix braffes, à compter du 
niveau de la mer. Serviroit-il à quelque communication 
foûterraine ? 

l’ufage que j'ai fait des Sondes, & que perfonne n'avoit 
employé avant moi pour exprimer les fonds de fa mer, 
me paroît très-propre à faire connoître d’une manière fenfible 
les pentes ou talus des côtes, & en même-temps les efpèces 
de lits que cette méthode me donne, & qui nous condui- 
fent par degrés jufqu’aux fonds des baflins de la mer. 

La Géographie & Hydrographie étudiées felon toutes 
les vües que j'ai propofées dans ce Mémoire, peuvent prendre 
une nouvelle face. On pourroit auffi fe fervir de ce com- 
mencement de fyfème, pour en tirer des conféquences plus 
étendues. H feroit ainft à propos que les navigateurs vou- 
luffent bien remarquer, relativement aux vûes que j'aiindiquées, 
les efpèces de petits phénomènes qu'on eft fouvent porté à 


416 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyazE 
négliger, & dont la réunion pourroit cependant conduire à 
la découverte d'une caufe générale dont les variétés dépen- 
dent de différences particulières dans la difpofition des côtes 
& dans celle des fonds de la mer, comme ce qui regarde 
les courans & les vents, dont on a pü fouvent confondre 
leflet, en attribuant aux uns ce qui convenoit aux autres. 
On me permettra de propofer encore un moyen pour 
perfectionner ce fyflème, ce feroit d'exécuter un Globe en 
relief, par portions de mers & de terres, que l'on pourroit 
détacher & réunir quand on le voudroit; ainfi, après avoir 
remarqué les élévations plus ou moins grandes au deflus du 
niveau de la mer, auffi-bien que le cours des fleuves & 
rivières, avec les pofitions des villes, & même ce qui concerne 
YHiftoire Naturelle, on pourra lever ce qui repréfentera la 
fuperficie des eaux de la mer, pour confidérer la différence 
de fes fonds, la difpofition des chaînes de montagnes marines , 
& tout ce qui peut concerner l'Hiftoire Naturelle de la mer. 
On fe flatte qu'un tel ouvrage ferviroit non feulement à expli- 
quer beaucoup de phénomènes , mais fourniroit encore de 
nouvelles vües pour la perfection de la Géographie & de la 
Navigation, aufli-bien que pour celle de la Phyfique. 


OBSERVATION 


* 
ÿ 


Mem. de LAc. REdes Se: 1762. 
Page’ 416. PL.xnr. 


ou l'on voit du Pole Septentrional 


Grandes Chaînes de Montagnes qui traverfent le GLOBE. 
de l'Academie le 15. Novembre 1762. par Phihppe Buache. 

FE Equateuy. , 

uvre pour em ppe 4 te Ter, 4 


n 
& 
a 
AS: 
A 


ï \hmI de 4 RE À \ 

D ee ù , : Mem. de Le REder Je: 1782 

PLANISPHERKE PHYSIQU En ne) où l'on voit du Pole Septentrional PT LE 
SZ 


n : = 
des Grandes Chaines de Montagnes qu traverfent le GLOBE. 


on connott de TERRES et de Mers, Avec mA 
Memoire Lu à LAsremblee publique 


ee 
lobe eee 
devaur, co 


3 Û , 
GENTILLE de l'Académie le 15. Novembre 1762. par Philippe Buache 
Dresse pour le £ 


V4 


Grave par Derbrrlne 


la MER du NoRD, owve voit l'etat actuel des profondeurs de la MER, AE: Deer L'Acaderi 


brectement dans ces MERS, depuis Les dffer. entes Chaînes de Montagnes: 
ss FE SE ne ie | 
ss (ru 


5 ni ni ul | | _ = 
Hi Hits He | 


À. XIV. 


Mem. de l'draderuk 
dar Je. 1753. pag pub. 
ur 
/ P | 
pressée en 1752. Par Philippe Buache 
7 PF 


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ÂAverüssement. IL de Grouter 
L'Auteur prerenta em 197. a lAcad® Bet 
“ir Je. ce Plan Phyprique de la Manche, 
m manwenbet cel de l'Ocean wenr 


‘Equateur, pour montrer comment 


le font ler jonctionr der Terres, soit Re. QUE Ve 3 


vrochainer, soit éloignéer. 


25 de do ol. Commun “à 


12 y 


_ 


D'ESNSAC/TE IN C'E 417 


OBSERVATION ANATOMIQUE 


SUR LES 


ORGANES DE LA DIGESTION 


D E 


LOISEAU APPELE COUCOU. 


Par M. HÉRISSANT. 
j E Coucou eft un des oifeaux qui nous annoncent par 


leur chant le retour des beaux jours: c’eft au fien qu'il 
doit fon nom; en chantant, il articule coucou aufli diftinc- 
tement que le pourroit faire une voix humaine. Il n’eft 
point d'oifeaux dont les anciens Naturalifles nous aient ra- 
conté plus de merveilles, entre lefquelles quelques-unes, 
malgré leur air trop fabuleux, ont été adoptées ou n'ont 
pas été aflez rejetées par des Naturalifles modernes. 

Si l'on en croit Pline, qui cite pour garant Ariftote, le 
coucou eft une efpèce d’épervier, ou pluftôt l’épervier n'eft 
‘ autre chofe que le coucou devenu adulte; & Bélon rapporte 
que le faucon étoit, de fon temps, regardé en France comme 
le père du coucou. 

Son plumage, par lequel il reffemble aflez à un oifeau de 
proie, dont il n’a d’ailleurs ni le bec, ni les ferres, aura fans 
doute donné lieu à ces erreurs. Tous ceux pourtant de ce 
pays n'ont pas le même plumage : on en peut voir dans le 
cabinet de M. de Reaumur, qui, par le leur, reffemblent à 
différentes efpèces d’émouchets, & un autre qui reflemble 
affez à un pigeon bizet; leur grandeur eft à peu près celle 
de ce dernier. 

Ifidore de Séville (qui le fait revenir chez nous fur le 
dos d'un milan, étant incapable, après l'hiver, de faire de 
longs vols) ofe en rapporter un conte encore plus ridicule: 
il dit que fa falive du coucou engendre des cigales qui ont 
fi peu de retour pour loifeau auquel elles doivent l'être, 


Mém, 175 2. Ggg 


418 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
qu'elles fe jettent fur lui, fe cachent fous fes aîles, & le 
font enfin mourir par leur piqüre. 

D'autres Auteurs l'exemptent de faire de longs voyages : 
ils veulent qu'à l'approche de l'hiver il fe retire dans des 
troncs d'arbres, où quelques-uns prétendent qu'il a eu foin 
de faire un magafn de blé. Il eft pourtant certain que pen- 
dant le refle de l'année, ïl fe laïfleroit mourir de faim 
sil ne trouvoit que du blé pour fe nourrir. D'autres veulent 
que dans la caverne où il seft logé, fes plumes tombent, 
que fon corps fe couvre de galle, & qu'il refte en un état de 
foibleffe jufqu’à ce que de nouvelles plumes lui foient revenues 
au printemps, & qu'il foit alors en état de prendre l'efior. 

Mais une fmgularité de cet oifeau , au moins auffi grande 
que celles qui viennent d'être indiquées, & beaucoup plus 
certaine, c'eft qu'il a été déchargé par la Nature prefque de 
tous foins pour la confervation & la multiplication de fon 
efpèce: il montre pour fa poftérité une indifférence dont on 
ne fauroit trouver d'exemples dans aucune des autres clafles 
des grands animaux. Les loups, les lions , les tigres, les aigles, 
les vautours, en un mot les animaux Îes plus féroces font 
tendres pour leurs petits, rien ne leur coûte pour les élever 
& les défendre. Le coucou, par une exception fort étrange, 
eft le feul qui ait été difpenfé du foin de faire éclorre & 
d'élever fes petits. La femelle ne fe donne pas la peine de 
faire fon nid : tout ce qu'elle fait pour fa poftérité, fe réduit 
à aller pondre un œuf dans le nid d'un autre oifeau ; alors 
cle eft quitte de tout. Quoiqu'elle foit auf grande au moins 
qu'une tourterelle , le nid dans lequel elle le dépole eft toujours 
celui d'un fort petit oifeau, comme d'une rouffette, d’une 
fauvette , d'une gorge-rouge, &c. c'eft au petit oifeau à élever 
le petit coucou qui éclorra de cet œuf, & il s'en charge. 

Ce fait n’eft plus du nombre de ceux qui aient befoin d'être 
vérifiés : il a été obfervé par M. Frifch , par M. Salerne 
Médecin à Orléans , Correfpondant de cette Académie; & 
M. de Reaumur a dans fon cabinet le nid d'une rouflette, 
& le coucou qui y avoit été élevé dans le parterre de fon 


ea 


DES SCIENCES. 419 
château de Reaumur. On lui avoit attaché une ficelle à une 
patte, afin que lorfqu'il feroit devenu affez grand pour s'en- 
voler , il ne put échapper. 

C'eft une étrange commiflion pour un petit oifeau , que 
d’avoir à en élever un d’une taille fi fupérieure à la fiemne. Ce 
dernier refle feul poflefleur du nid; les enfans naturels en 
font chañlés & condamnés à périr. La petite nourrice chargée 
de cette commiflion, paroït devoir l'être pendant long temps ; 
car il eft furprenant combien les jeunes coucous font de temps 
avant que de vouloir prendre la peine de manger feuls. La 
pareffe femble être la qualité dominante de cet oifeau: j'en 
ai vü chez M. de Reaumur, chez moi & ailleurs, plufieurs 
qui après être devenus grands comme père & mère, ont exigé 
pendant un mois & demi ou deux mois qu'on leur donnât 
la becquée. Des infeétes de diverfes efpèces, comme chenilles, 
vers, &c. font leur nourriture naturelle, & on y fupplée en 
leur donnant de la viande crue. 

Ces fortes de fmgularités ne font pas celles qui font l'objet 
de ce Mémoire ; je me fuis propolé d'en faire connoître 
d’autres qu'il faut aller chercher dans l'intérieur du corps, & 
dont on n'a point encore parlé. On y trouve les inteftins 
placés autrement que dans les autres oifeaux, & un eftomac 
dont la grandeur, la pofition & les attaches font très-dignes 
d’être remarquées & connues. 

Lorfqu'on a fait au ventre d'un oifeau une grande ouverture 
qui a été pouflée jufqu'à l'aus, ce qui frappe le plus les 
yeux, c'eft la mafle des inteftins qui cachent fouvent en 
grande partie le géfier ou leftomac, comme on le peut voir 
planche première, aufi fus-je très-étonné, & j'eus lieu de 
l'être, de ce qu'après avoir fait une telle ouverture au ventre 
du premier coucou que j'eus occafion de difféquer, je n'a- 
perçus pas la mafle de fes inteflins. J'avois commencé par 
faire une incifion longitudinale au milieu des parties conte- 
nantes du ventre : cette incifion, qui étoit pénétrante , s'étendit 
depuis extrémité inférieure du ffernum jufqu'à l'anus exclu- 


fivement. (Woyez la planche I.) 
Gegi 


420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Au lieu de voir des inteflins, je fus fort furpris de 
rencontrer fous mon fcalpel une affez grande quantité de mor- 
ceiux de viande crue ; c'étoit la nourriture que cet animal avoit 
avalée trois heures avant fa mort: cette provifion de viande 
occupoit prefque les deux tiers de a cavité du ventre, prin- 
cipalement du côté de fa partie antérieure, c'eft-à-dire, depuis 
environ l'extrémité inférieure du ffermum jufqu'à l'anus, en fe 
portant auffi fur les côtés; en forte que par cette ouverture anté- 
rieure du ventre, il ne me fut pas poflble d'apercevoir aucune 
portion des inteftins ni des vifcères, qui font fi apparens dans 
les autres oifeaux lorfqu'on leur a fait une femblable ouver- 
ture: ce ne fut qu'en faifant une incifion fur le dos de cet 
animal, que je parvins à découvrir , comme je le dirai ci-après, 
les inteftins qui étoient logés-là. 

Ce phénomène me parut d'autant plus furprenant , que je 
ne me rappelai pas d’avoir jamais rien obfervé de femblable 
fur aucun des oifeaux que j'avois difféqués jufqu'alors. 

Le premier foupçon qui me vint , fut que peut-être il s'étoit 
formé quelque route contre nature, à la faveur de laquelle 
cette viande avoit pü s'échapper pour tomber dans la cavité 
du bas-ventre; ce que je regardois alors comme étant la caufe 
de la mort de cet oifeau. 

Mais mon foupçon fut bientôt diflipé, lorfque j'eus tout 
examiné de plus près. J'enlevai doucement & avec précau- 
tion toute la viande qui fe préfentoit à ma vüe, & je pris 
bien garde de ne rien déranger & de rien forcer: cela 
étant fait, je ne vis plus qu'une efpèce de poche ou de fac 
dont la figure étoit ovale { voyez la planche 11): ce fac 
occupoit toute la partie antérieure de la cavité du ventre, 
depuis le ffernum juiqu'à l'anus : fes parois étoient minces, 
en partie membraneules, & en partie mufculeufes : ce fac, 
qui étoit l'eflomac, avoit à peu près une capacité égale 
à celle de la coquille d'un moyen œuf de poule. On juge 
fans doute que c'étoit par une ouverture que je lui avois faite 
contre mon gré, qu'une partie de la viande qu'il contenoit 
en étoit fortie ou avoit été mife à découvert; mais ce qui 


» 


pe ist SNC'T-E N°C ES, 421 
me parut extrémement fingulier, c'eft que je trouvai que cet 
eftomac étoit intimement adhérent par fa furface externe, 
au moyen d'un tiffu fibreux ou cellulaire, aux différentes par- 
ties qui l'entouroient : cette adhérence étoit très-intime aux 
endroits qui répondoient à la région des mufcles du bas- 
ventre, comme je l'ai démontré dans une de nos affemblées. 

Après avoir enlevé toute la viande de l'intérieur de cet 
eftomac ; j'y trouvaiune matière gélatineufe qui remplifoit 
les interftices des plis & des godrons qui s'y rencontroient 
en grand nombre, & qui étoient polés en divers fens, (A, 
planche 1) : chaque godron étoit frifé & pliffé. J'obfervai 
de plus dans fa cavité deux ouvertures, dont l'une étoit fupé- 
rieure, & femblable à celle d’une bourfe fermée { B, même 
planche) ; elle communiquoit avec le canal de l’'œfophage : au 
deffus de cette ouverture, il y avoit beaucoup de grains glan- 
duleux, affez régulièrement arrangés ; chacun d’eux étoit percé 
d'un petit trou par où il fortoit de la liqueur lorfqu'on les 
comprimoit. Il y avoit de plus entre cette ouverture & ces 
grains glanduleux plufieurs fibres charnues très-fenfibles, & 

fées circulairement pour former en cet endroit une efpèce 
de fphinéter capable par fa contraction d’empècher les ali- 
mens de refluer vers le canal de l'œfophage. L'autre ouverture 
(C; même planche) étoït oblongue & pliffée fur fes bords comme 
la précédente; c'étoit le pylore, puifqu'elle communiquoit 
avec les inteftins. 

Par l'expofition qui vient d'être faite de la forme & de la 
fituation de l'effomac de f'oifeau dont il eft ici queftion, il 
eft aifé de concevoir que la pofition des inteftins, &c. devoit 
être différente, dans cet oifeau, de ce qu'elle eft dans les autres 
volatils : c'eft dans la partie inférieure du dos qu'ils étoient 
placés, & ce ne fut qu'après avoir brifé les os du baflin que 
je pus les découvrir fans endommager leflomac. (Voyez la 
planche III.) 

On feroit tenté de foupçonner que cette conformation de 
leflomac, & cette pofition des inteftins, fi différentes de 
celles que nous font voir les autres oifeaux, pouvoient ètre 

Gggi 


422 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
particulières à l'individu que j'avois difléqué, comme on trouve 
même dans des cadavres humains des coñformations & des 
déplacemens bizarres ; mais les ayant trouvés les mêmes dans 
deux autres coucous, & M. Salerne, à qui on avoit fait part 
de mon obfervation, ayant eu occafion d'en difféquer un 
pendant ces vacances, a obfervé dans fon intérieur tout ce que 
javois vû dans l'intérieur des miens. 

Au moyen d'expériences auffi décifives qu'heureufement 
imaginées, M. de Reaumur a démontré que la trituration eft 
le principal agent de la digeftion dans les oifeaux dont l'efto- 
mac très-mufculeux eft un géfier, mais qu'elle n'a aucune 
part à celle qui fe fait dans les eflomacs membraneux des 
oifeaux de proie ; qu’elle étoit uniquement opérée par un diflol- 
vant. La forte & intime adhérence de l'eftomac du coucou 
aux parties qui l'environnent, nous montre auflr d'une ma- 
nière bien évidente que Ia digeftion des alimens n’y eft point 
l'ouvrage de la trituration, qu'elle s’y fait comme dans les 
eftomacs des oiïfeaux de proie: car, incapable d'exercer fur 
ces alimens une preflion confidérable, telle que celle que le 
broiement exige, il ne peut tout au plus agir fur eux qu'à 
peu près de même que la veffie agit chez nous fuf l'urine 
pour s'en débarrafler. 


EXPETCATION DES FIGURES 


Fér'AMNIc'EA NE E 


Carre planche repréfente un pigeon plumé, dont le ventre eft 
ouvert, pour faire voir ( comme exemple) que Îes inteftins cachent 
en grande partie le géfier dans la plufpart des oifeaux. 


Panic IE 


Cette planche repréfente un coucou plumé, dont le ventre eft 
ouvert, pour faire voir l’eflomac qui occupe toute fa partie 
antérieure de cette grande cavité, depuis lextrémité inférieure du 

© flernum jufqu'à l'anus. Cet eflomac eft tel qu'il fe trouve lorf 
qu'il eft rempli d’alimens ; çar à mefure qu'il fe vuide, il fe ramafle 


DES SCIENCES. 423 
& fe retire fur lui-même, en entraînant avec lui les différentes parties 
membraneufes auxquelles il eft adhérent. 


A, plis & godrons de cet eftomac. 


B, fon ouverture ou orifice fupérieur, qui communique avec 
l'œfophage. È 
=) 


C, fon ouverture inférieure ou pylore. 


PA NUE IUIeE 


Elle repréfente un coucou plumé, vû par le dos, lequel eft 
ouvert, afin de faire voir les inteflins fans que leftomac foit 
endommagé. 


424 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES 


FAITES 
A LOBSERMAMORRES ROYAL 
DE GREENWICA, 


Correfpondantes a celles de M. l'abbé de la Cailk, 
au cap de Bonne-efpérance, pour la parallaxe 


de la Lune, de Mars 7 de Vénus. 


Tirées d'une lertre écrite par M. Bradley à M. de 
l'Ile, datée de Greenwich le 22 Aout 1752, 
ancien flyle. Traduit de l’Angloïs. 


E vous envoie, Monfieur, les obfervations que le ciel 

nous a permis de faire vers les temps fpécifiés dans F'Avis 
aux Affronomes , publié par M. de la Caiïlle. La lifte ci-jointe 
eft une copie du journal dans lequel nous écrivons les obler- 
vations à mefure que nous les faifons. Je n'ai pas corrigé les 
diftances apparentes au zénit, prifes avec mon quart-de-cercle; 
mais cela fe peut faire aifément, quand on le jugera à propos, 
en ôtant 4 fecondes pour l'abaiffement du rayon viluel, & 
une feconde pour chaque arc de 54 42", parce que cet inftru- 
ment s'eft trouvé de 1 6 fecondes plus petit que 90 degrés. 
Sur ces fondemens, la diftance corrigée de l'étoile y du V'erfeau, 
le 4 oétobre 1751, a dû être de 6od 31° 16”. 

Vous remarquerez, Monfieur, que mes pendules marquent 
le temps du premier mobile ou des étoiles fixes, & à peu près 
J'afcenfion droite du milieu du ciel réduite en temps, cette 
méthode n'ayant paru la plus commode à caufe de habitude 
où je fuis d'obferver les paffages de plufieurs étoiles fixes. 
Nous fuppofons que le jour commence au paflage du Soleil 
par le méridien, 


Les 


Mer, de Le.R. des Se. 1782. Lag 424. 15. 


4 Li 
Al 


il \ 
. 
KL ALL 
KE AE (il 


ANA 
Ni 


ins le LR dire, 2782 Pag gag, PL 
2, 


gran S'eulp 


Mer, de lAc. R. des Se.1752. Pag, 324.PL16, 


a 


Mem. de L'Ac. R der Se.175a Pag, 928 PL16. 


Tram Jap 


em, de l’Ae. R, des S'e,1752.Pay 42 


em, de L'4e R der Se,1753 Pay 


5 Pls7. 


Je hgrum Je 


‘ hu 
DES SCcTENCES. 425 

Les paffages de la Lune & des étoiles fixes par le méridien, 
ont été obfervés quelquefois avec un très-bon inftrument des 
paffages, dont la lunette a 8 pieds de longueur, & d’autres 
fois par la lunette de mon quart-de-cercle mural dont le plan 
eff f bien placé dans le plan du méridien , que les temps des 
paflages donnent exactement les différences des afcenfions 
droites des objets céleftés qui ne diffèrent pas beaucoup en 
déclinaifon. L'infrument des paffages eft fi exaétement dans 
le plan du méridien, qu'il donne les vraies différences en 
afcenfion droite dans tous les cas. 

On. s'eft fervi de deux pendules, dont Fune eft placée 
contre le quart-de-cercle mural, & l'autre proche linflrument 
des paffages. Quand le temps du pañlage eft oblervé avec 
Yinftrument des paffages & avec fa pendule voifine, il eft 
marqué par la lettre T, & quand c'eft par le quart-de-cercle 
mural qu'on a oblervé, & fa pendule, le temps eft marqué 
par la lettre Q. 

J'efpère, Monfieur, que vous ne trouverez pas beaucoup 
de mébprifes dans ces oblervations : il eft vrai que je ne les 
ai pas examinées moi-même ; mais fi vous en rencontriez quel- 
ques-unes, je vous prie de me communiquer ce que vous y 
aurez.remarqué, de même que les réfultats des comparaifons 
que vous en ferez avec les obfervations de M. de la Caïlle. 
Je vous prie aufii de me procurer, à votre loifir, une copie 
des obfervations de M. de la Caille ; car nous. pourrions 
peut-être avoir fait d'autres obfervations correfpondantes aux 
fiennes, dans d'autres jours que ceux qu'il a marqués dans 
fon Avis aux Affronomes, | 


Mn, 1752; .Hhh 


426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


TE MUPUS 
DES PASSAGES 


aux pendules, 


Le 8 Mars, 
7720 2 Cafter (avec la pendule T°). 
7 27 $56—| Procyon. 
AR ONE Pollux. 
3.50, 55 2 bord précédent. . .... Bord fupér. ... 

DORÉ APDSI SE NS celte RE. cos PES 
La pendule avance de o”+ par jour. 

Le ÿ Mars. 
4. 42. 4—| à bord préc. (avec la pendule Q@). Bord fup.. 
4 49 30—| 7 Leonis.r . ........ DÉS PEMEC EE 
4 57. 32] « Regulis. ... 4... Da tt EM e hote 

La pendule avance de 2/1 par jour. 

Le ro Mars. 
ÿ+ 44. 115 | « Orionis (avec la pendule Q)......... 
7128. 454] PracJon NS Ne MR IE re 
1O:102 10710 | 2 bord précédent. . . ... Bord fupér. . .. 


Le $ Mars 1751, nouveau fiyle, 


& Orionis (avec la pendule T°). 


à Bord précédent . . .. Bord inférieur. .., 
Syrius. 

hou sss «s . se ‘ 

MS RES Ed FR Eos) NON NE ‘ 

SON AS 3 Ds AA jt. insr ARTE 


Cetté pendule retardoit par jour de 7”+: elle a été 


changée le 7 Mars. 


“ta 


La pendule avance de 2“+ par jour. 


DISTANCES 
AU ZÉNIT, 
obfervéés avec 

le quart - de -cércle 


mural. 


“rap di 22 
OT ONE 


45: 37: 3623 
A7. 42 SI 


DES SCIENCES. 427 


Le 4 Juillet 17 5 Tr nouveau fiyle, 
® Scorpii (avec la pendule Q)......,... 
> bord précédent. . ..., Bord fupér. . . . 
La pendule avance de 2” par jour. 


Le 3} Août. 
18. 10. $2| 2 bord préc. (avec la pendule T°). Bord inf... 
18. 29. 1+| « Lyræ. 
La pendule avance de 1” + par jour. 
1 4 Aoû. 
Nuage, D Ce ee RBOIdHNpELEUr. eee 2e 
MS GPHIEATI Tele eee le lele tee elelele elulelelere 
Le 30 Août. 
23. 55. 2 | 33 Pifcium (avec la pendule Q})........[58. 32. s5 
23. 55+ 16 Mars HCIcEntrC MM MIN Re NeRne 58. 44 16— 


La pendule avance 2“ - par jour. 


Le 2 Septembre. 
20. 9. 344] B Capricorni (avec la pendule Q).......166. 59. 122 
20. 30. 15 2 bord précédent . . . . Bord inférieur. . . .|67: 16. 6: 
BRAS) 30 PCA NE ONE ..-158. 50. 4r 
23. 52. 49 JE rue MONET ..158. 58. 272 
33 Pifcium..…....sssss.ossess [58 32 54 


Le > Septembre. 
21. 23. 17 | 2 bord préc. (avec ei . Q).Bordinf.….|63. o. 46 


23.51. 462$ 30 Pifciumie NN Tele ee one 58. 50. 39 
2351, 55H Mars, le-centre,.....… « sie sono ae oiaitet e $9213:- 5 
23 55e 11—| 33 Pifcium............. unes. lN0e, 322 ,5 2 


428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
hors » ;] 


TEMPs DES Pass. DisT. AU ZÉNIT. 
CORPORATE 

HO M S Les Septembre 1 7 $ Ts nouveau flyle. 

23: 50. 4—+| Mars, le centre. .............. se. 

23. 51. $1—| 30 Piféium........ ss... 

23. 55e 154] 33. msotoers se À Eboo Cipnere 


Le 7 Septembre. 


14 5: 32—| Arélurus (avec la pendule T°). 
19. 39: 53 — a Aguilæ. 
1. 0. 40—| 2 bordfuivant. ..... Bord précédent . .. 
à Pegaf DCE ON MDION PO OO) CARS 2 see 


La pendule avance 1°-+ ‘par jour. 
Le 8 Septembre. 


y Pegafi (avec la pendule T)...,..... 
HONG IE > bord fuivant. . .... Bord fupérieur. . . 
$e 42. 58—+| « Orionis. ; 
6.35. 26+| Syrius. 
La pendule avance 1°+ par jour. 


Le 13 Septembre. 
19. 39. 14] « Aguilæ (avec Ia pendule T'). 


23. 39. 13—| Mars, le centre. . ,.......... ro 
23. 49. 35—+| 30 Pifcium. ................. TE 
235 2545 9m tele rare sors. OADITION. 10 Ce 
ÿ. 2 58+| Rige. ... se . 


Le 14 Septembre. 


19. 39. 2+| « Aguilæ (avec la pendule T°). 
23. 38 7—| Mars, lecentre............ 0 


Le 16 Septembre. 


23. 35. $4—| Mas, le centre (avec la pendule 7°). . ... 
5. 42  9+| « Orionis. 
6. 34. 37+| Syrius. 


Le 1 9 Septembre 1 75 1, nouveau ftyle. 
æ Aguilæ (avec la pendule T°). 
Mars, le centre, . .:::. oo cecodio ici LUciE 
30 Pifcium 4.2. ARR RER 2 


grossesses sssissei ee 


Le 21 Septembre. 
a Aguilæ (avec la pendule T'). 


Mas, lecentre..:.........: s.....l60. 16. 56+ 
Le 23 Septembre. 

à Aguarii (avec la pendule T)..... +«.[60. 20. 35 

NE ES DR ET DIOICI AO T EEE se ARIEU 60. 28. 40 

rade is lalatale à ave ee je iheieteiehellelel safe 60. 31. 33+ 

Mars, le éentre. . . .: 4... 60. 21. 21—+ 


La pendule avance de 2“ par jour. 
Le 1,7 Olobre. 


> bord préc. (avec la pendule Q). Bord infr.|60. 24. 24. 
À AQUATIE ne se ne nee ee een mes 60. 20. 38+ 


1 Assororcietese stone to nste se PIQUE 60. 28. 42+ 
+ AI] Xe. CHE ION SR CIC EL O 60. 31. 35+ 
Mars, le centre.. …... + à came eve 160. 27: 15 
Son bord feptentrional. . . ........... COMPARE 
Son bord auftral. . . . .. JCerAURRE ...[60. 27. 28° 


Le 2 O&obre. 


& 
. 
. 
L] 
ax 
[e] 

Le 
Le 
D 


430 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


DIST. AU ZÉNIT. 


Temps DES PASS: 


Le 2 Olobre 1751, nouveau Ayle. 
Son bord feptentrional . . ..... atpaei eue 
Sonbord'aultral. Ale SA 
À Eridani. ...…. ALORS. RCE 


Rigel su. COR RONON NON PORC CC 


22, 41. 27, | à Aquarii (avec la pendule Q})......... 
22, $4e . 1—|] 1 RNA LR A ER nee à ; 

23 SNA Dis chatotetelsse ele on idieleelele + /êe a 

23. 21. 23+| Mars, le centre. ......... ss elsueie,s » 


Son bord feptentrional . ......4...... 
Son bord auftral ........... SES 
20. 33. 48+| « Cygni (même JE À la pendule T). 
19 Pifcium. 
> bord précédent. .. . . Bord inférieur . .… 
Syrius. 
y CAR STI SES SS CP . 
Cette pendule T avance de 1+ par jour. 


Le 4 Olobre. 
a Aguarii (avec la pendule Qj........ 


Mars, 1e centres... tente 
Son bord feptentrional. . . ...... site ie 


Le 7 Obbre. 


22. 41, 39—) À Aquarii (avec la pendule @). ..... os 

22. $4. 12—| 1 Re SA «erlalosete le ele ete 
ANR Ee UEp eler D cc : 

21:49. 25 Mars, le centre. . . ..... AA SERRES 
Son bord feptentrional.… .. ... CÉGieete 


4 59. 17. | à Eridani.................. s… 


DES SCIENCES 437 


DIST. AU ZÉNIT. 


Le 9 Odobre r 75 Ts nouveau ftyle. 
à Aguarii (avec la pendule @). , ...:... 


(0) EPRRRRRS ER RRENTR PEER IAA À Ne ETS UTP EE 
Mars! ‘le centre. 0 Re ETS EU MAUR 
Son bord feptentrional... . . ..... nee 


Le 10 Octobre. 


14 5. 19—| Ar@urus (avec la pendule 7°). 

6. $o. 541| 2 bord fuivant. . . ... Bord inférieur. ... 
CGeminoruin. ses sssssses 30. 33° 467 
La pendule avance de 17 par jour. 


Le 1 3 Otobre. 


| Vénus, le centre (avec la pendule Q). ... 
Son bord feptentrional. . ........... .|74. 44. = 
L& Capricorni. nn ss ses esse 74 $3e 31 

47 Aguarii 8 4 leu see se 


La pendule avance 3" par jour. 


14. 444 45 


LI. 125 46 


22 Le U2 + |74s 1 56 17% 


Le 2$ Odôbre. 
14. Hé 294 Vénus, bord feptentr, (avec la pendule ah, «72. 59. 59 
18, 50. oo Dee joe ee Bord inférieur. . . . . .. PROS 
22. 21. $9+ u Aguarii . ss ussrenseseeese 73: 23. 482 
23- Los iso] 12... M euuventss eue déudilgas Sat 44# 
b3. 13. 54 |20..4, 404 2h 2e Etes [73 25. 27 
La pendule avance z" , pat jour. 
18. 28. 54 rs avec l'inftrument des Pape Late la || 
| Mpa.% 0. 4 pendule Toi R- .BS. 
18. 30: 18+#| 2 bord précédent. ….... oiefnane 272: 4 ÿe L 2 
19. 39. 3 | « Aquilæ. 
19. 43. 30+-| L. 


La pendule avance 1/2 par Ep | 


432 MÉMOIRES DE WACADÉMIE ROYALE 


DisT. AU ZÉNIT. 


Le 26 Odoëre 175 Ts nouveau fyle. 


Vénus (avec la pendule Q ). Bord feptentr. . ... 
n CAPriCOTRE nn à om nn we où om een eue es hole 


uv Aguarits sus ese ss esse lose os 


La pendule avance 3“ par jour, 


Le 1.1 Novembre. 


0. 59.5 & bord préc. (avec la pendule Q ). Bord inf... 4r. 5$. 40 
I 


si 
1. 4 125 | y Aritiss ses 33484. » 0 


La pendule avance 3 par jour, 
P 3 Par ] 


Le 2 Novembre. 
22. 30. 22+.| € Pegaf (avec la pendule Q ). ; enr oenlLie S5e 09 


La pendule avance de 3" par jour. 
Le 3 Novembre. 
1. 53. 222 | x Arietis (avec la pendule 7). 
1. 53e 53—] & Arietis: 
3 6. 30 2 bord précédent. .. . Bordifupérieur. . . .|32. 57. 482 
y Arietis. nn denses ese 33: 24% OÀ 


La pendule avance 1/+ par jour. 


Le 10 Novembre. 
13. 59« 84] Vénus (avec la pendule Q). Bord méridional...|66. 32. 35 


La pendule avance 3! + par jour, , 
Le 11 Novembre. 


23.428.145 10 Aquarii (avec la pendule Q)..:..,.. 67-107. s9£ 
23e 31» 4Q Mots ENG el etes at sls sors 67. 214 23— 


La pendule avance 3“-+ par jour. 


Le 2 Décembre, 
2 bord préc. (avec la pendule Q). Bord inf..|30. 46. 49 


| 


TEMP$ 


DYE Si AISNCUTIE N+C4VE:S 


= Le 2 Décembre 1751, nouveau fiyte. 


. 39 | 2 bord fuiv. (avec la pendule Q). Bord fup... 
Ps SL Or NO MR OMIS CR ER 


URL 


La pendule avance de 3” + par jour. 


Le 6 Décembre, 


8. 44. 5<+| 1 « Cancri (avec la pendule T)........ 
AO 318 |N2 alCarcr RE ele eee ae ee 
8. 56 I Koss roses CCC 
ge 1. 21—+| > bordfuivant . .... Bord inférieur, . ... 


La pendule avance 2“ par jour, 


Le 31 Décembre, 


6. 23. 40 2 bord fuiv. (avec Ia pendule 7”). Bord fup.. 
-6.,30..19 ec Gem. 
6. 35. 52 Syrius. 


La pendule avance de 2{ + par jour. 


Le 11 Janvier 17 S2: 


$+ 43: 264-| à Orionis (avec Ia pendule T'). 
7. 20. 25+| Caflor. 

7» 29. 27+|] 2 bordfuivant. ..,.. Bord inférieur . . . . 
À GEMINOUIE eo ann ee ee = sel 


Le 25 Janvier. 


3 bord préc. (avec la pendule Q ). Bord inf... 
DS PP El oi cie D AE ete ie ae 


ss se 


Mém. 1752 SRI 


434 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


DISTr. AU ZÉNIT. 


TEMPS DES PASs. 


Le 26 Janvier 175 2, nouveau fiyle. 


Jupitér (avec la pendule Q}. . ... ... É rs 

. 384] 2 bord préc. . .... Bord inférieur. ..... 

MÉRE NT TERIS RASE RNA 
La pendule avance 4” par jour. 


Le 27 Janvier. 


$: 47018 > bord préc. (avec la pendule Q). Bord infér... 
D us ea Bord UperIeHT ER ei l20: 2705 0 


627 où M6 n Gem as id. date me 2814515 16 
ICONS NC ViGem Ne steel Rien |2tre NE7 AC 
CES IS OT IP AIR sa cel30s 3200 


La pendule avance 4” par jour. 


RÉPONSE de M. de PIfle à M. Bradkey. 
À Paris, le 30 Novembre 1752. 
MAR Sen. 


J'ai reçû la lettre que vous n'avez fait honneur de nv'é- 
crire le 22 Août de cette année, vieux ftyle, en n''envoyant 
les obfervations que vous avez faites à Greenwich, corref- 
pondantes à celles de M. de la Caille, au cap de Bonne- 
efpérance, pour la parallaxe de la Lune, de Vénus & de 
Mars. Je vous envoie, comme vous l'avez fouhaité, 11 com- 
paraifon que j'en ai faite avec celles de M. de la Calle. Je 
n'ai encore comparé que celles de Mars, & quoiqu'il s’en 
trouve un aflez grand nombre faites de part & d'autre, il 
ne s'en eft cependant rencontré que fix qui aient été vérita- 
blement correfpondantes, c’eft-à-dire, faites à la même étoile 
& dans la même nuit, n'y ayant eu entr'ellesique l'intervalle 
du temps pour paffer du méridien du cap à celui de Green- 
wich. Par plufeurs obfervations de M. de la Calle, comparées 


LES u MRC, L'ÉLNLC 154 435 
avec celles d'Europe, l'on eft afluré que le cap de Bonne- 
efpérance eft oriental à Greenwich, de 1h 14, & c'eft la 
différence de longitude que j'ai fuppolée pour réduire vos 
obfervations à celles du cap. 

Comme vous n'avez pas rapporté vos premières obferva- 
tions au bord fupérieur ou boréal de Mars, ainfi que M. de 
la Caille avoit averti qu'il le feroit de fon côté, j'ai été 
obligé de fuppofer 1e diamètre apparent de Mars connu; & 
dans l'ufage de vos premières obfervations, je l'ai employé 
tel ou un peu plus petit que vous l'avez trouvé lorfque vous 
avez commencé à l'obferver. 

La première obfervation que vous avez faite, correfpon- 
dante à celle de M. de la Caille, eft du 31 Août 1750 
au matin, auquel jour vous avez trouvé que le centre de 
Mars dans le méridien étoit de 11° 21", auftral à l'étoile 
33 des Poiflons. Si l'on en ôte 1 3 fecondes pour le demi- 
diamètre apparent de Mars dans ce temps-là, il en réfultera 
11° 8" pour Îa différence de déclinaifon du bord fepten- 
trional de Mars & de l'étoile au méridien de Greenwich. 
La variation diurne de Mars en déclinaifon étoit dans ce 
temps-là de 4 47", d'où on la conclud pendant 1h 14 
de 14" 48" à fouftraire de la diftance obfervée à Green- 
wich pour la réduire à ce qu'elle auroit été au méridien du 
Cap; ainfr, par votre obfervation, le bord feptentrional de 
Mars auroit été auftral à l'étoile, de 10° 53" 12°. M. de 
la Caïlle à trouvé cette étoile feptentrionale au bord boréal 
de Mars, de 10° 18" 24”; la différence eft donc 34" 48" 
pour la fomme des parallaxes de hauteur de Mars, ce jour-là, 
au méridien de Greenwich & du Cap. 


436 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYaLr 
Voici ce que jai trouvé pour les autres jours. 


Sept. 14 matin. A Greenwich, Rigel méridional au ! 


centtelde Mars elels elelelale ce SIC ON 
Demi-diamètre de Mars. ....... 0. M3 000 
Rigel méridional au bord fept. de Mars 

à Gicenwiche re el 8.10 3. 30 
Variat. diurne de Mars en déclin. 4’ 8” 

répond pour 146. 011. ONU 47 


Rigel mérid. au bord feptent. de Mars 
par l'obferv. de Greenw. réd. au cap. 8. 16. 17 


La même diftance obfervée au cap. .. 8. 51. 30 

Différ. ou la fomme des parallaxes de 
ROUtEULITEAMATS SN EN RIRE (dede 0) 

Octobre, foir. À Greenwich, le bord feptent. de Mars 
étoit auftral à l'ét. à du Verfeau, de 4. 42. 30 

Variat. diurne de Mars en déclin. o’5 9” 


TÉPORdI POULET Late Late OL 
Le bord fept. de Mars, auflral à l'étoile 

réd. au méridien du cap....... 4, 045:32 
La diflance obfervée au cap . . .. .. 4. 9. 54 


Somme des parall. de haut, de Mars oo. 35. 38 
DERNIERS EN NAESE ET 
Oétobre, 4 foir. À Greenwich, l'étoile À boréale au 


bord feptentrional de Mars. . ... 3.226. 10 
Variation journalière en déclin. 1° 1 8" 

répond pour 1h 14... CARE NE à 
L'étoile boréale au bord fept. de Mars, 

réd. au méridien du cap. ...... 3130. RE 


L'étoile boréale obfervée au cap. . .. 2. 58. 12 
Somme des parall. de haut. de Mars. oo. 31. 49 
Le js ne QE 
Octobre, 7 foir. À Greenwich, l'étoile à auftrale au 


bord feptentrional de Mars. . . .. 27e NO 
Variat. jour. en déclin. 2° 10° répond 
ONE PRÉRMEANRE Be 3 MATE CHAN 


L'étoile auftrale au bord fept. de Mars, 
réduite au méridien du cap ..... 2-00 TO 


L'étoile auftrale obfervée au cap. ... 2. 36. 36 
Somme des parall, de haut, de Mars. 0. 26. 18 
pe ee NT 7) 


DREMSN ONG E NC ES 437 
Octobre, 9 foir. A Greenwich , l'étoile à auftrale au £ 


bord boréal de Mars. . ....... ZE TLC 
Var. journ. de Mars en déclin. 2° 49" 
FÉDONANPOUT EL TA lee els Le o. 8. 42 


L'étoile à auft. au bord boréal de Mars, 
réduite au cap de Bonne-cfpérance. 7. 26. 18 


L'étoile à auftrale obfervée au cap... 7. 57. 24. 


Somme des parall. de haut. de Mars. © o. 31. 6 
Les ne nr ra } 


Cette fomme des parallaxes que je viens de trouver par 
chaque obfervation, eft l'angle à Mars, formé par les deux 
rayons vifuels menés des deux Oblervateurs à un mème 
point de Mars: j'ai enfuite déduit de chacune de ces fix 
obfervations 1a parallaxe horizontale de Mars, en la pre- 
nant dans le même rapport avec fe fmus total, que cet angle 
à Mars eft à la fomme des finus des diftances apparentes 
de Maïs au zénit de chaque Oblervateur , & j'ai trouvé cette 
parallaxe horizontale de Mars, comme vous voyez ici. 


an 
4 Correct, addit. 
1 


pour réduire 


È 
Ê 


4751 Août 31 |26" 42 
Sept. 14 |27. 10 Parallaxe 
Où. 3 |2 horizontale 


È de Mars 6 qu’elles auroient 
#4 SOEE pour chaque 27 À dû être dans 
7 20. 20 


D, 7€ 

Comme la parallaxe horizontale de Mars à dû varier; 
fuivant la diftance de Mars à la Terre, j'ai calculé, par les 
tables de M. Halley, les diftances réelles de Mars à la Terre 
pour le temps des fix obfervations rapportées ci-deflus, & 
pour le temps de l'oppofition de Mars à la Terre ; me fervant 
enfuite du rapport de ces diftances, j'ai cherché de combien 
la parallaxe horizontale de Mars a dù étre plus petite dans 
chacune de vos obfervations que dans le temps de oppoñition. 
Ce font ces quantités qui compofent la petite table que j'ai 
rapportée ci-deflus fous le titre de correétions : ces quantités 
étant ajoûtées à la parallaxe déduite fimplement de chaque 
obfervation, ont donné la parallaxe horizontale, telle qu'elle 

lii à 


34 les parallaxes à ce 


D D © © 


b 
© 


l'oppoñition de 
Mars au Soleil, 


obfervation. 


Lo 
LA 
% Lo 
EN 
a 


‘ 


438 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

auroit dû être par chaque obfervation réduite au temps de 
loppofition. Les calculs étant faits, voici ce que j'ai trouvé 
pour la parallaxe horizontale de Mars au temps de l'oppofition: 


Jun 


par l'obfervation du 31 Août... 27" 9 
14 Septembre 27. 10 
3 Oétobre..30. 9 * 

Lies ee 2 D 


ARRETE: M cu 
Dersrsseso 27e 39e 


En prenant un milieu ou moyen arithmétique entre ces fix 
déterminations, lon en conclud la parallaxe horizontale de 
Mars dans le temps de l’oppofition, de 27" 11‘”; mais 
comme il y a deux déterminations qui s'éloignent des autres 
d'environ 3 fecondes, qui font celles du 3 & du 7 O&obre, 
Jon pourroit les rejeter , & alors on trouveroit le milieu entre 
les quatre autres, de 27" 20"; d'où vous voyez, Monfieur, 
que foit qu'on rejette ces deux déterminations, foit qu'on 
les emploie, la parallaxe hoxizontale de Mars dans le temps 
de l'oppofition en réfulte tout près de 27" +; & fuivant le 
rapport de la diftance du Soleil & de Mars à la Terre dans 
ce temps-là, l'on en conclud la parallaxe horizontale du Soleil, 
de 10" + environ. 

Voilà ce que j'ai pü conclurre de vos obfervations de Mars 
pour la parallaxe du Soleil. Ayant fait les mêmes calculs fur 
mes obfervations & fur celles des autres Aftronomes que j'ai 
pû recueillir jufqu'ici, j'ai trouvé à peu près la même parallaxe 
du Soleil, en prenant un milieu entre toutes les obfervations 
de chaque obfervateur; mais je n'ai pas toüjours trouvé que 
les différentes obfervations des autres Aflronomes s’accor- 
daffent auffi bien entrelles que les vôtres, c’eft pourquoi j'ai 
été un peu plus incertain pour en conclurre Îa véritable pa- 
rallaxe horizontale du Soleil, & je n'efpère la pouvoir dé. 
terminer plus précifément que celle que j'ai déduite de vos 
obf@rvations, qu'après avoir vérifié les obfervations de tous 


D #isi SCIE N-C ES 9 
les Aftronomes les unes par les autres, & rejeté celles qui 
feront manifeftement défectueufes, après l'examen rigoureux 
que je me propole d'en faire. 

Je n'ai pas encore comparé vos autres obfervations avec 
celles de M. de la Caille, c'eft ce que je me propofe de faire 
le plus tôt que j'en aurai le loifir. Je vous envoie, en atten- 
dant, les fiennes, que l'Académie a fait imprimer pour donner 
aux autres Aftronomes la fatisfaction de les pouvoir comparer 
avec les leurs propres var 


x8 Décemb,. 
1754+ 


440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


DNS SERA I ONE 


SU 'RMLIE 
DIAMETRE APPARENT DU SOLEIL, 


Et fur les précautions que l'on prend ordinairement 
pour le regarder. 


Par M. LE GENTIL. 


TS favantes recherches que les plus célèbres Aftronomes 
ont faites jufqu'ici fur le diamètre apparent du Soleil, 
m'avoient toûjours paru ne laifler que très-peu de chofes à 
defirer; c'eft pourquoi, dans mon premier Mémoire fur le 
diamètre de la Lune, javois fuppolé le diamètre du Soleil tel 
qu'on le trouve dans les Tables de M. Caflini; & j'ai trouvé 
que le diamètre de la Lune, déduit de plufieurs obfervations 
d'écliples, étoit encore, dans cet afpect, affez différent de celui 
que lui affignent M.rs Flamfteed, Halley & Caflini. Une 
objection a fufpendu x fuite de mes recherches : la voici. 
M. de lle a rapporté à l'Académie, que M. Bradley lui 
avoit écrit qu'il avoit trouvé par fes obfervations le diamètre 
du Soleil environ + de minute plus petit que celui qui eft 
dans les Tables du Docteur Halley: mais M. Bradley n'a point 
envoyé à M. de F'ffle fes obfervations : cette objection, qui ne 
paroît regarder que les tables de M. Halley, peut cependant 
s'appliquer également à celles de M.rs Flimfieed & Caflini. 
Ayant donc bien fenti tout le poids de cette difficulté, j'ai 
cru' devoir fixer de la manière la plus exacte qu’il foit poffble, 
Je diamètre apparent du Soleil, & pour y parvenir je parlerai 
1.° des meilleures obfervations que je connoiffe fur ce diamètre: 
en fecond:lieu , je rendrai compte de celles que j'en ai faites 

* Quoique ce Mémoire n’ait été | diamètre de la Lune, plufteurs confi- 
Jû à l’Académie qu’à la fin de 1754, | dérations l'ont porté à en demander 


c’eft-à-dire, huit mois environ aprés | l’impreflion dans ce Volume. 
celui que l’Auteur avoit donné {ur le 


pendant 


‘ 


DES SCIENCES 44Y 
péndant les dix derniers jours de Juin, les dix prémiers de 
Juillet, les deux ou trois derniers jours de Septembre , les 
15 & 17 de Novembre de la prélente année 1754 Cette 
feconde partie fera accompagnée de plufieurs expériences 
fur la différente nature des verres colorés ou enfumés , dont 
on a coûtume de fe fervir pour les obfervations du Soleil ; j'y 
rendrai compte en même temps des moyens que j'ai imaginés 
auffi pour afoiblir l'action de fes rayons. 

L'éclipfe de Soleil du 2 Juillet 1 666, fit voir aux premiers 
Mathématiciens de cette Académie qui l'obfervèrent à Paris, 
la néceffité de connoître les diamètres apparens du Soleil & 
de la Lune, avec plus de précifion qu’on m'avoit encore fait. 

Mrs Auzout & Picard s’appliquèrent dès ce moment avec 
beaucoup de foin à cette recherche: fans rapporter ici tout 
le détail de leurs opérations, qu'on peut lire en partie dans le 
premier volume de 'Hiftoire de Académie /page 10, 
dans le feptième volume , page 1 1 8 ),  fufhra de dire qu'ils 
trouvèrent que le diamètre du Soleil apogée n'avoit guère 
été plus petit que de 31° 37". 

À peu près vers ce temps, M. Mouton, Prêtre à Lyon ; 
travailla de fon côté fur le même fujet: il fit imprimer dans 
cette ville en 1670, un petit volume #7-guarto fur cette ma- 
tière*, dans lequel on voit qu'il n’avoit eu aucune connoiflance 
de ce qui s’étoit pafé fur ce fujet à l’Académie des Sciences 
de Paris. Quoique le nom de cet Aftronome foit affez peu 
connu ; il n'en règne pas moins d’exactitude dans fes opéra- 
tions , & j'ai cru lui rendre juftice & à fon ouvrage, que de 
lui donner rang parmi les plus habiles obfervateurs de ces 
temps-là. Il obferva le diamètre du Soleil pendant. plufieurs 
années de fuite, ceft-à-dire, depuis l'an 1659 jufqu'à lan 
1 661; ilemploya, pour faire fes oblervations , deux méthodes 
diférentes; mais celle fur laquelle il infifte , & à qui il donne 
la préférence, eft d'obferver le temps du pañlage du Soleil 
par un cercle horaire. Cette méthode eff aflez connue; M. le 
Chevalier de Louville la employée en 1724, avec cetie 
feule différence qu’il {e fervoit d'un feul objeétif ; M. Mouton, 

Mém. 17 $ 2: Kkk 


* Obfervationes 
diametror. Sols 
d Lunæ, dTca 
Luod. 1670. 


442 MÉmoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

au contraire, employa une lunette à deux verres convexes : 
Jun & l'autre recevoient l'image du Soleil fur un tableau placé 
perpendiculairement à l'axe de la lunette , & fur lequel étoit 
tracée une ligne qui répréfentoit le méridien. 

Le tableau de M. Mouton étoit à environ trois pieds de 
diftance de fa lunette; il étoit compolé d'un chaffis fixe qui 
repréfentoit une très-petite portion de la voûte du ciel; ce 
chaffis portoit un carton mobile autour d’une aiguille placée 
à angle droit au milieu, & fur ce carton M. Mouton avoit 
tracé une ligne repréfentant le plan du méridien , pendant que 
les côtés de ce carton, perpendiculaires à la ligne méridienne, 
marquoient le parallèle du Soleil. 

M. Mouton ne donne point la defcription dela lunette dont 
il s’eft fervi pour fes obfervations , il renvoie fes lecteurs au 
livre du Père Scheïner , à Hevelius, & à plufieurs aûtres qui 
ont traité amplement cette matière ; il fe contente de faire 
voir l'avantage que l Aftronomie retire de l’ufage des lunettes. 

Cet Aftronome n’avoit pas connoifflance pour lors de l'ap- 
plication des pendules fimples aux horloges : ilavoit cependant 
befoin d'une mefure de temps exacte, au moins pendant 
2 ou 3 minutes; il fit donc conflruire un pendule fimple 
affez court, & dont il donne une explication très-détaillée, 
depuis la page 77 jufqu’à la page 8 o de fon livre. Le moyen 
dont il {e fervit pour connoître les heures , minutes & fecondes 
qui répondoient à un certain nombre d'efcillations de fon 
pendule , m'a paru une des principales chofes à remarquer dans 
fes opérations. Il avoit tracé fur un plan horizontal une 
méridienne dont il avoit très-fouvent éprouvé la bonté; if 
répréfenta le plan de cette méridienne par deux fils perpen- 
diculaires ; un troifrème fil à plomb, placé à côté, & à quelque 
diftance de la méridienne, formoit avec les deux premiers 
fils trois plans verticaux; un de ces plans étoit un azimuth 
oriental, & M. Mouton détermina l'angle de cet azimuth 
avec le méridien , en mefurant fort exactement la diftance 
réciproque des trois fils ; il trouva cet angle de $ 44 20° 20". 
‘La préférence qu'il donne au cercle vertical fur le cercle 


DES SCIENCES. 442 
horaïré, vient de ce que les parallaxes &c les réfraétions ne 
déplacent point les aftres de feurs verticaux, & qu'il n'en 
eft pas de même des autres cercles de la fphère. Lorfque le 
centre du Soleil étoit arrivé dans le plan de cet azimuth , il 
commençoit à compter les vibrations de fon pendule, & il 
ne cefloit que lorfque le Soleil étoit arrivé au méridien : il 
obfervoit pour lors la hauteur du centre du Soleil, dont il fe 
{ervoit avec fon azimuth connu, pour calculer Farc de l'E‘qua- 
teur correfpondant au nombre des vibrations ; cét arc étoit 
toûjours de plus de deux heures & demie, & le nombre 
des ofcillations de vingt-quatre ou vingt-cinq mille, ce qu'il 
faifoit à deffein de connoître avec plus d’exactitude le nombre 
des vibrations qui répondoit à une heure: il trouva, par exem- 
ple, que le 30 Août 1660, fon pendule avoit fait 24730 
vibrations dans F'efpace de 2h 3 $'28", il en conclut lenombre 
des vibrations pour une heure ou 60 minutes, de 9544: 
après fept expériences de cetteefpèce, faites chacune dans un 
jour différent, il trouva 9562, 9549, 9555 & 9543» 
&, en prenant un terme moyen entre toutes ces différentes 
déterminations, il fixa le nombre horaire des vibrations de 
fon pendule à 9 5 5.0. Quoique la moitié de la différence qui 
fe trouve entre ces différentes déterminations , foit de onze 
vibrations & demie pour une heure, M. Mouton a foin 
d'avertir que le milieu ne peut pas beaucoup sécarter de la 
vérité, & que quand même il s'en écarteroit des onze vibra- 
tions & demie entières, il n'en réfulteroit pas plus de 2° 
de degré d'erreur , foit dans le diamètre de la Lune, foit dans 
Je diamètre du Soleil, parce qu'ils r'emploient jamais 2° 
à pañér par le méridien , ou par tout autre cercle horaire. 

Tout étant bien difpolé, M. Mouton trouva que le Soleil 
avoit employé 364 & 365 vibrations à pañler par le cercle 
horaire, de 2 $ Juin 1 660 à une heure après midi; le ciel étoit 
très-ferein , mais le Soleil un peu agité: il répéta fon oblerva- 
tion feize fois de fuite, fans qu'il {e foit jamais trouvé plus 
d'une vibration de différence entre fes rélultats, c'eft-à-dire, 
environ un tiers de feconde. 

KKkij 


444 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 

Le 27 Juin 1661, par un très-beau temps, & le Soleif 
n'étant prefque point agité, M. Mouton compta trois fois 
364, & trois fois 365$ vibrations pour le paflage entier du 
Soleil par le méridien : de ces obfervations il condut le 
diamètre apogée du Soleil, de 31° 31", & 31° 32". 

Le 28 Septembre 1 660 , le ciel étant très-pur , le Soleil 
vers fes moyennes diftances & nullement agité fur fes bords, 
M. Mouton trouva la durée de fon paflage, par onze obferva- 
tions, de 340 vibrations, ce qui donne, felon lui, 32° 1° 
pour fon diamètre apparent. 

M. Mouton à fait quantité d’autres obfervations fort exactes 
fur le diamètre du Soleil, que nous ne rapporterons point ici. 
Je me fuis fixé à ces trois, parce que cet Aftronome en a fait 
le calcul , & qu'elles n'ont paru fufhfantes pour fervir de com- 
paraifon : je n'aurois même pas tant infifté fur fon article, fi 
{es oblervations euflent été plus répandues, & euflent moins 
mérité notre attention. 

On trouve dans l'Hiftoire Célefte de Flamfteed, de l'édition 
de Londres /année 1 722) qu'à l'occafion des éclipfes de Soleil 
du 12 Juin 1676 & du 14 Septembre 1 687, cet Afiro- 
nome avoit obfervé le diamètre apparent du Soleil de 3 1° 
43", & 31 47". 

Tous les autres Aftronomes ont trouvé à peu près la même 
quantité que Flamfteed , quelques-uns même ont fait le dia- 
mètre apparent du Soleil encore un peu plus grand : j'en excepte 
cependant Mrs le Chevalier de Louville & Caflini. 

Le premier étant bien perfuadé de importance dont il eft 
en Aftronomie, d'avoir dans la dernière précifion le diamètre 
apparent du Soleil, & ne voulant sen rapporter qu'à fes 
propres obfervations, fit en 1724 plufieurs recherches fur 
cette matière : il trouva que le diamètre apogée étoit de 3 1° 
32" 57", & le périgée de 32° 37" 24". M. le Chevalier de 
Louville s'eft fervi de deux méthodes différentes; l'une étoit un 
objectif de vingt-trois pieds de foyer, avec lequel il obfervoit 
à fa montre à fecondes, le temps du pañlage du Soleil par le 
méridien ; autre méthode étoit un micromètre appliqué à une 


> 


DES SCIENCES 445 
lunette de fept pieds. On peut confulter le volume de 1724, 
on y verra un long détail de toutes fes opérations, & ce qu'il 
a fait pour fe garantir de la parallaxe des fils, enfin Fattention 
qu'il a apportée à ce que les fils de fon micromètre ne fiflent 
que rafer les deux bords du Soleil & les deux extrémités 
de fes mires fans les faire mordre. Cette dernière circonftance 
peut elle feule produire $ ou 6” de différence entre les ob- 
{ervations de deux Aftronomes, dont lun n’y auroit point 
égard pendant que l'autre en tiendroit compte *, J'ai renfermé 
dans la table fuivante toutes les obfervations dont je viens de 
parler, afin qu'on y puifle voir d'un feul coup d'œil les 
différences qu'elles donnent entre elles. 


TABLE des diamètres du Soleil apogée à périgée. 


Noms Dés AUTEURS. Diamètre apogée. 


ent 


Meffieurs Min, Sr, 
Auzout & Picard, année 1666... Rae re 
Mouton, année 1660 à 1667... 3e NAT 
Famfteed, ( Tables Affronomiques). . . . .. 31. 40. 


Le Chevalier de Louville, vol. de l'Ac. 1724. 31. 32. 
De la Hire, Tab. Affr. 2 éd. an. 1727. | 31. 38. 
Caffini, Tab. Affr. éd. du Louv. an. 1740 ..| 31. 36. 
Caffini, Elém. d'Affr. éd. du Louv. an. 1740.| 31. 32. 30 
| Haïley, Tab. Aftr. éd. de Londres, an. 1749.| 31. 3 8. oo 


D EE CC PE 


Je finirai cette première partie par une remarque fur l'une 
des méthodes dont M.rs Mouton & le Chevalier de Louville 
fe font {ervis. 

* M. Caffini, dans fes Elémens | mètre apparent du Soleil, qui ne dif 
d’Aftronomie, imprimés au Louvre | fère que de quelques tierces de celui 


en 1740, cite une obfervation qu'il | que M. Je Chevalier de Louville avoit 
a faite le 30 Juin 1735, du dia- | déterminé en 1724. 


! 


KKk i 


446 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


RemaAreuEs fur les diamètres du Soleil, dérerminés 
par M Mouton à le Chevalier de Louville. 


Jai dit que M. Mouton & le Chevalier de Louville 
avoient employé deux différentes méthodes dans leurs opéra- 
tions ; que l’une de ces méthodes confiftoit à eftimer le temps 
que le Soleil met à paffer par le méridien, ou par un cercle 
horaire voifin du méridien, &c. Je vais examiner à préfent le 
degré de précifion dont cette méthode peut être fufceptible. 
Je n'apporterai d'autres preuves de ce que je dirai, que celles 
que je tirerai de leurs propres obfervations. 

Quelques précautions que l'on prenne, & quelqu'attention 

ue lon donne pour déterminer la durée entière du pañage 
du Soleil par le méridien, l'expérience m'a fouvent appris 
qu'il eft impoñlible de s'en aflurer plus près qu'à un quart 
de feconde. I eft vrai que quand on penfe d’abord à la durée 
d'un battement de pendule à fecondes, & à la vitefle avec 
laquelle le Soleil paroït avancer dans nos grandes lunettes, 
on eft prefque tenté de croire qu'un quart de feconde eft 
une erreur monftrueufe, & dont par conféquent on peut 
aifément fe garantir; mais avec un peu de réflexion & d'ex- 

érience on fe defabufe aifément. Un quart de feconde, quel- 
qu'idée que l'on fe forme de fon étendue, pafle fi légèrement 

wil ne laiffe dans l'imagination que de très-foibles traces 
de fon paflage: le fecond qui fuccède, efface l'impreflion du 
premier, & ainfr fucceffivement les quarts de chaque feconde 
de temps s’envolent & fe fuccèdent avec tant de rapidité, qu'on 
s'imagine le plus fouvent les faifir lorfqu'ils font déjà paffés. 

Ce feroit encore peu, fi l'imagination m’avoit uniquement 
qu'à diftinguer les quarts de feconde fans être diftraite pen- 
dant ce temps par aucun autre objet; mais pendant que l'ouïe 
la tient attentive d’un côté, de l'autre l'œil emploie tout fon 
art pour lui peindre en même temps l'attouchement des deux 
bords du Soleil au méridien; ce qui fait que cette faculté eft 
portée vers deux différens objets au même inftant, &, pour 
ainfi dire, forcée de les faifir à la fois, quelque différentes & 


DiEASN LS UCI L'E AN, C,E S 447 
légères que foient les impreffions qu'ils font fur elle. Quel 
accord ne faudroit-il donc pas fuppofer dans nos deux fens, 
pour ne pas fe tromper d'un quart de feconde dans la durée 
entière du pañlage du Soleil par le méridien ? cependant ce 
quart de feconde produit un peu plus de 3 fecondes de degré 
dans le diamètre du Soleil, périgée ou apogée ; & c'eft encore 
Ja moindre faute qu'on puifle fe flatter de commettre dans 
les obfervations de cette efpèce, parce que l'erreur peut aller 
à 8 ou 9 fecondes, fi l'on ne prend pas toutes les précautions 
néceflaires pour s'en garantir *. * Mén. Acad. 

M. le Chevalier de Louville nous en fournit une forte Ur. FE 
preuve dans fes obfervations du diamètre du Soleil. Comme î 
tout le monde connoît la grande exactitude & l'extrême 
précifion qui règnent dans toutes les opérations de ce favant 
obfervateur, ce que je vais rapporter confirmera ce que j'ai 
avancé, & fera voir qu'il n’eft pas fi aifé qu'on peut le croire, 
d'eftimer les fractions des fecondes de temps. Voici les propres 
termes de M. le Chevalier de Louville *. * Jbidem; 

« J'ai obfervé tous les joursà midi, depuisle 27 Juin juf es 
qu'au 6 Juillet, le diamètre du Soleil de deux manières diffé « : 
rentes ; favoir, par le temps qu'employoit le Soleil à pafler < 
par une ligne verticale au foyer d'une lunette (de 23 pieds) « 
sus... J'ai obfervé huit fois pendant les jours que je viens « 
de dire, que le diamètre horizontal du Soleil étoit exatement « 

2! 16" 48” de temps à pañer par le méridien. Je me fuis « 

fervi, pour faire cette obfervation, d'une montre à fecondes,.« 

dont je m'étois déjà fervi pour obferver le diamètre du Soleil 
en périgée; cette montre fait cinq battemens par fecondes, « 
de forte que le diamètre du Soleil a été à pañler 2° 16", & « 
quatre battemens, fans qu'il fe foit trouvé aucune différence « 
dans toutes les obfervations; ce que j'ai répété un grand « 
nombre de fois, de crainte que la montre neût avancé ou « 
retardé pendant lobfervation. » 

Pour calculer le diamètre du Soleil d'après cette obferva- 
tion, M. le Chevalier de Louville fe fert de la déclinaïfon 
de cet aftre, telle que fes tables la donnent pour le 6 Juillet, 
& en pouffe même l'exactitude jufqu'aux fecondes, Il en 


448 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
déduit le diamètre horizontal de 31° 32" 57°", qu'il prend 
pour Île diamètre apogée. Les Aftronomes font tous d'accord 
ue du 20 Juin au 10 Juillet, l'angle du diamètre apparent 
d Soleil varie à peine de 3 0 tierces de degré; mais puifque 
du 27 Juin au 6 Juillet le Soleil, felon M. le Chevalier de 
Louville, n’a employé que 2° 16" 48" à pafler par le mé- 
ridien, il s'enfuit qu'on peut indifféremment employer a 
déclinaifon du 27 Juin ou du 6 Juillet. Dans ce cas, le dia- 
mètre apogée du Soleil feroit de 9 fecondes plus petit que 
celui que trouve M. le Chevalier de Louvile. En prenant la 
déclinaifon du Soleil qui convient au 6 Juillet, il y a tout 
lieu de croire que ce favant Aftronome s’eft imaginé que du 
27 Juin au 6 Juillet le changement du Soïeil en déclinaifon 
n'étoit pas capable d'influer fur fon diamètre apparent: quelle 
autre raifon, en effet, peut-il avoir eue pour préférer la décli- 
naifon du 6 Juillet à celle du 27 Juin, puilque de fon propre 
aveu le Soleil avoit employé dans toutes les oblervations qui 
ont été faites dans cet intervalle 2° 1 6" 48°", ni plus ni moins? 
Si l'on veut {e donner la peine d'examiner {a chofe de près, 
on remarquera que quoiqu'il n'arrive aucune variation dans 
l'angle du diamètre apparent du Soleil depuis ke 27 Juin'juf. 
qu'au 6 de Juillet, la différence de déclinaifon qui convient 
à cet intervalle, en caufe une d'environ 40 tierces de temps 
dans la durée entière du paflage de cet aftre par le méridien : 
ces40 tierces répondent à trois battemens & démi de la montre 
“de M. le Chevalier de Louville, dont cinq battemens font 
une feconde. Si c'étoit donc une chofe fi aifée que de divifer 
le temps, & d'en diftinguer les quarts de feconde, même en 
fe {ervant de montre à fecondes, cet Aftronome auroit re- 
marqué à la fienne ces trois battemens & demi, ou la pius 
grande partie, dans la durée du paflage du Soleil par le méri- 
dien: en fuppofant donc que le 6 Juillet il eût trouvé le 
temps que le Soleil met à pañler par le méridien, de 2° 16” 
& quatre battemens de fa montre, il auroit dû avoir trouvé le 
27 Juin trois battemens & demi de plus, ceft-à-dire, 2° 17" 
& deux battemens & demi, à très-peu près, ce qui vaut autant 
que 2° 17" 28". On 


DES SCIENCES. 449 

On trouve dans le même volume de l'Académie page ÿ 
€ fuiv.) un autre Mémoire de M. le Chevalier de Louville 
far le diamètre du Soleil en périgée : ce Mémoire fournit 
encore des preuves abondantes en faveur de tout ce que je 
viens d'avancer fur la difficulté qui fe ‘trouve à eftimer les 
quarts & les demi-quarts de feconde de temps. 

Les remarques que je viens de faire fur les obfervations de 
M. le Chevalier de Louville, peuvent s'appliquer à celles de 
M. Mouton; mais cet Aftronome s’eft donné Ia peine de 
faire le calcul du diamètre du Soleil pour chaque jour d’ob- 
fervation qu'il prend pour exemple. On trouve que le 22,& 
le 27 Décembre 1 660, le Soleil avoit employé, felon lui, 
le même nombre de vibrations à pafler par un cercle horaire; 
cependant le diamètre du Soleil que M. Mouton déduit de 
cette obfervation eft de 2 fecondes plus petit le 22 que le 
27, parce que la déclinaifon du Soleil a un peu varié pen- 
dant cet intervalle de temps. On remarquera la même chofe 
dans les obfervations du 2 $ & du 27 Juin: M. Mouton dit 
que la durée du paflage du Soleil pour ces deux jours avoit 
été Ia même par un très-beau temps; cependant, quoiqu'il 
ne {e trouve que deux jours d'intervalle entre ces deux obfer- 
vations, le changement du Soleil en déclinaïfon, quoique 
très-petit, produit encore une feconde de différence dans fon 
diamètre apparent. { 

Ces exemples fuffifent, ce me femble, pour faire voir les 
difficultés qu'on doit s'attendre à trouver quand on voudra 
déduire le diamètre du Soleil de fon pañlage au méridien ; 
difficultés qui naïffent, comme l'on voit, de leftime des parties 
des fecondes de temps, qui ne font pas affez fenfibles, car je 
fuppofe que le Soleil ne foit agité d'aucun mouvement capable 
d’influer fur l'exaétitude des obfervations : c'eft pourquoi je 
n'ai point fait entrer ici une efpèce de trépidation ou de ba- 
lancement continuel qu’on remarque quelquefois dans le Soleil 
Jorfqu’il règne des calmes dans l'atmofphère; ces fortes de 
“fauts, s'il m'eft permis d'employer ce terme, font le plus 
fouvent fi confidérables, qu'il feroit téméraire de vouloir 

Mém. 1752. LII 

+ 


450 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
répondre alors d’une demi-feconde , ou même d’une feconde 
entière de temps dans la durée du pañlage du Soleil par le 
méridien, quand même on pofléderoit la plus parfaite montre 
à fecondes. 

J'ai remarqué le 1 $ Mars de la préfente année, un fem- 
blable mouvement, non feulement dans le Soleil, mais encore 
dans les étoiles du baudrier d'Orion , de forte que je ne pus 
n''afiurer parfaitement de leur hauteur méridienne. 

J'ai éprouvé la même chofe le 4 Mai dernier, fur le Soleif, 
fur l’épi de la Vierge & fur la Lune, qui paffa ce jour-là à dix 
heures du foir par le méridien ; & cependant l'air étoit fi calme 
qu'on ne fentoit pas le moindre foufile. 

Paflons maintenant à la feconde partie de ce Mémoire, 

Les Aftronomes qui nous ont laiflé leurs obfervations fur 
le diamètre apparent du Soleil, ont tous gardé le filence fur les 
moyens qu'ils ont employés à le regarder, parce qu'ils n’ont 
pas cru fans doute qu'il füt néceffaire de les rapporter; mais 
comme on paroit penfer différemment aujourd'hui, j'ai cru 
que je devois prévenir les objections que j'ai prevû qu'on 
pourroit me faire fur ce fujet. C'eft dans cette vüe que j'ai 
employéune grande partie des plus beaux jours de l'été dernier, 
à faire les expériences fuivantes fur la nature & les eflets 
des différens verres colorés ou enfumés, dont on fe fert pour 
regarder le Soleil: ces expériences, qui ont été répétées & 
vérifiées un très-grand nombre de fois, pourront peut-être fervir 
à juftifier ce filence des Aftronomes, dont je viens de parler. 

Pour fe mettre en garde contre 1 trop forte impreffion 
que feroient fur œil les rayons folaires, les Aftronomes fe 
fervent ordinairement d’un morceau de verre commun ou de 
glace, qu'ils noirciflent à la fumée d'une bougie ou d’une lampe 
allumées : quelques-uns au contraire, pour un peu plus decom- 
modité , emploient une efpèce de verre d’un rouge très-foncé, 
dont la couleur eft infufe, & par conféquent permanente; 
c'eft cette dernière efpèce de verre que nos artiftes appliquent 
aux télefcopes qu'ils débitent : on place l'un & l'autre à l'ex- 
trémité du porte-oculaire, c'eft-à-dire, entre l'œil & le petit 


DE S IS:C'1IE N €'E S AST 
trou du porte-oculaire qui laifle aux rayons un paflage libre 
pour fortir de la lunette. Pour faire l'effai de la bonté de ces 
verres, on fe contente prefque toûjours de regarder le Soleil 
au travers, & on choïfit entre plufieurs celui de tous à travers 
lequel le Soleil paroît le mieux terminé; mais cette méthode 
m'a paru aflez peu fatisfaifante, parce qu'elle ne rend pas aflez 
fenfibles les inégalités qui fe rencontrent prefque toûjours, tant 
dans les deux furfaces que dans l'intérieur de ces verres, & 
qu'on pourroit foupçonner d'altérer l'image du Soleil. Les 
expériences fuivantes n'en ont pleinement convaincu. 

Ma première expérience a été fur un verre rouge dont 
nous nous fervions depuis quelque temps à l'Obfervatoire 
pour regarder le Soleil. Je plaçai ce verre, non pas au devant 
de l’oculaire comme c'eft la coûtume, mais à l'extrémité du 
tuyau qui porte l'objectif , en forte que les rayons du Soleil, 
avant que d'arriver à l'objectif, étoient obligés de paffer par 
le verre rouge; je regardai enfuite le Soleil à travers la lunette, 
& je vis que bien loin qu'il füt terminé , il étoit au contraire 
fi confus & fi peu rond, qu'il étoit prefque impofhble d'y 
rien connoître : nous avons encore remarqué qu’en faifant 
mouvoir ce verre parallèlement à l'objettif, l'image changeoit 
de place & de forme, & avoit le plus fouvent un double 
bord de plus de 1de largeur. J'ai fait a même expérience 
fur plufieurs autres verres femblables , & j'ai toûjours remar- 
qué à peu près les rnèmes apparences que celles dont je viens 
de parler , c'eft-à-dire, que quoiqu'on vit le Soleil bien terminé 
lorfqu'on les tenoit à la main ; il paroiffoit au contraire très- 
confus & très-mal terminé lorfqu'on les appliquoit au devant 
de Fobjettif. 

Ces “expétiences m'ont appris que ces verres ainfr placés 
au devant de Fobjectif, empêchent par leurs furfèces & par 
Jeurs inégalités, que les rayons du Soleil ne tombent paral- 
èles fur l'objectif, & que prenant toutes fortes d'inclinaifons 
& d’écarts, ces rayons ( eu égard à la longueur du foyer de 
l'objectif ) fe réuniffent en autant de points différens , ce qui 
forme une: innge confufe & mal terminée. Ces inégalités 

Lili 


452 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
difparoiffent toutes ou prefque toutes, lorfqu'on place le verre 
rouge entre l'œil & loculaire : cela vient, à ce que je penfe, 
de ce que les rayons du Soleil ne pañlent alors que par un 
très-petit point de Ja furface de ce verre, & que les écarts 
qu'ils peuvent fouflrir en y pafñant, font confidérablement 
diminués par fa grande proximité du foyer & de l'œil. 

Pour me convaincre d’une façon encore plus fatisfaifante, 
que cette image confufe & mal terminée ne vient unique- 
ment que des inégalités qui fe rencontrent , tant aux furfaces 
que dans l'intérieur des verres rouges, j'ai fait l'expérience 
qui fuit. 

J'ai choifi différens morceaux de glace bien unis, & 
d'une ligne environ d'épaifleur ; je les ai noircis à la fumée 
d'une bougie allumée, & les appliquant fucceflivement au 
devant de l'objedtif, je regardois le Soleil à chaque fois à 
travers la lunette; il paroifloit affez bien terminé, plufieurs 
même de ces morceaux de glace ne donnoient prefque au- 
cune différence dans l'image du Soleil, foit qu'on les appliquât 
au devant de l’objedif, foit qu'on les plaçät ausdevant de 
loculaire : je réfervai ceux-ci pour de nouvelles expériences. 

I fuit naturellement de ces premières expériences, qu'on 
doit préférer les glaces enfumées aux verres rouges dans les 
obfervations du Soleil, & que le meilleur moyen de s'aflurer 
de leur bonté, eft de les_ placer au devant de l'objectif, peur 
voir fi elles font paroître le Soleil bien terminé. 

Après/m'étre ainfi afluré de la bonté de plufieurs morceaux 
de glace que j'avois enfumés, j'en pris trois que je joignis 
féparément avec un verre jaune, un verre bleu & un verre 
vert; ces verres n'étoient féparés entre eux que par un cercle 
découpé dans une carte à jouer très-mince : je fis avec ces 
nouveaux verres les mêmes expériences qu'on a vües plus 
haut, & j'y trouvai encore de très-grandes inégalités. J'attribuai 
avec raifon ces inégalités aux verres colorés, puifque je nr'étois 
affuré par expérience, que mes glaces enfumées terminoient 
très-bien le Soleil. IL eft vrai que lorfque je tenois ces verres 
ainfi combinés, à Ja main, le Soleil paroifloit affez bien terminé; 


DAEUSAISNCUIUE N°C'E S. 453 
mais il n’en étoit pas de même fi-tôt que je les changeoïs de 
place, & que je les appliquois au devant de l'objectif: je 
remarquai même que le verre vert défiguroit plus le Soleil 
que les deux autres, jaune & bleu, & qu'il le faioit paroître 
16 ou 17" plus grand, étant appliqué au devant de lob- 
jetif, que lorfque je le tenois à la main. 

J'ai répété cette expérience avec plus d'une douzaine de 
verres, tant jaunes que bleus ou verts , qui ne m'ont pas donné 
des réfultats bien différens les uns des autres. 

Ayant fait ces expériences fur le Soleil un aflez grand 
nombre de fois, je les ai répétées fur la Lune, & j'ai remarqué, 
comme fur le Soleil, que les verres colorés, lorfqu'ils étoient 
appliqués au devant de l'objectif, la terminoient toûjours très- 
mal. Les différentes efpèces de parties métalliques qu'on eft 
obligé de mêler avec la matière de ces verrés pour leur don- 
ner la couleur verte, bleue, jaune, rouge, &c. pourroient 
bien être la caufe de ce phénomène, & faire que ces verres 
auroient la propriété de faire paroître le Soleil plus confus 
& plus mal terminé que les glaces ordinaires. Quoi qu'il en 
{oit, je m'arrête au fait, qui eft l'unique objet que j'aie ici en 
vûe, comme on Île remarquera encore mieux dans tout le 
refte de ce Mémoire. 

Les expériences que je viens de rapporter , ont toutes été 
faites à Ja lunette d’un quart-de-cercle de deux pieds de rayon; 
c'eft avec le fecours de la lunette de cet inflrument, que 
jai remarqué, tant dans les glaces ordinaires que dans les 
verres colorés, outre les inégalités dont je viens de parler, 
une autre efpèce d'inégalité, dont la caufe eft connue, mais 
qu'il eft néceffaire (comme on le verra plus loin) de rap- 
porter ici : je veux parler d'une réfraction très-confidérable , 
qui abaïfloit ou qui élevoit le Soleil felon que j'appliquois lun 
ou l'autre de mes verres au devant de l'objectif. Cette réfrac- 
tion refloit conftamment la même , foit que les glaces fuffent 
enfumées ou qu'elles ne le fuffent pas; elle devenoit même 
fouvent en fens contraire, & prelque toûjours plus grande ou 
plus petite, felon que je préfentois au Soleil lune ou l'autre 

LH ïï 


454 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE 
furface des verres. On reconnoît aïfément à cette defcription 
les défauts ordinaires des glaces & des verres, qui font les 
filets, les ondes, les cavités, les boffes, &c. & principale- 
ment le peu de parallélifme de leurs deux furfaces, vice qu'il 
eft très-rare de ne pas rencontrer dans les glaces. 

I ne me refle plus à préfent qu’à examiner fi ces mégalités 
influent réellement fur le diamètre apparent du Soleil, & de 
combien elles deviennent moins fenfibles lorfqu'on place les 
verres au devant de l’oculaire, comme font tous les Aftro- 
nomes. Je fais que cette quantité ef fort difficile à fixer, c'eft 
pourquoi je ne prétends pas la déterminer avec la dernière 
rigueur : ce que j'en dirai fera cependant fufhfant pour faire 
voir que les verres, foit enfumés, foit colorés , feroient bien 
défectueux , s'ils caufoient 2 ou 3” d'erreur dans le diamètre 
apparent du Soleil, mais on évitera toûjours cette erreur en 
eflayant les verres avant que de s'en fervir. 

Pour partir d'une expérience invariable , & à laquelle toutes 
celles que j'avois faites, & que je devois faire, puflent fe com- 
parer, j'ai cherché un moyen qui, en confervant au Soleil une 
couleur pâle, & telle qu'on lui voit lorfqu'on le regarde à travers 
certains nuages , n'exigeñt point l'aflemblage de plufieurs verres 
de différente nature. Je n'ai pas été long-temps à imaginer 
qu'il falloit pour cet effet couvrir l'extrémité du tuyau de la 
lunette qui porte l'objedtif, de plufieurs toiles d'araignée, cou- 
-chées légèrement les unes fur les autres : ces toiles doivent être 
bien choifies , & en affez grand nombre, pour ne laiffer tomber 
fur l'objectif que la quantité fufhfante de rayons qui font 
voir le Soleil fans aucune peine, & fans le fecours d'aucun 
verre étranger. Pour être à portée de regarder fucceffivement 
le Soleil avec mes verres d'expériences & mes toiles d'araignée, 
je me fuis fervi d’un petit tuyau de carton que je plaçois au 
bout de la lunette, & que j'en Ôtois à volonté: ce petit 
tuyau portoit par un bout les toiles d'araignée les mieux 
travaillées, & les plus propres que javois pü ramufier. Je 
me fuis aperçu que cette façon de regarder le Soleil, étoit la 
plus convenable qui eût encore étéemployée, tant parce qu'elle 


DIENSAASIGIATE NC. ES. 455 
ne fatigue point la vûe, comme font tous les verres rouges ou , 
enfumés , que parce qu'elle dégage les bords du Soleil de 
cette quantité immenfe d'ondulations qu'on y remarque fi 
fouvent lorfqu'on fe {ert de verres colorés ou enfumés. Tous 
ceux à qui j'ai fait voir ces expériences en ont porté le même 
jugement: C'eft avec ce nouveau moyen que j'ai mefuré le 
diamètre du Soleil, & que j'en ai enfuite comparé la mefure 
avec celle que me donnoient tous mes différens verres. J'ai 
répété ces expériences un f-grand nombre de fois, que je fuis 
en état d'aflurer que je n'ai trouvé aucune différence fenfible 
entre tous mes réfultats. Le verre rouge qui m'a fervi pour ma 
première expérience, eft le feul qui nrait fait abercevoir le 
Soleil un peu différent de ce qu'il me paroifloit avec mes 
toiles d'araignée: j'en fus d'autant moins furpris qu'en le pla- 
gant, comme je l'ai dit plus haut, au devant de l'objectif, 
il m'avoit fait voir un double bord autour du Soleil, de 17 
de largeur environ; ce double bord fe diftinguoit encore, quoi- 
qu'avec peine, en mettant ce verreau devant de l'ocukire : 
quand je eus donc ainfi placé au devant de oculaire, je fis 
en forte que les fils de mon micromètre rafaffent les bords 
du Soleil (en y comprenant le double bord), en forte qu'il 
fût impoñhble d'entrevoir aucune féparation entre ces fils & 
les bords du Soleil. Je fubftituai les toiles d'araignée au verre 
rouge, & je n'aperçus que le Soleil étoit devenu un peu 
plus petit, & qu'en faifant toucher un des bords par un des 
fils, le bord oppofé n'atteignoit pas tout à fait à l'autre fi ; 
mais la différence eft à peine montée à 2 ou 3”, d'où jai 
conclu que les inégalités de ce verre étoient devenues envi- 
ron foixante-dix fois moins fenfibles en l'appliquant, comme 
je venois de faire, au devant de l'oculaire. 

J'ai reconnu pour lors la caufe qui faifoit que je n’aper- 
cevois point de différence dans le diamètre du Soleil , foit que 
je me fervifle de toiles d’araignée, foit que j'employafle des : 
verres colorés, combinés avec des glaces enfumées : cependant 
j'ai fait remarquer que le diamètre du Soleil paroïfloit affez mal 
terminé, & 16 ou 17° plus grand lorfque je plaçois quel- 


456 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
ques-uns de ces verres au devant de l'objectif; mais cette 
différence de 16 ou 17” devoit être foixante-dix fois plus 
petite en plaçant ces verres au devant de l’oculaire ; le dia- 
mètre du Soleil n'en pouvoit donc être augmenté que d’un 
fixième de feconde de degré au plus: or, qui pourra jamais 
saflurer par obfervation d'une fr petite quantité? 

Ce qui m'ale plus étonné, a été de voir que cette réfrac- 
tion dont j'ai parlé plus haut, devenoit nulle lorfqu'après avoir 

lacé mes verres au devant de l'objectif, je les plaçois enfüite 
au devant de l'oculaire : celui de tous ces verres qui faifoit ob- 
ferver plus deréfraétion dans les rayons folaires, étoit un verre 
jaune que j'avois combiné avec un verre bleu & un morceau 
de glace enfumé. L'affemblage de ces trois verres ayant été 

Jacé au devant de l’objeétif de la lunette, ne changeoit rien 
dans l'angle du diamètre apparent du Soleil, mais il abaifloit 
cet aftre de plus de 84: j'en conclus d'abord qu'en plaçant 
. ces verres au devant de l’oculaire, je verrois le Soleil 7 ou 
8" moins élevé que fi jeme fervois de mes toiles d'araignée, 
où que j'employaffe d'autres verres qui ne fuflent points fujets 
à des réfraétions ; mais mon attente a été trompée, je n'ai 
pas feulement remarqué une demi-feconde de différence. 

Dans la crainte où Jj'étois que le petit quart-de-cercle de 
deux pieds, dont je me fervois, ne rendit pas aflez fenfibles 
les différences dont je parle, j'ai répété cette dernière expé- 
rience avec l lunette du grand quart-de-cercle mobile de 
fix pieds de rayon : l'ufage fréquent que j'ai fait depuis plu- 
fieurs années, & que je fais encore de cet inftrument , me 
met en état de répondre des obfervations que je peux entre- 
prendre par fon fecours ; c'eft pourquoi je ne crains point 
d'avancer ici que tous les réfultats qu'il m'a donnés confirment 
pleinement ceux que j'ai tirés du petit quart-de-cercle. 

Je crois avoir fufffamment parlé, dans cette diflertation, 
de la nature & des effets des différens verres colorés ou en- 
fumés dont on peut fe fervir pour les obfervations du Soleil, 
& avoir fait connoître qu'on peut indifféremment les employer, 


quand on les a eflayés, fans craindre qu'ils altèrent l'angle du 
diamètre 


DUB SE ASNCIITE. NC E:5 457 
diamètré apparent de cet aftre ; il eft temps maintenant, pour 
mettre fin à ce Mémoire, que je rapporte les obfervations 
que j'ai faites fur ce diamètre. 

En me fervant des différens moyens que je viens de citer 
pour régarder le Soleil, & en employant la lunette d'un petit 
quart-de-cercle de deux pieds , j'ai trouvé le diamètre apogée de 
cet aftre, der 087 £ parties, qui valent 3 1° 3 6"$ 0°"; ajoûtant 
30°" pour la réfraction, parce que l'obfervation a été faite à 
midi , j'en ai conclu lediamètrehorizontal de 3 1° 37" 20". 

Ayant bien compris qu'il étoit néceflaire de vérifier cette 
obfervation avec une lunette plus Jongue, j'y ai employé un 
excellent objectif de 8 pieds 1 pouce de foyer avec un bon 
micromètre : le diamètre du Soleil s'eft trouvé, avec cette 
lunette, de 2 1 2 parties au deffus de (0) : pour avoir la valeur 
de ces parties , j'ai mefuré dans le clos des Chartreux , une 
bafe de 203 toifes o pieds 9 pouces; j'ai attaché fur une 
règle de 12 pieds, deux cartes à jouer, dont les extrémités 
étoient éloignées entr'elles de 11 pieds 3 pouces 9 lignes : 
cette longueur répondoit à 32° 00" 30" de degré, & à 
269 £ parties de mon micromètre au deflus de (o), ce qui 
donne $ 7 Z parties à rabattre pour avoir le diamètre du Soleil, 
qui, par conféquent , fe réduit à 3 1°33" 20"; ajoûtant 30". 


pour la réfraction , l’on aura le diamètre horizontal & apogée, 
de 31° 33" 50°”, c'eftà-dire, de 3°+ plus petit que celui 
que j'ai trouvé en me fervant de la lunette de deux pieds. 

J'ai pris dans cette obfervation les mêmes précautions que 
M. le Chevalier de Louville a apportées dans les fiennes, & 
jai vû avec fatisfation que mon diamètre étoit plus grand 
que le fien, de $3 tierces feulement. 

Ce même diamètre eft de 1” 20" feulement plus grand 
que celui que M. Caffini a déterminé en 1735 avec le 
quart-de-cercle de 6 pieds de rayon. L'on peut en voir tout 
le détail dans fes Elémens d'Aftronomie. 

On fait que depuis M. le Chevalier de Louville , le micro- 
mètre a été porté à un très-grand degré de perfection : celui 
dont je me fuis fervi eft dans le goût de ceux que fait le fieur 


Mém. 1752. . Mmm 


458 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Langlois; il a été exécuté fous mes yeux. On s'eft fur-tout 
appliqué à rendre la vis auffi parfaite qu'il füt poffible, on lui a 
donné 44 pas pour 1 2 lignes , & j'ai eu foin de faire faire un 
écrou affez profond pour qu'il contint 1 $ ou 1 6 de ces pas: j'ai 
cru qu'avec cette précaution je fauverois la plus grande partie 
des inégalités qui pourroient fe trouver entre les pas, &c. 

Le 27 du mois de Septembre, parun très-beau temps, j'ai 
trouvé, en me fervant toüjours des moyens indiqués plus haut 
pour regarder le Soleil, fon diamètre vertical à midi, 

Par la petite lunette, de. . : . . .. 326% Et A 
Par la grande lunette, de ...... 32.2. 50 réfraction. 

Le 1$ de Novembre & le 17 du même mois, par un 
flez beau temps, j'ai obfervé lé diamètre du Soleil à midi, 

Par la lunette de deux pieds, de .. 32° 33" or sta 
Par la lunette de huit pieds, de . . 32. 29. 00 réfraétion. 

C'eft fur ces obfervations que j'ai recherché le diamètre du 
Soleil qui convient aux diflérens points de fon orbite; mais 
‘e n'ai employé dans mes recherches que les obfervations qui 
ont été faites avec l'objectif de 8 pieds 1 pouce de foyer, 
tant parce que les objets & les parties du micromètre font 
bien plus fenfibles en fe fervant d’une lunette de huit pieds 
préférablement à une de deux , que parce que M.'sle Chevalier 
de Louville & Caffini ont employé pour le même fujet chacun 
une lunette à peu près de la même longueur. 

J'ai donc fuppofé une ellipfe qui paflàt par mes trois points 
obfervés, & j'ai calculé, indépendamment des élémens des 
tables, l'excentricité folaire & fon diamètre périgée: en fup- 
pofant les propriétés connues de F'ellip{e, j'ai trouvé lexcen- 
tricité folaire de 1 69 6, & le diamètre périgée de 3 2° 39-22. 
Ces déterminations ne font pas fort éloignées de celles que 
M." le Chevalier de Louville & Caffini ont trouvé par 
obfervation, Fun en 1724, & f'autre en 1735 *. 

* M, le Chevalier de Louville a | le même diamètre de 32’ 37” 24" 
obfervé le diamètre périgée de 32/ | ou 30”, & l'extentricité qui répond 
3730", & l’excentricité qui répond | à fes deux diamètres obfervés, eft de 


à fes deux diamètres obfervés, eft | 1688 parties. 
de 1 683 parties. M. Caffini a trouvé 


DES SCIENCES. 459 
De cette grande conformité entre les réfultats de ces deux 
célèbres Aftronomes & les miens, j'ai conclu quemes diamètres 
ne pouvoient pas être fort éloignés des véritables, & qu'il fal- 
loit ôter environ 2 fecondes des diamètres périgée & apogée 
des Tables de M. Caffini, 4 fecondes de celles de M. Halley, 
& 6 ou 7 fecondes de ceux de Flamfleed. Je mai point 
conftruit de tables des diamètres folaires, je me contenterai 
feulement d'indiquer comment on pourra, par Îe moyen de 
deux feules analogies très-courtes , calculer à 2 de feconde 
près le diamètre du Soleil dans tous les points de fon orbite 
dont on aura befoin: cette méthode eft tirée de la nature 
même de l'ellipfe que m'ont donnée mes trois obfervations. 
I faut prendre, dans les Tables aftronomiques, l'anomalie 
vraie du Soleil qui convient au temps donné, ajoüter le cofi- 
nus de cette anomalie au logarithme conflant 3, 2293778 ;la 
fomme donneraun autre logarithme, dont le nombre naturel 
doit être Ôté de 100000 dans le premier & le quatrième 
quart d'anomalie vraie, & ajoûté au contraire à 100000 
dans le fecond & le troifième quart. On cherchera le {oga- 
rithme de cette fomme ou de cette différence, dont on Ôtera 
toûjours le logarithme conftant 0,016708 5 , & le refte fera 
le logarithme du demi -diamètre apparent du Soleil en cen- 
tièmes de feconde. 
EXEMPLE. 


On cherche le diamètre apparent du Soleil pour le 
31 Mars 1764, à 22h 43° 


‘Ajoûtant 10 minutes à l'apogée de M. Caflini, j'ai trouvé 
pour le temps donné, l'anomalie vraie du Soleil fur fes tables, 
RS SET ot dE 048 

Cofinus de anomalie vraie . . . . 8,7619731: 
Logarithme conftant à ajoûter . . . 3,2293778 
SOMME.......++ 1,9913509 
Le nombre qui répond, et.............. 15,80 — 
100000 
99984 refte 
Mn ji 


460 MÉMOIRES DE L'ÂCADÉMIE ROYALE 
Logarithme du refle . ....... 4,9009305 
Logarithme conftant à Ôter . . . . 0,0167085; 
Logarithme du demi-diam. du Sol. 4,9832220 
Le nombre qui répond, et......,.....062102 


2 
Es 


96210 
Dontleldouble ete MORE ER PUToz242r 
100 
& par conféquent le diamètre du Soleil pour le temps donné, 
fera de eue es luttes ie nelle (td "2. 

Je crois devoir avertir en finiflant, que l'apogée du Soleil 
dans mon ellipfe fe trouve environ 2 degrés plus avancé que 
felon les Tables aftronomiques: j'aurois pü le rétablir dans 
fon vrai lieu, en faifant un peu varier mes diamètres obfervés ; 
mais plufieurs confidérations m'ont fait Jaiffer les chofes dans 
Y'état où elles font. La première eft Ja fidélité que l'on doit 
toûjours aux obfervations telles qu'on les a faites; la feconde, 
eft que je crois pouvoir me flatter de repréfenter le diamètre 
du Soleil à une feconde près dans les cas les plus malheureux, 
précifion que j'ai regardée comme fufhfante, ne croyant pas 
qu'il foit pofible d'avoir le diamètre apparent du Soleil avec 
plus d'exalitude que celle d’une feconde. 

If eft aifé de voir par-là limpofñbilité qu'il y auroit de 
chercher à établir le lieu de l'apogée du Soleil par les obfer- 
vations de fes diamètres, puifqu'une feule feconde d'erreur 
de plus ou de moins dans quelques-unes des obfervations, fait 
qu'elles ne s'accordent à donner la pofition de cet apogée qu’à 
1 ou 2 degrés près. : 

Je donnerai dans mon fecond & dernier Mémoire fur le 
diamètre de la Lune, les corrections qu'il faut faire au premier 
Mémoire fuivant les obfervations de celui-ci; & jindiquerai 
en mème temps le moyen de trouver le diamètre apparent 
de la Lune dans tous les points de fon orbite, comme je 
viens de le faire pour le Soleil. 


LOÛRE 


DA ENS EASMIGNILUE NC: ES. 461 


SUR LA DIGESTION DES OISEAUX. 
SECOND MEMOIRE, 


De la manière dont elle fe fait dans l'eflomac des 
Oifeaux de proie. 


Par M. DE REAUMUR. 


 E Mémoire précédent nous a appris combien la tritura- 
tion a de part à la digeftion, danses oifeaux qui vivent 
de grains, dans ceux qui ont cet eftomac fi mufculeux appelé 
géfier , il nous a fait voir que ce géfier eft chargé de faire la 
fonction de nos dents ; quoiqu'il ne foit qu'une mafle de chair, 
qu'un affemblage de fibres charnues, il broie plus facilement 
des corps très-durs que les meilleures dents ne le pourroient 
faire : nous avons vü que des coques de noifettes & de noix, 
que les nôtres ne pourroient venir à bout de caffer, étoient 
brifées, les premières par le géfier du coq, & les unes & les 
autres par celui du dindon, dès qu'elles y étoient entrées ; 
& que ces géfiers étoient capables de mettre en pièces des 
corps qui oppoloient des réfiflances bien fupérieures à celle 
que peuvent oppoler les plus dures de ces coques. Enfin, il a 
été bien démontré dans ce Mémoire , que fi les alimens n’é- 
toient pas broyés dans le géfier, ils ne s'y digéreroient point; 
qu'il ne s'y trouvoit aucun diffolvant qui eût le pouvoir de les 
divifer ; que leur divifion, pouffée au moins auffi loin que celle 
qui fe fait fous les meules de nos moulins à blé, étoit unique- 
ment dûe à la force avec laquelle ce vifcère agit fur eux. 
La trituration at-elle une auffi grande part à la digeftion 
qui fe fait dans les oifeaux dont les eftomacs font autrement 
conftruits, & à celle qui fe fait dans les animaux munis de dents? 
quelle part y at-elle? y en at-elle quelqu'une? 
Les Phyficiens qui {e font le plus déclarés pour la trituration , 
M m m iij i 


462 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

ayant cru qu'il étoit très-bien prouvé par la ftructure du géfier 
des oifeaux de différentes efpèces, que la digeflion y étoit fon 
ouvrage ,\ ont voulu qu'elle fût de même uniquement faite par 
fon moyen, dans les eftomacs des différentes fortes d'animaux , 
dans les eflomacs fimplement membraneux comme dans les 
plus charnus. Ceux au contraire qui n'ayant pas jugé les efto- 
macs membraneux capables de broyer , ont prétendu que la 
digeftion y étoit opérée par un diffolvant, ont afluré qu'elle 
étoit de mème düe à un diflolvant dans les eftomacs les plus 
charnus. On cède trop volontiers au penchant qui porte à géné- 
ralifer fes idées ; il eft commode de s’épargner des difcuffions : 
d’ailleurs on s’y croit autorifé par des analogies qu'on étend 
fouvent trop loin en regardant les loïx de la Nature comme 
plus uniformes qu'elles ne le font réellement. Nous avons 
pourtant par-tout des preuves, fi nous voulons y faire 
attention, que fon Auteur a voulu employer des moyens 
différens pour arriver à des fins femblables. Les oifeaux nous 
en fourniflent aflez d'exemples : on fera furpris combien les 
formes de leurs becs diffèrent, ft on les étudie & fi on les 
compare entre elles ; ces becs font cependant tous deftinés 
à prendre & à faire pafler dans l'intérieur du corps, des ali- 
mens quelquefois femblables. Combien l Auteur par excellence 
femble-t-il s'être plu à mettre des variétés dans fes ouvrages! 
combien en a-t-il mis dans l'extérieur des animaux ! II n’en 
a pas fait entrer de moins confidérables dans Ja flructure de 
leur intérieur : celles-ci ne paroiflent-elles pas prouver qu'il a 
voulu produire les mêmes effets par des moyens différens ? II 
a établi que la plufpart des animaux , fans en excepter l’homme , 
les oifeaux, les quadrupèdes, devroient leur accroiflement & 
la durée de leur vie à une liqueur laiteufe, au chyle, qui 
eft préparé en partie dans l’eflomac ; mais a-t-il voulu que cette 
liqueur füt extraite des alimens dans tous les animaux, par 
des opérations femblables ? nous avons au moins lieu d'en 
douter, puifqu'il y a employé des eftomacs dont la confor- 
mation eft différente. Quoiqu'il foit donc très-prouvé qué 
la trituration eft le grand agent de Ia digeflion dans les géfiers, 


D'ESSENCE s 463 
nous n’en avons pas moins befoin de nous affurer par des expé- 
riences, fi elle fe fait par la même méchanique, ou par une 
méchanique différente dans les eftomacs membraneux. 

Les eftomacs des oifeaux de proie font les plus propres 
à nous donner des lumières fur cette queftion , ils font de 
ceux qui ont le. plus de rapport avec le nôtre. Il eft pourtant 
vrai que le pouvoir de triturer fembleroit leur être plus nécef- 
faire qu'à celui de homme: ces oifeaux voraces, avalent 
fouvent de très-gros morceaux de viande que leur bec a 
arrachés ; ils n’ont point de dents dont ils puiffent fe fervir 
pour les divifer; le géfier fupplée aux dents qui manquent 
à d’autres oifeaux , il en fait l'office. J'ai cru me devoir inf 
truire de la manière dont fe fait la digeftion dans les oifeaux 
de proie, & que ce que nous en apprendrions ne feroit pas 
inutile pour nous donner des idées juftes de la manière dont 
elle s'opère chez nous-mêmes. Pour peu qu'on fe fouvienne 
du Mémoire précédent, on prévoit que je me fuis propofé 
de leur faire avaler bien des tubes différemment conditionnés. 
Quoïqu'on n'ait pas de bafle-cours peuplées de ces oifeaux 
comme on en a qui le font de poules, de dindons, de canards, 
&c. j'ai penfé avec plaifir que je pourrois multiplier fur eux 
les expériences à mon gré. On ne doit point être porté de 
compañlion pour des oïifeaux qui Ôtent impitoyablement la 
vie à tous ceux à qui ils font fupérieurs en force, qui ne fub- 
fiftent que de carnage; j'ai pourtant été content de voir que 
je tirerois d'eux autant d'éclairciffemens que j'en fouhaiterois, 
fans devenir le vengeur des autres oïfeaux , fans étre obligé 
d'ôter la vie à un feui de ces meurtriers. 

Pour peu qu'on ait Iü quelque ouvrage de fauconnerie, 
on pourra prévoir que Je ne devois pas me trouver dans la 
néceflité de tuer un oïfeau de proie, pour examiner ce qui 
feroit arrivé au tube qui auroit paflé vingt-quatre heures dans 
fon eftomac : on fe rappellera, & je me rappelai heureufement, 
que les oifeaux carnaciers rejettent par le bec les matières que 
leur eflomac n'a pas pü digérer. Il leur eft fort ordinaire d'y 
faire entrer par voracité des plumes de l'oifeau infortuné de 


464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

la chair feule duquel ils voudroient fe raflafier : ces plumes, 
qui ne sy digèrent point, ne fortent pas de l'intérieur du 
corps par la voie des excrémens, elles font chaffées par celle 
qui Les y avoit conduites. 

Ce fait, qui apparemment a été connu de bonne heure 
par les Fauconniers, leur a appris que leurs oïfeaux étoient 
fujets au vomiflement, & qu'ils vomifloient avec facilité; 
il leur a fait penfer qu'il y avoit un temps où il convenoit 
de les purger par une voie indiquée par la Nature, avec des 
pillules vomitives ; auffi feur en font-ils prendre: ces pillules 
en terme de fauconnerie, font appelées «res; ce font de grofes 
boules oblongues, de matières infpides , aflez ordinairement 
de plumes très-preflées les unes contre les autres, & collées 
enfemble, ou même plus fouvent ce font des boules de filaffe : 
ils rendent pour l'ordinaire celles qu'on leur a fait avaler, au 
bout de vingt-quatre heures. Dans mon enfance je navois 
pas épargné les cures à des éperviers & à des émouchets que 
je m'étois amufé à élever, & je n'avois point remarqué qu'ils 
s'en fuflent trouvés mal : j'efpérai donc qu'un oifeau de proie 
à qui j'en donnerois d'une toute autre nature, les recevroit 
& les rejetteroit fans en foufhir. Celles que je lui fis préparer 
étoient des tubes de fer-blanc, d’un volume affez confidérable; 
leur longueur étoit de dix lignes, & le diamètre de leur cavité 
en avoit fept. 

Une bufe d’une groffe efpèce & commune dans le royaume, 
à qui j'avois feulement arraché quelques plumes des aîles pour 
Ja iffer vivre en liberté dans mon jardin, fut deftinée à des 
expériences auxquelles eût pü fervir tout autre oifeau carnacier 
que j'euffe eu de même à ma difpofition. La première épreuve 
à laquelle je mis fon eflomac, fut de lui donner à s'exercer 
fur un de ces gros tubes de fer-blanc dont if vient d’être 
parlé, qui étoit ouvert par les deux bouts; fa groffeur empé- 
choit qu'il ne fût capable d'une grande réfiftance, il n’auroit 
pà tenir contre Îa preflion de deux doigts d’une main médiocre- 
ment forte. Ce n'eût été qu’un jeu pour le géfier d’un dindon, 
non feulement de l'aplatir, mais même de le mettre en pièces. 


Je 


pt Es MS het rE EN, c ‘El 's 465 
Je ne me propofai pas feulement, dans cette première ex- 
périence, de m'affurer fi fa réfiftance d'un tube fr foible feroit 
fupérieure à fa force avec laquelle l'eftomac de la bufe agiroit 
contre lui; je voulus qu'elle pût m'apprendre de plus, dans le 
cas où le tube auroit féjourné dans cet eflomac fans y avoir 
été brifé, ni méme confidérablement aplati, fi de la viande 
logée dans la cavité de ce tube ne laifieroit pas d’être réduite 
en parcelles imperceptibles, d'y être -digérée, quoiqu'elle y 
füt à l'abri del'action immédiate de l'eftomac ; en un mot; 
fi un diflolvant ne tenoit pas lieu à cet eflomac membraneux, 
de la force qui réfide dans les eftomacs les plus mufculeux, 
dans les géfiers. J'arrêtai donc dans le tube ouvert par les deux 
bouts, un morceau de viande qui l'écaloit prefque en longueur, 
& qui n'avoit guère que le tiers de fon diamètre, &. cela 
d’une manière aflez fimple. Au moyen d’une aiguille à coudre, 
le morceau de viande fut enfilé tout du long d'un gros fil; on 
laiffa à ce fil affez de longueur par de-là chacun des bouts de 
la viande, pour queles fiens puffent être ramenés fur l'extérieur 
du tube , & lui faire vers fon milieu une ceinture compofée de 
plufieurs tours, avant que d’être liés tous deux enfemble. 
Le tube ainfr garni de viande fut donné à la bufe pour 
‘fon premier déjeuner, à fept heures du matin; dès que je l'eus 
introduit dans fon gofier , mes doigts le faifirent par dehors 
au travers des plumes & des membranes du canal, pour le 
faire defcendre peu à peu jufqu’à l'eftomac : je ne l'abandonnaï 
que quand j'eus lieu de croire qu'il y étoit entré, parce qu'il 
m'avoit échappé. Après que la bufe eut pris cette pillule tout 
autrement dure que les cures que les fauconniers font prendre à 
leurs oifeaux, elle fut renfermée dans une grande cage à poulets, 
qui devint fon habitation ordinaire : il étoit effentiel de pouvoir 
trouver aifément ce qu’elle auroit rendu par le bec. C'eût été 
réduire cet oifeau vorace à un jeûne trop auftère , que de ne lui 
accorder pour toute nourriture que le petit morceau de viande 
affujéti dans le tube; on ne lui retrancha rien fur la quantité 
d'alimens qu'on avoit coûtume de fui donner , elle manger 
pendant le refte du jour à fon ordinaire, 


Mém, 1752. . Nan 


466 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Je ne laiffai pas paffer ce jour-là fans aller voir bien des 
fois fi la bufe n’avoit rien rejeté par le bec, ce ne fut que le 
lendemain au matin fur les fept heures & demie, que je 
trouvai le tube qu'elle venoit de rendre : il étoit précifément 
tel qu'il lui avoit été donné, je veux dire qu'il avoit toute 
fa rondeur , que fa forme n'avoit été aucunement altérée ; on 
ne découvroit {ur fa furface extérieure aucune trace de frot- 
iemens qu'il eût efluyés; ces deux brins de fils, qui, après 
avoir été conduits fur l’extérieur du tube, avoient été en- 
tortillés vers le milieu de fa longueur & liés enfemble, 
étoient reftés très-entiers, & en apparence très-fains : on ne 
découvroit donc aucun effet qui montrât que l'eflomac de {a 
bufe eût agi contre le tube même, avec une foible portion 
de cette force qui l'eût écrafé & mis en pièces dans un géfier 
où il eût féjourné auffi ong-temps. 

Quoique l’eftomac de la bufe n’eût pas fait de ces grands 
actes de force , il n’étoit pas refté dans une parfaite inaétion 
pendant tout le temps que le tube y avoit été logé: je ne 
veux pas laiffer imaginer que la forme de cet eflomac eüt été 
auffi conflamment la même que left celle d’un vafe de por- 
celaine ou de métal : le tube prouvoit qu’il y avoit eu au moins 
des compreffions légères dans fa capacité de leftomac , foit 
qu'elles euffent été l'effet de l'action de ce vifcère, foit qu'elles 
fuflent dûes aux mouvemens alternatifs de la refpiration qui 
agiflent fur lui. Le tube étoit beaucoup plus plein par un bout 
qu'il ne l'étoit lorfqu'il avoit été avalé; ce bout avoit un bou- 
chon fait de duvet & imbibé d'une efpèce de bouillie, qui 
pénétroit au-delà du tiers de la longueur du tube : des poulets 
morts peu de jours après être nés, qui avoient été donnés à 
la bufe pour s'en nourrir, avoient fourni le duvet : Fautre bout 
du tube avoit fon ouverture entièrement libre. 

Ces circonftances , que je nai pas dü laifler ignorer, ne 
font pas ce qu'on eft le plus curieux, & ce qu'il eft le plus 
important de favoir. Le morceau de viande arrêté dans le 
tube par un fil avoit-il été digéré ? voilà de quoi on demande 
à être inftruit : en quel état fut-il trouvé? il avoit été réduit 


DES SCIENCES. 467 
à moins du tiers, peut-être au quart de {on premier volume 
& de fon premier poids; ce qui en refloit étoit bien retenu 
par le fil, & couvert par une efpèce de bouillie, venue pro- 
bablement de celles de fes parties qui avoient été difloutes. 
Après que la bouillie eut été enlevée, le refte de chair qui fut 
mis à découvert , parut avoir à peu près fon ancienne couleur, 
peut-être néanmoins étoit-elle un peu plus blancheâtre; mais 
cette chair avoit perdu de fa confiftance; en la tirahit doucement 
avec la pointe d'un canif en différens fens , on la mettoit en 
charpie; fon odeur n'étoit point celle de viande pourrie, elle 
en avoit pris une qui n'avoit rien de fi defagréable. 

La confidérable déperdition qu'avoit faite le morceau de 
chair, & l’efpèce de bouillie dont étoit enveloppé ce qui en 
reftoit, doivent, cefemble, convaincre les plus prévenus pour 
le fyftème de Ja trituration , qu'elle n'eft pas l'agent principal 
de la digeftion dans les oifeaux de proie. Ce n'avoit pas été 
par des broïemens que les deux tiers ou les trois quarts du 
morceau de viande aflujéti par un fil dans le tube , avoient 
été enlevés: cet ouvrage n'avoit pü ètre que celui d'un dif 
folvant qui avoit détaché peu à peu les petites parcelles qui 
formoient le fédiment , l'efpèce de bouillie, dont s'étoit trouvé 
recouvert ce qui n'avoit pas encore été diflous. Un trop 
fort attachement au fyflème de la trituration ne laifiera-t-i 
point néanmoins encore quelques doutes? ne fera-t-il point 
imaginer que le morceau de viande a pü être broyé dans le 
tube par les frottemens auxquels il a été expolé? que ces 
frottemens ont pü être produits par cette forcé qui avoit mis, 
peut-être trop tard, un bouchon de duvet à un des bouts du 
tube! cette force, avant que le bouchon fût en place , n'a-t-elle 
point fait mouvoir continuellement dans le tube des matières 
folides qu'elle y avoit introduites, & qu’elle poufloit alterna- 
tivement d’un bout vers l'autre ? n’eft-ce pas par de pareils 
frottemens répétés pendant près de vingt-quatre heures que 
le morceau de chair avoit été ufé, pour ainfi dire , en grande 
partie & réduit en bouillie ? 

Heureufement qu'il étoit aifé d'imaginer une expérience 

Nanni 


468 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 

qui apprit ce qu'on devoit penfer des difficultés précédentes, 
une expérience qui démontrât de la manière la plus rigou- 
reufe dont un fait de Phyfique peut être démontré, fi la 
digeftion eft opérée dans les oïfeaux carnaciers par la feule 
action d'un diflolvant, & par Ja fermentation qu'il fait 
naître. Une addition affez légère faite à notre tube, le rendra 
propre à faire cette expérience fi décifive : plaçons dedans 
un morceau de viande qui n’occupe qu'une partie de fa lon- 
gueur, & qu'il foit à égale diflance de Fun & de l'autre de 
fes bouts; au lieu de laifler ceux-ci entièrement ouverts, 
donnons-leur à chacun un grillage qui bouche l'entrée à tout 
corps folide, & qui ne permette qu'à de la liqueur de 
pénétrer dans le tube. Il eft de toute évidence que fi le 
morceau de viande eft réduit en bouillie & digéré dans ce 
tube où il eft ifolé, & feulement acceffible à de la liqueur, 
çaura été par un diflolvant. Tout ce qu'il fembleroit y 
avoir à craindre, c'eft que le diflolvant, s'il y en.a un dans 
l'eflomac, n'y füt pas en aflez grande quantité pour fournir 
celle qu'il faudroit qui s'introduifit dans le tube pour agir 
avec fuccès contre le morceau de chair , dont les bouts feuls 
font expolés à fon aétion. 

Cette expérience, par elle-même fi fimple, le devient encore 
davantage par l’efpèce de grillage pour lequel je me déterminai. 
Le peu d'idée que leflomac de {a bufe m'avoit donné de fa 
force de preflion, me fit juger qu'un grillage de fil ordinaire, 
de fil de lin, feroit en état de lui réfifter. Je grillai donc avéc 
du fil chaque bout d'un tube où j'avois fait entrer un mor- 
ceau de bœuf: pour les griller, je n’y fis d'autre façon que de 
dévider du fil fur le tube comme on dévide autour d'un 
tampon de linge ou de papier celui qu'on veut mettre en 
peloton, c'eft-à-dire que chaque tour de fil étoit conduit 
felon a longueur du tube fur deux lignes diamétralement 
oppolées; chaque tour paffoit donc fur le centre de chaque 
bout. En multipliant de pareils tours placés très-proches les 
uns des autres fur la furface du tube, les deux bouts fe trou- 
voient grillés d'une grille dont les mailles, au lieu d'être des 


D'EUS SITE N CES. 469 
quarrés comune celles des grilles ordinaires, étoient des fec- 
teurs de cercle. Cette efpèce de grille étoit plus à jour, moins 
ferrée près de la circonférence que vers le centre; mais les 
plus grands vuides ne Jaiffoient pas un paffage libre à des 
corps de demi-ligne de diamètre. Tous les tours de fil em- 
ployés à former les deux grilles, & qui peuvent être appelés 
tours longitudinaux , étoient arrètés par des tours tranfverfaux 
du même fil, par des tours devidés autour de la circonfé- 
rence du tube, & qui formoient enfemble une ceinture vers 
le milieu de fa longueur. 

Avant que de griller le tube, Jy avois fait entrer, comme je 
Yai déjà dit, un morceau de bœuf qui l'égaloit prefque en lon- 
gueur, mais qui mavoit quà peine la moitié du diamètre 
de fa cavité. Je m'étois propolé de l'y tenir ifolé, de le fixer 
à peu près dans Vaxe du tube, ou au moins d'empêcher qu'il 
ne fût exaétement appliqué en quelques endroits contre les 
parois intérieures, & cela afin qu'aucune portion de fon ex- 
térieur ne fe trouvât à l'abri de 'aétion de Ja liqueur difio!- 
vante qui s'introduiroit dans le tube. Un fil paflé tout du 
long du morceau de bœuf, & dont les deux bouts fortoient 
hors du tube, devint l'axe qui devoit le foûtenir ; en formant 
les deux grilles, on lui donna deux appuis au moyen defqueis 
on parvint à Je tenir tendu après avoir fait faire à fes bouts 

uelques tours fur l'extérieur du tube, & les avoir arrêtés 
enfemble par un nœud. 

Le tube ainfi préparé & garni de fon morceau de bœuf, 
fut introduit dans le gofier de la bufe à fept heures du matin, 
& conduit avec mes doigts jufqu'à l'eflomac, dans lequel il 
entra fur le champ: il y refla pendant près de vingt-quatre 
heures, elle ne le rendit que le {éndemain un peu avant fept 
heures du matin. Le grillage Sétoit foûtenu comme je l'avois 
efpéré, non feulement Le fil n'avoit été brifé en aucun endroit , 
tous Les tours fe trouvoient précifément placés comme ils 
Vétoient immédiatement après avoir été devidés. Je ne pus voir 
qu'ils s'étoient fi bien foûtenus & qu'ils avoient fi bien con- 
{ervé leur arrangement, que lorfque j'eus enlevé un enduit 

_Nnniï 


470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

dont tout le tube étoit enveloppé ; cet enduit, plus épais fur 
les bouts que par-tout ailleurs, lui donnoit la forme d’un ellip- 
foïde; fur l'un des deux bouts il avoit près dé trois à quatre 
lignes d’épaifleur : il étoit plus mince fur l'autre bout, & 
n’avoit peut-être pas une ligne fur la furface extérieure du tube : 
cet enduit étoit compolé d'un duvet femblable à celui dont 
nous avons déjà eu occafion de parler, il venoit des poulets 
nouvellement nés que la bufe avoit mangés plufieurs jours au- 
paravant ; fon eflomac ne sen étoit pas encore vuidé, 
le duvet étoit imbibé d’une efpèce de bouillie. Inquiet de 
favoir fi cet enduit n'avoit pas bouché trop tôt les mailles des 
grilles, sil n'avoit point empêché de pénétrer dans le tube 
une quantité fuffifante de la liqueur capable d'opérer la digef- 
tion: du morceau de bœuf, je tardai peu à couper la ceinture 
& tous les tours faits par le fil, & à les enlever de deffus le 
tube : l'ouverture de lun & de l'autre bout ayant été mife 
entièrement à découvert , il fe préfenta une matière molle, 
d’un blanc griftre, qui s’étendoit jufqu'auprès de leurs bords ; 
en ayant enlevé un peu avec la pointe d’un canif, & l'ayant 
mife entre le pouce & l'index , je lui trouvai la confiftance 
d'une pâte molle extrêmement douce, & comme graffe : une 
glaife bien pure, ramollie à même confiftance, n'eût paru ni 
plus fine ni plus onétueufe au toucher ; on n'y trouvoit aucun 
grumeau, rien qui par fa couleur, fa folidité ou fa tiflure, ref- 
femblit à des fragmens de fibres. 

Avec la lame du canif, je continuai à retirer du tube 
alternativement par l'un & par l'autre bout, Ja matière qui 
y étoit contenue ; toute celle que j'en fis fortir jufqu'au quart 
de la longueur du tube de chaque côté, c'eft-à-dire, celle qui 
fe trouvoit dans deux étendues égales enfemble à fa moitié 
de la longueur de ce tube, étoit parfaitement femblable, au 
jugement des yeux & du toucher, à celle que je viens de décrire: 
je mis enfuite à découvert une matière un peu rougeitre, 
& qui avoit plus de confiftance ; l'une & l’autre avoiïent fait 
partie du morceau de bœuf avant qu'il entrât dans le tube: 
la première, venue des fragmens qui en avoient été pluftôt 


DES SCIENCES. 471 
détachés, étoit plus parfaitement difloute, plus parfaitement 
digérée que la feconde : une couche de cette feconde matière 
enveloppoit ce qui étoit refté du morceau de bœuf fous une 
forme folide, & avec à peu près fa couleur naturelle. Après avoir 
lavé doucement ce refte de chair pour emporter la pâte qui 
l'enveloppoit , je jugeai qu'il n’étoit pas une huitième partie 
de celui qui étoit entré dans le tube, fa longueur n'étant que 
la moitié de cêife de l'autre, & la différence entre les diamètres 
étoit au moins aufli grande. 

Au refte, la bouillie fournie par les fept huitièmes du morceau 
de viande, & ce qui étoit refté de celle-ci fous une formé folide, 
m'avoient aucunement l'odeur d’une viande corrompu ; ils n’en 
avoient pas cependant une agréable, elle ne tiroit pas fur l'aigre, 
elle n'étoit pas pénétrante, elle étoit pluftôt fade. 

II eft donc inconteftablement prouvé par l'expérience pré- 
cédente, que de la viande peut être digérée dans l'eflomac des 
oifeaux carnaciers, non feulement fans y avoir été broyée, 
mais fans même y avoir fouflert les plus légers frottemens : 
cette opération peut donc être uniquement l'ouvrage d'un 
diflolvant, dont l'exiftence eft bien démontrée. 

Cette expérience qui ne laïfloit, ce femble, rien à defirer, 
méritoit cependant d’être répétée, & demandoit à l'être 
avec une petite précaution qui avoit été omife: pour avoir 
négligé de pefer le morceau de viande, ce n'a été qué par 
une éftimation vague que j'ai arbitré la quantité qui en étoit 
reftée : d’ailleurs il convenoit de faire entrer le tube dans 
l'eftomac, dans un temps où il sy trouveroit plus de duvet 
capable de boucher les grilles. Un morceau de bœuf qui pefoit 
un peu moins de quarante-huit grains, & un peu plus de 

_quarante-fept, ayant été fixé dans le tube, & le tube ayant 
été grilé comme fa première fois avec un fil, j'obligeai la 
bufe de favaler & de le faire paffer dans fon eftomac ; il y 
refla plus fong-temps que n’avoient fait les autres qu’il avoit 
été obligé de recevoir : comme ceux-ci, il avoit été pris à fept. 
heures du matin, & le lendemain à huit heures du foir il 
n'étoit pas encore rendu: on ne le trouva dans la cage de 


472 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
la bufe qu'au bout de deux jours à fix heures & demie du 
matin ; fa furface encore toute mouillée apprenoit qu'il ny 
avoit pas bien Jong-temps qu'il avoit été rejeté : au refte fa 
furface n’étoit précilément que mouillée, je veux dire que le 
tube n'avoit point été recouvert par un enduit de duvet imbibé 
d'une efpèce de pâte; il ne fe trouvoit plus alors de ce duvet, 
comme je lavois prévûü, dans f'eflomac dé Ja bufe. Non 
feulement l'extérieur du tube étoit bien net, les grilles 
l'étoient de même; rien ne bouchoit les vuides que les dif- 
férens tours de fil y avoient laiflés, la liqueur capable d'opérer 
Ja diflolution avoit donc trouvé des entrées libres qui avoient 
permis de fortir hors du tube aux portions du morceau de 
viande, qui après avoir été difloutes, avoient été délayées 
fuffifamment pour devenir liquides. Je dûs juger que cela étoit 
arrivé ainffr, lorfqu'après avoir coupé les fils & ôté à chaque 
bout du tube la grille qui empêchoit qu'on ne püût apercevoir 
ce qui étoit dans fon intérieur, je regardai par un des bouts 
de ce tuyau comme on regarde par celui d'une lorgnette: je 
vis que dans toute fa longueur il étoit plus d'à moitié vuide, 
& qu'ainfi il s'en falloit bien que fa cavité ne contint toute 
la matière que j'y avois introduite: ce qui y tenoit le plus 
de place, étoit une bouillie d'un blanc grifatre, bien diffé- 
rente en confiftance de la pâte que lexpérience précédente 
avoit fait voir ; cette pâte étoit molle, & la bouillie étoit 
liquide : ‘il y a tout lieu de croire que ce qui avoit été 

encore davantage , étoit forti-par les mailles des grilles. 
Une petite portion du morceau de bœuf étoit pourtant 
reftée dans le tube fous fa première forme, mais elle avoit 
pris une couleur plus blancheître, & perdu de fi confiftance: 
cette portion ctoit partagée en trois morceaux fi petits, qu'ayant 
été lavés & efluyés doucement , leur poids ne fut ‘trouvé 
que defix grains, c'eft-à-dire, un huitième de celui du morceau 
de bœuf, qui peloit près de quarante-huit grains : ils étoient 
au refle attendris à un point qui annonçoit une diflolution 
prochaine. Les ayant mis dans la paume de ma main, & les 
y ayant {rottés doucement avec le bout d'un de mes doigts, 
comme 


ets ICE No ErSsay : M 478 
comme avec une molette, ils y furent bien-tôt réduits en 
une efpèce de pâte : je continuerai de faire remarquer que ceite 
pâte n’avoit nullement l'odeur d’une viande corrompue. 

Cette dernière remarque, que nous avons déjà eu occafion 
de faire plus d'une fois, ne femble pas favorable à ceux qui ont 
cru que la digeltion {e faifoit par une efpèce de putréfaétion ; 
elle conduit à penfer que le diflolvant fourni par l'eftomac, agit 
fur les alimens comme les liqueurs fortes agifient fur les métaux. 

Les os n'ont pas, comme les chairs, une difpofition pro- 
chaine à fe pourrir & à fermenter ; il m'a paru curieux de 
favoir ce que deviendroient ceux qui pafferoient vingt-quatre 
heures dans l'eftomac de la bufe, contenus dans un tube de 
fer-blanc grillé de fil : je renfermai dans celui dont il s’eft agi 
jufqu’ici, fix morceaux d'os très-tendres ; ils avoient été pris à 
un poulet d'un mois, qui n'étoit pas plus gros qu'une caille ; l'os 
de chacune de fes cuiffes, appelé vulgairement le pilon, fut 
coupé en deux ; quatre morceaux d'os furent donc fournis par 
les pilons , & les deux autres le furent par les deux gros os de 
la cuiffe, auxquels on retrancha ce qu'ils avoient de plus en 
longueur que le tube: ces fix morceaux d'os ne pefoient 
enfemble que vingt-quatre grains. La bufe à laquelle on avoit 
fait avaler le tube dans lequel ils étoient logés, le gardaudans 
{on eflomac un peu moins de vingt-quatre heures ; elle favoit 
pris à fept heures du matin , &c le jour fuivant elle l'avoit rendu 
par le bec avant fix heures & demie; il étoit très-net au 
dehors, aucune matière étrangère n'étoit attachée fur fon exté- 
rieur ni fur celui des grilles. Après que le fil dont ces dernières 
étoient formées, eût été enlevé, je cherchai les os dans la 
cavité du tube, je n'y en trouvai pas la plus légère parcelle ; 
il fmbloit qu'ils euflent été digérés plus aifément & plus vite 
que la chair : il n'étoit refté dans le tuyau qu'un peu de 
matière gélatineufe, dont la plus grande partie étoit appliquée 
contre la furface extérieure d’une des grilles : la quantité de 
cette matière étoit fi petite que je ne crus pas la devoir peler, 
fon poids étoit peut-être à peine d'un demi-grain. 

Les os qui avoient été fi parfaitement diffous , pourroient 


Mém. 175 2: Ooo 


474 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaALe 

être regardés comme prefque aufli tendres que certaines chairs ; 
mais ils invitoient à éprouver ce que peut le diflolvant de l'ef- 
tomac fur ceux qui font extrêmement durs. Pour en expoler 
de tels à fon action, je fis détacher un fragment d’une côte 
de bœuf, fur lequel il ne fe trouvoit qu'une couche affez 
mince du corps cellulaire ou fpongieux ; tout ce qui étoit 
d'une tiffure fi fiche fut emporté , je ne lui laiflai que la 
partie la plus compacte, que celle qui reflemble à l'ivoire, 
& qui peut de mème être employée à divers ouvrages & 
recevoir du poli. Ce fragment, qui étoit de forme irrégulière, 
avoit la longueur du tube, dont if ne remplifloit pas toute Ja 
cavité daus l'endroit même où il étoit le plus gros : je fis 
entrer encore dans le tube un autre fragment pris du même 
os, & aufli compacte, mais plus petit; ces deux morceaux 
d'os pefoient enfemble quarante-un grains : le tube grillé qui 
les contenoit , refta un peu moins de vingt-quatre heures dans 
l'eftomac de la bufe qui l'avoit avalé. Lorfque je le trouvai 
dans la cage de l'oifeau , fa furface étoit bien nette, mais les 
grilles n'étoient pas auffr à jour qu'elles l'étoient lorfque ce 
tube avoit été rendu dans les expériences précédentes ; des 
plaques minces de viande non encore digérée, qui s'y étoient 
attachées en dehors, bouchoient une grande partie des mailles, 
Après avoir Ôté le grillage de fil, je vis dans le tubeles deux 
morceaux d'os, & j'aperçus à celui des bouts de l'un & de 
Jautre qui étoit tourné vers mes yeux , une goutte de matière 
gélatineufe : fi ces deux gouttes euflent été réunies enfemble, 
elles n’euflent guère eu que la groffeur d'un petit pois. Je ne 
trouvai à ces os aucun endroit où ils euffent été fenfiblement 
ramollis, il étoit cependant vifible qu'ils avoient perdu de 
leur volume : lorfqu'on leur avoit enlevé à Fun & à l'autre a 
plus grande partie du corps cellulaire qui s’y étoit trouvé, on 
avoit laiffé bien des inégalités ; toutes celles du plus petit frag- 
ment avoient été effacées pendant fon féjour dans le tube, & 
il en étoit peu refté au plus grand morceau : mais, pour avoir 
quelque chofe de plus pofitif fur la quantité de matière qui 
en avoit été emportée, je les pefai; les balances m'apprirent 


D'iEùS |, ISNCUA'E ANGES 475 
que leur poids total, qui étoit de quarante-un grains, avoit été 
réduit à un peu moins de vingt-un; ils avoient donc perdu 
vingt grains, ou, ce qüi eft la même chofe, près de la 
moitié de leur mafle avoit été enlevée par le diflolvant, & 
cela dans la circonftance où la digeftion ne s’étoit pas faite 
auffi-bien dans l'eftomac de fa bufe qu'elle s'y fait ordinaire- 
ment , puifque de la viande non digérée avoit été trouvée 
attachée aux grilles , & dans la circonftance où les mailles 
des grilles avoient été bouchées en grande partie. 

Je fis repafler dans l'eftomac de la bufe les reftes des deux 
fragmens d'os, pefant enfemble vingt-un grains, après les 
avoir renfermés dans le tube grillé : ce tube fut rendu pendant 
la nuit qui fuivit le jour où il avoit été pris, c'eft-à-dire, 
environ au bout de vingt heures ; moins de douze après qu'elle 
Jeut avalé, on lui vit faire des eflorts pour le vomir. II fortit 
encore du corps de la bufe très-propre & fimplement mouillé : 
on ne voyoit point de viande non digérée fur les grilles, 
mais plus de la moitié de leurs mailles étoit bouchée par 
une bouillie venue de la viande digérée : une petite mafe 
de matière gélatineufe tenoit à un des bouts du plus petit os: 
Jos qui par rapport à l'autre peut être appelé le grand, avoit 
une partie de fa furface couverte d’une couche affez mince 
d'une pareille matière. Ces feconds reftes étoient encore plus 
unis ou lifles que les premiers : après avoir été lavés, ils 
furent pelés, leur poids n’étoit que de on2e grains; ainf 
près de la moitié du poids des premiers reftes avoit été 
difloute dans cette feconde expérience. 

Enfin, je fis retourner une troifième fois dans le corps de 
la bufe , la légère portion d'os qui avoit réfifté au diffolvant ; 
je n'ai pas befoin d'ajoûter que ce fut après l'avoir logée dans 
le tuyau grillé: ce tuyau fut rendu environ au bout de vingt- 
deux heures; des troifièmes reftes d'os y fubfiftoient encore, 
ils étoient tous deux enduits dans toute leur étendue d’une 
couche de gelée, qui étoit plus épaiffe que par-tout ailleurs à 
un des bouts. Après que la gelée eut été enlevée, ces troi- 
fièmes reftes d'os parurent bien petits, enfemble ils ne peloient 

00 ij 


476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

que quatre grains : fa gelée qui en avoit été enlevée, étoit 
attachée en quelques endroits contre les parois du tube, & 
contre la furface des grilles : je n'en avois pas encore vü de 
pareille, elle étoit moufleufe. 

H eût été inutile de faire rentrer dans l’eftomac de Ja bufe 
ce dernier & très-petit refle des deux os, qui après y avoir 
féjourné à trois repriles , de quaranteun grains qu'ils pefoient , 
avoient été réduits à n'en peler que quatre : ce qui en avoit 
été enlevé fucceflivement, avoit affez montré l'exiftence & 
la force d’un diflolvant contre lation duquel les corps de 
cette efpèce ne fauroient être défendus par le plus grand 
degré de dureté dont ils foient fufceptibles. 

Les oileaux vraiment carnaciers, du nombre defquels étoit 
notre bufe , ne fe nourriffent que de la chair des autres oifeaux, 
de celle des quadrupèdes , de celle des reptiles, & quelques- 
uns de celle des poiffons : la faim la plus preffante ne fauroit 
les contraindre à recourir au grain , de quelque efpèce que ce 
foit ; ils fe laifleroient périr d’inanition auprès d’un tas de 
blé, & de même auprès des meilleurs fruits. Seroit-ce parce 
que le diflolvant de leur eflomac n’a de prife que fur les chairs 
& les os, & qu'il ne peut rien fur les productions du règne 
végétal? ces oifeaux agiffent-ils comme s'ils fivoient qu'ils n'en 
mourroient pas moins de faim, quand ils rempliroient leur 
eflomac de grain, parce qu'il y refteroit fans pouvoir y être 
digéré? La Nature donne aux animaux des leçons füres , celles 
qu'ils ont befoind'avoir , & ils ne manquent pas de les fuivre. 
Ï! étoit donc à préfumer, & il étoit curieux de s'en aflurer, 
que ce diffolvant de l’eftomac de la bufe, fi puiffant contre les 
chairs & les os, ne pouvoit rien ou que très-peu fur les matiè- 
res végétales : nous avons déjà rapporté une expérience , répé- 
tée bien des fois, qui paroît le prouver; les grilles de fil de nos 
tubes fe font foûtenues fans qu'aucun de leurs brins ait été 
caflé ; le diffolvant qui a réduit des os en gelée, n’a pas même 
afloibli ces fils, ils font reftés très-fains. ” 

II convenoit néanmoins d’expoler à l'ation de ce diffol- 
vant, des matières tirées des plantes, fur lefquelles il étoit à 


DAS ULSNENPE N'C'É Se 477 
préfumer qu'il devoit avoir plus de prife que fur les fibres 
defléchées que leur confiftance rend propres à tant d'ufages ; 
il convenoit de mettre à fa portée des matières végétales, 
qui n'entrent point impunément dans l'eftomac des oifeaux 
de bien des efpèces différentes : nos gros tubes de fer-blanc 
nous en donnoient des moyens faciles. J'en ai garni un de 
pain & de grain; j'ai fait entrer dans fa cavité un morceau 
de croûte auquel tenoit un peu de mie, large d'environ trois 
lignes & aufli long que le tube : il n’y a été introduit qu'après 
avoir été lardé de quatre grains; deux de ces grains étoient 
de froment, & ont été piqués à la file lun de l'autre, près 
d'un des bouts du petit morceau de pain ; les deux autres, qui 
étoient des orains d'orge, ont été piqués à fon autre bout ; 
un de ces derniers avoit fon écorce, & l'autre, qui étoit le 
plus proche du bout, avoit été dépouillé de la fienne, if 
avoit été mondé : un grillage fait à l'ordinaire avec un fil, 
afluroit que ni le pain ni les grains ne pourroient être chaflés 
hors du tube, tant qu'ils conferveroient leur confiftance & 
leur volume. Le tube refta dans l'eftomac de la bufe pendant 
environ vingt-deux heures ; lorfqu'elle l’eut rendu & que j'eus 
coupé les deux grilles, je trouvai les quatre grains très-entiers, 
ils étoient feulement ramollis : peut-être l'euffent-ils été davan- 
tage s'ils euffent été tenus dans l'eau pendaut le même nombre 
d'heures. Le grain d'orge mondé étoit aufli fain & auffi peu 
altéré que les autres : la bufe, qui ne mange point de grain, 
n'a donc pas un eflomac capable de le disérer. Le pain fembloit 
avoir été un peu plus travaillé, il avoit quelque air de pain 
mâché, mais il n’étoit point converti en une bouillie femblable 
à celle en laquelle eût été changée de la viande qui auroit 
occupé une pareille place dans le tube , il étoit encore vifible- 
ment du pain. 

Dans une autre expérience du même genre, c'eft-à-dire, 
où des grains ont été encore expolés à l'action du diflolvant, 
J'ai voulu pouvoir comparer ce qu'il auroit fait fur eux, avec 
ce quil auroit opéré fur un morceau de chair: je plaçai dans 
le tube un morceau de mouton qui n'avoit point de graifle, 

Ooo ii 


478 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

de manière que chacun de fes bouts fe trouvoit à la même 
diflance de chacun des bouts du tube, dont il laïfloit de chaque 
côté un peu plus du quut de fa longueur vuide ; il rem- 
plifloit bien la partie où il étoit, ilavoit été preflé. Une petite 
fève blanche, un pois fec & trois grains d'orge ayant leur 
écorce , furent mis dans chacune des parties vuides du tube, 
qui ne manqua pas d'être grillé à Fordinaire : celui-ci ne fut 
rendu qu'au bout de deux fois vingt-quatre heures, je ne fais 
fi c'eft parce que j'avois négligé de le conduire avec mes 
doigts jufqu'à ce qu'il füt entré dans l'eflomac, & qu'il en 
étoit arrivé qu'il n'y avoit été introduit que très-tard. Lorfque 
je vins à examiner tout ce qui avoit été renfermé dans fa 
capacité, je trouvai les deux fèves, les deux pois & les fix 
grains d'orge très-entiers, mais très-renflés , fans qu'aucun d'eux 
pourtant l'eüt été au point où l'écorce fe fend , où le grain 
crève : des grains qui avoient féjourné dans un lieu humide & 
chaud pendant deux fois vingt-quatre heures, y devoient 
avoir pris cette augmentation de volume. Cependant la 
viande jufqu'à laquelle le diflolvant fembloit avoir eu de la 
peine à parvenir, & dont il ne lui avoit été permis d’at- 
teindre que les bouts, parce qu'ayant été preflée, elle rem- 
plifloit exactement le lieu où elle étoit, fut diffoute en 
très-grande partie ; la portion qui en étoit reftée n'étoit guère 
qu'un fixième, ou au plus un cinquième, du morceau qui y 
avoit été logé. Cette portion qui n'avoit pas été difloute avoit 
une odeur puante, une vraie odeur de viande pourrie: la 
corruption indiquée par l'odeur , devoit être attribuée au long 
féjour qu'elle avoit fait dans l'eflomac, & à ce qu'elle n'y avoit 

ù être pénétrée par le diflolvant, 

C'eft une bonne pratique, & dont j'ai prouvé ailleurs les 
avantages, que celle de nourrir la volaille d'orge cuite: j'ai 
voulu voir fr le diflolvant de l’eftomac de notre oifeau 
n'auroit pas plus de prife fur celle qui eft cuite, que fur la 
crue : j'ai encore fait entrer dans le tube un morceau de chair 
de mouton, qui bien preffé a occupé la moitié de la capacité 
du tube, & en a Jaïffé à chaque bout un quart de vuide : 


DES SCIENCES. 479 
c'étoient deux places deftinées à recevoir chacune neuf grains 
d'orge cuite; de ces neuf grains, il y en avoit quatre à cinq 
de crevés, c'eft-à-dire, dont l'écorce avoit été forcée de fe 
fendre par le renflement de fa fubftance farineufe : il ef inu- 
tile de diré que le tube fut grillé de fil, j'eus attention de le 
faire entrer dans l'eflomac, il fut rendu au bout de vingt- 
quatre heures. L'état dans lequel j'y trouvai les grains, nv'ap- 
prit que le diflolvant de l'effomac de I bufe n'avoit pas plus 
de pouvoir fur les grains d'orge cuits, & même crevés, que 
fur ces mêmes grains crus : il n'étoit arrivé aucun changement 
fenfible aux grains d'orge; je fuis même refté incertain fi 
leur renflement y avoit été augmenté, & fi ceux qui, lorf- 
qu'ils y avoient été introduits , étoient entr'ouverts, l'étoient 
un peu plus lorfqu'ils furent tirés du tube : il étoit très-vifible 
que le diflolvant, comme diffolvant , n'avoit rien opéré fur 
eux, pendant qu'il avoit agi fi efficacement contre le morceau 
de chair, que je ne pus rien trouver dans Îe tube qui en 
eût fait partie, que quelques filimens gélatineux, que des 
filamens gluans qui avoient de la tranfparence, qui reflem- 
bloient à de la gelée, & nullement à de la viande. 

I eft donc prouvé de refle, que ce feroit inutilement que 
les oïifeaux de proie, forcés par la plus preffante néceflité de 
manger, auroient recours aux grains; que leur eftomac n'en 
tireroit aucun fuc nourricier ; que fût-il très-rempli de grains, 
ils n'en mourroient pas moins de faim, fon difflolvant ne 
pouvant rien fur les fubftances farineufes : n’agiroit-il pas avec 
plus d'efficacité fur les fruits de nos arbres , fur les poires, 
les pommes & les prunes? c’eft à quoi il n'y a guère d'ap- 
parence, dès que ces oifeaux négligent toutes ces fortes de 
fiuits : aufli me fuis-je contenté d'en faire une expérience. 
Je renfermai dans le tube un morceau de poire d'orange qui 
étoit bien mûre, pelant vingt-neuf grains ; le tube fut rendu 
à l'ordinaire, environ vingt-quatre heures après qu’il eut été 
pris : le morceau de poire y fut trouvé avec fa première 
forme ; il avoit pourtant perdu quelque chofe de fon poids, 
il ne pefoit plus alors que vingt-quatre grains ; fa chair étoit 


480 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
ramollie à peu près comme celle d’une poire cuite, elle paroif- 
foit macérée: la chaleur & l'humidité du lieu dans lequel 
elle avoit été tenue, pouvoit bien avoir autant contribué à 
cet effet que le diflolvant : elle avoit pris un goût aigrelet 
très-léger. Quelque part qu'on voulût accorder au diflolvant , 
dans ces petites altérations, il feroit encore certain que fon 
action fur les fruits feroit bien foible, fi on la compare à 
ce qu'elle opère fur la viande. 

Quelle eft la nature. de cette liqueur , qui agit en quelque 
forte fur les chairs & fur les os comme l’eau régale agit fur 
l'or, mais qui na pas plus de pouvoir fur les fubflances fari- 
neufes que l'eau régale n'en a fur l'argent? auquel de tant de 
diffolvans que la Chymie nous fournit, peut-elle être com- 

arée ? 

J'ai mis plufieurs fois fur ma fangue de cette gelée, en 
laquelle elle avoit converti de la viande ou des os, & qui 
devoit en être pénétrée ; je lui aï toûjours trouvé de l'amer- 

_tume, tantôt” plus, & tantôt moins, mêlée avec un peu 
de falure. J'ai auffi appliqué fur ma langue des reftes des os 
qui avoient été diffous en partie ; ces refles d'os devoient au 
moins être pénétrés de cette liqueur diflolvante près de leur 
furface : je leur ai auffi trouvé un goût amer, mêlé de falé, 
mais ce goût étoit plus foible que celui de la gelée. 

Je ne dois pas laiffer ignorer qu'ayant voulu Ôter à un 
tube l'odeur puante qu'il avoit prife dans une des expériences 
que j'ai rapportées, & la feule où une portion reflante de 
la viande fe füt pourrie, je le mis fur des charbons ardens ; 
bientôt il fortit de fon intérieur une flamme qui dura pen- 
dant plus d’une minute. Je ne me preflerai pas de conclure 
de ce fait, que la matière inflammable entre pour beaucoup 
dans le diflolvant que nous devons fouhaiter de connoître ; il 
faut auparavant l'avoir foûmis à bien d’autres examens , & pour 
cela en avoir des quantités fur lefquelles on puiffe opérer. 

On n'auroit peut-être pas ofé fe promettre d'avoir aflez 
de cette liqueur qui agit dans un eflomac avec tant d'eflica- 
cité fur les alimens, pour la pouvoir mettre à toutes les 

épreuves 


DES SCIENCES. 481 


preuves par lefquelles on fait pafler celles dont on veut 
découvrir Ja compofition : nos tubes néanmoins, qui nous 


ont valu tant de connoifflances certaines fur la manière dont 
{e fait la digeftion dans des eftomacs différemment conftruits, 
peuvent encore nous procurer affez de cette liqueur pour 
varier fur elle des eflais qui ont un objet auffi utile que curieux. 
Je n'ai encore qu'ébauché ces effais, mais je ne doute pas 
qu'ils ne foient multipliés autant qu'ils méritent de l'être, par 


plufieurs Savans qui feront frappés de l'importance de leur 


objet; il ne s'agit que de les faire penfer au moyen fimple 
dont ils peuvent fe fervir pour fe fournir d’une liqueur f 
intéreffante : la quantité qui en entre dans un tube grillé, 
pendant les vingt-quatre heures qu'il féjourne daïis l'eftomac 
d’un oifeau de proie , eft confidérable ; elle fufñit pour mouiller 
tout l'extérieur des morceaux de viande qui y font logés, & 
pour les pénétrer intimement. Ce ne font pas ces morceaux 
de viande qui attirent Ja liqueur diflolvante dans le tube; 
füt-il vuide, elle ne s'y introduiroit pas en moindre quantité ; 
il ne s’agiroit donc que de l'y retenir, & on l'y retiendra fr 
Je tube eft rempli d'une matière qui sen laifle imbiber, & 
qui ne foit pas capable d'émoufler fon activité, c’eft-à-dire, 
qui ne lui foit pas diffoluble. Celle qui doit être employée 
ici par préférence ne fe fait pas chercher, l'éponge fe pré- 
fente la première; elle n'eft point de celles que mange un 
oifeau de proie, & ce que nous avons vû ci-deffus nous a 
appris à en conclure qu'elle n’eft donc point de celles que fon 
eftomac peut digérer : aufli n'ayant aucun doute fur le fuccès 
de lexpérience que j'allois tenter, je fis entrer plufieurs 
petits morceaux d'éponge dans le tube, je l'en remplis fans 
les y trop prefler, il fut grillé, avalé par la bufe & rendu 
à l'ordinaire. Lorfque les morceaux d'éponge y furent intro- 
duits , ils ne pefoient que treize grains : je les pefai dès que 
je les en eus retirés, alors ils en pefoient foixante-trois ; ils 
s'étoient donc chargés de cinquante grains de liqueur, qu'il 
me fut ail d'exprimer en grande partie dans un vafe deftiné 
à Ja recevoir. 


Mém. 175 2: Ppp 


482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Cette expérience feule fufht pour faire voir qu'on pour- 
voit fe fournir aifément d'une quantité aflez confidérable 
d’une pareille liqueur : deux ou trois tubes garnis d'éponge, 
qu'on feroit prendre le même jour à fa bufe, en donne- 
roient une quantité à peu près double ou triple, cent ou cent 
cinquante grains pefant ; & fi on nourrifloit deux ou trois de 
ces oifeaux , ce qui fe feroit fans de fort grands frais pen- 
dant quelques femaines, on pourroit avoir chaque jour deux 
ou trois cens, où mème quatre cens cinquante grains de 
liqueur. Ceux qui, par leur goût pour cette chaïle où les 
oïfeaux de proie montrent combien ils font fupérieurs en 
vitefle de vol & en force aux oifeaux de tant d'autres genres, 
{ont engagés à en nourrir chez eux plufieurs, pourroient 
nous procurer encore une plus grande quantité de cette liqueur 
diflolvante fans aucune dépenfe. S'ils craignoient que le tube 
de fer-blanc, dont les bords font tranchans, ne bleffàt l’ef- 
tomac de leurs oifeaux, ou le conduit par lequel ils y arrivent 
& en fortent, on pourroit fubflituer au tube de fer-blanc, qui 
cependant ne n'a jamais paru avoir fait aucun mal à ma bufe, 
des tubes de plomb dont les bords feroient émouffés & doux. 
De pareils tubes ne nuiroient pas plus à l'oifeau de proie que les 
cures qu'on lui fait prendre pour aflurer fa fanté, & lui en 
tiendroient lieu. Mais fi, peu fatisfait de la quantité de la 
liqueur diflolvante qu'il eft permis de tirer de l'eflomac d’une 
bufe ou d'un oifeau de proie qui lui eft au plus égal en 
grandeur, on alloit la puifer dans celui des plus grands 
oifeaux de cette clafe, dans celui d’un aigle ou dans celui 
d'un vautour, les éponges qu'on retireroit du grand tube, 
ou des grands tubes qui auroient féjourné dans cet eflomac, 
donneroient une quantité de liqueur qui fufhroit à beaucoup 
d'expériences. La mort de ma bufe eft arrivée avant que la 
fuite de celles auxquelles je lavois deftinée ait été exécutée, 
& j'ai à me reprocher ma négligence à la remplacer par une 
autre, ou par quelque oifeau de proie d’une efpèce différente 
de la fienne; mais je me promets de réparer cette faute, & 
” de faire les expériences qui femblent être Le plus à defirer: j'en 


DES; $C IE N CE: 483 
vais indiquer les principales, pour inviter à les tenter de leur 
côté, les Phyficiens qui en trouveront des occafions commodes. 

Lorfque je perdis ma bufe , je n'avois encore tiré que 
deux fois de fon eftomac, au moyen des éponges, de cette 
liqueur qui y diflout les chairs & les os : celle que la preffion 
de mes doigts obligea de {ortir de quelques morceaux d'é- 
ponge qui en étoient imbibés, fut reçûe dans un vafe, elle 
nereffembloit nullement par fa limpidité à la liqueur que dif- 
{érentes diftillations nous donnent ; loin d’avoir cette belle 
tranfparence , elle étoit un peu opaque & trouble, fa couleur 
étoit très-louche & d'un blanc un peu jauntre. Au refte, 
je fuis incertain ft fa couleur & fa tranfparence naturelles 
navoient pas été altérées, & celt fur quoi de nouvelles 
expériences ne manqueront pas de nous inftruire: dans les 
premières, je ne pris pas la précaution de bien laver les 
éponges : fi des parties terreufes, ou de quelqu'autre nature, 
fe font trouvées dans leur intérieur , elles auront changé la 
couleur de la liqueur qui s'en fera chargée, &: elles lui auront 
Ôté de la tranfparence. 

Indépendamment de ce que cette liqueur aura pû emporter 
des éponges, une autre caufe peut l'avoir empêché d’être auffr 
pure qu'il eût été à defirer de l'avoir : la liqueur, avant que 
d'entrer dans le tube, aura trouvé dans fon chemin les mor- 
ceaux de viande qui étoient dans l’eftomac, fur lefquels elle 
n'aura pas manqué d'agir au moins un peu ; d’ailleurs, il eft 
prefque impoffible que quelques portions de fa viande digérée 
& réduite en bouillie, & même rendue plus liquide, ne fe 
foient pas mêlées avec la liqueur : quoique celle qui avoit 
imbibé les morceaux d'éponge eût eu le pouvoir de difloudre 
de la viande, elle ne devoit-pas cependant être regardée 
comme pure ; mais on peut parvenir à en avoir qui le foit, 
ou qui le foit au moins beaucoup plus que ne l'étoit celle 
dont nous parlons ; il ne faut pour cela qu'avoir attention à 
ne faire avaler à l’oifeau de-proie le tube garni d’éponge, 
-que dans un temps où fon eftomac efl vuide, & fe donner 
-de garde de lui faire prendre aucune nourriture pendant tout 


Pppi 


484 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

celui où il gardera le tube dans fon corps. Ce jefine au< 
quel nous voulons faire mettre cet oifeau , ne lui fera pas auff 
difficile à foûtenir qu'il le pourroit fembler : la Nature a mis 
ceux de ce genre en état d'en fupporter de très-longs ; leurs 
chafles ne font pas toûjours heureules, il leur arrive fouvent de 
pañier des journées fans rien prendre , & par conféquent fans 
manger. M. le Commandeur Godeheu étant à Malte, reçut de 
Tripoli un vautour vivant, qu'il deftina pour mes cabinets 
où il eft aétuellement , fur lequel il fit une expérience qui 
montre combien il eft peu néceflaire aux oifeaux de fon 
elpèce, de prendre des alimens journellement. Pour le faire 
deffécher plus aifément après qu'il feroit mort, il crut le 
devoir rendre très-maigre, & il en prit le plus für moyen , il 
lui retrancha totalement toute nourriture: ce vautour réfifla 
pendant dix-fept jours à un jeûne fi rude. 

J'ai mis fur ma langue de cette liqueur dont les éponges 
s'étoient imbibées dans l'eflomac de la bufe; fon goût nra 
paru tenir plus du falé que de l'amer, quoiqu'au contraire la 
gelée d'os qui avoit été l'ouvrage d'une pareille liqueur, & 
les refles des os fur lefquels elle avoit agi, nv'aient fait {entir, 
comme je l'ai déjà dit, un goût plus amer que falé. 

Du papier bleu'a été mouillé avec cette même liqueur, 
elle l'a rougi. 

Une des premières expériences qui fembloient demander à 
être tentées avec cette liqueur, comme des plus curieufes , 
& des plus propres à nous démontrer qu'elle étoit incontef- 
tablement celle qui réduit les chairs & les os en bouillie, 
eût été de lui faire diffoudre des chairs dans un vafe comme 
elle les diffout dans l'eflomac de loifeau. De véritables digef- 
tions d'alimens, opérées dans un lieu fi diflérent de celui où 
elles fe font faites jufqu’à ce jour, euffent été un phénomène 
aufii fmoulier qu'intéreffant. Quoique mes tentatives pour y 
parvenir ne m'aient point réufit, Je ne laiflerai pas de les 
rapporter ; je n'en ai fait que deux, & elles demandent à être 
répétées avec des précautions que-je n'ai pas prifes: peut-être 
ne faura-t-on toutes celles qu'elles exigent pour avoir un plein. 


DIR SISENT E NICE 6 485 
fuccès, qu'après qu'elles auront été refaites un très-grand 
nombre de fois. Fr 

Je réfervai la liqueur dont quelques-uns de mes morceaux 
d'éponge étoient imbibés, pour a faire travailler fur la 
viande, & voici l'ufage que j'en fis. Dans un tube de fer-blanc 
un peu plus grand que celui dont il seft agi jufqu'ici, &c 
dont un bout étoit bouché par une plaque de même fer, qui 
y toit foudée, je fis entrer un morceau de viande gros 
comme une noifette; fur ce morceau de viande , je fis 
tomber toute la liqueur que je pus exprimer des éponges en 
les preffant entre mes doigts ; je fis enfuite rentrer dans Île 
méme tube les épônges, & cela dans la vüe de diminuer au 
moins l'évaporation d'une liqueur qui étoit en trop petite 
quantité par rapport à la viande, ‘car celle-ci n’en étoit pas 
entièrement couverte. La liqueur, pour être aflez aélive, a 
befoin d'être aidée de la chaleur qui règne dans l'eftomac : 
celle des fours où je fais couver des œufs, n'eft probable- 
ment inférieure à l'autre que de peu de degrés: un de ces 
fours fut choïfi pour faire une des fonctions de leftomac ; 
mais avant que d'y faire placer le tube , je le logeai dans un 
poudrier qui avoit un couvercle de papier ficelé autour de 
fon bord, & cela encore dans la vüe de diminuer l'évapo- 
ration : dans ce même poudrier je mis un morceau de viande 
coupé à la même pièce de laquelle celui du tube avoit été 
pris, & à peu près d’égale groffeur ; il devoit fervir de terme 
de comparailon :, pour d'y rendre plus propre, il avoit été 
trempé dans de l'eau ordinaire. Lorfque le poudrier qui conte- 
noit le morceau de viande & le tube, entra dans le four , 
il y régnoit une chaleur de trente-trois degrés. 

Le lendemain , c'eft-à-dire, au bout de vingt-quatre heures , 
je retirai le poudrier du four, pour examiner l'état des ma- 
tières qui lui avoient été confiées : les changemens qui s'étoient 
faits dans le tube, n'étoient pas ceux que javois cherché à 
occafionner ; le morceau de viande qui étoit immédiatement 
dans le poudrier , s'étoit defléché, il n'avoit d’humide que 

la partie qui étoit immédiatement appliquée contre le verre; 
Pppi 


486 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe 

il fentoit très-mauvais , il s'étoit corrompu: les éponges fupé- 
rieures du tube s'étoient auffi defféchées, mais les inférieures 
étoient encore humides; Ja viande cependant qu'elles cou- 
vroient, m'étoit pas difloute, elle étoit fimplement ramollie, 
mais elle avoit pris une mauvaile odeur, quoique moins 
forte que celle de l'autre morceau. 

Le peu de fuccès de l'expérience précédente, me parut 
devoir être attribué à la petite quantité de la liqueur par 
laquelle la viande avoit été attaquée : je refis provifion de 
cette liqueur, en faifant féjourner dans eflomac de la bufe 
un tube rempli de fragmens d'éponge, qui ne peloient en- 
femble que onze grains, & qui lorfqu'ils furent retirés du 
tube en pefoient cinquante-trois, ils avoient donc retenu qua- 
rante-trois grains de liqueur. Pour en faire un meilleur ufage 
que de la première que j'avois employée, je pris un morceau 
de viande beaucoup plus mince; celui que je plaçai dans le 
fond du tube , fut entièrement couvert par la liqueur que les 
éponges fournirent; je les mouillai un peu avant que de les 
faire entrer dans le tube; enfin le fond du poudrier qui 
devoit recevoir le tube, fut couvert d’une couche d’eau épaiffe 
de quelques lignes, & ce fut dans cette eau que fut plongé 
le morceau de viande qui devoit être comparé avec celui du 
tube. Ce poudrier paffa, comme le premier, vingt-quatre heures 
dans le four à poulets; la viande qui étoit immédiatement 
dans eau sy corrompit au point de répandre une odeur 
déteftable ; les éponges du tube ne fe defféchèrent point, 
la viande cependant au deflus de laquelle elles étoient, ne 
fut point difloute; elle s'étoit même un peu corrompue, 
mais très-peu en comparaifon de celle qui avoit été tenue 
dans l'eau ordinaire; le diflolvant avoit au moins empêché 
qu'elle ne fe corrompit autant qu'elle auroit fait Pour le 
mettre en état d'opérer avec plus de fuccès, il refle, comme 
je l'ai déjà dit, beaucoup de tentatives à faire, foit par rap- 

ort à la quantité du diflolvant, foit par rapport au degré de 
chaleur , foit par rapport à l'évaporation ; peut-être que pour 
arrêter celle-ci fuffamment, le tube demanderoit à être bouché 


DES SCIENCES. 487 
par les deux bouts :-ne fufhroit-il pas qu'il le fût par un 
bouchon de liège? peut-être faut-il s'en prendie au défaut du 
degré de chaleur. C’eft de quoi on s’'inftruira en faifant entrer 
dans l'eflomac de loifeau de proie, le tube bouché par les 
deux bouts, dans lequel il y auroit un mince morceau de 
viande couvert de la liqueur puifée dans f'eflomac du même 
oifeau: on verroit, lorfqu'il en feroit forti, fi la liqueur dont 
la viande auroit été entourée, auroit {ufh pour la difloudre. 
Peut-être faudroit-il renouveler de temps en temps la liqueur 
du tube tenu dans le four à poulets. 

I n'eft_ guère permis de foupçonner à cette liqueur une 
volatilité f1 grande, qu'elle perde tous les principes de fon 
activité dès qu’elle eft expofée à l'air libre; fon odeur, qui 
n'eft nullement pénétrante , n'annonce rien de pareil ; il con- 
vient cependant d'éprouver fi elle ne s'altérera pas dans des 
bouteilles de verre où elle fera renfermée avec foin : lorfqu’on 
fera parvenu à en avoir des quantités un peu confidérables 
dans ces fortes de bouteilles, on la mettra à toutes les épreuves 
auxquelles elle mérite d'être mile, 

Les conféquences qu'on peut tirer de la comparaïfon des 
faits rapportés dans ce Mémoire, avec ceux qui l'ont été 
dans celui qui l'a précédé, fe préfentent fi naturellement, que 
je ne dois pas m'arrêter à les détailler ni à les développer. 
Ïl ne paroîtra pas qu'il y ait quelque lieu de douter que la 
digeftion ne fe fafle dans tous les oifeaux dont leftomac eft 
épais, mufculeux, en un mot un géfier, par la trituration, 
comme elle fe fait dans les dindons, les poules & les canards, 
& qu'elle ne foit opérée par un diflolvant dans tous les oifeaux 
dont l'eftomac eft finplement membraneux , comme elle l'eft 
dans celui de la bufe :  paroïtra très-vrai-femblable que le 
broiement & le diflolvant y concourent dans les eftomacs d’une 
fruéture moyenne, je veux dire, tant dans ceux qui font 
mi-partis, comme celui du pic-vert, qui eft géfier par un bout, 
& eflomac membraneux par Fautre, que dans ceux qui font 
d'une confiftance & d'une épaifleur moyennes entre celles 
des géfiers &. celles des eftomacs fimplement membraneux. 


488 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 

C'eft ce qui pourra être vérifié par des expériences, à mefure 
qu'on aura des occafions d'en faire fur des oifeaux qui ont 
en partage un eflomac à qui Fune ou F'autre des deux der- 
nières ftructures eft propre. 

On ne fe croira pas non plus en rifque de tirer des con- 
féquences qui pourroient être démenties par les expériences , 
Jorfqu'on jugera que de quelque clafle que foient les animaux 
qui ont un eftomac membraneux, la digeftion eft faite dans 
le leur par un diffolvant comme elle lefl dans leflomac 
membraneux des oifeaux ; que les alimens font diflous par 
une liqueur convenable dans l'eflomac de plufieurs quadru- 
pèdes, par exemple, dans celui des chiens, dans celui des co- 
chons, dans celui des chevaux : qu'ils le font de même dans 
celui au moins de la plufpart des poiflons, dans celui des 
reptiles, & dans celui de divers infecles: je dis de divers 
infectes , parce qu'il y en a des genres dont l’eflomac a une 
fuéture qui paroit le rendre plus propre à broyer avec fuccès, 
comme celui de courtillières ou taupes grillons, que ne l'eft 
Je géfier des oifeaux. Qu'on ne penfe pas cependant être abfo- 
lument difpenfé de faire des expériences fur l'eftomac de quel- 
ques-uns au moins des animaux de chacune de ces différentes 
claffes, elles ne feront pas inutiles ; elles donneront le plus grand 
desré de certitude à un fentiment qui, tant qu'elles ne lap- 
puieront pas, ne fera qu'extrèmement vrai-femblable. 

Une feule expérience nv'a paru fuflire pour démontrer que 
fa trituration n'a pas plus de part à la digeftion dans l'efto- 
mac des chiens, que dans celui des oifeaux de proie: cette 
expérience fut faite fur une petite chienne dont l'âge m'étoit 
inconnu, & qui avoit un air vieillot, quoiqu'elle füt en chaleur. 
Pendant qu'on lui tenoit la gueule ouverte, je fis entrer forcé- 
ment dans fon gofier deux os qui furent bien-tôt conduits 
dans l'eftomac , leur figure étoit à peu près cylindrique; ils 
avoient chacun fept lignes de long & un peu moins de deux 
lignes de diamètre ; ils avoient été pris de la partie la plus 
compacte d'un gros os, & façonnés enfuite : c'étoient pour la 
chienne deux morceaux qui devoient être caufe de fa mort, 

elle 


DES LONGTÉENN (CIE ts 489 
elle fut étranglée après qu'ils eurent refté dans fon oh 
pendant vingt-fix hèures : fur le champ j'ouvris ce vifcère 
pour les y chercher, ils y étoient encore, & ne furent pas 
difficiles à trouver, mais ils avoient perdu de leur volume ; 
des lames longitudinales fembloient en avoir été enlevées. Je 
ne m'aflurai point par des melures, de Ia quantité qu'ils avoient 
perdue de leurs dimenfions & de {eur poids, je me contentai, | 
par rapport à une expérience que je métois propolé de 
répéter, d'avoir eu une preuve nullement équivoque de 
Texifténce d’undiflolvant des os dans l’eftomac des chiens, 
mon feulement. par. une perte vifible qu'avoient fait ceux 
dont il étoit .queftion , mais {ur-tout en ce que les reftes de 
deux os f1 durs, & par conféquent fi roides ,avoient été rendus 
aufli flexibles que de la corne. 

… La même expérience m'apprit de plus, que fi l'eflomac 
du chien à la force de comprimer les alimens qu'il a reçûs, 
cette force n’eft nullement comparable à celle des géfiers, 
& qu il n’en faut pas attendre de grands effets . par. rap- 
port. à la digeftion. Pour la mettre à une épreuve qui 
men donnât quelque idée, avant que de faire avaler à fa 
chienne les deux os, je l'avois obligée de faire pafler. dans 
fon eftomac trois tubes cylindriques de, plomb ;-tous trois 
avoient été faits d'une lame mince, ou pluflôt d'une feuille 
de plomb roulée : le premier avoit une ligne trois quarts de 
diamètre, & fept lignes de long ; fes deux bouts étoient bou- 
chés, ils Favoient été par le fimple aplatiflement: du : tuyau 
dans ces-mêmes endroits: le fecond, qui avoit eu fes, deux 
bouts bouchés de la mème manière, étoit un peu plus. gros, 
ayant deux lignes de diamètre ; il avoit d'un côté que cinq 
lignes de long, & en avoit fix du côté oppolé: le troifième, 
dont la longueur étoit de fix lignes, & qui avoit deux lignes 
& demie de. diamètre, étoit ouvert par les deux bouts ; ce 
dernier avoit été rempli de mie de pain bien preffée, Celui 
de ces trois tubes qui étoit le plus capable de réfiflance, le 
plus petit, eût été aplati entre le pouce & l'index d'une 
main aflez foible: aucun d'eux cependant ne le fut dans 


Mém. 175 2: À Qgqq 


490 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Veftomac de la chienne, tous trois y confervèrent leur ron- 
deur , leur forme n'y reçut aucune altération ; un des deux 
premiers avoit feulement le coin d’un de fes bouts un peu 
relevé & un peu déroulé, mais l’état de toutes fes autres 
portions & celui des autres tubes prouvent que ce dérange- 
ment s'étoit fait dans la gueule, où il avoit un peu féjourné; 
il avoit apparemment frotté contre quelque dent ; d’ailleurs, 
la furface d'aucun de ces tuyaux n'avoit été ufée par des 
frottemens. 7 

Dans le tube ouvert par les deux bouts , je ne trouvai aucun 
refte de la mie de pain dont il avoit été rempli. L'eftomac 
ne contenoit qu'une bouillie verdâtre ; iln’y avoit non plus dans 
le tube que de cette bouillie, & une matière filamenteufe. 

S'il eft prouvé que la digeflion s'opère dans les eftomacs 
membraneux par le moyen d'un diflolvant, il ne left pas 
moins que celui qui agit dans l'eftomac membraneux d'un 
genre d'animaux , eft très-différent de celui auquel la digeftion 
eft dûe dans l'eflomac membraneux d'animaux d’un autre 
genre. Les effets produits dans ces différens eflomacs le dé- 
montrent : nous avons vü de plus, que le goût ou l'éloigne- 
ment des oïifeaux de proie pour différentes matières, nous 
apprennent quelles font celles qui peuvent, & celles qui 
ne fauroient être des alimens pour eux; il en eft probable- 
ment de même des autres animaux en général : des expé- 
riences nous ont montré que le diflolvant de l'eftomac de ces 
derniers oifeaux , ne peut rien für les matières végétales , pen- 
” dant que les matières animales les plus dures & les plus com- 
pattes ne fauroient lui réfifter. L’effomac du cheval, qui eft 
aufli de la claffe des membraneux , a fans doute fon diflolvant ; 
nous fommes d'autant plus en droit de le fuppofer, que 
nous aurions des preuves inconteftables à en donner: or le 
diflolvant au contraire de l’eflomac du cheval n'a de pouvoir 
que fur des matières végétales, fur des herbes vertes, fur 
du foin , fur des grains, & nous le devons croire incapable de 
digérer de la viande, que le cheval n'aime point, & encore 
plus de digérer des os; il ny a que:la Fable qui nous 


DIS SPGUL EUN: CE. S 49t 
fournifie un exemple de chevaux nourris-de chair, &c. méme 
de chair humaine. 

L'adivité du diflolvant de l’eflomac des chiens, comme 
celle du diffolvant du nôtre, a bien plus d'étendue que celle 
des deux derniers dont il vient d’être fait mention, il a un 
pouvoir égal fur les matières animales & fur les matières 
végétales ; celles-ci {ont le partage de l’un, de l'eflomac des 
chevaux, & celles-là font le partage de l'autre, de celui des 
oifeaux de proie. L’eflomac du chien opère non feulement 
la digeftion de la viande, il opère de même celle du pain, 
c'eft-à-dire, de la matière farineufe des grains tirée de deflous 
leur écorce ; les chiens font friands de raïfin, ils aiment les 
prunes, j'en ai vü qui mangeoient I& digéroient des poires 
& des pommes. Quoique les cochons vivent principale- 
ment de matières végétales, ils mangeroient de la viande 
fi on leur en donnoit : les exemples de jeunes poulets 
mangés par eux, dans les bafle-cours ne font pas rares : 
on en a même de truies qui portent la voracité jufqu'à 
manger leurs petits. FAURE 

La digeftion fe fait auffi dans Ja plufpart des poiflons, 
par le moyen d'un diflolvant; ils font prefque tous voraces, 
& quoiqu'ils fe nouxriflent de leurs femblables , ils font avides 
de viande, ils faififfent fouvent avec imprudence celle des 
hameçons; ils ne dédaignent pourtant pas les matières végé- 
tales. Les carpes des étangs & des baflins, qu'on fe plaît à 
bien nourrir, nous apprennent journellement qu'elles aiment 
le pain. Mais il y a des efpèces de poiffons qui rempliffent 
leur eftomac d'une matière qui, pour fournir des fucs nour- 
riciers , femble exiger d'être préparée par un diffolvant tout 
autre que celui des eftomacs des oifeaux de proie, des qua- 
drupèdes, & de l'homme; je veux parler des poiffons qui 
mangent la .vafe recouverte par l'eau de la mer, & par celle 
des rivières & des étangs: nous avons aufli parmi les infeétes 
terreflres, des vers qui fe tiennent dans la terre & qui en 
vivent. 

H n'eft aucun de ces diffolvans qu'on ne puiffe fe procure 

Qaqi 


492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE , 

au moyen de tubes femblables à ceux’ que nous avons fait 
pañler dans l'eflomac des oïfeaux de proie, & dont on ne 
puifle parvenir à avoir une quantité fuffifante pour des eflais 
propres à faire connoître en quoi ils différent principalement, 
les uns des autres ; mais il y a aufli apparemment des nuances, 
pour ainfi dire, dans les qualités des diffolvans qui fe rap- 
prochent, dont la caufe ne fauroit étre découverte par les 
analyfes qu'il fera permis d'en faire, Celui de l'eftomac du 
cochon opère la digeftion des glands, des racines de plantes 
& d'arbres, des feuilles de plantes, comme de chou, de 
poirée, &c. Le diffolvant de leflomac du chien qui agit 
avec füuccès fur différentes matières végétales, travailleroit 
inutilement contre celles dont nous venons de parler ; il laïfle- 
roit dans leur entier des grains d'orge, d'avoine, & peut-être 
des grains de feisle & de froment, qui font bien digérés dans 
J'eftomac du cochon. Il y a même quelques variétés dans Ta 
manière dont des effets femblables font produits par différens 
diflolvans : les reftes des os diflous dans leftomac de 1a 
bufe confervent leur roideur, & les refles des os diflous 
dans l’eftomac du chien font flexibles, comme nous l'avons 
dit, Quoi qu'il en foit, il eft très-important d'acquerir toutes 
les connoiffances qu'il eft poffible d'avoir fur la nature de 
ces différens diffolvans ; l'analogie nous conduira à juger de 
la nature de celui qui nous intérefle fr fort : nous n'avons 
pas befoin d'ajoûter rien de plus pour faire naître des efpérances 
peutêtre trop flattéufes, auxquelles on fe croira fondé à fe 
livrer. 

Quoique j'aie été curieux de favoir quelle part avoient 
les diffolvans, & quelle part avoit la trituration à la digeftion 
qui fe fait dans les eflomacs des ruminans, dont la flruéture 
eft fi différente de celle des eflomacs des animaux qui ne 
ruminent point , je nai encore fait, pour m'en inflruiré, 
que deux expériences qui Wont pas fufit pour me donner, à: 
beaucoup près, tous les échirciflemens que j'euffe fouhaités. 
C'eft fur deux brebis qu'elles furent faites. Dans le mois 


d'Odtobre 1752, le foir, fur les fept heures, je fis avaler & 


D'ENEU SCT EN CE S$ 49% 
uñe de ces brebis quatre tübes de fer-blanc, dont a longueur 
étoit d'environ dix lignes & demie, & dont le diamètre en 
avoit cinq : deux de ces tubes avoient été remplis de feuilles 
fraiches de’ gramen, coupées en morceaux qui avoient à 
peine chacun en longuêur la moitié de celle du tube ; les 
deux autres tubes furent remplis de brins de foin coupés auf 
courts que l'avoient été les feuilles de’gramen. Mon premier 
objet étoit de favoir files matiètés ogées dans les tubes, y 
pourroient être digérées par un diflolvant; j'avois donc dû 
les y mettre à l'abri de toute tituration &poui-eela:donner 
un grillage à chacun de leurs bouts : jaurois voulu le faire 
de fil de laiton ou de fil de fer très-fin;, devidé fur le tube, 
parce que j'avois lieu de craindre que le fil de lin ne réfiftät 
pas à des eflomacs qui digèrent des plantes fèches de tant 
d'efpèces ; mais étant à la campagne où je n'avois ni fil de 
laiton, ni fil de fer, ce fut avec un long crin de queue de 
cheval que je grillai les deux bouts du tube, comme 
j'en avois grillé d'autres, pour les eflomacs des oïfeaux carna- 
ciers , avec un fil à coudre. 

Quitorze heures après que la brebis eut été forcée d’avaler 
ces quatre tubes , le lendemain à neuf heures du matin; 
elle fat tuée & ouverte fur le champ: je les trouvai tous 
quatre dans le grand eftomac appelé la panfe : les brins de 
foin des uns & les brins d'herbe .des autres n'avoient nul-- 
lement été digérés, ils étoientrreftés: très-entiers, &£ au plus 
un peu macérés. & 

Incertain fi le foin & herbe des tubes n’euffent pas été 
plus altérés, & même digérés, # les tubes fuflent reflés plus: 
longtemps dans les eftomacside fa brebis, j'en fis préparer 
huit autres dans le deffein de leur faire faire un plus long: 
féjour dans ceux d'une feconde brebis. Des huit nouveaux. 
tubes , quatre furent encore remplis d'herbe fraiche, & quatre: 
d'herbe fèche, ceft-à-dire, de foin : l'herbe avant que d'être 
introduite dans deux de ces tubes, & le foin avant d'être. 
introduit dans deux des autres, furent imbibés de falive 
humaine; ils furent mächés non affez fortement. pour etre 


Qqgqi 


ai 


494 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
broyés par les dents, mais aflez pour être mouillés de falive. 
Tous les tubes furent grillés chacun avec un crin; je les fis 
avaler tous huit à une brebis à huit heures du foir, qui ne 
fut tuée que le furlendemain à neuf heures du matin, trente- 
fept heures après les avoir pris. Dans cet intervalle elle fut 
réduite au jeune le plus rude, on ne lui donna ni herbe, ni 
foin, ni grain; c'eft aufli la façon dont la première avoit 
été traitée pendant un temps plus court. 

Le lendemain du jour où les huit tubes avoient été avalés 
par la feconde brebis, on lui en fit encore prendre trois fur 
le midi , uniquement remplis de morceaux d'éponge, 

Lorfqu'elle fut tuée le jour fuivant, elle w'avoit plus dans 
le corps le nombre de tubes que j'y avois fait pafler: des 
onze, elle en avoit rendu fept par la voie des excrémens, 
pendant la foirée & la nuit qui avoient précédé. Les brins, 
{oit d'herbe, foit de foin , tant des tubes qui étoient fortis par 
l'anus, que de ceux qui étoient reftés dans un des eflomacs, 
dans la panfe, n'avoient nullement été digérés; ils avoient 
confervé leur figure & toutes leurs dimenfions ; ils réfiftoient 
autant à la force qui tendoit à les caffer , lorfqu'on les tiroit 
par les deux bouts, qu'y euflent réfifté de pareils brins après 
avoir été un peu macérés. 

La digeftion ne paroît donc pas pouvoir être faite dans les 
eftomacs des moutons, par un diflolvant qui n'eft nullement 
aidé par une force qui triture : leur force triturante ne paroït 
pourtant pas être comparable à celle des géfiers. Les tubes de 
fer-blanc, quoiqu'aflez gros, font reftés dans l’eflomac des 
brebis, & font fortis de leur corps fans que leur figure ait 
été aucunement altérée, fans qu'ils y aient été aucunement 
aplatis, & ils auroient été brifés par des géfiers. Le feul 
éffet que j'y aie vû produit par cette force, mais qui n’en 
donne pas la mefure, a été qu'un tube plus menu, que j'avois 
fait avaler à la brebis, a été introduit dans un plus gros, 
dans lequel je lai trouvé logé. Je ne penfe pas néanmoins 
que la fe qui l'y avoit conduit eût brifé les grilles du plus 
gros tube ; il y a plus d'apparence que le crin ayant été mal 


DES SCIENCES. 

arrêté, étoit devenu lâche, & que les grilles s’étoient défai- 
tes. Je crois donc que les deux bouts du gros tube ont été 
rendus libres, & qu'après qu'ils l'ont été, une force à pouflé 
le plus petit dans da cavité du plus gros, & l'y a fait entrer, 
en obligeant la matière contenue dans le gros tube d'en 
fortir. Cette force eft fans doute celle qui agit fur les matières 
qui font dans ces fortes d'eflomacs, & qui, en les agitant & 

les preffant , aide au moins beaucoup à leur digeftion ; au 
_ lieu que les matières qui, renfermées dans des tubes , font 
à l'abri des atteintes de cette force, sy confervent fans étre 
brifées & fans être difloutes. 

Les éponges dont trois tubes avoïent été garnis , n’étoient 
imbibées que d’une quantité de liqueur trop petite pour fournir 
à des eflais; elles en avoient pourtant aflez pour me faire 
juger que fi les brins d'herbe fraîche & d'herbe féche n’a 
voient pas été diflous dans les tubes, ce n’étoit pas faute 
d'avoir été imbibés de liqueur, mais qu'ils l'avoient été par 
une liqueur qui feule eft trop peu active; elle a un goût 
légèrement falé; elle n'a donné qu'une très-foible teinte de 
rouge au papier bleu. 


r4 Mai 
1755: 


496 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyarE 


! j 


OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES 
FAITES 'AU COLLEGE MAZARIN 


) 1! (LE î 
Pendant l'année 1749, à\ une, partie, de ,; 
l'année 175 0. * 


Par. M. l'Abbé DE LA CAILLE. 

: { | vel TP | u ; / et 
EE obfervations fuivantes n'ont. pas été faites. dans Je 

même lieu que-celles. des années précédentes, La. tour 
que j'ai fait conftruire en:17742 aù Collége Mazarin, étant 
devenue trop petite pour contenir mes. inftramens ; elle. eft 
d'ailleurs trop fufceptible des. variations de.chaud & de froid, 
par le.peu d'épaiffeur de fes murailles: & de fa couverture , j'ai 
fait accommoder un autre emplacement un peu plus bas & 
à. côté de. cette, tour : c'eft fux-F'angle qui:joint la face méri- 
dionale ide la, Chapelle du Collége Mazarin, avec la face 
occidentale, au deflus des voûtes. Cet. obfervatoire eft :«com- 
pofé de deux falles, dont la principale a quatorze pieds de 
iong fur dix de large ; elle eft entourée de murs de plus de 
deux pieds & demi d'épaifleur, & couverte par une terraffe 
épaifle de dix-huit pouces; au milieu de cette terraffe on a 
pratiqué une ouverture circulaire de fix pieds de diamètre , 
au deflus de laquelle on, fait rouler aifément un toit conique 
couvert en bardaux , &. fufpendu, en dehors à une forte 
potence de fer. Par le mouvement circulaire du toit, une 
trappe qui y eft placée fe peut diriger vers tous les points du 
ciel; c'eft fous ce toit que je fais les obfervations des hauteurs 
des aftres dans tous les verticaux. Pour cet effet, j'ai fait conf- 
truire en pierre de taille fort dure, un piédeftal d'environ trois 


# Les obfervations que je donne ici, avoient été lües à l’Académie en 
4750; mais le Mémoire qui les contenoit ayant été emporté par hafard 
parmi d’autres papiers au cap de Bonne-efpérance, il n’a pû être imprimé 
dans fon temps. 


pieds 


DES SCIENCES 9 
pieds ën tout fens, fur lequel j'ai pofé mon quart-de-cercle 
de trois pieds de rayon. 

A côté de cet cblervatoire eft une falle de quinze pieds 
en quarré environ , elle eft deftinée à fervir de décharge & 
‘à placer un lit. Depuis mon retour, Ty ai fait ouvrir une 
trappe au toit dans le plan du méridien, pour y placer mon 
fextant de fix pieds de rayon. Au refle, je ne fuis entré dans 
ces détails que pour ceux qui pourroient faire ufage des obfer- 
vations que je rapporterai dans la fuite ; car un Aftronome ne 
peut avoir de confiance dans les obfervations qu'il n’a pas faites, 
qu'autant qu'il voit qu'on aura pris de précautions pour les 
rendre précifes : or ces précautions ne confiftent pas feulement 
dans l'attention & l’adrefie de l'Obfervateur, dans la bonté 
de fes inftrumens, mais auffi dans le choix des lieux, qui 
ne peuvent être trop folidement bâtis, ni trop à l'abri du 
paflage fubit du chaud au froid, & de la fécherefle à 
Thumidité, 

Dans les mois de Janvier & de Février 1749, j'ai vérifié 
avec foin la pofition des fils de la lunette du quart-de-cercle. 
Je les avois changés, & j'avois mis un réticule plus com- 
mode à la place des quatre fils d'argent qui fe croifoient au 
foyer fous des angles de 4$ degrés. 

Par cinq obfervations de 1a Claire de Perfée’, réduites 
chacune en particulier au premier Janvier par l'aberration & 
Ja préceflion des équinoxes, la hauteur méridienne de cette 
étoile auroit dù paroître à mon quart-de-cercle de 894 54 
153"; 4 du côté du nord, & par fept obfervations réduites 
de même, elle a dû paroïtre de 904 5’ 22”,6 du côté du 
fad ; d’où if fuit que la véritable hauteur méridienne du côté 
du nordétoit de 894 $4° 45", 4 & que mon quart-de-cercle 
donnoit les hauteurs trop grandes de 8”. 


ARTICLE PREMIER. 
E chipfe d'une des Pleyades par la Lune; 


Le 22 Mars 1749, à 7h 30° 37"+du foir , l'étoilé 
VER EST iQ end | Rrr 


498 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
des Pleyades, nommée At/as, fut éclipfée fous le bord obfcur 
de la Lune. Les nuages qui furvinrent, empêchèrent d'en 
obferver davantage. L'étoile nommée Peyone fut écliplée peu 
après Atlas. 

AOROTCEIC ANNE 


Oppofirion de Saturne au Soleil. 


‘La révolution des fixes étant marquée à la pendule dé 
LA [2 
23h 59° 5679 
Le 6 Mai, le Soleil paffa au méridien, par un milieu 


pris entre les réfultats de feize hau- 
teurs correfpondantes, à . ....... 2 SOS 


Aréurus, par quatre hauteurs correfp. à 14. 4. 1,6 
Saturne, par dix hauteurs correfpond. à 15. 1, 52,4 


Le 7 Mai, la hauteur méridienne apparente de « 
de la Balance, étoit. . . ....... 26. 11. 43,6 
L Gélleide Saturne tete MMS 26. 35. 48,1] 
Le 9 Mai, la révolution des fixes à la pendule fe 
. faifant en 23" 59° 56”,8, le Soleil 
pafla au méridien, par cinq hauteurs 
correfpondantes, a ........... E OPEN CPE 
Aréturus, par dix hauteurs correfpond. à 14. 3. 51,2 


L'étoile « de la Balance, par douze hau- 
teurs correfpondantes, à....... 14. 36. 40,9 


Saturne, par fix hauteurs correfpond. à 15. o. 48,0 


La hauteur méridienne apparente de « 
de la Balance au quart-de-cercle... 261 11° 35"6 


Céllede Saturne. 27 2 10 2 26. 384 17,4 


Suppofant Fafcenfion droite apparente d’Aréurus , de 
2114 4 7”, telle qu'elle réfulte d'après les réduétions faites 
à fa pofition, déterminée dans le dernier tome des Ephé- 
mérides, & la déclinaifon apparente de « de la Balance, 
de 144 58 59”,6, j'ai conclu par le calcul des obferva- 
tions précédentes, 


DÂE.S LSNC 1'EN CES + 499 
Temps vrai, Afcenfion droite, Déclin, auftrale. 
Le 6 Mai,à… où oo. o"|o 43430 $9” 
dan let O7 loU22 Sels k 
Le 7 Mai, à. 12. 1 56 |p...........|144 34 55" 
Le 9 Mai,ä… oo. 0. oo 46. 25. 29,5 
Au 12 534 3531b 225. 18, 21,0|14. 32. 33 


Suppofant donc l'obliquité apparente de l'écliptique, de 2 34 
2823", les mouvemens diurnes du Soleil tirés des tables, 
J'aberration du Soleil de 20", celle de Saturne de 1 3" fouf 
tractive, l'équation lunaire du Soleil, le 6 Mai à minuit, de 
8",2 additive, & le 9 Mai à minuit, de 9”,9 aufli additive, 
j'ai trouvé les pofitions fuivantes. | 


Temps vrai. | Lengit. du Soleil. | Longit. de D. | Lat. bor. de b.| Eong. de Saturne 
Le 6 Maïä ah 6! | 16428" 437 |17d 15! 56m | 24 30° 48/|Gf où 47 12°3 


où. 0810 az near 7e N'aslz4 2. 30. 29%|5. 27. 40. 


d'où j'ai conclu le temps vrai de l'oppofition de Saturne au 
Soleil, le 7 Mai 1749, à 6P 12’, la longitude vraie de Saturne 
étant 174 12° 31” du Scorpion, & fa latitude boréale de 
2° 30'43". 
| ART INCIE EU CRIE 


Oppofirion de Mars au Soleil. 


Le 19 Juin à 12P 2° $" de temps vrai, j'obfervai avec 
un réticule compofé de quatre fils de foie inclinés de 454, 
placé au foyer d'une lunette de 3 pieds, montée fur une 
machine parallaétique , la différence d'afcenfion droite entre 
Fétoile + du Sagittaire & le centre de Mars, de $< 9’ o”, 
dont Mars étoit plus occidental, & en déclinaifon de 26! 
39"+ dont Mars étoit plus boréal. 

Le 22 Juin à 14h 6’ 8", ces différences étoient de 6d 
7°37 +, & de 12’ 42", 

Le 27 Juin à 12h 23° 12", la différence d’afcenfion 
droite étoit 74 45° 30", & en déclinaïfon 6’ $7", dont 
Mars étoit plus auftral, - f 

Rrri 


6 


oo Mémoïres DE L'ACADÉMIÉ ROYALE  \ 

Suppofant donc l'afcenfion droite apparente de + du Sagit 
taire, de 2824 49 28", & fa déclinaifon apparente de 2 84 
o’ 28", telles qu'elles réfultent, toutes réductions faites, de 
la pofition de cette étoile marquée dans le même tome des 
Ephémérides : fuppofint de plus fa paralfaxe horizontale de 
Mars de 2 3", & les réfraétions de la Connoiflance des Temps ; 
il faudra Ôter 2”,7 dela première différence d’afcenfion droite, 
ajoûter 7,6 à la deuxième , & 2",2 à la troïfième; il faudra 
ajoûter 21” de parallaxe & 8" de réfraction à la première 
différence de déclinaifon , ajoûter 21”,9 & 6" à la feconde ; 
Ôter 22",5, & ajoûter 2" à la troifième. Suppofant enfin 
l'obliquité apparente de l'écliptique, de 234 28° 23", Faber- 
ration de Mars de 4” fouftractive, celle du Soleil de 20"; 
additive, & les tables du Soleil dont j'ai donné les élémens 
imprimés parmi les Mémoires de Académie (année 17 50; 
page 2 5, ) j'ai conftruit la table fuivante. 


Temps vrai. | Afe. dr. & & | Détl. auf. |Long. de & | Latit. aufl. | Long. di Où: 
oJuinaiazh 24 s/|2gyd 40 31274 33° 19/2161 40! s"plad rs" 51°|284 39° 17H] 
22.0, 14. 6812764. 43.[27- 47: 18 |. 57.3 142711210136 15) 
27.12 23. 122752 3.:56|28. 7.1 47 |4. 28. so |4. 43. 26 | 6. 17. so 

Et par une interpolation exacte, j'ai trouvé l'heure vraie dé 

loppofition de Mars au Soleil, le 26 Juin, à 1° 44’, fa 
longitude étant de of 4% 55" 10", & fa latitude de 44 387 
40" auftrale. 


AUROD'EICULE AIN 
Hauteur folfliciale du tropique du Cancer: 


Cette hauteur a été déterminée avec l'inflrument qui à 
fervi à la mefure des degrés du méridien en France. C'eft 
un feéteur de fix pieds de rayon , dont on peut voir la figure 
& la defcription dans le livre de la Méridienne de Paris 
vérifiée {page zx x1 ). La pofition de l'axe de fa lunette à 
l'égard des points de la divifion, avoit été déterminée par 
un grand nombre d'obfervations de diftances du zénit à 76. 
étoiles différentes, tant dans fa partie pofitive de ces divifions , 
que dans fa partie négative. 


n'es Set EN c'E.s. soï 
Dif. du bord fap. de | Diflance du © au | Difi. Jofft. du bord 


© au zénit. tropique. Jup. du © au génir. 

1749 Juin 13 [25% 19° 450 |— 12° 59225 6 45"8 
17 |25+ 9. 59,1 |— 3. 11,5 |25. 6. 47,6 

18: |25. . 8. 37,7 |— 1. 46,8 |25+ 6. 50,9 

230 25% 1.7: 40,9 |— 0. 52,81|25.,16. 48; 

24 |25. 8. 46,6 |— 1. 56,7 |25. 6. 49,9 

25 [252 10. 13,6 | 13: 25,0 |25. 16: 48,6 

27,|25% 1423,00— 07 36,01| 25.0 60 47,0 

29 25. 20. 15,7 |[— 13. 25,4 |25+, 6. So,3 

Mie meme "25. 6. 48% 

Demi-diamètre du © 15. 48,0 

Diflance apparente du tropique au zénit . ..... 222 36,S 
Hauteur apparente ................. 640037. 23,5. 


AR TT: Gus > xcVe 
Hauteur fofliciale du tropique du Capricorne. 


J'ai déterminé cette hauteur avec Île quart-de-cercle. 


Hauteur du bord Diflance du © | Haut, foff. app. da 

Jip. di ©. | au tropique, | bord fup. du ©. 

20 Décembre. [184 oo o"o |— o' 18"3 [17€ $9° 41"7 
DHERHS SEAT 17, 59.045:3|— 0110-0217. 50.145,10 
23% se me |. 0 34581|—-1100 49;71| 17.050.145, 7 
DA mem nr = . (18. 1. 37,4 |— 1. 56,7 |r7. 59. 40,7 
Milieu. ::...../17. 59. 431 

Demi-diamètre du © 16. 20,2 


CE À PETER ER 
Hauteur folfliciale apparente du tropique du # .. 17. 43. 22,9 
fans avoir égard à Ia réfraction , à la parallaxe, ni à a déviation de ïà 


dunette, 
MR CT'AORPE, (VE 
Obfervarion de l'éclipfe de Lune du 23 Décembre. 


Le ciel fut très-beau pendant toute la nuit où cette éclipfe 
arriva, mais comme le temps avoit été très-long-temps 
couvert dans les deux mois précédens, j'étois fort prefté 

FTMIRU TE HT 


502 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

de profiter de cette belle nuit pour obferver les étoiles. Je né 
pouvois douter que l'éclipfe ne füt très-bien obfervée par les 
autres Aflronomes de cette Académie : je n'en déterminai que 
la fin qui arriva dans un moment de loifir ; elle me parut 
à 9h 2125" au plus tôt, & à oh 22° $"au plus tard. Je 
me fervois d'une lunette de près de $ pieds de longueur, 


À He  CPRREN TON ÉRL 
Obfervarion de l'éclipfe de Lune du 19 Juin 1750. 


Cette éclipfe commença avant que la Lune parût fur notre 
horizon : le temps étoit embrumé lorfque la Lune fe leva, 
fon immerfion totale dans l'ombre me parut, au travers de 
cette brume, à 8h 28’ ro" de temps vrai. Le ciel étoit 
fort clair au moment du commencement de lémerfion , 
que j'obfervai à oh 53° 43". Grimaldi étoit forti à oh 59" 
15", Mare humorum à 10h 11° 28", Képler à 1oh 11° 
34", & Tycho à rol 18 27". Alors la Lune rentra dans fa 


brume, & l'on ne put diftinguer aucune autre phafe avec affez 
d'évidence. Je me fervois d’une lunette de près de $ pieds, 


AOPRORAT GC LUE 2 VON TRE 
Hauteur folfliciale du Soleil dans le Cancer. 


J'ai obfervé les diflances fuivantes du Soleil au zénit, 
avec le même fecteur de fix pieds dont j'ai parlé dans lar- 
ticle IV. 


Diflance du bord | Diflance dd © if?. folft. du bord 

up. du © au tropique. | Jip. du © au génit, 

x9 Juin 1750 252 9° 514 |— 0° 58"4 |254 , 6! 530 
DOS catalan 2 SN U2) 20) 1 DO TE, O RSC ENS 2 
Pots baie ele Nesle Deus 0,0 MUOSMO; S01I2 SA MNO NS 
DE EN TOR LE OR C7 A Or CNE A A ET 


Milieu bi. à: 25: 6.526 

Demi-diamètre du © 15. 48,0 

Diftance apparente du tropique au zénit...... 25. 22. 40,6 

Hauteur folfticiale apparente . ..........., 64. 37. 19,4 
LE Ce 


DimUS) 2 SCT EN) CE 5: 503 


REPLIQUE 


A un Mémoire de M. DE MAUPERTUIS , fur 
le principe de la moindre action, inféré dans les 
Mémoires de l'Académie Royale des Sciences 
de Berlin, de l'année 175 2. 


Par M. le Chevalier D’AR CY. 


ANS l'écrit que M. de Maupertuis vient d’inférer parmi 
les Mémoires de Berlin de 1752, il s'exprime avec 
tant de modeftie, que le lecteur ne peut pas manquer d’être 
prévenu en fa faveur. Après avoir fait remarquer l'accueil que 
le Public a fait à l'eflai qu'il avoit donné de fon principe 
dans l'année 1744, & les raifons flatteufes qui, en l'appelant à 
Berlin, avoient retardé l'ouvrage que promettoit cet effai, il 
expofe fes réponfes aux objections qui lui ont été faites, 
avec cette politeffe & cette fimplicité qui montrent la diffé- 
rence du vrai Savant à celui qui cache fon infufffance fous 
la froide ironie. 

On remarque mieux , dit M. de Maupertuis, la fageffe & 
le deflein d'une intelligence ordonnatrice dans les principes 
univerfels de Ja Nature, que dans ces petits détails fur fa 
-génération & Ia confervation d’infeétes, &c. J'avouerai 
cependant que fi j'avois befoin de preuve pour reconnoître 
une intelligence ordonnatrice, & que je la trouvafle dans les 
loix du mouvement des corps, dans celles de la lumière, &c. 
quelque générales que fuflent ces loix , je reconnoîtrois autant 
cette intelligence dans l’uniformité des loix de la génération 
des plus vils infectes ; & l'action de l'Eftre fuprème dans ces 
frêles animaux me peint autant fa puifflance, fa fagefle, que 
les mouvemens des cieux & de la terre. 

Tracer a Nature par un travail fuivi & affidu, recon- 
noître la reflemblance des animaux , les loix générales qu'ils 


504 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fuivent pour la confervation & la propagation de leurs efpècés; 
eft un ouvrage digne du citoyen & du philofophe. 

Mais revenons à notre objet principal, examinons fa certi- 
tude de cette loi qui réunit tant de phénomènes de la Nature 
fous le même point de vüe. 

M. de Maupertuis remarque avec raifon, que mes objec- 
tions fe réduifent à trois points. | 

Savoir, 1.” que ce que l'on entend par aétion , n’eft pas pro- 
portionnel à la maffe multiplie par la vitefle & par l'efpace 
parcouru ; 2.” que quand même l'action pourroit s'exprimer 
de cette manière, la quantité dont cette ation feroit dimi- 
nuée dans l'exemple du choc des corps, n'eft pas un wini- 
aum ; & 3° qu'il eft impofhible d'entendre ce qu'il veut dire 
par la loi du repos des corps. 

A l'égard de ma première objedtion, qui confifte à montrer 
que deux quantités d'action différentes produiroient le même 
eflet, comme cela arriveroit en adoptant le principe de M. 
de Maupertuis, je la regarde comme fubfiftant dans toute fa 
force. On {e rejettera peut-être fur ce qu'on entend par action; 
& que l'ayant défini, on eft hors d'atteinte. On le feroit, fr 
on n'en tiroit aucune autre conféquence que celle de dire: dans 
le choc des corps, une telle fonction de la mafle, de la vitefle 
& de lefpace eft un #iximum ; mais lorfqu'on dit que Ia 
Nature épargne l'action, qu'une intelligence ordonnatrice 
détermine les effets de manière à employer le moins de 
caufe poflble, lon entend clairement que cette quantité 
exprime cette caufe ou la force réelle, &: par conféquent je 
füis fondé à dire que cette quantité ne peut exprimer l'action; 
puifque deux aétions égales & direftement oppofées ne fe 
feroient pas équilibre. 

Si l'on fuppole des corps formés d'une matière homogène 
& impénétrable, l'on dira: un corps qui a une mafle double 
où triple d'un autre corps, occupe un efpace double ou triple 
de celui qu'occupoit ce corps; fon inertie fera deux ou trois 
{is plus grande. Je dis auffi que la force, action ou puif- 
fance de ce corps, ayant la mème vitefle que l'autre rs 

£I& 


DIE IS MSIE NICUE!IS so$ 
fera de mème deux ou trois fois plus grande; car quelque 
poids, étendue, force, ation ou puiffance qu'ait un corps 
À, marchant avec une vitefle 4 dans une direction don- 
née, un autre corps À, égal & femblable à ce premier, 
ayant la même vitefle dans la même direction, le méme 
poids & la même étendue que l'autre, la force, attion ou puif 
fance de ce fecond corps fera égale à la force, action ou 
puiflance de l'autre, & la force, action ou puiffance des 
deux corps fera double de celle d’un feul de ces corps s'ils 
marchent dans Ja même direction, & fera zéro s'ils mar- 
chent dans des directions oppolfées. 

Objecteroit-on que fi un corps À, marchant avec une 
vitefle 2, & frappant un corps À qui lui eft égal en repos, 
produit dans le corps Z une vitefle 7, un corps 2 À, 
marchant avec fa même vitefle , doit, en conféquence de ce 
que j'avance, produire 2 de vitefle dans le corps 2, parce que 
l'action du corps 2 À eft double de l'action du corps 4! 
On pourroit aufli raifonnablement dire qu'un corps À, de 
figure donnée, étant formé de deux corps 2, B, égaux entre 
eux, & de figure femblable au corps À, n’auroit pas une 
mafle double d'un des corps 2, parce que le corps À n'a 
pas une longueur double de celle du corps B. 

La puiflance , force ou ation totale d’un fyftème de corps ; 
n’eft pas proportionnelle à l'effet produit, mais la force, puif- 
fance ou action de l'effet produit, eft égale à la force, puif- 
fance ou aétion que l'agent a perdue; & de là on tire ce prin- 
cipe général, que nulle action ne fe perd dans la Nature. 

D'après cette idée de faction, nous chercherons à Ia fin 
de ce Mémoire à expliquer plus au long ce que nous appelons 
action, & nous juftifierons l'expreflion que nous lui don- 
nons, en montrant qu'elle renferme tout ce que l’on doit 
attendre de l’idée métaphyfique d'action. 

Que M. de Maupertuis puifle alléguer, comme il nous 
en aflure, de bonnes raifons pour nommer aétion la maffe par 
lefpace & par la vitefle , je l'ignore abfolument, & continuerai 
probablement à ignorer jufqu'à ce qu'il les rende publiques. 


Mém. 1752. Sf[ 


‘506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

A l'égard de l'autorité de M. Léibnitz & de fes fetateurs , je 
répondrai que les autorités ne tiennent jamais lieu de raifons. 
La timidité qui empéchel'examen, & la condefcendance à rece- 
voir les fyflèmes fur la célébrité d'un Auteur, font la route- 
la plus füre vers l'erreur. Combien l'aflujettiflement aux 
opinions n'a-t-il pas retardé le progrès des Sciences ! Arf: 
tote l'a dit, a tenu lieu de raifon pendant plufieurs fiècles. 
Quelle honte pour les hommes ! quelle indolence ils aiment 
mieux croire que d'examiner. Tels étoient cependant nos pré- 
déceffeurs. Si l'on s'étonne avec raifon d’une pareille conduite, 
mème dans ces fiècles de ténèbres, combien notre furprife ne 
doit-elle pas être plus grande, de voir la même erreur pré- 
valoir dans un fièce éclairé par les plus grands génies! 
Defcartes, Newton, Léibnitz ont diflipé les ténèbres, ont 
détruit les idoles, ont rendu la liberté à la Philofophie ; 
mais, comme fi le fort de Fhumanité étoit d’être idolatre, 
en détruifant les idoles ils le font devenus, &un Savant qui 
tient un rang diftingué dans la république des Lettres , dit : 
au refle, ce n'efl pas mon affaire: Léibnitz à ceux qui l'ont 
fuivi, ont appelé ation la mafle par la vitefe à par l'efpace 
parcouru , © l'on n'a jamais conteflé cette expreffion. Quelle 
différence y a-t-il entre cette phrate & celle d'Ariflore l'a dit! 

Abandonnons donc l'idoltrie, failons abftraétion des noms, 
& ne confidérons que les ouvrages mêmes. On ne doit au 
plus grand homme qu'une fufpenfion de fon jugement , juf- 
qu'à une plus ample information. 

Quant à ce que dit M. de Maupertuis, que mon objec- 
tion tombe également fur fe principe des forces vives, j'en 
fuis d'accord, & s'il me falloit une autorité, je citerois M. 
de Maupertuis lui-même {voyez la note ).* Le principe des 
forces vives eftil démontré généralement ? la confervation: 


* M, de Maupertuis , dans fon | dans certains corps ; ni l'une ni 
effai de Cofmologie /page 102) s'ex- | l’autre ne peut donc paffer pour un: 
prime ainfi : /4 confervation de la | principe univerfel, ni méme pour 
quantité de mouvement n’eft vraie | un réfulrat général des loix du mou- 
que dans certains cas ; la conferva- | vement. 
tion des forces vives n'a dieu que 


"bats  SICII-E NCtEs. 507 
des forces vives eft un théorème vrai dans beaucoup de 
cas, mais il y a Join d'un théorème qui ne peut fe démontrer 
qu'avec certaines fuppofitions vraies dans quelques cas parti- 
culiers, à un principe général qui ne fuppole rien dont 
l'évidence ne foit reconnue, foit par l'expérience la plus 
exacte pour les principes phyfiques, foit par évidence la 
plus grande pour les principes métaphyfiques. 

Et quant à la force morte, mes objections ne. fauroient 
tomber fur cette manière de confidérer la force des corps, 
puifque de quelque manière que des corps, foit à reflort, 
foit durs, fe choquent, la force morte réfultanie eft toûjours 
la mème dans chaque direction que l'on pourroït prendre 
avant comme après ce choc, & par conféquent il ne naît 
ni ne périt aucune force morte dans le choc des corps à 
reflort, comme le prétend M. de Maupertuis. 

La feconde objection confifle à dire que quand même 
on adopteroit la mafle par la vitefle & par l'elpace pour lex- 
preflion de l'action, ce n'eft pas cetie quantité dont la Nature 
fait le moins de dépenfe poflible dans les changemens qui 
arrivent dans les vitefles des corps. 

Soient les corps À & P marchant, dans la même direc- 
tion, le corps À avec la vitefle a, le corps À avec la viteffe 
Bb, Yaétion de ces corps fera Aaa —— Bb: fi ces corps, 
après le choc, marchent À, avec la vitefle «à, & B avec la 
vitefle 6, l'aétion des corps fera Aaa + BGG; c'eft lac- 
tion que la Nature épargne autant qu'il eft poffible: or {a 
perte qu'elle a faite, eft ce qu'elle avoit, moins ce qui lui 
refte, c'eft-à-dire Aaa + Bbb — Aux — BEC; & 
cette quantité étant un nimum, donne Aa + BG —=0, 
ce qui eft précifément ce que j'ai déjà dit dans mon pre- 
mier Mémoire. 

Pour éclaircir tout-à-fait ce point, je rapporterai ici ce 
que lon trouve dans l'Encyclopédie, article Co/mologie, page 
196. Mais tout dépend auffi de l'idée qu'on voudra attacher 
aux mots de changement arrivé dans la Nature ; car ne pour- 
roit-on pas dire que le changement arrivé confifle en ce que le 


Sff ÿ 


508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

corps À qui, avant le choc, a la quantité d'aéion ou de force 
Aaa, la change après le choc en la quantité Axx, © de 
même du corps B; qu'ainfi Aaa — Axx eff le changement 
arrivé dans l'état du corps À, &” Bxx — Bbb chan- 
gement arrivé dans le corps B? de forte que la quantité d'action 
qui a opéré ce changement, eff Aaa — Axx + Bxx 
—— Bbb: or cette quantité égalée à un minimum, se donne 
plus la loi ci-deffus du choc des corps durs. C'eff une objection 
que l'on peut faire à M. de Maupertuis qu'on lui a méme 
faite à peu près, avec cette différence, que l'on a Juppofe A x x 
+ Bxx — Aaa — Bbb égalée à un minimum, en 
retranchant la quantité Aaa — Axx de la quantité Bxx 
— Bbb, au lieu de la lui ajoûter, comme il femble qu'on 
T'auroit auf] pä faire ; car les deux quantités Aaa — Axx à 
Bxx — Bbb, quoique l'une doive être retranchée de Aaa, 
l'autre ajoûtée à Bbb, font réelles, © peuvent étre ajoitees 
enfemble fans égard au fens dans lequel elles agifent. 

Par ce que Von a vü plus haut, qui eft à peu près 1a 
même chofe que ce que j'ai donné dans les Mémoires de 
l'Académie de 1749, l'objection que l'on à faite, femble 
pouvoir tomber fur ce que j'ai exprimé l'action perdue par 
Aaa + Bbb — Aaa — BGGC; mais il paroïit que 
je ne dois pas du tout favoir fi le corps B a gagné ou perdu 
de la viteffe. La fomme de l'action avant le choc, moins 
la fomme de l'action après le choc, doit être un winimum, 
puifque ceft cette quantité que la Nature a perdue; & je 
ne m'embarrafle pas que le corps B ait perdu ou gagné de 
la vitefle. Cette façon de confidérer la dépenfe de lac- 
tion, eft clairement la même que celle de M. de Maupertuis, 
comme il paroît par le paragraphe qui fuit, tiré du Mé- 
moire de Berlin, page 197. « Dans le choc des corps 
élaftiques, il eft potlible que l'action demeure la même; elle 
le demeure en effet, & la quantité d'aétion néceflaire pour 
changer les vitefles eft la plus petite qu'il foit poffible. Dans 
le choc des corps durs, où la quantité d'action ne pouvoit 
demeurer conftamment la même, la Nature épargne, au 


D''etsl LS NOMUE 2Nr e E::S s09 
moins le plus qu'il eft poflible, Faction néceflare pour « 
changer les viteffes. » | 

Je crois que fi ce paragraphe peut s'entendre, ce n'eft que 
de la manière dont je vais le confidérer. Dans le choc des 
corps élaftiques, l'aétion demeure 11 même avant & après 
ce choc, & la quantité néceflaire pour changer les viteffes 
eft égale à zéro, c'eft-à-dire que l'aétion avant le choc, moins 
l'action après le choc, eft égale à zéro. Dans le choc des 
corps durs, où la quantité d'action avant le choc n’eft pas 
la mème qu'après le choc, la Nature épargne au moins cette 
action, c'eft-à-dire que l'aéon avant le choc, moins lac- 
tion après le choc, eft un wirimum, & nous avons montré 
que de-là on tiroit une conclufion abfurde. Je se préfume 
pas que la précipitation foit la caufe de cette erreur, je la laifferai 
qualifier au lecfeur. 

Mais, pour terminer tout-à-fait cet article, nous allons 
examiner ce que M. de Maupertuis appelle action dans la 
réfraétion de la lumière, & f1 la manière dont il emploie 
fon principe eft la mème que dans le choc des corps. 

Dans la réfraction, il ajoûte à l’action de la lumière hors 
du corps diaphane, l’action de cette même lumière dans le 
corps diaphane, & il trouve les loix de la réfraction en 
fuppofant la fomme de Faétion un minimum : fuivons ce 
. mème procédé dans le choc des corps durs, & nous aurons 
Aaa + Bbb + Aux + BCC un minimum; & deà, 
en fuppofant da — 46, comme il eft néceffaire de le fup- 
pofer, 6 étant — a dans les corps durs, &a—1—(6 4 
dans le corps à reflort, l'on trouve, A4 + BG — 0, 
comme nous l'avons déjà trouvé dans notre façon de confi- 
dérer la dépenfe de l'action. Comment donc peut-on penfer 
qu'un principe général puifle prendre des formes fi contraires, 
& par quel moyen pouvons-nous trouver la manière de 
l'appliquer? Dans la lumière, e'eft l'action avant le change- 
ment, plus l'action après, qui eft un #inimum; dans le choc 
des corps, c'eft la mafle par la vitefle perdue & par l'efpace 
qui feroit parcouru en conféquence de cette viteffe. II feroit 


Sffiÿ 


s10o MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
je crois, difficile de rendre compte de ces contraditions, 
à de les concilier fous un même point. | 
A l'égard de ma troifième objection fur Ha loi du repos 
des corps, je le répéterai, je ne fais ce que M. de Mau- 
pertuis veut dire par les loix du repos: je conçois les loix 
de l'équilibre, qui ne peuvent être autres que celles du mou- 
vement; c'eft pour cela même que j'en parlerai peu, je rap- 
porterai feulement la réponfe de M. de Maupertuis, qui 
confifte à dire. « Quant à la troifième objeétion, &c. elle 
» neft pas plus jufte; AZ de Maupertuis dit, je fuppofe que 
» le levier fe meut d'un mouvement angulaire 7 confiant , 
» fuppofition qui me paroit abfolument gratuite. J'ai raïfon de 
» le fuppofer: le mouvement eft néceflairement angulaire par 
» Ja nature d'une verge inflexible foûtenue dans un de fes 
» points. Quant au mouvement, j'ai aufli raifon de le fuppofer, 
» puifque je prends le levier dans l'état de repos, & ne le fup- 
pofe qu'infiniment peu tiré de ce repos. » | 
M. de Maupertuis, lorfque je lui objeéte qu'il fuppofe 
gratuitement que fon levier décrit un même angle dans le 
même temps, me fait la grace de n'apprendre qu'une verge 
inflexible, en tournant fur un point fixe de cette verge, fe 
meut d’un mouvement angulaire. Je Ten remercie beaucoup, 
mais je le prierois de lire d'un mouvement angulaire conf- 
tant, au lieu de angulaire 7 conflant; il me paroït que par 
cette correction il s’apercevra que je favois ce que c'étoit 
qu'un mouvement angulaire. Et pour cette partie du para- 
graphe où M. de Maupertuis dit, guant au mouvement, j'ai 
raifon de le fuppofer, à cela parte que le levier n'eff qu'infr- 
uniment peu tiré du repos; je crois que cela veut dire, & 
quant au mouvement angulaire conflant, j'ai raifon de le 
fuppofer tel, car on ne peut tirer un levier infiniment peu de 
fon état de repos qu'en lui faiflant décrire un petit angle 
conflant, quel que foit le point autour duquel on le faffe 
tourner, conclufion que je laiffe encore qualifier au leéeur. 
Et quant à l'objection que j'aurois pu faire, & que M. 
le Maupertuis avoue être véritable, je me fuis contenté de 


DES LSuCIR EN CE S Stx 
donner quelques-unes des difficultés que j'aurois pü expofer; 
jen laifle une infinité dont je n'ai pas parlé, & dont je ne 
parlerai probablement jamais. 

J'ai cu devoir rapporter ici un paragraphe de article 
Cofmologie déjà cité. 

« L'Auteur, c'eft M. de Maupertuis, applique encore 
fon principe à l'équilibre dans le levier, mais il faut pour 
cela faire certaines fuppofitions, entre autres que la viteffe eft 
proportionnelle à la diflance du point d'appui (comme je 
l'ai exprimé que la vitefle angulaire foit conftante), & que 
le temps eft conflant comme dans le cas du choc des corps: 
il faut fuppofer la longueur du levier donnée, & que c'eft 
le point d'appui que l'on cherche, &c. enfuite on continue 
en difant : au refte, les fuppofitions que fait ici M. de Mau- 
pertuis font permifes; il fufht de les énoncer pour étre hors 
d'atteinte, & toute autre fuppofition devroit de mème être 
énoncée. » 

Les difficultés que l'on fait ici à M. de Maupertuis, font 
à peu près les mêmes que,celles que j'ai faites dans le Mé- 
moire que j'ai lü à l'Académie: mon but étoit de montrer 
que le principe de la moindre action n'étoit fondé que fur 
des fuppofitions gratuites, & par conféquent que le principe 
n'exifloit pas. Il feroit fingulier de faire une fuppoñition  gra- 
tuite, d'en conclurre les loix de la Nature, & d'être hors 
d'atteinte, parce qu'on a annoncé la fuppofition. 

Paflons à préfent à l'application du principe de M. de 
Maupertuis à la réflexion de la lumière. Soit un miroir 
circulaire concave À B, dont le centre eft €, trouver le 
point Æ7 qui renvoie la lumière du foyer F au foyer f. 
F & f étant également diftans du centre C, on {ent que la 
vitefle de Ja lumière eft la même avant comme après la ré- 
flexion, & que la male & la viteffe étant conftantes, c'eft 
FM + f M qui doit être un minimum. Que Yon décrive 
du point 7, que je fuppofe également diflant de F&f, 
une elliple o p des foyers F'& f, & l'on fent que À 2 étant 
en dedans de l'ellipfe, Æ°41-+- f M fera un maximum , étant 


Fig, t; 


$12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
évidemment plus grand que Æ & + f b: fi au contraire l'arc 
AB étoit dehors de f'elliple, comme a 6, cette quantité 
FM + fM feroit un minimum ; donc fur telle furface con- 
cave la réflexion fuit le plus court chemin ou la moindre 
ation, & fur telle autre furface c’eft la plus grande ation. 
Je rapporterai ici un paragraphe de l'Encyclopédie / page r 9 5) 
article Cofmologie. « Nous avons vü, article caufes finales , 
» que le principe de la minimité du temps eft en défaut dans 
» Ja réflexion fur le miroir concave ; il paroît qu'il en eft de 
» même de la minimité de l'action, car alors le chemin du 
» rayon de lumière eft un maximum. W eft vrai que l'on pour- 
» roit faire cadrer ici le principe, en rapportant toùjours Îa 
» réflexion à des furfaces planes; mais peut-être que les adver- 
» faires des caufes finales ne goûteront pas cette réponle; il 
» vaut mieux dire, ce me femble , que faction eft ici un #axi- 
mum, & dans les autres cas un #nimum, » 

Mais, par ce que lon vient de voir, il paroït que Faction, 
dans la réflexion de la lumière, n'eft pas un waximum fur 
tous les miroirs concaves, & par conféquent il faudroit dire: 
Yaction dans quelques furfaces concaves eft un #4Ximunt , 
pendant que fur d’autres c'eft un winimum, & la Nature eft 
prodigue ou avare de fon aétion, fuivant qu'un miroir eft 
plus ou moins concave. 

Je crois que Les vrais juges en ces matières favent à préfent 
quel jugement ils doivent porter des produélions de M. de 
Maupertuis. 

Mais, pour les éclairer davantage, il eft nécefaire de re- 
marquer qu'il y a tel cercle dans lequel il y a trois points où l'ac- 

Fig. 2. tion eft la même. Soit une ellipfe 4 DB, dont les foyers font 
F,f, AB le grand axe, CD la moitié du petit axe; du point 

M, pris à volonté, foit menée la ligne #ZR, qui coupe le 
diamètre CD, prolongé en forte que AR foit égal à RD; 

que lon décrive du centre À, un cercle m3 D M, ïl eft 
évident que fi on cherche le point de ce cercle qui renverra 

la lumière du foyer au foyer f, l'on doit trouver par le 
principe de la moindre aétion, trois folutions {ur cette PE 

cle 


DE, S, 4 SACLINE, NI C. ES. S13 
de miroir ; car la minimité de l'action n'étant dans la réfle- 
xion que la minimité du chemin, il eft évident que 422, m, 


“étant trois points communs au cercle & à l'ellip{e, il eft 


évident, dis-je, que FM + fM= FD + fD = Fm 
— fm, ceft-à-dire, que la loi de fa minimité de l'action, 
ou pluftôt celle par laquelle fa différentielle eft égale à zéro, 
n'eft pas fufhfante pour déterminer la Nature, puifque cer- 
tainement la lumière ne prend pas les chemins FM + f M 
ou Fm + fm, qui rempliffent également la loi de Faétion. 
IL eft donc néceffaire de faire entrer dans la confidération , 
quelque autre loi que fuit la lumière, pour la déterminer à 
paffer par le point D au lieu des points 47 ou #: il me 
femble que l'on doit conclurre que épargne de action 
n'eft pas la feule chofe qui détermine la Nature. 

Après avoir montré l'infuffifance du principe de M. de 
Maupertuis, je tâcherai encore de lui en fubftituer un autre 
que je crois mieux fondé, J'ai donné dans mon Mémoire 
inféré dans le volume de Académie {année 1749) Yappli- 
cation aux loix de la réfraction, d’un principe de Dyna- 
mique, lü en 1746, & inféré dans le volume de 1747: 
je ne cherchois alors qu'à donner les mêmes exemples que 
M. de Maupertuis; mais le cas que l’on paroît faire de 
l'application de fon principe à la réfraction de la lumière, 
m'enhardit à montrer la réunion de a loi de la réflexion 
à cette même loi ou principe de Méchanique, favoir que 
nulle action ne fe perd dans là Nature. 

L'action d'un fyftème de corps eft la puiflance de ce fy£ 
tème pour produire un effet : la puiffance de deux forces op- 


pofées pour produire un effer, eft Ia différence de ces forces; 


fi les forces agiffent dans la même diredion, c’eft leur fomme. 
L'action d'un corps double étant double de l'aétion d'un 
corps fimple, comme nous Yavons vû, il senfuit que par 
quelqu'expreffion que l'on puiffe repréfenter l'action, il faut 
toüjours qu'elle foit compolée de la maffe, c'eft-à-dire, que 
Ja mafle multipliera dans cette expreflion, par conféquent 
que faction eft en raifon des mafles, 


Mém. 1752. MIRE 


Fig. 3. 


Fig. 4. 


514 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

JL feroit auffi aifé de voir que fa viteffe fuit la même 
loï; car fi le corps dur À, marchant avec la vitefle 2, choque 
le corps 2 qui lui eft égal & femblable, mais en repos, fa 
viteffe des deux corps fera 7 après le choc. Pour le prouver, 
on fuppole le plan fur lequel font les corps, fe mouvoir de 
A en B avec une vitefle 7, & on fent qu'alors les corps 
B & A marchent fur ce plan avec des vitefles égales & op- 
pofées; donc leur mouvement fur ce plan fera détruit par le 
choc: or le plan fe mouvant avec 7 de viteffe, il s'enfuit que 
les deux corps marcheront avec 7 de viteffe. Mais fi un 
corps dur À vient choquer un corps dur 2 en repos, & 
cela avec une vitefle 2, les corps 4, À marcheront enfemble 
après le choc. Le corps À a produit un certain effet, & 
il a employé une certaine quantité d'action ; & cette quan- 
tité d'action, jointe avec celle qui lui refte, doit être égale 
à celle qu'il avoit avant le choc: mais fi on conçoit un autre 
corps C'égal à À, marchant avec la même vitefle 2 du corps 
À, & cela dans une direction oppofée à celle de ce corps, il 
eft certain que le corps €, en choquant les corps B & À qui 
marchent enfemble, doit les réduire au repos; car fi le 
corps À avoit de l’action dans la direétion AB, le corps € 
avoit une action oppofée & égale à celle de ce corps; par 


‘conféquent ces aétions oppofées & égales , agiflant fur un 


même corps, doivent le réduire au repos; donc Faétion des 
corps À + B après le choc, eft égale à l'action du corps À 
avant le choc; donc l’action qu'a gagné le corps B, eft égale à 
Yadtion qu'a perdu le corps À; donc il n’y a point d'aétion de 
perdue. De là on peut conclurre que l'action d'un corps À avec 
2 de vitefle,eft égale à l'action d’un corps 2 Aavec 7 de vitefle; 
donc une aétion égale à une autre implique dans ce cas que 1x 
malle par la vitefle eft conftante, & peut alors exprimer l'action. 

Mais fi un corps À égal au corps B venoit frapper un 
levier € À, auquel eft attaché le corps B, en repos, le 
levier pouvant tourner fur le point €, l'action ne feroit pas 
comine la mafle par la viteffe; l'action changeroit füivant la 
difance AC où elle frapperoit le corps À, mais fans favoir 


DRE. SUASIC LE N C.E S. s15 
quel élément il faut faire entrer. Je dis encore que l'action 
que gagnera le corps 2, fera égale à l'action que perdra le 
corps À; car fi on fuppofe un corps D, égal au corps À, 
frappant au point À la verge AC chargée alors des corps À, 
B, il eft clair que tous ces corps refteront en repos après le 
choc; donc la fomme de l'action des deux corps À, B, après 
que le corps À a choqué la verge AC, eft égale à faction 
du corps €, ou, ce qui revient au même, à l'action du corps 
A avant le choc; donc l'aétion que le corps À a perdue en 
choquant la verge AC chargée du corps Z en repos, eft ésale 
à faction que le corps B a gagnée par ce choc; donc la 
quantité d'action eft toûjours la même dans ce cas. 

Mais, pour reconnoître l'expreflion générale de faction, il 
faut favoir comment les longueurs de fevier AC, BC entrent 
dans cette quantité. 

Soient À & B deux corps égaux, & que AZ foit égal à 
BC, je demande quelle vitefle il faudroit donner au corps 2 
pour réduire le corps À avec la vitefle a au repos. On voit 
clairement que fi au lieu du point fixe C, j'eufle fait frapper 
un autre corps Fégal au corps À, avec la même viteffe que 
ce corps, & que l’on eût fuppolé que le fyftème fût refté 
en repos, on voit, dis-je, que le corps F’eût fait le même 
effet que le point fixe C; par conféquent les corps À & F 
égaux, marchant avec a de vitefle, & venant frapper fe 
corps 2, & faifant équilibre avec ce corps, dayiteffe de ce 
corps doit être 2 a; car À + Fou 2 À pa de viteñe, 
eft égale à B ou À par 24 de vitefle: donc faction du corps 
B qui frappe à la moitié de [a diflance AC avec 2 de 
vitefle, eft égale à action du corps À qui marche avec 
‘r de vitefle, & qui frappe à la longueur totale AC; donc 
B par 2 de viteffe & par un demi de diflance, eft égal 
à À par z de vitefle & par 7 de diftance; donc l'action 
dans ce cas eft encore directement comme la longueur du 
levier, & fon expreflion fera la mafle par la vitefle & par 
la longueur du levier. ; 

À préfent, au lieu de fuppofer que le corps frappe en B, 

LES 


Fig. 4e 


516 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fuppofant qu'il frappe en à de Faure côté de €, avec uné 
direction oppolce, il eft évident que cela ne changera rien 
à l'équilibre; mais alors, au lieu du point fixe €, je pourrois 
faire frapper le levier en ce point par un corps #, éncore égaf 
au corps A, avec une vitefle telle, que ce corps feroit lé 
même effet que le point fixe, & alors ceci fe réduit au choc 
direct, & lon aura B par 2 de vitefle, plus À par 7 de 
viefle, égal à A par > de vitefle: donc fr fe point fixe étoit 
B, ce que lon peut fuppofer, l'on auroit encore le corps 
faifant équilibre avec le corps À, c'eft-à-dire, encore que 
A x 1 x Abeft égal à H x > x Cb, ou bien À x 1 x AY 
— À x 3 x + Ab, ce qui eft évident. En continuant 
ce raifonnement, on conclurra que deux corps qui fe font 
équilibre autour d'un point, auront le produit de la mañle 
par la viteffle & par le levier d'un de ces corps, égal à a 
mafñle, & par la vitefle & par le levier de autre, & lon 
conclurra auffi que lorfque l'action de deux corps les réduit 
au repos, leurs mafles par leur vitefle & par leur levier 
font égales en fens contraire, & vice verfa. 

Tout ce qui vient de fe dire pour les vitefles, peut fe 
dire de même des mafles, en fuppofant que le corps B, au 
lieu de deux ou trois fois la vitefle du corps À avec la même 
mafle, ait deux ou trois fois la mafle avec la méme viteffe. 

On pourroit objecter que deux corps qui marchent en 
fens contrairéänt la même ation que s'ils marchoiïent dans 
le même fens? mais je demanderoiïs quelle eft l'action qui 
feroit équilibre à la fomme de ces actions, feroit-elle 1x 
même quand les corps marchent dans le même fens, que 
lorfqu'ils marchent dans un fens contraire? il eft évident 
que non, & que l'action d'an fyflème de corps eft d'au- 
tint plus grande, qu'il faut une plus grande force ou puiffance 
pour lui faire équilibre, ou, ce qui revient au même, pour’ 
réduire le fyflème au repos. 

* Voilà tout ce que je dirai à préfent fur la démonfiration 
de la confervation de laétion comme principe métaphyfique, 
me réfervant à en traiter plus amplement dans un autre 


DE NM ICRRIENN GUEST SX 
temps : je me bornerai dans ce Mémoire à en montrer l'appli- 
cation au phénomène de la lumière, & la réunion de plufieurs 
principes méchaniques à cette feule loi. 

Je vais rappeler à cet effet le principe de Dynamique 
dont j'ai déjà parlé, & je donnerai feulement les énoncés 
& les réfulrats, les démonftrations étant déjà dommées ou 
faciles à trouver. , 

Soit un fyftème quelconque de corps 4, B, C, qui agiffent 
les uns fur les autres d'une manière quelconque, foit par 
des attractions, répulfions , chocs, ou par des fils ou verges 
inflexibles, &c. & qu'ils aient reçu des impulfions quelcon- 
ques , en forte qu'ils décrivent les petits arcs Aa, Bb, Cc; 
je dis qu'autour d'un point quelconque ©, fixe dans l'efpace, 
le produit compofé de la fomme de la mafie de chaque 
corps multiplié par fa viteffe & par fa perpendiculaire tirée 
du point o fur la ligne que décrit le corps prolongé, fera 
toûjours le même fi le fyftènxe eft libre par rapport à tout 
autre corps environnant; & pour exprimer cette loi ou ce 
principe plus clairement , appelons v la vitefle du corps À, 
4 celle du corps 8, & v’ celle du corps C; foient tirées les 
perpendiculaires op, 0Q , 0R, lon aura Av x op + Bu 
x 0QCv' x 0R égal à une quantité conflante: fi un des corps 
rarchoit dms un fens contraire, on fouftrait au lieu d'a- 
joûter cette quaptité, & le réfultat fera conftant de même. 
J'appellerai ation ou force, la maffe par la vitefle & par 
le bras de levier. 

Cette manière de confidérer a force ou F'aétion remplit 
nos vües, puifqu'un corps double ou triple d'un autre corps 
étant dans les mêmes circonftances, aura le double & le 
triple d'action. 

Maïs cherchons à réunir les différentes loix de fa méchas 
nique à cette feule loi; voyons d'abord cette loi, que le centre 
de gravité d'un fyftème de corps refte en repos , ou marche 
toûjours d'im mouvement uniforme. Soit 4, B,C, un fyflème 
de corps, que lon fuppole le point © à l'infini, notre loï 
du mouvement peut s'exprimer ainfi, comme nous l'avons 


Titi 


Fig. 


Fig. 6. 


518 MÉMOIRES DE L'A€ADÉMIE ROYALE 

fait en 1746, la fomme des efpaces ou fecteurs décrits par 
le corps autour du point ©, multipliés chacun par le corps 
qui les a décrits, eft proportionnelle au temps, ou pluflôt 
eft conftante lorfque le temps eft conflant ; donc 4oa x À 
+ Bob x B + Coc x C eft conftant : mais fi O eft à 
l'infini, alors Aoa, Bob & Coc feront proportionnels aux 
lignes ap, bg, cr; donc en fubflituant ces quantités l'on 
aura À xpa — B x bg + Cxocr égal à zéro ou à 
une conftante. Or il eft aifé de voir que lorfque la fomme 
des mafles de chaque corps multiplié par fa vitefle dans une 
direction donnée, eft une quantité conftante, alors le 
mouvement du centre de gravité décompolé dans cette 
direction , fera uniforme; & comme la direction eft prife 
à volonté, il s'enfuit qu'il marchera de même dans la direc- 
tion où il marche avec la plus grande vitefle; donc, &c. 

Nous déduirons enfuite cette loi, que les aires que décrit 
un corps attiré vers un centre autour de ce centre, font 
proportionnelles au temps. 

Que le corps A1 foit attiré vers le centre, & qu'il décrive 
l'arc Mm, je ne peux appliquer mon principe , parce que ce 
n'eft pas un fyftème libre de corps; mais en employant un 
principe de fymmétrie dont j'ai déjà fait ufage dans un Mé- 
moire Iû en 1743, & imprimé dans le Volume de 1747 , on 
rend le fyftème libre. Au lieu du centre C, je place un corps 
Q égal & femblable au corps #1, & je lui donne une vitefle 
dans la direétion Qg égale à la vitefle du corps 47, Q gq 
elt parallèle & égal à Am; j'arrange Ia loi d'attraction de 
ces corps, en forte qu'elle réponde exaétement à la loi vers 
Je centre : lon fent alors que le corps décrit la même 
courbe par Faction du corps, que par celle du centre C. 
Mais on a par mon principe 41 x MCm + Q x QCq 
proportionnel au temps, or MCm— QC, & M = Q; 
donc MCm x M moitié de MCm x M + QC xQ 
eft proportionnel; donc étant conftant, MCm et propor- 
tionnel au temps; donc, &c. 

Ceci bien entendu, on fent que le choc des corps & les 


DES SCIENCE + s19 

Hoix de l'équilibre fe déduifent fur le champ : paflons donc Fig. 7. 
à la lumière. Soit le rayon de lumière Æ°47 tombant fur le 
point #1 d'un corps diaphane AB quelconque, quel eft 
le chemin #1f que doit fuivre ce rayon dans le corps 
diaphane? Tirons la ligne A/m perpendiculaire à la courbe 
AB au point M, & plaçons une courbe 4 b égale, femblable 
& fymmétriquement placée par rapport au point O milieu de 
Mm ; nous ne confidérerons qu'un feul corpufcule de lumière 
en M, & unautre égal en "1: l'on fent que les actions de ces 
deux corpufcules }/m fur les plans À B, a b unis fermement 
enfemble, fe feront équilibre, de forte que les plans 4, 
ab ne pourront prendre aucun mouvement ; donc le fyflème 
eft libre, donc + étant la vitefle des corpufcules 47, #1, avant 
d'entrer dans le corps diaphane, z la vitefle après qu'ils y font 
entrés, on aura la fomme de l’action des corpufcules 41, m, 
ou Faction du corpufcule #7 qui en eft la moitié, fera 
conftante avant comme après qu'il eft entré dans le corps dia- 
phane ; donc Mu x op = MuixoQ où vxop —=uxoQ, 
ou bien ie fmus de langle d'incidence eft au finus de 
Vangle de réfraction, comme la viteffe dans le corps dia- 
phane eft à la vitefle avant d'entrer dans ce corps; 4 x op 
—= ux0Q eft Ia propriété de la trajeétoire vers un centre, 
d'où fon conclurra que la courbe que décrit un rayon de 
lumière en paflant au travers de notre atmofphère, eft une 
trajectoire autour du centre de la Terre, la loi de la gra- 
vité étant donnée par les loix de la compreffion ou de 
la denfité de l'air à différente hauteur. 

Paflons à Ja réflexion de la lumière. Soit un miroir quel- Fie. 8, 
conque à réflexion À B; je demande quelle fera la direction | 
M f du rayon FM après avoir été réfléchi par le point 47 
du miroir? Soit ÆZo perpendiculaire à la courbe au point 
M, je rendrai le fyfème libre comme dans la réfraction, 
& je conclurrai de même, « étant la vitefle du corpufcule 44 
de lumière avant la réflexion, & # la vitefe après, & x op 
— 4 x 0Q; & fiu — v, op = 0Q, & par conféquent 
Fangle de réflexion eft égal à l'angle d'incidence, 


RD 


29 Janvier 
1755: 


$20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


(MEMOIRE 


SUR LES 


ELEMENS DE LA THEORIE DU SOLEIL, 


Pour fervir de fupplément aux deux Mémoires fur 
le même fujet, qui font imprimés parmi ceux 
de d'année 175 0. 


Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 


L y a quatre années que je lus à l'Académie deux Mémoires 

fur les élémens de la Théorie du Soleil ; je les déduifois 
d'un grand nombre d'obfervations que j'avois faites exprès 
avec tout le foin poflible, & dans les occafions les plus 
favorables. Mais étant allé dans la fuite au cap de Bonne- 
efpérance, je me fuis trouvé en état de faire des obferva- 
tions du Soleil plus exactes qu'il n'eft poffible d'en faire à 
Paris, par la méthode des hauteurs correfpondantes que j'ai 
toûjours fuivie. Car outre qu'à caufe de la moindre obliquité 
de la fphère, les aftres montent & defcendent plus vite au 
Cap qu'en aucun endroit de l'Europe, on y a encore cet 
avantage, que les meilleures obfervations du Soleil fe font 
près de fon périgée & dans fe voifinage du tropique du 
Capricorne, tandis que celles qu'on fait alors en Europe 
{ont néceflairement aflez imparfaites, ( 

C'eft à Syrius que j'ai toüjours comparé le Soleil, & 
même toutes les étoiles dont j'ai déterminé l'afcenfion droite. 
Le recueil des obfervations que j'ai remis à f Académie, 
contient le détail de toutes les hauteurs que j'ai prifes, & 
des calculs pour les réductions néceffaires. Je me contente 
de rapporter ici un extrait des afcenfions droites apparentes 
du Soleil, & des longitudes que j'en ai déduites, en fuppo- 
fant que Fobliquité de l'écliptique a paru décroitre de 234 


a 


Li llem. de l'Ac: R. des Se.1752.Pag, 820 F1.18, 


Alem. de l'A À, der Se. 1752 Pag 820 PIB 


| 
| 
| 
| 
4 Biyram Se | 
| 
Il 


» 
4 


Mem. de l'Ac.R. des Se.1762 Zag. #20 Pl 19. 


1751» 
S0midi, … du Soleil. du Soleil. à midi, du Soleil. du Soleil. 
re pro ER Eros | D MS 
67. 50. 15,2 |H 9. 30. 46,94 FJanvier 9|290. 
88020, 37,0 |‘ 28. 37 56 10|291. 20. 32,2 19.43. 4,8 
00.2 4.:20,6 | 5 ‘Oo. 31035,;7 22|304. 12. 6,8 | 1. 56. 24,2 
96. 48. 30,8 | 6. 14. 58,1} Février 41317. 36. 6,0 | 1S-M7-Se,S 
98. 52. 49,7 819% | - 
IL. 1 2. 40,6 19. 35 


hs \ 2 Î 


Are Ex SH STEEL NAC.E s21 
28" 16" à 234 28° 12", depuis le mois de Mai 1751, 
jufqu'à la fin de1752. | 


EEE RE ACER CE SE EEE EEE ARE DEEE DE TEE EOI NOTE EETE DIS 
| Ascens. proie | LONGITUDE 1752, | ASCENS. DROITE | LONGITUDE 


a — a —— 


277: - 2, 28,8 6. 27. 
30/279. 15. 30,6 8. 30. 


Pour établir les élémens de la Théorie du Soleil, qui 
réfultent de ces obfervations, j'ai choifi celles qui ont été 


Mém, 17 5 2 Vuu 


522 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
faites près des diftances moyennes, & près du périgée du 
Soleil. J'ai réduit à une feule les obfervations faites à très- 
peu de jours d'intervalle, en calculant fcrupuleufement les 
mouvemens diurnes du Soleil, de la même manière que je 
Jai pratiqué dans le premier des deux Mémoires de 175 0. 
J'ai employé dans ces réduétions l'équation lunaire, dont l'exif- 
tence & la quantité me femblent afflez bien établies, tant 
par les obfervations que j'ai comparées dans le fecond de ces 
Mémoires, que par ce que M. Euler & d’Alembert en 
ont conclu de leurs Théories de la Lune. J'ai encore eu égard 
à la déviation du Soleil en longitude, caufée par la nutation 
de l'axe de la Terre : des longitudes du Soleil ainfi réduites, 
j'ai Ôté le lieu de l'apogée, tel qu'il réfultoit de la Théorie 
établie dans les deux Mémoires de 1750, & jai eu les 
anomalies vraies du Soleil. Enfin J'ai calculé fur cette même 
Théorie, l'anomalie moyenne du Soleil, en fuppofant Ia dif- 
férence des méridiens de Paris & du cap de Bonne-efpérance, 
de 1° 4’ 40". La table fuivante repréfente tous ces calculs 
préliminaires. 


LONGITUDE 
FA DU SOLEIL, 
à midi, | chfervée & réduite. 
temps vrai. 


ANOMALIE ANOMALIE 


DL IM ANSE 


Déc. 30 
1752» 
Janv.1o| 9. 19.42. 57,516. 11 x 14,516. 10, 39, 28,0 
Mars 311. 13. 19. 29,818. 4:37 38,018. 2, 53. 50,5 
14|11. 24. 17. 40,5|8."15.735. 46,518: 13: 44: 13,0 

28] o.. 8. 9. 27.685292 3015189 27e 31. SG 
a 


Par différentes combinaïfons de trois de ces obfervations, 


Jai trouvé les réfultats fuivans , felon la méthode du premier 
des deux Mémoires de 1750. 


VO NO mm WIN ON Om mm = 


D 


. 1751. 30 Déc, 3 Mars 17523. 
. 1751. 10 Janv. 28 Mars 1752|3. 
. 1751. 10 Janv. 14 Mars 1752|3. 8. 42. 15 |9. 10. 31. 13,8|0,0168106 
- 1751. 10 Janv. 28 Mars 1752|3. 8. 44. 28 |9. 10. 31. 18,5/0,016805; 
» 1751. 10 Janv. 14 Maïs 1752 


. 1751. 30 Déc. 28 Mars 1752|3f 84 45° 40 
. 1751. 30 Déc. 14 Mars 1752|3. 8. 45. 35 |9. 10. 31. 14,9/0,0168135 
. 1751. 30 Déc. 3 Mars 175213. 
. 1751. 30 Déc. 28 Mars 175213. 
. 1751, 30 Déc. 


E‘poquede la longitude 


Epoquedel'apogée moyenne du Soleil 


COMBINAISON du Soleil , 
Es OBSERVATIONS. pour le 
j ir Janvier 1752. 


pour fe Excentricité. 


197 Janvier 1752, 
au méridien de Päris. 


15"110,0168 138 
+45: 5 [9: 10. 31. 13,910,0168108 


8 
8. 47: 35 |9. 10. 31. 18,6|0,0168045 
14 Mars 175213. 8. 48. 19 |9. 10. 31. 20,410,0168076 
RE RTE Co An A PP: 
8 


. 49. 17 |9. 10. 31. 24,310,0168040 
. 43. 6 |9, 10.31. 15,410,0168133 


3. 8. 40. 54 |9. 10. 31. 10,8|0,0168167 


En prenant un milieu pour chacun de ces élémens, on 
a l’époque de l'apogée du Soleil dans 3f 84 45° 13", plus 
avancée de 34 que felon la détermination du premier 
Mémoire de 1750. L'époque dé la longitude moyenne eft 
9! 10d 31° 16,6, plus avancée d'une feconde, & l’excen- 
tricité de 0,0168r01, plus petite de 0,000014. Cette 
nouvelle excentricité donne a plus grande équation du 
Soleil, de 14 $s° 35"; &, en comparant immédiatement 
lobfervation du premier Oétobre 1751, avec celle du 
28 Mars 1752, on la trouve, indépendamment de l'hy- 
pothèfe elliptique, de 14 55" 36". 


Vuuïi 


524 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe 


ADDITION AU MEMOIRE 


Dans lequel on compare le Canada à la Suiffe, 
par rapport à fes minéraux, 


Par M GUETTARD. 


"AI dit à la fin de la feconde partie de mon Mémoire 

fur le Canada & fur la Suifle, que M. le Comte de Ja 
Galiflonière continuoit à favorifer mon travail, en me pro- 
curant, au moyen des correfpondances qu'il a dans le premier 
de ces pays, de nouveaux foffiles & de nouvelles obferva- 
tions touchant ces fofliles. L’addition que je fuis obligé 
de faire à mon Mémoire en fera une bonne preuve. Cette 
addition me paroît d'autant plus néceflaire , qu'elle fervira 
à confirmer ce que j'ai avancé fur la nature & fur la qua- 
lité des différentes pierres dont j'ai déjà parlé, & qu'il y 
fera queftion de quelques autres qui ont été tirées d’en- 
droits diflérens de ceux qui ont été indiqués dans mon 
Mémoire : de plus, on trouvera dans cette addition. une 
comparaifon établie entre les pierres à. chaux, qui détermine 
la bonté de la chaux qu'on fait avec ces pierres. Cette 
comparaifon fera d’après celle que M. Coagne fous - Ingé- 
nieur à Québec a faite, & qu'il a envoyée à M. de la 
Galiflonière avec les pierres en queftion , auxquelles il en 
avoit joint plufieurs autres de nature différente. Outre ces 
motifs que j'avois de faire une addition à-mon Mémore, 
j'ai eu encore celui de donner une connoiflance exacte des 
pierres qui venoient d'endroits dont je n'avois point parlé 
dans mon Mémoire, & que je ne pouvois m'empêcher 
d'indiquer dans la Carte que je donne du Canada, afin de 
la rendre un peu plus complète & plus intéreflante : cette 
raifon , indépendamment des autres, auroit même dû me 
déterminer à ne pas différer cette addition. Il fera plus 


DES S'éMTtE NN CES 525 
commode de trouver dans le même volume fa Carte & 
toutes les obfervations fur lefquelles elle a été conftruite, 
Je parlerai ici des fofliles dont il s’agit, en gardant l'ordre 
que j'ai fuivi dans le Mémoire, c'eft-à-dire que je décrirai 
1.” les terres, 2.° les pierres calcinables , 3.° les pierres 
vitrifiables , 4.° les minéraux. 

La feule terre dont j'ai à parler, eft cette efpèce de fable 
ferrugineux , que’ j'ai dit dans mon Mémoire devoir être 
rangé pluftôt parmi les mines de fer que parmi les terres. 
Ce fable, comme on fait maintenant, eft très-commun en 
Canada ; mais ce qu'il eft bon de dire d’après M. Coagne, 
c’elt que le fable le plus net fe trouve à la pointe Déleffée 
ou de Leflé, qui regarde le fault Montmorenci, de même 
qu'à la pointe Rouffelle, fituée au nord de la petite rivière 
vis-à-vis le Palais. Le fable de ces deux endroits eft plus 
lavé que celui que l'on prend fur tout le refte du platin 
de la petite rivière: ce font les feuls cantons d’où lon 

tire du fable pour bâtir. 

La pierre à plâtre eft [a première pierre dont j'ai fait 
mention dans mon Mémoire ; j'y ai dit que celle du Canada 
étoit en aiguilles brillantes, qu'elle avoit plus de rapport 
avec celle de Lyon, qu'avec celle des environs de Paris, qui 
étoit moins belle que f1 première : celle dont j'ai à parler 
eft communément plus connue fous le nom de pierre fpé- 
culaire. Cette pierre fe trouve, pour Fordinaire, entre les 
lits de la pierre à plâtre proprement dite; elle prend ou 
ciie affecte la figure triangulaire, elle fe lève par feuillets , 
elle eft luifante & à demi-tranfparente : celle du Canada qui 
fe trouve à Canfeau , a toutes ces qualités, & elle a émi- 
nemment les deux dernières, c'eft-à-dire, le luifant & la 
demi-tranfparence ; il ne faut pas mème que les lames foient 
bien minces pour que la lumière fe faffe fentir au travers; 


ka vivacité de fon brillant eft des plus grandes, l'argent le 


plus poli n'eft pas plus beau , & lorfque cette pierre reçoit 

le jour dans certaines pofitions, on peut dire qu'elle furprend 

par fa beauté: la pierre fpéculaire de Montmartre n'a rien 
Vuu ii 


Du fable. 


De Ia pierre 
à plètre.- 


Des pierres 
à chaux. 


526 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

qui en approche ; elle eft d'un jaune brillant à la vérité, mais 
qui n'a aucune vivacité, & qu'on peut même dire être fale 
& terne, fur-tout f1 on le compare avec l’argenté de la pierre 
fpéculaire du Canada. J'aurois bien voulu pouvoir faire le 
parallèle de celle-ci avec celle qu'on trouve fans doute dans 
les carrières d’où on tire la pierre à plâtre de Lyon; elle doit 
participer de la beauté de cette pierre, & approcher confé- 
quemment de Ja pierre fpéculaire du Canada; mais n'ayant 
point de la première, je n'ai pû me fatisfaire fur ce point, 
qui n'eft au refte que curieux. On peut cependant, à ce que 
je crois, dire par induction, que la netteté de la pierre fpé- 
culaire fera proportionnelle à celle de la pierre à plâtre 
entre les lits de laquelle elle fe trouvera : comme il y a 
tout lieu de penfer que cette dernière pierre n'eft qu'une 
pierre à plâtre plus pure que la pierre ordinaire, & que ce 
n'eft peut-être qu'un extrait de celle-ci, qui seft dépofé 
entre les lits, qu'elle n’eft qu'une forte de flahétite, elle 
doit par conféquent participer de la netteté de la pierre dont 
elle a été extraite, netteté qui fera d'autant plus grande 
que la pierre à plâtre fera plus dégagée de parties hétéro- 
gènes ; & par une conféquence néceflaire, le plâtre qu'elle 
fournira étant calcinée, fera plus beau, plus blanc & plus 
fin, propriétés qu'on remarque dans le plâtre provenu de 
la pierre fpéculaire du Canada, comparé à celui que donne 
la pierre de Montmartre. x 

La pierre à chaux de fa pointe aux Trembles, dont il eft 
fait mention dans mon Mémoire, n'eft pas la feule qui 
fe trouve dans ce canton, M. Coagne rapporte dans fes 
remarques, qu'il sen tire du même endroit une autre qui 
eft à peu près de a nature de la pierre noire de Québec : 
M. Coagne, par tout ce qu'il dit de la première, confirme 
la-defcription que j'en ai faite, 

I! en eft de même pour celle de Beauport, ce que M: 
Coagne en a écrit, établit la bonté de cette pierre, & enchérit 
même fur ce que j'en ai rapporté. La pierre de Beauport, 
dit M. Coagne, eft fufceptible de l'action de l'air, mais 


DES SNONANE NICE S. 527 
bien peu, puifque la maifon feigneuriale de cet endroit eft 
bâtie depuis plus de cent ans, & qu'elle eft encore très- 
bonne, quoiqu'elle foit des plus mal entretenues. 

Cette pierre fe délite parfaitement bien , & eft par con- 
féquent excellente pour les votes ; on pourroit même, 
felon M. Coagne, fe difpenfer d'employer celle de l Ange- 
gardien, qui coûte beaucoup plus cher, & qui n'eft pas 
meilleure pour les ouvrages qui font à couvert. M. Coagne 
voudroit même plus, il demanderoit que les bâtimens civils 
& militaires fuflent conftruits de cette pierre; il paroît 
y être engagé par la facilité qu'on a à la travailler, & par 
le coup d'œil agréable qu'elle donne aux maïfons qui en 
{ont faites. On en voit plufieurs à Québec, dit M. Coagne, 
dans la conftruétion defquelles cette pierre eft entrée, les 
joints en font tirés avec foin, & de façon qu'il femble, 
comme s'exprime M. Coagne, que ce foit de la pierre 
taillée par aflifes de mème échantillon. 

Les pierres à chaux que je vais décrire, font de celles dont 
je n'ai point parlé dans mon Mémoire, n'en ayant point 
eu avant l'envoi de M. Coagne. L'une vient de la pointe 
de Lévi, elle eft d'un gris-clair, pleine, dure, lifle, d'un 
grain fin, & de la meilleure qualité qui foit en Canada. 
La chaux qu'elle donne par la calcination, eft très-blanche 
& grafle, de façon que fi on la jette dans plus d’eau qu'il 
n'en faut pour l'éteindre, elle fe tient au fond & forme une 
mafle vifqueufe & gluante, fr cependant on ne la remue pas 
aflez, & alors la fuperficie de l'eau eft verdâtre & dorée, 
de même que lorfqu'on a délayé toute autre chaux, & fait, 
comme l'on dit, la gorge de pigeon. 

L'ifle d'Orléans a plufieurs endroits qui fourniffent égale- 
ment des pierres à chaux qui diflèrent un peu entre elles ; 
une eft d'un gris-clair, parfemée de points jaunâtres terreux , 
qui nempêchent cependant pas qu'elle ne foit dure, & 
d’un grain aflez fin. Une autre, qui fe trouve dans l'intérieur 
de l'ile, & dont la carrière eft [a carrière principale de: 
gette ifle, eft d'un gris-foncé, d'un grain pour le moins 


“ 


528 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
auffi fin, & d'une dureté auft grande que la précédente. 
La chaux que la première de ces pierres donne, eft moins 
blanche, quoique la pierre foit moins grife, mais cette 
chaux eft fupcrieure à celle que la feconde pierre fournit : 
celle ci cependant n'éft point à méprifer, elle eft d'une 

uaité aflez bonne; & ce qui la fait rechercher, outre fa 
grande blancheur , eft la facilité qu'on°a à s'en procurer, 
ce qui eft caufe qu'on s'en fert prefque toûjours dans cette 
ifle préférablement à l'autre, dont la carrière eft beaucoup 
plus éloignée des ‘endroits habités. à 

Quoique la chaux de cette dernière pierre foit bonne, 
quoique même on en fafle encore une qui lui eft fupé- 
rieure en blancheur & en bonté, avec des cailloux extré- 
mement durs qui fe trouvent dans la même carrière, la 
chaux de cette ifle eft cependant, felon M. Coagne *, en 
général la moins bonne de toutes celles qu'on connoït aux 
environs de Québec, & il a appris d’un Entrepreneur des 
bâtimens, que les habitans de cette ifle ne fe fervent de 
leur chaux que lorfqu'ils ne peuvent en avoir d’ailleurs. 

La pierre à chaux de Saint-Michel fitué au deflus 
de Beauport, à trois quarts de lieue ou environ dans 
Tintérieur des terres, eft d'un brun noirâtre, d'un grain 
fin & fans cavités; elle laifle voir cependant quelques 
empreintes de très-petites cames flriées, & de très-petites 
poulettes ondces à leur bafe, également flriées. Cette pierre; 
fuivant M. Coagne, produit fans contredit la meilleure 
chaux que fon emploie pour l'ordinaire à Québec; elle 
eft extrêmement grafle & fe pétrifie toujours , quand 
le mortier eft bien fait. Il fe trouve une pierre de la 

* M. Coagne avertit qu'il tient | Coudre, une efpèce de pierre qui 
tout ce qu'il rapporte des pierres | donne de la chaux meilleure que 
de l'ifle d'Orléans, du fieur Mo- | toutes celles qu’on emploie en Ca- 
vide, Chirureien de cette ifle, | nada. II aflure avoir vü des maifons 
dont il n’a pas lieu de fufpeéter la | bâties depuis cinquante ans, dont 
fincérité. le crépis, quoiqu’expofé à toutes les 

Suivant le même fieur Movide , | injures de Vair, n'étoit point du 


U fe tire à la petite rivière fituée au | tout endommagé. 
nord du fleuve, & proche l’ifle au 


même 


DH A MMEULNE NC E $. 29 
inéme qualité au fault Montmorenci , qui eft à deux lieues 
au deffous de Québec, au nord du fleuve Saint-Laurent. 

Il fembleroit que la bonté de cette chaux, fupérieure à 
toutes les autres des environs de cette ville, devroit la faire 
toûjours préférer; cependant celle de Beauport eft Ia plus 
employée à Québec, parce qu'il eft plus facile d'en avoir 
de cet endroit que de tout autre. 

La pierre noire de la pointe aux Trembles donne une 
chaux femblable à cette dernière; l'autre pierre de ce même 
endroit en produit une qui contient du fable, & qui ne 
foifonne pas beaucoup, quoique d'ailleurs aflez bonne. On 
fait à Charlebourg, qui eft à deux lieues au nord du fleuve 
Saint-Laurent vis-à-vis de Québec , uné chaux qui eft encore 
femblable à celle de Béauport. 

Si fon en croit un Entrepreneur de bâtimens, if n’y a 
point de meilleure pierre à chaux aux environs de Québec, 
que celle qui fe trouve dans les chenaux des Trois-rivières ; 
c'eft une elpèce de caillou, dont la chaux eft d'un blanc 
tirant fur le bleu. 

Avant quon eût ouvert les carrières de Beauport, on fe 
fervoit, fuivant le même Entrepreneur, de la chaux faite 
avec la pierre de la pointe de Lévi, qui, dit-il, vaut beau- 
coup mieux, mais qui eft plus chère. Quoi qu'il en foit, 
M. Coagne penfe qu'on ne devroit point employer, pour 
les travaux du Roi, d'autre chaux que celle de St Michel, 
du fault de Montmorenci ou de la pointe de Lévi. 

Une matière auffi intéreffante que left celle qui regarde 
la nature & les propriétés d’une chaux excellente, méri- 
teroit fans doute d’être fuivie avéc attention & avec foin, 
& d'être fcrupuleufement difcutée au moyen d'expériences 
exactes & répétées plus d’une fois: ce travail eft un de 
seux que je ne defefpère pas de fuivre un jour. Plus 
sccupé jufqu’à préfent à ramafler des matériaux fur lefquels je 
uiffe opérer par la fuite, qu'à les décompofer , je n'ai pas 
cru devoir taire les obfervations générales que je viens de 


Mén. 175 2 X xx 


Voy. Mén. 


de L'Académie 


Roy. des Scenc, 


année 1749» 
2474 


530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
rapporter, d'autant plus qu'elles ont été faites par des pér- 
fonnes qui emploient tous les jours ces différentes chaux, 
& qu'appuyées de l'examen de ces pierres, qu'on pourroit 
appeler extérieur , elles peuvent déjà jeter quelques lumières 
fur la queftion dont il s'agit. 

Pour qu'une chaux foit bonne, on demande ordinaire- 
ment deux chofes; qu'elle ait une grande blancheur & 
beaucoup de ténacité ou de vifcofité, &, comme difent les 
ouvriers, qu'elle foit grafie. Ces qualités fe trouvent com- 
munément dans la chaux qui provient de pierres dures 
& d'un brun plus ou moins foncé, de forte-que plus la 
pierre ef compacte & folide, & plus elle approche du 
noir par fa couleur, plus la chaux participe des propriétés 
requifes pour qu'elle foit bonne : il femble même que 
comme il n'y a guère de pierre à chaux qui foit plus noire 
que le beau marbre noir, & que ce marbre paroit ètre la 
pierre de ce genre qui, fous un même volume, renferme 
plus de matière, & qui par conféquent eft la pierre la plus 
pefante, il femble, dis-je, que la meilleure chaux eff celle qui 
fe fait avec cette efpèce de pierre. 

Elle eft en quelque forte l'échelle fur laquelle on peut 
mefurer les autres confidérées du côté de leur bonté par 
rapport à la chaux, de façon que plus une pierre appro- 
chera de ce marbre, & plus elle fera propre à Ja chaux. 
En füivant ce principe, toutes es efpèces de marbre paroif- 
fent devoir être préférées à caufe de leur dureté : les pierres 
bleuâtres ou gris-de-fer , éomme celle avec laquelle on fait 
la cendrée de Tournai, la pierre de Supergue, qui ef 
employée pour la chaux à Turin, fuivant M. l'Abbé 
Nollet, & qui fe trouve dans plufieurs autres endroits de 
l'Italie, donnent des chaux excellentes ; chaux qu'on peut fe 
procurer auffi dans plufieurs endroits de Ia France, puifqu'on 
y poffède une pierre femblable aux précédentes, ou qui 
en approche beaucoup : on en tire, par exemple, aux envi- 
vons de l'Orient, de Metz en Lorraine, de Mézières , de 


D''ÉSUIMEALE N C E 9 s3r 


 Mérbé près Maroles en Tiérache, de Boulogne -fur-mer, 


de l'abbaye de Haut-mont à une lieue de Maubeuge, de 
Falize, de Ferrière-le-grand , endroits qui font encore 
pioche Maubeuge, de Nolii à quatre lieues de Beaune, de 
Saint-Germain piès Lyon, & fans doute dans plufieurs 
autres endroits que des recherches feront connoître, fur-tout, 
à ce que je penle, vers les pays qui avoifinent ceux qui: 
font d'une bande fchiteufe : il femble qu'elle foit la marque 
qui annonce la proximité des pays à fchite, & le terme 
de ceux qui renferment les pierres à chaux. Si je ne crai- 
gnois même de paroïtre trop fyffématique, je dirois qu'il 

auroit lieu de penfer que plus on s'éloigne des cantons 
où l'on trouve de ces pierres, & qu'on rentre dans le pays 
des pierres à chaux, plus les pierres deviennent tendres 
& molles, jufqu'à n'être qu'un tufleau, de la craie, & même 
de la marne. 

Cette idée pourra peut-être paroître fingulière, & méri- 
ter d'être foûtenue de preuves plus complètes & appuyées 
fur des faits. Il feroit trop long de le faire ici, H fuffit pour 
le préfent de Favoir propofée, en ayant eu befoin pour 
qu'on füt en état d'entendre ce que je voulois dire au 
fujet des pierres à chaux du Canada. 

Ces pierres font toutes d'un gris plus ou moins foncé, 
dures, compactes, aflez pelantes, & fe trouvent fur les con- 


fins d'une bande fchiteufe ; & f1 la pierre à chaux de Qué- 


bec, qui eft noire, ne fait peut-être pas une chaux auffi 
bonne que celle de Saint-Michel , de la pointe de Lévi & 
du fault Montmorenci, c'eft que cette pierre n'eft pas auffi 
dure, qu'elle s'exfolie aïfément à l'air : peut-être que la chaux 
qu'on en fait eft plus blanche que celle qui provient des 
autres pierres, mais je mai point de preuves de fait fur ce 
point. Cette propriété, au refte, n'étant pas aufli eflentielle 
que la ténacité & la vifcofité, cette pierre peut être négligée 
par rapport à la chaux, puifqu'il eft facile d'en avoir de 
meilleure, à moins qu'on ne s'en fervit pour les crépis & les 
enduits où une chaux très-blanche eft préférable. 


Xxxij 


532 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

J'ai placé dans mon Mémoire la pierre puante ou Ja 
pierre-porc de Canada, à la fuite des pierres calcinables, 
ainfi ceft ici le lieu de rapporter ce que je fai de 
nouveau touchant cette pierre : il fe réduit à la con- 
noiflance du lieu d'où elle fe tire. J'ai appris de M. de 
la Galiflonière, qu'elle eft du cap Santé, à quelques lieues 
de Québec. 

Il en fera à peu près de même pour toutes les efpèces 
de pierres qui ne fe calcinent point, ceft-à-dire que je 
ne les rappellerai ici que pour faire connoître des endroits 
nouveaux où lon en trouve, où que pour dire que l'on 
a été confirmé par rapport à ceux où jai, dans mon 
Mémoire, placé les unes ou les autres de ces pierres. 

Ce n'eft, par exemple, que fur ce qu'on dit commu- 
nément en Canada, que la pierre ou le marbre à Calu- 
met fe tire du portage du grand Calumet, dans la grande 
rivièie, que jai annoncé des carrières de cette pierre 
dans cet endroit: je puis maintenant dire avec plus de 
certitude & fans craindre de me tromper, qu'il en vient 
dans ce canton, puifqu'il y en a dans le cabinet de 
S. A. S. Monfeigneur le Duc d'Orléans, qui ont été 
détachés du cap même ou du pied du grand Calumet, par 
M. de Lotbinière * Cette pierre eft verdâtre ou d'un 
blanc fale, elle reffemble par conféquent à celle dont j'ai 
fait mention dans mon Mémoire; comme elle, elle ren- 
ferme quelquefois des grains pyriteux ; un morceau en 
avoit qui étoient de la couleur du cuivre de rofette. 

A l'occafion de ces grains de pyrite, je ne craindraï 
point de relever une méprife que j'ai faite dans mon 
Mémoire ; jy ai dit que certains morceaux de cetté pierre 
excitoient dans l'eau forte une efpèce d'effervefcence ou de 
fermentation, & quil me paroifloit que la caufe de cet 
eflet étoit dûe aux parties pyriteufes dont cette pierre 
eft parfemée. Cette affertion n'eft pas jufte; les pyrites, 


* II y en a encore près le fort de Frontenac , peu éloigné du lac Ontario 
far le fleuve. Saint-Laurent. 


came RL 


Es 


DE SN OS/CMUE N CE S , : 623 
du moins celles de la nature de la pyrite qui fe trouve 


‘dans cette pierre, ne {ont point attaquées par l'acide nitreux. 
! 


Ayant eu occafion de faire cette remarque fur dés! pyrites 
femblables à celles-ci, & qui étoient d'Europe, tette expé- 


“périencé m'a ouvert les yeux fur celles du Canada, & 
m'ayant obligé d'examiner avec plus d'atténtiont ce qui én 
” étoit, jai reconnu que cés pyrites ne fe diffolvoient pas: à 
* l'eau forte, & qu'il faut par conféquent que l'éffervefcénte 


excitée dans l'eau forte, lorfqu'on y jette certains morceaux 
de. pierre à Calumet, vienne d'une autre caufé : il füffit 
pour cela que ces morceaux foient un peu plus’ poreüx 
que les autres; l'air chaflé paf acide qui s'introduit dans 
ces pores, excitera ces mouvemens; jai fait cette obfer- 
vation fur quelques autres pierres d’une nature bien différente 
de la pierre à Calumet, & qui, quoique infolubles à l'eau 
forte, ne laiflent pas quelquefois de jeter des bulles d'air 
lorfqu'on verfe deffus de fefprit nitreux. 

Ce qui me feroit penfer que cette explication pourroit 
être admife , eft que les morceaux de pierré à Calimet' 
qui excitent une efpèce d'eflérvefcence où de fermenta- 
tion, paroiflent ètre plus tendres que ceux qui ne font 
point attaqués par l'acide. Il arrive même que ceux des 
morceaux de cette pierre qui ont encore leur boufm, & 
qui font infolubles dans leurs parties dures, ne le font pas, 


du moins en grande partie, dans ce boufin, qui le devient 
lui-même fi on le met en poudre. I n'exifte plus alors de 


vuide ou de pores entre les parties de ce boufin, ou 
plufiôt ces parties font plus écartées qu'elles n'étoient, il y a 
plus d’efpace entre elles, l'air a plus de jeu pour s'étendre 


* & s'échapper, il n'agit conféquemment pas fur les parties 


de là pierre, ne les écarte pas les unes des autres, & 
n'excite pas cette eflervéfcence trompeufe. 

On peut donc sen tenir à cette explication, à moins 
qu'on ne voulüt que le marbre à Calumet püût contenir 
quelques parties de fpath difloluble, ce qui ne ferdit pas: 
hors de vraï-femblance, vû le mélange fürprenant' qui {e’ 

X x x° ii] 


MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Jouvent dans les pierres tirées de là même carrière. 


1534 


JIences Jur june pierre femblable à celle-ci,,qui vient de 
Suèue. Cette pierre eft du cabinet de M. dé Bois-jourdain, 


qui la reçue de M. le Comte de Teflin, fous le nom 
dé, lerpentine. Un morceau de cette pierre étoit d'un jaune 
à oufifé ; & un autre d'un noir affez foncé; tous les deux 
_ ont, été tirés des-mines de Salhbere dans la Weflmanie : 


-ainfi il paroit que cette pierre, de quelque pays qu'elle foit, 


Mufeum Tef- 
finianum » pag. 
À 
20.n. J. 
jn-fol. Holmiæ, 


4753: 


fait voir les mêmes phénomènes lorfqu'on la foûmet à 
action des mêmes acides. 

C'eft, à ce que je crois, de ces pierres dont il eft parlé 
-dans le catalogue du cabinet de M. le Comte de Teflin, 
fous ce nom ordinaire de ferpentine, & fous le nom [yflé- 


-matique de talc dont les parties font impalpables , qui 


eft folide & maculé, ou noir, ou cendré, ou verdûtre. 
On ne doit pas être beaucoup arrêté par cette diverfité 
de nom, elle ne vient que de la différente façon dont 


€ . 2 PT 2 rs ù > . 
ceite pierre a été confidérée par les Auteurs qui en ont 


» Minéralogie, 

ag. 2$2. 8.9 
édit. françoife. 
Paris, 1757: 

b / ithogéogno” 
fe, pag. 278 
Ÿ fuir. in-12. 


édir. françoife. * 


Paris, 1753: 
€ Oyf'ema na= 
turale, pag 1 6y 
in-4.0 berlin, 
1746. 

d frdex fupel. 
kctilis layideæ , 
pag. 12, in 8.0 
Lugauni Batav. 
3750: 


arlé. Ces noms ne, font pas mème les feuls qu'elle porte, 
Wallerius 2 l'appelle pierre ollaire, P Pott lui donne le nom 
de ftéatite, © Wolfterfdorft célui de fmectite, d Gronovius 
la range avec les pierres ollaires, & elle a conféquemment 
ce nom générique dans cer Auteur: il eft vrai que tous 
ces Minéralogiftés, qui diffèrent entr'eux de ce côté, fe réu- 
miflent en même temps d'un autre, & lui donnent le nom 
commun de ferpentine. 

Quelle eft donc là caufe d'une telle variation dans la 
nomenclature de cette pierre ? la voici : ceux qui ont voulu 
rapprocher cette pierre de celle qui étoit appelée fléatite 
ou, fmecite pan les Anciens, lui ont donné#'un ou l'autre 
de ces noms : ceux qui l'ont confidérée de ce côté & 


Roc ne à tomes tt nt tin. 


|'UDE SUNSUENMLE N CE S 535 
fyftématiquement én même temps, ou féparément, lui ont 
donné fun ou Fautre de ces noms, ou celui de la pierre 
à laquelle, fuivant eux, elle avoit plus de rapport. Linnæus, 
qui eft Auteur du catalogue du cabinet de M. de Teflin, 
la revarde comme analogue au talc, aïnfr il l'appelle de ce 
nom générique. Wallerius reconnoït des différences trop 
effentielles entre ces deux pierres pour lés réunir fous le 
même genre, de-là il établit le genre de pierre ollaire outre 
celui du talc, & il eft fuivi en cela de Wolfterfdoff 
de Gronovius; fe premier n'en diflère que parce qu'i 
adopté un nom ancien pour cette pierre; le fecond garde 
celui de pierre ollaire. Pott, qui a cherché à reconnoître 
à quel genre de pierres la fféatite des Anciens pouvoit 
avoir rapport, prouve que cette fléatite, Ja fmectite, Ja 
ferpentine, la pierre ollaire ou de Come, fe rapprochent les 
unes des autres; il y eft conduit par les defcriptions que les 
Anciens nous ont laiflées de ces pierres, & par les. expé- 
riences de Chymie qu'il a faites fur celles de ces pierres 
qu'il a eues en fa pofieffion. 

Ceci fe réduit donc à dire que toutes ces pierres ont tant 
de rapport les unes avec les autres, qu'on pourroit leur don- 
ner indifféremment lun ou lautre de ces noms, peut-être 
mème celui de talc; car les Auteurs qui, des genres du talc 
& de fa pierre ollaire, n’en font qu'un, mettent au nombre 
de celle-ci des pierres qu'on pourroit autant regarder comme 
des pierres talqueufes ou des fchites talqueux , que comme des 
pierres ollaires proprement dites. J'ai déjà infinué cette pro- 
pofition dans mon Mémoire, j'ajoûterai ici.que dans l'envoi 
de foffiles fait à M..de Bois-jourdain , par M.'le Comte de 
Teffin , il. y avoit quatre fortes de pierres jellaires . qui. fe 
lèvent par feuillets comme les {chites, & qui ne font prefque 
qu'un amas de parties talqueufes réunies par une matière qui 
me paroït être de la nature du fchite. L'une de ces jpierres 
eft d'un gris noïrâtre, & vient de Salhberg ; la feconde ef 
verdâtre & fe:tire,des mines de Faklun en Dakerlie; la 
toïlième eff grainée, elle approche de la pierre fchiteule, &. 


$36 MÉmoïREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
contient des parties de fer qui la rendent pelante ; elle fe trouvé 
à Dannemora dans la province d'Uplande ; la quatrième eft 
d'un gris-noir, mêlée de quartz gris-blanc, & parfemée de 
petits grains de galène qui font de la première de ces deux 
couleurs ; elle eft des mines de Loefarens en Dalécarlie, Au 
refle, celle de toutes ces pierres qui a le plus de rapport 
avec le marbre à Calumet, eft Ja ferpentine ; ainfi on pour- 
roit, fi on l'aimoit mieux, lui afligner ce nom, que j'ai cru 
ne devoir pas cependant préférer à f'autre fous lequel j'ai 
mieux aimé fa faire connoitre, vü l'utilité qu'on en peut 
tirer, dont j'ai fait mention dans mon Mémoire. 

A a fuite de cette forte de pierre, j'y ai parlé de celles 
qui font talqueufes : je dois d'autant plus le faire encore ici, 
qu'une de ces pierres tient un peu de la pierre ollaire ; elle 
eft dure, de couleur de rouille de fer, & compofe de 
paillettes talqueufes argentées ; fa dureté ne lui vient que de 
la matière pierreufe qui lie ces paillettes, de forte qu'on 
pourroit la regarder comme un fchite dur, ou bien comme 
une pierre ollaire de la nature de celles d'Allemagne ou de 
Suède, dont il a été queftion plus haut, ou dans le corps 
de mon Mémoire. Celle du Canada a été prife par M. de 
Lotbinière à une pointe à l'oueft de [a pointe Saint-Vital, 
dans le lac Huron : une autre pierre aufli de cette forte, 
prife encore par M. de Lotbinière dans le port du Ford qui eft 
dans 15 chenaux des Calumets, eft gris-de-fer, & d’un jaune 
fembiable à la rouille formée par ce métal ; les paillettes de 
cette pierre font argentées : une troifième, qui a également 
de la dureté, eft noire & compofée de paillettes brillantes, 
de la même noirceur; elle contient du fer, fuivant l’effai 
qu'en a fait M. Hellot qui me la donnée; elle avoit été 
envoyée comme. une pierre intéreflante pour le métal qu'elle 
devoit fournir; elle fe trouve vers l'embouchüre du fleuve 
Saint-Laurent, ou dans un endroit peu éloigné du cap 
Moulin. 

Je ne puis encore que placer fous cet article une pierre 
gui vient de F'ifle Saint-Jean; cette pierre a beaucoup de 


rapport 


D'EIS ISICA EN CE S. 537 
rapport à une qui fe trouve en France dans fés fandes de 
Mouen à quelques lieues de Caen, fur Ra grande route de 
Bretagne: ces pierres font dures, un peu graveleufes, elles 
femblent être formées par lames, elles renferment quelques 
petites paillettes talqueules , fur-tout celles de l'ifle Säint-Jean ; 
leur couleur tire fur le rouge de la lie de vin, laquelle 
couleur m'a paru un peu plus vive dans la pierre du Canada ; 
ni fune ni l'autre de ces pierres ne fe diflout à l'eau forte, 
ainfi on pourroit jufqu'à préfent les regarder comme des fchites 
durs, ou pluftôt, fi fon aime mieux, comme des pierres qui 
tiennent le milieu entre ces pierres & le granit. 

La feule pierre dont il me refte à parler, eft un fpath 
femblable à celui de la baie Saint-Paul, dont il a été beau- 
coup fait mention dans le corps du Mémoire; celui dont 
il s’agit ici eft, de même que l'autre , un compofé d'écailles 
parallélogrammes, il eft de même blanc ou verdâtre ; il fe 
trouve au pied du grand Calumet, d'où M. de Lotbinière 
a détaché le morceau que j'ai examiné , ou au portage Talon 
dans fa petite rivière. Celui-ci, le morceau du moins que 
M. de Lotbinière a apporté, contient de la blinde, & 
un de fes côtés eft recouvert d'une efpèce de terre blanche 
favonneufe, de la nature de celle de Plombières en Franche- 
comté; l'autre morceau éft parfemé de points pyriteux. 

A foccafion de cette matière de,pyrite, je dirai en 
finiffant cette addition à mon Mémoire; qu'il fe rencontre 
des pyrites aux environs de Québec; celles que j'ai vües 
font rondes, d'un jaune doré: il paroît qu'elles fe forment 
dans une matière noire, elles font du moins faupoudrées 
d'une pouflière de cette couleur, & ne font point mêlées 
avec d’autres matières; elles approchent de la nature de celles 
qu'on a fü polir & travailler, de façon qu'on en faifoit des 
boucles d'oreilles ou des boucles de fouliers. Quoiqu'elles 
foient en boules, même affez rondes, chaque partie affecte ce- 
pendant la figure parallélogramme ou cubique, de même que 
celles qui fe forment dans les fchites ; ce qui me feroit penfer 
qu'elles pourroient bien avoir été tirées d’entre fes couches 


Mém. 1 7 5 2. .Yyy 


538 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

de cette efpèce de fchite noir des environs de Québec dont 
il a été parlé Une autre pyrite également à lames, de 
figure parallélogramme, & d'un jaune doré & brillant, eft 
répandue dans une pierre de Corne jaunâtre & grainue ; elle 
vient du nouvel établiflement que M. F Abbé Piquet a fait 
à la Préfentation, à foixante ou quatre-vingts lieues au defius 
de Montréal : lune & l'autre de ces pyrites *, ainfi que la 
pierre de Corne, font infolubles à l'eau forte; elles contribuent 
par conféquent, aufli-bien que tout ce que j'ai rapporté dans 
cette addition, à confirmer ce que j'ai avancé dans mon 
Mémoire fur la difpofition du terrein du Canada, par rap- 
port aux pierres & aux autres foffiles, & je ne defefpère pas 
que cètte idée ne fe trouve appuyée par la fuite de nou- 
velles obfervations ; l'addition que je viens de faire à mon 
Mémoire me le fait efpérer. 

bords d’une petite rivière qui fe dé- 
charge dans celle de Sonioto , à une 
demi-journée de l'Ohio. 


* On, trouve. des pyrites ftriées , 
& qui paroiffent être de Ja nature de 
celles qu'on tire des glaifes,. fur les 


DES SG VEN © E & 539 
qq 


TABLE 


C DES 
ASCENSIONS DROITES 
ET DES 


DEÉCLINAISONS APPARENTES 


Des Etoiles auffrales renfermées dans le tropique du 
Capricorne ; obfervées au cap de Bonne-efpérance, 


dans l'intervalle du 6 Aoûr 175 1, au 18 Juilles 17 5 2. 
Par M. l'Abbé DE LA CAILLE. 


NOMS eee ASCENSION 
des & DROITE. de 
CONSTELLATIONS. |Grandeurs. Obfervations. 
ji ee nm 
19 Nov. 
14 O4. 
3 Nov. 
20 Nov. 
22 Nov. 
13 Oct. 


20 Sept. 
23 Août 
24 Sept. 

7 Nov. 
16 Août 
23 Août 
28 Nov. 
24 Scpt. 
24 Sept. 
14 Nov. 

7 Nov. 


DÉCLINAISON.| PATE 


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Du Toucan. . .. ... 
Dattoucan.? : ex 04 


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De Fartelier du Sculpteur. 


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De l’'Hydre. , . . ..: 
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Du Phénix .:...... | 


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20 Nov. 
10 Nov. 
14 Où. 

7 Nov. 

1 Déc. 


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540 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION 
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CONSTELLATIONS. Grandeurs. Obfervations. 
6 7 Nov. 
6 . 4 3 Nov. 
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4 o* 20. 16 Août 
Du Toucan .42. 4.10 eff US. D ÉAAETS 
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6 0. 21: 28 Nov. 
6 O2 Te 20 Nov. 
6 0122; 21 O&. 
Du Toucant ei | 8 6 o.n22 14 Sept. 
néb. O. 22. 14 Sept. 
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6 Cn28e 14 O&. 
6 O. .24. o Nov. 
6 0.125. 14 Oét. 
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6 ©: 41. 4e | 72. .28. 2$ 14 Sept 
Dafleucan (er. 631 DA 6 0. 42.57 | 70. .$1. 30 | 23 Août 
| 6 0, 43. 16 | 64. 12. 40 | 16: Août 
6 OA MS2 | (54.20. 15. I 2INOCE 
DiPeucan dr he 6: A 6 0: 45. 42 | 7o. 52. 45 | 23 Août 
De l’attelier du Sculpteur.| «5 04 46. 43 | 30. 42. 2$ | 28 Nov. 
6 OS dr NS 811 162-1025 0 MB PAU 
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ASCENSION 

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CONSTELLATIONS. | Grandeurs. A Un RITE —— | Obfervations. 
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De l’attelier du Sculpteur.| & 6 0. 50. 36 22 Nov. 
6 OMS MST 14 Où. 

6 0. 51. 36 3 Nov. 

6 O:.158-1100 6 Août 

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Du Phénix . ...... vu 6 Oo. 56. 29 7 Nov. 
Du Toucan . « : +. . : 1 6 os 26 13 Août 
Du Phénix . - : ..... aus CES 7 SCO 14 Où. 
| 6 da SDe 14 Oct. 
6 050-057 31 Août 

6 AMD C 14 Où. 

6 OM be de 19 Nov. 

6 1. 1. 19 19 Nov. 
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Du Phénix . : :. ... r 6 A El . 14 Nov. 
Du Toucan . . : . . .. x 6 1e Uri oui r. 45 | 25 AGût 
6 NE SA NE AA 6 Août 

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6 I. 9. 20 | 68. 25. 20 6 Août 
6 1% 11.027 |N44. 54 so 14 Nov. 

De l’attelier du Sculpteur.| ?p 6 nor ss MIS NS OC NNOv: 
6 1. 13.126 | 167. 40. 30 6 Août 

6 I. 13. 44 2 PATU2O 7 Nov. 

| ON] Pb CE 14 Nov. 

6 1. 16. 39: 16 Août 

DuPhéniien. 26, re 7 3 1* 17. 36 | 44. 35. 42 7 Nov 
6 AN | PATENT) 1 Déc 

6 1: 27.1 8 | 46. s1. 50 |'14 Nov 

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L 6 1. 21.490108. 118. 45 Ï 19 Nov 

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De l’attelier du Sculpteur.| 7 6 16/24 40 br. Dr Æe08 25 Nov 
6 11 24. 58 | 58. 17: o | 14 Où. 

6 12 25.156 | $9. 23: 25 | 31 Août 

De l'atelier du Sculpteur | » 6 11 /27.0120|026.017.20/4|fofNov 
6 727, 278 67 47 TO Ne v 

DuPhénixt est AL. o 6 1 27.033 | 47. 25.1104| "14 Nov 
6 1 27.030 :|Mso. 32.085 |/31 Août 

De l'Eridan Acarnar. | @ 1 1#28.@0 | 458. 30.1 1] 31 Août 


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542 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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ASCENSION 


NOMS LETTRES pRo1Tr. |DÉCLINAISON. DATE 
des & F des 
Grandeurs. Obfervations, 


CONSTELLATIONS. 


PATES. DM, S. 
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DenEridans 5... 1.16 6 I. 30. 24 | 57. 27. O | 14 Ot. 
DiwPliénixc «1-20 6 le 30.035 1139. 24. s | 10 Nov. 
6 1:30-.0530M606..5 1: 200 |. 61AGûE 
De l’attelier du Sculpteur. 6 Ps 31-MONBS Most le22 Nov: 
I ——— | 
6 1. 31. 6 | 38. 5. 35 | 19 Nov. 
6 1. 31. 48 | S1. 18. so | 24 O&. 
64 32032 | 179: 65-45 Nesle 
Der Erin Si CLS Nano 1132.45 0 IS de 50 SM MO 
‘ 6 De 3H RDS 62. 2. $O [ 13 Août 
De l'atelier du Sculpteur.| € 5 I. 34 2 | 26. 17. 45 | 30 Nov. 
6 1-.20-025 2. 14. : 101 | 241O6E 
De lEridan. . . .. ee 1: 36.40.1454. 46. 10 2700 
6 Ie 583 | 38. 24. 30 | r9 Nov. 
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Du Fourneau . . . . . 


DES SCIENCES. 543 


NOMS LETTRES ASCENSION DÉcLINAISON.| DATE 
des & DROITE, 


ConNSTELLATIONS. | Grandeurs. 


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De l'Hydre. . - . . .. Tr 6 2. 9. 2 | 68. 59. 55 6 Août 
6 | 2 9.51 | 75: 39: 30 | 20 Sept. 
De F'Hydre. . . .. T 6 2% 10.014 | (68% 53+ 5 6 Aoùût 
ï 6 2: 10. 45 7.46. 35 | 24 Scpt. 
Du Fourneau. . . ...| x 6 2EUXISOTON 1242057. 15 1 Déc. 
“à 6 28 11. 155 | 157%: 5. oujtra OE 
6 2, 12. 32 | 44 20.15 7 Nov. 
6 24 14 01m | 52 14. 15 24 Oct. 
6 24 14. 40 | 41. 55. 35 7 Nov. 
6 22 14 59 + 10 | 20 Sept. 
D De F'Hydre . . . ....| À 4./, 2*17. 2 . 19 | 23 Août 
6 2£ - 20 Nov. 
De VEridan . . . . .. CSS 22 - 48. - 3 Nov, 
L De Horloge . . . . ..| À 6 28h 17e CPGE 13 Août 
6 2. 18. VAT 1 Déc. 
6 22119: 8 30 Nov. 
6 2 1 Déc. 
4 29120: 6 Août 
De l'Hydre. . . 1: 2 ; 14 Sept. 
è 6 | 22 2 18 Aoû 
Du Fourneau . . 6 2. 22. 48 | 35. 4$. 10 | 20 Nov. 
| Du Fourneau . . . 6 241230344294 20::20) |28,Nov. 
| Du Fourneau . . . . CUS NET 08 MoN l22/Nov. 
l 6 222531415230 24106 
Du Foumeau . . .. .. 6 2: 26. 43 | 35. 38. 50 | 20 Nov. 
De PHorloge . . . . . . 6 2. 27. 31 | 63. 40. 45 | 13 Août 
. Du Fourneau . . . . . . 6 2. 27. 38 | 31. 16. 40 | 22 Nov. 


s44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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CONSTELLATIONS. Grandeurs. — | Obfervations, 


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DeTEridant.) : 44. un 4 2.30. 56 | 40. $5. 40 | 10 Nov. 
Ded’Eridant. 1-27 6 2. 32.7. 39. 27. 20 | 10 Nov. 
DeHorlo eee 6 25 32.060 MMS: 36. SU 21 OO 
6 2. Are ASS 3 Nov. 

6 2. 41. 35. 20 | 10 Nov. 

6 2. 7.5 -S 025 20 Sept. 

DuFourneau} . ;. :. :.he 6 2 33- 36. 15: }.22 Nov. 
De l'Horloge. . . . . . 6 2. 51. 53: 5 | 24 O&. Ok. 
6 5 Gex ans TG [16 Août 

6 À - 67. 10. 10 6 Août 

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DePHydre EN AE S 2e 69. 19. 20 6 Août 
DelHorlose.h. #12 6 2. 3 B7N2S | 21RO6CE 
6 DE CE 71. 45. 35..| 23 Août 

6 D. ; 47. 20. 25 | 14 Nov. 

6 27: 70. 17. 30 | 23 Août 

Du Fourneau, . . . . b 6 2219708 21108/0.085-125 INLONNOY: 
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Du Fourneau. . . . . . 6 2058 245410801270 NO Nov. 
Du Fourneau. . . . . . S LEGS 47N 83 28. 45022 Nov 
Du Fourneau. . . . . e S 2. 38. 52 | 25. 35. 25 | 30 Nov. 
6 20-70 07e NAS Ale 6 Août 

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Du Fourneau. . . . . ‘| n 6 2.140.100 108 0: 458 10019) 19 Nov. 
6 2. 40. 22 | 70, 12. 45 | 23 Août 

DalfHorloset #0 JG, 2. 40% 38 | 64. 49. 40 | 16 Août 
DufFourneau. -,, + n 6 2. 40. 40 | 36. 42. 35 | 19 Nov. 
6 2: 41: 15 | 40. 58. 307 s8. 30 | 10 Nov. 

6 DAT (EE | BT-MSU 1022 F2 Nov. 

Dediniydiet "em Less 2. 41. 43. | 68 2.0 6 Aout 
Du Fourneau. . . . . . L 6 27 49-0400: 30 | 10 Nov. 
6 24451087 $5 | 14 Sept. 

6 2.410.034 | 0e) () 1 Déc. 

6 2040. 4404, 33-405 16 Août | 

6 2246.50 | 30. 52. 20 |28-Nov: 

6 2. 46. $4.| 63. 57.20 |r16 Août 

6 2447-08%10684%82.30 6 Août 

6 24.47. S5:| 39: 122.. 109 Nov. 


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6 2. 49. 23 | 74. 52. 10 | 14 Sept. 

6 2: 49. 29 3- 31. 40 ! 22 Nov. 

6 2. 49. 31 | 65. 55. 5s | 16 Août 

De l’'Horloge. . . . . . BS 2. 49. 43 | 64 7. 25 | 16 Aoû 
6 2. 49. 45 | 65. 26. 55 | 16 Août 

6 2. 50. 26 | 64. 54. 35 | 16 Août 

Du Fourneau. . . . . . CU 2. 50. 58 | 29. 3. 2$ | 28 Nov. 
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u Fourneau. . . . . .| 0 6 2. 57. 17 | 28. 47. 20 | 28 Nov. 
6 2. 57: 54 | 6o. 42. 10 | 31 Août 

Du Fourneau. . . . . . & 3 301. 35 |129:58: 47 | 28-Nov- 
Dentiydrenn.0et. 1.75 |00 $ RUE 7 72: 51. 10 | 14 Sept. 
: 3- 3- 20 | 36. $3. o | r9 Nov. 

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IE RÉEL RER u 6 3- 3- 46 | 45. 21. 30 | r4 Nov. 
6 3. 4 20 | 36. 26. 35 | 19 Nov. 

6 RO dR2 2 AIN 2. 25 | 30 Nov. 

6 3+ 4. 34 | 58. 44. 40 | 3r Août 

6 3- 6. 1 | 70. 12. 40 | 23 Août 

6 3 6. 23 À 58 14: 30 | 14 Oct. 

6 | 3. 6. 52 | 36. 37. ‘o | 19 Nov. 

6 3: 7- 27 | 23. 26. o 1 Déc. 

6 3. 8. 49 | 60. 34. 45 | 31 Août 

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elErdants 25. je e 4 3° 104 3 | 44. 2 ‘o | 7 Nov. 
6 3. 11. 16 | 65. 20. 35 | 16 Août 

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Du Fourneau. . . . . . x 6 00-2985 6: 58 Î 19 Nov. 
3 6 3- 16.58 | 79. 54. 20 Ps Sept. 

6 HUN7NE 42. 30. 40 | 7 Nov. 
Du Fourneau. : . . . . x[e 3- 18. O0 | 36. 32. $o | 19 Nov. 
6 3- 18. 36 | 36. 42. 10 | 19-Nov. 

6 3- 19. 13 | 44. 43. 10 | 14 Nov. 


Mém. 1752 222 


$46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
AE 


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CONSTELLATIONS. si FAST ANR fvation 
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De l'Hydre. . 1 6 Ed 1 70 16. S5 24 Sept 
6 3: 23 8 | 7o. 29. 45 | 23 Août 
6 3 24. 35 | 70. 13, 20 | 23 Août 
6 3: 25. 9 | 63. 48. 45 | 17 Sent 
6 3e 25: 15 | S1. 14. 2 24 O&. 
| 6 |. 3: 27.27 | 44 32. 50 | 7 Nov. 
DehEridaness sers Do DB lo NAN SU IT ONNOT 
6 3: 28.30 |"67. 20. 10 S Déc. 
Du Fourntau, . . . . T7 6 3. 28. 31 | 28. 46. © | 28 Nov 
6 3. 30: 57 | 41. 9. $5 |-r0-Nov 
6 2 NAS 077-080: 090 020 Sep 
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Du Fourneau. . . . . .| ds Se ec NE MM NUS AN E2IENCTE 
6 3: 32. 26 | 41. 35. 10 |: ro Nov. 
l 6 3- 33. 19 | 160. 35. 25 | 371 Août 
DelEridan,. .:. » 1205 3: 33. 40 | 38. 6. 35 | fo Nov. 
DETTE ydre EEE ne | p 6 SL 0] SO TONI AS ÈnT 
1DENTET EN ER As 1L. 3% 36 013 l'Euro. ds 1 Déc. 
Du Fourneau. . . . . . s 6 303 02405 07 NS AI 2 6RINoNe 
DerErdan se. 07280 DAME ak DCR) 1 Déc. 
6 356370300140 825 3 Nov. 
DiriFGumeaussesste p 6 DB SOS Oz O0 26 Noxe 
6 3: 38. 32 | 136. 53. 10 | 19 Nov. 
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548 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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550 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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554 MÉMoïREs DE L'AC ADÉMIE ROYALE 


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10 Nov. 

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556 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION 


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CONSTELLATIONS. H M S DES 
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% Pouppe du Navire . . | kS 7: 28.136 | 26. 16. 55 | 30 Nov. 
Corps du Navie: . . .| Q 6 7e 29:85 2. Oo. 10 | r 1 Février 
Pouppe du Navire . .. | F6 7: 29. 47 | 48. 17.130 | 15 Février 
Pouppe du Navire. . . :| € 6 7+ 29: 47 | 35. 56. 25 | 20 Nov. 
1 6 7- 30: 19 Nov. 
Pouppe du Navire. . . .| 4! 6 7: 31. 19 Nov. 
6 PARES 19 Nov. 
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Pouppe du Navire. . . “| Fr 6 7+ 31: 1 $ Février 
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Pouppe du Navire . - .| 2 :6 SAME TEE 28 Nov. 
6 7e 34: 19 Nov. 
6 72 35: 20 Nov. 
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Pouppe du Navire. . . | 76 72 35. ro Mars 
Pouppe du Navire. .. .| € 5 7130: 19 Nov. 
6 7e 36. 36 | 55. 44. 40 | 25 Janv. 
6 7: 37- 4æ | 58 4 50 |25.Janv. 
Pouppe du Navire. .. .| 0 6 72 37° 47° || 25-.-20:1L0 1 Déc. 
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6 7% 284 06, LIS7-1302 250 NS Jane 
6 7. 38. 40 |.37. 55. 10 | 19 Nov. 
De la Mont. de la Table.| € 6 7: 38. 44 | 78. 32. 25 | 17 Janv. 
DuNavire 26 .u . MINE 7* 38. 54 | 24: 15. 18 1 Déc. 
6 7: 39-012 | 31 - 3.251128 Nov 
Pouppe du Navire. . . .| S 6 73.035 : 1 5 Février 
6-6 7y 40.0 2 20 Nov. 
6 7e AO 4 5 ° | 14 Nov. 
6 7 40. 121 25 Janv. 
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Pouppe du Navire. :. . | P:5 Te AT 44 14 Nov. 
6 74 41-140 14 Nov. 
néb. 7: 42.10 8 19 Mars 
6 7: 42. 26 2$-Janv. 
6 7ù 43.10 3 20 Nov. 
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Grandeurs. Obfervations. 
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6 7. 43. 49 | 55. 48. o | 25 Janv. 
bs 7e 43 54 | 38. 14 o | 19 Nov. 
6 7e 43. 35- 43. 45 | 20 Nov. 
£ 6 7. 444 | 71. 59. 40 | 18 Dé. 
6 7e 44. S5 | 69. 12. 35 s Déc. 
6 7e 45 2 | 35. 14. 2$ | 20 Nov. 
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6 7e 45.23, | 34. 12. 10 | 20 Nov. 
6 7: 46. 4 | 48. 58. so | 15 Février 
R 5 7. 46. 5$ | 47. 28. 50 | 15 Février 
6 7. 45. 36 | 53. 44. 10 | 27 Janv. 
6 7 47. 49 | 29. 41. 10 | 28 Nov. 
6 7 48 °3.| 65. 33 9 Déc. 
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6 7+ 49. 46 | 56. 39. 25 Janv. 
O° 6-11 74 50. Us | aa sa 14 Nov. 
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6 7: 50. 46 | 38.137. 19 Nov. 
6 7e 51. 7 |*48. 35. 40 | 1$ Février 
6 7- 51: 15| 77. 46. 25 | 17 Janv. 
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h 6 85 (2518 8. s4. 10 | 19 Mars 
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6 8. 3. 49 | 55. 21. 15 | 27 Janv. 
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557 


558 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYAÿE 


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Corps du Navire 8. 4 50 | 60. 33. 45 4 Janv. 
Corps du Navire 8. se 16 | 63. 6. 2$ | 16 Déc. 
Pouppe du Navire. . 8. je 170139: 36. 2 19 Février 
8%: 6: 28%) 1452 K6No 17 Février 
Du Poiflon volant. . . .| € $ HAE NICE CO DES 
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Corps du Navire. . . .. C 6 8 11+ 29 | 62. 9. 35 17 Déc. 
6 8+1 11: 3111} 47. 26./NOUMI s Février 
Pouppe du Navire. . . | Ww5$ 8. 11. 41 | 32. 16. 30 | 22 Nov. 
6 8. 12. 22 | 25. 34. 15.| 1 Déc 
6 Ge 12) 52 5 8- 23. 50 4 Janv. 
6 8. 14. 23 | 23. 15. 20 1 Déc. 
Voilure du Navire. . . .| B6 8. 14 56 | 47. 42. so | 15 Février 
| 6 8. 15. 31 | 64. 50. 55 9 Déc. 
6 8, 15. 44 | 57. 12. O | 25 Janv. 
6 8. 17. 13 | 41. 21. 15 | 19 Février 
Du Navie.......| € 2 8* 17. 27 | 58. 43. 17 | 4 Janv. 
6 8. 20. 23 | 7o. 44. 30 | 18 Déc. 
6 |‘ 8 20. 32 | Yo. 44 S | 18 Déc. 
Voilure du Navire. . . » 6 8. 20. 46 | 52. 18. 55 | 11 Février 
Voilure du Navire. . . - 6 8. 21. 19 | 47. 6. 25 | 17Février 
6 8. 21. 40 | 45. 31. S$ | 17 Février 
Voilure du Navire. . . . 6 8.22. 156.1! 53. 2344250 | 27 Janve 
Du Poiïflon volant. . . S 8. - À 9 Déc. 
Du Poiflon volant. . S 8. : 12 Janv. 
Du Cameleon. . . . . . $ 8 : 8 | 13 Janv. 
6 8. 69. 5 $s Déc. 
Voilure du Navire. . . 6 8. 40. 1 5 Février 
De la Bouflole. . . . .. 6 8. 2S. À 1 Déc. 
Du Cameleon . . . . . ; $ 8. . 40. 13 Janv. 
Voilure du Navire . 6 8. à 11 Février 
Voilure du Navire . . . 6 8. 4 Avril 
De la Bouflole . . . .. 6 8. 23 Février 
Corps du Navire. . . . . 6 8, 25 Janv. 
Corps du Navire . . . . 6 8. 25 Janv. 
De fa Bouflole .… . .. s 8 21 Février 
6 8. 19 Février 
A.néb.| 8. 11 Février 
Voïlure du Navire. . . .| 5 8. 17 Février 


DES SGIENCES. 559 
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| NOMS Lerrres | ASCENSION 


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des Fe 


des 
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CONSTELLATIONS. | Grandeurs. 


D. M. S. 
61 17 Déc. 
17 Février 
Du Navire. ,.,... 11 Février 
1 5 Février! 
De fa Boufole . . . .. 25 Février 
17 Féviier 
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Corps du Navire. . . . : 4 Janv. 
Voilure du Navire . . - 19 Février 


Voilure du Navire, . . 
Voilure du Navire, . , . 


15 Février 
17 Février 
19 Février! 
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Voilure du Navire. . . 
Voilure du Navire. . . 


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19 Février 
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17 Février 


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25 Janv. 
17 Février 
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17 Février 
19 Février 

25 Janv. 

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8. 53. 24 | 58. 8. 55 | 25 Janv. 


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Corps du Navire. . . . .| 


Corps du Navire, . . , | 


s6o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION 
NOMS LETTRES : DATE 
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CoNSTELLATIONS. | Grandeurs. | ———————— | Obfervañions, 


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Voilure du Navire. . . .| € 5$ 8. : 7/0 
6 8. 57. 12 | 24. 52. 20 | 6 Avril 
Du Poïflon volant. . . .| «& 5 8* 58. 31 24 9 Déc. 
DréNavires: ch. 0 À 3 8* 58. 56 26. 10 Mars 
De la Bouflole. . . . . . £ 0 8. 59. 30 22 23 Février 
6 0 2- 52: 10 Mars 
Corps du Navire. . . E 6 9:..3403 32 18 Déc. 
Corps du Navire. . , . . G 5 g* 4 2 36. 18 Déc. 
Corps du Navire. . . a 5 9- 4 32 57 25 Janv. 
Voilure du Navire. . : k 6 9+ 5$- 9 35. 19 Mars 
Voilure du Navire. . . Z 6 9. 5- 14 13. 10 Mars 
Corps du Navire . . . D 9+ S$- 4I Ka 17 Déc. 
Voilure du Navire. . . .| / 6 9, 15-15511137: 33" 150)E19eMars 
Voilure du Navire . . k 6 9+ 5: 56 | 36. 23. 45 | 21 Février 
6 9+ 6. 28 | $8. 24. 10 | 4 Janv. 
6 0... 17.0 21|254."32, 45 0)l27iJanv. 
6 9. 83517-22208 | EM AnV. 
Corps du Navire . . ..| 8 6 | 9. 9. 14 | 56. 31. 15 | 25 Janv. 
Voilure du Navire. . . .| #6 0. 19-050 |'65 0. TMS UMTS FÉVrIEN 
De la Bouflole, , . , .| 8 6 9+ 10. 3 | 25. 9, 40 6 Avril 
6 9. 10. 20 | 30. 43. 5$ | 23 Février 
DuiNavire 7-0 6 1 g* 10. 2 68. 42. 16 7 Mars 
Du Navire. =. . +, «| #42 9 4 25 Janv. 
De la Bouflole. , . , .| À 6 9. . 13 Avril 
Corps du Navire . . F 6 9- 13 Janv. 
DuNavire... JL CIN x 03 9 . 27 Janv. 
Corps du Navire. . . . . k 6 CE Ô 17 Déc. 
6 9: . 19 Février 
6 O7. . 40. 12 Janv. 
6 9- . : 12 Janv. 
Voilure du Navire. . . .| Z 6 9: à - : 11 Février 
6 9. s à 5 6 Avril 
De la Machine pneumat.| + 6 9. : : 21 Février 
6 9+ 19- USE 4 Janv. 
De la Machine pneumat.| € 6 9. 20, . 48. 23 Février 
E,néb.| 9. 20, MES Sie 25 Janv. 
De la Bouflole .....| à 6 9+ 20. ..48. 23 Février 
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Cons damionsp | Grandes. Er | Obfervations. 
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Du Navire. . . - . . . d'4 9- 21. © | 39: 23- 30 | 19 Février 
Corps du Navire. . . n S$ 9. 21. 24 | 63. 51. 55 | 26 Avril 
6 9. 21. 42 | 50. 26. 35 | 11 Février 
6 9. 22. 33 | 39. 34. 15 | 19 Février 
Voïlure du Navire. . . .| VS 9-23. 45 | 55: 57: 20 | 25 Janv. Janv. 
6 0. 24-58 [0708 sue 45 18 Déc. 
6 9. 24 54 | 47. 55. 20 | 15 Février 
Voilure du Navire . ..| ZLé6 9. 25. 37 | 50. 9. $5 | 11 Février 
6 D26- 3401031 005120) |?25 Février 
Corps du Navire. . . ..| As | OM27N22N NS (7 [58 7. so | 25 Janv. Janv. 
6 0127-30 |N47e DATE so | 15 [rs Février 
Voilure du Navire. . . .| A 6 9. 28. Oo | 48. 15. 40 | 15 Février 
DE lOdtans eue & 6 9% 28.12 [484 37- $7 | 31 Janv. 
Voilure du Navire. . y 6 9:(28:125 2. $. $ | 10 Mars 
6 9+ 29. © | 52: 33: 50 | AFévrier 
6 9: 29. 16 63 54 “5 54 5$ | 26 Avril 
Corps du Navire. . ...| A6 9. 29. 39 | 71. 58. 35 | 18 Déc 
Du Cameleon. . . . . .| 1 6 9. 31. 9 | 79. 48. 15 | 17 Janv. 
Corps du Navire . . . .| 71 6 9+ 32. 33 | 60. 12. 50 4 Janv. 
: 6 9- 33: 9 | 56. $2. 20 | 25 Janv. 
De la Machine pneumat.| 8 6 9. 33e 12 | 26, 39. 25 | 13 Avril 
6 9. 34. 38 c 15 Février 
Voilure du Navire. . . .| © 6 CNE GEL e 1 1 Février 
6 9. 36. 56 : 10 Mars 
6 9. 37- 44 ne 25 Janv. 
AO 25 Janv. 
Corps du Navire . . . . 17 Déc. 
Voiïlure du Navire. . . 10 Mars 
Du Cameléon. . . . . . , 17 Janv. 
SES 27 Janv. 
Du Navire . . . . . . . ANSIO: 26 Avril 
: 17 Déc. 
c 10 Mars 
: 1 $ Février 
I [15 Février 
Du Cameléon. . . . .. 6 13 P 13 Janv. 
6 1 1 Février 
DuacNavieshes. d'a 4 : fe Janv. 
6 - 1 1 Février 
De la Machine pneumat.| " 6 9. 48. 19 2 1 Février 
LS 


Mém. 1752 


$62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


NOMS Lerrres | ASCENSION DEC NATEON, DATE 


ire & DROITE. LE 
CONSTELLATIONS. Grandeurs, 7 Obfervations. 
REED 
; 6 9: S4 7 
Corps du Navire. . . . . o 6 9e 54 9 
6 | 9: 54 43 
6 9+ 55. 48 
D An sun mi Le se Due 0. 7e CR Re RAS 
Voiïlure du Navire. . . Q 6 9. 59. 38 
CIN ES CONNOENE 
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Voïlure du Navire. . . .| RG | 10. 3. 
Voilure du Navire. . . .| 9 4 | 10. 4. 
6'| 10. 4 
GP ONE. 
Du Caneléon. 1.0 pm 6 | 10. 6. 18 Janv. 
CorpSfdu Navire . . . .| A6 ! 10. 6. 26 Avril 
(ETS 13 Avril 
DUANAVRE ets BA INT ON ET. 7 Mars 
Du Cameléont. 15: AU IETO NME. 17 Janv. 
Corps du Naviré . . .. G TO: 08. 4 Janv. 
Voilure du Navire. . . . 2 GANT UT: 27 Janv. 
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Voilure du Navire, .. .| r 5 ro. unir. 
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De la Machine pheumat.| & $ | ro. 15. 
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Voilure du Navire. . . .| P6 10,018. 
Corps du Navire . . . .| s 6 | ro. 18. 25 Janv. 
Corps du Navire . . PA 10* 19. 12 Janv. 
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6 16: eo: 12 Janv. 
Voilure du Navire. . . «| s 6 | 10. 27 10 Mars 
Voilure du Navire. . . .| Y 6 | ro. 21 11 Février 
Voilure du Navire. . . .| z 6 | 10. 22 2 Juin 
Corps du Navire. . . .. PALPTO"-23 4 Janv. 
Corps du Navire . . K 6 | 10 24 17 Mars 


NOMS Lerrnes lASCENSION 
des & | 
CONSTELLATIONS. | Grandeurs. 
6 10.; 25. 25 71e 57+ 0 17 Mars. 
6-| 10. 25. 40 | 26. 8. 35 | 13 Avril 
Corps du Navire. . . ..[ r 6 | ro. 26. 9 | 56. 17. $ 25 Janv 
A:néb.| 10. 26. 32 | 56. 56. 5 | 25 Janv 
Voilure du Navire. . ..| p 10. 27. 4 | 46. 57. 1$ 2 Juin 
Corps du Navire. . . . | 10. 27. ,12 | 58. 17. O | 2$ Janv. 
10. 28. 8 | $7. 27. 30 | 25 Janv. 
Corps du Navire.-. . . . t 10. 29.28 | 57. 53. 50 | 25 Janv. 
Voilure du Navire. . . .| X 10. 29. 34 | 54. 18. 45 | 27 Janv. 
10. 29. 40 | 57. 32. 10 | 25 Janv. 
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6 25 Février 

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Corps du Navire. . . .. CS 25, Janv. 
6 21 Février 

6 12 Janv. 

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6 ©. : 25 Février 

6 : 78. 17 Janv. 
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564 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION 


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des 
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des 
CONSTELLATIONS. 


Grandeurs. 


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De l'Hydre femelle . . b 6 | 10. 56. 48 | 26.45. oo 13 Avril 
De la Machine pneumat.| # 5 10. 58 $ 2. © | 25 Février 
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Corps du Navire . . ..| 7 6 10. $8. 25 Ç . 40 s Mars 
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Corps du Navire. . . . . y 6 | ri. 2 4 | 58. 58. 20 | 4 Janv. 
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DurGentaure- ee tél DA (9 ISSN ISSN 23 418277 Tanve 
| 11.010. $3 | 73: 46. 20 | 12 Janv. 
6 | 11. 11. 20 | 34. 48. 15 | 2r Février 

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19 Février 


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29: 43.10 | 23 Février 


De l'Hydre femelle . .. 30: 29. 30 | 23 Février 


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. 55 | 27 Janv. 


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Du Cameléon. . . . .. T 6 | 11*27. 19 | 74. 31. 20 | 12 Janv. 
De l’'Hydre femelle . . .| 0 $ | 11. 28. Oo | 33. 23. 20 
6 | 11. 28. 14 | 64. ,2. 15 


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6 44. 18. 35 
6 65. 27-055 
6 59: 48. 45 
6 AS 22150 
6 65. 26. 30 
6 62124000 
6 68. 51. 10 | 
6 61. 16. 25 3 Mars 
Du Centaure . . . .. B 6 43. 47. 40 | 19 Février 
; 6 63. 49. 55 3 Mars 
6 55. 36. 55 | 25 Janv. 
De l'Hydre femelle . . .| 6 4 32. 31. 30 | 2$ Février 
De l’Hydre femelle . cs 33. 41. 3$ | 25 Février 
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6 | 11. 46. 4$ | 50. 18. so | 11 Février 
Du Cameléon . . . .. enselnne 472 0srt|7 60 5 6-2 X |Nne Jan. 
6 | 11. $0. 16 | 67. 48. 55 7 Mas 
De la Croix... . . . .| 0 6 | 11. $o. 38 | 61. $6. 10 | 3 Mars 
6 | 11. $o. $6 | 41. 2. 40 | r9 Février 
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De la Croix. . . . .. ANNIPFONIEMITE Se A8 61.470 73 Mars 
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Du Cameléon. . . . ..| x 6 | 11* $2- 26 | 75. 8. 11 | 13 Janv. 
DÉMRICro EE tee LAN © PC TO ICE OS EDP 3 Mars 
Du Cameléon. à 6.| 11# 55. 15 | 73. 59. 36 | 17 Avril 
6, | 11. 55. 20 | 49. 17. so | #5 Février 
Du Centaure ......| À 3 | 11% 55. 37 | 49. 20. 24 | 15 Février 
Du Centaure . . . .. ÆéW\Nur. $5137 N4yirs 17 Février 
Du Corbeau. . . . . .. el APS See 49, 254121: 16 6 Avril 


‘566 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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NOMS LETTRES sn na D DécLinAIson.| DATE | 
des & IT E. des 


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6 | 11. 56. 13 | 42. 56. 30 | 19 Février 
6 11. 57: 22 | 33. 20. 40 | 25 Février 
Du Centaure . .u . . p_ 4 | 11* 58. 52 | 50. 59. 15 | 11 Février 
Du Centaure . .....| D6 | 12. 1. 15 | 44. 20. 35 | 19 Février 
De a Croix. 0800 02% 20 nr 05722206) 26 Jante 
Du Cameléon. . . . .. B $ | 12* 4 25 | 77. 55. 44 | 17 Janv. 
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De Ma Croix : . . .., - & 6 12.4 15:16 | 62+97-5 3 Mars 
Din Gentaurete 0e ti MEN A) in nes BIS ST 27 Janv. ! 
61|L 12. 18.112 | 84 46.04 31 Janv. ! 
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6 12. 8. 40 | 66. 8. 30 | 12 Mai À 
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6 12-00-15 56-180 25 Janv. 
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Du Centaure . . . . . .| x 6 2. 12. 25 | 33: 48. 10 | 21 Février 
DE MAG rODr ee, MP Pe | OL 2 UB7 NA] MON -ME0 3 Mars 
Du Centaure . . . ...| G6 | 12. 13. 15 | 50. 4. 10 | 15 Février 
6 12. 13. $4 | 47. 31. 55 | rS'Février 
Du Centaure . .. ...| © 6 | 12. 13. 55 | 31. 27. 25 | 26 Févriet 
DACentRUEr TN CARS 12. 1447 | 48. 25 | 15 Février 
Du Centaure . . . . .. u 6 | 12. 15. 20 | 37. 40. $ | 19 Mars 
De la Croix, . .....| 7 2 | 12*17. 37 | 55- 43. 22 | 25 Janv. 
61 | 12: 08.7 6 | 58,034 51 | 25 Janv. 
De Ia Mouche . ... ,1 y 4 | 12*18. 7 | 70. 45. 38 | 17 Marsi 
6 | 12. 22. 34 | 39. 39. 15 | 19 Février 
De la Mouche . . . . . a 4 | 12Y* 22. 47 | 67. 47. 15 7 Mars 
Du'Cenraure.. .. FES 15 | 17 Février 
De l'Hydre femelle . . ,| d 5 ; L 35 | 13 Avril 
Du Centaure . . . .. EE AS À J 40 | 19 Mars ! 
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6 3 à 5 Mars | 
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6 MAO: 27 Janv. i 
6 DE 1 5 Févrief 
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des & DROITE, |PÉCLINAISON. DATE 
CoNsSTELLATIONS. | Grandeur. | — À Ie 
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Du Centaure . - . . .. ro] ar DRE EG Es 5 CS En pres 
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2 2 ROULE 20 | 11 Février 
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Du Centaure . RP | A0 35 | 26 Avril 
Du Centaure É D A 8: 35 | 14 Mars 
Du Centaure Ré 57° 3 . 15 | 19 Février 
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De la Mouche . . . .. £ ns sèRe 
Du Centaure . .. ... É 15 726 Avril 
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Du Centaure . . . . . . 55 10 | 26 Avril 
De lOétans. . . . ... is 55 | 23 Five 
3 35 | 31 Janv 
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u:Gentaure. ue . 0 RT so | 17 Avril 
Du Centaure . . , .. , "47 sa | 21 Février 
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DE s5 3 Mars 


568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
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CONSTELLATIONS. HMS DE ryations 


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13. 11: 56 | 38. 27. 30 | 19 Mars 


Du Centaure . . . . . . 13: 12. 9 | 46. 10. 45 | 17 Février 
Du Centaure . . . . . . 13: 14 21 | 49. 51. SO | 15 Février 
Du Centaure . . « « 13: 16. 5% 38:07. 10 | 19 Mars 
Du Centaure - . . .#. 13: 18. SO | 28. 17. 20 | 13 Avril 
De la Mouche . . ERA TON) 69. 30. 30 | 17 Mars 
De l’'Hydre femelle . . . 13-123. 000] N25 418-091 6 Avril 
13- 23. 16 | 28. 35. 30 | 23 Février 
Du Centaure . . . . . . 13*224.124 | 52. 11. 301| 11 Février 
DalCenraurer en 13° 24. 54 | 28. 17. 35 | 13 Avril 
Du.Centaure = +... 139 25. 52 | 57-31 4S 3 Mai 
Du'Centaure. . . , 13.026. Wob| s3- 418. 151172 
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Du Centaure . . . . - 13. 31, 44 | 31. 47. : 5 | 25 Février 
De l'Hydre femelle . EE TT TM MEET ENT 6 Avril 
Du .Centaure . . . . . - 13- 32: 3 34 59. 45 | 21 Février 
Du Centaure . . . . . - 13*34. 48 | 40. 26. 24 | 19 Février 
Du Centaure . « . . . : 13" 34 SO | 4r. 30 | 19 Février 
Du Centaure . 5... 150035 0100063: 8 | 25 Février 
13-23 6.019077 35 | 30 Avril 


DairiCentaurets este 


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OMIS SEUL 2. 8. 10 | 11 Février 
Du Centaure . . . .: LS 13,139. 41130 41-0201|N23 /FÉVrIéE 
Du Centaure . . y. 6 | 13° 39° 12 | 34. 125: 15 |"21 Février 
CAM 0 2 SEINE OMS 1315 1 ATEMEENTIEN 
6 | 13-40-00 SU] NC 2202;7-250 3 Mars 
Du Centaure . . - . . . C3 40 50 | 46.006. 13 MNN7 Février 
6113-40-21 127 ro onlRTs AVI 
DurCenrauren unit PAGES FAO. ET 2.54. 30 | 17 Mai 
| 6 | 13. 40. 30 | 3. 28. 15 | 17 Mai 
De l’Oifeau de Paradis. ‘| 4 6 | 13. 42. 16 | 75. 34. 40 | 30 Avril 
DuiGentauret tu. lo s | 13. 43. 21 | 40. 52. so | 19 Février 
Du Centaure. . . . , | u 0 |M13.043. 33 | 43. 34: 35" 19/Févrien 
Du Centaure . . . . . : uv 6 | 13. 46. 26 | 44. 23. 25 | 19 Février 
Du Cenraure. . . . . | @ 1 | 13*46. 39 | 59. 9. 39 | 14 Mars 


NOMS LETTRES 
des & 
CONSTELLATIONS. | Grandeurs. 


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De l’Hydre femelle . . .| 4 6 
De l'Oileau de Paradis. .| 4 À 
De l'O&ans. ..,... À 5 
Du Centaure . ...... «| X 5 19 Février 
Du Centaure . . . .. | 83 21 Février 
De l'Hydre femelle T $ 6 Avril 
6 11 Février 
Du Centaure : . ... .. R 6 11 Février 
De l'Oileau de Paradis. . 6 31 Mai 
6 11 Févrierf 
Du Centaure . ..... 6 3 Mai 
De l'Hydre femelle . . 6 13 Avril 
Du Centaure . . . .. 4 6 17 Mai 
Du Loup . :..... $ “17 Février 
6 19 Février 
6 7 Mars 
Du Centaure . . . ... 6 3 Mai 
Du Centaure : . . . . S 19 Mars 
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De l'Hydre femelle . . «| À 6 13 Avril 
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12 Mai 
De l’'Hydre femelle . 23 Février 


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Du Centaure . ... .. 


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14: 18. se 2 53: 18 31 Mai 
14* 19. 54 | 41. 2. 58 | 19 Février 
14 19. 57 | 40. 46. 15 | 19 Février 
14 20. 16 | 45. 8 40 | 17 Février 
14 21e 16 | 45. 2. 10 | 17 Février 
1qu 21. 22 | 48. 19. 15 | 15 Février 
2228 [082-010 55 1 Juin 
14#22, 55 | 63. 52. 35. | 12 Mai 


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570 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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CONSTELLATIONS. | Grandeurs. Obfervations, 


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| 6 À 14, 25. 18 6 Avril 
Déloup 15 LE CET IN CETTE 17 Février 
Du: Céntaure . - . . -.. b $ | 14: 26. 43 19 Mars 
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572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
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574 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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578 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
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26 Sept. 
23 Août 
2$ Juin 
34 Août 


2$ Juin 


16 Août 


16 Août 


14 Sept. 


6 Août. 


16 Juin 


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18 Juin 


3 Mai 


18 Juin 


24 Juin 
6 Aoùt 
2 Juin 

12 Juin 


16 Août 


31 Août 
14 Sept. 
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25 Juin 
16 Juin 


3 Mai 
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24 Juin 


s8o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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6 26 Sept. 
6 19 Juin 
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DuSagittaire. . : . . . 1 6 $ Juin 
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Du Sagittaire. . LL $ Juin. 
6 23 Août 
6 23 Août. 
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6 23 Août 
6 23 Août 
DelOftans :4: 4e .4: m 6 20 Sept.. 
6 SAT 23 Août 
6 2. 15 Juin 
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DudPaon de. 21: 24e] leiG 14. 13. Août 
6 AUS - 25-Juin 
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Dies SNCMMAENNMo"E ss + 587 


ASCENSION 
NOMS LETTRE £ 
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CONSTELLATIONS. |Grandeurs. Obfervations. 


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6 23 Août 
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6 23 Août 
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6 . . Ê 13 Juin 
6 è . $ : 13 Août 
Du Capricorne . . . . . Lis: 20:31. : 24 Juin 
Du Microfcope . . . . .| 1 6 | 20. 31. à ; 2 Juin 
DelIndien :. . . . .. &16:| 2011-32. . : 2 Juin 
Del'Indien . . . . .... 68220133; : k 3 Juin 
DexfOétans. s . .. æ $ |_20. 33. : = 24 Sept. 
GMA2 012367 : : 2$ Juin 
: 6 | 20. 34. 04: 23 Août 
Du Microfcope . . . . RSA 208032: ë - 1$ Juin 
6 | 20.134. . 40. | 24 Juin 
Dellndien + .. . . Bramht20*35. 1223 31 Aoùt 
Du Microfcope . .. .. B16:| 20.136. 4e + de 15 Juin 
6I20t536. 24 Juin 
GHz 0tE3:7. 42502 13 Juin 
6#\220:538. de 6 Août 
6.|.20. 38. . 40. 25 Juin 
GR 2/01E3 9e AGE 20 Sept. 
6, 1:20. 42. 2 24 Juin 
6 | 20. 42. HO 14 Scpt. 
6.120.145 ë 14 Sept. 
À Du Microfcope . ... , :| y 6.| 208 46 $ 26 Juin 
dDéliindien 5x «0... 276:1620.14 LATE 14 Oétob. 
; 6 | 20. 47 140: 24 Juin 
Du Microfcope . . . . . &16/.11520:247- MEN 13 Juin 
6.| 20. 47. 52 16 Acüt 
G\e20 47. : . 31 Aoùt | 
DtPaou | Su. 7.2. 20 o 6. | 20. 49 ANSE 23 Août 
Du Microfcope . . . « . 16 .| 20. $0 220: $ Juin 
6.|:20. so . k 28 Sept. À. 
DROITE TRE RER 27 ER D STE EE EEK 2) 


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582 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION| 
DÉCLINAISON. r. TE 
es 


NOMS 
des 
CONSTELLATIONS. 


LETTRES 
& DROITE. 


Grandeurs. Oblervations, 


© | 20 Sept. 
© | 31 Aoû 
5 | 18 Juin 
© | 26 Juin 
© | 24 Juin 
$ 
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20 Sept. 
31 Août 
6 Août 


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26 Sept. 


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21 Oétob. 
26 Juin 
13 Juin 


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Du Microfcope . . . . . € 
Du Microfcope . . . . . ê 
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26 Sept. 
20 Sept. 

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Du Microfcope . . 


25 Juin 
14 Octob, 
28 Sept. 
$ Juin 
25 Juin 


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Du Capricorne . .. . | € 


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| 24 Sept. 
24 Sept. 


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16 Août 
25 Juin 
24 Juin 
14 Oétob. 
23 Août 
31 Août 
31 Août 
14 Oétob. 
25 Juin 
23 Août 
15 Juin 


ADR ARR 


De l'Indien . . . . . . 
Du Poiffon Auflral. . 


DE St SCIENCES 583 


ASCGENSION 
NOMS LETTRES DÉCLINAÏ DATE 
des & DROITE. ÉESREN TT 


Grandeurs. ET | Obfervatians. 
CoONSTELLATIONS. EN MT € D. M 5. 
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21. 30. 32 | 65. 50. 45 | 16 Août 
21. 31. 15 | 57. 26. 20 | 14O6tob. 
241. 32.0 3 | 48. 24 35 | 12 Juin 
Du Poifon auftral . . .| à 21+ 33+ 11 | 32. 1. 30 | 26 Juin 


24-340 7 | 71. 13: O | 23 Août 


6 

6 

6 

6 

6 

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DefOétans, . .2.+. 1 6 45 | 13 O@ob. 

6 25 | 140O6tob. 

6 40 | 24 Sept. 

6 55 | 23 Août 

6 . 40 | 13 Août 

6 10 | 20 Sept. 

De l’Indien . . . ..... 6 s | 31 Août 

De la Grue . , . .. «. 3 39 | 19 Juin 

6 10 | 21 Ottob. 

Deflndien . . .. ... S s5 | 14Oétob. 

Déländien 720%. 6 . © | 31 Août 

6 . 24. 15 | 19 Juin 

6 . 6. 15 | 19 Juin 

6 . 45 | 14 Ottob. 

DeFlndien . . . ... | € 6 . 25 | 14Oétoh, 

6 30 | 13 Juin 

6 ss | 21 O&tob. 

6 . 30 | 14O@ob. 

6 . 28. 35 | 23 Août 

; 6 20 | 20 Sept. 
Del’Indien : . . . . . . 31 Août 

23 Août 
Du Poiflon auftral. . . . 26 Juin 
De l’O&ans. .: . . . .. 26 Sept. 


24. Juin 


DEdaiGhue, He A7. 1: Et 
Deda Grue 4 1. 3 Nov. 
24 Sept. 


Du Poiïflon auftral. . . 


2 1 5 Juin 
Du Poiflon auftral. . . .| 


15 Juin 
24 Juin 
18 Juin 

s Juin 
21 Oétob. 
13 Août 


Du Poiïflon auftral. . . 
De la Grue... .. . . 


Du Toucan . . . .. 


584 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


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NOMS 
des 
CONSTELLATIONS. 


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De la Grue . . . « . 
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De la Grue . . . - . . . 

Du Toucan . - . - . 


Du Poiffonauftral . . . . 
Du Poiffonauftral . . - . 


DedlOËÉtans. - 40-10 


De la Grue . . .. 


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Du Poiffon auftral . . . . 
Deéa Grue 26 26 ci 


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DéRGrue 125 VE 0. 


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& DROITE 
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6 22.0 2. 41 
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6 2215-1057 
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6 22. 9. 
6 221100. 
6 2242: 
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J 5 | 22. ; 
18611022: : 
6 DE 5 
& 6 22:017.0 6 
Bis | 22:17. 128 
6 REA MO 
CCR EE CON 
6 22: 019-059 
6 221420. 000 
MOI 2: 42.01 2 
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6 ! 22. 23. 40 
6 | 22. 24. 50 
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CR: 22308 005 
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DATE 
des 


Obfervations 
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31 Aout 
16 Août 

6 Août 
24 Sept: 
25 Jun 
13 Juin 


2 Juin 

2 Juin 
13 Août 
14 Sept. 
24 Juin 
26 Juin 
21 O&ob. 
26 Sept. 
31 Août 


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2 1 Oétob. 


13 Juin 


13 Juin 
26 Juin 

2 1 Ottob. 
31 Août 


26 Sept. 


NOMS ARR ES ASCENSION 
FLE & DROITE. 


DATE 
des 


DÉCLINAISON. 


Grandeurs. Obfervations, 
CoNSTELLATIONS. LH MS D 
ER | SEE PR AAA ETES LS 
6 | 22. 31. 9 | 50. 17. 0 

6 | 224 314 16 2. 11. 2$ | 14 Sept. 
De l'Oftans. . . . . . . x 6.4 2231-1055 | 88. 49. 55 10 Oétob. 
GONNA NS 748 TA4 025 3 Nov. 

6228202 65. 1. 25 | 16 Août 
hr ne RS © (5 Sema 
De la Grue . . . . . LRENAN 22435 200152.57 00 24 Octob. 
6:|.22. 35. 51 | 64 29.) ÿ | 16 Août 

6 | 22. 36. $2 | 40. 27. 55 | 10 Nov. 

6237 li. 22. 25023 /A0ûr 

Du Poiflon auftral . . . | € 6 | 22. 38. 42 | 34. 10. 4$ | 15 Juin 
De la Grue . . . . . . . r[é PARC nor nt D? AE 
22. 40. 46 | 49. 48. 10 3 Nov. 

DuPoifonauftal:: | M6] 2222424 11 [133 Sr.” 5 | 15 Juin 
De la Grue . . . . . . . Tr 6 | 22. 42. 16 | 49. 17. 50 3 Nov. 
DuPoiff. auft. Phomalhaut.| & 1 | 22*43. 56 | 30. 55. 26 | 18 Juin 
Du Poiflon auftral. .. .| x 6 | 22. 44. 45 | 36. 49. 30 | 19 Juin 
6 | 22. 46. 2 | 30. 46. 40 | 18 Juin 
De la Grue . . . . . € 5 | 22: 46. 71 $4 s. 5$ | 21 Oétob: 
6 | 22. 46. 14 | 65. 36. 40 | 16 Août 
6} 22: 46124 2. 16. 45 | 24Octob. 

6 | 22. 47. 6 | 80. 48. 55 | 26 Sept. 

ét 22448. 060 f 70.) 10. 25$1L23A0ût 

Du Poiffon auftral. . . .| x 6 | 22. 49. 39 | 36. 4. 15 | 15 Juin 
6 | 22. 49. 52 | 55. 17. © | 21 Oétob. 

6422: So-u10 2. 14. 30 | 26 Sept. 

6 | 22. 50. 53 | 74. 55. 10 | 20 Sept. 
6 | 22. $2. 46 | $o. 57. 10 | 24 Oétob. 
6 | 22: $2- 49 2. 1. 30 | 24Oétob. 

De la Grue . . . . . . s | 22. $2. 49 | 44. 50. 50 2 Juin 
Dé la Gruer: ..,: . .* 6 | 22. 53. 1 | 40. 13. 35 | ro Nov. 
CEE NIE 4. 15 | 25 Juin 

6 | 22. 53. 40 | 69. 14. 50 | 6 Août 

6. |222: $4 11] 684 12° 20 6 Aout 

6 | 22. 54. 55 | 30. 8. 40 | 18 Juin 

GAZ 2 RSS AMEN SANT 13 Août 

De la Grue . . . . . - s | 22. 56. 16 | 46. 35. so | 14 Nov. 
1 6 | 22. 56. 18 | 41. 56. 15 | 10 Nov. 

6. | 22: 56: 35.-| 44.223-000 |) 7 Nov. 

6 | 22. 56. 41 | 23. 47. 20 25 Juin 

6 | 22. 58. 38 | 64 oo. 715$ 16 Août 


LE | (ES SE EEEETE 


Mém. 1752: Éeee 


586 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ASCENSION 
N à MS dr: pinonae. DÉGLINAISON)| © : TE 
es ; es 
CONSTELLATIONS. |Grandeurs. NME AC ete 
PERRET SIT DR PALIER ERIS | CORRE RAT PAT TT 
22. $8. 50 | 50. 54. 45 | 24 Oétob. 
22. 59. 32 | 80. 49. 25 | 26 Sept. 
23. O.143 |l42., 15: 35 7 Nov. 
23. O. 47 | 58. 1. 20 | 14 Oétob. 
23- 1. 54 | 56. 52. 45 | 14Octob. 
23. 2. 6 | 63. 24 © | 13 Août 
2e 38068500 6 Août 
DufFoucant #10." 23* 249 | 59. 35. 4 | 31 Août 
Delta lGruet.1: 40e « : PE NE NL CS 7 Nov. 
23: 5: 24 | 33. 52. 10 | 15 Juin 
6 | 23. (6.147 | sr. 39. 35 | 24 Oétob. 
621235081211 128.19. 50°) "tuR 
611123 48. 19 | Gr. 24:30 MroNAot 
6 | 23. !9+ 9 | 56. 54 35 | 14Oétob: 
602364 19-147 Mis. Mo 40 206: 
| 61123 10775 |. 2B:l4s 7 Nov. 
6 | 23- 10. 13 | 53. 14 55 | 21 Oétob! 
| 623 Dre sé x 90 HiraOrtebl 
623-1237 [164 "15% 5 | 16 Août 
6023212381 |h54 54012 rn0tob! 
| 6 |123+ 12: 59 | $9. so. so | 31 Août 
CAM2S TE TON IRSC 32. 15 | 24 OFobl 
6 | 23. 14. 30 |.64. 28. $ | 16 Août 
6uR 234 14 35 [l36, 54 \o®Ikr9 Nov. 
COMTE SOON SNS PO _14Oob, 
NES UE 54 2 S$ 21 Octob. 
2 23. ASAIR 785145, 1 24 Sept 
23 1842741) 451 %7.10: | 1L7iNove 
De l’attelier du Sculpteur.| 8 $ 23. 19. 38 39. 10. 45 | 19 Juin 
6223: 201 641166: 23%. 35 4IMi6RA NT 
d | 6025 a rU130 | So so FAO: 
DuPhént. ts MIN AMIS EIE2BT 27e 3 ABS IBENES 7 Nov. 
6238224151) 784 non" Sept 
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6 | 23. 24 28, || 46: 52 r0 
6 | 23. 244 48 | 64. 14.:40 
DAsPhEnEI LIENS EE 8 ss 23. 26. ; AIO PUS 
De l'atelier du Sculpteur.| x 6 | 23. 27. $ | 33. 14. 40 
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CN N2E 20: 56 74e 5 e050) "| 


DES SNONRIEL NT € ES 537 


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N 2 M S Lu ds DROITE, |PÉCLINAISON. pe 
CONSTELLATIONS. |Grandeurs. ste Dion j | °Héaiios 
CRETE | CRE PE ES ss nf, sun) 
6 23-0304 22 6$. 47. oO | 16 Août 
6 | 23. 30. 41 | 46. 28, 5$ | 14 Nov. 
6 | 23. 32. 53 | 41. 33. 50 | 10 Nov. 
6 | 23. 33. 28 | 69. 46. o | 23 Août 
BABPhente. + à 6.4 s 6 | 23: 34 2 | $1. 36. 35 | 24 O&ob. 
De l'atelier du Sculpteur.| À $ | 23: 36. o | 29. 30. 10 | 28 Nov. 
6 | 23. 36. 18 | 64. 12. 1$ | 16 Aoû 
De l'Oétans. . . .... 7 5 | 23* 36. 48 | 83. 23. 47 | 28 Sept. 
6 | 23. 37. 31 | 48. 45. 35 3 Nov. 
6 | 23. 40. 31 | 25. 36. 25 | 2$ Juin 
6 | 23: 41. 37 | 41. 40. 4s | 10 Nov. 
DetOans EU 7 5 | 23: 43. 18 | 83. 32. 40 | 28 Sept. 
6 | 23. 44. 12 | 64. 22. 35 | 16 Août 
DurFode nie Nu n $ | 23. 44 26 | 6$. 40. 35 | 16 Août 
DuPhénix 4. 4 m 6 | 23. 45. 59 | $4 8. 10 | 21 Oétob. 
6 | 23. 46. 43 | 30. $1. 35 | 18 Juin 
Ballons ERA ME SN I23 #46 110 M6. 7. lo 6 Août 
ERP ENENEE 7. sers T 6 | 23. 48. 18 | $o. 12. 25 | 24 Oétob. 
6 | 23. 48. 32 | $1. 43. 25 | 24 O&tob. 
MAlOÉEANS ENS 8 6 | 23. 48. 33 | 78. 26. 15 | 24 Sep. 
« 61 23.148055 : : 
De l’attelier du Sculpteur.| € 6 | 23. 49. 3s MCE ; 
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De l'atelier du Sculpteur.| x 6 | 23. 122) 2. : 
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De l’attelier du Sculpteur.| x 6 | 23. 30 dE 2 ù 
De l'attelier du Sculpteur.| 8 6 | 23. ANT : 
BTE SERRE SERRE ETS 


REMARQUES fur le Catalogue précédent. 


Ce Catalogue a été calculé fur dés obfervations faites au 
cap de Bonne-efpérance avec différens réticules rhomboïdes. 
Les afcenfions droites & les déclinaifons des étoiles qui y 

Eeceei 


588 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

font rapportées, font apparentes, c'eft-à-dire, telles qu'on 
les a trouvées au jour marqué pour chacune: elles font par 
conféquent affectées de l'aberration caufée par la lumière, 
& de la déviation caufée par la nutation de l'axe de fa Terre. 
Comme ces deux caufes ne produifent des différences que 
de peu de fecondes entre la pofition apparente & la pofition 
vraie, & qu'à caufe du court intervalle depuis le jour de 
chaque obfervation jufqu'au premier Janvier 175 2, la pré- 
ceffion des équinoxes eft fort petite, on peut fuppofer dans 
les ufages ordinaires auxquels on emploie les lieux des étoiles, 
que les pofitions rapportées dans ce catalogue ont en effet le 
premier Janvier 1752 pour époque. Mais dans les calculs 
qui demandent plus de précifion, l'on peut, à l’aide des dates 
des obfervations, réduire ces pofitions apparentes à tel jour 
qu'on voudra, en y faifant les corrections qu'exigent les trois 
caufes des mouvemens apparens des étoiles. 

Parmi ces étoiles il y en a un grand nombre qui ont été 
obfervées avec toute la précifion pofñible, favoir, les afcen- 
fions droites par des hauteurs correfpondantes, & les décli- 
naïifons par un grand nombre de hauteurs méridiennes prifes 
avec un inftrument de fix pieds de rayon. Ces étoiles ont 
{ervi de termes de comparaifon pour déterminer toutes les 
autres : elles font diftinguées ici par un aftérifque (*). 

Pour remplir les grands intervalles vuides entre les conf- 
tellations anciennes, j'en ai fuppolé de nouvelles: j'y ai mis 
les figures des principaux inftrumens des arts. En voici {a 
life felon l'ordre de leur afcenfion droite. I. L’arrelier du 
Sculpteur: i eft compolé d’un fcabellon qui porte un mo- 
dèle, & d'un bloc de marbre fur lequel on a pofé un maillet 
& un cifeau. IL. Le Fourneau chymique, avec fon alambic 
& fon récipient. IIL L'ÆHorloge à pendule & à fecondes. 
IV. Le Réticule rhomboïde, petit inftrument aftronomique 
qui a fervi à dreffer ce catalogue: on le conftruit par l'inter- 
feétion de quatre droites tirées de chaque angle d'un carré 
au milieu de deux côtés oppolés. V. Le Brin du Graveur: 
la figure eft compofée d'un burin & d'une échope en fautoir, 


CPOOODT CORPS NU UE JO 


D'E39+ SCHYENCES 589 
liés par un. ruban. VI. Le Chevalet du Peintre, auquel 
eft attachée une palette. VII. La Bouflole ou le Compas de 
mer. VIII. La Machine pneumatique avec fon récipient, pour 
repréfenter la Phyfique expérimentale. IX. L'Odans ou le 
Quartier de réflexion, principal inftrument des Navigateurs 
pour obferver la hauteur du pole, &c. X. Le Compas du 
Géomètre. XI L’Æquerre & la règle de l'Architeéte: j'ai 
aufli deffiné le triangle auftral en forme de niveau. XII. Le 
Télefcope ou la grande lunette aftronomique fufpendue à un 
mât. XIIL Le Aficrofcope : felon la figure qu'on lui donne 
ordinairement, c'eft un tuyau placé au deflus d’une boîte 
carrée. XIV. Enfin jai mis au deflous du grand nuage la 
Montagne de la Table, célèbre au cap de Bonne-efpérance 
par fa figure de table, & principalement par un nuage blanc 
qui la vient couvrir en forme de nappe à l'approche d'un 
vent violent de fud-eft; d'ailleurs la plufpart des Navigateurs 
appellent vuages du Cap, ce que nous appelons nuées de 
Magellan, où le grand & le petit nuage. 

J'ai donné, à imitation de Bayer, des lettres grecques 
& latines à chacune des étoiles vifibles des conftellations 
nouvelles, & à celles des anciennes qui n’en avoient pas. 
L'ordre alphabétique des letires grecques fuit à peu près 
Tordre de l'éclat ou de la grandeur des étoiles. J'ai été obligé 
de changer les lettres que Bayer avoit aflignées aux conf- 
tellations du Navire, du Centaure, de l'Autel, du Poiffon 
auftral & du Loup, tant parce qu'elles étoient fort mal dif- 
tribuées , que parce que plufieurs des plus belles étoiles n'en 
avoient aucune. Il m'a été fouvent impoflble de reconnoître 
dans le ciel l'étoile à laquelle une de ces lettres étoit attri- 
buée, ce qui vient fans doute de ce que les Planifphères 
de Bayer ont été conftruits en cette partie fur l'ancien cata- 
logue de Ptolomée, & fur des obfervations fort groffières 
faites par des Pilotes Portugais. 

J'ai été obligé auffi de donner des lettres latines aux étoiles 
qui font dans la partie Ja plus auftrale des conftellations 
de fEridan, du grand Chien, de F'Hydre femelle & du 

Leee ii 


590 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Sagittaire, dans lefquelles j'ai confervé les lettres grecques de 
Bayer. 

La confiellation du Navire étant compofée de plus de 
cent foixanté étoiles très-faciles à diftinguer à la vüe, jai 
d'abord diftribué des lettres grecques à toutes les plus belles 
qui la compofent: je l'ai enfuite partagée en trois parties, 
favoir, la Pouppe, le Corps & la Voilure, La Pouppe eft 
féparée du corps du vaiffeau par le gouvernail, & j'ai appelé 
la voilure tout ce qui eft hors du vaifleau, entre fes bords 
& le mât horizontal, ou antenne fur laquelle la voïle eft 
pliée. Dans chacune de ces parties, j'ai mis des lettres latines 
majufcules & minufcules. 

Les grandeurs des étoiles ont été déterminées, en les 
comparant entrelles à fa vüe fimple, avec toute l'attention 
poffible. Chaque étoile de ce catalogue eft au moins de Ia 
grandeur que je lui ai affignée; car lorfque j'ai eu quelque 
incertitude, par exemple, lorfque je doutois fi une étoile 
que je confidérois étoit de la troifième ou de la quatrième 
grandeur, je lai mife de la quatrième grandeur. Cependant 
les étoiles de la fixième grandeur qui n'ont dans ce catalogue 
aucune lettre particulière, n'ont été jugées de cette grandeur 
qu'au moment de leur pañlage dans le champ de la lunette, 
& il fe pourroit faire que quelques-unes fuffent au deffous 
de la fixième grandeur, parce qu'au moment de l'obfervation, 
les petites étoiles ont pü paroitre dans la lunette plus ou 
moins claires, felon les différentes circonftances, par exemple, 
felon que l'œil étoit alors plus ou moins dégagé de Jumière 
étrangère, felon que le ciel étoit plus ou moins net, felon 
qu'il étoit plus ou moins éclairé par la Lune ou par le cré- 
pufcule. 

J'ai marqué avec foin toutes les étoiles nébuleufes que 
jai vües; il fe peut faire néanmoins que le clair de Lune 
n'ait pas permis de les diflinguer toutes. Différentés lettres 
défignent leur nature dans ce catalogue; l'expreffion abrégée 
néb. fignifie une nébulofité ou une blincheur remarquable 
dans le ciel, telle que feroit une foible comète; Æ. ne. 


D'EMNUSICNME UN CES o1 
fignifie une étoile entourée ou accompagnée d’une nébulofité; 
À. néb. un amas de petites étoiles ferrées, qui paroïffent à 
la vüe fimple une nébulofité dans le ciel; G 4. néb, un 
amas confidérable de pareilles étoiles; Æ. néb, un amas de 
petites étoiles enveloppées dans une nébulofité, 

Pour faire voir l'ordre & la difpofition des nouvelles conf- 
tellations que j'ai cru devoir introduire, afin de donner des 
noms & de défigner par des lettres particulières les étoiles 
qui {e font trouvées comprifes dans les intervalles vuides des 
conftelltions anciennes, je joins ici un petit planifphère ré- 
duit d'après celui de fix pieds de diamètre, que j'ai préfenté 
à l’Académie. On na pü, dans une fr petite feuille, s’affujétir 
à une échelle diftinétement graduée, pour repréfenter_ les 
différentes grandeurs des étoiles : c'eft le catalogue qu'il faut 
confulter pour s'en aflurer. 

On n'y trouvera pas la conftellation nouvelle que M. Halley 
a inférée dans fon Planifphère en 1677, fous le nom de 
Robur Carolinum , parce que j'ai rendu au Navire les belles 
étoiles que cet Aflronome, ägé alors de vingt-un ans, en 
a détachées pour faire fa cour au roi d'Angleterre. Quelque 
louable qu'ait été ce: motif, je ne puis approuver la façon 
dont M. Halley s’y eft pris pour faire pañfer fa conftellation ; 
car pour la faire paroître ifolée, il a tellement raccourci le 
Navire, qu'il a laïflé informes d’aflez belles étoiles entre le 
Navire & fon arbre; & pour faire entendre que les étoiles 
qui compofent fon arbre étoient nouvelles, ou n'avoient ja- 
mais été obfervées, il n'en a pas comparé les pofitions avec 
celles des anciens catalogues, comme il avoit toüjours pra- 
tiqué à l'égard des étoiles des autres conftellations: cependant, 
des douze étoiles dont l'arbre de M. Halley eft compolé, 
neuf font dans ces anciens catalogues, & défignées par des 
lettres particulières fur les planifphères de Bayer, dans la 
conftellation du Navire. Enfin on ne peut douter que tous 
ceux qui dans le quinzième & le feizième fiècle ont ok- 
fervé les étoiles auftrales, pour les renfermer dans de nou- 
velles conftellations, n'aient attribué conftamment au Navire 


592 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
toutes les étoiles dont l'arbre de M. Halley eft compofé; 
autrement eft-il raifonnable de croire qu'ils euflent formé les 
conftellations du Poiflon volant & du Caméléon, qui font 
fi voifines du Navire, & dont les plus belles étoiles font 
de la cinquième grandeur, tandis qu'ils auroient laiflé fans 
conftellation, entre le Centaure & le Navire, un grand ef 
pace rempli d'étoiles de la première, deuxième, troifième 
& quatrième grandeur, fr bien grouppées avec celles du 
Navire? 


Faute à corriger dans le Catalogue. 
Page 581, ligne 19, au lieu de &. a, 6, lifeg 1 6. 


CONSTRUCTION 


Mom, de l'Ac.R. des Se. 1752. Pag. 492. PlL.20 . 


CONSTELLATIONS CELESTES 
et Le Tropique du Capricorne 


Ir Capricor®* 


PLANISPHERE contenant les - BE 
compris entre de Pole Austral é 


STÉLLATIONS CELESTES 
ct & Tropique du Capricorne 


& Lrud\N © 


Es 


TK + 


Tropique du Mr Capricorne 


PR RS D NT 


DES SCciENCESs. 593 


CONSTRUCTION 


DES 
TABLES DU MOUVEMENT HORAIRE 
D'E°'L'ASCLSUMN"E. ; 


Par M. CLAIRAUT. 


ES Tables que je publiai au commencement de l’année 

dernière, peuvent donner le mouvement horaire de 1a 
Lune pour un inflant quelconque, puifqu'en calculant par 
leur moyen le lieu de la Lune pour cet inftant, & le lieu 
où eft ce même aftre une heure plus tard, la différence de 
ces deux lieux eft le mouvement horaire demandé. 

Mais cette méthode n'a paru trop pénible pour ne pas 
chercher à l'abréger, & le peu de variations que fouffrent 
les équations du lieu de la Lune pendant un intervalle de 
temps f1 court, ne permettoit guère de douter qu'on ne pût 
les déterminer directement par quelques équations plus petites 
& moins nombreufes que celles du lieu même, & qui ne 
demandaffent pas de nouveaux argumens. 

Je vais expofer à l’Académie la voie que j'ai fuivie pour 
trouver ces équations; elle pourroit aifément étre employée 
dans la plufpart des théories de la Lune, mais je me fuis 
contenté de l'appliquer à la mienne. 

Après avoir déterminé par cette méthode les formules 
qui expriment les équations horaires du mouvement de 1a 
Lune, jai pris la peine de calculer les Tables qu'elles in- 
diquent; travail fec & rebutant, mais dont je me croirai 
bien dédommagé fi fon utilité e rend agréable aux Aftro- 
nomes. 

Au refte, l'avantage des Tables que je donne en ce Mé- 
moire ne fera pas feulement d’abrécer la peine de calculer 
un fecond lieu de Ja Lune, pour avoir fe mouvement horaire, 


Mém. 17 52. Ffff 


30 Avril 
175 5° 


594 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

elles donneront ce mouvement avec plus d'exaétitude que 
par le calcul de deux lieux, parce que la multiplicité des 
équations des lieux de la Lune pouvant introduire quelques 
fecondes d'erreur dans chaque lieu, on eft expolé à doubler 
ces erreurs par les deux calculs, au lieu que trouvant ici di- 
reétement le mouvement horaire par des équations où les 
décimales font marquées, les cas les plus malheureux ne 
pourront produire aucune erreur fenfible. 

Lorfqu'on voudra calculer par les mêmes Tables un lieu 
qui foit diftant d’un lieu déjà calculé, d'un intervalle moindre 
qu'une heure ou un peu plus grand, on voit aifément que 
Von aura autre chofe à faire qu'à prendre des parties pro- 
portionnelles ; mais fi intervalle de temps étoit de plufieurs 
heures, on pourroit commettre une erreur trop confidérable 
en fe contentant de cette opération. Pour éviter cependant 
au calculateur la peine de chercher un fecond lieu, je donne 
ici les Tables qu'il faudroit employer pour corriger le lieu 
qui auroit été calculé au moyen du mouvement horaire & 
des parties proportionnelles. Ces équations, qui ne font qu'au 
nombre de quatre, toutes aflez petites, n'ont pour argument 
que des angles que l'on a néceflairement déterminés en cal- 
culant le premier lieu de la Lune. 


Ain: TDULCIESES : 


PROBLÉME FONDAMENTAL POUR LA DÉTERMINATION 
des Mouvemens horaires. 


Suppofant que e fin. À repréfente une des équations quel- 
conques du lieu d'un aftre, trouver l'équation qui en doit 
réfulter pour le mouvement horaire du même aftre. 

$ 1. On commencera par chercher la quantité dont Fangle 
A, argument de l'équation propofée, varie pendant une heure, 
& nommant « cette variation horaire, il eft clair que 
€ fin. (À —+- à) repréfentera ce que devient l'équation € fin. À 
après un intervalle d’une heure, & que par conféquent 
e fin. (A + &) — 6 fin. À eft l'équation du mouvement 


D'ES SICÉNE N°C2S, 9 
horaire de 'aftre propolé, correfpondante à l'équation e fin. 4 
du lieu: mais à la place de fin. (A + «) Von peut écrire 
fin. À cof. & —- cof. À fin. &, où fin. À (1 — fin, verfe À) 


+- cof. À fin. «, ou fin. À er fin, À + & cof. À, 
2 


Jorfque æ eft une quantité auffi peu confidérable que le doit 
être la variation de À pendant une heure de temps; donc 
au lieu de la quantité e ie ( + à) — e fin. À, nous 


aurons en réduifant — 


fin. À + ea cof. À pour 
2 
l'équation cherchée du mouvement horaire. 


$. 2. Et lorfque le coëfficient e fera une aufñii petite quan- 
tité que le font le plus grand nombre des équations du mou- 
vement de la Lune ou de tout autre aftre, le feul terme 
ea cof. À repréfentera avec une exactitude fuffifante l'équa- 
tion du mouvement horaire, correfpondante à l'équation 
e fin. À du lieu. 

$. 3. Si l'équation dont l’on cherche Ia correfpondante 
dans le mouvement horaire, au lieu d’être & fin. À, eût été 


e cof. À, il eft évident qu elle auroit donné 

— ea fin. À pour l'équation cherchée, puifque cof. (A = a 

= cof. À cof. & — fin. À fin. &, où {1 ro 
e 2 


— « fin. À, lorfque, comme dans le cas précédent, « eft 
peu confidérable, 


ARTICLE Il 


DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE 
du lieu de la Lune. 


$. 1. Pour appliquer la propofition précédente aux équa- 
tions du mouvement de la Lune, lon commencera par re- 
prendre lexpreflion générale du lieu de la Lune que j'ai 
donnée, tant dans ma théorie de cet aftre, publiée en 1752 
à Péterfbourg, qu'à la tête des Tables qui ont paru ici au 
commencement de 1 À | 
Gif Ffffi 


596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Expreffion du lien vrai dans l'orbite, 


{ong. moy. € =— 62 17/44" in ÿ — 3! 41fn 1— 0 4fin ( 1— 9) — 1416 19"fin. (21 — 3) — 1 Bin (41 — y) 

+ 12 $7 fin +39 54 Gn 2442 13 fin (21 — 23) + 43 fin. (4t— 2}) 

— 37 fin. 3 + 27 fin. 4f 
D 10/3 5 "fin. LH 2/24 fin. — UV — 148" fn. (9 + L)— 2 44" fin (21 — L)— 3" Bin. (21 +9) + 3/27/Gn(2t — 9 — 7) 
— 1/21 %fin.(25 — 210) + 1 11 /fin.(25 — 23) + 1/29 "fin. (25 — 9) + 20"fin.(22 — 2 + 27) — 27028 — y + 7) 
2 2,3 in.(24 + 2) + 20" (20249) — 3 2 "fin (21— 29) — 1 in. (29 = L)H1 5"in ( 2 + )— 18 "in.(21 — 39) 

+ 9 fin(21+ 2y) 
dans laquelle on fe reflouviendra que 


D —= long: moy. € — long. moy.apogs € 8 — Jong. moy. € — long. moy. © 
$ — Jong. moy. © — long. moy. & TZ —= long. moy. © — apog. [o] 


$. 2. Onferaenfuite dans la quantité —— fin. A+ e@ cof. À, 


A fucceflivement égal aux argumens y, 2y, 3y; #, 21. &c. 


a égal aux mouvemens moyens de ces argumens pendant 
une heure; 


Enfin e égal aux coëfficiens qu'ont les finus de ces argu- 
mens dans l'expreflion précédente. 


$& 3. Ainfi pour fa première équation — 64 17° 44” fin. y, 
on aura e —= — 64 17 44" ou — 22664": A—y:a 
ou le mouvement moyen de y pendant une heure / Voyez 
page 1 5 des Tables) = 32° 40", qui, en parties du rayon, 


eft 0,009 503; & ces quantités fubftituées dans — <= fin. À 
= 


—+- ea cof. À, la changeront en + 1"fin.y — 3° 35",4 cof. ÿ, 
qui eft l'équation horaire du lieu de la Lune dépendante de 
Vargument y. 

$& 4 Quant à l'équation du lieu + 12° $7" fin. 2y, elle 
donnerae—+- 12" 57" ou 777% A—2y;a — 65 19" 
où 0,019006, quantités qui fubflituées dans eæ cof. 4, (le 


s a° 
premier terme — <= fin. À étant en cette rencontre beau- 
2 


coup trop petit pour êtreemployé) donneront +- 14”,8 cof. 2ÿ 
pour léquation du mouvement horaire répondante à largu- 
ment 2: 


© - cé mm dt tn 


DRENSI SAUCE NC :E 5: 597 
$. 5. L'équation — 37" fin. 3y donnera de même 
— 1" cof. 3j: 

_$ 6. Et comme les équations répondantes aux argumens 
ÿs 23; 39 ne dépendent, à proprement parler, que de l'ar- 
gument y, & qu'elles peuvent ainfi être toutes rangées fous 
cet argument, ON aura 

+ 0° 1",0 fin 
me 8e à EN D 
+ O0. 14,8 cof. 2Y 

L : — ©. 1,0 cof. 37 
pour former la première des Tables du mouvement horaire 
de la Lune. 

$. 7. L'équâtion — 3" 41" fin. ? du lieu, en faifant de 
même ÀA—f, a — 30° 29" ou 0,00887,e—— 341" 
ou — 22 1” dans l'expreflion «e cof. À, donnera — 2" cof. t 


pour l'équation du mouvement horaire répondante à Fargu- 
ment f. 


S 8. Suppofant e — 39° 54" ou 2304", À = 27, 
& partant « — 60° 57" où 0,017736, on aura par la 


fubftitution dans — — fin. À + ê& cof. À, la quantité 


0,4 fin. 22 + 42,5 cof. 27 pour l'équation dépendante 
de l'argument 25. 


$. 9. On trouvera de même que + 1,0 cof. 41 fera 
l'équation du mouvement horaire dépendante de l'argument 4z. 


$. 10. Et rangeant ces trois équations relatives à l'argu- 
ment z fous cet argument, on aura pour former la feconde 
des Tables du mouvement horaire de la Lune, la formule 


— 2",0 cof. 
—  O,4 fin. 27 
+ 42,5 cof. 2 
+ 1,0 cçof. 4 
Ffff ijj 


598 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

$. 11. Quant aux équations — 0" 4"fin. { 4 — y) 

—+ 2 13 fin (24 — 2}) 

qui forment la troifième Table de celles du lieu, on voit 
bien que leurs correlpondantes dans celle du mouvement 
horaire ne peuvent être qu'extrèmement petites, que la pre- 
mière même ne peut donner qu'une fraction de feconde, 
d'une petitefle fi exceflive, que la fubftitution eft totalement 
inutile, & que la feconde ne demande que le terme ex cof. À. 

Si Von fait dans ce terme e — 2° 13”, &, ou la varia- 
tion horaire de 22— 2y,=— 4" 22"—— 0,00127, 
on aura pour former la troifième Table du mouvement ho- 
aire, l'équation — 0",2 cof. (21 27) fi petite, que lon 
pourroit la négliger entièrement: je l'ai cependant employée, 
mais pluftôt pour ne pas interrompre la fuite des argumens, 
que pour montrer jufquoù j'ai pouflé le {crupule dans le 
calcul en queftion.: 

$&. 12. L'équation du lieu dépendante de Fargument 
21 — y, laquelle ft — 14 16° 19"fn. (21 — y) donnera 
e—œ— 1116 19" 004579" A 21—y;a — 2817" 


ou 0,008 2 28; valeurs dont la fubftitution dans — 2% fin. À 
2 

+ ea cof. À donnera + 0",2 fin. (21 — }) — 37"7 

cof. (21 — y) dont le premier terme eft encore d'une pe- 


titefle bien négligeable; mais comme l'équation qu'il donne 
doit par fa nature entrer dans la même Table que l'équation 
fournie par le fecond terme, elle n’augmentera en aucune ma- 
nière Ja peine de ceux qui calculeront les mouvemens horaires. 

S1#30/13en fera de même de la troifième équation 
+ 0",7 cof. (4t — 2}) relative au même argument que 
donnera l'équation + 43" fin. (4f — 23) du lieu. 

$. 14 C'eft-à-dire que la formule totale qui donne la 
quatrième Table du mouvement horaire de la Lune fera 

+ 0,2 fin {21 — }) 


— 377 cf (21 — 
+ 0,7 cof. (4t — 2y). 


DoElSy SCIE N° CE S « ‘599 

$. 15. Si l'on continue [a même opération pour les autres 
équations du lieu, en négligeant les huit dernières qui font 
très-petites, même dans la détermination du lieu, & qui ne 
donnent rien que de très-négligeable dans le mouvement ho- 
raire, on aura pour l'expreffion générale du mouvement horaire 


Valeur du mouvement horaire de la Lune. 


32/56/20! 1/,0fin. ÿ— 2",0cof. f—0",2cof{21—2ÿ) + 0',2fnf{21— D)— 1", cor (4t—y) 
3 45r4c0f Ÿ— 0,4 fin. 29 — 377 cf (21— 3) 
+0 148cof2)+-42; 5 cof2# + 0,7cof(4t— 2}) 
—0 1,0cof. 3 y + 1,0cof4f 

+ 0",5 cof.Z + 1°,3 cof. (y — Z) — 1,1 cof. (y + T) 

— 28 cof. (21 — 7) — 54 co. (21 + y) 

+ 19,6 cof. (24 — y — 7) — 0",9 cof. (25 — y). 


600 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


AMOR AUTUC “IE L'AILE 


TABLE DES EQUATIONS DU MOUVEMENT HORAIRE 


de la Lune dans fon orbite. 
PREMIÈRE EQUATION. Argument Y. 


re) 


SE DIE af pv 


. 12 
+3. 46,2 11 
3e 471 lo 

+0. 81— 
3: 4719 9 
+3. 45,6 cu] RE 

.6 

+3.492 [°° 7 
+3- 497 TT 6 
7123-15 052 5 
+3: 50,6 4 
+3 509 3 
+3 SD 2 
+3: S1,2 ll 
+3: $1,2 o 


VI. 
DEUXIÈME 


DES SCIENCES 6ot 
[ DEUXIÈME EQUATION. NÉS Argument t. 


I. IL. III. IV. V. 


— 20,4 | + 22,8 


| 


532 + 35,8 


he Er À 


— 6,9 | + 42,2 
LE. 8,4 | + 42,8 
— 9»9 | + 4333 9 
LS 11,4 | + 43,8 8 
2 12,9 | +442 | 7 
— 15,5 | — 41,0 |— 27,4 | + 14,3 [+446 | 6 
— 16,8 | — 41,2 | — 26,3 | + 15,8 | + 44,9 | 5 
— 18,1 | — 41,3 | — 25,2 | + 17,2 | + 45,1 4 
— 19,4 | — 41,4 | — 24,1 | H 18,6 | + 45,2 | 3 
— 20,6 | — 41,5 | — 22,9 | + 20,0 | + 45,4 | 2 
— 21,8 | — 41,5 | — 21,7 | + 21,4 | H 4s,s I 
— 23,0 | — 41,5 | — 20,4 | + 22,8 | + 45,5 © 

X IX VIII. VIT VI. | 
CREER 


602 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TROISIÈME ÉQUATION. 


Argument À — y. 


o |+ 0,2 ER 0,2 
—+ 0,0 | 0,2 |+ 0,2 | — 0,0 
+ 0,0 [+ 0,2 |+ o,t 
+ 0,1 


| 


LORS Sd à — D = ON LORS LD po pme mb. 
H : ’ 


ae fl di éié B'A 
D'FETS 4 OTOTET EUR SCENE 6063 
QUATRIÈME ÉQUATION. ©: 4°: Argument 21 — y, 


| Ofs TT MEN TT "| IV. V. 
ON TI rm FN 


chti, 

— 8750 Vr 39 —{185 + 02 | 492 | 33,4 
— 37,0 | — 3u,6 | —\18,0 | + 0,8 | + 19,8 | 433,8 
3 | — 36,9 | — 31,2 MALADE 420,3 | H341|2 
|— 36,9 | — 30,9 | —l16,9 | + 2,1 | 020:9 À + 34,4 
[= 36,9 | — 30,5 | — 16,3 | + 2,8 | 420; 
RER RL ET n à LL F2 ï 
| — 368 | — 30,2 | — 15,7 | 4#+°3,5 | + 22,0 
— 36,7 | — 29,8 | — 15,1 | +41 | 4°022:6 
| — 367 [204 |— 145 | + 4,8 | + 23,1 
ÉTAT Fate 
| — 36,5 | — 28,6 F4 6,1 | 4242 
|— 364 |— 28,2 |: + G7|+247 
|— 362 |— 27,8 + 74 | 4252 

UE : +187 } 25,8 
+ 2:7 | +26, 
+93 | + 26,8 
+ 10,0 | + 27,2 
+ 10,6 | + 27,7 
+ 11,2 | H 38,1 
+ 11,9 | -- 28,6 
+ 12,5 | + 29,1 
+ 13,1 | + 29,5 


ni 16,8 | + 32,0 
+174 | + 32,4 
+ 18,0 | + 32,7 
[+186 |+ 33 
VTIT. VIT. 


Geggi 


— 20,7 
2 | — 1,8 
| 


604 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


V.c ÉQUATION. Argument at — y. VIe ÉQUATION. Argument 2 
Of | Lee lon A V. 2 CON D RP AE PE 0 à QE < 2 D : 
6|—1,8l—126|-—0,9 o|o,09|+1,6|30 o[-o,5|o,4l-ho,2|  o|—0,2|—0,4|130 
3|—1,8|—1,5|—0,8|+0,1|+1,0+1,6|27 3[+40,5|+-0,4l+0,2|—0,0|[—0,3|—0,4|27 
G—1,8|—1,5|—0,7|+0,2|+4-1,1|4-1,6|24 6|—+0,5|+0,4|+0,2|—0,1|—0,3|—0,4|24 
ol —1,8 Er 7 —o,6 +0,3 + 1,1|+-1,7 2% ol+o,s +0,4|+0,2|—0o,1 —0,3 —0,5 21 
12|—1,8|—1,3|—0,6|+0,4|+1,2|+1,7|188 L12|o,s |—+0,4|—+o,2|—0,1|—0,3|—0o,5|18 

15—1,7—1,3|—0,5 +05 4,375 540,5 /o,4l#o,1 0,1 
18 —1,7|—1,2|—0,4 0,6 /1,3 car 8 12 AR NIAEN) —+0,1|—0,2 
M—=1,7|— = 0,3 0,6 154 1,8 91 {21|—+o,5|+0,3|—+0,1|—0,2 
24]—1,6|—1,1|—0,2|+0,7|+1,5|+1,8| 67 f24/—+0,4|+0,3|+o,1|—0o,2 
27|—1,6 —1,0|[—0,1|+0,8|<+-1,5 ETRR si 27 40,4 —o,3|—o,0|—0,2 
30|—1,6|—0,9 o|o,9|+1,6|+1,681 oÙ f30|—o,4|+0,3 o|—0,2 

XI. X. °|! IXE VIT IIVT ES) OV | | XI. | X. | IX. | VII] VII. | "VI. 


VIILe EQuATIoN. Argument y —z  VILE EQUATION. ArgUMENt Y + Ze 


Of 1 Ia TITLE) PE | VE Of Le) 17.0) 4 VE Ve 
Pol+1,3 —+-1,1[--0,6 6|—0,6 5,:1[30 Fo 


o|—1,1|—0,9|—0,5 o|+0,5|+0,9|30 
3|+1,3|+1,1|#o0,6|—0,1|—0,7|—1,2|2 3|—1,1|—0,9|—0,$|+o,1|+0,6|+1,0|27 
6|+1,3|+1,0|+o,s|—0o,1|—0,8|—1,2|24 


6|—1,1|—0,9|—0,5|+0,1|+0,6|+1,0 
9|+-1,3|+1,0|+0,5 |—0,2|—0,8|—1,2|21 Fo Lo,7 

12|+1,3|+1,0|+0,4|—0,3|—0,9|—1,2|1814 fr2|—1,1|—0,8|—0,4|+o,2|+0,7|+1,0 
151+1,3|+0,9|+0,31—0,3|—0,9|—1,31158 Disl—1,1|/—0,8|—0,3|#0,3|+0,81+# 1,1 
Le off 02 to ras 


9|—1,1|—0,8|—0,4|+0,2|+0,7|+1,0 


21|+1,2|—0,8|+0,2|—0,5|—1,0|—1,3| 9Ù f21|—1,0|—0,7|—0,2|+0,4|<+0,8|+1,1 
24|+1,2|+o,8|+o,1l—o,5|—1,0 —1,3| 6! f24|—1,0|—0,6|—o,1|<+0,5|+o,g|<+1,1 
27 +1,2|-+-0,7|+-0,1|—0,6|—1,1|—1,3| 3 27 —1,0|—0,6|—0,1|+0,5|+o,9|+1,1 
30|+1,1|—+o0,6 o|—0,6|—1,1|—1,3| où f30|—0,9|—0,5 o|+-0,5 |+0,9|+1,1 


NEA CNIL EX INVITE VIT AIME 


XI X. | IX. VIII, | VII | VI. 


| ml = DIN 
O WA bit co — | 


DES S'CTENCES. 605 


IX EQuATION. Argument 2t— y. X.° ÉQUATION. Argument 2t + Ye 


RE ST 
où! I nn. | TX. IV. | Y. 


I. I. | III. | IV. | Y. 
—54|—47|—2:7|  oÙ+2,7l14,; 
— 45 |—2,4|+0,3|+2,0|+4,8 
—5,4|—4,4|—2,2|+0,6 


TT ÿ»3|—42|—1,9 0,9 3,4 5,0 
jr3|—40|—1,7|+1,1 43,6 45,1 
—5,2|—3,8)—1,4|+1,4|13,8|+ 6,2 

3 


F8] 5,1 —3:6|—1,1|+1,7|+4,0|+5, 
21|—5,0|—3;4|—0,9|—+1,9|+4,2|+5, 


—2,8|—2,4|—1,4|  o|+1,41+2,413 
LA 

—2,8|—2,4|—1,2|+0,1|+1,5|+2,5|27 

—2,8|—2,3|—1,1|+o,3|+1,6|+2,5|2 


—2;2|—1,0|—0,4 


aw ol 
| 

LA 

+ 


+1,8 2,6|21 
—2,7|—2,1|—0,9|+0,6 
—2,7|—2,0|—0,7|—+0,7 


+19 |+2,7|18 
—-2,0|+2,7|15 


= = 
A D 


= | = = 
| D © a w © 
© 
CO 


24|—4,9|—3,2|—0,6|+2,2 


27 —4,8 —2;9|—0,3 172,4 4,5 +554 4 


30|—4,7|—2;7 0|+2,7|+-4:7 mb 7 2 D 
XI | x. | 1X. var. vi] vi | 
SES A EC CO ENTREE 


27|—2,5|—1,5 
30|—2,4|—1,4 


ML MTL. VAN: 


For ral to,8l  o|—0,8|—1,4 
3|+41,6|+41,3|+0,7|—0,1|—0,8|—1,4 
6|+1,6|[+1,3|+o0,7|—0,2|—0,0|—71,4 

lo +1,6|1,2 +-0,6|—0,3|—1,0—1,5|21 


18 La XILe & XIIIe 


AR IPEIE Ge Th LE UATIONS nulles, 
15|+1,5|+1,1|+o,s|—0,5|—71,1 I Arg. s—t Ag, S — y :Q 
18 +1,5/+1,1/[+o0,4|—0,6|—1,2 


21|+1,5|+1,0|+0,3 | —o0,6|—1, 

24|+1,4|—0,9|+o0,2|—0,7|—1,3|—1 
27|+1,4|+0,8| 0,1 —0,7|—1,3|—1, 
30|+1,4|+0,8 o—0,8|—1,4|—1, 


606 MEMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
: QUATORZIÈME ÉQUATION. 
| Apauinent 28 —— y. 
BLES of Hell ë 


ST III, IV. Va 
+ 0,4 | 0,8. | 


— 038. 0,4 0, 
| 


— 0,4 | 0,0 


— 0,3 [+ O1 [+ 0,5 |+ 0,8 | 21: 


0,6 [— 0,3 |+ 0,2 [+ 0,6 [+ 0,9 | 18 
— 0,6 |— 0,2 |—+.0,2 Ë vélo 15: 
0,6 |— 0,2: |+ 0,3 | 0,6 | + ‘0,9 12, 


0,5 [— 0,6 |+-0,3 [+ 0,7 | 0,9 
0,5. |— 0,1 0,424 0,7 |+ 0,9 


IX, | VII. | VII. 


DES SCIENCES. 607 


AAITAGEE IV. 
DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE 
de la longitude de la Lune. 


H eft évident que la variation horaire de {a longitude de 
la Lune ne peut diflérer de celle de fon lieu dans l'orbite, 
que par la variation de [a réduction à l'Ecliptique: on n'aura 
donc autre chofe à faire qu'à reprendre l'indiinaifon de lor- 
bite & l'argument de la fatitude, qui ont été déterminés 
dans le calcul du lieu de {+ Lune pour l'infant propofé, 
lequel calcul a précédé celui du mouvement horaire; ajoûter 
enfuite à cet argument de la latitude la variation horaire 
moyenne de cet argument, laquelle eft 33° 4”,4, & y 
appliquer en outre le réfultat des équations de la variation: 
horaire du lieu de la Lune : car cette opération donnera le 
nouvel argument de la fatitude pour l'inftant qui fuit d'une 
heure le premier lieu calculé, & par le moyen de cet argu- 
ment & de la même inclinaifon d’orbite on aura la nouvelle 
réduction à l'écliptique. Il eft vrai qu'on néglige dans cette 
opération les petites corrections que pourroient apporter la va- 
riation horaire des noeuds &TCélle de l'inclinaifon de l'orbite: 
mais ces corrections qui, comme on le va voir, font à peine 
fnfibles dans le calcul de la latitude, font entièrement négli- 
geables pour la réduétion à Fécliptique, 


ARTICLE V. 


DETERMINATION DE LA VARIATION HORAIRE 
de la laritude de la Lune. 


$ 1. Pour trouver d’après mes tables de la Lune, la quan- 
tité dont la latitude de cet aftre varie en une heure il eft 
évident qu'il faut commencer par calculer les changemens 
que les cinq équations de l'argument de la latitude & les 
trois de Finclinaifon peuvent fubir pendant cet intervalle de 
temps, enfüite examiner la variation que peuvent auffi éprou- 
ver dans le même temps les huit dernières équations ou cor- 
retions de la latitude. 


608 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
$. 2. Soient donc reprifes premièrement les équations 


+23" fn 9 + 7/21" fm 2t — 10 23" fn g — 1429 49" fin. (25 — 24] 
H 1 8 fin, (4s — 41) 


—7 afin: 25. 


de l'argument de fa Jatitude, & cherchée la correfpondante 


de chacune de ces équations pour le mouvement horaire, 
ex 


© fin, À + ea cof. À de 


au moyen de la formule — - 


l'article premier, laquelle formule fe réduit en cette rencon- 
tre au feul terme ea cof. À, le premier ne donnant que des 
quantités trop petites pour y faire attention. 


PRIE Cette opération ne demandera autre chofe que de 


fubflituer dans =— ea cof. À fucceflivement à la place 
de C, + 2/ Du : +721 : —10/23" se 1929! 49" : RP Te : — 72" 
de À J 2t ra 2S$ —2/ 45 —4t, 25 

de & 32/40” 1d 1° 2! 28" 5127 10/24" 14 6? 


ce qui donnera pour la variation horaire de l'argument de 
la latitude dépendante des équations du nœud, 

L 17,2 cof. Ÿ +7"; 8 cof 2 # — 0", $ cof. ? — 8, 1 co (25 — 21) —8/, 1 «of 25 

+0 2 caf (45 —41) 

dans laquelle les équations + 1",2 cof. y — 0”,5 cof. 7 
—+- 0",2 cof. (45 — 4t) peuvent être entièrement négligées, 
vû que les corrections qui en réfulteroient pour la latitude 
devant étre environ onze fois moindres, (à caufe que le 
finus de linclinaifon ne s’écarte guère de) feroient excef. 
fivement petites. 


$. 4. Soient reprifes maintenant les équations de l’'inclinai- 
fon de Porbite 


— 41" cof. 24 8° $" cof. (25 — 21) +38" cof. 25 


dans laquelle on a omis l'équation 0’ 9" cof. (45 — 41) à 
caufe de l'exceflive petitefle de celle qu'elle pourroit intro- 
duire'pour la variation horaire, & foit fubftitué fucceffivement 


dans la formule — — cof. ÀA— ea fin. À ou fimplement 


- fouffrir finclinai{on , 


De FSU SUOE NN: Es Go) 
— £a fin. À donnée (article premier, $ 3) à Ha place 


de e les nombres — od o’ 41”; 8° s'; Dors 8" 
de À les angles 24: 25 LS 25 
de « les nombres 1d 1’; an 2m 0 


on aura les trois équations ; 
+ 0",7 fin. 2€ — 0",7 fin, (25 — 21) — 0",7 fin. 25 
pour la variation horaire de l'inclinaifon de l'orbite. 


$. 5. Il neft donc plus queftion pour favoir la variation 
horaire de la latitude réfultante des équations de l'argument 
de la latitude & de celles de l'inclinaifon de l'orbite, que de fa 
déduire de la correction + 7",8 cof. 21— 8",1 cof.(25— 21) 
— 8",1 cof. 25, del'argument & dela correttion +- 0",7fn. 24 
— 0,7 fin. (25 — 21) — 0",7 fin. 25 de l'inclinaïfon : or 
il fera bien aïfé d'employer ces corrections au moyen d'un 
lemme dont j'ai déjà fait ufage pour une pareille occafon, 
en expliquant fa conftruétion de mes Tables de la Lune *, 
Ce lemme apprend que fi @ repréfente la correction qu 
faut faire à l'argument de la latitude, & + celle que doit 
® cof. arg. * fin. incl. + Y co£ incl, *X fin. arg. : fe a 


cof. lait, 

celle qui en réfultera pour la latitude. 

$S 6. Avant de fubitituer dans cette formule à [a placé 
de @ & de y, les termes +- 7,8 cof. 21 & + 0”,7 fin. 27; 
— 8",r cof. (25 — 21) & — 0",7 fin. (25 — 21) 
— 8",1 cof. 25 & — 0",7 fin. 25, on remarquera que 
vû Ja petitefle des quantités à füubftituer, on peut, fans er- 
reur fenfible, prendre le raÿon pour le cofinus de la latitude 


\f 


& pour celui de l'inclinaifon, & pour le finus de 


J1,1 
Yinclinaifon. 


$. 7. Par ces fimplifications très-permifes dans l'opération 
o 


préfente, la formule à employer fera Te cof. arg. y fin. aïg. 


Men. 1752, . Hhhh 


* Vo. cdi: 


‘il Page 1 52: 


Pa) 


6ro MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


où —— cof. + €) + y fin (5 + e),en nommant, 
comme dans mes Tables de la Lune, e l'équation de far- 
gument moyen de la latitude, c'eft-à-dire, la fomme des 
équations du lieu de la Lune, & des cinq équations précé- 
dentes, dûes au mouvement du nœud. 

$ 8. Si Fon fait à préfent la fubflitution qu'on vient 
d'indiquer , on aura pour les équations réfultantes, c'eft-à-dire, 
pour la correction cherchée de la latitude, les équations 
+ 0/,7 cof. 21 cof fs + €) — 0/7 cof.{25 — 21) cof{s + e) — 0/7 cof. 25 cof.{s + €) 
+ 0, 7 fin. 2/fin.(s + €) — 0,7 fin. (25 — 21) fin. (5 ++ €) — 037 fin: 25 fin. (s + 6) 
lefquelles fe réduifent aifément aux trois fuivantes 
2 of oh (at —"s — 6) og caf Pat — 8 +0) og c0û (4) 
& ces corrections, les feules que demandent pour le mou- 
vement horaire les huit équations, tant de l'argument de la 
latitude que de Finclinaifon , font fi légères, qu'on pourroit 
aifément les omettre fans fcrupule. 

$. 9. Refle enfin à examiner la correction de fa latitudé 
que peut demander fa variation dans es huit petites équa< 
tions ou corrections de la latitude 
— 12"fin{s —y— 6) — 23" fin. (5 — 25 — e) 
— Afin. {21— 2) HS HE) — 2 2"fin.fs = 25 —+- y) 
+23" fnfse— 217) +4 11 finf/2t4 gs —c) 
= "fin {2H 275 ce) + S"finf2r +y—5s #0), 
opération qui ne demande que de fubftituer dans éà cof. À 
à la place de À, les angles (5 — y —e), (5 — 2y —e), 
(2t = 2y +4 5 + c), &ec à la place de 4 les variations 
horaires de ces mêmes angles, & à la place de & les coëfficiens 
on —— 29 — 4, dc. | 

Le calcul fait, on aura, en omettant plufieurs équations 
dont la petitefle eft exceflive, 
+ 0",2 cof.(s — 2y— €) — 0",2@f/5—e—21+ 7) 
+0",1cof./21+-7—5+e) #0", 1cof./214-y—5 He); 
Jefquellés font encore plus négligeables que les trois du £. 8. 


tatin 


M EG LSLGUME AN É E tx) 
Cependant en faveur de ceux qui ne voudroient pas néoli- 
ger lerreur que ces fept équations pourroient caufer, quoique 
dans les cas les plus malheureux elle ne montät guère qu'à 
1", jai drefié les tables fuivantes. 


AR Tr CRE + | Vol 


TABLE DES CORRECTIONS DE LA LA TITUDE 
pour le Mouvement horaire. 


Lre EQUATION. Ang. s — y — e nulle. 


ILe EQUATION. Arg. s — 2yÿy — €. 


JILe EQUATION. Arg. 2t — 2ÿ + se I 
IV. EQUATION. Argument s — 2t + y DAT 
V.: EQUATION. Arg. s — 2t-+-2z—e. 


RS +) 
| or L'FU 9 nr. | IV. Y. 
+ 0,2 . 


(l 
Flo 
+01 | + 0,2 [24 
L 
ss 


+ 0,0 
+ 0,0 0,1 | + o,2 |18 
+ 0,1 0,1 | 0,2 |12 
+ 0,1 | + 0,2 | + 0,2 
+ 0,1 | + 0,2 | + 0,2 


vu. | VIL | vi 


612 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


VIe EQUATION. Arg 2t-4 2 —5+ e. 


VILeEQUATION. Ar, 2t4- 2zZ—5$-+ € nulle. 


VIILe EQUuATION. Arg. 21+ÿ —5s + e 


Of 

ol Ho, 

6| + 0,1 

12| + 0,1 

Halo eo ER le 

24| + 0,1 | + 0,0 | # 0,0 | — 0,0 

30|+ 0,1 | + 0,0 O |. — 0;0 

— —— 
Neal ENS LOVE 


IX.e EquaTIOoN: 


HUE SR AS EN CE 5 613 
X.e EQUATION. Argument 2t — s + € 


AR TMÉFCULE SE. CIN D Î 
EXEMPLE DE LA MANIERE 
d'employer les Tables précédentes, 


On demande le mouvement horaire de la Lune, tant 
dans l'orbite qu'en longitude & en latitude, pour le 15 
Décembre 1741, à 6P 15° 31", temps moyen. 

Mouvement horaire dans T'orbite. 


Comme l'on n’a guère lieu d'employer le mouvement 
0 o » Ce re » . . 
horaire de la Lune, que lon n'ait befoin d'avoir aufli le lieu 
de la Lune, la détermination des argumens y, £, 1 L2 
24— y, &c: pour linflant propolé, ne doit pas êire 
Hhhh ii 


* Ce lieu a été 
mis en exemple 
ë la fin de mes 


Zabl CS 


614 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
proprement regardée comme une partie de l'opération, mais 
comme un travail préalablement fait, 


Soient donc repris d'après le calcul du lieu de la Lune pour 


le 15 Décembre 1741 *, à 6h 15° 31", temps moyen, 
les argumens y, , t — y, 2t— y, 41 NT I + La 
21— 7,21 21 —7Y — 7, 25— 7, & écrits les 
argumens ainfi qu'on les voit dans la table ci-jointe. 

Soient cherchées enfuite par les tables précédentes, les 
douze équations répondantes à ces douze argumens, obfer- 
vant, comme dans les autres opérations du calcul des lieux 
de la Lune par mes tables, de mettre les équations pofitives 
dans une colonne, & les négatives dans une autre, 

Cela fait, on fommera ces deux colonnes d'équations ; 
on retranchera la plus petite 1° 22",2, de [a plus grande 
2.205000 appliquant l'équation réfultante + 2° Sr 
au mouvement horaire moyen 32° 56", on aura 35° 3”,3| 
pour le mouvement horaire de la Lune dans fon orbite à 
linftant propolé. 

Ainfi fi l’on ajoûte cette quantité 35° 3",3, au lieu de 
Ja Lune précédemment calculé 11 254 48’ 20",0on aura 
11{ 264 33° 23" pour le lieu de la Lune, le 1 5 Décem- 
bre 1741, à 7h 15' 31", temps moyen, 


RONGEURS 


On appliquera les mêmes fommes des équations horaires ; 
+ 2° 7",3, à la variation horaire 33° 4”,4 de l'argument 
moyen s de la latitude, & fon aura 35° 11°,7 pour la 
variation horaire de l'argument vrai de la latitude. 

Ajoûtant cette variation à l'argument vrai of 94 34° 10" 
précédemment calculé, on aura of 104 9° 22° pour F'ar- 
gument vrai à 7h 15° 31”, & par le moyen de cet argu- 
ment & de linclinaifon d'orbite précédemment déterminée, 
laquelle étoit de sd 17° 2", on aura, foit en employant les 
tables de réduétion ou la trigonométrie fphérique, la nouvelle 
réduétion à lécliptique + 2° 32" qui, appliquée au lieu 
gif 264 23° 23", donnera 11f 26 25° 55" pour la 


DES SCHENCES 61$ 
fongitude cherchée le 1 5 Décembre 1741, à AUTS SU 
temps moyen. 

LU A AT UT NO JDE: 

Avec le même argument vrai de la latitude of 104 9" 
22", & la même indinaïfon $4 17 12", les tables ordi- 
naires de la latitude, ou la trigonométrie fphérique, donne- 
ront aifément la latitude cherchée, laquelle fera — sdr2'1”, 
& cette valeur, en y appliquant les + 14" de 11 correc- 
tion de la latitude trouvée dans le précédent calcul du lieu 
de la Lune, devient — $d 11° 47", qui pourroit être 
prie fans erreur fenfble pour la vraie latitude de la Lune à 
Pinflant propolé 7h 1 5’ 31", à caufe de l'extrême petitefle 
des fept équations qui en donnent {a correction. 

Si l'on veut cependant favoir à quoi peuvent monter ces 
pt équations, on commencera par reprendre les quatre 
premiers argumens s 2} — 0 S— 2147 — 6, 
DES He, 214 29 5 + e de ces fept 
équations qui ont été calculées pour la latitude du premier lieu 
de la Lune. L'on formera enfuite les trois derniers 5 —— 4 ; 
28 —S HE, 21— 5 — e, dont le premier a déjà 
été employé en cherchant les argumens de la latitude de 
Ja Lune, & les deux autres le peuvent ètre de différentes 
manières par le moyen des mêmes argumens. 

Ces fept argumens étant écrits, on cherchera paï les fept 
dernières des tables précédentes, les équations qui y corref- 
pondent, & les réduifant , on aura pour la correction à appli- 
quer à la latitude précédente + 0”,1 qui tout au plus ne mé- 
ritéroit d'être employée que dans le cas où l’on voudroit par 
le mouvement horaire déterminer celui de plufieurs heures. 
Au refle, on voit combien le calcul des mouvemens horaires 
eft fimple par cette méthode, puifqu'une bonne partie de 
Fopération qui confifte dans la difpofition & dans le calcul 
des argumens , peut être entièrement épargnée en écrivant les 
équations fur la feuille même fur laquelle on a calculé Je pre- 
mier lieu, ce qui eft fort aifé fi lon a obfervé en calculant 
ce lieu, d'y laiffer un peu de marge, puifque les équations 
horaires font toutes fort petites, 


616 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


AVR UNoGMLRE CV: T'T LE 


MANIERE DE DETERMINER LE MOUVEMENT 
de la Lune pendant plufieurs heures, fans prendre 
la peine de calculer deux lieux de cet affre. 


Le mouvement horaire de la Lune donneroit par une 
fimplè multiplication fon mouvement pendant plufieurs 
heures, fi, en déduifant les équations du mouvement horaire 


de celles du lieu au moyen de la formule — <— fin. À 


+ ea cof. À (article 1, $: 1.) on avoit toüjours pû fe con- 
tenter du feul terme eæ cof. À ; car il eft évident que toutes 
les équations du lieu, qui fe trouvent aflez petites pour que 


j . à : eæ 
. on puiffe négliger le premier terme —— fin. À, ne donne- 


ront que des équations horaires fimplement proportionnelles 
à &, & feront par conféquent doubles en deux heures, triples 
en trois heures, &c. 
Mais comme il y a quelques équations dans lefquelles on 
2 


. . ex . 
a befoin de faire entrer le terme — fin. À, qui eft propor- 
2 


tionnel au quarré de «, c'eft-à-dire, au quarré du temps dans 
lequel on cherche le mouvement de la Lune, il faut déter- 
miner ce que dans l'intervalle propolé, ces termes peuvent 
ajoûter au mouvement qu'on auroit eu en multipliant le 
mouvement horaire par le nombre d'heures propolé, fuppo- 
fant toutefois que ce nombre d'heures foit peu .confidérable, 
comme 4, 5, 6 ou 7; car pendant un plus grand intervalle, 
la quantité & qui a été introduite au lieu de fon finus, en 
différeroit trop en quelques cas, pour que même le terme 
e& cof. À pût fe conferver proportionnel au temps, & d'ail- 
leurs beaucoup d'équations qui n’avoient pas été employées 
à caufe de leur petiteffe dans le caleul du mouvement horaire, 
deviendroient en cette rencontre trop confidérables pour être 

négligées. 
Choififfons fix heures pour le temps pendant lequel on 
demande 


DER SM IST ENT EN" CC É 5) 617 
demande le mouvement de la Lune, & reprenons toutes 


les équations du lieu qui peuvent mériter l'attention d’em- 
q n 
e 5 û 
ployer le terme — rt À; on verra qu'il n'y a guère 


de ce nombre que les équations 
— 68 17" 44" fin. +39! 54" fn. 21— 1416! 19"fni (24 —9)— 3! 18e (219) 
+0 12 $7 fin. 2Y \ 
L ea 
& fäfant fucceflivement dans —— {= fin. 4 
2 


À égal à», 29, 21 21 — 3, 21+9 
€ Égal à 2 Ga 1744"; + r2157/: 2e 39 54" — 1816 19"; Se NL 
& & Égal À za 15 8"; Ga za 57"; GA 3 45" 3 28 49 45" 3 où 2° qu” 
qui font les variations des argumens y, 2, 24, 28 — y, 
24 y pendant fix heures, on aura pour l'expreffion cherchée 
+ 361 fin » — 135 fin 26 + 5,6 fin. (24 — y) + 2,6 fin (21 +-9) 
— 5,0 fin. 2 
d'après laquelle j'ai conftruit les tables fuivantes. 
Et il eft évident qu'ayant réduit les quatre équations que 
s donnent ces tables pour linftant propolé, & appliqué leur 
réfultat à la fextuple de la réduite des équations horaires, on 
aura la fomme totale des équations horaires du mouvement 
de la Lune pendant les fix heures qui fuivent l'inflant pro- 
pofé, à cela près du double emploi des très-petites équations 
+ 1"fin.ÿ -— 0",4 fin. 21 + 0",2 fin. (21 — y), dont 
on a fait ufage dans les équations horaires, & qu'il faudra 
retrancher ici fi fon ne veut. pas négliger l'erreur que l'on 
peut commettre par ce double emploi ; opération extréme- 
ment aifée à. faire en diminuant d'un 3 6e l'équation réful- 
tante de 1 
+ 36",r fin y — 13",5 fin. 27, &c, 
— 5,0 fin. 2. 

Pour un autre nombre d'heures moindre ou peu au deffus 
de fix, on commencera par retrancher, comme l'on vierit 
de le confeiller dans le cas de fix heures, de la fomme des’ 
équations horaires, la 36e partie de l'équation réfultante 
des quatre tables qui fuivent ; enfuite, après avoir trouvé, 


Mém. Len 2 Liij 


618 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

foit au moyen des tables de Street , foit de toute autre ma: 
nière, la quatrième proportionnelle à fx heures, au temps 
donné & au mouvement horaire ainfr corrigé , l'on appli- 
quera à cette quatrième proportionnelle celle dont les trois 
premiers termes font trente-fix heures, le quarré du temps 
propolé, & l'équation réfultante des quatre tables qui fuivent 
(opération auffi aifée que la première par les tables de Street, ) 
& l'on aura la fomme des équations lunaires pour le temps 
propoé, 


DES SCHENCE Ss 619 


ARENE L EE XX, 


LA BR LES VPONUERN SU: P'P'L EVERY AUX RERO IC FR DL EENN NES 
lorfqu'on cherche le mouvement de la Lune pendant un intervalle de Plufieurs heures. 


PREMIÈRE EQUATION. Argument y. DEUXIÈME EQUATION. Arg. t. 


PES RP SE RER EME © ne 
— VI. : $ 

+IV. | LV — Of 

36,2 | 22,7 [30 Vo 0 30 

3 559 22,1 |29 1 0,5 29 

sise 21,4 28 2 0,9 28 

35,4 | 20,7 27) À 3] 1,4 27 

3531 20,1 |26 4 1,9 6 

348 | 19,4 |25 5| 2,3 5 

345 18,7 |24 6| 2,8 12,9 10,0 24 

34,2 | 18,0 |23 7| 33 | 130 | 9,7 l23 

33,8 pr NE 8 3:37 | 13,1 9,4 Ë 

379 | 33:5 | 16,5 |21 9-42. | 13,2 9,0 |21 

3719 | 331 | 15,8 |20) Mio| 4,6 | 13,3 8,7 |20 

38,0 ETS 15,1 |19 Lil 51 13,4 8,3 |19 

38,0 | 32,3 | 14,3 |18 PES INT 1324 7:9 |18 

fa 349. 13,6 117] 13/7 5,9 | 13,5 7:6 |17 

38,1 | 31,5 | 12,8 |16 A NTIC 7206: 

6,8 "13,5 6,8 |15 

732 1355 6,3 |14 

É7|2776.1). 50) "5-00 

12 

; 

10 

9 

8 

| 


ROUES + da 
DR RER ES REG TOUL PONS 2 SOIT 


6>0 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
TROISIÈME EQUATION. Argument t — y nulle, 


JV. EQUAT. Arg. 21 — y, 


DV ESVET. | VIIL. 
CON HE AIT 
lo! o 2,8 4,8 3e pi « 
3 ER EE | 5,0 |27] V.e EQUAT. Arg. 4t — y. 
et Hi Fed 24 VIe EquaT. Arg, 7: 
9| 0,9 5 SORTIE ie 
12|- 1,2 | 367 | 5,3 |:18) VILE EqQua. Ar y — 7, pnulles 
LR DA VIILe Equ. Ag y + 
1 op 4,2 55 192 F | 
21 2,0 | 44 | ds 9 IX. EQUAT. Arg. DENT 
24) 23 45 | SN M 
27 2,5 TE 50:12 
30| 2,8 4,8 5,6 o 


X.e EQUAT. Aro, 2 1 + y 


a 


MVL VAL -SNNIT 
LS 9 0 ETES 1 re PE 1 


Ho. o fee 272 
3 “© , 1 1,4 2,3 
6 0,3 1,6 2,4 
Lo 0,4 1,6 J 2,4 
12/1 0;5 197 255 
15|1-0,7 1,8 2,5 
18 0,8 mr 1,9 2,5 12 
21 0,9 2,0 2,6 9 
24. 1,1 2,1 2,6 6 
27 152 2,2 2,6 3 
BORIS DA 2,6 © 
HV. [IV | HU 
Al LX, 
Re Un ee OU 9 0) 


D: ÉISULS CRE IN CE x 62t, 
PORC EOCRUE | À, 


EXE MBRLENDE LA MANIERE 
d'employer les Tables de l'article précédent. 


On démande le lieu de la Lune, fa longitude & fa latitude, 
4h 47" 21" plus tard que le lieu calculé dans l'exemple 
des tables / Woyez la Table ci-jointe). 

On reprendra les argumens y, #, 21 — ÿ, 26+- y du 
calcul de ce lieu, & avec les quatre tables précédentes on 
trouvera es équations qui y répondent, lefquelles donneront 
étant réduites + 23",7 pour la partie de l'équation cherchée 
qui eft proportionnelle au quarré du temps, en fuppofant que 
l'intervalle foit de fix heures. 

On retranchera la 36m partie de cette équation de l'é: 
quation horaire calculée dans l'exemple précédent, ce qui 
donnera + 2° 6",7 pour déterminer la partie de l'équation 
cherchée qui eft fimplement proportionnelle au temps. 

On prendra enfuite le nombre qui eft à 2° 6”,7 comme 
ahà 4h 47 27", ce qui fe peut faire aifément par les 
tables de Street, & ne demande autre chofe que 

1. De multiplier 2° 6”,7 par 6, & écrire le logarithme 
logiftique du fextuple 12° 42,2. 

2. De placer le logarithme logiftique de 4h 471 deffous 
ce premier logarithme , en obfervant d'ôter la première figure 
à caufe que lon a multiplié par 6 & non par 60. | 

3° De prendre la fomme de ces deux logarithmes fogif 
tiques, & de trouver le nombre qui lui répond, lequel fera 
la proportionnelle cherchée. 

Cela fait, on prendra une partie de l'équation 23,7, 
ou 23° 42°", qui foit en mème ralfon avec le total que le 
quarré du temps propolé 4h 47" + eft au quarré de 6h, ce qui 
exige feulement de doubler le logarithme logiftique précédent 
0979 de 4h 47'+, & de l'ajoüter au logarithme logiftique 
4052 de 23" 42"; car la fomme 6oro de ces deux 
nombres devient le logarithme logiftique du nombre cherché 

Tiii ü 


622 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

qui eft ainfr de 15" 2° ou 1 $",0 : ajoütant alors ces 15” 
aux 10° 6",7 déjà trouvées par les équations fimplement 
proportionnelles au temps, on aura + 10° 21",7 pour l'é- 
quation totale pendant le temps propolé, 

On appliquera alors cette équation au mouvenient moyen 
de la Lune pendant le même temps, & l'on joindra leur 
réfultat au lieu de Ja Lune précédemment calculé ; la fomme 
fera le lieu vrai de la Lune pour l'inftant propoé : appliquant 
pareillement cette même équation + 10° 21",7 à la varia- 
tion moyenne de l'argument en latitude pendant le temps 
propolé, & ajoûtant leur réfultat à l'ancien argument vrai de 
la latitude calculé pour le premier lieu, on aura le nouvel 
argument de la latitude, qui, avec l'ancienne inclinaifon de 
Vorbite $4 17° 2", donnera, tant la nouvelle réduction à 
l'écliptique +- 3° 3" que la latitude — 54 8° 26”, 

Or cette réduction appliquée au nouveau lieu dans l'orbite, 
donnera la longitude vraie de la Lune pour l'inflant propofé. 

Et la correction + 14" de la latitude calculée dans le 
premier lieu, étant appliquée ici à la latitude qu'on vient de 
trouver, donnera la nouvelle latitude de — $ 4 8” 12", qui 
fera la vraie pour le temps propolé, fi on veut négliger, 
comme il feroit très-permis de le faire, ce qui rélulte des 
fept petites équations de l'article V. 

Si cependant lon ne vouloit pas négliger ces équations ; 
on les reprendroit de l'exemple précédent, où lon a vü 
qu'elles ne montoient qu'à - o",1 pendant une heure, & 
multipliant cette quantité par $ (parce que 4h 47'+ ef 
fort voifin de $ heures) on auroit pour la correction préfente 
+ 0”,5, qui appliquée à la latitude — 54 8 12° qu'on 
vient de trouver, donneroitenfm — 54 8° 11”,5 pour la 


latitude demandée, 
EE 
ee 


+ 12. 42,2 Pour 6 heures. 


Mém, Acad, Roy, des Sc. année 1752, p, 622, Pl 2r, 


CaAzcuz pu LIEU DE LA LuNE à 4h 4721", plustard que fe lieu 
déjà calculé pour lirs Décembre 1741,à 68 15° 31", temps moyen. 


Arg. de l'ancien lieu. 


Equations por ces ang. 


1 y sh 5’ 46"| + 18/,9 

2 L 3e Sr ! 2,3 Mouy. moy. de la Lune: Rae 

A AR ER NET >! 4h24 117 46/,0....2d 12! 18/,0 

PE LES 2857) 1 og SOLS 120 CICICIOROIC EC 06 470. 25. 48,20. 25. 54,5 
+ 24,3 217, 0, OO 11,5 IS 
Core 2. 37: 457 2.38. 24 0 


E'q: pour 6 heur. & prop. au quarré du temps: + 23» 7 OU 2 3! 42! 


+ 2° 7,3 Equat. hor. précéd. calculée. 


— 0,6 36e partie de l'E‘quation prop, au quarré du temps: 


+ 2. 6,7 Equat. hor. prop. au temps. 


6 


Son log. logift... 


6754 Log. logift. 23” 42/5., 4052 


Log. logift, 4h47 rop7o ........... Son double 1958 


Equation prop. au temps pour 


l'intervalle 4h 47. . 10/ 


..... 


+ 15,0 


Edq- tot. pour le temps donné. + 10. 21,7. 


- 24 35° 457 


Mouv. moy. de la Lune 
pour le même temps. 
Mouv. vrai € 2. 48. 


Lieu précéd. € 


219, 


Lieu vrai de la Lune pour le 
moment propose. : : : . . - 


réd. 


11. 28. 36. 27, 0 
+3: 3,0 


Long. vraie € 11, 28. 39- 30, © 


6 re 


r1f 25. 48. 20,0 
CE SON TERRES 


Eïquat. prop. 
au quarré du 


temps. 15” 20, ,. 6o10 


7733 


bo cR-Miod2l7 


24 38. 24,0 Mouv. moy. des: 


Mouvement vrai de l'arg: 
æ 48. 46, 0 de la latitude. 


of 9. 34. 10,0 Arg. vrai précéd. 


Argument vrai pour Îe 
9e 12. 22e 56 O moment propofe. 


5 17: 2,0 Première inclin. 


Donc réd. à l'éclipt. + 3° 3" 
Donc latit. — 54 8. 26 
Ancienne corr. + 14 
— 5. 8. 12 
Pour Je multiple de 


la corr. horaire... + 0,5 


Vraie lat. pour Je moment propofés, =— ÿ* CERN 135 


Cazcuz où MouvEmeNT HORAIRE DE LA Lune,le 15 Décembre 1741, 
à Gh 15" 31", temps moyen. 


Ejuarions du Mouvement horaire 


Argunens pris du lu caleul 
RE es de la Lure. 


pour le même jour. 


x D AIS EP RENTE 

2 € 3: San n......—0 40,7 
3 y 9: 29. 15 MODE Co LC 
al 2—7 1. 4e 17 [ses 0 30,8 
DR JUNE TA CORTE 

6 t S- 15: 56 DB OO | LH 
7 DE Ti 11, 19. 50 oO. 1,3 

8] y lio. 21. 42 Modo cu EE 
9IR2ET 0, 24. 7 eus oles, Os 2, 

10] 21<+y.|11. 15. 49 ans nt (0 5,2 
a1]2—y—2| 7 18. 21 snesce Os NyiL 
14] 25 —7 1 21. 33 fessier O0 0,$ 


7 
+ 3: 29,5 —1. 22,2 
— "1. 22,2 


+ 2 73e... 
32 56,0. 


hdoochon ar 


Somme des Eq. hor. 
33- 54 4 Mare 


Mouv. hor. moyen 


Mouv. horaire vrail 35: 3,3 35: D 7n ba 
Premierlieu calculé 11° 254 48. 20 9! D 34e 10 Premier spument 
lea latitude. 

11. 26. 23. 23 ge 10. 9. 22 Nouv. ag vni 

Lieu vrai use heure après ; 

d'el-idire, le 13. Décembre 

- 3741733" 31" temps moy. z 

+2. 32réd. Se 17° 2 ‘Ancienne Indlim 


Long. vraieaumêmeinft, 11. 26. 25. 55 Donc +2. 32 réd. 


"Et— 54 12° 1"Larirode 
—0. 00. Ancienne cor. 

s CORRE rrécéd. 

Vie lie. 

pour le SU A7. 


Ange peur la corr. or, de la latit. | E. hor. de la lat. 


2] s—2y—e iif Gil + oz moin. propos 
sls—e—2+2 8. 24 o 

él2zrt3—s+el z 8 o 

B|zc+y—s—+e| 1. 28 o 

9 s—e 9. 180-... — 0°,2 

10! 22—s+e | 8. 22 + 0”,1 

1: at 5)" 9 


+ 2 


6 
+ 12. 42,2 PourGheures.  Sonlog.logifl.… 6754 Log. logift. 23 42/5, 40$2 | 
Log. logift. 4474. 10979 .. . Son double 1958 | 
Equation prop. au temps pour 
er le 4h 477. on té 7733 15 2. 6010 


Mëm, Acad, Roy, des Sc. année 1752, ps 622, PL 2r, 


Cazcuz DU LIEU DE LA LunE à 4h 47! 21", plustard que le lieu 
déjà calculé pour le 1 $ Décembre 1741,à 6ht 5’ 31, temps moyen. 
Arg. de l'ancien lieu. || Equations poùr ces arg. À 


LM M CA IE CET 
EN Es 313 Maur ma de lame: O0 E me À 
4lat —y| 1 4 17 31 Ahaad 117 460.19 12! 18/0 
10/21 + ui. 15. 49 sers — 006 47/0 25. 48,200, 25. 54, 
+ 243 21/0, où 11,5 11,$ 
an 3:37: 457 2 


8, 24,0 | 


E‘q: pour 6 leur, & prope au quarrédu temps. + 23» 7 OÙ 23! 42" 
+ 2 73 Equat, hor. précéd, calculée, 
— 0, 6 36e panie de l'Equaion prop. au quarré du temps 


6,7 Equat, hor. prop. au temps. 


Eqz tot. pour le tempsdonné. + . 10! 21,7 


Moifsmey: dela Lu 
Mer LR bee ads" 457 24 38. 24,0 Mouv. moy. des: 
fl 7 Mouv: vrai de l'arg: 

Mouv. vrai © 2, 48 Do FT EEE 


Lieu précéd. € 11 25: 48. 20,0 


Lieu vrai de 1 Lune pour le 
moment j'ropofe. 


9Û 9. 34: 10,0 Arg. vrai précéd. 


Argument vni pour le 
12. 22, 56, O moment RTE 


5-17. 3,0 Premiéreinclin. 


11. 18. 36. 27,0 9. 
réd. +3. 3,0 
11, 28, 39- 30,0 


Long. vraie € 
Donc réd. à l'éclipt. + 3! 3 
Donc lait. — 54 8. 26 


Ancienne corr. +14 
— 5. Bora 
Pour le mültiple de 
la corr. horaire... + 0,5 


Yaie lat. pour le moment propofé. — 5 8. 11,5 


DES SCrÈNCcEs 623 


OBSERVATIONS METEOROLOGIQUES 
FAITES À L'OBSERVATOIRE ROYAL 
PENDANT L'ANNEE M DCCLII. 


Par M. DE Foucuy. 


Jur La quantité d'eau de Pluie. 


18 ; à pouc. lign. d bouc: lign, 
N Janvier..s1 64 En Juillet..... 4 6+ 
Février.... I 1H AOÛ. de se 9 + 

2 . 
Mars. ..... 1 42 Septembre... o 6 
Avril. O 7 Octobre... o o 
Marat tr 35 Novembre.. 1 0 À 
Juin... 2 2% Décembre.. 2 7 
q ———_——_—_————#ÿ 
+ 
8 :t1 10 5+ 


La pluie tombée pendant les fix premiers mois de l'annce 
ä été de 8 pouces 11 lignes, celle des fix" derniers mois 
de ro pouces $ lignes +, & par conféquent la quantité de 
pluie tombée pendant toute l'année a été de 19 pouces 
4 lignes£; cette quantité de pluie a donc été de 2 pouces 
8 lignes £ au deflus de celle de 1 6 pouces 8 lignes, qui a été 
déterminée en 1743 pour année moyenne, 


Sur le Thermomerre. 


 Lé plus grand froid de Fannée a été le 16 Janvier & 
le 30 Décembre. Le Thermomètre de M. de Reaumur 
expolé à l'air, & à l'abri du Soleil, marquoit $ degrés Z au 
deflous de la congélation, & l'ancien placé à côté marquoit 
20 degrés. 

La plus grande chaleur eff arrivée le 29 Juin ; la Hiqueur 
du Thermomètre de M. de Reaumur ef montée à 27 degrés 


624 ME: IRES DE L'ACADÉMIE#ROYALE - 
au deffus de la congélation ; l'ancien marquoit alors 78 
degrés +. 

Jur le Baromerre. 


Le Baromètre fimple a marqué la plus grande élévation 
du Mercure le 30 Ottobre, à 28 pouces 4 lignes + par un 
vent de nord-eft ; il eft defcendu au plus. bas Le 27 Janvier, 
à 27 pouces 1 ligne par un vent de fud-oueft, 


Déclinaifon de l Aïguille aimantée. 


Les 15 & 16 Juin 1752, à lObfervatoire Royal ; 
une aiguille de 4 pouces déclinoit de 17 degrés 1 $ minutes 
vers le nord -oueft, 


MESSIEURS 


Qi LE 
pre 


LR SRE 

EU st Ss 

Me 7 

MESSIEURS DE LA SOCIETE 
Royale des Sciences établie a Montpellier, ont 
envoyé a l’Académie l'Ouvrage qui fuit, pour 
entretenir l'ünion intime qui doit être entre 
elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux 
termes des Statuts accordés par le Roi au mois 
de Février 1 70 6. 


OBSERVATIONS 


SUR 


LES EAUX DE BALARUC 


Par M. ze Roy, Médecin. 


M Duczos reconnut dans les eaux de Balaruc un fel 22 Novembs 
- femblable au fl marin. M.rs Regis & Deidier obfer- ‘753: 
Vèrent de plus que cette eau rougit la teinture de tournefol, 

& que par conféquent elle contient un peu d'acide *. Voilà * if. æ PA. 
en peu de mots ce qu'on a dit jufqu’ici fur la nature de ces “4,4 éme. 
eaux. Les Auteurs que je viens de citer les ayant examinées 

dans un temps où la Chymie, & fur-tout celle des eaux 

minérales, étoit bien éloignée du degré de_perfeétion auquel 

elle eft parvenue de nos jours, il étoit naturel de penfer que 

ces Auteurs n’avoient pû nous donner une analy{e bien exacte 

de ces eaux, C'eft ce qui m'engagea à profiter du féjour que 

jy ai fait les mois de Juin & de Septembre derniers pour 

en faire lanalyfe, & examiner en même temps tout ce qui 


Men, 1752. KkKK 


‘ 


626 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
concerne la manière de les employer. Les obfervations que j'ai 
faites en conféquence m'ont fourni la matière de ce Mémoire, 
que je diviferai en deux parties: dans la première je parlerai 
des différentes fubflances que j'ai retirées des eaux de Balaruc; 
dans la feconde je ferai quelques réflexions fur les eaux qu'on 
pourroit employer en bain à leur place, & jy joindrai quel 
ques obfervations fur les bains de cet endroit. 


PREMIÈRE PARTEHE. 
Sur les fubflances contenues dans l'eau de Balaruc. 


Mr de Balaruc eft fimpide, fon goût falé indique d'avance 
qu'elle contient du {el marin; puifée à fa fource, elle dépole 
bien-tôt après aux parois du vaifleau dans lequel elle eft 
contenue, des bulles d'air qui couvrent toute la furface in- 
térieure de ce vaifleau : fa pefanteur fpécifique eft telle, qu'il 
faut faire difloudre dans de l'eau diflillée, à peu-près la +-.me 
partie de fon poids de fel marin, pour la rendre d'une pe- 
fanteur fpécifique égale à celle de F'eau de Balaruc. 

L'eau de Balaruc fe trouble & devient laiteufe par laffufron 
de l'huile de tartre, ou de lefprit volatil de {el ammoniac; 
ce qui indique la préfence de {els neutres dont la bafe eft 
une terre abforbante. L'infufion de noix de gale ne produit 
aucun effet fenfible fur cette eau, ce qui prouve aflez qu’elle 
ne contient point de fer, au moins en aflez grande quantité 
pour qu'il doive être mis en ligne de compte; enfm cette 
eau rougit la teinture de tournefol , comme l'avoient obfervé 
M. Regis & Deidier, ce qui indique qu'elle contient un 
peu d'acide libre &. dégagé : au refte, cet acide ne donne 
des indices de fa préfence que par cette feule expérience , l'eau 
de Balaruc ne faifant point effervelcence avec les alkalis; 
après même avoir demeuré quelque temps fur le feu, 'elle 
ne rougit plus la teinture de tournefol, feulement après un aflez 
long temps elle change la couleur de cette teinture en un 
violet tirant fur le rouge; ce qui donne lieu de croire que cet 
acide s'y trouve en très-petite quantité, & qu'il difparoit par 


LS: 


Des US LC E AVC E 6 C27 
l'évaporation, foit à raifon de fa volatilité, foit parce qu'il 
s'engage dans quelque bafe. Je ne puis rien avancer de certain 
fur la mature de cet acide, je rapporterai feulement deux 
obfervations qui paroitront peut-être indiquer que c'eft un 
acide fulphureux volatil ; la première, c’eft que plufieurs 
perfonnes n'ont afluré qu'étant defcendues le foir dans les 
bains, lorfque tout étoit bien fermé, elles avoient fenti une 
odeur de foufre /a) ; la feconde, c'eft que la boue que l'on 
tire du ruiffeau qui conduit l'eau de Balaruc à l'étang de Thau, 
a une odeur d'œufs couvés ou de foie de foufre /). 

Ces remarques préliminaires devoient. naturellement pré- 
céder l'analyfe des eaux de Balaruc, dont je:vais actuellement 
rendre compte. Pour cette analyle, j'ai employé fimplement 
Vévaporation lente & bien modérée, ayant foin de mettre 
à part les différentes réfidences à mefure qu'il s'en étoit formé 
une certaine quantité. J'ai fuivi en cela le confeil & le procédé 
de M. Boulduc, qui f fervant prefque uniquement de ce 
moyen, nous a laiflé d'excellens modèles en ce genre *. 

Lorfqu'on met évaporer de l’eau de Balaruc, on voit après 
quelque temps paroître à fa furface de petits corpufcules & 
comme une pouflière fine, qui forme enfuite des feuillets, 
& enfin une pellicule qui couvre la furface de la liqueur. 
Des parties de la pellicule qui fe détachent à mefure & fe 
précipitent, il fe_forme au fond une réfidence. Dans les pre- 
imiers inftans de l'évaporation, cette réfidence & la pellicuie 
paroiffent formées de fimples feuillets écailleux & fort minces; 
mais en continuant l'évaporation , la pellicule qui fe forme à 
la furface de la liqueur, & la réfidence qui s'amafle au fond, 
changent bien-tôt, & paroiflent alors compolées de cryftaux 
figurés en. petits filets , qui defléchés. paroiflent foyeux . & 


(a) M5 Regis & Deidier aflu- | regarder cet effet comme une preuve 

‘rent avoir remarqué Ja même chofe. l'de la préfence de l'acide fulphureux 

Voyez l'Hifloire. de l Acad. 1699. volatil dans cette eau; mais l’eau 

mére, dont.nous parlerons, dans Ja 

(b) L'eau de Balaruc noircit à | fuite, produit le même efer, quoi- 

‘a Jongue la vaïflèlle d'argent fur la- | qu’elle ne rougifle point la teinture 
quelle elle féjourne: on, pourroit |-de rournefol. 

KKK à 


* J. Men. de 
l'Acad. 1726 
Ÿ 1729ÿ- 


628 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
brillans. Ces cryftaux continuent à fe former, jufqu'à ce que 
l'évaporation ait réduit la liqueur environ à la quarantième 
partie de fon poids. Commençons par examiner la nature de 
ces deux premières réfidences, enfuite nous reprendrons notre 
évaporation au point où nous venons de la quitter. 

Ces deux premières réfidences contiennent premièrement 
un peu de fel marin, qu'on en peut féparer facilement par 
le lavage, le refte de ces réfidences ne pouvant fe diffoudre 
même dans l'eau bouillante, 

Secondement, elles contiennent une terre abforbante qui 
fe reconnoït aifément par l'effervefcence qu'une partie de ce 
fédiment fait avec les acides, & par la propriété qu'elle a 
d'être foluble dans le vinaigre fans l'être dans l'eau. 

Enfin, on y trouve un fel féléniteux, compoé de Pacide 
vitriolique & d'une terre abforbante : en voici la preuve, 
Le vinaigre ne peut difloudre qu'une partie de ces deux 
premières réfidences ; la partie qu'il ne peut difloudre, ne 
fait point eflervefcence avec les acides ; & par l'affufiôn de 
l'huile de vitriol, il ne s'en élève aucune vapeur acide. Ces 
premières épreuves me firent d'abord foupçonner un fel {élé- 
niteux, qu'il m'a été facile de démontrer par les expériences 
qui fuivent. 

1.° Ayant expofé à un feu de fonte une certaine quantité 
de ce fédiment mêlé avec du fel de tartre, j'en ai retiré par 
la diffolution & la cryftallifation un véritable tartre vitriolé 
très-reconnoiflable par la figure de fes cryftaux. 

2. Ayant mêlé quelques pincées de ce fédiment avec 
du fel de tartre & du charbon en poudre, j'expofai ce 
mélange au feu de fonte, dans un creufet couvert, & dont 
les jointures étoient lutées avec exactitude. Après cette opé- 
ration, le mélange refroidi a donné une violente odeur de 
foie de foufre. Ayant paffé de l’eau bouillante fur ce mélange, 
& ayant enfuite verfé du vinaigre fur cette eau, elle eft deve- 
nue laiteufe, & paflée fur le filtre elle y a dépofé du foufre 
dans une quantité très-petite à la vérité, mais cependant affez 
confidérable pour que fa couleur & fon odeur le fiffent 


Die St S:CRLE NTIC Ets 629 
aïfément reconnoître, même à des perfonnes qui n’étoient 
aucunement prévenues. Ces deux expériences prouvent claire- 
ment que l'acide vitriolique fe trouve dans notre fédiment : 
on fait d’ailleurs que cet acide combiné avec les alkalis fixes 
ou volatils, ou même avec les fubftinces métalliques, forme 
des fels folubles, & que par conféquent dans notre fédiment, 
qui ne peut fe difloudre dans l'eau , cet acide ne peut qu'être 
combiné avec une terre abforbante, & former ce que nous 
appelons un fel féléniteux. 

Nos deux premières réfidences contiennent donc une 
terre abforbante & un fel féléniteux : je dis feulement une 
terre abforbante & un fel féléniteux, parce que ce font 
effectivement les feules fubftances qui foient, pour ainfi dire, 
eflentielles à ces deux premières réfidences. Le fel marin qui 
s'y trouve mêlé leur eft étranger, & vient feulement de ce 
que quelque foin que l’on prenne d’égountter l'eau de deffus 
ces deux premières réfiden@#, elles reflent néceflairement 
imbibées d'eau de Balaruc, qui contenant du fel marin, en 
laifle toùjours une petite quantité mélée avec la flénite & 
là terre abforbante. Avant de finir cet article, je dois faire 
remarquer que la terre abforbante & ie fel féléniteux ne fe 
trouvent point mêlés en égale quantité dans ces deux pre- 
mières réfidences. La première , qui eft compofée de feuillets 
écailleux, fe diffout prefque entièrement dans le vinaigre, 
& par conféquent n'eft autre chofe qu'une terre abforbante 
mêlée avec une très-petite quantité de félénite. La feconde 
au contraire, dont les cryftaux font figurés en petits filets, 
contient beaucoup moins de terre abforbante, & plus l'éva- 
poration avance, moins elle en contient; à {a fin c'eft un 
{el féléniteux prefque pur, de forte que la cryftallifation en 
fimples feuillets paroït propre à la terre abforbante, & la cryf. 
tallifation en filets paroît propre au el féléniteux. 

Lorfque lévaporation a réduit la liqueur, comme nous 
Yavons dit ci-deflus, environ à la quarantième partie de fon 
poids, pour lors le fel marin commence à paroître, & con- 
tinue de fe cryftallifer jufqu'à ce que cette liqueur foit prefque 

Kkkk ii 


630 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 
entièrement épuifée. Pour faire bien cryftallifer ce fel, on doit 
-employerune chaleur douce, telle que celle du foleil ; de cette 
manière il fe cryflallife en cubes parfaits. On obferve qu'à 
melure que l'évaporation avance, ces cryflaux deviennent 
toûjours plus petits, de forte qu'à la fin ils font prefque 
imperceptibles. 

Lorfque le fef marin a ceffé de fe cryflallifer, il refle à Ja 
fin un peu d'eau mère qui, mife fur la langue, y imprime 
un goût falé & comme cuftique, mêlé d’une amertume 
très-defagréable qui n'a femblé fe diftinguer, quoique foible- 
ment, dans l'eau de Balaruc. Cette eau mère defféchée donne 
un {el qui attire puifflamment l'humidité de Fair: les expé- 
riences qui fuivent me paroiffent démontrer que ce fel eft 
formé de l'acide du fel marin engagé dans une terre ab- 
{orbante. 

1. L'huile de tartre & l'efprit de {el ammoniac verfés 
fur la diffolution de ce fel, ben & en précipitent une 
terre blanche qui fait effervelcence avec tous les acides; 
expérience qui prouve que la bafe de ce fel eft une terre 
abforbante. 

2. L'acide de ce fef, tranfporté dans l'expérience précé- 
dente fur du fl de tartre, donne un fel marin régénéré, dont 
le goût eft femblable à celui du fel marin. 

3. Si on verfe de l'huile de vitriol für ce fel, il s'en 
élève une vapeur très-pénétrante, qui fe fait aifément recon- 
noître pour une vapeur d'acide du fel marin. 

4 La folution de ce fel verfée fur une diffolution de 
mercure par l'eau forte, ou fur une diflolution d'argent par 
le mème acide, produit un caillé blanc. Ces trois dernières 
expériences me paroïflent fuffifamment établir que l'acide de 
notre fel eft véritablement F'acide du fel marin, & que par 
conféquent ce fel qui eft contenu dans l'eau mère eft, comme 
nous venons de le dire, compofé de l'acide du fel marin, 
&. d'une terre ‘abforbante.t Quoique le el marin domine, 
comme nous allons et faire: remarquer, dans les eaux de 
Balaruc, cependantle goût âcre & pénétrant du fl dont 


DES SCLENCES. 631 
je viens de parler, me perfuade qu'il a beucoup de part 
aux effets que ces eaux produifent, prifes intérieurement. Je 
penfe même que les Praticiens devroient eflayer de donner 
ce fel mêlé avec les purgatifs ou les apéritifs: fon goût péné- 
trant donne tout lieu de croire qu'il conviendroit parfaitement 
dans les cas où il s’agit d’incifer puiffamment les matières vif. 
queufes des premières & des fecondes voies, par exemple, dans 
les affections foporeufes. Le fuccès avec lequel la Médecine 
emploie plufieurs fels, depuis environ un fiècle, fait affez voir 
que cette conjecture n’eft point du tout deftituée de fon- 
dement, & Von pourroit effayer les vertus de celui-ci avec 
d'autant plus de fécurité, que l’on fait déjà que les malades 
prennent à peu près un gros de ce fel, dans la prife ordinaire 
des eaux de Balaruc, qui ne produifent que de bons effets 
lorfqu'elles font employées à propos. 

Voilà ce que j'ai obfervé par rapport aux fubftances con- 
tenues dans l'eau de Balaruc: pour terminer cette première 
partie, il me refle à dire en peu de mots ce que j'ai obfervé 
fur les quantités relatives de ces différentes fubftances. 

Le mois de Juin je fis évaporer douze pots, mefure de 
Montpellier, d'eau de Bakruc, peñant 30 livres & poids de 
marc; jen ai retiré, 

Première & feconde réfidences, contenant une terre ab- 
forbante & un fel féléniteux, 3 gros + 

Sel marin, une once Fe 

Sel déliquefcent tiré de l'eau mère & un peu humecté, 3 gros: 

Le mois de Septembre dernier, j'en fis évaporer 48 livres 
poids de marc; j'en ai retiré, 

‘Terre abforbante & fel féléniteux, une once 2 gros. 

Sel marin, 4 onces & + gros. 

Sel déliquefcent un peu humecté, 6 gros L 

Le réfultat de la première opération donne le poids de 
l'eau de Balaruc au poids des fubftances que j'en ai retirées, 
comme 192 elt à 1. 

Le réfultat de la feconde opération donne le poids de l'eau 
de Balaruc au poids des fubftances qu'elle contient,. comme 


632 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 

125 eft à 1. J'attribue la grande différence de ces deux 
réfultats, en partie à ce que dans le mois de Septembre, après 
une longue fécherefle, l'eau de Balaruc devoit être plus chargée 
de minéral que dans le mois de Juin; & auffi en partie à 
ce que les fels que j'ai retirés par la deuxième opération n'ont 
pas été autant defléchés que ceux de la première. Le leéteur 
s'apercevra aifément qu'il eft impoffible de rien donner de 
bien précis fur ce fujet, le‘plus ou moins de ficcité des fels 
apportant une différence confidérable dans leur poids. 


SÉESCHOUN: DUE PA RUPME) 


Contenant quelques réflexions fur les eaux gui, em- 
ployées en bain, pourroient être fubflituées à celles 
de Balaruc; avec quelques obfervarions particulières 
fur les bains de cet endroit. 


use une opinion généralement reçûe, que l'effet des eaux 
minérales chaudes employées en bain pour les paralyfies, les 
engourdiflemens, les rhumatifmes, dépend de {a quantité, 
de fa qualité & de la combinaifon des différentes fubftances 
qu'elles contiennent: en un mot, on croit devoir attribuer 
cet effet à leur compofition fpériale, de forte que fi quelques 
perfonnes ont penfé qu'il fût poffible de préparer des bains 
qui, dans un cas de néceffité, puflent tenir lieu des bains pris 
à la fource, je ne fache pas qu'on ait cru jufqu'ici pouvoir 
y parvenir autrement qu'en fe fervant de ces eaux minérales 
tranfportées, ou d'eaux minérales artificielles qui les imitaffent 
parfaitement. 

Je me propofe dans cette feconde partie de faire voir le 
peu de fondement de cette opinion, & de prouver que 
pour qu'une eau minérale naturelle ou artificielle employée 
en bain, & au degré de chaleur requis, puifle produire dans 
les cas dont il s'agit les mêmes effets que les eaux de Bourbon 
ou de Balaruc *, il n'eft point néceflaire qu'elle contienne 

* Ces eaux font les plus ufitées dans les cas d’apoplexie, paralyfie 


rhunatifme. 
S précifément 


DES! SC LE :N! © E7 5! 633 
précifémént les mêmes fubftances & aux mêmes dofes que 
l'eau de Bourbon ou celle de Balaruc. De-là ïl fera aifé de 
conclurre, qu'en cherchant à préparer des bains qui, dans un 
cas de néceffité, puiflent tenir lieu des bains de Bourbon ou 
de ceux de Balaruc, bien loin de s'en tenir fcrupuleufement 
au moyen dont nous-venons de parler, on doit au contraire 
prendre d’autres vües, & chercher des fecours moins coûteux 
& aufli efficaces dans certaines eaux minérales naturelles, 
froides ou chaudes, qu'on ne croyoit pas pouvoir être em- 
ployées à cet ufage: c'efl ce que je vais tâcher de prouver 
par une comparaifon fuivie des eaux de Bourbon & de 
Balaruc, qui, employées en bain, produifent, de l’aveu général 
des Médecins, à peu près les mêmes eflets, quoique leur 
compofition foit très- différente. 

M. Boulduc a retiré des eaux de Bourbon une félénite, 
du fel marin, un fel de Glauber, du bitume, du fel de foude, 
une terre abforbante qui accompagne a félénite, & enfin 
un peu de fer. Les eaux de Balaruc ont donné par le méme 
procédé un fel féléniteux, une terre abforbante qui accom- 
pagne ce premier fel, du fel marin, & le fel déliquefcent qui 
fe tire de l'eau mère, & qui eft compofé de l'acide du fel 
marin, & d'une terre abforbante. Outre cela, l'eau de Balaruc 
rougit la teinture de tournelol, & ainfi donne des marques 
d'acide. 

Ces eaux n'ont, comme on voit, de commun que le fel 
marin, la félénite & la terre abforbante; du refte elles con- 
tiennent des fubftances fort diflérentes. On pourroit croire 

_que faute d’y avoir apporté affez d'attention, je n’aurois pas 
trouvé dans les eaux de Balaruc un fel de Glauber, du bitume 
& du fer, qui y exifteroient réellement; mais je ne vois pas 
qu'on puifle fuppofer avec aucune apparence de raïfon, que 
ces eaux contiennent un {el de foude libre & dégagé, tel que 
celui qui fe trouve dans les eaux de Bourbon. On w'auroit 
pas plus de raifon de foupçonner que les eaux de Bourbon 
contiennent un acide libre, & un {el femblable à celui que 
Jai retiré de l'eau mère des eaux de Balaruc, & que ces fels 


Mém. 1752. Lil 


634 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
auroient échappé à l'habileté de M. Boulduc. IL refte donc 
pour conftant que les eaux de Bourbon & de Balaruc con- 
tiennent des {els entièrement diflérens ; cependant employées 
en bain elles produifent à peu près les mêmes effets* : d’où if 
fuit par une conféquence néceflaire, que ces eaux contiennent 
lune & l'autre plufieurs fubftances qui ne concourent pas effen- 
tiellement à cet eflet, & que par conféquent on pourroit 
trouver des eaux minérales naturelles, ou en compoler d'ar- 
tificielles, qui, employées en bain & au degré de chaleur 
requis, produiroient dans ces cas les mêmes eflets que les eaux 
de Bourbon ou de Balarüc, fans qu'il füt néceflaire pour 
cela qu'elles continflent précilément les mêmes fubftances 
& aux mêmes dofes. 

Les eaux des fontaines falées me paroiffent des plus pro- 
pres à cet ufage ; comme les eaux de Bourbon & de Balaruc, 
elles contiennent abondamment du fel marin; outre cela on 
en retire un {el de Glauber & une matière bitumineufe, fubf- 
tances qui fe trouvent dans l'eau de Bourbon : enfin, quand 
on fait évaporer ces eaux, il refle en dernier lieu une eau 
mère qui tient en diffolution un {el déliquefcent, pareil à celui 
qu'on retire de l'eau mère des eaux de Balaruc {voyez les 
cahiers de M. Rouelle à J'article du fel marin); d'où i fuit 
clairement que ies eaux des fontaines falées ont au moins 
autant d’affinité avec les eaux de Bourbon ou de Balaruc, 
que ces eaux en ont entr'elles. On doit donc efpérer que dans 
les cas dont il s'agit, elles pourroient, échauffées au degré 
de chaleur requis, leur être fubftituées avec fuccès ; quand 
mème on voudroit fuppoler que leflet des bains de Bourbon 


* A Bourbon on fait prendre aux 


de l’eau récemment tirée de la fource; 
malades des bains dans l’eau de Bour- 


après cette douche les malades fuent 


bon refroidie au degré de chaleur des 
bains domeftiques : ces bains ne font 
pas füuer les malades, & ne produifent 
aucunement Îles mêmes eflets que les 
bains que l’on donne à Balaruc. Le 
remède que lon fait à Bourbon, 
& qui répond à ces bains, c’eit une 
douche donnée fur tout le corps'avec 


comme après les bains de Balaruc, 
C’eft de ce bain donné en forme de 
douche que j'entends parler dans ce 
Mémoire, lorfque je dis que les 
bains de Bourbon produifent à peu- 
près les mêmes effets que ceux de 
Baluc, 


DIENS SC FE Nice s 635 
ou de Balaruc dépendroit en partie de quelques-uns des {els 
qui font particuliers à l'une ou l'autre de ces eaux. 

L'eau de la mer contient à peu près les mémes fübftances 
que celle des fontaines falées /voyez l'Hifloire de l Académie 
année 1 7 3 1), elle contient de plus utie matière huileufe phof- 
phorique ; il y a donc aufii lieu de croire que cette eau 
pourroit être employée au même ufage; l'expérience même 
fémble nous l'indiquer , puifque’ nous voyons tous les jours 
que dans les cas d’enflüres œdémateufes des jambes, les bains 
de ces parties dans l'eau de la mer, chaude, réuffiffent auffi- 
bien que les bains dans l'eau de Balaruc. Les bains préparés 
avec l'eau de la mer auroient encore cet avantage, que cette 
eau contenant beaucoup de fel, on pourroit, en la mélant à 
diverfes proportions avec de l'eau douce, rendre ces bains 
plus ou moins aétifs fuivant les vües du Médecin. . 

Ce que je viens de dire fur les eaux minérales naturelles, 
qui, employées en bain, me paroiflent pouvoir être fabfti. 
tuées dans les cas où lon envoye aux eaux de Bourbon & 
de Balaruc, s'applique naturellement aux eaux minérales 
artificielles qu'on voudroit compofer dans la même vüe, II 
eft clair que dans la compofition de ces eaux, on ne doit 
point s'aftreindre à imiter minutienfement les eaux de Bour- 
bon ou de Balamc, mais qu'on doit feulement les charger 
des fels qui paroiffent avoir le plus de part à lation de ces 
eaux : enfm, pour ne rien diffimuler, il me paroît vrai-fem- 
blable que la chaleur très-confidérable des eaux de Bourbon 
& de Balaruc (chaleur qui excite une fièvre d'environ une 
heure ou une heure & demie) & le fel marin qui domine 
dans lune & l'autre de ces eaux, font les caufes principales 
des effets qu'elles produifent, employées en bain, & qu’on 
pourroit peut-être avec de l'eau pure & du fel marin pré- 
parer des bains, qui, dans un cas de néceffité, pourroient 
être fubftitués à ceux de Bourbon & de Balaruc. 

Quoique les raifons que je viens de rapporter en faveur 
de mon fentiment, me paroiffent très-fortes, je fens ce- 


pendant combien j'aurois tort de me flatter que les autres 
LIÏ ïj 


« 


636 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
perfonnes en jugeaffent de même; j'efpère feulement qu'elles 
feront trouvées aflez fortes pour exiger que les Médecins à 
qui l'âge & le favoir ont mérité la confiance du Public, ne 
négligent aucune occafion de faire fur ce fujet les expériences 
convenables : l’eau de la mer mérite fur-tout leur attention, 
Ja découverte de fes propriétés intérefflant une partie très- 
confidérable du genre humain. 

Les perfonnes qui voudroient entrer dans mes vües, doi- 
vent être exactement au fait de ce qui concerne la manière 
de baigner les malades dans les cas dont il s'agit; c'eft pour- 
quoi Je terminerai ce Mémoire par une hiftoire abrégée 
de ce que Jai obfervé à Balaruc fur la chaleur des bains, fur 
le temps que les malades y demeurent , fur les fignes aux- 
quels on reconnoit qu'ils y ont aflez demeuré, & enfin fur 
la manière de les foigner après le bain. I ne fera pas ‘inutile 
d'entrer dans ces détails , parce que les Auteurs qui ont parlé 
des eaux de Balaruc, ou les ont omis, ou nen ont pas parlé 
avec aflez d’exactitude. 

La chaleur de l'eau de Balaruc, à fa fource , eft du g2me2 
au 43° degré du Thermomètre de M. de Reaumur; j'ai 
fait cette expérience quinze jours de fuite au mois de Juin 
dernier, & autant au mois de Septembre, & j'ai trouvé 
conftamment le même degré de chaleur *. Les malades ne 
peuvent guère demeurer dans la fource que quatre, fix 
ou huit minutes, plus où moins fuivant leur tempérament : 
cette chaleur eft fi forte, qu'elle ne convient qu'à très-peu de 
fujets ; auffi les Médecins les plus habiles ne prefcrivent-ils 
les bains pris à la fource que dans les cas de relâche- 
ment total. | 

Le bain pris dans la cuve eft beaucbup moins chaud ; le 

* M. le Monnier le Médecin fixe 


cette chaleur au 32.m° degré /Obf. 
d’'Hift. Nat, page 221 ): ce degré 
eft fi éloigné de celui que j'ai obfervé, 
& fi peu propre à produire les effets 
qu'ont produit conftamment les bains 
pris à la fource, qu’il me paroît cer- 
tin que ce célèbre Phyfiçien awa 


écrit fur fes tablettes 32 pour 42. 
L'eau de Balaruc parvenue aux bains 
des pauvres ({ Voyez la deftription 
des bains de Balaruc, dans les Mé- 
imoires pour fervir a l'Hiftoire NVa- 
tuÿelle de Languedoc) v’eft plus f 
chaude , elle ne fait monter le ther: 
momètre qu'au 41,6 degré, 


6 um Ta et 


DANS N ONE EN CE s 637 
baigneur a foin de tirer tous les foirs de l'eau de Ja fource, 
qui, refroidie pendant la nuit, fert à tempérer celle qu'on 
tire le lendemain pour préparer le bain de chaque malade. 
Le degré de chaleur auquel le baigneur donne ordinairement 
ce bain, eft à peu près du 37 au 3ome degré ; la longue 
habitude lui a rendu le taét aflez délicat pour qu’il ne s'écarte 
guère de ces deux degrés. Quoique ce degré de chaleur 
convienne aflez à la plus grande partie des malades, cepen- 
dant les perfonnes qui connoiffent toute {a variété des tem- 
péraméns, {e perfuaderont aifément qu'il ne peut convenir 
à tous : en effet, il y a des malades pour qui ce degré dé 
chaleur eft encore trop fort, & qui fe trouvent mieux du 
36m, Il feroit à fouhaiter qu'on fit fur ce fujet des obfer- 
vations fuivies, qui miflent les Médecins en état de dé- 
terminer avec plus de précifion qu'on ne la fait jufqu'ici, 
le degré de chaleur qui convient aux malades qu'ils envoient 
à Balaruc. 

Les malades fupportent ordinairement le bain dans {a 
cuve, pendant dix, douze ou quinze minutes. La grande cha- 
leur de ces bains eft une des caufes eflentielles de leurs effets : 
pour le prouver, il fufhit de faire oblerver que les bains pris 
dans Veau de Balaruc refroïdie au 32m€ decré, chaleur 
ordinaire des bains domeftiques, ne produifent aucun effet 
remarquable. 

Lorfque les malades font dans le bain, on voit bien-tôt 
la fueur découler de leur vifage, leur pouls devient de plus 
en plus fréquent & élevé, à la fin il devient très-fréquent, 
& en même temps foible & irrégulier ; c'eft à ce figne, que 
le baigneur n'attend pourtant pas ordinairement, que l'on 
reconnoit qu'il y auroit du danger à haiffer le malade plus 
long-temps dans le bain. Le baigneur obferve le pouls fur 
artère frontale, c'eft fans doute ce qui a fait croire à une 
infinité de perfonnes, que le gonflement de la veine frontale 

- lui fervoit à juger du temps que le malade devoit refter dans 
le bain; mais l'artère frontale étant fort petite, & n'étant pas 


638 MÉM. DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. 
fenfible dans beaucoup de perfonnés, il feroit mieux d'ob- 
ferver le pouls fur quelque autre artère de la tête, 

Au fortir du bain, on enveloppe le malade dans un drap; 
on le met dans un lit, on le couvre bien, & on l'y laifle 
fuer environ demi-heure ou trois quarts d'heure , enfuite 

on le change de draps & on l’efluie, on allège fes couvertures, 
& on le laifle encore au lit environ une demi-heure, après 
quoi il prend un bouillon & fort du lit : pendant ce temps, 
la fréquence & l'élévation du pouls diminuent & reviennent 
infenfiblement à l'état nature. 

I y a quelque temps qu'on a conftruit à Balaruc des 


étuves dont fa chaleur eft au 32m degré. 


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