Skip to main content

Full text of "Histoire du Paraguay"

See other formats


This is a digital copy of a book that was preserved for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world's books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that 's often difficult to discover. 

Marks, notations and other marginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book' s long journey from the 
publisher to a library and finally to y ou. 

Usage guidelines 

Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 

We also ask that y ou: 

+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for 
Personal, non-commercial purposes. 

+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine 
translation, optical character récognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help. 

+ Maintain attribution The Google "watermark" you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 

+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can't offer guidance on whether any spécifie use of 
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
anywhere in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 

About Google Book Search 

Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 



at |http : //books . google . corn/ 




A propos de ce livre 

Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 

Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 

Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains. 

Consignes d'utilisation 

Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 

Nous vous demandons également de: 

+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 

+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 

+ Ne pas supprimer r attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 

+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère. 

À propos du service Google Recherche de Livres 

En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 



des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse ] ht tp : //books .google . corn 



HISTOIRE 

DU 

PARAGUAY. 

E TOME ri. 



l 



HISTOIRE 

DU 

PARAGUÀX^y 

Par le P. PiERRE François - Xavier 
DE CHARLEVOIX^ de la Compagnie 
^ de Jejus. 

TOME SIXIEME. 




A PJ R I S , 

'DESAINT, rae S. Jcan-dc-Beauvais,vi$-à-vii 

k du Collège. 
^1 _ JdavID, rac & vis-à-vis de la Grille des 
^"^^\ Mathurins. 

r D U R A N D , rue du Foin , la première Porte 
cochere en encrant par la rue S. Jacques. 



M. DCC. LVII. 
Avec Approbation & Privilège du Rou 




HISTOIRE 

D U 

PARAGUAY. 

LIVRE VINGTIEME. 

—————— ■— — — ^— — — —i» 

SOMMAI RE. 

Es Barbares attaquent de toutes 
parts la Province de Paraguay. Les In^^ 
diens des RéduÛions les obligent à difpa^ 
roître. Projet d'une Rédudion pour les 
Tobacincs. L'Eyêque de rAjfomption 
tombe en apoplexie. Il écrit au Roi, Sa 
mort & fon éloge. Lettre du Chapitre Se* 
eu lier au Roi, Nouvelles tentatives pour 
la converfion des Chiriguanes. Ordre. >/i- 
voïé au Provincial des Jéfuites à cefujet. 
Choix des MiJJionnaires. Caraélere du Père 
de Li^ardi. Son entretien avec Dom Bru^ 
no Maurice Zavala, Il arrive à Tarija 
avec deux autres Jé/uites. En quelles d'if' 
pefitions ils en trouvent les Habitans au 
Tome yi. A 




p s G M M A I R E. 

fujet de la Mlffion des Càlriguanes Ce qui 
reftoit alors de Çhiriguanes Chrétiens. R^- 
du^ion de la Conception, Converjîon d*uri 
de leurs Caciques, On continue à Tarija 
de s*oppofer au départ des l/iijfionnaires 
pour cette Entreprtje, Réponfe du Père de 
JLiiardi à ceux qui vouloïent lui perfuader 
d'y renoncer, RéduSlion de Sainte- Anne, 
Voïage infruâueux des MiJJîonnaires à la 
CordilUere Chiriguane. Difficulté d'y voïa^ 
ger. Mort édifiante d*un Càcique : calomnie 
contre les MiJJîonnaires à ce fujet, Nour 
y elle courfe dans la CordilUere, Les Mif» 
Jîonnaires font délivres d'un grand danger, 
Difpofition des Çhiriguanes au fujet du 
Chrijiianifme. Divers changemens dans 
les Réduélions de Sainte- Anne, Ardeur du 
"Ptre de Li^ardi pour le Martyre» La Ré-* 
duSiion de Sainte- Anne divifée en deux m 
Le Père de Li^ardi dans la Cordilliere ; 
fruit- de fon volage. Ferveur des Néophy-^ 
tes Çhiriguanes fous fa direElion, . Il prédit . 
fa mort. Une des deux RéduBions Chiri^ 
guanes détruite. Belle aBion d'une Fem^ 
me Efpagnole , d> d'une Chiriguane. Prife 
du Père de Li^ardi. Sa^ Kéduâlion réduite 
pi cendres. Son Martyre, En quel état on- 
trouve fon C9rps^ Martyre de fon Sacrif- 
tain. Honneurs rendus au Père de Li^ 
{ardi, C/n Cacique Chiriguane rend un 
grand fervice aux Chrétiens* RéduSlion 
CJiir iguane vers Santa-Crux ; elle ne fub* 
fifte pas long'tems, RéduBion des Zamucos, 
Défordre qui y arrive. Elle efl transférée 
aux Chiquites, Converjîon de plujîeurs 
T^atienos, Ferveur des Zamucos, Deux ten^ 



\ 



SOMMAIRE ) 

tailles inutiles pour aller des Zamucos au 
Paraguay^ Racine finguliere ; effet quelU 
jfroduifit fur le Père Cajlanarès, Conver^ 
fion des Éorillos* Nouvelles tentatives pour 
une communicatkn entre le Paraguay 6» 
le Tucuman. Mémoire pré/enté au Roi 
d*Efpagne par un EccUfiaftique François , 
contre Us Jéfuites , 6» comment il eft reçu, 
// efl prèfenté au Prince des Afturies , qui 
le rejette, Impreffîon qu'il fait fur plufîeurs 
ferfonnes en EJhagne^ Commijfaire Roïal 
au Paraguay, Il refufe de vifîter les Ré^ 
.duflions. Sa Lettre au premier Minifire 
d'Efpagnê. Déclaration de Dom Antoine 
Ruii de Arrellano, Réponfe du Père d' A* 
guilar à un Mémoire de Dom Martin de 
Barua y adreffè au Roi corure les Jéfuites. 
Ce que le Roi penfe du Mémoire, Juge^ 
ment que le Commijfaire Rotai ^ & le Con** 
feil des Indes , portèrent de la réponfe. 
Extrait de cet écrit, ObjeSions faites à 
Madrid au Père Rodero , Procureur Gé" 
néral des Jéfuites du Paraguay y & fes 
réponses : & celU du Père Rico a d'au-- 
très ^bjeBions. 



s 



I la prudence & la bonté de Dom. 



Bruno Maurice de Zavala ne lur avoicnt ^^^"5 • 
point permis d'exercer toute la févérité de ^ " Barbares 
la jufticc fur les Rebelles du Paraguay , *omcrparw 
ils eurent bientôt heu de craindre que la la Proviuco 
colère du Ciel ne s'appaisât point auffi de Paraguay, 
aifément : cette malhcureufe Province fc 
vit tout-à-coup , & lorfqa*6n y penfoit 
le moms^ menacée d'expier Tes révoltes 

A ij 



4 Histoire 

'"Jt 7~ par les mains des Barbares. Les Guaycunis^* 

/54-3. • iircconciiiabks Ennemis des Efpagnols, 
& les Mocovis , auxquels le Gouverneur àii 
Tucumanfaifoit vivement la guerre , vout 
lurent profiter de la feiblcTTe wî les difTenr 
tions Tavoient réduite 5 ils y entrèrent 
en même tcms , comme de concert chacun 
de leur côté , portèrent le ravage jufqu'aux 
portes de la Capitale , oii Je peu de Troup- 
pes qu avoit le Gouverneur ne fuififoit pas 
pour les empêcher d'entrer. Il fallut donc 
avoir recours aux Milices des Réductions : 
Dom Martin d*Echauri fit prier les MiC- 
fionnaires de lui en envoïer le plus qu'ils 
pourroient , & il fut obéi avec la plus 
grande promptitude. L'approche des Néo- 
phytes obligea bientôt les Infidèles à fc 
retirer; & cette prompte retraite acheva 
de faire comprendre aux Habitans de 
TAffomption, que leur plus grande reC- 
fource contre des Peuples , que les armes 
des Efpagnols n'aVoient pu dompter , ctoit 
dans ces mêmes Ncopnytes , dont ils 
avoient dit tant de mal , te qu'un aveugle 
& honteux intérêt leur failoit fouhaitcr 
d'avoir pour Efclaves ; quoique plus d'une 
expérience dût leur avoir appris 'qu'avec 
la liberté , les Indiens perdoient nou- 
feulement les vertus dont ils honoroient lia 
Religion , mais encore le zèle qu'ils té- 
moignoient pour Je fervice du Roi , & le 
courage qui les rendoit fi utiles à l'Etat. ' . 
projet d'une Quelques autres Nations du Paraguay 
iRcduaion faiSient alors affez fouvent des courfes 
f?^"'^^^"'^''' dans les Habitations Efpagnoles, &ycaù- 
«j^r^jes. ^icpt d'affçz grands dommages ; les plus 



BU Paraguay. Lh. XX. y 

incommodes de tcrtis étoient les Tobatines, ^ • ^" 
connus alors fous le nom de Montagnards .f 
J'ai dit qu*en 1713 on en avoit gagné à 
Jefus-Cnrift jufqu'à 40e Familles, qui 
avoient é;é reçues dans la Rédudion de 
Sainte-foi du Parana ; mais que dix ans 
après , efFraiées par les menaces de la 
Gpramune du Paraguay , & ne pouvant 
plus fupporter la faim & les autres miferes, 
où étoient réduites toutes les Rcdudions 
de cette Province , elles avoient difparu 
tout-d'un-coup y fans qu oa pût favoir ce 
qu'elles étoient devenues. On apprit dans 
la foite qu*elles s'étoient retirées dans les* 
forêts & les montagnes d'un Canton nom- 
mé Tarauta , d'où on les avoit tirées après 
leur converfion. C'étoit de là que ces Dé- 
ièrteurs faifoient des courfes dans les Ha- 
bitations Efpagnoles , infeftoient les che- 
mins , pilloient & mafTacroient tous ceux 
qu'ils trouvoient fans défenfe, ce qui ia- 
terrompoit tout le commçrce. 

On crut que le Perc d'Aguifar pouvoir 
foui faire ceffcr ces hoftilitcs ; & le Procu- 
reur Général de la Province fut charge par 
les Magiftrats de préfenter une Requête à 
Dom Bruno-Maurice de Zavala , qui étoit 
encore à TAffomption , pour le fupplicr 
d'engager le Provincial de leur envoïer 
quelques Jéfcites , qui travaillaient à les 
réconcilier avec les Efpagnols. Dom Bruno- 
fit encore plus qu'on ne lui demandoit; 
& il crut que la chofe étoit afTez impor- 
tante pour y intérefl'er l'Evêque. 11 adrefla 
à ce Prélat, & au Père d'Aguilar, un 
Auto exortatorio à ce fujet. Le Proviiicial 

A iij 



i Histoire 

~ n'avoît pas befoin de cette formalité pouf 

*734-37* entreprendre une œuvre fi digne de fon 
zèle ; il n eur pas plutôt fait connoîtrc 
dans les Rédudions les plus voifîncs , Tes 
intentions, que plufîeurs MifTionïuiires s'of- 
frirent pour une Entreprife , dont ils con- 
noiflbient mieux que perfonne tous les 
dangers, & il n'eut point d'autre peine 
qua confolcr ceux dont il n'acccptott 
point les offres. 

Dom Bruno Maurice de Zavala étant 
parti fur ces entrefaites , Dom Martin 
Jofeph dTchauri fuivit avec zcle cette 
affaire , & dans une Lettre qu'il écrivit aa 
commencement de Tannée 17^ S au Roi 
Catholique , il lai manda que ce Gouver- 
neur avoir accordé aux Percs de la Com- 
pagnie la permirtlon qu'ils lui avoient de- 
mandée de fonder dans le Canton de Ta- 
ruma une Rédudion pour les Tobatines. 
Mais le fuccès de TEntreprife de ces Mif- 
fionnaircs ne fut pas auffi prompt qu'ils 
l'avoient efpéré , & ce ne fut qu'au bout 
de quelques années de recherches , qu'ils 
vinrent à bout de découvrir les Tobatines 
fugitifs, qui n'avoient plus de retraites 
fixes. Nous verrons en fon tems quel fut 
le fruit de leur découverte. 
L'Evêquc L'Evéque du Paraguay , qui s*y intc- 
dii Paraguay rcffoit plus que personne , •eut pas la 
tombe en a- confolation de voir les heurcufes fuites de 
foplciie. ^j.jj.j. affaire. Au mois de Septembre de 
l'année 1737, il tomba en apoplexie, ôc 
«quoiqu'il eût été promptement lecouru , il 
comprit qu'il ne lui reftoit pas long-tems 
à vivre. Dans cet état , uniquement occu-- 



DU PÀRÂétrAY. £zV. XX. 7 
pé des jùgcmens de Dieu ,il écrivit au Roi, _ .^ 
qui Tavoit confultc fur plufieurs points, & /J/"} ^ 
en particulier fur le Mémoire de Dom 
Barthelemi de Aldunaté , dont nous avons 
jarlé , & fur celui de Dom Martin de Ba- 
iua , dont nous parlerons dans la fuite. 
On peut regarder la réponfe qu'il fît à ce 
Prince y comme le Teftament d'un des plus 
faintis & des plus grands Evcques qui aient 
paru dans rÂmérique. If n'y entra dané 
aucun détail fur ce que contehoient les 
deux Mémoires y maïs il en dit affcz pour 
Élire comprendre à Philippe V , que leurs 
Auteurs lui en avoient impofé fur tous les 
Chefs. On trouvera dans les Preuves cette 
Lettre , qui eft trop longue pour être rap- 
portée ici. - JL 
. Dom Jofeph Palos mourut le Vendredi- Sa "lort fis 
faint de Tannée fuivante , après avoir gou- ^^ °^^ 
temé quatorze ans fbn Eglife dans l^s pks' 
triftes & les plus critiques conjondures, 
où puiffe fe trouver un Eyéque. Les fervK 
ces importans qu'il a rendus à la Religioa 
te à rÈtat , & ce qu'il lui en a coûté, foit 
pour retenir une partie de fes Ouailles 
dans Tobéiflance & la foumiffion, .foit 
ipour y ramener celles qlii s'en étoient écar- 
tées ^ avoir engagé Philippe V à lui offrir 
un Siège plus confid érable ; mais , content 
de fervir Dieu dans une Eglife pauvre , oii' 
on lui donnoit tous les jours tant de nou- 
veaux chagrins, qu il pouvoit l'appeller 
avec judice une Epoufe de fang, il ne fut 
pas même tenté de la quitter pour en pren- 
dre une autre , & il mourut dans le feÊ» 
. cb la pauvreté.. 

A iilj 



s Histoire 

'^ T" Dans la Lettre, que nous venons Je 

^57"3 • citer , il fe plaignoit au Roi de ce que l'on 
Lettre du j.Qnfç.j.yQJj encore dars TArchive delà 
VuUcrdel'Af-^^^^'^^ de Ville de TAfTomption bien des 
fcmption au Arrêts rendus pendant les troubles , contre 
Roi. Fimmunité Eccléfiaftique , contre fa répu- 

tation , celle de pluficurs de Tes Chanoines, 
du Curé de Saint Blaife , contre celle des 
Jéfuites , parceque , difoit-on ,. il n'y avoir 

Î)oint d'ordre de les biffer, ni de les bru- 
er; mais ce n'étoit pas la faute de ceux 
qui compofoient alors le Chapitre Sécu- 
lier 5 lefqaels , immédiatement après qu'ils 
curent été rétablis dans leurs Charges, 
avoicnt écrit à Sa Majefté une Lettre com- 
mune , dans laquelle ils parloient de tous 
ces Ades comme de Libelles diffamatoi- 
res contre l'Evcque , le Clergé , les Jéfuf- 
tcs, & les plus honprablcs Citoïens , dref- 
fés par des Hommes fans honneur , fans 
probité , fans Religion ,. foulant aux piés 
les immunités & la Jurifdiétion Ecclénaf- 
tique ; & ils infînuoient que D. Bruno 
Maurice de Zavala , n*avoit pas cru devoir 
y toucher fans un ordre exprès de Sa Ma- 
jefté , & s'étoit contenté de faire brûler 
par la main du Boureau, les Ecrits qui 
couroient dans le Public (ùr le même fujet. 
.11 y a bien de Tapparence que Philippe V 
aura eu égard aux repréfentations d'un 
P;clit (î refpedablc 5 & à la demande de 
Magiftratsfî dignes d'être écoutes; mais je 
ÇequiempC- n'en ai rien trouvé dans mes Mémoires. 
^^^^^\^ cha- Cependant Tattencign que le Marquis de 
co fous Ics^^^cî Fucrté avoit donnée aux affaires de 
loix de TE- la Province de Paraguay , né l'avoit pas. 
vangilc, 



ïitT Pa R AOtfAY. Liv. XX. ^ 

tmfèché d'en apporter une très fcrieufe à 1751-1^ 
ce qui faifoit depuis plus d'un fîecle l'ob- 
jet de Celle de fes PrédécefTeurs, des Eve- ^ 
ques & des Gouverneurs du Tucuman , & 
avoit déjà coûté tant de fang aux MiHTion- 
naires, je veux dire aux moyens de ré- 
duire le Chaco fous les loix de TEvangile ,. 
Se par une foumiifion volontaire d'ajoutée 
cette Province à l'Empire des Rois Catho- 
liques. Comme le principal obftaclc qu'on 
y avoit trouvé jufqu'alors venoit des Chi- 
riguancs , qui pou voient feuls faire réuflTir 
une fi belle Entrcprife , fi on pouvoir ve- 
nir à bout de les gagner ^ Tinutilicé des 
efforts qu'on avoit faits jufques-là pour 
vaincre leur rcfîftance , ne parut pas en- 
core, ni au Viceroi , ni aux Ouvriers 
Evangéliques , une raifon fuffifante pour 
y renoncer. 

Il s'y rcncontroit néanmoins deux gran- 
.des difficultés j la première étoit la foi- 
blcffe des Efpagnols dans ces Provinces ^ 
ou ils n'étoient nullement en état de fe 
faire craindre de ces Barbares. & de ne 
pas laiffer impunies leurs tioftilités & leurs 
perfidies. La fcconde, qu'it n'étoit preC- 
q^ie pas pofTible de difTipcr leur défiance ,. 
éc la crainte trop bien fondée qu'ils avoicnc 
qu'on ne voulût les rendre Chrétiens, que 
pour les réduire en efclavag;e. Toutefois,, 
comme on fe flatte aifément fur ce qu'on' 
fouhaite avec ardeur , & que la tranquil- 
lité du Tucuman dépendôit de n'avoir rien 
à craindre d'une Nation, qui feule étoit 
capable , (i elle étoit bien fincérç^pent ré- 
conciliée avec les Efpagnols y de comemc ' 

A' V- 



îo Histoire 

— — tout le Chaco , & dont la converdon en-^ 

^7>^'} • traîneroit vraifemblablement celle de toute 
cette grande Province, on ne fe lafToh 
point de former des projets pour les unir 
avec les Efpagnols par le lien de la Reli- 
gion. 

Les Jcfuites de leur côté ctoient toujours^ 
& on ne pouvoit en douter , très difpofés à 
tout ce qu'on defiroit d'eux pour ccla^ 
quoiqu'ils connuflent mieux que perfonnc 
'la difficulté de TEntreprife j non-(eulcmcnt 
parceque quelque inutiles que pufTent être 
leurs tentatives, il n'y avoit qu'à gagner 
pour des Hommes Apoftoliques, dont la' 
récompenfe qu'ils ne doivent attendre que 
4u Ciel , n*cft point attachée aux fuccès 
de leurs travaux; mais encore parceque 
plus d'une expérience leur avoit appris ,. 
que quand le moment de la Grâce euvcnu^ 
elle triomphe des cœurs les phis rebelles ,. 
• & que les Miniftres du Seigneur ne doi^ 
vent jamais défefpcrcr de voir arriver cet 
heureux moment , dont ils auroicnt à (c 
reprocher de ne s'être pas trouvés prêts- 
pour en profitçr. 
Nouvelle Comme perfonnc n'ignoroit leur dilpofi- 
tcmative tion à cet égard , la Ville de Tarija , une 
pour gagner des plus expofées aux infïïkes de ces rc- 
J"^^^^*^»"" doutables Indiens, réfolut d'en profiter; 
Jellis Chrilt. ^ ^^ ^* ^^^^^vrier 175 f, elle écrivit zw 
* Marquis de Caftel Fuerté , pour lui rcpré— 
fenter qu'elle ne voïoit plus d'autre moïen 
de la mettre en (ureté contre, lia fureur de- 
ces Peuples , que défaire un nouvel effort 
pour les fltirer au cul edu vrai Dieu, que 
pour y rcuffir il étoit à propos de n'y eiâ* 



«•tJ Paraguay. ZmJ^X it 

pToier que des Miffionnaires , qui animés "TTTTT^ 
du même efprit, y travaillaflent de con- '^ '^ 
ccrt , & fuflent fous la dépendance d'ua 
fcul Supérieur j qUe cette manière unifor- 
me n'avoit pu être gardée tandis qu'on 
avoit envoie à ces Indiens des Religieux 
de différens Ordres , qui , quoiqu'cgale- 
liient zélés pour le faluc des Ames , avoicnt 
luivi différentes méthodes ; qu'il lui paroif- . 
foit qu'on devoit s*en tenir aux fculs Peres 
de la Compagnie de Jefus , lesquels , outre 
que cette partie du miniftere , qui regar- 
de la convcrfîon des Infidèles eft fingulic- 
rement le propre de leur Inftitut , ont une 
grande facilité pour apprendre les Langues , 
parmi lefquels il s'en trou voit beaucoup' 
qtii favoient celle que parlent les Chiri- 
g;Uanes , qui avoient d'ailleurs un talent ^ 

marqué pour s'attirer la confiance des Peu- 
ples les plus barbares , & qui en vertu du- 
Privilège qu ils ont reçu des Rois Catholi- 
ques , pou voient feuls les rafiurer fur U 
conCervation de leur liberté j qu'elle fup- 
plioit donc fon Excellence de vouloir bien 
engager l'Audience roïale^des Charcas à 
charger ces Religieux d'annoncer l'Evan- 
gile aux Chiriguanes. 

LeViceroi fit encore plus qu'on ne lui Ot-^re enroY^ 
demandoit. Après avoir communiqué cette ^"^ j°fuTul^ 
Lettre à l'Audience roïale de Lima , il ren- qq ft,jcc, 
dît , conjointement avec cette Cour , un 
Arrêt daté du y de Mai , qu'il adreffa à 
l'Audience roïale des Charcas , & qui por- 
toit qu'il convenoit de prier le Provincial- 
des Jéfùites du Paraguay , & de lui enjoin- 
ifte de nomincr des Sujets de fa Province^ 



11 Histoire 

r- pour TExpédition que propofoit la Ville ic 

^^73^-3 • Tarija; & en conféqucnce de cet Arrêt, 
Dom François Herbofo , Préfîdent de cette 
Cour , écrivit au Père Hcrran une Lettre 
datée du 6 de Juillet, dans laquelle , après 
avoii; rapporté celle de la Ville de Tarija , 
la délibération de l'Audience roïalc de Li- 
ma, & TArrêt rendu par le Viceroi , il Te 
prioit & lui cnjoignoit de s'y conforme^, 
La Ville de Tarija de Ton côté aïant eu avis 
de ces démarches, écrivit au même Pro- 
vincial , le 6 d'Août , une Lettre de civili- 
té , oii en lui marquant Tefpérance qu'elle 
avoit conçue du fuccès d'une (î belle Entre- 
prife , elle témoignoit une grande impatieir- 
ce de la voir commencer. 
Choix des Des ordres fi précis & des follicitations fi 
Mifliounai- engageantes ne laiflbient plus à la difpo- 
*^** fition du Provincial que le choix des Mi(- 

fionnaires j & fon unique embarras fut de 
pouvoir fe déterminer, parmi le grand 
nombre de ceux qui fe préfénterent. Il ne 
balança pourtant point à nommer pour- 
Chef de TEntreprife un Homme qui n'a- 
voit voulu recevoir fa Million que de To-^ 
béiffance, quoiqu'il la fbuhiairât peut-être 
plus aitlemment qu'aucun autre , parcequ'il 
étoit perfuadé que le Martyre en feroit le 
terme. C'étoit le Père Julien de Lizardi, né 
à Aftcazu dans la Province de Guipufcoa à 
quatre Heues de Saint-Sébailien , lequel de- 
puis quatre ans étoit chargé de la Réduc- 
tion de Saint-AngeL dans la Province d'U- 
ruguay. 
Car.'^erc du ji n'avoit pcit - être point encore y ara 
F.cULiiardi. ^-^^^^ ^^^ Miflions du Paraguay un Religieux 



I 



iTty Paraguay. Llv, XX. if 

^*une piété plus cmincnte ; & Ton Provin- 17, ^-îS' 
cial 5 qui Tavoit mené d'Efpagne en Améri^ ' ^ ' 
que , jugea que nul autre n'étoic plus capa- 
ble d'attirer la bénédidion du Ciel fur l'Ex- 
pédition dont il s'agifToit. Il lui écrivit pour 
la lui propofcr , en le priant de lui mander 
s*il n'avoit point de repréfentations à lui 
faire fur cette dcftination. La réponfe du 
Père de Lizardi fut, que s*il ne s'étoit point 
offert pour la choCc du monde qu'il fouhai^ 
itoit le plus, c'cft qu'il avoir appréhendé 
d'aller , en s'offrant , contre la volonté de 
Dieu , qui ne devoit lui être manifeftéc que 
par fon Supérieur , & qu'il n'attendoit plus 
jue Tes ordres pour partir. Le Provincial 
:aifoit alors la vifîte des Rédudions de cet- 
te Province ; dès qu'il fut affuré du Père de 
Lizardi , il nomma pour l'accompagner les 
Pères Ignace *Chomé & Jofepli Pons , tous 
deux de la Flandre Vallone , & voulut con- 
duire lui-même ces trois Miflîonnaires juf- 
qu'à Tarija , afin de régler tout ce qui étoit 
néceflaire pour leur entrée dans le lieu de 
leur Mi(Î!on. 

Ils s'emÉarqucrent fur l'Umguay au com- 
menccmcnr du mois de Mal 17^1, & ils 
n arrivèrent qu'au mois de Juin à Buenos 
Ayrcs. Le Pcre de Lizardi avoit .demeuré 
quelque tems dans cette Ville , & Dom 
Bruno Maurice de Zavala, qui avoir conçu 
pour lui une amitié très tendre , & un grand 
rcfpeâ: pour fa vertu, lui témoigna qu'il 
Favoit vu s'éloigner avec un grand regret , 
mais qu'il ne pouvoit fe confolcr de ce 
qu'on le tiroit de fon Gouvernement pour 
t'cxpofer à la fureur & à la perfidie des Chi- 



:f 



** -^ g riguanes. Le Père lui répondit qu'if rc(Iefl> 
' ' ' ' toit une doublé joie de là grâce que lui a voit 
faite fon Provincial , & parcequ'il cfpéroir 
qu'elle lui procureroit l'honneur du Many- 
it y Se parcequHl ne la devoir qu*à TobéiC 
fance. Cette réponfe attendrit jufqu*àux lar- 
mes le vertueux Gouverneur , lequel , aprcî 
la mort dii Serviteur de Dieu, ne fc laftbit 
point de parler de Timprelfion qu'elle avoit 
; faite , & qu'elle faifoit encore fur lui. 

îl arrive à Le voïagé depuis Buenos Ayrès jufqu'à 
^^i* ^*J^^«^^Tarija fut li long & fi pénible , que le Pro- 
3éfuiccs:nou-^^^^^^^ tomba malade de pure fatigue à 
t«llcs qu'ils y trente lieues de cette dernière Ville,. & fut 
ap^rcnncûc, obligé de s'arrêter dans une Terre du Mar- 
quis del Vallé Toxo, & d*y retenir les trois 
Millionnaires , qui n'étoient guère plus en 
état que lui d'aller plus loin. Ils (c rendi- 
rent enfin le dernier jour de Novembre à^ 
Tarija, oii ils furent extrêmement furpris 
d'apprendre que là guerre étoit furie point 
de recommencer avec les Chiriguatics , & 
qu'il n'y avoit aucune apparence qtie ces 
Barbares fuffent difpofés à les recevoir j' 
mais ce qui ^s étonna encore davantage ,• 
fiit que le lendemain de leur arrivée le 
Meftre de Camp de la Ville vint leur dire 
qu'il n'attendoit plus que la fin des pluies 
pour aller avec toutes fes Trouppes obli- 
Ijer de gré ou de force<:cs Barbares à faire 
Ja paix , dont la première condition Ctïoii 
qu'ils recevroient des Miffionnaires y & les 
naiteroient comme ils le dévoient. 

tes Pères lui dirent qu'ils ne s'étoienc 
point attendus qu'on fît dépendre du fort 
^ armes leur eouée daos le Pais des- Chi* 



tfXJ Paraguay, th. XX. ff 

riguanes ; qu'ils ne vouloient combattre ces "TtîT^^ET 
Infidèles que TEvangilc à la iliain ; & qu'ils 
étoient bien réfolus de ne pas attendre pour 
fcs aller chercher , que les pluies eufTcnt' 
ceffé. Le Meftre de Camp leur feprélcnta' 
qu'en fe preffant trop ils s'expofoient beau- 
coup fans aucune efpérance de réuflîr : mais 
le Provincial prenant la parole , dit que le' 
feul moïen qui convînt à des Ouvriers Apot 
toliques pour établir la Foi parmi les Idolâ- 
tres , étoit de fe conformer a ce que le Sau- 
veur du Monde avoir recommandé à Tes 
Apôtres, de ne pas craindre ceux qui nc^ 
peuvent tuer que le corps ; qu'un véritable^ 
MilTionnaire doit toujours erre prêt à ci- 
menter de Ton fang les vérités qu'il prêche ^ 
& que ce n*eft point en faifant là guerre* 
aux Infidèles , qu'on doit les préparer a goû- 
ter lès maximes du ChriftianifmQ. Il partit 
peu de jours après pour Cordoue , & laifla^ 
les trois Pères a Tarija , ou ils fe préparè- 
rent par une retraite à aller chercher les- 
Chiriguanes. 

Leur empreffement pour entrer dans une On réunit er 
carrière fi épincufe n'ctoit pourtant pas fi quircftoitac 
oppo(e aux reg;lcs de la prudence , qu'on fe chrétienspar- 
l'imaginoit à Tarija. La Rédui^ion de Ta- ™;^^,^^"** 
riquea , dont nous avons parlé , n'étoit pas 
tellement diffipée qu'on n'en eût confervé 
quelques débrj^. Le Pcre Ximenez , qui en 
avoir long- tcms eu la direélion , s'étoit 
bien vu obligé de fc retirer à Tarija , mais 
il n'y avoir point perdu de vue fa chère 
Miffion. Comme il étoit chargé du tempo- 
rel de (on Collège , il étoit obligé de faire 
d'affez longs féjouxs dans une Métairie, qui: 



T- 



ï? Hl'STOlltB 

en étoit éloignée de fept lieues. Plufieurs <fe 
*73i'-j8t fes anciens Néophytes y allèrent un jour 
fui rendre vifîte, & charmes de Taccueil 
gu*il leur fit, ils rcfolurent de fe loger dans 
iou/voifinage : il v alloit de tems en tems 
Tes voir 3 & infenhblement il les engagea à 
y bâtir une petite Eglife , à laquelle il don- 
na le nom de la Conception y qui étoit celui 
de fa Métairie. 

Quelques-uns même de ceux , qui pat 
leur révolte & leur mauvaife conduite , 
avoient obligé les Millionnaires d'aban- 
donner Tariquea , ou qui s'étoicnt laifHfs 
féduire & entrainer par le Torrent , n'eu- 
rent pas plutôt appris ce qui fe pafToit à la 
Conception qu'ils y aacoururent , . & que , 
charmés non-feulejaicnt de la réception 
qu'il leur fit ,.mais encore d'apprendre qu à 
fa confidération les Efpagnols avoient rc^» 
nonce audefiein de venger les Miffionnaircî 
des infultes qu ils avoient cfliiïées dé leur 
part , & des brigandages dont leur révolte 
avoit été fuivie, ils demandèrent à être reçus 
dans la nouvelle Eglife , & le P. Ximenez 
y confentit. Tout le monde n approuvoit 
pourtant pas qu'il eut raffemblé fi près dès 
Habitations Efpagnoles un fi grand nom- 
bre de ces Gcns-la , & on voulut les obli- 
ger à s'éloigner 5 mais le P. Ximenez s*y 
oppofa difant que c'ctoit des Chrétiens , 
dont on rifquoit le falut en*les privant de 
(es inftruâions , & qu'il y avoir parmi eux 
un grand nombre d'Enfants , qui confer- 
voient encore l'innocctrce de leur Baptême 5 
enfin 5 qu'il n'y avoit aucun inconvénient 
à attendre un peu pour voir comment ces 



BU Para «u A y. Z/V. XX. 17 
indiens fe comporteroient , & qu'on feroit . g"^^ 
toujours à tcms pour prendre fon parti , ^ ' ' * 
fuivant les difpofitions ou on les trouve- 
On fe rendit à fes raifons : la nouvelle ^^ j^^ ^^j^^ 
Peuplade fut érigée en Réduûion , la fer- lion. 
vcur s'y mit, le Ciel voulut bien la ré- Convctnon 
compenfer par quelques faveurs (ingulie- <1*"û Caci<nic4 
rcs ; mais rien ne contribua davantage à 
faire cfpércr que cette Fgllfe ne feroit pas 
long-tems la feule parmi les Chiriguanes , 
que la converfîon d'un Cacique fon accré- 
dité dans la Cordilliere. Il fe nommoit 
Yaguaro (i), & avoir jufques-là montré 
une oppoûtion invincible au Chriftianifme. 
Le Perc Ximenex aïant appris qu'il étoit 
tombé entre les mains des Elpagnols, & 
qu il étoit dans les Prifons de Tarija , Py 
alla vifitcr, & ne fe rebuta point de la 
mauvaife réception , que lui fit ce Barba- 
re. Il lui rendit plujfieurs vifites , & il vint 
enfin à bout de gagner fon eftime : il lui 
en donna peu-à-peu pour la Religion Chré- 
tienne , il rinftruifit , le baptila , obtint 
fa liberté , le mena à la Conception , & 
n'eut pas lieu de fe repentir de ce qu'il 
avoir fait pour lui. 

Voilà fur quoi le Père de Lizardi & fes ^"J^^^^'^^^J 
deux Compagnons fe fondoient , pour cf- ^u dl^art^dcs. 
pérer que leurs travaux ne feroient pas in- ttoUJcfuiies. 
fnjftucux parmi les Chiriguanes. Cepen- 
dant il fe pafla trois mois entiers fans qu'ils 
puffcnt furmontcr les ôbftaclcs qu'ils ren-- 
controient à leur Entreprife, & qu'ils ne 
s'étoient pas attendus de trouver dans uaa 
CjJ. Ou Yaguaré. 



rt H I s T o I it « 

"!j:^u-î8 Ville, fur les inftanccs de laquelle on Ic^ 
avoit appelles. Mais les perfonnes mêmes 
fes mieux intentionnées, ne pouvant fe per- 
fuader que les heureux commencement de 
la . nouvelle Rédudion dufTent fonder des 
cfpérances plus folidcs , que toutes celles 
qu'on avoit vues s*évanouir par Fincouftan- 
ce de;s Chirigùanes dans rinftantihêmc 
que l'on croïoit pouvoir compter fur leur 
, terfévérance , n approuvoient point que 
1 on rifquât fi aiftment trois Ouvriers , qui 
avec des talens & des vertus déjà éprouves , 
étoient encore d'un âge à fournir une lon- 
gue & fruflucufe carrière parmi des Peu • 
pics mieux difpofés que celui auquel ils 
vouloient fe livrer. 
'XÉ'ponfcdd Le Père de Lizardi ne denieuroit fans 
t. de Lizar- réplique à rien de ce qu'on lui objedoit : 
km opSfc." *' ^^ ^^^ Apôtres & leurs premiers fucccf- 

* ai fburs , difoit-il, s'étoient réglés fur les' 
afj maximes d*une prudence fi circonfpede , 
M s'ils s'étoient rebutés en voïant le peu de 
3> fruit qu'ils retiroient fouvént dé leurs 
o> travaux , la plus grande partie du Mon- 
A3 de feroit encore plongée dans les téne- 
»i brcs du Paganifme ; & fans remonter' 
33 aux premiers fiecles de TEglifc , fans re- 
95 chercher ce qui s'cû pafle ailleurs que 
9» dans CCS Provinces ,. les Guaranis & les 
93 Chiquites , lorfqu'on entreprit d'en faire 
3ô des Chrétiens ,» y étoient-ils mieux dif- 
» pofcs que les Chirigùanes J A quelle vio- 

• 9» lénce les premiers ne fe font-ils point 
M portés contre ceux qui ont eu le courage 
9» de les aller chercher dans leurs Forets , 
» &. fur leurs Montagnes ? Le fàng, des 



DU Paraguay. Z/V. XX\ r^ 

iti Martyrs qu'ils ont immolés à leurs fo- ■ "j *^ 

» reurs, a produit des milliers de Chrétiens. ' 7 ) ^^3 •* 

o» Quets Hommes étoicnt-cc que les fe* 

»> conds 5 lôr{qu*on a formé le defTe in d'en- 

3» trcr dans leur Pais ? Que pouvoit-on fc 

a» promettre de ces Barbares , qu*on n*avoit 

» pu apprivoiCer depuis deux fleclcs ? Y 

99 a-t-il cependant aujourd'hui une Eglifc 

M plus floriflante ? Après des fuccès d pro- 

w digieux & fi peu efpcrés , tous les rai- 

3> (bnnemens humains doivent-ils faire la' 

r> moindre impreffion fur ceux à qui le 

» Seigneur a dtt : Je vous envoie comme 

M des Agneaux parmi les Loups ? 

Les Pères Pons & Chômé tenoient le 
même langage de leur côté , & tous trois 
ne fc larfoient point de rappeller à ceur 
qui les vouloient difluader de leur Entrc- 
prife , que c'étoit à leur prière , qu'on leur 
avoit donné Tordre de fe confacrer au faluc 
des Chiriguanes. Ils perfiilerent donc à: 
vouloir exécuter cet ordre , & pcrfonnc 
nViant droit de les en empêcher , on fë 
réduifit à leur repréfenter qu'il feroit plus 
à propos que deux d'entr'eux allaflent avec 
quelques Officiers à la Vallée des Salines y. 
d'oii ils envcrroient inviter les Chiriguanes 
de la Cordilliere avenir traiter avec eux 
d'une paix durable , tandis que le Père 
Chôme (e tiendroit prêt à profiter de la 
première occafion favorable pour pénétrer 
dans la Cordilliere même. ____^ 

Le Père de Lizardi trouva cette propo- 1721-38^ 
fitton affez raisonnable ; il pafîa a^ec le ^,, q. . 
Père Pons à la Vallée des Salines , d'où il jj^nw XuicT 
c&vQÏa iayiccr ks Chiriguanes à k venir 



tô HlfiTOIRÏ 

J7î J-58- ^^^"^^^ P^^^ ^^ conduire chez eux âVec foni 
Compagnon. Mais ils ne répondirent point- 
à fon invitation , & quoique ce fîlence dût 
lui faire connoître la mauvaifc difoofition 
oii ils étoicnt, il fe mit en marcne avec 
Iç Père Pons pour les ^Uer Aercher. Ils fc» 
féparerent au bout de quelque tems , & 
chacun rencontra de fon côté des Chiri- 
guanes , qui leur firent amitié , mais dont 
ils ne purent engager aucun à les fuivrc 
à la Vallée des Salines.. Le Père deLizardi. 
gagna cependant un Cacique , lequel alla 
joindre avec toute fa Famille ceux de fa- 
Nation que le Père Ximenez avoir raflcm- 
blés à la Conception, & qu'il projettoit 
<iès-lors de transférer à la Vallée des Sa- 
lines ; mais ce ae fut qu'après fon retour- 
qu'il put exécuter ce projet. Il plaça cette, 
Réduàion dans un endroit de la Vallée y 
qui portoit fe nom de Sainte- Anne , & il Id 
donna à la nouvelle Colonie , dont il de- 
meura le EHreékttr.' 
Vbïajc în- Le Cacique Yaguaro l'y fuivit , & voulut 
£î^UCor-^ attirer fa Femme & fcs Enfans. Il efpé- 
tfUicrc. ' ^^'^ ^emc que plufîcurs de fes VafTaux les^ 
y accompagneroient 5 & il fe propofa de. 
les aller chercher fur le Parapity , oiJ étoit 
leur demeure , dans le centre de cette Cor- 
dillicre. On compta allez fur lui pour ne 
pas s'oppofer à ce voïage , mais on juG;ca« 
qu'il étoit bon qu'un des Miflîonnaires le 
fît avec lui , & le Père Pons voulut bien 
en courir les rifques. Il fut afFcz bien reçu 
dans les premières Bourgades qu'il rencon- 
tra , mais il n'y put engager perfonne à le 
fuivrc s on ne lui permit pas même- d'y 



pv Paraguay. Lîv. XX. %t 
annoncer Jefus-Chrift , & Ton a fu de- < r 

puisque c*étoit le fruit des intrigues d*ua '73Î-J^ 
Chiriguane ^ qui étoit à Sainte-Anne , qui 
s'y donnoit pour le meilleur Ami des Mif- 
fionnaires, & qui avoit fait avertir fous 
main fa Nation que c'étoit tout un d'em- 
brafTer la Religion des Efpagnols & de 
devenir leur Efcïave. 

Le Père Pons fe flattoit de réufïîr mieux 
dans un autre Canton , où Yaguaro Tavoit . 
aiTuré qu'il avoit beaucoup de crédit 5 mais 
en y arrivant il s'apperçut de quelque •' 

changement dans ce Cacique , & peu de 
tcms après le bruit courut que le Mifïîon-* 
naire avoit ixé. tué. On en douta même fi 
peu' à Sainte-Anne , qu'on y délibéra de 
rétablir la Rédudion à TAiTomption. MaiSs 
les Miflîonnaires foutinrent que cette tranf- 
migration né fero,it qu'accélérer le mal 
que ron craignqit ^ & le Peire de Lizardi 
prit le parti d'aller lui-même s'iriformer de 
ce qu'étoit devenu le Père Pons , quoiqu'il 
ne fut guère en état d'entreprendre un pareil 
voïage, qu'il falloir faire en traverfant 
toute la Cordilliere Chiriguane. 

En effet , outre le? difficultés qui fe ren- Difficulté àû 
contrent dans toutes les autres, cetle-civoïager dans 
en a de particulières , dont la feule vue eft la Cordilliere 
capable d'efFraïer les moins timides. Les ^^"«^^ 
chaleurs y font extrêmes pendant l'été, 
le froid y eft e;xceflrif pendant l'hy ver , &: 
dans toutes les faifons les vents y font 
- iiçpétueux, & les chemins impraticables 
pàr-tout. Il faut continuellement montée 
'& defcéndre des montagnes efcarpées, 
^(ouvertes de néges ^ ou l'on ne peut faite 



11 H 1 s -T O I R 1 



^ ^ un feul pas fans rifquer de tomber dansutt 

^33'*3 • précipice., & oii Ton e(t à chaque moment 

cxpoté a être dévoré par des bétes féroce* 

toujours affamées. Le Miffionnairc n'i- 

Fnoroic ritfn de tout cela ; mais rien ne 
arrêtoit lorfqu'il s'agiffoit du fcrvicc de 
Dieu. 
Mortédîfian- ^^ trouva enfin le Perc Pons plein de 
ce d*un Cad- fanté , mais fort chagrin du peu de fuccès 
que. Calom- de fon voïage ; & plus encore de ce que 
nie contre les f^^ Guide n'avoit tenu aucune de fes pro- 
çç, mellps. Yaguaro ne 1 avoit pourtant pomt 

' quitté, & retournoit avec iui à Sainte- 

Anne , où il mourut peu de tems après fort 
chrétiennement. Cela fit juger qu il avoit 
promis plus qu'il ne pouvoit , & que le 
changement que le Père Pons avoit remar- 
qué en lui , venoit uniquement de la peine 
qu'il refTentoit de s'être trop avancé., oa 
de la crainte qu on ne le regardât comme 
un Homme de mauvaife foi. Les Miflîon- 
naires de leur côté foupçonnerent qu'il y 
^voit des Traîtres parmi leurs Profélytcs 5 
Se en effet Yaguaro n'eut pas plutôt les yeux 
fermés , qu'on en accufa quelques-uns d'a- 
voir avancé Tes jours pour fe venger de ce 
qu'il leur avoit manqué de parole , & cette 
calomnie courut bientôt toute la Cordil- 
liere. ^Le Fil^ du Cacique entra en fureur , 
& jura de réduire la Rédudion en cendres 
avec ies Meurtriers de fon Père; mais on 
vint aifément à bout de le défabufer. 
KouvcUe Alors les Miffionnaires voulurent faire 
e«urfc des une nouvelle tentative dans la Cordïiliere , 
Mflîonnaires ^ ^^ ^^j j^g y engagea , fut que le Perc 
lUUicrc. ^^'fous y ^Yoit rcûcofttré des ljidii:ns , qiû 



:iD TJ P A R À <s u A y. Lh. XX. t^ 

lui parurent fort peu éloignés du Roïaumc *^ 

.de Dieu. Jls partirent le quatrième de No- ^753'3^ 
vembre ,5 mais quand ils furent arrivés 
chez les Indiens- dont le Perc Pons leur 
avoir parlé ^ ils s'apperçurent bientôt qu'il 
xn avoit trop favorablement jugé , & que 
les amitiés qu'ils lui avoicnt faites , n'a- 
V oient point eu d*autie motif que TeJp- 
pérancc d'en tirer quelque préfent 5 ainfi ne 
trouvant rien à faire parmi eux , ils irepri- 
rent le chemin de Sainte Anne, & com« 
one ils n*étoient pas venus tous trois |)ar le 
jnême chemin , ^s fe féparerent encore 
-pour le retour. . IlscourcntiMi 

Le Pcre Pons qui étoit Icui , fut ren- gj^nii daagct 
contré par des Chiriguanes, qui aprè^lV &par quiils 
voir infulté d*unc manière indigne , 4ui ^^^ ^oo^ ^^^ 
.oterent fa foutanc , & Tauroient apparem^ ^^^* 
ment tué , fi un Cacique n'étoit venu à 
Ton fecours. Il rejoignit fes Compagnons 
n'aïant que fa chemife , un caleçon & des 
:bottines de cuir. Cette rencontre fe fit dans 
.une Bourgade nommée Carapari , dont les 
Habitans paroiffoient fort affeâionnés au 
Père de Lizardi , & dont le Cacique qui 
£b nommoit Necang , J'avoit reçu avec 
amitié. Les Pères n'y étoient pourtant pas 
en (ureté : car des Chiriguanes, qui les lui- 
voient de près, & qui favoient que Ne- 
cang de voit pajn:ir ce pur-là pour aller 
faire fa proviUon de Maïz, réfolurent de. 
les égorger la nuit fuivante. 

Ils étoient encore à quelque diftance de 
la Bourgade , & ils s'en approchoient avec 
beaucoup de précaution. Ils s'arrêtèrent 
iméme jufqu à çç que U ^uae fût çoucbéei^ 



14 Histoire 

^ mais Tun d'eux, à qui le P. de Lizardi avoît 

*733-3«« fjjjj depuis peu un préfcnt , fe détacha fc- 
cretement pour aller l'avertir du danger 
qu'il couroit. Quelques momens après les 
autres arrivèrent à la Bourgade , & voïant 
tout le monde en mouvement , ils compri- 
rent ^que leur deflein étoit découvert. 11$ 
apprirent même qu'un des Fils du Cacique 
étoit allé avertir Ton Père de ce cjui fc 
pafToit , & en effet Necang étoit parti fur- 
ie-champ , & ne tarda point à paroître. 

Il commenta à s'affurer des Conjurés,' 
& après les avoir défarmés , il leur repro- 
cha la noirceur de leur projet , de vouloir 
ma/Tacrcr des Hommes, qui ne leur en 
avoient donné aucun fujet : puis' regardant 
leur Chef , il lui dit qu'il, ne favoit à quoi 
il tenoit qu'il ne lui paffât fa lance au tra- 
vers du corps 5 mais , ajoûta-t-il , tu n'es 
pas digne de ma colère. Il mépriîa même 
aiTez les autres pour leur faire rendre leurs 
armes en les congédiant. Les Pères après 
avoir remercié , comme ils le dévoient, 
leur Protedeur , prirent congé de lui; mais 
ils n'étoient pas encore bien loin de Cara- 
parî 5 que le Fils du Cacique vint les prier 
de la part de fon Père de retourner chez 
lui. Le Perc de Lizardi y envoïa fes deux 
Compagnons , & leur dit qu'il alloit les 
attendre dans une Bourgade , qui n'étoic 
' qu'à quatre lieues de celle d'où ils for- 
toicnt. 

Nécang leur dit qu'il avoit pris la li- 
berté de les rappeller , parcequc le Caci- 
que 5 de qui dépendoient ceux qui avoient 
qH attenter à leur vie^ craignant que les 

Efpagnoll 



DU Paraguay. Liv, XX i$ 
trpagnols ne le rendiflent refpon fable de 1735-38. 
cette trahifon , vouloit leur en faire répa- 
ration &: les ajliirer qu'il n'y avoit eu au- 
cune part. Ils lui répondirent qu'il n'ctoit 
pas jufte qu'après avoir marché toute la 
nuit 5 on ne leur laiflat point le loifir de 
prendre un peu de rcpps , & que fî le 
Cacique avoit quelque chofe à leur dire > 
il pouvoit les venir trouver dans la Bour- 
gade où leur Supérieur les attendoit. Il 
y vint en effet le lendemain , & Nécang 
avec lui. Le Pcre de Lizardi , après l'avoir 
éxouté 5 lui répondit qu'il n'ctoit pas quef- 
tion d'examiner s*il étoic coupable ou non , 
parcequ'il avoit à fairîe à des ^Hommes, 
que leur Religion obligcoic à rendre le 
bien pour le mal j qu'il vouloit bien le 
croire fur fa parole , qu'il pouvoit s'àlTuret 
que les Efpagnols ne lui leroiene point la 
guerre pour ce fujet , & que pour lui mon- 
trer combien il étoit éloigné d'avoir le 
moindre rcflentimcnt contre ceux qui* > 

avoicnt voulu le faiie périr, iMui donnoic 
fk parole d*aller lui rendre une vifite, dès 
que les pluies auroient cefTc. 4 

Les chemins commençoient alors à être ' 

fi peu pratiquables^ que les trois Miflîon- ^^^'J^* 
naires , en retournant à Sainte Anne , eu- jef c^j^^"®" 
renc prefque toujours de leau jufqu'à la ne$ parfap^ 
ceinture, ne pouvant fe fervir de Mules à port à laKo^ 
càufe du grand nombre de Rivières & de •'S' on» 
Torrents qu'il leur falloir paifer; fouvent mê- 
me ils ne trouv oient pas od pouvoir repofcr 
pendant la nuit. Ils arrivèrent néanmoins 
a Sa^ute^Aûne en^ alTez bonne fanté , 8c 
Jqiiu: premier foia &( de zeii4ie compte à 



1^ HiSTOXTLE 

•*-^ leur Prçvinvial de la difpofition ou ils 

i7J4-3^» avoicnt trouvé les Chiriguanes par rapport 
au Chriilianifme. » A juger humainement 
33 des chofes , difoient-ils dans leur Let- 
M tre , ce Peuple ne donne aucune efpé- 
33 rance de converfîon ^ mais le bras du 
9» Seigneur n'eft point racourci , fa bonté 
93 efl: plus grande encore que la dureté du 
93 cœur de. ces Infidèles. Quoique la plu* 
M part témoijgnent une averfion extrême 
33 de notre (ainte Religion , jufqu'à dé- 
9» dater qu'ils fe laiiTeroient plutôt hacher 
33 en pièces , que de' Tembraffer , il ne nous 
33 convient point de défefperer de leur fa- 
s» lut : nous fervons un Dieu , dont les 
93 nliféricordes font infinies, fis puifqu'il 
33 veut bien que nous en foïons les inf- 
»3 truments , tout indignes que nous en 
3» fommes, nous devons toujours être prêts 
93 à faifir les momens qu'il a marqués potjc 
o> amollir le cœur de ces Infidèles. 

I.es raifons qui faifoient craindre que U 
iTioifTon ne fût encore bien loin de fa ma* 
turité y étoient en premier lieu , que ceui^ . 
mêmes de ces Barbares , qui ne crouvoient 
point mauvais que les Mifliionnaires par- 
couruflcnt leur Pais , ne les y fouffroient 
que dans refpérancç d*en recevoir quelques 
préfcns , ce qui étoit d'une con(equence 
d'autant plus dangereufe , que quand oa 
^voit commencé à leur en foire , ils le^ 
rcgardoient comme un tribut qu'on leur 
Revoit 6c qu'on ne ceiTeroit pas impuné- 
ment de leur païer,& qu'ils pgroiflbient mê- 
me prétendre qu'on leur fôt obligé de vou- 
loir bien fe contenter de ce qu on leur do^' 



DU P A R A;G W AY, LvV,. XX. ly 

Boit : en fécond lieu , que le peu de (Ti- ■■' ■'■■ * 
reté qa*on trouve chez eux , on ne le doit ^^Î^J*** 
^*à la crainte qu'ils ont des Efpagnpls , & 
^e cette crainte dépend des circonfhinces 
oii ils fc trouvent > qu'elle n'efl: pas même 
générale dans toute la'Nation , qui eit tou- 
jours la première à recommencer les bofti- 
lités , & qu'il n'y a guère que ceux y qui 
ne font point à Tabri d'une furprife , ni à 
ponée d*étre (ècourus à-piopos, qui en 
ibient fufceptibles. 

Ils ajoutoient qu'ils étoient cependant 
réfolus de faire encore une nouvelle tenta^ 
tîve dans la Cordilliere Ckiriguane s que 
le jpeu de fruit qu'avoient produit les pré-> 
cédentes, bien îoin de les rebuter , leur 
infpiroit une grande confiance que le Sei- 
gneur, pour le fervice duquel ils avoienc 
cfTuïé tant de fatigues, voudroit bien leus 
accorder le feul dédommagement qu'ils lui 
en demandoienc,en rendant leur miniftere 
plus efficace qu'il ne l'avoit été jufques- 
là s enfin qu'ils étoient dans la réfolution 
^ pénétrer jufqu'au Pilco-mayo , fi les Chi- 
riguancs qui étoient établis au-de-là da 
cette Rivière ne s'y oppofoient pas , danç 
l'efpérance de les trouver plus dociles que 
ceux de la Cordilliere. - ■ 

Dans la Rédudion même de Sainte- Dhrerscham- 
Anne , où ils fe trouvoient alors , leur P^*|?î^*"* 
vie n;étoit pas trop affurée : car Outre que ^,5,,. ^nk^c" 
parmi les Prolélytcs il y avoit des Traî- 
tres , qui favoient fort bien fe contrefaire , 
on y étoit dans une crainte continuelle de 
la part des Infidèles s & les allarmes devin- 
xcac à M fin fi vives ^ fi fréquentes, qu'il 

B ij 



1^ Histoire 

-_ g fallut fonger à transférer ailleurs la Bour- 

gade. La partie de la Vallée des Salines 
où elle étoit , fe nommoit la Vallée d'en- 
haut , elle avoit été long-tems cxpofée aux 
courfe^ des Chiriguanes , <iui y avoient 
commis des cruautés , dont le fouvenir 
cauCoit aux Néophytes des inquiétudes 5 
qu*on n*avcit' encore pu calnaer. A la vé- 
rité" CCS Barbares étoient allés exercer ail- 
kurs leurs brigandages , mais ils ne s*ë- 
toient pas beaucoup éloignés , & on avoit 
tout lieu de croire que leur haine contre 
ies Chrétiens ne tarderoit pas à les y rap- 
peller. •-' 

Ardeur du • A douze lieues de- là , en fùivant le cours 
V. de Lizardi ^e la Rivière , on trouve une autre Val- 
pour leMar- j^e , connue fous le nom de Vallée d'en^ 
^ ' bas 5 od ron crut que la Rédudion feroic 

hioins expbfce aui i'nfultes des Infidèles. 
On l'y {transféra au mois de Mai 1734 , 
& clic y conferva le nom de la Conc^p" 
tion 5 qu elle avoir porté en premier lieu. 
Gela fait , les Miifionnaires Ce difpofoicm 
à retourner dans la Cordillierc Chirigua- 
tîc, lorfqu'on avertit le Père de Lizardi 
qifc la réfolution y étôit prifc de faire 
mgin-baflc- fur tous les Jcluitcs qui ofc- 
roient y paroître. Quelque tems après on 
' Juî donna un autre sfvis , qui ne paroiflbit 

pas moins bien fondé > c*cft que les Chi- 
ïiguancs de la Vallée d'Tngré menaçoient 
de vendre comme Efclavcs aux Tobas 
^ous les MliTiônnaircs qui tomberoient 
^ntré leurs mains : mais il répondit à tous 
de manière à leur faire comprendre que la 
.feule efpérantce du martyre ou àç TcfcUr» 



^ tJ Paraguay. Lî\/: XX. i> 

Vage fiffiroit pour lui faire entreprcn<îre le • g^ 

voïage dont on vouloir le détourner, tl -^ j * 
ne parloir plus depuis quelque rems que 
du bonheur de perdre la vie ou la libert<J 
pour Jefus-Chrift , & il cntrôit fur cela 
dans des rranfports , qui faifoient craindre 
de le perdre bientôt. # 

. Il lui fallut néanmoins renoncer au voïa«- La Kédud • 
gc de là Cordillierc dans le tems même "on cft divi- 
qu'ilfe difpofoit à partir. Un afTcz grand ^^« ^^'^ ^^"** 
nombre de Néopiiytes^ furtout ceux qui 
s*étoient mis les premiers fous la cbiiduicc 
du Père Ximcnès , & qui n*avbient pas 
approuvé leur tranfmigrarion , redoublè- 
rent leurs plaintes , Se en vinrent bien- 
tôt aux murmures 5 il éroit a craindre que 
leur mécontentement ne les ponât encore 
plus loin, & il n'eût pas été de la pru- 
dence de laifTer le Père Ximcnès fcul dans 
la nouvelle Rédudion. Sur ces entrefaites 
le Père d*Aguilar, qui venoit de iuccedet ' 
au Père Hcrran dans la Charge de.Proviîb- * ' • 
cial , vint à Tarija , & aïant été inftruit 
de ce qui fe paflbit à la Con(ieprion , criit 
qu'il étoit néceflaire de partager la Réduc- 
tion en deux. On en fit la proportion aux 
Néophyres, & ils l'aprouverent. LcsMé-^ 
contens retournèrent a Sainte-Anne , doikt 
ils étoient fortis malgré eux , & confervc^ 
xcnt à leur Bourgade le Tirre de la Cort' 
ception : les autres refterent oii ils étoienty 
& donnèrent à fëur Colonie le nom da 
Saint Rofaire, Le Pcre Ximcnès en prit 
la conduite , le Pcre Pons fut chargé 
de la Conception , & le Père de Lizardt 
fut prié de partager fes foins entre les 
deux Eglifes. B iij 



îi HlStOIRl 

— ^ des premiers Emplois de la Province , il 

1/3 3' 5 • rL'pondit qu*il feroic mort avant que d'avoir 
pu recevoir aucun ordre de leur part. Le 
Père Ximenès , qui fe douta bien de ce qu il 
vouloir dire , reprit qu'il ne pouvoir fe 
confcler davoir manqué deux fois Tocca- 
fîon de mourir pour Jefus-Chrift. aa Mais 
33 que penferiez - vous , repartit le (airrt 
3> Miffionnaire , fi je vous difois que dans 
03 peu de jours les Chiriguanes me procu- 
35 reront cet honneur. Ce que je penfe , 
» répondit le Perc Ximenès , c'eft que je 
a» n'ai point mérité que Dieu me fît cette 
» faveur , 8c que je fcrois furpris qu*il 
33 ne vous Taccordât point. 
M S^"^^.^' ^e fut l'onzième d'Avril que les deux 
paA sChlri- ^^i-*ioi^i^aires eurent enfemblc cet entretien^ 
giiancs* 1^ Psre Ximenès partit peu de jours après , 

& le quinzième de Mai le Père de Lizardi 
fut averti que les Chiriguanes de Tlngré 
fe préparoient à attaquer fa Rcduétion. 
On lui ajoura qu'il auroit peut-être aHez 
de tems pour faire venir du fecours de Ta- 
lija ; mais il crut qu'il en feroit de cette 
allarme comme des précédentes , qui s'é- 
toient trouvées fans fondemenr , ou du 
moins que le péril n'étoit pas (i prcflant , 
& pour ne point efFraïer les Néophytes^ 
il prit le parti de ne leur en point parler. 
Il rentra chez lui fort tard à fon ordinai- 
re 5 & après avoir fatisfait à tous fes exer- 
cices de piété , il prit un peu de repos. Il 
fe leva à minuit fuivant fa coutume , fit 
toutes fes prières & fe prépara à dire la 
Meife. A-peine Tavoit-il commencée, qu'une 
•trouppe de Chiriguanes , qui s'étoit appro**. 



DU Paraguay. ZiVr XX, j) 
<Aéc de la Bourgade à la faveur des t<^ne- 17- r-^ g, ' 
1bres 5 fut découverte par un jeune Chrctiea 
nommé Manuel , qui courut droit à TE^- 
glife y ou étoicnt tous les Néophytes , & 
cria de toute fa force que l'Ennemi étoit 
aux portes. 

Tous fortirent à l'inftant & gagnèrent Bcll'caaîo» 
un bois qui étoit fort proche. Le Pcre étoit ^'"" c^^?*" 
. à roffertoire de la MelTe , & refta feul avec ^^""^ T,^,ll 
fon Sacriftain. Les Néophytes n'avoicnt chiriguaûcr 
point douté qu'il ne les luivît , & furent 
très furpris , quand ils eurent gagné leur 
afyle, de ne le point voir. Alors une femme 
nommée Ifabelle , qui étoit Tépoufe de 
TAlcalde , dit tout haut : notre Père eft de- 
meuré 5 allons le fauver , ou mourir avec luL 
Elle part aufli-tôt •, environ vingt perfonncs 
la faivcnt , & courent à TEglife. Au bruit 
quils firent , un Efpagnol nommé Lop£ 
Martincx , qui travailloit à quelque ouvra- 
ge dans la Bourgade , dont il logeoit affez 
près , (brtit pour voir ce que c*étoit , de 
l'aiant appris , rentra pour avertir (a femme 
de s'aller mettre en (ureté dans le bois om 
^toient les Chrétiens , puis il courut à TE- 
■g^UTe y pour tâcher de fauver le Miflîonnairc, 
Mais les Cbiriguanes tirèrent fur lui , & il 
expira percé de flèches à b porte de TEgli- 
fe. D'autres Chiriguanes avoient ^ counr. 
après fa femme, & la firent prifoiiniere.. 

Le Père de Lixardi n avoir pas ofé conr- Prîfc cfu Vct» 
tinuer la Mefle, dans la crainie de ne pou-^^^"*''^* Jf^' 
▼oir pas l'achever ; mais il reftoit fort tra»- ?--**^ Sacaf*- 
quille à l'Autel , uniquement occupé.à faire 
au Seigneur le facrifice de fa vie. Les Bar- 
bares le uomcerent ilans cette po(Wre ^ âc: 



34 Histoire 

-"-——— fe jettercnt fur lui comme des furieux. Ils le 
'73 5" 3^- dépouillèrent de fcs habits facerdotaux, 
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains, 
fe faifirent de la eénércufe Ifabelle , de ceux 
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui 
fervoit la Meflc , & qiti fe nommoit Bon»- 
venture. C'étott un jeune Indien dune 

frande piété , qu'une Dame Efpagnole ^ 
ont }\ étoit Efclave , avoit afri^anchi à 
condition qu*il fe confacreroit au fervicc 
de cette Eglifc. Sa fidélité & fon exadlitu- 
de dans Texercice de fon emploi , lui mé- 
ritèrent la palme du Martyre. Tout ce qui 
ft trouva dans FEglife d'images , d'orne- 
mens & de vafes lacrées , f\it profané. Lés 
iSacrilcges fe répandirent enfuite dans les 
cabanes , & n'y laiflcrent rien de ce qui 
leur pouvoir être de quelque ufage , puis 
ils mirent le feu par-tout, La Rédudion ne 
ftt bien-tôt plus qu*un amas de cendres , 
& rien n*y arrêtant plus lès Barbares, ils 
fe retirèrent avec leur butin & leurs pri^ 
fonniers. 
Son Martyrç. Il faifoit un froid très piquant , & le 
Peirc de Lixardi qui étort prefque nu , en 
■fut tellement fain'ta nuit fuivante, qufe 
)a refpiratibn lui manqua. Le Chef des 
Chiriguanes en eut compaflîon , & voïant 
qu'il ne pou voit plus faire un pas, donnoii 
déjà des ordres pour lui faire préparer une 
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou- 
droit 5 mais toute la Trouppe s*y oppofa ^ 
& ne pouvant le mener plus loin , réfolut 
Àc s'en défaire fur-le-champ. On le fit 
affeoir tout nu fur un rocher , qui n*étoit 
Soigné que d'une lieue de k Concep- 



©V Paaagvay, Lh* XX. jy 

tion 5 & on lai délia les fnains. îl mit . ^ ^ 
auffi-tôt fes brâs en croix, tenant de la '*^"> 
main droite fon crucifix , & il attendit 
dans cette pofturc Theureux inftant, qui 
devoit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at- 
tendit pas long-tcms : une huée de âecheé 
qui portèrent prefquc toutes , le renver(a 
inort le dix-féptienie de Mai 1 7 J 5 > aa 
milieu de la trente-neuvième année de Cùù. 
âge , & vingt-deux ans après , qull fe fut 
confacré au Seigneur dans la Compagnie 
de Jefus; 

Les Meurtriers tournèrent cnfuite toute Mattyre <fe 
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il ncft fonSaaiflattu 
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^ 
Jpuis ils le traînèrent jufques (ur le bord de 
Rio Salado, od ils Tachcverent. Tous 
ccnx oui avoient été pris avec lui en vou- 
lant Uuver le Miiîionnairc , furent fait* 
Efclaves , diftribués dans la Vallée d'In- 
ré , où on les traita fort durement. Dès 
î lendemain de l'irraption des Chirigua- 
hes , le Père Pons qui en eut avis , fit fûr-i 
le-champ partir un de (es Néophytes pour 
s'informer de ce qti*étoit devenu le Pcre 
de Lizardi^ mais cet Homme n*en put 
apprendre aucune nouvelle. Le Père alla 
tui-m^me par-tout , & fut enfin inftmit da 
lieu & de la manière , dont le Seïviteur de 
Dieu avoit donfommé fon (âcrifice. 

Il sytranfpottale feptiemc de Juin, & Incpsclhact 
trouva le corps prefqu'enticrement déchar- «n trouve Je 
tié depuis la ceinture jufqu'en bas par les J^f?^"^'^ 
oifeaux de proie; la peau étoit encore ^ **" * 
prc(qu*enricrc depuis la ceinture ju(qu*aa 
co* Six. âcches étoienc reftécs dans I» 

B V) 



*7ÎJ-î8- 



I Scw Martyrç* 



54 Histoire 

ic jette rent fur lui comme des furieux. 1h kl 
dépouUlcrent <lc fts habits faccrdotauï, 
4écli itèrent fa foutane , lui Itère m les maiasy 
fe faifircnt de la généreufe Ifabelle , de ceax 
qui Tavoienc fui vie , Se dti SacnÂain qtii 
Icrvoit la McfTe , & qui fe nommoit Booa* 
Ycntute* C'<!roic un jcutie Tt^dîen d^utic 

fiandc pieté , <ïU'uQe Dame Ei^agnole j 
ont '}[ écoit EfcUve , avotc affranchi à 
eondicîon <ju'il fc confacreroic au fervicc 
de cette Eglife, Sa fidélité Sa fotï exaAitu- 
de dans l^cxercice de fon emploi ^ lui mé- 
ritetent la palme du Martyre* Tout ce qui 
fe trouva dans TE^Ufe d^imagcs ^ d orne- 
mens & de vafesfacrées ^ Rît profané- Lés 
■Sacrilèges fe ropandirent enfuitc dans les 
cabanes , Se n'y biflcrcnt rien de ce (^ui 
Itux pouvoic erre de qucît^ue «fa^c , puis 
ils mirent le ïeu par-tout, La Rédudionnt 
£^t bien-tôt plus qu*im amas de cendres , 
^ rien ny arrêtant plus les Barbares , ils 
fe tetirercnt avec leur butin £c leurs pri- 
fonniers. 

11 faitbîî un froid très piqu^int , & It 
PcTC de Lizardi oui étott pjrefque nu , en 
fut tellement fajli ^a nuit fuivantc, qufe 
ia refpiration lui manquai. Le Ch^f des 
CliîrigiLianes en eut compafïlon , & voïant 
c|u*il ne pou voit plus faire un paSjdonnoit 
déjà des ordres pour lui faire pr^-uarer un* 
Mule y Se lui permettre d'aller ou il vou- 
droits mais toute la Trouppe s^ oppofa^' 
Se ne pouvant îe mener plus loan, rcfolut 
^ie sen défaire fur-le-cnamp. 
ailcoir tout nu fur un rocher , 
ifloign^ iHhil^une lieue de 




9V Pa&agfat. Liw. XX, ^f 
TÎon, & cm hn liélîa les flums. Il mit 
anlfi-câc (es bns en cmîx , tenant de la ' ' ^'^ 
main dioitc (on cmcifix , de il attendît 
dans cette poAnic liienicitz inflant, qpL 
dcvoît le réonir avec (on IMcn. H ne l'at- 
tendit pas long-tcms : nne nn^ de flecbet 
cçfxx poiteient piei<|iie tootcs , le lenreru 
mon k dix-fcpticme de Mai 1735 , an 
miliea de la tiente-nenWcme année de (on 
âge , & Tingt-denx ans après , qail (ê iax, 
con(àcré an Seigneur dans la Compagnie 
de Jefns. 

Les Menrtriers toamercnt en(mte tonte MactyrrcI 
leur fureur fur fon fidclc Sacriftain. Il n c(l f fwiSamfU M i 
point de maux qu'ils ne lui firent (buftir ^ 
puis ils le traînèrent juCques (ur le bord de 
Rio Salado, ou ils Tacbeverent. Tous 
ceux qui avoient été pris avec hn en vou- 
lant unver le Miffionnaire, furent faits 
Efclavcs, diftribués dans la Vallée d'In- 

ré , où on les traita fort durement. Dés 
lendemain de Tirruption des Ckirigua- 
hes , le Pcre Pons qui en eut avis , fit fûr- 
le-champ partir un de (es Néophytes pour 
s'informer de ce qu'étoit devenu le Père 
de Lizardi; mais cet Homme n'en put 
apprendre atucune nouvelle. Le Père alla 
îui-méme par-tout ^ & fut enfin inftruit du 
lieu & de la maâicrc , dont le Sctvircur de 
Dieu avoir <ionfommé fon (acrificc. 

Il sytranfpottale (cptieme de Juin, & Encpiel^r*! 
trouva le corps prefqu'entieremcnt déchar- «n trouve Je 
tfé depuis la ceinture jufqu*cn bas par les j^^f?^" 
oifeaux de proie; la peau étoit encore ^ 
prc(qu*enticre depuis la ceinture ju(qu*aa 
^*^ Six. ficches étoieiic rcftécs daos 4» 
B V) 



)4 Histoire 

-7-*——— fc jettcrcnt fur lui comme des furieux. Ils le 
'735"38- dëpouillerent de fcs habits facerdotaux , 
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains^ 
fe faifîrent de la gënëreufe Ifabelle , de ceux 
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui 
fervoit la Me (Te , & qufi fe nommoit Bon»- 
vcnture. C etoit un jeune Indien dune 

frande piété , qu'une Dame E(pagnole ^ 
ont jl étoit Efclave , avoit afronchi à 
condition qu'il fe confacrcroit au fervicc 
de cette Eglifo. Sa fidélité & fon exaélitu- 
de dans l'exercice de fon emploi , lui mé- 
ritèrent la palme du Martyre. Tout ce qui 
ft trouva dans TEfflife d*images , d*ome- 
mens & de vafes lacrées , f\it pro&né. Lés 
Sacrilèges fe répandirent enfuite dans les 
cabanes , & n'y laifTerent rien de ce qui 
leur pouvoir être de quelque ufage , puis 
ils mirent le feu par-tout. La Rédudion ne 
ftt bien-tôt plus qu'un amas de cendres , 
& rien n'y arrêtant plus les Barbares, ils 
fe retirèrent avec leur butin & leurs pri- 
fbhniers. 
So& Mar tyrç. Il faifoit un froid très piquant , & le 
Pcirc de Lixardi oui étoît prefquc nu j| eo 
■foc tellement faih"îa nuit fuivante, qufc 
la refpiratibn lui manqua. Le Chef des 
Chiriguanes en eût compaffion , & voïant 
■qu'il ne pouvoir plus faire un pas, donnoifc 
déjà des ordres pour lui foire préparer une 
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou- 
droit 5 mais toute la Trouppe s'y oppofa , 
ic ne pouvant le mener plus loin , réfolut 
Àc s'en défaire fur-le-champ. On le fit 
affeoir tout nu fur un rocher , qui n'étoit 
iélckigfté que d'une lieue de k Goncep- 



»v Paraguay. Liv. XX, jy 
tîon, & on lai délia les inains. fl mit . ^ ^ 
auflS-tôt Tes bris en croix , tenant de la ^*^"* 
xnain droite Ton crucifix , & il attendit 
dans cette pofture rheurcux inftant, qui 
devoit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at- 
tendit pas long-tems : une nuée de âechcÉ 
qui portèrent prefque toutes , le renyer(a 
«ïort le dix-feptieme de Mai 173 J > aa 
milieu de la trente-neuvième année de fon 
âge , & vingt-deux ans après , qu'il fe fut 
confacté au Seigneur dans la Compagnie 
de Jefus; 

Les Meurtriers tournèrent enfuite toute Mactyre cfe 
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il n'cft fooSaaiûaiiiu 
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^ 
puis ils le traînèrent juiqucs (ur le bord de 
Rio Salado, où ils rachcvcrent. Tous 
ceux qui avoient été pris avec lui en vou- 
lant Uuver le Miifionnaire, furent fait» 
Efclaves , diftribués dans la Vallée d*In- 
gré , ou on les traita fort durement. Dèi 
te lendemain de l'irruption des Chirigua- 
nes , le Perc Pons qui en eut avis , fit fùr-^ 
le-champ partir un de fcs Néophytes pour 
s'informer de ce qu'étoit devenu le Pert 
it Lizardi; mais cet Homme n'en put 
apprendre aucune nouvelle. Le Perc alla 
tui-méme par-tout , 5c fut enfin inftruit dit 
lieu & de la manière , dont le Seïvireur de 
Dieu avoit donfommé fon (âcrifice. 

Il sy tranfporta le fepricmc de Juin, 8C En cpc! hxt 
trouva le corps pre{qu'entie rement déchar- «» troave Je 
aé depuis U ceinture jufqu'en bas par les Jf^"^'*" 
oifeaux de proie; la peau étoit encore 
prcfqu'entiere depuis la ceinture ju(qu*au 
coft Six flcches étoienc redécs dans la 

B V) 



Î4 Histoire 

' . ' " fe jettcrcnt fur lui comme des furieux. Ils le 

'735"3o- dépouillèrent de fcs habits facerdotaux, 
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains^ 
fe faifîrent de la genërcufe Ifabelle , de ceux 
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui 
fervoit la Me (Te , & qiïi fe nommoit Boa»- 
venture. C'étoit un jeune Indien dune 

frande piété , qu'une Dame E(pagnole ^ 
ont jl et oit Efclave , avoit afrmnchi à 
condition qu'il fe confacreroit au fervice 
de cette Egli(e. Sa fidélité & fon exa<5titu- 
de dans Texercice de fon emploi , lui mé- 
ritèrent la palme du MaTtyre. Tout ce qui 
ft trouva dans l'Eglife d*images , d'orne- 
mens & de vafes facrées , f\it profené. Lés 
Sacrilèges fe répandirent enfuite dans les 
cabanes , & n'y làifTerent rien de ce qui 
Ifeur pouvoir être de quelque ufage , puis 
ils mirent le feu par-tout. La Rédudion ne 
ftt bien-tôt plus qu'un sm«s de cendres , 
& rien n*y arrêtant plus lès Barbares, ils 
fc retirèrent avec leur butin & leurs pri^ 
fonniers. 
Son Martyre» Il fài(bit un froid très piquant , & le 
Perc de Ltxarndi qui étoit pre(qUc nu j| eo 
'fvtt telleiAent fain'ta nuit (iii vante , que 
5a rcfpiration lui manqua. . Le Ciiejf des 
Chiriguanes en eût compaflîon , & voïant 
-qu'ît ne pouvoit phis faire un paSjdonnoifc 
déjà des ordres pour lui foire préparer une 
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou- 
droit 5 mais toute la Trouppe s*y oppofa ', 
& ne pouvant le mener plus loin , refolut 
Àe s'en défaire fur-le-cnamp. On le fit 
affeoir tout nu fur un rocher , qui n*étoît 
^câgfté que d'une lieae de k Concep* 



»v Paraguay. £«^. XX. jy 

tion, 5c on lai délia les mains, fl mit ^ ^ ^ 
auflS-tôt Tes bras en croix , tenant de la ^'^"* 
main droite fon cracifix , & il attendit 
dans cette pofhire l'heureux inftant, qui 
de voit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at- 
tendit pas long-tems : une nuée de âechcÉ 
qui portèrent prefique toutes , le renyer(a 
'mort le dix-reptieme de Mai 173^ » au 
milieu de la trente-neuvième année de foû 
âge 5 & vingt-deux ans après , quHl fe fut 
confacré au Seigneur dans la Compagnie 
de Jefus; 

Les Meurtriers tournèrent enfuitc toute Mactyre cfe 
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il ncft fonSaaiÛ*iiu 
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^ 
{>uis ils le traînèrent jufques (ur le bord de 
Rio Salado, ou ils Tachcverent. Tous 
ceux qui avoient été pris avec lui en vou- 
lant lauver le Millionnaire, furent fait» 
Efclaves , diftribués dans la Vallée d'In* 
gré , oii on les traita fort durement. Dèi 
te lendemain de l'irraption des Chirigua- 
ries 5 le Perc Pons qui en eut avis , fit fur J 
le-champ partir un de fcs Néophytes pour 
s'informer de ce qu'étoit devenu le Perc 
de Lizardi; mais cet Homme n'en put 
apprendre aucune nouvelle. Le Perc alla 
tui-mcme par-tout , 5c fut enfin inftrait dit 
lieu & de la manière , dont le Seïvireur de 
Dieu avoir donfommé fon (acrifice. 

Il sy tranfporta le feptieme de Juin, & En cpc! hxc 
trouva le corps prefqu'entierement déchar- «» trouve Je 
ai depuis la ceînrare iufqu*en bas par les cocps doPeie 
oifcaux de proie; la peau étoit encore 
prcfqu'enriere depuis la ceinture ju(qu*ati 
coft Six flcches étoienc redées dans la 

B V) 



3^ * HisToinï 
^- g poitrine , & la terre en ctoit couverte tour 
'^^ ^ ' au tour du corps, une des jambes étoit 
encore chauffée d'une bottine de cuir , il 
manquoit trois ,dois;ts à l'autre pics , & 
la mâchoire d'en-bas manquoit auffi. Le 
iCorps ainfi défiguré étoit couché parterre 
à coté du Rocher; le Brevin ire du Martyr 
^toit auprès de fa tête : TOffice de la (c- 
maine fainte , un abrégé de l'Ini^tut de la 
Compagnie, & fon Crucifix étoient un peu 
plus bas. Tous ces livres avoient appa- 
remment été tirés de fes poches. 
• Honneurs Le Père Pons recueillit ces précieux ref- 
^u'ou lui tes du Serviteur de Dieu , & les fit tranf- 
ccnd. porter d'abord dans fon Eglife du Saint 

Rofaire, puis dans une Chapelle de Sainte 
Anne , qui n'étoit qu*à cinq lieues de Ta- 
i-ija. Il y fit mettre le corps dans une calife 
de cèdre, doublée & couverte de fatin , qui 
fiir portée fur un brancard dans la Ville , 
& reçue par tous les Habitans , qui étoient 
allés fort loin au-devant , & dont les prin- 
cipaux voulurent la porter, les uns après les 
autres fur leurs ép?îules. A la porte de la 
Ville fe trouva le Do(5^'ir Dom Jean Car- 
tagena & Kehofo, Vicaire Général de l'Ar- 
chevêque de la Plara en chape , accompa- 
gné d'un Diacre & d*un Soudiacre en fu-plisj 
les Rcl gie.ix de Saint Auguftin, de Saint 
François , de la Chari-é , & les Jéfirres 
fuivoien^ , puis le Magiftrat , la Noblc/fe 
^ & tO'Jt le Peuple. 

La cai(fe ^ur laquelle on avoit mis deux 
flèches en fautoir , fut alors porrée ^our-à- 
tour par les Sup:rie;irs des R-gulic-s, par 
ks Alcaldes & ies Régidoxs j prcmi«ie« 



Blî ?AR A€HA Y. Liv. XX, yj 

meut à l'Eglife de Saiot François , & rc- j « " 

^ue avec la croix parle Célébrant en chape, ' ^ J 5 * 
lequel entonna le Tt Denm , & placée fur 
un catafalque. Le Gardien du Couvent 
monta aufli-tot en chaire, & prononça le 
panégyrique du Confeffeur de Jcfus-Chrift. 
Des qu'il eut fini , le Vicaire Çénéral chaiv- 
ta une MefTe de la Trinité , ïivec Toraifon 
Pro ^ratiarum attïonc. Enfin le corps fut 
porté à l'Eglifc du Collège avec les mêmes 
cérémonies \ un Jéfuite y fit encore Té- 
loge du Martyr , & la caifîe fut dépoféc 
fous la cridcnce du grand Autd , du côti 
de TEvangile. 

C*eft aiflfi que {e vérifièrent les pre/Ten- 
timens du Perc de Lizardi , qui du moment 
qu*il fut deftiné par fon Provincial à la 
Miflîon des Chiriguanes , avoir beaucoup 
plus compté qu'elle lui procureroit la pal- 
me du Martyre , que la gloire d'avoir éta»- 
bli foHdement la Religion Chrétienne 
parmi ces Barbares. Cependant it y a- tout 
lieu de crc/irc que tant qu'il y aura des Jé- 
fuitesau Paraguay, ils ne manqueront au- 
cune occafion de les follicitex à fe ranger 
fous la Loi du vrai Dieu. On «e Ta ja- 
mais tenté , qu'on n'en ait 2;agné quelques- 
uns à Jcfiis-t^ hrift, & cela fumt à des Hom- 
mes Apolloliques, qui connoifTent le prix 
d'une Ame rachetée du fang d'un Dieu. 

Cepeîidant les Néophytes qui s'éroient Ua<rac}^e 
fauves de la Conception , avoient été re- ^' '«''guane 
çus dans la Rédudion du Saint Rofaire , f^î^'i""^'-!)^; 
oti il s'en fallut peu qu'ils ne fe trouva (Tent chrétiens. 
bientôt expofés au même danger qu'ils 
VCfîoie^ d'^vijier. Les mêmes Ct^iguanos ^ 



^t HlSTOIRl 

^ " dont le Cacique avoir Tannée fticiientt 

•^735*5 • témoigne tant d*afFedion au Pcre de Li- 
9:ardi , Se fait échouer le complot des Ha- 
birans d& la Vallée d'Ingré contre lui , 
n'eurent pas plutôt appris (a mort & Ut 
ruine de la Conception , qu'ils voulurent 
partager avec ceux qui en avoient été les 
Auteurs, la gloire d'abolir la Rdigioft 
Chrétienne dans leur Nation , & ils fe 
mirent en campagne pour attaquer laRé* 
dudion du Rofaire. Ils fe rendirent d'abord 
à la Vallée dltau , où ils firent tout cb 
qu'ils pureiit pour engager les Habitans 
à Te joindre avec eux ; mais le Cacique de 
cette Vallée , nommé Carroti , s'y oppôta, 
& eut même a£ez de crédit fur Tefprit des 
premiers pour les faire renoncer à leur 
delFein. 

Quelque tems après il en ufa de même i 
9l avec le méme.fuccès : aïant appris qu'ils 
étoient revenus à leur projet , & .qu'ik 
étoient déjà en marche pour l'exécuter , il 
rompit encore toutes leurs mefiires. Mais 
il s'apperçut que le grand intérêt qu'il 

frenoit à la confervation des Chrétiens ^ 
avoit rendu odieux à fa Nation , & que 
de toutes pans on confpiroit contre lui ; il 
choidt environ quarante de fes Vaffaux^ 
dont la fidélité ne lui étoit point fufpeâie ^ 
& il fe retira avec eux dans un lieu , où il 
pouvoir compter d'être fècouru par les 
Efpagpols , fi on venoit Ty attaquer. 
Autre In- Deux Jéfuites de la Province du Pérou , 
âcprife pour le Pere Jean de Torrez, & le Pcre Jeaiï 
dcsChldgua" ^"^^i^^c Bocas ne furent pas plus heureux 
»«, qui ne que leurs Fieres du Paraguay à fixer l'm-* 
xéuûit pas. 



Dtj Pauaôuay. Liv. XX. f> 

conftancc des Chirigûancs. Ils avoicntfon- xv^i-ifr 
dé fur la frontière de la Province de Santa- ' 
Cmz de la Sierra une Réduâioa coûte peu- 
plée de ces Indiens, fous le titre de Saint-^ 
Jérôme 5 mais un tremblement de terre ^ 
qui furvint dans ce Canton en 1734, ^**" 
t imida fi fort ces nouveaux Chrétiens , que 
les Infidèles n'eurent pas de peine à leur 
perfuader que c'étoit la Religion Chré- 
tienne qtd leur avoit attiré ce malheur, & 
qu'ils léfolurent de maffacrer les Miflîbn- 
haires & de ruiner la RéduAion. Les deut 
Pères , avertis de cette réfolution par quel- 
ques Néophytes qui leur étoient tort atta- 
chés , n'eurent que le tems de fe fauver à 
Santa- Crux» Il ne reftoit donc plus de 
Chiriguanes Chrétiens que ceux de la Ré*- 
dudliondu Saint Rofaire , qui étoit fouslsi 
conduite du Père Pons. Le Père Chômé 
^oit paffé dans la Province des Chicas; 

Si eft à rOccidcnt de Tarija , où il fut 
ai^é pendant trois ans d'une partie âcs 
Mifiions des environs des Lippes & des Val- 
lées circonvoifihes. Il en fut rappelle en 
17^8 par foh Pfovinci^, & envofé aux 
Chiqtiites 5 où il fut à peine arrivé , qu'il 
reçut un (econd ordre de paffer aux Zar 
Hiucos , ou Ton étoit enfin venu à bout de 
fonder une aflcz belle Eglife de la manière 
qtie ^c vais dire. 1713-^8» 

La mon du Frère Romero , tué en tra- Réduûioa 
kifon par ces Indiens, n'ayott pas fait acs Zamuceu 
perdre de vue aux Mifliorinaires des Chi- 
quites le projet d'étendre jtirques-là leur "^ 
République Chrétienne , perfuadés qu'ih 
«iétoicot qirll tt'y avoit pias de mo'ien plu$ 



,»7i3M&. 



^é Histoire 

'sur d^ëtablir une communication facife 
entre les Provinces du Paraguay & da 
Tucuman. Les Pères d*Aguilar & Caftana- 
rez entreprirent donc de regagner les Zar- 
mucos 'y mais leirrs premières tentatives ne 
réuflircnt point. Peu de tems après on fut 
fort étonné de voir arriver en deux Troup- 
•pes deux cents de ces Indiens de tout âge 
& de tout fexe à la Rédudion de Saint 
Jean-Baptifte àcs Chiquites, la plus pro- 
che de leur pais , quoiqu'elle en fi^ eloi^ 
gnée de quatre-vingt lieues. Ils étoient 
de deux Nations différentes : car on en 
comprend plufieurs fous le nom de Zamur 
cos , parceque toutes parlent la mcme Lan- 
gue, chacune de ces deux Trouppes écoit 
conduite par un Cacique , & tous demanr 
doient à être reçus dans la Rédudion. 

Ik n'eurent pas beaucoup de peine à 
obtenir ce qu'ils fouhaitoicnt : on ne 6i£r- 
fera pas^ même long-tems à baptifer les 
Enfans ; mais il fallut bientôt interrompre 
rinftrudion des Adultes , parceque la plu- 
part tombèrent malades. Le Père Hervat 
Supérieur de ces MifTions , s^'apperçut dV 
bord que Tair du pais ne leur convenoic 
joint, & fe chargea lui-même de les re- 
conduire chez eux & d'en former uac 
nouvelle Rédudion. Ils y confcntircnt aycc 
joie 5 & le Supérieur fe fit accompagner 
par le Père Caftanarez, qu'il deftinoit à 
cette bonne oeuvre. , Les fatigues de ce 
voïage qui fut de quarante jours , coûter 
lent la vie au Père Hervas; elles lui caur 
fèrcnt une maladie , dont il mourut en 
«iTcz peu. de tents. Son Compagnon j^j^bik 



T>u Paraguay. ZzV. XX. 4t 
îeune & plus robuftc , arriva en bonne __, , ,o 
lanté au terme avec tous les Indiens. 

Il trouva la (îtuation du lieu fort avan* 
tageufe , & il y fit d'abord drcfl'er une 
tente, qui pendant quelque tcms lui fer- 
vit de Maifon & de Chapelle ; mais tou- 
tes les provifions qu on avoir apportées de 
Saint Jean étant épuifées , tout le monde 
fe vit en peu de tems réduit à n'avoir pour 
toute nourriture , que des racines fauva^- 
ges. Malgré cela Tair natal acheva bien- 
tôt de rétablir parfaitement la fanté de 
• tous les Malades Le nombre des Profélytes 
croiflbit même de jour en jour, & leur 
docilité fit bien augurer au Millionnaire 
du fucccs de fon Entreprife. Peu à peu il 
les engagea k cultiver la terre : la Réduc- 
tion plit une forme régulière , & ^lle fut 
mife fous la protecliou de Saint Ignace. 
Mais le travail auquel le Pérc étoit obli- 
gé de fe livrer lui-même pour accoutumer 
les Zamucos par fon exemple à travailler , 
joint aux inftruéHons qu il leur faifoit a(fi- 
dùment , étoit au-defTus des forces humai- 
nes , 6c il y autôit bientôt ïuccombé fi 
on ne lui eut envoie du fecours. 

Le Père Dominique Bendiere le vint Beire^aaîo* 
Joindre fon à propos , & alors plus per- ^*^^ Zamvf- 
iuadé Que jamais du fuccès de fon Entre- ^^**- 
prifc y il ne mit pljis de bornes à fon zèle. 
Le» Zamiicos lui paroi (Toient déjà changés 
en d'autres Hommes 5 ce n*éroit plus ces 
Barbare* féroces j intéreffésôc intraitables, 
dont on avoit fi long-tems dcfefpcré dé 
pouvoir faire des Hommes raifonnables. 
Xeur douceur, leur franchife, leur f<Mb^ 



41 Histoire 

^ g miffeon , le charmoient , & avant mena 
' *"^ • larrivée du Perc Bendiere , il avoit eu une 
preuve de leur afFc£Hon pour lui , & de 
leur défintéreflTcmcnt , qui auroit fait hon- 
neur aux Chrétiens les phis fervcns & les 
mieux civilifës. Comme ils s'étoient ap 
perçus que le défaut de nourriture Tafïbi- 
blifloit beaucoup, des racines ne pouvant 
pas le (butenir au milieu de tant d'occa^ 
pations pénibles , qui ne lui laifToient pas 
un moment de relâche , un Cathccumcne 
entreprit de ne le laifTer jamais manquer 
de viandes. De tems en tems il alloit a far 
chafTe, &dèsqu*il avoit tué un Sai^lier^ 
il Tapportoit fur (es épaules , le mettoit à 
la porte de la tente du Père , & fc retitoit 
fans rien dire , ne voulant pas même être 
connu. Cela dura jufqu'à la faifon des 
pluies , pendant lefquelles un ruiffeau , qui 
foordoit la Rédudion , fourniflbit ia poiC- 
(on en abondance^ & te Miffionnairequi 
avoit fait fécher (es viandes , eut encore 
de quoi en faire une bonne provifion pow 
les Malades. 
' , 8 ^^^ ^^ ^^™* ^^rès l'arrivée du Perc 

?" '. Bendiere , le Pcre Caftanarex fit un voïage 

^"d^s^-^^^^^"^^^^^^^ ^'^ y î"^"* quelques jcu- 
leBourgaie. ^^^ 2amucos. Il y arriva au commence- 
ment de Tannée 1714 , & il en repartit aa 
bout de trois mots avec le Père Jean de 
Monténégro. Ils apprirent en chemin que 
la diflention s'étoit mife entre les deux 
Nations qui étoient réunies à Saint Igna- 
ce ; qu'on y étoit même venu aux mains ; 
qu'il y avoit eu des morts & des bleffés 5 
que quelques-uns avoient pris la Êittc ^ de 



DU Paraguay. Z/v. A'X 45 ^ 

^uc le P. Bcndierc n*y étoit pas en fureté de TtITTsT 
fa. vie. De fi ficheulcs nouvelles lui firent 
doubler le pas : il trouva en arrivant que 
le (eu de la difcorde ëtoit un peu ralenti y 
Ci pré{ence acheva de l'éteindre ; mais il * 
comprit qu'il avoit un peu trop compté 
fur fes Indiens. 

Il n'avoir pas encore d'autre logement 
pour lui & fes deux Compagnons y que de 
méchantes cabannes couvertes de paille; 
mais il y avoit quelque chofe de plus ptffi 
à faire, que de fe loger plus commooe- 
ment. La Rédudion n*avoit point d*EgUfc, 
Se comme les Zamucos ne pouvoîent être 
d'un grand fecours pour en bâtir une, 
prcfqoc tout le travail tomba fur les Mit 
iîonnaircs , & fur quelques Chiquites, qui 
avoient fuivi les Pères Caftatiarez & de 
Monténégro. Avec cela il falloit encore fis 
donner bien des foins pour faire reprendre 
la culture des terres, que U diitentioa 
avoit interrompue, prévenir les moindres 
fujcts de querelles , qui pouvoient ta ré- 
yeillcr , & pourvoir aux befoios de tout 
le monde en attendant la nouvelle récolte. 

Tant de fatigues & de follicitudcs eau- le P. Cafta» 
ferent enfin au Père Caftanarcz une mala- ^^yo"^ 
die , qui fit d'abord craindre pour fa vie : ^éritosinii- 
c'étoitune fièvre maligne, qui en peu de racle. 
Jours le réduifit à rcxtrémité. Il ne pou- 
voir fans doute envifager la mort, que 
comme la fin des pénibles travaux , doiM: 
il fe voïoit fur le point <k recevoir la ré=- 
compcnfe 5 mais la gloire de Dieu , & leV 
intérêts du Trouppcau dont il étoit cham 
gé , remportèrent fur le ficn. U pria ti 



44 H I s T O 1 R K 

*" g Père de Monténégro d'afTembler autcjar if 

' ' ^'^ * TAutel tous fes cliers Enfans, &de lear 
recommander de s'unir à lui , pour faire au 
Seigneur en fon nom la prière que Saine 
Martin lui fit dans le même état od il (é 
trouvoit. Tous s'y portèrent avec unp 
afFeîlion (înguliere , & profternés en terre 
les larmes aux yeux , demandèrent au Sei- 
gneur qu'il rendît la fanté au Père de ieuBS 
Ames. A-peine eurent-ils achevé leur prie- 
s^ que le Père de Monténégro aïanr été 
OTligé de fortir de la Chapelle pour prendre 
un peu l'air , apperçut à l'entrée du bois im 
tpervier qu'il tua. Il le porta au Malade , 
& lui demanda s'il vouloit qu'il lui en fît 
un ragoût. Depuis plufieurs jours le Perc 
Caftafiarez ne pouvoir rien prendre de fo- 
lide j il répondit néanmoins au Père de 
Monténégro , qu'il étoit le maître de faire 
ce qu'il voudrait. L'oifeau éroit fort gras , 
& de la grolTeur d^une poule j on Tac- 
xommoda du mieux que Ton put , le Ma- 
lade en mangea avec appétit , & fe trouva 
auffi-tot contre toutes les règles de la Mé- 
decine dans une parfaite fanté. 

Cependant les matériaux de TEgliCc 
ctoient tous affemblés ; mais avant que de 
les mettre en œuvre , le Père Caftanarcz fiç 
transférer la Bourgade fur un emplace- 
ment plus commode. Il préfida lui-même à 
tout , & travailla comme le dernier Ma- 
nœuvre ; puis il aida les Indiens à défri- 
cher leurs champs ; & tout ce qu\>n y fcma 
îappôrta au centuple. Il fit enfuite plufieurs 
courfes dans les Bourgades voiHnes, & il 
ji'y en eat aucune ^ dont il ne revînt avec 



DU Paraguay. Lh, XX. 4^ 
\mt trouppc de Profélytes. Il les forma ^ *• 

aux travaux qu'on avoir commences; l'E- ' * 5K 
glifc fut bientôt achevée 5 les Miffionnai- 
rcs & tous les Habitans furent logés , & , 
THommc Apoftolique au comble de fes 
vœux ne voïoit j^us rien qui put lui faire 
craindre aucune révolution 5 lorfqu un ac- 
cident imprévu l'obligea de mener toute fa 
Colonie aux Chiquitcs. 

Le Père de Montenesrro , qui cft entré LcsZama* 

dans le plus p;rand détail fur tout ce qui J°* ^ *"""?» 

jirw^^n." j T^ fout transfc- 

regarde le Père Caftanarcz , dans une Let- ^és aux Chi^' 

tare qui a été imprim.ée à Madrid en 17 4<»nuitc*, 
après la mort du Serviteur de Dieu, ne 
BOUS explique point quel fiit cet accident , 
& fe contente de dire que pour comprendre 
l:*cmbarras où fe trouveient les Miflion- 
naires , quand il fallut Téfoudre les Zamu- 
cos à quitter leur pais , il faut connoître 
rattachement des Indiens , qui ne font 
point crrans , pour leur Terre natale : à 
quoi il ajoute qu'au prix de ce qu il en 
coûta pour y engager ceux-ci , les Miffion- 
naircs comptèrent pour rien les fatigues \ 
d*un long voïage , pendant lequel il fallut 
faire vivre une grande multitude d'Hom- 
mes y de Femmes & d'Enfans dans des dc- 
ferts , ou , fans une protcdion particulière 
de là Providence , laplûpan aiïroient péri 
de faim & de miferes. 

Ils arrivèrent enfin à Saint Jo(êph des 
Chlquites , où ils furent accueillis'' d une 
manière bien capable de leur faire oublier 
xe«t CiC qu*'ils avoient cjùitté. L'aimée fiii* 
vante le Père Caftaiiariz entreprit avec ont 
^rou^j^ çhôified^ Chiqiûtes ^ 4ç 2;aja^ 



4^ Histoire 

■-- — T" c|aicts ^c ce qu'otoicnt devenus les Cliî- 
7* '3 • qiiitcs. Ils n^arrivcrent à Saint-Iqnacc qac 
"vers la fin de Juin 1716 5 & te dernier 
. jour de Juillet , fête du Patron de la Bour- 

gade , ils furent agrcablenvcnt furpris d*y 
■voir tntrer toiues ces Mules , fans cjuc per- 
fonne les condiiifit 
^ Le Perc de Monténégro & le Père Bcn- 

172.9-5 • Jicre aïant été peu de teins après rappelles 
Ferveur des par leur Provincial , le t*ere Caftanarcz 
^amucos. demeura fcul à Saint-I^rnace jufc]u*en 1729 ,' 
que le Père Jofcph Rodiigucz vint à fon 
ucours , & trouva cette Eglife fort peu 
différente , foie pour le nombre des Néo* 
pliytes , foit pour la manière dont Dieu y 
étoit fervi , de celles des Chiquitcs , d'oii 
ii venoit. Ces nouveaux Chrétiens ne dc- 
mandoient déjà plus qu'à être emploies à 
des conquêtes fpirituclles ; & leur faim Paf- 
tcur profîtoit fouvent de leur bonne vo- 
lonté pour faire de nouvelles découvertes , 
& gagner des Ames à Jefus-Chrift ; & ils re- 
vendent rarement fans un grand nombre 
de Profélytes , de forte qu'en peu d'années 
oon-feuleraent prefque tous les Indiens 
qui parloienc la Langue des Zamucos , 
mais plufiears autres encore des Nations 
voi fines (c trouvèrent réunis à S. Ignace. 
^ ^ ■' ' Si toutes les Entreprifes du Serviteur de 

^73». j^jgjj avoient eu le même fuccès , il auroic 
Le Perc Caf- été bientôt obligé de faire de nouvelles 
MPpcUé aw ^°^^"^^^ » ^^^^ ^^ trouva enfin des cfprits 
CJwquicei. rebelles au mouvement de la Grâce : il cou- 
rut même plus d une fois de grands rifques, 
3c plufieurs de fes Néophytes furent blefTés 
Jaos ODÇ xcncoDure. Sa co&folation ëtoic 

alorf 



BU Paraguay. Liv. XX. 4^ 

alr>rs <îc voir fes chers Enfans , à-peinc — « 
régénérés en Jefus-Chrift, fe préfenter au ^ ^^ ' 
martyre avec un zelc , dont il étoit fouvent 
obligé de modérer les tranfports. Le Perc 
Rodriguez n'étoit pas relié long-tcms avec 
lui 5 dès que le Père Contreras , qui Tavoit 
relevé , tut en état de parler afTex bien 
la Langue des Zamucos , le Perc CAana- 
rez fut rappelle aux Chiquites , & bientôt 
après déclaré Supérieur Générât de ces 
Midîons. 

Telle étoit la (ituation de la nouvelle Nouvcl- 
Eglife des Zamucos , iorfquc le Père Cho- les tentative 
mé y arriva ^ pour effaïcr de fraïer un chc- P^ur.l* çoo»- 
min depuis Saint-Ignaccjufqu'au Paraguay. JJ^'^pi^yi^, 
Il partit de cette Bourgade avec uq nombre ce», 
fufhfant de Néophytes^ & après avoir fait 
environ foixante'(Sc dix lieues dans* un païs 
couvert , prefquc toujours la hache à la 
main , il entra dans une plaine , dont il 
apperçut tout Thorifon bordé de feux. C*é- 
toit une marque cenaine qu'il avoir été. 
découvert par les Indien» , qui fe donnoienc 
avis les uns aux autres d'être fur leurs 
gardes. Ses Néophytes Uaifurercnt mcmc 
qu'il feroit infailliblement coupé , s'il ne 
feifoit au plutôt retraite» & il comprit par* 
Ifeur fraïeur ^u il n*avoit point dWtre parti 
se prendre. < ' * 

- Peu de teins apfès<qa'iî fut de retour à -Plante fin«f- 
Saint-Ignacc > le Pcre Cafbnarez y arriva'**"*:» *"^^ 
jfour faire auffi d'ua autre côté une pa-^uki^rir?" 
rfeille tentative. Il fe mit en marche le troi- caftanarcz. ' 
fteme-de Juillet 1738, &: arrivé prefqua^ 
l'endroit ou le Père Chômé s'étoit arrête , 
il tourna au Sud pour évic^lSa fencontre 
tonu VI. C 



^o Histoire 

^ g des Tobas , qui infeftoient tout ce pajs* 
^^ ' Après avoir encore fait vingt lieues, il (e 
croïoit hors de tout rifque de la part de 
ces Brigands , lorfqu'il en rencontra une 
trouppc Jogéc le long de la petite Rivière 
Yababory , .laquelle fc décharge dans le 
Paraguay , ce qu'on ne favoit pas alors. 
Il nicn fut pas mal reiçu, il en engagea 
mcme quelques-uns à lefuivre, & il bap- 
tifa un de leurs enfans y qui mourut bien«- 
tôt après : enfin ne pouvant aller plus loin , 
il retourna à Saint-Ignace,. 

Pendant une bonne partie du chemin 
qu'il vcnoir de faire , il n'avoit prefquç 
nulle part trouvé d'eau qui fut potable , & 
il avoit été obligé d'y luppléer par celle 
que renferme le fruit d*unc plante, que 
JcsGeas dupais nomment Ohocuru (i). Il 
paroît que c'eft une efpece de melon 
d*eau 5 mais d'une qualité beaucoup plus 
froide , que ceux que nous connoiflons^ 
Les Indiens en font ufage , mais on a fu 
depuis qu'ils en corrigent la crudité en 
piangeant un peu de piment après en avoir 
bu. Le NJiffionnairc , qui ignoroit cette 

{Précaution , ne la prit point , & ne fut pas 
one-tems lans rcflentir des douleurs d'en- 
trailles, (i aigue« , qu elles le mettoient hoi8 
d- lui-même , & qu'on le voïoit alors 
fe rouler par terre , comme . font ceux 
Ijui font atteints de la rage ; c'eft Tex- 
preflTion ^dont fe fert le Père de Monténégro 
dans la Lettre dont j'ai parlé. Un de Ces 
^îcophytes, qui avoit aulfibu de lapiêmf 

-Ci) Cm 0,boc:tr.t. 



î>tj Paraguay. Liv. XX, 51 
eau fut attaque du mcme mal , & en mou- ' 

rut bientôt après. 

L'état où CCS accidens réduifirent le Ser- ccnvcrfîom 
viteur de Dieu , & contre lefqucls on ne dts Borrillo** 
put jamais trouver de remède > ne ralentit 
point fon zèle , quoiqu'il ne put pas même 
monter une Mule fans le fecours de deux 
Hommes. Il fit Tannée fuivante une incur- 
lîon chez les Borrillos , Nation Chiquire , 
dont il n'avoit pas encore été poffible d'a- 
doucir la férocité. Il n'en put gagner à Jc- 
fus-Chrift que vingt-cinq , qu'il mena à 
Saint-François-Xavier, la première des Ré- 
<ludions Chiquites ; mais la femence qu'il 
avoit jettée dans une terre jufijues-là (î in- 

frate , y fructifia bientôt après. Au bout 
e quelques années on apprit que tous les 
Borrillos aboient été cagnés à Dieu par les 
Moxes, & s'étoien: établis dans cette Ré- 
publique Chrétienne , fondée vers le com- 
mencement de ce (îecle par les Jéfuites du 
Pérou , fur le même plan que celle des 
Guaranis. 

. Quelque tems après le Perc Caftanarez j. 
fut appelle à TAflbmption^ & ce voïaec^ *" 

par les grands détours qu'il fut^ obligé de ^^r'^''' 'T 
prendre, fut au moms de mille lieues. Lccommunica- 
Pcrc Chômé eut en même tems ordre de tion des Pco- 
s'approcher du Pilcomayo , & d'y attendre vinces, 
le Pcre Caftaiiare;^ qui après fon arrivée à 
TAffomption devoit defcendre le Paraguay 
ju(qu*à l'endroit , oii la plus méridionale 
des deux branches du Pilcomayo fe déchar- 
ge dans ce Fleuve ^ & le remonter jufqu'à 
ce qull eût rencontre le Père Chômé. Il 
& ccvoïagc parterre, de marcha douze 

Cij 



Çl K I s 'T O I R E 

—— — jours avec dix Hommes dans un Pais pctt*^ 
^7+° ylé de Nations Ennemies, aïant rouvenç 
de l'eau jufqu'à la ceinture, & les pies nus, 
fur un fond de prairie , idont l'herbe avoic 
été coupée avant l'inondation ; au (fi les 
leut-il telle;nent écorchés , qu'il fut con- 
traint de retourner à l'^fTomption , où il 
arriva plus mort quç vif. Ce qui empêcha 
le Père Chômé de le rencontrer , c'elt qu« 
cette année le Pilcomayo ne fut point na- 
vigable 5 l'eau y aïant manqué dès fa four- 
ce , ce qui n'étoit point encore arrivé. Ce 
JFut la Ville de Potofi qui en foufFrit le 
plus. Tous les travaux des Mines y ccffcr 
xent, & les Habitans , qui craignoient quç 
la Rivière n'eût pris un autre coûts, en 
ifortirent ; mais leur crainte s'étant trouvéç 
mal fondée , ils ne tardèrent pas à y re- 
venir. 

, Tandis que dans toutes les Provinces de 
ce vafte Continent , les Miffionnaircs ne 
s'cpargnoient en rien pour réduire les In- 
fidèles fous les loix de l'Evangile , & pouf 
.y affermir l'autorité des Rois Catholiques , 
leur Provincial , & Içur Procureur en Ef-^ 
pagne n'ctoient prefque occupés qu'à ré- 
futer les anciej^ncs calomnies cQntrc Icar 
réputation , & qu'on ne fe laffoit potnt de 
renouveller,en les repréfentant fous les jours 
les plus propres à féduire les moins capa- 
bles de le laiflcr prévenir. Enfin à force 
de revenir à l;a charge , on vint à bout de 
faire naître des doutes fur certains points 
idélicats 5 dans refprit de plufieurs . perfont 
^cs du Confeil des Indes , & le Roi Car 
^holiquc , ^ui fe çroipit bien afluré /Iç l'ju^ 



t>û PaIIXgua*. Llv. kJC. a 



nôcencc des Accufés , & de leur attache- ^yj..^^/ 

ûient fînceré à fon fervice • crut devoir 

mettre une bonne fois la vérité dans une 

évidence , qui diflipât tous les foupçons. 

Pour bien entendre la manière dont il s'y 

prit 5 il faut reprendre les chofes de plus^ 

haut. 

En lyif, un Ecclélîaftique îrançois , Mémolf» 
qui dans (a jeuneffe avoir voïaeé en Amé-P j^"^^^^*J* 
nque pour le lervice des Armateurs de la mgnt il til 
Province, & forme flufîcurs projets pour reçu, 
augmenter leur commerce , parut à la Cour 
d'Efpagne , & trouva moïen de faire par- 
venir jufqu'au Roi un Mémoire contre le^ 
Jefuites du Paraguay , dans lequel , après' 
avoir répété une partie de ce qui avoir été 
avancé contre ces Religieux de plus pro-' 
prc à faire impreflion fur Sa Majcfté-, if 
propofoit un projet pour remédier zvltL 
maux 5 dont il prétendoit prouver que les 
Jefuites du Paraguay étôient les Auteurs. 
Philippe V, après avoir lu & fait cxamineiT 
cet Ecrit , (e contenta de faire dire à l'Au- 
teur qu'il étoit mieux inflruit que lai des; 
affaires du Paraguay , & par une Cédule 
Roïale , du II de Novembre 171^3 con- 
firma tous les Privilèges accordés par lui-' 
même, & par les Roi? fes Prédéceffeurs , 
aux Jefuites & à leurs Néophytes. 

Ce mauvais fuccès obligea l'Eccléfiafti- U «ft f r^féi»- 

que de (ortir d'E{paene; il revint en Fran- '^ *!!*«^'"°.^* 

* o r '^ '^ r -fcri des Afturics y 

ce , & y fit imprimer (on Mémoire en ^,,î 1^ ,.-:-„/ 

François & en Latin , afin qu il le répan- 
dît , comme il fit en très peu de tents , 
non-feulement dans ce Roïaume , mais en- 
core dans les Pais Protcftans , ou il ne 

C iij, 



SA Histoire 

'^ pouvoit pas manquer d'être r^çu avec ap- 

7iy-40- plaudiflcnicnt. Cependant les Jctuires,n*y 
voïant rien qui n*eût déjà été folidemcnt 
réfuté , & apprenant k mépris qu'en avoit 
fait le Roi Catholique » prirent le parti de 
le méjprifer auflî. Ils en avoient même per- 
du julqu'au fouvcnir, lor(quc en lyJilcf 
Agens fecrets, que la Commune du Para- 
guay entrctenoit à la Cour de Madrid , le 
}ugcant très propre à perfuader le Confeil 
Roïal des Indes de la droiture & de leur 
5tele pour le fervice du Roi , le firent pat 
fer entre les mains du Prince des Ailuries. 
lis Te flattèrent que la vue des privilèges 
accordés aux Jéfuites du Para^iay & à 
leurs Néophytes , privilèges qui n avoient 
pourtant d autre objet cjue d'ailurer k liber- 
té des nouveaux Chrétiens ^ mais qu'ils dU 
chercnt de rcpréfcntcr comme trcs préju- 
diciables à la Couronne que le jeune Prin- 
ce dcvoit porter, & qu'il porte aujourd'hui 
avec tant de gloire , & de l'abus que les 
Aiiflïonnaires en faifoient félon eux , le 
frapperoit & l'cngagcroit à emploïer tout 
fon crédit pour Tes faire révoquer. Ils fu- 
rent trompés : Dom Ferdinand porta de ce 
Libelle le jugement , qu'en avoit poné le 
Roi, fon Pcrc , & le rejetta avec indi- 
gnation. 
J.»"^^^^!* Mais comme ils en avoient en même 
phificur" ^^^^ diftribué des copies à plufîeurs per- 
fonncs cnEf- bonnes de la Cour & du Confeil , il fit 
pagne, d'autant plus d'impreffion fur quelques-uns , • 

qu'il s'accordoit aflcz bien avec ce que 
Dom Barthelcmi de Aldunaté avoit mandé 
au Roi ca 171^ > 6c Dom Martin de Ba« 



DÛ Pauaôuay. tîv, XX 5^ 
hlâ en 1730 ; & ce fut ce qui engagea les i-^#^ 
Jéfuites à y répondre. Le Père Gafpar Ro- ' ^ ^ ^ 
dero , leur Procureur Général pour les In- 
des , le réfuta folidcment , & perfonne ne . 
Jui répliqua. Le Roi avoir envoie le Mé- 
moire de Dom Barthelemi de Aldunaté à 
toom Martin de Barua pour favoir ce qu'il 
en penfoit , & comme ce Gouverneur y 
trouva bien des chofes , qui ne s'accor- 
doient pas avec fes propres vues , il en 
dreffa un autre daté du 2 f de Septembre 
1750 5 qui donna beaucoup à penfer auî 
Confeil roïal des Indes , n'y eut-il que Tar^ 
ticle de douze cents mille ecus , dont T Au- 
teur prétendoit que les Jefuites étoient re-^ 
devables au Roi fur le Tribut de leurs 
Indiens. 



Mais plus les charges étoient graves , ^^."""^^fijj 
plus Philippe V crut qull falloit prendre J^^^'^J^^^^^ 
de mefures pour n'y êcre pas trompé : car ^ 



il s'agifToit , comnve c« Prince le dit lui 
même dans (on Décret définitif, du lï 
de Décembre i74? > »» ou de diffipcr à la 
*> faveur du grand jour de la vérité , & de 
» venger une infulte & une in^lérablc 
9> calomnie faite à tout un Ordre Reli- 
» gieux, ou de manifefter rirhpardonna- 
» ble tolérance d'un fî notable préjudice 
» fait g mes Finances , (ans aucun égard 
90 pour mon Patronage Roïal , & contre 
•9 Tobéiffancc due à mes ordres ««. Enfin, 
ce Prince , après avoir mûrement examiné 
tous les articles de ce Mémoire dans une 
AfTcmblée du Confeil roïal deis Indes , te- 
nue en fa préfence k 11 de Décembre 
1731 y fit déliMcr à Dom Jean Vafque» 

C iiij 



5^ HiSTOiRI 

- de Aguero , Ton Alcalde de Cortiy Café, 

^> '^ ' une Coitimiffion Roïalc pour aller infor- 
mer fur les lieux, de tous les faits dont 
il vouloir être éclaire i 5 lui recommanda 
de conférer avec les Supérieurs des Je fui- 
tes , & de voir ce qu'ils avoient à répon- 
dre fur Tarticle du Tribut , & ordonna 
qu'un des Membres du Confeil roïal de» 
Indes en traitât avec le Procureur Géné- 
ral des Jéfuites du Paraguay , qui fc trou- 
voit alors en Efpagnc. 

Ce Procureur étoit le Perc Antoine Ma- 
choni , dont nous avons parlé plus d'une 
fois dans cette. Hiftoirc, & qui fe difpo- 
foit à retourner dans fa Province , avec 
une nombreufe recrue de Midionnaires. Le 
Koi voulut que tous les éclairciffcmens 
qu'il donneroit , & toutes les connoiifan- 
ces qu'on pourroit avoir d'ailleurs , fviffcat 
communiqués à Dom Manuel Martinez , 
Pifcal du Confeil des Indes pour la Nou- 
velle Efpagne , afin que l'un & l'autre , 
après en avoir conféré avec le Père Ro- 
dero , fuffent plus en i*at de faire leur 
rapport fur tous les points compris dans 
lés informations , Se qu'en conféquence il 
fut dreflee une inftru6tion fecretc , qui 
fervît de règle au Commiflaire Roïal y 
pour celles qu'il croit chargé de faire au 
Paraguay. 
^17^6-40* Tout cela fut ponduellement exécuté , 
* & les inftrudions remifes à Dom Jean VaC- 
CommUTairc ^"^^ ^^ Aguero, qui après les avoir reçues 
au Koi, partit pour Buenos Ayrcs , d ou il écrivit 

au Roi au mois de Février 17 3 6, qu'après 
avoir conféré avec Dom Martin de Barua^ 6£ 



TJÛ PAltAGUAY. Lh^ XX. ST 

vâ les recenfemens des Chrétiens de TU- ' 
raguay & du Parana , dont il s'agifToic 
uniquement dans Taffaire du Tribut , 
& les Regiftres dont cet ancien Gou-^ 
vcrncur aYoit les minutes entre les mains f. 
après avoir examiné toutes les informa-- 
tions faites par les Evéques de l'AfTomp-- 
tion & de Buenos Ayrès 5 après avoir ouf 
les dépofitions de dix perfonncs £cclé(îa{li«' 
ques & Laïques les mieux inftruites de ce* 
cpii regardoic les Dodrines , ou R'éduc-- 
tions y il avoir reconnu : 1°. Qu^elles-" 
étoient au nombre de trente , oii il y avoir 
environ trente mille Indiens , qui dévoient' 
païer le Tribut, i^. Qu'il n'a voit trouvé 
aucun Regiftre plus ancien que celui de-* 
171 5 , qui lui avoir étépréfcnté" par Donr 
Manin de Barua , & qui ne comptoir dans> 
les treize RédudHons du Parana , lefquelleS" 
étoient rentrées fous la: Jurifdidion dir 
Gouverneur du Paraguay^, que fept millcr 
huit cents cinquante ic un Indiens foumis-- 
au Tribut, avec la copie d*un autre dref>- 
fé en 1676 , par Dom Dieguc Ibanez^ 
Fifcal de TAudience roïale de Guatimala^ 
mais qu'alors les Réduélions n'étoient qu'ai»'- 
nombre de vingt-deux, & qu'il n'avoir pir 
favoir au jufte la date de là fondation des- 
huit autres : qu'en 1714, Dbm' Pedre Fa-- 
xardo , Eveque de Buenos Ayrès , les aïanc ' 
toutes vi(îtées ,. elles- étoient dcs-lors au;^ 
nombre de trente 5 qu'on y comptoit vingt- 
huit mille ûx cents Tamillcsy & que ce: 
Prélat y avoir donné la Confirmation z- 
treize mille fix ceats çinqoante-fcpt pee^- 
ibiuiest 



I7j.^4^ 



S^ Histoire 

Z7 5^-40. ^**' Qu'en i7< 5 , les Jéfuites avoicntrc— ' 
mis à Dom Jofeph Palos , Coadjutcur du 
Paraguay , un réccnfcment de leurs Ré- 
dudions 3 lequel montoit à vingt -fcpt mil- 
le foixante Familles j que , fuivant le Rôle 
qui lui avoir été remis par le Procureur de$ 
Miflfions, le nombre des lamilles n'étoit 
que de vingt-quatre mille deux cents dix- 
fept 5 enfin que dans un entretieij qu'il avoit 
eu avec le Père Jacques d'Aguilar , Pro- 
vincial des Jéfuites , fuivant l'ordre que 
Sa Majefté lui en avoit donné , ce Perc 
lui avoit afTuré qu'il y avoit alors trente 
Réduélions , oii l'on comptoit vingt-qua- 
tre mille Indiens , qui dévoient païer le 
Tribut; mais qu'aïant depuis fait revenir 
les Rôles des Curés , il ne s'en étoit trou- 
vé que dix-neuf mille cent & feixe , & que 
ces variations venoient des maladies épi- 
dcmiqucs , qui de tems en tems faifoicnt 
de grands ravages dans les Bourgades , 
& du nombre de ceux qui périffoient dans 
les Expéditions militaires & dans les tra- • 
vaux ou l'on emploïoit ces Indiens pour 
le fervice de Sa Majefté. 

Il s'en falloir en effet beaucoup que k$ 
Rédudions fufTcnt alors auffi peupléiesqu'el-' 
les l'avoient été un ficelé auparavant 5 cai 
Dom Jean Vafquezde Aguero ajoûtoit dans 
fa Lettre que dès l'année 16^1 , leis Jéfui- 
tes en avoient déjà fondé plus de vingt , où 
ils avoient réuni plus de foixante & dix 
mille Indiens , & qui toutes avoient une 
Eglife fort propre. Nous avons vu que les 
Mamelus en avoient dé irait plus de la moi- 
tié ^ avoient £ait périr un grand nombre 



DU* Para GUA Y. X/V. JfJT. f$* 

tfHàbicans, & emmené une bonne partie j- 3 ^f-yy^ 
du refte en qualité d'Efclaves. Dom Jean 
obfervoit encore qu'en vertu des Décrets 
réitérés des Rois Catholiques , les nou- 
veaux Chrétiens au-deflbus de dix - huit 
ans , & au-deflus de cinquante , les Caci- 
ques , leurs Fils aînés , &: dans chaauc- 
Bourgade douze Kéophy tes attachés au fer-- 
vice des Eglifes, étoient exempts du Tri- 
but , lequel étoit d*un écu { 1 ) par tcte 5 
que c'étoit du fruit de leurs travaux , qu'ils- 
le païoient ; qu'ils Tavoient toujours exac- 
tement paie , quoique pour les mettre cnr 
état d-y fatisfaire, il fallût que leurs Paf- 
teurs ufaflcnt de la plus grande œcono- 
mie, & fuflenc extrêmement attentifs fur 
eux , parccque naturellement ils font inca^ 
pables d'occonomifer , & peu laborieux j; 
outre que les Gouverneurs en tirent fou* 
vent un grand nombre pour la guerre & 
pour les travaux du RoL, à quoi il ajoû— 
toit qpe , fi on augmentoit le Tribut , iK 
étoit a craindre que Timpoifibilité de te 
païer ne les portât à refufer d'obéir , com- 
me ils a voient fait jufquçs-là avec la plus 
grande ponâualité*. 

Il difoit encore que les Jéfuites lui Tlrc^(cdk 
avoient fait les plus vives inftanccs pour J'^^^^"^*' 
l'engager à fe tranfporter en p^fonne dans . 
les Rédudions , dont jufques-là aucun 
Gouverneur, ni Cbmmiflaire , ni Vifiteur 
ifavoit fait la vîfite entière ; que pour l'y' 
engager ils lui avoient dit qu*il (e pour- 
roit bien faire que les Rôles n'euiTent pas^ 
toujours été drefles par les Corrégidors Ij»*- 

i^ Un Befo*. 



^o H I s r o I R r 

'_ ^ diens avec toute rcxaditudc qu*on leur 
avoit recommandée , fur-tout dans les tems- 
dfe famine, ou de contagion, non-plus"- 
cjue pendant les troubles de la Province de- 
Paraguay, dont ces nouveaux Chréîicns 
avoient beaucoup foufFert 5 que les Jéfui— 
tes aïant un grand nombre d'Ennemis , il" 
leur étoit de la plus grande importance 
cjuil vît par lur-miême*^llétat des chofcs , 
afin qu*on ne pût les accufer de l'en avoir 
mal inftruit 5 mais qu'il leur avoit répon- 
du que cct^e vifîte n étoit point dans fes^ 
Inftrudions , & qu'il ne la jugeoit pas né- 
ceffaire 5 les informations & les pièces ju- 
ridiques , dont il étoit muni, étant plus 
que fuffifantcs pour rendre à Sa Ma)efté- 
un compte fidèle de Ci Commiifion. 
lettre du II paroîr, par une Lettre qu'il écrivit dans* 
mêmcauprc-ic même tems à Dom Jofeph Patine , 
wc" d^fpa- ^^^^^ premier Miniftre en Efpagne , qu'à- 
g^g^ ^ fon arrivée à Buenos Ayrcs , le bruit s'é- 
toit répandu qu*on alloit ôter au)t Pcrcs 
de la Compagnie la diredion de leurs'-Egli- 
fes ; car il ntarqpoit dans cette Lettre quc^ 
TEvéque du- Paraguay lui' avoit dit qu aw* 
moment que ce changement fé feroit , tou- 
tes les Bourgades fetrouveroient déferres, 
fins qu'il fut poffible d'en retenir un fcul In-- 
dien & que non-feulement l'Eglife y pcr- 
droit un très grand nombre de Fidèles , qui* 
faifoient honneur à la Religion , mais en- 
core que ces Provinces feroient bientôc 
perdues pour Sa Majefté ; qu'on en avoir 
déjà eu de bonnes preuves , & que toutes • 
les fois- qu'on avoit voulu envoïer des Ec-- 
dcfiaftiques pour prcndic la place dç? 



DU Paraguay. Lîv. XX, et 

Kfuites dans Quelques Rédudions , elles z^^^oi 
s'étoiem auflî-tot trouvées fans Habitans.- 
»» AulTi 5 ajoûtoit-il , ii eflr indubitable y 
»5 Seigneur , que la manière , dont ces 
»> Peuples font gouvernés , eft k plus con- 
» venable , tant pour le fpirituel que pour 
3> le temporel , & que perfonne n'cft plus 
w propre ^ ni pour conferver , ni poiir- 
M augmenter cette République Chrétienne , 
»> que ceux qui l'ont fondée. Il leur en coiitc- 
»ai aujourd'hui affez peu pour aiTurer le fa- 
» lut éternel d'un très grand nombre de 
» ces nouveaux Chrétiens , ^pour aug- 
aâ menter ce nombre. Ils les engagent au 
»> travail par la douceur, ils leur procu- 
M rent les fo.ulagements nccelTaires , ils les 
30 corrigent avec modération & fans du- 
D-» reté , ils veillent fans cefle fur |ux pour 
» extirper les habitudes vicieufes contrac- 
3j tées avant leur converfion , Ôc je n'hé- 
o9 (îte point à vous dire que la moindre 
y» nouveaifté qu'on voudroit introduire dans* 
» ces Mi/fions , troubleroit beaucoup la* 
D> paix dont elles jouiffent , renverfcroic 
a» la fubordination- qui y règne , occafîon- 
39 neroit infailliblement un dommage qu'on 
3t ne réparcroit jamais, & que le fervice 
sa de Dieu , auffi-bien que celai de Sa Ma- 
3» jefté, en fouf&iroit beaucoup. 

Gc qui arriva fur ces entrefaites à Bue- RétraâarfofB 
nos Ayrès , fous les yeux du Commiflaire , ^déclaration 
BC contribua- pas peu à lui foire connoître d yj^*^'**!^ 
le carad|[^ des Ennemis que les Jéfuites j^n^o. * 
avoicnt cOs ju(qucs-là au Paraguay , & à 
le mettre en garde contre tout ce qu'on 
f ouitoic lui £re au déiàvamage de cç»> 



€t HlSTOïltB 

j * Millionnaires. Nous avons yû que Donf 

^'^"^ * Antoine Ruiz de Arrdlano , après avoir 
été un des principaux Auteurs des trou- 
bles du Paraguay , & un des plus décla- 
rés Partifans de Dom Jofcph de Antcque- 
ra , avoir perdu tout fon bien , & avoir 
même été contraint, pour fauver fa vie, 
de fe déguifer en Nègre , & de fc fauver 
de l'AfTomption 5 parccquHl s'étoit oppofé 
à ce que les Jéfuires fuflent chaffés du Col- 
lège cle cette Capitale , & parcequ il avoir 
voulu fauver la vie à Dom Manuel Au- 
guftin de Rjuiloba , au péril de la (îennc. 
Il s'étoit réfiigié à Buenos Ayrès , bien 
réfolu d'y réparer , autant qu'il lui feroit 
poHîblc , tout le mal qu'il ayoit fait par 
une fuite de rengagement qu'il avoir pris 
avec Dom Jofeph'de Antequera , & fur- 
tout en (c déclarant pour la Commune. Il 
fir donc en préfence du Notaire Roïal de 
Buenos Ayrès une déclaration de fes fentî- 
mens à l'égard des Jéfuites , qui fous le 
règne d* Antequera & celui de la Commu- 
ne , tant qu'il en avoit ét^ un des plus ar- 
dents zélateurs , Tavoicnt pu regarder com- 
me un de leurs plus grands ennemis ; avec 
un dcfaveu de la part qu'il avoit eue à la 
perfécution qu'ils avoient fouffertc 5 & cet 
Ecrit fut rendu public, 
^éponfc du Mais l'eATenticl pour la juftification cn- 
Ptovincial tiere des Jéfliitcs étoit de réfuter le Mé*- 
<lcs Jéfuites ^Q.j.^ j^ Dora Martin de Barua. CeGoif- 
au Mémoire • /• • / 1 r 

et D. Mar-'^^^r*^^^^ en avoit fait répandre Lauretemenc 
fia de Barua. plufîeurs copies, & il en étoit tombé une 
entre les mains du Père ■ Gabriel Novar , 
0^ efiBraïé des calomnies doac cet ouvr^ç 



t>u Par AGUAY. Ziv. JiTX. éf 

étoit rempli , & du tour que la malignité ^^*^ 

de l'Auteur y donnoit , U porta au Père " ^^ 
d'Aguikr fon Provincial , dont il étoit Se- 
crétaire , & qui fur-ie-champ prit la piamc 
pour le réfuter. Cela fut bientôt fait ; le 
Pcre d'Aguilar adrefla au Roi fa réponfc , 
& la remit entre les mains du Père Novat , > 
en lui recommandant de la communiquer 
à Dom Jean de Aguero, de le prier de la 
lire , & de vouloir bien lui marquer ce qu'il 
jugeroit à- propos d'y changer, d*y ajouter 
& d'en retrancher > pour la mettre en état 
d'être préfentée au Roi dans (on Confeil" 
Rofal des Indes. - ^ 

Lé CommiiTaire la garda quelques jours , ^^. ^ ^ 
au bout defquels le Père Novat retour- ^ju-^j^g ^^ 
na chez lui pour favoir ce qu'il en pen- Roi. 
foit. M Je l'ai lue , reprit Dom Jean , je 
w l'ai relue, & je la lis encore avec un 
v> nouveau plaifir : je n'y trouve rien à 
x> ajourer , encore moins à corriger. Il 
» faut l'imprimer telle qu'elle eft : les Mi(^ 
33 fions du Paraguay ont dans cette feule 
39 pièce une apologie complette & fans ré- 
» pliquc. Mais quand elle fera imprimée, 
» il faut avoir à Madrid un bon Avocat , 
« .qui en fafTe un Extrait exaél , & le pré - 
9» (ente au Confeil avec le Mémoire de 
93 Barua. Le Confeil voudra voir fans dou- 
3> te la pièce même , & il y verra clai- 
39 rement ce que c'eft que les Milfions du 
a» Paraguay ; en quel £tat elles fe trouvent 
M aujourd'hui , & les calomnies que TEn- 
99 fer a inventées pour les perdre. Mon 
» cher Père , j'avois déjà conçu une gran- 
«9 de idée du Pcre d'Aguilar datis les coq* ^ 



^f .H r s r o I K É 

'^ » férenccs que j*aî eues avec lui par orcfnr 

7>7 40. ^ ^^ j^QJ ^ j^^jg ^ç^l jj^.gj^ donne une bien' 

30 plus grande encore ; car outre qu'il mer 
M ici la vérité dans fa plus granae évi- 
^ dence , il y fait connoitre toute la can- 
M deur de fon cœur, une fainteté éminentc,- 
M & les plus grands, tafens. Je fuis charmé- 
as d'avoir connu un Homme d'un mérite 
' M fi univerfcl. 
Ce qu'en Le Confeil Roïal des Indes porta le mc- 
If? « ^* ^^° me jugement de la réponfe du Perc d'À-^ 
Iodes. guilar , que Dom Jean Valqucz de Aguc- 

K), & plufieurs de Tes Membres témoi- 
gnèrent un grand defir d*en connoîtrc TAu* 
teur. Quelque tcms après le bruit aïanc 
couru a Madrid que ce Pcre étoit nom- 
mé Procureur Général^ de fa' Province , &: 
qu'il ne tarderoit pas à arriver en £lpa* 
pagne , quantité de perfonnes de diftinc- 
tion en témoignèrent beaucoup de joie. 
Un autre fruit que produifit fon Mémoire^ 
c'eft qu'étant tombé entre les mains de 
Dom Cajetan Buoncompagni, Duc de Sota, 
Majordome du Roi des deux Siciles , il" 
le porta avec lui en Italie 5 & Taïant com- 
muniqué au célèbre Louis -Antoine Mu- 
ratori , ce favant en prit occafîon de com^ 
pofer l'ouvrage que nous avons de lui fous 
le titre El- Crîftianejïmo felice nelle MiJ^ 
fioni de Padri délia Comfagnia de Giefiâ 
nel Paraguay, 

On trouvera parmi hs preuves le Mé-* 
moire du Pcre d'Aguilar , tel qu'il a été 
knprimé en Efpagne , & je me contente- 
rai d'en donner ici un Extrait en aufïî peu» 
à% mets qu'il fera polfible- Le Proviawaè. 



commence par obferver que fî le Mémoire _ - ^J* 

de Dom Martin de Barua n'avoit été v& 

que par Sa Majeflé & par le Confeil des 

Indes 5 il fe feroit contenté de mettre Dom 

Jean Vafquez de Aguero en état de con- 

noître la fauffeté de tout ce qui y étoic 

avancé contre les Midîonnatres de fa Com« 

pagnie 5 mais qu'il paroît que l'Auteur avoir 

bien moins en vue de rendre compte au 

Roi de ce qui fc pafToit dans leurs MiC- 

(ions 9 que de fatisfaire fa haine contre la 

Société , & de foillevcr contre elle toutes 

les Provinces de cette partie de TAméri- 

que, puifqu'il Tavoit rendu publia: , ce qui 

le mettoit en droit de le regarder comme 

un Libelle diffamatoire. 

Il remarque enfuite que ce Gouverneur 
y parle toujours des treize Réductions an 
Parana , comme (î elles étoient encore de 
fa Jurifdidion , quoiqu'il ne pik ignorer 
gue des Tannée 1716 , elles y etoient 
ioudraites , & que depui» ce tems-là y 
c'étoit du Gouverneur de Rio de ki Plata y. 
qu'elles rcce voient les ordres. Il fait vois 
en même tems combien il fe trompe ea 
comptant quarante mille Indiens fournis 
au Tribut , & que tout fon raiforinement 
fur cet article pèche également dans les 

Î>remiires & dans les conféquenccs. Pour 
e prouver , au calcul d oii part Dom 
Martin de Barua , il en oppose un- autre ^ 
dont il ne craint point de (c rendre, garant.. 
En J 7 X ^ , dit-il , lorfque Dom Grégoire 
Baçan , Gouverneur du Paraguay , fit le 
dénombrement fur lequel fe fonde Dom 
Martin 4e Barua > les trente Réduâiopt 



<^ HISTOIRE 

*l737-40. ^^ Pârana & de TUniguay contenôicrtT 
vingt-{îx mille quatre cents quatre-vingt , 
tant Hommes que Femmes & Enfans. En 
1750 5 lor(que ce Gouverneur compofok 
fon Mémoire, on y comptoit vingt-neuf 
mille cinq cents Familles. & cent trente- 
trois mille (ept cents pérfonnes. Jamais le 
nombre des Familles n*a mronté à trente 
& un mille. Se pré(entement ( en 1737 ) il j 
efl réduit par la famiiie , les maladies, 8c 
les défertions à vinfft-trois mille 5 ce qui 
fe prouve par les Rôles des Curés , attelles 
& (ignés avec ferment. 

Le principe d'où partoit Hom Martin de 
Barua pour conclure que les Jéfuites étoienr 
redevables à la Caifle Roïale de douze 
cents mille écus , étant détruit par le dé- 
faut de (on calcul , la conféquence tomboit 
dtelle-mé«>e ; mais comme cet article de 
(on Mémoire touchoit fur un point déli- 
cat & qu'on ne pouvoit trop éclaircii y le 
Père d'Aguilar s'attacha particulièrement 
à le bien difcuter. Il fait voir que toutes 
les propodttons avancées par ce Gouver^ 
neur portent à faux , & le démontre avec 
tant d'évidence , que Philippe V & fon 
Confefl des Indes furent étonnés de voir 
tant d'ignorance dans un Homme qui 
avoit paflè la meilleure partie de fa vie au 
Paraguay , & tant de raauvaife foi dans un 
Officier de rang. 

Barua n'avoir pas craint d*avancer que le 
produit du travail dcs^Indicns fe'mettoit 
tout entier entre les mains des Miffionnai- 
res , lefquels , après avoir donné à leurs 
Néophytes ce qu'il leur falloic de toiia 



DU Paraguay. Lîv.XX, 67 

pour fe vêrir , difpofoieac du rcfte à leur f* 

profit. Le Provincial oppofa à cette odieu- ^7}/"4«i 

fe accuration ce que plufîeurs perfonnes 

beaucoup mieux indruites que lui , & qui: 

avoient vu de leurs yeux ce qui fe p^MÛ 

dans les Rëdudions , atteftoicnt ufllK 

mement : il cite entre-autres ce que Dom 

Pedro Faxardo , * Evêque de Buenos Ayrès , 

avoit écrit au Roi après' avoir fait la vi(î- 

te de toutes les Rédudions , afTunA qu'il 

n'avoir jamais vu en fa vie rien de mieux 

réglé , ni un défintéreflement égal à celui 

des Miflîonnaires , qui ne proficoient en 

aucutie forte de ce que leurs Indiens 

avoient y ni pour leur vivre ^ ni pour leur 

vêtir. 

L'Auteur du Mémoire » fuppofant que \^$, 
Indiens qui font en commande paient 
au Roi quatre écus de tribut par tête, 
dit que Sa Majefté pourroit fe contenter 
de deux de la part de ceux des Réduc-» 
tions y en confideration des {èrvices qu'ils 
rendent à l'Etat , fur-tout , ajoute -t-il , 
ceux qui font de la Jurifdiâon de Buenos 
Ayris, car ceux qui dépendent de TAfTomp- 
ûon , n'en ont rendu aucun depuis plufîeurs 
années. C'eil: qu'apparemment , reprend le 
Perc d'Aguilar y Dom Martin de Barua^ 
ne croïoit pas que le Roi dût tenir compte 
à ceux-ci , d'avoir gardé fi long-tems la ' 
Frontière de cette Province , contre un 
Parti qu'il favoriroit,& d'avoir mis, par 
leur feule préfence fur cette Frontière , 
Dom Bruno Maurice de Zavala en état de 
réduire la Province de Paraguay fous To- 
béiiTance du Souverain ; mais le Roi n'U- 



^8 ri i s t o t R « 

J7?7-40 S"^^°^^ point ce qu'il leur en avoir coûté 
pour cela. Ce Prince étoir encore inftrait 
qu'ils avoicnt garanti la Capitale de cette 
Province des malheurs , dont elle étoit mc- 
xMfe de la pan des Guaycurus. 
^I^lilleurs , s*il étoit vrai que depuis 
rîmpofîtion du tribut il eut été h mal païé , 
que les Réductions lui fuflent redevables 
de douze cents mille écus , il faudroit que 
dfcpuis^hsmnée i6 8i , elles neulfent rien 
donné , ou qu^ellcs euflent toujours eu 
beaucoup plus d'Habitans fourtiis au tri- 
' but , que Dom Martin de Barua n*cn comp- 
toit lui-même; car il devoir favoir étant 
fiir les lieux 5 que depuis le récenfcment 
fait en 1677 , fuivant lequel la fommé 
totale du tribut montoit à dix mille cinq^ 
cents écus , il fut ordonné par une Ce- 
dule RoYale du 17 de Juillet 1^84, que 
dans la fuite il ne feroit levé , que fur le 
pied de ce récenfemetit , jufqu à ce qu'on 
en eût fait un autre , & qu'il n'en avoit 
été fait aucun jusqu'au tems .011 il compo* 
foit (on Mémoire. 

Il y avoit plus , remarque le Provincial ^ 
car Dom Jearï Gregorio Baçan en aïant 
fait un en 17^5 des treize Rédudiionsr 
du Parana , le Roi par une Cédule du 14 
Août 171 8, ordonna de continuer à lever 
le tribut fur le pied du récenfcment de 
i<>77 , & ce fut Dom Diegue Ibaiisx xle 
Faria , qui fut chargé de le lever. Dom? 
Martin de Barua , ajoûte-t-îl , favoit bien 
qu*en vertu des ordres de Philippe V & de 
tous les Rois fes Prédeccffeurs , les pen^ 
69QS des Mif&onaaiies fe païoienc fur c« 



9V PAllAGUAy. Lh. XX. €$ 
tribut ; cependant pour donner de la vrai- . 
fcmblance à ce qu'il avançoit de l'infidé- 
litc des J^fuites lut ce point , il ofe bien 
dire à Sa Majcfté que les Officiers Roïaux 
qui étoient cnargés de le recouvrer , s*en- 
tendoient avec ces Religieux , & ne fai- 
foient pas ïeur devoir , ce qui , ajoûtoit-il^ 
ne rétonnoit point : » car ces Pères , di- 
» foit-il , font fonncr fi haut leur grand 
^ pouvoir , que moi-même je n*ai jamais 
M ofé m'oppofer à leurs Entreprifes , à 
»3 caufe des intelligences x^u'ils entretien- 
»> nent avec votre Viceroi du Pérou, à 
M qui ils font entendre d'autant plus aifé- 
9> ment ce qu'ils veulent , qu*H eft plus dif- 
a» fîcile dans un Ç\ grand éîoignement , de 
vt faire percer la vérité jufqu'à lui. Ils ont 
M auffi trouvé le fecret de faire entrer vor 
» tre Evéque du Paraguay dans tous leurs 
» fentimens ; & j*ai- déjà pris la liberté 
M d*avertir Votre Ma}cfté , de ce qu'il y 
93 auroit à craindre d'un tel concert ». Il 
cft aflci étonnant que Barua ait ofé s'ex- 
primer ainfi en parlant à Philippe V d'ua 
yiccroi tel que le Maçquis de Caftel Fuer-* 
té , & d'un Prélat au(fi refpeftable ,. quo 
Dom Jofcph Palos, furtout dans les cir- 
conftances ou il fe trouvoit : rien n'étant 
plus capable de confirmer les foupçons de 
ion Souverain fur fes intelligences avec la 
Commune da Paraguay. 
: Sur quoi \t Père d'Aguilar infifta davan- 
tage en répondant à cet article du Mémoire, 
c'eft que fon Auteur avoir bien mauvaife 
grâce de relever fi fort le crédit des Jéfui- 
tçs ^ ôf dç leur rç^rocbçr Tabus qu'ils iii 



7* HlSTOtRÏ 

*■ faifoicnt félon lui , dans un tems oiî chaf* 

*737"4®« fcs avec ignominie de leur Collège de l'Af- 
fomption , le Viceroi fut contraint de lui 
faire les plus grandes menaces pour Tobliger 
à les y rétablir , & pii perfonne dans la 
Province n'ofoit fe déclarer pour eux , dans 
. la crainte d'encourir Ton indignation. Le 
Roi de fon côté ne dut pas ptre peu furpris 
que ces Pères, qui n'ignoroient point les 
fcntimens de ce Gouverneur à leur égard , 
n*euflcnt pas écrit une feule Lettre contre 
lui en £{pagne , d*ou il étoit arrivé que 
leurs Procureurs à Madrid furent aflez long- 
tems fans pouvoir répondre à fon Mémoire. 
Mais la malignité de Dom Manin de 
Barua paroifToit encore plus dans Vanicle 
de fon Mémoire , ou il répondoit à Sa Ma- 
jefté , qui lui avoit demandé ce qu'il pen-r 
loit du projet propofé par Dom Banhelemi 
de Aldunaté. Ce projet , comme nous l'a- 
vons dit , confiftoit principalement à éta- 
blir des Corrégidors Efpagnols dans les Ré- 
pudions du Parana & de l'Uruguay ,*& 
Aldunaté n*en étoit pas le premier Auteur ; 
car nous** avons vu que dès l'année ii^sj , 
ic Doïen de la Cathédrale de TAdomptioa 
avoit fortement reprc fente au Comte de 
Penaranda , Préfident du Confeil Roïal des 
Indes , les fuites facheufès que ne pouvoic 
pas manquer d'avoir une pareille nouveauté 
dans l'Amérique, oii le bruit couroitque 
i'Edit minuté fur les accufations des Agents 
4e D. Bernardin de Cardenas ne tardcroic 
pas à être publié au Paraguay. 

Dom Martin de Barua , en répondant à 
fce ^nidc de la Lettre du Roi> reprélen^ 



ntT Paracuay. Liv. XX. yt 
toit à Sa Ma)cftc que rEtabliflement des "^ 

Corïcgidors Efpagnols dans les Rédudions ^ 7 î 7'i^» 

fouvernécs par les Jcfuites , pouvoit avoir 
e grands inconvénicns y mais fans faire 
aucune attention à ceux que le Doïen da 
Chapitre de TAffomption avoit cxpofés dans 
fa Lettre au Comte de Penaranda , il difoic 
que la grande expérience qu'il avoit ac- 
quife , furtout depuis cinq ans qu'il gou-^ 
vcrnoit la Province de Paraguay , lui avoic 
appris que les Indiens gouvernés par les 
Jéfuitçs ne dépendent que de ces Pères 5 au- 
torité, ajoûtoit-il 5 qu'ils avoient uCurpce , 
& qu'ils ne partageoient pas même gvec le 
Souverain : <1 oii il concluoit qu'il feroit 
dangereux d'entreprendre de faire le moin- 
xlre changement dans la manière de gouver-» 
ner ces Peuples , & que les Officiers Ef-r 
pagnols qu'on introduiroit dans leiurs Bour- 
gades , n'y feroient pas en fureté de leur 
vie. Et qui voudroit, ajoûta-t-il, fe char- 

?:er d'une femblable Commiffion , connoif- 
ant les maximes de la Société ? 

La réponfe du Père d* Aguilar , à une. ac-^ 
cuXation fi atroce , fut que véritablement 
ces Indiens fe font abandonnés à la con- 
duite des Pères de la Compagnie , qui avec 
des travaux immen(és , & fouvcnt au prix 
^c leur fang, étoient allés les chercher 
dans leurs Forêts & dans leurs Montagnes , 
.où jamais Jes Efpagnols n'avoient pu péné- 
trer 5 qui avec la grâce de Dieu étoient 
venus à bout de former de ces Anthropo* 
phages de fervens & de zélés Chrétiens , & 
des plus indomptables Ennemis^, qu'euflent 
/es Sujets naturels de Sa Majefté, d'en faiiç^ 



71 Histoire 

^ ' les plus fidclcs Vaffaux , qu'elle ait dans le 

X7| 7-40. Nouveau Monde, toujours prêts à exécu- 
ter Tes ordres & ceux de fes Gouverneurs ï 
leurs dépens, & à facrifier leur vie pour 
fon fervice. Il remarque enfuite que Dom 
Martin de Barua , & ceux qui penfcnt com- 
tne lui , n'ont jamais trouvé à redire que 
ces Néophytes témoignent une reconHoif- 
fancc , une confiance & un attachement Guts 
bornes à leurs Pères en Jefus-Chrift, que 
parceque ces Religieux ,, non contents de 
leur avoir donné la connoiflancc du vrai 
Dieu , & procuré tous les avantages , donc 
ils jouiflent fous la protedion des Rois Car 
thoHques , fe font attiré les plus violentes 
perfécutions , par leur xele & par leur fcr- 
. meté à les maintenir dans la pofTeffion de 
leur liberté. 

Il ne difconvient point qu'il cft plus que 
vraifemblablc qifils regarddroient comme 
une atteinte à cette liberté , dont ils font 
infiniment jaloux , qu'on leur donnât des 
Corrégidprs Efpagnols , parcequ'ils font 
perfuadés qu'ils (croient bientôt les plus 
malheureux des Hommes , s'ils étoi.ent vuiê 
fois fournis à de pareils Commandants qut 
le feul intérêt engageroit à accepter ces 
charges. En effet » ajoute le Provincial ^ 
il n'cft pas éouteux , à en juger par ce qp? 
fe pratique ailleurs , que ces Corrégiddijf 
n'aïant perfonne , qui eût droit de veillct 
for leur conduite , feroient bientôt de It 
(implicite & de la fidélité de ces Indiens 
l'abus qu'on prétend, fans aucune preuve , 
qu'en iont les Miflionnaires ; & il fuffit 2 
four ea être ccavaincu ^ de voir la maaieté 

don( 



'»u Paraguay. Liv. XX. 7 \ 
dont, malgré les ordres réitérés des Rois ' * 

jCatholiqaes , on traite fous les yeux mêmes ' * ^ 7-'4<î' 
des Gouverneurs & des £véqaes ceux qui 
Tont en commande. 

Enfin il avoue que les Rédudions font 
fituées de manière a rendre la révolte des " 
Néop4iytcs , fi on les y pouflbit , facile 8r 
irrémédiable^ mais il fait voir qu'on en 




joindre aux Ennemis des Efpagnols , qu'il 
n'y çn a aucune , qui n'en foit afiez proche 
pour y trouver un afyle , ou ils fexoicnc 
très bien reçus , ce qui n'arrive que trop 
fouvent. Mais ce feroit bien pis encore ^ 
continue-t-il , fi ceux qui font {ôus la direc- 
tion des Jéfuites , étant commandés par des 
Corrégidors, & fe voïant en danger de 
perdre leur liberté , ne fe contentoient pas 
de (e difperfer , ou de retourner dans leurs 
anciennes demeures , & s'avifoient de por- 
ter le ravage dans les Habitations Efpagno- 
les, pour le venger de ce qu'on leur auroit 
manqué de parole , & reconnu fi mal leurs 
Tervices. 

Il remarque encore que dans les Villes 
mêmes on ne feroit pas en (ureté contre 
eux 9 fi on les pouâbit a bout , puifqu'il en 
eft fort peu dans ces Provinces , qui n*aienc 
bien de la peine à fe défendre contre une 
poignée d'Infidèles bien moins aguéris qui 
en ont déjà ruiné plus d'une y & que dans 
les Capitales même , on eft tous les Jours 
obligé de fouffiir les plus grandes info^en- 
i:es de ces Barbares ^ qu'on n'eft point ea 

Tomt ri. D 



74 Histoire 

" ■ état de réprimer par la force. En cffer^ 

*737-40' ajoûte-t-il, que pourroit-on opporei à vingt 
mille Indiens , qui fe font meUrés a^ec les 
meilleures Trouppes Efpagnolcs & Porta- 
gaifes, devant qui les Mameks n'ofent 
plus fe montrer , qui ont chaiTé deux fois 
les Portugais de la Colonie du Saint Sacre- 
ment, & qui depuis tant d'années tiennent 
en rcfped toutes les Nations Infidèles y dont 
ils font environnés ? 

Il réfute avec la même force ce que plu- 
fleurs Efpagnols ne ceffoient de répéter, 
qu^ leurs Ancêtres avoient fubjugué les 
Guaranis & les autres Indiens dont les 
KédudUons étoient peuplées, à quoi il ajoute 
qu'on. îe pouvoit du moins difconvenir qae 
ces Nations ne fuffent nées libres , ic qae 
les Efpafi^nols ne fongeoint pas même à les 
mettre fous le joug, lorsque les Jéfiiites 
les engagèrent à fe réunir fous leur con- 
duite , & à reconnoître les Rois d'Efpagn^ 
pour. leurs Souverains, fous les promeilcs 
les plus formelles qu'on ne toucheroit point 
à leur libené , & qu'ils ne ftroicnt point 
Efclaves des Efpagnols. Il finit cet /article 
en protcftànt au Roi que (î , après tout ce 
qVil a pris la liberté de lui reprefcntcr , Sa 
Majefte ju{!;coit à propos d'établir des Cof* 
• régidors Efpagnols dans les RéduftioBS^ 

non (culement les Jéfîiîtes ne s'y oppoft* 
roient pAS , mais qu'ils emploieroient toot 
ce qu'ils ont de crédit fur Tcfprit de knts 
Néophytes , pour les ens!;ager à recevoir ce| 
Officiers, quelque perfuadés quils foienl 
qu'à la première propo(îtion qu'ils en fo» 
ipnt; 'ils fe trouveront bientôt fkns Çjixév 



r>v Paraguay. Liv. XX. jf 
tiens , & feront peut - être les premières ^ 

vidimes que ces Indiens immoleront à leur '757-4 
leiïentimenc. 

Il fupplie enfttite Sa M^eilé de confide- 
icr qu'en plaçant cette République Chré- 
tienne dans des lieux fi éloignés des Villes 
& des Habitations Efpagnoles , non-feule- 
ment les Jéfuites n'ont rien fait que de 
concert avec les Gouverneurs de ces Pro- 
yinces , & avec l'agrément des Rois fes Pré- 
^ceifeurs > qui ont eu en vue d'en faire une 
barrière contre les entreprifcs des Portugais 
du Brefil & des Indiens de cette Frontière ^ 
outre plufieurs autres raifons dont on a 
encore mieux connu llmportance par l'évé- 
nement \ mais que le de/fein de ces Pères 
étotc fi peu d'être plus en liberté de difpofjci 
à lear gré des biens de leurs Néophytes ^ 6C 
Ae, pronter du commerce qu ils font , com- 
me le prétend Dom Martin de Baraa, ^^ 
eft de notoriété publique que de la mamere 
dont s'efl: toujours fait ce commerce , ce 
font les Efpagnols qui en retirent le plos 
grand avantage. 

Pour le proiiver , il entre dans un détail » 
«uqael je ae m'arrêterai point ici , pasce- 
qu*il roule Cir ce que j'ai (viffifamment'^x- 
pliqué en parlant de la façon dom les 
Miffionoaixes s'y prennent pour être en état * 

ic pourvoir à la £ubfiAance Se à l'encretlea 
de leurs Néophytes , à la décoration de 
leurs Ëglifes , a la célébrité du culte Divin, 
Sl aux dépenfes qu'ils font obligés de faire 
quand on les^appelle pour le fervice du RoL 
Il rend furtoot bien fenfible ce qui avoic 
iléia été xeptéfcoté plufieurs fois., que s'il 

D ij 



7^ H I s T o r n E 

1717-40 ^ ^vbit entr*eux & les Efpagnols une com- 
'^' ^ " munication plus libre, le libertinage prcn- 
droit bientôt , dans une Chrétienté h édi-. 
fiante & qui Fait tant d'honneur à la Reli- 
gion , la place de l'innocence , de la piété , 
& d'une ferveur qu'on n a guère v&es que 
dans les premiers (iecles de TEglife : outre 
que leur facilité à fe laifTcr tromper les ré- 
duiroit bientôt à la plus extrême mifere , 
qui les mettroit hors d*état de continuer à 
f^rvir gratuitement leur Souverain , & 
à donner au culte qu'ils rendent au Sei- 
gneur , cette fpiendeur & cet éclat p qu'on 
ne fe lafTe point d'admirer. 

Mais fur cela Philippe V n'avoit pas 
befoin de nouvelles preuves , après ce que 
lui avoient mandé tant de fois les Evéqués , 
les Gouverneurs , & quantité d'aunes Per- 
Tonnes , dont le témoignage ne pôuveic pas 
Itre fufpeék, & ce^u-il avoit appris de l'état 
déplorable , oii fe trouvoient les quatre 
Bourgades Indiennes établies dans le voifi- 
nage de Buenos Ayrès , quoique toutes peu- 
plées de Chrétiens. Ce Prince n'ignotoit pas 
pbn-plus, Si rien n'étoir mieux connu des 
Ëvéque^ de ces Provinces , combien il eft 
impoifible de travailler eiHcacemenç à la 
cdnverfion des Infidèles de ce Pais', qui 
vivent parmi les Efpagnols , ou qui font 
à.portéç de voir tout ce qui fe paflè chez 
eux. 
Nouvelles. Il paroît que Dom Jean Va&uez de 
jp^uef'au' P ^g^^^^> ^^^^^ ^^^ d'avoir vu l'Ecrit dtt ' 
Kodcrp!" * ^^^^ d'Aguilar , avoit déjà commencé de 
rendre compte au Roi fon Maître , de Tét^t 
où il ayoit trouvé l^s afiaires du Paragciar 



tj xj P A RA G u AYi Liv, XX. yf 
lur"plufiears articles de fes inArudions^ — — — 
pui(qu'après qu*oa eut reçu fes informations, ' 7 ) 7"4*- 
on m encore plufieurs objections au Perc 
Rodero, Procureur Généi-al des Indes à 
Madrid, fur Texaditude à paierie tribut, 
& fur ce que les Midîonn aires fie permet- 
toienc pas à leurs Néophytes de commu- 
niquer librement avec les Efpagnols , de 
d'apprendre à parler leur Langue ; deux 
points, fur lefquels le Provincial s'étoit 
affez expliqué dans fon Mémoire. 

peux des principaux Membres dû Confcil 
Roïal des Indes av oient été chargés d*cn 
. conférer avec ce Procureur \ & ce Père com- 
mença par leur faire obfervcr qu*il y auroit 
de Tinjudice à exiger des Rédu<ftions le 
même Tribut qu'on exigcoit de ceux qui 
avoiènt été foumis par la force des armes;; ' 
premièrement , parceque leur foumifllon 
avoir été volontaire : en fécond lieu ^ par- 
ceque les fervicies qu'ils rendent à l'Etat , 
fans aucun falaire , & à grand frais , font 
beaucoup plus que l'équivalent de ce que 
paient les autres Indiens \ fur quoi par un 
calcul , auquel il n y avoit rien à oppofer', 
il leur fit toucher au doigt qu'en païant 
le même tribut & les mêmes contributions 
qu'on exige de tous ceux qui fout les plus 
chargés , & recevant la même paie que 
touchent les Indiens des Bourgades voifines 
de Buenos Ayrcs , foit pour la guère , foit 
pour les travaux publics , ils auroient beau- 
coup de rcftc , & qu*^on ne leur feroit même 
aucune grâce en les déchargeant du tribut 
& de toute taxe , puifqu'en tems de paix , 
comme en tems de guerre ^ ils demeureuc 

D il) 



78 H I 8 T O I H ï 

' toujours armés , & font obliges ic ft 

*737-40. fournir d'armes & de munitions à Icatf 
dépens. 

Quant à la liberté de communiquer avec 
les Espagnols qu'on voudroit établir dans 
les Redudions , outre que le Père d* Aguilar 
y avoir très bien répondu dans Ces Mémoi- 
res , le Procureur Général fit encore obfcr- 
ver aux deux Miniftres qui hii en parîoîent, 
qu'on n'étoit nullement fondé à l'exiger ^ 
par la crainte que la conduite des Miffion- 
naires fur ce point ne tendît à rendre ces 
Néophytes indépendants du GouvememetiQ 
6c fur ce qu'on lui objcé^a que Tufage , on 
ils perfiftoient de ne parler que Idir Langue 
naturelle écoit contraire aux Ordonnances, 
il répondit qu'il y avoit dans chaque Boor- 

fade une Ecole, od l'on en&ignoic aux 
nfansà lire & à écrire enEfpagnol, ce 
qu'ils faifoient fort bien j que les Ordon- 
nances n'exigeoient rien de plus ; que ce» 
Indiens avoient une extrême répugnance i 
parler une autre Langue que la Icar qu'un 
très grand nombre d Efpagnols entendoîent 
fuffifamment ^ qu'on avoit de très bonnes 
zaifons pour ne les pas contraindre (ur ce 
point , & que fi Sa Majefté ne les approti- 
voit pas , quand on les lui auroît kit coih 
noître > on fe conformeroit à 6s yolôntés* 
autant qu'il feroit poffible fans ncn xi(- 
quer. 

Il ajo&ta que la plupart des Efpagnols ^ 
qui avoient d'abord trouvé le moïen de 
s'infinuer dans les Réduôions , n'en étoienc 

i)refque jamais fortis fans avoir fcandalifé 
es Néophytes ^ débauché ou enlevé leoit 



hi3 Paraguay, th. XX. if 
femmes , & emporté tout ce qu*ils y avoienr ' ' ^ - 
trouvé à leur bienfcance ; qu*il fuffifoit ^7} 7-4 ^ 
{K)ur tenir ces nouveaux Chréciens dans la 
plus grande dépendance , que les Evéques ^ 
les Gouverneurs & le^ CommiiTaires envoies 

5ar Sâl Majeilé , fifTent , quand ils le vou« 
roi^t , la vifite des Rédudions , ou y cn- 
voïafTent des perfonnes fures pour y intiœct 
leurs ordres 5 qu'on n'avoit point encore eu 
le moindre fujet de Te plaindre qu'ils n'y 
euflênt pas été reçus comme il convenoit 
qu'ils le fuffent , & qu'on n eut pas obéi 
avec la plus grande promptitude a leurs 
ordonnances. 

On fit encore quelque tems après les objeâioin 
mêmes difficultés touchant Turage de la Maires au Pere 
Langue Efpagnole dans les Réductions au ^'^*^ » ^ ^•^ 
Pcrc Jean Jofeph Rico • qui avoit ^té Dé- '^P^*»^^»* 
puté en Efpagne en qualité de Procureur 
Général ^e la Province de Paraguay 5 & à 
tout ce qui avoit déjà été répondu , il ajouta 

2u'il étoit d'autant plus étonné qu'on infidâc 
fort fur ce point, que dans toutes les 
Bourgades Indiennes , qui avoient pour PaC- 
teuts des Ecclédaftiques ou des Religieux de 
S* François , on ne parloit point Efpagnol ; 
' que cous les Indiens en général font extrê- 
mement jaloux de conferver Tufage de leur 
Langue naturelle ; qu'il n'a pas tenu aux 
Jé(uites que ceux dont ils ont la direction , 
^ent fiir cela ce qu'on fouhaitoic d'eux , 
mais qu'ils n'avoient pas cru devoir en>« 

I^loïer la voie d'autorité & de rigueur pour 
es y obliger , d'autant plus que les Ordon- 
nances ne prefcrivoient rien de plus que 
çt qui fe pratique dans toutes leurs Rédoc^ 

D iiij 



lO HïSTOXHB 

i" 7-40 V^^^» ^ favoir, <l*apprcn<lrc aux Enfant 
Ai7-4 • ^ ^j.g g^ ^ écrire en Elpagnol & en Latin , 
ce <JU*ils font (i bien , qu'on a bien: de la 
peine à croire qu'ils ne favent point par- 
faitement ces deux Langues (i). 

On appuïoit encore be^^ucoup ftO: ce qui 
avoit été mandé au Confeii Roïal des In- 
des , que dans les Rédudions on fabriquoic 
de la poudre , ce qui étoit expreflcment dé- 
fendu par les Loix , & fujet à de grands 
inconvénients. Le Rere Rico , qui connoiC- 
foit mieux que perfonne les Réductions y 
qu'il avoit toutes parcourues plus d'une fois 
& vifitées avec beaucoup de Coin , répondit 
que cette accufation n*avoit pas même de 
vraifemblance , perfonne ne pouvant igno* 
rer au Paraguay que dans tout le Pais qu*oc- 
cupoient ces Indiens , il n'y a point aifc* 
de falpctre pour une feule Fabrique de Pou- 
dre , & qu'on ne pourra jamais prouver ^ 
ni que ces Néophytes en aient jamais vendu , 
une feule livre , ni qu'ils aient pu confom- 
mer chez eux la quantité qu'on prétendoit 
qu'ils en faifoient. On fait même, ajouta-' 
t-il , qu'ils ont toujours fait acheter par le 
Procureur des Miffions , réfident à Buenos 
Ayrès , tout ce qu'il leur en falloir quand 
ils étoient mandes pour le fervice du Roi. 

Il ne difconvint pourtant pas que dans 
quelques Bourgades les Indiens ne fiflent 
environ vingt livres de Poudre chaque an- . 
née , mais il ajouta que cette poudre cft fi 
foible , qu'elle ne peut fervir que potir faire 

(i( On a en Efpagne de ces Indiens , qui fc- 
nn fore grand Manufcric roic honneur au plus hâr 
£fpagnol de la main «.i'un bile copifle» 



6û Par A6UAY. Z/V* JfX 8i 
quelques fufécs volantes , qu'on tire dans 7 

les ré jouifTan ces publiques ; qac ce font '7}7-4*^ 
les Efpagnols , qui leur ont appris à les faire $ 
que les Gouverneurs n'y ont jamais^crouvi 
à redire , & qu'au premier avis qu*on leur 
eût donné que cela ne convenoit pas , ils 
auroienc défendu qu'on continuât d'en faire) 
que leur circonfpcdion fur l'article de la 
Poudre a toujours été fi grande, qu'au 
commencement de ce (îeck , des François 
s'écant offerts d'apprendre à leurs Indiens 
une manière de'^faire beaucoup de falpétre , 
pour n'être plus obligés d'acheter de la 
poudre , quand ils font appelles pour quel- 
que Expédition militaire , ils s'y oppofe-^ 
lent , tant pour ne pas introduire des £tran« 
eers dans les Réduâ;ions , ce qui efi eipref* 
iément défendu , qu'à cau(è des iûconvé* 
nients qui pourroient arriver, (î leurs 
Indiens avoient de la poudre à difcrétion , 
inconvénients qu'ils etoienc plus iméref- 
fés que perfonne à prévenir. 

Enfin le Père Rico eut encore à effuier un 
xeprocte , auquel H ne devoir apurement 
pas s'attendre 5 c'cft que depuis long-tems 
les Jé(uites du Paraguay , Ce contentant de 
contérvet leurs trente Rédudions , avoienc 
ceffé leurs travaux ApoftoHques parmi les 
Infideles^^ U que les huit dernières Réduc- 
tions n'étoient que des Effains, qu'ils avoienc 
tirés des vingt-deux premières. Auili jamais 
accutationn^mbarafla moins celui qui étoic 
chargé d'y répondre. Il commenta par con- 
venir que ,des vingt-deux premières Réduc- 
tions du Parana & de l'Uruguay on c» 
avok formé trente 3 mais il fit remaxqner^ 



îi Histoire 

•^ 2 i**. Que les Paftcurs des huit nouvelIeT 

^^' ■* * Bourgades ne recevoicnt rien du Roi pour 
leur iubfiftancc ni pour leur entretien , & 
vivoi^t fur les pendons alignées à ceux 
des vingt-deux première^, i*. Que ce qui 
avoir obligé de tirer de celles-ci un cer- 
tain nombre de Familles , c'eft qu'elles 
étoient trop peuplées , & qu*un feul Prêtre 
n*y pouvoir pas Tuffire^ 5°. Que Ton n'a- 
voir jamais cefTë de faire des courfes dans 
les Pais Infidèles , & d'en ramener des 
Profélytes dans les Réduébions; que lui- 
même avoir vii eix 175 t le Père Pons con- 
duire dans une Rédudion du Parana cent 
fôixante Guayanas , qu'il étoit allé chcr- 
/cher bien loin dans les Forêts , & que les 
huitinouvelles Rédudions n'avoient mentor 
été audî peuplées que les anciennes, que par 
de pareilles recrues. 4°. Qu'on a-toit d'au- 
tant plus mauvaife grâce de reprocher aux 
Mifîîonnaires du Paraguay d'avoir ^ laàSé 
ralentir leur zcle pour le élut des Idola-^ 
très , que le fang de deux de leurs Frères y. 
maffacrés pour la Religion, fumoit en- 
core , & qu'il fe formoit tous les jours de 
nouvelles Eglifcs parmi les Cbiquites.^ 
dans la Province de Tucuman & dans celle 
de Paraguay. Nous verrons bientôt encore 
mieux , que pour attaquer les Miffionnaires 
(îir ce point , il falloit être bien détermmf 
à leur chercher querelle. 

Fin du vingtUme Livrc^ 



HISTOIRE 

D U 

PARAGUAY, 

LIVRE FINGT-UNIEME. 

* 1 • ■• 

SOMMAIRE. 

JLuE Roi Catholique ordonne qu'on drejji' 
un Décret en forme de Règlement, Extrait 
.d'une Lettre écrite à ce Prince par VE^ 
vê^ue de Buenos Ayres. Etat ou fe trou^ 
vou alors la Ville de Santafé. Ce quepenfe' 
V Evêque au fujet des Dîmes qu'on vouloir 
exiger des nouveaux Chrétiens, Des Ré* 
duBions des Pères de Saint François, Pourr 
quoi le Décret ne parle point des RéduBions' 
dts Chiquites, Des Portugais arrivent aux 
Chiquites. Leur route pour aller du Brefif 
au Pérou, Etabliffemens qu'ils ont faits' 
fur cette route. Conduite des Je fuites. ^ 
cette occafion. Calomnies contre eux à ce 
fujet. Le Gouverruur de Santa-Cru^ de 
ta Sierra les réfute. Commiffaire du Roi 
aux Chiquites, Lettre du Marquis del 
Valle Umhrofo à ce Commiffaire, Les- 
Chiquites font mis au nombre des Vaffaux 
immédiats de la Couronne d*Efpagne, Lesr' 
Tobasforu battus par les Zamucos. Trotta 
kUf arrivés à Saini-Ignace ; remède qmom 



l4 SOMMAIRE. 

y apporte, MiJJîons fr Reiraïus dans le 
'tucumdn, La Ville de Cortientès réduite i 
de grandes extrémités par les Abip^nes. On 
négocie avec ces Barbares , & avec quel 
fuccès. Les Mocovis de la Province dt 
Rio de la Plat a paroijfent difpofés a fc 
rendre Chrétiens, On les réunit dans une 
Jiéduâlion, Elle eft transférée. Le Pcrc 
Caftahare^ aux Matag^tayos^. Son MoT' 
tyre , & cttuî dun Genilfnomme Efpaànol. 
Expédition dans le Ckaco, Le Père Pons 
aux Mataguayos. Belle action £un Offi^ 
cier Efpagnol Les environs de Cordoue €» 
proie aux Abipones, Famine dans les Rir 
duEHons. Frovidtnce de Dieu fur les In^ 
diens. 'RéduBion des Tobatines. Réduétion 
des Gueno-as. Guérifon miraculeuft, QueU 
ques Nations du Chaco dijpofées à rece^ 
voir V Evangile, Projet des féfuites pour 
l'établir dans les Terres Magellaniques. Ctf- 
raflere des Peuples de ce P'air. Leurs Lém^ 
gués, leurs vices , leurs idées fur la ReU^ 
gion ; leurs Mariages , & V Education 
qu*^ils donnent à leurs Enfants, Les Pampas 
& les Montagnards demandent des MiJ^- 
fionnatres, Réduffion de la Conception^ 
Maveurs du Ciel fur les Profélytes, Grand 
concours des Infidehee à la Conception , & 
ce qui en arrive. Ferveur des Néophytes^ 
Ils font réduits par la famine à de grandes 
extrémités, Hojtilités entre les Espagnols 
& les Montagnards. Ceux-ci ruinent h 
Bourg de la Magdeteine, Les mêmes- mort" 
quent la Conception, Les Efpagnoli fa 
préviennent contre les Habitans de cette 
RéduSion^ ^contre les Miffionnaires. Ltt 



HisT. pv (a&açvat. Lh. XXL tf 

'Gouverneur travaille à faire la pai» avec 
les Montagnards y (fyriujj^t. 



X-|Ê Mémoire du Pcre (fAguikr, ccki 1^43, 
4u Pcrc Rico , qui fut aufli imprimé , les In- t^ » • r 
formations de Dom Jean Vafquczdc Aguo- tholique' o«^ 
xo ,. qui fe trouvèrent conformes à plu- donne «iu'mi 
£eurs Lettres de Dom Bruno- Maurice de<lrc<ïc un De* 
Zavala & du feu Evéque de Buenos Ay-"«^^^^ 
rcs Dom Pcdre Faxardo , & k nouvcil«^^j^^*^ 
encore récente du Martyre du Père de Li- 
lardi, achevèrent de diffiper les préven- 
tions, qui avoient donné lieu à tant do 
recherches ; & k rapport de toutes ces 
pièces a'iant été £iit dans le Confeil Roïal 
des Indes en préfencedu Roi, on commença 
par ordre de ce Prince à dreiTer un Décret 
en forme de Règlement , qui fut figné 
par Sa Majefté , lé 18 de Décembre de la 
même année. Tandis qu'on y travailloit j 
k Roi rcf ut ime Lettre de Dom Jofeph de 
Peralta y de TOrdre de Saint Dominique , 
& qui venoit de fuccéder à Dom Pedre 
Faxardo dans VEvéché de Buenos Ayrès. 
Sa Majefté ordonna qu'elle fat imprimée 
avec (on Décret. Comme elle contient 
plufieurs détails fur l'état , oh fe trouvoiem 
alors la Province de Rio de là Plata , & 
ks trente Réduâions , dont ce Prélat ve*- 
noit de faire la vtfîte par une Commiffîon 
Spéciale dé Sa Majefté, j'ai cru qu'il étoit 
néceflaiie d'en donner ici un aâcz long vif 
trait. 

Après a,voir rendu compte \ ce Prince 
de&diligeoccs 91'il ayoic taices foot obéifi 



aux ordres prcflants qu'il en avoir reçus ^ 

. '* ^ rendre le plutôt qu'il feroit podîble dans^ 

tctffc dfrE* fôn Diocèfe , parcequ on craignoit une def- 

vêque de Bue- ^cnte des Anglois dans un des Ports de Rîc^ 

nos Ayrts au dé la Piata , il continue ain(î. » Si-tôc 

Roi Catholi- 9» oue j'y fus entré , je commençai la vi-* 

ÎH^' » ute des Paroiffes qui Ce trouvoienc fur 

99 ma route ^ & après que )'àis pris poC* 

M fefiion de ma Cathédrale , je continuai' 

M à vifiter les Eglifes Se les Chapelles de 

9» la Banlieue , & je donnai la Con&ma* 

M tion à près de dix milfe perjfbnnes de: 

« tout âge & de tout fexe. Cette vifitc 

io achevée , pour accomplir tout ce qui* 

•» étoit de mon obligation , je fis celle de 

M Santafé, de Corrientès, & des Dcârif 

*» nés , qui (ont fort éloignées dans lef 

M Terres fous la conduite des Pères de Iz 

» Compagnie de Je(us. 

» La Ville de Samafé , qui efl; éloignée 
» de cent lieues de Buenos Ayrès , a été 
•» la plus floriffante de ce Diocèfè, 8c 
9> celle de tout le Paraguay où il y avoit 
» plus de Nobleffc. Elle eft bien bâtie r 
M fà fituation , entre deux belles Rivieret 
w qui arrofent de fertiles campagnes, eft 
^ des plus avantageufcs -, mais depuis phie 
n d'une année elle a perdu une partie de" 
*ï (on enceinte & un grand nombre de (et 
99 Habitans , par les incurfîons conti- 
• M nuellès des Guaycurus Se des Charoas^ 
w que Ton n'y connoifToit point avant- 
as l'année 171^. ïis ont commencé fcu-à- 
93 peu à faire des courfes dans les campa« 
» gnes , où ils enlcvoient les Troupeaux, 
1^ lU fermere» ct£AUc ua Coif s d& Csi^f 



BIT Para«ttay. Lh. XXI. %y 
•» talene ^ & leurs hoftilités redoublèrent, 
»> mais tou)ibrs par furprife & jpar trahi- ' ^^' 
*» fon 5 par-là ils ont ruiné la plupart des 
»> Habitans de Santafé. Les Jefuitcs fur- 
■» tout y ont perdu fi confîdérablcment , 
•• qu'ils ont aujourd'hui bien de la peine- 
9» a fubfifter , & à fournir leur Collège de 
•» Sujets pour y exercer leurs fondions.- 
9o Enfin la crainte de tomber entre les 
9» mains de ces Brigands a fait prendre à 
9» plufieurs le parti de s'éloigner ^ &ileft 
•» arrivé à ceux qui font rcftés ^ ce qui 
M arriva aux Habitans de Bethulie , lor(^ 
0» que cette Ville fut aflîégée par Holo- 
■m terne : à peine peuvent-ils cultiver le 
9» peu de terres , qui font les phis proches 
» de la Ville , ou ils (ont obligés de rc- 
a» tirer leurs Beftiaux pendant la nuit. 

» Il efl: vrai que depuis quelque tems 
» on a fait la paix avec ces Barbares J 
99 mais elle nempéche point le pillage , ni 
» l'enlèvement des Troupeaux; TEnnemi. 
M aïant déclaré qu'il ne s'cngagcoit qu*à 
3> ne tuer perfonne , & il n'cft pas mcmé 
9» trop sûr de tomber entre leurs mains. 
» Voilà ce qui a réduit prefqu'à rien là- 
9» Ville de Satitafé , dont la plupart des 
» Habitans ft font réfugiés avec leurs 
*» femilles dans les Montagnes où ils ne 
» peuvent entendre la voix des Pafteurs, 
» ni la parole de Dieu, ni avoir même 
M la confblation de participer aux divins 
•• Myfteres. Cependant pour affurer cette 
» efpece de paix , on a levé un Corps de 
«• Milices qui eft toujours fur pié ; mais 
••41 a Êdltt y enrôlex coix qui d^yoieiit 



tZ H T s T o I it £ 

^ » travailler à la terre ; il cft mcmel di')â 

:^** * réduit à la moitié de ce ^'il étoird^sb- 
» bord, & fî on n'y remédie pas , la Ville 
i9 fc trouvera bientôt (ans défenfeuifs. J'ai 
ii cru , Sire , devofr informer Votre Ma- 
» jefté du danger où elle cft^ afin qu'elU 
» veuille bien ordonner qa'oa rétabliffc 
9^ cette Milice, & qu'on FaUgm^te même, 
9» s'il eft néce(faire* 

33 Ce Sanrafé , je m'acheminai vers les 
9» Rédudions qui font fous la conduite des 
9> Pères de la Compagnie dejefus, dont la 
» plus proche cft à cent lieues de cette Vil- 
» le. Ce voïage cft fort difficile, & ne fe fait 
s» pas fans danger ; les chemins font durs & 
» déCérts, infeftés de Barbares & de bétes 
» féroces , & coupés par de groffes Ri- 
M viercs qu'il faut remonter v on y court 
d> même plufîeurs rifques. Il y a cUx-Cept 
93 de ces Réduirions c^ï £bnt du Diocè& 
M de Bueiios Ayrès , & treize de cdui de 
09 l'Affomption. Apres avoir vifité celles 
M qui font fous ma JuriOi^^ion y jcpaffai à 
»» quelques-unes des autres , à la prière du 
» Chapitre de TAffomption , parcequc cet- 
*> te EgUfe n'avoit point d'Evêque , pour 
» y adminiftrcr le Sacrement de la Con?- 
9» firmation v & comme je ne doute point 
» que Votre Majcfté n'apprenne avec bien 
» du plaifîr les progrès que ces pauvres 
9» Indiens ont faits dans la Foi , jje vais 
M lui expofer ce que j*ai vu de mes yeux , 
M & touché , pour ainfi dire , au doigt 
XI avec la plus fendble confolarion de mon 
M ame ,. qui me faifoit paroître bien légers 
pa les grands Ufiyaux ^ que j'avois eu^ à 



" vv Vail Ac^vA"^. Liv. XXL tf 

» cffiiïcr pour faire cette yifite. 

» Quel autre fcntiment en effet peut '^*' 
» produire la vue d'une fi grande mulci- 
x> tude de Brebis féparées les unes des 
» autres , qui vivent fous l'obéi (Tance de 
» leurs Pafteors , avec une uniformité fi 
>9 parfaite & dans une i\ grande union 5 
»3 qu elles ne forment qu'un même Trou- 
» peau. Obligé de le quitter , cette fépa- 
33 ration me coûta beaucoup : je partis g 
» le cœur pénétré de la plus fcnfible dé- 
» votion , remerciant le Seigneur , des bé- 
M nédidions qu'il ne cefTe point de.tépan* 
99 dre fur ces Peuples par le miniftere des 
w faiiïts Religieux & des Hommes Apof- 
» toliques qui ne font occupés qu'à les 
n inftruire , a les fônifier dans la Foi Ca- 
sa tholique , & à les élever pour le fervica 
95 de Votre Majcfté , en leur infpirant un 
y> zcle & une ndélité qui ne pourrôienc 
93 aller plus loin , quand ils les auroient 
n hérités de leurs' Ancêtres. Quel plâifir 
M de voir leurs Eglifes fi bien décciées , 
>> & la décence avec laquelle on y rend à 
»3 Dieu le culte qui lui eft du ; la beauté 
» de kur Chant , la richcfTedes Autels, leur 
» magnificence dans la célébration des di- 
a» vins Myftcrcs , & Tamour tendre qu'ils 
M témoignent à Jcfus-Chrift dans fon au- 
» çifte Sacrement ! Tout cela m*attcndrif- 
M foit^&mc couvroit en même temsde 
x> confiifion , me fai&nc faire des reflexions 
M bien triftes fur la grande différence , qui 
» fe trouve entre ces Peuples encore No- 
99 vices dans la Foi , & les anciens Chré- 
» tiens y dont les exemples, auroioit dà 



^ » leur fervit de modèles pour appieik(r6 

^^* » à honnorer & à refpeâerlcur commua 
X, Maître. 

» Ce qui me touchoit (urtout , étoit de 
» voir à la pointe du jour une nuée dTu^ 
39 fants des deux fexes , le$ Filles fëparées 
M des Garçons , entrer dans l'£gli(e pout 
s» chanter les louanges du Seigneur, paf 
41 des Cantiques capables d'in(pirer la plu$ 
99 tendre dévotion aux ccrars Ici plus durs. 
«9 La même chofe Ce pratique aufli au con- 
te cher du Soleil, Se tout cela eft le fruit 
19 de rinduftrie des Miffionnaires , qui ne 
9» bornent pourtant pas kurs foins à ht 
«9 culture fpirituelle des Amcf , mais qui 
9i les étendent aux besoins du corps. Dès 
•9 qu'ils ont pourvu à la fabrique des Eglî* 
» les . & à tout ce qui eft néceflaire pour 
9» le (crvice divin , ils vonr avec leurs Néo* 
99 phytcs choifir les meilleures terres pour 
99 y lemer des grains 8c du coton : ils leur 
99 roumifTent enfuite ks femences ^ les 
99 bcrufs & les chafues, avec une pfévoian* 
99 ce & une charité univerfelle qu'on ne 
99 peut exprimer. 

M Comme Tobjet principal de leur ar- 
99 tention, eft le Culte divin, il y a des 
É» Ecoles de petits Enfants , ou on leur ap^ 
9» prend à chanter & les dan(es qui en* 
99 trent dans les (blemnités des Fêtes, 8c 
» Ton fait auffi féparément des femences 
09 pour eux. En un mot , Sire , ces Néo- 
»> pytes font une û confîdérable & une fi 
99 digne panie de votre Patrimoine Roïat • 
y» que je ne fais fi aucune autre la furpaffe» 
«9 Û arrive affez fouvenc que les récokes 



'ÙV Vàl%A6V AT. Liv. XXI. 9t 
*î ne ruffifent pas pour les faire fubfiftcr,— — — 
» ce qui vient eu partie de ce qu* aïant le *745« 
»> cœur étroit & timide , & fe contentant 
» de peu , ils no fement pas affez de grainsj 
M mais il fc fait encore chaque année une 
«• femence plus confidérable que les trois 
» autres , pour les Veuves , les Orphelins , 
3» les infirmes , & ceux qui font néceffai- 
« ment occupés ailleurs 5 & de la récolte 
M qu'elle produit , on en met une partie en 
» réferve pour les befoins imprévus. On y 
» fuppléc aufli par les bcftiaux qui font 
9» élevés à part pour les Malades. Enfin 
» de toutes les récoltes paniculieres Se 
9» communes, on n'envoie rien dans lés au- 
M très Provinces , & cela parceque mal- 
9> gré la plus grande prévoïance , on n'efl 
M jamais afiîiré d'avoir plus que le néce& 
3» faire pour toute Tannée. Ces Indiens 
9> tirent encore un grand bénéfice des 
» feuilles d'un arbre, qu'ils font légere- 
» ment ftcher au feu , & réduifent en 
» poudre : c'cft ce qu'on appelle l'Herbe 
» de Paraguay. On en diftribue tous les 
» jours une certaine portion à chacun , 
»> car on ne peut pas plus s*en paflcr , que 
•9 des alimens. 

M Cependant c*eft-là le (cul fruit de la 
y» terre , dont ces Indiens fartent commer- 
a» ce pour fc procurer bien des chofes 
» dont ils ont bc(bin : tout ce qui leur en 
» reftc cft emploie pour le ftrvice de 
»9.Dieu, & celui de Votre Majefté , c'eft- 
9» à-dire, pour l'ornement de leurs Egli- 
*» fes , pour le Service divin , pour avoir 
^ des Vafes fàcrés ^ pour dç9 orncmcos 



fi Histoire 

,^ . - » d'Autel , & pour un autre ufagc , qai 
3» n'eft pas moins néceflairc j car outré 
33 les Millionnaires ç\m font ad^uelleinent 
33 occupés dans les Kédudlions , ileftbo- 
33 foin qu*il y en ait encore de réferve, 
93 pour remplacer ceux qui meurent , & 
» j'en ai vu mourir deux pendant mavi^ 
^ (Ite. Or , pour les frais de ces voïages , 
33 & pour Tentretien des furnuméraires , 
»3 il en coûte plus que la piété vraiment 
3» roïale de. Votre Majefté ne fournit. Il 
» n'ed pas croïable où montent les frais 
i3 des embarquemcns , {urtout en tcmsdc 
93 guerre , que les nouveaux Miflîonnaires 
n font obligés de refter long-tems à Car 
33 dix. Or , pour fournir à tout cela , les 
^3 Néophytes mettent à part une certaine 
33 fomnie du produit de leur commerce. 

33 Ils en deftinent aufli une autre poux 
» acheter des chevaux , des armes , des 
30 munitions, (es liabillemcns des Soldats 
33 & des autres qui font commandés poux 
» le fcrvice de Votre Majefté. Il y en à 
•9 aétuelleraent un grand nombre qui tra- 
M vaillent à la Fortereffe de Montevideo. 
33 Ils font encore obligés d'avoir continuel* 
33 lemcnt fur pied des Corps de Milices, 
» pour fe garantir des fuiprifes de "leurs 

^. » Ennemis , & pour la defenfe de leuts 

33 befliaux contre les Partis qui rodent 
33 autour d'eux , & qui leur dreflcnt conti- 
83 nuellement des embûches pour piller leurs 
33 biens , les malTacrer , ou les faire Efcla- 
33 ves. Toutes ces dépenfes les réduifenc 
» fouvent à de fi grandes miferes , qu'il 
93 n*eft pas po/Cble aux Procureurs des i/iiÇ- 



- »u Paraguay. Lîv. XXI. ^% 
9i fions de donner à tous les foulagemens — j. ^ 
M néccffaires 5 principalement dans les mau- /^>'* 
»> vaifes années. ... 

M Je crois que c'eft pour ces raifons , que D« Pîxnfi* 
9> ces Indiens font en pefTefllon de ne point 
M païer de dîmes , & cela leur eft commun 
M avec ceux qui font fous la conduite des 
» Religieux de Saint François. C'eft pour- 
» quoi , quelques per(bnnes aïant voulu 
» m*cngager à les exiger de ceux-là , je 
» n'ai pas jugé à-propos de le faire , par 
» la raifon que le produit de leur travail 
M & de leur commerce n'cft pas ici , com- 
y» me il eft pour ceux qui cultivent la terre 
» dans les autres Provinces de Paraguay 
M ni dans celles du Pérou & du Chili , tout 
»» entier pour leur entretien & pour leur 
M fubfiftance , mais qu'il eft encore pour 
» le Service divin , & pour celui de Votre 
» Majefté. Car après le Culte religieux , 
» la plus grande attention des MifÎK>nnai-* 
M res eft pour ce qui regarde Votre Ma- 
M jafté 3 & ils ont uir ce point fi bien éle- 
a» vé leurs Néophytes , qu'aujourd*hui mé*» 
a» me, que la famine & la petite vérole 
53 en ont fait périr un grand nombre , elle 
M peut encore compter fur douze à qua- 
aç» torze mille Hommes toujours prêts à 
99 prendre les armes pour quelque expédi* 
K> tion que ce foit , ou elle voudra' les 
99 emploier , comme ils ont fait ces an-* 
39 nées dernières dans la Province de Pa- 
9» raguay, où ils ont donné des preuves 
9> admirables de leur valeur, de leur fîdé- 
M lité & de leur attachement pour votre 
« Pçrfénnc Roïale , fç foomillanc à leur) 



9^ H l'S T O I «. E 

^■' » avoir contraincs de fc Ce parer de celles^ 

'^^' » avec qui ils entretenoient un commec- 

.»> ce fcandaleuz , lequel étoic encore la 

9> fource des guerres qui croubloicnt la 

M tranquillité publique. 

Mîflîons des a. Dans tout le cours de ma vifitc, qui 

PcrcsdcSaint^ a été de pluficurs centaines de lieues » 
» j'ai donné , tant dans mon Diocètè , que 
M dans celui de l'AfTomption^ la Confic- 
M mation à vingt mille perfonnes; & ce 
» nombre auroit été doublé , ù la pefte , 
.y» qui ces années dernières , comme je l'ai 
.93 déjà dit , affligea ces Rédudions , n*y 
93 avoit pas fait périr beaucoup de monde 
M de tout âge & de tout feze. Les Reli- 
^ gicux de Saint François ont dans mon 
M Diocèfc crois MifHons , & pour remplir 
3> toutes mes obligations, je les ai aufli 
'm vilîtées. Elles font bien réglées , les In- 
^ diens y font inftruics, le ferviçe Divia 
x> s'y fait avec piété , mais les Èglifes y 
>3 font pauvres, & ne font pas audî fré- 
a> quentécs que celles des Pères de la Corn- 
33 pagnie. j; en ai demandé les raifons , & 
^ on m'en a donné deux ; la première eft ^ 
M qu^une partie de kurs terres a été don- 
•3 née en commande , & que les Corn» 
P3 mandatairies font des Particuliers , qui 
p> en tirent fouvent autant d'Indiens 6c 
a> d'Indieahes qu'il leur plaît , pour les 
M emploïer à la culture de leurs propres 
93 terres , & aux travaux de leurs Métairies» 
9» Outre que par-là ils les détournent de 
M leurs exercices de piété & du (ervicc 
^3 Divin , ils ne leur laiffent pas le cems 
» de travailler U d'çnfemencer Içors pro* 

99 prc$ 



D"U P Ait AGIT A Y. LÎV. XXL '^7 
t» ^res champs , ni de bâtir des Eglifes. "*T"T7" 
» Auffi CCS Bourgades fe dépeuplent-cIJcs ^^^' 
a» tous les jours , parcequ'il meurt beau- 
39 coup de leurs Habitans au fervice des 
» Commandataires. La féconde eft , qu'el- 
» les font expofées aux courfes des Paya- 
a> guas y qui enleveni: ou maflacrent quan- 
» tité de ces Indiens. J*ai jugé que je de- 
» vois donner ces inftrudions a Votre 
» Majefté, afin qu'elle veuille bien appli- 
» qucr à ces maux le remède que fa fa- 
as gefle lui diâera. 

Le témoignage d'un Evêque , témoin 
oculaire de tout ce qu'il difoit , fit d'au- 
tant plus d'impreffion fur l'efprit de Phi- 
lippe V , qu'il s'accordoit parfaitement avec 
les informations qui lui venoient d'ailleurs. 
J*ai déjà dit qu'il voulut que la Lettre de 
ce Prélat fut imprimée avec fon Décret , 
& il donna le même ordre pour deux au- 
tres Lettres qu'il adrefla , Tune au Pro- 
vincial des Jéfuites, & l'autre au même 
Provincial & à fes Inférieurs. Dans celle- 
ci , Sa Majefté témoigne leur favoir beau- 
coup de gré , elle les félicite derbeureufc , 
iffue de cette grande affaire , & les exhor- 
te à continuer de maintenir les Peuples , 
qui font fous leur conduite , dans la prati- 
que des plus pures maximes du Chriftianif- 
me, & dans la fidélité avec laquelle ils 
l'ont toujours bien fervie. Elle annonce 
même ces deux Lettres à la fin de fon. Dé- 
cret en ces termes. 

33 Enfin, comme il eft aifé de reconnoître 
M par tout ce qui vient d'être rapporté, . 
99 6l par les autres Ecrits anciens & moder- 
Tomc YI. E 



9% Histoire 

- w nes,quiont été examinés dans mon Cou- 
^7^3* 9, feil avec toute l'attention que deinan- 
03 doient les circonftances d'une aftàire il 
» import;ante , que dans aucune partie des 
« Indes je n'ai point de VafTaux qui rc- 
93 cpnnoifTent mieux mon ÏDomaine , les 
» obligations de mon Vaflelage , mon Pa-p 
93 tronage Roïale ; ou la Jurirdiâion £c- 
M cléfiaftique & Roïale foit plus fi>lide« 
33 ment établie , comme il fe prouve pat 
o3 les continuelles vifites des Evéques 8c 
33 des Gouverneurs, & ou l'obéilTance foie 
M plus aveugle , lorfqu'il s'agit d'exécuter 
33 mes ordres, furtout quaûd ces Indiens 
03 font mandes pour la dé&nfe du Pais y 
33 ou pour quelqu'autre Entreprifè, puif- 
»3 quau premier mot , on les voicaccou^ 
33 rir au nombre de quatre ou de fis mille 
•3 avec leurs armes , j'ai pris la réfolution 
35 de faire expédier une Ccdule adrcffée au 
py Provincial pour lui faire connoitre la ùr 
33 tisfadion gue j'ai de voir s'évanouir pat 
33 tant de juuifications les calomnies & IcS 
33 impodures d'Âldunaté & de Barua; la 
33 grande application de la Comp^nie à 
?3 tout ce qui eft du fervice de Dieu & il 
33 mien & de l'avantage de ces pauvres Inr 
3» diens , & rcfpérance que j'ai qu'ils -con- 
93 tinueront avec la même ferveur fc Iç 
93 même zèle à gouverne rieurs Réduâions» 
?» & à prendre le m.cme foin de leurs Né^- 
99 phytcs. 

Ce qui avoir encore contribut^ fans don» 
te à faire prendre au Roi Catholique U 
céfolution de rendre à ces Miflionnaires ose 
fi Jiaute & fi pleine juftice , c'cft qa*il n'^ 



DU Paraguay. Liv. XXL $f 

toit arrivé prefaa'aucun Vaiffcau de Bue- - 

nos Ayrès en Elpagnc , dans le téms me- ' 
me que leurs Ennemis n étoient occupés 
qu à le prévenir contre eux , qui ne lui 
apprît quelque nouvelle conquête qu'ils 
avoicnc faite pour la Religion , & qu'ils 
continuoient de donner des Martyrs à l'E- 
glife. Il fut funout très fenfiblc à la nou- 
velle qu'il reçut, qu'ils avoient formé 
le projet & déjà jette les fbndcmcns 
d'une nouvelle République Chrétienne , 
dont nous avons vu que TEvêquc de Bue- 
nos Ayrès avoir dit Quelques mots dans fa 
Lettre. Pour développer tout ceci avec or- 
dre, il faut reprendre le récit de ce qui ^ 
s'étoit pafTé dans les différentes Provinces 
du Paraguay , où nous avons été obligé de 

l'interrompre. 

On fera peut-être furpris que ni dans les j_.q ., 
Informations de Dom Jean Vafquez d'A- 
guero, ni dans les Décrets du Roi d'Ef- ji /.^^^^^J 
pagne , il n'ait été faite aucune mention parlé des Ré- 
"de la République Chrétienne des Chiqui- durions des 
tes : la raifon eft qu'elle n'avoit pas en- Ç^^^^'/^^oi. 
core beaucoup occupé le Confeil Roïal ^^^^ j^ j^^V 
des Indes , fa fîtuation ne la mettant point d'Efpagnc. 
à portée d'avoir beaucoup de communi- 
cation avec les Efpagnols , d'oii il arri- 
voit que les Mifïîonnaires , qui cultivoient- 
cette nouvelle vigne du Seigneur, & qui 
Tavoicnt plantée , ne s'y trouvoient pas eiù^ 
pofés aux perfécutions que leurs Frères. e(T 
luïoient dans les autres Provinces du Pa- 
raguay , & y dcmeuroicnt affez tranquilles > 
{îinout leur Néophytes ne courant aucun 
danger d'être donnés en Commande. 

E ij 



tOO HlSTOIRï 

- Une autre raifon pourquoi Philippe Y 

Ï74P"43» ^^en avoit point parle dans fon Décret, 
eft que les Chiqui:cs n étoicnt point encor 
re déclarés VafTaux immédiats de la Cou- 
ronne , ni par conféquent fournis au tri- 
but j ce qui n*cmpcclioit point qu'en coii- 
féquence des anciennes Cédules des Rois 
Catholiques ils ne jouifTent de tous les Pri- 
vilèges accordés aux nouveaux Chrétiens 
que les Jéfuites réuniroient dans des Ré- 
cusions , après les avoii tirés de leurs re- 
traites fauvages. Les Evêques & iesGoor 
Tcrneurs de Santa-Crtk de la Sierra , dont 
ils rcconnoiffoient la Jurifdiélion , ne Te- 
xerçoient que pour les protéger , & pour 
empêcher qu'on n'entreprît fur leur liVer-r 
té 5 & fi des Efpagnols fans aveu avoîcnt 
cflaïé, comme nous l'avons vu , de troublet 
' * "^^et-EtablifTemcnt & d'en arrêter les pro- 
' grès 5 ils avoient été fi bien répriinés par 

les Vicerois du Pérou , & par TÂu^iencç 
roïale des Charcas , que perfoane n'ofoic 
plus entreprendre de les inquiéter. 

Leurs MifTionnaires n'ignoroient poar^ 
tant pas qu'il y avoit dans la Province de 
Santa-Cruz bien des gens qui n étoienc pas 
mieux difpofés en leur faveur , qu'on ne 
^itoît par tout ailleurs 5 & il arriva en- 
1740 une chofe qui les confirma dans la 
penfée qu'ils ne pouvoient porter trop loin la 
Û^confpedion dans toutes leurs démarches, 
ns avoient reçu Tannée précédente un or- 
dre de TAudicnce roïale des Charcas , qui 
^qur avoit été fignifié par le Gouverneur 
4p . Santa-Ciuz , Dom Antoine de Argor 
p^pC^ ?iivallos , d'^nvoïcr qdelqucsruns 4ç 



» u Paraguay. Liv. XXÎ, xof 
leurs Néophytes pour découvrir un che- "' 

lîiin par ou Ton put aller commodément & ^74<^43«' 
rarement jufqu'au Paraguay ;. & il paroît 
que le motif de cet ordre étoit de con- 
noître la route que pouvoient prendre les 
Portugais du Brefiï , qu'on foupçonnoif 
de vouloir établir un Commerce fecret avec 
. le Pérou. dp 

Pour obéir à* ces ordres les Miflîonnai- «ais^ arrfvcni 
res firent partir cent Chiquites , qui aile- aux CWiiuir- 
rent jurqu'àu Parag4iay fans rencontrer au- tti. 
cun Portugais \ niais comme ils retour- 
noient par un autre chemin à Saipt-Ra- 
phael , aoii ils étoient partis , ils fe trou- 
vèrent tout-àrcoup vis-à-vis d'un afTez 
grand nombre de Cavaliers de cette Na- 
uon , fuivis de quelques Soldats, & de Do- 
mcftiques à pié , qui conduifoient des Bê- 
tes de charges , uir lefquclles étoient les 
bagages de cette trouppe. La rencontre de; 
cent Indiens bien armes cmbarrafla d'abord- 
ks Portugais ; mais aïant bientôt reconnu- 
que c*étoient des nouveaux Chrétiens des- 
Jéfuites , ils prirent k parti d'en paroîtrc 
fort aifes : ils firent aux Chiquites beau- 
coup d'amitié , & y ajoutèrent quelques' 
préfens. Les Néophytes de leur coté leur 
of&irent du miel, qu'ils avoient recueilli 
dans les Bois , Sa leur firent part de Içur 
chafTe & de leur pèche. 

Parmi les Cavaliers ily en avoit trois qui 
parloient aflez bien Caltillan , ce qui donna: 
moïen au Commandant de la Trouppe y 
nommé Dom Antoine Pineyr© de s'expli--. 
qucr avec les Chiquites , donc plufîeurs en--- 
ceodoiem la même Langue , fut le (ujet 
£ iij 



174C-43. 



ICI Histoire 

de Ton voïagc. Il leur dit enfuitc qu'ap- 
paremment ils venoient de quelque Ré- 
dudion i Se aïant connu par leur réponfe 
qu'ils venoient de Saint- Raphaël , il les 
pria de Vy conduire , parccqu*il fouhaitott 
fort , & qu'il étoit même chargé , de voir 
quelques-uns de leurs Miffionnaircs. Les- 
Néophytes y consentirent fans peine; 8c 
quand ils ne furent plus qu'à deux journées 
de la Bourgade , Dom Antoine écrivit au 
Père Marc Abendano , qui gouvemoit cet- 
te Eglife avec le Perc Jofcph Rodriguez , 
pour le prévenir fur fon arrivée. Le Père 
Abendaiîo aïant reçu fa Lettre la commu- 
niqua au Père Barthelemi de Mora , Su- 
périeur Général des Miffions Chiquites » 
lequel lui manda de bien traiter les Por- 
tugais jufqu'à ce qu*îl fut fur les lieux avec 
' le Père Jean de Carbanxas , qui avoit 
été envoie dans ces Miflîons par k Pro^ 
vincial des Je fuites du Paraguay poiu: en 
faire la vifîte. 

Les Portugais arrivèrent à Samt-Raphaet 
le 8 d'Août 1740. Dom Antoine Pincyro 
& fon Lieutenant étoient richement vêtus j 
les autres Cavaliers Tétoient en gens de 
Condition qui voïagcnt , & toute leur fui- 
te avoit un grand air de propreté fie d'ai- 
fance. Tout fe pafla dans la première en- 
trevue entre eux & les Jéfuites avec beau- 
coup de politefTe. Les Pères régalèrent leurs 
Hôtes autant bien que leur pauvreté le 
pcrmettoit , & Dom Antoine leur remit ua 
fort beau préfent , qu'il étoit chargé , di- 
foit-il 5 d'offrir à titre d'aumône à la pre- 
«nicrc Maifon de la Compagnie , qu'il troor. 



DU Ï^araguaV. Liv. XXI. iôi 
tcroit fur fa route , de la part d'un Gen- " 
tilhomme fon riche, & le principal inpé- '74 0-4P 
leflé dans les Mines du Cuyaba. 

Il ajouta que ce Gencithomme étoit fort 
dévot à Saint François-Xavier , auquel il 
confacroit ce préfent ^ & qu'il contribuoit 
beaucoup aux frais du Procès de la Béa- 
tification du Père Jofeph Anchieta , TA- 
pôtre du Breltl , qu on pourfuivoit en Cour 
de Rome. Les Pères refufercnt d'abord d'ac-» 
ceptcr le 'préfent , & ne fe rendirent que 
fur ce que Dota Antoine leur déclara qu'il 
ne le rcmponeroit point. Tous s'étendi-» 
tent beaucoup fur la bonne éducation , que 
les Jéfuites donnoient à leurs nouveau* 
Chrétiens , 5c dont ils avoient éprouvé les 
efiets dans la rencontre qu'ils venoient de 
£aitc des Chiquites , autrefois fi barbare* 
& fi féroces , fur l'union , qui regnoit en- 
tre eux , & fur cette charité univerfellc 
& véritablement Chrétienne , qu'ils exer- 
çoient envers tout le monde , fans diftinc- 
tion de Nations. 

Dom Antoine rendit auflî aux Mifiîon- 
naires une Lettre dont le Capitaine Major 
de Cuyaba l'avoit chargé pour le Supérieur 
Général des Rédudlions Cniquites , & par 
laquelle il lui donnoit avis qu'il avoit taie 
mettre en prifon un Portugais , qui deux 
Ans auparavant aïant rencontré le Père Au- 
gnftin Cai^anarèz , lequel couroit après des 
Transfuges de Saint-Raphael , s'étoit fort 
oublié du rcfpedl qu'il lui devoir; & i|^ 
ajoûtoit qu'on avoit publié dans tout le 
Brefil des ordres très féveres , d'avoir pour 
les Miffiomiaircs du Paraguay tous fc» 

E iiii 



104 H r s T o X H E 

X740-4?. ^g^'^^Sj & de leur rendre tous les rcfpeas i 
qui étoient dûs à leur caraderc & à leurs 
vertus ; de bien traiter leurs Néophytes , 
quand ils les rencontreroient , & de ne 
taire Efclave aucun Indien , mênae Infi" 
dçle y parcequ'en bien des endroits oii 
Ton pouvoit les vendre , il ne fc uouvc- 
roit pcrfonne qui pût les indruire des prin- 
cipes de notre lainte Religion. 

Après toutes ces politeffes D. Antoine 
entra en matière fut le fujet de fon voiage^ 
qui étoit d'établir un Commerce entre le 
Brefil & le Pérou ; & il entreprit de prou- 
ver aux Miffionnaites , en leur faifant le 
détail de ce qui manquoit aux Efpagnols 
& aux Portugais de ces deux Roïaumes , 
& de ce qu'ils pouvoient réciproquement 
tirer les uns des autres , que les deux Na- 
tions y trouveroient un égal avant^e. Il 
infîfta beaucoup fur celui qui en rcvien- 
droit en particulier à la Province de Santa- 
Cruz de la Sierra , dans laquelle font les 
MifTions des Chiquites y & pour km fairç 
comprendre la facilité d'exécuter ce pro- 
jet, un des Officiers Portugais leur fie 
voir une Carte de la route qu'ils avoienc 
fviivie en venant du Brefîl , lut laquelle il 
marqua les Etabliffements qu'ils avoient. 
Les Pères en furent effraies , & plus en- 
core des richeffes qu'ils tiroient de la 
partie du Paraguay, que les Efpagnols 
avoient le plus négligée. Voici cette route, 
qu'il efl aîfez étonnant que les Ponugais 
\ient biai voulu faire connoitre à des. 
Efpagncrfs. 
De Saint-Paul de Piratininguc ils al-- 



1 



•otj Paeaguay. liv. XXL i»5 
loîcift s*cmbarqacr fur le Nembis , ou — — — 
Ahemhi ^ en fuivant de petites Rivières ' 7 4^-4 3- 
qui s y déchargent : or , félon la dernière ^ r^J*"^» 
Carte du Paraguay , TAncmbi fe déchirge p"^, ""^^Icr da^ 
immédiatement dans le Parana 5 mais TOf- Brcfil au Pé- 
ficicr Portugais affura qu'ils n cntroieiit fou. 
dans ce Fleuve que par le moïcn de ^^^l"YxAh\\\\imcTiM' 
ques Ruifleaux qui communiquent de l'une qu'ils ont fait»i 
à Tautre. Quoi qu'il en foit , ils ttavcr- fut ccuc tou- 
foient le Parana pour remonter VYguairi , ^^• 
qui fe jette dans le Paraguay conjointe- 
ment avec une autre Rivière qu'ils nom- 
ment i5o/«rey , puis ils remontoient Ic- 
Paraguay en côtoïant le bord occidcntaU 
de ce fleuve , & laifToient d'abord à leur- 
droite les ruines de la Ville de Xcrez , qui- 
par confcquent devoit être plus près du' 
Paraguay , qu'il n'eft marqué dans les- 
Cartes. 

Aïant enfuite laiffé à gauche le Lac 
Manioré , & un peu plus haut Rio Taquarly 
ils arrivoicut en peu de tcms à la Ville." 
du Je{us d& Cuyaba, qui ncft qu'à dcur 
journées du- chemin du Lac des Xafayès ,. 
en tirant. au Nord-Eft. Dc-là , quand ils-. 
avoient marché deux jours à TOocft , ilg 
trouvoient une grande Montagne,- appellée' 
Mono de San Geronimo , où il y a aufïi 
des Mines d'or , auxquelles on travaille.- 
A la defcente de cette Montagne ils- al- 
loient s'embarquer dans le Lac des Xa- 
rayes , & après l'avoir côtoïé quelque, 
tems 5 ils entroient dans une grande Ri- 
vière , qui s'y décharge en venant de l'Oc* 
cident. Par cette Rivière, qu'ils ne nom^. 
mexent point , & dont les Jé{viitesn'ofereac:: 



tg€ h I s T O I R e 

--- leur demander le nom, de peur de leur 

'* donner quelques foupçons , ils alloienc à 
d'autres Mines , appellées Monte Groffb y 
oii il y a une Bourgade peuplée d'enviroir 
trois cents Familles. Dom Antoine Pi- 
neyro dit qu il et oit un des premiers , qui' 
cuffcnt remonté cette Rivière, qu'il y trouva- 
une petite Nation d'Indiens nommés Pa^ 
riffiis^ de très petite taille & fort jniftrablcs- 
» Ce font , ajouta-t-il , ces Indiens qui 
M travaillent au Mines avec des Nègres 
93 & d'autres Efclaves qu'on y envoie du- 
M Brcfil avec des Miflîonriaires' pour 
•9 inftruire les Pariflus & les Mainkurez , 
M leurs Voifins , Nation fort nomb'Sreulè. 
Après ce récit , les Portugais dirent aux 
Jéfuites qu'ils avoient fait depuis peu très 
heareufemcnt la guerre aux Payaguas , & 
qu'il ne tiendroit qu'aux Efpagnols de fe 
joindre à eux, pour exterminer ces Bri- 
gands,. & aflurer la navigation du Para- 
guay. 
Conduite des A tout cela les Mifïîonnaires répondî- 
Jéfuices en ^-^^jj j^y^ chofes ; la première , que la* 
fi«au ^^"' ^°^^ ^^ Madrid n'ignoroit pas que Ics^ 
Portugais s'étoient mis par voie de fait en- 
pofleflîon d'une affez grande étendue de 
Païs^ qui appartenoità la Couronne d'EC- 
pagne , & qu'elle étoit réfolue d'y rentrcr 
de gré ou de force. La (èconde, qu'il y 
avoir des défenfes abfolues de Sa Majefté' 
Catholique de faire aucune forte de cobs- 
mcrce avec le Brefît , dans toutes les Pro- 
vinces dépendantes du Pérou. Dom An- 
toine, fur le premier article, dit que les 
Portugais fç tenoiept cxaAement renrermés 



»u Pakaouay. tiv. XXT. rcf 
Jans les bornes de la Ligne de démarca- .-^ 

tion 5 qu'au rcfte ils aimoicnt la paix , mais ' ** '* 
qu'ils ne craignoient point la guerre , quand 
ils la croïoient jufte , 6c que s*il reftoit 
quelque chofe à régler des Limites des 
deux Empires en Amérique , il ne doutoic 
point que le Confeit des deux Rois ne le 
réglât à Tamiablé. Quant au Commerce, 
dont il avoit parlé , il avoua que les raifons 
qui obligeoient le Roi d'Efpagne à le pro- 
kiber, hii paroifToient bonnes , & que le 
Roi de Portugal l'avoir auffi défendu dans 
le Brcfil. 

Le Supérieur Général des Mirtïons Chi- 
quites n'arriva à Saint-Raphacl qu'après 
le départ des Portugais , & le Père Abcn- 
dano lui aïant fait un fidèle récit de 
fout ce qui s*étoit paffé , il écrivit au Gou- 
verneur de Santa-Cruz de la Sierra , & à 
TAudience Roïale des Charcas, pour leur 
tn rendre compte , & leur déclara qu'il' 
ae feroit aucun ufage du préfent des Por- 
tugais , avant que d'avoir reçu leurs ordres.. 
L'Audience Roïale renvoïa Tafi^re au 
Vicctoi , & cependant manda au Supé- 
rieur, qu'elle le prioit & lui enjcignoit , 
de défendre aux Miffionnaires de recevoir 
dans leurs Réduftions aucun Etranger , &: 
de ne permettre à leurs Néophytes aucune 
forte de communication avec les Portu- 
gais , ni même d'en recevoir des préfens ^ 
a quelque titre que ce fut. 

Le Pete de Mora trouva que le Père— — —— - 
Abendane avoit prévenu cette défcnfe 5 i740-4r*' 
car aïant donné un Détachement de Chi- 
qaices ausPonugais pour les remettr&dans:» 

E-vj) 



I08 HiSTOiRf 

- leur chemin , avec ordre de bien exansf^ 

''*' \' ncr quelle route ils prendroient , comme* 
Calomnies jj ^^^ appris à leur retour que Dom An- 
fui°te7 r ce '°^"^ Pincyro leur avoir fait en les congé- 
fujetj le Gou- diant , un préfent d'habits , de chemifes y 
verncur de & de chapeaux de caftors, il fît punir ce» " 
Santa <^U2 [qj ç^y {^^ commandoit, pour l'avoir ac-^ 
Jwfaitccflcr.^çp^l , & brûler dans la Place pubUque 
tout ce qu'ils avoient reçu , dont il les dé* 
dommagea. Il indruifît auffi-tôt le Gou- 
verneur de Santa-Cruz de ce qu'il venoir 
de faire. Un Gentilhomme Efpagnol , qui 
avoir été témoin de tout , lui manda la 
même chofc ; & le Gouverneur impo(à ^'- 
lencc à certaines gens , qui commençoient 
à répandre dans le public que les Jéfui* 
tes 5 pour reconnoître là libéralité des Por- 
tugais, non-feulement leur' avoient fournir 
des Mules , des Chevaux & des provifion» 
pour leur retour , mais s*étoient oubliés fur 
bien des chofcs de la fidélité qu'ils dévoient 
au Roi ,-&n*av oient eu égard qu'à leurs 
intérêts. 

Le GŒiverneur fit plus- encore ; il- ihC-" 
truifit drtout l'Audience Roïale des Char-» 
cas, qui fit au Père de Mora Thonneur de 
lui écrire , pour le félicitex^^ & tous 1«& 
MifTionnaires , de la fageHe avec laquelle 
ils s'étoient comportés dans cette occafion.. 
Le Viceroi ne fut pas moins content àt 
leur conduite ; mais il ordonna qu'on lui 
envolât le préfent que le Père Abendano 
avoir reçu , & il fut obéi fur-lc-champ. 
Au refte , il y a bien de l'apparence que ce 
fut au fujet de cet événement , que le Perc. 
Rico , qui toit alors Piocureui: Géjiéx^ 



DTJ Paraguay. Liv.XXt ro^ 
ic* Indes pour fa Compagnie en Efpagne , '"* 

fit fupplier le Roi de ne pas différer plus ' ^^' 
long'tcms à mettre les Chîquites Chrétiens^ 
fur le même pied que les Guaranis. Phi- 
lippe V y conlentit ,. & fit expédier en 1745 
Hnc Cédule Roïale , adrefféc à Dom Fran- 
çois-Xavier Palaeios , Oydot de l'Audience 
Roïale des Charcas , contenant une Com- 
mi/Tion- (péciale pour recevoir les Chiqui- 
tes en qualité de Vaflaux immédiats de la 
Couronne , fuivant les Indrudlions qui lui 
forent remiffes en même tems. 

Le Commiflaire partit dès qull: eut reçu- Comœi/Eihô- 
&s dépêches: il n'avoit qu'une connoiifan' du Roi aiur 
ce fort fuperficiclle de ces Miflîons , mais Chiquiws.^ 
avant que d'y arriver , il reçut de Dom 
Jofeph Pardo de Figueroa , Marquis del 
Valle Umbrofo , fon Ami , une Lettreda- 
tée du 14 Juin 174^, qui lui' donna: tou-^ 
. tes les lumières , dont il avoit befoin pour 
s'acquitter de la Commiflfion dont il étoit- 
chargé. Perfonne alors ne connoiffoit mieux> 
l'Amérique Efpagnole , que ce Seigneur y 
qui étoit né à Lima, avoit parcouru tou- 
tes les Provinces qui dépendent du Pérou y. 
& fervi avec beaucoup de diftinftioft-dans. 
la Nouvelle Efpagne. On la vu .depuis en 
Europe , s* exprimant- dans toutes les Lan- 
gues avec la même facilité, que dans la^ 
fienne , ne paroiffant nulle part Etranger,. 
& parlant de tout en Homme , à qui tou- 
tes les Sciences étoient familières. C eft l'i- 
dée que nous en donne le favantPere Fei-^ 
jpo Bénédidin en plufieurs endroits de fes: 
Ouvrages , & furtout dans le quatrième^ 
Xomc de fon Théâtre Critique. Le. Père 



Î5« HlSTOlRt 

^' un fort grand nombre lui rendre vifitc : il 
les careila beaucoup , 8t leur fie queUnes 
préfcns. Ils y furent très Tenfibles , & a.U 
manière dont ils prirent congé de lui, A 
jugea qu'ils ne tarderoient pas long-tems à 
le revenir voir. Au bout de quelques )oni» 
leur principal Cacique vint lui dcdarer-que 
lui & tous Tes Vaflkux étoient très mC* 
pofés à fe faire Chrétiens^ mais qu'ils oe 
vouloient point fortir de leur- Pais ; qu-il 
le prioit de les réunir dans une Réduâion 
en tel lieu qu'il voudroit , pourvu que les 
Forêts fuflent toujours entre eux* & les 
Guaranis , & que s'il leur accordoit cetttf 
demande , il lui répondoit que tous les 
Guenoas fe rangeroient fous la conduite 
des Pères de la Compagnie. Il ajouu même 
que pour leur faciliter Tétude de leur Lan^ 
gue , il s'ofFroit à refter auprès de lui. 

Le Perc confcntit à tout , êc Ahwi Cû* 
cique qu'il alloit écrire k fon Provincial' 
pour lui demander fon agrément , & pour 
rengager à folliciter celai du GcNivemcur 
de la Province. Le Cacique vouloit envoïer 
quelques-uns de ceux qui l'accompi^notenr^ 
pour faire part à Gt Nation des bonnes jm* 
rôles qu'il lui donnoit ; mais k Perc hit 
dit que fon avis étoit qu'il y allât lui-même , 
& il partit fur-le-champ. Cependant peu 
s'en fallut que de û belles apparences de 
voir bientôt toute une Nation acqùi(è à 
Jefus-Chrift, ne s'évanouiflent en un înftant. 
Une trouppe de ces Indiens étoit allée faire 
une courte fur le Territoire de la Réduâion 
d'Yapeyu ^ donc les Habitans en avoieac 



DU Pailasuat. Lh. XXL i^^ 

lui deux , & toute la Nation prcnoit dcja j.o-j.7 
les armes pour venger leur mort. Hcureu- '^ "^'* 
femenc le Pçre de Herrera en fut averti à 
tems , & ne perdit pas un ihoment pour 
parer ce coup. 

Il parla au Guenoas , il leur repréfenta 
que les Chrétiens nViant fait que ce qu'ils 
anioient lait eux-mêmes , (i on éroit venu 
les attaquer (ans qu'ils en eufTent donné au^ 
cun fujet , ils ne dévoient pas être regardés 
comme Ennemis de la Nation , Se qu'il les 
connoiflbit affez" pour affurcr qu'ils ne Té- 
toient pas. Il accompagna Ton difcours de 
manières fi engageantes , qu'il réufTit enfin 
à les appaifer. Il s'apperçut enfiiite que le 
Cacique lui avoit promis plus qu'il ne pou- 
voit tenir, & que tous les Guenoas nétoienc 
pas aufC-bien difpofés à embraffer le ChriC- 
ciaùifinc , ou'il l'avoir cru. Il l'exhona à 
fe Ctfsaet de ceux qui n'étoient pas dans 
les niémes ièntimens que lui, & il n'eut 
pas beaucoup de peine à l'y engager. Cet 
Homme lui fit de grandes inftances pour 
obtenir qu'il le baptiCàt au plutôt ; mais le 
Pcrc loi repréfenta qu'il n'étoit pas encore 
am^ inftruit pour cela , & il en convint ^^ , 
le pria de conunenccr au plutôt Ces indruc^ 
tions, 8c s'y rendit très afTidn. 

M^ ce qui détermina enfin le Père à ne Guérifo» 
pas diffirer plus long-tems fon baptême , mitaculcufc, 
c'eft que l'aiant trouvé un jour fort afHieé 
à la vue de fon Fils qui étoît à Textrémicc , 
Bl £b ftntant infpiré de demander à Dieu, 
far l'interceflion de S. Antoine de Padoue y 
snquel il avoit une dévotion particulière , 
ft fims la prot«ftion duquel U avoit ié'yk 



m- R 1 sr T o I n r 

•■ ' tions réciproques , rien ne pouvoir maffi- 

Ï74045* quer au fucccs de la Commiflîon. Les Mit 
nonnaires alloient au-devant de tout ce qui 
pouvoir faire plaifir au CommifTaire y qui 
de fon côté paroilToit avoir autant qu'eux^ 
mêmes un dedr fîncere que les chofes rcuf- 
fîfTent 5 comme ils pouvoient le defirer. 
Ainfiilny eut aucune diifficulté fui rien*. 
Les CKiquites furent très Eattés que le 
Koi Catholique voulut bien aiTorer leur 
liberté, en les mettant au nombre de fc» 
VafTaux immédiats , & ils. s-engagerent de 
bonne grâce à lui païer le même Tribut- 
que lés Guaranis. ., 

|-~ Cependant les Peuples dii Cha.co avoienc' 

l i74i*45* Jcpuis plufieurs années recommencé leurs 
les Peuples hoftilités & leurs brigandages dans le Tuh- 
du <^^*co çm^jy^ ^ ^ y commcttoient des cruautés 
ttb. '^" pl^s que barbares. Dom Jean de MontiCoi 
& Mofcofo ,. Gouverneur de cette Provin- 
ce, fit enfin en 1741 iq|k effort pour- les 
réprimer : il entra dans ic Pais Ennemi 
avec des forces- (upérieures , battit les In- 
diens en pluHeurs rencontres , fit un grancT 
nombre de Prifonniers , délivra tous les 
Efpagnols qui avoient été faits Efclaves„. 
reprit tour ce qui avoit été enlevé dans 
les Habitations de la Campagne & répan- 
dit la terreur des armes Efpagnoles bien 
avant dans le Chaco. Les Tobas furent 
lès premiers à demander la paix,& soffii- 
rcnt à engager les Mocovis à (c foumet- 
tre aux conditions que le Gouverneur 
Youdfoit leur impofcr. 

Ce Général fit dire à leurs Députés d'at 
1er attendre fa rcpo^fe dans un Fort ^, qu'il* 



DU Païlaguay. Lh. XXL ixj 

leur marcjoa , & de n'en point fortir (ans x74i-4S% 
une permiffion par écrit de rOfHcier qui 
y commandoit. Ils obéirent : on traiu avec 
eux 5 ils promirent tout , mais ils ne gar- 
dèrent pas long-tems leur parole. Ce qui 
avoir le plus contribué à les rendre alors 
fi dociles, c*eftque leur Nation venoit de 
recevoir un afTez grand échec de la part des 
Zamucos. Un de leurs Partis, où il y avoir 
de la Cavalerie , s*étoit approché pendant 
la nuit de la Réduâion de Saint-Ignace y 
où Ton ne penfoit à rien moins , qu'à les 
avoir fur les bras. Par bonheur on y de- 
voir célébrer ce jour-là même la Fête de 
Saint- Jofeph , & tous ceux qui travail- 
loient dans la Campagne s'y étoient rendus 
la veille au coucher du Soleil. L'Ennemi , 
qui avoir compté d*y trouver peu d'Hom- 
mes 3 s'en étoit approché pendant la nuit , 
& au point du jour étant près d'y enrrer , 
îetta de grands cris. Les Zamucos eurent 
non-(èulement le tems de prendre les ar- 
mes, mais encore de (è former, & de 
marcher en bon ordre contre des Gens,, 
lui furent furpris , parccqu'ils croïoient 
urprendre. Ils furent rompus dès la pre- 
mière charge , & jettcrent leurs armes & 
tout ce qui pouvoit les embarraiTcr , pouc 
fuir plus vite. Les Zamucos les pourfuivi- 
xent vivement , 6C fans deux Efcadrons. 
de Tobas , qui fe formèrent pour favorifer 
leur retraite , tous auroient été pris ou 
tués. Un de ces Efcadrons fut même char- 
gé avec X tant de valeur , qu'il fe vit 
contraint de fe jetter dans un Bois fort: 
i^mâ de fort: cfabacraffé. de buiflons ^ oà 



il 



14* HlSTOXRE 

1740-47 ^^^^' ^^^ répondirent donc au GonvcifiCOt 
' qu'ils ne fc rcfuferoicnt jamais à rien dé 

ce qui feroit du fervice de Dieu & de cdn 
du Roi y mais que la réunion des Vildal 
aïant été ménagée par un EcclédafUqae / 3 
n*appartenoit qu*à ceux qui gouveroaieiit 
le Diocèfe de lui donner un Succeflcur. Le 
Gouverneur indila, &: leur dit que le Défiutt 
. n*aïanr point eu fon attache pour fbndet 
une Rédudion , ni par conféqueut le poa* 
voir de la faire jouir des Privilèges que 
lui feul , comme Vice-Patron , pouvoit y 
attacher , cette affaire ne regardoit point 
le Chapitre de la Cathédrale. 
. Les chofes en étoient là, lorfqoe le Ptie 
Loçano finit fa Lettre du premier de No- 
vembre i74<^j & il ne dit rien de cette 
affaire dans une autre Lettre qu il écrivit 
le premier de Mars de Tannée mivance. Ce 
qui e(l certain y c'eft que plufîeors années 
après il exiftoit une Rédudion des Vilelas , 
& que l'Evéque du Tucuman fc fit accon>- 
pagner d'un Jéfuite dans la vifite qu'il en 
fit 5 ce qui peut faire juger que cette nou- 
velle Fglife n'étoit pas gouvernée par des 
Pères de la Compagnie , d'autant plus que 
dans le mené tems qu'on travailloit à réu- 
nir cette Nation , une vaftc cariere s'ouvroit 
^ leur zcle clans la partie la plus Méri- 
dionale de l'Amérique. Voici de quoi il 
s*a<îL(îoit. 
Proiec des ^^ >' ^ trente ans que de tous les Habitans 
Jéfuirr ;our de cc vaftt Pair, , qui eft icrminé au Sud par 
réu!)îir «l^iisjo Dctioir de Mngcllan j à l'Orient , pat la 
lcsTvirc*sM»-2^.îer Map;cilacique ; à TOccident par la Co^- 
gclkniqucs. ^y.ç^^ duChiH>>auNord, par le Tu- 



i 



^ 



»u Paraguay. Lîv. XXL 14^ 
«aman & le Chaco , on ne connoifToit bien ■ 

91e les Pampas, Peuple errant dans les ^ 74^-47* 
.Taftes Plaines qui s'étendent depuis Bue- 
nos Âyrcs }afqtt*à la Ville de Mendoze, 
laquelle dépend du Chili , od rien ne borne 
la vue ôc n'arrête rimpétuofité des vents 
que les Efpagnols appellent Vuntos Pampe- 
f9s y iL qui excitent û fouvenc les plus 
dolentes tempêtes fur Rio de la Piata. Une 
Lettre du Père Manuel Garcia y Jéfuite y 
datée da 7 Juin 174^, nous donne furies 
aaties Peuples , qui habitent dans ce vafle 
Continent , quelques connoifTances afTez 
générales, & nous en faifoit efpérer de 
plus détaillées , qui ne font point encore 
venues à ma connoiiTance , mais nous en 
avons alTcz pour faire voir que tous nos 
Géographes font fort en défaut fur ce grand 
Pais a & fur fcs Habirans naturels. 

Suivant ce Miffionnairc , tous ceux que Çaraûeredef 
nous appelions Pampas , n'ont pas la me me p^"^^^* ^* ^ 
■origine , quoique tous la tirent des Habi- 
rans de cette partie de la Cordilliere , qu'ils 
nomment Serranos , mais font divifcs en 
deux Tribus fous les noms particuliers de 
Pudchès & de Tuelchès, Ceux-ci font con- 
fias à Buenos Ayrcs fous le nom de Pampas 
.Magdalenijias , parceque dans un tenis de 
famine ils fe répandirent aux environs d'une 
Bourgade Efpagnole nommée ia Magde- 
leine ^ & ceux-là fous le nom de Pampas 
Matancerosy parceque dans k même r^ms, 
& pour la même raifon ils s'approchèrent 
du Bourg de Matança , qui n'cU pas non- 
plus fort éloigné de Buenos Ayrès. 

Les Montagnards Tuelchès font établis^ 



f44 Histoire 

^JZ ^""^ aux environs d'un Volcan , & une panier 
^740-47. ^Ç5 Magdalcniftes s'étendent aufli le long 
de Rio de los Sauces ^ ou Rivière des Saa« 
les , qui coule de l'Orient à l'Occident y& 
fe décharge , après* s'être partagée en deux 
branches , dans la Mère Magellanique. 
Quant à la partie la plus Âuflrale de ce 
Continent , elle cd habitée par deux autres 
Nations ou Tribus , qui portent les noms 
èiAucaes & de Pepienchès ou Pehuenchès» 
Les premiers f<)nt établis- à la hauteur de 
Valdivia , Ville du Chili ; les féconds , dont 
quelques-uns font encore plus au Nord, 
s'érendent par petites Trouppcs jufqu'an 
Détroit de Magellan. Suivant cette divifion 
il n'eft pas ailé de trouver ou placer les 
Patagons, Ce qui eft certain , c*eft qu'oa 
n'a trouvé dans aucune des Nations , dont 
je viens de parler , ni cette taille gigan- 
tcfque 9 ni cette Hgure monftrueufe , foas 
lefquelles on reprcfente ceux-ci , quelque 
recherche qu'on ait faite à l'occanoa de 
i'Entreprife dont nous parlerons bientôt ; 
car on n'a trouvé ni Homme vivant y m 
un feul fquelette , qui donne lieu de croire 
que ce Paï's foit habité par des Géîants. 
tcur Langue, La Langue des Serranos n'eft pas iâ 
^te^' 1 ^^^^^^[ même que celle des Habjtans les plus voi- 
LcSc^ ^^ fiï^s du Détroit 5 & les Dialedes , qui font 
dérivées de Tune & de l'autre , ont leurs 
difficultés particulières. Tous s'entendent 
néanmoins ailez pour traiter en£emble : iU 
Ct font fait un langage commun , ou ils & 
font donné réciproquement des figues-» 
comme il fe pratique parmi plufieurs Sau- 
vages dç l'Amérique , four w faite cntcn^ 

dre^ 



! 



BU Pauaguat. Lh.XXL 14^ 
ht. Au rcftc tous font , comme tous les — — — • 
Peuples Méridionaux, légers, inconftants, ^74^47* 
kréfolus ; mais ,il y en a peu , qu'ils ne 
fiupaflent en fierté & en arrogance , quoi* 
^'il n*y ait peut-être pas d'Hommes au 
Monde qui mènent une vie plus miféra- 
Ue , ni qui fbient plus pauvres , fur-tout 
ks Pampas & les Montagnards 5 cependant 
ils ne s'eftiment inférieurs à aucune Nation, 
pas même aux Efpagnols. Au refle leur pau« 
victé cft uniquement caufée par leur parefle, 
donc ils font gloire. Il n'y a que ceux qui 
ont vécu dans le voifînage des Habitations 
£(pagnoles, qui par necedité £e (ont un 
peu accoutumés au travail. 

•Les Habitans des Montagnes , quoique 
4eac Païs (bit fujet à de grands froicls , 
aimeroient mieux aller tout nus, que de 
(c donner la peine de fe faire des nabitss 
lis achètent des couvertures & des étoffes 
des Aacaès, qui nourriffent quelques Trou- 
peaux, Se de leur laine font de quoi fe 
couvrir. Ils femënt auffi du âroment , qu'ils 
ictSL&nt entre deux pierres pour en faire des 
efpeces de tonnes : ils ont du cuivre & quel- 
ques autres métaux , qu'ils fondent enfem- 
bie pooren faire des mors Se des éperons ^ 
mais -en petite quantité , parcequ'ils trou- 
vent ce travail trop dur. Ils ne tuent point 
inirs Brebis pour les mani^er ; mais quand 
la £aim les pre(re , ils les (aignent & eh boi- 
vcnc le ûmg. Les alimens les plus ordinaires 
des Montagnards font les chairs des Ju- 
mens , -des Renards, des Autruclies, des 
Cuanacos. Les Pampas font fort friands de 
«elle des Boeufs 9 Sl ils en enlèvent autant 
Tomi n. G 



s 



146 HiS TOIRE 

•"' qu ils peuvent des Habitations Efpagnokf* 

J740-47» Cependant leurs values plaines font couver* 
tes de Bçrufs fauvages ; mais ils ne fc don- 
nent point la peine de les chaffer, | 

Leurs vices. Ceux qui ont 4e plus de commerce avec î 
les Efpagnols , ont appris d*eux à jouer , & i 
le jeu c(t devenu leur pairion dominante: = 
ils y pafTent les journées entières , & quel- 
quefois les nuits , fans fonger même à cncr* 
cher de quoi vivre. D'ailleurs ils font les. 
plus intéreffés des Hommes. On n'çft bien 
avec eux qu'autant qu'on leur donne , & 
plus on leur donne , plus ils demandent. Ils 
ne voudroient pas rendre le moindre fervice 
à perfonne , qu'ils ne fufTent païés d'avan« 
ce , & pour voler une bagatelle il ne leur 
/coûte rien de courir plu(ieurs lieues. Ih 
achètent. pour revendre, & ils font auf& 
fripons dans le commerce , que hardis vo^ 
leurs. Avec cela. ils font fujets aux vices 
les plus erofTiers , & ils n'ont pas la prc^ 
mierc idée de la pudeur G naturelle au reftç 
4cs Hommes. 
Leurs idées Cependant ils paroiHent avoir unç idée 

(m K^^^-'Siffcz diftinare de Dieu, & leurs Langues 

t^^^ ont des termes pour exprimer ce qu'ils ea- 

tcndent par cet Etre fupérieur j mais on uê 
s'ell point encore apperçu qu'ils lui rendent 
aucune forte de culte, quoiqu'un Efpagnol 
qui avoit été long-tems Efclave parjtm lés 
Montagnards, ait dit au Père Garcia .au il 
les avoit 'entendus proférer fon nom d'ua 
ton fort afFedueux. On a au(fi quelque lieu 
/de croire que les Aucaès adorent le Soleil » 
.car quand ils ont tué une Bcte à la cha/Te, j 
ii^ en jettçnt le fang yers içet Aftrc^ en figjic 



BU Paraguay. Lh. XXL 147 

Ac réjouiflance & d'adions de grâces. On | -40-4^. 

dit auflî que les Femmes , quand elles font ' ' * 

accouchées ^ préfencenc leurs Enfants à la 

Lune , comme pour les lui offrir & rccon- 

noître qu'elles les tiennent de fa libéralité y 

ou pour la prier de répandre fur eux fes 

plus favorables influences. 

Tous croient les Âmes immortelles. De» 
que quelqu'un eft mort , les vieilles Femmes 
s affemblent dans fa Cabanne , & aflifcs 
autour du corps , fe mettent à pleurer Se à 
crier de toutes leurs forces. Les Parents du 
Défunt répondent fur le même ton , & 
quand cela a duré quelque tems , on porte - 
le corps au Ucu de la fépulture , & on l'en- 
terre avec tout ce qui étoit à l'ufage du 
Défunt. On e£l même fort attentif à ne laif- 
fer rien qui puilTe en rappeller le fou venir. 
A-peine dd-iL hors de fa Cabane , qu'on la 
réduit en ccmres , & Ton regarde roi c com- 
me un très mauvais pronoilic de rcvcr à 
lui eu dormant. Ces Barbares ont quantité 
d'autres préjuges fuperftiticux , & croient 
beaucoup aux Sorcières ^ car ce font les 
Femmes feules , qui fe mêlent des fortilé- 
gcs , & elles fe vantent d'avoir de fréquens 
entretiens avec les Démons. 

Pour fe marier parmi ces Peuples il faut ^^ trarîagrt 

acheter une Femme, mais on la quitte fans ?, i_ "ç"" 
^ 1 /• * 1 • tioii des £ur 

nçon 5 quand on ne Le trouve pas bicuf^us. 

avec elle, & on en acheté une, autre. Les 

Caciques & les plus riches en peuvent avoir 

autant qu'ils veulent. Quand un Homme 

meurt Gms Enfants, fon Frerc époufc la 

Veuve, & fi la Femme meurt fans avoir 

eu d'Eufams, u Sœur , fi elle en a, & ii 



114* H I s T O I A E 

'lf740-47, ^^^^ *^^ Veuve , doit prendre fa place. Î4 
^ tcndrefle des Pères & des Mères pour leurs 

•Enfants efl: portée à un excès qui va juf- 
•qu'à l'extravagance ^ jamais ils ne les châ- 
tient ni les réprimandent , quoiqu'ils en 
Soient traités avec la dernière infolcnce. 
S'il arrive que dans un mouvement de cor 
1ère ils les aient frappés , dès q'ie la colère 
ell pafTée , ils font un feftin pour fe récon- 
cilier avec eux. Le Père parle à fon Fils 
par vous y & le Fils ne lui répond que par 
toi. Cette conduite produit tous les dcforr 
dres qu'on en doit naturellement attendre ; 
•& au lieu que parmi la plupart des autres 
Nations c'eft dans le coeur des Enfants | 
que lafemcncc Evangéliquc commence à 
germer , ici c'eft où elle a le plus de peinç 
a fru£lifîer. 
Lc$ Pompas Aufli, quoique les PampdÀ| fe fiifltnt 
^ ^? ^T j^^^^^s déclarés ouvertemenflRnemis des 
Mandent dTs Espagnols , & que plufieurs de leurs Caci- 
i^iéoD^isd' ques affcdaffent même de porter des nomi 
r«» de Saints Sç, des furnoms Caftilians , on 

avoir perdu toute efpérancc d'en faire de 
véritables Chrétiens, lorfqu'çn 1739 dcui 
de leurs Chefs & deux des Montagnards » 
allèrent trouver à Buenos Ayrès le Meftre 
de Camp , Dom Jean de Saint Martin , 
pour le prier de leur procurer des Pcres 
de la Compagnie , qui vouluffent bien 
prendre la peine de les inftruire des vérités 
dz notre lainte Religion. Dom Jean en 
donna aiîiïi-tôt avis au Gouverneur de la 
Province , Dom Miguel de !5alcedo , lequel 
écrivit fur-le-champ au Père Machoni , 
alors Provincial de$ Jéfuites y pour Tcngar 



I 



tu PaUaouay. Liv, XXL 149" 
|er à profiter d'une fi belle occafion de ..'*'^" 

porter ta lumière de rEvan^ile à ces Peu- '^ ' '' 
pfcs. Le Provincial propoia. cette Entre- 
pilè s(ux Percs du Collège de Buenos Ay- 
rcs : les Percs Mathias Strobl & Manuel 
Ûacrini s'offrirent de bonne grâce , & ils 
turent acceptes. 

Comme les Caciques dcmandoicnt un R^duôion <fe 
terrein , ou Ton put fermer une Rcduc-^f Concep- 
tion, le Perc Strobl en alla chercher un,"^"' 
& le trouva tel qu'il le fouhaitoit , à deux 
lienes de ta Mer Magellaniquc , entre un 
Ruifleau & la petite Rivière Salée, C'ctoic • 
tioe Plaine femec de Bofqucts ^ Se qui avoio 
en Êice le Cap de Sainte-Manc. Le Père 
Qucrini en aïant eu avis en alla faire parc 
aux Caciques, lc(quels difpoferenc auffi-toc 
leurs Vauaux , & régleront toutes chofcs 
pour aller prendre polTeffion' des terres 
iju'on leur offroit. Ce fiit le fixieme de 
Mai mil Ccpt cent quarante , que toute 
cette nouvelle Colonie fe mit en marche 
avec les deux M'ifiionnaires ,- & elle n'a- 
voit pas encore fait beaucoup de che- 
min * qae Dieu fit connoîtré que le tcms de 
fa miTéricorde étoit venu pour ces Infidc- 
ïçs. La Femme d*un Cacique tomba mala- 
de , demanda le Baptême avec les plus* 
grandes inftances ,.le reçut , & mourut dans 
les plus beaiix fentimens que la Religion 
pnifle kifpirer^ tandis qu'on lui faifoit la- 
recommandation de rÀme. Un Enfant la 
fuivic de près à la gloire , après avoir été 
régénéré dans les eaux du Baptême , & la 
merveille fut que le Mari de Tune & les- 
Jfarons de l'autre ne parurent fenfiblcs qu'à- 

G iii. 



IJO H 1 s T O 1 R ï 

1740 47. ^^ J°^^ ^^ ^^^^ ^cs deux Prédeftin^s alfcr 
prendre po/Tefîîon du Te jour des Bienheu- 
reux au nom de leur l^ation. 
Faveurs du Toute la Trouppe arriva 'au terme îeilr 
C cl fur ces de Mai jour de TAfcenfion j & commença 
^lofélyjes. par planter une Croix , au pié d& laquelle 
les deux Miflîonnatres célébrèrent (ur-le- 
champ les divins Myftcres. Ils s'étoient (m 
accompagner de quelques Guaranis,, & ili 
les cmploïerent d*abord à bâtir une Cha- 
pelle , 5c des Cabanes pour tout le monde. 
Le Caciouc , qui avoit perdu fa Femme 
pendant le voïape , fut nommé Corrégi- 
dor de la nouvelle Bourgade , fuivant le 
pouvoir qu'en avoir donné le Gouverneur 
de la Province. Trois autres remplirenc 
les premières Charges municipales , les aa- 
très Rirent confiées aux principaux des deur 
Nations , 8c tout fe fit à la fatisfa£lion de 
ces deux Peuple^ , qui paroifToîent n*ea 
faire plus qu*un feul. 

Il n*ctoit pas néceflaire d'appeller les 
Adultes , ni même les Enfants aux inftrac- 
tions : tous s*y portoient d'eux-mêmes avec 
ardeur, parle defir qu'ils avoient de çpce-, 
-voir le Baptême 5 & comme les deux Mif- 
lîonnaires ne pouvoient pas encore s'ex- 
pliquer facilement dans leur Langue, ils les 
prièrent de leur parler en Efpagnol , qu'ils 
entcndoient alTezbicn, quoiqu'ils n'evuTcnt 
ppint Tufage de le parler. On baptifa 
d'abord foixante & dix Enfants , donc 
cinq moururent bientôt après /. un fixicme 
tomba enfuite malade , & pendant toute . 
fa maladie , quoiqu'il n'eût que cinq ans y 
lors même qu'il étoit en délire, il ne fit 



liv Paraguay, th. kXt. i$i 

ijuc prier Dieu , & expira en prononçant TTTTTr** 
les facrés Noms de Jefus & de Marie. Une '^ '^'* 
femme accoucha prefque en même tems 
d'un Enfant 5 qui parut mort : le moment 
d'après le Pcre Querini , qu'on n'avoic 
pas eu le tems d'avertir , étant entré 
far hafàrd dans cette Cabane , et voïant 
toute la Famille plongée dans la triftefle , 
en demanda la raifon s on la lui dit , & i! 
Voulut voir l'Enfant, qu'on avoît étendii 
par terre , & couvert d'un morceau d'étof- 
fe : il l'examina & trouva qu'il refpiroit 
encore. Il le baptifa , & prefqu'aulfi-tôt il 
lui vit rendre le dernier loupir. 

La Femme d'un Cacique cfes Montagne^ 
fut dans le même tems attaquée de dou- 
leurs trèç violentes , qui la réduifirent bien- 
tôt à l'extrémité. Elle étoit enceinte, &r 
on la croïoit à fon terme ; on ne douta 
point que l'Enfatit ne fut mort dans foiï 
fcin , & pour fauver k mcre, on (e dit 
pofoit à l'en tirer. Le Père Strobl <|ui ' ac- • i 

courut au premier avis qu'on lui en don- •' •■• 

na , aïant engagé la malade k s'adrcfTeif 
au faint Fondateur de la Compagnie , dont 
il lui appliqua une Rdique , elle fut déli-^ 
▼réc fur-le-champ. L TEnfant ne donnoie 
aucun (îgne de vie , & avoir à la rctc dntf 
ouverture, par laquelle on voïoit la cer- 
velle ; cependant on l'entendit pleurer, lé 
MifTionnaire le baptifa , & il expira biéh- 
tôt après , laiffant toute la Famille perfua- 
dée que le Saint Patriarche ne lui avoit 
prolongé la vie, que pour afTurer fon fa^ 
lut éternel. 

Enfin, une jeune Femme nouvellement 
G iiij 



ÎJ* H I s T O 1 R 1 

* ^ marine étant tombée malade j demanda fe 
A74 '47'. Baptême avec de fî grandes inftances , 
qu'on crut ne devoir pas différer d'un mo-'. 
ment à le lui accorder , quoique la mala« 
die ne parut pas dangercufe. Elle reçut 
ce Sacrement avec des trân(ports de fer- 
veur 5 qui paroifToient avoir quelque chofc 
de furnaturel; elle demanda cnfuitcFEx- 
tréme Ondion , & il fallut encore céder 
à fes cmpreflemen». A-peine revit-elle re- 
çue , qu'elle rendît l'ame à (on Créateur 
dans une efpecc de raviflemcnt. Tous en 

Î général paroifToicnt pénétrés des mémei 
encimens y ,Sl on ne pouvoit attribuer qu'à 
un miracle de la erace un changement û, 
prompt dans les Hommes du monde , <m 
paroi/Tolent peu de tems auparavant tes 
plus éloignés du Roïaume de Dieu. 
Grand con- , Le bruit de tant de merveilles Te répan-^ 
S"f * ^r ^l'^ *^" bientôt par- tout , & Ton vit accourir 
con^ption t ? ]a Conception un très grand nombre dln- 
& ce qui en udeles ; mais la feule curiouté y attiroit la 
arrive. multitude , & bientôt on eut tout lieu de 

fe repentir de Ty avoir reçue fans examen. 
Il n'eft pas poÔible d'imaginer ce que les 
deux Miflionnaires eurent à endurer de la 
plupart de ces nouveaux venus. Illeurfal- 
loit traiter avec des Barbares fans pudeur j 
qui ignoroicnt jufqu*aux égards 8c aux 
biepféanccs que la feule lumière de la rai- 
fon prefcrit , qui ne pouvoient fouffrir au- 
cune dépendance , portoient la fierté & Tin- 
folence jufqu aux plus grands excès , fi 
moquoient des avis qu'on leur donnoitj 
ne païoient que d'ingratitude les fervices 
qu'on leur rcndoir , &c n étoient feniihlcs 



BU V kHAQVAY. Llv. XXT. lyj 
Bt aux prières ni aux menaces qu*on leur n at^ 
&(bit de la colère du Ciel. Leurs En- "**'' '^^^ 
£mts , tandis qu*on les inftruifoic, jouoicnt , 
k baccûient, ne faifoient aucune actention 
i ce qu'on leur difbir. Cependant pcu-à- 
peu la patience & la confiante charicc des 
Minières d'un Dieu qui leur a tant recom- 
mandé ces vertus , 8c les bons exemples 
des premiers Habitants de la Rédudion y. 
lès rendirent plus raifonnables , & le plus 
grand' nombre fe convertit de bonne foi. 

Il fallut néanmoins ufer envers tous de 
beaucoup de condefccndance au fujet du 
uavail, pour lequel j'ai déjà obférvé que" 
CCS Peuples ont une averfîon qui paroîr 
invincible 5 & cette complaifancc , l'exem- 
ple des Guaranis que les Pères retinrcnt> 
quelque tems avec eux , & celui de ces 
Religieux, mêmes , qui ne s*épargnoient en- 
rien , produiCrent à la fin une partie de.* 
Tefièt , dont on avoit long-tems defefpéré^ 
On vint à bout de les engager à labourer- 
la terre , & à y femer des grains. L*cfpé- 
rance bien fondée d'une abondante ré col* 
te leur rendit le travail fupportable ; ils en 
inarqnereiK leur reconnoiflTance à ceux quT- 
leur avoient procuré ce bonheur, par les- 
aflîirances du plus parfait attacKemenr , 8c ' 
ils tinrent parole »- quoique dès perfonnes 
intéiefTées a les avoir dans leur voifinage>, 
n'euflent rien oublié pour les prévenir cou- 
tre lès Miffionnaires , en même tems qu'ils 
tàchoiènt de perfuader à ceux-ci qu'ils per^« 
doient leur tems & s*épui(bient inutikmenc 
ic &ti^es auprès d'un Peuple , qu'ils ne 
laéduîioient jamais à vivre en focicté ,,Ao:- 



^S4 Histoire 

1740-47. ^°"^^ encore à fe foumcttre au joug <fc 

l'Evangile. 
Fcrveut des Dès qu'on fut venu à bout d'en faire 

Néophytes, des Hommes laborieux , & de les rendre 
traitablcs & dociles , la grâce , trouvant 
beaucoup moins d'obftacks à fes impref- 
fions dans leurs cœurs , fit le refte , & la 
fejveur devint générale. L'emprcflcment 
qu'ils témoignoient pour être inftruits , ^alla-. 
n loin , que la nuit mcme ils alloient in* 
terrompre le repos des MifTionnaires pour 
leur demander des éclairciflcments furies 
articles de la doctrine Chrétienne, qa'oa 
leur avoir expliquée , ou pour les prier de 
leur faire répéter ce qu'on leur avoit fait 
apprendre par cœur. Mais cela étoit enco- 
re moins étonnant , que la dépendance où 
étoient des Hommes tels que je les ai dé- 
peints 5 n'ofant pas même (brtir de l'cn- 
ceinte de la Bourgade fans la permilîîon. 
de leurs Pafteurs , & voulant l'avoir par 
écrit 3 lorfqu'ils alloient à Buenos Ayrcs. 

"iTAi-AT Le récit , qu'ils faifoient dans ces voïa- 

1741-47. . , J * I -WT • .-1 

. , ges a ceux de leur Nation qu ils rencon- 

daïis par 'la ^^^^^1^^ , du bonheur dont ils jouiflbicnt , 
famine à de <le l'attention des Pères de la Compagnie 
grandes ex- pour aller au-devant de tous leurs befbins 3; 
«emiccs. gr ^^ j^ manière aimable dont ils les gou-r 
vernoient , attiroit de tous côtes des Pro- 
félytes à la Conception. La paix & une 
union charmante regn oient dans cette Co- 
lonie , & on y entendoit jour & nuit chaa- 
"ter les louanges du Seigneur. Un accident , 
qu'on n'avoir pu prévoir , fit craindre aux 
Miflionnaires que des commencemens (i 
heureux ne fufTent bientôt pour eux. la four-; 



f 



»u Paraguay, tiv,' XXL ij^' 

ee de la douleur la plus amere , en voianc -- . j_ '■ 
rtyanoair en un moment rcfpérance c]u ils ^* ^'* 
leur avoien: fait concevoir de réunir tou- 
tes CCS Nations dans le fcin de rEglifc. 
■ Voici 'ce qui y donna lieu. 

Le Gouverneur de la Province, fondé 
for un ordre général qu*il en avoir reçu 
de Sa Majefté , avoit donné aux MifTion^ 
naires fur la Caiffe Roïale quatre cents 
francs pour les frais de cet ErablifTement , 
& ces Pères en avoient encore reçu de 
différents Particuliers jufqu'à fcpt cents y . 
avec un peu de gros & de menu Bétail , Se 
des grains pour femcr ; mais tout cela- 
avotc été conHimé avant la première récol- 
te. Une fécherefTe extrême , & une forte 
gelée qui fiirvint dans une faifon où il ne 
gelé prefque jamais , firent manquer la fé- 
conde , & comme elle manqua aufll aux 
environs de Buenos Ayrès, & que le peu 
de grains qu'on avoit de réferve dans cette 
Ville fut brûlé par là négligence de quel- 
ques Soldats , qui y làifl'ercnt tomber da- 
rcu , la Réduàion fe trouva fans pre{qu*au- 
cunc reffource pour la fubiîftance de fcs- 
Habitants. La foi des Néophytes n*en fut 
pourtant pas ébranlée ; ils eurent même le 
courage dé fermer leur Bourgade d*unc- 
Honne paliffade , pour fe mettre à Tabri: 
^s infiiltes de leurs Ennemis , . de bâtir de 
nouvelles Cabanes , & des logements à 1^;^ 
Campagne pour ceux qui étoient chargés-* 
de la garde des Beftiaux, & un Chef de - 
Bergers £(pagnots eut la charité de les di-r 
i^er dans ces travaux. 

Mais It. £las grand danger qie courue: 



.J$4 Htstoirï 

■ • la nouvelle Colonie, ou il y avoît encore 

ï742--47i affez peu d'Adultes baptifcs , vint d*oû il 
Hoftilités y avoit , ce femble , le moins' à craindre. 

ûW^^^^ ^^ P^''^ .^^^°\^ ^^P"^^ ^'*^°^^ ^7 H , qw 
Indiens Mon- ^"^ ^^ première du gouvernement de Dom 
tagnards. Miguel de Salcedo , entre les Efpagnols U 
les Habitants des Montagnes , qui Tavoicnt 
commencée en pillant quelques Habita* 
tions affez proches de Buenos Ayrès. Ce 
qu'il y eut de plus fâcheux , c'eft que les 
Efpagnols ne connoifl'ant point les Agref- 
feurs 5 parceau'apparcmment le coup s'é- 
toit fait pendant la nuit y s'en prirent à; 
des Pampas , qu'ils firent mettre en prifon^ 
A la vérité ils n'y furent pas long-tcms y 
• mais on les y avoit traités (i durement, 
que le premier ufage qu'ils firent de leur 
liberté , fut d'engager plufieurs autres Pam- 
pas à s'unir avec eux pour fc venger ^ & à 
faire ligue avec les Montagnards , qui 
avoient été reconnus pour les Agrefleurs* 

Pendant les quatre premières Campagnes, 
les avantages & les pertes ne furent confi-* 
dé râbles ni de part , ni d'autre , & furent, 
aflez partagées ; mais en 1740 un Caciquo 
des Montagnards , que les E^agnols nom-? 
inerent le Cacique Èravo , & dont le Nc-^ 
▼eu venoit d*^etre tué dans une rencontre 
avec cinquante de fes Soldats , jrrité d'^ûK 
leurs de ce que les Efpagnols avoient vou- 
lu rendre toute fa Nation refponfablc da-. 
pillage de quelques Particuliers (ans aveu> 
aflcmbla une afîez nombreufe armée , &: 
marcha vers le Bourg de la; Madeleine y. 
rcfolu d'y mettr c tout à feu &à fang, &: 
de traiter enfuite de même la Concepcioa> 



»u Paraguat. Liv, XXL lyr 
1*1x1' les Efpagnols avoient tiré des Guides ^ j ^ ^" 
pour pénétrer dans la Cordilliere. 

lîétoitdéjà en pleine marche , cjucles Le Bourg de 
Efpagnols n'avoicnt pas le moindre vent de ^^.JJJ p^, ÏJJ 
ibn delTein; Les premiers qui en eurent i^mLiuxdji 
yielque (bupçon , furent les Indiens de la 
90UTclle Reduâion. Ils apperçurent un 
joar un grand nombre de cav ailes, qui 
coQioient comme Ç\ elles croient ponr- 
fuivies; ûl le firent remarquer à leurs Mif- 
£onnaires, & leur dirent qu'il falloit qu'il 
y eut un grand parti de Monta£;nards en 
Campagne. Ces Pères qui les virent ef- 
fraies, ne (bngerent d'abord- qu*à les raf- 
fiirer , & envoïerent en même tcms aver- 
tir le Lieutenant Général , Dom Barrhe- 
lemi de Canalès y. qui commandoir dans 
ces quartiers-là , de ce qu'ils avoient vu. 
Mais il étoit déjà trop tard : Leur Courier 
étoit parti le vingt-deux de Novembre, 
& lcvingt-(îx, le Capitaine Bravo tomba 
fur la Madeleine , qu'il furprit. Deux cents 
Perfonnes furent tuées d'abord, le nombre 
des Prifonniers fut encore plus grand. Le 
Cacique emmena tous les Bcftiaux , enleva 
tout ce qu'il trouva- à fa bicnfcance , & 
aiant fait un détachement pour conduire 
tous fes Prifonniers & tout le butin dans 
les Montagnes , fe difpofa à marcher vers 
la Conception , où il avoit envoie des Ef- 
pions, pour favoir ii on y étoit fur fes 
gardes. 

On l'y attendoit , & on ne l'y craignoit ceuxdmani 
point; Le Gouverneur de la Province , fur qucntlaCo»- 
le premier avis ou'il avoit eu du malheur ccption» 
arrivé à- la. Madeieiac, fc doutant bien 



JB74^-47. 



rf8 Histoire 

que ce Cacique iroic tout de fiiîtc tomber 
fiir cette Bourgade , y avoit envoie qua- 
rante' Soldats & quelques pièces d'artille- 
rie. Les Efpions du Cacique y arrivèrent 
prerqu'aufïî-tôt que ce renfort, c'eft-à-iiirc,. 
là nuit du huitième de Décembre , & s*en 
approchèrent à la faveur des ténèbres. La- 
Sentinelle entendit du bruir, tira un coup 
de canon , & TEnncmi comprit quon y 
étoit en état de fe défendre. On courue 
aulfi-tôt en donner avis au Cacique , lequel! 
ne pouvant plus compter fiir la furpnfc , 

Îïrit le parti de la retraite. Le Gouverneur 
t fît pourfuivre par quatre détachemens 
de Cavalerie ; mais après qu'ils eurent fait 
environ vingt lieues , ne trouvant nulle 
part ni eau , ni fouragc , ils furent con-< 
traints de retourner fur leurs pas. 
EcsEfpagnols Cependant la Conception , à-peine rà(Iu^ 
ft prcvien- rée contre les entrepiifes du Cacique Bra- 
ncnt contre yo , fe vit fur le point d'effuierdc la parc 
lè$ Habitans j^j. Efpacrnols le même fort qu elle vcnoit 
de la. Con- jw • ^ "tt i_ • r i j^ » • 

ccpuoAk d éviter. Un bruit lourd , dont on n a ja- 

mais pu connoître l'Auteur , fe répandît 
tout-à-coup dans Buenos Ayrès,, que ces 
nouveaux Chrétiens s'étoient ligués avec 
l'Ennemi pour venir Ainer cette Capitale,. 
& ce qui eft encore plus étonnant , pref<^ue ■ 
tout (e monde le crut , ou fit femblanc 
de le croire. Des E fpagnols,. qui av oient 
été pris à la Madeleine,. & quis'étoîent- 
hcureufcment fauves pendant la route ,. 
curent beau aflfurer que le deiFcin du Ca- 
cique Bravo étoit de ruiner cette Réduc-f 
tiôn , ils nç pcrfuadcrent perfonne, patbc-^ 
^'oa ne vouloit pas ctxe détrompé , oCijac \ 



DU Paraguay. Liv. XXT, i^ 
bien des eens . qui donnoient le ton aux ^ 

^.''^^r «t i744.-4.Ti. 

autres, voioient de fort mauvais œil uft /TT-rr* 
EtiablifTement de Chrétiens convertis à la' 
Foi, qui ne pouvoient pas être donnés en 
commande j de forte que deux de ces Néo- 
phytes étant venus liir ces entrefaites à 
Buenos Ayrcs avec une permiffion par écrit 
du Père Querini , ils furent arrêtés & mis 
en prifon. 

Le Gouverneur lés en fît bientôt fortif y . ^^xf^T^ 
mais ils refterent allez long-tems dans la maires* ^ 
Ville , pour entendre tout ce qui s*y débi- 
toit contre leur Bourgade, qui n'étoit , di- 
fbit-on publiquement, peuplée que de Traî- 
tres, & les menaces que Ton fai(oit dé les 
aller tous paffer au fil deTépce. On n'épar- 
gnoit pas même leurs Miffionnaires , qu'on 
ne crâignoit point de faire pafler pour les 
plus grands Ennemis dé l'Etat ,.& on ne 
le caclioit pas de leurs Indiens , pour en par- 
ler airifî; Sur le rapport qu'ils en firent k 
leur retour à là Conception , la furprife fut 
extrême parmi ces pauvres Indiens , qui 
peu de jours auparavant s'étoiènt vus (ur 
le point d*être égorgés comme Traîtres à 
leur Patrie , & fe voïoieri\ menacés d'êtrç 
traités dé la même manière par les Efpa- 
nôls mêmes , fans leur en avoir donné 
aucun fujet. La peur faifit furtout les Mon- 
tagnards;& un de leurs Caciques ne doutant 
ipoiht qu'il ne dfit être la première viftime- 
que les Efpagnols- facrifieroiént à leurs pré- 
ventions , crut devoir s'aller^ mettre en fu- 
reté dans les Mbnt^gnes. '11 ne fit. confiden- 
ce de folti delTeih qu*â un dé fcs Amis, en 
prenant congé de lui ^ & (feiui-ci laï^ 



tes IT i-s T o I R r 

*L^ prié d'engager fa Nation à finir par un^ 

•74; -47* Êonne paix une guerre , oii il n y avoir qu*a 
perdre pour tour le monde, ^ Ccft bica 
M mon intention, lui répondit-il , je ne- 
»i me retire que pour mefouftraire àl*iujuftc' 
» perfécution des Efpagnols > & je leur 
3> ferai voir qu'ils ne (avcnt pas dîftingucr' 
95 leurs véritables Amis , de ceux qui ne 
33 travaillent qu*à leur fufciterdc nou-veaux 
M Ennemis. 

Cependant la fuite de ce Chef fortifia* 
encore tous les foupçons dès Habitans de 
Buenos Ayrès , mais Dom Dîegue (i) Or- 
tiz de Rozas , qui venoit de fucceder a 
Dom Miguel de Salcedo dans le Gouver- 
nement dé Rio de là Plata y s'étant déclaré' 
pour les Néophytes , & le Perc Qucrinî 
aïant écrit à Dom François Suarcz , leur 
Protedeur par office , pour le prier de faire 
ceffer ces clameurs^ on ne parla pbis de. 
rien. Mais cette tempête étoit à-pcine cai-* 
mée 5 que la crainte dé voir revenir les 
Montagnards £àifit de nouveau toute la Ré- 
duélion , &.ce qui y donna lieu , fiic que: 
le Gouverneur , fur un Eux avis qu*une 
Efcadre Angloife étoit en Mer pour venir • 
faire le .fiége de Buenos Ayrès ,. rappeUa les 
quarante Soldats qui avoient été envoies 
à la Conception pour raffurer les Néophy- 
tes. Mais les Miffibnnaires vinrent aifô- 
ment à bout de dilfiper leurs craintes^, en 
leur fàifant comprendre qutls n*ayOteat 
rien à appréhender d'un Ennemi ^dènt tou-- 
tc la force étoit dans là furprife, & en (e 
faifant garants qu on ne les laifleroit point: 
(0 UiLMémoire im|>riiBé le nomme faoïnin^ 



fctf fx^A GtTAY. Liv. XXL X4l 

fins fccours , quand ils en auroicnt bcfoiri. 1741-4.^;" 

Le nouveau Gouverneur de fon côté ^^ r ^ 
afeUgeoic rien pour fair^ entendre au» „,„" ,,^^^[; 
Montagnards & à leurs Alliés 5 que la àfkirelapajr 
gnerre qu'ils lui fâifoient^ n'avoir point^avec IcsMoû- 
d'antre fondement cju'un mal-entendu , & cagnaidi.- 

2a*il n*écoit pas motns de leur intcrcc, que 
a fien , de la faire ceffer. Des le commen-' 
cernent de l'année 1741 ^ il avoir mandé 
aux Miflionnaires de la Conception de 
ciurger une de leurs Profélyres > qui étoit 
Sœnr du Cacique Bravo > aaller trouver 
fon Frère pour tâcher de lui faire enten- 
dre raifon. C'écoit une Femme de réfolu- 
tion y flc fur la fidélité de laquelle on pou-' 
voie compter. Elle con(éntit fans peine ^ 
ce qu'on fouhaitoit d'elle , & le 4 de Fé^ 
Trier elle pantt avec quelques- Néophytes 
biens montés ^ dont le Per&Querini avoic 
jugé à propos de la faire accompagner j 
mais à Ventrée des Montagnes ils hirent 
contraints de s'arrêter, faute d'eau & de 
fourage» Alors Tlndienne leur dit de s'en 
letoumer , & d'affurer le Pcre Qucrini 
qu'elle lui répondoît d'engager fon Frcrc 
a cnvoïcr des Députés au Gouverneur pour 
traiter avec lui d'une paix (blidc & du- 
rable. 

Comme on fot aflcz tong-tems fans 
avoir de fes nouvelles , le Gouverneur crut 
qu'il falloir intimider l'ennemi pour le 
rendre plus traitablc. Il donna ordre à Dom 
Chriftophe Cabrai , Lieutenant du Mcftrc 
de Camp Général , de marcher avec fix 
cents Hommes vers les Montagnes , d'offrir 
la paix au Cacique ^ & s'il la lefulbit ^ dç; 



t ^4 ^ ftf 1 * f Ô t R « 

^ 1' ,^ ■ EÎicçue Ortiz de Rozas , les combla (Tân^., 
*7+3-47- xftitiés & leur fît ^ fort beaux préfcasl 
Il y eut cependant quelques difficultés aa- 
fujcp de pluCeùcs Femmes , qui aïaat été 
prirespàr le» Efpagnols ^ & envpïées' à la' 
Conception , y avoient embraflé là Rcli-' 
gion Chrétienne. Comme elles ne vipuloicnt 
point entendre à retoùtner dans leur Paï^- 
au rirque de perdre leur foi ^le Gouverneur 
ne crut pas deiw les y cotitraindre : mais 
il paroît que le^aciques tfinfîftercnt point 
(ur cet article. Ce oui eft certain, c*eft 
c[ue ces généreufes Cnrétiennes refterent à- 
la Conception »- Si que les Caciques > char^ 
Aies deâ bonne! manières du douverheur^ 
lui f>romirent en parcant d^accélérer le plus 

Îu'il leur feroit poflfibU U liberté des Vïi-^ 
bnniers Efpagnolsr 

Jfh du vingt'unUmt Liyf^ 




HISTOIRE 

D U 

PARAGUAY. 

Vingt' deuxième & dernier Livre^ 

SOMMAIRE. 

\yRr>RE du Roi pour U règlement du 
Tribut dans les Reduêlions. Nouveau Gou- 
verneur de Rio de la Plaça. Cédule Roïale 
de Philippe V, Etat floriffant de la Concept 
tion. Guerre civile dans cette Réduflion^ ^ 
comment on y remédie. Elle eft transférée 
ailleurs. Arrivée d*une Frégate de Cadix à 
Buenos Ayres, Sa deftinàtion. Elle part 
pour vifiter la Côte occidentale de la Mer 
Magellanique, Defcriptien du Cap Blanc, 
L'Ile Grande , ou l'Ile des Rois, Le Port 
Defiré. Des lies de las Pinguinas , des 
Faxaros^ 6» de celle des Rois, fontaine de 
Ramirei, Ile de Roldan. Defcription du Port 
Defîré. Lions marins. Avantages du Port 
Dejiré, Tempête du Port de Sainte -Croix. 
Les approches du Pçrt de Saint- Julien en 
venant du Sud, Defcription de la Baie de 
Saint' Julien, Rencontre finguliere. Erreurs 
des Navigateurs fur cette Baie, Defcription 
d% cette Baie : précautions qu'il faut pren4t 



J€^ ttlSTOIXE. 

pour y entrer. Delà Baie de los Camaronc^ J 
ou de Saint- Jofeph. Rédu6lion dans Us 
Montagnes de la CordilUere. Vemmt dt 
pierre fur la Riv'urc des Saules. Prvjet 
d'une RéduBion dans Us Montagnes, 

ï 744-47- J-^ j g j^ n'cmpêchoit plus les Miffionnaî- 
OrdrcduRoi j-^g d'efpércr qu*ils ne trouveroicnt plus dé- 
racnt du Tri- ^0^"^^*^ d'obitacle à répandre la lumière de 
but dans tes TEvangile dans tourc la Terre Magellani- 
&édudious. cjuc. Le Gouverneur de Rio de la Plata de 
fon côté,, après l'avoir fi heureuCement pa^ 
cifiée 5 fc difpofa à exécuter un ordre , qu'il 
vcnoit de recevoir du Roi fon Maître , potu: 
faire les vifites des Réductions , & pour y 
régler la levée du Tribut, de manière qu à 
ne pût y avoir déformais aucune diiHcul^ 
té fur ce point. Les Jéfuites avoienc vivc-^ 
ment foUicité cet ordre , parcequ'ils ne 
voïoient point d'autre moïen de faire ceffer 
les calomnies , qu'on ne fe laffoit pas de rc- 
nouvcller contre eux à ce fujet , & des 
qu'ils apprirent qu'il étôit anivé , le Père 
de Rivarola fe rendit à Santafé avec un 
grand convoi de provifions , pour conduire , 
le Général à Yapeyu , oii dévoie fe com- 
mencer la vifite. 
Nouveau Dom Diegue ctoit fur le point de partir 
Couvcrncur pour l'aller joindre , lorfqu'il apprit que 
i Buenos Ay-Dom Jofeph de Andonaegui , Brigadict 
*"• <lcs Armées du Roi , qui venoit le relever*,' 

avoit fait naufrage mr la pointe de Igs 
Corretis y qui eft a une lieue & demie de 
Monte-Video; qu'il s'ctoit fauve dans fa 
Chaloupe avec Ion £poufe & tous {on do« 



r: • 

I ou Paraguay. Z/v. XXII. 1^7 
! ttcftiqae , mais qae tout l'Equipage avoit 
péri avec le VaifTcau , qui s'étoit ouvert 744-47f 
pen de tefns après que Dom Jofcph s'en 
^ic éloigné. Ce nouveau Gouverneur en 
amvanc à Buenos Ayrès , remit à Dom 
Diegue des Provifions du Roi , qui le nom- 
ffloit Gouverneur & Préfidcnt de TAudicncc 
Toïalc du Chili , & lui permcttoit de conti- 
oaerà gouverner la Province de Rio delà 
Plata, jufqu*àcc que la faîlon fut propre pour 
le voïage du Chili y mais comme elle fe 
trouvoit alors favorable , il voulut en pro- 
fiter. 

Cet incident fut caufc que la vidtc des cédulc Rofi^ 
RéduéHons fut remife à an autre tcms : car, le de Philipty 
outre que le nouveau Gouverneur ne pouvoir P^ ^' 
pas s'aoCenter de la Capitale de ùl Provin-» 
ce avant que d avoir pris une connoiffan- 
ce des affaires qui lui permit de s'en 
éloigner^ un fécond ordre du Roi , dont 
il croit jperfonncllemcnt chargé , l'oblir 
gcoit à faire de grands préparatifs , qui 
demandoient beaucoup de cems. Voici 
de quoi il s'agilToit. Philippe V , fur les 
premières nouvelles qu*il avoit eues que les 
Jéfuites avoient formé une Rédudion^ 
laquelle étoit déjà compofée d un affez 
grand nombre de Pampas » & de Monta^ 
gnards Habitant de la Cordilliere qui fé* 
pare le Chili de la terre Magellan ique , 
Se que leur dciTein étoit de fonder une 
■nouvelle République Chrétienne dans cette 
vafte étendue de Pais, qui n'eft bornée au 
Midi que par le Détroit de Magellan , 
avoit , par une Cédule Roïale du 5 de Nô- 
Y^Dibrp 174.1 , Qi^ndé au Gouverneur de 



1^8 HîSTOiitî 

■^ - Rio de la Plata , Dom Miguel de Salcedo i 

<744~47-« <le favorifer de tout Ton pouvoir ce projet, 
<le prendre fur fa Caiflc tout ce qui fcroit 
néccfTaire pour la fubfiftancc & Tencretien 
^es Miflîonnaires , pour leurs Chapelles 
& pour les frais des Etablinemens qu'ils 
feroient , & de les faire efcorter dam les 
yoïagcs qu'ils feroient obligés dç Ëiiré 
pour ce fujet, s*il en ctoît befoin; 

La guerre , qui étoit furvenuc entre les 
Ëfpagnols & les Peuples dont la nouvelle 
Republique devoir être compoféc , n'avoit 
pas permis aux Miflîonnaires de faire^ aatre 
choie , que de foutenir leur première Ré- 
(dudion , & nous avons vii ce qu'il leur 
en a coûté pour empêcher que ce projet ne 
s'évanouît tout-à-fait. Mais la paix étant 
faite , & le Roi Catliolique paroiâant s'ixk- 
tércffer beaucoup pour une fi belle £ntre« 
f rife , on ne voïoit plus rien qui pût faire 
obdacle à (on exécution , d autant plus 
que le Cacique Bravo , gagné par Ùl Sctuv^ 
promettoit de recevoir îcs Peros ,dc It 
Compagnie , qui voudroient s'établir dans 
4es Montagnes , & que les Nations méri- 
dionales étant beaucoup moins enantes 
^ue toutes les autres de ce Continent , on 
ic Hattoit qu'il y auroit beaucoup moins 
de difficultés à tes réunir ^ outre qu*il y 
«voit à la Conception quelques Fcnimes 
de ces Nations, qui pourroient fervird'In- 
ccrprêtcs & de Catéchifles aux Miffionnair 
^es qu'on y eoverroit. 

Les chofcs en étoient là , & Dom Ortiz 
idc Ilozas prenoit déjà des mefures avec 
iç ProvMU^al des jféfuites , pour profiter 

4c$ 



ou Pauaouav. Liv. XXIL iÇp 
des bonnes difpofîcions , où paroliToicnc -' 

être les Indiens , lorfque fon Succeffeur ^744"47« 
arriva à Buenos Ayrès. On avoic bien chan- 
gé de langage dans cette Ville au fujec 
des nouveaux Chrétiens de la Conception ; 
la parc qu'ils avoienc eue à la conclufîon 
d'une paix finécefTaire & fî defirée, avoir 
fait comprendre aux plus prévenus contre 
eux, que cette Réduction, qu'on avoit vou- 
lu faire paflcr pour un repaire de Traîtres , 
étoit un des plus forts remparts de la Pro- 
vince j & ceux -qui s*étoient le pltts déchaî- 
nés contre cet EtablifTement , étoicnt les 
premiers à convenir qu'il pouvoir être 
d'une grande reflburce contre les Nations 
Infidelles qui leur donnoient fouvent de 
vives allarmcs. 

La ferveur étoit plus grande que jamais Etat florilTam 
dans cette Bourgade, où tous les Chefs , 4^ '* ^«"«^^F*- 
prefque tous les Enfants, & plus de deux"°°* 
cents Adultes avoient déjà reçu le Baptê- 
me , & tous les autres le demandoient avec 
les plus grandes inftances. L'afTiduité aii 
fcrvice Divin , l'empreflement pour être » 

inftruit de nos divins Myfteres , la docilité 
& rattachement fincere pour les Pafteurs j 
$i le goût pour la prière , pour les céfé- 
monies de l'Eglife & pour le fervice divin 
ne pouvoient aller plus loin. Les Champs 
écoient cultivés & enfemencés , les Maga- 
sins bien fournis de grains & de provifîons-^ 
les Troupeaux augmentoient tous les jours, 
& un (i prompt & fi prodigieux change- 
ment dans des Hommes vagabons & aban- 
donnés à tous les vices , ne trouvoit croïan- 
ce que dans ceux qui en étoient témoins 

Tome VI. H 



f VO rtlSTOlRï 

•- • oculaires. Mais peu s*en fallut que les H*«» 

^744-47' bitans de Buenos Ayrès en fe réconciliant 
avec eux , ne caufaiTent la pcnc d'aï» 
«Cbrétiemé, qui donnoit de (l beliç* cfpé- 
rances; 
Cucrre civi'.c Comme on n^avoit pu encore empêcher 
4an« la Kc- q^e ces Indiens n'euflent avec eux beaa^ 
4uaion:co ;- ^^^p ^^ communication, parcequ'ils écoienc 
^gjjg^"^ "" fouvcnt obligés d*aller a Buenos Ayrès,, 
fnrtout pendant la guerre , & tandis qu'on 
traitoit de la paix , on y trouva moïen de 
leur faire prendre du goût pour l'eau-de-' 
vie , & on les engagea même à en porter 
dans leurs Bourgades à Tinfudcs Mifllîoa- 
naires. Ces Peuples ne favent fc modérer 
fiir rien : bientôt l'ivrognerie s'introduific 
dans la Rcdudlon , & y caufa tous les dé- 
sordres qu'elle a accoutumé de produire 
farmi les Barbares. Mais comme il n'y 
eut d'abord que les Profclytes nouvelle- 
ment arrivés , qui fe portèrent à ces excès, 
& qti'ils fe cachèrent fi bien, que les Mif- 
fîonnàires furent affez long-tems fans pou- 
voi,r découvrir la fource du mal , & pren- 
dre d^s mefnres juftes pour y remédier , il 
éclata tput-d'un-coup comme un fia ca- 
ché fous la cendre , qu'on n*apperçoic 
qu'au pioment qu^il menace d'un embcafe* 
tncnt •gënéral. 

Jufques-là il n*avoit encore paru à h 
Coticcprîon aucun refte de l'inimitié , qui 
'''" avoir lop-g-tems duré entre les Pampai 

Mâgdalcniftes & les Matanceros. ( J*ai dit 
plus haut ce qui avoir donné lieu à ceis dé- 
nominations. ) Ils étoient de deux Tribus 
.différences ^ éc avoiçnt prefque toujours 



Dtj Paraguay. Liv. XXII. 171 
été Ennemis. La Religion avoit paru ré- ^ 

concilier ceux qui s*ètoienc convertis à la ' ^ 
Foi 5 mais leur animofité mutuelle n*étoit 
encore qu'aiToupic ; rivreffc la réveilla. La 
fureur s'empara des efprits , on en vint 
aux armes , & il y eut bien du fang ré- 
pandu. Lès Millionnaires ne furent plus 
écoutés 5 & coururent même bien des rif- 
^ires. Il faHût avoir recours au Gouver- 
neur 5 qui an premier avis qu'il en eut , 
çnvoia un détachement de Soldats à la 
Conception. Les plus coupables furent fai- 
iîs, & envoies à la Forterefle de Monte- 
"Vtdeo : le Détachement refta dans la Bour- 
gade tout le tems» qu'il fut néceffairc pour 
y rétablir Tordre : l'eau-de-vic difparut ; 
on prit de bonnes mefures pour empêcher 
que perfonne n*en vendit aux Indiens , £c 
la caufc du mal aïant cefTé , il ne reAa 
qu^un repentir fîncere du paffé. 

Il fallut enfuite remédier à un autre in- URcduûion 
convénient , auquel on n'avoit pas fait ^/.^, t'^*ï"f«ce 
d*abord aflcz d'anention. Il regnoit à la*^ ^^^ 
<îonception des maladies qui revenoient 
tous les ans ; mais la beauté du lieu , join- 
te à bien des commodités qu'on y trou- 
voit , cmpcchoit de faire réflexion que le 
tcrrein y étoit trop bas, & trop fou vent 
inondé par les grandes pluies , ce qui ren- 
cloit Tair aflcz mal (ain pendant TÉté. On 
la fit enfin , on chercha un autre Enipla- 
'ccment , & on le trouva fur une oetirc 
Colline bien boifée & plus éloignée de 
quatre lieues de la Mer , par les trente- 
cinq dégrés de laûcudc Auftrale. Il fallut j 

Hij 






17^ Histoire 

•^■^ "^ — recommencer tous les travaux , auxquels 
/44'47 • Qu avoit eu bien de la peine à engager les 
Indiens , & on eut la confolation de voir, 
à la manière dont ils s'y portèrent , qu'ils 
s*écoicnt (încerement réconciliés entre eux , 
& de les trouver plus dociles que jamais 
à la voix de leurs Pafteurs. 
Arrivé d*uoe Cette affaire étoit à-peine con(piiijnéc , 
Frégate de qu'on vit arriver à Buenos Âyrès une Fré* 
Cadix àBue-gatc j^ r^j nommée le Sainte Antoine y 
posAyrcs. Sa9 . ' * i' 

ipiUii^cion. ^^ cent-cinquante tonneaux , montée de 
huit pièces de canons , & commandée 
par Dom Joacliim de Olivarez , Régidor 
de Cadix , d*ou elle étoit panic. Philip- 
pe V en avoit choifi les Pilotes parmi les 
plus habiles d'£fpagne : le premier étoit 
Dom Diegue Varela, Bifcayen ; & le {è« 
cond , Dom Bafile Ramirex , de Séville : 
& ce Prince voulut que le Père Jo(è^ de 
Quiroga , Je fuite , qui avant que d'entrei 
en Religion , avoit long-teras navieé , & 
avoit la réputation d'être un très habile 
Homme de Mer , s'y embarquât auffi. Ce 
Père attcndoit depuis quelque tems une 
occafîon pour aller fe confacrer aux Mi£- 
fions du Paraguay , & il profita avec )oie 
de celle-ci. Comme la Frégate étoit dcfti- 
iiée à ranger la Côte occidentale de la Met 
Magellanique le plus près qu'il feroit pof- 
fible , depuis Buenos Ayrès jufqu'au Dé- 
troit de Magellan , le Père de Quirc^ 
étoit chargé des obfervations qu'on y poup- 
roit faire pour la bien connoître. Il avoit 
ordre de fe faire accompagner de deux an** 
WS Jéfuites du Paraguay i & cç f^jrçpt te 



Dû Paraguay* Livi XXII. i7j 

tcres Matthias Strobl & Jofeph Cardiel, 174C-47. 
fur qui le choix tomba. La première vue 
de Pnilippe V dans cette Entreprife étoit 
de favoir (î on rencontreroit fur cette côte 
des Peuples difpofés à Te réunir fous la 
conduite des jcfuites pour embraffer le 
ChrifUanifme , & former des Rédudions 
fur le modèle de la Conception 5 la fécon- 
de, d'examiner (I on y pourroit trouver 
quelque Port commode, qu'on pût forti- 
fier pour fervir de relâche aux Vaiffeaux 
£fpagnols en cas de befoin , s'afTurer d'une 
entrée facile dans ce Continent , & empê- 
cher que d'autres Nations ne s'y éta- 
bliffent. 

Comme le Gouverneur de Rio de la Plata Elle pa-c 

avoir été prévenu par la Cour è^ Madrid P^', v»^"*^ 
r ▼' •/• /• A la Cote occi- 

fur cette Entreprife , tout le trouva prêt ^gj^alc de U' 

à l'arrivée de la Frégate , & elle remit à Mer Magcl- 
la voile le 1 yêÊg^éfitmhtç, 1745, pour fe lanique^ 
rendre à MônffVideo y oii le Capitaine 
devoit choifîr dans la Garnifon de cette 
Place^un nombre de Soldats , dedinés à 
leder dans le Port qu'on auroit jugé pro- 
pre à un Etabliflement : les Percs Strobl 5c 
Cardiel dévoient y rcfter aulfi , tant pour 
y contenir les Soldats dans le devoir, que 
pour travailler à y réunir le plus d'Indiens 
qu'il feroit poffible. Quoique Monte- Vi- 
deo ne Coit qu'à cinquante lieues de Bue- 
nos Ayrès , la Frégate ne put y mouillée 
l'ancre que le 13. Toute la Garnifon s'of- 
frit de bonne grâce pour faire cette Cam- 
pagne ; mais il ne fe trouva de place que 
pour vingt-cinq Soldats , qui furent mis 
ibus les ordres de l'Alfercz Roïal , Dora 

H ii) 



Î74 Hisroins 

274<-47. ^^^v^^o^ Martin del Olmo (i). On 1er* 
74) 47 • l'an^rg |ç Cçpj ^ î^ quatre heures & demie 

du matin y le vent (e tenant entre le Nord 
Bc le Nord-Oued ^ mais comme il nieea] 
rout le jour y on pafTa Tlle de flerès l^ns 
la voir. 

Le Dimanche 19 , on mouilia à trois 
Heu de rilede Lohos , qui reftoit au Nord- 
Nord-Oucft , & qui a trois quarts de lieues 
de long. Elle court Eft-Sud-Eft & Oucft- 
Nord-Oucft. Elle a à TEft-Sud-Eft une 
chaîne de Rochers cachés fous Teau, donc 
il faut bien fc garder d'approcher. Ce 
îour-là l'Equipage commença une neu- 
Yaine en Thonncur de Saine François Xa- 
vier , qu'il prit pour fon çoide & fon pro- 
tcâeur dans cette Entreprife , Se s'engagea 
de fon plein gré à y ajouter des exercices 
de piété , dont tout le monde s'acquitta 
avec beaucoup d'édiHcatjtf^> !& neuvaine 
finit par une Communion ' générale , dont 
perfonne ne fc difpcnfa. Tous s'accordè- 
rent même à fubir une pénitence , ^i fut 
marquée pour chaque jurement , qui écha- 
peroit. 
Dîfcrlptîon Le vingt & un on prit hauteur , & on 
du Cap Blanc jpQ^^y^ trente-cinq dégrés onze minutes 
de latitude auftralcj le Dimanche vingt- 
{ix y trente-huit degrés trente-quatre mi- 
nutes , vent de Sud-Eft , & la Mer un peu 
groflc. Le Lundi vingt-fepc , trente-lîx 
degrés trcnte-fix minutes, grand froid. 
Le Mardi vingt-huit, trente-neuf dégrés 

(i) Le Journal de ce fur les Mcraoircs des Pc- 
Voïage a été mis en or- rcs de Quiroga fie Car- 
dre par le Pcce Loçano diel.. 



PU Paraguay. Llv. XXII. i^j 
neuf minâtes \ on s'eftimoit par les trois j-.^ .4 ^ 
cents vingt-trois dégrés cinquantc-fcpt '^'^ 

hiinutcs de lonî^itudc. L'après midi on 
jetta la fonde, & on trouva cinquante- 
deux brafles , lablc fin & gris. On com- 
inença là à voir quelques Baleines. Mer- 
credi vin^-ncuf) beau tems , calme , plus 
grand froid qu'il ne fait dans cette faifoa 
en Efp^ne j quarante degrés cirquante- 
fîx minutes de latitude , trois cents vingt- 
deux degrés dix-fcpt minutes de longitude. 
Mercredi cinquième de Janvier 174^ , à 
Jix heures du matin , on découvrit le 
Cap blanc au Sud-Sud-Eft , & la C>ôtc du 
Nord , qui forme une grande Plage en for- 
me d'Anfe. Les Navires y peuvent mouil- 
ler à l'abri de la terre qui eft fort haute , 
& rafe comme celle du Cap de Saint- 
Vincent. Le Père de Quiroga l'cftima au 
Sud-Eft, quart de Sud par los quarante-fiî^ 
dégrés 5 quarante-huit minettes de. latitu- 
de ; d*od il jugea que le <Dap Dknc étoit 
par les qaarante-fept : ce qu'il faut bien 
obfcrvcr, -pour ne pas confondre ce Cap 
-avec une autre pointe d'une Terre haute 
& plate, qui a une ouverture fcmée de 
pointes de Rochers , d'une terre blanche y 
& qui s'étend jufqu'à la Mer. Suivant la 
route qu'on avoit faite depuis Buenos Ay- 
rès , la Longitude du Cap Blanc doit être 
de trois cents trciie degrés trente minu- 
tes. On ne trouve point de fond fur toute 
cette Côte avec la fonde 5 mais à la pointe 
du Cap Blanc , on voit comme un Ro- 
cher qui paroit coupé en deux , & plus aa 
5udunc pointe de terre baffe j enfuite l^f 

H iiij. 



17^ H I S T O X H 1 

^^ Côte court Nord & Sud , &: forme ont 

174 •47- Anfcfort grande jufqu au Port Mfiré, 
L'Ile grande, Le Jeudi fixieme , on fe trouva au Sud 

Rois^^*^ "^^ ^" ^^P ^^^"^ > ^ ^^^^'■^ ^*^^" ^^ la Côte, la 
Le Pou Dé- ^^^%^^^ portant fur VIfle Grande^o^ on trou- 

gxk, ve avant que d*entrer dans le Port défîré. 

Comme c'étoit le jour de r£piphanie,oB 
lui donna le nom de VI(le dis Rois ^ que 
quelques relations lui avoient déjà don- 
né. Toute cette Anfe, qui eft entre le Cap 
Blanc & le Port Défiré , eft aflez haute 
avec quelques ouvertures pleines de buif- 
fons & de fabines. La Prégatc enna le 
même jour dans le Port par le Nord de 
riffc des Rois. Son entrée eft rcconnoif- 
fable par un Iflet blanc comme la nége , 
qui eft un peu en dehors. Du côté du Sud , 
il y a comme une terre affez élevée, fur- 
monrce d'un Rocher qui paroît comme un 
tronc d*arbre coupé & fourchu. Des deux 
côtés de l'entrée du Port il y a de fem- 
blables Rochers afTez hauts y qui femblenc 
avoir été coupés , & celui qui eft du côté 
du Nord , vu d'une ou deux lieues , paroîc 
un Château. Vers le foir le Père Cardiel 
& les deux Pilotes allèrent à terre , & troi»- 
vercnt que la marée commençoit à monter 
à fept heures du (bir. Ils apperçurcnt fur 
le rivage de petites lagunes , dont la fu- 
perfîcie étoit une croûte de fel de Tépaif- 
feur d une réate d'argent. 
Dejîflesde Le Vendredi fept, la marée commença 

las Pinguinas à monter à fept heures quinze minutes du 

& de los^açin. Le pç^ç Cardiel retourna à terre 
araxos. ^^^^ j^^ ^^^^ jjç^j.gg ^^^.^ T Alferès & feizc 

Soldats 3 pour voir s'ils rencontreioicoc 



' ' . \7^/>^ ^^^^^^.'J7J 



is^. 




©w Paraoijat. Ltv. XXII. 177 

jics Indiens 5 dans le même tcms le Capi- ,744.47, 
tainc , les deux Pilotes , les Percs Strobl ôc ' 
de Quiroga , le Caporal & auciques Sol- 
dats s'embarquèrent dans la chaloupe pour 
achever de bien reconnoître le Pon ; ils 
tournèrent à TOueft, côtoïerent toute Iz 

Sartie du Sud de Tlfle des Pinguînas , fon- 
crent le Canal jufqu*à Tlfle de los Paxa-* 
TQs y paflcrent entre cette Ifle & la Terre 
ferme y remontèrent un petit courant tout 
couvert de cannes , qui paroifToit une Ri- 
vière à l'abri de tous les vents, débar- 
quèrent dans le Continent , montèrent fur 
les plus hautes collines pour obferver le 
Paï's , qui leur parut fort (ec 5 plein de 
crevafTes , femé de monticules , de Rochers 
& de pierres à chaux , & fans aucun arbre^ 
fi ce n'eft dans quelques fonds, ou il y ^ 

en a de très petits & beaucoup de buiiTons 
& de haliiers. Telle eft toute la Côte 
feptentrionale de ce Port , depuis Tlfle de 
los Paxaros , qui couvre une petite Anfe 
fort sûre, où toutes fortes de Bâtiments 
pourroient hiverner. Ils en trouvèrent une 
autre plus à TOueft (lir la même Côte fep- 
tentrionale de ce Port , & vis-à-vis de 
rifle des Rois. Ils y cherchèrent de l'eau , 
&ne trouvèrent qu^un ancien puits, dont 
Teau leur parut fort faine. C'eft la feule , 
dit-on , que des Hotlandois aient trouvée 
en viûtant ce Port. 

Le Père Cardiel monta avec quelques-* 
uns de fa Trouppe fur une Montagne très 
haute , trouva fur la cime un grand mon- 
ceau de pierres, qiû couvroit un SqueletepreP 
^uc pomjij d*Uû« taille ordinaire, U wa 



nj^ Histoire 

174.^-4.7 P^^ ^^ ^^"^ ^^^^^^ gigantcfquc , <jae l'Atr*^ 
74 -47 • jçyj ^J^ yoiage de Jacques le Maire donne 
aux Habitans de ce Païs-là. Du rcftc , après 
avoir bien parcouru tout ce Pais , ik ne* 
trouvèrent aucun veflige qui leur fît con- 
noîtrc qu'on y eût paflej pas un' (cul ar- 
bre, mais feulement quelques Builflbns; 
point d'eau douce , & ils y feroient pcut- 
€tre morts de foif , fi quelques jours anpa- 
ravant il n*avoit beaucoup plu ,. ce qai leut 
fit trouver un peu d'eau dans le- creux des 
Rochers. La terre ne leur parut pas même 

Fropre pour y rien (emer , ni* planter ,&: 
on n'y trouve pas une feule vallée.. 
Le Pais, qu'ils découvrirent àt là dîne : 
des plus hautes montagnes, leui panxt 
meilleur 5 mais dans tout celui qu'ils par- 
coururent, un Homme ne trouvèrent pas 
de quoi vivre y ni de quoi fe bâtir une ca- 
bane. Ils n'y apperçurent pas un fcuT Ani- 
mai , mais feulement des traces d'un ou' 
deux Guanacos (i), & quelques petits 
oifeaux 5 vers le foir du même jour-, ceux* 
qui .étoient reftés fur la Prégate,. virent 
unf chien qui leur paroifToit domeftique,, 
qui aboïoit de toute fa force, & qui 
fembloit vouloir gagner leur Navire ; mais 
l'équipage ne jugea pas à propos- de s*en 
charger. A l'entrée de la nuit tout \t mon- 
dé fe rembarqua. 
Ile delasPe- ^^ lendemain le Perc Cardiel , & tous ^ 
fias. iled'O- ^^^^ ^^î l'avoient accompagné là veille,, 
livarez , & fe firent débarquer du côté du Sud , & 
celle desRois. ceux qui avoicnt été dans la chaloupe, 
y rentrèrent pour faire le tour du Port ^ 
(i) Ou Livamco5. 



»*u Paraguay. Liv. XXII. ij$ 
Cïanc pris des vivres pour quatre jours. Us ■ 

toumcrcnc par TOucfl: jufquà la pointe ^74^-47* 
orientale d'une Ific ^ à laqudlc ils donnc- 
xtnc le noq^ d'OIivarcs , en l'honneur da 
Capitaine ^ & de-la étant entres dans ua 
Canal étroit ^ qui fépare cette Ille du Con- 
tinent y dont la pointe occidentale forme 
une petite Anfe,. ils eurent bien de la 
peine à la gagner, encore ne purent-ils 
pas aller ju(qu*a terre , leur chaloupe aianc . 
échoué ce marée balTe ; de forte qu ii j 

kur fallut attendre qu elle montât. Aianc 
cnfuite débarqué à cette Terre , le Pcrc de 
Quirogft obferva de Tcndroic le plus élevé 
de rifle , que le Canal du Port court quel- 
ques lieues à l'Oued Sud- Oued. Il s'aifura- 
enfuite avec les deux Pilotes de la poiition 
dé rifle de las Penas^ & de celle dcsr^ 
Rois. Ils trouvèrent dans rifle d'Olivarcs^ 
quelques Lièvres y des Autruches , & du'- 
marbre de différentes couleurs j mais poinct 
d'eau douce , &: par-tout un terrein Lee & 
aride. Ils rencontrèrent quelques huitres à* 
la pointe occidentale , & les Matelots 
péchèrent de groflcs & de petites perles ,r' 
mais de nulle valeur. 

Le Dimanche lieuvieme, ils rangèrent de Fontaine atj: 
nouveau la Côte du Sud , allant à rOucft.^^"""^- • 
Sud-Oucfl , puis ils paflerent à la Côte du 
Nord pour voir s'ils pourroient faire dc; 
l'eau. Ils trouvèrent fut les dix heures du: 
matin un petit ruifleau , qui fort d'une. 
iource afTez abondante^ laquelle tombe; 
éii haut d'une Colline éloignée de cinq^* 
lieues de là Mer; mais Teau quils en| 
tttcrenc'^ icffcoblpic plus à celle d'u^i puits^ 



Ile deJ(.ol 



rîis> H r d T o r R r 

474^-47 ^"*^ ^^^^^ *^'^"^ fontaine ou d'une RiVib^ 
^^* re : du refte Tëndroit eft fort commo^ 
pour en puifér autant qu'on en veut;: 
Comme c'étoit le fécond Pilota, qui-avoir 
fait cette découverte , cette Fontaine fiir 
nommée la Fontaine de Ramirex^, Tout le 
Pais d'àlentbur eft de même nature que 
ceux quon avoit vus jufques-là,. & on n'y 
apperçut pas un feul arbre. 

Le Lundi dix , ils continuèrent à nav^^' 
fur le même Canal , toujours à FOoeft 
Sùd-Oueft , jufqu'à une Ifle toute couvene 
de Rochers, qui fiit nommée IJle deRoU 
dan : quand ils en furent Nord & Sud , ils 
trouvèrent que le fond alloit toujours CD 
diminuant depuis quatre braffes )ufqa*à unc^ 
& qu'alors le Canal nétoit plus qu'a» 
bourbier. Ils retournèrent à bord > Se il» 
y arrivèrent prefqu'en même tems que le 
Perc Cardiel. Celui-ci avoit trouvé pac 
tout un païs de même nature que les- au- 
tres, mais moins rude : & environ à deax> 
milles de la Mer il découvrit une fource 
d'eau aiTez potable , quoiqu^un peu (au- 
mâtre. 
Ocfcriptîon De tout cela , le Perc de Quitoga con»* 

4»»ort Déiî- clut dans fon Journal , que je ne fais ici; 

^^' qu'abréger, que le Port Déïiré eft un de» 

meilleurs Ports du monde , mais trèï inu- 
tile 5 tout y manquant pour feirc un Eta- 
bliffement , 8c le Viîs ne pouvant rien pro- 
duire de ce qui eft néccfïaire à la vie. Mais: 
on y trouve de quoi faire du verre & da 
favon; beaucoup de marbre veiné dft 
blanc, de noir & àé verd; quantité do 
Fienes à chaux ^ de grands Rochoi do 



DU Paraguay. Xiv. XXII. itt 

|iérres à fiifil , blanches & rouges, qui rcn- i746«47;4 
termenc on talc auffi brillant que le dia- 
mant; quantité de pierres à aiguifer & 
d*autrcs qui paroiffcnt du vitriol. Quant 
aux Animaux , on n'a vu dans le Conti- 
nent voifin que quelques Guanacos , quel- 
ques Lièvres & quelques Renards fort 
petits. . 

Dans les petites Ides que renferme l'en* Lioa Maci»( 
ceinte du Port , on trouve des Lions Ma- 
rins : c*eft le nom que les Navigateurs 
ont donné à un Amphibie y qu'ils repré- 
fentent far leurs Canes avec de longues 
crinières qu'il n'a point : il a feulement aa 
cou un peu plus de poil que fur k relie du 
corps , mais ce poil n'a pas plus d'un doigt 
de long : du rede il tient plus du Loup 
Marin que de tout autre Animal connu; 
mais ii eft plus gros que ceux de Rio de la 
Plata. Les phis grands font de la taille 
è^on Boeuf de trois ans. Ils ont la tête 6c 
le coa d'un Veau : les pies de devant font 
des nageoires qu'ils étendent comme des 
ailes ; ceux de derrière ont cinq doigts, 
dont il n*y en a que trois qui aient des 
ongles. Tous ne &nt pas de la n^me cou- 
Icax'y ï\ ^ en a de rouges, de noirs & db 
blancs; leur crireflemble au meuglement ' 
des Yacbes , & on l'entend d'un quart ds 
lieue. Ih marchent fbn lentement y. & ont 
nne queue de PoifTon. Ils fe défendent fort 
bien quand on les attaque y & dès qu'on 
en attaque un , tous les autres viennent à 
fon fecours. Ils vivent de poiflbns , ce qui^ 
apparennnent eft caufe qu'il ne faut pas 
compter ftti la pèche dans ccPoxt* L'équir 



»' . ' paec da Saint-Antoine n'y put prendn^ 
ï74*'47« tju un Coq marin , quelques Anchois , & 
quelques Calemars. 
Avantages La latitude du Port Défiré , cft félon le 

dn Port Dé- Pcrc de Ouiroga & les deux Pilotes , de 

^é- quarante-fept dégrés quarante-quatre mi- 

toutes , & fa longitude de trois cents treize 
dégrés feize minutes. Son entrée eft fort 

* étroite ^& très aiféc à fortifier. On peut 

même fermer par une chaîne de fer, non- 
feulement cette entrée , mais encore le 
Canal qui court £(l & Oueft , jnfqu'à la 
pointe orientale de l'Ifle d'Olivarez , où il 
ne peut entrer qu un VaifTeau à la fois. 
Tous peuvent mouiller jufqu'à rifle de Roi- 
dan , mais le meilleur ancrage eft à l'Ouefl: 
de rifle des Pinguinas , où les Navires 
fônt à l'abri de tous les vents. On ©eut 
encore en faire mouiller deux fort 'mre- 
ment entre l'Ifle de los Paxaros & le 
Continent ; car quoiqu'on y ait à eflhiex 
quelques raffales d'un vent aflcz violent y 
qui vient de terre entre les Montages 9 
ils ne peuvent incommoder les Vaifleaux y^ 
& n*agitent pas même t>eancoup la M en 

Le Mardi onzième, on levaTancre, 8c 
on prit la route du Port de Saint-Julien. 
On obferva que depuis les quarante-huit 
dégrés quarante-huit minutes de latitude , 
jufqu'à ce qu'on ait cinquante-deux minu- 
tes 5 la Côte forme une Anfe , au milieu 
dé laquelle il y a une petite Ifle & un écueil 
à une demie lieue de Terre; que cette 
Terre court Sud-Oued & Sud-Oucft-quart- 
de-Sud ; qu'elle cft haute , mais qu*au bas ; 
^,là Côte.elle forme une^lagc^qi^i emsf 



T}V Paxaovat. LIr. XXIL x%% 
fScbe Ac rapprocher ^c pr« ; qa'on n'y - ^ * 
▼oit ni aibrc , ni rien <]oi puiffe rccrccr la *74*'47« 
vue , mais failcm'cni une chaîne de Mon- 
tagnes pelées. Vers les fis heures du foir 
les Pilotes , qui apperce voient devant eux 
des bas fonds , jcttcrent la fonde , & trou- 
Ycrcnr quinze btafTes , fond de gravier; 
mais le ycnt étant tombé , le Jeudi treiïc , 
tk mouillèrent à vingt braffes , K onpaAa 
"El nuit fiiT une ancre. 

Le Vendredi quatorze , on appareilla à 
cinq heures du matin , & on tira au Sud- 
Eft pour fe tirer des bas fonds , oui s'é- 
tendent au Nord-Oucft , & fur lefquels il 
TLY avoit que (ix braffes d'eau. On les dé- 
OTUVTC après deux milles de diftancc , & 
*tls font à deux lieues & demie d« la Côte, 
în ccr endroit , qui eft par les quarante- 
fcâit dégrés cinquante-fîx minutes de lati- 
tude ,- la Cote court Sud-Ouefl:-quart-<le- 
Sud & Sud-Sud-Ouefl. A trois heures après 
midi une de ces trompes de Mer, qu'on 
appelle Siphons , parccqu*ellcs en ont un 
peu la figure , parut au Sud-Oueit ; c*étolc 
*tin vent de Tourbillon , qui partoit d'une • 
iinée fort obfcure ; ce qui n'efl pas ordinal- 
règles Siphons fortantprefque toujours d'une* 
petite nuée blanche. Celoi-ci fit le mcnie 
effet que les autres , qui efl d*attirer Tcau 
de la Mfcr , 5f d*en former une colomne , , 

• que le vent chaffc : malheur au Vaiffeau 
'qu'elle rcncontreroit fur fa route, elle le- 

fubmergeroit dans le moment. On tire or- 
dinairement deffus un coup de canon pour 

• la faire crever 5 mais il paroît qu'ici cm 
'Ht contenta de carguer toutes les voilis . 



1^4 H X s T o I n fi 

'174^-4.7 Ju^4*^'^ ^^ qu elle fût pafTée. Après <fi*oà 
eut rangé la Côte jurqu'au quarante-neur- 
vieme degré quinze minutes , on fut fut'* 
pris de ne point voir L'entrée du Ponde 
Saint-Julien , ce qui fît juger qu il eft plot 
au Sud, qu'il n*e(l marqué dans les Car^ 
tes. Alors le vent continuant d*étre favonu- 
ble , on réfolut de faire route )u(qu'aa Dé*- 
troit , & de remettre au retour la vifîte àvL 
Port drSaint- Julien. La variation de Taîr 
guille aimantée étoit en cet endroit Je dix-» 
neuf dégrés. 

Le Samedi quinze , le vent étoit a« 
Nord-Eft : on fît le Sud-Oueft, Depuis le 
quarante-neuvième degré dix-huit mina>- 
tes , la Côte court au Sud-Ouefl: ; elle cdk 
droite, & on peut la ranger de piès fans 
courir aucun rifque. La Terre eu bafle : 
on n'y trouve qu'une avance fort haute ^ 
qui paroît d'abord comme une grande ma- 
laille , & fur toute cette Côte on né vok 

Sas un arbre. Le même joiu à trois heures 
u foir , on découvrit au Sud - Oued la 
Montagne de Rio de Santa-Cruz , qui eft 
unepomte de Terre fort haute; terminée 
par un Rocher qui s'élève auffi fon haut. 
On en étoit £(1 & Oueft à cinq heures^ 
fur quatorze brades de fond de gravier, & 
à deux milles de Terre. Comme on avoir 
vu dans quelques Cartes une Baie mar- 
quée au Sud du Cap de Sainte-Agnès , oxt 
fit route pour y aller mouiller pendant la 
nuit , & ranger enfuite la Terre 5 mais oa 
touva qu'il n'y a point de Bâte en cet en- 
droit , & que la Cote s'étend en droite 
ligne ^ ac court au Sud-£û-qaan-sle^Sttd« 



I 



DU Paraguay. Liv. XXIL iS; 
A ficuf heuits du foir le vent fc renforça : ' ■# 

en diminua les voiles & on mit le Cap au 74»-45* 
5ad>£ft. Le vent augmentant encore y la 
Mer devint fort grofle ; on feira la gran- 
de voile , ft^ oa courut avec la feule Mi- 
Aine. La tempête continuant , on fit à mats 
ft à cordes le Nord-£ft -y on ferma les écou- 
tilles , & on afTura le Navire le mieux qu il 
f^l^ poffible. On paifa ainfî toute la nuit 
arec beaucoup d'incommodités. 

Le Dimanche feize , il n y eut point de Tempto 
diangement jufqu'a deux heures après mi- 
di. Alors , le Navire recevant des coups de 
Merqaile remplifToient d'eau, les coftrcs, 
& tout ce qui n'étoit pas bien amarré , 
étoient emportés d'un bout à l'autre entre 
les ponts , & perfonne ne pou voit fe tenir 
.debout, ni même afOs , ni couché. Lcfe- 
cond Pilote reçut même en commandant 
la manoeuvre un fî grand coup à la tête , 
qu'il en eut le vifage tout meurtri. A deux 
neores la Mer devint plus calme , on car- 

rla grande voile & la Mifainc , & on 
trouva par les cinquante dégrés onze 
minutes de latitude , & par Eftime à trois 
cents onze dégrés trois minutes de lon- 
gitudie. 

Le dix-fept beau tems , on apperçut Iz 
Rivière de Sainte-Croix à l'Oueit , & on 
rangea la Côte , qui forme une grande 
Anle en demi-lune depuis la Rivière de 
Sainte - Croix , jufqu'k l'Anfe de Saint- 
Pierre : par-tout , la Cote e(l aufll aride & 
ic audi dépourvue d'arbres , que tou- 
tes celles qu'on avoit déjà pafTées. Le dix- 
bttic » <m acheva de ranger l'Anfe ,. ^ à 



■I ■ fix heures du matin on apperçut une Cépà^ 

•Ï746-47. ration ^ qu'on prk pour l'embouchure d'une 
Rivière ; mais aùûid on fut vt»-à^vis , on 
ne vit que des bas fonds , ou les vagues 
de la Mer alloient s'a'monir.* On mouilla: 
à cinq brades , 6c le premier Pilote alla 
fondeif' avec h chaloupe , pour voir s'il 
pourroit trouver un bon mouillage. Il n'ea' 
trouva point , & l'on appareilla pour cher- 
cher , en fuivant la Côte , Rio de 6aU 
* Ujos y qu'on croïoit un peu phis au Sud.- 

On prit hauteur à midi , & l'on trouva 
etnauanto & on degrés quarante minutes 
de tongîtïide. 

Le Mercredi dix-neuf à cinq heures 8C 
demie du matin , on prit un peu le large ^ 
& on fuiyit la Cote jufqu'à un Cap tort 
haut y duquel (brt une pointe , qui forme 
im bas fond y oii l'on ne trouva que ûjl 
braffes. Un peu plus loin au Sud , on a^ 
-perçut une grande ouverture : on jetta Tan*- 
cre, fie le Filotc alla voir (î ce n'ctoitpas 
' ^embouchure de Rio di SantorCru^ , ou de 
K/o de Gallejos ^ ou bien quelque Pon. Il 
revînt à l'entrée de la nuit , & dit que 
Touverture qu'on avoir apperçue , étoit au 
Sud , & que pour y arriver , il falloic paf- 
fer la pointe d'un bas fond qui s'étend très 
loin , fur lequel les vagues venoient s'a* 
monir. Il avoir trouvé (ur la Plage une 
Baleine morte , beaucoup de traces de dif- 
ftrents animaux , & comme les reftes d'un 
campement , où Ton avoit mis le feu , ce 
qui fit efpcrer que le lendemain on trouve- 
JCoit un Port & des Indiens. 
Lft Jeudi vingt y on leva l'ancre à. cinq; 



bu Paraguay, 1/v. XXIL x%y 

iieores du matin pour s^approdicr de Tou- nÀê-A.T 

t^erturç , & on y jctta rancrc à fîx braffcs. '^ . * 

Le premier Pilote en fonda le milieu & le 

eàté du Sud , & de retour à bord, dit 

qs'il n'y avoir nulle part de fnreté. On fc 

uouvoit alors par les cinquante^deux àé^ 

pis vingt-huit minutes latitude y dans ua 

endroit ou la maxéc montoix fon liaut.^ 

On avok mouillé par fix brafles , & en 

mis beures de tems la maiéc baiflà de 

trois , 8c recommença de monter à trois 

iieures après midi. On avoir reconnu que 

toute laCotejufqu'âu Cap des Vierges , qui 

cft à l'entrée du Détroit de Magellan ^ eft 

une Terre baiTe , qui court au Sud-£fty 

6c que Ton n'étoit plus qu'à quatorze lieues 

de ce Cap. Comme il n y avoit point d or- 

-dre du Roi pour entrer dans Le Détroit , & 

^e dans lefpace des quatorze lieues qui 

zeftoient à 6aire , aucun Roitticr ne mar- 

«pioit n^ Port , ni Rivieœ , non plus qK% 

i'entrée du Décroît , où il y a d'ailietxrs 

beaucoup de rifques à courir , le Capîtai*^ 

ne prit le parti de £e borner à bien recon* 

aoitre la Rivicre de Sainti^-Ctœx , qu'il jur 

ceoit ne devoir pas être û loin au Sud que 

tes Cartes le marquoient , & par confé^ 

quent qu'il falloit remonter au Kord, ce 

qu'il fie fur-le^bantp. 

Le lendemain vingt de nnieme à midi , Du Portdtf 
on fe trouva par les cinquante & un dé- Sainte- Croix. 
grés vingt-quatre minutes ; le vingt-deux 
a fcpt heures du foir , il tonna & plut beau- 
coup 5 on fit le Nord-Eft : & le vingt- trois 
au point du jour, on fe trouva fur la Côte 
^ui court au Sud du Port de Sainte-Croix.^ 



itî HisroxRC 

il à TEft duquel on mouilla vers les dix heu? 

174^-47. ics & demie , à un demi mille de Terre f 
fur neuf brafTes d'eau , par les cinquante 
dégrés vingt minutes de lacicudc. Le pre- 
mier Pilote alla dans la chaloupe cherchée 
une entrée ; |il la trouva à la Bande du 
Nord 5 & fut perfuadé que c'étoit l'embou- 
chure de la Rivière. Mais il reconnut bien- 
tôt qu'il s'étoit trompé ^ & au bout d'une 
heure & demie il retourna à bord , ne pou- 
vam plus tenir contre le courant de la ma- 
rée qui batfToit. A trois heures du foir elle 
avoir baifTé de fîx brafles , 8c où craignit 
de fe trouver à fec ^ parceque y quoiqu'elle 
fôt encore dans ùt plus grande force , on 
commençoic à découvrir à côté du Navire 
des bancs de fable & des écueils , ce qui 
obligea d'aller chercher ailleurs un mouil- 
lage plus (ur. Mais à-peine avoit-on com- 
mencé à manœuvrer , qu'on s'apperçuc 
qu'on étoit environné de toutes parts de 
bancs de fable , & qu'il n'y avoit pas moïen 
de fe tirer de-là. On rejetta donc l'ancre ^ 
êc à minuit la marée étant haute , on vou- 
lut en profiter s mais elle commençoit à 
baiffer lorfque l'ancre fut tirée, & on n'ofa 
rifquer de tenter le paffage dans l'obfcu- 
ritc de la nuit. 

Le vingt-quatre , on fit voiles de marée 
haute à onze heures du matin; & délivré 
de tous les écueils , dont l'entrée de la Ri- 
vière de Sainte-Croix eft embarafTée , on 
fe contenta d'avoir reconnu que ce Porc 
efl: impratiquable. Il ne l'a pourtant pas 
toujours été , & de grands Vaiffeaux y 
font entrés fans beaucoup de peine. Os'xa* 



r>J3 Paraguay. Liv. XXIL i%^ 

3« dit ^ qa*cn iji^ le Commandeur ^^^T'TZ^TT* 
Loayfa y mouilla avec fon Efcadre , & ^^ '^'* 
Herrera ajoute qu*il y donna la carène à 
fk Capitane. Ce même Auteur rapporte 
encore qu*en i f lo , Magellan refta tout le 
mois de Septembre & le mois d'Odlobrc 
dans le Port de Sainte-Croix , ou il fit 
une grande provifion de polfTons. Enfin en 
itfiS, les Frères Nodales y pafferent en 
allant au détroit de le Maire , & la rela« 
tion de leur voïage en parle comme d*un 
bon Port : mais depuis ce tems-là les ma- 
rées qui y font très fortes , y ont formé 
des bancs de fable , qui le rendent inaccef*- 
fible 5 le Perc de Quiroga obfcrva que le 
flux y eft de fix heures , & le reflux d'au- 
tant. 

Le vingt-cinq , vents de Sud-Oucft , & 
de Sud-Sud-Oueft , la Mer fort agitée , 
comme elle Teft toujours dans ces Para- 
ges 5 quand le vent eft fort. Le vingt-fix 
frand froid. Le vingt-fcpt , quarante-neuf 
égrés dix-fept minutes de latitude. Depuis 
Santa-Crux , païs fort uni , & avec toutes 
les apparences d'être abfolument ftérile , 
on ne voit pas un feul arbre ni une col- 
line , jufqu'à ce qu'on foit par les quaran- 
te-neuf dégrés vingt-fix minutes ; mais de- 
là jufou'à ce qu'on découvre le Cap Blanc , 
qui eft y comme nous Tavons dit , par les 
quarante - fept dégrés , on voit quelques 
chaînes de Montagnes & des collines affez 
hautes qui s'étendent au Nord. Le Samedi 
vingt-neuf, on ne fit que louvoïcr de l'Eft 
à rOueft , parccque le vent étoit contrai- 
K; le lea4çiQain on Qt la mêmç manopu^ 



l^O HlSTOlUÏ 

^ ' vre à can(c de la violence du rent , qiâ 
*74«-47- tournoit fans ceffe du Nord à l*Oucft, « 
qui s'ctant jette au Sud-Oueft, devint en- 
core pins violent , mit la Frégate en granl 
danger , & obligea de mettre à la cape avec 
la feule mifaine. Il augmenta encore le 
Lundi trente & un jnfqu'à dix lieures du 
matin ^ & la tempête ne pouvoit croître 
fans faire périr le Navire ; mais à midi 
«lie commença à diminuer , & on& TOneft 
pour fe rapprocher de la terre , qu'on avoit 
perdue de vue. On faifoit alors une fé- 
conde nenvaine en Thonncur de Saint-Tran- 
^ois-Xavier : elle finit le jour de la Chan- 
deleur , & prefque tout le- monde com- 
munia, 
tes appro- Le premier de Février , on continuoit la 

^cs du Port route à TEft^ mais les courants faifoient 

en vr^"Jdu ^^"v^*" ^^ ^"^- ^^ reconnut enfin là Terre 
t^^^ " à neuf heures du matin ; on prit hauteur 
à midi , & on trouva quarante-neuf dégrés 
cinq minutes. Tout le refte du jour , on ne 
put courir que des bordées , & la nuit vint 
(ans qu'on pût approcher aflex de la Terre 
pour les rcconnoître. On mouilla à trois 
lieues de la Côte , qui depuis les quarante- 
:' huit jufqu'au quarante-neuf dégrés eft bor- 

<iée d*écueils à trois lieues en large , fans 
qu'on puifTe trouver aucun abri <n cas de 
difgrace. Le trois , on ne put encore rien 
découvrir , & on fe trouva a midi par les 
quarante-huit degrés. Le quatre on ne vit 
^încore aucune apparence de Port. Le cinq 
on étoit à trois lieues de Terre , quaran- 
te-hui* dégrés vingt-quatre minutes. A trois 
hcm^s après midi , on étoit Eft & Oueil 



DU 'Paraguay. Lh.XXII ijt 
:âcs écùcils,quc le Pcrc Feuille place par , _^ 
}e$ quarante-huit dégrés dix-fept minutes. '' *•' 
Celui qui avance le plus en Mer , & qui 
.cft à ûx lieues àc Terre, refTemble à ua 
Navire fans mats & fans agréts. Sous la 
^éme latitude il y en a quatre ou cinq 
^autres , qui n'en font qu'à ime lieue & de- 
siie, & dont on ne voit que les pointes* 
Toute cette Côte cft baffe & aride ., & le 
PaJis plat , fl ce n'eft que de diftance ea 
.^iftancc , on y apper/^oit quelques Rochers^ 
.ou Collines peu élevées. 

Le fix y quarante-huit degrés trente-qua- 
tre minutes , on étoit fort éloigné de Ter- 
-re, & de la jufqu aux quarante -neuf dé* 
grés dix-fiipc minutes , la Côte forme deux 
^andcs Anfcs , dont ks pointes font au 
Sud-Oueft-quarc-de-Sud. La terre eft hau- 
te , & d'c(pacc en efpace on y apperçoic 
4e grandes plages. Au coucher du Soleil 
on fut très étonné de fcntir un air fort 
chaud 5 ce qui cft extraordinaire fur ces 
X^ôtes : on jctta une ancre au Sud-Oueft- 
iqùart>de-Sud de la plus haute Colline qu'il 
y ait fur cette Côte , & dont on étoit 
éloigné de fix lieues. Le fept , à midi , qua- 
jrante-hiiit déîçrés quarante - huit minutes. 
On étoit alors à TEft-Nord-Eft de la Col- 
line : à (îx heures du foir on mouilla avec 
une feule ancre à deux lieues d'une Baie , 
/Oui paroît d'abord comme une petite Anfc 
a TEft de la même Colline , fond de terre 
rgraffe & forte. Le huit , à cinq heures du 
matin , le premier Pilote alla avec la ..ha- 
lloupc rcconnoîcre la Baie , croiant y trou- 
.ypr l'cmbouchurç de la prétendue Rivière 



\s^ Histoinx 

jjaS'Aj. ^^ ^^^^^ Julien 5 mais la marée, qui baif- 
foie avec une grande force , & le veoc 
d'Oueil , qui fouâoic avec violence , robli-- 
gèrent de regagner le bord à trois heures 
après midi , après avoir couru rifque d être 
fubmcrgé par lès vagues , dont une feule 
}etta un tonneau d'eau dans la chaloupe. 
A l'entrée de la Baie il avoir trouvé qua- 
torze braffes, fond de terre graife un 
peu noire , ou l'on peut aifément mouil- 
ler. Du côté du Sud , on trouva depuis 
cinq jufqu'à fept braffes, même fond. Tou^ 
te l'entrée eft nette, fi ce n'eft qu'à la pointe 
du Sud, il a deux petits Idots , qui ne pâH 
roi/Tent que de marée bafTe. 
Dcfcription ^^ neuf, le vent d'Oueft étant tom- 
(lie la Baie de bé fur les neuf heures du matin , il s*éle- 
Çaim-Julicn. va un petit vent de Nord à la faveur do- 
quel on entra dans la Baie , que l'on re- 
connut d'abord être celle de Saint- Julien , 
& on y avança l'efpace d'une lieue. A deux 
heures après midi, la marée, qui devenoit 
plus rapide à mêfure qu elle baiflbit , obli- 
gea de mouiller une ancre y & quand la 
Mer fiit tout-à-fait baffe , le premier Pi- 
lote , le Père de Quiroga , 6c quelques 
autres allèrent à terre. Le Père de Quiro- 
ga obferva les décours & les bas fonds dn 
Canal , & on trouva fur le rivage quelques 
buiffons , ou il n'y avoit pas long-tems 
qu'on avoit mis le feu. A fix heures du 
loir la Frégate entra plus avant dans la 
Baie, & fut amarrée fur deux ancres à l'a- 
bri de tous les vents. La marée étoit hau- 
te , & on étoit mouillé à douze braifcs : 
bientôt o^ vit le fond 5 peu à près il n'y 

eo 



\ 



DU Paraguay. £iv. XXII. 195 
Ctt avoit plus que trois; mais le fond , " , • 
de terre grafTe & blanche , étoit bon. ^746-47* 

Le dix , TAlferez & ie Père Strobl (c 
firent débarquer avec quelques Soldats ^ 
■ pour voir s*ils ne trouveroient point d'In- 
diens 5 & dans le même tems le premier 
Pilote , le Père de Quiroga & le Perc 
Cardiel , s'embarquèrent dans la chalou- 
pe avec des vivres , pour fonder la Baie , 
jufqu a ce qu'ils cuffent trouvé la Rivière , 
qui eft marquée dans les Cartes. Ils firent 
tout le tour de la Baie fans en voir mê- 
me les apparences ; mais ils s'affurercnt que 
les plus grands Navires peuveat pénétrer 
dans le Canal jufqu 'à une lieue & demie.. , 
Ils remarquèrent que pour trouver le meil- 
leur fond , il faut pafler une petite Ifle fore 
baffe, que la marée couvre pfefqu'entie- 
rement lorfqu'elle eft pleine ; que ce qui 
n'eft jamais couvert eft toujours plein d'Oies 
& de Poules d'eau; que de marée haute 
toute la partie du Sud & de l'Oueft paroîc 
\ comme un Golfe , mais que de bafle mer 
î elle demeure à fec. Leur Chaloupe y échoua ; 
f. & le montant l'aïant relevée , ils tourne - 
î rent au Sud-Oueft , ou ils apperçurent des 

pointes de Rochers , qu'on auroit prifes 1 

Ipour des paliifades blanches. Comme ils 
n'étoient plus qu'à trois quarts de lieue 5 ils 
fc retrouvèrent encore à fec. Le premier 
; Pilote & le Père Cardiel mirent pié à terre , 
& marchèrent jufqu'à la Côte , cherchant 
la Rivière de Saint- Julien qu'ils ne trou- 
vèrent point 9 ni rien de ce qui eft marqué 
dans les Cartei ^^ & dans les deux planches 
gravées , dont on a enrichi la Relation du 
Tome r/, I 



; 



1^4 . Histoire 

i74<>-47 ^^*^S^ ^^ l'Amiral Anfon, Sur -les poiib 

1^ 47' j^jj ^ç Rochers , dont nous avons padé 9 
le Pcre Cardiel trouva de grandes couches 
de talc. 

Après avoir tout obfervé avec foin oa 
fe rembarqua , & Ton repofa jufqu'à deux 
heures & demie du matin du lendemain 
onzième. A huit heures la Chaloupe échoua, 
j& on en profita pour achever la vifite de la 
Baie. Vers les deux heures après midi , on 
fe trouva à flot , & on fe rendit à bord fans 
avoir pu trouver nulle part , ni eau douce ni 
d'autre bois que quelques buifTons remplis 
jd'cpines. fi^iPere Strobl , quis'ctoit fait dé- 
barquer fur le rivage avec l'Alferez, rap- 
porta auffi que tout ce qu'il avoip vu des 
environs de la Baie , ne diiFeroit point des 
environs du Port-Defiré 5 qu'il avoit feu- 
lement découvert fur le bord de la Mer 
quelques Puits d'une aulne de profondeur , 
remplis d'une eau faumâtre. Il ajouta que 
ces Puits paroiflbicnt êtreTouvrage de quel- 
ques Voïageurs , & afTcz récents ; & qu'à 
une lieue & demie de la Mer il avoit vu 
une Lagune , dont la fuperfîcie étoit com- 
me une croûte de Sel. Cela n'empêcha 
point les Matelots d'y jetter leurs filets, 
& ils prirent quantité de grands Poiflbns 
d'un fort bon goût , qui reffcmbloient 
beaucoup aux Morues, mais quelquès-ims 
gffurerent que c'étoient ce que les £fpa- 
gnols appellent Pexe-palo, 

Le douze , le Père de Quiroga Ce. trou- 
(vant incommodé , les déux^ilotes fe firenc 
4ébarquer à terre , pour opÉrver la fitua- 
%}.Q^ dçs Salines qu'o» ^vpit prpuvées^ & 



ï)tr PARAtvuAT. Liv.XXIL x^y 

Wiiiïent le foir laifTanc à terre deux Sol- — ** 

<iaC5 qui s'étoient trop écartés. Letrciie, '^'^ "^'* 

tout le inonde étant revenu à bord y le 

Père de Quiroga voulut avoir le fcntimcnt 

du Capitaine , des deux Pilotes y de TAl* 

farex & de fcs deux Confrères , au fujct 

"de rEtabliffement qu'on avoir projette de 

(aire dans cette Baie ; & il fut arrête nu*a«- 

vant que de prendre une dernière rélolu- 

tion , TAlferez & le Père Strobl y fuivis de 

buit Soldats d'un côté , & de l'autre le 

P. Cardiel , avec dix Soldats y iroient avec 

des vivres pour quatre jours faire par terre 

le tour de la Baie. Les deux Soldats qui 

avoient été dégradés la veille , arrivèrent 

fur ces entrefaites , & dirent qu a quatre 

lieues 4e la Baie , ils avoient trouvé une 

Lagune , dont Teau étoit douce , & appcr- 

^u des Guanacos & des Autruches 5 mais 

qu'autant que la vue pouvoit s'étendre, 

on ne voïoit pas un arbre. 

Le quatorze , les Pères Strobl & Car- 
dfel retournèrent à terre, le premier tourna 
vers rOrient , & le fécond à l'Occident. 
Leur deflein étoit de tourner toute la Baie 
À une grande diftance de la Mer , & le Père 
Srrobl aïant marché' au Sud & fait envi- 
ron (ix lieues trouva à trois quarts de lieue 
de la Mer , & à une égale diilance de l'ex- 
trémité de la Baie , une Lagune d'une lieue 
de circuit dont toute la fiiperficie étoit 
couverte de Sel. Les Soldats , qui accompa- 
gnoient le Miflionnaire y mirent le feu à 
quelques buiflbns qu'ils trouvèrent furfes 
bords, &'il s'étendit jufqu'à deux lieues. 
La même chofc aniva à ceux qui étoient 



' ' i. 



*^ Ht.STOIKS ^ ' .; 

* ■ avec le Pcre Cardiel j ils mirent fc fl' ' 

^74^"47- aux halliers qui couvroicnc la Campaj(»if 
A il gagna fort loin. Le Miffionnaircv 
le prpmicr jour fix lieues au Couchant , & 
trouva de Teau douce. Il pafTa la nuit ck 
cet endroit j & le lendemain il fe remit 
en marche. 
Rencontre Après avoir fait une lieue , il fe trouva 

fipgwUcrc. près d'une Maifon d'un côté de laquelle 
il yavoit fix Bannières déploïécs , de .diffé*- 
rentes cpulcujrs, de la loneueur & de la 
largeur d une aulne , attachées à des po- 
teaux fort élevés & plantés en terre , & 
de l'autre cinq chevaux morts , enveloppés 
de paille , & chacun fiché fur trois pieux 
fore hauts 8ç plantés aulïi en terre. Il en- 
tra dans 1a Maifon avec les Soldats , 8c 
-ils y trouvèrent des couvertures étendues, 
qui cpuvroicnt chacune un corps mort : 
c'étoient deux Femmes & un Homme , qui 
n'étoient point encore corrompus. Une des 
Jemmes avoir fur la tête une plaque de 
Laiton , & des pendans d'oreilles de même 
?nétal. Sur Iç rapport qu'ils firent de cette 
découverte , on reconnut que les trois 
Morts étoient de la Nation des Puelchès, 
& le Pcre Cardiel crut qu'en avançant plus 
avant il trouveroit un Païs habité; mais 
^près avoir fait trois lieues , ne découvrant 
^ ^ucune trace d'Hommes , & fes Provifioos 
étant épuifécs , il ne put aller plus loinl 
Ses Soldats tirèrent fur des Oies qu'ils ap- 
perçurcnt fur les bords de quelques L^- 
nes 'y mais comme ils n'avoient point de 

?ctit plomb , ils n'en tuèrent aucune, te 
^ Cardiel fe remit eij marche pour ajler rpi 



iru Pa R JTOUAY. Liv. XXIL 1^7 

joindre le Pcrc Strobl , & fit prendre les de- j_.^_^^" 
Vants à deux Soldats avec une Lettre , pat 
laquelle il dem^ndoità ce Pcre trente Hom- 
mes avec des vivres & des munitions pour 
quatre jours. 

Le même jour quinzième , le premier 
Pilote & le Père de Quiroga s'embarquè- 
rent dans la Chaloupe pour fonder ren- 
trée de la Baie , & pour marquer tous les 
bancs qui s*y tfouvent ; mais un vent for- 
cé les obligea de mettre pîé a terre dans 
une petite Anfe , ou les Matelots aïant 
jette leurs filets , prirent quantité d*une ef- 
pecc de Truites , qui pefoient fept à huit 
livres. La Câte en cet endroit était toute 
couverte d'arbres, mais le bois n'en étoit 
bon qu'à briU^to. Le Perc Strobl arriva le 
foir à bord ^Jc dit que dans une Lagune 
qu'il avoit 9^^"^^^^ 9 i^ yavoit du Sel 
de la hauteur d'une aulne, blanc comme 
la nége(% & dur comme la pierre ; mais 
qu'il n'y avoir nulle apparence qu'il y eût 
de ce côté là aucune Habitation. 

Le feize , quoique le vent de Sud- Oued 
fbufflât avec force , la Prégate n'en fouf-' 
frit point , parcequ'elle étoit fort bien z 
l'abri : la Mer même n'étoit point agitée. 
Le Père Strobl reçut la Lettre du Père Car^ 
diet 5 & lui fît accorder ce qu'il deraandoit. 
Le lendemain dix-fept , il fe fit lui-même 
débarquer au lever du Soleil , avec l'Alfe- 
fex & des Soldats , pour aller joindre 1er 
Miffionnaire : & dans le même tems le Ca- 
pitaine y le prcitiicr Pilote , & le Père de 
Quiroga , allèrent dans la Chaloupe pour' 
achever de fonder la Baie. Ils fe firent met- 

liij 



I9> HîSTOlRB 

, trc à terre près d'une affez haute Collînci 

ae laquelle ils découvrirent une Ls^ane 
€]ui s'étcndoit bien trois lieues à TOucft, 
& prcfqu'audi loin au Nord ^ mais ils ne 

Î>urcnt lavoir fi Teau en étoit douce : toute 
cur attention fiit à s'aflurer qu'elle na- 
voit aucune communication avec la Mer. 

Le Perc Strobl de fon côté , après avoir 
fait environ quatre lieues , détacha au Perc 
Cardicl un Soldat pour le prier de le ve- 
nir joindre. Il vint fort fatigué, & le Perc 
Strobl lui dit que tout bien confideréilnc 
croïoit pas qu'il fôt de la prudence d*aller 
plus loin 9 au hafard de rencontrer des Bar* 
barcs bien montés , n*aïant à leur oppofer 
que des gens harrafTés d*uiM^ longue mar* 
Isctti 

il n*y avoic 
point de dtmger , qu*il n'afFrontâtJLc Pcre 
Strobl , auquel les deux autres Jéfuites 
avoient ordre d obéir , lui dit qu'il conful- 
teroit le Seigneur fur cette affaire , & que 
le lendemain il lui déclareroit fes inten- 
tions. Le Père Cardicl fe tenoit coimne aC- 
furé qu'il avoit été fon proche de quelque 
Habitation Indienne y parcequ'il avoit vu 
un Chien blanc , qui après avoh long-tems 
aboïé contre lui & fa trouppe , s'étoit re- 
tiré apparemment auprès de fon Maître : 
cependant le Père Strobl lui dit le lende- 
main matin qu'il falioit retourner à bord ^ 
& il obéit fans réplique. La grande rai- 
fon du Supérieur pour ne pas aller plut 
loin , fut que les provifions qu'il avoic iq^ 



/ 



che ^ & chargés comme ils éttùent. Le Perc 
Cardiel lui répondit quavdBks Gens fi 
braves & de n bonne volonté il n'y avoic 



7 

de 



portées , ne fuffifoicnt pas pour faire fub- j-^^ ^y* 
uftcr toute fa Trouppe dans un Pais , qui 
ne foumifToit ab(olumcnt rien pour la vie. 
Le Père Cardicl n'en penfoit pas inoins 

![a*il étoit important de favoir s'il y avoit 
es Indiens dans ce voifinage , & le dix- 
neuf il pria le Père Strobl de mettre la cho- 
fe en délibération , &* de confulter le Ca-' 
pitainc , i'Alferez roïal , le Sergent Major ^ 
& le Père de Quiroga , comme il étoic 
marqué dans les inftruâions que leur Pro- 
vincial lui avoit données. Le Père Strobl 
y confentit , & le réfultat de la confé- 
rence fat que le Père Cardiel continueroit 
fes découvertes , avec des Soldats qui vou- 
droient bien raccompagner , & des Mate- 
lots qui 8*ofFriroient d'eux-mêmes , avec desJ 
mnnitidns & des vivres pour huit jours. 
Ils partirent le vingt , jour de la nouvelle 
Lune. Le Père de Quiroga & les deux Pv* 
lotcs avoient obfervé avec foin le mo-* 
ment de la haute & de la ba^e Mer y 8c 
ils avoient trouvé que la marée (éioit 
baffe à cinq heures du matin , & qu'à 
onze heures elle feroit haute , ce dont il 
cft à-propos , ajoute ce Père dans £bn Jour- ^ 

nal , que (oient inftruits ceux qui entreront 
dans ce Port , parcequc la différence de la 
haute & de la baffe Mer eft de fiX braffes 
en ligne perpendiculaire , & qu*un Vaiffcau 
de ligne peut , quand la Mer eft haute , 
pafler fur des bancs qui font à fcc lors- 
qu'elle eft bafïe. 

Le Père Cardiel partit donc ce même jour^ 
avec trente quatre Hommes, & marcha 
d'abord à TOucft. Il avoit commencé par 

I iiij 



»co HisTOîit-r 

^74^-47, "marquer Tordre du jour , qu'il YOuloit qW 
Ton gardât : rien n'étoit mieux réglé ni plos 
édifiant , & les plus fcrvcns Religieux n an- 
roient pu porrer plus loin la piété & le boo 
ordre. Le Père étoit au milieu de fa Troap- 
pe 5 qui formoit deux ailes pour mieux ob- 
lerver les Lagunes , les Bois y les Animaux 9 
& la fumée qui pourroit indiquer le voi- 
finage de quelques Indiens. Lorfqu*on fui- 
voit des traces d'Hommes qu'on avoic ap- 
perçues, le Père marchoit le premier, réglant 
fon pas fur les plus foibles , aïant mr la 
poitrine un Crucifix , & à la main ua bâton, 
fur lequel étoit gravée la figure d'une croix. 
A l'approche de la nuit , on récitoit le Cba* 
pclet en commun , on chantoic le Salvt 
ReginAy & tout fe faifoit au fon d'une 
clochette. 

On marcha ainfi quatre jours de fuite , 
prefque toujours en fuivant des fentiers 
d'un pied de large , tracés par des Indiens, 
& chaque journée fut de fix à fept lieues y 
le foir de la quatrième on appcrçut un peu 
à récart une colline un peu haute , d'où 
avec une lunette d'approcne , on découvrit 
une grande étendue d'un païs tout (embla- 
ble à celui qu'on avoit parcouru jufques-là, 
oii l'on n'avoir vu ni arbre , ni la moindre 
verdure , ni rien qu'on pût manger, ni un 
arpent de terre propre à fcmer , mais affcx 
d'eau le long des chemins battus par les 
Indiens , & un alTcz grand nombre de La- 
gunes, dont l'eau étoit potable. On n'y 
vit non plus aucun autre Animal , que quel- 
ques Guanacos, qui d'une demie lieue 
prenoient la fuite , & quelques Autruches. 



TJu Paraguay. Z/V. XXIL ici 

Nos Voiagcnrs ne perdirent pounant pas , - 
courage , quoique quelques - uns euflent ' ^ '^' *" 
bientôt ufé leurs rouliers dans des chemins 
fi mdes , & que d'autres euflent des am- 
poules & même des plaies aux pieds. Après 
onelques jours dé marche le Père Cardiel 
ientit de grandes douleurs dans la hanche , 
& le cinquième il ne pouvoir plus marcher 
qu*avec une efpece de béquille : mais cer 
qui les incommodoit tous le plus , étoir 
le froid de la nuit, 8C quoiqu'ils trouvât 
fent panout de quoi faire du feu en brûlant 
les buifTons & les fabines , comme ils n'a- 
voient pas de quoi fe couvrir, ils fe chauf- 
feient d'un coté & geloient de Tautre. 
Malgré cela, fi le Père Cardiel n'avoit con-* 
fuite que fon courage , il ne fe feroit point 
arrêté, qu'il n*cut trouvé dcîTlnfîdeles , à 
qui il pût annoncer Jefus-Chrift ; & il avoir 
fi bien infpfré' fotï zèle à plufieurs de fa 
Trouppc , qu'ils s'offrirent à le fùivre par- • 
tout , ou il voudroit les mener. Mais n'aïanr 
pris des vivres que pour huit jours, dont 
il y en a:voit déjà quatre de panés 5 il com^ 
prit qu'il n'avoit point d'autre parti à 
prendre que dé retourner fiir fes pas , & il- 
s^y réfol'ut. 

Pendant fon abfence, le Pcrc de Quiroga= 
avoir obiervé avec un quart de cercle h.' 
latitude de la Baie de Saint- Julien , qu'ils 
trouva de quarante- neuf dégrés douze mi- 
nutes. Le premier Pilote , l'Alferez & îe 
Père Strobl~ firent de leur côté plufieurs dé- 
couvertes de Lagunes , les unesxl'eau douce^ 
lès autres couvertes d'une croûte d'un Tel lil 
Uanc y que quand le. Soleil donnoit deffus'^ 



lOfc Histoire 

— la réverbération les éblouiflbit. Ik appcfçr* 

1746-47. jenc le même jour fept ou huit Vicogncf 
& un Guanaco , & demeurèrent perfuadé? 
que des Indiens mêmes ne pouvoient pas^ 
habiter la Baie de Saint- Julien j que fcui* 
habitations en dévoient être fort éloignées;^ 
que ceux dont on avoit trouvé des velUges ,. 
étoient des Aucaez , des Pegucnchez , des 
Puelchez y ou des Indiens du Chili , qui 
pouvoient y venir chercher du ftl : qu*oa- 
pouvoir bien être un peu furpris d'y avoir 
trouvé des chevaux morts , les Peuples qui 
habitent Textrêmité méridionale du Conti- 
nent n'en ufant pas ; mais qu'il falloit que: 
ces Cavaliers fuflcnt venus d'^lkais , fur- 
tout du Chili. 

Enfin le Samedi vingt-huit^ on* com*- 
mença à faire les préparatifs pour fortir de 
hi Baie y & d*abord il fut décidé unanime- 
ment que l'intention du Roi nétoit pas 
que les Jéfiiites reftaflent dans un Pais^ od^ 
il n'étoit pas poflible de fubfîfter> & oir 
il n*y avoit point d'Infidèles à convenir. Lc: 
même jour a neuf heures du matin on ap- 
pareilla , mais le vent aïant au(fi-tôc tourné 
au Sud-Oue(Vy il fallut mouiller une ancre. 
Le vent devenant plus fort , le Navire dé- 
riva y & il fallut jetter une (èconde ancre; 
ta Chaloupe étant enfuite allée à terre ^ 
quelqu'un de ceux qui y étoient ,. trouva, 
au milieu d^'iin champ un- Ecriteau avec 
cette Infcription I. O. HN. Wood. Lc^ 
Mardi premier jour de Mars 1747 , le vent 
k tenant toujours au Sud-Oueft, on ne 
put encore fortir de la Baie , & on emploïa. 
«e tems à planter vis-à-vis du mouilbgc 



»u Paraguav. Z/V. XXII'. loy 

cette Inrcription : Reynando Phelipc V, ' ' " 

MO de 1746. 174M7. 

A quatre heures du foir , le vent aïant Erreurs de* 
tourné à l*Oueft , on leva les ancres , & Navigateurs 
fur les cinq heures on fortit de la Baie, on ^^\ ^^?îjf^ 
tira la Chaloupe à bord y & on mit le Cap ^**"^"^ 
au Nord-Eft. Jamais Port ne fut vifîté avec 
plus de foin , que le fut celui de Saint- 
Julien en cette occafîon ; 6c par ce que le 
Père de Quiroga , après avoir comparé tou- 
tes les obfervations qui avoient étc faites ^ 
& auxquelles il avoit eu la plus grande 
part, en dit dans Ton Journal,- on pourra 
juger à qui il faut plutôt s'en rapporter ,. 
ou au Chapelain de TAmiral Anfon , qui 
fur la foi de quelques Voïageurs afTure que 
la Baie de Saint Julien reçoit une très grande" 
Rivière , laquelle fort d'un grand Lac , d'hoir 
fort pareillement une autre Rivière appel- 
le la Campana ,, qui va fe décharger dans- 
la Mer du Sud, & en a fait graver deux 
Planches 5 ou à tant d*habilcs Obfervateurs,. 
^i ont fait à diverfcs reprifes le tour de 
cette Baie par Terre & par Mer , & qui 
alTurcnt qu'elle ne reçoit pas même un Pvuit- 
£eau. 

C*étoit cependant cette prétendue corn- Defcriptioi*: 
munication des deux Mers par deux Ri- ^^ *^"" ^*^' 
vieres, lefquclles ont leur fource dans un 
grand Lac , qui avoir engagé le ConfeiL 
Roïal des Indes à projetter un EtablifTenlent 
dans la^ Baie de Saint- Julien. J*ai dit que' 
fën entrée eft par" les quarante-neuf degrés* 
douze minutes dé- latitude auftralc : ainfî 
ceux qui Tout marquée aux quarante-neufc 
dégrés y quelques minutes de plus ou. de: 



104 Histoire 

moins,, ne fe font pas beaucoup éloignél 
ï 740-47 • du vrai. Quant à fa longitude, prift du Pic 
de TenerifFe , oii les Efpagnols ont fixé leur, 
premier méridien , le Père de Quiroga la. 
marque par les 3 1 1 dégrés 40 minutes. L'en- 
trée en eft difficile , parcequil n'y a rien de 
bien marqué qui la fafTe reconnoîtrc, & 
que quand on n'a pu prendre hauteur , on 
n'en peut juger que par Eftime , ce qui n'cft 
jamais bien (un Avec la hauteur même,, 
on ne doit jamais s'en approcher ou'avcc 
de grandes précautions y parceque la pre- 
mière Anfe qu'on découvre , eft pleine de 
bas fonds à fon entrée , & voici ce qu'il, 
faut obferver pour n'y être pas trompé. 
Précautions Prcfqu'à l'Oueft de l'entrée du Port , on 
qu'il faut voit une colline fort haute ,. qu'on apperçoic 
^'ISuM ^^^ ^^ ^°^° ^" venant du Noid-Eft , & qu'on 
^ * prendroit d'abord pour une Ile; mais à 
mcfure qu'on en approche, on découvre 
les pointes de trois autres collines , qur 
paroiflent auflî des Iles. Quand on vient der 
nie des Rois, il faut alors s'éloigner ua 
peu de Terre , parceque la Côte eft dan- 
gereufe & bordée ^t bas fonds. Mais quand- 
on eft par les quarante-neuf degrés , il faut 
fùivre des yeux la plus haute colline de 
celles dont nous venons de parler , & s'ap- 
procher de Terre pour fé mettre Eft &. 
Oueft de cette colline. Alors on trouvera, 
la première Anfe , qui du côté du Nord- 
Eft eft reconnoiffablc , en ce que vers le. 
Nord elle forme comme une barrière de 
Rochers fort blancs. La Terre qui eft au. 
Sud jufqu'à Santa- Cruz eft baffe , bordée, 
aufli de Rochers, & paroît comme une 
grande muraillç blanche* 



*u Paraguay. Liv. XXII. icrf 
L'entrée du Port eft difficile , & les Na- ' 

>kcs ne. peuvent y pafler de marée bafle^ '74*-474 

farcequ'alors ri n*y relte qu'un Canal fo^^ 
troit , oii il n*y a que deux brafles & demie 
d'eau , ou trois tout au plus. Ce Canal- 
court au Sud-Oueft jufqu'à une pointe , od> 
il y a quelques Rochers v de-là il tourne 
au Sud , afïcz près de la Côte qui rcfte à. 
rOueft. Quand la Mer eft pleine, les plus- 
grands Vaiffeaux peuvent y entrer , parce- 
qu'alors ,. comme on Ta déjà remarqué ,. 
on trouve (îx braflès de pkis que de ma- 
rée bade; Cependant lorfquon n'a point* 
de Pilote pratique, il faut jetter la londc" 
avant que d'entrer , & envoïer la Chaloupe: 
pour bien reconnoître l'embouchure du. 
Canal. 

Il feramcme à propos d'entrer quand la» 
marée commence à n*ctre plus (i forte,. 
afin de pouvoir mouiller quand elle com- 
mence à perdre. Les- grands Vai fléaux peu- 
vent avancer jufqu'à ce qu'ils foient der* 
xiere les Iles , où , quand la marée eft bafle ,. 
il y a toujours 13 ou 14 brafles d'eau , fur- 
un fond de terre grafle , noire , mêlée d'unf 
fable fin : les vents les plus violents n'yv 
agitent point la Mer,, tout le Port étanr 
bien couvert par la Terre. Ce Port renferme 
deux Ilots , que la haute Mer ne couvre. 
pas,.& où Ton trouve des Poules d'eau. 
Quand la marée eft à moitié baiflée un* 
enfoncement , qui eft au Sud , & qui paroît- 
une pleine Mer quand la marée eft haute y, 
eft entièrement à fec. 

Pendant l'Eté , on ne fauroit faire do 
l!eaa dans le Pou de Saine- Julien, paice^*^ 



ttf^ H I s T O t R" B 

~ - que les Toarces Se les lagunes qiijon trcravr 
*74*-47- ^ roueft , en font éloignées de trois oif 
quatre lieues^ & quùne de ces lagunes, 
beaucoup plus proche que les autres, ic 
qui eft au Nord*^Oueft de Tentréé , n'eft par 
. aifée à trouver ,. étant fort élevée entre: 
deux collines à une lieue de la Mer. Mais^ 
en hiver la fonte des négcs forme de petit* 
ruiffeaux qui fe déchargent dans la Mer.- 
Du refte tout le Païs eft ftérile & plein de 
falpêtre; il n*y a qu'à TOueft de Tentréc" 
du Port , où Ton puifle trouver dans des 
buiflbns un peu de bois de chauffage. Les' 
Troupeaux n'y trouveroient aucuns pâtura-- 
gcs , (î ce n*eft un peu autour des baiiTons ,, 
& parmi les cannes , auprès des fources. 
Enfin il n y a nulle part un feul arbre ^ 
dont on puiife mettre le bois en œuvre. 

Il uroit aifé de fortifier ce Port en pla*» 
çant une batterie fur la pointe de pierre qur 
eft au Sud-Oueft de la première entrée de 
la Côte du Nord , parceque cette entrée y 
eft foft étroite ,, que le Canal n'eft qu*à une 
portée de fufil de cette pointe , & que le» 
Navires ne pourroient point la canonner, 
puifque de baffe Mer ils échoueroient , toute. 
FAnle étant alois prefqu*à fec , excepté à 
fa pointe. Se que dans le Canal même 
à peine y a-t-il ttois brafl'es dèau. D*aillcurs 
la pierre n'y manqucroit pas pour les forti- 
fications , & des écailles d'huitres , qui fe 
pétrifient , on pouiroit faire de très boir 
ciment. Outre cela on trouve dans les col- 
lines qui font au Sud de ce Pon , un talc 
fort propre à faire du plâtre. Dans le Port 
même la pêche. feroit abondante :-il.eil renir 



^tr F A R A 6 TT A y. Liv. XXIL 107 

pu d\me cfpcce de poifTon qui reflemblc j^a^-a^^ 

beaucoup au Cabillau ; on y voit quantité 

de Poules d*eau , d*Oies & d'autres Oiféaux 

de Mer. Les Animaux terreftres les plus 

communs font les Autruches y Its Guana- 

cos y les Renards., les Vicognes ,. & les* 

Quinquinchos. On y a découvert quatr» 

ou cinq lagunes (alécs > dont la plus proche 

de la Mer n'eft qu'à une lieue. Pour ce qui 

cft de la température , Tair v eft fec , & le 

froid y ^Çk. très piquant en nyver. 

Après trois femaines de féjour dans cette 
Baie , & dont on ne perdit pas un indanc 
fans faire de nouvelles obfervacions , ou- 
réiterer les premières , on mit à la voile la 
premier jour de Mars ; & en rangeant la' 
Côte , on ne remarqua rien de confîdéra- 
ble ju(qu'au dix , qu'on trouva la Mer fort 
groffe à la hauteur d'une Anfc , qui cft au 
Sud du Cap de las Matas , par les quarante- 
cfnq dégrés de latitude. Vis-à-vis de ce Cap- 
il y a (Eux Iles , dont la plus grande eft a 
une lieue du Continent , & la plus petite ,. 
qui eft fort baffe , en eft éloignée de quatre 
lieues ; toutes deux font fur la même ligne,. 
Sud-Eft & Nord-Oueft. 

Il y en a quatre autres , une grande à là^ " 
pointe du Sud, & trois petites en dedans 
de la Baie que forme ce Cap , lequel eft mal- 
nommé le Cap des buiffons, puifqu'il ne - . 
s'y en trouve pas un féul, & que c'eft la- " 
Terre du monde la plus aride. Les Cou- 
rants y (ont très forts au Sud & au Nord , 
& (uivent ht même règle que les marées. La- ' 

Côte eft d'une hauteur moïcnne j^ & on y, 
yiQÏt de tems e» tems quelques Rochers». 



1 



t«iP ftlSTOXKK 

•^ . Entre les deux pointes du Cap il y a afld' 

74 '•47« Anfc. La Frégate entra le onze dans la.Baie^ 
& mouilla dans le milieu par trente brafles 
à une lieue & demie ou deux lieues de. 
Terre. A midi-, TAlferès Roïal , le premier. 
Pilote , & le Père de Quiroga^ allèrent avec 
la Chaloupe à terre y & trouvèrent que dans 
l'intérieur de- i'Anfe , qui eft formée par les- 
deux pointes du Cap , il y a une fort bonne 
Baie , profonde partout jufqu'à Terre, de 
fone qu'à une portée- de fufil du rivage, oa 
trouve fept à miit brafles , fond de fable 
noir, à Tabri de tous les vents, excepter . 
de ceux de TEft & du Nord-Eft, qui dan9 
ce paragc ne font pas fort à craindre, 
r Biîe de los Ils montèrent enfuite fur- les plus hautes 
Camaroncs , collines pour découvrir au Nord la Baie de 
5&fcph.^*"^^ /ax Ctf;;rtfro;z« , laquelle en renferme une 
autre & un petit bras de Mer,, qui eftau 
Sud du Cap. Ils fe rembarquèrent a fîx heu* 
tes du foir, bien fatigués d'avçfir marché 
pendant trois lieues dans un pais ou il n*y 
a que des pierres. Le lendemain douze , la 
Prégate mouilla à l'entrée de la nuit dans 
la Baie, aïant vingt-cinq brafles d*éau,. 
fur un fond de fable fia,- à une lieue Se 
demie de Terre. Cette Baie eft fort ç;rande,» 
Se dans fon milieu on feroit expofé à tou& 
les vents , û du côté du Sud on ne pouvoic 
mouiller aflez près de terre à Tabri des vents 
de Sud-Oueft, de Sud, & de Sud-Eft. Du 
côté du Nord ,. on trouveroit le même abri 
contre les vents du Nord & du Nord-Eft. 
Ati milieu de la Baie, il y a une Ile d'une' 
lieue de long , dont la pointe orientale 
&)rmc une fuite de bas fo&ds.j A depeti^f- 



^ BTJ Paraguay. Liv. XXII. i#^ 

îlots éloignées du Continent d'environ une "TtIJ^^tT 
licuc , & qui cft toute couverte d'Oifeaux * 

dé Mer & de Loups marins. On donna à 
rilc le nom de Saint- Jafeph , & la hau- 
teur prife dans fon milieu (c trouva de qua- 
rante-quatre dégrés trente-deux minutes de 
latitude , & par Eftime de trois cents treize 
dégrés trente-fîx minutes de longitude. 

Le treize à huit heures du matin , TAl- 
ferès Roïal , le Père Strobi & (îx Soldats 
allèrent examiner la qualité du terrcin , & ' 
voir s'ils ne rencontreroient point quelques 
Indiens. Ils retournèrent à bord à Tcntréc 
de la nuit , après avoir fait environ quatre 
lieues , (ans avoir vu autre chofe que des 
Rochers & des épines , dont les Soldats 
avoient tous.les pieds enfangtantés. Ils cru- 
icnt d'abord appercevoir une Rivière , mais 
s'en étant approchés, ils ne trouvèrent 
qu'une ravine, qui dans les tems des pluies 
& à la fonte des négéSàfe remplit aeau , 
& demeure à (ce le refte de Tannée. Voilà 
à quoi (c réduit la Rivière , qu'on trouve 
marquée dans quelques Cartes comme fe dé- 
chargeant dans cette Baie , au tour de la- 
quelle on ne trouve ni eau douce , ni bois , 
ni aucun veftige d'Indiens ; auflî n'eft-il pas j^ 

poflible qu'un pais comme celui-là foit ha- 
bité. On ne trouve des Camarones que dans 
cette Baie & dans celle de Saint- JuHen. 

Le quatorze , dès que la Lune parut fur 
rhori(on , on appareilla pour chercher Rio 
de los Sauces , & le lendemain on fc mit 
Nord & Sud du Cap de Sainte-Helcne , qui 
cft àU- Nord de la Baie , d'où l'on étoic 
fiuti la. Ycille. Oaf dt hauteur & on trouva 



IIÔ H X s T O I R Ë 

^ quarante-quatre degrés trente minutes <fe 

•74^-47' latitude. Toute cette Côte eft prefque par 
tout fort balFe ^ on y voit (eulement quel- 
ques Rochers , qui s'élevertt un peu , & que . 
de loin on prendroit pour des Iles. Le CcizCf 
te vent augmenta pendant k nuit , & la ' 
Mer devint fort grôffe.- Le dix-fcpt , à hoir 
heures du foir , un ouragan furieux , <juî 
venoit de l'Oueft , & qui furprit le Navire 
avec (es quatre grandes voiles dehors, Ic" 
mit en très grand danger de démâter. On 
vint cependant à bout de carguer les troii 
principales , & an fit vçnt arrière avec la 
feule Hiifaine. 
Le dix-huit à midi , quarante-deux dé- 

frés trente-trois minutes ; c*eft à cette 
auteur que Ton place communément RÎQ 
de los Sauces. Mais le vent ne permettant 
pas d'approcher de la Côte , & reau com- 
mençant à manquer , on. jugea que cermme 
on étoit déjà dan«*l*hyver & que la Rivière 
des Saules eft affez proche de Buenos Ayrèr 
pour être aifément vifitée , ce n*étoit point 
là , mais beaucoup plus près du Détroit de 
Magellan , que devoit fe faire rétabliffe- 
ment dont il étoit parlé dans les inftruc- 
tions du Capitaine ; qu'il n*y- avoir donc 
rien de mieux à faire dans la fîtuation ou 
Ton fe trouvoit y que de profiter du vent , 
& des courants , qui commtocent à (e ren- 
dre (enfîbles par les trente & un degrés^ 
oii Ton fe trouvoit à peu près , pour re- 
tourner à Buenos Ayrès. 

Le Samedi vingt-fix à dix heures du ma- 
tm 5 on s apperçut que le grand mat avoit 
befoin d'être affucé ^ ôc on y travailla (ùx^ 



vv Paragua t. *I/V. XXII. xi i 
le-champ. A midi , on trouva trente-cinq ■■ 

dégrés trentc-fix minutes de latitude. Le ^74^''47« 
vingt-huit, trente- cin^ dégrés quarante- 
trois minutes. Le 3 1 à cinq heures & demie 
du matin , on apperçut au Nord le Cap de 
Sainte-Marie. Le premier d'Avril à midi , 
trente-quatre dégrés quarante-huit minutes 
à l'Eft-quart-de-Nord-Eft du même Cap , 
dont on n*étoit plus éloigné que de trois 
lieues. A une heure Se demie , on apperçut 
à rOueft le Pain de fucrc , & à cinq heu- 
res & demie , on vit un Navire au vent , qui 
étoit près d'entrer dans Rio de la Plata ; 
pour n*étre point furpris , on (e prépara à 
tout événement. Le lendemain à (îx neures 
du matin , on (c trouva vis-à-vis de Mal- 
donado. Le Navire qu'on avok découvert 
la veille , reftoit (bus le vent > & on recon- 
nut qu'il portoit une voile latine. On mit 
Pavillon Efpagnol ,, & on TafTura d'un coup 
de canon. Le Bâtiment s*approcha , & Ton 
reconnut que c'étoit une Tartane comman- 
dée par Dom Jofeph Marin , François de 
Nation, mais établi en ECpagne. îl étoit 
parti de Cadix , au mois de Janvier avec 
des paquets du Roi pour le Gouverneur de 
Rio de la Plata , & il ajouta que comme 
îl ne connoifToit pas bien la Rivière , il s'é- 
toit mis à la fuite de la Frégate. 1-e qua- 
trième d'Avril à cinq heures du (bit , on 
mouilla à trois lieues de Buenos Ayrcs. A 
cinq heures & demie , les deux Capitaines 1 
& les trois Jéfiiites s'embarquèrent dans / 
la Chaloupe de la Frégate , & à fept heu- 
res & demie arrivèrent chez le Gouver^ 
fteur^ 



^J 74^-47. C^ ^"i f^ peut dire en général , Ccidâ 
k Père de Quiroga , de toute la Côte qu il 
avoit rangée depuis Temboucliuïe de la 
Baie de Ritr de la Plata , jufqu*au détroit 
de Magellan , & qu on appelle dans quel- 
ques Relations la tote des Patagons : c'cft 
qu'elle eft fituée entre les 3^ dégrés 40 
minutes & ks 51 dégrés 10 minutes d© 
latitude auflrale^ que depuis 1& Cap de 
Saint-Antoine , ou commence du côté 
de POucft Tembouchure^e Rio de la PJata,- 
jufqu^à la Baie de Saint-Georges, elle 
court au Sud-Oiifeft , jufqu'au Cap Blafic ; 
du Cap Blanc jufqu à llle des Rois, Nord 
& Sud; de-là jufq'u'a Rio de los GalUjos^ 
Sud-Sud-Oueft , & que dans cet intervalle 
elle forme plufieurs Anfes; que depuis 
Rio de Las Gallejos jufqu'au Cap des p'ier-f 
ges , c*eft-à-dïre , Jufqu'à l'entrée' du Dé- 
troit de Magellan, elle court au Sud-Eft; 
que jufau'aux quarante-trois dégrés la. 
Terre eft baffe, & que les VaifTeaux ne 
peuvent pas en approcher de près y que 
depuis les quarante-qùafre dégrés en, tirant 
au Sud , on trouve la Côte fort haiite juf" 
qu à la Baie de Saint- Julien ; que jufqu'à 
k hauteur de quârante-fîx dégrés il y a 
quarante braffes- d'eau )ufqua une demie 
lieue de- Terre; que depuis- la Baie de 
Saint- Julien , jurqu'à la Rivière de Sainte- 
Croix , la Terre eft baffe , ôc bon fond par 
.. tout , mais peu de rivage 5 Que depuis la 
Rivière de Sainte-Croix iufqu'a Rio Gallc- 
gos, la Terre eft médiocrement haute, 
enfuite fort baffe jufqu'au Cap des Vierges 5 
^u'il ne faut point s approcher de nuit- du 



'b0 PAltAGUAT. X/V. XXIL Itfj 
Csif de las Matas , à caufe des Iles qui - 



font vis-à-vis , & qui avancent beaucoup ^74^-47» 
en ^er \ que la Côte depuis Tlle des Rois 
jufqa'à la Baie de Saint Julien , e(l peu 
sure , & qu*il y faut tenir le large. 

Quant aux vents qui régnent dans ces . 
Mers pendant le Printcms & l'Eté , ce font . 
le Nord, le Nord-Eft, rOueft,& le Sud- 
Oueft 5 TEft & le Sud-Eft, qui feroient les 
plus dangereux de tous , n'y loufHant point 
pendant ces deux faifons. Le vent de Sud- 
Oueft y groflit extrêmement la Mer , & 
' Ton eft prefque sûr de la trouver telle 
dans les conjondions, les oppodtions & 
les changemens des quartiers de la Lune. 
Les marées font une des plus grandes dif- 
ficultés de eette navigation; en quelques 
endroits elles montent jufqu'à la nauteur 
de fîx braffes perpendiculaires, & font 
beaucoup varier les courants , les uns 
portant au Nord & les autres au Sud , ou , 
quand ils fe rencontrent , ils fc réflcchiffent 
à l'Eft & au Sud-Eft. 

On ne trouve d*abri pour les VaifTeaux , 
que dans le Port Defiré , dans la Baie de 
Saint- Julien , &#dans celle de Saint-Gré- 
goire. Il y a dans le premier une fontai- 
ne , ou en cas de néceffité , on peut faire 
de Teau : tout le refte de la Côte eft ari- 
de 5 on n*y voit pas même un arbre , & il 
n y a guère que la Baie de Saint- Julien , od 
Ton puiiTe trouver du bois de chaufFaee , 
où la péchc foit abondante, & ou il y 
ait beaucoup de Tel. Il fait fur toute cette 
Côte un peu de froid pendant l'Eté; & 
pendant Thy ver il ne peut manquer d'ctrç 



114 HlSTOlRS 

*- , cxccfllf, vil la grande quantité de négeï} 
74 -47» q^j- tombe fur la Cordillicre , & fur le plac 
pais qu elle ne fertilife point , qui cft tott^ 
jours d'une aridité extrême , & par coft- 
féquent incapable >de rien produire î aiilli 
toute la Côte eft-elle fans Habitants. 

Il paroît que depuis la Rivière des Saâ^ 
les , que ijuelques-uns ont nommée d 
Defaguadero , il n'y en a aucune autre foi 
toute cette Côte : ceux qui ont cru en 
voir, & les ont marquées fur leurs Canes, 
ont pris pour "des Rivières quelques ravi- 
nes qui fe rempliflent d'eau a la fonte des 
néges & pendant les grandes pluies 5 cepcn' 
dant il fe peut faire qu il en ait échappé quel- 
qu'une aux Efpagnols , mais il eft cenain 
<[u'ils ont examiné ces Côtes mieux qu'on 
n'avoit fait avant eux , & que les Riviè- 
res dont quelques Navigateurs ont parlé , 
n'exiftent point. On ne doit pas plus comp- 
ter fur bien d'autres qu'on lit dans les 
Journaux de ces premiers Voïageurs. L'un 
affure qu'il a vuTur les Côtes les plus hau- 
tes du Port Defirc des Tombeaux qui ren- 
fermoient des offemens de feize pies de 
long; cependant les trois feuls cadavres, 
que nos Efpagnols ont trouvés dans tout 
leur voïage , n'avoient rien d'extraordi- 
naire. D'autres difent que dans une Anfe 
Am même Port, on pêche beaucoup de 
yoiffons; &. les mêmes Efpagnols ont eu 
beau y tendre leurs filets partout , ils n'ont 
pu y en prendre un feul. On trouve dans 
les mêmes Journaux que dans le Port de 
Saint- Julien il y a des huitres d'onze pal- 
mes de diamètre 3 affurémeat lequipagc 



Btr Paraguay. Liv. XXIL 1x5 

hx Saint-Antoine a bien examiné toutes 

CCS Baies , & n'a rien vu de fcmblablc. ^74^-47* 

Quoi qu'il en foie , on ne peut nier que 
la vifite de cette Côte , faite par le Saint- 
Antoine , n*en ait donné une connoiffance 
plus exaâe , qu'on n'en avoit jufques-là , 
& qu'on ne loit bien affuré aujourd'hui 
qu'elle n'a , ni ne peut avoir d'Habitants ; 
par conféquent qu'il feroit fon inutile d'y 
établir des Mimonnaircs , qui n'y trou* 
veroient pas de quoi fubfîiler : aufll n'y 
ycnfe-t-on plus. Le Perc Strobl retourna 
a la Conception , où il avoit laifTé le Perc 
Manuel Garcia y & toutes les vues des 
Jéfiiites pour former une nouvelle Répu- 
blique Chrétienne dans la Terre Magella- 
nique fe bornèrent aux Nations , que l'on 
cônnoifToit déjà dans cette extrémité mé- 
ridionale du Continent de l'Amérique. La 
paix qu'elles avoient faite avec les Efpa- 
gnols , en avoit attiré plufieurs à la Con- 
ception » & Je bonheur , dont le bruit fe 
répandoit par-tout qu'on y jouifToit , en- 
gagea pluueurs de Ces Indiens à deman* 
der qu'on fît parmi eux de pareils Etablif- 
lêments. 

LesHabitans des Montagnes furent les 
premiers à les foUiciter; & un de leurs 
plus coniîdérables Caciques étoit allé trou- 
ver le Pcre Strobl peu de tems après fon 
arrivée, pour lui demander cette grâce. 
Charmé de l'accueil que lui fit ce Mif- 
iîonnaire , il fe rendit à Buenos Ayrès pour 
prier le Gouverneur de lui donner dc> 
Pères de la Compagnie ; il en fut très bien 
rpgu : Iç Gouverneur en parla au Provins 



iï« HiSTOiHï 

^ cial des jéfuitcs , qui nomma fur-Ie-channf 

1746-47. le perç Cardiel & le Pcre Thomas Falcon- 
^*"^^^""ner pour accompagner le Cacique dans 
a^Qs! °" ^^^ Montagnes. Ils partirent au mois de 
Septembre 1746 , après que le Gouvemcor 
leur eut afluré qu'il n'épargneroit rien pour 
fiavorifer les Établiffemens qu'ils juge- 
roient à propos de faire parmi les Monta- 
gnards , & pour leur donner la (blidité , 
que demandoit une Entrcprife de cette im- 
portance pour la Religion & pour TEtat , 
u capable d'ailleurs d'illuilrer ton Gouver- 
nement. 

Une Lettre que le Perc Cardiel écrivît 
peu de tems après fon arrivée dans les 
Montagnes , nous apprend que vers la fin 
de Novembre il étoit auprès du Volcan , 
dont nous avons parlé , (ur le bord d*unc 
grande lagune, aïant d*un côté unRuif- 
fcau, & de l'autre une grande Forêt de 
fort mauvais bois , dont on iie pouvoit 
même faire aucun ufage po«r bâtir une 
cabane, & que le Père Falconner étoit 
aduellcment occupé à en chercher de meil- 
leurs; que cependant trois cents Indiens 
s'étoient déjà réunis autour de lui , & té- 
moignoient un grand dcfîr de s'attacher à 
lui 'y qu'à la vérité ils ne parloient pas en- 
core de fe faire Chrétiens , mais qu'il ef- 
péroit de les y amener peu-à-peu. Il ajoiW 
toit qu'aïant pris pluficurs fois hauteur en 
cet endroit , il avoit toujours trouvé trente- 
deux dégrés quarante minutes , ce qui eft 
à-peu-près la même latitude que celle de 
Buenos Ayrès , dont il étoit éloigné de 
cinquante lieues. 

Paitf 



©u Paragijay. Lh. XXII. 117 

.Dans les entretiens auc ce MiHîonnalre 174^.4^7 
avoît eus pendant fon (ejour à la {Concep- 
tion avec les Montagnards , il avoit appris ^J^^^^' ^* 
cTeux plufîcurs fîneularircs de leur Païs , Efpagnols 
que le P. Falconner fut chargé de vérifier.La fur la Kivie- 
première étoit une Statue de pierre, enterrée ic des Saule». 
dans le Cible jufqu'à la ceinture , & dont on 
difoit que les bras étoicnt de la grolTeurdc 
la cuiHe d*une Femme > tout ce qui paroifToic 
du corps , dénotant cç feze , & étant pro- 
portionné à lagrofTeur des bras. La fécon- 
de , qui efl: beaucoup plus importante , 8c 
confirmée par le rapport unanime de tous 
les Indiens de ces quartiers là , qu'on a 
interrogés féparément fur le fait , efl que 
la Rivière des Saules , en approchant de 
la Mer^ (on n'a point marqué à quelle 
dii^ance ) fe férare en deux bras , & que 
dans rifle que (orme cette féparation , il j 
a des Efpagnols, c'eft-à dire, des Euro- 
péens, car les Indiens de ces Païs nom- 
ment Efpagnols tous les Européens. Ce- 
pendant on ne fait point au Paraguay fi 
cette Ifle eft habitée; ceux qui aflurcrent 
ce fait, ajoutèrent que leurs Ancêtres trafî- 
quoient autrefois avec ces Etrangers -, mais 
qu en aïant tué o^clqnes-uns , ( ils ne di- 
rent point à quelle occafion ) ils avoient 
ceffé d'avoir communication avec eux ; 
qu'on les voïoit cependant encore de tcmf 
en tcms pafTer dans la grande Terre avec 
des Chaloupes , & qu'on n avoit pu (avoir, 
m comment , ni en quel tems ils s'étoienc 
établis dans cette Ifle. 

Cependant les cfpérances , que l'oa 
avoir conçues de voir bientôt Jefiis-Chrift 
Tome VL X 



lis Histoire 

-: ^ adoré & la Religion Chrécicnne. s'établir 

74 4/' folidcment dans toute l'étendue des Tctiei 
Magellaniques , jufqu'à rextrêmité de TA- 
niérique méridionale, s'évanouirent bien* 
tôt. Les Mémoires me manquent pour être 
fufHfammenc inflruit de ce qui y a donné 
!icu , & tout jce que j'en ai pu apprendre , 
ccW que la Réduaion dî la Concrption, 
donc nous avons vu rEtabliffcmcnjr & les 
heureux progrès , 3c qui ne le cédoît prcfr 
que point , ni pour le nombre , ni pout la 
la ferveur , à, aucune des plus belles duPa- 
raguay , ne rubfifte plus , & que ces der^ 
niercs années la guerre étoit trps vive de 
ce côré-là entre les Efpagnols & les In- 
diens. 

Des ordres , qui fur ces encrcfaitcs arri» 
vercnc de la Cour d'Efpagnc, & doncceui 
qui en étoicnc chargés ne crurent pas de- 
voir fufpcndre Tcxécution jufqu'à ce qn on 
eut repré fente à Sa Majcfté Catholique ce 
qu'on en pou voit craindre , firent appré*- 
ncnder aux MilTionnaires , accoutumés de- 
puis pccs de deux (îecles à louer 8c bénir 
les miféricordes du Seigneur fur tjuit d'Inr 
fidèles devenus fes plus fervçns Adora» 
teurs , de fe voir réduits à adorer la 
profondeurs de fes jugements : comnf»eon 
l'eft: depuis fi longtcms au fujet deTEglifc 
du Japon. 

Toute la reffource qui leur refte , & \ 
ceux qui s'int.érelfcnt a la cpnfervation de 
ces ftouvellcs Eglifes, arrofées des fueurs 
& cimentées du fang de tant d'Hommes 
Apoftoliqucs & d'un fi grand nombre dft 
pouve^ux Chrétiens ^ c(l dans 1^ ^ligiof^ 



»u Paraguay, Lh, XXII. il 9 
i'un Princp , qui dans toutes les occafîons 
adonaé les preuves les moins cciuîvoqii es 
du xè!c le plus ardtnt & le plus déliotércfTc , 
pour éccnJdrc & affermir le Roïaumc de 
J. C. jufquaux excrcmités de Ton vafle 
Empire. 

Ils ne font pas moins fondés à efpércr 
que ce Monarque ^ à l'exemple de fes 
Àugufles PrcdéccfTcur», & comme il a 
toujours fait lui-même depuis qu'il cft 
monté fur le Trône , leur rendra la mcmc 
judice fur la conduite qu'ils ont tenue dnns 
cette rencontre, que fur les c.ilomnics énor- 
mes qu*on a répandues, & que Ton con- 
tinue a répandre contre eux à ce fujet. Dcja 
Sa Majefté n ignore point les rifques que 
pliifîeurs d'entrcux ont courus en voulant 
taire entrer leurs Néophytes dans Tes vues, 
ni qu'apparemment ils y auroient réuffi avec 
îc tcms & la patience , fî oar une précipita- 
tion , qui n*étoit ni néceflairc , ni comman- 
dée , on n*avoit pas exigé de ces nouveaux 
Chrétiens ce qui étoit au deifus de leurs 
forces, & qui ne pouvoit manquer d'ca 
faire pérîr la plus grande partie. Auflî n'y 
a ton gagné que de les mettre en fureur, 
& pludcurs Millionnaires ont couru rifqut 
d'en être les premières vidiraes. 

Fi/i du vingt 'deuxième & dernier Livre. 



^ 



i74^-47» 



Kîà 



PIECES 

Pour servir pe Preuves 

& d'éclairçiflcment à THiftoirc 

du Paraguay. 



EXTRAIT 

P'UNE LETTRE 

PE D. Jean Vasquez 
PE Aguero. 

4 DOM JOSEPH PATlffOi 
Premier Minifirç du Roi Catholique. 



'^ * Jlj^ Obifpo adual afiadc que çl Pucblo 
J-y/^^^^^aerjcfusçs codo de Indios, qiiç fc haa 
OiAGUEno. Mo trakndo de 4icz y oc^o à veinceapo; 
idç los Montes , y que fi dcjaflc de fer Mit 
fîon , o de çoricr cftos Pucblos por U 
direccion de los Padies de la Compania , 
fe pcrQiade , por la ezpericncia qup tiene , 
que dcfercgriaD todos, y nb folo perderia 
el gremio de la Iglefia edos Fielcs , fina 
fu MageClad aquella Provincia y como dice 
^o expreilo en un manifîefto, que ticM 
lieçho para el Rey Nucftro Scâor , que fç 
4çvcra Yci; dcfpucs de fi^ inucctp , poi^ 



I 



fit L*rihfÔI1lE DU PARAdlTÀY. «rf 

êentc y juzga que pafando à Doclrina fc- 17x6^ 
cular , fera univcrfal la mina de lo que à ' ' 

cofta Je grandes farigas mantienen y cui- .J^"^?:^ ^^ 
dan los Paares , como acontece con las ^g aoueuo. 
demas Doârinas del Paraguay , que quan- 
ta%eii aquella Provincîa cliàn en otras ma- 
nôû y Van en continua decaden<;ia. 

Mo c$ dudable , Senor Excelentîflîmo , 
que cl Govicrno de dichos Pucblos , affi por 
lo pcrteneciente à lo cCpiricual , como por 
lo refpediivo à lo temporal y es ei ma» à 
propouto para el aumenro de aquellos Ma- 
turales, lôgraûdorc à eofta de poca farign 
la falvacion- de muchis a!mas , y crcci- 
mlento de fus ïndividuos con el fuaVc 
modo conque los robrcllevan para los cra« 
bajos^corrigiendolosconmoderacîon, y caf- 
tîgandolos fin excefTo , anhelândo por la 
Cttirpacion de los yicios , fobre que eflàa . 
en continua vigilancia los Padres : y tengo 
por Gn dada que qualquier novedâd en or- 
den al Govicrno tnrbaria mucho cl fofficgô 
y la fujecion , con que viven , y acafo oca- 
fionaria danos irréparables en defervicio 
de ambas Mageflades. Es quanto puedo >^ 
informar à VucH^ra Excelencia. 






Kiij 



aii^ PlECZ$ TVSTUltATlYES 

MEMOIRE 

PRESENTE' 

AU ROI CATHOLIQUE 

BAR LE PJACQUES D'AGUILAR 

Provincial de la Compagnie 
DE Jésus au Paraguay, 

Pour la défenfe des Riduclions 
& de leurs MiJfionnairiSé 

S E N O R. 

1737. T 
Mem. DuP. J Ayme Aguilar, de la Cotnpania de 
Jacq. d'Ag. Jéfus , y Provincial ai prcfcnre de fa Pro- 
A\j KOI c. vincia del Paraguay , en nombre de fil 
Religion^ y de ios treinca PueMos de Indios 
Guaranis , (îtos en Ios Cbifpados de Bue- 
nos- A yrès , y del Paraguay , que por Real 
orden de Vueftra Maccftad, y de fus Rca- 
les Proçenitores , cfiàn al cargo y cuidado 
de dicha (w Religion , Uega , aunquc au- 
fcnte 5 à vueftros Reaies pies , y dice : 
Haver tenido por varias partes noticia cicr- 
ta 5c un Informe , queDom Martin de Ba- 
rua 5 vueftro Govcrnador interino del Pa- 
raguay , hiio à Vueftra Mageftad en i| 
de Septiembre del ano palfado de 1730 ea 
atencion , fegun parece , à una vueftra 
Real Cedula de S de Julio de 1717 > la 



\ 



-ùt l'Histoire du Paraguay, xif 
que parcce miraba à la impoficion de Tri- ' 

biKos, y crcs Corrcgidorcs EfpAfioIcs en '^'^ 
diclios treinta Pucblos , y libre comercio y ^^*** ^" ^^ 
traSco dcdichos Indios con los ÇQ^anolcs , ;^,^^;°'^^''* 
y lo demis que en dicha Cedula le dicc. 

El dicho Informe ( que parcce haver iîdo 
cl motivo , o impulfîvo \*iiïA una de las Co- 
in î/Iiones con que Vueftra Magcliad Ce 
firvio cmbiar al Puerto de Ruenos-Ayrc<;, à 
fa Alcaldo de Caia y Corte Dom Juan 
Vafqucz de Açruero , refpc^flo à lo que 
confirjo con cl Suplicante , fegun Ordcn de 
Vueftra Maçreflad ) es gravementc ilufTorio 
de Vueflra Magedad , dcnigracivo de fu 
Sagrada Religion , ofcnfïvo à ios primeros 
Minîflros y Prclados de efte Reyno , y 
conrcncivo de los pobres y fieles VafTallos 
de Vueftra Mngcftad , înconfequente , y 
falfo. Y fi cllç Informe liuviera (îdo tan 
refer^ado , que folo huviera parecido ancc 
Vueftra Majeftad, y vueftro Saprcmo 
Real Confejo » fuera menos fenfible fa 
inalîclo(b conccnido y lenguage ; pues por 
ultimo caia , y quedaba en las manos de un 
prudence y amorofo Padre de codos , quai 
es Vueftra Mageftid , qiiicn patcrnalmente, 
y fin jnfta qnexa de nadic , daria à cada * 

une lo que vicfTe Ccr merecido ; pero fîcodo 
cierco , que efte Infor'nc fe ba difundido 
por todo efte Reyno , y aun quizà poi* 
coda la Europa , pues el Suplicante en 
brèves dias hatenldo noticia cierca de très 
Copias de cl, que corren pordiverfas mà- 
nos , fc hacc créer , que el Artifice de dj- 
•ho Informe , no tanto pretendio informar 
à Vueftra Mageftad con la fincera vcrdad, 

K iiij 



114 Pièces justïïicatiyis 

' como vueftra equidad ptdia,, quanto in- 

'737- famar, denigrar , y ofcnder , que es lo 

M.EM. DU P. que vucflra jufticia , y piedad abomman. 

iu^Korc.*' ^^^ donde es patente, que el qucquifo 
pareccr Informe lincero , no lo es, fino 
que aborto en un Libelo înfamatorio pa^ 
blico , y como de tal fe ha de hablar y y 
fc pueden defender los ofendidos en cl, 
fupueda vueftra Real permifïion , coadyu- 
1)ada de todos los Dercchos y que pcrmiten 
la defcnfa moderada , no (îendo para cornac 
■vcnjejanza, fmo para propulfar la violcncia , 
y el agravio. 

Vinfcndo , pues , al contexte , dice el 
Informante, que el informe. hccho àVttcf- 
tra Mageftad del numéro de ctento y cin» 
quenta mil Indios , que ay de taffa en las 
MiJJîones de ambas Jurifiicciones , es fin 
conocïmiento formai de eau fa. Quiere dccîr 
( aunque cubriendo la faliedad con mcjor 
frafTe de lo que ella mcrecc) qne cl que Infor' 
mo à V. M. diclendo» que en dtchas Miflîo- 
lies havla ciento y cinquenta mi Indios tri- 
butarios jtiro à engaiiar dcfleal , y fcmcntî- 
do à Vueftra Mageftad 5 y fuc tan fubido 
^ fu engano , que en fentir de cftc Informao- 

tc ( que no parecc diftinto de aquel , fegun 
la modcftia con que quiere hacer material 
fu formai y maliciofo engano ) levanro cl 
numéro de losTributarîos ca(i très tantes 
mas de lo que pone efte Informante , pues 
cafî cfto va de quarenta mil à ciento y 
cinquenta mil : por donde fc vc quan di- 
gnos ayan fîdo , y fean los que informan 
contra eftos vucftros pobres VartaUos , de 
que fe les créa > pues no haccn efcrapuU 



\ 



©1 ^'Histoire du Paraguay. 115 

^ decîr, que quatro fonquincc, y que 
quince Ton quatro , como Ua en dano de '^'' 

loslndibs. ÎIc^^'d^Ac' 

, Quando cl Informante califica de fallido ^^qiQ^* 
t\ numéro de Tributarios^ que pone el 
ocro Informante , falta el tambicn à U 
veidad , fuponiendo , o afirmando , que 
cl ano de 1730 , en que informaba y ha via 
Pueblos , y trece Pncblos de los que cftàn 
à cargo de la Compania en la Jurifdic* 
cion del Paraguay : lo quai es falfb , y no 
lo podia ienorar 3 pues nor vaedra Real 
Cedula , dirigida à vueRro Goveroador 
de Buenos-Ayrès , fe agregaron cl ano 
de 171^3 en que el mîfmo governaba el 
Paraguay, y lo eftàn hada ahora, al Go-^ 
vierno de Buenos Ayrès todos los trcinca 
Pueblos , (in que quedaife » ni aya oy aU 
guno en la Jurifdiccion del Paraguay. Al 
Governador de Bueaos-Âyres fe ha acudi^ 
do enteramente para la Confirmacion de 
Corregidorcs , y Cabildos , y lo demss 
pcrteneciente, defde cl dicho'ano de 171^ ; 
y aun en las quezas , que los del mifmo 
Paraguay , y otros han tcnido contra di- 
chos Pueblos, y Indios, han acudido à 
dicho Governador do Buenos- Ayrès, como 
es confiante ; y cl mifmo Governador de 
Buenos- Ayrès (c ha tcnido , y tratado , y 
le ha portado hada oy con dichos treima 
Pueblos , y Indios , como fu unico , y le- 
girimo Governador. 

Por dondc dcbe dccîr ci Suplicance , que 
otra vueftra Real Cedula , que fe dicc havcr 
poderior , para que los quatro Pueblos mag 
Tcciaos al Paraguay fubfiflan fuietos à ai^ucl 

K Y 



11^ Pièces justificatives 

j-.- Govierno , no fc ha paefto eu execucton , 

' affi por orras razones que tendràn lo$ z 

JACQ. d'Ag! ^"*^"^5 ^fto incumbe , entre las qualcs 

AU Koi C. ^uJzas fera una , cl que quando llcgo cfta 

Ccdula edaba fublevada aquella Provincia^ 

y bolverlc entonces Jos quatro Poeblos > 

ruera darle mas fucrzas contra Vucftra 

Magcftad , como por lo manifîcfta mente 

fubrecicio dedicha Cedula , que fe fimda, 

è motiva en cl Informe , de que dichcs 

quatro Pueblos no eftaban agrcgados aun 

con cfeé^o al Govierno de Buenos- Ayrès , 

lo que es publico , y notoriamenre falfo. 

Profîgue cl Informante, y dicc , que 
arreglandofc à los Padrones y que ha vifto 
de m AnreccflTor Dom Juan Gregorio Ba- 
2an de Pcdraza , de los trecc Pueblos de 
la Jurifdiccion del Paraguay, hallay que 
in ambas Jurifdicciones no iiavrà mas de 
cjnarenta mil Indios de taflà 5 y fi excède , 
fera en poco numéro , mediante que los 
crcce Pueblos tenian por dichos Padroûcs 
de diez mil y quinientos à once mil Indios 
de tafla 5 de que coligc , que teniendd diez 
y nueve o veinte Pueblos la Jirrifîdiccion 
de Buenos- Ayrès , algunos de cltos con mas 
crcce de numéro de ïndios en corta canii- 
dad , unos , y ocros Pueblos vendran à 
tcner el de quarenta mil , que puedan tri' 
hutar, Hafla aqui el Informante ; cuya 
Claufula, para que no (ca del tolo iluflbria, 
como lo parece , debe rcfolvcrfe Ai cftas aC- 
ïTerciones ferias. Primera : En los trece Pue- 
blos que vifîtà , y empadrono Dom Juan 
Gregorio Bazan « halio diez mil y qui- 
lùcntos à once mil 'Indit)s de taflft. l'^.bos 



PE l'Histoire du Paraguay. 117 
Pucblos pcrccnccientcs à Buenoj-Ayrcs, " 
fuerade lostrccc dichos , cran diexynuc- '757- 
vc , o vcîntc , quando cmpailrono DomiÉ*"' ^K^* 
Juao Bazan , y quando informo Dom au^^o,\\ * 
Manln de Baïua. 3^ Algunos dccflosdiez 
y nucve , o vcintc Pucblos , ticnen mas 
numéro de Indios , que los otros trecc 
en corta candidad. 4^. De que aqiiellos 
Pueblos tcngan diez à once mil Indios , fc 
colîge, que eftos diez y nuevc , o vcinrc 
Pueblos tienen rreinta mil Tributarios en 
ambas Jurifdiccioncs, La quinta afTcrcion 
es cambien cl aifumpco , y conclufion prin- 
cipal dei Informante » y tendra la verdad 
auc le perroitiercn los antécédentes falfos 
de que la dcduce. Es falfa h primera aflcr- 
cions pues aunquel!)om Juan Bazan haiJà 
diez mil y quinientos à once mi! Indios en 
los crcce Pueblos , no hallo , ni dicc que 
hallo effe numéro de Tributarios ^fîno que 
eflos eran todos los Indios que hallo y y de 
cllos fc ha de facar un buen numéro re- 
fervados , como fon los que no llegaa 
à diez y ocbo anos > los que tienen y à cin- 
qucnta ; los Caciques, y fus primoç;enitos: 
los enfermes habituales, y otros, que 
Vueftra Mageftad referva por fus Reaies 
Cedulas. 

Tambien es falfa la fegundi aifercîon ; 
pues es coudante , y manificdo , que los 
Pueblos pertcnecîentes à Buenos- Ayrès , 
fuera de aquellos trece , no eran diez y 
nucve , o vcînte , fino folos diez y C^ctc 
cl anode 171 î, quando empadrono Doi» 
Juan Bazan -, ni elde 1730 , quando infor- 
J06 Dom Marcin de Barua. 

Kt) 



%iî Pièces iustificativis 
' 1757. Tambicn es falfa la tcrccra aflèrçioai 

MiM vvRs ^"^ ^'g^nos de los dîcz y (îcte Paeblos per- 
Jacq. b'Aô! ^"ccientcs à Buenos-Ayrès , luviefTen cl 
AV Koi C. ^no de 1 7 1 f , mas Indios y que qaalefquiera 
de los crcce Pneblos que pertenecieron al 
Paraguay ; pues folo uno era ( San Nicolas) 
entre aqucUos diez y fiete , el que ezcedia 
à qtialquiera de los trece : mas fliera d« 
cile havia encre los trece y très ( San Igna- 
cio Guazu , Itapua , y Loreto ) que ezce- 
diaa en mucho à qualquiera de los rcftantes 
diez y feis perrenecientes à Buenos-Ayrès. 

Tambien es falfa, è inconcepcibile la 
quarca affcrcion ; pues aunque paflaramos 
por las faifedades antécédentes > quien po- 
dra concebir , que dan^ trece Putblos diez 
mil y qHinientos Tribucarios, ayande dàt 
veince Pueblos ( en corta candidad mayo* 
res ) el numéro de veinte y oneTe mil y 
quinlentos Tributarios» que (on los que 
faltan para el pretenfo numéro de quarenta 
mil ? Vcrdadcramcnte , que fi trece me 
dàn dîez mil y quinientos > infaliblememe 
ine han de dàr veinte iguales à aquellos 
trece el numéro de diez y feis mil cicnto 
y cinquenta y très , que juntos con los diez 
mil y quinientos, hacen veinte y feis mil 
feifcientosy cinquenta y très. Denfe à eiios 
veinte Pueblos mil Indios mas , que patece 
baOrante para la corta candidadi en que drce 
ezceden algunos à los otios trece ; con 

Suc nos qucdan por buena quenta veinte y 
ete milfcifcientosy cinquenta y très Tri- 
butarios y y los doce mil trecientos y qua- 
renta y fiete, que faltan para el numéro 
dequarcptamil, qoe el Informante afiixM 



DE l'Histoire du Paraguay, ii^ 

ha ver , donde cftan , 6 de donde los fa- 
careipos ? Verdaderamente , que cl amor 
al Real Erarîo hîzo pafTar de punto elJ;^^;^Y^2 
defvelo del Arbicrida , dcxando à un lado j^y rÔi C. * 
bi arithmetîca y y h razon. 

Por tanto , aun permîcidas codas las falfas 
fupoficiones , o po(îciones del Informante , 
es evidentemence falfa fu conclufîon , y 
quinta a/Tercion , de que los Indios de 
tafTa de todos los Pueblôs , que ednhan à 
cargo de la CompanJa en ambas Jurifdîc- 
ciones eran en numéro de quarenta mil el 
afîo de 171 f. 

Y para informir à Vueftra Mageftad 
plena y (inceramente de lo que en eftc 
puDCo ay y debe decir à Vuedra Magedad 
el SatfpBQte, que el ano de 171 5 , eraa 
todot m^ Pueblos precifamence treinta ; las 
Familias vcinte y fcis mil novecî entas y 
auarenta y dos ; las Aimas cîento y djez y 
leîs mil quatrocicntas y ochenta y ocho. 
Y elanode 1750, en que informaba Dom 
Martin de Barua > cran los Pueblos los 
luifmos, ni mas, ni menos ; eran las 
Familias veinte y nueve mil y quîniencas i 
las Â>mas ciento y treinta y très mil ciento 
y diez y fiete. Debe tambien decir , que 
jamas en los dichos Pueblos han llegado 
las Familias à treinta y un mil : Que con 
calamidades , y peCles continuas , fugicîvos, 
y guerras , \tzdtccn frcquentcmente eftos 
Pueblos grandes menguas , como en la que 
fe ven oy \ pues liaviendo el ano de 1 7 3 !> 
llegado las Familias à treinta mil , oy no 
llegan à vcinrey très mil , como conda de 
los padfoûcs^ que fe acaban de baccr de 



^^a Pièces jitstificatxtis 

1737. todos los treinra Pucblos por fus Curas f 

MÉM p ^°" ccrtifîcacion jurada de cllos fobrc fu 

JASQ* D'Ac! '^ê^^^^^^- I^e&c aflîmKmo dccir^ qftc de 

AU Roi c. qualc^uiera numcTO de FamUras, que fc 

pongan , fc dcbcn facar muchos rcfcrvados 

ne tributo, por lo qncarriba dîxo , y ticnc 

difpueflo Vueftra MajB^cftad ycftaen pof- 

fcfTîon y pra^ica aprobada por vucllraS' 

Rendes Cedalas ; por lo que , auaque oy 

Te hallen en eftos crciota Pucblos veintc 

y dos mil Familias , no fon los que debaa 

rributar mas que diez y nueve mil ladios , 

con poca diferencia. . , 

Dcfpucs de cflo entra eï Informante al' 
punto de los très Corrcgidorcs Efpanoles en 
fos trcinta Pucblos , y expreflk haver mu- 
chos , y gra\res inconvenientes^|Mftf fc 
Jîéuîeran de tlîo ; y aun cl poner cRRÇorre- 
gidbr £fpanoI para los flece Pucblos >, que 
nombra , y Ilama immédiates à la A(l 
fumjpcion , lo riene por dïficîl fc pueda con- 
fguir. Supone fer los Indios fumamtnte 
faciles : y (îendo efto vcrdad , fc vc :)iianto 
trabajo havrà fido en los Do(flrineros cl 
mantenerlos yconfcrvatlos conftadtemcntc 
en la Fc , buenas coftumbrcs , y rccono* 
cimiento à fu Rcy , y Sciior natural por 
. mas de cicnco y cinqucnta anos j quandô 
Tcmos otras Naciones , aun Europeas , que 
eu mucho menos ticmpo han daao bueltas 
en la Fé dcbida à Dios y fis Scnores. 

Dice cl informante , que dichos Indios, 
defde fu primiriva y h alla el prefente y eftaa 
entre f^adcKs à la Compahia, Si cŒe eftar en- 
tregados dichos Indios à la Compatiia xlef' 
de el priiicipïo q,uiere decir > que los Se- 



DE l'Histoire du Pabagïïay. 15 1 
nores Catholicos Reycs los cncargaron à la j-.- 
Compacia , para que los coirvirticflc à Dios ^^ , 

/• n I r • • j rj Mem. du P, 

y a lu Real fcrvicio , y qucderdccmonces, j^^^ j,.^^ 
y hafta abora Vueftra Mageftad fc los au Koi C. 
tienc cncargados para que los afTifla, y 
jnftruya , y cuide , aflîftiendo con Real 
bencficiencia y con impenfas de Cu Real 
Erario para la conduclon , y manucencion , 
■de los Miffioncros : en cfte fentido dicc 
verdad. Si quiere decir , que defde el prin- 
cipio eftos Indios voluntariamcnre fc entre- 
garoo , y lo edan bafta ahora à los Miflio^^ 
#ero5 de la Compania , que con fûmes 
trabajos , y fatigas , con milagros , y con 
el derramamiento de la fangre de muchos 
à manos de Infieles Apoflatas> y malos 
Cbriftianos , los folicicaron , y acraxeron 
al fervicîo de Dios > y de V. M. tambien 
dice bien. 

Siquiere decîr, lo que quizà dira, (y 
es porfiada mania de alçtunos emnlos em- 
bidiofos ) qne los Efpanoles , con fus ar- 
mas , y diligencias , conqnidaron cf^os In- 
dios , y yà conquiftados , y fujetos , Io$ 
entregaron à la Compania 5 cfto es muy 
falfo , ni Ce hallarà cfcrito , ni Hifloria 
Indiference , y fide digna que lo diga *, hâ- 
vîcndo muctias que digan lo contrario , y 
lo diràn mifmos Indios» 

Profîgue el Informante , qnc eftos Indîos 
no tienen otro conocimiento , ni reconoci" 
mîento , que à fiis Provinciales , y Curas. 
Es decir y que ni conocen , hi hacen cafo 
de Dios , ni de fus Santos 5 ni de Voeftra 
Mageftad, ni fus Miniftros , y Governa- 
^res. Si Yudbft Mtgeftad con fa ReAl 



iji Pièces itTSTiricATi^if 
'■• Confcjo, COQ fus Virrcycs, Audiencfafy 

^75/' GovcrnaHorcs , Obifpos , y demàs Mioi^ 
MiM »u P. trQs ^ y PrcUdo», y todos los àtttAs prô- 
AW^Kof c.** ^^^^^ ^^ fabioé , y juftos no condenàran 
eda injufta calumma, el mifmo que la 
prafiere la dcbiera condenar ^ para no cou- 
deriarfe ; pues es pubHco , y le conda à êl 
nnfmo , que à mas de la baena noui de 
Chridianos , eftàn empleados en cood- 
nuos obfcquios, yferficioSy^e Vaeftra Ma- 
gcdad ( de que Te dafà papel à farte ). AI 
mener orden, infinuacion , àCafca œifî^ 
de vuedros Governadores , falen àprefuxiH 
dos de fus Tierras , Pueblos i caff», nragc- 
res , è hijos ,1os dos , los très , los quatro, 
y los feis mil Indios , codo à fu eaClo , 
coflo , armas , y cavalgadtxras , ii us tia- 
nen , y (îno à plé^ y cfto con alcgrîa , y 
caminar doclentas , trecientas , y mas lé- 
guas , y edo para padecer y para pelear > y 
morir por Vueftra Mageftad , y efto wx 
nineun fueldo, ni eftipendto : (èrvicio, 
quai nîngunns VafTallos del Mun^^o karàa 
à fu Senor : Y dcfpues de efto dicc , Sc- 
nor , vueflro Informante , que cftos Indios 
no conocen , ni recouocen uoo à fus Pro* 
vincialcs , y Curas. 

Le confia al Informante, que todos los 
anos acuden los Indios con los nombra- 
mientos de Cabildos à vueftros Governa- 
dores , para que los confîrmen. Le confta , 
que los Governadores vàn i los Pueblos de 
los Indios , quando» y como qnierenr» vi- 
fîran , mandan , y difponeb corao les pare- 
ce , y los Indios les obedecen. Le confta « 
qaç al Corregidor Indio del Pacblo de SaD 



l 



9t l'Histoire du Paraguay, in 
Ignacio Guazu , que es la piicrta y pa/To dcl 
Govierno dcl Paraguay para el de Buenos ^^ 
Ayrcs, embiabaii los Govcrnadores dci J^''-^** ''V, T' 
Paraguay fus ordcnes , y irtandamicntas , ^^^^^j^, 
' cl lodio Corregidor los cxecutaba , y da- 
>a cumplimicnco puncualtnenre. Le confia , • 
que quando vienen los Governadores nue- 
vos, van todos los Indios Corregidorcs de 
los Pueblos à darles la obediencia. Le conf- ^ 
ta «'final mente , que cncodo,y por todo 
bacen los Indios quanto vueftros Governa- 
dores > y legicimos Miniflros les mandan 
para vuedro Real fcrvicio. Que mcjor inf- 
cruidos puede V. Mag. tencr , ni qucreref- 
tos fus pobres Indios , y que mas rcfpeto- 
fbs? Pues con que verdad dice el Informan- 
te , que eflos Indios no conocen , ni reco- 
Aoccn fino à fus Provinciales , y Curas ? 

Quifiera el Informante , y otros muchos y 
qaeJcsIndio» profe/Taffen vafTatlage, fcr- 
vicio , y acatamiento , no folo à V. Mag. 
fino à cada uno de ellos como particular , y 
aun à fus crîados , y efclavos : de fuerre , 
que aanque fea un mcdio Efpanol , o MefU- 
zo , o tenga très quartos de Indio , fî un In- 
dio neto de eflos no fe le humilia , y hace 
lo que al otro fe le antoja , luego recarga 
Ibbrc el probre Indio , que es un batbaro , 
mal criado, que no rcfpeta al Efpanol, 
que no es Va(rallo dcl Àcy, ni rcconocc 
mas que à fu Cura; porque efta, Senor , 
es la eftrcIU fatal delpobre Indio, que ha 
de fer yaflallo , Criado , y Efclavo ,.y âun 
lumento de quancos quidercn fervirfe de èl, 
y fî V. Mag. poderoio , y piadofo , no coa- 
trafta el curfo de efl;a univerfal violencia 3 



IJ^ ViltlS TtTSTlflCÀTltEtf 

••~I ncii amîftad con los Infielcs Payaguas j tfdi 

■^' en vivos cueros, y con fuma iirdecencii 
MÉM. DU P. andan por las callcs , cntraù à las cafai^ ycf- 
a'vKoiC^ crados de las Senorac , cntrarr en Tas Ig|c/îas> 
y hacen mil maldades , y befas à los Efpa- 
noies. Poco menos infoleûccs edàil en las 
Corricntes ofros Payaguas , y les Charruasj; 
y en Santa Fè Charmas , y Ablponcs. Y en 



mcdio de tantas indccenclas , befas , y agra- 
Vios, qne po^dccen îos £fpanolM|ta&rus mif- 
mas caîas , en los camrnos , Cfll^Riïls, no 



ay E^pafïol parcicular que fe acrcva à caf- 
tigar a alguno de eflos Barbards ^ porqae û 
fe enojan^ fi roAipeil ta amiftad , aitinque 
tan indécente, y gravofa, etnbarrazaràn 
todos los caoïino^ , acometeràû las £(lan« 
cias, y las ntifmas Ciu^ades, y las «cabah 
ràn , como han hccbo con machî/Iimas, fin 
que los Efpaiioies puedtfn ^ nù fofô fiïjetar* 
los , pero ni ann défende rfe à si , ni à (us 
iffu^eres, y hrjos; y cfto , fîehdo quatro 
Indios , y tenîendolos jutfto à sh Otros 
quatro fe puede decir que fbn Fos Indios 
que aâigen las Ciudades del Tucumàn , en 
tal manera , que no folamcnrc tienen total- 
mente impedidos , o fumamentc arrcfgados 
todos los caminos , que folian fer del Pcrù , 
fino que de pocos anos à eda parte han fido 
tan continuas , y numerofas las matanzas 
y cautivcrios de los Chridianos , que no fo- 
Jamente han obligado à difpoblar grandes y 
fertiles Diftritos , y Partidos dcTierras , fi- 
no que han como bloqueado las minnas 
Ciudades , defpues de baver hecho matan- 
zas de dia claro > à vida de las mifœas , y 



î>« lHi«toîre du Paaacijay. 137 

Jas fean puefto à algunas en cal anguftia, ^ 

que no puedc una pcrfona de nochc falir ^7 57* 
pon fegiiridad fueca de la Ciudad^ ni aun Mém. du P. 
^enas de fu cafa , Cm peligro de Indios. ^^^^' f^^' 

Y u alguna vez , que no ion muckas , le 
janiman los EfpaBoUs à pcrfpguir y caftîgar 
los Indios , nmuchos fehuycndc laTieria , o 
fe efconden , por no ir à la cntrada y ocros fe 
jbuclvcn de} camino ; à vczes , y no pocas , 
fe amoclnan , 6 defavienen con los Cabos , 
peftos cncxc si^ y fe d^îCvanccc todo antcs 
de llegar al Enemigo^ Otra« , c|uando lie- 

fan alla , el Eneniigo les quita la Cavalla- 
a , dcjan Jolos à pie ^ y fe buelven à cafa 
como pueden : Ocras y jnuchas vezes fe 
buelven con muçhos monos de los fuyos , 
;iun de So)dados arreglados , y à largas jor- 
^adas. Rarilfînia vez fe oyc , que cl Efpa- 
fîol aya mucrto, o cogido un Indio , o al- 
jguDOS Indios : quando oîmos cada dia , y 
es aflî , que cl Indig raato , y caucivo veinr 
te, treinra^ cinquenta , cienco , y alguna 
vez ciento y vcinte, y^ ocras mas de cre- 
cientas aimas Chriftiana^; y fe puedc afir,- 
par , que para fada Infiel que el Efpafiol 
maca , ô cautjva , correfpondea mas de 
lo 6 3onîucrtos , ô cautivoij Chriftianos: 
y G no , 4^g^-c^ Informante como le fuè en 
las encradàs qne liizo ? 

Y hacc juicio ferio cl Suplicante , que 
cpdos los Indios de armas que hodilizan 
leftas très Provincîas , no llenan el numéro 
de cîncomil: pues Ci folos cinco mil, rcr 
partidos en trcs CÎoviernos , y Provincias, 
po folo no fon fu jetables , y cadJ gables de 
|pjg £fp9nolçs > AO pbAajate que los ûcnea 



Z^Z PiFCES JUSTIFICATIVES 

,-^ bien cerca , fîno. que antcs los Efpanolcf 
MfcM. DU P. ^c vtn coDrternados , acofados , ahjiiycma* 
jACQ. d'ac. dos de fus Tierras , y fin e^peranza de mt^ 
Al? Roi C. jor fortuna : concliiyefc ahora , como cl Pa- 
raguay , ni aun las très Provincias juntas, 
futrtaran , ni aun fe dc&ndieran , û eùos 
trelnta Pucblos fe levancàran contra ellos^ 
aunque no ccngan los Pucblos mas que vcin- 
tc , 6 vcinrc y dos mil Indios , que fou 
los que al prefcnte Ce hallan ? Y niucho mc- 
nos (e dcfcndicrran ^ (î los Indios fueran 
quarcnramil « como eftc Informante dicC) 
y muchidimo mcnos (î fueran ciento y cio- 
qucnta mil, como dix6 fu antecefTor, aun- 
que amboshablaron muyy^/z conocimîentQ 
formai de caufa , cfto cç , fin verdad , ni 
aun verifimilitud : y aun mucbiflimo nenos 
fe pudiera defender el Efpanoi , fi ellos 
veinte y dos mil fe juncàran contra el ( co« 
mo fe juntarian y como contra corn an Edc* 
migo ) con loscinco mil que ahora lo arrui- 
nan , o con alguna Nacion Eftrangera , co- 
mo lo cdàn oy los Mînuanes con los Portu- 
guefes. Todo edo fe ha dicho , para que vca 
el Informante, quanfuiil es fu penfamien- 
to , 6 imaginacion , de que C\ los quarcn- 
ra mil Indios eftuvieran ccrca de los Efpa- 
noles pudicran ferfujetos, cafo que fe Ic- 
vantalTTen. 

Fucra de que f no dîcen que ellos los 
conquiftaroo quando eftaban rcmotiffimos, 
y difpcrfos en fus fragocidadcs , c impéné- 
trables mbnrafîas ? Pues por que ahora que 
citàn muchiflîmomas cerca,y enlugarers cla- 
rosy defpejados, con caroinosabiertos carre- 
ceros no los pudicran fujetar ? Y por que no 



Dt L HiSTOiRï »u Paraguay. i^f> 
^(licron conquilVar los Indios de San Igna- " ■' 

cio Guaztt, que elbbanbien ccrca,y menos ^757- 
de cinquenca léguas ? Y affi es cierto , q^ç.^^^^'• ^Y^^ 
los Efpanolcs no pudicron conquiftar de cf- ^i^^^^^ôi^C***" 
tos Indios los de cerca, y menos los de le- ' ' 

Kos ; y configuicotcmcnte no pudieran fu- 
jetar, ni los delexos, ni los de ccrca , fi 
nna vez fe levants ran. De pafTo puedc ver 
^l Informante , quacro mas pudierou los 
pobtcsMiffioncros, que coH la cruz y pa- 
ciencia , en incrctbles è inmenfos trabajos, 
difcurrîendo por Provincias remotiflîinas, ' 
Bofqucs , Pancanos , y Rios impénétrables 
à otra flierza , ganaron , juntaron , aman- 
faron , y reduxcron à Dio« > y al fervicio 
de V. Mag. tantosBarbaros Idolâtras, Ca- 
«bas , y Fieras , qiic no los Efpafioles con 
fus armas 5 pues havicndofelos facado à 
Il rtpio, y defcombradoj y traidofclos taa 
ccrca, aun dicc que los hfpanolcs , fi los 
Indios fe levantan , no los podràn fujetar , 
porquecftàn lexos. 

Fucra de que , fi quifieran acercar mas 
âl Paraguay los trece Pueblos que les perte- 
necieron , dondc los pufiçran ? Si aun con- 
(înan las Eftancias de los unos con las de los 
otros 5 con folo el Rio Tebiquari de por 
medio , tcnîendo los Efpanoles poblada to- 
da fu Tierra, que tiénen habitable , y libre 
dcl Enemigo que los cifie y cftrecha , y por 
cfTo no caben 5 y por no cabcr , y por los 
Enemigos , fe baxan y aufentan muchiflî^ 
mos à las Provincias de abaxo , y hafta el 
Perd , y Chilc. Pues Ci fe les accrcàron los 
trece Pueblos pafiando el Tebiquari ( tc^ 
l4>:odo , çomo ciencD^ mas que doblada 



t40 Pièces JvsTXFicATivzf 

— ; gcntc que la Provincia dcl Paraguay ) C9> 

^757» mo cftuvicran, y fc mantuvieran ? 
Mlh. du p. Accrca de las diftancias de los crecePoe- 
^*^^^'^^'^^°' blos , que pcrtcnccicron al Paraguay, cil- 
cre SI , y refp;:do del mifmo Paraguay s y de 
los dicz y (Ictc de Buenos Ayres , entre si, 
y refpcdo del mifmo Buenos Ayres^ dici; 
mucnas falfedades, como quien no ha vifto 
iinp uno , dos , o cres Pueolps , ni ha q«^ 
rido informarfe de quien los ha vifto, y coa 
verdad fe lo pudiera decir. Lo que el Supli- 
canrc ( cjue por Siiperior , y Provinchl , y 
Miffionero na efïado muchas vczcs en lo- 
dos los Pueblos J debe <iecirà V. Mag. es, 
que no ay ninguno encre los trelnca Puc- 
blos y que difte de otro cieh léguas. Debe 
dccir cambicn , que los mas de los Pueblos, 

f»or las fabidas perfecucione^ de los Marna* 
ucos del Brafîl , con licencia vûe(tra , y de 
vuedros MiniAros , con grandi fllmasnd- 
gas de los MifTioneros, y faUedmienroT 
perdida de muchiffimos de eftos pobre^ , (e 
lacaron de fus oiiginarias derras diftanD& 
fîmas , dondc fueron primero ballados, 
convcrcidos , ,y fundados , y fe. craxeroa 
muchomas cerca de las tierras donde oy 
eftàn los Efpanolcs -, y aqui , fin miicha 
diffîcultad, ni incomodîdad, • los viiîcaa 
vucftros RR» Obifpos, y los paeden Yificar 
vueftros Govcrnadores. 

A Jos danos , que fe predicen à cftas Pro- 
vincias, y Rcyno,cau> que eflosindîos, 
o por mudarles cl Govieino , o por ocra 
caufa y fc levancàran , fe rien algunos va- 
Icntoncs , y diccn con dcfprecio , qup • eAas 
Indlos no ion p^ra las armas , ni para pcieaf, 

ÙB9 



DE l'Histoire du Paraguat. 141 

{! no para arar y cabar. Lo cierto , Senor, •"• 

es , que cftos Indios , dcfdc antcs que cl Et- '7 57- 
panel les conocierte , fc llamaban Gw^rtf- Mém. duP. 
nis y que quierc dccir Gucrrcros Lo cicr- ^^^^' ^!^®' 
to es , que dieron muchiffimo que haccr al ^" 
Efpanol , y efte nunca los piido conquiftar. 
Lo cierfo es, que fi alguno de edos, apof- 
tatando , fe mezcla con los Infieles , que 
affligeu eflas Provincîas , fe porta coq cono* 
cido arrojo y valor , y muclias vezes vieiie 
* entre losdcmàs de Cabo , o Gefe. Lo cier- 
to es y que en las dos vezes , que los Por^ 
tuguefes fueron echados de la Colonia , y 
en ocras funciones militâtes de vucfîro 
Real fervicio > han merecido , grandes ala- . 
banzas de vueftros Governadores de Bue- 
nos Âyres ; y que con eftos Auziliares , 7 
pocos Soldados arreglados , hati confiado 
desbâratar, è xmpçdir qualefquicra inccn« 
tos de Eflrangeios Europeos \ y oue los 
Portuguefes principalmeuce temen efte ner- 
vio , affi pot las dos dichas ezpulfiones de 
fu Colonia , como porque antiguamente en 
el Rio Uruguay deftrozaron plenaniente 
iina partida de mas.dedocientas y cinqueo- 
ca Canoas , y mas de mil y novecicntos 
Portuguefes y Tapis en ellas , que venian à 
matar y càutivar Indios ; defpues de io ooal 
jamàs fe han atrevido à inquiecarlos. Eilos 
han defendido fus tierras y Pueblos , de los 
Barbaros Infieles , fin ayuda de nadie. 

Y fuera de otras valerofas acciones pafTa- 
das, en los afios, y dias prefentes, en las 
turbulcncias de la Tecina Provincia del Pa-* 
raguay , han mofFrado edos Indios 9 que 
fon para niucho , y qiK tiçne Y. M. en ellos 
Tpmc FI. l 



141 Pièces jcstificativss 

mayormente freno ncccflarîo para conreoec 

*^ ea lu obediencia y fervicio à los que por mas 

MÉM. DU P. oblijraciones no debîcran ncccflîtarlo, y por 

^u^^^^'*^ °' olvidados de cllas fc han propafladoa îos 

mayores defafueros, de que V. M eftaii 

înformado. Por ulciino , les it^irmos Seâor 

rcs Reyts vueftros Proeçnkorcs , y V. M. 

inifmo , informados del amor y valor^ coq 

que fe han porcado , y defempefiado en las 

funcionçs de fu Real fervicio , han dcfpa- 

chado fus Reaies Cedulas , dandoles ^ y piao- 

dandoles dàr las gracias , coino. coiifta por 

las mifmas. 

Pero dado que eftos Indios j aunque V. 
Mag. les ponp;a coq efedo los très Corre- 
gidorcs £{\>anoles ( que es la parte , y puntf 
del Informe en queaun vamos) > de si no 
fe movieran , ni inquietàrap , ni amontà- 
ràn, (îno que fujetos , ot|^eiJtes, y ren^ 
didos fe ajuftàran en todd à vueftra Real 
difpofîcion , todavia no havia nada hecbp ; 
por que en efte cafo dicc , Senor , vueftro 
piadofo Informante D. Martin de Barua y 
los mifmos Mlifioneros con fus Saperiores 
difpondràn que fe amonten. £fto es , lo aae 
los Indios de si no hicîeràn , ellos fe lo na- 
ràn hacer : ellos infieles à Dios , traydores 
à Y. Mae. olvidados de fus obUgaciones , 
lendidos a fu defpecho y venganza , di(pon- 
dràn y trazaràn , que los Indios yà Chrif- 
tianos , fieles , y leales VafTallos de V. Mag; 
reducidos por fus Mayore<;, fe amonteo* 
f^ vayan à fus antiguas felvas , fe buelvan 
à fus Idolatrias y liecliizos , al deboro de 
humanas carnes , y a la impune tranfgrefliooi 
lie cpdof los pçrccbosNaturalcs ^ DiyisioSi 



i 



DE I.'HlSTOIRE DU FaRACUAY. ti$ 

y Htitnaoos 5 à que (c pierdan para ficmprc ■" 

fus aimas , y las de fus dcfccndienics , y en ^^î?- 
cUos qucdco fruftrados y vanos los meritos , ^^w. du p. 
raflîon , y Mucrtc de Chriito, y el prccio dc^/J'^^J'^'''* 
fu Divina derramada Sangre , è inutiles y 
reftanadas las Fuentes Sacramenrales , que 
riegan cfte Parailb. 

Todo cfto no obftantc , cllos difpondrâft 
que los Indios/tf amontcn ^ y tambien fc 

f>icrdan de V. M^ 5 y con cllos tancos mil- 
arcs , y aun ccn*cnares de millares de pe- 
fos , que falieron de vucflro Real Erario , 
por la fuma piedad y liberalidad vucdra , 
y de vueftros Pf'Ogenîcofes , para cond^icic 
y maotener Evangelicos Operarios , princi- 
pal mente de (Il Religion. Y lo que mas es , 
aucden bmlados aoucl zelo , anhelo , y an- 
ùa vucftra , y de todos los Catholicos Rcycs, 
czprefTados infinitas'vezes en Cedulas , Ref-^ 
cripcos , Inftrucciones » y de ocras maneras « 
de que los Indios fe convicrrao, fean y 
permanezcan verdaderos Chridianos Catho- 
licos > y "o folo dezen eftos Indios à V. 
Mag. nno que fe junccn , y unan con los 
Infieles , y otros Enemigos vueftros, ô ellos 
por si folos acomcran vueftras Ciudades y 
Provincias^tas inquieten , y moleften 5 y 6 
es poffîble n^€ pierdan , y con ellas perdais 
una parte de voeftra Real Corona. Nada 
lie efto détendra à eftos Rcligiofos , ingra- 
tos y perfidos , y ruines VafTallos vueftros , 
fioo quecontoMo atropeilaràn y difpondran 
que fe amonten los Indios. 

Y fobrc infieles à Dios , y traydorcs à V. 
Mag. (c olvidaràn de fus obligaciones , y 
4e $i aûfmos , y dç lo que fu fanco Infticu^ 

L ij 



t44 Pièces lusTincATivif - 

»■ ■ to , fa Religion , y Santo Fundador min* 

fT57- ron como principaii/Hmo blanco , que es 

>(éM. DU P. la coQvçrfion , perfeccion , y falvacion de 

^^*^R ^C^' ^^^ aimas; lo que fus Çcncralcs, efcogieor 

^" * do y embiando providamente de ca^ codas 

fus Provincias de Europa Miffioneros fer- 

vorofos y Apoftolicos , y con ptras cz- 

3ui(îcas diligeucias y deCvelos , tanco au 
efeado , procurado , y adelaocado -y y lo 
que eflbs mifmos Mifïîoneros con tanta pa- 
cicncia, fudores , facigas , crabajos, lagri- 
nias,y confu mifma fangrie^ como eilos 
dicen , conquiftaron , ganaron, v reduie- 
rpa : Todo efto , *Scftor , fin fa^ra fuya , 
fin vcreueuza , ni temor de Dios ni de yo$, 
^o perderàn y âbandonaràn , furiofos , ici- 
pecnados , y vengarivos los prcfcntes Doc* 
^rineros^ y fus Superiores en el Paraguay» 
idifponiepdo que los Indios fe amonten, 
£(le elogiO) Sehor^ hamerecido laCom- 
pania de Jefus ( que fe puede llamar vuef- 
tra , por la (îngular proteccion , y amor, 
que (lempre àV. Mag. ha debido ) de Doq 
Marcin de Qarua, vueflro Informante y Go- 
vernadof} yçs elogio, que no lo ha oidp 
jCila defdc ni fundacion , aun de fus niayo- 
fes cnemjgos , y que por codos^c^minos la 
iciraron à infamar , y arruinar : porqoc fi 
4ixeron , que los Jefuicas eran enemigosde 
pios, aliimifmoles conceden que Uarri* 
maban, lifongeaban, feincroducjan al Eft^- 
jio 5 y con toda i^rte y mana fe hacian , y 
fluerian pareccr fer todos de los Reycs. Y fi 
^igupo dizo , oue ni temian Dios , ni Rey . 
po fe atrevio a ncgarles que fe tuvie^en a 
|l ^/%o,s, y çop arcç , y diiS^al^ m^ 



( 



' 1»B L^iilStOlRl DU PAUAGtAT. 14^ 

ticDcia diefleo lufçar al poder para no qac- ^ ^^ 

dar fio bonra » perdidos y desnechos. Pcro ^'^* 
Don Manin de Baraa , todo Jo cxccdiè , J*'**- ^^^* 
diciendo, que fi' V. Mag pone Corrcgido- j^^q^q^ * 
res Efpanoles en los treinca Pueblosdel Pa-^ 
raguay , fus Miflioneros Jefuicas ban de re- 
bolver contra Dios ^ coocra V. Mag. y aun 
defcrperados , contra si mifmos. 

Dio^Julgarà entre ti , y mi , dixo San 
Atharnauo ai Ëmperador Condantino : afH 
fuzgarà Dîos un dia Mre Don Martin de 
Barua , y los Jefuitas^el Paraguay , y fe 
Tcrà quten fuè infiel à la Divina Mageftad ^ 
quien fuè defleai à la vucftra 5 y quien pre- 
cipjtado faltà à si, y à fus obligaciones. 
Si facra décente y conveniente, que los 
Jefuitas del Paraguay vinieran con Don 
Martin de Baraa à la immediata contîenda 
fobre fidelidad , quizà hallâran entre (as 
prête ritos > lo que èl (e pufo à adivinar en- 
tre los futarosde eftos^ y jamâs lo podrâ 
ballar * pero mejor es callar , lo que to- 
doel Mundo rebienta por decir. 

Entre tanto » Senor , no fe crée , que los 
Jefuitas del Paraguay tengan , ni ayan te- 
nido jamàs con V. M. ei grado de defefli» 
inacion , que en vueftro Real animo pré- 
tende cl Informante imprimir. Tendra pre- 
fente V. M. que en menos de ocbo anos » 
que vànderde Agofto de i7x4> bafta Fe« 
brerodeiyîi, hieron dos ve^es violenta- 
inente arrojados de Tu Colegio del Para- 
gaay , con l^rdefatencion è impiedad, que 
Jo pudieran fer de losTurcos , 6 Calvinidas » 
o de otros femeîantes. Y annque los execu- 
Corcs de cftas (acrilcgas impietades quific* 

L iij 



l 



^46 Pièces justifxcatitm 

j ron cohoucftar fu hecho , amomoli2ndocl« 

^ '* lumnias, y prctcxtando dclitos, de que 
jAca* d'ag! ( 3""^"^ ^<^s huvicra , y lô fucran ) cUo! 
tasKoïC, ' ^^ pudicran fer Juczcs ni Mmiftros,îc$ 
conlla à los Jefuicas baver (îdo taies acck)- 
nés de fuma defaprobacion , y defagrado Je 
V. Mag. Lo que, con vèr pablicaincBte 
caQiprados, como deHealcs, mucbos de 
diclios agreffores , complicados en otroi 
^elitos coDcra V. Mag. dà manifieftamcme 
à encender , que l|^cfuitas ^1 Paraguay 
falicron innocentes™ por Icak» à V. Mag. 
Tambicn tendra prefence V. Mag. que 
en mâs de cicnco y treinta anos > <auc co« 
mcnzaronà eftàr eftosindios con elcos Pa« 
dres , y cdos Padres con cftos Indios , ja- 
jnàs fe ba vifto en los unos, ni en loe 
otros (ombra de dedealtad , tenîendo fiém- 
prepor enemigosà los que fon voedros, 
y aparcandofe promptos , y aparundolos de 
il , como obftacuio à fus încentos , los que 
de ves fe apartaron. Siempre merecicfon de 
vucftros Progcnîtorcs, y de V. Mag."tigra- 
decîmientoy reconocimienro de leales , fin 
que Vueftra Mageftad, ni fus Progenîto- 
res fe ayan moftrado defcrvidos de ellos , 
o mal fervldos : fortuna , que tambien bas 
merecido eftos Indios con eftos Padres , de 
todos vueftros Reaies fieles MinifttQS > y fe 
efpera « que ni la defmereceràn > ni carc- 
ceràn de ella en adclance. Y no es , Senor 9 
defpues de otras muchas , pequena, ûdo 
$;rande prueba de lealtad dtsfjftos Padres, 
y de eftos Indios , el que Don Martitt 
de Barua , empenandofe con todas fus foer- 
zas^ malicia , y ai te » àbufcarlcs dcfl€altad> 



Bft L^HXSTOXILE DU PaRA GtJAY. »47 

i)0 iaayajpodidohallarde preterito , ni <ie ■ 

prefeacc , uno diciendo mil falfcdades , co- i737- 
xnp fc ha vifto , y verà y y por tanto , Ce m£m. t>v p« 
çchc à proiiofticar y adivinarla en future Jacq. dAo. 
tondicionado , diciendo , que fi tal huvic- ^" ^^' ^' 
ta » fucediera cal. 

Pero , Senor^bolviendo à los Corregî- 
dores Efpanoles , fi V. Mag. oïdas , y aica-^ 
men:e comprehendidas las râzones , que por 
ambas Partes fe traen ,• âun juzgàre , y de- 
terminàre que Ce pongan , puede V. Mag« 
eftàr fegaro , que los Mifiioncros nada dif- 
pondràn , y con todas (us fuerzas procura- 
ràn , que Y. M. fea enceramemc obcdecido. 
Y fi fucediere (lo que nunca Dios permica) 
que dichos Indios tumulcuaren , los Mif- 
fioneros los procoraràn fofTegar en quanto 
les fucrc poflible ; y fi fus razoncs y autho- 
ridai nada configuieren , y algunos deAier* 
rros Vaflallos huviercn de morir , los Mif- 
fioneros moriràn los primeros en fcivicio 
de V. M, 

Pr«fij;uc cl Informante , y dcfpues de ba- 
ver dicho, que por la novedad, y movi- 
miento yà tratado , tienne por dificil fe pue* 
da confeguîr cl poner y mantensr un Cor- 
regidor Efpanol en los fictc Pucblos mas 
cercanos al Paraguay , à quien fe pudiera 
rccnrrir en qualefquiera accidentes , dicc 
affi : A quefe an.ide , que con efle conocî^ 
miento no havrâ quien apete^ca el Corregi^ 
miento , recclando principalmente de las ma^ 
ximas de los Dofirineros, Repite y fe rati- 
£ca Don Martin de Barua , en que los 
Dodlrineros fueran peores que los Indios » 
y que el Corregldor que fe puficra ^ aua 

L iilj 



lit Piicxs nrsTirtcATiTit 
jy.- que debieraeuardarfe, y vclar fobre i J 
, * fobrc los Inalos , pcro mucho mas , y wi» 
JACQ. dVVg! ^^P^^*"^*^^^ ^^^*^'^ Çuardarfc de los Doc- 
Au BLoi c. ' tfincros, que como nombres fin temoi de 
Dios , 6 haràn amontar à les Indios , i de 
ocra fuerre maquîaarian contra fu honra,y 
vida : y cflo lo harian los Doârineros pot 
fus maximas , para defemb^irazarre , qoî- 
carfe de cfTe Conmandance , ferlsbrolutos^ 
y fin cedigos , para vivir como qaîercQ» 
difponer libre y defpocicamente de la ha- 
cienda de los Indios , y ocras feme)anteSi 
Affi difcurrc de Rclieiolos Sacerdoces el In- 
formante, porque hn duda adi lo baria èl. 
Anade, que los Doârineros con eftas 
maximas > de f de fus primeras fundaciones ^ 
han ideado ponerîas en parages , y difian- 
cias ^adonde la comunîcacion y franco co* 
mercto para los Efpanoles ejlè inhabilitado , 
re/peâo a los parages defiertos y lexanos , en 
que los an fundado. Aqui fe dexa vèr con 
la malicia la neccdad del Informante 5 
como (î eftuvicra en mano de tos Miffio- 
neroshallar les Gentiles difpuedos parad 
Evangelio cerca de los £fpaik>Ies ; o e(la- 
viera en fu mano tranfplancar al mifmo 
querer arrcgar à eftas Naciones , y plantas, 
por una parte barbariflîmas y fieras, y por 
otra ticrniffimas en coda crecncia y doci- 
lidad y arrancandolas de fus originarios 
pacrios fuelos ( lo que no es conforme à la 
xncnce de Vueftra Mageftad), y arriman- 
dolas à los Efpanoles , cuyo (ervicio , y 
traco aborrecen ellos mas que la muerce» 
por el mal craco , y acabamienco , que 
veian de ocros Indios , que antes fe les 



9t t*MlSTOIRE DU pAUAÔUAt. ±4^ 

llAvlan fojecado : como (îno baftara , que ' ■ 

losMiflineros iadruyciTea à los Infieles en «,^7^^* 
Ja Fè , y fervido de Dios , y de Vucftra f^^^^; ^V^^ 
Mageftad ^ fin inftruirlos tambiea en el au Roi C * 
(èrvicio ycomercio cos )os Efpanoles? o 
tomo fi no fuera licito , ni vàlido el Bau- 
tifiipo, fino con la precîfa condicion de 
dîcho cotnerclo y fervicîo , y de accrcarfc 
al Efpanol , para que efte lo tuvleffe mas 
libre^ franco > y commode ? 

Dezafe ver aqui , que lo que dcbîera 
céder en fuma alaoanza de les Miflioneros y 
que fiendo tan bien uacidos , como el 
Informante , y muchos muy Nobles , 
tîernos ^ y muy delicados , dexaron fus 
Provincias , Cadres , y parientes , y fe en- 
traroB por effas remotimmas Selvas y Bre- 
nas, Rios^ y Pantanos impénétrables*, que 
cl Informante llama parages defurtos , y 
Itxànos , todo lieno de Tygrcs , y de otras 
beftias nocivas » y fieras, caminando àpie , 
y iQuchifTimas vezes defcalzos , y defnuaos^ 
hambrientos, y enferroos, fin nîngun reme- 
dlo,ni confuelo humanOjfolo por convertir 
à Dlos aquellas aimas y paran(io,rcduciendo- 
las « enfenandolas, bautizandolas, y quedan- 
dofe cpn ellas donde las hallaban , vivien^ 
do entre eHas , con los mifmos peligros , è ' 
incomodîdades para confervarlas por Dios^ 
y para el reconocimiento de V. M, Todo 
cfto , Senor , digo , que debiera céder en 
Tuma alabanza de aquellos pobres MUIio* 
neros , hombres prodigos de fus vidas , por 
ganar las agenas , fieles Mtniftros del Evan* 
gelîo , dignos y reconocîdos Vaffallof 
Yueftcos, todo fe Us attribuye à ma&« 



ijo Pièces 7USTificATiTC€ 
mas , ideas , trayciones , y defleahaJieSr 



, y _ — j , j 

'"* El corne rcio (]ue cl Efpanol puede cenef 

MéM. DU P. con il Indio fia ruina de eftc , yà lo cicnc*, 
iu^aôiC.^' pues los Frucos vcnJiblc^ de que les Indlos 
DO neccfTîran para fu ufo , y ncccflî'an de 
yendcrlos6 pcrirutarlos- por otras cofas,. 
que en fus P «cblos np tienen y ncccfTcan,. 
para pas^ar el trîburo à V. M. para el ador-* 
no de fus I^lcfias , cflbs , îos valCmos In* 
Jjos Ios condncen à Ios Puertos , y Tkrras- 
Efpanolas , donde Ios Efpanoles losgoian 
comprandolos , o permurandolbs jpor roa- 
nos de Ios Procuradorcs Rcligiolos , que 
con efcrupulofldimo zelo cuidan de lo& 
bienes de Ios Indios , y Pueblos ^ dàodo à. 
cadauno con exa6ta razon y cuenta 16 que 
le pcrtcnccc. Eftos frutos les embi'an les 
Curas , y à eftos. rcmitcn Fos Procuradbrcs^ 
cl produdo, y Ib que fe les pîdc 5 y loS 
Curas Ios expeiiden precîfamente cada una 
en fa Pueblo, con fus Indios , con fiis- 
Iglcfias , con fus Pobres , y con codes lp$ 
demàs meneftercs de fus Pueblos , menos* 
con Ios fttyos propFos , que para eftos no 
poede comar nada de eft^o , fo gravi^mas^ 
proliibîcioncs de todos Ios Sùpcriores;. 
porque Curas, yCbmpaneros (onaffiftidos 
prccifâmcntc con el Synodo qjie V. Ai- 
les fcna'a, ad^mînîftradb por Ibs Superio^ 
xcs inmcdîatos de MifTîones. 

Tambiea Ios Efpanoles vrcnen libre* 
incnteàalgunos Pueblos, traen fus frucos,, 
o gtfïiîros , y Ios Curas fos compran , i 
pcrmuran con Ios frutos del Pueblo 5 y 1^ 
que a/fi adquieren Ios Curas de Ios Efta- 
nofeS) Q de otros ^ la diftribuyen > y gaftai» 



BE L*HistoiJt8 DU Paraguay, i^ i 

SreciramfiDtc en fus Pucblos en la manera 
icha. '7J7. 

Y dcfac cl Suplîcante dccîr à VucftraMa- ^^m- ^yj- 
^ftad como? dedondc? y que friitos <icl au^kÔi^c,^' 
Paeblo fon eftos , eue los Curas , y los 
Procuradores adminiftran ? Y pafTa , Se nor^ . 
affi : A mas de las fementeras , labranzas ^ 
y plantaciones > que cada Indio en parjci- 
cular bénéficia para fuflcntar y veftir fa 
famiiia ( que gênerai mente no les alcanza , 
ni COQ mucbo ) difpoue.el Cura que hagan 
algunos algodonales grandes , que fe ha- 
cen en comun , algunos tabacales , y al- 

funos yervales, Hecho cl tienzo , el ra-- 
aco , y la yerva , con mucha (blicitud y 
trabajo de los Curas , del licnzo vide à 
los pobres , vindas , huerfanos ^ araganes» 
y otros que no tiencn çon que veftirfc : 
Del tabaco « y yervales dà à ellos codo el 
ano. Lo que (obra de eftos très renglones^ 
lo vende , ô permuta el Cura en la forma 
nue (èdixÀ, Lomîfmo hace (i ciene, oie 
(obra algun otro fruto , aunque , fuera de 
lo dicho^ no ay cofa de confî-leracion : 
ai los très frutos dichos fe cogen igual* 
mente en tos Pueblos ^ pues en algunos fe 
cogepocp ,'yen otros nada, 6 cafi nada. 
En algunos Pueblos vàn muy îexos à Iqs 
montes con inucho trabajo , coflo , y por 
mucho tiempo , à hacer > y trader yerva 
para fu gafto , y îo demàs que necefHtan. 

Ahoca cl InfotTtîantc , y otros , no Ce 
conpentan con e({e comerdo , ( que es el 
qac hafta ahora ha mantenido e(ros Pue- 
blos ) loquifieran franco , y abierto, co« 
AO cllos diccn î c(to es , que los Indios 



1$% PlECBS ItTSTIFICATIVlS 

■ I N ■ fueflen à Santa Fé , y otras parjies con Et 
^757. ycrva, tabaco, y licnzo, y por si mif- 
MéM. Dv P. mos , fia incervencion dei Procurador y la 
J4CQ. D'Ac. vcndicflcn, y pcrmutaflTcn con losEfDano- 
Ai> Roi C. içj ^ y çQ^ QjjQj . cnganando cftos a Io$ 
pobres Indios, y dandoles lo que vale 
tino por diez 4 y coglendo de eîlos lo que 
▼aie veinte por uno , como en algunas co- 
£llas fuyas que lie van lo hazen cada dla , 
porque el Indioes pobrc, ignorance deprc- 
cîos , ni valoir de las cofas. Quieren tambkii 
venir à los Pueblos , y trayendo alganas co- 
iîUas de ninguna monta , coma cucntecilo 
las de vidrio , y otras rcmejantes > qae clk>s 
mifmos llamau engahos y con ellos dezar 
Indios è Indias defnudos , fin veAido , y 
demàs cofitlas que tiencn 5 y no pocas vezes 
cl Indio burca de aqui ^ y alli 1 aanque 
fean mulas ^ y cavallos dei comun de! Poe- 
blo , y algunas vezes aun de las cofas de la 
Iglefia , para darlas al Efpafiol por eflas fus 
buxerias , 6 racerias. £(te es el trato s Y 
comercio franco , y abieno , que los MIG- 
£pneros , como Tutorcs , y Padres de cftos 
pobres pupilos , han procurado y procuras 
sœpedir , como tan perniciofo , y poraue 
creen fer efta vueftra Real voluntad i y los 
que pretendcn cftc comercio abierto y fon 
generalmente gente, que ninguna coif 
ciencia ni e(crupulo bacen de quitar al 
pobre Indio quanto, y de quantasmaneras 
pueden y como û fueran bienes moftreacos , 
o fe huvieran dado por dexados. 

Y aunque efte comercio abierto por cQa 
parte parece tan injufto y malo, no es lo 
peof que ticoe : peores Ton losmalos cxcm- 



. BE L*HlSTOl&E BV Pa&AOUAT. Iff 

pIos , que femcjantes Traçantes , à pocas 

noras que eften en un Pueblo , gcnctalmen- '737- 

te œueiban , y dexan , contra todas las bue* Mtu. du F. 

nascoftumbres. Siembran fcdas , y malos ^^^^- '^*^*» 

ypcrnicioros diâamenes contra fus Sacer- ^"^°*^ 

dotes , y Curas , y les inducen , y engaiian 

para que fcvayan àTierrasdc Efpanolcs, 

apartando lasmugeres de fus maridos, y 

los hijos de fus Padres 5 y fucede, que 

como k>s pafTageros en otras parten hurtan « 

y f e Uevan perros , affî eftos burtan > y fc 

ilevao Indios ^ Indias, y muchachos. Oja- 

là 3 que de todo efto no fe tuviera fobrada 

czpericncia i 

Por eftos, y otros nrachos înconve- 
nientes eftà dilpuefto , que à los pafTige- 
ros yen los Poeblos por donde piafTaren y no 
fe les demore largo , y que fegun fuere fu 
refpeâo , y obligaciones , adi puedan ca- 
minar mas o menos prefto. Tambien cflà 
djfpuefl» , que à los Pueblos de mas aden- 
cro^ fueia de los quarro que llaman del 
Paraguay , y non Ion pafTo , ni camino 
para Tierra alguna de Efpanoies, no fe 
permita pafTar à nadie , por los miGnos 
inconvenientes > los quales , aunque del 
todo cefTaran en muchas perfonas de cAa- 
do y refpcto , pero no ceflaran en los 
'Crlados^ Efclavos, y ocros de menores 
obligaciones » que fucten venir en fu co- 
iniciYa > y fervicio. Efto no habla , ni pue- 
de con vueltros Governadores , Obifpos , 
Vifitadôrcs y Comiffarios fuyos , ni ocros 
xiingunos que fe les ofrcdere , o quifîerca ^ 

cmbiar à qualefquiera Pueblos, como.es 
cicrto y ftà en {>raâica ^ pues faben bitn 



t7«7. 



If4 PlFCES^ JUSTIflCATlVlf 

los RcIigîoQ)s , que vucft-rôs Govcrnait* 

res , y Obi^pos , y los que cllos difpafic^ 

AU iioi C, P°^ aondc quiftcren-, y en eftc tieiu^O nan 
eftado largo en dichos Pucblos > vanosvc- 
cinos del Paraguay y Villa -Rica , huidos, 
o retirados à èllos , por las inquiétudes dé 
aqaclla Provîncïa. Y afïlmirmo un vucftto 
Thenicntc de Dragoncs de!- Piefidîo Je Bac^ 
Dos-Ayrès , con quatro Sodados, por or- 
den de vueftro Governador Dom Bruno de 
Zavala , ha eflad'o mas de un aiio, y an- 
dado con ellos todos los Pucblos , regif- 
trando las armas de los Indios » è inuruyea- 
dolos en fu ufo para la expeJicîon éi d 
Paraguay. 

Pbr dond'e (e v^, que fos Jefuitas di^I 
Paraguay no quitan el comercio , y comur 
nicacion conveniente de los Indios coa 
tos Efpanoles ; y el que quitan es el qop 
à Vueftra Mageftad no agradarà por loi 
inconveniences rcprefedcados ^ y otros que 
fon tan ciertos , que vueftro Obi^o de 
Buenos- Ay res Dom Fr. PeJro Faxardo, 
que vîo y vîdio ca(ï todo« fof ueinta 
Pueblos , informando à Vueflra MageC- 
tad , cfcriviô afïïer» lô de Maya die 1711 : 
Reconocè y dize , Aferencia de coftumkrts 
en aqueÏÏos quatro PueBhr, que efian pra- 
ximos alParagu^ : y anadià a(fi : Por 
que cîertamente el comercio de làs EJfaSMh 
tes con tos Indios es pefle ptra eftos. 

Y es tan cîerto , Senor , 10 ffue dice 

vueftro Obifpo , que cl comercio y coma- 

^ nica.rion de los Efpanoles con fbs Indios e9 

lapeftede eftos ,qaeNacioiij^ o ^^tàfUSàà 



M l'Histoirb du Par agita y. iff 
Infid , que ticnc cftc comercio , es quafi ■' 

'iœpoflibie convcrrîrla , como la mifma ex- '757- 
pcrienda ic todas cftas Provînckis lobace Mévi du P^ 
manificdo. Y crpcr^r 91c en cl Paraguay ^^^,^?^ ^'^•'" 

convierurn h>$ Payaguas ; en las Cor- 
ricficès 9 y Santa Fé , los Charruas , Cakha- 
qaîs , y Abipones ; en Buenos Ayrcs , los- 
Pampas « y Minuanes -, en CorcTova otros^ 
Pampas » y en otras panes otros que tienen 
e(!e comercio , eseiperan^a ran à la larga^ 
como la convcrfînn de los Judios. La ra- 
2on de cfto Ton los dichos n'^alo^ exemplos" 
de obrrsy palabras de los Efpanoles r y los 
mUmos Inileles dficen , que para que Ce 
han èc convertir » y bantizar , pues bafta. 
quefean, y vîvanconio vivcn mnchos Ef- 
panoles en los miforos Lugares Châftia- 
Dos , que- entre ellos viven muchos anos 
apoftatas y amancebados con una y mas 
mogeres Infiefes ? Todo efto es muy ma* 
flifiefto , como lo es ^ que muchos Efpa- 
noles , y otros Chrxftianos » quieren ma9 
que eftas Naciones Infieles , con quienes 
aflt francamente comunican ,. perfi(tan in- 
fieles j cyae no qae fc redazgan , T>or no' 
^rdcr cl torpe y franco cebo de fus ape«N 
tîtos , 7 fus Irvcs grangerias. Por cfTo ^ 
quando alfçunos Sacerdotes^ fervorofos han 
acomecido à convertir efVas Naciones, n^a-^ 
chos de cflos malos Chrîftiinos y deKaxo de 
cuerda, fiembran zizana , hafta perftiadic 
i los Infieles maten y 6 echen a fâs Predl- 
cacores^. . 

Por lô mifrho , cflfbs ^ y otros Predîca- 
^ores » viendo froArado fa trabajo ett 
cftai Kacioacs comerciantes ^ j fronccri^ 



If^ PlKCIS JtrstlFlCATtytS 

ly.y^ zas , las dcxaiv, y alcjan Ticrras adeotttf 
' èincomodiffimasjdoade eaotrasrèncilUSf 
jA"cQ:D-Aa:X^g^°*^^^ "\ comcrcio, faclca eozarffl 
AU Roi c. co° ^^ ^^uto <ic las facigas y zelo. Au 
fucedio entre ocras ocafiones > quando los 
Jefuicas de efta Provincla^ dezaado los 
Chiriguanos , à maravilla rebcldes con di- 
cho çomercio , entraroa à los Chiqaicos 
mas diftames, donde ea fiete Paeblos^y 
en ellos , como en doce mil Aimas , pren- 
diô, arraygô, y edà fruâificando la Semilla 
Evangelica. Preguntaron una vez al Sopti- 
came los Chiquitos ( encre qoienes elb- 
yo cafi nueve anos ) por que los Padres ba- 
vian pafTado los Chiriguanos que eftabad 
primeros , è ido à ellos ? Y facisnzoles encre 
ocras razones , con decirles « que Oios fe 
lia via ido con ellos como con los Reyês 
Magos , à quienes llcgô , y alumbro la 
Eftrella , que no alumbro ni craxo à lof 
Indios que ellaban mas cerca s y affi coski 
]os Judios eran los Chiriguanos. 

Efta es la razon de obviar efle precendido 

Îr danofo çomercio , no cieno para oculuc 
a quîmera de Minas de Oro que forjaroa 
£nemigos anciguos , y fc^rc que mucitaa 
algunos modernos : pues fuera de las ex- 
quifîcas diligencias hcchas , y Seucenciaf 
dadas contra talcs Quimcriftas por yueftros 
Miniftros, mal fe pudieran ocolcar los 
brillos dcl oro , y mas tanto , y por tantos 
anos : como no fe ha ocultado cl, qocd 
aiio de 1750 , quirado dz los Portuguefcs, 
traxeron al Pararçuay los Payajçuas, quç 
luc^o corrio por manos de todos, y fe 
dcxo ver, y tocar aqui, y en Earopa. Y 



BZ L*HlST01Rl DU PaRIGUAT. 1$7 

<f aan Jo cftc fonado oro por fi no fc dcfcu ' • 

briera , lo huvieran dcfcuBîfcrto tantos Ef- '737- 
panoles de lodos cftados , Sccularcs , y Ec- M«.m. bu P. 
clefiafticos , perfonas prudentes , y adverti- ][u*^Jq,°c. * 
«las , que han eftado en todos , o en ma- 
chos de los Pueblos ; tantos Indios , que 
con Balfas , y orras Embarcacioncs , y de 
ocras maneras , baxan à las Ciudadcs , con 
tantos cencenares de fugîtlvos^ los quales 
todos fe dcbc créer que Ton njuy ecrami- 
nados fobre ede panco de los annofos del 
oro. Y qoando todos los dichos fueran 
capaces de ocultar todo fecreto , los mif- 
mos Jefultas Mi(fioneros , que entran , y 
falen cafi fiempre , en tanto numéro que 
paiTan de fefenta , hijos de tanças y de tan 
diverfas Provinclas y Nacioncs , y de los 

3uales algunos , de (pues de muchos anos 
e Miffioneros, y aun Curas, han falido 
de la Compania , y à vezes han quedado 
defafeâos , !o defcubrieran todo , è hicie- 
xan patente. 

Por donde puede Vuefha Magedad eftar 
feguro, que eftezeio de los Miiïioneros ^ 
en que no aya mas larga communicacion y 
y commercioj de ninguna fuerte es en 
fraude de algunos de vuedros Reaies Dere- 
chos. Y, cl comerclllo abierto à que anhe- 
lan , como fea de raterîas y cofas futiles , 
ni es capaz , ni fe habla en et de Sifas, 6 
Aicavalas , ni otro Real Provecho. El co- 
nercio mas grueiTo » que de los frutos de 
]o8 Indios manejan los Procuradores de 
Mifliones , no !o huvlera , ni de que , fi 
no fuera la folicitud de los Curas : los 
que de ninguna fucrtc la cuvieran para que 



lît Pièces justiixcatxyés 
j^ los Indîos baxafTcn conla haciett«la, y Irf 

7}7- Efpaiioles jugafl*en cori c!los , y conella. 
jIcq' d'ag* Concluye el Informante lo que teaal 

cjcndo : Aun el Pucblo de San-Ignaa» 
Gua^u t que e fi à con vuerta ^ y cerradoel 
caméra inmediaio â et ^ fienio precifo en d 
tragin à los Efpàholes el pajfar por iicha 
puerta » les es profiibido entrât en dicko 
Pueblo ; yfolo puede entrar aquel , à quuû 
el DoSlrinero le dà licencia ^y no otrOy aunr 
que fea muy condecorado. Haftà àqui e( 
Informante , aue en pocas Palabras Jice 
muclias falfedaaes y por no lia marias de otra 
(ixcrcc , como fu cneanofo informe rocre- 
cia. £1 Suplicance , éenor , ha entxado , y 
falido muchiflîmas vezcs de dicho Pbeblo} 
lo ha vificado muchas de Superior , y uoa 
de Provincial -, ha eflado , y cuîdado dee( 
como Cura interîno muchas vezes, yja« 
mas ha viflo cal puerra , ni fabe , ni ha oydt 
decir , que aya navido. Jamas le pidieroo, 
ni dio , ni nego licencia para que lospaiTa* 
geros paflàfTen » o entraflTen en et. Pueblo, 
y deordinario fe hallaba con-paAiffieros de 
toda Alerte en el Pueblo , en .1» Wefia , y 
en el Patio mifmo , (Jnhavet tcfiuo tntes 
noticia de elles. Una , ô 09s veie» oy6> 
que fe prohibio à los pafTageros paflar poT cl 
Pueblo 5 ni cerca de el , por venir de Lu: 
gares apeftados coa farampîon , virnelas, 
o otrapcfte conraijiofa.Los partagcrospaiTân 
muchas vezcs del Paraguay a las Corricncès, 
y de las Corrientcs al Paraguay » dédia, 
o de noche , por cerca , ô Icxos del Puc- 
blo > fia que cl Doâiinexo lo fepa. £l 



M L*HiSTOiiti DU Paraguay, ij^ 
Pùeblo de San Ignacio no ticnc muro al- ^ . 
gano , codas 6ca(î todas fus calles rcmatan 
en campo abicrto ; como dos Icguas del J^^*^* ^^'^ 
Pueblo , caroino de las Corricntès, ay una ^^^r^Ô, c. * 
zanj^, que, como cri otros Pncblos , aan- 
que fin camino de Efpanoles , firve para tes 
cavallos , bacas , bueyes , y otros animales» 
que pafTan fuera deÀUa , no emren àco- 
xner , 6 talar las fcmemeras : cda zanja fe 
puede faltar à pie , y à cavallo , y cfta 
cafî cicga > y 'folo obliga à las carretas , 
que paflen |4^r una como boca , 6 porcillo, 
en que no ay zanja. En cftc portillo , y 
CD otras partes , para el efc^o dicho de 
quç no paflen los animales , fuele haver 
linas trancas , o palos atfavefados , que 
qaaiqjficra los quita , y pone qaando fe le 
ofscce. Tambicn folia havcr en cfte por- 
cillo an Indio , que viefTe Ci los pafTageros, 
como es fréquente , arreaban entre fus 
boeyes > cavalgaduras 6 animales algunos 
del Pueblo , o fi fe lie van Indias , 6 mu- 
chachos cngafiados , o hurtados. 

Tambien folia fcrvir efte portillo , y cl 
Indio « 6 Indios,que atli eftaban , para vi- 
fitar los tropas « y carretas que paffaban , 
(cgun lo mandaban al Indio Corregidor o 
Alcaldesde San-Ignacio los Governadorej 
del Paraguay , quando cfte paffo pertcnecia 
à aquel Govicrno. Efte es todo el rorbellino 
dellnformante en cftas piicrtas> y cami- 
oos ; de coya infinceridad en cl informar 
pueden codos los caminanres fer teftigos. 

Dcfcendiendo el Informante al punto de 
Tiibatos , afïîenca lo primero , que en ei 
Paraguay^ lo qoe paga un Indio cadauo 



lëo 9ii6tt ivirifitÂrtftt 
•**——* ano , fon ocho varas de lienzo , lo que Ul 
'^57- tisface con elperfonal trabajo de dos mefes* 
Mem. i>up. Dcbefcdccira cfto , que en cl Paraguay 

JACQ. dA€. t J« I ^ ^1 'irrJlL 

AvsioiC. ^^ ay Indio alguno , que paeue a Vueitra 
Mageftad taies ocho varas de litirÉo , va 
quatro pefos en plaça , que qnîere el înfet- 
iname lean el precio del lienzo ; y fe en^- 
lia , pues no navra i|prtainente en las Cia- 
dades , donde corre plaça , quien le de qaa« 
tro Reaies en plaça por ana vara de lienzo 
burdo y gruefio , quai es eflè; ni auo à 
très Reaies fc hall aria quien cAilprafle mil 
varas } y abundandd nias , nadîe daria dos 
Reaies por el. Eftas ocho varas de lienzo, 
o el crabajo de dos mefes da cada afio d 
Indio encomendado à Tu Encomendero | 
pero ede Indio no le importa à Vue(ha 
Magedad cada ano ni un folo Real de 
plata. Lo que es manifîeflo en efta cfUenta > 
y fupoficion vcrdadcra. . 

A Sancho , Vaflallo Vueftro , le dà Vuef- 
tra Ma^eftad en cl Paraguay una EncomieiH 
da de diez Indios para.dos vidas , la fuya,y 
la de fu hijo , qèe démos no duren ambas. 
defpues de e(la Real Merced , mas que feU 
fenca y dos anos ; en cada uno de los qaa- 
les anos da cada Indio de los diez , ocho 
Taras de lienzo à Sancho , que fon ochen* 
ta varas en un ano. Y dando Sancho à 
Vueftra Mageflad por cada Indio , por los 
fefenta y dos anos y once pefos fanecos, 
o en generos de la cierra , qoe redacidos 
à folidos > o à pi ara en Santa Fè , o Buenos* 
Ayres, apenasferàn cinco pefosy noedio» 
▼endràn à importale à Vueura Mageftad los 
diez Indios cnfercata y dos anoS| clnquea* 



Di l'Hi$toire DU Paraguay. i6t 
t^ y cinco pcfos en plaia , y en càda un ' ■ 

^ho Doco mas de fictc Rcales en plata s y por ^ 7 J 7 • 
configuicnte cada upo de los dicz Indioç dà Wem. du P. 
à Vucftra Mageftad en fcrenca y dos anos , iy""? ^f q** 
menosde très quartas partes de un Real. ^ ^°* • 
Quando diez Indios de eftos Pueblos dàn à 
Vueflra Mageftad en eftas Reaies Cayas de 
Buenos-Ayres , en fefenca y dos anos , feif- 
cientosy veincepefos, y en cada un ano 
diez peU)S , y cada uno de ellos , en fefen- 
ta y dos anos , otros cantos pefos , y cada 
ano un pefo ^ tanto mas le vale à Vueftra 
Mageftad un Indio de las MifHones , que 
ocro del Paraguay cada ano , quanto va de 
très quarcas partes de un real , que dà efte 
à Vueftra Mageftad , à los ocho reaies , que 
dà aquel. Y aun rcbaxando el Synodo , 
que Vueftra Mageftad fenala y viene à dàc 
cl Indio de las Miifiones à Vueftra Magef- 
tad cafi très canros mas que el Indio del 
Paraguay. Por donde fe vè , quan cafi nin« 
guna es la utilidad , que vueftro Real Era- 
xio percibade Indio del Paraguay , rcfpcôp 
lie la que percibc de un Indio de eftos Pue» 
)3los. Y con codo edb , con el precexto, o 
fombra de elTe nada , o cafi nada , que per- 
cibe Vueftra Mageftad de los Indios del 
Paraguay , eflbs Indios ^ y efTos Pueblos fe 
han acabado , y remaudo » y no fon fom- 
jbra ni fueno de lo que fueron. Y à eftç 
cftado , tan inutil à vueftro Real Erario, 
tan perniciofo à los Indios , y tan efcanda» 
Jofo al Mundo., querrà el Informante Te 
^duzgai; eftos treinta Pueblos. 

Dice mas el Informante , que los Indips 
ife'lo^ (teinta Pi^eblps no tlenen la Ubcrpa^^ 



«.<! PiFCES lUSTXjFICATIVK^ 

- que los del Périt. Quando la libcrtad C8 

^7?7' danofa , mcjorcsno cenerla. Ticncn eftos 
Mem. dw p. indiûs la libcrtad de hijos , y mas que la 
iv^^oi C° tiencn los del Paraguay i pues fi Ton Origi- 
' ^ narios , o Yanacoaas » fou niuy parecidos à 
Efclavos. Si fon eucomendados , Ton tan ia- 
felices , que à algunos en inuchos anos uo 
les dexan ver fus Pueblos , ni mugeres. Dice^ 
que elrrabajo dellndio eda apenfionado à 
La voluntad del Doârinero , j>or medio de 
los Miniftros Indios : fc cngana , y enga- 
na el Informante \ porque eftos Indios lo 
mas del ano trabajan, y fe procura que 
trabajcn eu fus femenreras , y campos y pa- 
ra que cengan elles mifmos fu comida de 
granos » raizes , y otras cofas s y tambien 
para Tu veftido. Algun tiempo dàn aauel* 
lai femenreras , y comunes que (è dîxo. 
Tambien los Oficiales trabajan en lo que 
iieceflîta el Pueblo , y oiros vàn à viages 
utiles al mifmo Pueblo. 

Dice mas « que el produâo del rrabajo 
del Indio fe recoge como por caudal de 
Comunidad por los dichos DoBrineros^ fin 
que loi Indios tengan otra parte , que la de 
dârles liens^o parafa veftuario. Si çl Infor- 
mante habla del pro Juâo de lo que et Ia« 
dio trabaja , cultiva , y bénéficia ea fus eam« 
DOS , femenjceras , algodonalesj y otros ar- 
bicrios que tienen , le engaiia , y enganô 
maliciofamente, pues de todo eflb dif- 
poneel Indio liberrimamence , fin qqe el 
Dodrinero le faque > ni pida ni aun laspri- 
niicias , ni.tener mas parte en todo efib, 
4^ue el fumo trabajo , y defvelo para que 
cl Indio trabaje » cultive > bénéficie , y rt« 



' »B l'HisTOiRE DU Paraguay, itfj 
coja cflb ir.ifmoj darlc bucyes , carne, y ■■' ■ 

ycrva , tabaco, y vifitarlo conrinuamcntc j^^^J^J^ p^ 
por si , y por otros , para que logrc fu tra- jacq. d'AqI 
bajo. AV Koi C. 

Si habla de lo que produccn aquellas fc« 
inenteras, y otros trabajos comuncs, es 
afC , qne fe recoge en comun , y viene à 
m^nps de los Dodrineros ; pero fe cngana , 
y engiana mucho » dicicndo , que de edo 
mifmo no tienen los Indios otra parte , que 
la de darles lien^o parafa vejîido. Pues es 
conftante , que de efte comuii produdo ha 
de falîr para darles yerva , tabaco , bacas , 
cavalios » niujas , bueyes , herramicntas , 
alguna fal , cuchillos , armas , algunas me- 
dicinas, pagas de fus tributos , avios para 
fus viages, algunas lanas, 6 ropa de la 
tierra para los Calbildantes o Principales y^ 
para adornar , y mantencr fus Iglcfias , y 
para otras cofas j y (i alg m Pueblo raridiroo 
no neceffîta comprar algunas de eftas efpc- 
cies , neceflica de otras , como el Yapeyu 
no neceffîta de comprar animales ^ pero ne> 
ceflita. de comprar yerva , tabaco , algodon , 
ccra , y otras cofas , de lo quai todo , na- 
da , o cafi nada fe coge en dicho PueKo , 
y lo ha de comprar con eflbs animales o 
ganados. 

Profigue cl Informante , quericndo decîr, 
o diciendo , con muy artinciofa malicia , 
que todo lo que de dicho comun refla , def^ 
pues de dado lienzo para el vefluario de los 
Indios , queda para los efeSlos de las difrf 
pqficiones de los Dodrineros. La que es 
calumnia antigua > è iniqua , como fi los 
^iffioficros no gaftàtan efte refto precif^-i 



1^4 Pièces luSTiricATiTEi 

■^ 17*7, mente en Us cofas dlchas , décentes , utiles » 

, * y ncccfTarias al Pucblo , fîno que lo czcra- 

Jacq! dAc' *^^^^ P^^* ^^ '€galo, y comodidady para 

4U Koi Cp ' cnrlqueccr los Colegios , para fus Amigos» 

y Patiences , y ocras vanidades , o picda- 

des , en que fuelen emplear mâchas yezcs 

fus caudales , los que los cienen. 

Diga el Informante , fi ha vifto » o fabi- 
do , que algun Cura Dodrinero , con el 
refto de eue cornu n caudal : aya confe- 

êuido , o prctendido algun Obifpado » 6 
isnidad , fuera o dcncro de la Compa&ia f 
o u para algun Amigo > ô Parience fuyo ha 
procurado eiTo mifmo , o algun Govierno , 
ti Oficio fecular ? 6 fi ha fundado algun 
Mayorazeo ? ô fi quando algun Cura de 
cdos fale a los Colegios , que fuele fer mur 
chas vezes, va derramaudo dobloaes, o 
haciendo cavallerias dignas de hombre ri- 
co , y poderofo ? ô no ^ fîno que le hafta 
un par de bolfas , o pecaca mediana para 
llevar quatro camifas , el manceo^ y for 
tana , que folo tieoe , fuera del avio ne- 
cefTario de comida , aflî como quando ^e- 
xa un Pueblo para paflet à ocro ^ y fi eftos 
taies* en los Colegios ufan , o afeâan roayor 
oftentacion , mueflran mas modo , mas nu- 
mcrofo fervicio ? Si en la muette de cftos fc 
han hallado en fu poder zurrones ic Pla- 
ça , cancidades de oro , memorias, obligar . 
clones , recibos , o ocros papeles indices 
de mcrcaderes grueflbs , y grandes conef- 
pondencîas ? O fi de aljzuaa otra manera pia« 
dofa ^ o viciofa ha lencido refplrar en aU 
^^uo de cftos ( çomo fucleo refpirar en 

^uiw 



iiuîcn los ciene ) grucffos caudales , cftas in- — _ ' 
mcnfas haqicndas ? MiM. du p. 

Y fi nada de «fto ay , corao es ccrtifli- jacq. d'Ag. 
«10 , que difpoficioncs fantafticas , que ad- au Roi C 
minldracioncs exicaacadas foa eftas j qu^ 
corrcn à cargo dcl Dodrinero , y con que 
la maligni(hid del Informante , fin temor 
de Dios, ni verguenza de los hombres, 
Infama publicamence à cftos Mlfiîoneros , 
à toda cfta Provincia , y à toda la Religion 
entera \ 

Debc , Senor > el Suplicantc certificat à 
Vucftra Mageilad en cftc punco cricico va- 
rias cofas^ La pftmcra , que lo^ Curas de 
los ludios no- adminidran el dicho pro* 
4u Ao comun , fino en la forma expreffada , 
y dicba. La féconda ^ue lo hacen général^ 
mente con tanto efcropulo , y delkada con- 
cicncla , que ni al Stiperior ni al Provin- 
•cial , ni à los Redores de los Colcgiosdàn , 
oi daràn de dicho comun cofa alguna de 
confideracion , fino por fu jufto precio. De 
mancra , que muchas vczes los Supcriores , 
Provinciales * y Redores, defiften de com- 
prarles algo por fus cicaterias, 6 rigores ca 
los precîos. Y fi algun Provincial ,'ô Supc- 
rior fe quicre modrar mas abierto , luego 
lo dclatan al General 

La tercera. Los mifmos Curas , entre si> 
«n los traces que hacen, y en la corref- 
pondencias <:on los Procuradores de Miflio- 
ncs , fuelen fer tan mcnudos , que quauda 
el Provincial los viHta, y toma quentas à 
todos , tiene harto que hacer en componer* 
Jos y como fi fuer.aa dos Mcrcadercs , que 
T$m4 FJ. M 



Z66 PlECFS JDSTir^CATIVM 

comicDzan 5 y cfto à vczcs fobrc muy pô- 

'' cos realcs. 

MÉM. DU P. La quarta. Eftc caudal comun de los 
Al/ Koi^C^^ Pueblos , ni es igual en todos , nî pcrfiftcn- 
tc en ninguno. Pues oy , y en eftc ano de 
17^^ * en que cl Suplicanre los ha vifira* 
do à todos y à los mas los ha -halLado, coq 
nada muchos , y ocros con cati uada en fus 
almacencs , y pobrifTïmos , y debicndo ma» 
cho txfi los Ofîcios de Miiiioncs 'y afft por 
generos que de los Ofîcios les vhiîeron , 
como por ranchcria , y almaccnes , que fe 
fabricaron en Bucnos-Ayrcs para los In* 
dios 9 y Te tomo à fuera mucha plaça à da* 
fio para fabiicarlos , que hada aora 00 
fc ha pagado , como por otros gaftos co» 
munes, neccifarios^ utiles à los Pueblos, 
y para coftcar pleytosinjuftos contiaeftos 
pobrcs. 

La quinta. Los Générales de la Compai 
nia , quando han entendido , qne en la ad- 
niinidracion de ede comuu ha havido al- 
gun levé defcuido , aunque en colas pia^ 
dofas^ han mandado , pena de pecado 
mortal , y so correfpondicnrcs penas , qac 
ninguno, ni particular, ni Supcriur, ni 
aun el Provincial , pueda facar de tal ccv* 
mun , ni de otia hacienda de les Indios* 
cofa alguna, ni difponcr de cîla focra dcl 
Pueblo . fus ncceflTidadcs , ntiîidades, ydc» 
ccncias ; aunque fea pnra limofnas, ni 
obras pias : lo que fe ha cbfcrvado , y ob* 
ferva. Tambien han ordenado , qa« por la 
^arne , y pan , que los Padres Religiofos 
gaftaa en cada pueblo , y lo dà cl p)ifm# 



Dt l'Histotri »u Paragttat. lêj 

Pocblo , è importa cafi nada , cl Supcrior , ^ 
■dcl Synodo que percibe para la manucen- ^^ 3/« 
don de los Sugctos, comprc algunos rcf- ^^*** ^,^^' 
catcs y donecilbs para los mifmos Indios. Y^^q^ç^'* 

La fezta. Los Procuradores de MifTiones 
en Santa Fé , y Bucnos-Ayrcs , ticncn gra- 
ve ptecepMde embiar.à los Pueblos los ge- 
neros al mifino precîo que les cueftan. 
Item , que fi tuviercn algunos abanzes , los 
apliquen puntualmcnte à aquel Pucblo , 6 
Pueblos , en cnyos fruto« , o con cuya ha- ^ 
cienda fe abanzo. Item , que quando las 
Midtones^ o los dichos Procuradores vcn- 
d^nà los Colegios fus frutos à prccio mo- 
dcrado, den affimifmo los Colcgios los 
fuyos à moderados precios. Item , que no 
fe hagan cratos valiados , que mis parez- 
can limornas à los Colcgios ; y la mifma 
conocîda pobreza de los Colegios dcmucf- 
cra , que eflc cncantado caudal no tlcnc 
^cfague en ellos. 

De todo cfto , Scnor , parccc fc dcducc 
l>îcn , quan limpia , defîntcrcirada , y ajuf- 
cadamente adminiftren los Do(Slineros y 
Procuradores cftc cornu n produ<flo j quaa 
vigilante cften fobre cîlo los Superiores , 
liafta èl General mifmo » y quan (in razon , 
ver<lad , nî conciencîa proccaa el Informan- 
te. Todo cfto no quita , que alguna vcz , 
««mqne rarifTima , aya havido algun dcfcui- 
60 y pnes los ay contra los Mandamienrcs 
^c Dins , aun en los que fe Uaman Juftos ; 
|>rro fabido , no fc lia paflado fin rcprchcn- 
iîon , y caftigo. 

Confirma muy bien lo dicho vaeftro 
«icn:iooaJo Obifpo de Buenos- Ayres, 

M îj 



±6% Pièces justificatives 

— — quando en la Carta arriba cicada dîccà 

^757' Vutftra Mageftad a(ïi : Puedo certificat à 
MÉM. DU P. V. M. como quicn corrip por todas Us 
AU Koi°C.° Mi^>o"cs , que HO he vifto en mi vidaco- 
fa mas bien ordenada , que aoDcUos Puc- 
blos « ni dcfîncercs femejanceal de los l^a- 
dtes Jefuicar» Para fu Hiidefaipr^ ni para 
vcdirfe , de. çofa alguna de los Indios Te 
aprovcchan, Hafta aquî vueftro Obifpo. 
.Pcro no pucde, Scnor, cl -Informante, 
como ni otros ciegos enemigos de la Com- 
pania, alcanzar, ni entender, como los 
Hijos de cfta , afancn , y fudcn tanco fo- 
bre la hacienda de cdos pobres Indios» 
,Cm que de ella fe les pcguc mucho à foi |s 
. propias manos ; ni crcen que quepa ea li: 
Hombres tanco trabajo , purameote por k 
amer de Dips , y de las Aimas ^ iîn cor- 1; 
xuptible , y humana recoT.penfa. Mas eibs n 
incredujos foJo entienden > creen ^ y ha- p 
blan à la manera que ellos obran. ^ 

Profîgue cl Informante , y dicc : qne ref- S 
pedo de lo que acaba de accir ^ y de ^e r 
en las urgfncias que fe h an ofrecidode vtuf- i 
tro Real feryicio , efpecialmenu los Jndùft fi 
de la Jurifdiçcion de Buenos- Ayres , hé» c 
fervido à Vueftra Magejiad en las Frontc^ à 
ras de dicho Ffierio ^ como me confia , de* à 
benfer atendidos con laben'isna ^ y Rtd u 
pîedad que V, M fie, açoflumbra , pareçefi i 
debiera fervir Vuefira Magejlad imponerut a 
fa rnitad de las ocho v^ras de lien^Oj i Jt 
dos pefos en plata , con el cargo de mit f$ n 
fixer citen , fiempre quefe ofrerca , â jucoh y^ 
/^ f n vue flro Real fervicio^ naciendoUsft' tx 
hJ h c^ul^^d piadofr con ^uç Vfiefira fli- te 



èv l'Histoire du ParagiTay. %6^ 

geflad los\nende. Y aunque los de cfta Ju- — 

r'ifdïccion tambien han hecho en tiempos '75/* 
pmjfados algunos fervicios à Vucftra Majef ^^^' ^Y^' 
tad en la Provlncia , han defcaecido de au^koi^C^* 
muchos anos à efta parte en eltodo , fobre 
cuyo particular podia V, M, fiendo Jervi-' 
do , dâr la mifma providcncia, Hafta aqui 
ek Informante. 

Y ycrra , à cngaîia lo primcro en dàr 
Pueblos , oi Indios à la Jiirifdiccion del Pa- 
raguay en cl afio de 1730, por Scpticmbre , 
ouando codos cran de Buenos-Ayres , coma 
le dixo, y es manifiefto. Y erra mas en 
dccîr , o fiiponer , que los Indios que per- 
cenecieron al Paraguay , no iiicieflen fer- 
vicios en el Govierno de Buenos-Ayres , 
lo que es manifîedamenre falfo. Y erra ^ 
y cnganlcn quercr dccir, que quatro va- 
ras de lienzo grueffo g y burdo , vatgan dos 
pefos' en plata y como arriba fc dixo. En- 
gano mas en decir , ouc los Pueblos que 
fueron deî Paraguay y nuvieiTen ce(ra<lo en 
vnedros fervicios Keales de muchos ahos 
à efta parte en el todo. Pues à mas de haver 
fcrvido en cl Govierno de Buenos-Ayrès , 
en çftos anos fîrvieron diverf^ vezcs en el 
del Paraguay en el Govierno no antiguo 
de Dom Diego de los Rcycs, como es ;io- 
torio. Y mas recicncemcnte en d ano de 
1724, por orden de vueftros Reaies Mi- 
nidros, mas de très mil Indios de unoSjV- 
cle otros Pueblos , acompanaron armado^ a 
Dom Balthazar Garcia Ros , ptevifto Go- 
vernador del Paraguay , para incroducirlo 
en aquella Provincia; y yà dcnrro de fus 
urnilnos , à craycion doble fueron dcf<^ 
M iij 



17^7- 

MlÊM, DU p. 
JA*.Q. d'Ac 



I 



170 PtïCIS ïUSTinCATlTrS 

baratados los Indios , y orros Efpanolif 
fîelcs de la Villa-Rlca , con muer te de ire- 
^ rxy.. ^^^ï^^os, oinas-, y Dom Balchazarie reciroy 
loïiôrc!'^ hiiycndouor los Rcfiftentcs dcl Paraguay à 
los maDdatos de vueftsos Reaies y legid- 
mos Minidros. 

Que el Infonnante elano de 17^0, n& 
fc acordafe de eftc fervicio tan conddcra- 
blc , publico , y notoria , y coftofo para 
los Indios , hecho à Vueftra Mageftadcafi 
à fus mirmos ojos , y haviendo encrado à 
govcrnar aquella Pravincia el ano de 1715» 
inmediato à cl de 1714, ea que el dkho 
ruidofîllimo fervicio fe hizo , ne escreL 
blc : deck que ede no fuè fervicio de 
V. M. , no es tolerable, fin ofendex laobe- 
dicncia , y lealcad debida 1 el callarlo, o 
negarlo, à mas de fahar à la verdad , y 
^nccridnd debida à V. M. ea el Informe , 
puede fer maxima de malas confequencias ; 
fero nada cauca en qoica feprccîadc icat 
YarTailo. 

A mas de cfTos fcrviclos antécédentes , y 
tan înmcdiaros al Infermante de Dom | 
Martin de Barua ( y que él fraudulentameote 
niega) defd&el ano de 1751 , cafi en fus 
principios ,. naiU bien entrado el preftnte 
de 35 , han cflrido eftos Indios de ooos, 
y de otros Pueblos en machos millares,. 
cafi fiempre con las arnras en las manos, 
dcfendiendo por ordcn de Vueftro Virrcy 1 
y Miniftros , fus Fronteras , y las de efte 
Govjerno de Bucnos-Ayrès , de los ComtH 
neros dcl Paraguay, fin hivetlas dezado 
hafta vèr incroducido en cl Paraguay fu 
kgicimo Goveriudor , para fu pacificaclon, 



»E L'HisToxnfi DO Paraguay, t^t 
Dom Bruno de ZzvsLh , como cl mifmo ^ ■■ ■■■ 

fcavra dado parte à V. M. Pordondc fe vè, ^737« 
que ninganos Indios de edos han dercae- MtM. di' p. 
cjdo dcl todo, ni en p-irte en cftos anos en cl Jacq. o'Ao. 
Govierno dcl Paraguay de vueftro Real fer- ^" ^^^ ^' 
vicio , fino que en tilos mifoios , mas que 
en ningunos ocroâ , lian fervido > padecido, 
fe han confumido , y arruinado fus Pueblos 
en obfequio de V. M. 

Defpues de efto , clende cl Informante 
fu arbicrio , de que impongan à codos eflos 
Indios quatro varas de lienzo , o dos pcfos 
en plata en cada un ano por cada uno. Y 
efto con dos condictoncs : una , que que- 
den obligados à fervir à Vueflra Magcdad 
como haUa ahora , en quanco fe ofreciere» 
en codas eftas Provinclas , y en todo £em- 

Î^re à fu coda. La otra , de que fe les haga 
àber la equidad piadofa ^ con que V. M. 
los attende , los mira , y los alivia en efto. 
mifmo. £(U es la planta dcl Informante ; 
y fi fehade dccîr lavcrdad, la irapoficion 
que diâa es.injufta , fu primera condi- 
cion cyranica , y la fcgundailulToria 

Es injuda laîmpoficion que diâra ; por 
qu;: à quien apcnas , y con mucho trabajo 
paga , y puede pagar un pcfo , imponc 
dos : tambien , porqae havicndo pagado 
conftante è iDdefediblemente cada ano un 
pefo en plaça , defpues que fe les impu fo , 
fin excepcîon de anos edcrilcs , y de peftc 
en fus Pueblos , como parccc la dcbîan te- 
ner, fegan las Leyes it y 45 dcl lib. 6^ 
tit. r 5 de las Becopiladasde Indias, ha- 
viendo la forcuna de cftos Indios no me- 
joradofc , iino ido à pcor cada dîa : haviet»* 
M iii) 



27* PlIÇES rUSTIïlCATTTÏf 

— ~rZ do fcryido tanto à V. M. con tantoamor, j 

^'* conftancia, y en tanta'S maneras , con fas 

^^^' 'Ïa^" armas , con fus haciendas , con (us pcrfo- 

AvikoïC^ nas, ludor, lanere , y vida> canco, que 

niuchas vezes fe na dignado V. M. darlcs 

las gracias por fus Reaies Cedaias : def- 

pues de todo efto , quando por cllo efpc- 

raban mecedes de vuedra Real mano , y 

cjueV. M. los relevaiTc de todo tribuco, que 

parecia \o jufto , como lo eftàn ocros ea 

Chile,Cufco, y Darian , poc iguales, y 

aun inftriores cltulos , y mocivos. 

Diâra à V. M. el Informante y qac fc les: 
agrave , y doble el tributo. Pues quien dira, 
que elle didanïen es judo? 7 que no fè 
cncamina mas à cadigar VafTallos rebeldes y 
que à gracificar Siervos fîeles? masàdividit 
el Rcyno de Roboan > que à reu&ir la Mo- 
narquia de Davrd ? 

£s cambien injudo el dtâaraen, por querer 
aquiparar edos Indios con tos del Peru^ 
fin aàr entre ellos mas diferencia que la 
de mcnor libcrtad que fingc en cftos , y 
hace poco al cafo , quando las ay muchas> 
y muy notables. Los dcl Pcrii fueron con- 
quidados à fuerza de armas : edos fueron 
impénétrables à las armas £fpanolas, v 
volontarJamcnte , por medio de los Mi(- 
iioneros , fe dieron à Dios.^ y à vueftro 
Reil fcrvicio. Eftos no cedieran , ni ce- 
dieron , fino con la real prefampta palabra 
de no fervir perfonalmentc mas que à V. 
M. , lo que no hicicron los del Perù. Eftos 
fon Soldados Prefidarios de V. M. que han 
défend ido fusTierras , y otras deV. Mag. de 
ocxas muchas Na^ioises batbaras rebeldes 9^ f 



m l'HiSTOiitE Dtr Paraguay. 17 j 

ft Europeas cncmîgas de la Corona ; y cfto ijij, 

mâchas vczcs conro es confiante , y mani- - 

fiefto raas por, que fus emulos Ce lo quieran j^c^. D*AaI 

ncc;ar: pcro las IndHos Hcl Pcrii, ni fon taies, au VmQ* ^ 

iri han h?cho rarlcs accîoncs , ni fon capaces- 

cîe hacerlas. Eftos Indios , fuera dèl tri- 

boto que pa:^an', han fervido , fîrven , y 

cftàn para (crvîr à V. M. en la mancrap 

que yà fc dixo ; pcro los dcl Perd , fucr» 

de (n rriboco y naaar han hccho , haccn , ni 

baràn. 

Los Jef Pfcrii rîcnen fus mulas , burros ^ 
Y carneros proprios , con que traginan lop 
fîiya y h) ageno, y cada aiaganan y per- 
cîben pîara. Eftos , ni tiencn talcs aninia-- 
fes , ni fon capàces de tenerlos ; ni aunquc 
îos tuvicran , les fitera poflible ganar cou» 
ctlosplara. tos'del Periitienen fus ovejas^ 
fiis cabras, fos gailinas , y algunos fus^ 
bacas 5 vcndcn cîlas o fus mugercs Ios; 
hnevos , 7 les dâu plata 5 por un cordero ^ 
qî'.atro realbs v por un caméra un pcfo -, por 
wna baca^ qaatro pefos , y todo plata , y* 
de todo (acan plata. De rodo efto , Scnor, 
es tcftîgo el Suplicante , y la es lambicw 
^e lo cconomîca^ cfcafo , guardofOy tra- 
bajador , y parco del Indio del Perii. AD 
contrario es rcftigo cambien , que eftos? 
otros Indios , fuera de* algunos que rîenen^ 
gailinas , no tiencn otros animales , ni fotu 
capaces <}e tenerlos; ni annque Ios tuvieran,, 
nopudieran facar medio rcal , porno aver- 
îo en dbcientas o trecicntas^ léguas ^ y cm 
c\ genio fon*toTalïTipnte contmros. 

Tàmbien Vos Indios del Perd eftkff cercai 
lE^ a» plata ^ CD las Miaas-, o cercadeeilâs^ 



274 TïTcts nrsnncATiviiy 

j„ o trabajnn en cllas , o acuden à c^as co» 

fus cofas , y las venden por plata , o por 

îî^î!' ^^J^ oro : y cl oro, y la plaça le les vknc à 

AvKoïC cala, por lo que nenen. Eitos ocros, oi 

ticnen , nt conocen plaça \ para vèr medio* 

real , cl que menos , ha de caminar cienta 

y cinquenca léguas , ocrosdocieacas^.y ocros 

mas. 

Toias cftas diférencias, y otras qucr 

dexo , hacen el cafo , (on notabilidlroas ^ 

y ciercas. Y quicn na verà , y dwà por 

ellas . que es mas el que un Indîo de elros 

dé à V, M. en plata en Buenos-Ayrèscada 

ano un pefb , que el que une dcl Perd de 

ocRo, ni d'oce , ni veinte ? y qac cvfùma' 

înjufticia, è iniquicad el quererlo.arbitrar 

îguales en efto. Cotejcfc la- difcrcncia de 

«larlfr à V. M. un pobrc Labrador , qic: 

cftà en Madrid , un ptCo- alli mifrno , 6 

mandarleque lo de en Paris, adondcdcbc* 

llevar fus rtucos à vcndcr, y qtie cnininc à' 

pic y Cl no ticncCobrc que , trecicdtars Ibguasi 

con todos fus coftos , y otras^tantas de liuel- 

ta à fu cafa. Seiîor , cl pefo que eftc Indio» 

dà à V. M;, es plata, y para confcguirlby 

ha de caminar con* fus frucos valiimofos; 

liias de docientas léguas , o crecieacas , y 

ecras tanras para bolver ; ha de caminar 

con muchos trabajos , hambre», y riefgos 

de fu vida ,. y hacienda s ha de eftàr fuera: 

de fu cafa feis , oclio , y diex mefés ^ de- 

famparando fu pobrc familià , rompicndo^ 

fu ropa, y confumicndofé. Todo efto, 

para que V. M. ccnj^a un- pefb en pl^ca env 

fus Caxàs , que no le vale à Vuctoa M^- 

gcftad> menos que cinco 6 kls^^os^àat 

. g«ncio8 eaelParaguay*. 



Es cambie» lyranîca la primera condi- 
eîoa, que difta cl Informante, de que ^737- 
k>s In<i<os micdcit oblisçados à fcrvir à fu ?*^'- ^" ^• 
cofta à Vqcftra Magcfta'a err ciuanto fc ofrc- ^J^^^^^/c- * 
cierp Y (îno , d'iga , que Soldados de Prin* 
cipe Chridiano cftàtt difpcclW, y obligados 
à milicar , y mifican , (in (ueido , (inVeflido^ 
comida , y Hnalmence , codo à fu coda , y 
nada de ft Rey , y al mifmo ciempo les 
obligue d Rey a que pagucn rigurofo tri* 
buto ? Y qac lera , fî cl Vaflallo es mi fc râ- 
ble , y pabridîmo , y ha de militar , à fer- 
tir à fi» Rey trccicntafs Icgu^ âc fii cafa 
por cantos me (es , como le fiicccfe à cft'e 
Indîo? Diga cl Informante , que ccntcna* 
les, y aiHi millares pidiera,. fi feicicra ua 
tal (civicio : Y que fcmblante pufîcra , S 
defpues de hecho efte fervicio , le man- 
dàra V M. que en adelante pagaifc d'obla-* 
dos derechos en todo ? y (bbre cfTo quedafle 
obligado-à hacer femejantes fervicios , ca- 
da , y quandb à Vucftra Mageftad parc-* 
cicre. 

Es poT ukîmo- iluforia la (cgunda coh- 
dicion , de que fc les digaà los Indiosy 
que en cfteiniqua, y tyranico Projeto fc' 
ks atiende con equidad , benignidad , pie-> 
dad , y amor 5 pues (e Tes avia àe dccir a (fi :■ 
Mirad pobr^itos , ycuitadbs l'ndios , quer* 
cl Rey nuefbro Senor ( que Dîos guarde )} 
nievado de fii innaca piedad, eqaidad , y 
benignidad parât con vofotros j y atcft- 
diendo a que por (ola vucft'ra' volûntado* 
fujecais à fù imperio y oblcquîo > y mas h 
vucftra fuma pobrera , en que cada dîa o* 
itikÀs mas % mas aBigidoç , y à los geandsli 



AU RoxC. 



17 tf PilCFS ÎUSTlflCATlTir 

- y concinuos fcrvîcios , que en guerra , j^ 
^737» pa5^ le tcpcis hcchos con tanto anior y n* 
MiM. DjrP dclidad, con los qualcs tencis vucltros 
In^Rofn^' Pucblos arruinados, llenos de viudasydû 
buerfanos, tancos hcimanos , y parientes 
huidos , y perdidos entre Chriftianos , è 
Infielcs : nrendien io à todo Su Magcdad». 
le place , quiere, y manda , que de aqul ade^ 
liante le pagueisdobladotribucô,y^e.encimai 
^e eflo quedcis obligados^ y difpueftos a 
bacerle todo» , y los^ mifmos fcrvicios , y 
otros mas , (î ù offfecicren y y todo , y- 
fiemprc à vueftra coda -, y lo que haftaaqul 
hav^eis hecho , padccido ,. y cedido volun- 
taria y g^alinte mente en fii fcrvicio , coidOj 
Valfallos enamorados de Su Mageftad , lo: 
hagais , padezcais ^ y ccdais> en adelante, 
como £rcla«^os ^, obligados , forzados , y* 
ruines.. 

Quien, Stiîor ,. pudiera Haccr efta- in- 
tjmacion à los Indios , fin que fuefTe teni- 
do de elios por unburlador, v que en odio ». 
y defpiccio de Vueftra Mageftad inveftia ,. 
corrompia , y adulteraba vueftras palabras ,. 
y decreto ? A eft-osexrtrcmos., Senor , mi- 
ran Io«; didados de cftos Alquimiftas , Ar- 
bitriftas y 6 Quimeriftas , A rchiteûos. futi- 
les y dervelado& de injufticias contra eftos^ 
pobres» Ëftos Ton los que levantan la&Pro- 
vincias;. eftos embarazan la'Convcrtion de 
Iqs Infieles ; eftbs hacen», que los Ficlcs- Ce 
ptrviertan ; eftos ticncn las. Indias fin In- 
diosf'y y fegun la gênerai confpiracion» de 
los que han qucdado y y la felicidad.è in-^ 
demnidàd , con que les fucedeù las^jofas en 
lioflilkarà los Éfganoles^, en. quicai: ca^ 



• ve t'KisTOiRE nu Paragitay. ZJT ' 
nioos , y dcfpoblar Provîncias , fe puede — — — • 
ttûicry, que fino-cn todt) y à \b mcnos ea ^''' 
gran parte >. q-uedie Vueftra Magcftad fîa In- ^^^ •" ^ 

Y aunque c! dado arbicrio con fus con- 
di clones no> cuviera orras prucbas de inju(I 
to , fe debia- tencr por tal ^ por lo que- 
Vueftra Magellad en Real Decrcto de 1 1: 
Odlubre de iji6 dsfpone , y manda à fw 
Governador de Buenos-Ayrcs , por cl tcnoF 
de las fîguîentes , y ultimas palabras : * 

Teniendo prejcntes efios jufios motivas pa-^ 
r>a aundtr à dïchos Indios ^y mirar por fu^ 
mayar alivio , y conjcrvaùon , os encargo* 
concurraiSfde vutftra parle- a eflefin , eftan^- 
do avernda, quenofolo no debereis gravar 
en nada, à eftos Indios ,fino es que convicne- 
à mi Realfirvicio y que con los Superiores^ 
de la Compania , que cuidan de fus reduc^ 
Clones , tengais y y pujfeis una tanfinceray 
amiftofucarrefpondencia^y que los ajfegure de- 
que jamas vendre Yo engravarlos en nada ,. 
mas que aquello , que jegun parece , con- 
uihuyen para' la manutencion de las mif^ 
mas Mijjiones , y reducciones. Y ajjimtp 
mo as prevengo les guarJeis y y hagais^ 
guardar , y cumplir por otra parte todasf - 
las exempciones y franqueras y y libertades^^ 
que por las citadas\ Cedulas les eftan con^- 
udidasy para que de efta fuerie affègura^ 
dos y fatisfechos y en todas^ las ocafiones j. 
que oy en adelante ( mas que nunca) fe po- 
dran ofrecer y puedan acudir à mi Real' 
fervie-io con fus perfonnas y y armas con' 
la mifma puntualidad , esfuer^o y y fide*- 
lidady que.hafta. aqui lo kan. exuutado^..^ 



tjZ Pièces jirsTincATrvr» 

' • Elle , Seiior, C\ auc es Dccrcto vucftro r f 

^ ' ^* cxprcflîon dign» de vueftra equid'ad « y pie> 

J^^^-.^.uP-dad, ajuftada à la probrcza , fiddidad> 

Ai^ Ko^C.^ amor y y fcrvicios de cftos pc^rcs Indios. 

Profîguc el in foi mante i JT en quanto À 

los motivos ^ que puede haver havido para. 

no haver puefio en corttribucion de tribu» 

tos â eflos Indios ; haviendo hecho exaflas 

diligencîas , para imponenm en eltos , è in- 

formar à Vuejlra Mageftad y no ht hallado 

êtra ra^on ,. que la que contiene el Teftimo^ 

nio adjunto de un Acuerdo de Hacienda 

Real y quefc hi^o en la Ciudad de Lima 

por vuejtro Virrey Conde de Sutvatierra y, 

£on los Miniftros , que en elfe, incluyeny 

en que les impufo de trihuto à coda Indïo 

un pefo en plat a de los de dichas DoQrinas y 

eon cargo de que lo enteraffen en las Rec^ 

les Caxas de Buenos- Ayres yhaviendofe ar» 

regladb de die ho vueflro Virrey y y demafi 

Miniflros para ello à las reprefentaciones y 

y caufas-f que por entonces je les ofrecieron^ 

Hafta aqui cl Inforinaure. 

Cuyas palabras fuponcn haver qucrido- 
Vucftra Mageftad fâber la razon , ô moti- 
vos y por que eftos Tndios noconcribuyany 
è tributabanà Vucftra Mageftad y y cfto> 
mifmo fiiponc Iwvcr (ido infurmado Vucf- 
tra Mageftad que <lichos Indios no cributaw 
ban. Y en realidad de verdad affî fê lo in-^ 
^rmoà Vucftra- Mageftad el mifnio Dom 
Martin de Barua en 9 de Agoftb de 1716,. 
fOT eftas palabras ; Refpeêlo de haUarfe los. 
Fuehlos Indios , que eftan a cargo de los 
Padresde la Compania ^ fin ninguna pen-- 
Ja/x i. las^ qualcs > nombra jo el mUoio^ 



1 



m lUlsTOTRE DTTPaRAGTîAY; 179» 

Irîenen infcrcas en Real Ccdula <le Vucftra ^ 

Maecftad fecha en Scvilla en 17 de Agof- '7 57. 
tpdc 17^0, y d'cl rr.irmo fe crée fer cl In- ^^^^ ^V *^ 
fjrme hccho a V. M. de que los diclios In- J^/"2î, o^^ 
dios paifan de cienco y cinquenra mil , en el 
quai tambîen (c dice aflî : RefpeElo de no 
contribuir al prefenu cofa alguna , como fc 
Bcficrc en ocra Real Cedulade V. M. fecha: 
en el Pu'crto de Santa Maria en ri de Sep- 
tembre de! mifmo ano de 1730- 

Si Dbm Martin de Barua no quifîera aP 
prcfcnte mantenerfeen la mifma falfedad , 
€on que informa a V. M. el dicho ano de- 
171^ , fàcilmente Imviera fâtisfecho à V^ 
m. diciendo^ quedichos Indios han tribu- 
tado y tribut an en la forma que les es man- 
dado , dando cada uno al ano el pefô que 
dicc cl mifino haverlcs impneft» vueftro^ 
VirreyGondcde Salvatierra. Y que dichos- 
Indios , Scnor , conrribuyan ,. tributcn ,, 
paguen ,. y den cada ano cada uno efte pe- 
£0 à^V. M. es cicrto , publico , y notorio , 
y conClarà autenticamence de los Libros de* 
Yucftras R Jkles Caxas de Buenos-Ayres, y 
en el Paraguay « y de los recibos exhibidos ». 
y certifîcaciones dadas por vueftros Ofîcia- 
fcs Realcs. Por donde es falfedad , y calum- 
nia mamfien:a de Dom Martin de Bania, y* 
die todbs los demas que informaron , è: 
kifbrman , que dichos Indios no tributari-, 
ui- contribnyen en nada , ni tienen pcn^ 
fion alguna-, pues tributan , y han tenidoy. 
y tichcn muchiffima» pcnfioncs en vucftri^ 
Real fervlcio : por donde tambîen fucr 
Vano eu cl Informante el haccr exadtas dl- 
Cgçnclas para impoaetfe ^ les moùâM» 



280- Pièces jirsTfFrcA-mrES 1 

' — porquc cftos Indios no concribuian ; puw i 

'^'* te conftaba irvanificftameate y que triboia- 
^BM. DU P. ban y y comribuun en efTc , y ances dt 
AU Kai C.*^ ^^^ ticnvpo. Tambicn debia faber , y fitf 
duda fabia dicho Informante , qucaunqoc 
cl Conde de Salvacicrrâ, vueftxo Vîrrcy > 
haviamandifdoelaiio de 1645^^ cjne todoi 
los Indios de eftas I>o(fbi-inas pagallen uq 
pefa en. plata en las Gazas Realcs de Bue- 
nos- A yrès, dcCpues por Real Ccdula dd^ 
^no dé 167^ y fe concedio, que los cres: 
Puebîos , que cntonccs eran cerca del Pa- 
x^aguay ( y abo!a' con una:Calonia àt elloS' 
£bn quatro) pagaHen en- el Paraguay ei^ 
lienzo à razon de un pefo la vara^ leguii^ 
que bai^a ahof a fe ha hecha. 

Profigue el Informamc r. Sipiitndofc dtr 
efta itnpoficion ^ y de no haver contribuido y 
como noîoriamentt es publïca , el reparo y 
de que defde el mo d^ i6%v de fk eft^ibU- 
cimiento , hafla el de 1 77 , regulando d 
que en todo eflt tiempo tendrian el mifmo* 
numéro de los qaarenta mil Indios , poco* 
mas , b mtnos , las referidas %iiffiones ,. 
fallan en vueflra Real Caxa de Buenos-^ 
Ayres très, millones , y docientos mil pefos. 

£{le es el punto de mas fubftancia y 
pefo que tiene el Informante , y cl que* 
(tn duda ba commovido , è irricado los 
animos de los zelo^os del Real Erario , y 
qiiizà contra los Miffioneros , creyendolos: 
dîefraudadores de tantes millones > peraeo» 
^uien tantas vczcs ha quebradb la verdad,. 
es precifo recelât y fofpecbar, que eaeftc' 
yarcicular no ha^ de. fer n^as. ajuftado > m 
.Yscidicoi 



1>1 L^ISTOIRI DU PaRAGITAT. itl 

Quizà à la vifta de las ftlfcdadcs en que ' 
fencta Ai fallo , de que fallan en vucftras ^73: 
Caxas Reaies de Buenos-Ayrès tantos mil- M^m. : 
loacs , y centcnarcs de mil lares , fc vcrà fer ^^^^* ' 
fantaftico , v acreo fa fallo , de que fal- ^" ^* 
lan. Es falu) lo primero , lo que dice fer 
notortamente publico ; cfto es , que cftos 
Indios no hin contribuldo en nada à vucf- 
ira Mageftad defde el ano de x68i : confia 
cfto de lo que fe ha dicho. Es aiïîmifmo 
cvidcntemchtc (a\Co y que en lodos cftos 
treinta Pueblos jnmos, aya al prcfence , 
ni jamàs aya havido quarenta mil Indios 
tributarios , como el Informante dice , de 
lo que por fus mifmas palabras , y computo 
qucda arriba convcncido, Nien que juicio 
eabc el créer, ni qucrer peifuadir, que 
bavîendofe' ballado cl ano de 16} 6^ por 
Dom Diego Ibancz de Faria , vucftro Fif- 
cal de Guatemala , en el Padron que bizo 
de tbdos los Pueblos , folos diez mil qui- 
nienios y cinco Tributarios , como de los 
mifînos Padrones csmanifîefto^ bavia de 
baver el ano de léSi , efto es en folos cinca 
anos, el aumento de veinte y nueve mil 
qtiatrocientos y noventa y cinco Tributa- 
rios , que fon los que vàn de diez mil qui- 
AÎentos y cinco , hafta los quat enta mil : 

Ni es mas racional la confecucion , à 
tlacion dd Informante , qt^ndo porque el 
ano de 17 30 , que es cl de fu Informe , fu- 
ponc baver quarenta mil Tributarios, ar- 
guyc , que fcrkn los mifmos poco mas , & 
jTicnos en todos los quarenta y nueve ante- 
fcdiences , que fon los que van de 1681 k 
1730> cojho fi los Indios faerao pîcdrat. 



ISI Pièces JusTirtcATivÉ< 

"^ ^. ptieftas en algun faco , que ni van à m»^ 

nia menos, aunque paHen muchos anos. 

JAco ^^J^ ^ como a porquc al prcfcnte ay en eltnuip 

-aukÔi C,^' ^^ tantos millones de honibres j yàdeduiCf 

ramos que havria ocros cancos moços y mas 

' 6 mcnos , cri la Arca de Noé. 

Pero demoite ai Computifta , que Tea 
verdadera lo que Ucva fupuefta , y falfo 5 
y que los Tributarios conftantemente ayan 
-ndo quarenca mil en Codos elTos quarenra 
y nueve anos , y que en ninguno de ellos 
ayan tribotado nn Mo pcfo , haviendo de 
fer qaârenta mil pefos cada un aâo > fegan 
la impoficion , o difpoficion que el mi/ma 
alega del Conde de Salvacierra , qulen le ha 
dicno , que quarenta mil ^ mulcipticados pot 
quarenta y nueve mil , conftruyen la figura, 
6 fancafma que levanta, de très millones , y 
docientos mil ? no (îendo mas que un mil- 
Ion noveciencos y fcfenta mil ? 

Sino es que cl Informante , defpreciada 
la impoficton de nn pefo , hecha por di" 
cho vucftro Virrey Conde de Salvacierra , y 
defpreciadas con ella mâchas Realcs Ce- 
du'as , defJe cl Senor Rcy Dom Philippe 
1 V, vucftro gloriofo Progcnitor, qae aprue- 
ban didia impoficion , y mandan , que 
precifamence le guarde , fin innoyacioa 
alguna : lo que Vueftra Mageftad, mjfma 
ticne mandado al Governador de Buenes- 
Ayrès, y Real Audîcncia de la Plata en 
Cedula fccha en el Pardo en i8 de Junio 
de lyi^J, y en el Real Decreto arriba cita- 
do para el mifmo Governador de Buenos- 
Ayres en zi d^ Noviembre del mifmo aiîo 
1716 i y la Real Provision de vueftra dicha 



5' 



Dé lIFIiSTOiRB du PARAGUAt. it) 

/iuliencia de la Plaça dcl aiio de ï7**>y ■ " * 

fe obedecioenel Paraguay el de 171^, que ^7^7- 
coDforinc,yuniforincmenrcmandaloiDifmo Mkm. j>u l^ 
^ue V. M. difponc ; 6 fîno es que pofpucfto, ^u^J^ôt c/* 
odefpreciado todo cfloycomo lo dcfpTe- 
cio, DO haciendo cafo de ello , quaiida 
folo alego la difpofîcion de vucftroVirrey 
Conde de Salvaticrra , pudiendo , y dc- 
biendo , akgar cftas Rcalcs Ccdulas , corner 
de mas faerza, yanchoridad, y mas rc- 
ctences , auicra el Informante aircglar , y 
que aya euado arreglado , defde cl ano de 
1^8 X > eicribuco de los Indios à do^ pcfos 
en plata por cada uno en cada un ano , fc- 
gun fu idea y capricho , rctrotraycndo fc- 
^,un cflb la obligation de los Indios à pagar 
los pcfos defdc dicho ano de 1 6 8 1 , y por 
confignicnce obligandoios al encero, fegun 
fu imaglnacioa, que en cal cafo erro la 
cnenca en grave dano del Real £rario , pues, 
debkin fer los que fallahan^ no cres mil- 
loncs y dociencos mil pc(os > fîno ^piooco 
pcfos. ^ 

Por dondc fe vè, que cl Informante, en 
todo cafo y fupoficion , falta en la vcrJad, 
y clnudica en las fumas, y mas daudicarà 
en aitibas , (î aHvicrtc , como dcbc , que cl 
cribuco de los Indios de ti es Pucblos , y aora 
quacro, ha cncrado , entra , y dtlK cntrar 
por Real Cedula de i de Noviembre de 
1^79, en las Caxas dcl Paraguay, y no 
en las de Buenos-Ayrés : lo que dcbia fabcr 
el Informance , havicndo fido ca(î fcis. 
anos Govcmador intcrino de aquclla Pro-. 
vlncla •, y lo que tambien difminuyc en grai\ 

Îarcc la fuma que imagina fallar en JUs.RcA.^ 
;$ Cazas de Bueaos-Ayrès. 



it4 PiEcis JtiitifiCAriitu 
. Lo que parece , Senor , hav€r en cl rf« 

'^'' fumpco de cftos tribucos , hrcvcmcnic di- 
Jac**' d-A^ ^**° ' ^^ ' ^"^ ^ vucftro Virrcy de cfto* 
AuKÔi'c.^^'^^y"^^» Condc de Salvaticrra < le fiic co- 
nietido fcnalafTe , è impoiiefle el cribuco 
convenîcnce à los Indios reduddos por ios 
Religiofosde la Compania de Jefus calas 
Provincias del Paraguay , Parana y Uru- 
guay : para e(l:c fin , entre ottos , vino , 
vifîco y cmpadrono dicbos Indios elDoâot 
Dom Juan Dlafquez de Valverdc , por cuya 
Padron , y ordcn de viicftrî^ Real Aadien- 
cia , c]ueenconces refîdia en Bueaos-Ayrèv 
comenzaron à tribucar dichos Indios el 
ano de 1666 , como cnnfta de rccibos , y 
. ccrcificaciones dadas por vuedros Oficiales , 
Relies (c^un rezaban fus Libfos. Dc/pues, 
como Ce lia dicbo , cl ano èz 1676^ vihto, y 
cinpadrono todos las dichos.Indios vucflra 
l'îiczl de Guatemala Ddnï Diega Ibaiiez de 
Faria : cuyo Pidron , aunquc fue de 
catorce mil quatroctentos y trcinta y fiett 
Trihutarios^ por baver arreglado , coma 
tales^ los nmcbachos de catorce anos , y no 
havcr rcfcrvado otros , que fe debian re- 
fcrvar, por dicha Real Cedula de i de 
Noviembre de i^7i; , fe rebaxô , y reduxo 
al precifo numéro de dïî:^mïl quinïcntos y 
cinco Tributarios; de los quales, îosnueve 
mil quinicntosy cinco ban pagado en plata 
en Buenos- Ayrcs ; y los mil en Itenzo en c\ 
Paraguay , a razon de un *pc(a la vara.^ 
Defde que Ce comr.nzo à pagar cributo , 
que fuè cl ano de i ^66 , fe ba pagado conf- 
tantcmcnte hafta oy -, con efta diferencia > 
qiic defde dicbo ano, h'ifta d de 1^7^^ 



»E L*HlSTOlRB DU PaUAGTJAY. iSç 

filé el tributo de nucvc mil pefos : mas cl ■■ 

9ho de I^77 , y los fcguientes haftaoy , ha •'75 7» 
fido cl cributo de dicz mil quiniencos y Me m. du P. 
cinco pefos, por avcrfe hallado cftc nu-^^^^* '*^*** 
mcro de Tribucarios en cl Padron de Dom ''^ ^°" 
Diego Ibanez de Faria , poderior ai de D. 
Juan Blafquez de Valverde. Hafta ahora» 
ni feiia difminuido , ni fe ha aumcncado 
cfle cribuco ; porque aunque los Indios 
ban cenido aumçncp, no fe ha hecho Pa- 
ilron nuevo , con mandato y ezprcûTion de 
x]ue paguea los que eicedeo el numéro de 
ios que dicho Dom Diego Ibancz de Fa- 
ria en el fuyo dcxo : previniendorc en Real 
Ccdula de 17 de Julio de 1^84, fe régu- 
la (Te preci(àmente la pa2:a de los Tributos 
por dicho Padron , iiaïca que fe hicicfTe 
otro) y como parezca no haverfe écho 
otro formai , que el de Dom JuanGicgo- 
rio 3azan de Pcdraza ^ el ano de 17 15 ,de 
fbios los trece Pueblos , que entonces pe»- 
xenecian al Paraguay, quien aunque dio 
cuenta à V. M. no pufo en concribucion 
fnas Tribucarios , que los que dczo Dom 
Diego Ibanez de Faria, como confia de 
vueîlra Real Cedula de 24 de Agofto de 
J7t8, por eiTo ha(la el dia de oy no ha 
cenido crece dicho Tributo. Una cofa , 
Scnor , dcflumbra los aclores contra los 
Indîos , para dccir , que çftos no tributan 
nada à V. M. porque vcn lo pcco que 
cada ano queda en v.ue(lras Realcs Gazas , 
no queriendo atender , ni entende r , que 
V. M. de elfe mifmo Tributo manda dar., 
y dà el Synodo de veinie y dos Pueblps ^ 
^4ie fuipa çada un ano uueve mil ocl^o- 



t%4 Pièces justieicatite^ . 
cicntos y cînquenta y un pefos , y un rcal, 



'' que es alguna cola, 
îic"* D'Ac* ï'rofiguc el Informante : Sïn qu€ Us 
2u%,oiC, OficiaUs Reaies ayan hecho dîligencia dtfu 
cobran^a , por las refpeto^as inielligencias , 
que die h os Religiofos ^ con fu eûcacia^fim* 
pre mantîenen , fin que à eltas , con otrds 
intervenciones , aun mediandô vueftros Rea- 
les mandatas^ je atrevan , ni aun los Minif- 
tros y que porju vficio tien en inmediata ohiU 
,gacion , a executarlas: Todacfta acufacion, 
y calumnia dcl Informante contra vueftros 
Ofîciales Realcs, y contra la Compania, que- 
da dcfvanecicla , o hecha humo y como con 
-cvidcncia lo qnedan fus fofndos millones: 
y con la que ni vueftros Oiïîciales Realcs 
fon rcos de la ncgligençia , y cobardia dc- 
que los accufa , ni participantes de las rcf- 
petofas intclligcncias , y myfteriofas in:cr- 
vcncioncs de que los nota , ni la Compa- 
TÎia ha neccfllcado, ni fc ha valido de io- 
tclhgencias eficaces, ni no eficaces , ni ha 
procurado jamàs jurer vcnciones algunas 
para que los Indios no pagucn lo que V. M. 
por fus Realcs Ccdulas ticne determinado^ 
pues han fi:^o todos annualmcnte puntua- 
les, unos en p3.î;<ir5 y otros en cobrar; 
como es maninefto, y conftarà de los Li- 
bros , y Rccibos 

Puedefc reparar , que !a calumnîa del 
Informante dénigra à todos los Ofîciales 
Rcales de las Caxas de Buenos-Ayrès , y 
Covernidorcs , q e han cxercido dicho 
cargo defde el ano de I68i, hafta el de 
j 730 5 y à los Rcligiofos de la Compania, 
c|ue«a xodo eite tiempo-haainccrvcriidDi 



Dt L*HisToiRî OU Paraguay. 187 



porque fcgun ' cl mifmo , en toiios cilos i ■ 

anos^ ni los unos han cobrado, ni los ^7w- 
ocros han pa^ado : y todos , 6 por rcfpctos M^m. nu P. 
y miedos y 6 con intelligencias , intcrven- ^^^^' ^^^^* 
ciones , artcs , y manas-, han defraudado ^" 
vueftro Real Erario. Y qviicn dira , que 
Don Martin de Barua txcsdc à todos , ni à 
ningimo de cftos , en tcmor de Dios , en 
cl cumplimiento de fus obligacioncs , ni 
<n el amor à Vueftra Magcftad ? Y Ce 
pncdc rcpararma«, que acufando à vucf- 
tros Oiîcjales Realcs , y Govcrnadorcs de 
Buenos- Ayrès , omite los del Parfigiiay j 
iîendo conftant« , qite Ci huviera delito 6 
fraude , todos huvieran (ido complices , pues 
«1 tributo en ambas partes fe debia cobrar , 
repartido, como en una,y otra parte lo 
han cobrado 5 pero no quito el Informan- 
te Dombrar los Officiaks Rcale^ del Para- 
guay; y pudo cftc fîlencio fer maxima, 
porqu€ como e(la acufacion, (lendo de 
ftiatcria de qiiarcnta y oucve arîos antécé- 
dentes , la hizo al fexto ano de C\i intcrino 
Governador del Paraguay , pudo recelar 
prudente , no quedar por si mifmo accufa- 
<Ao , convencido de haver defpcrtado tar- 
de. 

Para probar cl Informante la caîumnia , 
«le que aun mediando los Realcs mandates 
-de Vueftra Mageftad , traian y obtienen Jos 
Jefuitas que cl Tributo no fe cobre , ni 
vueftros Realcs Miniftros fe atrevan à co- 
brarlo , dcbiera traer alguna' cofa. particu- 
lar , y de nuevo , que no cftuviera ya ple^ 
«amcnte rcfutada y ni fe debicra tcner por 
pe^adoclque los Jefuitas^ fin uf^r doki. 



%%% P4EC€S lUSTIFlCATXVES 

— ~ ni cngano , ni fucrza, hicicfTcn fus diîîs^ 

' cias , pot cl alivjo , y bien de cftos mi(era- 

jlf"** d"ac ^*"? P^" ^^°» "^ dcfdicc, ni cxccHc e! 

AU Kpi'c.*^* Oficio de Abogado , Tutor , y Procurador 
de Pobres. £1 folicirar con fai(cdades« y 
calumnias concra codos , el aumenco <lc fos 
proprios interefTcs, y fubir mas qac codos , 
como parece lohacc el lofoimancc, cflb 
£ es feo , è indécente. 

Proiigue aun : Ja^andofe fitmprt dlcbQS 
Religiofos defu poder^ a:yas circunftancias 
^Jloy palpando , ccn el auebranto dt nopê- 
der fer capa^ de remedio en algunos cafos 
de mis cargos , por la ardidofa ( dice ) dif- 
foficion con que configuen^ ejpecialmente 
€n el Tribunal de rueflro Virrey ^ providen- 
£ias , adondc con la larga diftancia , p9T 
^delantados informes , configuen tenga U 
verdud gran mutacion , mayormente ogre- 
gaAdofe à todos fus dïhamenes la authoru 
jdad^ intelligcncia ^ y arte de ^ueftro Re- 
verendo Obifpo y de cuya union ^yparcié- 
iidad tengo anus d< ahora inforatado i 
V, M, 

El que los Jefuîtas (ê eftèn (lemprc jac- 
tando de fii poHcr , parece acufacion cm- 
bidiofa , y puéril. Y en realidad, fi en al- 
gun tiempo fucra vaniffimn cfta jadlancia, 
tuera en cl tiempo y Govierno dcl Infor- 
mante , quando ni aun lo mtiy debido por 
codos titulos de judicia podian conleguir, 
ri aun reftituirfe à fu Colegio dcl Paraguayi 
de doniic con injufticia , y con facrilcgi 
vîolencia , reprobadn juftamcntc por Vuct 
«ra Magcftad , por fu Supremo CGnfe|o, 
yiifcy ,ydcmàsMiniftr<>s, y fin ninguna 

authoridadj 



BE L*HXST01AB SV PARAGUAY. itf 

crathoridad 4 ni poteflad légitima, haviau 

ûào ecliados, pudieron confeguir del Infor- /7 37. 
mante Govcraador, aun Uegandcfc los ^^^' ^F^^; 
primeros Ordcncs de vucftro Virrcy , fieii- ^^ Roi «. ' 
Ao nece (Taries otros de mayor fuerza y ar- 
iot. Al humor del Governador cofria en 
«1 Paraguay el defafeâo u odio de muchos 
contra u Compaiiia , en tanto grado , c]iie 
podian conocer bien los Religiolbs de ella , 
fio folo que era ninguno fu poder , (îno c]us 
qualqaiera podia apoderarfe de cllos , y ds 
lus cofas fin mledo del Governador j y fc 
puede créer , fin temeridad , que la figuien- 
ce ezpulfion , ique del mifnio Colegio pa« 
<}ecieron los Religiofos ^ aun mas defaro- 
rada» y efcandalofa , que la antécédente, 
fuè concebida al abrigo , cal or , y fombr» 
de efle Governador. Por dondc mal pudie- 
ron los Jefuitas en eflie tiempo , y fompre^ 
jaSlarfs d^fu poder. 

Ni fe vè , eue cafbs de fus cargos fou 
los , QUC quebrantado no podia reracdiar, 
por euàr palpando las circunftancias de 
eile poder. Solo fe dexa dîfcurrir , que el 
cafo de fu cargo , que quifo remediar , y 
con quebranto y petar no pudo , fuè el de 
la reftitucion de los Jefuitas à fu Colegio ^ 
que defcaba mucho embaralar , y con do- 
\ç}t de fu corazon no pudo ; por que otro 
cafo de monta no parece haver jnterveni- 
do , en que no hicieife lo que quifo. Y fi 
tuvo taies cafos de fu cargo , y quebranto ^ 

£or que no acndiria à Vuefîra Magcflad , 
afta el fexto , y ultimo ano de fu Govicr- 
no , à bufcar el rcmedio de ellos , y ftt 
prompto defçargo i y alivio ? 
T9mç FL N 



1^0 Pièces JUSTificATivES 

Acufa , Y oota cl Informante , conio 

^^37- brazo de efle podcr de los Jefuicas , la que 
MÉM. uu p. Ilama ar'idofa difpoficion , con que con- 
^ACQ „,^^ figucn providencias , efpecialnience en cl 
Roi c. Tribunal de Vueftro Vîrrcy. Aunqae los Je- 
fuicas cuvieran très tancos mas de UgacJdad, 
no les fobrarà nada para reparar, y prévenir 
laaftucia, y malicîa del Informante , y 
ocros. Y efto fe vè manifieftamcnte en las 
circiinn:aacias de h^er llcgado à la Corce 
efte defaforado Informe con otros , y mâ- 
chas calumnias de la mifma fragua , o tor- 
quefa contra la Compania, fin oue alla pa- 
reciefTe un folo papel de los Jeluitas deacà 
en lu dcfenfa » como lo dice la quexa de fus 
Procuradores , que alla refiden ; y es fenti- 
miento comnn , que los Jefuitas fon tardes 
en fu defenCa. Pero la confianza en Dios, 
fu innocencÎA , y verdad con que proceden , 
les hace dàr lugar à los calumniadores para 

3UC vayanpor ddance, y tiendan las redes 
e fu engano. Tienen lambien los Jefoitas 
creido , y ezperimentado , que ay en V. M. 
dos oidos , y que ningun acu^4or , por 
mucho que fe adelante , los ha de tener en* 
trambos. 

Lo mifmo debieia cl Informante fentlr 
de vueftro Virrey , que por acà- ha (îdo te- 
nido por integerrimo 5 y debiera créer , que 
por adeiancados que fucfTen los informes 
4e los Jefuicas ( que cierco no lo Ton ) n^ 
havian de acelerar las providencias , ni ob« 
^ner Defpachos , antcs de oyr ambas Par* 
tes en modo y forma fufîciente. Malo es 

3ae el Informante fe mueftre can fenûdo 
cl recurfo à vueftro Vinrey , y ta» dKpU^ 



i 



DE E^HisTôiXE M Paraguay. i>ï 
eénte de fus providencias para aauella Pro- — — 
vincia , llegando àzaKexir por inre^to , me- ^737- 
nos advcrcido , y cntcro , fu Tribunal , y M'rm. du p* 
<5ovierno, quandotodo cl tnhelo de effas ^^^^* ^^^'^ 
providencias cra rcducîr, y màntericr aquella ^" 
Provincia'ctî pâz, qttictud , y jafticia , y 
obcdienciaà V. M. ,lo que quizà fe hu- 
viera confegtfido ances , f\ cl Informante ^ 
c5mo «debia, huyiera'* prbccdi d^çû A' el 
«xemplo , cti tcnèr y haecr fe 1||fcè{îc cl 
debido refpèco à fuperiores màndacbs: pe- 
ro de efto. rendra V. M. nôncia pléna poc 
parce de dicho Virtcy. 

. Loquediceel Informante, qnclos Jc- 
fuitas cocr fus adelantados Informes à Lima , 
confîguen tenga la verdad gfan mutacîon 
con la larga diftancia , lô debiera coniïr- 
mar con algifti cafo eh particular , en que 
'los Jefuicas ^ ni por lezos , ni uor cerca ayan 
faltado à là verdad , como' el mifmo falta 
tanças vezes, y can gravb è infuftamente 
en efte fa Informe , cdmo patece va de- 
moftrado. 

Profigue el InforcnâKte : Mayornitnu 
agregandofe à todos fus diêlatnehes la autho^ 
ridad , inteUgencia , y atu de vueflro Re^m 
verendo Obïfpo , de cUyu ufiiori y parcia^ 
lidad tengo antes dtdtirdinformado à Vuef- 
ira Mageftàd. . 

Ticnen . Scnot y loi Jéfuîcàs dcl Para-^^' 
guay la que fe pùedt llamat forcada , que 
es eftàr unidoi , y aott^dôs por el Ihfor- 
mance , no folo con los pobre^ Indios , fd-* 
bre caya dedraccion fifcalizà , fino* tambiea 
con vueftro GoVecnadô^ , y' Ofîciàles Rea- 
fcs, que fùcton de BacUbs-Ayres , por cafi 

N ij 



191 Pièces iU8TiMCATrVE« 
— ciaquenta aiios y y con vucftro Virrcy dtf 

, ^ ' * cftos Rey nos , que lo ha fido cainblen mu- 
Mem. du p. ^.^çjj ^ Jq5 primcros acqfa de aeelicrenccs, 
Ai7KoxC. omilios, y cobardcs, o de coivplices ea 
inteligencias refpecofas , incerveocioncs 
mifteriofas, que traeràa mezdados cohc- 
chos de ocros lunares , que quican la Iicn 
mofura , perFeccion , y encereza de un fiel 
MinUlro Vueflro , y lo hazen mancb , è 
impedid^para cumplir con fus oblieacio- 
nés, recaudando vueftros Reaies haberes. 
Al Tribunal de vueftro Virrey de CafieU 
Fuerce , fiendo un e(pejo cer(b en que fe 
ha podido ver el mas (ubido zclo » reâicudj 
piedad , y juAicia , cambien ha prccendido 
cmpaiiarloj y aun qaebrarlo , (î pudieiTe, 
con fu nocivo aliento , queriendolo qai- 
zà complicar en Jos didamenes , œazûnas, 
ÎQCeligçncias , è ideas de los Jediicas, y 
en los czcefTos , y fraudes que calumnlofaii 
mcnce les acumula. 

Ahora cierra «on el que le falcaba y y qui- 
zà fuè à quien miro fu primera incenciou, 
que es vueftro Reverendo Obîfpo del Para- 
guay , digno por cierto de mejorestiempos, 
Y de Governador concurrente de mejores 
atencîones y refpetos ; Prelado ezemplac, 
y Apoftolico ^ verdadero Pad^e de Poores > 
Paftor folicito de fus Ovejas , macilento i 
y pobre por el bien de ellas ; bumilde , hiH 
mano , defîncerefTado, manfo , atencif&mo à 
la mageftad y adorno de fu Iglefia s proba* 
do en muchos trabajos , perlccuciones > y 
calumnias> por \% major parte padecidas 
por fiel , y leal à Vucdra Mageftad ^ prevt* 
lilçndo , y procurfM^dç eml^af azar l^s pff«x 



ni l'Histoire dû Paraguay. 155 
fas it Dios , los dcfcrvîcios de Vucftra Ma- ' 
geftad , y la ruina de aqucUa Provincîa .en ^7î7« 
que clla mîfma fc llorâ , y arrcpcntida rc- J^^>*- ^y^* 
conoceqaan bien le hnviera eftado oir ^^ j^^qjq^* 
T02 de fu amanre Paftor , y no cl cneaiiofo 
(ilvo de los que la precipitaron al abyfmô 
de defordenes > qtie los ha llamado un abyf- 
mo de amarguras. 

A cftc tal Prelado fuyo acufa el Infor- 
mante , y dice , que le ciene acufado ànte 
VuefVra Mageflad , yquizà havrà (îdo mâ- 
chas vezes antes de ahora. La acufacioti 
pre(ehte esgraviffînia , pues por clla confia > 
que todas fas mazimas , ideas, inteligen- 
cîas , ardides , difpofîciones , incerven- 
ciones , jaé^ancia de poder , y fraudes de 
los Jefuîtas contra Vueftra Mageftad , y fu 
Real Erario , finalmente todos fuos die-- 
i amenés reciben aliento , vigor , y fuer:^ , 
frincïpalmente y mayormtnte ^ con la autho- 
ridady inteligencia ,yarte de vueftro Htve^ 
rendu Obi/po. Por lo qualqucda complice, 
y principal de todos los cxccfTos de los Jc- 
fuitas , por cuyo remédie acudc cl Infor- 
mante zelofo à Vucftra Magcftad. Y es cier- 
to, que la authoridad de vueftro Obifpo 
es , y debc fer venerada como grande , 
y no ajada del Informante , como parece : 
Su inteligencia es mucho mayor que média- 
na , adquirida con la ezperiencia, y mane- 
jo de la larga ferie de negocioc , que à fa 
capacidad,y bucn expedicnte, afTi en fii 
Religion , como fuera de ella, le han fiado > 
fu arte , quitadas las malicias , artificios ^ y 
ficciones proprias del Informante , rcduci- 
da â ttna prudencia y fagacidad , compa- 

N iij 



Ï7Î7- 



1^4 Puces rusTificATivEs 

ncras de un hombre reâo , fano , no &• 

^ le pucden neeaj ^ cjon que iî codas cftas ttcs 

jacq! d'Ag. ^"ûocc^çcs parcidas le agccgfran viciadas ^ 

Av Koi C. ' o^f^^ ipuchas , y talcs de Los jefuicas , £o 

duda foxmaràn un torrencc incontrafta- 

blc. . ' ' / 

Pcro à Dios las gracias, Senor,^ que ol 
les Jefuicas lian ufado de fus caleocos t lû 
Yueftio Obifpo de Cws excelentcs partes, 
fine à gloria de fu Scnor ^ bien de las AU 
mas , y obfequio , y fcrvicio vueftro. Lh- 
me ahora cl Informante à eilos tatencos , y 

Ï cartes , y à Ja Èvangclica otgociacion que 
es coirefpondc , cou los nonibres , y aptl- 
lidos que mas le pluguiere . y pudiera , para 
baccr creîble , o probable , que en efte cra- 
to de Compâiii^ ay malicia contra vueftro 
Real Erarlo , dcfcubriralguname)oraexcrar> 
ordinaria en alguna , o en ambat pattes. 
Q Jzi dira y que el Prelado ^ por fomen- 
tJIfliquellos diàamencs de los Jefuitas , pai' 
ticjpa de aquellos milloncs, y cien miilo^ 
nés, que dice tienen defrandados cftos: 
Pero fî vueftro Obifpo , por alguna cx- 
traordinaria providencia , o cafo , tuviera 
un ^)i un millon , bien cierro es , que en 
cffc dia no quedarà en cl i^araguay hombre ' 
pobre , (îno el mifmo, fegun fu nocoria 
caridad, y genio. Promc(Tas à la Cortc pa- 
la pereiifîones, o promociones , ni fuc- 
nan , ni fe huelcn , y el mifmo no obrar 
convence cl no baverlas -, con que à efta 
parte de efte crato , ningun util , ni mejora 
la refulta. Es manificfto , como lo es , que 
cl dicho trato no es doMc , ni fujeto à vi- 
cio ni malicia coacra alguna de las Mjk- 
gcftadcs. 



DE L*Hl8TOlRE PU PARAGUAY. l^f 

Noobftance» cl Informante rcpitc la — " " 

acafacioa , qaedice hizo ya ances , de la ^ 
union y parcialidad de vucftro Rcvcrcodo ^^^' ^^' 
Obifpo con los Jefuicas. Eftrana cofa , Se- aVkoïC^' 
hoty que fe tenga por delico , y fe acafe 
como tal , la union , uniformidaJ ^ niucua 
corre(pondencîa , mutuos oficios , y amor 
de un Obifpo , Prelado , y Padre univer* 
fal con una Religion , que en quanto 
puede le obedece , exfcdta fus ordenes , le 
aliviaen fu cargo, le cuida , y apacicnta 
fu Ganado, y eda difpueda de dia y de 
nochc en Pueblos , y Ciadadcs , à acudir 
con todos los Sacramencos al Enferme , à 
affiftir al Moribundo , y con todos los de^ 
niàs oficios conducentes al bien efpiricual , 
y ererna falvacion de fus Ovejas ? Si efte 
Obifpo fe defdenara , y eftos Religiofos 
no procuraràn efta union y conformidad , 
ni el Obifpo , ni los Religiofos camplie*- 
ran ccfU fu obligacion. Por tanco , û el In* 
formante no fe quiere declarar enemigo de 
toda charidad , conformiiad , y union , dc- 
be decir los vicies de efta que acufa ante 
Vucftra Mageftad. 

Pcro dira que es union , y parcialidad , 
ofcnfiva : nias es mencfter que diga à qnicn, 
y por que es ofcnfiva ; porque (î folo ofcn- 
de al Informante , y à otros de fu humor 
y paCton , y no à los vcrdadcros , pruden- 
tes, temerofos de Dios, y dcfapaffiona- 
dos , en tal cafo no fe debe tencr por vicio- 
fa, -ni acufableefta union, como no lo es, 
fino fumamente fanta , y amable, la hypof- 
tatica y aunque de ella fe ofenda Lucifer , 
y todos los que de el fon. Acafo el Prelado 

N iij 



i^é Pièces tvstiîICative^ 
con crta union , y favor , que hacc -à dit 
, Religion , falta en lo que dcbc à las demàsi 

!^ c '^Ao ^ ^ al^una otra Comunidad ^ ô Gremio» 
âii^RoïC * àpcr(onacn particukr ?à tuerce la jufti- 
cia , o quka lus derechos à nadie ? Pues fi 
por aquella union en nada de efto falta coa 
nadie » por que es acufado de ella ? Ni pot 
que fc le dï en el nombre de parcîcialidad , 
que fuena adhefîon à una parce y con fu in- 
juria de las com partes? De otra fuertefcrà 
acufable^ como parcialidad, la mayor ter- « 
nura de Jacob con Jorcph,y Benjamin, y 
la de Chrifto con Pedro, Juan , y Diego ;y 
la :nas (ingular con Juan , Hendo eChi chari- 
iiad ordenadidîma. 

Vcrdaderamente , qne G como cl Infor- 
mante, por la union de vueftro Rcverendo 
Obifpo con losjefuitas, pienfa dàr fuena 
à la acufacion contra todos , 2 (fi fiiera dé- 
cente y convenience examinarle fus Confi- 
dentés j y Amigos , quisà Te hallarà mucho, 
que nada tuviera de Dios , ni de vueClro 
Real fcrvicîo. 

En el refto de fu Informe recomicnda fa 
îndependencia conftante, y fu integridad, * 
y defînterés, de que quizà", y ijn duda, 
leràn otros mas indcpendientes , y en'cros 
tcftigos Significa à Vueftra Ma|T«ftad f» 
fumo dcfeo de lleç^at à los Reaies pies , para 
defmenuzar fu dicbo , è Informe , efpecial- 
mentc contra los Indios. Vaya en hora buc- 
jia , y dcfmenuce , que ni à los Indios, 
ni à fus Dodrineros , ni à los demàs, que 
cl Informante fal fa, c injudamente acula, 
Jes ha, de faltar Dios , ni Vueftra Mngcftâd, 
mientras recuviereii fu verdad ^ à innoceor 



DE l"Histoir£ du Paraguay. 157 

da quchafta ahora , que fon cl podcr, las j- -^ 

lnaxîinas> idcas , didamcnes , intcligcn- 

cias , înterccffiones , è intcrvenciones en j^ç.q' j^^ç* 

3ue confîan ; y mas quando efte mifmo ano au Roi C. 
c 173 y , en que cl Informante Ce eftà dc- 
leytando en fus quimeras contra los Indios , 
cftàn cllos fuera dt fus cafas , y en vucftro 
Hcal fcrvîcio coatra Portugucfes en numé- 
ro de quatro mil por ordcn de vuedro Go- 
Vernadorde Bucnos-Ayres. Dios les de fe- 
Jicidad , y cl buen fuceffo , que fe firvio 
dàr à otros fcis mil , que en efte mifmo an(j 
hanbaeltoà fus cafas de las Fronteras del 
Paraguay , donde armados fueron à auzi- 
IJar e introducir à vueftro Theniente Gene- 
ral , Govcrnador , y cle6lo , Prefidente de 
Chile, Govcrnador tambien , paralapaci-- 
fieacion de la dicha Provincia del Para- 
guay , donde fe halla al prcfcnte , rfando 
ordenes en las cofas de aquel Govierno ; 
quîen cohfeguida fu emprcffa , cuya con- 
fecucion creyeron muchos impofTible , no 
dudo decir muchas vezes , y aun lo dio 
efcrito, que à los Indios, mas que à nadie » 
fe debia cl feliz exito. 

A (fi 5 y talcs fon , Senor , eftos vuefiros 
pobres Indios , que fiendo Vucftra Magcftad 
Padre , y amparo de pobres , ningnnos con 
mas razon fe pueden llamar vueClros Hi- 
jos ; pues es moy creyblc , que entre todos 
los Vartallos que componen vueftra gran 
Monârquia , ellos (on los pobriffimos. V 
£endo Vucfha Mageftad cl amparo de los 
rnjuftamence perfcguidos , y oprimidos ^ 
eftos mas que ningunos llaman para (î vuef^ 
tros piadofos Reaies ojos , como los que 

N V 



%9^ Pièces jctstieicativss 
_ fobrc todos con toda furia y artcs , y maqnr 

nas diaboUcas Ton tirades y afli pocftos en c^ 
Îacq d'Ac ?>^^^^ ^^^ vccîno à fu ruina. Efto procurait 
iiv^Rox C. Compania evicar con efîcacia , cirando à la 
parte opuefta, proctirando con(ervar, no fus 
Indios , y VafTalIos y que no los tiene , fin» 
les de Vucftra Mageftad , y que Vueftra 
Magedad ha dexado à fu cuidado : caufa 
por que todo el Infierno junto fe îcrama 
contia ella j y aunqueeflas perfecuciones en 
todas partes Ton fucaraûcr, pero en efta 
Provincia > y por eflos Indios , Ton cantas > 
tan furiofas > y violentas cada dia con taies 
avenidas de calumnias » oue cafi hace du- 
isLT y fi llego yà para la Co;npanla , y pa* 
Ya los Indios , la hora y poceftad de las terne- 
blas. 

Ni ay que erperar otra hamana retribo» 
don de las otras converiîones de Infielcs y 
CB que efta Provincia del Parxiguay aâual- 
jnence fe occupa , y ocupa los Mwo^eros, 
€{!ue y. M. fe digna li.be ralmcnte coocederlc» 
Son eftas Miflioncs de Çhi^qg^to^ / y Za^ 
mucos, en el Obifpado djp Santa Ccuz dç 
la Sierra ^ donde ay yà fiete Puebl^s forma- 
dos , y fe profîguç çn. fo^mar^ Sç^, cambieo 
de Chiriguanps en el OhiCfSLio de Charcas^ 
doude d ano panado. 17)4, (c fbrioaroQ 
ios PuebIecito$ ; y en d d]Ç 1755 j dîctoflf 
los Infieîes en el une, caùtivando Chrif^ 
ti anos , ma ta n do. , q Hejna^qijp ts^ Gsyullbi > 
de^abezando Imagenes : y por ^Itim9 lle- 
varon. al Relîgîofo Cur^ ^ qyc acab^tpa de 
decîr Miffa , y Icxps de aUi , ra.uy. derpacio 
lo flccharon , v quiraron la yîda. Son tam-. 
Uea de iules , y Moçovles en èl Obîjtpadoi 



DB L*Hl$TOlRE DU PARA CUAY. l^f 

de Tucuman , donde fc fando un Pueblo ■ ■ 

en las Frontcras dcl Chaco , cl quai ha pa- '737. 
decido incrciblcs dcirimcntos de los Barba- ^^^^ du P.. 
ros Infielcs , corao los ha padccido, y pa- "^^^^'^^-^V 
dccc toda aqucUa Provincia, y cl Pucbic- ^^ ^^^^' 
cillo es cafi acabado. Son tamblen en los 
Tobatînes » Obifpado del Paraguay , donde 
por peticion de aquel Cabildo, y exorto 
de fil Obifpo, y Governador , al Supli- 
cance fe embîaron dos Religiofos Sacerdo- 
ces à fuiKlar uno , o mas Pueblos , fegun 
los Infieles fe fucren reducicndo. Todo elto y 
Senor^como las Midîones del Paraguay^ 
neceffita de vueftro Real amparo. 

Fioalmenre, Sciior, el Suplicante, hu* 
milde y y rendido , v con lagrimas en los 
ojos f y accompanado de edos pobres In- 
dios y llega otra vez à vueflros foberanos y 
reaies pies, à pedir rémedio , y confiielo. 
Por lo qae coca à la pobreza de cllos , no es^ 
menor » ance; es nias de lo que va dicho. 
Los coftofos , muchos , y amorofos fervî** 
cios^ qaeàVaeftra Mageftad tiencn he« 
chos , à mas de lo dicho , vàn expeffados en 
papel ad^vaco; y mirada la una, y los 
ocres , verà Vaeftra Majeftad , ti es conve- 
niente , y ellos dignos de algun alivio ^ re- 
Icvandolca de todo cribuco , y carga > fue- 
la de lo' que en expediciones Milicares , y 
ocras funciones de vueftro Real fervicio fe 
ofrecieren en adelante « como hafta ahora 
lo ban becho en lo que fe ha ofrecido ; y 
tambien del precifo Synodo para fiiftenco 
y, veflido de fus Sacerdoces y Mi nid ros. 
Suplica adimifmo à Vneftra Mageflad , fe 
digne cncargac à los Governadores , y de- 

N v) 



^00 Pièces iirsTiFicAriTiff 

■ xnàs Miniftros , los aticndan , y dcffcit- 

^737* dan , y por fu parte hagan que queden cd 

Mem. du p. fus Pacblos ,; en fus cafas ,y cuidando de fu* 

'^^^K ^c °^^^*^*^^ *' ^^^ "® ^^^ folicîtcn para ticfras 
de£fpanoles, ni los oculten , ui detengan 
en ellas. Ocrofî , y por uUimo , fuplica z 
Vucftra Maseftad , que fi es poffible , fe 
ponga fr^no a cantos calumnîadores , y ifial- 
unes , que tlenen ^ Cm pacicncia , ni juicîo à 
los pcrfeguidos Jefuitas de eftar Pro vîncia ^ 
y parece lo fuera , y conforme à las Leyes^ 
que el que quidere acufar y informar , à 

Scdir concra eftos pobrcs MiiConerbs , è Tn- 
iôs ance Vueftra Mageflad , anté vuelh» 
' Yirrey , Audiencîa , Govcrnadorcs , yotros 
Miniuros y afiance la caluainia ,.depofî»D- 
do en parte independîente eantidad de 
plata , o dmeroproporciooado à fu proye(^ 
to 5 con cflb fueran con mastiento , tuvic- 
xan multa en fus falfedades ; los JcCuitas , 
è Indios menos perfecuciones y y gaftos > f 
Y* M. defcanfo^ 



JAYME AGUILAft. 






DE tUlSTOIRE DCTPaRAGITAT. JOt 

L E T T R ^ 

DE D. MARTIN DE ECHAURI , 
Gouverneur nu» Paraguay, 

AU ROI CATHOLIQUE 

s r R E. 



J E donne avis à Votre Majefté que l'année 173 8. 
(ferniere 1737, les très Révérends Pères de lettre d« 
la Compagnie de Jefus nre demandèrent an 1^. Martih 
Bom de Votre Majeflé , comme à leur ^^ Echauri 
Gouverneur, la permifTion de fonder une-^^^*^^** 
Bourgade dans îe Tarumar, qui efl de la 
Jurifdiâîon de cette Province, avec une 
Eglife pour y înftruire plufieurs Indiens 
Tohaiis ( I ) , que Icif r zcle apofïolique a 
tirés des Montagnes, oii ils faifoient leur 
dfemeure ordînaire. Les travaux & la fer- 
veur de ces Percs les ont huroanifés & en- 
gagés , en fe détlarant Vaflaux de Votre^ 
Majefté , à fe ^clarer Serviteurs de Dieu^ 
Confîdérant donc que Votre Majefté à plus 
à cœur les intérêts du Ciel , que Taccroiffe- 
ment de fes Romaines , fe ïèur aï accordé 
avec plâîfir la permiffion qu'ils deman- 
^ient , pour étendre cette MifHon , &. 
celle des Guananas, Nation infidèle , vor- 
finc des Paranas ; Bcil fera très agréable 
à Cicu , que cette pîéré, qui excite le zcle 
Cathplique de Votre Majefté, procure St 
il) Ou Tobad&c». 



501 Pièces justificjitites 

j- g^ fafTc paflcr ici une nombreùre Troupe 

d'Ouvriers Apoftoliqucs , qui fera part <lc 

d/makt^n '^ lumière de i*Evaneile à tant de pauvres 

DE EcnAUBLi Indiensft qui font enievelis dans les téne- 

AU RoiCat. bres du Paganifme. 

Pendant tout le tems que fai gouverné 
cette Province , j ai éré édifié du zelc , de 
la ferveur & de l'application infatigable de 
ces Rcli,^ieux aux tonélions du miniftcre 
propre de leur Infticut. Chaque année ils 
fe font un devoir indirpenfable d'aller faire 
des Midions dans les Campagnes , qui tbnt 
Fort peuplées d'un grand nombre d'Habi- 
tans. Dans ces fainces expéditions rabon- 
dance de la récolte répond à la grandeur du 
travail, leur charité cft toujours occupée 
dans cette Ville , en Chaire , an Confcffio- 
nal, ou à donner des Retraites^ par le 
moïen d^qucUes ils gagnent à Dieu bien 
des ^n^ies. Je ne fuis pas furpris au refte 
de voir en eux ce zèle Apoflotrque , parce- 
que je l'ai toujours remarqué dans la Com- 
pagnie de Jefus. IL n'y a que la malignité 
de quelques. Particuliers ma:l intentionnés 9 
qui puiiTe entreprendre de noircir leur 
conduite vrajiment Religieufp Je fais même 
de fçience certaine , que leur Général leur a 
prefcit de travailler avec Coin à maintenir la 
paix & l'union dans cette Province, Se 
qu'ils ont exécuté cet ordre aux dépens 
même de leurs biens & dt leur répucar 
tion. 

Pour le préfent cette Province c(ï trcf 
foumife aux ordre*; de Votre Majcfté , & ^ 
ceux de Ces Minières, quoiqu'atraquéc <fc' 
teuveau par les Mocovis > les Abiponçs, 



ÉTÉ l'Histoire du Paraguay. 3oy 
les Guaycurus, qui fe trouvant fort mal ■ ' '" 
menés parles Efpagnols du Tucuman, fc ^73o- 
font jettes fur cette Province , oii ils ont Lettre d» 
feit de grandes hoftiUtës. Tai promptemem ^; ^^^I^J™ 
levé un nombre lumlant de Soldats pour ^^ R.©iCaT- 
reprimer ces Barbares , qui par leur retraite 
.ont échappé au châtiment quils mérr« 
toîent. Mais Je fais réfolu de prier le Su- 
périeur des Doéirines du Paraha de m'en- 
▼oïer un fecours des meilleurs Guerriers de 
ces BouiÇades : c*e(l Tunique refTource qui 
me refte pour châtier l'infolencc de ces 
Barbares. L'cxDéiiencem*a fait connoîtrc la 
valeur des Tapes & leur docilité à exécuter 
les ordres des Commandans Efpagnols : je 
l'ai expérimenté moimcme dans une autre 
occafion > & j*en ai donné le certificat an- 
tentique. Dieu conferve la Catholique 8C 
Roïale Pcrfonne de Votre Majefté , comme 
le défirent fcs fidèles Sujets, & pour les bc- 
foins de l*Eglife. 

A. VAJfomption du Paraguay , ce $ 
Janvur 17 j», 

MARTIN DE ECHAURI^ 



1' 



J0+ Pièces iustimcatite* 

LETTRE 

DE DOM JOSEPH PALOS 
AU ROI CATHOLIQUE, 

• - SIRE. ^ 

1738. "p^ 
Lettre »« JL/ I V E R S âccjJcnt^ m'btit (TônJaîtaui 
:>. Joseph portes de la mort , & fnf-touc une attaque 
î»ALosAuRoi très fâcbeufe , cîont , quojt]ue je me tron- 
Cathol. yg jjjj pçy foulage 3 je ne dois attendre que 
la mort , qui peut me furprendrc à tous les 
inftants. Comme elle pcm me prévcnit 
avant que j'e puïflc mettre la dernière maia 
au Manjfefie que j'ai promis , je me fuis 
cru obligé,.pour la décharge de ma confcictf- 
ce, & à raifon du compte rî^roureux que je 
Vais rendre au jufte Tribupar de Dieu, de 
faire connoître à Votre Mafcfté par cette 
courte Lettre les fcntimecs de mon cœur. 
Depuis mon entrée dans cette malheureu- 
fe Province j*ai rendu en diffcfrenrcs occa- 
fions un compte exaâ deTétat oii elle a été, 
de fa défobcîrtance à vos ordres & à ceux 
de votre Viceroi de cos Roïaumes y & du 
mépris quVlle fait djes Cenfurcs Ecclénafli- 
ques que mon devok paftorat m^a obligé 
de déclarer que plufieurs avoient encourues^. 
en vertu des facrés Canons. Préfenremcnt, 
afin qu'il ne reftc aucun doute for la vérité 
& la fidélité de mes Informations , je pro- 
Kfte à Votre Majcfté ,. for le point où je ÎkA 



DB l'HistoiKi du Paraguay, jof 
éc fubir le Jugement de Dieu , que je n'ai ' *■ 

rien avancé que de conforme à la vérité, ^7 3^* 
ni à quoi je ne me fois cru obligé par ma Lettrï irti 
charge , fans que ni la paflîon , ni la haine P* ^^^o"* 
aient altéré tant loi c peu la juttice, m la^^^^^j^^ 
(încériré avec laquelle je dois rendre coinp^ 
te à mon Roi & a mon Seigneur. 

La perfécution , Sire, que la Compagnie 
de Jclïis a foufFertc dan^ cette Province , je 
• la tiens pour Apoftolique de la part de ceux 
qui rontcffuïée, puifqu'ils regardent com- 
me un bonheur les calomnies qui attaquent 
leur innocence. Des gens d'une conduite 
notoirement fcandalcufe , pour qui une 
vie irréprochable eft un reproche continuel, 
ont cherché à fecouer ce qui écoit pour eut 
un joug fi péfant , afin de pouvoir jouir da 
faux repos de leurconfciencc , que fouhaî- 
toient leurs paffions effrénées. Tout ce qu'ils 
ont avancé contre ces Pères & contre leurs 
Doé^rines , n*a pour fondement qu'une 
aveugle, paffion & rcnvieinfpirée par Tia- 
tétct , qui les portent à fc rendre les maî- 
tres de ces pauvres Indiens, afin de les fruf- 
trer du fruit de leurs travaux. Je tiens pour 
vrai & inconteftable , que Ci ces Pcrcs n'é* 
toient point dans cette Province , elle feroic 
en proie au vice & à l'ignorance. 

Ce font CCS Pcres qui rappellent avec li- 
berté à vos Sujets lobligationod ils font de 
fervir Dieu, & d'obéir à V. M. mais ils regar- 
dent cette liberté comme nn fardeau : ce 
qui fe prouve par l'exhortation que fur leur 
demande votre Révérend Evcque Dona 
Frère Jean de Arreguy , qui a paffé à une 
meilleure vie ^ ^ittSi. aa Pcrc PioviocisA 



}06 Pièces iu§titicativ£S 
" de la Compagnie , & dont j*ai fait -palTeC 

'^ 5 • en vos mains Roïales une copie léealiUfe.C« 
Lettre do qui elt cetrahi , c cft que (i Ton /^ifoit une 
p. Joseph information juridique du procédé des Aa- 
PalosauRox j ,, ' .#//•• I 

Cathol. leurs de celles qui ont été faites contre les 

Percs 5 Votre Majefté y trouveroit bien de 
quoi les convaincre de faufTetés & de caloOH 
nies. 

Depuis qu'en vertu d'un Ordre da Mar- 
quis de Cawcl Fuerrc , votre Viccroi du Pé- 
rou , Dom Bruno Maurice de Zavala , qui 
cft devant Dieu, a rétabli les Pères de la 
Compagnie dans leur Mailon & dans leur 
Collège, cette Province eft calme , tran- 
quille & pacifique , & rentrée dans fon an- 
cienne obéi (Tance par les foins & la conduite 
pleine de prudence du Capitaine de Dragons 
D. Martin de Echauri , votre Gouverneur, 
«laojque dans de continuelles allarraes de 
la part des Mocovis , qui , ne pcrorant f4tts 
foutenir la guerre que leur fait dans le Ta- 
cuman Dom Maithias Angrlès , votre Gou- 
veineur de cette Province . ont paffé dans 
€«•116 ci , &• y ont fait qnelqucs noftilités , 
donr je ne doute point qu'on n'inftruifc Vo- 
tre Majeflé, 

Non-r<*ulement les Pere< de la Compa* 
gnie exerrrnr flans cette Ville les fondions 
df leur minidcrc , avec une ferveur & un 
zé'e infatigable , mais ils parcourent auffi 
une & deux fois l'année ce D'occfc en Mif- 
fionnaires. Par là ils déclnr^ent ma conf- 
cirnce , & r^mnliffent d'une nbondante ré- 
colte les greniers du Père Célefte. Dans le 
cours de ces Mi fiions le plus grand nom- 
bre de ceux qui s*étoient écartés de leur de- 



9B l'Histoire du Paraguay. 307 
yoîr en ont publiquement demanda pardon , j g^ 
& CCS Pères n'ont pas peu contribué à la 
pacification de la Pfovince. Ils font , ^^'^jd jo$e?m 
cette femcnce féconde , que Dieu a bénicp^j^^^s^uj^^, 
fin conf^quence des ordres de votrcViccroi, Cathoi. 
^des inftanccs prières que mon devoir 
Paftoral cxigcoit de moi , m font revenus 
dans cette Ville , & ont généreufcmcnt par- 
donné le dommage , qui n a pas été peu 
confidérable , que la révolte de cette Pro* 
-vînce leur a caufé dans leurs biens tempo- 
rels y mais il n eft pas raifonnable qu'ils en 
u(cnt de la même manière au fujet des ca- 
lomnies & des fauifctés , dont les Tribu- 
naux fupériears ont noirci leur réputation, 
qui étoit fort faine ; car ils ne le peuvent , 
ni le doivent. On confcrve dans TArchive 
de cette Ville différents Edits , qui ont été 
rendus (ans Jarifdi^ion , offenfifs de la li- 
berté Eccléfiaftlque y injurieux à ma répu- 
tation , à celle de quelqnes-uns de mes 
Chanoines & du Curé de Saint Blaife , & k 
la fainte vie des Pères de la Compagnie 
de Jcfus : on ne les a point encore jettes 
au Feu , comme le méritoîent des Libelles 
diffamatoires décorés du titre fpécîeux de 
procédures foiies par des Laïcs d'une conf- 
cience dépravée, qui débitent par-tout que 
Votre Maje^é les a approuvés , parce- 
qu'elle n'a donné fur cela aucun ordre. 
Proftcrné , Sire , à vos pies les yeux bai- 
gnés de larmes , que Ijùt couler mon ccrur, 
plongé dans TaffliAion , je conjure Votre 
Majefté avec la plus rcfpeftueufe foumîf- 
iîon d'y apporter le remède , que dcman- , 
^ent tna dignité lezée , mon Chapitre Se 



jeS Pièces jusTitiCATit*^ 

j- g mes EccWGaftiqucs outragés , & laCompj^ 
gnic de Jcfas opprimée. Quoique pourk 
D^^"o$FPft préfcnt le Paraguay foît tranquille , il n'y 
jÀlosaurcu * point eu de lacisfa^lion dofinéc aux Par* 
iCArMoL. lies fi gravement ofFenfccs, & continod^ 
lement occm^s du fervice de Dieu m 
dn vôtre. qRI vienne donc , Sire , au 
ordre didé par votre piété , qui me faffe 
rcmcrtrc toiis les A6tcs contraires à la di- 
gnité de î'Eglife , pour être brûlés publi- 
quement : ce qui ell & fera l'unique fa- 
tisfaftion que je demanderai à votre clé- 
mence ro'ialc & catholique. 

Il n'y a pas long-teths que les Pères de 
la Compagnie de Jefus , aux inftantcs priè- 
res de la Frovînce & aux miennes, font 
allés à la cba/Te des Indiens, comme on 
fait à celle des Bêccs féroces , & ont raf- 
fembîé dans le Taruma la plus grande par- 
tic de la Nation Tobatine , qu ils ont ré- 
duite fous le joug de Jefus-Chrîft , & i 
votre obéifTance. Par-là , ils ont délivré 
cette Province du feu que ces Indiens 
mettoient à l'Herbe de Paraguay pour en 
confumer les plan'-atiohs. Cela s'eft fait 
fur les reprefcnrarions d.es Religieux de 
cette Ville à votre Lieutenant Général Dom 
Bruno Maurice de Zavala , pour l'engager 
à prier, comme je fis auffi , le Provincial 
de la Compagnie de Jefus , qui étoit venu 
pour terminer lafFaire du rétabliffemcnt 
de fes Religieux dans le Collège de cette 
Ville , de nommer quelques Miflionnaircs 
Apoflolîques 5 pour conquérir ces Barba- 
res à rÉglife & à votre Bomaine ,.cc 
qu ils ont glorieufemcnc exécuté. Le même 



[ D» L*Hi$TOiiii ov Paraguay, jdf 
" *bIc leur fait aAaclIcmcnt entreprendre la ^ g ^ 
, Miffion des GUanahas ^ voifins des Para» ' 

' i!tf/. Je prie Votre Majefté de donner or- £,^"^^^j"* 
dre qu'il nous vienne pour ces faintes ex- p^^os auRoi 
pédicions une Troupe nombrcufc d'Ou-CATHOL. 
nicrs ^pofloliques ^ qui aident à tirer à 
terre les fijets qu à 'jettes le petit nombre 
4e ceux qui (ont occupés de cette pèche 
/pi rituelle. En procura4||)a gloire de Dieu, 
Votre MajeQé augmentera la fienne » met<- 
tanc ^"t ^es frais > tant d'Ames en état de 
gagner le Ciel. Dieu coaferve la Perfonne 
roïale & catholique de Votre Majefté pour 
la défenfe de l'Eglife Catholique & la 
propagation du Chrifhanifme. 

jé VAffomption du Paraguay^ ce g 
de Février 17 3 S. 

FKERE JOSEPH, 
tvçque du Paraguay. 



%#' 



DE L*HlSTOTRl DU PaRAg\7AY. JH 

ponr le bien comman de cette Province. '- 

C'eft en rougifTant pour notre Patrie, que '73». 

nous faifons à V. M. Tavcu de ce que ^'^''"•^ ^* 

cette faintc Compagnie, a foufFert ^^^^ h^^^^^^q^^ 

cette Province, qui s*étoit toujours fait au Roi C. 

gloire de fa fidélité & de fa Religion , 

mais où il sc(k trouvé des Particuliers , 

qui en ont troublé la paix , & fans égard à 

la foumiffion qui eft due à Votre Majefté 

& à la fainte Eslife , ont altéré une paix, 

qui s'étoit con(ervée depuis tant d'années. 

Enfin par le moïcn des remèdes > qu'ont 

appliqués au mal vos Minières , &c par ceux 

que nous attendons de la haute pénetratîoa 

èc de la prudence fupérieure de Votre Ma« 

jefté, nous efpérons quil s'établira une 

loi i de & perpétuelle union des cœurs -, ce 

qui a toujours été lob) et de notre atten* 

tion. 

Nous eroïôtis devoir informer Votre 
Majefté que dans l'Archive de cette Ville 
fe lonc confervés divers Aûes dreffés par 
la Commane , qui , fous le titre de procé- 
dures » font des Libelles diffamatoires , in- 
jurieux à la réputation & bonne renommée 
non feulement des Révérends Pères de la 
Compagnie de Jefus , mais encore de plu- 
fieurs honorables Habitans de cette Ville. 
Comme nous avons informé l'ExcelIentif- 
fime Seigneur Dom Bruno de Zavala que 
1» fufdite Commune en avoir donné la 
communication à Votre Majeflé , Son Ex- 
cellence n'a point févi contre ces A êtes , 
ainfî quil fe- l'étoit propofé, & par le 
même motif nous n'avons pas cru nous* 



)ii Pièces JusTiricintit 

g tncmcs devoir y coucher jufqu'i ce q«é 
'' * Votre Majeité en aie ordonné comme clic 
Lettre du j^ jugera à propos. Nous croions feulc- 
del'AuompI «Tient devoir avertir Votre Majefté que ces 
AU Roi C. Ades qui ont été dretfés fans amcorité lé- 
gitime , blcffent la Jurifcliâion EccléfiaC* 
tique , & ne font que des Satyres diéVées par 
des Hommes dune vie liccBcieufe» (ans 
pudeur , fans confcience & fans honneur. 

Nous avons demandé , Sire , au Sei- 
gneur Dom Bruno de Zavala, & nous 
avons exhorté le Révérend Pcre Provincial 
de la Compagnie de Jefus à nous accor- 
der le rétabliflcmcnt des Révérends Pcrcs 
dans ce Collège y & nos vœux ont été 
heuretifemenc accomplis. Nous avons tout 
fujec de nous en féliciter , puifaue par ces 
Hommes animés d un zèle apouoiique y la 
jeuneffe cft bien élevée, les doutes font 
éclalrcis > les vices font réprimés & toute 
la Province y trouve fon avantage > com- 
me on réprouve dans toutes les occafions : 
pour y coopérer de notre part nous avons 
prié le Seigneur Gouverneur de permet-? 
tre la fondation d* me Bourgade dans le 
Taruma pour les Indiens Tobatis y que le 
zélé infatigable de ces Religieux a tirés 
des Forets. Ce qu'il y a de tacheuz , c*eft 
que la moiffon étant fi abondante, les 
Ouvriers font en petit nombre. Le zèle 
catholique de Votre Majefté fera en (brie 
qu'en les multipliant la récolte augmea* 
tpra , & nous l'efpérons de votre zèle. 
Notre Seigneur confervc la catholique k 
ix>lialc PcrfouBe de Votre Majefté pour Je 

bc&in 



Di t*HisroiR« DV Paraguay. 31 j 
îfoin de la Chrétienté , & comme nous 
dcfif OBS : 

^ous baifons les pies de Votre Majejlé , 
jes plus humbles Sujets , 

OMINIQUE DE FlECHAS , ChaRLES D^S 

os Reyes Valmereda , Jean Ca val- 
erg DE AÔASCO , JOSIPH-LOUIS BaR- 

EYRO, André Bénites, Jean Gon- 

ALE2 FrEYRE. 



LETTRE 

)E DOM JOSEPH DE PERALTA, 

DE l'Ordre de S. Dominique , 

EvÊQUE DE Buenos Ayre's , 

AU ROI PHILIPPE V, 

Uans laquelle il lui rend compte de 
Vltat où il a trouvé Us Miffions 
. des Jéjuites , dont il avait fait la 
• vi/ite par ordre de Sa Majejlé. 

^i N O R. 

JTiN Carudc^xS de Junîp del ano paf- 

(ado de 1741 , pafc en la Real noticiade ^'* 

Vacftra Magcftad , que aviendo recevido J-^"*-" "* 

T» ° IJ^4. 1 ii^ DOMJOS. DE 

ea -Lima , por el mes de Odtubrc del ano pei^alta. 
40Ceccdcnie de 1740^ las Bulas teftimo^ 
. Tomç yj. O 



)i4 Pièces iustipicativîs 
""■"■"— ~ nialcs pafladas por el RealX^onfcjo en cl cie-» 
^ '^^^* cutorial à Vucftra Ma^cftad , ( que las ori- 
Lfttke de gij^alcs no las hc rccaudado hafta oy ) me 
I^eIlalta.^ confagrcfîn dilacion en ei mes immediaco 
de Novicmbre > v en cl primer navio^ que 
falio del puerco dcl Calledo , me embarguè 
para el Reyno de Ch île en ii de henero 
figuicnte, quericndo mas corrcr los ricf- 
gos del mar , y de la Efcadra InglcGi , 
que Te temia panalTe por aquel verano al 
Mar del Zur, que padccer la demora dcl 
TÎagc dcTierra , que me rccardaiia dobU" 
damentc el arrivo a cita Ciu'lad y fii 
Cathedral , eftimulado del zelo de confolaT 
los Pueblos y ovcjas, que me ficne Vucftra 
Magcftad encargadas , y tenerlas prévenir 
das en la conRancia de nucftra Religion , 
yen la fidelidad à Vucftra Magcftad, como 
xne ordena en Cii Real Ccdula de 8 de 
^gofto de 1740 , para en ca(b que fe hi« 
xiefle alguna ifrbafion , y defcmbarco de 
Inglcfes en el puerco de efte Rio de la 
Plaça. Y luego que comè pucrro en Val- 
parayfo , puerco principal de aqucl Reyno^ 
fin enccar en fu Capical , p.>r no decenerme, 
fcgui el viaje de Tierra , por caminos los 
nais arperos , y fragofos » con grande va- 
ricdad de ciempos , afli en las Cordilleras 
nevalas, como en los llanos fumamcnce 
ardicntes , y en que boWi à correr nuc- 
▼amence los riefeos de la vida , por tat 
fréquences incurlicncs, que los Barbares^ 
que habiran en I0 incciior de efla*; tierras^ 
ha7^n fobre los caminantes, de que en 
cftos dos 9nos pjflados fc han vifto muy 
laiUmofos eftiagos* Y luego quç enoè CA 



©E lUistoiri dtj Paraguay. îtj 

la Jurifdiccion de cftc Ohifpado , diprin- ;; 

cipio à la V fta de la Dioceûs en codos los ^75 5* 
Pucblos V Paioqjias que cftàn en cl diihi- ,f^^^*^^- ^* 

/ J I • J J r DoMjOS. DE 

to , contmuandola immediatamentedclpucs pe^^alta. 
<]ue comè pofTeflion de la Caihedral ^ y en ' 

codas las Vice paroquias y Capillas , que 
cftàn dentro de furccinto y comarca , mi- 
niftrando el Sacramento de la Confîrmacion 
« una multitud numerofa de mas de diez 
mil Parvulos y Adultes de ambos uxos. 

Y en confeqnencia de efto , por cumpli- 
mienco de mi obligacion. y en dcfcargo de la- 
. Real conciencia de Vueftia Mageftad, lue- 
go que cerrè aquella vidta , pafsc à ha- 
xcrla en las Ciudades de Santa Fée , Cor- 
ricntcs , y de las Dodrinas , que eftàn muy 
ticrra à dencro à cargo de los Religiofos 
Apodolicos de la Compafiia de Jelus en 
los terminos de la DioceHs. Per lo qiehc 
vifto y advertido con todo cuydado y vi- 

E'iancia de mt Padoral Miniflerio , me 
i parecido hazer à Vueftra Mageftad al- 
guua individual noticia, por que fu Real 
piedad en lo que neceflita de fu paternal 
auxilio y fomcnro , fc digne de rcpartirlo 
à cilos fus humildcs y fîdeliffimos VaflaU 
los , y fe complazga fatisfecho cl Real 
xelo de V. M. en lo que cftà conforme al 
mfUjf Chriftiano corazon de V. M. 

LaCiudad de Santa Fée , que difta titti 
léguas de la de Buenos-Ayrès , fue la mai 
florida de c(ta DioccHs ^ y la de el Paraguay 
cumplidamtnte habitada de muchas Per-« 
fonas de nobleza , muy bien Fabricada , y 
muy favorecida de la natUraleza por fut 
iiermofos âos y feccilcs campants, qUQ 

O ij 



}t^ Pièces justietcativis 

les circundan. Pero de algunos anos à cfti 

^7+î' parte fe ha ido dctcriorando en fu plantas, 
LïTTKE DE y menofcabando en gentcs^ por iinbafio- 
DoM Tos. DE nés continuas , que ha padecido de una Na- 
ERALTA ^.^jj Barbara de Indios, que Ce dixcn 
Guaycurus y Charuas , que hafta el ano 
de 1716 i no fc havian necho conocer, 
habitando retirado en los montes, teme- 
rofos de la mayor fuerza de los iirpanolcs : 
pero faliendo poco à poco à robar las Cam- 
panas y ganados , fucron forinandore atre- 
vidos en alguna eCjpecie de Milicia , coa 
los cavallos que robavan, y fueron pa- 
iando à mas infultos, fîempre à traycion , 
y por forprefas , cftilo de todos los Barba- 
ros , que habitan eftos Payfcs y las im- 
menfas Campanas defde cl Reino de Chi-> 
le, hafta lasTierras remotas dcl Paraguay. 
Y como cfte modo de gucrra hailava or- 
dinariamente deprevenidos , y (în defenfa , 
principalmente los que eftavan en las 
Cranjas , que aqui llaman efiancias , ocu- 
pados en cl labor de la Tierra y cuidado 
de los ganados , padecian la muerte (în 
poderfe refîftir à la mulcitud , que no 
pcrdonava edad ni fexo , fîendo la menor 
crucldad llcvar cautivas las mugeies, y 
a'rraftrar en grandes t repas los ganados j y 
entre los muchos, que han padecidofcn 
fus haziendas , es el Colegiu de la Compa- 
liia'de Jefus de aquclla Ciudad, la de una 
bien confîderabFe nazienda , que cenian à 
poca diftancia de aque la Ciudad, que ha 
quedado totalmente arruinada y defieira, 
pbr cuya pcrdida viven con grande cfttc- 
(hcz y pobreza, viendore piccKadps % 



Dt l'Histoire DU Paraôuay. 317 

bnfcar otros arbicrios , para fabfîftir en lô ^ " 

inuy prccifo > y para aflTiftir en todo el 
Pacblocn la dodrina y prcdicacion, y cn^^^Jj^^^^ 
las continuas confcfHoncs , y demàs çafto pbj;.aita. * 
cfpïritual : y cl temor de cftar à la prcfa 
de cftos Barbares fuc atemorizando tanto à 
la eentc, que han fîdo defaroparando por 
bulcar otros luc^ares muy diftantcs de fu 
<}i(lrito, efperando lograr alli alguna fe- 
guridad ; y oy eftà en tanta cftrechez, que 
en medio de haverfe hecho unas pazcs ^ 
como con Barbaros , les fucede lo que à 
los de Betulia en el cerco de Holoftrnez , 
que folo cultivan aquellas pocas Tierras 1 
que lindan con la Ciudad , y tiencn I05 
Ganados y Beftias de fervicio unas pocas 
oras en los paftos immcdiatos ; y al caer 
de la tarde los recojen todos en la Ciudad, 
dandoles cl pafto y bebda mas como re- 
focilacion , que por libre defcanfo y dcfa- 
hogo , por que en medio de la paz fe ro- 
ban todos los Ganados, que por defcuido 
en cl camno fe qucdan , dixiendo que la 
Paz firve folo para no hazer muettes de 
hombres , ni mugeres , pero no para dexat 
de robar quanto pudieten. Y fin embargo 
tambicn hazen muertcs en algunos caini- 
nantCR por robarlos. Efto tiene la Ciudad 
en gran neccflfidad y desdicha * y fuma- 
mente minorada de gente , por havcrfc re- 
tjrado muchas Familias à îos Montes y 
fîcrras diftintes à donde no puede llegar 
el fîlbo de el Pa^or, carecicndo alli los 
pobres de el confuelo de la Milfa y fre- 
qnencja de Sacramentos, y lo dol oro fo , 
en los cafos de la nlcima neceffidad. Y 

O iij 



ft* Fiicif msTificjrnTî» 

' ainque para confervar tal quai cfta fcl> 

'^ ' paz Te ha formado y mancicnc nna Com* 

Let RE DF p^^;3 jj^ bi'nibres, en que cntraomiKbaS 

DOM.JOS. DE \ , L • J 1 V I 

PiAA^ïA.. ^^ ^^ ^"^ havian de ubrar los campos^ 
pe o es el numéro corto para conrcner à 
it#s EncmitTos; Y de li primera planra,eB 
qjc fc fundo , fc hi mmorado de alguo 
tiempo la niita^i , y cflàn con efti falta de 
Xiilicia cafî tocalmente fin dcfenfa ; loque 
me ha parecrdo inftiriDaf à VueAra Mf 
pedad, pira que flcndo fervido , de fut 
Relies Ordcnes , para ouc (c mancenga 
fiemr>re e(la Compania de Soldados en û 
mîf'Tïo pic, que fc levante, o cooformc 
fucre la Real rr.erced de V. NL 

De la Ciiidad de SaiiTa-Fec pa(sé àTÎfîcar 
los Putblos de las Miflîones , qtic .eftàoat 
cnidado de los Reli«îiofos Apodcticos àt 
h Compania de Jcfusj y empiezan fos 
Rediicciones à 500 le;j»uas de diftancia por 
caminos désertes > llenos de afpereza f 
peli^^ros , artî de los Indios Barbaros ,y de 
1ns fieras , como de varios Rios caudalo- 
fos , q.ie fe bnn de traverfar para llegaral 

^ primcro de los Pacblos. Edos confîftcn c» 

treinta Do(^:inas dif^anrcs unas de orras 
por dîcz^ doze, y h «(la veîntc léguas > 
icg'iû 11 extenfîon , que ha fido neceffaria 
parles de tien as para fcmbrar las cfpecici 
que (îrven de fuftento à los Indios, y para 
roanuner los Ganados para la afliflencia 
ie los Fnfermos, y muchas vezes para et 
total fuflento , quando por la falta de las 
aguas fe pierden las femeateras, y al fin âà 
5tfîo fc acaban las Troxes. 
D.t cftas tieinia Doâci&as las dliez J 



*i l'Histoire ©ù Paracuait. jï^ 
fiètc pcrtcneccn à cftâ Diocefis de Buenos- ■'■■ 

Ayres , y Us trezc à la dcl Paraguay; y '745* 
haviendo vifîtado todas las de mi Juril- Lettre »t 
diccion, pafsè tambicn à adminiftrar cl î>o^* J*>'' **• 
Sacramento de la.Confirmacion en algunas ^^^^^"^^^ 
de la Junfdiccion del Paraguay , à inftan- 
cia y con facultad d l Cabildo , Stdc va- 
cante, de aquella Iglefîa. Y por que iio 
dudo que el Real ychrjftianiffîmo ^elo de 
Vucftra Magcftad recibirà una plazida fa- 
tisfaccion y complazencia informado de 
cî eftado y progreffo , en que fc hallan 
cftos pobres Inciios humiides VafTallos de 
Vuef^ra Migeftad , me ha parecido exponec 
à fu Real piedad y conciencia todo lo que 
he vifto por mis ojos , y he tocado por 
mis manos ; Ueno fiemprc de un gozo y 
confuejo efpirirual , que me hazian ligeroâ 
todps los trabnjos y afincs que impcndia 
en vifîtando y reconociendo aquella mul- 
titud de Ovejas , que puelbs en tan difc- 
rcnres Rcdilcs , parcce q*'ie cTlàn en un rc- 
bafio folo al (îlbo de fu P^flor. 

Yo he falido con pena de apartarme de 
cUas y tan Ueno de dçvocîon , que repito 
todo«5 los di^s las grarias à Nuefiro Senor 
por Ins bendiciones , que dlfunde en aquel- 
las genres por la? mano<; y direccion de 
aquellos Santés y Aportolicos Relis^iofos, 
cuya ocupacion continua es inftruirlos 
y afîrmarlos en la Religion . y lenerlos 
fîempre promptos al fervicio de Vueftra 
M^gcftad , en una lenidad ran fervorofa 
conio (î h huviefîen traido oiiginalmen-* 
te de fus Mayores : ver los Tcmplos , cl fer- 
vicio dçl cttlto Diviao ^ la pîedad en ci 

O iiij 



jio Pièces - JUSTiricATivES 
j-^j oficio y la dcftrcza en cl canto,e1 afcay 
- _ ornamento de los AI tares , cl rerpeto Y 

DoM Jos. DE niagnificcncia , con que le firvc y cclcbraa 
PiKALTA. Nucftro Scnor facramentado , me canfava 
por una parte una ternora inexplicable , y 
por otra una confudon vergonzofa , viendo 
una tan grande difercncia entre unos Pue^ 
blos , que acaban de falic de fu gentil Bar- 
baridad , y otros de Chriftianos antiguos » 
que debieran ir à aprender de aqaellos à 
jevercnciar y (crvir al Scnor. Y lo qac 
entre todome internccia, cra ver cntrarça 
las Iglefias , al tiempo de cantar los paja- 
xos ^ en que yotambîen eftava prefentc» 
wnos cxercitos de Angelicos innocentes , de 
ambos fexos^ feparados unos de ocros, 
alabando al Sefior en cantos dcvotifTimosy 
daiciffimos \ me pàrecian unos companeros 
de aqucllos aftros matutinos , conque el 
Senor hazia pruebas al Santo Job de fa 
grandeza , y efta mifma proceflîon fc rcpi- 
tia y fe rcpitc todas las tardes en todos los 
Pucblos , y en todas las Iglcfias ante dépo- 
ser fc cl fol , de modo que en aquellas Doc- 
trinas la maiinna y la tarde hazen (icropre cl 
dia de la glotia del Sefior \ y todo efto fc 
logra por el ciiidado , zclo y tcfon ^ con 
quevclan aqucllos Santos Rcligiofos cala 
cducacion y enfcnanza en fu^Pueblos. 

Y cfto PO fc conticne (blo en lo , que es 
tan principal, como es lo cfplritual ,. por- 
quctambienla pradican con el mifmoco- 
nato y tcfon para cl beneficio temporal de 
los Tndios , faliendo con cllos , defpucs d^ 
dadas las diftribuciones par4 d fervicio dç 
las Iglcfias , à cfcogcr las mejorcs ticrras» 
para quq labxeo y hagaii (us femcncerasi 



l 



t)E L*HiSTOiitï DU Paraguay, f ii 
iandoles para cfto los Bueycs y herramîen- ■ 
tas neceÀarias ; y Qbfcrven en cfto tal ca- '743« 
rîdad y providcncia , que pa-a todos los^*"^*^^^ ^^ 
Ninos y Ninas , aue han qiiedaio huerfa- p^,^lta.^* 
DOS por mucrte de fus Padres, les hazeu 
(cmentcra à parce , que rccogida fe cntrega 
diiriamente à un Mayordomo , que tiencn 
nombrado , para que les hag^ de corner ; 
^ à fas^ que han quednda viudas y folas, 
es h^zen las femcnteras muy cerca dz los 
Pucblos , por qne ficn«io mugcrcs mayores , 
no cenganel trabaxo de caminar à diftan- 
cîas à recogcr fus cofcchas, teniendolas ocii- 
padns en lo reftance de el ano ^ afli à cftas « 
comoà las de mas de fu fexo , en hilar el 
algodon , que texido por los Indios de di- 
chas Dodrînas , firve para el veftuario de 
todos, con cuya providencia andan muy 
atcados y muy decenres. 

y por que no fe fahè à lo principal , que 
es cl culto Divino , tiencn una cf^ucla fc- 
parada» donde enfenanlos Ninos del gre- 
xnio de camores, y los que han de apren- 
d^er las danzas para las fîeftas de cl Sefior ; 
y à los Maeftros , qUe cftàn ocupados en 
cfta dïftribucion , les hazen lambicn à par- 
te fiis /cmenteras. Enfin , Sciior , cftas Doc- 
trinas y eftos Indios fon una abja dèl Real 
pacriroonio de Vueftra Mageftad , tan cum- 
plida y corrcfpondicntc à fu Real zclo y 
piedad , que G Ce hallarè ocra îgual , no fera 
IDCjor. Y por que eflios pôbrcs confcrvan una- 
cortcdad y mifcriade corazoïi en ordcn à fusÀ 
^crfonas, y concentandofe conpoco, ha- 
:ien las femenrcras cortas , parccicndoles- 
6afta0tc-gaU-fu fûfl:cnto , y fe hallan- fal-' 



311 Pièces ivsrinckTîyt9[ 
, — , tos en la qucnta à los ultîmos tcrcîos d'c tî 

1745* ano i los Rcligîolbs >.con c(laexperic^cia^ 
IETTM DE y por fuplir à la nccefTîrad , mandan hazer 
DoM Jos. DE iQ^Q^ Iq5 anos una fcmcntcra bien grande,. 
fiR.ALTA# j^ ^^^ recogida guardan para acjuellos mc- 
fes en que fe acaoaron las dé losIndios,j 
con eila didribuyan codos los dias el'fuften- 
tô à los que lo ncccffîtan : y Inuchas veccsj,. 
coma in fin no à Vueftra Mageflad , no fon; 
fufficientcs eftàs providcncias i y cnroncc$i 
fc valen de los ganados', que tienea: folo' 
para el efcAb dé fuftcntarlosencftàs necef- 
fîdadcs^, fùera de lo que entrcanb les mi- 
nifbran , afli à los cnfermos , como à los fa- 
nos ; de todas cftas fcmcntcras , aflî parti- 
cularcs , como comuness no hazen traficO' 
algiino , ni fe faca grano alguno , para otras- 
Provincias , ni tan poco de los^ ganadôs>. 
y con todo cfto fiemprceftàn , fî alcanzao,, 
6 no aîcanxan , al ario para, cl fliftcnta dt 
^ los Pucblos. 

Puera de cftas fcmîllàs y granos-, bene* 
fician los Indîos orra efpecie de fiutaindnf-- 
trial de las ojas dé unos arbolcs , toftadas^ 
al calor de un poco dé fiicgo , y rcducido^ 
con aYte à partes muy menudas : es la que.- 
llàman ycrva dcl Paraguay, conocids muy 
comunemente en eftas Provincias,. y la'dbl- 
l^crti , tomandb el nombre de aquella,. 
dënde fe dcfcubrieron los arbolcs , y dônde: 
€»el principal y cafî todo el franco 5 de- 
dbndç cenfuman los hombres , mugeres y: 
NiSips de todbs los Pueblos de las Mirtîo— 
ncs una camidad , que fe les reparte mana^ 
Ba:y tardeà cada individuo 5 y porque eP- 
tw yicrra^; no ft. ppodocc. en» todo^- kt&. Fmt 



DE L*HlSTOlltE DU PâKAGUAT. 1.1 ; 

6lo5 de las Miffioncs , la compran los que f ■ 

ûo la tienen, ficndolcs tan prccifa à los ^7^'* 
Indios , como cl alimento. De los Pueblos I-ettile db 
que la bcncfician , los mas abondantes de p^^lta.^* 
geoce labran cl ano mil acrobas , fi la fa- 
zon les tercia bien ; otros crabajan oclio- 
cîentas > y los de mènes gence (uclen no al* 
canzar à dociencas , en algunos afios , que 
rebajan mucho las cofechas , porque fîendo 
folo de las ojas y es necefTario dar tiempo 
à los arboles , para que las crien de nuevo , 
y las pongan en pcrf eda fazon y mudarcz , 
de modo que cl arbol , que fc defnudè un 
ano de las ojas, tarda dos y très en veftirfe 
y poner en eftado , lo que rcconoci tambîcn 
en la vifîta. 

Eftc es unico fruto, que vendido en eftaf 
Provincias , y la del Pefu , da todo cl alivio 
para cl reconocimiento del vaflalajc à V. M. 
y {î les queda alguoa utilidad con fu produc- 
to , entregan eu eftas Reaies caxas 1440 
ïefos de lus tafas y tributos , y de lo que' 
ics relia , hazen cl gafto tan piadofo, devo-- 
to y coftofo en las famofas Iglefias , y en' 
los ornamentos y vafos^ fagrados para cl» 
culto y fcrvicio Diviuo , y (îeudo tan ne- 
ceflarios los Parocos y operarios en aqueU 
las Rcduccioncs y Pueblos ; y adcmàs de- 
los, que eftàn en ad^ualtrabajo y exercicio * 
esprccifo tener otros fujetos prevenidos è- 
inltruidos en la lengua de aquellos Natura-- 
lès , para (ubrogarfc por los que muereft,. 
como murleron dos andando yo en la vifî**' 
ta , van refervando del produdo de aqueli* 
laycrva'algun dinero para coftear los fuje-^ 
ti^ y.ji tsacc de- cftos^Rcy/iO^' y otras Pro»«- 



l 



514 PlFCBS JUSTIIICATITIS 

-^y vincîas los Mirtîoncros, en que ademàs <îfe 

'* Ids cantidades . que cl Real zcio y picdai 

tETTRE DE j^c Vucftra MaPcftadlcs libra , eaftanotras 

Dom.Jos.de rj li r r " r 

VL%tii.TK "^^y confiderabics en lu tranlporrc; y Inc- 

len crecer mucho mas los gaitos . quanda 

por algun accidente fe les retarda et em» 

oargue en Cadiz , como ha fucedido- en lâi 

prefcDte gucrra 

Tambien ocupanfe otras porciones de 
^Inero en ccmprnrcavallos y armas en- que 
gaftan cantidnd de hierroy azcro , y Teftua»- 
xiqs para mantener un pic confiderablc de 
Milkiafiempre prompta à (trvir à Vucftra 
Wageflad en las ocafioncs que fc ofrczcan y 
y para venir à crabajar en las obras publia 
cas , como lo cftan exccurando al présente 
en la conftrnccion de la fortaleza de Monte* 
video , yaflr mifiiicypara dcfendfcrfiis Poe- 
blos y ganados de las corrcrias y hoftilida- 
des, que tes haren los Indios Infîeles, de 
que ertàn cercados , y muchas^ veces les. 
Iian robado ganados y cavallos, y loque* 
es mas dolorofo , han mncrto muchos de 
cdos pobres, captivandoles de ordinano 
lus bijos y mugeres ; y en todos gaftos fe 
bailan aleanzados , no pudtendo dar cum- 
plida fatisfaccion muciias vece» los Pa- 
ares Procuradorefî, quando los anos Ton m»- 
los , y las cofechas de efta yerva cortas , 6 
for los yclos, ô par la falta delkivias, 

Poreftâs razoncs crco que eftàn-dcfdc fa 
fundacion en pofTcfTîon de no pagar- diez-^ 
iDos V. ni de k>s- granos , ni de la yerva ^ 
ao (bJo eftos Pueblos de las Miflîones de 
Jos Rclîgîofos de la Compania pertenecien* 
te$ àcfia DIocefis , fîao es tambich lois de 



TTE L*HlSTOlRE DU VAtLAGVAY, fff 
la fundacion ciel P^îra^^uay } y U mifnn , ' ' 

pofK:(Tion hatv gorado y gozan fos dcmà^ '^ 
Pucblos de las Miflîoncs , que ticne Viicftra I-^Itri db 
Mageftad cncomcndados a los Rclit^iofos ^^^^^^^ 
del Serafîco y gloriofo San Franriico. Y 
aunque aleuno^ fujcros me pcrfuadian que 
ks mandaf!^ P^^^^ ^^"^ diezmos , no lohallè 
raziond , y hize di<îtamcn de lo contrario,, 
à virta de qiie no- trabajamdo aqncllos In- 
dio^ para traficar à h mWidsd y provccha 
^Kônn^^ly como los-Tndios ,y demas perfo- 
ras, que labran las ticrrasdeotras Provincial 
de cfte Rio de la IMata , y las del Pcrn y Chî« 
Je-, unicamcnte cor C\\ fu^ento en las fc- 
millas , 'y^cl tranco, que h^zen en la yer- 
ba , es fo^o para dar cumplimîento à fusr 
Tributos , y al fervicio del ciilto Divino, 
y al de Vueftra Mageflad y para lo quai mu- 
chas vczes no hcs alcanza , no ha^lè por 
d<mde , ni de dondc fe les pueda oblitrar à 
la paga de diczmos ; y affi Jos mamcngo- 
en cl gozc de cfta cxcepcion^ 

Vcn fo^quc mira al fervicio de Vueflra» 
MageAad ^z que acienden inmcdiatamcnte- 
dcfpuc» del de Dios , los tiencn los Reli- 

§îofos At^oftolicos tan bien inftruidos y 
ifciplinados y que pucdc Vueftra Mageftad* 
oy contar en todns los Puebl'os , aun def- 
^pucs del grave dcftrozo , que en r|1os hî- 
»cron h pcde de viruelas y el hambrc 
en las anos proiimos paifados ,. defde ii à- 
>4 mil hoœbres-de tonrwr artnas promro«^yy 
bien apreflados para- qua^quicra expedicioir» 
que fe ofrezca en fervicio de Vue^ra Ma-^ 
geftad ^ como lo han pradica lo- en Ias>, 
^pc {& oftederon cq losanos palTaios en ^ 



|1^ PlïClff ÏUSTIFICATITW 

. Paraguay, en que han dado moi graadei 

^'* prucbas de fu valor, Icaltad , y de elamor 

Lettrj de ^j^^^ ^ Vucftra Mageftad , cof- 

Pe8.ax:ta. tcandofc tocalmente de armas , cavalios y 
municiones , y cxponicndo fus vidas à to- 
do ricfgo ', y mucnos la han perdido en Cïï 
Rcnl fcrvicio. Y aora lo cftàti al prcfcnte 
prad^icando ea la condruccion de la forta^ 
leza , que fe edà haziendo por orden de 
Vueftra Maf^eOrad eu Monce-video « uno de 
lo^s puertos de Rio de la Plat a , dondc fuc«^ 
ron à pecicion del Governador de la Plau 
docientos Indios à crabajar con dos Reli- 
giofos de fus Do(^rinas, que à un mifmo 
riempo los edàn alentandb à que trabaxeir 
con caler, c inftiuiendoles à que rczca 
con dcvocion , imicando adi aquellos ezcel^ 
lentes Macabeos « que con una nianoefta*' 
van (Irviendo al calto divino , en la fabrica 
del Teraplo, y con otra , à fu Çaudilloy 
SoHerano en la defenfa d« fus Enemigos. 

Eflo, Senor y ha parecidô à mi obliga- 
clou informât à V. M. con efta relacion 
fincera , llana y verdadera > para el fofiega^ 
y confuclo de fu Real concientia , hazlett<- 
do grave efcrupulo de omitirla , por et- 
cargo del Minifterio , en que fu Real pie" 
dad fe digno ponerme, y porque en efte; 
conocimiento Vtieflra Magedad fkndo (et* 
vido , fe puede dignar de renumerar eftoi^ 
fervicios , lealtad de fus pobres indios VaG- 
fallos, y cl zcîo y traba)o , que en efto' 
îanpenden eftos g^andcs^ Varooes , à coycv 
cmidado eftàn.. 

Fucra de eftàs Rcdiiccîbnes'y Dbârînar,* 
laEallati oy atfO€^do^ru;ptos:> è^ la^ bûôùê» 



XïE l'Histoire DU Paraguay; îty 
Religion cntablando y ponîcndo los fiinda- ■ 

menros de una poblacion de Indios de otra ^^ 
Nacion , que llàman los Pampas , y fon I-^tre p» 
los , que en eftos anos pafTados havian he- pj^^j^^A.^* 
cho grandes hoftilidades, affi en las ve- 
zindades de Buenos Ayrcs , como en los 
caminantes que trafican dcfde Chilc à cfta 
Ciudad : y havicndo el Governador de cUa , 
Dom Miguel Salcedo , Icvantado un pie de 
exercito , lo dclpacho en bufca de los de- 
màs de efla Nacion , que fon en mucho nu" 
xnero de parcialidades , y viven azia h 
Cordillera , que confina con cl eftrccHodc 
Magellanes , y haviendo llevado el exercitor 
un Religiofo JeGiita de efta nucva Dodri- ' 

na , con unos IndioB interprètes y. Ibs re- 
duxeron à paz , y vinieron quatro Caciques; 
àc ellos àconfirniarlà , obligandofe à redi- 
tiiir todos loscautivos, que tenian appre(^ 
fados en différences ocafîones. £n eflos dias> 
immediacos llegaron à la Ciudad de Santa^ 
Iȏ otros Caciques , pidicndb con mucha' 
inftancia al Padre Redor de aquel Colcgio- 
dos Padrcs Jfefuitas , paraquc los inftruyef— 
fèn en la Santa Fè , que defeaban abrazar,È. 
^1 ellos , como los dcmas de fus parciali- 
«îades , que Uamanenefta Provincia, Api^ 
bon es y y Mocovis , Encmîgos, que en- 
tiempos pafTàdos han dado que entender ea* 
aquella aHixi'la Ciudad : para cuyo efeâo^ 
tienc el Padre Provincial de dicha Religioat 
ftiialadôs dos Sujetos , que vayan à fem-^ ^ 
brar en aquella tierra el grano del Evan- 
^clio-, pues parece que Dios Nueftro Senor/ 
io tiene affi difpueto. Yo cfpero en la mi— 
ikicardia diYxaa;^, qae coa. las paxca déf 



fl8 PlECtS mSTIFïCAlTfrti 

*' aqucllos , y la convcrfion de cftos, ha & 

^^5* crccer muchocn cftos parajcs la Kdigioo 
LITTM.K DE Cacliolica. 
JiitALTA.^' No ckbo tan poco omîcir que paflc tani'- 
bien à rifuar la Ciudad de Coiricntcs, que 
cftà à mas de cien Icgiias de dldancia de 
las Doclrinas , y aqui fuc cl doade hize 
el tranfico , que dize la efcricura , de nimî» 
ca\)rà intimofrio , de aquci calortan gran- 
de de dcvocion de los Pucblos Indios , à 1» 
gr^n tibicza y tricldad ,. que halle de bucn* 
devocion y chr!^tan«lad tn aqueîlas genres, 
que no Ton Indios , fino Efpanolcs 5 y ctt 
niedio di efla tibicza de la devocion, cfta- 
ban bien ardicnrcsen las pafTîoneSi La tier^ 
ra es mui dobbda macho mas que la de 
Santa Fè , pero muy mifcrable y dcfdicha-» 
da , y en medio de tcner tienas muy fecun-^ 
das , vive4i con mucha pobrcza y miferia 
por la incrzia y ociofidad de los nabicado* 
res , que folo aplican el calor à rencillas -, f 
h'ive de facir de alli varias perfonas, que 
/«cndo cafadas en Buenos Ayrcs , en cl Pa- 
rajg;uay y Cordoua , las dexaroiï , y cdavair 
alli con otras m ancres ocupadas, para que 
fueflcn à hazcr vida con las proprias, y à 
uno^yàecro, que fobre cftas criminall** 
dades, ténia la de turbar el Poeblo'Coitf 
difcordias y rencillas. 

Entoda eflavifîta de ta Diocefis dcfdr 
que entre por la Jurifdiccîon , por Io$ 
Paiipas , de Bucnos-Ay.es , h;»fta que hc 
Kecho cl circule entcro de fu diflrito,que* 
confifte en muchos cenrenares de le^aa<:,. 
<àebo reprefenrar a V'ïcfVta' Magcftnd , que: 
Ikc- ùdo coriicoda inuy graves crabajpi^ 



Bi L*Hï$TcniiE DU Paraguay, ji^ 

r peligros por dcfcargar la Real concicncia ." 

le Vqcftra Maeeflacf, y he aHminiftrado 

:1 Sacraracnto de la Confirmacion , affi en rÎ!fT tÎ^! ÎÎ 

os Paebios de mi Junidiccion , como en peu^alta. ' 

os dcl Paraguay , à mas de veince mil al- 

nas r y fi la perte , qae padecieron en cftos 

concornos , y los Pucblos , los anos pafla- 

àos , no huvlera robado otra tan ta mulci- 

tnd de perfonas de todos fexos y cdades , 

huviera fido cambien doblada la execucloti 

de mî miniftcrîo. 

Los Religiofos dcl Scrafîco Padre San 
Francîfco tiencn tambîen très Do<5l:nnas 
de MiflSones en la Juriffliccion de mi Obif- 
pado , que tambicn vifîcè en cumplimienro 
de mi oblieacion , y aunque eftàn tamhjcn 
muy arrceïadas, y los Fcligrefes miiy bien 
cducados c înftruidos en laDo6lrrnaChri(^ 
tîaoa y culto Divîno , pero halle en efto 
ulcimo baftantc diferencia de las Dodrinas 
de los Religiofos de la Compaîiîa , hallan- 
ào racnos gcnte , y baftanre probreza en las 
Iglefias ; y prcs^untando la caufa y me dixe- 
ron que nace de dos malos , que padecen : 
nno de que los Indios y fus Pucblos fou 
encomendados à particulares perfonas dcl 
Paraguay , y los Encoroenderos facan > 
(îcmprc que quieren , cantidadcs confidera- 
blcs de Indios y de Indias , para que fir- 
Yan en fus haziendas , y adcmas de dif- 
traerlos de la devocion , y culto Divino , 
les qnitan el tiempo de hazer fus fementas » 
y trabajar en fervicio y fabrica de las Tglc- 
/îas , y poblar fus Dodlrinas , qucdando à 
ciiferentes reprcfas muchos Indios y Indias 
en el Paraguay en fervicio de fus EncoaxeUi- 



JJO PlECBS lUSTXFlCATlVEf 

•*""J dcros : lo otro , por cftar cftas Do&TÏnM 

^^' cfpacftns à las invafîoncs de los Indios Paya* 
Li-TTM BE g,, 25 j q^ ç cQj^ diferentcs enrradas rieneii 
p^^^^^ '^^ menofcaKadas aqucllas fcliçrrcfîas; lo que 
dcbo poncr en noticia de Vucftra Maccf- 
tad, ra:ac]ue en fu vifta, pan cl fonege 
de fu Real concicncia , de la Provldencia^ 
quj fucrc fcrvido. 

Efto es en fuma lo qtic hc rcconocido en 
la vifîra rie la Dioccfîs , y lo «juc me ha pa- 
rcC'do informar a Vuei^ra Mag^-ftad, part 
cl rumplimicnrode mi obligacion y fervi- 
cîo de Vucftra Magcftal. Nucftro S^nor, 
gttirdè la Real Perfona de V. M. mucbof 
anos. 

SuenoS'j4yrts ;yhenero% dt ij4^. 

PRAY JOSEPH, Obifpo de 
Bueaos-Ayrcs* 



,f^^ 




BE L^HlSTOlRl OU PARAGUAY. ffl 

DÉCRET 

DU ROI CATHOLIQUE 

PHILIPPE V, 

\Au fujee de plujieurs accufations 
' intentiis contre les Jifuius 
du Paraguay. 

Traduit fur iioe copie imprimée & aathentîqiie. 

LE ROI. 



D 



' O M Barrhcicmy Je AlJunatë , Gou- ^ « 

vcrneur du Paraguay , mViant donné à en- ^745- 
tendic par fa Lettre datée de 171^ > àe Déchetp» 
quelle importance il feroît c^iic dans-lcs^***"'** ^♦^ 
Bourgades, dont la direélion cft confiée 
aux Pères de la Compagnie , tant celles 
qui font de la Jurifdicflion de la (îifdite Pro» 
Yince , que celles qui dépendent de la Pro- 
vince de Buenos-Ayrcs, il y eut troi'i Corré- 
gidors chargés de faire contiibuer les In- 
diens ( qui font plus de cent cinquante 
mille qui ne paient aucune contribution ) y 
de la manière qui fc pratique parmi les In- 
diens des autres Province^ du Pérou ; & 
d'y ouvrir un Commerce libre, dont ils tî- 
leroient de grands profits par la facilité 
€|u il leur donneroît de païer leurs contri- 
butions du prodt'it des fruits de leurs Ter- 
xes& de leur inJuftriej lefqueUes cootiisi* 



JU Pièces nJStmcATivw 

butions pourroicnt foornir à rcntrctîcn ^ 
^*'' rAriîIce du Chili & de ta Garnirbn de Dw- 
Fh^li^pe V^ nos-Ayrès , oucre qu'on en tircroic encore 
' une fomme confîdérable pour mon Tréfor 
Roïal j qu'on pourroir même régler que ce» 
Corréoridors fecourroient la Garnifon de 
Bucnos-Ayrès , quand il en feroîc befoin, 
& que les caufcs d'Appel de leurs Senten- 
ces fcroient jugées par le Gouverneur du 
Paraguay ; que ces mêmes Corrégidors fc^ p 
roîenc tenus de faire le recouvrement dîs V 
contributions , qui n'auroicnt point été r* 
païécs par le pafTé , & de les faire fur le '^ 
pied de celles qui fe tirent des autres Pro- 
vinces; que ces levées ne fe feroîent pas 
en argent, mais en effets provenant des 
fruits de la Terre & de rinduftric; que le 
tout fcroit porté à rAflbmptîon du Pata^ J 
guay, oii il y auroit un Trétbner & un Bu- 
reau pour y recevoir les contributions & en 
tenir le compte 5 & entretenir pour cet 
effet une correTpondance avec les fufdits 
Corrégidors 5 & que de-là on fcroit paflcr 
toute la recette à Santa-Fé de la Vcra- 
Cruz pour y être vendue , & r?rgent remis 
dan«; la Cailfe Roïaîe de Buenos- Ayrès, 
d'oii l'on tireroit de quoi païcrla Garnifon 
de cette Place & T^rmée du Chili. 

Sur cet cxpofé & fur ce qui me fut rc- 
préfenté à ce fujct dins mon Confeil des 
Indes H.ins une AfTemblée du vingt & nn 
Mai de la même année, je trouvai bon d'or- 
donner par des Céduhs Roïalcs , datées da 
S de Juillet de l'année fuivante 1717, aui 
Gouverneurs de Buenos Ayrès & du Para- 
guay y que fe régUnt fur les Loiz de mes 



DE l'Histoire du Paraguay. 355 
Domaines des Indes , ils fiffent le rccou- ■ 

vrcmenc des Tributs & des Taxes de ces In- ^74J- 
diens & de tous les autres , quels qu'ils fuf- ^^^^^"^ ^ 
fcnt, fur le pied , oii il avoit été réglé , ^«'^^"^ ^' 
au cas qu'on ne l'eût pas déjà fait , & qu'ils 
informalTent pourquoi on ne l'avoir pas re- 
couvré. Je leur ordonnai aufïi de donner 
avis de tout à mon Viceroi du Pérou, afÎQ 
que de Ton côté il vérifiât le fait, & que 
fuppoté qu'il le trouvât vrai , il veillât fur 
la conduite de deux Gouverneurs en ce 
point , & qu'au cas que quelqu'un d'eux eût 
manqué à ce qu'il devoit , il prît les mefu- 
x.s convenables pour affûrer Tcxécuticn de 
mes ordres. 

Sur quoi Dom Martin de Barua , Gou- 
verneur par intérim du Paraguay , me 
rcpréfenta par fa Lettre du ij Septembre 
1750, que fur ce qu'il avoit j^u favoir pen- 
dant plus de cinq ans , qu'il avoic gouverné 
le Paraguay , c'étoit fans connoillance de 
caufe, qu'on m'avoit mandé que dans les 
M'flîonsdvS deux Provinces il y avoit cent 
cinquante mille Indiens , qui dévoient paicr 
le Tribut 5 que par les réccnfemens des 
treize Bourgades de fa Jurifdiâion, il ne 
jugcoit pas que dans ces deux 1 rovjnces il 
yen eût beaucoup plus de quarante mille, 
puifquedans les treize appartenantes à la 
Jiiri 'didion du Paraguay , les Rôles qu'on 
eii avoit faits ne montoient pas à plus de 
dix mille cinq cents ou onze mille , d oii il 
ccncluoit que celles de la Jurifdidion de 
la Province de Buenos- Ayrès étant au nom- 
bre dix- neuf ou vingt , il n'y avoit pas dans 
ces deux Provinces plus de quarante nûllu 



3? 4 PlICM nJITIFICATlTl* 

Imlicns^qui dafTcnc païer le Tribar. e 



Ï745- Qacquandà l'EtaWilTcmcnt des Corré- 

DécR-ïT Di gidors Efpagnols il croïoit devoir mr faire 
rnitippi V. connoître les grands inconvdniens qu'on en 
pou voit craindre; que ces Indiens écoienc- 
excrcmement faciles à tourner conune oa 
veut , & que n'aïanc jamais été gouvernés 
que pat les Pcres de la* Compagnie, ils ne 
reconnoilToient point d'autre autorité , qae 
celle des Curés & du Provincial des JéfuU 
tes , Se qu'il falloir s'attendre que dès qu'on 
voudroit introduire la moindre nouveauté 
d^ns leur gouvernement , ils fe fouleve* 
;:oient , ou fe di rpcrferoicnt d'eux-métnes^ 
Se ic réfu^ieroi;:nt dans les Montagnes; 
qu'il ne manqueroit pas de gens qui les y 
décerrhincroicnt ; que cette crainte étoit 
d'aurant mieux fondée , que leurs BoDrga« 
des font trop éloij^nées des Habitation? Ef-* 
paiinoles pour po'ivoir êcre roumifcs, les 
plus procncs de Bienos-Ayrès en étant à 
cent cinquante lieues , & quelques autres 
à trois cents j les quatre les plus proches 
de rAiïbmprion en étant à cinquante lieues^ 
trois autres à foixaote , & les fix derniè- 
res au de-là du çrand Fleuve Parana , ft 
toutes éloignées les unes des autres de fcpc 
à huit lieues. Il ajoûroit encore qu'au cas 
qu'on juaeât à propos d'établir un Corré^ 
gidorpour les fcpt Bourtrades les plus pro- 
ches de l'Aifomption , qui font Saint-Igna** 
ce Guazn , Notre-Dame-de-Foy , Sainte- 
Rofe , Simty.^Çv-ï , Icapua , le Jcfus & 1» 
Trinî'^é , à H<frv:in de faciliter dans les oc- 
cah'^ns nécclfaires leur communication avec 
lesErpagnols de cette Province j ce qu'il 



t 



DE I.*HlSTOlRE DU PARAGUAY. JJf 

«rroïoit très difficile à exécuter , il ne Ce trou 

▼croit perfoniic qui fouhaitât cer Emploi, ^^ 

chacun fc défiant fur-tout des maximes des J^^^^^"^ p» 
»,.^ • I • I • r Philippe V. 

Miiiioiinaires, qui depuis la première fon- 
dation de leurs Bourgades avoienc eu prin- 
cipalement en vue de les éloigner de telle 
ibrte , que tout commerce avec les Efpa- 
> giiols leur fut impoflfible , & a voient même 
[ interdit ce commerce à leurs Indiens : que 
cela fe voïoic évidemment à Saint-Ignace, 
ccrcc Réduction étant environnée de haies 
fort épaifTés , & n'y aïant qu'une feule porte 
pour y entrer , ce qu'on n'accordoit à aucun 
jBrpaçnol , fans une permidion czpreife du 
* J^iffionnaire. 

. Qu'au fujct du Tribut, il devoit m'in- 

: former qu'il avoit écc réglé à huit aulnes 

i A coile, qui c(i le falaire de deux mcîs 

' 4u travail de chaque Indien ; mais que 

ccnx-ci n'aïant pa»; la libeité, qu'ont ceux da 

Pérou , & tout le fruit de leurs travaux étant 

- i la difpofitîon de? Miîfionnaires, qui pic 

- Ifc moïcn de leurs Miniftrcs Indi* ns fc 
^ chargent de pourvoir aux befoins de toute 
î là Bourgade , & qui , ?prcs avoir donné à 
! chacun ce qui lui faut de toile pour fe vc- 
ri lîr , font porter tout le rcfte à la maffe 
rî commune ; que ces confidéritions & celles 
-; 4des (crvices eue ces Indien*;, parriculiere- 
:: Jnent ceux qui fonr fous la Jurifdi^iqn de 
:s fiucnos- Ayrès , ont rendus dms toutes les 
4_«cca(îonsà ma Couronne Roïale , fur les 
■J ft-onticrc^î de ce Port, il juce qu'il feroît 
à Convenable Je réduire leur Tribut à quatre 
r^ %alocs de toile ou à un écu en argent» 
ii ^ui isft h iQoitîé de ce qu'on exige des au* 



ij6 Pièces iustifzcatitbs 
~ trcs , mais à condition qu'ils continaercmt 

'^** à me fcrvîr toutes les fois qu'il en ferabe- 
DÉCR.ET DE f^ii^ . Q^ jg jguj bj^n f^jrç (cntir toute moa 
Philippe V- attention à leur rendre jufticc, & à les trai- 
ter avec bonté. £c que comme ceHx de la 
Jurifdidon du Paraguay ont aflez bien fer- 
\i autrefois ma Couronne dans la défenfe 
de cette Province , quoique depuis pUifiears 
années ils aient entietemenc cefTé de me 
donner aucune preuve de leur zélé pour 
mon fervice , il convient d'ufer à leur égard 
de la même équité , & de les comprendre 
dans le Règlement qui fera fait pour les 
autres ( I ). 

Quand aux motifs qu*ou a eus de ne 
pas exiger des contcibntions de ces Indiens , 
n n en trouvoit point d'autres qu'un Ââe 
qu'il joignuit à fes repréfentations , & cm 
Acte eft un Règlement fait à Lima, avec 
les Gens du Domaine par le Viceroi , Com^ 
te de Salvaticrra , & d'autres Miniftres, oa 
il écoit die que chaque Indien de ces Doc- 
trines paicroit fous le nom de Tribut on 
écu en argent , avec obligation de le por- 
ter dans ma Calife Roïale de Buenos- Ayrès; 
le fufdit Viceroi s'ctant réglé en cela fur les 
repréfentations qui lui furent faites , & les 
raifons qui lui furent alors alléguées: qu'il 
s'enfuit de la, & de ce qu'on les a exemptés 
des contûbucious , que depuis l'année 1681» 

(i) Dom Martin de diens oat £&ic & foo^ 

Barua uc veut apparem- ferc pendant le goavei- 

mcm pas i]uc le Koi Ca- jiemcnr c/ra;nûiue de 

tholiciue regarde comme Dom Jofcph de Ance- 

des ferviccs rendus à fa quera , & pendant la ri^ 

Couruiu)c ce que ces In- voUe du Paraguay. 

oi 






PI l'Histoire du Paraguat. 537 

ou ce Règlement fut fait , jufqu'cn 1730 , *- 

ii on fuppofe que dans ces Do^rincs il y ^745- 
a roiijours eu quarante mille Indiens qui décr.f.t de 
dévoient païcr le Tribut , ce font trois mil- P"*^"'^ ^' 
lions & deux cents mille écus » qui font 
dûs à la fufdite CaiâTe Roïale de Bue nos - 
Ayrès , fans que les Officiers de mon Tré- 
■ for aient fait aucune diligence pour en exi- 
ger le paiement , 8c cela par le lecret qu'ont 
eu les fufdits Religieux d'entretenir des 
correfpondances re(pedueufes Se efficaces 
jn(qucsdans le Tribunal de mon Viccroî. 

Inftruit de toutes ces circonflances & de 
tout ce donc mon fafdit Confeii des Indes 
m'a informé fur cela dans une aflemblée du 
ayd'Odobre 17)2. , 8c confîdërant l'impor- 
tance de cette affaire, je jugeai à propos 
d'ordonner qu'on expédiât une CommKrion 
a Dom Jean Vafquez de Aguero , qui dé- 
voie alors partir pour Buenos- Ayrès , pour 
informer fur tout ce qui avoit été propofé 
dans ladite Aifemblée 5 j'ordonnai au m au 
Confeii de donner à ce Miniftre les Inftruc- 
tions néceiTaires , & de lui recommander 
de conférer avec les Supérieurs de la Com- 
pagnie de Jefus du Paraguay , fur le tri- 
but qu'on ponrroit impofer aux Indiens , 
& fur la manière d'en faire le recouvrement. 
Je commandai en même tems à mondi**. 
Confeii de nommer quelqu'un qui conféric 
en Efpagne fur le même fujet avec les Pra- 
curcurs ou les Particuliers de la Compagnie , 
qui dévoient paffer dans ces Provinces , 
afin qu'après avoir vu le réfultat de ces Con- 
fiErences , je puiffe ftatucr ce que je jugcrois 
erre le plus à propos. 

Tome ri. P 



j}8 Pièces lusTiFicATivi^f 

■■ Les Dépêches furent drelH^es en confi" 

'743* auence,& les Inftruûions relatives rcmi- 

DÉCRET DE {es au fufdît Dom Jean Vafqucz de Aeacro , 

Philippe V. ^g^ ^^^y ç^^ ^^^ ^^^^ ^g f^j^ç jç^ îftforma- 

tions , dont il étoit chargé fur tous les 
points ci-deflus exprimés , pour inftraire le 
Confeil , qui , conformément à la réfola* 
tion que j'avois prife dans la fufdite Affcm^ 
blée 9 délibéra que quand les Informations 
feroîcnt arrivées > Bc quon y auroit joint les 
connoifiances qu'on avoit eues anteccdcnH 
ment, Dom Manuel MartinezdeCarvajal, 
alors Fifcal de mondit Confeil pour les 
affaires de la Nouvelle Efpasnc» & Dom 
Michel de Villanueva , mon ^crétaite pour 
les affaires du Pérou , en conféraffent avec 
le Père G^fpar Rodcro , Procureur Géoé* 
rai , & rendirent compte aa Confeil du ré-r 
fulcat de ces Conférences fur tous les points 
mentionnés, 

Voulant donc m'éclaircir du fond d*uac || 
affaire qui fait tant de bruit par le nom* l; 
bre & la variété des mntiçres & des Ecrits 
anonymes contre les Pères de la Compta 
gnie , & des Képonfes qu ils y ont faites , 
qu'il eft d*une néceflîté indifpenfàble de 
vérifier tous les faits , puifqu il s'agit , on ds 
détruire unç injnfle & intolérable calomnie 
contre un Ordre Religieux , qui mérite que 
la vérité venge fon honneur , ou de £drs 
connoitre que par une tolérance injufte mon i^ 
Tréfor Roïal a fouffen un très grand pié- l. 
judice , fans aucun égard à mon Patronage j^ 
Koial&à fobéiffance ponduelle, qui eft jj^ 
^ûe à mes ordres 5 j'ordonnai qu'on remil lof. 
9U fufdlt Yafquez de Aguero une autre I^ft ;^ 



©E l'Histoirh du Paraguay. ^3^ 

Cru^bion fccretc fur cous les points doue je ■ ' ' ■ ' 
<icvoisétre éclairci. ^743- 

Muni de toutes ces pièces îl partît pour ï^^^ret dé 
«lier exécuter fa Comtnirtlon : il drefTa à ^"'"'''' ^• 
Buenos- Ayrès des Procès-veibaux fur tous 
les articles contenus dans Tes Inftru(fbions ; 
.&au mois de Février 1756, il m'cnvoïa 
ic à mon Confcll toutes les pièces dans IcC- 
quelles il répond patfaircmenc à tous les 
articles qu'il étoic chargé dexaminer. II 
commence par dire qu'aiant conféré avec 
Dom Martin de Barua ^ vu les Rôles & les 
Ecrits relatifs à Tes Inftrudions , avec les 
Informations des Evcques de Buenos-Ayrcs 
Sc:dvk Paraguay , & les dcpdfitions des £c- 
ciéfiafliques & de dix Perfonnes féculieres 
les mieux inftruitesdc ce qui regarde les 
Kéduélions , il avoît trouvé que ces Bour- 

§ades font au nombre de trente, & que 
ans les récenfêmens qu on avoit faits des 
Indiens qui dévoient païer le Tribut , en 
nen avoir jamais moins trouvé de trente 
mille : que dans mes CalHcs Roïales de ces 
Provinces il navoit trouvé aucun Rôle 
complet ) que celui que Barua lui préfenta» 
&: qui étoit de l'année 1745, "^ compte- 
noit que quatorze Bourgades, & qu'il y 
conftoît que le nombre des Indiens foumis 
aa^ributnétoitquede 7851 ; qu'il avoit 
va auffî une copie de celai que Dom Diegue 
Xbanez de Faria , Fifcal de mon Audience 
Roïale de Goathcmala , avoit fait en 1 677 , 
des vingt-deux Bourgades , dont la MifTion 
des Pères de la Compagnie écoit alors com« 
poCéc^ & qu il navoit pu vérifier depuis 
q uana ce nombre écoit augmenté ^ mais 

pij 



gieuz à TEvêquc du Paraguay , port 
y avoit alos dans ces Miffions 17 
milles 5 que clans le réccnfement 
avoir été remis par le Procureur d 
fions pour Tannée 17 H 1 H fc 1 
qu'elles étoient compofécs de 14: 
milles 5 & qu'en dernier lieu le P< 
ques de Aguilar , Provincial de c 
vinces, Tavoic afTuré dans un c 
qu'il eut avec lui , que les Re 
étoient au nombre de trente , & 
comptoir vingt-quatre mille Indie 
dévoient païcr le Tribut \ mais que 
le même Provincial lui avoir fait 
nouveau récenfemenr fîgné avec 
par les Curés, fuivanr lequel les 
fournis au Tribut n'éroienr adtai 
qu'au nombre de 19x1^. 

Ce Miniftre marque encore dans 
formarions , que rEtablifTetnent de 
£ons eft fort ancien , puifque dan 
tes juridiques , drefl'és par-devac 
JBalthazar Garcia Ros , lorfqu'il ét< 
vcrncur du Paraguay , pour favoir ; 



DE L*HlSTOlRE DU PaRAGUAY* 34I 

I^Iata^on comptoic dès Tannée 1^31 plus . 

de vingt Rédudions ou Bourgades fondées ^743* 

par les Pères de la Compagnie ^ toutes i^^c^-^x de' 

aïant une ïglifc fort décente, & qu on y ^'^''" ^* " 

comptoit déjà plus de foixante & dix m U le 

" Ames ; qu'en vertu des ordres réitérés des. 

Rois Catholiques tous ceux qui n avoient 

pas dix-huit ans accomplis , ou qui en 

aVoiçnt cinquante , tous les Caciques & 

leurs Fils aînés , & dans chaque Bourgade 

douze Indiens attachés an fervice deTÉgli- 

fc, écoient exempts du Tribut, que dans 

un Mémoire imprimé du Père Gafpar 

Rodcro , ce Religieux affuroic que Ton 

comptoir cent cinquante mille Ames dans 

les Rédudions , & citoit, en preuve , les ré- 

ccnfemens faits par le Gouverneur de Bue- 

nos-Ayrcs, ajoutant qu'il navoit aucune 

connoiffance des Rôles , ni n'en avoir pu 

trouver de plus nouveaux , parcequ'encore 

C)ue par une Cédule Roï.ale, du 14 4'Aoûc 

17 18, j'cuffc ordonné qu il fût fait un ré- 

ccnfcment dans les Rédudions, avec Un 

étSLt de leur Gouvernement & du produit des 

fruits de la Terre qu'on y recueilloit, 

dans le deffein d'obliger les Indiens à païer 

les Décimes aux Evêqucs , & de foumctcrc 

les Caciques au Tribut , avec ordre de le 

faire remettre dans mes Caifles Roïales , 

ce Décret n'eut point d'exécution parcequc 

le Gouverneur fous prétexte de fcs occupa- 

tious, en donna la Commiffion à Dom 

Balthazar Garcia Ros 4 Lieutenant de Roi , 

lequel l'aïant acceptée , le Procureur des 

Mi/Iions qui réfidoît à Buenos-Ayrcs , y 

avoit formé oppofition, prétendant que 

P iij 



54* PlECFS JUSTIflCATIVIS 

j , les Indiens étoicnt munis d'une Céduto 
. Roxalc c]ui les cxcœproic d'ccre snfcrics far 

Vv^t^mV,^^ Rôle de ceux qui éroient fournis au Tri- 
' but , par roue autre que le Gouverneur më* 
me, ou par un Miniflre député nommé- 
ment par moi à cet effet & que comme 
on lui eut marqué un terme pour produire 
cette Cifdulc, ainfî qu'il l'avoit requis y 
l'affaire en étoit demenr(fe là en i7io«& 
que depuis on n'en a pi us parlé. 

Ce Minière m'a nu(îî informé que le Tri- 
but que CCS Indiens ont paie cft d'un éca 
par an pour chaque Indien , mais qu'il ne 
fait pas depuis quel tcms ils y font foo- 
iDÎs; 5cquen ccmiptant dix mille quatre 
cents CjUarame Indiens , qui le doivent paiec 
fuîvantle récenfcment fait par Dom Die- 
gue Ibanez , déduébioa faite des penfioos 
des vingt deux Cures, n'y aïant alors qn^ 
ce nombre de Réduâions, il fcftoit ûi 
cents cinquante-trois écus & fept realcs , qui 
chaque année ont été portées à mon Tréfor 
Roïal par les Pères Procureurs des Miffionss 
que dnns plufîeurs Conférences tenues fur 
CCS affaires , on Tavoit affuré que le Tribut 
n'avoit pas été cxaétement fuivant le nom- 
bre des Indiens , parccque les Rôles n'a- 
voient pas été drefTés avec foin , qu'aûuel- 
Jement encore on s'en tenoit à celui de 1677; 
mais qu*au(n on n'avoit pas touché les pen- 
lions des huit Mîfïîonnaircs, qui cultivoient 
les huit Rédué^ions ajoutées depuis plufieurs 
années aux vîngt-dcux premières, étant 
certain que fuivant les diligences faites 
pour fe conformer à ce qui étoît prefcrit 
par la fufdlte Cédule Roiale de Taonéc 



i>B l'MisToiRE DV Paraguay. î4J , 
I^iS, fi on n'a pas cxadcmcnt înftraît du j^ 
tiombre de ceoz qui dévoient païcr le Tri- ^' 

bot, cela eft arrivé uniquement par la né- p^j^^^^*"* 
eligence du Qfouverneur , & qu'encore que ^' ^ * 
le préjudice , qu*cn à fouffcrt mon Tréfor 
koïal , foie évident ^ il n eft pas polfîble de 
févaluer au jude , parcequon ne peut favoir 
oii il en faudroit commencer le compte. 

Quand à la taxe que ces Indiens dé- 
voient païer à titre de contribution , ce Mi- 
iiiftre die que fuivant toutes les Informa- 
tions elle eft de deux écus par an pour cha- 
cun d'eux, & qu'elle dcvoit être remifc 
dans mes Caifîes Royales ; que - cette taxe 
û'étoit que la moitié de celle que païoienc 
les autres Indiens de cette Province , & ce- 
la en confîdération des fervices qu'ils ont ren- 
dus en toute occafîon à ma Couronne Ro'ù- 
le^lorfqu'ils ont été appelles par les Gouver- 
neurs dfe ces Provinces pour des Expéditions 
nilitaires ^ ainfi ou'it eft arrivé dans le tems 
même qu4t AiiTqit Tes Informations, trois 
mille de ces Indiens étant alors occupés pour 
mon fervice ; qu*on les mandoit aufîî pour 
des bâtimens & autres travaux néceHaires , 
avec obligation de les continuer dans la fui- 
te ; que cela lui paroîflbit un motif fuffi- 
Ctnt pour n'exiger rien d'eux au-de-là de 
cette contribution, & pour ne leur point 
impofer de nouvelles corvées, d'autant 
plus qu'avec cette taxe ils pourroîent fe pro- 
curer nîen des chofcs , & des fruits de toute 
efpece en abondance. Il ajoute qu'en aïanc 
conféré avec le Père Provincial de ces Mif- 
fions , il ne l'avoît pas trouvé de même avis 
que lui furies Règlement qu*il propofoit, 

P iiij 



144 Pièces justificatives 

^ voulant lui pcrfuadcr que ces Indiens Coût 

^^'' cxcrémcment pauvres, en particulier & en 

DicKETDï commun i quoiqu il jugeât lui-même quen 

/HiLivPE 'mettant les chofcs au plus haut prix, ce 

qu'on tire de THerbc du Paraguay , de^Toi- 

Ics & du Tabac monte chaque année à cent 

mille écusau Je là de ce qu il leur faut pour 

la nourriture & le vêtement : ce qui fup- 

pofé Se la dette dont le Provincial (e char* 

tcoit , n'étant pas potTible dç lien exiger 
e plus parceque les pièces manquent pour 
prouver qu'il {bit dû davantage , il reftoit 
encore aHcz pour païer les deux écus de con« 
tribution , ce qui fuivant le compte le plus 
xnodéré ne pafloît point foizante mille écus 
par an , & qu'après y avoir fatisfait , it 
iciloic encore de quoi acheter des orue- 
mens d'Egiife , & pourvoir les Indiens d'ar- 
mes , d'outils pour labourer , de fer , de la 
cire & du vin pour l'Eglife , en un mot tout 
le nécelTaire dont ils ne peuvent Ce fouinii 
fuf&famment dans leurs Bourgades. 

Quana aux fruits que produifent les Bour* 
gadcs de ces Mi (fions , le fufdlt Agucro dit 
que de la varîccé des Informations qu'oa 
lui a données fur cela il réfulte que du tra- 
vail Je ces Indiens on portoit à Bucnos- 
Ayrès & à Santa-Fé fcize à dix-huit mille 
arrobes de l'efpece d'herbe qu'on appelle 
Caamini , que d'autres difoient douze à 
quatorze mille , & en dernier lieu d'autres 
prétendent que cela ne monte pas plus haut 
que de dix ou douze mille arrobes chaque 
année ; que depuis quelque-tcms le prix 
étoit de fîx écus l'arrobe , mais que régu- 
lièrement il o'étoit que de g:ois y U (^uc 



Ht L^HisTOiRE DU Paraguay. 34; 
baand à celle qu'on nomme Palos , & qui 



le tire des quatre Bourgades les plus pro- 

PHiLlPl'E V 



clics de la Province du Paraguay, on va- Dfcret db 



rioic aulTî beaucoup , les uns difanc qu on 
en tiroît vingt cinq à vingc-fîx mille arro- 
bes y d'autres mettant beaucoup moins, & 
d'autres qu'on n'en tiroit point du tout : 
qu'il en étoit de même des toiles de co;on , 
que ceux qui porroient les chofes plus 
haut difoient qu'on en tiroit ving^t-cînq à 
vingt-Hx mille aulnes , & d'autres en mec- 
toient beaucoup moins 5 que le prix ordi. 
naire étoit de quatre ou (ix réaies l'aulne^ 
Aiivant la qualité de la toile , & celui de 
l'herbe dite Palos ^ de quatre ccus, quoi- 
que quelquefois l'herbe ne valût que deux 
écus. Pour ce qui eft des autres fruits , 
comme le fucrc , le tabac , les mèches de 
coton pour les chandelles , le prix en va- 
rioit au (H beaucoup dans les Informations, 
mais que par le Certificat du Trdforicrdc 
5anta-Fé, & les déclarations des Pères 
Procureurs des Midîons , il confte que de- 
puis l'année 1719 jurquà.1733, il étoit 
entré dans les Provinces de Paraguay & de 
Èuenos-Âyres fix mille fix cents quatre- 
vîngt-fept balles d'herbes , péfant chacune 
fêpc à huit arrobes , & deux cents quatre- 
yîngt-quinze pains de fucre , péfant che- 
cun deux 6c demie ou trois arrobes. 

Dans la même Information il afiure que 
fuivant toutes les Déclarations qui lui ont 
été faites , le< Indiens font très bien inf- 
traîts de la Dodlrînc Chrétienne 5 nue les 
Pcrcs Curés apportent tous leurs ibins à 
ktic faire évitée toute occafion de tomber 

P V 



Î4^ Pièces iustificatives 
j dans le vice , & à occuper un chacun cfes 

* exercices qui conviennent à leur âge & à 
PhiuYpb v! ^^^^ (^^^Cy leur aïanc à cctcç fin fait ap- 
* prendre toutes fortes de métiers > que fi les 
Bourgades ne font plus fous la Jurifdic- 
tion du Paraguay , & en particulier les 
treize qui y avoient toujours été , c cft 
" qu'en vertu des Cédules Roïalcs , il a été 
ordonné qu'elles dépendiflcnt toutes du 
Gouvcfrncur de Buenos- Ayrcs , & que cela 
cft conftkté par toutes les Informations 
ou'il a faîtes. Le fufditAguero m'î repré- 
fcnte auffi qu'on lui avoic remis les trente 
Déclarations faites avec ferment , dont il a 
été ci-deflus parlé, avec le Rôle des In- 
diens fournis au Tribut , & une Informa- 
tion de dix Curés de ces Doctrines , par 
laquelle en vertu d'un ordre de leur Pro- 
vincial ils dépofoient unanimement , de- 
vant le Père Félix-Antoine de Villa Gar- 
cia, Notaire Apoftoliquc , que le Tribut 
d'un écu avoir été exadement païé depuis 
qu'il avoit été impofé, ce qu'il n'auroit 
pas été poifiblc aux Indiens de faire du 
/eul produit de leurs Terres , va la non- 
chalance qui leur efl naturelle , fans la 
grande œconomic des Religieux, & leur 
attention à faire valoir ce qu'ils recueil- 
lent pour le commun & pour les Particu- 
liers ; qu'ils fe font emploies , toutes les 
fois qu'ils ont été mandés , au fervîcc 
de ma Couronne dans les Provinces du 
Paraguay & de Buenos-Ayrès , fans rece- 
voir aucune folde ; que par ces motifs Se 
ploiîeurs autres , qui font pris de la mo-« 
liilké de kur cfprjt , les Percs n'étoieitf 



DE l'Histoire du Paragûat. 54/ 
t>as fans crainte , lî on entrcprcnôk d*ap- ■ 
péfantir leur joug, & d'augmenter leur '74î« 
Tribut, que toutes ces Bourgades ne fuf- Déck.f.t de 
fent bientôt détruites , ou qu elles ne fc P***'-'^^* V. 
fouievaHenc contre ceux qui en dtoienc 
chargés & qui ne pourroicnt plus fe faire 
obéir. 

Ce Mîniftre marque en dernier lieu que 
ys Pères lui ont fait par écrit des inftances 
réitérées pour l'engager à vifiter en per- 
Tonne ces Miffions , difant qu'il pouvoir 
s*étre gUiTé quelque défaut d'exaditude dans 
les Informations , outre qu à l'exceprioa 
de TEvéque du Paraguay , qui avoir vifîrc 
toutes ces Bourgades, à peine tiouveroit- 
on quelqu'un qui les eût toutes vues, & 
que leur Compagnie aïanc beaucoup d'En- 
nemis , on auroit pu faire dépoter aux 
Indiens bien des chofes , fur des oui-dires, 
fur des Relations fort fufpedcs & fur . 
d'anciens bruits , qui rcpréfentoîent les 
chofes bien différemment de ce qu'elles 
étoient pour le préfent , fur- tout depuis 
que la pefte & la famine ont réduit toutes 
ces Bourgades à une extrême mifere , que 
la guerre & les troubles continuels du Para- 
guay ont augmentée -, mais que , confidé- 
rant l'inutilité d'une vifîte fi pénible , il 
avoit cru qu'il fui&foit de jpindre aux Ades 
toutes les pièces judificatives dont il a 
parlé^ afin que jefuffe parfaitement Infor-' 
xné de tout ; & que confiderant que les 
Pcrcs avoient en bonne forme toutes les 
preuves qui mettoient au clair rout le pro- 
duit . des fruits de la terre , dans lefquelles 
il ne vo'ioit pas qu'il pue y avoir de la 

P vj 



H^ Pièces msTirîCATivEf 

j-, frauJe *& le nombre des Bourgades y ftant 

/ conftacé 5 il s'écoit difpenfé dcntrcprcDdit 

»vLr?PB V^ "^ ^ ^^"^ voïage , où il y avoit toat à 

'craindre de la parc des Infidèles, & beau» 

coup d'autres dangers à courir. 

Mon Confeii des Indes, étant pleinemeofC 
înftruît de tout ce que le fufdic Dom Jean 
Vafquez de Aguero a marqué dans tes In- 
formations fufdiccs, délibéra que pour par- 
venir à l'entière exécution de ce qui a été 
arrêté dans l' A (f emblée du 2^ OSlobre 17^2, 
les deux Miniflres ci-dejjus nommés , Dom 
Manuel Martrnei Carvajal , & D^om Mi- 
chel de Villanueva confereroient avec le Pcre 
Gafpar Rodero ^ Procureur Général, Ce 
qui aïant éré fait ^ il a réfulté de leur rap* 
port que, félon toutes les Inforn^acîons an" , 
cienncs & nouvelles , & les Mémoires pré- 
fcntés dans ces Conférences , par le Pcre 
Kodero , il éroic certain que les déhom- 
hremcns des Indiens n'avoienr jamais été 
feits dans les trente Bourgades du Paraguay 
H dt Buenos-Ayrès, avec les mêmes for- 
malités qui fe pratiquent dans les autres 
Bourgades des Indes , à caufe de divers 
înconvéniens qu*on y avorc continuellement 
rencontrés , & parceque le nombre de ces 
Indiens , par les connoiifances qu*on en a 
eues fucceffivement , a auITiforcyarré; que 
depuis rannéc 171^, que Dom Barthélé- 
my Aldunaté y marquoir cent cinquante 
mille Indiens , qui dévoient parer le Tri- 
but, jnfqu'aux déportions faites avec fer- 
ment & préfcntées à Buenos Ayrcs à Dom 
Jean Vafquezde Aguero, fuivant lefqucîlcs 
il ne s'en trouvoic c[ue dix-neuf mille cens 



î>î l'HisroiRE Dtr Par ActTAY. Kf 
• ftfee , il n'y en a aucune qui s'accorde avec — *' 

les autres j ce qui vient de ce qne ces In- ^* 

formations n'ont jamais été faites que fur J^^cret n* 

es conjcdurcs, on fur des dépofitions in- 
certaines de Témoins ; fur quoi on avoit 
fait obfcrver au Procureur Généra:! , qui 
alleguoic les difficultés de pratiquer dans 
CCS Bourgades ce qui avoit été réglé par 
mes ordres," & fe praciq^oic parmi tous 
les autres ValTaux de mes Domnines , que 
cela ne feroit pas arrivé (î la Compagnie 
de Jefus avoit facilité , comme elle ledc- 
"Voit, Texécution de mes ordres : il répon- 
dit que la Compagnie avoit toujours fait 
ce qui dépendoit d'elle pour donner un dé- 
nombrement exaél des Indiens , quand on Je 
lui avoit demandé, témoins les Relations 
fignées avec ferment pat? les trente Mif- 
lionnaires Se préfentées à Dom Jean Vaf- 
quez de Agiiero y & li demande formelle 
que lui avoient farte les Supéiieurs d'aller 
en perfonnc visiter les Rédudions en s*of- 
frant de le conduire, & de lui faciliter le 
voïage autant quil leur feroît poflîble, & 
que la Compagnie étcrit toujours difpofée à 
le- faire louces-les fois que j'ordonnerai aux 
Gotiverneurs de ces Provinces d-'cnvoïGr 
quelqu'un pour faire tous les ans un dé- 
nombrement exaâ des Indiens , jufqu^à le 
faire accompactner , par un ou deux Reli- 
gieux , à les défraicr & à païer leur voïa- 
rc, & cela uniquement pour faire ceflèr 
es mauvais bruits que leurs ennemis ap- 
puïoient , que cétoit par fciu» faute , qu'on 
n'avoit jamais eu connoi/fancc da nonnbrc 
de leurs lodieos , les diiEcuité's qui empé- 



f« 



i$à Pièces tustificativis 

■* choient qu'on le fût aujuftc ne fc faifaat 

^743- qu'à leurs inftigations 5 que fi on ne ja- 
DÉCRET DE ecoît pas à propos d'cmploïcr le moïen . 
*'"*'"" ^' qu il propofoit, on pourroïc obliger les 
Milïîonnaires , par un précepte en vertu 
de la fainte obéifTancc , de préfcntcr chaque 
année au tecns & au lieu qui leur feroient 
marqués une Lifte » fignée avec ferment de 
leurs Indiens 5 & fur cette Lifte ^ qui feroic 
connoîtrc le nombre de ceux qui dévoient 
païcr le Tribut , ce Tribut fe porteroit tous 
les ans dans mes Caiffês Roïalcs de Buenos- 
Ayrès, fuivant Timpofîtion qui en avoit 
été faite , en 1 6^9 , par mon Viccroi le 
Comte de Salvatierra. 

Les deux fufdits Mîniftres informèrent 
encore le Confeil que dans leurs Conféren- 
ces ils s'étoient rappelle ce qui confte par 
toutes les Ecritures au fujct de la tax«d*un 
écu par têce ^ impofée aux Indiens de ce^ 
Miffions en 1^49 & en 16^1, & confir- 
mée par pluficurs Cédules Roiales^ en quoi 
on traitoit déjà c'es Indiens bien différem- 
ment des autres , à raifon de l'expérience 
qu'on avoit dès -lors de leur fidélité, 8C 
pour les autres ferviccs qu'ils avoienc rett^ 
dus à la Couronne 9 qu'en ces tems-la 
cette taxe avoit produit neuf mille écus ^ 
qui avoient été remis dans ma Caifle 
Roïale de Buenos- Ayrcs comme le total db 
ce qui étoit dû par les Indiens qui dévoient 
paîcr la taxe , ce qui ri'a jamais été bictf 
vérifié; que /ur cette fomme les Officiers 
de mon Tréfor païoient les penfîons de 
vingt-deux Curés : n y aiant que ce nom- 
bre de Réductions loifque la taxe fut ïm^ 



DE l'Histoire- DU pAi^AGtrAY. $^i 
pofée : que fur cela ilsavoient fait obfcrver — * 

au Procureur Général combien il feroît 743» 
jufte & raifonnable que fordonnaflc d'aug- I>£cilft dé 
menter de quelque chofe ce Tribut , vu ce "^^^^^^ '' 
que ces Indiens retiroient des fruits de leurs 
Terres , de leur travail & de leur induflrie, 
& que le Tribut ordinaire dans mes autres- 
Domaines de l'Amérique ctoit de quatre à 
cinq écus pour chaque Indien ; que fi ceux 
du Paraguay me rendoicnt des fervjees 
aflcz confidcrables pour mériter quelque 
diftindion , c'en étoit une afTez grande que 
celle qu'on leur avoir faite jufqu'alors 5 Se 
qu'il talloit encore faire attentton.que de- 
puis 1649 ce Tribut n'avoit produit que 
neuf mille écus par an ; que félon tous les 
récenfemens qui avoient été faits dtpuis ce 
tems là des Indiens qui dévoient païer le 
Tribut , cette fomme auroît dû monter 
beaucoup plus haut : qu'à cela le Procii- 
reur Général avoir répondu d'une manière 
€jui les avoir fatisfaits , en leur faifant voix 
au nom de fa Compa^^nie une relation en 
bonne forme des fervices que les Indiens 
des Réductions n'avoient ceffé de rendre à 
jna Courennc depuis la première fondation 
3c leurs Bourgades ; qu'il jparoît par cette 
Relation que cette Milice elt la feule qu'on 
puiffe oppofer , tant aux invafions des Co- 
lonies Etrangères , qu'aux Barbares qui ne 
(ont point fournis ; qu'elle eft toujours 
prête à marcher aq premier ordre des Gou- 
Ycrncurs , en tel nombre qu'il leur plaît de 
commander 5 qu'on ne hii donne ni foldc , 
si bagaç^e , ni munitions ,. ni armes , & 
qu'elle fc fournit de tcmt cela à fes dépcusj 



i^h Pièces tus-tu ic Arirts 
• ■ ' 'Cj'a'cn plufîcurs occafîoas ils a volent marché 
y^^' au nombre de (îx & de haie mille , & faic 
DÉCRET DEj^ gruerrc pendant des tcms confiée tables^ 
* ^'ài forte aiie (i on leur avoit donné unô 
réilc & aemic à chacun, confins on faic 
aux autres Indiens , cela niontetoic fort 
haut ; qi'ils n'stvoîenc cependant jamais dif< 
continué de fcrvir avec le mêjie zèle 5 que 
les preuves authcnrlqucs en a voient été 
fournies à Buenos- Ayrès à Dom Jean Vaf- 
qucz de Acruero , & donc il remit les Co- 
pies autlkencic]u-s aux deux Miniftrcî, donc 
la ledlurc avoit fait coïKlure quef de tels 
fervices méritoient , non-feulement quil» 
Be fjflent pas taxés comme les autres In- 
diens , mais qu'ils fuffcnt mêraffe exempta 
de tout Tribut ; qu'à tout cela le Procireup 
Général avoit ajoûtté ce qui étovc marqué 
dans la Cédulc Roï aie déjà citée, du li 
Odobre 171 <>, aJrefféc à Dom Bruna 
Maurice de 2a vala,& publiée au fond* 
tambour par ordre de ce GouvcrneJur dans 
toutes les Rt'dudions j & que fi on entre- 
prenoit de déroger malgré cela à ce qu'ellcr 
leur avoit fait concevoir , cette îrtnova- 
tion rempllroit ces Indiens de foupçons 8C 
de crainte , Se qu'afTurémenc il en arriveroic 
quelque chofe de fâcheux. 

Les deux fufdits Miniftres înformerenc 
auffi le Confeil , qu ils avoient infiilédans 
leurs Conférences , fur un point oii Toir 
agi (foi t contre toutes les Loix de m'es Do- 
niaincs des Indes , en n'apprenant poincaux 
In liens la Langue Efpagnolc , & en ne leur 
permettant point de communiquer avec les 
Efpagnols , ce qni école d'une conféq^icnctr 



»E l'Histoiri du Paraguay, 35} 

très pcmîcieufe, & d'autant plus nécefTâlirc, — — 

que par là on rcndoic très difficile le com" ^743- 
mcrcc de ces Indiens avec les Efpignols ^ Décret nt 
Se on les rcndoit en quelque façon indé- ^**^»"^ V# 
pcndans du Gouvernement naturel de ces 
Roïaumes : que la Compagnie répondoic 
à cette accufacion ^ qu'à la vérité elle ne 
permectoit pas l'entrée libre des Réductions 
aux Ëfpagnols Vagabonds, parcequc l'ex- 
périence lui avoit appris que c'écoit uni- 
quement par-là qu'on école venu à bout 
de bannir entièrement de ces Bourgades 
riiomicide , le vole , ridolâcric & l'incon- 
tinence 5 que jamais les Efpagnols n'y fonc 
entrés que pour voler ces Indiens , & leur 
enlever leurs lemnies; mais qu'il n'éroic 
nullement vrai qu on leur ait interdit tout 
commerce avec les Efpagnols , & que cela 
fc prouve manifeftcment par les faits; 
qu'un grand nombre de ces Indiens cfl: con- 
tinuellement emploie avec eux , foit à la 
guerre, foit aux travaux des fortifications, 
ou autres , par l'ordre des Gouverneurs du 
Paraguay & de Bucnos-Ayrcs , ce qui ar- 
rive fréquemment, & ce qui ne peut être 
fans qu'ils communiquent beaucoup avec 
les Efpagnols hors de leurs. Bourgades; 
que ceux qui font ainfi commandés, n'é- 
tant pas toujours les mêmes, il arrivoic 
de-là que tous ceux , dont on pouvoit tirer 
quelque fcrvice, avoient la liberté de 
traiter & de communiquer avec les Efpa- 
gnols, fans contrevenir aux Règlement 
faits par leurs Miffionnaires pour conferver 
leur innocence. 

£11 dernier lieu ces deux Miuiftrcs ont 



Jf4 Pièces vJsTiticAtifts 
— — -" — informé le Confcil , qu'ils ayoient âgîtî 
^^^* long-tcrhs larticle qui regardoic la com« 
DicRET DE munauté du capital des fruits & des autres 
V. çff^jjg j qu'ils s'étoicnt fait expliquer laccH 
nomie avec laquelle fe fait la répartition 
des vivres , des vétemens , en un mdt de 
tout ce qui efl: nécefTaire à l'entretien de 
tous, ce qu'on en deftine pour le ctûte 
Divin & pour ceux y font emploies 5 ce 
qu'on réferve pour païcr le Tribut , & pour 
les frais de mon (ervice 9 ^ue dans tout 
cela ils reconnurent une cfconomle fingu-« 
liere de bien nécefTairc pour maintcnif 
dans la régularité d'une pic Chrétienne les 
Naturels du Païs , qui font au moins au 
nombte de cent douze ou cent vingt mille 
Ames de tout feze &tdc tout âge , tous in^ 
capables , vu leur peu de génie & d'appli-» 
cation , de fe ménager le néceflaire poor 
^Ivre d'un jour À l'autre y tous cependanc 
mieux indruits des principes de notre fain- 
le Fol Catholique , & obfervateurs plû^ 
fidèles de fes faintes pratiques , qu'aucun 
autre Peuple Indien de l'Amérique , ce qui 
fe trouve au (fi marqué dans les Pièces que 
le Juge de cette CommilHon Dom Jean 
Vafquez a cnvoïées au Confeil j confidc" 
rant d'ailleurs que par toutes les Informa- 
tions du fufdit Aguero on reconnoit une 
uniformité de faits , favorable à ces Reli- 
gieux , 8c que les Indiens des Miflions de 
la Compagnie étant la barrière de cette 
Province , rendent à ma Couronne plus de 
fervîces que tous les autres ; ce que j'ai 
bien voulu leur faire connoître par rinC- 
trudlion, datée de 171^, que j'ai adrelTce 



îf)E l'Histoire ou Paraôuay. iff 
ftu Gouverneur de Buenos- Ayrcs Dom n » 

Bruno - Maurice de Zavala , à locca- ^741- 
fion de la ccfTion qui fut faite par le Décret i>» 
fîxieme article du Traité d'Utrcchc , delà Philippe V# 
Colonie du Saint-Sacrement au Roi de 
Portugal , laquelle Colonie eft limitrophe 
du Territoire de ces Miflîons j enfin , que 
fur tous les autres chefs d*accurations,qui 
in'avoient été adrefTés de ce Païs-là, le 
Provincial du Paraguay a fatisfait pleine- 
ment dans un Mémorial figné de lui , & 
oui m'a été préfcnté : d*ou il paroît que 
flans cette grande affaire tout le réduit à 
confîdcrcr s'il convient de courir les rit 
gucs d'une innovation , qui quoique con- 
forme aux Loix , & d'une pratique ai fée 
par-tout ailleurs , pourroit ici faire perdre 
a Dieu un nombre infini d'Ames rachcrées 
de Ton Sang -, à ma Couronne, des Vaflaux 
qui m'éparglient les Trouppes que )c feroîs 
obligé d'envoïer dans ce Païs , où je n'ea 
pourroispas trouver, 8c aux places «tu Pa- 
raguay & de Buenos- Ayrcs , une défcnfe , 
qui depuis tant d'années les a rendues im- 
prenables : enfin que le réccnfcmcnt de », 
ces Indiens fe devoir faire , & que îa Com- 
pagnie en propofbit & en facilitoit le 
nioïen ; que pour ce qui eft du Tribut d'uD 
écu par tête , quand on voudroit abfolumenc , 
l'augmenter un peu en rîfquant tout, il ne 
paroît pas convenable de uaettrc ces Iflw 
diens fur le même pié que les autres, d'au- 
tant plus que mon Tréfor Roïal n'en tî- 
reroit que fort peu de profit, & qu'eu 
défalquant de ce Tribut les penfions des 
trente Curés , pour les trente Bourgades qui 



3î^ Pièces lUSTincATivit 
ty^^, ^^"^ ^^j^ établies , & ce qoi cft aflîgoi 
DÉ RE * •= ^^"^ ^* fubfiftaQcc des Miflîonnaires ,- ce 
Philippe V. ^"* ^^ encore d'une néceificé indiipenfable 
/î on vouloît fe régler fur ce qui le prati- 
que ailleurs, tout cela abforberôic ce que 
produit le Tribut , & peut-être même 
cju*il faudroit prendre encore fur le Tréfot 
Roïal pour y fournir , ces dépenfes anhaet* 
les aïant toujours été dans les moindres 
années au-deffus de dix-huit mille écas , 
& les réccnfcmens n'aïant jamais été faits 
dans les règles , excepté celui de 1^4$ , ou 
le Tribut ne rcndoit que neuf miller écus , 
Se celui de 17 H > ou 11 en produi(oit dix* 
neuf mille, félon les Informations faites 
avec ferment , & piéfentées à Dom Jean 
Vafquez. 

Aïant donc vu & mûrement examiné 
dans mon Confcil des Indes les Ades SC 
les Informations , dont il a été parlé , les 
Mémoriaux préfcntés de la part de la Com- 
pagniede Jefus fur chacun des incldcns & 
des doutes qui font intervenus , & ce qui 
a été expofé par les Fifcaux de mon fufdit 
Confcil pendant tout le cours de cette af- 
faire', qui a occupé un tems confîderable ; 
faifant d'ailleurs une (îngulierc attention à 
toutes les Ordonnances Roïalesqui omété 
rendues dans l'efpace de plus d'un fiecle 
au fujet de l'état & des progrès de ces Mif- 
fions , dont le fond .& toutes les circonf- 
tances néccifaires m ont été expofés dans 
une Aflemblée du ii de Mai dernier « & 
réduifant , pour donner plus d'ordre Se de 
clarté à ma déciflon, les différens Chefs 
compris dans le^ deux Inftruâions dom j'ai 



. ^1 t'HiSTOlltl DU PAltACUAr. ^$J 
parlé, à II articles, j'ai jagé qu'il étoit - 

an bien <ït mon fcrvicc de prendre fur cha- ^74}* 
con la réfoluùon qui va être exprimée , Déc&et d« 
fuivant Tordre dans lequel ils ont été pro- P""-»''* Y* 
pofés dans le Confeil. 

Article preuier, combien 11 y a dans 
la Province de Paraguay de Bourgades fous 
la direâion des Pères de la Compagnie ; 
combien chaque Bourgade a d'Habitans: 
combien il y en a dans le total : le nombre 
de ceux qui doivent païer le Tribut : en 
quoi conhite ce Tribut : s'il convient de 
l'augmenter ; s'il faut exiger ce quipour- 
roit^tre dû pour le paffé. 

Je fuis inUruit , & il confie par les Ades 
& les Informations , dont le rapport à été 
fait y que ces Bourgades font au nombre de 
trente > dont dix- Upt font fous la Jurifdic- 
tion de Buenos- Ayrès , 6c les treize autres 
fous celle du Paraguay y qu'on y compte 
cent vingt à cent trente mille Indiens ; que 
fuivant les Cenifîcats des Curés ^ il y en 
avoir en 1734 dix-neuf mille cent feizc 
qui étoient obligés â païer le Tribut ; qu'en 
j6^9 ces Indiens aïant été déclarés & re« 
connus VafTaux de ma Couronne , & char* 
' gés de défendre le Pais contre les Portu* 
gais du Brefil , il fut ordonné qu'ils fcroienc 
exempts de la moitié des contributions & 
du fervice jperfonncl , 6c que pour recon- 
Doiflance du Vaffellage ils paieroiencà ma 
Couronne un Tribut annuel d'un écu d'ar- 
gent de- huit reaies , 6c qu'ils le paieroienc 
en cfpece 6c non en denrées 5 ce qui fut ap- 
prouvi^ 6c ratifié par upe CéduIcRoïale 4c 



$fS PlECEt JUSTIFICATIVZ0 

■ l'année i66iy par laquelle il fut ordonni 

^^'* que les penfîons des Pères Cucés feroicnt 

DÉdLHTDE pjjfes fur ce Tribut 5 qu'en 171 1 , fur la 
Philippe V. ^^^^^ç^j^^^j^i^j^ Ju Chapitre Ecdéfiaftiquc du 
Paraguay , il fut défendu de rien innovée 
au fujet du Tribut ; Se qu en dernier lieu» 
par une inftruâion qui fut donnée par une 
Cédulede 1716a Dom Bruno -Maurice de 
Zavala , Gouverneur de Buenos-Ayjès , 
après lui avoir recommandé les Indiens de 
ces MifUons , & rapportant tous les ferviçes 
qu'ils avoient rendus, je voulas bien lui 
mander de les aifurer que jamais je ne les 
«ckargerois de rien au-de-là de ce qnils con- 
tribuoient pour la confervation des Millions 
& des Rédudions : n ^*ai réfolu de ne point 
M augmenter le Tribut d'un éca par tête « 
M ordonnant que l'on continue à le lever fpc 
99 le pied y oti il eft , jufau'à ce qu on ait 
n fait un nouveau récenfement fur les Cec- 
»> tifîcats que les Curés ont donnés par l'or^ 
»9 dre du PereAguilar, à Dom Jean Vaf- 
3> quez de Aguero > Se s'il en réCulte qu'ils 
•3 aient païequelque chofe de plus ou de 
»3 moins de ce que ponoient les dénom- 
M brcmens des années précédentes » mon 
. M intention eft de leur faire remife » com- 
» me je fais par la préfente , de ce qu'ils 
a> poarroient redevoir , voulant Qu'on leur 
9» donne à entendre que par un effet de ma 
» bienveillance Roïaie , je leur fais cette 
»» grâce , en confidération des bons fer* 
99 vices qu'ih m'ont rendus. Se de leur 
M conftante fidélité. J'ai aulfi donné or- 
M dre d'expédier une dépêche datée de ce 
« jour^ poar ordonner qu'il ibit dre/féua 



^E i.'HisTOi!iB PU Paraguay, jjf 

Aoayeau Rôle par le Gouverneur de — ' 

Buenos- Ay rès , de concert avec les Pères ,^ 
Curés ; qu'il fe renouvelle tous les fix ans p^,^"^ y* 
fur les Livres de Baptêmes & d'Enterré- "*"'^* • 

• mens ; cjne les Gouverneurs en envoient 

• fans faute au Confeil des copies : fur* 
> quoi î*aî ordonné qu'on les prévienne par 
» les Inftruâions qu'on leur enverra fous 
» lears titres propres. 

Le second article fe réduit à mar- 
ner quels fruits on recueille dans ces Bour- 
;ades i oii on les négocie ; leur prix refpec- 
[f ; la quantité de THerbe , qu'on retire 
haque année ^od on la portç sl'ufage qu'on 
n fait , 8l combien elle fe vend. 

Il réfulie des Informations qu'on a reçues "^ 

le Dom Jean Vafquez , fur des recherches 
[u'il a£aites, que le produit de l'herbe ^ 
u tabac , & des autres fruits , eft de cent 
aille écus par aft ^ que ce font les Procu- 
eurs de ces Pères > qui à raifon de l'inca- 
ladté des Indiens , ci*deffus remarquée, 
ont chargés de les vendre & d'en tirer i'ar* 
;eac; quepar une Cédule Roïale de l'an- 
lée i64f > il leur a été permis de négocie^ 
t de tranfporter l'Hctbe à coédition que 
e ne feroit pas au profit des Curés ; que 
»ar une autre Cédule de l'année i ^79 « il 
ut donné avis au Provincial que 1rs Pères 
*aifoienc an trop grand commerce de cette 
-lerbe s Bc que par une autre Cédule de la 
néme année y pour obvier aux plaintes de 
a Ville de l'Aflomption , laquelle repréfen* 
oit le préjudice que lui caufoient les Perei 
p y envoïant àc leurs Bourg^ides upQ ex- 



Ï743. 

DÉCILET DE 



3^0 PlBCES fUSTIFICATiVM 

' ceffivc cjuantité de THerbc , ce qui empt» 
choie les Habitans de vendre la leur uaprix 



t3-f,^^«I A/^ raifoniiable . il fut ordonné qu'ils ne pour 
roienc y envoier tous les ans que douie 
mille arrobes pour païcr le Tribut , qui ccoic 
le motif de ce commerce , & qu'avant que 
de rcnvoïcr ils la fcroicnt vifirer & rcgîtrcE 
<lans les Villes de Santa-Fé & de Corricn- 
tcs , à faute de quoi celle qui n'auroit point 
de PaiTeport feroit faifie , comme on en 
ufoit à regard des Particuliers. Il confte 
auiC qu'en vertu d'une Ccdule , du 4 de 
Juillet 1684, renouvellée dans rindruâioQ 
adrefTée ^ en 171^ , à D. Bruno deZavala, 
ces Indiens font exempts de tous droits 
pour la vente de l'Herbe 8c des autres fruits 
qui renégocient dans leurs Bourgades, & 
qu'il réfulte auffi de tout ce qui s'cft paffé 
anreccdemment à cette affaire , que dans la 
fuite les Pères furent relevés de l'obliga- 
tion de faire enrcgîcrer l'Herbe qu'ils ni- 
gocienc , n'étant obligés qu'à donner avis 
par Lettre au Gouverneur de l'Aflomptiott 
de la quantité qu'ils en envoient , ce qui 
s'observe exactement , comme le certifient 
les Officiers de mon Tréfor Roïal de Bo^ 
iios-A^rès , en conféquence de la fuftlitc 
Cédule , du 4 Juillet 1684. Enfin aïant à' 
vanr les yeux la preuve que le produit k 
l'Herbe, des autres fruits de la Terre, & 
de rinduQrie de ces Indiens eft de cent mil- 
le écus y ce qui s'accorde avec ce que difetf 
les Pères, lefquels certifient qu'il ne rets 
rien de cette Tomme pour l'entretien de tren- 
te Bourgades de mille Habitans chacune, 
ce qui^ àraifoa de cinq Perfonnes poXj^ 



DI l'HlSTOXHE DU PaKAGVAT. $€x 

.Àtque Habitant , fait le nombre de cenc ■- 

cloquante mille Perfonncs.qui fur la fomme '745* 
ic cent mille écus, n ont chacune que fcpc Décret i*t 
licalcs pourachcterUurs outils & pour en- ^"'^'^'' ^' 
trcrenir leurs Eglifes dans la décence où el- 
les font 5 ce qui étant prouvé fait voir que 
ces Indiens n'ont pas même de fonds pour 
le léger Tribut qu'ils paient. Cela pofé: 
99 J'ai jugé à propos qu on ne changeât rien 
9» dans la manière dont les fruits , qui fe 
«9 recaeilleot dans ces Bourgades , fe négo- 
M cient par les mains des Pcrcs Procureurs, 
»» comme il s'eft pratiqué jufqu'à prcfent • 
»a êc que les OSciers de mon Iréfor Roïal 
9% de Santa- Fé & de Buenos- Ayrés en« 
99 voient tous les ans un compte eiraâ de 
a» la quantités de la qualité de ces fruits» 
n fui vaut Tordre qui en fera expédié par une 
M Cédule de ce jour y auquel ordre ils fa 
»> conformeront avec la plus pon£luelle 
a» obélflance. 

Dans le troisième article il eft 

Îueftion de favoir fi on apprend à ces In« 
îeos la Langue Cadillane , ou fi on les 
entretient dans TaGige de ne parler que leur 
Laog;ue naturelle. 

Me rappellant qu'il réfulte des Informa- 
tions qui ont été faites fur ce point , que 
^s Iniiiens nç parlent que leur Langue natu- 
Sclle-, mais que cela vient de l'attachement 
lu'ilsyomt, & nullement d^aucune défenfe 
lue les Pères Jéfuites leur aient faite de par- 
er Efpagnol^ puifque dans chaque Bourga- 
l|K il V a une £cole « oii l'on apprend à lire 
fc à écrire en cette Langue , de qu*il arrive 
Tome VI . Q 



5<1 PitCïS mSTlTlCATITM 

dc-là qu'il y a un grand nombre d'Inciienf 

^'^^^' qui écrivent & lifcnc très bien rEfpagnol, 
DÉCRET DH ^ nacmc le Latin , quoiqu'ils n'entcadcot 
Philippe V. ce qu'ils lifenc, ni ce qu'ils écrivent; 
les Pcres de la Compagnie aflurant d'ailleats 
quils ont tenté toutes les voies dç les cnga- 
ger à parler Efpagnol , à rexception ii 
celle de la rigueur qui n'cft point ordonnât 
par la Loi , & dont il ne leur a point pan 
• convenable d'ufer. Ce <^uî étant fuppofé 
9> J*ai trouvé bon d'enjoindre fpécialenicoi 
» aux Pères de la Compagnie par une Ce- 
» dule de ce jour , de maintenir fans faon 
9> les fufdites Ecoles dans les Bourgades, 
90 de de procurer que leurs Indiens jparleoi 
•» la Langue Caftillane, conformément S 
M la Loi 18, Tit. i « Liv. 6 y duCodedci 
93 Indes, tant parceque cela convient flo 
•3 bien de mon fervice , que pour préveoif 
>9 & faire cefTer les calomnies que Ton fuf^ 
93 cite à leur Compagnie fous ce pé^ 
9» texte. 

Le quATRiEME ARTICLE fe rédultàfa* 
Yoir fî ces Indiens ont un Domaine parti* 
culier « ou (î ce Domaine , ou fon admioif* 
tration , efl entre les mains des Pères. 

Il confie par les Informations faites for 
cet article > par les Aâes des conférences ft 
les autres Pièces , que vu rincapacité & l'in- 
dolente pareffe de ces Indiens dans le manie'' 
ment de leurs biens , on afligne à chacun ont 
portion de Terre pour la cultiver , &, decej 
qu* il en retire , entretenir fa Famille s qoer 
reftant des Terres eft en commun j que ( 
qu'gn ça (çcuçiUc 4e grains ^ dç 



»i t*Hr$ToiRe w Paraguat. j^j 
«omeftiblcs & de cocon cft admîniftré par -• 

les Indiens, fous la dirc<aion des Cures, ^7^h 
auflfî- bien que THcrbe & les Troupeaux: Décrftd» 
que du touc on faic trois Icxs, le premier ^'^^^'^ ^" 
pour païer le Tribut à mon Tréfor Roïal , 
fur quoi font prifes les penfions des Curés ; 
îc fécond , pour rornement & l'entretien 
des Eglifes; le troifîeme, pour la nour- 
riture & le vêtement des Veuves & des Or- 
pkelins,des Infirmes, de ceux qui font 
emploies ailleurs, & pour les autres néccffi- 
tés qui ûirviennent , n'y aïant prefque pas 
an de ceux , à qui on a donne un terrcin ea 
propre pour le cultiver , qui en retire de 
quoi s'entretenir pendant toute Tannée : 
que dans chaque Bourgade, des Indiens 
Majordomes , Computiftes , Fifcaux , 8c 

' Gardes-Magafîns, tiennent un compte exa<5t 
de cette adniiniftration , & marquent fur 
leurs Livres , tout ce qui entre & touc ce 
qui fort du produit de la Bourgade , Se que 
tout cela sobferve avec d'autant plus de 
ponctualité, qu'il efl défendu aux Curés 
par leur Général , fous des peines très grie- 
ves j de faire tourner à leur profit rien de ce 
qui appartient aux Indiens , même à titre 
d'aumône , ou d'eniptunt, ou fous quelque 
prétexte que ce foU , qu'ils font obligés par i 
le même précepte de rendre compte de touc 

• au Provincial : c'eft ce qu'aflïïrc le Révé- 
rend Frère Werre Faxardo , ci-devant Evc- 
que de Buenos- Ayrès, qui , au retour de la 
vifite qu'il avoit faite de ces Bourgades » 
proteflê qu'il d' avoit jamais rien vu de 
mieux réglé , ni un défintérefTement pareil 

'à celui des Pères Jéfuices, puîlqa'ilsne ci<- 



3éf4 PlEClS nr«TlïXCAYXT«t 

— rent abfolument rien de leurs Indiens , ti 

I74î« pour leur nourriture y ni pour leur vêtç- 
DÉcRET DB ment. Ce témoignage s'accorde par&ite- 
Philippe V. ment avec plufieurs autres , qui ne font pas 
moins fûrs , & fur-tout avec les Informa- 
tions qui m'ont été cnvoïées en dernier lieu 
par le Révérend Evcque de Buenos-Ayris 
Dom Jofeph de Peralta , de Tordre de Saini 
Dominique^ dans fa Lettre du 8 de Janvlei 
de la préfente année 1745 » rendant compte 
delà vifîte quil venoit d'achever des fu(di« 
tes Bourgades , tant de celles de fon Dioci- 
fe , que ne plufieurs de l'Evéché du Para* 
guay,ayecla permiflion du Chapitre delà 
Cathédrale > le Siège étant vacant, apuïanc 
fur-touc fur la bonne éducation que ces 
Pères donnent à leurs Indiens , qu*il a trou- 
vés fi bien inftruics de la Religion & ea 
tout ce oui regarde mon fervice »^^ fî biea 
gouvernés pour )e temporel y qu'il n'a 
quitte ces Bourgades qu'à regrer. Tous 
ces motifs m'engagent à déclarer : «> Que 
« ma volonté Roïalc ciï qu'il ne foit rien 
M innovédansl'adminidration des biens dç 
>9 ces Bourgades 4 & quç l'on continue 
» comme on a fait jufqu'à préfent dès le 
M commencement des Redu£lions de ces In^ 
•9 diens , de leur confçntcmf!i)t , & à lear 
»> grand avantage ^ les Miflionnaires Curés 
»3 n'en étant proprement que les D^reâeors, 
. 99 nui par leur fage œconon^ie Içs ont pré* 
•3 lervés de la mauvaife diftribution & des 
»» malyerfations y qui fe remarqyen; daof 
» prefque toutes les autres Bourgadçs lOf 
a».diennesde l'un de l'autre Roïaume. 
.;; gt <^uoi(}uç par ^e Cé4ulç ïVoïale^ A 



Bt L^HistoiitE Dû Paraguay, ^éf 

l*à&née i66ï3 il ait été ordonné que les J""*^ 

Pcres nexerccroient point TOfficc de Pro* ^ 
teneurs des Indiens 5 comme cette défcnfe^^^*^"^ ^* 
leur avoit été faite fur ce quon leur impu- "*'•*'" • 
toit de s'être ingérés dans la Jurifdiâion £c- 
cléfiaftique & Tempofcllé , & d'empêcher 
qu'on ne levât les Tribut, & comme cette 
imputation étdit alors incertaine ^ que le 
Contraire même a été vérifié depuis , & que 
la protedion qu'ils donnoient aut Indiens 
fc bornoit à les bien gouverner foit dans 
le fpirituel, foit dans le temporel. 3-> J'ai 
*• jugé qu"il convenoit de déclarer la vérité 
9» de ce fait , & de commander , comme je 
M fais ) qu'on n'altère en rien la forme du 
ao. Gouvernement établi préfentement dans 
aa ces Bougadcs. 

Dans le cinquième ARTictE , on de- 
mande (î les Indiens de ces Minfions ont 
d'autres Juftices que celles de leurs Alcaldes 
Indiens, & par qui ces Juges font nommés ? 

L'établi (Tement des Corrégidors Efpa- 
gnols dans ces Bourgades écant fujet à de 
grands inconvéniehs , comme il paroît par 
l'information qvie Dom Martin de Barua a 
cnvoïéeà mon Confeil des Indes, con- 
tre le fentiment de Dom Barthélémy de 
Adulnaté ; & le Mémoire judificatif d'A- - 
gnero faifant connoître que dans chacune 
de ces Bourgades il y a un Corrégidor Iii« 
dien , nommé par le Gouverneur de la Pro- 
vince , après en avoir conféré avec les Pè- 
res ; qu'il y a auflî des Alcades ordinaires , 
& d'autres Officiers de Magiftraturc, que 
le même Gouverneur choifitious les- ans de 

Qii} 



^46 Pièces justiiicativis 
••' concen avec les Pcrcs , comme il arrive its 

^^^^' moins le plus fouvem, ce que le fufdît 
DÉCRIT Di Aguero edime être le plus expédienc , parce- 
T^i.LifFi V. ^^^ ces Religieux conDoiflcnt mieux les 
Sujets les plus capables d exercer ces Em- 
plois : 33 J'ai jugé qu'il convenait de ne pas 
oo changer cet afage 3 & j'ai réfolu de dé- 
M clarer, comme je fais parle préfenc Dé- 
zD cret , qu'on s'en tienne à ce qui a été 
M pratiqué jufqu'à préfent. 

Le Sixième article comprend tout et 
qui fe trouve dans les Informations au fu- 
)etdes Arts nobles « ou méchaniques, que 
les Pères ont enfeignés à leurs Indiens : des 
Manufaélures , qu'on y trouve : fî les In- 
diens fabriquent leurs armes > la poudre oa 
autres munitions : s'ils ont des Mines *, de 
quelle nature elles font , & ce qu'elles pro- 
duifent ? 

Sur tous ces points « il confie par les 
Procès-verbaux dreffés par Dom Jean Vaf- 
quez , que dans chaque Bourgade il Y a pla- 
ficurs Attcîiers difFérens , ou l'on fabrique 
des armes à feu Se des armes blanches de 
toutes les efpeces , de la poudre 6c toutes 
fortes de munitions ; mais que par rapport 
Srux Mines on n'y en connoît aucune , & 
<|u*on n'a pas oui dire qu*il y eût aucun 
Métaux dans ces Quartiers. On m'a auffi 
rappelle que par une Cédulc du 14 d'OéVo- 
bre 1^41 , il fut mandé au Comte deChin- 
«hon , Viceroi du Pérou , d'informer fur 
l'inftançe que faifoit le Père Montoya, Pro- 
cureur du Paraguay , pour qu'on permit 
à tous les Indiens convertis depuis long- 



BË L*rtistôiitE DU Paraguay. ^6-^ 

ttms , & voifins des Portugais du Brcfil , ■ 

Tufage dei armes à feu ^ n'y aïant point i743- 

-d'Erpaguols qui puiflenc les défendre con- DécKET di 

trc CCS Portugais , qui les piiloient & \t$VHiLimy* 

maiTacroient , parcequ*cncorc qu'il pût y 

avoir quelqu inconvénient en cela , & qu'on 

put craindre quelque révolte de ces Indiens 

quand on les auroit ainfi armés ^ on pour- 

roît y obvier en mettant toutes les armes 

& les munitions à la garde des Pères, qui 

ne les donneroienc aux Indiens qu'autant 

qu'il feroit néccffaire , l^s retireroient dès 

Sue le befoin auroic cédé , &: ne laideroient 
ans chaque Rédu£lion que ce qu'il fau- 
droit de poudre & de munitions , pour re- 
poufTer une irruption qu'on auroit lieu de 
craindre, tout le refte demeurant à l'Af- 
fomption : le Procureur demandoit encore 
qu'il fut permis d'acheter ces armes & ces 
munitions des aumônes &^dcs autres effets 
qui ncfcroicnt point à charge aux Indiens, 
& que pour leur apprendre à en faire ufa- 
gc , on pût faire venir du Chili des Frères 
Coadjuteurs, qui auroicntéré Soldats. Le 
même Ordre aïant été répété , le i y de No» 
vembre 1641 , au Marquis de la Mancera, 
Sacceffeur du Comte de Chinchon , & n'y 
aïant aucune connoiflancc certaîrife des In- 
formations que donnèrent ces deux Vicerois , 
il fe trouve que par une Cédule , du 10 de 
Septembre de 16 4^, il fut mandé au Gou- 
verneur de Rio de la Plata de ne rien chan- 
fer au fujec de Tufage des armes dont ces 
ndiens étoîent inftruîcs, & qu'on leur 
avoir permis pour leur défenfe : & quoi- 
que par une autre Cédule , du 10 de Juin 
Q iiij 



Î70* Pièces justificative» 
j.^^ vcîlc force dans rinftrudion cnvoï&, tn 
171^, à Dom Bruno-Maurîcc de Zavala, 
^iFPE V* P^^ laquelle il fut averti qu'il convenoit 
* que CCS Indiens fufTcnt toujours armés |pout 
Tutilité qui en rcvicndroit à mon fervice, 
& pour la dcfenfe de ces Domaines. Tous 
ces motifs m*ont fait réfoudrr » h ne j>as 
9» fouffrir que fur tous les points qui (ont 
3^ contenus dans cet article on change riei^ 
» à ce qui fc pratique adluellement > & à 
» ordfonner que Ton continue à en ufcr 
93 comme on a fait jufqu*a ce four , tanr 
39 pour ce qui regarde les armes , que pour 
3> leur Fabrique, & celle d:es munitions, 
33 dont il a été parlé : & quand aux pré- 
33 cautions qu*il convient de prendre con- 
n tre les inconvénients qu'on en pourroir 
90 craindre , ma volonté eil que par une 
« Cédule datée de ce jour , & adreifée aux 
ao Pères de la Compagnie, le Provlncîaî 
9» (bit tenu, lorfqu'il fera la vifite des 
» Doélrînes , de conférer avec les Curé* 
» fur les mefïues qu'il y auroit à prendre 
3!> dans le cas où l'on pourrort craindre une 
93 révolte des Indiens , Se d'informer mo^ 
33 Confeil des Indes des motens qu'ils jù* 
33 geroicnt les plus propres pourîa prévenir; 

Dans ie septième article ^ îl s'agît 
^e favoir fi on a /tablr parmi ces Indien^ 
Tufage de parer les Décimes 5 ou du moins 
iT pour rcconnoîtrc ce drok ,iFs s'acquitent 
dfc ce qui eft dur à FEvcque & à l^glife 
Cathédrale r & en quelle forme s*en fait la 
^îftribution. 

Toutes les pièces qui concerkienc ce 



DB l'Histoire DO Pa&agvay. 17 i 
article m'aïant été préfcncées avec une ^ 

Information faire ancicnnenient par un '743* 
Evêque de Buenos Ayrcs, ce Prélat difoit Décrit Dt 
que les Indiens , dont les Pcrcs de la Com- P**'»-"" V. 
pagiiie font chargés , n*écoient d'aucune 
utilité à fon Eglife , n* aïanc jamais re- 
connu fes droits par les Décimes & les 
prémices; fur quoi il fut mandé par une. 
Cédulc du 15 Odobre I6p4, que ces In- 
diens feroienc tenus de païer les Décimes à 
leurs Evéques : cet ordre fut réitéré depuis 
aux Gouverneurs du Paraguay & de Bue- 
nos- Ay tes , les Evéques étant avertis en 
même tems d'cnvoïer à mon Confeil des 
Indes des Certificats de ce qu'ils aùroicnc 
reçu chaque année à ce titre : d'autre part 
il m*a été remis une Déclaration du Chapi- 
tre £ccléfiaftique du Paraguay , que dans 
ce Dioccfe la coutume immémoriale eft 
que les Bourgades Indiennes , qui ont pour 
Curés des £cclé(iaftiques ou des Religieux 
de Saint- François, ne paient point de Dé- 
cimes , ce qui eft confirmé par toutes les 
Informations, qui ont été faites en der- 
nier lieu ; à quoi faifant une attention fîn-^ 
guliere> & réfléchiiTant fur les inconvé- 
nients, que pourroit caufer un nouveau 
règlement fur -ce point ; » j'ai réfolu de 
99 n'y faire aucune innovation ; mais de 
M prévenir par une Cédule particulière le 
3> Provincial , afin que faifant attention à 
9» la juftice du droit d'impofer les Déci« 
9> mes , il délibère avec fes Religieux fur 
99 tes moïens d'engager leurs Indiens à s*y 
79 foumettre , de de voir en quelle forme 

Q vj 



}7* ^ECES JUSTIFICATIVES 

— — ""^ 33 ils poarronc contribuer quelque chofe, 
^745' „ ^ |.jj,.g jg Décimes. 

DÉCR.Ï.T DE 

PHiLxppfi V. L'article huitième fc réJaît à exi- 
miner à quoi font occupés ce grand nom- 
bre de Pcrcs , qui font allés & vont .aas 
Midions du Paraguay, où Ton ne compte 
que trente Bourgades : s'i^s font encore de 
nouvelles conquêtes , ou s^ils fer bornent 
à cultiver les Réductions ^ qui font déj» 
fondées > 

Sur ce point* particulier il réfîilte dcç 
Informations du fufdit Agucro, que les 
Keligieux qui partent pour ces Mi(fioDs^ 
font ou des* Novices qui font envoies au* 
Collège de Cordoue , ou des Profès , dont 
les uns font dcftinés pour les Collèges , & 
les autres vont fe joindre aux Curés , pour 
apprendre la Laneue , afin de pouvoir être 
emploies dans îcs Cures vacantes f & qu'il 
n'avoit aucune connoiflance que ces Pères 
travaillafTent à faire de nouvelles convcr- 
£ons , (inon que de tems en tems ils réa- 
nifToient & failoient dcfcendre des Monta- 
gnes des Familles qui avoient déferté de 
leurs Bourgades : mais ce point aïant été 
agité avec les Pères dans les Conférences 
qu'on a eues avec eux , ils ont répondu que 
les Miffionnaires qu'ils avoient de fuma- 
méraires , font emploies à faire de fréquen- 
tes courfes Anoftoliqucs dans les Monta* 
gnes pour y cnercher des Infidèles , & que 
ceux qu'ils peuvent gagner font conduits 
dans les Bourgades qui font déjà fondées. 
11 eft au(& prouvé par plufieurs Mémoires ^ 



»t L*Ht$roiiLt 3^j Pauaguay. j^j 
^*oucre ce qui vient d'être dit , ces Reli- * 

gîeux continuent à former de nouvelle^ ^745'" 
Rédudions j^armi ïcs Chîquitfe^i les Chiri- DicufT Drf 
guanes , les Peuplt^du Chaco , & les Pim- PK-itxïM V*' 
pas; d'oà il s'enfuit que non feulement ils 
n*onc rien relâché de leur zèle pour cou-' 
quérir les Âmes j mais qu'ils s'y portent 
svec une ardeur qui va toujours croi{{ant ; 
ce qui m'étant parfaitement connu , 8C 
n'aïant d'aiHcurs aucune ràifon pour rren 
flatuer fur ce point , ma volonté Roïale 
eft a» qu'on ne faife aucune innovation à 
a> ce fujet3 Se comme je fuis bien sàCer 
M d'érre ezadement inflruit du progrès de 
oo ces Mi/Gons , j'ai réfolu d'enjoindre à ces 
37 Pères > par une Cédule Roïale de cor 
33 jour , de ne manquer aucune bccaHon de* 
33 rendre compte à mon Confeil des Inde?^ 
Tf des nouveaux progrès que l'on fera danr 
3> ces Mifiionsw 

Dans lb neuvwre akticle , îF cftr 

3ueftion de favoir fi le Révérend Evêquc 
u Paraguay a vifité ces Bourgades pour y 
adminiftrer le Sacrement de la Confirma* 
tion , & conibiesi de tems il y a que cela ne 
s'cft point £ait. 

Comme il eft certain par les Informa* 
tiens de Dom Jean Vafquez Se par fes Pro- 
cès-verbaux , que l'Evcque du Paraguay a 
vî&é-deux fois toutes les Bourgades ; que 
le Révérend Evéque Faxardo , ci-devant 
Evéque de Pnenos^Ayres , a fait )a même- 
chofe,.&qjue l'un & l'autre Prélat y ont 
donné la Confirmation ; qu'il n'eft pas 
inoins conftant que tous les Evêques, cpû 



374 PXICES ItJStlflCATlYEt 

■■ ont voulu faire cette vifitc , l'ont faite , 8c 

I74}- ÇQ QQc rendu & en rendent encore annuel-' 

DECRIT DE Icment compte à mon Confeil, marquant 

Philippe V. |ç ^^j^ ^^^^^ ^ ^^^ jj, q„ç tiQqvé ces MiUions, 

quant au fpicituel « ainfi que vient de faire 
tout récemment TÈvêque de Buenos- Ayrcs, 
par fa Lettre que j'ai déjà citée ; 6c quon 
n'a jamais oui dire qu'aucun fe Toit plaint 
que perfonne ait fait la moindre oppo/i- 
tion a ces vi(îces -, & afluré que je fuis Je 
la vérité de ces faits , » je ne trouve rien 
93 qui oblige à prendre aucune mefure à 
M ce fujet. 

Le DIXIEME ARTICLE regarde Ics Eglî* 
fes , dont les Pères font chargés : leur affi- 
duité à y réfider : & le culte Divin. 

J'ai vu tout ce qu'à repréfenté le fufdît 
Aguero des grands foins , que fe font don* 
nés les Pères pour la fabrique des Eglifes « 
de leur application à les embellir , de l'ar- 
genterie , & des riches ornemens , dont ils 
les ont fournies , de la manière dont le 
fer vice Divin s'y fait avec une ponéluali- 
té , un éclat & une dévotion , qui ne peu- 
vent pas aller plus Iota : tout cela e(t 
confirmé par les Ennemis mimes de h 
Compagnie , & par la Lettre déjà citée de 
TEvêque aébuel » du 8 Janvier de cette an^ 
née : -.^ c'cft pourquoi j'ai réfolu de témoin 
M gner à ces Pères ^ comme je fais par 
u une Dépêche de ce jour « ma gratitude 
*a pour leur grand zèle 6i leur applicatioo 
M fur tout ce qui regarde cet article. 

Dans l^onziemi article, il s-agitde 



Hï l'Histoire T>tJ Paraguat. ^f 
rëpoqnc <îc la fondation de chacune de ces 
Boai-gades, & /î après dix ans elles doivent 
être regardées comme Cures Laques , & p^j^j^pi v! 
cclTer d'être des Mi flions. 

J'ai vu ce qui confie par les Informa- 
tions faites à Buenos- Ayrés , & ce qui 
réfultc de celles , qui ont été faites anté- 
rieurement fur ce pornt j elïes prouvent 
que ces Bourgades font fort anciennes, 
puifquen l'année i^)'4» elles étoient déjà 
fur le pié de DpSIrines y an Iku qu'aupa- 
ravant on les appeltoit /?r^£^^f(7/z^y ce quK 
ft voit par des Cédules des années 165» 
& i6fï y expédiées au fu}etdes démêlés e»- 
trc le Révérend Evêque de Cardenas & \z 
Compagnie âc Jefus , & dreffées à mo» 
Audience Koïale des Charcas , afin qu'elle 
rétablît la paix dans le Paraguay , & qu'el- 
le fit obferver les Loîx du Patronage Roïal 
dans ces Doctrines j avec un ordre de 
faire reftituer aux Pères de la Compagnie 
leurs Maifons , leurs Biens & leurs Do6irî^ 
nu , dont on les avoir dépouillés s mais àî 
condition de fe foumettre dans leurs Ré- 
duâlons y quand ils y feraient rétablis , à 
toutes les règles du Patronage Roïal. Par 
ûHeautte Céduk , du iç de Juin i^y4j if 
ftt déclaré, que ces Rédndions des Pcrcs- 
iz la Compagnie de Jefus au Piaraguay, 
ne devaient çlus être regardées que com- 
inc des Dodrînes 5 que quand il faudroit y 
mettre un nouveau Curé , il faudroit pre- 
fcnter trois Sujets au Vice- Patron , comme 
îl fe pratiquoir par-tout âiReurs , & que fî 
la Compagnie n'acquicfçoit pas à ce régie-* 
Acnty les Gouverneurs & les Evéques, 



^yt PiECIS JCSTXTICATfVB^ . 

■ . ' chacua dans leur Province , dirpoferoieiif 

^^45- Jes Cures, &'y nommeroient des Prêtres 

DÉCR.ET DE féculicrs , oU à leur défaut des Religieux 

Fhjlippe V. jçj autres Ordres j mais que fi les Jcfoi- 
ces confentoienc à reconnoitrt en tout SC 
par-couc le Patronage Rpïal , de les laifler 
eu pofTedion de leurs DoÀrines. L'Audience 
Roïalede la Plata ^utaufC infbaire de cette 
affaire , & il fut ajouté que dans le cas 
où le premier Supérieur de h Compagnie 
fta Paraguay jugeroît à propos de retirer 
un de Tes Religieux de fa Cure , il le pour-i 
roit fans être obligé d*en faire connoitro 
les raifons , en (>ropofant trois^ autres Sq-« 
jets , fuivant la forme prcfcrite. Le Gou- 
verneur du Paraguay aiaet mandé que le 
l^rovincial de la Compagnie s*ctait fournis i 
tout ce qui écoit porte par les Cédules , iC 
promis de s'y conformer pon^cllement , ' 
il lui avoir laifTé Tadminidration des l>oc« 
trines ; quelle même Provincial lui avok 
, préfenté pour chaciïne les trois Sujets qui 
paroKToient lés plus convenables ^ que TE** 
vécue ou le Graud-Vicaire leur avoir dotf* 
ne le Flfa , & les avoit mis en pofTeflionf 
fous condition d'obferver coûtes lesXoix 
du Patronage Roïal : fur quoi il filt ex- 
pédié le 10 de Novembre 16^9 une Cédale 
Roiale, qui approuvoit tout ce qoi avoic 
été fait« Âïant donc reconnu part toutes les 
pièces , que la même règle s'obferve encore 
aujourd'hui ; que mon Patronage Roïal efi 
bien établi dans ces Bourga£s, & que 
toutes ces Dod^rines font bien gouvernées^ 
fy j*ai réfolu de n'y faire aucun change 
99 menr> Se ma volonté efl: quelles coati? 



*t L*HlsTOiRï or Pakact/ay. J77 
« nucnt d'ccrc fous la charge & la dirw j- 
« tîon dcç Pcrcs de la Compagnie. 

* ° DÉCRET i>« 

^ " ,, Fhili»p£ Vé 

Quant au DoyziEME article , il 

iroule fur le motif qu on a pu avoir pour 
ordonner que les Bourgades qui font^fi- 
tuées dans la Jurifdidion du Paraguay ne 
foient point foumifcs au Gouvernement de 
cette Province. 

Je me fouviens d'avoir mandé par mpn 
Décret Roïal ,du quatorze d*Oftobre 171^, 
que jufqu*à ce que j'en euffe autrement or- 
donné les trente Rédndtions Indiennes de» 
Pères de la Compagnie du Paraguay fulTcnt 
dépendantes des Gouverneurs de Buenos- 
Ayrès. Le motif qui m'avoit fait prendre 
cette réfolution étoit ce qui m*avoit été 
repréfcnté, par le Procureur de ces Miflions, 
des grands troubles furvenus dans cette 
Province de Paraguay fous le gouverncmenc 
de Dom Jofeph de Antequera ; que Ics^ or- 
dres aïant été donnés en conféquence , D. 
Bruno- Maurice de Zavala me rcpréfenta 
que la crainte des grands inconvéniens qui 
pouvoient naicre de leur exécution^ fur- 
tout par rapport aux quatre Bourgades les 
plus proches de l'Aflomption y l'avoit en- 
gagé à convenir avec le Gouverneur du 
Paraguay que les quatre Bourgades conti- 
Djocroient d'être de fa dépendance , jufqu'à 
ce que maïanc expofé les raifbns qu'il avoit 
tues d'en ufer ainfi , j'euffe donné des or- 
dres du contraire. Sur quoi en aïant dé- 
libéré dans nK>n Confeil des Indes , )'ap- 
muvaî ce qui m'avolc été propofé; Ôc 
IQoiqttç les ordres euiTencété expédiés ç» 



J^S Pièces msTifiCATivls 

- ^onféaaence de cette déliWracion , parutUI 

I74î» Dépêche du s de Septembre 17J) , il fc 
DtcMT OT fjQQve que les trcixc Bourgades fituécsdani 
* . 1^ jufjfdi^ioû da Paraguay étoîcnt encore 
fous la dépendance du GoUvemenr de Bue^ 
nos-Ayrès en l'année 173^ , lorfcju'Agoero 
faifoit fes Informations : le Mémorial da 
Provincial de ces Mi(fions dit la même 
chofe , & marque exprefTément qu'on ac 
s'adrcfTc pour la Confirmation des noa-> 
veaux Alcaldcs , & pour tout ce qui eO; de 
la dépendance des Gouverneurs , qu'à ce- 
lui de Buenos-Ayrès , & non à celui du 
Paraguay , de forte que Tordre qui regar- 
doit les fufdites quatre Bourgades , n'a 
point eu d'exécution , parceque quand il 
étoi: arrivé , la Province du Paraguay 
ëtoit foulevée , & qu'il avoit paru dange* 
reux d'augmenter les forces des quatre 
Bourgades donc il étoic queftion. Cela 
étant ;;irin » ^ confîdêrant que dans toat 
. ce qui m'a été mandé fur ce point aucune 
raifon ne m'oblige à rien ftatuer de nou- 
veau , ma volonté eft » qu'il ne fc fa/Tc 
M aucun changement dans ce quife [ra* 
*) tique aujourd'hui. 

J'ai été instruit, en dernier lieu, 
qu'un dcsgricfe, qu'on a publiés contre les - 
Pcrcs de la Compagnie de Jefus , eft qu'ils 
mènent ,' dans les MiflîxMis*, des Rcligierx' 
* Étrangers ; mais je n'ai pas -oublié qu'il 
lie l'ont fait qu'en vertu des ordres des Sou- 
verains ; ni qu'en l'année 1734, j'ai ac* 
cordé'par mon Décret, du 17 de Septem- 
bre X757 , au Général' de cet Ordre > que' 



Bi l'Histoire du f araêuat. $7f 
iqtic fois qu'il cnvcrroit des Miffionnai- 
(dans mes Domaines de l'Inde il pût y ^/^5* 
oir une quatrième partie de Religieux D^c»" ^ 
Icmands. Je fuis auffi inftruit que dans P"'"'" ^* 
lices les occafioDS ceux-ci fc font mon* 
s très fidèles, & qu'en 1737 ^^ Perc 
lomas Werle , Bavarois * étant au fiege 
: la Colonie du Saint - Sacrement avec 
atre mille Guaranis , fut tué d'un coup 
fufii par mes Ennemis. Cela feul confi- 
re, M j'ai jugé à propos d'enjoindre à ces 
Pères , comme je fais par une Cédule do 
ce jour , de faire beaucoup d'actcntîon 
au choix de leurs Millionnaires *, princi-* 
paiement à l'égard des Sujets des Puif- 
fances Maritimes. 

Enfin étant manifcfte , par ce qui a été 
t dans les articles cideffus, & par les 
crits anciens & modernes qui ont été 
îs dans mon Confeil & examinés avec 
lute l'attention que dcmandoit une affaire 
importante dans toutes fes circonflan- 
îS, que les faits les plus véridiques jufti- 
:nt que dans aucune portion des Indes 
ion Domaine & le droit du Vaflclage n'eft 
lus généralement reconnu , que dans ces 
oui^ades , ni le Patronage Roïal , ni la 
3ri(diâ:ioa Eccléfiaftique &JEloïale mieux 
;ab!i , comme le prouvent les vifites con- 
nuelles des Evêques & des Gouverneurs > 
: l'obéifiance aveugle que ces Indiens ren- 
:nt à leurs ordres , fpécialement lorfqu'ils 
mt mandés pour la défenfe du Pais ou 
>ur quelqu'autre entreprife que ce foit , y 
iâoc toujours quatre ou fiz niille Indiçns 



JSo Pièces ^vsritieAnrts 
^ j . armés, prêts à marcher où on Icar ordonna 
» fairéfolu de faire expédier aoeCéiulo 

tHiLiFFE v! '* P^"^ ^^'^^ connoîtrc au Provincial la 
"^ * » facisfa^lion qac je rcflens de voir s*éva- 

» nouir , à la lumière de tant de juftifica- 
^3 cions, les calomnies Se les impoftares 
3> d'Aldunaté & de Barua ^ & la grande 
M application de la Compagnie à tout ce 
M oui cft du Tcrvice de Dieu , du mien & 
33 de celui de ces malheureux Indiens, 
M que j'cfpere quelle continuera avec le 
a> même zcle Se la même ferveur à gouvcr- 
^3 ner ces Réduûions , de à prendre le mê- 
M me foin des Indiens. 

Ceci étant tout ce que j'ai jugé qu'il 
convenoit de réfoudre fur tout ce que dcf»- 
fus , je mande en conféquence par la pré- 
fenre Cédule à mes Vicerois du Pérou & 
du nouveau Roïaume de Grenade , au Pré- 
fident & aux Oydors de mon Audience 
Roïale des Charcas , aux Couvertieurs du 
Paraguay & de Buenos- Ayrcs , aux Offi- 
ciers de mon Tréfor Roïal de ces didrids, 
je prie & je charge le très Révérend Ar- 
chcvcqi]^e de la Métropole de la Plata , & 
les Révérends Evéqucs defdites Provinces 
du Paraguay & de Bucnos-Ayrcs , leurs 
Chapitres y & généralement tous les autres 
Juges Eccléfîadiques Se Séculiers de mes 
Domaines de l'Amérique > que peut regar- 
der en tout , ou en partie Texécution de ma 
préfente volonté Roïale expliquée dans 
les douze articles ci-defTus énoncés , de fe 
conformer à la préfente Cédule , & de la 
faire exécuter chacun dans l'ércndac de 
fou Oiftriâ: 5c de fa Jurifdidlon fans ie« 



>lique r ^^^^ ^^^^^ ^ ^^"^ obftacle, de force 



jnc tout ce qu'elle renferme aie fon plein ^^J • 
'£et y & que tous fâchent qu'y faifant ■D^c^'^t ov 
iutc ils encourront ma difgrace. J'ordon- "'^'"* ^^ 
le encore que chacun , fur ce que moa 
iréfcnt Décret lui prcfcrit , me donne 
)romptcment avis de fa réception & de 
Ton obéiffance 5 & la préfente fera enre- 
jiftrée par les Officiers Roiaux au Greffe 
îe mon Confeil des Indes , ^ dans tout 
ceux de mes Domaines. 

Donné à Buen Retira y U vingt- huk 
Décembre 1743. 

M O I L E RO I. 

Par U commandement du Roi Notre 
Seigneur ; 

DpM Michel de Villanueva; 

Le préfent Décret vrefcrit ce qui doit 
f'obferver dans les MiJJions 6» dans les 
Bourgades Indiennes des DiftriBs du Pa^ 
raguay & de Buenos- Ayrès , qui font fous, 
la conduite d^s Pères de la Compagnie de 
Mus, ^ ^ 



|St Pièces MStruicAriru j 

CEDULE ROIALE. 

ADRESSÉE 
AU PROVINCIAL DES JESUITES, 

Par laquelle Sa Majejlé lui marque 
fà gratitude pour fon ij^èle, & quelle 
efpere quil continuera à. le faire 
éclater , au grand av antage -des 
Indiens. 

^ L E R O I. 

' V Ewt RABLE & dévot Pcrc Provincial 

CidwlbR. Jç j^ Compagnie de Jcfus , & autres Supé- 
rieurs & Particuliers d*icelle , qui êtes char- 
tés des MifUons dépendantes de la Jurif- 
idlion du Paraguay & de Buenos-Ayiis 
dans mes Domaines dii Pérou : vu dans 
mon Confeil des Indes lalFaire férieafe 
c]u*ont occalionnée le grand nombre de 
Mémoires & d'Informations ^ qui oncpani 
depuis plus d'un Hecle , & qui m*onc été 
adreiTés au fujet des progrès de ces MiC- 
(ions , & les incidents qui font furvenns \ 
je me fuis fait repréfenter entre les autres 
articles, dans un G>nrulte du xi de Mai 
de cette année , ce qui conftoit , & ce qui 
réfnlte de toutes les Informations , à favoir 
qu'il ne fe peut rien ajouter aux foins que 
vous prenez des EgU^^s de ces Bourgades ^ 



DK l'Histoire DU Pauaguay. 381 

«le les fournir dornemens propres & dé- '■ 

cents , & d'argenterie pour le culte Divin , '745- 

3ui ne fe peut faire avec plus de réjgularité , Cisu^iR* 
e fplcndcur & de dévotion , ainhque Tex- 
priment les Révérends Evéqucs , qui ont 
vifité ces Bourgades, & ce que m'a confirmé 
en dernier lieu l'Evêque aâuel de Buenos- 
9 Ayrès dans fa lettre du S de Janvier de 
^ cette année , témoignage qui efl: conforme 
à ce que les Ennemis mêmes de la Com- 
pagmeen ont publié. Tout ceci confideré 
& me caufant un fi fenfible plaifir , parce* 
qu'il intereffe le fervice de Dieu , lur la 
coute-puijTance 6c le fecours duquel je fon- 
i .de relpérance de voir la Foi Catholique 
fe répandre dans les Domaines & parmi \cf 
Vafiaux de ma Couronne , je me fuis dé- 
terminé à vous témoigner , comme je fais 
par cette Cédule ma fatisfadion , & à vous 
xendre des aâions de grâces , qu'ont mé- ^ 

xitées de ma bienveilunce Roïale votre 
zèle & votre application fur ce point. J'ef- 
pere que vous continuerez à les rendre ef- 
ficaces f auffi-bien que votre pondualité à 
TOUS conformer à tout ce que j'ordonne 8c 
enjoins par mon Décret de ce jour fur 
tous les points qui dnt réfulté de cette 
^ affaire : & afin que vous en foïez exaébe- 
ïnent inftruits , mon Secrétaire qui contre- 
çk ^figne la Préfente , aura foin de vous en faire 
^ 'tenir un exemplaire. Je compte que vous 
^ n'en accnferez la réception , & me don* 
2 fierez avis , par toutes les occafions qui 
^ pourront s'en préfenter , de tout ee qui fe 
^' ipréfentcra fur tous les articles de mon fuf» 






)S4 Fiseis lusTmcÀTtTif 

die Décret , cela écanc i\x bien de moA^ 



De Bucn Retira ce 18 Décembre i74?. 
MOI LE ROI. 
Par le commandement du Roi N, 5. 
D. Michel de Vxllamuta] 

CEDULE ROIALE 

ADRESSÉE 
AUPROVINCIAL DES JESUITES; 

Par laquelle Sa Majefté lui marque 

fa gratitude pour Jon:^lcj & qtielU 

efperc quil continuera à le faire 

éclater, au grand avantage des 

Indiens. 

L E R O I. 

V Enerable & dévot Père Provincial de 
la Compagnie de Jefus , qui êtes chargé des 
MifEons de la Jurifliâion du Paraguay & 
de Buenos- Ayrès dans mes Domaines da 
Pérou. On a vu & examiné dans mon Coo^ 
feil des Indes tous les Aâes & autres Infor* 
mations, qui lui a voient été adreflés de- 
puis un fiécle touchant Tétat & les progrès 
de ces MifHons ; & réflexions faites for 
toutes les cîrconftances de cette affaire , je 
me fuis repréfencé dans un Confulte oO 
vingt-deui: de Mal de cette année les me- 

forpf 



©E L*HlSTOIRE DU PaRAGTTAY. }8f 

fîites qae je jugeois les plus convenables _ 

pourlc fervicc de Dieu & pour le mien, i74^ 
les plus avantageufes à ces Indiens, qui CeduleR. 
étant des Sujets fi fidèles & fi utiles à ma 
Couronne Koïale , ont bien mérité de ma 
bienveillance l'attention 8c le foulagcment 
qu'ils éprouvent. Me trouvant donc parfai- 
tement inftruitde tout cela, & de tout ce . 
qui a rapport à cette affaire , & me rappel- 
lant tous les ordres émanés du Throne fur 
tous les cliefe, j'ai pris la réfolution que 
vous verrez par la Cédule Roïalc datée de 
ce jour , que mon Secrétaire qui a contre- 
fîgné la PréCentc fait partir pour mes Do- 
maines de TAmérîique , afin qu'on s'y con- 
forme avec la plus grande pon^ualité,8c ' 
qu'il aura aufll foin de vous faire remettre , 
afin que dans cç qui vous concerne, vous 
obfervicz & faffiez obfcrver ce qui y ell 
prefcrit ; & comme on reconnoîtra , pat 
tout ce qui eft rapporté dans la fufdite Cé- 
dule , qu'il cfl judifîé par des faits véridi-< 
qucs, que dans ces Bourgades mon Do- 
maine & les droits de mon Vadellage font 
parfaitement reconnus ; que les Loix du 
Patronage Ro'ial ^ Se les Loix de la Jurifdic- 
t lion Eccléfiaftique & Roïale font parfaitc- 
\ ment observées dans la pratique , ce qui fe 
% prouve par les Procès-verbaux que les Révé- 
~ rends Evêqucs ont drcffés des vifites qu'ils 
^ onc faites , & par le rapport des Gouver- 
^ Heurs qui ont rendu témoignage que ces 
•^ VaiTaux rendent la plus aveugle obéiffance 
'^ i mes ordres , foit pour la défenfe du Paï's » 
^ oa pourquelqu'autre entreprife qu'on leur 
^ mnmande , étant toujours prêts a marctier 
^ Tome FI. K 



t 



ces Indiens dans la crainte de Di 
foumiflion qu'ils me doivent & 
iiiere donc ils obfervent coûtes 1 
la vie civile , & la joie que je 
voir vu s'évanouir par cane de ju 
& à la vue des faics les plus cerca 
lomnics & les impofturcs qu oi 
pandues dans le public , & lej 
lions qui m*avoienc écé faites pai 
voies tous le voile d'un grand 
mon fervicc, mais en effet par 
méchanceté. J'efpere au/ïi , que 
fucceffeurs dans la place que voi 
& cous les autres Religieux de 
gnie , concinuerez, à vous emph 
même ardeur , félon vocre faint 
donner tous vos foins aux Indiei 
RéduâioQS, & que toutes les fo 
trouverez quelque chofe qui d 
prompt remède de ma part , vou 
nerez avis, afîn que je puiiTc 
mefures les plus convenables. 



HE L*HlSTOIRB DU PARA<50AT. 3*7 

JOURNAL 

D'UN VOÏAGE 

A 

ï-ï LONG DE LA COTE DE LA MER 
Mage LLANiQu I9 

Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce 
du Détroit de Magellan : 

Tiré des obfervations des Pères Jofeph 

Cardiel & Jofeph de Quiroga , 

de la Compagnie de Jefus ; 

PAR LE PERE PIERRE LOC^ANO , 

DE LA MESME COMPAGNIE. 



fi 



Fi MBARCARONSE por fin à $ dc Dicîcm- TtITT^ 
brc dc 1745 > y cl Lunes ^ à las dicz horâs „ . 
de dia , havicndo difparado la picza de le- j^oJ^c^^b la 
.va, fc hicicron à la vcla en nombre de côte delà 
• Dios con vcnto frefco, y falieron à ponerfc Mer Ma- 
[eo franquia en el Amarradero, que difta ^^^^'''Q^'" 
litres léguas dc Buenos- Ayres. De alli falie- 
^Jron Martes à las nucve y média de la ma- 
f nana , y con diClar Moncevideo folas cm* 
rcjuenta léguas de Buenos- Ayres , no pudie« 
ï74*ton tomar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que 
 las once y média dcl dia dieron fondo en 
• ^Unedio de lu enfcnada. Alli , entre lagemc 
"'de aquel Prc6dio, fe eligieron los vcinte y 
.«i^^cinco Soldados > que fe havian de embar- 

R ij 



5*^ Puces justiïicatives 

""""""T — fur an fimplc avis du Gouverneur , pour ac- 
'^'*" courir avec leurs armes , au nombre ou on 

CtDutE R. j^y^ ^ marqué , & oii on les demande. Tout 
cela conlidéré , j*ai voulu vous faire coa- 
noître , comme je le fais par la Préfemc , 
combien je fuis content de votre zcle & de 
celui des autres Supérieurs & des Particuliers 
de ces MiCTions à bien élever & à maintenir 
' ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la 
foumiffion ou ils me doivent & dans la ma* 
uiere dont ils obfervent toutes les règles de 
la vie civile , & la joie que je reffens d'a- 
voir vu s'évanouir partant de judifîcatioQS) 
& à la vue des faits les plus certains , les ca* 
lomnies & les impoftures qu'on avoir ré- 
pandues dans le public , & les dénoncia- 
tions qui m'avoient été faites par difTéreotes 
voies Lous le voile d'un grand zelc pour 
mon fervice, mais en effet par une grande 
méchanceté. J'efpere au/Ti , que vous & vos 
fuccefTeurs dans la place que vous occupex, 
& tous les autres Religieux de la Compa- 
gnie , continuerez à vous emploïer avec la 
même ardeur, félon votre faint In(litut,à 
donner tous vos foins aux Indiens dans ccf 
RéduâioQs, & que toutes les fois^ae yo«l 
trouverez quelque chofe qui demande no 
prompt remède de ma part , vous m'en don^ 
nerez avis, afîn que je puiifc prendre hs 
fncfures les plus convenables. 

De BuenRçtiro ce 2% Décembre 1745, 

MOI LE ROI. 

Par le commandement du Roi 

tre Seigneur, \k 

D, MlÇHEl. P£ VlLLAN|^£f4» Idi: 



HE L*HlSTOIRB DU PARA<50AT. 3*7 

I I ' — ^— ^ 

J O U R N A L 

D'UN VOÏAGE 

A 

LX LONG DE LA COTE DE LA MER 
Mage llaniQu i» 

Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce 
du Détroit de Magellan : 

Tiré des obfervations des Pères Jofepk 

Cardiel & Jofeph de Quiroga , 

de la Compagnie de Jefus ; 

PAR LE PERE PIERRE LOC.ANO , 

DE tA MESME COMPAGNIE. 



1745. 
VoÏAGE LE 



Fi MBARCARONSE pof fin à 5 dc Dicîcm- ' 
bre de 1745 > y el Lunes ^ à las diez ho ras 
de dia, havicndo difparado la pieza de le- ^^^^ ^^ ^^^ 
va , fc hicicron à la vcla en nombre de côte de la 
Dios con vento frefco, y falieron à poncrfe Mer Ma- 
cs franquia en el Amarradero , que difta gellanique 
très léguas de Buenos-Ayres. De alli falic- 
jron Martes à las nucve y média de la ma- 
liîana , y con diClar Montevideo folas cin- 
^^uenta léguas de Buenos-Ayres , no pudie« 
fton comar fu Puerto hada el Lunes 1 3 que 
ià las once y média del dia dieron fondo en 
•ncdio de lu enfcnada. Alli, entre la gemc 
de aquel Prefîdio, fe eligieron los veintc y 
ciaco Soldados » que fc havian de embar- 

R ij 



^U Puces justiïicatites 

— J — ' — fur an fimplc avis du Gouveroear , pour le* 
courir avec leurs armes , au nombre ou on 

CiDutE R. j^y^ ^ marcjué , & oiî on les demande. Tout 
cela condderé y j*ai voulu vous faire coa« 
noître , comme je le fais par la Préfeme , 
combien je fuis content de votre zcle & de 
celui des autres Supérieurs & des Particuliers 
de ces MiCTions à bien élever & à maintenic 
^ ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la 
foumifHon au ils me doivent & dans la ma- 
nière dont ils obfervent toutes les règles de 
la vie civile , & la joie que je reffens d'a- 
voir vu s'évanouir partant de judifîcatioQS) 
& à la vue des faits les plus certains , les ca* 
lomnics & les impoftures qu'on avoir ré- 
pandues dans le public , & les dénoncia- 
tions oui m'avoient été faites par difTéreotes 
voies tous le voile d'un grand zelc poar 
n^on fervice, mais en effet par une grande 
méchanceté. J'efpcre au/Ti , que vous & vos 
fucceffeurs dans la place que vous occupex, 
& tous les autres Religieux de la Compa- 
gnie, continuerez à vous emploïer aveck 
même ardeur, félon votre faint In(litut,à 
donner tous vos foins aux Indiens dans cet 
RéduâioQS, & que toutes les fois^ae vo«l I 
trouverez quelque chofe qui demande no' 
prompt remède de ma part , vous m'en don* 
nerez avis, afin que je puiffc prendre Id 
fncfures les plus convenables. 

Ve BucnRçtiro ce 2% Décembre 174J, 
MOI LE ROI. 
Par le commandement du Roi Nif* 
tre Seigneur. 
D, MiÇHEl. P£ VïLLAWEf4f Ici 



HE L*HlSTOIRl DU PARAG0AT. 3*7 

I I ' — ^— ^ 

JOURNAL 

D'UN VOÏAGE 

A 

-ï LONG DE LA COTE DE LA MER 
Mage llaniQu i» 

Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce 
du Détroit de Magellan : 

Tire des obfervations des Pères JoCeph 

Cardiel & Jofeph de Quiroga , 

de la Compagnie de Jefus y 

PAU LE PERE PIERRE LOC.ANO , 

DE LA MESME COMPAGNIE. 

JJjMBARCARONSE pof fin à 5 dc Dicîcm- j_. 
brc dc 1745 , y cl Lunes 6 à las diez horâs 
dc dia, havicndo difparado la pîeza dc le- ,yjîî*«f " 
va, le hicieroQ a la vcla en nombre de côte delà 
Dk)S con vcnto frefco, y falieron à ponerfe Mer Ma- 
CD franqaia en el Amarradero , que difta gellanique 
trcs léguas dc Buenos- Ayres: De alli falic- 
ton Martes à las nueve y média de la ma* 
&ana > y con didar Moncevideo folas cin- 
quenta léguas dc Buenos- Ayres , no pudte* 
ton comar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que 
jk las once y média dcl dia dicron fondo en 
■Bodio dc la cnfenada. Alli , entre lageme 
4c aquel Prefkiio , fe eligicron los vcinte y 
Idnco Soldàdos > que fe havian de embar- 

R ij 



^S^ PlICIS JUSTIÏICATITES 

— Z~~, — fur un fimplc avis du Gouveroeor , pour ic- 
■^'* courir avec leurs armes , au nombre ou on 

C- i^LLE R. j^yj. ^ marqué , & oii on les demande. Tout 
cela conddérc , j*a'i voulu vous Êilre coq* 
noitrc , comme je le fais par la Préfeme , 
combien je fuis content de votre zcle & de 
celai des autres Supérieurs & des Particuliers 
âc ces MitTions à bien élever & à maintenic 
ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la 
fouminîon qu ils me doivent & dans la ma- 
iiicre dont ils obfervent toutes les règles de 
la vie civile , & la joie que je rcfTens d'a- 
voir vu s'évanouir partant de juilificatloos, 
& à la vue des faits les plus certains , les ca« 
lomnies & les impoftures qu'on avoir ré- 
pandues dans le public , & les dénoncia- 
tions oui m'avoient été faites par difTcreDCcs 
voies Tous le voile d'un grand zelc pour 
ir.on fer vice, mais en effet par une grande 
méchanceté. J'efpere aiifïi , que vous & vos 
fucccffeurs dans la place que vous occupex , 
& tous les autres Religieux de la Compa- 
gnie , continuerez à vous emploïer avec la 
même ardeur , félon votre faint Inftitut , à 
donner tous vos foins aux Indiens dans ccf 
Réductions, & que toutes les fois^ae voos 
trouverez quelque chofe qui demande no 
prompt remède de ma part , vous m'en don* 
nerez avis , afîn que je puiife prendre Id | 
fncfures les plus convenables. 

Ve Buen Retira ce 2% Décembre 1745, 
MOI LE ROI. 

Par le commandement du Roi Nf^i 
tre Seigneur, 
Df Michel de ViLLANyEVA* 



HE L*HlSTOIRl DU PaRA<50AT. 3S7 

j ii_ * ■ — — — ^ 

JOURNAL 

D'UN VOÏAGE 

A 

IX LONG DE LA COTE DE LA MER 
Mage llaniQu i» 

Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce 
du Détroit de Magellan : 

Tiré des obfcrvations des Pères Jofeph 

Cardiel & Jofeph de Quiroga , 

de la Compagnie de Jefus y 

PAR LE PERE PIERRE LOC.ANO , 

D£ tA MESME COMPAGNIE. 



ri MBARCARONSE por fin à 5 de Dicicm- J777 
brc de 1745 , y cl Lunes ^ à las dicz horâs 
de dia, haviendo difparado la pîeza de le- j^^^^c^^b la 
-Ta, fc hicicroQ à la vcU en nombre de côte dp. la 
Dîos con vento frefco, y falieron à ponerfe Mfh Ma« 
CD franquia en el Amarradcro , que difta gellanique 
très léguas de Buenos- Ayres. De alli falic- 
Jon Martes à las nueve y média de la ma* 
i iuoa , y con diftar Montevideo folas ciû- 
^^ttcnta léguas de Buenos -Ayres , no pudk- 
^ tomar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que 
; once y média del dia dieron fondo en 
\ de la enfenada. Alli ^ entre lageme 
aqucl Prefidio, fe eligicron los vcinte y 
co Soldados > que fe havian de embar- 
R ij 



;SS Pièces JusTjficATivis 
■ car, à cargo dcl Alfcrez Dom Salvadoi 

w4î« Mariin dcl OImo : por que aunqoe dcfca:- 
VoîAGE LE 1^^ ^1 Sei^or Governador de Buenos-Ayres , 
coiE TE LA S"^ tucffc mayor el .numéro de ]os Solda- 
MiR. Ma- dos, y havia ocros muchos^que fc ofce- 
f liLLANiQUE cian voluncariamcnte à efta ExpcdicioQ) 
pero no fue pofTible aunientar el numeto, 
por no permicirloelbuqnedel Navichaelo. 
£1 Comandance de Montevideo Dom Do- 
mingo Sancos Uriarte , Vizcayno , exécuté 
quanto eduvo de fuparce para el avio delà 
genre y de los Mimoneros , con la pref- 
tcza poflfible : con que el dia i^ de Diciem^ 
bre e(bivo el Navio yà prompto à falli : 
pcro por calmar el Nord Nordefte , y foplar 
cl Suduefte , no fe pudieron hacer à la vêla 
halla ci Viernes 17 à las quatre y média 
de la manana , çon Nord-Noruefte y 
Norte, 

La niebla dcnfa cad no les pcrmitia dcf* 
cubrir la ticrra , y no fe adelgazo hafta lis 
fcis y média de la tarde , paflando (in ver la 
Ida de Flores. Domingo 19 dieron foodo 
à vida de la Ida de Lobos , que les quedàal| 
Nor Nordede , à très léguas de diftancia.1 
Tiene cfta Ida de largo très quattos de Ici 
giia, y corre Les-Sucfte , Oues-Noruefte :l 
ai £s- Suéde Taie un Arrecife con alguiuH 
piedras , que conviene evitar. Efte Domin- 
go , haciendo una Platica el Padre Madiic 
Strobl, fedio principio por nueftros Mi£ 
fioneros à laNovenade SanFrancifco Xfr 
vier, efcogiendole , de parecer cômun,pol 
Patron dcl viage. Affidian todos al Cust 
Sacrifîcio de la Mi (Ta , que fe decia unato^ 
4o$ los dias quç el tlç^ipo lo pçrmiûa^ y II 



DE l'Histoire dû Paraguay. 3^ 
Ibs dia$ feftivos dos. Se rezaba de comtini- 



dad et Ro(àrio de nueftra Senora , y en la ^74)« 
Novena fe anadio Lcccion cfpiritual codos Voïace ti 
los dias , y Platicas para difponer la gente à ^^^\ H [^ 
que fe confcfTafTen , y comulgaffcn , como ^er^ ma- 
lo hicieron al fin de ella codos con muchaGELLAxiQi^e 
piedad. Para defterrar la codumbre de ju-^ 
rar , que fuele reynar entre Soldados , y 
Marineros , fe impufo pena , à que todos le 
obllgaron , de quien quiera que faltafle ^ 
havieiTe luego de befar cl fuelo , dicicn- 
dolc los prefcntes : riva JÉSUS , hefe 
el fuelo. De cfta manera , en dcvocion y 
conformidad Chridiana fc prodgio la na- 
Tegacion 5 y hallandofc cl Martes ii en 5 j 
grados 1 1 minutos de latîtud Auflral , varia 
la Bruxula al Norce 17 grados. 

El Domingo x6 , en aitura de 58 grados y 
54 minutos , padecieron una turbonada de 
dgua mcnuda, y el Les-Sucfte , que foplaba , 
Jevantaba alguna marcjada : y cl Lunes fi- 
guiente 17 en aitura de ^6 grades y ^6mU 
Autos, finticron cxtraordinario frio. Mar- 
tes i8 en 39 grados 9 minutos de latitud , y 
pôr eflima en 313 y 57 minutos de longi* 
^ :tud, hallaron dcfpues de mcdio dia yi 
W bradas de fondo de arena mcnuda , y parda : 
^ vieron algunas ballenas , y à pueftas de Sol 
obfervaron que la Bruxula ténia de varia- 
tion al Nordefte 17 grados y 30 minutos* 
El Mîercoles, en dia cl a ro , y fcreno, en 
bonanza, ezperimcntaron mas frio dcl que 
en efta eftacion hace en Europa, hallan« 
dofeen 40 grados y 6 minutos de latitud, 
yen j 11 y i7mînutos de longitud. Micr- 
coies^ à 5 de Encro de ede prcfencc aiio 

R iij 



II 



30^ ?iici« msTincATiviy 

ij^^r ^^ '7^^ » ^ ^^^ diczdcl dia dcfcubr 
.. ' ticrça del Cabo blanco al Sur-Sucfte 

côTB DE LA una grande pîaya, à modo de eni 
Mek Ma- endonde pueden dar fondo les na 
•iii.AuiQ.\jB abfigo de la ticrra , que es alta , ; 
como la del Cabo de San Vicente , ; 
la punra un farillon , o mogore , que 
rece al cafco de un navio. Hay à l 
iina baxa y en que lava el mar. En di 
de cinco léguas de dicho Cabo bl« 
marcô el Padre Quiroga al Suefte i 
al Sur , y obfervô^tf grades y 48 n 
de lacicud > y por confîguîente vieœ 
puncualmence dlcho Cabo en 47 ^ 
lo quai conviene nocar , por no equi 
con orra punta ^ que eCià al Noni' 
tambicn es tierra alta, rafa, y que 
axia el mar unabarranca llena de l 
blancas. La longitud del Cabo Blanc 
gun la cucqta de la derrota , Ton 313 
y jo mÎRÛtos. Obfervofe en todo lo 
navego de cfta Coda , 'que cl efcand 
lava , y no faca fenal de fondo , fin« 
mucho pefo. £n la punta de Cabo 
cfta afido un pcnon partido ; y mas 
de cfte pcnon hay una punta de ticrn 
y luego corre la Cofta Norte Sur de 
do , y hacc una enfenada muy grand 
corre ^hafta la entrada del Puerto Del 
Jueves 6 de Enero amanccieron 
del Cabo Blanco ^ à quacro légua! 
Cofta , tcniendo por proa la Ifla g 
que hay anres de entrar en el Puerto 
do , à la quai llaman algunos IJla 
Reyes ^ y nucftros navegantes la cq 



DB l'Histoire ôt) pARAdtTAV. . ^pt 
ron cffc nombre , por havcria dcfcubicrto 
cftc dia de la Epiphania* La ticrra , que ^'^^ ' 
cftà en cfta cnfcnada , entre Cabo Blanco, ^^'^^'^ ^ 
y Puerto Defeado , es baftantcmente alta , ^ôtb ^"e la 
con algunas cjuebradas, y en ellas mator-MEn Ma- 
rales de arboles pequenos , como efpinos , oeuaiiiC^jv 
y fabinas. Entraron à dicho Puerto por la 
vanda del Norte de dicha Ida , acercandol[e 
i la boca del Puerto , que es bien conocida 
poc una Ifleta y que edà fuera , y blanquea 
como nieve.' A la vanda del Sut , cerca de 
la entrada , liay un mogote alto , con una 
pena en lo alto , que parece trotico de ar* 
Dol corcado , y hace horqueta. En los dos 
lados (te la boca hay penas aïtas cortadas , 
de las quales , la que edà en la parce Sep* 
tentrionaf , mirada de una légua , o dos , 
xnar adentro , parece un Cadiilo. EfTa tarde 
faltaron en tîerra , al poncrfe el Sol , cl 
Padre Jofcph Cardicl , y los dos Pilotos , 
con alguna gente de la trîpdiacion , y vk- 
ron , que la marea comenzaba à fnbir à las 
fiece de la tarde. En la orilla liallaron aigu- 
nos laguoajos pequenos , cuya fupcrricic 
eflaba quaxada en fal , como lo gruefTo de 
un real de plata , y no fe enconcrô mas fal 
en los dias iîguientes. 

El Viernes 7 comenzo à fubîr la marea à 
las 7 y 1 5 minucos de la mafiana. A las 9 
bolvio à falir à ticrra el Padre Cardiel 
^on el Alfcrez Dom Salvador Martinez, y 
1 6 Soldados de cfcolta , à ver fi encontra- 
ban Indios tierra adentro. Alamifmaliora 
entraron en la lancha armada el Capitan del 
navio Dom Joaquîn de Olivarcs , los dos 
Pilotos, cl Padre Supcrior M&thîas StrobI, 

R iiij 



5^1 PlECBS ÏUSTinCATIVES 

■ ■ — ' cl Padre Quiroga , cl Cabo de £{qaajra> | 

174^' yaleunos Soldados, à rcgiftrar por agua 
VoïACB LE cl fin del Puerto , y ver tambicn û halla- 
LOKc DE LA \^^^ Indjos. Navegafoii al Oucftc , coftcan- 
M." ""ut j? P«/l ^^ 'a Ifl» <>« '« Pinguînas , y 
0:si.AMi<^UE londando el canal haita la Illa de los Faxa- 
ros. Entraron por entre la Ida , y Ticrra fir- 
iTiC , y regiftraron un cano pequcno muy 
abrigado , que parece Rio. Salcàxon en tier* 
ra , y fubieron a lo alto de los ccrros à rc- 
conocer la tierra , que es toda feca y y que- 
brada , llena de lomas , y penafquena de 
piedra de cal , fin arbolcda algana : fola- 
menre hay en los valles lena para quemar » 
de cfpinos , Gibinas , y otros arbolillos muy 
peqacnos , y de efte jacz es toda la. Cofta » 
o vanda Septentrional de efte Puerto. Def- 
de la Ifla de los Paxaros , que hace abrigo 
à una cnfcnadillâ muy fcgura, para inver- 
iiar qualefquiera embarcacioncs » palTaron à 
ctra enfenada mas al Oued y enfrente de la 
Ifla de losReycs, en ^a mifma Cofta Sep- 
tentrional : bufcaron alli agua ^.y folamet»- 
te hallaron en un valie un pozo aniiguo de 
agua fâlobre , que fegun Ce tiene cutendi- 
do , fuela unica que hallaron en efte Puer- 
lo los Holandcfcs. Dcfdeaqui Ce bolvicron 
al navio. 

El Padrc Cardicl , y los que fucron por 
tierra , fubieron à una alta fierra y en caya 
cumbre encontraron un monton de piedras, 
que defenvueltas , hallaron hueffos de hom- 
bre alli encerrados , yà cafi del todo podri- 
dos , y pcdazos de ollas enterrados con el 
cuerpo. El hombre moftraba fer de cftatu- 
ja ordiuaria , y no tan grande , que tuvieffc 



ti l'Hîstoxre du Paraguay. 593 
dîex ; ù once pics de lareo , como los pin- '" — 7"—* 
ta Jacques Le Ma)^. Dcfpucs de moy can- ^^^ * 
fados de caminar, no hallaron huella,6 ^*^*'**^^ ^' 
raftrode hômbrcs , rti bofquesj ni Icna , ^^^^ ^^^ ^^ 
fioo tal quai matorral , ni as;ua dulce , ni mir. Ma- 
tîerra fruâ;ifera , (ino pefiafcos $ euedas gl&lanique 
qiiebradas , y d-^fpcnaderos , que les dicrori 
copiofa materia de paciencia : y fi no Ici 
kuviera dcparado Dios algunos poziros de 
agua en las concavidades de las pefias , pot 
haver llovido un poco el dia antcs ^ no fa- 
bcn como huvîeran podido volver al Puer- 
to. Defdc los altos no defrubrieron por mu- 
chas léguas mejoies calidades de rcruno^ 
que las dicbas. Tampoco fe encontro pafto « 
ni cofa à propodco para habicacion huma- 
nn , ni aun brutos , ni aves , fîno folamentc 
raftrode uno , u otro huanaco , y rai quai 
pazaro : y la tarde de cde dia parecio en la 
Coda del Sur , enfrente del navio , un pcr* 
ro manfo ahullando , y haciendo extre- 
Dios por venir al naviô , y fe difcurrio fe- 
xia de algun navio perdido en eda Coda* 
Al anochecer llegaron los de tierra al navio ^ 
y poco defpaes los de la lancha. 

£1 Sabado 8 de Enero , Calio à las 9 el 
Padre Cardiel con la mifma comitiva à re- 
ciftrar la tierra por la parte opuefta , que ci 
la del Sur , de efte Puerto Defeado j y cafi à 
la propria hora los mifmos de la lancha ^ que 
el dia antécédente , con baftimentos para 
quatro diâs , por regiftrar , y demarcar to- 
do ede Puerto. Navegaron al Oued hada la 
punta Oriental de una Ida , à la quai llama-' 
ron la Ifla de Olivares , por refpcdo al 
Capican de ede oavio : y haviendo emradcr 

R V 



J94 PlECFS n-STlFlCATirii 

— por un cano eflrccho , cjnc divide à cffi 

'^** " Ifla de la Tierra firme y -fiilieroQ con baf- 
v<> AGE LE tante crabajo à ana enfenada peqqena , qac 
cù' E uE LA ^"^^^ ccrca de la punca Occidental , fin po- 
Me A Ma- ^^^ paiTar adclaote ede dia ^ por haver que- 
c£Li.AKiQVfi ^^^o en feco la lancba con la baxa marea» 
Defde un penafco , ea lo mas alco de la 
Ifla ^ dcfcubrio el Padre Quiroga ^ que la 
canal decfte Puerto corna alç^as léguas 
al OueftSudaefte.Tambien cl mîrmo, y los 
dos Pilotes marcaron la Tda de losReyes y. 
y la Ifla de- las penas , que cAà en la Coft» 
Septentrional. Hn la Ifla de Olivares halla- 
ron algunas liebres , y aveOruccs, y mar- 
moles de varios colores. Latierraes arida^ 
y faltade aqua dulce. En la punta occiden- 
tal de dicba Ifla bay nuicbo marifco : y los: 
Marineros ballaron en atgunas concEas tat 
^ual perla pequcna , y ba{ïa« 

Domingo y volvio cl Capitan Glîva- 
res , el Padire Quiroga , y los dcmàs , à rc- 
gidrar la Cofta àcï Sut y navegando al 
Oueft Suihiefte , y tambien ha det Norte» 

Î tara ver (t podian hallar agua. Hallaronà 
as diez del dia en la Cod» dtl^ Sur uvt ar* 
xoyuello, que baxa de una flience ba(^ 
tantemente caudal ofa , que e{^ en lo ait» 
de la qucbrada de un cerro , y diffâ cînco le» 
guas del Puerto. Es el agua dulce pcro alg9 
pefada , como 9gua de pozo. Eftà en fî* 
tio acomodado para llegar qualqulera lan<» 
ehaà cargar en pîeamaren el mifmoar* 
royuello qne baxa de la- fiiente. Pbfbfele 
por nombre la Fuente de Ramhe^ y poravcr 
falrado en tiera à rcconoccria cl fcgund» 
Piloro Dom Balîîio Ramîrez. La tierra e» 
toJaeftcril^y Ilcna de pcnafqucria ,, ni Te 



DE l'Histoire du PARActAv. 3^5 
iiâllan arboles en quanto alcanza la vifta. ' ■ 

Lunes à 10 prohguieron navcgando por '74®. 
la mifma canal al Oucft-Suducfte , bafta Voïace le 
una îfla roda llena de penafcos , cjuc llama ^^^^^ ^^^ ^^. 
ion la IjLa de Roldan , y pueftos Nortc Sur j^jer ma- 
condicha Ida, comenzaron à hallar pocooellanx^« 
fondo de 4 braza » êiz ^ àc 1 y de i , hafl:» 
que vieron cenia fin la canal en on ceûagal 
de niucba lama. A la mifnia hora fe volvie-» 
ron al navio , à que abordaron à las cinca 
de la carde el Padre Cardiel , y los de tier- 
ta caminaron bien todo el dia 8 , y hallaroft 
no fer la tierra tan afpera como la ocra , pe^ 
ro Hn lena, ni pados, ni muedra de fubftan- 
cia. A didancia como de dos millas dieron- 
con an manancial de agua pocable , aunquc 
algo falobre : por dondecorria , havia algo 
de heno verde , y no iexos de alli vieroft 
once huanacos. Tambien recogieron à bor- 
do det navio el perro , que fe vioen la playa, 
Ileno de beridas , y los diences gaftados dé 
corner marifco. 

Lo que fe puede decîr de efte Puerco Defea- 
do, es, que en quanco Puerco fe puede concar ' 
entre los mejores del mundo : ojalà que 
corfe(pondiera la cierra ; pero es arida , y 
falca ae todo lo neceiTario para poblacion. 
No faay arboles y que puedan tervir par» 
madera , folamencc fe balfa en las quebra** 
dtts algnaa lena menuda para hornos , y pa« 
la guiUr la comida. No es el cerruno buena 
psnra femenceras , por<)ue ademàs de fer co- 
do ûUtroro , os cafi codo pcna viva -, ni hrf' 
mas agua^iilcc , que las fucnces dichas. Hàl- 
lafe (î ^bundancîa de bariUa , para h^cer 
viibio j Y jabon : abuodancia ^e marmoi 



J9^ PlECFS jUSTlFICATITef 

' , Colorado , con liftas blancas : item ife 

^ * marmol nfgro , y alguno vcrJc : muclia 
^,^**?^ ^' pîcdra de cal, y algonas pcnas grandes de 
CoVh i'e la F^^crnalcsdceicopctîi, blancos, y colora- 
M-iL MK-^^^y coo algunos cfpcjuelos dentro como 
G£LLAHi(^UE dîamaBtcs : mucba picdra de atnolar, y de 
ocra amarilla : que prece vitrrolo. De ani- 
irales cerrcftrcs folo vieroor huanacos, 
liebrcs , y zorillos : aves alganas , pcro 
oG codas mari ti mas » como pacos de varias 
cf|.ecies , chorlicos , ^aviotas , &c. Ay leo* 
nés marinos en aranèç numéro en !os Iflo- 
tes dentro del Puerto , y vieron manad» 
de etlos de mas de cieuto. Su figura es la 
mifma que la de los lobo^, marinos y y fo- 
lamente los llamaron Leones , por fer 
inuchomayores, que los lobosdel Rio de 
la Plaça. Ay de ellos rojos, negros, y 
blancos , y mecian tanco ruido cob fus bra- 
miJos , que à diftancia de uo qnarco de 
Icgua engaiîaran à qualquiera , juzgando 
fon bacas en rodeo. Macaron miichos los 
Alarineros por fu cuero , que la carnc es 
hedionda , y cad roda graOa, f\» magro. 
£1 Padre Cardiel tuvo la cntiofidad deme- 
^r algunos, y eran los niayores como 
bacas "dt très anos : la figura es de los 
demàslobos marinos : oabeza , ypefcnezo 
como de terneron , alones por manos , j 
por pie^ dos como manoplas, con cinco 
fèos dedos , • los très con ui^s. Algunos 
£ftrangeros los ban llamado becerros , j 
tambien leones marinos , y los pincan en 
fus Mapas con Gi mclena larga de leon. 
No es adi. Tienen algo de mas pelo en 
cl pefcuezo , ouc en lo reftancedel cuerpo» 
€|uando aaa efle dcl pefcuezo no cicnc d 



M l'Hïstoirî du Paraouay. Î97 
hrgor de un dedo. Lacolacscomo dcpcf^ '™ 

cado , y de clla , y de los aloiics de las ^^4 • 
jnanos fe (irvcn para andar por ticrra : Voïach ti 
bien que no puedcn correr macho , pcro ^°.^^ ^^ ^2 
ft encaran cun qualquîera que les aco- j^^j^^ j^^^- 
snece 9 y alcanzan grandes fucrzas , y vie- glllaniq;»» 
ion clrarfeunosà otros por aho , con fer 
del tamano expreffado. A la muhitud de 
cflos Icônes , o lobosxnarînos , acribuycron 
la efcasèz de pefca en efte Puerto y pues 
aunqué tcndieron Yarias veccs la rcd los 
Marineros , Colamence pefcaron unpczgaU 
io , y algunas anchovas , y calamares. 

•La emrada de efte Puerto Defcado es 
muy eftrecha , yfacil de foitifiear à poc» 
coda : puedefe cerrar con cadcna , affi ea 
la boca , comty en lo refiante del canal , 
d quai corre Efte Oucft hafta la pimta 
oriental de la Ida de Olivarcz , ni puedea 
cntrar los Navîos fîno uno à uno. Tode et 
canal tîene fondo baftante para Naves gruc(^ 
fas , bafta la Ifla de Roldan. El mejorfi- 
tia paraancorar las Naves y que buvieran- 
de ancorar aqui y es al Oueft de la Ifla de 
Pinguinas y al abrigo de la Ifla èc Olivares ^ 
y fî huvlere qiki . 6 dos Naves , fe puedea 
œcter entre la Ifla de los Paxaros, y la 
Tierrâ Firme. Aunquc ay en efte Pucrta 
algunas rafagas de viento fuerte , que Ce 
cuela por medio de los ccrros . no incom- 
nioda las Naves , ni levanra marejada. Ia& 
œareas corren con grande impetu à cinco, 
o feis millas por hora, medidas con lai 
corredera. Obfervstron que en el Plcnilunio 
la marca con>ienza à crecer à las {^rtc y 
y quarto. Entre crecicnic , y menguantc 
parece fe Ueva xx y } quaitos de kosa^ 



tsf^ Pièces njsTifïcATïvtt 

— ~"*~* Los Navîos que huvieren de encrar ,• pire*- 

^^ • àcti cfpcrar al abrigo de la Ifla de lot 

VoïAGË Lt Reycsel vrenco favorable , y entrât qaanda 

CÔTE^DFLA ^^ nwrca cftc fin fuerza^ llevando en el 

MEK Ma- tope alguno de les Illotos, que avife para 

6££tANiQ;cE el govierno del dmon : qire^der eOia fuerce 

entra aora con felicidad efîe Navio de San 

Anconicr. La IHa de losRey^es^ que rendra 

de largo una légua , eftà al Les^Saefte 4e 

h boca del Puerto y y affi cfta , como rod^» 

las otras irfas, efcollos, &c. , que ay en 

efte Puerto , anoro pontualmente el Padre 

Quiroga en un Mapa muy exa£ld , que ha 

fbrmado. La latitud de! Puerto Oefeadp c» 

de 47 grados y 44 minutes. Su longituddc 

Tcncrife 513 grados y 16 minucos : i% 

grados y 44 minutcTs al Oue(l de la Ifla de 

los Lobos , dcfde la quai llevaba el Padre 

Quîroga, y los demàs Pilotos la cnentîi 

para fugovierna. 

El Martes 1 1 de Encra fc levafon con cf 
Noruefte , y falleron con el trinquete , y 
▼elacho. A las doce y média del dla de« 
fembocaron , y mctieron à bordo la Lan- 
cha ; y defde aqui fueron cofteando la lûst 
de losReyes hafla las feis de la ^rde , que 
eftuvteron Eft-Oucfl: con ella , y tcnîendo* 
ya el viento por el Suducfte , ilavegaron at 
Sur-Suduefte. Miercolcs , y Tueves nguienter 
navegaron en bufca del fantofo Puerto de 
San Julian , y vieron , que defde los 48^ 
grados y 48 minucos de latitud , haftalosr 
48 grados y 51 minmos , hace el Mar unst 
enfenad'a > y ay una Iflita pequena con 
otro efcollito al Oueft , que difta de la? 
ficrra dos léguas y média. La coda en cfte 
pAragc corrc al S^^iielU >, y al Saduefle 



irt l'HisToiitï DO Pakaguat. ^99^ 

qaarto al l5ur : la tîerra c*s alta , aunqiic 

en la Coda dcl Mar hacc phyazo. No fc '^ 
rfefcubre en toda ella atboleda , ni amc- J^°^^^\^ [^ 
nidaJ alguna , folamcntc re^iftra fa vifïa ^^^^ j,^ ^a? 
cordilleras , y cerros cfcampa(Tos ,y todo mer. Ma- 
&|M|^ infrndifcro A las (îcte y média cELkAwiQîrt 
jJUfir de avi faron los Pilotos , que avian 
filpHH regiflrar la Cofta deOe la gavia 
nkifOT, que hay'n por Ta proa fenal de 
baxos , y echando al punco la fonda , fe 
kaliaron con qnince brazas de fondo de 
cafcajo > y calmando el vicnto , dieron fon- 
do en veince brazas ^ y paiTaron la noche* 
fbbre una ancora. 

Viernes 14 fe levaron à las cinco de la' 
manana , y naTcçcaron al Suéde para falir 
ic los baxos , y fc hallaron en (blas feir 
brazas de aena en un placer largo , que ha- 
ecn los baitos àzîa el Nordcfte : defcu- 
brenfc à poco mas de una milla de diftan- 
cia , y Icxos delà Tierra-Firme comodos^ 
feguas y média y y el placer (aie como una 
légua ; edàn en 48 grados y ^6 minucos de' 
facitud , y la Cofta corre alli al Sudueftc 
un quarto al Sur , y al Sur-Su<îuefte. A 
lés très de Fa tarde les entro una curbonada* 
9rd Suduefte, que huvîcron de aferrar 
\9 vêlas , vîendo à la: mîfma hora en una' 
■ube negra una manga de agua , que fe le- 
vanuba à fo alco como un cerro. Corrida* 
la Coda hada 49 grados y ry mînutos , na 
pudierotr dàr con la entrada dcl Puerto de 
San- Julian , por la qualhicieron juîcio, que' 
edaria en mcnor aîtura, qnc le marcanr' 
ks Carras ; y favorecidos dcl vîcnro par» 
Aavegar àzia d Ellreclia de Magallanes^ 



4ôd Pièces ivsTitJCAriYti 
'■ determînaron corrcr lo rcftantc de la CofÛy 

'^ ' ydcxar p.ra la vuclca la cntrada en San 
Vo Ao? LEj^j.j^j^ La Bruxula varia i9TKracios. 

ro* G DE LA _ , , . loin. 

CÔTE DE LA Sabado If corrieron al Suducîtc cort 
Ml R Ma- Nordeftc , y dcfdc 49 grados y 18 minocos 
«stLANiQUE corrc la coila al Sudueftc , y es l^"^"'~ 
y fcguida , y la tkrra baxa , y nt 
toda la Coda hace una barfea alu^ 
parece una inuralla , (în ver(é enr toda cH 
un arbol. A las très de la carde tuviefoii 
por el Su'lucftc cl cerro dcl Rio dcSancs 
Cruz , que es una punca de cterra alta , to" 
da arida , con un mogote alto à la punta« 
A las cinco cduvieron Eft-Ouefl: con dicho 
cerrd en cîtorce bradas de fonHo de caf- 
cajo , à poco ma<; de dos mil las de la tierra« 
Porhavcr vifto en algunais, Cartas niarcada 
una Rahla al Sur del MorrodéSanca Inèsj 
fueron en fn dettianda para dàr fondo c(Ù 
noche , y regiflrar la tierra ; pero hallaron, 
que no ay tal Bahia , antes bien es cod^ 
la Cofta fcguida , y corre al Suducfte^ y an 
quarto al Sur. A las nticvc d^c la nocne el 
viento por el Suducftc4evanto grande ma- 
rcjada : corrido con la nmyor , y cl trio:- 
qnetc al Suefle : pocodefpucs fe cjuedafonf 
con el trinquete folo , y parando el tem- 
poral 5 corrieron à palo feco la vucltadtl 
Nordcftc , bavîcndo ccrrado los efcotilfo- 
nes , y aiTcguradoi^con varias trmcas , y 
Uaves el Navlo , corrrcndo affi toda nXH 
ehe , que fue muy trabajofa. 

Domingo 16 corrieron à palo feco hafta 
las dos de la tarde. En toda la noche pré- 
cédente , y parte de efte dia , cran tan 
xecios los gqlpes del Mar , (^uc entrabaa 



Di l'Histoire DU Paraguay. 40*1 

for una , y otra vanda Jcl Navio , Ile- . ■ 

naQ(lo(e todo de agua. Los facos , caxas , ^"^^ . 

yarcas. rodaban de parte à parte, v al- Voïacb l» 

' • r f 1 r J LONG DE LA 

gunos caian fobre la genre , lin poder na- ^^^^ de la 

die foffegar ^ ni parades , ni fentados , ni mek Ma- 

auQ echados. Sobre todo, les molcftabacELLAHiQui 

la aâiccion dcl eftomago , y congoja de 

corazon con tanto golpe, y defaiTofTiego s 

y elTcgondo Piloto Don Bafilio Ramirez » 

mientras atendia à la maniobra , fe dio un 

eolpe tal , que le quedo el rodro muy mal 

Ëerido. Naeflros Jefuicas , teniendo mucbo 

que ofrecer à Dios en eftos lances , como 

menos acoftumbrados , hallaban alivio en 

acordarfe de los peligros, ynaufragios^ 

que San Pablo , y San Francifco Xavier , 

Patron dcl viage , padccieron en la mifnia 

demanda delà convcrGon de los Infieles^ 

y con edo mlfmo procuraban confolar à 

roda la eente. Calmando el viento à las 

dos de (a tarde , dio lugar à largar la 

tnayor y cl trinquete , y fe hallaron en 50 

grados 11 minutos de laiitud , y por la 

edimaen 311 grados y 3 mimuos delon- 

gitud. 

Lunes 17 con dia fercno tuvîeron la 
tierra dcl Rio de Santa Cruz al Oueft , à 
feis léguas de diflancia , y por la tarde 
navegaron bordeando la Cofta de una 
erande Enfenada , que en forma de mcdia 
hina fe ediende defde el Rio de Santa 
Cruz, bafta cerca delà £nfenadade San 
Pedro : toda ella es tierra alta , y arida > 
fin verfc en toda ella un arbol. Martes 18 de 
Enero acabaron de correr dicba Enfenada y 
y à las fcis delà manana dercubrieion una 



40i PlÊClS ÏUSriPlCATÏVli 

^ cntrada , que crcycron fucflc la boca ié 
. ^74 • algun Rio : yendo àzia alla advirticron 
VoïAGE LE quç ladicha cutrada cftaba llcna debaios, 
CôrB DE LA ^° ^"^ rcbcntaban las olas , y por hal- 
Xf ER. Ma- larfe en folas cinco brazas de agua s die- 
•iiLANiQUE ron fondo con un ancla , y falio el primer 
Piloco Don Diego Varela en la Laocha à 
iondar,para podcr facar el Navio à franquiaj 
y echa fcna, fc levaron , figaîendo la Coftâ 
en demanda dcl Rio de Gallegos , <mc cfpc- 
raban ballar mas al Sur. Hallaronfc amedio 
dia en 5 1 grados y 10 minutos de lacitud y 
en 308 grados, y 40 minutos de longitud. 
Miercoles 1 9 fe levaron à las 5 y média, 
y navegaron , figuiendo la Cofta hafta un 
cabo de barrera alca , en cuya punca fale 
al Mar una reftingua , que hace bazo , t 
en efTa fe hallaron en 6 brazas. Un poctf 
mas al Sur de dicha punta defcnbrieron una 
boca grande , y dando fondo , falîo el Pi- 
loto Varela à regiftrar, fi cra el Rio de 
Santa Cruz » 6 el Rio de Gallegos , o al- 
gun otro Puerto ; que volvio al anochecer, 
fin haver halbdo cntrada por la parte que 
cflaban ancorados, que la entrada fedef- 
cubria por la Cofta del Sur , y era neccf- 
ifario montar una punra de un baxo largo» 
en el quai rebeocaba el Mar. En la playa 
ballo una ballena muerta , y vieron ràn- 
chas huellas de animales , y hallaron pairrc 
del campo recîen quemado , de donde con- 
cibieron cfperanzas de hallar al dia fîguien- 
te algun Puerto , y rancherias de Indios. 

Jueves à 10 (c levaron à las cinco para 
accrcarfe à la boca dcl Rio, enquedicroft 
fondo en fcis brazas de agua à las diez y 



Bi l'Histoire DU Paraguay. 405 
média. Salio à fondar cl Piloto Varcla ijAé. 
tn Lancha por cl mcdio , y por la Cof- . 
ta dcl "Sur 5 y volvio à làs cinco de la ^o^^^pg ^a 
tarde con noticîa de que no havia entra- cote de la ' 
da para cl Navio, y cftaban en 51 gra-ME». Ma- 
dps y i8 minutes de latitud. La marca crecc «ELiAmau* 
alU mccho y y liavicndo dado fondo en feis 
brazas , como dixe , fc hallaron poco def- 
pues en folas très. Cotnenzo à crecer à las 
très de la carde. Haviendo reconocido que 
toda la Cofta , àzîa cl Cabo de las Virgc* 
nés , es ticrra baxa , que corre al Sur- 
SttcÂe , y jazgando porotra parte , qua^o 
era conrorme à los Reaies Ordenes de fa 
Ma}eûad , navegar aquetlas como carorce 
léguas , que falcaban al Edrecho de Ma- 
gallanes , aflî porque los Dcrroreros de an- 
tieuos , y modcmos no fcnalan Puerto , ni 
Rio alguno en aqttel .efpacio , como por- 
que en la boca del Eftrecho tampoco le 
havia , fino muchos peligros , fe levaron à 
las 5 de la tarde en demanda del Rio de 
Santa Cruz , que difcurrîeron eftaria en 
menor altura de la que le ponen las Carta» 
demarearj ycfperaban hallar en ci buen 
Puerto. 

Viernes 11 à medio dia fe hallaron en 
figrados y 14 minucos. Sabado xx à j^ 
nece de la tarde huvo turbonadas de ^^|i^ 
nos , y agua , y navegaron al Nortc. Do* 
iningcij al amanecer , fe hallaron en la 
Cofta, que corre al Sur del Puerto de Santa 
Cmz ; y à las diez y média ancoraron al 
Efte de dicho Puerto , à média milla de 
dîftancia , en 9 brazas de agua, en jo 
grades y 10 minttcos dt latitud. Salio ca 



404 - 1*IECES JUSTlïlCATtVÉf 

j* .^ la Lancha el Piloto Varcîa à rccoriocer noa 
encrada , que reconocieron à la vanda dtl 
Jno^db lI Norte , crcyendo ferla la boca del Rio de 
CÔTE DE I.A Santa Cruz: pues aviendo regiftrado teda 
Mer Ma- la cierra , que média encre la cierra rafa , y 
•iLLAMiQUB cl Rio Gallegos, no le avian hallado^ 
Dentro de hora y média volvio al Navio ^ 
por no podcr romper con la corriente de 
la marea , que baxaba. A las très de la 
tarde reconocieron , que el aeua havîaba- 
xado feis brazas , y que cftaban cxpaeftos 
à quedarfe en feco > por el^àr aua lama^ 
iea|pn fu mayor fuerza > y à fu lado fe iban 
deicubriendo bancos de arena , y efcollos : 
por canco al punco fe levaron para ponerfe 
en franquia ; mas apenas havian largado 
cl trinquece y velacho , quanxlo defcubrie- 
ron un banco , que les cerraba cocalmence 
la falida. Dieron fondo en feis brazas , y 
todavîa baxo algo la marea , de fuerte que 
llego eda por rodo à baiar feîs brazas y 
média. A média noche quifieron falir con 
la marea Ilena , pero no pudieron , por al- 
canzarles la menguante antes de fulpendcr 
cl ancla , y fer peligrofa la falida en la 
obfcuridad de la noche. La marea comcûzo 
à baxar à las once y média del dia. 

Lunes 14 tampoco dio lugar la marea 
MJpB falieffen del peligro en que edaban , 
haïra las once del dia , que con marea Ilena, 
y vîento de tierra fe levaron , y poco z 
poco falieron à franquia en demanda dtl 
Puerto de San Jutian , dando repetidas gra- 
cias à Dios por haverlos librado de los 
baxos , que hallaron en el Rio de Santa 
Cruz, (alicudo coa la marea por cncima 



*E lHiSTOIRI du PARiJSTJAy. 4Ô| 

it los pcnafcos , de que por todas partes ^ 

efluvicron ccrcados. Eftc Rio de Sanca ^'^ ' 
Cruz , en otro ticmpo fue capas de Navcs Voïage li 

frueflas ; pues rcficre Gonzalo Fernandez ^^î^^ ^^ ^^ 
e Ovicdo en fu Hîftoria de las Indias y mer Ma- 
quc ancoraron en el las Naos del Comen- gellamiqv» 
4ndor Don Fray Garci JoFrè de Loayfa ano 
de 151e. En lo mifmo contefta el Chro- 
jiîfta Antonio de Herrera en fu Hiftoria de 
Indias , dec, 3 , lib. 9, cap. 4 , ouien dice, 
que en dicho Rio de Santa Cruz dio caréna 
à fu Capîtana. Y en la decada 1 , lib, $ ^ 
cap. 14, dexaefcritQ, que Hernando de 
Magallanes fe elhivo detcnido en efte Ri» 
de Santa Cruz los mefes de Septiembre y 
O^lubre del ano de 1 5 lo > haciendo mn« 
cha cantidad de pefqueria. Y nias es to^ 
, davia , que ca(î cien anos defpues los Her^ 
jnanos Nodales , el ano de i^iS, en fa 
viage al rcgiftro del Eftrecho de San Vi- 
cente, o de le Mayre , cftuvieron tambien , 
aunque de pafTo, en el raifmo Rio^ q 
Babia , que les parecio buen Puerto, como 
efcrîvieron los roifmos en fu relacion^ y 
de ella lo refiere Fray Marcos de Guada- 
lazara en la j^ parte de la Hiftoria Vontifical^ 
lib, 14, cap. I. Si n embargo , el diacleoy 
cflà hnpedido dicho Rio de Santa Cruz . 
con unos grandes bancos de arena, que 
fe difcurre amontonô en fu embocadura la 
corriente de las mareas , quç es rapidilfima 
tanto y que hace garrar las ancoras , y cou 
la baza marea quedan defcubiertos los ban«» 
cos y que cierran la entrada. Tiene aqui la 
«narea algo mas de feis horas de âuzo > y 
OU^ tantas de xefluzoj y cfte dia %^^% 



40^ Pièces îitstiticatit*« 
■ Enero comcnzo à baxar à las docc y mcdU 

»74tf. dcldia. 
VoïAGE LE Martes 15, foplô cl Sudaefte ^ y Sut- 
toNG DB lA Suducftc muy rccio , y levante mâcha ma- 
Cote de la • « ' r cl 

Meil MA-^^i^^*» como acontccc bempre en citas 
«EifANjQuÊ^oftts. Miercolcs z6 , fc murio un Indio 
Guarani, que quifo acompanar en cfta cx^ 
<licion al Padrc Strobl. Nd podian adclan- 
car mucbo cl viagc , porquc cl viento , y la 
mar del Norte abacia mucbo cl navio. Èfle 
dia , con fer ya por aqul cl rîgor dcl Vc- 
lano , hîzo mucbo frio » y en todos los 
demis experimentaron tanco » como en 
Cadilla fe expérimenta en el Invierno. Jue« 
ves 17 > fe ballaron à medio dia en 49 gra- 
dos 1 7 minutos de latitud : y por la nocbe 
cl viento Oue(b - Suducftc cambio al 
Nordefte , y caufo mucha mar. Dcfde la 
altura del Rio de Santa-Cruz es toda la 
tierra Ilana , y pelada como la Pampa de 
Buenos- Ayrès , fin vcrfc en ella cerro, ni 
arbol alguno \ y dcfde 4^ grados y lé mi- 
nutos azia cl Norte corren algunas cordiU 
leras y cerros altos ^ bafta pafTar Cabo 
Blanco , que como ya dixc > cfta en 47 

frados. £1 Sabado 19 fe pafso todo dando 
ordos azia cl Efte , y cl Ouefte , fin poder 
arribar al Rio de San Julian , por el'viento 
<:ontrario. Con Nordefte frefco £c bizicron 
mas al Norte , para ballarfc en pofitara de 
poder al dia figuiente reconocer dicfao Rio, 
Domingo 50, tampoco fe bifo cofa ^ y à 
las ocho de la nocbe refrcfco demafiado el 
viento por cl Nordefte, Icvantando grande 
marejada , que Ce aumento por inftantes, 
rodeando por cl Oitcfte » bafta paiar en aa 



BE l'Histoire du Paraguay. 407 
.5a<îucftc furiofo^ que los pufo en graa' ^ ■ 
peligro , y oblige à capear cou fola la me- 7 
lana , arrcadas la antcaa mayor , la dcl ^^^^^^ ^* 

' '^ ^ * LONG DE LA 

mnquete. Cô^^ de la 

Lunes 31 , corrieron coo cl mifmo tem-MsiL Ma- 
poral que fue mas terrible que codos 1osg£llaniq,u& 
paîTados , hafla las diez del dia » que cal- 
mo el viento j y ^ medio dia fe hallaron en 
48 grados y 47 minutos de lacîcud. Porla 
tarde , quando lo permida el viento , que 
fue poco y vario , nave^aron al Ouefte para 
tomar otra vez la Coda , que el temporal 
les ha via hecho perder de vida. For efte 
tiempo hacian fegunda novena à fu Patron 
San Fraocjfco Xavier, y al fin de ella, y 
vifpera , y dia de la Purificacion huvo mu- 
chas contefllîoDes , y comuniones. 

£1 dia I de Febrero navegaron al Ouede ; 
mas la corriente del Norte les hizo fota- 
ventar mucha^ léguas al Sur : pues , reco- 
nocida la ticrra a las 9 de la manana , fe 
hallaron en 49 grades 5 minutos de latitud, 
y pafTaron el dia dando bordos , fin poder 
tomar , ni aun reconocer el Rio de San 

ifulian. Ançoraron à lanocheà 3 leguasde 
a Coda. Miercoles % navcgaton con vlen-;' 
to Sur k poco didancia de la Coda , quç 
defde los 48 à los 49 grados tiene algunos 
cfcoHos à las dos y très léguas del Con^ 
tmcûte , y algunos de ellos parecen Ifiotes% 

~ fin haver en ella enfenada , en que fe pue- 
da ds^/£ fondo al abrigo de àlgun temporal» 

[ Jaevçs 5 tampoco pudieron defcubrir di- 

I cho Rio , y à medio dia fe hallaron en 48 
grades- cabales à la vida de b Cpfta* Lo- 

\ miCoio ijss acaecio çl yiernes 4^ y çl Sj^«» 



40t PlECE^ JUSTincATITIS 

Tr*46. bado 5 fc hallaron en 4S grados a 

VvnAci LE ^^^ ^^ latitud , à fcis léguas de 

5vM*c DE LA ^** î *^^ ^â W^^- cftuvicron Eft-O 

C^r» DE LA ^<^s efcollos, que ponc cl P. la F< 

Wîfc Ma- 48 grados y 17 minuios de ladcu 

•iLLAniQUEcollo, que fale raas almar, fc] 

cafco de un Davio y y difta de ciei 

léguas : en la mifma lacitud , à leg 

4ia de la tierra, fe ven otros 4 

collos, que faleni como una re{ 

pledras , y todos velan fobre el a| 

da la Cofta eu eda akura es cierr 

y baxa : folamente fc dexan ver 

algunos mogoces, que nofelcvan 

cho. 

Domingo 6 Ce hallaron den^afi: 
tados de laticrra en 48 grados 3 
tos; y la Coda defde efta altura 
grados 17 minucos hace la figura 

franJes enfcnadas , y corren las p 
uduefte , quarca al Sur. La tiei 
média entre las alturas dichas , c 
général alca y aunque en algunî 
naceplayazo. Al poncrfe el Sol i 
el ambiente muy calido: cofa e: 
naria en eftas Coftâs. Dicron fo 
un ancloce al Sudueflre i quart< 
de un ccrro , el mas alto de cfb 
diftante 6 léguas. Lunes 7 à mci 
eftaban en 48 grados , 48 minuco 
Nordefte , dcl cerro mas alto , qu 
de los ultimos de la tierra alta. 
de la tarde echaron la ancora à 
de una Bahia , que defde à fuer 
una corta enfenada, que eftà al 
çerrp ako en 1 5 brazas > y cl fç 



DE i.*HisTOiRi DU Paraguay. 40^. 
b«rrb muy pegajofo , y fuerce. Martes 8 f , 

k làs 5 de la manma , falio Dom Diego 174^» 
Varcla en lancha, à reconocer dicha Ba- voïace l« 
hia , creyendo hallar alli la entrada al Rio long de la 
de San JuUan , pcro , llcgando à la boca côte delà 
de la Bahja, comcnzo à baxar la ^area ^^^^^^j,j^^^ 
cou gran fiierza > y al mifiDo tîempo arre- 
cîo demafiado el vienro del Ôuefte , por lo 
quai no pudieron arrimarfe à cierra , y edu- 
vo muy apuato de naufragar la lancha y en 
la quai cntro de unavezcofa de una pipa de 
agua , por lo quai fe bolvieron al navio à 
las très de la tarde. A la boca , 6 entrada 
de efta Bahia , por la vaoda del Norte , 
ballaron i4brazas defondo, barro algo 
ncgro, y bueno para aiicoràr > y en la 
nmda del Sur, à la enrrada , bay 5 , 6 y 7 
3razas de la propria calidad en el fondo. 
Fodala entrada es llmpia , folamente en la 
punta del Sur hay dos farellones y que velaa 
:n marea mediada : en Pleàmar parece fe 
»ibren , y en Baxamâr quedà eda puma un 
placer. 

. Mtercoles9 > dia de la O^bva de la Pu* 
rîficacion de Nueftra Sefiorà, cuyo patro* 
cinio imploraban , quifo la Madré de pie* 
dad , que , calmando el Ouefle fucrte à las 
f de la xnanana, jpoco de(pues , con un 
Norte lento encraflen en la primera enfe^ 
uada de la Bahia , que conocieron luega 
fer la de San Julian ; y favorecidos del 
fieoco > entraron hada una légua dentro, 
hf las dos de la tarde , comando mucha 
herzala corrîente de la marea-, quebaxa* 
!>t y Ici précisa à dàr fundo con un anclote. 
Sa el incerin que ccfTaba el fluxo de lu. 

Tarn ri. S 



... ^** Pièces justificatitic 

.^. *ï^arca, faicaron en tierra aiguoos ; yh:i^ 
.. I.Ï ^»*^P^° obfcrviJo Dom Diego Varcla, y 
- LA f ^'^drc Jofcph de Quîroga las buelras, y 
'? LA ^^xos , cjuehacia el Rio , fc volvieron à 
«.i'^ ^ "5^^^o à las 4 de la tarde. Eu tierra hallaroa 
* •'^UE algunos matorrales quemados poco aoces, 
^ las 6 de la tarde entraron mas adentro » 
"?fta poner cl navio dcfendido de todos 
viencos, y le amarraron con dos ancias. Ha- 
vicndo dado fun.^o en marea alta en f bra- 
das, lucgo fe quednroncn folas tces biazas, 
aunq ic cl fonde es bueuo, de barre blanco, 
Jueves lo, falio el Padre Machias Sirobl, 
y cl Alferez Don Salvador Martinez cou 
algunos Soldados , à vei fi hallaban In- 
dios en tierra : y los Padrts Cardiel , y 
Quiroga , y cl Piloto mayoc Varela, fa- 
lieron en la l.ancha, prcvcnidos de vivcres, 
à fondar la Bahia hafta cl Rio de la Cam- 
pana * que poncn algunos Mapas , o (l 
cntraba otro Rio , con animo de no de* 
fiftir de la cmprefTa hafta averiguarlo todo. 
Hallaron que los Navios pueden cntiac 
Kada légua y média de la primera boca : 
que cl mayor fondo fe halla en paffando 
MU2L Ifleta baxa, que en Picamar la £aita 
poco para cubrirfe , y ay en ella algunos 
patos, è innumerabUs gaviotas. Todo 1q 
dcmàs , que c(U de la vaoda del Sur , y 
de! Oucfte,en marcaUenaparcceanGoIfo . 
Codo Ilcno de agua ; pero en Baxamarqueda 
todo en feco > y a(Tî , haviendo oavegadtf 
coûi de cre<; léguas hada medio dia , y 
baxaodo à effè cienapo lamarea, fe queda^ 
xon en (ce©. I uego qoe fubio prohguic- 
<on azia ua»s barrancas blaocas j quç ^ 



BE l'HkTOIRË fliy PARAGtTAr. 4It 

rdan al Sudutftc 5 y très quartos de lcf;ua -■ ■■ • 
intcs He llcgar à cl las , yalparagc dondc ^74^- 
m. Plcamar liegaba cl agua , baxo otra Voïagf le 
rcz la marça , y fc qucdaron en fcco. Dcf- ^^*J^ ^" ^^ 
;alz3tonfc cl Piloco Varcla , y cl Padre Car- ^^^^^ ^ m*Â- 
Hcl, y por cl barro , y pocitos , qucdcxA gellamiqu* 
a Baxamar, llcgaron à la CoÂa. Afidu- 
ricron azia u«a , y otra parte , y recono- 
;îeron que alli fc acababa la Bania , y alli 
fcnecia cl grande y fabulofo.Rio de San 
falian , fu gran laguna , y cl Rio de la 
Ctmpana , tan mentados , y decaotados en 
los Mapas, efpecial mente de Jos £(lran- 
^ros y quedando harto maravillados , def 
3ue con tanta confianza fc cuenten taies 
fabulas , y fc impriman, fin temor de fer 
cogidos en la mentira. 

' Encima de aqucllas barrancas , o laderas, 
balio el Padre Cardiel cantidad de yefTo de 
t^cjuelo en planchas anchas , à manera de 
tatco. Volvicronfe dcfcalzos à la Lancha » 
en que durmieron hada las dos y mcdia 
de la manana dcl Vlcrncs 1 1. En amane- 
dendo fueron cofleando lo reftante de c(U - 
Bahla : à las ocho baxo la Lancha , fin 
poder facarla hada las dos y média de la 
tarde , que crecio la marca , y rodcada roda 
hBahîa , fc volvieron al Navio , yen loda 
cRâ no hallaron agua dulce , ni lena » fiao 
quai matprral de fabina , y efpmo. El • 
dre Machias StrobI volvio diciendo , que 

6r dondc hayian andavlo , la licrra cra 

nc)an:c à la dcl Puerto Defeado^ que 

û\6 en la orilta de la Bahia unos pozos 

ana vara de profundidad , de agua 

pdobrc» pcco que fc podia bcber| 

Sij 



411 Pièces lusTiricATivEi 

: — hechos à mano , que fc difcurrio los h»* 

*74^« rian los Inglefes de la Efquadra de Jorge 
VoïAGE LP. Anfon al aîio de 1741 > y que tacnbiea 
CÔTE DE LA *^?^*^^» ^ diftancîa de média légua de la Ba- 
M'R. Ma»^^^> °°^ Laeuna , cuya fuperficie cflaba^ 
c£i,LANiQUE quazada de lal. Los Marîneros ceodieroa^ 
la rcd , y pefcaron bucn numéro de pe^es 
grandcS) de buen gufto, rcmejantes al bacaU 
lao , aunque alguivos dizeron era pezepalo» 
Sabado ii , qucdandofe indifpuefto el 
Padre Quiroga en el Navio ^ falieron los 
dos Pilotos à marcar el ficio de las falinas» 
y fe recogleron à bordo al anochecer, que- 
dando en ticrra dos Soldados , que fe apar- 
taron demafîado. Domingo i) , recono- 
' ciendo en aquel Puerto tan mala difpofi* 
don, para que fe qucdaffca los Padrcs 
5çrobl , y Cardiel con el AlFerez y los Soi* j 
dados ) y (iendo igualmente arida toda efta 1 
Coda y hada aora regiftrada , quifo el Padre | 
Quiroga faber el parecer de los otrosdos 
Mlflioneros, delCapitan del Navio >ydcl 
Alfercz que comandaba 1^ Tropa ; y todos 
unanimes fintieron no efhibiccer alli po- 
blacion , por nq haver en la cercania de 
la Bahia agua dulce, ni tierras para la« 
branza ^ y lo que es mas, por faltar maderâ, 
ni aun leiîa para qucmar , que es la cofa 
mas neceâaria en efbi tierra frigidiflima: 
pero para mayor averiguacion fe determi- 
np , que falieflfe el Padre Machias Scrobl, 
con el Alfercz, y ocho Soldados por un 
lado , llcvando viveres para très , ô quatre 
dias , y anduvieifen tierra adentro regif- 
trando la tierra , y aflîroifmo cl Padre Jo-.| 
fepk Cardiel por ocro lada con diczS^oldt- 



A 



©E l'Histoire du Paraguay. 4x5 

Jados. Voivîeron los dos Soldados , que fe r 

havian quedâdo en tierra la noche antccc- ^^^ 
dente , y dixeron havcr hailado agua dulcc Voïage tt 
en una laguna 5 diftantc quacro Tcguas de ^ôte delà 
la Bahia, ybuanacos» yavcftraccs; pcro meic Ma- 
que no fe veian arboles en quanco alcanzaba cellamiqvb 
la vifta. 

Lones 14, falieron en la forma dicha 
cl Padre Strobl por la pane Oriental , 
y cl Padre Cardiel por la Occidental y y 
caminando aquel al Sur como cofa de fcis . 
léguas , encontro una laguna , que boxearia 
una légua , toda quaxada de (al » diftantc 
del Mar très quartos de légua , y otro tanto 
del fin de la Bahia. Los Soldados encen- 
iiicron los matorrales que hallaron , y cor« 
rià el fuego dos léguas. La tierra era la 
mifma , que en el viage antécédente. La 
genre , que con el Padre Cardiel iban azi^ 
Ponience , pegaron tambien fuego en 'la 
yerva de los campos , y fubio el fuego bafta 
muy alto. Hizo nocbe dicho Padre Car- 
diel como feis léguas' al Poniente de la Ba- 
hia , en donde hallaron agua dulce. Por la 
nianana del Martes i ) defpues de rezar, y 
haverfe todos encomendado à Dîos , profi- 
guieron fu viage, y à diftancia de una 
légua de la dormida dieron con una cafa , 
ue por un lado ténia feis vandcras depano 
le varios colores , de média vara en qua- 
dro » en unos palos altos , clavados en tier-» 
ra , y por el otro lado cinco cavallos muet- 
tes y embutidos de paja , con fus clines » 
y cola , clavados cada uno fobre très palôs 
en altura compétente. Entrandoen lacafa, 
hallaron dos ponchos teodidos , y cabaifdo 

S iîj 



l 



414 PlECIS lUSTIFICATIVES 

i^a6, cncontraron con trcs difunios , que todavla 
tcniau carne » y cabello, £1 uno parcda 
iriSo^DE LA varou , y los otros mugcres : en el ca- 
Côre DE LA bellodeuna de edas havia una plancha de 
Mfb. Ma- laton de média quarta de largo, y dosdc- 
«iLLAwiQUE jo5 jjg ancho , y en ]a& ort)as zarcillosdc 
lo mifmo. lin lo alto de la cafa havia ocro 
poncho revuelto , y acado con uoa faza de 
lana de colores , y de ella (alla un palo 
largo como vcleca , de que pendian ociio 
borlas largas de lana amufca. Segun dhi 
fi nas , los difuntos eran de la Nation Puel- 
chc. Paflacon adelantc en bufca de los que 
havîan hccho aquel cnticrro, crcyeado 
dàr l'jcgo con ellos, y juntamentc con ticrra 
habitable 5 mas aunque caminaron otras 
très le ^'13 s , no hallaron raftro , y fc Ici 
acabo cl baflimcnto. Quifieron losSoMa- 
lios cnrar pacos en las lagunas^ que fe 
encontraban 5. y como era con balaj nO 
nm Caban nada. 

Dcfp.'cho cl Padre Cardîel cîos Soldados 
al Navio con un papel al Padre Superîor 
Macliias Scri bl , y a! Capiran , dandoles rc- 
lacion Je toJo lo hallado^y pHienJolcs haf* 
ta treinca Hombres , con vivercs , y muai- 
ciopcs paraellos, y para los que le acom- 
• pa^aban, que pudieffen durar hafla quatro 
joiiialas aklanre. Eftc mifmo dia iç fa- 
îicroa en la Lancha el Piloro Don Diego 
Varela , y el Padre Quiroga à fondât el 
canal de la entrada, y marcar todos los 
banco*;, que ay en fu boca ; pero por el \icn- 
to recio fe vi-rcn p»^ecifados à dJefcmbarcar 
en una pequcna Enfenada, donde echando 
Ja led los Maàacros la (acaioa Uena ie 



OB l'HISTOIRÏ du PARAGTt'AY. 415 

pezes grandes , todos de uiia cfpecic , cjue 

Earecen criichas de fietc à ocho libras. Hal- 
iroii cnaquella parte de la Cofta bucna ^^^^^^' ^^' 

, ^ ^ *^ 1 LONG DE .LA. 

Jenapar?. qucmar, y en biiena proporcion, ^ôrE dh la 
para qae le puedan proveer de elia los Na- Mi b. Ma- 
yias que emraren. A la carde volviôelPa-cELLANiQui 
-Atc Mathias', y fii comiriva , y dixeron , 
qae en la laguua hallada ^ la fal cendr^a 
mas de ana vara de alto , blanca como k 
nîevc , y dara como piedra i pcro que no 
havian hallado fena algima de que habiten 
ladios en eda tierra- 

En el Miercolcs 16 y aunque foplo fucr-* 
temente el Suduefle , nada incommodô al 
Navio , por eftàr bien dcfcndido , y no po- 
der los vicotos levanrar marejada. Llcga- 
roft los db^ Soldados, cort la carra dcl P. 
CardicI , à cuya fuplica condefccndio el 
Padrc Srrt»bl , quicn el Jueves 17^ al faltr 
cl Sol , faltô en tierra con el Alfercz, y 
los Soldados , à jnntarfe con dicho Paire 
Cardiel : y al mifiiio tiempoel Padrc Qui- 
rogi , el Capican dcl Navio, y el primer 
tiloto , fiferon en la hncha à fondât loque 
les falraba de la Bahia ; y faltando en Sier- 
ra , fubicron à un cerrô bien alto , que 
eftà al Norte de Ii Bahia : dcfcubrieron 
àzia la parte dcl Norte una gran laguna que 
fc cftendra très leg;uas al Ouefte , y cali 
otro tanto al Norte, (în communicaciott 
alg^una con el Mar; pcro no piidieron fa- 
bcr , û drcha laguna cra de as^uà dulce. El 
Padre Mathias camînà quarto léguas con 
fu gcntc, y fabiendo qnc fe acercaba cl 
•P^ CaTilicl, le ombià à dccir , que fc Ueeaffe 
à donde fa Rcyerencia edaba. Hizolo el 

S ui} 



41^ FiBCEs ijnriifCATintt 

Padrc Cardicl con grande crabajo ,- y k 

^^^ * dixo cl Padrc Mathias, que aqudla fu gcntc 

ViDïA«i LE yenia muy fatîeada con tanta carga,yqae 

^TE Di LA ^^'^°^^ pcnfado mcjor en cl puiito,.le 

Mer Ma- parccia icr tcmerîdad ûfe aqueilos barba- 

•1LI.AMIQUE ros à mctcr encre barbaios no conocidos, y 

de à cavallo. Diole muchas razoncs en 

contra , con fu animo întrepido y valerofo, 

cl Padrc Cardicl , poniendo por dclantcei 

valor , y experiencîa de aqnella genre ; los 

-percrechos > que tcnian de iufiles y polvora^ 

y balas ; la cobardia de todo Indio, quan« 

do halla refiftencia ; y fînaltncnte la caufa 

tan de Dios , que Uevaban de fn parte , que 

era la convcrfion de aquellos Gcnciles. 

Rcfpondio cl Padre Matnias^ qnelo ea- 

comcndaria à Dios , y rcfponderia por la 

jnanana , eu que la refolucion fae . le vol- 

. TicfTcn al Navio , obcdeciendo prompto el 

Padre Cardicl, aunque con el (entimienco 

de rctirarfc fin dcfcubrir los Ipdios y que 

jmaginaba muy cercanos, pues a?ia ya 

viflo un perro blanco « que les ladro , y Te 

fuc rccirando hafla donde creia baver de 

hallar los Indios. La caufa , que tuvo en- 

tonces el Padre Mathias , fue llevar pocos 

vivercs prcvenidos. 

Sabado i^ , propufo de nuevo cl Padre 
Cardicl , era bien averiguar , donde tcnian 
fu habitacion los Indios , y pidio al Padre 
Superior Strobl , que lo confultaHe con el 
Capitan dcl Navio, con cl Alfcrcz , con 
el Sargento, .y con cl Padrc Quîroga , fc- 
gunJa inftruccion que para feme)antcs ea« 
fos le havia ilado el Padre Provincial. 



DB l'HxSTOIRE DU PARAGUAY. 4I7 

Hecha la confulta» fue efta de parecer ., oue 
TolvieiTc à corrcr cl campo elPadre Cardiel 'J^ 
con los Soldados^ que yolunti^iamenre Voïace h 
qoificflcn acompariiarlc. A los Soldados ^ôtb ri \a 
anadio cl Capican del Navio macbosMa- meh Ma- 
rineros , que voluntaiiamente fe ofrccic- ciuahk^vi 
ron , y un Soldado de Marina , llevando 
cada uno viveres para ocho dias ^ y baeaa 
prevencion de maniciones. 

Domingo à 10 , en que Aie el novila- 
11ÎO4 yhaviendo obfervado el Padre Qui- 
-roga y les Pilotes con particular cùidado 
la hora de la Plena y de la Baxamar , hal- 
laron , que la Baxamar fue à las 5 de la 
manana , y la Pienamar à las 1 1 del dia. 
Lo aual es muy neceiTario que fepan los 
qae mivieren de entrai en elle Puerto , 
porque hay no menos que feis brazas per- 
penoiculares de diferencia •, de fuerte , que 
en Pleamar puede entrar un Navio de linea 
por los bancos > que en Baxamar quedan 
defcubiertos. Al amanecer efte dia, deC- 
pues de decir Mifla , falco en tierra el Padre 
Cardiel con la efcolta de Soldados , y 
Marineros , que por todos eran 34 > y tomo 
el camtno al Ouefle. £1 orden que obfer- 
vavan era efte. A la manana rezaban al« 
gunas Oraciones , y cl Aôo de CoBtricion, 
y una Oracion , en que daban gracias à 
Dios por los bénéficies communes , y le 
ofrecian lat obras y trabajos de aquel dia , 
cfpecificando la hambrc , fed , canfancio , 
peligros, ^c. y protcdando que 4o ha- 
cian por fu amor , y por la converfion de 
los Infieles. Defpues fe defayunaban , y 
marchaban cantando la Licania de la Vii- 

S V 



E LF. 



4i8 PlECIS JUSTinCATlTES 

' Rcn , y dcfpucs de clla , rczaba cl ?ûàé 
Cardicld Itincrario Clcricai. Quandoiban 
por Canipp.iia fin camiiio , iba cl Tadrc ca 
)F. LA ^"^^o y todos cflcndidos en ala à la larga. 
Ma- P^i^2 bufcar niejor laguaas , leita , caza» 
iiQVE y ver humos de Indios , &c. ; quando por 
fcnda de Indios ( que la cuvicron por mâ- 
chas léguas ) iba ri Padrc cl primero, 
atempecado al palTo de los menés fiier- 
tes , para que no le^ kicieflèn caminar 
mas de lo que podian : llevaba al pecho 
«n Crucifixodeoronce , y en la mano aa 
baculo, ^ravada en cl una Craz. A la 
noche rezaban el Rofaf io ,~ y cancaban la 
Salve : y para cl rezo de.manana ^, y carde, 
. y para hacer cargar las mochiias «. y cami- 
nar , hacia el Padre fenal cou uoa campa- 
fiilla A que fcrvia detambor. 

Garni naron en cfta forma qwicro joroa- 
das del 6 y 7 léguas cada dia , cali fienipfc 
por un camino de Indios , de nn folo pie 
de ancho , que eflaba lleno de efticrcol de 
cavallos , y potrillos , yà ancigoa , y por 
nananciales de agua muy buena. Al fia Ac 
lâs quacro jornadas fe defviaron de la fcnda 
à una cuefla alra, defde dondc miranda 
con UD ancojo de larga vifta, dcfcubricron 
la cierra de la calidad que la dcmas. An- 
duvieron en eflos quarro diascofa de i^ 
léguas fin hallar arbol alguno » ni pafto 
fi no algo de hcno verde en los manamia- 
les , ni cierra de migajon para fembrar , 
fi 110 coda eflcril : agua si , y en abundan- 
cia en varios manantialcs , por dondc iba 
cl camino y 6 fcnda de los Indios ; y por 
donde no ia havia > lagunas todas de agua 



»E l'Histoire du Paracuay. 4"i9 • 
^tilcc. No vicron humo alguno , nî fe ijac, ^ 
cncontraron animales del campo , fîno 
Onos pocos huanàcos , que huian de me- j^^^^^^p* ^* 
«ia légua , y tal quai aveftruz , de que ^ôtb de la 
inataron uno , (îenao cfteril de caza toda Mer. Ma- 
^a campaiia, y cueftas : ni aun paxaroscELLANxQ^* 
*c oyeron , fino es tal , o quai. Huvicron- s 

fc , pues y de volvcr harco delconfolados. 
La genre fe porco con mucha conftancia » 
aunqae unos , à pocos dias , iban yà def- 
Calzos, otros com ampollas en los pies, y 
ecros con llagas , y los mas ni fezto dia 
eftaban eftropeados. El P. Cardiel à pocos 
dias padecio muchos dolores en las juntu- 
las de las piernas , de mancra , que af 
quinco no podi^ caminac fin muieta ; y no 
nailanda peifcf remedio ,■ que ponerfe ea 
elias panosempapadosen orina, con efto 
iblo, y la prpvidencia paternal de Dios 
pudo profeguir, £1 &io de noche les mo-^ 
ledaba mucho j y a^nque con los cfcafos 
jRiator raies , que hallaban , cenian fuego 
toda H noche , conio no lleyaban mantes» 
fil con que cubrirfe , por un.lado fe ca- 
lentaban, y por ocra fe elaba& ,,dn podçr . 
dormit. " . 

Con codos eftos trabajos eftaba tan vl-r 

SOToCo cl animo del Padre Cardiel > que* 
huviera fido fuijuris , fe huvicra vcnf- 
Ào por tierra , defcubriendo , que ay zcç.to» 
Àt les decantados, o' encancados Cefares, 
. y de nacioncs difpueftas à recibir eV Evan-^ 
gelio ,. para lo quai yà (è le hlEivian ôfre- 
€ido algunos de fa* coniitiva : porque fe* ' 
&acia la cuenta , que con abalorios , que* 
Bç^aba», godria çoingras cavallos de los^ 



4*o Pièces JUSTiTxcATiTEf 
r*^ Indios , y caucivarles las yoluntadcs : pcrt 
como no cfpcraba confcguîr licencia para 
; !•* pra^kicar efta efpecie , tratà de ▼olveifc al 
j LA ^"^"o en oiras qaacro jornadas. Eneftos 
Ma- ocho dias , que fe cardo el Padre Cardiel en 
[QU£ efta expedicion , obfervo el Padre Qoiroga 
con on quadrante aftronomico la latitud 
de efta Bahia de San Julian s y fegun ef- 
tas obfervaciones , la primera entrada de 
la Bahia eftà en 4^ srados, y zx minotos : 
el medio en 49 gra£>s , y 15 minucos. £1 
Martes ii , à las 4 de la roaiîana , fe cœ- 
barcaron en la Lancha el Padre Matbîas 
Strobl , el Padre Jofcph Qairo^ , el Pi- 
loto Don Diego Varela , y el Alferez Don 
Salvador Martinez Olmo y y falieron à la 
primera Enfenada de la Bai&hi', y Taltando 
en ticrra , caminaron azîa el Norte à re- 
conocer la Lagnna , que avian defcubieno» 
los dIas antécédentes. A los très quartos 
de légua hallaron en lo alto , entre unos 
cerros, otra Lagnna de agua dulce, que 
tiene de circnito nna Iceua. Mas adelante, 
•à dos léguas de la En(cnada , donde de- 
' fcmbarcaron efte dia ,' hallaron -la Laguna 
grande , pero toda cubicrta de fal.: tiene 
très léguas de largo , y mas de una de an- 
cho. Paflaron à la otra vanda, por ver fi 
hallaban aigu nos arboles, y no hallaron 
fino matorrales que folameatetlenen lena 
paraquemar. En efta traversla de la La- 
guna les calentà mucho el Soi; y fu fe- 
Hexion en la fal blanca como la nieve les 
ofendia la ^ifta. Hallaron fiete, o ocfao 
y icuiias , y un buanaco , y à la Vanda de 
Sur de la Laguoa, «m pozo de a^nadutce. Po« 



BB l'HxSTOlRB DU PARAGUAY. 41t 

la vanda de Leltc de cfta Laguna hay ana ^\ ^ 
bucna llanura , y luce;o cftà cl marà una 
Icgua dcdiftancia. A^las 4 de la wr^c <lc J^'^^'p' " 
cftc dia cftuvicron yà à bordo. côti 91 la 

Lo que todos vînieron àconcluir, re-M£K. Ma- 
conocida cfta tierra de la Bahia de San Ju- cellamxqv> 
11 an ) y fus malas calidades > es , que por 
alli no pueden habitai loslndios porfalta 
de Icna , miel , caza , &c fino que vivca 
muy retirados ; y difcurricron , que cl fen- 
dero cftrecho , que figuio cl Padre CardicI 
qoaero jornadas , es , 6 de los Araucanos de 
Cbîle 9 o de los Puclches , y Pefauencfaes y 
que vendràn tal quai y ex por fal y de que 
careceràu en fu Pais , à la Laguna grande y 
6 à las otras de la cercanla de ia Bahia , y 
que efte ano moriria alli algun Principal 
cie ellos , para cuyas excquias matatian aos 
de fus fflugeres , y fus cavallos , para que 
le hicieiïcn compania en la otra vida , fe- 
gun crée fu ceguedad, y por cl mifcno 
mocîvo cnterrariàn con cl rodas fus alha- 
}uelas.-Maravillados si quedaron , de que 
CD tamana diftancia de Bucnos>Âyrcs hu- 
vîefrc Indios de à cavallo , por que fe jaz- 
ga que defde 150 léguas abazo todos eftan 
de à pie , fegun nos dicen los Indios Scr- 
ranos , y los derrotcros de Edrangeros. Se- 
gun parece por fus alhajuelasde laion, &c. , 
ellos ciencn communicacion con otiasNa* 
ciones , que la tienen con £fpaiiolcs. 

En fin Y cl Lunes x8 de Febrero (e cm« 
pczaron à preparar las cofas para Cilir de 
ta Bahia de San Julian , en donde no hal* 
landofe comodidad para hacer por lo pre- 
(cncc algun çftablccimiemo « hizo cl Padce 



4l% rtïCBS- JUSTTTICATIVE^ 

. Superior Mathias Strobl confùlta i en que 

'^^ * encraron cl Capitan dci Navh> , cl Aifcrcz/ 

VoïAGE LE cl Sargcnto , losPadrcs Catdicl , y Qiiiroga, 

IZt II l'A prefcntc cl Efcrhratio dcl Navio , y toi» 
Cote be la • ^ ^ , ' ^, 

Mer. Ma- tinaninieâ fueiron de parecer , que al pre-^ 
CELLAniQ^jE fente hcr cra conveniente fe quechrilen alli 
los Padres , pues adecnàs de fahar las cofal 
necefTarias para poblacion , tampoto havla 
Indios ,' en cuya converfîon fe empleaifea. 
for tanto à las-^ de lamanaiHi cotnenzaron 
à levarfe *, pero aviendofe cambiado à ia 
mifmahora el viento' à Sodueibe ^ (e que- 
daron en clmifino fitio. A l'as dos de la 
tarde foplocon gran fucraa cl- Su(hiefte,y 
aunque en e(ta Bahîa no lèvaiita mar yhho 
fanta fuerza,queel Navio gatro aîgunafs bra- 
ts.'Sy Y fue necefTario arrear las ananas, f 
prévenir otra aacla. Los Siarincros ^ cnt 
Àavian ido'oy àtierfa en la Lancha , halix- 
- l'on en el campo un letrero con' cftos ca- 
raderes- : I. O. HN. WOOD. que fera 
cl nombre de algun Inglès , li Holandès^ 
que haya cftado en cflra Bahia. 

Marres à i de M^arzo , por tencr cl viciK 
to por el Suefte ,podicron falir por la ma- 
nana^ y fè cofocô en alto , en frcntc del û^ 
tio donde eduvieron ancorados , una Croz 
alcade madera côn efla infcripcion: Rcy^ 
nando Phelipe Vy anodi 1746. A las 4 de 
la tarde , foplando el Oucft , fe levaron , y 
falieron de la Bahia de San Julian à las ^, 
y luego que eftuvîeron' fuera , Icvantaron: 
la Lancha à bordo,y (iguicron fu derrota 
al Nordefte. Conque por dcfpedida fei» 
bien dar aqui mas compléta relacion de cfiç 
Puc4;coi, y Bahia*' 



} 



i)E l'HisToiRi DU Paraguay. 4if 

De clla cucntan muchas côfas los Viagc- ' . -^ 

ro$ Eftrangeros ,.y crpccialmcntc Jorec An- ^ 

fon , Commandante die la Efqaadra Iiiçlcfa , V*^*»^*^^ ^^ 

., \ " \ > -v • r n. I LONG DB LA 

|uc cl ano de 1741 , entro a mfettarcl mar ^^^^ p^ ^^^ 
Ici Sur por cl Eftrccha dclc Mayrc. Entre Mer. Ma- 
otras cofas ponen al^unos de fus Mapa^iln. aEi.i.AiiiQVS 
prdTos , auc cda famo^ Sahia la forma- 
un gran Rio , que nace de una gran Lagtr* 
Da > 40 o $0 léguas tierra adenrro , y que 
de efta Lagunanace otro Rio llamàdo de la 
Campana , .que corre hada falîr ni Mar dcf 
Sur. Por todo efto dcfcaba cl Real Confcjo 
de Indias , que fc hiclcffe aqui una pobla* 
cjon , y à eflc fin fc emprendiô cfte vîagc : 
pero la experiencia ha dcfengaiiado , que 
rodo lo que decian de cfTos Rios los Edrah- 
prcros ', es una mera y pura parrana , pues- 
rai Rio no fc halla , ni fciias de haverle ja- 
iTia$ bavido > que al fin es verdadcro cl ada- 

f;îo Caftellano ,. que à Inengas tierraj , 
uengas mentiras. Todos^fîruan efta Bahia 
en 49 grados , minutes mas 6 menos, y 
tienenrazon, porque, cômo yà dixc , fc 
haviftoaora que eftà en 49 grados y ii 
minuros fu enrrada , y elmedio , en donde 
puedcn-fiirgir los Navios , en 49. grados «y 
I s minutos. Su longittid refpeâiva , conta 
da dé la Ifla de los lobos^ fon 15 er^dos y 10 
minutos: y lalongicud univerfal, contada 
del Pico Tcibez de Tcncrifc, fon 3 1 1 gra- 
des, y 40 minuros. No folamente no en- 
tra en efta Bahia Rio alguno grande , que 
fc pùeda navegar muchas léguas arriba, 
como en fus Diarios y Càrtas cfcrivcn (m 
fiiiidàmento algrunos eftrangeros , pero ni 
aun un pequeno arroyudo podicroD haAar 
nueftros Efpaûbles. 



4*4 , PiîCFS JUSTIPICATlVEf 

"■■■■' ■ — La entrada de cftc Puerto es dificîl de 

'74^» conocer al que nolleva mas fenal, que \z 

VoïACB iH alcura , porque dcfde fuera folamence fcvc 

loKG DE LA ja primera Enfenada , cafi todo llciiadclia. 

Cote de la '^ r r «i j j« l^ 

Wbh Ma. *^^ ' P^^^ ^^^^ """y "^" de conocer dicha 

•£i.&ANiQcrB cncrada , governandore por las fcnas fi- 

guientes. Cad al Oaede de la boca dd 

Puerto eftà un cerro muy alto, el quai» 

yendo dcl Nordcfte , fe vè de muy Icxos , 

por fer el mas alco que ie vè en cita Co^i 

y de icxos parece como Ifla \ y acercandoTe 

aigo mas, te ven las puntas de otros très cer- 

ïo% que tambien pareccn Idas» bafta que de 

mas cerca fe vè , que fon tierra firme. Pues 

el que fuefTe en demanda del Puerto de San 

Julian defde la Ida de los Reyes , fe ao- 

partarà de la tierra , porque es la CoUa 

pefigrofa , y llena de baxos ; y en liegan* 

do à los 49 grados , llevara la vifta al fo- 

bredicho cerro mas alto, y navegara acer- 

candofe à la tierra Eft-Oueft con el, y 

entonces Verà la primera Enfenada > que 

tiene à la vanda del Norte unas barreras 

blancas ; y toda tîerra , que eftà à la vanda 

de! Sur ha(la el Rio de Santa-Cruz , es ba- 

za , y tambien parece que hace ona barrera 

blanca » que parece una muralla. 

La entrada del Puerto es bien difEcil , y 
no pueden entrar Navios en miarea baza, 
pues queda folamente un canal eftrecho con 
dos brazas y média , o très brazas de fon- 
do, el quai corre al Suduefte bafla una 

Sunta , en la quai hay algunas penas , f 
t^à.^ alli corre mas aL Sur por cerca de la ! 
Coda , que fe dexa al Oue(i. En Pleaoïar f 
pueden entrar Navios de qualefquxeta poc- | 



VI L*HlSTClRE DU PARAGUAY. 415 

tc,.port|uc, como yà fc dixo , la marca -— 

fubc, y baxa 6 brazas pcrpendiculares, y '74^- 
bace muy diference k aparienciade la en- Voîagi li 
trada , y de cl Puerto , como fe vè en dos ^^^\ ^\ [^ 
pianos, cjue hîzo el Padrc Quiroga. Noj^j^ j^^. 
obflante , (lempre fera neceflàrio que el Na- esLLAKiQva ' 
vio , que no Ifevare Piloto pradico de efte 
Puerto 9 de fondo à fuera ^ y embie la Lan- 
cha à reconocer la entrada , porque' como 
'faedicho, esdificiU y (îempre fera bueno 
encrai' , quando la marea vaya perdiendo la 
fuerza , para poder ancorar en badanre foQ' 
do , ances que baze la marea. Los Navîos 
grandes pucden entrât hada ponerfe detràs 
de las Iflas , en donde en baxamar fe hallan 
15714 brazas. El fondo es bucno, de bar- 
xo negro , mezclado con arenilla muy fina. 
Los viencos aqui , aunque foplan con fuer- 
za , no levantan marejada , por eftàr todp 
el Puerto cubievo con la tietra. Hay dencro 
dos IHas , que velan en pleamar , y en ellas 
mnchas gaviotas. A média marea fe van 
defcubriendp otros Iflotcs: yfînalmente, 
en bazamar fe queda en feco , por la parte 
del Sur , un recinto , que en plenamar pa* 
recia una grande Bahia. 

Efte puerto , por cl Eftio , no tîene agua- 
da para losNavios ; pues algunas lagunasy 
manantiales, que fe hallan al Oued del Puer- 
to , difVan très o quatro léguas, y otra Laga- 
oa mas prozima , que eftà al Noruefte de la 
entrada , difia una légua del mar y y eftà 
bien dificil de hallar entre dos eerros ceroa 
de lo alto. En tiempo de Invierno es faâî- 
ble que bazen algunos arroyos del agaa 
ijae diftilaran las nievcs. Toda la dcria es 



4lé PltCIS JÛSTIfiCATIVM ■ 

faliirorfa 5 y cdcrîl , folamcbtc (c halfan à!* 

'^^^- ganos matariàîcs al Oueft de la cntrada, 

VoïAGE lE cj'ue pucdcn fcrvir para Icna para los Na- 

C6tb d^ '^ vio<: no ay piafto p.ira los gahados,(îna 

Mer ^ma. ^^ ^^^^^^ dcifrcro , qtic fc halla ali;un poco en. 

tÉliiANiQUE I^s canadas , dondc ay m'anantJaks , ni fe 

halla un' folo artfol , que pueda" fcrvir para 

Aiadcra. 

Pncdcfc faciîmcmc fortîficaf çF Paerto', 
conftriîycndo unâ batcria en la panra de 
pîcdras , que cftà al Suducfte de la primefa 
. entrada en la Cofta del Norrc , porquc aqûi 
fe eftrccha la cntrada , y pafla el canal ï 
tiro de fufil de dîcha pnnta : ni podran Ids 
Navios bâtir la fortalcxa condruida en cftc 
fitio , porque en baitando la nrarea ,• Ce quîe- 
rfarian cncallados, puestoda la Entenad^, 
■fuera de la pnnta , (c queda en baxamar 
con po.ca aî^aa , y ann en cl canal eftiechb 
"àpenas llega a trcs bra^a'^. 'Pîed'ra no falù 
y cifî roda parcce fer de oflrioncs conver- 
t'idos en piedra , de la qml Te pnede hiccr 
bucna cal. TamMen at ^iir dct P-jcrro Te 
ïialU en Io'î cerfos e'pejucio para liafcr yc/fd. 
Ay en cn:e pner:o ab'nd.incia de pcfcado', 
fcmsjance il bac llao : ay nve's maritima?, 1 
como çrav'o 's, paxâro nin'o , paros 6:c, 
y en tierra'e Killan aveftnjccs , huanacos, 
Viciinas , c)nirq»iînchn5, y zorrillos. El rrm- 
pie es feco , y en Vcrano no hace mucho 
frio. Ay 4 6 f îa\^nnasHe ^il ; peio la mas 
cer:ana dii\.\ de la mnr cî(î uni Icgtiar. Al ca- 
bo, pues, de ti dhs de dil'njcncîas priraave- 
Jfjg'iartodo In dubo, fa-ieroh nn^Clros na-; 
tcgantes de efk Bahin de San Jalian à i de l 
ItezavinieQdQ'cn demanda del Riode I09 



DE l'Histoirï du Paraguay. 417 

Camarones , fiemprc ccrca de la Cofta. ^ ' 

Yinieron fin ver cofa efpccial , hafla que .. 
cl Jncvcs 10 de Marzo Ce vies levante mu- j^Q^^^g'^pg ^J 
cho mar en la alcura de una Enfenada , que- côte de la 
ay al Sur del Cabo de las Matas en 45 gra- Wfr. Ma- 
. dos de latitud. En frcnte de dicho Cabo ay cbllank^ui 
Hos Idas , la mayor à una légua del Conti- 
nence > y la menor , que es mn) baxa , diC- 
ta de la tierra 4 léguas , y cÇkkn ana con 
ocra Suefte Norucfte. A y otras4 îflas, la 
una jgrande à la punta det S'ur , y f peaue- 
nascKucrode la Bahia del tniCmo Cabo, 
al quai no conviene cl nombre de las Ma« 
tas X pues la tierra es coda arida , y fin ce- 
ner matas algunas. Las aguas corren aqui 
COQ mucha fuerza al Sur , y al Norce , fi- . 

fuietido el orden de las mareas j y la cierca 
cl Cabo es medianamence alra , con. aigu* 
nos mogoces. Encre dos pumas de efte Cabo 
Je Matas ay una Enfenada , en que entra- 
ron el Vicrnes z i para rcgiftrarla , daqdo 
fondo en medio de ella en ^o br9zas arena^ 
negra , à légua y média o dos léguas de la 
ticfra. A medio dia faltaron en tierra cl Pa- 
drc Quiroga , el Piloco mayor , y el Alferez 
Dom Salvador Martin del01mo,y reco- 
nocieron , que en lo interior de efta Enfena- 
da, que forman las ponças de • cftc Cnbo^ 
ay una buena Bahia, con mucho fondo 
hada ccrca de tierra 5 de fucrt€, que à ti- 
xo de fu(îl fc haPan 7 ù.8 brazas de, fondo 
ic arçnilla , y cafcajo en marea baxa. Lla- 
snaronla Bahia de San Gregorioy y cfià 
abri^ada de codes vientos , à excepcîon de 
los Nordefl;c8 y Eftes que aqui no fuelenlcc 
jpaligUQS. 



'4*8 Pièces îustieicativês 
■ Subîcron los tresàlos masalcos cerrof^ 

ï74<'« para dcCcubrir defdc alli à la vanda dcl 
VoïAOE tE Morte la Bahîa de los Camarones jy avien- 
lONc DE LA jJqI^ dcfcubicrco con una , que ay en elb, 
M s" ^^JlA' rcçiftraroii aflTitnirmo otra calera à la vanda 
ciiLANiQUB àâ Sur dcl Cabo i y notado todo , fc vol- 
vieron à la Lancha , à las ^ de la carde , 
bien canfados de aver andado 5 léguas fia 
aver hallado agiia , ni lena ni ocra co& ai- 
guna , que pied ras , que la hacca inhabi- 
cable aun de los brutos. Sabado Yi dieron 
fondo al anochecer dentro de la Bahîa de 
los Camarones en 15 brazas de fonde , are- 
na menuda , à légua y média de lierra. Es 
cfta Bahia muy grande , por lo qoal en cl 
medio es muy defabrigada> mas en la van- 
da del Sur , cerca de cierra , paeden las Na« 
ves abrigarfe de los vientos Sudueftc , Sur, 
y Suefte , aunqne en cal cafo eftaràn cx- 
puellas à losNortes, y Nordeftes, de los 
qualcs fe pudieran defender en la vanda del 
Norce, quedando expuedas à los demas 
viencos. En medio de la Bahia ay una Ifla , 
que rendra una légua de largo , y en la 
punta de ede hace una redingua de baxos è 
• Iflotes : didadel Conrinence cafî una légua , 
y cftà roda cubicrta de aves , y de lobos 
marines , que andan por la Bahia en gran- 
de numéro. Puficronla por nombre la Ijla 
de San Jo/eph. Obfervado el Sol en medio 
deefta Bahia, rchalio eftàr en laalrura de 
44graJos, y 51 minutes de laticud , y en 
.515 erados ,y 16 minutes de longicad. 

Safcaron en tierra el Domingo 15, à las 

'8 deUmanana, el P. Machias Sorobl , cl 

Alfcrcz Dom Salvador Martin dcl Olmo» 



DE l'Histoirissu P^araguay. 419 ; 
y fcîs Soldados, à rcgiftrar el tcrrcno, y ver, ^ ■*- 

fi a via Indios en elîa Cofta. Volvicron al '; ^ ' 
ftoocbecer , fin mas noticia , que avcr hal- Voiagk le 
lado loda la ticrra llcna de penafcos y cfpi- ^^^^ ^g ^^^ 
nas , en 4 léguas que camiuaron^ y de las Mei. Ma- 
efpinas trakn los Soldados laflimadas lascu-LANiQU^^ 
piernas, por fer muy agudas. £nconcraron 
UQO , que parecîa Rio y por cuyas orillas 
fubieron , y à cofa de una Iceua yà no avia 
mas que fenales de que por alli corria hafla 
aquella encrada del mar algan arroyo de 
agua en ciempo de lluvias > o al derretirfe 
Jas nieves y aunque enconces edaba total- 
mente feco y por lo quai fe reconoce fer fa- 
bulofo el Rio , que en efta Bahia pintan al- 
gunos en fus Cartas y ni fe halla agua dul- 
ce 3 ni lena, ni arbol alguno. No nallaron 
raftro alguno de Indios > ni es poffible que 
liabicen en elU Cofta y en donde codo es fe- 
co , y arido , fin que fe pueda hallar gota 
de agua. Avia en la Bahia muchos camaro- 
nes , que no fe avian hnllado en otra parce ^ 
fino alli , y en la Bahia de San Julian. 

Al anochecerel Lunes 14 falieron con 
Nordefte de la Bahia de los Camarones en 
demanda del Rio del Sauce. £1 Martes «5 
fe pufieron Norte Sur con^l Cabo dt Santa 
£lena , que eftà à la vanda del NoKe de 
la Bahia de los Camarones en 44 grados y y 
30 roinucos da laticud : la tierra de el es por 
la mayor parte baxa , folamente fe ven al- 
gunos mogotes , que fobrefalen algo « y al 
que viniere de Icxos , pareceràn Iflas. El 
JVliercoles i^, por la noche , rcfrcfco el 
viento demafiado , y causo grande marcja-* 
da. £1 Jucves 1 7 à las 8 de la noche , les fo** 



43^ PiEcis lïïstiricATivsc 
■ — brcvîno de repente un huracan de vieoto 

^ '^ ' Siidueftc muy rccio , que cogiendolcs cou 
VoïA«E LH I35 ^ pnncipalcs larças , los pafo en mani* 
CÔTE DE LA fi^fto peligro de dclarbolar , y mas avien* 
M ER Ma- dolcs romat^ô por la lua -, pero al fin pudie* 
4^MAMZQV« ron aferrac las très , excepte la de! trinque* 
ce , con la quai corfieron à popa, haciendo 
camine al Sudueile > y el Viernes iS fe 
hallaron à medio dia en 41 grados , y 3 J 
ininucos « azia donde fe ponc comunmente 
el Rio del Sauce ^ pero los vientos contra- 
nos no les pcrmiticron arribar à cl. Y vlen- 
do que el aî»ua eCcafcaba , pues no fe pudo' 
metcr mas por la pcqucncz del Navio ; que 
cl tiennpo era yà de Invicrno por aUi ; que 
cHie Rio edaba muy cercano à Buenos* 
Ayrcs , y muy lexos del Eftrccho de Magal" 
lanes , en cuyas cercanîas era el orden de 
poblar ; que (êgun relaciones de algunos . 
Efpanoles, que defde Buenos- Ayres han 
Ifcgado k dicho Rio , y de los Indios , que 
pueblnnfus margents tierraadentro, y vaa 
ali^unas veccs azia el mar , es de matas ca- 
iidades aria fu boca, profîguicron adelante 
" fin encrarcn cl , y tn 41 grados encontra- 
i:on las corricntcs del mar. 

El Sabado i6 d^ Marzo , à las 10 de la 
Hîfïnana , fe reronr»cio eftàr Tentido el pa- 
lo ma y or en la par:c fiiperior , y fe le écho 
un rcf'ie'-zo. HdUaronfe , al obfcrvar el 
Sol , en 5 f grados y X6 mînutos , y avien- 
dofe hallacio el Lunes 28 en 5î grados, y 
43 min'T^os, los hi-'ir.on rétrocéder las cor- 
liet'res , puesel Martes 19 fc hallaron en 
^6 grqdos , y 15 miniuos. Jucves j i à las 
S y medxâ de la manaoa ^ fe bailaron pof 



ȣ l'Histoire du Paraguay. 55 1 
fin al Nonc del Cabo de Santa Maria 4 le- ■ -n '■* 

guas de ticrra. Viernes i de Abril eftuvic-- '74^^ 
l'on à mcdio dia en j4 giados , y 48 minu- Voïage t« 
tps al Efte, t quarto al N.ordcfte dcl Qabo^?^^ H ^ 
de Santa Maria , à 3 Içguas de diftancia. A ^j,^ j^^. 
la una y média defcubrieron el pan de azo-.Gi^.L]tANiQffik 
,car al Oviefte , y las 5 y média à fu barlo^- 
vcnco una embarcacion , eue navegaba al 
Rio de la Plata , y Ai viua los obligé è 
préparât la arcillcria , y la^ armas, ^abado 
a las 6 de la manana , en frente de Maldo- 
nado, defcubiieron à focavenco la embar* 
cacion del dia antecedenre , nterra/da , y fe 
leconocio IJcvaba vêla Latina » y à medio 
dia echaron un gallardece hfpanol en el palo 
mayor, para Ilamar la embarcacion, quç 
conocieron fer Taracana. A las i de la tarr 
de , teniendola mas ccrca , echaron vcla Ef- 
panola > aiïcgurandola con un tirp de canoa 
lin bala ; por lo quai à poco rato fe acercà 
d.icha Taratana , que vepia à cargo de D. 
yJofeph Marin, de nacion Frances , quiea 
djxo aver falido de Cadix por Enero coa 
plicgos de Sîi Mageftad , para el Governa- 
dpr dcBucnos-Ayres, y que por no trac|: 
pradico dcl Rio , feguiria(a derrota de eftç 
Navio como lo exef uto 5 y el Lunes 4 de 
Abril, à las 5 delà tarde, diçron fondoà 
très léguas de Ruenos-Ayrcs , y à las 5 y 
média entraron los cres Jefuitas en la Lanr 
cKa con.el Capitan del Navio, y el de U 
Taracana, y à las 7 y média lUgiaron à 
.dàr cucnra de fu arribo al Governador de 
^enos-Ayrcs I3om Jofcph de Andonacgui ^ 
jqnîen quacro mcfes anccs los avia defpa» 
f ^ado i de prdcQ 4e nueftrp Rçy ( (^uc Oio^ 



4^1 Pièces justificatives 

' ,-.6, gii^rdc , ) à cfta demarcacion de la Coila^ 

hafta el Eflirecho de Magallancs. 
toNc^DE* LA ^° ^"^ en gênerai Ce pucdc decir , es, 
c6te de la H"^ dlcna Coita del Oceano. (fie fe eftien* 
Mis. Ma de defde el Rio de la Plata , hafta la ultima 
#i(rLANiQui tierra continente de efta America Meridio- 
nal , 6 Auftral , y fe llama comunmente 
Cojla de los Patagones^ efta ficuaJa encre 
les ] 6 grados y 40 mlnucos y los 51. gra- 
dos y 10 minucos de lacicud Auftral. Corre 
defde cl Cabo de S. Antonio , hafta la Ba- 
hîa de S. Jorge al Sudaefte : defde efta Ba- 
hia, hafta el Caba blanco ,' corrc Norueft- 
Saefte defdé Cabo blanco , hafta la lûa de 
los Reycs, Norte Sur 5 y defde la îfla de los 
Reyes-, hafta el Rio Gallegos , corre al 
Sur-Suducfte , formando varias Enfcnadas: 
y ultimamente defde aoiii > al Cabo de las 
Virgçnes, corre al Sueue. Toda la Cofta, 
hafta los 43 grados, es tierra baxa , y di- 
cen , que cerca de tierra fe halla poco fon- 
do. Defde los 44 grados , navegando azia 
cl Sur , es cafî toda la tierra de la Cofta bien 
alca , hafta la Bahia de S Julian , y en 44 , 
4y * y 4^ grados de latitud , fe halla ,mu- 
cho tondo cerca de tierra , y a(fî por e^a 
altura , navegando de noche , no ay que 
fiarfe de la fonda , pues fe hallan 40 brazas 
à una légua de la tierra , y el mifmo fon- 
do fe halla muchas léguas la mar à fuera. 
Defde S. Julian , al Puerto de Santa Cruz . 
es la tierra rafa , y hace barrera alta en la 
orilla dcl mar : hallafe en todo el interme- 
dio buer» fondo. De Santa-Cruz al Rio 
Gallegos vuelve à fer la tierra moderada- 
mentc dta^ y luegohafta el Cabo de las: 

Viigcncs 



»z l'Histoihï dw Paraguay, 43 j 
yîrgencs es la Cofta baxa, 
■ lin cl Cabo de Matas es pcligrofa la na- 7^ * 
rceacion de noche en la cercania de ]a Voiace le 

. *^ \ r J I m /• I LONG DE LA 

acrra, acauiaxlelas Illas, que laïen nui-^^^^a p, la 
Dbo al mar, y la de mas à fuera es U masMLs. Ma- 
baxa» Tambicn es poco fcgura la Cofta dcf- oe^^ahiqui 
de la lûSL de los R^eyes , hafta S. Jiilian , 
por lo quai coavicne en efta akura navcgar 
a baena diftancia de cicrra. 
. Los vicntos, que corrcn en cftos mar- 
ées en cl Vcrano y Eftio , Ton Norrcs, 
Nordeftcs , Oueftcs , y Suducftcs : los. 
Eftcs , y Sacftes , que ferian los mas noci- 
vos , no reynan en efte ticmpo. De I05 
rpbredichos , los Sudueftcs levancan mucha 
ipar , y fon cafi ciertos en las conjunciones ^ 
opo/iciones , y quarcos de Lana. Las ma- 
res s incommodan mucbo la navegacion poc 
la Cofta : en algunas partes fube y baxa ^ 
brazas perpendiculares , caufando eftc âuxo 
y refluxo mucha divcrfidad de corrientcs , 
que unas veces corten à lo largo de laCofta^ 
y unas al Norte , y otras al Sur , y tal vez , 
cncontrandofe unas con otras, coiren azia el 
Eftc,yel Sueftc. 

Los puertos fon muy pocos : folamente 
en cl Puerto. De feado , en San Julian , y en 
la Bahia de San.Gregocio fe halla abrigo pa« 
xa los Navios. En el Puerto defeado bay una 
fuente , de la quai , en cafo de necemcad , 
pueden hacer aguada los Navios : todo lo 
xeftante de la Cofta eftà feco , y arido , que 
t|0 fe vè un arbol , ni hay donde fe pucda 
l>acerlcna gruefTa: de algunos matorrales 
Te puede hacer algau poco en la Bahia de 
S*. Julian » en dondc û: ballarà tambien n)U« 

Tom ri. T 



454 PlEClf JTTSTIFlCATIVlf 

cha pefca , y abundancia de f»L 



ï74^« En ticmpo de Vcraiio fc fiente algo de 

VoïAGB LE frio ; pero en el Invierno no pucde meno€ 

LONG DE LA jg fer cxccflîvo , à caufa de las muchas 

M^K ^Ma^- nieves , que caca en las Cordillcras. Eftas 

eELLANiQUE no fecundau la cierra, anies la dexan un 

feca y ederil , que parece iocapaz de pro^* 

ducir fruto alguno. Toda la Coihi parece 

que cf^à defîerca , ni hay Indios en parce aU 

guna cerca diel mar , defde el Cabo de S. 

Antonio al Cabo de las Yireenes » porqae 

fiendo la cierrade la Coda ^licroza, è in* 

frudifera, no cienen de aue manceoerfe; 

y fî en alguna parte los nuvîeca , huyie* 

lan eftos Navegances vifto algunos fuegos, 

^ humaieda , en las partes dondc furgieroo, 

y falcaron ea ticrra. Por tpmo parece , que 

los Indios vivenmuy tierFaadencco aziala 

&lda de la Coirdtliera de Cliile. 

Hanfe defcitbierto con efte iriage y re« 

fî(lro varias fal(èdades , que. tienen los 
erroceros de algunos Viagères Eilrange- 
los , porque en quanco à los Rios , que el* 
los fenalan , fe ha vifto aora , que Ton ima- 
ginarios > y que à lo mas folo debe de cot* 
i«r agua por eilos en tiempo de Uuvias, y 
nieves: con que quèda claro, que defdeel 
BJo del Sauce y que es el que ocros llaman 
el Defaguadero , no hay otto algun Rio 
bafta el Eflrecho de Magallanes. Los Ef- 
crangeros no parece que rueron de propofi* 
ts> à regiilrar Coftas , como eflos nuedros 
Bfpanoles , y a(C dixeron aquellos lo que 
defde lexos les parecio. Pudiera fer , que à 
los Erpaiioles fc les huvicra ocukado aigu* 
0^ y aunque han puefto fumo culdado, poj> 



»i l'Histoire pu Paraguay. 4J/ 

^uc es éoCsLÀ'idcW ver lo todo dcfde cl Na- — 

irio , entre penafcos , qucbradas , y bancos 5 '74 ' 
pcro parcce han hccho quanta diligencia Voïacp. li 
cabe , y que en los parages , donde pararon , ^q^^^^ df la 
y faltaron à tîeira, è hicieron regiftro, mer. Ma- 
co hay duda que han hallado fabulofos les gellanic^ue 
Kios « que ocros fenalaban, y varias otras 
cofas , que por fus Diarios nos havian lie- 
cho créer los dichos Eflrangeros. 

Tal parece lo que dicen que cncontraroa 
en las Cueftas altas del Puerto Defcado^ 
fepulcliros de Gîgances , cuyos hueffos eran 
de onze pies de largo , porque los huedôs 
^e los cadaveres ^ que aora fe encontraron» 
cran de eftatura ordioaria. Afiaden dichos 
Diarios Eftrangeros , q^ie en una Enfenada 
del Puerto Defeado , que fenalan en (us 
M a pas > faay mucha pefca. Nueflros Efpa- 
noles fe pufîcron alli à pcfcar , y no halla- 
ron cofa alguna. Caencan tambicn los Oia'- 
tîos Eftrangeros , que en S. Julian hay Me- 
xiilones^a Oftiones de onze palmos de 
diacnetro > y defpucs de regiftrar tanto nueC- 
tros Efpanoles , no han hallado mas que lo. 
dicho en la de fc ripe ion puefta ariiba de U 
Bahia âc Su Julian. 



"^^^ 



Tlj 



4îi PïECES JUSTinCATlTlS 



LETTRE 

DE D. FERNAND TRIVINO , 
Secrétaire du Conseji, Roïal 

DES I N D £ S« 

A L'AUTEUR DE CETTE HISTOIRE, 

Avec quelques Eclairciffèmens fur 

plufieurs points , êc le Catalogue 

des Pièces qu'il lui a envoïées. 

A Madrid , le xi Mars 174^. 

MON REVEREND PERE , 



^ TT 

Lettre de %f ^ I ^cçu dans fon tems l'honneur de 
D. Ffknand votre Lettre, du fept Décembre de Tan- 
TRivino,A nue précédente 5 & j'en ai retardé la ré- 
lAutiur. pçnle , pour nie préparer à la faire d'une 
manière fatîsfaifante , & capable de rem* 
plir l'objet que vous avez eu en m'écrivant. 
Il n'y a rien , qui puifTe flatter davantage 
mon amour- propre , que Thonneur d'avoir 
eu quelque part dans votre fouvcnir , & de 
pouvoir contribuer quelque chofe à la pcr- 
îcdion de l'Ouvrage que yous avez entre- 
pris. Il eft vrai que je me trouve , par 
mon Emploi de Secrétaire du Confcll dc5 
Indes , plus à portée que bien d'autres de 
m'ac^uipter de cette copimiiCoo^ mais il ^of 



S 



ibt l'Histoire DU Paraguay. 457 
avouer cîc bonne foi qu il cft prcCqu'impof- ^ ^ ' 
fiblc de donner les Ades& les Pièces ap- 
partcnantcs à THiftoire du Paraguay , avec ^^^^^^j^H 
cette étendue , cette juftclTe , & cette clar- TRivino , a 
té, que vous defircz , & que demande l'Auteu».. 
rOuvrage pour atteindre à fa perfedlion ; 
il faudroit pour cela copier & tranfcrirc 
une quantité preCqu innombrable de gros 
Procès , de Remontrances & d'Arrêts du 
Confcil 5 ce qui feroit l'ouvrage de plu- 
fîeurs années, & dont la communication 
n'efl pas permifepour le Public. 

Ajoutez à cette conddéracion la difficulté 
de trouver des Copiftes afTez exadls , non- 
feulement pour bien écrire , mais encore 
pour corriger les grofTes fautes,qu'on trouve 
fort fouvent dans les Originaux, &vous con- 
noîtrez clairement que je ne puis m'cngager 
à vous donner tout ce que vous demandez, 
iTialç^ré tout mon zèle pour Ja caufe de la 
Religion , & tout mon empreflTement à 
vous obéir. Tout cela m'oblige à me tenir 
dans les bornes de la pofTibilité, & à me 
contenter de vous envoïer tous les Papiers, 
tant imprimé^, que manuftHts , lefquels, 
après une recherche fort cxaftc , ont pa 
parvenir à ma connoifTancc & à mes mains , 
touchant les affaires de l'Evêque Dom Ber- 
nardin de Cardenas, & de Dom Jofcph de 
Antequera, & la fituation aûucUe du Pa- 
raguay. Ils font tous énoncés dans le Ca- 
talogue qî»e vous trouverez ci joint , & je 
vous prie fur- tout de remarquer avec un 
mûr examen le Décret du Roi , expédié 
piar Ton Confeil des Indes le i de Décembre 
J743. Cette feule pièce , dont l'authenticité 

Tiij 



45 1 PllCFt jVSmiCATITlS 

- ne peut être révoquée en doute , étant K- 

'^* ' galilée par un Secrétaire du Roi, & pre- 

if TTKE D'. njicf Commis du Bureau dn Péroo » cft ca- 

Vl.'l'^A**** P«^i€ de battre en ruine le cros Manufcrit 

lAuTtu».. •tipagnol in-foliûy que tous m apprenez 

vous être parvenu , & de défaire; toutes 

les înâmes caloniftlesi que fon Aatcnr ani»- 

nyme y a répandues contre la Religion U 

la droiture des Jéfuitesdu Paraguay. 

Ce Règlement a été précédé d'un Ext- 
ncB & d*une Enquête ia plus rigourcafe 
qu'on ait jamais vâe de la conduite tenne 
par les Jéfuites depuis plus de cent ans. La 
vérité a été trouvée & découverte à la fin, 
malgré les gros nuages y & les brouillards 
^pais, fous lefqnels elle avoir été cacbée 
par les Ennemis de la Religion Catholique 
&dc h gloire de la Nation Efpagnole, èc 
cous les vains phantâmes ont aifparu à la 
faveur des raïons d'une lumière fi écla- 
tante & fi pure. Je compte bien y mon Ré- 
vérend Pcrc, fur votre amour pour lavé- 
xîté & fur votre droiture, lors même qu'il 
$*acit des intérêts de votre Compagnie; 
mais il n*cft |br non plus permis de fe taire 
dans ces rencontres , ni de diminuer , ou 
d'énerver la force de la vérité par une trop 
giande modcftie , ni par la fauffc gloire 
d'acquérir le titre & la réputation d'Au- 
teur imputial. J'ai lu l'Hiftoirc de Tlflc 
^ Efpagnole & de la Nouvelle France , qui 
font vérirablcmcnc des témoignages irré- 
fragables de votre impartialité , . . . & je 
me flatte que vous ne réuflîrez pas moins 
bien dans ccile du Paraguay , laquelle ne 
fera pas non plus moins iocéicilaote à tons 



BE x'HisToiRi DÛ Paraguay. 4Î5> 
ëgarjs. Je me trouverai très heureux d*a- ~ 

voir contribué en quelque façon à larcn- ^746« 
dre complctte , & je vous adreffe ce gros Lettre Di 
paquet par la porte ordinaire , n aïant pas ?* ^y^^o ''J 
trouvé de Porteur convenable pour vouSj^.^^^^ui, 
épargner la dépenfe du port , ni aucun au- 
tre canal plus sûr pour ne point hazarder 
des Pièces de cette importance, dont la 
plus grande caution efl toujours l'intéréc 
du Bureau des Portes. 

Je fonbaite très vivement d*avoir trouvé 
le fecrct de vous rendre fatisfait fur cet 
article : & je vous prie de me donner d'au- 
tres occafions de vous rendre fervice, & 
de vous témoigner ractachement parfait , 
avec lequel j'ai l'honnciir d'être , au de-là 
de toute expretTioo • 

Mon t&is Révirend Pirb> 

Vvtn tris humhU & ohitffant Serviteur, 

DOM FfiRNAMD TAiVinO. 






T iiij 



440 Pièces ivstipicatives ' 

IV LETTRE. 

j4 Madrid U 6 de Juin 1746. 
MON TRES REVEREND PERE , 

'Ai reçu par un Domeftique de Monteur 
DU MESMB ^^ Marquis de Valdeolmos , & avec un 
>u mesme/ J^c^a*^^c"^c"ï confidérable , la Lettre que 
vous m*avez fait l'honneur de m'écrirc le 
4 Avril , par laquelle j'ai appris les Pièces 
& les Mémoires , dont vous comptez avoir 
befoin pour rendre complettc vorre Hif- 
toire di Paraguay. J'en ai fait d*abord la 
recherche , avec coure la diligence potlîble, 
pour remplir votre attï'nte , & je me fuis 
fervî 5 pour y réuffir , d'une Perfonne aufli 
exaâe , que favance , 8c afTez autorifée 
pour pouvoir examiner & fouiller les Ar- 
chives , oii les Pièces & les Aéfces en quef- 
,tion fe trouvent avec .plus d'ordre. & de 
xnéchode , que partout ailleurs. Il Ta fait 
avec tout le foin & toute l'exaftitude né- 
ccfTaires , & il a formé i'Ecric , que vous 
trouverez ci-joint , par lequel il a tâché 
de fatisfairc à tous vos doutes , & de ré- 
pondre à toutes les objedions des Ennemis 
des Jéfuites, ou (pour mieux dire ) de la 
vérité. Je fuis fort fâché de ne point avoir 
le tems de vous envoïer ce Mémoire tra- 
duit en François ; pour vous en faciliter 
l'ufage f mais mes affaires ne me le per- 
mettent pas. J'ai pris la précaution de le 
faire tranfcdre par un de mes Elevés, beau- 
coup plus corred dans l'orthographe , que 
le commua des Ecrivains , & de faire re- 



t)i L'Histôiïtï DU Paraguay. 441 

trancher robfcurité & l'embarras des abrc- . 

viations , n aïant confervé que celles cju'oq "^ 

trouve ordinairement dans les Ecrits de ^^ Lettrr 
toutes les Nations. Je defîrc fort que vous y ^^ mesmbV 
trouviez tous les éclairciffcmens , que vous 
dcfîrez pour rendte complette votre Hif- 
toire, & pour contenter votre délicateflc 
fur larticle de Timpartialité, dont vous fai- 
tes profedion. 

Je demeure d'accord avec vous (ur les 
précautions quon doit prendre fur cela, 
lorfqu il s'agit d'écrire une Hiftoire , dont 
l'Auteur peut être foupçonné de partialité j 
mais je crois en même tems qu'en cela » 
comme en autre chofe , il faut'fuivre la 
règle générale , ne quid nimis. La force de 
la vérité eft toujours aflez grande pour ter- 
raflcr l'impodure , fans avoir befoin de 
fuivre pié a pié fon Advcrfaire , ni de le 
pouiTer jufqu'à fon dernier retranchement. 
Il faudroit pour cela marcher par des che- 
mins trop raboteux , ou pleins de ronces 
& d'épines , pendant que la vérité toute 
feule éclaire les efprits , & pafTe par-dcflus 
les ténèbres du raenfongc. 

J'ai remarqué plufieurs fols que la critl* 
tique moderne , à laquelle nous devons 
les plus grands avantages, s'engage trop 
avant dans bien des rencontres , pour ne 
rien avancer que ce qui eft conftaté par 
révidencc , n'étant pas poflfible de prouver ^ 
par des d/monftratîons géométriques , des 
faits d'Hiftoire profane , toujours fujcts à 
rificerritude. J'ai même trouvé dans ta belle 
Hiftoire des Révolutions d'Efpagne , par 
e (avant Père d'Orléans j^ que toujoujisao* 

T ▼ 



44^ Pièces msTincATirEs 

■ ■ taché à fcs maximes févercs , & comme ïii 
'74^. & earrotté par les règles de la critique , il 
n LFTTH.E a lupprîmé des faits , & des exploits de 
PU MEsMfi , ma Nation , dont i! n cft pas permis de 
ikUMESMB. ^Qufcr, étant autorifés par les Ades au* 
thentiques , par une Tradition condante & 
fuivle, & par des Auteurs célèbres & con- 
temporains , ce qnil a fait uniquement , 
parccqu'ils avoient un air romanefque , on 
qu*iis approchoient du merveilleux. Je lai 
pardonnerois très volontiers cette faute , 
s*il écrivoit comme Poète y & non pas 
comme Hiftorien ; parceque le premier 
ne doit jamais fortîr des bornes du vraî- 
fcmblablc : mais il y a des vérités , qui 
ne le font pas , & nos anciens Efpagnols fc 
font trouvés « pendant plufîeurs fiecles , 
dans le cas de faire des chofes încroïables , 
quelquefois par une efpece d'héroïfmc con- 
trafîé par Tufa^e continuel des Armes , & 
quelquefois aUiflés miraculeufement du 
Ciel , pour réfîfter aux Ennemis de Jefos- 
Cfarjfl , dont ils étoient environnés & op- 
primés. 

Je profite de Tanciennc connoiflance de 
Monfieur de Buffy , qnui eft près de partir 
d'ici pour fc rendre a votre Cour, afin 
de vous faire tenir ce paquet avec les pré- 
cautions que vous avez eu la bonté de 
m'indiquer dans votre dernière Lettre ; & 
j*ai rhonncur d être toujours avec une par- 
faite confidération. 

Mon TRES RsvÉRENT) Pere . 
Votre très humble & tris obéiffant Serviteur^ 
DoM Fbkiîanb Tuinno. 



DE L*HlSTOlRE DV PARAGUAY. 44f 



III LETTRE' 

A Madrid le ^i Juillet 1747* 
MONTRES REVEREND PERE. 

J E n*ai reçu Thonncur de votre Lettre da 
2.0 Avril ^ que plus At deux mois après le 
tcms régulier de fa réception. Elle étoît ^^{J^ ^J]^« 
oubliée , & même égarée dans le Bureau ^y mismi»* 
des Dépêches de la Guerre , & il n'y a eu 
que le pur hazard ^ qui m*alt procuré le 
plaifir de fa ledure. Les expremons, que 
j*y trouve , (ont trop flâtteu(is pour moi, 
& je fuis fort fâché de ne point trouver ea 
moi les qualités néceffaires pour les mé- 
riter. 

Je n*ai pas perdu un moment pour me 
mettre en état de vous fournir tes éclair- 
ciffements , dont vous avez befoin pour 
finir votre Hiftoirc du Paraguay; & vos 
demandes font fi juftes & fi judicieufes » 
que l'ai trouvé des difficultés pour y fa« 
tisfaire fuivant les règles d^one faine cri* 
tique : j'ai pourtam tâché d'y réufEr ,com* 
me vous le verrez par le Mémoire ci- jointe 
& je ne crois pas pof&bte d'y ajouter d'an- 
tres preuves , parceque les Ades 5 & let 
Pièces originales des fîecles précédents font 
dans l'Archive Roïal des Simancas depuis 
trente ans. Outre cela Tefprit àc parti , qui 
xegnoit alors contre les Jéfuites du Para- 
guay 3 a fait cacher o^lC enfevelir dan&bi 

T vi 



444 Pièces justiticativis 
' ■ pouflierc plufîcurs pîcccs, qui parloienten 
'747* leur faveur. Je compte que vous pourrez 
III Lettre f^jf^ ^^^ ^^qq^ u^agc de ces ^derniers éelair- 

Au mes'mbV c'^^c"^c"5 ' ^ j^ ^o^ P"^ ^^' ^pl^er air 
défaut de mon ftyle ; défaut toujours iné- 
vitable à un Etranger , qui n a jamais faic 
aucune étude pour écrire en François , & 
qui ne l'a fait qu'entraîné par Le cours des 
affaires , fans pouvoir donner un tour na- 
turel aux phrales , ni aux penf^es. 

J*ai rhonneur d*étre toujours avec u» 
attachement parfait , & refpeduèux , 

Mon tkes Reyerin-b Pire, 

Vatrc tris humhU & très obéijfant ServinuTy 

DOM Fernan» TriviSo^ 




IIB L'HlSrOlUE DU PARAGUAf. 44$ 



REPONSE 

^ quelques que/lions que V Auteur 

avoit faites à Dom Fernand 

Trifino. 

Article primier. 



M L n'cft pas vrai que Dom Sébaftîen Je 1747, 
Léon & Zaracé, ni Tes SucccfTcurs Dom képomie 
André Garaviro de Léon, & Dom Jean bu mesmb ^ 
Blafquez de Valvcrdé, encore moins Icaumesmi* 
Père Noiafco , aient été défa voués, ni châ- 
tiés par la Cour d'Efpagnc , pour ce qu ils 
«voient fait en faveur des Jéfuites du Pa- 
raguay -y Ôc le Manufcrit £(pagnot manque 
entièrement à la vérité , loriqu'il dit que le 
premier fut mis en prifon pendant vingt- 
deux ans , & jufqu*à la fin de fes jours. Il 
cft vrai qu'en 1^48 , auquel lems il fut 
nommé Gouverneur Provifionnel du Para- 
guay , comme le Parti de TEvêque étoit 
alors fort nombreux & très puiffant , il ne 
fe trouva point en état de s^acquitter de fcs 
Commiffions, & fut quelque tems errant 
& comme fugitif dans cate Province 5 puif- 
que quand S eut raffemblé fes forces , îi 
vînt a bout d'exécuter tout ce qui lui étoit 
ordonné. Il fut reçu à TAffomption com- 
me Gouverneur ; après avoir défait les 
Rebelles , il y rappella les Jéfuites , Se fît 
réparer leur Collège à (es frais. Les chofes 
allèrent encore mieux , & la ProYi&cc chaa^ 



44^ PlECEt lUSTmcATIYEf 

■^ gca cntiercfnent de face après la Sentence 

1747' rendue par Doin André Garavico de Lion, 
(RipoMsi Ja paix fm rétablie dans la Province , & ce 

éOf MMMi'. ' ^"8^ Vifitcur en fut récompenfé , aïant 
depuis exercé pendant plus de vingt ans 
la Charge d'Oydor dans le» Audiences 
Roïales du Pérou. Tout cela eft narré par 
le Dodeur Xarque dans Ton Hiftoire, 
Chapitre 41 , numéro 7, & condaté par 
un Arrêt du Roi , donné dans fon Cob« 
feil des Indes, le premier de Juin 1^54^ 
avec pleine connoifTance de caufe, ft 
après avoir examiné tous les Aâes & tou- 
tes les Procédures faites au Paraguay i 
Toccafion de la révolte de TEvéque Dom - 
Bernardin de Cardcnas. Par cet Arrêt, il 
fut au/fi déclaré que le Perc Nçla(co mé- 
ritoit une entière approbation de tout ce 
qu*il avok fait, au fujct àcs Jéfuites, 
comme leur Juge-Confervatenr , & on 
smppfa un (îlence perpétuel aux deux Par- 
tis. 

Quelque tems après le Confeildes In^ 
des y voulant couper la racine de ces trou- 
bles , tenta le moïen de faire venir l'Eve- 
que en Efpagne fous le prétexte d*y être 
entendu -, mais na'iant pas été pofGbIe de 
l'y engager^ il fut nommé EvêquedePo- 
payan , afin de l'éloigner du Paiaguajl 
mais il n'accepta point cet Evêché : il m 
enfin obligé de Ce contenter d'une penfioo 
de deux mille piadres , & on l'obligea de 
nommer un Provifeur, pour gouverner 
fon Diocèfe, avec, l'approbation de l'Ar- 
chevêque de la Plau ^ fon Métropole 
tain. 



PI L*HisTOiRi DU Paraguay. 447 
Ceci cft encore prouvé par un Arrêt du ■• 

Koî, rendu dars Ton Confcil, le lo de Mars '747. 
16 ^f , & par le Mémoire préfcnté au mê- Ri^povti 
me Confcil par le Père Hyacinthe Ferez , ^^ J^|J^^" » 
' Procureur Général des Provinces des Jé- 
fuites des Indes , pour détruire toutes les 
calomnies & toutes les impoftures inven- 
tées à Madrid & à Rome par le Frère San 
Diego de Villalon , & par d*autres Moi- 
nes , Partifans de Dom Bernardin de Car- 
denas , qui fe flattoient que le Pape , donc 
ils travailloient à furprendre la Religion » 
révoqueroic & annulleroic la Sentence pro- 
noncée par le Juge-Confervateur des Jé- 
fuites , par laquelle ce Prélat étoit déclaré 
criminel » digne de mort & d'être privé de 
]a dignité Epifcopale. Par ce Mémoire le 
Père Perez fit encore voir au Confeil , que 
de la part de TEvcque & du Frère Villalon, 
on avoit préfenté à la Cour de Rome & 
ailleurs^ des Pièces & des A des fuppofés, 
cntr'autres des Arrêts du Roi , qui n* avoieuc 
jamais exifté. 

Artxclssecond. 

L'OBSTRVATioN faîtc fur la dificuhé de 

Îtlacev Dom Barthelemi de Aldunaté dans 
a Gouvernement du Paraguay cft très 
bien fondée , parcequelTeâivement il n'eut 
jamais que le titre de Gouverneur > aïant 
été nommé en 1715 : il étoit alors Capi- 
taine d'Infanterie dans la Garnifon de 
Buenos-Ayrès. G'étoît un Homme à pro- 
jets , il vouloir poulTer fa fortune par tpo« 
tes fortes de moïcns , même illicites'» H 



44' Puces tùstiïkîatives 
" promit de découvrir TEmpirc imaginaire 

^^^* & les grandes ricliefles des Jéfuites du Pa- 
RépoNSE raguay , & il en obtint le Gouverncmcnc ; 
9v MUMiV ^^^ "°^ roalheurcufc affaire, qui lui ar- 
riva , & oui te deshonnora , arrêta la fou* 
guc de (es deffeins. Elle n'avoir apparem- 
ment pas encore éclaté en Efpagne , lorfquc 
le Roi dans Ton Décret de 174) lui donne 
le titre de Gouverneur du Paraoruay. Il faut 
aurtî obferver que Dom Jofeph de Ante- 
quera ne fut point nommé par le Roi pour 
le Gouvernement du Paraguay ^ mais pro- 
vifîonnellement par l'Audience Roiale des 
Charcas , donc il écoit Membre. 

Article troisième. 

Messire Dom Jean Vafqucz de Agucro 
alla par ordre du Roi à Buenos-Ayrès aa 
commencement de Tannée 1754 > chargé de 
^ TEnqucte des malverfations des Finances 
de cette Province , & d'autres Commiffions 
importantes & fccretes touchant la Contre- 
bande & le Commerce défendu avec les 
Etrangers. Il s'en acquitta très bien, Sc 
comme on pouvoir Tefpérer d'un Magif- 
trat , qui avoir de graades qualités. 11 ne 
fut de retour en Efpagne que vers le milieu 
de Tannée 17595 &ilfiit d'abord récon^ 
penfé de fes (crvices par une place dans le 
Tribunal Criminel, ou Chambre de Jufticc 
de la Cour , qu'on appetle ici la Sala de 
Alcaldes de CafayCorte, Puis, en 1744, 
il ftit nommé Confeiller du Confeil des In- 
des ; ftïant auparavant rendu un témoignage 
très éclatant de la bonac conduite , dcTi»- 



»i i*HisTOiR£ DÛ Paraguay. 449 

nocencc , & de la grande utilité des Jéfui ' 

tes du Paraguay , ce qui ne contribua pas ^' ' 
peu à la jufticc qu'on leur rendit , dans le Rièpo»*si 
Décret du i8 Décembre 1745 , fur le rap- ^^ ^H^jJ 
poft d'un Témoin irréprochable & pref- 
quoculaire. 



Vous trouverez cî-joînt un Exemplaire 
auchentique , & authorifé en bonne & duc 
forme de la Rétraélation judiciaire & fo- 
• îemnelle du Capitaine Dom Gabriel de 
Cuellar & Mofquera , faite en z6si par 
devant Dom Jean Blafquez de Valverdé , 
- Gouverneur & Juge Vifîtcurde la Province 
. de Paraguay, donc le courenu mérite votre 
attention, & même celle du Public, ren- 
fermant un abrégé des calomnies , & des 
perfécutions que les Jéfuites venoient de 
fouffrir , par les brigues & par la violence 
de Dom Bernardin de Cardenas & de Tes 
Paitifans. 






4;0 PïïCES JUSTinCATITÈt 

CATALOGUE 

DES PIECES TANT IMPRIMEES 

que manujcrites , envoïées a VAu* 
teur par Dom F E R N A N D 

Tri r I K o. 



Piiciîs iH- ^' vJ Ne Copie imprimée de la Déclara- 
ToïiÊBs A tion faite parla Congrégatioa des Car* 
l'AuTEu». dinaux du Concile de Trente le premier 
T**^^fio*^*'* de Septembre iéî7 , touchant la confé- 
cratton de Dom Bernardin de Cardenas, 
Fvêquc du Paraguay. 
%, Une Copie imprimée & authentique de 
la Déclaration raite par le même Evéqoe, 
le premier d'O^obre 1649 ^ par laquelle 
il avoue . que les violeaces & les excès 
commis dans la Province du Paraguay 
avoient été faits en vertu de fes ordres. 
|. Une Copie imprimée, authentique & 
Jégaliféc, de la Sentence prononcée par 
Dom Gabriel de Pcralta , Doïcn du Cha- 
pitre de rA(romption du Paraguay, Ju- 
ge-Confcrvateur des Jéfuires , délégué 
du Saint Sie^c, le ii de Janvier 1651, 
contre les Officiers de Guerre, Fchcvini 
& autres Perfonnes de ladite Ville , qui 
avoient ^uivi la partialité, & obéi aux or* 
dres du même Evêque. 
4. Un Extrait manufcrît de plufieurs Scn- 
tonccs rendues & des Déclarations faîtd 
en faveur des Jéftiices fur les mêmes 



1>E L'HiSTOTRE du PARAeUAY. 4fl 

affaires de Dom Bernardin de Cardenas. - ' ' 

5« Une Copie imprirri^e à Lima , en 1658, '747. 
de deux Sentences prononcées par Dom Pi^cfs en* 
Jean Blafquez de Valverdé , Oydor ^^l^l'^'^^J,^^ 
l'Audience Roïale des Çharcas & Gou- p^^p^^^^^,. 
verneur du Paraguay , déclarant fauffes Tniyîfio. 
Se calomnieufes toutes les Accafations 
faites contres les Jéfuites da Paraguay au 
fujcc des Mines d'or, qu'on prctendoit , 

que ces Religieux tenoient cachées dans 
les Terres de leurs Rédudions. 

4, Une Copie de la Lettre écrite par le 
Gouverneur de la Province de Buenos- 
Ayrès , au Préfident de l'Audience Roïale 
desCharcas» le 18 de Janvier 1^55 , en 
faveur des Jéfnitcs du Paraguay. 

7. Une Déclaration authentique & légaliféc 
faite , le 3 d'Odobre 1714, par le Met- 
tre de Camp Dom Martin de Chavarri 
& Vallcjo , tchevin perpétuel de la Ville 
^e l'AfTomption touchant les opérations 
de Dom Jofeph de Antequera. 

5. Une Copie authentique & légaliféc de 
la Requête préfcntée , le i6d'0£lobrc 
1714, parle Capitaine Dom Jean Ca- 
vallero de Anafco, Echcvin perpétuel 
de la même Ville , pour lui demander 
rabfolution des Cenlures qu'il avoir en- 
courues par tout ce qu'il avoit fait contre 
les Pères de la Compagnie de Jefus, pour 
obéir aux ordres de Dom Jofèph de An- 
tequera. 

f. Une Copie, authentique & légaliféc,* 
^ l'exhortation faite , le 13 de JanjFÎer 
1715 , par le Corps de Ville de l'Affomp^ 
tion à l'Evéque du Paraguay , pour ar- 



1747. 



451' Pièces justificatives 

rcter le cours des excès du même Antfr* 



qucra. 

yoïÏes^Â^'^* ^"^ Copie, authentique Sclégaliféc, 
L*AuTF.uiL ^c l'Arrêt de l'Audience Roïalc des Char- 
parD.Ferh. cas , rendu dans la Ville delà Plata, le 
tKiYiho. premier de Mars 17 15 , en faveur des Jé- 
fuircs , au fujccde la même affaire. 
II. Une Copie, authentique & légaliféc ,' 
de deux Lettres écrites , le 18 de Mai 
• ^7^ S 9 P^f l'Evêque du Paraguay à l'Au- 

dience Roïalc des Charcas , en faveur des 
Jéfuites fur le même fujer. 
II. Déclaration authentique & légal] fée , 
faite , le iSdc Juia 1715 , par JeanOr- 
tiz de Vergara, Notaire Roïale & Pu- 
blic de la Ville de TAfTomption , tou- 
chant Tcxpulfion des Jéfuites du Collège 
de l'AfTomption par ordre de D. Jofeph 
de Antequera. 
ij. Deux Lettres originales écrites, le jo 
de Juin ï7iy , par l'Evêque du Paraguay 
au Roi Catholique , & au Père Confcf- | 
feurdeSa Majedé, touchantles excès & ; 
les crimes du même Antequera. 
14. Une Copie d'une Lettre écrite par D« 
Jofeph de Antequera , datée de fa Pri- ; 
fonde Lima, à l'Evêque du Paraguay, ' 
& de la Réponfe de ce Prélat , imprimées I 
àLima en 1711. 
Ij. Une Copie , imprimée & authenjciquc, 
du Décret du Roi Catholique , expédié j 
dans fon Confell Suprême des Indes, 
le 18 Décembre 174? , lequel juftific 
les Jéfuites fur tous les points des ca- j 
lomnies publiées contr'cux , & fait quel- '. 
ques réglemens touchant la manière , j 



©1 l'HisTOlKE T>tJ Paraguay. 455 
dont ils doivent fe coropotter dans leurs 
Réductions. Ce Décret cft accompagné 



1747. 



d'une Lettre de TEvêquc de Buenos- ^^^!^^^ ^■"' 
Ayrès au Roi, & de deux autres Let- ^. ° "^^ ^^^ *^ ^ 
de ce Prince aux Jéfuites pour les feli- par. J.Ferh*. 
citer fur leur juftification pleine & en- tkxyiûo» 
tierc» & les exhorter à continuer à fc 
comporter comme ils ont fait juGques- 
là« Le tout imprimé avec le Décret , pan 
49rdrç de Sa Majcdé, 




»5005«XV>30î>3<>3i>QCC^ 



TABLE 

DES MATIÈRES. 



AbIPONES (les) 

rédiHfcnt la Ville de 
Corriencès i une gran- 
de excrêinicé , ii7« 
Succès d*une négocia- 
don avec ces Indiens^ 
II 8. Ils ravagent les 
environs de Coidoue, 
X30. 
Aguero , ( Dom Jean 
Vaquez de ) Com- 
xniilaire envoie au l'a- 
ragua/ par ordre du 
Roi , f5« SaLectre à 
ce Prince , f^. Pour- 
quoi il refufe de vilicer 
les Kédu6tions » ^ 9. Sa 
Lettre au Premiet Mi- 
nière d'Ei'pagne , 60. 
Ce qu'il penle de la 
Réponle des Jcfuite^ 
au Mémoire de Barrua, 

Ag-iilar , ( le Pcre Jac- 
ques d') fa Képonfe 
au Mémoire de Ba- 
rua : ce qu'en penfent 
le Commitraire Roïal 
& le Confcil des In- 
des, 6 x & fuiv. 

Audonaegui ^ D. Jofeph 
d' ) Gouverneur de 
Rio de la Plaça : Ton 
fiauîra^e en fe rendant 



â Ton Gooreniemait « 

4- 

Arellano , ) D. Antoine 
Ruis de ) Sa décUr^ 
tion Ôc fa proteâaiioo» 

BB 
Enoxeke , <Ie Peie 
Dominique ; Tes tra- 
vaux chez les Zamii- 
cos > 41* 

Bocas , ( le P. Antoine^ 
fcs tencadvcs inutiles 
pour la converlion des 
CJiiriguanes , ).« 

Borillos. Converlion de 
ces Indiens, )i. 



V^Amarones ( Baie 
des ) ou de Saint- Jo* 
feph , to8. 

Cap Blanc : fa defcrip- 
tion , 174. 

Cardiel , (le P. Jofeph ) . 
s'embarque pour ran« 
ger la Côte occiden* 
taie de la Mer Magel- 
lanique : fon voiage 
& fcs oHfer varions 9 
17J , ôc fuiv.. 

Caltanarez, (le Père) 
fes travaux au Cha^o^ 



DES. MA 

40 • H tombe malade ; 
fa guérifon miracu- 
leufe , 4). Ileft rap- 
pelle aux Chiquices y 
48. Comment, il re- 
'médie aux troubles 
d'une Réduâion, i m . 
Travaux de ce Perc 
chez les Maraguayos , 
iif. Son Martyre, 
117- 

Chaco. Ce qui empêche 
rétablilTement de l'E- 
Tangile dans cette 
Province , 8. Les Peu- 
ples de cette Province 
font réprimés, m. 
Bxpédition des Efpa- 
gnols dans le Chaco , 
1x8. Quelques Na- 
tions fe difpofent à 
recevoir l'Evangile , 
T40. 

Chiquites. Pourquoi il 
H'eft pas parlé des Ré- 

^ (dnâions de cette Na- 
tion , dans un Décret 
de Philippe V, 99. Us 
font déclarés Vadaux 
imméiiats de la Cou- 
ronne d'E/pagne, m. 

Chiriguan^s. Tt^ncatives 
pour gagner ces In- 
diens à Jefus-Chrifl , 
16. Difiîcultésde voïa- 
ger dans la Cordillie- 
fe où habitent ces In- 
diens , %\, iicurs dif- 
rfitions par rapport 
la Religion» i^. 
Belle adion d'une Chi- 
z^ane , ^ 3 . Un Caci- 
Cique Chiriguane rend 
uocrand ièrvice aux 
CmticASy }7. Non* 



T I E R E S. A5f 

velle entreprife pout 
la converiîon de cqi 
Indiens y fansAiccès^ 
58. 

Chômé ( le Père Ignace > 
fa Million au Chaco , 
I î . Il eft envoie fuc- 
cedivement chez les 
Lippes , chez les Chi- 
quites & chez les Za- 
mucos , 5 9. Réducf 
tien qu'il forme parmï 

' ces ierniers , ibid. 

Communication des Pro- 
vinces ( tentatives pour 
la ) 49. Dernière cen* 
tative , ç I . 

Conception. DcAruûion 
de i crte Bourgade par 
les Chiriguanes , 51. 
Les Efpagnols fe pré- 
viennent contre feis 
Habitants, i^S. Son 
état floriffant, 1^9. 
Guerre civile : com- 
ment on y remédie , 
170. Tranfmiiiration 
de cctrc Bourgade, 171. 

Cordoue ( la Ville de) 
en proie aux Abipo- 
nes , 130. 

Corricntès. Cla Ville de) 
Extrémités où elle eft 
réduite par les Abipo- 
ncs, 1Z7. 



D. 



_ ri M H s. Ce que 

i'Evêque de Buenos* 
Ayrès écrit au Roi à 
cefujet,9}. 
Dufo, ^Polycarpe) eft 
fait Prifonniet : trai* 
tement qu'on lui fkii , 



4S6 TABLE 

75. Juftkc de Dieu 
îuf ceux qui l'avoienc 
. maltraite , 74. 



Jj^Chawkm. ( Dom 

Martin d' ) Oblige les 
Guaycurus à fe reti- 
rer, 4. 
Efpagnols. Belle adion 
d'un Efpasnol , 33. 
leur Expédition dans 
leChaco , 118. Belle, 
aâion d'un OfHcier 
Efpagnol , no* Hos- 
tilités entre les Efpa- 
eiiols 8c les Indiens 
Montagaards , 1^6, 
Ils fc préviennent con- 
tre les Habitans de la 
Conception , 6c con- 
tre leurs Midionujii- 



Jr Emmh de pierre, 117. 

Figueroa , ( D. Jofeph 
de ) Marquis del Val- 
lé Umbrofo , fa Let- 
tre au CoramiiTaire du 
Roi chez les Chiqui- 
tes, wo. 

François , ( les Perçs de 
Saint ) leurs Réduc- 
tions , ^6, Ce que l'E- 
vêque de Buenos-Ay- 
rès en écrit au Roi, 8^, 

Frégate arrivée i\e Cadix 
à Buenos- Ayr es ,171. 
Elle part pour vifîrer 
la Côfe Occidentale 
de U Mer Ma^elLtAi- 



VJfUEKoAS. Réduc- 
tion formée chez ces 
Indiens, 157. 

Guaycurus ( les ) atta- 
quent de toutes parts 
la Province du Para- 
guay , ôc font obligés 
de fe retirer , 4. 



Hh 



H 



_Erboso (D. Fran- 
çois ) Préfident de 
l'Audience Roïaledcs 
Charcas ) fa Lettre au 
Provincial des Jéfui- 
tes au fujet de la con- 
verfioo des Indiens du 
Chaço, II. 

Herran ( le Pcre Jérôme) 
Provincial des Jéfui- 
tes , Lettre qu'il reçoit 
du i?rélîdent de l'Auj 
dience des Charcas » 
XI. Choix qu'il fait 
en conféquence de 
Milfîonnaiies pour le 
Chaco ,11. 

Heri era , ( le P. Michel ) 
fuccès de fes travaux 
parmi les Guenoas, 
117* 

1 



j 



EsuiTPS. leur zèle 
pour la coRvecfîon du 
Chaco, 10. LeurcoiL 
duirc avec des Poriu 
gais qui s'étoient in' 
troduits dans le Para' 
guay , 10^. Calom- 
nies répandues con- 
tr'eux 4 ce fu|et, joS' 



DES MA 

1^ro)ec de ces Perei 
pour éublir la Foi 
dans les Terres Ma- 
gellaniques , 141. 

nie Grande , ou Ifle 
des Rois , iy6. De 
las Pinguinas , 177. 
De los Paxaros . ibid. 
De las Penas , 178. 
D'Olivarez , 17^. De 
Roldan» 180. 

Tulien , (le Porc de 
Saine) Tes approches , 
190. Defcription de 
la Baie de ce nom , 
T9t > ioj. Erreur df s 
Navigateurs fur ccrte 
Baie *, 105 . Précau- 
tions qu*il faur pren- 
dre pour y encrer , 
204. 

L 

y .rp N M A R. I N. Sa 

defcription ,181. 
Ilizardi , ( le Père Julien 
de) foncaradcre, it. 
n cfl envoie dans le 
Chaco, 13. Il arrive 
à Tarija : nouvelles 
qu'il y apprend, 14* 
Il réunit ce qui rcftc 
de Chrétiens parmi les 
Chidguanes , ly. Il 
convertit un Cacique , 
17. Ses réponfes à 
ceux oui s'oppofcijt à 
fon départ , x8. Son 
Toïage infruâueux 
dans la Vallée des Chi- 
riguanrs , xo. Diffi- 
culté de ce voi'age, 1 1 . 
H y court un grand 
rifque : par qui il en 
sA délivré, 13. Soo 

. Tome F1^ " 



TIERES 4f7 

ardeur pour le Mar- 
tyre , 18, Fruit de fon 
voVage , 30. Il prédit 
fa mort, 31. Il eft 
pris avec fon Sacrif- 
cain, 35. Leur Mar- 
tyre , 5 4. En quel état 
le corps du Père de 
Lizardi eft trouvé : 
honneur qu*oa lui 
rend y 35* 



M. 



M 



., 1 ACELLANIQVIS ,' 

(Terres) Projec def 
Jéfuites pour y établir 
la Foi » 14% • caraôere 
& divifîon des Peuples 
de ce Païs , 143. leui: 
langue : leur parelTe . 
144. Leurs vices 6c 
leurs idées fur la Re- 
ligion , i4<î. Leur» 
mariages : éducation 
qu'ils donnent à leurs- 
Enfants , 147. Quel- 

aues Natio'is deman- 
enc des Midîonnai- 
res, 148. Réduâion 
parmi ces Indiens : fa- 
veurs du Ciel fur eux/ 
149. Plufieurs fe ren* 
dcnc dans cecce Ré- 
du6Uon, ICI. Obfec- 
rations faites à la Cô« 
te occidencale de. U ' 
Mer Maçellaniquc , . 
i74,&fuiv. 
Mémoire contre les ■ 
Jéfuites , préfencé à 
Philippe V : comment 
il en eft reçu ,.53, TU 
cft-préfentè au Prince, 
des Afturies , qn» *4^ 



4T« . . T A 

rejette, ièitL Tmpref- 
ûoTL qu'il fait en £f* 

pagne. Î4- 
Mocovis i les ) pa-oif- 
fcnt difpofes a em- 
braifer le Chriaia- 
nifiiie , I lo. On en 
forme une Rédudion» 

Montagnards, [ Indiens) 
leurs holtilités contre 
les Ffpa^ols. iftf. 
Ih ru'n ne la Bourga* 
de de la Maddaine , 
& manquent leur en- 
treprife fur la Con- 
ception , X f7. On fait 
la paix avec eux^ 161, 
8c fuiv. 

Moniifo 8c Mofco (Dom 
Jean ) Gouverneur du 
Tucumau » réprime 
les Peuples dii Chaco , 
111. 



N 



N 



, Embis , oa Amim» 
Il ,1 le> loj. 



Ob 



__rBociiRU , Plante 
fîuguliere , e£R;t qu'el- 
le produit fur un Mif- 
fionnaire , 4^ 
Olivarez ( Dom Joa- 
ehim de ) Comman- 
dant d'une Frégate eft 
euvoïé par Jtt Roi 
l^our nmger la Côte 
joccidentale de la Mer 
Magellanique : jour- 
Ml de foa vo'iagc^ 

m' 



B L E 

P 

1 A LAC I os, ('06»^ 
Pran'^ois Xavier) eft 
envolé pat le Koi aux 
Chiquites en qualité 
de Commiftàire, 109* 

Pak>s, ( Dom Jofeph) 
Coadjuteur du Pata- 
guav) il tombe eoa- 
poplexie , 6, Samoit- 
8c Ton éloge, 7. 

Patagons. (Côte des) 
Obrervations des Jé^ 
fuitçsior cette CôtC) 
m. 

Peralta , ( Dom Jofeph 
de ) Evêque de Buc- 
Dos-Ayrès : exuait is 
fa Lettre au RoiCft* 
tholique , 8i. 

Pbilippe V, comment il 
reçoit un Mémoire • 
d'un Rcl«gieux contre 
Its Jéfuites^ 53. Il 

"■ fait dreiTcr un Décret 
en forme de Règle- 
ment, l<5. Ses ordrct 
Ç»ur le Règlement ^u 
ribut dans les Rédac- 
tions, 16$. SaCédule 
âce fu}et , 1^7* 

Piaeyro ( Commandant 
d'une Trouppe de Coi' 
tu^ais : fou arrivée 
dams les Réduâioos 
des JéAiitcs, loi.Cr 
qui fe paiTe entre lui 
8c le Supérieur d» 
Miflions, lox. 

Pbns, f le Pcre Jofeph) 
fa Miffion. au Chaco, 
ai. Infor ntation qu'il 
>it du Martyre d» 
dp Uucdij^ }V 



DES MATIERES. 4rr 



Kl quel écic il tro.;ve 
Ton corps : honneurs 
qu'il lui rend , ; f « 
Ses travaux chez les 
Mata^ayos, 119» 

Fort Dctîré, ( le ) 176, 
Sa defcription , iSo. 
Avantage de ce Port ,- 
181. 

Bort de Sainte- Croix , 
187. 

Fortugais f des ) arrivenc • 
dans les Rédudiont 
des Jéfuites, ici. 
Leur route pour fe 
rendre du Brcfil au Pé- 
fouy lOf. EtablifTe* 
mène qu'ils ont faits 
fui cène routc> ibûL 

V^UnLiNi y C îé Pcre 
Manuel ) fuccès de 
de Tes travaux dans 
lès Terres Magellani- 
quesri49* 

Quiroga (le P. Jofeph . 
cfk nommé par le Roi 
pour faire oes Obfer- 
varions far la Côte 
occidentale de la Mer 
' Miigeltanique , 173 • 
Son Volage & ferOb- 
fervations 174, U 
fuiv. 

RR 
Amirez^ ( Dom 
Bafîle ) Pilote nommé 
par le Roi pour rao- 

Î;er la Côte occidenta- 
e de la Mir Magella- 
nique, 173. 
Jléductions Troubles 
dans une Réduâion^: 
comment on y ccn^^h 



die , 1 14. Famine dans 
les Réduâions : Provi- 
dence de D.eu fur les 
Indiens, i)0. 

Rico, ( le Père Jean- 
Jo'eplî ) fe$ rcponfcs 
aux objeûions qu'on 
lui fait , 79. 

Rodero , « le Pcre Gaf- 
pard ) Mémoire qu'il ■ 
réfute, ^5. Nouvel- 
les objeûiofls faites i 
ce Père : fesréponfes p 

79- 
Rozas , ( Dom Diegue * 
Ortizde ) Gouverneur 
de Rio de la Plata , 
travaille à faire la paix 
avec les Montagnards 
16 j. Il la conclut : 
fa conduite avec ces 
Indiens, 1^1. Il tSk 
nommé Gouverneur 
te Préfideni de l'Au- 
dience Roïal du Chi« 
li , 167. 
S 

OAtcEDO, (D. Miguel' 
de ) Gouverneur de 
Riode la Plata : guer» 
re qu'il a àfoutenir 
avec les Indiens Mon* 
tagnards,iftf. 

S^ntafé. Situation & étir 
de cette Ville , U. 

Sauces, ( Rio de los ) o« 
Rivière des Saules» 
144. 

Strobl , ( le P. Mathiis ) 
fuccès de fes travaux 
dans 1rs Terres Ma« 
eellàniques y 14^. U 
difpofe les Mata-* 
fpayos à faire la paix 



'46^ T A B 

avec les Erpaenols , 
1^1. Il s*cinba.aiie 
pour ran,.er la Coce 
occidcnalc de la Mer 
M;>gellaaiqiie , 175. 

TT 
01 A TIN F s Projet 
d'une !' éJuâion pour 
ces Indiens, 6. Ré- 
dudion fondée chez 
eux par les Pères dt la 
Cornpa^nie , i-jr. 

Torrez, ' le P. Jean de ) 
Ces tentatives inutiles 
pour la converHlon 
des Chiriguanes , ^8. 

Tucuman. Miflîon & 
retraite dans cette Pro- 
vince, El 5. 

VV 
Arela , ( D. Dîe« 
gue) Pilote nommé 
par le Roi , potirran- 

Î;er la Côte occidenta- 
e He la Mer Magel- 
lanique, 175* 
Voïage i Journal d'un ) 
fait par orlre du Roi, 
le long de ha Côte de 
la Mer Magellanique 



t E 

depuis Buenos- Ayrâl 
jufqu'au Décroit de 
Magellan, 17J ^ fiC 
fuiv. 

X Egkos , ( le p. Se* 
baftien de) fes tra- 
vaux ctiez les Tobad- 
•ef,s}z. 

Z2 
Amor a , ( le Doc- 

. teur D. Jofeph Bra.70 
de j fruit de fon zèle 
pour la converfîondes 
Indiens » 141- 

Zatnucos. Rédiiâioir 
formée chez ces In- 
diens , 1 9. Belle ac- 
tion d'un Zamucos» 
■41. Dcfordre arrivé 
dans une de leur» 
Bourgades , 41. llf 
font transférés aux 
Chi.|Uites , 4f* 111 
retournent â leur pre- 
mière Réduâion,4tf« 
Leur ferveur , 48. 

Zatienos. Converfionde 
plufîeurs de ces lA- 
diens , 4^. 



Lifte dès Puces Juflificatives de ce Volume 

Mémoire du Prov. des Jéfuites au Roi CaihoHq»ie« 
Lettre de TEvêquedu Paraguay au Roi Catholique, 
lettre de D. Jof. Palos , Ev. du Pariig. au Roi Car. 
Lettre du Corps de Vi*le de l* AfTompt. aaRo> Cath. 
Lettre de D. Jof. de Peralta , Ev. de Bueaos-Ayrè»,, 

au Roi Catho'ique. 
Décret de t'hilîppe V, en faveur des Jcf. du Parag. 
Journal d*»m Voïage h la Côte de la Mer viagellaii» 
Iicurcs de !>• Tcivinu à l'Auteur de celte Hiiloiie*. 

f 1 N» 



\