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HISTOIRE
DE LA ROSE
CHEZ LES PEUPLES DE L'ANTIQUITÉ
. ET CHEZ LES MODERNES.
DESCRIPTION DES ESPÈCES CULTIVÉES. CULTURE
DES ROSIERS. PROPRIÉTÉ DES ROSES, ET
LEURS DIVERSES PRÉPARATIONS ALIMEN-
TAIRES , COSMÉTIQUES , ETC. , ETC. .
” à
Par M. 1e Marquis, ne CHESNEL, creurenanr-coconen
DE LA LÉGION INFANTERGE LECÈNE DES PYRÉNÉES-ORIENTALES;
* MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉÈTES SAVANTES , ETC.
PRE "JE
LIBRARY La Rose est la fleur chère aux Dieux :
NEW YORK Dans ses cheveux Hébé la pose ,
BOTANICAL Et le nectar qu’on boit aux cicux
GARDEN N'est rien que le suc de la Rose.
P. +. PRE
TOULOUSE ,
BE L'IMPRIMERIE DE F. VIEUSSEUX , RUE S.-ROME, N.° 46.
NANARARAANNRARA
4:32 1920;
En 1814, je communiquai à la Société Philomatique
de Bordeaux , quelques articles de l'ouvrage que je publie
aujourd'huë : ils furent consignés dans le Bulletin Poly-
mathique du Muséum d'instruction publique. Depuis cette
époque , j'ai ajouté à mon plan primitif l'insertion de
plusieurs fragmens de poésies dont j'ai fait choix parmë
celies d'un grand nombre d'auteurs , et qui m'ont paru
<onner un nouvel attrait à mes recherches.
;
Cest à vous que joffre cet ouvrage , sexe
charmant , toujours aimé, et si digne des
hommages qu'on vous rend. Mon but était
de vous plaire en moccupant du choix du
sujet qui devait exercer ma plume ; vous avez
été présent à ma pensée, tant que j'ai décrit
la Reine des Fleurs ; et j'ai rencontré votre
image partout où j'ai trouvé des Roses.
La Rose des champs #'a offert la jeune et
naive pastourelle, dont la fratcheur et Les
graces brillent du seul éclat que leur donne
la nature : dans la Rose pompon , j'ai vu La
Jille sémillante qui semble croître sous l'aile
de l'amour, et dont les regards commencenE
à s'animer par les douces impressions dun
désir encore vague; la Rose blanche a été
pour moi l'embléme de la beauté sévère qui,
parée des charmes du printemps, repousse Les
baisers du zéphir, et réserve ses faveurs pour
l'hymen; j'ai admiré, enfin, dans la superbe
Rose d'Hollande , /a femnie embellie de tous
les dons qu'elle à reçus des dieux, et qui
respire le plaisir et la volupté.
(C4)
11 %), pas tenu à ma volonté et à ma pa-
tience, Mesdames , si je n'ai réuni dans ce
livre tout ce qui a été dit sur la Rose , et së
je nai rapporté toutes les comparaisons gra-
cieuses auxquelles elle a donné lieu et dont
vous êtes constamment l'objet. Il aurait été
plus flatteur pour moi , sans doute, de pein-
dre ce que vous minspirez sans recourir aux
éloges d'autrui : mais n'avais-je pas à crain-
dre‘ de rendre faiblement ce que je ressens .
vivement ? mon pinceau aurait-il été digne du
modèle ? La femme, ainsi que la Rose, est
un être délicat qu'on doît traiter avec ména-
sement : un brusque attouchement ternit l'éclat
de la Rose ; un crayon mal exercé profane
les attraits d'une femme.
Pour épargner à mon ouvrage une partie
du danger auquel il serait exposé, veuillez,
Mesdames , le prendre sous votre égide; si
l'on attaque les Roses que vous défendrez,
ce ne sera quavec les traits de l'amour,
et je consens volontiers à recevoir leurs
blessures.
(5)
AVERTISSEMENT.
AUTANT qu’il a été en mon pouvoir, j'ai écarté
de mes descriptions tous les termes qui n’eussent été
compris que d’un petit nombre de lecteurs; cepen-
dant, comme beaucoup d’autres n’ont point de syno-
nymes dans le langage ordinaire , j'ai dû , nécessaire
ment , les employer; mais, en même temps, jai
dressé un vocabulaire , par ordre alphabétique , dans
lequel on trouvera l’explication de tout ce qui pou:=
rait embarrasser les personnes qui ne sont point fa.
miliarisées avec le Glossaire de la Botanique. Ce
vocabulaire termine le volume.
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DES FLEURS.
ne. fleurs ont fourni aux poètes et aux na-
turalistes tant de dissertations intéressantes
pour la science et pour les gens du monde,
qu'il semble que ce sujet n’a plus rien à offrir
à la curiosité ; mais quoiqu'on ait beaucoup
dit et écrit sur ces aimables productions de la
nature, on na guère à redouter de fatiguer
l'attention , en la ramenant souvent sur des
objets qui se présentent toujours avec de nou-
veaux charmes.
Les dames, surtout, accueilleront avec in-
dulgence un ouvrage consacré à l'histoire des
fleurs: en retraçant les agrémens des favorites
de Flore , c'est adresser un hommage aux fem-
mes et faire leur apologie , puisqu'on ne peut
louer les unes sans parler des autres , et que
les fleurs ont été, de tout temps, destinées à
exprimer mille choses flatteuses,
Au sein d’une fleur, tour à tour,
Une heureuse image est placée :
Daus un myrthe on croit voir l'Amour,
Un souvenir dans la pensée;
La paix se peint dans l'olivier ;
L'espoir dans l’iris demi-close ;
La victoire daus un laurier ;
U ae fem ne dans une Rose.
(8)
Le culte des fleurs est universel: l’homme
sauvage et l’homme civilisé éprouvent le même
sentiment d'admiration à l'aspect d'un beau
végétal ; tous les rangs apportent un empres-
sement égal à cultiver un plus ou moins grand
nombre de fleurs ; et lorsque le superbe Aor-
tensia décore la terrasse du palais, le modeste
basilic orne la fenêtre de l'artisan.
Fleurs charmantes ! par vous la nature est plus belle;
Dans ses brillans travaux l’art vous prend pour modèle;
Simples tributs du cœur, vos dons sont chaque jour
Offerts par l'amitié , hasardés par l’amour.
D'embellir la beauté vous obtenez la gloire ;
Le laurier vous permet d’embellir la victoire ;
Plus d’un hameau vous donne en prix à la pudeur;
L’autel même, où de Dieu repose la grandeur,
Se parfume au printemps de vos douces offrandes ;
Et la region sourit à vos guirlandes.
Le délassement le plus doux de l’enfance est
de tresser des couronnes avec les fleurs qui
émaillent la prairie , ou qui croissent , solitai-
res , sous l’'ombrage des bois ; l'amant timide
exprime ses premiers feux par l'hommage de
ses bouquets; la beauté naïve abandonne à
l'objet aimé les fleurs que ses mains dérobè-
rent au gazon , et qui parèrent son front ou se
fanèrent sur son sein. La vieillesse sourit aux
fleurs , et souvent sa dernière prière est pour
qu'on en répande sur sa tombe.
L'amour que l'homme à pour les fleurs, re-
(C9)
monte à sa création , et ce penchant n’a rien
perdu de sa vivacité.
Dès que l’homme eut soumis les champs à la culture,
D'un heureux coin de terre il soigna la parure ;
Et plus près de ses yeux , il rangea sous ses lois
Des arbres favoris et des fleurs de son choix. +
Da simple Alcinoüs , le luxe encor rustique ,
Décorait un verger. D’un art plus magnifique,
Babylone éleva des jardins dans les airs.
Quand Rome au monde entier eut envoyé des fers,
Les vainqueurs , daus des parcs, ornés par la victoire ,
Allaient calmer leur foudre et reposer leur gloire,
La sagesse autrefois habitait les jardins , :
Et d’on air plus riant instruisait les humains.
Et quand les dieux offraient un élysée aux sages,
Étaient-ce des palais ? c’étaient de verts bocages ;
C’étaient des prés fleuris , séjour des doux loisirs,
Où d’une longue paix ils goûtaient les plaisirs.
Mais si la culture des fleurs procure une
agréable distraction , elle attriste aussi quel-
quelois celui qui s'y livre avec passion. Quel
chagrin pour lui de ne jouir que peu d'ins-
tans de la vue d'une plante à laquelle il à donné
de longs et de pénibles soins ! Pourquoi faut-il
déplorer la fragilité d'une existence qui contribue
au charme de la nôtre!
Que votre éclat est peu durable,
Charmantes fleurs, honneurs de nos jardins!
Souvent un jour commence et fiuit vos destins ;
Et le sort le plus favorable
Ne vous laisse briller que deux ou trois matins.
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HISTOIRE DE LA ROSE.
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P ARMI les fleurs qui décorent nos parterres,
on en distingue un très-grand nombre dont les
formes agréables, l'éclat des couleurs, la suavité
des parfums rendraient notre choix irrésolu st
nous devions décider entr'elles; mais quelle
que soit notre admiration pour la plupart de
ces espèces, un penchant irrésistible nous fait
toujours donner la préférence à la Rose ,
Tendre fruit des pleurs de l’aurore ,
Objet des baisers du zéphyr,
Reiue de l'empire de Flore.
La Rose plait à tous les âges : dans tous les
momens de sa courte existence, soit lorsqu'elle
s'épanouit, soit lorsqu'elle brille dans tout son
éclat, soit lorsqu'elle est prête à se flétrir, elle
semble avoir toujours quelques rapports à nous.
Penchée le soir sur sa tige épineuse, ellepa-
rait languissante à l'homme mélancolique, qui
trouve dans le tableau qu'elle lui offre un sujet
pour ses rêveries; celui à qui tout rit dans la
vie contemple avec extase, au milieu du jour,
la pureté de ses formes et son coloris brillant,
qui lui représentent le bonheur dont il jouit ;
(12)
la jeune fille aime à la voir dans toute sa frai-
cheur et à la cueillir le matin, couverte de
rosée et entourée de boutons: les amans heu-
reux, les nouveaux époux l'associent à leurs
plaisirs, et elle devient à tout moment le prix
où le gage de leur affection: dans l'âge de re-
tour, cette charmante fleur nous rappelle les
plaisirs de l’enfance ; et dans l'hiver des nos ans,
lorsque son parfum exalté par la chaleur du
soleil, vient réveiller nos sens assoupis, nous
la nommons encore la plus délicieuse des fleurs.
Dès que le printemps fait éclore les fleurs ,
chacun s'empresse d'accueillir les Aoses qui
annoncent la saison des amours.
Quand l’haleine des doux zéphirs,
Et la verdure renaissante,
Annoncent la saison charmante
Et de l'amour et des plaisirs,
Vainement mille fleurs écloses
Appellent la main des amans;
Oa ne croit revoir le printemps
Qu’en voyant renaître les Roses.
Les anciens, les modernes ont chanté la
Rose; tous, à l'envi, lui ont prodigué les épi-
thètes les plus galantes, et toujours elle -est
l'objet des comparaisons les plus flatteuses.
On fait rarement l'éloge d’une figure fraîche
et jolie, sans y marier les Roses avec les lis;
le poète ouvre les portes brillantes de l’orient
ta
avec les doigts de Roses de la vermeille Aurore ;
et ramène Le printemps sur un char de verdure
et couronné de Roses. Veut-il célébrer la jeune
fille qui n'a point encore sacrifié aux plaisirs ?
il la compare au bouton de Rose, près duquel
voltigent les zéphirs impatiens. Veut-il peindre
la beauté coquette ? c'est la Rose qui reçoit
tour-à-tour dans son sein les papillons légers.
offre-t-il une ose à la beauté? il s'exprime
ainsi :
Fille des dieux , Rose à peine entr'ouverte
Au souffle pur du zéphir amoureux,
De ses baisers ne pleure pas la perte :
Je te réserve un sort plus glorieux !
Oui, sur le sein de l’aimable Thémire :
Heureuse fleur, tu vas faire ma cour :
En même temps, ah! fais qu’elle respire
Et tes parfums et les feux de l'amour!
Elle avec toi, par un divin prestige,
À l’œil charmé vous paraitrez deux fleurs,
Que le printemps sur une même tige,
Le mème jour aura fait naître sœurs.
De toutes deux l’haleine parfumée à
Pourrait doubler le plaisir et l'erreur,
Si ta rivale, à vaincre accoutumée
À tes attraits ne joignait pas un cœur (1).
La Rose, qu'un rien flétrit, est l'emblême
de l'innocence et de la virginité. De-là les vers
"+ OS 1 Ie
(1) Ces jolis vers furent adressés à Madame Enlalie Castres,
née Daran, par M, Le Noble, capitaine à la Légion des Pyré-
nées-Orientales,
(14)
charmans de Catulle : ut flos et cæptis, etc.
«La Rose solitaire, épanouie à l'écart, ignorée
des troupeaux, respectée du soc, caressée des
zéphyrs, vivifiée par le soleil, abreuvée de
rosée , fait les délices du berger et de la ber-
gère. À peine est-elle arrachée à sa tige qu’elle
perd sa fraicheur, se fiétrit, et cesse d'avoir
des charmes pour eux. Telle une vierge timide,
aussi long-temps qu'elle est vierge, captive
les hommages ; mais dès qu'elle a perdu cette
fleur précieuse , les jeunes gens cessent de la
trouver aimable , et ses compagnes de la
chérir. »
L'Arioste, dans ces vers : la verginella ë si-
mile alla Rosa, etc. donne également une
leçon au beau sexe. « La jeune fille est sem-
blable à la ose; tandis que solitaire et ignorée
elle repose dans quelques beaux jardins sur
son épine native; tandis qu'elle est à l'abri de
la dent destructive des troupeaux et de la main
furtive des bergers , le doux zéphyr , l'aube
humide, l'onde, la terre, tout conspire à l'em-
bellir , et la jeunesse folâtre aime à en parer
ses cheveux et son sein; mais elle n'est pas
plutôt détachée de sa tige maternelle et ver-
doyante, qu'elle perd le prix qu'elle avait aux
yeux des hommes, la bienveillance du ciel, ses
grâces, sa beauté, et tout ce qu'elle pouvait
({ 15 )
avoir d'aimable. C'est ainsi que la jeune inno-
cente, qui se laisse ravir cette Rose précieuse
. . . A \ .
qui lui doit ètre plus chère que la vie, perd
tous les avantages dont elle devait jouir , jusqu'à
l'attachement que ses autres amans pouvaient
avoir pour elle. »
Toi dont l’incarnat enchanteur
Offre une fleur à peine éclose,
Jeune Églé, veux-tu de la Rose
Conserver long-temps la fraicheur ?
Songe qu’à cette fleur si tendre
La nature sut attacher
Une feuille pour la cacher,
Une épine pour la défendre.
Anacréon et Sapho disaient de la Rose
qu'elle était tout le soin du printemps et la
joie des mortels : d'autres ajoutaient qu'elle
était la splendeur des plantes.
Mais, ainsi que pour toutes les fleurs, on
s'est plaint de la courte existence de la Rose :
« la durée d'un jour est la mesure de son âge;
la même étoile qui la voit naître le matin, la
voit mourir le soir de vieillesse. »
M. de Malherbe adressa les vers suivans à
Dupérier, qui venait de perdre sa fille :
Ta fille était du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et Rose , elle a vécu ce que vivent les Roses,
L'espace d’un matin,
(16)
C'est en comparant la durée de l'existence
de l’homme à celle de la Rose, que La Fare et
Chaulieu invitent à jouir des plaisirs passagers
de la vie. À
La Rose qui obtient tous nos suffrages a été
cependant l'objet de l’antipathie de plusieurs
grands personnages : Francois Venier, doge
de Venise, et le chevalier de Guise, se trou-
vaient mal s'ils respiraient l'odeur d'une Rose; *
Anne d'Autriche, femme de Louis XIII, ne
supportait pas la vue d'une Rose, même en
peinture.
On sera moins surpris du sort qu'a éprouvé
la Rose quand on se rappellera que Jean IT,
czar de Moscovie, s'évanouissait en voyant une
femme ; et l’on sera convaincu, de nouveau,
que les dames et les Aoses ont souvent une
destinée semblable.
Entre les femmes et les Roses
Il est mille rapports parfaits;
Mèmes destins en toutes choses,
Même beauté, mêmes attraits.
Oui, femme et Rose sont divines ;
Mais en nous charmant tour-à-tour,
L'une blesse avec ses épines
L'autre avec les traits de l’amour.
L'odeur suave de la Rosela fit appeler Rhodon,
par les Grecs, les Arabes l'ont nommée nard
ou zaron, les Latins et les Italiens Rosa, les
Cr)
Hollandais Roozen, et les Anglais et les Alle-
mans ose. |
L'origine de la Rose est ce qu'il y a de plus
embrouillé dans son histoire, et a donné lieu
à des fictions plus ou moins gracieuses selon
que l'imagination des poètes est plus où moins
ingénieuse.
Anacréon nous dit que la Rose naquit lors-
que Vénus sortit du sein des flots. Celui qui
vint la déposer sur le gazon du rivage, aurait
laissé, avec son écume, le germe du osier
qui s'éleva aussitôt pour embellir ce lieu mémo-
rable, et parfumer l'air que la déesse respirait
pour la première fois.
Le père Rapin, jésuite, auteur d'un poème
des jardins, raconte ainsi qu'il suit, l’origine
de la Rose : une reine de Corinthe appelée
Rhodante, était d'une si grande beauté qu'on
ne pouvait la voir sans devenir éperdument
amoureux; aussi le nombre de ses adorateurs
s'accrut à un tel point, que, pour se soustraire
à des instances qui ne lui laissaient plus un ins-
tant de repos, elle se réfugia dans un temple
consacré à Diane. Cet asile ne la mit point à
l'abri de la poursuite de ses amans. Trois d'en-
tr'eux, nommés Brien, Arcas et Halesin, plus
hardis que leurs rivaux, pénétrèrent dans le
temple, et voulurent avoir par la violence ce
2
(18)
que les soins et les soupirs n'avaient pu leur
faire obtenir; mais Aodante, non moins pu-
dique que la déesse dont elle embrassait l'autel,
se défendit avec vigueur. Le peuple qui était
accouru aux cris de la princesse, fut tellement
ébloui par l'éclat de sescharmes, qui semblaient
alors recevoir un nouveau lustre de la douce
fierté qui se peignait dans sa physionomie, que
dans son enthousiasme, il s'écria : Diane n'est
plus la déesse de ce temple, la belle XAodante
recevra désormais nos hommages; inais au
moment où il se disposait à renverser la statue
de la première, Apollon se présenta dans le
temple. Furieux de l'outrage qu'on faisait à sa
sœur, il métamorphosa Rhodante en Rosier,
et pour punir aussi le sacrilége commis par les
trois amans, il changea l’un en ver , l’autre en
#nouche, et le dernier en papillon.
Une historiette grecque donne une origine
différente à la rose. Roselia avait été consa-
crée, dès son berceau , au culte de Diane; mais
sa mère qui ne s'était imposé ce cruel sacrifice
qu'afin de conserver les jours d'un enfant qui lui
était cher et dont elle avait redouté la perte,
fut bientôt aveuglée par la même tendresse, et
résolut d'arracher sa fille du temple pour l’unir
au beau Cymédore. Roselia, au pied de l'autel
de l'hymen, prononça de coupables sermens ,
(19)
dont sen cœur innocent ne connaissait pas le
danger; mais Cymédore, que la crainte de la
déesse poursuivait, se hâta d'entrainer sa jeune
épouse. Déjà ils avaient franchi les derniers
degrés du temple, lorsqu'ils furent aperçus de
Diane. On ne se joue pas impunément du cour-
roux des dieux : un trait fatal vint percer le
cœur de ÆRoselia. Cymédore transporté de
douleur et de tendresse, se jeta sur le corps
de son épouse; il voulait la soutenir! la rani-
mer... Mais... Ô prodige! il n'embrassa
qu'un arbuste couvert d'épines et inconnu Jus:
qu'alors. Cet arbuste, né du remord de Diane
et des larmes de l'amour , se couvrit de fleurs
odoriférentes qui reçurent le nom de la mal-
heureuse Roselia , et conservèrent le souvenir
de sa métamorphose.
Entends mes vœux , puissant amour!
S'il est une métempsycose ,
Je consens à perdre le jour,
Pour renaître dans une Rose.
Joli bouton , mon seul désir
Serait d’orner le sein de Laure;
Dussé-je y mourir de plaisir,
D'un soupir j'y voudrais éclore.
Gessner, dans une de ses idylles , donne l'o-
rigine suivante à la Pose ; c'est Bacchus qui
parle : «Je poursuivais, dit-il, une jeune nym-
phe; la belle fugitive volait d'un pied léger sur
flan :)
les fleurs et regardait en arrière; elle riait
malignement, en me voyant chanceler et la
poursuivre d'un pas mal assuré. Par le Styx !
je n'aurais jamais atteint cette belle nymphe,
si un buisson d'épine ne s'était embarrassé dans
un pan voltigeant de sa robe. Enchanté, je
m'approchai d'elle et lui dis : ne t'effarouche
pas tant, je suis Bacchus, dieu du vin, dieu
de la joie, éternellement jeune. Alors, saisie
de respect, elle baissa les yeux et rougit. Pour
marquer ma reconnaissance au buisson d'épine,
je le touchai de ma baguette, et jordonnai
qu'il se couvrit de fleurs dont l’aimable rougeur
imiterait les nuances que la pudeur étendait
sur les joues de la nymphe : j'ordonnai et la
Fose naquit. »
Les musulmans , plus singuliers dans l’origine
qu'ils donnent à la Rose, prétendent qu'elle a
été formée, ainsi que le riz, de la sueur de
leur prophète Mahomet.
Saint Basile nous dit qua la naissance du
monde, les Rosesétaient sansépines, etqu'elles
en eurent à mesure que les hommes méprise -
rent leur beauté.
Si les auteurs ne sont point d'accord sur
l'origine de la Rose, ils ne le sont pas davan-
tage sur la couleur vermeille qu'a aujourd'hui
cétte fleur qui, primitivement, était blanche.
(21)
Bion, Ovide et l'auteur du Pervigilium
Veneris, prétendent que la couleur de la Aose
est due au sang d'Adonis. Venus ordonnait,
dit-on, que le sein des bergères se mariât cha-
que matin à la ose humide encore, teinte du
sang d'Adonis, et parfumée des baisers de
l'amour.
Aphtonius et Tsetses assurent , au contraire,
que l'incarnat de la Rose provient du sang de
Venus. Adonis insensible aux prières de Cy-
pris, qui le conjurait de ne plus s'esposer aux
bêtes féroces qu'il poursuivait chaque jour dans
les forêts, fut tué par un sanglier ; la déesse
en volant au secours de son amant, ne fut
point arrêtée par les ronces et les épines qui la
déchiraient de tous côtés; plusieurs gouttes de
son sang jaillirent sur des Æoses, qui devinrent
rouges de blanches qu'elles étaient.
Plusieurs écrivains disent encore que Pac-
chus ayant laissé tomber une goutte de vin sur
la fose , il changea ainsi sa couleur,
D'un jeune lis elle avait la blancheur ;
Mais aussitôt le père de la treiile,
De ce nectar dont il fut l’invesuteur ,
Laïissa tomber une goutte vermeille ,
Et pour touiours il chaugea sa couleur.
D'autres, enfin, ont avancé que Cupidon,
jouant à la table des dieux, de ses ailes ren-
(22)
versa le vase qui contenait le nectar, lequel se
répandit sur des Æoses et leur donna sa cou-
leur. Philostratus pense que c’est pour cette
raison que la Rose est consacrée à l'amour;
mais cette dédicace au dieu de Cythère aencore
une autre origine.
Dès que l’homme habita la terre,
L’ennui contrista son séjour ;
Mais pour adoucir sa misère ,
Tous les dieux dirent à l’amour :
Des animaux tu vois le maître
Gémir de sa tranquillité ;
Pour le captiver , forme un être
Qui de ta mère ait la beauté.
À ces mots, Cupidon rassemble
Des lis, des Roses, des bleuets ;
Il les mêle, il les fond ensemble :
À l'instant brillent mille attraits.
Un corps où respirent les grâces
Se trouve composé de lis ;
De bleuets quelques faibles traces
En ébauchent le coloris.
Il effeuille ensuite une Rose
Sur un teint frais, mais languissant ;
Sur les genoux il en dépose,
Les doigts en obtiennent autant,
Deux globes , qui déjà palpitent,
Sont embellis par deux boutons,
C’est pour l'amour seul qu'ils agissent ;
Heureux effets de tous ses dons !
Il ne lui restait que deux Roses,
Et leur emploi l’embarrassa ;
(23)
Sûr des lèvres à demi-closes
D'abord la première il plaça;
Mais quand il posa la seconde ,
Les dieux sourirent tour-à-tour..….
Depuis ce beau jour, dans le monde ,
La Rose est la fleur de l’amour.
Arpocrate , dieu du silence, reçut de
Cupidon la première Rose qu'on eût encore
vue, à condition qu'il ne découvrirait pas les
intrigues de Cypris. C'est pourquoi la Ziose
est considérée aussi comme symbole du silence,
et que l’on dit être sub Rosa , lorsquon na
rien à redouter des indiscrets.
La Zose obtint chez les anciens l'hommage
que nous lui rendons aujourd'hui ; elle brillait
dans toutes les fêteset les pompes sacrées; elle
était le symbole de la beauté, du plaisir , de
la mollesse et de la volupté.
Les Grecs et ies Romains entouraient de
guirlandes de Roses les statues de Fénus,
d'Hébé et de Flore. On prodiguait les Aoses
aux fêtes de cette dernière déesse, ainsi qu aux
Saturnales, et le pied des autels etles marches
des temples en étaient toujours jonchés.
On voyait à Elis trois statues des grâces ,
la première tenait une Rose, la seconde un
myrthe et la troisième un dé à jouer. Le myr-
the et la Jose, parce qu'ils sont consacrés à
_Vénus ; le dé à jouer, parce que la jeunesse
( 24)
aime les jeux; la ose était l'ornement des
gräces , parce que, comme elle, ces déesses
brillent de leur propre éclat sans parure
étrangère. |
On représentait la paix tenant une poignée
d'épis, de Roses et de branches d'olivier.
L'Aymen était représenté sous la figure d'un
jeune homme couronné de Roses.
Erato , lune des Muses, était couronnée de
myrthe et de Roses.
En Grèce, les amans faisxient claquer des
feuilles de Roses pour savoir s'ils étaient aimés,
et lorqu'elles ne rendaient pas un son éclatant,
ils auguraient mal de leurs amours. Cetamuse-
ment est encore en usage de nos jours, et à de-
faut de Roses, nos pastourelles se servent du
coquelicot, mais sans attacher aucune suners-
tition à ce badinage.
Dans les fêtes de l’ymen à Athènes, les
jeunes gens des deux sexes, couronnés de Roses
et parés de fleurs, formaient des danses qui
avaient pour objet de peindre l'innocence des
premiers temps.
Dans les fêtes de Junon à Argos, la déesse
était représentée couronnée de lis et de Roses.
Les Romains aimaient passionnément les
Foses, et les recherchaient particulièrement
pendant l'hiver. Les plus délicats les fai-
( 25 )
saient venir à grands frais de l'Egypte etdes
pays les plus éloignés : ils en couvraient leurs
chapeaux, leurs lits, leurs buffets; et dans le
temps même de la république, ils n'étaient pas
contens, dit Pacatus, si les Roses ne nageatent
sur le vin de Xalerne qu'on leur présentait.
Ce n'est que sous le règne de Domitien qu'on
a trouvé à Rome le secret de faire fleurir les
Rosiers pendant l'hiver. Alors dans toutes les
rues , dit à ce sujet Martial, on respirait
l'odeur du printemps que répandaient les fleurs
fraichement tressées en guirlandes. « Envoyez-
nous du blé, Egyptiens , nous vous donnerons
des Roses. »
Malgré l’austérité des Lacédémoniens , leurs
soldats pousserent si loin la sensualité après
la campagne de Cirra, qu'ils ne voulurent plus
boire que du vin parfumé.
Antiochus , lorsqu'il se livrait à la volupté,
couchait sur des Roses pendant l'hiver, sous
des tentes d'or et de soie; l'empereur Galien
dormait sous des berceaux de Roses; Vérrés
se tenait assis sur un carreau parfumé de Æo-
ses , et approchait sans cesse de ses narines
des sachets pleins de Aoses; Théorius buvait
au milieu des Zoses; Marc-Antoine \ en mou-
rant, demanda à Cléopätre d'en couvrir sa
tombe,
(26 )
Une couronne de Roses était la marque de
la galanterie ; Æorace ne les oublie jamais
dans les inscriptions de ses repas agréables.
Et qui peut refuser un hommage à la Rose!
La Rose dont Venus compose ses bosquets,
Le printems sa guirlande et l'amour ses bouquets;
Qu’Anacréon chanta, qui formait avec grâce,
Dans les jours de festin , la couronne d’Horace.
Les Romains appelaient leurs maïtresses du
nom de /iose, ma belle amie, mea Rosa.
Dans les jeux publics, chez les Romains, les
sénateurs , les spectateurs distingués , et quel-
quefois même les acteurs, recevaient de la
main des Ædiles , des couronnes de Roses.
La Rose a toujours paré les tombeaux. Les
Romains et les Grecs consacraient , par tes-
tament, des jardins qui devaient fournir des
fleurs à leurs cénotaphes, et celui qui aurait
violé ces jardins se serait rendu coupable d'un
grand crime. Quelquefois encore le testament
precrivait aux héritiers de se réunir tous les
ans , au jour anniversaire de la mort du testa-
teur, pour diner près de son tombeau, et d'y
paraître couverts de Fioses cueillies dans la
plantation sépulcrale. On bâtissait dans l'en-
ceinte des jardins un logement destiné à re-
cevoir un esclave, dont l'unique occupation
MED ES A. , 3
était de venir, à des époques fixes, orner de
(27 de
guirlandes les tombeaux. Une loi romaine dé-
fendait de décorer les funérailles ; mais les
décemvirs avaient excepté de cette prohibition
la couronne de Roses destinée à couvrir la tète
du défunt.
On voit à Torcallo, près de Venise, une
inscription portant donation, de la part d'un
affranchi, au collége de Centanei, des reve-
nus du jardin et d'un palais , pour servir à
célébrer ses obsèques et celles de son maitre.
On lit dans des épitaphes que les parens
s'engageaient à aller tous les ans répandre des
Roses sur des tombes. On en voit même de
sculptées sur des tombeaux anciens.
Dans la collection des pierres gravées de
Stoch, on voit sur un grenat un papillon posé
sur une ose. Get emblème ingénieux peut dé-
signer encore une jeune fille morte dans l'âge
des grâces et des plaisirs.
En Turquie on sculpte une Rose sur le tom-
beau des jeunes filles.
En Pologne on couvre de Roses le cercueil
des enfans , et lorsque le convoi passe on jette
des fenctres une quantité de Roses.
Dans quelques provinces de France on re-
nouvelle chaque jour les fleurs qu'on répand
sur les tombeaux. Cet usage existe aussi en
( 28 )
Allemagne , en Suisse et plusieurs autres
endroits.
Da bon Helvétien qui ne connaît l’usage ,
Près d’aue eau murmurante , au fond d’un vert bocaze,
1l place les tombeaux, il les couvre de fleurs ;
Par leur douce culture il charme ses douleurs ;
Et semble respirer, quand sa main les arrose,
L'âme de son ami, dans l’odeur d’une Rose.
On à représenté dans un joli bas-relief, sur
le tombeau de Madame de la Live, morte à
vingt ans , le temps moissonnant une ose.
Les rois de Bithynie s'asseyaient sur des
oreillers garnis\ de /toses.
À Baies, lorsqu'on donnait des fêtes sur
l'eau, tout le lac Lucrin paraissait couvert de
loses.
On appelait ‘Smindride le Sybarite que le
pli d'une feuille de Ziose empéchait de dormir.
Suivant la mythologie indienne , Pagoda-
Siri, lune des femmes de Wistnou, fut trou-
vée dans une ose.
Zoroastre ayant fait croître sur-le-champ un
cyprès , en présence de Darius, celui-ci lui
demanda d’autres prodiges, et Zoroastre, pour
le satisfaire , fit des conjurations dans les-
quelles entrèrent une grenade et une Aose.
Quelques auteurs ont avancé que l'escarbot
avait une telle antipathie pour les Aioses ,que
(29),
la seule odeur de cette fleur lui causait la mort.
C'est sans doute d'après cette assertion que
les anciens voulant dépeindre un homme éner-
vé par la volupté, le représentaient sous l’allé-
gorie d'un scarabé expirant sur des /ioses.
On lit dans l'/liade que le corps d'Æector
fut embaumé par Vénus elle-même, «avec un
parfum mêlé de Roses.
En Grèce, à Babylone et à Rome, on faisait
le plus grand cas des chaussures dont la peau
avait été préparée à l'odeur des Roses.
L'antiquité offre plusieurs exemples de morts
subites causées par limprudence de dormir
ou de se renfermer dans un endroit où se
trouve une trop grande quantité de ÆRoses.
Ces événemens firent souvent jeter les hauts
cris contre l'usage des Roses, qui devient per-
nicieux quand on en «buse. Aristippe , respi-
rant un jour le parfum d'une Rose, éprouvait
une jouissance si délicieuse, qu'ils’écria : « Mau-
dits soient les efféminés qui ont fait décrier de
si douces sensations ! »
Un commerçant de Veucratie , nommé /é-
rostrate , avait acheté à Paphos , une statue
de Vénus avec laquelle il se mit en mer. Une
tempête furieuse s'étant élevée sur les côtes
d'Egypte, les matelots effrayés se jetèrent aux
pieds de la déesse et implorèrent son secours;
+
. (30)
elle accueillit leurs prières : l'on vit aussitôt la
statue se couvrir de myrthes et de Roses , et
les nuages épais qui s'étaient amoncelés autour
du vaisseau se dissipèrent pour laisser aperce-
voir un ciel pur et asuré. Æérostrate de retour
dans sa patrie , consacra sa statue protectrice
dans le‘temple de Fénus, et témoigna sa re-
connaissance par des sacrifices pompeux. Ses
amis furent invités à un repas splendide, et des
couronnes de myrthe et de Roses leur furent
distribuées. Ces couronnes reçurent le nom de
Neucratites.
Abdulkadri, personnage fameux chez les
Turcs , avait le dessein de s'établir à Buby-
lone ; mais on n'avait aucune envie de l'y re-
cevoir ; cependant , pour ne point blesser les
lois de l'hospitalité, en le lui déclarant ou-
vertement , les principaux habitans imaginè-
rent d'aller au devant de lui avec un vase
rempli d'eau , voulant lui faire comprendre,
par cette espèce d'hieroglyphe que , comme
ce vase était plein jusqu'au bord , et qu'on n’y
pouvait rien ajouter, de même leur ville était
si remplie de savans et de poëtes, qu'elle n’en
pouvait contenir davantage. Abdulkadri saisit
parfaitement leur intention: pour toute ré-
ponse , il ramassa une feuille de Aose, la posa
doucement sur la surface de l'eau contenue
(31)
dans le vase , leur faisant voir qu'elle y tenait
sa.place sans déborder l'eau, quoique le vase
fût plein. Ce trait ingénieux plut tellement aux
Babyloniens, qu'ils menèrent Æbdulkadri en
triomphe dans leur ville.
Dans l’un des livres attribués à Salomon, la
sagesse éternelle est comparée aux plantations
de Rosiers qu'on voyait près Jéricho.
Hérodote dit que dans les jardins de AZidas ,
fils de Gordius, il y avait des Aoses à soixante
feuilles qui croissaient d'elles-mêmes , et qui
avaient un parfum plus suave qu'aucune autre.
L'histoire du Hogol , rapporte que la célèbre
princesse Vourmahal fit remplir d'eau de A0-
ses tout un canal , et qu'elle s'y promena avec
le grand Mogol; la chaleur du soleil ayant dé:
gagé de l'eau de Zioses l'huile essentielle qu’elle
contient , on remarqua cette substance qui
flottait à la surface de l'eau, et c'est ainsi,
dit-on, que se fit la découverte de l'essence
de Roses.
L'empereur Æelyogabale fit remplir un vi-
vier tout entier d'eau de Poses.
Saladin ayant pris Jérusalem en 1188, ne
voulut entrer dans la mosquée du temple ,
convertie en église par les chrétiens, qu'après
avoir fait laver les murs avec de l'eau de R0o-
ses, 6L cinq cents chameaux sufirent à peine ,
(32)
dit Sanut , pour tranporter toute celle qu'on
employa dans cette occasion.
Après la prise de Constantinople par Maho-
met II, le 29 mai 1453, l'église de Sainte-
Sophie fat aussi lavée avec de l'eau de Roses,
avant d'être convertie en mosquée.
Jadis on portait aux baptèmes de grands va-
ses remplis d'eau de Roses. Bayle rapporte , à ce
sujet , qu'à la naissance de Ronsard, la nour-
rice , en chemin pour aller à l'église , le laissa
tomber sur un tas de fleurs, et que la femme
qui tenait le vase de Roses le répandit sur
l'enfant. Cette circonstance fut regardée comme
un heureux présage de la bonne odeur que de-
vaient un jour répandre ses poésies.
Ronsard fut le poète le plus en réputation
sous le règne de ÆZenri II ; il mourut en 1585.
On a de lui des vers extrêmement médiocres,
pour ne point dire mauvais ; mais il en com-
posa sur la Aose qui, en se reportant à l'épo-
que où ils furent faits, méritent de trouver
place ici :
Mignoune , allons voir si la Rose,
Qui ce matif avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
N'a point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée
Et son teint an vôtre pareil.
Las! voyez comme en pen d’espace,
(33)
Mignonne , elle a, dessus la place,
Las! las! ses beautés laissé choir!
Oh! vraiment, marûtre nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusqu’au soir,
Donc si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez , cueillez votre jeunesse ;
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Ce poète ayant remporté le premier prix
des Jeux-Floraux, reçut, au lieu d'une églan-
tine d'or, une minerve d'argent dont il fit pré-
sent au Roi. Marie Stuart , reine d'Ecosse ,
l'aimait tellement, qu'elle lui envoya un ma-
gnifique Ros'er d'argent , qui valait deux mille
écus , avec cette inscription :
Ronsard, l’Apollon de la source des muses
M. de Haller dit qu'on distille dans les In-
des une huile essentielle de Roses extrèmement
précieuse , et qui sert de présent de souverain
à souverain.
Le grand-prètre , chez les Æébreux, ornait
de Roses son front dans les sacrifices.
Le Synode de Nimes , tenu dans le troi-
sième siècle, enjoignait aux juifs de porter
sur la poitrine une Rose, pour les distinguer
des chrétiens , afin qu'on n'eût pas pour eux
les mêmes égards.
Les juifs célèbrent encore aujourd'hui une
(34)
fête qu'ils appellent pdques fleuries ou päques
de Roses, dans laquelle ïls ornent avec des
Roses leurs lampes, leurs chandeliers , leurs
tables , leurs lits et autres meubles.
On lit dans la vie de Sainte-Dorothée, qu'un
ange lui donna un bouquet de Roses. C'est d’a-
près cette tradition que cette sainte est toujours
représentée tenant un bouquet de Roses.
Les premiers chrétiens blimèrent l'emploi des
fleurs, soit dans les festins, soit près des tom-
beaux, à cause des rapports qui se trouvaient, de
cette manière , exister entre le culte du vrai Dieu
et la mythologie payenne. Tertulien à fait un
livre contre les guirlandes et les couronnes ;
Clément d'Alexandrie trouvait mauvais que
les chrétiens se couronnassent de Roses, lors-
que Notre Seigneur l'avait été d'épines.
Il y avait à Poitiers, dans l'abbaye de Sainte-
Croix, une colonne qu'on avait élevée sur la
tombe d'un jeune homme, en mémoire d’un
miracle. Le lendemain de son enterrement, on
avait vu, dit-on, paraître tout-à-coup, sur le
lieu de sa sépulture, un osier couvert de
Foses épanouies.
Après la mort de Saint-Louis, évéque, neveu
du roi de France Louis IX, on vit, dit-on,
sortir une Aose de sa bouche.
@n voit à Rome, dans Féglise Surinte-
(35)
Suzanne, une vieille mosaique qui représente
Charlemagne à genoux , reçevant de Saïnt-
Pierre un étendard semé de Roses.
La Rose s'est rendue malheureusement célè-
bre en Angleterre, dans les différens entre les
maisons d'Forck et de Lancastre. Sous le rè-
gne de Henri VIT, en 1455, il y avait en An-
gleterre, un descendant d'Edouard IIT, dont
les droits à la couronne étaient fondés sur un
degré plus près de la souche connue, que la
branche régnante. Ce prince était duc d'Forck.
Il portait sur son écu une Rose blanche, et le
roi /Zenri VIT, de la maison de Lancasire, por-
tait une Rose rouge. C'est de là que vinrent
ces noms consacrés à la guerre civile, La ba-
taille de Bolsivorth, donnée en 1485, et dans
laquelle périt Richard TIT, mit fin aux désola-
tions dont la Rose rouge et la Rose blanche
avaient rempli l'Angleterre.
Clémence Isaure fit des legs considérables,
et ordonna quon répandit des Roses sur son
tombeau, en présence de tous les amis des
lettres, et qu'on distribuât daus cette fête, des
prix aux poètes qui se seraient le plus distin+
gués. Au nombre de ceux décernés chaque
année , par l'académie des Jeux Floraux, se
trouve la Rose églantine.
L'île de Rhodes doit son nom au grand nom-
{ 36 )
bre de Roses que produit son territoire : les
anciens disent qu'il y avait plu de ces fleurs
lorsque /’énus s'y retira secrètement avec Apol-
lon pour faire l'amour. On voit encore aujour-
d'hui, dans la Campanie, un grand terrain
connu sous le nom d'il mazzone delle Rosa ;
ce champ portait jadis le nom de Rosatinus ,
à cause de la quantité prodigieuse de Roses
qui y naissaient sans culture. Cet arbuste est
très-commun dans plusieurs de nos provinces : -
Fontenai, célébré par l'auteur de l'Art d'aimer,
a pris son surnom de la quantité de Roses qui
croissent dans ses environs.
Quand Marie Antoinette passa par Nancy
pour ses épousailles avec Louis XF I , ‘alors
Dauphin, les Lorrains lui préparèrent un lit
parsemé de Roses.
La Rose était autrefois si précieuse, en
France, que dans plusieurs endroits on ne pou-
vait, sans permission, cultiver le Rosier.
En Allemagne une fille qui a prodigué à
l Amour les faveurs réservées pour l’Hymen ,
est forcée, le jour de son mariage, de mettre
sur sa tête une couronne de Roses au lieu d'une
couronne de myrthe.
Les Perses bouchent avec des Roses les fla-
cons de vin qu'on met sur leur table. Ils célè-
brent aussi, vers l'équinoxe d'automne, une
(87)
fête nommée abrizan, dans laquelle on se fait
réciproquement des visites en se jetant des Ro-
ses à la figure.
Enltalie les femmes nouvellement accouchées
portent ordinairement un bouquet de rhue ,
pour nètre pas incommodées de l'odeur des
Roses que peuvent porter les personnes qui les
viennent visiter.
À Rome on bénissait la Rose le jour appelé
Dominica in Rosa.
On rapporte au onzième ou douzième siècle
l'origine de la coutume qu'avaient les papes de
bénir une Rose d'or le quatrième dimanche du
carème, pour en faire présent, en certaines
circonstances , à quelque église , prince ou
princesse,
Alexandre ITT qui avait reçu les plus grands
honneurs dans son voyage en France , envoya
la Rose d'or à Louis le Jeune. Voici comment
il s'exprime dans sa lettre au monarque Fran-
çais : « imitant la coutume de nos ancètres,
de porter dans leurs mains une Rose d'or le
dimanche lætare , nous avons cru ne pouvoir
la présenter à personne qui la mérität mieux
que votre excellence , à cause de sa dévotion
extraordinaire pour l’église et pour nous même.»
Bientôt après les papes changèrent cette ga-
Janterie en acte d'autorité, par lequel, en don-
(36)
eunt la Rose d'or aux souverains, ils témoi-
guaient les reconnaître pour tels. C'est ainsi
Qu'Urbain F donna, en 1368, la Rose d'or à
Jeanne , reine de Sicile, préférablement au
roi de Chypre. En 1418, Martin V consacra
solennellement la Rose d'or, et la fit porter
sous un dais superbe à l'empereur qui était
alors au lit. Les cardinaux, les archevèques et
les évêques, accompagnés d'une foule de peu-
ple , la lui présentèrent en pompe , et l'empe-
reur s'étant fait mettre sur un trône, la reçut
avec beaucoup de dévotion, aux yeux de tout
le public.
Henri VITI d'Angleterre, regut aussi la Rose
d'or de Jules IT et de Léon X.
Le pape l'accordait encore aux princes qui
passaient à Rome, et l'usage était, il y a trente
à quarante ans, de donner cinq cents louis à
celui qui lapportait de la part de sa sainteté ;
mais la Rose, ou pour mieux dire le Rosier ,
par son poids seul, valait quelquefois Le double
de cette somme.
Dans les vieilles coutumes d'Auvergne ,
d'Anjou, de Tours, de Lodunois et du Hai-
ne, on voit que dans les familles nobles , le
père qui avait des enfans mâles, ne donnait le
plus souvent à sa fille, en la mariant, qu'un
chapeau où chapel de Roses. En Normandie
(39)
les filles n'avaient aussi, pour. tonte légitime ,
qu'un chapel de roses ; ainsi mariées elles n'a-
vaient aucun droit à la succession de leurs père
et mère ; mais on pouvait les y rappeler par
forme de legs. Les filles portent encore aujour-
d'hui une guirlande ou couronne de Roses,
lorsqu'elles vont à l'église pour y recevoir la
bénédiction nuptiale; mais dans l'ancienne cou-
tume, ces guirlandes ou garlandes étaient d'or
ou d'argent.
Tertulien et les autres pères de l'église ,
parlent de cette coutume de mariage.
Parmi les anciens droits seigneuriaux, on
trouve beaucoup de redevances de boisseaux
de Roses, pour la provision d'eau de Roses du
seigneur.
Souvent jadis, au lieu de nappes, on couvrait
les tables de feuilles de Roses.
La Rose était le prix de la vertu dans la fête
de la Rosière de Salency. Tout le monde con-
naît l'institution de cette fête qui avait pour
objet de perpétuer dans le cœur des jeunes
filles , l'amour de ia sagesse, de la piété et de
tous les devoirs que la vertu impose. L'origine
remonte jusquà Saint - Médard, évèque de
Noyon, qui vivait dans le cinquième siècle du
temps de Clovis, et qui mourut en 545. Cet
évèque, qui était aussi seigneur de Salency,
(40 )
village à une demi-lieue de Noyon, avait ima-
giné de donner tous les ans, à celle des filles
de sa terre qui jouirait de la plus grande répu-
tation de vertu, une somme de vingt-cinq
livres, et une coyronne ou chapeau de Roses.
Il perpétua cet établissement, en détachant des
domaines de sa terre, douze arpens, dont il
affecta les revenus au payement des vingt-cinq
livres, et frais accessoires de la cérémonie de
la Rose. ‘
Reine de nos jardins , Rose aux vives couleurs,
Sois fière désormais d’être le prix des mœurs,
Et de voir éclater tes beautés printauières
Sur le front ingénu des modestes bergères;
Sois plus flattée encor de servir en nos jourg
De couronne aux vertus que de lit aux amours.
La pomme à la plus belle, a dit l'antique usage ;
Ua plus heureux a dit : La Rose à la plus sage.
La tradition assure que Saint Médard donna
lui-même ce prix glorieux à l’une de ses sœurs,
que la voix publique avait nommée pour être
Posière. On voit encore au-dessus de la cha-
pelle de Saint Médard, située à l'une des ex-
trémités du village de Salency, un tableau où
ce Saint prélat est représenté en habits ponti-
ficaux, et mettant une couronne de Roses sur
la tête de sa sœur, qui est coiffée en cheveux
et à genoux.
Par le titre de la fondation, ïl fallait nen-
(41)
seulement que la Rosière eût une conduite irré-
prochable, mais que son père, sa mère, ses
frères, ses sœurs et autres parens, en remon-
tant jusqu'à la quatrième génération, soient
eux-mêmes irrépréhensibles.
Le seigneur de Salency jouissait seul du droit
de choisir la Rostère entre trois filles du village,
qu'on lui présentait un mois d'avance , et
l'examen se faisait avec l'impartialité la plus
sévère.
Le huit juin, jour de la fête de Saint Mé-
dard , le cortége se rendait en grande pompe
à la paroisse, où il entendait vêpres, et delà
à la chapelle de Saint Médard, où, après la
bénédiction , le célébrant posait un chapeau de
Roses , entouré d'un large ruban bleu, sur la
tête de la Rosière, qui était à genoux, et lui
remettait en même temps les vingt-cinq livres,
en présence du Seigneur et des offciers de
justice.
Le ruban bleu ne fut ajouté au chapeau que
sous Louis XIII. Ce prince se trouvant au
château de Varennes, près de Salency, fut
supplié par M. de Belloy, alors seigneur de ce
dernier village, de faire couronner en son nom
la Rosière ; le Roi y consentit, et envoya le
marquis de Gordes, son premier capitaine des
gardes , qui fit la cérémonie pour Sa Majesté,
(42)
et qui, par ses ordres, ajouta aux Aoses une
bague d'argent et un cordon bleu : « Allez,
dit le Roï au marquis, offrir ce cordon à. celle
qui sera couronnée. Il fut assez long-temps le
prix de la faveur, qu'il devienne aujourd'hui la
récompense de la vertu. » C'est depuis cette
époque que la Rosière recevait cette bague,
et qu'elle et ses compagnes se décoraient du
ruban.
Au sortir de l'église, le seigneur, ou son re-
présentant, condüisait la Rosière au milieu de
la grande rue de Salency, où les vassaux du
fief de la Rose étaient obligés de lui présenter
une colation qui retraçait la simplicité des
mœurs antiques et qui était une espèce de
redevance.
La table était garnie d'une nappe, six assiettes,
sixserviettes, deux couteaux, deux verres etune
salière pleine de sel. Les metsconsistaient en un
lot de vin clairet en deux pots, cru sur la côte
du village, un demi lot d'eau fraiche, deux
pains blancs d'un sou, cinquante noix et un
fromage de trois sous.
Sur la fin de ce sobre repas, les mêmes vas-
saux lui présentaient, par forme d'hommage ,
un bouquet de fleurs, deux éteufs ou balles de
jeu de paume, une flèche et un sifflet de corne,
avec lequel l'un des censitaires sifflait trois fois
(43)
avant que de l'offrir. Ils étaient obligés de sa-
. . \ . s .
tisfaire à toutes ces servitudes, à peine de Go
sous d'amende.
Le repas étant achevé, toute l'assemblée se
rendait dans la cour du château , sous un gros
arbre, où le seigneur dansait le premier branle
avec la Rosière. Ce bal champêtre finissait au
coucher du soleil.
Le lendemain, dans l'après midi, la Rosiere
. invitait chez elle toutes les filles du village, et
leur donnait une grande colation, pendant
laquelle on chantait des couplets, tels que
ceux- C1 :
Cette fille, dès sa jeunesse,
Nourrit son père infirme et vieux ;
Elle n’a point d’autre noblesse,
Point de parchemins , point d’aïeux :
La noblesse est bien quelque chose;
Mais elle n’est pas le vrai bien :
La noblesse au vulgaire impose,
Mais , sans la vertu, ce n’est rien.
On ne voit point sur son visage
Briller la fleur de la beauté ;
Mais dans son ame honnète et sage,
Règuent la douceur, la bonte :
La beauté c’est bien quelque chose ;
Mais elle n’est pas le vrai bien :
Elle a tout l'éclat de la Rose ;
L’éclat, sans la vertu, n’est rieu.
Dans son parler est la simplesse,
Qu'on chérissait au bou vieux temps;
(44)
De l'esprit et de la finesse
Elle n’a point les agrémens:
L'esprit est pourtant quelque chose ;
Muis l'esprit n’est pas le vrai bien:
Quelque forte qu’en soit la dose,
L'esprit , sans la vertu , n’est rien.
Jamais elle n’apprit à lire
Dans d’autre livre que son cœur ;
Ce livre a suffi pour l’instruire
Du chemin qui mène au bonheur :
La science est bien quelque chose ;
Mais elle n’est pas le vrai bien : :
À l’orgueil quand elle dispose,
Il vaudrait mieux ne savoir rien.
La fête dela Rosière de Salency occasionna ;
en 1774, un procès qui fut porté au parlement
de Paris. Le seigneur d'alors se crut en droit
de choisir la Rostère sans l'intermédiaire des
habitans, de lui poser la couronne sur la tête
sans pompe et sans cérémonie, et soutint que
la dépense de la fête, quoique médiocre, pou-
vait être de beaucoup réduite. Ces prétentions
ridicules furent condamnées par le bailliage
royal de Chauny qui fixa les règles pour la
nomination de la Rosière et l'ordre et la marche
de la cérémonie, par sa sentence du 19 mai
1775; mais le seigneur de Salency ne crut point
devoir céder : il appela de cette sentence au
parlement de Paris qui, le 20 décembre 1774,
rendit un arrêt solennel en faveur des habitans
(45)
de Salency, homologua tout ce qui concernait
la fête de la Rosière, et condamna le seigneur
à tous les dépens, ainsi qu'aux frais de l'impres-
sion et affiche de l'arrêt.
Dans un mémoire que M. Delacroix publia
dans cette circonstance , il s'exprime en ces
termes : « La noblesse des Salenciens est celle
de la Rose; ils n'en connaissent point d'autres.
La famille qui, depuis $ Médard, a vu le
plus souvent ses rejetons couronnés, est la plus
illustre parmi eux. Si les arts n'étaient pas les
esclaves de l'opulence, ce serait une vue bien
touchante que celle d'une chaumière de Sa-
lency, ornée d'une suite de tableaux représen-
tant de jeunes Aosières parées d’un cordon bleu
avec tous les attributs de leur couronnement.
Ce spectacle vaudrait bien celui d'une galerie
qui n'offre à nos regards que les superbes des-
tructeurs du genre humain. IL y a si long-temps
que l’on s'énorgueillit de la férocité de ses pères,
qu'il serait bien à souhaiter que l'on commen-
çât à mettre une partie de sa gloire dans la
sagesse de sa mère. »
D'autres fêtes de la Rose furent instituées à
Canon, Briquebec , Saint-Sauveur-le-Vicomte,
la Falaise, Saint-Nicolas d'Angers, Nanci,
Saint-Nicolas de Nantes, Meau, Montricoux,
Suresne , Romainville, etc., etc.
(46)
Pendant le séjour de Louis XVIII à Blakem
bourg , il fut invité à assister à une fête de l
Rosière,S. M. s'approcha de la jeune personne
qui avait été désignée comme la plus vertueuse,
et lui plaça la couronne sur la tête. La Rosière
lui répondit ingénument : Dieu vous la rende!
Il existait autrefois dans nos parlemens une
cérémonie appelée la baïllée des Roses, dont
on ignore l'origine et l'époque à laquelle elle
a cessé. Cette cérémonie était particulière-
ment en usage dans les parlemens de Paris et
de Toulouse. Le droit de Roses se rendait par
les pairs, en avril, mai et juin, lorsqu'on ap-
pelait leurs rôles. Pour cela on choisissait un
jour qu'il ÿ avait audience à la grand-chambre,
et le pair qui les présentait faisait joncher de
Roses , de fleurs et d'herbes odoriférantes, tou-
tes les chambres du parlement ; avant l'au-
dience il donnait un déjeüner splendide aux
présidens et aux conseillers, même aux greffers
et huissiers de la cour, ensuite il venait dans
chaque chambre, faisant porter devant lui un
grand bassin d'argent rempli non-seulement
d'autant de bouquets d'œillets, Roses et autres
fleurs de soie et de fleurs naturelles, quil y
avait d'officiers, mais encore d'autant de cou-
ronnes rehaussées de ses armes ; après cet hom-
mage, on lui donnait audience à la grand-
(47 )
chambre ; ensuite on disait la messe : les haut-
bois jouaient , excepté pendant l'audience, et
allaient même jouer chez les présidens pen-
dant le diner. Il n'y avait pas jusqu'à celui qui
écrivait sous le greffier, qui n'eût son droit de
Roses.
Excepté nos rois et nos reines, aucun de
ceux qui avaient des pairies dans le ressort du
parlement n'étaient exempts de cette espèce
de redevance : les rois de Navarre s'y assujé-
ürent; et /enri(1), fils d'Antoine de Bourbon
et de Jeanne d'Albret , jusüfia au procureur-
général que ni lui, nises prédécesseurs, n'avaient
jamais manqué de remplir cette obligation. Des
fils Ce France l'ont fait en 1577.
L'hommage des Roses occasionna, en 1545,
une dispute de préséance entre le duc de }ont-
pensier et le duc de Nevers , qui fut terminée
par un arrêt du parlement, qui ordonna que
le duc de HMontpensier les baïllerait le premier,
à cause de ses deux qualités de prince et de
pair.
Le parlement avait un faiseur de Roses, ap-
pelé le Rosier de la cour, et les pairs achetaient
de lui celles dont ils faisaient leurs présens.
On présentait au parlement de Paris des
Roses et des couronnes de Roses, et à celui de
(1) Depuis Henri IV * Roi de France.
( 48 )
Toulouse, des boutons de Roses et des cha:
peaux de Roses.
Aux beaux jours de la chevalerie, les Roses
étaient souvent un emblème dont les preux se
plaisaient à décorer leurs armes. On voyait
dans un écu une Rose entr'ouverte avec cette
dévise : « Quanto si mostro men, tanto è piu
bella. » Moins elle se montre plus elle est
belle.
Dans le Selam des Persans, la Rose jouait
un grand rôle par ses allégories.
Dans le roman de Perceforét, on voit une
reine , après un tournoi , donnant au chevalier
vainqueur un simple chapeau de Roses, parce
que c'est, dit-elle, un trésor pour les amoureux.
Dans le roman d'Amadis, Oriane, prison-
nière, ne pouvant ni parler, ni écrire à son
amant, lui jette du haut d'une tour une Rose
baignée de ses pleurs.
Les Roses forment le dénouement du fameux
conte de l’'dne d'or d'Apulée. Dans ce conte
un jeune homme est transformé en âne, et ne
peut reprendre sa première forme qu'en man-
geantdes foses.
Le roman de la Rose, de Guillaume Lorris,
est une allégorie dans laquelle il faut surmon-
ter beaucoup d'obstacles pour conquérir une
belle Rose.
(49)
M. Aimé-Martin, dans ses Lettres a Sophie ;
voulant donner un exemple de l'équilibre par-
fait que la respiration des végétaux forme avec
celle de tous les êtres , rapporte ainsi les amours
du rossignol et de la Rose.
« Quelle distance sépare le brin d'herbe de
l'homme ? et cependant notre vie tient par une
double nécessité à l'existence de ce faible végé-
tal. Quelle étonnante création que celle où l’on
ne peut rien ôter sans que le tout ne périsse !
O Saadli ! tu la connaissais sans doute cette loi
sublime de l'harmonie de l'univers, lorsque tu
chantais les amours du rossignol et de la Rose ;
de la Rose muette et superbe, et du rosssignol,
le rival d'Orphée. »
« Bientôt dans les bosquets da superbe Orient,
La plus belle des fleurs, la Rose va paraître ;
Elle s'ouvre, aussitôt son parfum se répand.
La nymphe des jardins , surprise en la voyant,
Croit qu’une autre Vénus en ce jour vient de uaïtre,
Pour la reine des fleurs on veut la reconnaitre ;
La Rose est étonnée; une aimable pudeur
Couvre son sein charmant d’une vive rougeur.
Le rossignol la voit, frappe Pair de son aile,
Respire ses parfums , voltige sur sou sein,
Chante l’amour heureux, et s'envole soudain,
Quoiqu'il ait fait serment d’être toujours fidèle. »
À . .
« Arrétons un moment le volage oiseau , sai-
sissons-le par les ailes , et qu'il soit emprisonné
4
(50)
avec le losier dans une cage de cristal. Il est
donc vrai qu'il va devoir la vie à l'amante que
son cœur abandonnait ! Privé d'un air nou-
veau, son joli gosier cesserait bientôt de pro-
duire des sons harmonieux, si, par un prodige
inconcevable..…. Ne devinez-vous pas ce qui va
se passer ? Déjà le rossignol a vicié, par sa
respiration, l'atmosphère de la cage ; mais le
Rosier avide de l'air respiré par son amant,
l'absorbe, et ne l’exhale doucement, qu'apres
lavoir purifié : autant de fois le rossignol le
décompose, autant de fois il retient les poisons
dans son sein; et lorsqu'enfin l'oiseau expire
en chantant sa reconnaissance , le Rosier se
penche, se flétrit et se meurt. »
« Ainsi l’on voit deux vrais amans
Exister l’un par l’autre , avoir même constance,
Coufondre doucement leur paisible existence,
Pour espirer dans les mêmes momens. »
La Rose figure dans une historiette intéres-
sante qui fut insérée dans le Mercure de France,
en 1818; je la rapporte ici toute entière.
« Le prince de Béarn ( depuis Xenri IF)
n'avait pas encore douze ans, lorsque Charles
IX vint à Nérac, en 1565, pour y visiter la
cour de Vavarre. Les quinze jours qu'il y passa
furent marqués par des jeux, des fêtes dont le
jeune /Zenri était déjà le plus bel ornement.
(51)
»y Charles IX aimait à tirer de l'arc; ou
voulut lui en donner le divertissement, et l'on
pense bien qu'aucun de ses courtisans, pas
même le duc de Guise qui excellait à cet exer-
cice, n'eut la maladresse de se montrer pius
adroit que le monarque. /Zenri, que l'on appe-
lait encore Z/enriot, s'avance, et, du premier
coup, enlève, avec sa flèche, l'orange qui ser-
vait de but. Suivant la règle du jeu, il veut
recommencer et tirer le premier; Charles Sy
oppose et le repousse avec humeur ; #/enri re-
cule quelques pas, arme son arc et dirige sa
flèche sur la poitrine de son adversaire : celui-ci
se met bien vite à l'abri derrière le plus gros
de ses courtisans, et ordonne qu'on éloigne de
sa personne ce dangereux petit cousin.
» La paix se fit; le même jeu recommença
le lendemain : Charles trouva un prétexte pour
n'y pas venir. Cette fois, le duc de Guise en-
leva l'orange qu'il fendit en deux; il ne sen
trouvait pas d'autres. Le jeune prince voit une
Rose sur le sein d'une jolie file qui se trouvait
au nombre des spectateurs; il s'en saisit et
court la placer au but. Le duc tire le premier ,
n'atteint pas; Âenri, qui lui succède, met sa
flèche au milieu de la fleur, et va la rendre à
la jolie villageoise sans la détacher de la flèche
victorieuse qui lui sert de tige.
(52)
» Le trouble qui se peint sur la figure char-
mante de cette jeune fille, qu'il embellit encore,
se communique à celui qui le fait naître, et
les doux regards qu'ils échangent à la dérobée
sont les premiers signes de la vie nouvelle qui
vient de commencer pour eux.
» En retournant au château, Æenri ques-
tionne ceux qui. l'entourent ; il apprend que
l'aimable enfant se nomme Fleurette, quelle
est fille du jardinier du château, et qu'elle de-
meure au petit pavillon qui se trouve à l'extré-
mité du bâtiment des écuries. Dès le lendemain,
le jardinage est devenu la passion de Æenri; il
a choisi un terrain de quelques toises aux en-
virons de la fontaine de la Garenne, où il sait
que Fleurette se rend plusieurs fois dans la
journée ; il l'entoure d'un treillage; il y fait des
plantations où il travaille avec d'autant plus
d'ardeur qu'il est aidé par le père de Feurette,
et qu'il a, vingt fois par jour, l'occasion ou le
mir de Jui parler.
» Depuis près d'un mois Æ/enriot en contait
à Fleurette. Henriot et Fleurette s'aimaient
éperdument, sans trop savoir encore ce quils
se voulaient; ils l'apprirent un soir à la fontai-
ne. Fleurette S'ÿ était rendue un peu tard ; l'air
était pur ; le murmure des eaux, les plaintes
du rossignol enchantaient le silence des bois,
(53)
et la lune éclairait, d'un jour mystérieux, une
retraite où la nature est déjà la volupté. Que
se passa-t-il dans cette soirée, à la fontaine de
la Garenne, entre le petit prince de douze ans
et la petite bergère de quatorze ? il est plus
aisé de l'imaginer que de le décrire; tout ce
que j'ai pu savoir, c'est qu'au retour de la fon-
taine la bergerette avait pris le bras du prince
du Béarn, et que celui-ci portait la cruche sur
sa tête. Ils se séparèrent à l'entrée du parc; l'un
retourna gaiment au château, l'autre pleura en
rentrant dans son modeste réduit.
» Le père de Fleurette ne s'était pas aperçu
que sa fille, depuis ce jour, allait plus tard
qu'à l'ordinaire à la fontaine; mais le précep-
teur du jeune prince, le vertueux la Gaucherie
avait observé que son royal élève avait toujours
un prétexte pour s'échapper à la même heure;
et que par le plus beau temps du monde, la
forme de son chapeau était habituellement
mouillée. Cette remarque éveilla la surveillance
du sage Mentor, il suivit de loin le jeune prince,
et arriva, sans être vu, assez tôt et assez pres,
pour s'apercevoir qu'il était venu trop tard.
Convaincu, comme Feénélon, que la fuite est le
seul remède à certains maux, sans autres re-
montrances , 11 annonça au jeune prince qu'ils
retourneraient le lendémain à Pau, d'où ils.
(54)
partiraient pour se rendre à l'entrevue de
Bayonne. »
» L'instinct de la gloire, et peut être celui de
l'inconstance, parlaient déjà au cœur de #enri ;
cette nécessité d’une première séparation, qu'il
courut, en larmes, annoncer à Fleurette, trou-
vait à son insu quelque adoucissement au fond
de son âme; mais comment peindre le déses-
poir de la naïve et sensible Fleurette? dans
les derniers momens d’un «bonheur prêt à lui
échapper, elle pressentait tous les maux de
l'avenir. — Vous me quittez, Æenri, disait la
tendre enfant étouffée par ses pleurs, vous me
quittez, vous moublierez, et je n'aurai plus
qu'à mourir. /Zenri la rassura et lui fit le ser-
ment d'un amour éternel, que Fleurette seuie
devait acquitter : « Voyez-vous cette fontaine
» dela Garenne ( lui dit-elle au moment où la
» cloche du château rappelait Fenri, et donnait
» le signal du départ ), absent, présent, vous
» me trouverez là, toujours là, ajouta-t-elle avec
» une expression quil noubliera pas. »
« Les quinze mois qui s'écoulérent jusqu'au
retour de //enri au château de Nérac, avaient
développé dans l'âme du jeune héros des vertus
incompatibles avec l'innocence des premières
amours; et les filles d'honneur de Catherine
de Médicis s'étaient chargées du soin d'effacer
(55)
de son souvenir l'image de la pauvre petite
Fleurette : celle-ci, plus afiligée que surprise
d'un changement dont sa raison précoce l'avait
dès long-temps avertie, ne lutta pas contre un
malheur qu'elle avait prévu, et ne songea plus
qu'à s'y soustraire,
Elle avait vu plusieurs fois le prince de
Béarn se promener dans la Garenne avec ma-
demoiselle d'Ayelle, et n'avait pu résister au
désir de se trouver un jour sur leurs pas. La
vue de }Zeurette plus belle encore de sa tris-
tesse et de sa pâleur, réveilla, dans le cœur
du jeune prince, un tendre souvenir : il se ren-
dit, le lendemain matin , à son logement , la
trouva seule et lui donna rendez-vous à la fon-
taine de la Garenne : j'y serai à huit heures,
répondit la jeune fille sans lever les yeux de
dessus son ouvrage. Æ/enri s'éloigna aussitôt; il
attendit, avec toute l'impatience d'un premier
amour, qu'un regard de Fleureite avait ranimé
dans son sein, l'heure qui devait la lui rendre.
Elle sonne; il sort du château par une porte
dérobée et passe à travers les taillis du bois, de
peur de rencontrer quelqu'un dans les allées.
Il arrive à la fontaine; Æ/eurette ne Eu pas ;
il attend enéé minutes ; le moindre bruit
des feuilles fait tressaillir son cœur :ilva, vient
s'arrête... , approche de Ia fontaine; une pelite
( 56)
baguette est plantée sur l'endroit même où il
s'est tant de fois assis près de Fleurette. C'est
une flèche; il la reconnaît; la Rose fanée y
tient encore ; un papier est attaché à la pointe;
il le prend, cherche à le lire, mais le jour s'est
éteint... Palpitant, inquiet, troublé, il revole
au château, ouvre le fatal billet, et lit ces
mots... « Je vous ai dit que vous me trouve-
» riez à la fontaine ; peut être avez-vous passé
» près de moi sans me voir; retournez-y et
» cherchez mieux... Vous ne m'aimiez plus..,
» ilfallait bien. Mon dieu! pardonnez moi! »
» {enri a deviné le sens de ces paroles; le
palais retentit de ses cris : on accourt; des va-
lets, munis de flambeaux, le suivent à la Ga-
renne.... Pourquoi s'appesantir sur de cruels
détails ? Le corps de ladorable enfant fut retiré
du fond du bassin où s’épanchaient les eaux de
la fontaine , et déposé entre les deux arbres
qu'on y voit encore. Les regrets déchirans, la
douleur de Henri, qui resta du moins fidèle
au souvenir de Fleurette, ne peuvent qu'hono-
rer la mémoire du prince. »
Quand Scipion s'empara de Carthage, la
jeune ÆE/ma, demeurée en otage, lui fut remise
comme le plus doux prix de sa victoire. Æs-
ménard retrace ainsi le moment de leur en-
trevue :
(87 1)
Elma tremble et triomphe ; elle prie, et son cœur
Redoute en l’implorant la pitié du vainqueur.
Sur les lis de son front une Rose égarée,
Peint avec le désir la pudeur éplorée.
Dans les fables de Gay , poète anglais, on
remarque celle intitulée : {4e poet and the
Rose , le poète et la Rose, qui a été ainsi
rendue en vers français :
Certain rimeur, un jour , errant dans un jardin,
Respirait l’air pur du matin ;
Non loin de là venait d’éclore
La fleur consacrée au plaisir ,
La favorite du zéphyr ,
La reine du printemps, le chef-d'œuvre de Flore.
De son éclat le poète ravi,
£’approcheet lui chante ceci :
« Rose, viens près de ma maîtresse,
» Viens briller sur un sein charmant ;
» Plus heureuse que son amant,
» Jusqu'à la mort suis-la sans cesse.
» Le teint frais de ma bien aimée
» Va faire pälir tes couleurs.
» Un air plus doux que tes odeurs
» Sort de sa bouche parfumée.
» Jalouse Rose, ainsinous mourrons tour-à-tour,
. » Toide dépit, etmoid’amour!»
Dans le conte de la Belle et la Béte , une
Pose cause d'abord beaucoup de chagrin, et
finit par occasionner le mariage d'une jeune
et belle personne avec un prince charmant. Un *
marchand, au moment de se mettre en voyage,
(58)
demanda à ses trois filles ce qu'elles désiraient
.. À .\ ee
qu'il leur rapporiât : les deux premières dési-
« .
rèrent des robes et autres objets de parures ;
mais Zémire, la plus jeune , ne réclama qu'une
Bose :
Je ne veux qu’une Rose : elle me sera chère
Plus que le don le plus brillant ,
Et je dirai : c’est à moi que mon père
Daignait penser en la cueiliant.
Le marchand, après une longue navigation,
peu heureuse pour ses intérèts, et qui ne lui
peruit pas de remplir les commissions de ses
ainées, revenait chez lui, lorsque les vents con-
traires le forcèrent à relâcher dans un endroit
où se trouvait un château inhabité. Cependant
son domestique et lui eurent une table bien
servie et toutes sortes de commodités dans ce
séjour mystérieux. Au moment de le quitter,
le marchand ayant aperçu un Kosier, se res-
souvint de la demande de Zémire, et il s’ap-
procha de cet.arbuste pour y cueillir une Rose;
I l'avait détachée de sa tige, qu'un
monstre se présenta à lui et l'accabla de re-
proches pour lui avoir pris une fleur à laquelle
il attachait le plus grand prix. Le marchand
essaya vainement de calmér son courroux , ïl
n'obtint que la faveur d'aller voir sa famille
pour la dernière fois, et fut obligé de s'enga-
. \ . .
mais à péine 1
( 59)
2 ir biento livrer à
gér, sûr parole, à revenir bientôt se livr
, x
la mort , ou d'abandonner une de ses filles à
lhorrible maître du chäteau. On pense bien
que le pauvre marchand arriva chez lui bien
désolé. Il remit pourtant F4 Rose h Zémire sans
lui rien faire connaître de ce qu elle lui coûtait,
et l'aimable enfant se livra à toute la joie que
Jui inspirait cette possession.
Rose chérie!
Aimable fleur!
Viens sur mon cœur...
Qu'elle est fleurie !
Ab ! quelle odeur! etc.
Cependant la tristesse de son pere, dont il
cachait la cause , lui donnant une vive inquié-
tude elle questionna et pressa tellement le do-
mestique qui avait été du voyage , qu'elle lui
arracha l’aveu de ce qui s'était passé. Elle n'hé-
sila pas un instant, et guidée par les rensei-
gnemens qu'elle eut le soin de prendre , elle
parvint jusquau château d'Azor , c'est ainsi
que s'appelait le monstre.
Enfin, pour abréger, ce monstre n'était
rien moins qu'un beau prince qu'une méchante
fée avait changé en une bête hideuse , et qui
devait rester sous cette figure jusqu'a ce qu'une
belle fille consentit à l'épouser malgré sa lai-
deur. Zérmire, pour sauver Ja vie de son père,
( 6o )
et par reconnaissance pour les bons procédés
que le monstre avait eus pour elle, l'ayant ac-
cepté pour époux , Azor reprit aussitôt sa pre-
mière forme pour la conduire à l'autel.
Un petit conte arabe, tiré d'4l-Mofadal, à
été ainsi mis en vers :
J’allais pour saluer le père des croyans ;
Près de lui se trouvait un vase plein de Roses,
D'une pourpre éclatante et fraichement écloses,
Et telles qu’on les voit dans son plus beau printemps.
Près des Roses brillait une fille charmante,
Fille rare en beauté, l'honneur de nos déserts,
Qui modeste autant que savante,
Counaissait l’art beureux d’assortir de beaux vers.
Jeune homme , dit le prince , il faut nous faire entendre
Sur la rose naissante un couplet gracieux :
La Rose, dis-je alors , est un présent des dieux,
Tel que la jeune fille au regard doux et tendre
Qui commence à rougir et qui baissse les yeux.
Alors de mon couplet imitant la cadence :
La Rose, dit la fille, est comme la rougeur,
Prince, qui de mon front anime la pudeur,
Quand d’un de vos regards j'obtiens la préférence.
Demoustier , dans ses lettres à Emilie, offre
souvent la Rose dans ses images ; en voici quel-
ques exemples :
« Sur ce front siége la candeur.
Quand il rougit , la modestie
Cache le trône du génie
Sous les Roses de la pudeur.»
(61)
« L'amour, caché sous le voile de l'amitié ;
est un bouton de Rose renfermé dans son en-
veloppe. »
« Adonis, dans mon sein ( C’est Vénus qui parle ), jamais ne
vicillira.
Mon Adonis est une Rose
Que mon souffle Tajeunira. »
+. « Ma belle enfant qu’as-tu fait de tes Roses ?
Je ne te vois que des lis aujourd’hui.
Qui peut avoir flétri tes lèvres demi-closes ?..…
Le petit scélérat ( l'amour )!.., Je gage que c’et lui ?...»
« Une odeur d'ambroisie parfumait les bos-
quets et les vallées de l'île de Rhodes. On aper-
cevait çà et là des touffes de Roses, qui fleu-
rissaient les trônes de verdure où Vénus s'était
reposée. »
« Je crois que deux tendres amans ,
Après avoir cueilli des Roses au printems,
Moissonné dans l’été , veadangé sous Pomone,
Savourent l’armitié dans l'hiver de leurs ans,
Comme un excellent fruit couservé de l’automne. »
“« Aussi vermeil, aussi frais que les fleurs
qu'il caresse , le teint de zéphyre offre la rou-
geur virginale de la Rose naissante. »
« L’anémone a fleuri , la Rose vient d’éclore ;
L’'innocente rougeur dont elle se colore
Est le sang de Vénus versé pour Adouis,
Leur sang et leur destin dans ces lieux sont unis :
Vénus rougit la Rose, Adonis l’anémone. »
( G2 )
‘« Plusieurs gouttes de sang de Vénus jailli-
rent sur des Aioses qui devinrent rouges de
blanches qu'elles étaient. »
« Aussi moi, qui jamais n’obtins d'autre faveur,
Qui jamais n’eus d’autre ressource
Que de vous présenter quelquefois cette fleur ;
Je crois, en la voyant briller sur votre cœur,
Voir le sang de Vénus retourner à sa source.»
François I. comparaït une cour sans fem-
mes à une année sans printemps , un printemps
sans Roses. |
Voici des pensées extraites d'Anthénor :
« Je me garderai bien de m'enfermer ici avec
Pamant le plus passionné , les Fioses y seraient
bientôt des pavots. »
« Amythis dépérissait comme un bouton
de Rose séparé de sa tige. »
« À Sparte , je donnerais l'exemple de la
frugalité ( c'est Alcibiade qui parle ) ; à
Athènes et à Persépolis , je voudrais, sur des
touffes de Æoses, savourer à-la-fois tous les
parfums de la volupté. »
Les vers suivans sont du président Dupaty.
« Quand Cinthieau matin, j'en atteste l'amour ,
Entr'ouvre ses beaux yeux aussi purs que le jour,
C’est l'aurore ou la Rose , on croit la voir éclore.
On trouve dans Gessner et dans Thompson,
(63 )
diverses pensées inspirées par la Æose : en voici
quelques-unes :
Gessn.— « Mes jours s'écouleront ici comme
vos ondes tranquilles; ils se faneront doucement
comme se fane une Æose qui exhaleen mourant
ses derniers parfums. »
« O Rose ! que tu exhales une odeur agréa-
ble, quand mon berger te cueille et quil te
place sur mon sein... Alors je ne respire que
la joie , et mon cœur s'ouvre soudain à la fé-
licité. Oui , mon berger, construis un berceau
pour Bacchus et pour l'Amour; et moi je cul-
tiverai, pour le dieud'amour, des Roses auprès
des pampres. »
Thomp.— « Viens doux printems, fraicheur
éthérée , viens, descends dans nos plaines du
sein de la nue, baigne de rosée nos arbrisseaux ;
descends : la musique des airs s'éveilie autour de
ces groupes de Roses.
« Cette nymphe répand un doux éclat sem-
blable au lis et à la Rose rafraichie par la main
de l'aurore. »
« Leurs lèvres séparées comme le bouton
de Rose , humecté par la rosée du matin, res-
pirent les délices. »
Le roi de Prusse se promenant dans le jar-
din de Postdam avec Voltaire , demanda une
fiose, celui-ci la lui présenta en disant :
(64)
Phénix des beaux esprits, modèle des guerriers ,
Cette Rose naquit au pied de vos lauriers.
Dans une’ymne aux beautés de Corinthe et
d'Athènes , Vauteur de Zéphyre ou le berceau
de Flore, trace ainsi le portrait des femmes :
« Femmes ! femmes ! vous êtes le plus bel
ouvrage qui jamais soit sorti des mains des im-
mortels : vos regards sont vifs et purs comme
les rayons de l'aurore; votre peau est aussi fine
que le duvet des fleurs ; le souffle de Zéphyre
n'est pas plus doux que vos accens; la nature
a coloré du même pinceau et vos joues et les
Roses. » |
« La femme est le génie consolateur de
l'homme : c'est elle qui couvre de Roses les
épines de la vie, et qui embellit la perspective
de l'avenir. »
Dans l'hymne au soleil de M. l'abbé de
Reyrac, on trouve cette apostrophe à la Rose :
« Fille des Zéphyrs , amour du soleil et du
printems, reine aimable de nos jardins, char-
mante Rose , qui t'a donné cette odeur suave
qu'on respire avec tant de délices ? »
Les oiseaux affectionnent aussi le Rosier, et
plusieurs espèces , telles que le rossignol, le
bouvreuil et la fauvette nichent dans cet ar-
brisseau. Dans le jardin du château de #on-
(65 )
mour en Béarn, qui appartient à M. Lamothe ;
il y a un grand nombre de Rosiers, et presque
tous, au printemps, renferment des zids. Celui
qui me frappa le plus lorsque je visitai ce jar-
din, fut un nid de fauvette, construit au milieu
d'un bouquet de huit à dix Roses ; il fallait écar-
ter ces dernières pour voir l'intérieur du nid,
mais sans rien déranger , et en s'approchant
seulement du Rosier , on voyait la tête de la
fauvette s'élevant tant soit peu au milieu de ce
groupe de fleurs.
On voit des Roses sur les médailles de RAo-
dès , de Roda en Espagne, de Rhodanusia
dans les Gaules, et de Cythnus ( Pembrok }
dans la mer Ægée.
La Rose figure aussi dans le blason ; elle
s'appelle soutenue, quand elle est représentée
avec sa queue : elle est quelquefois d'un même,
et quelquefois d'un différent émail, mais tou-
jours épanouie.
On appelle Roses, de petites étoffes de soie,
de laine et de fil, dont les façons: représentent
des espèces de Roses.
Enfin l'architecture et plusieurs autres arts
ont leurs Roses. Il y a Rose de vent, Rose d’or-
nement, ose de compartiment, Rose de mo-
derne, Rose de pavé, Rose deboutonnier, Rase
de luthier, Rose de serrurerie, etc., etc., etc.
5
(6)
DESCRIPTION
DES ROSIERS.
Le Rosier est un des végétaux les plus répan-
dus dans l'hémisphère septentrional, tant sur
l'ancien que sur le nouveau continent. On le
voit depuis les côtes de Barbarie jusqu'en La-
ponie, et depuis l'Espagne jusquau Kams-
chatka; on le trouve dans l'Amérique septen-
trionale aux environs de la baie d'Hudson, et
sur les montagnes du Mexique ; mais, jusqu'à
ce jour, on na pas connaissance quil existe
dans l'hémisphère méridional. Cet arbrisseau
est très-commun en Europe et les Alpes et les
Pyrénées seules en fournissent en abondance.
Le genre rosier offre un si grand nombre de
variétés qu'il devient très-difficile d'établir sa
nomenclature : aussi n'indiquerai-je, parmi ces
variétés, que celles qui paraissent bien cons-
tantes d'après les recherches des meilleurs
observateurs.
Les Rosiers sont répartis, par les botanistes,
dans trois sections bien distinctes, déterminées
d'après -la forme du fruit : la premiére com-
(67)
prend les Rosiers à fruit globuleux où rond ;
la seconde les Rosiers à fruit presque globu-
leux ; et la troisième les Rosiers à fruit ovale.
Mais comme cette division ne se rattache nul-
lement au plan que j'ai adopté en composant
ce livre, et qu'elle ne servirait peut-être qu'à
le rendre maussade, je l'ai négligée entièrement
et n'ai suivi aucun ordre dans la description des
espèces. Cependant, afin de faciliter les per-
sonnes qui voudraient les ranger méthodique-
ment, ou recourir aux ouvrages classiques , j'ai
eu le soin de faire précéder le nom du Rosier,
d'un chiffre indiquant la section dans laquelle
il faut placer l'espèce, et de le faire suivre de
la dénomination latine qui établira une corres-
pondance aisée avec les auteurs.
Avant de passer à la description des Rosiers
que nous cultivons, je vais indiquer ceux qui
étaient les plus communs à Rome, dans les
jardins, et dont Pline nous a conservé les
noms.
« Les Roses les plus estimées, dit-il, sont:
les Prénestines, puis les Coronéoles, ( notre
Rosier musqué à tiges rampantes ) parce qu'on
les employait particulièrement dans la compo-
sition des couronnes. Quelques uns ajoutent les
Milésiennes, ( notre Rosier de Provins ) qui
sont les plus fortes en couleur et qui n'ont que
(68 )
douze feuilles. La Trachinéenne , (notre Rose
incarnate ) moins rouge, vient après. La Rose
dont on fait le moins de cas est l’4labaude ,
dont les pétales sont blancs. La Spinéole , (no-
tre Rosier très-épineux ) qui offre plusieurs
feuilles très-petites, n'est pas non plus fort
recherchée. Nous possédons également l'espèce
à cent feuilles , ( notre Rose de Hollande ) la
Grecque, ( notre Rose des haies ) que les grecs
appellent Lichnis, qui est inodore, à cinq
feuilles grandes comme celles du violier, et qui
ne se plaît que dans les lieux humides; la Gré-
cule, dont les pétales toujours entortillés, ne
s'épanouissent jamais, à moins qu'on ne les ou-
vre avec la main :ils sont cependant très-grands;
vient enfin l'espèce appelée Moscheuton , qui
a des feuilles comme l'olivier , une tige comme
la mauve. »
La Rose du mont Pangée, est notre Rose
Canelle. Les Roses de la Campanie étaient les
plus recherchées ; les Romains s'en servaient
pour la composition de leurs parfums les plus
délicats.
Il paraît que les anciens ne connurent point
notre Rose jaune, ni même notre Rose blan-
che, à moins que cette dernière puisse être
rapportée à leur Æ/abaude.
(69)
ROSIERS
CULTIVÉS DANS LES JARDINS ET LES
PÉPINIÈRES.
Ji. Rosrer a CENT FEUILLES. Rosa centifolia.
Ce Rosier, qui serait mieux appelé Rosier à
cent pétales, occupe le premier rang dans les
jardins. C'est principalement à ses fleurs arron-
dies , brillantes et parfumées que les poètes
ont adressé leurs nombreux éloges; ce sont
elles queles peintres ont choisies pour modèle,
et que les fleuristes, ou fabricans de fleurs ar-
tificielles , imitent avec une si grande perfec-
tion, que l'œil peut souvent s'y méprendre.
Un jour la Rose artificielle
Voulant sur Pautre avoir le pas,
Lui disait : je suis aussi belle,
Mais un jour ne me flétrit pas.
La beauté me prend pour parure,
Je sers à relever ses dons;
J’imite si bien la Nature,
Que j'ai trompé des papillons.
Ah! dit la Rose naturelle,
Si ma fraicheur passe en un jour,
(70 )
Un seul bouton me renouvelle,
Je renais encor pour l’Amour.
De ce bouton qui vient d’éclore,
Tu n’imites pas les couleurs ;
On n’a pas vu la tendre Aurore,
Sur ton trépas verser des pleurs.
Le Rosier à cent feuilles s'élève à 6 ou 8
pieds ; il fleurit au printemps et donne quel-
quefois des fleurs en automne. Les variétés de
ce Rosier sont d'autant plus nombreuses que
la culture en donne chaque jour de nouvelles;
il serait donc superflu de citer toutes celles
qui ont été remarquées et quon ne rencontre-
rait peut être plus, et je vais indiquer, seule-
ment, les variétés qui se reproduisent commu-
nément.
— Rosier de Hollande. Rosa Hollandica
centifolia. Fleurs très-grandes, mais qui, en
s'épanouissant , ne conservent pas la forme
arrondie; feuilles ordinairement rougeâtres à
leurs bords.
— Rosier cent feuilles à fleurs simples.
Rosa centifolia simplex. Fleurs larges, d’un
rose vif; feuilles d'un vert plus tendre que
dans l'espèce commune. Cependant ce Rosier
est rarement tout à fait simple.
— Rosier des peintres. Rosa centifolia semi
plena. Fleurs pleines, dont les pétales du centre
sont d'un incarnat très-vif, disposées trois à
Cr
quatre sur le même corymbe; feuilles non rou-
geâtres en leurs bases, grandes , fermes, pâles
en dessous.
— Rosier couleur chair ou Rosier vilmorin.
Rosa centifolia carnea. Tiges hérissées , fleurs
moyennes, d'un rose couleur chair; feuilles
d'un vert clair et un peu cotonneuses en des-
sous.
— Rosier unique. Rosa centifolia mutabilis.
Boutons teints à l'extérieur du rose le plus
vif, ce qui donne à croire que la fleur épanouie
sera intérieurement de la même couleur, tan-
dis qu'elle est du blanc le plus pur. Ce Rosier,
publié par Dupont, a été trouvé dans une
ferme , où il était cultivé depuis long-temps ,
par Greenvood, pépiniériste à Kensington. On
le greffe sur l'églantier.
— Rosier multiflore ou petite Hollandaise
hätive des jardins. Rosa centifolia multiflora.
Rameaux feuillés, fleurs moyennes, très-dou-
bles, d'un beau rouge et en grand nombre.
— Rosier mousseux. Rosa centifolia mus-
cosa. Fleurs grandes, doubles et qui répandent
une odeur suave ; extrémités des rameaux et
des calices couvertes d'épines molles, rami-
fiées, d'un vert brunâtre , longues, odorantes,
et qui ressemblent à la mousse. On le greffe
souvent sur l'églantier. Il y a une sous-variété
(72)
à petites fleurs. Miller est le premier qui ait
cultivé le Rosier mousseux en 1727, et c'est
à Madame de Genlis qu'on doit le premier
qu'on à vu à Paris.
En Allemagne et près de Berlin, ce Rosier
s'élève à la hauteur de quelques arbres. J'en ai
vu de très-grands dans le jardin de Madame
la marquise de Gontaut-Biron, à Pau.
— Rosier mousseux à fleurs blanches. Rosa
centifolia muscosa alba. Feuilles glauques ,
peu dentées, fermes et un peu arrondies; fleurs
blanches. Ce Rosier est moins mousseux que
le précédent. |
— Kosier prolifère ou Rosier folié. Rosa
centifolia foliacea. Rameaux quelquefois tri-
phylles ou monophylles à leur extrèmité; fleurs
solitaires à l'extrêmité des rameaux, portant ,
communément, dans leur centre, le rudiment
d'une autre Rose, laquelle, s'épanouissant à
son tour, donne quelquefois une Rose aussi
prolifère; on en a vu jusqu'à trois et quatre
ainsi enfilées ; divisions calicinales se prolon-
geant en autant de feuilles profondément in-
cisées.
— Rosier æillet. Rosa centifolia cariophyl-
lata. Fleurs dont les pétales contournés se
disposent tellement qu'elles ont l'aspect de
l'œillet. Cette singularité a fait donner encore
(a3")
à cette Rose le surnom de guenille. C'est en
l'an 1800 que cette variété fut produite par un
Rosier à cent feuilles qui avait dégénéré dans
un jardin de Mantes. Son rapport avec l'œillet
à fait croire aussi qu'elle en avait l'odeur.
— Rosier à feuilles de celéri. Rosa centi-
Jolia bipinnata. Feuilles remarquables par l'es-
pèce de frisure de leurs divisions.
— Rosier à feuilles de laitue. Rosa centi-
folia bullata. Fleurs grandes et doubles ; feuilles
ondulées, contournées et remarquables par leur
largeur.
— Rosier crénelé. Rosa centifolia crenata.
Feuilles crénelées ; fleurit rarement et est peu
connu.
— Rosier à feuilles de chêne vert. Rosa
centifolia ilicifolia. Fleurs moyennes , dou-
bles, de couleur rose; feuilles semblables à
celles du chêne vert.
— Rosier de Bordeaux, ou gros pompon:
Rosa centifolia burdigalensis. Ce Rosier ne
diffère guères du cent feuilles commun que
par ses fleurs dont les pétales sont plus serrés
les uns sur les autres.
— Rosier cent feuilles panaché. Rosa cen-
tifolia belgica, flore albo violacea. Tige fort
peu garnie d'aiguillons courts; feuilles compo-
sées de cinq folioles épaisses, dentées, poin-
(74)
tues, d’un vert un peu terne, blanchâtre en
dessous; fleurs blanches de trois à quatre en-
semble, grosses et si doubles, qu'elles ne peu-
vent parvenir à leur complet épanouissement ;
l'intérieur est lavé d'une teinte violette.
— Rosier anémone. Rosa centifolia ane-
moncæ flora. Pétales intérieurs étroits, presque
linéaires, roulés en dedans ; petales extérieurs.
au nombre de cinq, larges et d'un rouge moins
foncé que dans le Rosier d'Hollande.
— Rosier incarnat ou la constance. Rosa
centifolia incarnata. Fleurs très-grandes, dou-
bles , blanches, légèrement carnées ; pétales
intérieurs lavés d'un rose tendre. Originaire
d'Hollande. |
— Rosier cramoisi. Rosa centifolia rubigi-
nosa. Fleurs grandes d'un rouge foncé, mais
d'une 6deur peu prononcée.
--- Rosier aurore. Rosa centifolia purpuras-
cens. Fleurs dont la couleur tire légèrement
sur le jaune.
IT. ROSIER DE PROVINS. Rosa gallica. Le Ro-
sier gallique, originaire de Syrie, fut, dit-on,
apporté à Provins, dans le temps des Croisa-
des, par un comte de Brie. Selon M. Opoix,
cette Rose est la même si connue à Aome sous
le nom de Rose milésienne , parce qu'on la ti-
rait alors de la ville de Milet, dans l'Asie mi-
neure. On appelle vulgairement les grands et
è
(75)
petits Provins, grands et petits S4.-Françoïs.
Ce Rosier forme un buisson qui s'élève de
deux à quatre pieds ; ses tiges, assez faibles ,
se divisent en rameaux nombreux armés d'ai-
guillons inégaux et presque droits ; le fruit est
globuleux et d'un brun rougeitre; les feuilles
sont composées de cinq à sept folioles ovales,
aiguës et d'un vert foncé ; Les fleurs naissent à
l'extrémité des rameaux, quelquefois solitaires,
quelquefois au nombre de deux ou trois ; elles
sont grandes, d'un rouge plus ou moins foncé,
et presque inodores.
Ainsi que le Rosier à cent feuilles, le Rosier
de Provins offre des variétés sans, nombre et
établies sur la couleur , les nuances et les di-
mensions de la fleur. Un hollandais, amateur
de fleurs , possédait dans son jardin quatre
cents variétés de ce seul Rosier. M. de Pron-
ville , dans sa nomenclature raisonnée des es-
pèces variétés et sous-variétés du genre Rosier,
a divisé, en cinq sections, les variétés du Rosier
de Provins.
Il SEecrron. LES POURPRES.
— Rose pourpre semi-double. Fleurs gran-
des, d'unrouge clair, assez vif. C'est elle que
l'on cultive avec profusion aux environs de
(76)
Paris et de Provins, pour l'usage des pharma-
ciens et des confiseurs.
— Rose pourpre ponceau. Est plus double
que la précédente. Fleurs grandes, d’un rouge
foncé tres-vif.
— Rose gallique ou la Junon. Fleurs très-
doubles , d'un rouge clair et égal. Ce Rosier
végète rapidement et forme de belles têtes
lorsqu'il est greffe.
— ose le roi des pourpres. À du rapport
avec la précédente. Fleurs plus doubles et plus
grandes , même intensité de couleur.
— Rose à grand cramoisi de Trianon.
Fleur peu double, mais régulière et d’une cou-
leur égale. C'est la plus foncée d'entre les
pourpres.
Ie Secrion. LES ROSES.
— Rose l'ornement de parade. C'est une
des plus belles variétés. Les fleurs, entièrement
épanouies , ont trois pouces de diamètre et
quelquefois davantage.
— Rose grandesse royale, Pivoine des
hollandais ou lustre d'église. Fleurs globu-
leuses, même dans leur développement , et
d'un rose tirant sur l’hortensia.
— Rose panachée. Rosa gallica variegata.
(77 )
. Remarquable par ses fleurs blanches panachées
el jaspées de rose, qui la couvrent entièrement
en juillet ; mais ces fleurs durent peu.
— Rose pivoine où nouvelle Pivoine , appe-
lée encore Grand triomphe , par Godefroy.
C'est peut-être la plus belle variété du Rosier
de Provins. La fleur est très grande, double,
d'un rose tendre, mais plus vif dans le centre.
— Rose mauve ou ancienne Pivoine des jar-
diniers. Fleurs grandes, semi-doubles, d'une
forme régulière ; pétales striés ou jaspés en
rose sur un fond pâle , elles se succèdent jus-
qu'au mois d'août, ce qui est un avantage dans
ce genre.
— Rose aimable rouge, appelée cent feuil-
les d'Angleterre par M. Noisette, et Rose hor-
tensia par M. Godefroy , est remarquable par
sa couleur d'un beau rose hortensia, se teignant
en blanc vers le bord des pétales.
Ile Secrron. LES VIOLETTES.
— Rose pourpre belle violette. Fleurs très
doubles et d'un pourpre violet clair égal.
— Rose évêque ou Manteau d'évéque.
Fleurs grandes , doubles , de couleur violette
un peu striée, piquetée quelquelois de petits
points blancs. Cette Rose a une sous-variété
( 78 )
nommée Grand Alexandre par Godefroy:
— Rose Manteau pourpre. Fieurs grandes, à
pétales tres-larges et d'un pourpre violet écla-
tant. Cette Rose est moins double que la pré-
cédente , mais d'une végétation aussi forte.
— Rose de la reine. Rosa reginæ dicta.
Fleurs de moyenne grandeur , d'un beau violet
clair , pétales à bords blancs.
— Rose noire de Hollande. Fleurs peu dou-
bles , mais remarquables par leur couleur, d'un
violet tirant sur le noir.
IVre Sgcrion. LES VELOUTÉES.
M. de Pronville appelle veloutées, les Roses
de Provins dont les pétales donnent un reflet
lorsqu'ils sont exposés à une grande lumière.
— Rose maheca simple. Cette rose est le
type des roses veloutées qu'on peut considérer
comme des sous-variétés. Ses pétales sont d'un
rouge foncé, nuancé vers le centre.
— Rose le velours pourpre. Fleurs très-dou-
bles, moyennes, cramoisies, tirant sur le vio-
let , nuancées d'un pourpre plus clair vers le
centre. |
— Rose la superbe en brun. Fleurs d'un.
cramoisi très-foncé , pétales maculés de taches
brunes très-remarquables, surtout avant l’en-
üer développement de la fleur.
( 79 )
— Rose le pourpre charmant. Fleurs très-
doubles , moyennes, nombreuses, d'un pour-
pre éclatant , égal et velouté.
— Rose la renoncule. Fleurs moyennes, très-
doubles , cramoisies , pétales courts, serrés ,
couchés en dehors dans l'épanouissement; quel-
quefois ces fleurs sont prolifères et perdent
alors leur éclat.
— Rose la renoncule noirdtre. Fleurs mo-
yennes, très-doubles, nuancées du pourpre clair
au violet foncé et très veloutées.
— Rose cramoisi brillant. Rosa cramosis-
simo amplo. Fleurs grandes, très-doubles, cra-
moisies et nuancées jusqu'au centre du carmin
le plus éclatant.
— Rose le velours noir. Fleurs grandes ,
doubles, veloutées, d'un cramoisi très-foncé ,
presque de couleur puce. Elle se voit à Lille,
chez MM. Mieller et Cardon, et dans le jardin
fleuriste du roi, à Sèvres.
Vme SEcrTion. LES POMPONS.
— Rose Saint-François. Rosa gallica minor.
Cette Rose qu'on trouve à Trianon et dans plu-
sieurs pépinières, ressemble absolument à la
Rose gallique dont elle a tous les caractères.
C'est le plus petit des pompons ; on ne Le con-
(80)
naît que double; sa fleur est d'un pourpre vio-
let. Greffé sur l'églantier, il forme une jolie
tête qui se couvre de fleurs en juillet.
Voici d’autres variétés de la Rose de Provins.
qui ne sont point encore classées dans la divi-
sion précédente.
— Rose multiflore. Fleurs grandes, nom-
breuses, d'ane odeur agréable; la corolle, semi-
double, se compose de six à sept rangs de pé-
tales de couleur rose.
— Rose argentée. La corolle bien double
est blanche sur les bords et d’une belle cou-
leur de chair dans le cœur. La fleur répand
une odeur suave, mais faible.
— Rose mère gigogne. Fleurs grandes,
inodores ; corolle formée de plusieurs rangs de
pétales d'un rouge cramoïisi.
Enfin, viennent à la suite, la Rose pin-
tade, la Rose belle veloutée pourpre , la Rose
couleur cerise, la Rose terminale , La Rose la
merveilleuse , la Rose grand pompadour, la
Rose bizarre triomphant , la Rose entreprise
première, la Rose porcelaine à bords blancs,
la Rose l'aigle noir à fleurs simples , et La
Pose à rameaux inclinés , provenant des se-.
mis de M Charpentier , jardinier en chef du
Luxembourg.
Le Rosier de Provins est cultivé avec d'au-
(81)
tant plus de profusion, qu'il est le moins sus-
ceptible pour l'exposition et le terrain. Néan-
moins, 1l donne des fleurs en plus grande abon-
dance et plus colorées , dans une terre légère
et chaude.
IL. ROSIER POMPON. Rosa parviflora. Ce ro-
sier appelé encore de Bourgogne , fut rencon-
tré par hasard en 1755, sur une montagne
près de Dijon. Ses fleurs devinrent pleines par
la culture, et depuis on a multiplié à l'infini
cet arbuste charmant. Il ne s'élève pas au delà
de trois pieds ; ses feuilles ont cinq ou sept
folioles ; elles sont petites et velues en dessus,
les rameaux sont droits et se décorent au mois
de mai d'un grand nombre de petites fleurs
très doubles , rouges au centre et d'une nuance
qui s'éclaircit à mesure qu'elle approche des
bords.
Rien d'élégant comme une branche du Resier
pompon , surtout lorsqu'elle se balance sur le
sein d'une jolie femme.
Ah ! toi seule ornes mon séjour ,
Belle et charmante mignature,
Petite Rose de l’amour,
Enfant gâté de la nature:
Viens ouvrir ton joli bouton;
Sois chez moi toujours souveraine ;
En voyant la Rose pompou,
Tes sœurs ont proclamé leur reine.
(82)
Il y a des pompons à fleurs blanches et à.
fleurs pourpres. Ce Rosier se multiplie de bou-
tures.
IL ROSIER DE DAMAS. Posa damascena. On -
le nomme vulgairement : Rosier de deux fois F4
l'an, Rosier des quatre saisons , et Rosier de
joue les mois. Il forme un buisson touffu qui
s'élève de cinq à six pieds ; branches nombreu-
ses, garnies d'aiguillons épars , rouges et re-
courbés; feuilles à sept folioles ovales, aigués,
d'un vert pâle en dessus, légèrement velues
en dessous ; fleurs ramassées en paquets de
douze et quelquefois vingt; leur couleur varie
du rouge au blanc ; Le se voient les pre-
mières, se renouvellent à l'automne , et durent
souvent jusqu’ aux gelées , Surtout si Té a soin
au mois de juillet, de tailler et effeuiller cet
arbrisseau , qu'il faut arroser pendant les sé-
cheresses.
2 Ne laissez jamais se flétrir,
Faute d’une utile rosée,
L’arbrisseau qui doit vous offrig
Cette fleur jastement prisée,
Trop d’eau peut aussi l’affaiblir :
Petit à petit qu’on l’arrose,
À l’œil vous verrez s’embellir
Le charmant bouton de la Rose,
Ce Rosier à plusieurs variétés.
— liosier d'Yorck et de Lancaster. Rosa
( 83 )
damascena versicolor. Fleurs panachées. Le
même pied porte souvent des fleurs toutes
blanches et d'autres tout à fait rouges. Ce Ro-
sier a une sous-variété appelée la félicité.
— Rosier couleur de chair , ou Rose gra-
cieuse. Rosa damascena carnea. Fleurs gran-
des , mais d'une odeur faible.
— osier de Cels. Rosa damascena muta-
bilis. Ce Rosier doit son nom à M. Cels qui
l'a découvert. Ce charmant arbrisseau est re-
marquable par ses rameaux qui portent, à la
fois, des fleurs blanches et des fleurs roses
sur le même corymbe.
— Rosier argenté, Rosa damascena ar-
gentea. Fleurs moyennes , blanches et lavées
de rose dans le milieu.
— Rosier de Damas rouge. Rosa damas-
cena multrflora. Corymbes composés de dix
à douze fleurs moyennes , Roses portées sur
de longs pédoncules écartés, qui couvrent cet
arbrisseau de bouquets nombreux. Ce Rosier
a deux sous-variétés, la Aose fausse unique ;
et la ose à bouquets couleur de chair.
— Rosier de Portland. Rosa portlandica
bifera. Fleurs grandes , d'une odeur faible,
corolle composée de deux à trois rangs de pé-
tales ; étamines nombreuses ; styles longs
d'une ligne et réunis en un seul faisceau ;
C4)
folioles d'un vert tendre , plus arrondies que
celles du Damas ordinaire. Ce Rosier fleurit
en juin, Juillet , septembre et octobre.
On peut encore regarder comme une variété
du Rosier de Damas, le Rosa Pesti de Vir-
gile, qui, selon lui , fleurit deux fois par an.
La ville de Pestum, qui n'est plus aujour-
d'hui qu'un modeste village de la Calabre , fut
jadis célèbre par ses belles Roses qui feuris-
saient deux fois l'an.
Le Rosier de Damas est un des plus com-
muns de nos parterres ; il répand une odeur
agréable ; mais ses fleurs se fanent et s’effeuil-
lent facilement.
De toutes parts des fleurs écloses,
Pour te parer viennent s’offrir;
Mais, quand tu vois partout des Roses,
Tu négliges de les cueillir :
Sophie , il en est temps encore,
Songe en composant tes atours,
Qu'on ne voit plus la Rose éclore:
Quand viennent les derniers beaux jours.
Cueillons la Rose, ma Sophie,
Dès que nous la voyons fleurir;
Demain, prut-être, la prairie
De ses débris va se couvrir ;
D'un rien son éclat se compose ;
Un rien le détruit sans retour ;
Le premier beau jour de la Rose
Est souvent son dernier beau jour.
TI. ROSIER GRAND ROYAL. Rosa bifera. Ce
(85)
Rosier a du rapport avec le Rosier de Port-
land , mais ses rameaux sont moins touflus,
moins tortueux et plus hérissés d’aiguillons ;
ses folioles sont ovales , un peu arrondies à
leur extrêmité , et plus fortement dentées ; ses
rameaux sont terminés par un corymbe de trois
à six feuilles érigées et presque agglomérées ;
les ovaires sont allongés sans aucun rétrécis-
sement vers le calice, et leur base se con-
fond avec le pédoncule qui est court et cou-
vert d'aiguillons. Ce Rosier fleurit avamt le
damascena et refleurit en septembre.
III ROSIER BELGIQUE. fiosa Belgica. Ce
Rosier qu'on regarde communément comme
une variété de celui de Damas, offre cepen-
dant des caractères suflisans pour le faire ad-
mettre comme espèce. Ses ovaires sont plus
ouverts, n'ont point d'étranglement ; ils sont
peu glanduleux; les folioles des calices sont
presque toujours simples; les folioles de ses
feuilles excèdent rarement le nombre de cinq;
ses fleurs sont rouges ou blanches et répandent
une odeur agréable.
111. ROSIER TOUJOURS VERT. /osa semper
virens. Ce Rosier est ainsi appelé parce qu'il
conserve son feuillage toute l'année, ce qui le
rend propre à garnir un berceau ou un treillage.
Fruit alongé; tiges couvertes d'aiguillons recour-
( 86 ) |
bés ; feuilles composées de cinq folioles ovales
terminées en pointes, d'un vert luisant en des-
sus, comme en dessous et subsistantes jusqu'à la
pousse des nouvelles ; fleurs blanches, finement
musquées et naissant en grand nombre à l'extré-
mité des rameaux.
Le Rosier toujours vert, fleurit en juillet;
la gelée lui étant quelquefois nuisible, il con-
vient de l'exposer dans un endroit chaud, ou de
l'abriter par le voisinage d'une haie. En général
les Rosiers produisent un effet charmant lors-
qu'on les dispose dans les haies qui servent de
clôture à nos jardins paysagers. Cependant la
fable suivante nous dira que la Rose s'est plaint
de se trouver ainsi placée.
Une Rose croissait à l’abri d’un buisson,
Et cette Rose , un peu coquette,
N’aimait point son humble retraite ;
C'était mème, à l'entendre , une horrible prison.
Son gardien lui disait : « Patience, ma chère,
» Profite de mon ombre, elle t’est salutaire :
» C’est elle du midi qui t’épargne les feux ;
« Grâce à mes dards épineux ,
» Des insectes rongeurs tu ue crains point l’outrage ;
» Je te défends encor des vents et de l'orage;
» Chéris donc ton asile obscur :
» Il n’est pas beau , mais il est Sür. »
La Rose est indignée, elle n’en veut rien croire;
» Vivre ainsi, e’est vieillir sans gloire ...... %
Un bûcheron paraît; — Accours, dit-elle, ami,
» Sois mon libérateur, fais tomber sous ta hâche
» Ce vilain buisson qui me cache »
(87 )
Le manant empressé n’en fait pas à demi,
Il abat le buisson. Partant plus de tutelle.
La Rose de s’en réjouir :
Elle va donc s'épanouir,
Charmer tous les regards , attirer autour d’elle
Le folätre essaim des zéphirs....
Tandis que la jeune orgueilleuse
Rève ainsi le bonheur, et rit d’enchantement,
Voilà qu’une chenille hideuse
A découvert sa tige, y grimpe lentement,
Et sur son bouton frais se traîne insolemment,
Un escargot , plus vil encore,
Vient souiller ses appas naissans ;
Le soleil à son tour de ses rayons brûlans
La frappe : elle se décolore.
Dans le chagrin qui la dévore
Elle songe au buisson; mais regrets superflus !
Ce doux abri n’existe plus.
Qu’arriva-t-il ? la Rose
Se fane , tombe, meurt, hélas! à peine éclose.
Noubliez pas celte lecon,
Innocentes beautés , orgueil de vos familles :
Vos mamans, voilà le buisson ;
Croissez toujours à l'ombre, ou gare.... les chenilles.
Le Rosier toujours vert est originaire dT-
talie; mais il vient naturellement dans les
provinces méridionales de la France , et même
en Allemagne. On le greffe sur l'ég/antier.
II. ROSIER DE CHAMPAGNE, ou Rosier de
Meaux. - Rosa remensis. Ce Posier offre un
buisson rameux et épais ; aux mois de juin et
s
juillet , il se couvre de fleurs semblables à
celles du Rosier pompon; mais plus grandes et
(88)
d'un rouge vif. Ja variété à fleurs doubles est
le Pompon des Alpes des jardiniers.
I. Roster CANELLE. Rosa cinnamomea. Il
est originaire des Alpes, mais il croît naturel-
lement en Allemagne et dans les bois de
l'Auvergne. On l'appelle canelle parce que sa
tige offre la couleur de cet aromate. On le
nomme encore Rosier de mai, parce que ce
mois est le temps de sa floraison ; et du Saint
Sacrement , parce qu'il sert à parer les corbeil-
les employées dans les cérémonies religeuses.
Il forme un buisson qui s'élève quelquefois jus-
qu'à huit pieds. Sa tige d'un rouge brun et
garnie d'aiguillons, seulement à la base , se di-
vise en rameaux ; les feuilles sont composées
de sept folioles d'un vert foncé et glabre; les
fleurs sont doubles, rouges et rassemblées
au sommet des jeunes rameaux où elles se
succèdent pendant un mois environ.
Ce Rosier réussit très-bien dans un terrain
frais. On le greffe sur l’églantier. Il a une
variété à fleurs doubles et une à fleurs pana-
chées Rosa cinnamomea variegata.
III. ROSIER MUSQUÉ, ou Rosier d'Alexan-
drie. Rosa moschata. Originaire de barbarie,
s'élève de six à huit pieds; tiges armées d’ai-
guillons peu nombreux et recourbés ; feuilles
composées de cinq à sept folioles ovales, très-
( 89)
aiguës , longues de plus d'un pouce, glabres sur
les deux côtés, luisantes et d’un vert foncé en
dessus, glauques et tomenteuses en dessous ;
pétioles très épineux; fleurs moyennes, nom-
breuses , blanches, exhalant une odeur de
musc très-agréable, et disposées en panicules
allongés et terminaux; elles paraissent en juin
et durent jusqu'au mois d'août.
Ce Rosier présente deux variétés : l'une à
fleurs entièrement doubles et roses, l'autre,
plus répandue, à fleurs semi-doubles.
La végétation de ce Rosier est si forte, qu'il
convient de le placer contre un mur ou toute
autre construction, mais à l'exposition du
midi. S'il arrive qu'il perde ses tiges au milieu
des hivers rigoureux, on ne doit pas pour cela
cesser de le cultiver, attendu qu'il repousse
toujours de ses racines, et que les bourgeons
donnent ordinairement des fleurs dès la première
année. On peut les garantir en couchant,
après les avoir empaillées, les branches en
terre pendant les gelées. La greffe sur l'églan-
tier, rend ce rosier plus robuste. La variété
à /leurs doubles étant très-délicate, il est in-
dispensable de lui donner une terre légère et
une exposition chaude,
C'est le Rosier musqué que le célèbre OZi-
vier à vu formant des arbres de trente pieds
( 90 )
de haut dans les jardins du roi de Perse, à
Ispahav.
HT. ROSIER DU BENGALE, ou Rosier toujours
Jleurissant. Rosa semper florens. Originaire
de la Chine, d'où on l'a envoyé en Angleterre
vers l'an 1771. Feuilles, disposées du reste
comme celles des autres Rosiers , variant dans
le nombre des folioles qui sont pointues, d'un
vert tendre, bordées d'un rouge léger; ‘bran-
ches donnant depuis un jusqu'à cinq et six
boutcns alongés et terminaux, soutenus sur
des pédoncules longs et nus ; ces boutons de-
viennent autant de fleurs d'une grande frai-
cheur, légèrement odorantes, de couleur rose,
presqu'aussi fortes que celles du Cent feuilles
de Bordeaux, mais moins doubles. Pour aug-
menter le nombre et prolonger la succession
de ces fleurs, il faut couper à mesure celles
qui se fanent. Le feuillage d'un vert agréable
de cet arbrisseau , et le renouvellement suc-
cessif de ses fleurs , le rendent extrêmement
intéressant. Quelquefois la chaleur du jour le
flétrit, mais la fraîcheur du soir lui rend
promptement la sienne.
Chaque soir l'aile du zéphyre ,
De la Rose apaise les feux,
Et les parfums qu’il y respire
Embaumeat son souffle amoureux.
(g1)
On compte huit variétés du Rosier du Ben-
gale.
Rose Bengale à feuilles variables. Présente
sur le même pied des feuilles simples , des
feuilles ternées, et d'autres quinées.
— Rose Bengale à fleurs doubles violettes.
— Rose Bengale à feuilles de pécher , ou
Rose Bengale à lanières. Est remarquable par
la longueur de toutes ses parties. Ses feuilles
ressemblent à celles du pêcher , et ses fleurs ,
qui du reste conservent la couleurde l'espèce,
ont des pétales si étroits et si longs , qu'ils of-
frentla forme de lanières ou de demi-fleurons
du soleil vivace.
— Rose Bengale pompon. Fieurs petites ,
doubles , pourpres; folioles petites , ovales,
aiguës et dentées.
— Rose Bengale blanche.Fleur d'abord un
peu lavées de rose , et qui deviennent blan-
ches dans leur parfait développement.
— Rose Bengale inerme. Sans aiguilions ;
corymbe de deux à trois fleurs pourpres.
-- Rose Bengale à bouquets. Fleurs de trois
à cinq ensemble , blanches , un peu carnées
et très-doubles.
— ose Bengale bichonne. Fleurs d'un rouge
foncé, panachées de nuances plus piles, avc
des pétales frisés et d'un charmant effet; elles
2
(92)
exhalent un parfum très-fort , extrêmement
agréable. C'est M. Moisette qui possède cette
variété , on la cultive dans la Bdche, en terre
de bruyère.
IL. ROostER BLANC ou ancienne Rose RD
Rosa alba. I faut se garder de confondre cette
espèce avec les variétés du Rosier à cent
feuilles, et autres qui sont blanches.Le Rosier
blanc , qui se rencontre communément sur les
montagnes de l'Europe , offre un arbrisseau
qui s'élève de six à quinze et dix-huit pieds;
tiges droites, fortes, nombreuses et armées
d'aiguillons ; feuilles composées de sept ou
plus souvent de cinq folioles ovales , glabres ,
d'un vert foncé en dessus et pâle en dessous ;
fleurs souvent placées trois ensemble , à l'ex-
trémité des petits rameaux ; elles fleurissent
en Juin, sont un peu carnées lorsqu'elles com-
mencent à sépanouir , puis elles deviennent
très-blanches ; elles ont une odeur agréable.
Voici les variétés de ce Rosier :
-- Rose blanche à fleurs doubles, ou Rose
de l'hymen. Rosa alba fiore pleno. Fleurs qui
prennent une légère teinte d'incarnat , au fur
et à mesure qu'elles s'épanouissent.
Au fol amour, au gravehymen,
Vénus parlait em tendre mère :
» Vous trouverez dans mon jardin,
{
(93)
» Leur dit-elle , une fleur bien chère ;
» Jela confie à mes deux fils :
» Amour, ayez soin de la Rose;
» Mais pour lui douner plus de prix,
» Que ce soit l’hymen qui l’arrose. »
— Rose blanche incarnat , ou grande cuisse
de Nymphe. Rosa alba incarnata. Fleurs lé-
gèrement lavées de rose dans le cœur avant
leur entier épanouissement, et qui se succè-
dent long temps. La sous-variété s'appelle Duc
d Forkc.
— Rose blanche couleur de chair, ou petite
cuisse de Nymphe. Rosa alba regia carnea.
Fleurs d'un rose très-pâle d'abord , et qui pas-
sent bientôt à la couleur de chair qu'elles
conservent dans l'épanouissement.
— Rose blanche la cocarde. Rosa alba muta-
bilis. Boutons roses, mais les fleurs épa-
nouies sont blanches, ss quelques unes carnées.
Il ne faut pas confondre ce Rosier avec le Ro-
sier unique.
-- Rose blanche la céleste. Rosa alba nova
celestis. Fleurs très-doubles , d'un blanc pur,
à petits pétales intérieurs roulés en dedans :
et dont la transparence leur prête une teinte
bleuître.
-— Rose blanche la belle aurore. Rosa alba
purpurascens. Fleurs presque doubles, et dont
( 94)
les pétales sontteints de cette couleur purpu-
rine qu'on observe au lever du soleil , et qui
tire un peu sur le jaune.
— Rose blanche l'Elisa. Rosa alba nova in-
carnata. Fleurs moyennes , et semi-doubles ,
disposées de six à huit ensemble, et dont les
pétales sont teints , vers l'onglet, d'un rose
tendre, qui sefface insensiblement vers le
lymbe,
— Rose blanche à cœur vert. Rosa alba vi-
rens. Fleurs moyennes, doubles, parfaitement
blanches dans leur entier épanouissement ,
mais verdatres dans le cœur, quand elles com-
mencent à s'ouvrir.
— Rose blanche à feuilles de pêcher. Rosa
alba persici folia. Fleurs doubles et de moyenne
grandeur ; feuilles semblables à celles du pé-
cher. Cette variété a été observée par M. le
Pelletier. )
I. ROSIER JAUNE SIMPLE, ou Pose églantine
de Linné. Rosa lutea. Croît naturellement en
ltalie , en Allemagne , en Suisse, et en An-
gleterre ; forme des buissons rameux qui s'éle-
vent de cinq à six pieds, etse chargent dune
immense quantité üe fleurs inodores , mais
très-éclatantes surtout au soleil. Feuilles à
sept folioles ovales, profondément dentées ,
longues de huit à dix lignes, glabres des deux
\
(95)
. côtés et odorantes. Le nom d'Eglantine que
lui donnait Linné , l'a fait souvent confondre
avec le Rosier des haies appelé Eglantier. Le
Rosier jaune qu'on trouve au milieu de la
France , surtout aux environs d'Aix, porte
des fleurs d'un jaune plus ou moins clair ou
d'un ponceau foncé. Une chose remarquable ,
c'est que les feuilles de ce Rosier, légèrement
froissées , répandent une odeur balsamique ,
tandis qu'une odeur de punaise s'exhale de ses
corolles.
Ce Rosier à plusieurs variétés.
— Rose jaune tulipe de Noïsette.
— Rose églantine à fleurs doubles.
— Rose capucine, ou Rose d'Autriche. Rosa
bicolor. Les feuilles de cette variété ressem-.
blent beaucoup à celles du Rosier jaune, mais
ses fleurs sont plus larges et leurs pétales dé-
coupés plus profondément à leur extrémité ;
ces fleurs sont simples , d'un jaune clair en
dedans , et d'un cuivre tirant sur le pourpre
en dehors ; elles se fanent aisément et leur
odeur n'est pas agréable.
Le Rosier jaune se plaît dans un terrain
aride et ses fleurs y acquièrent une couleur
plus vive que sur un sol fertile. Le Rosier ca-
pucin demande l'exposition du nord.
- L ROSIER JAUNE SOUFRE. Rosa sulphurea.
( 96 )
Ce Rosier, qu'on appelle. vulgairement Rosier
jaune , est originaire du levant. Ovaires très-
gros et assez épineux; rameaux longs et dif-
fus qui demandent à être soutenus et palissés ;
fleurs d’un jaune clair , inodores et paraissant
en juin; feuilles glauques, simplement den-
tées , inodores et d'une consistance délicate.
Ce Rosier a une variété à fleurs doubles,
appelé le Grand Rosier jaune , mais dont les
fleurs s’ouvrant mal, avortent presque toujours
si l'on n’a la précaution de l'abriter de la pluie.
La sous-variété, le Rosier jaune nain, éprouve
la même difficulté pour s'épanouir, et réclame
de plus un terrain sec etune exposition chaude.
On a souvent confondu le Rosier jaune sou-
fre avec le Rosier capucine, dont il diffère
évidemment par ses feuilles et ses aiguillons.
IL. ROSIER SANS EPINES. Rosa inermis. Ori-
ginaire de la Chine. Rameaux dépourvus d’ai-
guillons ; feuilles composées de sept ou neuf fo-
lioles ovales , dentées , glabres des deux cô-
tés ; pétioles garnis de quelques épines ; fleurs
grandes d'un rose tendre et disposées à l'ex-
trémité des rameaux, sur des pédoncules hé-
rissés de poils roïides et glanduleux. Ce Rosier
fleurit en mai et juin.
I. ROSIER TRÈS-EPINEUX , ou grande Rose
‘écossaise. Rosa spinosissima. Croit naturel-
( 97 )
lement en Angleterre, à Fontainebleau, en
Dauphiné et en Bourgogne , où il couvre des
espaces considérables; on l'emploie même à
chauffer les fours. Tiges hérissées d'une mul-
titude d'aiguillons inégaux , longs et peu cour-
bés; feuilles de sept ou neuf folioles ovales,
dentées et glabres; fleurs moyennes, d'un rose
pâle et assez odorantes ; elles naissent dans les
derniers jours de mai. Fruits bruns et très-
gros dans leur maturité. Il est remarquable
que ce Rosier qui couvre les montagnes voi-
sines d'Edimbourg , ne s'élève en Ecosse qu'à
la hauteur de quelques pouces , tandis qu'il
atteint , en Europe , celle de deux et quelque-
fois même de trois pieds.
Il y a plusieurs variétés de ce Rosier.
-- Rose Ecossaise à fleurs panachées. Rosa
cyphiana.
-- Rose d'Ecosse double blanche. Rosa spi-
nosissima alba. Ses fleurs se montrent en juin;
elles sont petites, en grand nombre, et leur
couleur bianche contraste agréablement avec
le vert sombre des feuilles. On greffe ce Ro-
sier sur l'églantier , et le ciseau lui fait pren-
dre alors une forme arrondie.
-- Rose petite écossaise double rouge. Rosa
spinosissima rubra.
-- Rose à mille épines. Rosa myriacantha.
7
(58)
Fleurit en mai. On la distingue de la Rose
très-épineuse , par ses folioles deux fois den-
tées en scie, et glanduleuses tant en dessus
que sur les bords. |
-- Rose à épines rouges. Rosa rubrispina;
Originaire d'Amérique. Ovaires et pédoncules
parsemés de longues épines rouges et rondes;
tiges d'un vert brun, couvertes d'épines sem-
blables, inégales ét recourbées ; fleurs rou-
geâtres.
Cet ornement dela nature
Se cache sous uu arbri:seau,
Et , pour garder sa beauté pure,
Arme d’épines son berceau.
II. ROSIER DE PROVENCE. Rosa provincialis.
Originaire des parties méridionales de l'Eu-
rope. S'élève de çinq à six pieds ; tiges
droites , armées de quelques aiguillons rou-
geâtres ; ovaires souvent ovales pendant la
{loraison , mais presque toujours globuleux
lors de la maturité du fruit; rameaux cou-
verts, ainsi que les pédoncules, de glandes
pédicillées, noires et visqueuses ; feuilles com-
posées de cinq folioles presque rondes et ter-
minées en pointe, d'un vert foncé en dessus
et très-glauques en dessous , portées par un
petiole commun, glanduleux; fleurs qui parais-
sent en juin et juillet, d'un rouge plus ou
( 99 )
inoins foncé, presque sans odeur, simples ;
semi-doubles et doubles,
Les variétés hybrides du Rosier de Pro-
vence se rapprochent du gallique , les pépiniè-
ristes les nomment agathe. Voici les princi-
pales.
— Rose l'agathe royale. Fleurs moyennes,
doubles , nombreuses , et d'un rose vif ; fleurit
l'une des premières. Elle a une sous-variété à
fleurs pâles appelée l'agathe de Provence.
Rose l'agathe prolifère. IL sort du centre des
fleurs un ou deux boutons qui s'épanouissent
rarement ; mais cette monstruosité n'a pas lieu
dans toutes les fleurs également.
— Rose À agathe, duchesse d Angoulême.
Fleurs moyennes très-doubles , d’un blanc lé-
gèrement lavé de rose, assez nombreuses ; ra-
meaux très-serrés produisant de l'effet lorsque
ce Rosier est greflé sur tige. Cette variété
qu'on suppose être le White Provence Rose
des Anglais, a une sous-variélé appelée le
Grand Dauphin, d'un beau rose hortensia.
Elle fut envoyée de Bruxelles à M. Lelieur ,
sous le nom d'Enfunt de France.
— Rose l'Agathe de Francfort. Fleurs roses
ou couleur de chair, très-doubles : corymbes
de sept à huit fleurs , nombreux , très-serrés.
Il est rare que les fleurs , par l'effet d'une trop
{ 100 )
forte végétation, prennent une forme régulière
et s'épanouissent complètement.
— Rose noire ou Rose cramoisi et Rose de
sang. Fleurs très-doubles; pétales d'une couleur
rouge foncé. Cette variété est la plus recherchée.
Les terrains légers et chauds sont ceux qui
conviennent le mieux au Rosier de Provence.
III. ROSIER DE LA Cine. Rosa Chinensis.
Se cultive dans les orangeries où il s'élève
rarement à plus d'un pied. Ovaires glabres ;
tiges grêles armées de quelques aiguillons ;
feuilles à trois folioles ovales, glabres et lon-
gues d'un pouce , environ ; fleurs d'un rouge
foncé , odorantes , solitaires à l'extrêémité des
rameaux, Ce Rosier ne fleurit qu'une ou deux
fois l'an quand l'exposition ne lui convient
point; mais aussi dans les serres , souvent il
reste vert et fleurit toute l’année ; d'ordinaire
il offre une seule fleur épanouie et plusieurs
boutons destinès à la remplacer successive-
ment. On parvient à multiplier cette espèce
par les marcottes et les boutures.
Le Rosier de la Chine offre des variétés à
fleurs semi-doubles et doubles ; parmi elles
on remarque :
— Rose de la Chine sanguine. Fleurs d'un
rouge de sang, moyennes; feuilles etpétioles,
également d'une teinte rougeätre,
( 101 )
— Rose de la Chine à odeur de thé. Bel-
les fleurs solitaires, semi-doubles , couleur
nankin , d'une odeur approchant de celle du
thé , mais seulement en plein air.
*III. POSIER AGRÉABLE. Rosa amabilis. Cette
espèce paraît intermédiaire entre le Aosier
toujours vert'et le Rosier musqué. Tiges s'é-
levant de quatre à cinq pieds; rameaux glabres,
armés d’aiguillons épars , petits et faibles ;
feuilles le plus souvent composées de cinq fo-
lioles ovales, oblongues, aigties, également
dentées en scie, glabres sur leurs deux faces,
d'un vert gai en dessus, d'un vert plus pâle en
dessous; fleurs d'un blanc qui tire sur le rose,
solitaires ou disposées deux à deux à l’extré-
mité des rameaux, exhalant une odeur de
musC; divisions du calice pubescentes , plus
A ”
longues même que les pétales; styles longs de
deux à trois lignes, velus, réunis en un seul
faisceau cylindrique, dont le sommet, formé
par les stigmates, est un peu élargi en tête
arrondie; fruits ovales.
Ce Rosier fleurit en juin. Il diffère du Rosier
toujours vert par ses feuilles annuelles, blan-
châtres en dessous, par la longueur. des divi-
sions de son calice et par le nombre de ses
styles; et on le distingue du Rosier musqué
par ses fleurs solitaires et non paniculées,
(102 }
Il. ROSIER ÉGLANTIER A FEUIELES ODORAN-
TES. Âosa rubiginosa. Se trouve en France,
en Italie, en Angleterre et en Allemagne où
il croit spontanément dans les haies et dans
les fentes des rochers. Tiges s'élevant jusqu'à
dix et douze pieds; ovaires oblongs et parse-
més de glandes visqueuses ; rameaux glabres,
armés d’aiguillons fauves, droits et très-aigus ;
feuilles composées de sept folioles ovales, ob-
tuses, d'un vert cendré, glanduleuses en leurs
bordset en dessous, assez luisantés et d’un vert
foncé en dessus: dans le temps de chaleur, ou
lorsqu'on les froisse, elles exhalent une odeur
semblable à celle de la pomme reinette; fleurs
qui paraissent en juin, juillet et août, en grand
nombre; elles sont rougeâtres et légèrement
odorantes; fruits d'un rouge brun.
Les fleurs dé ce Rosier sont assez agréables
à l'œil, mais elles s’effeuillent facilement, et
l'on doit les cueillir avec précaution lorsqu'elles
commencent à s'épanouir. Il en est de même
pour beaucoup d'autres espèces qui sont éga-
lement tres-délicates et qui ne résisteraient pas
à l'attaque d'une main brusque.
Modélez vos plus vifs transports
Sur les caresses du séphire ;
Le voit-on piller les trésors
Du sein de Fiore qui l’attire ?
( 103 )
Voit-on les traces du baiser
Que, sur lai, sa bouche depose ?
Ah! jouir n’est pas abuser :
Cueillez, n’effeuillez pas la Rose.
Le osier cglantier odorant a des variétés
à fleurs rzuancées de rouge, des panachées de
blanc, des semi-doubles et des doubles.
JIT. ROSIER DES HAIES. Rosa sepium. Ce Ro-
sier est considéré, généralement, comme une
hybride de l'éslantier et du Rosier de chien,
quoiqu'il diffère du premier par la grandeur de
ses dimensions, la rougeur de son écorce et le
glanduleux de ses feuilles, et qu'il atteigne une
hauteur plus considérable que le osier de
chien. I croît abondamment dans les haies, les
buissons et les bois aù il s'élève à dix, douze
et quinze pieds. Ses ovaires sont ovales, gla-
bres, ainsi que ses pédoncuies ; ses Liges armées
de larges aiguillons recourbés , souvent pres-
qu'opposés ; ses feuilles composées de sept fo-
lioles ovales, aigües, d'un vert luisant, glabres,
longues d'un pouce environ, et portées sur un
pétiole commun armé d'aiguillons; ses fleurs
rougeûtres , légèrement odorantes et paraissent
en mai.
Ce Rosier a des variétés à fleurs semi dou-
bles, fleurs blanches, à feuilles étroites et à
fruits allongés.
(104)
Le Rosier des haies se multiplie par le se-
mis, les marcottes, les boutures et les rejetons
de ses racines. Il est d’une très-grande utilité
pour greffer les autres espèces, attendu que
c'est sur lui qu’elles reprennent plus facilement.
On remarque sur ce Rosier des excroissances
rougeâtres, légères, spongieuses, hérissées de
filamens rameux, connues sous le nom de
Bedegar. Ces excroïssances sont formées par
la sève qui afflue avec plus d'abondance dans
les parties du Rosier, où l'espèce d'insecte,
‘appelé par Fabricius, cynips Rosæ, a enfoncé
son aiguillon pour y déposer ses œufs.
Tous les bestiaux, à l'exception des chevaux,
mangent les feuilles du osier des haies.
III. ROSIER INTERMÉDIAIRE. Rosa intermedia.
Originaire d'Europe, à ce que l’on croit. Ovai-
res allongés, très-glabres ; rameaux garnis de
plusieurs épines larges et recourbées ; feuilles
composées de sept folioles, ovales, aigües ,
finement découpées et portées sur un pétiole
armé d'épines ; fleurs rougeûtres, simples. Ce
Rosier fleurit régulièrement au printemps et
en automne. Il a reçu le nom d'intermédiaire ,
parce qu'il tient du Rosier églantier à feuilles
odorantes, par la couleur et la forme de ses
feuilles, et du Rosier des haies, par ses fleurs.
LE ROSIER DE CRÈTE. Rosa cretica. Ne diffère
( 105 )
de l'églantier odorant que par la petitesse de
ses dimensions, la rareté de ses aiguillons et
la rondeur de ses fruits. Fleurs simples; feuil-
les presque rondes, fortement dentées et odo-
rantes; fruits globuleux, hérissés de poils durs
et piquants. Les divisions du calice sont lon-
gues et couvertes de glandes mousseuses. Ce
Rosier fieurit en mai et juin.
I. Rosi£r DES CHAMPS. Rosa arvensis. Croit
naturellement en Allemagne, en Angleterre,
en Danemarck, en Suède et en France, parmi
les pierres et les broussailles. Cet arbrisseau
est quelquefois disposé en buisson qui sélève
jusqu’à six pieds; d’autres fois ses tiges, plus
faibles, rampent sur le sol; enfin ses branches
peuvent acquérir jusqu'à quinze et vingt pieds
de longueur, ce qui le rend propre à décorer
des berceaux. Ovaires lisses et globuleux ; pé-
doncules glabres, pétioles armés de pointes ;
feuilles d'un vert obscur en dessus, un peu
blanchätre en dessous ; fleurs qu'on voit en mai
et juin, bianches, disposées en bouquets de
douze à quinze et d'une odeur douce.
Ce Rosier a une variété à fleurs doubles ci-
tée par Bauhin.
I. ROSIER VELU. Rosa willosa. Originaire
d'Europe et croît naturellement en Angleterre
et en France. S'élève à huit à dix pieds; ra-
( 106 }
meaux armés d'aiguillons ; feuilles composées
de sept folioles ovales, cotonneuses, un peu
molles au toucher en dessus et en dessous , et
fort souvent pourvues d'une glande à la pointe
de chacune de leur dentelure; elles sont vis-
queuses; et légèrement froissées, elles exhalent
une odeur résineuse assez forte; fleurs nom-
breuses, d'un rouge vif, assez odorantes et
disposées au bout des rameaux où elles forment
une sorte de corymbe.
Ce Rosier offre une variété à fleurs sermni-
doubles et d'un rose tendre, et une sous-variété
dont les pétales sont d'un rose clair avec des
veines et des taches plus foncées. -
IL. ROSIER DE FRANCFORT. Rosa turbinata.
Ce Rosier est nommé de Francfort, parce qu'il
croit en abondance dans les environs de cette
ville, On le suppose originaire d'Allemagne-
Ses ovaires sont aussi longs que larges, en for
me de toupie, ce qui lui a fait donner les sur-
noms de ftos'er turbiné et Rosier à gros cul.
Tiges garnies de quelques aiguillons épars et
recourbés ; feuilles composées de cinq folioles
ovales, aigües, ridées, d'un vert foncé en
dessus et glauque en dessous , ont un pétiole
commun, velu et garni de quelques aïiguillons;
fleurs d'un rouge vif, réunies en bouquets aux
extrémités des rameaux, et peu odorantes,
107 )
Elles paraissent en juin , et s'épanouissent dif-
ficilement.
Ce Rosier donne des variétés à fleurs doubles
et semi-doubles. Quelquefois confondu avec le
Rosier velu, il en diffère par les caractères
suivans : ses rameaux sont lisses, peu ou point
épineux; ses feuilles ne sont qu'une fois den-
tées ; ses calices sont en forme de toupies , et
ses styles huit où dix fois plus nombreux qu'en
aucune autre espèce.
III, ROSIER DE CHIEN. Rosa canina. Buisson
touffu qui s'élève de huit à dix pieds , et quel-
quefois jusqu'à quinze. Rameaux glabres , d'un
vert clair et iuisant, armés d’aiguillons forts et
recourbés ; feuilles composées de cinq à sept
folioles ovales, glabres en dessus et en dessous
plus ou moins luisantes, à dents tantôt égales
entrelles, et tantôtinégales: fleurs ordinairement
disposées, ou par quatre ensemble, à l'extré-
mité des rameaux, ou par deux seulement. Ce
Rosier fleurit en juin et juillet; on le ren-
contre dans les haies , dans les buissons el
sur le bord des chemins.
Le Rosier de chien admet plusieurs varié-
tés dont les fleurs, ont une couleur qui varie
du rose au blanc pur et jaunätre , et une
odeur plus où moins agréable, Les princi-
pales sont
( 108 )
— La Rose de chien double.
— La Rose de chien à ombelles,
__— La Rose de chien des buissons.
C'est sur la tige de ce Rosier , souvent con-
fondu avec l'Eglantier , que l'on greffe , en
écusson , la plupart des variétés à fleurs
doubles.
III. ROSIER A LONGS STYLES. Rosa stylosa.
Ce Rosier ne diffère que par un seul caractère
du Rosier de chien : ses styles sont glabres ;
réunis en une colonne longue de deux lignes »
et terminée par une tête réguliere formée par
les stygmates.
Ce Rosier croît aux environs de Poitiers et
fleurit en juin.
I ROSIER 'GLAUQUE. Rosa glauca. Origi-
uaire des montagnes de l'Europe. Forme d'épais
buissons élevés de cinq à six pieds, dont la
couleur contraste singulièrement avec la ver-
dure des autres arbustes; feuille à sept folioles
ovales et aigües, rougeñtres d'abord , puis
glauques dans leur parfait développement; fleurs
disposées en corymbeterminal, simples et d'un
beau rouge incarnat; tronc droit et robuste ;
écorce d'un rouge brun et couverte de petites
épines rouges; fruits d'abord ovales, et qui de-
viennent parfaitement ronds à leur maturité. Il
fleurit en juin.
( 109 )
Ce Rosier a une variété à fleurs semi-doubles,
III. ROSIER TOMENTEUX. Rosa tomentosa.
Ce Rosier, presque toujours confondu avec le
Rosier des chiens, a ses ovaires plus arrondis
et plus glanduleux. Ses fleurs, de couleur rose ,
paraissent en mai et juin.
M. de Pronville cite deux variétés de ce Ro-
sier : l'une à leurs doubles qu'on voit dans la
pépinière de M. Mieller à Lille, et le Pompon
blanc qu'on trouve chez M. Noisette.
HI. ROSIER DES MONTAGNES. Rosa montana.
Commun en France et surtout en Dauphiné,
s'élève de cinq à six pieds : ses ovaires sont
très-alongés et couverts de glandes, ainsi
que les pédoncules ; tiges peu épineuses dans
leur jeunesse ; feuilles à sept folioles ova-
les, obtuses, d'un vert clair, glauques en
dessous, rarement longues de plus d'un pouce,
et portées d'ailleurs sur des pédoncules cons-
tamment épineux; fleurs qui paraissent en juin
et juillet , grandes et d'un rose plus ou moins
foncé ; fruits presque gobuleux et qui devien-
nent souvent très-gros.
IV. ROSIER DES COLLINES. Rosa collina. Ne
se distingue du Rosier des montagnes, que
par ses feuilles constamment pubescentes et plus
ou moins velues en dessous.
I. ROSsIER A FEUILLE DE PIMPRENELLE. Rosa
(110)
pimpinellifolia. Se trouve en Dauphiné, sur les
montagnes du Buget ; sa tige et ses rameaux
sont couverts d'aiguillons droits ; feuilles com-
posées de neuf ou onze folioles arrondies pour
là plupart, obtuses , petites, d'un vert cendré ;
fleurs petites , blanches, inodores, solitaires,
paraissent en mai; fruits bruns et luisans.
Parmiles variétés de ce Rosier, on distingue :
— Rose pimprenelle, pompon blanc. Fleurs
doubles.
— Rose pimprenelle à fleurs rouge pâle.
Originaire d'Italie; tiges couvertes d'une écorce
brune très-épineuse-
II. ROSIER DES ALPEs. Rosa Alpina. S'é-
lève de cinq à six pieds; ovaires ovales, gla-
bres, quelquefois hispides; pédoncules et pétioles
pourvus souvent d'aiguillons roses ; rameaux
nombreux , étalés , lisses, glabres , d'un vert
un peu foncé, et tantôt parfaitement ‘glau-
que; fleurs presque toujourssolitaires, moyen-
nes, légèrement olorantes et rougeâtres; fruit
qui devient d'un beau rouge dès qu'il a atteint
sa parfaite maturité.
Ce Rosier, qui fleurit en mai, juin et juillet,
a une variété à fleurs doubles, qu'on appelle
Rose de Chine des jardiniers
IT. ROSIER DES PYRÉNÉES. Rosa Pyrenaica.
Ce Rosier a beaucoup de rapport avec Le Rosier
Cort.)
des Alpes ; mais ses fruits sont ovales et his-
pides , ainsi que les pédoncules.
I. ROSIER A ARÊTE. Aosa aristata. Tige peu
garnie d'aiguillons ; calice et pédoncule velus;
fleurs solitaires, purpurines ; feuilles ovales,
oblongues; la foliole impaire des feuilles supé-
rieures, beaucoup plus grande que les au-
tres, est terminée par une forte arête, qui
n'est que le prolongement du pétiole; fruit glo-
buleux.
Ce Rosier croît dans les Pyrénées, et par-
ticulièrement aux environs de Barège.
Ik ROSIER A FRUITS EN CALEBASSE. Rosa
lagenaria.Originaire des montagnes de la Suisse.
Ce Rosier a beaucoup de rapports avec le Ro-
sier des Alpes, mais il en diffère principale-
ment par ses feuilles; ovaires allongés, ren-
flés et glabres ; pédoncules et pétioles pourvus
de glandes pédicillées; rameaux sans épines ;
feuilles à folioles ovales, obtuses, d'ordinaire
au nombre de sept , glabres, glauques en des-
sous , et longues de dix-huit lignes. Ce Rosier
n'a rien de remarquable que la forme particu-
lière de ses fruits.
I. ROSIER CILIÉ. Rosa ciliata. Croît sur les
hautes montagnes de l'Europe; ovaires et pé-
doncules couverts de glandes pédicillées ; tiges
peu épineuses; feuilles composées de sept folio-
( 112)
les, ovales , d'un vert foncé, glauques et gla-
bres en dessous ; fieurs rouges , un peu odo-
rantes ; fruits presque aussi gros que ceux du
Rosier velu et couverts, ainsi qu'eux, de glan-
des; folioles plus petites et glabres en dessus
comme en dessous.
‘IL ROSIER A FEUILLES ROUGEATRES. Rosa ru-
brifolia. Croit naturellement dans les bois mon-
tagneux, en Dauphiné , en Provence, en Savoie,
dans les Cévennes, les Vosges, etc. Tige qui
s'élève depuis dix jusqu'à quinze pieds; elle se
divise, le plus souvent, dès sa base , en plusieurs
branches ; rameaux rougeûtres, lisses, chargés
ça et là d’aiguillons droits, assez forts , très-
écartés ; feuilles composées de cinq à sept fo-
lioles ovales, simplement dentées, aiguës,
très-glabres, glauques ; fleurs disposées en bou
quets , au nombre de six à quinze ensemble,
au sommet de leurs rameaux, munies, à la base
de leurs pédoncules, d’une bractée lancéolée ;
divisions du calice étroites , entières, plus lon-
gues que les pétales et chargées de quelques
poils glanduleux ; corolles composées de cinq
pétales en cœur, d'un rouge clair; étamines
nombreuses , plus courtes que les pétales ;
stygmates velus, agglomérés en un plateau con-
vexe; fruits globuleux, lisses et glabres.
Ce Rosier fleurit en mai et juin.
(113 )
III. ROSIER NAIN. Rosa pumila. Tige chargée
d'aiguillons épars, assez courts, souvent divi-
sée , dès sa base , en plusieurs rameaux qui se
desséchent le plus ordinairement après la flo-
raison , et sont remplacés par de nouveaux
sortant de la souche ; feuilles petites, ovales,
glauques en dessous et finement dentées en
scie ; fleurs naissant le long des rameaux et for-
mant bouquet; elles sont disposées une à une, et
rarement deux ensemble, sur des ramuscules
qui croissent à la place des feuilles de l'année
précédente ; elles paraissent en mai et juin.
I. ROSIER A FEUILLES D'ÉPINE VINETTE.
Rosa evonymifolia. Croît au nord de la Perse
en si grande abondance qu'on s'en sert pour
chauffer les fours. Tige divisée en rameaux
nombreux, étalés, Hbasoeiiss ,» Chargés d'une
multitude de petits aiguillons tant soit peu
courbés, ne sélève guère à plus de deux
pieds. Feuilles simples , ovales, oblongues,
rétrécies à leur base , dentées en scie à leurs
bords, d'un vert glauque ; fleurs solitaires à
l'extrêémité des jeunes rameaux ; calice globu-
leux , armé d’aiguillons ; corolle composée de
cinq pétales d'un jaune clair , avec une tache
rouge dans l'onglet; étamines rouges ; stygma-
tes formant au centre de la fleur une petite
tête convexe,
8
Ci14)
Ce Rosier qui fleurit en mai et juin a été
donné au jardin du Roi par M. Dupont.
IL ROSIER LISse. Rosq levigata. S'élève à
deux ou trois pieds. Rameaux grêles , lisses,
armés çà et là d'aiguillons forts et recourbés;
feuilles composées, le plus souvent, de
deux ou trois folioles ovales , lancéolées, gla-
bres en dessus et en dessous , luisantes , bor-
dées de dents simples , menues et très-aiguës ;
fleurs solitaires et blanches ; divisions du ca-
lice entières , un peu cotonneuses, près de
moitié plus courtes que les pétales , styles à
peu près nuls ; stigmates formant au centre de
la fleur une tête convexe et velue. Ce Rosier
est cultivé dans les jardins, comme originaire
de la Chine ou de l'Inde. |
II. ROSIER A FEUILLES DE CHANVRE. /iosa
cannabina. Tiges glabres et sans épines ; feuil-
les composées de trois ou cinq folioles allon-
gées , dentées en scie, d’un vert sombre en
dessus , blanchâtres en dessous ; pétioles ar-
més de quelques aiguillons courbés ; fleurs
axillaires et terminales, de deux à trois en-
semble , moyennes , doubles, blanches; fruits
semi-globuleux , glabres ; divisions calicinales
simples et allongées.
IT. ROSIER À FEUILLES PENCHÉES. Rosa cli-
nophylla. Aïguillons stipulaires ; sept folioles
0019.)
ovales , oblongues dentées et d’un vert tendre:
feuilles penchées d'une manière assez remar-
quabie pour avoir pu motiver son nom; fruit
presque ovale’; fleurs blanches , siftités et so-
litaires.
Ce Rosier n’a encore été cultivé que dans l'o-
rangerie.
II. ROSIER À FEUILLE DE FRÈNE. Rosa fra-
æinifolia. Originaire d'Ecosse. Tiges et pétioles
presque inermes , car on v distingue à peine
quelques aiguillons tres-courts ; feuilles compo-
_sées de sept ou neuf folioles ovales , mais allon-
gées ; fleurs grandes , semi-doubles , terminales,
et de couleur rose; ovaires semi-globuleux ; di-
visions calicinales allongées et semi-piranées ;
y 1 . . . .
pédoncules et calices couverts de poils hispides
et très-courts.
III. ROSIER MULTIFLORE. Rosa multiflora.
Originaire du Japon. S'élève sur des rameaux
sarmenteux, garni d'aiguillons crochus; feuilles
nombreuses, composées de cinq ou sept folio-
les opposées, ovales et longues de près de deux
pouces ; fleurs qui paraissent vers juin, et du-
rent jusqu'à la fin de juillet, portées, à l'extrè-
mité des rameaux, sur des pédoncules étalés
formant un large corymbe ; ou en compte d'or-
dinaire dix-huit à trente sur chaque rameau ,
‘ . A
quelquefois même plus de cent; leur odeur est
faible, mais suave , surtout le soir; elles son
(116)
un peu plus grosses que les pompons doubles,
et d'un joli rose qui pâlit néanmoins au bout de
quelques jours ; on en remarque aussi de tou-
tes blanches. Ce Rosier demande une exposition
chaude.
Thumberg est le premier qui ait donné la des-
cription de ce Rosier. Il est connu des Anglais
depuis 1804, et transporté en France depuis
huit ans environ. M. Noisette à rapporté ré-
cemment d'Angleterre le type à fleurs simples.
I. RosrEer DE CAROLINE. Rosa carolinea. Ovai-
res globuleux et rudes; pédoncules nombreux
et presque velus; tige de couleur canelle, mu-
nie de stipules remarquables par leur grandeur
et leur parfaite opposition ; feuilles composées
de cinq ou sept folioles ovales , aiguës et lui-
santes; pétioles hérissés d'épines; pétales pres-
que en cœur et rougeâtres comme les fleurs qui
répandent une odeur agréable.
On doit à M. Bosc la connaissance de ce Ro-
sier qui fleurit au commencement de l'été.
ROSIER NOISETTE. Originaire des Etats-Unis.
Tige élevée de huit à dix pieds, presque dé-
pourvue d'épines ; feuilles à sept folioles obtuses
et crénelées; fleurs de la grandeur de celles du
Rosier musqué, blanches, légerementnuancées
de rose, doubles et disposées en forts panicules.
Ce Rosier a été dédié à M. Noisette par son
H17 )
frère qui l'a trouvé dans l'Amérique septentrio-
nale.
I. ROSIER EN CORYMBr. Rosa corymbosa.
Originaire de la Caroline et de la Virginie oùil
croît au milieu des marais et fleurit pendant tout
l'été. En Franceil faut le placer dans les terrains
argileux et sur les bord des eaux pour qu'il
réussisse. Tiges armées de longs aiguillons axil-
laires, recourbés, et formant des buissons fort
touffus, élevés de quatre à cinq pieds ; feuilles
composées de sept folioles ovales, obtuses et
velues en dessous; fleurs rougeâtres , nombreu-
ses , disposées en SU et qui paraissent
en mai et juin.
I. ROSTER A FEUILLES SIMPLES. Rosa sémplici-
Jolia. Originaire de Perse. Tige armée d'aiguil-
Jons à crochets blancs , surtout dans les jeunes
pousses ; feuilles simples, ovales, d'un vert
pâle ; fleurs grandes , jaunes , solitaires , mar-
quées d'une tache pourpre , noirâtre à l'onglet
des pétales; pédoncules courts et garnis d'ai-
guillons, comme les ovaires.
Ce Rosier , qu'on doit au célèbre Olivier,
fleurit en avril et mai dans les orangeries.
I. ROSIER TURNEPS. Rosa turgida. Originaire de
l'Amérique A Tiges garnies parfois
d'aiguillons, et parfois aussi tee d'épi-
nes ; feuilles ovales, pointues, lui isantes”, d'un
( 118 )
vert foncé ; fleurs rouges , légèrement odoran-
tes; fruits turbinés. Fleurit en juin, et ses
fleurs se succèdent jusqu'au mois d'août. Une
terre substantielle lui paraît indispensable.
Ce Rosier a que ique rapport avec le Rosier
luisant par ses feuilles, et avec Je Rosier tur-
biné'par sa grosseur. |
111. ROSIER A FRUITS PENDANS, Rosa pen-
dulina. Originaire de l'Amérique; septentrio-
nale. S'élève de cinq à six pieds + et fleurit au
commencement de l'été. Ovaires “oblongs, ren-
flés, glabres, recourbés après leur Ph»
es €t pélioles hérissés de glandes;
rameaux dépourvus d'épines ; feuilles compo-
sées, d'ordinaire, de sept folioles ovales ,-gla-
bres, d'un vert foncé, _glauques en dessous ;.
fleurs rougeûtres, toujours solitaires eë de
moyenne grandeur. "# 1 ée
I. ROSIER LUISANT. Rosa lucida. Originaire
de l'Amérique septentrionale. Remarquable
par son feuillage luisant et d'un vert tendre.
Tige élevée de deux pieds environ; ovaires et
pla parsemées de glandes; rameaux
hérissés d'aiguillons ronds, courbes et rouges ;
feuilles composées de sept ou même de neuf
folioles ovales, aignës, coriaces , luisantes,
d'un pouce et demi de long ; fleurs rouseâtres,
disposées en corymbe et qui paraissent au mois
de juin
(119)
I. ROSIRR DE PENSYLVANIE. Rosa pensylva-
nica. Origlnaire de l'Amérique septentrionale.
S'élève en buisson touffu à la hauteur de trois
à quatre pieds; tiges armées d'aiguillons stipu-
laires et recourbés; feuilles composées de
sept folioles ovales , aiguës, velues et blanchä-
tres en dessous, fleurs petites, rougeûtres ,
légèrement odorantes et qui paraissent en
grand nombre au commencement de juin.
III. ROSIER DE MACARTNEY, ou Rosier à
bractées. Rosa bracteata. ‘Originaire de la
Chine. Tige divisée en rameaux grèles et fai-
bles; susceptibles d'atteindre depuis six jusqu’à
douze pieds de longueur et quelquefois même
davantage; rameaux couverts d'un duvet court,
serré, grisâtre, chargés çà et là, mais plus
souvent à la base de chaque feuille, d'un ou de:
deux aiguillons tant soit peu courbés; ovaires
ovales, soyeux, accompagnés de bractées lan-
céolées et soyeuses; feuilles composées de sept
folioles ovales, très-obtuses à leur sommet,
d'un vert luisant en dessus, plus päles en des-
sous, glabres des deux côtés, excepté à leur
nervure postérieure qui se trouve chargée de
poils ; pétioles épineux et velus; fleurs solitai-
res , d'un blanc jaunâtre , qui paraissent en juin
et durent jusqu'en septembre; elles sont odo-
rantes. Cet arbrisseau supporte difficilement
( 120 })
les gelées. On le multiplie par la greffe, les
marcottes et les boutures.
Ce Rosier a été apporté de la Chine en Eu-
rope par l'ambassadeur Macartney, et M. Cels
est le premier qui l'ait cultivé à Paris.
I. ROSIER HÉRISSON. Rosa Rugosa. Ce ro-
sier est encore appelé du ÆXamtschatka, en
mémoire de l'infortuné Lapeyrouse , aux com-
pagnons duquel on doit cette espèce , originaire
du Japon, et cultivée depuis plusieurs années
dans les environs de Paris. Tiges velues, éle-.
vées de deux pieds environ, aiguillons nom-.
breux et presque coniques; feuilles longues
d'un pouce, composées de neuf folioles ovales,
d'un vert cendré en dessus, blanchâtres en
dessous ; fleurs de moyenne grandeur, d'un rose
foncé , odorantes et qui paraissent en maiet juin.
III. ROSIER EVRATIN. Rosa Evratina. À été
apporté d'Hoilande sous le nom de Rose mus-
cade rouge. Cet arbrisseau est très-vigoureux.
Tiges peu chargées d'aiguillons ; feuilles compo-
sées de cinq à six folioles ovales, obtuses,
d'un vert foncé, luisantes: en dessus et -pâles
en dessous; fleurs moyennes, d'un rouge pâle,
légérement odorantes, disposées en panicule
pendante à l'extrémité des rameaux, et qui
paraissent en juin et juillet; folioles du calice
très-longues et glanduleuses.
( 121 ) |
On cultive une variété de ce Posier, à fleurs
doubles, qu'on a primitivement reçue de Hol-
lande sous le nom de muscade rouge double.
On doit la possession du Rosier évratin à
l'amateur Ævrat, et, par reconnaissance, M.
Bosc a donné à cette Rose le nom de son ami.
I. ROSIER PARVIFLORE. Rosa parviflora.
Originaire de l'Amérique Septentrionale. Ne
s'élève qu'à la hauteur de douze à dix-huit
pouces; ovaires légèrement aplatis; tiges ar-
mées de longs aiguillons presque droits ; feuil-
les ovales , lancéolées, d'un beau vert, portées
sur des pétioles légérement velus et souvent
épineux ; fleurs petites, rouges, assez odoran-
tes, qui paraissent en juin et durent tout l'été.
On cultive, sous le nom de Rosier Caroline,
une variété du Rosier à petites fleurs, remar-
quable par le grand nombre de ses fleurs, qui
sont moyennes, d'un rose très-pâle sur les
bords, mais plus vif dans le centre. |
III. ROSIER À FEUILLES TERNÉES. Rosa
ternata. Forme un buisson médiocre à épines
recourbées, opposées et rouges comme l'écorce;
feuilles persistantes, moyennes, lancéolées,
luisantes et d'un vert foncé; fleurs moyennes,
simples et blanches; fruit gros, un peu rétréci
vers la base et couvert , ainsi que les pédoncu-
les, d'un grand nombre de poils roussâtres ,
(122 )
roides, non-glanduieux , mais efflés; divisions
calicinales simples. Cette espèce est cultivée
dans les jardins de Caserte, près de Naples,
où eile a été observée par M. le marquis de
Dresnay.
On cultive ce Rosier en RE sous le nom
de Rosier toujours vert de la Chine; mais il
fleurit rarement.
J'ignore si les trois espèces suivantes sont
RE ées en France.
ROSIER A LONGUES FEUILLES. Tiges gla-
bres, robustes et inermes ; feuilles composées
de cinq folioles ovales, glabres des deux côtés,
bordées de dents simples ; pétioles couverts de
poils glanduleux et garni d'une couple d'aiguil-
lons recourbés; fleurs grandes comme la Rose
des champs, disposées en corymbe et portées
sur des pédoncules garnis de poils glanduleux.
Ce Rosier croît dans les Indes orientales.
RosiER DEs INDES. Cette espèce se distin-
gue du Rosier à longues feuilles, par ses folio-
les plus courtes, cotonneuses en dessous et
par ses pédoncules glabres. Le tube du calice
est lisse.
Ce Rosier croit à la Chine.
IL ROSIER A FEUILLES RIDÉES. MRatneaux
cylindriques, un peu cotonneux, garnis d'ai-
guillons droits, plus où moins grands; feuil-
(2123 Ÿ
les composées, d'ordinaire, de neuf folioles
ovales, dentées, obtuses, vertes et ridées en
dessus, cotonneuses en dessous ; divisions du
calice cotonneuses en dedans , velues en dehors;
fruits globuleux , glabres, portés par des pédon-
cules chargés d’aiguillons. Cette espèce a du
rapport avec le Rosier du Kamtschatka.
Ce Rosier, qui croît au Japon, a été décrit
par Thumberg. :
J'ajouterai aux espèces que je viens de dé-
crire, et pour les botanistes seulement, les
noms de celles qui sont indiquées à la fin du
catalogue de M. de Pronville, et qui sont en
core peu connues.
RosA Montezamæ, au Pérou, rapporté par
Humboludt
— Mivea. Indes et Chine. Decandolle.
— Tuurica. Au Caucasse. Marschall.
— Cuspidata. Idem. #arschall.
— Gemellax. Amérique Septentrionale.
IVildeno:w.
— Frustrigrata. Dauphiné. Decandolle.
— Pigmea. Caucasse. Marschall.
— Pulyerulenta. Caucasse. Poiret.
Caucassia. Tartarie Asiatique. Porret.
Pulchella. Pays natal inconnu. Porret.
— Adenophylla. em. Poiret.
— licpens. Hovgrie. Wildenow.
C4)
RosA. Vankinensis. Chine. Poïret.
— Glandulosa. Briançon. Poiret.
— Bibractea. Environs d'Angers. Poiret.
— Micrantha. Près de Montpellier. Poiret.
— L,yonnii. Amérique septentrionale. Poiret.
— Rubifolia. Hem. Poïret.
— Suareolens. Amérique. Poiret.
— Florida. Xdem. Poiret.
— Pollinaria. au Mont-Baldo. Poïret.
-- Leucochroa. Enyirois de Poitiers. Decan-
dolle,
(495 )
CULTURE DES ROSIERS.
TRES , à toutes les époques de sa vie,
exige qu'on le soigne : de cette exacte obser-
vation dépendent son développement, sa force,
sa santé et une partie de ses agrémens. La
plante, égaiement, réclame une culture suivie;
et sa PO. son écla at, sont exclusivement at-
tachés aux soins quon lui donne. Ce nest
qu'en se pénétrant de cette vérité que l'ama-
teur parviendra à embellir son parterre.
Quoique le Rosier soit un des arbrisseaux qui
s'accommodent le mieux des différens sois et
des diverses températures, il prospère davan-
tage dans certains terrains appropriés à sa na-
ture , et demande aussi des égards si l'on
désire se procurer de beaux individus. En gé-
néral il lui faut une terre meuble, fraiche et
même profonde ; ses racines aimant à se pro-
mener en tous sens ; 1l faut néanmoins avoir
l'attention de ne pas les laisser trop s'étendre,
et de donner de temps à autre un léger la-
bour. Une exposition chaude et aérée convient
à tous les Rosiers ; cependant un grand nom-
bre supporte les gelées; mais d'autres, tels que
(T6)
les Rosiers Auscade, Multiflore, Macartney
et du Bengale, doivent être garantis avec des
paillassons s'ils sont contre un mur, et empail-
lés s'ils sont greffés, dans la crainte de perdre
leurs têtes. Quant aux Rosiers d'orangerie, il
suffit de les préserver de la gelée et de ne les
priver ni d'air , ni de Laits
Les Rosiers jaune très-épineux et de Meaux
sont les premiers à perdre leurs feuilles. Lors,
que l'hiver est doux, le Rosier à cent feuilles
en conserve encore quelques unes au printems
suivant. Le Rosier de Damas conserve ordi-
nairement les feuilles terminales. Le Rosier
IHusqué ne perd les siennes que fort tard ;
mais aussi la gelée attaque les rameaux et des
tiges entières ; en revanche sa croissance est
si rapide qu'il donne de nouvelles tiges la mè-
me année , et répare en deux ou trois ans les
ravages d'un hiver rigoureux. Les Rosiers de
Provins conservent leur feuillage une partie
de l'hiver quand ils sont exposés au midi.
On employait jadis le croissant pour tailler
le Rosier ainsi que certains arbres, en boules,
en pyramides , où en d'autres formes; mais,
aujourd'hui , on se borne à l'usage du ciseau
et de la serpeite , et l'on taille peu en boule ,
si ce n'est le Rosier de Meaux et celui d'Æ-
cosse à fleurs doubles blanches qui greffés sur
( 127 ).
lEglantier , et taillés de cette manière , pro-
duisent beaucoup d'effet, par la quantité de
fleurs dont ils sont couverts à la fin du prin-
temps. On doit tailler le Rosier au céseau, aus.
sitôt que la fleur est passée. Outre, cette pre-
mière coupe, la plupart des espèces se taillent
encore à la serpette , au mois de février , épo-
que à laquelle elles entrent ordinairement en
sève. On les débarrasse alors des bois morts ,
des branches qui sont tachées de blanc , et
enfin de tout ce qui peut nuire à leur accrois-
sement. Il ne faut point devancer le terme de
cette taille, parce que la gelée pourrait en-
traîner à une nouvelle opération.
Les massifs de Rosiers ont succédé au pa-
lissage contre les murs ou des berceaux'; mais,
en général, les Rosiers greffés à tige doivent
être appuyés sur un treillage ou former palis-
sade. Il en est de même pour les Rosiers sen-
sibles au froid. Si l'on greffe des espèces sur
le Rosier des haies , leurs têtes puvent at-
‘ teindre àune hauteur considérable en les ados-
sant à un mur. Le Rosier musqué etcelui des
champs peuvent aussi couvrir des berceaux en-
tiers. On doit tenir en buisson les espèces
qu'on veut multiplier, parce que, de cette ma-
nière, les racines poussent plus de rejetons ;
d'ailleurs , les Rosiers ainsi abandonnés à leur
nature, sont plus beaux ‘et plus durables.
( 128 )
Les fleurs du Rosier jaune soufré sont su:
jettes à crever dans l'épanouissement , ét
prennent souvent une mauvaise forme avant de
souvrir. Parkinson indique la précaution de
couper uge partie des boutons pour que les
autres n'avortent pas. On dit encore que, pour
faire mieux épanouir la fleur , il faut pencher
le bouton et le retenir contre terre.
Il devient souvent indispensable de renouveler
les pieds des Rosiers , en coupanttoutes les ti-
ges rez-terre , et alors il faut aussi changer la
terre autour de ces pieds. Il convient encore ,
lorsque les Rosiers végètent sur un mauvais
terrain , de les transplanter tous les dix à douze
ans. Cette transplantation n'a aucun inconvé-
nient , quelque peu de racines qu'aient les Ro-
siers, lorsqu'elle a lieu au commencement de
l'hiver.
Tous les procédés employés pour multiplier
les autres végétaux conviennent aux Rosiers ;
mais ils ue sont pas également applicables à
chaque espèce ou à chaque variété en par-.
ticulier , et tandis que les espèces à fleurs
simples se reproduisent naturellement par la
dispersion de leurs graines , il faut recourir à
d'autres moyens pour la propagation des varié-
tés à fleurs doubles qui donnent rarement des
fruits , et pour celles à fleurs pleines quinen
donnent jamais.
(129)
Les Rosiers se multiplient par semences ;
par rejetons , par déchirement de vieux pieds,
par marcottes , par boutures , par racines et
par greffes.
Sernis.
On ne fait usage des semences que pour ob-
tenir des fleurs doubles des espèces simples
qui sont livrées à la culture , et pour avoir de
nouveiles variétés. Les Rosiers sauvages les
plus propres au semis sont : le Rosier des
hates , Le velu, le blanc , Le rouïillé, celui des
chiens,celui des montagnes, etcelui des colli-
nes. Il faut que les fruits aient atteint toute
leur maturité, et pour cela qu'ils aient été
frappés des premières gelées ; alors on les ré-
colte pour les semer immédiatement , afin que
les graines germent au printemps suivant. Il
arrive cependant , que la plupart ne com-
mence à pousser que le deuxième printemps.
La terre employée pour le semis doit être lé-
gère et préparée à l'exposition du levant, ou,
pour jouir plus promptement , on sème dans
des terrains placés dans des couches à chassis.
Les jeunes pousses ne doivent être repiquées
qu'au bout de la deuxième année ; elles don-
neront des fleurs la cinquième ou sixième.
Cette lenteur dans l'accroissement est cause
9
{ 130 }
qu'on n'emploie ce mode de reproduction ;
comme je l'ai déjà dit plus haut, que pour se
procurer de nouvelles variétés ou des fleurs
doubles des espèces exotiques récemment cul-
tivées.
Rejetons.
Les rejetons sont de jeunes tiges qu’on dé-
tache du pied de la plante. Ce moyen est très-
sûr et très-facile : il suffit d’un ou deux che-
velus pour que les rejetons reprennent racine
lorsqu'ils sont transplantés à l'entrée de l'hiver;
on en voit même qui en sont totalement dé-
pourvus et qui végètent aussi promptement que
les autres. Les rejets trop faibles pour être
transportés immédiatement à la place qu'ils
doivent occuper, sont mis provisoirement en
pépinière, à deux pieds de distance ; ceux
qui sont vigoureux peuvent se transplanter en
automne , et presque toujours ils donnent des
fleurs au printemps suivant. Quelques espèces
ne donnent point de rejetons , ou n’en four-
nissent qu'un très-petit nombre ; tels sont les-
Rosiers Mousseux, Musqué, Toujours fleuri
et Multiflore.
Déchirement des vieux pieds.
Le déchirement des vieux pieds est la sépa-
(131)
ration de chacune des tiges du Rosier , avec
une portion de racines. On peut pratiquer ce
mode de multiplication pendant tout l'hiver, en
ayant l'attention de rabattre les tiges , en cas
de vieillesse , à deux ou trois pouces de terre.
Marcottes.
Les marcottes sont des branches du Rosier
quon couche en terre , afin qu'elles y pren-
nent racine. On doit le faire au commence-
ment du printemps, daus un terrain ombragé,
et les arroser fréquemment pendant les fortes
chaleurs. Ainsi disposées , elles peuvent être
transplantées l'hiver suivant, et donner des
fleurs au second printemps. Toutes les espèces
se prêtent à la multiplication par marcottes.
S'il arrive que quelques-unes poussent toujours
des rejetons directs , on y remédie en plaçant
une large pierre sur le pied dont les branches
ont été couchées , et ligaturant ces branches
avec du fil de laiton. : .
Boutures.
La bouture, quoique moyen très-simple en
apparence, demande cependant des précautions
et de la pratique pour réussir. Il s'agit d'arra-
cher en talon, ou de couper au dessous d'un
(132)
nœud ou d'un bouton, mais horizontalement ,
net, et avec un instrument très-tranchant et
très-propre, soit une pelite branche, soit un
tronçon de tige, d'une longueur que doit dé-
terminer la dimension du Rosier. On met
aussitôt cette bouture dans une terre préalable-
ment passée au crible de fer , et dans un en-
droit frais. On ne fait guère usage des bou-
tures que pour les espèces d'orangerie , et
alors on les place dans des pots, sur couches
et sur chassis, à toutes les époques de l'année.
Racines.
Pour multiplier par le moyen des racines ;
on enlève celles d'un vieux pied, on les coupe
en tronçons de cinq à six pouces de long , et
on les place dans des pots, sur couches et sous
chassis , en ayant soin de laisser hors de terre
quelques lignes du gros bout de chaque tron-
çon. On peut relever les plans dès l'hiver sui-
Greff. 5
La greffe est une opération par laquelle on
unit une partie d'un Rosier à un autre Rosier,
pour l'y faire croître comme sur son pied na-
turel, en formant, par cette réunion, un tout
de la tige et des racines d’une espèce avec la
vant.
(2133 \)
tête d'une autre espèce. Ce moyen de multipli-
cation est le plus répandu aujourd'hui.
La greffe en écusson est celle qu'on emploie
communément pour les Rosiers. Elle se fait en
deux saisons : au printemps, lors de l'ascension
de la sève; c'est l'écusson à œil poussant, et
en été, lorsque la première sève est arrêtée ;
c'est l'écusson à œil dormant , qui ne doit se
développer qu'au printemps suivant. Pour la
première de ces greffes on emploie des bran-
ches de l'année précédente, et pour la seconde
des branches de l’année même. On enlève à ces
‘branches une portion de chaque feuille, de
manière qu'il n'en reste qu'un cinquième envi-
ron après les pétioles , et cette préparation
achevée, on procède comme il suit pour obtenir
les écussons. La branche se prend de la main
gauche ; elle se tient avec le pouce et l'index,
et les doigts majeur et annulaire servent de
point d'appui pendant l'opération. Z'æil Ge
l'écusson doit être bien aoûté et bien nourri ;
on place le tranchant Gu greffoir quatre ou six
lignes au-dessus de cet æ:l, suivant la grosseur
de la branche ; on l’enfonce obliquement en
descendant jusqu'à ce qu'on ait entamé lau-
bier, et l'on continue à le faire descendre ver-
ticalement jusqu'à ce que l'œil soit dépassé de
quelques lignes; alors on allonge encore tant
(134)
soit peu l'écusson, mais en obliquant légère:
ment le tranchant du greffoir du côté de l'é-
corce, afin de la détacher. Si par cas on avait.
enlevé une trop grande portion d'aubier , on
en retrancherait à l'aide de l'instrument, mais
en observant de ne pas offenser l'œil ét le
Serme quil contient. Cet écusson se tient à la
bouche, en plaçant entre les lèvres l'extrémité
du pétiole, pendant qu'on dispose le sujet. On
fait à celui-ci, dans la partie où l'écorce est
bien unie et sans nœuds , une incision horizon-
tale jusqu'à l'aubier, un peu plus large que la
greffe, et au milieu de cette incision, on en:
fait une seconde verticale de la longueur de
l'écusson qu'on a choisi. Quand on écussonne
au printemps, la réunion de ces deux incisions
doit présenter la forme d'un z renversé,
parce que l'incision verticale se fait au dessus
de l'horizontale, et après la sève au contraire,
la forme est celle d'un T droit, parce que l'in-
cision verticale a lieu au dessous de l'autre.
Avec l'ivoire du greffoir on soulève légèrement
les côtés de l'écorce dans l'endroit où les inci-
sions ont été pratiquées, de manière à pouvoir
introduire l'écusson dont on laisse seulement à
peu près une ligne en dehors; alors on applique
le tranchant de l'instrument dans une direction
semblable à l'incision horizontale, et l'on coupe
(2135
la portion de l'écusson qui n'est pas insérée
sous l'écorce, et entre dans l'incision horizon-
tale, on rapproche ensuite la greffe de cette
incision, pour que son écorce touche celle du
sujet dans cette partie, et l'on appuie sur l'é-
cusson avec le plat de l'ivoire, pour l'appliquer
plus immédiatement sur l'aubier. On termine
l'opération en entourant tout l'écusson, à l'ex-
ception de Z/'æ1l, avec une ligature de laine
non tordue. On emploie encore des lanières de
plomb, peintes en blanc, et dont l'épaisseur
est relative à celle des branches. Alors on en-
toure, avec le milieu de la lanière, la fente
de l'écusson au dessous de Z'æil, et on réunit
les deux extrêmités de l'autre côté, en donnant
une légère torsion. On met aussi une autre la-
nière au dessus de /œil. À mesure que la
branche grossit, la torsion diminue, et ilarrive
souvent que la lanière tombe au moment où
elle cesse. d'être utile. Quand on écussorne à
œil poussant , on coupe de suite la tête du
sujet. |
On doit visiter fréquemment les greffes pour
réparer le dérangement qui pourrait avoir lieu
dans la ligature, et l'on est assuré du succès
de l'opération quand le pétiole se détache na-
turellement et promptement. On a l'attention
de relacher la ligature à mesure que le sujet
F1 Ses »
grossit, et lorsqu'il est bien repris on l'en dé-
barrasse aussitôt, soit après la pousse pour les
écussons du printemps, soit à lentrée du prin-
temps pour ceux à œil dormant. S'il se déve-
loppe plusieurs bourgeons, on n'en laisse au-
-Cuns aux sujets nains, et un ou deux seulement
à ceux à Lige, afin d'attirer la sève des racines,
jusqu'a ce que la greffe ait poussé un scion
garni de trois ou quatre feuilles, alors on dé-
truit entièrement les bourgeons.
Quoique destinés à ne se développer que le
printemps suivant, on peut forcer les écussons
à œil dormant à pousser de suite, en coupant
la tête du sujét au dessus de l'écusson après
avoir greffé, au lieu d'attendre la fin de l'hiver
comme on fait ordinairement ; mais cette pousse
trop hâtée peut courir des dangers pendant les
grands froids.
On peut garder plusieurs jours les branches
qu'on a coupées et préparées pour former des
greffes , en ayant le soin de les envelopper dans
plusieurs linges mouillés; mais pour les con-
server plus long-temps , ou les faire voyager,
il faut les enduire de miel ou les placer dans
un vase qu'en soit rempli. H sufit, lorsqu'on
veut en faire usage, de les plonger dans de
l'eau tiède pour enlever le miel.
On emploie aussi pour les Rosiers, mais
((137: )
bien rarement, la greffe en fente qui se fait à
la première sève du printemps. Elle se pratique
de la manière suivante : on coupe sur les espè-
ces quon veut multiplier, de petits rameaux
destinés à porter des fleurs dans l'année ; on
les tailles très-nets en biseau, par leur basé,
à commencer d'un æ'l et de manière que l'é-
corce , laissée seulement du côté de cet œil,
puisse se bien ajuster avec celle du ‘sujet que
l'on a coupé préalablement et horizontalement,
à Ja hauteur convenable; on fend ensuite per-
pendiculairement celui-ci par le milieu et suff-
samment pour y introduire la greffe qui s’en-
fonce jusqu'à l'endroit où commence le biseau ;
on recouvre ensuite le haut du sujet, ses
fentes et le bas de la greffe, d'une sorte de
mastic composé de deux tiers de colophane , et
d'un tiers de cire jaune, fondues et mêlées en-
semble. Ce mastic doit être assez chaud pour
bien tenir, mais pas assez pour dessécher les
parties qu'il doit garantir du contact de l'air.
Beaucoup d'amateurs se plaisent à greffer
différentes espèces sur le même sujet; mais
rarement ils jouissent long-temps de l'agré-
ment qu'ils se sont procuré, et l'espèce la plus
vigoureuse attirant à elle toute la sève fait
bientôt périr les autres.
Pline indique pour moyen, quand on
(138)
veut se procurer des Roses précoces, de creu-
ser la terre au pied du Rosier et l'arroser
avec de l'eau chaude.
Pour avoir des roses pendant l'hiver , il faut
retrancher au printemps tous les bourgeons
qui commencent à pousser, ou transplanter les
Rosiers à la même ‘époque pour rendre leur végé-
tation plus tardive. On place encore de jeunes
pieds dan la serre et sur couche , et les es-
pèces qu'on choisit de préférence sont le Ro-
sier des quatre saisons et le Pompon. Lors-
qu'ils sont fleuris , on en décore les apparte-
mens.
Maladies des Rosiers.
Les Rosiers sont exposés à diverses mala-
dies plus ou moins dangereuses; mais celle
dont la contagion est la plus à redouter pour
eux est la rouille, produite parune espèce d'u-
redo qui couvre de taches toutes leurs feuilles.
L'œcidiurn, autre plante parasite, produit
sur eux un effet non moins pernicieux, Le re-
nède le meilleur à employer est de couper
rez-de-terre les tiges affectées au commence-
ment de l'été, c'est-à-dire, avant la maturité
des semences de Zl’&redo et de l'æcidium.
On peut considérer comme une espèce de
maladie , le séjour de certains insectes sur les
( 139)
Rosiers. Leurs boutons naïissans sont souvent
couverts de pucerons dont il est très-difciie
de les débarrasser. On dit, cependant, qu'il
faut asperger les parties attaquées avec une
forte infusion de sureau. Un cultivateur de Si-
bérie assure que huit ou dix gouttes d'huile
de baleine , versées au pied des plantes atta-
quées par les pucerons, suffisent jour les dé-
truire. Enfin , on se borne quelquefois à les
faire tomber à terre, au moyen d'une petite
brosse , pour les y écraser ensuite , ou bien on
détache ces pucerons avec les doitgs, en pres-
sant légérement les endroits qui en sont cou-
Verts. j
Le Bédéguar, excroissan ce du Rosier, dont
jai déjà parlé, renferme les larves de deux es-
pèces de diplolepe, d'un cinips et d'un ichneu-
mon qui attaquent ensuite d’autres parties de
la plante. On s'oppose à leurs ravages , en en-
levant les bédeguars avant la métamorphose
des larves , ou en tuant les insectes dès qu'ils
se montrent.
Eofin , la tenthrède du Rosier , la cétoine
éméraudine’et plusieurs espèces de cerambix,
détruisent en plus ou moins grande quantité ,
les feuilles ou les fleurs du Rosier,
(140)
PROPRIETES DES ROSES.
ee propriétés médicales des Roses sont au-
jourd'hui très-bornées ; mais les anciens leur
ont attribué de grandes vertus. Les Grecs, les
Romains et les Gaulois employaient les Roses
dans une infinité de remèdes.
Au temps d'Athénée, le persil, le lierre , le
myrthe et les Roses, passaient pour dissiper
les vapeurs du vin, et les buveurs ne man-
quaient pas de faire un grand usage des der*
&
nières.
Les parfums des Roses pris à Capoue, remet-
taient, dit-on, l'estomac fatigué d'un grand
repas.
La Rose de l'Eglantier est celle qui a joui
de la plus grande réputation. Elle est éminem-
ment astringente. Æoffinan prétend qu'elle est
spécifique dans la pleurésie. Paracelse range
cette Rose avec les fleurs du generrier , d'el-
lébore, la valériane et la mélisse, parmi les
plantes propres pour prolonger la vie. La pou-
dre jaune ou Pollen, qui couvre les étamines,
est, selon }fedelius et Hagendorn , un soufre
végétal volatilisé qui a bien des vertus. Cardi-
| Cigr)
lacius recommande les fruits en gargarisme
dans l'inflammation du gosier ; cesmèmes fruits,
purgés de leur graine et de leur duvet, sont
excellents pour tempérer l’ardeur de la bile, et
pour corriger l'intempérie chaude du foie, sui-
vant les témoignages de Zuvenchfeld , d'He-
furus, de Crato , de Michæilis, de Schen-
chius, etc. Wedelius et Hagendorn les vantent
beaucoup pour l'Aydropisie ; ils ne sont point
d'un moindre secours dans la dyssenterie, si
l'on en croit Jean Freitagius et Raimond Min-
dedurus ; Cardilucius , Balthasard Timeus ,
Rivière |, Scroder, Hoffman et autres, s'en
- sont servis heureusement dans les pertes de
sang. La semence qui est enfermée dans le
fruit est diurétique, selon Schroder, edelius
et autres. L'éponge qui croît sur l'églantier
était aussi d'un grand usage dans la médecine :
selon /ÆZelvetius, elle est bonne pour calmer
les douleurs de tête, soit qu'on s'en serve in-
térieurement ou extérieurement. Quelques au-
teurs , tels que Tragus Zuvenchfeld, Simon
Paulli, Sennert et plusieurs autres, prétendent
qu'elle à quelques vertus somnifères et Aypno-
tiques; Willis s'en sert pour arrêter le crache-
mént de sang ; Æoffman, pour calmer la fré-
nésie. Zuvelfer et Sérapion nous assurent que
les petits vers qu'on trouve pendant l'automne
( 142 )
et l'hiver dans cette éponge , sont un remède
spécifique contre l'épilepsie. Rambert Dodonée,
Jean-Baptiste Porta, Schenchius , Marcus-
Marci , Tragus , Cesalpin , et quantité d'au-
tres auteurs, nous donnent la racine de l'é-
glantier pour un spécifique contre la rage ou
l’aydrophobie. Ce remède est tiré de l'histoire
naturelle de Pline, et l'on voit parce qu'en dit
cet auteur , que c'est un remède que les dieux
ont révélé aux hommes dans les songes.
Ces sortes de révélations de remèdes étaient
très-communes chez les anciens. En Egypte,
les malades se rendaient dans le temple d'Isis
ou d'Osyris; les Grecs et les Romains dans
celui d'Esculape. Là, après avoir adressé des
prières à leurs divinités , ils attendaient paisi-
blement, dans la douceur du sommeil , quel-
que songe favorable qui leur indiquât le re-
méde qui devait opérer leur guérison.
Les prètres, que l'intérêt obligeait à entrete-
nir le peuple dans cette fausse et pieuse cré-
dulité , avaient auprès du temple un jardin
qu'ils cultivaient avec beaucoup de soin , et
dans lequel ils entretenaient un très-grand
nombre de plantes. Ils faisaient visiter ce jar-
din , pendant le jour, par les malades, qui,
occupés uniquement de leur guérison, appor-
taient la plus grande attention aux végétaux
(145) |
qui s’offraient à leurs regards. Quelques-unes
deces plantes se gravant dans leur mémoire ,
faisaient sans doute, dans le temps du sommeil,
une si forte impression sur eux , qu'ils se per-
suadaient facilement avoir le remède que les
dieux destinaient à leurs maux. |
La Rose pale fournit un purgatif très-doux.
plusieurs auteurs croient que celte vertu pur-
gative consiste dans les particules volatiles odo-
riférentes , ou dans un sel volatil sulfureux.
qui s'échappe très-faciiement par la coction :
mais l'expérience détruit cette asserlion , puis-
que les feuilles sèches: de ces mêmes Roses
sont encore purgatives si on en fait une décoc-
tion.
La Rose rouge ou de Provins, est astrin-
geante et cordiale. On prépare avec elle une
teinture en usage dans la dyssenterie. Un doc-
teur Anglais a constaté la présence du fer dans
les pétales des Roses rouges, et il attribue à
celle d'une très-faible partie de ce métal , la
vertu médicinale assignée à l'infusion des Roses.
La Rose blanche, d'après tous les auteurs, est
astringente. On estime son eau distillée pour
adoucir l'ophtalmie ou inflamation des yeux.
Du temps de Philippe-le-Bel, Veau de Ro-
ses était regardée comme un cordial, mêlée
sans doute à des plantes aromatiques; elle ser-
(144)
vait, ainsi qu'au temps de Charlemagne et de
l'empereur Alexis, à prévenir les défaillances.
La Rose musquée est purgative au suprême
degré. Il y a des paysans qui se sont purgés
en mangeant une ou deux de ces Roses à jeun.
Une dame romaine ayant fait usage de ce
purgatif, faillit en mourir. Les élamines, le
calice, le fruit et la semence ont des vertus
astringeantes.
Les Roses sont employées en cataplasme et
en fomentation comme vulnéraires , astrin-’
gentes et fortifiantes.
La conserve de Roses a été long-temps cé-
lèbre contre la phthisie.
Le miel rosat est un excellent détersif ; ül
s'emploie pour guérir les aphthes de la bouche
et les ulcères de la gorge.
On se sert du vinaigre rosat contre les maux
de tête produits par la vapeur du charbon ou
par l’ardeur du soleil. On trempe. des linges
dans ce vinaigre et on les applique sur la tête.
(145)
EMPLOI DES ROSES.
Eau de Roses.
O distille des Roses pdles avec une petite
quantité d'eau. Les Perses employant la Rose
Musquée , leur eau est bien supérieure à la
nôtre parce qu'elle donne du parfum en plus
grande quantité et quil est plus durable. Les
habitans de Farüme, près Schechabald ( autre-
fois Arsinoë ), capitale de la basse Thébaide
en Egypte , sont renommés pour leur adresse
à distiller l'eau de Roses. Avicenne est le pre-
mier qui ait parlé de l'eau de Roses chez les
Arabes, et Arctuarius chez les Grecs.
Essence de Roses.
On effeuille des Roses musquées dans un vase
de bois, où l’on a mis de l'eau , et on l'expose
à l'action du soleil. La chaleur dégage la par-
tie huileuse des pétales qui vient nager sur
l'eau ; on la recueille soigneusement avec du
coton fin qu'on exprime immédiatement dans
de petites bouteilles qu'il faut boucher ensuite
très-hermétiquement, Les Roses donnent plus
10
{ 1 46)
ou moins d'essence selon l'espèce et selon Le
pays où elles sont cultivées. Cette essence est
d’une couleur citronnée et presque transparente ;
elle reste constamment figée à une tempéra-
ture naturelle et se liquéfie des qu'on l'échauffe
un peu en tenant de flacon dans la main ; il
suffit de tremper la pointe d'une épingle dans
ce flacon et d'en toucher un mouchoir , pour
qu'il en conserve l'odeur pendant très-long-
temps.
L’essence de Roses , que les orientaux nom-
ment Zther , (1) est de tous les parfums celui
qu'ils estiment le plus. C'est un objet de com-
merce sur les côtes de Barbarie, en Syrie, et
surtout en Perse, où elle se vend à un prix
fort au dessus de celui de l'or. L'essence la
plus recherchée est celle de Xachmyr ; vient
ensuite celle de Perse ; celle de Syrie et des
états barbaresques lui est inférieure.
Autre essence de Roses.
On a une caisse dont le dedans soit garni
de fer-blanc , afin que le bois ne communique
aucune odeur aux fleurs et ne boive pas l'es-
sence. On place dans cette caisse des chassis
de deux pouces d'épaisseur et garnis de poin-
TE —————
LE
(x) Mot Arabe qui siguifie parfum.
(147)
tes , disposées de manière à pouvoir tendre
des toiles dessus; ces toiles doivent être de
coton et bien lessivées ; on les imbibe d'huile
de ben avant de les attacher aux pointes ;
cela fait, on met un chassis au fond de la
caisse , et l’on sème dessus la toile des Roses
effeuillées ; on couvre ce premier chassis d'un
second , sur lequel on sème encore des Roses,
et l'on continue ainsi jusqu'à ce que la caisse
soit pleine. Les chassis étant de deux pouces
d'épaisseur , les fleurs ne sont pas pressées ,
et il y en a dessus et dessous les toiles. Douze
heures après on remet d’autres fleurs , quel'on
_ renouvelle de cette manière pendant plusieurs
jours. Quand l'odeur paraït assez forte, on
lève les toiles de dessus les chassis ; on les
plie en plusieurs doubles ; on les lie avec une
ficelle pour les contenir, et on les met à la
presse pour en exprimer l'huile. Cette presse
doit être de fer-blanc, et l'on met dessous des
vaisseaux convenables pour recevoir l'essence,
que l'on conserve ensuite dans des fioles bien
bouchées. î
Ce procédé est aussi d'usage pour obtenir
l'odeur des fleurs qui ne donnent pas d'huile
essentielle par la distillation, telles que la
tubéreuse, le jasmin et plusieurs autres,
C8
Huile Rosat.
On pile des Roses pdles récentes, et on les
fait macérer au bain-marie pendant deux jours
dans quatre fois léur poids d'huile d'olive. Cette
préparation fut célèbre chez les anciens et en
usage du temps du siége de Troyes, si nous
en croyons Æomèére.
Sirop Rosat.
On fait infuser des Roses sèches dans de
l'eau chaude et l’on cuit cette infusion avec une
quantité suffisante de sucre blanc.
V’inaigre Rosat.
On introduit des Roses sèches dans une bour-
teille et l’on verse dessus du meilleur vinaigre ;
on bouche avec soin la bouteille et on l'expose
au soleil pendant vingt jours ; au bout de ce
temps on passe avec expression dans un linge,
et l’on introduit de nouveau dans la bouteille
des Roses, et par dessus l'infusion qui a été
passée; on la met encore en digestion l'inter-
valle de vingt-quatre autres jours , et on la
passe une seconde fois pour la conserver dans
des fioles.
Miel Rosat.
On fait macérer des Roses fraîches dans une
petite quantité d'eau bouillante, et l'on fait
quire avec du miel le suc exprimé et filtré.
( 149)
Conserve de Roses.
On prépare cette conserve en pilant les pé-
tales enlevés des boutons de Roses, avec leur
poids égal de sucre.
Confiture de Roses.
La confiture de Roses, qu'on appelle encore
conserve de Cynorhodon, se fait avec les fruits
du Rosier éslantier, ou du Rosier velu d'où
on a préalablement séparé les graines de la
pulpe ; cette dernière, mêlée avec du sucre,
est une confiture assez agréable. En Suède on
met le fruit de l'églantier dans les ragoûts ,
comme nous y mettons chez nous la tomate ,
et les pauvres en font une espèce de pain.
Huile ou liqueur de Roses.
On distille au bain-marie une livre de Roses
par litre d'esprit de vin, et l'on obtient une
liqueur très-odorante appelée esprit de Roses.
En ajoutant à cet esprit une certaine quantité
de sucre on fait cette liqueur si agréable aux
Dames, connue sous lenom d'huile de Roses,
huile d'Amour, huile de Vénus, huile d'A-
donis , etc.
Sucre de Roses.
On dissout du sucre bien blanc dans de l’eau
( 150 )
de Roses, et on y mêle des Roses sèches en
poudre, jusqu'à ce qu'on puisse réduire la Le
en tablettes.
Pastilles et colliers de Roses.
On met infuser à froid six onces de Benjoin,
pendant vingt-quatre heures dans une bouteille,
‘avec parties égales des eaux d'ange et de fleur
d'orange ; on prend ensuite huit onces de bou-
tons de Roses mondés et on les broie dans un
mortier de marbre, avec une once de sucre
candi, nyant le soïn de les arroser avec l’eau
dans laquelle on à fait tremper le benjoin; on
ajoute encore un gros de storax en poudre,
avec un peu d'ambre , et lorsque tout est exac-
tement mêlé on en forme des pastilles aux-
quelles on donne différentes figures , ou des
grains arrondis pour des colliers. On les fait
sécher dans des boîtes de sapin et dans un en-
droit chaud.
Les Roses entrent. dans la composition des
eaux spiritueuses de Cypre, d'Ange, Divine,
Couronnée, de Mille Fleurs, d'Adonis, Mi-
gnonne, de la Fontaine de Jouvence , etc. etc
Dans les eaux cosmétiques de Myrrhe .
spécieuse , et la plupart de celles destinées à
blanchir et à donner de l'éclat au visage ;
Dans le lait virginal ;
( 151
Dans plusieurs savonnettes ;
® Dans les »ommades et poudres pour les
cheveux ;
‘ Dans quelques essences, poudres et opiates
pour nettoyer les dents ;
Dans les poudres et pdtes pour nettoyer les
mains et adoucir la peau. En Italie les Dames
font des colliers et des bracelets avec une pâte
qu'elles composent de Roses fraîches et un peu,
passées, d'aspic, .de myrrhe et d'iris. Elles
réduisent encore cette pâte en poudre pour la
répandre sur leurs corps en sortant du bain,
et lorsqu'elle est sèche, elles l'enlèvent avec de
l'eau fraiche. ;
On fait aussi avec des Roses divers sachets
et des pastilles à brüler. Les Italiens prépa-
rent des sachets de la manière suivante : ils
prennent des boutons de Roses ; ils en ôtent
le vert et le réceptacle , et introduisent par
l'ouverture que présentent alors les boutons,
an clou de girofle avec un peu de civette; ils
laissent ensuite sécher entre deux linges et à
l'ombre.
Enfin le parfum de la Rose se fixe dans tou-
tes sortes de bonbons, dans des crémes, des
glaces, des liqueurs et même dans des pétis-
series,
( 152 )
DESSICCATION DES ROSES.
Lis distillateurs , les parfumeurs, et les con-
fiseurs conservent des Roses sèches pour les dif-
férentes préparations que j'aiindiquées. La des-
siccation de ces fleurs demande un soin parti-
culier, et de l'attention qu'on y apporte dépend
le succès de leur emploi. On cueille les Roses
pendant un jour bien sec et avant leur entier
épanouissement , on les monde de leurs cali-
ces et l'on ongle exactement leurs pétales. On
les étend sur des claies élevées de deux à trois
pieds au dessus du sol, et on les expose à
lombre s'il fait chaud , cu sur le dessus d'un
four si le temps est humide. Plus cette dessic-
cation s'opère promptement , et mieux il vaut
pour le développement du parfum. Avant de
renfermer les Roses ainsi séchées, on les se- :
coue dans un crible pour en séparer le sable,
le terre et les œufs d'insectes qui auraient pu
s'y mêler ; car, sans cette précaution, on cour-
rait le risque de voir sa récolte dévorée. M.
Poncet indique l'usage du vieux fer comme un
(153)
moyen de préservation contre l'attaque de ces
petits animaux; et M. Demachy conseille de
remuer les Roses dans une bassine sur le feu,
pour détruire leurs œufs; mais ce moyen est
sujet à beaucoup d'inconvéniens.
Ne C154) FRgpE
AMUSEMENS
AVEC LES ROSES.
Moyen de se procurer une Rose épanouie à
un jour marqué.
Ox choisit sur la tige d'un Rosier , dans le
temps que les dernières fleurs paraissent , les
boutons les mieux formés et prêts à s'ouvrir,
on les coupe avec des ciseaux , en observant
sil est possible, de leur laisser une queue lon-
gue de trois pouces. On couvre l'endroit coupé
avec de la cire d’espagne ; et après avoir laissé
faner les boutons , on les enveloppe, chacun
à part, dans un morceau de papier bien sec,
et on les enferme dans un endroit à l'abri de
l'humidité. Lorsqu'on veut les faire éclore, on
coupe le bout où est la cire , et on le met
tremper dans de l'eau où l'on a fait fondre un
peu de nitre ou de sel.
Dessècher une Rose avec sa tige et ses feuil-
Les sans altérer aucune forme.
On choisit du sable de rivière ou à défaut
Cer65°)
du’sablon fin, qu'on lave pour enlever toutes les
ordures étrangères , et qu'ensuite on fait sé-
cher. On met dans le fonds d'un vase conve-
nable une couche de ce sablon pour assujétir
la queue de la Rose , qu'on doit avoir eu soin
de cueillir dans un temps bien sec , puis on
verse doucement sur la fleur avec un tamis et
entre les pétales , du même sablon, en éten-
dant et arrangeant à mesureles rameaux et les
feuilles ; on en couvre la Rose de l'épaisseur
d'un pouce , et on met le vase dans une étuve
très-chaude ; on l'y laisse un certain temps; et
on en retire ensuite le sable en le versant lé-
gèrement. Cette Rose ainsi desséchée conserve
sa beauté et son éclat, mais on doit la ren-
fermer sous verre pour la garantir du contact
de l'air.
Changer la couleur dune Rose.
En exposant une Rose rouge , entièrement
épanouie , à la vapeur du souffre, elle devien-
dra blanche: en la mettant ensuite dans l'eau,
peu d'heures après elle reprendra sa couleur
naturelle.
Panacher des Roses.
On plante un Rosier blanc dans un pot que
lon remplit d'excellente terre ; on arrose la
L 56.)
plante soir et matin avec une eau colorée , et
on à soin de la garantir toutes les nuits des
impressions de la rosée, qui détruirait la cou-
leur que la plante doit acquérir par les sucs
colorés qui monteront dans la tige. Si on a
arrosé la plante, par exemple, avec de l'eau
colorée par du bois du Brésil rouge , la fleur
tiendra de cette couleur , et de sa couleur
blanche naturelle.
Poudre du Diable.
Les charlatans font , avec le duvet qui en-
toure les semences de l’églantier , une poudre
qui, appliquée sur la peau , produit une dé-
mangeaison très-vive.
On rapporte, dans divers ouvrages , plu-
sieurs expériences pour se procurer des Roses
de différentes couleurs. On assure, par exem-
ple , que pour avoir des Roses vertes, il ne
s'agit que de greffer un Rosier sur le houx ,
ilex aquifolium; mais comme ces expériences
sont pour la plupart, dans le genre des secrets
du petit-Albert , jen épargne le détail au lec-
teur.
FIN.
(157)
VOCABULAIRE.
A
Anthère. Partie supérieure de l'étamine qui
renferme le pollen ou poussière fécondante.
Aiguillons. Piquans plus ou moins forts qui
tiennent à l'écorce seulement, et qu'on peut
détacher très-facilement. ;
Azxillaire. Qui part de l'aisselle d’une feuille
ou d'un rameau.
Aubier. Partie intermédiaire que l’on trouve
entre l'écorce et le bois proprement dit.
Aisselle. Point de réunion formé par la queue
d'une feuille, ou par un rameau sur une tige.
Aggloméré. Rassemblé en un ou plusieurs
faisceaux.
‘ Alterne. Disposé à des distances à peu-près
égales , des deux côtés d'une branche ou
d'une tige.
Articulé. Qui semble être formé de plu-
sieurs pièces unies par des nœuds.
Astringent. Qui resserre.
B
Bractées ou feuilles florales. Petites feuilles
( 158 )
quiaceompagnent la fleur, et qui sont ordinaire-
ment différentes des autres.
Bouquet. Assemblage de fleurs dont les pé-
doncules partent de différens points et s'élè-
vent à différentes hauteurs.
Bipinné. Disposition de pétioles secondaires,
garnis de folioles et placés des deux côtés d'un
pétiole commun.
Bâche. Espèce de chassis.
. Biseau. Extrémité coupée en pente.
Bain-/Marie. Eau bouillante où l’on plonge
un vase qui contient ce quon veut faire
chauffer.
C
- Calice. C'est l'enveloppe extérieure de la
fleur. Lorsqu'il est supérieur à l'ovaire , il
tombe souvent après la fécondation du fruit.
On l'appelle persistant lorsqu'il subsiste à la
floraison. On nomme monophylle le calice qui’
est formé d’un seul feuillet ; diphylle, triphylle,
tétraphytlle, pentaphylle et polyphylle , celui
qui est composé de deux, trois, quatre, cinq,
ou d'un plus grand nombre de feuilles ; il est
entier lorsque ses bords n'offrent aucune divi-
sion ; multifide, quand il est divisé à peu-
près jusqu'à la moitié; et multiparti, quand il
est divisé très-profondément.
(159 )
Corolle. Enveloppe ‘immédiate des -organes
de la frucüfication, presque toujours coloriée
et souvent odoriférante; les pièces dont elle est
composée , se nomment pétales ; la corolle est
monopétale quand elle est d'une seule pièce,
et polypétale, lorsqu'elle est formée de plu-
sieurs ; la plante qui n'a pas de corolle , est dite
apétale.
Corymbe. Assemblage de fleurs dont les pé-
doncules partent de différens points, mais
s'élèvent à peu-près à la même hauteur.
Campanulé. En forme de cloche.
Cordiforme. En forme de cœur.
Carné. Couleur de chair.
Cilié. Bordé de poils semblables aux cils des
yeux.
Crenelé. Dont les bords sont garnis de pe-
tits prolongemens ; arrondis ou obtus. |
Cylindrique. Qui n'offre aucun angle remar-
quable.
Capsule. Espèce de boîte formée de plu-
sieurs paneaux qui se joignent par leur bord,
avant la maturité, et qui s'ouvrent ensuite en
laissant une issue libre aux semences. |
Coriacé. D'une consistance dure et épaisse.
Cosmétique. Préparation qui sert à l'embellis-
sement de la peau.
Cordial. Propre à ranimer les forces.
( 160 )
Coction. Faire cuire dans un liquide;
D
Diffus. Se dit des branches et des rameaux
qui ne conservent entr'eux aucun ordre, et se
dirigent dans tous les sens.
Denté ou dentelé. Garni de dents plus ou
moins larges.
Décoction. Eau dans laquelle on a fait bouil-
lir des médicamens.
Digestion. Fermentation lente à un feu modéré.
E
Etamine. Organe mâle de la plante. On y
distingue deux parties : le filet qui est mince
et alongé, et l'anthère, petit globule qui ter-
mine ce filet ét qui renferme la poussière
fécondante.
Embryon. Germe de la plante.
Epine. Vointe dure et aiguë qui fait corps
avec le bois , et qu'on ne peut arracher sans
endommager ce dernier , ainsi que l'écorce.
Etiolement. État de maigreur et de dépérisse-
ment de la plante. Cette maladie provient sur-
tout de la privation d'air, et de la trop grande
multiplicité des individus dans un petit espace.
(161)
F
Fleur double. On appelle ainsi celle qui est
composée de plusieurs rangs de pétales.
Fleur pleine. C'est la fleur double dont tou-
tes les étâmines se sont changées en pétales.
Foliole. Petite feuille attachée à un pétiole
commun à plusieurs.
Fomentation. Remède chaud appliqué à l'ex-
térieur sur une partie malade.
G
Glauque. Vert blanchitre.
Glabre. Uni et sans poils ni duvet.
Glandes. Petits corps vésiculaires qui se
trouvent sur diverses parties des plantes.
Gréle. Long ei menu.
H
Hybride. Qui tire son origine de deux es-
pèces différentes.
Hispide. Garni de poils longs, roides et al-
véolés.
Hirsute. Garni de poils longs et roides;
mais non alvéolés.
Hypnotique. Calmant.
LE)
( 162 )
ke
Inerme. Sans épines et sans aiguillons.
Jaspé. Mélangé de diverses .couleurs.
L.
Linéaire. Fort étroit.
Lancéolé. Alongé en forme de lance.
Lacinié. Découpé inégalement.
Lymbe. Partie supérieure du pétale.
M.
Multiple. Voyez fleur pleine.
Maculé. Parsemé de taches.
Meuble. Terre divisée par les labours.
Macérer. Faire tremper un corps dans un
liquide:
Monder. Nettoyer.
O.
Ovaire. Partie inférieure du pistil, dans la-
quelle sont renfermées les semences.
Onglet. Partie inférieure du pétale.
Obtus. Angle plus grand que le droit.
Oblong. Plus long que large.
Ombelle. Assemblage de fleurs dont Îlés
pédoncules partent tous d'un mème point , et
( 163 )
s'élèvent à peu près à la même hauteur.
Ondulé. Marqué de sinuosités.
Opposé. Feuilles qui naissent à la même
hauteur des deux côtés d'un rameau. Branches
disposées en face les unes des autres sur les
côtés d'une tige.
P.
Pistil. Organe femelle de la plante. Il est
composé de trois parties : l'Ovaire, qui ren-
ferme les germes ; le Style, espèce de tuyau
qui surmonte l'ovaire; et le Srigmate, partie
supérieure du style qui reçoit par son ouver-
ture la poussière prolifique de l’étamine,
Péricarpe. Enveloppe du fruit.
Pulpe. Substance charnue du fruit.
Pollen. Voyez Anthere.
Pétale. Voyez Corolle.
Pinné. Disposition de folioles rangées sur
les côtés d'un petiole commun.
Prolifère. Fleur du centre de laquelle nais-
sent d'autres fleurs.
Pédoncule Queue de la fleur.
Pétiole. Queue de la feuille.
Panicule. Assemblage de fleurs disposées en
plusieurs groupes , formés par des ramifica-
tions alongées, éparses et fixées sur un axe
commun.
(1647
Pédicillé. Porté sur un petit pédoncule.
Persistant. Qui subsiste. |
Pubescent. Garni de poils fins et éloignés.
Panaché. Nuancé de diverses couleurs.
R.
Ramuscule. Petit rameau.
&
Style. Voyez Pistil.
Stismate. Voyez Pistil.
Stipule. Petite production foliacée qui naît
à la base du pétiole: |
Stolonifère. Racine qui rampe et produit
des rejets qui donnent de nouvelles racines.
Strié. Garni de petites côtes longitudinales
et rapprochées.
Semi-double. Fleur qui a plus de pétales que
la simple, mais qui conserve la faculté de
donner des semences.
Sujet. Plante que l'on greffe.
Somnifère. Qui endort.
di
Tomenteux. Garni d'un davet plus ou moins
serré et d'un aspect blanchâtre.
(165)
Terné. Disposé trois par trois.
Turbiné. En forme de toupie.
Tombantes. Feuilles qui tombent chaque
année.
Y.
V'elu. Chargé de poils longs et séparés.
V'erticillé. Disposé en anneaux.
V’isqueux. Gluant.
Vulnéraire. Bon pour les plaies.
.*
( 166 )
TABLE
DES MATIÈRES.
Esirer AUX DAMES. page 15
AVERTISSEMENT.
DES FLEURS. 7
HISTOIRE DE LA ROsE. Recherches litté-
raires chez les peuples de l'antiquité
et chez Les modernes. IX
DESCRIPTION DES ROSIERS. Roses des
anciens. 66
Rosiers cultivés dans les jardins et les
pépinières. 69
ROSIER A CENT FEUILLES. Ibid.
— Rose de Hollande. 70
— Æose à fleurs simples. Ibid.
— Rose des peintres. Ibid.
—— Rose couleur de chair. 71
— Rose unique. Ibid.
—— Rose multiflore. Ibid.
— Rose mousse. Ibid.
— Fose mousse à fleurs blanches. 72
— Rose prolifère. Ibid.
( 167 )
— Rose œillet. 72
—— Rose à feuilles de celéri. 75
—— Rose à feuilles de laitue. Ibid.
—— Rose à feuilles crénelées. Ibid.
—— Rose à feuilles de chéne vert. Ibid.
—— Rose de Bordeaux. Ibid.
—— Rose panachée. Ibid.
—— Rose anémone. 74
—— Rose la constance. Ibid.
—— Rose cramoiïste. Ibid.
—— Rose aurore. Ibid.
ROSIER DE PROVINS. Ibid.
°.—— Rose pourpre semi-double. 75
Rose pourpre ponceau. 76
—— Rose la junon. Ibid.
—— Rose le roi des pourpres. Ibid.
—— Rose à grand cramoisi. Ibid.
—— Rose l'ornement de parade. Ibid.
—— Rose grandesse royale ou lustre
d'église. Ibid.
—— Rose panachée. ; Ibid.
—— Rose pivoine ou grand triomphe. 77
—— Fose mauve. Ibid.
—— Rose aimable rouge. Ibid.
7 Rose pourpre belle violette, * Ibid.
7 Rose manteau d'évéque. Ibid.
—— Fose manteau pourpre. 78
Rose de La reine. | Ibid.
ÉRÉRRRÉ ÉRMÉERENEC ES LE
( 168 }
Fose noïre de Hollande.
Rose maheca simple.
Rose le velours pourpre.
Rose la superbe en brun.
Rose le pourpre charmant.
Rose la renoncule.
Rose la renoncule noträtre.
Rose cramoisi brillant.
Rose Le velours noir.
Rose Saint-François.
Rose multiflore.
Rose argentée.
Rose mère gigogne.
Rose pintade.
Rose belle veloutée pourpre.
Pose couleur cerise.
Rose terminale.
Pose la merveilleuse.
Rose grand pompadour.
Fose bizarre triomphant.
Rose entreprise première.
Rose porcelaine.
Rose l'aigle noir.
Rose à rameaux inclinés.
ROSIER POMPON.
Rose pomponne à fleurs blanches.
Fose pomponne à fleurs pourpres.
Rosier DE DAMAS.
(169)
—— Rose d'Yorck et de Lancastre. 82
—— Rose la félicité. 83
—— ose gracieuse. Ibid.
—— Rose de Cels. Ibid.
— Rose argentée. Ibid.
—— Rose rouge. Ibid.
— Rose fausse unique. Ibid.
— Rose à bouquets couleur de chair. Ibid.
— Rose de Portland. . Ibid.
—— Rose pesti. 84
ROSIER GRAND ROYAL. Ibid.
ROSIER BELGIQUE. 85
ROSIER TOUJOURS VERT. Ibid.
ROSIER DE CHAMPAGNE. 87
—— Rose pompon des Alpes. Ibid.
ROSIER CANELLE. 88
— Rose canelle à fleurs doubles. Ibid,
—— Rose canelle à fleurs panachées. Ibid.
" ROSIER MUSQUÉ. Ibid.
— ose musquée à fleurs doubles et
‘roses. 89
—— Rose musquée a fleurs semi-dou-
bles. Ibid.
ROSIER DU BENGALE. go
—— Bose Bengale à fleurs violettes. ot
— Rose Bengale à feuilles de pécher Ibid.
.—— Rose Bengale pompon. Ibid.
— Rose Bengale blanche. Ibid.
\(470)
-—— Rose Bengale inerme.
—— Rose Bengale à bouquets:
—— Fose bichonne.
ROSIER BLANC.
—— Rose de l'hymen.
—— Rose incarnat.
— Rose petite cuisse de nymphe.
—— Rose la cocarde.
——— Rose la céleste.
— Rose la belle aurore.
2 Pose lElisa.
_—— Rose blanche à cœur vert.
7 Rose blanche à feuilles de pécher.
ROSIER JAUNE SIMPLE.
—— Rose tulipe.
—— Rose églantine.
— Rose capucine.
ROSIER JAUNE SOUFRE.
—— Rose jaune à fleurs doubles.
—— Rose naine.
ROSIER SANS ÉPINES.
ROSIER TRÈS-ÉPINEUX.
—— Rose Ecossaise à fleurs panachées.
— Rose dEcosse double blanche.
— Rose petite écossaise double rouge.
— Rose à mille épines.
—— Rose à épines rouges.
ROSIER DE PROVENCE.
ibid.
ibid.
ibid.
97
ibid.
ibid.
ibid,
ibid.
(171)
— Rose l'Azathe royale. 09
— Rose l'Agathe prolifère. ibid.
— Rose l'Agathe, duchesse d'Angoulé-
me. ibid.
— Rose grand Dauphin. ibid.
— Rose l'Agathe de Francfort. ibid.
— Rose de sang. ibid.
ROSIER DE LA CHINE. ibid,
— Rose sanguine. | ibid,
— Rose à odeur de thé. IOI
— Rosier agréuble. ibid,
ROSIER EGLANTIER. 102
— Rose églantine nuancée de rouge. 103
— Rose églantine panachée. ibid.
— Rose églantine à fleurs semi-doubles. ibid.
—— Rose églantine à fleurs doubles, ibid.
ROSIER DES HAIES. ibid.
—— Rose des haies à fleurs semi-doubles. ibid.
—— Rose des haies à fieurs blanches. ibid.
— Rose des haies à feuilles étroites. ibid.
— Rose des haies à fruits allongés. ibid,
ROSIER INTERMÉDIAIRE. 104
ROSIER DE CRÈTE. ibid.
ROSIER DEs CHAMPS. 105
—— Rose des champs à fleurs doubles. ibid.
ROSIER VELU. ibid.
— Rose velue à fleurs semi-doubles. 106
— Rose velue à fleurs nuancées. ibid.
ROSIER DE FRANCFORT, ibid.
(172)
—— Rose de Francfort à fleurs semi-dou
bles. 107
— Rose de Francfort à fleurs doubles. 1u8
ROSIER DE CHIEN. ibid.
—— ose de chien à fleurs doubles. ibid.
—— Rose de chien à ombelles. ibid.
— Rose de chien des buissons. ibid.
ROSIER A LONGS STYLES. ibid.
ROSIER GLAUQUE,. . ibid
— Rose glauque à fleurs semi-doubles. 109
ROSIER TOMENTEUX. ibid.
— Rose tomenteuse à fleurs doubles. ibid.
—— ose pompon blanc. ibid.
ROSIER DES MONTAGNES. ibid.
ROSIER DES COLLINES. ibid.
ROSIER A FEUILLES DE PIMPRENELLE. ibid.
:— Rose pimprenelle pompon blanc. F0
—— Fose pimprenelle à fleurs rouge
pâle. 1bid.
ROSIER DES ALPES. ibid.
ROSIFR DES PYRÉNÉES. ibid.
ROSIER A ARÈTE. TII
ROSIER A FRUITS EN CALEBASSE. ibid.
ROSIER CILIÉ. ibid.
ROSIER A FEUILLES ROUGEATRES. 112
ROSIER NAIN. ï 1135
MOsSIER A FEUILLES D'ÉPINE VINETTÉ. ibid.
ROSIER LISSE. 114
ROSIER A FEUILLES DE CHANVRE. ibid.
(275:
ROSIER À FEUILLES PENCHÉES.
RoSIER A FEUILLES DE FRÈNE.
ROSIER MULTIFLORE.
ROSIER DE CAROLINE.
ROSIER NOISETTE.
ROSIER EN CORYMBE.
ROSIER A FEUILLES SIMPLÉS..
ROSIER TURNEPS.
ROSIER A FRUITS PENDANTS.
ROSIER LUISANT.
ROSIER DE PENSYLVANIE.
ROSIER DE MACARTNEY.
ROSIER HERISSON.
ROSIER EVRATIN.
ROSIER PARVIFLORE,
ROSIER A FEUILLES TERNÉES.
ROSIER A LONCUES FEUILLES,
ROSIER DES INDES.
ROSIER A FEUILLES RIDÉES.
ROSES PEU CONNUES.
CULTURE DES ROSIERS,
Semis.
Rejetons.
Déchirement des vieux pieds,
Marcottes.
Boutures.
Racines.
Grefe,
t14
115
ibid.
116
ibid.
117
ibid.
ibid.
118
1bid.
119
ibid.
120
ibid.
121
ibid.
122
Ibid.
frid.
123
125
129
130
ibid.
151
idem.
1352
ibid,
(174)
MALADIE DES ROSIERS. 158
PROPRIÉTÉS DES ROSES. 140
EMPLOI DES ROSES. 145
Eau de Roses. ù "ibid.
Essence de Roses. ibid.
Autre essence de Roses. 146
Huile Rosat. | 148
Sirop Rosat. ibid.
Vinaigre Rosat. ibid.
Miel Rosat. ibid.
Conserve de Roses. 148
Confiture de Roses. ibid.
Huile ou liqueur de Roses, ibid.
Sucre de Roses. ibid,
Pastilles et colliers de Roses. 150
Eaux spiritueuses et cosmétiques. ibid.
Poudres et pâtes à la Rose. ibid.
Sachets et pastilles à brüler. ibid.
DE sICCATION DES ROSES. 152
AMUSEMENS AVEC LES ROSES, 154
Moyen de se procurer une Rose
épanouie à un jour marqué. ibid.
Dessécher une Rose avec sa tige et ses
feuilles sans altérer aucune forme, ibid.
Changer la couleur d'une Rose. 155
Panacher des Roses. _… ibid.
Poudre du diable. | 156
VOCABULAIRE. 157
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