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Full text of "Histoire de l'Académie royale des sciences, avec les mémoires de mathématique et de physique"

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HISTOIRE 
L'ACADÈEMIE 


RO Y'A LSE 
DSC LEMNE ES. 


ANNÉE M DCCLXXVIIT 


Avec les Mémoires de Mathématique & de Phyfique, 


pour la même Année, 
Tirés des Repifires de cette Académie. 


AUDE RES, 
DE L'IMPRIMERIE ROYALE, 


M DCCLXXXIH 


RE. Fa te) 


3 $ ME PP: 
A Ë ff rl 


POUR L'HISTOIRE. 


PHYSIQUE GÉNÉRALE. 
1.28 le Froid' dNL rs. ve liste els Page 1 


ANA T OM LE. 


Jur le mécanifme de la Refpiration.. .......,...... 3 
Sur une ouverture fifluleufe du nombril. .…........... 4 


Sur l'organe de l'Ouïe dans les différens genres d'animaux. $ 


HISTOIRE NATURELLE DES ANIMAUX. 
Obfervations fur le Crapaud. ........:...,..... F 


BOTANIQUE. 
Sur les Gommiers du Sénégal. ..............., ‘+ 9 
Obfervation de Botanique. ..........,......... 10 


MIN ÉR X L'O GITE. 


Extrait d'un Voyage fait dans les Vofges......:... 12 
«Jür la! Mine rouge dé Guie. à. sé nentes eee 13 
Sur l'eau du lac Afphaltite. ....... RAI ALL HSE 14 


TAB L.E. 


#7 
C: Hi EME 
Sur La nature des Acides. : ... Vite le tele He 2 PATES 15 
Sur la décompofition des Sels vitrioliques........... 17 
Sur différentes combinaifons du Fer..........,.... 20 
Sur l'Artides Ellais, d'Or SR RER 21 
Rapport fait à l’Académie Jur l'Or qu'on pent retirer des terres 
où des cendres végétales... 4... 2. 2$ 


À ST RFO NO MUINE. 
Suite des Méthodes analtiques pour réfoudre les Problèmes 


d'Affronomie : 11578 SNS CRE ERP OIS 28 
Sur l'obliquité de l'Ecliptique. : 2. 30 
Sur 15 Taches GAS IAOS EN PENEO SS REENS 32 
Obfervations de l'Éclipfe du 24 Juin. ............ 33 


Obfervations Aftronomiques, faites à Saron en 1778.. 34 


MÉCANIQUE. 
Sur le mouvement d'un Pendule de longueur variable... 35 
Sur une nouvelle Bouffole.. ..,,..,......,....... 36 


HYDRODYNAMIQUEF. 


Nouvelles Expériences [ur la réfiffance des fluides... 38 
Sur la réfiflance des fluides. ................ uelete to 


ANALYSE. 


Théorèmes analytiques. ...,..,.,..... rien 0 


TABLE. 
Méthode de Calcul intégral... 42 


Sur les Probabilités. ........ ÉD à ets sssuese 43 


AAC LL 
Ouvrages préfentés à l'Académie. .....,.:..,... 47 


L'ÉTANÉS N RAP SEE CU tRem he: 0 OP et ee CIE °.. Ibid. 


Ouvrages des Académiciens., ..,...,.,.. verse. 49 
Eloge de M. Malouin........,.., ARTS ER CLSAGE V4 
Eloge de M. de Liuné... SANS 25: 8e ts NT UE GE, 


POUR LES MÉMOIRES. 


O» SERVATIONS fur quelques combinaifons falines du Fer. 


Par MEADE PASSONE!:. 0 ERP Page r 
Obfervation au fujet de deux Animaux dont le mäle accouche 
la femelle. Par M. DEmoURS.).. 5 eee 1 


Deuxième Memoire fur le Gommier blanc, appelé Uérek an 
Sénégal ; fur la manière dont on fait la récolte de [a gomme 
© de celle des Acacias, dc. Par M. ADANSON... 20 

Etlipfe de Soleil, du 24 Juin 1778 après-midi, ob[ervée à 
Paris de l'Obfervatoire de la Marine. Par M. MEssier. 

36 

Obfervation de l'Éclipfe de Soleil, du 24 Juin 1778, faite 

à l'Obfervatoire royal de Paris. Par M. JEAURAT.. 39 


Mémoire [ur la décompofition de plujieurs Sels neutres à Lu 
d'alkalis fixes © volatils, par l'acide marin. Par M. 


CORNETTE# :'. là NE MINE EN VIe 44 
Oëfervation de l'Éclipfe de Soleil, du 24 Juin 1778, és 

à Sainte-Geneviève. Par M. PINGRÉ........... 
Oëfervation fur l'Éclipfe de Soleil, du Le Juin 1778. sh 

M;'re MONNIER. POP en 62 


Conffrutlion de la Bouffole, dont on a commencé à fe fervir en 
Ao1777 Par le:méme. RENE rar 66 
Analyfe de l'eau du lac Afphaltite. Pax M.° MACQUER, 
LAVOISIER SAGE: 2 ANNEES 69 
Nouvelles Méthodes analytiques pour réfoudre différentes Quef- 
tions affronomiques. Treizième Memoire. Par M. Dionis 
DU SÉJOUR ++ ete A Pie les MSP 73 


FT AB L'E. 


Obfervations affronomiques , faites au château de Saron pendant 
l'automne de 1778. Par M. MESSiER.... .... 193 
Mémoire Jar le mouvement d'un Pendule dont la longueur ef 
variable, Par M. l'Abbé BossutT............. 199 
Obfervations fur la Mine rouge de Cuivre. Pa: M. SAce. 


210 

Remarques fur le mouvement des Côtes dans la refpiration. Par 
M. BORDENAVE..... MATTER pet one ie TRS e TAN 213 
Obfervation fur une ouverture fifluleufe au bas-ventre, par laquelle 
le malade rendoit prefque toutes fes urines. Par M. SABATIER. 
224 

Mémoire [ur les Probabilités. Par M. DE LA PLACE. 227 
Second. Mémoire Jur l'action comparée de l'Acide nitreux à 
de l’Acide marin [ur les Sels vitrioliques à bafe terreufe. 
Ru NS CORNET RE! ES LAINE LAPS A eme 333 


Mémoire fur les mouvemens des Côtes à [ur l'afion des 
Mujcles intercoffaux. Par M. SABATIER........ 347 


Nouvelles Expériences [ur la réfiflance des fluides. Par M. Y Abbé 
BONSOIR ER ae ae dirledéime du oo 353 


Quatrième Mémoire [ur l'Anatomie des Oïfeaux. De la 
ffrutlure de l'organe de l'Ouïe des Oifeaux comparé avec 
celui de l'Homme, &c. Par M. Vico-D'AzYr... 381 


Second Mémoire fur les Taches du Soleil, de, Par M. DE 
EN ee. HATCNPE EPP ARS ENRENE PT PRRENETRUSS 393 


Extrait des Obfervations météorologiques , faites à la campagne, 
près de Paris, pendant les Froids de Janvier 1767, dc. 
Par Me ADANSON PEL PS: CRE, ul 425 


Expériences [ur une efpèce de Stéatite blanche, qui fe convertit 
Jeule au feu en un beau bifcuit de Porcelaine. Par M. 
GUETTARD, & LAVOISIER.. à sie vec en oo. 433 


TABLE 


Defcription des deux Mines de Charbon de Terre, firuées at 
pied des montagnes de Voyes, &c. Par M. GUETTARD 


AC ANBISTERN ES Le à ae ete dlele nee Eee 435] 
Recherches fur l'intégration des Equations différentielles. Pax 
MACODSUN ne ee ee 6 ae Ne NE 442 


Mémoire fur 1 ‘Obliquité de l'Écliptique, déterminée par les 
Obfervations faites à l'Obfervatoire royal de Paris, dc 
Bar M: Cassinr de ilss. 4, 6 ES 4834 

Mémoire fur un moyen nouveau de faire avec exadlitude, le 
départ d'un grand nombre d'Effais d'Or à différens titres, 
Par AN DILLET. LE 0 ONE NT 505$] 

Confidérations générales fur la nature des Acides, à [ur les 
principes dont ils font compofes.Par M. LAVoIsiER. 535$) 

Rapport fait à l'Académie des Sciences, par la Claffe de 
Chimie, Ve. 21 AGfT- T7 RON A A EE are 548 

Obfervations Botanico= Météorologiques, faites à Denainvil- 
liers pendant l'année 1777. Pa M. pu Hamez.. 560 

Effai d'une Théorie de la réfiflance qu'éprouve la proue d'un 
Vaiffeau dans fon mouvement. Par M. ÉULER.... 59% 

Mémoire de Minéralogie. Pax M. MonTET, de la Société 
royale de Montpellier, ..,..... ARR , dax rs 


FAUTE à corriger dans ce Volume. 


HISTOIRE, page 65, ligne 25, a perdus; liféz aura perdus, 


HISTOIRE 


FOR 


HAUTS E L 2e 


In We 


HISTOIRE 
-DE { 

L’'ACADÉMIE ROYALE 
DAS CS CTENCE S: 


Année M. DCCLXXVIIL 


EEE YYYYFYYÇÇÇçÇCÇSÇCCPEERS ZE PT LES STE TT ee 
EL 
Rp 2 A D D D D D D D 


PHYSIQUE GÉNÉRALE. 


SUR LE FROID DE 1767. 


| E Mémoire auroit dû être inféré parmi ceux de V. les Mém, 
| l'Académie pour l’année 1767 : l'Auteur le fait P- 425: 
paroître aujourd’hui, parce qu'il a cru qu'il 
= pourroit être utile pour compléter la fuite des 
obfervations d’hivers rigoureux , obfervations qui , depuis 
1776, ont attiré l'attention des Phyficiens. 

Hifl, 1778, 


2 HiSToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 

If a obfervé en même temps avec des thermomètres, 
foit placés contre des murs au nord ou au midi, foit ifolés 
en plein air, mais expofés de tous côtés ou mis à l'abri 
du Soleil: par ce moyen, il a pu déterminer la différence que 
lexpofition, les abris doivent mettre dans le degré abfolu 
du froid, & dans fes variations diurnes. L’Auteur a obfervé 
auffi les effets du froid fur les animaux, & principalement 
fur les plantes; c’eft à celles du genre des blés qu'il s'eft 
arrêté le plus : il en avoit en expérience d’un grand nombre 
d’efpèces & de variétés femés à différentes époques. I[ réfulte 
de ces expériences, que les blés femés au mois d'Oûtobre 
ont moins fouflert de ce froid arrivé vers la mi-Janvier, 
que ceux qui avoient été femés plus tôt ou plus tard : or 
comme cette époque eft la plus commune pour les grands 
froids, on voit que c’eft dans celle du mois d'Oétobre qu'il 
faut de préférence femer les blés d'hiver. Ce Mémoire n’eft 
qu'une très-petite partie d’un Ouvrage très-étendu fur les 
variations de l’atmofphère, dont M. Adanfon s'occupe depuis 
long-temps, avec une fuite & une attention infatigables. 


DiEUSISNCMLLEUNLCLES: RE 


D NA TO MI E. 


SUR LE MÉCANISME DE LA RESPIR ATION. 


M. SABATIER décrit dans ce Mémoire, les différens mou- 
vemens que les côtes exécutent pendant la refpiration, & 
l'action des mufcles qui les font mouvoir. 

Toutes les côtes ne s'élèvent pas dans l'infpiration, comme 
la plupart des Anatomiftes l'avoient fuppolé : les fupérieures 
montent tandis que les inférieures delcendent; celles du 
milieu éprouvent, dans le même temps, une forte de mouve- 
‘ment de rotation de dedans en dehors. Ce mouvement eft 
commun à toutes les côtes, mais c’eft dans celles du milieu 
qu’il eft le plus fenfible : il augmente en largeur l'étendue 
de la poitrine, tandis que l’écartement des côtes en augmente 
la capacité en longueur. Pendant l'expiration, les mouvemens 
des côtes fe font dans le fens oppolé. Les facettes cartilagi- 
neufes qu'on obferve fur les apophyfes tranfverfes des 
vertèbres, ont indiqué à M. Sabatier le fens de ces divers 
mouvemens : & il entre dans des détails intéreffans fur ces 
facettes cartilagineufes qui , aperçues par Véfale, n'avoient 
été décrites avec exactitude par aucun Anatomifte. 

M. Sabatier a confirmé fon opinion par des obfervations 
faites fur des hommes bleffés à la poitrine, &c fur des animaux; 
elles ont conduit à conclure que les mufcles intercoftaux 
comptés parmi les mufcles infpirateurs, parmi ceux qui 
fervent à dilater la poitrine s’alongent dans ce mouvement, & 
fe raccourciflent quand la poitrine fe refferre, & qu'ils doivent 
par conféquent être placés au nombre des mufcles expirateurs. 


À i 


V. les Mém, 
P- 347: 


4 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Dans l'état naturel, pour une foible infpiration le dia- 
phragme agit prefque feul ; fi l'infpiration eft forte, ce font 
les mufcles fcalènes, les dentelés fupérieurs qui élèvent les 
premières côtes. Les quarrés des lombes, Îes dentelés pofté- 
rieurs, & généralement les mufcles expirateurs l'emportent 
en force fur les infpirateurs, ce qui eft conforme à ce qui 
s’obferve dans le refte de l'économie animale, où les mufcles 
fléchifleurs l'emportent fur les extenfeurs. D'ailleurs, comme 
l'a remarqué Véfale, la voix, la toux, lexpulfion du fœtus, 
d’autres fonctions animales dépendent de l'expiration, & 
exigent beaucoup de force dans l'état naturel, au lieu que 
l'infpiration en exige peu. 
V.les Mém. Le Mémoire de M. Bordenave a le même objet que celui 
Pe213: de M. Sabatier, & quoiqu'ils fe fondent fur des obfervations 
de genres différens, tous deux ont été conduits en général 
aux mêmes conclufions. 

M. Bordenave termine fon Mémoire par des réflexions 
fur le dérangement que lufage des corps produit fur la 
poitrine des femmes, & dans le mécanifme de la refpiration. 
Mais ces réflexions , quoique très-fages, ne corrigeront per- 
fonne, pas même l'obfervation très-fondée, que cet ufage 
nuit plus réellement à la beauté qu'il n'y contribue. Pour 
les femmes comme pour les ambitieux , ce n’eft pas de vivre 
qu'il s’agit, c'eft de régner; ce n'eft pas d’avoir les qualités 
néceffaires pour mériter le pouvoir, ceft de paroiïtre les 
pofléder; & les femmes ne renonceront à tant d’ufages aufir 
contraires à la fanté qu'à la vraie beauté, que lorfqu'elles 
renonceront à la gloire de plaire, & daigneront fe contenter 
du bonheur d’être aimées. : 


SUR UNE 
OUVERTURE FISTULEUSE DU NOMBRIL. 


Page 224. M. SABATIER rend compte dans ce Mémoire, de l'état 
d'un homme dont le canal de l'urètre étoit obftrué parune 


DES SCtrTENCE Ss. s 


pierre, & dont les urines s'étoient ouvert une route par 
une ouverture fiftuleufe, près du nombril. Les obfervations 
de cette efpèce font très-rares dans les adultes ; M. Sabatier 
a remarqué que dans celle-ci, l'ouverture n'avoit pas 
eu pour caufe la dilatation de louraque , canal qui exifte 
dans le fœtus, & qui s’'oblitère après la naïflance. Plufieurs 
Anatomifles célèbres ont obfervé cette dilatation dans des 
fujets très-jeunes, dont le canal de lurètre avoit été bouché 
ou par des obftacles accidentels, ou par une ftruéture vicieufe ; 
mais ici, la Nature avoit fuivi une route différente : le fond de 
la veflie s’étoit enflammé:; il avoit contracté une adhérence avec 
les tégumens, & à la fuite de l’abcès, il s’étoit formé une 
ouverture à la veflie, & une forte de canal qui conduifoit 
l'urine à la fiftule des tégumens. Mais la Nature n’avoit pas 
tout fait; la route qu'elle avoit formée ne procuroit à l'urine 
qu'une iflue, qui ne fufhfoit que pour une excrétion peu 
abondante, & cette excrétion étoit douloureufe ; l'Art auroit 
pu la feconder, s'il avoit été pofflible de reconnoïître, avant 
la mort du fujet , l'état des parties & Ia direction de ce 
nouveau canal. 


SUR L'ORGANE DE L'OUIE 
DANS LES DIFFÉRENS GENRES D'ANIMAUX, 


CE n'eft qu'en comparant dans diflérens Animaux, les 
organes des fens, ou en général les organes deftinés à des 
fonctions femblables, que l'on peut apprendre à diftinguer 
dans un organe les parties vraiment nécefaires, de celles 
qui ne fervent qu’à le perfectionner ou à l'étendre ; c’eft 
aufr le feul moyen de bien reconnoître à quelle fonction 
particulière chacune de fes parties eft deftinée. 

En comparant l'organe de l’ouie. dans les quadrupèdes, 
les oïfeaux, les reptiles & les poiffons , M. Vicq-d’Azir 
a obfervé que fes parties effentielles étoient au moins un 
offelet, des conduits demi-circulaires , & une pulpe nerveufe: 


V. les Mém, 
p: 381. 


6 Hi1sTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ces parties, en effet, fe retrouvent dans l'organe de l'ouïe de 
tous les animaux , & ce font les feules qui s'y trouvent 
conftamment. La conque extérieure -qu'on oblerve dans 
l'homme & dans les quadrupèdes, manque dans toutes les 
autres efpèces; à la vérité, le trou auditif eft entouré, dans 
la plupart des oifeaux , de plumes rangées circulairement, 
& avec une difpofition régulière, qui ne permet pas de les 
croire inutiles au fens de l'ouie. Le conduit auditif, commun 
aux quadrupèdes & aux oiïfeaux , manque dans plufieurs 
reptiles & dans les poiflons. Le limaçon qu'on n'a obfervé 
que dans l'homme & Îles quadrupèdes, manque dans les 
oifeaux, mais un conduit droit y fupplée; au lieu de trois 
offelets ils n'en ont qu'un, comme dans la plupart des autres 
genres, excepté dans certains poiflons ; mais par une fingu- 
larité remarquable, f1 l'organe des quadrupèdes eft plus 
compliqué que celui des oifeaux dans fa ftructure, & par 
le nombre des pièces qui le compolent , les parties eflen- 
tielles de l’ouïe femblent avoir dans les oifeaux une perfection 
plus grande; en forte, qu'à moins de fuppofer au limaçon 
& à la fpirale qui leur manquent, quelqu'ufage qui nous eft 
inconnu, on ne peut dire à qui des oifeaux ou de nous la 
Nature a accordé un organe de l'ouie plus parfait. A s'en 
tenir même aux connoïflances actuelles , il paroït qu'il y 4 
lieu de croire que les oïfeaux ont l'avantage: en effet, il ny 
a point de différences eflentielles entre l’ouie de l’homme 
& celui des quadrupèdes , & aucun des quadrupèdes n’a, 
comme les oifeaux , la faculté de chanter, d'apprendre des 
airs; ainfi l’homme paroïit devoir les avantages de fon ouie 
plutôt à {on intelligence qu'à fon organifation. 


DES SCIENCES \ 7 


HISTOIRE NATURELLE 
DES A NM AQCTIX, 


mm) 


OBSERVATIONS SUR LE CRAPAUD. 


La ISTOIRE de l'Académie a déjà fait mention de V. les Mém. 
l'Obfervation de M. Demours, fur le Crapaud accoucheur P: 13: 
de fa femelle; mais l’Auteur, devenu Aflocié de l'Académie, 
a cru devoir configner dans nos Mémoires les détails de fon 
obfervation : nous ne parlerons que de ceux dont l'Hiftoire 
de 1741 n'a pas fait mention. 

Plufieurs femaines avant la ponte, Île crapaud mäle tient 
{a femelle embraffée ; cependant, Jorfqu'il s'en fépare pour 
Taccoucher, les œufs ne font pas fécondés; & il y a tout lieu 
de croire que c’eft feulement après les avoir tirés qu’il les 
féconde d’un feul jet ; depuis ce moment, lui feul en refte 
chargé, & il les porte avec lui. Comme les petits qui doivent 
éclore exiftent d’abord fous la forme de tétards, forme fous 
laquelle il ne peuvent vivre que dans l’eau, le crapaud 
cherche une mare où il puiffe dépoler les œufs; s’il n’en trouve 
point dont f'abord lui foit facile, il fe précipite d’un bord 
efcarpé au hafard de périr au bout de quelques jours s'il 
lui eft impoffible de remonter, & quoiqu'il ait appris par 
l'expérience qu’il ne peut pafler dans l'eau un long efpace de 
temps fans y fouffir. 

Ainfi l'on voit qu'il exifte dans tout être fenfible une 
force qui lui fait un befoin réel & très-preflant de l’exiftence 


8 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& du bien-être, non-feulement des individus à qui il doit des 
jouiffances , mais de ceux même qui ne font liés avec lui 
que par le befoin qu'ils ont de fes fecours. Cette force exifte 
avec toute fon énergie dans des animaux, objet de notre 
horreur & de notre mépris ; elle balance en eux l'intérêt de 
leur confervation , le foin de chercher leur nourriture: c'eft 
à elle que la plupart des efpèces d'animaux doivent leur 
perpétuité, & dans l'homme, elle eft la fource de fes affec- 
tions morales, & le principe naturel de fes vertus. 

L'origine de ce fentiment, fes rapports avec l'intérêt 
perfonnel direét dont il triomphe fi fouvent, fon influence 
fur nos actions & nos principes, tous ces objets importans, 
fur lefquels l'Obfervation des animaux peut nous donner 
tant de lumières , n’ont peut-être pas encore été démêlés avec 
aflez de foin par les Métaphyficiens , qui, féduits par les 
préjugés de la Philofophie, ont fouvent été chercher bien loin, 
ce qu'ils ne pouvoient trouver qu'au-dedans d'eux-mêmes, 


BOTANIQUE, 


DMENSIMSTCNTRES Nc m}s! 9 


BOTANIQUE. 


SUR LES GOMMIERS DU SÉNÉGAL, 


Ce Mémoire eft la fuite de celui que M. Adanfon a V.Ies Mém. 
publié dans les Mémoires de l’Académie pour l'année 1775, P20: 
{ur les Gommiers du Sénégal. 

Il confidère ici deux efpèces de gommiers ou d’acacias; 
le premier, nommé Uérek par les habitans du pays, eft un 
arbre de moyenne grandeur, qui ne s'élève guère qu'à vingt 
pieds ; il fournit, fans qu’il foit néceflaire d'y faire des inci- 
fions, une gomme blanche qui n’a qu'une faveur douce, 
mélée d’un peu d'acidité lorfqu’elle eft fraiche & qu’on la 
goûte avec attention. 

La gomme rouge ou blanche eft, avec le lait de leurs 
troupeaux, la principale nourriture des Maures, ou plutôt 
des Arabes, qui mènent une vie errante dans le vafte pays 
qui s'étend entre le Niger & les montagnes où fe termine 
le royaume de Maroc. Comme les gommiers fe trouvent 
partagés entre trois grandes forêts, ces peuples font auf 
divifés en trois hordes, dont chacune a fon Chef, 

Ils font avec l’Europe un commerce confidérable de toutes 
les efpèces de gommes. M. Adanfon évalue ce commerce 
à trois millions de livres pefant : il eft plus lucratif & plus für 
que la traite des Nègres, fi pourtant l’on peut fe permettre de 
comparer deux efpèces de commerce dont l'un, fondé fur 
des befoins mutuels de deux peuples, a pour but de procurer 
à l'Europe une denrée utile, tandis que l'autre, fondé {ur 1a 


Hill, 17784 


10 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE 


perfidie ou Ja violence, eft un véritable crime aux yeux de 
quiconque n’a pas renoncé aux plus fimples notions de la 
morale. 

La feconde efpèce d’acacia dont parle [M. Adanfon eft 
beaucoup plus petite, les Maures lui donnent le nom de Ded ; 
quoique du même genre que l'uérek, le ded ne produit pas 
de gomme. Cet arbre ne peut être d'aucune utilité, mais 
les Maures en ont fait un arbre facré; ils prétendent que 
ceux qui fe réfugient dans ce buiflon, y font invulnérables 
aux flèches de leurs ennemis; mais ïls ne font pas à l'abri 
des piqüres des épines dont cet arbre eft hérifié, & cet 
afyle incommode, qui ne s'étend pas au-delà du buiflom 
facré, n'offre aux fuperflitieux & aux lâches, qu'une bien 
foible reflource. 

M. Adanfon annonce dans fon Mémoire des recherches 
fur le bdellium, efpèce de réfine mal-à-propos confondue 
avec lencens, & dont if a eu occafion de découvrir l'origine 
à peu-près inconnue jufqu'ici. Tous ces Mémoires font le 
réfultat du voyage que M. Adanfon a fait au Sénégal en 
1750, & l'on regrette en les lifant, d'en avoir été privé 
fi long-temps. 


OBSERVATION DE BOTANIQUE 


M. le Marquis de Courtivron a communiqué à lAca- 
démie l'Obfervation fuivante, fur les effets de la Bella-dona. 


« Le 27 Septembre 1777, au foir, plufieurs enfans de 
>» coupeurs de bois, barraqués en un lieu nommé Combe- 
> Jizardiere, fur le territoire de Compañeur-Créqui-Montfort, 
» bailliage de Dijon, fe trouvèrent attaqués de vertiges; is 
» avoient les yeux hagards, & ne pouvoient diftinguer les objets; 
» le délire étoit continuel; ils étoient effrayés de fpectres qu'ils 
* croyoient voir, & ils jetoient par intervalle, des cris perçans; 
» leur corps étoit dans une agitation continuelle, & ils ne 
»pouvoient fe tenir debouts ; leur pouls étoit convulfif, 


DÉéE s01Cih EE Nre Es. T1 


petit & intermittent; leur bouche étoit sèche, Ia refpiration 
laborieufe ; le ventre étoit tendu & douloureux. Je fis 
avertir le plus promptement qu'il fût poflible, M. Perrenet, 
Chirurgien de l'Hôpital d'Ifurtille, diftant de deux lieues 
du village de Compafieur - Créqui - Montfort; il ne put arriver 
que le lendemain matin : ayant appris que ces enfans avoient 
mangé dans le bois des fruits qu'ils ne connoïfloient pas, 
& dont les parens repréfentèrent quelques-uns , il es 
reconnut pour des-baies de bella-dona ; maïs avant qu'on 
eût pu adminifirer des fecours aux quatre malades, & avant 
l'arrivée du Chirurgien, il y en avoit un mort : on donna 
aux trois autres de l’émétique, qui leur fit rejeter les fruits 
qu'ils avoient mangés; des lavemens & une médecine douce 
leur fit évacuer par le bas beaucoup de matières noirâtres : 
on leur donna une boiïflon abondante de lait d'amande. Vers 
trois heures après midi, que le mieux s’annonça, les malades 
s'endormirent ; à leur réveil leur peau fut couverte d’une 
moiteur confidérable; ils étoient comme flupides & étonnés: 
le fur-lendemain ils parurent guéris, & reprirent peu-à-peu 
Jeurs habitudes ordinaires. 

Ayant queftionné ces enfans depuis leur guérifon, ils 
m'ont afluré qu'ils n’avoient mangé chacun que peu de ces 
baies de bella-dona, & ils m'ont dit que celui qui étoit 
“mort, n'en avoit pas mangé plus qu'eux, fans doute plus 
délicat que les autres, car l’âge des quatre enfans n'étoit pas 
fort différent, il fuccomba plus tôt fous l'effet du poifon qui, 
fans les fecours adminiftrés, les auroit emportés comme lui, » 


12 Hisroire DE L'ACADÉMIE RoYALE 


MINÉRALOGIE. 


EX TRAIT DU NOT AGE 
FAIT DANS LES VOSGES. 


RS 

Y. les Mém: M. GuEeTTARD & LAVoisiER ont parcouru en 

p.433: Naturaliftes & en Phyficiens, plufieurs de nos Provinces, 

où ils ont recueilli une longue fuite d'Obfervations intéref. 

fantes pour l'Hifloire Naturelle & pour les Arts. Ces deux. 
Mémoires en font partie. 

Dans le premier, ils décrivent un banc de terre argileufe 
blanche, qui peut feule, fans addition, fans même avoir été 
lavée , donner, en a cuifant au feu, de beau bifcuit de 
porcelaine; ce qui prouve que cette terre n'eft pas une argile 
pure, mais de l'argile mêlée avec une terre fufible : au-deflous 
eft un banc d’une terre de même nature à peu-près, d’une 
teinte verte; la terre de ce banc eft propre à faire de la 
poterie folide, mais groffière. Ces bancs fe trouvent auprès 
de Plombières , dans un pays où le bois eft commun, 
en forte qu'on pourroit y établir, avec avantage, une Manu- 
facture de porcelaine : cette vaiffelle, quoique fragile, peut 
par {on inaltérabilité au feu & dans les diflérens menftrues, 
devenir un jour d’une très-grande utilité, foit pour les Arts, 
foit pour l’ufage de la vie; mais il faudroit pour cela qu'elle 
ceffàt d'être un objet de’luxe, & que les Manufactures de 
ce genre, encouragées par la liberté, fe multipliaffent dans 
les provinces éloignées de a capitale. Les Manufadtures de 
luxe ne font en effet un objet important & digne des 


DES SciENcEs. 13 
encouragemens du Gouvernement & des regards des Philo- 
fophes , que lorfqu'elles fervent en exerçant des ouvriers 
habiles, en exeitant l'émulation parmi les hommes qui 
étudient les Arts, à étendre, à diverfifier , à perfectionner 
les Manufactures d’un ufage commun, 

Le fecond Mémoire renferme la defcription de deux 
mines de charbon de terre, fituées fur les confins de l’Alface 
& de la Franche-Comté: l’analyfe de ces deux charbons de 
terre ne donne point d’alkali volatil, comme on en retire 
communément de ces fubftances. M, Rouelle l'aîné avoit 
obfervé le même phénomène dans le charbon de terre de 
Balleroy en Normandie, Ces différences entre les principes 
des charbons de terre , en indiquent une effentielle dans 
leur origine, dans {a nature des corps qui ont fervi à Ieux 
formation, ou dans l’efpèce de changemens que ces corps 
ont fubis. Mais quelle eft cette différence ? 


A Tune de ces mines, à celle de Ronchamps, on avoit 
Établi en 1757, lorfque les favans Voyageurs l’examinèrent, 
une Manufacture de noir de fumée : le toit de cette même 
mine eft un fchite alumineux , qu'on commençoit auffi alors 
à exploiter pour en retirer de f’alun, Depuis que l'Hiftoire 
Naturelle & la Chimie ont fait des progrès, on commence 
à favoir que l’alun n’eft pas une fubftance rare en France, 
& qu'il eft également poflible ou d’en retirer de beaucoup 
de terres, ou d’en former artificiellement. 


SUR LA MINE ROUGE DE CUIVRE. 


On connoît trois efpèces de mines rouges de cuivre; 
elles paroiffent ne difiérer que par leur forme, & le plus 
ou le moins de régularité dans leur criftallifation. 

M. Sage a obfervé une teinture approchante de celle de 
cette mine fur du cuivre recouvert par une rouille verte que 
Ton appelle patine. Enfin, dans les cavités de plufieurs mor- 
ceaux de flatues de bronze trouvées après un long féjour 


V. les Méms 
P-435- 


P,2:0; 


V. es Mém, 
p- 69: 


14 H1SToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 
dans l’eau ou dans la terre, on a trouvé de la mine rouge 
de cuivre bien criftallifée. 

De ces faits M. Sage conclut que Ja mine rouge de cuivre 
n'eft qu'une chaux de cuivre, n'eft que le métal même privé 
de fon phlogiftique : aufli cette mine réduite donne foixante- 
dix livres de métal par quintal, & fe diflout en entier dans 
l'alkali volail, à qui elle fait prendre une couleur bleue ; 
& ces rélultats chimiques confirment ce que lobfervation 
avoit indiquée. 
ES 

SUR L'EAU DU LAC ASPHALTIDE. 


L'eau du lac Afphaltide n’étoit connue que par fon 
amertume, qu'on attribuoit mal-à-propos au bitume, & par 
fa pefanteur. On voit nager fur fa furface le bitume de 
Judée, qui fe précipite au fond de l’eau. 

C'eft ici la première fois qu’on a pu analyfer cette eau; 
grâce au zèle de M. le Chevalier Tolés, qui en à fait 
parvenir deux bouteilles à M. Guettard : elle eft faturée 
au point qu'il y avoit au fond de ces bouteilles, du fek 
criftallifé ; examinée avec l'aréomètre, fa pefanteur eft à 
celle de l'eau diftillée comme $ a 4, pefanteur prodigieufe 
dont aucune eau falée ne donne d’exemple. 

Un quintal de cette eau contient près de 45 livres de fel ; 


. dont 6 + de fel marin ordinaire, 16 + de {el marin à bafe 


calcaire, & 22 de fel marin à bafe de terre magnéfrenne. 
C’eft uniquement à ces fels que cette eau & celle de la mer 
doivent leur amertume. Le bitume qui nage fur l'eau du lac 
Afphaltide, & qui fort de fes bords ou du fond, ne lui 
<ommunique aucune qualité. 


SE 


SUR LA NATURE DES ACIDES 


ET Chimiftes entendent par élémens, non les corps 
fimples par leur nature, puifque nous ne pourrons jamais 
affurer d'aucun corps, qu'il foit dans cet état de fimplicité 
abfolue ; mais feulement {es corps que nous ne pouvons 
décompofer, & qui par conféquent font pour nous de véri- 
tables élémens. Comme plufieurs de ces fubftances, indé- 
compofables pour nous, nous montrent des indices d'une 
première formation faite par la Nature, ou d’une décompo- 
fition exécutée par des moyens que nous ne pouvons ni 
connoître ni imiter, on les exclut avec raifon du nombre 
des élémens; mais on les regarde comme des principes au- 
delà defquels on ne cherche point à poufler l’analyfe des 
corps qui en font compolés. 

. Cependant f'analyfe de ces fubftances lle-même eft un 
des objets les plus piquans de la Chimie; elle offre des 
problèmes difficiles à réfoudre, & dont l’obfervation de 1a 
Nature à prouvé que la folution étoit pofhble; auffi à chaque 
époque où la Chimie s'enrichit de nouveaux moyens d’ana- 
lyfe, plufieurs fubftances regardées comme des principes, fort 
exclues de cette clafle & rentrent dans l'ordre des compofés. 


V. les Mém, 
P: 535 


Les acides, du moins plufieurs d’entr'eux, font regardés, : 


non comme des éléments ; parce que l’on fait il y a long-temps 
qu'ils fe forment ou fe détruifent, mais comme des principes 
très-fimples au-delà defquels l'analyfe ne remonte point. 


16 HisToiIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


La théorie des airs nous a donné, depuis quelques années, 
l'efpérance de faire un pas de plus : en eflet, puifqu'on a 
trouvé les moyens de raffembler, de diftinguer, de fou- 
mettre aux expériences les fluides aëriformes qui s’échappent 
des corps, il en réfulte que celles de ces fubftances qui fe 
dégagent dans la décompofition d'un acide, peuvent être 
connues & foumifes à l'examen des Chimiftes, 

L'acide nitreux a été celui fur lequel on ait fait les 
premiers effais ; en diflolvant dans cet acide certains métaux, 
il fe dégage de l'air, & cet air qu'on a nommé air nitreux, 
mêlé avec l'air vital, c'eft-à-dire, précifément avec celui qui 
fe combine avec les métaux pendant eur calcination, repro- 
duit l'acide nitreux. I] paroïît donc que l'acide nitreux eft 
compofé de ces deux airs, & que le métal le décompofe 
en fe combinant avec l'air vital qui en étoit une des parties. 

Comme l'acidité eft une propriété commune à toutes 
les efpèces d'acides, qui produit dans tous des phénomènes 
analogues, il eft naturel du moment où on ne les regarde 
plus ni comme des corps fimples, ni comme un même acide 
effentiel différemment modifié, de fuppofer à tous un prin- : 
cipe commun, principe auquel ils doivent leur qualité d'acide, 
& qu'on peut appeler le principe acidifiant où oxigine. 

C'eft dans l’une des fubftances qui forment l'acide nitreux 
ou qui du moins entrent dans fa compofition, que M. Lavoifier : 
cherche ce nouveau principe, & il penfe que c’eft l'air vital 
ou plutôt un des principes qui forment l'air vital. Ce prin« 
cipe, combiné avec les matières charbonneufes, produit l'air 
gazeux ou l'acide aërien ; avec Île foufre, il produit l'acide 
vitriolique ; avec le phofphore, l'acide phofphorique; avec 
le fucre, l'acide du fucre. 

Les Mémoires donnés par M. Lavoifier dans les Volumes 
précédens, contiennent une partie des preuves de ces diffé- 
rentes opinions, excepté de celle qui regarde l'acide du 
fucre : fexamen des circonflances qui accompagnent la 
formation de cet acide, & fa décompofition {ont J'objet 
paticulier de ce Mémoire, 

Si 


“DES SCIENCES. 17, 


Si on verfe de l'acide nitreux fur du fucre , & qu'on 
diftille à feu nu, ül pañle de l'air nitreux, de l'air inflam- 
mable, de l’air gazeux, enfin une portion d'acide nitreux qui 
n'a pas fouffért de décompofition. Et l'acide du fucre refte 
dans la cornue : ainfi l'air vital qui s’eft féparé de l'air nitreux, 
s'eft combiné avec le fucre, & a formé l'acide faccarin; mais 
l'air gazeux & l'air inflammable qui ont paflé , font düs à a 
décompofition de l'acide du fucre : aufli cet acide pouffé à la 
diftillation, fe réduit-il en air gazeux & en air inflammable, 
en Jaïflant un réfidu charbonneux. Comme fair gazeux 
eft, fuivant l'opinion de M. Lavoifier, une combinailon du 
principe acidifiant avec la matière charbonneufe , il réfulte de 
cette dernière analyfe, que le fucre n'eft qu'un compolé de fa 
matière charbonneufe toute formée , & d’un air inflammable. 


M. Lavoifier termine ce Mémoire par l'annonce d’une 
fuite d’analyfes végétales faites par là même méthode que 
celle du fucre, & d’après les mêmes principes. 

Il ne donne pas , au refle, cette théorie comme rigou- 
reufement prouvée, mais comme un [yftème dont les parties 
Jui paroiffent aflez bien lies entr’elles » & qui eft appuyé 
fur un afiez grand nombre d'expériences, confirmé par un 
aflez grand nombre d’obfervations pour mériter l'attention 
& l'examen des Chimiftes. 


a ) 


SUR LA DÉCOMPOSITION 
DES SE Lu PAT RAT O LI Q LES 


M. BAUMÉ a prouvé il y a déjà un grand nombre 
d'années, que l'acide nitreux décompole le tartre vitriolé & 
le fel de Glauber, tandis que l'acide vitriolique décompofe 
aufli le nitre prifmatique & le nitre quadrangulaire, elpèce 
de paradoxe qui femble détruire ou du moins qui oblige de 
modifier la doétrine des affinités. 


M. Baumé eflaya de décompoler les mêmes els par l'acide 
Fil. 1778. C 


V. 
3 


les Mém, 
ag. 44 & 


33. 


18 HisTorre DE L'ACADÉMIE ROYALE 
marin, mais ce fut fans fuccès ou du moins avec un fuccès 
équivoque. 

M: Margraff, de fon côté, étoit parvenu à décompoler 
par l'acide marin les deux nitres à bafe d’alkali fixe, & 
même le tartre vitriolé & le fel de Glauber, ce qui failoit 
du paradoxe obfervé par M. Baumé , une forte de règle 
générale. 

M. Cornette s’eft propofé d'étendre les expériences des 
deux Chimifles qui l'ont précédé, d'éclaircir ce qui paroïffoit 
encore incertain, & de concilier ce qui fembloit contradic- 
toire dans leurs réfultats, & il a embraffé dans fon travail les 
fels à bafe terreufe ou à bafe métallique. 

Son premier Mémoire n’a pour objet que la décompofition 
par l'acide marin des {els vitrioliques & nitreux à bafe d’al- 
kali fixe végétal ou minéral, & à bafe d’alkali volatil. 

H a toujours employé de l'acide marin fumant & très-pur; 
il met dans l'état de ficcité les fels qu'il veut décompofer. 
Avec cette précaution, chacun de ces fels a été décompolé, 
mais avec des circonftances diflérentes: la décompofition eft 
plus facile pour les fels ammoniacaux; ceux à bafe d’alkali 
minéral viennent enfuite, & enfin les fels à bafe d’alkali 
végétal réfiflent le plus à la décompofition. 

Lorfqu'on verfe l'acide marin fumant fur les fels nitreux, 
l'acide nitreux qui fe fépare, fe méle avec l'acide marin & 
forme de l'eau régale : cette obfervation peut être utile dans 
le cas où un Chimifte qui voudroit faire de l’eau régale , - 
nauroit dans fon Laboratoire que des fels nitreux & de 
Yacide marin. Le fel ammoniac, produit par la décompo- 
fition du nitre ammoniacal, prend une couleur affez foncée, 
que des diflolutions & des criftallifations répétées ne peuvent 
lui ôter, mais que M. Cornette lui a fait perdre en le fubli- 
mant fur de la terre d’alun, qu'il faut avoir la précaution 
de laver avec foin. 

Après avoir déterminé l'effet des acides nitreux & marins 
fur les fels vitrioliques à bafe alkaline, M. Cornette examine 
dans un fecond Mémoire, l'effet des mêmes acides fur les 


D'ENSIMOSRC'ILE, NC E 5 19 
fels vitrioliques à bafe terreufe: ici les phénomènes font 
différens. 

Aucun des fels vitrioliques à bafe terreufe n’eft décom- 
pofé par les autres acides minéraux ; mais les fels nitreux ou 
marins à bafe terreufe décompofent les fels vitrioliques à 
bale d’alkali : le fel marin à bafe terreufe calcaire décompolfe 
le vitriol à bafe de magnéfie. Tels font Îes principaux phé- 
nomènes obfervés par M. Cornette: ces phénomènes ne 
détruifent pas la théorie générale des affinités, mais ils détrui- 
fent les loix particulières d’afhinité qu'on s’étoit trop preflé 
d'adopter ; ils en indiquent d'autres qu'il faut y fubflituer. 
Si des Chimiftes d'une grande réputation ont donné trop 
de généralité aux loix qu'ils ont obfervées, il ne faut pas 
en conclure que les faits chimiques ne font point aflujettis à 
des loix fixes & générales : on s’expole également à fe tromper 
en généralifant trop ou en ne généralifant pas aflez. Ce der- 
nier inconvénient eft fans doute moindre en lui-même, 
puifque l'ignorance & le doute valent mieux que des erreurs; 
mais la pareffe qui fait refter dans l'ignorance & dans le 
doute, eft peut-être auf nuifible au progrès des Sciences que 
la hardiefle qui s'égare, maïs qui ne s'égare que quelquefois. 

Gardons-nous cependant de croire que ces erreurs viennent 
d'avoir trop combiné fes idées, trop raifonné fur les faits: 
elles viennent le plus fouvent d’avoir mal obfervé, de n'avoir vu 
les faits ni en affez grand nombre, ni avec aflez de détails. 
C'eft la précipitation & l'ignorance, & non l'imagination 
ou le génie qui nous font commettre des erreurs, car le génie 
confifte non à généralifer des faits particuliers ,«mais à faiir 
dans la fuite des faits obfervés l'enfemble qu'elle préfente. 

Le travail de M. Cornette fur les fels à bafe terreufe, le 
conduifent à rechercher l'origine de la félénite qui fe trouve 
dans les eaux & celle des carrières de gypfe. Comme le mélange 
du fel marin à bafe terreufe & du fel de Glauber produit de 
la félénite, que ces fels font diffolubles dans eau, & que 
la félénite left très-peu , il paroît probable à M. Cornette 
que c'eft au mélange d'eaux chargées de ces deux {els qu'ett 

1} 


Y. les Mém. 
pl. 


20 H1sToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 
dûe {a préfence de la félénite dans l'eau , & même la formation 
des carrières de gypfe. Il obferve en eflet que des Eaux qui 
contiennent du fel de Glauber & du fel marin à bafe terreule, 
peuvent refter limpides quelque temps & fans que la félénite S'Y 
forme : elle fe précipite enfuite par l'évaporation & en plus 
rande quantité qu'une mafle égale d'eau n'eût pu tenir en 
diflolution de félénite toute formée. Il eft donc poñlible que 
des Eaux minérales qui donnent de la félénite par l'analyfe, 
ne renferment réellement, du moins lorfqu’elles n'ont pas été 
ardées long -temps, que du fel marin à bafe terreufe & du 
fel de Glauber: remarque qui eft importante pour l'ufage de 
ces Eaux dans la Médecine. 


CV) SA 2 
DIFFÉRENTES COMBINAISONS DU FER. 


E-ES n’eft plus facile dans les Sciences fondées fur l'expé- 
rience, que de multiplier les faits particuliers; mais ces faits 
ne font dignes d'attention que lorfqu'ils fervent à conduire à 
des vérités générales, où que préfentant , au contraire, des 
fingularités nouvelles & imprévues, ils deviennent un objet 
de recherches. Les faits obfervés par M. de Laflone, & dontil 
rend compte dans ce Mémoire, font de cette dernière claife. 

Si on méle de la limaille de fer & de la crème de tartre, 
qu'on imbibe ce mélange d'eau & qu'on lui fafle fubir une 
longue digeftion, il fe fait une combinaifon dont le réfultat 
eft difloluble dans l’eau froide ; fs on mêle la décoction de 
noix de galle à cette diflolution , il fe forme de l'encre ; mais 
Yalkali phlogiftiqué n'en précipite point de bleu de Prufle: 
cependant il fuflit de faire bouillir la liqueur pour lui donner 
cette propriété. 

Quelle eft la caufe de ce phénomène? On n'ajoute rie 
à fa liqueur ; elle eft claire avant comme après l’ébullition ; 
elle contient, avant comme après, du fer & de la crème 


DES SCIENCES. 21 


de tartre; quel changement at-elle donc fubi? Si Le fer étoit 
diflous avant l'ébullition, pourquoi n'eft- il pas précipité par 
l'alkali? S'il n'étoit pas diflous, comment la liqueur où il eft 
fufpendu, refle-t-elle tranfparente? Nous ne fuivrons pas 
M. de Laflone dans a favante explication qu'il donne de 
ce phénomène. 

M. de Laffone conclut de cette obfervation, que les boules 
de fer produites par la digeftion, ne font point du tout iden- 
tiques avec celles qui fe forment à l’aide de l’ébullition, & if 
confeille de préférer la première préparation dans lufage de 
la Médecine. 

Il remarque enfuite, que puifque fa noix de galle précipite 

en noir le fer diflous par la crème de tartre, on peut fe pro- 
curer une teinture noire fans employer le vitriol, procédé 
qui peut être d'un grand avantage, puifque les teintures 
noires formées avec le vitriol martial, attaquent jufqu'à un 
certain point les fubftances auxquelles on les applique. 
- Le fecond fait qu'a obfervé M. de Laffone n’eft pas moins 
remarquable. On fait que le fer fe diffout dans l'alkali, mais 
fi l'on emploie l'alkali fixe, la diflolution n’a lieu que lorfque 
ce fel eft dans l’état de caufticité; fi au contraire on emploie 
lalkali volatil, il n'agit que lorfque combiné avec V'air gazeux, 
il a perdu fa cauflicité; & ce qui eft encore une fingularité, 
la diflolution du fer par l'alkali volatil ne fe fait qu'avec un 
dégagement d'air confidérable, & par conféquent c’eft avec 
l'alkali cauftique, avec l’alkali qui n’auroit point agi fur le 
fer, quoique préfenté dans fon plus grand état de pureté 
& d'activité, que cependant le fer {e trouve réellement 
combiné après la diffolution. 


PURE ARTYDES ESSAIS. D'OR: 


L'axr des Effais eft un de ceux où les hommes ont porté 
le plus loin l'exactitude, & où la pratique peut le moins 
méconnoître ce qu'elle doit à la théorie. Mais c'eft fur-tout 


V. les Mém, 
P: 595> 


22 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


dans ces derniers temps que cet Art a fait le plus de pro- 
grès, & on ena l'obligation au zèle de M. Tillet, pour un 
travail qu'il a regardé comme un devoir, & auquel il a facrifié 
un temps qu'il eût pu employer à des travaux plus brillans, 
aufli utiles peut-être, mais fur lefquels le devoir n'eût pas 
déterminé fon choix. L'art des effais fe réduit à deux opéra- 
tions; lune eft la féparation des métaux imparfaits, unis à 
l'or & à l'argent; l'autre la féparation de l'or de l'argent. 

La première fe fait par la coupellation : M. Tillet a per- 
feélionné cette méthode dans plufieurs Mémoires inférés 
parmi ceux de l'Académie , au point de ne plus rien laiffer à 
defirer. En effet, dans toute opération de ce genre, it y a 
deux objets à confidérer; l'un eft l'exactitude phyfique qui 
ne s'arrête qu'à des quantités imperceptibles pour nos fens 
ou pour nos inftrumens , & qui n'a de bornes que celle de leur 
perfeétibilité ; autre eft l'exactitude de l'art-pratique, qui a 
pour limite le point où une exactitude plus grande devient plus 
coûteufe qu’elle n’eft utile. Or M. Tillet a donné les moyens de 
s'aflurer , malgré la petite portion d'argent, toujours ou prefque 
toujours contenue dans le plomb, malgré la partie de fin 
entraînée dans les coupelles, de la quantité de fin que contenoit 
une matière foumife à l’eflai, avec une exactitude dont l'erreur 
échapperoit aux inftrumens connus, & qui pourroit être pouflée 
plus loin, fi ces inftrumens fe perfectionnoient encore; & il a 
prouvé en même temps comment, par des moyens auffi fürs 
que fimples, on peut parvenir à une exactitude auffi grande 
que l'intérêt public ou celui des particuliers peuvent l'exiger, 
aufli grande qu'on peut l'attendre de ceux à qui ces opérations 
font confiées. 

La feconde opération eft celle du départ, & elle confifte 
à féparer l'or de Fargent, en mettant dans plufieurs eaux-fortes, 
bien purgées d’eau régale, & prifes fucceffivement à diférens 
degrés de concentration, le métal qu'on veut effayer, &c auquel 
on a foin d'ajouter de l'argent, jufqu’à ce que la quantité de 
ce métal y foit à peu-près double de celle de l'or. Cette opé- 
ration avoit déjà été l'objet des recherches de M. Tillet, &ç 


DES SCIENCES. 23 


il avoit trouvé par fes expériences, qu'il arrive quelquefois 
qu'en y procédant, même avec toutes les précautions qu'il 
a prefcrites, il peut refter encore, lorfqu'on la croit finie, 
une petite partie d'argent umie à l'or, ce qui rend le 
titre déterminé par l'eflai, fupérieur au titre réel: il avoit 
obfervé aufli que les manipulations de cette opération font 
très-délicates , & peuvent expoler à des accidens qui rendent 
l'opération ou incertaine ou fautive. En eflet, pour qu’elle 
réuffifle bien, on eft obligé de réduire en lame mince le 
morceau de métal qu'on veut eflayer, afin qu’il préfente plus 
de furface à l'acide, & qu'il en foit pénétré plus aifément : 
on roule enfuite la flame en cornet, pour qu'elle conferve 
fa forme , & qu'elle ne fe brife point par l'aétion de 
leau-forte, par les mouvemens qu'on donne au vafe, par 
celle des nouvelles eaux-fortes qu'on y ajoute; ce cornet 
métallique eft fragile après l'opération ; il faut cependant le 
faire pafler dans un creufet, où par le recuit il prend afez 
de confiflance pour être pefé. Quelque précaution que 
Yon prenne durant ces opérations , le cornet peut fe brifer, 
le matras peut fauter, & alors il faut recommencer l'opération ; 
il peut même (ce qui eft plus ficheux) fe détacher du cornet 
quelques parties qui échappent à l'opérateur, & alors l'efiai 
donneroit un titre au -deflous du vrai. 

Voici maintenant la méthode que M. Tillet a imaginée 
pour obvier à ces deux inconvéniens, & qu'il expole dans ce 
Mémoire ; il place dans un cylindre d’un métal inaltérable 
dans l'eau-forte, le cornet qu'il veut effayer; les deux bales 
de fon cylindre font fermées par deux viroles percées d’un 
trou , & le cylindre lui-même, formé par une lame qui 
fait reflort, & qui n'eft pas foudée, a une fente longi- 
tudinale par laquelle l’eau - forte peut pénétrer. Lorfque 
le départ eft terminé, on fait recuire le cornet dans fon étui, 
& l'opération s'achève fans rifque : fi le matras caffe, on 
remet l'étui dans de nouvelle eau-forte, & on reprend Fopé- 
ration au point où elle étoit avant l'accident. On a foin 
de placer dans Je même matras un autie cornet formé d’un 


" 


| Ÿ 2 
24  HIsToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


alliage d'or & d'argent, dont on connoît le titre; on Îe fou- 
met aux mêmes opérations que le cornet d’eflai ; lorfque l'on 
croit l'opération finie, on retire du matras l'étui qui contient 
ce cornet d'expérience , à l'atde d'un fil d’or qui y eft attaché; 
on le fait recuire, on pèle ce cornet, & s'il a exactement le 
poids qu'il doit avoir, on eft für de Ia bonté de l’eflai, 
finon, on remet le cornet d’effai fur le feu avec de nouvelle 
eau-forte, & on achève l'opération. 

Il ne pouvoit y avoir contre cette méthode que deux 
difficultés. 

1. Le cornet d’effai ou d’épreuve pourroit s'attacher à 
l'étui pendant le recuit, & cet inconvénient feroit perdre une 
partie des avantages de la nouvelle méthode, puifqu'il faudroit 
alors tirer le cornet de l’étui avant de recuire, & que dans 
cette manipulation on pourroit ou le brifer, ou en laïfler 
égarer quelque petite partie; mais cet accident qui auroit 
lieu fi on fe fervoit de cornets d'or pur ou allié d'argent 
ou de cuivre, ceffe d'être à craindre f1 on fe fert d'or gris, 
c’eft-à-dire d’or allié de fer dans certaines proportions : à la 
vérité, après quelques opérations, le fer eft un peu attaqué, 
la furface de l'étui reprend la couleur d'or, & l’adhérence 
pourroit avoir lieu ; mais en fe fervant d'étuis de platine 
pure, on évitera cet inconvénient, qui obligeroïit à changer 
d'étui, & qui pourroit peut-être faire craindre qu'il ne fe 
collât au cornet quelques parties de chaux de fer. La platine 
eft inaltérable dans l'eau-forte, & M. 1e Comte de Sikingen 
nous a inftruits des moyens de la forger & de Ia laminer. 
M. le Comte de Milii, qui eft auffi parvenu au même but, 
a donné à M. Tillet des étuis de platine qui ont parfaite- 
ment réufli. 

2.° On pourroit craindre que l'eau-forte n’eût pas’ aflez 
d'action fur les cornets renfermés dans les étuis; cette crainte 
eft peu fondée: M. Tillet a fait un grand nombre d'expé- 
riences par lefquelles, au moyen d’un cornet d’épreuve, il s'eft 
afluré que cette circonftance ne retarde pas même d’une 
mauière fenfble l'efet de d'eau-forte, 


Ce 


D'E S''S C'T'EUN C'E's 25 


Ce ne font point-là tous les avantages de la nouvelle 
méthode, ‘elle en a encore un bien précieux ; c’eft qu'en 
ayant un certain nombre d’étuis numérotés, on peut y en- 
fermer tel nombre de cornets d’effai qu'on voudra, & faire 
Popération à la fois dans un même matras. Cet avantage eft 
très-important pour les eflais d'orfévrerie : on ne peut les 
faire en grand nombre par la méthode ordinaire que dans 
des matras féparés, devant chacun defquels il faut placer le 
numéro de l'effai & le creufet deftiné au recuit, & avoir à 
chaque mouvement , à chaque opération l'attention de faire 
fuivre ces trois objets; aflujettiflement très-pénible, & qui ne 
met pas encore à l’abri dés diftraétions dont il eft impoffible 
de fe défendre, & difficile de s'apercevoir dans des opérations 
qu'une longue habitude rend pour ainfi dire machinales. 

Cette méthode peut être regardée comme Île complément 
de l'art des Efais, & ce dernier travail de M. Tillet femble 
ne plus rien laïfler à defirer pour l'exactitude pratique de cet 
Art: l'on voit en même temps comment en multipliant les 
cornets d'épreuves, on peut porter cette même méthode à 


- l'exactitude phyfique la plus complète. 
EE PE RE EEE LIT 27 ARRET DENT EE RTE APE 


RAPPORT FAIT À L'ACADÉMIE 


SUR L'OR QU'ON PEUT RETIRER DES TERRES 
| _ OU DES CENDRES VÉGÉTALES. 


Pz USIEURS Chimifles du dernier fiècle avoient obfervé 
que la plupart des terres qui fe trouvent à la furface du 
globe, & même les végétaux, contiennent une petite quantité 
d'or. 

M. Sage a Iù à l'Académie, le 23 Mai 1778, un Mémoire 
qui renfermoit de nouvelles expériences fur cet objet, def 
quelles il réfultoit que la terre végétale de jardin calcinée, 
lui avoit donné 2 onces 44 grains d'or par quintal, & le 
terreau calciné 1 gros 56 grains. Nous nous bornons à citer 
iciles deux points extrêmes des produits que différentes terres 


Hif.. 1778. D 


V. les Mém, 
p. 548. 


26 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


calcinées ou les cendres de divers végétaux lui avoient donnés. 
Cette conclufion devoit étonner; il ne s’agifloit plus d’atomes 
d’or répandus par-tout fur la terre, phénomène qui ne prouve 

ue la divifbilité prodigieufe & l’indeftruéibilité de ce métal : 
il s’agiffoit d’une quantité aflez confidérable pour que fon 
. pût exploiter comme mines d'or une grande partie des terres 
de la furface du globe : d'ailleurs, une quantité d’or auffr 
grande ne pouvoit plus être regardée comme accidentelle, 
il falloit que ce métal füt une partie très-fenfible de toutes 
les terres, ou le produit de la végétation, conféquence aufli 
importante dans la Phyfique, que la première pouvoit l'être 
dans l'ordre des fociétés. En effet, de quelle utilité ne 
feroit pas pour les Arts, fi jamais il pouvoit devenir très- 
commun, un métal inaltérable, ductile , de la plus parfaite 
homogénéité, capable de fe combiner avec les métaux plus 
durs, de leur communiquer une partie de fes avantages, 
& de faire avec eux un compofé folide & élaftique. L'or, 
en ceflant d’être le plus précieux des métaux, deviendroit 
le plus utile. 

M. le Comte de Lauraguais répéta les expériences de 
M. Sage, & trouva des réfultats fort différens ; fortifié par 
le fuffrage de deux favans Chimiftes, dont les expériences 
s'accordèrent avec les fiennes , il en fit part à l’Académie 
par une lettre du 8 Août 1778, & la pria de nommer des 
Commiffaires pour conftater un fait d’autant plus important, 
que l’efpérance de trouver de Vor pouvoit frapper fortement 
les têtes, & caufer la ruine de ceux qui s’y livreroient 
inconfidérément. 

L'Académie chargea Ia clafle de Chimie de vérifier les 
faits contradictoires avancés par M. le Comte de Lauraguais 
& par M. Sage; & c'eft le Rapport qui lui a été fait par 
cette Clafle, le 21 Août 1779, que vu l'importance de 
l'objet, elle a cru devoir publier dans ce Volume. 

I! réfulte des expériences que les Commiflaires ont faites 
en grand nombre & avec beaucoup de foin, 1.° que, fi de 
la quantité de fin que donne le minium employé à retirer des 


DES ISTCNITE NICE :S 27 


cendres ou des terres l'or ou l'argent qu’elles peuvent contenir, 
on retranche la quantité de fin que le minium feul contenoit 
avant l'opération, & qu'on détermine par des expériences 
correfpondantes ; la différence de ces quantités, c’eft-à-dire 
la quantité d'or & d'argent contenu dans les cendres ou les 
terres eft très-petite, tandis que la quantité totale de fin que 
donne le minium uni aux cendres eft affez confidérable, fans 
cependant approcher de celle que les expériences de M. Sage 
lui ont donnée. 

2.° Que ce bouton de fin eft de l'argent prefque pur; en 
forte que la partie de la petite minicule d’or retirée de ces 
expériences, qu'il eft poflible de regarder comme extraite 
des cendres ou des terres, eft inappréciable, & fe réduit 
à quelques fractions de grain par quintal. 

On peut fe tronaper fur la quantité de fin contenue dans 
les terres, fi l'on n’a pas la précaution de donner au minium, 
qu'on revivifie feul, le même degré de feu qu'au minium 
traité avec les terres. Cette remarque, qu'ont fait les Commif- 
faires, eft de la plus grande importance dans Îes opérations 
docimaftiques. 

On voit aufir, d’après tout ce que nous venons de 
dire, combien ïl eft néceffaire de n’employer dans les 
opérations que du minium dont on eft für, ou bien de faire 
à chaque fois des expériences correfpondantes pour déterminer 
Ja partie de fin qui fe trouve dans le minium. C'eft au 
défaut de cette précaution, que les Commiffaires de l'Académie 
ont cru devoir attribuer la différence entre les rélultats de 
M. Sage & ceux de leurs expériences, dont on ne peut 
révoquer en doute ni la certitude ni la précifion. Au refte, 
cette précaution n’eft qu’une application de cette règle très- 
générale de la Chimie qui prefcrit, pour bien juger des produits 
d'un mélange qu’on foumet à faction du feu, & des phéno- 
mènes que préfentent les expériences, de s’affurer auparavant de 
l'effet que le même degré de feu auroit produit féparément 
fur les fubftances dont le mélange eft compolé. 


OC: 
PE HOT Di 


28 HisSTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


= F4 


ASTRONOMIE. 


SUITE DES MÉTHODES ANALYTIQUES 
Pour réfoudre les Problèmes d'Aftronomie. 


V. les Mém. M. pu SÉsouRr avoit appliqué jufqu'ici fes Méthodes 


P73: 


analytiques aux Problèmes qui ont pour objet la détermi- 
nation des mouvemens céleftes. Il les emploie dans cetreizième 
Mémoire, à réfoudre des Problèmes d’un autre genre, ceux qui 
regardent la figure de la Terre, confidérée aftronomiquement. 
On seit afluré que la Terre n’eft pas une fphère parfaite; 
on fait même qu’elle eft un fphéroïde aplati vers les pôles; 
enfin il paroît qu'on peut la regarder comme un folide formé. 
par la révolution d'une ellipfe. C’eft fous ce point de vue que 
M: du Séjour la confidère, après avoir montré que les formules 
générales qu'il emploie, peuvent s'étendre à toute autre hy- 
pothèle, c’eft-à-dire, à la figure, quelle qu'elle puile être, que 
des obfervations plus multipliées doivent faire connoître un 
jour, pourvu que cette figure foit peu diflérente d'une fphère. 
H donne d’abord l'équation de la perpendiculaire à une 
méridienne . donnée , en regardant cette perpendiculaire 
comme celle .de toutes les lignes tracées fur la fphère ,. & 
.paffant par deux points donnés, qui eft la plus courte;, 
la direction de cette ligne à un point dorné , tient dans ce cas. 
lieu de deux points, & détermine les arbitraires de l'équation 
intégrale. I prouve enfuite que cette ligne la plus courte, aflu 
jettie à cette condition, eft la perpendiculaire à la Méridienne.. 
Enfin il donne une méthode directe. & indépendante de: 
cette propriété pour trouver l'équation de la même courbe, 


DES HO ICUDIE IN AC ETS: 29 


M. du Séjour compare enfuite le fphéroïde à {a fphère inf 
crite & qui a le petit axe du fphéroïde pour rayon ; il exprime 
la latitude, la longitude d’un lieu, fa diftance en toiles à un 
Méridien donné, diflance prife fur la perpendiculaire, fa 
diftance en toifes de point où cette perpendiculaire coupe le 
Méridien à un point donné fur ce Méridien, en fonctions 
des quantités correfpondantes prifes fur la fphère infcrite, 
quantités qu'il appelle Zaritude , longitude, Te. corrigées. 

Ces confidérations le conduifent à réfoudre d’une manière 
très-fimple ce Problème général. Deux de ces quatre chofes 
étant données, la longitude, la latitude, la diftance en toifes 
d’un lieu donné fur la perpendiculaire au Méridien, & la 
diftance en toifes du point où cette perpendiculaire coupe 
le Méridien à un point fur ce Méridien dont la latitude eft 
connue; trouver les deux autres. D'après la folution de ce 
Problème général, on pourra toujours comparer les mefures géo- 
défiques aux Oblervations aftronomiques; corriger ou vérifier 
les unes par les autres; & dans le cas où elles ne s'accorderoient 
pas avec l’hypothèle qu'on auroit choilie pour le rapport des 
axes de la Terre, déterminer celui qu'il faudroit y fubftituer. 

Comme la folution de ces Problèmes n'eft pas toujours 
rigoureufe, M. du Séjour, par un moyen dont nous avons 
déjà rendu compte en parlant de fes autres Mémoires, déter- 
mine l'erreur de fa méthode, qui fe trouve plus petite que l'erreur 
des inftrumens ou des mefures, & le moyen d'approcher 
davantage des vraies valeurs, fi plus de perfection dans les 
inftrumens ou daus la manière de mefurer permettent un jour 
d'exiger une plus grande précifion. 11 donne aufli des Tables 
au moyen defquelles, par une méthode qu'il indique, la 
folution de chaque Problème particulier devient très-fimple, 
& n'exige que des calculs peu compliqués. 

Ainfi ce Mémoire eft une théorie analytique très-complète 
de la figure de la Terre, confidérée afironomiquement; & 
c'eft une nouvelle preuve de la füreté & en même temps de 
la facilité des Méthodes analytiques pour la folution des 
Queftions aftronomiques, 


V. les Mém. 
p. 484 


30 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


SUR L'OBLIQUITÉ DE L'ÉCLIPTIQUE. 


Les progrès de l’Aftronomie dépendent du temps, de Ia 
perfection des méthodes mathématiques & de celle des 
inftrumens. Lorfque la conftruétion des inflrumens fait des 
progrès rapides, il arrive fouvent que des obfervations faites 
avec une grande exactitude pendant un petit nombre d'années 
l'emportent fur plufieurs fiècles d'obfervations inexactes ; d’ail- 
leurs les réfultats qu’on ne doit qu'au temps, ne peuvent être 
utiles que pour les phénomènes dont la marche eft uniforme ; ft 
elle ne left pas, ces réfultats ne donnent la loi des phénomènes 
qu'à peu-près, fans tenir compte de leurs inégalités ; ainfi {a 
longue durée des obfervations ne remédie qu'en partie au 
défaut d’exactitude. 

M. Caffini, en appliquant ces principes à la détermi- 
nation de l’obliquité de l'écliptique & de fes variations, a 
préféré d’employer des obfervations faites depuis 1739 
jufqu'en 1778, avec des inftrumens exacts & qu'il a 
vérifiés, plutôt qu'une fuite d'obfervations plus étendues, 
mais dont l'exactitude étoit moindre. Celles dont ïl fe fert 
font, 1.° des obfervations immédiates de la hauteur méri- 
dienne du Soleil; 2.° des oblervations de la diftance du 
Soleil au folftice d'été à l'étoile 8 d'Hercule, qu'on peut 
regarder comme n'ayant point de mouvement propre; 3° 
des obfervations de la diftance du Soleil à Ar@urus, Étoile 
qui a un mouvement propre, mais affez bien connu pour qu'on 
puifle corriger les obfervations d’après cet élément. 

M. Cañini, après avoir dreflé une Table des obfervations 
de la première clafle, où il a foin de marquer toutes les 
circonftances de chacune, y joint le nombre des Obfervateurs 
qui l'ont faite, & la différence entre leurs réiultats: il choïfit 
enfuite parmi ces obfervations celles où le nombre des fecondes 
qui marque la plus grande diftance entre les rélultats, eft plus 
petit que celui des Obfervateurs, il en forme une Table à 
part; & c'eft d'après cette Table qu’il donne fon réfultat. 


Dies IS CIE Nc pe 6 3Ë 

M. Caffini n’a pu faire le même choix entre les obfervations 
de l'étoile 8 & celles d’Arélurus, parce que ces obfervations 
étoient en trop petit nombre. 

I termine {on Mémoire par une Table qui contient les 
réfultats comparés de ces trois efpèces d’obfervations. L'obli- 
quité vraie de l’écliptique en 1778, eft fixée ici à RCE ANR 
d'après un réfultat moyen entre ceux de huit Oblervateurs, 
la différence entre les deux réfultats extrêmes étant de de 

Le changement de l’obliquité de l'écliptique le plus pro- 
bable qu’on puifle déduire de la Table de M. Caflini, eft 
une diminution d'environ 60 fecondes par fiècle. 

Toutes les obfervations indiquent que cette diminution 
a lieu, & paroiffent prouver qu'elle n'eft pas uniforme, 
Les obfervations d’Aréurus la donnent de 31 fecondes en 
trente-quatre ans, depuis 1743 jufqu'en 1778 , c'eft-à-dire 
88 minutes par fiècle; les oblervations correfpondantes du 
{olftice d’été la donnent de 8 3 ; les obfervations de l'étoile 8 
d'Hercule & celle du folftice d'été la donnent de 14 minutes 
pour vingt-trois ans, depuis 1755 jufqu'en 1778, c'eft-à- 
dire 60 fecondes par fiècle; & cette dernière détermination 
paroît devoir mériter la préférence, foit à caufe de l’accord 
des réfultats de ces obfervations entr'eux, & avec le réfultat 
que donnent les obfervations de £ d'Hercule, depuis 1689 
jufqu'en 1778, & qui n'en diffère que d’une feconde, foit 
parce qu'on eft en droit de fuppofer en général aux obfer- 
vations les plus récentes une exactitude plus grande ; d’ailleurs 
cette détermination s'approche davantage de fa théorie qui 
donne pour l'époque aétuelle une diminution de 5 6 fecondes en 
cent ans, d’après la favante méthode que M. de la Grange a 
donnée pour calculer les mouvemens des orbites des Planètes ; 
dans les Mémoires de l’Académie pour l'année 1 774: 

Ce Mémoire de M. Caffini eft tiré d'un grand Ouvrage 
qu'il a entrepris, & qui doit renfermer l'hifloire, le calcul 
& Ia difcuffion des Oblervations aftronomiques faites depuis 
la fondation de lObfervatoire. Cet Ouvrage ne peut être 
terminé que dans plufieurs années, & M. Caffini fe propole 


V. les Mém. 
P+ 393: 


32 Histoire DE L'ACADÉMIE ROYALE 


d'en extraire les réfultats les plus intéreffans, & de Îes pré= 
{enter au Public dans nos Mémoires. 


\ 


LLRSLESTACHES, DU TORELL 


C E Mémoire eft la fuite de celui que M. de la Lande a 
donné en 1776, fur la nature des Taches du Soleil & l'ufage 
des obfervations de ces taches pour déterminer Ia pofition 
de l'axe de cet Aftre & la durée de fa rotation. La première 
partie renferme des détails hiftoriques fur les premiers Aftro- 
nomes qui ont obfervé les taches du Soleil. Il paroït, d’après 
un paflage de Fabricius, cité par M. de la Lande, que 
cet Auteur vit les taches du Soleil en 1611 : c’eft aufx 
dans cette année que Galilée & Scheiner les aperçurent ; 
mais Scheiner fe trompa fur la caufe de ces apparences ; 
Fabricius n'en eut qu'une idée vague; Galilée feul déméla 
ce qu'elles étoient, & indiqua comment on pourroit les 
employer à déterminer la durée de a rotation du Soleil & 
la pofition de fon axe. 

Jordanus Brunus, & enfuite Képler, avoient foupçonné 
que le Soleil avoit un mouvement de rotation; mais on ne 
parloit alors qu'avec précaution de tous les phénomènes qui 
tenoient au fyflème du monde, & fur-tout aux vérités 
découvertes par Copernic & profcrites dans les Ecoles. 
Scheiner n’ofa fe nommer en parlant des taches du Soleil, qu'il 
regardoit comme des Planètes; Galilée garda quelque temps 
le fecret de leur découverte entre lui & quelques-uns de 
fes amis, Il eft certain que Îe fort du Dominicain Jordanus 
Brunus, brülé à Rome en 1600, n'étoit pas propre à raflurer 
ceux qui renouveloïient une de fes opinions, même parmi 
celles qui auroient dû paroître les plus indifiérentes. 

En eflet on regardoit alors comme dangereux tout ce 
qui contrediloit la doctrine reçue en Philolophie , tout ce 
qui attaquoit les opinions qui étoient ou qu’on croyoit celles 
d'Ariftote: on s'imaginoit que les opinions nouvelles en phy- 
fique pouvoient troubler {a paix, parce qu'en bleflant la vanité 


de 


DIEIMOBIONMAE NÉ Es 33 
de quelques Doéteurs & les prétentions de quelques ambitieux, 
elles excitoient leurs clameurs, dont une fongue expérience 
avoit, en d'autres genres à la vérité, appris à redouter les 
funeftes conféquences. 

Dans la fuite de fon Mémoire, M. de 1a Lande rapporte 
& difcute un grand nombre d’obfervations des taches du 
Soleil, les unes antérieures, les autres poftérieures à fon 
premier Mémoire; plufieurs de ces obfervations s'accordent 
avec la période de 25 jours & 10 heures qu'il a fixée pour 
la révolution du Soleil fur fon axe: quelques autres paroiïffent 
s'en écarter. M. de Îa Lande attribue cette diflérence aux 
chaggemens de pofition ou de figure de ces taches, chan- 
gemens qui font à la vérité une objection contre fon opinion 
lur les caufes des taches du Soleil; mais il n’a garde de Îa 
diffimuler : il rapporte également ce qui, dans les obfervations 
dont il rend compte, paroïît ou favorable ou contraire à 
l'hypothèfe de M. Wilfon. 

J ne faut qu'un petit nombre d’obfervations d’une tache 
pour déterminer la pofition de l'axe du Soleil, & la durée 
de fa rotation, ainfi l’on peut être étonné qu'après tant 
d'obfervations & de recherches, il refte quelque incertitude ; 
mais il faut remarquer que Îe diamètre du Soleil n'a que 30 
minutes environ, & que c’eft fur cet efpace que nous devons 
juger des variations d’angles qui ont 180 degrés d’étendue. 

Quand cette queftion fera décidée, il en reftera d’autres 
dont la folution eft réfervée aux fiècles fuivans. La pofition 
de laxe du Soleil eft-elle conftante; & fi elle varie, quelles 
font les loix de fes mouvemens! 


| 


OBSERVATIONS DE L'ÉCLIPSE 
D (tele, SAR 
I L na pas été poflible de voir le commencement de cette 
Éclipfe. 
M. Meflier a déterminé les diflances des cornes dans V. les Méme 
plufieurs inftans avec un micromètre ; ila également obfervé P: > 


Hif!. 1774, E 


V.les Mém. 
P39° 


Page 62. 


Page 193. 


34 Histoire DE L'ACADÉMIE Roxaze 
limmerfion de deux taches du Soleil, après avoir eu l'atten- 
tion de déterminer exactement la pofition des différentes 
taches fur le difque du Soleil, par des obfervations faites le 
jour & le lendemain de l'Ecliple. 


M. Jeaurat a employé; avec fuccès, pour cette même 
obfervation, la lunette diplantidienne, dont il publiera Îa 
conftruétion & les ufages dans les Mémoires pour l’année 
177 9° 

M. le Monnier a joint à fon obfervation de l'Éclipfe, 
la difcuflion des obfervations faites en mer, à enfron cent 
lieues de diftance du cap Saint-Vincent, par M. d'Ulloa; à 
Salé, par M. Deloteux; enfin, à Cadiz ; ainfi que le détail 
des phénomènes obfervés dans diflérens lieux de la côte 
occidentale de l’Afrique. 


OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES 
FAITES À SARON EN 1776. 


PE Mémoire de M. Meïfier renferme fobfervation de 
plufieurs Occultations d'Étoiles par la Lune , de quelques 
écliples des fatellites de Jupiter, & celle de l’écliple de Lune 
du 4 Décembre 1778. 

JL y donne auffr la pofition exacte du château de Saron, 
d'après les obfervations aftronomiques. Le zèle éclairé de 
M. de Saron pour lAftronomie , l'exactitude avec laquelle 
il obferve, lorfque fes devoirs lui permettent de fe livrer à 
fon goùt pour les Sciences, la bonté des inftrumens qu'il a 
fait placer dans fon obfervatoire, & Îa réputation des Aftro- 
nomes qui y font des obfervations, rendent la connoïffance 
de Ia pofition de ce lieu importante pour tous ceux qui 
s’intéreffent aux progrès de l'Aftronomie. 


Te 


MÉCANIQUE. 
mm 


SURAE MOUVEMENT D'UN PENDULE 
DE LONCUEUR VARIABLE. 


M. L'ABBÉ BOssuUT confidère dans ce Mémoire Îe 
mouvement d'un corps qui ofcille en vertu de la force de 
la pefanteur, tandis que le fi qui le foutient fe raccourcit 
fuivant une loi quelconque : après avoir donné d’abord les 
équations générales du Problème, ïl fuppofe que le fil qu'il 
imagine paflé fur une poulie, eft tiré par un cylindre, autour 
duquel il s’enveloppe uniformément ; dans ce éas, on a une 
équation différentielle du fecond ordre, entre la diftance du 
corps au point de fufpenfion & le cofinus de l'angle que 
fait le fil avec la verticale. 

Cette équation n’eft pas intégrable, en général, par les 
méthodes connues, & même fr on fuppofe les ofcillations 
infiniment petites, elle fe réduit à un cas non intégrable de 
l'équation de Ricari, 

Dans cette hypothèfe, il eft aïfé de voir que, pour que le 
fil s’enveloppe uniformément , la force qui fait tourner le 
cylindre doit être variable » puifque celle avec laquelle le 
poids tend à alonger le fil n’eft pas conftante. 

Si on fuppole au contraire , que la force qui fait tourner 
le cylindre eft conftante, alors il ne tourne pas uniformément, 
l'équation du Problème change de forme, mais dans le cas 
des ofcillations infiniment petites, elle retombe , comme 13 
première, dans l'équation de Ricati, me 

] 


V. les Mém. 
P+ 199. 


V.les Mém. 
p- 66. 


36 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Si le fil, au lieu de s’envelopper autour d’un cylindre, eft 
tiré verticalement par un poids, on a une autre équation, . 
qui, dans le cas des ofcillations infiniment petites, retombe 
encore dans l'équation de ARicati. 

Enfin fi au lieu de confidérer un corps pefant, on fuppofe 
que le corps décritun arc-de-cercle fur un plan, fans éprouver 
de frottement, en vertu d'une impulfion une fois donnée ; 
alors, dans les mêmes circonftances, on n'eft plus conduit à 
l'équation de Ricati, mais à des équations intégrables, du 
moins par les quadratures. 


SUR UNE NOUVELLE, BOUSSOERE 


Cia Bouflole, deftinée à former une fuite d’obfer- 
vations précifes de la déclinaifon de l’Aiguille aimantée, eft 
formée par un chaffis, fur lequel on place une lunette qui 
fait avec l’axe de l'aiguille (lorfque fes deux extrémités 
répondent au point zéro de chacun des limbes de la bouf- 
fole) un angle à peu-près égal à celui que la direction de 
l'aiguille aimantée, qu'on fuppofe à peu-près connue, fait 
avec celle d'une mire éloignée , dont on a déterminé Ja 
pofition : on obferve cette mire avec la lunette , dont le 
centre eft marqué par l'interfeétion de, deux fils. Par ce 
moyen, Île nombre de degrés, dont l'aiguille s'éloigne de 
ce point de zéro, eft la quantité qu'il faut ajouter ou retran- 
cher de l'angle que forme la lunette avec la ligne qui pafle 
ar les deux points zéro, pour avoir la vraie déclinaifon. 

L’aiguille eft fufpendue fur un pivot, elle a une chape 
d'agate, & eft percée d’un trou pour la recevoir : M. le 
Monnier a oblervé, que malgré ce trou elle confervoit aflez 
de force magnétique, puifqu’elle fait encore fes ofcillations 
en 10 fecondes & demie. 

On n’a employé dans la conftruction de tout l'appareil, 
que du bois, du cuivre pur ou de l'argent. 


 L'aiguille a 15 pouces de long, & pèle 146 grains. 


DES SCIENCES. 37 
Par ce moyen, on peut s'affurer, avec une très-grande 
exactitude, de la direction de la lunette, & par conféquent, 
regardant comme nulle l’erreur pour la détermination du 
vrai Nord, on connoitra la déclinaifon de l'aiguille avec 
toute l'exactitude qu'on peut attendre d’un inftrument de 
7 poucest de rayon, dont on oblerve les divifions avec 
une loupe. 


V. es Mém. 
P: 353: 


35 HisroiRe DE L'ACADÉMIE RorALE 


HYDRODYNAMIQUE. 


NOUVELLES EXPÉRIENCES 
SUR LA RÉSISTANCE DES FLD EM 


Lzs expériences que M. l'abbé Bofut a faites en 1775, 
ont confirmé les loix connues de 1a réfiftance direéte des 
fluides, & celles qu'il a tentées dans le même temps pour 
connoître la loi de {a réfiftance qu'éprouve un plan mu fous 
un angle donné, avoient fuffi, quoiqu'en petit nombre, pour 
lui montrer que la loi donnée par la théorie s’écarte dans ce 
cas de l'expérience. Son but, dans ces nouvelles recherches, 
a été de déterminer quelle loi il falloit fubftituer à celle qui 
établit, que dans les chocs indireéts les réfiflances font en 
raifon des carrés des finus de l'angle d'inclinaifon. 

Pour remplir cet objet, il. afait une fuite d'expériences 
avec des bateaux dont les proues étoient formées par deux 
plans , faifant entreux différens angles depuis 12 degrés 
juiqu'à 180 ; la différence entre ces angles étoit conftante & 
de 12 degrés. On fait que lorfqu'il s'agit de chercher les 
loix des phénomènes, d’après des expériences , il eft utile, 
pour faciliter Île calcul, de faire en forte que les quantités 
qu'on doit regarder comme connues foient en progreflion 
arithmétique. 

En comparant [es réfiftances données par ces expériences 
avec celles que donneroit la loi fuppofée, on trouve que la 
différence eft très-grande : Ia réfiftance que donne l'expé- 
rience eft conftamment plus forte, & dans un rapport d'autant 
plus grand, que l'angle d'incidence eft plus petit; en forte que 


DIE SAISEGÉE: Ne rs 39 


pour l'angle de 1 2 degrés l'expérience indique une réfiftance 
trente fois plus forte qu'on n'auroit dû la fuppoler d’après la 
théorie. Ce réfultat a fait naître à M. l'abbé Bofut l'idée de fup- 

ofer cette différence égale à une puiffance du complément de 
l'angle d'incidence, multipliée par un coëfhcient conftant, & 
cette hypothèle a réufli : il a trouvé qu'on fatisfaifoit aux 
expériences en fuppofant le rapport de la réfiftance direde à 
la réfiftance fous un angle donné, exprimé par deux termes, 
l'un -proportionnel au carré du finus de cet angle, l'autre 
proportionnel à la puiffance 97 de fon complément. Cette 
expreflion eft aflez exacte, mais elle commence à s'écarter 
très-fenfiblement de l'expérience, lorfque l'angle approche de 
12 degrés, en forte que pour que la loï convienne exactement 
à de petits angles même d'environ 12 degrés, il faudroit y 
ajouter un troifième terme. 

Après avoir déterminé la loi des réfiftances pour des plans 
mus dans un fluide, fuivant diférens angles, il étoit effentiel 
d'examiner fi cette loi eft d'accord avec l'expérience pour le 
mouvement des furfaces courbes. Mais il réfulte des expé- 
riences faites par M. l'abbé Boflut, que les réfiftances font 
moindres pour les furfaces courbes que ne les donneroit la 
loi établie , d’après la théorie ordinaire ; conféquence que 
M. le Chevalier de Borda avoit tirée, il y a déjà plufieurs 
années, de {es propres expériences : ainfr, comme les nou- 
velles expériences prouvent que la réfiftance eft plus grande 
pour les mouvemens indirects que cette mêmê loi ne la 
donne, il en réfulte, que quand même on connoitroit avec 
la plus grande précifion, la loi pour un plan mu, fuivant un 
angle quelconque, cette loi né pourroit fervir à calculer la 
réfiftance d’une furface courbe. 

M. labbé Boflut examine aufli la réfiftance direte 
qu'éprouve une furface plane, dont une partie eft recouverte 
par une proue angulaire, & il trouve cette réfiflance plus 
grande qu'elle ne le feroit, en fuppofant que la partie 
qui reçoit le choc dire& & la proue angulaire, éprouvent 
chacune la réfiflance qu'elles auroient éprouvée, fi elles 


\ 
40 HisToirEe DE L'ACADÉMIE ROYALE 
avoient été féparées, & en calculant cette réfiftance, d’après les 
expériences précédentes. 

Enfin, l’Auteur fe propofe les deux queftions fuivantes ; 
la longueur des bateaux parallélipipèdes influe-t-elle fur la 
viteffe du fillage ? Une poupe triangulaire ajoutée à un bateau 
augmente-t-elle fa vitefle ? Et il trouve 1.” que la réfiftance 
varie avec Îe rapport entre la largeur & a longueur du 
parallélipipède, qu'il y a une valeur de ce rapport pour 
lequel la réfiftance eft un minimum , & que ce minimum a 
lieu à peu-près, lorfque la longueur eft triple de la largeur, 
mais que l'on peut prendre une longueur beaucoup plus 
grande , fans augmenter beaucoup la réfiftance , au fieu 
qu'elle augmente rapidement f1 on diminue 1a longueur. 

L’addition d'une proue triangulaire diminue également Ia 
réfiftance. 

Ces trois dernières conclufions prouvent, ainfi que les 
précédentes , que la réfiftance qu'éprouve une figure quel- 
conque, formée de lignes, ne dépend point uniquement de 
celle qu'éprouve chaque ligne en particulier, mais aufli de 
la fituation de ces lignes entr'elles : on peut appliquer aux 
courbes les mêmes principes, ce qui rend les loix de Ia 
réfiftance pour des figures diflemblables très-diffciles à con- 
noître, tandis que pour les figures femblables, elles font 
d'accord avec la théorie ordinaire. Il refte donc à faire une 
nouvelle fuite d'expériences beaucoup plus délicates que les 
précédentes, & qu'il fera plus difficile de difpofer de manière 
à pouvoir conduire à une loi générale; mais s’il eft quelqu'un 
de qui on puifle attendre la découverte de cette loi, c’eft du 


Géomètre qui s’eft déjà occupé de ces recherches avec tant 
de fuite & de fuccès, 


SUR LA RÉSISTANCE DES FLUIDES 


Ps venons de voir que la réfiftance des fluides n'eft 
pas telle que la donne la théorie lorfque la direétion du 
mouvement 


DPEÉSTAROUCANE N CE s 41 


mouvement n'eft pas perpendiculaire à la furface. M. Euler, 
dont l'âge, les infirmités & les longs travaux n'ont pu ni 
affoiblir le génie, ni ralentir l’activité, s’eft occupé des moyens 
de concilier la théorie avec l'expérience, & celui qu’il emploie 
dans ce Mémoire, eft de faire entrer dans le calcul de {a ré- 
fiftance le frottement que les côtés de la proue éprouvent dans 
le fluide. Il donne l'expreffion de la réfiftance dans ce cas, pour 
unesproue d’une figure quelconque, & applique fa formule 
au cas particulier d'une proue triangulaire ou pyramidale. 

La loi de Ja réfiftance pour une proue triangulaire eff, 
dans ce cas, compofée de quatre termes, l’un proportionnel 
au carré du finus de l’angie d'incidence, & indépendante du 
frottement; des trois autres, le premier eft proportionnel au 
produit du finus du même angle par fon cofinus ; le deuxième 
au cofinus; Îe troifième au finus : ces trois derniers termes 
font multipliés par une quantité qui exprime le rapport du 
frottement à {a preffion. If refte à déterminer ce rapport par 
l'expérience, & M. Euler en donne un moyen ingénieux 
& fufceptible d’une affez grande précifion. 

Le frottement n’eft peut-être pas ici la feule caufe de fa 
différence que l’on trouve entre les réfultats de la théorie & 
ceux de l'expérience : une partie de cette différence peut 
tenir à la vitefle avec laquelle le fluide en mouvement coule 
le long du corps. Cette vitefle peut être différente le long 
des parois du corps de ce qu'elle eft dans le fluide qui en 
eft à une certaine diftance, & elle peut dépendre des angles 
fucceflifs que forment entr'eux les côtés du corps, angles qui, 
comme nous l'avons vu par les expériences de M. l'abbé 
Boflut, changent très-fenfiblement la réfiftance, & doivent 
par conféquent entrer dans la loi qui la détermine. C'eft à 
la recherche de cette viteffe le long des parois du corps, 
qu'il faudroit chercher maintenant à appliquer le calcul 
& l'expérience. 


LAN 


Hif, 1778. E 


42 HiSToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


THÉOREMES ANALYTIQUES. 


V. les Mém. te deux Théorèmes ont été propolés & démontrés par 

P: 202 & M. Euler, l'un donne pour une valeur déterminée, l'expref- 

fion de l'intégrale de plufieurs fonétions dont on ne peut 

connoitre l'intégrale pour une valeur quelconque. Quoiqu'il 

ne foit ici queftion que de deux fonctions , il eft aifé de 

voir que ce ne font que des exemples d'une méthode plus 

énérale qui embraffe une clafle de fonctions très - étendue. 

Le fecond théorème donne en un feul produit de facteurs, 

lexpreflion de la fomme des carrés des coëfliciens de Îa 

formule du binome élevé à une puiflance quelconque. La 

démontftration de M. Euler eft beaucoup plus générale que 

l'énoncé du théorème, puifqu’elle donne une expreffion fem- 

blable pour la fomme des coëfhiciens d’une puiflance du 

biome, multipliée par les coëfficiens fucceflifs d’une autre 
puiflance quelconque. 

On 2 joint à ee Mémoire une autre démonftration des 

mêmes ‘Théorèmes , trouvée avant de connoîïtre celle de 

M. Euler : lAuteur de cette démonftration a efpéré qu’on ne 

le foupçonneroit pas de la préfomption d’avoir voulu com- 

parer fon travail à celui d'un grand homme, dont il s’honore 

d'être ladmirateur & le difciple. 


MÉTHODE DE CALCUL INTÉGRAL. 


P. 442. C ETTE Méthode, qui s'étend à tous les ordres d'équations 
différentielles, eft développée ici pour le fecond & pour le 


D'IENSNDTICOLE M <C 28: 5 43 


troifième ordres. M. Coufin réduit la folution de l'équation 
différentielle propolée à celle d’une équation aux différences 
partielles, ce qui paroïit d’abord devoir compliquer les 
Problèmes; mais il fuffit d’avoir une folution de cette nouvelle 
équation qui renferme une arbitraire, pour eonnoître une des 
intégrales de la propolée ; & c'eft moins la folution générale 
que la recherche de différens cas d’intégrabilité, qui eft l'objet 
de l’Auteur dans ce Mémoire : d’ailleurs dans cette partie de 
l'Analyfe, on a vu plus d’une fois réfoudre par des méthodes qui 
femblent très-indireétes, des queftions qui n'auroient pu l'être 
avec les méthodes par lefquelles on devoit naturellement en 
chercher la folution. Celle que donne ici M. Coufin peut 
encore conduire à un moyen nouveau de réloudre, d’une 
manière approchée, les équations différentielles : moyen que 
l'Auteur fe propole de développer dans un autre Mémoire. 


SUR LES PROBABILITES 
1 MARS les queftions du Calcul des Probabilités peuvent 


fe réduire à une feule hypothèle, à celle d’une certaine quantité 
de boules de différentes couleurs mêlées enfemble, dont on 
fuppofe qu'on tire au hafard différentes boules dans un certain 
ordre ou dans certaines proportions. Si on fuppole connu le 
nombre de boules de chaque efpèce, on a le calcul ordinaire des 
probabilités tel que les Géomètres du dernier fiècle l'ont confi- 
déré : mais fi l’on fuppole le nombre de boules de chaque efpèce 
inconnu, & que par le nombre de boules de chaque efpèce 
qu'on atirées, on veuille juger ou de la proportion du nombre 
de ces boules, ou de la probabilité de les tirer dans la fuite 
fuivant certaines loix, on a une nouvelle clafle de 
problèmes. Ces queftions dont il paroït que M.° Bernoulli 
& Moivre avoient eu l’idée, ont été examinées depuis par 
M. Bayes & Price; mais ils fe font bornés à expoler les 
principes qui peuvent fervir à les réfoudre. M. de la Place 
les a confidérées avec plus d'étendue, & si a appliqué 
1] 


V. les Mém, 
p: 227. 


44 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


l'analyfe. On peut fuppofer le nombre des boules fini où 
infini; s’ileft fini, les queftions dépendent du calcul intégral 
aux différences finies; s'il eft infini, on n’a befoin que du 
calcul intégral proprement dit. Le cas du nombre infini eft 
celui qui a lieu lorfqu'on applique les queftions aux évènemens 
naturels : en effet, il eft aifé de voir qu’alors elles embraflent 
Pimmenfité des temps, & -que le nombre des combinaifons 
eft infini. 

Suppofons qu’on ait tiré un certain nombre de boules noires 
& un certain nombre de boules blanches, on peut demander 
combien y a-t-il à parier que dans un nombre de coups 
donné, on tirera plus de boules blanches que de boules 
noires, ou en général quelle fera la probabilité des difiérens 
évènemens qu'on peut imaginer devoir arriver? Si on 
applique enfuite ce que la théorie apprend fur ces queftions 
abitraites à des évènemens naturels, comme à la proportion 
eatre le nombre des naiflances des garçons & des filles: on 
partira d’abord d'un fait; par exemple, qu'il eft prouvé, par une 
longue fuite d'obfervations, qu'il naït à Paris un plus grand 
nombre de garçons que de filles & dans une certaine pro- 
portion. On peut demander alors quelle eft la probabilité 
que, dans l'avenir, le nombre des garçons furpaflera celui des 
filles, & cette probabilité eft Ja même que celle de lexiftence 
d'une caule déterminante à laquelle ïl faut attribuer ce phé- 
nomène, dont par conféquent 1 eft railonnable de rechercher 
les caufes phyfiques? On peut demander enfuite avec quel 
avantage on peut parier que, dans un nombre de naïflances 
donné qui exprime celui des naiflances d’une année, par: 
exemple, la loi commune fera obfervée, combien il faudra 
d'années pour parier à jeu égal, qu'il arrivera une fois que 
la même loi ne foit pas obfervée? Enfin fi l’on a pour deux 
lieux différens, un nombre différent d'expériences & un rapport 
diflérent entre le nombre des naïffances de garçons & de 
filles, on peut demander quelle eft fa probabilité que la loi 
fera obfervée dans un de ces lieux plutôt que dans l'autre? 
Ainfi M. de la Place trouve qu'il y a une probabilité très—. 
grande & prefqu'équivalente à une certitude morale, que l'excès 


D'ESMSIE TE Nc Es 45 


du nombre des naïflances des garçons a une caufe phyfique 
pour Paris; qu'il y a 259 à parier contre 1 que dans l’année 
prochaine de nombre des filles n’excédera pas celui des gar- 
çons; qu'on peut parier à jeu égal que cet évènement arrivera 
d'ici à cent foixante-dix-neuf ans ; que la certitude que cet 
effet a une caufe phyfique régulière, eft incomparablement 
plus grande pour Londres que pour Paris. 

Au lieu de fuppofer que toutes les proportions entre le 
nombre des boules de différentes couleurs {ont poflibles, on 
peut fuppofer que ces proportions foient renfermées entre 
certaines limites ; par exemple, fr on fait entrer dans des 
Problèmes {ur les jeux de commerce, fhabileté inconnue 
des joueurs , on doit fuppofer que cette fupériorité d’habileté 
a des bornes ; il en eft de même fi on veut chercher les 
erreurs qui ont pu arriver dans une fuite d’obfervations 
aftronomiques. On peut aufli fuppofer que toutes les propor- 
tions poflibles entre le nombre des boules de différentes 
couleurs fe font ou également, ou avec plus ou moins de 
probabilité, fuivant une loi connue, ou rechercher même la 
loi fuivant laquelle elles font plus ou moins poflibies; il réfulte 
de-là autant de claffes de Problèmes, dont les folutions font 
applicables & aux erreurs des obfervations aftronomiques & 
à l'inégalité d'habileté entre des joueurs. T'elles font les diffé- 
rentes queftions que M. de la Place s'eft propofées : prefque 
toutes dépendent d'intégrations pour des valeurs déterminées, 
& il fufht, dans un grand nombre de cas, d’avoir des inté- 
grations approchées. L’Auteur s'eft livré fur ces deux objets, 
à des recherches analytiques très - étendues ; il donne une 
méthode d'approximation pour les intégrations aux diffé- 
rences, foit finies, foit infiniment FE , très-commode 
pour té queftions qu'il fe propole & peut s'appliquer 
avec avantage à des Problèmes d’un autfe genre : il déter- 
mine également pour des valeurs particulières, les intégrales 
rigoureufes de fonétions non intégrables en général, par 
une méthode particulière très-ingénieufe. Les applications de 
cette partie du calcul des probabilités, font beaucoup plus 


46 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE RoïYALE 


z 


étendues & plus utiles que celles du calcul ordinaire; en 
effet, toutes nos connoiflances phyfiques & morales fe 
réduifent à des probabilités de ce genre; c'eft parce qu'un 
évènement eft arrivé conflamment , que nous jugeons 
qu'il doit arriver encore ; c'eft parce que deux phénomènes 
ont toujours co-exiflé, que nous jugeons que lun eft Îa 
caufe de l'autre, c'eft parce qu'une fuite prodigieufe 
d'obfervations nous ont appris que les loix de la Nature 
font conftantes, que quelques expériences répétées fuffhfent 
pour nous faire croire la vérité d’un fait: en forte qu'il n’exifte 
réellement pour nous qu'une certitude abfolue, qui n'a lieu 
que pour les Sciences abftraites, ou dans les autres Sciences 
peur la légitimité des conféquences qu'on tire d’un principe 
fuppofé donné, & cette probabilité, plus ou moins grande, 
mais toujours du mème genre, feule efpèce de certitude 
qu'on puifle chercher dans les Sciences naturelles, comme 
dans la conduite de la vie. 


DES SCIENCES. 47 


OU VRAGES 
PRESENT ES À L'ACADÉMIE. 


F'HOT 2%. 


L'Acanénie avoit propolé pour l’année 1778, un Prix 
double : 


Sur la Théorie des perturbations que les Cométes peuvenr 
éprouver par l'aétion des Planéres. 


Elle a trouvé dans la Pièce qui a pour devife: 


IVon jam prima peto Mneftheus nec vincere certo, 


des recherches ingénieufes & utiles à la folution de la quef- 
tion propofée. En conféquence elle a cru devoir accorder à 
l'Auteur de cette pièce un Prix fimple; mais comme en même 
temps elle n'a pas trouvé dans cet Ouvrage une folution du 
problème aufli complète que l'état actuel de Panalyfe Ja 
mettoient en droit de Fexiger, elle a propolé de nouveau 
Ja même queftion pour l’année 1780, avec un Prix double, 
en exigeant des Auteurs Fapplication de leur méthode à 1a 
Comète qui a été obfervée en 1532 & en 1667, & dont 
on attend le retour vers les années 1789 & 1790; de 
manière que l’on puifle appliquer immédiatement à leurs 
formules le calcul arithmétique. 

L’Auteur de fa pièce couronnée eft M. Fuñ, de l’Aca- 
démie de Péterfbourg, Élève de M. Léonard Euler. M. Fuff, 
en fe faifant connoître à l Académie, a fait hommage de fon 


48 HisToiRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


travail à fon illuftre Maître. C’eft ainfi que pendant long 
temps le nom de Galilée décora les ouvrages des Géomètres 
de Florence. M. Euler étoit digne de voir renouveler pour 
lui l'exemple d'une f1 noble reconnoiflance qui prouve peut- 
être encore plus les vertus du Maître que celles de fes 
Dilciples. 


GR EE 9 SP D EEE LE RES CIRE MEANS 


ARTS. 
L'AcaDémre à publié en 1778 : 


1.” La quatrième partie de l'Art du Facteur d'Orgues, par 
feu Dom Bedos de Celles, Correfpondant de l'Académie. 

L’Auteur traite dans cette partie des orgues de concert 
grands ou petits, de la manière d'adapter des jeux d'orgues 
à des inftrumens à clavier & à cordes, tels que le piano, le 
clavecin, les vielles, les orgues à cylindre ou ferinettes. On 
fait que ces derniers inftrumens font des machines où des dents 
difpofées fur un cylindre qu’on fait tourner, font mouvoir les 
touches d’un clavier, de manière à jouer plufieurs airs, fuivant 
les changemens de pofition qu'on donne au cylindre. Dom 
Bedos donne les moyens d’appliquer les cylindres à un grand 
orgue, en forte qu'on puifle à volonté ou jouer des airs en, 
tournant le cylindre, où employer la main d'un Organifte. 
L'Art de noter les cylindres eft un Art particulier dont on 
trouve ici les détails; ils ont été communiqués à Dom Bedos 
par le P. Langremelle, Religieux Auguftin, qui a pouflé cet 
Art à un grand degré de perfection, & qui cultive avec fuccès 
la Mécanique & l'Hiftoire Naturelle. 


2 L'Art de la Mäture, par M. Rome, Profeffeur de 
Mathématiques à Rochefort, à Correfpondant de l’Académie, 
L'Art de la mâture confifle à déterminer le nombre, les 
dimenfions, la pofition des mâts qu'il convient de placer 
fur un Vaifleau, pour qu'il réunifle la rapidité de fa marche, 
la facilité de maneuvrer, l’avantage de recevoir dans un plus 
grand nombre de direétions l'impulfion du vent, avec la 

plus 


# 


DÉEUSIMOSAQUIIENIO Es. 49 


plus grande flabilité, & le moins de mouvemens de tangage 
ou roulis qu'il eft poflible. 


La théorie a donné quelques principes généraux pour cet 
Art, mais on fent que Îles problèmes que l’Art fe propole font 
trop compliqués, pour que la théorie feule puifle éclairer la 
pratique. C'eft à l'expérience & à l'obfervation qu'elle doit la 
plus grande partie des règles qu’elle fuit; & c’eft principa- 
lement aux détails de cette pratique qu’eft confacré l'ouvrage 
de M. Rome; il l'a fait fous les yeux de M. Perrain, maitre 
Mâteur à Rochefort. 


3” La troifième divifion de la première partie de l'Art de 
fabriquer les étoffes de Soie, par M. Pauler. Cette divifion eft 
une fuite de la feptième feétion de cet Art immenfe dans 
{es détails; elle contient l'art de la fabrique des Satins unis, 
& de celle des Étofles qui fe façonnent avec la marche, des 
Cirfakas, des Canelés, des Prufliennes, des Amboifiennes, 
des Mufulmanes, étoffe nouvelle dont l'invention appartient 
à l'Auteur. 


M. BORDENAVE a publié cette année la troifième édition 
de fa Phyfiologie, en deux volumes in- 7 2. Cet Ouvrage, deftiné 
pour les Écoles de Chirurgie, où lAuteur profeffe cette 
Science depuis un grand nombre d’années, renferme dans un 
très-petit efpace les principes de Phyfiologie les plus fimples, 
les plus ufuels, expolés avec méthode & avec clarté. L'Auteur 
a cru devoir entrer dans quelques détails fur les hypothèfes 
que leur accord avec les phénomènes, les idées ingénieufes 
qu'elles renferment, ou le nom de ceux qui les ont ou pro- 
polées ou foutenues, ne permettent pas d'ignorer. 


Dans un Livre élémentaire, le talent confifte à faire ufage 
des connoiffances approfondies qu’on a pu acquérir fans les 
montrer, à préfenter les objets qui ont exigé des difeuflions 
difficiles, fans laifer voir les difficultés qu'on a eues à vaincre, 
à s'oublier pour ne fonger qu'à fes élèves, à faire dire en 


Hif 1778, G 


so Hi1STOIRE DE L’ACADÉMIE ROYALE 


un mot aux Leéteurs que l'ouvrage eft bon, en laiflant à 
deviner à ceux qui lifent avec attention, combien F Auteur 
a eu befoin pour le bien faire, de connoïffances & d'habileté. 
Tel eft le but que M. Bordenave s'eft propofé : il a voulu 
de plus que fon Ouvrage, par fon volume comme par la 
manière dont les objets y font préfentés, füt à la portée des 
jeunes gens qui fe deftinent à l’art de guérir, & fur-tout de 
ceux qui doivent l'exercer dans es campagnes, & dont on 
ne peut exiger ni une intelligence fupérieure, ni des études 
très-approfondies. 


Lzs Leçons de Calcul intégral que M. Coufin a publiées , 
font un Recueil des principales méthodes de calcul intégral , 
foit ordinaires, foit aux différences finies, foit aux différences 
partielles. Le but de l’Auteur a été de raffembler toutes ces 
méthodes dans un Ouvrage peu volumineux, dans un ordre 
fyflématique & fous une forme qui rendit cette collection 
utile à l'enfeignement public. 


Cet Ouvrage, en deux volumes in-8.° eff deftiné à fervir 
de bafe aux Leçons que l’Auteur donne dans le Collége 
Royal, établiffement célèbre en Europe dans le temps de 
fa première inflitution , & qui, fous le dernier règne , a 
repris un nouveau luftre. En France, vers la fin du fiècle 
dernier , & dans le commencement de celui-ci, il s'étoit 
élevé une forte d’oppofition entre ceux qui s’occupoient de 
reculer les bornes des Sciences, & ceux qui étoient chargés 
de les enfeigner ; les uns vouloient établir une philofophie 
nouvelle que Defcartes avoit fait naître en Europe, & que 
les grands hommes, qui lui ont fuccédé, ont étendue & 
perfeétionnée, en corrigeant fes erreurs; les autres ne paroif- 
loient occupés que de défendre, jufqu’à la dernière extrémité, 
les reftes de l’ancienne Philofophie, & d’en conferver du 
moins la forme, lorfqu'ils étoient forcés d’en abandonner 
les opinions, Les progrès des lumières ont fait difparoître 


DIES SCIE N°'C°E:s, 2: 


cette oppofition, qui n'a exifté, du moins d'une manière 
durable, dans aucune autre Nation éclairée, & qui tenoit moins 
à l'efprit de la Nation françoife qu’à la forme des établiffe- 
mens d'inftruction publique. Depuis le renouvellement du 
Collége Royal, les Écoles de Paris difputent aux plus célèbres 
Écoles de l'Europe l'honneur d'attirer les Etrangers, & de 
former des Savans dans tous les genres. 


nan 


M. VANDERMONDE a Iü à l'Académie dans fes Affemblées 
publiques du 14 novembre 1778 & du 1 5 novembre 1780, 
deux Mémoires fur un Syftème d'Harmonie, applicable à 


l'état actuel de La Mufique. 


L'objet principal de Auteur eft de réduire à un petit 
nombre de loix fondamentales, les règles que les Compo- 
fiteurs de Mufique fuivent dans leurs Ouvrages, & même 
ce qu'ils regardent comme des exceptions à ces règles. 


Ce n’eft point dans la théorie qu'il cherche ces loix, mais 
dans l'obfervation de ce que les plus célèbres Muficiens ont 
fait, & de ce que l'expérience a prouvé être agréable à 
l'oreille, quelle que foit la caufe de ce plaïlir. 


Ce font des efpèces de loix empyriques, comme celles 
que cherchent les Géomètres & les Phyficiens, pour des 
phénomènes dont ils n’ont pu trouver ou calculer {a caufe 
d’après les loix générales de la Nature; & l’ Auteur eft perfuadé 
qu'il n’y a point de vraie théorie de l'harmonie qui foit 
applicable à l’état actuel de la Mufique, 

Nous allons expoler en peu de mots les principes de ce 
nouveau fyfième. 


I doit y avoir une raifon fimple du plaifir que procure 
par elle-même, à des oreilles exercées, la fucceflion des 
accords : la voici felon l Auteur. Les gammes des différens 
modes deviennent très -familières à l'oreille, & un accord 
n'étant qu'un enfemble de fons fimultanés, pris entre les 


Gi 


52 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fept, qui forment chacune de ces gammes, le plaifir attaché 
particulièrement à la pratique des accords, dépend de Îa 
facilité plus ou moins grande que procure leur fucceffion, 
pour reconnoitre les gammes dont ils font partie. 


Il y a dans chaque accord, comme dans chaque gamme, 
une note principale; pour chaque gamme, c'eft la sote du 
ton; & pour chaque accord, c'eft quelquefois la note? du 
ton & quelquefois fa quinte : Vune de ces deux notes eft 
toujours cenfée faire partie de tout accord complet, compofé 
d'un certain nombre des fons de cette gamme. 


Dans les accords, cette note principale fe nomme bafe 
d'harmonie. Pour bien faifir la fignification de ce mot, il 
faut favoir qu'on ne peut terminer un fens, ou parvenir 
au repos en harmonie, que fur un accord parfait, c'eft-à dire 
fur un accord dont les élémens font la note principale, fa 
tierce majeure ou mineure & fa quinte jufle : toute autre 
note entendue en même temps, & qui ne feroit point uné 
ofave de l’une de ces trois, feroit donc diffonante, c'efl- 
à-dire qu'il faudroit néceffairement cefler de la chanter pour 
parvenir à ce repos. La bafe d'harmonie eft cette note prin- 
cipale par rapport à laquelle toutes celles d’un accord font 
ou confonantes ou diflonantes : entre une note & fa quarte, 
par exemple, il n'y a pas diflonance, puifque deux parties 
peuvent faire la quarte entr'elles dans un accord parfait; & 
cependant la quarte de la bafe d'harmonie eft une note dif 
fonante, puifqu'il faut néceffairement cefler de {a chanter 
pour arriver au repos: entre une note & fa feconde, au 
contraire, il y a diflonance, puifque dans un accord parfait 
deux parties ne peuvent pas chanter à la feconde lune de 
l'autre; mais pour favoir laquelle des deux notes eft la note 
diffonante, celle qu'il faut cefler de chanter, il faut connoître 
la bafe d'harmonie de l'accord. 
| Cette bafe d'harmonie eft toujours, comme nous l'avons 
dit, ou la note du ton dans lequel on eft au moment où 
l'accord s'exécute, ou la quinte de ce ton; & ce fera celle 


DE SDS CUPÉENtG € s. 


des deux qui, fe conformant d’ailleurs aux loix de l'harmonie, 
fuppolera l'accord le plus fimple, le moins diflonant. 


Il y a quatre efpèces de notes diflonantes fur la bafe 
d'harmonie, les feptièmes , les neuvières, les quartes & les 
Jixtes. Toutes les fois que le Muficien à employé l'une de 
ces notes diflonantes, il faut raifonner dans l'application des 

_doix de l'harmonie, comme s’il avoit employé en effet toutes 
celles qui la précèdent dans l'ordre où nous venons de les 
nommer : il faut aufii reftituer {a bafe d'harmonie, fi elle a 
été fupprimée, c’eft-à-dire enfin que ces loix fuppofent les 
accords auffi complets qu'ils peuvent l'être. 

L'Auteur admet, dans chacun des douze tons, un mode 
majeur, & cinq efpèces de mode mineur : le mode eft [a 
manière dont doivent être affectés ou non, de dièfes ou de 
bémols, les {ept noms des degrés de l'échelle ou de la gamme 
d'un certain ton. 


Les cinq efpèces de mode mineur font, 1.° le mode mi- 
neur tel qu'on le fuppofe à la clef, ou le mode mineur en 
defcendant : la tierce, la fixte & Îa feptième du ton y font 
mineures; 2.° le mode mineur proprement dit, dans lequel la 
feptième du ton eft majeure, c'eft celui qui eft cenfé régner 
toutes les fois que l'on n'emploie pas les cordes particulières 
aux autres efpèces ; 3." celui où Ia fixte du ton eft auffi ma- 
jeure, on l'appelle mode mineur en montant. Dans les deux 
autres efpèces, Îa quarte du ton eft fuperflue, a feptième 
étant toujours majeure; ce qui fournit 4° le mode mineur 
avec fenfible de quite, dont la pratique de l'accord appelé 
de fixte fuperflue, démontre la néceflité ; & 5.” le mode mi- 
meur en montant, avec fenfible de quinte, dans lequel la fixte 
du ton eft majeure. ” 

C'eft en introduifant dans ces fix différens modes, fur 
la note du ton & fur la quinte les différentes notes diflo- 
nantes dont nous venons- de parler, que l’on forme tous 
les accords complets, praticables dans l'harmonie, 


Cela polé, la loi générale qui doit être obfervée de 


s4  HIsToiRE DE L'ACADÉMIE RoyaLe 


proche en proche entre deux accords confécutifs , durant tout 
le cours d’un morceau de mufique, eff très-fimple à énoncer. 


Il faut, ou que la bafe d'harmonie foit commune, ou que 
toutes les notes du premier des deux accords fuppofé complet, 
appartiennent à la gamme où le fecond fe trouve placé, 

Si l’on ajoute à cela, qu'il n’eft jamais permis d’altérer 
à la fois deux notes entre fefquelles il y auroit diflonance; 
& fi l’on fe rappelle que toute note qui a été fuppolée 
diflonante dans le premier accord, ne peut pas devenir 
confonante dans le fecond, on aura tout ce qu'il eft effentiel 
de favoir fur ia fucceflion des accords. 

Il refle à parler de l’arrangement des parties, c’eft-à-dire, 
comnoiflant quelle eft la note du premier accord qu'exécute 
chacun des concertans, à déterminer quelles font les notes 
du fecond qu'il convient à chacun d'exécuter : l'Auteur énonce 
comme il fuit la loi générale fur l’arrangement des parties. 


I ne faut confidérer pour cet arrangement que la bafe d’har- 
monie du /econd des deux accords confécutifs : il faut Ja 
fuppoler commune aux deux, parce qu’elle left en effet ou 
qu'elle peut toujours l'être. Alors toure note du premier accord 
qui Je trouvera diffonante fur cette bafe d'harmonie, doit ou tenir, 
ou pafler chromatiquement fur une note de méme nom, ou aller 
diatoniquement fur une note confonante , en obfervant, lorfqu'il 
y a deux routes , que le repos abfolu exige qu'on defcende. 


I faut ajouter qu'il eft toujours permis de parcourir les 
différentes notes d’un même accord, celles qui fe fuivroient 
par ce moyen, fuflent-elles diffonantes l'une & l'autre fur 
la bafe d'harmonie commune; & qu'il n’efk permis d’em- 
ployer fa marche même des bafes d'harmonie, quand elles 
différent en eflet, que lorfque celle du fecond accord ne 
peut pas être méconnue pour telle. 

On voit que ces loix font en petit nombre & très-fimples; 
elles n'exigent pour être entendues, que des connoiffances 
en mufique très-élémentaires. ! 


$ 

mi EUSUIS CE ER N'e Es 4 
L’Auteur fe propole de les développer dans un Ouvrage 
particulier, & il a joint à fes deux Mémoires, qui ont été 
imprimés dans le Journal des Savans, cahier fecond de 
Décembre 1778, cahiers de Janvier & de Février 1781, 
des exemples notés, propres à faire fentir l'étendue des 

applications de ce fyftème à la pratique de l'harmonie. 


É: Es Mémoires préfentés à l'Académie en 1778, & deftinés 


à l'impreflion, font au nombre de dix-fept: 


Sur la formation du Soufre par la voie humide : Par 


M. le Veillard. 
Sur l'Acide fulfureux: Par M. Bertholet. 


Sur l'action des Acides vitriolique &. marin fur es Huiles : 
Par M. Cornette, 


Sur l'Huile de vitriol glaciale : Par le même, 
Sur le Paftel: Par M. Quatremère. 


Sur les Précipitations par les Alkalis cauftiques où non 
cauftiques : Par M. de Fourcroy. 


Obfervations d’Aurores boréales : Par M. Wan Swinden, 
Correfpondant de l’Académie, 


Sur Ie Mercure doux : Par M. Cornette, 
Sur l'Air fulfureux : Par M. Bertholet, 
Sur l'Or fulminant: Par le même. 


Sur la combinaifon des Huiles avec différentes fubftances: 
Par le même, « 


Sur la décompofition de l'Acide nitreux : Par le même, 


s6 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Sur la décompofition du Sel ammoniac par les intermèdes 
alkalins: Par M. Cornette. 


Sur l'Éclipfe du Soleil du 24 Juin: Par M. Tondu. 


Sur les Volcans éteints de Brifgau : Par M. le Baron 
Diétrick, Correlpondant de Académie. 


Sur des Foffiles trouvés dans Îes Pyrénées : Par M. Ie 
Baron de la Peyrouze, Correfpondant de l’Académie. 


Sur une nouvelle Lunette: Par M. Navaïre. 


| Machines approuvées par l'Académie , & deftinées 
à être inférées dans le Recueil des Machines, font au nombre 
de trois: 


Une nouvelle Pendule: Par M. Robin. 
Une Serrure de combinaifon : Par M. l'Abbé Boiffier. 
Un Pantographe : Par M. Sikes. 


ÉLOGE 


DE M MALOUIN 


: TRANPRREME MaALouin, Penfionnaire- Chimifle 
de l’Académie Royale des Sciences, Profefleur de Médecine 
au Collége Royal, Médecin ordinaire de la feue Reine: 
naquit à Caen en 1701, de N. Malouin, Conféiller au 
Préfidial de cette ville & de N. Poupart. 


Le père de M. Malouin, qui le deftinoit à remplir fa 
Charge, l'envoya fuivre à Paris les études de Droit; mais le 
jeune homme fans en rien dire, & fans prendre confeil que 
de lui-même, étudia la Médecine au lieu de 1a Jurifprudence, 
en forte qu’à fon retour dans fa patrie en 1730, fon père 
à qui on avoit rendu les meilleurs témoignages de fa bonne 
conduite , & qui croyoit le revoir Licentié en Droit » apprit 
avec furprife qu’il étoit Docteur en Médecine : il fallut céder 
à une inclination fi décidée, 

L'oncle & le grand-père de M. Malouin avolent exercé 
à Caen la même profeflion ; fa famille, qui s'eft éteinte 
avec lui, y étoit une des plus anciennes & des plus confi- 
dérées de la bourgeoifie : elle avoit produit depuis plufieurs 
fiècles, des hommes diftingués dans la Médecine & dans 1a 
d'héclogie. 

M. Malouin refta trois ans dans fa patrie, il revint enfuite 
à Paris; {on nom y étoit déjà connu parmi les Médecins : 
M. Geoffroi, Profeffeur au Collége Royal, obligé d’inter- 
rompre une Îecon de Chimie, avoit chargé de achever 
M, Malouin fon difciple, alors fimple Bachelier en Méde- 
cine. Quoique le jeune Chimifte ne fe füt pas préparé à 
cette épreuve , il s’acquitta d'une commiffion fi honorable 


ÆAifl. 1778, 


8 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& fi hafurdeufe, de manière à mériter que M. Geoffroi le 
choisit délormais pour le remplacer en fon abfence, & le 
défignât en quelque forte pour fon fucceffeur ; mais M. Ma- 
louin étoit abfent lorfque M. Geoffroi mourut, & ce ne 
fut qu'en 1767 qu'il remplaça M. Aftruc, fuccefleur de 
M. Geoffroi. 

À fon retour à Paris en 1734, il fe livra à la pratique 
de la Médecine, & fut le Médecin d'un grand nombre 
d'hommes célèbres dans la Littérature & dans les Sciences: 
il devoit eur confiance & la réputation que cette confiance 
lui donna bientôt, à M. de Fontenelle dont il étoit le parent, 
& dont il devint Fami. M. Malouin eut plufieurs autres 
obligations à ce Philofophe célèbre, & il fe plaïloit à publier 
quelle nobleffe, quelle fimplicité, M. de Fontenelle favoit 
mettre dans les fervices qu'il rendoit, fouvent fans attendre 
qu'on les follicität. Il fortoit pour les autres de cette négli- 
gence , de cette parefle qu'il fe croyoit permis d’avoir pour 
fes propres intérêts ; fon amitié étoit vraie & même active; 
aucun genre de fenfbilité ne lui étoit étranger; il en con- 
noifloit fur-tout les peines, & il avoua à M. Malouin, 
qu'elles étoient les plus cruelles qu’il eût éprouvées, quoique les 
injuftices qu’il avoit fi long-temps efluyées dans la carrière des 
Lettres, euffent fait fentir bien vivementles peines de l’amour- 
propre à un homme qui auroit été moins Philofophe ou plus 
perfonnel. I favoit, difoit avec plaifir M. Makouin, obliger 
fes amis à leur infu, & leur laitfer croire qu'ils ne devoient 
qu'à eux-mêmes ce qu'ils tenoient de fon crédit & de la jufte 
confidération qu'il avoit obtenue. Ce defir d'obliger ne 
Tabandonna pas dans les dernières années de fa vie, & furvécut 
même à l'afloibliffement de fa mémoire & de {es organes. 
Un de fes amis fui parloit un jour d’une affaire qu'il lui 
avoit recommandée : je vous demande pardon, lui dit M. de 
Fontenelle, de n'avoir pas fait ce que je vous ai promis. Vous. 
l'avez fait, répondit fon ami; vous avez réuffi, © je viens 
vous remercier. Eh! bien, dit M. de Fontenelle, je n'ai point 
oublié de faire votre affaire; mais j'avois oublié que je l'euffe 


D ELSNWNSMCRE NU CIE! 5: s9 


faite. Cependant on a cru M. de Fontenelle infenfible parce 
que fachant maïtrifer les mouvemens de fon ame, il fe con- 
duifoit d’après fon efprit, toujours jufte & toujours fage ; 
d’ailleurs il avoit confenti fans peine à conferver cette répu- 
tation d'infenfibilité; il avoit fouflert les plaifanteries de fes 
fociétés fur fa froideur, fans chercher à les détromper, 
parce que bien für que fes vrais amis,n'en feroient pas 
la dupe, il voyoit dans cette réputation DE. commode 
de fe délivrer des indifférens fans bleffer leur amour-propre. 

Le Public nous pardonnera de nous être un peu étendus 
fur la tendre reconnoiflance de M. Malouin pour M. de 
Fontenelle, reconnoiffance que plufieurs de nos Confrères 
partageoïient avec fui; nous avons cru devoir rendre ce 
témoignage aux vertus d'un Sage, dont l'envie n'a point 
refpecté les cendres , parce qu’uniquement occupée de 
l'intérêt de bleffer les vivans, elle fe plaît également, felon 
que cet intérêt l'exige, à déchirer les morts ou à les accabler 
de louanges exagérées. L'Académie nous pardonnera plus 
volontiers encore cette courte digreflion fur un Philofophe 
illuftre, dont la mémoire lui eft chère, qui a été fr fong- 
temps le digne organe de cette Compagnie, & qu'elle a lieu 
maintenant de regretter plus que jamais. 

M. Malouin trouvoit parmi les Savans & les Gens de 
Lettres, des malades fouvent peu difpofés à croire à la cer- 
titude de la Médecine; & peu de Médecins en ont été auffr 
perfuadés que lui. Son enthoufiafme exceflif pour fon Art, 
qui eût paru un ridicule dans un Médecin ignorant, devenoit 
une fingularité piquante dans un Médecin éclairé : Ja franchife, 
vertu qu'il portoit au plus haut degré, ne lui permettoit pas 
de rien diffimuler de cet enthoufiafme. Un Phülofophe célèbre 
s'étoit trouvé guéri d’une maladie fingulière, après avoir pris 
affidûment pendant quatre ans un remède ordonné par M. 
Malouin, il vint le remercier : vous êtes digne d'être malade, 
lui dit M. Malouin. II ne pouvoit pardonner à ceux qui, 
ayant été guéris par des Médecins, continuoient à faire des 
plaifanteries fur la Médecine; cette conduite + paroifloit 

1} 


60 HisTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


.une véritable ingratitude , & il rompit avec un grand 
Écrivain qu'il avoit traité avec fuccès, & qui depuis dans 
fes Ouvrages, avoit attaqué la Médecine & fur-tout les 
Médecins. 

Müais le defir d’être utile l’emportoit en lui fur fon humeur 
contre les détracteurs de là Science qu’il profefloit. Dans 
une difpute . qu'il avoit eue avec l'un d'eux, il 
avoit répondu férieüfement, & même avec humeur, à quelques- 
unes de ces plaifanteries fur la Médecine, qui même ne 
prouvent pas toujours l'incrédulité de ceux qui les font: 
ce prétendu incrédule tomba malade quelque temps après ; 
M. Malouin vint le trouver, je fais que vous êtes malade, 
lui ditil, à qu'on vous traite mal , je [uis venu, je vous hais, 
je vous guérirai, à je ne vous verrai plus : il tint parole fur 
tous les points. 


Il regardoit la confiance dans les Médecins comme une 
preuve de la jufteffe & de la fupériorité de l'elprit, & lon 
étoit étonné quelquefois de entendre ajouter aux juftes 
éloges qu'il donnoit à M." de Fontenelle & de Voltaire, 
que dans leurs écrits, ces deux hommes illuflres avoient 
conflamment refpeété la Médecine. On oppoloit un jour à cette 
opinion l'exemple de Molière, à qui perfonne ne pouvoit 
refufer ni un grand génie , ni une railon fupérieure: voyez auffi 
comme il eff mort, répondit M. Malouin; mot d'autant plus 
plaifant qu'il eft vrai, & fans doute le Médecin de Molière (car 
on fait qu'il en avoit un) auroit pu lui dire avec raifon: 
faites des Comédies contre nous, ft vous voulez, mais la Méde- 
cône vous défend de les jouer, fous peine de la vie. 


On pourroit demander lequel doit infpirer le plus de 
défiance à un malade, ou d’un Médecin trop perluadé de 
la certitude de fon Art, ou d’un Médecin pyrrhonien qui 
traite une maladie qu'il n'eft pas für de connoïtre, & donne 
des remèdes dont l'effet lui paroït douteux à lui-même! 
Cette queftion n’eft peut-être pas facile à décider : le doute 
femble caractérifer un efprit plus fage; mais il eft fi facile 


TES S ICE NUC/E:S 61 


& fi commode de douter de tout, on acquiert fi aifément 
par ce moyen la réputation d’un bon elprit, que la charlata- 
nerie & l'ignorance ont aufli appris à douter. La bonne foi 
de M. Malouin étoit fr connue , que l'excès de fa confiance 
ne lui fit rien perdre de celle de fes malades. 

H entra comme Chimifte à l’Académie en 1742 ; il s'étoit 
fait connoître auparavant par fa Chimie médicale, Ouvrage 
utile dans un temps où les remèdes chimiques étoient vantés 
par quelques Médecins avec un enthoufiafme aufli ridicule 
que dangereux, & rejetés entièrement par les autres, d’après 
un préjugé abfurde qui les regardoit comme moins naturels 
que les remèdes tirés du Règne végétal. On ne fongeoit pas 
que c’eft la même Nature qui produit les mixtes des labo 
ratoires & ceux des jardins. 

M. Malouin nous a donné plufieurs Mémoires de Chimie; 
on y remarque une vafte érudition, beaucoup de fcrupule 
& d’exactitude dans les expériences; mais nous ne pouvons 
diffimuler qu'on en tireroit peu de vérités nouvelles. 

La Chimie doit à Stahl l'heureufe révolution qui en a 
fait une branche, ou plutôt une des bafe: de la Phyfique, 
& cet illuftre Chimifte étoit encore peu connu en France, 
lorfque M. Malouin s'étoit appliqué à l'étude des Sciences. 
Les Ouvrages de Stahl, malheureufement trop obfcurs, avoient 
befoin qu'un homme né avec le génie de la Chimie, nous 
apprit à les entendre, & c’eft une des obligations que nous 
avons eues à M. Rouelle; mais lorfque M. Rouelle commença 
fes Cours, M. Malouin fe livroit à d’autres études. Nous 
fommes donc contraints d'avouer qu'il n’a point contribué 
aux progrès rapides que la Chimie a faits en France, dans ces 
derniers temps, & nous l’avouerons, avec d'autant moins 
de peine, que la Nature lui avoit accordé dans un autre 
genre des talens diftingués. 

Auffi renonça-t-il bientôt à la Chimie pour fe donner tout 
entier à la Médecine : obligé quelquefois, malgré on enthou- 
fiafme , de reconnoître l'incertitude de fon Art, il regardoit 
cette incertitude comme une fuite des mauvaifles méthodes, 


62 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& non comme un défaut attaché à la Science. I avoit vu 
qu'au milieu de ces révolutions, qui ont changé vingt 
fois {a Phyfique fyflématique, & rangé fucceflivement les 
Philofophes fous vingt drapeaux difiérens, la doétrine d'Hip- 
pocrate fubfifloit encore entière fur les ruines de tant de 
fyflèmes; que fi on en excepte les Ouvrages des Géomètres, 
des Aftronomes grecs, & le Livre des animaux d’Ariftote, 
Hippocrate eft prefque le feul des Anciens où lon puifle 
trouver des vérités ; -qu'enfin , comme les Mathématiques & 
l'Hifloire Naturelle ont fait plus de progrès réels que ‘la 
Médecine, les Livres d'Hippocrate font les feuls livres de 
VAntiquité où les Modernes puiflent apprendre quelque 
chofe, & que même, tandis que les autres Ouvrages ne font plus 
pour nous que des monumens de l’hiftoire de l’efprit humain, 
ceux d'Hippocrate font encore une fource inépuifable d’inf- 
truction. D'après cette confidération, qui étoit le plus fort 
argument que M. Malouin employät pour prouver fa certi- 
tude de la Médecine , il crut que pour en accélérer les 
progrès, & la rendre plus certaine, il falloit fuivre la méthode 
d'Hippocrate, multiplier les obfervations , rapprocher des 
fymptômes des maladies, toutes les circonftances qui peuvent 
influer fur la fanté des hommes, l'air, fes variations, fa 
température, l'humidité, la pofition des lieux, la nourriture, 
la manière de vivre de chaque pays & de chaque état de 
la fociété. M. Malouin, fixé à Paris, exécuta pour cette 
capitale & fes environs, ce plan qu’il feroit à defirer que l’on 
embraffät pour tous les lieux qui peuvent fournir des obfer- 
vateurs, & il continua fon travail pendant dix années, jufqu’au 
moment où il renonça à une pratique étendue. 

C'eft d’après les Mémoires qu'il a donnés fur ce fujet, 
qu'il faut apprécier fon talent ; c’eft-là qu'on reconnoît un 
Oblfervateur exact, timide quand il faut juger, mais hardi 
dans fes vues, habile à faifir des rapports, fachant les pré- 
fenter d’une manière frappante , raffemblant tout ce que les 
Médecins ont écrit, mais difcutant leurs opinions, & ne les 
adoptant que lorfqu'elles font d'accord avec la Nature, 


DES SCIENCES. 63 


‘À fa mort de M. Dumoulin, il devint un des Médecins 
les plus employés de Paris: cette vogue dura vingt-deux 
mois, au bout defquels il fe trouva aflez riche pour ne 
fonger qu’au repos ; il acheta une charge de Médecin du 
Grand-Commun à Verfailles. Je veux me retirer à la Cour, 
difoit-il, expreflion fingulière, & qui peut-être ne peut 
convenir quà un Médecin de Paris très-employé. Cette 
prompte retraite d'un homme qui aimoit à faire le bien, 
prouve qu'il étoit réellement plus perfuadé de la certitude de 
la Médecine que de fes propres talens. 

Ce fut alors qu'il cefla de donner fes Mémoires fur les 
maladies qui règnent à Paris; ouvrage utile dont jufqu'ici 
perfonne ne s’étoit chargé à fa place : heureufement ce travail, 
étendu même à la France entière & fuivi fur un plan plus 
vafte & plus régulier, va devenir une des principales occu- 
pations d'une Société nouvelle dont l'établiffement dut faire 
efpérer à M. Malouin la prompte converfion des détracteurs 
de la Médecine; car il étoit trop perfuadé pour craindre que 
des expériences plus répétées, faites plus en grand & d’une 
manière plus fuivie, ne puflent aboutir qu'à augmenter l’en- 
durciffement des incrédules. 

Comme il ne vouloit pas malgré fon abfence refter inutile 
à l'Académie, il fe chargea de décrire l'Art du Boulanger, 
Art important, peu connu & qui précifément, parce qu'il eft 
de tous les Arts le plus néceffaire au Peuple, eft auffi celui 
de tous fur lequel des préjugés qui s'étendent depuis les pro- 
cédés mécaniques jufqu'aux foins de la Légiflation, font les plus 
nombreux, les plus abfurdes, les plus funeftes & peut-être 
les plus difficiles à déraciner. Les objets qui nous intéreffent 
le plus, font en général ceux fur lefquels nous raifonnons le 
plus mal, & il faut favoir ne rien craindre pour voir la vérité 
aufli-bien que pour fa dire. 

Cet Art tient à la fois à la Médecine & à la Chimie; 
c'étoit pour M. Malouin une double raifon de s'en occuper: 
auffi l'embraffa-t-il dans toute fon étendue ; les moyens de 
conferver le blé, d'en connoiître les différentes qualités, de le 


64 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


réduire en farine, les diverfes efpèces de farines, leur degré 
de bonté , l'analyfe du blé, Fhifloire naturelle des Plantes, 
qui, dans les difiérens climats, fournifent, foit de la farine, 
{oit une nourriture journalière qui remplace le pain, la def 
cription de la méthode de former avec les fubftances farineufes 
du pain de toute efpèce, ou des pâtes sèches & non fer- 
mentées, la manière de préparer des alimens avec toutes les 
farines & tous les mucilages qu’on a cru jufqu'ici pouvoir 
fervir de nourriture , le plus ou le moins de falubrité de 
tous ces alimens, les effets qu’ils produifent fur la conftitution 
de l'homme, foit comme nourriture habituelle, foit comme 
régime convenable dans l'état de maladie, tous ces objets font 
traités avec détail dans l'Ouvrage de M. Malouin, & s'il s’y 
trouve des erreurs, ce font pour la plupart des opinions qui 
régnoient encore dans le temps où il a publié fon Ouvrage, 
& qui n'ont été détruites que par des ‘expériences plus 
récentes. 

M. Parmentier vient de donner fur l’Art de la Boulangerie, 
un Traité, auquel Académie a accordé fon fuffrage, du moins 
fur la partie phyfique, la feule qui foit de notre reffort: il 
a combattu dans cet Ouvrage quelques opinions de notre 
Académicien , en rendant juftice au mérite de fes recherches, 
& il a joint aux travaux de M. Malouin, un ufage heureux 
des vérités nouvelles, qu'une analyfe plus parfaite des fubf- 
tances farineufes a fait découvrir. 

M. Parmentier avoit 1û, à une féance de l'Académie, cette 
partie de fon Ouvrage, où quelques idées de M. Malouin 
font attaquées : celui-ci étoit prélent à la féance; M. Par- 
mentier craignoit fes regards, fachant à quel point l'amour 
propre eft facile à blefler, & ignorant combien M. Malouin 
étoit fupérieur à {es foibleffes; il fut bientôt raffuré; à peine 
fa lecture eft-elle finie, que M. Malouin vient à lui, l'embraffe: 
recevez mon compliment, dit-il; vous avez mieux vu que moi. 

M. Malouin étoit d'un caractère franc, & affez franc pour 
paroître dur quelquefois ; mais cette dureté n'étoit que dans 
fon ton ou dans fon humeur; elle n'alloit pas plus loin: if 

pouvoit 


D'EUS ASC IENN © £' 5 65 
pouvoit choquer ceux qui combattoient fes opinions, & fur- 
tout fon refpect pour la Médecine, mais on voyoit aifément 
qu'il eût été fâché de les bleffer. 

Comme il croyoit très-fincèrement à fon Art , ill’employoit 
pour lui-même; & fur-tout pendant les dernières années de 
fa vie, toutesdes heures de fa journée étoient fcrupuleufement 
réglées, d’après un régime qu'il s’étoit impolé; ce régime 
différoit beaucoup de la vie commune, & par conféquent le 
féparoit prefqu'entièrement de la Société; mais il étoit foigneu- 
fement calculé fur les changemens que, felon M. Malouin, 
l'âge produit dans l'économie animale. 

S'il n'a voulu, par ce régime, que fe procurer une vieil- 
Jeffe faine & robufte, terminée par une mort prompte & 
fans douleurs, il ne s’eft point trompé; il mourut à Verfailles 
d'une attaque d'apoplexie, le 3 Janvier 1778. 

La mort en furprenant M. Malouin, n'a point prévenu 
l'éxecution d’un projet qu’il avoit formé pour contribuer aux 
progrès de la Médecine; témoin depuis long-temps des travaux 
de la Faculté, il voyoit avec douleur ces travaux enfevelis 
dans fes Regiftres, ne fervir qu'à l'inftruétion de fes Membres, 
& le dépôt immenfe des faits que la Faculté raffemble être 

erdu pour les Sciences & pour l'Humanité. 

Il a fondé pour cette Compagnie une Affemblée publique, 
où chaque année on prononcera l'éloge des Membres que Ia 
Faculté a perdus, & où elle rendra compte des travaux de 
l'année. Jaloux de défabufer le Public, qu'il avoit trouvé 
fouvent fi injufte envers les Médecins, il a cru que pour lui 
apprendre à les eftimer, il ne falloit que lui apprendre à les 
mieux connoître.s 

Sa place de Penfionnaire - Chimifte, a été remplie pa 
M. Lavoifier, déjà Aflocié dans la même Clafle, 


Hif.. 17783 I 


66 H1STOIRE DE L' ACADÉMIE ROYALE 


DE M DE LINNÉ( 


ee +’ di g 
1! Gomdgiz CAR | 


3. 


Cuarzés DE Linné, plus connu fous le nom de 


Linnæus, Chevalier de l'Ordre de l'Étoile polaire, premier 
Médecin du Roi de Suède, Profeffeur de Médecine & de 
Botanique dans lUniverfité d'Upfal, un des huit Aflociés- 
Étrangers de l’Académie des Sciences, de la Société Royale 
de Médecine de Paris, de la Société Royale de Londres, 
des Académies de Berlin, de Péterfbourg, de Stockolm, 
d'Upfal, de Bologne, d'Édimbourg & de Philadelphie, 
naquit dans la Province de Smolande en Suède, le 2 3 


Mai 1707. 


« De tous ces titres académiques ( dont nous n'avons donné. 


» ici qu'une lifte très incomplète), aucun ne l'a autant flatté 


» que celui d'Aflocié - Étranger de l'Académie des Sciences, 


» dont il a été revêtu le premier de fa Nation, & jufqu'à 
préfent le feul. » 

Ce font les propres*termes de M. de Linné, dans un 
Mémoire qui nous a été envoyé de fa part: telle étoit 
l’expreflion de fa reconnoiffance pour l’Académie, peu de 
temps avant fa mort, dans ces momens où l’homme cefflant 
d'être fenfible aux diftinétions frivoles dé la vanité, peut 
l'être encore aux honneurs de la gloire. 


Cet hommage rendu à l'Académie par un Savant illufire 
que l’Europe avoit comblé de titres Littéraires, honore à 
la fois cette Compagnie & la Nation; il prouve fur -tout 
combien eft fage la loi qui fixe à Puit feulement le nombre 
de nos Aflociés-Etrangers : en effet, quel homme de génie ne 


fr, Phrun 


DRE MS MSTENTLE NC UE te! F 67 
feroit flatté de voir fon nom infcrit dans une ifle fi courte, 
entre le Czar Pierre & Newton? 

Le père de M. de Linné, qui exerçoit les fonéions de 
Miniftre dans le village de Stenbrohult, s’amufoit à cultiver 
des Plantes; & fon fils apprit dès l'enfance à les aimer & 
à les étudier. Il avoit reçu de la Nature cette activité d’efprit 
qui ne permet point de repos tant qu'ilrefte quelque cholfe à 
voir ou à découvrir; ce coup-d’œil prompt & jufte qui faifit 
tout ce qui mérite d’être obfervé, & qui ne voit les objets que 
tels qu'ils font; cette force de tête néceffaire pour raflembler 
des faits épars, & ne former qu’une grande vérité d’une foule 
de vérités ifolées. Aïinfi en offrant des Plantes aux premiers 
regards de M. de Linné, en déterminant par-là fur quels 
objets fon efprit devoit s'exercer, le hafard le fit Botanifte : 
mais déjà la Nature avoit préparé un grand homme. 

A l'âge de vingt-un ans, il {e rendit à Upfal, qu'on pouvoit 
alors regarder comme la Capitale littéraire de la Suède. Olaüs 
Celfius, qui étoit à la fois un Érudit wès-profond & un 
Naturalifte habile, fentit le mérite du jeune Linné & 
devina fon génie; il lui fervit de père, & lui procura toutes 
les inftruétions, tous les encouragemens que fes connoiffances 
& fon crédit le mettoient en état de donner à ce jeune homme, 
qui croifloit pour changer la face de la Botanique. 

M. de Linné obtint à vingt-cinq ans, dans l'Univerfité 
d'Upfal, la Chaire que le favant Botanifte Rudbeck, accablé 
d'années & de travaux, étoit obligé d'abandonner : mais cette 
place ne fufffoit pas à l’activité du nouveau Profeffeur, & il 
quitta bien-tôt Upfal, mais en confervant fa Chaire & par 
les ordres même de l’'Univerfité, qui préféra fagement le 
bien des Sciences & fa propre gloire à l'obfervation de fes 
règlemens. 

D'abord il parcourut la Lapponie, la Dalécarlie, la plupart 
des provinces de la Suède, étenidant fes obfervations à tout 
ce qui peut intéreffer un Philofophe, occupé en même temps 
d'acquérir des lumières & d’en faire des applications utiles, 


enrichiffant la Botanique ou de vues nouvelles, ou de Plantes 
I ñ 


68 HiSTOIRE DE L'ACADÉMIE RoxaLr 


inconnues, & apprenant aux Suédois, foit à connoître les 
produétions de leur fol, foit à en profiter. Soumis dans ces 
voyages à toutes les privations, expolé, dans des pays inha- 
bités, aux rigueurs d’un climat terrible, tantôt graviffant entre 
des rochers, tantôt s’enfonçant dans des mines profondes, 
obligé de braver des dangers de toute efpèce, & de longues 
fatigues plus difficiles encore à fupporter que les dangers, 
M. de Linné ne fe repoloit du travail de Îa journée que par 
un autre, celui de recueillir fes obfervations & de préparer 
les objets qu’il avoit ramaflés. 

Après ces voyages, il en fit de plus lointains & de moins 
pénibles : il parcourut le Danemarck, l'Allemagne, une partie 
de la France: il s'arrêta long -temps en Hollande & en 
Angleterre, étudiant dans des Herbiers ou dans des Jardins, 
les Plantes que la Nature a refufées à l'Europe; confultant 
les Botaniftes les plus célèbres; Dillen à Londres, Juflieu à 
Paris, & fe rendant leur difciple pour fe montrer bien-tôt 
digne d'être leur rival. 

Plus il étudioit la Botanique, plus il fentoit que cette 
Science devenue immenfe dans fes détails, avoit befoin qu'une 
main réformatrice vint y produire une de ces grandes révo- 
lutions qui attachent le nom de leurs Auteurs à l'hiftoire de 
lefprit humain. 

Tournefort avoit donné le premier une méthode vraiment - 
fyflématique de claffer les Plantes, & M. de Linné afpiroit 
à ètre dans fon fiècle ce que Tournefort avoit été dans le 
fien ; fachant bien que dans les Sciences on peut aller plus 
loin que fes prédéceffeurs, fans néanmoins s'élever au-deflus 
d'eux, & qu'il eft un degré de talent où l'on ne peut plus 
apercevoir entre deux hommes livrés aux mêmes”recherches, 
d'autre différence que celle de leur fiècle. M. de Linné chercha. 
les caraélères fondamentaux de fon fyftème dans les parties 
des Plantes qui fervent à leur reproduction. Les Botaniftes 
Allemands ont prétendu qu’il devoit la première idée de ce 
fyflème à Burkard; & dans les mêmes Ouvrages, ils revendi- 
quoient , en faveur de Camérarius, la méthode de Tournefort; 


, 


DES SCIENCES. 69 
ils foutenoient que Jungius, & un autre Camérarius, avoient 
été les guides de Vaillant, à qui M. de Linné accordoit le 
mérite d’avoir bien décrit le premier les étamines &.les piftils, 
& connu leur ufage pour la fécondation des Plantes. Ces pré- 
tentions peuvent être fondées; mais les conféquences qu'on a 
voulu en tirer pour diminuer le mérite de M. de Linné & 
des deux Botaniftes françois, nous paroiffent injuftes. Trou- 
veroit - on dans l'hiftoire des Sciences une grande théorie 
dont les premières idées, les détails & les preuves appar- 
tiennent à un feul homme! Et n’eft - il pas jufte d'accorder 
plutôt la gloire d'une découverte à celui à qui on en doit le 
développement & les preuves, à celui qui avec autant de 
génie a été vraiment utile; quà l'auteur d’une première 
idée toujours vague, fouvent équivoque, & dans laquelle 
on n'aperçoit quelquefois le germe d'une découverte que 
parce qu'un autre l'a déjà développée ? 

La fécondation s'opère dans les Plantes, lorfque les pouf- 
fières des étamines#arrêtent fur le ftigmate des piftils, ftig- 
mate qui, dans la faïlon de la fécondation , eft ou garni 
d'un velouté ou humecté d’une liqueur gluante ; mais les 

rains de cette pouflière ne font pas encore ce qui doit 
féconder le germe de la Plante ; le fligmate eft fouvent féparé 
de ce germe par un long ftilet, creux à la vérité, mais à 
travers lequel les pouflières, toutes petites qu’elles font, ne 
pourrojent pénétrer. La Nature y a remédié, en faifant de 
chaque pouflière un corps organique , doué d’élafticité: 
imprégné de l'humidité qu'il rencontre fur le ftigmate, il fe 
brile, & lance, foit une pouflière plus fine encore, foit une 
liqueur très-tenue, qui pénètre à travers le ftilet, & va fécon- 
der le germe. Cette dernière obfervation eft dûe à M. de 
Juffieu, comme nous l'avons dit dans fon éloge ; M. Needham 
Ta développée depuis, & la confirmée par des recherches 
plus étendues ; & il femble qu'il ne puifie être donné aux 
Obfervateurs de rien voir au-delà dans les merveilles de {a 
reproduction des êtres organifés. 

Le nombre des étamines ou des parties mâles des Plantes, 


70 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


celui des parties femelles ou des piflils, la pofition de ces 
étamines & de ces piftils fur les différentes parties de la fleur, 
ou leur diftribution dans des fleurs ou fur des individus 
féparés, tous ces caraélères varient dans les différentes efpèces 
de Plantes. 

Dans les efpèces les plus communes, les deux fexes font 
réunis fur une même fleur, à laquelle on a donné le nom 
de fleur hermaphrodite ; dans d'autres efpèces ils font réunis 
fur le même individu, mais fur des fleurs différentes, tandis 
que dans quelques-unes, les fleurs mâles & les fleurs femelles 
font fur des Plantes féparées. Quelquefois un individu porte 
à la fois des fleurs hermaphrodites & des fleurs femelles ; 
dans quelques - unes de ces efpèces de Plantes, il arrive 
que les étamines & les piftils des fleurs hermaphrodites ne 
parviennent pas en même temps à l'état de perfection , où 
même que leurs piftils ny parviennent jamais, & alors le 
concours des autres fleurs eft néceffaire à la fécondation : 
dans d’autres efpèces, les fleurs hermafhrodites fufhroient 
feules à la production ; ainfi on aperçoit également dans les 
deux cas, un luxe de la Nature, qui, occupée de perpétuer 
les efpèces, femble en avoir multiplié les moyens, même 
au point d'en préparer d'inutiles. 

Lorfque les parties mâles & les parties femelles, les éta- 
mines & les piftils fe trouvent dans une même fleur, leur 
difpofition paroït quelquefois s’oppoler à la reproduétion; 
mais fi le piftil eft plus élevé que le fommet des étamines, 
alors l’anthère des étamines, c'eft-à-dire la véficule qui les 
termine, & qui renferme la pouffière fécondante, lance avec 
force cette pouflière qui s'élève jufqu'au piftil, ou bien le 
piftil fe courbe pour fe joïrfdre aux anthères : fi les fleurs font 
difpofées foit en grappes, foit en épis, les fleurs inférieures 
font fécondées par celles qui font au-deflus ; quelquefois les 
fleurs penchées vers la terre, & dont alors les étamines fe 
trouvent au-deflous du piftil, fe relèvent dans le temps de 
la fécondation , pour donner à ces organes la difpofition 
néceflaire à la reproduétion de la Plante, 


DÉ SIVSAC 2LEINLC Eus. 7T 

Dans les efpèces où ces parties font placées fur des fleurs 
différentes, mais fur le même individu , le vent ébranlant 
les branches des Plantes, fait tomber des étamines une pluie 
de pouflère, qui eft reçue par les piftils. 

Enfin, fi les individus eux-mêmes font féparés, les pouf. 
fières emportées au loin par le vent , répandues dans tout 
l'efpace, & agitées en tout fens, parviennent enfin jufqu’aux 
fleurs femelles : dans quelques efpèces même, des infeétes 
conformés de manière que les fleurs des deux individus font. 
nécefaires à leur exiflence, portent, d'une Plante à l’autre, 
cette poufflière fécondante ; tel eft felon M. de Linné , le 
véritable fecret de cette opération merveilleufe , décrite par 
Tournefort, & ufitée dans les îles del’ Archipel, où les habi- 
tans, pour fe procurer des figues plus groffes, portent fur les 
figuiers femelles certains infetes, qu'ils ont auparavant fait 
éclore fur les figuiers mäles.. On diroïit que la Nature n'a 
mis à l'accomplifiement de fes defleins:, des obftacles, en 
apparence infurmontables, que pour déployer, avec plus de 
grandeur , fa puiflance & fes reflources dans les moyens 
employés à les furmonter. ’ 

Ce fut dans ces parties , conftruites par la Nature avec 
tant de foin, & deftinées par elle à la perpétuité des efpèces, 
que M. de Linné crut devoir chercher les caraétères de 1a 
dlaffification des: Plantes: , e 

Les’ étamines dui: fervirent pour former les premières 

andes divifions, & ib tira des piftils les-caraétères de fes 
divifions fecondaires: pour déterminer enfuite les genres, il 
employa les autres parties de la. fruétification , comme le 
nombre & la forme des femences, la nature des co 
deftinés à les recevoir & à les protéger, le nombre, l'arran- 
gement, des: pétales , la forme des fleurs , Ja: flruéture du 
calice, qui, tantôt enveloppe le fruit, après la chute des: 
pétales, tantôt tombe avec elles. A l'égard des efpèces, M.de 
Linné emploie pouries diftinguer, la manière dont les fleurs: 
font difpolées fur la Plante, & naiffent de fes branches; les 
parties de fhudture diflérente qui. enveloppent les fleurs: 


72 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RotaLr 


naiflantes ou qui les défendent ; les vrilles qui foutiennent fa 
Plante ; la forme de fes racines, de fa tige, de fes feuilles ; la 
ftruéture des boutons deftinés à former de nouvelles branches ; 
la manière dont les feuilles nouvelles y font pliées. 

Après avoir formé ce plan, M. de Linné n’avoit fait encore 
qu'une très-petite partie du grand ouvrage qu’il méditoit : if 
s'en falloit de beaucoup que toutes Îes parties des Plantes 
euffent été exactement décrites par les Botaniftes ; il falloit 
donc faire une étude plus approfondie de toutes les Plantes, 
en examiner toutes les parties, les fuivre dans le cours entier 
de la durée de la Plante, obferver les diverfes formes qu’elles 
ont dans les diflérentes efpèces, es changemens qu'elles 
éprouvent dans chacune, atin de pouvoir diftinguer ce qui 
n'eft qu'accidentel à l’âge de la Plante, au climat ou à fa 
culture , d’avec ce qui eft eflentiel à l'efpèce : il falloit parmi 
ces caractères effentiels, choifir les plus frappans, les plus 
faciles à obferver, les plus propres à diftinguer chaque efpèce 
de l’efpèce voifine; il falloit enfin, pour ces objets nouveaux, 
créer une langue nouvelle. Tel étoit le travail qu'impoloit à 
M. de Linné l'exécution de fa méthode, 

On fe difpenfe trop fouvent d’eftimer ces travaux immenfes , 
en difant qu'ils ne demandent que de la patience & du temps; 
mais la vie de ceux qui exécutent ces grandes entreprifes 
eft-elle plus longue que celle des autres hommes! M. de Linné 
n'avoit pas trente ans, & déjà fon Ouvrage étoit prefque 
terminé : quel étoit donc pour lui ce fecret de doubler 12 
durée du temps? N'étoit-ce pas quelque chofe de plus que de 
l'affiduité & de Ia patience? & fr ce talentyde porter rapide- 
ment fon ättention fur une foule d'objets, de les bien voir, - 
de les voir tout entiers, n’eft pas le génie de l'obfervation, 
c'eft du moins une qualité très-rare , très-précieule, & fans 
laquelle ce génie ne peut exifter. 

Ce fyftème fit une révolution dans la Botanique; la plu- 
part des Écoles de l'Europe s’emprefsèrent de le fuivre, & 
de publier les Catalogues de leurs Plantes, rangées d’après 
le méthode de Linnæus, La nomenclature des Plantes aflujettie. 

à un 


DENS/MSICUINE IN CLS 7% 


_ à un ordre facile à faifir, l'art de les connoître, réduit à un 
petit nombre de principes généraux, rendirent l'étude de {a 
Botanique moins pénible & moins rebutante : les nouvelles 
merveilles que M. de Linné avoit découvertes dans les Plantes 
excitèrent un nouvel enthoufiafme pour une Science, qui, 
déja f1 féduifante, parce que l'étude y a prefque toujours l'air 
d'un délaffement, left fur-tout dans l’âge où l’on fe choifit 
un objet d'étude. Elle fatisfait à la fois l'activité de l'efprit & 
celle du corps, le befoin du mouvement & celui de l'occu- 
pation; elle offre à un âge avide de jouir des plaifirs toujours 
variés, & chaque jour offrant quelque objet nouveau , le 
travail de chaque jour ne manque prefque jamais d’avoir fa 
récompenfe : les jouiflances font fans doute moins vives que 
dans les Sciences , où la vérité eft le prix d'une méditation 
longue & profonde, mais elles font plus fréquentes, & elles 
coûtent moins de peine. Nous ne parlons pas ici de l'utilité 
plus ou moins grande des différens genres de Sciences, & de 
la gloire plus ou moins brillante qu'elles procurent : fans doute 
ces motifs animent & foutiennent puiffamment tous les 
hommes nés pour de grandes chofes; mais quand il s’agit de 
fe livrer à des occupations où le plaifir du travail en eft la 
première récompenfe, ce n'eft jamais que l'attrait de ce plaifir 
qui détermine notre choix. 

Les jeunes Botaniftes accoururent en foule chercher des 
inftruétions auprès de M. de Linné; il les pénétra de fon 
zèle, & bientôt la terre entière fut couverte de fes Dilciples: 
la Nature fut interrogée à la fois au nom d’un feul homme, 
de la cime des montagnes de la Norwège aux fommets des 
Cordillères & de l'Atlas, des rives du Mififfipi aux rives 
du Gange, des glaces du Groënland aux glaces de l'hémi- 
fphère auftral. Tous ces voyages, qui paroïtroient demander 
qu'un grand Roï voulüt déployer en faveur des Sciences fa 
magnificence & fon pouvoir, un fimple particulier les fit 
entreprendre, fans autre force que l'empire du génie fur des 
ames également avides d’inftruétion & de gloire, & fans 
autre récompenfe pour fes Élèves que l’honneur de rapporter 


Hifl 1774. 


74 HisToiRE DE L'ACADÉMIE RoYALr 
aux pieds de leur Maître les richeffles qu'ils enlevoient à Ja 
Nature. 

Trois de ces Savans, Hañelquift, Forskahl & Loœfling, 
fuccombèrent à leurs fatigues ; ils moururent éloignés de leur 
patrie, au milieu de peuples incapables de fentir combien 
cette mort étoit glorieufe & touchante, ne remportant d'autre 
prix d’une vie facrifiée à l'étude de la vérité, que l'efpérance 
incertaine qu'un jour le fruit de leurs travaux feroit remis à 
M. de Linné, & que leur nom réuni au fien, n'échapperoit 
point à la renommée. M. de Linné, en recevant ces reftes 
précieux, pleura fes Difciples : il revit leurs Ouvrages, les 


‘donna au Public; & cet honneur funèbre leur fit naître des 


fuccefleurs, que l'exemple de leur mort ne put rebuter. 

Le fyflème de Linnæus a fans doute quelques endroits 
foibles; mais jufqu'ici aucune autre méthode n’a réuni autant 
d'avantages ; peut-être même les défauts qu’on reproche à ce 
fyftème font - ils inévitables dans toute méthode artificielle : 
faut-il pour cela les profcrire, & fe condamner à marcher 
à tâtons, parce que le flambeau qu'on nous préfente peut 
s'éteindre quelquefois ? 

Plufieurs Botaniftes ont relevé des fautes dans les détails de 
la méthode de M. de Linné. Quand il a trouvé leurs remarques 
juftes , il s’eft corrigé; lorfqu'elles lui ont paru mal fondées, 
il a fait comme s’il les eût ignorées. « Toutes les difcuffions 
dans les Sciences naturelles, du moins lorfqu'elles ont un 
objet réel, fe réduifent toujours, dit M. de Linné, à des 
faits bien ou mal obfervés, & alors les efforts réunis de tous 
les Savans ne peuvent ni établir une erreur, ni ébranler une 
vérité ». Il n’eüût donc combattu que pour fon amour-propre; 
mais le temps qu'il'eût confacré à défendre fa gloire, il aimoit 
mieux l’employer à l’accroitre par de nouveaux Ouvrages. 

On a reproché enfin à M. de Linné d’avoir rendu fa 
nomenclature de la Botanique trop facile, & d’avoir par-là 
donné Jieu à une foule d'ouvrages médiocres. Cette objeétion 
nous paroît prouver feulement fes progrès que la Botanique 
a faits entre fes mains. Rien ne montre mieux peut-être 


DIE SUISICULE NC ES. AS 


-_ combien une Science eft avancée, que la facilité de faire fur 
cette Science des livres médiocres, & la difficulté d’en faire 
qui contiennent des chofes nouvelles. 

M. de Linné a publié une longue fuite d'Obfervations 
fur les végétaux & les animaux comparés enfemble. Les 
végétaux naïflent, vivent & meurent comme les animaux; 
ils fe nourrifient, croifflent & dépériflent comme eux ; ils 
ont, comme eux, un principe interne de mouvement. M. de 
Linné obferva de plus que les Plantes ont des inftans de 
mouvement & de repos, de fommeil & de veille; qu'elles 
fubiffent ces alternatives dans des ferres où l’on entretient 
jour & nuit une chaleur égale, & qu’ainfi ces phénomènes 
ne {ont pas l'effet de la chaleur plus ou moins grande, mais 
de la préfence ou de l’abfence de la lumière; qu’enfin les 
feuilles dans quelques Plantes, & Îes anthères des étamines 
dans un plus grand nombre, donnent des fignes d'irritabilité, 
La fenfibilité, & le mouvement fpontané qui en eft la fuite, 
paroiflent feuls diflinguer la vie des Plantes & celle des 
Animaux. 

On obferve des rapports encore plus frappans entre l'œuf 
d'un animal & la femence d’une Plante, dans la manière dont 
les germes font fécondés, ou dans les loix de leur dévelop- 
pement. Enfin la reproduétion par bouture, cette manière 
de multiplier & d’éternifer l'exiflence d'un même individu, 
exifle dans les deux règnes, & forme une forte d'analogie 
entre les Plantes les plus parfaites & les Animaux les plus 
imparfaits. Aufli quand on obferve la chaine de tous les 
genres d'animaux, depuis les quadrupèdes jufqu'aux polypes, 
on voit l’organifation {e fimplifier, le mouvement fpontané & 
la fenfibilité s’affoiblir, & en même temps les organes def- 
tinés à recevoir la nourriture, fe multiplier, le principe de 
la vie, au lieu d’appartenir feulement à l'individu, fe trouver 
tout entier dans plufieurs de fes parties, & Animal fe rap- 
procher de la Plante jufqu’à n’en être plus féparé que par des 
nuances imperceptibles. 


Ces rapprochemens ne font pas les feuls que M. de Linne 
K ji 


76 HISTOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ait cru trouver entre fes deux règnes ; il en a faifr de très- 
finguliers entre les fubftances dont les plantes & les animaux 
font compolés : nous n’entrerons dans aucun détail fur ces 
idées ingénieufes, mais trop fyftématiques. Ceux qui n’ont vu 
dans M. de Linné qu'un fimple Nomenclateur, & qui font 
confifter le talent d’un Naturalifte moins dans l’art de bien 
voir & de bien lier les faits, que dans celui de former des 
conjectures hardies & de hafarder des vues générales, ne 
pourront du moins s'empêcher d’eftimer M. de Linné en iifant 
cette partie de fes Ouvrages. 

La Botanique, quelque immenfe qu’elle foit dans fes 
détails, ne fuffifoit pas à fon aétivité ; il ofa former le projet 
de décrire & de clafler tous les êtres de la Nature: ïl choifit 
pour les caraétères du règne animal, les parties deftinées 
aux fonétions les plus importantes de la vie; le cerveau ou 
l'organe, d’où partent les nerfs; le cœur, ou en général les 
vilcères dans lefquels réfide la force qui fait circuler les liqueurs; 
les organes de la refpiration ; les mamelles , le nombre & la 
forme des dents ou la figure du bec ; le nombre & la forme des 
parties qui fervent au mouvement progreffif: il favoit par fes 
obfervations qu'une grande reffemblance dans ces parties effen- 
tielles, annonce néceflairement entre des efpèces un grand 
nombre d’autres rapports. Il auroit pu fans doute étendre aux 
Animaux la méthode qu'il avoit employée pour les Plantes, mais 
il craignoit que, malgré toute la modeftie & la gravité qu'il 
pourroit mettre dans fes Leçons ou dans fes Ouvrages, cette 
méthode n'offrit trop fouvent à fes Élèves des images que les 
Naturaliftes même n'ont pas toujours le privilége de pouvoir 
contempler avec une entière indiflérence ; il écarta même 
parmi les organes nécefaires aux autres fonctions de la vie, 
ceux qu'on ne pouvoit obferver fans des recherches anato- 
imiques ; il ne vouloit pas qu'on fe crût obligé de déchirer 
les animaux pour parvenir à les connoître ; ainfi {a pureté de 
fes mœurs & fon humanité ont nui peut-être à la perfection, 
& {ur-tout à l'unité de fon fyflème. M. de Linné claffa les 
minéraux prefque uniquement d’après leurs formes extérieures : 


DE S "SCIE NC Er S< 47 


fes Chimiftes ont fait contre cette méthode des obje&ions, 
auxquelles il paroît bien difhcile de répondre, mais les Natu- 
raliftes, ou du moins les Difciples de M. de Linné en auroient 
pu faire d'auffi fortes contre un fyftème dont lanalyfe chi- 
mique auroit fourni les premiers caraétères ; d’ailleurs, lorfque 
M. de Linné a publié fa méthode, l'analyfe des fubftances 
minérales étoit bien éloignée du degré de perfeétion, où l'un 
de fes compatriotes, le célèbre Bergman, l'a portée depuis. 
Toute méthode de nomenclature eft néceffairement dépen- 
dante de l'état des Sciences , à l’époque où elle a été propofée, 
& ce n’eft qu'en la comparant avec leurs progrès, qu'on 
peut lapprécier avec juftice. Mais en convenant des défauts 
attachés à toutes les méthodes artificielles, on ne peut s’em- 
pêcher de reconnoiître qu'il faut, pour les former, joindre 
une vafte étendue de connoiffances au talent de faire des 
combinaifons & de faifir des rapports; que ces fyfièmes 
utiles, néceffaires même pour fuivre, fans s'égarer, les détails 
immenfes de l'Hiftoire naturelle, fervent encore à faciliter 
la recherche des vérités générales; & qu'enfin, s'il y a peu 
de philofophie à prendre ces arrangemens méthodiques pour 
Ja Science elle:même, il y en a bien moins encore à les 
mébprifer. 

M. de Linné avoit formé dès fa première jeunefle le 
projet de fon fyftème général , & il s’en occupa toute fa 
vie. Aucun Naturalifte n'avoit jufqu'à lui conçu un plan fi 
vafte, & fi on peut dans l'exécution lui reprocher quelques 
défauts, c’eft encore un prodige qu'un feul homme ait pu la 
porter à ce point de perfection. 

Son fyftème de la Nature eut douze éditions en trente ans; 
dans chacune il profitoit de fes nouvelles obfervations, des 
travaux de fes Difciples, des objections de fes critiques : c'étoit 
aux Sciences plutôt qu'à fa gloire qu'il vouloit élever un mo- 
nument: aufli ne doit-on juger ce grand ouvrage que fur fa 
dernière édition, & regarder les autres comme des elquifles 
que l’Auteur foumettoit au jugement des Naturaliftes. 

M. de Linné ne voulut pas que l'Hifloire Naturelle füt 


78 HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


entre fes mains une Science flérile : en l'appliquant à des chofes 
d'un ufage commun, il étoit utile à fes concitoyens, & il 
fervoit en même temps la Science qu'il aimoit, puiiqu'il la ren- 
doit plus importante aux yeux de ceux dont le fecours pouvoit 
en accélérer les progrès. Ses Ouvrages contiennent un Traité 
complet de matière médicale ; des diflertations fur les Plantes 
de Suède, qui peuvent être utiles dans fa Médecine, & 
remplacer les Plantes étrangères, fur celles qui peuvent fournir 
aux hommes une nourriture faine & agréable, ou qui font 
employées dans les Arts; fur les végétaux qui conviennent le 
mieux à chacune des efpèces d'animaux domefliques ; fur l& 
manière de juger de la vertu des Plantes, foit par les genres 
où elles font rangées dans fa méthode, foit par leur faveur 
ou par leur odeur; fur les terreins qui conviennent à cha- 
que efpèce; fur des Plantes, qui, femées dans des fables 
mobiles, peuvent les fixer, préferver le pays des dangers 
auxquels ces fables l'expolent, & les changer à la longue en 
des terres fertiles; fur le rapport de la végétation de chaque 
Plante, avec les différentes faifons de l'année; fur l'origine de 
plufieurs fubftances , comme le baume de Tolu , la farco- 
colle, la gomme gutte qu'on employoit depuis long-temps, 
fans favoir quel arbre les avoit produits, & quelles prépara- 
tions on leur avoit fait fubir. 

Le fuffrage de la plupart des Compagnies favantes de 
l'Europe, l'adoption prefque générale du fyftème de Botanique 
de Linnæus, avoit appris à la Suède à le regarder comme 
un Savant qui failoit honneur à fon pays: fes travaux dirigés 
vers le bien public le montroient à fes compatriotes comme 
un citoyen utile; l'envie fut réprimée cette fois par l’enthou- 
fiafme national. M. de Linné fut le premier homme de 
Lettres décoré de l'Ordre de l'Etoile polaire, & cette nou- 
veautéfit peut-être moins d'honneur au Savant qui le reçut, 
qu'aux lumières du Gouvernement de Suède: en accordant 
cette diftinétion à M. de Linné, il montroit que l'emploi 
d'éclairer les hommes étoit à fes yeux une fonction publique, 
& avoit droit aux mêmes récompenfes. 


DES SCIENCES. 79 


M. de Linné obtint quelques années après un rang dans 
la Nobleffe fuédoile; il retrancha alors de fon nom la termi- 
naïlon latine qu'il y avoit ajoutée, fuivant lufage de fon 
pays: mais ce nom étoit déjà trop illuftré pour qu'il füt en 
fon pouvoir de le perdre; & le Chevalier Von Linné ne fat 
jamais que Linnæus pour l'Europe favante, comme le Baron 
de Vérulam n’a jamais été que Bâcon pour les Philofophes. 
Les marques de l’eftime perfonnelle des Princes font toujours 
flatieules pour un Savant qui aime la gloire; quel que foit 
de Prince qui les accorde , elles prouvent du moins une grande 
célébrité. Celles que M. de Linné reçut de fes Souverains, 
devoient le flatter à d’autres titres: il fut traité par la Reine 
de Suède, fœur du Roi de Prufle, avec cette familiarité 
noble qui honore les Souverains, parce qu'elle prouve qu'en 
fe trouvant avec des hommes d’un mérite fupérieur, ils fentent 
qu'ils ont droit de fe croire avec leurs égaux. 

Le crédit que M. de Linné ne devoit qu'aux Sciences, 
äl le fit fervir tout entier à l'avancement des Sciences; 
Yérabliffement de l’Académie de Stockolm fut en partie fon 
ouvrage; le jardin d’Uplal, remis dans un meilleur ordre, 
augmenté de vaites ferres conftruites felon fes vues, devint 
digne du Démontftrateur qui, de toutes les parties de l'Europe, 
y attiroit des Difciples. 

L'hommage de quelques Plantes qui manquoient à ce 
jardin A riche, étoit un tribut que tous Jes amateurs de 
Botanique croyoient devoir à M. de Linné; & lorfque le 
Roi de Suède vint en France, le feu Roi le chargea de 
xemettre à l'illuftre Profeffeur d'Upfal, des graines rares 
qu'il avoit recueillies dans fon jardin de Trianon. 

Si nous ajoutons à ce que nous avons dit de M. de Linné, 
qu'il remplit pendant plufieurs années des fonctions de 
Secrétaire de l'Académie d'Upfal, qu'il donnoit exactement 
des Leçons de Botanique & de Médecine, enfin, qu'il publia 
une foule de Difértations fur des objets particuliers d'Hifloire 
naturelle, de Botanique , de Médecine, qui toutes renferment 
des vues toujours ingérieules :&c queiquefois profondes, 


So HisToIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


nous aurons donné une idée de la vie de cet Homme célèbre. 
Elle fut heureufe jufqu’à foixante ans; fa fanté ne fut altérée, 
avant cette époque, que par une violente attaque de goutte, 
dont il prévint les retours par lufage des fraifes. Il avoit 
fait un mariage heureux qui lui a donné trois filles & un 
fils digne de lui fuccéder. Il pañla des jours tranquilles, 
glorieux, occupés, au milieu de fes Difciples, qui étoient fes 
amis, jouiffant de fa gloire, que chaque jour il augmentoit 
encore, de la reconnoiffance de fon pays, & de cette con- 
fidération publique que la célébrité & le talent ne peuvent 
donner, à moins qu'ils ne foient unis à un caractère qui 
force l'envie au refpect. Senfible avec fes amis, aimable & 
gai dans la fociété intime, noble avec les Grands, fimple & 
bon avec fes inférieurs, on ne Îe vit jamais acheter par des 
baffefles le droit de faire éprouver des hauteurs; d'autant 
moins jaloux d’affeéter une fupériorité précaire qu'il étoit 
plus für d'en avoir une réelle. Riche des bienfaits de la 
Cour, il ne quitta jamais cette fimplicité de vie dont on ne 
peut s’écarter fans en être puni par Île ridicule & par l'ennui. 
H employa pour fa Nation ce qu'il avoit reçu d'elle: 
fon feul luxe étoit un Aufæum immenfe, monument glorieux 
pour la Suède, puifqu'il étoit la collection des tributs que 
les Naturaliftes du Nord avoïent confacrés à celui que, d’une 
voix unanime, ils avoient nommé leur Chef & leur Maître. 
Frappé, au mois d'Aoùût 1776, d'une apoplexie qui 
détruifit {es forces, afloiblit fa mémoire, & le conduifit au 
tombeau par un dépérifflement lent & infenfible, ce Mufeum 
étoit encore fa conf6lation ; chaque jour, la reconnoiffance 
de fes Difciples lui préfentoit de nouvelles merveilles pro- 
duites par la Nature aux extrémités du globe : on eût cru 
voir des enfans occupés de confoler les derniers jours d’un 
père ‘chéri. Devenu enfin incapable d'agir & de penfer, if 
goütoit encore quelque plaifir, en parcourant de fes yeux 
éteints les Plantes nouvelles que fon Dilciple Thunberg 
venoit de lui envoyer des extrémités de l'Afie, 
Très-peu de temps après fon attaque d’apoplexie, il 
dreffa 


DÉFISIMSICRMNE INÉCHENS. 8x 


dreffa lui-même une courte notice de fa vie, & il voulut 
qu'elle füt envoyée à l’Académie pour fervir de matériaux 
à fon Éloge: c’eft avec une égale fimplicité qu'il y parle de 
fes travaux, de fes découvertes, ou qu'il convient de fes 
défauts. Il avoue qu’il fut peut-être trop facile à s'émouvoir , 
ou à s'irriter ; que lent à embraffer une opinion, il tenoit 
peut-être avec trop d'opiniâtreté à celles qu'il avoit une 
fois adoptées; qu'il ne fouffrit avec aflez de modération, ni 
les critiques qui s’'élevèrent contre lui, ni les contradiétions 
qu'il éprouva de la part de fes rivaux. Ces aveux prouvent 
feulement que M. de Linné eut pour la gloire une pañlion 
véritable, & que cette paflion a comme toutes les autres, 
fes excès & fes foibleffes; mais combien peu d'hommes ont 
comme lui le courage d’avouer ces foibleffes , & fur-tout 
le courage plus rare d'en fouffrir feuls & dans le fecret! 
Car en jugeant M. de Linné, d’après fa conduite, perfonne 
ne feût foupçonné de ces défauts, & pour qu'ils fuffent 
connus, il a fallu qu'il les révélät. É 

Ainfi ce foin de s'occuper de fon Eloge, qui dans un 
autre eût été peut-être l'effet d’un vain amour-propre, ne 
fut chez lui qu'une nouvelle marque de fon amour pour la 
vérité. Après avoir combattu toute fa vie contre les erreurs, 
il ne voulut pas laifler fubfifter celles que l'admiration ou 
l'envie auroient pu accréditer pour ou contre lui. 

L'extrème laconifme des Ouvrages de M. de Linné, 
J'ufage peut-être trop fréquent de termes techniques fouvent 
tirés du Grec, fa manière de tout réduire en Tables, en 
rendent la lecture difficile ; il faut les étudier plutôt que les 
lire : à la vérité, on en eft dedommagé par la précifion des 
idées, & par l'avantage de voir d’un coup-d'œil un plus 
grand nombre de réfultats. M. de Linné trouvoit fans doute 
que plus la vérité eft nue, plus elle eft belle; & que les 
ornemens dont on cherche à la parer, ne font que la cacher; 
il fongeoit à former des Naturaliftes, plus qu'à amufer des 
Amateurs; il youloit des Difciples, & dédaignoit de chercher 
des Prôneurs, | ; 


Hi. 1778. L 


82 H1STOIRE DE L'ACADÉMIE ROYALE 


H n’ignoroit pas néanmoins combien il eft utile de répandre 
le goût des véritables Sciences dans toutes les clafles d'hommes 
qui peuvent avoir fur le bonheur des Nations, une influence 
plus ou moins grande; ilbfavoit qu'après avoir obtenu la gloire 
-de reculer les bornes des Sciences, ïl reftoit au Philofophe 
obligation de les rendre utiles, & qu’elles n’étoient utiles 
qu'autant qu'elles devenoient populaires: mais pour faire 
goûter les Sciences à des hommes diflipés, avides de plaifir, 
ennemis du travail, moins jaloux de favoir que de fe faire 
honneur de ce qu'ils favent, il faut avoir l'art de s'emparer 
de leur imagination par des peintures féduifantes , de foutenir 
leur attention par des traits ingénieux où brillans, de réduire 
la Science à des réfultats piquans & faciles à faifr. M. de 
Linné fentit que cet art lui manquoit, & peut-être même 
eût-il l'injuftice de le méprifer, comme le talent de ceux 
que la Nature a formés pour publier & non pour découvrir 
{es fécrets. 

Ce n'eft pas que dans les Ouvrages qu'il a donnés en fa 
Jangue naturelle, fes Compatriotes n'aient trouvé un ftyle 
élégant & agréable, & le genre d'éloquence le plus rare de 
tous; le feul auffr peut-être qui convienne vraiment à des 
Ouvrages philofophiques, & qui confifte à renfermer beauw- 
coup d'idées en peu de mots, & à exprimer dans un ftyle 
noble & fimple des vérités neuves & importantes : mais 
cette éloquence n'eft pas celle qui frappe le grand nombre, 
& comme c’eft aux paflions des hommes qu'il faut parler, 
fi l'on veut les conduire, c'eft à leur imagination qu'il faut 
s'adreffer, fi l’on afpire à régner ‘fur leurs goûts ou fur leurs 
opinions. 

On voit dominer dans tous'les Ouvrages de M. de Linné, 
un grand refpeét pour la Providence, une vive admiration 
de la grandeur, de la fagefle de fes vues, une tendre recon- 
noiffance pour fes bienfaits; ce fentiment n'étoit point en lui 
une croyance infpirée.par l'éducation; ce n'étoit pas mème 
cette conviction que l'on conferve après avoir examiné & 
difcuté une fois dans fa vie les preuves d'une opinion. H 


DES SCIENCES. 83 


croyoit à la Providence, parce que chaque jour , de nouvelles 
obfervations fur la Nature lui en fourniffoient de nouvelles 
preuves : il y croyoit, parce que chaque jour, il la voyoit 
agir fous fes yeux. « L'homme phyfique qui ufe de la Nature, 
it, difoit-il, comme un Roi qui a droit d'exiger de fes 
Sujets ce qui eft néceflaire à fes beloins, & qui les fait fervir 
à l’accompliffement de fes defleins; s’il abufe de fon pouvoir, 
il apprend bientôt par la réfiflance de fes Sujets même, 
que les Rois ont été établis pour les Peuples, & non les Peuples 
pour les Rois, & qu'il n'a reçu l'empire fur la Nature que 
pour:fervir à conferver dans l'Univers l’ordre que la Provi- 
dence y a établi. Aïnfi tandis que les végétaux fourniffent 
à tous les animaux leur nourriture, une retraite, un abri pour 
les générations naiflantes, ces mêmes animaux, quelquefois 
nécellaires à la reproduction des Plantes, fervent encore par 
da deftruction même qu'ils font des végétaux, à maintenir 
entre les différentes efpèces, un équilibre qui en affure la 
perpétuité; l'on peut dire en un fens que les animaux ont 
été formés pour les plantes, comme les plantes pour les 
animaux: ou plutôt toutes les parties de la Nature fubor- 
données entr'elles, mais néceffaires l’une à l'autre, forment 
un enfemble auffi frappant par l'unité du plan que par la 
fagefle des vues de fon Auteur». 

L’exiftence des poifons n'étoit même pour M. de Linné, 
qu’une raifon de plus d'admirer les foins de la Providence 
pour l'efpèce humaine. « La Nature, diloit-il, n’a préparé 
des poifons dans l'ordre phyfique, que pour aflurer à l'homme 
des remèdes contre les maladies rebelles & invétérées ; 
comme dans l’ordre moral, elle abandonne quelquefois les 
Peuples à des tyrans qui deviennent entre fes mains des 
moyens violens, mais efficaces de rappeler à la vie des 
Nations engourdies & corrompues », 

M. de Linné, préparé depuis long-temps à la mort par 
Jafloibliffement de fes organes, la reçut comme un doux 
fommeil qui délivre d’un état de langueur & d’angoifles. 
H mourut vers la fin du mois de Janvier 1778, regretté 


A 
a 


na 


A 


2 


84 HisToiRe DE L'ACADÉMIE ROYALE, &c. 
de fa famille & de fes Dilciples, qui le chériffoient comme 
un père, parce qu'ils en avoient trouvé en lui la tendreffe 
vive & défintéreflée ; honoré des regrets d’une Nation 
généreufe, paffionnée pour toutes les efpèces de gloire, 
capable d’enthoufiafme, parce qu'elle l’eft d'héroïfme, & qui 
n'attend point pour rendre hommage à fes Grands hommes, 
qu'ils ne puifient plus jouir des honneurs qu'elle leur 
décerne. 

Après la mort de M. de Linné, le Roi de Suède lui a 
fait élever un monument à côté de celui que le même 
Prince a confacré à ce Defcartes, qui, négligé dans fa patrie 
après fa mort comme pendant fa vie, attend encore de fes 
compatriotes les honneurs que Îles Étrangers lui ont prodigués. 
Un Temple digne de la magnificence de Rome & du goût 
d'Athènes , a remplacé dans cette capitale l'églife modefte 
où les cendres de Defcartes avoient été dépolées'; & la 
France peut efpérer d'y voir enfin, ce qui feroit le plus bel 
ornement de ce Temple, un Maufolée de Defcartes qui 
acquittât envers lui la dette de la Nation. 

Nous n'oublierons pas ici un autre monument qu'un des 
Difciples de M. de Linné lui a confacré dans l’églife 
d'Édimbourg, monument plus glorieux peut-être pour le 
favant Suédois, que celui qu'il a obtenu dans fa patrie; 
parce qu'érigé au milieu d’une Nation étrangère, il eft 
l'hommage d'une admiration abfolument défintérefée. 

La place d’Aflocié-Etranger que M. de Linné occupoit à 
l'Académie des Sciences, a été remplie par M, Pringle, 
premier Médecin de la Reine d'Angleterre, & ci-devant 
Préfident de la Société royale. 


MÉMOIRES 


AE JE 
ARRET A4 


nn 


MÉMOIRES 


MATHÉMATIQUE 


DE PHYSIQUE, 
TL DES REL IS. LiRE.S 
de l’Académie Royale des Sciences. 


Année M. DCCLXXVIII. 


SERA. Pl: O:N:S. 


SUR 
QUELQUES COMBINAISONS SALINES DU FER. 


Par M. DE L'ASSONE. 
] E me propofe dans ce Mémoire de rechercher & d'établir 


see une fuite de faits & d’obfervations : 
° De quelle manière le fer fe combine, felon diverfes 
ET ER avec l'acide concret du tartre: 
Mém, 1 778 : 


2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


2.° Si la diflolution immédiate du fer peut être opérée 
par les alkalis fixes & volatils, & quelle efpèce d'union ce 
métal peut contraéter avec eux: 

3. Quels phénomènes dérivent de ces combinaifons fa- 
lines, pour éclaircir certains points de la théorie chimique, 
& pour faire mieux connoître la nature de quelques médi- 
camens. 

Les Chimiftes favent qu’on peut procéder de deux manières 
à l'union de l'acide concret du tartre avec Île fer, c’eft-à-dire 
qu'après avoir mêlé deux ou trois parties de crème de tartre 
en poudre avec une partie de limaille pure de fer, fi ce 
mélange eft fucceflivement humeété & digéré long-temps à 
froid ou à un foible degré de chaleur, en remuant fouvent 
la matière, & y verfant de temps en temps de l'eau fimple 

- ou de leau-de-vie, on parvient enfin à former une mafle 
homogène, noirâtre, tenace, vifqueufe, dont on peut faire 
des boules martiales ; ou bien le même mélange de limaille 
de fer & detartre en poudre, étant foumis un temps fufhfant 
à une ébullition rapide dans l'eau, on obtient promptement 
une compofition faline, qu'on ne croit pas différer de la 
précédente, par la manière dont l'acide tartareux y eft com- 
biné avec le fer; & comme elle eft préparée par un procédé 
plus expéditif, on s’en fert de préférence, foit qu'on veuille 
faire les boules martiales ou le tartre martial foluble : mais 
plufieurs expériences, dont je vais expofer les détails, m'ont 
appris, qu'il exifte réellement une différence notable entre 
les deux combinaifons falines du tartre & du fer précédem- 
ment décrites, c'eft-à-dire que l'acide tartareux s'y trouve 
uni au métal, d’une manière abfolument différente. 


LE Étant donnée la première combinaifon de tartre & de fer; 
EXPÉRIENCE: / 5 PONT 5 

préparée, comme ïl a été dit, par une longue digeftion, & 

mife enfuite en boules martiales; je fais infufer dans l'eau 

froide ou tiède, cette mafle faline, pour en avoir une diffo- 

lution ou teinture très-foncée. Sur une portion de cette liqueur 

filtrée par le papier, fi je verfe la teinture de noix de gale, 


DES SCIENCES 3 


j'obtiens fur le champ de l'encre très-hoire, preuve évidente 
que la liqueur ainfi éprouvée, contient du fer. 


Sur une autre portion de 11 même teinture, fi je verfe Ia 
liqueur alkaline faturée de 1a partie colorante du bleu de 
Prufle , il n'arrive nul changement de couleur. 


Une portion de ia même teinture martiale ayant été 
foumife à l'ébullition dans une fiole de verre, fi, dans le 
temps qu’elle eft encore chaude, ou après qu'elle eft entiè- 
rement refroidie, ces deux circonftances ne changent rien 
au réfultat, J'y verfe l'alkali Pruffien: fur le champ paroit 
le bleu: ce qui n'arrive point, comme on la VU, avant 
F'appropriation de Ia liqueur par l’ébullition. 


On pourroit, d’après ces trois expériences, propoler un 
Problème de Chimie, qu'on trouveroit fans doute fort diffi- 
cile à réfoudre, fi l'on ignoroit les faits précédens, qui en 
donnent la folution complète. Il faudroit énoncer ainfi ce 
Problème : 


I T° 
EXPÉRIENCE ; 


MATE 
EXPÉRIENCE, 


Étant donnée La diffolution d'une combinaifon du fer avec un 


Jel acide, y développer a volonté Ou 1e pas y développer le bleu 
de Pruffe, en y ajoutant l'alkal; Prufien fans mélange ultérieur 
d'aucune autre Jubftance. 


On vient de voir, qu'après avoir fait fubir l’ébullition à 
la teinture faline de Mars, l'alkali Pruffien, par fon mélange, 
y développe enfuite le bleu de Prufle ; mais il eft pofñble, 
même dans ce cas, de ne point obtenir de bleu de Pruffe : 
pour cela, il ne s'agira que de mêler d’abord Yalkali Pruffien 


avec la teinture faline de fer, ayant que de la foumettre à, 


lébullition ; car fi l’on fait bouillir enfuite ces deux liqueurs 

. déjà réunies, il ne fe développe plus de bleu de Pruife: 1a 

liqueur fe trouble & ne prend que la couleur de vert fale, 

laquelle fe foutient, à moins que lon n'ajoute enfuite un 

acide quelconque, foit acéteux , foit minéral , qui dans l'inf. 
tant avive & fait paroître le bleu de Prufie. 

Voïlà des faits, que je crois d'autant plus remarquables 


A il 


Joue 
EXPÉRIENCE, 


4 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 
qu'ils femblent au preinier coup - d'œil devoir faire une 
exception à la règle générale, établie pour la formation du 
bleu de Prufle. Zout fluide , a-t-on dit, qui contient du fer 
diffout par un acide quelconque, donnera du bleu de Pruffe 
en y mélant l'alkali Pruffien ; cependant je viens de faire 
obferver, que l’on ne forme point ce bleu en verfant Pal- 
Kali Pruflien en liqueur fur la teinture bien chargée des 
boules martiales préparées par digeftion, lorfque la diflo- 
lution a d'abord été faite avec l’eau froide ou même chaude, 
pourvu que cette chaleur n'ait point été pouflée jufqu'au 
degré de fébullition : or étant bien démontré par l'épreuve 
de {a teinture de noix de gale, que cette diflolution de 
boule martiale contient réellement {e fer combiné avec le 
tartre, qui eft un acide concret, on fe croiroit, ce me femble, 
autorifé par ce feul fait ifolé, à infirmer ou à modifier la 
règle propofée d’une manière générale, & comme une efpèce 
d’axiome; mais cette première induction ne feroit qu'une 
‘erreur facile à découvrir, en confidérant de plus près ce même 
fait, non pas fimplement ifolé, mais revêtu des circonftances 
qui l’accompagnent, & cet examen plus approfondi, indique 
encore des différences bien réelles-entre les combinaïifons du 
tartre & du fer préparées, comme je fai dit, par ébullition 
ou par fimple digeftion. 

Je vais donc efflayer de développer actuellement la théorie 
& létiologie des divers phénomènes qui réfultent de ces 
combinaifons falines du fer, & que je n'ai d'abord énoncées 
que d'une manière générale, | 

L'acide concret du tartre a dans fa mixtion intrinsèque: 
deux parties eflentielles & bien diftinctes , un principe hui- 
leux & un principe acide ; il agit fur quelques corps, tantôt 
par lune, tantôt par l’autre de ces fubftances, prifes féparé- 
ment, tantôt par les deux à la fois: il y a des faits pofitifs 
qui le prouvent. Qu'il me foit permis de citer ce que j'en 
ai déjà dit dans mes Mémoires fur le Zinc & fur la Chaux 
vive. 

Or le tartre étant un fel acide concret, qui n’eft foluble 


DIEUSIMSAGITAEINE GC E2$< $ 


& ne peut refter diflous & étendu que dans l'eau bouillante; 
& tout fel en général n'étant capable d'agir fur les autres 
corps que lorfqu'il eft dans un état de fluidité, c’eft-à-dire 
réduit par fon extenfion dans un fluide à l'unité des molé- 
cules primitives, qui conftituent fon agrégation ; il s'enfuit 
que dans la compofition des boules martiales, fi l'on procède 
en mêlant la limaïlle de fer & le tartre en poudre, & en 
humectant peu-à-peu ce mélange foit avec de l’eau- de-vie 
pure, foit avec l’eau-de-vie & l'eau, foit avec l’eau feule, 
ayant l'attention de n’employer pour favorifer l'aétion réci- 
proque qu'une fimple digeltion, le tartre ne fauroit alors atta- 
quer le fer & s’y combiner par fa partie purement acide; mais 
puifque malgré cette impuiffance de l'acide pur, il fe fait une 
combinaifon réelle du fer & du tartre, elle ne peut & ne 
doit s’opérer d’abord que par le /atus huileux du tartre , qui fe 
développe ici d’une manière fi bien apparente. 

Une telle diflolution de fer, dans laquelle il exifte à 1a 
vérité ün acide, mais qui ne tient au métal que par une 
autre fubftance interpolée & intermédiaire, c’eft-à-dire par le 
latus huileux, ne doit point former de bleu de Prufle, en y. 
verfant l'alkali Pruflien, parce que cet alkali ne pouvant 
rompre ni détruire la combinailon préexiflante du fer, il 
n'arrive ni précipitation du métal, ni féparation de la matière 
colorante ; aufli ne réfulte-t-il de ce mélange nul changement, 
nulle altération fenfible. 

Tout étant ainfi difpofé, f: lon introduit dans ce premier 
mélange un acide tout-à-fait analogue, tel que l'acide acéteux 

ur & diftillé, qui fans nulles entraves agifle immédiatement 
Li le fer & le diffolve; alors l'aikali Pruffien reprend fes 
droits ; il fe fait entre lui & la nouvelle diflolution du fer, 
une double décompofition, & le bleu de Pruffe fe démontre 
auflitôt dans la liqueur. 

Si en procédant par une autre voie, on rajoute point un 
nouvel acide végétal, mais que l'on approprie par le moyen 
de l'ébullition, la teinture bien chargée & faite d’abord à 
froid de la boule martiale, où le fer n’eft encore combiné 


6: MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


avec le tartre que par le /atus huileux de cet acide concret, 
on achève ainfi de combiner ce métal avec l'autre portion 
acide du tartre; & dès-lors cette diffolution complète réunit 
toutes les conditions requifes pour que l’alkali Pruflien inter- 
venant, le bleu de Pruffe foit bien développé. 

Mais fr fur la même teinture martiale, extraite par l’eau 
froide ou fimplement tiède, je verfe d'abord l’alkali Pruffien, 
& que je fafle enfuite bouillir Ie mélange, il ne fe forme 
point alors de bleu de Prufle; Ia liqueur fe trouble & ne 
prend qu’une couleur fale verdâtre, parce que le mouvement 
rapide & violent de l'ébullition déterminant une action &c 
réaction tumultueufes entre les principes qui ont une affinité 
réciproque, la précipitation de toutes les parties du fer {e: 
fait confufément, en même temps que la portion acide du 
tartre, brufquement faifie & arrêtée par l'alkali devenu libre, 
ne peut plus aviver le précipité en attaquant la partie diffo- 
luble jaune du fer. 

I paroît donc par ces détails, que la théorie de Ia for- 
mation du bleu de Prufle, propofée par le favant Chimifte 
qui en eft l’auteur, ne foufire réellement nulle exception de 
la part du fait fingulier qui femble d’abord en être une : on 
y trouve au contraire de nouvelles preuves qui la confirment. 

I fe préfente ici de nouvelles remarques à faire. 

1. Le Docteur Willis, à qui doit étre attribuée, je crois, 
la première compofition des boules martiales, procédoit en. 
humectant peu - à - peu le mélange du tartre & du fer, & 
favoriloit la combinaifon par une fimple digeftion. L'opéra- 
tion par cette voie, fans être difficile ni embarraffante , eft 
fort longue, car elle exige au moins trois mois; mais on 
obtient, une mafle bien homogène & aflez vifqueufe, pour 
que, fans le fecours & l’intermède d'aucun mucilage étranger, 
on puifle former avec elle des boules capables de contracter 
d'elles-mèmes, en féchant doucement, une confiftance bien 
ferme, & de conferver à leur furface un luifant inaltérable 
par la rouille : telle eft la formule exacte, & telle devroit 
être toujours la compofition des vraies boules martiales. 


DE IS12S1C\T E NC Es 7 


Or il paroït, par les obfervations précédentes’, que dans 
les boules martiales ainfi préparées, le tartre n’eft encore uni 
au fer que par fon /atus huiteux; que par conféquent le fer 
y exifte dans un grand état de divifion pur & entier, c’eft- 
à-dire revêtu de tout fon phlogiftique, & de plus enduit 
& pénétré par la fubftance huileufe du tartre, qui le préferve 
de la rouille, & contribue à lui imprimer un caractère demi- 
falin. 

2.° Ceux qui procédant pour la compofition des boules 
martiales, par une voie différente de la précédente , ont 
l'intenfion de fimplifier ou plutôt d'abréger beaucoup l’opé- 
ration , en combinant rapidement le tartre & le fer, par 
l'ébullition dans Veau, parviennent fans doute à former cette 
combinaïifon ; mais la mafle qu'on obtient n’eft pas à beaucoup 
près fi vifqueule : ïl faut donc, fi l’on veut en former des 
boules qui aient aflez de liant & de ténacité pour ne pas 
être expofées à s'entrouvrir, fe fendre, s’'égrainer, & à perdre 
le luifant de leur furface, y mêler enfuite un mucilage épais, 
qui aglutine mieux les molécules, & forme fur la furface 
une forte de vernis ; de plus, il ft évident, par les remar- 
ques précédentes, qu'ici le fer fe trouve dans un état diflé- 
rent, puifqu'il eft entré en combinaïfon avec la portion acide 
du tartre , & qu'il doit ainfr avoir été privé d’une portion 
de fon phlogiftique, conformément à f'aétion femblable que 
tout acide exerce fur ce métal. Je croirois donc la première 
combinaifon préférable ; & de-à, je conclus, que dans la 
vue de réformer, ou de fimplifier, où même de perfec- 
tionner certaines compofitions médicinales, telles qu'on les 
a d’abord publiées, il faut en général beaucoup de réferve 
& de circonfpeétion pour les changemens qu'on croit à 
propos & quelquefois utiles d'y faire, à moins qu’on ne foit 
bien affuré que ces changemens feront ablolument fans 
conféquence. si 

3." Puifqu'il exifte certaines combinaifons du fer avec une 
fubftance acide , fans néanmoins qu'on puiffe y démontrer 
la préfence de ce métal par l'action & le mélangede l'aikali 


8 MÉMoiIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE 


Pruffien ; il faut en conclure, que ce même alkali ne doit 
point être admis, fans exception , comme un für indice du 
fer, c'eft-à-dire comme un moyen afluré de le démontrer 
& de le rendre apparent dans toutes ces diflolutions falines. 
Or, puilque je viens de faire voir encore que la noix de 
gale décide la préfence du fer dans les circonftances où 
Y'alkali Pruflien ne produit point cet eflet, il en réfulte pareil- 
lement , que cette noix de gale paroît être une pierre de 
touche du fer, préférable dans prefque tous les cas, ou du 
moins, que dans toute opération de Chimie où il s'agira de 
rechercher fi le fer exifte dans quelque combinailon, il faudra 
toujours employer ces deux moyens, dont [a réunion ne peut 
plus laifler de doute dans les réfultats qui doivent indiquer 
ou la préfence ou l’abfence du fer, fur-tout en faifant inter- 
venir encore dans les eflais l’addition d’un acide pur comme 
complément des épreuves. 

4 Puifque l'acide concret du tartre s’unit avec le fer, 
tantôt par fon /atus huileux feulement, tantôt par ce même 
principe & par fon /atus acide, & que dans l'un & l'autre 
cas, le principe huileux du tartre fe trouve également déve- 
loppé & atténué, il s'enfuit, qu'alors lefprit-de-vin digéré 
fur le tartre martial foluble, pour en extraire une teinture 
foncée, ne fe charge d’une affez bonne quantité de ce {el 
métallique, qu'il tient en diflolution, qu’à la faveur du prin- 
cipe huileux, qui paroït devoir être le moyen uniffant entre 
les deux fubftances. 

Mais peut-on admettre Ia même théorie pour la formation 
de la teinture martiale de Ludovie! On fait que pour Îa 
préparer, on fait d’abord un mélange de l'acide concret du 
tartre avec le vitriol de Mars calciné à blancheur, c’eft-à- 
dire dépouillé de fon eau de criftallifation, & qu’enfuite 
après avoir fait bouillir fong-temps dans l'eau ces deux 
matières pour opérer leur pénétration réciproque, & les 
réduire en confiftance d'extrait folide, on y verfe de bon 
efprit-de-vin, qui par une fimple digeftion diflout une por- 
tion de tout ce qui forme la mafle métallique , c’eft-à-dire, 

du 


D'ETSIISNC r'E INC r“s. 9 


du tartre & du vitriol: car il fuffit de goûter cette teinture, 
pour y bien reconnoitre la faveur âpre, auftère & métallique 
du vitiol martial. Or, comme il eft certain, que l'acide 
concret du tartre feul, & fans avoir encore fouffert d’altération, 
ni le viriol de Mars calciné à blancheur ne font point fépa- 
rément folubles dans l'efprit-de-vin bien déphlegmé, & que 
de plus en réduilant, par le moyen de l'ébullition, le mélange 
de tartre & de vitriol martial en une elpèce de magma vif 
queux & noir, & prefque femblable en tout au tartre martial 
foluble, on produit ici la même atténuation , le même déve- 
loppement du principe huïleux; on peut en inférer, que le 
latus huileux du tartre ayant eu une action bien marquée 
fur le vitriol martial avec lequel il s’'eft lié, devient encore 
ici le moyen uniflant entre l'efprit-de-vin & les deux autres 
fubftances, qui entrent dans la teinture martiale de Ludovic, 
& qui lui donnent pour fufage médicinal une propriété 
tonique bien fupérieure, & plus efficace dans certains cas à 
celle des autres teintures martiales, 

S+ Puifque le tartre martial foluble, foit qu'il ait été 
préparé par une ébullition rapide, dans l’eau, foit par une 
digeftion lente, peut former par fon mélange avec la décoc- 
tion de noix de gale, ou toute autre fubftance végétale, 
aftringente, une encre noire ; on a donc ici un moyen de 
faire une belle teinture noire fans vitriol, & qui par cette 
railon auroit peut-être moins de cauflicité, & feroit moins 
füjette à brüler les étofes pénétrées de cette couleur. Quoi 
qu'il en foit, voici le procédé que j'ai fuivi pour compofer 
fans vitriol une encre excellente très-promptement. 

Je fais d’abord une décoétion de noix de gale , que je 
rends légèrement glutineufe, en ajoutant une petite quantité 
de racine de grande confoude, qui, felon la remarque de 
Hellot, dans fon Trairé des Téintures, fournit le gluten le plus 
convenable pour cette compofition. Dans la décoction ainfi 
préparée & encore chaude, Je plonge une boule martiale 
fnipendue par un fil en forme de nouet : je préfère les boules 
maïtiales, faites après une longue digeflion du tartre & du 

Mém. 1778, B 


10 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fer, & ce qui a été dit fur cette préparation fait affez fentir 
les motifs qui déterminent cette préférence : je continue 
Yinfufion de la boule, en l'agitant fouvent dans la liqueur , 
jufqu’à ce que j'aie obtenu une encre très-noire qui fe con- 
ferve bien. 

Après cet examen des principales teintures martiales fpiri- 
tueules, dont la théorie étoit obfcure, je vais donner des 
détails fur quelques nouvelles teintures martiales alkalines, 
différentes de celles de Stahl, & qu'on peut mettre aufli au 
rang des médicamens; ces expériences détermineront d'une 
manière pofitive, l’aétion immédiate & très-peu connue que 
peuvent exercer les alkali fixes & volatils par la voie humide 
fur le fer, avant qu'il ait éprouvé aueune altération. 

Sur deux gros de limaille de fer très-pur , j'ai verfé dans 
une fiole de verre mince, deux onces d’alkali volatil en 
liqueur bien faturée, & nouvellement dévagée du fel ammo- 
niac par l'alkali fixe : ces deux circonftances font toujours 
eflentielles lorfqu'on veut bien juger de l'aétion de ce difiolvant 
fur les fubftances métalliques qu'il eft eapable d'attaquer. Le 
mélange ayant été placé fur un bain de fable à une chaleur 
très-tempérée , lalkali volatil a agi fur le fer avec une efier- 
vefcence très-fenfible, moins vive cependant & moins fou- 
tenue que celle qui a lieu dans la diffolution complette du 
zinc *; l’effervefcence ayant ceflé, le degré de chaleur du 
bain de fable a été augmenté de manière à tenir en ébullition 
Valkali volatil; il n’y a point eu de nouvelle eflervefcence : 
après fix jours de digeftion, la liqueur a été profondément 
colorée, & la plus grande partie du fer eft reflée fans être 
diffoute. 

La liqueur éprouvée avec la teinture de noix de gale ne 
devient pont noire : ce mélange occafionne une forte de 
décompolition dans la teinture martiale; elle blanchit d’abord, 
& donne quelque temps après un précipité aflez abondant, 


* Voyez ce que j'en aï dit dans mon fecond Mémoire fur le Zinc, où 
je détaille ce phénomène. 


DIIEMSANS LC: LUE INTC EE 15: ri 


de couleur purpurine ; mais l'affufion d’un acide forme fur le 
chamy de l'encre noire : lalkali Pruffien ne produit rien. 

Cette nouvelle teinture alkaline de Mars pourroit étre 
employée utilement en Médecine dans des cas particuliers, 
où il conviendroit d’ufer d’un remède ftimulant, tonique &c 

énétrant. 

L’alkali volatil cauflique digéré long-temps fur le fer, n'a 
paru avoir abfolument aucune aétion fur ce métal, qui a 
confervé tout fon brillant métallique. 

L’alkali fixe en liqueur très-faturée, ou étendue & afloiblie 
avec l'eau diftiliée, n'a pas plus agi ; il eft arrivé feulement, 
que par le progrès de la digeftion, le fer eft devenu aufir 
noir que l'éthiops martial; d’ailleurs , je me fuis affuré par 
les épreuves néceïlaires, que ces deux liqueurs alkalines ne 
tenoient pas en diflolution la moindre parcelle de fer. 

Je fis digérer enfuite deux gros de limaille de fer bien 
pur, dans deux onces d’alkali fixe cauflique ou leffive des 
Savonniers; après trois jours de digeftion, la liqueur alkaline 
avoit pris une teinte rougeûtre : je l’examinai en cet état. 
L'alkali Pruflien n’y produifit aucun changement ; mais le 
mélange de la teinture de noix de gale développa une 
couleur d’un beau cramoifr foncé : quoique la limaille de fer, 
reftée au fond du vaifieau de verre, confervât fon brillant 
métallique , elle paroïfloit bien plus noire ; je remis le tout 
au bain de fable, & continuai encore la digeftion fix jours 
de fuite; après avoir afloibli {a leflive des Savonniers avec 
quatre onces d’eau diftillée ; la liqueur prit une couleur 
beaucoup plus foncée; alors éprouvée de nouveau avec la 
noix de gale, fur le champ elle devint noire; mais avec 
J'alkali Pruflien, la couleur bleue ne parut qu'après l’affufion 
d'un acide. 

Cet ici une autre teinture martiale alkaline afiez femblable 
à celle de Stahl. 

Il eft donc certain par ces expériences, que l'alkali volatil 
dégagé par l’alkali fixe, & que l’alkali fixe cauftique font les 
feuis difolvans alkalins du fer par fa voie humide : j'ai 

Bi 


12 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE 


démontré ailleurs , que ces deux mêmes diflolvans font auff 
les feuls qui agiffent fur le zinc, mais d'une manière beau- 
coup plus marquée; cependant il exifte ici, à l'égard du fer, 
une diflérence notable, c’eft que l'alkali volatil en liqueur 
dégagé par l’alkali fixe, qui diffout prefque en un inftant 
la chaux du zinc, comme je l'ai fait connoître, n’a pas da 
moindre action fur la chaux du fer, foit qu’elle ait été pré- 
parée par la calcination, foit qu’elle ait été féparée par préci- 
pitation du vitriol martial, & enfuite bien édulcorée. 

Mais malgré cette difparité, on voit par l’enfemble des 
faits précédens , une forte de fimilitude entre les deux fub- 
ftances métalliques ; & f1 c'étoit ici le lieu de difcuter plus 
particulièrement cette analogie, déjà fi fort foutenue par 
Henckel, plufieurs autres faits, que je pourrois produire, 
feroient capables de établir d'une manière encore plus 
frappante. 


DES SCIENCE Ss. 13 


Bises KeAT AL ON 
AU SUJET DE DEUX ANIMAUX, 


DONT 


LE MÂLE ACCOUCHE LA FEMELLE. 


Pa M. DEmouRrs. 
Lüû 


Le s Naturaliftes font intariffables fur les éloges qu'ils je 21 Janvier 
prodiguent à l'induftrie des Animaux; üls prétendent 1778. 
que c'eft d'eux que les Hommes ont appris les Arts les plus 
utiles, & il en eft qui outrent la matière jufqu'à dire que 
nous leur avons obligation des Sciences même les plus 
abftraites /a). La Médecine, au rapport de Pline & de plu- 
fieurs autres Naturaliftes, doit à l'hippopotame l'ufage de la 
faignée; celui des lavemens à cette efpèce de cigogne, qui, 
à raifon de fon utilité, fut autrefois adorée des Égyptiens, 
fous le nom d’/bis : ours & le chien, felon ces mêmes 
Naturaliftes, lui ont indiqué l'utilité du vomiffement , que 
ces animaux fe procurent felon leurs befoins ; /e premier , 
difent-ils, en avalant des fourmis, & le Jecond en mangeant 
des feuilles de chiendent. Heureufement pour la Médecine, 
le fait dont il s'agit dans ce Mémoire n’a pas été connu de 
ces Naturaliftes ; ils n’auroient pas manqué de dire auffi qu’elle 
doit l'art des accouchemens à l'animal qui fait le fujet de 
cette obfervation. 

Dans les grands jours d’été, je rencontrai fur le foir, proche 
de quelques marches qui étoient autrefois auprès du grand 
baflin du Jardin du Roi, où j'occupois alors la place de 
Démonftrateur & Garde du Cabinet d'Hiftoire Naturelle , 


————_—_—_—_—_—_—_—_—_—]_—_—— —————_ 


(a) Giovanni Bonifacio, l Arti liberali 87 mecaniche ; come fiano flate dagli 
anünal irrationali, agli Huomini dimofirate, 


14 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Rotazr 


deux crapauds de terre de la petite efpèce /L), qui étoient, 
accouplés ; j'aperçus que le mäle remuoit beaucoup les pattes 
de derrière; la curiofité me fit approcher pour voir quelle 
étoit la caufe des mouvemens qu'il fe donnoit. Deux faits 
également nouveaux pour moi, & que je ne fache pas avoir. 
été encore obfervés, me furprirent en même temps; le premier 
étoit la difficulté avec laquelle la femelle faïloit fa ponte, & 
cette difficulté étoit fi grande, qu’elle avoit befoin d’un fecours 
étranger, ce qui n'eft point ordinaire à aucun des animaux 
que nous connoiflons ; le fecond eft que le mâle travailloit 
avec beaucoup d'action à lui tirer les œufs avec les pattes de 
derrière, & qu’il faifoit les fonctions d’un véritable accoucheur. 


Je ne faurois diffimuler la joie que me caufa la vue d'un 
fait aufli nouveau; mon attention redoubla, & je m'aflis dou- 
cement par terre pour les obferver de plus près, & pour 
examiner fur-tout fi le mâle arrofoit de fa liqueur féminale 
les œufs à mefure qu'il les tiroit du réceptacle de la femelle. 


Pour bien entendre la mécanique de cet accouchement ; 
il faut favoir en premier lieu que les pattes de ces animaux, 
tant celles de devant que celles de derrière, font divifées en 
plufieurs doigts, & que c’eft par leur moyen, que le crapaud 
mäle tire les œufs du fondement de la femelle, de la manière 
qu'il fera dit ci-après. 

En fecond lieu, que ces animaux s’accouplent comme Îes 
grenouilles, c’eft-à-dire, que le mäle monté fur le dos de Ia 
femelle, l’'embrafle avec les pattes de devant; la feule diffé- 
rence qu'il y a entre laccouplement des crapauds dont ïül 
s’agit, & celui des grenouilles, eft que dans celles-ci le mâle 
a les pattes aflez longues pour embrafler entièrement Ia 
femelle, & pour entrelaffer les doigts les uns dans les autres; 
elles font plus courtes dans le crapaud, & ne peuvent fe 
joindre de même: de forte qu’elles n’atteignent qu'aux deux 
côtés de la poitrine, où il les applique {1 fortement qu'il y 


(t) Rubera minor, Gefneri, 


D'E SNS £ N'CE s 15 


furvient fouvent une échymole, avant que ces animaux {e 
féparent. 

IL faut remarquer troifièmement, que les œufs de cette 
efpèce de crapaud font formés chacun d’une coque membra- 
neufe très-forte, dans laquelle eft contenu l'embryon, & que 
les œufs qui ont environ deux lignes de longueur, & qui 
font oblongs, font attachés les uns aux autres par un filet 
court & très-fort. Pour donner une idée affez jufte de ces 
œufs, on peut les comparer à un chapelet, dont les grains 
feroient diftans les uns des autres d'environ la moitié de leur 
longueur : ces œufs fortent par le fondement, parce que le 
réceptacle dans lequel ils font contenus jufqu'au temps de 

: F'exclufion, s'ouvre à la partie inférieure du re@um. 

Il y a lieu de croire que la femelle fait beaucoup d'efforts 
pour faire fortir le premier œuf: mais dès qu'il left, c'eft au 
mäle à faire le refte : c’eft alors qu'il commence à faire les 
fonétions d'accoucheur, & ül s’en acquitte avec une adrefle 
qu'on ne foupçonneroit pas dans un animal naturellement 
auffi peu agile. Il avoit déjà tiré un fecond œuf, lorfque je 
le vis dans cette grande agitation qui fixa fur lui mes regards, 
& il failoit des efforts redoublés pour tirer le fuivant ; le pre- 
mier étoit engagé entre les deux. doigts du milieu de la patte 
droite, par le filet qui l'attachoit au fecond, & c’eft en alon- 
geant fa patte qu’il les faifoit fortir par le fondement de a 
femelle, qui pendant ce temps-là refloit immobile, Ii tâchoit 
auffi de fe faifir du cordon avec la patte gauche, & il s’y prit 
à plufieurs reprifes avant que d'en venir à bout. Ma préfence 
fans doute lui caufoit quelques diftraétions ; ear tantôt il s’ar- 
rétoit tout court, & alors il jetoit fur moi des regards fixes 
qui dénotoient fon inquiétude ou fa crainte : tantôt il reprenoit 
fon travail avec plus de précipitation qu'auparavant, & un 
moment après il opéroit d’une manière fi nonchalante qu'il 
paroifloit indécis s’il devoit continuer où non : la femelle 
elle-même marquoit aufli fon embarras par des mouvemens 
‘qui interrompoient quelquefois le mâle dans fon opération ; 
mais elle ne parut jamais vouloir rentrer fous la pierre d’où 
elle étoit fortie, 


16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Enfin, foit que le filence que j'affeétai, & l'immobilité 


où je me tins euflent diminué leur crainte, foit que le cas 
fût preflant, la femelle fe tint tranquille, & le mâle fe remit 
en devoir de continuer fon opération: il ne fut pas long 
temps fans s'emparer du cordon des œufs avec les doigts de 
la patte gauche, & alors il le tira avec la force réunie des 
deux, qu'il alongeoit tout doucement; lorfqu'il eut fait fortir 
de ce cordon, aufli long que fes pattes pouvoient s'étendre, 
il écarta la gauche fans abandonner les œufs qui y étoient 
engagés, & continua à tirer avec la droite feule. Ici les diff- 
cultés recommencèrent: la portion du cordon qui étoit déjà 
pafiée entre les deux doigts du milieu de cette patte droite, 
l’empéchoit fouvent de fe faifir de nouveau de ce cordon 
avec la même patte; il s’y prit à plufieurs repriles avant que 
d'y parvenir ; il s'arrêta même plus d'une fois tout court, Je 
craignois quelquefois que les mouvemens de tète que j'étois 
obligé de faire pour l’obferver de plus près, ne fuffent la 
caufe de cette interruption, & alors je reftois immobile, & 
retenois jufqu’à ma refpiration : d’autres fois j’acculois la difir- 
culté de l'opération même, & alors j'étois tenté de l'aider, 
mais la crainte de l'interrompre m'arrétoit auffitôt. 

Mon attention jufqu'alors avoit eu deux objets qui la par- 
tageoient également; fi j'admirois d’un côté l'adrefle du mâle 
à s'acquitter de la fonélion pénible d’accoucheur, je n'étois 
pas moins attentif de l’autre à obferver en même temps fi le 
mäle arrofoit les œufs de fa liqueur féminale, à mefure qu'il 
les tiroit du réceptacle de la femelle; jufque-là je n’avois 
rien aperçu qui n'eüt fatisfait quant à ce dernier point. Je 
crus que le défaut d'un jour fufhfant, pouvoit m'empêcher 
de voir cette irroration, qui me paroïfloit abfolument nécef- 
faire pour la fécondation des œufs, & qui piquoit le plus 
ma curiofité; de forte qu'au hafard de les interrompre, je 
pris ces animaux au milieu de leur opération, & les ayant 
anis fur ma main, je me levai pour les mieux expoler au jour, 

Le premier effet de ce mouvement fut d'arrêter pendant 
quelques inftans le mâle dans fes fonctions; mais Ja néceflité 

fans 


D ELSUISI COR E NUCLE: s: dr: 


fans doute de délivrer promptement la femelle qui étoit en 
wavail , lui fit reprendre courage, &: il recommença de 
nouveau à tirer le cordon des œufs. Mon attention ceffa dès- 
lors d’être partagée; je ne m'attachai plus qu’à obferver fi le 
mâle fécondoit les œufs à mefure qu'il les tiroit : cependant 
quelque foin que j'aie apporté pour m'aflurer de cette irro- 
ration que je cherchois avec tant d'empreffement, & dont 
les falamandres d’eau m’avoient fourni un exemple /c), il 
me fut impofñlible de rien découvrir qui y eùt rapport; de 
forte que le jour baiffant, je fus obligé, après environ une 
demi-heure d'attention, de remettre ces crapauds où je les 
avois pris. 

La rencontre de ces animaux fut pour moi un de ces 
heureux hafards dont les Naturaliftes feuls peuvent connoître 
le prix; elle n'ofirit d'abord un fait d’hifloire naturelle des 
plus finguliers & dont je ne fache pas que perfonne ait donné 
jufqu'ici aucun exemple parmi les animaux: c’eft la fonction 
d'accoucheur que le mâle exerce envers fa femelle; ce fait 
s'étant paflé fous mes yeux, & même fur la paume de ma 
main, il ne me refta rien à defirer là-deflus. I n’en fut pas 
de même à la vérité pour l'autre partie de l’obfervation : 
malgré toute l'attention que j'apportai, il ne-me fut pas pof 
fible de rien apercévoir qui eût quelque rapport à ce qu'avoit 
obfervé Swammerdam au fu jet des grenouilles, qui eft qu'après 
un accouplement de quarante jours ou. environ, le mâle 
féconde les œufs à mefure que la femelle les pond; en les 
arrofant de fa liqueur féminale. 

Cependant quoique je n’aie pu apercevoir cette irroration, 
il y a lieu de croire non-feulement qu'elle eft néceffaire pour 
la fécondation de cette efpèce de frai, mais qu'elle fe fait de 

—————_—_—_—_— À 
(€) La fécondation de la falamandre | un peu l’eau où fe trouvent ces ani- 
femelle, fe fait fans contact de la part | maux. Cette obfervation fe trouve à 
du mâle, qui fe tenant à un pouce | la fuite du premier volume des Efjais 
environ de diftance de la femelle & | 27 Obfervations de Médecine de le 


au-deffus , éjacule fa liqueur féminale | Société d’Édimbourg, en francois, 
far fes flancs, & cette liqueur trouble 


Mém. 1778, G 


18 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


la même manière que dans les grenouilles : la conformité 
qu'il y a entre la ftructure des parties internes de celles-ci 
avec celles des crapauds, entre leur accouplement & leurs 
embryons, qui pañlent également par l’état de têtard avant 
que de parvenir à celui de crapaud ou de grenouille, me 
paroiflent des raifons qui confirment cette conjeéture; je ferois 
donc tenté de croire que le mâle prend un autre temps pour 
cela. 11 eft vraifemblable qu’il arrofe tous les œufs à la fois, 
de même que la grenouille, & c’eft ce qu'il ne peut faire 
que lorfqu’il les a entièrement dévidés autour de fes pattes : 
en effet la dépenfe feroit trop grande s'il les arrofoit les uns 
après les autres, à mefure qu'il les tire du réceptacle; cela 
même ne pourroit fe faire fans qu'il y eût une grande quan- 
tité de liqueur féminale répandue par terre, & dans ce cas, 
il en feroit tombé fur ma main, où le mâle travailla pendant 
environ un quart-d’heure. 

Cette obfervation me fit connoître l'erreur où j'étois tombé 
quelque temps auparavant, lorfqu'étant chez le célèbre M. du 
Verney, aux travaux anatomiques duquel j'ai eu part pendant 
les deux dernières années de fa vie; je fus obligé de chercher 
au milieu de la nuit & au flambeau, des falamandres que la 
chaleur & Ia fécherefle du temps retenoient dans leurs re- 
traites pendant le jour. J’aperçus auprès d’un réfervoir un de 
ces crapauds qui portoit fur fon derrière un paquet d'œufs; 
ce réfervoir étoit un tonneau qui fortoit huit ou dix pouces 
hors de terre, & dont les environs étoient humides; cet 
animal rodoit inutilement autour de ce tonneau pour y dé- 
pofer fes œufs; l'accès lui en étoit interdit, parce que les 
bords en étoient trop élevés. Je le pris pour le jeter dans 
l'eau, afin de fe tirer de la peine où il étoit, lorfque je fentis 
quelque chofe qui fretilloit dans ma main; je m’approchai 
du flambeau pour voir ce que c'étoit, & j'aperçus quelques 
petits tétards qui étoient fortis de leur coque dans cet 
inflant-Jà; ils étoient très-vifs, auffi gros & aufii formés que 
des tètards de grenouilles qui ont déjà perdu leurs appen- 
dices, & qui font fortis depuis environ quinze jours de leurs 


DES SCIENCE Ss. 79 


enveloppes. Le cordon des œufs étoit entrelacé autour des 
pattes poftérieures, de manière que l'animal ne pouvoit mar- 
cher qu'à petits pas. Je le pris alors pour la femelle: mais 
lobfervation ci-deflus me fit connoître dans la fuite que 
c'étoit le mâle : c’eft lui qui eft chargé du foin de l'incubation. 
La Nature a partagé le travail avec une forte d'égalité entre 
ces deux animaux; la femelle eft non-feulement chargée du 
fardeau de fes œufs avant la ponte, mais elle porte encore 
le mâle fur fon dos peut-être pendant quarante jours, comme 
on l’a obfervé à l'égard des grenouilles & des crapauds aqua- 
tiques : le mäle à fon tour accouche la femelle avec quelque 
difhculté, s'empare des œufs, qu'il porte fur fon derrière 
jufqu'au temps de l’exclufion des têtards, c’eft-à-dire plus ou 
moins de temps, felon que la faifon eft plus ou moins favo- 
rable, & alors il va les dépofer dans un endroit convenable. 
I! fe précipite dans la première eau qu’il rencontre, & fouvent 
il eft la vidime de l'amour paternel; car s’il fe jette dans 
un baflin ou dans tout autre endroit d’où ïl ne puiffe faci- 
lement fortir, il y périt au bout de quelques jours, ainf que 
je l'ai obfervé plufieurs fois. Cette efpèce de crapaud, que 
Oligerus Jacobæus, regarde comme le Rana phrynoïdes de 
Gefner, & que quelques Auteurs appellent Rubeta minor, pour 
le diftinguer du crapaud ordinaire, qu'ils nomment Rubeta 
major, ne peut vivre dans l’eau quand une fois il en eff forti. 
H paffe les premiers temps de fa vie dans cet élément, & le 
refte fur terre; & ce fait, au rapport de Gefner, a été connu 
des plus anciens Naturaliftes, qui affurent la même chofe du 
crapaud ordinaire. : 

Celui dont il s'agit ici, fort de fa coque fous Ia forme 
d’un têtard fans appendices : dans cet état, il a des ouïes & 
vit dans l’eau à la manière des poiflons ; ïl y refte jufqu’à 
ce que fes ouies commencent à s’effacer, ce qui arrive lorf 
que les deux pattes de devant ont déchiré la membrane qui 
les renfermoit, & dès qu’il peut marcher ou fauter , il cherche 
un autre élément, & fort de l’eau avant même que fa queue 
foit entièrement effacée. 


Lara Ci 


Lû 
le 11 Juillet 
1778. 


Découverte 
du 
Gommier 
blanc. 


20 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


DEUXIÈME MÉMOIRE 


Sur le Gommier blanc appelé Uérek au Sénégal ; 
fur la manière dont on fair la récolte de fa gomme 
7 de celle des Acacias, à fur un autre Arbre 
du méme genre. 

Par M. ADANSON. 


ANS le premier Mémoire, que je lüs à l’Académie 

le 24 Février 1773, fur les Gommiers, je me bornaï 

à la defcription des trois efpèces d’Acacias, dont deux parti- 
culièrement portent la gomme connue dans le commerce fous 
le nom de Gomme rouge où Gomme d'Arabie ; dans celui-ci, 
je me propofe d'entretenir l'Affemblée de deux autres efpèces 
qui doivent former un genre particulier, qui reconnoitra pour 
chef le Gommier blanc, le Gommier par excellence, 1e 
Gommier du Sénégal, celui dont le fuc fait prefque la feule 
nourriture des Arabes, pendant leurs voyages dans les déferts 


de V'Afrique. 
PRE MINE Et Es PÉSCUE 


Gommier blanc Uérek. ' 


Cet arbre , des plus communs parmi ceux qui couvrent Ja 
côte fablonneufe du Sénégal, depuis l'embouchure du Niger 
jufque vers la hauteur du Cap-blanc, quoique vu ou au 
moins à portée d’être vu, tous les jours par les Commerçans 
européens qui fréquentent ce pays depuis plus de quatre 
cents ans, n'avoit cependant encore été reconnu par aucun 
d'eux. L'intérêt qu’ils avoient de reconnoître cette branche du 
Commerce, qui eft fans contredit le plus lucratif qui fe fafle 
en Afrique, & peut-être dans le monde, qui par fa quantité, 
par la modicité de fon prix, & par la facilité de fon tranfport, 


Eft préférable à la traite de Or & à celle des Nègres, les 


DES SCIE N Cr s. AE 


avoient engagés plufieurs fois dans le projet de faire avec les 
Maures un voyage dans les forêts, où l’on fait qu'ils recueillent 
cette gomme : plufieurs fois ils tentèrent ce voyage ; mais 
rebutés , foit par les difficultés qu'ils rencontrèrent à traver{er 
des fables brülans dans le pays le plus chaud qui foit connu, 
{oit par le danger qu’ils avoient à courir; livrés ainfi entière 
ment à la merci des brigands tels que les Maures, ces tenta- 
tives échouèrent, de forte que l'arbre de la gomme refta 
inconnu jufqu'à l'année 1748 , où je partis pour le Sénégal. 
Arrivé dans ce pays, dans le deffein d'y découvrir, s’il étoit 
poffible, les plantes qui fourniflent au Commerce une fource 
aufli variée que confidérable de richeffes, & dont plufieurs 
Membres de cette Académie m'avoient remis une note à 
favoir , le gommier, l’encens, le bdellium, la myrrhe , l’affa 
fœtida, l'opopanax, {a farcocolle, &c. mes premières vues fe 
portèrent fur le gommier & fur l'arbre de l’encens , que l’on 
difoit croître dans les mêmes foréts. Je formai donc le projet 
de courir les rifques d’aller vifiter les forêts de gommiers ; 
il ne s’agifoit pour cela que de remonter le Niger à trente 
lieues de fon embouchure, jufqu’au lieu qu’on nomme le Défert, 
où fe fait annuellement la traite de la gomme, & de traverfer 
de cet endroit quinze à vingt lieues de terres en allant vers 
le Nord pour gagner lefdites forêts. Pendant qu'on équipoit 
un bateau pour faire ces voyages, je m'avilai, pour ne pas 
perdre de temps, de faire quelques promenades aux environs 
de l'ile du Sénégal , où j'avois débarqué ; mais quelle fut ma 
furprife lorfqu’en mettant pied à terre fur la pointe méridio- 
nale de l'ile au Bois, diftante d’une petite lieue au nord de 
Tile du Sénégal, un des premiers arbres que je rencontrai 
fut un gommier, portant le long de fes branches & de fon 
tronc plufieurs boules de gomme, d’un blanc terne, mais 
très-tran{parente; je la goûtai, & fa douceur, fans fadeur, 
jointe à fa couleur & à fa forme, m'’affura qu'elle ne différoit 
aucunement de la gomme du commerce; puis examinant Îes 
feuilles , les fleurs & les fruits de cet arbre, il me parut 
former, finon un genre, au moins une nouvelle efpèce 


Son nom. 


Sa forme, 


22 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


d'acacia, de forte que comme elle n’avoit point encore été 
nommée par aucun Botanifte avant moi, je l’envoyat à M. de 
Juflieu dès la même année, avec beaucoup d'autres plantes, 
pour en communiquer la découverte à l'Académie, fous Ja 
dénomination fuivante: Acacia, Uerek Senegalentibus dia, 
aculeata, aculeis ternis , intermedio deflexo, floribus polyandris 
Jpicatis, legumine compreffo lævi elliptico, que M. Linné fit 
imprimer en 1753 dans fon livre intitulé Species Plantarum, 
pag. 521, & qu'il nomma mimofa, Senegal, fpinis ternis, 
intermedio reflexo, foliis bipinna'is, floribus Jpicatis. Tel et 
l'hiflorique abrégé de la première découverte du gommier 
blanc, qui me mena peu après à celle des divers gommiers 
rouges qui fe trouvent aufir dans les mêmes cantons, & qui 
me difpenfa de faire un voyage au moins fuperflu, & peut- 
être pernicieux chez les Maures : paflons actuellement à fa 
defcription. 

Le gommier blanc eft connu par les Nègres du pays 
d'Oualo, fous le nom d’Uérek ; il fe plait particulièrement 
dans les fables blancs & mobiles qui bordent la côte maritime 
du Sénégal, où ils forment une efpèce de bande de dix à 
quinze lieues de largeur, qui s'étend depuis la rivière de 
Cachao, par le douzième degré de latitude boréale , juf- 

au Cap-blanc, par le 20.° degré + & au-delà : j'en 
ai trouvé par toute cette bande, depuis l'ile Saint-Louis du 
Sénégal jufqu'au Cap-verd, mais nulle part en aufir grande 
abondance qu'à deux lieues à la ronde de lile même du 
Sénégal. 

C'eft un arbre de moyenne taille, un arbriffeau de quinze 
à vingt pieds de hauteur, d’une forme peu élégante & très- 
irrégulière, comme celle d'un buiflon ; fon tronc eft cylin- 
drique, rarement droit, mais diverfement incliné, d’un pied 
au plus de diamètre, & couvert pour lordinaire du bas en 
haut de branches pareïliement tortueufes, fort irrégulières, 
aflez denfes, menues, mais roides & fortes : l'écorce qui 
couvre les vieilles branches ainfr que le tronc , eft médiocre- 
ment épaifle, aflez life, un peu luifante, & d'un gris qui 


DAEMSMISNEPILEL NICE; 23 


tire fur e cendré ou fur le brun; leur bois eft plein, dur & : 
blanc par-tout : les jeunes branches font d’un gris-blanc & 
femées de poils coniques, très-petits & couchés. 

Les feuilles font difpofées alternativement & circulairement Ses feuilles, 
autour des branches , à un travers de doigt de diftance les unes 
des autres, & aïlées doublement, c'efl-à-dire compolées cha- 
cune de quatre, mais plus communément de cinq paires d'ailes, 
qui portent chacune quinze paires de folioles elliptiques, d’un 
vert-bleuâtre, Iongues de deux lignes & demie, & deux 
fois moins larges : les ailes ont à peine un pouce de fongueur, 
& font d’un tiers plus courtes que le pédicule commun qui 
les foutient ; celui-ci n’eft pas terminé par un denticule, & 
porte fur fa face fupérieure deux à trois glandes en cupule 
hémifphérique concave, dont la première eft placée vers fon 
extrémité entre les deux ailes de la première paire , & la 
feconde, tantôt entre la dernière paire inférieure , tantôt plus 
bas; la troifième , lorfqu'elle s'y trouve, eft placée entre la 
feconde paire des ailes fupérieures : de l'origine du pédicule 
commun de chaque feuille, fortent deux, & plus communé- 
ment trois épines coniques, brunes-noires, luifantes, longues 
de deux lignes, aflez égales entr'elles, dont les deux colla- 
térales font droites, écartées horizontalement, & la troifième 
ou l'intermédiaire eft courbée en-deffous en crochet : les 
branches de la féve précédente, portent fouvent deux feuilles 
qui fortent d'une efpèce de tubercule, qui eft refté comme 
un bourgeon après la chute de l’ancienne feuille. 

Ce n’eft que fur ces branches de la féve ou de la crûe Ses fleur 
précédente que l'on voit les épis de fleurs : ils fortent com- 
munément deux à deux, non de l'aiffelle d’une feuille, 
mais derrière elle, c'eft-à-dire, entrelle & les deux épines 
latérales ; chaque épi eft garni d’environ cent fleurs herma- 
phrodites blanches, difpofées par grouppes ou paquets de 
trois à cinq, femés çà & là fur toute leur longueur , qui eft 
de trois pouces environ, c'eft-à-dire, une fois plus longue que 
les feuilles prifes dans leur entier; lorfque cet épi eft en fleurs 
bien épanouies, il a à-peu-près la grandeur & la forme du 


24 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

petit doigt, de forte qu'il paroït avoir cinq fois plus de on- 
gueur que de largeur ; chaque fleur eft blanche, ongue de 
trois Jignes, & accompagnée à fon origine d'une écaille elip- 
tique pointue, une fois plus longue que large, ciliée, c’eft-à- 
dire, bordée de poils en forme de cils, trois fois plus courte 
que le calice, & qui tombe bien avant lui. 

Le calice forme un tuyau cylindrique, blanc, verdûtre, 
de moitié plus long que large, partagé jufqu’au tiers de fa 
longueur en cinq denticules égaux triangulaires équilatéraux ; 
il renferme une corolle blanche, de même forme, plus longue 
d'un quart, & dont les cinq dentelures ont une fois plus de 
longueur que de largeur, & font bordées de petites pointes 
coniques criftallines. Soixante-dix à quatre-vingts étamines 
égales, droites, blanches, une fois plus longues que la corolle, 
divergentes à peine fous un angle de 15 degrés, liffes, lui- 
fantes, font réunies en une efpèce d’anneau contigu à la corolle 
qui part du fond du calice, & au fommet duquel elles font 
diftribuées fur cinq rangs : chacun de leurs filets eft couronné 
par une anthère fphéroïde marquée du côté intérieur de trois 
fillons, & de l'autre d'un petit enfoncement qui reçoit l’ex- 
trémité du filet; cette anthère eft outre cela terminée par 
un tubercule blanc fphérique chagriné de denticules coniques: 
c'eft par les deux fillons latéraux qu'elle s'ouvre pour répandre 
la pouffière fécondante, qui eft compofée de globules très- 
nombreux, d'une petitefle qui échappe à la vue, lifles, lui- 
fans, & de couleur d’or. L'anneau des étamines laifle à fon 
centre un petit vide, duquel s'élève, fans le toucher, un filet 
fort mince, qui fert de fupport à un ovaire cylindrique ou 
peu aplati, trois fois plus long que lui, & deux fois plus 
Tong que large; cet ovaire eft terminé par un ftyle cylin- 
drique trois fois plus long & plus étroit que lui, dont le 
fomimet eft creux , coupé horizontalement, & tout couvert 
de pointes coniques infenfibles à la vue fimple. 

Ses fruits. La forme de l'ovaire change peu-à-peu en grandiffant, au 
point qu'il devient, lors de fa maturité, un légume extrème- 


ment aplati, prefque auffi mince qu'une membrane, d’un jaune 
de bois, 


DAMES CNT AN CAES. 2$ 


de bois, elliptique, pointu aux deux bouts, long de trois 
pouces & demi, cinq fois moins large, veiné finement à 
l'extérieur, ondé légèrement & inégalement fur fes bords, 
femé de poils courts peu fenfibles, & qui s'ouvre de lui- 
même d’un bout à l’autre en deux valves ou battans égaux, 
rapprochés l’un de F’autre en fix endroits pour former autant 
de loges qui contiennent chacune une femence jaune, ver- 
dâtre, orbiculaire ou taillée en cœur extrêmement aplati, du 
diamètre de trois lignes & demie, pointue par fon bout infé- 
rieur, marquée fur chaque face d’un filon demi-circulaire, 
dont les cornes regardent le point du bord par fequel elle 
eft attachée, pendante au bord fupérieur de lun des battans 
au moyen d'un filet cylindrique blanc de fa longueur & 
tortillé; ces graines ne font pas attachées toutes au même 
battant, mais alternativement à l’un & à l’autre, comme dans 
toutes les autres plantes légumineufes. 

En mâchant les feuilles du gommier blanc, on leur fent 
une légère amertume, qui eft bientôt fuivie par un peu d'af- 
tiétion ; lorfque la terre a été humeétée abondamment par 
des pluies de l'été, qui tombent depuis le 15 Juin jufqu'en 
Septembre, alors on cominence à voir couler du tiflu & des 
branches de cet arbre , un fuc gommeux qui y refte attaché 
fous 1a forme de larmes quelquefois vermiculées ou tortillées, 
mais communément ovoides ou fphéroïdes, de deux à trois 
pouces de diamètre, ridées à leur furface, d’un blanc terne, 
mais tranfparentes, criftallines, & luifantes dans leur caflure, 
d'une faveur douce fans fadeur, accompagnée d’une Jégère 
acidité qui ne fe laïffe reconnoïître que par les perfonnes qui 
en font un ufage habituel: ces larmes coulent naturellement 
fans le fecours d'aucune forte d’incifion pendant toute la faifon 
de la fécherefle, qui dure depuis le mois d'O“tobre jufqu'en 
celui de Juin, mais plus abondamment dans les premiers 
mois qui fuivent les dernières pluies; quelquefois la grande 
fécherefle du vent d'Eft qui règne alors, augmentant d'in- 
tenfité pendant les ‘derniers mois, les détache & les fait 
tomber par terre, mais le plus grand nombre refle attaché 


Min, 1779. D 


Ses qualités, 


Ses ufages, 


Récolte 
de la gomme, 


26 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


à l'écorce, d’où elles font forties. C’eft aufli pendant cette 
faifon que l'Uérek porte fes fleurs; fes premières gouffes 
commencent à mürir dès le mois de Novembre. 

La gomme eft la feule partie de cet arbre dont on fafle 
ufage au Sénégal; elle eft fi nourriflante, fi falutaire , fi rafraf- 
chiflante, que les Maures & les Arabes, qui font un peuple 
confidérable dans l'Afrique, un peuple toujours errant, qui 
ne fait ni femer du grain ni recueillir, en font leur unique 
nourriture pendant la plus grande partie de l'année, au moins 
pendant leurs longs voyages, ou avec le Hait de leurs cha- 
meaux, de leurs vaches, de leurs chèvres & brebis, ils fe 
paffent de tout autre mets & de toute forte de boïflon, dans 
une faifon & dans des fables où la fécherefle ne leur per- 
mettroit pas de trouver une goutte d’eau pour étancher leur 
foif ardente. Cette manne, toute répandue qu’elle eft fur da 
côte du Sénégal, exige qu'on en fafle une récolte annuelle 
pour fubvenir à de fi grands befoins, & pour contenter les 
defirs des Commerçans européens qui fréquentent le pays du 
Sénégal : on fait que la plus grande confommation de cette 
gomme fe fait pour donner du corps aux étofles de foie, & 
à certaines toiles de coton, de lin & de chanvre ; qu'on en 
emploie beaucoup pour faire tenir les couleurs fur le vélin, 
pour gommer le papier, & dans nombre d’autres Manufac- 
tures. La Médecine l’ordonne aufli dans nombre de maladiés 
où il faut adoucir, rafraîchir, réflerrer & nourrir, dans les 
épuilemens, dans les diffenteries bilieufes, les diarrhées &@c 
les pertes de fang les plus rébelles. 

Les Maures, qui {ont de vrais Arabes , toujours errans 
entre le royaume de Maroc & le fleuve Niger, dont les 
Nègres leur ont abandonné la rive feptentrionale, fe chargent 
feuls de la récolte de la gomme, dont les arbres couvrent 
la plus grande partie de ce pays. Pendant l'été, qui eft 
la faifon des pluies, ils fe retirent vers le Nord , au pied 
des montagnes voifines du pays de Maroc; & lorfque des 
pluies ont ceflé vers la fin de l’année, ils fe rapprochent peu- 
ä-peu du Niger , en defcendant dans da plaine où font 


DÉEUSASLCIE NN C_E S 27 


les forêts de gommiers : car ces arbres ne fe cultivent pas. 
Ces forêts commencent à quinze lieues environ du fleuve 
Niger, & s'étendent en gagnant vers le Nord à une diftance 
qu'on eftime communément de quatre-vingts lieues, & qui 
pourroit bien aller jufqu'au Cap-bianc, c'eft-à-dire, jufqu'à 
cent lieues, & peut-être beaucoup au-delà en approchant de 
Maroc, à en juger par les relations des Maures eux-mêmes. 
Ils donnent à cette forêt environ trente lieues de largeur de 
l'Occident à FOrient, & la diflinguent en trois portions 
diftantes de dix lieues l'une de l’autre, dont la première, qu'ils 
appellent la forét de Sahel, eft la plus proche du Niger, en 
étant éloignée d'environ quinze lieues , ainfi que de la mer; 
celle qui vient après, en longeant vers le Nord, s'appelle la 
orét de Lébiar, & côtoye comme elle Ja bande fablonneufe 
qui borde l'Océan: c’eft la plus grande des trois; enfin la forêt 
d’Alfatak occupe le milieu de la bande de terre, moitié fablon- 
neufe, moitié argileule , à lorient des deux autres forêts : fa 
largeur eft ignorée. Il paroît encore par le récit des mêmes 
Maures, qui s'accorde aflez avec mes obfervations, que la forêt 
de Sahel, qui eft pour la plus grande partie plantée fur la bande 
fablonneufe , eft prelque uniquement compofée de gommiers 
blancs uéreck ; que celle de Lébiar, qui borde en partie les 
mêmes fables versie Nord, contient plus de petit gommier rouge 
nebneb, qui eft celui d'Arabie; qu'enfin, la forêt d’Alfatak, 
qui eft plus enfoncée dans le continent où la terre et plus 
grafle , eft entièrement du grand gommier appelé gonaké, 
Ces trois forêts appartiennent à trois tribus de Maures, qui 
y-font leur técolie chacune dans la leur; ce font elles qui 
fourniflent toute la gomme qui fe porte au Sénégal : les trois 
elpèces {e trouvent mélangées indiftinétement , &, fuivant 
le canton où elle a été cueillie, tantôt c’eft la blanche, tantôt 
c'eit la rouge qui domine; celle-ci eft la moins eftimée ; on y 
rencontre aufli des morceaux de bdellium , que les Européens 
regardent mal-à-propos comme l'encens, quoiqu'il leur fafle 
le même ufage : c’eft une réfine d’un rouge d'abord rofé, enfuite 
brun, très-odoriférante, dont je donnerai l'hiftoire en fon temps. 


D i 


Se fait deux 
récoltes 
par an, 


Lieux 
où l'on traite 
ka gomme, 


28 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Les Maures nous affurent qu'ils font deux récoltes de 
gomme chaque année : la première, qui eft la plus abon- 
dante, fe fait au mois de Décembre; les boules en font plus 
grofles, plus nettes, moins sèches, moins ridées, parce qué 
les arbres, alors furchargés de féve par les pluies de l'été, la 
rendent en abondance , & que le Soleil, moins chaud 
pendant ce mois que dans le refte de l’année, ne la defsèche 
pas tant: la feconde récolte fe fait au mois de Mars ; les 
boules en font plus petites, plus ridées, moins fréquentes , 
mais fouvent plus blanches, & tombent quelquefois par terre, 
defléchées par le vent d’Eft, qui les fait détacher de l'écorce. 
La plupart des Auteurs qui ont écrit fur te Sénégal, depuis 
le P. Labat, ont dit, d’après lui, que les Maures la tiroient 
par incifion; mais c'eft une erreur qu'on a tort de répandre, 
parce qu'elle n'a aucun fondement. 

I n’y à que cinq endroits principaux où l'on ait jamais fait 
la traite de la gomme au Sénégal, dont trois fur la côte; 
favoir, Marfa ou le petit Portendic, à trente-quatre lieues 
marines au nord de l'ile du Sénégal ou de Fembouchure du 
Niger; Portendic à quarante-deux lieues, & l'ile de Gui 
Aguadir ou d'Arguin, à quatre-vingt-cinq lieues : les deux 
autres efcalles de traite font fur le fleuve Niger, dont la 
première & la plus confidérable appelée le Défert, eft à trente 
lieues de fon embouchure dans l'Eft-nord-eft, & correfpond 
au grand & au petit Portendic: la feconde eft à Donaï, fur 
le terrier rouge, à quarante lieues de la même embouchure, 
& correfpond au commerce d'Arguin; voici comment. 

J'ai dit ci-deffus qu'il y a trois forêts de gommiers aü 
Sénégal, que chacune d’elle appartient à une tribu de Maures, 
qui fe réferve fe droit exclufif d'y venir faire annuellement 
fa récolte de gomme : or la pofition phyfique de chacune 
de ces forêts a déterminé leurs propriétaires à porter leur 
gomme à lefcalle ou Féchelle Ja plus voifine de leur habi- 
tation ordinaire ; & comme les pâturages néceffaires à leurs 
troupeaux font plus abondans dans le voifinage des rivières, 
ils fe font rapprochés autant qu'ils ont pu du fleuye Niger, 


D'E SU Sie TE N'cEs : 29 


fans quitter leur forêt : c'eft ainfi que le Bakar *, chef de 
la tribu des Ébragéna, à laquelle appartient la grande forét 
d’Alfatak qui commence aux bords du lac Caër, impropre- 
ment appelé Cayar, & qui s'étend confidérablement dans 
VEft, vient porter fa gomme à l’efcalle de Donaï, fur le terrier 
rouge, dans le voifmage du comptoir de Podor ; nous appre- 
nons par cette Tribu, & par les Nègres qui l'avoifinent, que 
fon adouar, c'eft-à-dire le lieu de fon campement, eft à 
cinquante lieues du fort de Podor, fur les terres.du royaume 
de Sitati, dont les peuples appelés Peu/, & par corruption 
Foules, font des Nègres. On fait par les dépouillemens des 
regiflres de la Compagnie des Indes, qu'en l’année 1700, 
où fon commerce n'étoit pas aufli confidérable que dans les 
derniers temps, il fut traité au terrier rouge, pendant les 
Mars, Avril & Mai, plus de trois mille fix cents quintaux 
mois de Maures de gomme, qui équivalent à quatorze mille 
quatre cents quintaux de France; or, le quintal des Maures 
pefoit alors quatre cents livres, & depuis l’année 171 5; M. 
Bruë, alors Direéteur général au Sénégal, le fit monter à fept 
cents livres, où il eft refté. 

La forêt de Lébiar, que le P. Labat & fes Copiftes difent 
n'être qu'a trente lieues au Nord-eft de l'efcalle du Défert, & 
que les Maures nous affurent être à plus de quarante lieues, 
appartient à la famille des Darmanko, chefs de {a tribu des 
Auled-el-hagi ; ces Maures font fort laborieux, & quoiqu'auff 
voifins d’Arguin, ils préfèrent d'apporter leur gomme à l’efcalle 
du Défert, à caufe des pâturages qu'ils trouvent aux bords du 
Niger, où ils paflent le refte de la faifon sèche, c’eft-à-dire 
jufqu'en Mai & Juin: quoique leur forêt foit la plus grande 
des trois, & qu’elle fourniffe abondamment, néanmoins ils 
en recueillent quelquefois dans celle d’Alfatak, & ils en portent 
communément douze à quinze mille quintaux au Défert. 

La forêt de Sahel, quoique la moindre des trois forêts de 
gommiers eft a plus précieule, par la qualité de la gomme 


# Ceci a été écrit en 1749, fur les lieux, au Sénégal, : 


Donaï, 


Le Déferts 


Arguin 
& 


Portendic. 


D'ifférends 
pur ce 
commerce, 


30 MÉMOIRES DE L ACADÉMIE ROYALE 


qu’elle produit: auffi le maître de cette forêt a-t-if fur fes 
deux autres une fupériorité qui eft encore augmentée par fa 
plus grande proximité de Portendic & de l'ile Saint-Louis, 
qui eft le chef-lieu de la conceflion du Sénégal ; elle fournit 
environ dix mille quintaux de gomme : la tribu à laquelle 
elle appartient fe nomme Thrarza ou Terarza, & a pour 
chef Hamar-Alichandora, fils d'Addi, qui a donné fon nom 
au port d'Addi, appelé par corruption Portendic. Ce Seigneur 
promène fes tentes ou fes villages ambulans au nord & à 
loccident de cette forêt, du côté d'Arguin & de Portendic, 
où il porte fa gomme, mais par préférence à Portendic, où 
font deux pauvres hameaux d'environ deux cents perfonnes 
chacun, qui y font fixes, au moins pendant le temps de a 
traite , c’eft-à-dire depuis le mois de Décembre jufqu'au 
mois de Juin. Le gouvernement de ces deux hameaux eft 
confié au maître de l’efcalle, nommé autrefois Bovali, qui 
fait avertir Alichandora dès qu'il arrive des vaifleaux pour 
Ja traite. 

Les Maures trouvant beaucoup plus de facilité à porter 
eur gomme fur les bords du Niger, où ils font attirés après 
leur récohe, & comme fixés pendant l'hiver par l'abondance 
des pâturages, la vendoient autretois toute aux François, qui 
étoient en poflellion de ce fleuve, & qui profitoient de ceite 
facilité pour l’acquérir à très-vil prix. Les Anglois de leux 
côté , des Hollandois & les Portugais, qui vouloient enlever 
aux François, ou au moins partager avec eux ce commerce 
avantageux , jufqu'à ce qu'ils fuilent en état de s’en emparer 
entièrement, cherchèrent a attirer les Viaures avec leur gomme 
fur la côte maritime; pour y réuilir, ils s'établirent d'abord 
parmi eux à Portendic, puis ils gagnèrent Hamar-Alichandora 
par des préfens , & le déterininèrent, à force d'argent ad 
infulter, maliraiter & piller les deux autres Fribus qui ailoient 
porter leurs gommes fur le Niger, pour les forcer de les 
amener à Portendic, où il les achetoient à un prix exceïlif, 
en livrant leurs marchandiies à perte, ann d'engager ces trois 
nations Maures à leur apporter leurs récoltes entières : ces 


DES NSUCI AE IN: CE. 6. 34 


Interlopes étrangers firent donc en contrebande ce commerce 
d'abord äterre, mais ilsen fentirent bientôt les inconvéniens ; 
des friponneries des Maures, leurs conteftations élevées à deffein 
fur leurs droits de propriété du terrein où {e failoit la traite, 
le double maniement de la gomme ainfi traitée à terre, le 
temps perdu à cette double opération, les rifques de la mouiller 
en d'embarquant dans les chaloupes pour la porter à bord, Ia 
perte & le déchet qui en font les fuites & qui doivent retomber 
ur le vendeur & non fur l'acheteur; tout cela leur fit faire 
des réflexions: ils jugèrent à-propos de ne plus defcendre à 
terre, & de {e faire apporter la gomme à bord de leurs vaif- 
feaux ; mais cet expédient fut fujet à d’autres inconvéniens, 
à caufe des grands mouvemens de la mer; ils prirent donc le 
parti de s'établir à terre, dans un lieu où ils n’euflent point à 
craindre le brigandage & les incurfions des Maures : pour cet 
effet, ils batirent fur le roc de l'ile d'Arguin un Fort, dont 
ils furent bientôt chaflés par les François, qui le démolirent. 
Ce fut ainfi.que les Anglois n’abandonnèrent que peu-à-peu, 
& malgré eux, un commerce dont ils connoifloient parfaite- 
ment tout le prix. 
La quantité de gomme qui fe vend annuellement au Séné- 
al, va communément à trente mille quintaux; favoir, douze 
mille à l’efcalle du Défert, fix mille à celle de Donaï ou 
du Terrier rouge, & dix mille à Portendic, qui portés en 
Europe, rendent près de fix millions en efpèces; fon com- 
merce eft donc, comme il a été dit, infiniment plus avan- 
tageux que la Traite de for & que celle des Nègres, dont 
on ne tire guère plus de trois mille par an de ce même pays. 
Autrefois la gomme fe tiroit toute de Arabie, avant que 
les François fe fuflent établis fur le fleuve Niger au Sénégal; 
mais depuis qu'ils ont ouvert ce commerce à PEurope, le 
prix de cette marchandile a beaucoup diminué, & fait dif 
paroître celle qui venoit de FArabie , & certainement en 
bien moindre quantité; çar les trois millions pelant qu'on 
tire annuellement du Sénégal, feroient la charge de plus de 
trois mille chameaux. Elles ne difiérent en rien l'une de 


Quantité 
de gomme 

qui fe tire 
annuellement 
du Sénégal, 


Remarques. 


‘32 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


l'autre : elles ont les mêmes qualités, les mêmes vertus, les 
mêmes ufages , les mêmes avantages, & il paroît, par ce qui 
a été dit, qu'elles font tirées des mêmes arbres, au moins 
de deux gommiers rouges dont j'ai fait la defcription. 

Quoiqu'on ne trouve dans les Auteurs anciens aucune 
defcription qui puifle s'appliquer à cette efpèce, on voit 
cependant que ce que Pline dit, livre xn1 de fon Hiftoire 
Naturelle, au commencement du chapitre If, ne peut guère 
être attribué qu’à elle : Gummi optimum effe ex Ægyptid fpinä 
couvenit vermiculatum , colore glauco , purum , fine cortice, deu- 
tibus adhaærens. Pratium ejus in libras X 111 deterius ex amyg- 
dalis amaris © cerafo, peffimum ex Prunis, dc. 

Quelqu’éloigné que je fois de vouloir paroiître trouver M. 
Linné en défaut, je ne puis refufer, à la vérité, de dire 
qu'il s'eft trompé en rapportant à cette plante, celle que 
Profper Alpin a figurée à la Planche LX, ainfi que celle que 
Plukenet a fait graver, Planche CCLI, figure 1 de fa Phy- 
tographie, avec la dénomination fuivante: Acacia altera vera, 
filiqu long& villofä, cortice candicante donata, qui eit comme 
Jon a vu l'Acacia vera, appelé Nebneb au Sénégal. Au refte, 
cette efpèce eft affez difiérente des trois premières par Îa 
difpofition de fes fleurs, & par la figure de fa gouffe aplatie, 
pour déterminer les Botaniftes à en faire un genre différent 
que l'on pourroit appeler de fon nom de pays Uérek, 


SÛE CO ND EE S ECG 


Le Ded des Nègres du Sénégal, eft une cinquième forte 
d’Acacia qui vient naturellement dans le genre du Uérck, 
ou du Gommier blanc, & qui eft aflez commun dans les 
fables voifins de l'embouchure du fleuve Niger. 

C'eft un arbriffeau en buiflon conique, de la hauteur de 
fix à dix pieds, dont les branches vieilles garniflent le tronc 
depuis la racine jufqu’au faite, & font couvertes d’une écorce 
brune mince, qui enveloppe un bois blanc, plein, aflez dur. 
Les jeunes branches font verdâtres pentagones, couvertes de 
poils courts couchés aflez ferrés, & armées de tous côtés 

d'épines 


DABAS SEC NE N CE S: 33 
d'épines femblables à celles du rofier, c’eft-à- dire rouges, 
brunes, coniques, comprimées , longues de deux lignes & 
demie, & recourbées en deflous en forme de crochet, Ses 
feuilles diffèrent de celles de l'Uérek, en ce qu'elles ont fept 
à quatorze paires d’ailerons , chacune de trente-cinq paires 
de folioles plus étroites, longues de trois lignes, & trois 
fois moins larges: leur pédicule commun efl femé en deffous, 
comme Îles branches d'épines rouge-clair, & porte en-deffus 
quatre tubercules ou glandes, dont une conique entre la pre- 
mière paire inférieure des pinnules, & trois hémifphériques 
entre les trois dernières paires d'en haut; au lieu d’épines 
comme dans l'Uérek & les Acacias, ce pédicule commun 
eit accompagné à fon origine fur les côtés, de deux ftipules 
en lames triangulaires plates, une fois plus longues que larges, 
& qui tombent bien avant lui. 

Deux épis cylindriques de fleurs blanches fortent de 'aif- 
felle de chacune des feuilles qui terminent le bout des branches; 
ils ont chacun deux pouces de longueur, & quatre fois moins 
de largeur ; ils font une fois plus courts que les pédicules 
communs des feuilles, écartés fous un angle de quarante-cinq 
degrés, & couverts depuis le haut jufque vers le bas d’une 
centaine de fleurs feffiles contiguës, couchées horizontalement, 
& accompagnées chacune d’une écaille en forme de lance, 
égale à la longueur de la corolle, arrondie à fon origine, 
deux fois plus longue que large, femée de longs poils & 
caduque; au-deflous des dernières fleurs, cet épi porte encore 
une efpèce d'enveloppe, compolée de trois écailles triangu- 
laires de grandeur médiocre , deux à trois fois plus longues 
que larges, veluës & qui tombent de bonne heure. 

Chaque fleur a deux lignes de fongueur; fon calice eft un 
tuyau cylindrique, jaunâtre, liffe, mince, prefque une fois plus 
long que large, divifé jufqu'au quart de fa longueur en cinq 
dents triangulaires; il enveloppe une corolle une fois plus 
longue que lui, de même forme, blanche, deux fois plus 
longue que large, partagée jufqu’au quart de fa longueur en 
cinq denticules triangulaires, d'un tiers plus longs que larges. 


Mém, 1778, 


34 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Les étamines font comme dans l'Uérek; l'ovaire eft ovoïde, 


comprimé, une fois plus long que large, tout couvert de poils 


Ufages. 


Remarques, 


blancs criftallins, porté fur un pédicule une fois plus court, 
& trois fois plus menu que lui, égal à la corolle; & il eft 
furmonté par un ftyle cylindrique tortillé une fois plus long 
que lui: du refte, il reflemble à celui de l'Uérek. Le légume 
qui provient de cet ovaire ne diffère de celui de l'Uérek, 
qu'en ce qu'il n’a que deux pouces & demi de longueur, 
qu'il eft trois fois moins large, brun-noir , marqué fur cha- 
cune de fes faces de deux à trois grandes fofettes, & partagé 
intérieurement en quatre à cinq loges, renfermant chacune 
une graine orbiculaire qui n’a ni prolongement, ni impreflion 
fur fes faces. 

Je n'ai jamais rencontré de fuc gommeux fur cet arbrif- 
feau , quoiqu'il paroiffe devoir en fournir comme l'Uérek, 
& il n'eft d'aucun ufage. Les Nègres le refpeétent beaucoup, 
& le regardent fuperftitieufement comme un arbre facré, fans 
doute à caufe de la quantité d’épines dont il eft couvert, & 
ils prétendent qu'un homme qui s'y réfugieroit, pourfuivi en 
guerre où pour quelque crime, y feroit à l'abri de fes ennemis 
& de leurs flèches empoifonnées: pareille recette ne feroit 
certainement guère goûtée par de braves guerriers. 

Rauwolf nous apprend qu’auprès d'Alep, le long du fleuve 
du Tigre dans la Méfopotamie, & de l’Euphrate dans l'Arabie 
déferte, on trouve une efpèce d’Acacia, appelée Schack par 
les Turcs, & Schamuth par les Arabes, qui l'ont corrompu 
du mot Sant, felon Celle; que cet arbrifleau n’eft qu'un buiffon 
auffi détefté par les Laboureurs du pays, que le font ici les 
fougères & l’aréte-bœuf, anonis reffa bovis, lorfqu'ils gagnent 
dans nos champs ; que fes branches font cendrées & couvertes 
d'épines femblables à celles du rofier ; que fes feuilles font 
ailées comme celles du tragacant ou de la fougère femelle, 
mais fi petites & fi nombreufes fur la même côte, qu’au 
rapport de Bélon, le pouce feul en pourroit couvrir une 
cinquantaine; qu’il n'en a point vu les fleurs, mais que fes 
goufles font brunes, plus épaiffes & plus arrondies que celles 


DrbsS is CURIEMN CE 5; 35 


de Ia fève, fongueules intérieurement, & contenant deux à 
trois graines rouges. Peut-on trouver une plus grande confor- 
mité entre le Schack & le Ded du Sénégal, & ne feroit-on 
pas autorifé à les regarder comme la même efpèce, fi fon 
légume n'étoit pas aufli épais que le dit Rauwolf, qui paroît 
avoir décrit une gouffe de tamarin? Ce feroit encore celle 
dont Pline parle chapitre ZX du livre x111 de fon Hifloire 
Naturelle, & qu'il dit avoir le bois blanc. Mec minds fpina 
celebratur in eädem gente ( Ægypto) duntaxat nigra, quoniam 
incorrupta etiam in aquis durat, ob id utiliffima navium cofls. 
Candida facile putrefcit. Aculeus fpinarum à in foliis, Semen 
in Siliquis, quo coria perficiuntur gallæ vice, Flos & coronis 
juundus, © medicamentis utilis. Manat © gummi in e4. Sed 
præcipua utilitas quod cœfa anno tertio refurgit. Circa Thebas 
hæc, ubi © Quercus © Perfica  Oliva 300 a Nilo fladiis 
Jylveffri traülu à fuis fontibus riguo. 

Si M. Grangé ne s’eft point trompé, le Sant eft l'arbrifleau 
dont les goufles bouillies fourniffent le fuc d’Acacia ; mais fi 
le Sant eft la même efpèce que le Ded du Sénégal, comme il 
y a beaucoup d'apparence , par la reflemblance de toutes leurs 
parties, fes goufles font fi minces, fi peu fucculentes, que 
fon affertion doit au moins pafler encore pour douteule. 

I n'y a prefque pas d’Acacia au Sénégal qui ne fournifle 
plus ou moins de gomme; de plus, de quarante efpèces que 
je poffède, & qui doivent former au moins fept à huit 
genres, quoique M. Linné les ait confondus fous le nom très- 
impropre de mimofa, qui ne convient qu’à la fenfitive, je 
me fuis borné jufqu'ici à la defcription des cinq efpèces qui 
comprennent les trois vrais gommiers, & deux arbres qu'on 
a fouvent pris pour eux; leur hifloire m'a paru aflez neuve 
& aflez intéreffante pour mériter les recherches pénibles que 
j'ai faites, dans la vue de vérifier, concilier ou corriger les 
contradictions ou les erreurs qui fe trouvent répandues dans 
les Auteurs qui en ont parlé, 


oO 
E ïj 


36  MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ÉGETPSE "DE! SOL Eds 
DU 24 JUIN 1778, APRÈS-MIDI, 
Obfervée à Paris de l'Obfervatoire de la Marine. 
Pa M MESSIER. 


AvOIS préparé différens Inftrumens pour cette obfervation: 
la veille & le jour de l'Éclipfe, j'avois pris un grand 
nombre de hauteurs correfpondantes du Soleil, pour bien 
connoître la marche de la Pendule. Les 23 & 24 jufqu'à 
2 heures + de après-midi, le ciel fut entièrement ferein & 
fans nuages, de manière qu'il y avoit tout lieu d’efpérer que 
Je beau temps continueroït; mais vers les 2 heures +, quel- 
ques nuages fe formèrent & augmentèrent fucceflivement, de 
manière que quelques minutes avant l'Éclipfe, le ciel fe trouva 
en grande partie couvert : le Soleil étoit dans les nuages au 
moment que l’Éclipfe a eu lieu, de manière qu'il ne fut pas 
poflible de faifir le commencement, & je ne pus voir le 
Soleil fortant des nuages qu'à 3° 5346" de temps vrai; & 
la Lune alors avoit déjà échancré 1e bord du Soleil, il y 
avoit quelques fecondes. 

Je m'occupai enfuite, dans les intervalles des nuages, à 
melurer Ja diftance des cornes de la partie écliplée, . par le 
moyen d'un micromètre à fils adapté à ma lunette achro- 
matique de 3 pieds +, montée fur fa machine parallatique; 
j'obfervai auffi l'occultation de deux taches du Soleil au bord 
de la Lune; javois déterminé leurs pofitions fur le Soleil, 
& je rapporterai leurs déterminations, ainfi que celles qui 
étoient en même temps fur le difque:'ces obfervations 
pourront férvir aux Aftronomes qui auront obfervé leurs 
immerfions & émerfions. Voici la T'able de mes obfervations: 


DES MIISICTILEUN CE G: FE 


DISTANC. 
des 
CORNES, 
&c. 


M. #, 


reseee.e | l'Éclipfe déjà commencée depuis quelq. fec. 
10. 59 
15,10 
16. 6 
16. 58 
NZ: SA 
18. 44 
20.39 
224200 
-.... | Immerf. de Ja tache ».” 2 des Tables fuiv. 
23. 30 | diftance des cornes. 
21. 2 | partie éclairée reflante du Soleil: doureufe. 
2,5: 424 1 
SM 

HE | Immerf. de la tache 7.° 3’ des Tables fuiv. 


diflance des cornes. 


diffance des cornes. 


Après l'immerfion de la tache ».° 3' des nuages très-épais 

ui venoient du Sud-eft, couvrirent le Soleil, & il ne fut 

plus poffible de le revoir de la journée : vers les 6 heures 

du foir, il tomba un peu de pluie; elle fut plus abondante 

vers les 7 heures +: entre o & 10-heures, il éclairoit, & 
après 10 heures le ciel fe découvrit. 

Durant Îa journée du 24, la chaleur fut très-orande, le 
Soleil étoit brûlant: pour connoître fa chaleur, je fis tomber 
perpendiculairement {es rayons fur un thermomètre à mercure 
que j'avois attaché à l'extrémité de ma lunette achromatique, 
montée fur fa machine parallactique, placée dans mon obfer- 
vatoire, où l'air ne pouvoit pas circuler ; à 1 heure + de 
l'après-midi , le ciel étant parfaitement beau, ferein & fans 
nuage, la liqueur du thermomètre monta à 47 degrés de 


38  MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE 


dilatation, tandis qu'un fecond thermomètre , de même 
mercure, qui étoit placé au Nord, ne marquoit que 25 
degrés; ce qui donnoit une différence entre ces deux pofi- 
tions de 22 degrés + 

À 3M 17, le thermomètre de a lunette achromatique 
marquoit encore, quoiqu'il y eût des nuages, 45 degrés : 
à 3"25', les nuages augmentés , le même thermomètre 
marquoit 44, & celui qui étoit au Nord 26 degrés. 

Pendant l'Éclipe, le thermomètre au Nord marquoit, 
quoique le ciel fût prefque totalement couvert, favoir à 
49 30", 26d; à 4h45", 2542; à 5h23", 24; à 5h40", 244: 
le baromètre étoit à 28 pouces o lignes +, le vent au Sud. 

Voici les obfervations des taches du Soleil, déterminées 
les 24 & 25 Juin, peu de minutes après midi, 


Pofition des Taches, le 24 Juin, 


Pofition des Taches, le 25 Juin. 


TEMPS VRAI|DIF FÉR, 


de hauteur 


TEMPS VRAI|D IFFÉR, 
de hauteur 


NUMÉR,| ‘4 Pañige des NUMÉR] ‘4 Palige des 
des des TACHES 
TACHES. TERRE 
au 
fil horaire, fil horaire, 
SOLEIL. 
ORRRRRRAO DE mr mr | Lane nn | 
H M S, H M, S. M. S 
© Cogr Or : [o) CPS 
1 0. 39. 20 FE . Ile 59 
F 0. 39, 26 2 $ 
3 0. 40. 2$ + 3 159. 
3° 0. 40., 26 + 2 
s 0+ 40. 29 $ 
4 O+ 40. 31 + 4 
6 0, 40e 37 6 
Q O. 4e 23 © 


p'Etst S CIE N° GE 5 39 


UBSERVATION 
DE PECLIPSEÉE DE SOLETE, 
D:U log JUIN 5776; 


Faie à l'Obfervatoire royal de Paris. 
Par M JEAURAT. 


Es obfervations d'Écliples de Soleil font importantes pour 
la détermination des Longitudes terreftres, & pour la 
re“ification des Tables de la Lune; mais comme je n'ai pas 
été aflez heureux pour avoir un temps favorable à ces obler- 
vations, on fera bien de ne compter fur leur exactitude, 
qu'autant qu’elles auront été confirmées par d’autres obferva- 
tions faites dans un lieu où le temps étoit plus favorable. 
Dès le commencement de l'Éclipke, le Soleil ne fe pouvoit 
voir que par inflans à travers les nuages; & avant que l'Éclipfe 
fût à fon milieu , le Soleil a entièrement difparu. Pour obferver 
le commencement de l'Écliple, j'avois, grâce à la complai- 
fance de M. Navare , un excellent télefcope de fa conftruction : 
ce télefcope a 32 pouces de foyer, & amplifie quatre-vingt 
fois le diamètre des objets; j'avois aufli deux pendules à 
fecondes & un inflrument des paflages, dont je pouvois 
mouvoir la lunette fans craindre que les fils verticaux & 
horizontaux ceflaffent d’être placés convenablement ; j'étois 
pourvu d’ailleurs d’une autre funette, que je nommerois 
volontiers /unette Diplantidienne, parce qu'elle prélente deux 
images de objet, lune dans le fens renverfé de fautre : 
j'elpérois, au moyen de cet infrument, faifir avec précifion 
les inftans où l’Éclipfe a du être de fix doigts avant & après 
la plus grande phafe de l'Écliple; car cette obfervation peut 
fe faire facilement avec ma nouvelle lunette. 
Depuis les découvertes qu'ont faites M. Bouguer & l'abbé 
Rochon, pour les micromètres objeétifs, on ne peut plus, 


40 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


pour ainfi dire, fe flatter d'en imaginer d’autres dans ce genre: 
auffi mon unique but dans l'invention de ma lunette Diplan- 
tidienne, a été de me procurer une lunette méridienne, avec 
laquelle je pute obferver directement l'inftant mémeidu paflage 
du centre des Aftres par le Méridien, fans être privé du moyen 
de déduire ce paflage par l’obfervation du contaét des deux 
bords au fil de la lunette, comme on le fait ordinairement, & 
aufli de pouvoir obferver les petites Étoiles fans avoir befoin 
d'éclairer les fils de la lunette /W. Mém. de l'Acad. ann. 1779). 

Je dois à lhabileté de M. Navare, dans l'Optique, {a 
conftruétion de ma nouvelle lunette; car la difficulté de l’exé- 
cution, & celle des combinaifons propres à la faire réuffir 
étoient grandes. Voici fuccinétement en quoi confifte l'idée 
de ma lunette, dont je me propofois de faire ufage dans 
l'obfervation de l'Éclipe dont il eft ici queftion. 

C'eft une lunette qui repréfente tout-à-la-fois l'objet dans 
une fiiuation droite, & dans une fituation renverfée, les 
deux images étant d’ailleurs exactement de la même gran- 
deur, & le champ de fa funette pour chaque image étant 
auffi le même, lorfqu'on dirige la lunette vers un Aflre, on 
l'y voit entrer tout-à-la-fois des deux côtés ; puis les deux 
images s'étant croifées, fortent de la même manière par les 
côtés oppolés à ceux par où elles font entrées. 

I fuit de-à que l'inftant où les deux images fe trouvent 
exactement l’une fur l'autre, eft précifément celui du pañage 
du centre par l'axe de la funette, & que les attouchemens 
des difques, avant & après le croifement des deux images, 
donnent les infians des paflages des deux bords, dont on 
déduit, comme à l'ordinaire, f'inftant du pafage du centre, 
quoique déjà oblervé d’une manière directe, comme je viens 
de le dire. 

Comme la marche des images dans la lunette fe fait en 
fens contraire, elle double la viteffe apparente des paflages 
par le Méridien: voici préfentement le peu d'obfervations 
que j'ai pu faire de l’Éclipfe. de Soleil du 24 Juin 1778, 
dont ce Mémoire eft l'objet. 

CORRECTIONS 


DES SCIENCES. 4t 
CorRECTIONS à faire aux Obfervations faites à un fil 
vertical, ou Mouvement apparent des cornes fur le di[que 
folaire, calculé en degrés & en temps, pour un intervalle 
de $ minutes, dont 3" 17" de temps, répondeat à 31 22e 
de degrés. 


PREMIÈRE CORNE [SÉCONDE CORNE 


ou : ou 


TEMPS VRAI 


des CORNE OCCIDENTALE.) (CORNE ORIENTALE. 
OBSERVATIONS Ô 
En Degres. | En Temps. 
En 
h L 
o 
4 > a 63",o. Ê Des 6",4. = 
ee ‘ — 41,0. | —| :4,2. + 
RTL OS 
# 15 — 19,0, = » 1,9, Tr 
4 pu Es Es _ 
4+ 20. : 
; +. 9,0. “+ 0,9. + 
"2:50 
+ + 30,0. + 3,2. + 
4+ 30. 


. C'ef avec cette Table que les Obfervations fuivantes ont 
été réduites; ces Oblervations font auflr toutes réduites au 
temps vrai de l'Obiervatoire royal de Paris. 


Obfervations de l'Éclip e de Soleil du 24 Juin 1778, 


Cette Écliple étoit commencée à...,,.. 20). 5913352 042'e 
Par eftime, j'ai conjecturé qu’elle avoit pu com- 

MENCEr À... SEAT DOMAINE PONT NIE 2IE 
C’eft-a-dire, plus tôt que felon 1 Tables de M. 

Mayenpdesni tt AOL ENN MANIA) SE 58. 


Et plus tôt que felon Jes Tables de M. Clairaut... + 3. 5. 
Première Obfervation jar, an fi 3 vertical, &. calculée 
pour 4h s' 12" 
Différe 


du premier bord du Soleil ,....... 4" 4" 46" ad 
Pafage de Ïa corne occidentale.de Ia Lune... 4. 5. 12. 
: de la corne.orientale de la Lune..... 4. 6. 58. 
du fecond. bord. du Soleil. rotsrnete ge Be 3e | 
Mén. 1778, E 


"l1e 468 
le fe 


42 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaArE 


Z 


De cette phafe obfervée, il fuit que le centre Z de Ja € étoit moins élevé 


fur l'horizon que le centre S'du © d'une quantité LD = — 26° 32°. 
Et que ce même centre étoit à l'occident, 

d'une quantité... ...... MR tee mets SD ER: 27: 
Conféquemment ............... ere Zi NON O0: 


Seconde Obfervation faite au fl vertical © calculée pour 4" 1 30" 


du premier bord du Soleil. ..... shout 12 20 EE 
Paffage de la corne occidentale de la Æune sr.) 4: 134 case 
de la corne orientale de la Lune...., Hosts en se ARS 
du fecond bord du Soleil........., ROME ES 


De cette phafe obfervée, il fuit que le centre L de la € étoit moins élevé 
fur l'horizon que le centre S du © d'une quantité LD — — 2345" 
Et que ce même.centre étoit à l'occident d’une 
quantité Mo eee ti ele ste leie CAN eeete Bras . SD=+ 3. 32. 
Con ÉQUEMMENT tete 42e 20e fente teie re ere ton de SZL—=— 4. 18. 


Troifième Obfervation, faite au fil horigontal à calculée 
pour 4h 19" 4”. 


du bord inférieur du Soleil. ...,..... 4% 18° 34” RES 
e. = LA 30 
Page de la corne crieabie dela Lune... 4e 19e 4 
de la corne occidentale de la Lune... 4 19. TON A 
du bord fupérieur -du Soleil... ... ae. de 2151464 \£",33» 


De cette phafe obfervée, il fuit que Ie centre Z de Ia € étoit moins élevé 


fur l'horizon que celui S da Soleil d'une quantité LD = — 21° 33° 


DES SCIENCES. 43 


Et que ce même centre Z étoit à l'occident 
d'üne quantité... ess. DIE UEE 


T7 
Conféquemment................. SEPT A) ETES 


1.134 
Quatrième © dernière Obfervation , faite au fl vertical 
d calculée pour 4h 22! 23", 

du premier bord du Soleil. ...... Me ANT O2 Apt 
Page de la corne qecidentale de Ja Lune.:. 4. 19. 46. h 4 
de la corne orientale de la Lune..... 4.22. 23. 37 
du fecond bord du Soleil.......... 4. 22. 45. |°** 
De cette phafe obfervée, il fuit que le centre L de Ia € étoit moins élevé 
fur l'horizon que le centre S du © d’une quantité LD = — 20° 21". 


Et que ce même centre Z étoit à l'occident 
du centre S d’une quantité....., RUE En 7 SES 0728 


Conféquemments ere. PONT SZL= — o. 34. 


De plus, j'ai déduit de ces phales obfervées les grandeurs 
de de & les diftances des cornes que voici: 


À 4° 2", grandeur de l'Éc. — $’ 10’; dift. cornes — 17° 28" 
à 4 o, grandeur de Éd. — 8. 24; dift. cornes — 21, 45. 
4 19. 4, grandeur de l'Éc. — 10. 45 ; difl. cornes — 24» 10 
4 22. 22, grandeur de l'Écl. = 12. 2: diff, cornes — 25. 12 


Enfin je conjecture que l'erreur #2 Tables eft en longitude, 


Pour les Tables de M. Mayer. ......, ARS TTET EE TES d) 
Pour les Tables de M. Clairault.. . .......... — 44 


Mais ce dont je fuis plus certain, c’eft que dans Ia cir- 
‘conftance dont je viens de donner le petit nombre d'Obfer- 


vations que j'ai pu faire, les Tables de M.* Clairaut & 
Mayer diffèrent entre elles, 


Disnta ao pitidee dE tie ie ele -telefe le stef — 51" 
à la latitude , de....... EC SET IAE ME — "12° 
2 l'afcenfion droite, de....... Lena es — 56. 


Le temps étoit donc fi peu favorable, que ce que je viens 
de donner eft à quoi fe réduit ce que je puis dire de l'obfer, 
Yation de cette Écliple du 24 Juin 1778. 


RoHS 
Fi 


Préfenté 
à l’Académie 
le 17 Mars 
1774: 
Relû 
le27 Mai 
1778. 


44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaLE 


DÉC M OCT RE) 


Sur la décompolition de plufieurs Sels neutres à bafes 
d'alkalis fixes è7 volatils , par l'acide marin. 


Par M CoORNETTE. 


% MaARGRAFF .& BAUMÉ fe font occupés les premiers 

. de lobjet principal que le titre de ce Mémoire 
vient d'énoncer ; mais ces deux habiles Chimiftes ne s’accor- 
dant pas fur les mêmes faits, il en réfulte au fond une 
incertitude d'autant plus fondée, que de part & d'autre on 
cite des expériences bien faites. 

La matière, intéreffante par elle-même, le devient donc 
davantage par cette diverfité de fentimens, & femble exiger 
des recherches & des obfervations ultérieures , pour tâcher 
de découvrir pourquoi, en opérant avec les mêmes fubftances, 
on obtient des rélultats fi oppolés. 

J'ofe me flatter que mon travail tendant à éclaircir cette 
matière par une fuite de procédés variés, nouveaux, étendus 
fur plus de mixtes falins , & comparés avec ceux qui ont 
déjà été employés, l'Académie voudra bien agréer l'hommage 
que j'ai l'honneur de lui en faire, pour le foumettre à fon 
jugement. 

Négligeant abfolument toute efpèce de remarques théo- 
riques qui pourroient ramener à l’ordre admis & reconnu des 
affinités, ces décompofitions extraordinaires, quoiqu'elles ÿ 
paroiffent tout-à-fait contraires, je me borneraï à ne préfenter 
que les faits. 

Mais avant d'entrer dans aucun détail fur {a manière plus 
fimple, plus naturelle, ce me femble, & plus expéditive, 
avec laquelle j'ai procédé, pour faire opérer à Facide marin 
les décompofitions extraordinaires dont il s’agit, il convient 
que j'expole en peu de mots ce qui a été fait en premier lieu, 
dans les mêmes vues, par M.* Margraff & Baumé, 


SD D 


_ 


D ESS GS IF EU NE c-EUs. 45 
M. Margraff, dans fa Diflertation fur le Sel commun, 


imprimée dans le fecond volume de fes Opufcules , édition 
françoife, afhrme qu’il eft parvenu à décompoler le nitre & 
le nitre quadrangulaire, par lacide marin, en mélant cet 
acide avec ces fels, & en leur faifant fupporter l'action du 
feu le plus fort dans des vaifleaux fermés: voici ce qu'il dit 
à ce fujet, dans les pages 363 & fuivantes de cette même 
Differtation. «Nous avons vu que l'acide du nitre, quand on 
en verfe une quantité convenable fur le fel commun, & qu'on 
l'en retire enfuite par la diftillation, poufle dehors l'acide du 
fel, & s'unit avec la partie alkaline du même-fel en nitre 
cubique: quoiqu'il n’y ait pas là un grand fujet d’étonnement, 
continue-t-il, vu que, fuivant les principes de la Chimie, 
un fort acide en chafle un plus foible ; c’eft pourtant une 
chofe toüte particulière, qu'ici la chofe eft au rebours, en ce 
qu'un bon acide de fel bien pur pouffe à fon tour l'acide du 
falpêtre hors du nitre cubique aufi-bien que hors du nitre 
prifmatique.» Voici comment cet habile Chimitte procède à 
la décompofition de ces fels. Après avoir apporté à la prépara- 
tion de l'une & l’autre de ces fubflances, toute l’exactitude 
qu'on lui connoiït, il prend.une demi-once de nitre en poudre, 
qu'il met dans une cornue de verre, & fur lequel il verfe 
quatre onces d’efprit de fel très-pur ; il diftille entièrement 
tout le liquide & pouffe le feu jufqu’à l’incandefcence : il 
obferve que pendant la diftillation il s'élève d’abord des 
vapeurs rouges , & enfuite de blanches, & qu'à lafin, lorfque 
la retorte eft en incandefcence , elles redeviennent TOUGES: 
L'opération étant finie , il fait diffoudre [a matière faline 
reflée dans la cornue, dans une fuffifante quantité d’eau 
diftillée; il obtient de cette liqueur, par la filtration, évapo- 
ration & criftallifation, un vrai fel fébrifuge de Sylvius, à 
Texception cependant d’une aflez bonne quantité de nitre 
avec lequel il fe trouvoit encore mêlé, & qui par conféquent 
n'avoit pas été décompolé : il a aufi le même réfultat avec 
le nitre cubique; & quoiqu’après l'opération , il lui en refte 
encore une partie qui n'eft pas entièrement décompolée, il 


46 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


obferve cependant que le nitre cubique fe décompofe plus 
facilement que le nitre prifmatique ; enfin pour lever tous les 
doutes que lon pourroit encore avoir fur la réalité de ces 
décompofitions, il fature l'acide qu'il a retiré de ces diflilla- 
tions avec une fuffifante quantité d’alkali fixe; il en obtient 
par la criftallifation du fel marin régénéré, mais parmi lequel 
il fe trouve du vrai nitre. Il ne parle point dans cette Difer- 
tation de l’action de l'acide marin fur le tartre vitriolé & le 
{el de Glauber; mais on trouve à la fin du même Ouvrage, 
page 455, une Lettre dans laquelle, en confirmant par fon 
propre témoignage la belle oblervation de M. Baumé, fur 
la décompofition du tartre vitriolé par l'acide nitreux, il 
annonce que la décompofition de ce {el eft également poffible 
par l'acide marin, comme par l'acide du nitre : enfin ce n’eft 
pas feulement le tartre vitriolé, ajoute-t-il, mais encore le fel 
de Glauber qui eft aufli décompofable, tant par l'acide nitreux 
que par l'acide marin; & comme il ne fait qu'indiquer ces 
décompofitions, fans entrer dans aucun détail fur la manière 
d'opérer, on eft en droit de prélumer qu'il n’a pas procédé 
d'une façon différente pour la décompofition de ces fels, que 
our ‘celle du nitre & du nitre quadrangulaire: or fon voit 
qu'il réfulte de ces expériences de M. Margraff, que le tartre 
vitriolé, le fel de Glauber, le nitre & le nitre quadrangulaire 
font décompolés par l'acide marin, maïs auffr que cet habile 
Chimifte a employé, pour y parvenir, une quantité d'acide 
très-confidérable, & que nonobftant il a été obligé pour 
lavoir complette, à avoir recours aux cohobations réitérées, 
& à fa diftillation, pouflée jufqu’à l'incandefcence ; ce qui 
d’après cet expolé rend ces expériences longues & pénibles. 


M. Baumé au contraire paroît s'être fervi d’un moyen plus . 


fimple & plus naturel : il eft vraifemblable que cet habile 
Chimifte, après avoir décompolé le tartre vitriolé & le fel 
de Glauber par l'acide nitreux, procédé dont on trouve le 
détail à la page 438, premier Volume de Ja Chimie, a tenté 
avec l'acide marin les mêmes expériences qu'avec l'acide 
nitreux. Ïl paroît que, s’il n’a point obtenu de décompolition 


D ES SICHEN CE Ss. 47 
avec cet acide, ainfi qu'il l'avance aux pages 39 à 43, 
Jecond Volume de Ja Chimie, particulièrement pour le fel de 
Glauber & le nitre quadrangulaire, cela ne peut dépendre 
que de ce qu'ayant opéré de mème avec f'acide marin qu'avec 
Tacide nitreux, c'eft-à-dire que s'étant fervi d'acide marin 
ordinaire fur une diffolution de fel de Glauber & de nitre 
quadrangulaire, cet acide fe trouvoit trop affoibli, & étoit 
par ce moyen hors d'état de pouvoir agir fur ces fels, comme 
j'aurai occafion de le faire voir par la décompofition du 
tartre vitriolé. 

D'après ce court expofé des expériences que ces deux 
habiles Chimiftes ont faites fur cet objet, il conviendroit 
que je rapportaffe de fuite celles qui me font propres ; mais 
avant d'entrer dans ce détail, j'ai cru devoir répéter moi- 
même des expériences de M. Margraff, dont je viens de 
parler, afin d'obferver les principaux phénomènes qui fe 
pafleroïient pendant la décompofition de ces els, les com- 
parer enfuite à celles que j'ai faites. 

J'ai procédé pour la décompofition du nitre, felon Ia 
méthode indiquée par ce Chimifte, c'eft-à-dire, j'ai foumis 
à la diftillation, dans une cornue de verre, une demi-once 
de nitre en poudre avec quatre onces d'acide marin fumant 
très-pur, il s'eft élevé d’abord , comme il l'a fort bien remar- 
qué, des vapeurs rouges, mais qui font devenues blanches 
quelque temps. après ; fur la fin de la diililiation , il-s'eft 
excité dans la cornue une effervelcence aflez confidérable, 
dont M: Margraff n'a point parlé, & que je ferai mieux 
connoître à l’article de la décompofition de ce {el; j'augmentai 
Le feu, jufqu'à faire rougir la cornue, ce dernier degré de 
chaleur fit encore dégager quelques vapeurs d'acide nireux : 
lorfque la diftillation fut finie, je délutai les vaiffeaux , je 
fis difloudre la matière {aline reflée dans la cornue dans une 
fufffante quantité d’eau diftillée; après avoir filtré, fait éva- 
porer & criftallifer da liqueur, j'obtins des criflaux de {el 
fébrifuge de Sylvius, mais qui étoient encore mêlés d'une 
quantité confidérable de nitre qui n’avoit pas été décompolce, 


48 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Je répétai la même expérience fur le nitre quadrangulaire, 
& quoique par cette opération le fel ne füt pas entièrement 
décompolé, j'obfervai néanmoins, comme l'a fort bien remar- 
qué M. Margraff, que ce fel fe décompoloit plus facilement 
que le nitre: j'aurai occafion de faire voir dans la fuite l’ana- 
logie que l'acide marin conferve pour fa bale ; quoique cette 
bafe foit combinée avec un acide plus fort que luï, je démon- 
trerai que je parviens à décompoler ces fels avec, beaucoup 
moins d'acide que ceux à bafe d’alkali fixe. végétal. 

Je fis le même travail fur le tartre vitriolé & le fel de 
Glauber; mais je ne tardai pas à m'apercevoir, comme on le 
verra par les expériences fuivantes, que l'acide marin n'opé- 
roit point par cette voie d'une manière auffi marquée fur 
ces fels, que fur le nitre & fur le nitre quadrangulaire. 

Je mis dans une cornue de verre, une demi-once detartre 
vitriolé très-pur, fur lequel je verfai quatre onces d'acide marin 
fumant; je pouflai la diftillation jufqu'à l'incandefcence ; je 
fis difloudre la matière faline reftée dans la cornue, dans de 
l'eau diflillée, & je n'obtins après l'évaporation de la liqueur 
qu'un léger indice de décompoñition. 

Je répétai la même opération fur le fel qui me reftoit avec 
la même quantité d'acide : le réfultat de cette feconde expé- 
rience fut abfolument femblable à la première. 

Enfin, après avoir employé pour la décompofition de ce 
{el douze onces d'acide marin , ce qui fait, comme on le 
voit, vingt-quatre parties d'acide fur une de fel, je ne pus 
encore obtenir qu'une décompofition très-imparfaite, puifqu'il 
me refta plus des trois quarts du tartre vitriolé, qui n'avoit 
fouffert aucune altération. Le fei de Glauber, traité de même, 
ne réuflit pas mieux; & je ne pus parvenir avec cette quantité 
d'acide à me procurer une décompoñition plus marquée. 

Les expériences que j'ai faites, & dont je vais rendre compte, 
quoique tendantes au même but que celles de M. Margraff, 
paroïtront, ce me femble, plus fimples & plus faciles, fE 
lon confidère que je n’emploie pour opérer ces décompo- 
fkions ni diftillation, ni incandefcence, & beaucoup moins 

; d'acide 


DES S cHENCES, 49 


d'acide : il eft vrai que ce n’a été qu'après plufieurs recherches 
ultérieures, & par des expériences variées & multipliées, que 
je fuis parvenu au but que je m'étois propofé. Mon objet 
principal dans tout ce travail, étoit non-feulement de mieux 
décompofer ces fels, mais encore d’obferver tous les phéno- 
mènes qui devoient fe pafler pendant leurs diflolutions dans 
cet acide; & c’eft-là le motif qui m'a déterminé à employer 
l'acide marin dans divers degrés de concentration. Ce 
Mémoire étoit prefque fini, lorfque j'ai eu connoïffance du 
travail que M. Margraff avoit fait fur cette matière, & dont 
je viens de rendre compte; le defir de le mieux faire connoître, 
en démontrant que l'on peut y parvenir par un procédé 
différent, m'a engagé à le continuer & à l'étendre par une 
nouvelle fuite d'expériences. Ë 

Comme le tartre vitriolé eft celui de tous les fels qui 
m'a préfenté le plus de difficultés pour fa parfaite décom- 
pofition, c'eft auf celui fur lequel j'ai fait le plus de 
tentatives. 


Décompofirion du TARTRE VITRIOLÉ par l'acide marin. 


Je fis difloudre dans une fufffante quantité d’eau diflillée, 
une demi-once de tartre vitriolé; je verfai fur ce fel, ainfr 
diffous ; deux onces d’acide marin ordinaire, la liqueur éva- 
porée dans une capfule de verre au point de criftallifation, 
ne me fournit aucun changement; les criftaux que j'en obtins 
par le refroidiflement, étoient du tartre vitriolé qui n'avoit 
fouffert aucune altération : la feule différence que j'y trouvai 
ne confiftoit que dans la forme des criftaux qui étoient dif- 
pofés en poignards ou lames d'épée, jetés les uns fur les 
autres confufément; ils approchoïent aflez, par cette forme, 
de ceux du fublimé corrofif, obtenus par une évaporation 
lente. 

Peu fatisfait de cette expérience, je crus devoir procéder 
d'une autre manière : je variai les dofes de cet acide, tantôt 
en ajoutant moins d’eau & beaucoup plus d'acide, & tantôt 
en diftillant acide marin, dont je recevois les vapeurs fur 


Mém. 1778, 


so MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 


une diffolution de tartre vitriolé ; je ne fus guère plus heureux 
après toutes ces tentatives, je n'obtins aucune marque de 
décompofition; car je retrouvai après l'évaporation de Ja 
liqueur, tout le tartre vitriolé qui n'avoit louffert aucune 
altération. 

Tous ces moyens m'ayant donc été infruétueux pour 
décompofer ce fel, je m'y pris d’une autre manière : comme 
jufqu'ici je n'avois employé que de l’acide marin ordinaire 
fur une diflolution de tartre vitriolé, je préfumai que fi le 
fuccès n’avoit pas été plus favorable, cela ne pouvoit dépendre 
premièrement que de l’eau que j'avois employée pour difloudre 
ce fel, qui venant à afloiblir cet acide, qui l'étoit déjà beau- 
coup par lui-même, le mettoit hors d'état d'agir d’une manière 
aufli efficace que s’il eût été plus concentré; fecondement, 
qu'ayant opéré avec acide marin, en quelque forte comme 
M. Baumé l’avoit fait avec l'acide nitreux, je ne pouvois 
pas obtenir les mêmes réfultats, puifqu’à volume égal, l'acide 
nitreux le plus foible contient plus de matière faline acide, 
que l'acide marin le plus fumant. 

Ce fut d'après ces conjeétures que je me déterminai à ne 
plus employer que l'acide marin fumant, feul & fans addi- 
tion, dans f’efpérance que faifant pafler fur ce fel cet acide 
dans le plus grand état de concentration, je pourrois peut- 
être , par fon action immédiate, y occafionner quelque 
altération : cette expérience eut tout le fuccès que j'avois 
lieu d'en attendre; & quoique la décompofition ne fut pas 
complète, jeus la fatisfaétion néanmoins de voir ce fel 
prefque totalement décompolé. 

Je mis dans un matras une demi-once de tartre vitriolé 
réduit en poudre, fur lequel je verfai une once d’acide marin 
fumant; je fis bouillir pendant quelque temps cet acide fur 
ce fel; je décantai la liqueur; je reverfai de nouveau fur celui 
qui n’avoit pas été diffous la même quantité, que je fis bouillir 
également; je rafflemblai enfuite ces diffolutions, auxquelles 
j'ajoutai une once d’eau diftillée, afin de la faciliter & de 
l'étendre davantage; j'en obtins, par le refroidiffement , une 


els Se TPE NC Es: SE 


quantité fuffifante de petits criftaux très- jaunes. La liqueur 
qui me reftoit ayant été foumife à l'évaporation, me fournit 
encore des criftaux femblables aux premiers : je fis égoutter 
ce {el fur le papier gris; il perdit une partie de fa couleur, 
mais refta encore extrêmement acide: néanmoins il avoit en 
cet état toutes les propriétés du fel marin régénéré; if pétit- 
loit comme lui fur les charbons ardens; l'acide vitriolique 
concentré le décompoloit, & failoit dégager beaucoup de 
vapeurs blanches d’acide marin ; il précipitoit auflr en fune 
cornée la diffolution d'argent, mais celle de mercure étoit 
toujours précipitée en turbith minéral; couleur qui, comme 
on le voit, me déceloit encore la préfence de Facide 
vitriolique. 

Cette dernière expérience fufifoit, ce me femble pour me 
laïfler encore douter fur la réalité de cette décompofition , 
puilque je pouvois auffi-bien attribuer à la préfence de l'acide 
marin, encore engagé dans les criftaux de ce fel, qu'à l'acide 
vitriolique, les principaux phénomènes que je viens dénoncer; 
mais pour m'éclaircir fur cet objet , je le fis difloudre dans 
une fuffifante quantité d’eau diftillée, il s’excita auffitôt affez 
de froid pour faire defcendre le thermomètre de Réaumur, 
de 6 degrés, la température étant à 1$ au-deflus de la 
glace; efiet que je préfumai ne devoir être produit que par 
le. {el fébrifuge de Sylvius déjà formé ; puifque celui qui 
s'étoit excité au moment du mélange de f’acide marin avec 
le tartre vitriolé, n’avoit fait defcendre le thermomètre que 
de 2 degrés. La diffolution de ce fel étoit un peu laiteufe , 
je la filtrai en cet état, elle pañla fort clair fans couleur, mais 
encore très-acide ; foumife à l’évapôration, elle me fournit 
de petits criftaux très-blancs, mais qui ne perdirent point 
leur acidité, même après avoir été égouttés Jong-temps fur 
le papier gris; les diffolutions répétées dans l'eau diftillée, 
ainfi que les imbibitions fur Îe papier n'ayant donc point 
fufñ pour enlever à ce fel cet acide furabondant, j'entrepris 
de le faturer avec une fuffifante quantité de craie ; ce moyen 
me réuflit, & je parvins à me procurer d'une part du fel 


G i 


52 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fébrifuge.de Sylvius parfaitement neutre, & d'une autre de 
la félénite. 

Cette expérience me prouvoit donc inconteftablement Ja 
décompofition réelle du tartre vitriolé, & la néceflité pour 
y parvenir d'employer l'acide marin dans cet état de concen- 
tation; mais il me reftoit encore des doutes, que je ne 
pouvois lever que par une nouvelle expérience : c'étoit de 
m'aflurer fi l'acide vitriolique, ainfi adhérent à ces criftaux, 
provenoit ou de celui qui réfultoit de la décompofition du 
tartre vitriolé, ou de celui qui auroit pu s'élever avec l'acide 
marin lui-même, préparé à la manière de Glauber; pour 
m'en convaincre , je fis l'expérience fuivante. 

Je fis évaporer dans une capfule de verre au bain de fable, 
une once d'acide marin fumant; lorfqu'une bonne partie de 
l'acide fut diffipée, & que la liqueur qui reftoit ceffa de donner 
des vapeurs, je la faturai avec des criftaux de foude, j'obtins 

ar ce moyen du fel marin, avec lequel fe trouvoit beaucoup 
de fel de Glauber : cette preuve n'étoit pas équivoque, & 
me confirma dans l'idée où j'étois, que fi ce fef avoit con- 
fervé fi opiniâtrément fon acidité, cela ne pouvoit dépendre 
que de l'acide vitriolique, que l'acide marin qui avoit été 
fait à la manière de Glauber, avoit enlevé pendant la diftil- 
lation, & qui ne fe trouvant combiné avec aucune bale, 
décompoloit le fel fébrifuge de Sylvius à mefure qu'il fe 
formoit. 

Je fentis dès-lors la néceffité de ne plus employer pour 
toutes mes expériences, que de l'acide marin qui auroit été 
diftillé fur de nouveau fel marin purifié & décrépité : perfuadé 
qu’en employant cet acide dans cet état de pureté, la décom- 
pofition du tartre vitriolé feroit plus facile & moins équivoque. 

Je mis dans un matras une demi-once de tartre vitriolé 
en poudre, fur lequel je verfai une once & demie de cet 
acide marin, ainfi purifié & dégagé de toutes matières étran- 
gères; je procédai de la même manière que je l’avois fait 
pour les expériences précédentes; le tartre vitriolé fut entiè- 
rement décompolé par cette opération, & converti en {el 


DUENSNE SUCUILENNT cr 'EA S; 


53 
fébrifugé de Sylvius *. Une feule diffolution de ce fel dans 
l'eau diftillée, fuffit pour lui enlever la portion d'acide qui 
fe trouvoit encore engagée dans les criftaux, & le one par- 
faitement neutre. 

Toutes les expériences fuivantes ont été tés avec le 
même acide marin, employé dans différens états; mais n'ayant 
pu obtenir aucune décompofition complète avec cet acide 
ainfi affoibli, je me bornerai à ne rapporter par la fuite que 
celle que je me fuis procuré avec l'acide marin fumant & 
pur, comme dans l'expérience précédente, afm d'éviter les 
répétitions inutiles. 


Décompofirion du SEL DE GLAUBER par l'Acide marin. 


L'acide marin agit d’une manière plus marquée fur ce fef 
que fur le tartre vitriolé : lanalogie qu’il conferve pour fa 
bafe eft d’autant plus fenfible que 1a décompofition en eft 
plus facile, préfente moins de difficultés, & exige une quan- 
tité beaucoup moindre d'acide, 

Je mis dans un matras une demi-once de fel de Glauber 
en criftaux : je verfai par-deffus fix gros d'acide marin fumant ; 
il s’excita dans l’inftant du mélange aflez de froid pour faire 
defcendre le thermomètre de 6 degrés, la température étant 
à 15; quoique cependant il n’y eût qu'une partie de ce 
{el qui püt fe diffvudre, je fis bouillir pendant quelque temps 
cet acide , j'étendis cette diflolution dans une demi-once d’eau 
diftillée, & j'obtins par le refroidiflement de la liqueur, 
un fel en petits criftaux très-jaunes, mais qui perdit entière- 
ment fa couleur & fon acidité, après avoir été égoutté fur 
le papier gris : c’étoient autant de petits cubes parfaits que 
je ne pouvois méconnoître pour du fel marin; il en avoit 
d’ailleurs la faveur & toutes les propriétés. 

Cette décompolition, comme on le voit, eft très-prompte 
& très-facile, mais on pourroit m'objeéter qu'elle ne peut 


* L’acide marin dont je me fuis fervi peloit, dans une bouteille qui con- 
tenoit jufte une once d’eau diftillée, neuf gros trente grains, 


s4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE- 


point fervir à démontrer, comme je l'ai avancé, l'analogie 
que l'acide marin conferve pour fa bafe, puifque, pourra-t-on 
me dire, la quantité d'acide que j'ai employée pour la décom- 
pofition de ce {el, refpedivement à l'eau de criftallifation 
qu'il contient, eft au moins égale à celle que j'ai employée 
pour la décompofition du tartre vitriolé : pour prévenir cette 
objection, je fis l'expérience fuivante. 

Je mis dans un matras une demi-once de fel de Glauber, 
que j'avois fait tomber en efHorefcence avec la même quantité 
d'acide marin que pour l'expérience précédente ; j'obfervai 
qu'il s’excita moins de froid, mais la décompofition eut éga- 
lement lieu. 

Cette dernière expérience, en démontrant de plus en plus 
Y'analogie que l'acide marin conferve pour fa baie, prouve 
encore que {a décompofition de ce fel peut fe faire également 
avec de l'acide plus foible, puifque dans la première expé- 
rience, où je me fuis fervi du fel de Glauber en criftaux : 
cet acide devoit eflentiellement fe charger de l'eau de crif- 
tallifation de ce fel, & avoit néanmoins opéré Ia décompo- 
fition, ce qui prouve, comme l’a remarqué le favant auteur 
du Dictionnaire de Chimie, que plus les fels contiennent 
d'eau de criftallifation, & moins ils contraétent d’union 
intime avec les acides auxquels ils font combinés, & c’eft 
ce qui fait que la décompofition du fel de Glauber s'opère 

lus facilement que celle du tartre vitriolé. 

Je ferai obferver qu'il arrive pour la décompofition de 
ces fels par l'acide marin, ce qui {e pafle pour celle du tartre 
vitriolé par l'acide nitreux; que fi après avoir retiré un certain 
nombre de criftaux, on continue à faire évaporer l’eau-mère, 
on n'obtient plus le même fel; l'acide vitriolique libre, contenu 
dans cette liqueur, reprend, felon la remarque de M. Baumé, 
tous fes droits, réagit fur ces nouveaux fels, & les décompole. 


Décompofition du nitre à" du nirtre quadrangulaire par 
l'acide marin. 
Ces deux expériences ont été faites en même temps, & 


D ESS CT E N° c Es 55 


fur fes mêmes quantités de fels de nitre & de nitre quadran- 
gulaire; la décompofition du nitre s’eft faite plus difficilement, 
& a exigé une plus grande quantité d'acide marin que celle 
du nitre quadrangulaire : les phénomènes qui fe font paflés 
pendant leurs difiolutions, ont été bien différens de ceux 
des opérations précédentes. 

Je mis une demi-once de chacun de ces fels réduits en 
poudre dans deux petits matras; je verfai dans celui où étoit 
contenu Île nitre, une once d'acide marin fumant, & dans 
celui où étoit le nitre quadrangulaire, fix gros de cet acide 
feulement: ce mélange {e fit fans aucun mouvement fenfible, 
mais quelque temps après il s’excita aflez de froid pour faire 
defcendre le thermomètre de plufieurs degrés; pour le nitre, 
le froid fut de 3 degrés; pour le nitre quadrangulaire, 1e 
froid fut de 6: la température étant ce jour-là à 15 degrés 
au-deflus de la glace. 

Je plaçai ces deux matras fur un bain de fable que j'échauffai 
par degrés; avant même que a liqueur commencçät à entrer 
en ébullition, il s’excita dans chacun de ces vaiffleaux un 
mouvement d'effervefcence très-fenfible ; les vapeurs qui fe 
répandirent étoient roufles, pénétrantes & très-nauféabondes; 
elles avoient abfolument l’odeur de celles de l’eau régale. Je 
fis bouillir pendant quelque temps cet acide fur ces fels, 
j'ajoutai fur chacun de ces mélanges, une demi-once d’eau 
diftillée, & lorfqu'ils furent entièrement diflous, je retirai 
les vaiffeaux du feu; je laiflai enfuite refroidir les liqueurs, 
pour obferver l'ordre de la criftailifation ; le nitre me fournit 
une aflez bonne quantité de petits criftaux cubiques, parmi 
lefquels il y en avoit encore quelques-uns qui étoient difpo- 
fés en petites aiguilles, que je reconnus pour de vrai nitre 
qui n’avoit fouffert aucune altération. 

Le nitre quadrangulaire fut décompofé en entier avec cette 
quantité d'acide ; les criftaux que j'obtins étoient autant de 
cubes parfaits abfolument femblables au fel marin, ce qui 
prouve encore, comme je l'ai remarqué pour le {el de Glauber, 
lanalogie que cet acide conferve pour fa bafe, 


56  MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Je reverfai de nouveau fur les petits criftaux nitreux deux 
gros du même acide marin; {a diffolution fe fit de la même 
manière que je viens de le décrire: ce fel, par cette feconde 
opération, fut décompolé entièrement, & les criflaux que 
j'obtins étoient abfolument femblables aux premiers. 

Je les fis diffoudre néanmoins chacun féparément dans 
l'eau diftillée, afin de leur enlever une petite portion d’acide 
qui mouilloit encore Îes criflaux, & qui les coloroit ; après 
avoir filtré & fait évaporer les liqueurs jufqu'au point de 
criftallifation , j'en obtins par le refroidiffement deux fels très; 
blancs abfolument neutres, & qui ne diféroient les uns des 
autres que par leurs bafes: au lieu de fufer fur les charbons 
ardens, ils décrépitoient ; l'acide vitriolique concentré en 
dégageoit beaucoup de vapeurs blanches d'acide marin, & 
les diffolutions d'argent & de mercure, faites l'une & l'autre 
par l'acide nitreux , étoient précipitées fous forme de caillé. 

Les deux efpèces d’eau-mères qui me reftoient étoient d’une 
couleur jaune citrine, & fournifloient encore deux nouvelles 
preuves de la parfaite décompofition de ces fels; elles avoient 
toutes deux les propriétés d’une eau régale dans un état bien 
marqué; car je parvins à difloudre en très -peu de temps, 
& même à froid, dans ces deux liqueurs, une affez bonne 
quantité de feuilles d’or : ces diflolutions étoient très-claires, 
& elles m'ont fourni, par les expériences auxquelles je les ai 
foumifes, les mêmes réfultats, toutes chofes d'ailleurs égales, 
qu'une diflolution d’or ordinaire, ce qui fait un moyen peu 
connu pour faire de l’eau régale *; moyen qui, quelqu'em- 
barraffant qu’il foit, peut toujours fervir dans des cas où, 
faute d'acide nitreux avec de l'acide marin & du nitre, on 
feroit obligé de fe pafer d’eau régale. 

Mais on trouve dans la Chimie de Boërhaave, page 440, 
qu'en foumettant à {a diftillation deux parties d’acide marin 
fumant, fur une de nitre, on obtient une très- bonne eau 
Em 

* Roth, dans fa Chimie, dit d’une manière vague & générale, qu’ayec 
l'acide marin & le nitre, on peut faire de l’eau régale. , 

- régale : 


DAEYSHSNCILE) N°CE S 57 

régale : il paroît néanmoins que ce favant Chimifte n'avoit 

- aperçu ce phénomène qu'à demi, puifqu'il dit enfuite que 

la matière faline reftée dans la cornue, étoit un vrai nitre 

qui n’avoit fouffert aucune altération ; ce qui ne peut pas étre, 

d'après les expériences dont je viens de rendre compte, 

attendu que l'acide marin diftillé avec fe nitre, ne peut point 

former d'eau régale, fans qu’au préalable il y ait une portion 
de nitre qui foit décompolée, 


_Décompofirion des Sels ammoniacaux vitrioliques àr nitreux 
par l'acide marin. 


Après avoir examiné l'action de l'acide marin fur le tartre 
vitriolé, le {el de Glauber, le nitre & le nitre quadrangu- 
laire, je crus qu’il étoit eflentiel, & même indifpenfable pour 
étendre davantage ce travail, de fuivre le même objet fur les 
fels ammoniacaux vitrioliques & nitreux; on verra, par les 
expériences dont je vais rendre compte, que cet acide agit 
d'une manière plus marquée {ur ces fels à bafe d'alkali volatif, 
que fur ceux à bafe d’alkali fixe végétal, puifque les décom- 
pofitions qu’il opère fur eux font plus promptes & plus faciles. 


Je mis dans deux matras une demi-once de chacun de ces 
{els ammoniacaux que j'avois préparés moi-même, & qui 
étoient parfaitement neutres; je verfai dans chaque matras, 
fix gros du même acide marin fumant : après avoir agité ces 
mélanges pendant quelque temps, je-m'aperçus que le fioid 
qui s'excitoit étoit aflez fenfible ; je plongeai deux thermo- 
mètres dans ces deux matras, la diffolution du fel ammoniacal 
vitriolique occafionna 4 degrés de froid, & celle du fel 
ammoniacal nitreux m'en donna $, la température étant 
ce jour-là à ro degrés au-deflus de la glace; j'expofai les 
“vaifleaux , comme je l'ai fait pour les expériences précédentes, 
à une chaleur capable de faire bouillir les liqueurs qu'ils 
contenoient; ce degré de chaleur n'excita aucun mouvement 
fenfible fur le fel ammoniacal vitriolique, mais j'oblervai avant 
même que l'acide entrât en ébullition fur le fel ammoniacal 


Mém, 1778, H 


58 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


nitreux, que l’effervefcenceétoit plus confidérable, & que les: 
vapeurs qui s'élevoient étoient plus vives, plus pénéirantes 
que celles que j'avois aperçues pendant la décompofition des 
{els de nitre & de nitre quadrangulaire; j'ajoutai après quel- 
ques minutes d'ébullition, dans chaque matras, une demi- 
once d’eau diftillée pour que ces fels, qui n’étoient pas encore 
parfaitement diffous, le fuflent plus exaétement; je verfai les 
liqueurs dans des caplules de verre, & elles me fournirent 
toutes deux, par le refroidiffement, une infinité de criftaux 
difpolés par petites aiguilles réunies en forme de barbe de 
plumes: ils étoient abfolument femblables à ceux du fel am- 
moniac;: ces deux fels étoient très-colorés, mais celui réfultant 
de la décompofition du {el ammoniacal nitreux, l'étoit beau- 
coup plus que le premier ; il étoit rouge & brillant comme 
le rubis : cette différence de couleur m'a paru ne devoir être 
attribuée qu’au phlogiftique, dont le fel ammoniacal nitreux 
eft fi abondamment pourvu. Ces deux fels, égouttés fur le 
papier gris, perdirent prefque entièrement leur acidité, mais 
confervèrent, à peu de chofe près, leurs couleurs, ils avoient 
en cet état toutes les propriétés du fel ammoniac ordinaire : 
ce dont je me fuis afluré facilement par l’expérience. 

Je fis difloudre ces fels féparément dans une fufifante 
quantité d’eau diftillée, dans le deflein de leur enlever cette 
matière colorante; mais je ne fus pas long-temps à m'aper- 
cevoir que cette nouvelle diflolution dans l'eau ne produiroit 
pas l'effet que j'avois attendu; car les liqueurs, après avoir 
été filtrées & évaporées, ne me fournirent encore que des 
fels très-jaunes, quoique je les euffe fait long-temps égoutter 
fur le papier gris. 

Je préfumai quele meilleur moyen pour parvenir à détruire 
cette couleur étoit la voie de la fublimation : je crus pour cet 
effet devoir me fervir d'un intermède qui, n'ayant aucune 
action fur ces fels, püt feulement fe charger de Îa partie co- 
lorante; ce fut la terre blanche d’alun bien pur, que j'avois 
édulcorée à plufieurs reprifes dans de l'eau bouillante, dont 
je fis ufage. 


Est SVCUILE NA CE 5 59 

Je mélai ces fels féparément dans deux petits matras ou 
fioles ordinaires, avec une pareille quantité de cet inter- 
mède ; j'entourai ces vaifleaux dans le fable, & je procédai 
enfuite à {a fublimation, en donnant au commencement une 
chaleur affez douce & que j'augmentai par degrés, jufqu’à ce 
que tout füt fublimé & attaché au haut de la fiole. Après 
la rupture: des vaifleaux, je trouvai deux petits pains de fel 
très-blanc & très-compact, difpofés par petits filets, appliqués 
dans leur longueur parallèlement les uns aux autres : c'étoit 
de vrai fel ammoniac décompofable par la chaux qui en 
dégageoit l'alkali volatil; & par toutes Îes expériences aux- 
quelles je l'ai foumis, je lui ai toujours reconnu tous les 
caractères qui le diftinguent. 

L'eau-mère reftée de la décompofition du fel ammoniacal 
nitreux, étoit une très-bonne eau régale, bien fupérieure à 
celle obtenue de Ia décompofition du nitre & du nitre qua- 
drangulaire; elle difolvoit l'or beaucoup plus promptement 
& en plus grande quantité : cette diffolution d’or ne différoit 
en rien de celle formée par le concours de l'acide nitreux 
& du fel ammoniac, puifque l'or précipité de cette diflolution, 
foit avec l’alkali fixe, foit avec l'alkali volatil, étoit également 
fulminant, au lieu que celui précipité des deux autres efpèces 
d’eaux régales, ne fulminoit que par l'alkali volatil feulement; 
ce qui prouve que ces eaux régales, réfultant des décompo- 
fitions du nitre, du nitre quadrangulaire & du fel ammoniacal 
nitreux,.ne diffèrent én rien, & produifent, comme je viens 
de le faire remarquer, les mêmes eflets que celles qui font 
faites par les mélanges d'acides nitreux, d'acide ou de fel 
marin & de fel ammoniac. 

Je ne m'étendrai pas davantage fur les remarques que 
préfentent naturellement mes expériences : je me bornerai 
feulement à conclure, d’après les faits que je viens de rap- 
porter, que quoique l'acide marin foit de tous les acides 
minéraux le plus foible, & celui que l'on a toujours regardé 
comme le moins fufceptible de contraéter de fortes adhé- 
rences avec les bafes alkalines, il eft néanmoins très-pofitif 


H ïj 


60 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ue cet acide, felon l’état de concentration dans lequef on 
emploie, eft capable de décompofer tous les fels neutres 
réfultans de l'union des acides vitrioliques & nitreux avec 
des bafes alkalines quelconques: je ferai obferver en même 
temps que ces expériences qui femblent faire autant d’ex- 
ceptions à la Table d'afhnités, prouvent, comme l’ônt déjà 
remarqué plufieurs habiles Chimiftes, la nécefité qu'il y 
auroit de faire quelques changemens à cette Table, en la 
préfentant fous un point de vue moins général. 
II me refte encore à examiner l’action comparée de l'acide 
marin & de l'acide nitreux, fur diverfes autres fubitances 
falines : ce qui fera l'objet de plufieurs Mémoires, que j'aurai 


l'honneur de prélenter fucceflivement à l'Académie, 


DHROSISEG ILE NC LE LS: 61 


OR OSAEX REP SAT FO LN 
NE LUE EL I PSE DEL SOLE IL, 
DEAN OUEN I A6, 


Faite à Sainte-Geneviève. 


PardM :P 1.NG RÉ. 
m'er difpofé un Télefcope Grégorien de 6 pieds, pour 


obferver le commencement de cette Écliple ;: mais un 
mal douloureux, dont Jj'étois atteint, ne me permit pas de 
manier cet inflrument ; je fus forcé de me contenter de Ja 
lunette de mon quart-de-cercle , qui n'a que 2 pieds de 
longueur, mais qui eft très-bonne. 

Commencement de l'Écliple à 3" $3 18" temps vrai, 
bonne obfervation; mais vu la petiteile de la lunette, il feroit 
très-poflible que l'Écliple eût commencé quelques fecondes 
plus tôt. 

J'ai enfüite obfervé plufieurs paffages des cornes par le fil 
vertical de la lunette; mais ces obfervations font fi incertaines, 
que je ne crois pas devoir les rapporter: le ciel, très-beau 
les jours précédens & les jours fuivans, s'ett couvert peu 
avant le commencement de l’'Écliple; le Soleil n'a paru 
d'abord que dans de légers éclaircis, durant un deiquels if 
m'a été permis d’obferver avec affez de précifion le commen- 
cement de l'Écliple : vers 4 heures & demie le Soleil s'eft 
abfolument caché, & n’a plus reparu. 


re 


! 


4 Juillet 
1778: 


Lû 
Je 27 Juin 
1778. 


| 


62 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OIPESNE LR A TT ON 
ERRC EE G L'IPS ED E SOLE MES 
DU 24 JUIN 1778. 

Par M Le MO N/NIIER. 


dr bien defiré que quelqu'Obfervateur connu, & 

dont l'exactitude ne füt nullement fufpecte dans ces fortes 
d'obfervations, eût mefuré, foit aux Açores, foit à la côte 
d'Afrique, les diamètres du Soleil & de la Lune aux inftans 
qui répondoient au milieu de l'Éclipfe; on eût décidé par-là, 
la jufte quantité dont le Soleil auroit paru grofii par les 
réfraétions, fi foibles qu’elles puiflent être, quoique fenfibles 
dans l’atmofphère de la Lune. Képler & Grégori en ayant 
averti, Il étoit néceflaire de s'aflurer d'abord du diamètre 
apparent de la Lune dans les Éclipfes annulaires, & c'eft ce 
qui a été vérifié foigneufement en 1748 & en 1764. 

Le ciel n'a pas été favorable à Paris pendant la durée entière 
de cette Éclipfe, & je n'ai pu mefurer que quelques phales 
dans le lieu où je demeure, fous la latitude de 484 $2'07"2+: 
le Soleil étant forti d’un nuage 1 $" avant 3" 57", commence- 
ment de l'Éclipfe, publié dans le Livre de la Conn. des Temps; 
j'ai jugé, par la phafe obfervée, que le commencement auroit 
été vu vers 3} 54’ de temps vrai : les phafes qui fuivent font 
des plus exactes, ayant été mefurées par un temps fort ferein, 
& avec ma lunette de 8 à 9 pieds, garnie de fon micromètre, 


Diflances des pointes des Cornese 


PUS AMEN RENTE ER 19° 50" 
LA ETC lee le À RTE E 24. OI 
4e 28. 524% AS TT NE 27e OS: 


Et à ce dernier inftant, fa partie fumineufe qui reftoit du 
Soleil, a été vue d'environ 1 $ minutes, par où J'ai jugé que 


D'EUSUSUCINE NICE s 63 
YÉclipfe auroit excédé 6 doigts +, fi le ciel ne s'étoit pas 
couvert de nuages. 


M. D'ULLOA, qui m'a envoyé fon obfervation de l'Écliple 
totale, vue à la mer par une latitude de 374 14 à cent lieues 
ou environ , à f'Oueft du cap Saint-Vincent, auroit bien defiré 

- qu'on en eût conclu la longitude géographique de ce Cap, 
lequel eft déjà bien mieux Macé fur la Carte de M. Pingré, 
que fur celle du Neptune oriental. À 4? 48’, fin de l'Écliple, 
& le milieu à 3° $0”’. 

Quand on aura reçu tous les détails circonftanciés pour 
lobfervation de lÉclipfe, faite par les Officiers Efpagnols, 
on fera peut-être en état de traiter cette matière avec tout 
le foin que cette difcufion géographique femble exiger; en 
attendant, nous n'avons pu faire ufage que des connoiffances 
acquifes fur les Cartes hydrographiques, & de l'Obfervation 
aftronomique de la durée de l’obfcurité totale, favoir o4’, 
dont on ne tardera pas à rendre un compte fort étendu. 

Une autre obfervation de [a même Écliple totale, faite à 
Salé par M. Defoteux, fe trouveroiït dans le même cas, fi ce 
n'eft qu'il s’agit moins de la pofition géographique de Salé, 
que de fe propofer ici la recherche de la trace abfolue du. 
centre de l'ombre aux côtes occidentales de l'Afrique, telle 
qu'il la faut déduire des obfervations immédiates. 

IL eft dit, dans le Mémoire envoyé au Miniftre de Ia 
Marine & à l’Académie, qu'à 4h 2 s/ 07" l'Éclip{e fut totale, 
& qu'à 4} 22', il ne reftoit guère qu'un demi-doigt; que fa 
durée a été de 3" 51”. 

I fuit de-là, qu'à 4*27'2"+, ce fut à Salé le milieu de 
l'Écliple : la latitude de Salé fur le Neptune oriental eft 
3413", & fa longitude 8442’ à l'Oueft de Paris. M. Pingré 
m'a donné le nouveau Salé 344 5’; fa longitude, 94330" 
à l'Occident du Méridien de Paris, ou bien o 36/ 14”: ainft 
il étoit alors à Paris, de temps vrai, $"3/16"+, ou de 
temps moyen, $h$s'12"+. 

À Cadiz, il n'eft refté que 2’ 22"+ de la partie claire du 


64  MÉMorREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Soleil, vers le milieu de lÉcliple, parce qu'en ce moment» 
il étoit de temps vrai, 4"25/41", ou 3'2" plus tard que 
lorfqu'on ajoute la demi-durée , 1° 3 46"+, à l'heure du 
commencement de l'Éclipe , qui étoit 3h18 53". 

On pourroit donc conjecturer que la phafe a été prife 
trop tard à Cadiz, & qu'il feroit néceflaire de la mieux 
conclure des phafes correfpondantes , avant & après cet 
inftant requis. 

Par les phafes du commencement 0426" 30"+& 2733", 
obfervées à 4 16’ 34", 41844", on peut conclure pro- 
portionnellement, qu'à 417 30"+ la phale auroit été de 

[1 


2657 4 

Or la même phafe de 26’ 57" a été obfervée, lors de 
la diminution de l'Éclipfe, à 4 3331". 

Ces deux correfpondantes, 4 17/30"+ & 43331", 
donneroient ainfi le milieu de l'Écliple à 4 2 5! 30"2. 

Je fuppoferai d’abord le milieu, à Cadiz, à 4l25'0" de 
temps vrai, ou bien en réduifant au Méridien de Paris, 
4h 59/25", c'eft-à-dire de temps moyen, à s'o1'23", la 
latitude du lieu étant 3613 1/07". ! 

. Ce milieu diffère à peine, comme fon voit, de oh3"$0" 

de celui qui a été conclu pour Salé, par la demi-durée 
de lobfcurité totale & par limmerfion du Soleil fous le 
difque opaque de la Lune, c’efl-à-dire dans un lieu plus 
occidental de ol 149" que Cadiz. L'erreur des Tables des 
Inflitutions, que j'ai calculée avec beaucoup de foin pour 
Finftant du commencement & de la fin de l'Écliple, vue à 
Gréenwich, et — 3'16"+ ou négative: je n’ai pas trouvé 
la même erreur par les phafes du commencement & de la 
fin, quoique calculées en toute rigueur; bien plus, le commen- 
cement, vu à Paris à 35218", ne donne l'erreur des 
Tables que — 3'23", au lieu que celui de Londres donne 
— 342": ces variétés peuvent provenir, il eft vrai, de 
plus d’une caufe , mais les erreurs dans f’obfervation du 
commencement y concourent aflurément. 

Suppofant donc l'erreur des Tables tant foit peu plus 

_ grande 


EE 


Mem.de LAcR ; des Se An 1778.Paa 63 PLI, 


Figure de L Eclipse de Soleil du 23. Jun 1778. vue par 2L d Ulloa. 


À epresentation du Pont luruneux À. 
quon a appercu sur la Lune, 


Diparikon de L’Anneau et du Pont hmmeux À. 
au moment que L Soleil à reparu au Point © . 


Fe Gouaz Se. 


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PL. Hem. de l'Ac. R. des Se. An.1778. Page 6. PL, 


Figure de lEclpse de Sole du 24. Jun 1778. 
Ve à Sal par A. Desotuz : 


Fe Gfe, 


Dirist SI CAILENN C.E.Ss: 65 


* grande ou de 3 minutes +, négative; je trouve à Salé [a diftance 
apparente de la Lune au Soleil odo’ 10”, à l’inftant obfervé 
du milieu de lobfcurité totale : ainfi il s'en manquoit fort 
peu que la Lune n'eût atteint le Soleil, felon la correction 
qu'on a fuppofée tant aux Tables qu'à la pofition géogra- 
phique du lieu. 

Mais puifque l'obfervation paroït fort exaéte, quant à a 
longitude de la Lune, elle doit donc nous éclairer fur le lieu 
de ja Terre, où s’eft fait le paflage du centre de l'ombre, & 
fur Ja correction qu’il faut faire à {a latitude de la Lune, tirée 
des mêmes Tables. 

Pour plus d’éclairciffemens, au cas que la defçription du 
pays {e perfectionne à l'avenir, j'ajouterai, felon la relation 
& les détails envoyés depuis, qu'à la Marmora, l'anneau pâle 
& lumineux étoit par-tout d’égale largeur au temps du milieu 
de l'Éclipfe : cette petite ville. eft fituée fur la côte, à fix lieues 
de Salé. 

Mais vingt-cinq lieues plus au Nord que Salé, à Larache, 
le Soleil n'y a pas été totalement écliplé. 

À Tanger, ïl en eft refté plus d'un doigt de lumineux. 
Enfin un Chrétien qui revenoit de Maroc à Salé, a dit qu'à 
fept lieues dans les terres où il fe trouvoit, elle ne lui avoit 

“pas paru totale avec obfcurité abfolue, 


| Min. 1778. Li 


66 MéÉmotres DE L'ACADÉMIE RoyaAzr 


CONSTRUCTION 
DA BVE, 24: 11 OÙ Ur us /OuuDEg 


Dont on a commencé à fe fervir en Août 1777. 
Pr M "LEBNMONRTSER 
+ la boîte de bois ABCD repréfentant l’ancienne 


Bouflole avec fon limbe intérieur fous AB, & un 
autre limbe qui lui efl oppofé, & qui a même centre O en- 
dedans du rebord € D de la même boîte de bois : ce bois eft 
fec, fort ancien, & depuis long-temps il a fait fon plus grand 
effet : malgré cela on a rendu le pivot O mobile, lorfque le 
cas le réquiert, par un chaïlis quarré de cuivre & mobile. 

On y a adapté, avec quatre vis à tête perdue, le chaflis 
de cuivre rouge DFGE, garni de fes deux traverfes ZH, np, 
en forte que les grofles vis à tête perdue »1, , 0,p, le 
fixent en-defflous à la boite, & à angles droits avec les côtés 
latéraux de la même boîte. 


On aura foin que les bouts de règles D, F, E, G'foient 
dreffés & parallèles, étant les extrémités d’ailleurs de règles 
planes, dreflées & égales entr'elles. 

La lunette garnie de fils à fon foyer, fera mobile & pourra 
fe fixer fous un angle invariable de 21 degrés, & comme l'ob- 
jeétifa 1 3 pouces de foyer, on aura pour bafe de l'arc du feéteur 
ou inclinaifon 4/, précilément $ pouces, ou plutôt 4?,909. 

Que fi le foyer de fobje&if n'avoit qu'un pied ou 12 
pouces, la bafe feroit 4°,606, ce qui fufht pour lArtifte. 

IT. En O, centre de la boîte, on placera deux fortes d’ai- 
guilles, & la première à chape d’agate amovible, afin qu'on 
puifle renverfer l'aiguille, en forte qu’on ne trouve dans l’épaif- 
feur de l'aiguille d’acier ou règle oblongue, que l'épaitfeur 
fufffante à l'ouverture du milieu, pour y tenir à frottement 
& s'y maintenir parfaitement , ou plutôt à l’aide d'un écrou 


DAPHEUSCAL ENN CE S 67 


inférieur, pendant les diverfes opérations & expériences qu'il 

s'agira d'y faire durant le cours de chaque année; on fera en 

forte que les arcs-de-cercle foient aperçus par une loupe fixe, 

& perpendiculairement placés au-deflus du o degré de cha- 
ue divifion oppofée de ces arcs. 

On n'oubliera pas de s’aflurer, autant qu'il fera poffible, 
fi les extrémités ou lignes tracées fur une lame de cuivre 
rouge ou d'argent, à chaque milieu des deux bouts de lPai- 
guille , fe trouvent en ligne droite avec le centre de rotation 
ou ftyle, où pole la chape d'agate de l'aiguille aimantée ; 
autrement, on y arrangera le centre ou flyle à l'aide de fes 
écrous inférieurs. 

Que fi le Lapidaire ne fauroit vérifier abfolument fon cône 
creux dans l’agate, ni avec précifion, on le travaillera de 
rechef {ur le tour des Horlogers ; car il eft vifible que fi 
Y'acier de l'aiguille eft homogène, & fi le centre magnétique 
fe trouve à diftances égales des extrémités, l'aiguille étant 
d’ailleurs équilibrée par un coulant ou anneau plat qui glifle 
vers l'extrémité du Sud; er ce cas, chaque pointe doit indi- 
quer les mêmes divifions fur les arcs oppolés; autrement Îa 
différence fera partagée, à moins qu'on ne veuille s'en tenir 
uniquement à la pointe du Nord. 

Le fieur Lennel a exécuté cette première partie de fa Bouf- 
fole, & a centré la lunette par le renverfement : l'aiguille pèle 
2 onces 42 grains, Ou 1446 grains, ayant 15$ pouces de 
long fur un peu plus de 4lignes de largeur : on en conftruit 
une autre qui aura la moitié du poids. 

Comme nous fommes fort éloignés des pôles terreftres de 
Yaimant, on n'a pas héfité à percer l'aiguille d’un trou fuff- 
fant dans fon milieu, pour y introduire la chape d’agate , 
& il eft aifé de concevoir, & même d'apprécier l’afloiblif- 
fement de l'aiguille par cette opération; puifqu'il s'y conferve 
encore aflez de force magnétique pour la ramener lorfqu'elle 
ofcille à fa véritable direction : elle achève fes vibrations en 
‘10 fecondes ? de temps, ou du moins telle eft Ja quantité 
moyenne que nous avons conclye en Septembre fur un plus 


li 


68 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


grand nombre de vibrations, ce qui fufhroit pour en déduire 
la force horizontale magnétique, le frottement étant connu. 
On eft étonné que dans toutes les Pièces qui ont concouru 
aux Prix propolés jufqu'ici, pas un feul Auteur n’ait donné 
la variation aétuelle ou déclinaïfon de Faiguille aimantée : 
nous l'avons trouvée, M. l'Abbé Rochon & moi, le 17 


Septembre 1777, à 2 heures + après midi, le Soleil étant 


fort chaud & le ciel fort ferein, de 20425'48"ou25'£i. 

Nous lavions pofée à lObfervatoire royal , fur le pied 
ou colonne, avec fon focle qu'on y avoit tranfporté, dès 
le Printemps, du jardin du ‘Temple, & que M. Caffini le 
fils y avoit fait placer folidement au Sud du bâtiment, à 
2745! du Sud à l'Oueft de la face méridionale, & à 
diftance de 227 pieds: nous pointions le fil de la lunette 
au troifième moulin de Montmartre, qui décline du vrai 
Nord à l'Oueft de 30” 19 à 20”. 

J'ai trouvé cette année, à $ heures + après midi le 17 
Décembre, 20d 35'+; nous pointons pour cet effet à un 
objet dont Ia déclinaifon, quoique connue à l'égard du vrai 
Nord, fera recherchée plus exaétement dans la fuite, & 
même jufqu'à la précifion des fecondes, ainfi que la décli- 
naifon orientale de la pyramide, à l'égard de la Méridienne 
qu'on a été obligé de fuppofer de 12 fecondes à l'Eft, où 
bien od 20! 36" à l'égard de notre colonne, jufqu'à ce 
qu'elle ait été vérifiée avec un inftrument des pañlages aux 
mêmes flations, ou du moins ‘à l'une des deux. À 


ET D UT RE 


nid 


Mem. de l'Ac.R. des Se, An. 1778. Pa. 68.PL I. 


NouvEeLLrE BoussoLE 


DE CLINAISON 


DiErs SLCNT 'E -NAC-E-S 69 


ANA LYS. E 
DE L'EAU DU LAC ASPHALTITE. 
Par M. MACQUER, LAVOISIER & SAGE. 


dé fac Afphaltite eff fitué dans la Judée, fur fes confins 
de l'Arabie pétrée; il eft connu fous le nom de Mer- 
morte ; il eft appelé dans la Bible, Mer de fel, Mare [alis, 
Mare falfiffimum. Cette dernière épithète annonce que les 
Anciens avoient reconnu que l’eau de ce lac étoit plus falée 
que celle de la mer. 


L'eau du fac Afphaltite, que l'Académie nous a chargé 
d'examiner, a été envoyée à M. Guettard, par M. Île Che- 
valier Tolès, dans des bouteilles de verre bien bouchées ; 
elle étoit limpide, inodore, d’une faveur âcre, piquante & 
amère, & il s’eft trouvé dans Îa plus petite des deux bouteilles 
qui la contenoient, un grouppe de fel marin, en criftaux 
réguliers qui s'étoient formés d'eux-mêmes, ce qui annonce 
que cette eau eft faturée de fel marin. 


Notre première expérience a été d'en déterminer la pefan- 
teur fpécifique ; nous nous fommes fervi à cet effet d’un grand 
pèle-liqueur de Farenheit, qui déplaçoit près de 4 livres + 
d'eau diftillée, & dont la tige étoit formée par un fil de 
cuivre d’une ligne environ de diamètre, circonftance qui 
le rendoit très-fenfible : la pefanteur de cette eau, déterminée 
avec cet inftrument, s'eft trouvée par comparaïlon avec celle 
de l'eau diftillée, dans le rapport de 1240619 à 1000000, 
c'eft-à-dire à très-peu près comme 5 eft à 4, pefanteur fpécifique 
très-extraordinaire dont nous ne connoiffions point jufques 
ici d'exemple dans le règne minéral, & en vertu de laquelle 
le bitume de Judée nage fur cette eau, tandis qu’il fe préci- 
pite au fond de eau de Ia mer, qui eft beaucoup moins 
pefante, 


Lñ 
le 23 Juillet 


1778. 


70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Après cette expérience préliminaire, nous avons mis 

livres de cette eau à évaporer au bain de fable dans une 
capfule de verre; nous avons obtenu d'abord au degré de 
l'évaporation moyenne, $ onces de fel marin criftallifé en 
cubes & en trémuies, mais qui, malgré la lenteur de l'éva- 
poration, contenoit une quantité notable de fel marin à bafe 
terreufe tellement combiné, qu'il nous a paru impoñlible de 
J'en féparer entièrement par voie de criflallifation : nous nous 
fommes aflurés de ce mélange de fel marin à bafe terreufe, 
en difolvant le fel marin criftallifé que nous avions obtenu 
dans de l’eau diftillée, & en y verfant goutte à goutte de 
Valkali fixe; l'acide s’eft uni de préférence à l'alkali, & la 
terre, devenue libre, s’eft précipitée en affez grande abon- 
dance: par une fuite de cette même circonftance, ce fel marin 
attire plus l'humidité de l'air que le {el marin ordinaire. 


En pouffant plus loin lévaporation, il n'a plus paru de 
criftaux d'aucune efpèce; mais peu-à-peu la liqueur seft 
épaiflie, & en la laiflant refroidir , elle s’eft congelée en une 
belle fubftance blanche, à peu- près femblable à de la cire 
fondue qui fe fige. 


Cette fubftance pefée chaude, s'eft trouvée de 1 livre 
14 onces 4 gros ; elle étoit extrêmement déliquefcente, & fe 
rélolvoit promptement en liqueur à Pair; de l'acide vitriolique 
ou de l'acide nitreux verfé deflus en dégageoit de lefprit 
de fel en grande abondance , d’où nous avons conclu que 
Yacide marin entroit dans fa compofition : pour nous en 
convaincre davantage, nous avons fait diffoudre dans de l'eau 
diftillée $ onces de ce fel, & nous avons verfé peu-à-peu 
dans la diflolution de l’alkali fixe très-pur en liqueur; il s'eft 
fait d’abord une efpèce de coagulum qui occupoit toute a 
liqueur ; mais peu-à-peu le précipité s’eft rapproché & a 
gagné le fond du vafe, & l’eau furnageante évaporée nous a 
donné 3 onces 4 gros de fel fébrifuge de Silvius très-pur. 


Le précipité bien édulcoré & féché, s'eft trouvé du poids 
de 2 onces 4 gros 36 grains; il confiftoit en une terre très- 


D'eaisiSict EN ces 7t 
blanche qui a pris les caractères de chaux vive, par la calci- 
nation qu'en a faite l’un de nous. 

Nous avons pris $ gros de cette terre bien féchée, nous 
l'avons délayée dans de l’eau diftillée, & nous y avons ajouté 
goutte à goutte de l'huile de vitriol concentrée ; il y a eu 
une vive eflervefcence, pendant laquelle une partie de a 
terre a été difloute dans l'eau, tandis que l'autre a été préci- 
pitée fous la forme de félénite. La quantité d'huile de vitriol 
employée s'eft trouvée de 3 gros 25 grains; d’une part, la 
félénite édulcorée & féchée s’eft trouvée pefer 2 gros $8 grains; 
de l’autre, l'eau furnageante évaporée a donné 5 gros Go grains 
de vrai fel d'Epfom ou de fel de Sedlitz; furquoi il eft à 
obferver que la félénite ne contenant qu’à peine un quart de 
fon poids d’eau de criftallifation, tandis que le fel d'Epfom 
en contient au moins moitié, la quantité efleétive de ces deux 
fels eft environ dans le rapport de 4 à 3; d’où l'on peut 
conclure que le fel marin à bafe terreufe contenu dans l'eau 
du lac Alphaltite, eft compofée à peu-près de quatre parties de 
fel marin à bafe de magnéfie du fel d'Epfom, & de trois parties 
de fel marin à bafe terreufe calcaire ordinaire. On ne doit pas 
au furplus regarder ces rapports comme rigeureufement exacts, 
1.” à caufe de la propriété reconnue au {el d'Eplom , par M. 
Lavoifier , l'un de nous , de s'évaporer en partie avec l’eau qui 
le tient en diffolution; 2.° parce que les expériences faites {ur 
les deux bouteilles envoyées par M. le Chevalier Tolès, n’ont 
pas donné à cet égard des rélultats entièrement femblables. 

En réfumant ces expériences, on voit que l’eau du lac 
Afphaltüe contient 


Par livre. Par quintal, 
1.” Sel marin ordinaire mêlé d’un 

peu de fel marin à bafe terreufe..,.. once os osmim,,, Glir: AV% 
2.° Sel marin à bafe terreufe com- 

pofé d'environ quatre parties de fel 

marin à bafe de magnéfe du fel 

d'Eplom, & de trois parties de fel 

marin à bafe terreufe ordinaire... 6. oo. 572 ... 38. 2: 


72 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Nous terminerons cette analyfe en obfervant que l’eaa 
du Jac Afphaltite ne contient pas un atome de fubftance 
bitumineule : c'eft donc fans aucun fondement que quelques 
Auteurs ont attribué au bitume le goût amer & défagréable, 
foit de l'eau de la mer, foit de quelques eaux analogues; 
cette amertume eft propre au fel marin à bafe calcaire & fur- 
tout à celui à bafe de magnéfie ou de terre du fel d'Epfom, 


NOUVELLES 


Di HS* ASC À E Ni © Es: 72 


NOUVELLES MÉTHODES ANALYTIQUES 
PONURER ENS O Ur DR E 
DIFFÉRENTES QUESTIONS ASTRONOMIQUES., 
TREIZIÈME MÉMOIRE, 


Dans lequel on applique les Lariudes corrigées, à 
la folurion de plufieurs Problèmes géodéfiques, à 
particulièrement au calcul de la perpendiculaire à la 
Méridienne, à des loxodromiques, dans l’hyporhèfe 
de la Torre elliprique. 


PAM DE ON s D üU  S'É "I OUR. 


PREMIÈRE SECTION. 
Expofiion du Sujer. 


{1.) TE me propofe dans ce Mémoire, d'appliquer fa théorie 

des latitudes corrigées, à plufieurs Problèmes géodé- 
fiques; & particulièrement au calcul de la perpendiculaire à 
la Méridienne, & des loxodromiques, dans lhypothèle de la 
Terre elliptique. On n'a point oublié ce que j'entends par 
la latitude corrigée d’un point de la Terre; c'eft une fonétion 
de la latitude vraie de ce point, & qui fert également à 
déterminer fa pofition relativement à l'Équateur. Je n'entrerai 
dans aucun détail à ce fujet; on peut fe rappeler ce que j'ai 
dit dans mes précédens Mémoires, & les fimplifications de 
calcul qui en ont réfultées: je pafle à l’expofition du Problème 
que je me propofe de traiter particulièrement. 


… (2:) Dans nos Mémoires de 1733, M. Clairaut a fait 
yoir que {1 par un point quelconque d'un Méridien terreflre, 
Min. 1778, 1 


74 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 

on mène un plan perpendiculaire à ce Méridien, & que l'on 
nomme premier vertical, Vinterfection de ce plan & de notre 
globe formera un ovale. Le plan de cet ovale ne fera perpen- 
diculaire à [a furface de la Terre, qu’au point de départ; dans 
tout autre point, le plan en queftion ne fera pas perpendi- 
culaire à la furface de notre globe ; de forte que, par exemple, 
fi l'on plantoit une fuite de piquets, avec la condition qu'ils 
s’'effaçailent tous, ces piquets finiroient par étre inclinés à la 
direction de Ia pefanteur. 

La raifon eft facile à fentir; en effet, la pefanteur n'étant 
pas dirigée vers un même point dans la fuppofition de Ia 
Terre elliptique, comme dans la fuppoñition de la Terre 
fphérique, & ces directions étant dans des plans différens à 
mefure que lon change de Méridien , il eft impofible de 
faire pafler un plan par toutes ces directions. Donc une fuite 
de piquets qui feroient dans un même plan, doivent nécef 
fairement faire à la fin un angle fenfible avec la direction de 
Ja pefanteur, quand même ils auroient d’abord été polés dans 
la direction de la pefanteur. ÿ 


(3-) M. Clairaut a de plus démontré que fi l'on foumet 
aux calculs, Îles opérations géodéfiques que M. Caflini a 
employées pour tracer la courbe qu'il a définie perpendicu- 
laire à la Méridienne, cette courbe n'eft pas celle dans 
laquelle une fuite de jallons s’effaceroient les uns les autres, 
& qui par conféquent feroit toute dans un même plan; mais 
une coûrbe dont les différens côtés fucceflifs forment avec le 
prolongement du côté précédent, un plan toujours perpen- 
diculaire à la furface de la Terre. Et comme cette propriété 
convient à la ligne la plus courte que l’on puiffe mener d'un 
point donné d’un fphéroïde à un autre point, il en a conclu 
que la propriété caractériftique de la perpendiculaire. à la 
Méridienne , tracée par les opérations géodéfiques de M. 
Caflini , eft d’être /7 plus courte entre tous fes points. 


Je n’entrerai pas ici dans les détails de fa démonftration. 
I fuffira de remarquer que la propriété de a perpendiculaire 


DES SCIENCES. 7$ 
à l1 Méridienne, d'être le chemin le plus court entre tous 
fes points, {e tire de la condition que fes diférens cctés 
fucceffifs forment avec ie prolongement du côté préc‘dent, 
un plan toujours perpendiculaire à la Terre. 


(4) Jepourrois, dans ce travail, partir de l'équation que 
M. Clairaut a démontrée, & renvoyer pour fa démonftration, 
à fon Mémoire; j'ai cru cependant que l'on verroit avec 
plaifir l'analyfe du Problème. J'emprunterai de M. Clairaut, 
la propridié caradtériftique de la courbe, d'être la plus courte 
entre tous fes points, & je ferai ufage des méthodes de 
M. Euler, pour réfoudre ces fortes de queftions. 


(s.) En 1739, M. Clairaut a donné dans un fupplément 
à fon premier Mémoire, des méthodes pour calculer la per- 
pendiculaire à la Méridienne ;  eft arrivé à des formules 
aflez fimples. Sous ce point de vue la matière paroït épuifce; 
jai cru cependant, en rendant hommage à fes travaux, pou- 
voir préfenter de nouvelles réflexions {ur ce fujet. La fimpli- 
fication que les latitudes corrigées ont apportée dans les 
calculs aftronormiques, m'a fait croire qu'on pourroit efpérer 
une fimplification analogue, en les initroduilant dans les 
opérations géodéfiques :"tel eft le but de mon travail. 

Au refte, l'on a cherché à réfoudre la mêine queftion 
par d’autres confidéritions, foit en confondant la perpendi- 
culaire à la Méridienne , avec la fe&ion elliptique du fphé- 
roïde &.du premier vertical, foit en calculant des moyens 
parallèles, foit en regardant la Terre comme fphérique, &c 
en Jui fuppofant par-tout la courbure particulière qui convient 
à l'étendue que l'on confidère. Sans prétendre critiquer ces 
procédés, qui peuvent être bons pour de petites diftances, 
je laïfle aux Lééteurs à prononcer fur le mérice particulier 
- de ma métnode. 


K i 


76 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
SECONDE SECTION. 


Dérermination de la courbe qui a la propriété d'être le 
ligne la plus courte que l'on puiffe mener d'un point de 
la furface d'un fphéroide à un autre point pris fur la 
méme furface; ou, ce qui revient au même, détermination 


de la perpendiculaire à la Méridienne. 


(6) Soit PAGDF un fphéroïde formé par la révolution 
d'une courbe quelconque PAG autour d’un axe PC de 
révolution. 


Nommons 


aux différens points de Ia courbe dont la révolution 

engendre le fphéroïde. Je fuppofe que l’origine des. 

YX l'abfcifle coordonnées eft en €, que les abfciffes X font 

comptées fur l'axe de rotation € P, les ordonnées 

Y fur la perpendiculaire CG à l'axe CP de rotation; 

je fuppofe de plus que l’on connoît la relation 
entre À & F. 


YF l'ordonnée 


7 la diflance CP du point € au pôle P; nous fuppoferons d’ailleurs 
cette diftance égale au rayon des Tables. 


4 l'angle des différens Méridiens du fphéroïde, avec un premier Méri- 
dien donné de pofition ; nous fuppoferons que cet angle eft mefuré 

fur un cercle dont le rayon égale r. 

H eft évident que fi d’un point quelconque du fphéroïde, 
Von mène à un autre point infiniment proche du même 
fphéroïde une ligne quelconque fuivant une loi quelconque, 
cette ligne fera telle que fi l'on nomme 

P le périmètre de Ia ligne tracée fur le fphéroïde, 
dP Vélément du périmètre, 
on aura 
(1) Pt de VIF du + À (dX° + dY°)] £ 
Ja 

Soit en effet GA P.le premier Méridien donné de pofition; 

DMP un Méridien qui fait un angle infiniment petit avec 


DEMSLS CE E Nic:E:s. 77 
Je premier Méridien GAP; AM élément de la courbe, 
Du point 4 & du rayon AK, menons l'arc AR qui fe ter- 
mine au Méridien D MP ; du point M, abaïflons fur l'axe 
PC de rotation, la perpendiculaire 44H; & du point À, 
abaiflons fur 2H la perpendiculaire R#; il ett évident 
que l'on aura 


AM ART: -4- RM ) ; 
mais 

RME) Rise M; 
de plus, 

MEL 4%. ER TA) 


AR — ,& AM — 4p; donc; &c. 


r L 

(7:) Quant à l'équation particulière de cette ligne, elle 
dépend 1.° de la relation entre les coordonnées X & } de 
la courbe génératrice , que nous fuppofons connue: 2.° de 
la loi, entre 4, X & F, qui dépend elle-même de la con- 
dition particulière que lon impofe à la courbe tracée fur le 
fphéroïde. 

(8.) Si l'on fuppofe maintenant que l'on impofe à [a 
courbe en queflion, la condition d’être la plus courte que 
Ton puifle mener d'un point donné de Îa furface du fphé- 
roïde, à un autre point de la furface du même fphéroïde , 
il faut que P ou fon égal PORT AP re RAT. foit 


r 


Un minimum ; i s'agit donc de déterminer, par les méthodes 
de M. Euler, la relation entre X , Ÿ & u qui rend la fonction 
précédente un minimum. 

(9-) Pour y parvenir, je remarque d'abord que puifque 
par a fuppofition, on a la relation entre X & Ÿ coordon- 
nées de fa courbe de révolution, on peut concevoir qu’au 
moyen de cette relation, on a fubftitué à 7 X fà valeur en 
Y & dY; de forte que l'on ait d X° + r4Y° — PO 
F" étant une fonction de Y & de connues: la fonétion 


78 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

fV(É* dé + FAX + r di"), peut donc être mife fous 

{a forme fuivante, fv/Y*du = Y"dY”). On a donc pour 

condition du Problème, d'après les méthodes de M. Euler, 
(1) du = AY dE + rdX* + rdY*) 

Voici au furplus à quoi fe réduit la méthode de M. Euler, 
dont on peut voir la démonftration dans fon Traité qui a pour 
titre: //ethodus inveniendi curvas maximi minimi ve proprietate 
gaudentes. Soit 
Z 4 Y une quantité quelconque, dans laquelle Z eft unc fonction de 
du du 
dY % dY° 
Si l'on veut déterminer en général a courbe dans laquelle 
fZdF elt un maximum, H faut différencier la quantité Z par 


D EME , &c. & de conftante, 


du du 


rapport à Y, 4, &, en regardant toujours 4Y 


Far d'* 
comme conftant. Soit 


d2Z = MadY+ Ndu der; + Q _. RE 
on aura pour équation de la courbe, 
re 
Appliquons ces principes au cas dont il s'agit ; il eft aifé de 
voir que /V{Ÿ°d Was Y'4 Y°), peut fe mettre . la forme 
faivante, fdY V{ RARE F"); donc Z— == vel + F'}; 


4 nr &c. 


Ho URG. 70 


d}* 
Ydu F [122 
PE EAU ee Fu PAPE 
AR A LS retro ° 
5 2 1/2 du # ar 
ga 1) dYw(1 = 2 c 
Y“' étant une fonction de Y" & de conftante; donc, dans le 
+ Sir Y* 4 
. cas dont il s'agit, N— 0; P— the . ; 
5 
dYv( + À”) 


DES SCrENCESs, 79 


& l'équation qui fatisfait au Problème eft — 7P— , 
ou en intégrant — P + conflante — 0; donc, &c. 


(10.) Pour déterminer la conftante À, Je remarque que 
dans le triangle A MR, rectangle en À, on a en général 
AM: AR::r: fn. (ange AMR); mais l'angle À MR 
ef l’angle de la courbe avec les différens Méridiens. De plus, 


AM — Er _ A 

ay 2 2 2 2 dy 23, rYdu 
vT dé +rdA "+7 aY)= fin. (angle de la courbe aveclesdif. Mér.) * 
Si l'on compare cette valeur de y/Y°du + #4 X° + r'aY*} 
avec celle tirée de l'équation (1) du $. 9, on aura 


(1) Y fin. (angle de la courbe avec les différens Méridiens ) = A" 


On connoîtra donc la valeur de À lorfque Jon connoïitra 
l'angle particulier de la courbe avec le Méridien correfpon- 
dant à une certaine valeur particulière de }. 


(x1+) Dans le cas de la perpendiculaire à la Méridienne, 
l'angle de la courbe avec le Méridien — god au point où 
la courbe coupe cette Méridienne; donc fin. (angle de la courbe 
avec la Méridienne) = r, ” étant d’ailleurs l’ordonnée à l'elliple 
correfpondante au point où la courbe eft perpendieulaire à 
la Méridienne:; on a donc 


(a). Aie Ke 
L'équation (1) du f. 9, devient 
(2) du — FT di + rdX 4 AR 0 he) 
Et l'on a pour exprimer l'angle de la courbe avec les diffé- 
rens Méridiens qu’elle rencontre, 
(3) Ffin. (angle de Ja courbe avec les différens Méridiens) — Y’r, 
(12) Dans le cas où lon ne fuppoferoit pas la courbe 


perpendiculaire à la Méridienne , au point où elle la coupe, 
Yon auroit, par une analyfe entièrement femblable à celle 


Fig. 1. 


8o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RovALe 
des $. 10 & 71, en nommant 


D l'angle de la courbe avec Ia Méridienne à ce point. 
Y' fin. D 
(1) A —_— re . | 

L'équation (1) du f. 9, deviendroit 

(2) rFdu = YVY dé + rdX + r dY') fn. D. 
Et l'on auroit pour exprimer l'angle de la courbe avec les 
différens Méridiens qu'elle rencontre, 
(3) Ÿ fin. (angle de Ia courbe avec les différens Méridiens) = Ÿ' fin. D. 


(13.) NH n'eft plus queftion maintenant, pour réduire la 
courbe à ne renfermer que deux variables 4 & X ou 4 & 7, 
que d'éliminer une des variables & fa différentielle, par le 
moyen de équation à la courbe génératrice. 

Si l’on fuppole, par exemple, que la courbe génératrice 

. &ft une ellipie, que 
r — Île demi-petit axe de l'ellipfe génératrice, 
p — le demi-grand axe; 
& que l'origine des coordonnées X & Y foit au centre de 
l'ellipfe, on aura 
(1) PA + PY = rp = 0; 
d'où Yon tire / $. 9, équat. (1) 7, 
LL ArV(PY Ye pt) 
BÉRSE nee or 
Ar vI#+ (p—r)X*] 
PP A) x (Pr — 4 — AT) 
(14) Puilque /S. 6) 
tdP = VIT dé + r{d4X + dY')]; 
fi l'on fubftitue dans cette équation à dz fa valeur tirée du 
paragraphe précédent, Yon aura 
FvL CE — p)Y + pt] 


ONG dX. 


DR a Te 
EP BU = Ÿ) x (Ve — A')] 
{(2)4P=—+ PV + (gp — r)2X°] dX. 


IVPT = pt Aime A°T) 


(rs) 


D ''EMSASLC TE NC Es 8r 
(15-) Si l’on intégroit chacune des équations précédentes, 
on pourroit réfoudre les deux queftions fuivantes. 


PREMIÈRE QUESTION. 


Étant donnée la diflance FM' à la Méridienne MM'P d'un 
lieu quelconque F, prife fur une perpendiculaire M'F à cette 
Méridienne ; à la diflance d'un autre lieu M fitue fous ce Méri- 
dien, au point M' où cette perpendiculaire coupe la Méridienne; 
déterminer la latitude du lieu F, à Ja différence en longitude 
d'avec le lieu M. 


SECONDE QUESTION. 


Étant données la latitude & la longitude du lieu F, ainfi 
que la latitude du lieu M; déterminer la diflance du lieu F à 
la Méridienne du lieu M, prife fur la perpendiculaire M'F à 
cette Méridienne paffant par le lieu F; ainfi que la diflance 
du lieu M au point M’, où la perpendiculaire M'F rencontre 
la Méridienne M MP. 


Dans le premier cas, les équations (1) & (2) du $. 74, 
que je fuppole intégrées, feroient connoître la latitude du 
lieu Æ. En eflet, on en concluroit les valeurs de X & de 
Y correfpondantes à la valeur P donnée; mais en vertu 
d’une propriété de l'ellipfe par rapport au centre, on a la 
proportion fuivante, 

Ÿ:X::r:tang. (angle du diamètre de l'ellipfoïde paffant par le lieu F, 
avec le grand axe de l'ellipfe ); 

donc 

(1) Tang. (angle du diamètre de l’ellipfoïde paffant par le lieu F, avec le 
grand axe de l'elliple) — =. 

De plus, en vertu d’une autre propriété de l'elliple, 

#°:1 :: tang. (latitude vraie): tang. (angle du diamètre de l'ellipfoïde 
avec le grand axe de l'ellipfe) ; 

donc 

(2) Tang. (latitude vraie) = 2. 
r 
Mem. 1778. L 


Fig. 2. 


82 Mémoires DE L’ACADÉMIE RoYaALE 


On connoîtroit enfin la différence en longitude des lieux F 
& M, au moyen d’une des deux équations (2) ou (3) du 
S: 13, que je fuppofe pareillement intégrées. 


Dans le fecond cas, l'équation (2) du préfent paragraphe, 
combinée avec l'équation (1) du f, r3, feroit connoître 
la valeur de X ou de Ÿ}; on concluroit enfuite la valeur 
de À au moyen des équations (2) ou (3) du même para- 
graphe, que je fuppofe intégrées ; équation (1) ou (2) du 
$. 14 feroit connoître la valeur de la perpendiculaire : lon 
connoitroit enfin la valeur de Ÿ”’, & par conféquent, Ia 
pofition du ‘point À où la perpendiculaire rencontre la 
Méridienne , au moyen des équations (1) des $. z r ou 12. 


Telle eft à peu-près la manière dont le Problème a été 
rélolu par M. Clairaut. On ne peut rien ajouter à l'élégance 
avec laquelle ce Géomètre intègre, par approximation, les 
différentes équations qui conduifent à la folution dont if 
sagit; j'ai cru cependant qu'il m'étoit permis de préfenter 
encore quelques réflexions fur le même fujet. La route que 
je me propole de fuivre eft abfolument diflérente de celles 
que l'on a fuivies jufqu’ici. 


TROISIÈME SECTION. 


Développement du principe qui fervira à réfoudre le Problème 
propofé. 


(16.) Dans les Mémoires précédens, j'ai fait voir que 
Ta manière de fimplifier les Queftions aftronomiques que j'ai 
traitées, confifte principalement à repréfenter chaque lieu de 
la Terre, non par fa latitude vraie, ainfi qu’on l’avoit toujours 
pratiqué, mais par une fonction de cette latitude qui fert 
également à défigner le lieu, & que j'ai appelée /aritude 
corrigée : J'emploirai le même artifice, & je défignerai chaque 
lieu par fa latitude corrigée. Au refte, j'entends par la latitude 
corrigée d'un lieu, une fonction de {a latitude vraie, telle 


DES SCIENCE « 83 
que fi on nomme 
r le demi-petit axe de Ia Terre, 


? le demi-grand axe, 
lon a 


(r) r tangente latitude vraie — p tangente latitude corrigée. 


Comme dans Ia fuite de ce Mémoire, je parlerai fouvent 
de la projeGtion des différens points & des difiérentes courbes 
tracées fur le fphéroïde; pour éviter toute équivoque à ce 
füjet, on n'oubliera pas que fi d’un point A7 quelconque du Fig. 2. 
fphéroïde l'on abaïfle une perpendiculaire 41H fur le petit 
axe CP du fphéroïde, j'appellerai projection du point 47 du 
fphéroïde , le point # où la perpendiculaire dont je viens 
de parler, rencontre la fphère infcrite. 


Par la même raïfon, j'appellerai projeétion d’une courbe 
quelconque tracée fur le fphéroïde, la fuite des points déter- 
minés fur la fphère infcrite fuivant la loi précédente. Ainfr, 
par exemple, relativement à un lieu M placé fur le fphéroïde, 

. J'appellerai projection du Méridien MM P de ce lieu, le 
grand cercle mm" P de la fphère infcrite, où cette fphère eft 
rencontrée par la fuite des perpendiculaires abaiffées des 
difiérens points du Méridien fur le petit axe du fphéroïde, 

J'appellerai projection du parallèle du lieu A7, le cercle 
de Ia fphère infcrite, où cette fphère eft rencontrée par 1a 
fuite des perpendiculaires abaïffées fuivant la loi dont on 
vient de parler, des différens points du parallèle du lieu 47 
fur le fphéroïde. 

. D'après ces notions préliminaires, il eft évident que fi 
Jon confidère fur le fphéroïde , un lieu 47; Ie Méridien 
MM P du lieu A7; la perpendiculaire A7’ F à ce Méridien qui 
coupe ce Méridien en un point A7’; un autre lieu F pris 
fur cette perpendiculaire; que l’on confidère de plus, fur la 
fphère infcrite, la projection # du lieu A7, la projection 
m m'P de fon Méridien, & que par la projection #' du 

Mém, 1774. Li 


Fig. 2. 


84 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


point 41", Ton fuppole mené perpendiculairement à la pro- 
jeétion mm! P du Méridien du lieu 41, un grand cercle 
m! F' de la fphère infcrite, qui coupe fucceflivement fur cette 
fphère, la projetion des parallèles que rencontre fur le fphé- 
roïde, la véritable perpendiculaire 47! F à la Méridienne du 
lieu A paffant par le lieu Æ, on aura fur la fphère infcrite, un 
triangle fphérique rectangle dont les côtés feront 
3° l'arc m' P de la fphère infcrite compris entre le pôle & la projection m° 
du point M', interfeétion du Méridien du point A1, & de a 
perpendiculaire à ce Méridien. L 
2,° Varc #°FÆ° du grand cercle de la fphère infcrite, dont je viens 
de parler, & qui fe termine au point où ce grand cercle rencontre 
la projection du parallele du lieu 7. 


3° arc F°P compris entre le pôle & le point du parallèle dont if 
vient d’être queltion. 
J'appellerai déformais. 


Arc m'P, le premier dés arcs dont je viens de parler. 


Perpendiculaire corrige à la Méridienne, le fecond arc que je viens de 
déterminer. 


Complément de la Latitude corrigée du lieu F,e troifième arc que 
ai confideré.. 


Longitude corrigée du lieu: F,. Yangle:au pôle ”m PF” du triangle 

fphérique dont eft queition. 

Ilne s’agit maintenant que de déterminer fa relation entre 
ces différentes quantités & les quantités analogues tracées {ur 
le {phéroïde. 

(17) Dans fa fuite de ce Mémoire, je confidérerai par- 
ticulièrement la perpendiculaire corrigée à la Méridienne; if 
faut donc avant tout déterminer léquation à cette perpendi- 
culaire corrigée, pour en conclure les rapports avec la vraie 
perpendiculaire tracée fur le fphéroïde.. 

Pour y parvenir, foit 


r le rayon de la (phére. 
#« les abfcifies è 


du cercle générateur de la fphère infcrite; je fuppofe 
y les ordonnces 


que l’origine des coordonnées eit au centre du cercle, 


DES SCIENCES. 85 


y’ l'ordonnée particulière du cercle, au point où commence arc # F” Fig. 24 
dont il s'agit, ceit-à-dire l'ordonnée au point #° où l'arc x F' coupe 
la Méridienné corrigée du lieu 4. 


Fangle des différens Méridiens de la fphère infcrite , correfpondans 
aux différens points de l'arc #° F”, avec la Méridienne corrigée du 
lica AZ. ‘ 

JL eft évident que fi l'on fuppofe la perpendiculaire corrigée 
tracée fur la fphère infcrite, elle formera avec Farc m/P & 
avec les difiérens Méridiens fucceilifs de la fphère inicrite, 
correfpondans aux différens points de cette perpendiculaire 
corrigée, un triangle fphérique rectangle dont un des côtés 
fera, ainfi que je l'ai déjà dit, Farc w' P compris entre le 
pôle & la projection #' de l’interfection du Méridien elliptique 
du. lieu. A7 & de la perpendiculaire à ce Méridien ; le fecond 
côté fera l'arc de la perpendiculaire corrigée dont eft 
queftion; & le troifième côté, ou lhypothénufe 7” P du triangle,. 
fera l'arc compris-entre le pôle & ie point Æ" de la perpen- 
diculaire corrigée. On aura donc {/ /rigon. fpherique) ; le 
finus total eft au finus de l'hypothénufe du triangle fphérique, 
comme le finus de l'angle compris entre le fecond côté & 
Thypothénufe du triangle eft au finus du premier côté, 
Mais le finus de lhypothénufe du triangle fphérique eft 
évidemment la quantité que nous avons nommée y; le finus 
du côté m' P ett la quantité que nous avons nommée y’; & 
Tangle compris entre la perpendiculaire corrigée & l'hypo- 
thénufe du triangle fphérique eft l'angle de la perpendiculaire 
corrigée avec les Méridiens fucceflifs; donc 


(1) fin. (angle de la perpendiculaire corrigée avec les Méridiens) = 4 ; 
+ 


- Maintenant, fi lon nomme. 
Z la perpendiculaire corrigée, 


Yon aura, d'après les conflruétions du Ç, €, 


(gp = PARENT 07, 


D'ailleurs, on démontreroit facilement, par une analyf 


86  MémorrEes DE L'ACADÉMIE RoYALE 
femblable à celle développée dans le $. 10, que 


s ? PR D % rydv ñ 
(3) fin. (angle de la perpendiculaire corr. avec les Mérid.) — PEER 
donc | 

(4) »dv — ÿ'V[ÿ do + r(d# + dy)] = o. 
Telle eft l'équation à la perpendiculaire corrigée. 


(18.) On réfoudroit de même la queftion, fi au lieu de 
confidérer la perpendiculaire à la Méridienne du lieu A, 
on avoit à calculer une ligne qui feroit un angle quelconque 
avec cette Méridienne au point de départ; il faudroit alors 
-confidérer fur la fphère infcrite, un arc de grand cercle qui 
feroit avec la Méridienne corrigée, un angle égal à celui 
formé fur le fphéroïde par la droite dont il s’agit, & par le 
Méridien du lieu 41. 

Nous avons déterminé { $. 12), l'équation à cette droite 
fur le fphéroïde; & nous avons nommé 


D l'angle .que fait cette courbe avec le Méridien au point de départ. 


I faut avoir maintenant l'équation à l'arc de grand cercle 
correfpondant fur la fphère infcrite. 


L'équation à cet arc de grand cercle eft facile à déter- 
miner ; en effet, les équations (2) & (3) du $. 17 
fubfiftent, mais au lieu de l'équation (1), l'on a 
s fin, D 
(1) fin. (angle compris entre le fecond & le troifième côté) — --— é 
& l'équation (4) du même paragraphe, devient 

(2) rdv — YVGAd + rad + 11419) Gin DIE Vo: 


Telle eft l'équation à la ligne demandée. 


I eft aifé de voir que lon n'a plus alors un triangle 
fphérique rectangle à réfoudre, mais un triangle oblique- 
angle formé par la Méridienne corrigée du lieu 47, par l'arc 
de cercle dont nous venons de donner l'équation, & par les 
diflérens Méridiens fucceflifs correfpondans aux diflérens 


points de cet arc. 


DAENSM SIC x Nice: 87 


Paflons à l'examen de quelques queftions préliminaires à 
la folution des Problèmes dont il s'agit. 


QUATRIÈME SECTION. 


De la relarion entre la Latitude vraie à la Larirud: 
corrigée d'un lieu. 
(19.) Si lon nomme 
5 le demi-petit axe de la Terre, 


# le demi-grand axe ; 


nous avons démontré que 


: : ? : 2: 
(1) tangente latitude vraie = tangente Jatitude corrigée, 
V 
. 0 LA 7 . . 
(2) tang. latitude corrigée — —— tangente latitude vraie. 


On pourra donc facilement conclure la latitude corrigée de 
la latitude vraie, & réciproquement, 

Dans Fufige des formules précédentes, Von n’oubliera 
pas ,que fi lon fuppofe les axes de la Terre dans le rapport 
de 177 à 178, 


lo 


FA — — 0,0024467; log. == = — 0,0024467 


Si lon fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
200 201, 


log. — — 0,0021661; log. Me. = — 0,0021661. 


Si l’on fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
229 à 230, 


log. — = ©,0018923;  Jog- mn = — 0,0018923, 
Si l’on fuppofe les axes de la Terre dans fe rapport de 
299 à 300, 
SP cé 
log. — — 0,00145013; log. 7 = — 0,00r4$o1. 


(20.) Quels que fimples que foient ces calculs, voici 
des Tables qui pourront en difpenfer. 


83 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


TABLE de la différence des Laritudes vraies © corrigées, en 
Juppofant les axes de la Terre dans le rapport de 177 à 178. 


AG LRPAUNUR Jade DIFFÉRENCES. 


Le 
o 
- 


© \W WW © Vo © 9 \ 0: % 9 \Ÿ 9 © VW L 
ST DRE OS NC SD EPS SOUS ENS Dei os 
» 
1e 
a 


L=1 
D 

& 

ù 


TABLE 


D'E S SCIE N'cEs 89 


TABLE de la différence des Latitudes vraies & corrigées, en 
Jappofant les axes de la Terre dans le rapport de 200 à 20 1, 


LATITUDES.| DIFFÉRENCES{LATITUDES.|DIFFÉ RENCES. 


Mén. 1778. M 


90 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TAB1E de la différence des Latitudes vraies © corrigées, en 
fuppofant les axes de la Terre dans le rapport de 229 à 230. 


LATITUDES | DIFFÉRENCES.ILATITUDES.| DIFFÉRENCES. 


ÿ 


SOON ON OU NY NY NY À y y 


DES SCIENCES. 97 


Tagze de la différence des Latitudes vraies à corrigées, en 
Juppofant les axes de la Terre dans le rapport de 299 à 300. 


LATITUDES.|DIFFÉRENCES.|LATITUDES.| DIFFÉRENCES 


222930 47 o J°4D4 
5 395 47 15 fe 432 
$* 40,0 47+ 30 $e 42,9 
$e 40,4 47. 45 $e 41,6 
$+ 40,8 48. [e] ÿe 42,3 
$» 41,2 48 15 j» 42,0 
$ 41,6 48. 30 $ 41,6 
$+ 42,0 48. 45 5e 4152 
je 4233 49 0 Se. 40,8 
$+ 42,6 49. 15 j* 40% 
+ 42,9 49. 30 ?'A40:0 
314372 HO 5» 395 
5° 4354 50 a 3°239:9 
5j» 4356 50. 15 + 385$ 
se 4358 50. 30 $+ 35,0 
5° 4579 59. 45 Se 374 
$+ 44,0 SI o $" 36,8 
$e 440 SI 15 $e 3631 
ÿ- 440 51. 30 ÿ* 3554 
ÿ+ 440 St. 45 3° 347 
ÿe 44,0 S$2* © $e 34,0 
5+ 4450 52. 15 5° 3353 
$* 44,0 52e 30 Se 32,6 
ÿ* 44,0 52e 45 $» 3108 
j- 4450 53° 0 5" 13150 
3e 4339 53° 15 5* 302 
5 438 53- 30 5* 2954 
5j 436 552 5 28,6 
5e 4314 $4+ © sthie78 

M ÿ 


92  MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYALE 
Je n’ai pas cru devoir étendre les calculs au-delà des paral- 


‘Jèles de 40 degrés & de 54 degrés, attendu que la Méridienne 


de France, que j'ai principalement en vue, ne pafle pas ces 
latitudes. 

(21.) Au moyen des Tables précédentes, étant donnée 
la latitude vraie d’un lieu, on conclura aifément fa latitude 
corrigée, & réciproquement. Si l’on veut conclure la latitude 
vraie de la Jatitude corrigée, lon ajoutera à la latitude 
corrigée les diflérences données par les Tables précédentes, 
& l'on aura la latitude vraie, I faudra fouftraire ces diffé- 
rences, de la latitude vraie, fi l'on veut conclure la latitude 


corrigée. de la latitude vraie. 


CINQUIÈME SECTION. 


Dérermination du nombre de toifes contenues dans l'arc 
d'un degré de la f[phère infcrite ; à de la relation entre 
la Méridienne corrigée du lieu M fur la fphère infcrite, 
& la véritable Méridienne fur le fphéroïde. 


(22.) Pour appliquer les principes de la troifième Section, 
au Calcul de la perpendiculaire à la Méridienne, je dois 
réfoudre les deux Queftions fuivantes. 


Soit € P le petit axe de la Terre; CG le grand axe; 


PM M un Méridien terreftre ; 2»! m. le Méridien 


correfpondant de la fphère infcrite: je dois determiner 1.° le 
nombre de toiles contenues dans l'arc d’un degré de la fphère 
infcrite.. 2.” Etant donnée la diftance d'un point A! pris 
fur un Méridien terreflre, à un -autre point #7. pris fur le 
même Méridien, je dois conclure l'arc »' P de la fphère 
infcrite , compris entre le pôle ? & le point #/: projection 
du point /7'. Rien n’eft plus fimple que la folution de ces 
deux Queftions ; je commence par la première. 


Du nombre de \roifes contenues daus l'arc d'un | degré 
de la fphère inferite. 

… (23:) On fait que le degré du Méridien; en remontant 

de Paris vers fe Nord, eft de 57074 toiles. Suppolons que 


DES SC1ENCES. 93 
lon demande, d’après cette mefure, combien de toifes contient 
l'arc d'un degré de la fphère infcrite: voici comment on peut 
raifonner. Soit 47 Paris; A1! le lieu plus boréal d’un degré 
que Paris; l'arc AM! du Méridien elliptique eft par confé- 
quent de 57074 toifes. Soit À la latitude de Paris, & par 
conféquent À + 14 la latitude du lieu WW; il fuit de ce 
qui a été dit dans les précédens paragraphes, que la tangente 
de la latitude du point”, fur la fphère infcrite, a pour expref- 


fion — tang. À; & que Îa tangente de la latitude du point m! 
? 


für la fphère infcrite, a pour expreflion 1 tang. (A + 14), 
? 


On aura donc facilement la valeur de l'arc #m! de la fphère 
infcrite, arc qui eft la différence des deux latitudes corrigées 
trouvées précédemment. Par exemple , fi lon fuppofe que 
Paris foit fitué fous le parallèle de 484 50/ 14; que par 
conféquent la latitude du lieu plus boréal d'un degré que 
Paris, foit de 404 50” 14"; que de plus, les axes de Ia 
Terre foient dans le rapport de 177 à 178 ; on aura pour 
latitudes corrigées correfpondantes aux latitudes vraies, 
484 40’ 38" & 49440! 41". L'arc mm de la fphère 
infcrite , correfpondant à arc AM! du fphéroïde, fera 


- donc 140” 3". 


(24) Pour trouver maintenant le nombre de toifes que 
contient l'arc » m! de Ia fphère infcrite, Je remarque que le 
Méridien elliptique PM'MG & le cercle infcrit P#/m G! 
ont des abfcifles communes CA, Ch; & des ordonnées 
correfpondantes AM, Hm,k M, hm!, qui font entr’elles, 
dans le rapport des demi-axes de l'ellipfe génératrice, Soit 


x Îles abfciffes communes à l'ellipfe & au cercle; 
Y l'ordonnée à l’ellipfe ; 

y l’ordonnée au cercle ; 

r le demi-petit axe de la Terre ; 

+ le demi-grand axe ; 

K Varc MM! de Fellipfe ; 

& Varc mu correfpondant du cercle infcrit, 


Fig. 3. 


6£  MÉMoïRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
On aura d'abord en vertu des conftruétions précédéntes, 


(1) dK = V(dx + dY°); (2) dk = v(di + dy): 
(3)?23 = FT; (4) x +<pf— = 0; 
(5) «dx + ÿdy = 0; (6) pdy — rdY= 0. 


Si dans l'équation (1 (1) Ton fubflitue à 4 fa valeur tirée 
de l'équation (6), elle deviendra 
(7) 4Kk = HS dr dx) É 


La 
où enfin, en fuppofant 


(8) A—p#+r—= o, 

on aura 
A*dy* 
(9) dK = v(dx + dy + 2 


r 


Dans cette dernière équation, je fubftitue à dx° + dÿ* 
fa valeur 4, & j'ai 


É A" 47° 
(10) K + conflante CLS + ——). 
Je réduis cette expreffion en férie, & j'ai 


K + confante = 4 + 4 À a 
(11) K + conftante = 4 + = RAA Ad + àe 


Mais à caufe des équations (2) & (5), 


r 2 2 na 
dk = V{(dé + dj) = TS à 
/ 3 MR etes A 2e da RE 
donc PERTE OUR C EE TT TE 7 2 
vd Vs dx 
de plus, dy — = = 77 


l'équation (11) devient donc 


= dx È A* #44 ce 
RE Mur EE “née 


(13) K + conftante = 4+E free 


DES ISCNBME NL CLE.S. 95 


(25.) Soit un cercle dont le rayon — r; l'ablciffe Fig. 3. 


quelconque — *, & nommons X l'arc correfpondant à 


l'abfcifle x ; l'analyfe nous apprend que 


: dx 1 *Vr—s) : 
te 

x#dx 1 *Wr— x) 3 1 XV — #1) 
Ÿ BV(r— 3x) ET Æ 1° L Æ [ 2 


Donc fi l'on néglige les termes multipliés par les valeurs 
de À, élevées à une puiflance fupérieure à la feconde, on aura 
2 Y A 2 
(1) Æ-confante= 4+1 [1x EEE 
r 
(26.) Il eft évident, que fi du point #’ du cercle G'm' P 
Jon mène au centre €, le rayon »! C; + r X fera l’ex- 
preflion du fefteur G'Cm'; d'ailleurs, +xy{r — x) 
eft l'expreflion de la furface du triangle #' C4. De plus, fi 
du point #' Von abaïfle fur CG’ la perpendiculaire #' A’, 
on aura furface #! CR! = furfae mCh ; donc 27 X 


— +xy(r — x) eft l'expreflion de la furface G'm'R', 


Soit maintenant CH Yablcifle particulière correfpondante 
au point » du cercle inferit Du point # abaiïflons {ur GC 
la perpendiculaire mR ; il eft clair, que par rapport au 

e. 2 2 , 
point m, ir X — Ixy{/r — x) fera l'exprefñion de la 
furface G'mR. Et comme par la nature de la queftion, 
K & k doivent être à la fois égaux à zéro, lorfque x — CA, 
on aura 


FAQ 
conflante = 3 —; x fufaeCmR; 
& l'équation (1) du paragraphe précédent , deviendra 


A 
G)4- K+: furface Rmm'R = 0. 


»3 

( 27.) Puifque furface Rmm R! — furface du fecteur M Cm’ 
 furface du triangle 71 CR —— furface du triangle mCR, les 
conftructions précédentes fe réduifent à ceci, 


+ 14] 


A? 
]=4+2 TE GrX Lave), 


Fig. 3. 


96 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Soit 
s le finus 


€ le cofinus de Ia latitude corrigée du lieu 44. 


a l'arc 


c‘ le cofinus du lieu A1, & dont on compare la. pofition avec celle 


s'Ie finus de la latitude corrigée d'un lieu A7’, pris fur le Méridien 
du lieu AZ. 


& l'arc ‘ 
On aura 
A’ VAR — 0 
(:) ñ 3: K + : = ( a sé sc 


2 27T 


Ju) 


& se — sc f.(a + d) x fin.{a — 4) 
ou à caufe de — — bo ho A LU is s 
2r 


A" aie cof. (a + a )xfin. {a — a! 
+ ( a’) x fin. (. ) 


E 


74 2 27 


(2)4— K+= 1—0: 


ou enfin, à caufe de  — a + £, 


ue k cof. (24a + 4) x fin. 4 APE 
(IDR AT ee MER 


(28.) Dans les formules du paragraphe précédent, k, K, 
a, a", font exprimés en valeurs du rayon. Si l’on vouloit que 
4, K, a, a', fuffent exprimés en fecondes de degré, on 
auroit alors l'équation fuivante, 


A a'— x 206265$"xcof. fa+a)xfin.{/a— a) 
(1)A—K+i—T RER TR me RE PA 
r° 2 27 
ou enfin, 
A*° 4 6265" cof. 4) x fin.4 
(2)4— K+s + AR: qu 206265" co PRE ) x fin Melo 
r 2 2T 


Comme dans les recherches que nous nous propofons de 
faire, nous ne confidérerons que des points fitués dans l'hé- 
milphère boréal , nous remarquerons que a & 4! ont leur 
origine à l'Équateur ; que les quantités Æ & 4 ont refpec- 
tivement leur origine aux points M, "m; qu’elles font 
Be en remontant vers le Nord, & négatives dans 
€ cas oppolé; que le figne de cof. {æ + «! ) , de 

fin, 


Mise S'C'r-E NN c'E 8 97 
fin. (a — a), de cof. (2a + k), & de fin. 4, dépend de la 
valeur de ces arcs. 

(29.) Au moyen de l'équation du paragraphe précédent, 
nous pouvons déterminer combien de degrés de Ia fphère 
infcrite contient l'arc du fphéroïde compris entre le parallèle 
de 48d ç0' 14" & le parallèle de 494 so’ 14", en fuppofant 
le rapport des axes de la Terre comme 177 à 178. En 
effet, nous avons vu {$. 23) que dans cette fuppoñition, 


4 

ES = À EN A AS Lu : 

Farc 4 — 1d0'3", & que par conféquent TES 1801,5:; 
2 


d’ailleurs, = — 567; de plus, 2a + & — 98d21'19"; 


206265" cof. {2 a + 4) fin. A 


donc — Le 2 62! ; 

A° x 206265" cof, {2 a + 4) fin. 
TES ne 

LA 2 2T 

A: 
[14 [/1 
ne NEO 202.) == Dl75 

donc. Ke ado! 3 51,7 —=ir-lo/ 147. 


( 30.) Nous avons vu précédemment que Æ° égale 
s7074 toiles; de plus Æ égale un arc de 1407 14",7 de 
la fphère infcrite. Donc un arc de 14 0" 14",7 de la fphère 
infcrite, contient $7074 toiles; donc un arc d’un degré de 
cette même fphère contient 56837 toiles. 


(31) Par de femblables calculs, on trouvera les valeurs 
fuivantes, en fuppofant le degré entre Paris & Amiens de 


579074 toiles, 
Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 178. 


T —' 100000; IE 100565; 
À° 2 
CA log — 1 ,2,2467265, 
2T 27 


Un degré de 1a fphère infcrite contient 56837 toiles. 
Mém. 1778, N 


Fig. 3. 


8 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
9 à 


Rapport des axes de la Terre, comme 200 à 201. 


T — 100000; P = 100500 ; 
2e A 
1002; log. — = — 2,2994693. 
27 2r L 


Un degré de la fphère infcrite contient 56863 toiles. 
Rapport des axes de la Terre, comme 229 à 230. 


ÿ) 109000; Ft= 100438; 
A A° 

43953 log. —— — — 2,3570411. 
27 2 2 


Un degré de la fphère infcrite contient 56884 toiles, 


Rapport des axes de la Terre, comme 299 à 3007 


1 =) 100000; 8 = 100333; 
A° A° 
= 03345 log. — — — 24762535. 
27 2r 


Un degré de Ia fphère infcrite contient 56932 toifes. 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 à 1. 


T = 100000; p — 100000; À — 0: 


Un degré de la fphère — 57074 toiles, 


De la relation entré l'arc m'P de la fphere infcrie à 
l'arr MM du fphéroiïde. 


(32) Je dois réfoudre maintenant la feconde queftion 
propolée dans le $. 22; c’eft-à-dire étant donnée la diflance 
d'un point 41’ d'un Méridien elliptique, à un autre point 47 
pris fur le même Méridien, je dois conclure l'arc m'P de la 
Méridienne corrigée, compris entre le pôle P & le point m 
projection du point A7'; & réciproquement. 

Pour y parvenir, foit 

9 le nombre de toifes que contient un degré de la fphère infcrite : 
cette quantité eft connue par le $. 31. 


4 Yarc mm de la fphère infcrite compris entre le point "m projec- 
tion du point 7, & le point m’ projection du point M: je 
fuppofe que cet arc eft évalué en degrés, minutes & fecondes. 


D HIS I84CTE Nc Er 99 
X l'arc correfpondant 1 41” du fphéroïde, évalué pareillement en Fig. 3, 
degrés, minutes & fecondes de la fphère infcrite. 
t le nombre de toifes que contient l'arc m”m. 


T° le nombre de toifes que contient l'arc AM. 
I! eft évident que l'on a les équations fuivantes, 
(1) 84 — rx 3600" — 0; (2) 8KX — Tx 3600" = 0. 


Au moyen de ces deux équations, lorfque lon connoîtra 
les arcs 4, X en degrés, on évaluera facilement le nombre 
de toifes qu'ils contiennent; & réciproquement, 

Si l'on fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
177 à 178, l'on aura 

8 


3600" 


— 56837 toiles... log. Pr Pi de 1,1983286. 


Si l’on fuppole les axes de la Terre dans le rapport de 
200 à 201, l'on aura 
8 — 56863 toiles... Jog. — = — 1,1985273. 
Si l'on fuppofe les axes de {a Terre dans le rapport de 
229 à 230, l’on aura 
3600" 
(] 


Si lon fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
299 à 300, l'on aura 


8 — 56884 toiles... log. = — 1,1986876. 


Û — 56932 toiles... log. _— = — 1,1990589. 


Si lon fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
1 à 1, l'on aura 


600” 
sSrspes 1,2001358. 


8 — 57074 toifes.….. log. 
(33-) Pour faciliter lufage des équations (1) & (2) du 
paragraphe précédent, j'ai cru qu'il étoit à propos de joindre 
Ja Table fuivante, 
N i 


100 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TABLE du nombre de Secondes correfpondantes aux difièrens 
degrés, depuis o degré jufqu'a 29 degrés. 


+ 20. 19200 . 30. 37800 
+ 30: 19800 . 40. 38400 
+ 40. 20400 | 10. 50. 39000 
. 50. 21000 | 11. oO. 39600 

0. 21600 11. 10. 40200 
.- 10. 22z00 | 11. 20. 40800 
. 20. 22800 À 11. 30. 41400 
.- 30. 23400 À 11. 40. 42000 
. 40. 24000 Ÿ 11. 50. 42600 
. 50. 24600 | 12. 0. 43200 

0: 25200 | 12. 10. 43800 
. 10. 25800 | 12. 20. 44400 
. 20. 26400 À 12. 30. 45000 


Min Sec. 
. 20. 8400 7: 30. 27000 
« 30. 9000 7. 40. 27600 
« 40. 9600 7. 50. 28200 
+ 50. 10200 8. 0. 28800 

o. 10800 8. 10. 29400 

10. 11400 8. 20. 30000 
. 20. 12000 8. 30. 30600 
+ 30. 12600 8. 40. 31200 
+ 40. 13200 8. 50. 31800 
. 50. 13800 9. ©: 32400 

0. 14400 9+ 10..33000 
« 10. 15000 9. 20. 33600 
+ 20. 15600 9+ 30. 34200 
+ 30. 16200 9. 40. 34800 
. 40. 16800 9- 50 35400 
+ 50 17400 10, ©. 36000 

o. 18000 | 10. 10. 36600 
+ 10. 18600 10. 20. 37200 

10 
10 


22: 


O. 


+ 10. 
. 20, 
* 30. 
+ 40, 
+ 59. 


oO, 


+ 10. 
20: 
« 30. 
+ 40. 
+ 50. 


oO. 


“TO: 
“H208 
30. 
+ 40. 
CE 


Os, 
1 0. 


20: 
. 30. 
+ 40. 
+150. 


oO. 


« 10. 
+ 20: 


+ 30. 


. 66000 
120: 
1140: 
+15 08 


65400 


b D b 


+ Us Ls 
= 2 


66600 
67200 


67800 
68400 
69000 
69600 
70200 
70800 
71400 
72000 
72600 
F5) 20] 
73800 
74400 
75000 
75600 
76200 
76800 
77499 
78000 
78600 
79200 
79800 
80400 
81000 
81600 
82200 
82800 
83400 
84000 
84600 


D D bb bb 
Se 


D à 


ON A D vinr La La La ba La 


D D ON D D D pb h 


Fig. 3. 


102 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

4.) Nous obferverons que Farc #'P = mP — mm'; 
larc "P eft le complément de Îa latitude corrigée du 
lieu M; & l'arc m m' eft l'arc que nous avons nommé 4: donc 


(1) m'P — complément (latitude corrigée du lieu A7) — &. 


Cette dernière équation va fervir à réfoudre la queftion pro- 
pofée. Nous remarquerons enfin que le complément de la 
latitude corrigée du lieu A1, dépend du rapport des axes de 
la Terre, 

Si l’on fuppofe les axes de Ja Terre dans le rapport de 
177 à 178, & que l'on parte de l'Obfervatoire de Paris, 


l'on aura 
Complément {latitude corrigée du lieu A1) ='414 19° 22", 


Si l'on fuppofe les axes de la Terre dans le rapport de 
200 à 201, lon aura 


Complément (latitude corrigée du lieu M) — 414 18° 17”. 


Si l’on fuppofe les axes de la Terre dans Île rapport de 


229 à 230, l'on aura 
Complément (latitude corrigée du lieu A7) = 41 17° 7 Er 


Si l'on fuppofe les axes de la Terre dans Île rapport de 
299 à 300, l'on aura 

Complément (latitude corrigée du lieu A) = 414 15° 27" 
Si l’on fuppofe les axes de la Terre dans le rapport d'égalité, 
Complément (latitude du lieu A1)...,.. = 41t 9° 46”. 


Nous pouvons maintenant réfoudre la queftion propofée. 
Cette queftion fe fubdivife en deux autres. En effet, étant 
donné en degrés l'arc #'P de la {phère infcrite, on peut 
demander {e nombre de toiles que contient l'arc 47 M" fur 
le fphéroïde. Étant donné le nombre de toifes que contient 
l'arc A1 M' fur de fphéroïde, on peut demander en degrés 
la valeur de l'arc #/ P de la fphère inf{crite, 


D'ENS SMS: CÉTIEMN CES 103 


Étant donné en degrés l'arc m'P de la fphère infcrite ; Fig. 34 
déterminer en toiles l'arc MM’ du fphéroïde. 


(35-) Cette première queftion ne préfente aucune difficulté; 
en effet, puifque l'on connoît la valeur de l'arc »'P en degrés, 
l'équation (1) du $. 34, donnera tout de fuite la valeur de 
À; on conclura enfuite la valeur de X en degrés de la fphère 
infcrite, au moyen de l'équation (2) du f.28 ; on conclura 
enfin la valeur de Æ en toiles, au moyen de l'équation (2) 
du f, 32. Je ne donnerai point d'exemple de ce calcul, 
qui ne préfente aucune difhculté, 


Étant donné le nombre de toiles que contient l'arc MM; 
déterminer l'arc nv P de la fphère infcrite. 


(36.) Cette feconde queftion, qui eft celle dont on a le 
plus généralement befoin , prélente plus de difficulté. En 
effet, lorfque l'on connoît le nombre 7'de toiles que contient 
l'arc À, il eft facile d’avoir l'expreffion de cet arc en degrés 
de la fphère infcrite, au moyen de l’équation (2) du $. 32; 
mais il n’eft pas aufli facile de déduire la valeur de 4 de celle 
de Æ, au moyen de l'équation (2) du $. 28; car dans 
cette équation les fmus & cofinus de l'arc inconnu font mélés 
avec l'arc, d’une manière qu'il ne feroit peut-être pas aifé 
de déméler. Heureufement, les circonftances du Problème 
permettent d'employer une méthode fimple, & aufir exacte 
dans la pratique, que la folution rigoureufe, 

Pour me faire entendre, je remarque que dans l'équation 


{2) du $. 28, les quantités ne cof. (24 +- k) fin. À, 


font multipliées par la fra&tion + ©_;'ibneft donc pas abfo- 


LA 


lument néceffaire de connoître ces quantités avec la dernière 

exactitude, pour avoir avec préciiion la correction donnée 

A° A 206265" cof, {2 a + 4) fin. À ; 

par le terme 2 [ — — |; il 
= rY 2 


2 


fuffit d’avoir une connoiffance approchée de la valeur de 4; 


104 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Fis. 3. & l'on peut fuppoler dans ce terme À — X. L'équation (2) 
du $. 28 deviendra alors 


(SV ee ARE 
7” 2 2r° n 


/ . , , \ A$ 
& cette équation fera vraie aux quantités près de l'ordre — , 
L T° 


(37-) Nous remarquerons ici que l'arc #/ P eft le complé- 
ment de la latitude corrigée du point A1! du Méridien 
elliptique, où ce Méridien eft coupé par la perpendiculaire 
à la Méridienne. Si donc on vouloit conclure la latitude vraie 
de cette interfeétion, d’après la connoïiflance de l'arc MM! 
en toifes; on déterminera d’abord l'arc! P, comme il a été dit 
ci-deflus; on connoîtra alors la latitude corrigée du point w", 
d'où l’on conclura fa latitude vraie, au moyen des Tables 
du $. 20. Pañlons à un Exemple, 


EXEMPLE, 

(38.) On fuppofe qu'une perpendiculaire à la Méridienne, 
rencontre le Meridien de Paris, en un point M', éloigné du 
point M qui repréfente Paris, de 14823 toiles du côté du 
Midi ; on demande l'arc w'P de la fphère infcrite, compris 
entre le pôle P © le point m', projection du point M', en fuppo- 
ant d'ailleurs les axes de la Terre dans le rapport de 177 
a 174, 

SoLuTION. Puifque Île point 47’ eft plus méridional que 
Paris, Æ eft négatif ; d’ailleurs, dans l’équation (2) du 
S-32; T — 14823 toiles, & 0 — 56837 toiles; donc 


LES 


Æ — — :5' 39"; de plus à — 484 40! 38”; donc 


ls # 0 
mn, 469,502 Kem107 ds nn 
ST 206265" cof. ER K) x fin. K Rp ued 58"; 

; 2r 
A*F-A 206265"cof.{2a+K)xfin.X _  ,; A* 1 INR 
SP = (—469",5 —58")—3". 
Donc 41 Prs ag" hs 2 ons Pan 


donc m'P = 41419 220 15 36" — qu 34! 58 
On peut 


Di ES SC DE Nic Es: 105 
On peut conclure de ces calculs, conformément à {a remar- 
que du $. 77, que la latitude corrigée du point x! eft de 
48125"2", & que par conféquent la perpendiculaire dont 
il s'agit, coupe la Méridienne de Paris, fous fe parallèle vrai 
de 484 34’ 30". 
(39) Par de femblables calculs, on trouvera les valeurs 
fuivantes pour le cas particulier dont il s'agit, 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 Ar OL PT 
MP da 34 588, 

Rapport des axes de la Terre, comme 200 ä 207, 
MP = 41133 52". 

Rapport des axes de lu Terre, comme 22 9 à 230, 
mP = 414 32 467 


Rapport des axes de la Terre, comme 2 99 à 300, 


[2 


mP — ASS del - 
Rapport des axes de la Terre, comme 1 à r, 
MP = 41425 21" 


(40.) Quelque facile qu'il foit d'exécuter dans tous les 
cas, les calculs prefcrits, il eft cependant poffible d'éviter cette 
première opération, au moyen des Tables par lefquelles je 
terminerai cette fe“tion. On aura par-là très-facilement, les 
valeurs de #'P correfpondantes au nombre de toifes comprifes 
depuis l'Obfervatoire de Paris jufqu’au pied de {a perpendi- 
culaire dans le fphéroïde: mais Je dois auparavant eftimer 
Terreur des termes négligés dans a formule du S. 28 


Cette recherche fera voir la précifion de la formule, & 


combien peu de changement l'introduétion des termes de 
ï | 


l'ordre — apporteroit dans les réfultats, 
Mém, 1778, (@) 


106 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Eflimarion de l'erreur des termes négligés dans les formules 


des $. 27 à7 28. 


(4r.) Heft facile d'apprécier l'erreur des formules des 
f. 27 & 28. Nous avons vu en effet, que fi l’on vouloit 
poufler l'exactitude des calculs, à la précifion des termes de 


; A+ Les 2. ) 
l'ordre ar l'équation (12) du S. 24 auroit la forme 


fuivante, 
À dx A stdx 
(1) K+conft, = +1 3 Fran ES mm ee 


Nous avons vu également /$. 25) que 


fe dx Ts y *Vr— x) ; 
BYE SUR | E z 7 ñ 
f xtdx RE 3f +°dx Het a V{r — x) L 
PV(É—#) TO # rV(r— x) # 7 | 
De plus, 
2 V(r — x | 
AP RE Rs 


Y 
Dreux ) 
n' AR AT 1 
FR TT TUE CNT — 5 fin. 2 CT. 3 fin. 4 À 
Si donc l'on ajoute convenablement Ia conftante, ainff 

qu'il a été pratiqué dans les f. "27 & 28, & que fon 
conferve toutes les dénominations de ces paragraphes , l’on 
aura 


A° k 206265" cof. {24 + À) fin. 4 
2) À — Me) 
SRE SE QE = 
CT AR 206265" cof, {2a +- À) fin. 
Le M ot TE GARE" CETTE 
A# (cof.2a+ À) fin. 4 (aa+24) fin 2 À 
Re à 000 OU mmcrtemen om oem — 


(42.) Dans les calculs des paragraphes précédens, nous 


RU FR PRE ee : 
avons négligé les termes multipliés par ——, c'eft-à-dire ; 


DES SCIENCES, 107 


Ja quantité 
of. /24 in, 
[— +4 + 206265" 4 RUE : 


r 


. cof. /4a + 24)fin.24 
— 20626; A ]. 

H fera donc toujours facile de déterminer l'erreur de fa 

méthode; mais 1l eft évident que cette erreur ne peut être 

qu'infiniment petite. Si l'on fuppofoit, parexemple, 4 — 3 60; 


à caufe de 4 — 360, fin. À — 0, fin. 24 — 0, on aura 
; A* 
pour expreflion de l'erreur, ? —— arc 22930! = g",7- 
FF 


(43-) Puilque lerreur fur un arc de 360 n'eft que 
d'environ 8", & que cette erreur eft à peu-près proportion 
nelle à la grandeur de l'arc, on voit que pour un arc de 
god, l'erreur ne feroit que de 2". Nous avons donc eu raifon 
d'avancer que cette erreur peut être négligée dans tous les 
calculs. 


Au refle, fi l'on vouloit avoir les circonftances précifes où 
la quantité que l’on néglige, eft la plus grande, on différen- 
cieroit l’expreflion du $. 42, & l'on auroit pour condition 


(1) — £r + cof. {2a + 24) — EF cof. (4a + 44) = 0. 


Conffruétion des TABLES annoncées dans le $. 40. 


(44) Ces Tables contiendront pour chacune des hypo- 
thèles d’exceniricité de la" Terre, les valeurs de l'arc »' P 
correfpondantes au nombre de toiles comprifes depuis Paris, 
juiqu'au pied de la perpendiculaire à la Méridienne fur le 
Iphéroïde. Ces Tables feront calculées de 10 en 10 minutes, 
en commençant au 34.° degré de latitude, & en finiffant au 
53- degré 30 minutes. On n'oubliera pas que par l'arc #°P 
nous entendons l'arc compris fur la fphère infcrite, entre le. 
pôle & la projection de l'interfeétion de la Méridienne de 
Paris, & de la perpendiculaire à cette Méridienne, 


O i 


108 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TABLE des valeurs de m'P, correfpondantes au nombre de 
toifes comprifes depuis Paris jufqu'au pied de la perpendicu- 
laire à la Méridienne, paffant par le lieu pour lequel on calcule. 


( On fuppofe le rapport des axes de a Terre, comme 177 à 178.) 


DIFFÉR. 


DIiFFÉR. 


v DIsTANCES DisTANCES 
ALEURS pour 10 VALEURS pour 10’ 
; fur Ja es fur Ja TL: 
de m'P. LU de variation} dem'P. ae de variation 
Méridienne. de n’E, Méridienne. der 
D. SM. Toifes. Toifes, Fr Toifes. 
36: 30 | 275051, o 
36. 40 | 265544 602> 


101052] 9503 
196082 


37+ 10 en À ZOMEX 

37* 20 | 227516, NES AB 

37. 30 | 218009* SOEUR 

37 40 | 208502 Ée pie 

37. 50 | 198995 rrgs| 9502 
38. 0 | 189489 76621 |, 

38. 10 | 179983 86123 |- 

38. 20 | 170478: Dr EE 

38. 30 | 1609732 95625 

38. 40 | 151468 10S127% 

38. 50 | 141963 114629 dE 
39. 0 | 132458 1241302] 7? 
39: 10 | 122953 1393 

39. 20 | 1134482 Hire 

29 304 403943 26 

39. 40 | 944382 ne 

39: 50 | 84933 17163 3% 

40. oO 75428 181133 9500 
40. 10 65924. 190633 

40. 20 fee 200133 

40. 30 46916 SR TAPER 

40. 40 | 374122 7 

AUTE A0 228632: 

AI. oO 18404 238131È 9499 
41. 10 89004 es 

419 19/22" o 25712 


MAENSNSTENTE NLC\E 15 109 


DIiFFéR. 
pour ro’ 


DirFéRr. 
pour 10’ 


DISTANCES 


DISTANCES 


fur la fur la 


de variation 
de m'P, 


| ————_—_—_—— | — À —  —_—_——_—— 


Toifes. Toifes. 


266628 
276126 
285624? 
295122% 
3046207 
314118 

323616 
333114 
342612% 
352109° 
361606 

371103 
380600 
5D0097 
3995943 
4090907 
4185867 
428082 


| ———— | ——_—_—_— À ———|À | 


437578 
447074 
456570 
4660662 
475562 
485057 
4945 52 
504046 
$13540* 
5230347 
532528 
542022 


de variation 


de 'P, 


Toifes. 


Méridienne, Méridienne, 


9498 9493 


9493 


9492 


9492 


D 0110779535 
55. 10 | 788824 
55- 20 | 798315 
55: 30 | 807806 
55. 40 | 8172967 
55. 50 | 826786 
56. o | 836276 


DA 


110 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE 


TABLE des valeurs de m'P, correfpondantes au nombre de 
toifes comprifes depuis Paris jufqu'au pied de la perpendicu- 
laire à la Méridienne, paffant par Le lieu pour lequel on calcule. 


( On fuppofe le rapport des axes de la Terre, comme 200 à 201.) 


* 

DiIsTANCES 
VALEURS : 
fur la 
de m'P, D 
Méridienne, 

D. M. Toifes, 

PAIE 


36. 30 274037. 
36: 40 | 264530€ 


36. 50 | 255023 


37e © | 245516 
37° 10 236009. 
37e 20 | 2265027 
37. 30 216995 
37 40 | 207488 
37+ 50 | 197982 


Distances] DIFFÉR. 


Méridienne, 


210687 


our 107 
fur la FTA 
de variation 


de nt! P. 


Toifes. 


201186 | 


220188, 
229689° 
239190 
248691 
258192 


DESS ML 'SUCHEUE N:C:E 1: ne 
g I 


Disrances| DIFFÉR. ’ 
fur la pour 10/ [VALEURS Distances] DIFFÉR. 
Le de variati de m fur Ja PERS 

Méridienne. de EN are Méridienne. de variation 
! de »’P, 

oifes Toifes. D M. Toifs Ta. 
2676 Oifess 
EL PE te 552630 
286692? Dr à Er 
296 z 00 20 | 571622: 
NT Noa 9496 
315191 Dre ne 

= 51. 50 | 600108 
324090 2 Han vos 
334189 po PR EL ES 
3436882 pa DEEE 

nil DA) DAS | FAR 
342686 PE 638088-| 7495 
372185 52: 40 L:647543 

52. 50 | 657078 

381684 s 6 
391182% Dee 66573 

4006802 Le A pi 
10178:| 9498 ET RE 

oes: 53- 30 | 695057: 9494 

429174 53-90 | 704551: 

EE 53: 50 | 714045 

72 enr Porn 

448169 2 su FEU 

457666= . ia ATOS 

nel mor rte) 74226 

FRSYE $4e 30 | 7520202] 7493 

486157 4 #0 76 is 

De $4 50 | 771006 
505 : 

05150 Hal 
S 126467 nue 789992 
140462) 9496 | 55: 20 | 792485= 
524142È 
ë 55. 30 | 808 = 

533638 7 977 #| 9492 
54313 55: 40 |} 6r8469" 

34 55- 50 | 827961 


56 o| 837453 


112 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Roxazr 


TABLE des valeurs de m'P, correfpondantes au nombre de 
toiles comprifes depuis Paris jufqu'au pied de la perpendicu- 
laire à la Méridieune, paffant par le lieu pour lequel on calcule. 


( On fuppofe le rapport des axes de la Terre, comme 229 a 230.) 


Disrances| DIFFÉR. Disrances| DIFFÉR. 
fur la POHMEL NAREURe fur Ja pOHTeef 
Ra de variationf de #2. A de variation 
Méridienne, de m'P, Méridienne. LP 
RE T LCO) TELE TC 
2AAIIBTE o 
2634852 2676> 
253978 HRLÈGÉ 9504 
244471 AT 
234064. 31188 
2254577 
206443 * £ 
9698# 
RÉVER Pa que 9503 
187429 78704 
17729282 88207 
1684173 
158911€ 97710 
LE4OSE. 10721 3% 
139599 116716 
‘130393 1262192 CEE 
120887 135722 
111381- 145225 
101875 
92369 Rp 
82864 164230 
ae le — 173732E a 
40. 0 1193099 1832345 9502 
40. 10 63854 192736 
4+9+ 20 54349 2022 38 


211740 


221] 242 


= ESS 230743% 
AIN 16332 RUE 9501 
MS 68282 249745" 
4ud 17" 11" o 259246 


VALEURS 


Le ot me---meie 


Disrances| PIFFÉR. VaLEuRsILISTANCES DIFFÉR. 
U 
fur la PERS fur la POS 
Ex de variationg de m'?. He de variation 
Méridienne, Or, Méridienne. 


de rw P, 


Toifes. , Toifes, Toifes, Toifes. 
268747 553718 
278248 


563210 
> > 
287749% $72707* 
297250% 


582204% 
‘3067507 S91701 
316250 601198 
325750 
335250 
3447508 
3542507 
363759 
373259 

382750 

LR 

4017402 

4112475 9499 

420746% 

430245 

439743 

ER 

déBz 7e] 9498 

477735 

487233 

496731 
506228 _ 

I 25 
en 9497 
534719° 
544216 


9500 


610695 
620191 


95990 


Mém, 1778, LE 


114 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TABLE des valeurs de m'P, correfpondantes au nombre de 
toiles comprifes depuis Paris jufqu'au pied de la perpendicu- 
laire à la Méridienne, paffant par le lieu pour lequel on calcule. 

( On fuppofe le rapport des axes de la Terre, comme 299 à 300.) 


Disrances| DIFFÉR. Disrances| DIFFÉR. 
- pour 19 JVALEURS pour 10‘ 
fur la de fur la de 

Méridi de variationf dem’P. Méridi de variation 
€ridienne. de m'E, crndienne, de mE, 


Toifes. ; s ifes. TT Toifet. 
mms | re me ES 
271406. 


261897: 
252388" 


242879 
233370 
223861 


71729 
62222. 
527152 
43209% 
33702 
24195 
14688 
51812 


DIE SIRSQGAIÈE M cC:E 5 115 


Disrances| DIFFÉR. PAR Distances! DIFFÉR. 
pour 10/ ALEURS pour ro” 


faste de variation] de #’P, ms de variation 
Méridienne. de wP. Méridienne. OT 
Toifes. Toifes, D. M. Toifes. Toifes. 
270477 Sr. Oo! S55559 
279981, SI. 10 565061, 
289485: 51. 20 | 574563° 
298580E 9594 |'$r. 30 | 584064] 7597 
308403 Ste 40 | 5935657 
317997 51. 50 | 603066 
; 27500 $2. Oo | (612567 
ER 52. 10 | 622068 
65063 2. 20 | 6315692 
bacs 2593 2. 30 qe 25P2 
365512 52. 40 | 650571 
375015 52. 50 | 660072 
384518 53. o | 669573 
394021% $ÿ3- 10 PA 
4035245 53: 20 792 
Pr087 2593. | 53. 30 | 6980762] 75°! 
4225304 53- 40 | 707577* 
432033 53 50 | 717078 
441535 54 0! 726578 
451037 S4 10 | 736078 
OT TEl oo 2e-20 1) 720578 D500 


470041? $4 30 | 7550782 
479543 54: 40 | 764578 
489045 54. 50 | 774078 


= À "À 
© —_——_—_—_—_ | ——— 


498547 55 0 | 783578 
508049 55 10 | 793078 
24730 1 9502 $5- 20 se 
5270532 55: 30 2QEMT 9590 
536555 55- 40 | 8215787 
546057 55: 50 | 831078 
56 o | 840578 


116 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
_— 


TABLE des valeurs de m'P, correfpondantes au nombre de 
toiles comprifes depuis Paris jufqu'au pied de la perpendicu- 
laire à la Méridienne, paflant par le lieu pour lequel on calcule. 

(On fuppofe la Terre fphérique. ) 


DISTANCES DISTANCES 
Fe VALEURS ni 
ur ja ur la 
Gi de "m'P. At 
Méridienne. Méridienne. 


Toifes. Fo, À Toifes. 
ne 


180512 | +2: 3° 
171000€] 42: 4° 
1614876) 42: 50 
151975È]43 0 
142408 £ 43. 10 
132950 | 43. 20 
123438 | 43° 30 
113926 À +3: 49 
104413 ,) 43° 
949014f 44 0 
85389 À 44. 10 
75876 | 44. 20 
66364 | +4 3° 
56852 | 44 +9 
473393] 44 5° 
378272] 45. o 
28315 | 45. ro 
18802 | 45. 20 


L Le) 


41. 9290,0 #5 3° 
414 9° 46” < 


o 45: 40 


DES SCIENCES. 17 


DISTANCES DisTANCESs 
VALEURS ; VALEURS { 
ur la fur fa 
de »P, si de m'P. SOU? 
Méridienne, Méridienne, 
D. M. Toifes. D. M. Toifes. 
ms en ee ne | ete mn en 


SI. Oo | s6r45o 
St. 10 570962 


46. 0 | 276080 
46. 10 | 285592 
46. 20 | 295104? 
46. 30 | 304617* 
46. 40 | 314129" 
46. 50 | 323640 
AA O4|N8 33254 
47e 10 | 342666 
47. 20 | 3521782 
47+ 30 | 361601 
47: 40 | 371203 
47: 50 | 380715 
48. o | 390228 
48. 10 | 3997407 
48. 20 | 409252 
48. 30 | 418765€ 
48. 40 | 428277; 
48. 50 | 437789 
LA O4 7302 
49. 10 456814 
49.20 | 4663263 
49.30 | 4758392 
49-40 | 4853517 
49. 50 | 494863 
50: Oo | 504376 
so. 10 | 513888 
50. 20 | $23400% 
59. 30 | 532912% 
59:, 40.) 542425 
30250) 552937 


Dans cette Table, le nombre de toiles correfpondantes à 
10” de variation de #’P, eft conflamment de 95123 


118 MÉmoirEs DE L'ACADÉMIE ROYALE 

(45:) Au moyen des Tables précédentes , il eft facile 
de déterminer la valeur de #’ P correfpondante à une diftance 
donnée de l'Obfervatoire de Paris, au pied de la perpendi- 
culaire à {a Méridienne, paflant par un lieu quelconque ; & 
réciproquement. Prenons l'exemple du $. 34. Suivant la 
fuppofition , la diftance fur la Méridienne eft de 148 23 toiles 
du côté du Midi; je cherche dans la première T'able du $. 42, 
la valeur de m! P correfpondante” à ce nombre de toiles; je 
vois que cette valeur eft entre 41430’ & 41440’; je vois 
de plus, que la différence de la diftance fur la Méridienne, 
correfpondante à 10 minutes de variation de #'P, eft de 
9503 toiles entre 41430 & 41440’. Je prends la différence 
entre le nombre 14823 donné & Île nombre ro10$ qui 
répond à 41430’; cette différence eft de 4718 toiles ; je 
fais donc la proportion fuivante; 9503 eft à 600" comme 
4718 eft à un quatrième terme; c'eft le nombre de fecondes 
qu'il faut ajouter à 414 30’, pour avoir la valeur de »' P 
cherchée; l& j'aim P = 41430!+ 4'58!— 41 34 58", 
comme dans le $. 38, 


SH X:I-È.M E: } SEC Tel OK. 


Détermination du rapport entre la perpendiculaire à la 
Méridienne fur le fphéroide, à la perpendiculaire 
corrigée fur la fphère infcrite. 


(46.) Je dois maintenant, pour fuivre l'ordre de mes 
recherches, déterminer la valeur de la perpendiculaire corrigée 
fur la fphère infcrite. On peut voir dans le Ç. 7 6, Ia définition 
de cette perpendiculaire, & l'influence qu'élle a fur da folution 
du Problème. Comme ce n'eft pas cette quantité qui eft 
donnée iimédiatement par les mefures géodéfiques, mais la 
perpendiculaire-fur. le fphéroïde, il s'agit de déterminer le 
rapport entre ces deux perpendiculaires. 


Di mstaStot E NucrEns 118 
(47) Pour y parvenir, foit 


* J'abfciffe commune à l’ellipfe génératrice du 
fphéroïde & au cercle générateur de la fie fuppofe que l'origine 


fphère infcrite ; des coordonnées eit au 
ee SEC. centre commun du cercle 
X:Fordonsée à l'etlipfe & de l'ellipfe. 


y l'ordonnée correfpondante du cercle inferit ; 

r le demi-petit axe de la Terre; 

? le demi-grand axe ; 

4 l'angle des différens Méridiens du fphéroïde avec le Méridien du lieu 44; 


4 l'angle des différens Méridiens de la fphère infcrite avec la Méridienne 
corrigée du lieu A7; 


Ÿ' l'ordonnée particulière à l'ellipfe , au point où Ja perpendiculaire à la 
 Méridienne fur le fphéroïde rencontre le Méridien du lieu 47; 


3’ l'ordonnée particulière du cercle infcrit, au point où la perpendiculaire 
corrigée rencontre le Méridien corrigé du lieu A7; 


x' l'abfciffe du cercle infcrit correfpondant au même point ; 
P le périmètre de la perpendiculaire à Ja Méridienne fur le fphéroïde ; 
? le périmètre de la perpendiculaire corrigée fur la fphère ; 
AU — Pom We 
Nous avons vu précédemment , que Jon avoit pour 
équation à la perpendiculaire à la Méridienne fur le fphéroïde, 
(1) du — Y'V(F dé + rdx + rdY) = 0; 
pour équation à la perpendiculaire corrigée fur la fphère infcrite, 
(2) ÿdu — ÿ(ÿdé + rdx + rdÿ) = 0; 
pour équation à l'ellip{e génératrice du fphéroïde, 
(3) +rË — rp = 0; 
pour équation au cercle générateur de Ia fphère infcrite, 
(4) + — = 0; 
pour expreffion du périmètre de Ja perpendiculaire à la 
Méridienne fur le fphéroïde, 
Y'a + ff +rd"). 


7 


BGEP— 


LA 


120 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
pour expreflion du périmètre de la perpendiculaire corrigée 
{ur la fphère infcrite, 
V(Y du + r'dx + r dy) 
r 


(6) dp = 


De plus, à caufe des propriétés de l'ellipfe & du cercle infcrit, 


(7): p 9% Ir  =uoi; 
(8) pY — r Y"—= o; 
(9) pdy — rdY = 0; 
(ro) xdx + ydy = 0. 


(48) Si dans les équations ($) & (6) du paragraphe 
précédent, Von fubflitue à Y*du* & à y* dv*, leurs valeurs 
tirées des équations (1) & (2), l'on aura 

Yvçds + dY). 


(1) FD — DRE 5 LEE Li 
(AA AAA LI 77 Ro ER 
P 13 V — »°) Lai Vo — 3°) ’ 


en fuppofant d'ailleurs, 

(3) d4 = v{dx + dy). 

Dans les équations (1) & (2), nous avons donné à 7P 
& à dp le figne moins, parce que, par la nature de la quef- 
tion, les périmètres des perpendiculaires à la Méridienne, 
foit fur le fphéroïde, foit fur la fphère infcrite, croiflent à 
mefure que les arcs qui ont refpectivement pour différen- 
tielles {dx + dY°), V{dx* + dy), vont en décroiffant. 

Je remarque maintenant, qu’à caufe des équations (7) & 
- (8) du paragraphe précédent, équation (1) du préfent para- 
graphe peut avoir la forme fuivante, 


D V(ds® + 27 
d P = — a —_———_—————————— 
(4) Y( — »°) # 
pu'à Caméde pi 7,1 A’, 
Sd + dy + _. 
(C2 = — 


rem À 
vo ES #'°/ ’ 
ou enfin 


DE SUS CT'E x © r £ 2 


ou enfin 
= SRE TM à 2° à 
(6) adP=— V(y® — »"°) V(dk 2 Tania): 


Dans l'expreflion précédente, je réduis 7/44? + À dy) 
en férie, & j'ai 
1 A? dy At d 


nm As Pr se Er 4 7 Le, Lg &c.), 
Je remarque d'abord , que — — —\dp; de 


dy x »7 . À « 
plus, = — — —-. L'équation (7) peut donc être mile 


fous la forme fuivante, 
J dy APRES AT 


CNET EPA e Ep ann ot d@), 
mais ydy — — xdx, & Re TES 
—= V(x#* — x); donc 
2 A° xd # 3 A# stade 
(9) ZP= dp —? Re TE TPS Paire APT EL — &c. 
Donc, en intégrant 
A° A* xtdx 
PB ER PE PE) SE 
(10) P+conft.—p—} de +$ lan PS) &c» 
ou enfin, 
As dx At: xtdx 
PRE RE SE 
(15) P+conft.=p—1:— re de Te &c, 
(49.) Soit un cercle dont le rayon — x’; prenons 
dans ce cercle une abfcifle — x, & nommons X# l'arc 
correfpondant à l’abfciffe x ; l'analyfe nous apprend que 
dx de ; xWa2— x) à 
| ab Rene 
‘dx 1 MUxT— x) 3 y *Wx—#) ; 
re in ic FE +i[—-< pr ++#]. 


Mém. 1778 Q 


322 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Donc, fi l'on néglige les termes multipliés par les valeurs 
de À, élevées à une puiflance fupérieure à la feconde, on aura 


As av at — 2 
(1) P + confante = pi [sx —: M — J- 


(so.) Dans l'équation (1) du paragraphe précédent, x eft 
le finus de l'arc Æ, Mais cet arc & ce finus ne doivent point 
être évalués dans le cercle qui a r pour rayon; ils doivent 


au contraire être évalués dans un cercle dont le rayon — x, 


e ” v 2 us. x? 
Si donc on veut rapporter la quantité XX —Eix Dre 


au cercle dont le rayon — 7, il faudra multiplier chacune 
T 


des quantités qui la compofent, par GA elle deviendra 


x? 
VF — =) 
LS 1 x 
IX — I x 


bler l'équation, on multipliera le coëflicient + 


; & pour ne pas trous 
2,1 + r'4 


par Te 


L4 


r 


On aura alors 


2,2 
vx SAUT 
Re nb = 


As LP. k 
(1) P+ confante = p — 2 — ennemi) | 


ul 


Et toutes les quantités feront évaluées dans le cercle dont 
le rayon — 7; c'eft-à-dire dans le cercle générateur de Ia 


x . . LA 
fphère infcrite. Nous remarquerons que —- Æ eft l'arc 


dont - eft le finus, & dont {fr — 2725 eff 
le cofinus. | 

(5 1.) Si l'on jette les yeux fur les principes développés 
dans le $. 16, on fe convaincra facilement que x eft le finus 
de la latitude corrigée du lieu Æ, & que x” eft le cofinus de 
Yarc w’P. Soit donc À un angle que l'on déterminera de Ia 


DES SCIENCES. 127 


Mianière fuivante, 
(1) TT EE ES + fin. (latitude corrigée du lieu F) d 


’ 


cofinus m' P 

on aura 

: fin mP fin. f. 
(2) P+ conflante = p — : LE A IE = 2 
4 « fin. 4 cof. À 
ou à caufe de = + inalA, 

LA 

2 fi e 4 

{3) P + conflante — p — L ES x PERS (z À — fin. 2 4). 
LA LA 


Nous obferverons que , par la nature de a queftion, 
P & p doivent être à Ia fois égaux à zéro, lorfque fin. (latitude 
corrigée du lieu F) = cofin. m P; & par conféquent lorfque 
A — 901; fin. 2 A — fin. 1801 — o; on a donc 


A° cofin.*mP arc god : à 
conflante — — 1 En. = nt l'équation ( 3) 


devient par -Jà 


À* cofin*mP arc god — À 
LH dent le nie sn ( _ + + fn.24) = 0. 


r 


(52) Dans Ja formule précédente, P, p, arc 904, À font 
exprimés en valeurs du rayon; fi l'on vouloit que ces quantités 
fuffent exprimées en degrés, minutes & fecondes, on auroit 


A*  cofinfmP ooâ— A 206265" fin. 2 À 
MP? 2 D te FE 


Nous remarquerons enfin que fi l'on nomme 


& le nombre de toifes que contient un degré de Ia fphère infcrite; 
nous avons évalué cette quantité dans le f, 325 


t Île nombre de toifes que contient p; 


T Ie nombre de toifes que contient P; 
on aura Îles équations 
(2) 87 — 3600" x 1 — 0: 
(3) 8P — 3600" x T = 0. 


124 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Au moyen dé ces deux équations, Jorfque l’on connoîtré 
p & P en degrés, on évaluera facilement le nombre de toifes 
qu'ils contiennent; & réciproquement. 

(53-) Nous pouvons maintenant réfoudre les deux quef- 
tions fuivantes. 


PREMIÈRE QUESTION. 


Étant donné l'arc m'P de la Jphère infcrite (nous avons væ 
dans la feétion précédente comment cet arc fe déduifvit de la 
diflance en toifes des points M, M' fur le Méridien elliptique) 
ainfi que la latitude du lieu F; on demande le nombre de 
toifes que contient la perpendiculaire menée du lieu F à /a 


Méridienne du lieu M fur le fphéroïde ! 
SECONDE QUESTION. 


Etant douné l'arc m'P de la Jphére infcrite, € le nombre 
de toifes que contient la perpendiculaire menée du lieu F à la 
Méridienne du lieu M Jar le fphéroïde ; on demaude la latirude 
du lieu E? 


Solution de la première Queflion. 


(54:) La première queftion ne préfente aucune difficulté, En 


- effet, puifque l'on connoît l'arc #’P de la fphère infcrite & 


la latitude du lieu Æ, on connoitra la latitude corrigée de ce 
dernier lieu; on aura donc fur la fphère infcrite un triangle 
fphérique »'P F' reétangle en w', dans lequel on connoîtra 
le côté mP, & le côté PF’ complément de la latitude 
corrigée du lieu F'; on conclura le côté »'F” ou la quantité 
p qui lui eft égale, au moyen de l'équation fuivante, 


r fin. (latitude corrigée du lieu F) 


f — 
(x) cofinus p EP 
On connoïîtra donc la valeur de p qu'il faut fubflituer dans 
l'équation (1) du $. 52; on évaluera enfuite angle À du 
S- 51; & l'on aura l'expreffion de P en degrés, minutes 


DES/SCIENCE S. 125 

& fecondes. On réduira cette valeur en toiles, au moyen 
de l'équation (3) du $. 52, & le Problème fera rélolu. 

Nous remarquerons qu'il fuit des équations (1), (1) des 

S. sr & 54, que dans le cas dont il s’agit, l'angle A eft le 


complément de l'arc p. 


Solution de la feconde Queflion. 


(55) La feconde queftion, qui eft celle dont on a le 
plus généralement befoin, prélente plus de difculté. En 
effet, lorfque l’on connoïît le nombre 7° de toifes que contient 
Y'arc P, il eft facile d’avoir l'expreflion de cet arc en degrés, 
minutes & fecondes, au moyen de l'équation (3 ) du 
S. 52; mais il n'eft pas auffi facile de déduire la valeur de p 
de celle de P, au moyen de l'équation (1) du $. $2; car la 
latitude inconnue du lieu Æ, entre dans l'expreflion de P. 
Heureufement les circonfiances du Problème permettent 
d'employer une méthode fimple & très-exaéle dans Îa 
pratique. 


Fig. 2, 


Pour me faire entendre, je remarque que dans l'équation 


god — A 206265! fin. 2 À 
+ —————— 


(1) du $. 52, la quantité 


4T 
CIRE : . . Appicofim Pin pre 
eft multipliée par la fraction très-petite + — x = = —;ilneft 


donc pas abfolument néceflaire de connoître l'angle À avec 


la dernière exadlitude, pour avoir avec précifion, la correction 
; / 25 od — A 206265"fin.2 À 
donnée par le terme + de il = = Le re 
5l fuffit d'avoir une connoïffance approchée de la latitude 
corrigée du lieu Æ: On confidèrera donc un triangle 
fphérique reétangle #/PF" dont on connoïtra le côté #”P, 
& dans lequel on emploira pour côté =!F", l'arc P du fphé- 
roïde réduit en degrés, minutes & fecondes; on conclura 
par-là l'expreffion approchée de {a latitude corrigée du lieu F, 
au moyen de l'équation 


cofin*m P 


cofin. #P x cof. P 


r 


{1) fin, (latitude corrigée du lieu F) = 


126 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


C'eft la valeur qu'il faut employer dans la détermination de 
l'angle À. 


Nous remarquerons que ff dans l’expreffion de fin. À 
du $. ST UN lon fubftitue à fin. (latitude corrigée du lieu 7) l'ex- 
preffion tirée de l'équation précédente, on aura 


(2) PNA cof. P. 
L'angle À eft donc le complément de l'arc P du fphéroïde; 


‘ « , A* 
& les réfultats feront exaéts, aux termes près de l'ordre PU 
EXD ERMUPALÉE. 


(56.) Je fuppofe un lieu fitué à la diflance de $2902 
toifes de la Méridienne de Paris, prie [ur une perpendiculaire 
& cette Méridienne, du côté de l'Orient ; je Juppofe de plus, 
que la perpendiculaire qui paffe par ce lieu rencontre la Méri- 
dienne de Paris , à la diflance de 14823 toifes du côté du 
Midi; on demande la valeur de la perpendiculaire corrigée, 
correfpondante à ce lieu! 


SozLurion. Nous avons vu qu'en fuppofant le rapport des 
axes de la Terre comme 177 à 178,onawP—4113458"; 


cofin.*m'P 


donc,  log.+ Eau : — — 24989335: 


z 
Y 


D'ailleurs , puifque P — $2902 toiles, & que 
8 — 56837 toiles, on aura / $. 52, équation (377 
0 AS Re A AC DEV A A ei 


A* cof.* m! P god— À 20626$"fin.z À n 
2 PA EE PE + 


donc [S. 2, équation (1) 7 
PS5 2067 5 5' 40". 
(57-) Lorfque l’on connoîtra par les calculs précédens , 
ÿ q P P 
les valeurs de l'arc m' P & de p, on conclura facilement fa 


TT ST PR TR I EE 


NE : 


DES ScLENcErs 127 
latitude corrigée du lieu F, en remarquant que le complé- 
ment de cette latitude eft f’hypothénufe du iriangle rectangle 
m' PF”, dans lequel on connoit le côté 5! P, & le côté my Jéve 
qui efl égal à p ; on aura donc 


2 ° cof. m'P pl 
(1) fin, (latitude corrigée du lieu FE} — CRT EMTEC AU UE 
Tr 


Dans le cas dont il s'agit, cette latitude (ra de 4812430", 
& par conféquent /$. 20) la latitude vraie fera de 48d34 7" 


(58.) On conclura pareïllement Ja longitude corrigée du 
lieu F, en remarquant que cette longitude eft égale à l'an le B 
j q q 8 8 8 

du triangle rectangle #' P F'; on aura donc 
tang. P 
fin.m' P 
Dans le cas dont il s'agit, cette longitude fera de 14 23/ 52", 
Par de femblables calculs, on trouvera les valeurs fuivantes, 


(1) tangente (longitude corrigée du lieu AR ETX 


Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 1 78 


m'P—= 41 34 58"; cofmP—fn. 48125 2"; Poste 
Ai 9-10 OS 2A=. 178. 818 ; p—o. 55.40; 


Latitude. corrigée du lieu F......,......... — 484 24 30"; 
AU NE OM RE sine ee ele te ph ET À 
Longitude corrigée................ LARGE NES U52e 


Rapport des axes de la Terre, comme 200 à 207. 
mP— 41133 52"; cof.m'P—fin. 4826 8"; P— où 55 49"3 
A1— 189.4. at 2A— 178. 8.22 ; p—0o.55.40; 


Latitude corrigée du lieu F.......,........ — 481 25 38”, 
Lol eh € CN So LEE cos. — 48. 34 8. 
Longitude COMMON ele eine Ve ae let eee soso = 1. 23: ÿ4e 


Rapport des axes de la Terre, comme 22 9 & 230, 
mP= 4143246"; cofmP=fn. 48127 143 P=ofs 548" 


Ai) 89- NA 12; 2 178. 8.24 ; P—0.55-39; 
Latitude corrigée du lieu F.,...,....,...... = 484 26° 43"; 
Jatitude vraie... OMC sisis cles tete tote 48. 34108. 


Longitude CONMSÉC Le een oje rest ur: 0 0m 0.0 re os) Se VULES 23 56 


Fig. 2, 


123 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
Rapport des axes de la Terre, comme 299 à 300. 


AP Too En 048 2850"; P— 0055/4068 


189 4 rat ZA 178..,8.28 ; p0155.39; 
Latitude corrigée du lieu F..........., seit 14002108 28"; 
Aatithde via der Een ile tree 48-1324 0r0: 
Longitude corrigée... ........ SN D'OR —, 1. 24. la 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 à 1, 


Ce TEE PE te ss371; 
datuderdu diem PAM AE MER ET NNENE Te 18164 
Longitude du lieu F.,...........,....., 1e, 24e | Se 


I Il 


Quelque facile qu’il foit d'exécuter dans tous les cas, 
les calculs prefcrits, il eft cependant poffible de diminuer 
ce travail, au moyen des Tables par lefquelles je terminerai 
cette fection. On parviendra par-là, prefque fans calcul, aux 
réfultats cherchés; mais je dois auparavant eftimer l'erreur 
des termes négligés dans la formule du $. 52. 


Effimarion de l'erreur du terme négligé dans la formule 
du $. $2. 


(s9-) Il eft facile d'apprécier l'erreur de la formule du 
f, s2;en effet, il eft ailé de voir que nous avons négligé 
: ; Atzx13 x*dx , 
e terme RTE FAI ,» qui, 


définition de X du $. 49, a pour intégrale 


en confervant Îa 


S7 


BE © 12,2 3 Has ns = 
Pa Le AR Te CAM ARE | 


“ie 


ou plutôt, en faifant ufage des remarques des Ç. fo, 57, 
s2, & en ajoutant convenablement la conftante, 
206265"fin.2 4 20626ç"fin.44 


(pot — 4) + EIRE — 


r 8r 


cofin.#m'P [ 3 
rt z 


Mais le terme précédent n'étant que le développement de 


5 A*x13 atax : 3 
UE | 4 
Ja quantité $ mue À WATER , la fuppofition qui 


donne 


DES SCIENCES. 129 
donne Îe maximum du terme, fera évidemment x — o. 
Mais (S. $1) X —= fin. (latitude corrigée du lieu F); de plus, 


r fin. (latitude corrigée du lieu F) 


in A— ; donc le maximum 


cofinus m' P 
de l'erreur de la méthode a lieu lorfque À — 0, & 
fin. À — 0. L'expreflion du terme négligé fe réduit alors à 
a AT. cofin.*m' P ‘ Fa f 4 _A* d 
abs le es arc 90; où enfin x arc 90û, 
dans le cas où cofin.”"P auroit fa plus grande valeur. Si 
on fubftitue des nombres dans cette dernière expreflion, 
on aura 2 lecondes pour le maximum d'erreur de la méthode; 
le terme en queftion peut donc toujours être négligé. 


I eft aifé de voir que l’expreffion du maximum de l'erreur 
de la méthode, eft précifément la même que celle que nous 
avons trouvée {$. 43) pour l'erreur fur larce de oo du 
cercle infcrit; la raifon en eft fimple; lorfque cofin.m" P —r, 
la perpendiculaire fur le fphéroïde eft évidemment un des 
Méidiens du fphéroïde, & la perpendiculaire corrigée eft 
le cercle infcrit; ces deux Problèmes font donc alors iden- 
tiques. Paflons à la conftruction des Tables. 


Conffrution des TABLES. 


(6o.) Ces Tables feront de deux efpèces; j'évaluerai 
d’abord, pour chacune des hypothèles d'excentricité de a 
Terre que j'ai confidérées , & pour chacune des valeurs de - 
m! P, depuis 364 jufqu'à sod, les valeurs correfpondantes de 


A? cofin.* ”* P À 
Mog.z 7 *x—.—; ces valeurs feront données de demi- 


2 


degré en demi-degré. Je donnerai enfuite une autre Table 
# + 4 —" A 20626s"fin. À 
qui contiendra les valeurs de —— + ne ù 
en fuppofant que À varie depuis 901 jufqu'à 804. Ces fuppo- 
fitions font plus que fuffifantes pour réloudre les Problèmes 
pins P 
que nous confidérerons, 


Mém. 1778. R 


130 


\ A* 
Taie des Logarithmes de + x 


: À 
Logarithmes de £ — x 
a 


RAPPORT 
des AXES 


comme 177 à 178. 


Ù — 2,4308000 


24345000 


2,4392000 


24459000 
2,4498000 
2,45 37000 
2,4577000 
2,4617000 
2,4657000 
2,468000 
2,4740000 
2,4782000 
2,4825000 
2,4868000 
2,4Y12000 
2,4957000 
2.$002000 
2,5046000 
2,50ÿ2000 
2,5130000 
2,$185000 
2,5233000 
2,5281000 
2,5329000 
2,5379v00 
2,5429000 
2,5479000 
2,55 30000 
2,5581000 
2,5633000 
2 5685000 
2 5738000 
2,5792000 
2,5847000 
2,5902000 
2,5958000 
2,6014000 
2,607: 000 
1,6128000 
2,6 B7ouo 
2 6246000) 
26306000 


RARE 7 Re RCE SERRE SRB BREGSRÉESUE TIRE EME 


2,4420000| 


RAPPORT 
des AXES 
comme 200 à 201. 


2,4836000 
2,4873000 
2,4910000 
2,4ÿ48000 
2,4996000 
2,$025000 
2,5064000 
2,5104000 
2 5144000 
2,518;o00 
2,5226000 
2,5268000 
2,5310000 
2:5353000 
2,539o00 
2,5439000 
2,5483000 
2,5528000 
25573000 
2,5 C19000 
2,566$000 
25712900 
2,$7600o0û 
2,5#08000 
2,58:6000 
2,590$001: 
2,5955000 
2,6005000 
2,6056000 
2,6107000 
2,6159000 
2,6212000 
2,6265000 
2,6319900 
2,0374000 
2 6429000 
2,6438,000 
2,654 000 
2,6598000 
2,6656000 
2,671$000 
2,6774000 
2,683 3000 


BIEL IS TEE MS EE IR 2 EEE 


cofin.©r P 


q 


LA 


RAPPORT 
des AXES 
comme 229 4230. 


—— 2,5411000 
2,5448000 
2,5485000 
2,5523000 
2,5561000 
2,,600000 
2,5640000 
2,568000v 
2,5720000 
2,5760000 
2,5801000 
2,5843000 
2,5895000 
2,5928000 
2,597:000 
2,601$oov 
2,60$gu0o0 
2,6104000 
2,6149000 
2,619$000 
2,6241000 
2,6:8Bo00 
2,6335000 
26383000 
2.643000 
2,(481000 
2 6531000 
2,65 1000 
2,:632000 
2,6683000 
2 6735000 
2 (788000 
2,6841000 
2,689$000 
2,69$0000 
2,700000 
2,7060000 
2,71 17000 
27174000 
2:7232000 
2,7291000 
2:73 500 Oo 
2,7409000 


SRE SO ONE EEE PME CE IS BE EEE EEE 


MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
a — Pour les quatre 
hypothèfes de rappor! des axes de la Terre. 


cofin.® m' P 


RAPPORT 
des AXES 
comme 299 à 300. 


— 2,6603000 


— 1,6640000 
— 2.6678000 
— 2,6716000 
— 1,675$4000 
— 2,6793000 
— 2,6832000 
— 2,6*72000 
— 2,6912000 
— 2,60$2000 
— 2,6993000 
= 27035000 
ue 2.7077000 
— 2,7120000 
— 2,7163000 
— 2,7207000 
te À 725909 
— 2,72960000 
— 2,7341000 
— 2,7:87v00 
= 2;7 439200 
== 2,7480000 
— 2,7528000 
— 2,7576000 
— 2,7624000 
— 2,» 73000 
— 2,7723000 
— 2,7773000 
— 2,;824000 
— 2,7875dboo 
— 27927000 
— 2,798v000 
— 2,8033000 
— 2,80#7000 
— 2 8142000 
— :,8:97000 
— 2 8252000 
=> 2,8309000 
— 2,8306v00 
— 2.#424000 
— 2,8483000 
— 2,8542000 
— 2,86uiovo 


DES OSACLITENN c'E"s. 131 


god — À 206266" fin. 2 À 


TABLE des valeurs de pe ; 
2 Ar 


correfpondantes aux différentes valeurs de A. 


VALEURS] VALEURS FVALEURS|VALEURSSVALEURS) VALEURS 


de À, correfpondanies. | de À, correlpond. de À, | corretpond. 
god vw’ 0” 864 4’ 11985" 834 20° 23892" 
89. ss 300 86. 35 12284 83, 15 24188 
89. so 600 86. 30 12583 83. 10 24484 
89. 45 900 86 2 12882 83. 5 24780 
89. 40 | 1200 844 20 13187 83. o 2507$ 
89. 35 1500 86. 15 13480 2 SG 25370 
89. 30 1800 86. 10 13779 82. so ‘25665 
89. 25 2100 86. 5 14078 82. 45 25960 
89. 20 2400 : 86. o 14377 82. 40 26255 
89. 15 2700 85. 55 14676 82. 35 26550 
89, 10 3000 85. 50 14974 82. 30 26845 
89. 5 3300 85 45 15272 82. 25 27140 
89. o 3600 je 40 15570 82. 20 27435 
88. $s 3900% 85 35 15868 82. 15 27730 
88. so 4200 85. 30 16166 82. 10 28025 
88. 45 4500 85. 25 16464 82. 5 28320 
88. 40 4799 85. 20 16763 81. o 28615 
88. 35 5299 85. 15 17061 81. 55 28909 
88. 30 5399 85. 10 17359 Br. 50 29203 
88. 25 $ 699 85. s 17657 81. 45 29497 
88. 20 5993 85. o 1795$ 81. 40 29790 
88. 15 6298 84. 55 18253 8r. 35 30083 
88. ro 6598 84. 50 18551 8r. 30 30376 
886. 6898 84. 45$ 18849 81. 25 30669 
88. o 7197 84. 40 19146 81. 20 30962 
87. 55 7497 84 35 10444 81. 15 31255 
87. so 7796 84, 30 19741 81. to À 31548 
87. 45 8096 84. 25 20038 81. 5 31847 
87. 40 8395 84. 20 20335 81. ‘o 32134 
87. 35 8695 84. 15 20632 80. 55 32426 
87. 30 8904 84. 10 20929 80. 50 32718 
87. 25 9294 84 5 21226 80. 45 33010 
87. 20 9593 84. o 21522 80. 40 33302 
87. 15 9893 83. 55 21819 80. 35 33 594 
87. 10 10192 83. 50 22116 80. 30 33086 
8.:$ 10491 83. 45 22412 80. 25 34178 
87. o 10790 83. 40 22708 80. 20 34470 
86. $5 11689 83.35 23004 80, 15 34762 
86. 50 11388 83. 30 23300 80. 10 35053 
86. 45 11686 83. 25 23596 80. 5 35344 
86. 40 11985 83. 20 23892 80. o 35635 


Fig. 4. 


132 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

On remarquera, que pour avoir les valeurs intermédiaires 
god— À 206:65$"fin.2 À 
OT 

qui ne fe trouvent pas précifément dans la Table, on fouf- 
traira autant de fecondes du réfultat, que le véritable angle À 
pour lequel on calculera, furpaflera l'angle À dont on aura 
pris la valeur correfpondante dans la Table. 


, correfpondantes aux angles 4 


(61.) L'ufage des Tables précédentes eft facile à conce- 
voir. Suppofons, par exemple, que par une fuite de calculs . 


on trouve pour valeur de 4, À — 864$ 1'10"; je cherche 
; ET, 206265"{in. 2 À 

dans la Table, la valeur de 277. + RP DIT D 
correfpondante à la valeur de 4 — 8645110"; je ne 


trouve pas exactement cette valeur, mais je vois que celle 
qui répond à 861 so’ eft de 11388"; je fouftrais 70" de 
cette valeur, SE OR à la remarque du paragraphe 
précédent ; & j'ai pour Ja valeur cherchée 1 1 318"; j'écris le 
logaritime de cette quantité; j'en fouftrais le logarithme de 
FAC cofin.“ nr P 


Re ur qui convient au Problème; j'ai alors le nombre 


de fecondes qu’il faut fouftraire de l'arc P pour en conclure 
l'arc p ; ou qu'il faut ajouter à l'arc p, pour en conclure l'arc 2. 


Nouvelle forme que l'on peur donner à la formule 
du S$. 52, à aux Tables du S. Go. 


(62.) Quoique la formule du $. 52 & les Tables du 
S. 60, aient toute a généralité & toute la fimplicité dont 
elles font fufceptibles, j'ai penfé cependant que le Lecteur 
verroit avec plaifir la nouvelle forme que fon peut donner 
foit à cette formule, foit à ces Tables. Voici fur quoi font 
fondées ces nouvelles confidérations. 


Si l’on jette les yeux fur l'équation (1) du $. 2, on verra 

god — A 206265"fin.2 À 

er ee 
2 47 


différence entre l'arc PM de l'ellipfe & l'arc correfpondant Pre 


: A 
Li 
facilement que EAU (- 


DES SCIENCES. 133 


du cercle infcrit. L'origine des deux arcs eft au point 2 Fig. 4. 
fommet du petit axe de l'ellipfe ; & j'entends par l'arc corref- 
pondant du cercle infcrit, celui qui eft déterminé fur ce 
cercle , par linterfeétion m du cercle, avec l’ordonnée Z M 
menée par l'extrémité 47 de l'arc P M de l'elliple. 

Pour s'en convaincre, je reprends l'équation (2) du $. 28, 


A° À 206265" cof, /24a + 4) fin. 4 
(4 rs pe RS RES E DE 


= 0! 
a 27 


Dans cette équation, Æ eft l'arc de lellipfe ; 4 eft l'arc corref. 
pondant du cercle infcrit; 4 eft la diflance du point G' pris 
fur l'extrémité du grand axe, à l'origine des arcs 4, Æ. 
Suppofons que l’on veuille prendre le fommet 2 du petit axe 


de l'ellipfe , pour cette origine ; on aura 4 — 901; 
24 + k— 180d-+ Z; cof.(2a + 4) — cof.(180+ 4) 
cof. /2a + 4)fin.4 cof. Afin. 4 În.2 4 
= — col. ; donc — 2 — F 
27° ar 


& l'équation (1) deviendra 
A7 4 20626$"fin. 24 
(j4-K+i—— FR) 0. 
T F1 4 r 


Maintenant, nommons À le complément de l'arc 4; 
l'équation (2) deviendra 


. À 9god— /4 206265"fin, {180d— 2 4) 
(3)4—k+: I = 0; 
r 4r 
ou à caufe de fin. {1804 2 A) = fn.2 4, 
PAS god— A 206265"fin. 2 À 
CRT SS Re dé L + 7 jo; 
, A° od — A 206265"fin, 2 À 
donc 1/2 + - JIUREE TE 


CT 2 47 

Cette remarque fait voir que fi l’on nomme 
y l'excès de l'arc de l'ellipfe fur Farc correfpôndant du cercle infcrit, 
la formule (1) du $. 52 pourra être mile fous la forme 
fuivante, 
cofin.® "7 P 
(5) P—p — 7 7 = 0. 

Cette équation fe réfoudra avec la dernière facilité, au 
moyen des Tables que nous allons donner. 


134 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
TagzE des Différences entre les arcs de l'Ellipfe à les arcs 


correfpondans du cercle infcrit, en uppofant les axes de la 


Terre dans le rapport de 177 à 178. 


DiFFÉRENCES. 
4 Ne BE Cal ide, 
SL TE 
°° °° LE 26: 4 
10 20,4 < 
ES 40,8 2034. 
3- Oo 61,2 dr 
4. 0 81,6 x 4 
5 021019) Pr 
Ciel 20 Pda 
7 OMT422 | ae 
RAS ALES: SAR EE 
9. o |182,1 1919 
10. o |zor,9| "9 
11. o |221,6| "27 
12, O |241,2 196 
13. 0 |260,7 1955 
14% 0 !| 280,6! 922 
EI o [299,7 19,1 
16.0 |318,0| '99 
17. 0-| 336,7 Me 
18.0 |355:3| 
DES 
20. o | 397,9 } 
21. 0 |409,9| ‘°° 
22. o |427,6|1 177 
23. 0 |445,0| 74 
24 o |462,1| 7% 
25. 0 |478,9 af 
26.0 |4954| ‘9 
DAS ONIS TE 3 
28. 0 |527,8| 6! 
29. 0 [543,6 ÊT 
30. 0 |559,0| "54 


D EFÉRENCES. DiIFFÉRENCES. 


mn LR on) LT, 
RE ROSE ET de 
55901 , 16040 |86;",1 | 
574,1 |'5?'l61. o [870,2 DAT 
588 9 "#8 162. o [875,0 48 
6034 |'#5 163. o [879,4 | #4 
617.6 |'#* 164. o [883.4 | 4° 
631,5 |‘? 165. o [887,0 36 
645,1 136 166. o 890,3 33 
658,3 |'3* 167. 0 |893,3 3° 
671,1 158 168. o 896,L Zn 
683.6 |'‘"5 169. o |898,7 216 
695:7 |‘! 70. o |gor,r1|1 € 
707,5 |'P8 ro 903.3 A 
718,9 11,4 2. o [905,4 2,1 
720.01 72 000741110088 
740,7 |'°7 174. o [909,3 19 
751,0 |'%3 175. o lour;o 17 
76 10, | 791176. 01107 235UII0h 
770,7 | 97 [77. 0 [013,8 | 13 
7BONt| A6. 100 0140 | 
789,1 | 2°)}70. 0 |ors,8: | 192 
7977 56 l80. o 916,5 97 
05,9 | ®218r. 09170 | 25 
838017921182 00h20 
82 r,30) 72085 oN ou 50 NÉE 
28,4 | 7°" 184. o |917,6 | °° 
83 2/18 485: oloinyzzi |oPat 
841,7 | 5186. o [917,8 | 
848,0 63 187. o.lo17:9 | 1 
8 54,0 60 188. o |o17,9 D 
859,7 | 57 189. o [917,91 
865,1 | 4 l0o. o |917,9 | °° 


DES ScrenNces. 135 


TABLE des Différences entre les arcs de l'Ellipfe & les arcs 
correfpondans du cercle infcrit, en fuppofant les axes de la 
Terre dans le rapport de 200 à 2017, 


DIFFÉRENCES. DiFFéRENcCEs. DirFÉRENCES. 
ARCS ARS PAAURES QUE ARCS. PPT 
16 9 DES FAN EE Os 

of o 30° © |49 sa ” 60 0° 766",4 ” 
1. O 508,6 |.'21516r1. 0 |770,81 | 44 
2. 0 ar Bio Pl ol 72polle 4 
3. o 5347 | ‘*9 163. 0 [778,7 |. 3: 
4: 0 547:2 | "5 164. © |782,2 325 
5- o ROM CORNE NES 
6. o 571,4 | "9 166. 0 |788,3 | 29 
7. 0 583,1 | ?'7 167. o [791,0 | 27 
8.0 5945 | 14168. o |793,5 | “5 
9. o 0 605,5 |"? L69. o [795,9 | 4 
10. o o l616,1 126 Lo. o 798,2 23 
ie) 0 |626,5 | "#4 Er. o |800,4 | ** 
12. O 0 |636,6 |“ L2. o [802,5 | 2! 
13 Oo 0 1646,5 | 99 [73. o |804,4 | 
C4. Oo 56,1. |: 96 L2. o [806,01] ‘6 
15. o 665% | 73175. o |807,3 FE 
16.0 o [674,3 89 126. o 808,4 vie 
17. O 47. 0 |682, 85 77- 0 [809,4 ne 
18. o o 691,0 | 2 128.0 810,3 29 
19. o 0 [698,9 | 79 F9. o [811,0 | °7 
20 o 706,5 76180. o |81r,6 QE 
#Te, © o [713,7 7% 181. o [812,0 24 
22. O o [720,6 69 182.0 812,3 93 
2e o [727,2 | 6183. o [812,5 | °° 
24. 0 0 [733.6 | 4184. o [812,6 | ° 
25.0 ohraneln.(u ho PE -01 UE 
26. 0 0 1745,6 | 59 186. o |812,8 | ‘! 
27, o o |751,2 56 [8 o 812,9 | 
28.0 o |756,5 53 188. o |812,9 LES 
29. 0 017616 |0.5% 189.0 [812,9 | 
30. o 0 [766,4 | #° |00. o [812,9 | °° 


136 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TABLE des Différences entre les arcs de l'Ellipfe © les arcs 
correfpondans du cercle énfcrit, en fuppofant les axes de la 
Terre dans le rapport de 229 à 230. 


DI1FFÉRENCES. DiFFÉRENCIS. A DiFFÉRENCES. 
ARCS. PT A F 
te Fe) KA res =) LE] 

o“ o' Ch : 04237 [0 Got 0° 
I. O 15,9 | ‘’95r. 0 455,5 DEL CÉME 
Dot og -1;0)| Se .o [457,0 | ‘5 162. 0 
3. o | 47,6 AUX ..0 [468,3 | ‘3 1630 
4.0 | 634 er ..0 f479,4 |“ 164. 0 
s.o | 79,2 up . o |490,2 |aus 65.0 
ÉAonlo4oN RE 7 .'o |500,6 | 14 166 o 
7. o |rro,s | ‘5% .0o [510,6 | 192 167. o 
8. o |126,0 HE .'o |520,4 | 4 68. o 
ONTATS 19 .0 0,0 ** 169. o 
Le o PR 192 Die) rs AE ve o 
“D MC 0 0 RG _'0:|548,6 | Er: 0 
He: or 01lM REA PARC 
13.01 |202,04|tr 718 .o [566,3 | 7 153.0 
14. 0 [216,9 | ‘#9 144. o 574,7 | Ÿ# 4. o 
15.0 |231,8 NE .o |582, So Ds. o 
16. o [246,6 | ‘* .o [590,3 | 7 156.0 
171011261301 627 MOI er AN TEN LAC 
18. o [275,8 | ‘#5 .0 [604,7 | 7” [78.0 
19. 6! [290,0 |-"*"1129- 01|651,6! | 25:10 
do. phls04al|5 #7 .o [618,2 6:6 185. o 
21.0 [318,0 | ‘79 sr. o |624,6 | “4 181.0 
22. 011331211477 |s2. 01|6307 EUR FU 
23. 0 [345,2 “e 53. 0 [636,6 | 5? 183.0 
24. 0 [358,5 | ‘75 [54 o [642,3 | 77 184 0 
25e 01357156 és 55. o |647,8 #5 [8<. o 
26. 0 |384,4 Le 56. 0 [653,1 | 3 [86.0 
271012070120 7 00 |658,11| 2% )87220 
28. o [409,5 "o 58. o |662, #7. 188. o 
29. 0 [421,7 | 1% H59..0 [667,2 5e 89: 0 
30. 0 [4337 7 160- o |671,3 ? [9o. o 


D ES. S C'1E.N CE s. 7 


Tasie des Différences entre les ‘arcs de l'Ellipfe à les arcs 
correfpondans du cercle énfcrit, en fuppofant les axes de la 
Terre dans le rapport de 299 à 300. 


DIFFÉRENCES. DiFFÉRENCES. DiFFÉRENCES. 
ARCS. CH NoS DD SL RARGS NU 9 He 
I res 3 cs CE 2, Êt 
of o° 0° f329",7 n N6odo'|510”,1 ) 
1. 0 o |338,6 89161. 0 |5r3,1 Et 
2. © 03473 | 97 62.0 15159] ? 
3. © o |355; 5 163. 0 [518.4 | 7 
4. 0 o |364,1 853 64. © [520,7 213 
s. Oo o 372,2 | %1 165. o |522, “ee 
6. o o [380,1 | 79 166. o | 524,6 se 
7: 0 0 |387,8 | 77 167.0 |5264 | 
8. o o [395,3 | 7° 168. o |528,r1 2 
9. o o [402,7 | 7% 169. o 529,7 | ” 
10. o o {409,9 | 7° 70. o |531,2 F7 
11.0 o |416,9 ae 7110|1532,6 JE 
12. O o |423,7 + 2. o | 5339 se 
[3-0 o [430,3 | & 73- 0 |535:1 WT 
T4+ O 0 [436,6 | 174.0 [5362 | 
De o 4427 | "75.0 15372 | 
T6. 0 o 448,6 | 59 16. o |538,r | °”? 
17. 0 o [4543 | 777. 0 [538,8 | °7 
18.0 o [459,8 | 55 178.0 |539,4 | ” 
19. 0 o [465,1 53 9. o |539,9 Fa 
20. 0 o [470,2 51 180. o |540,3 F4 
21. O o [475,1 49 181. o | 540,6 22 
22. O o |479,8 | #7 182.0 [540,8 | °* 
23. 0 o [484,3 | #5183. 0 |540,9 | 
24 © o |488,5 | #* 184: o | 541,0 %! 
25. 0 o [492,5 | #° 185. o |s4r.o | 
26. 0 o [496,3 | 3° 186. o |541,0 | 
27. © o [500,0 | 37 187. o | 541,0 | °° 
28. o o [503,5 35 [88. o |541,0 | ”” 
29. 0 o |506,9 | 34 189. o |541,0 | °” 
30. 0 o [510,1 | %* |00. o [541,0 | °”° 
Mém. 1778, 5 


oét- 


Fig. 4 


138 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Au moyen des Tables précédentes , étant donné l'arc 
de l'ellipfe, on conclura facilement l'arc correfpondant du 
cercle infcrit ; & réciproquement. On remarquera que fr 
l'arc de l’ellipfe eft donné, il faudra fouftraire la différence 
calculée dans les Tables, pour avoir l'arc du cercle infcrit. Ce 
feroit le contraire fi l'arc du cercle infcrit étoit donné. 


Quoique les Tables précédentes ne donnent les différences 
entre les arcs de l’ellip{e & les arcs correfpondans du cercle 
infcrit, que de degrés en degrés, il eft cependant facile d'en 
conclure les différences pour les quantités intermédiaires. Afin 
de faciliter cette opération, nous avons ajouté les différences 
fecondes, qui ne font autre chofe que la variation des dif: 
férences, correfpondante à un degré. Au moyen de’ cette 
colonne, une fimple proportion fera facilement connoître 
les quantités intermédiaires. 


(63.) Non-feulement on peut conclure de ces Tables, les 
différences entre les arcs PAZ, pm de l'ellipfe & du cercle 
infcrit, qui ont leur origine au fommet P du petit axe de 
l'ellipfe; on peut avoir également la différence entre deux 
arcs correfpondans quelconques A1 M', mm' de Y'ellipfe & 
du cercle infcrit, dont l’origine ne feroit pas au point 2. 
Cette différence eft égale à la différence des ares PM, pu, 
moins la différence des arcs PM, pm. Ces remarques trouve 
ront leur application dans la fuite de cet Ouvrage. 


Application des principes précédens, à l'exemple du S. $6. 
(64) Rien de plus fimple que d'appliquer les Tables da 


S. Co, à l'exemple du ÿ, jé : en eflet, nous avons vu que 
dans œencas, 1m PIE 42456" 5 P — joûs s'est 
A — 89449". Dans la feconde Table du $. F0, je vois que 
d'A 206265" {in. 2 À 

Cr TRUE D. 
eft de 3600". De cette quantité, je fouftrais 249”, confor- 
mément à la remarque qui eft à la fuite de ces Tables; j'ai 


la valeur de 2 qui convient à 8 od' 


D Es: S CIE NC.E Ss 139 
donc pour valeur cherchée 3600" — 249" — 3351". Je 
prends le logarithme de 3351" — 3,5251744; je vois 
enfuite dans la première Table, que le logarithme correl- 
pondant à #/ P, qui fatisfait au Problème, — — 2,5002000 
(car-on peut fe fervir fans erreur appréciable du logarithme le 
plus prochain qui fe trouve dans la Table) ; je fouflrais ce 
logarithme de celui de 3351", & j'ai, comme dans l'exemple 
du f. 56, 10",6: c’eit te nombre qu'il faut fouftraire de P 
pour avoir p; on aura donc p — $$' 51" — 10",6 
= 55°40":%4 

(65-) On pourroit appliquer au même exemple, les Tables 
du $. 62. Dans ce cas , on chercheroit dans la première 
Table, la différence entre l'arc de l'ellipfe & l'arc du cercle 
infcrit qui répond ff. ç ;) à l'arc P; c'eft-à-dire à l'arc de 
55’51"+ Quoique cette différence ne fe trouve pas précifé- 
ment dans la Table; comme je vois que cette différence eft 
de 20",4 lorfque l'arc eft de 1 degré, & que la variation 
eft de 20",4 pour 1 degré; j'en conclus que cette variation 
eft d'environ 0",34 pour une minute, &c que par conféquent 
la différence qui répond à l'arc de ssusrtpeltide 20”,4 
— 1,36 = 19",04; je prends le logarithme de 19",04, 
J'ajoute le logarithme de a , & j'ai, comme ci-deflus, 


P—= 55 51" — 10",6 — $5'40",4. 
SEPTIÈME SECTION. 


Des changemens qu'il faut faire à la folution précédente, 
 dorfque la ligne que l'on confidère n'eff pas perpendiculaire 
à la Méridienne, au point de départ. 


(66.) Dans la folution précédente, nous avons fuppolé 
que la ligne dont il s’agit, étoit perpendiculaire à a Méri- 
dienne au point de départ ; il eft queftion maintenant de 
faire voir quel changement l'on doit faire à Rs folution, 

1] 


140 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
lorfque la ligne n’eft pas perpendiculaire à Ja Méridienne, au 
point de départ. 
Soit 
D l'angle que fait la ligne en queftion, avec la Méridienne, au point 
de départ, 
& confervons toutes les définitions des $, 47 & fuivans; 
on aura pour équation à la droite dont il s'agit, fur le 
fphéroïde, 
(1) du — V(Y'dé + r'dxk + rdY) T2 0 


& pour équation au grand cercle correfpondant fur la fphère 
infcrite, 
s'fin. D 


(2) ÿd — vV(ÿd® + rdx + rdy) = zu 
D'ailleurs, les équations (3), (4), (5), (6), (7), (8); 
(9) & (ro) ne changeront point; d’où l'on voit, que par 
une analyfe entièrement femblable à celle que nous avons 
fuivie dans le $. 48, au lieu des équations (10) & (r1) 
de ce paragraphe, on parviendra aux équations fuivantes, 


A xd x 
(3) P + conftante = p — : NP TELE PER ;- 
5 À fin. D 2 
VF — #), 
ou enfin 
/ xds 


(2) P+conp EDR re Ru r Peter, 
F fn Fine 
T f'ore n © jun ES 


r° 
Soit un cercle dont le rayon — 7; nous fuppofons 
d’ailleurs, que 


fn. D 
GA Mr 


?: 
L'équation (4) du paragraphe précédent, deviendra 


Ar dx 
ñ TY( —= “) 


(6) P + confante = p — : 


DES» $: CIE N:c:E s. 141 
Prenons fur ce cercle une abicifle x, & nommons X l'arc 
correfpondant ; l’analyfe nous apprend que 


dx pe #° : TE 3°) : 
ÿ PE Se EE ro Ye À 
donc 
A°r VB — 
(7) P + conflante = p — : = ES AE VC _ «0 1 


(67:) Dans l'équation (7) du paragraphe précédent, x eft 
le finus de l'arc À; mais cet arc & ce finus ne doivent pas 
être évalués dans le cercle qui a pour rayon; ils doivent 


au contraire être évalués dans un cercle dont le rayon — 7’, 

Si donc on veut rapporter Ja quantité 24 — 1 AN Sretis 

au cercle dont le rayon — 7, il faudra multiplier chacune 

des quantités qui la compofent par _ ; elle deviendra 
Mr =) 

IX — + = - = ; & pour ne pas troubler 


A A 
Lcehhde se! 7 a en e Î 
l'équation, on multipliera le coëflicient + Dr ee 


on aura alors 
7x : rx? 
A: PE FT v(r me | 72 ) 


r r 
{r) PHcont=p— in [it NE F ] 


LA 


& toutes les quantités feront évaluées dans le cercle dont le 
rayon — r, c'eft-à-dire dans le cercle générateur de Ia 


x £ : rX ; 
fphère infcrite. Nous remaïquerons que —— eft l'arc dont 


2,2 
TZ eft le finus, & dont y fr — . ) eft le cofinus. 


(68.) Soit MF uneligne du genre des perpendiculaires, 
tracée fur le fphéroïde, mais que l'on fuppole faire un angle D 
avec le Méridien Æ1'P , au point de départ ; foit m!Æ' 
la portion correfpondante du grand cercle ; tracée fur la 
fPhére infcrite. Suppofons l'arc m'Æ' prolongé jufqu'à ce 


Fig. 5. 


Fig. 5. 


142 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

qu'il rencontre un Méridien y’ P de la fphère infcrite, en 
un point w/, où il foit perpendiculaire à ce Méridien; ïf eft 
évident, que dans le triangle fphérique »! u' P, reétangle 
en w, & dont on connoît l'angle #', que nous avons 
nommé D, on aura 


fin. Px fin. D ‘fin, D 
Er) ne gp = = I 
: 2% D ) ft donc le cofinus de l'arc w 
V(r =—) ft donc le cofinus de arc pc PyNee 


(2) = cofin.w'P. 


Nous avons vu de plus, que x eft le finus de la latitude 
corrigée du lieu F'; foit donc À un angle que l'on déter- 
minera de la manière fuivante, 


fin. (latitude corrigée du lieu F) 


(3) sud cofinus w' P 1 

on aura 

A? cofin.'w'P fin, À cof, À 
(4) P + conflante = p — = : ——— — CAE), 

ÿ fin. À cof. À 
Qu.à caufe de = ——, = afn.2/ 4, 
ANR TcofinrtP 

(5) P + conflante — p — Sa TOUT (LA—%fin.2-A). 


(69.) Nous obferverons que, par la nature de Ja quef- 
tion, P & p doivent être à la fois égaux à zéro, lorfque 
fin. (latitude corrigée du lieu F) = cofin. ”'P. Si donc l’on nomme 
A! un angle particulier, que l'on déterminera de Ia manière 
fuivante, 


F rcofin.m P 
(RER cofin.w P ? 
on aura, en ajoutant convenablement la conftante, 
A*  cofin*u'P L 
(2) Pepe ii (A— A) 5 (fin.2 4 — fin. 2 4)], 


ou à caufe de fin. 2 4 —fin:2A— 2 cof. (A'+- À) x fin. (A! —A}s 


Apr PE lee , A+ A) xfin.(A'— A) 
Go) Papas ET pi (AA) a CE, 


js, 


D'ESMISICiEN CES. 143 
Soit maintenant 
(4 #= 4 — 4, 


l'équation (3) deviendra 

A*  cofn°u'P La cof. {2 À! — k!)fin.#! 
AMEr EST ei Gulia or mon ae ls 
ou enfin, fi lon veut que les quantités P, p, A', k foient 
exprimées en degrés, minutes & fecondes, 
A? coffu'P _ 4 206265"cof. {1 A'— À!) fin.# 


7 = 


(70.) Dans le triangle fphérique #'Py/,re&angle eny/, fil’on 


Se de 


D = 2 27 


rcof. mn P 


cherche l’expreffion du côté w/"!, on aura cof. ! m— $ 
F Ê cof, m'P 


Par la même raïlon, dans le triangle fphérique w’ PF", l'on aura 


LE 7 cof, PF r fin. (latitude corrigée du lieu F) 
di 28 RE co PET: cof, w'P 4 


On voit donc que l'angle À’ eft le complément du côté w/m" 
du triangle fphérique 4’ P m'; que l'angle À eft le complément 
du côté u’ F” du triangle fphérique w'PF'; que par confé- 
quent, puilque A'— 901— p'm", & que À — 90— 47", 
Jon a 

CONRETPARE ET EE N ME N A 

(71.) Reprenons maintenant les queftions propofées dans 
les $$. 53 © 54. Examinons d’abord la première queftion; 
c'eft-à-dire fuppolons qu'étant donné l'arc #/P de la fphère 
infcrite, ainfi que la latitude du lieu FÆ, lon demande le nombre 
de toifes que contient fur le fphéroïde, la ligne aboutiffant au 
lieu F, que l'on fuppole d’ailleurs faire avec la Méridienne 
M P un angle D au point de départ! 

Rien de plus fimple que 1a folution de cette queftion. En 
effet, puifque par la fuppofition, l'arc m'P, l'angle D & la 
latitude corrigée du lieu Æ' font connus; on connoîtra 

équations (1) © (3) du $. 68, (1) à (4) du $. 69], 
l'arc 'P, les angles 4,4", & l'arc #, On connoïîtra donc 


Fig, $- 


Fig. 5. 


144 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
LS. 70, équation (1) 7, la valeur de p ; ainfr que toutes les 
quantités qu’il faut fubflituer dans l'équation (6) du $. 69, 


pour en conclure 7261 


(72.) Examinons maintenant la feconde queflion ; c’eft- 
à-dire, fuppofons qu'étant donné l'arc w! P de la fphère 
infcrite, & le nombre de toifes que contient fur le fphéroïde, 
la ligne aboutiflant au lieu Æ, que l’on fuppofe d'ailleurs faire 
avec la Méridienne #'P, un angle D au point de départ; 
on demande la latitude du lieu }! 


On réduira d'abord P en degrés au moyen de l'équation 
(3) du f. $2; on remarquéra enfuite que, puifque par la 
fuppofition, l'arc m' P & l'angle D font connus, l'arc w/ P & 
l'angle A’ feront connus; d'ailleurs, puifque /$. 70, équat. (1)] 
K' — p; & que dans l'équation (6) du $. 69, la quantité 


# 6265" cof. (2 A — K) fin, K Le 
Rats) lo eft multipliée 
2 2r 
: à = 2 cof.* w'P 
par la fraétion très-petite+ — » _ ; on peut fuppofer 


à cette équation la forme fuivante, 


APRCOL LP) P 206265"cof. /2 4'— P) fin. P ] 
on connoîtra donc la valeur de p. Mais /équation (4) à (1) 
des $SS. 69 à 70] 

(2) À = À — p; 
de plus /équation (3) 4 S. 68], 


(3) fin. (latitude corrigée du lieu F) — ca : 


r 


La latitude corrigée du lieu F, & par conféquent fa latitude 
vraie, feront donc connues. 


Quant à la longitude corrigée du lieu Æ; d'après les conf 
tructions précédentes, elle eft évidemment égale à la différence 
des 


DES SCIENCES. 145$ 

des deux angles wPF', mPF'; ou plutôt puifque dans le Fig. 5. 
triangle m'P'F", on connoît le côté mP, l'angle PF" égal 
à l'angle D, le côté PF! complément de Ia latitude corrigée 
du lieu Æ; & le côté m'F' égal à p; l'on aura 
s Sas fin. p x fin. D 

fin. (longitude corrioée) — s 
(4) in. ( °26 gce) cofin. {latitude corrigée du lieu F) 
Nous remarquerons enfin que comme les quantités p, P ne 

nn À A° 

diffèrent que par des termes de l'ordre —, On a auffi 


A cofn°wP ep 206265"cof. {2 4'—pjfin.p 
DRE RES RTE andre (ot png 


2 2175 


(73-) Il eft aifé de voir que dans équation (1) du 
: ‘A cof°wP - P 206265$"cof/2 4'— Pjfin. P 
DÉS PRE rh EE Be 
$. 72, le petit terme : Ce 50 OP as 2 oo 
peut fe calculer facilement, au moyen des Tables du ç. 62. 
Ce que je dirai de cette équation s'appliquera également aux 
équations (6) & (s) des SS. 69 & 72. 
En effet, fi l'on fait ufage des Tables du S. 62, & que 
Ton nomme 
y l'excès de l'arc de l'ellipfe fur l'arc correfpondant du cercle infcrit 5 
qui répond dans fa Table, à l’arc exprimé par g04— 4'+ TÈ 
y l'excès de l'ärc de l'ellipfe fur l'arc correfpondant du cercle infcrit, 
qui répond dans la Table, à l'arc qui a pour expreffion 90%— 4’, 
il ef facile de démontrer que l'équation (1) du $.72 deviendra 
cofinfu P É 
(2-7? — = (y — Y) = 0. 


r 


Les Tables du $. 62, donnent donc avec la plus grande 
facilité le petit terme en queftion. Nous remarquerons que 
P ef pofitif, lorfque la portion de la perpendiculaire que l'on 
confidère fe rapproche de l'Équateur ; P feroit négatif dans 
le cas contraire. | 

Nous obferverons enfin, que les équations de Ia fixième 
fection fe déduifent des équations de la fetion préfente, en 
Pilint fn.) :— l,LP—= ME, um — 0, A — god, 
BTE 0 4 

Mém, 1778. ; T 


146 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYaLe 


HAITI MEME SECTION 


Détermination du rapport entre la Longitude vraie à la 
Longiude corrigée du lieu F. 


Du cas où la lione que l'on confidère eff perpendiculaire à la 
g 
Méridienne au point de depart. 


(74) Dans les paragraphes précédens, nous avons fait voir 
comment, étant donnée Îa diftance FM" d'un lieu Æ, 
au Méridien d'un lieu 47, mefurée fur la perpendiculaire 
à la Méridienne du lieu 47, ainfi que la diftance M'M du 
pied de cette perpendiculaire au même lieu A7, mefurée fur 
le Méridien de ce lieu; on déterminoit la latitude vraie du 
lieu 7° & fa longitude corrigée. II s’agit maintenant de con- 
clure la longitude vraie du lieu Æ, d’après la connoiflance de 
fa longitude corrigée. 


Pour y parvenir, on fe rappellera que fi l'on conferve les 
définitions du f. 47, auquel je renvoie, on a pour équation 
à la perpendiculaire à la Méridienne fur le fphéroïde, 

(1) Y'du — Y'V(Y die + rdx + rdY?) = 0; 
pour équation à la perpendiculaire corrigée fur la fphère 
infcrite, , 

(2) du — y ydr + rdx + rdÿ) = 0 
De plus, 

(3) 89 ME ss 
ES tt ME 
(5) pe dy — rdY = 0; 
(6) x dx + ydy —= 0; 

) = V(dé + dÿ); 

Jdk 

Je remarque que les équations (2) & (1) du préfent 
paragraphe peuvent avoir la forme fuivante, 


dp = — 


ESS IC EN CE IS 147 


Yr #tdk 
due © VE + dE) = — ——— ———  ——,; 
res SV — »°) (OA SUP —Ss") 
P 
(10) GET ES CIE (dre + aY*). 


Dans ces équations, nous avons donné à du & du le figne 
moins , conformément à la remarque S. 47. 

Maintenant, à caufe des équations ( 3) & (4) du préfent 
paragraphe, & que d'ailleurs » — $gf — A°, l'équation 
(10) peut être mife fous la forme “faivante, 


4 A°dx° 
PETER LME dx 4 dÿ — ——— )}=— Tr k— 
{rr) du =) dx + dy F ) pre (à! 


Je réduis y {dk — <-d*) en férie, & j'ai, en négli- 


A 
geant les termes de l’ordre ——, 
? 
s'r Lo Ya 


12) 2D—= — . RL — j 
Me ETES) ( NET 
Mais — 77 JE — Jv; de plus uifque 
SV — 3°) 4 A 5 rt 
ar la propriété du cercle ARS PRET le terme 
P P P ? dk 7 r° , 
pr M US 3 PAR »' ydk 
— OX + — deviendra 2 — x — — —— , 
IV —") D CPI MA FAT r 0e) 
N y d'A ; 
onc, à caufe de ——— — —— dp, lon aura 
Donc, TIRER EN Ps 


A 
(13) du = CD ER dr; 
ou en intégrant, 
1 — vV+H = x 
(14) ap 


car il n’y a point de conftante à ajouter, puifque par la 
nature du Problème, 4, v & p font égaux à zéro, à l'origine 
des longitudes. 

Il fuit des définitions du f. 47, que # = fin. MP} 
de plus, P & p ne diffèrent que d'une quantité de l'ordre 
+; Jon a donc indiftinétement 


T ji 


A'43x? 


—— ). 


148 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


à 2° fin.m! P 

(15) long. vraie — long. corr. + F X ———— x PErp. CON. = 6, 
, 2° fin.m P 3 

(16) long. vraie — long. corr. + + PNR ET UT x perp. Vraie = ©% 


(75-) Nous obferverons que l'on a les valeurs fuivantes. 
Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 1 Ta 
log:i 7 = — 2,2$16199. 


Rapport des axes de la Terre, comme 200 à 201. 
loge: = — 2,3038015. 

Rapport des axes de la Terre, comme 229 à 230. 
loge: = — 2,3608257. 


Rapport des axes de la Terre, comme 299 à 300. 


JL RE = — 2,4791537:. 


(76) On pourroit avoir befoin, dans de certaines quef- 
tions, de donner aux équations précédentes, une forme un 
peu différente, Suppofons en effet, qu’étant données la latitude 

Fig. 2. & la longitude vraies d'un lieu Æ, on veuille déterminer le 
point #1" où la perpendiculaire FA" à la Méridienne d'un 
lieu A1, menée par le lieu Æ, rencontre la Méridienne da 
lieu M; ainfi que la diftance FM entre ce point de rencontre 
& le lieu F, mefurée fur la perpendiculaire en queftion. 
Dans ce cas, dans le triangle fphérique #'PF' de la fphère 
infcrite, reétangle en #/', on connoîtra bienle côté PF" com- 
plément de la latitude corrigée du point Æ'}; mais toutes les 
autres parties du triangle feront inconnues. On peut obferver 
cependant que fi dans ce triangle, lon détermine les côtés 


m'P & m'F", en fuppofant l'angle w' PF" égal à la longitude 


vraie donnée, on aura 
Gi) fn. (n° apprècé) ce fin. (longit. vraie) cof. (latit. corr: du lieu F) : 


7 
cof, (Jong. vr.) cotang ( latit. corr. du lieu F) . 


(2) tang. (w'P approché) = SL CT EPS 


DES SCIENCES. 149 
& ces valeurs feront exactes, aux termes près de l’ordre ee , 
ns F 


Mais comme ces valeurs entrent dans un terme qui eft 


Li Le ] A ,» 
multiplié par + PL l’on aura 


A* fin. (m” Papproché) 


(3) long. corr.—long. vraie + . x mF" approché; 


T 
r . . x ; + 
& cette équation fera vraie, aux termes près de l'ordre sg 
td 
” EXEMPLE. 

(77-) Je fuppofe un lieu fitué à la diffance de S2902 
toiles de la Méridienne de Paris, prifes Jur une perpendiculaire 
a cette Méridienne, du côté de l'Orient ; je Juppofe de plus, 
que la perpendiculaire qui palfe par ce lieu, rencontre la Méri- 
dienne de Paris, à la diflance de 1482 3 toiles du côté du 
Midi ; on demande lalongitude de ce lieu ! 


Sozurion. Nous avons vu qu'en fuppofant les axes de [a 
Terre, dans le rapport de 177 à 178;0on am P—=411 34 58"; 
P— 0155" 40"; longitude corrigée — 14 23! 52°. Donc 

£ 2 1 À fnwP IE RER | 
longit. vraie — long. corr. — cs 7 — perpendiculaire corrigée 
= 14923" 52" — 12" — 19 23/40". 
Par de femblables calculs, on trouvera les valeurs fuivantes, 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 PARAIT. 
"mP = 414 34 58”; perpendiculaire corrigée — où 55° 407 
UNE CONTE CRIlA en ere e 20e de ad en lets qd DÉNNPE 
ASBRURIE ARE nn nine son à a ie LION UE = di NS 


Rapport des axes de la Terre, comme 200 à 20 5 


CPE Dre RTE perpendiculaire corrigée — of 55" 40". 
Dade cerrirée 01. 20. raie mit cul A 2.3 VIS 418 
EAN con au Set 23. 43e 


Rapport des axes de la Terre, comme 22 ÿ 4 230, 

m'P = 41% 32° 46"; perpendiculaire corrigée — of 55° 39°, 
rude conte ea le in 1 Eye 23650 
Longitude vraie..,,,..,.,,,.,,,,.,, tresse = le 23. 47e 


#50 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALe 


Rapport des axes de la Terre, comme 299 à 300. 


m'P = 44 31° 13 perpendiculaire corrigée — o% 55" 39". 
Longitude NcampÉe esters e de ct ses ll 27e 
Longitude vraie,.....,.........esesese = 1e 23e 53e 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 à 1. 


mP = 41425 21°; perpendiculaire corrigée — o% 55° 37”. 


Longitude vraie. ....... PRE, AE PE OR A 


Nous remarquerons en finifflant, que le lieu que nous 
avons mis en exemple, eft le château de Saron, qui appar- 
tient à M. le Préfident de Saron, notre confrère. Ce lieu 
eft connu par les bonnes obfervations qui y ont été faites, 


foit par M. de Saron, foit par M. Meflier. 
Eflimation de l'erreur du terme négligé dans la formule 
du $. 74: 
(78-) Le terme que nous avons négligé dans la formule 
du $. 74, a la forme fuivante, — + Ernie 
Par la propriété du cercle, 


dx% ytdA Da lie #) s° x°y°dA 
UNE ANR rte ll ao 
dx ds * dk + ydx 
de plus, dk — 2 ; DIE NPC RE j 
plus, en done = TT LE 


terme négligé peut donc être mis fous la forme qui fuit, 


ASF y D] ds 
CP HU; ls à Vo — s°) bi + fee j - 


Mais—f = — dh=p; d'ailleurs, V4 —ÿ")=v(" x); 


; ‘dx ds 1e #dx 
ONE ee UNE" PF CRIS pe CAES 
of 1276 JE 7 CEE J PV EN TT tr 4 VE x) 


H fuit des $. 49, so & sr, que fi l'on nomme À un 


r fin. (latitude corrigée du lieu F) 
angle, tel que fin. A = a eh 0e que l'on 


cofin, ' P 


DES SCIENCES 151 


ajoute convenablement la conftante, 
ÿ dx x"° god— A 206265"fin.2 À 
— [> = — 7: + =), 
7 À sx —x) r 2 AT 
Enfin ÿ'= fin.m'P; # = cofin.m” P;-on a donc pour expref 
fion du terme négligé dans la formule, 


AY finm? cofin®m P ,g0d— 4 20626;"{in.2 A 
3 TUE 5 
BF CReT [perpendiculaire UIEEET ( À + Lt }T. 


(79-) Le maximum de Verreur du terme mégligé a évidem- 
ment lieu pour une perpendiculaire menée fous l’Equateur ; 


£ # LA . . A* 
le terme négligé auroit alors Îa forme fuivante, $ + * perpend. 
car dans ce cas, fin. m P — r, & cofin. m P — o. L'erreur 


feroit proportionnelle à la grandeur de la perpendiculaire, & 
elle monteroit à 8" dans le cas d'un arc de 3604 On peut 
donc, dans tous les cas, négliger le terme en queftion. 


Du cas où la ligne que l'on confidère, n'efl pas perpen- 
diculaire à la Méridienne, au point de départ. 


(80.) Si l'on conferve toutes les définitions précédentes, 
& que l’on nomme de plus 


D Yangle que fait la courbe dont il s'agit avec la Méridienne au 
point de départ, 


au lieu des équations (1) & (2) du $. 74, l'on aura 


(r) Pda — V(Y°dr + rar + pay TD, 


LA 


u 7 / fin. D 
(2) du — V(y* dé + rdx + r dy) Es LP — 0; 
É; (1 
toutes les autres équations du f, 74 reftant d'ailleurs les 
mêmes. Donc par une analyfe entièrement femblable à celle 
de ce paragraphe, on parviendra aux équations fuivantes, 
A°  fin.m fxfin. D 


2 a] 


: À finmPxfin. D 
(4) long. vr. — Jong. corr. + : —- ei tiheres 
p* 


. (3) long. vr. — Iong. corr. + : perpend. corr. =; 


- perpend, vraie = 0 ; 
rm 


Fig. 2. 


252 Mémorres DE L’'Acanémie RoyaLe 
NEUVIÈME SECTION. 


De l'Angle que fait la perpendiculaire à la Miéridienne, 
avec le Méridien du lieu EF. 


(81.) Je dois encore déterminer langle que fait Ja per- 
pendiculaire à la Méridienne, avec le Méridien du lieu Æ: 
Ce Problème eft facile à réfoudre. Nous avons vu en effet 
(5. 11) que fi lon nomme 

Y” l'ordonnée à l’ellipfe au point de départ, 
y" l’ordonnée correfpondante du cercle infcrit, 
Y  l’ordonnée à l'ellipfe au point F, 


y lordonnée correfpondante du cercle infcrit, 


on a 
(1) Yfin. (angle de la courbe,avec le Méridien du lieu F) = F'r; 
MAS — 2, TU — 2 ; donc 


(2) y fin. (angle de la courbe avec le Méridien du lieu F) = ÿr, 


ou enfin 
2 À . (lat. cor. ï p. 
(3) fin. (ang. dela perp.avec le Mér, du lieu F)— A aa 5 cé ss M a ) h 
cof, (latit. corrig. du lieu 7) 
Si la ligne n’étoit point perpendiculaire à {a Méridienne au 
point de départ, & qu’elle fit avec ce Méridien un angle D, 
on auroit 


fin. D (cof.lat.cor, du pointdedép.) 


(4) fin. (ang. courbe avec le Mér.dulieuF) — ; _ : 
cofin. (latit. corrigée du lieu F) 

(82.) Puifque nous venons de déterminer l'angle de Ia 

ligne FM, avec le Méridien du lieu F, il eft évident que 

nous connoiflons pareillement l'angle de la perpendiculaire 

à la ligne F 44", avec le même Méridien du point F'; car 
ces deux angles diffèrent entre eux de 90 degrés. 

(5 


D'ETS MSC MEN CES 153 
(83.) Si l'on cherche l'angle que fait avec les diflérens 
Véridiens de la fphère in{crite, le grand cercle de cette 
fphère, que l'on fubftitue dans le calcul, à la ligne tracée fur 
le fphéroïde; on verra que ce grand cercle fait avec les diffé. 
rens Méridiens, fous les latitudes corrigées correfpondamtes 
aux latitudes vraies, un angle égal à celui formé fur le fphé- 
roïde par la ligne en queftion, avec les Méridiens fucceflifs 
qu’elle rencontre. Cette propriété méritoit d’être remarquée; 
& elle caratérile le grand cercle de la fphère infcrite, que 
nous fubitituons à la ligne tracée fur le fphéroïde. 


Jur les ufages des propriétés précédentes pour la vérification 
des perpendiculaires. 


(84.) Les propriétés que nous venons de démontrer, 
relativement aux angles que fait la perpendiculaire à Îa 
Méridienne, avec les difiérens Méridiens qu'elle rencontre, 
peuvent fournir un moyen aflez fimple pour vérifier cette 
perpendiculaire , orfqu'on a trace fur le fphéroïde. Il ne s’agit 
que d'obferver la latitude du lieu d'arrivée, & l'angle que fait 
la perpendiculaire avec le Méridien de ce lieu. Comme on 
connoît alors la latitude corrigée du lieu d'arrivée, ainfr 
que celle du lieu de départ, l'on vérifiera facilement fi 
l'angle obfervé de la perpendiculaire avec le Méridien dont 
. il s’agit, eft le même que celui donné par le calcul ; cette 
vérification pourra {ervir à aflurer l'exactitude des opérations, 
en fuppofant toutefois que notre globe foit un fphéroïde, 


(85) On peut objeéter que la méthode eft en quelque 
forte hypothétique, puifque l’on eft obligé de faire ufage des 
latitudes corrigées, dont la détermination dépend du rapport 
hypothétique des axes de la Terre. Cependant, fi l'on fait réfle- 
xion que pour toutes les hypothèfes plaufibles fur le rapport des 
axes dé {a Terre, l'erreur qui peut réfulter dans l’eftimation 


LL ion cof. (latitude corrigée du point de départ) 


cof. (latitude corrigée du lieu F) eft infini- 


ment plus petite que celle qui peut réfulier des opérations 
Mer, 1778. 


154 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RorALE 
géodéfiques, on fera tenté de ne pas négliger le moyen que 
nous préfentons. 
Pour s’en convaincre, foit 
ZL 1a latitude corrigée du point de départ employée dans le calcul ; 
L' la latitude corrigée du lieu F employée dans le calcul ; 
Z + « la latitude corrigée du point de départ que l'on auroit dû employer; 
L'+ « + da a latitude corrigée du lieu F que l’on auroit dû employer. 
La fraction que lon auroit dû employer dans le calcul fera 
cof. (L + «æ) 
cof, (L'+ & + da) 
l'on a réellement employée. Mais on fait que 


Re de cop 2 M 


: ë f. L 
, au lieu de la fraétion == que 
cof, L' 


col (L + &)—cofL — — fin. L; 


la véritable fraction pourra donc être mife fous la forme fuivante, 


a 
fL — — fn. 
# a £ cof. Z afin.{L'— I) defin,L'cof.L 
(æ+da)fn.L' cof, L’ coaL NT r.co[ Le 
COL! — 


C4 
Or, cette fraction fe réduit, fans erreur fenfible, au feul terme 


(ue s 
é attendu que, fi l'on prend le rapport moyen des axes 


En 
de la Terre, & ne peut jamais furpaffer 2' de degrés, & que 
da eft très -petit. 


(86.) Au moyen des équations qui expriment J’angle 
que fait la perpendiculaire à la Méridienne avec les différens 
Méridiens fucceffifs qu’elle rencontre ; étant donné l'angle que 
fait une courbe du genre des perpendiculaires, avec un certain 
Méridien fous une latitude connue, on peut déterminer, 
1.” l'angle qu’elle fera avec le Méridien qu'elle rencontrera 
fous une autre latitude; 2.° le parallèle où elle fera perpen- 
diculaire au Méridien , c’eft-à-dire, la latitude du fommet de 
la perpendiculaire. Rien n’eft plus fimple que da folution de 
ces queftions. En effet, fi l’on nomme 


D'EÉNSINSTC'TE NC EE 155 
L' l'angle de la ligne avec les Méridiens fucceffifs, 


D l'angle de la ligne avec un Méridien particulier fous une certaine 
latitude, 
on a 


(1) finus D cofinus (latitude corrigée du lieu qui obferve l'angle D) 
— fin. D’ cofin. (latit. corrigée du lieu qui obferve l'angle D°) = o. 


On connoîtra donc facilement l'angle D' qu'elle fera fous une 
autre latitude quelconque, au moyen de l'équation 


(2) fin. D' = fin. D cof. (latitude corrigée du lieu qui obferve l'angle D) 


cofin. (latitude corrigée du liéu pour lequel on calcule) j 
On connoïîtra enfin ‘la latitude du lieu où elle fera perpen- 
diculaire au Méridien, en fuppofant fin. D'— r dans l'équa- 
tion (1); & l'on aura 


(3) cofinus (latitude corrigée du fommet de Ia perpendiculaire ) 
fm. D 


cofinus (latitude corrigée du lieu qui obferve l'angle D). 


Ces méthodes peuvent être utiles lorfqué l’on trace une 
courbe du genre des perpendiculaires, afin de connoïitre la 
perpendiculaire que l'on trace, Ia latitude de fon fommet, 
& de pouvoir redifier fes opérations. 


REMARQUE fur les équations (3) à (j) du $: 8x. 


(87) On peut faire la remarque fuivante fur les équations 
(3) & (4) du $. 87. Dans le cas où Ia ligné eft perpen- 
diculaire à la Méridienne, vers le fommet de fa courbe, les 

* angles de cette courbe avec les Méridiens qu'elle rencontré, 
diffèrent peu de Sod; & par conféquént la moindre inexac- 
titude dans le calcul de ces angles, pourroit conduire à un 
réfultat affez- différent du véritable réfultat. On évitera cet 
inconvénient en fe fervant des formules fuivantes, 


Lorfque la courbe eff perpendiculaire au Miéridien de départ, 


(1) tang. (angle de la courbeavec le Méridien du lieu F) = ve pen’ 
117 14 
U ÿi 


Fis. 


156 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ig. s. Lorfque la courbe fait un angle D avec le Méridien de départ, 
rtang mP 


2) tang. (angle de Ia courbe avec le Mér. du lieu F) = ©" — ; 
(a) ang: (angle de 6 du lieu F) = EEE 
l'arc w/m' ayant d’ailleurs pour expreffion 


7 tang. wP 


fin, ém —= 
G)f fe tang. D 


DIXIÈME SECTION. 


Examen de l'erreur des réfulrats des Se&ions précédentes, | 
dans le cas où les données employées dans les calculs, 
différeroient tant foir peu des véritables données du 
Problème. 


(88.) Il pourroit arriver que Îles données employées dans 
le calcul, différaffent tant foit peu des véritables données du 
Problème ; il eft utile de pouvoir apprécier l'erreur des rélul- 
tats dans cette hypothèfe. Nous fuppolerons donc que la 
véritable valeur de #/ P diffère tant foit peu de celle employée 
dans le calcul; qu’il en eft de même de l'angle D, c'eft-à- 
dire de l'angle de fa perpendiculaire avec le Méridien au point 
de départ ; nous fuppoferons que le véritable rapport des axes 
de la Terre n’eft pas précifément celui employé dans le calcul ; 
que la véritable perpendiculaire fur le fphéroïde, diffère de 
celle dont on a fait ufage; & nous allons donner l’expreflion 
de l'erreur qui rélulte de ces différences, foit dans la latitude 
du lieu F, foit dans la longitude de ce lieu, foit dans l'angle 
que fait la ligne dont il s’agit avec le Méridien du lieu # 


De la variation de l'arc w'P. 
Fig.2. (89.) Si lon nomme 
K arc MM de l'ellip{e, 


4 Varc mm correfpondant du cercle infcrit , 
a la latitude corrigée du lieu 4, 

# le demi-grand axe de l'ellipfe, 

1 Îe demi-petit axe, 


DES SCIENCES. 157 


on a {SS. 34 à 36) 
(1) mP = goû — a — À; 
F K cof. /2a + K) fin. K 


E—— — — . 


a 2 2 l; 


UE) 4= x — 


Lim 


donc 
(3) d(arcn'P) = — da — dk. 


De plus, fi dans la différenciation de l'équation (2), l'on 
n'a point égard aux diflérentielles multipliées par le coëfh- 


: A : 
cient + ——, attendu que ces termes ne donneroient qu'un 
= r 


rélultat inappréciable, l'on aura 
(4) dk = dK+2(K—h À; 
donc enfin 
(5) d(acn'P) = — da — dK+2(K—A) es 


(90.) Nous obferverons que da peut varier de deux 
açons, 1. parce que l’on n'aura pas employé Îa véritable 
latitude du lieu 44; 2° parce que cette latitude étant bien 
connue, on aura conclu fa latitude corrigée d’après une 
hypothèfe inexaéte fur le rapport des axes terreftres. Pour 
déterminer ce qui réfulte de ces deux fources d'erreur, on 
fe rappellera que l'on a l'équation fuivante, 


(1) tang. (latitude corrigée) — 7 tang. (latitude vraie ); 
: £ 
donc 
(2) da = An mel à us eine AD (fat. vraie du lieu-A7) 


p  cofin.* {latitude vraie du lieu A) 


ps 206265" 7 cof.* (lat. corr. du lieu 47) mue (lat. vraie du lieu A7) dp L 
P r e 


Mais on peut fuppofer dans cette dernière équation, que 
T— 9, cofinus (latitude corrigée ) = cofinus (latitude vraie; d’ailleurs 


158 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoraLe 
fin. (Jatit. vraie) cof. (fait, vraie) 


: —= + fn, (2 iatit waie). Donc enfin 


(3) da= d (lait. du lieu A) — 206265" fin. (2 lat, vraie du lieu M) Le 
ar r 


De la variation de la perpendiculaire corrigée. 
Fig. 5, (o1.) Si l’on nomme 
P Ja perpendiculaire tracée fur le fphéroïde, 


p la ligne correfpondante tracée fur la fphère infcrite, 


D l'angle de la perpendiculaire dont eft queflion avec le Méridien 
de départ, 


w'P un arc tel que l'on ait (1) fin. WP = SUP UPS : 
. r 
à f, m' 
A’ unanple tel que lon ait (2) fin. À = — er Ê 4 
cof. u'P 
onaf{S$. 72) 
A rco ul P. cof. /2 A'—F) fin. P 
Gr=P—-i — —— [— 2 SLR ERA 
L4 LA 2 27 


Si donc, dans la différenciation de cette équation, l'on n’a 
point égard aux différentielles multipliées par le coëflicient 
2 


LI A _. s n 
Art conformément à la remarque du $. 89 , on aura 


(4) dp = dP — 2(P —p) —. 


De la variation de la latitude du lieu F. 


(92.) Si fon nomme 
pm! un arc tel que l'on ait (1) fin. (um) = "MBA. 


tang. D 
A un angle tel que l'on ait (2) À = 908 = mn — p, 


on a vu {$, 72) que 


(3) finus (latitude corrigée du lieu F) = fin. À'cof p'P 


r 


Il faut donc, pour avoir la variation de la latitude, déter- 
miner les variations des arcs w'P, u'm & de l'angle À. 


DES SCIENCES. 159 
De la variation de l'arc wP, Fig. $. 


(93:) Puifque {5 91) 
(1) de: 'P Le fin. m'P fin. D $ 


r 

on aura 
(2) d (arc D) 454. fin. D cof, mP d(arc m'P) LE fin. n'Pcof. D 2D 
a r cof. w'P r cof, u'P : 


fin, Dcofim P __ tang m'P 


0 ! ! 
ais rfin.p'P = fin. Din. donc" ° = —— 
Mais rfin.p P— fin. Din.m'P; donc ANA Er 
fin.m' Pcof. D tanywmP. done 
rc u PI ET. rang. Dir? 
À __ _ftang. m'P 4 tang.u' P 
(3) d(arcw'P) = DT] (æcm P) + ME 2 d D. 
Donc enfin, 
1 p) > Ang P LP tang.u'P 
(4) d(arcu'P) = sr [2(K — ÉRRRAET DRE aD, 
De la variation de l'arc m7. 
(94) Puifque /$. 92) 
Hate 7 tang.u' P 
(:1)fin.g'm = DAS D 7 
on aura 
; és r#tang. 'P 
GR) AE PE ER DE RER TE Dj D fees ÿÉNRE ER 
(2) PAGE SA cof. u/m' cof* uw’ Ptarg. D (RCE cof, /m' cof* D tang * D Ds 
Mais r'ang. WP — fin.u'm'tang. D; 
CE fin.u’P x cof. nm’ P 
d’ailleurs, ————— A NAS 66 
À fin. D x cof. D 
& = ; = +fn.2D; 
É y tangu'm 
donc cof. uni tang. D cof”w' P TE u'P: ? 


r* tang. u’ P 1 tag um 
cof. p’m' cof.* D tang.* D fin, 2 D 


æ 


& 


Î 


160 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyraLe 


Fig. 5. donc 
| DO ARTE tang. um 2 . tang, pm ‘ 
Gén) ess Tr (act) Er Ds 


& comme d/ac u’P) eft connu en variations d’élémens, la 
queftion eft réfolue. 


\ 


De la variation de l'angle À, à de la latitude du lieu F. 


(95-) Puifque (/S. 92) 
(1) 4 = got — om — p, 


on a 

5 (2) dA = — d(xcu'm) — dp; 

onc 
(das tang.m'm" d rP) , tang.u'm NÉS Pa Enr R 2 Fe 
ann TM OOOE SUN Ci: 


(96.) Il eft facile maintenant d’avoir l’expreflion de la 
variation de la latitude du lieu 7, On aura d'abord, à caule 


de léquation (3) du $. 92, 


à cof. 4’ Pcof. À fin. Afin. u' P 
1) {lat conig. FE) =" — — #P}e 
(ete LE rcof. (lar. corr. dulieu 7) r cof. (lat,corr.dulieu F) EME 


Mais r fin. (latitude corrigée du lieu F) = fin. À cof. u'P; donc 


; , tanp. /latit. du lieu 7) tang. /latit. du lieu F) 
2) d/lat, corr. = — — ————————— a eP}; 
(2) d{lat. corr. du lieu F) PE dA LT d (are ' P) 


De plus, à caufe de l'équation (1) du $. 9o, 
fin. 2 (ltiude)  dp 


(3) d(latitude vraie) — d (latitude corrigée) + 206265" 
2Fr T 


& comme dA & d {arc P ) font connus en variations 
d'élémens, la queftion eft réfolue. 


De la variation de la longitude du lieu F. 
(97.) Nous avons vu /$S$. 72 & 80) que l’on a les deux 


équations fuivantes, 
(x) longitude 


DUE SANS ICULIE Nc-r sh 161 
PRET MES : 4 A° fm. Pxfin. D 

(1) longitude vraie — longit. corrigée — pu —— —— perpend. 
fin. p x fin. D 


« (lougit igée du lieu EF) = — . 
(2}:fn (FORRAREOneEe j ) cof, (lait. corrigéedulieu 7) 


Si donc dans la diflérenciation de l'équation (1) lon n’a 
point égard aux différentielles multipliées par le coëffcient 


FEPEN 
HF on aura 


d'A 
À ! 


(3) 4(longit. vraie) — d(longit. cor.) — 2 (longit. corr. — fongit. vraic) 


De plus, à caufe de l'équation (2), on a 


(4) d(longit.corr.) = PROD ATEN juan ARR, ut: 
cof. (latitude corrigée) fin. D cof. (long. corrigée) 
fin. D fin.p cof. p 
#cof. (latitude corrigée) È fin.p cof. (longit.corrigée) dr 
fin.D fin.p fin, (latitude corrigée) du | 
5 cof.(lat.corr.)  cof.{lat.corr.) cof.(lung.corr.) sen) 
fin. (long.corr.)  cof. D fin. (long. corr.)  cofp 
# T cof.(long.cor.):* fin. D cof. (long,corr.)  fin.p 
fin. (long. corr.) fin. (latit. cor.) 


cof. (long. corr,) cof, (latit, corr.) 4 toi consee). 
LA enfin, en n'ayant point égard dans l'évaluation des 
coëfliciens, à la petite différence entre la latitude vraie & 
la latitude corrigée, la longitude vraie & la longitude corrigée, 
! . (long. F) tang. (long. F) 
d(long. corr.du lieu F) = 8 UE 7) Jp 8 CE! y 
{5) ( 8 ) tang. D tang. p P 
Pris mate) (eng 5) d (latit. corr. F}. 
cotang. {latit, du lieu F) 
Et comme dp & 4 latitude corrigée du lieu F) font connus en 
variations d’élémens, la queftion eft réfolue. 


De la variation de l'angle de la perpendiculaire avec le 
Méridien du lieu EF, 


(98.) Nous avons vu / $. #1) que l'on avoit l'équation 


fuivante, 
? fn. Dxfin."P 
1fin, le de I. De ér, i = —_———— |, 
EME de pernsarec le Méri du liqu E) = Re 


Mém. 1 A 


162 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
on parviendra donc, par une analyfe entièrement femblable 
à celle du paragraphe précédent, à l'équation fuivante, 

(2) Z(angle de Ja perpendiculaire avec le Méridien du lieu F) 


tang. (anole de la nd, avec le Mérid. F 
+ g. (angle de la perpe ) 1D 
tang. D 


. le d .2 il érid. F ; 
He tang. (angle de la perpend. avec lé Méri ) d( Le P) 
tang. m'P 
tang. (angle de la perpend. avec le Mérid. F) 4( RAD | F) 
. cotang. (latitude du lieu F) 4 USE 


Au moyen des équations que nous venons de démontrer, 
on appréciera facilement les variations qu’un petit changement 
dans les élémens, apporteroit dans les réfultats des feélions 
précédentes. 


Du cas où la ligne eff perpendiculaire au Méridien 
de départ. 


(99-) Ï eft rare que lon ait befoin de faire ufage des 
calculs précédens dans toute leur généralité; mais il y a un 
cas particulier qui fe préfente fl communément, que jai cru 
devoir m'en occuper avec quelque détail; c’eft celui la 
ligne eft perpendiculaire au Méridien de départ. 

La condition de la perpendicularité au Méridien de départ, 
ne change rien aux équations (5) du f. #9, (3) du $. 90, 
(4) du $. gr, (3) du $. 97. Quant à l'équation (4) du 

Fig. 5. Se 9 3, à caufe de w'P — m'P, & de tangente D — infini, 
elle devient 
(1) d(arc WP) = d(axe m'P) = 2(K— 4) = — dK — da. 


À caufe de fn.p/m — 0; cof. mm — +; tang.wm — 0; 
cof." D tang D — rs; l'équation (3) du $. 94 devient 
tang. m' P dD 

LA 


& l'équation (3) du $. 95, devient 
(3) A =. PETP gD — dP + 2 (P — p) es 


(2) d(arcuw'm) = — 


De plus, l'angle 4 eft alors Le complément de p. 


DES SCIENCES. 16%. 
(100.) Il fuit de ces remarques, que l’on a 


4 __ tang-(latit.dulieuF) ; dA 
(1) d( latitude corr, F) = RE TOUR [ 2 Por —dP] 
tang. (latit. dulieu F) dA 
FA cotang. n/P [z (Æ gai 4) EXT Téx — da] 


" tang. (latitude du Iieu F) tang. m'P 4D. 


fe cotang. P? 


fin. (2 xlatit, 
(2) d(latit. vraie) = d{(latit. cor.) + 206265" cnrs . 


2Yr7 r 

{3) d(long.dulieu F) — 2 (lIongit. vraie — Iongit. corrigéc ) ou 
tang. (long. dulieu 7) dA 

+ —— [4P—-2(P-—r) Sal 


tange p 
tang. (longit. du lieu F) | 
à en I PRE 
He here ons Déhpde eo 
(4) d (angle de Ia perpendiculaire avec le Méridien du lieu F) 
» tang. (angle de la perp. avec le Mér. F) F [2 (K—ù dA dé. dK— da] 
tang. m'P A 


tang, (angle de la perp. avec le Mér, 7) d (latitude corrigée du lieu F) 
——— fu . 


cotang. { latit. du lieu F) 
Remarque fur les S. 84 èr 85. 


(zo1.) Si lon calcule au moyen de l'équation (4) du 
paragraphe précédent, la variation de l'angle de la perpen- 
diculaire avec le Méridien du lieu F, dûe au changement de 
: rapport des axes de la Terre; on verra que, quelque leger 
que {oit ce changement, il eft cependant du même ordre 
que les quantités que l’on emploie pour déterminer le rapport 
dé ces axes. On doit donc conclure que, fi l'exaétitude des 
mefures terreftres eft fuffñifante pour déterminer l'aplatiffement 
de notre globe, on ne doit point faire ufage de la méthode 
indiquée dans ces paragraphes pour redreffer les opérations 
géodéfiques, puifque les quantités que l’on négligeroit feroient 
de l’ordre de celles que l'on fe propofe de connoître, 

X ij 


164 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyALE 
De la figure des perpendiculaires [ur le fphéroide. 


{102.) Quoique la figure que forment les perpendiculaires + 
fur le fphéroïde {oit indifférente aux queftions que nous nous 
fommes propolées, j'ai cru cependant que l'on verroit avec 
plaïfir avec quelle facilité cette figure peut fe déterminer, au 
moyen des équations que nous avons démontrées. 


Pour y parvenir, on fe rappellera que fon a l'équation 


fuivante, 
: ; PRE +. À fn.”P 
(x) long. vraie — longit. corrigée — : —— 


P LA 
De plus, a perpendiculaire corrigée eft prife fur un grand 
cercle de fa fphère infcrite. 


x perpend, corrigée. 


De cette dernière confidération, il fuit que lorfque Îa 
perpendiculaire corrigée eft de 90, la longitude corrigée 
eft de 901; lorfque la perpendiculaire corrigée eft de 180, 
Îa longitude corrigée eft de 1801; cette longitude eft de 
2701 & de 3601, lorfque la perpendiculaire eft de 2704 
& de 360, & ainfi de fuite. Mais à mefure que la perpen- 
diculaire augmente, la longitude vraie diffère de p'us en plus 
de la longitude corrigée. Lorfque la perpendiculaire eft de 
god, la différence eft de + _ __ x 901; lorfque la 


2 


perpendiculaire eft de 1804, de 2704, de 3604, & ainfi de 
0 M AÀ° fin. »m'P Atfin.mP®s 
fuite, la différence eft de : 4 O8 TORRES 


p° 
A° fin. m! P . . ? . 
de : RARE TS 3604, & ainfi de fuite. Et fi fon continue 


: 70% 


la perpendiculaire, la différence entre les longitudes vraies & 
corrigées, augmentera toujours de plus en plus, de manière 
qu'à chaque révolution de 360, la différence augmentera 
< A? fn.”P L 

de 2 ARE 3601. Si donc l’on nomme 


n le nombre des révolutions de la perpendiculaire corrigée, 


on aura poux expreffions des Jongitudes vraies correfpondantes 


DES! SfC:TE N cr:s. 165 


aûx interfeclions de la perpendiculaire avec l'Équateur, & 
aux fommets de la perpendiculaire indéfiniment prolongée, 


(1) longitude vraie — got — 1 — = zx god 
(2) longitude vraie = 180. — 1 _ — ÿ x 180. 
(3) longitude vraie — 270. — 2 _. LEA n x 270. 
(4) longitude vraie = 360. — 1 _ = 7 x 360 


(103.) On voit parà que s’il étoit poffible de continuer 
indéfiniment une perpendiculaire a la Méridienne fur un 
fphéroïde, & que, par exemple, d'après les circonftances du 


. AMIE 
Problème , + —— 
? 


x god füt égal à 15°, &ec. 


rT 
cette perpendiculaire rencontreroit l'Équateur fous une lon- 
gitude de 89445’; elle s’enfonceroit enfuite dans Thémi- 
fphère auftral, où elle auroit fon fommet fous une latitude 
égale à celle du point de départ, avec une longitude 
de 1794 30’; elle regagneroit l’Équateur, qu’elle coupe- 
roit avec une longitude de 2604 1 5'; elle remonteroit 
enfin dans lhémifphère boréal, où elle auroit fon fommet 
fous une latitude égale à celle du point de départ, mais 
avec une longitude feulement de 359%; de forte qu'après 
cette première révolution, la longitude des deux fommets 
différeroit de 14. Et fi l’on continuoit cette perpendiculaire, 
on auroit une fuite de points qui, fous chaque même latitude, 
auroient une longitude différente de 14 de la longitude 
des points correfpondans de la révolution précédente. Cette 
perpendiculaire formeroit une efpèce de fpirale ; & l’on ne 
retomberoit fur la première perpendiculaire que  lorfque 
+ = TT y x 36oû, où plus exactement , lorfque la fuite 
qui exprime la différence des longitudes vraies & corrigées, 
{eroit un multiple de 3604 


166 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


Démonfration de la propriété de la perpendiculaire à le 
Méridienne, d'être la ligne la plus courte que l'on 
puiffe mener fur le fphéroïde d'un point à un autre; à. 
de la manière de dérerminer l'équation à certe ligne, 
indépendamment de cette propriété. 

( 104.) Avant de terminer ce qui regarde Ja perpendi- 
culaire à la Méridienne, je dois démontrer fa propriété 
caractériftique, d'être la Higne la plus courte que l’on puifle 
mener {ur le fphéroïde d’un point à un autre. Je ferai voir 
enfuite comment fon peut déterminer l'équation à cette 
ligne, fans confidérer cette propriété. 

(ros.) Pour démontrer la propriété de Ta perpendiculaire 
à la Méridienne, confidérons la manière dont on trace cette 


. courbe. Soient À & B deux de fes points infiniment proches, 


en forte que la petite droite À B qui les joint, foit un de fes 
côtés; on élève au-delà du point Z & à une diftance infi- 
niment petite B C, une perpendiculaire CD à la furface du 
fphéroïde, de manière que par les points À & 2, on puiffe 
apercevoir le point € de cette perpendiculaire; & joignant 
enfuite le point B & le pied D de la perpendiculaire, on a 
le côté fuivant Z D de la courbe. Ce côté fe forme confé- 
quemment en pliant le prolongement £ C du côté AB, 
fuivant la perpendiculaire C'D à ia furface du fphéroïde. 

11 fuit de cette conftruétion, que la ligne À B D eff la plus 
courte que l'on puifle mener du point À au point D du 
fphéroïde. Pour s'en convaincre, foit Bo DO le plan tangent 
au fphéroïde au point D, & par conféquent perpendiculaire 
à la ligne CD; imaginons maintenant que la ligne CD 
tourne autour de l'axe BC, en faifant conftamment l'angle 
BCD; Yon aura un cône dont l'interfeétion avec le plan 
BoD), formera la fection conique d D ; la ligne BD 
fera partie de l'axe de cette fection; le point D en fera le 
fommet; les lignes Z D, Bd, B2 feront des rayons vecteurs; 


DRASS ICS TE ie ae: Ur 


& ils repréfenteront en même temps les interfeétions du Fig. 6. 


fphéroïde avec le côté BC, en fuppofant ce côté fucceflive- 
ment plié dans des direélions différentes de la direction 
perpendiculaire au fphéroïde. Mais par la nature des fetions 
coniques, le rayon B D eft plus petit que les autres rayons 
vecteurs BD, Bo. 

Confidérons maintenant un nouveau côté D B' formé par 
le prolongement BC du côté B'4', que fon fuppofe 
pareïllement plié dans la dire“lion de la perpendiculaire au 
fphéroïde. En vertu des conftruétions précédentes, l'on aura 
fur Le plan tangent au fphéroïde au point D, une nouvelle 
feétion conique d' Do", dont le rayon vecteur B'D fera 
évidemment plus petit que les autres rayons B’9’, B'0'; & 
les rayons B D, D B' pourrront, à un infiniment petit près 
du premier ordre, être confidérés comme étant en ligne 
droite, puifqu'ils feroient rigoureufement en ligne, droite 
dans la fphère, & que le fphéroïde peut fe confondre avec 
la fphère qui auroit pour rayon, le rayon ofculateur au point D. 
La fomme des deux côtés BD, DB! eft donc plus petite 
que la fomme de toutes les autres lignes B0, dB", B9', 0'B, 
qui font plus grandes, & qui d'ailleurs font un angle fini 
entre elles aux points 0, d’. La perpendiculaire à fa Méri- 
dienne a donc la propriété d’être la ligne la plus courte que 
Ton puiffle mener d'un point à un autre fur la furface du 
fphéroïde, 

(106.) La propriété de la perpendiculaire à la Méridienne, 
d’être la ligne la plus courte que l’on puiffe er d'un point 
à un autre fur la furface du fphéroïde, n'es: particulière 
aux fphéroïdes de révolution; elle a généralement lieu pour 
un fphéroïde quelconque. En effet, il eft évident que la 
démonftration du paragraphe précédent, eft indépendante de 
la génération du fphéroïde par voie de révolution. 

(107.) Nous pourrions nous contenter d’avoir démontré 
la propriété précédente de a perpendiculaire à fa Méridienne, 
puilque nous en avons déduit, dans la feconde feélion, 


168 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
Fig. 6. l'équation à cette perpendiculaire; nous croyons cep=ñdanf 
que le Lecteur verra avec plaifir {a manière de déterminer 
direétement l'équation à cette ligne, fans faire entrer dans 

cette détermination la propriété dont il s’agit. 

(108.) Pour y parvenir, nommons x, y, 7 les trois coordon: 
nées du point À de la furface du fphéroïde, rapportées à trois 
axes per pendiculaires, & à une origine commune; Îes coordon- 
nées au point 2, auront pour expreffion x +- dx: Ÿ + dy, 
z + d7; & fi lon nomme dp le petit côté AB de la 
courbe, on aura dp —= {dx + dy + dy). Silon 
prolonge ce côté d’une quantité BC, égale à AB ; en pliant 
ce prolongement fuivant la droite CD, perpendiculairement 
à la furface, il eft vifible que fon extrémité aboutira un peu 
au-delà du point D ; de forte, _que f: l'on nomme #p' le 
côté BD, dp' fera rioraUte que dp; mais il eft facile de 
s'aflurer que la différence eft un infiniment petit du troifième 
ordre; car en faifant CD — «, il eft clair que « eft un 
nent petit du fecond ordre, puifque BC eft un infini- 
ment petit du premier ordre, ainfi que l'angle CB D. ré 

plus, dp® + a — dp, d'où l'on tire ! 

dp= V(d +) = dp + is; 


« 


Œ —— eft un infiniment petit du troifième ordre. On 
aura donc, en négligeant cet infiniment petit, dp — dp', 
ce qui montre que 4p doit être fuppofé conftant. 
Cela pofé, x, y, z étant les coordonnées au point À, & 
x + dx, 7 dy,7z + d7, étant celles du point By 
x + 24dx,ÿ2- 2 dy, 7 + 247, feront, par la nature 
de Ia ligne one les coordonnées du point ©, pris fur le 
prolongement du côté AB. D'ailleurs, les coordonnées du 
point D, pris fur le fphéroïde, feront x + 24dx + ddx, 
ÿ + 2dy + ddy, 7 + 2dz + dd, Si Von retranche 
ces coordonnées de celles du point €, on aura — 4dx, 
— ddy, — ddy, pour les coordonnées du tu C, em 
fixant leur origine au point D, : 
(109.) 


D'ENSMSCCATIEIN e'E'é 169 

(109.) L'équation différentielle à la furface d'un fphéroïde, Fig. 6. 
eft en général 

(1) dy = rdx + sdy; 
r & 5 étant des fonctions de x, y & 7. De plus, fi l'on nomme 
x, y & 7! les coordonnées de fa perpendiculaire C2) à la 
furface, on démontre dans la théorie des furfaces courbes, 
que pour déterminer cette perpendiculaire, l’on a les deux 
équations i 
(2er = to; lG) Y +: =. 0. 
Dans ces équations, r & s font les fonétions de x», 
ÿ, Z, qui entrent dans l'équation (1) au fphéroïde; elles 
font variables en paffant d’une perpendiculaire à l'autre, mais 
elles doivent être confidérées comme conftantes pour la même 
perpendiculaire. Subftituant donc — ddx, — ddy, 
— dd, au lieu de x', y’, 7 dans les équations (2) & (3), 
en aura 
(4) ddx + rddy = 05 (s) ddy + sddy = 0. 
Ce font les équations de fa perpendiculaire à la Méridienne, 
en obfervant que dp ou fon égal {dd + dÿ + dd) 
doit être fuppofé conftant. 

(1 10.) II eff aifé de voir, qu’une feule des deux équations 
(4) ou ($) du paragraphe précédent, combinée avec l’équa- 
tion (1) à la furface du fphéroïde, fufhit peur déterminer Ia 
courbe dont il s’agit, & que l’autre équation donne un réfultat 
identique. En eflet, puifque 4p ou fon égal /{dx° + dÿ° + dy') 
eft une quantité conftante, on conclura 

(1) dxdd? + dyddy + dyddz = o. 
Si donc l’on élimine ddy, au moyen de l'équation (s) du 
paragraphe précédent, on aura 

(2) dxddx + (dy — sdy)ddy = o. 
Mais l'équation (1) à la furface du fphéroïde , donne 
d7 — sdy — rdx; on aura donc 


Re (3) ddx + rddy = 0, 
Mém, 1774. Ÿ 


170 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

111.) Examinons maintenant le cas des fphéroïdes de 
révolution, & fuppofons que l'axe des x foit l'axe même de 
révolution. Si l’on nomme } l’ordonnée du Méridien corref- 
pondante à x, fera une fonction de x. Soit maintenant 4 
l'angle que forme le Méridien du point À avec un Méridien 
fixe, que nous fuppoferons ètre le plan des x & des y; on aura 


Y cof. u Y fin, u 
UNS = AMOME Er T 
puifque Y eft l'hypothénufe d'un triangle rectangle, dont 
& 7 font les côtés, le côté 7 étant d’ailleurs oppolé à 
l'angle 4. Donc 
Y° du 


G) dp = (di + dÿ+ dé) = dr + dY + EE). 


À d 1 
On aura enfuite s, en obfervant que s — = , les différen- 


tielles Z7 & dy étant prifes en regardant x, & par conféquent, 
Y qui en eft une fonétion, comme des conftantes. Or, on a 


dans cette fuppofition, 


Y cof.u du Yfin.s du 
the (EE 
donc 
YF cof. = 
(6) DEC Yfin.u ° 


L'équation ($) du $. ro9 deviendra aïinf, 
(7) Yfinuæ#(Ycof.x) — Ycofud' (Yfin.z) = 0; 


donc, en intégrant 


(8)iCrdp — Yfin.vd(Ycof.u) + Ycofud(Yfinu) = 0, 
ou . 

(9) Crdp — Y°du = 0; 
C étant une conftante arbitraire. Cette équation eft la même 
que celle que nous avons déduite (feélion deuxième) de la 
fuppofñition, que la perpendiculaire à la Méridienne eft la 
ligne la plus courte que lon puiffe mener d'un point à un 
autre, fur la furface du fphéroïde. 


DES SCIENCES. LAE 
ONZIÈME SECTION. 


Application des latitudes corrigées au calcul des 
loxodromiques elliptiques. 


De l'équation aux loxodromiques elliptiques. 


(112.) On fait que les loxodromiques font des courbes qui 
coupent tous les Méridiens, fous un même angle donné. Le 
calcul de ces courbes ne préfente aucune difficulté, fi on les 
fuppofe tracées fur une fphère; mais il devient plus compliqué 
lorfque l’on fuppofe la Texre elliptique. Quoique j’eufle pu me 
difpenfer de donner la méthode, d’après laquelle on peut 


calculer les foxodromiques elliptiques, ce fujet ayant été traité : 


par plufieurs Géomètres; j'ai cru cependant devoir préfenter 
une nouvelle manière d'envifager le Problème, en employant 
les latitudes corrigées ; on verra par-là, que le calcul des 
loxodromiques elliptiques fe ramène très-facilement au calcul 
des loxodromiques tracées fur une fphère. 


(113.) Soit PAGD F un fphéroïde formé par la révolu- 
tion d'une courbe quelconque PAG, autour d'un axe PC 
de révolution, : 

Nommons 


aux différens points de Îa courbe, dont la révolution engendre 
Le le fphéroïde. Je fuppofe que l’origine des coordonnées 
x l'abfciffe eft en C; que les abfciffes font comptées fur l'axe de 
Y l'ordonnée rotation CP; les ordonnées Y fur la perpendiculaire 
CG à l'axe CP de rotation: je fuppofe de plus, que l'on 
connoit la relation entre x & Y'; 
7 la diflance CP du point C au pôle P de rotation: nous fuppoferons 
d’ailleurs, cette diflance égale au rayon des Tables ; 
# d'angle des différens Méridiens du {phéroïde avec un premier Méridien 
donné de pofition : nous fuppoferons que cet angle eft meluré fur 
un cercle dent le TayOn = r; 
P Ie périmètre de 1a ligne tracée fur le fphéroïde ; 
d P V'élément de ce périmètre ; 


2 l'angle de la courbe avec les différens Méridiens qu’elle coupe fuc-- 


cefivement. 


Yi 


Fig. 14 


172 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
Nous avons vu {$. 6 © 10) que l’on a généralement les 
équations fuivantes, 

V(Y*diË + r'dx? + r4Y:) 


G) dP= EE, 
rYdu 
(2) fin. D == dE + r'dx + TDR ° 


Si donc l’on fuppofe l’angle D conftant, ce qui eft la pro- 

NE SE 5 , q P 
priété caractériflique des loxodromiques , lon aura pour- 
équation de ces courbes, 


(3) fn D (dé + dx + PdY) — rYdu = 0; 
d’où l’on tire 


# dd}? 
(4) du = tang. D te . 72 AIR 


& fubflituant cette valeur dans l'équation (1), 
(s) dP= 2 vV(dx + dY°). 


Pour réduire la courbe à deux variables , il ne feroit 
queftion que de faire ufage des équations à l'ellip{e, 


(6) a+ I — pr = 0; (7) xdx HT YdY = 0; 


$ étant d'ailleurs fe demi-grand axe de l’ellipfe génératrice, 
& r le demi-petit axe. 


De l'équation aux loxodromiques fphériques, à des 
principes pour calculer ces courbes. 


(114) Imaginons maintenant que fur {a fphère infcrite, 
on trace une loxodromique qui fafle avec les Méridiens de 
cette fphère, un angle égal à celui que la loxodromique 
elliptique fait avec les Méridiens qu'elle rencontre, & qui 
s'étende fous Îles latitudes correfpondantes à celle de la loxo- 
dromique elliptique, 


DIE S11S2C'L'E: Ni CE 173 
Nommons 


v l'angle des différens Méridiens rencontrés par la loxodromique 
fphérique avec un premier Méridien donné de poftion ; 


3 Tordonnée du cercle infcrit correfpondante à l’ordonnée Y de 
l'ellipfe ; 


p le périmètre de Ia loxodromique fphérique ; 
dp élément de ce périmètre; 
dk = Vds + dy); 


& confervons d’ailleurs toutes les autres définitions précé- 
dentes, l’on aura évidemment N 


(1) fn. D ydu + 1° dx + rdÿ) — rydy = 0. 


(2) dv = tang. D ARERIOP AS TES tang. D Bat 
3 ? 
CR SE DE A pe pe ET de DR 


co. D 
(4)#+Y—-r—= o. 


cof, D 


(s)x dx + ydy = o. 


(zr5.) De l'équation (3) du paragraphe précédent, on 
conclut tout de fuite 


fante = — — 
(1) p + conflan TD 


Maïs lorfque p — o, 4 eft égal à la latitude du point de 


départ; donc conftante — = latitude du point de départ : donc 


T 


Ca) er 


Donc 


(latit. du point d'arrivée — latit. du point de départ ). 


cof. D 
Pe 


(3) chemin en fatitude = 


! ê dk rd4x 7d4 D : t 
(116) Puifque = — 7 = y l'équation (2) 
du $. 114, devient 
ras... 
Ph 2 “s 


(1) du = tangente D 


174 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
donc en intégrant, 

+ + 
(2) + conf. = tang. D + log. / - ) = tang. D log. V/ Ja 


T—+% 


Nommons maintenant 
X l'angle dont x eft le finus, c'eft-à-dire Ia latitude du lieu d'arrivée; 
T+ tangente * 


| ALAN a: 
puifque généralement ———- — == 


(451 + 24), 
l'équation (2) deviendra 
(3) v + conft. = tang. D log. { Pre ban A Serra) sitter LES perse GE cal tnt ec è ° 
Mais v doit être égal à zéro lorfque X exprime la Jatitude 
du point de départ; donc 


(4) "He tang: D APR tangente [454+ + (latitude du point d'arrivée) ] ? 


tangente | 454 + + {latitude du point de départ)] 


(117.) Les logarithmes qu'il faut employer pour calculer 
la formule précédente, font les logarithmes hyperboliques. Si 
donc lon emploie les logarithmes des Tables, il faudra 
multiplier le réfultat par le nombre 2,302$5851, c'eft- 
à-dire par le nombre qui ramène les logarithmes des Tables 
aux Jogarithmes hyperboliques. Si l'on veut faire ufage des 
logarithmes des Tables, & que de plus v foit exprimé en 
degrés, minutes & fecondes, on pourra employer la formule 
fuivante, dans faquelle toutes les réductions néceffaires ont 
été faites, 

(t)v= tang. D ET { tang, (454 + 2 ee Ron dames) 
r tang. (454 +- + latit, du point de départ) 


È 474943" 


Du rapport entre le périmètre de la loxodromique elliprique 
à Le périmètre de la loxodromique correfpondante de 
la fphère infcrire. 

(118.) Soit 


P le périmètre de Ia loxodromique elliptique ; 


? le périmètre de la loxodromique correfpondante, tracée fur Ia 
fphère infcrite ; 


DES S: CASE .N: C.E & 21 HUyS 
© p le demi-grand axe du fphéroïde ; + 
r le demi-petit axe du fphéroïde; 


2 


AS = p — Te 
Nous avons vu da 


LA 
(2) M brnvne + dÿ) = pe de 
pd 214% “à L 
Mais dY° — — dy + - ; l'équation (1) 


peut donc avoir L forme nn: 


2 27,3 


: dy 
col. =: vaR+ 


À 


Je réduis cette dernière IP en férie, en négligeant 


r 
(3) dP= cof. D 


5 A* PRE 
les termes de l’ordre HU & jai 


r TARA NE Fi. LA: dy 
(4) he cof, D ah of. D RIRE dp y cof.D? Fr dk” 
Ua x x dx 
inais Faxe TZ, Na Ty , & dy —— — TR ETENT ; donc 


Ce Lex AS «dx 


(5) P + TE Te NES en 77 ten Pi 


dx : : À 
Nous avons vu que fr niet Mamnlirti cle Ar 
de plus, P & p font à la fois égaux à zéro au point de 
départ ; fi donc Yon nomme 


a la latitude corrigée du point de départ, 
ZX la latitude corrigée du point d'arrivée, 


 & que l'on fuppole d’ailleurs 


(6) # = X — à = chemin en latitude, 
on aura 
uA x cofin. /24a + 4!) fin. #” 
War Php te el ( 27 J. 


176 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Mais équation (3) du S, 115] K — Er 


p; donc 


L cof. (2 a+- co PR) UP r) 
r cof. D p r r 
(pee perse" Tan iesta 


LUE 27 
ou enfin 
f. D f. D 
cof.(2a+ 1 p) fin.( 1) 
r , À Fof.D p 626" r ] 
(9)P=p+ ED es lacndnc L SD TER NE ES ME 


(r19.) Comme les quantités P & p ne diffèrent que par 


des termes de l’ordre 


, l'équation fuivante fera également 


r° 
; : ù At 
vraie, aux termes près de l'ordre ——, 
ur 
cof. D 


cof./2 2) fin. { P) 
A3 co. D P SA r T 
U)P= Pre cel r UE 5” " ]- 


2r 


s A 
(r20.) Nous obferverons que la quantité ? —— &e- 
r 


qui entre dans le petit terme des équations précédentes, fe 
calcule facilement par le moyen des Tables du Ç. 62; on 
fera cependant Îa remarque fuivante. Dans les Tables du 
S: 62, les arcs, foit de l’ellip{e, foit du cercle infcrit dont 
on cherche la différence, font comptés en partant du fommet 
du petit axe; les arcs, au contraire, dont les différences donnent 


e .. . A° 4 
le petit coëffcient 2; &c font comptés en partant du 


fommet du grand axe de l'ellipfe; il faudra donc, pour faire 


ufage des Tables du f. 62, employer les différences qui 


ps à f, D 
répondent aux complémens des arcs à & 4 +; Pe 


On voit par-à que fi l'on nomme 


7 l'excès de l'are de l’ellipfe fur l'arc correfpondant du cercle infcrit, 
pp 


y l'excès 


qui répond dans la Table à l'arc exprimé par 901 — 4 — 


DES SCIENCES. 177 
y l'excès de l'arc de l'ellipfe fur l'arc correfpondant du cercle infcrit, 
qui répond dans la Table, à l'arc exprimé par JO, 


l'équation (x) du $. rr9 pourra être exprimée par 
è ; | 
(rire USE ae 

(121.) L'ufage des formules précédentes ef on ne peut 
pas plus fimple. Suppofons, en effet, que l'on connoifie la 
latitude vraie du point de départ, ainfi que l'angle D de la 
route avec Îles Méridiens, & le chemin P du Vaifleau: on 
conclura tout de fuite la latitude corrigée du lieu de départ, 
& l’on réduira en degrés, minutes & fecondes le chemin P 
du Vaifleau. On aura donc tous les élémens néceffaires pour 
calculer p, au moyen de l'équation (1) du paragraphe pré- 
cédent. Cette dernière valeur une fois connue, on calculera 
la latitude corrigée du lieu d'arrivée, au moyen de l'équa- 
tion (2) du f, 11$; on conclura fa latitude vraie par 
l'équation (1) du $. r9 ; on aura enfin la longitude corrigée 
du lieu d'arrivée, au moyen de l'équation (1) du $. r17. 
I n'eft plus queftion maintenant que de conclure la lonpi- 
tude vraie, 


Du rapport entre la longitude corrigée à le longitude vraie. 


(122.) I eft facile de déterminer le rapport entre Ia 
longitude corrigée & la longitude vraie. Nous avons vu en 
cflet que l’on avoit les équations fuivantes : 


V{dx® + dY°) 


(CIC tang. D 


(2) du = tang. D ét 2}p 2 tang, D LES 
+ 


p 
(On fait de plus, que Y — 2, & que =, 


donc 
2 À z 
Van) 
Y 


(3) du = tang. D ts : 
Min, 1778, f | A 


178 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Mais à caufe de  — 9 — A, V (dx + sde ) 


2 A°dx* p A? à 
= EL V(di + Dr) = SVaR— —- dx) 
, 2 URI teAL a 
= Une NE ), en négligeant les termes de 
; Ja 
l'ordre Rens Donc 
dk AYLæÆY? 
du = tangente D (— = 2 — —— ); 
(4) 8 ais MEN 
, dk dx dx 
mais tang. D x — = du, & — — ——: doncen 
E A sy dk LA 
intégrant 
A tan. D 
(5) x + conflante = y — 2 — Fe x; 
p T 


donc en ajoutant convenablement la conftante, & confervant 
les définitions des paragraphes précédens, 


f. f. D : 
cof. (a © Bts) Pr si 
(6) nu A? tang.D ( 2 r 2 
=U— — A ————— 
p r r 
ou enfin 
: f. 
PR RS D Fe 2,48 
A" tang.D 2 7 a ee 
(7) qe AN CDN M n ÿ 


On conclura donc, avec fa dernière facilité, la longitude 
vraie du lieu d'arrivée. 

Dans lufage de ces formules, on fera finus D, cofin. D, 
tang. D pofitifs, lorfque l'on s’avancera vers le Pôle ; on fera 
fin. D pofitif, coin D, tang. D négatifs, lorfque l’on s’avan- 
cera vers l'Équateur. On n’oubliera pas auffi que les longitudes 
font comptées du point de départ; de forte que la longitude 
n’eft autre chofe que le chemin en longitude. 


(123.) Je ne m'étendrai pas davantage fur les Ioxodro- 
miques elliptiques ; il me fuffit d’avoir fait voir ce que 
devient le Problème, en y appliquant la confidération des 

M a PEU 
latitudes corrigées. Je pale aux applications des propriétés des 

SE IN PE 
perpendiculaires à là Méridienne, aux ufages géodéfiques. 


DES SCIENCES. 179 
DOUZIÈME SECTION. 


Application des recherches précédentes aux Principaux 
ufages géodéfiques. 

(124) Je dois maintenant appliquer les recherches 

précédentes aux principaux ufages géodéfiques. Dans ces 


x 


recherches, j'appellerai, conformément à ce qui a été dit 
ci-deflus, 


Diflance perpendiculaire du lieu Ÿ à la Méridienne du lei M, Ia Fig. 2, 
diflance du lieu F à la Méridienne du lieu A, compte fur la per- 
pendiculaire FM à cette Méridienne. 


Diflance du lieu M au pied de la perpendiculaire du lieu F, la 
diflance 47 M' du lieu AZ au point A1, où la perpendiculaire menée 
du lieu F au Méridin MM'P, rencontre ce Méridien, 


Longitude vraie du lieu F, Yangle au pôle P compris entre les 
Méridiens A1P, FP. 


Angle de la perpendiculaire, avec les Méridiens Jüuccefifs qu'elle 
rencontre, l'angle en F formé fur le fphéroïde, par les Méridiens PF , 
& la perpendiculaire M'F, 

Arc m'P, l'arc de Ia fphère infcrite compris entre le pôle & Ia 
projection #° du point 42° interfeélion du Méridien du lieu M, & 
de Ia perpendiculaire à ce Méridien. 


Perpendiculaire corrigée à la Méridienne , Y'axc m' F' du triangle m'PF' 
de la fphère infcrite. 

Longitude corrigée du lieu F', Vangle au pôle P du triangle m'PF" 
de la fphère infcrite. 

Latitude corrigée du lieu F, le complément de l'arc F'P du triangle 
a PF. 

Angle de la perpendiculaire corrigée avec les Méridiens de la Jrhere 
infcrite, V'angle en F' du triangle m'PF'; cet angle eft égal à l'angle 
de la perpendiculaire vraie, avec les Méridiens correfpondans du 
fphéroïde. 

Z ïij 


180 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
PIRE meer CE QU ES EUONN 


(125.) On peut fe propofer la queftion fuivante: 


Étant données la latitude à la longitude vraies d'un lieu F:° 
déterminer la diflance M'M du lieu M, au point M, où la 
ligne F M' perpendiculaire au Méridien du lieu M, rencontre 
ce Méridien ; ainfi que la diffance FM'entre cette interfection M' 
le lieu F, mefurée fur la perpendiculaire F M". 


Pour réfoudre cette première queftion, on commencera 
par déterminer la longitüde corrigée, ou, ce qui revient au 
même, l'angle P du triangle m'PF',au moyen des équa- 
tions (1), (2), (3) du $. 76. On connoîtra maintenant dans 
ce triangle, le côté PF”, complément de la latitude corrigée 
du lieu F, & l'angle P; on conclura donc l'arc m'P, & la 
perpendiculaire corrigée m° Æ à la Méridienne , au moyen 
des équations 

cotang. (latit. corr. du lieu F) cof. (longit. corr.) 


() tangente D P = —— —  ——— 
LA 


(2) fn. (perp. corr.) = cofin. (latit. corr. du ia fin. (longit. corrioce) ù 

On condura la perpendiculaire vraie, au moyen de 
l'équation (1) du £. $2, après avoir déterminé l'angle À qui 
entre dans fon expreffion , au moyen de l'équation (1) du 
Ses. On réduira cette perpendiculaire vraie en toiles, au 
moyen de l'équation (3) du $. 52. 

De la valeur de » P, on conclura À, au moyen de 
l'équation (1) du $. 34; on conclura À, au moyen de 
l'équation (2) du $. 28; on réduira Æ en toiles, au moyen 
de l'équation (2) du £. 32, & la queftion fera rélolue. 

Si l'on fuppoloit que le lieu 47 füt FObfervatoire de 
Paris, l’on fuppléeroit à ces derniers calculs, au moyen des 
Tables du $. 44. 

Si lon vouloit déterminer langle de Ia perpendiculaire 
dont eft queftion avec le Méridien du lieu Æ, on auroit 
regours à l'équation (1) du $. #7. 


DUBISUISICHRE Nic: Ets 18r 
S'RACHOEN DIEM QU Es 7, 1. 0). Ni 


(126.) On peut fe propoler Ia queftion fuivante: 


Étant donnée la latitude vraie du lieu F, & l angle que 
fait la perpendiculaire à la Méridienne, avec le Méridien du 
lien F; déterminer, 1 la diflance M'M du lieu M, an 
point M’, où la ligne FM’ perpendiculaire au Méridien du 
lieu M, rencontre ce Méridien; 2 la diflance FM! entre 
cette interfetion M’ & le lieu EF, c'efl-à- dire la longueur de 
la perpendiculaire fur le Jphéroïde ; 3 la longitude 1 lieu F 
par rapport au lieu M. 


Pour réfoudre cette queflion, on commencera par déter- 
miner l'arc »'P du triangle #' PF" de la fphère infcrite, en 
obfervant que le côté PF" eft le complément de la latitude 
corrigée du lieu Æ, & que l’angle »'Æ" P eft égal à l'angle 
de la perpendiculaire à la Méridienne, avec le Méridien du 
lieu F {ur le fphéroïde; on aura donc, 


(: ) FAOTET- 2 fin, (ang. dela perp.avec le Mér. du lieu F) cof. (lat. corr. dulieuF) 


r 


On conclura 4, au moyen de l'équation (1) du $. 24; 
on conclura #, au moyen de l'équation (2) du ç. 28; 
on réduira Æ en toiles, au moyen de léquation (2) du 
IS: 32, ou plutôt, l'on. fera ufage des Tables du $. 44, 
{1 lon fuppole que le lieu AZ eft l'Obfervatoire de Paris; 
& lon connoîtra la diflance M! M. 


On conclura le côté #7! F’, ou la quantité p, qui lui eft 
égale, au moyen de l'équation (1) du $. 54; on conclura P, 
au moyen de l'équation (1) du $. 52; on réduira P en 
toiles, au moyen de l'équation (3) du $. 52; & l'on con- 
noïtra la longueur de la perpendiculaire fur le fphéroïde, 


On calculera la longitude corrigée du lieu Æ”, au moyen 
de l'équation (1) du $. 58; lon conclura enfin la is 
tude vraie du lieu Æ, au moyen de l'équation (1 s) d 
f. 74, & la queftion fera complètement réfolue, 


Fig. 2° 


Fig. 2. 


132 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


TROISIÈME QUESTION. 
(127.) On peut fe propofer la queftion fuivante: 


Étant donnée la diflance M'M du lieu M au poins M' 
où la ligne FM’ perpendiculaire au Méridien du lieu M 
rencontre ce Meridien, ainfi que la longueur FM de la 
perpendiculaire fur le fphéroïde ; déterminer la latitude du lieu E, 
Ê fa longitude par rapport au lieu M. 


Nous remarquerons que le cas dont il s'agit eft de l’ufage 
le plus général ; c’eft par lui que l’on peut calculer les latitudes 
& les longitudes des différens points dela Carte de France, 
d’après les opérations géodéfiques de M.° Caffini ; puifqu’en 
effet chaque lieu eft défigné par fa diftance perpendiculaire 
à la Méridienne de Paris, & par la diftance de l’interfection 
de cette perpendiculaire, à l'Obfervatoire de Paris. 


(128.) Puifque lon connoît le nombre T de toifes que 
contient Â1/M', on conclura la valeur de Æ, au moyen de 
l'équation (2) du f. 32; on conclura la valeur de 4, au 
moyen de équation (2) du $. 28, & enfin la valeur 
de m' P, au moyen de l'équation (1) du $f. 34% ou plutôt 
l'on fera ufage des Tables du $. 44, pour avoir directement 
la valeur de »' P, fi Yon fuppofe que le lieu 47 eft 
l'Obfervatoire de Paris. 


On réduira en degrés la perpendiculaire FM, au moyen 
de l'équation (3) du $. 52, & l’on conclura la valeur 
de p, au moyen de l'équation (1) du même paragraphe; 
on conclura enfuite la latitude corrigée du lieu }, au moyen 
de l'équation (1) du $, 57, & fa longitude corrigée, au 
moyen de l'équation (1) du f. 8; on ramènera la latitude 
corrigée du lieu Æ'à la latitude vraie, au moyen des Tables 
du f. 20, ou au moyen de l'équation (1) du $. z9 ; on 
conclura la longitude vraie au moyen de l'équation (15) 
du $. 75; & le Problème fera complètement réfolu. 


DES SCIENCES. 183 
Si l'on vouloit de plus connoitre l'angle de Ia perpen- 
diculaire à la Méridienne avec le Méridien du lieu F, on 
feroit ufage de l'équation (1) du ç. 87. 
Comme la queftion prélente eft du plus grand ufage, je 
vais donner le type du calcul; je l'appliquerai à la détermi- 
nation de la pofition de Breft. 


EUXYELM PELLE 


(129.) On demande la longitude © la latitude de Bref, 
en fuppofant ce dieu ftué à la diflance de 259 168 toiles de 
la Méridienne de Paris, prile fur une perpendiculaire qui reu- 
contre cette Méridienne à la diflance de 146 14 toiles du côté 
du Midi. On fuppofe de plus que les axes de la Terre Jont 
dans le rapport de 177 à 176. 


TD'APIEND. ON C2 CCI n 
Détermination de m' P. 


Dans la première Table du $. 44, je vois que la valeur 
de ”/ P qui convient à Îa diftance de 10105 toiles du 
côté du Midi, eft 414 30”; je fouftrais 1010$ du nombre 
14614 donné, & j'ai pour différence 4509 toiles. Suivant 
la même Table, la différence pour 10’ de variation de m'P, 
eft de 9503 tuifes; j'ai donc, 9503 eft à 6oo" comme 
4509 eft au nombre de fecondes qu'il faut ajouter à 
414 30’ pour avoir #' P, 


«: 2,7781513... log. 600”. 
3:6540802.... log. 4509. 414 30° 0” 
+ 64322315 mP=<+ 4: 45: 
— 3,9778607.... log. 9503. dl. 34 45° 


2,4543708... log. 285. 
Dérerminarion de p. 


Je réduis en degrés le nombre 259168 de toiles que 
contient P, au moyen de l'équation (3) du $. 52, 


184 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
& j'ai 


54135813... log. 259168 toifes 
— 1,198 3286... log. Mie x + 


SAIS 2 5 27e 1OP AT GA IS 
PE ANG 


Dans la première Table du $. 2, je vois r.° que la 
différence entre l'arc de l'ellipfe & Farc correfpondant du 
cercle infcrit, eft de 81",6 pour une valeur de 2 de 4d; 

o 4 4 d x ! d CR d P: o 
2.° que 10”,2 répondent à 30/ de variation de P; 3.° que 
1”,7 répond à 5" de variation de P : donc 


Différence entre larc de l'ellipfe & l'arc correfpondant du cercle 
infcrit, qui fatisfait à la queflion — 93”,5. 


J'ai donc 
1,9708 116 log. 93",5. 
9,7478400.... log. cofin.* x'P. 
1,7186516... log. 52". 

donc 


P= 433 35 — 52" — 413243" = 16363". 
Détermination de la Larirude. 


_ Je conclus Ja latitude corrigée, au moyen de l'équation 
(1) du $. j7: je ramène cette latitude à la latitude vraie, 
au moyen des Tables du $. 20, 


9,8739200... cof. 77 P, 
9:9986325... cof. p. 
98725525. fin. latit. corrigée, 


Latitude corr. = 484 13° 45 
485 1132.04, 5e 
Latitude vraie = <+ 9. 37,5. 


48. 22. 42,0, PC: 
Détermination 


DÉE S'MOSNCATÉ) Nice mi. 185 
Dérermination de lu Longitude. 


Je calcule Ia longitude corrigée, au moyen de l'équa- 
tion (1) du $. $#; & je ramène cette longitude à Ia 
longitude vraie, au moyen de l'équation (15) du f. 75. 


; 4,2138629... log. p. 
+18,900 3500... log. r tang. p. L'PPPIRE SR CEA 
— 9,8219420.. log. fin. m'P. + 40358049. a 

9,0784080... log. tang. long. corr. T 2251 6199... log. à Fe 


1,78418 50... log. 61”. 
Longitude corrigée — 64 49° 50”. 


Longitude vraie = 6. 49. 50. — 1° 1" —= 64 48 49". 


Longit. vraie en temps — 27. 15. 


Dérerminarions de l'angle de la perpendiculaire, avec le 
Méridien de Breff. 
Je calcule enfin l'angle de la perpendiculaire avec le Méri- 
dien de Breft, au moyen de l'équation (1) du $. 87. 


+ 19,9480174... log. r tang. m'P. 
— 8,8990000... log. fin. p. 


11,0490174u log. tang. angle. 
Angle de la perpendiculaire avec le Méridien de Breft = 84% 53° 43”. 


(130.) Par de femblables calculs, on trouvera les valeurs 
fuivantes : 


Rapport des axes de la Terre, comme 177 à 178, 
Latitude vraie de Bref... .... She TEST — 484 22° 42". 
DONS TEdE EN LCMPS. = st lei ee ea eee ee 27: 5e 
Rapport des axes de la Terre, comme 200 à 201. 
Latitude dé Breft... -... sessrssesee = 48° 22° 42° 


Longitude en temps. . 4 eee see 90e so ee = 27% 16. 


Mém. 1778, Aa 


Fig. 7. 


186 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Rapport des axes de la Terre, comme 229 à 230. 
Latitude delBreft. . 4.4... ue 148422 te 
Longitude en temps....... ST NI TMNRTEE are 27e 17e 
Rapport des axes de la Terre, comme 299 à 300. 
Latitude de Breft..... NRA dit ee 1148112240 


Longitude en temps.......... sainte hi — 27e NU TI0 50 


+ 


Rapport des axes de la Terre, comme 1 à 1. 


Latitude de Breft....... Ro Doc te 1400224090 
Longitude en temps........,...... Ron 27: 23° 


QUATRIÈME QUESTION. 
( 131.) On peut fe propoler la queftion fuivante: 


Étant donnée la diflance perpendiculaire F M’, d'un lieu F & 
une ligue M'm' perpendiculaire au Meridien d'un lieu M ; 
ainfi que la diflance M'M' du point M' au point M' interfection 
des deux perpendiculaires M'M', FM’; on demande la latitude 
du lieu F, & [a longitude relativement au lieu M. On fuppofe 
d'ailleurs que l'on connoît la pofition du point M' pris [ur le 
Méridien du lieu M, relativement au lien M. 


Cette queftion fe rélout par les méthodes précédentes; t 
ne s’agit que de décompofer la folution en deux parties. On 
regardera d’abord l'interfeétion x’ des deux perpendiculaires, 
comme un premier lieu dont on déterminera Îa pofition 
par les méthodes précédentes; c’eft-à-dire par les méthodes 
relatives au cas où la ligne eft perpendiculaire au Méridien 
au point de départ. Et en effet, ces méthodes s’y appliquent, 
puifque, relativement à cette interfection, lon connoît fa 
diftance perpendiculaire 4’ A4’ au Méridien du lieu A, ainfr 
que a pofition du point A! pris fur ce Méridien, par 
rapport au lieu 44 On déterminera donc la pofition du 
pofnt M", c'eft-à-dire fa latitude, & fa longitude par rapport 


DES SCIENCES. 187 
au lieu 47; on déterminera de plus l'angle de la perpen- Fig. 7. 
diculaire {1 um! avec le Méridien #' P,. 

Quand on aura ces données, on regardera le point ' 
comme un lieu relativement auquel il s'agira de déterminer 
la pofition du point F. Il eft bien évident qu'il faudra alors 
faire ufage des méthodes relatives aux lignes inclinées fur le 
Méridien au point de départ; & comme la ligne Fx' eft 
perpendiculaire à la ligne ' M, elle fait évidemment, 
avec le Méridien #'P, un angle qui diffère de 901 de celui 
que fait la ligne A" avec le même Méridien #'P. 


(132.) Pour rendre cette folution plus fenfible, cherchons 
la pofition d'un lieu Æ, par rapport à Paris, d'après Îa 
condition que Îa diftance perpendiculaire Fm" de ce lieu, 
à la ligne 4'M' perpendiculaire au Méridien de Paris & 
menée par Paris, eft de 14614 toiles du côté du Midi; 
& que de plus la diftance m'M de l'interfetion #” des 
deux perpendiculaires, au point 47’ où la perpendiculaire 
au'M" coupe le Méridien de Paris, eft de 259168 toiles. 


(133-) Je cherche d’abord, conformément à ce qui a été 
dit, la pofition de l'interfe&tion #', par rapport à Paris; c'eft- 
ä-dire, je cherche 1a pofition du lieu fitué fur la perpendi- 
culaire pañlant par Paris, à une diftance de 259168 toiles 
du côté de l'Occident, & j'ai, en fuppofant les axes de la 
Terre dans le rapport de 177 à 178, 


Latitude corrigée de l'interfeétion m”...,3,.. 484 28° 22.° 


Latitude vraie de l'interfection m°......,.. = 48. 37. 59. 
Longitude corrigée de l'interfeétion m°...... — 6. $1. 53. 
Longitude vraie de l'interfeétion m”........ — 6. 50. 52. 
Longitude en temps............... Epote 27e 24 
Angle de la perpendic. avec le Méridien m'P. = 84. 51. o. 


Ïl ne s’agit plus que de déterminer la poñition du lieu F; 
relativement au point #’. 


(134) Pour y parvenir, j'obferve, conformément au 
Se 131, que puifque l'angle de la perpendiculaire F4", 
Aa ij 


188 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYaALr 

Fig. 7. avec le Méridien 'P, diffère de 90 degrés de l'angle de 
la perpendiculaire 4'M' avec le même Méridien, on a angle D 
— 1741 51/0". Il faut donc chercher la pofition du point F, 
par rapport au point ', en regardant la ligne Fm! comme 
une courbe du genre des perpendiculaires, mais qui fait 
avec le Méridien 4'P, un angle de 1744 $ 1’ 0" au point 
de départ. 


(135) Si l’on calcule dans cette dernière hypothèfe’, 
OMAUTA PP LE NT 5 2 6%; m P — complément de la latitude 
corrigée de l'interfeétion m° — 41% 31" 38”. D'ailleurs, à caufe 
de l'équation (1) du $. 68, w'P — 312443"; à caufe 
de l'équation (1) du $. 69, A! — 48135" 12"; à caufe 
des équations du $. 73; y —= 713,3; y —= 7104 
p — 15/23"; à caufe des équations (2), (3) & (4) du 
$ 72, A = 484 19° 40 latitude corrigée du lieu F —= 484 
pal 59"; longitude corrigée du lieu PF! ss à caufe de l'équa- 
tion (1) du $. 19, latitude vraie du lieu F — 484 2of zécs 
& enfin, à caufe de l'équation (3) du $. 80 , longitude vraie 


y : Y RNR | 4 £ 
du lieu Æ par rapport au point MI. 2 $ ; longitude vraie en temps 
[LA 


— . 


Ces réfultats ne diffèrent que de 6” en latitude, & de 
1" de temps en longitude, des réfultats trouvés précédemment. 


Remarque fur le calcul des Longirudes. 


(136.) Lorfque Jon calcule la pofition du point #7’ 
relativement au point #7, ainfr que la polition du lieu Æ 
relativement au point 4”, on peut remarquer que les formules 
qui donnent les longitudes, font abfolument indiflérentes au 
fens dans lequel ces longitudes font comptées. Que la lon- 
gitude du point M' foit orientale ou occidentale par rapport 
au lieu A7, que la longitude du lieu F foit orientale ou 
occidentale’ par rapport au point #', les formules font abfo= 
Jument les mêmes. Comme cependant ces réfultats doivent 
être combinés, il eft indifpenfable de fixer le fens refpectif 


des longitudes. En général, fi le lieu Æ eft plus boréal que 


DES SCIENCES. 189 
linterfetion M’ des perpendiculaires Fx', M! M, il faudra Fig. 7. 
ajouter à {a différence en longitude du point #' par rapport 
au lieu 47, la différence en longitude du lieu Æ° par rapport 
au point #' ; il faudra au contraire fouftraire la différence en 
longitude du lieu Æ par rapport au point w', de la différence 
en longitude du point 4" par rapport au lieu 47, file lieu F 
eft plus auftral que l'interfeétion 4” des perpendiculaires F7", 

x' M. Ce dernier cas éft celui de l'exemple propolé. 


Examen d'une Queflion importanre. 


(137-) Lorfque l’on veut calculer a pofition d’un lieu Æ par 
rapport à un lieu A, peut-on indifféremment regarder ce 
Heu comme fitué fous une certaine perpendiculaire Fx, qui 
coupe le Méridien du lieu #7 à la diftance u A1 du lieu 47, 
& dont la diftance perpendiculaire au Méridien du lieu A1 
égale Fu; ou doit-on confidérer abfolument la diftance 
perpendiculaire Fm", du lieu F, à la ligne #' M perpen- 
diculaire au Méridien du lieu A7, ainfi que Îa diftance 
M'M de Tinterfeétion #', au Méridien du lieu 47! En on 
mot peut-on rapporter fur le Méridien du lieu 47, la 
diftance Fu" du lieu F à la perpendiculaire 4° M ! 

(138.) Les calculs auxquels nous venons de nous livrer, 
nous mettent en état de réfoudre cette queftion. H fuit fps 
ces calculs, que ces deux Problèmes font réellement différens. 
Si cependant les diffances que lon confidère n'étoient que 
d'un petit nombre de degrés, l'on pourroit, fans erreur notable, 
fubflituer l'une des queftions à l’autre; il feroit néanmoins 
néceffaire d’avoir égard à cette différence dans des calculs 
très-rigoureux. 


CINQUIÈME QUESTION. 


(139-) On peut encore fe propofer la queftion fuivante: 


Étant données la latitude vraie de deux lieux M, F, & Fig. 8, 
eur différence en longitude, déterminer la diflance de ces deux 


lieux , [ur le fphéroïde. 


Fige 8. 


190 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Pour réfoudre cette queftion, on fe rappelera que l'on a 
l'équation fuivante, 
A fin.»”Pxfin. D 


(1) longit. cor. — long. vraie + TRES POINT 1 PEFend ch 


Dans cette équation, w° P eft le complément de Ia latitude 
corrigée du lieu A7; quant à l'angle D, c'eft l'angle de a 
perpendiculaire vraie avec le Méridien du lieu M}; & cet 
angle eft égal à l'angle de la perpendiculaire corrigée avec 
le Méridien corrigé du lieu 47; de plus, la perpendiculaire 
corrigée n'eft autre chofe que la ligne qui, fur le fphéroïde, 
joint les points m, Æ". I eft évident, que dans le triangle 
fphérique » PF", le côté m P eft le complément de a latitude 
corrigée du lieu A7, le côté PF’ eft le complément de Ia 
latitude corrigée du lieu F#, & l'angle P eft la différence 
en longitude corrigée de ces deux lieux; fi donc l'on prend 
pour valeur de Fangle P, la longitude vraie, Von aura 
des expreflions de l'angle PmÆ', & du côté mF', qui 
ne diffèreront des véritables valeurs, que par des termes de 


, A° LE 
l'ordre —5 3; & comme ces quantités entrent dans un terme 


2 


MD A ï 
multiplié par > On aura une valeur de la fongitude 


. At 2: je 
corrigée, exacte aux termes près de l'ordre TR D'ailleurs, 


l'angle que nous avons nommé D, n'eft autre chofe que 


l'angle PmF, 


( 140.) La Trigonométrie fphérique nous apprend que 
lon a 
cotang. (+long.) fin.+({lat.corr. A1— lat. corr F) 
Po DE CPE) = 
(Bee n} cofin. + (latitude corr, 4] + latitude corr, F) ? 
s D , ) _ Cotang. (1 long.) cof.: (lat.corr. Af—lat.corr F) 
(er ER “HNb fin. + (latitude corrigée M + latitude corrigée F) 2 
fin, (longitude) xcof. (latitude corrigée du lieu F} 
fn. D “ 


Nous pouvons donc connoître exactement la longitude 


(3) fin. (perpend. corrigée } = 


DES SCIENCES. 191 
corrigée du lieu Æ par rapport au lieu 47, au moyen de Fig, 8, 
l'équation (1) du $. 139. 


(141.) On connoitra pareïllement le véritable angle D & la 
véritable perpendiculaire corrigée qui fatisfont au Problème, au 
moyen des équations (1), (2), (3) du $. 140, dans lefquelles 
on emploira la longitude corrigée déterminée ci-deflus, au lieu 
de la longitude vraie dont on aura fait ufage dans le premier 
calcul. Au moyen des équations (1) des S$, 68 dr 69, on 
calculera la valeur de w'P & de A’, en remarquant que »'P 
qui entre dans lexpreffion de x’P eft le complément de la 
latitude corrigée du lieu A1; on déterminera enfüite la valeur 
de P, au moyen des équations du f. 7}, en obfervant que 
dans fa valeur de + lon peut fubftituer p à P; l'on réduira 
P en toiles, au moyen de l'équation (3) du f. 52, & la 
queftion fera réfolue. 


On n'oubliera pas auffi que nous entendons par Æ', celui 
des deux lieux dont la latitude eft Ja plus petite, & par M 
celui dont la latitude eft la plus grande. 


Remarques fur les Queffions réfolues dans ce Mémoire. 


( 142.) Dans la Connoiffance des Temps, on donne pour 
longitude occidentale de Breft, 27:23" de temps; & pour 
latitude, 48d22' 55". 

Les Écliples du 1.° Avril 1764 & du 4 Juin 1769, 
m'ont donné chacune pour longitude de Breft, 2 ai 14,5 
de temps. Cet accord m'a paru d'autant plus frappant, que 
dans mon calcul, tout ce qui dépend des élémens de la Lune 
eft évanoui, & qu'il ne refte abfolument que les erreurs des 
obférvations ; de forte que , fi les Obfervateurs ont bien 
obfervé, ainfi qu'ils l'atteftent, les réfultats font hors de toute 
atteinte. J'ajouterai que le dernier paflage de Vénus fur 1e 
difque du Soleil, a conduit M. de la Lande à une femblable 
conclufion, quoiqu'il ait cru devoir s’y refufer & fufpecter Les 
obfervations, 


Fig. 8. 


Pr rd "2 


+ 


192 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


( 143.) Si lon rapproche ces déterminations, des calculs 
de ce Mémoire, on conclura que les mefures ‘géodéfiques 
calculées rigoureufement , ne s'éloignent pas du réfultat trouvé 
par les obfervations aftronomiques; & que même un des 
rapports des axes de la Terre, regardé comme probable 
(celui de 177 à 178), donne à une demi - feconde près {a 
longitude de Breft trouvée aflronomiquement. 


(144) Ne doit-on pas conclure de ces recherches, qu’en 
combinant de très-bonnes obfervations aftronomiques avec 
des opérations géodéliques très-exactes, & des calculs rigou- 
reux, il ne feroit peut-être pas impoffible de déterminer le 
degré d'aplatiffement de la Terre, qui fatisfait aux obferva- 


tions faites en France? 


(145.) Je ne puis cependant diffimuler que, fi l’on fuppofe 
avec M.° Caffini, la diitance de Perpignan à la Méridienne 
de Paris, de 23805 toiles du côté de l'Orient, la diftance 
du pied de cette perpendiculaire, à l'Obfervatoire de Paris, de 
350098 toiles du côté du midi, & la latitude de Perpignan 
de’ 42941" 55"; cette latitude eft plus grande de 13", 10", 
Fe 2", & plus petite de 12", que la latitude que l'on conclut 

relpeëlivement des rapports de 177 à 178, de 200à201, 
de 229 à 230, de 299 à 300 & de 1 à 1. Je foumets ces 
réflexions aux Aftronomes. 


(146.) Je ne m'étendrai pas davantage fur les perpendi- 
culaires à la Méridienne. Je crois n'avoir omis aucune des 
confidérations qui peuvent être utiles dans la pratique; & 
l'on peut regarder ce Mémoire, comme un Traité complet 


de ces courbes, 
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FAGGU 


OBSERVATIONS 


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BIT. Men. de lc, A. des Je.An:1778. Pag.192: PL , V. 


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PILE. Mem. de LAcR. des Se. An. 1778: Page 19221. VI. 


IA G. Se. 


1e 


ie LA 
secte 


DES SCIENCES 193 


eee emmener 
OBSERVATIONS AS TRONOMIQUES 


FAITES AU CHÂTEAU DE SARON (a), 
PENDANT L'AUTOMNE DE 1778. 
L 2 


Lu 
pe Paz M MESSIER. 


ie paffai les Vacances de notre Académie dans la Terre de Préfenté 
Saron, qui appartient à M. le Préfident Bochart de Saron, ° Re 
fituée en Champagne à vingt-cinq lieues de Paris, & prefque Là 
; à la réunion des deux rivières de la Seine & de l'Aube, le 4 Août 
Par plufieurs Obfervations » faites précédemment à Saron, 
la pofition du Château avoit déjà été déterminée d’une manière 
. fort précife ; & principalement Îors de l'Obfervation du 
| - pañlage de Vénus au-devant du Soleil, le 3 Juin 1760: 
| 


S- 


elle fut faite par M. de Saron, avec fa lunette achromatique 

de 3 pieds +, qui groffifloit foixante-huit fois. Voici les 

détails de cette Obfervation. « Des nuages très-épais & très- 
noirs, empéchèrent d’obferver le premier contaét de Vénus; « 
… mais au-deflous de ces nuages, qui formoient comme un « 
“rideau, l'horizon étoit fort net » & M. de Saron vit aufii- « 
v - bien qu'il fut poflble de voir, le contact du bord intérieur « 
ê de Vénus avec le Soleil; mais l'ondulation exceflive, caufée « 
Ê par les vapeurs de lhorizon, rendoit le difque du Soleil « 
L très-mal terminé, & Vénus paroifloit toute raboteufe , ce qui « 
pouvoit produire fur cette obfervation une incertitude eftimée « 

_ d'environ 10 fecondes de temps. » 


- «Temps vrai à Saron du dernier contact de Vénus, à 
À 7h44! 2" du foir (b}. 


' (a)nCe château eft-à l'Orient de Paris de 52,902 toifes, & plus au Sud 
de 14,823 : la différence des Méridiens entre l'Obfervatoire royal, de 
s' 39" de temps à l'Orient, & la hauteur du Pôle de 4843345". 
(b) Cette obfervation eft rapportée & difcutée dans nos Mémoires, par 
M. le Monnier, année 1770 y Page 2220 
Mém, 1778. Bb 


194 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


La Pendule à fecondes avoit été réglée le même jour par 
des hauteurs correfpondantes du Soleil. 

L'éclipfe de Soleil, le Jendemain du pañlage de Vénus, 
le 4 Juin matin, y fut aufli obfervée par M. de Saron, avec 
la même lunette achromatique. 

M. du Séjour a déduit de cette Obfervation, la différence 
des Méridiens entre l'Obferatoire royal de Paris & le 
château de Saron ; par le commencement de l'Éclipfe ul 
a trouvé 5/39", & par Îa fin, également 5/30" (c). 

La hauteur du Pôle du château de Saron, a été déterminée 
en 1766 & 1767, par des hauteurs méridiennes du Soleil, 
& par des hauteurs d'Étoiles circonpolaires-dans leurs média- 
tions inférieures & fupérieures, prifes avec deux quarts-de- 
cercle de 18 pouces & d'un pied de foyer, faits à Londres 
par Bird. 


Réfultat des Obfervations pour la hauteur du Pôle de Saron. 


1766. Septembre 29, par le Sajeil. ....... 491 33 1567 
Septembre 30, idem... .... rverace 48. 33; 47e 
OCtohre tandem ere ire ec ielele 48. 33. Sie 
Olobreh la} ,radem Ne. 48. 33. So. 
Octobre! : 4,1idémes . d'elstelelate ejele 48. 33. 48. 
Octobre 4, par y du Capricorne... 48. 33. 16 
Octobre 4, par € de Pégafe. ..... 48,93. 45e 
Octobre 23, par le Soleil......,. + 48. 33. 48. 

Octobre tement. 1.1Miteee 48.34.0020 
Otobre 27 idem Ne: 1e co...) 48 3414 
Novembre 10, idem... ... DENT EME 48. 34 10. 
1767. Novembre 28, par l'Étoile polaire. ... 48. 33. 42. 
Décembre rdc RE CEE 48. 33: 23. 
Par ontrulietr > tra. 6... 48. 33 45: 


M. de Saron avoit réuni à fa Terre , l'automne dernier 
1778, plufieurs inftrumens, favoir, fa lunette achromatique 


(c) Mémoires de l’Académie , année 1771, page 235, 


p'Es: S CIE N CES 195$ 
de 3 pieds +; un petit télefcope Grégorien d’un pied de foyer, 
monté fur une machine parallaétique, garnie d’un micromètre 
filaire; un quart-de-cercle d’un pied de rayon, & plufieurs 
Pendules à fecondes. 

Le ciel fut prefque continuellement couvert, avec pluie 
& grand vent pendant l'automne : ces mauvais temps rendi- 
rent les obfervations peu nombreufes. 

Le 29 Septembre, j'arrivai au château de Saron; le foir, 
le ciel étoit beau & ferein: je dirigeai à la Lune, la lunette 
achromatique, & je vis dans le voifinage de cette Planète, 
deux Étoiles de cinquième & de fixième grandeur, toutes 
deux appartenantes à la conflellation du Sagittaire, défignées 
dans les Catalogues, fous la lettre 4 1 & 2, & je reconnus 
que l'une des deux 4°, fixième grandeur, feroit éclipfée par 
le bord obfcur de la Lune: elle n’étoit pas annoncée. 

M. de Saron fit l'obfervation avec fon télefcope d’un pied, 
& il oblerva 


L'immerfion au bord obfeur à.:.,........... 9" 26 17"£ 
Je l’obfervaï avec la lunette achromatique 4..... 9. 26. 165. 


L'Étoile 4° pafla au-deflous du bord de la Lune. 

Le même foir, comme Îa Penduie n'étoit pas encore 
réglée, M. de Saron, pour avoir fheure, prit des hauteurs 
de deux Étoiles, l’une au Levant, l’autre au Couchant: ces 
deux Étoiles étoient & du Bélier & & d'Ophiucus ; les hau- 
teurs obfervées ayant été calculées, ïl en conclud l'heure de 
la Pendule; & les réfultats entre l'heure déduite des hauteurs 
obfervées de « du Bélier & l'heure déduite des hauteurs 
obfervées de « d'Ophiucus , ne diflérant que d'environ 
3 fecondes: par un milieu, il a conclu l'heure auffi exacte- 
ment qu'on l'obtiendroit par des hauteurs correfpondantes à 
la manière ordinaire, & lerreur qui auroit pu fe trouver 
dans les hauteurs abfolues, fe trouve détruite, ou du moins 
corrigée. 

M. Méchain, attaché au Bureau des Plans de Ja Marine, 


obferva à Paris, le 29 Septembre 1778, la même Étoile 4’ du 
Bb ij 


196 MÉMoiRés DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Sagittaire au bord obfcur dela Lune, à 9" 17! 50" de temps 
vrai; l'Oblervation fut faite à 6 fecondes } de temps à l'Orient 
de OEM royal. De lObler on de M. de Saron 
& de la frenne, il a déduit la différence des Méridiens entre le 
château de Saron & l'Obfervatoire royal de Paris, de 5’ 38"+ 
de temps, Saron à l'Orient ; ee qui s'accorde avec ce qu'a 
donné l'Obfervation de l'éclipfe de Soleil du 4 Juin 1760. 

Le 19 O&obre matin, j'obfervai, par un beau temps, 
limmerfion du premier fatellite de Jupiter ; jemployai pour 
cette Obfervation , la lunette achromatique qui groflifoit 
foixante-huit-fois ; je ceflai de voir le Satellite entrant dans 
ombre, à $"48' 1 5" de temps vrai: obfervation excellente. 

Le 27 Novembre matin, par un beau temps, mais le ciel 
n'étoit pas pur, Jupiter paroïfloit mal terminé, & les bandes 
fe voyoient avec peine ; j'obfervai pr Dbf oi du premier 
Satellite avec la lunette Riu je ceflai de le voir 
entrant dans l'ombre à 4h9" $2", temps vrai: Obfervation 
un peu douteufe. 

On avoit annoncé une Éclipfe de Lune pour le 4 Décembre 
matin ; nous avions préparé nos inftrumens pour faire cette 
obfervation ; le mauvais temps de la veille & des jours pré- 
cédens ne donnoientprefque aucune efpérance de pouvoir la 
faire ; le Ciel fut conftamment couvert juiqu'à 6 heures du 
matin qu'il commença à s'éclaircir, & peu de minutes après 
il devint prefque entièrement ferein : l'écliple étoit dans fon 
milieu alors; fombre étoit terminée, & elle fe diftinguoit 
très-bien de la pénombre. J’oblervois la fortie des taches 
de l'ombre avec la lunette achromatique qui groffiffoit foixante- 
huit fois, tandis que M. de Saron obfervoit la diftance 
des cornes de l'ombre, avec fon télefcope d'un pied, au 
moyen du micromètre filaire qui y étoit adapté. Voici nos 
Obfervations : 


DIEMSN IS) CE N C EE: 197 


Obfervations des TACHES, 


FRET RSC EE LEUR LS 
TEMPS PO 
es 
VRAI. TacReEs, 
6» 12° 20°” 3 Ariflarchus quitte l'ombre. 


ES EME II Copernicus quitte l’ombre. 

6. 17. 20 G Mare fecunditatis prefque à moitié fortie, 
6-21%9. 20 £ Mare tranqguillitatis à moitié fortie, 
6. 26. 52 24 | Manilius fort. 

6. 28. 52 32 Promontorium acutum quitte l'ombre. 
6. 32. 22 8 Heraclides au bord de l'ombre. 
LRO 7é Harpalus au bord de l'ombre. 
ETAT 25 Menelaüs au bord de l’ombre. 

6. 38. 8 12 Helicon au bord de l'ombre, 
6-238.853 C Mare imbrium à moitié fortie. 

6. 40. 53 F | Mare ferenitatis commence à fortir. 
6. 40. 53 18 Archimedes au bord de l'ombre, 


Plato à moitié forti. > 


AO G Mare fecunditatis quitte l'ombre. 


+ 

à 

\O 
1 
N 


. 48. 24 F | Mare ferenitatis à moîtié fortie. 
50. 24 34 | Promontorium fomnii quitte l'ombre, 

Mare crifium commence à fortir. 

54. 2 Æ Mare ferenitatis quitte l'ombre, 


55°.25 27 | Poffidonius quitte l'ombre. 
Mare crifium à moitié fortie. 
HR ED 36 | Cleomedes quitte l'ombre. 
ON 0) H | Mare crifium quitte l'ombre. 
DD 33 | Meffahala quitte l'ombre. 


nnannnn a 
LA 
À 
D 
EN 


NA 

Y 

NA 
À 


Quelques fecondes après cette dernière Obfervation , un 
nuage épais qui bordoit l'horizon au-deffous de la Lune, 
s'éleva & la couvrit entièrement, peut-être une minute ou 
deux au plus, avant la fin; & l'obiervation de la fin ne püt 
avoir lieu, 


198 MéÉmoïrEs DE L'ACADÉMIE RoyaALe 


Diflances des Cornes de l'Ombre, 


EC RE SPEED Re CRT ER EEE À 
PARTIES |[DISTANCE 

TEMPS pe des 

VRAIe Microm.| CORNES. 


24 24" 2400 30° 374 
26. 14 un peu moins. 
27. 34 | 2374 | 30. 17 
29. 44 un peu moins. 


40 |idem. 


% 
oO 
‘ 


. 30 |idem. 
2NAON 2230601286 
44 40 | 2194 | 27 59 
"46. 30 | 2021 25. 47 
52. 30 | 1790 22. 23 
$4 304] x704 [21.17 
1. 50 | 1055 19H27 
6. 14 726 9. 16 
EE CRE PE LES DE PRE PURE RENTE EELSEREC EE FPE Es 

Les premières diftances des cornes , ainfi que les premières 
Obfervations des taches, font un peu douteufes : ombre vers 
fon milieu paroïfloit comme ftationnaire. 

La marche de [a Pendule à fecondes, pendant le cours 
des Obfervations, avoit été connue par des hauteurs corref- 
ondantes du Soleil & par des hauteurs d’Étoiles, favoir, 
fe 29 Septembre, s, 10 & 27 OGobre, 2 Novembre, 
2, 3 & 4 Décembre. 


NYnanannnaaanaea 
Lo 
D 


DES SCIENCES 199 


MON AL, OI RCE 


SUR LE MOUVEMENT D'UN PENDULE 
DONT LA LONGUEUR EST VARIABLE. 


Par M. l'Abbé BossuT. 
Fr 
‘T mouvement des Pendules fimples où compolés, qui 


ofcillent autour d’un axe, en demeurant conftamment à la 
même diftance de cet axe, eft connu depuis long temps des 
Géomètres; mais perfonne, du moins que je fache, n’a encore 
examiné le mouvement d’un poids fufpendu par un fil, qui fe 
raccourcit ou s'alonge fuivant une certaine loi, tandis que le 
corps ofcille à droite & à gauche de la verticale. On trouve à 
la vérité dans le Recueil de l'Académie pour l'année 1707, 
un Écrit de M. Carré fur le mouvement d’un Pendule qui 
fe raccourcit uniformément; mais l’auteur fuppofe que le 
raccourciflement fe fait par intervalles, & lorfque le fil eft 
arrivé à la verticale, de manière que le poids décrit toujours 
des arcs-de-cercle : ici je fuppofe que le fil fe raccourcit ou 
s’alonge continuellement pendant que le poids ofcille, ce 
qui change totalement la nature de la queftion. Ce nouveau 
Problème n'a paru curieux en lui-même; & je crois qu'il 
peut avoir quelque application dans la mécanique - pratique : 
par exemple, qu'un feau d'eau attaché à une longue corde qui 
le tire, ait été détourné par une caufe quelconque de Ia 
verticale, & qu'en conféquence il ofcille en montant, on 
peut avoir intérêt de connoïître ft ces ofcillations ne ralen- 
tiront pas d’une manière fenfible le mouvement afcenfionnel 
du feau ; on peut demander auffi les variations que le mou- 
vement ofcillatoire produira dans les tenfions de la corde, 
&c. Ces confidérations me font efpérer que l'Académie 
voudra bien accorder quelques momens d'attention à l'examen 


Lû le 
$ Septembre 
1778, 


Fig. 1 & 2. 


200 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


théorique de ces différentes queftions, que j'ai l'honneur de 
mettre fous fes yeux. 
HQE 

Soit donc un feau S attaché à une corde confidérée comme 
non-pefante, qui va paler fur la poulie fixe €, & qui ef 
tirée continuellement par un agent quelconque; cet agent 
eft, par exemple, une main appliquée à la manivelle d’un 
cylindre K, autour duquel la corde s'enveloppe, ou bien un 
poids ÆV qui defcend verticalement. Que ce feau, au lieu 
de monter directement fuivant la verticale AC, ait été 
détourné, au premier inftant, de cette ligne, par telle caufe 
qu'on voudra, & qu'il décrive la courbe SA B ; on demande 
la nature dé cette courbe, & tout ce qui eft relatif au mou- 
vement du feau, en fuppofant que le fil conferve toujours 
la direétion rectiligne ? 

| LIT 

Je fuppofe que Îe feau partant du point donné S & 
parvenu au point indéterminé 44 au bout d’un certain temps, 
décrive l'élément fm pendant le premier élément de ce temps, 
Ayant prolongé Am, je prends fur ce prolongement la 
petite partie #4, pour exprimer l'efpace que le corps 44 
décriroit pendant le fecond élément du temps, ft étant arrivé 
en ”, il confervoit fimplement par fon inertie fa vitefle 
fuivant Am; de plus, je repréfente par la petite verticale ur, 
l'efpace que la gravité fait parcourir au corps A7 pendant 
qu'il décriroit m4. On voit, en conflruifant le parallélo- 
gramme mrqh, que la diagonale mg exprimera l'efpace 
que le corps 7 parcourroit librement, en vertu des deux 
vitefles #14, mr combinées enfemble: mais réellement Îe 
corps fera ramené de 4 en #' par la puiffance qui tire le fil 
& décrira la diagonale #7 m' du fecond parallélogramme 
m qm't, laquelle eft ainfi l'élément de la courbe confécutif à 
ÂMm; d'où l'on voit que fi l'on nomme 47 la maffe du feau, 
T'latenfion accélératrice du fil, d l'élément variable du temps, 


4 M x qm' 
A aura ù EE ———— 
on aura d'aboyd T — Re ant * 


IV. 


DIERSNS CNE N-C-E 40; 207. 
: JL € 


Du point S, foit menée Ia perpendiculaire SA à CA; 
& foient AP, PM les coordonnées perpendiculaires pour le 
point 7 de la courbe S AB; qu'on décrive du point €, 
avec les rayons CM, Cm, les arcs QMZ, gm, dont le 
premier rencontre en Z la droite Cm prolongée; du point 
m, avec les rayons #4, mm, foient décrits les petits arcs 
qu, m'Z dans les angles gmk, m'mA; & des points M, m, 
foient menées les perpendiculaires MR, mR, Yune à 


l'ordonnée AZ P, l'autre à l'axe CL. 


la diflance initiale du feau S'au point C... 


= 12: 

H'droite; donnéec A TT UN SL = 6, 

ARRETE CC EN MMS TOC HART UT 

PR SE RE nie dde re à zen up. 

Suppofons / 5Q..... ET CPE NT ATEN: 
CM pins eine sous se ie ig it 

l'angle PCM pour rayon rer = A 

ALORS ET EEE cs omsiale sels sole HITS: 
RÉUSSI ERA r  Sere Le 2 De 


Chacune des deux petites lignes égales #r, À qg, aura pour 
expreflion g {di + dd1}°: de plus, on aura la proportion 


dt: dt + ddt :: Mm CARE Le Et 


Les deux triangles rectangles femblables A1Rym, kag, 


. MR »x kg mR x Ag 
donnent 44 — Mn 00 Ep donc, jen 


fubftituant pour les lignes Mm, MR, mR, kg, leurs 


. dx(dt + ddr} 
valeurs analytiques, on aura #u — ERA 


ds 2 
dy (dt + ddr)? À 
qu — LE. Aïinfi ma — mh — ku — 


ds (dt + ddi dx (dt + ddr} 
2 at RER ses &-u) =ml Eng 
F ; 


dr 
Mém. 1778. Cc 


202 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

ds(d +ddt) gdx(dt+ dat) 
LS dy 134 rex, — — —— _— —————_—__—_—_—_———— 
= mm — mu = (ds + dds) | Fe 


dsddt dx {dt + ddt}* 
= + < 


—= dds — a sr ê 
VE 
Les trois triangles rectangles femblables 745, m'li, MZ, 
PAUL. _ig. AE Mm et dsdds 
donnent qgm' — ul x Ale ul >x UE ñ 
ds ddt gdx(dt+ ddt} , uq 
Lait TRE RU SH &ug + Im =ulx— 
MZ : / MZ 
—Qux RS NO bien /m! — al x an NE 
147 dsddt gdx(di+ ddt)* gdÿ(dt+ ddt}* 
Fi dy Los as Lombise $ 
VE 


Cela pofé, en fubflituant pour g "1! fa valeur dans l’équation 


ps M x gm 
TA 


troifième ordre, on aura 


& négligeant les infiniment petits du 


; PAT dsdds ds ddt gdx ; 
AIT=M nas EE a d 


quantité qu’on pourra changer én une autre qui ne contienne 
qu'une feule variable, lorfqu'on aura l’expreflion du temps, 
& l'équation de la courbe S AB. 

De plus, en égalant la valeur trouvée ci-deflus pour /w', 
dyddx — dx ddy 


s 


à fa valeur générale, qui ef, comme on fait, ; 


on aura l'équation 


rdz dsddt gdxdr gdyd® ___ dyddx — dxddy 
dg (dds — dt ds / dr ds ie 


laquelle devient (en obfervant que d9 — — dr; 
X—b0— rc. 7; y = rfn. 7; df = dr + rrdÿ) 


D{Ews IS C:HE-N C ES. 7 208 
rdrdtddz + 2 dr dtdz + r dtdf ddy + 2 drd dt 
+ gfin. Zdr di + gfin.7.r df d8 — rdr dzddt 
— rdpÿddt — 0; 
ou bien (en divifant tout pa d# + rrd7 ), 
(B) rdtddy + 2drdzdt — rdçddt + gd fin.z — 0. 


Subftituant dans cette dernière équation pour dt & ddr, leurs 
valeurs données par la nature du mouvement de Ja puiffance 
qui tire fa corde, on aura l'équation de la courbe S AB, 
exprimée en r, 7, dr, dy, ddr & ddz, 


MAT. 


Suppofons, par exemple, que le fil foit tiré par un cylindre 
PP RAP End : ER 
K, autour duquel il s'enveloppe , & qui tourne uniformément 
d d 

fur fon axe; alors on a dr — — = — —., n étant la 
uantité dont le fil fe raccourcit ou s’enveloppe fur le cylindre 
D ntt l'unité de temps. Faïfons dt conftant, ou dd — 0, 
& par conféquent aufli ddr — o, l'équation /B) deviendra 


(C) rddz + 2drdz + _ ins 10 


8 
(D) rddp (1 — pp) + 2drdp (1 — pp) + rpdp' 
— mdr (1 — pp} = 0. 


NOR TE 


L'équation /D) n’eft généralement intégrable par aucune 
méthode connue; mais fi on fuppofe que les ofcillations du 


ou bien, en fuppofant 


MENT IL S 


corps #1 foient fort petites, alors, en prenant fin. Z —= 7, 
l'équation /C) deviendra rdd7 + 2 drdz + mzdr — 0; 
d'où il fuit que fi lon fuppofe z — c/?*’, on aura l’équa- 


tion differentielle du premier ordre, 
Ccij 


Fis. 


204 MÉMoIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
(E) rdp + pprdr + 2pdr + mdr = o. 


Maintenant je fais p — u — — , & j'obtiens la transformée 


(E) du + uudr + mr" dr = 0, 


qui fe rapporte à l’un des cas de l'équation de Riccati ; mais 
ce cas eft un de ceux où l'équation n’eft pas intégrable 
par les méthodes connues jufqu'ici. Ainfi, pour achever la 
folution de notre Problème, on fera réduit à conftruire l'équa- 
tion précédente par points, ou à l'intégrer par approximation , 


au moyen des féries. Voyez le Calcul intégral de M. Euler, t. L, 
I X. 


Le cylindre Æ tournant uniformément fur fon axe, on 
voit, par l'équation / A) de l'article VI, c'eft-à-dire ici, 


T= — M rs —- => ), que la tenfion du fil 


eft variable d'un inftant à l'autre, & que par conféquent 
l'agent qui fait tourner le cylindre eft aufi variable. 


X. 


Suppofons maintenant que les ofcillations du feau 44 
étant toujours fort petites, la ‘puiffance qui fait tourner le 
cylindre foit conftante, en forte que le mouvement de rota- 
tion du cylindre ne foit plus uniforme; alors en nommant f 
la tenfion conftante du fil, & faïfant 47 conftant, on aura 

dsdds gdx 


f=—- M Érer DS na /; ce qui donne fenfiblement 
CL > . Donc (en faifant, pour abréger, 
PET = k), ddr — — kdë & dr — Adt — kidt, 


Ja conftante À doit être telle, qu'à l'origine S lorfque + — o, 


A dr : ps A 
la viteffe Frs foit donnée. Nommons # cette vitefle; on 


DI'EUSMAS CAE NT C ENS) 205 
aura À == n; donc dr —= ndt — krdt & r — B 


Arr CA 
+ nt —. La conftante B doit être telle, que : — 0 
4 24 + 2n1r — ktrt 
donne r — a; donc en général r — 3 
2 
nÆv[r +24 (a—yr)] — kdr 
& 1 — k L dt = VI + 24 (a—7)] “ 


on a donc r en , & réciproquement 7 en r. 

Cela pofé, en faifant 47 conftant, & fuppofant 7 — cfrdr, 
l'équation /B) devient rdp + pprdr + 2pdr + gdt— 0; 
£À dr 


r VE +24 (a—r)] A 


ou bien dp + ppdr + 2pr "dr — 


« 0 LA 
Soit p — u — , ÿ ON aura la transformée du + uu dr 


dos Dune LU el pin tre rte en à 
= Fe O0 cor 
rl + 2#{a—r)] PAL PP e à 


un cas non intégrable de l'équation de Riccati : on aura donc 
recours aux méthodes d'approximation de M. Euler, 


NE 


Si le fau 4, toujours ofcillant, au lieu de monter en 
vertu du mouvement de rotation du cylindre #, étoit tiré 
ar un poids /V attaché à une corde qui va pafler {ur la 
poulie D de renvoi, & defcendant verticalement en ligne 
droite, le Problème fe réfoudroit par les mêmes principes. 
En efet, que le {eau 4 partant de S, le poids N parte de D, 
en forte qu’on ait toujours D N — SQ ; foit faite pour le 
corps #1, la même conftruétion que dans les articles 111 
& IV; & fuppofons ici pour le corps N, que Nr eft 
l'élément correfpondant à Â{m; nk le petit efpace corref- 
pondant à A ; kf Yelpace parcouru en un inflant, en 
vertu de la gravité; n° l'élément confécutif à /Vn. 


GS. PE Rs 2 NS. = 

s moe ETES CRE DER CRE OR VOL PROS — 7 
Faïfons “ee 

RENE ESS lue (fiairens le te à jele Le 


comme ci-deflus PM 


Fig. Zo 


206 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OU ONE RL PART: =a—q=nrn 

PRE L'angle PC/M-pour le rayon....... NE 
3 TIME AE AL SA PER ERE y —LQ$. 

comme ci-deflus La gravité ..4 « à soie en ste sie noie Re 
L'élément variable du temps #........ — dt. 


Il eft clair qu'en nommant 7 la tenfion abfolue du fil 


; . M x qm'! 
MOD N, on aura, comme dans l'art, IL, T — id 
Nxnf 
Semblablement on aura pour le corps N, T — TER 5 
dsdds 
(EYEE A CE | Re 
donc M x gm = Nxnf: or (V) qm'— rs 


ds* ddr gdx(dt+ ddr)" 
SE 2 gt d 


= uk HAf— nn —= = + g(dt + ddt} 
— (d3 + ddq) = + g(dt + ddr} — ddg. 


Subftituant ces valeurs gm' & de »'f dans l'équation 
M x qm = Nx nf, on aura 


; & on voit quen'f = nf — nn 
dy(dt + ddr) 


ee 


dsdds ds'ddt. + ni 
Mr dg Fr PPT bi LI = Nés + gd CN ddg), 
ou bien, 


dédsdds — ds‘dtddt dé dgddg — dj dtddt 
M) EN) = Ndg — g Max, 
dont l'intégrale eft 
Mas + Ndg 
gen me eN Qi is Mie Gé 
équation que donneroit immédiatement le principe de /a 
confervation des forces vives. 
Je fuppofe qu'aux points S & D, les vitefles des deux 
corps foient nulles; ainfi € — o, & l'équation précédente 
devient 


Mas + Ndj = 2gdf(Ng — Mx)}, 


EMENSNISSCONE NC: Es 207 
ou (parce que d = dr + rrdÿ, x = b — 7 cof.7, 
3=rfnz,qg—=a—tr), 

(G) (M+N)dé + Mrrdé = 2gdf [N{a—7r) 
— M (b — 7 co. 7)]. 

Au moyen de cette équation, on pourra éliminer dr & 
ddt de l'équation /B) de l'article VI, qui a également lieu 
ici, & l'on aura la nature de la courbe S AB, exprimée en 
7, {r dr, dy, ddr, ddz. 


AE 
Comme on ne peut pas efpérer d'intégrer en général 
l'équation que je viens d'indiquer pour la courbe S AB, 
revenons au cas où les ofcillations du corps 47 font très- 
petites ; alors on aura fenfiblement fin. Z — %, ds — dr. 
De plus, dans le dénominateur de l'équation. .... 


(M+ N)dr + Mrrdÿ 


AI —— 
à 2g[N(a— r) — M(b —rc.z)] ? 
on pourra faire «a — &, r cof. z = 7, donc cette équation 
Lire l M+N dr , 
deviendra df — EN MU 0 lu bien 
M + N dr pre 
dt — — LA ee 0 AINPTPLEETU dont l'intégrale 


ft rs — 2 = / x V{a — fr), en fuppofant 
1 — 0 lorfque 7 — 4; ainfi on a l'expreflion du temps. 

Faifons dt conftant, & fuppofons z —= c/7“"; l'équation 
prier rdp + pprdr + 2pdr + gdt — 0; 
ou bien 


1: Ù (N+M dy 
dp + ppdr +2pr dr = BV TD * pe = 05 


ou bien (en fuppofant p — # — — ), 


N+M dr 
Rd M7 LE rare © 


LT 3j dé 
CA 


08 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


qui fe rapporte, comme les précédentes, à l'équation de 
Riccati. 


MAT TL 


Les queftions que nous avons examinées jufqu’ici devien- 
droient beaucoup plus fimples, s'il étoit permis de négliger 
la pefanteur du corps /7, ou fi cette pefanteur étoit foutenue 
d’une manière quelconque. Par exemple, fuppofons que le 
corps 4 fe meuve fur un plan horizontal; que ce corps ait 
reçu une impulfion quelconque, oblique à la direction du 
fil, & que le fil s’enveloppe, comme dans l'article V1, 
autour d’un cylindre X qui tourne uniformément ; alors, dans 


œ 
o 


l'équation (C), il faudra faire 5) OU, = 0), & on aura 


fimplement rddy + 2drd7 — o, ou bien rrddz 
—+ 2rdrdz=—= 0, dont l'intégrale eft rrd7 — Adt — Lau ; 
' dr mA + 1 d% 
donc D A 
équation de la courbe droite par le corps 44 

Les deux conftantes À & 8 doivent être telles, r.° qu’à 
l'origine S, la vitefle du corps 47 foit donnée; 2.° qu'en 
faifant r — a, Fangle 7, pris négativemenr, foit l'angle 


donné A CS, 


, dont l'intégrale eft _ ri = ’ 


X [I V. 


Suppolons, pour fecond exemple, que le corps A7 étant 
toujours pofé fur un plan horizontal & ayant reçu une 
impulfion quelconque , le fil foit tiré par le corps !V qui def 
cend verticalement en ligne droite par fa pefanteur; alors, 
en faifant /7 conftant dans l'équation /B) de l'article V1, & 
effaçant le terme qui contient g, on aura rdd7 + 2 drdz — 0; 
d'où l'on tire rrd7 — Adt, ou df — Er. ? 

D'un autre côté, l'équation /G) de article X1 donne 
A — (M+ N) dr + Mrdg 
DZ agN(a—7r) 


, en négligeant ici le terme 


28 M 


92081. VIT, 


8. Fa 
É 


AT 


Je 


Mem. de l'4c.R.ues 


F: Se, 


Fk € 


Lt n 
RATER DE TI AE EN 
À Mt Em 'e 


ls. 


DES SctrENCESs, 209 
2gM(b — r cof. 7); ainfi on aura 


HE __ (M+N)dr + Mrrdg . 
PAST 2&N(a —7r) £ 


d'où l'on tire 


; AV(M+ N): dr 
dt = D Ne TS , 
équation féparée qui exprime la nature de la courbe décrite 
par le corps 47. 

Subftituant pour dy fa valeur dans l'équation Adt — rrdz, 


on aura dt — PRO ENANT Pr pote 
pe Na) = Ma” équation qui do 


Je temps en 7. 


Mém. 1778. D d 


Lû 
le 6 Mai 
1778. 


210 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OPERATION SE 
SUR LA MINE ROUGE DE CUIVRE 
Pr MS S AGE. 


ES Expériences dont je vais rendre compte , feront 
connoitre que la mine rouge de Cuivre, n'eft qu'une 
altération du cuivre natif, ou ce métal privé d’une portion 
de fon phlogiftique, & tendant à fe décompoler par l'efflo- 
refcencé, ce qui eft conforme à ce que Cronfledt a dit dans 
fa Minéralogie, où il définit la mine rouge de cuivre: Minera 
cupri calaformis pura friabilis vel indurata, colore rubro. 

La plus belle efpèce de ces mines rouges de cuivre , fe 
trouve dans la mine de Prédannah, dans la province de 
Cornouailles. M: Lehmann dit que fa couleur, fon tiflu & 
fes criftaux font qu'elle refflemble parfaitement à la mine 
d'argent rouge *: c'eft ce qu'on peut vérifier en examinant 
les morceaux que je préfente à l'Académie ; la mine rouge 
fe trouve dans trois états. 

1. En criftaux oétahèdres tranfparens, d’un rouge de 
rubis : cette efpèce a été nommée par Henckel, mine de cuivre 
vitreufe rouge. dit qu'elle eft fi riche en cuivre que ce 
métal y eft prefque tout pur; /stroduclion à la Miuéralogie, 
tome Î1, page 216. 

2.° En mamelons d’un rougé mat. 


3° En fibres ou petits filets opaques, dont Ia couleur 
approche de celle du cinabre: cette dernière efpèce eft connue 
fous le nom de ffeurs de cuivre rouge. 

La mine rouge de cuivre criftallifée & tranfparente, fe 
trouve prefque toujours avec le cuivre natif, dont elle n’eft 
qu'une altération: c'eft une vraie chaux de cuivre qui devient 
Mae ONE LE SEE LEUR REA ON ES ie SN 


# Ast des Mines métalliques ; °° volune , page 121, 


DES ScrEenNcEs 21% 
noirâtre après avoir été expolée au feu, & pafle auffi-tôt à 
l'état de verre brun & chatoyant, lorfqu'on lui fait éprouver 
un degré de feu propre à faire rougir le creufet. 


Lorfque le cuivre pañle de l'état métallique à celui de 
rouille verte, qu'on nomme patine, on trouve que fous cette 
elpèce de malachite folide, le cuivre eft friable, & qu'il a 
pris une couleur d’un rouge mat; cette chaux rouge de cuivre 
criftallife fouvent lorfqu’elle n’eft point couverte de patine : 
c'eft ce que je viens d’avoir occafion d'obferver dans des 
fragmens de cuivre doré qui avoient fait partie de la jambe 
de cheval qui fut trouvée en 1766 dans la Saône, auprès de 
S.* Claire. En rompant ces morceaux de cuivre on trouve 
de petites cavités tapiflées de criftaux rouges octahèdres, 
tranfparens : {a furface de ce cuivre, qui n’étoit point doré, 
étoit enduite de patine très-fine. 


Un fragment de jambe de cheval en cuivre doré que M. 
Rigot de Terrebaffe a trouvé dans la ville de Lyon, au mois 
de Novembre 1777, préfente dans fa fraéture des cavités 
avec des criftaux rouges tranfparens, & quelquefois des 
criftaux blancs tranfparens qui m'ont paru féléniteux : M. de 
la Tourette, qui a rendu compte à M. Bertin de la découverte 
de cette jambe, dit qu'elle n’a aucun rapport avec celle qui 
a été trouvée dans la Saône, que leurs proportions font 
entièrement différentes. 


L'analyfe comparée de la mine rouge de cuivre & des 
criflaux rouges de cuivre que j'ai trouvés dans les fragmens 
de la jambe de cheval, m'ont fait connoître qu'il n'y avoit 
point de différence entre ces deux productions. 


Ces criftaux rouges de cuivre étant expolés au feu dans 
un creufet, décrépitent, noirciflent & deviennent opaques; par 
un feu plus violent, ils fe changent en un émail brun chatoyant. 

J'ai fondu de ces criftaux rouges avec deux parties de 
poudre de charbon, & j'ai reconnu qu'ils produifoient par 
guintal foïxante - dix livres de cuivre, 


L'expérience fuivante démontre que ces criftaux rouges 


Dd j 


512 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


né contiennent que du cuivre. J'ai pulvérifé de ces criftaux; 
je les ai mis dans de lalkali volatil, ils sy font diffous 
entièrement; l’alkali volatil a pris la plus belle couleur bleue. 

1 réfute de ce que je viens de rapporter , que la mine 
rouge de cuivre eft fembläble , non-feulement par fa forme, 
mais encore par fes parties intégrantes , aux criflaux rouges 
de cuivre trouvés dans les fragmens de la cuifle de cheval; 
& l'un & l'autre paroiflent produits par l'altération du cuivre 
le plus pur. 


D'E s« SctrncE.s . 213 


DRE RO U'E"S 


SUR LE MOUVEMENT DES CÔTES 
D AN S L A RES PIRATION. 


Px M BORDENAVE. 


| ru des organes qui fervent à [a Refpiration a mérité 
jufqu'à préfent l'attention des Anatomiftes. Depuis Galien 
jufqu'à nous, cette fonétion importante a été l'objet d’une 
infinité de recherches. On a tâché d'établir par l'infpeion 
anatomique , par l’obfervation & les expériences, l'ufage des 
parties qui y font deftinées; mais, malgré ces travaux, nous 
croyons pouvoir avancer qu'il y a encore beaucoup de chofes 
incertaines & beaucoup d'éclaircifiemens à defirer. 

On fait que la refpiration eft compolée de déux mouvemens : 
Fun d'infpiration, dans lequel les dimenfions de 1a poitrine 
font augmentées ; l’autre d'expiration, dans lequel elles font 
diminuées. Le premier de ces mouvemens a été attribué à 
Télévation des côtes & à leur rapprochement en même temps, 
& le fecond a été regardé comme l’eflet de leur abaiflement & 
de leur écartement : mais toutes les côtes s'élèvent - elles & fe 
rapprochent-elles également dans fi n{piration? S’abaïflent-elles 
& s'écartent-elles de même dans l'expiration? C’eft ce que jé 
me propole de difeuter particulièrement dans ce Mémoire. 

La relpiration douce & naturelle pouvänt fe faire d’uné 
manière prefque infenfible de la part des côtes, nous confi- 
dèrerons fpécialement l’action des côtes dans la refpiration 
forte ou forcée. ; 

Gaiien, en traitant de l'ufage des parties /a), après ävoir 

(a) De ufa partium, lib. VIL, | férri, alias verd decrsüm : ê7 rursis in 
cap. XX. ÆMonffrata fan in illis funt expirationtbus quæ pris deorsiüm fère- 
mülta 7 admiranda naturæ in Thoracis bantur, contra fursum rendere ; quæ 


acione artificia ; nant êT in infpiratio- | verd ante fursüm fèrebantur, tune in 
mibus partiun ejus alias quidem Jursün | fuam Priftinam fédein reversis 


Préfenté 
le 20 Déc. 
1777 , 
achevé delire 
le 21 Mars 


177 8% 


» 


» 


214 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


expofé le mécanifme admirable de 1a Nature dans l'action 
de la poitrine, a avancé « que pendant l'infpiration, quelques- 
unes de fes parties font portées en haut & les autres en bas; 
& qu'au contraire dans l'expiration, celles qui ont été portées 
en haut s’abaiflent, & celles qui ont été abaïflées retournent 
au lieu où elles étoient auparavant. » ÿ 

On n'obferve pas cette diverfité d’aétion dans les côtes, 
à moins qu'on ne regarde comme une efpèce d'abaiffement, 
le défaut d'action des dernières fauffes côtes qui ne fuivent 
pas l'élévation des autres : toutes les côtes ont une action 
qui tend à la même fin, c’eft-à-dire, à l'augmentation ou à 
la diminution de la capacité de la poitrine; mais elles opèrent 
cette augmentation ou cette diminution en agiffant d'une 
façon différente relativement à leur difpofition. 

Si toute la poitrine paroït s'élever en même temps dans 
les infpirations fortes, fubites & étendues, ce mouvement 
dépend beaucoup plus de Ia partie moyenne antérieure des 
côtes, que de la poflérieure qui elt retenue par des ligamens 
courts & forts, & par une double articulation avec le corps 
des vertèbres & leurs apophyfes tranfverles : cette jonétion, 
naturellement difpofée en une direétion oblique , eft fi ferme 
que, felon les expériences de M. de Häiler, elle peut à 

eine permettre un mouvement égal à la fixième partie d’une 
ce (b) ; cependant elle n'empêche pas les côtes d’être élevées 
& déjetées en dehors en même temps. 

Il n'en eft pas de même de 1a partie antérieure des 
côtes; quoique terminée par un cartilage qui s'insère au 
fternum par une arthrodie fi ferrée, qu’on peut prefque douter 
qu'il en réfulte une articulation mobile, elle eft beaucoup 
plus fufceptible de mouvement ; ces cartilages qui font angle 
plus ou moins obtus avec la portion offeule des côtes, ainff 
qu'avec le flernum, éprouvent quelque changement dans leur 
difpofition pendant l'infpiration, par F'aétion fimultanée de {a 
poitrine, & en conféquence l'infertion folide des cartilages 
nee ce 

(b) Opufiul, anar, pag. 86 & 87. 


"DES ScirENCESs. 219 
n'empêche pas que le mouvement ne s'opère particulièrement 
à la partie moyenne antérieure des côtes. 

La première côte étant plus courte que les autres, & 
n'ayant qu'une portion cartilagineufe très-peu étendue, inférée 
au fternum immédiatement au-deflous de l’extrémité anté- 
rieure de la clavicule qui y eft contiguë, eft à peine fufcep- 
tible d’aucun mouvement fenfible, & elle peut être regardée 
comme fixe , relativément aux autres côtes dont le mouvement 
eft dirigé vers celle-ci. 

Le mouvement de ces côtes n’eft pas le même dans toutes: 
la feconde & la troifième s'élèvent peu & s’approchent moins 
vers la première proportionnellement ; Ia quatrième & les 
fuivantes s'élèvent davantage en dehors, &, proportion gardée, 
s’'approchent plus vers la première par leur partie moyenne, 
Dilpofées obliquement pendant l'expiration, elles quittent 
cette obliquité pour prendre une diretion qui approche 
plus alors de celle d’un cercle, & les angles remarquables 
à leur articulation avec les vertèbres & 1e fternum devien- 
nent feulement un peu plus grands. Ce mouvement paroît 
dépendre des arcs poftérieurs des côtes, dont l'inclinaïfon eft 
manifefte, mais qui dans f'infpiration font un peu tirées 
vers le haut & jetées en dehors. Les fauffes-côtes dont les 
cartilages ne s’insèrent pas immédiatement au fternum, ne 
s'élèvent pas autant que les vraies; les deux dernières flot- 
tantes fe déjettent fimplement en dehors, 

Cette diverfité dans le mouvement des côtes paroît dépendre 
de ce que les fupérieures ont fur le corps des vertèbres de 
petites facettes articulaires fur lefquelles elles font plus appuyées 
par la facette inférieure, par conféquent plus libre vers le haut 
par la facette fupérieure. Les côtes inférieures, par une difpo- 
fition différente, ayant leurs facettes fupérieures plus appuyées 
fur le corps des vertèbres, réfiftent davantage au mouvement 
vers le haut & s’abaiffent plus aïfément /c), De-là il fuit que 


(©) De & Winflow, Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1728, 
PAEe 4 


516 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoYyALE 
les vraies côtes s'élèvent ; que les fauffes , & fur-tout les infé- 
rieures, s'élèvent peu, & s’écartent feulement en dehors; on 
peut même dire, avec raifon, que les dernières ne s'élèvent 
point, & même ne peuvent s'élever, étant retenues par le 
mufcle quarré des lombes qui s'oppole à ce mouvement; ce 
ui cohfirme en quelque forte le fentiment de Galien fur 
le défaut d'élévation qu'éprouvent les côtes inférieures, pen- 
dant que les fupérieures s'élèvent. 

Le mouvement des côtes eft en général plus remarquable 
vers leur partie moyenne & un peu antérieure, cefb le 
lieu où elles s'élèvent davantage ; ce qui doit être ainfi, 
leur écartement étant plus confidérable en cet endroit. On 
auroit tort de les regarder comme des léviers, dont le centre 
du mouvement eft à leur articulation avec les vertèbres, & 
qui décrivent des arcs d'autant plus grands par leurs extré- 
mités, qu'elles en font plus éloignées ; leur diftance n'étant 
pas parallèle dans toute leur étendue, elles ne peuvent 
conferver un rapport égal entr'elles pendant leur élévation. 
D'ailleurs , elles ne font point libres vers leur extrémité 
antérieure; les cartilages qui les attachent au fternum permet- 
tent à peine en ce lieu aucun mouvement: elles ne peuvent 
donc être mues qu’en faifant éprouver au cartilage une légère 
torfion, qui permet au bord fupérieur de la côte de fe con- 
tourner un peu en dedans, pendant que le bord inférieur fe 
déjette en dehors ; en conféquence, elles diminuent l'angle 
qu'elles forment avec le cartilage. 

Ainfi, le mouvementyles côtes, peu confidérable dans 
extrémité vertébrale , encore moins fenfible du côté du 
fternum, fe trouve être plus remarquable dans le milieu de 
ces os, particulièrement dans la partie antérieure voifine des 
cartilages (4) : c'eft Ia partie moyenne antérieure des côtes 
qui parcourt le plus grand efpace; c'eft elle qui véritable- 
ment s'élève, pendant que lessextrémités poftérieures, perdant 
feulement de leur obliquité, deviennent plus parallèles entre 
po À 0 mé ee ous QT SR 

(4) Fabricius ab Aquapendente ,derefpirat, 7 éjus inftrumentis ; Gb. IL, SP 
elles 


DES SCcrENCcES 217 
elles , en fe portant en dehors en même temps, & étant 
ainfi un peu tirées vers le haut, elles font dans un état violent. 
L'infpiration forte eft donc un état qu'accompagne l'élévation 
fimultanée des côtes, & dans lequel elles font même un peu 
écartées les unes des autres poftérieurement; mais le mou- 
vement qui {e pafe particulièrement vers la partie antérieure 
voifine des cartilages, diminue avec l'âge; & alors, les carti- 
lages étant durcis & même offifiés, la refpiration devient plus 
lente & plus difficile. 

‘On pourroit conclure de-là, qu'en général dans l'infpi- 
ration, la poitrine augmente ainfi dans toutes fes dimenfions, 
c'eft-à-dire, & de capacité & de longueur. Nous convien- 
drons que la capacité de la poitrine augmente dans cet état, 
fes diamètres de devant en arrière, & d’un côté à l'autre, 
étant plus étendus; mais elle ne peut augmenter en longueur, 
la première côte étant à peu-près fixe, & Îes dernières faufles- 
côtes étant plutôt fufceptibles d’élévation que d’abaiflement. 

C’eft ce que l’infpection paroît démontrer fur les animaux 
vivans: fi la longueur de la poitrine augmente intérieurement, 
cela ne peut être que par l'aplanifiement du diaphragme 
pendant fa contraction ; & on ne peut pas admettre avec 
Borelli, que ce mulcle contraété entraine vers le bas la por- 
tion offeufe & cartilagineufe des côtes, ainfi que le fternum, 
auxquels il eft attaché, pour augmenter la longueur de 1a 
poitrine /e). Autrement, les côtes éprouveroïent deux actions 
contraires pendant l'infpiration, ou fi les côtes étoient abaïflées, 
le diaphragme agiroit comme expirateur. En élevant les 
côtes pour imiter l'infpiration, on peut fe convaincre, fur un 
cadavre, que la poitrine a plus de longueur pendant l'expi- 
ration , les côtes étant redefcendues & ayant repris leur 
obliquité naturelle. 

Fabrice d'Aquapendente a avancé que dans les oifeatx, 
les intervalles des côtes font augmentés par leur mouvement 
vers le haut, & que par leur mouvement en bas, leurs 


(e) De motu animalium, part. IL, prop. 90. 


Mém, 1774, Ee 


218 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïYALE 


intervalles fe refferrent: Clarè confpicies , a-t-il dit, ad motum 
coflarum fursüm intercoffalia fpatia dilatari, conträ verd coflis 
deorsim motis anguflari (f). Tous les Anatomiftes paroiïffent 
avoir admis ce même mouvement dans l’homme; mais la 
difpofition de toutes les côtes n'étant pas également folide, 
& leur direétion, ainfi que leur longueur, étant auffi difé- 
rentes, elles ne doivent pas fe mouvoir également, ni 
garder dans leurs mouvemens le même rapport entre elles. 
La première côte étant à peu-près fixe , le mouvement de 
toutes les autres doit fe rapporter vers celle-ci, en proportion 
de leur mobilité: la feconde côte, moins mobile que les 
fuivantes, terminée par un cartilage affez court, qui s'insère 
au fternum dans une direction droite, s'approche un peu 
de la première pendant linfpiration, & diminue l'efpace 
intercoftal qui les féparoit pendant l'expiration : la troifième 
côte, plus mobile que la feconde, en s’approchant un peu de 
celle-ci, s'élève plus en dehors : les chofes fe paflent de 
même de la quatrième côte vers la troifième, de la cinquième 
vers la quatrième, & ainfi des autres; en forte que depuis la 
quatrième jufqu’aux dernières, l'intervalle des côtes devient 
plus grand pendant linfpiration entre leur partie poftéHeure, 
quoiqu'il diminue réellement entre la partie antérieure à fa 
jonction au cartilage. Les fixième, feptième & huitième côtes 
étant à peu-près également longues, s'élèvent, s’écartent égale- 
ment, & confervent une direction prefque parallèle ; enfin les 
trois dernières fauffes-côtes étant un peu moins fufceptibles 
d'élévation, s'approchent moins vers le haut proportionnelle- 
ment, fur-tout la dernière qui eft retenue par le mufcle quarré 
des lombes; elles fe jettent feulement un peu en-dehors. 
Ainfi nous croyons pouvoir avancer que l'écartement des 
côtes n'a pas également lieu dans toutes; que les trois ou 
quatre premières fe rapprochent véritablement dans l'infpi- 
ration, & que l'écartement poftérieur n'eft remarquable que 
dans les fuivantes, Cette obfervation ne paroît pas avoir été 


(f) De Refpirar, àT jus infrumentis, Mb, Il, cap. 10. 


D'ESUS CPE N° CES 219 
faite, & nous ne connoïiffons que M. Haller qui ait femblé 
l'indiquer : /n univerfum fuperiora intervalla vidi diminui (£). 

Pour établir cette diverfité d'action des côtes, qui cepen- 
dant tend à la mème fin, nous avons cru devoir tenter 
quelques expériences fur les animaux vivans; mais le mou- 
vement continuel de la poitrine dans un animal qui foufire, 
peut fouvent en impoler, ne permet pas d'obtenir des réful- 
tats aflez certains, & l’obfervation de la Nature échappe 
pour ainfi-dire : il n’en eft pas de même après la mort, & 
dès-lors j'ai crw qu'en cet état je pourrois obtenir des notions 
plus pofitives. La vie étant terminée par une expiration, 
l'infpection de l’état des côtes fur des cadavres nous a paru 
plus propre à éclaircir notre objet, & à déterminer d'une 
manière fixe ce qui doit arriver dans l'infpiration, l’une étant 
un état contraire de l’autre : or en examinant des cadavres, 

- nous avons remarqué que les vraies côtes étoient écartées en- 
devant & qu'elles étoient rapprochées en arrière; que les 
efpaces entre la première & la feconde, la feconde & la 
troifième côtes, même entre la troifième & la quatrième, 
étoient en général beaucoup plus confidérables dans toute 
leur étendue; enfin que les mufcles intercoftaux placés dans 
les premiers efpaces, étoient comme diftendus, pendant que 
ceux qui occupent l'intervalle des autres côtes étoient fenfr- 
blement raccourcis : les deux dernières fauffes-côtes nous ont 
paru écartées, & les mufcles qui en occupent les efpaces’ 
comme tendus. 

Cette confidération qu'il faut faire fur des cadavres bien 
conformés, morts naturellement, particulièrement fur ceux 
des hommes, nous a paru propre à faire connoître le méca- 
nifme de l'infpiration, & à démontrer que dans cet état les 
premières côtes s’approchent dans prefque toute leur étendue; 
que les fuivantes fe rapprochent par leur portion antérieure 
particulièrement; qu’en s’élevant par leur partie moyenne, 
elles reftent plutôt un peu écartées entre elles poftérieurement, 


(8) Dans une note, PAyfe element, tom. II, p. 25. À 
Ee ïj 


220 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& que les dernières fauffes-côtes fe rapprochent; qu’en con- 
féquence on ne peut pas dire, comme on l'a avancé trop 
généralement, que toutes les côtes s'élèvent également, & 
{e rapprochent dans toute leur étendue pendant l'infpiration. 

La poitrine, confidérée dans l'état d'expiration fur deux 
cadavres féminins , a fait voir de même les côtes écartées 
en-devant, même dans la partie cartilagineufe des dernières 
vraies côtes, & plus rapprochées dans la partie poftérieure. 
L'écartement étoit plus grand & à peu-près égal dans toute 
l'étendue, entre la première & la deuxième, la feconde & 
la troifième côtes ; il étoit moindre poftérieurement entre la 
troifième & la quatrième côtes & les fuivantes. Les mufcles 
intercoftaux étoient tendus entre les côtes fupérieures ; entre 
les autres côtes , depuis la quatrième en defcendant , ces. 
mufcles étoient refferrés poftérieurement, & diftendus anté- 
rieurement. Les dernières fauffes-côtes rentroient en-dedans, 
ce qui eft évidemment l'effet des corps à baleine , ou des. 
corfets. 
. Malgré cette diverfité d'action dans les côtes, il n’en 
réfulte pas moins une uniformité dans le mouvement de la 
poitrine. Sans entrer dans le détail de Ja difpofition particu- 
lière de chaque côte, fur-tout des fupérieures, dont la première 
eft prefque horizontale, la feconde eft contournée oblique- 
ment, la troifième & les fuivantes font prefque pofées de 
champ, on conçoit, qu'afin que la furface de la poitrine 
relte lifle & égale en augmentant fa capacité, il faut que les 
côtes fupérieures s'élèvent & fe rapprochent, pendant que les 
autres, en fe déjetant en-dehors, s’écartent. Le rapproche- 
ment des premières eft une fuite néceflaire du défaut de 
mobilité de la première côte & de la contraétion des mufcles. 
qui occupent les deux efpaces fupérieurs , & qui, étant 
trouvés tendus fur le cadavre, ne peuvent fe contracter fans 
diminuer l'intervalle qu’ils occupent. ° 

De même, les côtes fuivantes vraies, étant plus écartées 
en-devant qu’en arrière, ont les mufcles intercoftaux tendus 
en-devant, pendant qu'ils font fenfblement relächés en arrière; 


D'ruse Sr GIE Nc Ets: 221 


mais ces mufcles ne peuvent agir & fe contracter en-devant 
fans rapprocher l’efpace antérieur des côtes, qui fera au 
contraire écarté poftérieurement par le changement qui arrive 
dans la continuité de la côte & dans la direction des fibres 
des mufcles intercoftaux, qui eft fort oblique en cet endroit. 
D'ailleurs , l'efpèce de torfion qu'éprouvent les cartilages 
dans l'infpiration, contribue encore à favorifer l’écartement 
des côtes poflérieurement , aidé en ‘ces endroits de l'action 
des mufcles intercoftaux. 

La difpofition des mufcles intercoftaux femble démontrer 
intuitivement ce que nous venons d'avancer. On voit que 
le plan interne , qui fe porte obliquement de devant en 
arrière, & qui remplit antérieurement l'intervalle des côtes, 
doit opérer prefque feul le rapprochement de la portion carti- 
lagineule. Le plan externe, en fe portant obliquement de 
derrière en-devant, préfente en quelques endroits des fibres 
fi obliques , qu'elles approchent prefque de la direction 
tran{verfale; & comme en fe contraétant, ces fibres diminuent 
de leur obliquité pour approcher d’une direction plus droite, 
dès-lors elles doivent favorifer l’écartement des côtes, vers 
la partie poflérieure. Enfin, l'intervalle des dernières fauffes- 
côtes étant rempli par un plan de fibres prefque droit, que 
forinent fouvent feuls les intercoftaux externes, elles doivent 
être un peu rapprochées. Ces obfervations, que nous faifons 
en pañlant feulement fur l'ufage des mufcles intercoftaux , 
confirment de plus en plus ce que de favans Anatomiftes 
ont avancé fur l’ufage de ces mulcles pour l'infpiration. 

Le mouvement des côtes eft plus remarquable à la partie 
antérieure & latérale de la poitrine, que dans le refte de 
leur étendue, & il fe paffe plus particulièrement vers l'angle. 
qu'elles forment avec le cartilage. En effet, les rvraies côtes 
étant inclinées de derrière en-devant, excepté les deux fupé- 
rieures, leur inclinaifon cefle dans l'endroit où elles s’unifient 
avec le cartilage qui remonte vers le fternum; elles forment 
ainfi un angle qui devient moins aigu pendant l'infpiration, 
& en conféquence de cette difpolition , , non-feulement 


222 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


l'élaflicité naturelle deces parties, mais encore l'angle qui 
avoit été diminué, tendant à fe rétablir, contribuent à pro- 
duire en cet endroit un mouvement fenfible. De-là il fuit, 
que ce mouvement fe pale particulièrement à la partie 
moyenne antérieure des côtes, où l'élévation de leur arc 
peut aller à quelques lignes, & que s'il y a du mouvement 
vers les extrémités poftérieures, ce ne peut être qu'un mou- 
vement peu fenfible & fur un même point. 

Les côtes étant terminées au fternum, elles lui communi- 
quent une partie de leur mouvement, qui, en conféquence, 
eft plus fenfible vers la partie inférieure de cet os, lieu où 
les côtes ont plus de mobilité. Pendant une infpiration forte, 
le fternum eft feulement un peu élevé par fa partie fupérieure, 
qui fuit en cela le mouvement peu fenfible de la première 
côte , fans être jeté en-dehors; mais les vraies côtes, depuis 
la troifième jufqu’aux dernières, qui font fort mobiles , en aug- 
mentant la capacité de la poitrine, pendant leur élévation, 
lui font faire une faillie qui eft d'autant plus fenfible , que 
le mouvement fe pafle plus près du cartilage xiphoïde: ce 
mouvement eft fort remarquable dans les enfans. 

* Le mouvement des côtes & du fternum paroït plus fen- 
fible chez les femmes, & non-feulement on peut dire qu’elles 
ont la poitrine plus mobile , mais encore on peut ajouter 
que la mobilité y eft en général: plus remarquable vers la 
partie fupérieure. Cette difpofition , plus ordinaire à ce fexe, 
peut-elle être regardée comme une précaution de la Nature, 
qui, dans le temps de la groffeffe , où le diaphragme eft 
fort élevé par le volume de la matrice, a voulu fuppléer à 
fon action par le mouvement des côtes? Ou n'eft-elle pas 
plutôt l'effet du mauvais ufage des corps à baleine, dont les 
femmes font ufage pour fe former la taille ? Cette dernière 
conjecture paroît plus fondée. 

Nous connoiffons peu la conformation de la poitrine des 
femmes dans l'état de nature. Accoutumées dès l'enfance à: 
des corps qui, évalés par le haut & refferrés par le bas,® 
forment une figure inverfe de celle de la poitrine, il faut: 


DES SCIENCES. 233 
pendant qu'elles refpirent, que les côtes inférieures n’agiffent 
pas, ou au moins fort peu; l’action doit donc étre plus con- 
fidérable du côté des parties fupérieures qui font moins génées : 
les côtes, qui éprouvent moins de réfiflance en cet endroit, 
fe jettent plus en-dehors, & telle: paroït être la raifon natu- 
relle pour {aquelle la poitrine des femmes eft plus large à fa 
partie fupérieure, & plus mobile en cet endroit que celle des 
‘hommes. 

Nous avonsremarqué à l'ouverture des cadavres des femmes, 
que l'on dit être bien faites à raifon de la fineffe de la taille, 
& qui payent fouvent cet avantage factice aux dépens de leur 
vie, nous avons remarqué, dis-je, que la poitrine n’avoit pas 
plus de largeur en bas qu'en haut; que les vraies côtes infé- 
rieures étoient plus inclinées en bas, & beaucoup moins 
mobiles qu'elles ne doivent l'être; enfin quelquefois même 
nous les avons trouvé beaucoup moins en forme d'arc & 
prefque aplaties. D'ailleurs cette difpofition n’eft pas également 
remarquable chez les femmes qui ne portent pas de corps. 

Nous croyons avoir fufhfamment démontré que toutes {es 
côtes ne s'élèvent pas également dans linfpiration; qu’elles 
ne sécartent pas toutes, même que quelques-unes fe rap- 
prochent, & qu'elles s'élèvent plus fpécialement par leur partie 
antérieure où leur mouvement eft plus fenfible; qu'elles con- 
fervent à peu-près la même diftance entre elles poftérieurement, 
ce qui ne paroïît pas avoir été aflez obfervé jufqu’à préfent. 

Les remarques que nous venons d’expofer, font appuyées 
fur l'infpeétion réitérée des cadavres; & nous ferons flattés fi 
elles peuvent contribuer à la perfeétion de nos connoiffances 
fur Faction des organes qui fervent à une des plus impor- 
tantes fonctions de l'économie animale, 


le 


Lû 
18 Juin 


1777: 


224 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


CO AUS ct dun 248 COM Ve MAN RS M Ga 


SUR"UNE OUVERTURE FISTULEUSE 
AU BAS-VENTRE, 
Par laquelle le malade rendoir prefque toutes fes urines. 


Par. : M: 81m Am mEuR: 


U N Homme d'environ quarante ans , après avoir eu 
pendant quelque temps des difficultés d’uriner, accom- 
pagnées de douleurs affez vives, fut attaqué il y a deux ans, 
d’une fuppreflion totale d'urine, pour laquelle on lui admi- 
niftra tous les remèdes connus. Il ne tarda pas à fe former à 
la partie moyenne, antérieure & inférieure du ventre, une 
tumeur qui fut prife pour un abcès, & dont l'ouverture fpon- 
tanée laiffa fortir une grande quantité de pus & d’urine mêlés 
enfemble. Dès ce moment il fe fentit foulagé; une partie des 
urines reprit fon cours par les voies ordinaires, & l’autre 
continua de s'échapper par la crevafle de l'abcès qui fe rétrécit 
peu-à-peu, & dégénéra en une ouverture fiftuleufe, dont les 
bords fe froncèrent comme ceux d’une bourfe. Cette fiftule 
devint bientôt la feule voie que les urines priffent ; mais 
comme elle tendoit toujours à fe rétrécir, & que fouvent même 
elle fe fermoit ‘en entier, le malade eft refté fujet à de nou- 
velles difficultés d’uriner, & à des fuppreffions totales d'urine, 
qui n'étoient pas à la vérité de longue durée, mais qui lu 
occafionnoient des douleurs plus où moins fortes. L’écoule- 
ment continuel des urines, qui avoit lieu dans les temps les 
moins fâcheux, lui caufoit des incommodités prefque auffi diffi- 
ciles à fupporter. J'ai plufieurs fois effayé de lui paffer une 
fonde dans fa veflie, par le canal de lurètre, perluadé que 
fi je parvenoïs à rappeler le cours ordinaire des urines , je 
les empècherois de fe porter versl’ouverture fiftuleufe du ventre. 
Les tentatives que j'ai faites à cet égard ont été infruétueufes: 

la 


DES SCIENCES. 225! 
Fa fonde ne pénétroit qu'à très-peu de diftance ; & les bougies, 
au moyen defquelles j'efpérois favorifer fon introduétion, 
n'alloient guère plus avant. Dans les derniers temps, il étoit 
rare que le malade rendit quelques gouttes d'urine par Îa 
verge. À la fin, il a fuccombé aux douleurs, aux infomnies 
& à la fièvre lente que fon infrmité fui cauloit. L'ouverture 
de fon cadavre, m'a fait voir qu'elle dépendoit de fa préfence 
d'une pierre qui, s'étant engagée dans le col de la veffie, étoit 
enfin venue occuper la partie membraneufe de l'urètre, entre Ja 
pointe de la proftate & le bulbe de l’urètre. La veflie contenoit 
diverfes autres petites pierres qui n'offrent rien de particulier. 
Sans doute que la fuppreffion d'urine, à laquelle la première 
a donné lieu , aura été fuivie d’une crevaffe à la partie fupé- 
rieure de la veflie, & enfuite de l’abcès urineux dont il a été 
parlé au commencement de cette Obfervation. L'ouverture qui 
en eft réfultée, fe voit à la partie la plus élevée de ce vifcère, 
près l’ouraque ; elle communique avec la fiftule des tégumens, 
par un canal de deux travers de doigt de longueur. 

H y a quelques exemples d'ouvertures fiftuleufes au voifi- 
nage du nombril, par lefquelles les urines fortoient. Cabrole 
a parlé d'une jeune demoifelle qui rendoit toutes les fiennes 
par cette voie, parce que l’orifice de Furètre étoit fermé par 
une membrane contre nature. Chefelden dit tenir de gens 
dignes de foi, qu'un jeune enfant, dont ies parties génitales 
extérieures manquoient , étoit dans ce cas. Littre a vu deux 
perfonnes qui avoient une femblable infirmité: l’une d'elles, 
- étoit un garçon de douze ans, dont le col de la veffie étoit 
bouché, & chez qui l’ouraque s’étoit maintenu en forme de 
canal : la feconde étoit un homme de trente ans, qu'il penfe 
avoir eu quelqu'obftacle naturel au col de la vefie, mais dont 
il n’a pas examiné les parties après la mort ; ces deux malades 
avoient toujours uriné de cette manière. Littre ajoute avoir 
difléqué le cadavre d’un jeune homme de dix-huit ans, chez qui 
le col de la veffie étoit occupé par une pierre , & qui avoit 
Touraque ouvert dans une longueur de cinq travers de doigt; 
d’où il conclud, .que la Nature cherchoit à procurer aux 


Mém, 1776, Ff 


226 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 


urines une iflue qu’elles ne trouvoient plus par les voies 
ordinaires ; mais en même temps il juge que cela ne peut 
arriver que chez les jeunes gens , dont l’ouraque n’eft pas 
encore trop fortement defléché. Fabrice de Hilden fait men 
tion d’un homme parvenu à l'âge adulte, de qui le nombrif 
s'étoit ulcéré à la fuite d'une ifchurie , & qui rendoit des 
urines par cet endroit , d’une manière continue , & non 
goutte à goutte. On trouve enfin dans l'Hifloire de l'Aca- 
démie de Chirurgie, rome II], Yobfervation d’un homme 
de trente-deux ans , dont le nombril s’'eft ouvert tout-à-coup 
en pareille circonftance, & qui a continué pendant quelque 
temps à uriner à la fois par la fiftule qui s’y étoit établie, & 
par la verge; mais cet état n’a pas été de longue durée, parce 
que le malade ayant ceffé les eflorts qu’il favoit procurer lexpul- 
fion de fes urines par le nombril , elles ont repris leur route 
ordinaire. Ces deux faits, & celui que j'ai l'honneur de mettre 
fous les yeux de l'Académie, font les feuls qui me foient connus 
où les urines fe foient fait jour par une ouverture au ventre, 
en des perfonnes parvenues à l'âge adulte. Ils ne prouvent 
point que l'ouraque fe foit dilaté pour leur donner iflue; 
mais la poffibilité de cette dilatation eft fuffiflamment établie 
par les obfervations de Littre. Si j'euffe pu porter la fonde 
jufqu'au lieu que la pierre occupoit, ou que j'eufle eu d’autres 
indices aflurés de fa préfence, il eft vraifemblable qu’en rendant 
aux urines la facilité de s’écouler par les voies ordinaires, au 
moyen de fon extraétion, je les aurois détournées de la route 

u'elles s’étoient pratiquée, ou que du moins j'aurois confidé- 
rablement diminué la quantité de celles qui sy portoient. 
Peut-être aufli qu’en incifant le trajet fiftuleux qui leur donnoit 
ïflue, & en diminuant ainfi de fa longueur, j'aurois rendu 
leur excrétion plus facile, & calmé les douleurs dont cette 
excrétion étoit accompagnée; mais j'en ai été retenu par la 
circonfpection que la rareté du fait a dû naturellement m'in- 
fpirer. Ne pouvant efpérer de guérir ce malade, ce m'eût été 
une confolation bien grande de pouvoir rendre fon exiftence 
moins pénible, & d'en prolonger la durée, 

LARE 


DES SCIENCES 227 


MÉMOIRE 
Cdi LES PRO BMAUBAL L'ET ES 


Pari M, D&:E:A: BUAAIG:E. 
I. 


E me propofe de traiter dans ce Mémoire deux points  Remis 
importans de l’analyfe des hafards, qui ne paroiflent point le 19 qu 
avoir gncore été fuffifamment approfondis: le premier a pour RS 
objet, la manière de calculer la probabilité des évènemens 
compolés d'évènemens fimples dont on ignore les poflibilités 
refpectives ; l’objet du fecond eft l'influence des évènemens 
pafiés fur la probabilité des évènemens futurs, & Ja loi fuivant 
laquelle en fe développant, ils nous font connoître les caufes 
qui les ont produits. Ces deux objets qui ont beaucoup d’ana- 
logie entr'eux, tiennent à une métaphyfique très-délicate, & 
la folution des Problèmes qui leur font relatifs, exige des 
artifices nouveaux d’analy{e; ils forment une nouvelle branche 
de la théorie des probabilités, dont l’ufage eft indifpenfable 
lorfqu’on veut appliquer cette théorie à la vie civile. Je donne 
relativement au premier, une méthode générale pour déter- 
miner la probabilité d’un évènement quelconque, lorfqu'on 
ne connoit que la loi de poffibilité des évènemens fimples ; 
& dans le cas où cette loi eft inconnue, je détermine celle 
dont on doit faire ufage. La confidération du fecond objet 
me conduit à parler des naïflances: comme cette matière efl 
une des plus intéreflantes auxquelles on puiffe appliquer le 
calcul des probabilités, je fais en forte de 1a traiter avec tout 
le foin dû à fon importance, en déterminant quelle eft dans 
ce cas, l'influence des évènemens obfervés fur ceux qui doivent 
avoir lieu, & comment en fe multipliant, ils nous décou- 
wrent le véritable rapport des poflibilités des naïffances d'un 
garçon & d'une fille. En généralifant enfuite ces ris je 
Ff ï 


228 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


parviens à une méthode pour déterminer non-feulement Îes 
poflibilités des évènemens fimples, mais encore la probabilité 
d’un évènement futur quelconque, lorfque l'évènement obfervé 
eft très-compolé, quelle que foit d'ailleurs fa nature. Je donne 
à cette occafion, la folution de quelques Problèmes intéreffans 
dans l'Hifloire naturelle de l'Homme, tels que celui du plus 
ou moins de facilité des naïffances des garçons relativement 
à celles des filles dans diflérens climats: c’eft ici fur-tout qu’il 
eft néceffaire d’avoir une méthode rigoureufe pour diftinguer 
parmi les phénomènes obfervés, ceux qui peuvent dépendre 
du hafard, de ceux qui dépendent de caufes particulières, 
& pour déterminer avec quelle probabilité ces derniers indi- 
quent l’exiftence de ces caufes. La principale difhculté que 
Ton rencontre dans ces recherches, tient à l'intégration de 
certaines fonétions différentielles qui ont pour faéteurs des 
quantités élevées à de très-grandes puiffances, & dont il faut 
avoir les intégrales approchées par des fuites convergentes : 
jofe me flatter que J'analyfe dont je me fuis fervi pour cet 
objet, pourra mériter l'attention des Géomètres. Enfin je 
termine ce Mémoire par quelques réflexions dans lefquelles 
je préfente ce que le calcul des probabilités m'a paru fournir 
de lumières fur le milieu que l'on doit choïfir entre les réfultats 
de plufieurs obfervations. 


1: 


Dans l’analyfe des hafards, on fe propofe de connoître 
les probabilités des évènemens compofés fuivant une loi 
pen d'évènemens fimples dont les poflibilités font 

onnées : celles-ci peuvent être déterminées de ces trois 
manières; 1° a priori, lorfque par la nature même des évè- 
nemens, on voit qu'ils font pofhbles dans un rapport donné ; 
c'eft ainfi qu'au jeu de croix & de pile, fi la pièce que l’on 
jette en l'air eft homogène, & que fes deux faces foient 
entièrement femblables, on juge eroix & pile également pof- 
fibles; 2.” a pofleriori, en répétant un grand nombre de fois 
l'expérience qui peut amener l'évènement dont il s'agit, & 


D'EMSSICURNE Nic :E Is 229 


en examinant combien de fois il eft arrivé; 3.° enfin par {a 
confidération des motifs qui peuvent nous déterminer à pro- 
noncer fur l’exiflence de cet évènement; fi, par exemple, 
les adreffes refpeétives de deux Joueurs À & Z font incon- 
nues, comme on n’a aucune raifon de fuppofer À plus fort 
que À, on en conclud que la probabilité de À pour gagner 
une partie eft +. Le premier de ces moyens donne la pofii- 
bilité abfolue des évènemens ; le fecond la fait connoître 
à peu-près, comme nous le ferons voir dans la fuite, & le 
troifième ne donne que leur pofhbilité relative à l'état de nos 
connoiflances. 

Chaque évènement étant déterminé en vertu des loix géné- 
rales de cet Univers, il n’eft probable que relativement à nous, 
& par cette railon , la diftinétion de fa poflibilité abfolue & 
de fa poflibilité relative peut paroïtre imaginaire; mais on 
doit obferver que parmi les circonftances qui concourent à 
Ja production des évènemens, il y en a de variables à chaque 
inftant, telles que le mouvement que la main imprime aux 
dés, & c'eft la réunion de ces circonftances que nous nom- 
mons hafard : il en eft d’autres qui font conftantes, telles 

ue l’habileté des Joueurs, la pente des dés à retomber fur 
une de leurs faces plutôt que fur les autres , &c. celles-ci 
forment la poffibilité abfolue des évènemens, & leur connoif- 
fance plus où moins étendue forme leur poffibilité relative ; 
feules, elles ne fufñfent pas pour les produire, il eft de plus 
néceflaire qu’elles foient jointes aux circonflances variables 
dont j'ai parlé : elles ne font ainfi qu'augmenter la probabi- 
lité des évènemens, fans déterminer néceflairement eur 
exiftence. 

Les recherches que l'on a faites jufqu’ici fur l’analyfe des 
hafards, fuppofent la connoiffance de la pofhbilité abfolue des 
évènemens, & à l'exception de quelques remarques que j'ai 
données dans les romes V1 & V11 des Mémoires des Savans 
Étrangers , je ne fache pas que l’on ait confidéré le cas où 
fon n’a que leur poffibilité relative. Ce cas renferme un grand 
nombre de queftions intéreffantes, & la plupart des Problèmes 


230 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

fur les jeux s'y rapportent ; on peut donc croire que fi Les 
Géomètres n’y ont pas fait une attention particulière, cela 
vient de ce qu'ils l'ont regardé comme fufceptible des mêmes 
méthodes que celui où l’on connoiît la poflibilité abfolue des 
évènemens ; cependant la différence effentielle de ces pofli- 
bilités ne peut manquer d’influer fur les réfultats du calcul, 
en forte que l'on s'expoleroit fouvent à des erreurs confidé- 
rables, en les employant de la même manière: c’eft ce dont 
il eft aifé de fe convaincre par l'exemple fuivant. 


Suppofons que deux Joueurs 4 & B, dont les adrefles 
refpectives font inconnues , jouent à un jeu quelconque; & 
propofons-nous de déterminer fa probabilité que À gagnera 
les x premières parties. 

S'il ne s'agifloit que d’une feule partie, il eft clair que À 
ou À devant néceflairement la gagner, ces deux évènemens 
font également probables , en forte que la probabilité du pre- 
mier eft +; d'où en fuivant la règle ordinaire de lanalyfe 
des hafards, on conclut que la probabilité de À pour gagner 


°\ . 1 . 
les 7 premières parties, eft Pi Cette conféquence feroit 


exacte, fi la probabilité + étoit fondée fur une égalité abfolue 
entre les poflibilités des deux évènemens dont il s’agit; mais 
il n'y a d'égalité que relativement à l'ignorance où nous 
fommes fur les adrefles de deux Joueurs, & cette égalité 
n'empêche pas que l'un ne puifle être plus fort que l’autre. 


Suppofons conféquemment que =—*- repréfente la proba- 

PP q q = P P 

bilité du Joueur le plus fort pour gagner une partie, & 
P pour gag P 

"© celle du plus foible ; en nommant P la probabilité 

que À gagnera les » premières parties, on aura 

PAL Na + a)", ou PE .(1 — a}, 


fuivant que À fera le plus fort ou le plus foible: or comme 
on na aucune raifon de le fuppoler plutôt l’un que l'autre. 


DES US CALENCES 231 
il eft vifible que pour avoir la véritable valeur de P, on doit 
prendre la moitié de la fomme des deux valeurs précédentes, 
ce qui donne 


Pi ia) + (5 — ap 


En développant cette expreflion, on a 
Le 1/ Me ni n.(n—1).(t— 2).(n— 3) 


4 (1 
.2 12,3 «4 “Gr &c.] 


E— — . [x TE 
Cette valeur de P étant plus grande que nu lorfque # 


eft plus grand que l'unité, on voit que l'inégalité qui peut 
exifler entre les adrefles des deux Joueurs, favorife celui qui 
parie 1 contre 2° — 1 que À gagnera les premières parties, 
pourvu que l'on ignore de quel côté fe trouve la plus grande 
adrefle. Cette remarque que j'ai déjà faite ailleurs, eft, fi 
je ne me trompe, très-utile dans l'analyfe des hafards, non- 
feulement en ce qu'elle montre la néceflité d’avoir égard à 
l'inégalité inconnue des adreffes des Joueurs, mais encore 
en ce que l’on peut fouvent déterminer fi cette inégalité eft 
favorable ou contraire à celui qui parie d’après le calcul 
ordinaire des probabilités. 
III 


ConsIDÉRONS encore deux Joueurs 4 & 2, chacun 
avec un nombre donné de jetons, & jouant enfemble de 
manière qu'à chaque coup, celui qui perd donne un jeton à 
{on adverlaire : fuppofons que la partie ne doive finir que 
lorfqu'il ne reftera plus de jetons à l’un des Joueurs, & déter- 
minons dans ce cas leurs probabilités refpectives pour gagner 
cette partie. 

Pour cela, nommons généralement p l'adreffe de À, 1 —p 
celle de Z, & y, la probabilité de À pour gagner Îa partie, 
lorfqu'il a x jetons; il peut arriver au coup fuivant qu’il gagne 
un jeton à B, & dans ce cas fa probabilité fe change en Lee 
il peut arriver qu'il en donne un à 2, ce qui réduit fa pro- 


babilité à J::* 0x la probabilité du premier de ces deux 


23%  MéÉMorres DE L'ACADÉMIE RoYALE 


évènemens eft p, & celle du fecond eff 1 — p}; on 
aura donc l'équation aux différences finies, 


PP SE (RES PPIERATe 


Pour l'intégrer, foit y, — Cé&, on aura 
a—pPÉ Hi p; 
les deux racines de cette équation font & — 1, &a—" 7 ; 
TA 


partant, fi C & C” reprélentent deux conflantes arbitraires, 
l'expreffion complète de y, fera 
ue LAf a À TT 

Yx — C 16 Hé ag 
Pour déterminer ces deux conftantes, on obfervera 1.° que 
x étant nul, on a y, — 0, & que x étant égal au nombre 
total des jetons de À & de B, on a y, == 1; foit » ce 
nombre, # le nombre des jetons de À au commencement 
de la partie, & par conféquent n — m celui des jetons de 
B, on aura 

o=C+C'; 


I=C+C( EL}; 


d'où l'on tire 


Gr — ; 
1 (—T ) 
GE BTE ace AU 
ET As 
FU nn de 
partant, 
DE A 
? 
LP É 


LE al 


On aura Ja probabilité y, de À pour gagner la partie, en 
changeant 


D'ESVSNCTENCES 23% 
changeant dans cette expreflion x en », ce qui donne 


Le -feennt 2 


In — 


 Enbe 6 À 
P 
&'en changeant » en 7 — y», pen x — p;, &-récipro- 
quement, on aura la probabilité de 2 pour gagner fa partie, 
& l'on trouvera 71 —— Jn Pour cette probabilité: c'eft ce 
dont il eft facile de s’aflurer d'ailleurs, en confidérant que 
À ou PB devant nécefflairement gagner Ja partie, la fomme 
de leurs probabilités doit être égale à l'unité. 

Maintenant , fi l'on fuppofe les adrefles des deux Joueurs 
égales, & par conféquent p — 1, l'expreflion précédente de 
YA devient 2, ce qui ne fait rien connoître; mais en diffé- 
renciant le numérateur & 1e dénominateur de cette expreflion 

m1 


par rapport à P, on-trouve que dans ce cas SEE 


LL 


en forte que les probabilités des deux Joueurs À & B font 
en raïfon du nombre de leurs jetons : leurs miles refpectives 
doivent donc être dans le même rapport. Examinons pré- 
fentement le changement que doit occafionner dans leur fort 
une inégalité quelconque entre leurs adreffes. 


I — dd 


Soit = la plus grande, & la plus petite ; 


on changera fucceflivement dans l’expreffion de JYns P En 


MEET 1 —« : 
& ; On aura ainfi deux valeurs qui auront 


lieu fuivant que À fera le plus fort ou le plus foible : 
la véritable expreffion de Jn fera donc égale à la moitié de la 
fomme de ces deux valeurs: d’où l’on tre, 

ME TE ET a) "— fa — a] , 
mr de 
on peut mettre cette exprefflion fous cette forme, 


ENT. 1 2} fr + af fn — a} 7] 
ae re mages at 


Mém. x A7D Gg 


234 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royarr 
Dans le cas de a — o , nous venons de voir que y, = =, 
4 


en forte qu'alors 

À OR TN donc le MEN DEN nn 
ré: — *) E. A+ a" — (1 — a)" Ter 4 ? 
or fi l'on fuppofe # moindre que es il eft clair que « 
(+ QT fn — ae) 5 

GO + a) — (1 — a)" 

ainfi que le facteur fr — 4°)"; on aura donc dans la fup= 
pofition de « plus grand que zéro, 


augmentant, la fraction diminue, 


ynD— 2m 


0 23m [ {1 + à) — (1 — à) 
{1—4) D G+g"— {hi —a} # 


NS SE 


h étant néceffairement pofitif. Partant - 
mm 
Je EEE NE 


d'où il fuit que l'inégalité des adreffes de À & de B, eft 
favorable à celui des deux Joueurs qui a le plus petit nombre 
de jetons. 


æ reftant le même, fi m & n augmentant en confervant 
toujours le même rapport, il eft clair que 


ph — io ee 


Qi œ&) — (1 — a)" deviendra 


plus petit, & que l’on peut tellement faire croître # & m, 
que cette quantité doit plus petite qu'aucune grandeur donnée ; 
donc fi les deux Joueurs conviennent de doubler, de tri- 
pler, &c. leurs jetons, leur fort qui, dans le cas où les adrefles 
font égales, n’en fera point changé, deviendra très-différent , 
s'il y a une inégalité quelconque entre leurs adreffes; la pro 
babilité de celui qui a le plus petit nombre de jetons aug- 
mentera de plus en plus, jufqu'au point de diflérer 
infiniment peu de+, & par conféquent de la probabilité de 
{on adverfaire, E 


DES SCTENCES 22% 
I V. 


EN général, ft dans un Problème quelconque relatif 


Fini 
: l'adreffe 


aux deux Joueurs À & B, on reprélente par 


du plus fort, & par celle du plus foible ; le fort P 


du Joueur À fuppolé le plus fort , fera exprimé par une 
fonétion de «, qui réduite en férie, aura la forme fuivante, 
P—=a+a.a+ a,.a + a,.a + &c. 
En changeant « en — «, on aura pour l'expreffion de P, 
dans le cas où le Joueur À eft le plus foible, 
P=a— aa + a. — a, + &c. 
On aura donc la véritable valeur de P en prenant la moitié 
de la fomme des deux féries précédentes, ce qui donne 
P— a+a,.x + a, sat + &c 
Lorfque « eft très-petit, on peut s’en tenir aux deux premiers 
termes de cette {érie, & l’on a fenfiblement 
Ne a HEC 


on connoitra donc alors par le figne de a,, fi P eft plus 

grand ou moindre que dans le cas où les adreffes font égales; 

il fera plus grand fi 4, eft pofitif, & moindre s'il eft négatif, 
De ce qu’il ne refte dans la valeur de P que des puif- 


fances paires de «, il réfulte que le cas de «à — © indique 
toujours un #aximum Où Un minimum pour cette valeur; mais 
il eft poffible qu'elle foit fufceptible de plufieurs » axima ou 
minima, & c'eft ce qui aura lieu fi la différentielle de LP 
prile par rapport à a, & égalée à zéro, donne pour « une 
ou plufieurs valeurs pofitives, comprifes entre les limites 


Ggi 


236 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


dans lefquelles 4 peut être renfermé; dans ce cas, on cher: 
chera fi la fuppoñition de 4 — o donne le plus grand de 
tous ces maxima, où le plus petit de tous ces minima ; fi cela 
eft, on pourra s'aflurer que le fort P de À eft ou n'eft pas 
plus avantageux , que lorfque les adrefles font égales ; mais 
fi cela n'eft pas, il fera impoflible de prononcer fur cet 


objet, à moins que de connoître Îa loi de poflibilité des 


adrefles refpectives. 
V. 


IL eft facile d'étendre les remarques précédentes à urt 
nombre quelconque de Joueurs ; fuppofons par exemple; 
ÿ Joueurs À, B, C, D, &c, & que l'on propofe de déter= 
miner la probabilné P, que les r Joueurs À, B, C, &c; 
gagneront les » premières parties. Il eft clair que fi leurs 
adrefles étoient égales , la probabilité de chacun des Joueurs 
pour gagner une partie, ou ce qui revient au même, leur 


adreffe refpective feroit —, en forte que la probabilité 


cherchée P feroit / — )"; maïs s'il exifle une inégalité quel- 
æ 


1+ 
conque entre les adrefles des Joueurs; en nommant - 


1 + dr 4 
la plus grande, Bah la deuxième dans Fordre de gran- 


1+a" fs ‘ É, 
deur, : la troifième, & ainfi de fuite; on aura d’abord 


EE Ne, Ge NS 
puifque la fomme de toutes ces adrefles doit être égale à 
l'unité. 
Si l'on nomme enfuite s,*s", 5", &c, les différentes 


fommes que l'on peut former, en ajoutant un nombre r des 
adrefles précédentes ; on aura autant de valeurs correfpon- 


dantes de P, qui feront P — 5", P — ss Ps”, &c:. 


le nombre de ces valeurs eft égal à celui des combinailons de 


D'ESSAI) G NE NGC E, S 23% 
: PRINT . L : y ss el Vire) 
1 quantités prifesràr, & par conféquent égal à RE 
on aura donc la véritable valeur de P, en divifant par ce 
nombre , la fomme des valeurs précédentes, ce qui donne 


1,2. sd 


+ SO 
P — s(i— 1).(i— 2)... (ir 1) 
Il eft aifé de voir que chaque adreffe fe trouve répétée dans 
14 {omme 5 1 5 + s + s' + &c, autant de fois 

ue l'on peut combiner À — 1, quantités, r— 1àr— 1; 
d’où il fuit que cette fomme eft indépendante de &,a',æ'", &c, 
& égale à 


(+ Fer Pet &c.). 


fÜ— 1) (i— 2). (ir +) ; 
1i2e3e..(T — 1) d 


or , on prouvera facilement que dans ce cas, Ja fomme 


TE EE AL RoreURe &c, eft la plus petite poffible, lorfque 
Ds — ic, Ce qui (Uppolé ae — à C0; 
donc fa valeur de P eft la plus petite, lorfque les adreffes 
des Joueurs font égales, en forte que l'inégalité de ces adrefles 
favorile celui qui parie que les » premières parties feront 


gagnées par les r Joueurs 4, B, C, &c. 


I! eft vifible que lon peut faire des remarques analogues 
fur les jeux dans fefquels on fait ufage de polyèdres, tels que 
le jeu des dés ; car avec quelque foin qu’on ait formé ces polyë- 
dres, il s'y rencontre néceflairement entre leurs différentes 
faces, des inégalités qui rélultent de l'hétérogénéité de Ia 
matière qu'on emploie, & des défauts inévitables dans leur 
conflruétion. En général, ces remarques. ont lieu pour tous 
les évènemens dont fa poibhbilité eft inconnue & peut varier 
dans certaines limites ; &'fr dans la fuite nous confidérons 
paticulièrement les évènemens. du jeu entre plufieurs 
Joueurs dont les adreffes font inconnues, ce n’eft que pour 
nous rendre plus clairs, en fixant les idées fur un objet 
déterminé, 


238 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 
N I 


IL eft infiniment peu probable que les adrefles de deux 
Joueurs À & B, font parfaitement épales; mais en même 
temps que l’on ignore de quel côté fe trouve la plus grande 
ou la plus petite adrefle, on ignore également la quantité de 
leur différence : ainfr tout ce que l’on peut conclure de {a 
théorie précédente, c'eft que le fort de tel ou tel Joueur eft 
plus favorable que fuivant le calcul ordinaire des probabilités, 
fans que l'on {oit en état d’afligner de combien il eft augmenté. 

Cependant fi lon connoïfloit la limite & la loi de pofit- 
bilité des valeurs de «, rien ne feroit plus facile que .de 
réloudre exactement ce Problème; car fi l'on nomme 3 cette 
limite, & que l'on repréfente par 4 (1) la probabilité de «; 
on voit d'abord que « devant néceflairement tomber entre 
o & g, la fonction + (+) doit être telle que l'on ait 
[da .ÿ(a) — 1, l'intégrale étant prife depuis à = 0 
jufqu'à &« — g; on multipliera donc par D4 . 4 (4) les 
probabilités déterminées par ce qui précède, & en intégrant 
ces produits depuis & — Oo juiqu'à &« — 4, on aura les 
probabilités cherchées : on trouvera de cette manière, pour 
la valeur de 2 dans l'article X1, 

P=S pa + a) + (ia 
Si, par exemple, +} (2) eft égal à une conftante /, en forte 
que toutes les valeurs de « foient également poifibles, l'équation 


[oæ.4(a) = 1, donnera / — et & l'on aura 


13r - His |; UP) Le ni 1 
eee nn | d nnnt (x a) ER 


La quantité & eft une fonétion du rapport des adreffes 
abfolues des deux Joueurs: au’ lieu donc de fuppofer la loi 
de fa poffibilité immédiatement connue, il eft beaucoup plus 
naturel de Ja déduire de celle qui reprélente la poflibilité de 


” « art = 


DES SCIENCES. 239 
l'adreffe abfolue d'un Joueur quelconque. Pour cela, com- 
parons les adrefles de tous les Joueurs à celle d’un Joueur 
unique, que nous prendrons pour unité d'adrefle ; & en 
repréfentant par l'abiciffe x tous ces rapports, concevons 
élevées fur chaque point de l'abicifle, des ordonnées y pro- 
portionnelles au nombre fuppofé infini de tous les Joueurs 
“dont l’adreffe eft x ; nous aurons ainfi une courbe renfermée 
entre les limites 4 & k', k étant la plus petite adrefle & 4" la plus 
grande; & il eft vifible que le rapport de l'ordonnée y à Ia 
fomme de toutes les ordonnées, ou, ce qui revient au même, 
à l'aire entière de la courbe, exprimera la probabilité que 
l'adreffe d’un Joueur quelconque eft x, Cela pofé, pour en 
conclure la foi de poflhbilité des valeurs de, foit y — @ (x), 
& nommons a l'intégrale [0 x . @ (x), prile depuis x = x 
jufqu'à x — 4"; foit de plus x l'adreffe de celui des deux 
Joueurs À & B qui eft le plus foible, & x + ” celle du 


1—« - 
A A Re LS AG 


Joueur le plus fort; on aura 
1 + 
1 — 
de l'un des Joueurs étant x, celle de l'autre fera x + 2, 
eft égale au double du produit des probabilités de x & de 
x + a, & par conféquent égale FORCE SPRL RER 


a 


donne x + 4 — . . x: or la probabilité que l’adreffe 


1 + a 
Re een 
= ; on aura donc 2/fD%x 


SL) EURE x) 


1—4 


pour la probabilité entière 


de æ, l'intégrale étant prife depuis x — 4 jufqu'à 


"= ,h', Quant à la limite 9 dea, on obfervera que 


ME 


: 
1+a 


4 étant la plus petite adrefle, & X° Ia plus grande, on à 
l'a mil 


+ d’où l’on tire 9 — ratée 
DRE ;e FU qe ARE | 


Lorfque la fonétion @ (x) eft inconnue, ül eft impoffble 


240 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


de connoître exactement le fort des deux Joueurs À & B, 
& l'on eft réduit à choifir les fonctions les plus vraifemblables. 
Nous nous occuperons de cet objet dans Îa fuite; mais 
auparavant nous allons expofer une méthode générale pour 
déterminer le fort refpe@tif d’un nombre quelconque de 
Joueurs, lorfqu'on ne connoït touchant leurs adrefles, que 
la loi de leur pofübilié: cette matière préfente quelques” 
difficultés aflez confidérables d’analyfe, dont fa folution eft 
renfermée dans celle du Problème fuivant. | 


VIL 
PR OBNENEUNULE, 


Soient n quantités variables à pofitivest,t,,t..….t, _',, dont la 
Jomme Joits, © dont la loi de poffibilité foit connue ; on propofe 
de trouver la fomme des produits de chaque valeur que peut 
recevoir une fonélion donnée 4 (t,t,,t, ce.) de ces variables, 


sultipliée par la probabilité correfpondante à cette valeur, 


SOLE DITS. OU 


Supposons pour plus de généralité, que les fonétions 
qui expriment la poflbilité des variables 7, 7,, £, &c. foient 
difcontinues, & repréfentons par g Ia plus petite valeur de 7; 
par @ (t), la poffbilité de +, depuis £ — g jufqu'à : — 9g'; 
par @ (4) + @ (1), fa pofhibilité depuis ? — g° jufqu'à 
12—qg ;paxr og (D) + @ (1) + @ (1, cette poflibilité 
depuis # — g'° jufqu'à s — g''", & ainfi de fuite jufqu'à 
t — co. Délignons enfuite les mêmes quantités relatives aux 
Variables z,, #,, r,, &c. par les mêmes lettres, en écrivant 
au bas les nombres 1, 2, 3, &c. en forte que g,, q., 4, 
&c. expriment les plus petites valeurs de #, £, #,, &c 
que ®, . {t,) exprime la poflbilité de 7, depuis #, — g; 
jufqu'à #, — g,', & ainfi du refte; dans cette manière de: 
repréflènter les poffibilités des: variables, il eft clair que la 
fonction ft) a lieu depuis 4 — g jufqu'à : — ©, que 
fa fonction ç' (4) a lieu depuis + — g' jufqu'à : — oo, 

ainfi 


D'E,S, SiC ILE N C E.Ss + 24 


ainfi de fuite. Pour reconnoître les valeurs de #, 1,, #,, &c. 
lorfque ces fonétions commencent à avoir lieu, nous mul- 


tiplierons @ (1) par 7°; @' (ft) par [1 ; ®, (t,) px 
7, &c. les expofans des puiflances de / qui multiplient 
chaque fonétion, indiqueront alors ces valeurs; il fuffira 
enfuite de fuppofer / — 1 dans le dernier réfultat du calcul: 
c'eft à ces artifices très-fmples que nous devons la facilité 
avec laquelle nous allons réfoudre le Problème propolé. 


La probabilité de la fonétion 4 /#,1,,4., &c.) eft évi- 
demment égale au produit des probabilités de #, 1,,t., &c; en 


forte que fi l'on fubititue pour #, fa valeur 5 — +, — 7, — &c, 
que donne l'équation 


HI + Er, + &e — ss, 
le produit de la fonction propolée par fa probabilité, fera 
LS — it — É,— &c 1,,0,, &c.) 
x {A pe(5— tit, —&c.) +1 épis C—timta= &e) + &c.} 
aq (LD Tr ot) de Bt : À) 
x 12. 22:02) + Ed Pat) + &c.} 


x &c. 


on aura donc la fomme de tous ces produits, 1.° en multi- 
pliant la quantité précédente par 22,, & en l'intégrant pour 
toutes les valeurs dont z,_eft fufceptible; 2.° en multipliant 
cette intégrale par 07,, & en l'intégrant pour toutes les 
valeurs dont z, eft fufceptible, & ainfi de fuite, jufqu’à la 
dernière variable ,_,; mais ces intégrations fucceilives 


exigent quelques attentions particulières, 
Confidérons un terme quelconque de Ia quantité (A), 

tel que 

+3 (9) +4 (7) + À (s EE Len &c.) 
ha 1, — 1,— &c.).9, Gi (1). 07 (2) .&c 
Mém. 1778, Hh 


242 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
en le multipliant par O,, il faut l'intégrer pour toutes les 
valeurs poffibles de #, ; or il eft clair que la fonction 
QÜ4(s —— 1, — 1, — &c.) n’a lieu que lorfque r ou 
S — 1, — 1, — &c. eft égal ou plus grand que 4°} 
la plus grande valeur que f puifle recevoir eft donc 
s— g0 — 1, — 1, — &c De plus, @.?{r,) n'ayant 
lieu que lorfque 7, eft égal ou plus grand que 7, (7, cette 
quantité eft la plus petite valeur que z, puifle recevoir ; il 
faut donc prendre l'intégrale dont il s’agit depuis #, — 4, Rs 
jufqu'à 4 = 5 — gÙ — 1, —— 1, — &ec ou, ce qui 
revient au même, depuis 7, — a? 
(y) (i) «i) 
Pre RES A el pére Log 
On trouvera de la même manière, qu'en multipliant 
cette nouvelle intégrale par Or,, il faudra l'intégrer depuis 
(CP 7 O q (2 


— o jufqu'àr, — 7." = S —'q 
— 9, ‘ —1,— &c. En continuant d'opérer ainfi, on arri- 


— o jufquà 


res ve 


vera à une fonction de 5 — QE 4; Gus CA fs &c. 
dans faquelle il ne reftera aucune des variables £,r,,1,, &c. 


cette fonction doit étre rejetée fi 5 — ni — 4, (Fi Ge 
eft négatif; car il eft vifible que dans ce cas , le fyflème de 


fonctions 714 (t), ?, GA (1) 1 @ fE (L), &c, ne peut être 
employé : eneffet, les plus pétites valeurs de, #,, &c, étant 


par la natiire de ées fondions, égales à 7, Fa PA (7 &e. Ha plus 
67 7 ge 


grande valeur que # puiffe recevoir, efts —g, Ce 


partant Ia plus grande valeur de 5 — gi eft 


Pi 47 THE a. ‘il PAS — &c. or la fonction 


DES NS ACL EN c'E 6 243 

g(? (1) ne peut être employée que lorfque 5 — 9° eft 
pofitif. 

Au lieu de rejeter la fonétion dont il s’agit, il eft égal de 

fuppofer alors dans tous les termes de cetie fonélion, 


5 — a — PRIE — &c, conflimment égal à zéro; 


car, en ne confidérant par exemple, que les trois variables 
t,1,,t,; la dernière intégrale relative à 0f,, devant être 


prife depuis £, — g, up = o jufqu'à FR Ris = $ — a 


Be q F7 Pal , il eft vifible que cette intégrale 
fera nulle, toutes les fois que l’on fuppofera s — 4 
1 té) (5) 

— 4, — 4, No 


I réfulte de ce que nous venons de dire, une méthode 
très-fimple pour réfoudre le Problème propolé. 

Que l’on fubftitue, 1.” au lieu de #,q + # dans @ (H), 
g + u dans q (1), g' + u dans @g"({1), &c. 2. au 
lieu des, g, + u, dans @, ft), g', + u, dansg',(r,), &c. 
3° au lieu de £,,g, + 2, dans @,(r,), &c, & ainfi de 
fuite; les quantités 


ae do CULaD 2 Be, 


gr) +. (1) + &e, 
C. 


qui repréfentent les probabilités de r, #,, &c. fe changeront, 
Aa première, dans une fonétion de z; la feconde, dans une 
fonction de z,, &c. nous défignerons ces fonétions par 
(4), 1,(2,), H,(u.), &c. 

Que l'on change enfuite dans 4 fr, t,,r,, &c.), 1 en 
k + u,t,en k, + ,, &c. on aura une fonétion de 
4, u,,u,, &c, que nous repréfenterons par I (4, 4,,4,, &c.); 
.cela pofé, on prendra l'intégrale 

Hh ïj 


244 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fou, T(s—u,—u,— &c,u,,u., &c) .TI/s —u, — un, — &c.) 
11, (u,) «IT, (au. ) 8e 

depuis 4, — o jufqu'à 4, — 5 — 1, — u, — &c. 
On multipliera cette première intégrale par 04,, & on 
l'intégrera depuis 4, — o jufqu'à 4, = 5 — u, &c. 
on multipliera cette feconde intégrale par 0x, , & on l'intégrera 
depuis 4, — o jufqu'à v, — 5 — u, — &c. En conti- 
nuant ainfi, on arrivera à une fonétion de s feule, que nous 
défignerons par T./s5), & cette fonction fera la fomme 
demandée de toutes les valeurs de Lt, 1,,t,, &c.), multi- 
pliées par leur probabilité refpeétive; mais pour cela, il faut 
avoir foin de changer dans un terme quelconque multiplié 


RES PART GER É i 
par /° HAUT +g + & por ch nb k, en a 4 


k, en g, (ER &c. de diminuer s de l’expofant de 7, & par con- 


LA | Ê lu) 
féquent d'écrire au lieu des, 5 — pi — 4 qu “é — &c 
de faire cette dernière quantité égale à zéro toutes les fois 
qu'elle fera négative; enfin de fuppofer / = 1. 


Si Tfa;u,,u,, &cc.), XI fa), 1 . (7), IL:.{u.)Rère. 
font des fonctions rationnelles & entières des variables 4, 4, 
u,, &c. d'exponentielles, de finus & de cofinus, toutes ces 
intégrations fucceflives feront poflibles, parce qu'il eft dans 
la nature de ces quantités de ne reproduire par les intégrations 
que des quantités du même genre : dans les autres cas, ces 
intégrations pourront n'être pas poflibles; mais la méthode 
précédente réduit alors le Problème aux quadratures des 
courbes. | | 


VAE E 


LE cas de fonétions rationnelles & entières offre quelques 
funplifications qu'il n’eft pas inutile d'expofer. Pour cela, 
{oit wï. 45°, 1". &ec. un produit quelconque des variables 
4, U,, 4, &c fi après y avoir fubftitué pour # fa valeur 


D ESS CIE N CES. 245 
s — n, — u, — &c. on le multiplie par 4, , il eft facile 


de s’affurer que l'intégrale 

fou.(s — u, — u, — Cri 4 Dit er OCCs 
prife depuis 4, — o jufqu'à 4, — 5 — nu, — &c. eft 
NE 
en multipliant cette intégrale par du,, & en l'intégrant depuis 
4, — 0 jufqu'à x, — 5 — u, — &c. on aura pareïllement 


RO PSN CE MN RO EE MAR AURS 
——— —_—" — fs, — &c)iTE Ti NC CE 
12,3 edinft + Ê HE + 2) (: 3 ) 


& ainfi de fuite; donc fi l'on fuppofe 
I .{(u)=A+HB .u + C si + &c. " 
U,.{4)= A, + B,.u, + C, .ù, + &c. 
U, . (u,) = A, + B,.u, + Cu, + &c. 
&c. 
& que l’on défigne par A .ui .u Ÿ .u.f"*, un terme quelconque 
de T {u, u,,u,, &c.) ; la partie correfpondante de 7/5) fera 
Le 2N09 es 0 MR ANT 20209 nn PONGRET, Ve RER EEE Re 
x$A+(i +i).,B .s+{i +i).(i +2).C + &c? 
x{A, + +i).B8,.5+(ÿ +3).( + 2).C,.S+&c} };(B) 
x SA, + +i).B,.s+ (+ 1). (42). CS +&c.} 
x &c. 


pourvu que dans le développement de cette quantité, au 


€ 


lieu d’une puiffance quelconque c de 5, on écrive ’ 
TaZe3uec 


On aura enfuite la partie correfpondante de la fomme 
entière des valeurs de L /r,1,,r., &c.), multipliées par 


246 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RoyALeE 
leur probabilité refpective , en changeant un terme quelconque 


tel que HA. 1ÉVSNen FX. (s — m)°, & en fubfti- 
tuant dans 4, au lieu de 4, la partie de l’expofant w-qui 
eft relative à z; au lieu de 4,, la partie relative à #,, & ainfr 
du refte. 

Si, dans la formule /B), on fuppofe H — 1 & o — à 
= j'— ji" — &c. on aura la fomme des valeurs de l'unité, 
multipliées par leur probabilité refpective : or il eft vifible 
que cette fomme n'étant autre chofe que la fomme de toutes 
les combinaifons dans lefquelles l'équation 


ÉHi Hi + &c = 5 


a lieu, multipliées par eur probabilité, exprime conféquem- 
ment la poffibilité de cette équation elle-même. Si dans les 
hypothèles précédentes, on fuppofe de plus que la loi de 
poilibilité eft [a même pour les r premières variables f, #1, _,, 
& que pour les z —r dernières, elle foit encore la mème, 
mais différente que pour les premières, -on aura 


AA restes Aie 
Be Die = Ut 
&c. 

A, A 5,6: die 
BR BL NN se BLUS 


&c. 
& la formule /B) fe changera dans célle-ci, 
S"T'xSA + B.s + 2C.s + &c}l"T” ./C 
Mu 285 BL star el ot) AUOT 
cette formule fervira à déterminer da probabilité que Ja 
fomme des erreurs d’un nombre quelconque d’obfervations 


dont la loi de facilité eft connue, fera comprife dans des limites 
données, ce qui peut être utile dans plufieurs circonftances ; 


DES SCIENCES. 247 
& particulièrement lorfqu'il s'agit de prévoir le réfultat d’un 
nombre quelconque d'obfervations. Comme ce Problème eft 
d'ailleurs le plus fimple auquel on puife appliquer la méthode 
précédente, il eft très-propre à l'éclaircir, & dans cette vue, 
nous allons confidérer les exemples fuivans. 


EX. 


SuPPOsSONS n —— 1 obfervations dont les erreurs 
puiflent s'étendre depuis — z jufqu'à + g, & qu'en nom- 
mant z l'erreur de la première, fa facilité foit exprimée par 
a + bg + cg ; fuppolons enfuite que cette facilité foit 
la même pour les erreurs 7,, 7,,...7,_. des autres obfer- 
vations, & cherchons la probabilité que la fomme des erreurs 
de ces obfervations fera comprife dans {es limites p, &p + e. 


Silonfaitz=1— 24,7, —=t,— 4h... ,=t, ,—4b, 
il eft clair que r, 1,,7,, &c, feront pofitifs & pourront 
s'étendre depuis zéro jufqu’à à + g; de plus, on aura 


LH Ten Ton SH Hot t_, —(n—1).h, 


Donc la plus grande valeur de 1a fomme 7 + 7... + 7,_, 
étant, par la fuppofition, égale à p + e, & la plus petite 
‘étant égale à p, da plus grande valeur de + +... +7, _, 
fera {n — 1)4 4 ip + e, & la plus petite fera 
(n — 1)/h +-p;'en faifant ainfi {un — 1 )4 +p+ezs,& 


METTRE ee EN = Sr fs 


2,_, fera toujours pofitif & pourra s'étendre depuis zéro 
jufqu'à e. Cela pofé, fi l'on applique à ce cas les formules 
des deux articles précédens, on aura g = 0, g — f + g; 
d’ailleurs , la loi de facilité de l'erreur 7 étant a + 47 + cg}, 
on en conclura la loi de facilité de r, en changeant z en 
2 — h'loitz = a LL Phi cf; ES — D —yéh; 
on aura a + Dr + cf pour cette facilité; ce fera donc 
la fonétion @ (1); mais comme depuis : = 4 + g jufqu'à 


248 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


t — oo, la facilité des valeurs de z eft nulle par l'hypothèfe, 
on aura @'({t) + @{t) —= o, ce qui donne 


pO=— (à + Lt + cf); 

donc fi l’on fait 

= a+ LV g) + ch + g}, 
bb + 2c(h + g), 
la quantité que nous avons nomméell./4) dans l'art. V11 fera ici 

a + d'u ou — RTE. (a + Eu + cf), 
& l'on aura I, /u,), I (/u.) ll, _, (a, - .), en changeant 
dans cette quantité, z fucceflivement en #,, 4,.….u, _,. 


Quant à la variable r, _ ,, on obfervera que la poffbilité 
de l'équation 
Late ms We — H; 


étant, quel que foit #, égale au produit des poflibilités de 
Zr Leg, — ,, la pofhibilité de l'équation 


ES re ER EE AE, 


fera égale au produit des poffbilités de #, #,..r, _ ,; mais 


cette même pofhbilité eft évidemment égale au produit des 
poflibilités de #, #,,.1,_,; la loi de poflbilité de #,_, eft 


donc conftante & égale à l'unité; & comme cette variable 


ne doit s'étendre que depuis £,_, — o jufqu'àr,_, —e, 
OR AE 9e NE VO PANNT NIOT DIRE, 
DR LE ous D Pris (le tn) VO PAR 
P'sni(t,—,) —= — 1; d'où il eft aifé de conclure 


U,_,(u,_,) = 1 — [°; la formule /C) de larticle 
précédent fe changera conféquemment dans celle-ci, 


7, {a + b's 2e MTE (a + bts 2e) "(1 —7). 
Soit 


Des SCIENCES. 249 
Soit 
(a +b's+a2cs = a) Ds + SE + Be. 
(a+ b's+2cs (a+ b"s+2cs) = ab, 54 c0).5" + &cs 
(a +b's+2cs),(a" +b"s+2cs) a +b,s + C5 CL Cn 
&c. 
& cette dernière formule prendra fa forme fuivante, 


AG SNS EEE. FN 1 écc. 
Ra TE DO OT + cf 
(n LA | 9p AP L PES POP PSE + &c.} 


+ (a p 24 1JIBTE TE EU EE DO PE CT RE &c.t 
se (1.4 — 21 il SEA PS Of en * L Scc.h 


1.2 
E TPE an LES ES 5 1 + &c} 
— &c. 
on en conclura fa probabilité cherchée, en y changeant un 
A.(s — p}° 
DRE CEMALTE 


donne pour cette probabilité , J'expreffion fuivante, 


terme quelconque tel que Al 5° en EAN + © (1 


LE ff (—'E 
(x) 


Penn eine u( sie "UE + cs 


— (ni) ah is TR 

— (2) 

3e2,3(n—1) + Là = CEE — g) — (5 EE LE e}"? —- &c.] 
= 


(n—1)./n— 2) ; [av £(s en | 2h En. 28)" —* 
— (5 — 2h — 2g — 6e) TE + &c. | 


nt 
Mém, 1778. li 


1.2 


250 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


en obfervant de rejeter les termes multipliés par /s — x}, 
dans lefquels u eft plus grand que 5. On peut, au moyen de 
cette formule, réfoudre un Problème que je me fuis propofé 
ailleurs, fur les inclinaifons des orbites des Comètes; en 
fuppofant toutes les inclinaifons à l'écliptique également pofli- 
bles, il s’agiffoit de déterminer la probabilité que l'inclinaifon 
moyenne des orbites de 7 — x Comètes fera comprile 
dans les limites 8 & ÿ", ou ce qui revient au même, que Îa 
fomme de leurs inclinailons fera comprife dans les limites 
(nm — 1).8 & /n — 3).8. En nommant 4,#,,1ut, _, 
ces inclinaifons; comme elles peuvent s'étendre depuis zéro 
T 


juiqu'à go, on aura f.— 6, & gi = 90 — ——), 


2 


æ exprimant le rapport de la demi-circonférence au rayon; 
de plus, leur poflibilité dans cet intervalle étant conftante, la 


fonction a° +- d'r + cf fe réduit à la conftante 4°, d’où 
1n—s 


il eft aifé de conclure 4” = 4° = a) = a) — Ge: 

o = 0 — BA — &c. o —=  — 6°) ——Ù &e, 

d’ailleurs , la valeur de # étant néceflairement comprife dans 
P 


les limites o & —, fa dt — 1, l'intégrale étant prife 


2 


pour toute l'étendue de ces limites, d'où lon ‘tire a = — 
T 


; 
la formule précédente donnera ainfi pour la probabilité 
demandée, 


PE) GT) 


À fie ENT 


£ n—1),.fn— 2 Es — 1 
Tue te ) 0 ) $(s—x)" — (s5—e—®") ? 


PRICE IE aa 


lies na Kelfeaaheute 7 0 (2 me 


122.8 
(5 — ee — x)" '} + &c 
_ où lon doit obferver que 5—/1— 1/4"; & e—(n— 1).(8—8). 


DES SCIENCES. 25k 
X. 


Ze Lu 2, &c repréfentant toujours Îles erreurs de #7 — r 
obfervations; fuppofons que la loi de facilité tant de l'erreur 


pofitive z, que de l'erreur négative — 7, foit À — 7, 
& que 4 & —— } foient les limites de cette erreur ; fup- 


pofons de plus, que cette loi foit la même pour les erreurs 
Lis Lart, —, des autres obfervations, & que l'on cherche la 
probabilité que la fomme des erreurs fera comprife dans les 
limites p, & p + e. 

Si l'on fait pt 4,7 = 1. h, &c.ileft 
clair que 7, , &c. feront toujours pofitifs, & pourront 
s'étendre depuis zéro jufqu'à 24; la loi de facilité de 7, 


depuis 5 — o jufqu'à  — 4, fera exprimée par r; cette 
même loi, depuis rs — 4 jufqu'à s — 24, {era 24 — 5; 
elle fera nulle depuis : — 2 4 jufqu'à rs — co; on aura 


ainfiidans cétcas, 9 = 0;g = #;:g 28) 


o (it, 
+ oU = 24 —5, 
g (+ o() + ef) —o; 
d'où lon tire 
® (t) —=2h— 27, 
CT 
La fonction que nous avons défignée par I /w), dans 
Varticle VIT, fera donc {1 — 16), & Yon aura les fonc- 


tions I, (,)..N, _ ,(u,_,), en y changeant z fucceflivement 
EN Z, | (LL, oceoll 


z n— 2° 


FE 2 


Préfentement, on a 


7 De Le + Ge hold (ay 1/4; 


donc la fomme des erreurs 7, 7,, &c. devant par l’hypothèfe 
être renfermée dans les limites p&p+e, la fomme des 
HIT AUATIES 


252 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
valeurs de #, #., #,, &ec. fera comprife dans les limites 
fu — 14 +p+e, & (n — 1) 4 + p, en forte 
que fi Von fait /n — 1) L + p+e — 5, & 
2 PR fn A 7 894 9 DORA 
s'étendre depuis o jufqu'a e; & l'on prouvera, comme dans 
l'exemple précédent, que fa facilité doit être fuppofée conftante 
& égale à l'unité dans cet intervalle, & qu'elle doit être 
fuppolée nulle depuis #,_, — e jufqu'à ,_, — co; d'où 
lon conclura, comme dans ce même exemple, 


es fus NE = 76, 
la formule /C) de l'article VIT deviendra ainfr 


& Von aura [a probabilité cherchée en changeant dans le 
développement de cette quantité, un terme quelconque tel 


sas MMA PT ES 


que ARE TE , en ce qui donne 


1.2.3. .(2n —2) 4 


pour l'expreflion de cette probabilité, 
ser 5 6 
3 OO —(on—2). (5 —f5—h—e) TT | 
OEFENTTE NE sais Étese AN MAS DEN M a 
EYE Te 


en ayant foin de rejeter les termes multipliés par {5 — a)" T® 
lorfque 5 — y eft négatif. 


Je dois obferver ici que M. de la Grange a déjà réfola 
le Problème où l'on fe propole de trouver la probabilité qué 
la fomme des erreurs de plufieurs obfervations fera comprife 
dans des limites données, lorfque la loi de facilité de ces 
erreurs eft exprimée par une fonétion rationnelle & entière 
de ces erreurs, d’exponentielles, de finus & de cofinus /voyez 
de tome V des Mémoires de Turin, page 221 ); fa méthode 


DE SM SEE Nic Ets 253 
ft très-ingénieufe & digne de fon ïlluftre auteur; mais {a 
précédente a, fi je ne me trompe, l'avantage d'être plus 
direéte & plus générale, en ce qu’elle réduit la folution du 
Problème aux quadratures des courbes, quelle que foit la loi 
de facilité des erreurs des obfervations. 
Ut: 

VoxonNs maintenant l'ufage que lon peut faire de a 
théorie précédente, dans la folution des Problèmes relatifs 
à un nombre # — 1 de Joueurs dont on ne connoïît que 
Ta poflibilité des adrefles. Soient 7, #,... 1,_, les adrefies 
abfolues des Joueurs; 4. 4, 4., &c. les plus petites valeurs 
de #,1,, &c. h', k',, &c. leurs plus grandes valeurs; fi 


l'on fait HR +R + &ca — 5, 
& D di ER PE Ne Gi s 


Ja variable 7, _, pourra sétendre depuis zéro jufqu'à 
BE —h+k, — h, + &c. la loi de fa poffibilité doit 
être fuppofée en An & égale à l'unité dans cet intervalle, 
& nulle au-delà jufqu'à z, — oo; de plus, il eft claix 


L 


que les adrefles repectives des Pre feront 


di 1, 1, ÿ 
Fr PAMRUEESTS GITE. ; &c. 

n— 1 1 — 1 s. . NU ] 
On cherchera donc, par les méthodes connues de Yanalyfe 
des hafards, la tion du Problème propolé, en partant de 
ces adrefles refpectives, & l’on arrivera à un réfultat qui 
fera une fonction de 

1 Ÿ: 
ES 


on h, + &c.—1: 


n—1 = 1 


FH, + &c 1 


En y fubflituant au lieu de s, fa valeur, cette fonétion fera 
celle que nous avons défignée par Ÿ (e, t,,t,, &c.) dans le 
Problème de l'article V1; il ne s'agira Fa enfuite que de 


254 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
chercher par la méthode de ce Problème, 1a fomme de toutes 
les valeurs dont cette fonétion eft fufceptible, multipliée par 
leur probabilité, & cette fomme fera le réfultat demandé : il ne 
refte plus, comme on voit, dans ce genre de Problèmes, que 
les difficultés inévitables de l'analyfe, difficultés qui deviennent 
beaucoup moindres fi l'on fuppole que la loi de potlibilité 
des adrefies eft la même pour tous les Joueurs, 


X IT. 


CETTE loi ne peut être connue que par une longue fuite 
d'obfervations, & le plus fouvent les circonftances ne per- 
mettent pas de fes faire; on ne peut fuppléer à cette ignorance 
que par le choix des fonétions les plus vraifemblables ; l'analyfe 
des hafards, qui n'eft en elle-même que l’art d'apprécier les 
vraifemblances, doit donc nous guider dans ce choix ; 
examinons ce qu'elle peut nous fournir de lumières fur cet 
objet. 

Nous obferverons d'abord que s'il eft difficile de connoître 

ar l’obfervation, la loi de facilité des adreffes des Joueurs, 
il eft beaucoup plus aïlé d'en connoître les limites; car 
fuppolons que l'on ait obfervé Ia plus grande inégalité de 
ces adreffes, & que l'on ait trouvé que le rapport de l'adrefle 
du Joueur le plus fort au Joueur le plus foible eft # ; en 
nommant } la plus petite adrefle des Joueurs, & 4° la plus 
grande, on aura La — "1; or fi l'on nomme x l'adrefle 
moyenne, & x l'excès de 4° fur cette adreffe, on aura 


1 # 
hante done tie Sel 
, . M — 1 2 J 7 
lon tire x = ——— ; partant 4 = ——— &K} = ——, 

M +4 1 M + 1 M OH 1 


Maintenant la loi de poflhbilité des adrefles étant nulle 
au-delà des limites 4 & 4°, il eft très-vraifemblable qu'elle 
va en croiffant depuis ces limites jufqu'au milieu de l'inter- 
valle qui les fépare, & qu'elle eft la même de chaque côté 
de ce milieu; voilà donc une condition à laquelle on doit 


D HIGLUSIICURTE (IN: C:EUS 255 


afujétir la fonétion dont on fera choix; mais cette fonction 
refte encore très-indéterminée, & comme parmi celles qui 
peuvent fatisfaire à la condition précédente, on n'a aucune 
raifon d'en préférer une, il faut prendre une fonétion 
moyenne entre toutes ces fonctions : la queftion eft ainfi 
réduite à déterminer cette fonction moyenne. 


Pour cela, foit 24 l'intervalle compris entre les deux 
limites, & x la diftance du milieu de cet intervalle à un 
point quelconque pris de lun ou de l’autre côté de ce milieu; 
fi l'on élève à ce point une ordonnée y qui repréfente Ja 
probabilité de x, on aura une courbe renfermée entre les 
deux limites, & la valeur de x devant néceffairement tomber 
dans cet intervalle , la furface de cette courbe fera égale à 
Vunité, en forte que depuis le milieu jufqu’à l'une des limites, 
cette furface fera +; on peut donc concevoir cette quantité £, 
partagée dans un nombre infmi de parties égales ‘diftribuées 
au-deflus des différens points de l'intervalle a ; par la condi- 
tion du Problème, cette répartition doit être telle, qu'il y 
ait d'autant moins de ces parties au-deflus de chaque point 
qu'il s'éloigne davantage du milieu; toutes les combinaifons 
dans lefquelles cela exifte, font également admiffibles , & 
Ton aura l'ordonnée moyenne qui en réfulte pour l'abfciffe x, 
en prenant la fomme de toutes les ordonnées y, relatives à 
chaque combinaifon , & en {a divifant par le nombre de 
ces combinaifons. 


Suppofons d’abord 1e nombre des points de l'intervalle à, fini 
& égal à n, & nommons 5 le nombre infini de parties qu'il 
faut diftribuer au-deffus de ces points, en obfervant la con- 
dition précédente ; foit de plus , 7 l'ordonnée relative au 
n°% point; 7 + 7, l'ordonnée relative au /# — 1)*"* point; 
Z + % —+- 7. ordonnée relative au /n — 2)" point, 
& ainfi de fuite, en forte que l'ordonnée relative au premier 
point, ou au point du milieu de Flintervalle 24 , foit 
Z + Le + 7,-,; il eft vifible que 7, 7,, Ze7,_,, 
feront néceffairement poñtifs, & que l'on aura 


ième 


256 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

ny + (n —1)y + (n — 2) Tien PTS, EE 
{oit 
ny =t(n—r)q = ts (0 —2)7 ti tin ten 
l'équation précédente deviendra 


PT ES RUE MU ES ME 


les variables #,r,,t,, &c. pourront s'étendre depuis zérg 
jufqu'à s, & l'ordonnée relative au r*" point fera 


£ DE f f 


Se En a a, 


# HN u — 2 r 


JL faut conféquemment déterminer Ja fomme de toutes Îes 
variations que peut recevoir cette quantité, & la diviler par 
le nombre de ces variations: or il eft vifible que ce Problème 
rentre dans celui de l'article VI]; que la quantité que nous y 
avons nommée {#,1,,1f,, &c.) eft ici L 


29 


€ 1 e—r 
—+- ——— on ———— 


u D— 1 de r 


que les quantités g & gq' font ici o & s, & que a loi de 
facilité des variations de r doit être fuppolée égale à une 
conftante à, & la même que pour £,,f,, &c. on aura donc, 
dans le cas préfent, | 

4 4 4 Ed 
Eu eo) dite ones RUN 


RH —U4 r 
4 L4 


LU LP cn FE heal rt Lez To 
AU a) Ua 86e, ED ERA 


mais comme il faut diflinguer les limites o & 5, qui appar- 
tiennent aux variables #, 1,1 afin d’afligner à 4, k.. 4,_,, 
les valeurs qui leur conviennent, nous reprélenterons par 
css, Sync she ces limitesshrcelaipolé, 43 


formule /B) de l'article VII donnera pour F{s/, 


n—r) 


DES ScTENCES. 257 


4 4 k À 
D RM A2 a: 
Éd ", M 4 ya 
EE OO CL S 
272 ne PE ENTER .(/ Ie] dc, 
- EE # cu 


1 faut enfuite dans le développement de cette quantité , 
fubftituer pour k, la partie de l'expofant de /, qui dépend 
de «' & de s'; pour 4, la partie de cet expofant qui dépend 
de «'" & de 5°”, &c. diminuer s de l'expofant entier de /, 
& rejeter ce terme toutes les fois que cet expofant ainfi dimi- 
nué, fera négatif; (bppoleio=tel LT GEc: 
ls sr cel "ra quantité précédente 
fe réduira ainfi à cette formule très-fimple, 

Ds 


Lee 3e 


en divifant cette quantité par le nombre de toutes les combi- 
naïifons , qui ne peut ètre une fonélion de », on aura pour 
Tordonnée moyenne correfpondante au 7°" point, 
N Li LI Li 
henbenipnimoieb. rec à 

[N étant fonction de », 

Suppofons maintenant que les nombres » &,r deviennent 
infinis, que le r“"* point réponde à l’abicifle x, & le n°" 
Bai à LAPIQNs a, on aura, comme l'on fait, 


= HE log — loger = log = = log. =; 


FN 1 


donc l’ordonnée moyenne y qui répond à l'abcifle x, eft 


N log. . ; on déterminera V, en obfervant que l'on doit 


avoir f ND x .log.— — +, l'intégrale étant prie depuis 
x — o jufquà x — 4, ce qui donne N — —— ; 
Mém. 1778, , KE. 


258 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


L: 


a 
partant 1—=- =, : log.— ; 


il faut obferver que cette équation doit être fuppofée Ia 
même , x étant pofitif ou négatif, ce qui revient à fuppofer ici 
les logarithmes des quantités pofitives, égaux aux logarithmés 
des quantités négatives, ceft-à-dire, log.u — log. — pe 


2 HUE 


Terre eft l'équation dont il faut faire ufage, lorfqu'on 
n’a relativement à la poflibilité des valeurs de x, d’autres 
données , fi ce n’eft qu'elle eft d'autant moindre que ces 
valeurs font plus grandes: or, c’eft ce qui a lieu dans un 
grand nombre de circonftances. Suppolons , par exemple, 
qu'il s'agifle du véritable inftant d'un phénomène obfervé 
par plufieurs Obfervateurs; chacun d'eux peut aifément fixer 
la plus grande erreur dont fon obfervation efl fufceptible, 
{oit en plus, loit en moins, en prenant pour cette limite, 
la moitié du plus grand intervalle qu'il peut fuppofer entre 
deux oblervations femblables, fans les rejeter comme mau- 
vailes ; cet intervalle eft ce que nous avons nommé 2 4; il 
dépend de l'adrefle de l'Obfervateur , de la bonté de fes 
inftrumens, & de la précifion dont l’obfervation dont il s’agit 
eft fufceptible , & il doit être fuppofé le même pour tous 
les Obfervateurs, fi lon n’a aueune raifon de préférer fous 
ce point de vue une obfervation à une autre. Maintenant, 
il eft naturel de penfer que les mêmes erreurs en plus & en 
moins, font également probables, & que leur facilité eft 
d'autant moindre, qu’elles font plus grandes : fi fon n’a aucune 
autre donnée, relativement à leur facilité, on retombe évi- 
demment dans le cas du Problème précédent ; il faut donc 
fuppofer alors la poffiblité, tant de l'erreur pofitive x, que de 


/ . y x 1 a , 
l'erreur négative — x, égale à —— . log. —; & c'eft de 
2 4 * 


cette loi de poffbilité dont il faut partir dans fa recherche 
du milieu que l’on doit choifir entre les réfultats de plu- 
fieurs obfervations. 


roD ris" SC 4 E N°c Es: 259 
Lorfqu'il s’agit des adrefles des Joueurs, on a (art, X11) 


2a — k — }3 Vadrefle ? d'un Joueur quelconque eft 

égale à 1 = x; la poflibilité de z, depuis : — 4 jufqu'à 
Li 2 r I ne h 

1 — À, fera donc repréfentée par der ele 


pourvu que lon fafle les logarithmes des quantités négatives 
égaux aux logarithmes des quantités pofitives. En appliquant 
à ce cas les formules de l’article V11, on aura GR; y 


1 FE — h 
eh FT Éobie: - log. ( Bt ÿ£ 


® (1) —+ Q{t) = 0, ou g'(t) = — OT Gen d 


on doit fuppofer d'ailleurs cette loi de poffbilité la même 
pour les adrefles de tous les Joueurs: on aura ainfi toutes les 
données néceffaires à la folution des Problèmes que l'on 
peut fe propofer relativement à un nombre quelconque de 
Joueurs; & en appliquant à ces données l'analyfe de l'art. VII, 
on parviendra au feul réfultat qui convient à l'état d’ignorance 
où nous nous fuppolons relativement à la facilité des adreffes 
des Joueurs. 
1 


2 Le 


LA théorie précédente fuppofe que l'on n’a aucune raifon 
d'attribuer à l'un des Joueurs plus d’adrefle qu'aux autres, 
ce qui eft vrai lorfque le jeu commence ; mais À mefure 
que les parties fe fuccèdent, & que fes évènemens du jeu fe 
multiplient, on acquiert de nouvelles lumières fur leurs forces 
refpectives, en forte qu'elles feroient exaétement connues, fi 
le nombre des parties étoit infini, comme nous le démon- 
trerons dans Îa fuite : les adrefles des Joueurs, & plus géné- 
ralement les différentes caufes des évènemens , font ainfi liées 
à leur exiftence par des loix qu'il eft très-important de bien 
connoître, & fous ce point de vue, on ne peut douter que 
les évènemens pañlés n’influent fur la probabilité des évène- 
mens futurs. Examinons cette influence , & la manière dont 
on doit en tenir compte, 

Kk ij 


260 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE RoYALE 


Pour cela, nommons Æ l'évènement déjà pafié; e l'évène: 
ment futur dont on propofe de calculer la probabilité P; 
FE + e un évènement compolé de l'évènement £ arrivant 
le premier, & de l'évènement e arrivant enfuite : fi lon 
détermine par la théorie précédente & fans avoir égard aux 
évènemens pañlés, la probabilité de l'évènement £ & celle 
de l'évènement £ + e ; que l'on nomme F la première 
de ces probabilités ; & y la feconde ; il eft clair que cette 
dernière probabilité y fera égale à la probabilité de l’évène- 
ment Æ , multipliée par la probabilité cherchée P que Æ 
ayant me eu lieu, l'évènement e lui fuccédera ; on aura ainfi 
PV — y, ce qui donne 

LA 


e— DENT 


la méthode précédente s'applique donc également au cas où 
l'on a égard aux évènemiens pafñlés, & il n’en réfulte qu'un 
calcul plus compoté. 

Lorfque la poflibilité des évènemens eff connue & priori 
& par la nature même des caufes qui les produifent, comme 
Ta poffibilité d'amener une face donnée d'un dé dont fa 
matière eft homogène & dont les faces font parfaitement 
égales, la probabilité de l’évènément Æ +- e, fe détermine 
en calculant féparément les probabilités de Æ & dee, & 
en les multipliant lune par l'autre, en forte que la valeur 
de P eft égale à la probabilité de e. Il fuit de-là que les 
évènemens paflés n'ont alors aucune influence fur la proba- 
bilité des évènemens futurs; on peut s’en aflurer d’ailleurs, 
en obfervant que, quels que foient les évènemens déjà arrivés, 
leur pofhbilité abfolue refte toujours la même , ce qui rend la 
confidération du paflé entièrement inutile, lorfque cette poffi- 
bilité eft exaétement connue ; mais il n'en eft pas ainfi quand 
elle ne l'eft pas; car il eft vifible que les évènemens paffés 
doivent rendre plus où moins probables les différentes valeurs 
qu'on peut lui fuppoler, fuivant qu'elles leur font plus ou 
moins favorables. Cette remarque nous conduit naturellement 
à déterminer la probabilité des caufes prife des évènemens, 


DES ScrENcESs 261. 
XV: 


SuprosoNs qu'un évènement donné ne puifle étre 
produit que par les » caufes 4, 4'...A4(—1: it x Ja 
probabilité qui en réfulte pour lexiftence de A; x’ celle 
de lexiftence de À’; x'' celle de l’exiftence de A", &c. 
Si l'on nomme a, a’, 4°, &c. les probabilités que les caufes 
A, À, A", &c. étant fuppofées exifler, produiront l’évè- 
nement dont il s’agit, il eft clair que la probabilité d'un 
fecond évènement femblable au premier, fera égale au produit 
de'a par la probabilité x de la caufe À, plus au produit de 
de a° par la probabilité x' de la caufe À, plus &c. d’où 
il {uit que l’on aura ax + ax ax" 4 Re. pour 
cette probabilité : on trouvera de la même manière, 


2 
LL 11 


2 2 
Aa ae ef ad 
pour.la probabilité de deux évènemens confécutifs femblables 
au premier, 


12 12 


3 FES 1 
AX Ha X + dx + &c 


pour la probabilité de trois évènemens confécutifs femblables, 
& ainfi de fuite. On aura par l'article précédent, ces mêmes 
probabilités, en cherchant a priori les probabilités de deux, 
de trois, de quatre, &c. évènemens confécutifs, & en les 
divifant par la probabilité du premier : or la probabiligé d'un 
premier évènement eft a où 4’, ou a, &c. fuivant que la 
caufe À ou la caufe À’, ou &c. exilte: ce qui donne 
= (a+ a + a", + &c.) pour cette probabilité ; pareil- 
lement les probabilités de deux, de trois, &c. évènemens 
ul = 4 117 
femblables, font — (a + a + à + &ec. ); 
: 3 3 FE 
Le (a + a + a + &c.), &c. donc les proba- 
bilités qu'un premier évènement ayant déjà eu lieu, il fera 


262 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE RoYALE 
fuivi d'un ou de deux, &c. évènemens femblables, font 


2 2 2 
a Val ete 0 EEE AOIC « & + i + Fi 


+ &e 
1 mn ; 1 11 , &c. 
Acte AT = QUE. a + a + a! + &c 


en égalant ces probabilités aux précédentes, on aura 


‘ 2 2 2 
TRUR SE &c a +a +a' + &c. 

X + * —- a —+ NES 2e mn ET 2 7. 
AE 4 BORA a EN renve 


x ; A NAS Ur 

& X Soir LTÉE a MIE &c. : 
DR Va US NE Va MEET EN ES 2 NUE 
on formera El équations femblables, & en les combi- 


nant avec l'équation 
CT es CE bp EL us lv 
qui réfulte de Ia fuppofition que l'évènement ne peut être 
produit que par les 7 caufes 4, 4", 4‘, &c. on aura en 
tout équations du premier degré, qui ferviront à déter- 
miner x, x, x", &c. or il eft vifible que l'on y fatisfera 
en ane 
a 


x — : 
CN ONE at PRE 
x° == , 
ANA EE di Ce 
CA 


d'où il fuit que pour avoir la probabilité de l’exiftence d’une 
caufe quelconque A réfultante d’un évènement donné, ïl 
faut déterminer la probabilité 4(? que cette caufe ayant lieu, 
produira cet évènement, & divifer cette probabilité par la 
fomme des probabilités femblables 4, a’, a", &c. relatives 
à toutes les caufes qui peuvent le produire. 


AN TE 


Pour appliquer cette théorie & pour faire fentir pa un 
exemple fort fimple, l'influence des évènemens paflés fur la 
probabilité de ceux qui fuivent, confidérons deux Joueurs À 
& B dont les adreffes foient inconnues; il eft infiniment peu 


DUENSMISUEME E NC FES 263 


vraifemblable qu'elles feront parfaitement égales, Soit donc 


1 + a 1— «a 


la plus grande, & EE 


la plus petite; fi lon 


hill la probabilité P que À gagnera les deux premières 


1 + a% 


parties, on aura par l'article I], P — , en forte 


qu'il y a de l'avantage à parier 1 contre 3 que cela aura 
lieu; mais fr l'on cherche la probabilité que 2 ayant déjà 
gagné la première partie, À gagnera les deux fuivantes, if 
eft vifible que la valeur précédente de P eft trop confidé- 
rable, puifqu'il y a une raïfon ‘de croire que ladrefle de B 
eft la plus grande. En eflet, fi l'on confidère chaque adrefe 
comme une caufe EVE de l'évènement, la probabilité 


que l'adrefle de B eft 


égale à la probabilité que B ayant cette adreffe gagnera Îa 
première partie, divifée par la fomme des probabilités qu'il 


© fera, par l'article précédenr, 


Ja gagnera en ayant fucceflivement les adrefles LR | 9ù 
2 


Pa — a 


DEN , . Tri 0 EP 
; d'où l'on tire ———— pour cette probabilité, 
sue P P 


Pour déterminer dans ce cas la valeur de P, on obfervera 
ue l'évènement que nous avons nommé £ dans l'article XIV, 
éft ici le gain de la première partie par B, & que l'évènement e 
éff le gain des deux parties fuivantes par À; la probabilité 


TL É 1+d 1— « 
de l'évènement Æ eft donc nn ON 


, Juivant que 


la plus grande ou la plus petite adrefle appartient à 2, 
ce qui donne en prenant la moitié de la fomime de ces deux 


valeurs, }” — 1; pareillement {a probabilité de y de l’évè- 
25 P P 
1) Ÿ 
nement £ + e eft égale à : À LR EN EE ou à 
1—+ a 1 — « 1 — 
fs )°; partant y — 3 — donc 


D 


P — 7 En ae ; il y a donc du défavantage à parie 


264 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALr 


1 contre 3 que À gagnera les deux parties fuivantes, en 
forte que l'inégalité des adreffes qui dans le premier cas, 
favorife celui qui parie conformément au calcul ordinaire 
des probabilités, lui eft défavorable dans celui-ci. 

On trouvera de la même manière, que 2 ayant déjà 
gagné la première partie, la probabilité P que À gagnera les 
n fuivantes, eft 


Pa ee .$(i Ha + fi AC AMEN 
Si « eft peu confidérable, on a à très-peu-près, 
Po FE {rt + el] Ce — 1l}; 


or toutes les fois que z furpañfera 3, cette quantité fera plus 
grande que la probabilité — que donne la fuppofition des 


adrefles égales ; d'où il réfulte que dans ce cas, quoiqu'il 
foit probable que 4 eft le Joueur le plus foible, cependant 
la probabilité qu'il gagnera les » pariies fuivantes , eft pluse 
grande que fi l'on fuppoloit À & 2 de forces égales, 


NON, 


LorsqQu'oN n'a aucune donnée à prior! fur la pofbi- 
lité d'un évènement , il faut fuppofer toutes les poffibilités 
depuis zéro jufqu'à l'unité, également probables; ainfi l'obfer- 
vation pouvant feule nous inftruire fur le rapport des naif- 
fances des garçons & des filles, on doit, à ne confidérer 
la chofe qu'en elle-même & abftraction faite des évènemens, 
fuppoler 1a loï de poffibilité des naiffances d'un garçon ou 
d'une file, conftante depuis zéro jufqu'à l'unité, & partir 
de cette hypothèfe dans les différens Problèmes que lon 
peut fe propofer fur cet objet. 

Suppofons par exemple, que lon aït obferyé que fur 
p + q enfans, il eft né p garçons & g filles; & que Lon 
cherche la probabilité P que fur # + # enfans qui doivent 

naître, 


BrErS SCT E NC Ets 265 
naître, il y aura w garçons & # filles; fi l’on nomme x la 
probabilité qu'un enfant qui doit naître fera un garçon, & 
1 — x celle qu'il fera fille; en défignant ="? + 4? 

MO TUE EE 
par À, on aura A x°?.f/1 — x)" pour la probabilité que fur 
p + g enfans, il y aura p garçons & g filles; cet évène- 
ment eft celui que nous avons nommé Æ dans l’article XIV. 


Pareillement, filon défigne par y le produit=="22" ("+ "" L 
12 3e 2 : Jul 
on aura yA.x? ©" ,{1 — x) +" pour Îa probabilité que 


fur P + 9 enfans qui naïîtront d'abord, il y aura p garçons 
& g filles, & que fur m —+ » enfans qui naîtront enfuite, 
il y aura » garçons & # filles; cet évènement eft celui que 
nous avons nommé Æ£ + e dans l’article cité. Maintenant, 
x étant fufceptible de toutes les valeurs depuis x — o jufqu'à 
x — 1, & toutes ces valeurs étant à priori également pro- 
bables ; il faut, pour avoir Ia véritable probabilité de Æ, 
multiplier À.x?/1 — x)7 par ax, & étant conftant, & 
prendre l'intégrale À .faox.x"{1 — x)f, depuis x = o 
jufqu'à x — 1; la valeur de à fe déterminera en obfervant 
que x devant néceffairement tomber entre o & 1, on a 


Jadx — 1, l'intégrale étant prife depuis x — o jufqu'à 
* — 1, ce qui donne a — 1, On aura femblablement 
Ay fx?" .2x{1 — x)*" pour la probabilité 


entière de l'évènement £ -+- e; doncia probabilité cherchée 
P, que fur m + # enfans qui doivent naître, il y aura 


m garçons & n filles, fera par l'article XIV, 


VJAPÉ TD x (r — apte 


P = JaPdx, (1 — x} É 
les intégrales du numérateur & du dénominateur étant prifes 
depuis x — o jufqu'à x — 1. Cette condition donne 
P PHARE As ose ee nesets q 
4 à x I — x EE ————"— À! 
S ( / Ces) (P 2). EL fr PET 
RS re" - 


bn) p+m+i).(p+g+mtn +) À 


Mém, 1778, | LI 


266 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
ce qui change l'expreflion de P dans celle-ci, 


Pie (g+i).(g—+al..(g+n).(p+).(p+2)...(p4+m) 
Ft (p+g+2)(P+9+ 3e. (P+g+mtn ut on 
or on a, comme l’on fait, 


log. (1.2.3...u0) = Flog 27 + (u + =) log. 


UE > — ———— + &c 
12,4 360.4 


ce qui donne à très-peu-près, lorfque z eft confidérable, 


L',230 a (aa) at" dei Us 


æ étant le rapport de la demi-circonférence au rayon, & e 
le nombre dont le logarithme hyperbolique eft l'unité ; donc, 
{1 l'on fuppofe p & y de très-grands nombres, on aura 


1,2.3mfqen) Gun TT es 
+1) (qe QE) TES = Pour 


1e 25 ONE PT 
ft en) UE IX — mn 


(Pa RE En En ‘e © 
? = 


PEU 0 MP ent Ne ne |: 

P q (P g Enr) teen NET # 
en fubftituant ces valeurs dans lexpreffion de P, & en 
obfervant que l'on a à très-peu-près, 


Piste à Lee Patig 
PHIRMERRIT TO p+g+m+n k 


elle deviendra 
BYE _ ARR 


+a+r ñ 
2 (PEY ) 
P+I+m+n+s £ (æ) 


CE) 
PE on: Re jee 
r reg  *e(p+qg+m—+a) 


Si u &. 5 font de très-petits nombres par rapport à p & à g, 
on a 


og (p+ nt = (p+s)flogp + log. (1 + —)} 


= (p+s) EE + gp} = à + (p + 5) log. p3 


L 
DES SCTEN CES. 267 


donc, 
us, P+Ss 
(p+u) =? A 
partant, fi m &n font très-petits relativement à p & q, on a 
g+n+es # qrn+z = 
(q + a) ‘—e .q , 
Pme: mt bp+m FF 
(p + “) ne ; 

PH +MHRHL mt PIE 
b+g+m+n) —=e ” .p+d) © 
d’où l’on tire 

ds P".q" 

P —— Y @ FETE , 
j, C1) 10 1 À 


CETTE valeur de P eft [a même que celle à faquelle on 
parviendroit, en fuppofant les poflibilités des naïffances des 
garçons & des filles dans le rapport de p à 4; d'où il eft 
naturel de conclure que ces poñlibilités font à très-peu-près 
dans le même rapport, & qu'ainfi, la vraie poflibilité de la 
p 
. 7 4 
n'eft pas qu'abfolument parlant, elle ne puifle avoir une 


naiflance d’un garçon eft très-approchante de : ce 


valeur bien différente; mais l’expreflion an & celles 


qui en font très-voifines, font incomparablement plus proba- 
bles que les autres, -& l'on peut énoncer ainfi la conclufion 
précédente. 

Si l'on défigne par 8 une quantité fort petite, & par P 
la probabilité que la poffibilité de la naïfflance d’un garçon 


? 
+ 


la valeur de 2 différera d'autant moins de la certitude ou de 
Yunité, que p & g feront de plus grands nombres, & l’on 
peut tellement faire croître p & 4, que la différence de P à 
l'unité foit moindre qu'aucune grandeur donnée, quelque petit 
que 6 foit d'ailleurs, 


eft comprile dans les limites Le 
P+9 


LI ij 


Lu 
268 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
On voit par-là comment les évènemens, en fe multipliant, 
nous indiquent d’une manière de plus en plus probable, 
* Jeur pofhbilité refpeétive ; mais comme le théorème précédent 
n'eft vrai que dans l'infini, & que la valeur de P diffère 
toujours un peu de lunité lorfque p & g font des nombres 
finis, il eft intéreffant de connoïtre cette différence, & pour 
cela, nous allons donner l’expreflion de P par une fuite très- 
convergente que nous verrons fe réduire à l'unité, lorfque 
p & g font infinis, & qui nous fournira de cette manière, 
une démonftration directe & rigoureufe du théorème dont il 
s'agit. 
Soit x la poffibilité de Ia naïffance d’un garçon, & 1 — x 
celle de la naiffance d’une fille; la probabilité que fur p + g 
enfans, il y aura p garçons & 4 filles, fera, comme on l'a vu 
dans l'article précédent , égale à À .x".{1 — x)"; or fi Ton 
regarde x comme une caufe particulière de cet évènement, 


sde (r—x) ASE T À se, Z 
TAPIE fera par Varticle XV Ia probabilité de cette 
caufe , pourvu que l'intégrale du dénominateur foit prife 
depuis x — o jufqu'à x — x: ; donc la probabilité P, que 

ous } VÉLET Cons LS 
x fera contenu dans des limites données, fera PET i 


pourvu que l'intégrale du numérateur ne foit prife que dans. 
l'étendue de ces limites; la queftion eft ainfi réduite à déter- 
miner dans ce dernier cas la valeur de fx"0x {5 — x}, 
Jorfque p & q {ont de très-grands nombres. 


Soit y — x?f1 — x), on aura 
+*(1—x%) 


P—(Pp+ gx «07» 


LLC 
& fi Yon fait p — —; 9 — “<, à étant une fraction 
L2 L2 


extrêmement petite puifque p & q font très-confidérables, 


on aura 
J0x = az. 0}; 


D''ENSISNCHRNE Nc: Es; 269 
x.(1 — +) 


FPE FES T U de-là on tirera ; quel que 


Z étant égal à 


foit 7, 
à 
Dox = CH apr. ft — a. = + ee 


— REA LATE AXE PUS BEC. 5 (N) 


d x5 


C étant une conftante arbitraire qui dépend de la valeur 
de fydx, à l'origine de l'intégrale. Cette fuite qui eft d’un 
grand ufage dans ces recherches, fe démontre facilement ea 
obfervant 

1° que fy0x = faz0y — aygz — afy07; 

2. que l'équation ydx — «7.0y, donne y = «7. . 


L 
& qu'ainfi 

f 27 d > /2? 
Jyor = af. SE = ay. Lt — afp. EE ; 


OU 00 do) 
3° que y. — af0y.t. ar 


— afy. es & ainfi de fuite. 


La férie précédente cefle d’être convergente, lorfque le 
dénominateur de 7 eft très-petit de l'ordre 4; & c'eft ce qui 


a lieu, lorfque x ne diffère de AE que d’une quantité 
1+ 4 


de cet ordre; il faut donc n’employer cette férie, que dans 
le cas où cette différence eft très-grande par rapport à « ; 
mais cela ne fuffit pas encore : chaque  difiérentiation 
augmentant d’une unité les puiflances des dénominateurs 
de 7 & de fes différentielles, il eft vifible que le terme de 
la férie multiplié par a, a pour dénominateur celui de 7, 
élevé à la puiffance 24 — 1; donc pour la convergence 
de cette fuite, il eft néceffaire que « foit beaucoup moindre, 
non-feulement que le dénominateur de 7, mais encore que 
le carré de ce dénominateur. 


270 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE 


I fuit de-là que la fuite /A) donnera par une Là te 
mation rapide, l'intégrale fy0x prife depuis x — 0, 


jufqu'à x — 


CT 8, pourvu que a foit beaucoup 
plus petit que &; & fi l'on obferve que l'on 'a y =}0MNE 
Bi lorfque * 0, on trouvera pour la Vie de 


[79% dans ce cas, 


aut*".[1—(1+ A RE Pre mor} 
722 (4 mu au (ip f] 


A — 
PRAE (1 + m)rT153.8 CETTE) #8 


Cette fuite a l'avantage de donner les limites entre lefquelles 
la valeur de /y0 x eft refferrée ; en eflet, cette valeur eft 
moindre que le premier terme & plus grande que la fomme 
des deux premiers termes ; pour le démontrer, nous donne- 
rons à z cette forme, 


Goes ee” CRETE ET 
& nous aurons 
Ma d x PRE ; 
07 — 1 + us (a +m.[1—(i+u).x] ? 


on voit ainfi que 7 & 07 augmentent à mefure que x 


augmente depuis x — o, jufqu'à x — Fa les quan- 
se o d.(rd : ‘ 
tités 7, _. & ee font donc toujours pofitives dans cet 


intervalle , ainfi que les intégrales /y0 7 & f{y. À ARCS 


on a par ce qui précède, fy0x — ayz — A 
partant fy 0 x si moindre que «y% ; pareillement 


L0x = ayz < — afp. Ce; 
fo2 eft moindre que ay.7. L.; donc /y0x eft moindre 


or 


& par conféquent 


que ay7, & plus grand que ayz.f1 — «@, =). Cette 


DES SCIENCE s. 27% 
remarque peut fervir, lorfque fans chercher la valeur exacte 
de /y0x, on veut s’aflurer fi elle eft plus grande ou plus 
petite qu'une quantité donnée, 

La fuite /A) donnera encore l'intégrale fydx, depuis 


PR —— 


—- 0, jufqu'à x — 1, & fi l'on confidère 


1 + 
que x étant 1, on ay — 0, & Z —= O0; on verra facile- 
ment que la valeur de fy0x dans ce dernier cas, eft la 
valeur même de fy 0 x dans le premier cas, prile en moins, 
& dans laquelle on change 8 en — 8; donc fi l'on nomme 
k l'intégrale entière /ydx, prife depuis x — o, jufqu’à 


* — 1; On aura aux quantités près de l'ordre &?, pour cette 
ü . / . . I . ES 
même intégrale prife depuis x — rayer 8, jufqu'à 
1 . . . 
X — ———— + À, ou ce qui revient au même, depuis 
Le + 
, V P 
— — 0, jufquà x — 
jrs » Juiq RS NS 6, 
PILE TE oder feat AN ? 
(1 pu}. 
Av * 


A+) "173,8 
are 


Dita)". + ge 


1+u 1 
8)7+ 
ete 


+ + fi Hu) TE". x — 


ce qui donne 
k a[uæ(ræ+p).6] 
Ï CRE je QE EEE eme Du 
P ap ÿ (3 + a)5.6 è 
pes TON OUI it en fr AT 00 Gus à: 
tir TNT EEENT 
1 + 


D + pre pr gp 


Æ 


NE ÿ)1+: 
0 
H ne s'agit plus maintenant que d’avoir la valeur de 4; ox 
ona, par l'article précédent, 
1:2:3-...pP.1.2:3....q 


eee as CRE ROM 


Br2:30r.(P+I+1) 


+ [+ fr He LT (Er — 


[r+ 


L 


272 MÉMOIRES DE L'ÂACADÉMIE ROYALE 

& quel que foit 4, 

1.2.3uu— (2m) MT et LT + —— + &c.} 

d'où il eft aïfé de conclure, en faifant p — A Car Len 
[4 æ 


: 7 
es (272). 


[aitu —13u] 
PFIFT+ lie. 


13H.(1+ 4) 


+ &c.} 
+ 4) : 


on aura donc, en négligeant les quantités de l'ordre az, . 


at .u* Ris cle || 


Pæi--— up (i+ BE 


Ver)... 
[r—(i+u)01 "fr ec D 


+ i+(i a Le RE LES 


{1 — a. 


fur quoi l'on doit obferver que Îa quantité 


Dm — A+ 84) + y 


eft à fon maximum, lorlque 8 — o; d'où il fuit que fa 
plus grande valeur du facteur ‘ 


en le RENE nn Ai À 
Le Op te | 


eft très-près de deux, & qu'il eft beaucoup moindre, pour 
peu que 8 foit plus grand que zéro, 

Dans la queftion préfente, ce facteur eft toujours extré- 
mement petit; pour le faire voir, nous mettrons la quantité 


[ii +u8]"*"./x ee 0/7%" fous cette forme, 


pw“” IH)" ha » 
0 0 ii + #0", 


& nous obferverons que 8 étant fort petit, on a par des 
fuites convergentes, 


Log. 


DHENSY TC NC ESA. 273 
kg. MES: “Ou ds (Ha) ere (1er — 8e 


I nn, pla fan pd, 
og. (1 ja ) Pal Fer d Che ) 


d’où en fubftituant au lieu de p, — , & au lieu de g, — 


on tire 
Ai+yx) {i+u)? g* 
; 7 ; f = TR  ———— 
ji Le 4 e1 Fe L - 0 } 24 œ 
Re ic. 
3 H° & 
Partant, 
LO+ap 8 (=) +m LEE 
LE N ATE Ml DIET 2 a PONT 
Led À 


8 étant, comme nous l'avons fuppofé, beaucoup plus grand 
que «, & e logarithme hyperbolique de l'unité, étant plus 
grand que 2, il eft clair que le fecond bnbre de cette 
équation eft très-petit, & décroït très-rapidement lorfque « 
diminue; d'où il fuit que la quantité 


1+4 
Qu fr mp] Ne fr = 0)iT?, 
L . 
eft elle-même très- petite, ce qui eft également vrai de Ia 
quantité 
- + Lu 
[x —+- (1 = AE CREER (x — Re l 
dans laquelle fe change la précédente en faifant 4 négatif. 
On voit ainfi que 8 reftant le même, quelque petit qu'il 
foit d’ailleurs, la différence de P à l'unité, devient d’autant 
moindre que & diminue, non-feulement parce que le facteur 
a* qui multiplie cette différence diminue, maïs encore parce 


que le facteur 
M PR Te = 8)°+* 
+ LA + (ui n)8TP Et (x Re Dre" 
Mém. 1778, Mm 


274  MÉMoIiREs DE L'ACADÉMIE RoyaLr 


eft très-petit, & diminue avec une grande rapidité; & ï£ * 
eft vifible que l’on peut tellement augmenter p & g, & par 
conféquent diminuer «, que cette différence de P à funité 
foit moindre qu'aucune grandeur donnée ; ce qui eft le théo- 
rème dont nous avons parlé au commencement de cet article. 


XPANXE 


UN des principaux avantages de la théorie précédente; 
eft de fournir une folution directe & générale d'un Problème 
intéreffant dont l’objet eft le plus ou moins de facilité 
des naïffances des garçons & des filles dans les différens 
climats. On a obfervé qu'à Paris & à Londres , il naît conf- 
tamment chaque année plus de garçons que de filles, & 
quoique la différence foit peu confidérable , il feroit aflez 
extraordinaire que cela füt l'effet du hafard, & il eft bien 
plus naturel de penfer qu'en France & en Angleterre, la 
Nature favorile plus la naiffance des garçons que celle des: 
filles. A fa vérité, les naïflances obfervées pendant quatre 
ou cinq ans dans quelques petites villes de France, femblent 
y indiquer ine moindre facilité pour la naïfflance des garçons 
que pour celle des filles; mais il eft très-poffible que fur un 
petit nombre de naïflances, tel que quatre ou cinq cents, 
il y ait plus de filles que de garçons, quoique la facilité de 
la naïffance de ceux-ci foit plus grande; il faut employer 
à cette recherche délicate, de beaucoup plus grands nom- 
bres , vu fur-tout le peu de différence qui exifte entre les 
facilités des naiflances des garçons & des filles; & ce n'eft 
que lorfqu'on fera bien afluré que le nombre obfervé des 
naïflances dans un lieu quelconque, indique avec une très- 
grande probabilité, que les naïffances des garçons y font 
moins poflibles que celles des filles, qu’il fera permis de 
rechercher la caufe de ce phénomène : la méthode de l'ar- 
ticle précédent, donne un moyen fort fimple pour obtenir 
cette probabilité, lorfqu’on a un nombre fufhfant de naif- 
fances; nous allons l'appliquer à celles qui ont été obfervées 


DES SCIENCES, 275 
à Paris, & déterminer combien il eft probable que les naif 
fances des garçons dans cette grande ville, font plus poffibles 
que celles des filles. 

Pour cela, nous ferons ufage des naiffances qui ont eu 
lieu depuis 1745 jufqu'en 1770, & dont on peut voir Îa 
lifte dans nos Mémoires pour l'année 1771, page 857. En 
raflemblant toutes ces naiffances, en trouve que dans l’efpace 
de ces vingt-fix années, il eft né à Paris 2 $1527 garçons, 
& 241945 filles, ce qui donne à très-peu près 495 pour 
le rapport des naïflances des garçons à celles des filles : cela 
polé, la probabilité que la poflbilité de la naïffance d’un 
garçon eft égale ou moindre que £, eft par l’article précédent, 
VÉTE 

4 
jufqu'à x — +; d’ailleurs cette intégrale prife depuis x = o 


égale à , l'intégrale fydx étant prife depuis x — 0 


jufqu'à x — POLE 0, & divifée par 4, eft par le 
même article, égale à 


POP nu g 12 hab gqr+r. Drap +4 pr 
Var). (1+m)".0 [ ( /1] [ { # ) ] 


È ne OUR 
x 


pH, (1+p).6 
AN ROME 


en fuppofant donc — 8 — +, & par conféquent 


1 
ae 27 
que x eft égal ou moindre que 1, 

244 
rue PSN) | Lu RE EE 
14 À 2 F 24 
2 FRE 2 pes | 
+ _ y, Lea +gumi(i—n + “ 


0 — 


, on a pour l'expreflion de Ia probabilité 


pifitæu) .(1— pi 
+ &, &c. 


Mn ïj 


276 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Dans le cas préfent, 

D 22 

J'=N2MO9 ES" 
= 0,9619047, 


M 
_ L 1 
= — = ——, 
b QT 
% x Le Gus fe I Q re 
€e qui donne a peu-pres = 24, en lorte que a Iérie 


[4aB sut su. (i—m)+(i —m)] 2 
I —«. MPa IE DU) + a. &c, 


eft très-convergente, & l’on trouve par le calcul, que Ie 


fecond terme eft environ =; on peut aïinft s’en tenir au 


premier terme : or on a en logarithmes des Tables, 


ES = 
log. Arr dr 2,4660039, 
1H 
le nombre 2 indiquant une caractériflique négative; on à 
enfuite, en portant la précifion jufqu'à douze décimales, 


log. p = 5,400584610947, 
log. 9 — 5,383716651469, 
og. (p + q) = 5,693262515480, 
log. 2 — 0Q,301029995664; 
d'où l'on tire 


BR +7 
Log. cn = 73616,6879714, 
Fi +1 
log. fre = 748933836139, 
logarithme 27*1*? = 148550,4760803. 


Partant 
; ( 24 
fon pr CHAT = 4250615089. 
À CV ARLES DETE 


D'EMSLMSICT'E: N°C:E: 8; \' 27 
En repañfant des Jogarithmes aux nombres , on anra pour 
la probabilité que x eft égal ou moindre que +, une fraétion 
dont le numérateur eft peu différent de unité & égal à 
1,1521, & dont le dénominateur eft Ia feptième puifflance 
d'un million; cette fraction eft même un peu trop grande, 
& comme elle eft d’une petiteffe exceflive, on peut regarder 
comme aufli certain qu'aucune autre vérité morale, que la 
différence obfervée à Paris entre les naiflances des garçons 
& celles des filles, eft düe à une plus grande poflibilité dans 
a naiflance des garçons. On voit au refte que la petitefle de 
la fraction précédente vient principalement du faéteur 

IH )p+r EU Ht 

be) -( mar 


ce-qui confirme ce que nous avons dit dans l’article préce- 
dent fur la convergence de la valeur de P vers l'unité, 

On a obfervé que dans l'intervalle des quatre-vingt-quinze 
années écoulées depuis 1664 jufqu'en 1757, il eft né à 
Londres 737629 garçons & 698958 filles, ce qui donne 
environ ++ pour le rapport des naiffances des garçons à celles 
des filles ; ce rapport étant plus grand que celui de 10 s à 
101 qui a lieu à Paris, & le nombre des naiffances obfervées 
à Londres étant plus confidérable, on trouveroit pour cette 
ville une plus grande probabilité que les naïflances des garçons 
font plus poffibles que celles des filles; mais lorique les 
probabilités diffèrent aufli peu de l'unité, elles peuvent être 
cenfées égales & fe confondre avec la certitude. « 


à, 0e 

La conftance avec faquelle les naïffances des garçons à 
Paris, ont emporté chaque année fur celles des filles 
depuis 1745 jufqu'en 1770, eft encore un de ces phéno- 
mènes que l'on ne peut attribuer au hafard. Déterminons fa 
probabilité en partant des données précédentes ; pour cela, 
foit 2 4 le nombre moyen des naïflances des garçons & des 
filles dans l’efpace d’une année ; fuppofons de plus que fur 


278 Mémoires DE L’ACADÉMIE RoÿALE 


ce nombre, il y ait # garçons, & par conféquent 2 4 — #e 
filles ; la formule (8) de l'article XVII donnera pour 1a 
probabilité P de cet évènement, 


pi 1.2.3...02 4 142.3...,(p + 9 + 1) 
Tu ia ep g Faa ti) 12,3 eumpeir2e3 ed 
1,2.3...../ + 14 — m) Li2.3ecooe(P + M) 
x ———— — — ———— 
Loze3eer.(2a — m}) LUE TE CETTE 


on aura donc a probabilité que les naiffances des garçons 
ne lemporteront point fur celles des filles, en prenant la 
fomme de toutes les valeurs de P, depuis # — o. juiqu'à 
m — a. Soit 

De2,3ce0..(9 + 14 — m).1.82.3.4...(p + M) 


LeZipees..( 24 — M).litezrses M 
& cherchons l'intégrale finie Z.y,, depuis » — o jufqu'à 
m — a, la caraériftique Æ fervant à défigner les intégrales 
finies ; on a vifiblement 


— Jn’ 


__ (m+1).(g+3a—m) £ 
d Mn pan). (prnrai) ‘Jn+ri 
onc 
Sr (m+s).(g+#+ 2a— m) Re CEE RTE 
Jneil — {aa—m).(p+m+4i) TT (sam) (p+m + 1) ñ 


ou 


À «Ya? 


(m+1).(g+ am) 


Ja png © Je 


la caractériftique À étant celle des différences finies. Suppo+ 
fons généralement 
Yu = Zune À Ja 
nous aurons en intégrant, 
ET PT A TS PU ARE 
or fi on fubftitue pour y,, fa valeur 7,.A.y,, on a 


Ze [fa à Zn 1) —= Et: A y.) 
= pad — Enr A (Ce à Lu) 


DLE:S4 SICILE N.C ES 279 
pareïllement , 


ef Afzivauz.)] 
=} nie Cm—s À (Tnns An) —Eiyne de [en A (runs en )]}, 


& ainfi de fuite; on aura donc 


Z.ys = CH Juan il — A, + ft. A. DE) 
— A.[7,-,.A.(7,-,.4:7n-,)] + &c}; (y) 


€ étant une conftante arbitraire. Cette fuite eft dans les 
différences finies, ce qui eft la fuite (A) de l'article XVIII, 
dans Les différences infiniment petites : pour déterminer dans 
quel cas elle eft convergente, nous obferverons que fi la 
dimenfion de 7,_,, enp, g, a&m,eftr, celle de A .7,_, 
fera r — 1; celle de A./7,_,.A.7,-,) lera 2r— 2, 
& ainfi du refte: or la convergence de la férie exige que 
ces dimenfions aiïllent en diminuant, ce qui fuppofe que r 
eft moindre que lunité. Dans la queftion préfente où 
mes Mat 24%) |, ;jes dimenfions du 
2ap+q9—m(p+4) 
numérateur & du dénominateur font égales à 2, & par 
conféquent r — o; la fuite fera donc convergente, pourvu 
que le dénominateur ne foit pas extrêmement petit, c'eft-à- 


MY TA ; 
——;— diffère fenfiblement de a or c'eft 


dire que 


ZA —— 

ce qui a lieu, lorfque # eft égal ou moindre que z, p étant 

fuppofé plus grand que g. 

rec ce (ns 
24p +qg—m(p +4) 


- } 
cette forme £ + Fm + en REED faifant 


On peut mettre la quantité 


F1 —g-(P+g) — 249 —p 
(b+g} 


' LA 

| NL: Las 

= P+9 
2 (z2ap+g).[g.P+p+2aq+r)] 

ve sd (2 + g/° ; 


280 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
on aura ainfr 


G,(p +39) 


À: = EE — —_—— ———— ; 
Ces RANCE ETES TIAETES EST ET/27IL 


or F & G étant pofitifs, il eft clair que A .7,_, eft toujours 


de; | P 


poñitif tant que eft moindre que ri on 


> a —m 
voit de plus que dans ‘jcéteas 70m Au NE 
toujours en augmentant, en forte que Ale A, m3 
eft encore une quantité pofitive; donc Z°. y, étant égal à 
Ju Tn—i— 2 (ne À Tn= 17, Et moindre que H+-y,. Zur 
H étant une arbitraire; pareïllement X . /y,. A .7,_:) 
étant égal à pe Zn se A+ (Zn 2) — 2e pu A (tn se Aou) 
eft moindre que H°+- y, .7,-,.A .7,-,, H'étant une 
nouvelle arbitraire; donc l'intégralé Y , YA eft moindre que 
CH y, .7%1-,, & plus grande que 


CH June Tu: (1 Ag TT. 


Si l'on détermine au moyen de la formule (y), l'intégrale 


ES .y, depuis m — o jufqu'à # — 4, la conftante C fera 
nulle ; fi l’on fuppofe enfuite qu'il naît 20000 enfans 
chaque année, ce qui donne a — 10000, on trouvera en 


employant pour p & g, les valeurs de l'article précédent 
relatives à Paris, 


Zu 02020; 
PL = 20,09: 
Partant, PEN PET DE 
on aura ainfi Esp < "26,22 . Jus 
& ZE .y, > 26,22.ÿ;, (1 = 0,13); 


en faifant donc ZX .y, — 26,22 .y,, 


cette valeur de Z.y, ne furpañlera que de -£ environ la 


10 


véritable valeur ; il fuit de-là que fi lon nomme P la 
| probabilité 


DES ScrENCESs. 287 
probabilité que fur vingt mille enfans, il y aura autant de 
garçons que de filles, la probabilité que le nombre des 
garçons ne l'emportera pas fur celui des filles, {era un peu 
plus petite que 26,22 . P. 

On déterminera la valeur de P par {a formule (&) de 
l'article XV/11 ; pour cela, on y fuppolera m — n — a, 
& on la mettra fous cette forme, 


Blend Erahle re), | 
E+g VE 4) .@ + 9 + 29)? 


à afp— 9) 17e 


PP ct A 
P(b+-g-+-214) 


g(p+9+24) 


On obfervera enfuite que 


d'où l’on tire, par l'article XVII, 


= T; 
on a d’ailleurs, 


rat PRES Pape g° 
Pre) Ste CEE SRE ac] 


nee ep a) 2e A LC — 9) RE dur 2 LG 
Log. [ res (P+a) Er 5 P(p+9+24)* &c.], 


2 étant peu confidérable par rapport à p, & P différant peu 
de 7, ces fuites font très-convergentes, & l'on peut s’en 
tenir aux deux premiers termes: en ajoutant donc ces loga- 
rithmes, on aura 


-(P— 9) “fi a.{p — 49) ie 
î . RE PES), 50 1] — ——_—______  _ — 
RE ter | E P-(Pp+qg+3a) ] 
à : 1 x Pg+gp+afp+f) 
APE gel Er Be — "7 |]. 
@—9 rempart PT -(P+g+210) ] 


On peut fuppofer à très-peu près a (p° + g*) — 24apg, 

ce qui réduit le fecond membre de l'équation précédente à 
SE te 2 À ; 7 

Battre) + FE logarithme eft hyperbolique, & 


Min, 1774. Nn 


282 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

pour le convertir en logarithme des Tables, il faut, comme. 

l'on fait, le multiplier par 0,43429448. En appliquant des 

nombres à ces formules, on trouvera que le logarithme tabu- 
a.(p — 9) FER [r 6, d'a pir=29l j** 

p.(p+q+ 14) P:(p+q+ 24) 

eft 0,0638041; on a enfuite, en portant la préüifion. 

jufqu’à dix décimales, 


laire de [1 + 


log. 2 — 0,3010299957, 
log. p — $,4005846109, 
log. 9 — 5,38371665$15, 
log. (p + 9) = 569326251565 
ce qui donne 
log. ©" 0 — 7,3622260: 
PERTE 
(Al 
de plus, 
log. V(ax) = 2,2485750, 


(p+g) V{(p + a). (4 + a)] 


= == 1,9913791 3 
Y{pg).(p+9#32a)* 


los. 


on aura donc Ai 
log. P = 4,168834z ; 
d'où Fon tire 
Li 
26,22 . P = 0,0038678: — AS 
La probabilité que dans une année les naïffances des garçons. 
ne feront pas en plus grand nombre à Paris que celles des filles, 


LI 


eft: donc moindre que ; or en la fuppofant égale à 


259 
cette fraction, on aura à très-peu près le nombre d'années 
dans lefquelles on peut parier un contre un que cela n’arrivera 
pas, en multipliant fon dénominateur 259 par le logarithme 
hyperbolique de 2, c'eft-à-dixe, par 0,693 1472, ce qui: 
donne pour produit 179: on peut donc parier avec avan- 
tage un contre un, que, cela. n'arrivera pas dans l'intervalle 
de cent foixante-dix-neuf années. 


É D'Ets SCA EN cEs. 283 
Relativement à Londres, p — 737629, 


& = 6989%58; 
ce qui donne Fin = 10:23 000% 
& AZ AE =: 00094; 


en forte que fi l'on fuppofe Ia probabilité que les naïffances 
des garçons ne l’emporteront pas fur celles des filles égale 
à 18,3 .P, cette probabilité ne furpaffera que d’un quinzième 
environ la véritable ; on trouve enfuite 

L 
Log. [ 1 + f 


Pb +3+ PP+g+24) 


AL Te É y 
log. {p + 9) [fr + a) + (q 2821 LT Aoydoze; 
V(rg)-(p+g+asa) 
On a de plus, en portant la précifion jufqu'à dix décimales, 
log. p = 5,8678379827, 
log. g9 — 5,8444510800, 
log. (p + q) = 6,1573319321; 


’où l'on tire 


1 RAD: à ou: ER 8 5 
à Mt ip Ve Er 
free) 


on aura donc 
log. P=— 6,6435674:; 
partant, 


ï e 
+ 
» 


18,3 : P — 0,000080$41 — su 


la probabilité que les naïffances des garçons à Londres ne 
Femporteront pas fur celles des filles dans une année déter- 
= cn forte que 


minée, eft donc un peu moindre que 


1241 
l'on peut parier avec avantage 1 contre 1 que cela n’arrivera 
pas dans l'intervalle de huit mille fix cents cinq années ; ce 


N n ij 


a.(p — CHE AS : _ 
PEN ee» PAS t—] TN ane Pete Dr V j = 0,04324145 


284 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


phénomène eft, comme l’on voit, beaucoup moins probable 
à Londres qu'à Paris, ce qui vient de ce que dans la pre- 
mière de ces villes, Îe rapport des naiflances des garçons à 
celles des filles eft plus confidérable. 


XX L 


LA théorie précédente fuppofe que l'on connoît le nombre 
de fois que chaque évènement fimple eft arrivé; mais quoique 
cette fuppofition s’étende à un grand nombre de Problèmes 
intéreffans, cependant elle n’eft encore qu'un cas particulier 
de cette partie de l'analyfe des hafards, qui confifte à remonter 
des évènemens aux caufes. Nous allons expofer dans les arti- 
cles fuivans, une méthode générale pour déterminer Îles 
poflbilités des évènemens fimples, quel que foit l'évènement 
compofé dont on a obfervé l'exiftence. 

Confidérons d’abord deux Joueurs À & B, jouant aux 
mêmes conditions que dans l'article 11, c'eft-à-dire que À 
ayant "1 jetons au commencement de chaque partie, 8 en 
ait # — m; qu'à chaque coup celui qui perd donne un 
jeton à fon adverfaire, & que la partie ne doive finir que 
lorfque Fun d’eux aura gagné tous les jetons de l'autre. Sup- 
pofons enfuite qu'ils aient joué de cette manière un très- 
grand nombre de parties dont p aient été gagnées par À & 
g par B, & que l'on veuille déterminer leurs adrefles ref- 
pedlives, ou ce qui revient au même, leur probabilité de 
gagner un feul coup; il eft clair que le nombre des coups 
gagnés ou perdus par chaque Joueur eft inconnu, puifque 
chaque partie peut être compofée d’un nombre plus grand 
ou moindre de coups; on ignore donc ici le nombre de fois 
que chaque évènement fimple eft arrivé; mais il eft facile 
d'étendre à ce cas & à tous les autres femblables, la théorie 
des articles précédens, en obfervant que fi p & g font de 
très grands nombres, les probabilités des deux Joueurs A 
& B pour gagner üne partie, feront à très-peu près dans le 
rapport de ces nombres : or ces probabilités étant connues, on 
aura facilement leurs adreffes refpectives, ou leurs probabilités 


DES L'E: NC Es; Ni): 208 


de gagner un feul coup; car en nommant X la probabilité 
du Joueur À pour gagner une partie, & x fon adreffe, on 
a par l'article LIT, 


LEE ] 


Ur 


le 
)" 


x 


A — 


T— x 


DT raies 


* La feule racine utile de cette équation eff celle qui eft pofitive 
& moindre que unité; or il eft aifé de voir a priori qu'il 
ne peut y en avoir qu'une qui fatisfafle à ces conditions, 
puilque l'adreffe x ne peut augmenter ou diminuer fans que 
a probabilité X augmente où diminue; la valeur de x que 

l'on tirera de cette équation jouira donc du même degré de 
probabilité que X’: or fi l'on fuppofe p & q très-confidérables, 
il fera extrémement probable, par l'article XVIII, que X 


. diffère très-peu de IE SP donc fi l’on nomme 4 la racine 


poñitive & moindre que l'unité de l'équation 


OA Ra) pee (à x); (0) 


il fera très-probable que l'adreffe x cft très-approchante de 4, 
en forte que fi p & g étoient infinis, il feroit infiniment 
probable que la différence de x & de a eft moindre qu'au- 
cune grandeur donnée. Cette valeur de x a d’ailleurs l'avantage 
de nous faire connoître le rapport des coups gagnés aux 
coups perdus par le Joueur À ; car fi l’on nomme 7 le 
nombre des premiers, & s celui des feconds, l'adrefle x doit 


être très-peu différente de , en forte que l'on a à 


, . r a 
= ‘ay.d'oùÿl'où tire = — —" _, 
S 


ARTE 


très-peu près —— 

Suppofons encore que 4 & B ont joué p parties avec 
la condition précédente, & g parties dans lefquelles À avoit 
m' jetons & B n° —_ y», au commencement de chaque 
païtie. Suppofons enfuite que fur ces P + gq parties, À 
en a gagné r ; cela polé, pour déterminer les adrefles de çes 


286 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


(4 
Joueurs, nous nommerons + celle de À, & v le nombre 
inconnu de parties qu'il a gagnées fur les p premières ; l'équa- 
tion /a) donnera dans ce cas, 


DETTE TE 


Le nombre des parties que ce Joueur a gagnées fur les q 
dernières, eft r — v; on aura donc encore, en vertu de 
l'équation (a), 


Ogre (eq a à 


En éliminant v de ces deux équations, on aura une équation 
en x, dont la racine pofitive & moindre que l'unité , eft 
celle qu'il faut choifir; or on prouvera comme ci-deflus, 
qu'il ne peut y en avoir qu'une de cette nature. Si l'on 


. a x x 1 
nomme a cette lACIMe, ———— fera a trés-peu-pres le rapport 
y —4 


du nombre des coups gagnés au nombre des coups perdus 
par le Joueur À; on aura enfuite 


De 4 A re A 


p DCE RE 
& ce fera le rapport du nombre des premières parties gagnées 
par le Joueur À, au nombre total p de ces parties. 


X XITL 


Voici maintenant une méthode directe & générale pour 
déterminer les poflbilités des évènemens fimples, quel que 
foit l'évènement obfervé. 

Si l'on défigne par x & 1 —— x les poffibilités des deux 
évènemens fimples, & que l’on cherche par les règles ordi- 
naires de f’analyfe des hafards, la probabilité de l'évènement 
compofé dont il s'agit; on aura pour fon expreflion une 
fonction de x, multipliée par un coëfficient conftant quel- 
conque: fi l’on nomme y cette fonétion, & a la valeur de x, 
pofitive & moindre que l'unité qui la rend un maximum, 
non-feulement cette valeur fera la plus probable , mais elle 


DÉS G LE NCE:4 287 
fera encore très-approchante de la véritable pofibiité x; 
par exemple , fi évènement obfervé eft Ia naiffance de P 
garçons & de q filles, fur p + g enfans; en nommant x 
la poffibilité de fa naiffance d'un garçon, & par conféquent 


1 — x celle de [a naïflance d’une fille, on aura 
2.2:3++..(P + g) ? — 
Lez ee Pele2e3u eg Ge - (à TR x) 2 


pour fa probabilité de cet évènement; dans ce cas, 
= xŸ(i — x)", & fon maximum a ieu lorfque 


AIS 


__ ; cette valeur de x eft donc à très-peu près la 
a 4 


véritable poffibilité de la naïflance d’un garçon, lorfque p & q 
font de très-grands nombres. 


Suppofons encore que l'on tire trois boules d’une urne qui. 
renferme une infinité de boules blanches & noires dans 
une proportion inconnue , & que À & PB jouent à cette 
condition que A gagnera la partie fi fur ces trois boules il: 
y a plus de blanches que de noires, & qu'il la perdra s'il y 
a plus de noires que de blanches. Suppofons enfuite que 
fur p + gparties, À en ait gagné p & perdu 4; cela polé, 
fi lon nomme x la probabilité d'amener une boule blanche, 
on aura x*/3 — 2x) pour l'expreflion de la probabilité 
que A'gagnera une partie, & {1 — x) {1 + 2x) 
pour la probabilité qu’il‘la perdra; la probabilité de l’évène- 
ment obfervé fera. donc 


1.2.3...(p+ 9) 
Di2, Det e2e 3er x? G — 2x)? (1 A +2 x; 


dans ce cas, S 
ml (gi 2 2) (ns — x). (1 + zx)t, 
& fon maximum donne 


0 —p.fi—x) (1 + 2x) — gx (3 — 2x); 


2933 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


d'où il fuit que fi l’on nomme a la racine pofitive & moindre 
que l'unité de cette équation, le rapport des boules blanches 


. LI A LY # A —- a 
aux boules noires de l’urne fera à très-peu près égal à 5 


i—4a 


Le maximum de y n'indique d’une manière approchée, Ia 
véritable valeur de x, qu'autant que les valeurs de y voifines 
de ce maximum , font incomparablement plus grandes que les 
autres ; car il eft vifible que l'intégrale fydx prile dans un 
très-petit intervalle de part & d'autre de ce maximum, eft 
alors très-approchante de cette même intégrale prile depuis 
x — o juiqu'à x — 1: 0r le rapport de la première de 
ces intégrales à Ja feconde , exprime la probabilité que Îa 
valeur de x eft comprifle dans cet intervalle. Les valeurs de 
y voifines du #maximum, furpafleront confidérablement les 
autres, lorfque y aura des facteurs élevés à de grandes puif 


fances de l'ordre —, & étant un coëfficient très-petit & 
a ? P 


d'autant moindre, que l'évènement obfervé eft plus compofé: 
fi Yon prend dans ce cas, le rapport de 2y à y0x, on fera 


ME , . à ï 
conduit à une équation de cette forme a / 
T 


étant une fonction de x, qui ne renferme plus de puiffances 
: 1 : : . 
de l’ordre a ainfi, toutes les fois que l’on parviendra à 


une équation femblable , les valeurs de x décroîtront avec’ 
une grande rapidité en s'éloignant du maximum , & la valeur 
de x, correfpondante à ce #aximum , fera très-approchante 
de la véritable, : 


On voit par-là, que fes évènemens compofés ne font pas 
tous propres à faire connoître les poflbilités des évènemens 
fimples ; par exemple, À & B jouant aux mêmes conditions 
que dans l'article III, fi À gagne la partie; en nommant x 


RP fr | 


x 


fon adrefle, on aura pour la probabilité de 


i— (A 


cei 


DES SCIENCES. 239 
cet évènement : or fi lon fuppofe m & » de très - grands 
nombres , l'évènement obfervé fera compolé d'un grand 
nombre de coups; mais comme les valeurs de y correfpon- 
dantes à x plus grand que +, font très -peu différentes de 
J'unité, cet évènement ne peut faire connoître d’une manière 
approchée, la valeur de x} tout ce que l'on en peut conclure, 
c'eft qu’il eft extrémement probable que À eft plus fort que 
B, parce que les valeurs de y correlpondantes à x plus petit 
que +, font incomparablement moindres que les autres, 


"ne. "68 En (10 à 


LA connoiflance des valeurs approchées des poffibilités des 
évènemens fimples qui rélultent d’un évènement compolé, 
feroit très-imparfaite, fi l'on n'étoit pas en état d'apprécier 
combien il eft probable qu'en prenant pour ces valeurs celles 
qui répondent au maximum de y, on ne fe trompera pas foit 
en plus, foit en moins, d'une quantité donnée ; pour cela, 
il eft néceffaire, comme on l'a vu dans l'article XVIII, de 
déterminer le rapport de l'intégrale Jydx prife dans un 
petit intervalle de part & d'autre de ce maximum, à cette 
même intégrale prife depuis x — o jufqu'à x = 1; & 
c'eft ce que nous avons fait dans l'article cité , pour le cas 
L'ENCRE LE p & g étant de très-grands nombres. 
Nous allons préfentement généralifer ces recherches , & les 
étendre à toutes les valeurs de J, qui conduifent à une équa- 
tion de cette forme, 


JOx — a7dy, 
Z étant une fonétion de x, qui ne renferme point de puiffances 
de l'ordre —- ; 
Reprenons l'équation (à) de l'article XV111 , 
Dk=C+ az. Sr. ou a. Tu 
Mém, 1778, Oo 


d[/z27/] 
dx? 


= &c.}; (à) 


290 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fi l'on nomme 
a la valeur de x correfpondante au maximum de y; 


Y & Z les valeurs de x & de 7, correfpondantes à # = à — 4; 


Y' & — Z' les valeurs de ces mêmes quantités correfpondantes 
ax = « +; 


Îï on obferve d’ailleurs que Îes deux évènemens fimples 


étant fuppofés avoir eu lieu, on a y — o lorfque x — o, 
& lorfque x — 1; intégrale fydx prife depuis x — o 
jufqu'à x — a — 6, fera 


d(ZdZ) 
TS 


dZ 
aYZ.$r1 + «. ae 


ET + &c.}; 


cette même intégrale prife depuis x = a + 6 jufqu'à 
x — 1, fera 

2e oz’ , (202) 
aY'Z'.$r WE 30 NAT MCE 


— &c.}. 


En nommant donc 4 l'intégrale fy dx prife depuis x — o 
jufqu'à x — 1, on aura cette même intégrale prile depuis 
x — a — À jufqu'à x — a + 6, en retranchant de 4 les 
deux intégrales précédentes ; en divifant enfuite ce refte par 4, 
on aura la probabilité que x fera compris dans cet intervalle ; 
cette probabilité fera par conféquent égale à 


aYZ >Z , OZ) ; [22/22] 
Lun Se Me OR Des 
aY'Z' 2" à R(ZDZ:) Z'UZ02Z")] 
— — DD ANn)TE cHTie TE pt Der mnt |: 


la queftion fe réduit ainfi à déterminer 4 Nous y fommes 
parvenus dans l’erticle XVII où y — x? {1 — x), au 
moyen du beau théorème de M. Stirling fur la valeur du 
produit 1.2.3...4, lorfque # eft un très-grand nombre; 
mais ce procédé eft indirect, & il eft naturel de penfer qu'il 
exifte une méthode pour déterminer direétement 4, quel que 
{oit y, & dont ce théorème eft un corollaire : cellé que je vais 


Dis CIE MC: Se 294 
expoler m'a paru remplir cet objet de fa manière la plus 


générale. 
Puifque la valeur de y conduit, par {a fuppoñition, à une 


: t à 
équation de cette forme y0x — a 70}; on alog.y — —- . fre 
- 


en forte que log. y eft très-grand & de l’ordre =; d’ailleurs a 
étant Ja valeur de x correfpondante au maximum de y, filon 
fait x — a + 0, & que l'on nomme À Ia plus grande 
valeur de y, ou fa valeur lorfque 8 — o, on aura en 
réduifant en férie, 
& . log.y — & , log. À — À, ff + FO + F6 + &c.), 
le terme multiplié par 8 difparoiffant, parce que l'équation 
* — 4 où Ê — o, rend y un maximum; on aura ainfi 
PA (f+fa+f"F + &e.) 
pa Aire DE 
Fe 
— — . (f+f + &c.) 
Mujyor ==. ABOU ‘e 5 
e étant le nombre dont le logarithme hyperbolique eft l'unité. 
Soit $ 
P.(f+ fa FE + &c) — ar, 
ou ce qui revient au même, 
log. À — log Y = fr, 
on aura par la méthode du retour des fuites, 


2. 
z 


x 1 = (e 2 è 
Dos Né (Hat te À carpe ielf + 8 
partant 
28— «'dr, {4 + 24 ait + 3h ar + &c. } 
ce qui donne 


fydx— a. A fdre "5h PME MEET a Aer oies Ain 
Oo ï 


292 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 

L'intégrale fy d x doit être prife depuis x — o jufqu'à x = 1: 
or x étant nul, on ay — 0, & log. y — — 00; donc 
ñ — oo. Lorfque x — 4, on a 8 == o; partant t — 0; 
d’ailleurs forfque 8 change de figne, # en change pareillement, 
en forte que les valeurs de 7, correfpondantes à celles de x4 


depuis x — o jufqu'à x — 4, ont un figne dificrent de 
P È Julq - CR 

celles qui correfpondent aux valeurs de x, depuis x — 4, 
jufqu'à x — 1;0r x étant 1,onay — o,ce qui donne 
 — oo: les valeurs de # s'étendent conféquemment 
depuis  — —— oo jufqu'à  — oo. Dans ce cas, on a 

2 2 
ff" 'or.er —o, parce que nr er" ferchan- 
2 
geanten — +1" "e lorfque z eft négatif, fa fomme de 


ces deux quantités eft nulle; on a par une raifon femblable, 


Miro? Eur re RONTA CO Tr. 
e a e L 


la feconde intégrale étant prife depuis 4 — o jufqu'à t = co; 
or cette fuppolition donne 


Sn 2n nt AN) E==P] £n — 3 pe 
HE Dire == : fat “dre ; 
pareillement 

2 25 | s 
Ée) L RS AS Sr Ge 


& ainfi de fuite; donc 


2 7 ER S . .. —— 3 
fer order Mer PUS 
on aura ainfi 


2 (2) (4) (6) d: 
An2ie e A[htiige —+r.3.$eee —+1.3.57ia — +&c]. forte" : 
z 2 2 


il ne s’agit donc plus que d’avoir l'intégrale 0 r .e—"* depuis 
# — 0 jufqu'à r — oo. Pour cela, confidérons Îa doublé 
intégrale /[dos5sdueT""® +, & prenons-la depuis s = © 


DES SCGTENCES 293 
jufqu'à s — 00, & depuis 4 = o jufqu'à 4 — oo; en l'in- 
tégrant d'abord par rapport à s, on aura 


fete der 


or on a, comme on fait, 
du 7 
Ï'i hs #2 0707 A 


æ étant le rapport de {a demi-circonférence au rayon ; done 


JDsdu.e TN Ta 


Si l’on prend cette double intégrale d'abord par rapport à #, 
en faifant y{s)=—t, elle deviendra f Ve alé; 
foit fo honte B, l'intégrale étant prife depuis  — o 
jufqu'à : — oo, on aura 


—s(s+uu) ds RL © 
JÎd5.Due ae ob re es 


2 
or en faifant s — 5s' ,ona 


ds ae ® ra 0 
fe Nha ge MAN=— au 44 


l'intégrale étant prife depuis s' — 0 jufqu'à s' — co; donc 


PCR CC ah CENT: MESA 


» 
2 


d'où lon tire B — 17 (a); partant, 


{4) 


RNA RTE 1.3 ture 1.3.5. 
a 4° 


2° 


Me 15. 07 
Si Fon met l'équation 


+ &c}; (6). 


log. À — 108) PT 


ù 
log. ÿ = log. À +0. + 


294 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
fous cette forme, 


DO), s 


— log. y 
on aura pour déterminer les coëfliciens #, k°”, #°"°, &c. de 
la férie 
8 — af. Sa + hat HA" .ar + &c.} 
l'expreffion générale 


à 2 20 +: _n——7 
L dd . (og. À — lop.y) -r 
PE Rs MER er Jet 
Dur2e 3eme. (22+ 1) .00°" 


pourvu que lon fuppofe 28 conftant, & 8 — o après les 
différentiations. {Woyeg fur cela les Mémoires de l'Académie 
pour l'année 1777 , page 115$). 
Lorfque : — o0,0ona 
#° Ho 00", (log. À —— log. y) T ?4 


or 


ee enr 

P2L) of 
y, dy, d°y, &c. dans le fecond membre de cette équation, 
étant ce que deviennent ces quantités lorfqu’on y fuppofe 


+ &e 


. 
1.2 


8 — o; cette fuppofition donne 
dy 
LL —= A& 5 — 05 
on aura donc 
À 2 À 
a°4 — vi dy L 
2q° 
Partant on aura à très-peu près, lorfque « eft très-petit, 
ATV/17) 
k A EE 
W——— ) 


DES SCIENCES. 295 
eu ce qui revient au même, 


2 27.3 
Jr) = — 55 —;: (4) 
jet à x° 
Yintégrale /y0x étant prife depuis x — o jufqu'àx — 1, 
& les quantités y & a du fecond membre de cette équa- 


tion, étant ce qu'elles deviennent lorfqu'on y fuppofe 
D à. 
MUR TD Ve 

EN füubftituant a + 0, au lieu de x dans log. y, & en 
réduifant en férie, la condition du maximum de y fait difpa- 
roître la première puiflance de & dans cette férie; mais cette 
condition peut, comme l’on fait, faire difparoître la première, 
la deuxième & la troifième puiffances de 0, ou la première, 
la deuxième , la troifième , la quatrième & la cinquième 
puiflances , &, ainfi de fuite, pourvu que le nombre des 
puiflances qui difparoïffent foit impair. Voyons ce que 
devient alors l'intégrale /ydx prife depuis x — o jufqu'à 
Rte 

Suppofons que la première, 11 deuxième & la troifième 
puiffances de 8 difparoiffent; on aura pour & 1og. y, une fuite 
de cette forme, 
& log. y — à log. À — ./f + F8 + FE + E&c.); 
donc fi l'on fait 

BF TA + FF + &c) —'uf, 
on aura 
log. À nn Ti “ 


» 


& | 
L COTRRE 2 1 3 4 * 

= ar. $h +4 RSR at 4h art eh er + &c} 

d'où l'on tire 


ox —a*A.fot.e 4 + 24° art pe, + &ci) 


296 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 


On prouvera, comme dans l'article précédent, que l'intégrale 
relative à #, doit être prife depuis 5 — — oo juiqu'à 


$ f = ©; or on a dans ce cas, 
LÉREMPr. et = 0, 
& fé'dre = BL EN O rte is 
Y'intégrale du fecond membre étant prife depuis t — © 
jufqu'às — oo; fi l'on y fuppole enfuite x — 25, on aura 


TON CRE) Lee 
fr"dt1.e Ÿ ER DEP ENS Le 


& fin — 25 + 1, on aura 
4 As 4 
21 ble A3 LT (At 2e 1) 2 = ji 
fre nie 0t.e f 


en fuppofant donc 
à 
La 


fon ane C, 
4 
[ER tRE CENCK 
on ‘aura 
A. pe, 5* Es OUEN > 2 
fox=2atA.Caih + .ah® + Le .& po EE a lac 


. 7.33 1 7011.11 
+244 A.C". 34% EL ah 9 + cat EEE  Lathi-pac 


& il eft aifé d'en conclure par analogie, les valeurs de /y0x 
dans le cas où la condition du maximum de y feroit difpa- 
roître un plus grand nombre de puiflances de 8, 

Tout fe réduit donc à déterminer les valeurs de C & de 
C”: nous obferverons d'abord que € étant connu, C* le 
fera pareillement ; car fi l'on prend la double intégrale 


ns gi . . 1 
JHésoten:(:t x / depuis s — o jufqu'à s — oo, 
& depuis 4 — o jufqu'à # — ©, on aura en intégrant 


d'abord par rapport à 5, 


d n La 


—sS(int) Er 
[dudse ST Dresde = 555 


Si 


D'ENSU SCT E Nc E & 297 
Si l'on fait enfuite 4#/(5s) — 1, on aura 


ds _—$ 


mn | A ee = À VAE NS — 5 : tn ds F 
Jfds.due = [Sr EAU }ore =CTz e À 


. 4 , 
foit s — s" , & l'on aura 
4 


Le = af ose 4C'; 
donc 
fs de PT acc = +, 
ce qui donne : 
C — Nenvlae 


Quant à la valeur de C, il ne m'a pas encore été poffible, 
malgré plufieurs tentatives, de [a ramener aux arcs-de-cercle 
ou aux fogarithmes ; mais j'ai trouvé qu’elle dépendoit de la 
rectification de la courbe élaftique rectangle , ou ce qui 
——— prife depuis 
x — o jufqu'à x — 1; fi l'on défigne par z' la valeur 
de cette intégrale, on a trouvé 


revient au mème, de l'intégrale f 


Æ — 1,31102877714605987 *. rs de Sms 
Cela pofé, confidérons la double intégrale ff 0 sdue —” D sn 


= : À \ . . \ Ÿ'interpolatione 
prife depuis s — o jufqu'às — oo, & depuis z — o jufqu'à 7eme, 


4 — ©; en faifant 4V (5) — +, elle deviendra pag, j En 
Nr ET D wohq 
1532 5 [otre uC.f 7e ; 
foit s — s' , & lon aura 
4 


LH ET — Po en ie— Cr 
partant, 
ff0 s-.dner FRET — 2.02 
Mém, 1778, Pp 


398 MéÉmorres DE L'ACADÉMIE RoyALe 
Suppofons maintenant s ÿ{1 + #) — 5", & nous aurons 


Le CONTE LR ul | er LS se = f{s) JS 


146 Es. 
en nommant donc Æ Fintégrale f nn prife depuis 
EC jufqu'à u —= OO, On aura 
2 CT A (a); 
C VIEV (x) ]- 


ce qui donne 


be 


Si lon fait 


on aura 


| 


| À 

1 02 
du 

Ps =-1I 


l'intégrale relative à s étant prife depuis s — 1 jufqu'à 
s = 0, en forte que 


ès 


cs)? 


ds 
——— =E=f —, 
PS Fu 


l'intégrale relative à s étant prife depuis s — o jufquà 
A 
Confidérons préfentement la doubleintégrale ff: use 
CEE 
prile depuis x — o jufqu'à x — 1, & depuis z = o© 
Aos =* elle fe changera 
à x° 
ee CG (sx 
prifes depuis" — o & 7 — o, jufqu'à x — 1 & 
Z —= 5, ce qui donne 
dZ CHR d + pi À 
fra He &J TPE “ 


jufqu'à z — 1 ; en faifant 


ces intégrales étant 


14,2? 


dans celle-ci f ———— 


De 


DES SCI EUN-CLEXS, 299 


on aura donc 
PERTE 7 E 


L SRE : 

fé FREE À 
PALERME 
up 


dx. 
I = f TE PR 


Si l’on fait enfuite — 7 ,. ON aura 


as mr 
or On a 
—— “I . 
J ÿO — 3) Te. 2 (2) É 


d’ailleurs fi l'on fuppole 1 — A = f, on aura 


d 7" dt 
7 = —2{ -——— 
f (ic) f MATE: 
l'intégrale relative à # étant prife depuis ? — 1 jufqu'à 
M "0; cette og eft évidemment égale à — #'; donc 
———— = 27, 
SEUre my 


ce qui donne 


ff 0%. dz tite TT" 1e x E À 
Ov — x) Tefal a L 
partant E =\3, vie; 
d'où l'on tire 
Le 


Clean) l CE 
X X V. 
Pour appliquer la théorie précédente à quelques exemples, 
foit RCE 
en faifant p — —, K 4 +, on aura dans Îe cas 
EP 


avr ve] ‘ 


308 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
du maximum de y, x = — 7: ; partant (article XXII), 


ss a 


(GE Lite 


&  alog. A—.log.( +) + Jog. (—— nn à 
on a d’ailleurs, 

a log. Y — log. X* + m log. (1 — x), 
& fi l'on fait 


= + ô, 
on aura 
ke à 
a log.ÿ = blog. (—— — 0) + 10g./ + 8); 
2 EU 1+k 
donc, 
Log. À — log, = — log [1 SE ré: GE 8) 8] — = 108. (1 — Le Fu +) 


Ca lu}. OH) pe Gt. Ge)  C+ult. (ue) 


24H 34° 4 au 
d'où l'on tirera en vertu de [a formule /z) de l'a. XXI, 
V(2ma) 
RS 
(s+ pm) = 
e VA PASRER æv(zma) [{: + mu} — 13m] 
a À ÿ 18u,(1+m) 


+ &ce 


= 
a° À 


Î 


O+n) 
&c. 


la formule /s) de l'article X XIII donnera donc 


V{2 ar) 1 


ratlaiti : aæ.[{i+uf— 134] | 
HE PAR GER CRT na (re CT VIE 


ce qui eft conforme à ce que nous avons trouvé dans 
Varticle XV/111, 
Si um — 1, ou ce qui revient au même, fp = 7; 


DE SH ISNCINE NücrEts: 301 
on déterminera plus fimplement de a manière fuivante, les 


coëfliciens de la férie en #, qui exprime la valeur de 8; 
pour cela, on obfervera que dans ce cas, 
E z 2 2 
log. À — log. y = — — « log. (I = 45) ie 
ce qui donne 


1 — 46 


% 


& A D d CT ne 
Soit 

7 Cr SEA UE ACTE 7 DEP TE LE a 45 &cc.}; 
en prenant les différentielles logarithmiques des deux membres 


de cette équation, & multipliant en croix, on aura 
2 —«er 7 11 
af .e {+ l'a + 7 LÉ H &c. à 
: 17 7x La 
= + 3loar Rs I + &c.}.(1—e  ); 
or on a 
a?r# a3.16 


1,2 1:2,3 


—daÿ 


a UT GARE De + &c. 


Si l'on fubftitue cette valeur dans l'équation précédente, on aura 
entre les coëfficiens Z, Z', 1,7": , &c. les équations fuivantes, 


20 + — —o, 


1.2 
1 F 2 2 

41 OP EEE SEE nl ET 2% 

&c. s 
& généralement 

% 16) 79) ri 
a Me Ge — 
G—4 


; 1 
ANR 2) Ne Etre 
3:213:4.5 


302 Mémorres DE L'ACADÉMIE RoyaALr 

en continuant cette fuite jufqu'à ce qu’on arrive au coëfficient 
1; on déterminera donc facilement /', Z'", l'"", &c. lorfque 
ce coëfhcient fera connu; or fi l'on néglige les puiflances 
de z fupérieures à unité, on a 

AT ER LA 
(i —e PAS 
donc / — }; la formule fs) donnera enfuite, en obfervant 


que dans ce cas À — ER 


x J1r 


(arte te 1.3.5 ——-+ &c) 


V{(ar 
g — Ya) = 
2 


2P < 
On a généralement 


= fifi LE on M meses 2 MAT PSENOUE ARS 
4 = fa dx (1 x) + Te2i3soee (P +9 +1) ’ 


Ia fuppofition de p — q donne 


De2ee.2p ee : 1 
SL UE MGR EE EIRE 


or le premier membre de cette équation eft le terme moyen 
du binome fr + 1)*7; on aura donc la valeur de ce 
terme par une fuite très-convergente, lorfque p eft un très- 
grand nombre. Si fon compare la manière dont nous y 
fommes parvenus, avec celles qu'ont employées M.” Stirling 
& Euler, le premier dans fon Ouvrage De transformatione 
© interpolatione ferierum , & le fecond dans fes /#flitutions de 
Calcul différentiel, on trouvera, fi je ne me trompe , qu'in- 
dépendamment de fa généralité, elle a l’avantage d'être plus 
directe , en ce que les procédés de ces deux illuftres Auteurs 
fuppolent que l’on connoît d'avance l’expreflion en facteurs, 
du rapport de la demi-circonférence au rayon, expreffion 
que Wallis a donnée; celui de M. Euler eft de plus fondé 
fur la valeur en férie du produit 1.2 PE DORE D lorfque p 
eft un grand nombre; cette valeur eft encore très - facile à 
déterminer par notre méthode. Pour cela, foit 


= Te DE 


DES SCrENCESs 303 
on aura, en intégrant depuis x — o jufqu'à x — co, 
PA TTC CN AS CRE TOR 
d'où ül eft aïfé de conclure 
HÉPOAE ==" Fa SUP 
Le maximum de y a lieu lorfque x — P; ce qui donne 
— , . Li 1 
pe"? pour ce maximum; foït donc PES Con —+ #0, 
on aura 
J Log.y — log. p?,e? = — - log. re + a 0) —— 0; 
donc 
Le 
— lo, — 
HR per Tr1obe * se riens < 
Si l'on fait 
Jog. (1 + à 0) — «0 — — ar, 


on aura 
a (5 a? gt 


— &o —= Fr: 


af 
RE: 


foit 
0 — Roan ES CCE ETS HA" arf + &e}, 
on trouvera 
LEE NS PTE 1 6, &c. 
& l'on aura 
D = (haha r + 3h'oer + &e); 
donc 
Daox=p Ter. for. Bahia t+ 3har + &c.) =; 


l'intégrale en x doit être prife depuis x — o jufqu'à 


304 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 


x — 00; or x étant nul, ona8 = — —, & par con- 


féquent # = co; x étant égal àco, on a8 — ©; partant, 
# — ©; on doit donc prendre l'intégrale relative à dr, 
depuis  — — co jufqu'à £ — ©; d'où l'on tire par 
l'article X XIII, 

ET 


1 & h'* L 
PÉTE: — pre Va) .(h+ 3 +3 0 EL Cu med 1305 + &c); 


partant ; 


1.2.3... ppt 'e ?V(ar).(1 + a + &c). 

Nous pourrions appliquer cette méthode à beaucoup 
d’autres exemples, & par-là étendre & perfeétionner la théorie 
des fuites ; mais cette digreflion nous écarteroit trop de notre 
objet principal. 

X X VE 

LA méthode précédente donne une folution fort fimple 
d'un Problème intéreffant, qu’il feroit peut-être très-difhcile 
de réfoudre par d’autres méthodes ; on a vu (article XIX7), 
que le rapport des naïflances des garçons à celles des filles, 
eft fenfiblement plus grand à Londres qu'à Paris; cette dif- 
férence femble indiquer à Londres une plus grande facilité 
pour fa naiffance des garçons, il s’agit de déterminer combien 
cela eft probable. 

Pour cela, foit # la probabilité de [a naïffance d'un garçon 
à Paris; p le nombre des naiflances des garçons oblervées 
dans cette ville; g celui des filles; 4 — x la poflibilité de 

. Ja naïffance d'un garçon à Londres; p° le nombre de naif- 

fances des garçons qu'on À a obfervées ; q celui des filles ; 
on aura, pour la probabilité de ce double évènement, 


Heu. (sup — se —u + ap, 


H étant un coëfficient conftant:; donc fi l'on nomme P Ia 
probabilité que la naiffance d'un garçon eft moins poflible à 
Londres 


D HSUUSC IE N° C E se 30$ 

Londres qu'à Paris, on aura 
moe Ph ne a Sn (= à +») 08030 

— LI : , 
JSuP. (si — ul. (u— x) (in + x)l du, dx 

_ l'intégrale du numérateur étant prife depuis 4 — 0 jufqu’à 
.u = x, & depuis x — o jufqu'à x — 1. Celle du déno- 
-minateur doit être prife pour toutes les valeurs poflibles de 


x & deu; or fi l'on fait # —— x — 5, ce dénominateur 
deviendra 

ff. (x — nu) 51 (x — 5)! . da los; 
la double intégrale étant prife depuis 4 — o jufqu'à  — 1, 
& depuis s — o jufqu'à 5 — 1; on aura ainfr 


DEL SSuP. (1 — up. fo 3)r (: _u+s)t, da. .dx 
AT Shan) Pen ae Du ds 
Déterminons d’abord l'intégrale du numérateur. 
En nommant y la quantité 


a ot ds Por ext: 
on aura à très-peu près par la formule (u) de l'article X XIII, 


Jyd8 — — — ? 
PU 
en fubftituant pour 4, dans le fecond membre de cette 
équation, fa valeur en x, qui rend y un maximum; foit X 
cette valeur, on a 


Pt jou P 7 r° A 
(5) =y. ie — 1 FT PRE PRE LPS l 
& 
CETTE P q p' g' 
— (5) =). + (1 — u}? CF (8 — x)" mr G—u+:x} è 
dy P q P' ER 
—(È).{L- 1 —# EE RNGN 1— + s É 


Mén. 1778, Qq 


306 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Si lon fubftitue X au lieu de #, on a par la condition du 


; ù 
maximum, ( _ Pro. Partant, 


cHént PL P. 4 PR: De RE 
Ge) = EE + 7 +35 + Rs 


4 - 
[yèa — ———"<%; —————————, 
FE La (i—X}) sa (X— *)° té TRE ET 
X étant déterminé par l'équation 


AZ 7 PE PME e PL PAU 
Es HT 2) En rai X—* 1 X+ x? (1) 


ou 


O—X.(1—X) (+ pli —X) — (9 + 4).X] 
+xfp+g) Xi -X)+ (1224). [4 X—p(r Sie (r} 
2e LA RE A 
{oit pour abréger , 


447 PA ere rade esta: rom Pop late ele le HER 
RER ue rap a 
la queftion eft réduite à déterminer l'intégrale y/(2 x) . f°- 2. 


depuis x — 0 jufqu’à x — 1. Au lieu de cette intégrale, on 


peut confidérer celle-ci (27). 


> # 
regardé comme fonétion de X; mais il faut no « cette 
dernière intégrale depuis la valeur de X, qui a lieu lorfque 


LEO), En celle qui à lieu lorfque x — 1; or en 
faifant x — o, l'équation /r') devient 

D RE PL Are 4 + JU 
Partant, A — sr 


P+P+I+9 


En faifant x — 3, cette équation donne À = 1 ; on 


DES SCIENCES 307 
“doit donc prendre l'intégrale f . DE ) .2 X, depuis 


si a SET] LS ce" lg À 
Suppofons + _. M a ne ) — y'; la condition du maximum 
de y' donne l'équation 
D «— Lis PE, ; 
4 (57) 


or y étant égal à A? .(1— AN. (X— x). (1—XH ax)", 


on a. 


DRE q P 

J = ir 1—X D'LR Hi. 2? 
CA P' 

tone EI Æ OX; 


cette équation fe réduit en vertu de l'équation (t) à celle-ci, 


è ‘dx "dx 
nn er she, 
» IX + x X — x ZX 1—X 


Maintenant , p & g étant de très-orands nombres , il eft 


vifible que eft incomparablement plus grand que 


: d x 
d.(— ) 
ARE à Me 
NP , & qu’ainfi on peut négliger la feconde 
R °° 0X 


de ces deux différentielles, par rapport à Ja première; on 
aura donc à très-peu près, de le cas du maximum de y', 


Vue 7 
PRÉ TE TOME 
Partant X = ul 
+39 à 
Cette valeur de X eft moindre que 1 ——+., lorfque 
P+P ++ 


: | Qq i 


308 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


1] 


F : — eft, comme nous le fuppofons ici, plus grand que 
{ 
ee les deux limites dans lefquelles il faut prendre 


l'intégrale fy°.0 x, font par conféquent au-delà de la valeur 

de X, qui rend y un maximum ; ainfi l’on doit, pour déter- 

miner cette intégrale, faire ufage de la fuite (+) de l'art. AW, 
On a à très-peu près, 


dy" ALES P “ À 
Per y — PRES I TRI T DIEU HALLT 


d’ailleurs, en différenciant l'équation 


UNE à (4 P q 
QE X IX X— x MEET: 6 
on trouve 
d + R° 


(X— x} 4 (i—X+x 


donc 
DD à prail R° r—(p+gx 2 
Es P' g' "Xi —X) # 
(ZX ==? Fee 
. SR 2er AT UE LOL rs, EE v' : 
SO Pie 20 dau lp MU 


quantité que nous avons nommée 7 dans l'article XVIII, 
fera ici 
vu v° 
x Gt + D. Per Serre rm 


vu “ # 


: f M U 

ie + ee do a Lomme LG cb 
X étant la variable principale dont x eft fonétion; fi lon 
obferve enfuite que X étant égal à l'unité, on a y — 0, 
la fuite /y) de l'article cité donnera 


AUEOREE + dt à d. (4 d [ad 0 z) 
fox Lie +e. Te a, LRU + gcc 


DES SCIENCES. 309 
en fubftituant après les différenciations dans le fecond membre 
; ms. 


squati — pour Ÿ, & en y faifant x — 0, 

de cetteéquation, Fes prepa: y 
. , P LA a! 
Si Jon fuppole X — FES + 6, 8 fera égal à 


Fa ni 2 ui 
P+P+I+I HUE | 
e u v° 
Le TN ra + 
Z?—= — 1 æ u v° 
Gas + a 


, & l'on aura 


cr] 
5 


or 8 étant très-petit, les différences fucceflives de 7 croiffent 
principalement par la différenciation du faéteur & qui fe 
trouve au dénominateur, en forte que fi l'on fuppofe 


Je LG fr + 7 À 
+) fe + 


on aura à très-peu près 


Mi 


LE 4 Le: à F 
np +” g* LA 
d.(Ld7) SE 
d X° DE FERA 
&c. 
Partant, 
SF eF 3}; \Pe 


r 1 & 

Jrox = —— 2 $ I — F A PT — &c.?, 
y & F' étant ce que deviennent ces quantités lorfqu'on y 
P+P 


PARCS U ce qui donne 


fuppole x — o & X — 


1. Æ Hg LEA 
YF — RAR: RENTE MO 
+: 21h PHP HIT HE j 


G+u}@ +p +9 +1) 


310 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïTALE 
H eft aifé de voir par l'analyfe de l'article XVIII, que 


fy'. x eft moindre que —2— » plus grand que 
DE (1 — ), & moindre que 


de à a F d à* F* 
— (1 = +), 


en forte que l’on a par ce moyen Îes limites dans lefquelles 
la valeur de fy° .2x eft refferrée. 
Cherchons préfentement la valeur de Ia double intégrale 


fu. (x — 2). (1 — DE A ur. mise 
La formule /u) de l'article XXII] donne à très-peu près, 


? EP) PA + CA 
Ju .Du.(i u) = V(2%). virn—uf+aqu; ? 


en fubftituant pour # la valeur qui rend #°.{1 — }? 
un maximum ; ox cette valeur eft £ ; on a donc 
q 
PE Var 
PUS JAN PEUT P -7 É 
uP,ou.f1i — nu}? — 27). s 
fe ou En VOTES 


En changeant p en p' & 4 en g', on aura 


1 t in ea ME Me, T 
fs? (a — s} ds EE, 
RE PA VE 
Partant, 


[a p* 7 , mn PPT TE pl + IE 
Ur — D) SP et ST DU DS = 2 me —— ——— î ——  — —© à 
PTIT pp ITS 
Si lon fuppofe cette quantité égale à 4, on aura pour Îa 
probabilité cherchée P, 

3 a? F° 
g* 
il ne s’agit plus maintenant que de déterminer les valeurs 
numériques des différens termes de cette expreflion, en 


ay F.V(27) 


OR AN $ 


(ee __- 2e — &c.); 


DES SCIENCES. 318 
partant des données précédentes. Ces données font 
P = 251527, P° = 737629, 
g = 241945, g = 698958; 
d’où il eft facile de conclure 
loue 2,9767121, 
Jog. à — 3:4457598, 
log. « — 6,5994154, 


& par conféquent 
aF 


@* 
3 a?}7 
g* 
On a enfuite, en portant la précifion jufqu’à douze décimales, 


0,048374, 


— 0,007020. 


log. p — 5,400584610947, 
log. 9 — 5,383716651469, 
log. p + 9 — 5,693262515480; 
d'où l'on tire 


à P Peer 
log am = 73617,604706;, 
log. 7 1 — 
og rar 748949259319. 


On a pareïllement 
log. p = 5,86783798273s, 
log. g = 5844451080009, 
log. (P°+ 9) = 6157331932083; 
d'où l'on tire 


?° À RS RSS . 
log. Gris 7 PA 213540,8676364, 


218691,4253961. 


be (di 


312 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYyALE 
On trouve encore 
log. (p + p') = 5:995264741371, 
log. (qg + g') — 5,973544853243; 
log. (P+p+g+g) = 628570585161; 
d'où lon tire 
log. [5 PS ÉRRrrS — 287158,2327801, 


P+r+i+g 


og. foie 141 — 2935860$27612. 
fred) 93586,0527 


On a enfin 
log. (1 + u) —= 0,2926769, 


log. 27 — 0,7981799. 
Partant, 
as F 1m) 


los. 
8 8 


= 580751,4993272, 


} log. & = 580745,0942543; 
ce qui donne 


"F 
_—— — 0,0000025414; 
donc 
[.— 0,048374 
PI, É 
0,9000025414 + 0,007029 ——— &c. è 


Si l'on prend les trois premiers termes de la férie, on aura 


I 
PES nn d 
cette valeur de P eft un peu trop grande, mais comme eñ 
ne prenant que les deux premiers termes de la férie, on 
auroit une valeur trop petite ; il eft aifé d’en conclure que 
la précédente ne peut différer de la véritable, de la 
partie de fa valeur, en forte qu’elle eft fort approchée ; il y 
a donc plus de quatre cents mille à parier contre un, que les 
naiflances des garçons font plus faciles à Londres qu'à Paris; 
ainfi l'on peut regarder comme une chofe très-probable, 


qu'il 


DES SICIENCE S, 313 
qu'il exifte dans Ja première de ces deux villes, une caufe 
de plus que dans la feconde, qui y facilite les naïffances des 
garçons, & qui dépend foit du climat, foit de la nourriture 
& des mœurs. 


XX VIT 


TL eft facile d'étendre la théorie des articles précédens, 
au cas de trois, ou d’un plus grand nombre d’évènemens 


fimples. 
Si l'on nomme en efet x la poffibilité du premier évènement 
fimple ; x° celle du fecond, & par conféquent 1 — x = x! 


celle du troifième; en cherchant par les méthodes ordinaires, 
Ja probabilité de l'évènement obfervé, on aura pour fa valeur 
une fonction de x, x" & 1 —— x —— x, multipliée par une 
conftante quelconque. Soit y cette fonction ; pour que l'évè- 
nement obiervé puifle indiquer d’une manière approchée 
les’poffibilités des évènemens fimples, il faut, omme on l'a 


d y ù 
; ( A ( A : 
obfervé dans l'arr. X X11, que ——, & e — [oient des 


3 x Le 22 .. 
fonctions de x très-grandes de l’ordre =, à étant un coëf- 


ficient d'autant moindre que l'évènement obfervé eft plus 
compolé; cela polé, fi l'on intègre /y0x', depuis x' — o 
jufqu'à # — 1 — x, on aura pour réfultat, une fonction 
de x, que la méthode de l’art, X X/1] donnera par une fuite 
très-convergente. Soit z la valeur de x' en x qui rend y un 
maximum, x Étant fuppofé conftant; & que fon repréfente 
par Ÿ ce maximum, on aura par l'article cité, pour fya x", 
une expreflion de cette forme, 


ax a h'Y 


mer == Fax) tr 3.5. 


F 
Y, 4h, k°,k'",&c. étant des fonctions de x. La valeur de 
x qui rend le fecond membre de cette équation un “maximum, 
fera très -approchante de la véritable pofübilité du premier 
évènement; loit a cette valeur, on aura pour l'expreflion de 


Mém. 1778. Rr 


+ Sc. ]: 


314 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoyaLE 


la probabilité P que x fera compris dans les limites 4 — 8 
& a +8, 
k'" 2 La 4 
Yo RER e3.. ne Hur3.5 —— + à&c.] 
PI e se 
h'" 2}°v M, 
STD xs [h + F3 be t 1.3.5: sie + &c.] 
2 
l'intégrale du numérateur étant prife depuis x — a — 6, 
jufqu'à x — a + 8, & celle du dénominateur étant prile 
depuis x — 0, jufqu'à x — 1; or on déterminera facile- 


ment ces intégrales par la méthode de l'art. XXI]. 
La valeur 4 fe détermine en égalant à zéro Ia différence de 


F.(R+ 1.3. + &c.), ce qui donne 


z 


adh°" 
h+ 1.3. + &c. 
6 es CLR 6 ?L - 
— y x" LA 
d AT RE A AE RER 


2 


BL, eft par la fuppofition une quantité très - grande de 


Li . . x . , . 
ordre TE da négligeant donc vis-à-vis d'elle Ja quantité 


ad k°" 


Dh 1.3. + &c. 
2 : . 
PT , ON aura pour déterminer €» 
h+1.3. + &c 
z 
Pl . dY ’ dr dy dy dx" 
Péquation CE 0) 1 re A 


en fubftituant dans le fecond membre de cette équation, 
au lieu de x' fa valeur # en x ; maïs cette valeur rend nulle 


Se dy ., . 
la quantité /—=) ; on aura donc les deux équations 
dy dy 
( 5 ) AO); & (5) == 0: 
H fuit de-là que 4 'eft aux quantités près de l'ordre « ; 


la valeur de x qui rend y un #maximum, ‘en faifant varier à 
la fois x & x’ ; on peut donc prendre fans erreur fenfible, 


DEMSLUISNCAILEL NL cl ES ET 


» 
Ja valeur de x correfpondante à ce #aximum , pour la poffi- 
bilité du premier évènement fimple; & il eft clair que l'on 
peut faire des remarques analogues fur les poffbilités des 
deux autres évènemens fimples. 


Suppofons, par exemple, qu'il y ait dans une urne, une 
infinité de boules blanches, rouges & noires, dans une 
proportion inconnue, & que fur le nombre P+qg—+r 
de tirages , on ait amené p boules blanches , 7 boules 
rouges, & r boules noires; en nommant x la facilité d'ame- 
ner une boule blanche, x' celle d'amener une boule rouge, 
& par conféquent 1 — x — x" celle d'amener une boule 
noire; on aura pour la probabilité de l'évènement obfervé 

v2,3....(p+qg+r) 


RE RP EN EEE PET ET EREEOR RRES ARRET D LP 
Er De2.3 pole tu3eedele2o eue au ft # x" 


dans ce cas particulier 


RCE AN — x — x')'; 
PE CE DDOENT LLC LE DO ? a+r+2 
————_—_—,  _— Xe LUF : 
Tezerouss {4{+r+ 1) (1 ) ’ 
. p 
la valeur de x quirend /y0x au maximum, eft re 


cette fraction eft conféquemment la valeur la plus probable 


de x. Lorfque p, 4 & r font de grands nombres, elle fe 


it à très- rès à -ci ui corref- 
réduit à très-peu près à celle-ci rt 


'Eu les 13 
pond au maximum de y. 


Ne VOIRE 


Jusqu'ici nous avons fuppolé la loi de poffbilité des 
évènemens fimples, conftante depuis zéro jufqu'à l'unité, & 
cette fuppofition eft, comme nous l'avons obfervé dans l'art. 
XV11, a feule que l’on doive adopter, lorfqu'on n’a aucune 
donnée relativement à ces poffibilités ; mais fi eur loï étoit 
exactement connue , on pourroit encore y appliquer les 
recherches précédentes. Pour cela, ne confidérons que deux 


Rr ïj 


16 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
3 


évènemens fimples, & nommons x la poflbilité du premier, 
& 1 — x celle du fecond; on calculera la probabilité de 
Févènement obfervé, en partant de ces pofhbilités, & l'on 
aura pour fon expreflion, une fonétion de x, que nous 
défignerons par y; fi l'on repréfente enfuite par 4 la facilité 
de la poffibilité x du premier évènement, # étant fonction 
de x, & par s la facilité de la poffibilité 1 — x du fecond 
évènement, on aura par Perf. XV, a - pour la pro- 
babilité que l'évènement obfervé eft dü aux poffbilités x & 
1 — x, l'intégrale du dénominateur étant prife depuis 
x — 0 jufqu'à x — :; donc fi l’on nomme P la proba- 
bilité que la valeur de x eft comprife dans des limites 
données, on aura « 


P = Jusydx £ 


pourvu que l'intégrale du numérateur ne foit prife que dans 
Fétendue de ces limites; on voit ainfr que ce cas rentre 
dans ceux que nous avons confidérés dans les articles précé- 
dens, & que la valeur de P fe déterminera facilement par 
la méthode de ces articles. | 

La valeur de x qui rend sy an maximum, fera très: 
approchante de la véritable, fi l'évènement oblervé eft très- 
compolé, & fi lon a yx — a70y, & étant un coëfficient 
très-petit; or on a, en égalant à zéro la diflérentielle de #sy, 


d.us d y 


OU ; 
as » 
Partant, 
ad .us r 
Où EE + ; 
us ré 


On aura donc en négligeant les quantités de l'ordre «, 


Li 


ON— na d'où il fuit que la valeur de x qui rend y un 


maximum , eft à très-peu près la véritable, quelle que foit 
d’ailleurs fa loi de facilité des poflibilités des deux évène- 
mens frmples, L 


fn HS NSAG TE N CES 317 
X X I X. 


APRÈS avoir déterminé les poffibilités des évènemens 
fimples qui réfultent d’un évènement compolé propre à les 
faire connoitre, il nous refte à confidérer l'influence de cet 
évènement fur a probabilité d’un évènement futur quel- 
conque , & la manière dont on doit calculer cette probabilité. 
Si l’on nomme x & 1 — x les poflibilités de deux évène- 
mens fimples, s la facilité de x, & s° celle de 1 —— x, on 
calculera les probabilités tant de l'évènement obfervé que de 
l'évènement futur, en partant de ces poffibilités, & lon aura 
pour réfultat deux fonétions de x, dont nous repréfenterons 
la première par y & la feconde par #; cela pofé , fi on 
nomme ? la probabilité cherchée de l'évènement futur, on 
aura par les articles XIV & XV, 


ss uydx 
JE CEA P 
Ji s'y dx 
les intégrales du numérateur & du dénominateur étant prifes 
depuis x — 0 jufqu'à x — 1. Lorfque l'évènement oblervé 


fera très-compolé , la méthode de l'article X X111 donnera 
ces intégrales par une approximation très-rapide, ce qui 
montre l'étendue de cette méthode & fon utilité dans ces 


matières, 
Si l'on n’a aucune donnée fur la loi de poffbilité des deux 


évènemens fimples, ce qui eft le cas le plus ordinaire, on 
doit fuppoer article XVII) 5 & s' égaux à l'unité, ce 
qui donne 


or on a à très-peu près, par l'article XX111, 


ASUS 
(fr0x} = Sr RU 
RTE 
{ ) PAU ER pr 
LB = 
ie 


318 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RofÿALE 


Dame 114 ; 03 
y & = étant ce que deviennent ces quantités lorfqu’on Y 


fubflitue pour x {a valeur qui rend y un maximum ; & w', y" 


dy" , e à \ 
& — étant ce que deviennent #, y & == orfqu'on 
y fübilitue pour x la valeur qui rend 4ÿ un maximum; on 
aura donc 
dd y 
Le F TE 
ee At È / 
» * d3.{u" y") A («) 
d x° 


Suppofons que l’évènement futur dont on calcule la pro- 
babilité foit très-peu compolé; en égalant à zéro la différen: 
tielle de 4y, on aura 


? du 
Où = 2 5 
Jèx “dx 
. . d y ï 1 . 
mais on a par la fuppofition Se DE z', en 
faifant — — 7'; l'équation précédente deviendra ainf 
t 
— d # T 
BAT TNT À 


Soit à la valeur de x qui rend y un maximum, & par confé- 
quent 7° nul; la valeur de x qui rend #y un maximum, 
pourra donc être repréfentée par 4 +- a #, À étant un coëff- 
cient quelconque, & l'on aura 


a À d y CS dy 
———— CET OL. + &c, 


à 
S=y+ah. + 


dy Ÿ y : : 
nur &c. étant ce que deviennent ces quantités 


1,2 d x° 129 


Jorfqu'on y fait x — a; on a enluite 

nr LE 

Fe te Thon 

3 » 
ST EN RTE el 


&c. 


DES SCIENCES. 319 
La fuppoñition de x — a donne 7° — o, & par conféquent 


à 
ak. 7 — 0, 


dx 
er TIR RNMrEUr > f 
Fo TOO TE Le dx ? 
a h? dy CE ES 
1.2.3 : OO ; FA dx ? 
&c. 
Per AU 
on aura donc en négligeant les termes multipliés par æ, 
LA 
dé J — 7) ; 
on a d'ailleurs 
d .u'y" r ddy' 20 dy - DD 
dx tr eu F # dxDy ANSE PERTE 
3 . ARTS à dy" 
or ül ft vifible par de, que — aucou 
vifible par ce qui précède, que TE eft beaucoup 


plus grand que _ & que y, en forte que l'on peut 
fuppoler à très-peu près, 


du y" Et : dy" 


D x° ra ae PA DA 


& l’on prouvera comme nous venons de le faire pour y”, 
a À 2 4 FAP 

5 — peut te fuppolé égal à ——. Partant, 
Ÿ .u'y ï > y 


x —= 4e; da formule (4) deviendra donc 


P° = x ; 
mais fi lon nomme v ce que devient #, lorfqu'on y fait 
* — a, on aura en négligeant les quantités de l'ordre «, 
u — v; donc 

Pi v; 


PA 


d'où ïül fuit que l’on peut calculer la probabilité P de l'évè 
nement futur, en “employant pour x la valeur qui rend y 
un Maximum, 


320 MÉMoirRes DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Ce théorème cefferoit d'être exact, fi l'évènement futur 


RÉ ACRRRTEN PN E SEA à , ù 4 
dont il s'agit étoit lui-même très-compolé ; car alors Re 
feroit très-grand, & la valeur de x que donne l'équation 


du ; 
OMEERE te Gi 


ad x 


ne pourroit plus être repréfentée par a + æh; on ne 


pourroit plus d’ailleurs fuppoler ee égal à 4°. Le 


ER 

Si l’on repréfente en général par 4 + a" h, la racine de 
; ; du ; 

Véquation o — & —— + %, # étant un expofant 


. # CP 4 
moindre que l'unité, on aura 


à a" k* > g, 
TER ñ GA EU ' 
pipi Me fee Eu 1,2 CHE “+ &e 
& l'on trouvera 
dy 
1 ours 
Diihir 0h 
Ar y air eye Eu 
1,2 £ CÉSAR 1,2 AE Dx ? 
&c, 
Partant, L 
dan: d À À 
LA « 
Ve Y Ù NA y A dx l CC 


Cette valeur de y ne fe réduit à y, dans le cas de a infini- 
ment petit, que lorfque 2 » — 1 eft pofitif, ce qui fuppofe 


L à Ty 3 . 

n > —, & il eft aifé de voir pareillement que ce n'eft que 

: . {u' y) RTE "D y 

tte RÉ fl ea 
dans cette fuppofition que —— fe réduit à —<— ; 
le théorème précédent ne peut donc avoir lieu que dans Îe 

cas où 2 # eft plus grand que l'unité, 

Soit 


DES SIC: E N'C ES. 321 


. à À L4 . . 
Soit . — —, A étant fonction de x, l'équation 
1 a -" 
æiu . 
O0 — —— + z' deviendra 
a“ 


L— 
2, — à” AH 7; 
ce qui donne pour x une expreflion de cette formé ,; 
Le 
x — a + &° — ‘.k; or la vérité du théorème précédent 
exige que l’on ait#° — 1 >+, & par conféquent 1 — 1» <3 
donc afin que ce théorème fubfifte; il eft néceffaire que l'évè- 
nement futur foit affez peu compolé relativement à l'évène- 


[/ 


/* foit une fonction de =, 


ù 
ment obfervé, pour que / : 


LA E 


dy 
JÜx 

Si l'évènement futur eft exactement le même que l'évè- 
nement obfervé, en forte que x — y, la valeur a de x que 
rend y un waximum, rendra pareïllement zy un maximum, 


très-petite relativement à 


en forte que l'on aura y'— y, & ' — v; on aura enfuite 
à. u'y" 2 2dÿ 
. = 2 y 3 RAI Le ARE : 
Dr dx FE 
. . L] r] 
mais la fubftitution de a pour x donne _ — oO. Partant, 
du y" us dy £ 
d x° robe A dx* ? 


la formule (4) deviendra donc 


2 V 
RER 


v étant ce que devient z ou y, lorfqu'on y fait x — 4; 
de-là réfulte ce théorème affez remarquable. 


La probabilité d'un évènement futur pareil à celui que lon 
a obfervé, eff à cette méme probabilité déterminée en employant 
pour les poffibilités des évenemens Jimples, celles qui réfultent 
de l'événement obfervé, comme 1 eff à V{2). 


Si l'on a obfervé, par exemple, que fur p + 4 enfans,- 


Mém. 1778, Sf 


322 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

il eft né p garçons & 4 filles, & que l’on cherche Ia pro- 
babilité ?, que fur p + g enfans qui doivent naïtre, il y 
aura p garçons & g filles, on aura 


Din 1.2:3d..(p +4) FLE e 
— RE TE PORT EEE ET | Va). .(p + g)"*8? 


c’eft ce qui rélulte pareïllement de Ja formule (7) de l'ars 
XVII. 

En général, fi lon cherche Îa probabilité P que l'évène- 
ment obfervé fera fuivi d'un nombre x d'évènemens pareils, 


on aura 4 — y, & l'on trouvera 
y" 
PL 
Va + 1) 


v étant ce que devient y, lorfqu'on y fubflitue pour x Ia 
valeur a qui rend y un maximum, & cette équation a Éga- 
lement lieu, # étant frationnaire; on s'expoleroit donc alors 
à des erreurs confidérables, en employant dans le calcul de 
la probabilité des évènements futurs, les poflibilités des évè- 
nemens fimples qui rélultent de évènement obfervé ; 
en effet, il eft vifible que la petite erreur que l'on peut 
commettre en faifant ufage de ces poflbilités, s’accumule en 
raifon du nombre des évènemens fimples qui entrent dans 
Tévènement futur, & doit occafionner une erreur fenfible 
lorfqu'ils y font en très-grand nombre. Au refle, quel que 
foit cet évènement, on peut en détemminer la probabilité, 
au moyen de fa formule (4) qui eft toujours vraie à très- 
peu près, lorfque l'évènement oblervé eft très-compolé. 


LAN 


UX des Problèmes les plus utiles de cette partie de l’ana- 
lyfe des hafards, qui confifte à remonter des évènemens aux 
caufes qui les ont produits, eft celui de la détermination du 
milieu qu'il faut choifir entre les réfultats de plufieurs obfer- 
vations. J'ai donné dans le tome V1 des Mémoires des Sayans 


D'ELS SCC EL E N CE 5; MW 223 


étrangèrs, les principes fur lefquels il me femble que Ia 
folution de ce Problème doit être fondée : trois ïlluftres 
Géomètres, M." dela Grange, Daniel Bernoulli & Euler, fe 
font depuis exercés fur cet objet ; le premier dans le rome W 
des Mémoires de la Société royale de Thurin ; & les deux 
autres dans la Z"* Partie des Mémoires de Péterfbourg , pour 
l'année 1777 ; mais leurs principes étant différens de ceux 
dont je me fuis fervi, cette confidération m'engage à reprendre 
ici cette matière, & à préfenter mes réfultats de manière à 
ne laifler aucun doute fur leur exactitude. 

Suppofons pour fixer les idées, qu'il s’agifle d'un phéno- 
mène qui a été aperçu par plufieurs Obfervateurs à des inftans 
aiférens; chaque obfervation a pu s’écarter en plus & en 
moins de la vérité, & fixer ainfi l’inftant du phénomène 
plus tôt où plus tard qu'il n'eft arrivé; nous fuppolerons, ce 
qui eft très-naturel, que les facilités des mêmes erreurs, foit 
en plus, foit en moins, font égales entre elles, & nous 
défignerons par @ /x) la facilité tant de l'erreur pofitive x, 
que de l'erreur négative x, relativement au premier 
Obfervateur; par @' (x), @'" (x), &c. ces mêmes facilités 
pour les deuxième, troifième, &c. Obfervateurs. En nommant 
enfuite première obfervation celle qui fixe le plus tôt le 
phénomène, deuxième, troifième oblervations, &c. les dif- 
férentes obfervations dans l’ordre de leurs diftances à celles-ci, 
nous nommerons p, p', p'', &c. ces diflances; en fuppofant: 
donc x l'erreur de la première obfervation, les erreurs des 
obfervations fuivantes feront p —— x, p — x, p— x, &c. 
& Ia probabilité que toutes ces obfervations auront entre 
elles les diflances refpectives p, p', p'', &c. fera $ {x )»* 
®(p— x).p" (p — x).&c. or les probabilités des 
différentes valeurs de x font entre elles par Particle XV, 
comme les probabilités que ces valeurs ayaït lieu, les obfer- 
vations s’écarteront entre elles des quantités obfervées p, p',p'', 
&c. Donc fi l'on conftruit une courbe dont l’équation foit 


2 = ç(x) .o(p — x) .o"(p — x). &ec. 
Sf ï 


324 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


les ordonnées y de cette courbe feront proportionnelles aux 
probabilités des abfciffes correlpondantes x, & par cette raifon 
nous la nommerons courbe des probabilités. 

Maintenant, on peut entendre une infinité de chofes 
différentes par le milieu ou le réfultat moyen d'un nombre 
quelconque d'obfervations, fuivant que l'on affujettit ce réfultat 
à telle ou telle condition. Par exemple, on peut exiger que 
ce milieu foit tel que la fomme des erreurs à craindre en plus, 
foit égale à la fomme des erreurs à craindre en-moins ; on 
peut exiger que Îa fomme des erreurs à craindre en plus, 
multipliées par leurs probabilités refpectives, foit égale à la 
fomme des erreurs à craindre en moins, multipliées par leurs. 
probabilités refpeélives; on peut encore affujettir ce milieu 
à ètre le point où il eft le plus probable que doit tomber le 
véritable inftant du phénomène, comme M. Daniel Bernoulli. 
l'a fait dans les Mémoires cités: en général on peut impoler une 
infinité d’autres conditions femblables, qui donneront chacune 
un milieu différent; mais elles ne font pas toutes arbitraires. Il 
en eft une qui tient à la nature du Problème, & qui doit 
fervir à fixer le milieu qu'il faut choifr entre plufieurs 
obfervations : cette condition eft qu'en fixant à ce point 
Yinftant du phénomène, l'erreur qui en réfulte foit un #ini- 
mum; or comme dans la théorie ordinaire des hafards, on 
évalue l'avantage en faïfant une fomme des produits de chaque 
avantage à efpérer, multiplié par la probabilité de l'obtenir, 
de même ici, l'erreur doit s'eftimer par la fomme des produits 
de chaque erreur à craindre, multipliée par fa probabilité; le 
milieu qu’il faut choifir doit donc être tel que la fomme de 
ces produits foit moindre que pour tout autre inftant. 

Suppofons préfentement que dans la courbe des probabilités 
dont l'équation eft 


y—=p(x) .g (p — x). &c. 
la valeur de x puifle s'étendre depuis — f jufqu'à « — f, 


en forte que l'intervalle dans fequel x peut varier foit c; fr 
Von fait x = 7 — f, il eft vifible que 7 pourra varier 


DES SCIENCES. 325 
depuis 7 — o jufqu'à z — c, & que les probabilités 
des différentes valeurs de 7 feront proportionnelles à y ou à 
PT —f) . pp — zx —+ f) . &c. en forte qu'on 
pourra les repréfenter par 4y, 4 étant un coëfficient conftant. 
Soit 4 la valeur de 7, que l'on doit prendre pour le véritable 
inftant du phénomène; on aura 4 f {h — 3%). YdZ 
pour la fomme des erreurs à craindre depuis 7 — o jufqu’à 
z— 2, & multipliées par leur probabilité refpective, l'intégrale 
précédente étant prife pour toute l'étendue de ces limites ; on 
aura enfuite 4 f/" {7 — }).yd7 pour la fomme des erreurs 
à craindre depuis 7 — 4 jufqu'à 7 —c, multipliées par leur 
probabilité, le figne J” fervant à indiquer que l'intégrale doit 
être prife pour toute l'étendue de ces dernières limites; on 
aura donc 

AJ(E — 7).307 + Af'-(z — k).y0z, 
pour la fomme entière des erreurs à craindre, multipliées par 
leur probabilité, & 4 doit être tel que cette fomme foit un 
minimum, Or fi l'on fait varier 4 de la quantité infiniment petite 
d'A, ü eft clair que la variation de JR — 3) .y0% 
fera dz .fyd7, & que celle de J'(z — ‘h) PO T 
fera —— SJ} -f'.y2z; la variation de la quantité précé- 
dente fera donc 

AD 4. ([yd7 — ['yd2): 


en égalant cette quantité à zéro par la propriété du minimunr, 


ON aura 

Moz = lna r 
L'ordonnée correfpondante à l'abfcifle 4 qui détermine le 
milieu qu'il faut choifir, doit donc divifer en deux parties 
égales l'aire de la courbe des probabilités, comprile depuis 
& — o jufqu'à z — c, æœ qui donne un moyen très- 
fimple de déterminer ce milieu ; & l’on voit qu'il a encore 
la propriété d’être tel, qu'il eft également probable que le 
véritable inftant du phénomène tombe au - deffus ou au- 
deflous , en forte qu'on pourroit le nommer wilieu de 
probabilité. 


326 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Le. a. CE À | 


TourTes les fois que les fonctions @ {x), @' (x), 
®''(x), &c. qui expriment les loix de facilité des erreurs 
des obfervations, feront connues, la détermination du milieu 
qu'il faut choifir entre plufieurs obfervations, fera réduite par 
l'article précédent, à partager une furface donnée en deux 
parties égales, ce qui eft un Problème de pure analyfe; 
mais ces fonctions étant le plus fouvent inconnues, c’eft au 
calcul des probabilités à fournir les moyens de fuppléer à 
cette ignorance ; or on a vu dans l'article 117, que fi dans 
ce cas, Æ a, + «à, = a, &c. font les limites des 
erreurs de a première, de [a deuxième, &c. oblervations, on 

% £ a : : a 
doit fuppofer A) —elog.—, ® () —= log —, &c. 
Il ne refte plus ainfi dans la recherche du réfultat moyen 
de plufieurs obfervations , que les difficultés inévitables de 
Janalyfe; mais if faut convenir qu’elles rendent la méthode 
précédente d’un très-difhcile ufage : aufli mon objet, en l’ex- 
pofant, a été plutôt de faire connoître tout ce que l'analyfe 
des hafards peut donner de lumières fur cette matière, que 
de préfenter aux Obfervateurs une méthode-pratique & d'un 
ufage commode ; on pourra cependant l'employer dans des 
occafions très-délicates, telles que celles du paflage de Vénus 
fur le difque du Soleil, dans lefquelles il eft néceffaire 
d'obtenir la plus grande précifion ; le moyen le plus fimple 

our cet objet, eft de carrer par parties la courbe des pro- 
baubilités , & de déterminer ainfi l'ordonnée qui divile fa 
furface en deux parties égales. 


TC, AS cs À 


LA règle ordinaire des milieux arithmétiques, fe déduit 
de cette méthode, en fuppofant a — 4°— a" &c. — 00, 
comme il eft facile de s'en affurer; mais nous allons démon- 
trer un théorème beaucoup plus.général, en faifant voir que 
cette règle a lieu toutes les fois 1.” que la loi de facilité des 


DES SCIENCE 8. 527 
erreurs eft la même pour toutes les obfervations: 2.° que les 
mêmes erreurs, foit en plus, foit en moins , font également 
poflibles; 3.° qu'elles peuvent être infinies , & que la fonc- 
tion qui exprime leurs facilités ne décroit d’une quantité finie, 
que lorfque x eft infini, mais qu'’alors elle va toujours en 
diminuant jufqu'au point de devenir nulle. 

Pour cela, foit @ (ax) la loi de facilité des erreurs des 
obfervations, & étant une quantité infiniment petite ; foit de 
plus 7 la valeur de @/a x), lorfque ax — 0, & par 
conféquent lorfque x eft une quantité finie ; il eft évident 
que l'ordonnée de Ja courbe des probabilités, depuis — x — © 
jufqu'à —— x — oo, fera 


J — (ax) .q(ap + ax).p(ap' + ax).&c. 
En fuppofant le nombre des obfervations égal à », & en 
négligeant les quantités de l’ordre 4°, on aura 


PORN afp ep plie PE OT pape, Dole 


d.p(ax) 


» 


or fi l'on prend l'intégrale fa dxpfaxp Te, 


d.a x 
depuis x — o jufqu'à x — ©, & que l'on fe rappelle 
que @ (ax) — g lorfque x — 0, & que Q (ax) = 0: 
lorfque x — oo, on aura 

d.p{ax) 


Ja dx @ax)"— SR ES Le — g'; 
foit donc À l'intégrale [dx .@ {ax}, prife depuis x — o 
jufqu’à X* — oo, & l’on aura ot 
Pa ar Le PE PA DE ot 


pour lintégrale fy0 x correfpondante aux valeurs négatives 
de x. 

Cette même intégrale prife depuis x — 0 jufqu’à 
x — p°—?, et pv, g, parce que l'on peut dans cet 


328 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
intervalle fuppoler @ (ax) — @ (ap — ax) — &c. — 9; 
par conféquent l'ordonnée y — 9”, 

Depuis x — p"7"” jufquà x — ©, on a 

ÿ — p{ax).q{ax — ap) .p(ax — ap').&c. 
ou 


 —= Gex) afp Ep EE pl. pur 


PARLES PA d.p{ax) 
DCE ML Our rr ent 


um CE) 


or l'intégrale fadx.@(ax)"". ————, prife depuis 


Mesnpi jufqu'à x — ©, ef — — -g'; de plus 


l'intégrale fdx.@(ax)", prile dans le mème intervalle, eft 
évidemment égale à À — p.49"; on aura donc 


A — po + [p + pee, + pe? 


pour la valeur de fydx, prife dans cet intervalle, Partant 
l'aire entière de la courbe des probabilités, eft égale à 2 A; 
or en nommant # l'abicifle dont l'ordonnée divife cette 
aire en deux parties égales ; la partie de l'aire qui eft à 
gauche de cette ordonnée, {era vifiblement égale à 


A ——.[p + pp PO] + has 
en l'égalant à À, on aura 


h= Lol +p+pt..+ pt]; 


ce qui donne pour 4 la même valeur que Îa règle des 
milieux arithmétiques. Les fuppofitions qui nous ont conduit 
à ce réfultat, étant hors de toute vraïifemblance, on voit 
combien il eft néceflaire dans les occafions délicates, de faire 
ufage de la méthode que nous avons propolée, 
: XXXII, 


DIE SM SEE LE Nc ESOMIM 55 
HA ZX LT 


IL eft facile d'appliquer la théorie précédente à la correction 
des inftrumens ; pour cela, fuppofons qu’en vérifiant un inf 
trument , & en répétant un grand nombre de fois la même 
vérification, on ait trouvé # différentes erreurs p, p', p'', 
&c. Soient 5, à’, i'", &c. les nombres de fois que chacune 


La Z £ : 
d'elle a été répétée ; en repréfentant par x, x', x°", &c. leurs 


LA ent d i D Ée 
facilités refpeétives, on aura 4.x .x" x!" , &c. pour la 
probabilité de l'évènement obfervé , Æ étant un coëfficient 
conftant; la probabilité de ce Syftème de facilités fera donc 


sp ë ai” . &c. d'4, dx" dx" Eic. 


ve. 


ie [x?. PL 5 M - Gtc- Die de D ri CA 
les intégrales du dénominateur étant prifes pour toutes Îes 
P P 
valeurs poffibles de x, x’, x'*, &c. Pour en conclure la pro- 
se y +R: . 3 2, 
babilité de x, on intégrera la fonion x°.x"" .x . BCe 
dx.0x".0x'", &c. d'abord par rapport à x', depuis x°— 0, 
jufqu'à x'— 1 — x — x'°— &c. enfuite par rapport à 


SIL 
rit 


x", depuis x! — 0 jufqu'à x 1 — x — x — &c. 
& ainfi de fuite, ce qui donne pour dernière intégrale, - 
2 “l : , 
DAMES Tee rRele 2ia 3e : LC Lis ei Himie 
HR nee 3 Sn HAS x OX (1x) TETE + &c+# 1. 
142.3.4.. (0 HI HÉT + &c.) 
on aura donc pour la probabilité que la facilité x fera com- 
prife dans des limites données, 
pan da LEURS 
RETENUE AL BE ST Mrs deélidinsts 


DU LE &c + nn 1 


e 
f 


Fintégrale du numérateur étant prife dans l'étendue de ces 
limites, & celle du dénominateur étant prife depuis x — o 
jufqu'à x — 1; or cette probabilité fe déterminera par la 
formule de Var. XV111, en y changeant p en i, & g en 
he + ct 4 s'en Oits 

Mém, 1774, : SM | 


330 MÉMOIRES DE L' ACADÉMIE ROYALE 


Examinons préfentement la correction qu’il faut faire à 
une nouvelle obfervation faite avec cet inflrument : fuppo- 
fons qu'il foit un quart de cercle, & qu'en prenant un grand 
nombre de fois une même hauteur apparente a, on ait trouvé 
entre cette hauteur & Îa hauteur réelle, » différences qui 
s'étendent depuis à — « jufqu'à à + «. Suppofons de 
plus, qu'en partageant l'intervalle & -1- «° en #' == "#. 
parties très-petites, on ait trouvé que l'erreur —— & a été 

| FA , ? , æ hr æ* 2, A4 
répétée à fois; que l'erreur — & + AL EE répétée 


L 
; ë 2(æ+ «') AT Ur RUIE 
Î fois; que l'erreur — & + MEL a été répétée 


3" fois, & ainfi de fuite; foient enfin x, x', x'', &c. les 
facilités dé ces erreurs; on aura par l'art. XIV, 


Fa Ai PIE at &c. Dr, dx", dx" à Bec. 


1 


3 É ÿ 
fer sax! 


2 RTE à &c-dx dx" .04" RE, 
pour la probabilité que l'erreur d'une nouvelle hauteur 4, 
obfervée avec ce quart de cercle, fera — «x, les intégrales 
du numérateur & du dénominateur étant prifes pour toutes 
les valeurs poffibles de x, x°, x", &c. ce qui revient à 
intégrer l'un & l'autre, d'abord par rapport à x depuis x = o 
jufqu'à x — 1 — x — x — &c. enluite par 
rapport à x', depuis x — o jufqu'a x — 1 — x" — &c. 
& ainfi du refte. On trouvera de cette manière, que la frac- 
EU 


tion précédente fe réduit à 


quantité exprime donc la probabilité que l'erreur de l'obfer- 
vation fera =— «; en y changeant i fucceflivement en ÿ', 
i", &c. & réciproquement, on aura les probabilités que 
d'a! 


HT 


; cette 


l'erreur de lobfervation fera — «& + 


( 2 a + à! # 
die +27, &c. On concevra donc élevées fur 


DE 


les extrémités & fur chacune des divifions de l'intervalle 


x 


æ —+ «', des ordonnées égales ou proportionnelles à ces 


ou 


DÉEUSM SAC E NC: ES 331 


probabilités, & dont les extrémités, à caule de fa petitefle 
des divifions, formeront fenfiblement une ligne courbe; cela 
pot, l'abfciffle dont l'ordonnée partagera faire de cette 
courbe en deux parties égales, fera par l'article X XX, celle 
dont il faut faire ufage, en forte que fi l’on nomme # cette 
ab{ciffe comptée depuis origine de l'intervalle & +- «', 
qui répond à l'erreur — «, la correétion qu'il faudra faire 
à la hauteur obfervée a fera 4 —— «x, & par conféquent, il 
faudra fuppofer la hauteur réelle égale à à + #4 — à. 
De-là réfulte cette règle fort fimple pour corriger l'inftru- 
ment. Ajoutez continuellement les quantites i + i° + 2, 
it + 2,i HE 4 2, &ec. jufqu'à ce que vous 
Joyez parvenu à une fomme égale, ou immédiatement plus petite 
d'une quantité quelconque w que la moitié de la Jomme 
DR AIME 2 1. he cresie hdd DO 0e D) LE dipl 2, 
Soit r le nombre des quantitési + 1 + 2,1 + i +2, 
&c. que vous aurez ain ajoutées ; 1 le nombre des parties 
e + à 
SR, ] 
à la hauteur a, ou ce qui revient au même, la quantité qu'il 
faut lui ajouter fera à très-peu près, 
u a + a 
(AA IAE OL NUE ie ec praé 


, contenues dans &3; la correction qu'il faut faire 


Si au lieu de fixer la véritable hauteur au point de labf 
cifle, dont l’ordonnée divife Faire de la courbe en deux 
parties égales, on la fixoit au point dont l’ordonnée pañe 
par le centre de gravité de cette aire, on auroit la même 
correction que donne la:méthode des milieux arithmétiques: 
cette méthode revient donc dans ce cas à prendre pour 
milieu le point où la fomme des erreurs en moins, multi- 
pliées par leur probabilité, eft égale à la fomme des erreurs 
en plus, multipliées par leur probabilité. 

Lorfqu'une fois on connoît la loi de facilité des erreurs 
d'un inftrument ,-on peut en conclure celle des erreurs d'un 


réfultat quelconque déduit d'obfervations faites avec cet 
Tt ÿ 


332 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


inftrument, tel que le midi conclu par deux hauteurs corref 
pondantes. En eflet , fi l’on nomme 7, 7', 7", &c. les erreurs 
des obfervations, que nous fuppoferons ici très-petites; la 
correction qu'il faudra faire au réfultat, fera A7 + À° 7° 
+ 4° 7°" + &ce. À, À, A", &c. étant des coëfficiens 
conftans, dépendans de la nature du réfultat que l’on déduit des 
obfervations. Si l'on fuppofe cette correttion égale à x, on aura 


LR: 


À 2204 À e Lihodihe Lure EG Ex 

H ne s'agira plus enfuite que de déterminer par la méthode 
de l'article VIT, Ja probabilité de cette équation ; au moyen 
de’ la loi de facilité des erreurs 7, z', z'°; on aura ainfi 
pour cette probabilité une fonétion de x, que nous défigne- 
rons par @ (x); en forte que l'équation de la courbe des 
probabilités des valeurs de x, fera y — @ (x). Maintenant 
fi l'on prend F'intégrale /y dx pour toute l'étendue des limites 
dans lefquelles x peut varier, l'abicifle 4 qui divifera en deux 
paties égales la furface que repréfente cette intégrale, fera 
ja correction qu’il faudra faire ‘au réfultat propolé. | 


iris Sicun » NuC:E:5 333 


SECOND MÉMOIRE 


SEL R 
L'ACTION COMPARÉE DE L'ACIDE NITREUX 
ÉTVDE L'ACIDEVMARIN 


Sur Les Sels virioliques à bafe terreufe. 


Par MC:0:R NE T. 


‘AI déterminé, dans le premier Mémoire que j'ai eu 

l'honneur de lire à l’Académie en 1774, l'aélion de 
l'acide marin fur {es différens fels neutres vitrioliques & 
nitreux à bafe d’alkali fixe & volatil; j'ai démontréque tous 
ces fels étoient décompolés par cet acide, pourvu toutefois 
que l'on employät, pour opérer cette décompofition, de 
l'acide marin dans le plus grand état de concentration. Il 
me refloit encore à faire connoître l’action comparée des 
deux acides nitreux & marin fur les autres {els neutres à 
bafe terreufe & à bafe métallique; mais, comme l'examen 
de ces diverfes fubftances falines exigeoit que j'entrafle dans 
des détails trop étendus, & qui auroient pafé les bornes d’un 
Mémoire, j'ai cru , pour mettre plus d'ordre dans ce travail, 
devoir me borner à traiter aujourd’hui des fels vitrioliques à 
bafe terreufe, me réfervant de donner, dans un autre temps, 
un troifième Mémoire {ur ceux à bafe métallique. 

Quoique je n’aie pu retirer de la plupart des expériences 
que j'ai faites fur ces diflérens {els, des induétions auffi cer- 
taines que fur ceux à bafe d’alkali fixe & volatil, j'ai penfé 
cependant que ce travail, confidéré d’une certaine manière, 
pourroit devenir utile, & pourroit répandre quelque jour 
fur différens points de Chimie & d'Hifloire naturelle: M. 
Baumé paroît être jufqu’ici le {eul Chimifle qui fe foit occupé 
de cet objet. L'examen qu'il a fait des acides nitreux & 


Lû 
à l’Académie 
le 23 Déc. 
1778, 


334 MÉmoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE 


marin fur le gypfene lui a rien fourni de particulier; mais 
il s'eft affuré que ce fel n’étoit point décompolé par aucuns 
des acides minéraux, & il eft réluité de ces expériences que 
plus l'eau étoit imprégnée d'acide, & plus ce fel acquéroit 
de folubilité, au point qu'il eft parvenu à difloudre par ce 
moyen, dans huit onces d’eau bouillante chargée de deux 
gros d'acide nitreux, quarante-huit grains de gyple, mais qui 
n'avoit fouffert aucune altération. On peut confulter fur cela 
le premier volume de fa Chimie, page 20 1. 

Comme M. Baumé n’a employé fur le gypfe que des 
acides afloiblis, j'ai cru devoir répéter ces expériences dans 
l'efpérance qu'en opérant fur ce fel à bafe terreufe, ainfr que 
je lavois déjà fait fur ceux à bafe d’alkali fixe & volatil, 
c'eft-à-dire en employant des acides plus concentrés, je 
pourrois @btenir des réfultats un peu différens ; mais le fuccès 
n'a pas répondu à mon attente, & je me fuis convaincu, 
ainfr qu'on le verra par les expériences fuivantes , que ce 
{el terreux , traité de toutes les manières avec les acides, n'y 
fouffroit aucune altération, ce qu'avoit déjà remarqué M. 


Baumé, 
Acide nitreux à Gypfe. 


Sur un gros de gypfe bien pur & réduit en poudre, j'ai 
verfé une once de bon acide nitreux : ce mélange n’a produit 
aucun froid fenfble; il ne s’eft fait aucune effervefcence ; cet 
acide, qui étoit clair & fans couleur, digéré pendant quelque 
temps à une chaleur douce fur le gypfe, ne s’étoit point 
coloré; j'ai fait bouillir ce mélange fans aucune addition 
d’eau; il ne s’eft prefque point diflout de gyple, puifque 
lalkali fixe verfé fur cet acide, n'occafionna à peine qu'un 
petit nuage laïteux ; j'ajoutai à cé mélange une once d'eau 
diftillée que je fis bouillir également ; je m'aperçus que, 
malgré cette petite quantité d’eau, le gyple fe diflolvoit très- 
bien, puifque je parvins à le diffoudre complètement, en 
ajoutant encore une demi-once: cette diflolution refta 
claire & limpide tant qu’elle fut bouillante; mais, lorfqu'elle 


DES4S+CIE NC E S. 335 
commença à fe refroidir , prefque tout ce fel fe précipita 
en petits criftaux foyeux & f. volumineux, que toute cette 
matière ne formoit plus qu'une forte de gelée. Ce magma, 
expofé de nouveau à une douce chaleur, fe liquéfia très- 
promptementr, & je parvins, par l'addition d’une nouvelle 
once d’eau, à former une diflolution claire & limpide, & 
qui refla telle par le refroidiflement. C’étoit donc un gros 
de gyple qui étoit tenu en diflolution dans deux onces & 
demie d’eau diftillée à la faveur d’une once d'acide nitreux : 
jexpofai cette liqueur à lévaporation infenfible dans une 
caplule couverte feulement d’un papier. Pendant le premier 
mois, cette liqueur refta claire & ne laïifla rien précipiter; 
mais il parut enfuite à la furface plufieurs petits criftaux très- 
remarquables par leur configuration : la plupart étoient dif 
polés en longues aiguilles ifolées qui étoient au fond de la 
liqueur , mais le plus grand nombre formoit des points qui 
étoient environnés circulairement de longues aiguilles pareilles 
aux premières, & ces aiguilies y aboutifloient comme à un 
centre, en forte que cela repréfentoit autant de petits corps 
arrondis, defquels partoient une infinité de rayons qui fe 
divergeoient en diflérens fens; la plupart de ces aiguilles 
étoient très-aiguës, mais beaucoup étoient taïllées en bifeau. 
Ces criftaux étoient abfolument femblables à ceux qu'a 
“obtenus M. Macquer, de la diflolution de la craie par l'acide 
nitreux, dont on en trouvera la defcription dans le Mémoire 
de ce favant Chimifte, fur la diffolution des fels par l'efprit- 
de-vin, dans le Journal de Phyfique du mois de Février 177 x. 
Ce fel, ainfi criftallifé, ayant été égoutté {ur le papier gris, 
avoit perdu fon acidité & étoit de vraie félénite qui n’avoit 
été nullement altérée par l'acide nitreux. 

La même expérience, répétée avec l'acide marin fumant, 
m'a fourni les mêmes réfultats qu'avec l'acide nitreux, à Ja 
feule diflérence près qu'il m’a fallu une plus grande quantité 
d'eau pour tenir un gros de gypfe en difiolution: les criftaux 
que j'ai obtenus n'étoient pas aufli formés de même; ils 
étoient tous difpolés en longues aiguilles qui s’entre-croifoient ; 


336 MÉMoires DE L’ACADÉMIE RoYALE 

mais, de quelque manière que je m'y fois pris, je n'ai pu 
m'en procurer comme ceux formés par l'acide nitreux, ce 
qui prouve cependant que l'acide nitreux coopère de fon côté 
à larrangement que prennent les molécules falines entr'elles: 
la félénite, dans ces deux cas, n'avoit perdu ‘aucune de fes 
propriétés. 

L'alun, examiné de même avec Îes acides, n’a pas été 
décompolé: j'ai verfé fur deux gros de ce fel en criftaux 
une once d'acide nitreux très-pur ; il s’eft excité, dans l’'inftant 
du mélange , affez de froid pour faire defcendre le thermo- 
mètre de cinq degrés, la température étant à dix au-deflus 
de la glace ; ce fel s’eft diflout très-facilement & fans aucune 
addition d’eau dans cet acide; la diffolution étoit claire, fans 
couleur & n'avoit nulle autre odeur que celle de Facide 
nitreux ; foumife à l'évaporation, j'en ai retiré, par le refroi- 
diflement, de petits criflaux oétaèdres qui étoient de véri- 
table alun. 

J'ai répété cette expérience d'une autre manière: j'ai mis 
dans une cornue de verre une once d’acide nitreux fumant 
fur deux gros d’alun en poudre; j'ai retiré, par la diftillation, 
environ fa moitié de l'acide que j'avois employé, & j'ai 
obtenu, par le refroidiffement de la liqueur qui étoit reftée 
dans la cornue, l’alun fans qu’il ait fouffert aucune altération. 

La même expérience répétée avec l'acide marin fumant 
n'a pas eu plus de fuccès: le froid qui s'eft paffé à l'inftant 
du mélange n'a pas été plus intenfe, & la diflolution de ce 
fel s’étoit également faite fans addition d'eau; ce qu'il y a 
eu de plus remarquable, c’eft que les vapeurs de cet acide 
qui étoit très-fumant, ont été abforbées fur le champ par l'alun 
& n'étoient plus fenfibles; la diflolution étoit très-claire, 
mais un peu jaune ; foumife à ’évaporation, comme la pré- 
cédente, j'en aï tiré de vrais criftaux d’alun. 

. Cette dernière expérience paroît être entièrement contra- 
diétoire avec celle de M. Prieftley : ce célèbre Phyficien, 
dans fon premier volume d’Expériences & d’Obfervations für 
l'air, avance que lalun & le gypfe font décompolés par l'air 

acide 


DEuSmÉsCoNE NC RE 23Z 
acide marin ; que. cet air s'empare de la terre de ces fels, & 
qu'il en réfuite des compolés qui ont l'acide marin pour 
bafe. On peut confulter fur cet objetles pages 2 0 o © fuivantes. 

J'ai répété les expériences de M. Prieftley dans un bain 
de mercure, ainfi qu'il l'a fait : ces deux {els ont été effec- 
tivement réduits en poudre par le contact de cet air acide, 
comme je l'ai obtenu avec l'acide marin fumant, mais ils n’ont 
point été décompolés; j'ai retiré de la diflolution de ces fels 
dans l’eau de très-beaux criftaux d’alun & de gypfe, ce qui 
ne feroit point arrivé fi effectivement ils euflent été décom- 
polés par l'acide marin. 

Il réfulte évidemment des expériences que je viens de 
rapporter, que l'acide vitriolique, lorfqu'il eft combiné avec 
des terres quelconques, adhère à ces dernières d’une manière 
plus intime qu'avec les fubftances alkalines : il paroït vraifem- 
blable que ce qui détermine cette connexion plus forte, dépend 
de fa manière d’être; que cet acide, dans l’alun & dans le 
gypfe, fe trouvant feulement uni par le /atus terreux, fans 
le concours du phlogiftique, forme des compofés plus fimples 
& qui prélentent plus d’obftacles que les autres fels pour leurs 
décompofitions. Le fentiment que j'adopte pour expliquer ce 
phénomène ne me paroiît pas exempt de toute objeétion : 
je m'aitends même que l’on me dira, mais Ji l'acide vitrio- 
ligue, combiné avec des Jubflances rerreufes , contracle avec 
elles.une adhérence Ji forte, Pourquoi cependant cette cohéfion 
Je trouve-t-elle rompue  lorfqu'on y prelente un alkali quel- 
conque ! Je répondrai à cela que la caufe de la décompofition 
de ces fels par les alkalis, ne peut être attribuée qu'au phlo- 
giflique qu'ils contiennent, &. que c’eft peut-être de cette 
plus ou moins grande quantité de phlogiftique, d'où dépend 
là différence qui fe trouve entre les alkalis& lesterres calcaires. 
Mais ne ferois-je pas aufli autorifé à demander pourquoi tous 
les fels formés par l'union de l'acide vitriolique avec des 
fubftances alkalines quelconques, font-ils décompolés par tous 
les {els à bafe terreufe, foit nitreux ou marins, tandis qu’il : 
€ généralement reçu que l'acide vitriolique a plus d’affinité 

Mém, 1778, 1 Uu 


338 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


avec les fubftances alkalines qu'avec les terres? C’eft ce qui 
fe trouve entièrement oppolé aux expériences dont je vais 
rendre compte. 

J'ai fait diffoudre dans deux matras, une demi -once de 
tartre vitriolé, & autant de fel de Glauber; j'ai verlé fur 
chaque diflolution une once d’huile de chaux ou de fef 
marin à bafe terreufe ; ces deux diffolutions fe font troublées, 
& il s'efl fait un précipité affez confidérable; une portion 
de cette matière précipitée s'étoit attachée en forme de 
criftaux aux parois du matras; j'ai filtré la liqueur à travers 
un filtre de papier gris, la matière reflée fur le filtre étoit 
une mafle remplie de petits criflaux foyeux & argentins qui 
fe diflolvoient dans l'eau bouillante, & qui avoiïent toutes les 
propriétés d’une vraie félénite, ce que j'ai reconnu par 
l'examen que j'en ai fait; la liqueur foumife à l’évaporation 
me fournit encore de nouvelles preuves de l'exiftence de la 
félénite, puifque j'obtins d’une part du fel marin ordinaire, 
& de l'autre du fel fébrifuge de Sylvius. 

La même expérience, répétée avec le nitre à bafe terreufe, 
m'a fourni {e même réfultat : le tartre vitriolé & le fel de 
Glauber ont été également décompolés, & j'ai obtenu, par le 
mélange de ces fubftances, de la félénite, du nitre & du 
nitre quadrangulaire. 

J'ai cru devoir m'aflurer aufli fr le nitre & le fel marin 
à bafe de terre magnéfienne décompoferoient également le 
tartre vitriolé & le fel de Glauber: la décompofition de ces 
deux fels s'eft faite très-promptement, mais la liqueur ne 
s'eft point troublée, & ïl ne s’eft fait aucun précipité comme 
aux expériences précédentes; ce qui ne ma point furpris, 
parce que le fel qui réfulte de la combinaifon de cette terre 
magnéfienne avec l'acide vitriolique, eft infmiment plus 
foluble dans l’eau que celui qui provient de la combinaifon 
du même acide avec la terre calcaire. 

Quoique la terre magnéfienne ait un caractère particulier, 
& qui la diftingue eflentiellement de la terre calcaire, je 
crois néanmoins pouvoir conjeéturer qu'il y a entre ces deux 


Sd 'œtsr PSAC AE nt c'es: 339 
terres une analogie qui en démontre en quelque forte l'iden- 
tité; & je penfe que ce qui détermine cette difkrence ne 
me paroît dépendre que de ce que fa terre magnéfienne fe 
rapproche davantage de l'état falin que la terre calcaire. Au 
refte, je me propole de faire fur cette terre un travail dont je 
ferai part dans le temps à l'Académie. 

I me reftoit encore une expérience à faire , c’étoit d’exa- 
miner fi le même fel vitriolique à bafe de terre magnéfienne, 
qui fe trouve fi généralement répandu, feroit également 
décompolé par le nitre ou de fel marin à bafe terreufe; je 
werfai , pour cet effet, fur une diffolution de mon fel magnéfien 
du fel marin à bafe terreufe; la liqueur auflitôt devint blanche 
& laiteufe, & il fe fit quelque temps après, un précipité 
très-abondant que je reconnus pour être de la félénite, ce 
qui me prouva que ce fel magnéfien ‘étoit foumis à la mème 
loi que ceux qui font combinés avec les alkalis, 

Ces expériences, qui paroiffent faire autant d’exceptions 
à la table d’affinité, en démontrant que facide vitriolique 
cherche plutôt à fe combiner avec les terres qu'avec les alkalis, 
prouvent auf la puiffance qu'ont les acides nitreux & marins 
fur ces dernières fubftances, & expliquent clairement pourquoi 
les fels vitrioliques à bafe terreufe décompofent fi difficilement 
le nitre &. le {el marin. | 

Plufieurs Chimiftes avoient déjà fait ces expériences. M. 
Margraff, dans l'examen qu’il a fait du fel admirable, page 383 
du fecond volume de fes Opufcules *, dit que la diffolution 
du fel de Glauber & du tartre vitriolé précipite les diflolu- 
tions deterre calcaire faites par l'acide nitreux ou l'acide marin; 
mais il n'entre point dans un plus grand détail & ne cherche 
pas à en expliquer la caufe. 

M. Pott, dans fa Differtation fur le fel commun, fecond 
volume de fa traduction Françoile, page 194, dit que le 
fel marin à bafe terreufe eft précipité par l'huile de tartre en 
une mafle prefque gélatineufe , & que l'huile de vitriol procure 
la même coagulation. On feroit porté à croire qu'il regardoit 


ce précipité comme purement terreux , {1 à la page 20 5 de 
Uu ïj 


* Traduction 
françoife, 


340 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


cette même Differtation, il ne remarquoit pas que le {ef 

marin à bafe terreufe eft décompolé par le vitriol ou l'alum, 

& que dans tous ces cas, l'acide vitriolique enlève à l'etprit 

de fel fa terre calcaire, & que l'acide marin s'évapore. Son 

Traduéteur ajoute dans fes remarques, qu'il en réfute un {el . 
féléniteux; mais on voit que M. Pott na point employé, 

pour faire ces expériences, de Facide vitriolique combiné 

avec une bafe alkaline. 

Stahl, dans fon Traité des Sels, page 339, avance auffi 
da même chofe, maïs fans donner plus d'explication. 

Plufieurs Chimiftes mdiquent ce moyen pour reconnoître 
lacide vitriolique par -tout où il peut être engagé, en+y 
ajoutant du fel marin à bafe terreufe. 

M: le Roi, de la Société royale des Sciences de Mont- 
pellier, dans un Ouvrage latin que cet habile Médecin a 
fait, fur la manière d’analyfer les Eaux minérales, prefcrit 
également cette méthode, mais il paroît aufli que la plupart 
des Auteurs qui en ont parlé, n'ont pas cherché beaucoup à 
éclaircir ce fait, puifqu'ils ne font aucune mention de la 
nature du précipité qui en réfulte : Boulduc paroît être celui 
qui a donné le plus d’étendue à ces expériences. On trouve 
dans le Volume de l’Académie des Sciences pour l'année 
11729, dans fon Analyfe de l’eau minérale de Bourbon- 
YArchambaut , page 266, que l'unique moyen qui lui a fervi 
avec fuccès pour découvrir l'acide vitriolique. engagé dans, 
quelque bafe , avoit été l'huile de chaux ; que pour ors cet 
acide quitte fa bafe & fe tranfporte fur la chaux, avec laquelle 
il’ fait une efpèce de criftallifation, que ni l'eau commune 
ni les acides ne pouvoient difloudre; mais il dit d’une ma- 
nière beaucoup plus pofitive encore dans fon Analyfe des 
eaux de Forges, inférée dans le Volume de l’Académie pour 
année 173$, page 450, que quand on verfe de l'huile 
de chaux fur une diffolution de fel de Glauber, l'acide vitrio- 
lique de ce fel quitte fa bafe ; s'unit avec la chaux contenue 
dans lhuile & forme de la félénite. Ayant continué l'évapo- 
ration, & même ayant fait deflécher la matière , il remarque 


A 


DES SCIENCES. 341 


qu'il a toujours obtenu de Ja félénite. J'ai cru devoir rapporter 
tous ces faits, afin d'éclaircir un point de doctrine qui eft 
encore ignoré de beaucoup de Chimifies, puifque plufieurs 
ont regardé ce précipité comme purement terreux , & afin 
de rendre à Boulduc fantériorité d’une découverte qui lui 
appartient, & dont cependant aucuns Chimiftes n’ont fait 
mention. On peut déduire, ce me femble, des expériences 
que je viens de rapporter, que l'acide marin eft de tous les 
acides minéraux celui qui a le plus de difpofition à s'unir avec 
les bafes alkalines, puifque le fel marin à bafe terreufe dé- 
compofe également le nitre , comme le tartre vitriolé, en 
s'emparant de leur bafe, au lieu que le nitre à bafe terreufe 
ne décompofe pas le fel marin ; ce qui prouve que ces deux 
acides, vitriolique & nitreux , tendent toujours de préférence 
à fe combiner avec les terres, à former des compolés plus 
fimples, & à fe rapprocher par-là des vœux de la Nature: 
de-là doivent naître fans cefle des variations confidérables 
dans le produit des corps qu’on foumet à l'analyfe, occafionné 
par la réaction des différentes fubftances qui les compofent ; 
aufli arrive-t-il fouvent que dans de certains mélanges on 
obtient des réfultats tout-à-fait oppolés & contraires à ceux 
. qu'on avoit droit d'efpérer : telle eft, par exemple, la félénite 
que lon forme paril'union du fel de Glauber & du fe! 
marin à bale terreufe , & telle eft auffi celle que l'on retire 
. en plus où moins grande quantité de l’analyfe d’une eau mi- 
_nérale, & dont le produit eft fufceptible de varier felon 1a 
rapidité plus ou moins grande de l'évaporation ; c’eft ce que 
j'aurai occafion de faire voir à la fin de ce Mémoire. Mais 
cette félénite que lon forme ainfi en petite quantité par l'art, 
_n uniflant le {el marin à bafe terreule avec le tartre vitriolé 
ou le fel de Glauber , la Nature paroït tous les jours employer 
ce même moyen pour la former plus en grand: la mer, ce 
. aboratoire immenfe , renferme dans fon {ein les matériaux 
propres à la former ; c’eft par fon mouvement & le balan- 
cement continuel de fes eaux que doivent s'opérer fans 
céfle ces doubles décompofitions : tout concourt à le prouver ; 


342 MÉMOIRES DE L'AGCADÉMIE ROYALE 


les différentes analyfes de l’eau de la mer le démontrent, 
M. Gaubius, dans fes Adverfaria , rapporte qu'il a retiré, 
par l’analyfe de l'eau de la mer Méditerranée, beaucoup de 
{élénite, de fel de Glauber & de fel marin à bafe terreule ; 
& les autres Chimiftes qui ont eu occafion de l'analyfer, y, 
reconnoiffent tous les mêmes produits. J'ai été à portée de 
voir évaporer fouvent de l’eau falée dans les falines de Salins 
en Franche-comté : à peine cette liqueur commence-t-elle 
à s’échauffer qu’elle fe trouble; le, précipité qui fe forme, 
appelé /cklot, ne démontre-t-il pas encore ce que je viens 
d'avancer? la double décompofition des fels qu'elle tenoit 
en diflolution, puifque lon retire, par l'examen de cette 
fubftance , de la félénite en très-grande quantité qui fe trouve 
mêlée de fel de Glauber & de fel marin à bafe terreufe: 
mais fi le {el de Glauber ne contribuoit pas lui-même à la 
formation de cette félénite contenue dans le Jchlot, quelle 
raifon donneroit-on de fa préfence dans cette matière? car 
il doit paroître bien fmgulier que le fel de Glauber qui, 
comme l'on fait , eft fi foluble dans l’eau, puifle fe précipiter 
avec le fchlot, tandis que le fel marin, infiniment moins 
foluble , refte en pleine diffolution. Les Chimiftes qui ont 
parlé fur cet objet, fe font contentés de dire que le fel de 
Glauber ne fe trouvoit ainfi mêlé avec le Jchlot, que par 
un certain degré d’affnité & d’adhérence qu’il avoit avec ces 
{els : on s’eft contenté jufqu’ici de cette explication, mais il 
me femble cependant que l’on pourroit avancer que cette 
félénite contenue dans le /chlot, eft plutôt le réfultat de la 
formation inftantanée du mélange du fel de Glauber & du 
fel marin à bafe terreufe, & que le fel de Glauber que l'on 
y trouve en nature, eft fufceptible de former avec le fel 
marin à bafe terreufe qui y refte toujours engagé, de la fé- 
lénite, fur-tout fi ce mélange eft animé par un léger degré 
de chaleur ou de mouvement, qui paroiïflent effentiels pour 
opérer cette décompofition d’une manière plus fenfible. 
L’adhérence du fel marin à bafe terreufe dans le fchlot, 
malgré les lotions répétées dans l’eau bouillante, que lui a 


DNENMMISNA"T E N°C'E'Ss 343 
fait fubir M. Baumé , eft une preuve certaine de ce que je 
viens d'avancer. Si l’on confidère les carrières immenfes de 
gyple fi bien criftallifé , à quelle autre fubftance qu'aux eaux 
de da mer doit-on en attribuer lorigine? Quelle énorme 
quantité d’eau n'a-t-il pas fallu pour la formation de ces 
montagnes falées , dont la régularité des criftaux annonce Ia 
fucceflion de temps néceflaire pour larrangement fymétrique 
de ces molécules falines, & dont Îa différence fr marquée 
avec les albâtres gypfeux, prouve d’une manière non équi- 
voque que ces derniers ont été formés rapidement & par 
dépôt? À quoi pourra-t-on mieux attribuer la formation de 
cette félénite, fi ce n’eft à la double décompofition qui s’excite 
fans cefle par le balancement & l'agitation continuelle des 
eaux de la mer? 

Model , dans le premier volume de fes Récréations 
chimiques, page 166 © fuivantes, avoit déjà quelques 
doutes fur la formation de la félénite : lanalyfe qu'il a faite de 
l'eau de Briftol , & de l'évaporation de laquelle ï a retiré de la 
félénite & du fel de Glauber, lui avoit fait faire cette 
remarque. Il fe fait à lui-même deux queftions ; la première, 
d'où vient la félénite? la feconde, cette fubftance fe trouve- 
t-elle dans l'eau comme félénite, ou eft-elle l'ouvrage du 
feu ? IL regarde la première queftion comme très-facile à 
réfoudre; mais la décifion de la feconde lui paroît extréme- 
ment difhcile. Il entre enfuite dans des détails qu'il feroit 
trop long de rapporter ici, & cherche à expliquer du mieux 
qu'il lui eft poffible, la formation de cette félénite : on verra 
que pour en établir la théorie, il eft obligé d’avoir recours 
à une efpèce de mine de foufre ou à des pyrites fulfureufes 
dans l’état de décompofition, & dont l'acide fe combinant 
avec les terres alkalines, forme a félénite. I dit plus, que 
pendant l'évaporation de cette eau, le foufre fubtil ou l'acide 
Vitriolique, forme avec les parties terreftres, groflières , une 
félénite , & du fel de Glauber avec les parties les plus 
tenues : cette explication de Model paroït bien hafardée ; 
aufli ne Ja donne-t-il lui-même que comme conjecture; car, 


344 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


pour que cette théorie ait lieu , il faudroit admettre le concours 
des pyrites ou la décompofition du foufre dans toutes les 
eaux, puifque, par lanalyfe, on retire prefque de toutes du 

el marin à bafe terreufe, de la félénite & du fel de Glauber. 
Le Traduéteur de Model, M. Parmentier, dans fes Notes 
placées à la fuite de la Differtation que je viens de citer, 
fait, avec raifon, un reproche à Model, de n'avoir point 
aperçu dans fon analyfe de l'eau de Briftol, le fel marin à 
bafe terreule, qui été découvert depuis par M." les Commif- 
faires de la Faculté de Médecine de Paris, dans leur Analyfe 
des Eaux de Ville- d’Avray, de Sainte-Reine, &c, I reprend 
en fous-œuvre les deux queftions propofées par Model, & 
tâche d'en donner la folution: il avance, de même que lui, 
que cette félénite n'eft dûe qu'à la deftruétion des pyrites 
fulfureufes ou à celle du foie de foufre ; mais il faudroit, ce 
me femble, pour que cette hypothèfe puifle avoir quelque 
degré de vrailemblance, admettre qu'il fe trouve également 
dans toutes les eaux, des pyrites fulfureufes en décompofition ; 
& dans l'état convenable à former de Ja félénite; ce qui, je 
pen, ne doit pas arriver conftamment, puifqu'il fe trouve 
des endroits où l’on n'aperçoit aucun veftige ni de foufre 
ni de pyrite, & où néanmoins les fources qui traverfent 
ces terres fourniflent beaucoup de félénite. Il me femble 
qu'il feroit je fimple de rapporter la félénite qu'on retire 
de f’analyfe de l'eau de Briftol, à la double décompofition du 
fel marin à bafe terreufe & du fel de Glauber , ingrédiens 
qui fe trouvent dans cette eau, qu’à la fuppofition gratuite de 

la deftruétion des pyrites fulfureufes ou du foie de foufre, 
Je crois avoir fuflifamment développé dans le cours de 
ce Mémoire , la première queftion propofée par Model, 
fur la formation de la félénite ; je penfe que c'eft dans Ia 
mer qu’eft le principal magafin de ce fel, bien convaincu 

cependant qu'il s’en forme tous les jours dans les entraillé 
de la terre, par la décompofition des pyrites fulfureufes , mais 
aufli, que c'eft un infiniment petit relativement à ce qui 
doit {e paffer dans le fein de la mer; au refte, je fus aus 
ondé 


Dies, 19%) LIE N c/E,s. 345$ 
fondé à croire que l'acide vitriolique qui fert à former le 
foufre eit tiré de la félénite, que de penfer que a félénite 
elle-même foit formée par l'acide du foufre; car on fait 
que pour que le foufre puifle fe former , il faut le contaét 
immédiat du phlogiftique , & lacide vitriolique dans un 
certain état de concentration: or, pour trouver cet état de 
concentration, ce ne peut être que Jorfqu'il eft combiné d’une 
manière quelconque ; pour lors, les molécules acides fe 
trouvent rapprochées, & dans un état de divifion convenable 
à pouvoir s'unir facilement avec le phlogiftique, & à former 
du foufre ; c’eft ce qu'on obtient facilement par l'Art, en 
combinant la félénite ou les fels vitrioliques avec le charbon. 
Mais il paroït que la Nature, ainfi que la fort bien dit 
Bernard Paliffi, emploie plutôt la voie humide, pour ces 
combinailons, que la voie sèche, & je penfe qu'il fe produit 
peut-être plus de {oufre par cette voie que par la voie sèche: 
ce que je viens de dire ne doit être regardé que comme très- 
conjeural; car, pour établir fur cet objet une théorie plus 
jufte, il faudroit connoitre les principes qui conftituent acide 
vitriolique, & Îes#moyens que la Nature emploie pour Île 
former. 

Quant à la feconde queftion, favoir, fi la félénite que 
l'onretire de l'analyfe des Eaux minérales eft l'ouvrage du feu, 
ou fi elle eft dans l’eau comme félénite ? Cette queftion me 
paroït bien difhcile à décider; car il n’y auroit rien de für- 
prenant, qu'une eau roulant fur des bancs féléniteux , fe char- 
geñt de félénite, mais je crois que celle que d'on retire de 
l'analyle de Ia plupart des Faux minérales, eft plutôt le 
produit de lArt, que celui de la Nature, comme on le verra 

ar l'Expérience fuivante. 

J'ai mis dans une livre d’eau difillée, fix grains de fel 
marin à bafe terreufe, & autant de fel de Glauber; cette eau 
ne s’eft point troublée, elle eft reftée claire & limpide; ayant 
foumife à l'évaporation dans une capfule de verre au bain de 
fable , il s’eft précipité fur la fin de petits criftaux foyeux , 
qui n'étoient autre chofe que de la félénite, réfultant, comme 


Mém, 1778, X x 


: 
346 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
on le voit de la double décompofition du fel de Glauber & 


du fel marin à bafe terreufe. Voïlà donc de la félénite qui 
eft le produit de F Art, puifque les fubftances que j'ai employées 
n'en contenoient pas un atome: je ferai même obferver, que 
par l'intermède de ces fels, l’eau contient plus de félénite en 
diffoluiion qu’elle ne fauroit le faire fi elle étoit feule. 

Cette Expérience, en répondant à lasfeconde queflion 
de Model, démontre encore le peu de fondement que l’on 
peut faire fur la félénite que l’on retire de l'analyfe de quantité 
d'Eaux minérales : prefque toutes en fourniflent ; elle 
n'eft jamais feule, & fe trouve prefque toujours mélée avee 
le fel de Glauber & Îe fel marin à bafe terreufe, ce qui paroît 
confirmer de plus en plus ce que je viens d'avancer. J'ai 
confulté plufieurs analyfes d'Eaux minérales, j'en ai fait moi- 
mème beaucoup avec M. de Laffone, & j'ai toujours tiré à 
peu-près les mêmes réfultats, plus où moins de félénite, mais 
toujours réunie avec le {el marin à bafe terreufe & le {el de 
Glauber : j'ai aperçu fouvent des variations très-grandes , 
dépendantes de la manière d’évaporer ; j'obtenois moins de 
félénite Jorfque l’évaporation étoit lente # que lorfqu'elle étoit 
rapide & par ébullition, de forte qu'une même eau, prife en 
même quantité , fournifloit des réfultats tout-à-fait différens 
du premier. On peut donc établir pour axiome, qu'une eau 
qui tient en diflolution du tartre vitriolé ou du fel de 
Glauber , du nitre à bafe terreufe ou du fel marin à bafe 
terreufe, fournira toujours par l’'évaporation, de la félénite. 


DCE -s, 4 SAC IAE. N, C KE. 5. 347 
is 
MÉMOIRE 


SUR 


LES MOUVEMENS DES CÔTES 


ET SUR L'ACTION 
DES MUSCLES INTERCOSTAUX. 


Par Mr SuaB-A TER 


S' l'on peut efpérer de parvenir à Îla connoiïffance du 
mécanifme fuivant lequel les fonctions de la machine 
animale s’exécutent, ce doit être par les recherches les plus 
exactes fur la ftructure des parties qui entrent dans fa com- 
polition, & par l’examen de la manière dont ces parties 
agiflent pendant la vie. Le premier de ces moyens a long- 
temps été le feul dont la plupart des Anatomiftes aient fait 
ufage, auffi n’ont-ils pas autant avancé la Science qu'on 
auroit pu l'attendre de la multiplicité de leurs travaux, pendant 
que les découvertes les plus importantes qu'on y ait faites, 
font dûes à ceux qui les ont employés tous deux. On ne peut 
donc trop multiplier les expériences fur les animaux vivans. 
Soit qu'elles détruifent, confirment ou rectifient les induétions 
que l'organifation feule eût préfentées, elles ne peuvent qu'être 
infiniment utiles, & conduire à la vérité, but unique auquel 
doivent tendre les recherches des Phyficiens. 

Les remarques qui font le fujet de ce Mémoire, font le 
fruit de cette forte d'expériences. H y avoit fong-temps que 
Javois obfervé que les dix côtes fupérieures s’'articuloient 
d'une manière un peu différente avec les apophyfes tranfverfes 
des vertèbres correfpondantes : les facettes cartilagineufes, 
creufées fur ces apophyles, m’avoient paru fituées diverfe- 
ment ; les fupérieures regardoient de bas en haut ; les 
moyennes, de derrière en devant, & les inférieures! de haut 
en bas. Je ne voyois pas quel pouvoit être l'ufage de cette 


Xx ïi 


28 Décemb: 
1777» 


348 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
difpofition , dont perfonne peut - étre ne sétoit aperçu, 
excepté Véfaleé qui ne Fa pas décrite avec fon exactitude 
ordinaire. J'étois trop prévenu que les côtes devoient être entrai- 
nées toutes dans le même fens, pour imaginer que les chofes 
puflent fe paffer autrement; mais J'ai été détrompé par l'examen 
que j'ai eu occafion de faire de différentes perfonnes blefées 
2 la poitrine ; & que la gêne de la refpiration obligeoit à 
mouvoir les côtes avec plus de force qu'à l'ordinaire. J’ai 
vu manifeftement fur celles qui étoient dépourvues d’embon- 
point que les côtes fupérieures montent, que les moyennes fe 
portent en dehors, & que les inférieures defcendent & rentrent 
ésèrement en dedans pendant l'infpiration, au lieu que dans 
lexpiration , les premières defcendent , les fecondes rentrent 
en dedans, & les dernières remontent & fe portent un peu 
en dehors ; & je n'ai pas eu de peine à concevoir que Ia 
manière dont les facettes articulaires des apophyfes tranfverfes 
des vertèbres du dos font difpofées , réporid à ces divers 
mouvemens, & qu'elle fert à les favorifer. 
Comme les occafions de cette efpèce ne font pas fort 
fréquentes, j'ai voulu m'affurer depuis fi les côtes fe meuvent 
toujours de fa même façon ; en conféquence, je les aï mifes à dé- 
couvert fur des chiens vivans. Mes premiers effais n'ont pas 
été aufli heureux que je l'aurois cru : malgré Îa torture à 
laquelle ces animaux étoient expolés , la douceur & l'égalité 
de leur refpiration ne me permettoient pas de difcerner les 
mouvemens des côtes avec autant de précifion que je l'avois 
fait fur des hommes malades, & à travers les mufcles & les 
tégumens dont elles font couvertes. On fait en eflet, que 
dans la refpiration ordinaire & non laborieufe, ces os ne 
changent prefque pas de fituation, & que les différentes dimen- 
fions que prend fa poitrine, font principalement dûües au 
diaphragme qui s’abaiffe & monte alternativement. Je 
défefpérois donc de tirer aucun fruit de mes expériences, 
lorfque je m'avifai de faire une large ouverture à travers les 
mufcles intercoftaux , tantôt d’un côté feulement , & tantôt 
des deux à la fois, pour rendre la refpiration de çes animaux 


OU Si 86 LE NC ES 349 


plus pénible, & pour en accélérer les mouvemens. Je n'ai 
pas été trompé dans mon attente ; les côtes fe font mues avec 
plus de force & de rapidité, & j'ai vu qu'elles étoient 
entraînées dans des mouvemens difiérens , felon qu'elles 
répondoient à la partie fupérieure, moyenne & inférieure de 
la poitrine, & tous femblables à ceux que j'avois obfervés 
précédemment. 

Loin donc que toutes les côtes foïent élevées dans l'infpi- 
ration , comme on a cru jufqu'ici, les fupérieures feules 
montent, & les inférieures defcendent ; celles, qui font au 
milieu n’obéiffent ni à l’un ni à l’autre de ces mouvemens, 
mais elles éprouvent une forte de rotation de dedans en 
dehors, qui, quoique commune à toutes, eft plus fenfible 
chez elles que chez les autres, & qui les portant en dehors, 
augmente l'étendue de la poitrine de la partie droite à la 
partie gauche, & de devant en arrière, pendant que la longueur 
de cette cavité devient plus grande par l'écartement qui fe 
fait entre elles; de même dans l'expiration, toutes les côtes 
ne s’abaiffent pas, les fupérieures feules defcendent, les infé- 
rieures montent, & il n’en eft aucune qui ne tourne fur elle- 
même de dehors en dedans, & qui ne fe rapproche de 
celles qui l'avoifinent. Maïs ces mouvemens ne font pas 
également marqués dans toutes les régions de la poitrine; 
à peine font-ils fenfibles à fes parties antérieure & poftérieure, 
au lieu qu'ils font fort grands à fes parties latérales. On peut 
effectivement concevoir les côtes comme des leviers courbés 
à leur partie moyenne, & qui ont leur point d'appui à l’une 
de leurs extrémités ; elles en auroient même deux, l’un en 
arrière aux vertèbres, & l’autre en devant au fternum, fi ce 
dernier os n'étoit mobile, & s'il n'étoit porté de bas en haut, 
& de hauten bas, par les côtes fupérieures, auxquelles il eft 
plus intimément uni qu'aux inférieures. 

De toutes les circonftances que je viens d’expofer, celles 
qui me frappèrent le plus, lors de mes premières expériences, 
furent l'écartement des côtes pendant l'infpiration & leur rappro- 
chement pendant l'expiration, parce que l’une & l'autre ne 


o MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE RoïYALE 
35 


peuvent s’accorder avec l'opinion généralement adoptée fur 
l'ufage des mufcles intercoftaux, que tous les Anatomiftes & les 
Phyficiens regardent comme le principal agent du premier 
de ces deux mouvemens, & prefque comme les feuls mufcles 
infpirateurs. Comment en eflet ces mufcles , fitués entre les 
côtes & n'ayant d’autres attaches qu'à leur partie offeufe 
& à leur cartilage, pourroient-ils, malgré la difpofition 
différente de leurs fibres qui s'entre-croilent , les écarter les 
unes des autres? La plus légère attention fuffit pour voir que 
cela eft abfolument impoffible , & il n'eft fans doute perfonne 
qui leur eut attribué cette fonétion , fi l’on eût mieux connu 
la manière dont les côtes fe meuvent: aufli remarque-t-on 
fur les animaux vivans que les mulcles dont il s'agit s'alongent 
dans linfpiration, non-feulement autant qu'il le faut pour 
permettre aux côtes de s'éloigner, mais encore aflez pour 
pouvoir, en quelque forte, s’enfoncer de dehors en dedans, 
où ils font pouflés par la preflion de l'air extérieur qui tend 
à fe précipiter dans la cavité de la poitrine, au lieu que dans 
l'expiration ils fe raccourciffent & font en même temps 
chaflés de dedans en dehors. J'ai plufieurs fois cherché à voir 
fi leurs fibres fe fronçoient alors comme celles des grands 
mufcles dont on excite la contraction fur des animaux vivans, 
mais je n'ai pu m'en affurer d’une manière aflez pofitive 
pour rien prononcer à ce fujet. 

Les mufcles intercoftaux doivent donc être bannis du 
nombre des mufcles infpirateurs , pour être rangés parmi ceux 
qui opèrent le rétréciflement de la poitrine, & qu'on appelle 
mufcles expirateurs , puifque leur contraction, ou, ce qui re- 
vient au même, leur raccourciffement tend à rapprocher les 
côtes & à diminuer les intervalles qui les féparent. Au refte, 
quelqu'extraordinaire que puifle paroitre l'opinion que j'expofe 
ici, je pourrois lui trouver des défenfeurs parmi les Anato- 
miftes les plus célèbres, fr elle n’étoit étayée fur l'expérience 
dont le témoignage l'emporte fur toute efpèce d'autorité, En 
effet, fans parler de Galien, de Bérenger de Earpi, de 
François Bayle, & de plufeurs autres, même parmi les 


D'IENSAISTCANE N'CrE*Ss, 35 


modernes, qui ont penfé queles mufcles intercoftaux externes 
fervent à la dilatation de la poitrine, & les internes à fa 
contraion, Véfale, Falloppe & Borelli, très-verfé dans les 
Mathématiques qu'il a par-tout appliquées à Anatomie, & 
plus en état que qui que ce foit de juger de l'aétion des parties 
mufculeufes, d’après leurs attaches & la direction deleurs fibres, 
penfent que ces mufcles ont un feul & même ufage, qui eft 
de rétrécir cette cavité. S'ils contribuent en quelque forte à 
fa dilatation, ce ne peut être , dit Fallope, que par accident, 
& parce que chacuned'eux étant-attaché au bord inférieur 
d'une côte & au bord fupérieur de celle qui la fuit, il n’eft 
pas poflible que la première s'élève fans entraîner en même 
temps la feconde, 

Les mufcles qui augmentent {a capacité de la poitrine , font 
fans doute différens , felon que la relpiration eft lente, douce 
& naturelle, ou que les mouvemens en font grands, rapides 
& précipités. Dans le premier cas, le diaphragme eft celui 
dont l'action eft la plus marquée; mais quoique les côtes 
changent très-peu de fituation , elles font cependant fenfible- 

* ment écartées les unes des autres. Celles qui font fupérieures 
me paroifient élevées par les fcalènes, & fur -tout par les 
dentelés poftérieurs fupérieurs, dont les dentelures s’écartent 
d'autant plus des vertèbres où les côtes ont leur point d'appui, 
qu’elles deviennent inférieures, ce qui répond fort bien à 
l'étendue du mouvement des côtes qui eft moindre à la 
première & à la feconde, qu'à celles qui les fuivent jufqu’à la 
feptième ; de même les côtes inférieures me femblent abaiffées, 
tant par les quarrés des lombes que par les dentelés pofté- 
rieurs inférieurs. Ces derniers occupent en eflet un plus grand 
efpace au bord inférieur de la dernière côte, & sy attachent 
plus loin des vertèbres qu'aux trois côtes qui fuivent en mon- 
tant; auffi l'expérience m'a-t-elle fait voir que le mouvement de 
haut en bas que j'ai obfervé fur les côtes inférieures ,-eft plus 
marqué à la dernière & qu’il devient moins grand dans celles 
qui fuivent jufqu'à la cinquième. C’eft peut-être pour donner 
aux deux dernières côtes plus de facilité à fe laifler entrainer 


352 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


en différens fens, qu’elles n'ont en arrière qu'une articulation 
avec les vertèbres qui leur répondent, pendant que toutes 
les autres en ont deux, & qu’en devant ces côtes manquent de 
connexion avec le fternum. Dans le fecond cas, c’eft-à-dire 
dans celui où la refpiration fe fait avec plus de force, les 
mufcles dont il vient d’être parlé font aïdés par beaucoup 
d’autres dont il eft inutile de faire l'énumération , étant connus 
de tous les Anatomiftes. 

I réfulte de ce que l'on vient de dire, que les mufcles 
qui fervent au rétréciffement de la poitrine, font plus nom- 
breux & plus forts que ceux qui la dilatent: en effet, les 
intercoftaux , tant internes qu'externes , les flerno -çoftaux, 
les fous-coftaux » & fur-tout les mufcles du bas-ventre; dont 
l'aétion tend à ramener les côtes de haut en bas, l'emportent 
fur les fcalènes, les dentelés fupérieurs, les fous-claviers, & 
autres qui relèvent celles qui font fupérieures ; mais en cela 
la poitrine ne préfente rien que ce que l'on voit dans les 
autres parties de’ la machine animale, où les mufcles fléchif- 
feurs font en plus grand nombre & plus robuftes que ceux 
qui font deftinés à l’extenfion : d’aïlieurs , comme fa fort bien 
remarqué Véfale, il faut plus de force pour la voix, Îa 
toux, l'éternument, l'expulfion des matières fécales, celle 
du fœtus, en un mot pour toutes les fonétions qui dépendent 
de l'expiration, que pour l'infpiration, 


NOUVELLES 


DANS LONGUE N € É s; 353 


NOUVELLES EXPÉRIENCES 


$ T'RAIETA 
RÉSISTANCE DES FLUIDEJS: 


Par M. l'Abbé Bossur. 


ME Expériences que nous fimes fur la réfiflance des 
Fluides, en 1775, M. d'Alembert, M. le Marquis de 
Condorcet & moi, & dont nous avons rendu compte dans 
un Ouvrage particulier, avoient pour objet principal de 
comparer la réfiflance des fluides indéfinis en étendue avec 
celle des fluides contenus dans des canaux étroits ou peu 
profonds. On fait qu’elles furent ordonnées par M. Turgot, 
alors Contrôleur général des Finances, pour favoir f1 le 
projet d’un Canal fouterrain qui a eu une célébrité éphémère, 
ne joignoit pas à une foule d’autres vices, celui d'exiger pour 
le tirage des bateaux, une plus grande force qu'il ne Ja faut, 
proportion gardée, fur les rivières ou fur les canaux larges 
& profonds. Il paroit que nos recherches ont fixé fur ce 
point l'opinion de cette partie du Public, qui na d'autre 
intérèt que de connoître & de recevoir la vérité. | 
Parmi ces expériences, il s’en trouve plufieurs fur {a 
réfiftance oblique des fluides: mais nous avouames dès-lors 
que cette branche importante du Problème avoit befoin 
d’être encore examinée. En conféquence, M. le Marquis 
de Condorcet & moi avons fait une longue fuite de nou- 
velles expériences, deftinées en grande partie à découvrir 
la loi fuivant laquelle diminue la réfiflance d’une proue 
angulaire, à mefure que l'angle de cette proue devient plus 
aigu. M Dez, d’Agelet & Verkaven, Profefleurs de 
Mathématiques à l’École royale militaire, ont bien voulu 
nous feconder avec un zèle que nous ne pouvons trop 
reéconnoître. Voici l’expofition & les réfultats de tout ce travail, 
Mém, 1778, Y y 


Lû à 
l'Affemblée 
publique 
de Ja 
Saint-Martin 


1779+ 


Fig. 1, 


354 Mémoires DE L’ACADÉMIE RoYaALE 
CHAPITRE E 


Préparation aux Expériences. 
IF 


Le Expériences dont il s’agit, ont été faites à Paris, au 
mois d'Août 1778, fur l'ancien réfervoir des eaux, conftruit 
fous l'adminiftration de M.'Turgot le père, Prévôt des Mar- 
chands, pour arrofer le Boulevart, & pour nettoyer l’Aque- 
duc, vulgairement nommé le Grand-égoët, qui partant du 
voifinage, va fe décharger dans la Seine près de Chaillot, 
Ce réfervoir, fitué à l'extrémité nord de la vieille rue du 
Temple, eft un quarré long, ou plutôt un parallélipipède 
rectangle À BCD, dont la longueur AB eft de 200 pieds, 
la largeur AD de 100 pieds, & la profondeur d'eau, au 
temps de nos expériences, a toujours été d'environ 8. 


pieds & demi. 
} Qi 


ON a fait mouvoir fucceflivement fur le fluide plufieurs 
bateaux, & on a déterminé, au moyen d'une excellente 
Montre à fecondes, le temps qu'ils emploient à parcourir 
un efpace donné. L’efpace décrit par chacun d'eux, eft la 
droite EF parallèle aux parois longitudinales BA, CD, 
& diftante de la paroï nord CD, de 48 pieds. En G, 1 
& H, K,, font quatre planches plantées verticalement; les 
deux premières font percées chacune dans la partie fupérieure 
d'une fente étroite & longue fuivant la hauteur , de magière 
que ces fentes forment des pinnules qui fervent à obferver 
le paflage du bateau, & à le rapporter aux planches Æ7, K'; 
les diftances ZD, KA, font chacune de 40 pieds; & les 
diflances GC, HB chacune de 64 pieds. A la ligne MN 
décrite réellement par le bateau, nous fubftituons la ligne 
GI, de même longueur, & fituée fur le bord du bafn, 
laquelle eft de 96 pieds mefurés très- exactement, par le 
moyen de Ja toife de l'Académie. 


- . 
_ 


DES SctENCES. faiais 
ICE: E 


CommMeE le bateau parvenu en NV pourfuivroit fa route 
avec la même vitefle, & par-là feroit expolé à venir fe 
brifer contre la paroi D À, fi le poids, qui par fa chute le 
fait mouvoir , continuoit d'agir fur lui; on fait en forte que 
le poids foit entièrement tombé un peu après que le bateau 
a pañlé la ligne ZX; d'où ül réfulte que le mouvement du 
bateau s'éteint en vertu de Ia réfiftance que l’eau lui oppofe 
continuellement fur la longueur NF", & qu'il eft ordinaire- 
ment tout-à-fait anéanti quand le bateau eft encore diftant 
de plufieurs pieds du point F. 

Je dis ordinairement; cax lorfque le bateau a une proue 
fort aiguë, & qu'il a été tiré par un grand poids, l'efpace 
NF ne fufhroit pas pour l’extinétion de fon mouvement. 
Dans ces fortes de cas, nous ne faifons parcourir au bateau 


que l’efpace Mn ou Gi, qui eft de 72 pieds. J 
LV. 


OX voit dans les Figures 2, 3, 4, $, 6,7, 8,9& ro, 
tout l'appareil des machines qui ont fervi à produire les 
mouvemens dont nous avions befoin. 

Le bateau 2 eft tiré dans le fens £F par une corde qui Fig. 2. 
eft attachée au milieu ou centre de gravité € de fa partie 
fubmergée : cette corde vient pañler fous la poulie À de 
renvoi, qui eft de cuivre, & va s’envelopper fur la roue X 
d'un’ tour horizontal, foutenu en l'air par deux montans; 
elle eft forcée de s’envelopper ainfi par un poids P fufpendu 
à une autre corde G, qui fe déroule de deflus le cylindre Y du 
tour : les deux points C & À font de niveau. De plus, comme 
la corde CAD eft mince, & que fa pefanteur fpécifique 
diffère peu de celle de l’eau , fa partie C À peut être confi- 
dérée comme fenfiblement rectiligne, 

. La Figure 3 reprélente l'élévation du tour, laquelle eft 
perpendiculaire au profil longitudinal de la Figure 2: en 
combinant enfemble ces deux Figures, on voit toutes les 


Yy ÿ 


ee) 
R 
Fu 


1 
“œ 
Le 


Fig, 2. 


356 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royazr 

parties du tour, & les montans qui le foutiennent. Le cylindre 
& la roue font de bois, mais ils font revétus l'un & l’autre 
d'une lame de cuivre arrondie circulairement fur le tour ; 
Veffieu du cylindre eft de fer, & fes extrémités f tournent 
für deux rouleaux de fer, dont les eflieux aufli de fer 


. tournent dans des yeux de cuivre. On voit de face le cy- 


lindre Y, fon eflieu +, les rouleaux r, leurs eflieux s. Toutes 
ces parties font portées par deux chappes de fer clouées à 
deux planches qui s’aflemblent avec les montans T7, TT: . 
ces mêmes montans font liés entre eux dans la partie fupé- 
rieure par le chapeau Z; & dans la partie inférieure, ils font 
fixés folidement, comme on le voit dans les Figures 3 & 6; 
ils ont chacun environ 20 pieds de hauteur. 

Le diamètre de la roue — 2 pieds 9 pouces 7 lignes; 
celui du cylindre — 4 pouces 1 + lignes; celui de chaque 
tourillon du cylindre — 11 lignes; celui de chaque rou- 
leau — 7 pouces 11 lignes; celui de chaque tourillon des 
rouleaux — 8 À lignes; celui de la poulie À de renvoi, 
—= $ pouces + ligne; celui de chacun des tourillons de 
cette poulie — 4 + lig. celui de la corde CAD — : À lig. 
celui de Ja corde G — 4 + lignes. 

Le poids total de Ia roue & du cylindre eft de 45 livres 
11 onces 36 grains ; la longueur de laxe commun au 


cylindre & à la roue eft de près de 4 pieds. 
V. 


Lorsqu'on veut faire une expérience, on commence 
par amener le bateau B de F vers Æ, par le moyen d’une 
corde A K°1 qui va pafler fous la poulie Æ de renvoi, & 
s'envelopper autour d’un cylindre / garni d'une manivelle 
qu'un homme fait tourner. On voit ce mécanifme féparément 
dans la Figure 7. Le bateau allant dans le fens FE, le poids P 
s'élève, la corde G qui le foutient fe roule {ur le cylindre F, 
& la corde C AD fe dévide de deffus la roue. Quand le 
poids P eft arrivé à fa plus grande hauteur , on lâche Ia 
manivelle, le poids defcend, le bateau commence fa courfe 


DER SHASACAILE (NC HE 67 357 


de E vers F, & on a foin de dévider 1a corde ZX H de 
deffus le cylindre, pour qu'elle n’oppofe pas de réfiftance 
fenfible au mouvement du bateau. 

La poulie Æ eft de cuivre & fon diamètre — $ pouces 
+ ligne ; celui de chacun des tourillons de cette poulie 
— 4%lignes; celui de la corde HX1 = à + ligne, 

NE 

Pour empêcher que le bateau ne ferpente en cheminant, 
& pour le faire aller en ligne droite, on a tendu fortement 
dans la direction £ F une corde qui a 8 lignes de diamètre, Fig. 2, 
& qui fait un ventre peu fenfible au-deffus de 1a furface de 
l'eau ; on peut d'autant mieux négliger ce ventre, que la 
corde eft un peu foulevée en fens contraire par le bateau : 
cette même corde pañle entre deux paires de poulies x de 
cuivre, affemblées dans deux chappes dont les pieds s’atta- 
chent à une longue planche qui fe pole fur chaque bateau, Figures 8, 
dans la direction de fon mouvement : on voit ces poulies en 9 & 10. 
diférens fens, & la Figure 1 1 montre comment la planche yy 
qui les porte, s'applique fur chaque bateau : il ÿ a en ayant 
de chaque paire de poulies un petit rouleau mobile z qui 
foutient la corde, & favorile le gliffement du corps flottant, 

Le diamètre de chacune des poulies x — 4 pouces ; 
celui de chacun de leurs eflieux — 2 + lignes ; la 
diffance yy des deux paires de poulies x, eft conftlamment Fig. 15. 
de 8 pieds 1 pouce, 


V'A:T. 


Nous avons fait courir fur l'eau dix-neuf efpèces de 
bateaux : favoir, | | 

1. Un parallélipipède re‘tangle X, dont le plan eft le Fig. 12. 
rectangle MNO P; la largeur MN — 2 pieds; {a lon- Fig. 11. 
gueur 41 P — 4 pieds; l'enfoncement » 4 dans Îe fluide 
— 2 pieds; la hauteur 7 V de la partie faillante hors de 
Veau , eft d'environ 7 pouces. 

æ Quatorze bateaux prifmatiques F, ayant une proue Fig. 13, 


Fig, 15. 


Fig. 16. 


Fig. 2. 


358 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
ifocèle MON, dont l'angle Q du fommet varie de 12. 


degrés en 12 degrés, depuis 168 degrés jufqu'à 12; la 
largeur AÎN de chacun d'eux — 2 pieds; la longueur 
MP = 4 pieds; l'enfoncement # À dans l'eau — 2 pieds; 
la partie 2 N faillante hors de l'eau, eft d'environ 7 pouces. 

3. Un parallélipipède rectangle Z, dont la largeur 
MP — 4 pieds; la longueur AN — 2 pieds; l'enfon- 
cement mg dans l'eau — 2 pieds; & la partie " M fail- 
Jante hors de l'eau — 7 pouces environ. 

4. Un bateau prifmatique W, dont la proue eft compofée 
de deux parties planes égales MH, KP, & d'une partie 
angulaire & ifocèle A Q K'; la largeur totale AP = 4 pieds; 
chacune des parties MH où XP — 1 pied, HK — 2 
pieds; la longueur AN — 2 pieds; l'enfoncement "1 
dans Veau — 2 pieds; la partie » M faillante hors de 
l'eau — 7 pouces; & l'ange HQK — 24 degrés. 

s- Deux bateaux prifmatiques S, ayant chacun une proue 
circulaire , dont la flèche Q R eft égale dans l’un au rayon 
RM, & dans Vautre au demi-rayon; la largeur AN — 
2 pieds; la longueur AP — 4 pieds; l'enfoncement x # 
dans l'eau — 2 pieds; & la partie # N faïllante hors de 
eau — 7 pouces environ. 


Ci HRP. LITE: LT 


Expofirion des Expériences. 
I. 


Lzs poids qu’on emploie fucceflivement pour faire mouvoir 
un bateau, fe fixent fur un plateau attaché à l'extrémité de 
la corde G: il y a donc réellement dans chaque poids 
moteur, pour chaque expérience, deux poids féparés ; lun 
eft celui qu'on pole fur le plateau; l’autre la pefanteur même 
du plateau, qui fubit quelques variations felon que le plateau 
eft plus ou moins mouillé. On a eftimé ces variations le plus 
exactement qu'il a été poflible, Pour plus de fimplicité dans 


D'ES SCIENCES. 359 
Vexpreffion de la totalité du poids moteur, nous diflinguons 
deux parties dans le poids particulier du plateau ; l'une qui 
eft conftlamment de 10 livres, & que nous joignons tout 
de fuite au poids pofé fur le plateau; l’autre qui varie dans 
l'intervalle de demi-livre à 2 1 livres, & qui accompagne, 
au moyen du figne +, la première fomme : cette feconde 
partie du poids du plateau eft Ia feule qui foit un peu in- 
certaine ; mais on voit qu'une pareille incertitude ne peut 
produire aucun changement fenfible dans les réfultats. 
Quant à la variation qui arrive au poids de la corde GC, 
à mefure qu'elle fe déroule, nous Ia compenfons par un 
bout de corde de même grofleur que G, fufpendu au 
plateau ; ainfi le poids de la corde qui foutient le poids moteur 
peut être regardé comme conflant, & nous le comprenons 
dans celui du plateau. 


LL 


CHAQUE bateau a toujours parcouru plus de 40 pieds, 


“avant que d'arriver à la ligne G H, de laquelle on commence 


à compter le mouvement ; ainfi il n'y a plus alors d’accélé- 
ration, & l’on peut regarder le mouvement comme uniforme 
fur l'étendue A1 N où Mn. 

On a eu de la peine à obferver les remous, à caufe de 
Ja diflance où l’on étoit des bateaux: on ne trouvera donc 
ici qu'un petit nombre d’obfervations de ce genre. 

La mème expérience a toujours été répétée quatre ou 
cinq fois, & on a pris un milieu entre les temps des mouve- 
mens, lorfqu'on jugeoit d'ailleurs que ces temps étoient 
déterminés avec une exactitude fuffifante, Nous allons pré- 
fenter le tableau de toutes nos opérations , le plus briève- 
ment & le plus clairement qu'il nous fera poffble, 


Fig. #. 


360 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


EXPÉRIENCES IT, IL, ILTS VIRE 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS, [DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes, 


BATEAU Poips MOTEURS 
QUI A ÉTÉ MU. exprimés en livres. 


Figure 12. 6o + 1,8 96. 78,08 

; S 110 + 2,5. 96. 57:51 
Réfiflance directe. ere 6. ee 
210 + 2,5 96. 41,49 

Remou central = 22°.) ,60 + 2,5. 96. Se 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS, [DES MOUVEMENS, 
exprimésen pieds. | exprimés en fecondes, 


BATEAU Pois MOTEURS 
QUI À ÉTÉ MU. exprimés en livres, 


Figure 13. 60 + 2,0. De 773 
110 + 2,5 96. 56,95. 
= d 
Angle MQN = 168 160 + 2,5. 96 47225 
210 + 2,5. 96. 41,26. 
Remou central = 24) 36, + 2,5 96« 3712. 


ESPACES 
PARCOURUS;, 
exprimés en pieds, 


TEMPS 
DES MOUVEMENS, 
exprimés en fecondes, 


BATEAU POIDs MOTEURS 


QUI À ÊTÉ MU. exprimés en livres. 


Figure 13. 7 509: 
Angle MQN = 1564 joe 
: 46,44 


Remou central = 2?P°+, 


EXPÉRIENCES 


D'ETSMISNCII E Nc rs 36r 


EXPÉRIENCES XVI, XVII, XVIII, XIX, XX, 


BATEAU PoiDs MOTEURS, ESPACES TEMPS 
LR ro l PARCOURUS, [DES MOUVEMENS, 
QUI A ÉTÉ MU. exprimées en livres. Ar : sp 4 
exprimés en pieds. exprimés en feconües. 


Figure 13. MON 2,5 ee 
: 110 + 2,5. 5417 $° 

Angle MQN = J 
le MON— 144) eo 6 45:35 
ë L 210 + 2,5. 39,58 
emou central 21 lign.| ,69 + 2,$: 37»57- 


ESPACES EM PS 
ARCOURUS,|IDES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes, 


BATEAU Poips MOTEURS, 
QUI À ÉTÉ MU. exprimés en livres. 


Figure 13. 


Angle MQN—:1324 


Remou central — 2 1 lig. 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS,|[DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes, 


BATEAU PoiDS MOTEURS, 
QUI À ÉTÉ MU, exprimés en livres. 


68,32. 
Figure 13. | . 59,84 


06. 41,84. 
Angle MQN=— 1204 ; 36,62. 


32:77 


Mén. 1778, Zz 


362 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaALe 


EXPÉRIENCES XXXI, XXXII, XXXIN, XXXIV, XXXV! 


ESPACES TEMPS 
Bi RAS EPIPS MOTEURS ARCOURUS,[DES MOUVEMENS, 
QUI A ÊTE MU. exprimés en livres. exprimés en pieds. | exprimés en fecondes. 

| DE SEE CSS ne 

60 + 1,5- 96. 65,85. 

Figure 13. a 96: 48,75: 

160 + 2,5. 96. 39:50: 

Angle MQN = 108i| 210 + 2,5. 96. 34,46 

260 + 2,5. 96. 31,05. 


EXPÉRIENCES XXXVI, XXXVII, XXXVIII, XXXIX, XL. 


BATEAU Pois MOTEURS, ESPACES TEMPS 
Se DUR PARCOURUS,|DES MOUVEMENS, 
CIEATARENREMM De exprimés en livres, exprimés en pieds. exprimés en fecorïdes. 
96. 63,00. 
Figure 13. 96: 46,45. 
2 96. 38,05 
Angle MON = 96: 2 96. 2,66. 
2,50 96. 29,27 
CESR RE TRELEPGEOL UE FPE SRE PAL CRC DORMI TOC © ET PR ERREUR ER PALM AUS PTT RS 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS,|DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes, 


BATEAU PoiDs MOTEURS, 


QUI A ÉTÉ MU. 


exprimés en livres. 


60 + 0,5. 96. 
Figure 13. 110 + 0,5. 96. 44,56. 
160 + 2,5. 96. 35:78. 
Angle MQN= 8411 210 + 2,5. 96. 
+ 96. 


DESM SAC ILE Ne CE, 263 


EXPÉRIENCES XLVI, XLVII, XLVIN, XLIX, L. 


BATEAU Foips MOTEURS, ESPACES TEMPS 
10% gs : PARCOURUS,IDES MOUVEMENS, 
QUI À ÉTÉ MU, exprimés en livres. Tr Ê ce 

exprimés en pieds. | exprimés en fecondes. 

96. 57:50. 

Figure. 13. 96. 42715 

96. 34,85. 

Angle MQN = 72 96. 29,65. 

96. 2'5,86. 


TEMPS 
DES MOUVEMENS, 
exprimés en fecondes, 


ESPACES 
P£AUR C'O'UYR' IS, 
exprimés en pieds, 


BATEAU 
QUI A ÉTÉ MU. 


PoiDs MOTEURS, 


exprimés en livres. 


96. 5545- 

Figure 13. 96% A 

96: 33:05: 

Angle MQN = 60° 96. 28,25. 
96. 24:77 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS,IDES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. | exprimés en fecondes. JE 


BATEAU PoIDs MOTEURS, 


QUI À ÉTÉ MU. exprimés en livres, 


REA 
60 + 2,5 96. 52,5 
Figure 13. TTQEE SAS 96. 38,05+ 
160 + 2,5. 96. 31,61. 
Angle MQ N — 484 210 + 2,5 96. 27,56: 
260 + 2,5. 96. 24130 
| TRS ENS EEE LE POTERIE EE NE ACTES ERP LE PERRET RAT EE AATET ENS 


FACE" 


364 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


EXPÉRIENCES XI, \L XII, L'XDIT, 


ESPACES TEMPS 
PARCOURULS, DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes. 


BATEAU 
QUI A ÉTÉ MU. 


Poips MOTEURS, 


exprimés en livres. 


F: 96 
igure 13. ne 
Angle MQN = 36: 96. 


PRÉ RTEN CES CLIP IMRENEPAIMENNNNE 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS,|DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes, 


BATEAU 
QUI A ÉTÉ MU. 


FoiDs MOTEURS, 


exprimés en livres. 


60 + 1,5. 96. 49,48. 


110 + 2,5. 96. 35:75° 
160 + 2,5. 96. 30,23. 


Figure 13. 
Angle MQN = 24i 
Din Ge Re ee de CR Ce Ve Diese gs "AS à ver) 


EXPÉRIENCES LAVIL, LR VILLA, ERP 


y D 
BATEAU Poips MOTEURS, ESPACES TEMPS 
AE LP 3 PARCOURUS|DES MOUVEMENS; 
QUI A ÉTÉ MU. exprimés en livres. BLNr É DES : 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes 


60 + 2,5. 
Eigure 13. 


Angle MQN = 122 


110 + 2,5. 


160 + 2,5. 


DES SCIENCES. 365 
SCHOLIE. 


Le but des expériences précédentes, eft de faire connoître 
les rapports des réfiftances pour une fuite de proues angu- 
laires qui varient de 12 degrés en 12 degrés, depuis 180 
degrés, c’eft-à-dire depuis le fimple plan jufqu’à l'angle de 
12 degrés. Ayant rempli cet objet principal de notre travail , 
nous avons encore examiné d’autres points importans de la 
réfiftance des fluides ; telles font les queftions fuivantes. 


PREMIÈRE QUESTION. 


Les réfiflances des proues polygones ou curvilignes fuivent- 
elles les mêmes loix que les réfifflances des proues angulaires 
Jimples ! 

SI ENCGUO MID E © UUEZS"T LION: 


La poupe plus ou moins alongée d'un Vaiffeau influe-t-elle 
Jenfiblement , toutes chofes d'ailleurs égales, fur la vitefe da 
Jillage ! 


LRO r'SNREOMEIOQLULE,S, TT, LiON. 


‘La longueur d'un Vaiffeau eff-elle indifférente pour la marche, 
en fuppofant que la furface préfentée au choc du fluide foit 
toujours la même ! 

QUATRIÈME QUESTION. 


Quels changemens produira-t-on dans la viteffe du fillage, 
Ji l'on couvre d'une pointe triangulaire le milieu d'une proue 
plane ou celui d'une poupe plane ! 


Les expériences que nous allons rapporter nous ferviront , 
fmon à réfoudre généralement ces queftions, du moins à en 
donner des folutions particulières applicables à plufieurs cas. 

Dans les fix premières, cotées LXX, LXX1, LXXII, 
AXXIII, LXXIV, LXXV, on a fait courir les bateaux repré- 
fentés par la Figure 16. 

Dans celles qui font cotées Lx XVI, IX XVII, LY#VIII, 
LXXIX, LXXX,LXAXI, le bateau mu n’eft autre chofe 


366 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


que celui dela Figure 1 3, retourné de Favant à l'arrière, de 
forte que O P eft maintenant la proue & 41Q N la poupe : 
ainfi on aura des réfiftances directes qu'on pourra comparer 
avec celles du bateau de la Figure 12, où la poupe eft un 
fimple plan vertical, de même que la proue. 

L'expérience cotée LXXX11,a été faite avec le bateau 
de la Figure 14, dont la largeur MP — 4 pieds, [a lon- 
gueur MN — 2 pieds, & l’enfoncement dans l'eau — 2 
pieds, comme il a été dit. 

Les deux expériences cotées ZXX%Y111, LXXXIV, ont 
été faites avec le bateau de la Figure 1 5, l'angle KQ N de 
la proue étant ici de 24 degrés; & enfin celles qui font 
cotées LXXXV,LXXXVI, ont été faites avec le même 
bateau , retourné de l'avant à l'arrière, l’angle XQN de la 
poupe étant de 24 degrés, comme celui de la proue dans 
les deux précédentes. 


EXPÉRIENCES LXX, LXXI, LXXII. 
CE 2 PL EE EN e 
BATEAU ESPACES TEMPS 

RME PARCOURUS,|[DES MOUVEMENS 
QUI A ÉTÉ MU. 2 2 su , 
exprimés en pieds, | exprimés en fecondes. 


Pois MOTEURS, 


exprimés en livres. 


Figure 16. 
QLR= RM. 


ENRE RTE NOES LXXILL,,LX X [PSE TX AP, 
SR RICE CSS RS RE EE EE QE EE EP EEE 
BATEAU ESPACES TEMPS 
; 3 PARCOURUS,IDES MOUVEMENS, 
QUI A ÉTÉ MU. s 
exprimés en fecondes. 


PoiDs MOTEURS, 


exprimés en livres. 


exprimés en pieds, 


Figure 16. 60 + 2,0. TE PRONT 

110 + 2,5. 2e 21e 

UE RM. 5 1 37:25 
ä 160 + 2,5. 72 30,50« 


D E MiSAC'T E NichEfs 367 
EXPÉRIENCES LXXVI, LXXVII 


Poips MOTEURS, 


exprimés en livres. 


BATEAU 
QUI A ÉTÉ MU. 


DES MOUVEMENS, 
exprimés en fecondes, 


PARCOURUS, 
exprimés en pieds, 


Figure 13 retournée ; 
l'angle AQNdela poupe 


étant — 481, 


BATEAU Poips MOTEURS, ESPAGES TEMPS 
PARCOURUS,|DES MOUVEMENS, 


TEE COR SPA eeRvIS exprimés en pieds, exprimés en fecondes, 
RER CE OR RE 
Figure 13 retournée. 160 + 2,5. 96. 
Angle MQN delapoupel 210 + 2,5. 96. 
di 260 + 2,5. 96. 


PAMPERIENCGENLIERXIL 


ESPACE TEMPS 
PARCOUROU,| DU MOUVEMENT, 
exprimé en pieds, exprimé en fecondes, 


BATEAU PoiDs MOTEURS, 


QUIA ÉTÉ MU. exprimés en livres, 


Figure 13 retournée. 
Angle MQN delapoupe 


pr 


32,62. 


ESPACE TEMPS 


BATEAU PoiDs MOTEURS, 
PARCOURU,|DU MOUVEMENT, 


QUI A ÉTÉ MU. | exprimés en livres, exprimé en pieds, ER NAÉ en fecondes. 
RS ER SRE ee 
Figure 14. 110 + 2,5. 


368 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
EXPÉRIENCES IEENATIT, LXXXIV: 


ESPACES TEMPS 
PARCOURUS,|DES MOUVEMENS, 
exprimés en pieds. exprimés en fecondes. 


BATEAU 
A ÉTÉ CMIU. 


Poips MOTEURS, 


QUI exprimés en livres. 


110 + 2,5. 72° 60,00. 
210 + 2,5. CAE 43:25. 


7022 ER 
Figure 15. 


Angle KQH = 24. 


EXPÉRIENCES L'ENEV UL AA ITE 
PRES CRETE CESR ARTE RUE PRINT RE RITES D EU CRE D DR D EN NE LP SEE RULES SE 


ESPACES 
PARCOURUS, 
exprimés en pieds. 


TEMPS 
DES MOUVEMENS, 
exprimés en fecondes. 


BATEAU 
QUI À ÉTÉ MU. 


PciDs MOTEURS, 


exprimés en livres. 


5020 EE 


Figure 15 retournée. 
L’Angle KQ Hdelapoupe 


RENE 


110 + 2,5. 


210 + 2,5. 


CPP OA PME MPMRNMERTIReE 


Conféquences qui réfultent des Expériences précédentes. 
I. 


Nos Expériences de l’année 1775, ont fufhfamment 
prouvé, & on trouveroit également par les précédentes, que 
la réfiftance d’une furface quelconque, plane ou courbe, 
mue avec différentes vitefles, eft à peu de chofe près, 
comme le quarré de la vitefle : on a trouvé auffr que les 
réfiftances directes de différentes furfaces planes, mues avec 
la même vitefle, font fenfiblement proportionnelles aux 
étendues de ces furfaces, pourvu néanmoins que le fluide 
ait dans tous les cas une liberté fufhfante de venir gagner 
l'arrière du corps flottant, comme nous le verrons ci-deflous, 
Ainfi fur ces deux points, lexpérience eft à peu de chofe 
près d’accord avec la théorie ordinaire ; mais relativement à 

la loi 


DES SCIENCES. 369 
la loi du quarré du finus de l'angle d'incidence d’un fluide 
fur un plan, l'expérience s'éloigne fenfiblement de Ja théorie, 
du moins lorfque les “angles d'incidence deviennent un peu 
aigus. Notre objet préfent eft d’abord d'examiner, au moyen 
des foixante - neuf premières expériences qui précèdent, fi 
la loi du choc pour une fuite de proues angulaires fimples, 
na pas une marche eonftante & régulière qu'on puifle fou- 
mettre aux formules de lanalyfe : Problème abfolument 
nouveau jufqu'ici; nous tâcherons enfuite de réfoudre ou 
d'éclaircir, par les autres expériences, les queftions intére{- 
fantes qui ont été propofées dans le Scholie du chapitre 
précédent. 

e : RE 

L'EFFORT total que le poids moteur fait pour defcendre, 
eft contre-balancé à chaque inftant par la réfiftance de l'eau 
dont nous fommes occupés, par celle de Fair & par le frot- 
tement. On peut s’aflurer , comme dans notre premier 
Ouvrage fur {a réfiflance des fluides, que Îa réfiftance de 
Yair eft ici fr petite qu'elle peut être entièrement négligée 
fans fcrupule; la réfiftance qui provient du frottement des 
parties de la machine, & du mouvement de la corde qui 
tire. le bateau, efl toujours beaucoup moindre que celle de 
l'eau; néanmoins il faudroit en tenir compte, fr on vouloit 
affigner la melure abfolue de la réfifance de l'eau; mais 
comme nous nous propolons fimplement de déterminer les 
rapports des réfiftances de Feau, nous pouvons faire abftrac- 
tion du frottement, parce que dans les mouvemens unifor- 
mes, tels que nous les confidérons, le frottement étant fen- 
fiblement proportionnel à la preffion , les réfiftances totales 
que furmonte le poids moteur en defcendant font entr'elles, 


Mém. 1778 Àza 


370 MÉnoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
à peu de chofe près, comme les mêmes réfiftances diminuées 
des effets des frottemens. 
TT 
1. Soient pour un même efpace & un même temps 
donnés : 


La valeur abfolue de la réfiflance directe qu'éprouve une 


furface plane donnée. LCA Lt 425 lait ere RENE 
La valeurrelative, prife arbitrairement, de la mêmeréfiflance = p. 
La valeur abfolue de Ia réfiflance qu'éprouve une furface 

quelconque X...................:... a NEEURS 
La valeur relative de la même réfiftance.. ......,... —— 
L'efpacewparcouru.se LL ee en SRE ES 
Le temps du mouvement..........,.:+........ NT, 


2.7 Soient pour un autre efpace & un autre temps donnés : 


La valeur abfolue de Ia réfiftance qu'éprouve la furface X.. = Q. 


LI 
e 


L’efpace parcouru. ...,....................,.. 


Le temps du mouvement... .............. 40: UV. 


Cela polé, on a d’abord par hypothèfe, P:p::R:r, & 


par conféquent r = Rx pi ; d'un autre côté, l’expériencé 

; E° EF 

donne R:Q: PT "donc Fute Enr 

fubftituant cette valeur de F sal celle de r, on aura 
Et 

PP R 


D'où l'on voit que connoïffant par l'expérience Îes quan- 
tités P, E, T, Q,e,t, on connoitra le rapport de HAT TAN 
c’eft-à-dire le rapport de la réfiflance directe d’une furface 
plane donnée à la réfiftance d’une autre furface quelconque: 


pour une mème vitefle laquelle a pour expreflion Te 


DES SCIENCES 371 
à I V. 


IL eft à propos de remarquer que fe rapport des deux 
réfiftances dont on vient de parler, fera le même pour 


À 7 3 
toute autre vitefle I ea foient P', p', R', E', T' les 
quantités analogues chacune à chacune des quantités P, p, 
R,r,E£,T, tout le refle demeurant d’ailleurs le même; 


on trouvera , comme dans l'article précédent , 


AN SRE A UE LE EP ROME RÉAL 
LA TE ? X P' x e T'= L 
Q E"° 1 £E* ll 
or = x —— —= gd X ———— 
FE CriT ve RS 
. , his jf E* VE 
car fuivant l'expérience, P : P':: er ee Donc 
D %i AU 
rad RE PE 


On voit par-à que fi on fuppofe p' — p, on aura auffi 
= te 


V. 


D'APRÈS ces principes, nous avons conftruit la Table 
ci-jointe, laquelle contient les rapports des réfiftances, fuivant 
Ja théorie & fuivant l'expérience, pour quinze fortes de 
proues angulaires. Aïnfi nous fuppofons dans cette Table 
que la bate AZN, qui eft de 2 pieds, demeurant conftam- 
ment la même, l'angle 4/Q N d'une proue formée en 
triangle ifocèle, eft d'abord de 180 degrés (ce qui eft le 
cas de la réfiftance direéle ou perpendiculaire), puis de 
#68 degrés, puis de 156 degrés, puis de 144 degrés, 
ainfi de juite Juiqu'à r2 degrés; nous repréfentons la réfif- 
tance direëte par le nombre arbitraire 10000, enfuite nous 
déterminons, par la théorie ordinaire & par les formules 
de Particle precédent, les valeurs relatives des réfiftances 
pour les angles propofés, 

Aaa ij 


Fig. 


13: 


372 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE 


TABLE comparative des réfiflances fous même vitefe, pour une 
Fig. 13. Juite d angles MQN, depuis 180 degrés jufqu à 


r 12 degrés. 
GAL MATITC ICE RÉSISTANCES |RÉSISTANCES DIiFFÉRENCES 
d comparatives, comparatives, des 
s fuivant fuivant deux fuites 
ANGLES MON | L Tuéonie. | L'ExPéRIENCE. | précédentes. 
Angle MQN— 1 804 10000. | 10000. No 
168. 9890. 989 3e 3. 
156. 9568. 9578. 10. 
144. 9045 9084..- 39. 
132. | 8346. 8446. 100. 
120. 7500. 7710. 210. 
108. 6545. 6925. 380. 
96. s522- 6148. 625: 
84. 4478. 5433: 955: 
72: 3455+ | 4800. 1345: 
60. 2500. 4404. F904 
48. 1654: 4240. 2586. 
36. 955: 4142. 3187, 
24 432 4063: 3631. 
12 109. 3999. 3890. 
WE 


ON voit par cette Table, que les réfiftances efletivesne 
diminuent pas en même raifon que les quarrés des finus des 
angles d'incidence : l'expérience s'éloigne de plus en plus de 
la théorie, à mefure que les angles d'incidence deviennent 
plus petits. Il feroit facile de conftruire une courbe du genre 
parabolique ; dont les ordonnées reprélenteroient les réfiftances 
telles que l'expcrience- les donne : on pourroit remplir le 
même objet par la méthode de M. de la Grange, pour former 


DES SCIENCES. 37% 


3 
des Tables des Planètes d’après les feules obfervations, ou 


par celle que M. le Marquis de Condorcet à donnée pour 
déduire en ‘général les loix des phénomènes d’après les 
obfervations ; mais tous ces moyens exigent des calculs un 
peu longs pour la pratique. En confidérant attentivement {a 
fuite des différences entre les réfiflances efltdives & les 
réfiftances théoriques, nous avons obfervé qu’on pouvoit 
repréfenter les réfiftances efleétives par une formule qui, fans 
être abfolument générale, s'applique à un très grand nombre de 
cas, & qui ne demande que des calculs numériques très-fimples. 


LA NE 


EN effet, chaque terme de Ja fuite des différences dont ïl 
s'agit, étant l'excès de la réfiflance efletive fur la réfiftance 
donnée par la théorie , & cette même fuite allant toujours en 
montant, nous avons dit: la formule propre à repréfenter les 
réfiftances effectives, doit ou peut comenir 1° le terme que 
donneroit la théorie; 2.° un terme ou un aflemblage de 
termes dont la valeur aille toujours en augmentant fuivant 
la loi de la fuite propofée. Nommons x l'angle VA1Q; P la 
réfiflance direéle de la bate NM; @ la réfilance que 
devroit fouffrir, felon la théorie, la proue angulaire A4Q0 N 
dans le fens de fa hauteur Q R ; on aura, comme on lait, 
® — Poof.x’. Soit x la réfiftance effective de la même 
proue; & examinons s’il ne feroit pas poflible de repréfenter 
les rélilances eflectives par une formule de cette efpèce 
m — Poof.x + Mix", qui eft la plus fimple qu'on puilte 
employer fous le point de vue que nous venons d’expoler, 
& dans laquelle j'expofant » eft un nombre au-deflus de 
zéro, afin qu'on ait # — P, lorfque x — o. 


A UAP IAN ME 

Dans la Table de l'article V, les angles x forment une 
progreflion arithmétique, dont la différence eit égale au 
premier angle qui eft de 6 degrés; ainfi en nommant g ce 


premier angle, & fuppofant P — 10000, on aura 5° 


Fig, 13% 


374 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 
cette fuite d'équations: 
Pifcof. 0090000, P (col: 9 = 9890, 
P(cof. 29) = 9568, P(cof. 3g)° = 9045, 


P (cof. 14g)° — 109. 


2.7 Suppofons (fi la chofe eft permile, ce qu'on verra 
dans un moment), que les termes de a fuite des différences 
qui fe trouvent entre les réfiflances effectives & les rfiftances 
théoriques, foient proportionnels chacun à chacun des termes 
de la fuite : 


og, 39, m(2g), m(3g), m(4g)" 


Que soie ske eus ..,.. 0.0. soso ss 
m(14g)', 
en forte qu'on ait 
35 roi emfagtirr: x a 
LI n m L 
3: 39::39 :m(39 TARA 
L2 m - 
3:100::3g :m(49) USE te 
L. mm L. 1 
3:210::3g9 :m( 54 Re AU  OE 
wessessseresesses ... ns rose ene ss serons à 
3: 3090: 3g migg is 0; x 14), 
& par conféquent 
MIRE = TO s MX 3 2:30: M) 4 STD 


m x 14 = 3890, 


En combinant fucceflivement Ia première de ces équations 
avec chacune des autres, on trouvera pour # les valeurs 
[ uivantes : 


PUEUSSNCT E NY*C'E 37$ 


log. 39 — log. 10 591066 & : 
= ——-— = © — 3}; à peu-pres; 
d dog. 3 — log. 2 176091 PDA TENPIES 
log. — log. 10 1000000 
de nos Mere, 
log. 4 — log. 2 301030 
log. 210 — log. 10 132221 
NE PER PAPE PEBR NE que PRESENT 3,323 
log. 5 — log. 2 397940 
log. 380 — log, 10 1 8 
7 — 8: 3 98 Ds NIV ARS = 3,31; 
log. 6 — log. 2 477121 
log. 625 — log. 10 1-95880 
21—= CT ee Nr 2 = — 3,30; 
log. 7 — log. 2 544068 
pe log. 955 — log. 10 pt 1480003 bis: 
log. 8 — log. z 602060 
ss log. 134$ — log. 10 A 2128722 ef 
log. 9 — log. 2 653213 
cafe Jog. 1904 — log. 10 = 2279667 Lu In2467 
log. 10 — log, 2 698970 
log. 2586 — log. 10 241262 
== Re PP US — FRE 029 = 33253 
log. 11 — log. 2 749363 
gi. log. 3157 — los. 10 Lu 1503382 — 3213 
« log. 12 — log. 2 778151 
log. 3631 — log. 10 60016 
1 — ge 303 ge 1 2 256002 = 3,13; 
log. 13 — log. 2 812913 
he log, 3890 — log. 10 ui 2589950 ai 3,065 
log. 14 — log. 2 845098 


d'où l'on voit que la væeur de  eft à peu-près conftante, 
& que par conféquent celle de » Feft aufli; ainfi, la fuppo- 
fition que nous avons faite , relativement aux rapports des 
termes de la fuite des différences, eft fenfiblement permife, 
du moins pour la plus grande partie de cette fuite : la valeur 
moyenne de # eft à très peu de chofes près, 3,25 ou 3 +, & 
celle de » eft en conféquence 1,051; par conféquent, a 
- formule approchée de la réfiftance fera 


D 


2 PIN 
I = 10000 x eof. #° + 3,153 x er - 


# Mémoires de 
J'Acad, 1763. 


376 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 
EX. 


OX voit que nous ne propolfons pas cette formule comme 
entièrement générale ; nous ne la donnons que pour les cas 
où l'angle d'incidence du fluide fur chaque face de la proue 
eft un peu grand. Lorfque l'angle d'incidence du fluide eft 
de 12 degrés, ce qui eft le cas des Expériences Lx1V, Lxy; 


ZXVI, le terme 3,153 *x 3* devient 4766 , tandis que 


l'expérience donne fimplement 3631; la formule s'éloigne 
encore plus de la vérité pour de plus petits angles d'incidence, 


Du refte, lobjection que [a formule devroit donner Îa 
réfiftance nulle lorfque x — 90, n’a pas de fondement, 
1.” parce que tous les triangles N A7 Q ayant la même bafe 
IV, il y aura toujours une réfiftance, même lorfque x — 90, 
puifque le bateau pouflera toujours devant lui une colonne 
fluide dont la largeur eft finie ; 2.” parce l'angle x étant 
parvenu aux environs de 904, la proue s'alonge confidéra- 
blement; d’où il réfulte que le frottement du fluide le long 
des parois du bateau, peut augmenter au poirit de former une 
réfiftance fenfible, comparable & additive à celle qui pro- 
viert du choc de l'eau. 


X: 


QUELLE que foit la loi de la réfiftance des proues angu- 
laires fimples , elle n'eft pas applicable aux proues polygones 
& curvilignes, ou du moinselle n'y eft applicable qu'avec des 
modifications ou des coëfficiens que nous n'avons pu décou- 
vrir jufqu'ici. M. le Chevalier de Borda avoit déjà remarqué * 
que la théorie ordinaire donne les réfiftances des furfaces 
courbes plus grandes qu'elles ne fe trouvent par l'expérience , 
tandis qu'au contraire l'expérience donne les réfiflances des 
furfaces planes plus grandes qu'elles ne fe trouvent par la 
théorie. Nous avons fait la même obfervation, & nous en 
avons conftaté la jufteffe par un grand nombre d'expériences 
où nous ayons employé des proues compofées D 

planes 


L 
l 


Fr 


DES SCIENCES. 377. 


planes & de parties angulaires, & des proues circulaires : 
ainfi, par exemple, les Expériences cotées ci-deflus, ZX, 
LXX1, LX XII, font voir que la proue demi-circulaire éprouve 
une réfiftance qui eit à celle du diamètre MN, comme 13 
eftà 25 environ, tandis que fuivant la théorie ordinaire, ces 
deux réfiftances devroient être entr’elles comme les nombres 
.2 & 3; au contraire, felon l'expérience, la proue angulaire 
MQN pour angle Q de 901, éprouve une réfiftance qui 
eft à celle du diamètre A2N, comme 29 eft à $o environ, 
tandis que fuivant la théorie, ces deux réfiftances devroient 
étre entr'elles comme les deux nombres 1 & 2 ; d’où l’on 
voit que Îa réfiftance des proues curvilignes & celle des 
proues angulaires fimples, contredifent en fens oppofé Ia 


théorie ordinaire. Nous n’avons point encore trouvé de for- 


mule propre à repréfenter généralement ces deux efpèces de 
réfiftances. Pour efpérer de parvenir à une telle formule, iE 
faudroit faire direétement des expériences fur des proues 
polygones ou curvilignes d’un très-grand nombre d’efpèces ; 
mais on fent combien un pareil travail feroit long , pénible 
& difpendieux : il y a un autre moyen de parvenir au même 
but, c’eft d'étudier avec attention dans les bateaux ordinaires, 
dans les Vaifleaux flottans à la mer , les propriétés dépen- 
dantes de la réfiftance du fluide, & de combiner l'effet de 
cette réfiftance avec la forme de la carène. Des Tables conf- 
truites fur de femblables obfervations, variées & multipliées, 
ferviroient à déterminer la loi de la réfiftance, & à régler 
la proportion des parties de chaque Vaifleau, relativement à 
fon objet : les défauts qui fe gliffent prefqu'inévitablement 
dans les conftruétions de toutes les machines, pourroient 
être enfuite corrigés, du moins en grande partie, par le 


Fig. 164 


moyen de l'arrimage. Nous ne pouvons pas répondre d’une . 


manière plus précife à la première des queftions qui ont été 
propofées dans le Scholie du chapitre précédent. 


X L 


La feconde queftion de ce Scholie, f la proue demeurant 
Mém. 1778, ”  Bbb 


378 MéÉmMotrEs DE L'ACADÉMIE RoYALE 


da même, une poupe plus ou moins alongée fait diminuer la 
réfiflance, eft plus fimple; & nous pouvons y répondre avec 
une certaine précifion. En comparant les Expériences LXXVI, 
LXXVII, chacune avec chacune des Expériences 111, v; les 
Expériences LXXVIII, LXXIX, LXXX, chacune avec cha- 
cune des Æxpériences 111, IV, V; & VExpérience LXXXI 
avec Experience III: On voit qu'une poupe alongée fait 
augmenter fenfiblement la vitefle du fillage ; & comme on 
connoit par ces expériences les rapports des temps employés 
‘à parcourir un même efpace , on eft en état de déterminer 
les rapports des réfiftances: ainfi, par exemple, on trouvera 
que fous même vitefle le bateau de la Figure 12, garni 
d'une poupe triangulaire ifocèle, dont l'angle du fommet eft 
de 48 degrés, éprouve une réfiftance moindre que celle 
qu'il éprouvoit quand il n'avoit pas de poupe, dans le rap- 
port de 15 À à 14 environ. 


X IT 


LA troifième queftion du même Scholie, ff la longueur d'ux 
paiffeau influe [ur la viteffe du fillage, eft en quelque forte comprife 
dans les précédentes, & fe réfout par les mêmes moyens. II eft 
conftant, par nos Expériences de 1775, que les réfiftances 
perpendiculaires de diflérentes furfaces planes, pour une même 

-vitefle, font fenfiblement proportionnelles aux étendues de 
ces furfaces ; mais, comme nous l'avons déjà obfervé dès 
ce temps-là, cette Toi n’a lieu que pour des bateaux qui ont 
une certaine longueur relative à leur largeur. Aujourd'hui, f 
Von compare l'Expérience LXXXII avec lÆExpérience 7x, 
on trouvera que pour une même vitefle la réfiftance du 
bateau de la Figure 14 eft à la réfiftance du bateau de la 
Figure 12, comme 31 eft à 11 à peu-près, tandis que fi la 
loi citée avoit lieu généralement , les deux réfiftances devroient 
être comme les nombres 22 & 11. La raïfon pour laquelle 
le bateau de la Figure 14 éprouve une fi grande réfiftance, 
eft qu'il a trop de largeur comparativement à fa longueur ou 
à la dimenfion, fuivant le fens de laquelle il eft mu; d'où 


19! 
la 


Dre, 


DIEUS MAS ÉI NC: rS 10 379 
il réfulte que le fluide écarté par-devant, n’a pas une liberté 
fufhifante pour couler le long du bateau, & pour venir occu- 
per le creux qui fe forme à l'arrière. Il exifle donc dans 
tous les cas un certain rapport entre la largeur & la fongueur 
d'un Vaiffleau, pour que la vitefle du fillage acquierre toute 
la plénitude dont elle eft fufceptible; mais quel eft ce rapport! 
IL dépend vifiblement en partie de la direétion des molécules 
fluides, en partie de [a forme de la carène, & en partie de 
la vitefle même du fillage: vainement on entreprendroit de 
le foumettre aux formules de l'analyfe ; les élémens de la 
queftion font trop compliqués, trop peu appréciables , trop 
mélés enfemble ; mais les Expériences LXXVI, LXXVII, ; 
LXXVIII, LXXIX, LXXX, LXXXI, où le bateau de Îa 
Figure 12 a une poupe angulaire, étant combinées avec les 
expériences 7, 11, III, IV, V, où le même bateau eft 
dépourvu d’une poupe angulaire, font voir que pour la 
réfiftance directe & pour des viteffes de 2 ou 3 pieds par 
feconde, la longueur du Vaiïfleau doit être au moins triple 
de fa largeur, fi l’on veut que la vitefle du fillage atteigne 
fon maximum. Si la vitefle étoit plus grande, le rapport de la 
longueur du Vaifleau à fa largeur feroit aufli plus grand. 
Nous n'avons pas befoin d'ajouter que la longueur étant une 
fois fufhfante pour la viteffe du fillage, on ne pourroit que 
diminuer cette vitefle en augmentant la longueur du Vaif- 
feau, puifqu'on augmenteroit par-là le frottement le Jong de 
fes côtés; mais il faut avouer que ce frottement eft peu 


fenfible, & qu'il ne le deviendroit que fur des longueurs 
confidérables, 


X IIL 


ENFIN la quatrième queflion propofée également dans 
le Scholie cité, au fujet des changemens qui peuvent arriver 
dans la vitefle du flage, lorfque lon couvre d’une pointe 

triangulaire le milieu d’une proue plane, ou d’une poupe 

plane, va s’éclaircir par les Expériences LXXX111, LXXXIV, 

LXXXV, LXXXVI; elle embraffle, comme on voit, deux 
BDE ï 


Fig. 15. 


Fig. 15. 


380 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE RoxaALE 
objets. Ce qui a donné lieu au premier de ces Problèmes, 
eft que le fluide allant choquer perpendiculairement les 
furfaces planes PK, HM, doit fe détourner moins facile- 
ment de fa direction, que fi les parties KO, HN étoient 
enlevées, ou que le bateau eût à l'avant une forme femblable 
à celui de la Figure 13; d’où il paroït s'enfuivre que la 
réfiftance de Ia proue ÂQN, doit augmenter. Les ÆExpe- 
riences LXXXIII, LXXXIV, prouvent que cette conjec- 
ture eft fondée ; car il réfulte de Expérience LX XXII, 
que le fyflème des deux furfaces PX, HM, tiré par un 
poids de 56,25, parcouiroit 72 pieds en 72 fecondes, ou 
que le même fyftème, tiré par un poids de 8 x livres, par- 
courroit 72 pieds en 60 fecondes, qui font la durée de 
V'Expérience Lx xx111. Retranchant 81 livres de 11215, 
le refte 31!,50 fera le poids qui tire la proue XQN dans 
le cas de l'Expérience LX XX 111; or fi cette proue étoit 
ifolée, ou que les deux parties planes PK, 1H fuflent 
enlevées, on trouveroit, au moyen de l’Experience LX1W 
& de la loï pour les viteffes d'un même bateau ; on trouveroit, 
dis-je, que la proue dont il s’agit, étant tirée fimplement: 
par un poids de 231,53, parcourroit 72 pieds en 60 fecondes ; 
d'où fon voit que la proue ÆQ N, dans le cas de l'Experience: 
ZXXXIII, éprouve une plus grande réfiftance que fr elle: 
étoit ifolée : la même chofe fe conclut par l’Expérience Lx xx1v. 
Quant à la feconde partie de la queftion, on trouve, en 
comparant l'Experience Lx x xv avec l'Expérience LXXXI1, 
que la poupe XQH fait diminuer la réfiflance, ce qui 
rentre dans l’article X 1. . 


Resutance des Fluides P1.2. ù Aem.de Us, R. des Se, An 1778, Pag. 380. PL. IX. 


FT. Ge. 


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Men. de LR: des JE. An 37p8 


F6 de 


MAS SCIENCES 38: 


QUATRIÈME MÉMOIRE 
SUR L'ANATOMIE DES OISEAUX. 


De la firutlure de l'organe de l’Ouïe des Oiféaux 
comparé avec celui de l'Homme, des Qadrupèdes, 
des Reptiles à des Poiffons. 


Par M. Vice-Dp'Azyr. 


E toutes les propriétés particulières aux Animaux , la 
fenfbilité eft celle qui les diftingue le mieux d’avec les 
corps dont ils fe rapprochent le plus, tels que les Plantes : 
ceux dans lefquels elle a le plus d'influence, font regardés 
comme les plus parfaits, & la pulpe nerveufe qui en eft le 
fiége, femble étre deflinée à établir une liaifon conftante 
entre les corps auxquels elle appartient & tout ce qui les 
environne. 

C'eft pour cette raïfon que la defcription des nerfs & celle 
des organes des fens, dans lefquels ils fe diftribuent, ont 
toujours fixé l'attention des Phyficiens ; mais il ne fuffit pas de 
connoître leur développement dans une claffe d'animaux, ce 
_ neft qu'en faifant un tableau dont l'anatomie comparée peut 
feule offrir l'enfemble, qu’il eft pofhble de déterminer leurs 
rapports & leur étendue refpeétive dans le fyflème général 
des corps organiques. 

H eft vrai que pour obtenir des réfultats fatisfaifans , on 
doit fuppofer un nombre prodigieux de connoiffances acquifes 
n dans l’anatomie des différens Animaux : il s’en faut bien que 
—… l'on foit affez avancé pour que l'hiftoire de tous les fens 
… puifle être traitée de cette manière. 

L'organe de louie eft un de ceux que lon a examinés 
avec le plus de foin, fur-tout dans l'homme & dans les 
. quadrupèdes, 


Lû 
à la Séance 
publique 
de la 
S.' Martin, 
1778. 


382 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALer 


Nous avons cru devoir placer ici une courte defcription 
de l'oreille de l'homme, que lon peut regarder comme Île 
modèle le plus parfait, & qui d’ailleurs fera le point central 
de toutes nos comparaïifons dans ce Mémoire. 

En dehors, une conque figurée comme un pavillon, & un 
- conduit externe tortueux & oblique, font deftinés à tranf- 
mettre les fons jufqu'à une membrane élaftique & tendue 
comme celle d’un tambour : les frémiflemens de cette mem- 
brane ébranlent trois oflelets que deux mufcles meuvent & 
qui font placés dans la cavité du tympan; celle-ci commu- 
nique avec la bouche par un conduit appelé trompe d'Euflache ; 
avec la partie poftérieure de fa tête, par les cellules maf- 
toïdiennes ; & avec le labyrinthe, par deux ouvertures, 
appelées des noms de fenétre ronde €" ovale; un des offelets 
qui eft implanté dans la dernière, propage le mouvement 
jufqu'au labyrinthe; fes impreffions y font reçues par une 
pulpe nerveufe qui fe diftribue dans trois conduits ovales 
& demi-circulaires & dans’ une fpire offeufe très-élégamment 
contournée, & que l’on a comparée à un limaçon : une humeur 
lymphatique maintient la foupleffe de cette pulpe & peut 
être reforbée. dans l'intérieur du crâne par deux conduits 
appelés agueducs de Cotunni. 

On fait que ces grofles mafles vivantes qui habitent les 
mers les plus profondes , & que l’on connoît fous le nom 
de cétacées, font pourvues de l'organe de l’ouïe : le poiflon 
muet eft fenfible à l'impreflion des fons , fans pouvoir en 
produire aucun ; l'animal qui rampe, le froid reptile , entend 
auffi , & la ftruéture de fon oreille n’a point échappée à la 
curiofité des Anatomiftes. M.° Geoffroy & Camper font 

ceux qui fe font le plus diftingués dans ce genre de re- 
cherches /a). 


C'eft pour compléter ces travaux , que je me fuis déterminé 


(&) J'ai aufft donné la defcription de l'organe de l’ouïe des Poiffons, 
dans deux Mémoires fus l'anatomie de ces animaux, imprimés parmi ceux 
des Savans étrangers. 


DS 18107 E No rs 383 
à faire connoître l'organe de l’ouïe des oifeaux dans tous fes 
détails. 

Leur voix eft très-étendue , & dans un grand nombre 
d'efpèces , elle eft très-mélodieufe ; un double larynx & une 
trachée-artère très-mobile, & quelquefois même fingulière- 
ment recourbée, en font les inftrumens; mais un animal qui 
produit une fuite de {ons, doit prendre quelque plaifir à les 
entendre : la mélodie de Ia voix fuppofe donc une grande 
perfection dans l'oreille des oifeaux. 

Parmi les Anciens, Ælien {/ib. 11, cap. 12), Ariftote 
Ulib. IX, cap. 39), Pline, en ont à peine eu quelque con- 
noiffance; ils avoient feulement obfervé que les oïfeaux font 
très-fenfibles au bruit, que l'éducation peut leur apprendre 
3Mormer les fons les plus agréables, & que cependant ils 
manquent d'oreille externe. Parmiles Modernes, Aldrovande, 
Peyer {Obf. p. 45), Derham (b), Pérault & Brich, ont 
parlé de l'offelet que le tympan contient ; il en eft auffi fait 
mention dans les Tranfaétions Philofophiques, n.° 99, & 
Häller l’a décrit dans le tome V.* de fa Phyfiologie, p. 2 13. 
La trompe qui établit une communication entre le tympan 
& la partie interne & poftérieure du bec, eft annoncée dans 
den. 11 g des Tranfaétions Philofophiques ; enfin les con- 
duits demi- circulaires ont été décrits par Pérault, qui en a 
même donné une figure, accompagnée d’une explication 
très-fuccinéte, par Schelammer , & dans les Tranfaétions 
Philofophiques, #.° 199. 

Maïs quoique les parties les plus effentielles à l'organe de 
l'ouie des oifeaux foient connues, elles n’ont pas été décrites 
avec affez de foin; il y en a d’ailleurs quelques-unes dont on n’a 
fait aucune mention, & nul auteur n’en a préfenté l’enfemble. 

Afin de remplir le mieux qu’il nous fera poflible l'objet 
que nous nous propofons dans ce Mémoire, nous donnerons 


(b) Derham l’a repréfenté dans la vingt-troifième figure qui eft très- 
défeétueufe; il place un triangle fur l’offelet , & la longue branche n’y cit 
* point exprimée. Voyez aufit B/af. anat. planche 42 , fig. 7. 


Conduit audi- 
tidif externe. 


384 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyaLe 


d’abord une explication exacte de Îa flruéture de cet organe; 
nous le comparerons enfuite avec celui des autres animaux 
qui en font pourvus, &-nous finirons en faifant quelques 
réflexions fur la perception des fons en général. 


ARUT IC LUELNP ARÉE MT LEUR. 


UN examen attentif de l'organe de louïe des oïfeaux 
préfente le conduit auditif externe, la membrane du tympan, 
le tympan lui-même, l'offelet conique qu'il renferme, des 
cellules offeufes communiquantes, le conduit qui tient lieu 
de trompe d’Euftache, le fabyrinthe, les conduits demi- 
circulaires, le conduit droit, le nerf auditif & les ouvertures 


auditives internes. a 


1° Dans la région externe, on aperçoit fe conduit auditif; 
ileft environné de plumes qui ont une ftruéture particulière : 
elles font divifées en un grand nombre de filets longs, gréles, 


* égaux de chaque côté & aflez écartés les uns des autres, 


comme on peut le voir dans la figure 7; prefque tous les 
oifeaux ont ces plumes arrangées fymétriquement fur plufieurs 
lignes ;.elles font très-élégamment difpofées dans le cotinga 
ordinaire, ainfi que dans celui dont le bec eft furmonté par 
un appendice, dans l’alouette de Cayenne , dans la tourterelle 
des bois , & même dans le roitelet; dans quelques-uns, leur 
forme eft des plus agréables ; l’oifeau-mouche huppé de 
Cayenne & l'oifeau-mouche à oreilles, en fourniflent des 
exemples : dans l’oifean de Paradis à gorge dorée, décrit par 
M. Sonnerat, & connu maintenant fous le nom de fifer, 
elles font trèslongues & terminées par une lentille de belle 
couleur ; dans le grand & le petit duc, elles forment une 
efpèce de bouquet; dans le chat-huant, toutes les plumes 
qui environnent les yeux & le bec, ont le même caraétère ; 
dans le cazoar & dans l'autruche , au contraire, les parties fa- 
térales de la tête font nues & abfolument à découvert. 

Le conduit auditif des oifeaux eft ligamenteux , oblique, 
arrondi, aflez court, foutenu fur un bord creux qui de rétrécit 


= 


DE ASMBLCATE INT CBS 385 
& très - mobile ; le mufcle crotaphyte adhère à fa paroi anté- 
rieure ; deux petits mufcles font fitués en bas & en arrière, 
& paroiffent deftinés à le mouvoir & à redrefler les plumes 
qui font courbées fur fon ouverture. 

2.7 La membrane du tympan, placée au fond du conduit 
auditif, eft tournée en devant, elle s’infère à un contour affez 
inégal; fa forme et ovale, & fon volume eft très-grand par 
rapport à celui de l'oifeau; elle fait une faillie en dehors ; 
on y trouve trois lames, l’interne & l’externe font fournies 

ar le périofle; la lame moyenne eft très-mince, tranfparente 
-& imperforée. La figure ÿ repréfente la membrane du tympan 
en 'L;p. } 

3 Le tympan offre une cavité qui -eft fimplement 
arrondie dans quelques oïfeaux, comme dans les gallinacées, 
& qui, dans Ja chouette & dans plufieurs autres, eft divilée 
par une faillie tranfverfale : ces différences font exprimées 
dans la première & dans la troifième figure. J'ai trouvé 
cinq ouvertures principales dans le tympan, trois conduifent 
au tiffu cellulaire offeux ; la première eit très-élevée & fe 
dirige vobliquement ; la feconde eft fituée dans le tifiu réticu- 
laire de la bafe du crâne; la troifième eft placée en arrière : 
on les voit en 4, D, C. Les deux autres font, 1.” celle 
qui communique avec le labyrinthe, & qu'on appelle fa 
Fenêtre ovale; 2° Vorifice de la trompe d’Euftache, que j'ai 
été furpris de trouver auffi confidérable : ces deux ouvertures 
font repréfentées en D, E, 

4 Un ofielet conique, appelé collumella par Schelammer, 
eft placé dans le tympan; fa bafe qui reflemble à un petit 
paralol, eft fermée par une plaque offeule arrondie, qu'une 
membrane aflujettit dans l’ouverture ovale; le manche ou 
pétiole, plus étroit dans le milieu, augmente un peu de 
volume auprès de la membrane du tympan à laquelle il 
adhère ; dans ce contaét, on voit deux petites branches de 

Hongueur inégale qui font un angle aigu avec le manche de 
loflelet. II m'a femblé quelquefois qu'une de ces deux branches 
étoit mufculaire ; la plus longue ne fe trouve pas dans tous 


Mém. 1778. C'ec 


Membrane 
du tympan, 


Le tympan 


Fig. 1. 


Idem, 
L'offelet. 


Cellules com- 
municantes, 


Fig. 


6. 


Trompe 
d’Euflache, 


Labyrinthe. 


Conduitsdemi- 
circulaires, 


386 MÉMoIRESs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


les oifeaux ; je l'ai obfervée conftamment dans les gallinacées; 
élle eft très-déliée, & elle fe porte le long de la membrane 
du tambour, à peu-près fuivant la direction de la trompe 
d’Euftache; l'autre, pluscourte, plus groffe, & qui fe trouve 
dans tous les oïfeaux, s'attache à la même membrane dont 
elle mefure la convexité, & elle s’insère auprès de l'ouver- 


. ture ovale ; on les voit toutes deux en f, g, où l’oflelet eft 


repréfenté en DE: ce dernier eft quelquefois environné 
par plufieurs filets ligamenteux très-fns; on n'y obferve rien 
de plus: Derham a donc eu tort de le repréfenter comme 
furmonté par un appendice triangulaire qui déborde des deux 
côtés. 

s+ Tout l'appareil de l'organe de l'ouïe, dans les oifeaux, 
eft entouré par un tiffu fpongieux très-étendu , dont les cel- 
lules communiquent entr'elles d’un côté de la tête à l'autre 
& avec le tympan; la bafe du crâne eft également creufée 
par des cavités réticulaires qui s'étendent jufqu’à la membrane 
fupérieure, de forte que les conduits demi-circulaires fe 
trouvent comme ilolés, & placés librement au milieu d'un 
efpace afez confidérable : ces cavités paroiflent en Æ, F. 

6° Le conduit qui tient lieu de la trompe d'Euflache, eft 
étroit & un peu aplati; il eft placé en bas, & il s'ouvre 
antérieurement vers les deux petites faces articulaires fur 
lefquelles le mouvement de la partie fupérieure du bec 
s'exécute. 

7 La cavité du labyrinthe eft ronde & fort étroite ; une 
pulpe nerveule très-fine y eft répandue; une feule ouverture 
communique avec le tympan, & c'eft par le moyen de 
loflelet conique implanté dans cette ouverture, que la pulpe 
nerveufe eft ébranlée. 

8.2 Les conduits demi-circulaires font au nombre de troïs; 
deux, inégaux en grandeur, font verticaux ; le troifième eft 
horizontal : le grand conduit vertical eft incliné de devant 
en arrière; le petit conduit perpendiculäire eft fitué oblique- 
ment de droite à gauche, &  ilcoupe les deux autres à angle 
droit : le conduit demi-circulaire horizontal , s'ouvre par {es 


‘ 


D EISIMSLCITIEUN cie :s 387 
deux extrémités au niveau de celles du grand «nduit per- 
pendiculaire. J'ai trouvé dans plufieurs oifeaux des renflemens 
vers leurs orifices, qui en augmentent l'étendue & la furface : 
on voit ces trois conduits dans la figure 2, & les renflemens 
dans la fsure 6, en H, C. 

9° Un aperçoit à la partie interne du labyrinthe un prolon- Conduit droit, 
gement figuré, comme une portion de conduit demi circulaire, 
avec cette différence qu'il eft droit; il forme en bas & en 
arrière une efpèce de cul-de-fac. Pérault le regardoit comme 
un limaçon ; mais outre qu'il ny a ni rampe, ni cloifon 
quelconque , il ne communique point immédiatement avec 
le tympan par une ouverture qui puifle être comparée à la 
fenêtre ronde, de forte qu’il n’a aucun des caractères du 
coclea : on le voit en 71 & en D. Fig. à & 6. 

10. Dans la région interne & poftérieure du crâne, on Trous & nerfs 
trouve quatre ou cinq ouvertures remarquables; deux plus  #ditif. 
grandes ne communiquent point avec l'organe de l'ouie; 
deux plus petites donnent paffage aux nerfs qui y font 
deftinés. 

La plus grande de ces ouvertures eft placée au milieu 
d’une excavation étroite & circulaire, qui répond au grand 
conduit vertical. Je fai prife au premier coup-d’œil pour le 
conduit auditif interne; mais elle ne contient qu'un prolon- 
gement de la fubftance cérébrale, avec quelques vaiffeaux 
qui m'ont paru fortir par fon extrémité. 

La feconde des ouvertures, qui ne communique point 
avec l'organe de l’ouïe, eft fituée en bas & en arrières 

Les nerfs auditifs naiflent de la moëlle alongée près du 
cervelet; ils paffent par deux ouvertures très-rapprochées & 
fort étroites, qui font repréfentées en B, E ; ïls font eux- Fig. 4. 
mêmes très-minces : un des deux eft plus gros & fait un 
trajet plus confidérable. 

J'ai cru que je rendrois mon travail plus complet en 
recherchant la ftruéture de l'organe de l’ouïe dans l’autruche, 
qui, comme l'on fait, eft un oifeau très-pefant & pour ainfi 
dire attaché à Îa furface de la terre ; & dans la chauve- 

Ccc ij 


388 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


fouris, ani al dont la forme bizarre femble réunir les carac- 
tères des quadrupèdes avec ceux des oifeaux, & qui habitant 
le même élément que ces derniers, pourroit être foupçonné 
d'avoir dans la flrudure de l'oreille, de grands rapports 
avec eux.. M. Daubenton m'ayant procuré une tête d’au- 
truche, je l'ai difléquée avec beaucoup d'attention ; les 
conduits demi-circulaires m'ont paru peu étendus & fort 
étroits, vu le grand volume deÿl'oifeau, & je n’y ai trouvé 

ue l'ébauche du conduit droit : l'organe de l'ouïe.de l’autruche 
net donc pas aufi-bien developpé que celui des autres 
oifeaux; ceux-ci étant en effet fouvent placés au centre d’une 
fphère très-étendue, avoient befoin de conduits auriculaires 
très-ouverts & très-vibratils. 

Pour ce qui eft de la chauve-fouris, l'organe de l'ouïe 
de cet animal, dont aucun Anatomifte n’a fait la defcription, 
l'éloigne de la ftruéture des oïfeaux pour le rapprocher de 
celle des quadrupèdes : la difleétion m'y a fait voir un pavil- 
lon cartilagineux très-ample; un tympan formé par une cavité 
fphérique & tranfparente ; une membrane qui s’y inféroit obli- 
quement; trois ofielets dont un tenoit lieu de marteau, avecune 
apophyfe grêle très-prolongée, & un mufcle très-exprimé, un 
limaçon contenu dans un tubercule que le tympan renfermoit, 
& trois conduits demi-circulaires. à 
. Les oifeaux dont j'ai difléqué l'organe de louïe, font le 
Cogq-d'Inde, la Poule, le Pigeon, la Chouette, a Pie, le 
Geai, la Tourterelie, le Pic-vert, le Canard, ke Moineau 
& le Serin. : 

L ART TC A"EU FE 


LA defcription qui a été faite de l'organe de louïe des 
oifeaux , la force & la mélodie de leur voix, & fur-tout 
cette extrême fenfbilité au bruit, qui en les avertiffant du 
moindre danger, rend leur fuite aufli prompte qu'utile en 
une infinité de circenftances, fufüfent fans doute pour faire 
connoître combien ce fens eft parfait dans cette claffe d’ani- 
maux; mais nous enapprécierons plus facilement les rapports , - 


mas ASnGAE Ni CES 389 
en comparant les différentes parties qui le compofent, avec 
celles que l Anatomie a démontrée dans l'oreille de homme, 
des quadrupèdes, des reptiles & des poiffons. 

La conque auditive {ert dans l'homme & dans les qua- 
drupèdes à réunir & à diriger les vibrations fonores vers le 
tympan; cette partie manque dans les oifeaux; elle auroit 
peut-être nui dans le vol, en augmentant le poids & l'étendue 
des parties antérieures du corps : dans plufieurs reptiles & 
dans les poiflons , il n'y a pas même de conduit auditif 
externe. 

L'ufage de la membrane du tambour eft de tranfmettre le 
fon jufqu'au labyrinthe, par l'intermède d’un ou de plufieurs 
oflelets ; elle eft très-grande & très-déliée dans l'oïfeau, où 
elle fait une faillie en dehors; dans l'homme, elle en fait 
une en dedans; dans les reptiles & dans les poiffons, elle 
eft très-épaifle ; & dans quelques-uns même, elle ne difière 
pas de la peau qui recouvre le refte du corps. 

La cavité du tympan eft moins grande, relativement au 
volume du corps dans homme & dans les quadrupèdes, 
que dans les oifeaux ; la conque, en réuniffant un plus grand 
nombre de vibrations fonores, fupplée peut-être dans les 
premiers à l'étendue du tympan; & cetie étendue eft nécef- 
faire dans les oifeaux, qui, comme nous l'avons dit, n'ont 
pas de conque auditive : dans les reptiles, le tympan eft 
étroit; & dans les poifions, il exifte à peine ; on ne trouve 
d’ailleurs la corde du tambour ni dans ces derniers, ni dans 
les oifeaux. 

Dans l'homme & dans les quadrupèdes, la cavité du 
tympan eft agrandie par des cellules, qu'on appelle maftoï- 
diennes, & un affemblage de petits grains offeux recouvre 
les conduits demi-circulaires & le limaçon; dans les oifeaux, 
ces cellules n'exiftent point à la vérité, mais un réfeau offeux 
très-étendu y fupplée, & environne tous les conduits qui 
font prefque ifolés ; la force des vibrations doit être augmentée 
par les ondulations de l'aïr quiy circule avec facilité; les 
ouvertures qui établiffent une communication entr'elles & le 


390 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


tympan, font plus nombreufes dans les oifeaux que dans tous 
les autres animaux connus: on n'y trouve point de fenêtre 
ronde, non plus que dans les reptiles; dans les poiflons , il 
n'y a pas même de fenêtre ovale. 

Quelques reptiles, tel que la Grenouille, ont, fuivant fa 
remarque de M. Geoffroy, la trompe d'Euftache courte & 
large; dans les oifeaux au contraire, elle eft longue & étroite. 

Les offelets du tympan font deftinés à communiquer le 
mouvement jufqu’à la fenêtre ovale : dans tous les animaux 
qui ont un limaçon, on trouve trois oflelets, le marteau, 
l'enclume & l'étrier; cette conformation eft celle de l’homme 
& des quadrupèdes ; les oïfeaux qui manquent de limaçon, 
n'ont qu'un offelet ; dans quelques-uns des reptiles qui ont 
des extrémités, il eft figuré en platine comme dans l'oifeau. 
La figure 8 préfente celui de la tortue, dégagé de toute adhé- 
rence; il eft très-alongé; on le voit en place dans la foure 9 
en ED, & il tient à la membrane du tympan repréfentée 
en D dans la figure 10 ; celui du caméléon eft plus grêle ; 
la platine eft fort étroite, & il fe termine vers l’autre extré- 
mité par un léger renflement ; on le voit dans la figure 17 
en D £ f, où cet offelet eft ifolé, & dans la figure 12 où 
il occupe fa place naturelle en G, Ces trois deflins ont été 
faits par M. Geoffroy lui-même, qui a bien voulu me per- 
mettre d’en faire ufage : j'ai cru que cette courte defcription, 
en fervant de pièce de comparaifon pour mon travail, com- 
plèteroit celui des Anatomiftes fur l'organe de l'ouïie des 
reptiles qui ont des extrémités ; dans les reptiles alongés, 
loflelet eft très-irrégulier ; dans l’oifeau, il fupplée à l'étrier, 
& il eft, comme ui, placé dans la fenêtre ovale : fes deux 
appendices paroiflent répondre au marteau & à l’enclume. 
Dans les poiflons épineux, on trouve trois oflelets aplatis 
& fitués fur la pulpe auditive; & dans les cartilagineux, une 
fubftance friable comme de l'amidon, en tient la place; mais 
il eft effentiel de remarquer que c’eft dans le crâne qu'elle 
fe trouve, ainfi que les offelets, & non dans le tympan, dont 
les poiffons font dépourvus. 


DES SCIENCES. 39rT 


Les conduits demi-circulaires font également au nombre 
de trois dans prefque tous les animaux, fi l'on en excepte 
peut-être quelques-uns des reptiles qui n’ont point d’extré- 
mités; mais c'eft dans les oïfeaux où, eu égard au volume 
du corps, ils ont incomparablement le plus d'étendue, & où ils 
font d'ailleurs le plus élégamment contournés ; ceux de l'homme 
fe terminent fur le même niveau : dans l’oifeau , le petit 
conduit vertical defcend plus bas que le grand, de toute la 
moitié de fon fegment. 

Les reptiles & les poiflons n'ont rien qui reffemble au 
limaçon ; dans les oïfeaux, un conduit droit y fupplée. 

Tous les animaux dans lefquels on trouve la conque 
auditive, les trois offelets & le limaçon, ont auffi un conduit 
auditif interne : dans les oïfeaux & dans les reptiles au 
contraire , les deux ouvertures nerveufes font placées au 
niveau de la furface interne du crâne; de forte que l'organe 
de l’ouïe des oifeaux , quoique beaucoup plus parfait que celui 
des reptiles, a cependant avec lui des rapports conftans. 

Nous n'avons point parlé des infeétes, parce que, quoique 
plufieurs, tels que la fauterelle & le grillon, appellent leurs 
femelles, on ignore cependant jufqu'ici comment la percep- 
tion des fons {e fait dans ces animaux. 


ARTICLE Ill. 


CE Tableau de comparaifon , qui prouve combien les 
travaux des Modernes ont avancé l'anatomie de lOreille, 
fournit immédiatement les conféquences fuivantes : 

1. L'exiftence des ofleiets, fi elle n’eft pas effentielle, eft 
au moins très-utile pour la perception des fons, puifqu’on 
la trouve fans aucune exception dans tous les animaux fufcep- 
tibles de les entendre; mais il n’eft pas néceffaire qu'il y en 
ait plufieurs, puifqu'un feul fuffit aux oifeaux & aux reptiles. 


2. Il eft également démontré que les conduits demi- 


circulaires font une partie eflentielle à l'organe de louie, 
puiiqu'ils exiftent dans tous les animaux où cet organe a été 


aperçu & bien décrit. 


02 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
39 


3. Enfm le limaçon, qui eft particulier à l'homme & 
aux quadrupèdes, n’eft pas indifpenfablement néceflaire aux 
fonétions de l'oreille interne, puifque les oifeaux qui en font 
dépourvus entendent très-bien. 

Îl y a apparence (nous prions que l'on veuille bien nous 
permettre cette conjecture) que le limaçon forme avec les 
conduits demi-circulaires, dans chaque oreille, un double inftru- 
ment compolé de deux parties très-diftinétes, dans lefquelles 
la perception des fons fe fait féparément, mais avec des rapports 
déterminés, ce qui doit ajouter à l'harmonie, à la fenfibilité, 
& pour ainft dire à l'intelligence de l'organe. 

Ne pouroit-on pas d'après ces réflexions, confidérer Île 
fens de l'ouïe fous un double point de vue; premièrement, 
par rapport aux parties eflentielles à fa flruéture, qui font une 
membrane, au moins un offelet, des conduits demi-circulaires 
& une pulpe nerveufe ; fecondement, par rapport à fes parties 
accefloires , qui font la conque , le conduit auditif interne, 
plufieurs offelets, des mufcles, la corde du tympan, & fur- 
tout le limaçon!? Ainfi les animaux dans fefquels onva démontré 
cet organe, pourroient être divilés en deux clafles ; les uns 
réunif{fent en effet toutes les parties qui le conftituent; les autres 
ont feulement celles qr= nous avons dit lui être eflentielles. 
L'homme & les quadru, les doivent être rangés dans le 
premier ordre: outre que {es oifeaux font à la tête du fecond , 
on peut encore ajouter qu'ils ont les parties effentielles à 
l'organe de louïe, les feules dont ils foient pourvus, beau- 
coup plus développées que l’homme & tous les autres animaux; 
de forte que le fens de f’ouïe dans les oifeaux eft aufli parfait 
qu'il eft fimple, & jufqu'à ce que l’on ait déterminé avec plus 
d’exactitude lufage de la lame fpirale du limaçon qui leur 
manque, nous ne croyons pas que l’on puifle rien dire de 
plus précis fur la place qu’il convient de leur afligner. 


++ 


SECOND 


Mern.de l'4c.R . des JC. An.1778, Pag, 892. PIX, 


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DES SCIENCES. - 397 


SECOND MÉMOIRE 


SUR 
MESA CH ESA D UUNS QE E TE; 


CONTENANT 
DIVERSES OBSERVATIONS DE TACHES, 


Avec les pofitions qui en réfultent, à la confirmation 
des réfultats précédens. 


Par M. DE LA LANDE. 


ANS mon premier Mémoire fur les Taches du Soleil Commencé 

(Mém. de l’Acad. année 1776, page 457) jai 7 
donné une détermination nouvelle de l'Équateur & de la 
rotation du Soleil ; mais je n’ai pas diffimulé que, vu le petit 
nombre d'obfervations faites jufqu'à préfent , ces recherches 
étoient fufceptibles d’être perfectionnées : je n'ai pas perdu 
de vue cet objet, & je vais raffembler ici des obfervations 
que j'ai faites depuis l'impreflion de mon premier Mémoire. 

Je commencerai par quelques réflexions relatives aux 
premiers Aftronomes qui obfervèrent les taches du Soleil; 
ce fera un fupplément qui complètera le Traité des taches 
du Soleil, contenu dans le Mémoire précédent. Le premier 
Ouvrage qui parut fur les taches du Soleil , fut celui de 
Fabricius, intitulé Jo. Fabricii Phryfi de maculis in fole 
obfervatis, © apparente earum cum fole converfione narratio. 
Wittebergæ, 1611, petit in-4.° 
L'Épitre dédicatoire eft datée du 13 Juin 1611: dans 

cet Ouvrage, qui a quarante-trois pages, il n'y en a que 
huit où il foit parlé des taches du Soleil. En voici un extrait, 
où j'ai renfermé en peu de mots tout ce que l’Auteur dit fur 
cette matière ; le refte eft un verbiage de Métaphyfique 
inutile à notre objet, 

Mém. 1778, D dd 


394 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 


« Après que les Lunettes ont été découvertes en Hollande, 
on a commencé à regarder la Lune , enfüuite Jupiter & Saturne, 
& Galilée y a trouvé des chofes fingulières: pour moi, pouffé 
par la même curiofité , je m’occupai à regarder le Soleil, dont 
les bords me paroifloient avoir des inégalités remarquables , 
que mon père, David Fabricius, avoit déjà remarquées, 
comme je l'ai appris par fes Lettres dans le temps que je m'en 
occupois. J'aperçus une tache noirâtre fur le Soleil, plus rare &c 
plus pâle d’un côté, aflez grande par rapport au difque du Soleil ;: 
je crus d’abord que c’étoit un nuage; mais l'ayant regardée dix 
fois avec différentes lunettes, & ayant appelé mor père pour 
la lui faire voir, nous fumes affurés que ce n'étoit point un 
nuage; le Soleil s’élevant de plus en plus, nous ne pouvions: 
plus le regarder , d'autant que lors même qu'il eft à l'horizon, 
il affecte les yeux de manière que, pendant plus de deux 
jours, la vue des objets eft altérée : c'eft pourquoi j'avertis 
ceux qui voudroient faire de pareilles Obfervations , de: 
commencer à recevoir là lumière d'une petite portion dæ 
Soleil, afin que l'œil s’y accoutume , & parvienne peu-à-peu 
à fupporter la lumière du difque entier du Soleil. Nous paf- 
fames le refte de la journée & la nuit fuivante avec une. 
extrême impatience, & en révant fur ce que pouvoit être cette: 
tache : fi elle eft dans le Soleil, je la reverrai fans doute ; fr 
elle n’eft pas dans le Soleil, fon mouvement nous la rendra 
invifible. Enfin je la revis dès le matin avec un plaifir in- 
croyable; mais nous vimes qu’elle avoit un peu changé de 
place , ce qui augmenta notre incertitude: cependant nous: 
imaginames de recevoir les rayons du Soleil par un petit 


» trou dans une chambre obfeure & fur un papier blanc ,. & nous: 
» y vimes très-bien cette tache en forme de nuage alongé; 
» le mauvais temps nous empêcha de continuer ces Obferva- 


tions pendant trois jours. Au bout de ce temps-là, nous vimes: 
la tache qui étoit avancée obliquement vers l'Occident ; nous 
en vimes une autre plus petite vers le bord du Soleil, qui 
dans l’efpace de peu de jours parvint jufqu'au milieu ; enfin 
il en furvint une troifième; enfuite la première difparut, &. 


D'ESU SCrENCESs 395 


les autres quelques jours après. Je flottois entre lefpérance « 


& la crainte de ne pas les revoir ; mais dix jours après, la 
première reparut à l'Orient : je compris alors qu'elle faifoit 
une révolution, & depuis le commencement de l’année je 
je me fuis confirmé dans cette idée, & je les ai fait voir à 
d’autres qui en font perfuadés. Cependant j'avois un doute 
qui m'empêcha d’abord d'écrire à ce fujet, & qui me failoit 
même repentir du temps que j'avois employé à cette Obfer- 
vation: je voyois que ces taches ne confervoient pas entr'elles 
les mêmes diftances, qu’elles changeoïient de forme & de 
vitefle ; mais j'eus d'autant plus de plaifir lorfque j'en eus fenti 
la raifon. Comme il eft vraifemblable, par ces Obfervations, 
que les taches font fur le corps même du Soleil, qui eft 
fphérique & folide, elles doivent devenir plus petites & 
ralentir leur mouvement fur les bords : nous invitons les 
Amateurs des vérités phyfiques à profiter de l'ébauche que 
nous leur préfentons ; ils foupçonneront fans doute que le 
Soleil a un mouvement de converfion , comme la dit 
Jordanus Bruno *, & en dernier lieu Képler dans fon Livre 
fur les mouvemens de Mars, car fans cela je ne fais ce que 
nous ferions de ces taches. Je ne fuis pas de l'avis que ce foient 
des nuages ; je ne fuis pas non plus de l'avis de ceux qui ont 
“placé les Comètes dans le Soleil, comme des émifaires 
deftinés à y revenir bientôt : j'aime mieux me taire fur tout 
cela que de parler au hafard ; je fuis même tenté de regarder 
ce mouvement du Soleil comme la caufe des autres mouve- 
mens céleftes, fuivant ces paroles d’Ariftote, qui dit dans 
fes Problèmes , que le Soleil efl le père à l'auteur des 
mouventens. » 

On voit par-là que Fabricius étoit bien peu avancé fur 
les taches que le hafard lui avoit fait apercevoir ; Galilée 
alla bien plus loin, comme il eft naturel de le penfer. Galilée, 
dans fon Difcours fur la Comète de 1618, page 3, dans 
fon Saggiatore où Trutinator, pages 2 & 209, & dans fes 
Dialogues du Syftème du Monde, page 337, a toujours 
foutenu qu’il étoit le premier qui eût vu les taches du Soleil, 


Ddd à 


* * Brülé 


en 160% 


t 


396 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
& que Scheiner n'avoit commencé à les obferver qu'après 


avoir vu les Écrits de Galilée ; Scheiner s’en juftifie dans 
fon Rofa Urfina: il dit qu'il avoit commencé à les voir au 
mois de Mars 1611, en mefurant avec une lunette le dia- 
mètre du Soleil; il reprit ces oblervations au mois d'Octobre ; 
il en avertit deux Jéfuites, qui le dirent à M. Velfer, Magif- 
trat d'Aufbourg, qui aimoit les Savans ; celui-ei engagea le 
P. Scheiner à lui écrire à ce fujet, des Lettres qui furent 
imprimées en 1611 fous le nom d’Appelles, parce que le 
P. Bufce, Provincial des Jéfuites, ne voulut pas permettre 
que ces nouveautés paruffent fous fe nom du P. Scheiner: 
celui-ci obferve que Galilée n’a produit aucune obfervation 
figurée avant celle du $ Avril 1612 , tandis qu'il en à 
produit de 1611. 

Le premier livre où Galilée ait parlé des taches du Soleil, 
eft intitulé /fforia dimoflrazioni intorno alle macchie Solari ; 
Roma, 1613: on it dans fa Préface, que Galilée étant à 
Rome au mois d'Avril 1611, avoit fait voir les taches du 
Soleil à plufieurs perfonnes dans le jardin Quirinal du Cardinal 
Bandini, & qu'il en avoit parlé quelques mois auparavant à 
{es amis de Florence, tandis que l’anonyme , caché fous le 
nom d’Apelles (ou le P. Scheiner) ne cite que des obferva- 
tions du mois d'Oftobre 1611. 

On y voit auflt (page 10) que Marc Velfer, Doumvir 
d'Aufbourg , avoit envoyé à Galilée, le 6 Janvier 1612, 
les trois Lettres qui portoient le nom d’Apelles, en lui deman- 
dant fon avis à ce fujet; Galilée qui craignoit les ennemis 
des nouveautés, n'ofoit qu'à peine s'expliquer, & encore 
moins faire imprimer fes idées fur les chofes qu'il n’avoit 
pas parfaitement approfondies : cependant, on voit dans fa 
Lettre à Velfer, du 4 Mai 1612 (page 1 6) des raifonnemens 
folides contre l’idée de Scheiner, qui ne croyoit pas poflible 
que les taches fuflent dans le corps mème du Soleil, & qui 
les regardoit alors comme des Planètes tournant autour du 
Soleil, à une petite diftance, ainfi que Mercure & Vénus. 
Galilée le réfute, quoiqu’en lui donnant beaucoup d'éloges, 


DES) SNGCT E N C6 397 


+ 

& le traitant de génie fublime /page 28). H obferve que 
ces taches ne (ont pas permanentes, qu'elles fe condenfent 
ou fe divifent, sugmentent & fe diffipent ; il les compare à 
des fumées où à des nuages /page 2 1) ; il ajoute que quelque- 
fois il y en a beaucoup, & quelquefois point du tout : il 
penfe qu’elles font à la furface du Soleil /page 26); qu'elles 
n'ont pas de hauteur fenfible /page 41) ; qu'elles décrivent 
toutes des cercles parallèles entr'eux {page 32), quoiqu'il 
y en ait quelquefois une trentaine à la fois {page 33), & 
que le Soleil en tourmant chaque mois, les ramène à notre 
vue (page 49); qu'il y en a qui durent un ou deux jours, 
d’autres trente ou quarante & plus /page 31); qu'elles fe 
rétréciffent & fe rapprochent les unes des autres fur les bords 
du Soleil, fans changer de Jongueur ou de diflance du Nord 
au Sud /pages 20 à 34), & que ce rétréciflement efl 
celui des différentes parties d’un globe, vu de loin /page 35). 
Galilée y parle des pôles de la rotation du Soleil ; mais il 
n'avoit pas encore remarqué la différence de 7 degrés qu'il 
y a entre ces pôles & ceux de lécliptique {page 37), & ïül 
croyoit que l’écliptique même étoit le plus grand cercle de 
leur converfion. 

Dans fa Lettre du 14 Août 1612, ïl obferve que les 
taches ne s’écartent pas de plus de 30 degrés de l’Équateur 
folaire , ce qui a été confirmé par la fuite des Obfervations 
qu'on a faites; il y donne la manière d’obferver les taches, 
en recevant fur un papier l'image du Soleil au travers d’une 
lunette: il attribue cette idée à un de fes Élèves, Benedetto 
Caftelli /page 52) ; il ajoute que les plus belles taches fe 
voient fans inftrument, en failant entrer par un petit trou 
l'image du Soleil dansune chambre obfcurcie , ce qu’il avoit 
fait fur-tout le 20 Août 1612. Enfm il explique, par les 
taches du Soleil , le prétendu paffage de Mercure fur le Soleil, 
dont il eft parlé dans la vie de Charlemagne. 

Dans fa troifième Lettre, du 1.° Décembre 1612, Galilée 
répond aux argumens par lefquels Scheiner foutenoit que les 
taches étoient éloignées de la furface du Soleil: il aflure que 


398 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


toutes les taches font vifibles pendant le même efpace de 
temps {page 116), un peutplus de quatorze jours /pages 
116, 129 ou 142), quoique {page 131) Scheiner pré- 
tendît en avoir vu qui employoïent quatorze jours, & d’autres 
{eize, à traverfer le difque du Soleil {page 126), & quil 
en voulût conclure qu'elles étoient éloignées du Soleil /page 
128), Galilée dit s'en être afluré par plus de cent deflins, 
faits en grand & avec foin /page 116). 

H aflure /page 1 32) que l'on voit quelquefois dans le 
Soleil de petits endroits plus clairs que le refte, & danslefquels 
s’obferve le même mouvement que dans les taches , ce qui 
étoit bien fufffant pour démontrer le mouvement de rotation 
du Soleil, & par conléquent la caufe du mouvement des 
taches. Aïnfi il ne manquoit dès-lors à la théorie des taches 
du Soleil qu'une fuite d'Obfervations détaillées pour bien 
conftater la durée de la rotation du Soleil & Ia fituation de 
fon Équateur : c’eft ce que fit le P. Scheiner dans fon grand 
Ouvrage, intitulé Rofa Urfina. M eft affez indifiérent à leur 
réputation de favoir lequel des deux les a le premier aperçues 
dans fa lunette ; mais Galilée paroit être le premier qui ait 
raifonné avec jufteffe fur la nature & le mouvement des 
taches, & le P. Scheiner celui qui les a le plus obfervées 
& qui a le mieux approfondi toutes les circonftances de leur 
mouvement. Je ne parlerai point dans ce Mémoire du Pro- 
blème qui confifle à déterminer la pofition de Équateur 
folaire par trois Obfervations d’une tache ; je me fuis affez 
étendu fur cet article / Mém. de 1776, p. 465 à fuiv.); 
j'ajouterai feulement qu'il a paru vers le même temps une pièce 
de M. Hedin, intitulée: Differtatio Affronomica de rotatione 
Solis & Planetarum; Upfalie, 1776 ,in-4.° : on ÿ trouve une 
folution du Problème de la rotation du Soleil, qu'il a tâché 
de rendre un peu plus fimple que celle de M. de S.° Jacques 
de Sylvabelle, qui fe trouve dans le quatrième Volume 
des Mémoires prefentés à l'Académie. 

M. du Séjour a donné auffli dans les Mémoires de 1776, 
page 278, une méthode analytique pour trouver l'Équateur 


DAENSUISECHLE NICHE.S 399 


folaire, & M. de la Grange en avoit donné une en 1764 
dans la Pièce qui remporta le Prix fur la Nutation de Îa 
‘Lune, & qui a été publiée en 1777 dans le neuvième & 
dernier Volume des Pièces des Prix. 

Je viens aux Obfervations qui peuvent fervir à conflater 
les retours des taches & les élémens de la rotatien folaire, 
& je commencerai par reprendre d'anciennes Obfervations 
par lefquelles j'ai calculé les déclinaifons folaires de diverfes 
taches , afin que quand on croira les avoir vu reparoître, on 
puifle vérifier la période par les anciennes Obfervations. 

Les premières taches qui paroiflent avoir été obfervées: 
avec l'exactitude des nouvelles méthodes , font celles de 
4672, dont M. le Monnier a rapporté les Obfervations 
dans fon Æiffoire célefle , pages 23 © 24, 


ANNÉE Re à Rnb LONGIT. |[DÉCLIN. 
e € 
PASSAGES, DÉC&INAISON. 


héliocentrique. | folaire. 


1672. 


CR OS Se 
Novemb, 12| 18/ au 2.° bord| #‘ 10” au bord A.| 11f 154 9 | 124 48’ A. 
13/22 + 8, oo. ri. 26. 4r | 11. 18 
14| 312 24. 10, au-bord B.| oo. 9. 37 | 13. o 
20| 28 au 1" bord|18. o. 3032159 10 33 
22| 9 15e 07 4 1748 | rr. 3 


La _feconde colonne contient les différences dé paflages 
entre la tache & l'un des bords du Soleil: dans les trois pre- 
mières Obfervations, on compare la tache avec le fecond bord 
ou le bord oriental; dans les autres, avec le bord fuivant, 

Dans la troifième colonne, on trouve fa différence de 
häüteur méridienne où de déclinaïfon entre fa tache & lé 
bord auftral où le bord boréal du Soleil. 

- Dans la quatrième, font les longitudes vues du Soleil, 
mefurées fur Pécliptique, & que j'ai déduites des Obfervations. 

Dans la dernière colonne, font fes déclinaïfons de Ix 
tache par rapport à l'Équateur {olaire, que j'ai calculées, em 


s à dé 


400 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


-fuppofant le nœud à 21 184 & l'inclinaifon de 74 20!: ces 
déclinaifons devroïent être toutes égales ; mais on n’avoit alors 
pi micromètres ni verniers fur les quarts-de- cercle : ces 
hauteurs méridiennes n'étoient probablement pas d'une aflez 
grande exactitude ; il ne faut pas 1 $ fecondes d’erreur pour 
produire 1 degré fur la déclinaifon folaire ; d’ailleurs une 
tache qui eft un peu irrégulière & qui change de forme, ne 
peut pas fe déterminer avec une fi grande précifion : cepen- 
dant on voit que cette tache avoit environ 12 degrés + de 
déclinaifon auftrale. 

Les obfervations fuivantes feront difpofées dans le même 
ordre. 

La tache du mois de Juin 1676 avoit à peu-près la même 
déclinaifon que la précédente : les obfervations {e trouvent à 


la page 206 de l'Hifloire célefle. 


ANNÉEI|DIFFEÉRENCE DIFFÉRENCE LONGIT. 


DÉCLIN 
de de F ; rs 
1676. PASSAGES: Déczinaison. |héliocentrique, | folaire. 


Juin... 26 | 34"+au2.bord| 19" 25”aubord fup.| 8f 44 21° 
27 | so + 19. 45+ B- 2000 
28 | 67 20. o, ‘ (HOT EE 7 
Juillet... 1 | 15 au 1." bord|zo. 2. .- 11. 3. 46 


Le milieu entre ces déclinaïfons eft 1340’. 

Ces deux taches ayant paru à peu-près fur le même paral- 
lèle, j'ai voulu voir fi ce feroit la même tache qui auroit 
reparu après cinquante-deux rotations du Soleil; mais il fau- 
droit fuppofer quelques heures de plus pour la durée de chacune: 
ainfi elles ne s'accordent pas avec mes réfultats antérieurs. 

Dans {a même année, on trouve d’autres obfervations, 
Hifloire célefle, page 218 & fuivantes, que j'ai calculées de 
la manière fuivante : mais les calculs de la dernière colonne 
fuppofent le nœud à 2° 164, . 


ANNÉE 


DES SCrENcESs. 401 


ANNÉEIÏDIFFÉRENCE DIFTÉRENCE 
de d 
1676. : 


PASSAGES. HAUTEURS. 


DÉCLIN. 


folaire, 


LONGIT. 


es Re men 
21 64 46 | sd 10/ À. 


O&ob.. 30 | 34” au 1." bordl: 5’ 20”au bord fup. 


Nov... 1 | 75 12. 5$ De Se br $- 10 
19 [Par 22. $o 11, 20, 59 4 54 
21 | 27 +au2.bord|21. 20 D 14 1 $+ 31 
22 | 40 20. 20 1» 2. $7 4 12 
23 | 53+ 19. 20 A3 2 DIS. v44 
24 | 684 17. 40 2. iretai 2. $4 
25 | 56 au 1° bord|16, 55 2. 14. 48 4. 33 
27 | 29 14. 40 DH NT SRE 
28 | 18 14. 10 3-26. 5 4e 27 
29 9+ 13: 46 4. 10, 1] $. 11 
3° 3 13° 20 4: 26% 6 AVE 
Déc... 16 6+au2.bord|19. 50 0. 16. 48 4 25 
18 | 222 1% oO 1. 18. 19 S- 27 


IT paroit que c'étoit la même tache obfervée pendant deux 
périodes : les deux obfervations extrêmes éloignées d'environ 
deux rotations folaires, donnent pour chacune 2 5) 4h; il s’en 
faut fix heures que cela ne s'accorde avec mon rélultat ; mais 
fix heures ne font que 3 degrés+; ce n’eft pas une minute 
fur le Soleil. 

À Ia pare 314, on trouve Îles obfervations de 1a tache du 
mois de Mai 1684, que M. Caffini regardoit comme étant 
la même que les taches de 1625, 1644, 1688 & 1702 
(Mémoires de l'Académie, 1 702, page 133); mais il n'y 4 


que deux obfervations complètes. 


ANNÉ E)DIFFÉRENCE|DIFFÉRIDISTANCE LONGIT, DÉCLIN. 


68 de de au bord 5 ; à 
PART Eass ace) | Hatréuns le plus proche. | Péliocentrique. | foire, 
PE, 
Mai... 6 9" au 2 bord| 12’ 40" b, B.| 1’ 26"aub.lepl.pr.|  5£ 114 25° | ,04 23! À. 


7 162 13. 40 3-37 5-27. 22 11. 43 
Mém, 1778, Eee 


402 MÉMoiREes DE L'ACADÉMIE ROYALE 


J'en conclus que cette tache dut pafler par le milieu de 
fon parallèle, le 10 à 21/22’, En la comparant avec celle 
qui y pañla le $ Mai 1G88 , à 18 heures, ou à cinquante- 
trois retours de 27i 11" 16; c'eft une heure de moins que 
fuivant M. Caffini : ainfi les taches même qui lui ont fervi 
à établir fa durée de la rotation, n'y fatisfont pas d'une 
manière convaincante. 

Quand aux taches du mois de Mai 1686, je defirois 
beaucoup de pouvoir les difcuter, puifqu'il y en a une dont 
M. Caffini s’étoit fervi pour déterminer la durée de la rotation 
folaire: M. Caffini le fils, qui s’occupe avec beaucoup de 
zèle de tout ce qui intéreffe l'Aftroncmie, a pris la peine de 
chercher ces obfervations dans les Regiftres originaux; il m'a 
communiqué même celles du P. Bonfa, faites à Avignon; 
je les ai calculées, & je n’ai rien pu trouver de concluant: 
il faut qu'il y ait eu beaucoup de taches dans ce temps-là, & 
je n'ai pu diftinguer celle dont M. Caflini s’étoit fervi; j'a 
lieu de croire que ce n’étoit pas une des plus grofles, & dès- 
lors elle ne peut guère fervir à appuyer des conclufions 
générales pour la durée de Ia rotation. 

Dans les anciens Mémoires de l'Académie, tome X°, page 
708, on trouve cinq obfervations de M. de la Hire, faites 
vers ce temps-là, & toujours à midi. 


ANNÉE A RE RTE AE UE LONGIT, | LONGIT. 
e e 


1686. PASSAGES. DÉCLINAISON. héliocentrique folaire. 


Avril. 23 | of 8 30"0r. | 1 3” au Nord, & 1447 
28 | ©. 7. 12 oc, |‘7. o au Midi. 8. 14, 40 
29%|N'on 9.13 7e 58 8. 27. 11 
30 | © 11. o 9 o ‘ 9+ 12. 2 

Maïs 1 | 0 12.18 9. so 10e 2e 27 


Ceite tache ayant la même déclinaifon que celle de 1713; 
obfervée par M. de flfle, j'ai voulu les comparer, & j'ai 


D MIS TS ICLE Nt CES 40% 
trouvé trois cents quatre-vingt-neuf rotations de 2 si 10h s/; 
il faudroit fuppofer une heure & demie de plus pour trouver 
. une révolution de moins dans cet intervalle : la période de 
M. Caflini ne fatisfait point du tout à cet intervalle ; elle 
donne trois cents quatre-vingt-fix rotations & trente-fept 
centièmes ; ainfi il y a un tiers de révolution de‘trop, ce 
qui augmenteroit d'une demi-heure chaque période. 
«+ Cette tache n'eft pas celle qui fervit à M. Caffini pour 
déterminer la période des retours 27) 1220’, puifqu'elle 
devroit avoir 10 degrés + de déclinaifon, & pañler par le 
milieu du Soleil, le 23 Avril au matin; mais il paroit qu’elle 
étoit bien peu confidérable. S'il y a donc quelque chofe de 
probable à cet égard, c’eft la détermination que j'ai donnée 
dans mon premier Mémoire, fondée fur plufieurs apparitions 
d’une très-grofle tache au même point du globe folaire, & que 
Yon verra confirmée encore ci-après par les obfervations du 
mois de Juin 1778, & par d’autres taches de 1777 & 1779. 
Dans l'Hiftoire de l’Académie de 1707, page 117, il eft 
parlé de deux taches obfervées en 1705 & 1707, qui avoient 
12 à 13 degrés de déclinaifon boréale: les obfervations n’y 
font pas rapportées, mais on y voit que la première avoit 
pañlé par le milieu du Soleil, le 1 1 Avril 170$ à 20 heures, 
& la fecondele 30 Novembre 1707 à 7 heures: l'intervalle 
eft de 962i46", qui, divifé par 35, donne pour chaque 
régolution fynodique 27i 1 1P 58’; c'eft 23 minutes de moins 
que fuivant M. Caffini ; il faudroit donc qu'il y eût 1 3 heures 
d'erreur dans un des pañlages par le milieu du Soleil, ce qui 
ne peut pas fe préfumer: ainfi cet intervalle ne fatisfait pas à 
la période de 27i 1221", mais la mienne y répond encore 
moins. 
_ Le 8 Janvier 1750, il y avoit fur le Soleil cinq taches, 
dont M. Garipuy, Correfpondant de l’Académie, à Touloufe, 
détermina la pofition, à caufe de l'éclipfe du Soleil de ce 
jour-là / Mémoires préfentés, tome I, page 336); la feconde 
étoit la plus grofle, & la quatrième la plus petite. Voici les 
obfervations avec le calcul que j'en ai fait; les diftances ont 


Eee ï 
À. 


404 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


été mefurées parallèlement à l'Équateur , & dans le fens 
perpendiculaire à l'Equateur. 


ANNÉE DISTANCES | DISTANCES: 
au bord au bord |LONGITUDE. CE 
17 50+ | occiDENTAL. | AUSTR AL olaIre. 


DÉCLINAIS. 


eme 


. [ZA 
Janvier. 


HA 4f 284 9 | 2od ç1’ A, 
Ide Se 4. 26, 21, re belle tache. 


14 5: 4 O0. F3, . 9 


8 

8 

8 . so. |-13. 19. POLE DALLE ASE 
8 
8 18. 45. 1.228008 + 1318, 


La feconde tache paroït avoir Ia même déclinaifon que celle 
qui fut obfervée aux mois de Juin & Juillet 1684, & 
dont j'ai rapporté les calculs dans mon premier Mémoire; 
mais l'intervalle de temps eft trop grand pour qu'on en puifle 
tirer des conclufions, faute d'obfervations intermédiaires; d’ail- 
leurs, des taches qui n’ont été obfervées qu’une fois, ne font 
pas les plus propres à infpirer de la confiance dans les rélultats, 

En 1752, étant à Berlin à Foccafion de Îa parallaxe de 
la Lune, avec le quart-de-cercle mural de M. le Monnier, 
qui a cinq pieds de rayon, je ne négligeois aucune des 
obfervations qui fe préfentoient à faire : j'eus occafion de 
voir plufieurs taches, fur-tout celle du mois de Juillet que 
j'ai employée avec fuccès à déterminer la rotation du Soleil. 
Voici le détail des obfervations que je n’avois pas rapportées 
dans mon premier Mémoire, en y joignant les obfervations 
de deux autres taches. La lunette du quart-de-cercle porte un 
vernier qui donne 15 fecondes, mais avec lequel on diftingue 
facilement trois fecondes, comme on peut en juger par l'accord 
des hauteurs méridiennes que j'ai rapportées dans nos Mémoires 
de 1751; ce neft pas qu'il n'y ait des erreurs plus grandes 
dans les divifions, mais elles ne font pas dans l'efpace de 
quelques minutes; ainfr les diflérences des hauteurs méridiennes 
ou des déclinaifons entre les taches & les bords du Soleil , 
font exactes à 3 ou 4 fecondes près, 


_ 


DES SCIENcESs. 405 


A NN E|PIFFÉRENCE DIFFÉRENCE LONGIT. |[DÉCLIN. 
ae 
1752: | PassAGcEs. | DécLiNAIson. 


héliocentrique, folaire. 


10* au bord fup. 234 10° 
0. + 19» 53 


13 au2. bord. |23. 49 au bord fup. + 22. 45 
66 20. 16, CHMHENS 
82+ - 29 21-57 


6 au 2° bord. + 49e RS FN 0 


7 
14 
68 


En 1767, M. Darquier, Correfpondant de l’Académie, 
à Toulcafe, obferva le 30 Janvier une belle tache, comme 
on le voit à la page 128 Le - Obfervations imprimées; fa 
longitude fe trouve de 3° 19414’, & fa déclinaifon folairé 
de 20° 7" auftrale. 

La même année j'ai obfervé quelques taches ; il ÿ en 4 
une dont j'ai rapporté les obfervations dans mon premier 
Mémoire. Voici le détail d'une autre. 


héliocentrique, |  folaire. 


Avril... 17] 41” au 1. bord|r1’ 18”au bord fup.|  7f 124 35° | 208 4 B. 
7- 22, 29 | 19-47 


Celle du mois de Juin de la même année, obfervée avec 
foin par le P. Fixlmillner , fe trouve dans fon excellent 
pures intitulé Decenvium Affronomicum ; Styræ, 1776 


406 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
in-g , page 23 ; fa déclinaifon folaire étoit de 25440” 
boréale. Le 7 Juin à 2142', au Méridien de Paris, la longi- 
tude héliocentrique de cette tache étoit de 8! 16152, & fa 
latitude boréale 261 20’. | 
En 1768, M. Meflier a obfervé trois taches pendant 
plufieurs jours ; j'en aï calcuk vingt-une obfervations : 
J'avois d’abord intention de les employer à la recherche de 
Vinclinaifon & du nœud, mais elles n'étoient pas aflez d'accord 
entr'elles pour cet objet ; je vais les rapporter pour fervir au 


moins à les comparer avec d'autres taches à pareilles décli=. 


naifons. 

La feconde, qui a 2$ degrés de déclinaifon auftrale, 
m'a déjà fervi à confirmer ma détermination de la durée de 
la rotation folaire , comme je lai dit dans mon premier 
Mémoire, en la comparant avec celle du mois de Juin 1777, 
dont on trouvera les obfervations ci-après /page 410 ). 

Le 4 Mars 1768 , quelques minutes après midi, cette 
tache avoit 627446 de longitude héliocentrique, fuivant 
l'obfervation de M. Meffier , faite avec un ancien télefcope 
Newtonien, dont M. de f'Ifle s'étoit fervi long-temps pour 
ces fortes d’obfervations. Le $ Juin 1777, la tache obfervée 
auffi par M. Meflier, pafla au fil horaire de fa lunette achro- 
matique, 1” 55"+ après le bord du Soleil, à 19" $8"+ du 
bord fupérieur ou du bord boréal du Soleil, ce qui me donne 
pour fa longitude héliocentrique 7! 04 6". 

Ces deux longitudes n'étant différentes que de 24 20' feu- 
lement, la réduétion à l'équateur folaire étoit inutile à confi- 


dérer, & j'ai comparé les longitudes feulement ; la différence 


de 2d20/ répond à 4 heures, fuivant la Table du mouve- 


ment des taches que j'ai donnée dansles Mémoires de 1776, 
page So3; il faut donc Ôter 4 heures de l'intervalle, entre 
le 4 Mars 1768 & le 5 Juin 1777, qui eft de 3380 jours, 
& l’on aura 3370,8 3 intervalle de temps qui répond à cent 
trente-trois révolutions, dont chacune feroit de 2 si oh 54; 
tel eft le fondement du réfultat que j'avois annoncé avant 
que de rapporter les obfervations qui me lavoient fourni 


(Mémoires de l'Académie, 1776, page 500 }. | 


DES SCIENCES. 407 


E DIFFÉRENCE 
de 
PASSAGES. 


5 au 1° bord 0'' au bord fup. 274 41” | r9d 36’ A. 
43 % AT 13 20, 54 
33 su z 2 OC SE RO F4 
24 À 37 ir. 18 | 21. 55 
20 + 42 e 26. 431 22. , 6 
19 . 16 . 49 | 22. 22 


66 au 1,°° bord 27 au bord fup. . 18, 25. 25 
s4 . 47 AE 25+ 30 
41 + 18 m7. 25° 28 
35 .2$ » 27° 26. 23 
29 + 34 + 10. 26. 
25 .29 * Res 25. 
23 — ° 12 . . 27 


16. 
16, 
15° 
16. 
16. 
16, 
15. 
15. 


68 
54 
43% 
29 
18 + 


10 


ON Qu: W bp m 
PIN OS a% 


Le jour de l’éclipfe de Soleil qu'il y euten 1769, M. Meffier 
obferva les immerfions de plufieurs taches ; & pour rendre 
ces obfervations plus utiles , il détermina les pofitions des 
taches , en obfervant deux jours de fuite, leurs différences 
d’afcenfion droite & de déclinaifon, par le moyen d’un micro- 
mêtre *, Voici les oblervations & le calcul que j'en aï fait 
en commençant par les taches les plus boréales. 


————— 


* C’eft par erreur qu’on lit dans ce volume, pañlages au fil vertical, &s 
différences de hauteurs. 


408 MÉMoirEs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ANNÉE PSS HR or LONGIT. [DÉCLIN. 
#7 € € 


héliocentrique, folaire. 
1769. PASSAGES. | DÉCLINAISON. 1 


Juin... 13, À 


à roï2 mat.| o9’dur."bord|13" x” aubord B.| 1of 144 2 


3 . 17 . 29» 4 


26 du 2.4 bord . 10 
3.6 AS 


du :.°° bord 


du 2.4 bord 
53 


#7 
62 


16 


11 du pet bord 


23 du 2.4 bord 


M. Darquier obferva une belle tache le 6 Juin 1773 ; Ia 
déclinaifon étoit égale à celle du Soleil, & elle étoit 8’ 41" 
à gauche du centre : j'en ai conclu fa longitude 715435’, 


& {a déclinaifon folaire 64 58’ auftrale. 


La tache que j'obfervai depuis fe 13 jufqu'au 23 Juin 
1775, & qui n'a fervi à déterminer les pôles de la rotation 
(Mémoires de l'Académie, année 1776, page 404) reparut 
le 10 Juillet, mais extrémement foible. Voici les obferva- 
tions qu'en fit M. Mefier, & le calcul que j'en ai fait, en 
fuppofant 81 174 pour le nœud, & 74 209' pour l'inclinaifon. 


ANNÉE 


DES SCIENCES. 409 


ANNÉE DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE LONGIT. |DÉCBIN. 
de de 


PASSAGES. | DÉCLINAISONS. 


héliocentrique, folaire, 


5130 
23 18. 4r 8, 5$° 43 S- 10 
361 18, 30 ” 8. 19. 59 | 6. 36 


"rs 


1 52 au bordor,| 18’ 14”!aubordB.| 7f 264 12" 


Au mois de Juillet 1775, j'obfervai avec foin une autre 
tache, dans l'intention d’en conclure le lieu du nœud, mais 
je ne pus avoir aflez d’obfervations exaétes pour remplir cet 
objet; voici feulement les quatre obfervations que je fis, & 
que je ne pus accorder par aucune hypothèfe vraifemblable 
für l'inclinaifon & 1e nœud. Les déclinaifons folaires fuppofent 
8!25118’ pour le nœud, & 7430’ pour l'inclinaifon. 


ANNÉE rie lo ER at) LONGIT. |[DÉCLIN: 
€ € 
1775+ | Passaces. | DécriNAIsoNs. 


héliocentrique. |  folaire. 


Juillet. 19 | ro”au bord or,| 14° 54” au bord B.| 7f 284 46° | od 5’ B. 
20 14 4 8. 11. 10 8. 53 
14e 51 8. 25. 47 | 9. 44 
14e 4 É ge 7e 56 | ro. 17 


forme de tache double; elle avoit 28 degrés + de déclinaifon 
folaire auftrale : il trouve pour fa révolution 25i13" 56, ce 
qui approche beaucoup-de celle que M. Caffini avoit trouvée. 

- Deux autres taches obfervées au mois d’Août & au mois 
de Septembre, à 1 9 degrés de déclinaifon auflrale , lui donnent 
25)13"11". 

Dans la dernière obfervation, je trouve que chaque feconde 
dans la différence de déclinaifon obfervée change de 1 1 minutes 

 Mém, 1778, Fff 


410 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


la déclinaifon folaire, ce qui fait voir combien il faudroit de 
précifion dans ces obfervations pour pouvoir en déduire le 
lieu du nœud & finclinaifon. 

En 1777, M. Meflier obferva depuis le 2 jufqu'au 14 
Juin, une tache qui a fervi à M. Charles, habile Profefleur 
de Mathématiques, pour calculer la pofition de l'axe du Soleil, 
par une méthode qui lui eft particulière, & qui a eu l'appro- 
bation de l'Académie, mais qu'il n'a pas encore publiée. Je 
vais rapporter les douze obfervations, & j'y ajouterai celles 
de quatre autres taches obfervées vers le même temps. ! 
PU SR SU Pi | ( 

ANNÉ E|DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE|) ;ONGIT. [DÉCLIN. 


de de 7. : : 
AATTE Passages. | Décunaisons. | Péliocentrique. | fofaire, 
Juin... 2 2” au 2. bord|18’ 26” au bord B.| 5! 224 487 | 244 5’A. 
3 6 + 18. 47 6 5. 57 | 24. 24 
s | 23 19» 58 + 7e 219 | 25- 2 
6 32 20, 31 7e 13e 21 24e 41 
7 | 475% 2120315 7: 29-29 | ZS+ 17 
8 | 6z 22 LA 8. 13.151 | 24154 
9 | 62 au 1" bord|22. so 8. 27. 42 | 24. 30 
10 | 49 25585 DS ES 4 AO 
1 | 36 + 23. 58 9. 26. 17 | 24, 19 
12 26 24, 11 10. 10, 29 234 32 
53 | 18 24. 27 110. 25-2508 ET 
14 | 13 24%, 20 Le +19 34022. 058 
1 3 au 1." bord 
$ 8 


13 5 +au 2. bord 


19 | sr + 


: 

La première tache obfervée douze fois, a une déclinaifon 
folaire qui diffère peu de celle de la feconde tache du mois 
de Mars 1768, dont on a vu les obfervations ci-deflus : ïf 
paroïît que c’eft la même qui à reparu après cent trente-trois 
révolutions, chacune de 25ioP s4', ce qui s'accorde avec 


mon réfultat de 2 si 10" {Mém, de l'Acad, 1776, p.496). 


} DES ScrENCESs 4ari 

M. Fixlmillner obferva depuis le 19 jufqu'au 28 Juin, 
à Cremfmunfter, unetache à 21 degrés de déclinaifon folaire 
auftrale, Le 24 Juin à 4 2°, elle avoit 9! 94 de longitude: 
il lobferva encore à fon retour au mois de Juillet; & le 
x8 à 3°39", elle avoit 81 161 de longitude. Enfin, dans 
une troifième apparition, le 1$ Août à 4? 21”, elle étoit 
à 9! 1914. La comparailon de plufieurs obfervations à chaque 
période, lui donne 2 si 1 5" 29" pour la durée de la rotation 
lolaire, ce qui furpafle de $ heures ? celle que j'ai trouvée. 

Au mois de Juillet 1777, il obferva quatre autres taches; 
les premières étoient à 22 & à 24 degrés de déclinaifon 
auftrale : il les revit au mois de Juillet fuivant, mais cette 
feconde apparition fui donne pour la durée de la rotation 
25i21"7 par la première tache, & 2 si 6" 43/ par la feconde. 

Une troifième tache obfervée au mois de Juillet & au 
mois d'Août, à 23 degrés de déclinaifon boréale, donne 
2515" 53" 

Enfin fa quatrième , à 19 degrés de déclinaifon auftrale, 
Jui donne 2 si 19" 34. 

Ces différences font voir que les intervalles font trop courts, 
ou que les taches avoient trop changé de forme , pour 
pouvoir être obfervées. Au refle, M. Fiximillner publiera 
lui-même le détail de fes Obfervations, & des conféquences 
qu'il en a tirées. 

_ Au mois de Juillet 1777, M. Meflier obferva une autre 
tache plus boréale qu'aucune de celles qui précèdent : en 
voici trois obfervations que j'ai calculées. 


ANNÉE|DIFFÉRENCE| DIFFÉRENCE]| LONGIT, | DÉCLIN, 
de de 


IT PASSAGES. | DÉCLINAISONS. 


héliocentrique. folaire. 


Juillet.. 28 G'Eaur “bord! 10° 22” au bord B. 7f 244 7 | 3oû 29! B: 
SL) 10. 19 g+ 5-26 | 31.19 

Aoùût., 3 | Got 9. 9 10,-131$4 | 3119 

122 2 AHENELEERE VELO SPRL RCE ER CO PET RE EURE MERE ES ES 


Fff ij 


412 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Au refte, M. Mefier a obfervé beaucoup d’autres taches 
depuis quelque temps, &ilen publiera lui-même les détails. + 

Je rapportai dans mon premier Mémoire, page 407, des 
obfervations qui me fervirent à déterminer la durée de Îa 
rotation folaire; elles avoient été faites depuis le $ jufqu'au 
12 Mai 1778 , & je les comparai avec des obfervations 
antérieures de la même tache , mais je ne parlai point de 
fon retour à la fin de Mai ; elle avoit reparu cependant plus 
petite à a vérité que dans fon apparition précédente : je 
obfervai le.30 Mai, comme on l'annonça dans le Journal 
de Paris du 1.” Juin; je la vis encore les jours fuivans, & 
voici les obfervations , quoiqu'elles ne foient pas des plus 
exactes , parce que je nai pu les faire qu'avec un petis 
inftrument. 


ANNÉ FEIDIFFÉRENCE DIFFÉRENCE| LONGIT. | DÉCLIN. 
de de 


! : héliocentrique. folaire. 
1778: | passaces. | DéczinAisons. 4 


Mai 30, midi| 25” du-z.4 bord| 8° 41” du bord B,|  6f 21415’ 
3 5 4 j 


37 9. +0 Ta O2 
Hunt. 1 : 10. 36 + 19. 18 
2 11, 55 MEET 
s | >42du r*bord' 14, 33 7 
6 


; 
22 15: 12 * ZÜs 11 


L'obfervation du 1% Juin m'a paru Ja PE exacte ; elle 
donne pour l'afcenfion droite folaire 7° 17° d'39" : cette obfer- 
vation, comparée avec celle du $ Maï, où l'afcenfion droite 
folaire étoit de 625448’, donne pour la durée de la rota- 
tion 25) 10" 54’; l'obfervation du 31 Maï, comparée avec 
celle du 8, donne 14 heures; celle du 11 Mai avec celle 
du 1° sgh donne x heure + Cine le milieu eft 2 siot; 
ce qui s'accorde avec ma période, ditarei que le comporte 
un intervalle fi court. Mais la même tache reparut au mois 
de Novembre 1778, comme je l'ai dit dans mon premier 


DE S C1 E N° ES 41% 
Mémoire , & dans le Journal de Paris du 24 Novembre, 
& elle a confirmé Ja durée dé la rotation, que j'avois fixée 
à 25j 10h, 

Le 1.® Août 1778 il y avoit plufieurs taches fur le Soleil, 
la plus groffe & la plus terminée précédoit de 42 fecondes 
le deuxième bord du Soleil , & étoit à 11/37" du bord 
boréal ; ainfi elle avoit 9! 2 11 28" de longitude, & 244 33" 
de déclinaifon boréale, à midi. 

Le $ Août à o heures du matin, elle précédoit de 42 
fecondes ? le premier bord, & étoit à 8’ $7” du bord bortal; 
longitude 111134 $0'; déclinaïfon 254 14 boréale. : 

Il y avoit dans Îe même temps une aflez belle tache du 
côté du Midi, dont voici trois obfervations. 


a NN É EIPIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE]| LONGIT. [DÉCLIN 
de de 
PASSA:GEs. | DÉCLINAISONS. 


héliocentrique. folaire. 


1778. 


NAo Ô T. 
Ls à oh mat.|1’ 29”au1.hord| 6! 18/au bord A. 9f 84, 3’ | 254 so’ A.) 
Gus 9+ o..5æau 2 bord|25. 30 au bord B. 9. 19. 20 | 28. 23 
L7…. midi |r. 7 | 6. $3 au bord A. 10. 4. 56 | 27. 34 


CRC CC 


Le r9 Août, parmi plufieurs taches qu’il ÿavoit furle Soleit, 
on en remarquoit au Midi une belle à deux noyaux, environnée 
d’une grande nébulofité; ces taches à deux noyaux paroiffent 
affez fouvent : j'étois curieux de favoir fi elles avoient une 
place fixe ; mais il n'y en a pas encore eu à une fi grande 
déclinaifon que la fuivante. Je fis ces..obfervations avec une 
lunette de neuf pieds, garnie d’un excellent micromètre. 

A la fin d’Aoùût, il y avoit huit ou dix taches fur le Soleil, 
mais elles n'étoient pas affez remarquables pour qu'on put 
elpérer de les voir revenir, & je ne continuai pas pour lors: 
ces obfervations. 


414 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


s Pr j 
€ € 
1770. PASSAGES, | DÉCLINAISONS, 


maman ce 


héliocentrique.|  folaire, 


AOÛT 
19à7h£ mat.| 49"au 2° bord|24 so"au bord B.| 9f 284 $o’| 214 8!A. 
21.82 s4+au1."bord|22. 49 10.28. 6 | 20. 58 
22. midi 40 10.23 au bord A,| 11. 14. 49 | 20, 52 


Vers le même temps, M. Méchain , Aftronome du Dépôt 
de la Marine, ayant chez lui une bonne lunette achroma- 
tique de M. de Létang , qui porte un micromètre, avec 
d’autres inflrumens, que lui avoit confiés M. le Duc d’Ayen, 
s'en eft fervi pour obferver plufieurs taches du Soleil, que 
J'ai calculées : chaque différence d’afcenfion droite eft le 
milieu entre plufieurs obfervations du même jour. 


LS 7 
ANNÉE DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE| LONGIT. |[DÉCLIN: 


de de héliocentrique. folaire. 
1778. PASSAGES. | DÉCLINAISONS. 
es: EL nent 
AOÛT 
17 à gbmat.| s3"#+apr.lecent.| 16° 21”: dubordB.| . 9f où o*| 15431" B. 
18..,.8, si" À 43,2 15e 56+ 9 15e 25 15° 50 
20... 8. $ | 18+ 14.36 10. 13e. 9 | 15053 
2loee 7. 47 ( 13. 37 10. 26, 17 | 16. 7 
22400 LUS 8 avant 12, 32 IT. 10. 13 16. 3 
23 8. 23 | 19,8 11. 11 11: 23. 29 | 16. 57 
24-1822 Nu 10 0., 7n124 16. 45 
25. 8. 42 | 404 8. 37 0. 21. 42 17. 46 
MONDE NUS re se ementrie ler ele etes cest 16. 37 


Cette tache a foufert des altérations confidérables pendant 
la durée de fon apparition, & fembloit s'être rapprochée 
d'une autre tache voifine, dont voici les obfervations, aïnfr 
que de deux autres obfervées de même par M. Méchain, pen- 
dant quatre jours chacune, & de trois autres obfervées par moi. 


DES SCIENCES. 4r$ 


de de 
PASSAGES, | DÉCLINAISONS, 


héliocentrique, | folaire, 


40/% apr, lecent. 18° 19” du bord B.| 9° 164 14’ 7l15s"B. 
26 + 17 36 10. 2, 7 7.15 

12 + 16. 45 10. 16. 27 7. DC 

1 +av.lecent.|15. 35 1e) Te | © 7 24 
16 1418 11. 15. 36 7° 35 
29 + 12, 55 11 28.4 7: 55 
40: + 11. 30 ox F5. 2 8. 29 


ap. le cent. 


35 

28 
9 

17 


= vi veste 


ay. le cent. 


46 +ap. le cent. 24 
37: 24» 25 
FAADE 

+ z6,_o 


20. 27 À, 


25:17 dubord B.| rr. 3. 8 | 30.-4 
33 du r.‘‘bord|22.150 o. 0 56 | 28.38 


57 du 2.° bord|14. 2821 10.20. 47 | 22.25 


Cette dernière étoit une tache longue & remarquable, 

ui étoit entrée à la fin d’Aoùût. Celle que j'ai obfervée le 

1.” & le 3 étoit ronde, bien terminée ; avec une large 
nébulofité. 

La première des trois taches fuivantes eft une très-belle 
tache obfervée par M. Méchain & par moi : les obferva- 
tions du 19 Septembre font doubles dans les trois taches 
fuivantes, parce que ce jour-là je les obfervai, ainf que 
M. Méchain. Dans les obfervations du 20 & du 23, M. 
Méchain a oublié de marquer l'heure, mais on peut fuppoler 
que c'eft vers les 9 heures du matin. 


416 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


ANNÉE DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE]| LONGIT. |[DÉCLIN. 
de de 
PASsAGESs. | DÉCIINAISONS. 


MILIEU, 


folaire, 


héliocentrique. 


1778. 


SEPTEMBRE 
18 2 7 46’ 
19.. 8 52 


19.. 10, 10 


5’ 26” du bord A. 
6. 28 

25. 34 du bord B. 
7. 33 du bord A. 
19. S7 du bord B. 


20"—+ap. le cent. 


11 


# 
53 +au 2.“bord 
o +av.le cent. 


36 


20 


25 


6. 34 du bord À, 
25.34 du bord B. 
du bord A. 


37 = 
27 au 2.° bord 


28 +ap. le cent. 


19.. 8. 52 


19., 10, 10 


20 


19.. 8. 52] 8avantlecent.| 14. 38 du bord B. 

19.. to. 10] 722: du2.bord|17. 43 du bord À. 

20 19 avantle cent.| 13 du bord B. 
8 


23 48 + 


La füivante eft une très-belle tache que j'ai obfervée fix 
fois avec mon micromètre adapté à une lunette de neuf pieds; 
elle a bien {a même déclinaifon que celle du 1.” Août, mais 
elle retarde de deux jours; ainfi ce ne peut être la même, 
Elle eft füivie de trois autres taches: il y a d’abord quatre 
obfervations fur deux taches affez remarquables, enfuite une 
feule obfervation fur une tache extrémement méridionale, 
mais mal terminée, & qui faifoit l'extrémité d'un long amas 
dans cette partie méridionale , où elles étoient en général mal 
terminées ; il eft rare de voir des taches à une fi grande diftance 
de l'équateur du Soleil, comme l'avoit déjà remarqué Galilée 
(Voyez ci-deflus, page 397). Je n'en vois pas la raïfons 
mais cela même eft un motif fuffant pour obferver fpécia- 
1ement les taches qui ont une grande déclinaifon folaire;, afin 
de parvenir à connoître s'il y a réellement une règle à cet 
égard. On verra ci-après une tache à 40 degrés de décli= 
mailon , page 427, 


ANNÉE 


H HisnSretr.E NN € E & 417 


ANNÉE DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE LONGIT. |DÉCLIN. 


de de MILIEU. 


héliocentrique. | folaire, 
2 773: PASSAGES. DÉCLINAISON, PE LS ro 
SEPTEMBRE 
3oä1ob15m.| $”du 2 bord|rs’ 7” du bord A.| 10f 44 16/| 234 56 B. 
OCTOBRE 
CARE OMC RUES 152$ 10, 14, S1 22° $5 23d 6, 
. 10," Oo! 19 16, 14 10. 27 4 23» 39 
HNRUUE ACIER 18. 21 Toto Er DRE: 
+ 10. 52 + 19° 45 0. 10. 44 | 21:59 
86 + 24e 7 LL CRE. 2303 
9 +du 1 “bord 18. 38 2. 18. 48 10, 13 À, 
5 19. 27 3e 1. 10, 30 
25 +duz2bord|12. 21 USE 2 8.13 B. 
J#9,130 | 38 13° 41 NN 26050 8,21 
46 + 3° 34 11. 19. 32 | 31.24 À, 
DEEE RP ETAPE CREME CPP ESPN 2 LP RE ON DE SE LEE NU 


Je n'avois pas encore vu de tache auf éloignée de l'Équa- 
teur folaires, que la dernière du 27 Oétobre, & je ne l'ai 
placée ici que par cette raifon; mais au mois de Juillet 1780, 
il en a paru une à 40 degrés de déclinaïfon folaire boréale. 

Au mois de Novembre, M. Méchain a obfervé deux belles 
taches ; l’une étoit la même que celle du mois de Mai & du 
mois de Juin, dont j'ai parlé ci-deflus ; les obfervations du 
mois de Novembre font dans mon premier Mémoire; l’autre 
étoit un peu moindre : voici les obfervations de celle-ci. 


ANNÉE. |DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE| LONGIT. |[BÉCLIN, 

de de Ë 
1778. PASSAGES, DÉCLINAISON. 
2 ST SEE 
NOVEMBRE 
7à oh37'f.| 35"+ap.lecent.| 7 47”:dubordA, 


MILIEU. 


béliocentrique, folaire. 


8, lo. $m.| 25 + 8. so 
11. 9-28 13 +av.lecent.|12. 35 
13+ 933 40 + 17: 45 


Mém. 1778, G£g 


418 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 


La première des deux fuivantes reffembloit à celle qui 
précède; mais elle a reparu trois jours plus tôt que la précé- 
dente n’auroit dû revenir. 


ANNÉE [DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE]) LONGIT. |[DÉCLIN: 
de de 
1778. PASSAGES. | DÉCLINAISON. 
| en 
DÉCEMBRE 
ah o’f.|108”au 1“'bord| 9’ 2”au bord A.| 1f od 45’ | 15450/A, 
12 à 9.5om.| 21—+ap.lecent.|12, 33 au bord B.| 2. 3. 18 | 16.25 B: 


héliocentrique, |  folaire, 


Au mois de Janvier 1779 , M. le Fevre, qui s'occupe 
depuis long-temps & avec mean de l'Aftronomie, a obfervé 
quatre RE , dans mon Obfervatoire du Collége royal, avec 
un fextant de 4 pieds de rayon placé dans le Méridien , 
& il en a fait lui-même le calcul. 


ANNÉEIDIFFÉRENCE DIFFÉRENCE| LONGIT. |[DÉCLIN. 
de de héliocentri cd folaire 
79% PASSAGES. | DÉCLINAISON. FN | 


= 


Janvier 7 19”,5,2.-bord| 10’ 57” du bord B,| 11254 48 | 164 9° B 
8 31 10. 42 2. 9. 38 | 16. 19 
9 435 10. 33 2. 22, 40 16. 7 
10 58,5 10. 43 Er DMC ME 
11 36,5, 1 bord|rr. 37 4 20. 17 TS 25 


12 |1.49, 1" bord|18. 37 


2. 19. 41 13, 25 À 
13 |1.36,5$ 35 3. 00. 57 13. 11 
14 |1.21,$ 3e 46. 23 13: 44 
nya lire 6 4+ O0. 10 13: 29 


| —"—"—"— 
——_———…—…— rs + || ————— 


16 |r. 37,5, 1.<'bord 
18 |r. 9,5 
19 |o. 55 


DIEUSILSRGHE, N° CE Si 419 

Voici encore trois belles taches obfervées par M. d'Agelet, 
dans fon Oblfervatoire de l'Ecole Militaire, avec le grand quart- 
de-cercle mural de 7 pieds + de rayon, au moment de midi. 


- - 
ANNÉ E|DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE| LONGIT. |[DÉCLIN. 


de de héliocentrique. folaire. 
PASSAGES. DÉCLINAISON. 

0 9”, 2< bord|16* 19” bord fupér.| 37 18° 31"| 234 42’ A. 
26 17. 15 + 14e 31 23 19 
48° 19. 42 Se 10.42 | z2$-. o 

1,11, 1. bordizo. 44 & $> 22. 8 24.050 

0. 48 + 23+ 10 Ge 17-131 244100) 


“l- 


o. $+,1."bord}14 58 | Béisshsomleazsusu-B. 


o. 93,1." bord|13. 43 7e 26, 18 25° 15 


M. Méchain a obfervé la même année, plufieurs belles 
taches, dont j'ai fait le calcul : 1e 1.” Juillet il y en avoit 
une autre fort belle, qui pañloit 43 fecondes avant le centre 
du Soleil, & à 10/9" du bord auftral, 


ANNEE DIFFÉRENCE DIFFÉRENCE LONGIT. [DÉCLIN 


de de 


L héliocentrique. folaire. 
1779: | PassAGes. | DÉCLINAISON. R 


Juin 
25 à 7h34/m.|0’26"2, 2€ bord| ii’ 16”2bordinfr.| 7f 234 17° | 18431'A, 


28..9. o |o. o +av.lecent, ge + 48 | 17. 56 
JUILLET 

1..8.16 |o.42+ 105,20, 1,| 18. 37 
SEPTEMBRE 

29.. 8.39 |1.13,1 2.° bord! 20. 54,3 bord fup.| oo. 6.28 | 12.32 
30..8.29 |1.25,7 19: 14,5 0. 20, 55 12, 11 
OCTOBRE 

2.. 8.41 |o-20,2,1"bord|15. $$,7 1 01022 REA 
de 0, 7 322$ 2. 15. 14 | 10. 58 


420 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Tache Au mois de Mai 1779, j'ai obfervé une belle tache qui 
Bts de Se me paroît avoir duré jufqu'au mois de Novembre, du moins 
mois. les déclinaifons font peu différentes, & les intervalles des 


retours font à très-peu près proportionnels; les obfervations 
du mois de Juillet ont été faites & calculées par M. Lefevre, 
dans mon Obfervatoire du Collége royal: on la voyoit fans 
lunette; elle avoit 32 fecondes de diamètre; & la nébulo- 
Hé o * 


ANNÉETEMPS DIFFÉRENCE|DIFFÉRENCE|ASCENS.IDÉCLIN. 
de de 


MOYEN. { 
PASSAGES. DÉCLINAISON. 


8h 56 mat.| 1” 10 bord or. [21° G”aubord A.| 7f184 58° | 164 3° B. 


10. 0 0. 24,5 Mas 6. 28. 33 | 14 23 

9. o 0.44 21, $ 7e 22 33 14 51 

HUE 0.36 bordocc. |18. 31 ge 18, 53 | 15. 32 

Juillet, . o. A4foir. |o.22 bord or, |12. 6 712715 EIRE 0) 
8 o. $ bo 12.141 € 9. 10. 28 | 14. 39 

9 o S$ 1. o bordaocc, |12. 38 9e 24 06 | 14. 51 

10 ue. 415 Ox 46,5 TENUE ro: NO 14 58 

11 OS 0. 33,5 PAPNNOIES 10, 20. 53 TS 7 

12 0. 5 0. 22 11,55 11, 4. 56 | 15. 23 


Cette tache qui avoit une fort grande nébulofité, la con- 

fervoit encore très-fenfiblement des deux côtés le 14 Juillet 

à 9 heures du matin, étant à so fecondes feulement du bord 

du Soleil. Le 1 5, elle n'étoit qu'à peu de fecondes du bord, 

& je diftinguois encore la nébulofité dans la partie tournée 

du côté du centre du Soleil, avec ma lunette achromatique. 

J'ai fait la même obfervation les 13 & 14 Juillet 1780, 

fur une très-belle tache qui approchoit du bord, ce qui eft 

Réfutation  pofitivement contre Île fyftème de M. Willon, que j'ai déjà 

4e M. Wilon. réfuté dans les Mémoires de l'Académie, 1776, pages 508 
La Juivantes, 


# Voyez Je Journal de Paris, du 12 Juillet 1779. 


pieisi) Si c'E1 E WcE 421 

M. Kratzeïinftein, dans les Mémoires de Copenhague pour 
1778, rapporte aufii des obfervations qui lui paroiflent 
prouver que les taches du Soleil font des cavités; mais il 
croit auf avoir diflingué de larges éminences fur la fur- 
face brillante du Soleil, diflinguées par une foible ombre, 
£phémérides de Berlin, 1780, page 187. M. Bernoulli, 
Nouvelles Littéraires, $. cahier, page 22. 

La tache dont on vient de voir les obfervations, fut vue 
encore par M. Méchain, au mois d'Août, car il eft difficile 
de ne pas la regarder comme une feule & même tache; elle 
avoit 40 fecondes de diamètre, & on la voyoit à la vue fimple. 
Ces oblervations font très-exaétes , parce qu'elles ont été 
faites avec une forte lunette chromatique, garnie d’un micro- 
mètre, où chaque feconde eft fenfible, & que les différences 
de paflages ont été obfervées fept à huit fois de fuite. 


ANNÉELr p m p sIPITTÉRENCE|DIFFÉRENCE|ASCENS. 
de de droite folaire 
1779: DAADPENE PASSAGES. | DécLiNAISON. [de la TACHE. 


31 9h 40’ mat.| 7,5 bord or. |15’ 26” au bord B. | 8f 44 6’ 


8. 30 15,0 15. 20 8, 19. 45 
s 9e 21 66,4 13 45 10. 14, 18 
8. 24 12,0 bord @cc. | 9. 36,3 0e 23e 3 


L’exactitude de ces obfervations m'a fait defirer de les 
employer à l'examen de l'inclinaifon & du nœud de l'Équa- 
teur folaire: mais pour accorder les deux premières déclinaifons 
folaires qui diffèrent de 32 minutes, il faudroit diminuer 
trop confidérablement Finclinaifon de l’Équateur folaire ; une 
feconde d'erreur fur la différence de déclinaifon obfervée, ne 
produit que 4 minutes {ur la déclinaifon folaire ; une demi- 
feconde fur la différence des pañlages en temps, ne produifoit 
que 2 minutes dans l'obfervation du 3 1 Juillet : il y a donc 
dieu de croire que s’il ne s’eft pas gliflé dans une de ces deux 
obfervations quelque erreur plus confidérable, la tache aura 
fubi quelque changement dans l'intervalle du 31 Juillet ay 
a.” Août. 


DÉCLIN. 


folaire, 


. 56 B. 
. 28 
. 14 
. 13 


422% MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE 


Au refte, fi l'on prend le milieu entre les deux premières 
déclinaifons, on aura la même chofe que dans es deux der- 
nières obfervations; ainfr, mes déterminations de l'inclinaifon 
& du nœud, fatisfont, autant qu il eft poflible, à ces quatre 
obfervations. 

La nébulofité qui environnoit cette tache, examinée avec 
le fort équipage de la funette de M. Méchain, jui paroïffoit 
avoir autant détendue à l'Orient qu'à l'Occident, lorfque la 
tache étoit tout près du bord, le 1 1 Août; feulement, une 
ou deux petites taches moins avancées vers le bord du Soleil, 
paroifloient manquer de nébulofité du côté du centre, quoi- 
qu’elle fut bien vifible du côté du bord; mais cela ne décide 
rien en faveur de l'hypothèfe de M. Wilfon, puifque la grande 
tache n'offroit point pareille apparence, & parce que M. 
Méchain ne fait point fi les petites n’avoient pas déjà cette 
irrégularité dans leur nébulofité, avant que d'approcher du 
bord du Soleil. 

Cette même tache a apparu Îes mois fuivans; je l’obfervai 
à Bourg en Brefle, & M. Méchain l'a obfervée aufli avec 
foin, à Paris. Je vais employer l'apparition de Septembre 
à chercher la durée de la rotation. 


ANNÉE TEMPS DIFFÉRENCE DIFFÉRENCElASCENS. 


de de droite folaire PE RFA 3 
17790) RESE NP SSAGCES Décuinaison. |de la Tacus.|  flaire 
Août.s. 31 oh 12’ met.| o’ 48 bordor | 15° 53” au bord B.| 10f 234 36 | 124 o B 
SEPtuus 29 8. 27 1. 19 1316 0.114134 lue 058 
39 8. 29 1, 20 + 11. $4 + 0. 27.137 13° 31 
Oleb.. 2 8. 30 0, 28 + b.ac | 8. 43 + 1. 24 20 | 14 34 
4 8. 35 © :6 + 
Nov 1 0. 42 0, 15 Gars CM ONE AA EP 


J'ai réduit les quatre obfervations de la fin de Juillet & 
du commencement d’Août, à une feule, & en prenant un 
milieu, je trouve que la tache avoit rof 144 d’afcenfion droité 
folaire, le 4 Août, à 20h 8/, temps moyen; par les quatre 
oblervations de la fin de Septembre & du commencement 


… 


DES ScIrEeENcEs, 423 


d'Oftobre, je trouve qu'elle avoit 1f20d, le 1. Odobre 

à 10" 40": en comparant ces deux réfultats moyens, dans 

lefquels font fondus huit obfervations très-exactes » jai pour 

la durée d’une rotation, 2 s\9h 56, ce qui s'accorde finguliè- Durée delà 
rement avec la durée que j'avois établie, Afm. IAAOIP A0 7 AH 

J'ai réduit de même les fix obfervations du commence 
ment de Juillet, à une même époque, & elles m'ont donné 
pour le 8 Juillet, à 9" 50’, une afcenfion droite folaire de 
gf1 54; cette pofition, comparée avec celle du 1. Otobre, 
donne pour chaque révolution , 25)9/43", ce qui diffère 
encore bien peu de 2 si 10"; révolution que j'avois trouvée 
par de plus longs intervalles, pages 403,410 Ÿ 413: 

Au mois de Juillet 1780, il a paru une belle tache Tache 
alongée, dans la partie feptentrionale du Soleil, à une décli- Lane 
naïlon de 40 degrés, plus grande qu'aucune de celles qu'on dans 
avoit oblervées. Voici trois oblervations de M. Méchain. 


ANNÉETEMP SIDIFFÉRENCE DIFFÉRENCElASCE A een 


d de de droite folaire : 

MOYEN, A | + 

1780. PassaGEes. | Déciinason. [deja Tacur.l Tire 
mm —————— 
Juillet. s 4h 52" mat.|29",9 au 2.*bord| s' 46" au bord fup.| 7f 12421 | 4od 3° B. 

€) NEIL COQUE: 41,0 6, 16 8. 21. 42 | 40. 25 

DIETO is 50,7 6, 24 9e 4 34 | 40. 15 
12 8. 30 80,5 6. 16 TA sn el alee ARTE 


H a paru auffi dans le mois de Juillet, une belle tache 
double, vifible fans lunette, & qui a fubfifté jufqu'au mois 
d'Août, que M. Méchain a obfervé fon retour. Son atmofphère 
étoit fort vaite ; le 1 3, elle n'étoit pas à 2 minutes du bord du 
Soleil, & l'atmofphère étoit encore fort grande des deux côtés; 
le 14, on diflinguoit à peine un petit filet d'atmofphère des 
deux côtés de la tache, mais il n'y en avoit pas plus d’un côté 
-que de l’autre, ce qui infirme toujours de plus en plus, dans 
mon idée, lhypothèfe de M. Wilfon, dont jai parlé ci- 
. deflus , page 420, 


424 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
TRAT ER SEEN EN de AL A LEE A EE D PE D SE A I NOM SEE RCI SRE 


| ! 
ANNÉEIÎTE M P S|DIFTÉRENCE|DIFFÉRENCE|ASCENS.IDÉCLIN, 


de de droite folaire 


1780. D AUS PASSAGES, DÉCLINAISON. [dela TACHE. er 
Juillet.. 5 8h 36/mat|29”,9 du 2. bord|ri $“au bord B.| 8f 94:17 | 19426' B, 

8 9. 48 7137 11, 26 9+ 21. 41 19. 18 

9 9. 55 86,3 11. 31 10. $. 29 | 18. $o 

Août... 2 8. 44 30,0 13e 42 9: 9-47 | 18: 42 

s 8, 30 69,1 Pl, 49% 10, 20, 15 19: 42 

8 8 9 28,4 du 1."bord| 9. 17 0. 0 220lTO RS 


Ayant calculé les afcenfions droites folaires de la tache dans 


ces fix obfervations, je les ai comparées deux à deux; 
Parles Obfervations du 9 Juillet & du 2 Août, je trouve 25i 18" 50° 
Par celles... ... du 8 Juillet & du $ Août, je trouve 25. 15. 24 


Et par celles... du $ Juillet & du 8 Août, je trouve 25. 19. 9. 


Ces réfultats diffèrent beaucoup de ceux que j'ai trouvés 
par les ‘obfervations précédentes; je ne fais fi cela vient du 
peu d'intervalle des obfervations où d'un changement dans 
la tache. 

HI paroït donc par ce Mémoire & par le précédent, qu'il ya 
des taches fort confidérables, qui reparoiflent au même point 
phyfique du difque folaire, tandis que d’autres, également 
remarquables, paroiflent à des points un peu différens ; c'eft 
une objection contre mon hypothèle des montagnes fixes 
dans le Soleil: fi Fon vouloit s’en tenir à l'hypothèfe an- 
cienne, & fuppofer que les taches font des fcories nageantes 
à la furface du Soleil, on pourroit dire qu'il y a des monta- 
gnes intérieures qui arrêtent ces corps flottans , & que par 
cette double caufe, il doit y avoir des taches qui reparoiflent 
au même point, quoique la plupart paroiffent en des points 
difiérens. Il faudra encore beaucoup de temps & d’obferva- 
tions pour achever d'éclaircir de pareils doutes ; mais en 
attendant, je crois qu'on ne peut révoquer en doute la durée 
de la rotation, que j'ai établie de 25 jours 10 heures, 


Ca ‘ 
te EXTRAIT 


MES SCT E NC:E s 425 


ERP oRe A" LT 


D'LEES 


OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES, 


Faites à la campagne, près de Paris, pendant les 
Froids de Janvier 1767; avec des Remarques fur 
da caufe des inégalités des Obférvations au T'hermo- 
mètre, à" fur l'effet du Froid fur les Animaux, fur 
des Blés à fur les Plantes potagères. * 


Par, M. À D A NS ON. 
I E peu d'accord que l'on voit entre les Obfervations 


faites au Thermomètre dans les différens quartiers de 
Paris, fur les grands Froids que nous venons d’efluyer les 
6, 7 & 12 de ce mois, dont la communication a été 
donnée à l'Académie; & entre celles que j'ai faites au milieu 
d'un grand jardin, bien à découvert & dans la campagne , 
me détermine à faire part de mes remarques, non-feulement 
fur ce froid, mais encore fur fes effets, tant fur les animaux & 
les plantes, que relativement à l'épaifieur de la glace & à la 
chaleur du Soleil à midi pendant les jours où il a paru. Voici 
les moyens dont je me fuis fervi pour obferver avec précifion. 
Deux thermomètres à l’efprit-de-vin, conftruits avec la 
plus grande attention par le fieur Cappy, fuivant les principes 
de M. de Reaumur, portant 80 degrés à l'eau bouillante, 
nus, c'eft-à-dire enfermés dans un tube de verre, & fuf- 
pendus au milieu d'un chaflis, fans autre appui que deux 
cordons qui lioient ce tube au chaffis par les deux bouts, 
étoient ainfr fixés à un pieu, & à trois pieds au -defius de 
terre, au milieu du fufdit jardin ; je les appellerai À, 
Deux autres thermomètres aufli à tube , de la même 


mm, 

* L’impreffion de ce Mémoire ayant été oubliée dans le volume de 1767, 
on a cru devoir le publier dans celui-ci, pour donner lieu à une comparaifon 
entre le Froïd de 1767 & celui de 1776, 


Mém. 177 8, Hbhh 


Lû 
à VA cadémié 
le famedi 
31 Janvier 


1767+ 


Moyens} 


426 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
conftruction, & d'une exactitude & conformité dans leu 
marche avec les deux précédens, éprouvée & confirmée par des 
obfervations fuivies & très- variées depuis plufieurs années, 
étoient placés contre un mur, lun au Nord, l'autre au Sud, 
en dehors d’une fenêtre de ma maifon, à 21 pieds au- deffis 
du niveau des deux thermomètres dot: ; je les appellerai 2. 

Je ne parle pas d'un cinquième thermomètre, confiruit 
en 1745, par M. l'Abbé Menon, fous les yeux de M. de 
Reaumur, non plus que de deux autres thermomètres qui 
étoient placés, foit à côté des deux derniers, foit dans l'inté- 
rieur de mon appartement, 


Obfervations, Je vais expoler dans une Table, Îes réfultats que m'ont 


ANNÉE lA7HEuRESl À 12 HEURESIÀ 8 HEUR.| ÉPAISSEUR 


1767. 


Janvier 12 


me JU 
FRE: 
| 


donnés ces divers thermomètres, dans les trois jours de grands 
froids que nous venons d’efluyer, en ne prenant pour chaque 
jour que trois termes Îles plus éloignés ; le premier au point 
du jour, vers/les 7 heures du matin, c'éft-à-dire, avant le 
lever du Soleil, qui eft communément le temps le plus 
froid de la nuit pendant toute l’année, fi ce n’eft en hiver, 
lorfque par un temps couvert, il vient à fouffler facceffvez 
ment différens vents qui changent cette difpofition ; le fecond 
à midi précis, ou entre midi & une heure, qui eft le temps 
le plus chaud du jour en hiver ; le troifième à 8 heures du 
foir, où la température tient une efpèce de milieu téntre les 
deux précédentes. J'y ai joint les obfervations au baromètre, 
& fur les vents & les nuages, ou l’état de l'atmofphère. 


ÉTAT 
du du de la VENTS. de 
MATIN. TT SOLE CS OUPRS GLACE, L'ATMOSPH. 
Sud-oueft, Couvert, 


foible & fort | petite neige 
par intervalle. 


ji Nord-eft, Serein, 
29 :1eneS foible Serein. 
& médiocre. 


0,3 


0,14 À lié Sud, Serein. 
0,12 24 NS |Ojibje & méd.| Serein. 


2qPe. Es Ï 


DES SCIENCES. 427 

Les différences données par ces thermomètres viennent, 
æomme l’on voit, de la différence de leur expoñition, & on 
conviendra aifément que les deux appelés À, expolés ifo- 
lément au milieu du jardin, lefquels ont donné le plus grand 
froid de o,14 degrés, le 12 au matin, un peu avant le lever 
du Soleil, ont marqué la vraie température de l'air libre, 
celle qui agit immédiatement fur les Plantes ; au lieu que 
ceux appelés 2, ont donné 1 à 2 degrés de moins, parce 
qu’étant contigus au mur de la maifon & abrités, ils parti- 
cipoient à la chaleur de ces murs & du feu intérieur des 
appartemens. 

Depuis que j'obferve, j'ai remarqué conftamment cette 
différence entre les thermomètres appliqués fur une planche 
contre un mur, & entre ceux qui font ilolés. J'en ai fait 
mention dans les obfervations météorologiques, que je com- 
muniquai dès l’année 1757, pour le Journal de Médecine, 
en difant que la différence de la température de l'air obfervée 
dans Paris & à la campagne, eft de 1 degré dans l’efpace 
de o à $ degrés, tant au-deflus qu’au-defflous, & de 2 degrés 
dans l'efpace de o à 10 degrés, progreflion qui doit fans 
doute augmenter à un plus grand nombre de degrés. 

Le vent feul eft capable de donner une différence pareïlle; 
c'eft ainfi que le fecond des deux thermomètres À, qui eft 
à l'abri derrière le piquet de 1 pouce de diamètre qui le 
fupporte, marque un demi-degtré depuis @ jufqu'à $ degrés, 
& r degré depuis o jufqu'à 14 degrés de moins que le pre- 
mier qui eft ilolé; lorfque le vent froid vient du côté où le 
piquet le met à l'abri, comme les 12 & 13 Janvier, où il 
fouffloit du Sud .& du Sud-eft. La même chofe eft arrivée, 
& arrive tous les jours au thermomètre B,.de [a fenêtre 
regardant le Sud; il marquoit o,$ degrés par le vent froid de 
Sud qui frappoit deflus, pendant que le thermomètre oppolé 
B regardant le Nord, fe foutenoit conftamment à 0,4 degrés. 

Par les expériences rapportées dans la Table précédente, 
on voit que la chaleur du Soleil, donnant fur le premier 
des deux thermomètres À ifolé, fut le 7 à midi, jufqu'à près 

TR: 1 


Épaifleur 
de la glace, 


428 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


de 1 heure, à 3 degrés au-defflus de o, tandis que le fecond 
de ces mêmes thermomètres, qui étoit à 6 pouces de diftance 
du premier, expolé à l'ombre d’un piquet de 1 pouce feule- 
ment de diamètre, marquoit 0,3 degrés; ce qui donne à la 
chaleur du Soleil 6 degrés au-deflus de la température de la 
campagne ombragée. Le 12, jour du plus grand froid , le 
thermomètre ifolé marquoit à midi au Soleil o degrés, pen- 
dant que fon voifin marquoit o,3 degrés à l'ombre, ce qui 
donne 9 degrés pour la chaleur des rayons du Soleil, frap- 
pant immédiatement fur Le tube ifolé du thermomètre. 

L'épaiffeur journalière de la glace fut aflez proportionnelle 
aux degrés de froïd, favoir; de 4 lignes par o,3 degrés; 
de 20 lignes, par 0,12 degrés +; & de 24 lignes , par 
o,14 degrés. Les obfervations ont été faites d'un midi à 
l'autre, c'eft-à-dire, fur de la glace caflée, par exemple, 
aujourd’hui à midi, en nettoyant aufltôt l'eau de manière 
que le lendemain à midi, au bout de 24 heures, on avoit 
une glace toute nouvelle. 

L'épaifleur totale de la glace, formée depuis les premières 
gelées du 4 Janvier, jufqu'au premier dégel arrivé le 22 
fuivant, foit fur la Seine, foit fur les eaux tranquilles de la 
Gare, foit dans un baflin de mon jardin, prile dans les 
endroits unis, fans neige & fans autres boufins, & où les 
glaçons #ne s'étoient pas entaflés ni recouverts les uns Îes 
autres, étoit de 6 pouces + à 7 pouces au plus. Il eft bon 
de remarquer que la rivière de Seine a été prife entièrement 
après un froid très-médiocre, comme de 0,3 à 0,5 degrés, 
parce que fes eaux étant extrêmement bafles, & même beau- 
coup plus baffes qu'on ne les a vues en hiver, depuis bien 
des années, avoient moins de rapidité dans leur cours. 

Si l'on ajoutoit enfemble tous les produits de la glace 
formée chaque jour, & enlevée toutes les 24 heures, depuis 
le 4 de Janvier inclufivement jufqu'au 21 inclufivement, 
on auroit 160 lignes, c'eft-à-dire, 13 pouces + pour fon 
épaïfleur totale , au lieu de 7 pouces feulement qu'elle a ew 
en {e formant par couches journalières, appliquées les unes 


DES SCIENCES. 429 
au-deflous des autres qui leur fervoient d’abri. On fent bien 
par la même raifon, que fi l'on eût café la glace d’heure 
en heure, tous ces produits raffemblés euffent donné plus de 
13 pouces à fon épaifleur, ainfi occafionnée artificiellement, 
J'ai laifé tous ces objets de curiofité, pour m'en tenir à l’ob- 
fervation de fon épaifleur naturelle, & pour la comparer à la 
congélation de la terre qui a été prefque d’un tiers moindre, 
puifqu’elle n’a pas paflé la profondéur de $ pouces. 

L'épaifleur de la glace montre dans fa formation bien des 
irrégularités qui reconnoiffent plufieurs caufes, dont je pourrois 
afligner la gradation ou la marche fondée fur nombre d’ob- 
fervations; mais j'en réferve le détail pour d’autres temps. IH 
me fufhra de faire remarquer ici, en faveur des perfonnes 
qui conftruifent des thermomètres; 1.° que la glace conferve 
intrinféquement un degré de froid proportionnel à celui qui 
l'a formé; 2.° que la neige produite en pilant de la glace 
formée par o, 14 degrés de froid, le 12 de Janvier, employée 
ce même jour, fur le champ, dans une chambre qui étoit 
pour lors à la température de 8 à 9 degrés, marquoit le 
terme de la congélation à 0,5 degrés ; 7e. enfin que pour 
avoir, dans un cas pareil, le terme o qui marque le premier 
degré de la congélation de l'eau, il faut laifler cette glace 
pilée en neige dans une chambre tempérée, & ne l'employer 
pe le thermomètre, que quand elle eft prefqu’entièrement 
ondue. 

L'effet de ce froid de 0,14 degrés (qui ne fut par confé- 
quent que de 1 degré moindre que celui obfervé en 1709, 
& plus grand que tous ceux obfervés depuis autour de Paris; 
foit en 1740, où il fut de 0,10 degrés+; foit en 1742, 
où il fut de o,13 degrés +), a été tel que les Plantes qui 
avoient réfifté aux froids précédens de o, s degrés, & qui 
métoient pas couvertes de neige, dont la hauteur étoit de 4 
pouces environ, ont été gelées entièrement, comme le Souci, 
la Giroflée-quarantain blanc & rouge, le Lavatera, appelé 
Althæa maritima arborea veneta, par Tournefort, l'Ortie- 
grièche annuelle, la Mercuriale, la Valériane rouge, le Pois- 


Effets 
de ce froid 
[ux les Plantes, 


430 Mémoires DE L'ÂCADÉMIE Royazr 


micho hâtif, & le Pois-nain, femés dès le 10 O&tobre: 
néanmoins toutes les parties de ces Plantes qui étoient cachées 
fous fa neige, ont réfifté à l'action de Ja gelée, & promettent 
de repoufler aux premières chaleurs. 

H en-a été de même des blés femés au premier d’Août, 
de Septembre & d'Oétobre; ceux d’Août étant trop avancés 
& montés en tuyaux, ont été entiérement détruits; ceux de 
Septembre ont peu fouffert, excepté les blés mars; tels que 
le Scourjon de Bengale, fe Sucrion, l'orge Baïllarge, les 
Avoines, le Polar de Bengale, celui de Viljuif, l Andalou, 
& la petite Speaute, appelée Speautou en Provence, qui 
étant déjà montés en chaume, ont péri jufqu’aux racines. Les 
Polars d’hiver les plus hâtifs, qu'on pourroit appeler Ai-mars ,- 
parce qu'ils femblent tenir un milieu entre les blés d'hiver 
& les blés mars, tels que le Groflet, la grande Speaute de 
Bordeaux, &c, ont perdu feulement toutes les feuilles. qui 
étoient au-deflus de la neige. La grande Speaute de Flandre, 
le Locar des pays du Nord, & le Seigle qui paroît être plus 
dur au froid qu'aucun autre blé connu , ont été intaéts dans 
toutes leurs parties. Les blés femés au 1.” O&tobre & au 1.* 
Novembre, étant moins avancés que ceux de Septembre, & 
entièrement couverts de neige, ont encore moins fouflert. Le 
Scourjon de Bengale, & le Sucrion ont été les feuls que la 
gelée ait détruits entièrement. Enfin de plus de trente efpèces 
ou genres de blés les plus différens de tous les climats, qui 
ont été femés au 1. Décembre, c’eft-à-dire, depuis deux 
mois, pas un n'a encore levé faute de chaleur *, & il y a 
peu d’hivers où le Froment refte fi long temps fous terre ; ces 
diverfes remarques jointes à beaucoup d’autres expériences 
de ce genre, dont je ferai part à l'Académie, femblent fixer 
le temps moyen des femailles des blés d'hiver, au 1.” Oétobre 

our le climat de Paris. 

Les herbes potagères qui auroient péri par des froids 


Ils ont levé depuis la première leture de ce Mémoire , le 14 de Février, 
START MES É 
C’eft-à-dire, après foixante-douze jours. À 


Din ist CAT EN. CES: 431 
beaucoup moindres que ©, 14 degrés, ont réfifté, parce qu’elles 
étoient couvertes de neige; telles font les Laitues pommées 
d'hiver, les Chicons, la Chicorée frifée, la Scarole, l'Épinard, 
le Cerfeuil, l'Ofeille, le Perfil : lŒillet, le Fraifier & les 
Choux- verts, quoique non couverts de neige, ont réfifté 
au grand froid; & il paroit que ces Plantes , fur-tout 1e Frai- 
fier, & peut-être l'Œillet, réfifteroient à des gelées encore 
beaucoup plus fortes. La plupart des jeunes branches du 
Figuier & du Laurier-franc, ainfi que les feuilles & boutons 
à fleur de ce dernier, ont été gelés à la longueur de $ à 6 

ouces. L 

Si ces froïds de o,r 4 degrés qui ont vi dans la campagne 
autour de Paris, ont épargné bien des Plantes, à caufe de la 
couche de neige de 4 pouces d’épaiffeur dont elles étoient 
heureufement couvertes, ils ont fait fentir leurs terribles 
eflets fur quelques animaux, & même fur les hommes. J'ai 
trouvé dans mon jardin plufieurs oifeaux, entr'autres des 
Pinfons, morts de froid, & d’autres qui dénués de force, fe 
Jaifloient prendre à la main; un Moineau-franc mâle bien 
vigoureux, mis par expérience en terre, le 11 au foir, à {a 
profondeur de 6 pouces, dans un pot à fleur foncé d’un peu 
de paille, & recouvert d'un autre pot renverfé en forme de 
chapeau, fut trouvé gelé le lendemain matin 124 

Le Peuple a beaucoup fouflert : on amenoit tous les jours 
à Paris plufieurs hommes & femmes trouvés morts de froid 
& gelés à la campagne : il eft aufli conftant que plufieurs 
perlonnes aifées, obligées de voyager, allant de Paris à Ver- 
failles, dans leurs équipages, ont effuyé une maladie très-férieufe, 
par le feul effet du froid: moi-même, pour avoir voulu feu+ 
lement defcendre dans mon jardin , j'ai effuyé une fluxion 
prelqu’aufli confidérable que celle que j'éprouvai par les grands 
froids de Février 1754, à mon arrivée du Sénégal en 
Bretagne , où j'eus gelée & dure comme une pierre , & 
moitié gauche du vifage expofée au vent de Nord-eft qui 
fouffloit alors, & qui donnoit 0,18 degrés de froid au ther- 
momètre de M. de Reaumur, Ma première fluxion de cette 


Sur 
les Animauxs 


432 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


année, occafionnée par le froid de o, 1 2 degrés +, du 7 Janvier, 
étoit prefqu'entièrement diflipée le 12, lorfque le froid de 
0,14 degrés, auquel je m'expofai pour obferver le thermo- 
mètre, la renouvela au point que j'en ai encore aujourd’hui 
des reffentimens de douleurs très-violentes dans les os maxil- 
Jaires. On peut juger par les eflets de ces froids, qui ne 
font que les froids les plus ordinaires de 1a Suède, de la 
Ruffie & des autres pays du Nord, à quels dangers s’expo- 
fent les habitans de nos climats tempérés, qui veulent s'expatrier 
pour aller habiter ces contrées glacées. 

Je ne m'étendrai pas davantage fur ces obfervations ifolées, 
mais je travaillerai, à mon premier loifir, à mettre en ordre 
une fuite nombreufe de réfultats que j'ai depuis plus de vingt 
ans que j'obferve, foit au Sénégal, foit en France, les divers 
météores, les vents, Îles nuages, la quantité d'eau de pluie, 
& fur-tout fon évaporation, & celle de la terre imbibée, 
dont je ne vois nulle part des Tables, lefquelles cependant 
me paroiflent aufli importantes que celles de l’eau de pluie, 
pour trouver Île rapport de June à l'autre, & faifir en quoi 
peut confifter la quantité qui fert à la végétation des plantes, 
celle qui forme les lacs & les rivières, celle enfin qui pénètre 
dans l'intérieur de Ia terre pour s’y perdre, & ne reparoître 
peut-être jamais à fa furface, ou au moins feulement dans 
ces circonftances éloignées qui occafionnent dans notre globe 
ces révolutions terribles, dont les fiècles les plus reculés 
montreront encore les traces prefque ineffaçables. 


1 DE 


Y 


EXPÉRIENCES 


DES SCIENCES. 433 


EMPÉRIENCES 


Sur une efpèce de Stéatire blanche, qui fe convertit feule 
au feu en un beau bifcuit de Porcelaine. 


Par M" GUuETTARD & LAVOISIER. 
Ï A plupart des terres & pierres argileufes font des compofés 


plus ou moins métalliques, &c il eft extrêmement rare 
dé trouver des argiles affez pures & affez blanches pour être 
employées à la fabrication de la Porcelaine: c’elt fans doute 
cette grande rareté des argiles blanches & des kaolins qui a 
retardé long-temps en France les progrès de f’art de la Porce- 
laine; & nous manquerions peut-être encore de fabriques de 
ce genre, fi les découvertes fucceflives de M. Guettard, de 
M. le Comte de Lauraguais, & de M.° Macquer, Baumé 
& de Montigny, n’euflent excité l'induftrie nationale. Parmi 
un affez grand nombre de terres que nous avons ramaflées en 
France dans différens voyages que nous y avons faits, M. 
Guettard & moi, & fur lefquelles j'ai fait depuis quelques 
expériences, il.n'en eft qu'une feule qui ait paru réunir a 
blancheur , la ténacité fufhfante & Îa qualité réfractaire qui 
caractérifent [a bonne terre à Porcelaine. 

+ Le côteau où fe trouve cette terre eft fitué à une lieue 
& demie oueft de Plombières: Ie haut du feuil eft fitué au 
haut de ce côteau | & Fainmont dans le bas; circonftances 
fuffifantes pour en déterminer afléz exactement la pofition, 
pour qu'il ne foit pas poflible de s’y méprendre, 

La hauteur du côteau, depuis le haut du feuil jufqu’au 
niveau du ruiffleau qui pafle à Fainmont, eft de quatre 
cents cinquante à cinq cents pieds environ, mefuré par le 
baromètre; il eft compolé dans le haut 1.° de terre végétale, 
légère & fableufe, entre-mélée en quelques endroits de pierres 
fableufes plates ; 2.° de rochers horizontaux, de fable d’un 
grain fin, & qui approchent beaucoup de l’efpèce de grès 

Mém. 1778. lii 


Lùû le 
s Septemb, 
1777 


434 MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE ROYALE 


dont on fait les meules des Rémouleurs: ces pierres fableufes 
occupent environ Îa moitié du côteau ; au-deflous on trouve 
des granits en bancs continus inclinés à l'horizon ; enfin, 
prefque dans le bas, & à trente pieds environ du niveau 
du fond de la vallée , on trouve un banc de fept à huit 
pieds d’épaiffeur, d’une terre blanche, verdâtre en quelques 
endroits, d’un grain très-fin, aflez douce au toucher, & qui 
tient beaucoup de la fléatite. 

C'eft la terre blanche de ce banc qui fait l’objet de ce 
Mémoire : au-deflous on trouve un banc d’égale épaifleur , 
d'une terre à peu-près de femblable nature, mais qui, au 
lieu d’être blanche, eft d’un vert-pâle aflez agréable : cette 
couleur s'affoiblit beaucoup lorfque la terre fe sèche. 

Cette terre blanche eft très-pure dans toute l'étendue du 
banc, & on pourroit même fe difpenfer de la laver; elle n’a 
befoin pour être employée à faire de la Porcelaine, que d’être 
battue & corroyée, après quoi elle eft fufceptible de fouflrir 
le tour & le moule, & cuite à l’aide d’un feu très-violent, 
elle donne feule & fans addition d'aucune autre’ matière, 
une belle Porcelaine affez blanche, grefleufe , infufible an plus 
haut degré de feu connu, & qui, d’après le petit nombre d'expé- 
riences auxquelles nous l'avons foumife, nous a paru réunir 
tous les caractères de perfettion qu’on peut defirer. 

Le banc de cette terre paroît avoir une très-grande conti- 
nuité ; celui qui eft au-deffous & qui a une teinte verdâtre 
très-marquée, pent être employé à faire des poteries de 
grès & des uftenfiles de ménage; nous nous en fommes 
aflurés par des expériences. Le bois étant très-abondant dans 
tous les environs de ce canton, on pourroit y faire un établif- 
fement avantageux de Porcelaine & de Poterie de grès, & 
le tranfport même ne feroit pas très-difpendieux à caufe de 
la proximité de Plombières, qui communique par plufieurs 
grandes routes avec l’Alface, la Lorraine , la Franche-Comté 
& la Champagne, 


Sn0 


D Es S°C1E N CES 435 


ARRETE 
HER ia da. L'ATON 


D'E'DEUX 
MINES DE CHARBON DE TERRE, 


Situées au pied des montagnes de Voyes, l'une en 
Franche-Comté, l'autre en Alface, avec quelques 
expériences fur le charbon qu'on en tire. 


Par M. GuEzTTARD & LAVOISIER. 


: Home Obfervations rapportées dans ce Mémoire, font 
extraites du Journal d'un voyage que nous avons fait 
enfemble en 1767, M. Guettard & moi; en conféquence, 
tout ce qui fera rapporté dans ce Mémoire, doit nous être 
regardé comme comman. à 

La première des deux mines dont il va être queftion, eft 
ouverte dans une montagne de fchite, entre les villages de 
Ronchamps & de Champagney , à deux lieues Oueft-fud-oueft 
de Lure, & à trois lieues Eft-fud-eft de Betfort. 

Cette mine s'exploite à découvert & prefque à Ia furface: 
comme elle étoit nouvellement ouverte {orfque nous avons 
eu occafion de l'obferver, on ne l'avoit attaquée que par le 
bas de la montagne, & on n’avoit pas encore fuivi les veines 
à une grande profondeur. 

Les bancs de charbon de terre font inclinés de trente 
degrés environ avec l'horizon ; leur épaifleur eft commu- 
nément de neuf pieds, mais elle n’eft pas par-tout {a même. 

Le banc de charbon de terre eft fouvent interrompu & 
troublé par des veines de pyrites qui n'ont pas cependant 
beaucoup de continuité ; queiquefois aufli ces pyrites font 
répandus en rognons , de la grofieur d'une noix, dans la 
mafle du charbon. 

Le reclun de la mine eft un fchite jaunâtre dans des 

di ï 


Lû 
le 5 Sept, 
1777: 


436 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


endroits, & noirâtre dans d’autres; ce fchite eft affez tendre, 
il ef feuilleté, mais il ne fe débite pas en feuillets aufli minces 
que lardoife : Jorfqu'il a été calciné , il donne de F'alun par 
lexiviation ; on détaillera dans un moment la manière dont 
fe fait ce travail en grand. Ce fchite, comme prefque tous 
ceux qui recouvrent le charbon de terre, contient quelques 
empreintes de végétaux , mais elles y font très-rares : 
au - deffous du banc de charbon de terre, fe trouve un 
fchite plus noir que celui qui fert de tectum à la mine; les 
fouilles alors ouvertes ne nous ont pas permis de pouñler plus 
loin nos obfervations. 

Ce charbon de terre, par lanalyfe chimique, donne à 
plufieurs égards les mêmes produits que le charbon de terre 
ordinaire, mais il en diffère eflentiellement à d’autres; & 
c'eft cette fingularité, commune à la plupart des charbons de 
terre des Voyes, qui nous a engagés à donner cette obferva- 
tion à l'Académie. Soumis à la diftillation à la cornue , nous 
eu avons obtenu d’abord , à une chaleur très- douce , du 
flegme; enfuite il a commencé à {e dégager une odeur empy- 
reumatique très-marquée , & il a paflé un peu d'huile claire 
& limpide, & en même temps un efprit légèrement acide, 
qui rougifloit complètement le firop de violettes, & failoit 
effervefcence avec les alkalis; cette liqueur acide a été 
fuivie d'une huile noire & épaïffe, fentant fortement l'empy- 
reume, & il eft reflé dans la cornue un charbon léger & très- 
inflammable, 

Cette analyfe du charbon de terre de Ronchamps, préfente 
une exception remarquable , & dont il paroît que les exemples 
font rares: toutes les analy{es de charbons de terre qui ont été 
publiées jufqu'ici , fi ce n’eft celle publiée dans l'Encyclopédie 
à l’article charbon , annoncent qu'on retire de ce foflile de 
Falkali volatil en grande abondance; celui de Ronchamps au 
contraire donne de facide, 

L'un de nous fe rappelle d’avoir entendu dire à M. Rouelle 
Vaïîné, dans fes Leçons de Chimie, que le charbon de terre 
de Balleroy en Normandie, préfentoit le mème phénomène, 


D ES SAGE (Ni Cu E.S 437 
& qu'il donnoit également de l'acide par la diftillation, au 
lieu d’alkali volatil. 

. Nous avons dit que le fchite qui fervoit de teétum au charbon 
de terre de Ronchamps, étoit alumineux; & en effet, dans 
l'établiflement naiflant qui fe formoit en cet endroit, lorfque 
nous y pañlanes en 1767, M. Guettard & moi, on avoit 
entrepris d'y former une Fabrique d’alun, & voici comme 
on opéroit. 

On concafloit groflièrement le fchite alumineux, & on en 
formoit de longues planches ou couches pyramidales, difpo- 
fées en toit par le haut ; on entre-méloit avec ce fchite des 
morceaux de charbon de terre, & on ménageoit du jour 
pour la circulation de l'air. 

Lorfque tout étoit ainfi difpofé, on mettoit le feu au tas, 
& on laifloit la mañle s’affaiffer & s’éteindre d’elle-même, ce 
qui n'arive que quand tout le charbon de terre eft confumé. 

Il fe dégage beaucoup de foufre dans cette opération, &c 
ce foufre étoit perdu lorfque nous vifitames cette Fabrique ; 
mais on {e propofoit de le recueillir dans la fuite, & d'en 
tirer parti. 

Lorfque le fchite a été aïnfi calciné, on le tranfporte dans 
de grands baflins quarrés, creufés dans la terre & revêtus de 
planches, dans lefquels on le leflive en remuant avec un 
ringard : de ces fofles, l'eau eft conduite par des canaux de 
bois dans de grands réfervoirs où elle s'épure, après quoi 
elle tombe dans des chaudières de plomb très-épais, qui 
forment des quarrés très-alongés ; la fiqueur eft rapprochée, 
dans ces chaudières, jufqu’à ce qu’elle foit au point de crif- 
tallifation; enfin on la met à criftallifer dans de grandes 
caifles de bois. 

Ces mêmes mines préfentoient encore un autre objet 
d'induftrie : on y avoit pratiqué une Fabrique de noir de 
fumée ; cinq fourneaux étoient continuellement employés à 
brüler du charbon de terre pour cet objet; ces fourneaux 
font fort bas, & n’ont point de cendrier ; ils ont 12 pieds 
de long & 6 pieds de large par-devant, ils vont epluite en 


438 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fe rétréciffant vers le fond, & fe terminent en un tuyau qui 
aboutit dans une chambre de 28 pieds de long fur 12 ou 
1 2 de large; toutes ces chambres font voifines & mitoyennes: 
à leur extrémité dans le haut eft une cheminée qui aboutit 
dans une galerie haute, commune à toutes les chambres : cette 
cheminée s'ouvre & fe ferme à volonté, parle moyen de tuiles 
& de briques, afin de pouvoir ménager convenablement le 
feu ; communément, on ne laifle qu'une ouverture de la 
groffeur du poing. Au moyen de ces difpofitions, la fumée 
circule dans la chambre, & s'attache à fes parois; une petite 

ortion feulemnent parvient jufqu’à la galerie commune, où 
elle fe raffemble de la même manière : on n'entre qu'une 
fois par mois dans chaque chambre ; on détache le noir des 
murailles fur lefquelles il s’eft rafflemblé & on le pale à travers 
un tamis: ce noir eft lourd, gras & mat ; il fent l'empyreume, 
un peu le foufre, & au total il eft de la qualité la plus médiocre, 

On remplit les fourneaux de charbon de terre toutes les 
quatre heures: la matière charbonneufe qu’on en retire n'eft 
pas encore perdue; on tire parti de tout dans ce travail, & 
elle eft vendue pour la cuifine & les ufages domeftiques. Nous 
ignorons quel a été le’ fuccès de cette entreprile : tout ce que 
nous pouvons dire, c'eft qu'elle promettoit beaucoup en 
1767, & qu'elle paroifloit montée & fuivie par des per- 
fonnes très - intelligentes. 

Le charbon de terre de Ronchamps n'eft pas le feul de ce 
canton qui donne de l'acide par diftillation , au lieu de donner 
de l'alkali volatil : quelques morceaux que nous avons tirés 
de veines peu fuivies qui fe trouvent près Saint - Hypolite 
en Alface, nous ont préfenté le même phénomène. 

Le village de Saint-Hypolite eft fitué au Nord-eft de 
Scheleftat en Alface, & à la diftance d’une lieue & demie 
environ de cette ville. Pour donner une idée des circonftances 
dans lefquelles fe trouve le charbon de terre qu'on tire de fes 
environs, nous allons rapporter ici ce qui fe trouve infcrit fur 
notre Journal d’obfervations, à la date du 23 Août 1767. 

«Le village de Saint-Hypolite eft à l'extrémité des 


DES SCIENCES 439 


anciennes alluvions du Rhin , & tout le terrein voifin du 
côté de la plaine d’Alface eft couvert de quartz blancs roulés, 
qui font quelquefois liés par un fable fin, & qui forment 
des poudingues. 

Il en eft bien autrement du terrein qui fe trouve au-delà 
de Saint-Hypolite, c'eft-à-dire à l'Eft, & en gagnant vers 
la montagne : on n'eft pas plutôt forti de ce village qu’on 
entre tout d’un coup dans un terrein compolé de granit à 
grandes plaques de Feld-fpath; ces granits font quelquefois durs, 
mais fouvent ils font friables, & les grains qui les compofent 
fe féparent aifément les uns des autres ; on diroit que ce font 
plutôt des détritus de granit que des granits même, tant ils 
ont peu de confiftance. 

On s'élève ainfi infenfiblement en fuivant la route de 
Sainte-Marie-aux-Mines, & en laiffant à gauche un ruiffeau 
qui pafle entre Roderfch & Saint- Hypolite : lorfqu'on eft 
parvenu à une demi-lieue environ de ce dernier endroit, on 
trouve à droite une coupe de 40 pieds, faite pour la facilité 
du grand chemin ; elle offre les détails qui fuivent. 


ORDRE des bancs d'une coupe qui fe trouve à une deri-lieue 
de Saint-Hypolite, fur le grand chemin de cet endroit 
à Sainte- Marie-anx- Mines. 
.* Terre rouge glaifeufe qui contient des quartz blancs 
ROUES see ue » «81e solos ein oi SABRE FOR S 


2° Terre noire fine fableufe, & qui a toute l'apparence 
d'une terre bitumineufe.. ......... SHARE NES EE Fe 6: 


3.” Gravier fin, ou efpèce de granit tendre & fans confif- 
tance, mêlé de morceaux irréguliers de Feld-fpath......... 4. » 


4° Mème gravier mieux lié & plus dur, & qui forme 
DHNVIA granit... ue. ee see se =» elais is = eide DC 


5 Même gravier ou granit fans confiflance, qu’au IV.” 3.. 1. 6, 
6° Même gravier durci, & formant un vrai granit. LT 4e 
7 Même gravier onu granit fans confiflance, qu'au N.%3.. 1. 6. 


8 Schite talqueux gris en feuillets. .........geses # 6: 


440 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
9.° Schite noir très-bitumineux. .............,,,,  uP SP 


10.° Granit jaunître, d'une confiftance à-peu-près femblable 
a celle des NN E EAN iote alejrre ehels oxetete ele MA Ze 


11.° Schite gris bitumineux, avec empreintes de fougères & 
AULECSMNÉTÉTAUXE Sie de dev sheletegele le ie lrlrloirlcirieln fete etes Tell 


12.° Efpèce de granit tendre, s'émiettant aifément & n'ayant 
prefque point de confiftance, coupé par un petit filet de 
charbon de terre, de 4 lignes d'épaiffeur.. ............ $.#, 


13.° Granit plus dur, dont les grains ont cependant médio- 
crement de liaifon , pénétré de bitume, & coupé par de petits 
bancs de charbon de terre & de fchite noir, dont les plus épais 


» x . 
ont 4 à ÿ POUCES ENVITON.. , sers resesesesr rss 20, 
» 


4 
- 


14. Granit un peu plus dur, & dont les grains font paffa- 
blement liés, moins brun que le précédent, & qui ne paroît 
pas bitumineux; il y en a environ de découvert....,...:, $, 


TorAtioodantiiansémnttas In 


Tous ces bancs s’inclinent vers le penchant de la montagne, 
c'efl-à-dire, vers le Midi, en formant un angle environ de 
20 degrés avec l'horizon, : 


Sur la gauche, en defcendant vers le ruiffeau, à peu-près 
dans le même plan que le banc ci-deflus 2° 13, on avoit 
fait différentes fouilles pour obtenir du charbon de terre: les 
trous font creufés dans le même gravier graniteux que CI- 
deflus; mais comme ce gravier a peu de confiftance, il fe 
fait fréquemment des éboulemens qui ruinent les travaux: 
une circonftance qui doit encore rendre l'exploitation de 
ces mines peu profitable, c'eft que quelquefois les petites 
veines de charbon de terre manquent tout-à-coup, & paroif- 
fent fe fondre & pénétrer dans le gravier graniteux, qui 
alors eft plus bitumineux. Malgré ces différens obftacles, on 
peroifloit difpofé lors de notre pañlage en 1767, à entre- 
prendre des travaux fuivis en cet endroit: nous en ignorons 
l'évènement. 

Les gragits dont nous venons de parler, forment la bafe 
de la montagne : en s'élevant davantage, on obferve que ces 
granits font recouverts de fable rougâtre mêlé de quartz ; 

& dans 


DÉENSWSIC IE Nic x 6, 44 
& dans lequel on trouve des rochers d'un grain rougeûtre 
très-fin & très-propre à faire des meules de Rémouleur : ces 
grès fe nomment mollaffe dans le pays ; ce terrein fableux 
forme tout {e haut de a montagne, 

Des morceaux de charbon de terre pris dans les bancs 
qu'on vient de décrire, ont donné par la diflillation à feu nu, 
par un degré de chaleur modérée , 1.° un peu de fleyme; 
2." un efprit très-légèrement acide; 3.° une huile épaifle, 
noire & empyreumatique de l'acide, & pasun atome d’alkali 
volatil : il eft refté dans fa cornue un charbon léger, poreux, 
tel qu’on l'obtient de tous les charbons de terre. 


Min, 1778, Kkk 


Lû 
en 1778. 


442 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


REX CRE KR ;C FH ES 
SUR L'INTÉGRATION 
DES ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES. 
Pa M Cousin. 
(1.) Tourss les Équations diflérentielles du fecond 


ordre peuvent être repréfentées par Fe d As md UC 
2 \ d 

a étant une fonélion quelconque de x, y & — —— Ge 

ue dv dt : : 

Bolt dt = dx PRES dy; on changera de cette 


manière l'équation différentielle en une équation aux difié- 
: dy dz 
rences partielles {A),... nn Lan bios 


On doit voir que toute folution de l'équation aux 
différences partielles qui renfermera une conftante arbitraire, 
fera une des intégrales premières complètes de féquation 
différentielle : une de ces folutions qui renfermeroit deux 
conftantes arbitraires, donneroit, en faifant chacune de ces 
conftantes fucceflivement nulle, les deux intégrales premières 
complètes de l'équation différentielle ; on en tireroit encore 
l'intégrale complète de l'équation aux différences partielles ; 
par la Méthode que M. de la Grange a donnée dans les 
Mémoires de Berlin, de 1774. Mais de quelque manière 
qu'on parvienne à intégrer complètement l'équation aux diffé- 
rences partielles, on aura 7 par une équation qui renfermera 
une fonction arbitraire ; il fera facile d'en tirer deux équa- 
tions particulières, qui feront les intégrales premières complètes. 
de l'équation différentielle. 

Le cas le plus fimple eft celui où x — o, & où l'équa- 
tion aux différences partielles a pour intégrale complète 
ÿ—x7+ Fizg—o;onentirey —x7 —a,7—=b, 


D'E/S)20,:CUT EN CE. 5. 443 
qui font les deux intégrales premières complètes de l'équation 
dy 
dx? 


différentielle —= o; & en éliminant 7,y—46x—a, 


qui, à caufe des deux conftantes arbitraires a & 4, en eft 
l'intégrale finie complète. 
Lorfqu’on aura l'intégrale complète de l'équation {4}, il fera 


% du du 7 
facile de trouver celle de + (mu + n) De. + w=o, 
m & n n'étant fonctions que de x,y; car on réduira celle-ci 
à la première, en faifant #14 +- n — 7, 

(2.) Mais je remarquerai que fi lon donne à l'équation / 4} 


dz dy 2 
la forme —= + LR EC + Cr —+y—=o,a,6,y 


étant des fonctions inconnues de x, y, 7, telles que 
ar + CZ + y—= pm, je remarquera, dis-je, qu'on 
fatisfera à cette équation aux différences partielles, en prenant 


ste ON De ent (ydx+ (C+5).dy+ xd] ê 


où e eft le nombre qui a pour logarithme l'unité, 4 une 
conftante arbitraire, & #, des fonctions inconnues de x, y, 7, 
Pour que cette expreffion fignifie quelque chofe, il faut que 
les différentes quantités fous le figne ffoient des différentielles 
exactes , c'eft-à-dire qu'il faut que l’on ait les quatre équations 


- : bag —7 
fuivantes, dans lefquelles on a mis pour 6 fa valeur RSR : 


do dœ dx de dy dx , 
— —=0,—+-—=0,—-—7— (07 —7Y) = 0ù 
fa) TC PP Ur 27 HE (et —Y)—=0ù 
de À 6 x dy 1 d(u—7—a7) 
FFC AREA nd Ha AU. 4 dx 2 
' D . —/(cdx = ad Ed r 4 p . 
(3-) Sil'on fair e RS er fies À; d'où l'on tire 
1  dA 1, d'A a | 
net Ne 17e ce EL 
nf t de da DE dE da 4 ME 
conféquent + + ee — 0 2e A 


d'A æ 
SE Fee dxdy TZ dÿ GIE drdg mul dydz HIT dy 


444 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
l'on mette enfuite ces valeurs dans les deux dernières des 
équations fa), elles deviendront 


d A F A 1 d.Ay . d.Ay 1  d. Am 
TT MPa Van il PT A REV: = 9} 


On tirera de la feconde de celles-ci, 4y —f _ 


| dA } - LAS 
NC n ntni K étant une fonétion arbitraire de x, y; 


& cette. valeur de A étant fubflituée dans fa première, on 


aura 

d(K=— Ah) ak jee PAT 
OR A A A AP 
Cette dernière équation étant différenciée deux fois pour 
faire difparoître les deux fignes d'intégration, donne 


” d A d° A FA d'A ME 
(d)... dxd7 CTUTE Dr 258 rt 


done 
d A d.Am d A d'A - 

É — ne HE AL Abo dr — 1 —= À, 

fi l'on fait K—0o, & cette autre valeur de A étant fubfti- 

tuée dans la première des équations /b), elle deviendra 


A PAR F.Au dAp 


Les équations /d) & (e) font celles qu'on trouveroit par les: 
méthodes connues, en fuppofant que À fût le facteur propre 
à rendre d7 —+- sd une diflérentielle exacte. 


(4) La propofée étant 
, d d k 
(B).... <= + ta + a + Cr + y —=o, 


* 
où +, G, y, font des fonctions de x, y, feulement ; fi nous 
prenons pour y fatisfaire 


(pod D En [ydx + (60) dl}, 


DES SCIENCES. 445 
nous aurons pour équations de condition, 


de da d(C+c) dy 
Filets ground eee" 


Ces deux équations donnent 

du &C d° day do d'£+e 
= — TC Lo) — 9 ( 3e 
dx dxdy dy dy dy dy 


x pr do da # 
où l’on mettra pour fa valeur — —— , & onentirera 
dy dx 
d æ& d°e æÆy d.ay da 
——— — - + — + _— 6 —— 
— dx° dxdy dy* dy dx 
dæ 46 
d x dy 


Donc « étant tel que nous venons de le définir, l'équation 
(C), qui renferme une conftante arbitraire, fatisfera à l'équa- 
tion aux diflérences partielles /B), toutes les fois que les 
équations de condition auront lieu en même temps, & fera 
alors l'intégrale première complète de l'équation différentielle 


x da dé 
correfpondante. Il en faut excepter le cas où 2 —— — —— 
dx dy 


feroit nul, & que nous allons examiner. 
PE He G 2 . - . 
(5-) Si je fais — + « — $, je changerai les équations 
de condition du #.” précédent en celles-ci, 


dp L4E du dp MEN 4 . 

2 M. D Vue POS US Ye — ; 
Or ayant tiré de la première la valeur complète de ©, qui 
renfermera une fonétion arbitraire de x, & l'ayant fubftituée 

dans la feconde, on verra aifément que comme celle qui en 


réfultera doit fervir à déterminer cette fonction arbitraire, 


À + 1 d6 da £ 
elle ne pourra ètre vraie à moins que ———— 2 —— ne foit 
dy dx 


» » A dy 1 dé 
nul, & qu’on n'ait en même temps TRRUP GYRS 2 RS 


fonétion de Ia feule variable x. Aiïnfr dans le cas dont il 


446 MÉMoirEs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
s'agit, ayant pris pour ç une fonction de x, qui fatisfaffe à 
l'équation (D), on aura pour folution de équation (2), - 


= die— SJ dead] Le Ne) ET dre (pe E) dpt: 


& cette folution pourra renfermer deux conftantes arbitraires, 
car il fuffira d'en ajouter une en intégrant l’équation (D). 


(6.) En faifant ufage de la méthode de M. de Ia Grange, 
dont nous avons parlé plus haut, nous trouverons dans le 
cas préfent l'intégrale complète de l'équation aux diflérences 
partielles : en effet, en nommant la conftante arbitraire qui 
doit sue dans la valeur de ©, & faifant pour fimplifier, 


— dx + ady — fp dx 
= 437 —\ 4), e re —= ÿ, nous aurons 


LR cc AL A Ge dy) — <= «dy]}; 
& par ie 

Fi I d d d°p 

ue ren RARE <dy)— nn AE 
On mettra ces valeurs dans + — L da + — <& di = 0, & 
per “== f : b, on aura 

Pb El Ea(ydx + Ldj)— 25 #dy] = 0: 
cette Se & celle-ci, . 

; ç p) 

fib— apr — [fx $ (ydx dy) — << dy] =: 


fuffront pour réfoudre 1e Problème, 
Pour en donner un exemple bien fimple , je fuppoferai 


Û z X : : 
a —, 6 — TS ZX étant une fonétion de x; 


LP . . d Q 
alors l'équation (D) devient F —— $ — 0; qui a pour 


DES SCIENCES. 447 


==; donc g = x + 5; 


intégrale complète g = — 
on a auflt &/ — xy. Par la fubflitution de ces valeurs, les 
deux équations précédentes deviendront frB= +77 + # 
+fXxdx, fil —0b(xyz + Z + [Xxdx) = x yz 
+ [ Xx° dx; or comme Îa première fait voir que & ne 
peut être qu'une fonction de xy7 + 2 + [Xxdx, & 


que cela fuppofé, le premier membre de 1a feconde n’eft 
fonction que de la même quantité; ïl fuit de ce qui précède, 
que léquation aux différences partielles propolée, a pour 
intégrale complète, 


XYZ + JA dx = Fi (xy7 + = + [Xxdx). 
(7-) Soient B & X deux fonéions de x, y, 7, & fuppofons 


dB dB dB 
dk dk dx 
DR EE di dy Vds 


cela polé, fi B + F: K — o eft l'intégrale complète 
d'une équation aux différences partielles du premier ordre, 
en différenciant cette intégrale deux fois, l'une par rapport 
à y, l'autre par rapport à x, & en éliminant la fonétion arbi- 
traire, on trouvera que l'équation aux différences partielles, 
à laquelle elle appartient, eft 


ä4B dk dB 4kK dB dk dy dk dz 
nr DU are ne 7 
at PR MOT 120). — 
dr dx dy dy dx He 


Nous avons pour objet de trouver quelques cas d’intégra- 


L FA d d » . 1e 
bilité de __ + 7 + & = 0; or fil'ayant multipliée 


448 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


par un facteur |, on la compare à la précédente, on aura 
les trois équations 


Pr des Es 

dB 4K dK dB 

PP Res LE 
- dk  4B dK dB 

Pas 0 CU EU LE 


& en éliminant 4, celles que voici, 


r dK ,4B nuly dB dk L CARNET 

VIT # dx Fab dy a dz 4 dx Re dy DK 
dK ,4B dB dB ,4K ak 

ASE te; LE pers 
dy dx dy dy dx d7 


(8.) Si pour fatisfaire à ces équations, je fais B — my + n» 
K=MzN, m,n, M, N étant des fonétions inconnues 
de x, y; l'équation (T) deviendra 


Mleer (he. té 
nn 1e 2 
& donnera néceflairement 

M © m = 0, 

d d “y d'N dM 
M.(—+ im. (TS 7x 4 = Où 
d dN 
M — m TT PEN Os 


_ HN fera facile de tirer de la première m — Mr:x, 
& cette valeur étant fubftituée dans les deux autres, les 
changera en celles-ci, 


dr dN e ’ 

nr DR RE Me'1:*# = 0; 

du dN r è 
2 PESTE 0: Si 


DES S?cir E NC ES 449 


Si noùs convenons de nous fervir de m M pour repré- 


dm 4dM dm dM 


Res a en 


femblables, nous tirerons de l'équation (A), 
— pM'er:x—=nmMs + (mN+aM)z+nN; 
nous pourrons donc fuppofer # de cette forme « 7° + ©z 


+ y, &, 6, y étant des fonctions de x, y, & nous aurons 
les trois équations 


mM=—aM"ot :%, mNnM——@M'g1 + 
2N—=— yM y: x 


, & ainfi des autres quantités 


que nous changerons facilement en celles-ci, 
am aN dM  dN 


= eM, = = CM — ——, = yM; 


dy dy dx CRAN TES 


on en tirera 


Me" fiix,N=faix + [d* 


dy). fux=f'uxldn 


& par conféquent m"m — el** Tfrisou:x, 

n—g2:x+ fe"? [(e—f = dy) .frixquix — TE Jay, 
on aura de plus pour équations de condition, 
AT 


dN fady : (A REP 
AMC ETS AE: 


En fubftituant dans la première pour NV fa valeur, on en 
tirera 


yfi:xpiix 


la: a d, d fs :# 
_ p = pe Li EN Rd ces pe dy). —— Fa 


= <— ee T dy)]dÿ, 
Mém, 1778 8 Et 


450 Mémoires DE L'ACADÉMIE Rorarr 
dont le fecond membre ne doif pas renfermer y ; en la diffé- 
renciant par rapport à y, on aura l'équation 
f'i:x da : frs AT, 
es —(6—2f-dy)...(x1) Fa — (À)... 
dé d'a da da dy 
nf dy + [5 dy (CT dr — ay 


| 
qui donne pour conditions d'intégrabilité que x 1 & X, ne 
doivent renfermer de variable que x. Dans ce cas, la même 


équation donnera la valeur de fr:x, & on tirera de celle 
SMREER fra: ET ay Jady } dy 
qui précède Frs € y —Je ice + ay)dy, 
dont le fecond membre eft évidemment une fonétion de 
x feul. 
On mettra dans la feconde pour fa valeur, & on en tirera 


p'2:4 RE NE dy fJaædy ,dy 
Tr ONE MN Ë My Je CR EUR ay) dy, 


Œfriixquix d.fi:x@r:x : 
AR ER TR SEL PIE nat 74 
dif fiixquix dx.fiixqrix 


c'eft-à-dire que le Problème eft réduit à trouver deux valeurs: 
de Finconnue d’une équation linéaire du fecond ordre. 


3 : dn aN F 
Autrement, des équations TT = à qrix— Mo'i:x, 
an aN v Ar : .« 
—— — 7 Pi:x, on tirera, en différenciant la première: 


par rapport à x, & l'autre par rapport à y, 


adN dM 
A Ro gr —) Pix — Mp'i:x — 0, 
p" ri xfrix 
ou — a ——_—_—— 
p'r:x Gt ÉbC: : 


qui donnera @ 1 : x lorfqu'on connoîtra f1:x, au moyen de 
équation linéaire dont il vient d'être queflion ; on aura 
enfuite @'2x — @i:xf'2:x; ainfi tout fera déterminé 


dans l'intégrale complète m7 + 2 + F(My+N) = 0 


D'Eds LS CAT.E NEC ESS 451 
(9-) Si lon prend B + F:K,q = o,où B&K 
dy 
dx 
tion de x,y, z, pour repréfenter l'intégrale complète d’une 
équation aux différences partielles; on trouvera cette équation 
en différenciant l'intégrale fucceffrvement par rapport à chacune 
des trois variables x, y, z. Ayant donc fuppolé 


font fonctions de x, y, + 2} — 7, & qfonc- 


dB dB dB dB ,;, 
LR — dx —- BTS à —— et —— PT ds 
dk dK dK dk , 
dkK — 7 dx —+ ere PL + re ÿ 


dF:K,q —= (HdK + xUdgq)F':K,q,1M& x étant 
des fonctions de X, g, on aura les trois équations 


dB dB dy dK dK dy dq 1 
Mc Une che 1P£, ge 06; 
dB dB dy ak dK dy 


dq 1 
xp Sareerinte RUE Gers cir7a Pa A A 2 VC :K,q — GC; 
dB dB dx dK dK dy dq f 
PS Le LR + ]F :Æ,g — 04 
dK dK dy 
. dy dy dy 
SE à 
dx dé dx 


— 7, & après avoir multi 


plié la première par r, je l'ôte de la troifième, ce qui donne 
4B JET: dB de 


dt dq dq 1. SAUE 
FT rie PP PT en ere 


de celle-ci, j'ôte [a feconde après l'avoir multipliée pat 


dq dq AU 

Te dy = & il vient * 

aB aB 4B dB ,dy d de 
RE PSN PS A 
47 dx dy dé dz dx dy 


/ 44 dk dK dy 1. GE) 


Li] ÿ - 


452 Mémoires DE L’ACADÉMIE Royazr 


Mais cette dernière équation ne doit pas renfermer de fonc- 
tion «arbitraire ; de plus, æ ne doit prendre aucune valeur, 


NS d KR aie 
on a donc néceffairement _ —0,& + Tt— 0; 
x dy dy dy 
de cette manière on Îa réduit à 
dB 4X dX dB , d7 dK dB dB aB dk dK)1 d7 
Cr (E(R = 0) = 2e SE 
dy dx dy dx’ dy dy d? dy dy dy dy dx 


4B dK 28 A6 LES UE AK [dE at 
BR dr aie Te Var Tr ae) = 


où s n'eft fonétion que de y, 7, laquelle étant connue, on 
trouvera 4 en rendant exacte la différentielle dy + 547. 


Maintenant, foit l'équation différentielle du troifième ordre 


Li 
! MES » 3 Z . 7:72 
— d7'+ mu —o, qu'on changera en une équation aux diffé 


rences partielles Me pa de te RUN + w — 0, qui devient 
P Darren DES RUE 
PES CHE Hs dY{ dy r dÉ dK dK 
par l'élimination de is Pr + Z me + u— pr : Go lo 2 


Après l'avoir multipliée par un facteur 4, on la comparera 
à l'équation que nous venons de trouver, & on aura 


dk dB dB dB ,dK dx r dB dK dK 4B 

= er ae es VE are 
Yu dE dk dB dk 2R AP VOX dK 4B ) 4K. 
MIRE NT Ge de À Dan are ap PCT ue nel 

d’où l'on tirera, en éliminant 4, 
dB -dK dK dK dK -dB dB aB 

fr RL) Net 271 LA ag Ie BR Er) SLR; RS f NP} Dr, a 
LL LE ot A s7/] dY EE AS (7 57/10; 

(4) fe SEMI AIK 48), 7 PL a8 are ar UK dB 4K 
hf nee nl RE ia so tool 

48 4K dK dK 4B d4K 

—— ————— ! ——— — — ——— + 
ie AR AU 2y, 22 at 


(1o.) Pour fatisfaire à ces équations, je fuppoferai 
B=n) +s,K = My + Nn,n, M, N étant 


+ 


MEMSPSNIC Te NC ES 453 
des fonélions inconnues de x, y, z; de cette manière je 
tirerai de l’équation (T’), 


. dN du dM dm anN dn 
de nai War 7 a (a 


= s(m ME D )=on ME 5 (in EM x /=0 


La troifième de celles qui BR n'étant autre que 


d/M: d(M: 

Los 40e = 0, elle donnem—M9:q,x, 
dz d 

& par conféquent 
= dm 


r dp:q,x dM rx 9 dm ' d@:3, 
= ME MEME = ML; 


si F SA autres deviendront 


1 
(1) dn dN É SET à ' 
..... PE PE @:g, ñ 
dp:q,* dn dn aN aN 
(2) , À ee DA EURE PE ONE TS) 99% 0 
== CHE dp:4q,%* si . 
De plus , à caufe de = — sg, — 0» l'équation 


{A'), par les nee précédentes, fera ca en celle-ci, 


Ar Le adN aN a4N 
bM= x ns + —+ ty? 


on pourra donc Ps de cette ue æ& J Hg +y, 
#, G, y étant des fonctions connues de x, J, %, & On aura 


M adN dM dM dN dN | 
Re PT at ne 


Je ferai ufage de la caractériftique à pour défigner une 
Hifférentielle prife par rapport aux feules variables x, y, & 
je remarquerai que P étant une fonétion quelconque , 
df Pd P L 
LS = d = dy ++ dy. dy. Cela pofé, il J 


fera façile de tirer des équations précédentes, 


454 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
IE DE ELLES Cote LL JA 
A ONE SAT free ss dfr:x,y He Ca dr, 


dx dy 


& 


dfa:ix d d dfade dfady dfad 
Dee Sy Ce Date PE + Lu “}}d7} Pfrix,y 


dx dx 


a dé dx d[fa d d [a d' 
ARTE RS TE CE) prie 
dœ 

dr} dy.dt 
AI DA 27e Lun + EU dE es HA De Jedty, 


dx 
4 Dfr:x,y é 
dx d 
— TR No x . dz, 
Celle-ci différenciée deux fois, en ne faifant varier que 7, donne d’abord 
FO a d d de d fa d df« d dfad 
Le RE LE ay—° = _— Er re CIjÉeS 
Lx we *, RASE) 
sa dre (Vel 
d d[aæ dy 
Jady ç 46 dx dfadz a 
— [e Hate a DE TEEN + d5 Shirts 
da dfi:x,y Si # 
Dfy+ + dr) Le op ya } dg 
dfi:x,y 
d 
À dx [ad d'fs:s,y Ja dz 
TO LE dE dy-dr, 
Bc 


(a H—i)fisy-(E elfe dy) Le 
—[21+/ di +7. (+ TEE Te x, ee TL 


ds 
PTE EP à 
d x 


dy 


GET 


DAS AS UGNILE. NICE 5 455 
qui renferme les conditions d’intégrabilité qui doivent avoir 
lieu dans l'hypothèfe actuelle. 

(11) Prenons pour exemple Îe cas où & — 0, 
= NyHe, y = TÉ HOT + 67 + Tr, tous 
ces coëfhciens étant des fonétions de x, y; alors l'équation 
209 ” : d.d'fi:x,y Œfr:x,y 
précédente devient 37 (2x f1:x,y — NE: HEIN ) 
H dd'fi:s,y défrixy Œfi:x,y À 
H2çfiix,y — dx US dy CRC TT En Ie 
Fr . la . CRI d? +, 
d'où l’on tirera deux équations, dont la première SR 
D» 
d.d'fi:x, set 
aie spiea + 2Tf1:x,y — 0, aura pour intégrale 
complète fr:x,y=—x1K1+ x2 K2,x1 & x2 étant 
des fonctions arbitraires de x, fi par {1 & K2 on entend 
deux valeurs de fr:x, y qui fatisfaffent à cette équation, 
en regardant x comme conftant. On mettra dans l’autre 


x1Æ1pourfi:x,y; ce qui la changera en celle-ci, 


d° K1 deKx dIKs K 

= (Ÿ 1) 5 edy EEE dx NT à 
JE dK x ” 

LI a, Ly 

; dfz:»,9 defrix,s 
On aura de plus = DE AT 

r d'fr:4,y df2:x,7 2: 
ae ar == 1/44: 45» dont la première 

donnera 


fa : FEU + f(efr : pes ER DLE au Se. 2 )dy; 


& comme cette valeur étant ee dañs la feconde, ïl 


en réfulte que 
or fe ne parer) se 


dx 
il eft doncenéceffaire que ce fecond membre PR en 


dt 
Élra 


456 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALE 
ne faifant varier que y, foit égal zéro, ou que l'on ait 


d.rfi:sy  d'ofrisis SA, A 04 FR ES 
dy dx d x° FF HO Qt. 


On mettra dans cette équation x 1 #1 pour fi:x,y, & 
on aura 


der d,okKr dr Ki , TK d.eKi 
TAPÈCT AE ES LE LT dy J+x 1(3 7e —2 dx + À) 


dk: 


+ aa > — (Ki) + Si Kr = 0. 


Il faudra donc que 4 r & que les coëficiens de #1, x"r; 
x" 1, dans l'équation précédente, divifés par Æ1, foient 
chacun fonction de x But. ce font-là les conditions d'inté- 
grabilité pour le cas préfent. 


(12.) Je reviens au cas plus général {n° 10), & je 
remarque qu'on tirera de l'équation (2) 


dN dN d.@1:9, 
nm eriqr + —s 5 oriqr M Tdg 


dy 
far y VOTES ES 


En fubftituant cette valeur dans l'équation (1), elle 
deviendra 


aN dN ŒN 
PE (one ea NOM 
D 
dN aN dM dpr:q,+ dpr:ig,# 
dy pr dy Er dx — M dx ]dz; 


dont le fecond membre ne devra plus renfermer 7, fitôt 
qu'on en aura éliminé y, au moyen de fr{dy + 5sd7) = 4 
où r eft le facteur propre à rendre dy + 547 une difé- 
rentielle exacte; il faudra encore que l'équation qui réfultera 
ne renferme pas de nouvelles conditions. 

Je regarderai y comme une fonétion de g, x, 7, & diffés 
renciant par rapport à 4 j'aurai, - 

ŒN aN aN dM , dpriqgix 

dz / dx 


fr dpr:q%+ Éd & | 
LATE M — PES — — #Ÿ: à laquelle 


D Ex 9. C Li E: Ni C-ELS: 457 


La 
à faquelle on fatisfera bien fimplement, en fuppofant ; — 2 
dy sm! & dy “ 


ce qui donne 9 = y, 77 = de 
car alors on pourra prendre @1:9,x — 1. 

/ »7 . LES r 
(13) On peut eonfidérer l'équation —— 47° + u — 0, 


fous un autre point de vue, & la regarder comme une 
équation du fecond ordre, dont la variable principale ne 
renferme que x & y. En effet, on peut lui donner cette forme, 


4 Ca 2 ÊT dz dr dT 
sr MTR EN FE RAEL PLUS MAT dx U Us + 0. 


Si l'on fuppofe que celle - ci. ait pour intégrale complète 
de l'ordre immédiatement inférieur B + F: K— 0, on 
aura {a transformée 
dB. ‘4K aB 4K pus ak dk un dz 

dr 


—— ——_ — ——— — 


dy ERA dy dy dy dy dx 
dk 4B dB 4 X dy dB dk 
FPE ET NE de LE, 

dkK 4B d4 dB 4K dK 4B y 
En ae lee pape rae 1] (ue 
£ t dy dZ dk 4B dB 4K 
SR un dan nt br sr an 
«" d? dK. 4B dB 4K ÆZ d'Z 

No nan 2e NV loue 2 

dz rie 
+ (F1, 


à laquelle on comparera la propoée, après l'avoir multipliée 
par un facteur +, & on en tirera 


| dB. dk dK 4B dr ( dB. dK dK dB 
Ÿ AUOT Te Era UT DIT das de dy. dt J 
dkK àB dB 4K dt ( dK 48 4B dk 
Arr Zee er ASE TT COS RTE Ha 
s dB. dk dB. dk ARTE DL 71 dK 48 
M ane on V PRE TER 7: Dr 
dy dK 4B dB dK 
/ Lee CA Lee ce M die ÉD 
er 19 dy ( ds 47 de 43 2, 


Mén, 1778. 


458 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royate 
ou bien, en éliminant +, 


é dK ,d4B dB dB dK dk 
esse (re Ce TT ddl Cm 
d? dv dB 4K dK 4B 
ete ( FE: Eur A dy ) ( dy dz dx dé = 0}; 
dB dB dk dK dy 
(4). RYIRLS ( 7e — 4 dt ) ( dy dy dy y 
dk dk dB dB dy 
= (rm PRE 7" AN dy dZ dy / 
dy dk dB dB dX cg 
ji De dx ( dy dz LUS dy d& ] He 


(14) SoitB—= mi +n, K= ME + N,m,n, 
M, N étant des fonétions de x, y, 7; on tirera de l'équa- 


tion (T’) 
dm dm 
Me HR Oo; 
dn dN dm dM r dm 
M— — M 42 + z(M Fr D Mo 
dM 
EE dE ER 9» 
dr dN dn dN 
Ge Po A Put À 7 re Lectre on 


La première donne m — Mor:x,y; donc 


dm dM r d@r:+,} 

! 2 

M UT —= M 5 * 
dm dM 2 dpr:x,9 

M TN rt MM M 


& les deux autres deviendront 


de aN L É dpr.#,y dpr:9 j. 
Tr PI:Xx,Y — M FR pr )} 
Qui dn aN  . dN 

SUN ET uv nus EE An )P1:x, 


DES SCIENCES 459 
Occupons-nous maintenant de léquation (A’), qu'il 
fera facile de transformer comme il fuit, en adoptant la 
caractériftique à avec la fignification que nous lui avons 
donnée ci-deflus, & en faifant pour fimplifier 


dn dN 

F ie mt MC AE 

dr 4aN 3 ne 

5° Fins Mnrr nt PL:Xx,ÿ = 22, 

dM der:#,y dM du :x,7 chge 

dy dx nr dy Fi Mo1:x,}, 


& ainfr des autres quantités femblables ; il fera, dis-je, facile 
dé la transformer en 


a[M. (sr dress) pm dcr, 
"Üay dx dx dy 7 dy dy dx dx dy 


d . nr dM 4N d 1.4, dM pi] 5 
n 4 ù LAS #1 pi:s,9 pr:x,y 
À dx (Mo ue à M dz d7 dy dy dx ) 


| d . “2 d4M dN dgi:x dM doi: 
1 à 74% 24 pi:x,y 
AE COPA NE PE EE } 


s dy ,na dM nr dM 7. n1 AN d'Ndpr:x,y 
a OT dei ORNE Roer D Eng UE) 
ë dy ,xu2 dM gui dM eu #2 dN AN dr:x,y 
PS Cr a OR ae ONE Den eg D 7e ge 
Nn 
M 


Cela polé, fi l’on prend u — a7 + Cr + y,a,G, y 
étant des fonctions de-x, y, 7, &. que l’on faffe cette fubfti- 
tution dans le premier membre de l'équation précédente, 
qui deviendra par-là 


127 ÀT dpr:x;y dr do1:x,y 48 dpr4,9 


) 
nr dpi:x,y dz dpi:x,y 
dy o dgx.x, 
TE NE (Egns y MT) — yus, 
Mmm ij 


460 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE Royare 
on en tirera, par la comparaifon des termes homologues ; 


di aN DM 2N 
a d LES 
Donc M = el De MED r 


N = f2:x,y + fi 1x, y [el "te — “ete dy 
dfi:x,y  fadz dfiis fad 
—_ IT fe dr + EE [fe “Ty. dx, 
m— prix, yfrix,y, su 
d— g2ixy ons, pfrix,yfe"" CL) qe 
d.pr-s,Dfi:x, d dpriepfi:s,y fadz 
iris fa ge dr-dt 


On aura de plus les deux équations 


# œ 

_ — gfrAt ne Lx, }, et — 41 Tofiix, yet Lx, ÿ 
qui ferviront à déterminer les fonétions @ 1, @2, f1, f2; 
& à trouver les conditions d’intégrabilité. Ces conditions 
feront les mêmes que ci-deflus; & pour le cas dont il s'agit 
2.” 1 1, ayant deux valeurs de x1 qui fatisfaffent aux équations 
qui renferment cette quantité, fr on nomme #1, N: & 
M2, N2 ce que deviendront 47, N par les fubflitutions 
fucceflives de ces deux valeurs, on trouvera pour l'intégrale 
première complète de l'équation aux différences partielles du 
fecond ordre, 4 

Miz{ + Ni+F:(M27 + N1) = 0. 

(15:) Si l'on fait — dy — 7", & qu'on repréfente 
px B + F:K—o, l'intégrale première complète de 
l'équation aux différences partielles du troifième ordre, 

dy 


Cu 2 d°% 3 
Be JAN Apres HIT TC 


d'y 
dy 


, d°z d°z dy 
32 Na rte RE ei 


DES SCIENCES. 461 


B & K feront donnés par {es deux équations ” 
dxK dB dB dB k a B 
[/4 ER | ! n 
Ne Te + x th 
ak dk ATL- MEL LT 
a CF VaR A Nr ni 14 =. 0 
dB aB ak dK dy dK dt 
ref a —) (: PER — —— 
dx CEA dy dy dy d' T0 
dk ak dB dB dy dB dé 
RE Ti s Pr ŒT FE 24 D À 
dy ,4K dB 4B 4K dt ,dK 4B dB LT 
| PE ETS PURE ri MR UN à Fr 
; dk dK. 4B dy dx 
RUE NP) PME 
n Pr dy Fe * dy + 
Soit B—mi +, K= MY +N,mn, MN 
étant des fonctions de x, y, z'; on tirera de l'équation (I), 
dm dm 
M d7' #1 dz! — 0, 
dr 1 1168 dm dm am 
—— 11 M— — m—— En 
M me + 7'( Frs Ne dE ds Pr 
dm dM 
+ ME 71 77; — 0; 


2 dN dn aN PAST aN | 
Me mt UM APE AS (Mn) = Où 


La première donne m — M9 1 :x,9,7; & par cette fubfti- 
tution, les deux autres deviennent 


an ur dpr:4),4 1 dp1:x,#, 

7 Pr, ZE Are TE de to or 1 a 
FLE Ë4 

dr 


d a4N 
CRTTE k,2T+ ulS- Do 1:X.),7) HTCET PAP AE 


On transformera l'équation (A”) en celle-ci, 


462 MÉMoIrEs pe L'ACADÉMIE RoyaLe 


dy pdpri#,3,2 donne) mn = us y prie de 
EME EE RE de) su et srl 3/]—"1} 
m2 dM pdt pts ae re Le, arrsnos MT rt d 
SX Ar dx dy dx a 
ù # . LS dM aN. nt) Mail és re “ 
Hz Ar H PTT ae a; : pére PEN gt 1 TE) 
LE LL 24 dM d7 22 vi 
— (+ De a LEE [Mo : Du. MoN 
T dpi: d@i:#9,% ok NU 2,9 dM 4) 
CEA -( dx dx dx dx # * dy dx ] 
dy gaz dM nr dM PE #3 dE 21 dN 
An 5E TRUE ETS ae NT ET Ro ue 
_ LPT AN. dy dé n2 dM n1 dM 
TT (+ dy A re dy [ M dy t M dx t 
dM ua dN dpr:x,7,7 dN 


#3 : 
MES M dy GE dé ce dx Ar 
dN dy Nm 


où la caraétériftique à défigne une différentielle prife par 
rapport aux trois variables x, y, z, & où l’on a fait pour 


abréger , 

än dr dy ‘,4N aN 4) LE ve 
dy PÉTER RARE 27 PA PAR RE TS 
dn dun  dZ dN an 
ane € Nr les SE )or:x,,7 nt vint 
dn  dz dn d7 dN dy ee 
25 4 a Un cr er TH Jerix}T — H3) 
dM dpi: 9% dM dox:+,5,7 dM d@1 : ET dM dp1:1,9,% 
dy dx dx dy ET PAPE NT ? 

dy ,dM dg:1: pe am “ — 

dy ( dz dx TT er x /= es: 2} 0 


& ainfi des autres quantités fembhbles. 


Nous prendrons w — ag + C7" + y; & ayant 
füubftitué cette valeur dans le premier membre de l'équation 


précédente, nous le comparerons terme à terme au fecond , 
ce qui nous donnera 


D'ESMSCTE N CES. 
aM 
dy 


463 
LRPPT 8 "mr = ré Cf: CRE PA 
QU um 


CEA dx 


N=faixy fe" "re — te 


Dfrixyr— ET dr, 
— Yf1:x,7,% 
On aura donc auffi 
LB ASC :X,J, T01: 


LA 
n—=op2ixp,z + fe" Te — 2? 


4€ 
dx Dix, To1:x,), 
D.fr:4,9,zpTI%,9,% 


dx — ]4z, 
EX J TOI IXY, Te 


dx fadz 
D Ve 


En faifant les fubftitutions convenables dans l'équation 
NN 


a d 
7 spi CAE: 


on en tirera 


df2:#,2,7 
ne, 


Jadtr 3€ [ad 
= = fix y aire fé/* = de ee 
jy MJadé 
dfad dfadt : rEfé de vat 2% 
HE (CE) der — LEE — 
+ LE 


ee 
+ J L dt) [5 
RES not phedtpe 


SAS 
(en 
dy( As 49% FH %. dfr: Le 5 
jy + ; 


(D f1:29,7 + af Li 


. = Mar 
dfs 14,Y,% 
; dt 


4» fe“ at.dt; 


dl 
| 464 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
. IA { 


F 
& différenciant deux fois, en ne faifant varier que 7/, 
df::2,9, fadx dy 26 Yfady 
Ten = 3 tsT PTE NE ms Se 
df[ad7 df[ad7 
RAP 2 SE AA ONE CHE 
dfr:x,9, CEA d fr: X9NG 
Re MNRNEt E e ) ra 
AN 2 one jy ue 
he dfr:.,9,7% 
tr ee Eat) —[< T= dE + jt pa 
FRPIRE 
—— S7e [fé lag. da 


LS RE ET Qi le 
dfi:x, 
o— (+ aH— fi er. TRES 
e PU RE * dy 


RUE me RE Li+a(< 

a : dfi:x9,% 
£ da - dfi:x,9,x } Dfr:x,9,7 dr 8 
DE GT SR ET Een 


(16.) Si l’on fuppofe 
= 0, C=dg He, y—= ag Ho + + T 


équation précédente donnera 
d.d\'fr: 2,9, t t 
+ 2Tf1:X,y,7 = 0, 


Pfr:4,9,7 
de [a dt 
na ee rs æfi: ER y 2 AS TEMne d'A\fr:4,y,7 
2 CET Een) TE ET MT re To 
3 ( dxdy D EX CR dy d7z dz dx 
d.d\fi:x,9,4 
——< + AA V1 ENV 


Lust S 

Soit À 1 & Æ2 deux valeurs de fi:x,y,7 qui fatisfaffent 
à la première de celles-ci, en regardant x & J comme 
conftans, elle aura pour intégrale complète 


frs, pass Kimiix,y + K2amw2ix,y. 
"ER 


DES SCIENCES. 465 
On mettra dans l'autre 1 æ1:x, y pour f1:x,7,7, & 
de cette manière on en tirera 


dT1:%x,7 nee dai:+, y 
dx dy - ; 
ATTRE, a DRM RL. 
; ARR. BatE csk d.eK1 #0 dd K1 mé Re mers 
dx dz dydyz dy ds dy 
it. ip 1 PT d 


On trouvera enfuite 


df2:4,9,7 defr:x,, defriix,y,r 
LE CR SR EL RE 2 PRE 


HAUT 23 dy 
Ke  — + 27 Hire ie Pre ; 
msn" Leg ee D —— L_ — BEL Ne Pr 
Ayant tiré de Ia première 
Pzix,pr = mix, + [T(oK1 — Li + ss Rs AEPRRANE 


dKr Titre CD dT1 
s(h)m1:x,y — — (Kia) EE + K1 rl 
où à défigne une différentielle prife par rapport aux deux 
variables x & y; on mettra cette valeur dans la feconde, 
& on aura 


dy d x° 


Mén, 1778 7 Nan 


2 Kia: y [Er LIX,ÿ + (Ki — 2 de cp de 
LT) ER RE) TR) TE Ki 7: 

Le ee 
= ere ge RE Rp 

£ l dkK1: ŸT1:x,Y de “ _— M — - 
+ —— + K1 ) 47. du 


466 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Celle-ci étant différenciée deux fois par rapport à z, donnera 
d'abord 


dT;: 32 dirK1 dr Et d.eRr D Kr 


= dz dx d x d x? Je 
dT1: RE ŸT1:x,y dTi:x, y 
f ! 1 
Re js HAE ee RL 
dh p drrin,s di dri:x,y 
— [+ TES D ne 
PRE *,Y DT 
dx dEr Tr: PA d x° 
—  — ar - KA ———— ; 
DE rene (Ua + D UT 
puis M 
d H! UN Tax: s, p 
Û dy Jr: LE dy dx 
da1:x,7 de dKi jTrx,# 
(4 ! 
(I mn (x) dy Fe rNLA d x 
J dTr:#, ÿ 
dx aK1 DTI:N,# 
(4 T , 
FE (2 KE 5) dy 2x 25 
Le ŸTi:x, y - 
d x° . 
— 4K1 Tr le 


qui renferme des conditions d’intégrabilité , auxquelles of 
ajoutera celle trouvée plus haut, relativement à 4 1. 


(17) Lorfqu'on aura # & # nuls, ç fonétion des feules 
variables x,7,&e — a +b,o = ef + fr + g; 
T=PÉ EH QD Ho rT + 57 + r, tous ces coëf- 
ficiens de 7 étant des fonétions de x, y, on pourra prendre 
K1 — 1; & comme alors le dénominateur de 4 1 fera 

1, il faudra que 9 — a, & il ne s'agira plus que de 


5 . dx 1:x, y x 
déterminer ETS d’une autre manière: on fera ufage 


pour cela de Ia dernière équation, qui donnera 


DES SCIENCES, 467 


LTi:+,) d.aTi:x,y dem: y 
DETTES OP CAT (A7 PE Re 3PeRL NAN O0, 
diTs:x, y Œ,brr:x,9 d,aTi:x,y dfrits,y 
2rdÿ NET 3 
* dy dy dxd}y dy 
d.emi:s«,y 
+ 2 ES — 6gæ1;x,y — 0, 
dT1:x, y Œ.bTi:+,y daTi:x,y dfrs:4,9 
dx dy dxdy PE d 


2 LIT Lx, ÿ — 0. 


Si nous défignons par A1, H2, H3, trois valeurs de 
a1:x, ÿ qui fatisfaffent à la première, en regardant x comme 
conftant, elle aura pour intégrale complète, 

CRIIX, y = x1 Hi + x2H2 + x3H3, 


x1,%x2,x3 étant des fonctions de x; on mettra x1 Ar 
pour ær:x, y dans les deux autres, qui deviendront par-là 


«3 Le 7 EG GG an 
Rmese.(a1)x1 + (8 Rs =p2eHi).(br)x' 1 0, 
a et "Hu 
AE ar (A 2 Hs 
(di) 1 + (4 —- —aH1)...(e1)x"1 =o, 


On trouvera enfuite 
; doTsix,y CR LATE | Œr1:4,y 


AT2:+,) é EE TT 
SR) dx À 


aÿ 


dr2:x,9 
dx 


ZÉTRIN, J; 
Nnn ÿ 


468 Mémoires DE L’'AcADÉMIE Roraze 
d'où il fera facile de tirer 
d.gmiis, y d'bri:#, y DT1:x, y 


dx re d# Li d x3 7 JR 


_. +, dogTi:x,y d,bri:x,y ËTr:x,y 
RIRE = — —j# dÿs 


m2iX, = X + f(sm1ix,) — 


& comme le fecond membre de celle-ci ne doit pas renfermer y, on aura 


d.tH: d.sH1 d'.gHi d.bHi dt H1 
(aprnrres d'A te LEE lt 
48H Æ.b Hi MR 
LUE 2 ET RES x 
nu d'H\1 
(Ga 3 nn Er PR 


He 


— (bHx — 4 nv bi. + HirxŸr = dù 


L'une des trois el que nous venons de trouver, donnera 
1, & les deux autres renfermeront les conditions d’intégra- 
bilité; ces conditions auroient été fort différentes, fi au lieu de 
prendre Â1 — 1, on l'eût pris — 7. Quoi qu'il en foit, ayant 
deux valeurs de x 1, fi on nomme A1, N1 & M2, N2} 
ce que deviendront A, N, par les fubftitutions fucceffives 
de ces deux valeurs, on aura pour l'intégrale première complète 
de l'équation aux FF Ne partielles du troifième ordre, 
Mig + Ni F:(Mi7 + N2) = o.. 


(18) Ayant propofé l'équation d’un ordre quelconque 
—dZ + a Z° + CZ + y—=o,a, GC, y étant des 


Éonétions dex,y,7,2....!Z fi on ui fuppofe pour inté- 
grale première complète” Z +1 +F:(MZ+N)—=o; 
on aura: 


M=—el" "2? N—Q+fe!"*7 ME eZ po, 
Re AE Re PZ y. Pp eo: Ba LENS e 
= dz pp, 


D'ASISICQULE NGms 469 
où P ,p, Q, g font des fonétions arbitraires de x, y, 
BTE DUT AA DEN te de -.."Z, & où à défigne une diffé. 
rentielle prife par rapport à ces fèules variables. Nous ne 
poufferons pas plus loin ce calcul qui n'a aucune difficulté, 
mais nous prions de remarquer que pour parvenir aux équa- 
tions que nous avons nommées (T) & (A), nous avons fait 
Thypothèfe Ia plus fimple, qu'il y en a une infinité d’autres 
auflr faciles à calculer, qui donneront autant de différentes 
conditions d’intégrabilité. 
.. (r9-) Nous remarquerons encore que pour fatisfaire aux 
équations (T), (A) elles-mêmes , nous avons donné à 8 & K 
une forme très-limitée. Généralifons cette fuppoñition, & 


pour le fecond ordre prenons B = m3+ 1, K— Mg” 


HN HP HOT + NUM, 
æ étant un nombre entier pofitif, &m,n",M,N...'M 
des fonctions de x, 3; alors l'équation (T) devient 


TaMz + RON AE LE (æ — 2) Pr TE, 


dm, dn dm FL 
id 2 ñ 
ss — N] Der Fraser Va due | 
dM T4: dN dM T - ,dP aN T—3 
ad rs . le ame A PS NL ER 
>: d'M dN,. d'M 
A Le He FE TEter 
& donne néceffairement ce nombre æ —+- 2 d'équations, 
dm dM ; 
x M TR M ras O, 
1 dr dm dN aM - dm à 
TM. (TE HE mn per Dhleorer Pris) No 0, 


. dn. dP daN dn dm dm 
7 Mn) +(r A Cara) TT RP EE = 0; 


r dn 4Q dP dm dm : dm 
fr— NT m( Te han EP (TE Er— 3Q7—0; 


470 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALr 


eos ss cs Pos 0 vd De à 


dm d'N L# a 1 du dm PidE 
Ne mi TEEN F5, chose 3 QE 
du dm d'M d'N , dn 

! —— —— a ne 
N.( 7 Ha m (Tr iron st 0e=04 
dn d' M 
! er, 
N TS Fe M 0: 


Le 


IL fera facile de tirer de la première m — M " @r:x; 
en fubftituant cette valeur dans la feconde, elle devient 


Le I 


ne SE) 

dn F Le aN dM Te LENS ARE 

Anne quix(rMr—(r 1) NT) = TM PI; 
qui a pour intégrale complète 


Li: x 


an— NM” prix (A)... .ç2ix — mg 1:x] MT dy 


(20.) Occupons-nous maintenant de l'équation (A); 
dans laquelle le coëfficient de x ou 


4B dK aB 4K dn dN dm 
PO A PO ru) ele be ri NE M 1), N le 
Le d dP àm 
(ps He i NE me + (m2). Pis 
T—2 PNG dQ dm 
ros(o) Z re À Cbau A reitee mt (—3).Q7-].. 
T—3 d d'P dm 
sv (T)Z —+ HQE 2 Pr) eee 
: dn d'N dm dm d'M 
w.(T) 2 +2'PT NT Jeu (ce) 2 + ENT = mr Je (9); 
or fi nous convenons de nous fervir de "7 A pour repré- 
Pa dm dM dm dM & af d 1 a 
enter G,7 pe — EPA agi ainil des autres quan ITCS 


femblables , nous pourrons la transformer en celle-ci, 


DÉEs! SC IE NC ES. 47T 
DAT os HT re oz += ME 
(nd + Me + Gi Pr Ne + GO + bg 

LES (im IN + z'À) + (m'M + n'N) z + n' M. 
(21.) C'eft pourquoi fi l’on fuppole. | 


CT AGREE AE ETS ARE EE ARRETE ENT EL ES 


ä 


= 


ET ARE TAN Era pre NOR AE Me Le 
où «, 6, &c. font des fonctions de x, y; en faïfant pour abréger 


RE 

y — 0h — Entan = y, 

d — Qi — Ch 2an0— yn+ CN — an = dt, 

6 — axl — Ci+ 2ani — yp + où + 2Cn8— 3 ang — Jntyn— En +ant et, 


tes ss.u.s CCC 


Ty — Cu — ani + af = ‘ny, 
En — "#4 = ""Cz, 
ôn aura les 2æ + 1 équations que voici: 

mM=— ap, 

"AN +AIM=C1p + es, 

nm PB + 2N — VIP + Cros + aT, 

RÔ+nP = Srip+ re +'EIT + av, 

m RAI nQ —=s1p + Sro + y15 + Civ + ag, 


CC 


‘y (m'N + n'P) = Vin tp RCIP a Ue 71, 
‘5h CE Es z'N) = "Cr p+ "ac, 
‘nn M = 'a'p. 4 
(22.) Si on examine ces équations, on verra aifément 
que les æ — 1 dernières peuvent êire miles fous la forme 


/ “ . 2 La T 7? 
| d'équations du premier degré entre —, —...—, & des 
BIT £ 


472 Mémoires DE L'ACADÉMIE Royazr 


quantités connues , c'eft-à-dire qu'il ne feroit queftion que: 
d'un genre d'élimination qui na aucune difhculté, f on vou- 


. # . La Li 
loit déterminer par ce moyen —, —, &c..que nous ferons 
FEU gp 


pour fimplifir — o1,TI, &c. Par exemple, lorfque 
TR == 3 ,6es dernières équations ne font autres que 


b/mQ + nb) = 16 + (A — —)T,8nQ UT 
defquelles il eft facile de tirer 
er(Gaig — dp+ en) + d\'ipfe — y19) 
PT Gp did —en—6eip) ! 
pe (d 30 + erp{e — 719) 
ER fe —yig/ + d'i(lg— en — 619) ; 


Li 
— +1 


L A 
(23.) À caufe de g — — rx M g'r:x, les 
deux premières équations du même numéro pourront être 
aM 


changées en celles-ci, De = aa M, 
— I 
aN A M Es 
S RENE es M + 7 M.(G: + aol); 


defquelles if fera facile de tirer 47 & NN, Il ne fera pas plus 
difficile de tirer les valeurs de P, Q....."M de celles-ci; 


dn d P dm 
m 


1). N _— —2).P — 
ro lire > Re DIU: | 
dr dQ dm 
+ + — — = — ÿ-- 
(re) PE em RE (5) = rt 
du dR dm 
_ : Ur 2 J _ ! 
(7 3) Q d dy + (7 4).R dy vIpài 
OO ........ ... LE] . ss . .... 7 
; dr d! P ; dm , 
3'Q 23 m 5 +2'P 5 = np à 
d d' « 
RD DC PET NI re, 
dy d y dy 
du d'M 
"N — MIN 
dy PF (24) 


D Es: S C'IEE N CES 


473 


(24) Mais les équations du »,° 19, en en exceptant les 


deux premières, deviennent 


dn d 4 
M _ M ir): tee 
T PP SE +(r—1).N + c1P=0, 
dn à P dm 
(r—1).N PR + (Tr —2).P T3; + rIp=0 
d 4Q@ dm 
z—2).P — M =): 
( ) dx FE + (7 3) Q FE Sin ViTO ©» 
du dR dm 
ni): — 11 == 4). RES = 
Mo), Ta tr 4) RE Herr, 
L d LA 
3@——— m 2 E +'1p=0, 
d * 
du d'N dm 
UP — M É Cro— 
x d x # dx RES LC 
dN 4 
°N — M ur 0! 
dx dx 
Donc fi l'on différencie 
dr dm 
ME ae) N PL 


& toutes celles du numéro précédent par rapport à x, & 


qu'on Jes compare aux précédentes, diflérenciées 
à ÿ, On aura 


par rapport 


dp d,crp 
TPE EG À | 


x OM+nN) = + à 


{a — 1) (1N+mP) = FA en 


{r — 2) (xB+mQ) = De F 


(3) Gè+nk) = ne 


se oes ee see se ose sde de se 6 6,0 s °°. 0 


Min, 1778, Ooo 


d Tip Fe dur 


durp 3 4.91 


d,c dr 
devp, dir, 


2 


, 
l'AVEE 
, 


474 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


.,,4 SEE d.'T1p d.cip 
TN 

3 (x'Q ) Fe FAT 

.,n _. d.'s3p d.'prp 
RTE Er NT 25e 

Ed 15 d.pip 

2'N + m'M = —— ; 

dx 


& faifant pour abréger, 
T(Ét +aat) = 62, (x — 1) (y1 + Cror + arl) = 72, &6, 


d d. d. diTif 
AU, Ads A mi 


ET, or y 
De F7 À ne FF Aer 
d.TiP d.uip d.urp d,@1p 
DEN NS ER PES red UND ———— + —— = 128$ 
dx dy ue dx dy ? 
d.'Tip d.'orp : 
essor sue ES = pe 
dx dy d 
Ci d.! £ 4. , 
AE PP este on MRLP TE to. 
dx dy dx 
dM 5 
(25-):De y — ma M, on tire 
Tfady dM de fais ; 
ME Te TRS NTI IE dy + Frs 
donc EUR à 
T +1 a d 
— — mel JS 7 QUr fe a) OR à 
dp 
y — (x + 1)a9, 
dp dx p'1:x Tæ+i ffiis 
a = gl + ufr RTE T PrLL 


Cela pofé, la première des équations précédentes pourra être 
changée en celle-ci, 


q'1:x AE ARE Se PE 
D CR fr:s 0 ne LES 
dy), 


de: 

7p — (fr +1) (aci + f 
qui donne pour première condition d'intégrabilité que x 
ne doit renfermer de variable que à, & au moyen de laquelle 


AA 


da 
dx 


DES SCIENCES. 475$ 


il fera facile de déterminer l’une de ces deux quantités @ 1:x 
& f1:x, lorlqu'on connoitra l'autre. Donc 


RIrÉz — _ — (fr + 1)a0c1l; 


en fubftituant cette valeur dans les équations que fuivent 
celle dont nous venons de nous occuper, nous trouverons 
æ — 1 conditions que voici: 


‘dax do: dr1 A 
en = — (01 
= D Dee 92 +C2o1+(r +1) [rt — (cr) ] « 
àT' dex du: 
= — 62 — 
= Ge + > d2 +C2Tr1 + (r+i)(ur s171)a 
du: do: d@1 
FRS r + LT — 62 + 62ur + (mr +i)(gt — sivi)a 
d' , 
—— — "ni —_ + _ — Va + Carr + (er + ir) (or — c1'T1)e 
d' d d' p ’ ’ 
—— — si en rent Enr) (are 1er) e 
d'h1 ñ do: 2 ’ ’ Le 
371 7 — ‘C2 + C2 pr +(r+1)ecr pr =o. 
(26.) A caufe de £ 
Tiré fædy Lt4 3 7 dm tre 
m — e grix(frix) 7 — 4" 
dm dæ gr:x An 
dx = nf dy an gi: a EN 
IT 
_ a d 
an = Ne TS pra ffrrs pi To) TE À, 
IT 
du ___ (—T)fady : T dN 
#7 = gi:x(fi:x) Lu + fi=e)eNT CE 
T— 7 
dm ____  (s —7)fady Æ dN : 
REA ALI EX) — 


da res LT ina 
Nr) [Ed + Eee ET + 


ris 


476 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
les équations du n° 24 feront fufceptibles d’autres change- 
mens que nous analyferons fucceflivement. On verra d’abord 
que de la première, on peut tirer 

LI 


JA nel /frix) Tgliixfor — 


s 
La 


— 7/fad 
e JS de 
fiix 
que fi lon met cette valeur dans l'équation du #.” 23, qui 
doit donner {V, on la réduit à 


aN Ab rfady N Au da LEE 

— — (x —1)aN=Te fr:x(6s He, y 2e 
d’où il fera facile de tirer 

Ne TU Lpaix + aff 9 (Gr — [5 dy) dy 

— fl: cxfe® dy]; 


après quoi on fubflituera pour N & À leurs valeurs dans {3 
même équation, & on aura 


p'2:4 ‘HAUTES Ja dy fady dos 
en —fe" "(5 +acr)dyr 
ggi;x(fiix) L£ 


dont le fecond membre eft évidemment une fonétion de + 
feul ; ainfi lorfqu'on connoïra fi:x, qrix & f2:x, 
celle - ci nous donnera @ 2 :x. 

(27.) Les autres équations du n° 23 deviendront inté- 


A — 2 


at x 4 T 
rables , en les divifant fucceflivement par » ,m 
8 P ; ë 


HUE , &c. & on en tirera 
CEDRE —c1p 
IDE À — 1 È lp 
RO © NEO Re 
(a) PT rip 


| CE M PS ro À 


À — 2 
m 


DEtsU Sc 1 E NNCE!S 477 


ss (m— 3).@ LT vs 

R = M ff ga 4), 
3 @ 2 en he 

P= mlfr — 1:x+/f — dy], 
au “ — cip 

D n° [fm x tp fl —;—— dy], 
UE 

M= fx + i:x + /f Me d y. 


1 faudra fubflituer ces valeurs dans les équations du 7.” 24, 
ce qui donnera 


d == 
(as) Nr dUR—IN TE —errten ? e 
Us pus a 
Ér3 DEEE T—3 rip À dx dy, 
| m° È 
d d =— 
fr) PE urp AL) PE gen” 7? 
! . MD on MUR PRES Re NS LES fo8 LT EN DL VIS TENTE LR ET TNA } 
HA Sx — ue f' == dy, 
d à Re 
PRES D Pit +gip ditfx3) 0 —uflim” < 
f' Aa dx i dy d 
ÿ CEA T— 3 d x } 
m 
[es » .. ...... e al ... ..... . *....... . . 
Ds ad ; dt él à > 
here a UN Ceres — Tip) :m] 
(4 ue — 
fr—iix— 1° d x dy, 
à d 
s'P— + pp dLeaP TE ter phimt] 
' : Lu ire TER TIA PP ITS SP ROSE 7 ds 
FE Sr arcanes Hf Fe d'y, 
açen < pip):n] 
— — pi : m 
cr ass ENG NZ 7 Ce dy AP% 4 
ME es 250 T A4 


478 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
& comme les feconds membres de celles-ci ne doivent pas 


renfermer y, on en tirera ces æ — 1 équations , 
sb, TIPf dm cip dm sENAERe d.T\p d'oip 
(1) (2N+ = DAS EN )—(r—1) o Te D ANS Te = 
. urp dm Tip dm NPPRIE d.uip d,Tip 
(x — 2) (APS rh SN PGIRPT -)—(r—2 PR PL TE Pal 
Ne grip dm vip dm RON: d,.p1p "diturp 
(x —3) (2 Q + pa To 2e )—(f—3) en are — 0; 
> ‘op dm Tip dm { . d.'s1p d'Tip 
3 & Q+ m dy #1 dx , To in dy dx Le 
HE fpi1p dm foip9 dm q d.'arp dog 
2 er 1] dy ce dx Eur ou 6 dy Hd cube 
2e lprip dm (IN . d.'p1 
FN 771 dx Tom Me Tenene: 
En fubitituant pour 
] . d,Tip d.cid RE d.uip d,Trp 
ne RER a Ep De ,(x—2).2 P se 0 MIN 
leurs valeurs fn.” 24) —(r—1)mP, — (r—2)mQ, &c, 
on les réduit à | 
ds du : m dn 
— 1) N— mn — _——— [fr x). _ — = 
pr [{r— 1) ; pren ALU À Pre Last 7) DU Lg S1p] =0; 
dm du dQ du 4Q 
— — HPpEE —_——— —— fr — 2) — —— == 
Te [(r—2) PU PUCE 19] pr (ns EE 0 Pr Trip]=0;, 
dt dn dR dm d dn dR L 
Lee = 3) QE ee ne DA ET ae TES 
dm CIE d'P ; dm du d'P F 
PT 3 Creme NES Qt Cire TU V/ ee 
dm dr É dm du d'N ’ 
Le DER ee ME le = DAS RES NS LS, En 7) à —1Q 
HAE 22 i ?18) f vi FPE #) è 
dm À du d'M dm dn 4 
= N NU Om) NN 1e ms PP = 10 
dy (é ax ds FR dy d ù ?) , 


DES mécano Le 479 
auxquelles fi on ajoute celles du ».° 2 3, après les avoir mul- 


dm o 
tipliées par ——, on aura les équations du ».° 24, dont nous 


fommes partis. 


(28.) IH refte encore l'équation AU 2 $ qui 


A | AV d 

devient, en failant pour fimplifier a Se 24 É — ma, ou 
iN g'r:x Pis 7 fe dy 
d x nt CHE I Ft 


(23 — 91 Tue —) fi: :X 


On mettra dans celle-ci pour A fa valeur, & on aura 


f'2:x T—1  f2:x qg'i:x f'rix = | IAA 
zjiix T FANS ue fr :x Tfi:ix 
T—1 fi:x 


5 g'i:x NAS Jady 
gr T fris atts re 2 He dy 


d'y 
Tf3:x 
3 fe à. da 
— el —+- Aer LT ste 


nee de d'y LE (61 re )dy JE dyldy, 


dont le fecond membre étant différencié par rapport à y, 
doit être nul; on a donc 


frise T1 frix ,qiix Pris VE) se 1 
fuir 7 VIRE re 5 HP ES FE (Er — F- 4 
+ # [(æ— 1) (C1 —f< dy) — Li —as1] = (X 2). 

Æ 
Var __ re dy + (6: —f$ dy J'dJ aa, 


(29.) Avant de fatisfaire à cette équation , nous remar- 
querons, qu'en mettant dans celles de l’avant-dernier numére, 


480 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE RoYALEË 


du . 
pour —— fa valeur — "ma 3, on en tirera 
* 
VI == D EPL — 0...."y1 — o, C1 ph 


celles-ci indiquent que le numérateur de uw /n 27) doit 
être exactement divilible par le dénominateur, ce qui donnera 
pour quotient 47° ë, z + y1. Alors, les valeurs de 
c1, T1, &c. trouvées n° 22, fe préfenteront fous la forme 


de 2; mais on pourra toujours les déterminer au moyen 
des æ —— x équations du ».° 25. 


(30.) Si pour fatisfaire à l'équation du »,° 28, on fuppofe 
d ; ; 
Cr'es 2[ + dy = x*1,x1 étant une fonéion de x; 


on aura 


(x — 1)(C1—f dy) — 


& l'équation dont il s’agifloit tout-à-l'heure, deviendra 


do: 
dy 


— 40 I = Ar — x; 


Vire Tr fix paris f'iis Prix 
rate er male Nu re Mie 
Tfr:# T Tux pi:x mfiis Tf1i4 


qg'i:x 
Cr PE BE CE — dE) == A2 


où X2 ne doit renfermer de variable que x. Ces deux 
conditions donnent pour équation intés'able celle dont nous 
nous fommes occupés y.” $ & 8 ; alors on fera x = 1, 
sIi1 — o, &c. d'où l’on tirera Ÿ1 — x1, & le refte 
comme dans les numéros cités. Mais fi pour fatisfaire à Ia 
même équation, on fait 


g'r:x FOOEEe 
pi: afiix 


on Îa réduit à 


Muix — Æiflaix = a d2frix; 


& comme 


D'E.S: SCA EN CE & 48x 
& comme, à caule de 


g'r:x TH fli:sx VX 
pi; T Miss LT 
on a aufi 


A = us (ile hs D 
on trouve pour condition d'intégrabilité, que 2 doit être 
nul. Cela polé, l'équation 
doi da 
PTHLES ac1 = GI — (x + 1) dy — X1, 
donnera 


cI —e Park fe [rer — (7 + 1 dy — Xi ]dyt; 


après quoi on aura de fuite 


—2/fad zfa d 
pire J dE Anix + fe À Rx y VIH (aor — Crh.o1 
do 1 dc 
Er dy Era LA Es 
=: d & d 
vie PE agixs fe EP Tr — 2)oyperok (web — 26r)er 
dos àdT 1 
URL Res ; 
3 7 TISA2 
_— À 
eu — MU ACA NÉE (en Dire (mat — 361 Jeux 
CE: dur 
+ QUE TE _— 3 Jay?, 
Pie. siathele Danse: 1-4 — 1}:x DORE EDIT) TE 
, d d 
+(asr—(r—2)01).'er +'et = LE — 143}; 
& pour équation de condition 
d'e1 h doi , ! “hs 
“Ir pret dE + [(a — 1).61 — acr]'9r —o. 


Mem. 1778. Ppp 


482 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


(31) Soitæ — 2,T1 — 0, &c. on aura 


cI 


dé: da 
4 les 


ed LEE T2C x — 3[ dy — X1)dy]; 


& pour équations de condition, 


do: 


5 — afo1) + Gior — y1 —e, 


d Ur dy: 
de j——- — 2710: 


Or, comme on peut tirer de Îa dernière 


vie a EMULE ES ee dy+(Ci JS “d) JE dy]dy, 


 é 


& qu'on a aufit 


ire + c1/— dy) — A'r:x + Lelte [dy 


+ Xi + Ed + XIE a NANTES 


nr dy Gi (6x Rene 57e — dy) = dy]dy, 
il eft clair que 


2yime /*Eoxa Aix fe [JE dy 


F5 æ doi C3 
A + Édy + A) dy} + + of dy 


, de d 
Mais 261 ne. —asi + 3 dy + Xi; 


en fubftituant ces deux valeurs de 61 & 7x1 dans la première 
équation de condition, elle deviendra 


ne A re Ca eE 
—fady 


7 $2x2— A1: x fe" À LA 
HE di Ai) dy]d3t. 


DES SCIENCES. 483 
Pour intégrer celle-ci, nommons L'1:x,T2:x, T3:x, des 
fonétions de x, telles que 


1 ART fliix L 
PS mous fr: D PP QE + T 1EXT 3:x 10} 
Th: d 7 d 

RE — PL (EE + ag)dy 2x2 Aix 


on aura pour intégrale complète, 

5 — roi HO:/S— Ror1)—o, oùr — RT1r:x, 

S IT IX HT 2ix — L'i:xf/Rdy, R — ANA: +, 
TE ex + fiixfel"® (Xi + [ LE dy)dy — fiixfe/ "dy, 


Ainfi toutes les valeurs de 61, qu’on pourra tirer de l'équa- 
tion précédente, étant fubftituées dans 


d dz 2 — [a d a d r 
ge His Hal + ir +e T'£x2 suis 4 = 
Ê & « da d J 
ere De neue ds dy) JE dy]dy} = 0, 


/ 


donneront autant d'équations , qui auront pour intégrale 

complète. 

my+n+ F(MÉ + Nr; + P) = 0, oùm — M°oq1:x, 
N —+ 2: + d 

— M @i:x+ = — p'i:xfM dy, M=e"® fi:x, 


2 2 


N= 7 [f2:x+2fi cafe (C1 f  dy)dy — fl xfe/*® dy], 


TRE j N  dn 2/ady LR, gris 
3 :x Ce D TT que pores )4) 
AR - fais An ADN un 2 ; Ge 
2@r:x(fr:x)T frix 2f1ix 


Mais, quoi qu'il en foit des nouveaux cas d'intégrabilité 
qu'on pourra tirer de cette fuppofition plus générale, quoi- 
qu'encore très-limitée, les formules précédentes offrent une 
méthode d’approximation affez étendue, que nous détaille- 
rons dans un Mémoire particulier. 


LRO Ppp ïi 


Lüû 
Je 29 Août 
1778. 


484 Mémoires DE L'ACADÉMIE RorALE 


M. ÉPM OI RE 


SUR 
L'OBLIQUITÉ DE L'ÉCLIPTIQUE, 


Déterminée par les Obfervations faites à l'Obférvatoire 
royal de Paris, depuis 173 9 jufqu'en 1778. 


Par. M... C\ia:s Sir N 1: de t Fils, 


’OBLIQUITÉ de l'Écliptique eft un des élémens de 

l'Affronomie fur lefquels on a le plus écrit & publié un 
plus grand nombre d'Obfervations : il n'y a prefque point 
d'Obiervateur qui ne fe foit occupé de cette recherche ; néan- 
moins nous ne fommes pas encore entièrement d'accord fur 
la grandeur abfolue de cet angle, ni fur les variations qu'il 
peut éprouver, 

Tant qu'il n’a été queftion que de déterminer cette obli- 
quité à la minute, rien n'étoit plus facile ; mais depuis que 
nos inftrumens & notre manière d'obferver fe font perfec- 
tionnés, au point de nous permettre d’afpirer à la précifion 
des fecondes, il n’en a plus été de même : en s’approchant de 
la vérité, on a vu naître les difficultés & augmenter lincer- 
titude ; c’eft ce qui aura toujours lieu en Aftronomie: plus 
nous approcherons des bornes, plus nous trouverons d'obftacles 
pour les atteindre, plus nous nous apercevrons de leur dif- 
tance; & fi quelque jour nous nous flattons d'y être arrivés, 
nous ne devrons fans doute ce prétendu fuccès qu’au manque 
de moyens d’apercevoir ce qui nous refte encore à parcourir, 
& ce que les fiècles à venir rendront un jour plus fenfible. 

Ce n'eft fans doute à dater que depuis une quarantaine 
d'années que l’on peut regarder comme fufceptibles d'une 
certaine exactitude Les Oblervations faites, pour déterminer 
l'obliquité abfolue de l'écliptique. En effet, ce n'eft guère 
que vers cette époque, qu'on a apporté à [a conflruétion des 


MES LS AQU EE NICE se 485 


inftrumens & à leur divifion un foin, une adrefle & un 
fcrupule capables de leur donner toute la précifion requife : 
c'eft donc de préférence aux Obfervations faites dans ces 
derniers temps qu’il faut s'en tenir pour déterminer l'élément 
dont il eft queftion. 

Quant à la variation qui paroït avoir lieu dans la grandeur 
de cette obliquité, c'eft une quantité fi petite, que non- 
feulement ïl faut un grand nombre d'années pour qu'elle 
devienne fenfible, mais encore pour être exactement déter- 
minée , il faut que les Obfervations que l'on compare entre 
elles aïent un même degré de précifion; ce qui fait que 
pour cette détermination, nous ne pouvons pas tirer un grand 
avantage de la comparaifon des Obfervations anciennes avec 
les nôtres, & qu'il faut s’en tenir encore à ces dernières : or 
nous ne diffimulerons pas que quelque bien faites qu’on les 
fuppole, elles font encore trop peu nombreufes, & ne peuvent 
donner qu'un à peu-près dans 1a préfente recherche. Quoi 
qu'il en foit, j'ai penfé qu'il feroit toujours intéreffant de 
connoître ce qui réfulte de ces quarante années d'Obferva- 
tions , faites avec le plus grand foin, dans un même lieu , par 
les mêmes inftrumens, prefque toutes par le même Obfer- 
vateur , ou par d’autres qui avoient la même manière d’obfer- 
ver: cette identité dans tous les points doit certainement 
donner une grande préfomption de l'exactitude des réfultats. 

Mon père a déjà rapporté dans plufieurs Mémoires de 
l'Académie, & M. le Gentil dans le Volume de 1757, les 
hauteurs folfticiales du Soleil , obfervées à l'Obfervatoire 
royal en diverfes années', avec leurs réfultats. J'ai entrepris 
de rafiembler toutes ces Obfervations, de les recalculer, d'y 
ajouter toutes celles que j'ai trouvées dans les regiftres ori- 
ginaux & qui n'ont pas été publiées, de les comparer toutes 
enfemble, & de former de leurs réfultats différens tableaux 
qui ne pourront manquer d’être intéreffans pour les Savans, 
en les mettant à portée de prendre connoiffance d’un feul 
coup- d'œil des travaux faits fur cette matière, & de fixer 
leur opinion. 


486 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 


Pour rendre l'infpection de ces Tables plus inftructive ; 
j'ai penfé qu'il ne fuffifoit pas de préfenter les réfultats ifolés, 
& de marquer, par exemple, qu'en telle année l’obliquité 
de l’écliptique a été trouvée de telle quantité. Les circonftances 
n'étant pas toujours les inèmes, ni également favorables, la 
connoiflance de ces circonftances devient aufli importante 
que les réfultats même : on trouvera donc à côté de chaque 
réfultat tout ce qui peut concourir à faire juger fi le réfultat 
eft exact ou douteux. 

J'ai divifé ce Mémoire en quatre articles, 


$. L 
De l'obliquité de l'Écliprique , déduire de l'Obfervation 


des hauteurs méridiennes du Soleil vers le Solflice d’éré. 


Les hauteurs méridiennes du Soleil, prifes au mois de 
Juin, plufieurs jours avant & plufieurs jours après celui du 
folftice, font les plus favorables lorfqu'elles font faites avec 
l'attention requife & avec de grands inftrumens, pour déter- 
miner l’obliquité abfolue de lécliptique. Le Soleil, fous la 
latitude de Paris , ayant alors près de 65 degrés de hauteur, 
n'eft point fujet à l'irrégularité de la réfraction qui a lieu plus 
proche de l'horizon ; & cette réfraction , à la hauteur de 65 
degrés, eft bien déterminée. 

Depuis l'année 1739 jufqu'en l'année 1748 , on a em- 
ployé à l'Obfervatoire pour l'Obfervation des hauteurs folfti- 
ciales, un feéteur de 6 pieds de rayon, fait par Langlois à 
loccafion de la vérification de la méridienne : la bonté de 
cet inftrument a été reconnue dans toutes les opérations 
nombreufes auxquelles on fa employé. 

En 1743, on commença à faire ufage plus particulièrement 
d'un excellent quart - de - cercle de 6 pieds, armé de deux 
lunettes , fixées lune à l'extrémité du limbe , & lautre vers 
le 40. : c'eft de cet inftrument, fait avec toute l’habileté & 
le foin dont étoit capable le fieur Langlois , dont on seft 
fervi fans difcontinuité jufqu'à ce jour, employant tantôt 


Ds AS CNT NCA ELS. 487 
une lunette & tantôt l’autre, la face du limbe étant tournée 
tantôt vers l'Orient & tantôt vers l'Occident, ce qui procure 
les vérifications les plus complètes pour la correction des 
hauteurs, J'ai eu foin de marquer dans la Table fuivante de 
quelle funette on s'eft fervi dans chaque Obfervation, & 
angle de cette lunette tel qu'on l’a vérifié ou fuppofé, & 
de plus le fens dans lequel l'infrument étoit tourné, afin 
que fi l’on exige une parfaite identité dans les Obfervations 
que l'on voudra comparer, on puifle ne choiïfir que celles 
qui ont été faites à la même lunette, avec le même micro- 
mètre, & linftrument tourné dans Île même fens. 


Les élémens que j'ai employés dans le calcul de l’obliquité 
de l'écliptique, rapportés dans la Table fuivante, font ceux-ci. 


RÉF HOme eee LE ere e- 2 NOIR CO NZ27 00. 
Parallaxe, "RETRO RS nt. 24 2. Mol 0.011354 
Demi-diamètre....... sure ee 015.1 4752e 
Hauteur de l’Équateur. .... D 'EEOEN d e 41. 9. 48. 


De forte que la fomme de ces élémens eft de 414 25" 
58,"8; quantité conftante qu'il faut retrancher de la hauteur 
folfticiale du bord fupérieur du Soleil, pour avoir l’obliquité 
de l’écliptique apparente. 


Les années marquées par une étoile, font celles où le temps 
n'a pas été favorable, ou bien dans lefquelles les obfervations 
ont été peu d’accord entr’elles, 


La Lettre 7 indique la Lunette qui eft fixée à l'extrémité 
du limbe. 


La Lettre A indique celle qui eft fixée vers le 49.° degré, 


488 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
T'as 1. LL 


& _[LUNETTE Ë 
> 5 2 => avec laquelle O BLI Q U \ Mi E 
2 [nu 61% escbmuél | ANGLE [HAUTEUX Mas 
2 |%. ele SM ARE de folliciale à 
Se e 2 [de l'Infiument, w L'ÉCLIPTIQUE 
ti a SE faifant face LunNETTE# |dubord fupérien 
FE Ë d » E2Z à lORIENT vérifié ou fupyofe. du SoL£iL. 
a z LR ou APPARENTE.|NUTATION VRAIE, 
2 |JälOcc:Denr. 
Second. Deg. Min, See, Deg. Min, Sec Deg. Min. Sec | Second. | Das. Min, Sec, 
17392 26.23, 2,2 rer. | 66. 39. 27,8023. 28. 20,01 + $,0|23.28,25, 
ae 8 26 FA 9,0 ver, | 4e É. A 23.28. 26,6] + 2,223. 28.28, 
1741 17,0 26,23. $,9 vér, | 64 54: 31,7 23.28. 32,9 — 0,6/23.28.32, 
1742 6,3 26.23, 9,2 rér| 64 $4e 248023. 28. 26,0] — 3,6/23.28.22, 
17437 48 ? 26,23: 18,6 rer. | 64: $4 35,9 23.28.37,1| — 6,2/23- 28. 30, 
1748*| 1 15,2 26.23. 6,6 vér,| 64. 54- 28,4/23-28.29,6| — 5:7|23: 28.23; 
1743 7 57 | M. acid, |49.25. 36,6 vér,| 64+ 54. 29,41 253 28. 30,6] — 6,1/23. 28.24, 
1744 3 6,5 | M: acid. |49.25.37,6rén| 64. 54. 347123" 28, 29,8] — 7,9/23. 28.21 
9 |10,8 | M. riens Gas 54. 22,6]2 28.29,8| — 7,923. 28. 21,9) 
ASE 6 7,1 H. orienn |oo. o. 59,4 fup.| 64. 54. 14,8123. 28. 16,0] — 8,9[23.28. 7,1 
1746 s 2,6 | TH orienr. |9o. 1. 0, vér.| 64. 54. 17,8{23. 28. 19,0) — 8,8/23.28. 10,2 
1747 7 4,6 | H:wrienr, |9o. 1. 2,5 /fup.| 64. 54.22,0]23°28.23,2| — 77 23.28.15,$ 
1748 3 4,3 H, orient. |oo.1. 2,5 vér.|64. 54. 12,023. 28. 16,3 5»7123-28. 10,6 
3 44 | M. orënt. |40,25.45,8 Jup.| 64. 54. 14,523. 28.16,3| — 537 23. 28. 10,6 
4 3,8 | H. ocid. |9o. 1. 2,5 vér, |G4. 54 21,1/33. 28.106,35] — 5:7)23: 28. 10,6 
1749 S 10,3 | H. oréent, |90. o. 5,4 füp.|G4. 54. 4,8 23.28. 6,0[— 3:1|23-28. 2,9 
1750 6 3,5 | H. orient, |99. 00. 54,6 vér.|64. 54. 10,5l 23. 28.12,4| — 0,1/23.28. 12,3 
2 1,59 | M. orënt, |49. 25: 37,6 ver. | 64. 54: 12,023. 28. 12,4] — 0,1/23- 28. 12,3 
L7S 1 9 67 | M: orëenr. |49.25-40,4 fup. | 64. 54: 8,0h23.28,. 9,2| + 2,8|23.28. 12,0 
1752 11 13,1 | M. orient, |49.25:42,9 vér. | 64. 53. 57:2{23. 27 58,4| + 5:14/23-29. 3: 
1753 10 70 | M. orëenr, |49:25.43,5vér.| 64. 53. 52,5/23. 27. 53,7] + 725 23.28 1,2 
1754 7 71 | M. orient, |49.25.40,5 Jup.| 64. 53. 53,123. 27 54,3] + 8,7 “ed 3,0) 
17515 7 2,6 | M. orient, |49.25. 37,5 vér.| 64. 53: 56,81 23. 27. 58,0| + 8,9/23.25. 6,9 
17 SO NORRUE 5,8 | M. orient. |49. 254 37,5 Jup.| Ga 53e 59,5/23.28. 0,7] + 8,1]23.28. 8,8 
77 8,6 | H. orient, |90. 1. 0,0 Jup.|64. 54. 9,6/23.28. 10,8] + 3,9 23° 28. 14, 
1763 2 0,1 H. orienr, |90. -1+ o,0 fup,}64. 54e 25,0 2512822074 lors 8,4123. 28. 17,8 
1764 8 12,0 H. orient. |go. 1. r,of4p.|64. 54. 22,0823.28.23,2| — 9,0|23 28. 14,2 
1765 4 1,3 H. orient, |90. 1. 1,0 fup.| 64. 54. 25.0f23-28.26,2| — 8,5 123.28. 17,2 
1766 3 3,2 | H. orient, |90. 1. 1,0 fup.| 64. 54. 13,0423. 28. 14,2] — 7,0|25: 28. 7, 
1767 $ 6,5 | H oriemr. |90. 1. 1,0 fup.|G4. 54. 14,0N23.28, 15,2] + 48/23: 1h ro 
1770* 3 4,0 | H. or&nr |go. 1. 1,0 /fup.|64. 53. 59,0h23. 28. o,2| + 3,9|23.2b* 4 
ZA 3 5,0 H. orïenn |9o. 1 1,o/fup,|64, 54 3,2h23.28. 4,4] + 63123. 28. 10, 
1772 4 41 H. orienn |go. ‘1. 2,0 fup.|64. 53. 46,7823. 27.479] + 8,1|23 27: 56,0 
VE) 3 2,5 | H: orienr, |go. 1. 2,0 fep.|G64. 53. 46,9823.27.48,1| + 8,9 23° 27: 5710 
1774 De 74 HF. orient, |90. 1. 2,0 vér, 64. 53- 46,523. 27-4717 —+ 8,7123- 27. 5 6 
rs $ 9:4 H, orëenr, |go. 1. 2,0/fup. C4 53 40,8/23.27.42,0| + 76123: 27-49» 
1776 5 3,0 | H orient, |90o. 1. 2,0fp.|64. 53. $1,1N23.27. 52,3| + 56123. 27: 579) 
A 8 4,6 | H. orienr. |90ob 1. 20,0 ver. | 64. 53. 49,0h23.27. 50,2| + 2,9]23.27: 53% 
1778 8 42 | M. orienr, |49.25. 46,5 vér.| 64. 53. 54,0) 23.27: 55,2] + 0,0|23-27. 5 528 


2 À Bourges, 
b L'angle des Lunettes a été altéré cette année-ci par le tranfport de l'infrument qu'il a fallu déplacer 
à l'occafion de la reconftruétion des Cabinets, 


Auparavant 


cm em de at té 


. 


DES MS.ENM EN CES 489 

Auparavant de comparer entr'eux les réfultats de Ja Table 
précédente, il faut néceffairement faire un choix , n'admettre 
que ceux qui peuvent avoir le degré d’exactitude requife 
pour une recherche fi délicate, & rejeter tous les autres ; 
c’eft ce qu'il efttrès-facile de faire , d’après l'infpettion même 
de la Table. En effet, j'ai eu foin de rapporter dans une 
colonne particulière le nombre des Obfervations qui ont 
concouru à donner chaque réfultat moyen, & il eft très- 
certain que plus le nombre des Obfervations a été grand, 
plus 4e réfultat doit être exact : toute année où il y a eu moins 
de quatre Obfervations, ne me femble pas devoir concourir 
à la détermination précife de l'élément cherché ; car le grand 
nombre d'Obfervations que ce travail m’a mis dans. le cas de 
comparer, m'a fait reconnoître qu’il eft très-poffible que trois 
Obfervations, même d'accord enfemble, donnent un réfultat 
éloigné du véritable de 4 & $ fecondes. 

De plus, le nombre des Obfervations ne fuffit pas à con- 
noître pour faire juger de l'exactitude du réfultat ; tout dépend 
de leur accord : c'eft aufli ce qui m'a engagé à marquer à 
côté du nombre des Obfervations la différence entre les deux 
plus éloignées ; ce qui fait connoître tout de fuite fi les 
Obfervations ont été d'accord entr'elles. Il m'a paru que l'on 
pouvoit adopter ici cette règle; que pour conftituer un bon 
réfultat , il faut que les deux extrêmes, ou la quantité de 
fecondes dont le plus petit diffère du plus grand , foit moindre 
que le nombre des Obfervations. D'après ces principes, la 


Table générale fe trouve réduite à celle-ci, qui ne renferme que 


les réfultats les plus exempts d'incertitude, c’eft-à-dire qui nous 
paroiffent déduits des Obfervations faites dans les circonftances 
les plus favorables & les plus propres à mériter la confiance. 


Men. 1778. Qqq 


490 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 
TA TE LE 
SE 


OBLIQUITÉ 


ANNÉES. vraie 
DE L’'ÉCLIPTIÇQUE. 


| Deg, Min. Second. 

1739. 23:06 2002 6,0 
1740. 23. 28. 28,0 
1742 2920 224 
1743 23-128. 24,5 
1744 23. 28. 21,9 
1750. 23.020.023 
175$: 23120210 
AE 235 210. 06,9 
1756. 23. 28. 8,8 
1772 23. 27e 56,0 
1772 - 2927. 05730 
1774 Mr 27-0902 
1776: 23° 27+ 579 
LP 77e 23:h27005322 
1778. DT EAST 2e 
< IT 


De l'obliquité de l'Écliprique, déduire des Obfervarions 


des hauteurs méridiennes du Soleil vers le Solflice d'hiver. 


On ne doit point s'attendre à trouver la même précifrom 
dans le réfultat des Obfervations faites au folflice d'été & au 


DES SCGIENCE:s. 49% 
folftice d'hiver. La haureur méridienne du Soleil vers le 2x 
Décembre, n’eft, fous la latitude de Paris, que de 18 degrés ; 
& à cette hauteur & dans cette faïfon, la réfraction éprouve 
fouvent de grandes variations d’un moment à l'autre : la 
quantité de cette réfraction ne peut donc être bien déterminée, 
& l'incertitude de cet élément peut influer fenfiblement fur 
l'obliquité de l’écliptique qu'on déduit des hauteurs folfticiales 
d'hiver ; d’ailleurs le mauvais temps qui règne ordinairement 
vers la fin de Décembre, ne permet d'avoir qu'un petit 
nombre d'Obfervations ; j'ai trouvé néanmoins un plus grand 
accord dans les réfultats que je n’aurois ofé l'efpérer. 


Toutes les Obfervations rapportées dans la Table fuivante 
ont été faites au même quart-de-cercle mobile de 6 pieds & 
avec la même lunette, celle qui eft fixée à l'extrémité du 
limbe. A lobliquité de l'écliptique , déduite des hauteurs 
folfticiales obfervées en hiver, j'ai joint celle qui réfulte de 
la comparaifon des hauteurs obfervées dans les deux folftices 
d'hiver & d'été, 


J'ai fuppofé dans le calcul, 


Laine 18 ADO NE MERE NC CRT 


La parallaxe. . .... NES Sn à 2. LENCO, D. 


LE demi- diamètre . M, , ,e does on 70e 16e 19,3e 


Aïnfi Von aura od 19/ 4",7 pour quantité conftante à 
retrancher de toutes les hauteurs folfticiales du bord fupérieur 
du Soleil : le refte étant retranché de la hauteur de l'Equa- 


teur, donnera l'obliquité apparente, 


Qqqÿ 


492 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


TA8BzE ÎIZ Au folffice d'Hiver. 


\ 

° So OBLIQUITÉ | 

; 

> » [7e Q 4 OBLIQUITÉ. 

Z |m o|%*123| ANGLE. |HAUTEUR de vraie, | 

C] LE et L déduire de Ia à 

“ Ë 2% & # à SE Hentai L'ÉCLIPTI QUE com) spa ; 

[oz 0 >G D LunNeTTE |dubonifupérieur P : < 

RE LAS incité CS À es fuifties | 0 

Fe 07 taille El £ vérifié ou fuppofé.| du Sozeiz. d'HIVER & d'ÉTÉ. 4 

en z TS à APPARENTE.|NUTATION.| VRAIE. | 
? a 

mme | ommememmnœmœcme | mes | cms 


Second, | Deg. Min, Sec: Deg. Min. Sec, | Deg. Min, See. See. | Des. Min. Sec. Deg. Min, Sec, 
sat DU rR ee OL fre réalise | (ENS Det 


18, 0, 18,923. 28. 33,5 
18. 0. 177 |23-28. 35,0 
18 0. 17»7]23. 28. 35,0 
18, 0. 17,8]23.28. 35,0 
18. 0, 17,8]23. 28. 349 
18. 0, 21,0|23.28,31,7 
18. 0. 34:3/23.28,18,4 
18, 0. 35,9/23.28. 16,8 
18, 0. 42,7] 23.28. 10,0 
18. 0. 42,0|13.28, 10,7 8,9|23: 28. 19,6 
18. 0, 38,6/23. 28. 14,1 8,8123.28 5,3 
18. 0. 37:9/23.28.14,8| — 8,7|23.28. 6,1 
18, 0. 42,0/23. 28. 107| — 7,9|23.28. 2,8 
18. 0. 39,5/23.28.13,2z 6,0|23,28. 7,0 
18. 0. 46,6113.28. 6,1 314|23.28. 2,7 
18. 0. 49,423. 28. 3,3 0,5[23.28. 2,8 
18. 0. 49,8/23.28. 2,9 5»2/23.28: 8,r 

Le 

0 


138 |90, o, 58,5 vér. 
8,6 |oo. 1. 0, Jp. 
6,1 |90. 1. o, fup. 
46 |9o. 1. o, ver 
74% |go. 1. 8, vér. 
59 [9o.1. 8, fup. 
24 |90. 0. 52, VéY 
48 |90. 0, 53, ver. 
31 [90. 0.53, /#. 


5 73123:28. 26,7 
6 
3 
4 
5 
5 
æ 
æ 
7 
7 l'iot |oo.1. 1, Jp. 
5 
3 
1 
5 
5 
L 
Le 
à 
3 
6 
Æ 


8,5|23.28.26,5 
8,9123.28.26,1 
8,323. 28. 26,6 
415 [23° 28.3 0,4 
1,6|23.28,30,1 
1,3123-28. 19,7 
28.23,4 
8,2|23.28. 18,2 


23. 28, 25,6 
23. 29. 24,7 
23. 28. 16,6 
23.28. 18,4 
23° 28. 20,5 
23. 28. 16,5 
23e 28. 16,5 
23-28. 13,6 
23. 28.17 9,6 
23 20011;3 
23. 28. 11,5 
23.28. 10,1 


CE ae A8 5 RE: 1 D 2 


11,3 |go.1. 1, Jupe 
558 904 1, 15 Ju Q 
0,0 |90. 1, 1, up 
55 |go. 1. 1, fup. 
10,8 |90. 1. 1, fu 
0,0 |go. 1. 1, Jap 
0,0 |9o, 1. 1, fup. 
79 |go. 1. 2, fur 
4:54 |90, 1, 2, up, 


11,9 |90. 1, 2, vére 


23.28, 10,2 


ARABE 
23.28. 6,5 


23.28. 6,2 
23-28. 0,3 
23.28. 6,1 
23.28. 3,5 


18. 0. 50,7]23.28. 2,0 
18. 0. 46,4123.28. 6,3 
18, 0. 48,0/23.28. 4,7 
18.1. 70/23: 27:45;7 


23°28- 10,6 
8,9123.28. 15,2 
8,3123.28. 11,0 
8,6123° 27.523 


RE ds 


6,5 |90. 1. 2, fr. 


Le choix entre les réfultats que renferme Îa Table pré- 
‘cédente eft d'autant plus difficile à faire, qu'il y a prefque 
toujours eu un très-petit nombre d'Obfervations, & que la 
différence des rélultats extrêmes a prefque toujours égalé & 
même furpaflé ce nombre des Obfervations ; mais ce qui doit 
le plus décider en faveur de l'exactitude de lobliquité de 


DUENSAIS CAT € NÜCUE 18. 


lécliptique ci-deflus rapportée, c’eft lorfqu'elle fe trouve 
conforme ou à peu-près la même que celle qui a été conclue 
des Obfervations faites au folftice d'été: or on rencontre plus 
d’une fois cette conformité, comme le prouve l'infpeétion de 
Ja petite Table fuivante. 


Pi ANB NE NET AT 
pq EE es te Ne V2. -V) Thai 
OBLTIOUITÉ 


D E 
ANNÉES] L'ÉCLIPTIQUE VRAIE. 


Pan. EE D 


PAR LE SoLsrice D'ÉTÉ, | PAR LE SOLSTICE D'HIVER. 


Deg. Min. Sec. Deg, Min See, 
—————]———— me 


174 3e 23e 28. 24,5 23. 28. 26,7 
1744. 23. 28. 21,9 231,28, 26,5 
1766. 29.128072 254028: 770 
1770. 2 A2 NAT 23128-10007 
1771: 23- 28, 10,7 
1772 eioieiete meleletels 23. 28. 10,6 
1775: 23. 28. 49,6: 23-128. 52,3 
s, PTT 


Des variations de l'obliquité de l'Écliprique | déterminée 
à différentes époques. 


Tous les réfultats précédens concourent à faire reconnoître 
une diminution réelle & fenfible dans l’obliquité de l’écliptique 
depuis 1739 jufqu'à ce jour: en vain objecteroit-on l'erreur 
des Obfervations , elle ne peut être aufli confidérable ; on 
s'eft toujours fervi du même inftrument: d’ailleurs, feroit-il 
poffible que les erreurs fuffent toujours dans le même fens & 


494 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


donnaffent toujours une obliquité décroiffante aufli unifor- 
mément que le préfente la Table IT & la dernière colonne 
de la Table III! 

Je me crois fondé, d’après fe grand nombre des Obferva-, 
tions, leur accord & toutes les circonftances faites pour infpirer 
la confiance, de regarder comme déterminée aufli exactement 
qu'on puifle le faire l'obliquité de l'écliptique vers 1739, de 
234 28/26", & vers ces dernières années-ci, de 234 27" 
s4" : cette obliquité auroit donc diminué , dans un intervalle 
de trente-neuf ans, d'environ une demi-minute ou 3 2 fecondes. 

Dans les années 1755 & 1756, les Obfervations furent 
très-nombreufes, eurent le plus grand accord, & dürent par 
conféquent donner. un réfultat très-exact. Si donc je compare 
ce réfultat avec ceux de 1739 & 1778, je trouve que 


de 1739 à 1755, c'eft-à-dire.en 16 ans, la diminution a été de 18", 


& de 1755 à 1778, c'el-à-dire en 2 3 ans, elle n'a été que de 14”, 


ce qui fembloit indiquer que cette diminution de l'obliquité 
n'a pas une marche égale, comme mon père favoit déjà 
remarqué. 

IH feroit inutile de comparer des Obfervations moins 
éloignées, puifque plus les intervalles feront petits, moins la 
variation fera fenfible, & plus alors elle fera dans le cas d’être 
affectée des erreurs de l'Obfervation. J'ai pris les trois époques 
de 1730, 1755 & 1778, parce qu'il me femble qu'il n'eft 
pas poflible de donner une plus grande exactitude & un plus 
grand accord qu’il y en a eu dans les Obfervations faites en 
ces trois années. 

M. le Chevalier de Louville, dans le Volume de nos 
Mémoires, année 1727, page 167,rapporte trois Obferva- 
tions de hauteurs méridiennes du Soleil, prifes le 20, le 22 
& le 23 Juin de la même année: ces trois Obfervations 
donnent, par un milieu , l’obliquité de l'écliptique apparente 
de 23428/ 12",6, & la vraie 23428 9",3. (On fe doute 
bien que j'ai recalculé ces Oblervations avec les mêmes 
éémens que ceux dont je me fuis fervi ci-deflus.) Or fi lon 


DE 'Si2Sç 1 /E) NûC Es. 495 
compare cette obliquité de l'écliptique , trouvée par les 
Obfervations de M. le Chevalier de Louville, avec celle qui 
réfulte des Obfervations faites à l'Obfervatoire royal, on 
_trouvera que 


de 1721 à 1739, c'eft-à-dire au bout de 18 ans, lobliquité s’eft 
trouvé augmentée de 16 fecondes, 


de 1721 à 1755, c'eft-à-dire au bout de 34 ans, l’obliquité n’auroit 
cu aucune Variation, ou du moins retrouvé Îa 
même ; 


de 1721 à 1778, c'eft-à-dire au bout de 57 ans, l'obliquité a 
diminué de 15 fecondes. 


L'inégalité de pareils réfultats qui ne peuvent étre raifon- 
nablement admis, ne me fert ici qu'à prouver combien il 
eft eflentiel dans la préfente recherche de ne comparer que 
les Obfervations fufceptibles d'un même degré d’exaétitude : 
M. le Chevalier de Louville obfervoit avec un quart-de-. 
cercle probablement de 2 ou 3 pieds; fa lunette à la vérité 
étoit armée d'un micromètre, mais ce quart-de-cercle n'étoit 
fürement pas auffi bien divifé que le font aujourd'hui les 
nôtres ; fon micromète n’étoit fans doute pas auffi bien exécuté : 
d’ailleurs fur les trois feules Obfervations qu'il rapporte, il y 
a 8 fecondes de différence entre les réfultats extrêmes. I n'y 
a donc aucune exactitude à attendre de la comparaifon de 
pareilles Obfervations avec les nôtres, faites pendant un in- 
tervalle de trente-neuf ans, pour la plupart en très - grand 
nombre & avec beaucoup d’accord entr'elles, toujours avec 
Ie même inftrument de fix pieds de rayon, le mieux exécuté 
qui foit forti des mains du célèbre Langlois. Nous nous 
épargnerons donc de faire un plus grand nombre de com- 
paraïfons qui ne pourroient nous mener à des réfultats fuffr- 
famment exacts; nous ne donnerons même à ceux que nous 
avons tirés de nos propres Obfervations que le degré de 
confiance dont ils font fufceptibles, en attendant du temps eux 
confwmation ou leur rectification, 


496 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 
s. I V. 


Des variations de l'obliquiré de l'Écliprique , déterminées 
par la comparaïfon du Soleil dans le Solflice, à des 
Étoiles voifines du Tropique. 


Une des meilleures méthodes fans doute pour déterminer 
les variations de l’obliquité de l'écliptique, eft de comparer 
la diftance du Soleil dans le Tropique à quelque point fixe 
pris dans le ciel, & ce point eft une Étoile dont on prend 
exactement la hauteur, ainfi que celle du Soleil. 

Ce moyen a cet avantage, que nous pouvons comparer 
avec un peu plus de confiance nos Oblervations actuelles 
avec les Obfervations plus anciennes , parce que la différence 
de la perfection des inftrumens influe moins fur cette déter- 
mination que fur les autres, 

Dans cette vue, on avoit toujours eu foin à l'Obfervatoire 
de comparer le Soleil dans le folftice d'été à la belle étoile 
Aréurus , qui ne fe trouve éloignée du Tropique que d'environ 
3 degrés + ; mais lorfqu'on fe fut aperçu qu'Aréurus avoit un 
mouvement particulier, & ne pouvoit plus par conféquent 
être regardé comme un point fixe dans le ciel, il fallut 
chercher une autre étoile, & mon père choïfit celle de 8 
d'Hercule, qui eft de la troifième grandeur, qui ne paroît 
avoir aucun mouvement particulier , & qui fe trouve même 


plus proche du Tropique qu'Aréurus. I n'y a que quelques 


années que l'on s’eft adonné à obferver cette étoile; je m'y: 


fuis particulièrement appliqué au dernier folftice ; & par un 
milieu entre fept Oblervations parfaitement d'accord, j'ai 
trouvé 


La hauteur apparente de & d'Hercule....,.... 63% 9° 29,5. 
La hauteur du bord fupérieur du Soleil..,,... 64. $3- 547- 


Donc la diflance apparente du bord fupérieur 
du Soleil dans le folftice, à l'étoile en 1778.. 1. 44. 25,2. 


Or 


' 


DES SCIENCES 497 

Or j'aitrouvé dans les Regiftres originaux de l'Obfervatoire, 

une pareille comparaïfon du Soleil & de B d'Hercule, faite 
au temps du folflice en 1680. 


Par un milieu entre fix obfervations très-d’accord 
entrelles, hauteur folfliciale du bord fupérieur 


ir, oies 2dpañahoRonutd on iv 006 641 56° 13”,7- 
Hauteur apparente de B d'Hercule...,.....,. PTT UDe 23-120. 
Donc diftance du bord fupérieur du Soleil à l'Étoile 
CDETOBIDN TE Ed eleitoteisielele à rte ep 12032 43,7. 
Nous l'avons trouvée en 1778........ ee Te AA 52e 
La différence eft de....... Do AAC RIRE NE RP PS 


Qui, ayant égard à Ia différence des effets de Ja 
nutation dans Îles deux années, fe réduit à.. Oo. 11. 43,9. 


Maïs par fon mouvement de préceffion , que pour 
plus d’exactitude j'ai calculé de vingt ans en 
vingt aus, la dédinaifon ou la hauteur de 8 
d'Hercule à dû diminuer en quatre-vingt-neuf 
ANS S LES 245 toto RAGE OR ET sens ;; Qe 12 40,4e 


Refte donc pour la quantité dont le bord fupérieur 


du Soleil s’eft rapproché de l'Étoile en quatre- 
MIODÉNEUÉ 205; ele 2 8e 0e 812404: a Là (eue, o 0e se OARNORS O5 


En 1681, M. Picard /voy. Hiff. Célefle de M. le Monnier) 
obferva le 19 & le 21 Juin, la hauteur méridienne du bord 
fupérieur du Soleil; d’où l'on conclud, en donnant la préfé- 
rence à cation du 19, qui eft marquée bonne, 


La hauteur folfticiale. . eetststainee PAR AREAS sis de 
La hauteur de £ ere obfervéc le 1 4 Juillet, 

fut trouvée de....... FA In oÉt ee El rc 63. 24 o. 
Donc diftance du bord AU du Soleil à l'Étoile 

ROSE Ho GE IODIE 'ensiarte late, 17e 
Nous l'avons trouvée en 1778.......:.... 1e 44 29,2» 

La différence eft,.,...... NAS 2 RIRE or re 2. 


Qui , ayant égard à Ia différence des rffets de a 
nutation dans les deux époques, fe réduita,. ©. 13, 15:$« p 


Mén, 1778, Rrr 


498 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
Mais par fon mouvement de préceffion, l'Étoile a 
dû fe rapprocher de l'Équateur en quatre-vingt- | 
dix-fept ans........................ OMS 
Refle donc pour la quantité dont le bord du 
Soleil s’eft rapproché de l'Etoile en quatre-vingt- 
dix-fept ans. +... does niele runiun@e 1100 13550: 


Enfin on trouve une comparaifon encore plus ancienne 
du Soleil & de £ d'Hercule, faite par M. Picard en 1669 : 
cet Aftronome oblerva les 19, 20 & 21 Juin, Îes hau- 
teurs méridiennes du Soleil, qui donnent par un milieu, 


La hauteur folfticiale du bord fupérieur du Soleil. . 644 $2° $7"6. 
Hauteur méridienne de 8 d'Hercule.......... 63. 23. oo. 
Diftance du bord du Soleil à l'Étoile en 1669. 1. 29. 57,6 


Nous l'avons trouvée en 1778............ 1: 44. (215,2 
La différence eft de. ..... Hi en Nos 4411257260 


U n'eft pas néceffaire de corriger la différence des effets 
de la nutation, qui ont été les mêmes quant à leur fomme 
dans les deux époques. 


Or par fon mouvement de préceffon, l'Etoile a dû fe 
rapprocher de l’Équateur, en cent neuf ans, de.. 15° 34” 


Refte donc pour la quantité dont le Soleil s'eft rap- 
proché de l’Étoile en cent neuf ans...-...... 1. 6,4, 
L'obfervation de 1689, indiqueroit donc une diminution de Fobli- 
quité de l’Écliptique en cent ans, de.. ie 
Ne COUNTER ENTRE S ELEC ACCONCRE TC 
celleide 1669... sononses es) reealr NO 


J'aurois defiré pouvoir trouver des Obfervations plus nom- 
breufes, & même plus anciennes, pour en faire la comparaïfon 


* J'ai tout lieu de regarder comme | été jugée bonne par l'Obfervateur; 2,° {a 
douteux le réfultat de cette année; outre | hauteur de @ d'Hercule n’a été prife que 
qu'il s'éloigne confidérablement des deux :| vingt jours après le folftice, & à ce qu'il 
autres, il eft à remarquer 1.° qu'il n'y a eu paroït fans intention directe de la cons- 
qu'une feule Obfervation du Soleil qui ait | parer au Soleil, 


D Fi Su 0 1C (A E NN: CE: .. 499 


avec les nôtres de ces dernières années, mais je n’en ai point 
trouvé. 

II eft à remarquer que la détermination que j'ai fait cette 
année de l’obliquité de F'Ecliptique, comparée à celle de 175 $ 
donne la diminution de l'obliquité en vingt-trois ans, de 14", 


Fbipar conféquentipæ becle, den Rs ST 60" 


Ïl paroït donc que fi la fuppofition que nous avons faite, 
que l'étoile 8 d'Hercule n'a aucun mouvement particulier, 
et véritable, le Soleil s'eft rapproché de cette étoile, ou 
l'obliquité dE l'Écliptique a diminué d’environ une minute 
dans un fiècle. Pour confirmer ou rectifier ce réfultat, j'ai 
entrepris de faire ufage des Obfervations d’ArGurus , & de 
chercher ce que nous donneroit la comparailon de cette Étoile 
au Soleil, en fuppofant qu’Aréurus eût un mouvement par- 
ticulier , FA + connu & déterminé. 

Par la comparaifon des Obfervations de Flamfteed & de 
M. l'Abbé de {a Caïlle, Aréurus, de 1690 à 1750,a eu 
putre fon mouvement de préceflion sa déclinaifer de '17! 
PR 2, un mouvement particulier de 2! 13",8, à raïfon de 
22",3 pour dix ans. J'ai raflemblé toutes les Obfervations 
de cette Étoile, faites depuis trente-cinq ans à l'Obfervatoire 
avec le même infrument ou quart-de-cercle mobile de 6 pieds, 
à deux lunettes, & j'ai calculé toutes ces Obfervations, au 
nombre de deux cents cinquante, que j'ai toutes réduites au 
20 Juin de chaque année: if feroit trop long de rapporter 
ici une fuite d'Obfervations aufli confidérable ; on la wouvera 
dans un autre Ouvrage: il me fufhra de dire que j'ai trouvé 

en 1743, la diflance d'Ar&urus au zénith de 

J'Obfervatoire le 20 Juin............. APE AU 
{ vraïe mais non corrigée de la réfraétion ) 
Par mes Obfervations en 1778.....:....... 28. 29. 1,3. 
DHÉrEnCELRR RER E EE ne ose e OL EE 
Les loix de la préceflion ne la donnent que de.. oo. 10. 2,1. 


Le mouvement propre d'Aréurus a donc été en 
{rEnte-cinqg ANS. ses ersooesssnosre OS Le  9;2+ 


Rrrij 


soo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
C'eft à raïfon de 19",8 pour dix ans. L’intervalle de nos 
Obfervations à la vérité n’eft pas auflr confidérable que celui 
des Obfervations de Flamfteed & de la Caïlle ; mais les nôtres 
ont fur celles-ci l'avantage d’avoir été faites dans le même 
lieu, avec le même inftrument, la même lunette & le même 
micromètre : au refte, je fuppoleraï, par un milieu entre les 
Obfervations de Flamfteed, de la Caille & les nôtres, le 
mouvement particulier d'Aréurus en déclinaifon de 2 r fecondes 
pour dix ans. Cela polé, j'ai penfé qu'on verroit ici avec 
plaifr une Table de toutes les diftances obfervées d’Ardurus 
au Soleil dans le folftice depuis 1743 jufqu'en 1778 ; jy ai 
joint en même temps les femblables réfultats de la compa- 
raifon de B de la Baleine au Soleil dans le folftice d'hiver 


depuis 1748 jufqu'en 1776. 


. de DISTANCEIDISTANCE 


, ; de ; 4 d 
D'ARCTURUS D'ARCTURUS E 
: ANNÉES : 
au bord fupér. B de la Baleine au bord fuper. B de la Baleine 
du Soueiz, | au bord fupér. du Sozeir. | au bord fupér. 
du SOLEIL, du SOLEIL. 


1758.13416"38",r 
1764.13. 18. 50,0 
1765. 3e 19. 19,3 
1766.13. 19. 30,4| 3455 32",6 
1767.| 3e 19. 51,3]3. 55e 259 
1770.|3. 20. 27,6 


1771.[3. 20. 46,6 

1772.13. 20. 56,213. 56, 51,74: 
1775: |A 01 7AT 

1774.13: 21. 37,413. 57. 28,0 
AO EEE rET 

1776.13: 22. 7,9] 

1778.13. 22. 45,8 


DES ScrENcCcESs. sor 
D'après les réfultats que renferme cette Table, fi lon 
compare les diftances d’Aréurus au Soleil, déterminées dans 
les deux années les plus éloignées, on trouve 


En 1778........,.............. 34 22 45,8. 
Én 17434 eco mr ostejaemns co 3e ÉMIS 
Différence dette abris O2 10 335% 


Qui, ayant égard à la différence des effets de Ia nuta- 
tion fur les hauteurs apparentes du Soleil & de 
l'Etoile dans les deux époques, fe réduit à..... o. ro. 44,6% 


Le mouvement de préceffion d'Ar@urus 
dans l'intervalle des deux années... 10 2,1 


SPP ELPOTREE O. II. 15,6. 
Le mouvement particulier, à raifon de NPA 


21 fecondes pour dix ans....... 1. 13,5 
Refte donc pour la quantité dont le Soleil s’eft rap- 


proché d’Aréurus en trente-cinq ans, ou diminution 
HOMOBIQUITEs sta ere rire le NE OR TUG: 31,0. 


Par les hauteurs folficiales , rapportées ci-deflus Tale 
1° on trouve cette diminution dans fe même 


snionyalentde tel S coule ssattals dira ele ©. OO. 29,3. 
LL 
Pareillement en 1755, la diftance d'Ar@urus au bord 
folfticial du Soleil.....,.,...... ASE se 3e 15e 33. 
Joiouvée en 770 RP TL ENET 32204518, 
Différences 270 MEL lo 7. 128 
Qui, ayant égard à la différence des effets de la nuta- 
tion, fe réduit a....... sorrosevosnoses Oo 7e Dr 
Le mouvement de préceflion d'Aréurus 
en Vingt-trois années. ..,......... 6’ 610) 0 7.21. 
Le mouvement particulier. . .. ...... o. 48,3 
Refte donc pour la quantité dont le Soleil s'eft rap-____ _ ___. , 
proché d'ArGHITUS SE RENNES LR 0. o. 14,8. 
En todte ess 


Or j'ai trouvé ci-deflus, par Îles hauteurs folfticiales 
abfolues, la diminution de l’obliquité de l’Écliptique 
dans l'intervalle des deux mêmes années, de.... 0. oo. 14. 


Cet accord fingulier dans le réfultat de nos Obfervations, 
foit qu'on emploie que les hauteurs folfliciales ablolues, 


so2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


foit que l'on ne fe ferve que de la comparaïfon du Soleil ‘à 
une Étoile, mérite d'être remarqué & doit infpirer la plus 
grande confiance dans les réfultats renfermés dans la Table IL. 
Ayant réuffi à faire ufage des comparaifons d’Arcurus au 
Soleil, faites depuis trente-cinq ans à l'Obfervatoire , j'ai voulu 
employer des Obfervations du fiècle paflé, mais j'ai trouvé 
des réfultats fi contradictoires, que j'ai été obligé de rejeter 
les Obfervations comme faites avec trop peu de précifion 
pour une pareille recherche: d’ailleurs il faut convenir que 
plus l'intervalle entre les Obfervations fera confidérable, plus 
l'erreur commife fur la détermination du mouvement d’Arc- 
turus , déduite d’un plus petit nombre d’années, fera multipliée. 
Quant à la comparaifon de @ de la Baleine avec le Soleif 
au folftice d'hiver, on fe doute bien que les réfultats doïvent 
être très-fufceptibles d'erreurs, d'autant que les Obfervations de 
l'Étoile ont été très-peu nombreufes & rarement d'accord, fur- 
tout dans ces dernières années, où les mois de Décembre 
ont toujours été défavorables aux Obfervations. J’attendrai 
donc que d'ici à quelques années les faifons plus favorables 
me permettent de faire des Obfervations plus exactes, & fur 
lefquelles je puifle établir un réfultat digne de confiance. 
L’Aftronomie n'attend fon entière perfeétion que du temps : 
tout ce que nous avons rapporté dans ce Mémoire ne fait 
que prouver davantage combien dans les recherches délicates 
de cette Science, il eft néceflaire d’accumuler les Obfervations 
exactes, nombreufes & éloignées les unes des autres d’un 
nombre d’années fort confidérable. Quarante années d'Obfer- 
vations , faites pour la plupart avec toutes les circonftances 
que l'on peut defirer , ne font pas encore fufhfantes pour 
décider la queftion ; mais les réfultats qu’elles m'ont oflert, 
& que j'ai expolés ici, en variant les comparaifons de toutes 
les manières, me femblent devoir être les plus rapprochés 
du vrai que lon puifle obtenir pour le moment actuel ; car 
je crois avoir fuflfamment démontré que nous ne pouvons 
rien conclure de bien certain dans la recherche préfente de 
la comparaifon des Obfervations anciennes avec les nôtres, 


D # ss S'coTrE NC'Es. 503 


D'ailleurs je n'ai point craint dans ce travail de multiplier 
les calculs, en employant le plus grand nombre d'Obferva- 
tions que j'ai pu trouver ; cela m'a donné des réfultats bien plus 
exacts, & m'a fait diftinguer les Obfervations bonnes d'avec 
les douteufes. Pour pouvoir bien établir l'état de l’inftrument 
qui a fervi à ces Oblervations, jai été obligé de faire un relevé 
général de toutes les Obfervations faites à ce quart-de-cercle 
depuis trente-cinq ans, je les ai toutes réduites & calculées; 
ce qui m'a procuré une colleétion des Obfervations les plus 
exactes qui aient été faites à l'Obfervatoire , parce qu'il faut 
convenir que l'inftrument dont il eft ici queftion eft le meil- 
leur que nous ayons jamais poflédé, Quoique ce travail 
confidérable n'ait été entrepris que pour faire partie de l'Hiftoire 
célefte à laquelle je travaille, comme cet Ouvrage ne pourra 
être publié d'ici à plufieurs années, je me propole de com- 
muniquer de temps en temps à l'Académie un Précis fuccinét 
des réfultats les plus intéreflans, afin que les Savans puiflent 
jouir plutôt de mon travail, & pour prouver à l’Académie 
que le projet dont je lui ai fait part en 1774 n'eft point une 
vaine annonce , & que je m'occupe férieujement à remplir 
mes engagemens vis-à-vis d'elle à cet égard. 

Voici le rélumé des réfultats rapportés ci-deflus, & qui 
femblent concourir tous à prouver que la diminution de 
lobliquité de l'Écliptique eft au moins d’une minute par fiècle , 
avec des augmentations inégales : mais il faut fe rappeler ce 
que j'ai dit au commencement de ce Mémoire, fur la né- 
ceffité d'attendre un plus grand nombre d'Obfervations, pour 
fe flatter de pouvoir décider une queftion aufli délicate & 
fur laquelle je n’ai eu d'autre deflein que de faire connoître à 
quel point nous en fommes à cette époque, & ce que les 
Obfervations antérieures peuvent nous donner. 


so4 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


CR D NE CE A 


DIMINUTION 
Par les as 
ANNÉES.ÏNTERVALLE, RAT L'OBLIQUITÉ 
an AE n\ 
OBSESVÉE. | PAR SIÈCLE. 
1739 2 1778 En 39 ans. folftice d'été. sa 82" 
1755 —1778|En 23... folftice d'été,. 14 60 
ATÉUTUS « e » « » 14 60 
1689 — 1778|En 89... 8 d'Hercule.. 56,5 63 


1669 — 1778|En 109... B d'Hercule.. 66,4 61 
1743 — 1778|En 35... folftice d'été. 29,3 83 


ArÉUrUS eus 31 88 
1743 — 1778|En 31..: folflice d'hiver 22 71 


& d'été. 


NRC PIE CT ES TER VE Er TE PRES LE) 


MÉMOIRE 


DIE du 9 ICT E NTCYE NS sos 


MÉMOIRE 


Sur un moyen nouveau de faire avec exactitude, le départ 
d'un grand nombre d’Effuis d'Or à différens titres, 
7 d'appliquer dans le même temps cette opération 
a tous ces Effais réunis dans un feul marras. 


Part M! TTL LE T. 


UELQU'APPLICATION qu'on donnât à l'étude d'un Art, 
il feroit difficile de le conduire, par la théorie feule, 
à toute la perfection dont il eft fufceptible. Les principes 
généraux tirés des Sciences exactes, & les connoïflances 
puifées dans la faine Phyfique, étoient néceflaires fans doute 
pour guider d'abord les Artiftes dans la route qu'ils fe 
propoloient de fuivre, pour leur épargner des recherches 
pénibles, les garantir de celles qui feroient infruétueufes, & 
leur mettre, pour ainfi dire, dans la main tout ce qui devoit 
concourir à l'exécution prompte de leurs travaux. Mais il y 
a des lumières en ce genre, qui femblent ne fortir que de 
l'Art même exercé avec une attention fuivie, & dans lequel 
on eft plus occupé de l'exactitude, qui en fait le mérite 
effentiel, que des foins qu'il exige pour que cette exactitude 
ait lieu, | 
Les procédés ordinaires qu'on y emploie, d'après une 
théorie éclairée & une longue pratique, fuffifent bien en 
général pour donner au travail un certain degré de perfection; 
mais dès qu'on veut n'y laifler rien à defirer, if eft rare qu'on 
y réuflifle, en fe bornant aux procédés ordinaires ; il faut que 
le point même de précifion auquel on s'efforce d'atteindre, 
fourniffe l’idée de nouveaux moyens: capables de conduire 
à ce degré de précifion; & c’eft par l'emploi de ces moyens, 
nés pour ainfi dire, d’un travail réfléchi, aflortis aux opéra- 
tions qui en dépendent, réduits à leur plus grande fimplicité 
Mém. 1778, sf 


21 Novemba 
1773 


506 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& reconnus certains par des épreuves multipliées, qu'on faifit 
enfin le but qu’on s'étoit propolé, & que par une méthode 
fûre on y revient fans cefle avec un fuccès égal. 

S'i y a un Art, qui par les difficultés qu'il préfente, quoique 
très-fimple en apparence, & par l'importance de fon objet, 
mérite l'attention des Phyficiens, & des recherches de leur 
part capables de le perfectionner, c'eft fans doute celui des 
Efais d'or & d'argent. Les différentes opérations en effet 
qui conftituent cet Art intéreffant, ne font jamais appliquées 
qu'à de très-petites portions de l'un ou de l'autre de ces 
métaux; elles font encore fubdivifées, à la faveur d’un poids 
fictif, & pour la bafe d'un calcul particulier, en une quantité 
confidérable de parties qui échappent aux yeux, & qui, 
autant par leur extrème ténuité, que par les épreuves vio- 
lentes qu'on leur fait fubir, donnent lieu fouvent à des 
érreurs, dont un Eflayeur exact n'eft pas toujours für de fe 
garantir. 

C'eft cependant d’après des opérations f: délicates, & 
livrées quelquefois à des Artiftes peu intelligens, que toutes 
les Nations s'accordent à reconnoître la valeur intrinsèque 
des matières d'or & d'argent; que la quantité immenfe de 
ces deux métaux qui eft répandue dans le commerce, y 
a un prix déterminé; & que les monnoies des Souverains, 
fixées par des loix à un titre plus où moins haut, doivent 
repréfenter dans la main de leurs peuples toute a valeur 
réelle que ces Princes y ont annoncée. ï 

Les difficultés attachées aux Efais d’or & d'argent, & les 
variations qui en font les fuites affez ordinaires, ont toujours 
engagé les Souverains à modifier les loix qu'ils ont données, 
tant pour Îa fabrication de leurs monnoies, que pour les 
ouvrages d'orfévrerie, & à ne pas exiger à la rigueur, que 
le titre des matières d’or & d'argent, relatif à ces deux fortes 
de travaux, y fût maintenu dans toute l'étendue que leurs 
loix préfentoient : ils ont permis aux Directeurs des Monnoïes 
de tenir les efpèces un peu au-deffous du titre auquel elles 
étoient réputées; & ce léger affoibliflement avoit un terme 


DES SCIENCES. 507 
limité. La même permiflion s'eft étendue de tout temps au 
titre des ouvrages en tout genre, qui fortoient des mains des 
Orfévres; & cet affoibliffement fixe fur le titre, a été défigné 
fous le nom de reméde de loi, pour le diftinguer, quant aux 
monnoies feulement, de celui qui regardoit le poids prefcrit 
pour chaque efpèce d'or & d'argent, & qu'on nommoit par 
cette raifon, remède de poids. | 
… Mais ce qui avoit été établi par de juftes motifs, & dans 
la vue de laifler aux Effayeurs aflez d’étendue fur le titre, 
entre le point fixé par la loi & Îe dernier terme de 'afloiblif- 
fement, pour qu'ils ne fortiffent pas de ces limites, malgré 
les variations qui auroient pu fe trouver dans leurs effais; ces 
précautions fages des Légiflateurs font devenues aujourd’hui 
prefque inutiles; la plus grande partie du reméde de loi, fur 
les efpèces d’or & d'argent, & la totalité fur certaines d’entre 
elles, a été abforbée infenfiblement par des caufes qu'il feroit 
fuperflu de développer ici. D’un autre côté, il refte fi peu 
de traces de ce remède de loi fur tous les ouvrages d’orfé- 
vrerie, qu'il femble aujourd'hui que le dernier terme de 
l'afloibliffement de leur titre, autorilé par la loi, foit le titre 
plein fixé pour ces ouvrages, & établi de tout temps pour 

être maintenu en entier. L 

Dès-lors il aifé de fentir que l'opération des Effayeurs ne 
porte plus que fur un point très-délicat; qu'ils peuvent, par 
le plus léger écart, afligner à des matières déjà miles en 
œuvre, ou même entièrement finies, un titre inférieur au 
remède de loi, & rendre par-là inutiles tous les frais d’un 
travail de ce genre, qui ne doit fubfifter qu'avec les marques 
authentiques du titre exact des matières d'or ou d'argent 
auxquelles if a été appliqué. 

Si la marche de l'art des Effais eût été aufli rapide, pour 
Yexactitude des opérations, que celle de l'emploi abufif du 
remède de loi dans le titre des matières, il ne feroit pas réfulté 
de cet abus de la loi, des inconvéniens aufli fenfibles que ceux 
dont je fuis témoin tous les jours; & tandis que l'efprit d'intérêt 
auroit été attentif à profiter de tout ce remède, il y auroit eu 


S{f ÿ 


508 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

peu de rifque à le faire par l'intelligence des Effayeurs ; maïs 
cette reflource ménagée utilement pour une opération d'où il 
peut naître des erreurs importantes, ne fubfifte prefque plus 
aujourd’hui, comme je l'ai fait obferver, pendant que l'art 
des Effais n'a fait que dés progrès très-lents, que les caufes 
d'erreurs ne font pas totalement écartées, & que les effais d'or 
fur-tout , fondés fur des principes affez certains, tiennent encore 
à des manipulations, qui, quoique bonnes en elles-mêmes, 
ne conduifent pas à la précifion d’une manière conftante, fans 


ue les Eflaveurs puiffent toujours s’apercevoir des caufes d'in: 
que les Eflayeurs iffent t P 


certitude attachées à leurs procédés. 
Ces réflexions, & le defir de leur être utile, nrontengagé 
à faire de nouvelles recherches fur ce fujet, auffi piquant par 
lui-même, qu'il eft intéreflant pour le commerce, Mon deflein 
n'eft point ici de parler des eflais d'argent, dont il a été 
queftion dans plufieurs Mémoires que j'ai foumis aux lumières 
de l'Académie, & qui font partie de fon Recueil: je ne 
m'attacheraï qu'à ce qui concerne les effais d’or, & princi- 
palement à l'opération de leur départ, qui eft l'article eflentiet, 
& d'où il naît plus fouvent des incertitudes, que de l'opération 
de la coupelle, parce que celle-ci n’eft deftinée proprement 
u’au mélange des matières, & à a combinaifon intime 

qu'elles exigent pour être départies. 
Quoique 1x méthode ordinaire d’effayer les matières d’or; 
foit connue de tous les Chimiftes, je crois cependant devoir la 
rappeler ici en peu de mots, afm qu'on juge mieux , &’ des 
inconvéniens dont elle n’eft pas toujours à l'abri, & des 
avantages que m'a paru avoir celle que je propofe. d 
Lorfqu'on à tiré de la matière d'or, dont on veut faire 
leffai , une petite portion parfaitement égale en pefanteur 
au poids principal de la femelle d'or, on y joint unë quan- 
tité d'argent fin, réglée fur lé titre auquel on préfume qu’eft 
la matière d'or, & qui décroit graduellement, à mefure qué 
ce titre eft plus bas : cet argent doit être abfohiment dépouillé 
d’or : ou s'il en contient quelques parties, elles doivent être 
bien connues : cet or & cet argent, enveloppés dans du 


’ 


SR 0 


D'E’S Sic'T1 EI NC Es. s09 
papier , font portés à fa coupelle, où il fe fait par l'intermède 
d'une quantité de plomb proportionnée aufii au titre de la 
matière d'or, un premier afhinage de cette matière, & fur- 
tout le mélange complet de l'or & de l'argent qu’on a pour 
but d'opérer. On pourroit fe dilpenfer de cet affinage préli- 
minaire, en fondant ces deux métaux dans un petit creufet 
ou dans une coupelle, fans addition de plomb, à la faveur 
d’un fourneau d’effais qui, conflruit fur les principes de celui 
dont je me fers, donneroit à volonté une très-grande cha: 
leur /a). On obtiendroit encore cette fufion , au feu de lampe 
des Emailleurs, dirigé fur le baflin d’une coupelle neuve, ou 
fur un charbon plat, à la furface duquel on auroit creufé un 
petit baflin /b). Le diffolvant, en eflet, qui doit enlever à 
Vor tout l'argent qu'on y a joint, a la même action fur le 
cuivre, & doit laifler ce premier métal dans toute fa pureté, 
foit qu’on l'ait d'abord dépouillé du cuivre, foit que tout 
fon alliage lui foit refté. Cependant le mélange de l'or & de 
l'argent par la voie de la coupelle dans le fourneau d’effais, 
a des avantages qui doivent le faire préférer à celui qu’on 
obtiendroit au feu de lampe des Émailleurs : mais il n’entre 

as dans mon deflein de donner ici les raifons de cette 
préférence; il fufht que j'y expofe à cet égard les deux pro- 
cédés que l’ufage a introduits. ï 
Après que l'or & l'argent réunis dans la coupelle , ont 
fubi l'action du plomb, & que celui-ci, réduit en litharge, 
s’eft imbibé dans la coupelle, il refte dans le milieu du 
baflin un bouton compofé des deux métaux précieux ,  & 
portés, à peu de chole près , dans le mélange exact qui 
s'en eft fait, à leur pureté refpective. Ce bouton devant être 
attaqué de toutes parts, criblé, pour ainfi dire, par l’efprit 
de nitre, & ne pouvant l'être qu'autant qu'il préfente une 
très-grande furface, eft aplati fous le marteau, recuit à plus 
0 fa), La defcriptionde ce fourneau ; | : Recueil de l’Académie des Sciences; 
fade planches gravées qui en. pré- | pour l’année Pr ANNE) pret 
fenterit tous les détails, {€ trouvent (b) C’eft le procédé qui eft en ufage 
“ans un Mémoire qui fait partie du | au Bureau des Orfévres de Paris, 


sto MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fieurs repriles, & réduit enfin en une lame mince d’une égale 
épaïffeur ; on obtient parfaitement & avec facilité, cet avan- 
tage par le moyen d'un laminoir: cette lame , à laquelle on 
donne la plus grande fouplefle par un dernier recuit, eft 
roulée enfuite fur elle-même autour d’un petit cylindre d’une 
ou deux lignes de diamètre, & prend en cet état le nom de 
cornet, dont il faut faire le départ. 

Lorfqu'on a mis ce cornet dans un petit matras, on y 
verfe d’abord de l'eau-forte un peu afloiblie, afin qu'elle 
n'attaque le cornet que modérément, & le laïffe fubfifter en 
entier : on place le matras fur des charbons rouges, mais un 
peu éteints; & quand on remarque que l’eau-forte, après 
avoir bouilli pendant quelque temps, eft devenue claire, ne 
jette plus que de grofles bulles, & paroïit ne plus agir fur 
le cornet, on Ôte le matras de deflus le feu, on décante l’eau- 
forte qui a produit fon eflet, on y en verfe de nouvelle, 
mais qui a toute fa force ; on remet le matras fur le feu, & 
on porte à cette feconde opération les mêmes attentions 
qu'on a données à la première : l'effet de cette eau-forte 
pure paroiffant fini, on la décante auflitôt ; on laiffe un peu 
refroidir le matras, on y verfe enfuite à plufieurs reprifes de 
l'eau de rivière, pour laver parfaitement le cornet d’or, & 
lorfque cette eau y a toute fa tranfparence , on préfente un 
petit creufet à l'embouchure du matras, & on renverfe le 
matras même fur le fond de ce petit creufet, en l'y foutenant 
légèrement & en ligne perpendiculaire; une partie de l'eau 
contenue dans le matras fe répand dans le creufet ; le cornet 
d'or y defcend doucement avec elle, & s’y repofe fans avoir 
éprouvé de choc, qui quelque foible qu’il fût, feroit capable 
de le brifer, parce qu'il a perdu toute fa confiftance, en 
perdant l'argent qui faifoit corps avec lui ; le cornet une 
fois forti du matras fans accident, il faut dégager avec dexté- 
rité le bout du col de ce même matras de l'intérieur du 
creufet , en évitant avec foin que la grande quantité d'eau 
qu'il contient encore ne tombe avec force fur le cornet, qui 
pourroit être brifé par cette chute, & perdre quelques-unes 


DES SCIENCES. $i1 
dé fes parties par l’eau furabondante qui fe feroit précipitée 
dans le creulet. Le cornet d’or fe trouvant bien confervé 
dans la petite quantité d’eau qui efl reftée au fond du creufet, 
il ne s'agit plus que de la faire écouler lentement, en incli- 
nant un peu le creufet, & en facilitant avec le doigt l’écou- 
lement de l’eau, avec la précaution fur-tout de ne pas toucher 
au cornet qui s'applique de lui-même, par fon état de 
molleffe, aux parois intérieures du creufet, & qui n'exige 
plus qu’un recuit pour que Fopération foit terminée : on le 
lui donne bientôt en mettant le creufet qui le contient, & 
qu'on a recouvert entre des charbons ardens, où il ne tarde 
pas à rougir. Le creufet retiré du feu & découvert, préfente 
le cornet d’or dans toute fa beauté, rétréci dans tous Îles fens 
de près d’un tiers, & quoiqu’un peu fonore , n'ayant qu’une 
confiflance médiocre : s’il s’eft détaché quelques parties de ce 
cornet qu'on n'ait pas aperçues avant qu'il füt recuit , elles 
deviennent fenfibles dans le creufet par leur couleur, & 
réunies avec foin au cornet d’or, elles concourent à l’établif- 
fement de fon poids. 

Les détails dans lefquels on verra qu'il étoit néceffaire 
que j'entraffe fur la méthode ordinaire d’eflayer les matières 
d'or, & principalement fur la partie de cette opération qui 
concerne le départ du cornet; ces détails commencent à 
donner une idée des précautions qu'exige ce point particulier 
des effais d’or, des difficultés qu'il of pour la précifion, 
& des rifques que les Effayeurs y courent de tomber dans 
quelque erreur. Il convenoit d'autant mieux de préfenter ici 
les détails relatifs au départ du cornet, qu'en adoptant la 
méthode nouvelle que je vais propofer, il y aura beaucoup. 
moins de précautions à prendre, moins de difhcultés à vaincre, 
& qu’on obtiendra dans ce travail toute la certitude qu'il eft 
poflible d'y efpérer : on aura lieu encore de remarquer dans 
ce procédé nouveau, des avantages qui s'y trouvent comme 
attachés naturellement, & dont les Effayeurs, très-occupés, 
fentiront tout le prix. 

L'Académie peut fe rappeler que dans les dernières expé- 


$s12 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


riences dont je lui ai rendu compte fur un fujet lié par biert 
des endroits, à celui que je traite dans ce moment, je me 
fuis fait un devoir de n'établir aucun réfultat que d’après des 
matières d'or & d'argent portées à leur dernier point de pureté, 
mélangées dans des proportions connues, & devant repa- 
roitre après les épreuves auxquelles je les avois foumifes dans 
la quantité jufle des unes & des autres que j'avois d’abord 
employée. Avec cette méthode décifive, j'ai pu compter fur 
les conféquences que j'ai tirées ; & c’eft à la lumière conf- 
tante, fournie par le même principe, que j'ai fait des recherches 
fur la manière a plus certaine de procéder aux effais d’or, 
en m'appliquant aufli à fimplifier cette opération. 

Je m'occupois depuis long-temps du moyen qu'il y auroit, 
dans le départ , de joindre à des cornets d’or appartenans à 
des matières dont on ignoreroit le titre, d’autres cornets qui 
continflent une quantité d’or fin bien déterminée , & qui 
fuflent aflociés aux premiers pour toutes les épreuves qu'ils 
auroient à fubir. J'avois réfléchi inutilement à la forme qu'il 
auroit été néceflaire de donner au matras, pour que l’action 
d'une mème quantité d'efprit de nitre fe portât dans le même 
inftant, avec une égale force & pendant la même durée de 
temps, fur les cornets dont la partie en or feroit connue 
d'un Effayeur, & fur ceux où il ne la connoîtroit pas. Si les 
cornets, après que l’efprit de nitre a produit fur eux tout fon 
effet, n'étoient pas réduits à un état de molleffe & d’affaif 
fement, qui quelquefois les tient fortement appliqués au fond 
du matras, & les expofe à être brifés par le feul bouillonne- 
ment de l'efprit de nitre, on auroit pu, avant que d’en faire 
le départ, y imprimer quelque marque propre à les défigner, 
& qui, quoiqu'un peu altérée au fortir du recuit, auroit fuffr 
cependant pour qu'on les eût diftingués : mais deux cornets 
dans le même matras, après l'effet réitéré de l’efprit de nitre, 
fe colleroient infailliblement l’un à l’autre, & ne pourroient 
plus être défunis, fur-tout après le recuit qu’on feroit contraint 
de leur donner dans l'état même d’adhéfion où ils fe feroient 
Houvés au fortir du matras: d'ailleurs fi quelques parcelles de 

jy l'un 


DES SCIENCES, 513 
l’un ou de l'autre de ces cornets, ou même de tous les deux; 
s'en étoient féparées, il en réfulteroit une incertitude, pour 
juger duquel des deux cornets elles dépendroient ; à moins 
qu'en pefant la totalité, & défalquant la quantité d'or connue 
d'un des cornets , on ne jugeät de celle que doit contenir Je 
cornet qui étoit d'abord inconnu; & encore, avec cette dernière 
reflource , refteroit-il de l'incertitude » Puifqu'on ne fauroit 
pas fi le départ auroit été complet: une connoiflance bien 
politive fur ce point eflentiel, & dont J'étois fpécialement 
occupé, ne pouvant être procurée que par ün cornet d'or 
iolé, qui, après Île départ, repréfente {a quantité précife 
d'or fin qu'on y a fait entrer. 

Je n’avois donc encore rien imaginé dont j'attendiffe du 
fuccès, {oit pour la conftruétion particulière du vafe où les 
cornets auroïent pu être départis en commun, mais ifolés les 
uns des autres, & fortir aufli du vale féparément, foit pour 
empècher l'adhérence de ces mêmes cornets , en employant 
les matras ordinaires, lorfqu'il fe préfenta à mon efprit un 
moyen fimple qui naïfloit de la chofe même, & que j'avois 
fans cefle fous la main. 

L'acide nitreux pur ne diffout point l'or; ce métal précieux 
garantit mème, jufqu'à un certain point, de l’action de cet 
acide les autres métaux avec lefquels il ef allié, & que F'efprit 
de nitre attaque le plus violemment. L'or, dès'ce moment 
peut devenir comme l'enveloppe naturelle des corps qu'on 
a deffein de fouftraire à l’action de cet acide, ou qu'on veut 
tenir ilolés les uns des autres en les y laïflant expolés. Je 
fentis en conféquence que je pourrois réufir dans mon projet, 
en renfermant chaque cornet d’effai dans une efpèce de petit 
étui d’or, où il y eût quelques ouvertures par lefquelles 
Fefprit de nitre eût un accès facile, & qui cependant ne fuf- 
fent pas aflez grandes pour que les cornets puüffent fortir. 

Avant que de donner à ces étuis toute {a perfection dont 
ils font devenus fufceptibles, je me hâtai de les former de {a 
manière la plus fimple, & propre à me faire juger fur le 
champ de l'avantage que j'en pourrois retirer. Je réduifis un 


Mém, 1778. pat 


s14 MémotRes DE L'ACADÉMIE Roxaze 


morceau d’or fin en une lame très-mince , & à laquelle j'évitai 
de donner un recuit, afin qu’elle confervät un peu de reffort;, 
jen tirai une petite plaque à peu-près quarrée, & large de 
neuf à dix lignes; je ménageai à chacun de deux des côtés 
oppolés de cette plaque, & dans le milieu de ces côtés une 
petite lame de la largeur d'une ligne & de trois de longueur; 
je roulai le corps de la plaque fur un cylindre de: trois lignes 
ou à peu-près de diamètre ; je relevai une des lames, qui 
m'étoit qu'un prolongement de la plaque , fur l'ouverture du 
petit tuyau qui en rélulta, & à laquelle cette lame répondoit ; 
je mis dans ce tuyau un cornet d'eflai , dont le titre m'étoit 
connu ; & ayant relevé enfuite la feconde lame fur l'ouverture 
par laquelle je 'avois introduit , j'eus un étui affez bien fermé 
pour que le cornet n'en fortit pas, & aflez ouvert pour que 
lefprit de nitre püût attaquer de toutes parts ce cornet; je le 
mis ainfi enveloppé dans un matras, & je procédai au départ. 
ordinaire , en le faifant fubir en même temps.à un autre 
cornet d’eflai mis à nu dans un fecond matras, & d’un titre 
égal à celui que l'étui renfermoit. Lorfque l'efprit de nitre eut 
produit tout fon effet, & que je l'eus décanté des deux matras, 
jy verfai, à plufieurs reprifes, de l'eau de rivière, & je lavai 
avec foin les cornets, en laïffant dans fon matras celui que 
l'étui contenoit, comme il étoit. néceflaire d'y laifler celui 
dont le départ avoit été fait à nu : lorfqu’ils eurent été lavés 
fuffifamment, je fis defcendre létui dans ma main; je baiffai. 
une de {es petites lames ; je le plongeai enfuite, en l'inclinant 
un peu, dans un petit creufet rempli d’eau; le cornet fortit 
de l'étui; & n'ayant pu éprouver par-làle moindre choc, il 
fe repofa bien entier dans le fond du creufet. Je donnai à 
l'autre cornet d’effai toute l'attention ordinaire pour le faire 
tomber , fans accident, dans un creufet; & l’un & l'autre, 
qui me parurent de la même beauté après le recuit, ayant 
été portés à la balance, fe trouvèrent d'un poids égal. 

Le fuccès de cette expérience ne me laifla aucun doute fur 
Favantage que je pouvois tirer de l'emploi de pareils étuis 
pour acquérir la certitude d’un départ complet, & juger 


DES SCIENCES. 515 
fûrement du titre d’une matière d’or qu’on ne connoîtroit pas, 
en affociant les effais qu'on en feroit avec celui d’une matière 
qu'on auroit compofée foi-même, ou dont le titre feroit 
devenu conftant par des épreuves multipliées. Defirant de 
répéter cette expérience , en employant plufieurs étuis dans 
un matras feul , je commençai par les rendre un peu plus 
folides que n’étoit celui dont je viens de parler : au lieu de 
deux lames dépendantes de l'étui même dont il falloit qu’une 
fût tantôt baïflée, pour que le cornet fût introduit, tantôt 
relevée pour qu'il fût maintenu dans l'étui, & enfuite baiflée 
une feconde fois, afin que le cornet en fortit, je ne fis dé- 
pendre du corps de f'étui qu’une feule flame qui reftoit toujours 
relevée fur fouverture à laquelle elle répondoit, & j'adaptai 
fur l'ouverture oppolée une virole d'or qui portoit elle-même 
une lame toujours relevée , qui embrafloit étroitement le bout 
de l’étui , qu’on pouvoïit cependant ôter ou remettre à volonté, 
& qui par conféquent, lorfqu'elle étoit en place, ne laifloit 
point d'iflue au cornet. 

Ce fut en faifant ufage de ces étuis, dont je ne courois plus 
le rifque de rompre une des lames, par les plis & replis 
qu'elle auroit éprouvés fouvent , fi je ne les euffe pas évités 
par le fecours d'une virole ; ce fut, dis-je, en les employant 
pour plufieurs cornets, mis tout-à-la-fois dans un même matras, 
& expolés enfemble à lation du même efprit de nitre, que 
je répétai l'expérience dont j'ai rendu compte plus haut, pour 
reconnoître les différens titres des matières d'or que j'avois 
moi-même alliées, & qui, par cette précaution décifive pour les 
réfultats, devoient m'avertir infailliblement de l'exactitude 
ou de l'imperfection du départ. Maïs ces nouvelles expériences 
confirmèrent la première; & chacun dés cornets, au fortir 
de fon étui, contenoit précifément la quantité d'or fin que 
jy avois employée. À mefure que lon tire de l'utilité d’un 
moyen, on {ent mieux jufqu'où elle doit s'étendre , parce 
que l’objet auquel on l'applique eft confidéré alors avec plus 
d'attention, fous des faces différentes, & avertit de toute 
la perfection dont il eft fufceptible, 

Ttti 


316 Mémoires DE L’ACADÉMIE RoYALE 


Quoique j'euffe réuffi , dans mes premières expériences, en 
employant les étuïs d’or tels que je les ai décrits, je fentis 
cependant qu'ik y avoit des changemens avantageux à y faire 
pour les cas, rares il eft vrai, où il fe détacheroit quelques 
parcelles des cornets contenus dans ces étuis, & où l’exacti- 
tude demanderoit qu'elles n’en fortiflent-pas , afin que réunies 
au cornet après le recuit , elles conçouruffent à l’établiffement 
jufte de fon poids. Si en effet ces parcelles s’étoient une fois 
échappées de l'étui, à la faveur de l'ouverture trop facile de 
fes deux extrémités, & s'étoient répandues , foit fur les autres 
étuis, foit dans le fond du matras, on ne fauroit point auquel 
des cornets elles ‘appartiendroient , à moins qu'on ne fût 
inftruit auparavant de la quantité d’or fin que chacun. d'eux 
devoit contenir, & qu’on n’eût déterminé leur poids refpectif; 
mais en fuppofant qu'on opérât fur. des matières inconnues, 
l'attribution jufte de ces parcelles à l’un ou l'autre de ces 
cornets, deviendroit prefque impoflible , & jetteroit une 
incertitude bien fondée fur le véritable titre des matières 
auxquelles plufieurs cornets départis dans un même matras 
feroient relatifs. 

Je donnai donc à ces étuis une forme nouvelle, qui en 
même temps qu’elle laifloit un. accès fufffant à l’efprit de nitre 
pour y attaquer les cornets, mettoit une petite barrière à 
l'extrémité de ces étuis, que des parcelles détachées de ces 
cornets ne pouvoient pas franchir. Je ne réfervai plus de 
lame à un des côtés de la plaque qui devoit former le corps 
de l'étui : roulé fur le cylindre, il n'étoit plus qu'un tuyau 
fimple , dont les deux extrémités étoient entièrement ouvertes, 
& où il y avoit un peu de jour dans toute la longueur du 
tuyau , entre les bords des deux côtés de la plaque qui fe 
joignoient, à caufe du reflort que je lui avois confervé ; mais 
ce jour difparoifloit pour peu qu'on prefsât ce tuyau avec 
les doigts, & il ne fubfiftoit qu'en partie lorfque ce même 
tuyau étoit maintenu par les deux viroles amovibles dont äl 
me refte à parler : au lieu d’y réferver une lame comme dans 
celles des étuis précédens, & de profiter fimplement de leur 


DN EL Si :S C1 E N° CE S17 
reffort pour leur faire embrafler étroitement l'extrémité des 
étuis , je fis fouder ces viroles d’or fin avec de l'or à 20 
karats ; je les couvris d'un côté par une petite plaque d’or 
qu'on y fouda également, & dans le milieu de laquelle on 
perça un trou de trois quarts de ligne ou environ de diamètre; 
en comprimant un peu le corps de l’étui, j'en failois entrer 
fans peine les extrémités dans les viroles, & celles-ci les 
refferroient étroitement à la faveur du reflort dont le corps 
de létui jouifloit: on voit alors que par cette dernière forme 
que je donnai à ces étuis, il n’y avoit d'entrée pour l'efprit 
de nitre, que celle du petit trou pratiqué à chacune des 
viroles, & celle que lui laïfloit encore le très-petit jour dont 
je viens de parler, lequel fubfiftoit fur la longueur de l’étui 
& dans toute la partie que les viroles ne recouvroient pas : 
on remarque en outre, qu'au moyen de la petite plaque foudée 
à chacune des viroles, & appliquée à chaque ouverture prin- 
cipale de l'étui , il s'y trouvoit intérieurement une bordure 
de plus d’une ligne de hauteur, propre à empêcher que de 
petites portions d’un cornet qui s’en feroïent détachées, ne 
fortiflent de l'étui, & à y conferver par conféquent toute ia 
partie d’or pur, dépendante de la matière de Effai. 

IL fembleroit d'abord que le peu d'ouverture que j'ai laifée 
à ces derniers étuis, ne feroit pas fuffante pour que l'efprit 
de nitre y attaquât les cornets de toutes parts, & y produisit 
auffi-bien fon effet que fur les cornets qu'on départit à nu: 
mais l'expérience m'a prouvé que ce peu d'ouverture ne 
mettoit aucun obftacle à toute l'action de l'efprit de nitre, 
puifque je le voyois, pendant fon ébullition, traverfer les 
étuis librement, former des jets continuels par les petits trous 
pratiqués à leurs extrémités, & que, dans les épreuves pour 
- lefquelles j'ai employé plufieurs de ces étuis dans un feul 
matras, j'ai obtenu les réfultats. que j'attendois. Si en faifant 
ufage de ces étuis, on attend que les cornets qu'on en a tirés 
foient recuits pour juger, en les mettant dans la balance, de 
l'exactitude de l'opération, on courra rifque quelquefois de 
trouver les cornets un peu plus pefans qu'ils ne devroient 


518 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


être, foit parce que l'eau-forte dont on s’eft fervi n’avoit pas 
ailez d'activité, foit parce qu'on ne fa pas laïfé bouillir aflez 
long-temps; cet inconvénient ne tient en rien à l'ufage des 
étuis, & a lieu tous les jours dans la méthode ordinaire; mais 
un avantage que ne peut pas avoir cette méthode, & qui eft 
attaché à l'emploi des étuis, c’efl qu'on n'a pas befoin de 
tirer du matras.tous les étuis qu'il contient, pour connoître fr 
le départ eft complet; il fufhit d'en ôter un feui, en laiffant 
tous les autres dans l'efprit de nitre, jufqu’à ce que le cornet 
de celui-là, après avoir été lavé & recuit, ait averti du 
point auquel à été porté le départ; & voici la manière 
fimple, dont je profite de cet avantage qui conduit f'opé- 
ration à un point d'exaétitude, dont la méthode ordinaire 
n'eft pas fufceptible. Un de mes étuis a un petit anneau 
d'or auquel tient aufli un fil d’or, au moyen duquel je 
plonge l'étui dans F'efprit de nitre contenu dans le matras, 
au milieu des autres étuis deftinés pour le départ; ce fil d’or, 
qui excède d'un pouce ou deux le col du matras, me rend 
toujours le maître d'en faire fortir l’étui auquel il aboutit; 
ce guide für de mon opération, contient toujours un cornet, 
dont la partie en or fin m'eft connue: forti une fois du 
matras, il m'inftruit fidèlement de L'état où font tous les 
autres cornets qu'il vient de quitter, & me fert de règle 
certaine, foit pour regarder le départ comme fini, foit pour 
le rendre complet, s'il n’eft pas abfolument terminé. Il feroit 
prudent même, d’après ce que je viens d’expoler, dans des 
occafions où l’on auroit à départir une grande quantité de 


cornets, d’avoir un double guide, dont lun donneroit le, 


premier avertiffement fur le point où en feroit l'opération ; & 
Yautre, f1 elle n'étoit pas finie, inftruiroit en fecond lieu de 
l'effet du moyen qu'on auroit employé pour la rendre com- 
plète. On feroit bien dédommagé de ce léger furcroît de 
fravail par la certitude du titre de plufieurs matières qu'on 
auroit eflayées, & pour lefquelles, en füivant la méthode 
ordinaire, ôn auroit employé plus de temps, fait plus de 
frais, pris plus de peine , avec le rifque fouvent de revenir 


7 


DEN SAP CURE MCsEyS s19 


à de nouveaux Effais des mêmes matières, & toujours avec 
une forte d’incertitude d'en avoir déterminé le véritable titre. 

J'ai dit que les cornets d'effais, après le départ, & ren- 
fermés encore dans leur étui, étoient plongés dans un petit 
creufet rempli d’eau; que par-là ils fe dégageoient facilement 
de l’étui, & fe repoloient fur le fond du creufet où ils étoient 
enfuite recuits, fans avoir éprouvé d’accidens. Quoique la 
méthode ordinaire ne préfente pas autant d'avantage pour 
conferver les cornets en entier, puifqu’on eft obligé, en la 
fuivant, de faire précipiter: ces cornets du fond du matras, 
dont le col eft aflez long ,. dans un creufet où il peut être 
entamé par le moindre choc; j'ai fenti cependant qu'il feroit 
utile pour la facilité du travail, pour éviter fur-tout la confu- 
fion dans un grand nombre de cornets auxquels il faudroit 
donner le recuit, & qui demanderoient chacun leur creufet 
particulier , de procéder à cette dernière opération , fans 
déranger les cornets, & en faifant fubir le recuit aux étuis 
même qui les contiendroient. Mes premières expériences à 
cet égard, eurent lieu fur des étuis d’or fin: je m'aperçus 
d'un inconvénient qui tenoit à l'emploi des étuis de cette 
efpèce: les cornets qui, comme je l'ai dit, font d’une grande 
mollefle, après le départ, & qu'en a humeélés par des lotions 
réitérées, s'appliquent fur {a furface intérieure des étuis; quoi- 
qu'ils tendent à fe reflerrer fur eux-mêmes, à mefure qu'ils 
fe recuifent , cependant il y a des endroits par lefquels ils 
portent néceflairement fur l'étui, & y font très-adhérens ; 
lorfque celui-ci commence à rougir, le cornet qu'il renferme 
éprouve le même effet ; & comme je leur donnois un recuit 
affez fort qui ouvroit leurs pores réciproques, ils fe foudoient.. 
pour ainfi dire, l'un à l’autre, au point de contaét, & ne 
pouvoient être féparés qu'aux dépens de quelques parties du. 
cornet, qui reftoient unies à l’étui, & que je ne pouvois 
plus en détacher. 

Ainfi j'abandonnai les étuis d’or fin pour être expolés au 
recuit avec les. cornets qui auroient fubi le départ dans ces 
mêmes étuis ; je fis de nouvelles épreuves à ce fujet avec des 


520 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoïaLre 


étuis d’or rouge, qui, comme on fait, eft allié fur fe pied 
de cinq fixièmes d'or fin, & d’un fixième de cuivre de rofette; 
j'éprouvai le même inconvénient : je ne réuflis pas mieux 
en employant des étuis d’or vert, dans la compofition duquel 
j'avois fait entrer trois quarts d'or pur & un quart d'argent 
fin. Ce défaut de fuccès ne me rebuta point : je ne me 
diffimulois pas que le procédé nouveau que j'avois imaginé, 
perdroit quelque chofe de l'utilité que j'y voyois attachée, 
de l'agrément même qu'il y auroit à l'employer, fi je ne par- 
venois pas au point particulier dont il s’agit ici, & que je 
cherchoïs avec une forte d’obftination. Je réfléchis enfin que 
For gris dans lequel if entre un fixième de fer & cinq fixièmes 
d'or pur, pourroit être favorable à mon deflein, parce que 
Ja portion de fer qui s'y trouve mêlée, préfente un obftacle 
naturel à l’eflet que j'avois intérêt d'éviter. Je m'empreffai 
donc de faire des étuis d’or gris; de les employer dans le 
départ de plufieurs cornets, & de ïes expofer à un fort recuit 
avec les cornets même qui y avoient été départis. Lorfque 
Popération fut finie, j'eus le plaifir d'entendre, en agitant un 
peu ces étuis avant de les ouvrir, que les cornets s’y remuoient, 
comme le fait une amande sèche dans fa coque; & le poids 
des cornets , tel précifément que je f'attendois , me rendit 
certain qu'aucune partie ne s’en étoit détachée. 

Outre la grande utilité que j'ai tirée des étuis d'or gris, 
pour l'accélération & la fimplicité du travail, j'ai reconnu 
dans ce métat compolé, un avantage relatif aux étuis même, 
& à la confiftance dont ils ont befoin pour bien conferver 
leur forme, après des recuits multipliés. L'or gris eft très-dur, 
& a beaucoup de reffort ; on vient à bout cependant de Je 
bien Jaminer au fortir de la fonte, & de le réduire à très-peu 
d’épaifleur, fans qu'il foit néceffaire de le recuire à melure 
qu'il s’écrouit: il paroït même, d’après l'expérience que j'en 
ai faite plufieurs fois, qu'un recuit pouffé jufqu'au blanc, ne 
produit fur lui que peu d’eflei, puifqu'une épreuve auffi forte 
ne lui ôte prefque rien de fon reflort. Dès-lors on voit que 
For gris eft très- propre à devenir la matière des étuis, 

indépendamment 


’ 


D HS): St CT E N° CF 5 s21! 
indépendamment de l'avantage précieux qu'il leur donne d'un 
autre côté, & que l'or, foit pur, foit allié avec d’autres 
métaux que le fer, ne pourroit pas leur procurer, En fuppolant 
en eflet que les cornets d’Effais ne fuffent pas reftés adhérens 
aux parois intérieures des étuis d'or, que la matière de ceux-ci 
fût pure ou non, & quel que füt le métal qu'on y eût em- 
ployé comme alliage, il eft certain que les étuis d'or fin, 
qui d'abord auroient eu un peu de reflort, le perdroient 
totalement, après un recuit , & reviendroient à un état de 
fouplefle, dont les fuites néceffaires feroient une trop grande 
aifance dans les viroles pour ferrer les extrémités de l'étuï, 
& sy maintenir elles-mêmes, lorfqu’on les feroit fervir de 
nouveau, & à l'opération du départ, & à celle du recuit. Le 
même inconvénient auroit lieu à l'égard des étuis compofés 
d'or & d'argent fins; & fi l'or rouge ne perdoit pas abfolu- 
ment, par le recuit, une certaine roideur qu'il tient de fa 
compofition, au moins feroit-elle fenfiblement diminuée, & 
réfulteroit-il un peu de relâchement dans les étuis, dont cet 
or allié au cuivre auroit été a matière; au lieu que la dureté 
- particulière à l'or gris maintient, malgré le recuit, un étui 

formé de ce métal dans tout le reflort qui lui eft propre, 
empêche le relâchement, au moins fenfible, des viroles qui 
en dépendent, & rend cet étui, auffi capable de réfifter à une 
‘Hongue fuite d'épreuves qu’il a été propre à a première pour 
laquelle on l'a employé. 

Après tous les détails dans lefquels je viens d’entrer , afin 
que l'Académie , inflruite de mes recherches, dans l'ordre 
où je les ai faites, juge mieux du degré de confiance que 
mes expériences peuvent mériter, & adopte les conféquences 
que j'en tire, fi elles lui paroïfient bien fondées , il ne me 
refte plus qu'à rapprocher la méthode ordinaire d’effayer les 
matières d’or de celle que je propofe; les avantages de Ia 
dernière n’en feront que plus frappans , s'ils font tels aux 
yeux de l'Académie que je les ai confidérés moi-même dans 
le fuccès de mes opérations ; ou bien, par la comparaifon de 
ges deux méthodes, on verra, au contraire, dans celle que 


dMém, 1778, Uuu 


‘ 


522 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


toutes les Nations fuivent aujourd'hui, des raifons de fa 
conferver, fur lefquelles j'ai pu être diftrait, comme occupé 
trop fortement de celle que je defirerois d'y fubftituer. 

La quantité d'argent néceflaire pour le départ des Efais 
d'or , le mélange de ces métaux dans la coupelle, par le 
moyen d’une quantité convenable de plomb , fa réduélion 
du bouton d'Effai qui en réfulte, en une lame mince dont 
on forme enfin un cornet; tous ces procédés font communs 
à lune & à l’autre méthode, & leur différence n’a lieu que 
torfqu'il s’agit du départ. Comme celle qui a été l'objet de 
mes expériences , pourra devenir très-utile à ceux principa- 
lement qui auront un grand nombre d'Eflais d'or à faire à 
la fois, aux Gardes-orfévres de Paris, par exemple, dont 
le travail eft journalier &c aflez confidérable , je fuppoferai 
qu'il fera queftion d'effayer quinze ou vingt matières d'or 
différentes, dont on ignorera le titre, & de départir tout-à-la- 
fois un nombre pareil de cornets. 

L'ufage de ces Gardes-orfévres ; dont je vais repréfenter 1e 
travail, eft, comme on fent bien, d'employer autant de 
matras qu'il y a de cornets dont il faut faire le départ ; ces 
matras n'ont aucune marque diftinétive qui établiffe une rela- 
tion entre les cornets qui s'y trouvent contenus & les matières 
d’or auxquelles ils appartiennent; mais ces Gardes-orfévres 
évitent le danger de confondre ces matras par une précaution 
que voici, & qui demande une explication. Les pièces ban. 
chées de bijouterie que les Orfévres envoient à leur Bureau 
pour y être effayées, & recevoir la marque, ff elles fe trou- 
vent au titre prefcrit, font contenues dans. des facs qui portent 
Te nom de ceux à qui ils appartiennent: on tire un échantillon 
de chacune de ces pièces qu'on met dans un petit baflin de 
cuivre avec le nom du propriétaire du fac; ces échantillons 
plus ou moins nombreux , fuivant la quantité des pièces, 
deviennent la matière de l’eflai ; & comme il eff rare qu'ils 
{oïent tous employés, eeux qui ne l'ont pas été reflent dans le 
baffin avec le nom du propriétaire, pour fervir en cas de beloin, 


à des reprifes d'Effais; c’eft ce petit baflin qui, placé fur Le 


Des IS iQ E NTC-E SON 523 
fourneau où fe fait le départ, & vis-à-vis du matras qui 
renferme le cornet correfpondant aux échantillons contenus 
dans ce même baffin, c’eft lui feul qui garantit de la confu- 
fion des matras, parce que l’ordre dans lequel il eft, répond 
à celui dans lequel les matras font placés fur le feu; il refte 
dans le rang où il a été mis d’abord , lorfqu’on ôte du matras 
la première eau-forte afloiblie qu'il contenoit, pour y en 
verfer d'autre pure , & achever le départ; il y refte, parce 
qu'on a l'attention, en remettant le matras fur le feu, de lui 
donner Ja même place qu'il y occupoit ; mais s'agit-il d’ôter 
une feconde fois le matras de deflus le feu , parce que le 
départ eft fini, alors le baflin accompagne le matras; il eft à 
côté de lui pendant qu’on y lave le cornet d'Eflaï; il eft près 
du creufet où ce cornet eft dépolé, en attendant le recuit qui 
doit être donné en commun à tous les cornets dont on aura 
fait le départ; il eft placé dans une première ou une feconde 
ligne , vis-à-vis de celui des creufets, rangés auffi fur deux 
lignes, qui lui ef relatif, pendant que celui-ci eft dans le feu; 
& enfin, après cette dernière opération, ce petit baffin reçoit 
le creufet même où eft le cornet d'Effai dont il a fourni la 
matière. 

On voit par le détail que je viens de donner, quelle 
attention exige cette opération particulière, & combien on 
court rifque de tomber dans des erreurs de conféquence, fr 
la moindre confufion a lieu dans l'attribution qui doit être 
faite de chacun des cornets d'Effais à la matière d’or dont 
ïl doit déterminer le titre : on s’expofe en eflet, par un 
dérangement dans l'ordre qu'on a d’abord fuivi, à marquer 
des pièces de bijouterie comme trouvées au titre prefcrit, 

: pendant qu’elles étoient au-deflous, & à occafionner la refonte 
de celles qui étoient en règle, parce qu'on leur à attribué, 
par une tran{pofition dont on ne s’eft pas aperçu, un cornet 
qui ne leur appartenoïit pas. ; 

Mais témoin par état, & affez fréquemment, des Efais 
en grand nombre qui {e font tous les jours au Bureau des 
Orfévres de Paris, par les Gardes en charge de ce corps, 

Uuu ij 


524 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

je leur dois ici {a juftice d’affurer qu’ils donnent à ce travail 
la plus grande attention , qu'ils s'y portent avec un zèle 
toujours foutenu, & que de leur propre mouvement, ils font 
jufqu’à trois reprifes d'Effais de la même matière, fi aux deux 
premières épreuves , elle ne fe trouve pas au titre fixé par 
la loi. 

Je dois faire obferver encore que parmi les inconvéniens 
qui font les fuites de la méthode ordinaire, & dont je defi- 
rerois de mettre les Effayeurs à l'abri, ïl en eft un qui a lieu 
de temps en temps , & mérite une certaine attention : if 
rend inutile en effet une partie du travail de ces Eflayeurs, 
& occafionne un retard, dans les rapports d’Eflais qu'ils ont 
à donner , qui gène ordinairement quelqu'un de ceux qui 
les attendent , foit pour des opérations momentanées de 
commerce , foit pour des ouvrages de bijouterie qu'il s'agit 
d'ébaucher ou de finir. H arrive quelquefois qu'un matras fe 
cafle fur le feu, & que l'efprit de nitre, s’écoulant par les 
ouvertures qui s’y font faites, laifle prefque à fec, au fond 
de ce matras, le cornet qu'on y avoit mis : fi, avant cet 
accident , lefprit de nitre n’avoit pas encore agi vivement 
fur ce cornet ; fi celui-ci conferve de la confiftance, ïl efk 
facile de le faire paffer dans un autre matras, & d'y conti- 
nuer l'opération ; fi au contraire, le départ étoit à peu-près 
fmi lorfque le matras s’eft caflé, alors le défaut de confiftance 
du cornet , l’état de molleffe où il eft réduit, ne laifle 
prefque aucun moyen de le prendre fans l'entamer, & de 
l'introduire fans accident dans un autre matras: on fe déter- 
mine prefque toujours à recommencer l'opération, & ce parti 
eft le plus fage, parce qu’en voulant tirer avantage du cornet 
repris avec foin dans le matras caflé, on auroit la crainte 
aflez bien fondée de ne lavoir point recueilli tout entier. 

On ne vient de remarquer encore dans la méthode ordi- 
naire de faire le départ des cornets d'Effai, que la longueur 
de Fopération, lorfqu'il y en a un grand nombre à départir 
tout-à-la-fois, les rifques qu'on y court de tomber dans 
quelque erreur, pour peu que trois des chofes principales 


ee 


Dh ErSi e SUCUL EN: G-E à 525 
qui y concourent, le baflin, le matras & le creufet ne reftent 
pas dans l’ordre qu'on a d'abord établi, & enfin une double 
opération à laquelle les Effayeurs font quelquefois contraints 
par la rupture des matras: mais cette méthode laiffe toujours 
une forte d'incertitude dans les réfultats qui en naifient, 
quelqu'intelligent & fcrupuleux que foit l'Efflayeur qui la 
fuit ; il ne fauroit répondre qu'il a porté f'elprit de nitre, 
foit afloibli, foit pur, au même degré d’ébullition dans douze 
ou quinze matras qu'il a employés: fi dans le cours de fon 
opération il eft obligé de fe fervir d'un efprit de nitre, qui, 
quoique propre aux Effais, ne foit pas précifément le même 
que celui dont il a déjà reconnu fa bonne qualité par une 
épreuve füre, il n’eft pas abfolument certain que ce nouveau 
diffolvant ait produit tout l'effet qu'il en a attendu : des 
cornets confervés dans leur entier, fans la moindre altération 
à leur furface, & de la couleur riche qu'ils ont au fortir du 
recuit, ne font pas conflamment une preuve que le départ 
a été complet ; il arrive tous les jours , qu'en eflayant de 
l'or fm, & en obtenant des cornets, qui ont toute la perfec- 
tion apparente dont je viens de parler, on remarque , en les 
pefant, une légère augmentation de poids qui eft dûe à une 
petite portion d'argent que l’efprit de nitre n’a pas difloute; 
& on ne fauroit fe tromper fur cet excédant de poids, puif 
qu’il réfulte de la comparaifon du poids principal de la femelle 
d'or dont on s’eft fervi pour la matière de l'Effai, avec le 
cornet qui ne doit repréfenter tout au plus que la portion 
de cette matière qui eft entrée dans l'opération. Si dans les 
cornets qui proviennent tous les jours des différentes matières 
d'or qu'on eflaye, on ne s'aperçoit pas de cette furcharge 
légère, qui peut cependant y avoir lieu, comme dans ceux 
qui réfultent quelquefois des épreuves faites fur l'or fin, c'eft 
qu'on ignore le titre de ces matières, ou qu’au moins on 
nen a pas une connoiffance exacte : on voit des cornets d’or 
qui ont, en apparence, toute leur perfeétion, & on conclut 
avec aflez de vraifemblance que ces cornets, annonçant à 
Textérieur leur dernier point de pureté, ils doivent donner, 


s26 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


par le poids jufte qu'ils ont, le titre bien réel de ces matières: 
mais un autre cornet, pour lequel on eüt employé d’abord 
une quantité précife d’or fin, & qui eùt été départi à côté de 
ceux-là dans un même matras , y auroit fait connoître un 
excédant de poids, le degré juîte de cette augmentation, fr 
réellement elle s'y füt trouvée; & pendant que l’imperfeétion 
du départ n’auroit pas même pu être foupçonnée, ce cornet 
- auroit inftruit, comme un témoin exact, de l’état bien pofitif 
des autres cornets, en donnant, par le fien même, une preuve 
évidente de cette imperfeétion du départ. 

1 faut donc ajouter aux inconvéniens attachés à la méthode 
ordinaire, pour le départ des cornets, pour de fimples mani- 
pulations , l'incertitude où font les Effayeurs d’avoir faifi le 
point de précifion dans l’objet eflentiel, dans le titre des 
matières d'or, & de le retrouver conftamment, en revenant 
aux mêmes matières par des épreuves multipliées. 

Afin que l'Académie puifle juger nettement, & d’un 
-coup-d'œil, de l'avantage du procédé nouveau pour le départ 
des Effais d’or, que je prapofe de fubftituer à la méthode 
ordinaire, quant à ce point particulier, il me paroît conve- 
nable que la marche que j'ai tenue dans l'expolé qu'on a 
vu des inconvéniens attachés à celle-ci, foit la même dans 
Fexpofé du moyen propre à les écarter, & dans l'application 
naturelle de ce moyen feul à toutes les circonftances du 
départ. 

Je commence par prier l Académie de regarder, 1.° comme 
un fait conftant, que le départ des cornets d’Effais a lieu 
d'une manière aufli parfaite, lorfqu'ils font renfermés dans 
des étuis d'or, tels que je les ai décrits, que quand ils font, 
fuivant lufage, entièrement à découvert dans un matras : 
2. que plufieurs cornets renfermés chacun dans leur étui, 
& réunis dans un feul matras, y font départis aufli complè- 
tement qu'un feul cornet contenu dans un étui, ou mis à nu 
dans le matras : toutes mes expériences, & elles ont été en 
grand nombre, m’autorifent à aflurer ces deux points eflen- 


fiels, & d'où nait l'utilité de la méthode que je propofe. J'ai 


DES SCIENCE s. S27 
toujours pris pour bafe des épreuves que j'ai faites, des matières 
d'or qui m'étoient connues par des expériences précédentes, 
ou que j'avois alliées moi-même dans la coupelle, en em- 
ployant une quantité déterminée d’or fin & de cuivre rouge: 
J'ai foumis fouvent l'or fin au départ, fans y joindre le moindre 
alliage: non content d’avoir compolé des matières à quatre 
ou cinq titres diflérens, je les ai fuivis tous depuis un karat 
jufqu’à vingt-quatre : dans le cours de ces opérations, j'ai fait 
ufage de fix ou fept étuis à la fois dans un petit matras ordi- 
naire, qui m'avoit toujours fervi pour le départ à nu d’un 
cornet feul, & dans lequel je n'ai guère mis plus d'elprit de 
nitre, pour ces fix ou lept cornets réunis, que pour un feuk 
que j'y aurois voulu départir. J'ai toujours vu que la quantité 
précile d’or fin employée pour leffai, & variée fuivant les 
titres que j'avois eu deflein de repréfenter, {e retrouvoit dans 
les cornets que je retirois : j'ai même remarqué un fait qui 
confirme la marche égale des cornets renfermés dans leur 
étui, foit pour l'exactitude du départ, foit pour l'imperfe&tion 
légère qui peut s'y trouver. Ayant eu l'occafion de faire 
ufage d’un efprit de nitre qui n'étoit pas précifément le même 
que celui dont je m'étois fervi pour mes premières expé- 
riences, je l'employai au départ de fix cornets renfermés dans 
leur étui, & contenus tous dans un feul matras : après le 
recuit, je m'aperçus en pefant le premier de ces cornets, que 
fon poids étoit plus fort d’un trente-deuxième de karat, ou 
environ, qu'il n'auroit dû être, d’après la quantité déterminée 
d'or fin que j'avois mile dans la matière de l'Effai, dont ce 
cornet étoit le rélultat: je pefai les cinq autres qui avoient 
également un léger excédant de poids, & qui s'ils me firent 
connoître que l'elprit de nitre n’avoit pas produit fur eux 
tout l'effet que j'en attendois, me pr'ouvèrent en même temps 
une chofe très - effentielle pour mes opérations, l'égalité de 
cet eflet {ur plufieurs cornets réunis, & m'établirent dans la 
confiance de regarder un départ comme généralement com- 
plet, quand un étui, forti d'un matras, où il auroit été 
expolé avec beaucoup d'autres, à l'action de l'elprit de nitre, 


528 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


me fourniroit un cornet d'Effai, dont le poids feroit égal à 
celui de For fm que j'y aurois employé. 

Lorfqu'on voudra faire ufage de ces étuis, il conviendra 
d'établir un premier ordre, à l'égard des opérations anté- 
rieures au départ, qui s'étendra aux étuis même, & écartera 
toute erreur: on aflignera d’abord un numéro à chacune des 
matières qu'on fe propofera d’effayer; les petits baflins, dans 
lefquels on mettra Îles échantillons de ces matières & le nom 
de ceux à qui elles appartiendront, pour en tirer la portion 
qu’exigera l'Effai, porteront chacun un numéro pareil à celui 
de ces mêmes matières : à melure que chaque pelée, tant de 
la matière d'or que de l'argent néceflaire au départ, fera faite, 
on la mettra dans le baffin auquel elle correfpond; ou, pour 
la commodité du tranfport, fur un plateau quarré de cuivre 
dont les bords feront relevés, & qui, partagé intérieurement 
en plus ou moins de cafes numérotées, recevra la matière 
des Effais dans l'ordre où elle aura été pefée. L’arrangement 
qui aura eu lieu d'abord pour ces préparatifs de Fopération, 
fubfiftera dans toutes fes fuites; celui des coupelles dans la 
moufle, l'aplatiffement des boutons d'Effais qu'on en retirera, 
les recuits qu'ils demanderont, leur réduétion en lames très- 
flexibles, tout fera fait dans l’ordre primitivement établi, 
jufqu'à ce que ces boutons d’Effais parvenus à état de cor- 
nets, feront renfermés dans des étuis; ceux-ci qui porteront 
un ”umero, recevront les cornets dont le ”wmero fera le 
même que le leur, & dès-lors il n'y a plus de confufion à 
craindre, quoïiqu'on perde ces cornets de vue jufqu’au moment, 
où fortis des étuis dans toute leur beauté, ils donneront, 
par leur poids, le réfultat de l'opération, On met donc pêle- 
mêle tous les étuis dans un matras, & on y verfe de 
J'efprit de nitre afloibli pour procéder au départ; mais 
avant de placer le matras fur le feu, on y introduit un 
autre étui dont j'ai déjà parlé, celui qui contient un cornet 
dont la partie en or eft parfaitement connue, qu'on peut 
retirer feul du matras, quand on le veut, à la faveur du fil 
d'or auquel il eft attaché, & qui par l'état du cornet qu'il 

renferme , 


RSR Se 


DNENSIn SCI) EL Ni CLE) S s29 


renferme, donne lieu de juger fürement du point où en eft 
le départ. 

Lorfque l’efprit de nitre affoibli, & celui qu'on a employé 
pur en fecond lieu, paroiflent avoir exercé toute leur aétion 
fur les cornets, on Ôte le matras de defflus le feu; on retire 
l'étui dont le cornet doit fervir de guide, & après l'avoir 
lavé dans plufieurs eaux, on le fait recuire : fi le cornet qu'il 
reftitue annonce par fon poids que le départ n’eft pas abfo- 
lument complet, on remet le matras fur le feu pour y faire 
bouillir de nouveau f'efprit de nitre qu’il contient; ou fi on 
foupçonne que ce diflolvant a perdu quelque chofe de fon 
activité, on y en verfe d'autre d’une qualité éprouvée, qui, 
après une ébullition de peu de durée, achève l'opération. 

Si, au contraire, on eft averti par le rapport fidèle de ce 
même cornet, que le départ eft terminé, on décante lefprit 
de nitre, on lave dans le matras même, & à plufieurs reprifes, 
les autres étuis; lorfque l’eau y a repris toute fa tranfparence, 
on la verfe entièrement & feule, fi l'on veut d’abord, pour 
faire gliffer enfuite les étuis le long du col du matras, les 
recevoir l’un après l’autre dans la main, ou les faire tomber 
dans un vafe plein d'eau, à la furface de laquelle nage une 
rondelle de liége, qui s’oppofe à la chute trop précipitée de 
ces étuis. On range enfin ces étuis l'un à côté de l'autre, 
dans une petite boîte d’argent de deux pouces de largeur 
en tout fens, de quatre à cinq lignes de profondeur , à laquelle 
on a adapté un couvercle du même métal, mais qui en eft 
indépendant; cette boîte eft contenue elle-même dans une 
efpèce d’autre boite de tôle, qui a auffi fon couvercle, mais 
qui n’eft fermée que de trois côtés; la bordure d’un de ces 
côtés qu'on a tenue plus haute que celle des deux autres 
côtés fermés, eft repliée horizontalement, & forme une faillie 
extérieure, qui donne la facilité de faifir avec une pince Ia 
boîte de tôle, & conféquemment d'enlever la boîte d'argent 
qu'elle contient, lorfqu'on veut retirer l'une & l'autre du feu. 

C'eft dans une boîte ainfi difpofée, mife au milieu de 
quelques charbons allumés, & dans un très-petit efpace, qu'on 

Mém. 1778. e ea" 


530 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


peut donner un recuit prompt à douze étuis à la fois, à 
vingt-quatre, fi l'on veut, en donnant à fa boite plus de 
profondeur, & fuppléer par-là à l'ufage beaucoup plus embar- 
raflant d’un grand nombre de creufets : il fufit, après avoir 
retiré les deux boîtes du feu, & en tenant, au moyen de 
la pince, celle qui eft de tôle, de la pencher, privée de fon 
couvercle, du côté où elle n’eft point fermée, pour que la 
boîte d'argent s'en dégage avec facilité, gliffe fur la tablette 
du fourneau, & s'y refroidifle en un moment. 

If eft aifé de voir actuellement, que du procédé nouveau, 
pour l'opération du départ dont je viens d’expofer les détails, 
il réfulte des avantages que n’a point la méthode ordinaire : 
cette opération devient & plus fimple & plus courte par ce 
nouveau procédé; on n’y court point les rifques de confondre 
les cornets d'Effais; les étuis, dans la rupture des matras, 
préfervent cé cornets de tout accident, & paflent avec eux, 
fans le moindre danger, dans d’autres matras; ce procédé 
enfin paroît conduire à toute l'exactitude qu'il eft poflible 
d’efpérer dans un travail fr délicat. 

Peut-être, en adoptant Ja méthode que je viens de pré- 
fenter, & en fuivant avec foin la marche que j'ai tracée, 
remarquera-t-on quelquefois de légères variations dans le 
cours des expériences qu'on {era curieux de répéter d’après 
celles que j'ai faites: mais les diflérences qu’on pourra obfer- 
ver, & qui ne feront jamais bien marquées, à moins qu'un 
défaut d'attention n’ait fait tomber dans quelque erreur notable, 
ces différences ne tiendront pas proprement à l'opération du 
départ; elles auront leur caule dans les opérations antérieures 
à celle-ci: une balance qui n’a ni aflez de fenfibilité, ni une 
exactitude conflante ; un mélange inégal des deux ou trois 
métaux dont peut être compolé un lingot qu'on fe propofe 
d’effayer ; une diftraction momentanée pendant qu'on pèle 
la matière des Effais; quelque partie impalpable qui s’en écarte, 
lorfqu'on enveloppe cette matière avec l'argent néceflaire au 
départ ; un pétillement paflager de la matière en fufion dans 
k coupelle duquel on ne s’eft pas aperçu; la litharge qui, en 


Di euSr Si Cyr EE NC 8 S2t 


s’imbibant dans la coupelle, a entraîné plus d'argent aurifère 
qu'elle n’en dérobe ordinairement; quelques globules d'argent 
aurifère qui font reflés fur le baffin de la coupelle, & qui 
ont échappé à la vue, lorfqu'on en a détaché le bouton d'Eflai ; 
des parcelles légères qui fe font féparées du bouton, pendant 
qu'on l'aplatifloit, qu'on lui donnoit les recuits néceflaires, 
& qu'on le réduifoit en lame pour en former un cornet ; toutes 
ces différentes manipulations peuvent occafionner une perte 
plus ou moins fenfible fur la portion précife d’or qu'on a 
pour but de connoïtre. Mais comme il n’a été fouvent rien 
obfervé dans tout ce qui a précédé le départ , qui ait pu 
faire remonter à {a fource de cette perte, & que le cornet 
d'Effai, au fortir du recuit, annonce, par fon poids, qu'il 
n'a pas toute la matière d'or qu'il devoit repréfenter ; l'atten- 
tion fe borne à ce qui concerne le cornet en cet état, & on 
ne voit la caufe de la perte qu'il a éprouvée, que dans 
limperfedion du départ. 

Cependant, qu'on y fafle réflexion, & on verra que, fi 
en employant la méthode que j'ai indiquée, on remarquoit 
des variations dans les différens Effais qu'on feroit, il feroit 
difficile de concevoir qu'elles euflent leur principe dans 
quelque vice du départ. La bafe des expériences feroit fans 
doute , comme je l'ai dit, de l'or fin porté au titre de 24 
karats, ou au moins à celui de 23 karats 2; en alliant foi- 
même les matières dans la coupelle, pour qu'il en réfultit 
différens titres, on emploiroit des quantités d’or fin bien 
déterminées ; on y ajouteroit l'argent fin qu'exige le départ; 
& la quantité de ce dernier métal qu'on auroit jugé conve- 
nable pour l'Effai defliné à devenir le guide de l'opération, 
ferviroit de règle pour en joindre une quantité proportion- 
nelle aux autres Effais à différens titres qu'on fe feroit pros 
pofé de faire, 

Comment, dans la fuppoñition où toutes les opératiors 
antérieures au départ, auroient été également bien fuivies, 
& où il ne füt arrivé aucune perte qui eüt pris fon origine 
dans quelqu'une des caufes dont j'ai parlé plus haut ; comment, 


Xxx ij 


532 Mémoires DE L’ACADÉMIE ROYALE 


dis-je, feroit-il poffible que les cornets dépendans de ces diffé- 
rens Effais, ne repréfentaffent pas refpectivement la quantité 
précife d’or mife d’abord dans chacun de ces mêmes Effais ? 
ils auroient éprouvé, dans leur étui, & pendant une durée 
de temps égale, la même aétion du même efprit de nitre; 
ils ne feroient fortis du matras, qu’autant que le cornet qu’on 
leur auroit aflocié, comme un guide für, en feroit forti le 
premier, & auroit annoncé l'exactitude du départ ; les lotions 
répétées leur auroient été communes ; ils auroient fubi le 
même degré de recuit; & fortant enfin de leur étui, ils auroient 
paffé à la balance également bien confervés. 

I feroit difficile, je le répète, de faire retomber avec 
fondement , fur l'opération du départ, les inégalités qu’on 
auroit remarquées dans des Effais d’or réitérés; il feroit plus 
naturel d'en chercher la caufe dans tout ce qui auroit précédé 
cette opération ; & l'attention portée principalement de ce 
côté, produiroit un effet avantageux : Dans la jufte confiance 
où feroient les Effayeurs, qu'une fois parvenus à l'opération 
du départ, ils n’auroient plus à craindre des inégalités, leur 
vigilance fe tourneroit prefque toute entière du côté de la 
partie du travail, qui eft antérieure à cette opération; & ces 
foins bien foutenus de leur part, les conduiroient à une pré- 
cifion pour la totalité du travail, qu'ils ne font pas toujours 
fürs d'obtenir par la méthode ordinaire, malgré l'application 
qu'ils peuvent y donner, & les talens qu'ont quelques-uns 
d'entr'eux pour cet Art intéreflant. 

Je terminerai ce Mémoire par deux obfervations; l'une ; 
fur Ja manière d'employer lefprit dé nitre dans l'opération 
du départ; l'autre, fur l'ufage avantageux qu'on pourroit faire 
d’une compoñition différente de celle de l'or gris, pour former 
les étuis dans lefquels les cornets d’effais doivent être contenus. 

Quoiqu’on réuffifle ordinairement à faire le départ, en fe 
fervant d'un efprit de nitre bien concentré qu'on afloiblit 
d'abord par une égale quantité d’eau de rivière, afin qu'il 
n’attaque pas avec trop de violence les cornets d'effais, & 
qu'on emploie enfuite dans toute fa force pour achever le 


DUENS JSLE D EENzE IE as LA 532 


départ, j'ai cependant remarqué qu’on obtient un fuccès plus 
conftant de l'emploi d'un pareil efprit de nitre, lorfqu'on 
s’en fert à trois repriles, & en graduant fa force; c’eft à-dire, 
en y mélant une égale quantité d’eau pour commencer l'opé- 
ration, en ne mettant enfuite qu'une partie d’eau fur trois 
parties d’efprit de nitre pour la continuer, & en le faifant 
{ervir enfin dans toute fon adivité, pendant quelques minutes, 
pour qu'il ne fubfifle aucun doute fur l’exaétitude du départ. 

Je dois, en fecond lieu, prévenir les Effayeurs que les 
étuis d’or gris reprennent peu-à-peu , & jufqu’à un certain 
point, la couleur naturelle de l'or, après avoir fervi pendant 
quelque temps , parce que l'action fouvent répétée, de l'efprit 
de nitre & les recuits multipliés, enlèvent la petite portion 
de fer qui fe trouve à la furface de ces étuis, & leur Ôôtent 
par-là une partie de la propriété qu’ils ont de ne pas s'attacher 
aux cornets d’effais. [l y a tout lieu de croire que la Platine pure, 
fur laquelle l’efprit de nitre n’a aucune adlion, fondue avec 
de l'or fin dans une certaine proportion, & peut-être feule, 
d’après les recherches curieufes de M. le Comte de Sickingen 
& la malléabilité qu'il eft parvenu à donner à ce métal fr 
rebelle par fa nature; il eft à préfumer, dis-je, que la Platine 
deviendra favorable pour la compoñition de la matière de 
ces fortes d'étuis, & les garantira de Faltération qu’un mélange 
d’or & de fer éprouve néceflairement à fa furface dans l’opé- 
ration du départ, , 


Nota. J'avois à ce Mémoire à l'Académie, Iorfque M. 1e Comte 
de Milly, qui en eft Membre, voulut bien me donner un morceau 
de la platine duétile, qu’il avoit obtenue de fes expériences fur ce 
métal, & dont ii s’étoit fervi avec fuccès pour différens ouvrages de 
Bijouterie. J’en ai formé des étuis dont le corps étoit de platine pure, 
& les viroles, compoftées de deux pièces, étoient foudées folidement 
avec de l'or fin. Ces étuis ont réuffi, comme je l’efpérois, pour 
J’emploi auquel ils m’avoient paru propres, dans l'opération du 
départ; ils n'y éprouvent, en effet, aucune altération; ils confer- 
vent toute leur confiftance dans le recuit, ou au moins n’y perdent 
prefque rien de leur reffort. II eft eflentiel, à l’égard du recuit qu'on 
donne aux étuis, lequel fe communique néceflairement tel qu’il eft 


534 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


aux cornets d’or qu'ils contiennent; il eft effentiel, dis-je, que ce 
recuit ne foit pas porté jufqu’au //anc, c’eft-à-dire à un point qui 
approche fort près de celui où commence la fufion, Ce n'’eft pas 
fans doute qu'il y eût quelque rifque à courir pour les étuis de 
platine, ou au moins pour le corps de ces étuis; mais les cornets 
d'or qui s’y trouverojent renfermés, pourroient, par un recuit 
excefif, s’attacher aux parois intérieures des étuis, foit qu'ils fuflent 
de platine, foit qu’ils fuffent d’or uni au fer: au lieu que par 
un recuit modéré de l’une & l’autre forte de ces étuis, on évite 
toujours cet inconvénient, fur-tout fi on donne aux cornets d’or 
le temps de s’y deflécher peu -à- peu, de fe refferrer de toutes 
parts, & de fe rouler fur eux - mêmes, avant que de pafler au 
rouge couleur de cerife, qu’il fuffit de leur donner, 


DMENSN Sert E N c'E/ s! 535 
ART RER I OA DR A A EP VA DT DER RENE DUO GUN 


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES 


SUR LA NATURE DES ACIDES, 
Et fur les Principes dont is font compofis. 


Pa M LAVOISIER. 


ne QUE Îles anciens Chimiftes avoient réduit un corps 

en huile, en fel, en terre & en eau, ils croyoient avoir 
atteint les bornes de l’analyfe chimique ; & en conféquence 
ils avoient donné au fel & à l'huile le nom de principes des 
corps. 

À mefure que l'art fit de nouveaux progrès, les Chimiftes 
qui leur fuccédèrent, s'aperçurent que les fubftances qu'ils 
avoient regardées comme principes, étoient encore fufceptibles 
de décompofition ; & ils reconnurent fucceflivement que 
tous les fels neutres, par exemple, étoient formés par la 
réunion de deux fubftances, d’un acide quelconque & d’une 
bafe faline, terreufe ou métallique. 

De-là toute la théorie des fels neutres, qui fixe Fattention 
des Chimiftes depuis plus d’un fiècle, & qui fe trouve au- 
jourd’hui tellement perfeétionnée, qu'on peut la regarder 
comme la partie la plus certaine & la plus complète de Ia 
Chimie. 

D'après cet état où la fcience chimique nous eft tranfmife, 
il nous refte à faire fur les principes conftituans des fels neutres 
ce que les Chimiftes nos prédécefleurs ont fait fur les fels 
neutres eux - mêmes , à attaquer les acides & les bafes, & à 
reculer encore d'un degré les bornes de J'analyfe chimique 
en ce genre. 

J'ai &jà fait part à l’Académie de mes premiers effais {ur 
ce fujet : je lui ai démontré dans de précédens Mémoires, 
autant toutefois qu'il eft poflible de démontrer en Phyfique 
& en Chimie, que l'air le plus pur, celui auquel M, Prieftley 


Préfenté le 
s Septemb. 


536 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 

a donné le nom d'air déphlogifliqué, entroit, comme partie 
conftituante, dans la compofition de plufieurs acides , & no- 
tamment de l'acide phofphorique, de l'acide vitriolique & 
de l'acide nitreux. 


Des expériences plus multipliées me mettent aujourd’hui 
dans le cas de généralifer ces conféquences, & d'avancer que 
l'air le plus pur, l'air éminemment refpirable , eft le principe 
conftitutif de l'acidité ; que ce principe eft commun à tous les 
acides, & qu'il entre enfuite dans la compofition de chacun 
d'eux, un ou plufieurs autres principes qui les différencie & 
qui les conftitue plutôt tel acide que tel autre, 

D'après ces vérités , que je regarde déjà comme très-folide- 
ment établies, je défignerai dorénavant l'air déphlogiftiqué 
ou air éminemment refpirable dans l’état de combinaifon & 
de fixité , par le nom de principe acidifiant , ou, fi on aime 
mieux la même fignification fous un mot grec par celui de 
principe oxygine : cette dénomination fauvera les périphrafes, 
mettra plus de rigueur dans ma manière de m'exprimer, & 
évitera les équivoques dans lefquelles on feroit expolé à 
tomber fans cefle, fi je me fervois du mot d'air: ce nom 
en effet, d'après les découvertes modernes, eft devenu un 
mot générique, & qui s'applique d'ailleurs à des fubftances 
dans état d'élafticité, tandis qu'il eft ici queftion de les 
confidérer dans l’état de combinaifon , & fous la forme 
liquide ou concrète. 

Sans répéter des détails que j'ai donnés ailleurs, je rappel- 
lerai ici en peu de mots, en adoptant ce nouveau langage : 


1.” Que le principe acidifiant ou oxygine, combiné avec 
la matière du feu , de la chaleur & de Îa lumière , forme 
l'air le plus pur, celui que M. Prieftley a nommé air déphlo- 
gifiqué ; cette première propofition, il eft vrai, n'eft pas 
rigoureufement démontrée, & peut-être même n’eft-elle pas 
fufceptible de l'être; aufli ne l’ai-je donnée que comme une 
idée que je regarde comme très-probable; & en cela, il ne 
faut pas la confondre avec les propofitions qui vont fuivre, 

ex & qui 


Fi: 


DES SCIENCES. 537 


& qui font appuyées fur des expériences & fur des preuves 
rigoureufes : 


2.7 Que ce même principe acidifiant ou oxygine, com- 
biné avec les fubftances charbonneufes ou le charbon, forme 


l'acide crayeux ou air fixe : 


3° Qu'avec le foufre, il forme l'acide vitriolique : 
4 Qu'avec l'air nitreux, il forme l'acide du nitre : 


se Qu'avec le phofphore de Kunckel, il forme l'acide 
pholphorique : 


6. Qu'avec les fubftances métalliques en général, il forme 
des chaux métalliques , fauf les exceptions dont je parlerai 
dans ce Mémoire ou dans les fuivans. 


Voilà à peu-près à quoi fe bornent dans ce moment les 
connoiflances générales acquiles fur la combinaifon du prin- 
cipe oxygine avec les différentes fubftances de la Nature, & 
il n'eft pas difficile de voir, qu'il refte à cet égard le champ 
le plus vafte à parcourir; qu'il exifle une partie de la 
Chimie toute nouvelle & entièrement inconnue jufqu'à ce 
jour, & qui ne fera complète que lorfqu'on fera parvenu à 
déterminer le degré d'affinité de ce principe avec toutes les 
fubftances avec lefquelles il eft fufceptible de fe combiner, 
& à connoître les différentes efpèces de compolés qui en 
réfultent. 

. Tous les Chimiftes favent que plus les corps fur lefquels 
on opère font fimples, que plus on approche de réduire les 
fubflances en leurs molécules élémentaires, plus aufli les 
moyens de décompofition & de recompolition deviennent 
difficiles; on conçoit donc que la décompofition & la recom- 
pofition des acides, doivent préfenter des difficultés beaucoup 
plus grandes que l’analyfe de {els neutres, dans la combinaifon 
-defquels ils entrent. J'efpère cependant être en état de faire 
voir dans la fuite qu'il n’eft aucun acide, fi ce n’eft peut-être 
celui du fel marin, qu'on ne puifle décompofer & recompoler, 


Mén, 1778: Y yy 


538 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


& auquel on ne puiffe enlever ou rendre à volonté le prin- 
cipe de l'acidité. 

Ce genre de travail demande une grande variété dans les 
moyens ; & les procédés néceflaires pour parvenir à la combi- 
naifon, varient fuivant les différentes fubftances fur lefquelles 
on opère: pour les unes, on eft obligé d’avoir recours à Ja 
combuftion , foit dans l'air atmofphérique, foit dans l'air pur, 
& c’eft ce qui a lieu à l'égard du foufre, du phofphore & 
du charbon : ces fubftances, pendant la combuftion, abforbent 
le principe acidifiant ou oxygine , & par l’acceflion de ce 
principe, ‘ils fe convertiflent en acide vitriolique, en acide 

hofphorique & en acide crayeux aëriforme ou air fixe : pour 
d’autres fubftances , la fimple expofition à l'air, aidée d'un 
degré de chaleur médiocre, fufht pour opérer la combinaïfon, 
& c'eft ce qui arrive à toutes les fubftances végétales, fufceptibles 
de pañfer à la fermentation acide : dans toutes les opérations de 
ce genre, il y a abforption de la part:ela plus pure de l'air, 
& le principe acidifiant engagé dans la combinaifon , forme 
autant d’acides particuliers qu'il y a de fubftances fufceptibles 
de pafer à la fermentation acide : enfin, dans le plus grand 
nombre des cas, on eft obligé d'avoir recours à la fcience des 
afhnités, & d'employer le principe acidifiant déjà engagé 
dans une autre combinaifon. 

L'exemple que je vais donner aujourd’hui eft de ce dernier 
genre; je le tirerai d’une expérience très-connue depuis 
quelques années, d’après les Mémoires de M. Bergman ; c'eft 
la formation de acide du fucre : cet acide, d’après les ex- 
périences dont je vais rendre compte, ne me paroit être autre 
chofe que le fucre en entier combiné avec le principe acidifiant 
ou oxygine ; & je me propole de faire voir fucceffivement dans 
différens Mémoires, qu'on peut, par des procédés analogues ;: 
unir ce même principe à la corne des animaux , à la foie, à 
la limphe animale, à la cire, aux huiles effentielles, aux 
huiles par expreflion, à la manne, à l'amidon, à l'arfenic, au 
fer, & probablement à un grand nombre d’autres fubftances 
dés trois règnes, & les convertir ainfi en de véritables acides. 


DEN sr Si ic) L'E N'CYE:S, 539 

Avant d'entrer n matière, je prie l'Académie de fe rap- 
peler que l'acide nitreux, d’après les expériences que je lui 
ai précédemment expolées, & que j'ai répétées fous fes yeux, 
eft le réfultat de la combinaifon de l'air nitreux avec l'air le 
plus pur ou principe acidifiant; que la proportion de ces 
deux principes varie dans les différentes efpèces d'acide ni- 
treux ; & que celui qui eft fumant, par exemple, contient 
une furabondance d'air nitreux ; de forte qu'on peut regarder 
l'efprit de nitre fumant comme un acide nitreux imprégné 
& furchargé d’air nitreux, tandis qu'au contraire celui qui ne 
répand que des vapeurs blanches eft furchargé d’air déphlo- 
giftiqué. J'ajouterai à ces notions, que, par des expériences 
multipliées & faites depuis la publication du Mémoire que 
jai donné en 1776, je me fuis afluré que l’acide nitreux 
que j'emploie dans mes expériences, & qui eft toujours 
le même, contient par once environ 240 pouces cubiques 
de fluides aériformes ; favoir , 120 pouces d'air nitreux 
& environ autant d'air le plus pur, ce qui équivaut en poids 
environ à 48 grains d’air nitreux & 60 grains de principe 
acidifiant ou oxygine également par once : tout le refte n’eft 
que du flegme ou de l'eau. 

D'après ces données, toutes les fois que j'aurai introduit 
dans une combinaifon une once d’acide nitreux, & que par 
le réfultat de l'opération, j'aurai obtenu 120 pouces cubiques 
d'air nitreux , il demeurera pour conftant qu'il eft refté dans 
la combinaifon 1 20 pouces cubiques de l'air le plus pur, ou, 
ce qui revient au même, Co grains de principe acidifiant, 
Appliquons maintenant ces connoïflances à la combinaïfon 
de l'acide nitreux avec Îe fucre, 

J'ai mis dans une petite cornue de verre 4 gros de fucre, 
& j'ai verfé par-deflus un mélange de 2 onces d’eau & de 
2 onces de l'acide nitreux que je viens de défigner : jai placé 
cette cornue à feu nu dans un petit fourneau de réverbère; 
j'ai adapté à fon col, qui étoit fort alongé , une bouteille à 
deux gouleaux , dans laquelle j'avois introduit 8 onces 7 gros 
24 grains d'eau diftillée : du fecond gouleau de cette même 

Yyy i 


540. MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


bouteille, partoit un tube de verre qui s’adaptoit à l'appareil 
chimico-pneumatique ordinaire à l'eau. 

On voit que p:r ces difpofitions, j'avois le double avantage, 
d'une part de retenir dans la bouteille intermédiaire tous les 
produits qui pouvoient pafler dans la diflillation , & qui étoient 
fufceptibles de fe condenfer ; & d’une autre, de recevoir fous 
des cloches les différens airs qui pouvoient fe dégager; de 
forte que rien ne me manquoit pour obtenir la totalité des 
produits de l'opération. 

J'ai luté avec la plus grande exactitude toutes les jointures 
avec du lut gras recouvert avec des bandes de toile enduite 
de blanc d'œuf & de chaux : enfin lorfque le lut extérieur a 
eu pris toute la confiftance néceflaire pour pouvoir contenir 
le lut gras, dans le cas où il feroit venu à fe ramollir, j'ai 
mis quelques charbons allumés fous là cornue. 

D'abord le {ucre s’eft diffout paifiblement ; mais lorfque Ia 
liqueur a commencé à acquérir 40 ou 4$ degrés de chaleur 
au thermomètre de M. de Reaumur , il a commencé à s’exciter 
un bouillonnement très-vif, ou plutôt une effervefcence 
confidérable, qui n'étoit autre chofe qu'un dégagement très- 
rapide de l'air nitreux, le plus pur & le plus fort que j'aye 
jamais obtenu. Il eft important d'aller extrémement lentement 
dans cette opération, autrement on décompole l'acide du fucre 
lui-même ; & au lieu d'obtenir de Fair nitreux pur, on l'obtient 
confidérablement mélangé d’air inflammable & d'acide crayeux 
aériforme. Il faut en conféquence retirer tout le feu au moment 
où l'ébullition commence, & n'en remettre à mefure que ce 
qui eft néceflaire pour l’entretenir : vers la moitié ou les deux 
tiers de l'opération, l'air nitreux ne pañle plus auffi pur; il 
eft accompagné d’abord d’une petite portion d'acide crayeux 
aériforme, qui va enfuite toujours en augmentant, & d’un 
peu d'air inflammable. Lorfqu'il ne pafle plus que de l'acide 
crayeux aériforme & de l'air inflammable , on doit regarder 
Topération comme finie, 

J'ai fraétionné en un grand nombre de portions les fluides 
aériformes qui fe font dégagés dans cette opération; après quoi 


DES SGTEN CES, s4r 
j'en aï examiné la nature par tous les moyens que foûrnitla Chi- 
mie moderne, & j'ai reconnu que les 2 onces d’acide nitreux & 
les 4 gros de fucre que j'avois employés, m’avoient donné 


Eagle te in Pr TC LS T5 TEA DES 1 9OPOUEM 
Air fixe ou acide crayeux aériforme. ..... sessssssrs 90 
Airintlammablests M NNEN D CA LODEL T 


AO TA Lee dulae te amer esienédencensse 305 


Ayant défapareillé les vaifleaux, j'ai trouvé d’une part dans 
11 cornue 2 onces 6 gros 18 grains d'un acide tranfparent & 
fans couleur, & tel que la décrit M. Bergman, fi ce n’eft 
qu'il étoit en liqueur: l'eau de la bouteille intermédiaire étoit 
augmentée de 1 once 2 gros 12 grains; elle étoit médiocre- 
ment acide & avoit une légère odeur nitreufe. 

On concevra bientôt que pour donner quelqu’exaétitude 
aux réfultats de cette expérience, il étoit néceflaire que je 
connufle exactement la qualité & la quantité d’acide qui s’étoit 
féparé par voie de diftillation & qui s’étoit condenfé dans 1a 
bouteille intermédiaire : il eft évident en eflet qu'elle rétoit 
pour rien dans Fopération; & que pour pouvoir faire des 
calculs exacts , il étoit néceffaire de la déduire de la quantité 
totale d'acide employée. Pour remplir cet objet, j'ai verfé 
goutte à goutte fur la liqueur acide de la bouteille intermé- 
diaire une liqueur alkaline, compofée de cinq parties d’eau 
& de quatre d’alkali fixe végétal concret très-pur : la quantité 
néceflaire pour arriver jufte au point de faturation , s'eft 
trouvée de 6 gros 12 grains, J'ai enfuite déterminé , par une 
feconde expérience, combien il falloit de l'acide primitivement 
employé pour faturer 6 gros 12 grains de la même liqueur 
alkaline ; le réfuliat m'a donné 3 gros 56 grains ? : d’où j'ai 
conclu, que des 2 onces d'acide nitreux que j'avois em- 

loyés, 3 gros 56 grains avoient pañlé en nature dans Îa 
diflillation, & que par conféquent il n’en étoit entré réelle- 
ment dans l'expérience que 1 once 4 gros 15 grains +. 

Mais une once d'acide nitreux eft compolée, ainfi que je 


542 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE RoYyALE 


viens de le rappeler il n’y a qu'un moment, de 240 pouces 
cubiques de fluides aériformes , favoir, de 1 20 pouces cubiques 
d'air nitreux, & de 120 pouces cubiques de l'air le plus pur; 
ainfr, dans l'expérience dont il eft ici queftion , j'ai réellement 
combiné avec le fucre 183 pouces cubiques d’air nitreux, & 
autant d’air le plus pur, ce qui revient en poids à un peu plus 
d'un gros d'air nitreux, & à près d’un gros & demi de principe 
acidifiant ou oxygine. On vient de voir qu'il s'étoit dégagé 
pendant Ja combinaifon 190 pouces d'air nitreux, c’efl-à-dire, 
la totalité de ce que j'y avois fait entrer ; donc il eft reflté dans 
la combinaifon 183 pouces d'air le plus pur ; donc dans la 
compofition des 2 onces 6 gros 18 grains d’acide du fucre 
en liqueur , qui me font reftés dans la cornue, il entroit 4 gros 
de fucre & 183 pouces d'air éminemment refpirable, ou 
1 gros 30 grains de principe acidifiant ou oxygine; fauf Ja por- 
tion d'acide crayeux aériforme qui s'étoit dégagée fur la fin de 
l'opération, & qui eft düe , comme on le verra bientôt, à la 
décompofition de l'acide du fucre lui-même. 

M. Bergman, & tous ceux qui, depuis lui, ont écrit fur 
cette matière, ont donc été dans l'erreur, lorfqu'ils ont 
regardé l'acide, dont il eft ici queflion, comme Îe réfultat de 
la décompofition du fucre; il paroît conflant, au contraire, 
que cet acide eft formé par la combinailon du fucre, avec 
près du tiers de fon poids de principe acidifrant, | 

Je ne m'en fuis pas tenu à cette première expérience, & 
j'ai voulu connoître les changemens qu'apporteroient aux réful- 
tats que j'avois obtenus les différentes proportions de fucre & 
d'acide nitreux ; en conféquence, j'ai répété l'expérience cis 
deffus avec les mêmes circonftances, avec la même quan 
tité d'acide nitreux & d’eau, & en employant feulement 
3 gros de fucre au lieu de 4, j'ai procédé très-lentement comme 
la première fois, & j'ai obtenu ” 


AM NÉEUXe 2 00 diet leu cd nl te «Late MD, M à °POX TEASER 
Air fixe ou acide crayeux aériforme. ...........,... 127 
Aix HinHammaBIenTt ARENA RTE DES TS EEE 


OT AU ST IST Eee later alain tele ent (ete 320. 
À mes on 


DES SCIENCES. ‘543 


Si j'ai eu dans cette opération un peu plus d'acide crayeux 
que dans la précédente, j'en attribue la caufe à ce que le feu 
a été pouffé un peu davantage fur la fin, & continué un peu 
plus long-temps. 

L'opération étant finie, & les vaifleaux ayant été défap- 
pareillés, il s’eft trouvé dans la cornue 1 once 7 gros 48 grains 
d'acide du fucre en liqueur ; d'un autre côté, en opérant 
comme précédemment , j'ai reconnu qu'il avoit paflé dans 
la bouteille intermédiaire par voie de diflillation 4 gros 
9 grains + de l'acide primitivement employé, de forte que la 
quantité réelle d'acide nitreux entrée dans l'expérience, n'étoit 
que de 1 once 3 gros 62 grains +: cette quantité d'acide, 
d’après les proportions ci-deflus déterminées, devoit contenir 
178 pouces d'air nitreux, & autant d'air pur ; d’où l'on voit 
1. que la totalité de l'air nitreux introduit dans cette combi- 
naifon en a été chaflée, & qu'il n'eft refté que fair pur ou 
le principe acidifiant : 2° que les trois gros de fucre que 
j'avois employés fe font emparés pendant leffervefcence de 
89 grains de principe acidifiant ou oxygine, & que ces deux 
fubftances réunies, combinées avec le flegme, ont formé fa 
quantité de 1 once 7 gros 48 grains d'acide du fucre. 

Indépendamment des lumières que répand ce genre d’ex- 
périences, fur la nature des acides, il fournit un nouveau 
moyen de procéder à l'analyfe des fubftartes animales & 
végétales, & quoique je n'aie rien d’abfolument complet à 
prélenter fur cet objet , je vais rendre compte du premier 
effai que j'en ai fait fur le fucre. - 

J'ai combiné dans le même appareil que ci-deffus, 2 onces 
d'acide nitreux , 2 onces d'eau , & 6 gros de fucre; j'ai 
fuivi l'expérience de la même manière, en recevant dans 
une bouteille intermédiaire l'acide nitreux qui montoit dans 
la diftillation : lorfqu'il a ceflé de pafler de l'air nitreux, & 
qu'il ne me refloit plus que de l'acide du fucre dans la 
cornue, j'ai défappareillé les vaifleaux ; j'ai fupprimé la bou- 
teiile intermédiaire ; après quoi j'ai continué à entretenir fous 
Jacide du fucre un feu doux, en recevant direétement dans 


s44 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 

des cloches l'air qui fe dégageoit, jufqu’à ce qu'enfin ayant 
hauffé un peu le feu fur la fin, il ne m'eft plus retté qu'un 
léger enduit charbonneux dans la cornue : j'ai partagé en dix 
portions le fluide élaftique qui s’eft dégagé pendant le cours de 
cette opération, & j'ai mis une attention très particulière pour 
féparer exactement les différentes efpèces que j'en ai obtenues. 
Le Tableau fuivant préfente le réfultat total de l'expérience. 


DÉTAIL exprimé en pouces cubiques des efpèces & quantites 
. des différens airs ou fluides aériformes obtenus de la combi. 
naïfon de 2 onces d'acide nitreux , © € gros de fucre 


pouffés jufqu'à ficcité. 


A IGUID'E AIR 
CRAYEUXIINFL A M- 
aériforme. MABLE, 


AIR 
NITREUX. 


1. Portion.. 
2° Portion.…| 49 € 6 Lire 
3.° Portion,.. 23 + 22 + 47 
4 Portion.., 21 # 30 + 43 
. 14 9 
$° Portion.. 14 45 + 2 
6.° Portion... 15 39 + 7 + 
7 POïtION-. | ete he els 28 & 8 + 
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dE hPortionie lee eee 43 11 < 
9.2 POrION || Else le LeDete 32 # 8 
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HDOTAUX.| NN TBOE 277 3 74 > 


Je n’avois pas mis d’eau cette fois dans la bouteille inter- 
médiaire ; l'opération finie, il s'y eft trouvé 2 onces 2 d’un 
acide nitreux foible, qui, d’après la quantité de liqueur alka- 
Une qu'il a été fufceptible de faturer, s’eft trouvé répondre 
à 4 gros 17 grains de l'acide primitivement employé: il n'y 
avoit eu d'après cela de décompofé dans cette expérience que 

1 once 


DES, SCTENCES. s4s 
7 once 3 gros $$ grains d'acide nitreux : or cette quantité 
d'acide, d'après les proportions ci-deflus, eft compolée de 
177 pouces d'air nitreux environ, & d'autant d’air pur ou 
éminemment refpirable. 
‘ Jeft aifé de voir, en jetant un coup-d’œil fur le tableau 
ci-deflus, que l'air nitreux qui étoit entré dans la combinaifon 
comme partie conftituante de l'acide nitreux, en eft reflorti 
fous la forme de gas, & dans l'état aériforme; mais qu'eft 
devenu l'air pur ou le principe acidifrant qui formoit le fecond 
principe de l'acide nitreux! On a vu, par les expériences 
précédentes, qu'il commençoit par fe combiner avec le fucre 
pour former avec lui un acide particulier , & l'expérience 
dont il eft ici queftion, nous apprend, que fi après que l’acide 
du fucre a été formé, on le poufle à un degré de feu modéré, 
il fe réfout prefque en entier en air fixe ou acide crayeux 
aériforme & en air inflammable : or, qu'efl-ce que l'acide 
crayeux? J'ai fait voir ailleurs, qu'il étoit un réfultat de a 
combinaïfon de Îa matière charbonneufe avec le principe 
acidifiant ou oxygine; d’où il fuit, que le fucre eft compolé 
d'un peu d'air inflammable & de beaucoup de matière char- 
bonneule ; cette dernière s'unit avec le principe acidifiant 
ou oxygine fourni par l'acide nitreux, & forme avec lui la 
grande quantité d'acide crayeux aériforme qu'on a obtenue 
fur la fin de l'opération. Je me propofe d'éclaircir par de 
nouvelles expériences , ce que ce genre d’analyfe peut encore 
prélenter d’oblcur. 

Tout ce que je viens de donner pour le fucre, on peut, 
comme je l'ai déjà dit, l'appliquer à un grand nombre de 
fubftances animales & végétales : on obtient de prefque toutes, 
par leur combinaifon avec l'acide nitreux, ou, pour parler 
plus exactement , avec le principe acidifiant contenu dans 
l'acide nitreux, des acides particuliers, dont plufieurs il eft 
vrai ont des propriétés communes, mais qui préfentent des 
caractères diftinctifs dans les réfultats des combinaïfons. Voilà 
donc encore une route toute nouvelle qui s'ouvre dans la 
Chimie, & la partie de cette fcience qui traite des fels, & 

Mém. 1778. FAT 


546 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


à laquelle quelques Chimifles allemands ont donné le nom 
de #alotechnie , au lieu de cinq ou fix acides qu’elle employoit, 
en aura plus du double, d’après les feules connoiffances que j'ai 
acquifes jufqu'à ce moment, & on ne peut pas douter que le 
nombre ne s’en accroifle encore confidérablement dans la fuite, 

De toutes ces réflexions, & des expériences contenues 
tant dans ce Mémoire que dans quelques-uns de ceux qui 
l'ont précédé: il rélulte, : 

1.” Qu'en général, lorfque le principe acidifiant ou oxygine 
fe combine avec un corps quelconque , fans le décompofer 
(f1 on en excepte cependant le plus grand nombre des fubf- 
tances métalliques) , il le convertit en un acide particulier, 
qui, indépendamment des caraélères généraux, communs à 
tous les acides, en‘a qui lui font propres: 


2.° Qu'à l'égard des fubftances métalliques, il forme, avec 
la plupart, des compolés connus fous le nom de chaux métal 
liques ; j'ajouterai cependant ici, que même dans cette clafle 
de fubftance il en eft quelques-unes , comme larfenic, le 
fer, & peut-être plufieurs autres, qui, combinées avec le 
principe acidifiant ou oxygine, jufqu'à un certain degré de 
furabondance , prennent non-feulement un caractère falin, 
mais encore acquièrent les propriétés communes aux acides, 
& deviennent comme eux de véritables diflolvans : 


3° Que le principe acidifiant a, comme tous les autres, 
fes différens degrés d’affinité, & qu'il a par exemple beaucoup 
plus d’affinité avec le fucre & avec la plupart des fubftances 
végétales & animales, qu'avec l'air nitreux, & que c’eft par 
une fuite de cette préférence qu'il quitte ce dernier pour 
former avec ces fubftances différentes efpèces d’acides : 


4° Que le nombre des acides qu'on peut former eft encore 
abfolument indéterminé, puilqu'on ne connoîït pas toutes les 
fubftances qui font fufceptibles de fe combiner avec le prin- 
cipe acidifiant , & qu'on connoît encore moins les moyens 
quon peut employer pour parvenir à la combinaifon : 


DES" SC tr E Nic'E!s 547 

se Que la nature de l'acide nitreux paroiffant aujourd’hui 

mieux connue qu'elle ne l'étoit autrefois, & l’exiflence de 

deux principes, favoir, l'air nitreux & le principe acidifiant, 

paroiffant à peu-près démontré dans cet acide, if devient un 

moyen d'analyfe précieux pour la Chimie, & qu'il peut en 
réfulter de grandes lumières dans l'analyfe végétale : 


6 Qu'il ne feroit pas impoffible, fur-tout d'après la der- 
nière expérience rapportée dans ce Mémoire, que la matière 
charbonneufe fût toute formée dans Îles végétaux, & qu'elle 
ne füt point l'ouvrage du feu , comme les Chimiltes l'ont 
penté jufqu'ici. 

Toutes ces conféquences fe trouveront développées, & 
plus folidement établies, par les exemples que je me propofe 
de donner fucceflivement dans des Mémoires particuliers, 


Lz2N) 


548 Mémoires DE L'ACADÉMIE RoYALE 


RARE PORT 


PTATETS 
À L'ACADÉMIE DES SCIENCES, 
PAR LA CLASSE DE CHIMIE. 


Le 21 Août 1779. 
J E 23 Mai de l'année 1778, M. Sage a lü un Mémoire 


à intitulé: Obfervations fur les différentes Jubflances métal- 
liques, © principalemenn fur l'or qu'on trouve dans les cendres 
des végétaux. 

L’Auteur dit dans ce Mémoire, qu'il a retiré de l'or des 
cendres de farment, dans la proportion de 4 gros 12 grains 
par quintal de ces cendres ; dans celle de 2 gros 36 grains 
par quintal de cendres de bois de hêtre non flotté; dans celle d’un 
gros 56 grains par quintal de cendres de terreau; & enfin, 
il ajoute qu'il a tiré jufqu'à 2 onces 44 grains d’un quintal de 
terre végétale de jardin calcinée, Comme l'or eft un métal qui 
n'éprouve point de deftruétion par aucune opération connue 
de l'Art, ni même probablement par celles de la Nature, 
& qu'il eft d’ailleurs fufceptible d’une divifion prodigieule, 
& prefque infinie, comme il eft par cette raifon répandu en 
particules d’une petiteffe extrême dans prefque tous les corps, 
lur-tout dans ceux des lieux habités par les hommes , on 
conçoit qu'il peut en pafler quelques atomes même jufque 
dans les plantes, comme cela arrive à plufieurs autres métaux. 

Cette difperfion étonnante de l'or ett un fait curieux qui 
méritoit l'attention des Chimiftes : aufft la préfence de ce 
métal dans une infinité de corps n’avoit-elle pas échappé aux 
recherches exactes de plufieurs Chimifles, & en particulier 
de Beccher, de Cramer, qui ont affuré qu'il n'y avoit point 
de fable, d'argile , ni d'aucune autre efpèce de terre dans la 
Nature, dans lefquels on ne püt démontrer au moins quelques 


DES: E NC. ES 549 


atomes d'or, & d'Henckel, qui, dans fon Ouvrage intitulé, 
Ælora Jaturnifans , à dit que les plantes même pouvoient 
réellement & eflentiellement contenir de l'or. 

Un fait comme celui-là eft aflez important pour mériter 

u'on le vérifie, & qu'on le conflate à plufieurs reprifes ; 
c'eft fans doute ce motif louable qui a engagé M. Sage à 
travailler fur cet objet : fi les réfultats des expériences dont 
il a rendu compte dans fon Mémoire, n’euflent été que des 
quantités très-petites, comme celles des Chimiftes qui vien- 
nent d’être cités, le travail de cet Académicien auroit obtenu 
facilement la confiance que mérite fon zèle : mais dans da vérifi- 
cation des faits dont il s'agit, les produits que M. Sage dit 
avoir obtenus en or pur, fe font trouvés fi confidérables, qu'ils 
ont étonné tous les Chimifles ; ils ont fait dans le Public 
une fenfation d'autant plus forte, qu'il en réfultoit que les 
cendres de farment, & fur-tout la terre végétale de jardin, 
étoient de vraies mines d'or qu'on pouvoit même exploiter 
avec un grand bénéfice. 

M. le Comte de Lauraguais a été un des premiers qui 
ait voulu fatisfaire fa curiofité fur un fait fl merveilleux : if 
eft du moins le premier qui ait fait connoître à l'Académie, 
& par fon moyen au Public, les réfultats des travaux qu'il 
a faits & qu'il a fait faire à ce fujet : il a informé cette 
Compagnie par une lettre en date du 8 Août 1778, adreffée 
à M. le Marquis de Condorcet Secrétaire, qu'ayant répété 
les expériences de M. Sage, avec le plus grand foin, & 
d'après le Mémoire de cet Académicien, qui lui avoit été 
confié, le produit de fes expériences n’avoit eu rien de compa- 
rable à ceux qui étoient annoncés dans le Mémoire de M. Sage, 
& il a joint à fa lettre un extrait des mêmes expériences, 
réitérées à fa prière, par M.* Darcet & Rouelle, 

Le réfultat du travail de ces Chimiftes qui ont opéré en 
dofes quadruples de celles de M. Sage , fur des terres de 
jardin & des cendres de farment provenant de difiérens 
endroits , s'étant trouvé conforme à ceux qu’avoit eus d’abord 
M, ie Comte de Lauraguais, c'eft-à- dire prefque nuls en 


550 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


comparailon de ceux de M. Sage, M. de Lauraguais a fini 
par repréfenter à l’Académie qu'il feroit convenable qu'elle 
décidât irrévocablement cette queftion, de la quantité d'or 
qu'on peut retirer des matières végétales, & qu'elle chargeät 
plufieurs de fes Membres de vérifier les faits avec toute l'exac- 
tude & tout le foin convenables : quatre jours après cette lettre, 
le 12 Août, M. Sage entrant dans. les mêmes vues, dut à 
l'Académie un Supplément à fon Mémoire, dans lequel il Ja 
prioit aufli de vouloir bien répéter fes expériences pour 
conftater fi l’on pouvoit extraire de l'or des végétaux, comme 
ïl l'avoit annoncé. 

En conféquence , l'Académie a chargé toute la claffe de 
Chimie de faire cette vérification, ce qui a été exécuté en dix 
féances ou aflemblées, dans le Laboratoire de M. Baumé, & 
en une dans celui de M, Sage, ces Chimiftes opérant chacun 
dans leur Laboratoire , fous les yeux des Commiflaires de 
l'Académie & de plufieurs autres Académiciens & Savans, 
& particulièrement de M.° Tillet, Defmareft, le Comte de 
Milly, de Fontanieu, le Duc de Chaulnes , le Baron de 
Diétrik, Racle, Efayeur de a Monnoïe, Rey de Morande, 
& autres, 

Les premières expériences ont été faites le mercredi 26 
Août, dans le Laboratoire de M. Baumé , lui opérant, & 
M. Sage qui y avoit été invité, étant du nombre des fpec- 
tateurs. 

M. Baumé avoit brûlé d'avance , comme on en étoit 
convenu avec M. Sage, 100 livres de farment de vigne; 
celui-ci étoit de Belleville : ces roo livres avoient rendu 
3 livres 2 onces de cendre grife. 

On a pelé r once 24 grains de cette cendre, c'eft-à-dire 
600 grains poids de marc , repréfentant 6 quintaux ; on 
les a mélés avec 300 grains ou 3 quintaux docimaftiques 
de minium , 2 onces de flux noir, fait en préfence de 
l'Aflemblée , & 6 grains de poudre de charbon : ce font 
les dofes de M. Sage. 

D'une autre put, on a fait un autre mélange de 300 grains 


DES SCIENCES. 551 


ou 3 quintaux du même minium pur & fans cendres, avec 
1 once de flux noir, & 6 grains de poudre de charbon, 
pour en réduire le plomb , le paîler à la coupelle, & en 
obtenir le grain de fin qu'il contient ordinairement, 

Chacun de ces mélanges a été fait double, ce qui a formé 
quatre effais , qui ont été fondus fucceflivement à la forge, 
dans des creufets d'Allemagne. 

Quoiqu'il y ait eu quelques différences dans les circonf- 
tances de ces quatre fontes, & que leur produit en culot de 
plomb réduit n'ait pas été exaétement de même poids dans 
chacune, ces fontes ont été cependant en général affez bonnes, 
& leur produit en plomb réduit a été d'environ 3 gros + 
plus ou moins quelques grains. 

On a procédé enfuite à la coupellation de ces quatre effais à Ja 
manière ordinaire ; ces coupellations ont bien réuffi; chaque 
plomb a laiffé {ur fa coupelle un petit bouton de retour ou 
grain de fin, blanc comme de f'argent , & ne paroiffant 
nullement doré; ces grains de fin étoient tous fort petits, & 
ceux qui provenoient du plomb d'œuvre /a) , ne paroïfloient 
point fenfiblement plus gros que les témoins [b). 

Les opérations ayant été amenées à ce point, tous 
ceux fous les yeux defquels elles avoient été faites, ont figné 
la feuille fur laquelle on les infcrivoit à melure qu'elles fe 
faïloient : on a pefé enfuite ces boutons de retour à une 
bonne balance d’eflai; celui d’un des eflais provenant d’un 
culot de 3 gros 49 grains du plomb-d’œuvre a pelé 1 5 grains 
du poids fictif de la balance de M. Baumé, ce qui revient 
à + de grain du poids réel ou du poids de marc; le bouton 
de retour du témoin provenant d'un culot de ce plomb, 


(a) C’elt le nom qu’on donne en (b) On nomme ainft les grains 
Métallurgie, au plomb enrichi par | de fin que contiennent naturellement 
fa fonte avec des matières contenant | prefque toutes les efpèces de plomb; 
de l'or & de l’argent; nous Ie donnons | il eft néceflaire d’en connoitre la 
au plomb fondu avec la cendre de | quantité, danstousles eflais, pour 
farment , pour le diltinguer du | la fouftraire de grain de fin que 
plomb pur. fournit le plomb-d'œuvre, 


s52 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


pefant 3 gros 44 grains, a été trouvé du poids de -#- de 
grain poids de marc, ce qui fait — de différence dans le 
plomb-d'œuvre , paroïfloit plus riche. Mais comme cette 
quantité étoit infiniment petite en comparaifon de celles que 
M. Sage avoit obtenues en fon particulier, & que d’ailleurs, 
le grain de fin du plomb-d'œuvre ne paroïfloit que de l'argent 
pur comme celui du témoin , & non pas jaune & doré comme 
ceux des expériences que M. Sage avoit faites en fon parti- 
culier; cet Académicien a infcrit ce qui fuit {ur le plumitif: 


Les produits que j'ai vus chez M. Baumé n'ont nul rapport 
avec ce que j ai fait, le grain ne me paroiffant nullement doré. 
Signé SAGE. 


Le fendemain Jeudi, 27 Août, nous nous fommes rafflem- 
blés plufieurs d’entre nous, dansle Laboratoire de M. Baumé, 
pour examiner &t repefer encore plus exactement les quaire 
boutons de fin ou boutons de retour, des opérations de la 
veille, ayant remarqué, par le fecours d’un microfcope, que 
ces grains de fin n'étoient pas parfaitement nets, & qu'il 
avoit à leur furface quelques particules de Hitharge ou de Îa 
coupelle; on les a aplatis fur un tas d’acier poli avec un mar- 
teau d'acier poli, & frottés enfuite fur du papier, pour en 
détacher les petits corps étrangers, ce qui les a nettoyés 
parfaitement, comme on s’en eft afluré, en les examinant 
enfuite au microfcope , puis on les a repefés à une petite 
balance d'effai, appartenante à M. Baumé, faite par le fieur 
Gallonde, laquelle eft infiniment fine, & trébuche fenfible- 
ment à —" de grain, poids de marc; leurs poids {e font 
trouvés comme il fuit, 

Le grain de fin du premier plomb-d'œuvre 2 — 2 
de grain, poids de marc. Le grain de fin du fecond plomb- 
d'œuvre + un peu fort. Le grain de fin du premier témoin 

Li Li 


64 


1,29 
Le grain de fin du fecond témoin = + + Ces quan- 


tités, réduites en 1024”, reviennent à celles qui fuivent. 


Grain 


DES S@rTENCES. 553 


Grain de fn du premier plomb-d'œuvre. ,.....,.. Er 

Grain de fin du fecond plomb-d'œuvre, ..,,.... ré fort. 
: RURALE se 

Grain de fin, PISE ÉMOINE Es. NE ETS 

Grain de fin, fecond CSS IMTRiEls : ES 


Ces différences étant très-peu confidérables , & S'éloignant 
d’ailleurs infiniment des produits de M, Sage, nous mentre- 
rons point pour Îe préfent dans de plus grands détails à ce fujet. 


Nous ajouterons feulement, qu'ayant diflout dans de l'efprit 
de nitre très-pur, les boutons provenans tant du plomb 
d'œuvre'que des témoins, il ne nous eft refté dans les deux 
cas que des minicules noires, extrêmement petites, que nous 
avons jugées être de l'or ; celles des boutons du plomb-d'œuvre 
étoient un peu plus confidérables , Mais elles étoient les 
unes & les autres infiniment trop petites pour produire le 
moindre effet fur la balance qui trébuche , comme nous 
l'avons dit, fenfiblement à 1022 dÉBTÉ 


024 

Le même jour nous reçumes de M. Sage une lettre très- 
honnête & très-judicieufe, adreffée à l'un de nous , par laquelle 
après avoir expofé que la différence de la manière de travailler 
de M. Baumé & de 1a fienne » pouvoit être la caufe de celle 
qui {e trouvoit entre nos produits & les fiens, il nous invi- 
toit à venir dans fon laboratoire , pour le voir opérer fur les 
mêmes matières qui avoient été employées chez M. Baumé, 
& finifloit en proteftant avec candeur qu'il ne lui en coûteroit 
rien pour convenir qu'il s’étoit trompé, fi cela étoit en eflet, 


En conféquence de cette invitation, le Mardi 1. Septembre 
“1778, vers les neuf heures du matin, nous nous fommes 
rendus au faboratoire de M. Sage, maifon de M. Randel, 
attenant le Jardin du Roi. 

M. Sage, en préfence de l'Affemblée, aréduit du minium 
avec de la poix réfine dans un creufet; il s’et trouvé 2 onces 
2 gros de plomb réduit d'environ 3 onces de minium qui 
avoit été employé dans cette opération. ! 

Ce plomb étoit defliné à deux opérations de coupellation, 
où à deux effais devant fournir les témoins. 

Mém. 1778. Aaaa 


554 MÉmotres DE L'ACADÉMIE RoYALE 

D'une autre part, M. Sage a mêlé 1 once 24 grains, c'eft-à- 
dire 600 grains ou 6 quintaux docimaftiques de la cendre 
de farment , ci- devant préparée par M. Baumé, & que 
M. Sage avoit approuvée ; avec une demi-once 12 grains ou 
3 quintaux docimaftiques du même minium, 2 onces de 
flux noir, fait fur le champ par M. Sage, en préfence de 
l'Affemblée, & 6 grains de poudre de charbon. 

Ce mélange a été fondu par M. Sage à fa forge, très-bien, 
très-promptement & très-facilement. 

Il en a fondu un fecond tout pareil avec Îe même fuccès : 
le culot du premier plomb-d'œuvre s'eft trouvé de 3 gros 
24 grains; & celui du fecond plomb-d'œuvre, du poids de 
3 gros 37 grains. 

. Ces deux plombs-d'œuvre, avec la quantité convenable 
de plomb réduit du minium pur, pour fournir deux eflais 
& deux témoins, ont été paflés par M. Sage , l’un après 
Yautre à la coupelle, non dans un fourneau de coupelle à a 
manière ufitée, mais en plaçant immédiatement {ur fes charbons 
d'un fourneau ordinaire la coupelle fimplement recouverte 
d’une moufle très-petite, à peine fufhifante pour la couvrir, 
& en accélérant confidérablement l'opération par le vent d’un 
fouffet , dirigé alternativement fur le charbon & fur le 
lomb ; méthode expéditive qui n’eft point inconnue dans 
V'art des Effais. 

Ces quatre coupellations ont été faites de même que les 
fontes précédentes, avec beaucoup de facilité, de prompti- 
tude & de fuccès. 

H eft refté fur chaque coupelle un petit bouton de retour# 
les quatre boutons paroifloient à l’œil différer fort peu les 
uns des autres, pour la groffeur & pour la couleur ; ils étoient 
tous les quatre blancs comme de l'argent pur. 

Après avoir été foïgneufement nettoyés, ils ont été pelés 
à la petite balance très-fenfible de M. Baumé. 

Le bouton de retour du premier témoin a pefé- + 
+ 57 de grain, poids de marc. 


re 102% 


h ne en é Z' pt r 
Le bouton de retour du premier témoin a PLé + 


DENSN SCT E N°'C'E/S! s55 
de grain, poids de marc: Îes deux boutons de retour des deux 


plombs - d'œuvre ont pelé chacun 5 +5 4-1 de 
grain, poids de marc : en réduifant ces quantités en 1024.* on 


trouve, 


Bouton de retour du plomb du premier témoin 1. 
Bouton de retour du plomb du fecond témoin -2.. 


Bouton de retour des deux plombs-d'œuvre, chacun + 


2 
1024° 


Si l'on compare ces produits avec ceux qu’on avoit obtenus 
chez M. Baumé, on trouvera, qu'en général, ils diffèrent 
peu, mais que l'avantage pour la quantité du fin, à l’excep- 
tion de celle du plomb du fecond témoin , eft en faveur 
des expériences faites chez M. Baumé. 

H s'enfuit, tant des opérations faites chez M. Baumé 
-que de celles qui ont été faites chez M. Sage, que Îles grains 
de fin obtenus dans ces opérations, donnent par quintal réel 
du minium feul, de 33 à 36 grains; par quintal du plomb 
réduit & coupellé pour fournir les témoins, de 37 à 40 
grains; par quintal de minium employé pour le plomb-d'œuvre, 
39 grains; & par quintal de ce mème plomb-d'œuvre, de 
46 à 48 grains. ÿ 

Mais comme il ne faut compter comme produit des cendres, 
que l'excès des grains de fin du plomb-d'œuvre fur les grains 
de fin des témoins, il s'enfuit que le quintal de cendre n’a 
fourni que 8 à 9 grains de fin, quantité très-inférieure à celle 
de 4 gros 12 grains, & l’on doit obferver que ces 8 ou 9 
grains de fin, loin d’être de l'or, ne paroïflent que de l'argent 
à peu-près pur: il y en avoit cependant un qui paroiffoit 
doré; mais ce petit bouton ayant été aplati & nettoyé, a paru 
auffi blanc que les autres, 

Pour connoître la quantité d'or que pouvoit receler cet 
argent, nous avons mis un des boutons de retour du plomb- 
d'œuvre dans de l’eau-forte très-pure ; il a été diffous prompte- 
ment, à la réferve d’une minicule noirâtre, fur laquelle l’eau- 
forte a refufé d'agir: cette minicule a été lavée avec de l'eau 
pure, féchée & pel£e à la petite balance La plus fenfible de 

Aaaa i 


556 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


M. Baumé; fon poids s'eft trouvé au plus de = de grair, 
ce qui revient exactement à un grain & demi par quintal réel 
de la cendre employée. 

Pour conftater que cette minicule étoit réellement de l'or, 
nous lui avons appliqué un peu d’eau régale, {a diflolution 
s’en eft faite promptement ; enfin, une petite lame d’étain 
ayant été mile dans cette diflolution, afloiblie par de l'eau, 
la liqueur a pris peu-à-peu une teinte purpurine, mais inf 
niment foible. 

Ces expériences & plufieurs autres que nous avons faites 
fur ce même objet, & dont nous ne rendons pas compte ici, 
parce qu’elles préfentent des rélultats à peu-près femblables, 
ramenoient nos connoiflances fur l’exiftence de l'or dans les 
végétaux, précifément au même point où elles étoient avant 
les dernières recherches qui viennent d’être faites fur cet 
objet, & il en réfultoit, comme Font avancé les anciens 
Chimiftes, & comme M.° de Lauraguais, Darcet, Rouelle 
&'Bertholet, l'ont confirmé par des expériences très-exactes, 
qu'on retire quelques minicules d'or de prefque toutes les 
fubftances minérales & végétales, traitées avec le minium; 
mais que ces minicules ne forment pas communément un 
objet de plus de deux ou trois grains par quintal réel. 

Nous regardions d’après cela notre miflion commeremplie, 
& nous étions au moment de faire notre rapport à l'Aca- 
démie, lorfqu’en réfléchiffant avec plus d'attention fur toutes 
les circonftances de nos opérations , nous nous fommes 
aperçus que dans toutes nos expériences, les quantités de fin, 
tant en or qu’en argent, étoient d'autant plus grandes, que 
le coup du feu que nous avions donné pour opérer la fufion 
& la réduétion, étoit plus fort, & que les différences même 
étoient très-confidérables : cette circonftance à commencé à 
nous faire foupçonner que les quantités infiniment petites d'or 
que nous avions obtenues, pouvoient bien ñe pas venir de la 
cendre, mais du minium avec lequel nous les avions combinées, 
& voici à cet égard le raifonnement que nous avons fait. 


L'or n'eft point fufceptible en général de fe calciner; il 


DIE. S:S, C.2'E NC. E.S% S57 


eft donc probable, que s’il en exifte dans le minium, il S'y 
trouve en particules très-fines, & divifées pour ainfi-dire à 
l'infini : on conçoit que fi l'on revivifie de femblable minium 
par la feule addition de Ia poix réfine, c’eft-à-dire à un degré 
de chaleur très-médiocre, le plomb doit couler & fe raffem- 
bler, mais que les minicules d'or qui font beaucoup moins 
fufibles que le plomb, ou pour mieux dire, qui ne le font 
point au degré de feu qu'on emploie pour réduire le minium 
par la poix réfine, doivent refter dans les fcories : Ia même 
chofe ne doit point arriver lorfqu'on revivifie le minium 
avec du flux noir & avec des cendres: alors, la néceflité où 
Ton eft de donner un grand coup de feu pour faire fondre 
les cendres & le flux, ne permet plus à l'or de demeurer 
fans fe. fondre, le plomb s’en faifit & devient aufli riche 
qu'il le peut être. 

Ces nouvelles confidérations exigeoient de nous une 
nouvelle fuite d'expériences , & voici le plan auquel nous 
avons cru devoir nous arrêter ; nous prévenons qu'il n’eft 
aucune des expériences que nous allons énoncer que nous 
n’ayons répétée plufeurs fois, afin d’éviter de tirer des confé- 
quences précipitées, Nous avons pris une certaine quantité 
du même minijum que nous avions employé précédemment; 
nous en avons opéré la réduction par la poix réfine, dans 
un chaudron de fer, à un degré de feu très-médiocre, & 
nous avons mis à part le plomb qui en a rélulté; nous avons 
enfuite mêlé la portion de ce même minium qui étoit reflée 
dans le chaudron, & qui avoit refulé de fe réduire, tantôt 
avec du flux noir, tantôt avec de l’alkali fixe ordinaire, & 
nous lavons pouflé au feu jufqu'au point de mettre le flux 
ou Falkali en fufion complète, & nous avons obtenu, par 
ce procédé, une nouvelle quantité de plomb que nous avons 
mis à part fans les confondre avec le premier. 

Ayant païlé féparément ces deux plombs à Ja coupelle, 
mous avons obfervé que le plomb de la première goutte, 
contenoit à peine 36 à 37 grains de fin par quintal, tandis 
que la dernière portion, celle qui avoit été obtenue par la 


558 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 
violence du feu, en contenoit jufqu'à foixante & plus: que 
ces boutons de fin difléroient non-feulement par leur poids, 
mais encore par leur qualité; que celui du premier plomb 
ne contenoit point d'or en quantité fenfible, tandis que 
celui du fecond plomb obtenu par a revivification à grand 
feu, nous a fourni des minicules d'or prefque égales à celles 
que nous avions retirées dans les expériences avec {a cendre; 
nous difons prefque égales , parce qu’en “effet, quoiqu'en 
opérant comme nous venons de le dire fur du minium feul 
& fans addition de cendre , nous ayons toujours retiré de 
l'or ; la quantité cependant en étoit conflamment un peu 
moindre qu'avec l'addition de [a cendre, mais cette diffé- 
rence ne s'eft trouvée que d'un demi-grain où d’un grain 
tout au plus par quintal réel, quantité beaucoup trop petite 
pour qu'on en puifle rien conclure, & dont il ne nous auroit 
pas été même poflible de nous apercevoir, fi nous n’euflions 
été munis d’inftrumens d’une exactitude rare. 


Nous concluons donc définitivement de toutes les expé- 
rlences ci-deflus : 


1.” Que la quantité d’or qu'on retire par la combinaifon 
du minium avec les cendres, eft infiniment petite, & qu'elle 
n'excède pas un ou deux grains par quintal réel de la cendre 
employée, ce qui eft bien différent de 300 grains ou de 
4 gros 12 grains par quintal que M, Sage a annoncés dans 
le Mémoire qu'il a 1ù à l'Académie : 


2. Qu'il paroït prouvé par nos expériences , qu'une 
partie de cet or exifloit dans le minium, ce qui réduit à 
quelques frations de grains par quintal réel, c'efl-à-dire à 
des quantités qu'on peut regarder comme abfolument infen- 
fibles, les minicules d’or qu'on peut attribuer aux cendres: 


3. Que nous ne faifons même aucune difficulté de con- 
clure qu'il eft très-probable que cette quantité infiniment 
petite fur laquelle il peut refter quelque incertitude, vient 
pluiôt du minium que de la cendre ; 


DE SE: SV@ 7 E NE © ær 8: | 5 


4° Que Ja cendre dont M. Sage a cru avoir extrait de 
l'or, n'eft qu'un intermède à l'acide defquels il eft parvenu 
à extraire ce qui exiftoit dans le minium, & que probablement 
par un effet du hafard, il aura employé dans fessexpériences 
un minium plus riche en or, que n'eft cqmunément 
celui du Commerce : À , 


s- Enfin, qu'il eft d'une grande importance dans {es 
travaux docimaftiques d'opérer fur le minium & fur le 
plomb deftiné à fervir de témoin exactement de Ia même 
manière & au même degré de feu que für le plomb-d'œuvre, 
& que c’eft faute: d'avoir ‘eu cette attention que M, Sage, 
& beaucoup de Chimiftes avant lui, ont cru trouver dans 
un grand nombre de matières des parcelles d’or, qui exifloient 


réellement dans le minium qui leur fervoit d’intermède. 


Signé MacQuEr, CADET, Lavoisier, BAUMÉ, 
BuCcQUET & CORNETTE. 


560 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoraLE 


LL TS ER 2 RETIRE TERRE A STI ES EL RUE EE SEE DC TERRE RUES 


OBS ER AT AO. NS 
BOTANICO - MÉTÉOROLOGIQUES, 


Faites au château de Denainilliers, proche Pithiviers 
en Gâtinois, pendant l’année 1777. 


Par M. pu H AMEL. 


AVERTISSEMENT. 


ES Obfervations météorologiques font divilées en fept colonnes, 

de même que les années précédentes. On s'eft toujours fervi 

du thermomètre de M. de Reaumur, & on part du point zéro, 

ou du terme de la’glace: la barre à côté du chiffre indique que 

le degré du thermomètre étoit au-deflous de zéro: quand les degrés 

font au-deflus, il n'y a point de barre; o défigne que la température 
de l'air étoit précifément au terme de la congélation. 


Il eft bon d'être prévenu que dans l'Automne, quand il a fait 
chaud plufieurs jours de fuite, il gèle, quoique le thermomètre, 
placé en dehors & à l'air libre, marque 3 & quelquefois 4 degrés 
au-deflus de zéro; ce qui vient de ce que le mur & la boite du 
thermomètre ont confervé une certaine chaleur; c'eft pourquoi on 
a mis dans la feptième colonne, Gelée. 


Les Obfervations ont été faites à Ruit heures du matin, à deux 
heures après midi, & à onze heures du foir. 
à 


Nota. Les Obfervations du baromètre , à commencer du 1.° 
du mois de Janvier, ont été faites fur un baromètre callé fur celui 
de l’Obfervatoire, qui eft 3 lignes plus haut que celui dont nous 
nous fervions les années précédentes, 


JANVIER. 


D ES TSICIT'ENN CTAIEMÈM 6m 
DEAN. FONCÉ 


Jours THERMOMÈTRE. 
du [VENTS | mm VS BAR OM: ÉTAT DÜ CIEL 
Mors. Matin. Midi. | Soir. 
Degrés. Degrés. Degrés. pouces lignes 
1. |S. O.f— 8. 22 3. |2 7 |neigeux. 
2 Où Se 24 4. |27. 8 [couvert. 
SA UULITINe À. ré 24/27. 8 |neigeux. 
AT NO: 2: L, 2. |27. 8 couvert & ncigeux. 
> O. 3+ ©. 34/2 7 |couvert. 
6. Si Fe o. 3. |27. 6 [couvert avec ventvoles de neige. 
7. O. 4. 3. 4. 127. 6 |couvert; après midi brouillard. 
8. O. 6Z. 4 5+ |27. 4 couvert; le foir neige. 
9- ©. TE 2 2. |27. 9 |couvert. 
10. de L. 2. 1. {27. S$ |bruine & couvert 
II S. 14 32. 33-127. 6 couvert & bruine. 
War S. 8. 10. 9. 27. 7 [couvert; le matin pluvieux, 
te S. Te 9£. 72127. 8 [beau avec nuages. 
14. S. 6=. 9+- 6. 127. 9 |idem. 
SE ÉE 2, 4. |27. 10 |beau. 
16. S F- 7e 21.127. 10 |idem. 
17 S. — =. 2. [— L!27. 11 |brouillard. 
18. S: L, I. ©. |27. 10 |idem. 
19. S: o. 3>- 31.127. 10 |bruine. 
20. S. 3 $° 3: |27. 8Z|brouillard. 
21. 5: 32 $- 42.127. 5 |bruine ou pluvieux. 
22}. S; 1J 3. 2. 27. 5$ |couvert. 
ZE SE 1e 2h 2. |27. 9 [couvert; le foir venteux, 
24. Se Si 6. 4. |27. 6 [pluvieux & venteux. 
25. O. o (ES ©. 27. 11|couvert. 
26. N. E— 7. 12. ©. |27. 11 |zdem. 
27. N. + 1. O. 127. 8 |idem. 
28. Se = z ©. 127. 7 |neïigeux. 
29. N. L 2° ©. {27. 7+lcouvert. 
30. :.N o) 12— 3. |27. 9 |matinncise;l’ap. m.beauavecnuag. 
INSEE Nr 12 FN ELA I|beau avec nuages. 


31. | 


END AE 28 DT 2 PP EEE TETE TETE NES ET CE TORRES ÉEREERNNES 
Wiém. 1778. Bbbb 


562 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Le commencement de ce mois a été neigeux, il y a en 
s à 6 pouces d'épais de neige dans da plaine, Le 10, elle a 
commencé à fondre, & le temps a été affez beau, mais il 
failoit très-mauvais voiturer; on a vu quelques groffes grives, 
appelées chachats, mais peu ; il y avoit cependant beaucoup 
de fenelles : les rhumes ont été fort fréquens durant ce mois. 
Le 30, il eft tombé de la neige environ 2 pouces d'épail- 
feur dans la campagne; les grains ont été un peu fatigués de 
l'hiver, fur-tout ceux qui ont été faits par la fécherefle. 


DES SCIENCES. _ 63 
L FÉVRIER. 


THERMOMÈTRE. 


Cm Not PT BAROM. 
Matin. | Midi. Soir. 


ÉTAT DU CIEL: 


memmm—— | - 


Dégrés. 


Dégrés. Drgrés. 


pouces lignes 


x SAT HMS ER 2::/27. 6 {couvert & nuageux. 
2 Si Oo. 11. 3- |27+ 6 {couvert; tombé dela neige le matin. |} 
3. &}, MA 1Z. 2127 7 |[nuageux. 
A SUUE- UT 3. 15127. 8 |couvert; il eft tombé de la neige.) 
S- O. 7 Fra 11.127. 8 |beau avec nuages. 
6. N. 3: Oo. [— 22127. 8 |couvert. 
7. E. 2£ = 11.127. 8 |idem. 
8. Fe 32. o. 1. Ü27. 7 |idem, 
9: F° 1£. o. 1. |27, 8 |couvert avec des ventvoles de neige. 
10. S. o. 1. 1. [27. 9 [couvert & neigeux. 
NY S. 1— 1. 1. 2127. 6 |couvert. 
12; S: x: 1. 2. |27. 6 |idem, 
13. N. 22. 0. 27. 6 :|beau avec nuages. 
T4 Fe oO. 32. 2127. 7 |beau. 
15. E. |— x. 2. |— 2:27. 3 |couvert. 
16. IN. ©. 12. 1. 2. |27. 3 |beau avec nuages. 
17. E° 42. 14 22127. 1 +lidem, 
18. FE; 4%. L 2. |27. 2 |idem. 
19: ss Je LE 4.127. 4 |nuagêux. 
20. S- 12. 1L 4 27.  <+|neige & pluvieux. 
21 S. 32: 7 6.127. 2+|pluvieux. 
22. S. 8+. 12. 7 +. è beau avec nuages, 
23. 5 7E. 11 72 idem, 
24 S: 7. 1% 7. idem, 
25. S° 7 122 7e beau. 
26. S. 34| 13+ 7 à beau; le foir Aurore boréale, 
27. S. 37| 141 8%. 1| beau. 
28. N. 3° 14. 7 beau avec nuages. 


Bbbb ÿ 


564 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 

Ce mois a été froid jufque vers le milieu, enfuite il a 
fait aflez beau: il a encore paru de grofles grives, nommées 
chachats ; il y en avoit beaucoup au commencement du 
mois: la rivière d'Eflonnes a été baffle. Le 26, on a vu à 
8 heures du foir une Aurore boréale très-confidérable: on a 
commencé à labourer vers le milieu de ce mois pour faire 
les mars, & à tailler les vignes. Vers la fin il a fait un très- 
beau temps ; les Laboureurs travailloïient en chemife depuis 
8 heures du matin jufqu’au Soleil couché; les vignes & les 
arbres commençoient déjà à travailler ; il y avoit des abri- 
cotiers en fleurs. 


re de UE 


DIE SS CU'E IN CES 56$ 
MARS. 


THERMOMÈTRE. 
VENT.) nn KO I |BA RON. ÉTAT DU CIEL. 
Matin idi Soir. 
Degrés. Degrés. 

ME S: 44. S1.!27. 9 [beau avec nuages. 

7 S. 6. 11. |27. 7 |idem. 

2e S. 8. 8. |27. 10 |nuageux. 

4 N. 4% 81.127. 81|beauavec nuages. 

TE Et 7: 7- |27. 4+|beau avec gros nuages; le foir pluie. 

6. N. 4. 4. 127. 8 [couvert. 

7: N. PE <.]27. 6 |nuageux. 

8. E. [— 2%. 2.127. 3 |beau avec nuages & vent. 

9- N. L 32-127. 3 |beau avec nuages. 
10. N. 12. 3- |27. 5 [couvert & vent. 
II N. +. 2. 127. 4 |couvert; le foir pluvieux & vent. 
E2,, N. x 22.127. 4ï|couvert, vent & pluie. 
13: N. |— ï. 10127. 70 beau: ô 
14. O. xs S- }27- 9 (couvert & pluie fur le foir. 
11 Q. 5e 64-127. 7 |beau avec nuages. 
r60|S-.MO: S- 62-127. 2 |pl.v.atonn.unfortcoupà2"ap.m. 
17. |S-MO: 6. 8. |27. GZ\nuageux avec ventvoles de pluie. 
18. Se CE 10. !27. 8 |couvert & bruine. 
190 S.nO: 8. 8. |27. 6 |mat.beau, nuages; lap. m. pl. & v. 
20. O. 62e 82/27. 8 |couvertavec vent & ventv. depluie. 
2m, O 62 6. 27. 10 beau nuag. vent, quelq. goutt. d’eau. 
2RS..10: 4 72-27. 12 |beaule matin; après midi pluvieux. 
23. ©: 4. 8. |28. beau avec nuages. 
222 SE: 61 11. Î27. 11 |beau. 
EX S° 7 124+./27. 10 idem. 
26. EX 8. 12. |27. 10 |/dem. 
27. 13% 7£ 12. |27. 10 jédem, 
28 Fi 7£ 12. 27. 9 idem, 
29. N. 8. 4. 127. 9 [couvert. 3 
30. N. 14 3:127. 8 |neigeux & venteux-. 
31. N. 14 1. 127. 7 |couvert, 


566 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIÉ ROYALE 

Le commencement de ce mois a été fort beau & aflez 
doux ; les hoyaux ont fleuri : on a continué à tailler la 
vigne ; elle avoit fort peu de bois : on attribue cela à Ia 
grande fécherefle qu'il a fait l'été de 1776 ; les blés fe font 
bien rétablis & ont eu très- bonne façon durant ce mois, 
Dans les premiers jours du mois on 4 travaillé à femer les 
avoines, & on a eu beaucoup de peine à caufe du grand 
vent, qui étoit très-froid. Les 13 & 14, il a gelé à ne 
pouvoir labourer : la rivière d'Eflonnes a toujours été bafle. 
I! a fait de très-beaux jours vers la fin du mois: les arbres 
ont pouflé leurs feuilles ; les abricotiers , les pêchers, les 
cerifiers & les pruniers, étoient en pleine fleur. Les 29, 3a 
& 31, il a gelé le matin à glace, cela n’a pas beaucoup 
pâté, parce qu'il a fait du vent: il n’a pas paru d’hirondelles. 


mél. 


DE SLuS CL TIENNE Es 567 
AVRIL. 


VENT ne PT | BAROM ÉTAT DU CIEL. 
Matin. Midi. Soir. 


Degrés, Degrés. pouces lignes 
N. I. 7. 1.127. 8 |couv. nuag. O fe montre; gel. à gl. 
N. L L.[27. 92|beau avec nuag. gel. le mat. à glace. 
N. 15 8. S:. 127. 10 |couvert. 
N. 3. 2. 3. 27. 112|nuageux. 
N. o L 11.128. beau avec nuages; il a gelé à glace. 
NS Ft E 11. 127. 11 |beauavecnuag. sel. à gl. épais de 2!. 
N. ne L, 1. 27. 92|beau avecnuages, vent; gelée àglac, 
N, + L 6. |27. 8 |beau avec nuages & grand vent. 
N:NE. 4 1OL. 8. 127. 10 |beau avec nuages. 
E. 24 14. 9. {27.11 |beau. 
52 4. Ur 11427. 11 |idem. 
S. 72 F7L. 81.27. 10 |le matin nuageux; l’après midi pluv. 
S. 7= 12 9. |27. 82+|mat.beau,nuag. lap.m. couv. pluv. 
N. 6. 82 6. 27. 11 |couvert & pluie. 
[Ne 4. 9- 6. |28. couvert. 
N. FE 12 8. {27. 10 |idem. 
N. 6. 15: 104. |27. 2 |beauavec nuag. tonné fur les 6h foir. 
N. SE 12£. 3. |27. 5 |couvert & pluvieux. 
N. 3 8. 2. |27. 9 |beauavec nuag. piboulées & gréfil. 
N. O:l— r: 8x s: |27- 10 |beau avec nuages; il a gelé à glace. 
S> 7E F7. 12. 27. 8 |beau avec nuages. 
N. O. 10. 15 11. }27. 9 [beau avec des nuages & du vent. 
O. 8. 15. 9. 2 8 |pluv. tonn. écl. un peu de grêle. 
5e 8: te 8. |27. 11 |nuageux, vent & pluie par ondées. 
: 4. TR 6. |28. 1 |beau avec des nuages. 
2 N. 4. 11. 6. |27. 10 |beau avec nuages, gelée blanche. 
: E. 4. É2): 5: 27. 11 |beau avec nuages. 
SO. EL. I. 81. |27. 9 [beau avec nuages; gelée blanche, 
e N. 6. 17. 134. 27. 7 |beau avec nuages. 
- 10. 16. 10. l27. 6 |pluvieux. 
1 


568 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Ce mois a été au commencement très-froid & fec. Le 6, 
il a gelé à glace de Yépaiffeur de 2 lignes, ce qui a gâté a 
vigne qui commençoit à pouffer, de forte que les jeunes vignes 
les plus avancées ont été gelées à moitié; du côté de Rebre- 
chien elles l'ont été entièrement : on a fini vers [a moitié de 
ce mois de femer les avoines, &c enfuite on a femé les 
pois & velces. 

Le milieu & Ia fin de ce mois ont été fort humides: les 
avoines, pois & vefces ont très - bien levé; les blés étoient 
très-beaux ; les feigles ont été un peu attaqués de cette 
dernière gelée; les cerifiers & les pruniers étoient en pleine 
fleur; mais la gelée de {a nuit du $ au 6 en a bien gâté, 
ainfi que les abricots, les pêches & les poires. 

Le 3, on a vu des hirondelles voler dans fa plaine: on 
a entendu le roflignol dans le parc le 17. Le 19, le blé 
froment d'élite s'eft vendu à Pithiviers vingt-deux livres le 
fetier, pefant 240 livres. Vers le 23, toutes les charmilles 
ont pouffé leurs feuilles, ainfi que les tilleuls: fa rivière 
d'Eflonnes a été bafle. 


M A Z, 


D ES! S C’I.E NC ENS: s69 
M A 1. 


Jours THERMOMÈTRE. 
du [VENTS) mn KP ÏBAROM. ÉTAT DU GIE L 
Atos Matin. | Midi. | Soir. | 
Degrés. Degrés. Degrés. pouces lignes 
LS BIS 10. ne RE ETS 4 |vent avec pluie; il a tonné Pap. m. £ 
AISNE. I" 10: x 9z-|27. S |pluie par ondées avectonn. lap. m. 
APAIS NES 9<- 11. 93-127. 6 |pluvieux; ila tonné l’ap. m. au loin. 
ÉRRISEMNES 9=- 13. 8. 127. 8 |pluvicux. 
sac |0: ME: 8=<. 1e 8. 27. 10 lidem. 
CIS MO! CES 13. XIT. E + 10 |couvert. 
Te N. 10. 142. 12 [2 - 11 couvert & pluvieux. 
SOIN LE: 8+. 130 102. (27. 11 |beau. 
9 S: 10 +. 20. 16£L.127. 7 |beau avec nuages. 
OL |S CO: roi re 10. 27. 10 |couvert & venteux. 
II 5 9+- s 81.{27. 9<|beau avec nuages. 
AIN MOS 6. 4+ |27. 11 |pluvieux avec grêle & tonnerre. 
3} S. 33 | 15< 9. 127. 8 |beauavec nuag. ilagelébl. le matin. 
14. S 7. 14. le 4 |beau avec nuages; le foir bruine. 
15: S 6 <. 132 8. 27. 2 |nuageux; le foir il a éclairé. 
16. O. Go k 6. 27. 4 |couvert; le foir pluvieux. 
17. (GO GE. I 6, Î27. 7 |pluvieux. 
18. S; $ = 124 7+ 127. 8 |beauavec nuages. 
19. ss 7e 14. 92-127. 6 |pluvicux. 
20. Si 9+- 14. 9. 127. 7 |pluvieux; il a tonné au loin. 
23, S: 9: 147 9. Î27. 92|pluv. tonn.auloin; tombéunpeugr. 
20. S 8. 12 10. #27. 9 |couvert. 
23 Se 10. nt 13. 27. 9 |nuageux. 
24. S? 9- 14 9+ 27. 5$ |pluvieux. 
25. FE; 7. 14 9. 27. 7 |couvert. 
26 SO; 7 || 15% 9. 127. 9 |beau avec nuages, 
270150 O0: 9. 15. 10. 27. 10 |idem. 
28. ©. 'gÉ 142 8. {27.10 |pluvieux. 
29. N. CE 14. 11+/27. 11 |beauavecnuages; il atonnéauloin./ 
30. S, 10+ HSE 104. 127. 10 | mat.pluv.l’ap.m.beauavec nuages. 
31. N. 10. 17È 132-127. 10 |beau avec nuages. 


Mén. 1778. Crete 


s70 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RotaALeE 

Ce mois a été fort pluvieux & froid; les vignes ont été 
long-temps à poufler, à caufe du froid, elles montroient un 
peu de raïfims dans le fromenté des jeunes vignes, mais dans 
les vieilles il y en avoit fort peu; ainfi il n'y avoit pas lieu 
d’efpérer une bonne année: le vin de la récolte de 1775 
s'eft vendu cinquante-cinq livres le poinçon ; celui de la 
récolte de 1776, trente-cinq livres : on a femé les pois & 
les féves, & planté les pommes de terre; la faifon y a été 
favorable , elles n’ont point été long-temps à fortir de terre : 
la rivière d’'Effonnes a augmenté & même a débordé ; les 
feigles ont fleuri; vers la fm de ce mois ils ont épié fort 
hauts & étoient très-beaux, ainfi que tous les autres grains. 


nu 


S: 


a 
© © 


nzznvuuu 


0. 


nu 


2 


D E 


SU SNGT.E ON CEE s71 
JOLIE 


THERMOMÈTRE. 
et Not Ÿ BAR OM. 
Midi. Soir. 

Degrés. Degrés, pouces lignes 
20 14. 127. 102 
20. 14. |28. 
22e 15. 128. 
22. 17. 27. 107 
ji 132. 128. 
17. Lan ES 
9: 19. 112]27. 9+ 
9+- 17£. 11L)27. 8 
Be 16. L, 12 8 
73 | 15. 9: [27- 9 
9. 15. 12. 127. 7 
10. 16. 101.27. 8 
8. 153 114.27. 9 
10. 17+ 14 |27. 10 
10+. 175 14. 27. 10+ 
113. | 20. 164.27. 9 
10%. 172. 10+. [27.11 
93- 135. 122.128. 1: 
9<- 21: 15. 27.11 
DU LS: F2. .127. 8 
11. 15+ 112.127. 9 
10%. 15: 11, 127. 7: 
10. 13+ 9. 127. 10 
9: 12. 9. [28. OZ 
10. 162 111.128. 2 
12£, 19. 16. 127.10 
LI. 17: + 127. 10 
9- 17 12. 27. 9 
Z | 20. 15:27. 82: 
11H 152: 12. 


ÉTAT DU CIEL. 


beau avec nuages. 

idem. 

beau. 

mat. pluv. lap.m. beau, n. &tonn. 
beauavecn. l’ap.m.n.v.tonn. loin. 
beau avec nuages & vent froid. 
beau avec nuages. 

beau avec du vent. 

beau avec vent & nuages. 

beau avec nuages. 

beau avec nuages & ventv. de pluie. 
beau avec nuages; pluie par ondées. 
beau avec nuages. 

nuageux. 

beau avec nuages, 

idem. 

tonnédegr. mat. couv. tout le jour. 
beau avec nuages. 

beau. 

pluvieux. 

beau avec nuages & bruine. 
pluvieux. 

beau avec nuages & vent. 
pluvieux. 

beau avec nuages. 

beau. 

nuageux & vent. 

beau avec nuages, 

zderns 


27. 9 [pluvieux. 


Cccc i 


572 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Ce mois a été humide & froid : on craignoit que Îes 
avoines, qui étoient fortes dans les bonnes terres, ne boulaffent; 
on craignoit auffi que cela ne fit du tort aux blés qui étoient 
en pleine fleur. Au tiers de ce mois, on a commencé à faucher 
les fainfoins ; le o, ils étoient bons & fort hauts ; le temps 
n'a pas été favorable pour les ferrer : il tomboit de l’eau 
prefque tous les jours. Le 24, on n'avoit pas encore mangé 
de guignes ni de cerifes, mais on fervoit des fraifes : la rivière 
d'Eflonnes a baïffé : le blé de la récolte de l'année 177$ s’eft 
vendu vingt-deux livres; celui de 1776, dix-neuf livres le 
fac; il n’approchoït pas de celui de 1775, pour la bonté. 
La vigne n'a commencé à fleurir que vers la fin de ce mois: 
les fainfoins étoient beaux & hauts, mais on a eu bien de 
la peine à les ferrer fecs ; il pleuvoit prefque tous les jours; 
on n'a achevé de les ferrer qu'à la fin du mois. 


D) ENS | SCIE IN, Cueps 573 
NC EPDNENT: 


THERMOMÈTRE. 
IS Ba now. ÉTAT DU CIEL. 
Matin. | Midi, | Sir. 


Degrés. Dégrés, Degrés. pouces lignes 


ü 


S 114. 14. 132.27. 7 |pluvicux. 
si ne 162. | 14. |27. 8 |beau avec de gros nuages. 
S: 3e 21. 152./27. S$ |mar. beau avec nuag. ap. m.t. &pl. 
S. F1. Ê 7. 107.27. 9 |beau & nuae. le foir, tonn. & pluie 
S. LÉ. 163. | 12. 27. 11 |nuageux, pluie par ondées. 
S: 12. 16. 124. 128. beau avec nuages. . 
S: 10 13+ 10 7: 10 |couvert; le foir pluvieux, 
S. FU MS 10. 3.127. 9 (pluvieux. 
D: 10. 14. 101.28. o |couvert & bruine, 
S:. O:]: ro. 15. 13. 28. 1 |nuageux. 
N. 10+ 17. 15. 28. 2 |beau avec nuages. 
N. 15- 21: 161.128. 1£\idem, 
N. 14. 20. 16. 28. 2 |idem, 
N. 13+ 234 16. |28. 2 |beau, 
N. 13+ 232 17: Ü28. 1 |idem, 
FE. 14 244 172.27. 11 |idem, 
E- 15- 261 20. !27. oidem, 
S. 18. 28. 20. [27. 9 |idem, 
St 16. 4e 14. |27. 9 |beau avec nuages & bruine. 
Se 164. | 17. 141.27. 81|couvert & bruine. 
S. 14%. ré 14. 7. 724|pluvieux. 
S. 14. 20. 1$- |27, 9 |couv.le@Os’eftmont. quelq. temps. 
S. 13. Ure 11427. 7 [couvert & bruine. 
S° 12. DZ: 121.27. 6 lidem. 
S. 12 5e 11. 27. 8 |couvert & pluie. 
Se LOENUT 212 104. 27. 9 |couvert. 
Œ 10. KE 111. 27. 10 |beauavec n. il tombe q- gout. d’eau. 
SO NT. 16. 13. |27. 9 |couv. on a vu quelq, rayons de © 
L S. 12e 15. 122.27. 7 |couv.& bruine;il aton.écl, l’p.m. 
0. S: Ye 14%. | 132.27. 7 |pluvieux. 
AIS ONF re: 14. 12. 27. 8 |couvert & bruine. 
SE RE AS SE NE TE EEE EEE? SRE EE MVNO 


574 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Il n'a prefque fait que pleuvoir pendant le cours de ce 
mois, ce qui a fait grand tort aux vignes ; les froids qui ont 
régné ont occafronné a coulure, de forte que l’on ne s’atten- 
doit qu'à une médiocre récolte; le vin de 1775 s’eft vendu 
foixante livres la pièce , & celui de la récolte de 1776 
cinquante livres. Le 24, on a commencé à couper les feigles; 
on a eu bien de la peine à les ferrer, parce que cette moiflon 
a été fort humide, mais le grain étoit de très-bonne qualité, 
quoique humide, & les épis étoient bien grainés ; il n’en falloit 
que douze gerbes pour faire une mine ; es fromens com- 
mençoient à jaunir. 


DIE SN StC12E. NÂCIIE is. 
AOUÛUST 


575 


THERMOMÈTRE. 
ETAT DU CIEL, 


nn, 


beau avec nuages; Je foir éclairs. 
beau avec nuages & bruine. 
beau avec nuages & pluie le matin. 
beau avec nuages. 

beau & couvert le foir. 

beau avec nuages. 

idem, 

nuageux & bruine, 

nuageux. 

beau avec nuages. 

dem, 

beau ; Le foir il a tonné au loin, 
beau. 

idem. 

idem, 

idem, 

beau avec nuag. le mat. brouillard, 
beau & venteux. 

beau 

idem; 

mat. beau; l’ap, midi couv. & bruine 
beau avec nuag. pluie toute la nuit 
beau. 

beau; foir écl. aurore boréale au N 
beau. 

idem. 


BOZVZZ 
Z22z222Z2zvvvv RRE 


£ 
[el 


Z (2) 
MEO2 
m1 © 


CITES 


idem, 

beau avec nuages; le foir éclairs. 
couv. le matin ; Paprès-midi pluv. 
pluvieux. 

couvert & grand vent. 


un un 


576 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


On a commencé Îe 1.” de ce mois la moiflon des fromens: 
les pluies qui étoient tombées les mois paflés, avec l'herbe qui 
étoit en abondance dans les blés en avoient fait verfer 
beaucoup; ils étoient hauts & fort bons en paille & en 
grains, excepté ceux qui étoient verfés, dont le grain n’avoit 
pas müri comme il faut: voyant la pluie qui tomboit tous les 
jours , durant la moiïflon des feigles, on craignoit qu’il n’en 
arrivät de même pour ferrer les blés ; mais le temps ayant 
commencé le 4 à fe mettre au beau, & ayant duré juiqu'à 
la fin de ce mois, excepté deux jours où il eft tombé quelques 
ondées de pluie, les blés ont été ferrés fort fecs ; il falloit 
feize à dix-fept gerbes pour en faire une mine, & de celui 
qui étoit verfé, ilen falloit jufqu’à vingt-cinq à vingt-fix gerbes 
à la mine, On a commencé le 6, à faucher les avoines qui 
étoient belles en païlle & en grain; elles n’ont pas été ferrées 
toutes pendant ce mois, parce que l'ufage de prefque tous 
les Laboureurs eft d'attendre qu'elles foient mouillées, mais 
d'autres les ont levées tout de fuite après qu'elles ont été 
fauchées ; il y a eu auff beaucoup d'orge: il n’y a pas eu 
de noix pour faire des cerneaux , elles ont toutes gelé 
l'hiver : on ne voyoit encore point de verjus de tourné, 

H n'y a pas eu de prunes d’aucunes efpèces, toutes ont 
été gelées l'hiver; il y a eu fort peu d’abricots. II n'y a Pa 
eu beaucoup de maladies, & peu de fièvres, 


SEPTEMBRE. 


DÉE SU S IG:LÉ Ne Es: n 14 577 
SEPTEMBRE. 


Pouces lignes 


L N. 28. beau nuag. vel. bI. mat. dans les bas. 
PR N. - 127: 10 [couvert & venteux. 
3. O. 27: 9:|nuageux & venteux. 
qu O. 27. 10 |couvert & bruine. 
S: O. 28. Couv. avec quelq. rayons de Soleil. 
6. N. 28. 1 |couvert. 
Te N. 28. 1 |beau. 
8. N. 28. 21lidem, 
9, IN: E: 28. 1 |idem, 
10. N. 28. 1 |idem, 
x, N. 28. 1 |:dem, 
12; N. 28. beau avec vent. 
13 HN 27: 11 |beau avec nuages & vent. 
14 N. 27: 11 |beau & grand vent. 
IGE N. 28. beau avec vent. 
16. N. 28, beau, 
17. N. 28. idem, 
18. E> 27. 11+|/dem. 
19. S. 27+ 9+|idem, 
20. N. 27- 10 |beau avec nuages, 
21 N. 27. 9 |beau. 
22 N. 27e beau avec nuages. 


S 
“ 


beau. 
idem, 
idem, 
idem, 


D 
+ 
2972 


D D D D 
POPRSOEN EN 


N. 27. 92|idem, 
N. 27. 10 |beau; le foir il a éclairé. 
0. 28. beau avec nuag.. le foir br. il a tonné. 
30. S 27.11 |couvert & bruine, 


Mémn. 177 Dddd 


578 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE ROYALE - 
Ceux qui attendoient de la pluie pour lever les avoines, 
ont été obligés de les couper vers le milieu de ce mois, qui 
a été très-fec, ce qui a fait retarder les ouvrages de labours 
pour femer les blés. On a commencé à femer du feigle à la 
fin du mois; les raifins n’étoient qu'à moitié tournés; il 
en a eu beaucoup de grillés par a chaleur & la féchereffe : 
on a fait durant ce mois la récolte des féves qui a été bonne, 


D ES 


SCIENCES. 


579 


OCTOBRE. 


EE 


- II 


THERMOMÈTRE. , 
VENTS, | anne NS ÏBAROM. 
Matin. Midi. Soir. 
Degrés. Degré. Degrés, 
S. IAE L'UI13LM 12. 
5: ro. ND TO: 
O. 10, 132. 8. 
SN CR Te Fe 10. 
S. O. 7: 152 | !:1. 
3:70: 87 |  20£.|. 14. 
S. O.l 14. QE) |EUR D 
SO: 72. 142 L? 
SYPE: S 3 | 152 L 
E. 6:.| 16£.| ro. 
N. 9: 17% 10+. 
N. 9. 17e. 12. 
N. 9 +. 102. 107. 
S. 10. 144 115 
S. 10. 14 10. 
S. ze 15. II. 
S. 10. 16. 10. 
… 2 | 142 8. 
D: 0E 8 13- 9e 
SUE. 1. 7: 23. 
N. 3! 73 23 
NUE 8. 22 
S° QE 12%: 73- 
SG? 73° 112 7e 
Gt Ie CE 
S. 1: ire 9+-. 
S. 9: 10L. | . 6<. 
S. 2%. 8. 22 
S. 2e|lUrr. 8. 
S. 83. | 14. CES 
S, 84.| 10. 7£. 


ÉTAT DU CIEL. 


A 


couvert & bruine. 

couvert & pluie. 

nuageux. 

couvert. 

beau avec nuagess 

Z|beau. 

mat. bruine; l’ap. m, beau avecnuag. 
beau ; le matin brouillard. 

beau avec nuages. 

beau. 

idem. 

beau avec nuages. 

pluvieux; mat. il a éclairé & tonné. 
couvert & pluie. 

beau avec nuages. 

beau; le foir il a éclairé & tonné. 
beau avec nuages. 

matin bruine, & l’ap. midi couvert. 
matin à 11h2, tonne; nuageux ef. 


27. 10 |beau avec nuages. 

27. 10 |nuag. & vent froid; gel. à gl. mat. 
27. 82+|beau avec nuages. 

27. 8+|couvert. 

27. 10 {couvert & bruine. 

27. 10 |beau avec nuages. 


7 |beau avec nuag. & mat. brouillard. 
7 |couvert & venteux. 

8 |brouillard le matin, enfuite beau. 
4 |pluvicux. 

2 {pluie & grand vent. 

6 |couvert. 


Dddd i 


8o MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
5 


On a cominencé la vendange le 7; elle a été fi foible 
qu'en général on n'a recueilli qu'environ la moitié d’une 
demi-queue par arpent; cependant le peu qu’il y a eu étoit 
de bonne qualité; c’eft pourquoi à la fin de ce mois il s’en 
eft vendu foïxante-quinze livres le poinçon. IL n’y a pas eu 
beaucoup de fièvres dans cette faifon, qui a été favorable 
pour labourer & femer les blés, de forte que la plupart, 
même dans les terres noires, étoient faits. Durant ce mois, 
la rcolte de fafran a été aufii mauvaife que celle des raifins: 
il y en a eu fort peu ; il s’eft vendu quarante francs la livre. 


DYE Jane D'EUNKGT Es sE ON 587 
NOVEMBRE. 


THERMOMÈTRE. 
VENTS | ne TS BAR OM: ÉTAT DU CIEL, 


Degrés. pouces lignes 
1. S. L 27. 6|couvert; l'après-midi pluvieux. 
2 S. 3. + 27. 9 |beau avec brouillard. 
Ee S. 22. 11 27. 10 |beauavecnuag. foiraurorebor.auN. 
&. S. 62. 15: 28. beau avec nuages. 
Sal SSUUES 7 DE -128. —:|couvert. 
6. N. 85. 10. 28. pluvieux. 
7e N. 8. 10. 28. 1|couvert. 
8. OMR ME 72 - (27. 6 |couvert; le foir pluie & vent, 
NO 23 7: +127. 72|beau avec des hargnes de pluie. 
10. [N. O.f— 1. — S: 127- 8 |couvert avec quelques rayons de ©. 
res MO: 2. = 32-127. 9 |beau. 
12. N. [— 1. 115 3. 127. 8 |idem. 
13. IN. O. o. 122. 92.127. 7 |idem, 
14. N. 81 8. 7: |27- 9 |pluvieux. 
15. N. 7. 9=- 6I. }27. 10 |couvert. 
r6. N. 1. 62. S+ 127. 10 nuageux. 
17. | N. IL 6+. 62.128. 2 |couvert & brouillard. 
HO. SM O} 12. 62. 6. 128. 2 |brouillard, 
19-1SMO;: 2. 9: 7- 128. 1 |couvert. : 
20, O. S <- CES 7+ 128.  —+|couvert; le foir bruine. 
21. |N. O. S =. 9%. 73128. 2+|couvert & bruine. 
22. |N. ©. 4. 8£. 72.128. Z|couvert. 
23: S: S- 9. S 2: 127. 11 |couvert & pluie. 
24 N. 12 S +" 15. 23. nuageux. 
215: O. 1° S =. 13-28. 2 |couvert avec quelquesrayons de ©. 
26. O. 2° A: 13.28.  1|beau avec nuages. 
27: N. — 1+. 22. 2. 27. 10 |beauavec n. brouil. foir aurore bor. 
28. S. Η 6%. 7 1. {27.10 |pluvieux. 
29: E. |— 15. 22 1. 27. 8 |brouillard. 
30. |S, © 6<. CES 82.127. 6 |pluvieux & venteux. 


582 MÉMoIREs DE L'ACADÉMIE ROYALE 


On a commencé dans ce mois à donner les labours d’entre 
hiver, à tirer les échalas, & à donner la première façon à 
la vigne que l'on nomme parage : il y a eu beaucoup de 
rhumes. Le temps de la fin du mois a été favorable pour 
faire les plantations d’arbres ; le blé de a récolte de 1777 s'eft 
vendu vingt-deux livres fe fetier, & celui de 1776 vingt- 
trois livres dix fous: la rivière d'Effonnes a été d’une moyenne 
hauteur. 


sise 


DES SCIENCES. 583 
DÉCEMBRE, 


Fe couvert 
2. idem 
e PNE & mi 0 CE brouillard Te mat. enfüite nuageux. 
4. Se 8<. pluvieux & grand vent. 
S- 0. 34 5 couvert avec des hargnes de grêle, 
6. 1N: 'O; 22. 6 couvert; il a tombé de la neige. 
7: O. 2. 7 |neïge fondue & pluie. 
HAS: MO: FA € 9 |bruine. 
9. N. o©. 1£. 1. 10 |nuageux & couvert. 
10. N. 2e 12. 2: 3=+|beau avec nuages. 
pre S: 34. x. 32 4 |brouillard. 
PA va N. 4% 13. 11 3 [brouillard mat. l’ap. midi nuageux. 
x N. s. o. 1£. à [beau avec nuages. 
14. |S. O. 4. o. 1E. 10 |idem. 
15: N. 3% o. 16 9 |brouillard. 
16. N. 3: D. Fe 8+]couvert & bruine. 
17. N. + 15 OZ. 9 |beau avec nuages. 
18. N. 14. A xs 8 |beau avec nuages; Je foir neige, 
19. N. oO. ET de 9 |couvert. 
20. N. 7 3 7 8 |beau avec nuages, 
21 N. 3: 1 de 6 |neigeux. 
22,1 N. 4 0: Fe a 6 |beau avec nuages. 
23. IN. O. 1. 2; 5 :|couvert. i 
24V1S. (O0: + 34 2 [pluvieux. 
25. O. 4 sie 3 {pluvieux & venteux. 
26. 15. ©. [27 22. 3 [pluvieux & neige fondue, 
27. IN. O.Ï—, L 3 [couvert & pluie. 
268% IN. 20: i L 5 |couvert. 
29. | N. 3 |couvert avec ventvoles de grefil. 
30. IN. O. 2 |couvert. 
31 N. 3 +|neïgeux. 


684 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoyALE 

On a toujours continué à labourer pour entr'hiverner; 1e 
temps y a été favorable, quoique la terre füt un peu molle; 
mais vers le milieu & la fin de ce mois, il eft tombé de 
la neige & de la pluie, quiont fait ceffer les ouvrages. 

Les feigles & les blés ont très-bien levé & étoient très- 
beaux : le blé de la récolte de 1777 s’eft vendu vingt-une 
livres le fetier. Le vin de Ia récolte de 1776 s'eft vendu 
en ce mois foixante-quinze livres le poinçon, & celui de la 
récolte de 1777, foixante- cinq livres; c’eft environ dix 
livres de diminution en un mois. 


OBSERVATIONS [ur la quantité d'Ean de pluie tombée 
en l'année 1777: 


JANVIER. «0. dbeiele AUTPOU. OURS, T9 412 


8,2 
FÉVRIER- +, oo eee UN O» ,= 10e 5 group Olignes o° 
MARS.e mlétleslètee eje o Ts 3. 27 
AVRILe.e eee 2e À 4e 6 
MAMA ES MA SRE CORRE Ta 30 8. 4. CE 
TIULNE Speo 1e = : 7 21 


JUILEET.. ab oies aie. 2e 4 418 
AOÛT... 240s 0. - Que 8.!.: 22 de de 13 


SEPTEMBRE.......+  O 3e 21 


OCTOBRE......+e.e Os Ile 19 
NOVEMBRE... Je 2e 9 3: F7 rs 
DÉCEMBRE. ...L... Te! 1 6. 3 


ne 


TOTAL DE LA PLUIE tombée pendant ne 


Fannée 1777 none smesset ZOPE Ole S 


P 


OBSERVATIONS 


DES SCT E NC ES, 585 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
TDARNVTE RWIT777 


4, N°} DA M1} Je H. N'| D. MAJ. A. N°1 D.| AL JL. - N°} D.|M. 
: 1/20|19 12019 2 I 1 
2l19l15 Ë 2|19|10f 2 2 
10 3120] of 9 4 3/20] o17 10 + 4 £ 
4120! 5 4)204 $ : 4 4 
5167120 5167|20 $ $ 
1|20|19 1/10 3 1 
Z|19IT 2119 2 2 
35 3120] oj10 pe 3120 3 6 9 3 
4l20| 5 4|20 4 4 
5|67]20 5167 5 5 
1/20|19 1/20 1 1 
2l19l15 2|19 2 2 
9 3l20| ofrr| 8 3|20 3 12%4 3 
4æ]20! 5 4|20 4 4 
51/67/20 5 167 S 5 
1/20 19) -! 1/20 I 1 
2l1olts 2119 2 2 
41 444 3/20] of12] 454 3/20 3 28| 2 43 
4l2ol 5 4/20 4 4 
5167|20 5167 5 5 
1120 19 1120 L: Fr: Li 
zl:9l15s 19 2 à 2 
Ni 3 3120] of13| 4 3/20 3 9110 + 3 
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586 MÉMoiRes DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
FÉVRIER 1777: 


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DES SCIENCES, 587 
OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
MARS 1777. 


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588 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
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DES SCIENCES. 589 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 


MAT 1777. 
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DES SCIENCES. 591 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
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592 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
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OBSERVATIONS DES BOUSSOLES: 
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s94æ MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
OCTOBRE 1777 


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DES SCIENCE.s, 595 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
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596 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


OBSERVATIONS DES BOUSSOLES. 
DÉCEMBRE 1777. 


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DES SCIENCES. 597, 


ESSAI D'UNE THÉORIE 
De la Réfiflance quéprouwe la Proue d’un Vaiffeau 


dans fon mouvement. 


Par M. LÉONARD EULER. 


C’°: ME la Théorie ordinaire eft uniquement fondée fur 
l'effet du choc de l'eau contre la proue, quoique fon 
frottement fur la furface du Vaiffeau doive produire un effet 
très - confidérable, comme j'ai fait voir dans un Mémoire, 
inféré au Volume VI des Nouveaux Commentaires, fous le 
titre: Zentamen Theorie de fridione fluidorum, W n'eft pas 
furprenant que cette théorie donne toujours la réfiftance trop 
petite, & qu'elle sécarte d'autant plus de la vérité, que 
l'obliquité du choc eft grande. Je crois donc qu'en tenant 
compte de l'effet du choc de l'eau, & de celui de fon frot- 
tement, on s’approchera beaucoup plus de la vraie théorie; 
car on verra, par l'expreflion pour la réfiftance que je vais 
déduire de ces deux effets réunis, que lorfque le choc de 
l'eau eft à peu-près perpendiculaire, la réfiftance fera auffi 
à peu-près comme le carré du finus d'incidence, & que dans 
le choc oblique, elle approche de plus en plus de Îa raifon 
du fimple finus, comme elle a été conclue par les expé- 
riences faites par M.° d'Alembert, le Marquis de Condorcet 
& l'abbé Bofiut. 

Pour combiner cette double fource de 1a réfiftance, je vais 
confidérer une proue angulaire, dont la feétion faite à fleur 
d’eau foit le triangle ilocèle ABB, auquel toutes les autres 
feétions horizontales foient égales. Soit À C l'axe de la proue 
qui partage la largeur B B en deux également au point C; 
& en mettant cet axe AC = a, les côtés AB — 6, 
Yangle BAC — «a, & la profondeur ou flottaifon 
Aa = Bb—= Ce c, on aura BC = b in a 


Lû 


le 24 Févr, 


1781, 


Fig. 1, 


Fig. 1. 


598 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


Que la proue fe meuve dans la direction C A avec une 
vitefle égale v, où v marque l’efpace parcouru en une feconde 
de temps, & en mettant g pour la hauteur par laquelle un 
corps tombe dans le même temps, la hauteur qui répond à 


A . n UV U n , . 
la vitefle v, fera exprimée par HrtfS ainfi, fi l'eau choquoit 


2 


perpendiculairement , avec cette vitefle v, fur la face AB ba, 
dont l'aire eft 2c, la force du choc feroit égale au poids d'un 
bcuv 


volume d’eau égal à 


. Mais puifque le choc fe fait 


= LR b fin. &°? 
fous un angle «, fa force fera exprimée par LR 
e 48 
fa dire&tion AN perpendiculaire à {a face AB; de-là il 
: 4 } : vu fin.æ? 
naît une force felon la direction AC égale à bc fin. &. Re 


o 
où bc finus & exprime la moitié de la plus grande largeur 


va fin. «*° 


B B, Le double de cette force 2 bc fin. & . , donnera 


1-2 


la partie de la réfiftance caufée par le feul choc de l’eau fur 
la proue, & cette expreflion convient avec la théorie ordinaire. 

Pour déterminer l'effet du frottement, je remarque d’abord 
qu'on ne fauroit douter que le frottement ne foit égal à 
une partie aliquote de toute la preflion que l'eau exerce fur 
la furface entière de la proue : or cette preffion eft produite 
par une double caufe, dont l'une eft la propre pefanteur de 
l'eau, & qui fur la face AB ab eft égale à +4 cc; Vautre 
partie eft la preflion que le choc exerce fur la même face, 


bcuu fin. « 


qui eft, comme j'ai fait voir, . En prenant donc 


48 


la fraction À pour la partie de la preflion égale au frottement, 
Abcuv fin. «* 


Ja force qui en réfulte fera Lab cc + RSA dont 


la direction eft la droite AB, ce qui donne pour la direction 
abco fin. &* cof. «& 
48 

double donne l'effet du frottement fur l'une & l'autre face, 


AC Ja force LAbcc cof. & +- , dont le 


DES SCIENCE=Ss. 599 
Enfin la bafe de la proue, dont l'aire eft 44 fn. & & la Fig. 14 
profondeur €, éprouve la preffion abc fin. &: d’où il naît 
un frottement dans la diretion même du mouvement, égal 
à A abc fin. & ; la fomme de toutes les forces qu'éprouve la 
proue entière, tant du choc que du frottement de l'eau, 
contraires au mouvement du Vaifleau, fera donc 


Bcfin. & 


«UV (fin. + À fin. & cof. a) + Abe (ccof. à + afin. 4). 


Pour faciliter l'application de cette formule aux expériences, 
s » 
On pourra mettre V — —, où 5 marque l'efpace parcouru 


par le Vaifleau , & 1 le temps exprimé en fecondes ; & 
puilque le poids moteur doit être égal à la réfiftance, pour 
produire ce mouvement , en le défignant par la lettre P, 
on aura cette équation, 


Ecfin.æ 55 
BE RUES (fin. & + Afin.acofæ) + Abc(ccof.a 1 afin. ), 
où P doit être exprimé par un volume d’eau du même 

poids; de forte qu'en mettant 140 marcs pour le poids d’un 

pied cube d’eau, on aura à peu - près 


P Bcfin.æ 55 j | 
PRE NENT 00 7T (fin.a° + Afin.& fa) + Abc(ccof.æ + afin. a). 


En fuppofant le choc direét, de forte qu'on puifle regarder 
l'angle « fenfiblement égal à 90 degrés, & fon cofinus 


x £ 2 bcfin.a3 EX 
évanouiflant , il y aura = =  Nabcina; 
140 2 £ 11 


& en négligeant le dernier terme, qui fera très-petit par 
rapport à l’autre, toutes les fois que la vitefle — eft confi- 
dérable , la réfiflance , rapportée à la plus grande largeur de 


-fin.& , & par conféquent 


la proue, fera bcfin,a . 
£ 11 


proportionnelle au carré du finus d'incidence, tout. comme 


34 


Fig. 2. 


bcfin. & 


6oo MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE RoYALE 


dans l’hypothèfe commune. Mais en fuppofant l'angle d’inci- 
dence très-petit, & cof.æ — 1,à peu-près, on aura 


.—— (ina + Mina) + Abc(c + afin.a); 
d'où lon voit, qu'à caufe de la petitefle de fin.« , cette 
réfiftance approche à la raïfon du fimple fmus ; au moins 
s'écartera-t-elle beaucoup plus de la raïfon du carré, tout 
comme on a vu par les expériences. L'expreflion qui vient 
d’être trouvée pour la réfiftance , fe rapporte donc unique- 
ment à la figure de la proue du Vaïfleau, & j'ai même fup- 
polé que la preffion de l’eau contre la poupe, contre-balance 
parfaitement celle qui agit fur la proue, tout comme il arrive 
dans l'état de repos: mais il eft clair, que plus le mouvement 
d'un Vaifleau eft rapide, plus l'eau aura de la peine à Îe 
fuivre, & partant la preflion fur la poupe pourra devenir 
confidérablement plus petite que celle que la proue foutient; 
il en doit réfulter une augmentation de la réfiftance d’autant 
plus grande, que le mouvement eft plus rapide. Outre cela, 
la poupe éprouvera aufii un frottement de la part de l’eau 
qui gliffe fur fa furface: or il femble trop difficile de déter- 
miner cet eflet par aucune théorie ; je me contente done 
d’avoir affigné la réfiftance que l’eau exerce fur la feule proue. 

Tout reviendroit ici à connoître la jufte valeur de fa 
lettre À, & il me femble qu’on pourroit la déterminer aflez 
exactement, moyennant quelques expériences faites de la 
manière que je vais indiquer. 

Soit AA, BB, un grand vafe rempli d'eau, & muni 
en bas d’un petit tuyau ouvert 2c, auquel on puiffe ajufter le 
tuyau CE, moyennant le col 2 C, qui, fans laïffer fortir l'eau, 
doit glifler auflr Jégèrement qu’il eft pofible fur le petit tuyau 
bc du vafe; & il eft clair que l'eau, en coulant par le grand 
tuyau BE, exercera, pour l’entraîner & pour le détacher du 
vale, une force qui pourra aifément furpañler le petit frot- 
tement du col BC für lorifice bc. Qu'on attache à ce tuyau 
ua fil qui, en pafant fur {a poulie Æ, porte un poidsp, 
capable 


D'Etst SUCIT El Nc: Es: Co. 


gapable de retenir le tuyau, & de vaincre la force de l'eau, 
ce poids fe trouvera facilement par quelques expériences, 
& diminué de leffet du frottement du grand tuyau fur le 
petit, il donnera a fraction À , puifque tant la preffion 
de l'eau dans le tuyau , que fa furface intérieure, peut être 
exactement aflignée : pour faciliter cette recherche, on tiendra 
le vale toujours rempli d’eau, afin que le mouvement foit 
uniforme aufli-bien que la preffion. 

Après avoir établi ici les vrais principes, d’où il faut tirer 
la détermination de la réfiftance qu'éprouve 1a proue d’un 
Vaïfleau, fans entrer dans la difcuflion de ce que la poupe 
y peut contribuer , je vais terminer ce petit Mémoire par 
l'application de ces principes à une proue de figure quelcon- 
que, déterminée par une équation entre trois variables. 

Soit la ligne À B fur la furface de l’eau, l'axe de la proue 
& la direction de fon mouvement, dont la vitefle — v:; 
foient les trois ordonnées AX = x, XY = y, YZ — 7, 
& l'équation pour Ja figure de la proue 07 = pox +- gdy; 
confidérons la feétion verticale de la proue ÆZ, faite perpen- 
diculairement à Y X’; foit ZE perpendiculaire fur £Z, & on 
aura Îa fous-normale Y L — L£ 4pg; donc; di LIN 
eft parallèle à Yx, ou perpendiculaire à la fe“tion, chaque 
droite IVZ fera auffi perpendiculaire à ÆZ. Concevons de 
la même manière une fetion verticale FZ, faite felon YF, 
& perpendiculaire à AY, de forte que Z» foit perpendicu- 


laire fur FZ, & la fous-normale Y Mfera — — se —=— 97; 


& en tirant la droite MN, perpendiculaire à ce plan, toutes 
les droites Z N feront auffi perpendiculaires à la courbe FZ. 
En complétant donc le parallélogramme MY LANTA 
droite Z N, perpendiculaire fur les courbes £Z & FZ,, fera 
auffi perpendiculaire à {a furface de la proue au point TRE 
partant MON EN pr, SL NE NME gér 
bre 2L = PEL TL) TV) app) : 
y aura donc dans Îe triangle rectangle ZLN, la droite 
Mém. 1774, Gegg 


Fig. 


à 


3° 


vv 


Fig. 3. 


” 
4£g aa+bb+aaccvw bbec Y(aa + bb) LE G Fe 42€ aa + bb + aacc + bh ce 


Co2 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


ZN — (1 + pp + gg), felon laquelle fa preffion 
de F'eau agit fur la proue. 

Pr Pc 
Va +rP +90) 
& l'angle, fous lequel la direction de Ia courfe eft inclinée 
fur la proue en Z — 904 . La force de l’eau felon 
ZN fera cof9 = Rs 

48 4€ L+PP +94 

l'élément de la proue, qui répond à l'élément dx0y, fera 


dDx0yV (x + pp + gg); d'où on tire Ja réfiftance 


. UV 3)x0 
qui naît du choc de Feau — RE ; 
4£ 1+pp +9 


Soit enfuite la preflion en Z, égale à æ, & on aura 


Soit l'angle ANZ — @, & on aura cof. p — 


f. À LA 
MORT RER ARS puifque la friction — à, fon 
48 
. À ; 
eflet contraire au mouvement fera "77, & l'effet 
V(rpP + 44) 
total de {a friction fera exprimé par 
paxdy Vi +pp+ qq) KM PP 
EN Ge AE een ns Ve APR ER 
JT V(PPr + 99) [x 48 1 + PP +9 2 


qui, ajoutée à l'effet du choc, donne la réfiftance totale de 
Ja proue en queftion. 

Si l'on veut appliquer cette expreflion à une proue pyra- 
midale ABCD , dont la longueur AB — a, la demi- 
largeur BD — b, & Ia profondeur CD — «, on al'équa- 
tion © —_ _ de =, & partant p — =, &q———" 
Donc, puifque p & g font des conftantes, l'expreffion pour 
Îa réfiftance totale fera 


B 6? Aacv (aabb+ aacc -+- bb cc) C7 bbe 


D'ens !SFCir + Nc Er, 6o3 


EXTRAITS de différentes Lerrres de M. EULER 
à M. le Marquis DE CONDORCET. 


47 — x" 


lx 
depuis x — o jufqu'à x — 1, eft — 7 —. 


L'INTÉGRALE de cette formule, dit, prife 


D'OR 
(5 + 47) La 


L'intégrale de cette formule , prife depuis 
: 1 | mr à 
x — o jufqu'à x — co eft— 7 .ung. ——, où æ marque 
l'angle de 180 degrés. 
Démonftration des deux Théorèmes précédens. 
Soir Q une fonction quelconque des deux variables x & y, 


& qu'on cherche Ia quantité Z, telle que / De == 


où il s’agit d’une doublétintégration; l’une où la feule x eft 
prife pour variable, & l’autre où la feule y varie; la première 
devra être étendue depuis x — o jufqu'àx — 1, & l’autre 
depuis y — o jufqu'à y — #: par la nature de telles for- 
mules, on aura donc d’une double manière ou Z — fdxfQ dy, 
ou Z—fd yf@QDx. Maintenant, qu'on fuppofe Q — x”, & 


x? 


I . , 
on aura f/Q0y — ne afin que cette intégrale 
évanouiffe lorfque y — o. Fe donc à préfent y — », & 
x"— 1 )ù 
vous aurons /Qdy = ——, & pen Z Ie / 
7 De 
enfuite nous aurons / en = ET qui évanouit lorf- 


que x — 0; pofant donc x — 1, il en rélulte/Qox = 

den Zi = ff — 1{y + 1), (expreflion 

qui difparoît lorfque x — o). Qu'on fafle donc y — », 

& lon auraZ — I(n - + 1) ; pa conféquent , il eft 
Gess i 


PICIERE 


+7 Nov. 
1775° 


2 Fév, 
17706 


mt 


604 MÉMOIRES DE ARTE ROYALE 
Fe ur 
LA 


certain que cette intégrale /° , prife depuis x — 0 


jufqu'à x — 1, et /{n + is 


Pour autre formule intégrale plus compliquée que je 


m—ypymr) 


« . AU 59 . ; x 
vous avois communiquée, j'avois fuppofé Q PTE CL EE 


de-là, prenant d’abord x conftante à caufe de 


my) En Pin lnde À m+yy xt 
J* WE [x PE 
x CARTE À 
on aura fe = Fer, 
ce qui devient — o pofant y — o. Faïfant donc y — », 
PLAT. n 
Ho: al DT 
& partant LT TR 
L'autre intégration donne PA 
APT LE LT 
PO (+ st") x 4 
dont l'intégrale doit être étendue depuis x — o jufqu'à 
*# — 1; or pour ce cas, j'ai démontré autrefois que cette 
L] . “ T ? 
intégrale fe réduit à cette forme, ; d’où nous 
zm cof. 
2m 
» LA dy 
ürons Z — f ——. Pour cette forme, pofons 
z m cof. 2 
L#1 MERE # ne L 
All PP avoir Z = f mL E fr TES z 


dont l'intégrale ef Z .tang. (45429), & partant z = /.tang. 
(451+ pe ); qui en effet s’'évanouit prenanty — o. Faifons 


donc y — #, & nous aurons Z — /.tang. (451+ — 


B'EISN SIC Ir -E Nc Es. 6os 
d'où il eft clair que fous les conditions préfentes, on aura 


TE MM )dx Ç depuis x = o T4 d 77 
Tree nn À — lang(45%+ 2) 
Par ces deux exemples, on verra aifément que cette fpé- 
culation mérite toute l'attention des Géomètres. La première 
idée qui ma conduit à cette recherche, étoit tirée d’un 


principe entièrement différent, que voici. J'avois confidéré 
(x —3)dx 
Lx 


cette formule f- , où au lieu de /x j'ai écrit cette 


(°] 
EX — 


valeur , €n fuppofant « infiniment petit, ou bien 


1x — (x — 1), en prenant pour ? un nombre infini- 


ment grand. Qu'on pofe à préfent x° — 7, ou bien 
x — 7', où il faut remarquer que les termes de l'intégra- 
ton x — 0 x —,1 {e réduifent à 7 —o & à z— 1; 
cette valeur étant fubitituée, transforme notre formule en 


fait ER, . i — . 
celle-ci, LE — ; or la fraction  — bien 
. fe réduit à la frie1+z+i ++. +g— : 


qui étant multipliée & intégrée, donne 


ai aiite ü *° gx ati 
ES ou da agen fn NE 7e Fret Ai Ni tte 


& pofant z — 1, la valeur cherchée fera 


dont la valeur eft 2 , de forte que [2 he *=0 ? 


1x jufqu'à x = 1 
et — 7/2. 
Pour démontrer Ia fomme de la férie trouvée qu’on appel- 


lera À, on n'a qu'à remarquer que 


606 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE -ROYALE 
VAE Fine are ER TT 
bei = + + NIUE I Es Fe Do + . 
—+ 


i+ +2 
Li 


Hu 
bo pe) HMS Re 


21— 1: 


Le 
le + D) ? 
1—i 


où, parce que Îa férie fupérieure contient deux fois plus de 
termes que l'inférieure, on n’a qu'a fouftraire chaque terme 
de la dernière de la fupérieure alternativement, & l’on aura 
AZIHIHS HT HS + Hz HS + ss Histo 


1 x 


LE A DE 2i—0 


L 1 URL CSA 
À Er 2 US nd $ &Ce 
ou bien 
AIRE ES — 5 + — + + Bec. — 7/25 


Autre Théorème. 


EN prenant les lettres 4, R, V N\, &c. pour marquer 
les coëfficiens d’un binome déve à à l'expofant ñ, de forte que 


Li x) — IRAN + Bat + ya + Art E &e 


on aura toujours 
10 14 4A—2 


a+a +R + y + + Bec. Fi, LÉ. — ÿ 


2 # 


par exemple, f2=.6) on aura a = 6,815 "20; 
2 05e — 6, é— 1, & les fuivans — o ; ; & partant on aura 


146 +1 +20 +15 +6 +r—Er.s.r. Lt, 2, 
dont la démonftration directe me paroît extrêmement difficile, 
Démonflration de ce Théorème. 
Sept En fuppofant 
"4770 . [EN # L 2 7 3 &c: 
CRE a Cor à en Ce dm À EE 


d'où fon voit que (—) = 1, aufli-bien que Es) & 


DES SctENCcEs. 607 


de-l if s’enfüit, que my —= Fate outre cela, il eft 


clair que la valeur de Ia formule (7 eft toujours égale à 


zéro , tant dans Îles cas où p eft un nombre négatif, que dans 
ceux où il eft un nombre plus grand que », ce qui s'entend 
des nombres entiers; enfüite , onfait que la valeur développée 
de ce caraëtère / =) ft? 1 2 3 ,.,—p+i : 
P Ha ME 3 4 ? 
Cela pofé, fi nous paffons aux coëfficiens de Ia puiffance fuivante 


=) + js 


PTS 


AH 1 
PH: 


(1+-27)"T",onfaitqu'on aura / 


de forte que réciproquement /_”_ 2 nt DL 
€ forte que réciproq Ga) ed = 
ajoutons ces deux équations enfemble, & nous aurons 
7 2 n 241 H—+ 1 7 +2 
GR EIRE) CE) 
de la méme manière, nous aurons 


fr en rie ere en re el Je 


cette équation ajoutée à la précédente, donne 


L 


ñn # ñn L] MHZ Ten 2Z 
mn À Pr au À reve Car nl CV ÉD, 
enfuite 
n ñ LA L1 PAS # +3 
er PCR Es 


qui, encore ajoutée à Îa précédente, donne 


Gl Ha) + 6) + #5) 


AE Ts 
7 15 #+ 3 A+ 3 D +4 
feet UE (ne? 


& de-h il eft aifé à conclure qu'on aura en général 


DE (EE). (= + (2). (EE 


RCE 
m n A+ M 
FRA Be (ET. 


7) 


FAHTE 


a 
Ci 


6o3 MÉMOIRES DE L’'ACADÉMIE ROYALE 


Voilà donc une progreflion bien générale, dont chaque terme 

eft le produit de deux coëfhciens de puiffances différentes 

du binome, dont le terme général peut être exprimé par la 
1/1 


4) 
formule /—).{ Re 
les nombres o, 1, 2, 3,4, &c. jufqu’à ce qu’on parvienne 
à des termes évanouiflans, la fomme de toute cette progref- 
fon fera infailliblement — {= ) — [= ), C'eft 
p+m n—p 
de-là que réfulte le Théorème que je vous ai communiqué, en 
faifant m — n, & p — o, de forte qu'il eft un cas infi- 
niment plus particulier, que la férie que je viens de fommer 
ici. Dans ce cas, on aura cette fommation, 
RE fa (EN Hu E Be, SE 
or cette formule développée donne 
27 2H—1 2H — 2 20— 3 Ê n'H0r 
e 2 a oi CNT PRES PAUIOE PEUT 
ce qui, comme il eft aifé à démontrer, eft égal à 


) , où mettant pour x fucceflivement 


27 D LOS BOULE 


CET UC) «à de TO CNP CE USE VO ÉORCME Te Cr TE © 


I eff fort remarquable que cette fommation a aufli lieu, {ors 

mème que les expofans m & n font des fractions quelconques, 

pourvu que par la voie d’interpolation, on puifle afligner la 

jufte valeur de / ee ); & file développement n'a pas lieu 
mt 


dans ce cas, il faut recourir à des formules intégrales : or 


Li . 
ofant pour abréver /— — ujours 
P P éger /— “, on aura toujou 
re) € us [arte x de x{—10 
m+p FT Jar Pdx [au TPDx { om C 


or, fi À marque un nombre entier pofitif quelconque, on fait 
, = À \ . 
qu'il yaura /4 0x — 1.2.3.4..,X, & de-là on tirera 
À 
Fox (A + 1)/z" 2x, 


(A H 1).(A + 2)fu'2x, &e. 
& cette 


{4 


[fe dx 


DES SCIENCES. 609 
& cette réduétion aura toujours lieu , quelque nombre qu’on 


prenne pour À. Prenant donc À — —— }, j'ai démontré 
2 dx 
autrefois qu'on aura f—— 1 OAV e = Lx, 


x défignant la circonférence d’un cercle, dont le diamètre — r, 
Maintenant, fi lon met "» — » z0p —= o, puilque les 
coëfliciens de {1 + 7)* font 
1.1 10.3 11.3:9 
LR — — ——— — — 
s 2.4 En 2.4.6 2.4.6,8 + &c, 

nous en tirons cette férie des carrés, 

1,1 


2.4 


1:1:3 


eo el Mots (Es) 2 deg 


“dx : 
RE = +, à caufe de 
fudx — 1 & foxVu — IV x, ce qui s'accorde par- 
faitement avec la fomme qu'on trouve par la voie de 
l'approximation. 


dont Ia fomme fera 


J ’AI cru pouvoir joindre ici une autre Démonfiration de 
deux des Théorèmes précédens, quoique la méthode qui y 
eft employée foit fort inférieure à celle de M. Euler; mais 
il peut être quelquefois utile de voir comment différentes 
routes peuvent conduire aux mêmes vérités. D'ailleurs M. 
Euler ayant daigné honorer ces recherches de fon approba- 
tion, c’eft lui donner une marque de mpn refpect que de les 
rendre publiques. | 


: 5 TT ra ; 
Soit la fonction f _ —, & qu’on l'intègre en férie par 


Ja méthode des intégrations par parties, on aura 


x dx 2 Pre y 1 2 2.3 
pr e-Trn nr der: SRE 7 LOS 
Ainfi la valeur de cette intégrale, prife depuis x — B jufs 
qu'à x — À; fera , 

Mén 1778, Hhhkh 


610 MÉMoiREs DE L'ACADÉMIE RofrALE 


FE : 2 2:3 t 

(5) $ dr: SE m° 1B* GI m'4B Fe mtlB* .) 
1 I 2 Ch: 

A A CE "TP EN" T7 TELE” 73" ../ 


Pour avoir maintenant la valeur de cette fonction en #, 
je la différencie par rapport à m, & j'ai pour fa valeur 


dm dm 20m 2.30m 
mt 
MS DRE ET: m1B* mtiB °°? 
dm 20m 2.30m ) 
m'1B m° LB? néËs je sue 
A". dm dm! 20m 2.30m 
{ m m1 À UTP EURRN"c77 Ie 
dm 20m 2m 
ml A m° 1 A° mtl A5 d? 


valeur qui fe réduit à 
(B" — A").", 
La valeur de {a férie (S) fera donc 
JB" 4"). + CG; 


& fi on fappofe À — 0 & B— 1 fe +C—=im+ €, 

C étant une conftante indépendante de m", par la même 

faifon, on aura pour valeur de f 2 À #2, prife depuis 

x — 0 jufqu'à x = 1, là fondtion In + C; donc Ia 
dx 


A — x $ . . \ 
valeur f Ton ri prife dépuis x = o jufqu'à x = 1, 


fera Zn — 1m où 1, 


On feroit parvenu à la même conclufion, fans employer 
les féries ; en effet, le Problème fe réduit ici à trouver 


B"  B A7 DA 
a = AE à à 


MES SLOU'E ANCES 1x 

or, différenciant cette fonétion par rapport à #1, elle devient 
— — 1! d 1 

J(B"7'2B — A” .2A),0m—(B"— 4"). —, 

comme on l’a trouvé ci-deflus. 


. On auroit auffi trouvé immédiatement en cherchant que la 
valeur de 


que cette fonction différenciée par rapport à n & à mi 
devient 


1 dn me -am dm 
(B" — A). er es (B — À"). —, 
dont l'intégrale eft, lorfque B — 1 & A—0, 7 — + C; 
mais pour le cas de m — n, il eft clair que cette intégrale 
doit être zéro; donc € — 0; donc l'intégrale cherchée, 


eft égale à 7 —. 

Soit en général une fonétion f Xdx, que X contienne des 
conftantes indéterminées #, m .... & qu'on cherche des 
valeurs de fX dx, prifes depuis x — À jufquàx — 2, 
la valeur de cette fonction fera égale à l'intégrale de 


x ) x >X 
LB) -fCÈ2A) om + [(É2B)-N Sd A) on. 
prife par rapport aux m, #... ainfi toutes les fois que les 
LA 
on. 
ci-deffus fera débarraflée de fignes d'intégration, & Fon 
pourra chercher pour quelles valeurs de À & de B, elle 
devient intégrable, 
* Sur quoi nous obferverons 1.2 que comme il faut ajouter 
une arbitraire à cette intégrale, dans le cas où l'on n'auroit 
pas des moyens de la déterminer, ce ne feroit pas la valeur 
de [X dx, prife depuis x = Ajufqu'à x — B, qu'on pour- 
roit trouver par cette méthode, mais celle de f/X'dx—X2 x}; 

Hhhh ij 


5 2 X 1 
fonctions act dx, feront intégrales, la formule 


612 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 

X" étant ce que devient 4”, en y mettant au lieu dem, n.,,7 
{2 ‘4 

ML aie le 


. y» . A x" 
Par exemple, foit repris l'exemple ci-deflus, où X= —— ; 


nous avons / È es — 1m + C, il eft clair que lorfque 
m — 0, lavaleur de l'intégrale eft //.1 —— /].0; or elle eft 


auffi /o +- C ; donc à caufe de /1 —o,onaC——7/1.0, 


se d x 
& f la 


connu la valeur de l'intégrale pour une particulière de #, C 
feroit refté inconnu ,_ & la méthode n’auroit. donné aucun 
réfultat, au lieu que même, lorfqu'on ne peut connoître €, 
elle auroit toujours donné 


SR 
2.° Que pour trouver, par cette méthode, la valeur de 
f[Xèx; il faut que pour fatisfaire à l'équation 
LB. 4 
iFress dx) Jo» == JAY, 


on ne foit pas obligé d'ajouter à la première intégrale, prife 
par rapport à ", une fonction de x; d’où il réfulte qu'il y a 


— Îm — /1.0; mais fi on n'avoit pas 
LA 


a RS NE Ep ae 


m' 


encore une infinité de cas où la méthode ne pouvant être 
employée à trouver fX0x, peut l'être à trouver //X7— X)0x. 


3° Que pour réduire l'intégration de f/ X'd x à celle de 
fi [LC 22 jox] Î dm, il fuffit de favoir intégrer f{ 22 )0x; 
mais par la même raïfon, l'intégration de /{ 2e ) 2x 
dépendra de l'intégration de [( es ).2x; en forte qu'en 


ste P : vx 
général, pourvu qu'on puifle trouver f ur #1 on pourra 


DES SCIENCES. 613 
faire dépendre l'intégration de [ X 0x, d’intégrales prifes par 
rapport à #1. 

Démonffration du fecond Théorème. 
Soit maintenant la fonélion 
(i+ = i+ À" + Ad'Ê + 4"... 
en forte que le coëfficient de 7” foit 4””, nous avons à 


prouver que 


1 SES PUS Re ES TT ; 


Tele LE 


mettons # — 1 à la place de #, & faifons 


PME EN AE CS =, 
nous aurons 
LÉ AZ he ETC APAET RME 
ia AAA Là A" A-Ar 
+ A À + AA" 


2,6.10....4n + 2 Z.4an + a 
— er > 
Tadboonc een el D EI 2 


mais 
AA = u,A/4 = À) AA =. A"... 


donc nous aurons 


x + AH A? PE) PEL een) 


CE 
NAN A AS PAT AT 
+ 1 + À? + À”, 
ou 
(4 1 AN 1H AM AS, Z.4an+s : 
22+ 2 . (A + AA" + AA PET 
d'où 


(a+ 1). (A + A'A' + A'A"..….) 
= u.(1 + A? + A + Aou): 


614 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 
or nous avons 


x A1 #H— 1 
AE TA As , AA A. 


AU , À! di — A": 3 MAT A" — A"? ; 


Subffituant ces valeurs dans PE ci-deflus, elle devient 


Due 


FINIS 


s AIR ire s 2e ef 


LÉ EAPeT NE 


+ 


n+it n— 2 


# n—1 » n— 1 
j = .a À! } Tu : aA'= 


3 3 d'A": HE 


ns 


= pe AE AUS AA rm 


a, d', a’, a”.... étant des coëfñciens indéterminés; d'où 
comparant terme à terme, & faifant 


Ses ESS, ns. me 
= PL AL M AACONR ME 
ñn +1 CES 2+i1 2+i1 


os) 


en conclüera l'identité des deux formules. 


Cette manière d'employer la méthode des coëfficiens 


indéterminés peut facilement s'étendre à différens Théorèmes 
du même genre, 


Mem.: de l'Ac.R:des Sc: An 2778 lag 614. PLAIT, 


Û 


4 
AY 


LIT 
241 
i 


mr 


MESSIEURS DE LA SOCIÉTE 
Royale des Sciences établie à Montpellier, ont 
envoyé à l’Académie le Mémoire fuivant, pour 
entretenir l'union intime qui doit tre entre 
elles, comme ne faifant qu'un feul Corps, aux 
termes des Statuts accordés par le Roi, au mois 
de Février 170 6. 


MÉMOIRE DE MINÉRALOGIE. 
Paz M MONTET. 


[: s'agit principalement dans ce Mémoire de faits minéra- 
logiques, & le canton dont il eft fait mention dans ce 
Mémoire , eft en partie calcaire, & en partie brulé ancienne- 
ment par un volcan maintenant éteint : la partie calcaire 
avoifine toujours la partie brülée, & derrière celle-ci font 
des montagnes fchitteufes ; c’eft ce qui fera démontré par les 
Oblervations fuivantes. 

En allant de Ceyras à Clermont, en côtoyant la rivière 
de Lergue, on ne voit que rochers, qui, pour la plupart, 
font calcaires, & plufieurs autres de la nature du grès , rochers 
qui fe rencontrent dans bien d’autres pays, ainfi mélangés 
avec les rochers calcaires , maïs qui n’y font , fi on peut 
parler ainfi, qu’accidentellement formés: il en eft de même 
des rochers de poudingues qu'on rencontre en montant par 
le chemin qui eft à côté du: château de Clermont, & qui 
conduit au grand chemin de Lodève; ce chemin, qui n’a 
guère qu'une demi-lieue de longueur, n’eft qu'une roche 


Préfenté 
en Mai 
1781. 


616 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


calcaire remplie de coquilles, & les autres rochers font des 
poudingues. Le territoire de Saint-Félix, qui eft au-delà, 
ne renferme que des rochers calcaires, dont le plus grand 
nombre n'eft qu'un amas de coquilles de différentes efpèces: 
un endroit nommé la Racaffe, & qui eft du côté de Clermont, 
renferme des huîtres fofliles très-bien confervées, qui ont un 
pied de longueur, & dont les deux battans font parfaitement 
unis enfemble; elles font enfevelies dans du gravier ou dans 
du fable, & quelquefois dans de la glaife ; celles qui font 
dans le fable fe font mieux confervées que les autres. Près 
de Saint-André, dans un terrein graveleux, fe voient d’autres 
huîtres d'environ un demi-pied en longueur; elles font mé- 
langées dans la mine de gravier à beaucoup de cailloux, 
auxquels elles adhèrent rarement, & la plupart avoient leurs 
deux valves; ces valves fe détachent cependant aifément par les 
coups de pics doft fe fervent les Ouvriers qui tirent du gra- 
vier de ces endroits, pour les travaux journaliers : ces grandes 
huîtres font aflez unies, n'ont ni tubercules ni éminences, au 
lieu que celles qui fe trouvent près du Peyrou, promenade 
de Montpellier, en font hériflées, & reffemblent beaucoup 
aux huîtres qu'on pêche dans fa Méditerranée, & qu'on mange 
à Montpellier. Toutes ces grandes huitres fofliles font très- 
abondantes dans tous {es endroits où l’on en rencontre, & 
principalement à l'une & l'autre rive de l'Érau , pendant 
cinq à fept lieues de fon cours, depuis fon entrée dans Ia 
plaine de Gignac jufqu'à Pézenas & Agde, où elle forme le 
port de cette dernière ville ; elles fe trouvent dans toutes 
fortes de terreins, & toujours dans fa plaine ou dans des 
vallons peu élevés , qui ne font pas éloignés de Ia mer de 
plus de fix lieues, & elles y font abondantes. On obferve 
tous ces faits dans une étendue de pays de plus de vingt 
lieues en largeur. Je ferai remarquer que ces huîtres ne font 
as de nos mers, on n'en trouve point du moins d’analogues 
dans fa Méditerranée ; il femble cependant qu’on peut rap- 
porter à celle qu'on y pêche, une qui eft foffile, & qu'on 
trouve à Cournonterral, gros village à deux lieues & demie 
de Montpellier ; 


pi m81:810 48 IN: GE GS 617 


de Montpellier; elle fe tire d’une mine de fable exploitée 
près de Beaulieu, maïfon de campagne de M. Angelin, & 
qui touche le village de Cournonterral. En remontant Ja 
rivière de l’Érau jufqu'aux Sevennes, dans l'étendue. de 
douze à quinze lieues, on rencontre encore des fofiles, 
mais ils manquent dans les rochers qui dépendent des mon- 
tagnes véritablement renfermées dans les Sevennes, qui font 
vis-à-vis de Montpellier, & dont les eaux viennent fe rendre 
dans {a Méditerranée. 

Il eft donc prouvé, par ces obfervations, qu'il y a une 
fuite de montagnes qui renferment principalement des matières 
calcaires & des corps marins foffiles: on va voir par les obfer- 
vations fuivantes, que ces montagnes avoifinent un canton qui 
a été brülé, & qui eft rempli de matières qui ont fenti les 
effets d’un feu forti d’une montagne, qui n’eft plus mainte- 
nant qu'un volcan éteint. 

Ce volcan eft à peu-près dans la même direction de 
ceux de Pézenas & d'Agde, c'eft-à-dire du Levant au 
Couchant; il n'en eft éloigné que d'environ quatre lieues. 
La montagne qui a été brülée fe nomme maintenant montagne 
de la Borio ; elle a environ une pente de vingt degrés : cette 
montagne fait partie de cette chaîne de montagnes , qui a 
une bonne lieue d’étendue, & qui s'étend jufqu'au pont de 
Cartel, où paffe {a rivière de Lergue, qui fait prefque le 
tour de {a montagne, dont le penchant eft vers Ia plaine de 
Salagons. La lave fe trouve dans l’efpace d’une demi-lieue, 
fur le penchant de cette montagne, où elle eft en morceaux 
difperfés çà & là, détachés les uns des autres, d’une groffeur qui 
n’eft pas confidérable, d’un noir tirant fur le gris, de différentes 
figures, ne laïffant apercevoir extérieurement ni intérieurement, 
étant même brilée en petits morceaux, aucune efpèce de ma- 
tière criftalline, conféquemment point de fchor, ni de zeolithe; 
elle eft un corps uniforme, homogène dans toutes fes parties, 
on peut du moins l'aflurer pour tous les morceaux qu'on a 
examinés : il y a de ces morceaux qu'on prendroit pour du 
mâchefer , à caufe de leur figure & de leur conformation. 


Mén, 1778 Jiii 


613 Mémoires DE L'ACADÉMIE ROYALE 


La montagne de Ia Borio penché d'un côté, comme on 
Va dit plus haut , fur la plaine de Salagons : cette plaine eft 
immenfe ; elle renferme plufieurs côteaux, fur lefquels font 
les uns ou les autres des villages de Liauffon, Lous-Bally, 
Celles, Pradines & autres: cette plaine eft arrofée par une 
petite rivière qui porte le même nom, & qui va fe jeter 
dans Ja Lergue. Quelques terres de cette plaine, fur-tout à fa 
partie baffle, font propres à la culture, mais en général ces 
terres ne paroiflent pas devoir être d'une grande fertilité, 
vu Îa nature de fon fol; ce qui femble le prouver, c'eft que 
fes parties montueufes ne produifent que des genêts, du buis 
& quelques autres arbrifleaux, encore font-ils d’une chétive 
venue. 

Ce fol eft d’une terre rouge, qui, étant mouillée, prend 
une couleur plus intenfe, ce qui donne à cette plaine, lorfqu’il 
a plu, quelque chofe d’agréable; elle eft dans le voifinage 
& dans le lieu même du volcan, d’une couleur moins vive, & 
même tirant fur le brun; en général, elle reflemble beau- 
coup à la pouzzolane qui nous vient d'Italie, & il y a lieu de 
croire, qu’en faifant des fouilles dans les parties où le volcan 
ayant fait fes plus grands eflorts, lors de l’éruption, l'a jetée 
fur les deux penchans de la montagne , l'on en pourroit 
trouver d’aufli bonne que celle que l’on tire de étranger. 

I ne faudroit pas confondre cette terre rouge, qui a tant 
de rapport à la pouzzolane, avec une qui fe trouve auprès 
du pont de la Marguerite, autre petite rivière qui fe jette 
dans la Lergue ; cette terre rouge eft éloignée du volcan d’une 
grande lieue de Languedoc, & ne tient point à la chaîne de 
la montagne volcanique, mais élle eft dans la même direction, 
& en eft féparée par la rivière de Lergue, dont elle eft 
éloignée d'une demi-lieue. Quand on eft donc arrivé au pont 
de la Marguerite, qui fait la démarcation entre deux terreins 
bien différens , on trouve fur la partie droite, en venant de 
Lodève, un petit monticule qui s'étend affez loin, compofé 
d'une terre rouge en mafle qui fe délite & s’émie aifément, 
N'ayant que trois ou quatre lignes d’épaifleur dans fes lits; elle 


MNEr SH EOICE: NiCLELs 619 


n'eft dûe qu’à un fchitte décompolé ; on entend par fchitte 
décompolé, celui qui a perdu fa couleur primitive, & qui, 
en tombant en efforefcence à la manière des pyrites expolées 
à l'air, fi on peut s'exprimer ainfi, devient rouge par une 
caufe quelconque, ou par l’action du feu, ou par l'acide dont 
il eft imprégné, ou concurremment avec celui del’air, que les 
Chimiftes ont appelé Phofphorique, 

Cette terre étant mouillée devient d'un rouge plusif que 
celui qu’elle a lorfqu’elle eft sèche ; elle eft dans ce dernier 
état d’un rouge obfcur, très-analogue à celui du bol d’Ar- 
méhnie , elle apte légèrement à Ia langue : employée à a 
décompofition du nitre, elle a les mêmes propriétés que celles 
des terres bolaires, dont les D'iftillateurs fe fervent pour faire 
Feau-forte ; on retire autant d'acide nitreux qu'avec celle 
dont ils font en ufage de fe fervir; donc il eft probable qu'on 
peut conclure que le grand nombre de ces terres rouges qu'on 
voit dans ce canton, ne font qu'un fchitte décompolé par 
l'acide vitriolique ; & ce qui-paroit le prouver, c’eft que cet 
endroit, & toute la chaîne de montagnes où il fe trouve placé, 
n'ont aucun indice de volcan , & que les rochers de {chitte 
qui font les plus élevés fur ces montagnes, ont leur forme 
primitive : ces terres traitées avec le flux noir & l'huile don- 
nent quelques grains de fer, ce qui eft contraire à ce que 
M. de Genffane rapporte dans fon Hiftoire minéralogique du 
Languedoc, où il dit à l'article du diocèfe de Lodève, que 
ces terres qu'il appelle terres rouffätres, n'en donnent aucun 
indice, à 

Uneterre femblable & les fchittes, dont elle eft une décom- 
pofition, ne peuvent qu'être facilement pénétrés par l’eau des 
fortes pluies; auffi cette terre s’éboule en partie dès qu'elle a 
été profondément humeétée par l'eau de la pluie qui la divife 
en parties très-fines : les chemins qui en font couverts, dès 
que l'eau les a pénétrés | deviennent peu praticables ; les 
roues des voitures s'y enfoncent, & on a peine à les en 
retirer ; elle fe détache auffi difficilement des roues , elle s'y 
aîtache fortement. L'eau dela Lergue, dans ie temps d’inon- 

T11 I] 


620 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


dations, en eft rouge, elle y eft apportée par les eaux des 
torrens & des petites rivières qui s’y jettent, & au moyen 
de la Lergue, elle colore J'Érau qui la reçoit au-deflous de 
Brignac & au-deflus de Canet; c'eft ce qui n'arrive point 
lorfque l’Érau déborde, gonflé par les eaux qui viennent des 
Sevennes, où l'Érau prend fa fource, à la montagne de l'Af 
gonal, n’y ayant point de terre femblable dans ce canton des 
Seventiis : cette différence dans la couleur de cette rivière 
ne laifle aucun doute aux habitans de Pézenas, voifins -de 
J'Érau , d'où l'inondation de cette rivière peut venir lorf- 
qu'elle fe déborde, 

Non-feulement, cette terre rouge eft emportée par la rivière 
de Lergue, mais elle roule encore des pierres de volcan 
qui y font également portées dans le temps des grandes pluies; 
ce font ces pierres que l’on trouve dans les environs de 
Ceyras, que cette rivière laifle fur fes bords, & dont les 
habitans de cet endroit bâtiflent les murs qui bordent le 
chemin, ou qui font la clôture des terres: on voit parmi ces 
laves des morceaux de bafalte prifmatique , dont les angles fe 
font encore apercevoir, quoiqu'ils aient été roulés par les eaux 
de cette rivière, qui en a feulement émouflé quelques angles. 
Ce bafalte reflemble aflez par fa figure à celui qui eft à 
Moûtferrier, où l’on trouve même au milieu du village un 
grouppe de plufieurs colonnes de bafalte à plufieurs faces : 
dans le grand nombre de laves de ce pays, qu'on peut avoir 
examinées, celle de Montferrier feulement eft attirable à 
l'aimant: le fer s’y trouve avec tous fes principes conftituans; 
celle de la plaine de Salagons étant pulvérifée , n'eft point 
attirée par l’aimant ; elle ne fait aucune effervefcence avec les 
trois acides primitifs, & ne fe vitrifie que difhcilement 
fans addition. 

Les endroits, dont on a parlé jufqu’à préfent, qui donnent 
des indices de volcan, ne font pas les feuls de ce canton qui 
font voir de ces indices : on en voit qui ne font pas équivoques 
dans les environs du village de la Cofte, fitué au-delà de la 
rivière de Lergue, en allant à Clermont, & qui eft prefque à 


DES SCIENCES 621 


l'extrémité d’une petite montagne fituée à un quart de lieue 
de Clermont. Les muraïlles des maifons & celles des terres 
qui font en amphithéâtre , font bâties en laves: il y a de ces 
laves qui font poreules, perfillées fur toutes leurs furfaces, &c 
fort légères : la terre des environs eft brune, elle eft rouge 
& femblable à celle dont on a parlé plus haut, avant d'arriver 
au pont du Cartel, où l’on pafe la rivière de Lergue; & 
cette terre fe voit dans une Îieue d’étendue. On trouve 
encore depuis ce pont jufqu'à Lodève de ce fchitte décompolé 
& femblable à celui qui touche Îe pont de la Marguerite; il 
eft feulement en moindre quantité; il paroïît feulement moins 
rouge que celui de la plaine de Salagons : on ne remarque 
dans tout ce trajet aucun veftige de volcan. 

Ces cantons brülés ou qui donnent des indices de volcans 
éteints , font, comme on l'a dit au commencement de ce 
Mémoire, placés entre des montagnes calcaires & d’autres mon- 
tagnes qui ne font compofées que de fchitte. I nous refte à faire 
voir quelles font ces dernières fortes de montagnes. Le fol où 
coule la rivière de Lergue n'eft ordinairement que de fchitte 
très-dur ; & ce qui eft à remarquer dans ce terrein fchitteux 
du diocèfe de Lodève, c’eft qu'il eft uniforme & entièrement 
homogène. Les chaînes des montagnes ne font point mélangées 
par d'autre efpèce de rochers , comme dans les Sevennes, où 
les fchittes font fouvent interrompues ou précédées par des 
granites, & où lon peut dire que le terrein fchitteux & 
graniteux marchent enfemble : c’eft tout le contraire à Lodève 
& aux environs, où l’on ne voit que du fchitte fans aucune 
efpèce de granites. Aux approches de Lodève, on trouve à 
droite & à gauche du chemin des montagnes dont fes rochers 
font prefque perpendiculaires à Fhorizon , fur-tout ceux 
de la partie droite & qui eft tournée vers Montpellier : 
toutes ces montagnes font en amphithéätre & très - bien 
cultivées ; les terres y font foutenues par de grands circuits 
de murailles; les terraffes en amphithéätre ne font pas d’une 
grande largeur ; elles n’ont pas fouvent deux toifes dans cette 
dimenfion ; elles font plantées de vignes & d'oliviers jufqu'au 


622 MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE 


fommet des montagnes ; quelques - unes de celles qui font 
expolées au nord ont.des châtaigniers ; toutes ces montagnes 
ne font compolées que d’ardoifes, qui eft une efpèce de 
fchitte ; on en exploite plufieurs carrières ; on en tire de 
grandes tables : cette ardoife fe délite par couches minces ; 
& en général elle eft d'un grain plus fin & plus uni que 
celle des Sevennes, mais plus gris ; Îa plupart des maifons 
de Lodève en font couvertes. Lodève eft fitué entre ces 
montagnes, qui y forment une gorge ; la rivière de Lergue 
la traverfe ; cette rivière prend fa fource à quatre lieues plus 
haut que Lodève ; les montagnes font fi reflerrées les unes 
contre les autres & fi élevées, qu’il y a prefque toujours des 
nuages à leur fommet, qui fe rélolvent fi fouvent en pluie, 
qu'on dit proverbialement qu’il y pleut toujours. 

Un des avantages que la connoïflance de la Minéralogie 
peut procurer & qu’elle procure en effet, eft la connoïfiance 
de la bonté des terreins : c’eft ce qui a engagé à rapporter 
dans le cours de ce Mémoire quelques remarques qu'on avoit 
faites à ce fujet; je le finirai par deux autres qui peuvent 
être d’une utilité prochaine à plufieurs cantons de la France, 
On dira donc qu'au village de Saint-Jean de la Blaquière, 
qui n'eft éloigné de Lodève que de deux lieues, & près de 
la petite rivière de ia Marguerite, on cultive une forte de rofier 
communément appelé rofier de Provins ; & ce qui peut être 
encore plus utile de favoir, l'efpèce de genêt appelé par 
Linné , fparte à branches flexibles comme le jonc, fpartum 
junceum. Le terrein où l'on cultive cette dernière plante eft 
des plus mauvais & des plus arides des environs de ce 
village : on prépare la terre par quelques labours ; on y sème 
enfuite la graine de ce genêt comme l’on sème le blé; on 
le laïffe enfuite trois années fans le couper. A cette époque, 
on le coupe au mois d'Août, & on en fait des fagots de 
cinq à dix livres, qu'on laïfle fécher : quand ïls font fecs, 
on les bat avec une mafle ou un billot de bois fur le pavé, 
& on les porte tout de fuite à la rivière pour les y faire 
tremper , en les aflujettiffant au moyen de pierres qu'on met 


DES | SCrLENCES 623 


deffus ; on les y laifle pendant neuf jours; on les en retire 
enfuite, ce temps fuffifant pour les rouir au degré néceffaire ; 
on les met fécher à l'air : font-ils fecs, on les peigne avec des 
peignes de fer pour en féparer le tiflu filamenteux de la partie 
parenchymateufe ; on repeigne enfüite les filamens pour 
dégager la partie la plus fine de ces filamens de celle qui eft 
groflière ; on*en fait des paquets qu'on donne à filer: ce 
fil fert à faire des toiles propres à être employées en draps, 
ferviettes & autres uftenfiles de cette nature; la plus groffe 
toile eft employée en draps pour les ufages de la campagne; 
celle qui eft la plus fine fert à faire des ferviettes & des jupes, 
qui font d’un bon ufer & très-belles : lorfqu’elles font blanchies 
feulement par les leflives, il y en a qui paroïffent égaler en 
blancheur & en fnefle celles qui font faites avec le beau 
chanvre. E 

Une autre utilité de ce genêt , c’eft que la repouffe qui 
vient après la coupe que l’on en fait au mois d’Aoùût, eft 
donnée à manger aux troupeaux pendant l'hiver, autre 
avantage, qui n'eft pas fans mériter quelqu’attention dans 
l'économie rurale; & en général la culture de cet arbriffeau 
en mérite d'autant plus une, qu'il dure long-temps, & qu'il 
n'a befoin que de quelques légers labours ; ce qui devroit 
faire étendre cette culture plus qu’elle ne left même en 
Languedoc. Il paroït qu'elle n’y eft fuivie que dans le 
voifinage de la Blaquière & dans quelques hameaux des 
environs. On devroit d'autant plus s'y adonner dans le 
diocèfe de Lodève , que les mauvais terreins ÿ font très- 
communs, celui fur-tout de la terre rouge de la plaine de 
Salagons, dont on a parlé. Puiflent ces réflexions ouvrir les 
yeux des habitans du diocèfe de Lodève & des autres 
endroits de la France, qui demeurent dans des pays dont 
le fol eft femblable à celui où le genêt eft cultivé, & les 
engager à fe donner à cette culture , qui ne peut que leur être 
très-avantageufe & très-utile ! 


FIN. 


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no 
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