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HISTOIRE
DU
PARAGUAY.
E TOME ri.
l
HISTOIRE
DU
PARAGUÀX^y
Par le P. PiERRE François - Xavier
DE CHARLEVOIX^ de la Compagnie
^ de Jejus.
TOME SIXIEME.
A PJ R I S ,
'DESAINT, rae S. Jcan-dc-Beauvais,vi$-à-vii
k du Collège.
^1 _ JdavID, rac & vis-à-vis de la Grille des
^"^^\ Mathurins.
r D U R A N D , rue du Foin , la première Porte
cochere en encrant par la rue S. Jacques.
M. DCC. LVII.
Avec Approbation & Privilège du Rou
HISTOIRE
D U
PARAGUAY.
LIVRE VINGTIEME.
—————— ■— — — ^— — — —i»
SOMMAI RE.
Es Barbares attaquent de toutes
parts la Province de Paraguay. Les In^^
diens des RéduÛions les obligent à difpa^
roître. Projet d'une Rédudion pour les
Tobacincs. L'Eyêque de rAjfomption
tombe en apoplexie. Il écrit au Roi, Sa
mort & fon éloge. Lettre du Chapitre Se*
eu lier au Roi, Nouvelles tentatives pour
la converfion des Chiriguanes. Ordre. >/i-
voïé au Provincial des Jéfuites à cefujet.
Choix des MiJJionnaires. Caraélere du Père
de Li^ardi. Son entretien avec Dom Bru^
no Maurice Zavala, Il arrive à Tarija
avec deux autres Jé/uites. En quelles d'if'
pefitions ils en trouvent les Habitans au
Tome yi. A
p s G M M A I R E.
fujet de la Mlffion des Càlriguanes Ce qui
reftoit alors de Çhiriguanes Chrétiens. R^-
du^ion de la Conception, Converjîon d*uri
de leurs Caciques, On continue à Tarija
de s*oppofer au départ des l/iijfionnaires
pour cette Entreprtje, Réponfe du Père de
JLiiardi à ceux qui vouloïent lui perfuader
d'y renoncer, RéduSlion de Sainte- Anne,
Voïage infruâueux des MiJJîonnaires à la
CordilUere Chiriguane. Difficulté d'y voïa^
ger. Mort édifiante d*un Càcique : calomnie
contre les MiJJîonnaires à ce fujet, Nour
y elle courfe dans la CordilUere, Les Mif»
Jîonnaires font délivres d'un grand danger,
Difpofition des Çhiriguanes au fujet du
Chrijiianifme. Divers changemens dans
les Réduélions de Sainte- Anne, Ardeur du
"Ptre de Li^ardi pour le Martyre» La Ré-*
duSiion de Sainte- Anne divifée en deux m
Le Père de Li^ardi dans la Cordilliere ;
fruit- de fon volage. Ferveur des Néophy-^
tes Çhiriguanes fous fa direElion, . Il prédit .
fa mort. Une des deux RéduBions Chiri^
guanes détruite. Belle aBion d'une Fem^
me Efpagnole , d> d'une Chiriguane. Prife
du Père de Li^ardi. Sa^ Kéduâlion réduite
pi cendres. Son Martyre, En quel état on-
trouve fon C9rps^ Martyre de fon Sacrif-
tain. Honneurs rendus au Père de Li^
{ardi, C/n Cacique Chiriguane rend un
grand fervice aux Chrétiens* RéduSlion
CJiir iguane vers Santa-Crux ; elle ne fub*
fifte pas long'tems, RéduBion des Zamucos,
Défordre qui y arrive. Elle efl transférée
aux Chiquites, Converjîon de plujîeurs
T^atienos, Ferveur des Zamucos, Deux ten^
\
SOMMAIRE )
tailles inutiles pour aller des Zamucos au
Paraguay^ Racine finguliere ; effet quelU
jfroduifit fur le Père Cajlanarès, Conver^
fion des Éorillos* Nouvelles tentatives pour
une communicatkn entre le Paraguay 6»
le Tucuman. Mémoire pré/enté au Roi
d*Efpagne par un EccUfiaftique François ,
contre Us Jéfuites , 6» comment il eft reçu,
// efl prèfenté au Prince des Afturies , qui
le rejette, Impreffîon qu'il fait fur plufîeurs
ferfonnes en EJhagne^ Commijfaire Roïal
au Paraguay, Il refufe de vifîter les Ré^
.duflions. Sa Lettre au premier Minifire
d'Efpagnê. Déclaration de Dom Antoine
Ruii de Arrellano, Réponfe du Père d' A*
guilar à un Mémoire de Dom Martin de
Barua y adreffè au Roi corure les Jéfuites.
Ce que le Roi penfe du Mémoire, Juge^
ment que le Commijfaire Rotai ^ & le Con**
feil des Indes , portèrent de la réponfe.
Extrait de cet écrit, ObjeSions faites à
Madrid au Père Rodero , Procureur Gé"
néral des Jéfuites du Paraguay y & fes
réponses : & celU du Père Rico a d'au--
très ^bjeBions.
s
I la prudence & la bonté de Dom.
Bruno Maurice de Zavala ne lur avoicnt ^^^"5 •
point permis d'exercer toute la févérité de ^ " Barbares
la jufticc fur les Rebelles du Paraguay , *omcrparw
ils eurent bientôt heu de craindre que la la Proviuco
colère du Ciel ne s'appaisât point auffi de Paraguay,
aifément : cette malhcureufe Province fc
vit tout-à-coup , & lorfqa*6n y penfoit
le moms^ menacée d'expier Tes révoltes
A ij
4 Histoire
'"Jt 7~ par les mains des Barbares. Les Guaycunis^*
/54-3. • iircconciiiabks Ennemis des Efpagnols,
& les Mocovis , auxquels le Gouverneur àii
Tucumanfaifoit vivement la guerre , vout
lurent profiter de la feiblcTTe wî les difTenr
tions Tavoient réduite 5 ils y entrèrent
en même tcms , comme de concert chacun
de leur côté , portèrent le ravage jufqu'aux
portes de la Capitale , oii Je peu de Troup-
pes qu avoit le Gouverneur ne fuififoit pas
pour les empêcher d'entrer. Il fallut donc
avoir recours aux Milices des Réductions :
Dom Martin d*Echauri fit prier les MiC-
fionnaires de lui en envoïer le plus qu'ils
pourroient , & il fut obéi avec la plus
grande promptitude. L'approche des Néo-
phytes obligea bientôt les Infidèles à fc
retirer; & cette prompte retraite acheva
de faire comprendre aux Habitans de
TAffomption, que leur plus grande reC-
fource contre des Peuples , que les armes
des Efpagnols n'aVoient pu dompter , ctoit
dans ces mêmes Ncopnytes , dont ils
avoient dit tant de mal , te qu'un aveugle
& honteux intérêt leur failoit fouhaitcr
d'avoir pour Efclaves ; quoique plus d'une
expérience dût leur avoir appris 'qu'avec
la liberté , les Indiens perdoient nou-
feulement les vertus dont ils honoroient lia
Religion , mais encore le zèle qu'ils té-
moignoient pour Je fervice du Roi , & le
courage qui les rendoit fi utiles à l'Etat. ' .
projet d'une Quelques autres Nations du Paraguay
iRcduaion faiSient alors affez fouvent des courfes
f?^"'^^^"'^''' dans les Habitations Efpagnoles, &ycaù-
«j^r^jes. ^icpt d'affçz grands dommages ; les plus
BU Paraguay. Lh. XX. y
incommodes de tcrtis étoient les Tobatines, ^ • ^"
connus alors fous le nom de Montagnards .f
J'ai dit qu*en 1713 on en avoit gagné à
Jefus-Cnrift jufqu'à 40e Familles, qui
avoient é;é reçues dans la Rédudion de
Sainte-foi du Parana ; mais que dix ans
après , efFraiées par les menaces de la
Gpramune du Paraguay , & ne pouvant
plus fupporter la faim & les autres miferes,
où étoient réduites toutes les Rcdudions
de cette Province , elles avoient difparu
tout-d'un-coup y fans qu oa pût favoir ce
qu'elles étoient devenues. On apprit dans
la foite qu*elles s'étoient retirées dans les*
forêts & les montagnes d'un Canton nom-
mé Tarauta , d'où on les avoit tirées après
leur converfion. C'étoit de là que ces Dé-
ièrteurs faifoient des courfes dans les Ha-
bitations Efpagnoles , infeftoient les che-
mins , pilloient & mafTacroient tous ceux
qu'ils trouvoient fans défenfe, ce qui ia-
terrompoit tout le commçrce.
On crut que le Perc d'Aguifar pouvoir
foui faire ceffcr ces hoftilitcs ; & le Procu-
reur Général de la Province fut charge par
les Magiftrats de préfenter une Requête à
Dom Bruno-Maurice de Zavala , qui étoit
encore à TAffomption , pour le fupplicr
d'engager le Provincial de leur envoïer
quelques Jéfcites , qui travaillaient à les
réconcilier avec les Efpagnols. Dom Bruno-
fit encore plus qu'on ne lui demandoit;
& il crut que la chofe étoit afTez impor-
tante pour y intérefl'er l'Evêque. 11 adrefla
à ce Prélat, & au Père d'Aguilar, un
Auto exortatorio à ce fujet. Le Proviiicial
A iij
i Histoire
~ n'avoît pas befoin de cette formalité pouf
*734-37* entreprendre une œuvre fi digne de fon
zèle ; il n eur pas plutôt fait connoîtrc
dans les Rédudions les plus voifîncs , Tes
intentions, que plufîeurs MifTionïuiires s'of-
frirent pour une Entreprife , dont ils con-
noiflbient mieux que perfonne tous les
dangers, & il n'eut point d'autre peine
qua confolcr ceux dont il n'acccptott
point les offres.
Dom Bruno Maurice de Zavala étant
parti fur ces entrefaites , Dom Martin
Jofeph dTchauri fuivit avec zcle cette
affaire , & dans une Lettre qu'il écrivit aa
commencement de Tannée 17^ S au Roi
Catholique , il lai manda que ce Gouver-
neur avoir accordé aux Percs de la Com-
pagnie la permirtlon qu'ils lui avoient de-
mandée de fonder dans le Canton de Ta-
ruma une Rédudion pour les Tobatines.
Mais le fuccès de TEntreprife de ces Mif-
fionnaircs ne fut pas auffi prompt qu'ils
l'avoient efpéré , & ce ne fut qu'au bout
de quelques années de recherches , qu'ils
vinrent à bout de découvrir les Tobatines
fugitifs, qui n'avoient plus de retraites
fixes. Nous verrons en fon tems quel fut
le fruit de leur découverte.
L'Evêquc L'Evéque du Paraguay , qui s*y intc-
dii Paraguay rcffoit plus que personne , •eut pas la
tombe en a- confolation de voir les heurcufes fuites de
foplciie. ^j.jj.j. affaire. Au mois de Septembre de
l'année 1737, il tomba en apoplexie, ôc
«quoiqu'il eût été promptement lecouru , il
comprit qu'il ne lui reftoit pas long-tems
à vivre. Dans cet état , uniquement occu--
DU PÀRÂétrAY. £zV. XX. 7
pé des jùgcmens de Dieu ,il écrivit au Roi, _ .^
qui Tavoit confultc fur plufieurs points, & /J/"} ^
en particulier fur le Mémoire de Dom
Barthelemi de Aldunaté , dont nous avons
jarlé , & fur celui de Dom Martin de Ba-
iua , dont nous parlerons dans la fuite.
On peut regarder la réponfe qu'il fît à ce
Prince y comme le Teftament d'un des plus
faintis & des plus grands Evcques qui aient
paru dans rÂmérique. If n'y entra dané
aucun détail fur ce que contehoient les
deux Mémoires y maïs il en dit affcz pour
Élire comprendre à Philippe V , que leurs
Auteurs lui en avoient impofé fur tous les
Chefs. On trouvera dans les Preuves cette
Lettre , qui eft trop longue pour être rap-
portée ici. - JL
. Dom Jofeph Palos mourut le Vendredi- Sa "lort fis
faint de Tannée fuivante , après avoir gou- ^^ °^^
temé quatorze ans fbn Eglife dans l^s pks'
triftes & les plus critiques conjondures,
où puiffe fe trouver un Eyéque. Les fervK
ces importans qu'il a rendus à la Religioa
te à rÈtat , & ce qu'il lui en a coûté, foit
pour retenir une partie de fes Ouailles
dans Tobéiflance & la foumiffion, .foit
ipour y ramener celles qlii s'en étoient écar-
tées ^ avoir engagé Philippe V à lui offrir
un Siège plus confid érable ; mais , content
de fervir Dieu dans une Eglife pauvre , oii'
on lui donnoit tous les jours tant de nou-
veaux chagrins, qu il pouvoit l'appeller
avec judice une Epoufe de fang, il ne fut
pas même tenté de la quitter pour en pren-
dre une autre , & il mourut dans le feÊ»
. cb la pauvreté..
A iilj
s Histoire
'^ T" Dans la Lettre, que nous venons Je
^57"3 • citer , il fe plaignoit au Roi de ce que l'on
Lettre du j.Qnfç.j.yQJj encore dars TArchive delà
VuUcrdel'Af-^^^^'^^ de Ville de TAfTomption bien des
fcmption au Arrêts rendus pendant les troubles , contre
Roi. Fimmunité Eccléfiaftique , contre fa répu-
tation , celle de pluficurs de Tes Chanoines,
du Curé de Saint Blaife , contre celle des
Jéfuites , parceque , difoit-on ,. il n'y avoir
Î)oint d'ordre de les biffer, ni de les bru-
er; mais ce n'étoit pas la faute de ceux
qui compofoient alors le Chapitre Sécu-
lier 5 lefqaels , immédiatement après qu'ils
curent été rétablis dans leurs Charges,
avoicnt écrit à Sa Majefté une Lettre com-
mune , dans laquelle ils parloient de tous
ces Ades comme de Libelles diffamatoi-
res contre l'Evcque , le Clergé , les Jéfuf-
tcs, & les plus honprablcs Citoïens , dref-
fés par des Hommes fans honneur , fans
probité , fans Religion ,. foulant aux piés
les immunités & la Jurifdiétion Ecclénaf-
tique ; & ils infînuoient que D. Bruno
Maurice de Zavala , n*avoit pas cru devoir
y toucher fans un ordre exprès de Sa Ma-
jefté , & s'étoit contenté de faire brûler
par la main du Boureau, les Ecrits qui
couroient dans le Public (ùr le même fujet.
.11 y a bien de Tapparence que Philippe V
aura eu égard aux repréfentations d'un
P;clit (î refpedablc 5 & à la demande de
Magiftratsfî dignes d'être écoutes; mais je
ÇequiempC- n'en ai rien trouvé dans mes Mémoires.
^^^^^\^ cha- Cependant Tattencign que le Marquis de
co fous Ics^^^cî Fucrté avoit donnée aux affaires de
loix de TE- la Province de Paraguay , né l'avoit pas.
vangilc,
ïitT Pa R AOtfAY. Liv. XX. ^
tmfèché d'en apporter une très fcrieufe à 1751-1^
ce qui faifoit depuis plus d'un fîecle l'ob-
jet de Celle de fes PrédécefTeurs, des Eve- ^
ques & des Gouverneurs du Tucuman , &
avoit déjà coûté tant de fang aux MiHTion-
naires, je veux dire aux moyens de ré-
duire le Chaco fous les loix de TEvangile ,.
Se par une foumiifion volontaire d'ajoutée
cette Province à l'Empire des Rois Catho-
liques. Comme le principal obftaclc qu'on
y avoit trouvé jufqu'alors venoit des Chi-
riguancs , qui pou voient feuls faire réuflTir
une fi belle Entrcprife , fi on pouvoir ve-
nir à bout de les gagner ^ Tinutilicé des
efforts qu'on avoit faits jufques-là pour
vaincre leur rcfîftance , ne parut pas en-
core, ni au Viceroi , ni aux Ouvriers
Evangéliques , une raifon fuffifante pour
y renoncer.
Il s'y rcncontroit néanmoins deux gran-
.des difficultés j la première étoit la foi-
blcffe des Efpagnols dans ces Provinces ^
ou ils n'étoient nullement en état de fe
faire craindre de ces Barbares. & de ne
pas laiffer impunies leurs tioftilités & leurs
perfidies. La fcconde, qu'it n'étoit preC-
q^ie pas pofTible de difTipcr leur défiance ,.
éc la crainte trop bien fondée qu'ils avoicnc
qu'on ne voulût les rendre Chrétiens, que
pour les réduire en efclavag;e. Toutefois,,
comme on fe flatte aifément fur ce qu'on'
fouhaite avec ardeur , & que la tranquil-
lité du Tucuman dépendôit de n'avoir rien
à craindre d'une Nation, qui feule étoit
capable , (i elle étoit bien fincérç^pent ré-
conciliée avec les Efpagnols y de comemc '
A' V-
îo Histoire
— — tout le Chaco , & dont la converdon en-^
^7>^'} • traîneroit vraifemblablement celle de toute
cette grande Province, on ne fe lafToh
point de former des projets pour les unir
avec les Efpagnols par le lien de la Reli-
gion.
Les Jcfuites de leur côté ctoient toujours^
& on ne pouvoit en douter , très difpofés à
tout ce qu'on defiroit d'eux pour ccla^
quoiqu'ils connuflent mieux que perfonnc
'la difficulté de TEntreprife j non-(eulcmcnt
parceque quelque inutiles que pufTent être
leurs tentatives, il n'y avoit qu'à gagner
pour des Hommes Apoftoliques, dont la'
récompenfe qu'ils ne doivent attendre que
4u Ciel , n*cft point attachée aux fuccès
de leurs travaux; mais encore parceque
plus d'une expérience leur avoit appris ,.
que quand le moment de la Grâce euvcnu^
elle triomphe des cœurs les phis rebelles ,.
• & que les Miniftres du Seigneur ne doi^
vent jamais défefpcrcr de voir arriver cet
heureux moment , dont ils auroicnt à (c
reprocher de ne s'être pas trouvés prêts-
pour en profitçr.
Nouvelle Comme perfonnc n'ignoroit leur dilpofi-
tcmative tion à cet égard , la Ville de Tarija , une
pour gagner des plus expofées aux infïïkes de ces rc-
J"^^^^*^»"" doutables Indiens, réfolut d'en profiter;
Jellis Chrilt. ^ ^^ ^* ^^^^^vrier 175 f, elle écrivit zw
* Marquis de Caftel Fuerté , pour lui rcpré—
fenter qu'elle ne voïoit plus d'autre moïen
de la mettre en (ureté contre, lia fureur de-
ces Peuples , que défaire un nouvel effort
pour les fltirer au cul edu vrai Dieu, que
pour y rcuffir il étoit à propos de n'y eiâ*
«•tJ Paraguay. ZmJ^X it
pToier que des Miffionnaires , qui animés "TTTTT^
du même efprit, y travaillaflent de con- '^ '^
ccrt , & fuflent fous la dépendance d'ua
fcul Supérieur j qUe cette manière unifor-
me n'avoit pu être gardée tandis qu'on
avoit envoie à ces Indiens des Religieux
de différens Ordres , qui , quoiqu'cgale-
liient zélés pour le faluc des Ames , avoicnt
luivi différentes méthodes ; qu'il lui paroif- .
foit qu'on devoit s*en tenir aux fculs Peres
de la Compagnie de Jefus , lesquels , outre
que cette partie du miniftere , qui regar-
de la convcrfîon des Infidèles eft fingulic-
rement le propre de leur Inftitut , ont une
grande facilité pour apprendre les Langues ,
parmi lefquels il s'en trou voit beaucoup'
qtii favoient celle que parlent les Chiri-
g;Uanes , qui avoient d'ailleurs un talent ^
marqué pour s'attirer la confiance des Peu-
ples les plus barbares , & qui en vertu du-
Privilège qu ils ont reçu des Rois Catholi-
ques , pou voient feuls les rafiurer fur U
conCervation de leur liberté j qu'elle fup-
plioit donc fon Excellence de vouloir bien
engager l'Audience roïale^des Charcas à
charger ces Religieux d'annoncer l'Evan-
gile aux Chiriguanes.
LeViceroi fit encore plus qu'on ne lui Ot-^re enroY^
demandoit. Après avoir communiqué cette ^"^ j°fuTul^
Lettre à l'Audience roïale de Lima , il ren- qq ft,jcc,
dît , conjointement avec cette Cour , un
Arrêt daté du y de Mai , qu'il adreffa à
l'Audience roïale des Charcas , & qui por-
toit qu'il convenoit de prier le Provincial-
des Jéfùites du Paraguay , & de lui enjoin-
ifte de nomincr des Sujets de fa Province^
11 Histoire
r- pour TExpédition que propofoit la Ville ic
^^73^-3 • Tarija; & en conféqucnce de cet Arrêt,
Dom François Herbofo , Préfîdent de cette
Cour , écrivit au Père Hcrran une Lettre
datée du 6 de Juillet, dans laquelle , après
avoii; rapporté celle de la Ville de Tarija ,
la délibération de l'Audience roïalc de Li-
ma, & TArrêt rendu par le Viceroi , il Te
prioit & lui cnjoignoit de s'y conforme^,
La Ville de Tarija de Ton côté aïant eu avis
de ces démarches, écrivit au même Pro-
vincial , le 6 d'Août , une Lettre de civili-
té , oii en lui marquant Tefpérance qu'elle
avoit conçue du fuccès d'une (î belle Entre-
prife , elle témoignoit une grande impatieir-
ce de la voir commencer.
Choix des Des ordres fi précis & des follicitations fi
Mifliounai- engageantes ne laiflbient plus à la difpo-
*^** fition du Provincial que le choix des Mi(-
fionnaires j & fon unique embarras fut de
pouvoir fe déterminer, parmi le grand
nombre de ceux qui fe préfénterent. Il ne
balança pourtant point à nommer pour-
Chef de TEntreprife un Homme qui n'a-
voit voulu recevoir fa Million que de To-^
béiffance, quoiqu'il la fbuhiairât peut-être
plus aitlemment qu'aucun autre , parcequ'il
étoit perfuadé que le Martyre en feroit le
terme. C'étoit le Père Julien de Lizardi, né
à Aftcazu dans la Province de Guipufcoa à
quatre Heues de Saint-Sébailien , lequel de-
puis quatre ans étoit chargé de la Réduc-
tion de Saint-AngeL dans la Province d'U-
ruguay.
Car.'^erc du ji n'avoit pcit - être point encore y ara
F.cULiiardi. ^-^^^^ ^^^ Miflions du Paraguay un Religieux
I
iTty Paraguay. Llv, XX. if
^*une piété plus cmincnte ; & Ton Provin- 17, ^-îS'
cial 5 qui Tavoit mené d'Efpagne en Améri^ ' ^ '
que , jugea que nul autre n'étoic plus capa-
ble d'attirer la bénédidion du Ciel fur l'Ex-
pédition dont il s'agifToit. Il lui écrivit pour
la lui propofcr , en le priant de lui mander
s*il n'avoit point de repréfentations à lui
faire fur cette dcftination. La réponfe du
Père de Lizardi fut, que s*il ne s'étoit point
offert pour la choCc du monde qu'il fouhai^
itoit le plus, c'cft qu'il avoir appréhendé
d'aller , en s'offrant , contre la volonté de
Dieu , qui ne devoit lui être manifeftéc que
par fon Supérieur , & qu'il n'attendoit plus
jue Tes ordres pour partir. Le Provincial
:aifoit alors la vifîte des Rédudions de cet-
te Province ; dès qu'il fut affuré du Père de
Lizardi , il nomma pour l'accompagner les
Pères Ignace *Chomé & Jofepli Pons , tous
deux de la Flandre Vallone , & voulut con-
duire lui-même ces trois Miflîonnaires juf-
qu'à Tarija , afin de régler tout ce qui étoit
néceflaire pour leur entrée dans le lieu de
leur Mi(Î!on.
Ils s'emÉarqucrent fur l'Umguay au com-
menccmcnr du mois de Mal 17^1, & ils
n arrivèrent qu'au mois de Juin à Buenos
Ayrcs. Le Pcre de Lizardi avoit .demeuré
quelque tems dans cette Ville , & Dom
Bruno Maurice de Zavala, qui avoir conçu
pour lui une amitié très tendre , & un grand
rcfpeâ: pour fa vertu, lui témoigna qu'il
Favoit vu s'éloigner avec un grand regret ,
mais qu'il ne pouvoit fe confolcr de ce
qu'on le tiroit de fon Gouvernement pour
t'cxpofer à la fureur & à la perfidie des Chi-
:f
** -^ g riguanes. Le Père lui répondit qu'if rc(Iefl>
' ' ' ' toit une doublé joie de là grâce que lui a voit
faite fon Provincial , & parcequ'il cfpéroir
qu'elle lui procureroit l'honneur du Many-
it y Se parcequHl ne la devoir qu*à TobéiC
fance. Cette réponfe attendrit jufqu*àux lar-
mes le vertueux Gouverneur , lequel , aprcî
la mort dii Serviteur de Dieu, ne fc laftbit
point de parler de Timprelfion qu'elle avoit
; faite , & qu'elle faifoit encore fur lui.
îl arrive à Le voïagé depuis Buenos Ayrès jufqu'à
^^i* ^*J^^«^^Tarija fut li long & fi pénible , que le Pro-
3éfuiccs:nou-^^^^^^^ tomba malade de pure fatigue à
t«llcs qu'ils y trente lieues de cette dernière Ville,. & fut
ap^rcnncûc, obligé de s'arrêter dans une Terre du Mar-
quis del Vallé Toxo, & d*y retenir les trois
Millionnaires , qui n'étoient guère plus en
état que lui d'aller plus loin. Ils (c rendi-
rent enfin le dernier jour de Novembre à^
Tarija, oii ils furent extrêmement furpris
d'apprendre que là guerre étoit furie point
de recommencer avec les Chiriguatics , &
qu'il n'y avoit aucune apparence qtie ces
Barbares fuffent difpofés à les recevoir j'
mais ce qui ^s étonna encore davantage ,•
fiit que le lendemain de leur arrivée le
Meftre de Camp de la Ville vint leur dire
qu'il n'attendoit plus que la fin des pluies
pour aller avec toutes fes Trouppes obli-
Ijer de gré ou de force<:cs Barbares à faire
Ja paix , dont la première condition Ctïoii
qu'ils recevroient des Miffionnaires y & les
naiteroient comme ils le dévoient.
tes Pères lui dirent qu'ils ne s'étoienc
point attendus qu'on fît dépendre du fort
^ armes leur eouée daos le Pais des- Chi*
tfXJ Paraguay, th. XX. ff
riguanes ; qu'ils ne vouloient combattre ces "TtîT^^ET
Infidèles que TEvangilc à la iliain ; & qu'ils
étoient bien réfolus de ne pas attendre pour
fcs aller chercher , que les pluies eufTcnt'
ceffé. Le Meftre de Camp leur feprélcnta'
qu'en fe preffant trop ils s'expofoient beau-
coup fans aucune efpérance de réuflîr : mais
le Provincial prenant la parole , dit que le'
feul moïen qui convînt à des Ouvriers Apot
toliques pour établir la Foi parmi les Idolâ-
tres , étoit de fe conformer a ce que le Sau-
veur du Monde avoir recommandé à Tes
Apôtres, de ne pas craindre ceux qui nc^
peuvent tuer que le corps ; qu'un véritable^
MilTionnaire doit toujours erre prêt à ci-
menter de Ton fang les vérités qu'il prêche ^
& que ce n*eft point en faifant là guerre*
aux Infidèles , qu'on doit les préparer a goû-
ter lès maximes du ChriftianifmQ. Il partit
peu de jours après pour Cordoue , & laifla^
les trois Pères a Tarija , ou ils fe préparè-
rent par une retraite à aller chercher les-
Chiriguanes.
Leur empreffement pour entrer dans une On réunit er
carrière fi épincufe n'ctoit pourtant pas fi quircftoitac
oppo(e aux reg;lcs de la prudence , qu'on fe chrétienspar-
l'imaginoit à Tarija. La Rédui^ion de Ta- ™;^^,^^"**
riquea , dont nous avons parlé , n'étoit pas
tellement diffipée qu'on n'en eût confervé
quelques débrj^. Le Pcre Ximenez , qui en
avoir long- tcms eu la direélion , s'étoit
bien vu obligé de fc retirer à Tarija , mais
il n'y avoir point perdu de vue fa chère
Miffion. Comme il étoit chargé du tempo-
rel de (on Collège , il étoit obligé de faire
d'affez longs féjouxs dans une Métairie, qui:
T-
ï? Hl'STOlltB
en étoit éloignée de fept lieues. Plufieurs <fe
*73i'-j8t fes anciens Néophytes y allèrent un jour
fui rendre vifîte, & charmes de Taccueil
gu*il leur fit, ils rcfolurent de fe loger dans
iou/voifinage : il v alloit de tems en tems
Tes voir 3 & infenhblement il les engagea à
y bâtir une petite Eglife , à laquelle il don-
na le nom de la Conception y qui étoit celui
de fa Métairie.
Quelques-uns même de ceux , qui pat
leur révolte & leur mauvaife conduite ,
avoient obligé les Millionnaires d'aban-
donner Tariquea , ou qui s'étoicnt laifHfs
féduire & entrainer par le Torrent , n'eu-
rent pas plutôt appris ce qui fe pafToit à la
Conception qu'ils y aacoururent , . & que ,
charmés non-feulejaicnt de la réception
qu'il leur fit ,.mais encore d'apprendre qu à
fa confidération les Efpagnols avoient rc^»
nonce audefiein de venger les Miffionnaircî
des infultes qu ils avoient cfliiïées dé leur
part , & des brigandages dont leur révolte
avoit été fuivie, ils demandèrent à être reçus
dans la nouvelle Eglife , & le P. Ximenez
y confentit. Tout le monde n approuvoit
pourtant pas qu'il eut raffemblé fi près dès
Habitations Efpagnoles un fi grand nom-
bre de ces Gcns-la , & on voulut les obli-
ger à s'éloigner 5 mais le P. Ximenez s*y
oppofa difant que c'ctoit des Chrétiens ,
dont on rifquoit le falut en*les privant de
(es inftruâions , & qu'il y avoir parmi eux
un grand nombre d'Enfants , qui confer-
voient encore l'innocctrce de leur Baptême 5
enfin 5 qu'il n'y avoit aucun inconvénient
à attendre un peu pour voir comment ces
BU Para «u A y. Z/V. XX. 17
indiens fe comporteroient , & qu'on feroit . g"^^
toujours à tcms pour prendre fon parti , ^ ' ' *
fuivant les difpofitions ou on les trouve-
On fe rendit à fes raifons : la nouvelle ^^ j^^ ^^j^^
Peuplade fut érigée en Réduûion , la fer- lion.
vcur s'y mit, le Ciel voulut bien la ré- Convctnon
compenfer par quelques faveurs (ingulie- <1*"û Caci<nic4
rcs ; mais rien ne contribua davantage à
faire cfpércr que cette Fgllfe ne feroit pas
long-tems la feule parmi les Chiriguanes ,
que la converfîon d'un Cacique fon accré-
dité dans la Cordilliere. Il fe nommoit
Yaguaro (i), & avoir jufques-là montré
une oppoûtion invincible au Chriftianifme.
Le Perc Ximenex aïant appris qu'il étoit
tombé entre les mains des Elpagnols, &
qu il étoit dans les Prifons de Tarija , Py
alla vifitcr, & ne fe rebuta point de la
mauvaife réception , que lui fit ce Barba-
re. Il lui rendit plujfieurs vifites , & il vint
enfin à bout de gagner fon eftime : il lui
en donna peu-à-peu pour la Religion Chré-
tienne , il rinftruifit , le baptila , obtint
fa liberté , le mena à la Conception , &
n'eut pas lieu de fe repentir de ce qu'il
avoir fait pour lui.
Voilà fur quoi le Père de Lizardi & fes ^"J^^^^'^^^J
deux Compagnons fe fondoient , pour cf- ^u dl^art^dcs.
pérer que leurs travaux ne feroient pas in- ttoUJcfuiies.
fnjftucux parmi les Chiriguanes. Cepen-
dant il fe pafla trois mois entiers fans qu'ils
puffcnt furmontcr les ôbftaclcs qu'ils ren--
controient à leur Entreprife, & qu'ils ne
s'étoient pas attendus de trouver dans uaa
CjJ. Ou Yaguaré.
rt H I s T o I it «
"!j:^u-î8 Ville, fur les inftanccs de laquelle on Ic^
avoit appelles. Mais les perfonnes mêmes
fes mieux intentionnées, ne pouvant fe per-
fuader que les heureux commencement de
la . nouvelle Rédudion dufTent fonder des
cfpérances plus folidcs , que toutes celles
qu'on avoit vues s*évanouir par Fincouftan-
ce de;s Chirigùanes dans rinftantihêmc
que l'on croïoit pouvoir compter fur leur
, terfévérance , n approuvoient point que
1 on rifquât fi aiftment trois Ouvriers , qui
avec des talens & des vertus déjà éprouves ,
étoient encore d'un âge à fournir une lon-
gue & fruflucufe carrière parmi des Peu •
pics mieux difpofés que celui auquel ils
vouloient fe livrer.
'XÉ'ponfcdd Le Père de Lizardi ne denieuroit fans
t. de Lizar- réplique à rien de ce qu'on lui objedoit :
km opSfc." *' ^^ ^^^ Apôtres & leurs premiers fucccf-
* ai fburs , difoit-il, s'étoient réglés fur les'
afj maximes d*une prudence fi circonfpede ,
M s'ils s'étoient rebutés en voïant le peu de
3> fruit qu'ils retiroient fouvént dé leurs
o> travaux , la plus grande partie du Mon-
A3 de feroit encore plongée dans les téne-
»i brcs du Paganifme ; & fans remonter'
33 aux premiers fiecles de TEglifc , fans re-
95 chercher ce qui s'cû pafle ailleurs que
9» dans CCS Provinces ,. les Guaranis & les
93 Chiquites , lorfqu'on entreprit d'en faire
3ô des Chrétiens ,» y étoient-ils mieux dif-
» pofcs que les Chirigùanes J A quelle vio-
• 9» lénce les premiers ne fe font-ils point
M portés contre ceux qui ont eu le courage
9» de les aller chercher dans leurs Forets ,
» &. fur leurs Montagnes ? Le fàng, des
DU Paraguay. Z/V. XX\ r^
iti Martyrs qu'ils ont immolés à leurs fo- ■ "j *^
» reurs, a produit des milliers de Chrétiens. ' 7 ) ^^3 •*
o» Quets Hommes étoicnt-cc que les fe*
»> conds 5 lôr{qu*on a formé le defTe in d'en-
3» trcr dans leur Pais ? Que pouvoit-on fc
a» promettre de ces Barbares , qu*on n*avoit
» pu apprivoiCer depuis deux fleclcs ? Y
99 a-t-il cependant aujourd'hui une Eglifc
M plus floriflante ? Après des fuccès d pro-
w digieux & fi peu efpcrés , tous les rai-
3> (bnnemens humains doivent-ils faire la'
r> moindre impreffion fur ceux à qui le
» Seigneur a dtt : Je vous envoie comme
M des Agneaux parmi les Loups ?
Les Pères Pons & Chômé tenoient le
même langage de leur côté , & tous trois
ne fc larfoient point de rappeller à ceur
qui les vouloient difluader de leur Entrc-
prife , que c'étoit à leur prière , qu'on leur
avoit donné Tordre de fe confacrer au faluc
des Chiriguanes. Ils perfiilerent donc à:
vouloir exécuter cet ordre , & pcrfonnc
nViant droit de les en empêcher , on fë
réduifit à leur repréfenter qu'il feroit plus
à propos que deux d'entr'eux allaflent avec
quelques Officiers à la Vallée des Salines y.
d'oii ils envcrroient inviter les Chiriguanes
de la Cordilliere avenir traiter avec eux
d'une paix durable , tandis que le Père
Chôme (e tiendroit prêt à profiter de la
première occafion favorable pour pénétrer
dans la Cordilliere même. ____^
Le Père de Lizardi trouva cette propo- 1721-38^
fitton affez raisonnable ; il pafîa a^ec le ^,, q. .
Père Pons à la Vallée des Salines , d'où il jj^nw XuicT
c&vQÏa iayiccr ks Chiriguanes à k venir
tô HlfiTOIRÏ
J7î J-58- ^^^"^^^ P^^^ ^^ conduire chez eux âVec foni
Compagnon. Mais ils ne répondirent point-
à fon invitation , & quoique ce fîlence dût
lui faire connoître la mauvaifc difoofition
oii ils étoicnt, il fe mit en marcne avec
Iç Père Pons pour les ^Uer Aercher. Ils fc»
féparerent au bout de quelque tems , &
chacun rencontra de fon côté des Chiri-
guanes , qui leur firent amitié , mais dont
ils ne purent engager aucun à les fuivrc
à la Vallée des Salines.. Le Père deLizardi.
gagna cependant un Cacique , lequel alla
joindre avec toute fa Famille ceux de fa-
Nation que le Père Ximenez avoir raflcm-
blés à la Conception, & qu'il projettoit
<iès-lors de transférer à la Vallée des Sa-
lines ; mais ce ae fut qu'après fon retour-
qu'il put exécuter ce projet. Il plaça cette,
Réduàion dans un endroit de la Vallée y
qui portoit fe nom de Sainte- Anne , & il Id
donna à la nouvelle Colonie , dont il de-
meura le EHreékttr.'
Vbïajc în- Le Cacique Yaguaro l'y fuivit , & voulut
£î^UCor-^ attirer fa Femme & fcs Enfans. Il efpé-
tfUicrc. ' ^^'^ ^emc que plufîcurs de fes VafTaux les^
y accompagneroient 5 & il fe propofa de.
les aller chercher fur le Parapity , oiJ étoit
leur demeure , dans le centre de cette Cor-
dillicre. On compta allez fur lui pour ne
pas s'oppofer à ce voïage , mais on juG;ca«
qu'il étoit bon qu'un des Miflîonnaires le
fît avec lui , & le Père Pons voulut bien
en courir les rifques. Il fut afFcz bien reçu
dans les premières Bourgades qu'il rencon-
tra , mais il n'y put engager perfonne à le
fuivrc s on ne lui permit pas même- d'y
pv Paraguay. Lîv. XX. %t
annoncer Jefus-Chrift , & Ton a fu de- < r
puisque c*étoit le fruit des intrigues d*ua '73Î-J^
Chiriguane ^ qui étoit à Sainte-Anne , qui
s'y donnoit pour le meilleur Ami des Mif-
fionnaires, & qui avoit fait avertir fous
main fa Nation que c'étoit tout un d'em-
brafTer la Religion des Efpagnols & de
devenir leur Efcïave.
Le Père Pons fe flattoit de réufïîr mieux
dans un autre Canton , où Yaguaro Tavoit .
aiTuré qu'il avoit beaucoup de crédit 5 mais
en y arrivant il s'apperçut de quelque •'
changement dans ce Cacique , & peu de
tcms après le bruit courut que le Mifïîon-*
naire avoit ixé. tué. On en douta même fi
peu' à Sainte-Anne , qu'on y délibéra de
rétablir la Rédudion à TAiTomption. MaiSs
les Miflîonnaires foutinrent que cette tranf-
migration né fero,it qu'accélérer le mal
que ron craignqit ^ & le Peire de Lizardi
prit le parti d'aller lui-même s'iriformer de
ce qu'étoit devenu le Père Pons , quoiqu'il
ne fut guère en état d'entreprendre un pareil
voïage, qu'il falloir faire en traverfant
toute la Cordilliere Chiriguane.
En effet , outre le? difficultés qui fe ren- Difficulté àû
contrent dans toutes les autres, cetle-civoïager dans
en a de particulières , dont la feule vue eft la Cordilliere
capable d'efFraïer les moins timides. Les ^^"«^^
chaleurs y font extrêmes pendant l'été,
le froid y eft e;xceflrif pendant l'hy ver , &:
dans toutes les faifons les vents y font
- iiçpétueux, & les chemins impraticables
pàr-tout. Il faut continuellement montée
'& defcéndre des montagnes efcarpées,
^(ouvertes de néges ^ ou l'on ne peut faite
11 H 1 s -T O I R 1
^ ^ un feul pas fans rifquer de tomber dansutt
^33'*3 • précipice., & oii Ton e(t à chaque moment
cxpoté a être dévoré par des bétes féroce*
toujours affamées. Le Miffionnairc n'i-
Fnoroic ritfn de tout cela ; mais rien ne
arrêtoit lorfqu'il s'agiffoit du fcrvicc de
Dieu.
Mortédîfian- ^^ trouva enfin le Perc Pons plein de
ce d*un Cad- fanté , mais fort chagrin du peu de fuccès
que. Calom- de fon voïage ; & plus encore de ce que
nie contre les f^^ Guide n'avoit tenu aucune de fes pro-
çç, mellps. Yaguaro ne 1 avoit pourtant pomt
' quitté, & retournoit avec iui à Sainte-
Anne , où il mourut peu de tems après fort
chrétiennement. Cela fit juger qu il avoit
promis plus qu'il ne pouvoit , & que le
changement que le Père Pons avoit remar-
qué en lui , venoit uniquement de la peine
qu'il refTentoit de s'être trop avancé., oa
de la crainte qu on ne le regardât comme
un Homme de mauvaife foi. Les Miflîon-
naires de leur côté foupçonnerent qu'il y
^voit des Traîtres parmi leurs Profélytcs 5
Se en effet Yaguaro n'eut pas plutôt les yeux
fermés , qu'on en accufa quelques-uns d'a-
voir avancé Tes jours pour fe venger de ce
qu'il leur avoit manqué de parole , & cette
calomnie courut bientôt toute la Cordil-
liere. ^Le Fil^ du Cacique entra en fureur ,
& jura de réduire la Rédudion en cendres
avec ies Meurtriers de fon Père; mais on
vint aifément à bout de le défabufer.
KouvcUe Alors les Miffionnaires voulurent faire
e«urfc des une nouvelle tentative dans la Cordïiliere ,
Mflîonnaires ^ ^^ ^^j j^g y engagea , fut que le Perc
lUUicrc. ^^'fous y ^Yoit rcûcofttré des ljidii:ns , qiû
:iD TJ P A R À <s u A y. Lh. XX. t^
lui parurent fort peu éloignés du Roïaumc *^
.de Dieu. Jls partirent le quatrième de No- ^753'3^
vembre ,5 mais quand ils furent arrivés
chez les Indiens- dont le Perc Pons leur
avoir parlé ^ ils s'apperçurent bientôt qu'il
xn avoit trop favorablement jugé , & que
les amitiés qu'ils lui avoicnt faites , n'a-
V oient point eu d*autie motif que TeJp-
pérancc d'en tirer quelque préfent 5 ainfi ne
trouvant rien à faire parmi eux , ils irepri-
rent le chemin de Sainte Anne, & com«
one ils n*étoient pas venus tous trois |)ar le
jnême chemin , ^s fe féparerent encore
-pour le retour. . IlscourcntiMi
Le Pcre Pons qui étoit Icui , fut ren- gj^nii daagct
contré par des Chiriguanes, qui aprè^lV &par quiils
voir infulté d*unc manière indigne , 4ui ^^^ ^oo^ ^^^
.oterent fa foutanc , & Tauroient apparem^ ^^^*
ment tué , fi un Cacique n'étoit venu à
Ton fecours. Il rejoignit fes Compagnons
n'aïant que fa chemife , un caleçon & des
:bottines de cuir. Cette rencontre fe fit dans
.une Bourgade nommée Carapari , dont les
Habitans paroiffoient fort affeâionnés au
Père de Lizardi , & dont le Cacique qui
£b nommoit Necang , J'avoit reçu avec
amitié. Les Pères n'y étoient pourtant pas
en (ureté : car des Chiriguanes, qui les lui-
voient de près, & qui favoient que Ne-
cang de voit pajn:ir ce pur-là pour aller
faire fa proviUon de Maïz, réfolurent de.
les égorger la nuit fuivante.
Ils étoient encore à quelque diftance de
la Bourgade , & ils s'en approchoient avec
beaucoup de précaution. Ils s'arrêtèrent
iméme jufqu à çç que U ^uae fût çoucbéei^
14 Histoire
^ mais Tun d'eux, à qui le P. de Lizardi avoît
*733-3«« fjjjj depuis peu un préfcnt , fe détacha fc-
cretement pour aller l'avertir du danger
qu'il couroit. Quelques momens après les
autres arrivèrent à la Bourgade , & voïant
tout le monde en mouvement , ils compri-
rent ^que leur deflein étoit découvert. 11$
apprirent même qu'un des Fils du Cacique
étoit allé avertir Ton Père de ce cjui fc
pafToit , & en effet Necang étoit parti fur-
ie-champ , & ne tarda point à paroître.
Il commenta à s'affurer des Conjurés,'
& après les avoir défarmés , il leur repro-
cha la noirceur de leur projet , de vouloir
ma/Tacrcr des Hommes, qui ne leur en
avoient donné aucun fujet : puis' regardant
leur Chef , il lui dit qu'il, ne favoit à quoi
il tenoit qu'il ne lui paffât fa lance au tra-
vers du corps 5 mais , ajoûta-t-il , tu n'es
pas digne de ma colère. Il mépriîa même
aiTez les autres pour leur faire rendre leurs
armes en les congédiant. Les Pères après
avoir remercié , comme ils le dévoient,
leur Protedeur , prirent congé de lui; mais
ils n'étoient pas encore bien loin de Cara-
parî 5 que le Fils du Cacique vint les prier
de la part de fon Père de retourner chez
lui. Le Perc de Lizardi y envoïa fes deux
Compagnons , & leur dit qu'il alloit les
attendre dans une Bourgade , qui n'étoic
' qu'à quatre lieues de celle d'où ils for-
toicnt.
Nécang leur dit qu'il avoit pris la li-
berté de les rappeller , parcequc le Caci-
que 5 de qui dépendoient ceux qui avoient
qH attenter à leur vie^ craignant que les
Efpagnoll
DU Paraguay. Liv, XX i$
trpagnols ne le rendiflent refpon fable de 1735-38.
cette trahifon , vouloit leur en faire répa-
ration &: les ajliirer qu'il n'y avoit eu au-
cune part. Ils lui répondirent qu'il n'ctoit
pas jufte qu'après avoir marché toute la
nuit 5 on ne leur laiflat point le loifir de
prendre un peu de rcpps , & que fî le
Cacique avoit quelque chofe à leur dire >
il pouvoit les venir trouver dans la Bour-
gade où leur Supérieur les attendoit. Il
y vint en effet le lendemain , & Nécang
avec lui. Le Pcre de Lizardi , après l'avoir
éxouté 5 lui répondit qu'il n'ctoit pas quef-
tion d'examiner s*il étoic coupable ou non ,
parcequ'il avoit à fairîe à des ^Hommes,
que leur Religion obligcoic à rendre le
bien pour le mal j qu'il vouloit bien le
croire fur fa parole , qu'il pouvoit s'àlTuret
que les Efpagnols ne lui leroiene point la
guerre pour ce fujet , & que pour lui mon-
trer combien il étoit éloigné d'avoir le
moindre rcflentimcnt contre ceux qui* >
avoicnt voulu le faiie périr, iMui donnoic
fk parole d*aller lui rendre une vifite, dès
que les pluies auroient cefTc. 4
Les chemins commençoient alors à être '
fi peu pratiquables^ que les trois Miflîon- ^^^'J^*
naires , en retournant à Sainte Anne , eu- jef c^j^^"®"
renc prefque toujours de leau jufqu'à la ne$ parfap^
ceinture, ne pouvant fe fervir de Mules à port à laKo^
càufe du grand nombre de Rivières & de •'S' on»
Torrents qu'il leur falloir paifer; fouvent mê-
me ils ne trouv oient pas od pouvoir repofcr
pendant la nuit. Ils arrivèrent néanmoins
a Sa^ute^Aûne en^ alTez bonne fanté , 8c
Jqiiu: premier foia &( de zeii4ie compte à
1^ HiSTOXTLE
•*-^ leur Prçvinvial de la difpofition ou ils
i7J4-3^» avoicnt trouvé les Chiriguanes par rapport
au Chriilianifme. » A juger humainement
33 des chofes , difoient-ils dans leur Let-
M tre , ce Peuple ne donne aucune efpé-
33 rance de converfîon ^ mais le bras du
9» Seigneur n'eft point racourci , fa bonté
93 efl: plus grande encore que la dureté du
93 cœur de. ces Infidèles. Quoique la plu*
M part témoijgnent une averfion extrême
33 de notre (ainte Religion , jufqu'à dé-
9» dater qu'ils fe laiiTeroient plutôt hacher
33 en pièces , que de' Tembraffer , il ne nous
33 convient point de défefperer de leur fa-
s» lut : nous fervons un Dieu , dont les
93 nliféricordes font infinies, fis puifqu'il
33 veut bien que nous en foïons les inf-
»3 truments , tout indignes que nous en
3» fommes, nous devons toujours être prêts
93 à faifir les momens qu'il a marqués potjc
o> amollir le cœur de ces Infidèles.
I.es raifons qui faifoient craindre que U
iTioifTon ne fût encore bien loin de fa ma*
turité y étoient en premier lieu , que ceui^ .
mêmes de ces Barbares , qui ne crouvoient
point mauvais que les Mifliionnaires par-
couruflcnt leur Pais , ne les y fouffroient
que dans refpérancç d*en recevoir quelques
préfcns , ce qui étoit d'une con(equence
d'autant plus dangereufe , que quand oa
^voit commencé à leur en foire , ils le^
rcgardoient comme un tribut qu'on leur
Revoit 6c qu'on ne ceiTeroit pas impuné-
ment de leur païer,& qu'ils pgroiflbient mê-
me prétendre qu'on leur fôt obligé de vou-
loir bien fe contenter de ce qu on leur do^'
DU P A R A;G W AY, LvV,. XX. ly
Boit : en fécond lieu , que le peu de (Ti- ■■' ■'■■ *
reté qa*on trouve chez eux , on ne le doit ^^Î^J***
^*à la crainte qu'ils ont des Efpagnpls , &
^e cette crainte dépend des circonfhinces
oii ils fc trouvent > qu'elle n'efl: pas même
générale dans toute la'Nation , qui eit tou-
jours la première à recommencer les bofti-
lités , & qu'il n'y a guère que ceux y qui
ne font point à Tabri d'une furprife , ni à
ponée d*étre (ècourus à-piopos, qui en
ibient fufceptibles.
Ils ajoutoient qu'ils étoient cependant
réfolus de faire encore une nouvelle tenta^
tîve dans la Cordilliere Ckiriguane s que
le jpeu de fruit qu'avoient produit les pré->
cédentes, bien îoin de les rebuter , leur
infpiroit une grande confiance que le Sei-
gneur, pour le fervice duquel ils avoienc
cfTuïé tant de fatigues, voudroit bien leus
accorder le feul dédommagement qu'ils lui
en demandoienc,en rendant leur miniftere
plus efficace qu'il ne l'avoit été jufques-
là s enfin qu'ils étoient dans la réfolution
^ pénétrer jufqu'au Pilco-mayo , fi les Chi-
riguancs qui étoient établis au-de-là da
cette Rivière ne s'y oppofoient pas , danç
l'efpérance de les trouver plus dociles que
ceux de la Cordilliere. - ■
Dans la Rédudion même de Sainte- Dhrerscham-
Anne , où ils fe trouvoient alors , leur P^*|?î^*"*
vie n;étoit pas trop affurée : car Outre que ^,5,,. ^nk^c"
parmi les Prolélytcs il y avoit des Traî-
tres , qui favoient fort bien fe contrefaire ,
on y étoit dans une crainte continuelle de
la part des Infidèles s & les allarmes devin-
xcac à M fin fi vives ^ fi fréquentes, qu'il
B ij
1^ Histoire
-_ g fallut fonger à transférer ailleurs la Bour-
gade. La partie de la Vallée des Salines
où elle étoit , fe nommoit la Vallée d'en-
haut , elle avoit été long-tems cxpofée aux
courfe^ des Chiriguanes , <iui y avoient
commis des cruautés , dont le fouvenir
cauCoit aux Néophytes des inquiétudes 5
qu*on n*avcit' encore pu calnaer. A la vé-
rité" CCS Barbares étoient allés exercer ail-
kurs leurs brigandages , mais ils ne s*ë-
toient pas beaucoup éloignés , & on avoit
tout lieu de croire que leur haine contre
ies Chrétiens ne tarderoit pas à les y rap-
peller. •-'
Ardeur du • A douze lieues de- là , en fùivant le cours
V. de Lizardi ^e la Rivière , on trouve une autre Val-
pour leMar- j^e , connue fous le nom de Vallée d'en^
^ ' bas 5 od ron crut que la Rédudion feroic
hioins expbfce aui i'nfultes des Infidèles.
On l'y {transféra au mois de Mai 1734 ,
& clic y conferva le nom de la Conc^p"
tion 5 qu elle avoir porté en premier lieu.
Gela fait , les Miifionnaires Ce difpofoicm
à retourner dans la Cordillierc Chirigua-
tîc, lorfqu'on avertit le Père de Lizardi
qifc la réfolution y étôit prifc de faire
mgin-baflc- fur tous les Jcluitcs qui ofc-
roient y paroître. Quelque tems après on
' Juî donna un autre sfvis , qui ne paroiflbit
pas moins bien fondé > c*cft que les Chi-
ïiguancs de la Vallée d'Tngré menaçoient
de vendre comme Efclavcs aux Tobas
^ous les MliTiônnaircs qui tomberoient
^ntré leurs mains : mais il répondit à tous
de manière à leur faire comprendre que la
.feule efpérantce du martyre ou àç TcfcUr»
^ tJ Paraguay. Lî\/: XX. i>
Vage fiffiroit pour lui faire entreprcn<îre le • g^
voïage dont on vouloir le détourner, tl -^ j *
ne parloir plus depuis quelque rems que
du bonheur de perdre la vie ou la libert<J
pour Jefus-Chrift , & il cntrôit fur cela
dans des rranfports , qui faifoient craindre
de le perdre bientôt. #
. Il lui fallut néanmoins renoncer au voïa«- La Kédud •
gc de là Cordillierc dans le tems même "on cft divi-
qu'ilfe difpofoit à partir. Un afTcz grand ^^« ^^'^ ^^"**
nombre de Néopiiytes^ furtout ceux qui
s*étoient mis les premiers fous la cbiiduicc
du Père Ximcnès , & qui n*avbient pas
approuvé leur tranfmigrarion , redoublè-
rent leurs plaintes , Se en vinrent bien-
tôt aux murmures 5 il éroit a craindre que
leur mécontentement ne les ponât encore
plus loin, & il n'eût pas été de la pru-
dence de laifTer le Père Ximcnès fcul dans
la nouvelle Rédudion. Sur ces entrefaites
le Père d*Aguilar, qui venoit de iuccedet '
au Père Hcrran dans la Charge de.Proviîb- * ' •
cial , vint à Tarija , & aïant été inftruit
de ce qui fe paflbit à la Con(ieprion , criit
qu'il étoit néceflaire de partager la Réduc-
tion en deux. On en fit la proportion aux
Néophyres, & ils l'aprouverent. LcsMé-^
contens retournèrent a Sainte-Anne , doikt
ils étoient fortis malgré eux , & confervc^
xcnt à leur Bourgade le Tirre de la Cort'
ception : les autres refterent oii ils étoienty
& donnèrent à fëur Colonie le nom da
Saint Rofaire, Le Pcre Ximcnès en prit
la conduite , le Pcre Pons fut chargé
de la Conception , & le Père de Lizardt
fut prié de partager fes foins entre les
deux Eglifes. B iij
îi HlStOIRl
— ^ des premiers Emplois de la Province , il
1/3 3' 5 • rL'pondit qu*il feroic mort avant que d'avoir
pu recevoir aucun ordre de leur part. Le
Père Ximenès , qui fe douta bien de ce qu il
vouloir dire , reprit qu'il ne pouvoir fe
confcler davoir manqué deux fois Tocca-
fîon de mourir pour Jefus-Chrift. aa Mais
33 que penferiez - vous , repartit le (airrt
3> Miffionnaire , fi je vous difois que dans
03 peu de jours les Chiriguanes me procu-
35 reront cet honneur. Ce que je penfe ,
» répondit le Perc Ximenès , c'eft que je
a» n'ai point mérité que Dieu me fît cette
» faveur , 8c que je fcrois furpris qu*il
33 ne vous Taccordât point.
M S^"^^.^' ^e fut l'onzième d'Avril que les deux
paA sChlri- ^^i-*ioi^i^aires eurent enfemblc cet entretien^
giiancs* 1^ Psre Ximenès partit peu de jours après ,
& le quinzième de Mai le Père de Lizardi
fut averti que les Chiriguanes de Tlngré
fe préparoient à attaquer fa Rcduétion.
On lui ajoura qu'il auroit peut-être aHez
de tems pour faire venir du fecours de Ta-
lija ; mais il crut qu'il en feroit de cette
allarme comme des précédentes , qui s'é-
toient trouvées fans fondemenr , ou du
moins que le péril n'étoit pas (i prcflant ,
& pour ne point efFraïer les Néophytes^
il prit le parti de ne leur en point parler.
Il rentra chez lui fort tard à fon ordinai-
re 5 & après avoir fatisfait à tous fes exer-
cices de piété , il prit un peu de repos. Il
fe leva à minuit fuivant fa coutume , fit
toutes fes prières & fe prépara à dire la
Meife. A-peine Tavoit-il commencée, qu'une
•trouppe de Chiriguanes , qui s'étoit appro**.
DU Paraguay. ZiVr XX, j)
<Aéc de la Bourgade à la faveur des t<^ne- 17- r-^ g, '
1bres 5 fut découverte par un jeune Chrctiea
nommé Manuel , qui courut droit à TE^-
glife y ou étoicnt tous les Néophytes , &
cria de toute fa force que l'Ennemi étoit
aux portes.
Tous fortirent à l'inftant & gagnèrent Bcll'caaîo»
un bois qui étoit fort proche. Le Pcre étoit ^'"" c^^?*"
. à roffertoire de la MelTe , & refta feul avec ^^""^ T,^,ll
fon Sacriftain. Les Néophytes n'avoicnt chiriguaûcr
point douté qu'il ne les luivît , & furent
très furpris , quand ils eurent gagné leur
afyle, de ne le point voir. Alors une femme
nommée Ifabelle , qui étoit Tépoufe de
TAlcalde , dit tout haut : notre Père eft de-
meuré 5 allons le fauver , ou mourir avec luL
Elle part aufli-tôt •, environ vingt perfonncs
la faivcnt , & courent à TEglife. Au bruit
quils firent , un Efpagnol nommé Lop£
Martincx , qui travailloit à quelque ouvra-
ge dans la Bourgade , dont il logeoit affez
près , (brtit pour voir ce que c*étoit , de
l'aiant appris , rentra pour avertir (a femme
de s'aller mettre en (ureté dans le bois om
^toient les Chrétiens , puis il courut à TE-
■g^UTe y pour tâcher de fauver le Miflîonnairc,
Mais les Cbiriguanes tirèrent fur lui , & il
expira percé de flèches à b porte de TEgli-
fe. D'autres Chiriguanes avoient ^ counr.
après fa femme, & la firent prifoiiniere..
Le Père de Lixardi n avoir pas ofé conr- Prîfc cfu Vct»
tinuer la Mefle, dans la crainie de ne pou-^^^"*''^* Jf^'
▼oir pas l'achever ; mais il reftoit fort tra»- ?--**^ Sacaf*-
quille à l'Autel , uniquement occupé.à faire
au Seigneur le facrifice de fa vie. Les Bar-
bares le uomcerent ilans cette po(Wre ^ âc:
34 Histoire
-"-——— fe jettercnt fur lui comme des furieux. Ils le
'73 5" 3^- dépouillèrent de fcs habits facerdotaux,
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains,
fe faifirent de la eénércufe Ifabelle , de ceux
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui
fervoit la Meflc , & qiti fe nommoit Bon»-
venture. C'étott un jeune Indien dune
frande piété , qu'une Dame Efpagnole ^
ont }\ étoit Efclave , avoit afri^anchi à
condition qu*il fe confacreroit au fervicc
de cette Eglifc. Sa fidélité & fon exadlitu-
de dans Texercice de fon emploi , lui mé-
ritèrent la palme du Martyre. Tout ce qui
ft trouva dans FEglife d'images , d'orne-
mens & de vafes lacrées , f\it profané. Lés
iSacrilcges fe répandirent enfuite dans les
cabanes , & n'y laiflcrent rien de ce qui
leur pouvoir être de quelque ufage , puis
ils mirent le feu par-tout, La Rédudion ne
ftt bien-tôt plus qu*un amas de cendres ,
& rien n*y arrêtant plus lès Barbares, ils
fe retirèrent avec leur butin & leurs pri^
fonniers.
Son Martyrç. Il faifoit un froid très piquant , & le
Peirc de Lixardi qui étort prefque nu , en
■fut tellement fain'ta nuit fuivante, qufe
)a refpiratibn lui manqua. Le Chef des
Chiriguanes en eut compaflîon , & voïant
qu'il ne pou voit plus faire un pas, donnoii
déjà des ordres pour lui faire préparer une
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou-
droit 5 mais toute la Trouppe s*y oppofa ^
& ne pouvant le mener plus loin , réfolut
Àc s'en défaire fur-le-champ. On le fit
affeoir tout nu fur un rocher , qui n*étoit
Soigné que d'une lieue de k Concep-
©V Paaagvay, Lh* XX. jy
tion 5 & on lai délia les fnains. îl mit . ^ ^
auffi-tôt fes brâs en croix, tenant de la '*^">
main droite fon crucifix , & il attendit
dans cette pofturc Theureux inftant, qui
devoit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at-
tendit pas long-tcms : une huée de âecheé
qui portèrent prefquc toutes , le renver(a
inort le dix-féptienie de Mai 1 7 J 5 > aa
milieu de la trente-neuvième année de Cùù.
âge , & vingt-deux ans après , qull fe fut
confacré au Seigneur dans la Compagnie
de Jefus;
Les Meurtriers tournèrent cnfuite toute Mattyre <fe
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il ncft fonSaaiflattu
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^
Jpuis ils le traînèrent jufques (ur le bord de
Rio Salado, od ils Tachcverent. Tous
ccnx oui avoient été pris avec lui en vou-
lant Uuver le Miiîionnairc , furent fait*
Efclaves , diftribués dans la Vallée d'In-
ré , où on les traita fort durement. Dès
î lendemain de l'irraption des Chirigua-
hes , le Père Pons qui en eut avis , fit fûr-i
le-champ partir un de (es Néophytes pour
s'informer de ce qti*étoit devenu le Pcre
de Lizardi^ mais cet Homme n*en put
apprendre aucune nouvelle. Le Père alla
tui-m^me par-tout , & fut enfin inftmit da
lieu & de la manière , dont le Seïviteur de
Dieu avoit donfommé fon (âcrifice.
Il sytranfpottale feptiemc de Juin, & Incpsclhact
trouva le corps prefqu'enticrement déchar- «n trouve Je
tié depuis la ceinture jufqu'en bas par les J^f?^"^'^
oifeaux de proie; la peau étoit encore ^ **" *
prc(qu*enricrc depuis la ceinture ju(qu*aa
co* Six. âcches étoienc reftécs dans I»
B V)
*7ÎJ-î8-
I Scw Martyrç*
54 Histoire
ic jette rent fur lui comme des furieux. 1h kl
dépouUlcrent <lc fts habits faccrdotauï,
4écli itèrent fa foutane , lui Itère m les maiasy
fe faifircnt de la généreufe Ifabelle , de ceax
qui Tavoienc fui vie , Se dti SacnÂain qtii
Icrvoit la McfTe , & qui fe nommoit Booa*
Ycntute* C'<!roic un jcutie Tt^dîen d^utic
fiandc pieté , <ïU'uQe Dame Ei^agnole j
ont '}[ écoit EfcUve , avotc affranchi à
eondicîon <ju'il fc confacreroic au fervicc
de cette Eglife, Sa fidélité Sa fotï exaAitu-
de dans l^cxercice de fon emploi ^ lui mé-
ritetent la palme du Martyre* Tout ce qui
fe trouva dans TE^Ufe d^imagcs ^ d orne-
mens & de vafesfacrées ^ Rît profané- Lés
■Sacrilèges fe ropandirent enfuitc dans les
cabanes , Se n'y biflcrcnt rien de ce (^ui
Itux pouvoic erre de qucît^ue «fa^c , puis
ils mirent le ïeu par-tout, La Rédudionnt
£^t bien-tôt plus qu*im amas de cendres ,
^ rien ny arrêtant plus les Barbares , ils
fe tetirercnt avec leur butin £c leurs pri-
fonniers.
11 faitbîî un froid très piqu^int , & It
PcTC de Lizardi oui étott pjrefque nu , en
fut tellement fajli ^a nuit fuivantc, qufe
ia refpiration lui manquai. Le Ch^f des
CliîrigiLianes en eut compafïlon , & voïant
c|u*il ne pou voit plus faire un paSjdonnoit
déjà des ordres pour lui faire pr^-uarer un*
Mule y Se lui permettre d'aller ou il vou-
droits mais toute la Trouppe s^ oppofa^'
Se ne pouvant îe mener plus loan, rcfolut
^ie sen défaire fur-le-cnamp.
ailcoir tout nu fur un rocher ,
ifloign^ iHhil^une lieue de
9V Pa&agfat. Liw. XX, ^f
TÎon, & cm hn liélîa les flums. Il mit
anlfi-câc (es bns en cmîx , tenant de la ' ' ^'^
main dioitc (on cmcifix , de il attendît
dans cette poAnic liienicitz inflant, qpL
dcvoît le réonir avec (on IMcn. H ne l'at-
tendit pas long-tcms : nne nn^ de flecbet
cçfxx poiteient piei<|iie tootcs , le lenreru
mon k dix-fcpticme de Mai 1735 , an
miliea de la tiente-nenWcme année de (on
âge , & Tingt-denx ans après , qail (ê iax,
con(àcré an Seigneur dans la Compagnie
de Jefns.
Les Menrtriers toamercnt en(mte tonte MactyrrcI
leur fureur fur fon fidclc Sacriftain. Il n c(l f fwiSamfU M i
point de maux qu'ils ne lui firent (buftir ^
puis ils le traînèrent juCques (ur le bord de
Rio Salado, ou ils Tacbeverent. Tous
ceux qui avoient été pris avec hn en vou-
lant unver le Miffionnaire, furent faits
Efclavcs, diftribués dans la Vallée d'In-
ré , où on les traita fort durement. Dés
lendemain de Tirruption des Ckirigua-
hes , le Pcre Pons qui en eut avis , fit fûr-
le-champ partir un de (es Néophytes pour
s'informer de ce qu'étoit devenu le Père
de Lizardi; mais cet Homme n'en put
apprendre atucune nouvelle. Le Père alla
îui-méme par-tout ^ & fut enfin inftruit du
lieu & de la maâicrc , dont le Sctvircur de
Dieu avoir <ionfommé fon (acrificc.
Il sytranfpottale (cptieme de Juin, & Encpiel^r*!
trouva le corps prefqu'entieremcnt déchar- «n trouve Je
tfé depuis la ceinture jufqu*cn bas par les j^^f?^"
oifeaux de proie; la peau étoit encore ^
prc(qu*enticre depuis la ceinture ju(qu*aa
^*^ Six. ficches étoieiic rcftécs daos 4»
B V)
)4 Histoire
-7-*——— fc jettcrcnt fur lui comme des furieux. Ils le
'735"38- dëpouillerent de fcs habits facerdotaux ,
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains^
fe faifîrent de la gënëreufe Ifabelle , de ceux
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui
fervoit la Me (Te , & qufi fe nommoit Bon»-
vcnture. C etoit un jeune Indien dune
frande piété , qu'une Dame E(pagnole ^
ont jl étoit Efclave , avoit afronchi à
condition qu'il fe confacrcroit au fervicc
de cette Eglifo. Sa fidélité & fon exaélitu-
de dans l'exercice de fon emploi , lui mé-
ritèrent la palme du Martyre. Tout ce qui
ft trouva dans TEfflife d*images , d*ome-
mens & de vafes lacrées , f\it pro&né. Lés
Sacrilèges fe répandirent enfuite dans les
cabanes , & n'y laifTerent rien de ce qui
leur pouvoir être de quelque ufage , puis
ils mirent le feu par-tout. La Rédudion ne
ftt bien-tôt plus qu'un amas de cendres ,
& rien n'y arrêtant plus les Barbares, ils
fe retirèrent avec leur butin & leurs pri-
fbhniers.
So& Mar tyrç. Il faifoit un froid très piquant , & le
Pcirc de Lixardi oui étoît prefquc nu j| eo
■foc tellement faih"îa nuit fuivante, qufc
la refpiratibn lui manqua. Le Chef des
Chiriguanes en eût compaffion , & voïant
■qu'il ne pouvoir plus faire un pas, donnoifc
déjà des ordres pour lui foire préparer une
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou-
droit 5 mais toute la Trouppe s'y oppofa ,
ic ne pouvant le mener plus loin , réfolut
Àc s'en défaire fur-le-champ. On le fit
affeoir tout nu fur un rocher , qui n'étoit
iélckigfté que d'une lieue de k Goncep-
»v Paraguay. Liv. XX, jy
tîon, & on lai délia les inains. fl mit . ^ ^
auflS-tôt Tes bris en croix , tenant de la ^*^"*
xnain droite Ton crucifix , & il attendit
dans cette pofture rheurcux inftant, qui
devoit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at-
tendit pas long-tems : une nuée de âechcÉ
qui portèrent prefque toutes , le renyer(a
«ïort le dix-feptieme de Mai 173 J > aa
milieu de la trente-neuvième année de fon
âge , & vingt-deux ans après , qu'il fe fut
confacté au Seigneur dans la Compagnie
de Jefus;
Les Meurtriers tournèrent enfuite toute Mactyre cfe
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il n'cft fooSaaiûaiiiu
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^
puis ils le traînèrent juiqucs (ur le bord de
Rio Salado, où ils rachcvcrent. Tous
ceux qui avoient été pris avec lui en vou-
lant Uuver le Miifionnaire, furent fait»
Efclaves , diftribués dans la Vallée d*In-
gré , ou on les traita fort durement. Dèi
te lendemain de l'irruption des Chirigua-
nes , le Perc Pons qui en eut avis , fit fùr-^
le-champ partir un de fcs Néophytes pour
s'informer de ce qu'étoit devenu le Pert
it Lizardi; mais cet Homme n'en put
apprendre aucune nouvelle. Le Perc alla
tui-méme par-tout , 5c fut enfin inftruit dit
lieu & de la manière , dont le Seïvireur de
Dieu avoit donfommé fon (âcrifice.
Il sy tranfporta le fepricmc de Juin, 8C En cpc! hxt
trouva le corps pre{qu'entie rement déchar- «» troave Je
aé depuis U ceinture jufqu'en bas par les Jf^"^'*"
oifeaux de proie; la peau étoit encore
prcfqu'entiere depuis la ceinture ju(qu*au
coft Six flcches étoienc redécs dans la
B V)
Î4 Histoire
' . ' " fe jettcrcnt fur lui comme des furieux. Ils le
'735"3o- dépouillèrent de fcs habits facerdotaux,
déchirèrent fa foutane , lui lièrent les mains^
fe faifîrent de la genërcufe Ifabelle , de ceux
qui Tavoient fuivie , & du Sacriftain qui
fervoit la Me (Te , & qiïi fe nommoit Boa»-
venture. C'étoit un jeune Indien dune
frande piété , qu'une Dame E(pagnole ^
ont jl et oit Efclave , avoit afrmnchi à
condition qu'il fe confacreroit au fervice
de cette Egli(e. Sa fidélité & fon exa<5titu-
de dans Texercice de fon emploi , lui mé-
ritèrent la palme du MaTtyre. Tout ce qui
ft trouva dans l'Eglife d*images , d'orne-
mens & de vafes facrées , f\it profené. Lés
Sacrilèges fe répandirent enfuite dans les
cabanes , & n'y làifTerent rien de ce qui
Ifeur pouvoir être de quelque ufage , puis
ils mirent le feu par-tout. La Rédudion ne
ftt bien-tôt plus qu'un sm«s de cendres ,
& rien n*y arrêtant plus lès Barbares, ils
fc retirèrent avec leur butin & leurs pri^
fonniers.
Son Martyre» Il fài(bit un froid très piquant , & le
Perc de Ltxarndi qui étoit pre(qUc nu j| eo
'fvtt telleiAent fain'ta nuit (iii vante , que
5a rcfpiration lui manqua. . Le Ciiejf des
Chiriguanes en eût compaflîon , & voïant
-qu'ît ne pouvoit phis faire un paSjdonnoifc
déjà des ordres pour lui foire préparer une
Mule , & lui permettre d^aller ou il vou-
droit 5 mais toute la Trouppe s*y oppofa ',
& ne pouvant le mener plus loin , refolut
Àe s'en défaire fur-le-cnamp. On le fit
affeoir tout nu fur un rocher , qui n*étoît
^câgfté que d'une lieae de k Concep*
»v Paraguay. £«^. XX. jy
tion, 5c on lai délia les mains, fl mit ^ ^ ^
auflS-tôt Tes bras en croix , tenant de la ^'^"*
main droite fon cracifix , & il attendit
dans cette pofhire l'heureux inftant, qui
de voit le réunir avec fon Dieu. Il ne l'at-
tendit pas long-tems : une nuée de âechcÉ
qui portèrent prefique toutes , le renyer(a
'mort le dix-reptieme de Mai 173^ » au
milieu de la trente-neuvième année de foû
âge 5 & vingt-deux ans après , quHl fe fut
confacré au Seigneur dans la Compagnie
de Jefus;
Les Meurtriers tournèrent enfuitc toute Mactyre cfe
leur fureur fur fon fidèle Sacriftain. Il ncft fonSaaiÛ*iiu
point de maux qn'ils ne lui firent fouffrir ^
{>uis ils le traînèrent jufques (ur le bord de
Rio Salado, ou ils Tachcverent. Tous
ceux qui avoient été pris avec lui en vou-
lant lauver le Millionnaire, furent fait»
Efclaves , diftribués dans la Vallée d'In*
gré , oii on les traita fort durement. Dèi
te lendemain de l'irraption des Chirigua-
ries 5 le Perc Pons qui en eut avis , fit fur J
le-champ partir un de fcs Néophytes pour
s'informer de ce qu'étoit devenu le Perc
de Lizardi; mais cet Homme n'en put
apprendre aucune nouvelle. Le Perc alla
tui-mcme par-tout , 5c fut enfin inftrait dit
lieu & de la manière , dont le Seïvireur de
Dieu avoir donfommé fon (acrifice.
Il sy tranfporta le feptieme de Juin, & En cpc! hxc
trouva le corps prefqu'entierement déchar- «» trouve Je
ai depuis la ceînrare iufqu*en bas par les cocps doPeie
oifcaux de proie; la peau étoit encore
prcfqu'enriere depuis la ceinture ju(qu*ati
coft Six flcches étoienc redées dans la
B V)
3^ * HisToinï
^- g poitrine , & la terre en ctoit couverte tour
'^^ ^ ' au tour du corps, une des jambes étoit
encore chauffée d'une bottine de cuir , il
manquoit trois ,dois;ts à l'autre pics , &
la mâchoire d'en-bas manquoit auffi. Le
iCorps ainfi défiguré étoit couché parterre
à coté du Rocher; le Brevin ire du Martyr
^toit auprès de fa tête : TOffice de la (c-
maine fainte , un abrégé de l'Ini^tut de la
Compagnie, & fon Crucifix étoient un peu
plus bas. Tous ces livres avoient appa-
remment été tirés de fes poches.
• Honneurs Le Père Pons recueillit ces précieux ref-
^u'ou lui tes du Serviteur de Dieu , & les fit tranf-
ccnd. porter d'abord dans fon Eglife du Saint
Rofaire, puis dans une Chapelle de Sainte
Anne , qui n'étoit qu*à cinq lieues de Ta-
i-ija. Il y fit mettre le corps dans une calife
de cèdre, doublée & couverte de fatin , qui
fiir portée fur un brancard dans la Ville ,
& reçue par tous les Habitans , qui étoient
allés fort loin au-devant , & dont les prin-
cipaux voulurent la porter, les uns après les
autres fur leurs ép?îules. A la porte de la
Ville fe trouva le Do(5^'ir Dom Jean Car-
tagena & Kehofo, Vicaire Général de l'Ar-
chevêque de la Plara en chape , accompa-
gné d'un Diacre & d*un Soudiacre en fu-plisj
les Rcl gie.ix de Saint Auguftin, de Saint
François , de la Chari-é , & les Jéfirres
fuivoien^ , puis le Magiftrat , la Noblc/fe
^ & tO'Jt le Peuple.
La cai(fe ^ur laquelle on avoit mis deux
flèches en fautoir , fut alors porrée ^our-à-
tour par les Sup:rie;irs des R-gulic-s, par
ks Alcaldes & ies Régidoxs j prcmi«ie«
Blî ?AR A€HA Y. Liv. XX, yj
meut à l'Eglife de Saiot François , & rc- j « "
^ue avec la croix parle Célébrant en chape, ' ^ J 5 *
lequel entonna le Tt Denm , & placée fur
un catafalque. Le Gardien du Couvent
monta aufli-tot en chaire, & prononça le
panégyrique du Confeffeur de Jcfus-Chrift.
Des qu'il eut fini , le Vicaire Çénéral chaiv-
ta une MefTe de la Trinité , ïivec Toraifon
Pro ^ratiarum attïonc. Enfin le corps fut
porté à l'Eglifc du Collège avec les mêmes
cérémonies \ un Jéfuite y fit encore Té-
loge du Martyr , & la caifîe fut dépoféc
fous la cridcnce du grand Autd , du côti
de TEvangile.
C*eft aiflfi que {e vérifièrent les pre/Ten-
timens du Perc de Lizardi , qui du moment
qu*il fut deftiné par fon Provincial à la
Miflîon des Chiriguanes , avoir beaucoup
plus compté qu'elle lui procureroit la pal-
me du Martyre , que la gloire d'avoir éta»-
bli foHdement la Religion Chrétienne
parmi ces Barbares. Cependant it y a- tout
lieu de crc/irc que tant qu'il y aura des Jé-
fuitesau Paraguay, ils ne manqueront au-
cune occafion de les follicitex à fe ranger
fous la Loi du vrai Dieu. On «e Ta ja-
mais tenté , qu'on n'en ait 2;agné quelques-
uns à Jcfiis-t^ hrift, & cela fumt à des Hom-
mes Apolloliques, qui connoifTent le prix
d'une Ame rachetée du fang d'un Dieu.
Cepeîidant les Néophytes qui s'éroient Ua<rac}^e
fauves de la Conception , avoient été re- ^' '«''guane
çus dans la Rédudion du Saint Rofaire , f^î^'i""^'-!)^;
oti il s'en fallut peu qu'ils ne fe trouva (Tent chrétiens.
bientôt expofés au même danger qu'ils
VCfîoie^ d'^vijier. Les mêmes Ct^iguanos ^
^t HlSTOIRl
^ " dont le Cacique avoir Tannée fticiientt
•^735*5 • témoigne tant d*afFedion au Pcre de Li-
9:ardi , Se fait échouer le complot des Ha-
birans d& la Vallée d'Ingré contre lui ,
n'eurent pas plutôt appris (a mort & Ut
ruine de la Conception , qu'ils voulurent
partager avec ceux qui en avoient été les
Auteurs, la gloire d'abolir la Rdigioft
Chrétienne dans leur Nation , & ils fe
mirent en campagne pour attaquer laRé*
dudion du Rofaire. Ils fe rendirent d'abord
à la Vallée dltau , où ils firent tout cb
qu'ils pureiit pour engager les Habitans
à Te joindre avec eux ; mais le Cacique de
cette Vallée , nommé Carroti , s'y oppôta,
& eut même a£ez de crédit fur Tefprit des
premiers pour les faire renoncer à leur
delFein.
Quelque tems après il en ufa de même i
9l avec le méme.fuccès : aïant appris qu'ils
étoient revenus à leur projet , & .qu'ik
étoient déjà en marche pour l'exécuter , il
rompit encore toutes leurs mefiires. Mais
il s'apperçut que le grand intérêt qu'il
frenoit à la confervation des Chrétiens ^
avoit rendu odieux à fa Nation , & que
de toutes pans on confpiroit contre lui ; il
choidt environ quarante de fes Vaffaux^
dont la fidélité ne lui étoit point fufpeâie ^
& il fe retira avec eux dans un lieu , où il
pouvoir compter d'être fècouru par les
Efpagpols , fi on venoit Ty attaquer.
Autre In- Deux Jéfuites de la Province du Pérou ,
âcprife pour le Pere Jean de Torrez, & le Pcre Jeaiï
dcsChldgua" ^"^^i^^c Bocas ne furent pas plus heureux
»«, qui ne que leurs Fieres du Paraguay à fixer l'm-*
xéuûit pas.
Dtj Pauaôuay. Liv. XX. f>
conftancc des Chirigûancs. Ils avoicntfon- xv^i-ifr
dé fur la frontière de la Province de Santa- '
Cmz de la Sierra une Réduâioa coûte peu-
plée de ces Indiens, fous le titre de Saint-^
Jérôme 5 mais un tremblement de terre ^
qui furvint dans ce Canton en 1734, ^**"
t imida fi fort ces nouveaux Chrétiens , que
les Infidèles n'eurent pas de peine à leur
perfuader que c'étoit la Religion Chré-
tienne qtd leur avoit attiré ce malheur, &
qu'ils léfolurent de maffacrer les Miflîbn-
haires & de ruiner la RéduAion. Les deut
Pères , avertis de cette réfolution par quel-
ques Néophytes qui leur étoient tort atta-
chés , n'eurent que le tems de fe fauver à
Santa- Crux» Il ne reftoit donc plus de
Chiriguanes Chrétiens que ceux de la Ré*-
dudliondu Saint Rofaire , qui étoit fouslsi
conduite du Père Pons. Le Père Chômé
^oit paffé dans la Province des Chicas;
Si eft à rOccidcnt de Tarija , où il fut
ai^é pendant trois ans d'une partie âcs
Mifiions des environs des Lippes & des Val-
lées circonvoifihes. Il en fut rappelle en
17^8 par foh Pfovinci^, & envofé aux
Chiqtiites 5 où il fut à peine arrivé , qu'il
reçut un (econd ordre de paffer aux Zar
Hiucos , ou Ton étoit enfin venu à bout de
fonder une aflcz belle Eglife de la manière
qtie ^c vais dire. 1713-^8»
La mon du Frère Romero , tué en tra- Réduûioa
kifon par ces Indiens, n'ayott pas fait acs Zamuceu
perdre de vue aux Mifliorinaires des Chi-
quites le projet d'étendre jtirques-là leur "^
République Chrétienne , perfuadés qu'ih
«iétoicot qirll tt'y avoit pias de mo'ien plu$
,»7i3M&.
^é Histoire
'sur d^ëtablir une communication facife
entre les Provinces du Paraguay & da
Tucuman. Les Pères d*Aguilar & Caftana-
rez entreprirent donc de regagner les Zar-
mucos 'y mais leirrs premières tentatives ne
réuflircnt point. Peu de tems après on fut
fort étonné de voir arriver en deux Troup-
•pes deux cents de ces Indiens de tout âge
& de tout fexe à la Rédudion de Saint
Jean-Baptifte àcs Chiquites, la plus pro-
che de leur pais , quoiqu'elle en fi^ eloi^
gnée de quatre-vingt lieues. Ils étoient
de deux Nations différentes : car on en
comprend plufieurs fous le nom de Zamur
cos , parceque toutes parlent la mcme Lan-
gue, chacune de ces deux Trouppes écoit
conduite par un Cacique , & tous demanr
doient à être reçus dans la Rédudion.
Ik n'eurent pas beaucoup de peine à
obtenir ce qu'ils fouhaitoicnt : on ne 6i£r-
fera pas^ même long-tems à baptifer les
Enfans ; mais il fallut bientôt interrompre
rinftrudion des Adultes , parceque la plu-
part tombèrent malades. Le Père Hervat
Supérieur de ces MifTions , s^'apperçut dV
bord que Tair du pais ne leur convenoic
joint, & fe chargea lui-même de les re-
conduire chez eux & d'en former uac
nouvelle Rédudion. Ils y confcntircnt aycc
joie 5 & le Supérieur fe fit accompagner
par le Père Caftanarez, qu'il deftinoit à
cette bonne oeuvre. , Les fatigues de ce
voïage qui fut de quarante jours , coûter
lent la vie au Père Hervas; elles lui caur
fèrcnt une maladie , dont il mourut en
«iTcz peu. de tents. Son Compagnon j^j^bik
T>u Paraguay. ZzV. XX. 4t
îeune & plus robuftc , arriva en bonne __, , ,o
lanté au terme avec tous les Indiens.
Il trouva la (îtuation du lieu fort avan*
tageufe , & il y fit d'abord drcfl'er une
tente, qui pendant quelque tcms lui fer-
vit de Maifon & de Chapelle ; mais tou-
tes les provifions qu on avoir apportées de
Saint Jean étant épuifées , tout le monde
fe vit en peu de tems réduit à n'avoir pour
toute nourriture , que des racines fauva^-
ges. Malgré cela Tair natal acheva bien-
tôt de rétablir parfaitement la fanté de
• tous les Malades Le nombre des Profélytes
croiflbit même de jour en jour, & leur
docilité fit bien augurer au Millionnaire
du fucccs de fon Entreprife. Peu à peu il
les engagea k cultiver la terre : la Réduc-
tion plit une forme régulière , & ^lle fut
mife fous la protecliou de Saint Ignace.
Mais le travail auquel le Pérc étoit obli-
gé de fe livrer lui-même pour accoutumer
les Zamucos par fon exemple à travailler ,
joint aux inftruéHons qu il leur faifoit a(fi-
dùment , étoit au-defTus des forces humai-
nes , 6c il y autôit bientôt ïuccombé fi
on ne lui eut envoie du fecours.
Le Père Dominique Bendiere le vint Beire^aaîo*
Joindre fon à propos , & alors plus per- ^*^^ Zamvf-
iuadé Que jamais du fuccès de fon Entre- ^^**-
prifc y il ne mit pljis de bornes à fon zèle.
Le» Zamiicos lui paroi (Toient déjà changés
en d'autres Hommes 5 ce n*éroit plus ces
Barbare* féroces j intéreffésôc intraitables,
dont on avoit fi long-tems dcfefpcré dé
pouvoir faire des Hommes raifonnables.
Xeur douceur, leur franchife, leur f<Mb^
41 Histoire
^ g miffeon , le charmoient , & avant mena
' *"^ • larrivée du Perc Bendiere , il avoit eu une
preuve de leur afFc£Hon pour lui , & de
leur défintéreflTcmcnt , qui auroit fait hon-
neur aux Chrétiens les phis fervcns & les
mieux civilifës. Comme ils s'étoient ap
perçus que le défaut de nourriture Tafïbi-
blifloit beaucoup, des racines ne pouvant
pas le (butenir au milieu de tant d'occa^
pations pénibles , qui ne lui laifToient pas
un moment de relâche , un Cathccumcne
entreprit de ne le laifTer jamais manquer
de viandes. De tems en tems il alloit a far
chafTe, &dèsqu*il avoit tué un Sai^lier^
il Tapportoit fur (es épaules , le mettoit à
la porte de la tente du Père , & fc retitoit
fans rien dire , ne voulant pas même être
connu. Cela dura jufqu'à la faifon des
pluies , pendant lefquelles un ruiffeau , qui
foordoit la Rédudion , fourniflbit ia poiC-
(on en abondance^ & te Miffionnairequi
avoit fait fécher (es viandes , eut encore
de quoi en faire une bonne provifion pow
les Malades.
' , 8 ^^^ ^^ ^^™* ^^rès l'arrivée du Perc
?" '. Bendiere , le Pcre Caftanarex fit un voïage
^"d^s^-^^^^^"^^^^^^^ ^'^ y î"^"* quelques jcu-
leBourgaie. ^^^ 2amucos. Il y arriva au commence-
ment de Tannée 1714 , & il en repartit aa
bout de trois mots avec le Père Jean de
Monténégro. Ils apprirent en chemin que
la diflention s'étoit mife entre les deux
Nations qui étoient réunies à Saint Igna-
ce ; qu'on y étoit même venu aux mains ;
qu'il y avoit eu des morts & des bleffés 5
que quelques-uns avoient pris la Êittc ^ de
DU Paraguay. Z/v. A'X 45 ^
^uc le P. Bcndierc n*y étoit pas en fureté de TtITTsT
fa. vie. De fi ficheulcs nouvelles lui firent
doubler le pas : il trouva en arrivant que
le (eu de la difcorde ëtoit un peu ralenti y
Ci pré{ence acheva de l'éteindre ; mais il *
comprit qu'il avoit un peu trop compté
fur fes Indiens.
Il n'avoir pas encore d'autre logement
pour lui & fes deux Compagnons y que de
méchantes cabannes couvertes de paille;
mais il y avoit quelque chofe de plus ptffi
à faire, que de fe loger plus commooe-
ment. La Rédudion n*avoit point d*EgUfc,
Se comme les Zamucos ne pouvoîent être
d'un grand fecours pour en bâtir une,
prcfqoc tout le travail tomba fur les Mit
iîonnaircs , & fur quelques Chiquites, qui
avoient fuivi les Pères Caftatiarez & de
Monténégro. Avec cela il falloit encore fis
donner bien des foins pour faire reprendre
la culture des terres, que U diitentioa
avoit interrompue, prévenir les moindres
fujcts de querelles , qui pouvoient ta ré-
yeillcr , & pourvoir aux befoios de tout
le monde en attendant la nouvelle récolte.
Tant de fatigues & de follicitudcs eau- le P. Cafta»
ferent enfin au Père Caftanarcz une mala- ^^yo"^
die , qui fit d'abord craindre pour fa vie : ^éritosinii-
c'étoitune fièvre maligne, qui en peu de racle.
Jours le réduifit à rcxtrémité. Il ne pou-
voir fans doute envifager la mort, que
comme la fin des pénibles travaux , doiM:
il fe voïoit fur le point <k recevoir la ré=-
compcnfe 5 mais la gloire de Dieu , & leV
intérêts du Trouppcau dont il étoit cham
gé , remportèrent fur le ficn. U pria ti
44 H I s T O 1 R K
*" g Père de Monténégro d'afTembler autcjar if
' ' ^'^ * TAutel tous fes cliers Enfans, &de lear
recommander de s'unir à lui , pour faire au
Seigneur en fon nom la prière que Saine
Martin lui fit dans le même état od il (é
trouvoit. Tous s'y portèrent avec unp
afFeîlion (înguliere , & profternés en terre
les larmes aux yeux , demandèrent au Sei-
gneur qu'il rendît la fanté au Père de ieuBS
Ames. A-peine eurent-ils achevé leur prie-
s^ que le Père de Monténégro aïanr été
OTligé de fortir de la Chapelle pour prendre
un peu l'air , apperçut à l'entrée du bois im
tpervier qu'il tua. Il le porta au Malade ,
& lui demanda s'il vouloit qu'il lui en fît
un ragoût. Depuis plufieurs jours le Perc
Caftafiarez ne pouvoir rien prendre de fo-
lide j il répondit néanmoins au Père de
Monténégro , qu'il étoit le maître de faire
ce qu'il voudrait. L'oifeau éroit fort gras ,
& de la grolTeur d^une poule j on Tac-
xommoda du mieux que Ton put , le Ma-
lade en mangea avec appétit , & fe trouva
auffi-tot contre toutes les règles de la Mé-
decine dans une parfaite fanté.
Cependant les matériaux de TEgliCc
ctoient tous affemblés ; mais avant que de
les mettre en œuvre , le Père Caftanarcz fiç
transférer la Bourgade fur un emplace-
ment plus commode. Il préfida lui-même à
tout , & travailla comme le dernier Ma-
nœuvre ; puis il aida les Indiens à défri-
cher leurs champs ; & tout ce qu\>n y fcma
îappôrta au centuple. Il fit enfuite plufieurs
courfes dans les Bourgades voiHnes, & il
ji'y en eat aucune ^ dont il ne revînt avec
DU Paraguay. Lh, XX. 4^
\mt trouppc de Profélytes. Il les forma ^ *•
aux travaux qu'on avoir commences; l'E- ' * 5K
glifc fut bientôt achevée 5 les Miffionnai-
rcs & tous les Habitans furent logés , & ,
THommc Apoftolique au comble de fes
vœux ne voïoit j^us rien qui put lui faire
craindre aucune révolution 5 lorfqu un ac-
cident imprévu l'obligea de mener toute fa
Colonie aux Chiquitcs.
Le Père de Montenesrro , qui cft entré LcsZama*
dans le plus p;rand détail fur tout ce qui J°* ^ *"""?»
jirw^^n." j T^ fout transfc-
regarde le Père Caftanarcz , dans une Let- ^és aux Chi^'
tare qui a été imprim.ée à Madrid en 17 4<»nuitc*,
après la mort du Serviteur de Dieu, ne
BOUS explique point quel fiit cet accident ,
& fe contente de dire que pour comprendre
l:*cmbarras où fe trouveient les Miflion-
naires , quand il fallut Téfoudre les Zamu-
cos à quitter leur pais , il faut connoître
rattachement des Indiens , qui ne font
point crrans , pour leur Terre natale : à
quoi il ajoute qu'au prix de ce qu il en
coûta pour y engager ceux-ci , les Miffion-
naircs comptèrent pour rien les fatigues \
d*un long voïage , pendant lequel il fallut
faire vivre une grande multitude d'Hom-
mes y de Femmes & d'Enfans dans des dc-
ferts , ou , fans une protcdion particulière
de là Providence , laplûpan aiïroient péri
de faim & de miferes.
Ils arrivèrent enfin à Saint Jo(êph des
Chlquites , où ils furent accueillis'' d une
manière bien capable de leur faire oublier
xe«t CiC qu*'ils avoient cjùitté. L'aimée fiii*
vante le Père Caftaiiariz entreprit avec ont
^rou^j^ çhôified^ Chiqiûtes ^ 4ç 2;aja^
4^ Histoire
■-- — T" c|aicts ^c ce qu'otoicnt devenus les Cliî-
7* '3 • qiiitcs. Ils n^arrivcrent à Saint-Iqnacc qac
"vers la fin de Juin 1716 5 & te dernier
. jour de Juillet , fête du Patron de la Bour-
gade , ils furent agrcablenvcnt furpris d*y
■voir tntrer toiues ces Mules , fans cjuc per-
fonne les condiiifit
^ Le Perc de Monténégro & le Père Bcn-
172.9-5 • Jicre aïant été peu de teins après rappelles
Ferveur des par leur Provincial , le t*ere Caftanarcz
^amucos. demeura fcul à Saint-I^rnace jufc]u*en 1729 ,'
que le Père Jofcph Rodiigucz vint à fon
ucours , & trouva cette Eglife fort peu
différente , foie pour le nombre des Néo*
pliytes , foit pour la manière dont Dieu y
étoit fervi , de celles des Chiquitcs , d'oii
ii venoit. Ces nouveaux Chrétiens ne dc-
mandoient déjà plus qu'à être emploies à
des conquêtes fpirituclles ; & leur faim Paf-
tcur profîtoit fouvent de leur bonne vo-
lonté pour faire de nouvelles découvertes ,
& gagner des Ames à Jefus-Chrift ; & ils re-
vendent rarement fans un grand nombre
de Profélytes , de forte qu'en peu d'années
oon-feuleraent prefque tous les Indiens
qui parloienc la Langue des Zamucos ,
mais plufiears autres encore des Nations
voi fines (c trouvèrent réunis à S. Ignace.
^ ^ ■' ' Si toutes les Entreprifes du Serviteur de
^73». j^jgjj avoient eu le même fuccès , il auroic
Le Perc Caf- été bientôt obligé de faire de nouvelles
MPpcUé aw ^°^^"^^^ » ^^^^ ^^ trouva enfin des cfprits
CJwquicei. rebelles au mouvement de la Grâce : il cou-
rut même plus d une fois de grands rifques,
3c plufieurs de fes Néophytes furent blefTés
Jaos ODÇ xcncoDure. Sa co&folation ëtoic
alorf
BU Paraguay. Liv. XX. 4^
alr>rs <îc voir fes chers Enfans , à-peinc — «
régénérés en Jefus-Chrift, fe préfenter au ^ ^^ '
martyre avec un zelc , dont il étoit fouvent
obligé de modérer les tranfports. Le Perc
Rodriguez n'étoit pas relié long-tcms avec
lui 5 dès que le Père Contreras , qui Tavoit
relevé , tut en état de parler afTex bien
la Langue des Zamucos , le Perc CAana-
rez fut rappelle aux Chiquites , & bientôt
après déclaré Supérieur Générât de ces
Midîons.
Telle étoit la (ituation de la nouvelle Nouvcl-
Eglife des Zamucos , iorfquc le Père Cho- les tentative
mé y arriva ^ pour effaïcr de fraïer un chc- P^ur.l* çoo»-
min depuis Saint-Ignaccjufqu'au Paraguay. JJ^'^pi^yi^,
Il partit de cette Bourgade avec uq nombre ce»,
fufhfant de Néophytes^ & après avoir fait
environ foixante'(Sc dix lieues dans* un païs
couvert , prefquc toujours la hache à la
main , il entra dans une plaine , dont il
apperçut tout Thorifon bordé de feux. C*é-
toit une marque cenaine qu'il avoir été.
découvert par les Indien» , qui fe donnoienc
avis les uns aux autres d'être fur leurs
gardes. Ses Néophytes Uaifurercnt mcmc
qu'il feroit infailliblement coupé , s'il ne
feifoit au plutôt retraite» & il comprit par*
Ifeur fraïeur ^u il n*avoit point dWtre parti
se prendre. < ' *
- Peu de teins apfès<qa'iî fut de retour à -Plante fin«f-
Saint-Ignacc > le Pcre Cafbnarez y arriva'**"*:» *"^^
jfour faire auffi d'ua autre côté une pa-^uki^rir?"
rfeille tentative. Il fe mit en marche le troi- caftanarcz. '
fteme-de Juillet 1738, &: arrivé prefqua^
l'endroit ou le Père Chômé s'étoit arrête ,
il tourna au Sud pour évic^lSa fencontre
tonu VI. C
^o Histoire
^ g des Tobas , qui infeftoient tout ce pajs*
^^ ' Après avoir encore fait vingt lieues, il (e
croïoit hors de tout rifque de la part de
ces Brigands , lorfqu'il en rencontra une
trouppc Jogéc le long de la petite Rivière
Yababory , .laquelle fc décharge dans le
Paraguay , ce qu'on ne favoit pas alors.
Il nicn fut pas mal reiçu, il en engagea
mcme quelques-uns à lefuivre, & il bap-
tifa un de leurs enfans y qui mourut bien«-
tôt après : enfin ne pouvant aller plus loin ,
il retourna à Saint-Ignace,.
Pendant une bonne partie du chemin
qu'il vcnoir de faire , il n'avoit prefquç
nulle part trouvé d'eau qui fut potable , &
il avoit été obligé d'y luppléer par celle
que renferme le fruit d*unc plante, que
JcsGeas dupais nomment Ohocuru (i). Il
paroît que c'eft une efpece de melon
d*eau 5 mais d'une qualité beaucoup plus
froide , que ceux que nous connoiflons^
Les Indiens en font ufage , mais on a fu
depuis qu'ils en corrigent la crudité en
piangeant un peu de piment après en avoir
bu. Le NJiffionnairc , qui ignoroit cette
{Précaution , ne la prit point , & ne fut pas
one-tems lans rcflentir des douleurs d'en-
trailles, (i aigue« , qu elles le mettoient hoi8
d- lui-même , & qu'on le voïoit alors
fe rouler par terre , comme . font ceux
Ijui font atteints de la rage ; c'eft Tex-
preflTion ^dont fe fert le Père de Monténégro
dans la Lettre dont j'ai parlé. Un de Ces
^îcophytes, qui avoit aulfibu de lapiêmf
-Ci) Cm 0,boc:tr.t.
î>tj Paraguay. Liv. XX, 51
eau fut attaque du mcme mal , & en mou- '
rut bientôt après.
L'état où CCS accidens réduifirent le Ser- ccnvcrfîom
viteur de Dieu , & contre lefqucls on ne dts Borrillo**
put jamais trouver de remède > ne ralentit
point fon zèle , quoiqu'il ne put pas même
monter une Mule fans le fecours de deux
Hommes. Il fit Tannée fuivante une incur-
lîon chez les Borrillos , Nation Chiquire ,
dont il n'avoit pas encore été poffible d'a-
doucir la férocité. Il n'en put gagner à Jc-
fus-Chrift que vingt-cinq , qu'il mena à
Saint-François-Xavier, la première des Ré-
<ludions Chiquites ; mais la femence qu'il
avoit jettée dans une terre jufijues-là (î in-
frate , y fructifia bientôt après. Au bout
e quelques années on apprit que tous les
Borrillos aboient été cagnés à Dieu par les
Moxes, & s'étoien: établis dans cette Ré-
publique Chrétienne , fondée vers le com-
mencement de ce (îecle par les Jéfuites du
Pérou , fur le même plan que celle des
Guaranis.
. Quelque tems après le Perc Caftanarez j.
fut appelle à TAflbmption^ & ce voïaec^ *"
par les grands détours qu'il fut^ obligé de ^^r'^''' 'T
prendre, fut au moms de mille lieues. Lccommunica-
Pcrc Chômé eut en même tems ordre de tion des Pco-
s'approcher du Pilcomayo , & d'y attendre vinces,
le Pcre Caftaiiare;^ qui après fon arrivée à
TAffomption devoit defcendre le Paraguay
ju(qu*à l'endroit , oii la plus méridionale
des deux branches du Pilcomayo fe déchar-
ge dans ce Fleuve ^ & le remonter jufqu'à
ce qull eût rencontre le Père Chômé. Il
& ccvoïagc parterre, de marcha douze
Cij
Çl K I s 'T O I R E
—— — jours avec dix Hommes dans un Pais pctt*^
^7+° ylé de Nations Ennemies, aïant rouvenç
de l'eau jufqu'à la ceinture, & les pies nus,
fur un fond de prairie , idont l'herbe avoic
été coupée avant l'inondation ; au (fi les
leut-il telle;nent écorchés , qu'il fut con-
traint de retourner à l'^fTomption , où il
arriva plus mort quç vif. Ce qui empêcha
le Père Chômé de le rencontrer , c'elt qu«
cette année le Pilcomayo ne fut point na-
vigable 5 l'eau y aïant manqué dès fa four-
ce , ce qui n'étoit point encore arrivé. Ce
JFut la Ville de Potofi qui en foufFrit le
plus. Tous les travaux des Mines y ccffcr
xent, & les Habitans , qui craignoient quç
la Rivière n'eût pris un autre coûts, en
ifortirent ; mais leur crainte s'étant trouvéç
mal fondée , ils ne tardèrent pas à y re-
venir.
, Tandis que dans toutes les Provinces de
ce vafte Continent , les Miffionnaircs ne
s'cpargnoient en rien pour réduire les In-
fidèles fous les loix de l'Evangile , & pouf
.y affermir l'autorité des Rois Catholiques ,
leur Provincial , & Içur Procureur en Ef-^
pagne n'ctoient prefque occupés qu'à ré-
futer les anciej^ncs calomnies cQntrc Icar
réputation , & qu'on ne fe laffoit potnt de
renouveller,en les repréfentant fous les jours
les plus propres à féduire les moins capa-
bles de le laiflcr prévenir. Enfin à force
de revenir à l;a charge , on vint à bout de
faire naître des doutes fur certains points
idélicats 5 dans refprit de plufieurs . perfont
^cs du Confeil des Indes , & le Roi Car
^holiquc , ^ui fe çroipit bien afluré /Iç l'ju^
t>û PaIIXgua*. Llv. kJC. a
nôcencc des Accufés , & de leur attache- ^yj..^^/
ûient fînceré à fon fervice • crut devoir
mettre une bonne fois la vérité dans une
évidence , qui diflipât tous les foupçons.
Pour bien entendre la manière dont il s'y
prit 5 il faut reprendre les chofes de plus^
haut.
En lyif, un Ecclélîaftique îrançois , Mémolf»
qui dans (a jeuneffe avoir voïaeé en Amé-P j^"^^^^*J*
nque pour le lervice des Armateurs de la mgnt il til
Province, & forme flufîcurs projets pour reçu,
augmenter leur commerce , parut à la Cour
d'Efpagne , & trouva moïen de faire par-
venir jufqu'au Roi un Mémoire contre le^
Jefuites du Paraguay , dans lequel , après'
avoir répété une partie de ce qui avoir été
avancé contre ces Religieux de plus pro-'
prc à faire impreflion fur Sa Majcfté-, if
propofoit un projet pour remédier zvltL
maux 5 dont il prétendoit prouver que les
Jefuites du Paraguay étôient les Auteurs.
Philippe V, après avoir lu & fait cxamineiT
cet Ecrit , (e contenta de faire dire à l'Au-
teur qu'il étoit mieux inflruit que lai des;
affaires du Paraguay , & par une Cédule
Roïale , du II de Novembre 171^3 con-
firma tous les Privilèges accordés par lui-'
même, & par les Roi? fes Prédéceffeurs ,
aux Jefuites & à leurs Néophytes.
Ce mauvais fuccès obligea l'Eccléfiafti- U «ft f r^féi»-
que de (ortir d'E{paene; il revint en Fran- '^ *!!*«^'"°.^*
* o r '^ '^ r -fcri des Afturics y
ce , & y fit imprimer (on Mémoire en ^,,î 1^ ,.-:-„/
François & en Latin , afin qu il le répan-
dît , comme il fit en très peu de tents ,
non-feulement dans ce Roïaume , mais en-
core dans les Pais Protcftans , ou il ne
C iij,
SA Histoire
'^ pouvoit pas manquer d'être r^çu avec ap-
7iy-40- plaudiflcnicnt. Cependant les Jctuires,n*y
voïant rien qui n*eût déjà été folidemcnt
réfuté , & apprenant k mépris qu'en avoit
fait le Roi Catholique » prirent le parti de
le méjprifer auflî. Ils en avoient même per-
du julqu'au fouvcnir, lor(quc en lyJilcf
Agens fecrets, que la Commune du Para-
guay entrctenoit à la Cour de Madrid , le
}ugcant très propre à perfuader le Confeil
Roïal des Indes de la droiture & de leur
5tele pour le fervice du Roi , le firent pat
fer entre les mains du Prince des Ailuries.
lis Te flattèrent que la vue des privilèges
accordés aux Jéfuites du Para^iay & à
leurs Néophytes , privilèges qui n avoient
pourtant d autre objet cjue d'ailurer k liber-
té des nouveaux Chrétiens ^ mais qu'ils dU
chercnt de rcpréfcntcr comme trcs préju-
diciables à la Couronne que le jeune Prin-
ce dcvoit porter, & qu'il porte aujourd'hui
avec tant de gloire , & de l'abus que les
Aiiflïonnaires en faifoient félon eux , le
frapperoit & l'cngagcroit à emploïer tout
fon crédit pour Tes faire révoquer. Ils fu-
rent trompés : Dom Ferdinand porta de ce
Libelle le jugement , qu'en avoit poné le
Roi, fon Pcrc , & le rejetta avec indi-
gnation.
J.»"^^^^!* Mais comme ils en avoient en même
phificur" ^^^^ diftribué des copies à plufîeurs per-
fonncs cnEf- bonnes de la Cour & du Confeil , il fit
pagne, d'autant plus d'impreffion fur quelques-uns , •
qu'il s'accordoit aflcz bien avec ce que
Dom Barthelcmi de Aldunaté avoit mandé
au Roi ca 171^ > 6c Dom Martin de Ba«
DÛ Pauaôuay. tîv, XX 5^
hlâ en 1730 ; & ce fut ce qui engagea les i-^#^
Jéfuites à y répondre. Le Père Gafpar Ro- ' ^ ^ ^
dero , leur Procureur Général pour les In-
des , le réfuta folidcment , & perfonne ne .
Jui répliqua. Le Roi avoir envoie le Mé-
moire de Dom Barthelemi de Aldunaté à
toom Martin de Barua pour favoir ce qu'il
en penfoit , & comme ce Gouverneur y
trouva bien des chofes , qui ne s'accor-
doient pas avec fes propres vues , il en
dreffa un autre daté du 2 f de Septembre
1750 5 qui donna beaucoup à penfer auî
Confeil roïal des Indes , n'y eut-il que Tar^
ticle de douze cents mille ecus , dont T Au-
teur prétendoit que les Jefuites étoient re-^
devables au Roi fur le Tribut de leurs
Indiens.
Mais plus les charges étoient graves , ^^."""^^fijj
plus Philippe V crut qull falloit prendre J^^^'^J^^^^^
de mefures pour n'y êcre pas trompé : car ^
il s'agifToit , comnve c« Prince le dit lui
même dans (on Décret définitif, du lï
de Décembre i74? > »» ou de diffipcr à la
*> faveur du grand jour de la vérité , & de
» venger une infulte & une in^lérablc
9> calomnie faite à tout un Ordre Reli-
» gieux, ou de manifefter rirhpardonna-
» ble tolérance d'un fî notable préjudice
» fait g mes Finances , (ans aucun égard
90 pour mon Patronage Roïal , & contre
•9 Tobéiffancc due à mes ordres ««. Enfin,
ce Prince , après avoir mûrement examiné
tous les articles de ce Mémoire dans une
AfTcmblée du Confeil roïal deis Indes , te-
nue en fa préfence k 11 de Décembre
1731 y fit déliMcr à Dom Jean Vafque»
C iiij
5^ HiSTOiRI
- de Aguero , Ton Alcalde de Cortiy Café,
^> '^ ' une Coitimiffion Roïalc pour aller infor-
mer fur les lieux, de tous les faits dont
il vouloir être éclaire i 5 lui recommanda
de conférer avec les Supérieurs des Je fui-
tes , & de voir ce qu'ils avoient à répon-
dre fur Tarticle du Tribut , & ordonna
qu'un des Membres du Confeil roïal de»
Indes en traitât avec le Procureur Géné-
ral des Jéfuites du Paraguay , qui fc trou-
voit alors en Efpagnc.
Ce Procureur étoit le Perc Antoine Ma-
choni , dont nous avons parlé plus d'une
fois dans cette. Hiftoirc, & qui fe difpo-
foit à retourner dans fa Province , avec
une nombreufe recrue de Midionnaires. Le
Koi voulut que tous les éclairciffcmens
qu'il donneroit , & toutes les connoiifan-
ces qu'on pourroit avoir d'ailleurs , fviffcat
communiqués à Dom Manuel Martinez ,
Pifcal du Confeil des Indes pour la Nou-
velle Efpagne , afin que l'un & l'autre ,
après en avoir conféré avec le Père Ro-
dero , fuffent plus en i*at de faire leur
rapport fur tous les points compris dans
lés informations , Se qu'en conféquence il
fut dreflee une inftru6tion fecretc , qui
fervît de règle au Commiflaire Roïal y
pour celles qu'il croit chargé de faire au
Paraguay.
^17^6-40* Tout cela fut ponduellement exécuté ,
* & les inftrudions remifes à Dom Jean VaC-
CommUTairc ^"^^ ^^ Aguero, qui après les avoir reçues
au Koi, partit pour Buenos Ayrcs , d ou il écrivit
au Roi au mois de Février 17 3 6, qu'après
avoir conféré avec Dom Martin de Barua^ 6£
TJÛ PAltAGUAY. Lh^ XX. ST
vâ les recenfemens des Chrétiens de TU- '
raguay & du Parana , dont il s'agifToic
uniquement dans Taffaire du Tribut ,
& les Regiftres dont cet ancien Gou-^
vcrncur aYoit les minutes entre les mains f.
après avoir examiné toutes les informa--
tions faites par les Evéques de l'AfTomp--
tion & de Buenos Ayrès 5 après avoir ouf
les dépofitions de dix perfonncs £cclé(îa{li«'
ques & Laïques les mieux inftruites de ce*
cpii regardoic les Dodrines , ou R'éduc--
tions y il avoir reconnu : 1°. Qu^elles-"
étoient au nombre de trente , oii il y avoir
environ trente mille Indiens , qui dévoient'
païer le Tribut, i^. Qu'il n'a voit trouvé
aucun Regiftre plus ancien que celui de-*
171 5 , qui lui avoir étépréfcnté" par Donr
Manin de Barua , & qui ne comptoir dans>
les treize RédudHons du Parana , lefquelleS"
étoient rentrées fous la: Jurifdidion dir
Gouverneur du Paraguay^, que fept millcr
huit cents cinquante ic un Indiens foumis--
au Tribut, avec la copie d*un autre dref>-
fé en 1676 , par Dom Dieguc Ibanez^
Fifcal de TAudience roïale de Guatimala^
mais qu'alors les Réduélions n'étoient qu'ai»'-
nombre de vingt-deux, & qu'il n'avoir pir
favoir au jufte la date de là fondation des-
huit autres : qu'en 1714, Dbm' Pedre Fa--
xardo , Eveque de Buenos Ayrès , les aïanc '
toutes vi(îtées ,. elles- étoient dcs-lors au;^
nombre de trente 5 qu'on y comptoit vingt-
huit mille ûx cents Tamillcsy & que ce:
Prélat y avoir donné la Confirmation z-
treize mille fix ceats çinqoante-fcpt pee^-
ibiuiest
I7j.^4^
S^ Histoire
Z7 5^-40. ^**' Qu'en i7< 5 , les Jéfuites avoicntrc— '
mis à Dom Jofeph Palos , Coadjutcur du
Paraguay , un réccnfcment de leurs Ré-
dudions 3 lequel montoit à vingt -fcpt mil-
le foixante Familles j que , fuivant le Rôle
qui lui avoir été remis par le Procureur de$
Miflfions, le nombre des lamilles n'étoit
que de vingt-quatre mille deux cents dix-
fept 5 enfin que dans un entretieij qu'il avoit
eu avec le Père Jacques d'Aguilar , Pro-
vincial des Jéfuites , fuivant l'ordre que
Sa Majefté lui en avoit donné , ce Perc
lui avoit afTuré qu'il y avoit alors trente
Réduélions , oii l'on comptoit vingt-qua-
tre mille Indiens , qui dévoient païer le
Tribut; mais qu'aïant depuis fait revenir
les Rôles des Curés , il ne s'en étoit trou-
vé que dix-neuf mille cent & feixe , & que
ces variations venoient des maladies épi-
dcmiqucs , qui de tems en tems faifoicnt
de grands ravages dans les Bourgades ,
& du nombre de ceux qui périffoient dans
les Expéditions militaires & dans les tra- •
vaux ou l'on emploïoit ces Indiens pour
le fervice de Sa Majefté.
Il s'en falloir en effet beaucoup que k$
Rédudions fufTcnt alors auffi peupléiesqu'el-'
les l'avoient été un ficelé auparavant 5 cai
Dom Jean Vafquezde Aguero ajoûtoit dans
fa Lettre que dès l'année 16^1 , leis Jéfui-
tes en avoient déjà fondé plus de vingt , où
ils avoient réuni plus de foixante & dix
mille Indiens , & qui toutes avoient une
Eglife fort propre. Nous avons vu que les
Mamelus en avoient dé irait plus de la moi-
tié ^ avoient £ait périr un grand nombre
DU* Para GUA Y. X/V. JfJT. f$*
tfHàbicans, & emmené une bonne partie j- 3 ^f-yy^
du refte en qualité d'Efclaves. Dom Jean
obfervoit encore qu'en vertu des Décrets
réitérés des Rois Catholiques , les nou-
veaux Chrétiens au-deflbus de dix - huit
ans , & au-deflus de cinquante , les Caci-
ques , leurs Fils aînés , &: dans chaauc-
Bourgade douze Kéophy tes attachés au fer--
vice des Eglifes, étoient exempts du Tri-
but , lequel étoit d*un écu { 1 ) par tcte 5
que c'étoit du fruit de leurs travaux , qu'ils-
le païoient ; qu'ils Tavoient toujours exac-
tement paie , quoique pour les mettre cnr
état d-y fatisfaire, il fallût que leurs Paf-
teurs ufaflcnt de la plus grande œcono-
mie, & fuflenc extrêmement attentifs fur
eux , parccque naturellement ils font inca^
pables d'occonomifer , & peu laborieux j;
outre que les Gouverneurs en tirent fou*
vent un grand nombre pour la guerre &
pour les travaux du RoL, à quoi il ajoû—
toit qpe , fi on augmentoit le Tribut , iK
étoit a craindre que Timpoifibilité de te
païer ne les portât à refufer d'obéir , com-
me ils a voient fait jufquçs-là avec la plus
grande ponâualité*.
Il difoit encore que les Jéfuites lui Tlrc^(cdk
avoient fait les plus vives inftanccs pour J'^^^^"^*'
l'engager à fe tranfporter en p^fonne dans .
les Rédudions , dont jufques-là aucun
Gouverneur, ni Cbmmiflaire , ni Vifiteur
ifavoit fait la vîfite entière ; que pour l'y'
engager ils lui avoient dit qu*il (e pour-
roit bien faire que les Rôles n'euiTent pas^
toujours été drefles par les Corrégidors Ij»*-
i^ Un Befo*.
^o H I s r o I R r
'_ ^ diens avec toute rcxaditudc qu*on leur
avoit recommandée , fur-tout dans les tems-
dfe famine, ou de contagion, non-plus"-
cjue pendant les troubles de la Province de-
Paraguay, dont ces nouveaux Chréîicns
avoient beaucoup foufFert 5 que les Jéfui—
tes aïant un grand nombre d'Ennemis , il"
leur étoit de la plus grande importance
cjuil vît par lur-miême*^llétat des chofcs ,
afin qu*on ne pût les accufer de l'en avoir
mal inftruit 5 mais qu'il leur avoit répon-
du que cct^e vifîte n étoit point dans fes^
Inftrudions , & qu'il ne la jugeoit pas né-
ceffaire 5 les informations & les pièces ju-
ridiques , dont il étoit muni, étant plus
que fuffifantcs pour rendre à Sa Ma)efté-
un compte fidèle de Ci Commiifion.
lettre du II paroîr, par une Lettre qu'il écrivit dans*
mêmcauprc-ic même tems à Dom Jofeph Patine ,
wc" d^fpa- ^^^^^ premier Miniftre en Efpagne , qu'à-
g^g^ ^ fon arrivée à Buenos Ayrcs , le bruit s'é-
toit répandu qu*on alloit ôter au)t Pcrcs
de la Compagnie la diredion de leurs'-Egli-
fes ; car il ntarqpoit dans cette Lettre quc^
TEvéque du- Paraguay lui' avoit dit qu aw*
moment que ce changement fé feroit , tou-
tes les Bourgades fetrouveroient déferres,
fins qu'il fut poffible d'en retenir un fcul In--
dien & que non-feulement l'Eglife y pcr-
droit un très grand nombre de Fidèles , qui*
faifoient honneur à la Religion , mais en-
core que ces Provinces feroient bientôc
perdues pour Sa Majefté ; qu'on en avoir
déjà eu de bonnes preuves , & que toutes •
les fois- qu'on avoit voulu envoïer des Ec--
dcfiaftiques pour prcndic la place dç?
DU Paraguay. Lîv. XX, et
Kfuites dans Quelques Rédudions , elles z^^^oi
s'étoiem auflî-tot trouvées fans Habitans.-
»» AulTi 5 ajoûtoit-il , ii eflr indubitable y
»5 Seigneur , que la manière , dont ces
»> Peuples font gouvernés , eft k plus con-
» venable , tant pour le fpirituel que pour
3> le temporel , & que perfonne n'cft plus
w propre ^ ni pour conferver , ni poiir-
M augmenter cette République Chrétienne ,
»> que ceux qui l'ont fondée. Il leur en coiitc-
»ai aujourd'hui affez peu pour aiTurer le fa-
» lut éternel d'un très grand nombre de
» ces nouveaux Chrétiens , ^pour aug-
aâ menter ce nombre. Ils les engagent au
»> travail par la douceur, ils leur procu-
M rent les fo.ulagements nccelTaires , ils les
30 corrigent avec modération & fans du-
D-» reté , ils veillent fans cefle fur |ux pour
» extirper les habitudes vicieufes contrac-
3j tées avant leur converfion , Ôc je n'hé-
o9 (îte point à vous dire que la moindre
y» nouveaifté qu'on voudroit introduire dans*
» ces Mi/fions , troubleroit beaucoup la*
D> paix dont elles jouiffent , renverfcroic
a» la fubordination- qui y règne , occafîon-
39 neroit infailliblement un dommage qu'on
3t ne réparcroit jamais, & que le fervice
sa de Dieu , auffi-bien que celai de Sa Ma-
3» jefté, en fouf&iroit beaucoup.
Gc qui arriva fur ces entrefaites à Bue- RétraâarfofB
nos Ayrès , fous les yeux du Commiflaire , ^déclaration
BC contribua- pas peu à lui foire connoître d yj^*^'**!^
le carad|[^ des Ennemis que les Jéfuites j^n^o. *
avoicnt cOs ju(qucs-là au Paraguay , & à
le mettre en garde contre tout ce qu'on
f ouitoic lui £re au déiàvamage de cç»>
€t HlSTOïltB
j * Millionnaires. Nous avons yû que Donf
^'^"^ * Antoine Ruiz de Arrdlano , après avoir
été un des principaux Auteurs des trou-
bles du Paraguay , & un des plus décla-
rés Partifans de Dom Jofcph de Antcque-
ra , avoir perdu tout fon bien , & avoir
même été contraint, pour fauver fa vie,
de fe déguifer en Nègre , & de fc fauver
de l'AfTomption 5 parccquHl s'étoit oppofé
à ce que les Jéfuires fuflent chaffés du Col-
lège cle cette Capitale , & parcequ il avoir
voulu fauver la vie à Dom Manuel Au-
guftin de Rjuiloba , au péril de la (îennc.
Il s'étoit réfiigié à Buenos Ayrès , bien
réfolu d'y réparer , autant qu'il lui feroit
poHîblc , tout le mal qu'il ayoit fait par
une fuite de rengagement qu'il avoir pris
avec Dom Jofeph'de Antequera , & fur-
tout en (c déclarant pour la Commune. Il
fir donc en préfence du Notaire Roïal de
Buenos Ayrès une déclaration de fes fentî-
mens à l'égard des Jéfuites , qui fous le
règne d* Antequera & celui de la Commu-
ne , tant qu'il en avoit ét^ un des plus ar-
dents zélateurs , Tavoicnt pu regarder com-
me un de leurs plus grands ennemis ; avec
un dcfaveu de la part qu'il avoit eue à la
perfécution qu'ils avoient fouffertc 5 & cet
Ecrit fut rendu public,
^éponfc du Mais l'eATenticl pour la juftification cn-
Ptovincial tiere des Jéfliitcs étoit de réfuter le Mé*-
<lcs Jéfuites ^Q.j.^ j^ Dora Martin de Barua. CeGoif-
au Mémoire • /• • / 1 r
et D. Mar-'^^^r*^^^^ en avoit fait répandre Lauretemenc
fia de Barua. plufîeurs copies, & il en étoit tombé une
entre les mains du Père ■ Gabriel Novar ,
0^ efiBraïé des calomnies doac cet ouvr^ç
t>u Par AGUAY. Ziv. JiTX. éf
étoit rempli , & du tour que la malignité ^^*^
de l'Auteur y donnoit , U porta au Père " ^^
d'Aguikr fon Provincial , dont il étoit Se-
crétaire , & qui fur-ie-champ prit la piamc
pour le réfuter. Cela fut bientôt fait ; le
Pcre d'Aguilar adrefla au Roi fa réponfc ,
& la remit entre les mains du Père Novat , >
en lui recommandant de la communiquer
à Dom Jean de Aguero, de le prier de la
lire , & de vouloir bien lui marquer ce qu'il
jugeroit à- propos d'y changer, d*y ajouter
& d'en retrancher > pour la mettre en état
d'être préfentée au Roi dans (on Confeil"
Rofal des Indes. - ^
Lé CommiiTaire la garda quelques jours , ^^. ^ ^
au bout defquels le Père Novat retour- ^ju-^j^g ^^
na chez lui pour favoir ce qu'il en pen- Roi.
foit. M Je l'ai lue , reprit Dom Jean , je
w l'ai relue, & je la lis encore avec un
v> nouveau plaifir : je n'y trouve rien à
x> ajourer , encore moins à corriger. Il
» faut l'imprimer telle qu'elle eft : les Mi(^
33 fions du Paraguay ont dans cette feule
39 pièce une apologie complette & fans ré-
» pliquc. Mais quand elle fera imprimée,
» il faut avoir à Madrid un bon Avocat ,
« .qui en fafTe un Extrait exaél , & le pré -
9» (ente au Confeil avec le Mémoire de
93 Barua. Le Confeil voudra voir fans dou-
3> te la pièce même , & il y verra clai-
39 rement ce que c'eft que les Milfions du
a» Paraguay ; en quel £tat elles fe trouvent
M aujourd'hui , & les calomnies que TEn-
99 fer a inventées pour les perdre. Mon
» cher Père , j'avois déjà conçu une gran-
«9 de idée du Pcre d'Aguilar datis les coq* ^
^f .H r s r o I K É
'^ » férenccs que j*aî eues avec lui par orcfnr
7>7 40. ^ ^^ j^QJ ^ j^^jg ^ç^l jj^.gj^ donne une bien'
30 plus grande encore ; car outre qu'il mer
M ici la vérité dans fa plus granae évi-
^ dence , il y fait connoitre toute la can-
M deur de fon cœur, une fainteté éminentc,-
M & les plus grands, tafens. Je fuis charmé-
as d'avoir connu un Homme d'un mérite
' M fi univerfcl.
Ce qu'en Le Confeil Roïal des Indes porta le mc-
If? « ^* ^^° me jugement de la réponfe du Perc d'À-^
Iodes. guilar , que Dom Jean Valqucz de Aguc-
K), & plufieurs de Tes Membres témoi-
gnèrent un grand defir d*en connoîtrc TAu*
teur. Quelque tcms après le bruit aïanc
couru a Madrid que ce Pcre étoit nom-
mé Procureur Général^ de fa' Province , &:
qu'il ne tarderoit pas à arriver en £lpa*
pagne , quantité de perfonnes de diftinc-
tion en témoignèrent beaucoup de joie.
Un autre fruit que produifit fon Mémoire^
c'eft qu'étant tombé entre les mains de
Dom Cajetan Buoncompagni, Duc de Sota,
Majordome du Roi des deux Siciles , il"
le porta avec lui en Italie 5 & Taïant com-
muniqué au célèbre Louis -Antoine Mu-
ratori , ce favant en prit occafîon de com^
pofer l'ouvrage que nous avons de lui fous
le titre El- Crîftianejïmo felice nelle MiJ^
fioni de Padri délia Comfagnia de Giefiâ
nel Paraguay,
On trouvera parmi hs preuves le Mé-*
moire du Pcre d'Aguilar , tel qu'il a été
knprimé en Efpagne , & je me contente-
rai d'en donner ici un Extrait en aufïî peu»
à% mets qu'il fera polfible- Le Proviawaè.
commence par obferver que fî le Mémoire _ - ^J*
de Dom Martin de Barua n'avoit été v&
que par Sa Majeflé & par le Confeil des
Indes 5 il fe feroit contenté de mettre Dom
Jean Vafquez de Aguero en état de con-
noître la fauffeté de tout ce qui y étoic
avancé contre les Midîonnatres de fa Com«
pagnie 5 mais qu'il paroît que l'Auteur avoir
bien moins en vue de rendre compte au
Roi de ce qui fc pafToit dans leurs MiC-
(ions 9 que de fatisfaire fa haine contre la
Société , & de foillevcr contre elle toutes
les Provinces de cette partie de TAméri-
que, puifqu'il Tavoit rendu publia: , ce qui
le mettoit en droit de le regarder comme
un Libelle diffamatoire.
Il remarque enfuite que ce Gouverneur
y parle toujours des treize Réductions an
Parana , comme (î elles étoient encore de
fa Jurifdidion , quoiqu'il ne pik ignorer
gue des Tannée 1716 , elles y etoient
ioudraites , & que depui» ce tems-là y
c'étoit du Gouverneur de Rio de ki Plata y.
qu'elles rcce voient les ordres. Il fait vois
en même tems combien il fe trompe ea
comptant quarante mille Indiens fournis
au Tribut , & que tout fon raiforinement
fur cet article pèche également dans les
Î>remiires & dans les conféquenccs. Pour
e prouver , au calcul d oii part Dom
Martin de Barua , il en oppose un- autre ^
dont il ne craint point de (c rendre, garant..
En J 7 X ^ , dit-il , lorfque Dom Grégoire
Baçan , Gouverneur du Paraguay , fit le
dénombrement fur lequel fe fonde Dom
Martin 4e Barua > les trente Réduâiopt
<^ HISTOIRE
*l737-40. ^^ Pârana & de TUniguay contenôicrtT
vingt-{îx mille quatre cents quatre-vingt ,
tant Hommes que Femmes & Enfans. En
1750 5 lor(que ce Gouverneur compofok
fon Mémoire, on y comptoit vingt-neuf
mille cinq cents Familles. & cent trente-
trois mille (ept cents pérfonnes. Jamais le
nombre des Familles n*a mronté à trente
& un mille. Se pré(entement ( en 1737 ) il j
efl réduit par la famiiie , les maladies, 8c
les défertions à vinfft-trois mille 5 ce qui
fe prouve par les Rôles des Curés , attelles
& (ignés avec ferment.
Le principe d'où partoit Hom Martin de
Barua pour conclure que les Jéfuites étoienr
redevables à la Caifle Roïale de douze
cents mille écus , étant détruit par le dé-
faut de (on calcul , la conféquence tomboit
dtelle-mé«>e ; mais comme cet article de
(on Mémoire touchoit fur un point déli-
cat & qu'on ne pouvoit trop éclaircii y le
Père d'Aguilar s'attacha particulièrement
à le bien difcuter. Il fait voir que toutes
les propodttons avancées par ce Gouver^
neur portent à faux , & le démontre avec
tant d'évidence , que Philippe V & fon
Confefl des Indes furent étonnés de voir
tant d'ignorance dans un Homme qui
avoit paflè la meilleure partie de fa vie au
Paraguay , & tant de raauvaife foi dans un
Officier de rang.
Barua n'avoir pas craint d*avancer que le
produit du travail dcs^Indicns fe'mettoit
tout entier entre les mains des Miffionnai-
res , lefquels , après avoir donné à leurs
Néophytes ce qu'il leur falloic de toiia
DU Paraguay. Lîv.XX, 67
pour fe vêrir , difpofoieac du rcfte à leur f*
profit. Le Provincial oppofa à cette odieu- ^7}/"4«i
fe accuration ce que plufîeurs perfonnes
beaucoup mieux indruites que lui , & qui:
avoient vu de leurs yeux ce qui fe p^MÛ
dans les Rëdudions , atteftoicnt ufllK
mement : il cite entre-autres ce que Dom
Pedro Faxardo , * Evêque de Buenos Ayrès ,
avoit écrit au Roi après' avoir fait la vi(î-
te de toutes les Rédudions , afTunA qu'il
n'avoir jamais vu en fa vie rien de mieux
réglé , ni un défintéreflement égal à celui
des Miflîonnaires , qui ne proficoient en
aucutie forte de ce que leurs Indiens
avoient y ni pour leur vivre ^ ni pour leur
vêtir.
L'Auteur du Mémoire » fuppofant que \^$,
Indiens qui font en commande paient
au Roi quatre écus de tribut par tête,
dit que Sa Majefté pourroit fe contenter
de deux de la part de ceux des Réduc-»
tions y en confideration des {èrvices qu'ils
rendent à l'Etat , fur-tout , ajoute -t-il ,
ceux qui font de la Jurifdiâon de Buenos
Ayris, car ceux qui dépendent de TAfTomp-
ûon , n'en ont rendu aucun depuis plufîeurs
années. C'eil: qu'apparemment , reprend le
Perc d'Aguilar y Dom Martin de Barua^
ne croïoit pas que le Roi dût tenir compte
à ceux-ci , d'avoir gardé fi long-tems la '
Frontière de cette Province , contre un
Parti qu'il favoriroit,& d'avoir mis, par
leur feule préfence fur cette Frontière ,
Dom Bruno Maurice de Zavala en état de
réduire la Province de Paraguay fous To-
béiiTance du Souverain ; mais le Roi n'U-
^8 ri i s t o t R «
J7?7-40 S"^^°^^ point ce qu'il leur en avoir coûté
pour cela. Ce Prince étoir encore inftrait
qu'ils avoicnt garanti la Capitale de cette
Province des malheurs , dont elle étoit mc-
xMfe de la pan des Guaycurus.
^I^lilleurs , s*il étoit vrai que depuis
rîmpofîtion du tribut il eut été h mal païé ,
que les Réductions lui fuflent redevables
de douze cents mille écus , il faudroit que
dfcpuis^hsmnée i6 8i , elles neulfent rien
donné , ou qu^ellcs euflent toujours eu
beaucoup plus d'Habitans fourtiis au tri-
' but , que Dom Martin de Barua n*cn comp-
toit lui-même; car il devoir favoir étant
fiir les lieux 5 que depuis le récenfcment
fait en 1677 , fuivant lequel la fommé
totale du tribut montoit à dix mille cinq^
cents écus , il fut ordonné par une Ce-
dule RoYale du 17 de Juillet 1^84, que
dans la fuite il ne feroit levé , que fur le
pied de ce récenfemetit , jufqu à ce qu'on
en eût fait un autre , & qu'il n'en avoit
été fait aucun jusqu'au tems .011 il compo*
foit (on Mémoire.
Il y avoit plus , remarque le Provincial ^
car Dom Jearï Gregorio Baçan en aïant
fait un en 17^5 des treize Rédudiionsr
du Parana , le Roi par une Cédule du 14
Août 171 8, ordonna de continuer à lever
le tribut fur le pied du récenfcment de
i<>77 , & ce fut Dom Diegue Ibaiisx xle
Faria , qui fut chargé de le lever. Dom?
Martin de Barua , ajoûte-t-îl , favoit bien
qu*en vertu des ordres de Philippe V & de
tous les Rois fes Prédeccffeurs , les pen^
69QS des Mif&onaaiies fe païoienc fur c«
9V PAllAGUAy. Lh. XX. €$
tribut ; cependant pour donner de la vrai- .
fcmblance à ce qu'il avançoit de l'infidé-
litc des J^fuites lut ce point , il ofe bien
dire à Sa Majcfté que les Officiers Roïaux
qui étoient cnargés de le recouvrer , s*en-
tendoient avec ces Religieux , & ne fai-
foient pas ïeur devoir , ce qui , ajoûtoit-il^
ne rétonnoit point : » car ces Pères , di-
» foit-il , font fonncr fi haut leur grand
^ pouvoir , que moi-même je n*ai jamais
M ofé m'oppofer à leurs Entreprifes , à
»3 caufe des intelligences x^u'ils entretien-
»> nent avec votre Viceroi du Pérou, à
M qui ils font entendre d'autant plus aifé-
9> ment ce qu'ils veulent , qu*H eft plus dif-
a» fîcile dans un Ç\ grand éîoignement , de
vt faire percer la vérité jufqu'à lui. Ils ont
M auffi trouvé le fecret de faire entrer vor
» tre Evéque du Paraguay dans tous leurs
» fentimens ; & j*ai- déjà pris la liberté
M d*avertir Votre Ma}cfté , de ce qu'il y
93 auroit à craindre d'un tel concert ». Il
cft aflci étonnant que Barua ait ofé s'ex-
primer ainfi en parlant à Philippe V d'ua
yiccroi tel que le Maçquis de Caftel Fuer-*
té , & d'un Prélat au(fi refpeftable ,. quo
Dom Jofcph Palos, furtout dans les cir-
conftances ou il fe trouvoit : rien n'étant
plus capable de confirmer les foupçons de
ion Souverain fur fes intelligences avec la
Commune da Paraguay.
: Sur quoi \t Père d'Aguilar infifta davan-
tage en répondant à cet article du Mémoire,
c'eft que fon Auteur avoir bien mauvaife
grâce de relever fi fort le crédit des Jéfui-
tçs ^ ôf dç leur rç^rocbçr Tabus qu'ils iii
7* HlSTOtRÏ
*■ faifoicnt félon lui , dans un tems oiî chaf*
*737"4®« fcs avec ignominie de leur Collège de l'Af-
fomption , le Viceroi fut contraint de lui
faire les plus grandes menaces pour Tobliger
à les y rétablir , & pii perfonne dans la
Province n'ofoit fe déclarer pour eux , dans
. la crainte d'encourir Ton indignation. Le
Roi de fon côté ne dut pas ptre peu furpris
que ces Pères, qui n'ignoroient point les
fcntimens de ce Gouverneur à leur égard ,
n*euflcnt pas écrit une feule Lettre contre
lui en £{pagne , d*ou il étoit arrivé que
leurs Procureurs à Madrid furent aflez long-
tems fans pouvoir répondre à fon Mémoire.
Mais la malignité de Dom Manin de
Barua paroifToit encore plus dans Vanicle
de fon Mémoire , ou il répondoit à Sa Ma-
jefté , qui lui avoit demandé ce qu'il pen-r
loit du projet propofé par Dom Banhelemi
de Aldunaté. Ce projet , comme nous l'a-
vons dit , confiftoit principalement à éta-
blir des Corrégidors Efpagnols dans les Ré-
pudions du Parana & de l'Uruguay ,*&
Aldunaté n*en étoit pas le premier Auteur ;
car nous** avons vu que dès l'année ii^sj ,
ic Doïen de la Cathédrale de TAdomptioa
avoit fortement reprc fente au Comte de
Penaranda , Préfident du Confeil Roïal des
Indes , les fuites facheufès que ne pouvoic
pas manquer d'avoir une pareille nouveauté
dans l'Amérique, oii le bruit couroitque
i'Edit minuté fur les accufations des Agents
4e D. Bernardin de Cardenas ne tardcroic
pas à être publié au Paraguay.
Dom Martin de Barua , en répondant à
fce ^nidc de la Lettre du Roi> reprélen^
ntT Paracuay. Liv. XX. yt
toit à Sa Ma)cftc que rEtabliflement des "^
Corïcgidors Efpagnols dans les Rédudions ^ 7 î 7'i^»
fouvernécs par les Jcfuites , pouvoit avoir
e grands inconvénicns y mais fans faire
aucune attention à ceux que le Doïen da
Chapitre de TAffomption avoit cxpofés dans
fa Lettre au Comte de Penaranda , il difoic
que la grande expérience qu'il avoit ac-
quife , furtout depuis cinq ans qu'il gou-^
vcrnoit la Province de Paraguay , lui avoic
appris que les Indiens gouvernés par les
Jéfuitçs ne dépendent que de ces Pères 5 au-
torité, ajoûtoit-il 5 qu'ils avoient uCurpce ,
& qu'ils ne partageoient pas même gvec le
Souverain : <1 oii il concluoit qu'il feroit
dangereux d'entreprendre de faire le moin-
xlre changement dans la manière de gouver-»
ner ces Peuples , & que les Officiers Ef-r
pagnols qu'on introduiroit dans leiurs Bour-
gades , n'y feroient pas en fureté de leur
vie. Et qui voudroit, ajoûta-t-il, fe char-
?:er d'une femblable Commiffion , connoif-
ant les maximes de la Société ?
La réponfe du Père d* Aguilar , à une. ac-^
cuXation fi atroce , fut que véritablement
ces Indiens fe font abandonnés à la con-
duite des Pères de la Compagnie , qui avec
des travaux immen(és , & fouvcnt au prix
^c leur fang, étoient allés les chercher
dans leurs Forêts & dans leurs Montagnes ,
.où jamais Jes Efpagnols n'avoient pu péné-
trer 5 qui avec la grâce de Dieu étoient
venus à bout de former de ces Anthropo*
phages de fervens & de zélés Chrétiens , &
des plus indomptables Ennemis^, qu'euflent
/es Sujets naturels de Sa Majefté, d'en faiiç^
71 Histoire
^ ' les plus fidclcs Vaffaux , qu'elle ait dans le
X7| 7-40. Nouveau Monde, toujours prêts à exécu-
ter Tes ordres & ceux de fes Gouverneurs ï
leurs dépens, & à facrifier leur vie pour
fon fervice. Il remarque enfuite que Dom
Martin de Barua , & ceux qui penfcnt com-
tne lui , n'ont jamais trouvé à redire que
ces Néophytes témoignent une reconHoif-
fancc , une confiance & un attachement Guts
bornes à leurs Pères en Jefus-Chrift, que
parceque ces Religieux ,, non contents de
leur avoir donné la connoiflancc du vrai
Dieu , & procuré tous les avantages , donc
ils jouiflent fous la protedion des Rois Car
thoHques , fe font attiré les plus violentes
perfécutions , par leur xele & par leur fcr-
. meté à les maintenir dans la pofTeffion de
leur liberté.
Il ne difconvient point qu'il cft plus que
vraifemblablc qifils regarddroient comme
une atteinte à cette liberté , dont ils font
infiniment jaloux , qu'on leur donnât des
Corrégidprs Efpagnols , parcequ'ils font
perfuadés qu'ils (croient bientôt les plus
malheureux des Hommes , s'ils étoi.ent vuiê
fois fournis à de pareils Commandants qut
le feul intérêt engageroit à accepter ces
charges. En effet » ajoute le Provincial ^
il n'cft pas éouteux , à en juger par ce qp?
fe pratique ailleurs , que ces Corrégiddijf
n'aïant perfonne , qui eût droit de veillct
for leur conduite , feroient bientôt de It
(implicite & de la fidélité de ces Indiens
l'abus qu'on prétend, fans aucune preuve ,
qu'en iont les Miflionnaires ; & il fuffit 2
four ea être ccavaincu ^ de voir la maaieté
don(
'»u Paraguay. Liv. XX. 7 \
dont, malgré les ordres réitérés des Rois ' *
jCatholiqaes , on traite fous les yeux mêmes ' * ^ 7-'4<î'
des Gouverneurs & des £véqaes ceux qui
Tont en commande.
Enfin il avoue que les Rédudions font
fituées de manière a rendre la révolte des "
Néop4iytcs , fi on les y pouflbit , facile 8r
irrémédiable^ mais il fait voir qu'on en
joindre aux Ennemis des Efpagnols , qu'il
n'y çn a aucune , qui n'en foit afiez proche
pour y trouver un afyle , ou ils fexoicnc
très bien reçus , ce qui n'arrive que trop
fouvent. Mais ce feroit bien pis encore ^
continue-t-il , fi ceux qui font {ôus la direc-
tion des Jéfuites , étant commandés par des
Corrégidors, & fe voïant en danger de
perdre leur liberté , ne fe contentoient pas
de (e difperfer , ou de retourner dans leurs
anciennes demeures , & s'avifoient de por-
ter le ravage dans les Habitations Efpagno-
les, pour le venger de ce qu'on leur auroit
manqué de parole , & reconnu fi mal leurs
Tervices.
Il remarque encore que dans les Villes
mêmes on ne feroit pas en (ureté contre
eux 9 fi on les pouâbit a bout , puifqu'il en
eft fort peu dans ces Provinces , qui n*aienc
bien de la peine à fe défendre contre une
poignée d'Infidèles bien moins aguéris qui
en ont déjà ruiné plus d'une y & que dans
les Capitales même , on eft tous les Jours
obligé de fouffiir les plus grandes info^en-
i:es de ces Barbares ^ qu'on n'eft point ea
Tomt ri. D
74 Histoire
" ■ état de réprimer par la force. En cffer^
*737-40' ajoûte-t-il, que pourroit-on opporei à vingt
mille Indiens , qui fe font meUrés a^ec les
meilleures Trouppes Efpagnolcs & Porta-
gaifes, devant qui les Mameks n'ofent
plus fe montrer , qui ont chaiTé deux fois
les Portugais de la Colonie du Saint Sacre-
ment, & qui depuis tant d'années tiennent
en rcfped toutes les Nations Infidèles y dont
ils font environnés ?
Il réfute avec la même force ce que plu-
fleurs Efpagnols ne ceffoient de répéter,
qu^ leurs Ancêtres avoient fubjugué les
Guaranis & les autres Indiens dont les
KédudUons étoient peuplées, à quoi il ajoute
qu'on. îe pouvoit du moins difconvenir qae
ces Nations ne fuffent nées libres , ic qae
les Efpafi^nols ne fongeoint pas même à les
mettre fous le joug, lorsque les Jéfiiites
les engagèrent à fe réunir fous leur con-
duite , & à reconnoître les Rois d'Efpagn^
pour. leurs Souverains, fous les promeilcs
les plus formelles qu'on ne toucheroit point
à leur libené , & qu'ils ne ftroicnt point
Efclaves des Efpagnols. Il finit cet /article
en protcftànt au Roi que (î , après tout ce
qVil a pris la liberté de lui reprefcntcr , Sa
Majefte ju{!;coit à propos d'établir des Cof*
• régidors Efpagnols dans les RéduftioBS^
non (culement les Jéfîiîtes ne s'y oppoft*
roient pAS , mais qu'ils emploieroient toot
ce qu'ils ont de crédit fur Tcfprit de knts
Néophytes , pour les ens!;ager à recevoir ce|
Officiers, quelque perfuadés quils foienl
qu'à la première propo(îtion qu'ils en fo»
ipnt; 'ils fe trouveront bientôt fkns Çjixév
r>v Paraguay. Liv. XX. jf
tiens , & feront peut - être les premières ^
vidimes que ces Indiens immoleront à leur '757-4
leiïentimenc.
Il fupplie enfttite Sa M^eilé de confide-
icr qu'en plaçant cette République Chré-
tienne dans des lieux fi éloignés des Villes
& des Habitations Efpagnoles , non-feule-
ment les Jéfuites n'ont rien fait que de
concert avec les Gouverneurs de ces Pro-
yinces , & avec l'agrément des Rois fes Pré-
^ceifeurs > qui ont eu en vue d'en faire une
barrière contre les entreprifcs des Portugais
du Brefil & des Indiens de cette Frontière ^
outre plufieurs autres raifons dont on a
encore mieux connu llmportance par l'évé-
nement \ mais que le de/fein de ces Pères
étotc fi peu d'être plus en liberté de difpofjci
à lear gré des biens de leurs Néophytes ^ 6C
Ae, pronter du commerce qu ils font , com-
me le prétend Dom Martin de Baraa, ^^
eft de notoriété publique que de la mamere
dont s'efl: toujours fait ce commerce , ce
font les Efpagnols qui en retirent le plos
grand avantage.
Pour le proiiver , il entre dans un détail »
«uqael je ae m'arrêterai point ici , pasce-
qu*il roule Cir ce que j'ai (viffifamment'^x-
pliqué en parlant de la façon dom les
Miffionoaixes s'y prennent pour être en état *
ic pourvoir à la £ubfiAance Se à l'encretlea
de leurs Néophytes , à la décoration de
leurs Ëglifes , a la célébrité du culte Divin,
Sl aux dépenfes qu'ils font obligés de faire
quand on les^appelle pour le fervice du RoL
Il rend furtoot bien fenfible ce qui avoic
iléia été xeptéfcoté plufieurs fois., que s'il
D ij
7^ H I s T o r n E
1717-40 ^ ^vbit entr*eux & les Efpagnols une com-
'^' ^ " munication plus libre, le libertinage prcn-
droit bientôt , dans une Chrétienté h édi-.
fiante & qui Fait tant d'honneur à la Reli-
gion , la place de l'innocence , de la piété ,
& d'une ferveur qu'on n a guère v&es que
dans les premiers (iecles de TEglife : outre
que leur facilité à fe laifTcr tromper les ré-
duiroit bientôt à la plus extrême mifere ,
qui les mettroit hors d*état de continuer à
f^rvir gratuitement leur Souverain , &
à donner au culte qu'ils rendent au Sei-
gneur , cette fpiendeur & cet éclat p qu'on
ne fe lafTe point d'admirer.
Mais fur cela Philippe V n'avoit pas
befoin de nouvelles preuves , après ce que
lui avoient mandé tant de fois les Evéqués ,
les Gouverneurs , & quantité d'aunes Per-
Tonnes , dont le témoignage ne pôuveic pas
Itre fufpeék, & ce^u-il avoit appris de l'état
déplorable , oii fe trouvoient les quatre
Bourgades Indiennes établies dans le voifi-
nage de Buenos Ayrès , quoique toutes peu-
plées de Chrétiens. Ce Prince n'ignotoit pas
pbn-plus, Si rien n'étoir mieux connu des
Ëvéque^ de ces Provinces , combien il eft
impoifible de travailler eiHcacemenç à la
cdnverfion des Infidèles de ce Pais', qui
vivent parmi les Efpagnols , ou qui font
à.portéç de voir tout ce qui fe paflè chez
eux.
Nouvelles. Il paroît que Dom Jean Va&uez de
jp^uef'au' P ^g^^^^> ^^^^^ ^^^ d'avoir vu l'Ecrit dtt '
Kodcrp!" * ^^^^ d'Aguilar , avoit déjà commencé de
rendre compte au Roi fon Maître , de Tét^t
où il ayoit trouvé l^s afiaires du Paragciar
tj xj P A RA G u AYi Liv, XX. yf
lur"plufiears articles de fes inArudions^ — — —
pui(qu'après qu*oa eut reçu fes informations, ' 7 ) 7"4*-
on m encore plufieurs objections au Perc
Rodero, Procureur Généi-al des Indes à
Madrid, fur Texaditude à paierie tribut,
& fur ce que les Midîonn aires fie permet-
toienc pas à leurs Néophytes de commu-
niquer librement avec les Efpagnols , de
d'apprendre à parler leur Langue ; deux
points, fur lefquels le Provincial s'étoit
affez expliqué dans fon Mémoire.
peux des principaux Membres dû Confcil
Roïal des Indes av oient été chargés d*cn
. conférer avec ce Procureur \ & ce Père com-
mença par leur faire obfervcr qu*il y auroit
de Tinjudice à exiger des Rédu<ftions le
même Tribut qu'on exigcoit de ceux qui
avoiènt été foumis par la force des armes;; '
premièrement , parceque leur foumifllon
avoir été volontaire : en fécond lieu ^ par-
ceque les fervicies qu'ils rendent à l'Etat ,
fans aucun falaire , & à grand frais , font
beaucoup plus que l'équivalent de ce que
paient les autres Indiens \ fur quoi par un
calcul , auquel il n y avoit rien à oppofer',
il leur fit toucher au doigt qu'en païant
le même tribut & les mêmes contributions
qu'on exige de tous ceux qui fout les plus
chargés , & recevant la même paie que
touchent les Indiens des Bourgades voifines
de Buenos Ayrcs , foit pour la guère , foit
pour les travaux publics , ils auroient beau-
coup de rcftc , & qu*^on ne leur feroit même
aucune grâce en les déchargeant du tribut
& de toute taxe , puifqu'en tems de paix ,
comme en tems de guerre ^ ils demeureuc
D il)
78 H I 8 T O I H ï
' toujours armés , & font obliges ic ft
*737-40. fournir d'armes & de munitions à Icatf
dépens.
Quant à la liberté de communiquer avec
les Espagnols qu'on voudroit établir dans
les Redudions , outre que le Père d* Aguilar
y avoir très bien répondu dans Ces Mémoi-
res , le Procureur Général fit encore obfcr-
ver aux deux Miniftres qui hii en parîoîent,
qu'on n'étoit nullement fondé à l'exiger ^
par la crainte que la conduite des Miffion-
naires fur ce point ne tendît à rendre ces
Néophytes indépendants du GouvememetiQ
6c fur ce qu'on lui objcé^a que Tufage , on
ils perfiftoient de ne parler que Idir Langue
naturelle écoit contraire aux Ordonnances,
il répondit qu'il y avoit dans chaque Boor-
fade une Ecole, od l'on en&ignoic aux
nfansà lire & à écrire enEfpagnol, ce
qu'ils faifoient fort bien j que les Ordon-
nances n'exigeoient rien de plus ; que ce»
Indiens avoient une extrême répugnance i
parler une autre Langue que la Icar qu'un
très grand nombre d Efpagnols entendoîent
fuffifamment ^ qu'on avoit de très bonnes
zaifons pour ne les pas contraindre (ur ce
point , & que fi Sa Majefté ne les approti-
voit pas , quand on les lui auroît kit coih
noître > on fe conformeroit à 6s yolôntés*
autant qu'il feroit poffible fans ncn xi(-
quer.
Il ajo&ta que la plupart des Efpagnols ^
qui avoient d'abord trouvé le moïen de
s'infinuer dans les Réduôions , n'en étoienc
i)refque jamais fortis fans avoir fcandalifé
es Néophytes ^ débauché ou enlevé leoit
hi3 Paraguay, th. XX. if
femmes , & emporté tout ce qu*ils y avoienr ' ' ^ -
trouvé à leur bienfcance ; qu*il fuffifoit ^7} 7-4 ^
{K)ur tenir ces nouveaux Chréciens dans la
plus grande dépendance , que les Evéques ^
les Gouverneurs & le^ CommiiTaires envoies
5ar Sâl Majeilé , fifTent , quand ils le vou«
roi^t , la vifite des Rédudions , ou y cn-
voïafTent des perfonnes fures pour y intiœct
leurs ordres 5 qu'on n'avoit point encore eu
le moindre fujet de Te plaindre qu'ils n'y
euflênt pas été reçus comme il convenoit
qu'ils le fuffent , & qu'on n eut pas obéi
avec la plus grande promptitude a leurs
ordonnances.
On fit encore quelque tems après les objeâioin
mêmes difficultés touchant Turage de la Maires au Pere
Langue Efpagnole dans les Réductions au ^'^*^ » ^ ^•^
Pcrc Jean Jofeph Rico • qui avoit ^té Dé- '^P^*»^^»*
puté en Efpagne en qualité de Procureur
Général ^e la Province de Paraguay 5 & à
tout ce qui avoit déjà été répondu , il ajouta
2u'il étoit d'autant plus étonné qu'on infidâc
fort fur ce point, que dans toutes les
Bourgades Indiennes , qui avoient pour PaC-
teuts des Ecclédaftiques ou des Religieux de
S* François , on ne parloit point Efpagnol ;
' que cous les Indiens en général font extrê-
mement jaloux de conferver Tufage de leur
Langue naturelle ; qu'il n'a pas tenu aux
Jé(uites que ceux dont ils ont la direction ,
^ent fiir cela ce qu'on fouhaitoic d'eux ,
mais qu'ils n'avoient pas cru devoir en>«
I^loïer la voie d'autorité & de rigueur pour
es y obliger , d'autant plus que les Ordon-
nances ne prefcrivoient rien de plus que
çt qui fe pratique dans toutes leurs Rédoc^
D iiij
lO HïSTOXHB
i" 7-40 V^^^» ^ favoir, <l*apprcn<lrc aux Enfant
Ai7-4 • ^ ^j.g g^ ^ écrire en Elpagnol & en Latin ,
ce <JU*ils font (i bien , qu'on a bien: de la
peine à croire qu'ils ne favent point par-
faitement ces deux Langues (i).
On appuïoit encore be^^ucoup ftO: ce qui
avoit été mandé au Confeii Roïal des In-
des , que dans les Rédudions on fabriquoic
de la poudre , ce qui étoit expreflcment dé-
fendu par les Loix , & fujet à de grands
inconvénients. Le Rere Rico , qui connoiC-
foit mieux que perfonne les Réductions y
qu'il avoit toutes parcourues plus d'une fois
& vifitées avec beaucoup de Coin , répondit
que cette accufation n*avoit pas même de
vraifemblance , perfonne ne pouvant igno*
rer au Paraguay que dans tout le Pais qu*oc-
cupoient ces Indiens , il n'y a point aifc*
de falpctre pour une feule Fabrique de Pou-
dre , & qu'on ne pourra jamais prouver ^
ni que ces Néophytes en aient jamais vendu ,
une feule livre , ni qu'ils aient pu confom-
mer chez eux la quantité qu'on prétendoit
qu'ils en faifoient. On fait même, ajouta-'
t-il , qu'ils ont toujours fait acheter par le
Procureur des Miffions , réfident à Buenos
Ayrès , tout ce qu'il leur en falloir quand
ils étoient mandes pour le fervice du Roi.
Il ne difconvint pourtant pas que dans
quelques Bourgades les Indiens ne fiflent
environ vingt livres de Poudre chaque an- .
née , mais il ajouta que cette poudre cft fi
foible , qu'elle ne peut fervir que potir faire
(i( On a en Efpagne de ces Indiens , qui fc-
nn fore grand Manufcric roic honneur au plus hâr
£fpagnol de la main «.i'un bile copifle»
6û Par A6UAY. Z/V* JfX 8i
quelques fufécs volantes , qu'on tire dans 7
les ré jouifTan ces publiques ; qac ce font '7}7-4*^
les Efpagnols , qui leur ont appris à les faire $
que les Gouverneurs n'y ont jamais^crouvi
à redire , & qu'au premier avis qu*on leur
eût donné que cela ne convenoit pas , ils
auroienc défendu qu'on continuât d'en faire)
que leur circonfpcdion fur l'article de la
Poudre a toujours été fi grande, qu'au
commencement de ce (îeck , des François
s'écant offerts d'apprendre à leurs Indiens
une manière de'^faire beaucoup de falpétre ,
pour n'être plus obligés d'acheter de la
poudre , quand ils font appelles pour quel-
que Expédition militaire , ils s'y oppofe-^
lent , tant pour ne pas introduire des £tran«
eers dans les Réduâ;ions , ce qui efi eipref*
iément défendu , qu'à cau(è des iûconvé*
nients qui pourroient arriver, (î leurs
Indiens avoient de la poudre à difcrétion ,
inconvénients qu'ils etoienc plus iméref-
fés que perfonne à prévenir.
Enfin le Père Rico eut encore à effuier un
xeprocte , auquel H ne devoir apurement
pas s'attendre 5 c'cft que depuis long-tems
les Jé(uites du Paraguay , Ce contentant de
contérvet leurs trente Rédudions , avoienc
ceffé leurs travaux ApoftoHques parmi les
Infideles^^ U que les huit dernières Réduc-
tions n'étoient que des Effains, qu'ils avoienc
tirés des vingt-deux premières. Auili jamais
accutationn^mbarafla moins celui qui étoic
chargé d'y répondre. Il commenta par con-
venir que ,des vingt-deux premières Réduc-
tions du Parana & de l'Uruguay on c»
avok formé trente 3 mais il fit remaxqner^
îi Histoire
•^ 2 i**. Que les Paftcurs des huit nouvelIeT
^^' ■* * Bourgades ne recevoicnt rien du Roi pour
leur iubfiftancc ni pour leur entretien , &
vivoi^t fur les pendons alignées à ceux
des vingt-deux première^, i*. Que ce qui
avoir obligé de tirer de celles-ci un cer-
tain nombre de Familles , c'eft qu'elles
étoient trop peuplées , & qu*un feul Prêtre
n*y pouvoir pas Tuffire^ 5°. Que Ton n'a-
voir jamais cefTë de faire des courfes dans
les Pais Infidèles , & d'en ramener des
Profélytes dans les Réduébions; que lui-
même avoir vii eix 175 t le Père Pons con-
duire dans une Rédudion du Parana cent
fôixante Guayanas , qu'il étoit allé chcr-
/cher bien loin dans les Forêts , & que les
huitinouvelles Rédudions n'avoient mentor
été audî peuplées que les anciennes, que par
de pareilles recrues. 4°. Qu'on a-toit d'au-
tant plus mauvaife grâce de reprocher aux
Mifîîonnaires du Paraguay d'avoir ^ laàSé
ralentir leur zcle pour le élut des Idola-^
très , que le fang de deux de leurs Frères y.
maffacrés pour la Religion, fumoit en-
core , & qu'il fe formoit tous les jours de
nouvelles Eglifcs parmi les Cbiquites.^
dans la Province de Tucuman & dans celle
de Paraguay. Nous verrons bientôt encore
mieux , que pour attaquer les Miffionnaires
(îir ce point , il falloit être bien détermmf
à leur chercher querelle.
Fin du vingtUme Livrc^
HISTOIRE
D U
PARAGUAY,
LIVRE FINGT-UNIEME.
* 1 • ■•
SOMMAIRE.
JLuE Roi Catholique ordonne qu'on drejji'
un Décret en forme de Règlement, Extrait
.d'une Lettre écrite à ce Prince par VE^
vê^ue de Buenos Ayres. Etat ou fe trou^
vou alors la Ville de Santafé. Ce quepenfe'
V Evêque au fujet des Dîmes qu'on vouloir
exiger des nouveaux Chrétiens, Des Ré*
duBions des Pères de Saint François, Pourr
quoi le Décret ne parle point des RéduBions'
dts Chiquites, Des Portugais arrivent aux
Chiquites. Leur route pour aller du Brefif
au Pérou, Etabliffemens qu'ils ont faits'
fur cette route. Conduite des Je fuites. ^
cette occafion. Calomnies contre eux à ce
fujet. Le Gouverruur de Santa-Cru^ de
ta Sierra les réfute. Commiffaire du Roi
aux Chiquites, Lettre du Marquis del
Valle Umhrofo à ce Commiffaire, Les-
Chiquites font mis au nombre des Vaffaux
immédiats de la Couronne d*Efpagne, Lesr'
Tobasforu battus par les Zamucos. Trotta
kUf arrivés à Saini-Ignace ; remède qmom
l4 SOMMAIRE.
y apporte, MiJJîons fr Reiraïus dans le
'tucumdn, La Ville de Cortientès réduite i
de grandes extrémités par les Abip^nes. On
négocie avec ces Barbares , & avec quel
fuccès. Les Mocovis de la Province dt
Rio de la Plat a paroijfent difpofés a fc
rendre Chrétiens, On les réunit dans une
Jiéduâlion, Elle eft transférée. Le Pcrc
Caftahare^ aux Matag^tayos^. Son MoT'
tyre , & cttuî dun Genilfnomme Efpaànol.
Expédition dans le Ckaco, Le Père Pons
aux Mataguayos. Belle action £un Offi^
cier Efpagnol Les environs de Cordoue €»
proie aux Abipones, Famine dans les Rir
duEHons. Frovidtnce de Dieu fur les In^
diens. 'RéduBion des Tobatines. Réduétion
des Gueno-as. Guérifon miraculeuft, QueU
ques Nations du Chaco dijpofées à rece^
voir V Evangile, Projet des féfuites pour
l'établir dans les Terres Magellaniques. Ctf-
raflere des Peuples de ce P'air. Leurs Lém^
gués, leurs vices , leurs idées fur la ReU^
gion ; leurs Mariages , & V Education
qu*^ils donnent à leurs Enfants, Les Pampas
& les Montagnards demandent des MiJ^-
fionnatres, Réduffion de la Conception^
Maveurs du Ciel fur les Profélytes, Grand
concours des Infidehee à la Conception , &
ce qui en arrive. Ferveur des Néophytes^
Ils font réduits par la famine à de grandes
extrémités, Hojtilités entre les Espagnols
& les Montagnards. Ceux-ci ruinent h
Bourg de la Magdeteine, Les mêmes- mort"
quent la Conception, Les Efpagnoli fa
préviennent contre les Habitans de cette
RéduSion^ ^contre les Miffionnaires. Ltt
HisT. pv (a&açvat. Lh. XXL tf
'Gouverneur travaille à faire la pai» avec
les Montagnards y (fyriujj^t.
X-|Ê Mémoire du Pcre (fAguikr, ccki 1^43,
4u Pcrc Rico , qui fut aufli imprimé , les In- t^ » • r
formations de Dom Jean Vafquczdc Aguo- tholique' o«^
xo ,. qui fe trouvèrent conformes à plu- donne «iu'mi
£eurs Lettres de Dom Bruno- Maurice de<lrc<ïc un De*
Zavala & du feu Evéque de Buenos Ay-"«^^^^
rcs Dom Pcdre Faxardo , & k nouvcil«^^j^^*^
encore récente du Martyre du Père de Li-
lardi, achevèrent de diffiper les préven-
tions, qui avoient donné lieu à tant do
recherches ; & k rapport de toutes ces
pièces a'iant été £iit dans le Confeil Roïal
des Indes en préfencedu Roi, on commença
par ordre de ce Prince à dreiTer un Décret
en forme de Règlement , qui fut figné
par Sa Majefté , lé 18 de Décembre de la
même année. Tandis qu'on y travailloit j
k Roi rcf ut ime Lettre de Dom Jofeph de
Peralta y de TOrdre de Saint Dominique ,
& qui venoit de fuccéder à Dom Pedre
Faxardo dans VEvéché de Buenos Ayrès.
Sa Majefté ordonna qu'elle fat imprimée
avec (on Décret. Comme elle contient
plufieurs détails fur l'état , oh fe trouvoiem
alors la Province de Rio de là Plata , &
ks trente Réduâions , dont ce Prélat ve*-
noit de faire la vtfîte par une Commiffîon
Spéciale dé Sa Majefté, j'ai cru qu'il étoit
néceflaiie d'en donner ici un aâcz long vif
trait.
Après a,voir rendu compte \ ce Prince
de&diligeoccs 91'il ayoic taices foot obéifi
aux ordres prcflants qu'il en avoir reçus ^
. '* ^ rendre le plutôt qu'il feroit podîble dans^
tctffc dfrE* fôn Diocèfe , parcequ on craignoit une def-
vêque de Bue- ^cnte des Anglois dans un des Ports de Rîc^
nos Ayrts au dé la Piata , il continue ain(î. » Si-tôc
Roi Catholi- 9» oue j'y fus entré , je commençai la vi-*
ÎH^' » ute des Paroiffes qui Ce trouvoienc fur
99 ma route ^ & après que )'àis pris poC*
M fefiion de ma Cathédrale , je continuai'
M à vifiter les Eglifes Se les Chapelles de
9» la Banlieue , & je donnai la Con&ma*
M tion à près de dix milfe perjfbnnes de:
« tout âge & de tout fexe. Cette vifitc
io achevée , pour accomplir tout ce qui*
•» étoit de mon obligation , je fis celle de
M Santafé, de Corrientès, & des Dcârif
*» nés , qui (ont fort éloignées dans lef
M Terres fous la conduite des Pères de Iz
» Compagnie de Je(us.
» La Ville de Samafé , qui efl; éloignée
» de cent lieues de Buenos Ayrès , a été
•» la plus floriffante de ce Diocèfè, 8c
9> celle de tout le Paraguay où il y avoit
» plus de Nobleffc. Elle eft bien bâtie r
M fà fituation , entre deux belles Rivieret
w qui arrofent de fertiles campagnes, eft
^ des plus avantageufcs -, mais depuis phie
n d'une année elle a perdu une partie de"
*ï (on enceinte & un grand nombre de (et
99 Habitans , par les incurfîons conti-
• M nuellès des Guaycurus Se des Charoas^
w que Ton n'y connoifToit point avant-
as l'année 171^. ïis ont commencé fcu-à-
93 peu à faire des courfes dans les campa«
» gnes , où ils enlcvoient les Troupeaux,
1^ lU fermere» ct£AUc ua Coif s d& Csi^f
BIT Para«ttay. Lh. XXI. %y
•» talene ^ & leurs hoftilités redoublèrent,
»> mais tou)ibrs par furprife & jpar trahi- ' ^^'
*» fon 5 par-là ils ont ruiné la plupart des
»> Habitans de Santafé. Les Jefuitcs fur-
■» tout y ont perdu fi confîdérablcment ,
•• qu'ils ont aujourd'hui bien de la peine-
9» a fubfifter , & à fournir leur Collège de
•» Sujets pour y exercer leurs fondions.-
9o Enfin la crainte de tomber entre les
9» mains de ces Brigands a fait prendre à
9» plufieurs le parti de s'éloigner ^ &ileft
•» arrivé à ceux qui font rcftés ^ ce qui
M arriva aux Habitans de Bethulie , lor(^
0» que cette Ville fut aflîégée par Holo-
■m terne : à peine peuvent-ils cultiver le
9» peu de terres , qui font les phis proches
» de la Ville , ou ils (ont obligés de rc-
a» tirer leurs Beftiaux pendant la nuit.
» Il efl: vrai que depuis quelque tems
» on a fait la paix avec ces Barbares J
99 mais elle nempéche point le pillage , ni
» l'enlèvement des Troupeaux; TEnnemi.
M aïant déclaré qu'il ne s'cngagcoit qu*à
3> ne tuer perfonne , & il n'cft pas mcmé
9» trop sûr de tomber entre leurs mains.
» Voilà ce qui a réduit prefqu'à rien là-
9» Ville de Satitafé , dont la plupart des
» Habitans ft font réfugiés avec leurs
*» femilles dans les Montagnes où ils ne
» peuvent entendre la voix des Pafteurs,
» ni la parole de Dieu, ni avoir même
M la confblation de participer aux divins
•• Myfteres. Cependant pour affurer cette
» efpece de paix , on a levé un Corps de
«• Milices qui eft toujours fur pié ; mais
••41 a Êdltt y enrôlex coix qui d^yoieiit
tZ H T s T o I it £
^ » travailler à la terre ; il cft mcmel di')â
:^** * réduit à la moitié de ce ^'il étoird^sb-
» bord, & fî on n'y remédie pas , la Ville
i9 fc trouvera bientôt (ans défenfeuifs. J'ai
ii cru , Sire , devofr informer Votre Ma-
» jefté du danger où elle cft^ afin qu'elU
» veuille bien ordonner qa'oa rétabliffc
9^ cette Milice, & qu'on FaUgm^te même,
9» s'il eft néce(faire*
33 Ce Sanrafé , je m'acheminai vers les
9» Rédudions qui font fous la conduite des
9> Pères de la Compagnie dejefus, dont la
» plus proche cft à cent lieues de cette Vil-
» le. Ce voïage cft fort difficile, & ne fe fait
s» pas fans danger ; les chemins font durs &
» déCérts, infeftés de Barbares & de bétes
» féroces , & coupés par de groffes Ri-
M viercs qu'il faut remonter v on y court
d> même plufîeurs rifques. Il y a cUx-Cept
93 de ces Réduirions c^ï £bnt du Diocè&
M de Bueiios Ayrès , & treize de cdui de
09 l'Affomption. Apres avoir vifité celles
M qui font fous ma JuriOi^^ion y jcpaffai à
»» quelques-unes des autres , à la prière du
» Chapitre de TAffomption , parcequc cet-
*> te EgUfe n'avoit point d'Evêque , pour
» y adminiftrcr le Sacrement de la Con?-
9» firmation v & comme je ne doute point
» que Votre Majcfté n'apprenne avec bien
» du plaifîr les progrès que ces pauvres
9» Indiens ont faits dans la Foi , jje vais
M lui expofer ce que j*ai vu de mes yeux ,
M & touché , pour ainfi dire , au doigt
XI avec la plus fendble confolarion de mon
M ame ,. qui me faifoit paroître bien légers
pa les grands Ufiyaux ^ que j'avois eu^ à
" vv Vail Ac^vA"^. Liv. XXL tf
» cffiiïcr pour faire cette yifite.
» Quel autre fcntiment en effet peut '^*'
» produire la vue d'une fi grande mulci-
x> tude de Brebis féparées les unes des
» autres , qui vivent fous l'obéi (Tance de
» leurs Pafteors , avec une uniformité fi
>9 parfaite & dans une i\ grande union 5
»3 qu elles ne forment qu'un même Trou-
» peau. Obligé de le quitter , cette fépa-
33 ration me coûta beaucoup : je partis g
» le cœur pénétré de la plus fcnfible dé-
» votion , remerciant le Seigneur , des bé-
M nédidions qu'il ne cefTe point de.tépan*
99 dre fur ces Peuples par le miniftere des
w faiiïts Religieux & des Hommes Apof-
» toliques qui ne font occupés qu'à les
n inftruire , a les fônifier dans la Foi Ca-
sa tholique , & à les élever pour le fervica
95 de Votre Majcfté , en leur infpirant un
y> zcle & une ndélité qui ne pourrôienc
93 aller plus loin , quand ils les auroient
n hérités de leurs' Ancêtres. Quel plâifir
M de voir leurs Eglifes fi bien décciées ,
>> & la décence avec laquelle on y rend à
»3 Dieu le culte qui lui eft du ; la beauté
» de kur Chant , la richcfTedes Autels, leur
» magnificence dans la célébration des di-
a» vins Myftcrcs , & Tamour tendre qu'ils
M témoignent à Jcfus-Chrift dans fon au-
» çifte Sacrement ! Tout cela m*attcndrif-
M foit^&mc couvroit en même temsde
x> confiifion , me fai&nc faire des reflexions
M bien triftes fur la grande différence , qui
» fe trouve entre ces Peuples encore No-
99 vices dans la Foi , & les anciens Chré-
» tiens y dont les exemples, auroioit dà
^ » leur fervit de modèles pour appieik(r6
^^* » à honnorer & à refpeâerlcur commua
X, Maître.
» Ce qui me touchoit (urtout , étoit de
» voir à la pointe du jour une nuée dTu^
39 fants des deux fexes , le$ Filles fëparées
M des Garçons , entrer dans l'£gli(e pout
s» chanter les louanges du Seigneur, paf
41 des Cantiques capables d'in(pirer la plu$
99 tendre dévotion aux ccrars Ici plus durs.
«9 La même chofe Ce pratique aufli au con-
te cher du Soleil, Se tout cela eft le fruit
19 de rinduftrie des Miffionnaires , qui ne
9» bornent pourtant pas kurs foins à ht
«9 culture fpirituelle des Amcf , mais qui
9i les étendent aux besoins du corps. Dès
•9 qu'ils ont pourvu à la fabrique des Eglî*
» les . & à tout ce qui eft néceflaire pour
9» le (crvice divin , ils vonr avec leurs Néo*
99 phytcs choifir les meilleures terres pour
99 y lemer des grains 8c du coton : ils leur
99 roumifTent enfuite ks femences ^ les
99 bcrufs & les chafues, avec une pfévoian*
99 ce & une charité univerfelle qu'on ne
99 peut exprimer.
M Comme Tobjet principal de leur ar-
99 tention, eft le Culte divin, il y a des
É» Ecoles de petits Enfants , ou on leur ap^
9» prend à chanter & les dan(es qui en*
99 trent dans les (blemnités des Fêtes, 8c
» Ton fait auffi féparément des femences
09 pour eux. En un mot , Sire , ces Néo-
»> pytes font une û confîdérable & une fi
99 digne panie de votre Patrimoine Roïat •
y» que je ne fais fi aucune autre la furpaffe»
«9 Û arrive affez fouvenc que les récokes
'ÙV Vàl%A6V AT. Liv. XXI. 9t
*î ne ruffifent pas pour les faire fubfiftcr,— — —
» ce qui vient eu partie de ce qu* aïant le *745«
»> cœur étroit & timide , & fe contentant
» de peu , ils no fement pas affez de grainsj
M mais il fc fait encore chaque année une
«• femence plus confidérable que les trois
» autres , pour les Veuves , les Orphelins ,
3» les infirmes , & ceux qui font néceffai-
« ment occupés ailleurs 5 & de la récolte
M qu'elle produit , on en met une partie en
» réferve pour les befoins imprévus. On y
» fuppléc aufli par les bcftiaux qui font
9» élevés à part pour les Malades. Enfin
» de toutes les récoltes paniculieres Se
9» communes, on n'envoie rien dans lés au-
M très Provinces , & cela parceque mal-
9> gré la plus grande prévoïance , on n'efl
M jamais afiîiré d'avoir plus que le néce&
3» faire pour toute Tannée. Ces Indiens
9> tirent encore un grand bénéfice des
» feuilles d'un arbre, qu'ils font légere-
» ment ftcher au feu , & réduifent en
» poudre : c'cft ce qu'on appelle l'Herbe
» de Paraguay. On en diftribue tous les
» jours une certaine portion à chacun ,
»> car on ne peut pas plus s*en paflcr , que
•9 des alimens.
M Cependant c*eft-là le (cul fruit de la
y» terre , dont ces Indiens fartent commer-
a» ce pour fc procurer bien des chofes
» dont ils ont bc(bin : tout ce qui leur en
» reftc cft emploie pour le ftrvice de
»9.Dieu, & celui de Votre Majefté , c'eft-
9» à-dire, pour l'ornement de leurs Egli-
*» fes , pour le Service divin , pour avoir
^ des Vafes fàcrés ^ pour dç9 orncmcos
fi Histoire
,^ . - » d'Autel , & pour un autre ufagc , qai
3» n'eft pas moins néceflairc j car outré
33 les Millionnaires ç\m font ad^uelleinent
33 occupés dans les Kédudlions , ileftbo-
33 foin qu*il y en ait encore de réferve,
93 pour remplacer ceux qui meurent , &
» j'en ai vu mourir deux pendant mavi^
^ (Ite. Or , pour les frais de ces voïages ,
33 & pour Tentretien des furnuméraires ,
»3 il en coûte plus que la piété vraiment
3» roïale de. Votre Majefté ne fournit. Il
» n'ed pas croïable où montent les frais
i3 des embarquemcns , {urtout en tcmsdc
93 guerre , que les nouveaux Miflîonnaires
n font obligés de refter long-tems à Car
33 dix. Or , pour fournir à tout cela , les
^3 Néophytes mettent à part une certaine
33 fomnie du produit de leur commerce.
33 Ils en deftinent aufli une autre poux
» acheter des chevaux , des armes , des
30 munitions, (es liabillemcns des Soldats
33 & des autres qui font commandés poux
» le fcrvice de Votre Majefté. Il y en à
•9 aétuelleraent un grand nombre qui tra-
M vaillent à la Fortereffe de Montevideo.
33 Ils font encore obligés d'avoir continuel*
33 lemcnt fur pied des Corps de Milices,
» pour fe garantir des fuiprifes de "leurs
^. » Ennemis , & pour la defenfe de leuts
33 befliaux contre les Partis qui rodent
33 autour d'eux , & qui leur dreflcnt conti-
83 nuellement des embûches pour piller leurs
33 biens , les malTacrer , ou les faire Efcla-
33 ves. Toutes ces dépenfes les réduifenc
» fouvent à de fi grandes miferes , qu'il
93 n*eft pas po/Cble aux Procureurs des i/iiÇ-
- »u Paraguay. Lîv. XXI. ^%
9i fions de donner à tous les foulagemens — j. ^
M néccffaires 5 principalement dans les mau- /^>'*
»> vaifes années. ...
M Je crois que c'eft pour ces raifons , que D« Pîxnfi*
9> ces Indiens font en pefTefllon de ne point
M païer de dîmes , & cela leur eft commun
M avec ceux qui font fous la conduite des
» Religieux de Saint François. C'eft pour-
» quoi , quelques per(bnnes aïant voulu
» m*cngager à les exiger de ceux-là , je
» n'ai pas jugé à-propos de le faire , par
» la raifon que le produit de leur travail
M & de leur commerce n'cft pas ici , com-
y» me il eft pour ceux qui cultivent la terre
» dans les autres Provinces de Paraguay
M ni dans celles du Pérou & du Chili , tout
»» entier pour leur entretien & pour leur
M fubfiftance , mais qu'il eft encore pour
» le Service divin , & pour celui de Votre
» Majefté. Car après le Culte religieux ,
» la plus grande attention des MifÎK>nnai-*
M res eft pour ce qui regarde Votre Ma-
M jafté 3 & ils ont uir ce point fi bien éle-
a» vé leurs Néophytes , qu'aujourd*hui mé*»
a» me, que la famine & la petite vérole
53 en ont fait périr un grand nombre , elle
M peut encore compter fur douze à qua-
aç» torze mille Hommes toujours prêts à
99 prendre les armes pour quelque expédi*
K> tion que ce foit , ou elle voudra' les
99 emploier , comme ils ont fait ces an-*
39 nées dernières dans la Province de Pa-
9» raguay, où ils ont donné des preuves
9> admirables de leur valeur, de leur fîdé-
M lité & de leur attachement pour votre
« Pçrfénnc Roïale , fç foomillanc à leur)
9^ H l'S T O I «. E
^■' » avoir contraincs de fc Ce parer de celles^
'^^' » avec qui ils entretenoient un commec-
.»> ce fcandaleuz , lequel étoic encore la
9> fource des guerres qui croubloicnt la
M tranquillité publique.
Mîflîons des a. Dans tout le cours de ma vifitc, qui
PcrcsdcSaint^ a été de pluficurs centaines de lieues »
» j'ai donné , tant dans mon Diocètè , que
M dans celui de l'AfTomption^ la Confic-
M mation à vingt mille perfonnes; & ce
» nombre auroit été doublé , ù la pefte ,
.y» qui ces années dernières , comme je l'ai
.93 déjà dit , affligea ces Rédudions , n*y
93 avoit pas fait périr beaucoup de monde
M de tout âge & de tout feze. Les Reli-
^ gicux de Saint François ont dans mon
M Diocèfc crois MifHons , & pour remplir
3> toutes mes obligations, je les ai aufli
'm vilîtées. Elles font bien réglées , les In-
^ diens y font inftruics, le ferviçe Divia
x> s'y fait avec piété , mais les Èglifes y
>3 font pauvres, & ne font pas audî fré-
a> quentécs que celles des Pères de la Corn-
33 pagnie. j; en ai demandé les raifons , &
^ on m'en a donné deux ; la première eft ^
M qu^une partie de kurs terres a été don-
•3 née en commande , & que les Corn»
P3 mandatairies font des Particuliers , qui
p> en tirent fouvent autant d'Indiens 6c
a> d'Indieahes qu'il leur plaît , pour les
M emploïer à la culture de leurs propres
93 terres , & aux travaux de leurs Métairies»
9» Outre que par-là ils les détournent de
M leurs exercices de piété & du (ervicc
^3 Divin , ils ne leur laiffent pas le cems
» de travailler U d'çnfemencer Içors pro*
99 prc$
D"U P Ait AGIT A Y. LÎV. XXL '^7
t» ^res champs , ni de bâtir des Eglifes. "*T"T7"
» Auffi CCS Bourgades fe dépeuplent-cIJcs ^^^'
a» tous les jours , parcequ'il meurt beau-
39 coup de leurs Habitans au fervice des
» Commandataires. La féconde eft , qu'el-
» les font expofées aux courfes des Paya-
a> guas y qui enleveni: ou maflacrent quan-
» tité de ces Indiens. J*ai jugé que je de-
» vois donner ces inftrudions a Votre
» Majefté, afin qu'elle veuille bien appli-
» qucr à ces maux le remède que fa fa-
as gefle lui diâera.
Le témoignage d'un Evêque , témoin
oculaire de tout ce qu'il difoit , fit d'au-
tant plus d'impreffion fur l'efprit de Phi-
lippe V , qu'il s'accordoit parfaitement avec
les informations qui lui venoient d'ailleurs.
J*ai déjà dit qu'il voulut que la Lettre de
ce Prélat fut imprimée avec fon Décret ,
& il donna le même ordre pour deux au-
tres Lettres qu'il adrefla , Tune au Pro-
vincial des Jéfuites, & l'autre au même
Provincial & à fes Inférieurs. Dans celle-
ci , Sa Majefté témoigne leur favoir beau-
coup de gré , elle les félicite derbeureufc ,
iffue de cette grande affaire , & les exhor-
te à continuer de maintenir les Peuples ,
qui font fous leur conduite , dans la prati-
que des plus pures maximes du Chriftianif-
me, & dans la fidélité avec laquelle ils
l'ont toujours bien fervie. Elle annonce
même ces deux Lettres à la fin de fon. Dé-
cret en ces termes.
33 Enfin, comme il eft aifé de reconnoître
M par tout ce qui vient d'être rapporté, .
99 6l par les autres Ecrits anciens & moder-
Tomc YI. E
9% Histoire
- w nes,quiont été examinés dans mon Cou-
^7^3* 9, feil avec toute l'attention que deinan-
03 doient les circonftances d'une aftàire il
» import;ante , que dans aucune partie des
« Indes je n'ai point de VafTaux qui rc-
93 cpnnoifTent mieux mon ÏDomaine , les
» obligations de mon Vaflelage , mon Pa-p
93 tronage Roïale ; ou la Jurirdiâion £c-
M cléfiaftique & Roïale foit plus fi>lide«
33 ment établie , comme il fe prouve pat
o3 les continuelles vifites des Evéques 8c
33 des Gouverneurs, & ou l'obéilTance foie
M plus aveugle , lorfqu'il s'agit d'exécuter
33 mes ordres, furtout quaûd ces Indiens
03 font mandes pour la dé&nfe du Pais y
33 ou pour quelqu'autre Entreprifè, puif-
»3 quau premier mot , on les voicaccou^
33 rir au nombre de quatre ou de fis mille
•3 avec leurs armes , j'ai pris la réfolution
35 de faire expédier une Ccdule adrcffée au
py Provincial pour lui faire connoitre la ùr
33 tisfadion gue j'ai de voir s'évanouir pat
33 tant de juuifications les calomnies & IcS
33 impodures d'Âldunaté & de Barua; la
33 grande application de la Comp^nie à
?3 tout ce qui eft du fervice de Dieu & il
33 mien & de l'avantage de ces pauvres Inr
3» diens , & rcfpérance que j'ai qu'ils -con-
93 tinueront avec la même ferveur fc Iç
93 même zèle à gouverne rieurs Réduâions»
?» & à prendre le m.cme foin de leurs Né^-
99 phytcs.
Ce qui avoir encore contribut^ fans don»
te à faire prendre au Roi Catholique U
céfolution de rendre à ces Miflionnaires ose
fi Jiaute & fi pleine juftice , c'cft qa*il n'^
DU Paraguay. Liv. XXL $f
toit arrivé prefaa'aucun Vaiffcau de Bue- -
nos Ayrès en Elpagnc , dans le téms me- '
me que leurs Ennemis n étoient occupés
qu à le prévenir contre eux , qui ne lui
apprît quelque nouvelle conquête qu'ils
avoicnc faite pour la Religion , & qu'ils
continuoient de donner des Martyrs à l'E-
glife. Il fut funout très fenfiblc à la nou-
velle qu'il reçut, qu'ils avoient formé
le projet & déjà jette les fbndcmcns
d'une nouvelle République Chrétienne ,
dont nous avons vu que TEvêquc de Bue-
nos Ayrès avoir dit Quelques mots dans fa
Lettre. Pour développer tout ceci avec or-
dre, il faut reprendre le récit de ce qui ^
s'étoit pafTé dans les différentes Provinces
du Paraguay , où nous avons été obligé de
l'interrompre.
On fera peut-être furpris que ni dans les j_.q .,
Informations de Dom Jean Vafquez d'A-
guero, ni dans les Décrets du Roi d'Ef- ji /.^^^^^J
pagne , il n'ait été faite aucune mention parlé des Ré-
"de la République Chrétienne des Chiqui- durions des
tes : la raifon eft qu'elle n'avoit pas en- Ç^^^^'/^^oi.
core beaucoup occupé le Confeil Roïal ^^^^ j^ j^^V
des Indes , fa fîtuation ne la mettant point d'Efpagnc.
à portée d'avoir beaucoup de communi-
cation avec les Efpagnols , d'oii il arri-
voit que les Mifïîonnaires , qui cultivoient-
cette nouvelle vigne du Seigneur, & qui
Tavoicnt plantée , ne s'y trouvoient pas eiù^
pofés aux perfécutions que leurs Frères. e(T
luïoient dans les autres Provinces du Pa-
raguay , & y dcmeuroicnt affez tranquilles >
{îinout leur Néophytes ne courant aucun
danger d'être donnés en Commande.
E ij
tOO HlSTOIRï
- Une autre raifon pourquoi Philippe Y
Ï74P"43» ^^en avoit point parle dans fon Décret,
eft que les Chiqui:cs n étoicnt point encor
re déclarés VafTaux immédiats de la Cou-
ronne , ni par conféquent fournis au tri-
but j ce qui n*cmpcclioit point qu'en coii-
féquence des anciennes Cédules des Rois
Catholiques ils ne jouifTent de tous les Pri-
vilèges accordés aux nouveaux Chrétiens
que les Jéfuites réuniroient dans des Ré-
cusions , après les avoii tirés de leurs re-
traites fauvages. Les Evêques & iesGoor
Tcrneurs de Santa-Crtk de la Sierra , dont
ils rcconnoiffoient la Jurifdiélion , ne Te-
xerçoient que pour les protéger , & pour
empêcher qu'on n'entreprît fur leur liVer-r
té 5 & fi des Efpagnols fans aveu avoîcnt
cflaïé, comme nous l'avons vu , de troublet
' * "^^et-EtablifTemcnt & d'en arrêter les pro-
' grès 5 ils avoient été fi bien répriinés par
les Vicerois du Pérou , & par TÂu^iencç
roïale des Charcas , que perfoane n'ofoic
plus entreprendre de les inquiéter.
Leurs MifTionnaires n'ignoroient poar^
tant pas qu'il y avoit dans la Province de
Santa-Cruz bien des gens qui n étoienc pas
mieux difpofés en leur faveur , qu'on ne
^itoît par tout ailleurs 5 & il arriva en-
1740 une chofe qui les confirma dans la
penfée qu'ils ne pouvoient porter trop loin la
Û^confpedion dans toutes leurs démarches,
ns avoient reçu Tannée précédente un or-
dre de TAudicnce roïale des Charcas , qui
^qur avoit été fignifié par le Gouverneur
4p . Santa-Ciuz , Dom Antoine de Argor
p^pC^ ?iivallos , d'^nvoïcr qdelqucsruns 4ç
» u Paraguay. Liv. XXÎ, xof
leurs Néophytes pour découvrir un che- "'
lîiin par ou Ton put aller commodément & ^74<^43«'
rarement jufqu'au Paraguay ;. & il paroît
que le motif de cet ordre étoit de con-
noître la route que pouvoient prendre les
Portugais du Brefiï , qu'on foupçonnoif
de vouloir établir un Commerce fecret avec
. le Pérou. dp
Pour obéir à* ces ordres les Miflîonnai- «ais^ arrfvcni
res firent partir cent Chiquites , qui aile- aux CWiiuir-
rent jurqu'àu Parag4iay fans rencontrer au- tti.
cun Portugais \ niais comme ils retour-
noient par un autre chemin à Saipt-Ra-
phael , aoii ils étoient partis , ils fe trou-
vèrent tout-àrcoup vis-à-vis d'un afTez
grand nombre de Cavaliers de cette Na-
uon , fuivis de quelques Soldats, & de Do-
mcftiques à pié , qui conduifoient des Bê-
tes de charges , uir lefquclles étoient les
bagages de cette trouppe. La rencontre de;
cent Indiens bien armes cmbarrafla d'abord-
ks Portugais ; mais aïant bientôt reconnu-
que c*étoient des nouveaux Chrétiens des-
Jéfuites , ils prirent k parti d'en paroîtrc
fort aifes : ils firent aux Chiquites beau-
coup d'amitié , & y ajoutèrent quelques'
préfens. Les Néophytes de leur coté leur
of&irent du miel, qu'ils avoient recueilli
dans les Bois , Sa leur firent part de Içur
chafTe & de leur pèche.
Parmi les Cavaliers ily en avoit trois qui
parloient aflez bien Caltillan , ce qui donna:
moïen au Commandant de la Trouppe y
nommé Dom Antoine Pineyr© de s'expli--.
qucr avec les Chiquites , donc plufîeurs en---
ceodoiem la même Langue , fut le (ujet
£ iij
174C-43.
ICI Histoire
de Ton voïagc. Il leur dit enfuitc qu'ap-
paremment ils venoient de quelque Ré-
dudion i Se aïant connu par leur réponfe
qu'ils venoient de Saint- Raphaël , il les
pria de Vy conduire , parccqu*il fouhaitott
fort , & qu'il étoit même chargé , de voir
quelques-uns de leurs Miffionnaircs. Les-
Néophytes y consentirent fans peine; 8c
quand ils ne furent plus qu'à deux journées
de la Bourgade , Dom Antoine écrivit au
Père Marc Abendano , qui gouvemoit cet-
te Eglife avec le Perc Jofcph Rodriguez ,
pour le prévenir fur fon arrivée. Le Père
Abendaiîo aïant reçu fa Lettre la commu-
niqua au Père Barthelemi de Mora , Su-
périeur Général des Miffions Chiquites »
lequel lui manda de bien traiter les Por-
tugais jufqu'à ce qu*îl fut fur les lieux avec
' le Père Jean de Carbanxas , qui avoit
été envoie dans ces Miflîons par k Pro^
vincial des Je fuites du Paraguay poiu: en
faire la vifîte.
Les Portugais arrivèrent à Samt-Raphaet
le 8 d'Août 1740. Dom Antoine Pincyro
& fon Lieutenant étoient richement vêtus j
les autres Cavaliers Tétoient en gens de
Condition qui voïagcnt , & toute leur fui-
te avoit un grand air de propreté fie d'ai-
fance. Tout fe pafla dans la première en-
trevue entre eux & les Jéfuites avec beau-
coup de politefTe. Les Pères régalèrent leurs
Hôtes autant bien que leur pauvreté le
pcrmettoit , & Dom Antoine leur remit ua
fort beau préfent , qu'il étoit chargé , di-
foit-il 5 d'offrir à titre d'aumône à la pre-
«nicrc Maifon de la Compagnie , qu'il troor.
DU Ï^araguaV. Liv. XXI. iôi
tcroit fur fa route , de la part d'un Gen- "
tilhomme fon riche, & le principal inpé- '74 0-4P
leflé dans les Mines du Cuyaba.
Il ajouta que ce Gencithomme étoit fort
dévot à Saint François-Xavier , auquel il
confacroit ce préfent ^ & qu'il contribuoit
beaucoup aux frais du Procès de la Béa-
tification du Père Jofeph Anchieta , TA-
pôtre du Breltl , qu on pourfuivoit en Cour
de Rome. Les Pères refufercnt d'abord d'ac-»
ceptcr le 'préfent , & ne fe rendirent que
fur ce que Dota Antoine leur déclara qu'il
ne le rcmponeroit point. Tous s'étendi-»
tent beaucoup fur la bonne éducation , que
les Jéfuites donnoient à leurs nouveau*
Chrétiens , 5c dont ils avoient éprouvé les
efiets dans la rencontre qu'ils venoient de
£aitc des Chiquites , autrefois fi barbare*
& fi féroces , fur l'union , qui regnoit en-
tre eux , & fur cette charité univerfellc
& véritablement Chrétienne , qu'ils exer-
çoient envers tout le monde , fans diftinc-
tion de Nations.
Dom Antoine rendit auflî aux Mifiîon-
naires une Lettre dont le Capitaine Major
de Cuyaba l'avoit chargé pour le Supérieur
Général des Rédudlions Cniquites , & par
laquelle il lui donnoit avis qu'il avoit taie
mettre en prifon un Portugais , qui deux
Ans auparavant aïant rencontré le Père Au-
gnftin Cai^anarèz , lequel couroit après des
Transfuges de Saint-Raphael , s'étoit fort
oublié du rcfpedl qu'il lui devoir; & i|^
ajoûtoit qu'on avoit publié dans tout le
Brefil des ordres très féveres , d'avoir pour
les Miffiomiaircs du Paraguay tous fc»
E iiii
104 H r s T o X H E
X740-4?. ^g^'^^Sj & de leur rendre tous les rcfpeas i
qui étoient dûs à leur caraderc & à leurs
vertus ; de bien traiter leurs Néophytes ,
quand ils les rencontreroient , & de ne
taire Efclave aucun Indien , mênae Infi"
dçle y parcequ'en bien des endroits oii
Ton pouvoit les vendre , il ne fc uouvc-
roit pcrfonne qui pût les indruire des prin-
cipes de notre lainte Religion.
Après toutes ces politeffes D. Antoine
entra en matière fut le fujet de fon voiage^
qui étoit d'établir un Commerce entre le
Brefil & le Pérou ; & il entreprit de prou-
ver aux Miffionnaites , en leur faifant le
détail de ce qui manquoit aux Efpagnols
& aux Portugais de ces deux Roïaumes ,
& de ce qu'ils pouvoient réciproquement
tirer les uns des autres , que les deux Na-
tions y trouveroient un égal avant^e. Il
infîfta beaucoup fur celui qui en rcvien-
droit en particulier à la Province de Santa-
Cruz de la Sierra , dans laquelle font les
MifTions des Chiquites y & pour km fairç
comprendre la facilité d'exécuter ce pro-
jet, un des Officiers Portugais leur fie
voir une Carte de la route qu'ils avoienc
fviivie en venant du Brefîl , lut laquelle il
marqua les Etabliffements qu'ils avoient.
Les Pères en furent effraies , & plus en-
core des richeffes qu'ils tiroient de la
partie du Paraguay, que les Efpagnols
avoient le plus négligée. Voici cette route,
qu'il efl aîfez étonnant que les Ponugais
\ient biai voulu faire connoitre à des.
Efpagncrfs.
De Saint-Paul de Piratininguc ils al--
1
•otj Paeaguay. liv. XXL i»5
loîcift s*cmbarqacr fur le Nembis , ou — — —
Ahemhi ^ en fuivant de petites Rivières ' 7 4^-4 3-
qui s y déchargent : or , félon la dernière ^ r^J*"^»
Carte du Paraguay , TAncmbi fe déchirge p"^, ""^^Icr da^
immédiatement dans le Parana 5 mais TOf- Brcfil au Pé-
ficicr Portugais affura qu'ils n cntroieiit fou.
dans ce Fleuve que par le moïcn de ^^^l"YxAh\\\\imcTiM'
ques Ruifleaux qui communiquent de l'une qu'ils ont fait»i
à Tautre. Quoi qu'il en foit , ils ttavcr- fut ccuc tou-
foient le Parana pour remonter VYguairi , ^^•
qui fe jette dans le Paraguay conjointe-
ment avec une autre Rivière qu'ils nom-
ment i5o/«rey , puis ils remontoient Ic-
Paraguay en côtoïant le bord occidcntaU
de ce fleuve , & laifToient d'abord à leur-
droite les ruines de la Ville de Xcrez , qui-
par confcquent devoit être plus près du'
Paraguay , qu'il n'eft marqué dans les-
Cartes.
Aïant enfuite laiffé à gauche le Lac
Manioré , & un peu plus haut Rio Taquarly
ils arrivoicut en peu de tcms à la Ville."
du Je{us d& Cuyaba, qui ncft qu'à dcur
journées du- chemin du Lac des Xafayès ,.
en tirant. au Nord-Eft. Dc-là , quand ils-.
avoient marché deux jours à TOocft , ilg
trouvoient une grande Montagne,- appellée'
Mono de San Geronimo , où il y a aufïi
des Mines d'or , auxquelles on travaille.-
A la defcente de cette Montagne ils- al-
loient s'embarquer dans le Lac des Xa-
rayes , & après l'avoir côtoïé quelque,
tems 5 ils entroient dans une grande Ri-
vière , qui s'y décharge en venant de l'Oc*
cident. Par cette Rivière, qu'ils ne nom^.
mexent point , & dont les Jé{viitesn'ofereac::
tg€ h I s T O I R e
--- leur demander le nom, de peur de leur
'* donner quelques foupçons , ils alloienc à
d'autres Mines , appellées Monte Groffb y
oii il y a une Bourgade peuplée d'enviroir
trois cents Familles. Dom Antoine Pi-
neyro dit qu il et oit un des premiers , qui'
cuffcnt remonté cette Rivière, qu'il y trouva-
une petite Nation d'Indiens nommés Pa^
riffiis^ de très petite taille & fort jniftrablcs-
» Ce font , ajouta-t-il , ces Indiens qui
M travaillent au Mines avec des Nègres
93 & d'autres Efclaves qu'on y envoie du-
M Brcfil avec des Miflîonriaires' pour
•9 inftruire les Pariflus & les Mainkurez ,
M leurs Voifins , Nation fort nomb'Sreulè.
Après ce récit , les Portugais dirent aux
Jéfuites qu'ils avoient fait depuis peu très
heareufemcnt la guerre aux Payaguas , &
qu'il ne tiendroit qu'aux Efpagnols de fe
joindre à eux, pour exterminer ces Bri-
gands,. & aflurer la navigation du Para-
guay.
Conduite des A tout cela les Mifïîonnaires répondî-
Jéfuices en ^-^^jj j^y^ chofes ; la première , que la*
fi«au ^^"' ^°^^ ^^ Madrid n'ignoroit pas que Ics^
Portugais s'étoient mis par voie de fait en-
pofleflîon d'une affez grande étendue de
Païs^ qui appartenoità la Couronne d'EC-
pagne , & qu'elle étoit réfolue d'y rentrcr
de gré ou de force. La (èconde, qu'il y
avoir des défenfes abfolues de Sa Majefté'
Catholique de faire aucune forte de cobs-
mcrce avec le Brefît , dans toutes les Pro-
vinces dépendantes du Pérou. Dom An-
toine, fur le premier article, dit que les
Portugais fç tenoiept cxaAement renrermés
»u Pakaouay. tiv. XXT. rcf
Jans les bornes de la Ligne de démarca- .-^
tion 5 qu'au rcfte ils aimoicnt la paix , mais ' ** '*
qu'ils ne craignoient point la guerre , quand
ils la croïoient jufte , 6c que s*il reftoit
quelque chofe à régler des Limites des
deux Empires en Amérique , il ne doutoic
point que le Confeit des deux Rois ne le
réglât à Tamiablé. Quant au Commerce,
dont il avoit parlé , il avoua que les raifons
qui obligeoient le Roi d'Efpagne à le pro-
kiber, hii paroifToient bonnes , & que le
Roi de Portugal l'avoir auffi défendu dans
le Brcfil.
Le Supérieur Général des Mirtïons Chi-
quites n'arriva à Saint-Raphacl qu'après
le départ des Portugais , & le Père Abcn-
dano lui aïant fait un fidèle récit de
fout ce qui s*étoit paffé , il écrivit au Gou-
verneur de Santa-Cruz de la Sierra , & à
TAudience Roïale des Charcas, pour leur
tn rendre compte , & leur déclara qu'il'
ae feroit aucun ufage du préfent des Por-
tugais , avant que d'avoir reçu leurs ordres..
L'Audience Roïale renvoïa Tafi^re au
Vicctoi , & cependant manda au Supé-
rieur, qu'elle le prioit & lui enjcignoit ,
de défendre aux Miffionnaires de recevoir
dans leurs Réduftions aucun Etranger , &:
de ne permettre à leurs Néophytes aucune
forte de communication avec les Portu-
gais , ni même d'en recevoir des préfens ^
a quelque titre que ce fut.
Le Pete de Mora trouva que le Père— — —— -
Abendane avoit prévenu cette défcnfe 5 i740-4r*'
car aïant donné un Détachement de Chi-
qaices ausPonugais pour les remettr&dans:»
E-vj)
I08 HiSTOiRf
- leur chemin , avec ordre de bien exansf^
''*' \' ncr quelle route ils prendroient , comme*
Calomnies jj ^^^ appris à leur retour que Dom An-
fui°te7 r ce '°^"^ Pincyro leur avoir fait en les congé-
fujetj le Gou- diant , un préfent d'habits , de chemifes y
verncur de & de chapeaux de caftors, il fît punir ce» "
Santa <^U2 [qj ç^y {^^ commandoit, pour l'avoir ac-^
Jwfaitccflcr.^çp^l , & brûler dans la Place pubUque
tout ce qu'ils avoient reçu , dont il les dé*
dommagea. Il indruifît auffi-tôt le Gou-
verneur de Santa-Cruz de ce qu'il venoir
de faire. Un Gentilhomme Efpagnol , qui
avoir été témoin de tout , lui manda la
même chofc ; & le Gouverneur impo(à ^'-
lencc à certaines gens , qui commençoient
à répandre dans le public que les Jéfui*
tes 5 pour reconnoître là libéralité des Por-
tugais, non-feulement leur' avoient fournir
des Mules , des Chevaux & des provifion»
pour leur retour , mais s*étoient oubliés fur
bien des chofcs de la fidélité qu'ils dévoient
au Roi ,-&n*av oient eu égard qu'à leurs
intérêts.
Le GŒiverneur fit plus- encore ; il- ihC-"
truifit drtout l'Audience Roïale des Char-»
cas, qui fit au Père de Mora Thonneur de
lui écrire , pour le félicitex^^ & tous 1«&
MifTionnaires , de la fageHe avec laquelle
ils s'étoient comportés dans cette occafion..
Le Viceroi ne fut pas moins content àt
leur conduite ; mais il ordonna qu'on lui
envolât le préfent que le Père Abendano
avoir reçu , & il fut obéi fur-lc-champ.
Au refte , il y a bien de l'apparence que ce
fut au fujet de cet événement , que le Perc.
Rico , qui toit alors Piocureui: Géjiéx^
DTJ Paraguay. Liv.XXt ro^
ic* Indes pour fa Compagnie en Efpagne , '"*
fit fupplier le Roi de ne pas différer plus ' ^^'
long'tcms à mettre les Chîquites Chrétiens^
fur le même pied que les Guaranis. Phi-
lippe V y conlentit ,. & fit expédier en 1745
Hnc Cédule Roïale , adrefféc à Dom Fran-
çois-Xavier Palaeios , Oydot de l'Audience
Roïale des Charcas , contenant une Com-
mi/Tion- (péciale pour recevoir les Chiqui-
tes en qualité de Vaflaux immédiats de la
Couronne , fuivant les Indrudlions qui lui
forent remiffes en même tems.
Le Commiflaire partit dès qull: eut reçu- Comœi/Eihô-
&s dépêches: il n'avoit qu'une connoiifan' du Roi aiur
ce fort fuperficiclle de ces Miflîons , mais Chiquiws.^
avant que d'y arriver , il reçut de Dom
Jofeph Pardo de Figueroa , Marquis del
Valle Umbrofo , fon Ami , une Lettreda-
tée du 14 Juin 174^, qui lui' donna: tou-^
. tes les lumières , dont il avoit befoin pour
s'acquitter de la Commiflfion dont il étoit-
chargé. Perfonne alors ne connoiffoit mieux>
l'Amérique Efpagnole , que ce Seigneur y
qui étoit né à Lima, avoit parcouru tou-
tes les Provinces qui dépendent du Pérou y.
& fervi avec beaucoup de diftinftioft-dans.
la Nouvelle Efpagne. On la vu .depuis en
Europe , s* exprimant- dans toutes les Lan-
gues avec la même facilité, que dans la^
fienne , ne paroiffant nulle part Etranger,.
& parlant de tout en Homme , à qui tou-
tes les Sciences étoient familières. C eft l'i-
dée que nous en donne le favantPere Fei-^
jpo Bénédidin en plufieurs endroits de fes:
Ouvrages , & furtout dans le quatrième^
Xomc de fon Théâtre Critique. Le. Père
Î5« HlSTOlRt
^' un fort grand nombre lui rendre vifitc : il
les careila beaucoup , 8t leur fie queUnes
préfcns. Ils y furent très Tenfibles , & a.U
manière dont ils prirent congé de lui, A
jugea qu'ils ne tarderoient pas long-tems à
le revenir voir. Au bout de quelques )oni»
leur principal Cacique vint lui dcdarer-que
lui & tous Tes Vaflkux étoient très mC*
pofés à fe faire Chrétiens^ mais qu'ils oe
vouloient point fortir de leur- Pais ; qu-il
le prioit de les réunir dans une Réduâion
en tel lieu qu'il voudroit , pourvu que les
Forêts fuflent toujours entre eux* & les
Guaranis , & que s'il leur accordoit cetttf
demande , il lui répondoit que tous les
Guenoas fe rangeroient fous la conduite
des Pères de la Compagnie. Il ajouu même
que pour leur faciliter Tétude de leur Lan^
gue , il s'ofFroit à refter auprès de lui.
Le Perc confcntit à tout , êc Ahwi Cû*
cique qu'il alloit écrire k fon Provincial'
pour lui demander fon agrément , & pour
rengager à folliciter celai du GcNivemcur
de la Province. Le Cacique vouloit envoïer
quelques-uns de ceux qui l'accompi^notenr^
pour faire part à Gt Nation des bonnes jm*
rôles qu'il lui donnoit ; mais k Perc hit
dit que fon avis étoit qu'il y allât lui-même ,
& il partit fur-le-champ. Cependant peu
s'en fallut que de û belles apparences de
voir bientôt toute une Nation acqùi(è à
Jefus-Chrift, ne s'évanouiflent en un înftant.
Une trouppe de ces Indiens étoit allée faire
une courte fur le Territoire de la Réduâion
d'Yapeyu ^ donc les Habitans en avoieac
DU Pailasuat. Lh. XXL i^^
lui deux , & toute la Nation prcnoit dcja j.o-j.7
les armes pour venger leur mort. Hcureu- '^ "^'*
femenc le Pçre de Herrera en fut averti à
tems , & ne perdit pas un ihoment pour
parer ce coup.
Il parla au Guenoas , il leur repréfenta
que les Chrétiens nViant fait que ce qu'ils
anioient lait eux-mêmes , (i on éroit venu
les attaquer (ans qu'ils en eufTent donné au^
cun fujet , ils ne dévoient pas être regardés
comme Ennemis de la Nation , Se qu'il les
connoiflbit affez" pour affurcr qu'ils ne Té-
toient pas. Il accompagna Ton difcours de
manières fi engageantes , qu'il réufTit enfin
à les appaifer. Il s'apperçut enfiiite que le
Cacique lui avoit promis plus qu'il ne pou-
voit tenir, & que tous les Guenoas nétoienc
pas aufC-bien difpofés à embraffer le ChriC-
ciaùifinc , ou'il l'avoir cru. Il l'exhona à
fe Ctfsaet de ceux qui n'étoient pas dans
les niémes ièntimens que lui, & il n'eut
pas beaucoup de peine à l'y engager. Cet
Homme lui fit de grandes inftances pour
obtenir qu'il le baptiCàt au plutôt ; mais le
Pcrc loi repréfenta qu'il n'étoit pas encore
am^ inftruit pour cela , & il en convint ^^ ,
le pria de conunenccr au plutôt Ces indruc^
tions, 8c s'y rendit très afTidn.
M^ ce qui détermina enfin le Père à ne Guérifo»
pas diffirer plus long-tems fon baptême , mitaculcufc,
c'eft que l'aiant trouvé un jour fort afHieé
à la vue de fon Fils qui étoît à Textrémicc ,
Bl £b ftntant infpiré de demander à Dieu,
far l'interceflion de S. Antoine de Padoue y
snquel il avoit une dévotion particulière ,
ft fims la prot«ftion duquel U avoit ié'yk
m- R 1 sr T o I n r
•■ ' tions réciproques , rien ne pouvoir maffi-
Ï74045* quer au fucccs de la Commiflîon. Les Mit
nonnaires alloient au-devant de tout ce qui
pouvoir faire plaifir au CommifTaire y qui
de fon côté paroilToit avoir autant qu'eux^
mêmes un dedr fîncere que les chofes rcuf-
fîfTent 5 comme ils pouvoient le defirer.
Ainfiilny eut aucune diifficulté fui rien*.
Les CKiquites furent très Eattés que le
Koi Catholique voulut bien aiTorer leur
liberté, en les mettant au nombre de fc»
VafTaux immédiats , & ils. s-engagerent de
bonne grâce à lui païer le même Tribut-
que lés Guaranis. .,
|-~ Cependant les Peuples dii Cha.co avoienc'
l i74i*45* Jcpuis plufieurs années recommencé leurs
les Peuples hoftilités & leurs brigandages dans le Tuh-
du <^^*co çm^jy^ ^ ^ y commcttoient des cruautés
ttb. '^" pl^s que barbares. Dom Jean de MontiCoi
& Mofcofo ,. Gouverneur de cette Provin-
ce, fit enfin en 1741 iq|k effort pour- les
réprimer : il entra dans ic Pais Ennemi
avec des forces- (upérieures , battit les In-
diens en pluHeurs rencontres , fit un grancT
nombre de Prifonniers , délivra tous les
Efpagnols qui avoient été faits Efclaves„.
reprit tour ce qui avoit été enlevé dans
les Habitations de la Campagne & répan-
dit la terreur des armes Efpagnoles bien
avant dans le Chaco. Les Tobas furent
lès premiers à demander la paix,& soffii-
rcnt à engager les Mocovis à (c foumet-
tre aux conditions que le Gouverneur
Youdfoit leur impofcr.
Ce Général fit dire à leurs Députés d'at
1er attendre fa rcpo^fe dans un Fort ^, qu'il*
DU Païlaguay. Lh. XXL ixj
leur marcjoa , & de n'en point fortir (ans x74i-4S%
une permiffion par écrit de rOfHcier qui
y commandoit. Ils obéirent : on traiu avec
eux 5 ils promirent tout , mais ils ne gar-
dèrent pas long-tems leur parole. Ce qui
avoir le plus contribué à les rendre alors
fi dociles, c*eftque leur Nation venoit de
recevoir un afTez grand échec de la part des
Zamucos. Un de leurs Partis, où il y avoir
de la Cavalerie , s*étoit approché pendant
la nuit de la Réduâion de Saint-Ignace y
où Ton ne penfoit à rien moins , qu'à les
avoir fur les bras. Par bonheur on y de-
voir célébrer ce jour-là même la Fête de
Saint- Jofeph , & tous ceux qui travail-
loient dans la Campagne s'y étoient rendus
la veille au coucher du Soleil. L'Ennemi ,
qui avoir compté d*y trouver peu d'Hom-
mes 3 s'en étoit approché pendant la nuit ,
& au point du jour étant près d'y enrrer ,
îetta de grands cris. Les Zamucos eurent
non-(èulement le tems de prendre les ar-
mes, mais encore de (è former, & de
marcher en bon ordre contre des Gens,,
lui furent furpris , parccqu'ils croïoient
urprendre. Ils furent rompus dès la pre-
mière charge , & jettcrent leurs armes &
tout ce qui pouvoit les embarraiTcr , pouc
fuir plus vite. Les Zamucos les pourfuivi-
xent vivement , 6C fans deux Efcadrons.
de Tobas , qui fe formèrent pour favorifer
leur retraite , tous auroient été pris ou
tués. Un de ces Efcadrons fut même char-
gé avec X tant de valeur , qu'il fe vit
contraint de fe jetter dans un Bois fort:
i^mâ de fort: cfabacraffé. de buiflons ^ oà
il
14* HlSTOXRE
1740-47 ^^^^' ^^^ répondirent donc au GonvcifiCOt
' qu'ils ne fc rcfuferoicnt jamais à rien dé
ce qui feroit du fervice de Dieu & de cdn
du Roi y mais que la réunion des Vildal
aïant été ménagée par un EcclédafUqae / 3
n*appartenoit qu*à ceux qui gouveroaieiit
le Diocèfe de lui donner un Succeflcur. Le
Gouverneur indila, &: leur dit que le Défiutt
. n*aïanr point eu fon attache pour fbndet
une Rédudion , ni par conféqueut le poa*
voir de la faire jouir des Privilèges que
lui feul , comme Vice-Patron , pouvoit y
attacher , cette affaire ne regardoit point
le Chapitre de la Cathédrale.
. Les chofes en étoient là, lorfqoe le Ptie
Loçano finit fa Lettre du premier de No-
vembre i74<^j & il ne dit rien de cette
affaire dans une autre Lettre qu il écrivit
le premier de Mars de Tannée mivance. Ce
qui e(l certain y c'eft que plufîeors années
après il exiftoit une Rédudion des Vilelas ,
& que l'Evéque du Tucuman fc fit accon>-
pagner d'un Jéfuite dans la vifite qu'il en
fit 5 ce qui peut faire juger que cette nou-
velle Fglife n'étoit pas gouvernée par des
Pères de la Compagnie , d'autant plus que
dans le mené tems qu'on travailloit à réu-
nir cette Nation , une vaftc cariere s'ouvroit
^ leur zcle clans la partie la plus Méri-
dionale de l'Amérique. Voici de quoi il
s*a<îL(îoit.
Proiec des ^^ >' ^ trente ans que de tous les Habitans
Jéfuirr ;our de cc vaftt Pair, , qui eft icrminé au Sud par
réu!)îir «l^iisjo Dctioir de Mngcllan j à l'Orient , pat la
lcsTvirc*sM»-2^.îer Map;cilacique ; à TOccident par la Co^-
gclkniqucs. ^y.ç^^ duChiH>>auNord, par le Tu-
i
^
»u Paraguay. Lîv. XXL 14^
«aman & le Chaco , on ne connoifToit bien ■
91e les Pampas, Peuple errant dans les ^ 74^-47*
.Taftes Plaines qui s'étendent depuis Bue-
nos Âyrcs }afqtt*à la Ville de Mendoze,
laquelle dépend du Chili , od rien ne borne
la vue ôc n'arrête rimpétuofité des vents
que les Efpagnols appellent Vuntos Pampe-
f9s y iL qui excitent û fouvenc les plus
dolentes tempêtes fur Rio de la Piata. Une
Lettre du Père Manuel Garcia y Jéfuite y
datée da 7 Juin 174^, nous donne furies
aaties Peuples , qui habitent dans ce vafle
Continent , quelques connoifTances afTez
générales, & nous en faifoit efpérer de
plus détaillées , qui ne font point encore
venues à ma connoiiTance , mais nous en
avons alTcz pour faire voir que tous nos
Géographes font fort en défaut fur ce grand
Pais a & fur fcs Habirans naturels.
Suivant ce Miffionnairc , tous ceux que Çaraûeredef
nous appelions Pampas , n'ont pas la me me p^"^^^* ^* ^
■origine , quoique tous la tirent des Habi-
rans de cette partie de la Cordilliere , qu'ils
nomment Serranos , mais font divifcs en
deux Tribus fous les noms particuliers de
Pudchès & de Tuelchès, Ceux-ci font con-
fias à Buenos Ayrcs fous le nom de Pampas
.Magdalenijias , parceque dans un tenis de
famine ils fe répandirent aux environs d'une
Bourgade Efpagnole nommée ia Magde-
leine ^ & ceux-là fous le nom de Pampas
Matancerosy parceque dans k même r^ms,
& pour la même raifon ils s'approchèrent
du Bourg de Matança , qui n'cU pas non-
plus fort éloigné de Buenos Ayrès.
Les Montagnards Tuelchès font établis^
f44 Histoire
^JZ ^""^ aux environs d'un Volcan , & une panier
^740-47. ^Ç5 Magdalcniftes s'étendent aufli le long
de Rio de los Sauces ^ ou Rivière des Saa«
les , qui coule de l'Orient à l'Occident y&
fe décharge , après* s'être partagée en deux
branches , dans la Mère Magellanique.
Quant à la partie la plus Âuflrale de ce
Continent , elle cd habitée par deux autres
Nations ou Tribus , qui portent les noms
èiAucaes & de Pepienchès ou Pehuenchès»
Les premiers f<)nt établis- à la hauteur de
Valdivia , Ville du Chili ; les féconds , dont
quelques-uns font encore plus au Nord,
s'érendent par petites Trouppcs jufqu'an
Détroit de Magellan. Suivant cette divifion
il n'eft pas ailé de trouver ou placer les
Patagons, Ce qui eft certain , c*eft qu'oa
n'a trouvé dans aucune des Nations , dont
je viens de parler , ni cette taille gigan-
tcfque 9 ni cette Hgure monftrueufe , foas
lefquelles on reprcfente ceux-ci , quelque
recherche qu'on ait faite à l'occanoa de
i'Entreprife dont nous parlerons bientôt ;
car on n'a trouvé ni Homme vivant y m
un feul fquelette , qui donne lieu de croire
que ce Paï's foit habité par des Géîants.
tcur Langue, La Langue des Serranos n'eft pas iâ
^te^' 1 ^^^^^^[ même que celle des Habjtans les plus voi-
LcSc^ ^^ fiï^s du Détroit 5 & les Dialedes , qui font
dérivées de Tune & de l'autre , ont leurs
difficultés particulières. Tous s'entendent
néanmoins ailez pour traiter en£emble : iU
Ct font fait un langage commun , ou ils &
font donné réciproquement des figues-»
comme il fe pratique parmi plufieurs Sau-
vages dç l'Amérique , four w faite cntcn^
dre^
!
BU Pauaguat. Lh.XXL 14^
ht. Au rcftc tous font , comme tous les — — — •
Peuples Méridionaux, légers, inconftants, ^74^47*
kréfolus ; mais ,il y en a peu , qu'ils ne
fiupaflent en fierté & en arrogance , quoi*
^'il n*y ait peut-être pas d'Hommes au
Monde qui mènent une vie plus miféra-
Ue , ni qui fbient plus pauvres , fur-tout
ks Pampas & les Montagnards 5 cependant
ils ne s'eftiment inférieurs à aucune Nation,
pas même aux Efpagnols. Au refle leur pau«
victé cft uniquement caufée par leur parefle,
donc ils font gloire. Il n'y a que ceux qui
ont vécu dans le voifînage des Habitations
£(pagnoles, qui par necedité £e (ont un
peu accoutumés au travail.
•Les Habitans des Montagnes , quoique
4eac Païs (bit fujet à de grands froicls ,
aimeroient mieux aller tout nus, que de
(c donner la peine de fe faire des nabitss
lis achètent des couvertures & des étoffes
des Aacaès, qui nourriffent quelques Trou-
peaux, Se de leur laine font de quoi fe
couvrir. Ils femënt auffi du âroment , qu'ils
ictSL&nt entre deux pierres pour en faire des
efpeces de tonnes : ils ont du cuivre & quel-
ques autres métaux , qu'ils fondent enfem-
bie pooren faire des mors Se des éperons ^
mais -en petite quantité , parcequ'ils trou-
vent ce travail trop dur. Ils ne tuent point
inirs Brebis pour les mani^er ; mais quand
la £aim les pre(re , ils les (aignent & eh boi-
vcnc le ûmg. Les alimens les plus ordinaires
des Montagnards font les chairs des Ju-
mens , -des Renards, des Autruclies, des
Cuanacos. Les Pampas font fort friands de
«elle des Boeufs 9 Sl ils en enlèvent autant
Tomi n. G
s
146 HiS TOIRE
•"' qu ils peuvent des Habitations Efpagnokf*
J740-47» Cependant leurs values plaines font couver*
tes de Bçrufs fauvages ; mais ils ne fc don-
nent point la peine de les chaffer, |
Leurs vices. Ceux qui ont 4e plus de commerce avec î
les Efpagnols , ont appris d*eux à jouer , & i
le jeu c(t devenu leur pairion dominante: =
ils y pafTent les journées entières , & quel-
quefois les nuits , fans fonger même à cncr*
cher de quoi vivre. D'ailleurs ils font les.
plus intéreffés des Hommes. On n'çft bien
avec eux qu'autant qu'on leur donne , &
plus on leur donne , plus ils demandent. Ils
ne voudroient pas rendre le moindre fervice
à perfonne , qu'ils ne fufTent païés d'avan«
ce , & pour voler une bagatelle il ne leur
/coûte rien de courir plu(ieurs lieues. Ih
achètent. pour revendre, & ils font auf&
fripons dans le commerce , que hardis vo^
leurs. Avec cela. ils font fujets aux vices
les plus erofTiers , & ils n'ont pas la prc^
mierc idée de la pudeur G naturelle au reftç
4cs Hommes.
Leurs idées Cependant ils paroiHent avoir unç idée
(m K^^^-'Siffcz diftinare de Dieu, & leurs Langues
t^^^ ont des termes pour exprimer ce qu'ils ea-
tcndent par cet Etre fupérieur j mais on uê
s'ell point encore apperçu qu'ils lui rendent
aucune forte de culte, quoiqu'un Efpagnol
qui avoit été long-tems Efclave parjtm lés
Montagnards, ait dit au Père Garcia .au il
les avoit 'entendus proférer fon nom d'ua
ton fort afFedueux. On a au(fi quelque lieu
/de croire que les Aucaès adorent le Soleil »
.car quand ils ont tué une Bcte à la cha/Te, j
ii^ en jettçnt le fang yers içet Aftrc^ en figjic
BU Paraguay. Lh. XXL 147
Ac réjouiflance & d'adions de grâces. On | -40-4^.
dit auflî que les Femmes , quand elles font ' ' *
accouchées ^ préfencenc leurs Enfants à la
Lune , comme pour les lui offrir & rccon-
noître qu'elles les tiennent de fa libéralité y
ou pour la prier de répandre fur eux fes
plus favorables influences.
Tous croient les Âmes immortelles. De»
que quelqu'un eft mort , les vieilles Femmes
s affemblent dans fa Cabanne , & aflifcs
autour du corps , fe mettent à pleurer Se à
crier de toutes leurs forces. Les Parents du
Défunt répondent fur le même ton , &
quand cela a duré quelque tems , on porte -
le corps au Ucu de la fépulture , & on l'en-
terre avec tout ce qui étoit à l'ufage du
Défunt. On e£l même fort attentif à ne laif-
fer rien qui puilTe en rappeller le fou venir.
A-peine dd-iL hors de fa Cabane , qu'on la
réduit en ccmres , & Ton regarde roi c com-
me un très mauvais pronoilic de rcvcr à
lui eu dormant. Ces Barbares ont quantité
d'autres préjuges fuperftiticux , & croient
beaucoup aux Sorcières ^ car ce font les
Femmes feules , qui fe mêlent des fortilé-
gcs , & elles fe vantent d'avoir de fréquens
entretiens avec les Démons.
Pour fe marier parmi ces Peuples il faut ^^ trarîagrt
acheter une Femme, mais on la quitte fans ?, i_ "ç""
^ 1 /• * 1 • tioii des £ur
nçon 5 quand on ne Le trouve pas bicuf^us.
avec elle, & on en acheté une, autre. Les
Caciques & les plus riches en peuvent avoir
autant qu'ils veulent. Quand un Homme
meurt Gms Enfants, fon Frerc époufc la
Veuve, & fi la Femme meurt fans avoir
eu d'Eufams, u Sœur , fi elle en a, & ii
114* H I s T O I A E
'lf740-47, ^^^^ *^^ Veuve , doit prendre fa place. Î4
^ tcndrefle des Pères & des Mères pour leurs
•Enfants efl: portée à un excès qui va juf-
•qu'à l'extravagance ^ jamais ils ne les châ-
tient ni les réprimandent , quoiqu'ils en
Soient traités avec la dernière infolcnce.
S'il arrive que dans un mouvement de cor
1ère ils les aient frappés , dès q'ie la colère
ell pafTée , ils font un feftin pour fe récon-
cilier avec eux. Le Père parle à fon Fils
par vous y & le Fils ne lui répond que par
toi. Cette conduite produit tous les dcforr
dres qu'on en doit naturellement attendre ;
•& au lieu que parmi la plupart des autres
Nations c'eft dans le coeur des Enfants |
que lafemcncc Evangéliquc commence à
germer , ici c'eft où elle a le plus de peinç
a fru£lifîer.
Lc$ Pompas Aufli, quoique les PampdÀ| fe fiifltnt
^ ^? ^T j^^^^^s déclarés ouvertemenflRnemis des
Mandent dTs Espagnols , & que plufieurs de leurs Caci-
i^iéoD^isd' ques affcdaffent même de porter des nomi
r«» de Saints Sç, des furnoms Caftilians , on
avoir perdu toute efpérancc d'en faire de
véritables Chrétiens, lorfqu'çn 1739 dcui
de leurs Chefs & deux des Montagnards »
allèrent trouver à Buenos Ayrès le Meftre
de Camp , Dom Jean de Saint Martin ,
pour le prier de leur procurer des Pcres
de la Compagnie , qui vouluffent bien
prendre la peine de les inftruire des vérités
dz notre lainte Religion. Dom Jean en
donna aiîiïi-tôt avis au Gouverneur de la
Province , Dom Miguel de !5alcedo , lequel
écrivit fur-le-champ au Père Machoni ,
alors Provincial de$ Jéfuites y pour Tcngar
I
tu PaUaouay. Liv, XXL 149"
|er à profiter d'une fi belle occafion de ..'*'^"
porter ta lumière de rEvan^ile à ces Peu- '^ ' ''
pfcs. Le Provincial propoia. cette Entre-
pilè s(ux Percs du Collège de Buenos Ay-
rcs : les Percs Mathias Strobl & Manuel
Ûacrini s'offrirent de bonne grâce , & ils
turent acceptes.
Comme les Caciques dcmandoicnt un R^duôion <fe
terrein , ou Ton put fermer une Rcduc-^f Concep-
tion, le Perc Strobl en alla chercher un,"^"'
& le trouva tel qu'il le fouhaitoit , à deux
lienes de ta Mer Magellaniquc , entre un
Ruifleau & la petite Rivière Salée, C'ctoic •
tioe Plaine femec de Bofqucts ^ Se qui avoio
en Êice le Cap de Sainte-Manc. Le Père
Qucrini en aïant eu avis en alla faire parc
aux Caciques, lc(quels difpoferenc auffi-toc
leurs Vauaux , & régleront toutes chofcs
pour aller prendre polTeffion' des terres
iju'on leur offroit. Ce fiit le fixieme de
Mai mil Ccpt cent quarante , que toute
cette nouvelle Colonie fe mit en marche
avec les deux M'ifiionnaires ,- & elle n'a-
voit pas encore fait beaucoup de che-
min * qae Dieu fit connoîtré que le tcms de
fa miTéricorde étoit venu pour ces Infidc-
ïçs. La Femme d*un Cacique tomba mala-
de , demanda le Baptême avec les plus*
grandes inftances ,.le reçut , & mourut dans
les plus beaiix fentimens que la Religion
pnifle kifpirer^ tandis qu'on lui faifoit la-
recommandation de rÀme. Un Enfant la
fuivic de près à la gloire , après avoir été
régénéré dans les eaux du Baptême , & la
merveille fut que le Mari de Tune & les-
Jfarons de l'autre ne parurent fenfiblcs qu'à-
G iii.
IJO H 1 s T O 1 R ï
1740 47. ^^ J°^^ ^^ ^^^^ ^cs deux Prédeftin^s alfcr
prendre po/Tefîîon du Te jour des Bienheu-
reux au nom de leur l^ation.
Faveurs du Toute la Trouppe arriva 'au terme îeilr
C cl fur ces de Mai jour de TAfcenfion j & commença
^lofélyjes. par planter une Croix , au pié d& laquelle
les deux Miflîonnatres célébrèrent (ur-le-
champ les divins Myftcres. Ils s'étoient (m
accompagner de quelques Guaranis,, & ili
les cmploïerent d*abord à bâtir une Cha-
pelle , 5c des Cabanes pour tout le monde.
Le Caciouc , qui avoit perdu fa Femme
pendant le voïape , fut nommé Corrégi-
dor de la nouvelle Bourgade , fuivant le
pouvoir qu'en avoir donné le Gouverneur
de la Province. Trois autres remplirenc
les premières Charges municipales , les aa-
très Rirent confiées aux principaux des deur
Nations , 8c tout fe fit à la fatisfa£lion de
ces deux Peuple^ , qui paroifToîent n*ea
faire plus qu*un feul.
Il n*ctoit pas néceflaire d'appeller les
Adultes , ni même les Enfants aux inftrac-
tions : tous s*y portoient d'eux-mêmes avec
ardeur, parle defir qu'ils avoient de çpce-,
-voir le Baptême 5 & comme les deux Mif-
lîonnaires ne pouvoient pas encore s'ex-
pliquer facilement dans leur Langue, ils les
prièrent de leur parler en Efpagnol , qu'ils
entcndoient alTezbicn, quoiqu'ils n'evuTcnt
ppint Tufage de le parler. On baptifa
d'abord foixante & dix Enfants , donc
cinq moururent bientôt après /. un fixicme
tomba enfuite malade , & pendant toute .
fa maladie , quoiqu'il n'eût que cinq ans y
lors même qu'il étoit en délire, il ne fit
liv Paraguay, th. kXt. i$i
ijuc prier Dieu , & expira en prononçant TTTTTr**
les facrés Noms de Jefus & de Marie. Une '^ '^'*
femme accoucha prefque en même tems
d'un Enfant 5 qui parut mort : le moment
d'après le Pcre Querini , qu'on n'avoic
pas eu le tems d'avertir , étant entré
far hafàrd dans cette Cabane , et voïant
toute la Famille plongée dans la triftefle ,
en demanda la raifon s on la lui dit , & i!
Voulut voir l'Enfant, qu'on avoît étendii
par terre , & couvert d'un morceau d'étof-
fe : il l'examina & trouva qu'il refpiroit
encore. Il le baptifa , & prefqu'aulfi-tôt il
lui vit rendre le dernier loupir.
La Femme d'un Cacique cfes Montagne^
fut dans le même tems attaquée de dou-
leurs trèç violentes , qui la réduifirent bien-
tôt à l'extrémité. Elle étoit enceinte, &r
on la croïoit à fon terme ; on ne douta
point que l'Enfatit ne fut mort dans foiï
fcin , & pour fauver k mcre, on (e dit
pofoit à l'en tirer. Le Père Strobl <|ui ' ac- • i
courut au premier avis qu'on lui en don- •' •■•
na , aïant engagé la malade k s'adrcfTeif
au faint Fondateur de la Compagnie , dont
il lui appliqua une Rdique , elle fut déli-^
▼réc fur-le-champ. L TEnfant ne donnoie
aucun (îgne de vie , & avoir à la rctc dntf
ouverture, par laquelle on voïoit la cer-
velle ; cependant on l'entendit pleurer, lé
MifTionnaire le baptifa , & il expira biéh-
tôt après , laiffant toute la Famille perfua-
dée que le Saint Patriarche ne lui avoit
prolongé la vie, que pour afTurer fon fa^
lut éternel.
Enfin, une jeune Femme nouvellement
G iiij
ÎJ* H I s T O 1 R 1
* ^ marine étant tombée malade j demanda fe
A74 '47'. Baptême avec de fî grandes inftances ,
qu'on crut ne devoir pas différer d'un mo-'.
ment à le lui accorder , quoique la mala«
die ne parut pas dangercufe. Elle reçut
ce Sacrement avec des trân(ports de fer-
veur 5 qui paroifToient avoir quelque chofc
de furnaturel; elle demanda cnfuitcFEx-
tréme Ondion , & il fallut encore céder
à fes cmpreflemen». A-peine revit-elle re-
çue , qu'elle rendît l'ame à (on Créateur
dans une efpecc de raviflemcnt. Tous en
Î général paroifToicnt pénétrés des mémei
encimens y ,Sl on ne pouvoit attribuer qu'à
un miracle de la erace un changement û,
prompt dans les Hommes du monde , <m
paroi/Tolent peu de tems auparavant tes
plus éloignés du Roïaume de Dieu.
Grand con- , Le bruit de tant de merveilles Te répan-^
S"f * ^r ^l'^ *^" bientôt par- tout , & Ton vit accourir
con^ption t ? ]a Conception un très grand nombre dln-
& ce qui en udeles ; mais la feule curiouté y attiroit la
arrive. multitude , & bientôt on eut tout lieu de
fe repentir de Ty avoir reçue fans examen.
Il n'eft pas poÔible d'imaginer ce que les
deux Miflionnaires eurent à endurer de la
plupart de ces nouveaux venus. Illeurfal-
loit traiter avec des Barbares fans pudeur j
qui ignoroicnt jufqu*aux égards 8c aux
biepféanccs que la feule lumière de la rai-
fon prefcrit , qui ne pouvoient fouffrir au-
cune dépendance , portoient la fierté & Tin-
folence jufqu aux plus grands excès , fi
moquoient des avis qu'on leur donnoitj
ne païoient que d'ingratitude les fervices
qu'on leur rcndoir , &c n étoient feniihlcs
BU V kHAQVAY. Llv. XXT. lyj
Bt aux prières ni aux menaces qu*on leur n at^
&(bit de la colère du Ciel. Leurs En- "**'' '^^^
£mts , tandis qu*on les inftruifoic, jouoicnt ,
k baccûient, ne faifoient aucune actention
i ce qu'on leur difbir. Cependant pcu-à-
peu la patience & la confiante charicc des
Minières d'un Dieu qui leur a tant recom-
mandé ces vertus , 8c les bons exemples
des premiers Habitants de la Rédudion y.
lès rendirent plus raifonnables , & le plus
grand' nombre fe convertit de bonne foi.
Il fallut néanmoins ufer envers tous de
beaucoup de condefccndance au fujet du
uavail, pour lequel j'ai déjà obférvé que"
CCS Peuples ont une averfîon qui paroîr
invincible 5 & cette complaifancc , l'exem-
ple des Guaranis que les Pères retinrcnt>
quelque tems avec eux , & celui de ces
Religieux, mêmes , qui ne s*épargnoient en-
rien , produiCrent à la fin une partie de.*
Tefièt , dont on avoit long-tems defefpéré^
On vint à bout de les engager à labourer-
la terre , & à y femer des grains. L*cfpé-
rance bien fondée d'une abondante ré col*
te leur rendit le travail fupportable ; ils en
inarqnereiK leur reconnoiflTance à ceux quT-
leur avoient procuré ce bonheur, par les-
aflîirances du plus parfait attacKemenr , 8c '
ils tinrent parole »- quoique dès perfonnes
intéiefTées a les avoir dans leur voifinage>,
n'euflent rien oublié pour les prévenir cou-
tre lès Miffionnaires , en même tems qu'ils
tàchoiènt de perfuader à ceux-ci qu'ils per^«
doient leur tems & s*épui(bient inutikmenc
ic &ti^es auprès d'un Peuple , qu'ils ne
laéduîioient jamais à vivre en focicté ,,Ao:-
^S4 Histoire
1740-47. ^°"^^ encore à fe foumcttre au joug <fc
l'Evangile.
Fcrveut des Dès qu'on fut venu à bout d'en faire
Néophytes, des Hommes laborieux , & de les rendre
traitablcs & dociles , la grâce , trouvant
beaucoup moins d'obftacks à fes impref-
fions dans leurs cœurs , fit le refte , & la
fejveur devint générale. L'emprcflcment
qu'ils témoignoient pour être inftruits , ^alla-.
n loin , que la nuit mcme ils alloient in*
terrompre le repos des MifTionnaires pour
leur demander des éclairciflcments furies
articles de la doctrine Chrétienne, qa'oa
leur avoir expliquée , ou pour les prier de
leur faire répéter ce qu'on leur avoit fait
apprendre par cœur. Mais cela étoit enco-
re moins étonnant , que la dépendance où
étoient des Hommes tels que je les ai dé-
peints 5 n'ofant pas même (brtir de l'cn-
ceinte de la Bourgade fans la permilîîon.
de leurs Pafteurs , & voulant l'avoir par
écrit 3 lorfqu'ils alloient à Buenos Ayrcs.
"iTAi-AT Le récit , qu'ils faifoient dans ces voïa-
1741-47. . , J * I -WT • .-1
. , ges a ceux de leur Nation qu ils rencon-
daïis par 'la ^^^^^1^^ , du bonheur dont ils jouiflbicnt ,
famine à de <le l'attention des Pères de la Compagnie
grandes ex- pour aller au-devant de tous leurs befbins 3;
«emiccs. gr ^^ j^ manière aimable dont ils les gou-r
vernoient , attiroit de tous côtes des Pro-
félytes à la Conception. La paix & une
union charmante regn oient dans cette Co-
lonie , & on y entendoit jour & nuit chaa-
"ter les louanges du Seigneur. Un accident ,
qu'on n'avoir pu prévoir , fit craindre aux
Miflionnaires que des commencemens (i
heureux ne fufTent bientôt pour eux. la four-;
f
»u Paraguay, tiv,' XXL ij^'
ee de la douleur la plus amere , en voianc -- . j_ '■
rtyanoair en un moment rcfpérance c]u ils ^* ^'*
leur avoien: fait concevoir de réunir tou-
tes CCS Nations dans le fcin de rEglifc.
■ Voici 'ce qui y donna lieu.
Le Gouverneur de la Province, fondé
for un ordre général qu*il en avoir reçu
de Sa Majefté , avoit donné aux MifTion^
naires fur la Caiffe Roïale quatre cents
francs pour les frais de cet ErablifTement ,
& ces Pères en avoient encore reçu de
différents Particuliers jufqu'à fcpt cents y .
avec un peu de gros & de menu Bétail , Se
des grains pour femcr ; mais tout cela-
avotc été conHimé avant la première récol-
te. Une fécherefTe extrême , & une forte
gelée qui fiirvint dans une faifon où il ne
gelé prefque jamais , firent manquer la fé-
conde , & comme elle manqua aufll aux
environs de Buenos Ayrès, & que le peu
de grains qu'on avoit de réferve dans cette
Ville fut brûlé par là négligence de quel-
ques Soldats , qui y làifl'ercnt tomber da-
rcu , la Réduàion fe trouva fans pre{qu*au-
cunc reffource pour la fubiîftance de fcs-
Habitants. La foi des Néophytes n*en fut
pourtant pas ébranlée ; ils eurent même le
courage dé fermer leur Bourgade d*unc-
Honne paliffade , pour fe mettre à Tabri:
^s infiiltes de leurs Ennemis , . de bâtir de
nouvelles Cabanes , & des logements à 1^;^
Campagne pour ceux qui étoient chargés-*
de la garde des Beftiaux, & un Chef de -
Bergers £(pagnots eut la charité de les di-r
i^er dans ces travaux.
Mais It. £las grand danger qie courue:
.J$4 Htstoirï
■ • la nouvelle Colonie, ou il y avoît encore
ï742--47i affez peu d'Adultes baptifcs , vint d*oû il
Hoftilités y avoit , ce femble , le moins' à craindre.
ûW^^^^ ^^ P^''^ .^^^°\^ ^^P"^^ ^'*^°^^ ^7 H , qw
Indiens Mon- ^"^ ^^ première du gouvernement de Dom
tagnards. Miguel de Salcedo , entre les Efpagnols U
les Habitants des Montagnes , qui Tavoicnt
commencée en pillant quelques Habita*
tions affez proches de Buenos Ayrès. Ce
qu'il y eut de plus fâcheux , c'eft que les
Efpagnols ne connoifl'ant point les Agref-
feurs 5 parceau'apparcmment le coup s'é-
toit fait pendant la nuit y s'en prirent à;
des Pampas , qu'ils firent mettre en prifon^
A la vérité ils n'y furent pas long-tcms y
• mais on les y avoit traités (i durement,
que le premier ufage qu'ils firent de leur
liberté , fut d'engager plufieurs autres Pam-
pas à s'unir avec eux pour fc venger ^ & à
faire ligue avec les Montagnards , qui
avoient été reconnus pour les Agrefleurs*
Pendant les quatre premières Campagnes,
les avantages & les pertes ne furent confi-*
dé râbles ni de part , ni d'autre , & furent,
aflez partagées ; mais en 1740 un Caciquo
des Montagnards , que les E^agnols nom-?
inerent le Cacique Èravo , & dont le Nc-^
▼eu venoit d*^etre tué dans une rencontre
avec cinquante de fes Soldats , jrrité d'^ûK
leurs de ce que les Efpagnols avoient vou-
lu rendre toute fa Nation refponfablc da-.
pillage de quelques Particuliers (ans aveu>
aflcmbla une afîez nombreufe armée , &:
marcha vers le Bourg de la; Madeleine y.
rcfolu d'y mettr c tout à feu &à fang, &:
de traiter enfuite de même la Concepcioa>
»u Paraguat. Liv, XXL lyr
1*1x1' les Efpagnols avoient tiré des Guides ^ j ^ ^"
pour pénétrer dans la Cordilliere.
lîétoitdéjà en pleine marche , cjucles Le Bourg de
Efpagnols n'avoicnt pas le moindre vent de ^^.JJJ p^, ÏJJ
ibn delTein; Les premiers qui en eurent i^mLiuxdji
yielque (bupçon , furent les Indiens de la
90UTclle Reduâion. Ils apperçurent un
joar un grand nombre de cav ailes, qui
coQioient comme Ç\ elles croient ponr-
fuivies; ûl le firent remarquer à leurs Mif-
£onnaires, & leur dirent qu'il falloit qu'il
y eut un grand parti de Monta£;nards en
Campagne. Ces Pères qui les virent ef-
fraies, ne (bngerent d'abord- qu*à les raf-
fiirer , & envoïerent en même tcms aver-
tir le Lieutenant Général , Dom Barrhe-
lemi de Canalès y. qui commandoir dans
ces quartiers-là , de ce qu'ils avoient vu.
Mais il étoit déjà trop tard : Leur Courier
étoit parti le vingt-deux de Novembre,
& lcvingt-(îx, le Capitaine Bravo tomba
fur la Madeleine , qu'il furprit. Deux cents
Perfonnes furent tuées d'abord, le nombre
des Prifonniers fut encore plus grand. Le
Cacique emmena tous les Bcftiaux , enleva
tout ce qu'il trouva- à fa bicnfcance , &
aiant fait un détachement pour conduire
tous fes Prifonniers & tout le butin dans
les Montagnes , fe difpofa à marcher vers
la Conception , où il avoit envoie des Ef-
pions, pour favoir ii on y étoit fur fes
gardes.
On l'y attendoit , & on ne l'y craignoit ceuxdmani
point; Le Gouverneur de la Province , fur qucntlaCo»-
le premier avis ou'il avoit eu du malheur ccption»
arrivé à- la. Madeieiac, fc doutant bien
JB74^-47.
rf8 Histoire
que ce Cacique iroic tout de fiiîtc tomber
fiir cette Bourgade , y avoit envoie qua-
rante' Soldats & quelques pièces d'artille-
rie. Les Efpions du Cacique y arrivèrent
prerqu'aufïî-tôt que ce renfort, c'eft-à-iiirc,.
là nuit du huitième de Décembre , & s*en
approchèrent à la faveur des ténèbres. La-
Sentinelle entendit du bruir, tira un coup
de canon , & TEnncmi comprit quon y
étoit en état de fe défendre. On courue
aulfi-tôt en donner avis au Cacique , lequel!
ne pouvant plus compter fiir la furpnfc ,
Îïrit le parti de la retraite. Le Gouverneur
t fît pourfuivre par quatre détachemens
de Cavalerie ; mais après qu'ils eurent fait
environ vingt lieues , ne trouvant nulle
part ni eau , ni fouragc , ils furent con-<
traints de retourner fur leurs pas.
EcsEfpagnols Cependant la Conception , à-peine rà(Iu^
ft prcvien- rée contre les entrepiifes du Cacique Bra-
ncnt contre yo , fe vit fur le point d'effuierdc la parc
lè$ Habitans j^j. Efpacrnols le même fort qu elle vcnoit
de la. Con- jw • ^ "tt i_ • r i j^ » •
ccpuoAk d éviter. Un bruit lourd , dont on n a ja-
mais pu connoître l'Auteur , fe répandît
tout-à-coup dans Buenos Ayrès,, que ces
nouveaux Chrétiens s'étoient ligués avec
l'Ennemi pour venir Ainer cette Capitale,.
& ce qui eft encore plus étonnant , pref<^ue ■
tout (e monde le crut , ou fit femblanc
de le croire. Des E fpagnols,. qui av oient
été pris à la Madeleine,. & quis'étoîent-
hcureufcment fauves pendant la route ,.
curent beau aflfurer que le deiFcin du Ca-
cique Bravo étoit de ruiner cette Réduc-f
tiôn , ils nç pcrfuadcrent perfonne, patbc-^
^'oa ne vouloit pas ctxe détrompé , oCijac \
DU Paraguay. Liv. XXT, i^
bien des eens . qui donnoient le ton aux ^
^.''^^r «t i744.-4.Ti.
autres, voioient de fort mauvais œil uft /TT-rr*
EtiablifTement de Chrétiens convertis à la'
Foi, qui ne pouvoient pas être donnés en
commande j de forte que deux de ces Néo-
phytes étant venus liir ces entrefaites à
Buenos Ayrcs avec une permiffion par écrit
du Père Querini , ils furent arrêtés & mis
en prifon.
Le Gouverneur lés en fît bientôt fortif y . ^^xf^T^
mais ils refterent allez long-tems dans la maires* ^
Ville , pour entendre tout ce qui s*y débi-
toit contre leur Bourgade, qui n'étoit , di-
fbit-on publiquement, peuplée que de Traî-
tres, & les menaces que Ton fai(oit dé les
aller tous paffer au fil deTépce. On n'épar-
gnoit pas même leurs Miffionnaires , qu'on
ne crâignoit point de faire pafler pour les
plus grands Ennemis dé l'Etat ,.& on ne
le caclioit pas de leurs Indiens , pour en par-
ler airifî; Sur le rapport qu'ils en firent k
leur retour à là Conception , la furprife fut
extrême parmi ces pauvres Indiens , qui
peu de jours auparavant s'étoiènt vus (ur
le point d*être égorgés comme Traîtres à
leur Patrie , & fe voïoieri\ menacés d'êtrç
traités dé la même manière par les Efpa-
nôls mêmes , fans leur en avoir donné
aucun fujet. La peur faifit furtout les Mon-
tagnards;& un de leurs Caciques ne doutant
ipoiht qu'il ne dfit être la première viftime-
que les Efpagnols- facrifieroiént à leurs pré-
ventions , crut devoir s'aller^ mettre en fu-
reté dans les Mbnt^gnes. '11 ne fit. confiden-
ce de folti delTeih qu*â un dé fcs Amis, en
prenant congé de lui ^ & (feiui-ci laï^
tes IT i-s T o I R r
*L^ prié d'engager fa Nation à finir par un^
•74; -47* Êonne paix une guerre , oii il n y avoir qu*a
perdre pour tour le monde, ^ Ccft bica
M mon intention, lui répondit-il , je ne-
»i me retire que pour mefouftraire àl*iujuftc'
» perfécution des Efpagnols > & je leur
3> ferai voir qu'ils ne (avcnt pas dîftingucr'
95 leurs véritables Amis , de ceux qui ne
33 travaillent qu*à leur fufciterdc nou-veaux
M Ennemis.
Cependant la fuite de ce Chef fortifia*
encore tous les foupçons dès Habitans de
Buenos Ayrès , mais Dom Dîegue (i) Or-
tiz de Rozas , qui venoit de fucceder a
Dom Miguel de Salcedo dans le Gouver-
nement dé Rio de là Plata y s'étant déclaré'
pour les Néophytes , & le Perc Qucrinî
aïant écrit à Dom François Suarcz , leur
Protedeur par office , pour le prier de faire
ceffer ces clameurs^ on ne parla pbis de.
rien. Mais cette tempête étoit à-pcine cai-*
mée 5 que la crainte dé voir revenir les
Montagnards £àifit de nouveau toute la Ré-
duélion , &.ce qui y donna lieu , fiic que:
le Gouverneur , fur un Eux avis qu*une
Efcadre Angloife étoit en Mer pour venir •
faire le .fiége de Buenos Ayrès ,. rappeUa les
quarante Soldats qui avoient été envoies
à la Conception pour raffurer les Néophy-
tes. Mais les Miffibnnaires vinrent aifô-
ment à bout de dilfiper leurs craintes^, en
leur fàifant comprendre qutls n*ayOteat
rien à appréhender d'un Ennemi ^dènt tou--
tc la force étoit dans là furprife, & en (e
faifant garants qu on ne les laifleroit point:
(0 UiLMémoire im|>riiBé le nomme faoïnin^
fctf fx^A GtTAY. Liv. XXL X4l
fins fccours , quand ils en auroicnt bcfoiri. 1741-4.^;"
Le nouveau Gouverneur de fon côté ^^ r ^
afeUgeoic rien pour fair^ entendre au» „,„" ,,^^^[;
Montagnards & à leurs Alliés 5 que la àfkirelapajr
gnerre qu'ils lui fâifoient^ n'avoir point^avec IcsMoû-
d'antre fondement cju'un mal-entendu , & cagnaidi.-
2a*il n*écoit pas motns de leur intcrcc, que
a fien , de la faire ceffer. Des le commen-'
cernent de l'année 1741 ^ il avoir mandé
aux Miflionnaires de la Conception de
ciurger une de leurs Profélyres > qui étoit
Sœnr du Cacique Bravo > aaller trouver
fon Frère pour tâcher de lui faire enten-
dre raifon. C'écoit une Femme de réfolu-
tion y flc fur la fidélité de laquelle on pou-'
voie compter. Elle con(éntit fans peine ^
ce qu'on fouhaitoit d'elle , & le 4 de Fé^
Trier elle pantt avec quelques- Néophytes
biens montés ^ dont le Per&Querini avoic
jugé à propos de la faire accompagner j
mais à Ventrée des Montagnes ils hirent
contraints de s'arrêter, faute d'eau & de
fourage» Alors Tlndienne leur dit de s'en
letoumer , & d'affurer le Pcre Qucrini
qu'elle lui répondoît d'engager fon Frcrc
a cnvoïcr des Députés au Gouverneur pour
traiter avec lui d'une paix (blidc & du-
rable.
Comme on fot aflcz tong-tems fans
avoir de fes nouvelles , le Gouverneur crut
qu'il falloir intimider l'ennemi pour le
rendre plus traitablc. Il donna ordre à Dom
Chriftophe Cabrai , Lieutenant du Mcftrc
de Camp Général , de marcher avec fix
cents Hommes vers les Montagnes , d'offrir
la paix au Cacique ^ & s'il la lefulbit ^ dç;
t ^4 ^ ftf 1 * f Ô t R «
^ 1' ,^ ■ EÎicçue Ortiz de Rozas , les combla (Tân^.,
*7+3-47- xftitiés & leur fît ^ fort beaux préfcasl
Il y eut cependant quelques difficultés aa-
fujcp de pluCeùcs Femmes , qui aïaat été
prirespàr le» Efpagnols ^ & envpïées' à la'
Conception , y avoient embraflé là Rcli-'
gion Chrétienne. Comme elles ne vipuloicnt
point entendre à retoùtner dans leur Paï^-
au rirque de perdre leur foi ^le Gouverneur
ne crut pas deiw les y cotitraindre : mais
il paroît que le^aciques tfinfîftercnt point
(ur cet article. Ce oui eft certain, c*eft
c[ue ces généreufes Cnrétiennes refterent à-
la Conception »- Si que les Caciques > char^
Aies deâ bonne! manières du douverheur^
lui f>romirent en parcant d^accélérer le plus
Îu'il leur feroit poflfibU U liberté des Vïi-^
bnniers Efpagnolsr
Jfh du vingt'unUmt Liyf^
HISTOIRE
D U
PARAGUAY.
Vingt' deuxième & dernier Livre^
SOMMAIRE.
\yRr>RE du Roi pour U règlement du
Tribut dans les Reduêlions. Nouveau Gou-
verneur de Rio de la Plaça. Cédule Roïale
de Philippe V, Etat floriffant de la Concept
tion. Guerre civile dans cette Réduflion^ ^
comment on y remédie. Elle eft transférée
ailleurs. Arrivée d*une Frégate de Cadix à
Buenos Ayres, Sa deftinàtion. Elle part
pour vifiter la Côte occidentale de la Mer
Magellanique, Defcriptien du Cap Blanc,
L'Ile Grande , ou l'Ile des Rois, Le Port
Defiré. Des lies de las Pinguinas , des
Faxaros^ 6» de celle des Rois, fontaine de
Ramirei, Ile de Roldan. Defcription du Port
Defîré. Lions marins. Avantages du Port
Dejiré, Tempête du Port de Sainte -Croix.
Les approches du Pçrt de Saint- Julien en
venant du Sud, Defcription de la Baie de
Saint' Julien, Rencontre finguliere. Erreurs
des Navigateurs fur cette Baie, Defcription
d% cette Baie : précautions qu'il faut pren4t
J€^ ttlSTOIXE.
pour y entrer. Delà Baie de los Camaronc^ J
ou de Saint- Jofeph. Rédu6lion dans Us
Montagnes de la CordilUere. Vemmt dt
pierre fur la Riv'urc des Saules. Prvjet
d'une RéduBion dans Us Montagnes,
ï 744-47- J-^ j g j^ n'cmpêchoit plus les Miffionnaî-
OrdrcduRoi j-^g d'efpércr qu*ils ne trouveroicnt plus dé-
racnt du Tri- ^0^"^^*^ d'obitacle à répandre la lumière de
but dans tes TEvangile dans tourc la Terre Magellani-
&édudious. cjuc. Le Gouverneur de Rio de la Plata de
fon côté,, après l'avoir fi heureuCement pa^
cifiée 5 fc difpofa à exécuter un ordre , qu'il
vcnoit de recevoir du Roi fon Maître , potu:
faire les vifites des Réductions , & pour y
régler la levée du Tribut, de manière qu à
ne pût y avoir déformais aucune diiHcul^
té fur ce point. Les Jéfuites avoienc vivc-^
ment foUicité cet ordre , parcequ'ils ne
voïoient point d'autre moïen de faire ceffer
les calomnies , qu'on ne fe laffoit pas de rc-
nouvcller contre eux à ce fujet , & des
qu'ils apprirent qu'il étôit anivé , le Père
de Rivarola fe rendit à Santafé avec un
grand convoi de provifions , pour conduire ,
le Général à Yapeyu , oii dévoie fe com-
mencer la vifite.
Nouveau Dom Diegue ctoit fur le point de partir
Couvcrncur pour l'aller joindre , lorfqu'il apprit que
i Buenos Ay-Dom Jofeph de Andonaegui , Brigadict
*"• <lcs Armées du Roi , qui venoit le relever*,'
avoit fait naufrage mr la pointe de Igs
Corretis y qui eft a une lieue & demie de
Monte-Video; qu'il s'ctoit fauve dans fa
Chaloupe avec Ion £poufe & tous {on do«
r: •
I ou Paraguay. Z/v. XXII. 1^7
! ttcftiqae , mais qae tout l'Equipage avoit
péri avec le VaifTcau , qui s'étoit ouvert 744-47f
pen de tefns après que Dom Jofcph s'en
^ic éloigné. Ce nouveau Gouverneur en
amvanc à Buenos Ayrès , remit à Dom
Diegue des Provifions du Roi , qui le nom-
ffloit Gouverneur & Préfidcnt de TAudicncc
Toïalc du Chili , & lui permcttoit de conti-
oaerà gouverner la Province de Rio delà
Plata, jufqu*àcc que la faîlon fut propre pour
le voïage du Chili y mais comme elle fe
trouvoit alors favorable , il voulut en pro-
fiter.
Cet incident fut caufc que la vidtc des cédulc Rofi^
RéduéHons fut remife à an autre tcms : car, le de Philipty
outre que le nouveau Gouverneur ne pouvoir P^ ^'
pas s'aoCenter de la Capitale de ùl Provin-»
ce avant que d avoir pris une connoiffan-
ce des affaires qui lui permit de s'en
éloigner^ un fécond ordre du Roi , dont
il croit jperfonncllemcnt chargé , l'oblir
gcoit à faire de grands préparatifs , qui
demandoient beaucoup de cems. Voici
de quoi il s'agilToit. Philippe V , fur les
premières nouvelles qu*il avoit eues que les
Jéfuites avoient formé une Rédudion^
laquelle étoit déjà compofée d un affez
grand nombre de Pampas » & de Monta^
gnards Habitant de la Cordilliere qui fé*
pare le Chili de la terre Magellan ique ,
Se que leur dciTein étoit de fonder une
■nouvelle République Chrétienne dans cette
vafte étendue de Pais, qui n'eft bornée au
Midi que par le Détroit de Magellan ,
avoit , par une Cédule Roïale du 5 de Nô-
Y^Dibrp 174.1 , Qi^ndé au Gouverneur de
1^8 HîSTOiitî
■^ - Rio de la Plata , Dom Miguel de Salcedo i
<744~47-« <le favorifer de tout Ton pouvoir ce projet,
<le prendre fur fa Caiflc tout ce qui fcroit
néccfTaire pour la fubfiftancc & Tencretien
^es Miflîonnaires , pour leurs Chapelles
& pour les frais des Etablinemens qu'ils
feroient , & de les faire efcorter dam les
yoïagcs qu'ils feroient obligés dç Ëiiré
pour ce fujet, s*il en ctoît befoin;
La guerre , qui étoit furvenuc entre les
Ëfpagnols & les Peuples dont la nouvelle
Republique devoir être compoféc , n'avoit
pas permis aux Miflîonnaires de faire^ aatre
choie , que de foutenir leur première Ré-
(dudion , & nous avons vii ce qu'il leur
en a coûté pour empêcher que ce projet ne
s'évanouît tout-à-fait. Mais la paix étant
faite , & le Roi Catliolique paroiâant s'ixk-
tércffer beaucoup pour une fi belle £ntre«
f rife , on ne voïoit plus rien qui pût faire
obdacle à (on exécution , d autant plus
que le Cacique Bravo , gagné par Ùl Sctuv^
promettoit de recevoir îcs Peros ,dc It
Compagnie , qui voudroient s'établir dans
4es Montagnes , & que les Nations méri-
dionales étant beaucoup moins enantes
^ue toutes les autres de ce Continent , on
ic Hattoit qu'il y auroit beaucoup moins
de difficultés à tes réunir ^ outre qu*il y
«voit à la Conception quelques Fcnimes
de ces Nations, qui pourroient fervird'In-
ccrprêtcs & de Catéchifles aux Miffionnair
^es qu'on y eoverroit.
Les chofcs en étoient là , & Dom Ortiz
idc Ilozas prenoit déjà des mefures avec
iç ProvMU^al des jféfuites , pour profiter
4c$
ou Pauaouav. Liv. XXIL iÇp
des bonnes difpofîcions , où paroliToicnc -'
être les Indiens , lorfque fon Succeffeur ^744"47«
arriva à Buenos Ayrès. On avoic bien chan-
gé de langage dans cette Ville au fujec
des nouveaux Chrétiens de la Conception ;
la parc qu'ils avoienc eue à la conclufîon
d'une paix finécefTaire & fî defirée, avoir
fait comprendre aux plus prévenus contre
eux, que cette Réduction, qu'on avoit vou-
lu faire paflcr pour un repaire de Traîtres ,
étoit un des plus forts remparts de la Pro-
vince j & ceux -qui s*étoient le pltts déchaî-
nés contre cet EtablifTement , étoicnt les
premiers à convenir qu'il pouvoir être
d'une grande reflburce contre les Nations
Infidelles qui leur donnoient fouvent de
vives allarmcs.
La ferveur étoit plus grande que jamais Etat florilTam
dans cette Bourgade, où tous les Chefs , 4^ '* ^«"«^^F*-
prefque tous les Enfants, & plus de deux"°°*
cents Adultes avoient déjà reçu le Baptê-
me , & tous les autres le demandoient avec
les plus grandes inftances. L'afTiduité aii
fcrvice Divin , l'empreflement pour être »
inftruit de nos divins Myfteres , la docilité
& rattachement fincere pour les Pafteurs j
$i le goût pour la prière , pour les céfé-
monies de l'Eglife & pour le fervice divin
ne pouvoient aller plus loin. Les Champs
écoient cultivés & enfemencés , les Maga-
sins bien fournis de grains & de provifîons-^
les Troupeaux augmentoient tous les jours,
& un (i prompt & fi prodigieux change-
ment dans des Hommes vagabons & aban-
donnés à tous les vices , ne trouvoit croïan-
ce que dans ceux qui en étoient témoins
Tome VI. H
f VO rtlSTOlRï
•- • oculaires. Mais peu s*en fallut que les H*«»
^744-47' bitans de Buenos Ayrès en fe réconciliant
avec eux , ne caufaiTent la pcnc d'aï»
«Cbrétiemé, qui donnoit de (l beliç* cfpé-
rances;
Cucrre civi'.c Comme on n^avoit pu encore empêcher
4an« la Kc- q^e ces Indiens n'euflent avec eux beaa^
4uaion:co ;- ^^^p ^^ communication, parcequ'ils écoienc
^gjjg^"^ "" fouvcnt obligés d*aller a Buenos Ayrès,,
fnrtout pendant la guerre , & tandis qu'on
traitoit de la paix , on y trouva moïen de
leur faire prendre du goût pour l'eau-de-'
vie , & on les engagea même à en porter
dans leurs Bourgades à Tinfudcs Mifllîoa-
naires. Ces Peuples ne favent fc modérer
fiir rien : bientôt l'ivrognerie s'introduific
dans la Rcdudlon , & y caufa tous les dé-
sordres qu'elle a accoutumé de produire
farmi les Barbares. Mais comme il n'y
eut d'abord que les Profclytes nouvelle-
ment arrivés , qui fe portèrent à ces excès,
& qti'ils fe cachèrent fi bien, que les Mif-
fîonnàires furent affez long-tems fans pou-
voi,r découvrir la fource du mal , & pren-
dre d^s mefnres juftes pour y remédier , il
éclata tput-d'un-coup comme un fia ca-
ché fous la cendre , qu'on n*apperçoic
qu'au pioment qu^il menace d'un embcafe*
tncnt •gënéral.
Jufques-là il n*avoit encore paru à h
Coticcprîon aucun refte de l'inimitié , qui
'''" avoir lop-g-tems duré entre les Pampai
Mâgdalcniftes & les Matanceros. ( J*ai dit
plus haut ce qui avoir donné lieu à ceis dé-
nominations. ) Ils étoient de deux Tribus
.différences ^ éc avoiçnt prefque toujours
Dtj Paraguay. Liv. XXII. 171
été Ennemis. La Religion avoit paru ré- ^
concilier ceux qui s*ètoienc convertis à la ' ^
Foi 5 mais leur animofité mutuelle n*étoit
encore qu'aiToupic ; rivreffc la réveilla. La
fureur s'empara des efprits , on en vint
aux armes , & il y eut bien du fang ré-
pandu. Lès Millionnaires ne furent plus
écoutés 5 & coururent même bien des rif-
^ires. Il faHût avoir recours au Gouver-
neur 5 qui an premier avis qu'il en eut ,
çnvoia un détachement de Soldats à la
Conception. Les plus coupables furent fai-
iîs, & envoies à la Forterefle de Monte-
"Vtdeo : le Détachement refta dans la Bour-
gade tout le tems» qu'il fut néceffairc pour
y rétablir Tordre : l'eau-de-vic difparut ;
on prit de bonnes mefures pour empêcher
que perfonne n*en vendit aux Indiens , £c
la caufc du mal aïant cefTé , il ne reAa
qu^un repentir fîncere du paffé.
Il fallut enfuite remédier à un autre in- URcduûion
convénient , auquel on n'avoit pas fait ^/.^, t'^*ï"f«ce
d*abord aflcz d'anention. Il regnoit à la*^ ^^^
<îonception des maladies qui revenoient
tous les ans ; mais la beauté du lieu , join-
te à bien des commodités qu'on y trou-
voit , cmpcchoit de faire réflexion que le
tcrrein y étoit trop bas, & trop fou vent
inondé par les grandes pluies , ce qui ren-
cloit Tair aflcz mal (ain pendant TÉté. On
la fit enfin , on chercha un autre Enipla-
'ccment , & on le trouva fur une oetirc
Colline bien boifée & plus éloignée de
quatre lieues de la Mer , par les trente-
cinq dégrés de laûcudc Auftrale. Il fallut j
Hij
17^ Histoire
•^■^ "^ — recommencer tous les travaux , auxquels
/44'47 • Qu avoit eu bien de la peine à engager les
Indiens , & on eut la confolation de voir,
à la manière dont ils s'y portèrent , qu'ils
s*écoicnt (încerement réconciliés entre eux ,
& de les trouver plus dociles que jamais
à la voix de leurs Pafteurs.
Arrivé d*uoe Cette affaire étoit à-peine con(piiijnéc ,
Frégate de qu'on vit arriver à Buenos Âyrès une Fré*
Cadix àBue-gatc j^ r^j nommée le Sainte Antoine y
posAyrcs. Sa9 . ' * i'
ipiUii^cion. ^^ cent-cinquante tonneaux , montée de
huit pièces de canons , & commandée
par Dom Joacliim de Olivarez , Régidor
de Cadix , d*ou elle étoit panic. Philip-
pe V en avoit choifi les Pilotes parmi les
plus habiles d'£fpagne : le premier étoit
Dom Diegue Varela, Bifcayen ; & le {è«
cond , Dom Bafile Ramirex , de Séville :
& ce Prince voulut que le Père Jo(è^ de
Quiroga , Je fuite , qui avant que d'entrei
en Religion , avoit long-teras navieé , &
avoit la réputation d'être un très habile
Homme de Mer , s'y embarquât auffi. Ce
Père attcndoit depuis quelque tems une
occafîon pour aller fe confacrer aux Mi£-
fions du Paraguay , & il profita avec )oie
de celle-ci. Comme la Frégate étoit dcfti-
iiée à ranger la Côte occidentale de la Met
Magellanique le plus près qu'il feroit pof-
fible , depuis Buenos Ayrès jufqu'au Dé-
troit de Magellan , le Père de Quirc^
étoit chargé des obfervations qu'on y poup-
roit faire pour la bien connoître. Il avoit
ordre de fe faire accompagner de deux an**
WS Jéfuites du Paraguay i & cç f^jrçpt te
Dû Paraguay* Livi XXII. i7j
tcres Matthias Strobl & Jofeph Cardiel, 174C-47.
fur qui le choix tomba. La première vue
de Pnilippe V dans cette Entreprife étoit
de favoir (î on rencontreroit fur cette côte
des Peuples difpofés à Te réunir fous la
conduite des jcfuites pour embraffer le
ChrifUanifme , & former des Rédudions
fur le modèle de la Conception 5 la fécon-
de, d'examiner (I on y pourroit trouver
quelque Port commode, qu'on pût forti-
fier pour fervir de relâche aux Vaiffeaux
£fpagnols en cas de befoin , s'afTurer d'une
entrée facile dans ce Continent , & empê-
cher que d'autres Nations ne s'y éta-
bliffent.
Comme le Gouverneur de Rio de la Plata Elle pa-c
avoir été prévenu par la Cour è^ Madrid P^', v»^"*^
r ▼' •/• /• A la Cote occi-
fur cette Entreprife , tout le trouva prêt ^gj^alc de U'
à l'arrivée de la Frégate , & elle remit à Mer Magcl-
la voile le 1 yêÊg^éfitmhtç, 1745, pour fe lanique^
rendre à MônffVideo y oii le Capitaine
devoit choifîr dans la Garnifon de cette
Place^un nombre de Soldats , dedinés à
leder dans le Port qu'on auroit jugé pro-
pre à un Etabliflement : les Percs Strobl 5c
Cardiel dévoient y rcfter aulfi , tant pour
y contenir les Soldats dans le devoir, que
pour travailler à y réunir le plus d'Indiens
qu'il feroit poffible. Quoique Monte- Vi-
deo ne Coit qu'à cinquante lieues de Bue-
nos Ayrès , la Frégate ne put y mouillée
l'ancre que le 13. Toute la Garnifon s'of-
frit de bonne grâce pour faire cette Cam-
pagne ; mais il ne fe trouva de place que
pour vingt-cinq Soldats , qui furent mis
ibus les ordres de l'Alfercz Roïal , Dora
H ii)
Î74 Hisroins
274<-47. ^^^v^^o^ Martin del Olmo (i). On 1er*
74) 47 • l'an^rg |ç Cçpj ^ î^ quatre heures & demie
du matin y le vent (e tenant entre le Nord
Bc le Nord-Oued ^ mais comme il nieea]
rout le jour y on pafTa Tlle de flerès l^ns
la voir.
Le Dimanche 19 , on mouilia à trois
Heu de rilede Lohos , qui reftoit au Nord-
Nord-Oucft , & qui a trois quarts de lieues
de long. Elle court Eft-Sud-Eft & Oucft-
Nord-Oucft. Elle a à TEft-Sud-Eft une
chaîne de Rochers cachés fous Teau, donc
il faut bien fc garder d'approcher. Ce
îour-là l'Equipage commença une neu-
Yaine en Thonncur de Saine François Xa-
vier , qu'il prit pour fon çoide & fon pro-
tcâeur dans cette Entreprife , Se s'engagea
de fon plein gré à y ajouter des exercices
de piété , dont tout le monde s'acquitta
avec beaucoup d'édiHcatjtf^> !& neuvaine
finit par une Communion ' générale , dont
perfonne ne fc difpcnfa. Tous s'accordè-
rent même à fubir une pénitence , ^i fut
marquée pour chaque jurement , qui écha-
peroit.
Dîfcrlptîon Le vingt & un on prit hauteur , & on
du Cap Blanc jpQ^^y^ trente-cinq dégrés onze minutes
de latitude auftralcj le Dimanche vingt-
{ix y trente-huit degrés trente-quatre mi-
nutes , vent de Sud-Eft , & la Mer un peu
groflc. Le Lundi vingt-fepc , trente-lîx
degrés trcnte-fix minutes, grand froid.
Le Mardi vingt-huit, trente-neuf dégrés
(i) Le Journal de ce fur les Mcraoircs des Pc-
Voïage a été mis en or- rcs de Quiroga fie Car-
dre par le Pcce Loçano diel..
PU Paraguay. Llv. XXII. i^j
neuf minâtes \ on s'eftimoit par les trois j-.^ .4 ^
cents vingt-trois dégrés cinquantc-fcpt '^'^
hiinutcs de lonî^itudc. L'après midi on
jetta la fonde, & on trouva cinquante-
deux brafles , lablc fin & gris. On com-
inença là à voir quelques Baleines. Mer-
credi vin^-ncuf) beau tems , calme , plus
grand froid qu'il ne fait dans cette faifoa
en Efp^ne j quarante degrés cirquante-
fîx minutes de latitude , trois cents vingt-
deux degrés dix-fcpt minutes de longitude.
Mercredi cinquième de Janvier 174^ , à
Jix heures du matin , on découvrit le
Cap blanc au Sud-Sud-Eft , & la C>ôtc du
Nord , qui forme une grande Plage en for-
me d'Anfe. Les Navires y peuvent mouil-
ler à l'abri de la terre qui eft fort haute ,
& rafe comme celle du Cap de Saint-
Vincent. Le Père de Quiroga l'cftima au
Sud-Eft, quart de Sud par los quarante-fiî^
dégrés 5 quarante-huit minettes de. latitu-
de ; d*od il jugea que le <Dap Dknc étoit
par les qaarante-fept : ce qu'il faut bien
obfcrvcr, -pour ne pas confondre ce Cap
-avec une autre pointe d'une Terre haute
& plate, qui a une ouverture fcmée de
pointes de Rochers , d'une terre blanche y
& qui s'étend jufqu'à la Mer. Suivant la
route qu'on avoit faite depuis Buenos Ay-
rès , la Longitude du Cap Blanc doit être
de trois cents trciie degrés trente minu-
tes. On ne trouve point de fond fur toute
cette Côte avec la fonde 5 mais à la pointe
du Cap Blanc , on voit comme un Ro-
cher qui paroit coupé en deux , & plus aa
5udunc pointe de terre baffe j enfuite l^f
H iiij.
17^ H I S T O X H 1
^^ Côte court Nord & Sud , &: forme ont
174 •47- Anfcfort grande jufqu au Port Mfiré,
L'Ile grande, Le Jeudi fixieme , on fe trouva au Sud
Rois^^*^ "^^ ^" ^^P ^^^"^ > ^ ^^^^'■^ ^*^^" ^^ la Côte, la
Le Pou Dé- ^^^%^^^ portant fur VIfle Grande^o^ on trou-
gxk, ve avant que d*entrer dans le Port défîré.
Comme c'étoit le jour de r£piphanie,oB
lui donna le nom de VI(le dis Rois ^ que
quelques relations lui avoient déjà don-
né. Toute cette Anfe, qui eft entre le Cap
Blanc & le Port Défiré , eft aflez haute
avec quelques ouvertures pleines de buif-
fons & de fabines. La Prégatc enna le
même jour dans le Port par le Nord de
riffc des Rois. Son entrée eft rcconnoif-
fable par un Iflet blanc comme la nége ,
qui eft un peu en dehors. Du côté du Sud ,
il y a comme une terre affez élevée, fur-
monrce d'un Rocher qui paroît comme un
tronc d*arbre coupé & fourchu. Des deux
côtés de l'entrée du Port il y a de fem-
blables Rochers afTez hauts y qui femblenc
avoir été coupés , & celui qui eft du côté
du Nord , vu d'une ou deux lieues , paroîc
un Château. Vers le foir le Père Cardiel
& les deux Pilotes allèrent à terre , & troi»-
vercnt que la marée commençoit à monter
à fept heures du (bir. Ils apperçurcnt fur
le rivage de petites lagunes , dont la fu-
perfîcie étoit une croûte de fel de Tépaif-
feur d une réate d'argent.
Dejîflesde Le Vendredi fept, la marée commença
las Pinguinas à monter à fept heures quinze minutes du
& de los^açin. Le pç^ç Cardiel retourna à terre
araxos. ^^^^ j^^ ^^^^ jjç^j.gg ^^^.^ T Alferès & feizc
Soldats 3 pour voir s'ils rencontreioicoc
' ' . \7^/>^ ^^^^^^.'J7J
is^.
©w Paraoijat. Ltv. XXII. 177
jics Indiens 5 dans le même tcms le Capi- ,744.47,
tainc , les deux Pilotes , les Percs Strobl ôc '
de Quiroga , le Caporal & auciques Sol-
dats s'embarquèrent dans la chaloupe pour
achever de bien reconnoître le Pon ; ils
tournèrent à TOueft, côtoïerent toute Iz
Sartie du Sud de Tlfle des Pinguînas , fon-
crent le Canal jufqu*à Tlfle de los Paxa-*
TQs y paflcrent entre cette Ifle & la Terre
ferme y remontèrent un petit courant tout
couvert de cannes , qui paroifToit une Ri-
vière à l'abri de tous les vents, débar-
quèrent dans le Continent , montèrent fur
les plus hautes collines pour obferver le
Paï's , qui leur parut fort (ec 5 plein de
crevafTes , femé de monticules , de Rochers
& de pierres à chaux , & fans aucun arbre^
fi ce n'eft dans quelques fonds, ou il y ^
en a de très petits & beaucoup de buiiTons
& de haliiers. Telle eft toute la Côte
feptentrionale de ce Port , depuis Tlfle de
los Paxaros , qui couvre une petite Anfe
fort sûre, où toutes fortes de Bâtiments
pourroient hiverner. Ils en trouvèrent une
autre plus à TOueft (lir la même Côte fep-
tentrionale de ce Port , & vis-à-vis de
rifle des Rois. Ils y cherchèrent de l'eau ,
&ne trouvèrent qu^un ancien puits, dont
Teau leur parut fort faine. C'eft la feule ,
dit-on , que des Hotlandois aient trouvée
en viûtant ce Port.
Le Père Cardiel monta avec quelques-*
uns de fa Trouppe fur une Montagne très
haute , trouva fur la cime un grand mon-
ceau de pierres, qiû couvroit un SqueletepreP
^uc pomjij d*Uû« taille ordinaire, U wa
nj^ Histoire
174.^-4.7 P^^ ^^ ^^"^ ^^^^^^ gigantcfquc , <jae l'Atr*^
74 -47 • jçyj ^J^ yoiage de Jacques le Maire donne
aux Habitans de ce Païs-là. Du rcftc , après
avoir bien parcouru tout ce Pais , ik ne*
trouvèrent aucun veflige qui leur fît con-
noîtrc qu'on y eût paflej pas un' (cul ar-
bre, mais feulement quelques Builflbns;
point d'eau douce , & ils y feroient pcut-
€tre morts de foif , fi quelques jours anpa-
ravant il n*avoit beaucoup plu ,. ce qai leut
fit trouver un peu d'eau dans le- creux des
Rochers. La terre ne leur parut pas même
Fropre pour y rien (emer , ni* planter ,&:
on n'y trouve pas une feule vallée..
Le Pais, qu'ils découvrirent àt là dîne :
des plus hautes montagnes, leui panxt
meilleur 5 mais dans tout celui qu'ils par-
coururent, un Homme ne trouvèrent pas
de quoi vivre y ni de quoi fe bâtir une ca-
bane. Ils n'y apperçurent pas un fcuT Ani-
mai , mais feulement des traces d'un ou'
deux Guanacos (i), & quelques petits
oifeaux 5 vers le foir du même jour-, ceux*
qui .étoient reftés fur la Prégate,. virent
unf chien qui leur paroifToit domeftique,,
qui aboïoit de toute fa force, & qui
fembloit vouloir gagner leur Navire ; mais
l'équipage ne jugea pas à propos- de s*en
charger. A l'entrée de la nuit tout \t mon-
dé fe rembarqua.
Ile delasPe- ^^ lendemain le Perc Cardiel , & tous ^
fias. iled'O- ^^^^ ^^î l'avoient accompagné là veille,,
livarez , & fe firent débarquer du côté du Sud , &
celle desRois. ceux qui avoicnt été dans la chaloupe,
y rentrèrent pour faire le tour du Port ^
(i) Ou Livamco5.
»*u Paraguay. Liv. XXII. ij$
Cïanc pris des vivres pour quatre jours. Us ■
toumcrcnc par TOucfl: jufquà la pointe ^74^-47*
orientale d'une Ific ^ à laqudlc ils donnc-
xtnc le noq^ d'OIivarcs , en l'honneur da
Capitaine ^ & de-la étant entres dans ua
Canal étroit ^ qui fépare cette Ille du Con-
tinent y dont la pointe occidentale forme
une petite Anfe,. ils eurent bien de la
peine à la gagner, encore ne purent-ils
pas aller ju(qu*a terre , leur chaloupe aianc .
échoué ce marée balTe ; de forte qu ii j
kur fallut attendre qu elle montât. Aianc
cnfuite débarqué à cette Terre , le Pcrc de
Quirogft obferva de Tcndroic le plus élevé
de rifle , que le Canal du Port court quel-
ques lieues à l'Oued Sud- Oued. Il s'aifura-
enfuite avec les deux Pilotes de la poiition
dé rifle de las Penas^ & de celle dcsr^
Rois. Ils trouvèrent dans rifle d'Olivarcs^
quelques Lièvres y des Autruches , & du'-
marbre de différentes couleurs j mais poinct
d'eau douce , &: par-tout un terrein Lee &
aride. Ils rencontrèrent quelques huitres à*
la pointe occidentale , & les Matelots
péchèrent de groflcs & de petites perles ,r'
mais de nulle valeur.
Le Dimanche lieuvieme, ils rangèrent de Fontaine atj:
nouveau la Côte du Sud , allant à rOucft.^^"""^- •
Sud-Oucfl , puis ils paflerent à la Côte du
Nord pour voir s'ils pourroient faire dc;
l'eau. Ils trouvèrent fut les dix heures du:
matin un petit ruifleau , qui fort d'une.
iource afTez abondante^ laquelle tombe;
éii haut d'une Colline éloignée de cinq^*
lieues de là Mer; mais Teau quils en|
tttcrenc'^ icffcoblpic plus à celle d'u^i puits^
Ile deJ(.ol
rîis> H r d T o r R r
474^-47 ^"*^ ^^^^^ *^'^"^ fontaine ou d'une RiVib^
^^* re : du refte Tëndroit eft fort commo^
pour en puifér autant qu'on en veut;:
Comme c'étoit le fécond Pilota, qui-avoir
fait cette découverte , cette Fontaine fiir
nommée la Fontaine de Ramirex^, Tout le
Pais d'àlentbur eft de même nature que
ceux quon avoit vus jufques-là,. & on n'y
apperçut pas un feul arbre.
Le Lundi dix , ils continuèrent à nav^^'
fur le même Canal , toujours à FOoeft
Sùd-Oueft , jufqu'à une Ifle toute couvene
de Rochers, qui fiit nommée IJle deRoU
dan : quand ils en furent Nord & Sud , ils
trouvèrent que le fond alloit toujours CD
diminuant depuis quatre braffes )ufqa*à unc^
& qu'alors le Canal nétoit plus qu'a»
bourbier. Ils retournèrent à bord > Se il»
y arrivèrent prefqu'en même tems que le
Perc Cardiel. Celui-ci avoit trouvé pac
tout un païs de même nature que les- au-
tres, mais moins rude : & environ à deax>
milles de la Mer il découvrit une fource
d'eau aiTez potable , quoiqu^un peu (au-
mâtre.
Ocfcriptîon De tout cela , le Perc de Quitoga con»*
4»»ort Déiî- clut dans fon Journal , que je ne fais ici;
^^' qu'abréger, que le Port Déïiré eft un de»
meilleurs Ports du monde , mais trèï inu-
tile 5 tout y manquant pour feirc un Eta-
bliffement , 8c le Viîs ne pouvant rien pro-
duire de ce qui eft néccfïaire à la vie. Mais:
on y trouve de quoi faire du verre & da
favon; beaucoup de marbre veiné dft
blanc, de noir & àé verd; quantité do
Fienes à chaux ^ de grands Rochoi do
DU Paraguay. Xiv. XXII. itt
|iérres à fiifil , blanches & rouges, qui rcn- i746«47;4
termenc on talc auffi brillant que le dia-
mant; quantité de pierres à aiguifer &
d*autrcs qui paroiffcnt du vitriol. Quant
aux Animaux , on n'a vu dans le Conti-
nent voifin que quelques Guanacos , quel-
ques Lièvres & quelques Renards fort
petits. .
Dans les petites Ides que renferme l'en* Lioa Maci»(
ceinte du Port , on trouve des Lions Ma-
rins : c*eft le nom que les Navigateurs
ont donné à un Amphibie y qu'ils repré-
fentent far leurs Canes avec de longues
crinières qu'il n'a point : il a feulement aa
cou un peu plus de poil que fur k relie du
corps , mais ce poil n'a pas plus d'un doigt
de long : du rede il tient plus du Loup
Marin que de tout autre Animal connu;
mais ii eft plus gros que ceux de Rio de la
Plata. Les phis grands font de la taille
è^on Boeuf de trois ans. Ils ont la tête 6c
le coa d'un Veau : les pies de devant font
des nageoires qu'ils étendent comme des
ailes ; ceux de derrière ont cinq doigts,
dont il n*y en a que trois qui aient des
ongles. Tous ne &nt pas de la n^me cou-
Icax'y ï\ ^ en a de rouges, de noirs & db
blancs; leur crireflemble au meuglement '
des Yacbes , & on l'entend d'un quart ds
lieue. Ih marchent fbn lentement y. & ont
nne queue de PoifTon. Ils fe défendent fort
bien quand on les attaque y & dès qu'on
en attaque un , tous les autres viennent à
fon fecours. Ils vivent de poiflbns , ce qui^
apparennnent eft caufe qu'il ne faut pas
compter ftti la pèche dans ccPoxt* L'équir
»' . ' paec da Saint-Antoine n'y put prendn^
ï74*'47« tju un Coq marin , quelques Anchois , &
quelques Calemars.
Avantages La latitude du Port Défiré , cft félon le
dn Port Dé- Pcrc de Ouiroga & les deux Pilotes , de
^é- quarante-fept dégrés quarante-quatre mi-
toutes , & fa longitude de trois cents treize
dégrés feize minutes. Son entrée eft fort
* étroite ^& très aiféc à fortifier. On peut
même fermer par une chaîne de fer, non-
feulement cette entrée , mais encore le
Canal qui court £(l & Oueft , jnfqu'à la
pointe orientale de l'Ifle d'Olivarez , où il
ne peut entrer qu un VaifTeau à la fois.
Tous peuvent mouiller jufqu'à rifle de Roi-
dan , mais le meilleur ancrage eft à l'Ouefl:
de rifle des Pinguinas , où les Navires
fônt à l'abri de tous les vents. On ©eut
encore en faire mouiller deux fort 'mre-
ment entre l'Ifle de los Paxaros & le
Continent ; car quoiqu'on y ait à eflhiex
quelques raffales d'un vent aflcz violent y
qui vient de terre entre les Montages 9
ils ne peuvent incommoder les Vaifleaux y^
& n*agitent pas même t>eancoup la M en
Le Mardi onzième, on levaTancre, 8c
on prit la route du Port de Saint-Julien.
On obferva que depuis les quarante-huit
dégrés quarante-huit minutes de latitude ,
jufqu'à ce qu'on ait cinquante-deux minu-
tes 5 la Côte forme une Anfe , au milieu
dé laquelle il y a une petite Ifle & un écueil
à une demie lieue de Terre; que cette
Terre court Sud-Oued & Sud-Oucft-quart-
de-Sud ; qu'elle cft haute , mais qu*au bas ;
^,là Côte.elle forme une^lagc^qi^i emsf
T}V Paxaovat. LIr. XXIL x%%
fScbe Ac rapprocher ^c pr« ; qa'on n'y - ^ *
▼oit ni aibrc , ni rien <]oi puiffe rccrccr la *74*'47«
vue , mais failcm'cni une chaîne de Mon-
tagnes pelées. Vers les fis heures du foir
les Pilotes , qui apperce voient devant eux
des bas fonds , jcttcrent la fonde , & trou-
Ycrcnr quinze btafTes , fond de gravier;
mais le ycnt étant tombé , le Jeudi treiïc ,
tk mouillèrent à vingt braffes , K onpaAa
"El nuit fiiT une ancre.
Le Vendredi quatorze , on appareilla à
cinq heures du matin , & on tira au Sud-
Eft pour fe tirer des bas fonds , oui s'é-
tendent au Nord-Oucft , & fur lefquels il
TLY avoit que (ix braffes d'eau. On les dé-
OTUVTC après deux milles de diftancc , &
*tls font à deux lieues & demie d« la Côte,
în ccr endroit , qui eft par les quarante-
fcâit dégrés cinquante-fîx minutes de lati-
tude ,- la Cote court Sud-Ouefl:-quart-<le-
Sud & Sud-Sud-Ouefl. A trois heures après
midi une de ces trompes de Mer, qu'on
appelle Siphons , parccqu*ellcs en ont un
peu la figure , parut au Sud-Oueit ; c*étolc
*tin vent de Tourbillon , qui partoit d'une •
iinée fort obfcure ; ce qui n'efl pas ordinal-
règles Siphons fortantprefque toujours d'une*
petite nuée blanche. Celoi-ci fit le mcnie
effet que les autres , qui efl d*attirer Tcau
de la Mfcr , 5f d*en former une colomne , ,
• que le vent chaffc : malheur au Vaiffeau
'qu'elle rcncontreroit fur fa route, elle le-
fubmergeroit dans le moment. On tire or-
dinairement deffus un coup de canon pour
• la faire crever 5 mais il paroît qu'ici cm
'Ht contenta de carguer toutes les voilis .
1^4 H X s T o I n fi
'174^-4.7 Ju^4*^'^ ^^ qu elle fût pafTée. Après <fi*oà
eut rangé la Côte jurqu'au quarante-neur-
vieme degré quinze minutes , on fut fut'*
pris de ne point voir L'entrée du Ponde
Saint-Julien , ce qui fît juger qu il eft plot
au Sud, qu'il n*e(l marqué dans les Car^
tes. Alors le vent continuant d*étre favonu-
ble , on réfolut de faire route )u(qu'aa Dé*-
troit , & de remettre au retour la vifîte àvL
Port drSaint- Julien. La variation de Taîr
guille aimantée étoit en cet endroit Je dix-»
neuf dégrés.
Le Samedi quinze , le vent étoit a«
Nord-Eft : on fît le Sud-Oueft, Depuis le
quarante-neuvième degré dix-huit mina>-
tes , la Côte court au Sud-Ouefl: ; elle cdk
droite, & on peut la ranger de piès fans
courir aucun rifque. La Terre eu bafle :
on n'y trouve qu'une avance fort haute ^
qui paroît d'abord comme une grande ma-
laille , & fur toute cette Côte on né vok
Sas un arbre. Le même joiu à trois heures
u foir , on découvrit au Sud - Oued la
Montagne de Rio de Santa-Cruz , qui eft
unepomte de Terre fort haute; terminée
par un Rocher qui s'élève auffi fon haut.
On en étoit £(1 & Oueft à cinq heures^
fur quatorze brades de fond de gravier, &
à deux milles de Terre. Comme on avoir
vu dans quelques Cartes une Baie mar-
quée au Sud du Cap de Sainte-Agnès , oxt
fit route pour y aller mouiller pendant la
nuit , & ranger enfuite la Terre 5 mais oa
touva qu'il n'y a point de Bâte en cet en-
droit , & que la Cote s'étend en droite
ligne ^ ac court au Sud-£û-qaan-sle^Sttd«
I
DU Paraguay. Liv. XXIL iS;
A ficuf heuits du foir le vent fc renforça : ' ■#
en diminua les voiles & on mit le Cap au 74»-45*
5ad>£ft. Le vent augmentant encore y la
Mer devint fort grofle ; on feira la gran-
de voile , ft^ oa courut avec la feule Mi-
Aine. La tempête continuant , on fit à mats
ft à cordes le Nord-£ft -y on ferma les écou-
tilles , & on afTura le Navire le mieux qu il
f^l^ poffible. On paifa ainfî toute la nuit
arec beaucoup d'incommodités.
Le Dimanche feize , il n y eut point de Tempto
diangement jufqu'a deux heures après mi-
di. Alors , le Navire recevant des coups de
Merqaile remplifToient d'eau, les coftrcs,
& tout ce qui n'étoit pas bien amarré ,
étoient emportés d'un bout à l'autre entre
les ponts , & perfonne ne pou voit fe tenir
.debout, ni même afOs , ni couché. Lcfe-
cond Pilote reçut même en commandant
la manoeuvre un fî grand coup à la tête ,
qu'il en eut le vifage tout meurtri. A deux
neores la Mer devint plus calme , on car-
rla grande voile & la Mifainc , & on
trouva par les cinquante dégrés onze
minutes de latitude , & par Eftime à trois
cents onze dégrés trois minutes de lon-
gitudie.
Le dix-fept beau tems , on apperçut Iz
Rivière de Sainte-Croix à l'Oueit , & on
rangea la Côte , qui forme une grande
Anle en demi-lune depuis la Rivière de
Sainte - Croix , jufqu'k l'Anfe de Saint-
Pierre : par-tout , la Cote e(l aufll aride &
ic audi dépourvue d'arbres , que tou-
tes celles qu'on avoit déjà pafTées. Le dix-
bttic » <m acheva de ranger l'Anfe ,. ^ à
■I ■ fix heures du matin on apperçut une Cépà^
•Ï746-47. ration ^ qu'on prk pour l'embouchure d'une
Rivière ; mais aùûid on fut vt»-à^vis , on
ne vit que des bas fonds , ou les vagues
de la Mer alloient s'a'monir.* On mouilla:
à cinq brades , 6c le premier Pilote alla
fondeif' avec h chaloupe , pour voir s'il
pourroit trouver un bon mouillage. Il n'ea'
trouva point , & l'on appareilla pour cher-
cher , en fuivant la Côte , Rio de 6aU
* Ujos y qu'on croïoit un peu phis au Sud.-
On prit hauteur à midi , & l'on trouva
etnauanto & on degrés quarante minutes
de tongîtïide.
Le Mercredi dix-neuf à cinq heures 8C
demie du matin , on prit un peu le large ^
& on fuiyit la Cote jufqu'à un Cap tort
haut y duquel (brt une pointe , qui forme
im bas fond y oii l'on ne trouva que ûjl
braffes. Un peu plus loin au Sud , on a^
-perçut une grande ouverture : on jetta Tan*-
cre, fie le Filotc alla voir (î ce n'ctoitpas
' ^embouchure de Rio di SantorCru^ , ou de
K/o de Gallejos ^ ou bien quelque Pon. Il
revînt à l'entrée de la nuit , & dit que
Touverture qu'on avoir apperçue , étoit au
Sud , & que pour y arriver , il falloic paf-
fer la pointe d'un bas fond qui s'étend très
loin , fur lequel les vagues venoient s'a*
monir. Il avoir trouvé (ur la Plage une
Baleine morte , beaucoup de traces de dif-
ftrents animaux , & comme les reftes d'un
campement , où Ton avoit mis le feu , ce
qui fit efpcrer que le lendemain on trouve-
JCoit un Port & des Indiens.
Lft Jeudi vingt y on leva l'ancre à. cinq;
bu Paraguay, 1/v. XXIL x%y
iieores du matin pour s^approdicr de Tou- nÀê-A.T
t^erturç , & on y jctta rancrc à fîx braffcs. '^ . *
Le premier Pilote en fonda le milieu & le
eàté du Sud , & de retour à bord, dit
qs'il n'y avoir nulle part de fnreté. On fc
uouvoit alors par les cinquante^deux àé^
pis vingt-huit minutes latitude y dans ua
endroit ou la maxéc montoix fon liaut.^
On avok mouillé par fix brafles , & en
mis beures de tems la maiéc baiflà de
trois , 8c recommença de monter à trois
iieures après midi. On avoir reconnu que
toute laCotejufqu'âu Cap des Vierges , qui
cft à l'entrée du Détroit de Magellan ^ eft
une Terre baiTe , qui court au Sud-£fty
6c que Ton n'étoit plus qu'à quatorze lieues
de ce Cap. Comme il n y avoit point d or-
-dre du Roi pour entrer dans Le Détroit , &
^e dans lefpace des quatorze lieues qui
zeftoient à 6aire , aucun Roitticr ne mar-
«pioit n^ Port , ni Rivieœ , non plus qK%
i'entrée du Décroît , où il y a d'ailietxrs
beaucoup de rifques à courir , le Capîtai*^
ne prit le parti de £e borner à bien recon*
aoitre la Rivicre de Sainti^-Ctœx , qu'il jur
ceoit ne devoir pas être û loin au Sud que
tes Cartes le marquoient , & par confé^
quent qu'il falloit remonter au Kord, ce
qu'il fie fur-le^bantp.
Le lendemain vingt de nnieme à midi , Du Portdtf
on fe trouva par les cinquante & un dé- Sainte- Croix.
grés vingt-quatre minutes ; le vingt-deux
a fcpt heures du foir , il tonna & plut beau-
coup 5 on fit le Nord-Eft : & le vingt- trois
au point du jour, on fe trouva fur la Côte
^ui court au Sud du Port de Sainte-Croix.^
itî HisroxRC
il à TEft duquel on mouilla vers les dix heu?
174^-47. ics & demie , à un demi mille de Terre f
fur neuf brafTes d'eau , par les cinquante
dégrés vingt minutes de lacicudc. Le pre-
mier Pilote alla dans la chaloupe cherchée
une entrée ; |il la trouva à la Bande du
Nord 5 & fut perfuadé que c'étoit l'embou-
chure de la Rivière. Mais il reconnut bien-
tôt qu'il s'étoit trompé ^ & au bout d'une
heure & demie il retourna à bord , ne pou-
vam plus tenir contre le courant de la ma-
rée qui batfToit. A trois heures du foir elle
avoir baifTé de fîx brafles , 8c où craignit
de fe trouver à fec ^ parceque y quoiqu'elle
fôt encore dans ùt plus grande force , on
commençoic à découvrir à côté du Navire
des bancs de fable & des écueils , ce qui
obligea d'aller chercher ailleurs un mouil-
lage plus (ur. Mais à-peine avoit-on com-
mencé à manœuvrer , qu'on s'apperçuc
qu'on étoit environné de toutes parts de
bancs de fable , & qu'il n'y avoit pas moïen
de fe tirer de-là. On rejetta donc l'ancre ^
êc à minuit la marée étant haute , on vou-
lut en profiter s mais elle commençoit à
baiffer lorfque l'ancre fut tirée, & on n'ofa
rifquer de tenter le paffage dans l'obfcu-
ritc de la nuit.
Le vingt-quatre , on fit voiles de marée
haute à onze heures du matin; & délivré
de tous les écueils , dont l'entrée de la Ri-
vière de Sainte-Croix eft embarafTée , on
fe contenta d'avoir reconnu que ce Porc
efl: impratiquable. Il ne l'a pourtant pas
toujours été , & de grands Vaiffeaux y
font entrés fans beaucoup de peine. Os'xa*
r>J3 Paraguay. Liv. XXIL i%^
3« dit ^ qa*cn iji^ le Commandeur ^^^T'TZ^TT*
Loayfa y mouilla avec fon Efcadre , & ^^ '^'*
Herrera ajoute qu*il y donna la carène à
fk Capitane. Ce même Auteur rapporte
encore qu*en i f lo , Magellan refta tout le
mois de Septembre & le mois d'Odlobrc
dans le Port de Sainte-Croix , ou il fit
une grande provifion de polfTons. Enfin en
itfiS, les Frères Nodales y pafferent en
allant au détroit de le Maire , & la rela«
tion de leur voïage en parle comme d*un
bon Port : mais depuis ce tems-là les ma-
rées qui y font très fortes , y ont formé
des bancs de fable , qui le rendent inaccef*-
fible 5 le Perc de Quiroga obfcrva que le
flux y eft de fix heures , & le reflux d'au-
tant.
Le vingt-cinq , vents de Sud-Oucft , &
de Sud-Sud-Oueft , la Mer fort agitée ,
comme elle Teft toujours dans ces Para-
ges 5 quand le vent eft fort. Le vingt-fix
frand froid. Le vingt-fcpt , quarante-neuf
égrés dix-fept minutes de latitude. Depuis
Santa-Crux , païs fort uni , & avec toutes
les apparences d'être abfolument ftérile ,
on ne voit pas un feul arbre ni une col-
line , jufqu'à ce qu'on foit par les quaran-
te-neuf dégrés vingt-fix minutes ; mais de-
là jufou'à ce qu'on découvre le Cap Blanc ,
qui eft y comme nous Tavons dit , par les
quarante - fept dégrés , on voit quelques
chaînes de Montagnes & des collines affez
hautes qui s'étendent au Nord. Le Samedi
vingt-neuf, on ne fit que louvoïcr de l'Eft
à rOueft , parccque le vent étoit contrai-
K; le lea4çiQain on Qt la mêmç manopu^
l^O HlSTOlUÏ
^ ' vre à can(c de la violence du rent , qiâ
*74«-47- tournoit fans ceffe du Nord à l*Oucft, «
qui s'ctant jette au Sud-Oueft, devint en-
core pins violent , mit la Frégate en granl
danger , & obligea de mettre à la cape avec
la feule mifaine. Il augmenta encore le
Lundi trente & un jnfqu'à dix lieures du
matin ^ & la tempête ne pouvoit croître
fans faire périr le Navire ; mais à midi
«lie commença à diminuer , & on& TOneft
pour fe rapprocher de la terre , qu'on avoit
perdue de vue. On faifoit alors une fé-
conde nenvaine en Thonncur de Saint-Tran-
^ois-Xavier : elle finit le jour de la Chan-
deleur , & prefque tout le- monde com-
munia,
tes appro- Le premier de Février , on continuoit la
^cs du Port route à TEft^ mais les courants faifoient
en vr^"Jdu ^^"v^*" ^^ ^"^- ^^ reconnut enfin là Terre
t^^^ " à neuf heures du matin ; on prit hauteur
à midi , & on trouva quarante-neuf dégrés
cinq minutes. Tout le refte du jour , on ne
put courir que des bordées , & la nuit vint
(ans qu'on pût approcher aflex de la Terre
pour les rcconnoître. On mouilla à trois
lieues de la Côte , qui depuis les quarante-
:' huit jufqu'au quarante-neuf dégrés eft bor-
<iée d*écueils à trois lieues en large , fans
qu'on puifTe trouver aucun abri <n cas de
difgrace. Le trois , on ne put encore rien
découvrir , & on fe trouva a midi par les
quarante-huit degrés. Le quatre on ne vit
^încore aucune apparence de Port. Le cinq
on étoit à trois lieues de Terre , quaran-
te-hui* dégrés vingt-quatre minutes. A trois
hcm^s après midi , on étoit Eft & Oueil
DU 'Paraguay. Lh.XXII ijt
:âcs écùcils,quc le Pcrc Feuille place par , _^
}e$ quarante-huit dégrés dix-fept minutes. '' *•'
Celui qui avance le plus en Mer , & qui
.cft à ûx lieues àc Terre, refTemble à ua
Navire fans mats & fans agréts. Sous la
^éme latitude il y en a quatre ou cinq
^autres , qui n'en font qu'à ime lieue & de-
siie, & dont on ne voit que les pointes*
Toute cette Côte cft baffe & aride ., & le
PaJis plat , fl ce n'eft que de diftance ea
.^iftancc , on y apper/^oit quelques Rochers^
.ou Collines peu élevées.
Le fix y quarante-huit degrés trente-qua-
tre minutes , on étoit fort éloigné de Ter-
-re, & de la jufqu aux quarante -neuf dé*
grés dix-fiipc minutes , la Côte forme deux
^andcs Anfcs , dont ks pointes font au
Sud-Oueft-quarc-de-Sud. La terre eft hau-
te , & d'c(pacc en efpace on y apperçoic
4e grandes plages. Au coucher du Soleil
on fut très étonné de fcntir un air fort
chaud 5 ce qui cft extraordinaire fur ces
X^ôtes : on jctta une ancre au Sud-Oueft-
iqùart>de-Sud de la plus haute Colline qu'il
y ait fur cette Côte , & dont on étoit
éloigné de fix lieues. Le fept , à midi , qua-
jrante-hiiit déîçrés quarante - huit minutes.
On étoit alors à TEft-Nord-Eft de la Col-
line : à (îx heures du foir on mouilla avec
une feule ancre à deux lieues d'une Baie ,
/Oui paroît d'abord comme une petite Anfc
a TEft de la même Colline , fond de terre
rgraffe & forte. Le huit , à cinq heures du
matin , le premier Pilote alla avec la ..ha-
lloupc rcconnoîcre la Baie , croiant y trou-
.ypr l'cmbouchurç de la prétendue Rivière
\s^ Histoinx
jjaS'Aj. ^^ ^^^^^ Julien 5 mais la marée, qui baif-
foie avec une grande force , & le veoc
d'Oueil , qui fouâoic avec violence , robli--
gèrent de regagner le bord à trois heures
après midi , après avoir couru rifque d être
fubmcrgé par lès vagues , dont une feule
}etta un tonneau d'eau dans la chaloupe.
A l'entrée de la Baie il avoir trouvé qua-
torze braffes, fond de terre graife un
peu noire , ou l'on peut aifément mouil-
ler. Du côté du Sud , on trouva depuis
cinq jufqu'à fept braffes, même fond. Tou^
te l'entrée eft nette, fi ce n'eft qu'à la pointe
du Sud, il a deux petits Idots , qui ne pâH
roi/Tent que de marée bafTe.
Dcfcription ^^ neuf, le vent d'Oueft étant tom-
(lie la Baie de bé fur les neuf heures du matin , il s*éle-
Çaim-Julicn. va un petit vent de Nord à la faveur do-
quel on entra dans la Baie , que l'on re-
connut d'abord être celle de Saint- Julien ,
& on y avança l'efpace d'une lieue. A deux
heures après midi, la marée, qui devenoit
plus rapide à mêfure qu elle baiflbit , obli-
gea de mouiller une ancre y & quand la
Mer fiit tout-à-fait baffe , le premier Pi-
lote , le Père de Quiroga , 6c quelques
autres allèrent à terre. Le Père de Quiro-
ga obferva les décours & les bas fonds dn
Canal , & on trouva fur le rivage quelques
buiffons , ou il n'y avoit pas long-tems
qu'on avoit mis le feu. A fix heures du
loir la Frégate entra plus avant dans la
Baie, & fut amarrée fur deux ancres à l'a-
bri de tous les vents. La marée étoit hau-
te , & on étoit mouillé à douze braifcs :
bientôt o^ vit le fond 5 peu à près il n'y
eo
\
DU Paraguay. £iv. XXII. 195
Ctt avoit plus que trois; mais le fond , " , •
de terre grafTe & blanche , étoit bon. ^746-47*
Le dix , TAlferez & ie Père Strobl (c
firent débarquer avec quelques Soldats ^
■ pour voir s*ils ne trouveroient point d'In-
diens 5 & dans le même tems le premier
Pilote , le Père de Quiroga & le Perc
Cardiel , s'embarquèrent dans la chalou-
pe avec des vivres , pour fonder la Baie ,
jufqu a ce qu'ils cuffent trouvé la Rivière ,
qui eft marquée dans les Cartes. Ils firent
tout le tour de la Baie fans en voir mê-
me les apparences ; mais ils s'affurercnt que
les plus grands Navires peuveat pénétrer
dans le Canal jufqu 'à une lieue & demie.. ,
Ils remarquèrent que pour trouver le meil-
leur fond , il faut pafler une petite Ifle fore
baffe, que la marée couvre pfefqu'entie-
rement lorfqu'elle eft pleine ; que ce qui
n'eft jamais couvert eft toujours plein d'Oies
& de Poules d'eau; que de marée haute
toute la partie du Sud & de l'Oueft paroîc
\ comme un Golfe , mais que de bafle mer
î elle demeure à fec. Leur Chaloupe y échoua ;
f. & le montant l'aïant relevée , ils tourne -
î rent au Sud-Oueft , ou ils apperçurent des
pointes de Rochers , qu'on auroit prifes 1
Ipour des paliifades blanches. Comme ils
n'étoient plus qu'à trois quarts de lieue 5 ils
fc retrouvèrent encore à fec. Le premier
; Pilote & le Père Cardiel mirent pié à terre ,
& marchèrent jufqu'à la Côte , cherchant
la Rivière de Saint- Julien qu'ils ne trou-
vèrent point 9 ni rien de ce qui eft marqué
dans les Cartei ^^ & dans les deux planches
gravées , dont on a enrichi la Relation du
Tome r/, I
;
1^4 . Histoire
i74<>-47 ^^*^S^ ^^ l'Amiral Anfon, Sur -les poiib
1^ 47' j^jj ^ç Rochers , dont nous avons padé 9
le Pcre Cardiel trouva de grandes couches
de talc.
Après avoir tout obfervé avec foin oa
fe rembarqua , & Ton repofa jufqu'à deux
heures & demie du matin du lendemain
onzième. A huit heures la Chaloupe échoua,
j& on en profita pour achever la vifite de la
Baie. Vers les deux heures après midi , on
fe trouva à flot , & on fe rendit à bord fans
avoir pu trouver nulle part , ni eau douce ni
d'autre bois que quelques buifTons remplis
jd'cpines. fi^iPere Strobl , quis'ctoit fait dé-
barquer fur le rivage avec l'Alferez, rap-
porta auffi que tout ce qu'il avoip vu des
environs de la Baie , ne diiFeroit point des
environs du Port-Defiré 5 qu'il avoit feu-
lement découvert fur le bord de la Mer
quelques Puits d'une aulne de profondeur ,
remplis d'une eau faumâtre. Il ajouta que
ces Puits paroiflbicnt êtreTouvrage de quel-
ques Voïageurs , & afTcz récents ; & qu'à
une lieue & demie de la Mer il avoit vu
une Lagune , dont la fuperfîcie étoit com-
me une croûte de Sel. Cela n'empêcha
point les Matelots d'y jetter leurs filets,
& ils prirent quantité de grands Poiflbns
d'un fort bon goût , qui reffcmbloient
beaucoup aux Morues, mais quelquès-ims
gffurerent que c'étoient ce que les £fpa-
gnols appellent Pexe-palo,
Le douze , le Père de Quiroga Ce. trou-
(vant incommodé , les déux^ilotes fe firenc
4ébarquer à terre , pour opÉrver la fitua-
%}.Q^ dçs Salines qu'o» ^vpit prpuvées^ &
ï)tr PARAtvuAT. Liv.XXIL x^y
Wiiiïent le foir laifTanc à terre deux Sol- — **
<iaC5 qui s'étoient trop écartés. Letrciie, '^'^ "^'*
tout le inonde étant revenu à bord y le
Père de Quiroga voulut avoir le fcntimcnt
du Capitaine , des deux Pilotes y de TAl*
farex & de fcs deux Confrères , au fujct
"de rEtabliffement qu'on avoir projette de
(aire dans cette Baie ; & il fut arrête nu*a«-
vant que de prendre une dernière rélolu-
tion , TAlferez & le Père Strobl y fuivis de
buit Soldats d'un côté , & de l'autre le
P. Cardiel , avec dix Soldats y iroient avec
des vivres pour quatre jours faire par terre
le tour de la Baie. Les deux Soldats qui
avoient été dégradés la veille , arrivèrent
fur ces entrefaites , & dirent qu a quatre
lieues 4e la Baie , ils avoient trouvé une
Lagune , dont Teau étoit douce , & appcr-
^u des Guanacos & des Autruches 5 mais
qu'autant que la vue pouvoit s'étendre,
on ne voïoit pas un arbre.
Le quatorze , les Pères Strobl & Car-
dfel retournèrent à terre, le premier tourna
vers rOrient , & le fécond à l'Occident.
Leur deflein étoit de tourner toute la Baie
À une grande diftance de la Mer , & le Père
Srrobl aïant marché' au Sud & fait envi-
ron (ix lieues trouva à trois quarts de lieue
de la Mer , & à une égale diilance de l'ex-
trémité de la Baie , une Lagune d'une lieue
de circuit dont toute la fiiperficie étoit
couverte de Sel. Les Soldats , qui accompa-
gnoient le Miflionnaire y mirent le feu à
quelques buiflbns qu'ils trouvèrent furfes
bords, &'il s'étendit jufqu'à deux lieues.
La même chofc aniva à ceux qui étoient
' ' i.
*^ Ht.STOIKS ^ ' .;
* ■ avec le Pcre Cardiel j ils mirent fc fl' '
^74^"47- aux halliers qui couvroicnc la Campaj(»if
A il gagna fort loin. Le Miffionnaircv
le prpmicr jour fix lieues au Couchant , &
trouva de Teau douce. Il pafTa la nuit ck
cet endroit j & le lendemain il fe remit
en marche.
Rencontre Après avoir fait une lieue , il fe trouva
fipgwUcrc. près d'une Maifon d'un côté de laquelle
il yavoit fix Bannières déploïécs , de .diffé*-
rentes cpulcujrs, de la loneueur & de la
largeur d une aulne , attachées à des po-
teaux fort élevés & plantés en terre , &
de l'autre cinq chevaux morts , enveloppés
de paille , & chacun fiché fur trois pieux
fore hauts 8ç plantés aulïi en terre. Il en-
tra dans 1a Maifon avec les Soldats , 8c
-ils y trouvèrent des couvertures étendues,
qui cpuvroicnt chacune un corps mort :
c'étoient deux Femmes & un Homme , qui
n'étoient point encore corrompus. Une des
Jemmes avoir fur la tête une plaque de
Laiton , & des pendans d'oreilles de même
?nétal. Sur Iç rapport qu'ils firent de cette
découverte , on reconnut que les trois
Morts étoient de la Nation des Puelchès,
& le Pcre Cardiel crut qu'en avançant plus
avant il trouveroit un Païs habité; mais
^près avoir fait trois lieues , ne découvrant
^ ^ucune trace d'Hommes , & fes Provifioos
étant épuifécs , il ne put aller plus loinl
Ses Soldats tirèrent fur des Oies qu'ils ap-
perçurcnt fur les bords de quelques L^-
nes 'y mais comme ils n'avoient point de
?ctit plomb , ils n'en tuèrent aucune, te
^ Cardiel fe remit eij marche pour ajler rpi
iru Pa R JTOUAY. Liv. XXIL 1^7
joindre le Pcrc Strobl , & fit prendre les de- j_.^_^^"
Vants à deux Soldats avec une Lettre , pat
laquelle il dem^ndoità ce Pcre trente Hom-
mes avec des vivres & des munitions pour
quatre jours.
Le même jour quinzième , le premier
Pilote & le Père de Quiroga s'embarquè-
rent dans la Chaloupe pour fonder ren-
trée de la Baie , & pour marquer tous les
bancs qui s*y tfouvent ; mais un vent for-
cé les obligea de mettre pîé a terre dans
une petite Anfe , ou les Matelots aïant
jette leurs filets , prirent quantité d*une ef-
pecc de Truites , qui pefoient fept à huit
livres. La Câte en cet endroit était toute
couverte d'arbres, mais le bois n'en étoit
bon qu'à briU^to. Le Perc Strobl arriva le
foir à bord ^Jc dit que dans une Lagune
qu'il avoit 9^^"^^^^ 9 i^ yavoit du Sel
de la hauteur d'une aulne, blanc comme
la nége(% & dur comme la pierre ; mais
qu'il n'y avoir nulle apparence qu'il y eût
de ce côté là aucune Habitation.
Le feize , quoique le vent de Sud- Oued
fbufflât avec force , la Prégate n'en fouf-'
frit point , parcequ'elle étoit fort bien z
l'abri : la Mer même n'étoit point agitée.
Le Père Strobl reçut la Lettre du Père Car^
diet 5 & lui fît accorder ce qu'il deraandoit.
Le lendemain dix-fept , il fe fit lui-même
débarquer au lever du Soleil , avec l'Alfe-
fex & des Soldats , pour aller joindre 1er
Miffionnaire : & dans le même tems le Ca-
pitaine y le prcitiicr Pilote , & le Père de
Quiroga , allèrent dans la Chaloupe pour'
achever de fonder la Baie. Ils fe firent met-
liij
I9> HîSTOlRB
, trc à terre près d'une affez haute Collînci
ae laquelle ils découvrirent une Ls^ane
€]ui s'étcndoit bien trois lieues à TOucft,
& prcfqu'audi loin au Nord ^ mais ils ne
Î>urcnt lavoir fi Teau en étoit douce : toute
cur attention fiit à s'aflurer qu'elle na-
voit aucune communication avec la Mer.
Le Perc Strobl de fon côté , après avoir
fait environ quatre lieues , détacha au Perc
Cardicl un Soldat pour le prier de le ve-
nir joindre. Il vint fort fatigué, & le Perc
Strobl lui dit que tout bien confideréilnc
croïoit pas qu'il fôt de la prudence d*aller
plus loin 9 au hafard de rencontrer des Bar*
barcs bien montés , n*aïant à leur oppofer
que des gens harrafTés d*uiM^ longue mar*
Isctti
il n*y avoic
point de dtmger , qu*il n'afFrontâtJLc Pcre
Strobl , auquel les deux autres Jéfuites
avoient ordre d obéir , lui dit qu'il conful-
teroit le Seigneur fur cette affaire , & que
le lendemain il lui déclareroit fes inten-
tions. Le Père Cardicl fe tenoit coimne aC-
furé qu'il avoit été fon proche de quelque
Habitation Indienne y parcequ'il avoit vu
un Chien blanc , qui après avoh long-tems
aboïé contre lui & fa trouppe , s'étoit re-
tiré apparemment auprès de fon Maître :
cependant le Père Strobl lui dit le lende-
main matin qu'il falioit retourner à bord ^
& il obéit fans réplique. La grande rai-
fon du Supérieur pour ne pas aller plut
loin , fut que les provifions qu'il avoic iq^
/
che ^ & chargés comme ils éttùent. Le Perc
Cardiel lui répondit quavdBks Gens fi
braves & de n bonne volonté il n'y avoic
7
de
portées , ne fuffifoicnt pas pour faire fub- j-^^ ^y*
uftcr toute fa Trouppe dans un Pais , qui
ne foumifToit ab(olumcnt rien pour la vie.
Le Père Cardicl n'en penfoit pas inoins
![a*il étoit important de favoir s'il y avoit
es Indiens dans ce voifinage , & le dix-
neuf il pria le Père Strobl de mettre la cho-
fe en délibération , &* de confulter le Ca-'
pitainc , i'Alferez roïal , le Sergent Major ^
& le Père de Quiroga , comme il étoic
marqué dans les inftruâions que leur Pro-
vincial lui avoit données. Le Père Strobl
y confentit , & le réfultat de la confé-
rence fat que le Père Cardiel continueroit
fes découvertes , avec des Soldats qui vou-
droient bien raccompagner , & des Mate-
lots qui 8*ofFriroient d'eux-mêmes , avec desJ
mnnitidns & des vivres pour huit jours.
Ils partirent le vingt , jour de la nouvelle
Lune. Le Père de Quiroga & les deux Pv*
lotcs avoient obfervé avec foin le mo-*
ment de la haute & de la ba^e Mer y 8c
ils avoient trouvé que la marée (éioit
baffe à cinq heures du matin , & qu'à
onze heures elle feroit haute , ce dont il
cft à-propos , ajoute ce Père dans £bn Jour- ^
nal , que (oient inftruits ceux qui entreront
dans ce Port , parcequc la différence de la
haute & de la baffe Mer eft de fiX braffes
en ligne perpendiculaire , & qu*un Vaiffcau
de ligne peut , quand la Mer eft haute ,
pafler fur des bancs qui font à fcc lors-
qu'elle eft bafïe.
Le Père Cardiel partit donc ce même jour^
avec trente quatre Hommes, & marcha
d'abord à TOucft. Il avoit commencé par
I iiij
»co HisTOîit-r
^74^-47, "marquer Tordre du jour , qu'il YOuloit qW
Ton gardât : rien n'étoit mieux réglé ni plos
édifiant , & les plus fcrvcns Religieux n an-
roient pu porrer plus loin la piété & le boo
ordre. Le Père étoit au milieu de fa Troap-
pe 5 qui formoit deux ailes pour mieux ob-
lerver les Lagunes , les Bois y les Animaux 9
& la fumée qui pourroit indiquer le voi-
finage de quelques Indiens. Lorfqu*on fui-
voit des traces d'Hommes qu'on avoic ap-
perçues, le Père marchoit le premier, réglant
fon pas fur les plus foibles , aïant mr la
poitrine un Crucifix , & à la main ua bâton,
fur lequel étoit gravée la figure d'une croix.
A l'approche de la nuit , on récitoit le Cba*
pclet en commun , on chantoic le Salvt
ReginAy & tout fe faifoit au fon d'une
clochette.
On marcha ainfi quatre jours de fuite ,
prefque toujours en fuivant des fentiers
d'un pied de large , tracés par des Indiens,
& chaque journée fut de fix à fept lieues y
le foir de la quatrième on appcrçut un peu
à récart une colline un peu haute , d'où
avec une lunette d'approcne , on découvrit
une grande étendue d'un païs tout (embla-
ble à celui qu'on avoit parcouru jufques-là,
oii l'on n'avoir vu ni arbre , ni la moindre
verdure , ni rien qu'on pût manger, ni un
arpent de terre propre à fcmer , mais affcx
d'eau le long des chemins battus par les
Indiens , & un alTcz grand nombre de La-
gunes, dont l'eau étoit potable. On n'y
vit non plus aucun autre Animal , que quel-
ques Guanacos, qui d'une demie lieue
prenoient la fuite , & quelques Autruches.
TJu Paraguay. Z/V. XXIL ici
Nos Voiagcnrs ne perdirent pounant pas , -
courage , quoique quelques - uns euflent ' ^ '^' *"
bientôt ufé leurs rouliers dans des chemins
fi mdes , & que d'autres euflent des am-
poules & même des plaies aux pieds. Après
onelques jours dé marche le Père Cardiel
ientit de grandes douleurs dans la hanche ,
& le cinquième il ne pouvoir plus marcher
qu*avec une efpece de béquille : mais cer
qui les incommodoit tous le plus , étoir
le froid de la nuit, 8C quoiqu'ils trouvât
fent panout de quoi faire du feu en brûlant
les buifTons & les fabines , comme ils n'a-
voient pas de quoi fe couvrir, ils fe chauf-
feient d'un coté & geloient de Tautre.
Malgré cela, fi le Père Cardiel n'avoit con-*
fuite que fon courage , il ne fe feroit point
arrêté, qu'il n*cut trouvé dcîTlnfîdeles , à
qui il pût annoncer Jefus-Chrift ; & il avoir
fi bien infpfré' fotï zèle à plufieurs de fa
Trouppc , qu'ils s'offrirent à le fùivre par- •
tout , ou il voudroit les mener. Mais n'aïanr
pris des vivres que pour huit jours, dont
il y en a:voit déjà quatre de panés 5 il com^
prit qu'il n'avoit point d'autre parti à
prendre que dé retourner fiir fes pas , & il-
s^y réfol'ut.
Pendant fon abfence, le Pcrc de Quiroga=
avoir obiervé avec un quart de cercle h.'
latitude de la Baie de Saint- Julien , qu'ils
trouva de quarante- neuf dégrés douze mi-
nutes. Le premier Pilote , l'Alferez & îe
Père Strobl~ firent de leur côté plufieurs dé-
couvertes de Lagunes , les unesxl'eau douce^
lès autres couvertes d'une croûte d'un Tel lil
Uanc y que quand le. Soleil donnoit deffus'^
lOfc Histoire
— la réverbération les éblouiflbit. Ik appcfçr*
1746-47. jenc le même jour fept ou huit Vicogncf
& un Guanaco , & demeurèrent perfuadé?
que des Indiens mêmes ne pouvoient pas^
habiter la Baie de Saint- Julien j que fcui*
habitations en dévoient être fort éloignées;^
que ceux dont on avoit trouvé des velUges ,.
étoient des Aucaez , des Pegucnchez , des
Puelchez y ou des Indiens du Chili , qui
pouvoient y venir chercher du ftl : qu*oa-
pouvoir bien être un peu furpris d'y avoir
trouvé des chevaux morts , les Peuples qui
habitent Textrêmité méridionale du Conti-
nent n'en ufant pas ; mais qu'il falloit que:
ces Cavaliers fuflcnt venus d'^lkais , fur-
tout du Chili.
Enfin le Samedi vingt-huit^ on* com*-
mença à faire les préparatifs pour fortir de
hi Baie y & d*abord il fut décidé unanime-
ment que l'intention du Roi nétoit pas
que les Jéfiiites reftaflent dans un Pais^ od^
il n'étoit pas poflible de fubfîfter> & oir
il n*y avoit point d'Infidèles à convenir. Lc:
même jour a neuf heures du matin on ap-
pareilla , mais le vent aïant au(fi-tôc tourné
au Sud-Oue(Vy il fallut mouiller une ancre.
Le vent devenant plus fort , le Navire dé-
riva y & il fallut jetter une (èconde ancre;
ta Chaloupe étant enfuite allée à terre ^
quelqu'un de ceux qui y étoient ,. trouva,
au milieu d^'iin champ un- Ecriteau avec
cette Infcription I. O. HN. Wood. Lc^
Mardi premier jour de Mars 1747 , le vent
k tenant toujours au Sud-Oueft, on ne
put encore fortir de la Baie , & on emploïa.
«e tems à planter vis-à-vis du mouilbgc
»u Paraguav. Z/V. XXII'. loy
cette Inrcription : Reynando Phelipc V, ' ' "
MO de 1746. 174M7.
A quatre heures du foir , le vent aïant Erreurs de*
tourné à l*Oueft , on leva les ancres , & Navigateurs
fur les cinq heures on fortit de la Baie, on ^^\ ^^?îjf^
tira la Chaloupe à bord y & on mit le Cap ^**"^"^
au Nord-Eft. Jamais Port ne fut vifîté avec
plus de foin , que le fut celui de Saint-
Julien en cette occafîon ; 6c par ce que le
Père de Quiroga , après avoir comparé tou-
tes les obfervations qui avoient étc faites ^
& auxquelles il avoit eu la plus grande
part, en dit dans Ton Journal,- on pourra
juger à qui il faut plutôt s'en rapporter ,.
ou au Chapelain de TAmiral Anfon , qui
fur la foi de quelques Voïageurs afTure que
la Baie de Saint Julien reçoit une très grande"
Rivière , laquelle fort d'un grand Lac , d'hoir
fort pareillement une autre Rivière appel-
le la Campana ,, qui va fe décharger dans-
la Mer du Sud, & en a fait graver deux
Planches 5 ou à tant d*habilcs Obfervateurs,.
^i ont fait à diverfcs reprifes le tour de
cette Baie par Terre & par Mer , & qui
alTurcnt qu'elle ne reçoit pas même un Pvuit-
£eau.
C*étoit cependant cette prétendue corn- Defcriptioi*:
munication des deux Mers par deux Ri- ^^ *^"" ^*^'
vieres, lefquclles ont leur fource dans un
grand Lac , qui avoir engagé le ConfeiL
Roïal des Indes à projetter un EtablifTenlent
dans la^ Baie de Saint- Julien. J*ai dit que'
fën entrée eft par" les quarante-neuf degrés*
douze minutes dé- latitude auftralc : ainfî
ceux qui Tout marquée aux quarante-neufc
dégrés y quelques minutes de plus ou. de:
104 Histoire
moins,, ne fe font pas beaucoup éloignél
ï 740-47 • du vrai. Quant à fa longitude, prift du Pic
de TenerifFe , oii les Efpagnols ont fixé leur,
premier méridien , le Père de Quiroga la.
marque par les 3 1 1 dégrés 40 minutes. L'en-
trée en eft difficile , parcequil n'y a rien de
bien marqué qui la fafTe reconnoîtrc, &
que quand on n'a pu prendre hauteur , on
n'en peut juger que par Eftime , ce qui n'cft
jamais bien (un Avec la hauteur même,,
on ne doit jamais s'en approcher ou'avcc
de grandes précautions y parceque la pre-
mière Anfe qu'on découvre , eft pleine de
bas fonds à fon entrée , & voici ce qu'il,
faut obferver pour n'y être pas trompé.
Précautions Prcfqu'à l'Oueft de l'entrée du Port , on
qu'il faut voit une colline fort haute ,. qu'on apperçoic
^'ISuM ^^^ ^^ ^°^° ^" venant du Noid-Eft , & qu'on
^ * prendroit d'abord pour une Ile; mais à
mcfure qu'on en approche, on découvre
les pointes de trois autres collines , qur
paroiflent auflî des Iles. Quand on vient der
nie des Rois, il faut alors s'éloigner ua
peu de Terre , parceque la Côte eft dan-
gereufe & bordée ^t bas fonds. Mais quand-
on eft par les quarante-neuf degrés , il faut
fùivre des yeux la plus haute colline de
celles dont nous venons de parler , & s'ap-
procher de Terre pour fé mettre Eft &.
Oueft de cette colline. Alors on trouvera,
la première Anfe , qui du côté du Nord-
Eft eft reconnoiffablc , en ce que vers le.
Nord elle forme comme une barrière de
Rochers fort blancs. La Terre qui eft au.
Sud jufqu'à Santa- Cruz eft baffe , bordée,
aufli de Rochers, & paroît comme une
grande muraillç blanche*
*u Paraguay. Liv. XXII. icrf
L'entrée du Port eft difficile , & les Na- '
>kcs ne. peuvent y pafler de marée bafle^ '74*-474
farcequ'alors ri n*y relte qu'un Canal fo^^
troit , oii il n*y a que deux brafles & demie
d'eau , ou trois tout au plus. Ce Canal-
court au Sud-Oueft jufqu'à une pointe , od>
il y a quelques Rochers v de-là il tourne
au Sud , afïcz près de la Côte qui rcfte à.
rOueft. Quand la Mer eft pleine, les plus-
grands Vaiffeaux peuvent y entrer , parce-
qu'alors ,. comme on Ta déjà remarqué ,.
on trouve (îx braflès de pkis que de ma-
rée bade; Cependant lorfquon n'a point*
de Pilote pratique, il faut jetter la londc"
avant que d'entrer , & envoïer la Chaloupe:
pour bien reconnoître l'embouchure du.
Canal.
Il feramcme à propos d'entrer quand la»
marée commence à n*ctre plus (i forte,.
afin de pouvoir mouiller quand elle com-
mence à perdre. Les- grands Vai fléaux peu-
vent avancer jufqu'à ce qu'ils foient der*
xiere les Iles , où , quand la marée eft bafle ,.
il y a toujours 13 ou 14 brafles d'eau , fur-
un fond de terre grafle , noire , mêlée d'unf
fable fin : les vents les plus violents n'yv
agitent point la Mer,, tout le Port étanr
bien couvert par la Terre. Ce Port renferme
deux Ilots , que la haute Mer ne couvre.
pas,.& où Ton trouve des Poules d'eau.
Quand la marée eft à moitié baiflée un*
enfoncement , qui eft au Sud , & qui paroît-
une pleine Mer quand la marée eft haute y,
eft entièrement à fec.
Pendant l'Eté , on ne fauroit faire do
l!eaa dans le Pou de Saine- Julien, paice^*^
ttf^ H I s T O t R" B
~ - que les Toarces Se les lagunes qiijon trcravr
*74*-47- ^ roueft , en font éloignées de trois oif
quatre lieues^ & quùne de ces lagunes,
beaucoup plus proche que les autres, ic
qui eft au Nord*^Oueft de Tentréé , n'eft par
. aifée à trouver ,. étant fort élevée entre:
deux collines à une lieue de la Mer. Mais^
en hiver la fonte des négcs forme de petit*
ruiffeaux qui fe déchargent dans la Mer.-
Du refte tout le Païs eft ftérile & plein de
falpêtre; il n*y a qu'à TOueft de Tentréc"
du Port , où Ton puifle trouver dans des
buiflbns un peu de bois de chauffage. Les'
Troupeaux n'y trouveroient aucuns pâtura--
gcs , (î ce n*eft un peu autour des baiiTons ,,
& parmi les cannes , auprès des fources.
Enfin il n y a nulle part un feul arbre ^
dont on puiife mettre le bois en œuvre.
Il uroit aifé de fortifier ce Port en pla*»
çant une batterie fur la pointe de pierre qur
eft au Sud-Oueft de la première entrée de
la Côte du Nord , parceque cette entrée y
eft foft étroite ,, que le Canal n'eft qu*à une
portée de fufil de cette pointe , & que le»
Navires ne pourroient point la canonner,
puifque de baffe Mer ils échoueroient , toute.
FAnle étant alois prefqu*à fec , excepté à
fa pointe. Se que dans le Canal même
à peine y a-t-il ttois brafl'es dèau. D*aillcurs
la pierre n'y manqucroit pas pour les forti-
fications , & des écailles d'huitres , qui fe
pétrifient , on pouiroit faire de très boir
ciment. Outre cela on trouve dans les col-
lines qui font au Sud de ce Pon , un talc
fort propre à faire du plâtre. Dans le Port
même la pêche. feroit abondante :-il.eil renir
^tr F A R A 6 TT A y. Liv. XXIL 107
pu d\me cfpcce de poifTon qui reflemblc j^a^-a^^
beaucoup au Cabillau ; on y voit quantité
de Poules d*eau , d*Oies & d'autres Oiféaux
de Mer. Les Animaux terreftres les plus
communs font les Autruches y Its Guana-
cos y les Renards., les Vicognes ,. & les*
Quinquinchos. On y a découvert quatr»
ou cinq lagunes (alécs > dont la plus proche
de la Mer n'eft qu'à une lieue. Pour ce qui
cft de la température , Tair v eft fec , & le
froid y ^Çk. très piquant en nyver.
Après trois femaines de féjour dans cette
Baie , & dont on ne perdit pas un indanc
fans faire de nouvelles obfervacions , ou-
réiterer les premières , on mit à la voile la
premier jour de Mars ; & en rangeant la'
Côte , on ne remarqua rien de confîdéra-
ble ju(qu'au dix , qu'on trouva la Mer fort
groffe à la hauteur d'une Anfc , qui cft au
Sud du Cap de las Matas , par les quarante-
cfnq dégrés de latitude. Vis-à-vis de ce Cap-
il y a (Eux Iles , dont la plus grande eft a
une lieue du Continent , & la plus petite ,.
qui eft fort baffe , en eft éloignée de quatre
lieues ; toutes deux font fur la même ligne,.
Sud-Eft & Nord-Oueft.
Il y en a quatre autres , une grande à là^ "
pointe du Sud, & trois petites en dedans
de la Baie que forme ce Cap , lequel eft mal-
nommé le Cap des buiffons, puifqu'il ne - .
s'y en trouve pas un féul, & que c'eft la- "
Terre du monde la plus aride. Les Cou-
rants y (ont très forts au Sud & au Nord ,
& (uivent ht même règle que les marées. La- '
Côte eft d'une hauteur moïcnne j^ & on y,
yiQÏt de tems e» tems quelques Rochers».
1
t«iP ftlSTOXKK
•^ . Entre les deux pointes du Cap il y a afld'
74 '•47« Anfc. La Frégate entra le onze dans la.Baie^
& mouilla dans le milieu par trente brafles
à une lieue & demie ou deux lieues de.
Terre. A midi-, TAlferès Roïal , le premier.
Pilote , & le Père de Quiroga^ allèrent avec
la Chaloupe à terre y & trouvèrent que dans
l'intérieur de- i'Anfe , qui eft formée par les-
deux pointes du Cap , il y a une fort bonne
Baie , profonde partout jufqu'à Terre, de
fone qu'à une portée- de fufil du rivage, oa
trouve fept à miit brafles , fond de fable
noir, à Tabri de tous les vents, excepter .
de ceux de TEft & du Nord-Eft, qui dan9
ce paragc ne font pas fort à craindre,
r Biîe de los Ils montèrent enfuite fur- les plus hautes
Camaroncs , collines pour découvrir au Nord la Baie de
5&fcph.^*"^^ /ax Ctf;;rtfro;z« , laquelle en renferme une
autre & un petit bras de Mer,, qui eftau
Sud du Cap. Ils fe rembarquèrent a fîx heu*
tes du foir, bien fatigués d'avçfir marché
pendant trois lieues dans un pais ou il n*y
a que des pierres. Le lendemain douze , la
Prégate mouilla à l'entrée de la nuit dans
la Baie, aïant vingt-cinq brafles d*éau,.
fur un fond de fable fia,- à une lieue Se
demie de Terre. Cette Baie eft fort ç;rande,»
Se dans fon milieu on feroit expofé à tou&
les vents , û du côté du Sud on ne pouvoic
mouiller aflez près de terre à Tabri des vents
de Sud-Oueft, de Sud, & de Sud-Eft. Du
côté du Nord ,. on trouveroit le même abri
contre les vents du Nord & du Nord-Eft.
Ati milieu de la Baie, il y a une Ile d'une'
lieue de long , dont la pointe orientale
&)rmc une fuite de bas fo&ds.j A depeti^f-
^ BTJ Paraguay. Liv. XXII. i#^
îlots éloignées du Continent d'environ une "TtIJ^^tT
licuc , & qui cft toute couverte d'Oifeaux *
dé Mer & de Loups marins. On donna à
rilc le nom de Saint- Jafeph , & la hau-
teur prife dans fon milieu (c trouva de qua-
rante-quatre dégrés trente-deux minutes de
latitude , & par Eftime de trois cents treize
dégrés trente-fîx minutes de longitude.
Le treize à huit heures du matin , TAl-
ferès Roïal , le Père Strobi & (îx Soldats
allèrent examiner la qualité du terrcin , & '
voir s'ils ne rencontreroient point quelques
Indiens. Ils retournèrent à bord à Tcntréc
de la nuit , après avoir fait environ quatre
lieues , (ans avoir vu autre chofe que des
Rochers & des épines , dont les Soldats
avoient tous.les pieds enfangtantés. Ils cru-
icnt d'abord appercevoir une Rivière , mais
s'en étant approchés, ils ne trouvèrent
qu'une ravine, qui dans les tems des pluies
& à la fonte des négéSàfe remplit aeau ,
& demeure à (ce le refte de Tannée. Voilà
à quoi (c réduit la Rivière , qu'on trouve
marquée dans quelques Cartes comme fe dé-
chargeant dans cette Baie , au tour de la-
quelle on ne trouve ni eau douce , ni bois ,
ni aucun veftige d'Indiens ; auflî n'eft-il pas j^
poflible qu'un pais comme celui-là foit ha-
bité. On ne trouve des Camarones que dans
cette Baie & dans celle de Saint- JuHen.
Le quatorze , dès que la Lune parut fur
rhori(on , on appareilla pour chercher Rio
de los Sauces , & le lendemain on fc mit
Nord & Sud du Cap de Sainte-Helcne , qui
cft àU- Nord de la Baie , d'où l'on étoic
fiuti la. Ycille. Oaf dt hauteur & on trouva
IIÔ H X s T O I R Ë
^ quarante-quatre degrés trente minutes <fe
•74^-47' latitude. Toute cette Côte eft prefque par
tout fort balFe ^ on y voit (eulement quel-
ques Rochers , qui s'élevertt un peu , & que .
de loin on prendroit pour des Iles. Le CcizCf
te vent augmenta pendant k nuit , & la '
Mer devint fort grôffe.- Le dix-fcpt , à hoir
heures du foir , un ouragan furieux , <juî
venoit de l'Oueft , & qui furprit le Navire
avec (es quatre grandes voiles dehors, Ic"
mit en très grand danger de démâter. On
vint cependant à bout de carguer les troii
principales , & an fit vçnt arrière avec la
feule Hiifaine.
Le dix-huit à midi , quarante-deux dé-
frés trente-trois minutes ; c*eft à cette
auteur que Ton place communément RÎQ
de los Sauces. Mais le vent ne permettant
pas d'approcher de la Côte , & reau com-
mençant à manquer , on. jugea que cermme
on étoit déjà dan«*l*hyver & que la Rivière
des Saules eft affez proche de Buenos Ayrèr
pour être aifément vifitée , ce n*étoit point
là , mais beaucoup plus près du Détroit de
Magellan , que devoit fe faire rétabliffe-
ment dont il étoit parlé dans les inftruc-
tions du Capitaine ; qu'il n*y- avoir donc
rien de mieux à faire dans la fîtuation ou
Ton fe trouvoit y que de profiter du vent ,
& des courants , qui commtocent à (e ren-
dre (enfîbles par les trente & un degrés^
oii Ton fe trouvoit à peu près , pour re-
tourner à Buenos Ayrès.
Le Samedi vingt-fix à dix heures du ma-
tm 5 on s apperçut que le grand mat avoit
befoin d'être affucé ^ ôc on y travailla (ùx^
vv Paragua t. *I/V. XXII. xi i
le-champ. A midi , on trouva trente-cinq ■■
dégrés trentc-fix minutes de latitude. Le ^74^''47«
vingt-huit, trente- cin^ dégrés quarante-
trois minutes. Le 3 1 à cinq heures & demie
du matin , on apperçut au Nord le Cap de
Sainte-Marie. Le premier d'Avril à midi ,
trente-quatre dégrés quarante-huit minutes
à l'Eft-quart-de-Nord-Eft du même Cap ,
dont on n*étoit plus éloigné que de trois
lieues. A une heure Se demie , on apperçut
à rOueft le Pain de fucrc , & à cinq heu-
res & demie , on vit un Navire au vent , qui
étoit près d'entrer dans Rio de la Plata ;
pour n*étre point furpris , on (e prépara à
tout événement. Le lendemain à (îx neures
du matin , on (c trouva vis-à-vis de Mal-
donado. Le Navire qu'on avok découvert
la veille , reftoit (bus le vent > & on recon-
nut qu'il portoit une voile latine. On mit
Pavillon Efpagnol ,, & on TafTura d'un coup
de canon. Le Bâtiment s*approcha , & Ton
reconnut que c'étoit une Tartane comman-
dée par Dom Jofeph Marin , François de
Nation, mais établi en ECpagne. îl étoit
parti de Cadix , au mois de Janvier avec
des paquets du Roi pour le Gouverneur de
Rio de la Plata , & il ajouta que comme
îl ne connoifToit pas bien la Rivière , il s'é-
toit mis à la fuite de la Frégate. 1-e qua-
trième d'Avril à cinq heures du (bit , on
mouilla à trois lieues de Buenos Ayrcs. A
cinq heures & demie , les deux Capitaines 1
& les trois Jéfiiites s'embarquèrent dans /
la Chaloupe de la Frégate , & à fept heu-
res & demie arrivèrent chez le Gouver^
fteur^
^J 74^-47. C^ ^"i f^ peut dire en général , Ccidâ
k Père de Quiroga , de toute la Côte qu il
avoit rangée depuis Temboucliuïe de la
Baie de Ritr de la Plata , jufqu*au détroit
de Magellan , & qu on appelle dans quel-
ques Relations la tote des Patagons : c'cft
qu'elle eft fituée entre les 3^ dégrés 40
minutes & ks 51 dégrés 10 minutes d©
latitude auflrale^ que depuis 1& Cap de
Saint-Antoine , ou commence du côté
de POucft Tembouchure^e Rio de la PJata,-
jufqu^à la Baie de Saint-Georges, elle
court au Sud-Oiifeft , jufqu'au Cap Blafic ;
du Cap Blanc jufqu à llle des Rois, Nord
& Sud; de-là jufq'u'a Rio de los GalUjos^
Sud-Sud-Oueft , & que dans cet intervalle
elle forme plufieurs Anfes; que depuis
Rio de Las Gallejos jufqu'au Cap des p'ier-f
ges , c*eft-à-dïre , Jufqu'à l'entrée' du Dé-
troit de Magellan, elle court au Sud-Eft;
que jufau'aux quarante-trois dégrés la.
Terre eft baffe, & que les VaifTeaux ne
peuvent pas en approcher de près y que
depuis les quarante-qùafre dégrés en, tirant
au Sud , on trouve la Côte fort haiite juf"
qu à la Baie de Saint- Julien ; que jufqu'à
k hauteur de quârante-fîx dégrés il y a
quarante braffes- d'eau )ufqua une demie
lieue de- Terre; que depuis- la Baie de
Saint- Julien , jurqu'à la Rivière de Sainte-
Croix , la Terre eft baffe , ôc bon fond par
.. tout , mais peu de rivage 5 Que depuis la
Rivière de Sainte-Croix iufqu'a Rio Gallc-
gos, la Terre eft médiocrement haute,
enfuite fort baffe jufqu'au Cap des Vierges 5
^u'il ne faut point s approcher de nuit- du
'b0 PAltAGUAT. X/V. XXIL Itfj
Csif de las Matas , à caufe des Iles qui -
font vis-à-vis , & qui avancent beaucoup ^74^-47»
en ^er \ que la Côte depuis Tlle des Rois
jufqa'à la Baie de Saint Julien , e(l peu
sure , & qu*il y faut tenir le large.
Quant aux vents qui régnent dans ces .
Mers pendant le Printcms & l'Eté , ce font .
le Nord, le Nord-Eft, rOueft,& le Sud-
Oueft 5 TEft & le Sud-Eft, qui feroient les
plus dangereux de tous , n'y loufHant point
pendant ces deux faifons. Le vent de Sud-
Oueft y groflit extrêmement la Mer , &
' Ton eft prefque sûr de la trouver telle
dans les conjondions, les oppodtions &
les changemens des quartiers de la Lune.
Les marées font une des plus grandes dif-
ficultés de eette navigation; en quelques
endroits elles montent jufqu'à la nauteur
de fîx braffes perpendiculaires, & font
beaucoup varier les courants , les uns
portant au Nord & les autres au Sud , ou ,
quand ils fe rencontrent , ils fc réflcchiffent
à l'Eft & au Sud-Eft.
On ne trouve d*abri pour les VaifTeaux ,
que dans le Port Defiré , dans la Baie de
Saint- Julien , &#dans celle de Saint-Gré-
goire. Il y a dans le premier une fontai-
ne , ou en cas de néceffité , on peut faire
de Teau : tout le refte de la Côte eft ari-
de 5 on n*y voit pas même un arbre , & il
n y a guère que la Baie de Saint- Julien , od
Ton puiiTe trouver du bois de chaufFaee ,
où la péchc foit abondante, & ou il y
ait beaucoup de Tel. Il fait fur toute cette
Côte un peu de froid pendant l'Eté; &
pendant Thy ver il ne peut manquer d'ctrç
114 HlSTOlRS
*- , cxccfllf, vil la grande quantité de négeï}
74 -47» q^j- tombe fur la Cordillicre , & fur le plac
pais qu elle ne fertilife point , qui cft tott^
jours d'une aridité extrême , & par coft-
féquent incapable >de rien produire î aiilli
toute la Côte eft-elle fans Habitants.
Il paroît que depuis la Rivière des Saâ^
les , que ijuelques-uns ont nommée d
Defaguadero , il n'y en a aucune autre foi
toute cette Côte : ceux qui ont cru en
voir, & les ont marquées fur leurs Canes,
ont pris pour "des Rivières quelques ravi-
nes qui fe rempliflent d'eau a la fonte des
néges & pendant les grandes pluies 5 cepcn'
dant il fe peut faire qu il en ait échappé quel-
qu'une aux Efpagnols , mais il eft cenain
<[u'ils ont examiné ces Côtes mieux qu'on
n'avoit fait avant eux , & que les Riviè-
res dont quelques Navigateurs ont parlé ,
n'exiftent point. On ne doit pas plus comp-
ter fur bien d'autres qu'on lit dans les
Journaux de ces premiers Voïageurs. L'un
affure qu'il a vuTur les Côtes les plus hau-
tes du Port Defirc des Tombeaux qui ren-
fermoient des offemens de feize pies de
long; cependant les trois feuls cadavres,
que nos Efpagnols ont trouvés dans tout
leur voïage , n'avoient rien d'extraordi-
naire. D'autres difent que dans une Anfe
Am même Port, on pêche beaucoup de
yoiffons; &. les mêmes Efpagnols ont eu
beau y tendre leurs filets partout , ils n'ont
pu y en prendre un feul. On trouve dans
les mêmes Journaux que dans le Port de
Saint- Julien il y a des huitres d'onze pal-
mes de diamètre 3 affurémeat lequipagc
Btr Paraguay. Liv. XXIL 1x5
hx Saint-Antoine a bien examiné toutes
CCS Baies , & n'a rien vu de fcmblablc. ^74^-47*
Quoi qu'il en foie , on ne peut nier que
la vifite de cette Côte , faite par le Saint-
Antoine , n*en ait donné une connoiffance
plus exaâe , qu'on n'en avoit jufques-là ,
& qu'on ne loit bien affuré aujourd'hui
qu'elle n'a , ni ne peut avoir d'Habitants ;
par conféquent qu'il feroit fon inutile d'y
établir des Mimonnaircs , qui n'y trou*
veroient pas de quoi fubfîiler : aufll n'y
ycnfe-t-on plus. Le Perc Strobl retourna
a la Conception , où il avoit laifTé le Perc
Manuel Garcia y & toutes les vues des
Jéfiiites pour former une nouvelle Répu-
blique Chrétienne dans la Terre Magella-
nique fe bornèrent aux Nations , que l'on
cônnoifToit déjà dans cette extrémité mé-
ridionale du Continent de l'Amérique. La
paix qu'elles avoient faite avec les Efpa-
gnols , en avoit attiré plufieurs à la Con-
ception » & Je bonheur , dont le bruit fe
répandoit par-tout qu'on y jouifToit , en-
gagea pluueurs de Ces Indiens à deman*
der qu'on fît parmi eux de pareils Etablif-
lêments.
LesHabitans des Montagnes furent les
premiers à les foUiciter; & un de leurs
plus coniîdérables Caciques étoit allé trou-
ver le Pcre Strobl peu de tems après fon
arrivée, pour lui demander cette grâce.
Charmé de l'accueil que lui fit ce Mif-
iîonnaire , il fe rendit à Buenos Ayrès pour
prier le Gouverneur de lui donner dc>
Pères de la Compagnie ; il en fut très bien
rpgu : Iç Gouverneur en parla au Provins
iï« HiSTOiHï
^ cial des jéfuitcs , qui nomma fur-Ie-channf
1746-47. le perç Cardiel & le Pcre Thomas Falcon-
^*"^^^""ner pour accompagner le Cacique dans
a^Qs! °" ^^^ Montagnes. Ils partirent au mois de
Septembre 1746 , après que le Gouvemcor
leur eut afluré qu'il n'épargneroit rien pour
fiavorifer les Établiffemens qu'ils juge-
roient à propos de faire parmi les Monta-
gnards , & pour leur donner la (blidité ,
que demandoit une Entrcprife de cette im-
portance pour la Religion & pour TEtat ,
u capable d'ailleurs d'illuilrer ton Gouver-
nement.
Une Lettre que le Perc Cardiel écrivît
peu de tems après fon arrivée dans les
Montagnes , nous apprend que vers la fin
de Novembre il étoit auprès du Volcan ,
dont nous avons parlé , (ur le bord d*unc
grande lagune, aïant d*un côté unRuif-
fcau, & de l'autre une grande Forêt de
fort mauvais bois , dont on iie pouvoit
même faire aucun ufage po«r bâtir une
cabane, & que le Père Falconner étoit
aduellcment occupé à en chercher de meil-
leurs; que cependant trois cents Indiens
s'étoient déjà réunis autour de lui , & té-
moignoient un grand dcfîr de s'attacher à
lui 'y qu'à la vérité ils ne parloient pas en-
core de fe faire Chrétiens , mais qu'il ef-
péroit de les y amener peu-à-peu. Il ajoiW
toit qu'aïant pris pluficurs fois hauteur en
cet endroit , il avoit toujours trouvé trente-
deux dégrés quarante minutes , ce qui eft
à-peu-près la même latitude que celle de
Buenos Ayrès , dont il étoit éloigné de
cinquante lieues.
Paitf
©u Paragijay. Lh. XXII. 117
.Dans les entretiens auc ce MiHîonnalre 174^.4^7
avoît eus pendant fon (ejour à la {Concep-
tion avec les Montagnards , il avoit appris ^J^^^^' ^*
cTeux plufîcurs fîneularircs de leur Païs , Efpagnols
que le P. Falconner fut chargé de vérifier.La fur la Kivie-
première étoit une Statue de pierre, enterrée ic des Saule».
dans le Cible jufqu'à la ceinture , & dont on
difoit que les bras étoicnt de la grolTeurdc
la cuiHe d*une Femme > tout ce qui paroifToic
du corps , dénotant cç feze , & étant pro-
portionné à lagrofTeur des bras. La fécon-
de , qui efl: beaucoup plus importante , 8c
confirmée par le rapport unanime de tous
les Indiens de ces quartiers là , qu'on a
interrogés féparément fur le fait , efl que
la Rivière des Saules , en approchant de
la Mer^ (on n'a point marqué à quelle
dii^ance ) fe férare en deux bras , & que
dans rifle que (orme cette féparation , il j
a des Efpagnols, c'eft-à dire, des Euro-
péens, car les Indiens de ces Païs nom-
ment Efpagnols tous les Européens. Ce-
pendant on ne fait point au Paraguay fi
cette Ifle eft habitée; ceux qui aflurcrent
ce fait, ajoutèrent que leurs Ancêtres trafî-
quoient autrefois avec ces Etrangers -, mais
qu en aïant tué o^clqnes-uns , ( ils ne di-
rent point à quelle occafion ) ils avoient
ceffé d'avoir communication avec eux ;
qu'on les voïoit cependant encore de tcmf
en tcms pafTer dans la grande Terre avec
des Chaloupes , & qu'on n avoit pu (avoir,
m comment , ni en quel tems ils s'étoienc
établis dans cette Ifle.
Cependant les cfpérances , que l'oa
avoir conçues de voir bientôt Jefiis-Chrift
Tome VL X
lis Histoire
-: ^ adoré & la Religion Chrécicnne. s'établir
74 4/' folidcment dans toute l'étendue des Tctiei
Magellaniques , jufqu'à rextrêmité de TA-
niérique méridionale, s'évanouirent bien*
tôt. Les Mémoires me manquent pour être
fufHfammenc inflruit de ce qui y a donné
!icu , & tout jce que j'en ai pu apprendre ,
ccW que la Réduaion dî la Concrption,
donc nous avons vu rEtabliffcmcnjr & les
heureux progrès , 3c qui ne le cédoît prcfr
que point , ni pour le nombre , ni pout la
la ferveur , à, aucune des plus belles duPa-
raguay , ne rubfifte plus , & que ces der^
niercs années la guerre étoit trps vive de
ce côré-là entre les Efpagnols & les In-
diens.
Des ordres , qui fur ces encrcfaitcs arri»
vercnc de la Cour d'Efpagnc, & doncceui
qui en étoicnc chargés ne crurent pas de-
voir fufpcndre Tcxécution jufqu'à ce qn on
eut repré fente à Sa Majcfté Catholique ce
qu'on en pou voit craindre , firent appré*-
ncnder aux MilTionnaires , accoutumés de-
puis pccs de deux (îecles à louer 8c bénir
les miféricordes du Seigneur fur tjuit d'Inr
fidèles devenus fes plus fervçns Adora»
teurs , de fe voir réduits à adorer la
profondeurs de fes jugements : comnf»eon
l'eft: depuis fi longtcms au fujet deTEglifc
du Japon.
Toute la reffource qui leur refte , & \
ceux qui s'int.érelfcnt a la cpnfervation de
ces ftouvellcs Eglifes, arrofées des fueurs
& cimentées du fang de tant d'Hommes
Apoftoliqucs & d'un fi grand nombre dft
pouve^ux Chrétiens ^ c(l dans 1^ ^ligiof^
»u Paraguay, Lh, XXII. il 9
i'un Princp , qui dans toutes les occafîons
adonaé les preuves les moins cciuîvoqii es
du xè!c le plus ardtnt & le plus déliotércfTc ,
pour éccnJdrc & affermir le Roïaumc de
J. C. jufquaux excrcmités de Ton vafle
Empire.
Ils ne font pas moins fondés à efpércr
que ce Monarque ^ à l'exemple de fes
Àugufles PrcdéccfTcur», & comme il a
toujours fait lui-même depuis qu'il cft
monté fur le Trône , leur rendra la mcmc
judice fur la conduite qu'ils ont tenue dnns
cette rencontre, que fur les c.ilomnics énor-
mes qu*on a répandues, & que Ton con-
tinue a répandre contre eux à ce fujet. Dcja
Sa Majefté n ignore point les rifques que
pliifîeurs d'entrcux ont courus en voulant
taire entrer leurs Néophytes dans Tes vues,
ni qu'apparemment ils y auroient réuffi avec
îc tcms & la patience , fî oar une précipita-
tion , qui n*étoit ni néceflairc , ni comman-
dée , on n*avoit pas exigé de ces nouveaux
Chrétiens ce qui étoit au deifus de leurs
forces, & qui ne pouvoit manquer d'ca
faire pérîr la plus grande partie. Auflî n'y
a ton gagné que de les mettre en fureur,
& pludcurs Millionnaires ont couru rifqut
d'en être les premières vidiraes.
Fi/i du vingt 'deuxième & dernier Livre.
^
i74^-47»
Kîà
PIECES
Pour servir pe Preuves
& d'éclairçiflcment à THiftoirc
du Paraguay.
EXTRAIT
P'UNE LETTRE
PE D. Jean Vasquez
PE Aguero.
4 DOM JOSEPH PATlffOi
Premier Minifirç du Roi Catholique.
'^ * Jlj^ Obifpo adual afiadc que çl Pucblo
J-y/^^^^^aerjcfusçs codo de Indios, qiiç fc haa
OiAGUEno. Mo trakndo de 4icz y oc^o à veinceapo;
idç los Montes , y que fi dcjaflc de fer Mit
fîon , o de çoricr cftos Pucblos por U
direccion de los Padies de la Compania ,
fe pcrQiade , por la ezpericncia qup tiene ,
que dcfercgriaD todos, y nb folo perderia
el gremio de la Iglefia edos Fielcs , fina
fu MageClad aquella Provincia y como dice
^o expreilo en un manifîefto, que ticM
lieçho para el Rey Nucftro Scâor , que fç
4çvcra Yci; dcfpucs de fi^ inucctp , poi^
I
fit L*rihfÔI1lE DU PARAdlTÀY. «rf
êentc y juzga que pafando à Doclrina fc- 17x6^
cular , fera univcrfal la mina de lo que à ' '
cofta Je grandes farigas mantienen y cui- .J^"^?:^ ^^
dan los Paares , como acontece con las ^g aoueuo.
demas Doârinas del Paraguay , que quan-
ta%eii aquella Provincîa cliàn en otras ma-
nôû y Van en continua decaden<;ia.
Mo c$ dudable , Senor Excelentîflîmo ,
que cl Govicrno de dichos Pucblos , affi por
lo pcrteneciente à lo cCpiricual , como por
lo refpediivo à lo temporal y es ei ma» à
propouto para el aumenro de aquellos Ma-
turales, lôgraûdorc à eofta de poca farign
la falvacion- de muchis a!mas , y crcci-
mlento de fus ïndividuos con el fuaVc
modo conque los robrcllevan para los cra«
bajos^corrigiendolosconmoderacîon, y caf-
tîgandolos fin excefTo , anhelândo por la
Cttirpacion de los yicios , fobre que eflàa .
en continua vigilancia los Padres : y tengo
por Gn dada que qualquier novedâd en or-
den al Govicrno tnrbaria mucho cl fofficgô
y la fujecion , con que viven , y acafo oca-
fionaria danos irréparables en defervicio
de ambas Mageflades. Es quanto puedo >^
informar à VucH^ra Excelencia.
Kiij
aii^ PlECZ$ TVSTUltATlYES
MEMOIRE
PRESENTE'
AU ROI CATHOLIQUE
BAR LE PJACQUES D'AGUILAR
Provincial de la Compagnie
DE Jésus au Paraguay,
Pour la défenfe des Riduclions
& de leurs MiJfionnairiSé
S E N O R.
1737. T
Mem. DuP. J Ayme Aguilar, de la Cotnpania de
Jacq. d'Ag. Jéfus , y Provincial ai prcfcnre de fa Pro-
A\j KOI c. vincia del Paraguay , en nombre de fil
Religion^ y de ios treinca PueMos de Indios
Guaranis , (îtos en Ios Cbifpados de Bue-
nos- A yrès , y del Paraguay , que por Real
orden de Vueftra Maccftad, y de fus Rca-
les Proçenitores , cfiàn al cargo y cuidado
de dicha (w Religion , Uega , aunquc au-
fcnte 5 à vueftros Reaies pies , y dice :
Haver tenido por varias partes noticia cicr-
ta 5c un Informe , queDom Martin de Ba-
rua 5 vueftro Govcrnador interino del Pa-
raguay , hiio à Vueftra Mageftad en i|
de Septiembre del ano palfado de 1730 ea
atencion , fegun parece , à una vueftra
Real Cedula de S de Julio de 1717 > la
\
-ùt l'Histoire du Paraguay, xif
que parcce miraba à la impoficion de Tri- '
biKos, y crcs Corrcgidorcs EfpAfioIcs en '^'^
diclios treinta Pucblos , y libre comercio y ^^*** ^" ^^
traSco dcdichos Indios con los ÇQ^anolcs , ;^,^^;°'^^''*
y lo demis que en dicha Cedula le dicc.
El dicho Informe ( que parcce haver iîdo
cl motivo , o impulfîvo \*iiïA una de las Co-
in î/Iiones con que Vueftra Magcliad Ce
firvio cmbiar al Puerto de Ruenos-Ayrc<;, à
fa Alcaldo de Caia y Corte Dom Juan
Vafqucz de Açruero , refpc^flo à lo que
confirjo con cl Suplicante , fegun Ordcn de
Vueftra Maçreflad ) es gravementc ilufTorio
de Vueflra Magedad , dcnigracivo de fu
Sagrada Religion , ofcnfïvo à ios primeros
Minîflros y Prclados de efte Reyno , y
conrcncivo de los pobres y fieles VafTallos
de Vueftra Mngcftad , înconfequente , y
falfo. Y fi cllç Informe liuviera (îdo tan
refer^ado , que folo huviera parecido ancc
Vueftra Majeftad, y vueftro Saprcmo
Real Confejo » fuera menos fenfible fa
inalîclo(b conccnido y lenguage ; pues por
ultimo caia , y quedaba en las manos de un
prudence y amorofo Padre de codos , quai
es Vueftra Mageftid , qiiicn patcrnalmente,
y fin jnfta qnexa de nadic , daria à cada *
une lo que vicfTe Ccr merecido ; pero fîcodo
cierco , que efte Infor'nc fe ba difundido
por todo efte Reyno , y aun quizà poi*
coda la Europa , pues el Suplicante en
brèves dias hatenldo noticia cierca de très
Copias de cl, que corren pordiverfas mà-
nos , fc hacc créer , que el Artifice de dj-
•ho Informe , no tanto pretendio informar
à Vueftra Mageftad con la fincera vcrdad,
K iiij
114 Pièces justïïicatiyis
' como vueftra equidad ptdia,, quanto in-
'737- famar, denigrar , y ofcnder , que es lo
M.EM. DU P. que vucflra jufticia , y piedad abomman.
iu^Korc.*' ^^^ donde es patente, que el qucquifo
pareccr Informe lincero , no lo es, fino
que aborto en un Libelo înfamatorio pa^
blico , y como de tal fe ha de hablar y y
fc pueden defender los ofendidos en cl,
fupueda vueftra Real permifïion , coadyu-
1)ada de todos los Dercchos y que pcrmiten
la defcnfa moderada , no (îendo para cornac
■vcnjejanza, fmo para propulfar la violcncia ,
y el agravio.
Vinfcndo , pues , al contexte , dice el
Informante, que el informe. hccho àVttcf-
tra Mageftad del numéro de ctento y cin»
quenta mil Indios , que ay de taffa en las
MiJJîones de ambas Jurifiicciones , es fin
conocïmiento formai de eau fa. Quiere dccîr
( aunque cubriendo la faliedad con mcjor
frafTe de lo que ella mcrecc) qne cl que Infor'
mo à V. M. diclendo» que en dtchas Miflîo-
lies havla ciento y cinquenta mi Indios tri-
butarios jtiro à engaiiar dcfleal , y fcmcntî-
do à Vueftra Mageftad 5 y fuc tan fubido
^ fu engano , que en fentir de cftc Informao-
tc ( que no parecc diftinto de aquel , fegun
la modcftia con que quiere hacer material
fu formai y maliciofo engano ) levanro cl
numéro de losTributarîos ca(i très tantes
mas de lo que pone efte Informante , pues
cafî cfto va de quarenta mil à ciento y
cinquenta mil : por donde fc vc quan di-
gnos ayan fîdo , y fean los que informan
contra eftos vucftros pobres VartaUos , de
que fe les créa > pues no haccn efcrapuU
\
©1 ^'Histoire du Paraguay. 115
^ decîr, que quatro fonquincc, y que
quince Ton quatro , como Ua en dano de '^''
loslndibs. ÎIc^^'d^Ac'
, Quando cl Informante califica de fallido ^^qiQ^*
t\ numéro de Tributarios^ que pone el
ocro Informante , falta el tambicn à U
veidad , fuponiendo , o afirmando , que
cl ano de 1730 , en que informaba y ha via
Pueblos , y trece Pncblos de los que cftàn
à cargo de la Compania en la Jurifdic*
cion del Paraguay : lo quai es falfb , y no
lo podia ienorar 3 pues nor vaedra Real
Cedula , dirigida à vueRro Goveroador
de Buenos-Ayrès , fe agregaron cl ano
de 171^3 en que el mîfmo governaba el
Paraguay, y lo eftàn hada ahora, al Go-^
vierno de Buenos Ayrès todos los trcinca
Pueblos , (in que quedaife » ni aya oy aU
guno en la Jurifdiccion del Paraguay. Al
Governador de Bueaos-Âyres fe ha acudi^
do enteramente para la Confirmacion de
Corregidorcs , y Cabildos , y lo demss
pcrteneciente, defde cl dicho'ano de 171^ ;
y aun en las quezas , que los del mifmo
Paraguay , y otros han tcnido contra di-
chos Pueblos, y Indios, han acudido à
dicho Governador do Buenos- Ayrès, como
es confiante ; y cl mifmo Governador de
Buenos- Ayrès (c ha tcnido , y tratado , y
le ha portado hada oy con dichos treima
Pueblos , y Indios , como fu unico , y le-
girimo Governador.
Por dondc dcbe dccîr ci Suplicance , que
otra vueftra Real Cedula , que fe dicc havcr
poderior , para que los quatro Pueblos mag
Tcciaos al Paraguay fubfiflan fuietos à ai^ucl
K Y
11^ Pièces justificatives
j-.- Govierno , no fc ha paefto eu execucton ,
' affi por orras razones que tendràn lo$ z
JACQ. d'Ag! ^"*^"^5 ^fto incumbe , entre las qualcs
AU Koi C. ^uJzas fera una , cl que quando llcgo cfta
Ccdula edaba fublevada aquella Provincia^
y bolverlc entonces Jos quatro Poeblos >
ruera darle mas fucrzas contra Vucftra
Magcftad , como por lo manifîcfta mente
fubrecicio dedicha Cedula , que fe fimda,
è motiva en cl Informe , de que dichcs
quatro Pueblos no eftaban agrcgados aun
con cfeé^o al Govierno de Buenos- Ayrès ,
lo que es publico , y notoriamenre falfo.
Profîgue cl Informante, y dicc , que
arreglandofc à los Padrones y que ha vifto
de m AnreccflTor Dom Juan Gregorio Ba-
2an de Pcdraza , de los trecc Pueblos de
la Jurifdiccion del Paraguay, hallay que
in ambas Jurifdicciones no iiavrà mas de
cjnarenta mil Indios de taflà 5 y fi excède ,
fera en poco numéro , mediante que los
crcce Pueblos tenian por dichos Padroûcs
de diez mil y quinientos à once mil Indios
de tafla 5 de que coligc , que teniendd diez
y nueve o veinte Pueblos la Jirrifîdiccion
de Buenos- Ayrès , algunos de cltos con mas
crcce de numéro de ïndios en corta canii-
dad , unos , y ocros Pueblos vendran à
tcner el de quarenta mil , que puedan tri'
hutar, Hafla aqui el Informante ; cuya
Claufula, para que no (ca del tolo iluflbria,
como lo parece , debe rcfolvcrfe Ai cftas aC-
ïTerciones ferias. Primera : En los trece Pue-
blos que vifîtà , y empadrono Dom Juan
Gregorio Bazan « halio diez mil y qui-
lùcntos à once mil 'Indit)s de taflft. l'^.bos
PE l'Histoire du Paraguay. 117
Pucblos pcrccnccientcs à Buenoj-Ayrcs, "
fuerade lostrccc dichos , cran diexynuc- '757-
vc , o vcîntc , quando cmpailrono DomiÉ*"' ^K^*
Juao Bazan , y quando informo Dom au^^o,\\ *
Manln de Baïua. 3^ Algunos dccflosdiez
y nucve , o vcintc Pucblos , ticnen mas
numéro de Indios , que los otros trecc
en corta candidad. 4^. De que aqiiellos
Pueblos tcngan diez à once mil Indios , fc
colîge, que eftos diez y nuevc , o vcinrc
Pueblos tienen rreinta mil Tributarios en
ambas Jurifdiccioncs, La quinta afTcrcion
es cambien cl aifumpco , y conclufion prin-
cipal dei Informante » y tendra la verdad
auc le perroitiercn los antécédentes falfos
de que la dcduce. Es falfa h primera aflcr-
cions pues aunquel!)om Juan Bazan haiJà
diez mil y quinientos à once mi! Indios en
los crcce Pueblos , no hallo , ni dicc que
hallo effe numéro de Tributarios ^fîno que
eflos eran todos los Indios que hallo y y de
cllos fc ha de facar un buen numéro re-
fervados , como fon los que no llegaa
à diez y ocbo anos > los que tienen y à cin-
qucnta ; los Caciques, y fus primoç;enitos:
los enfermes habituales, y otros, que
Vueftra Mageftad referva por fus Reaies
Cedulas.
Tambien es falfa la fegundi aifercîon ;
pues es coudante , y manificdo , que los
Pueblos pertcnecîentes à Buenos- Ayrès ,
fuera de aquellos trece , no eran diez y
nucve , o vcînte , fino folos diez y C^ctc
cl anode 171 î, quando empadrono Doi»
Juan Bazan -, ni elde 1730 , quando infor-
J06 Dom Marcin de Barua.
Kt)
%iî Pièces iustificativis
' 1757. Tambicn es falfa la tcrccra aflèrçioai
MiM vvRs ^"^ ^'g^nos de los dîcz y (îcte Paeblos per-
Jacq. b'Aô! ^"ccientcs à Buenos-Ayrès , luviefTen cl
AV Koi C. ^no de 1 7 1 f , mas Indios y que qaalefquiera
de los crcce Pneblos que pertenecieron al
Paraguay ; pues folo uno era ( San Nicolas)
entre aqucUos diez y fiete , el que ezcedia
à qtialquiera de los trece : mas fliera d«
cile havia encre los trece y très ( San Igna-
cio Guazu , Itapua , y Loreto ) que ezce-
diaa en mucho à qualquiera de los rcftantes
diez y feis perrenecientes à Buenos-Ayrès.
Tambien es falfa, è inconcepcibile la
quarca affcrcion ; pues aunque paflaramos
por las faifedades antécédentes > quien po-
dra concebir , que dan^ trece Putblos diez
mil y qHinientos Tribucarios, ayande dàt
veince Pueblos ( en corta candidad mayo*
res ) el numéro de veinte y oneTe mil y
quinlentos Tributarios» que (on los que
faltan para el pretenfo numéro de quarenta
mil ? Vcrdadcramcnte , que fi trece me
dàn dîez mil y quinientos > infaliblememe
ine han de dàr veinte iguales à aquellos
trece el numéro de diez y feis mil cicnto
y cinquenta y très , que juntos con los diez
mil y quinientos, hacen veinte y feis mil
feifcientosy cinquenta y très. Denfe à eiios
veinte Pueblos mil Indios mas , que patece
baOrante para la corta candidadi en que drce
ezceden algunos à los otios trece ; con
Suc nos qucdan por buena quenta veinte y
ete milfcifcientosy cinquenta y très Tri-
butarios y y los doce mil trecientos y qua-
renta y fiete, que faltan para el numéro
dequarcptamil, qoe el Informante afiixM
DE l'Histoire du Paraguay, ii^
ha ver , donde cftan , 6 de donde los fa-
careipos ? Verdaderamente , que cl amor
al Real Erarîo hîzo pafTar de punto elJ;^^;^Y^2
defvelo del Arbicrida , dcxando à un lado j^y rÔi C. *
bi arithmetîca y y h razon.
Por tanto , aun permîcidas codas las falfas
fupoficiones , o po(îciones del Informante ,
es evidentemence falfa fu conclufîon , y
quinta a/Tercion , de que los Indios de
tafTa de todos los Pueblôs , que ednhan à
cargo de la CompanJa en ambas Jurifdîc-
ciones eran en numéro de quarenta mil el
afîo de 171 f.
Y para informir à Vueftra Mageftad
plena y (inceramente de lo que en eftc
puDCo ay y debe decir à Vuedra Magedad
el SatfpBQte, que el ano de 171 5 , eraa
todot m^ Pueblos precifamence treinta ; las
Familias vcinte y fcis mil novecî entas y
auarenta y dos ; las Aimas cîento y djez y
leîs mil quatrocicntas y ochenta y ocho.
Y elanode 1750, en que informaba Dom
Martin de Barua > cran los Pueblos los
luifmos, ni mas, ni menos ; eran las
Familias veinte y nueve mil y quîniencas i
las Â>mas ciento y treinta y très mil ciento
y diez y fiete. Debe tambien decir , que
jamas en los dichos Pueblos han llegado
las Familias à treinta y un mil : Que con
calamidades , y peCles continuas , fugicîvos,
y guerras , \tzdtccn frcquentcmente eftos
Pueblos grandes menguas , como en la que
fe ven oy \ pues liaviendo el ano de 1 7 3 !>
llegado las Familias à treinta mil , oy no
llegan à vcinrey très mil , como conda de
los padfoûcs^ que fe acaban de baccr de
^^a Pièces jitstificatxtis
1737. todos los treinra Pucblos por fus Curas f
MÉM p ^°" ccrtifîcacion jurada de cllos fobrc fu
JASQ* D'Ac! '^ê^^^^^^- I^e&c aflîmKmo dccir^ qftc de
AU Roi c. qualc^uiera numcTO de FamUras, que fc
pongan , fc dcbcn facar muchos rcfcrvados
ne tributo, por lo qncarriba dîxo , y ticnc
difpueflo Vueftra MajB^cftad ycftaen pof-
fcfTîon y pra^ica aprobada por vucllraS'
Rendes Cedalas ; por lo que , auaque oy
Te hallen en eftos crciota Pucblos veintc
y dos mil Familias , no fon los que debaa
rributar mas que diez y nueve mil ladios ,
con poca diferencia. . ,
Dcfpucs de cflo entra eï Informante al'
punto de los très Corrcgidorcs Efpanoles en
fos trcinta Pucblos , y expreflk haver mu-
chos , y gra\res inconvenientes^|Mftf fc
Jîéuîeran de tlîo ; y aun cl poner cRRÇorre-
gidbr £fpanoI para los flece Pucblos >, que
nombra , y Ilama immédiates à la A(l
fumjpcion , lo riene por dïficîl fc pueda con-
fguir. Supone fer los Indios fumamtnte
faciles : y (îendo efto vcrdad , fc vc :)iianto
trabajo havrà fido en los Do(flrineros cl
mantenerlos yconfcrvatlos conftadtemcntc
en la Fc , buenas coftumbrcs , y rccono*
cimiento à fu Rcy , y Sciior natural por
. mas de cicnco y cinqucnta anos j quandô
Tcmos otras Naciones , aun Europeas , que
eu mucho menos ticmpo han daao bueltas
en la Fé dcbida à Dios y fis Scnores.
Dice cl informante , que dichos Indios,
defde fu primiriva y h alla el prefente y eftaa
entre f^adcKs à la Compahia, Si cŒe eftar en-
tregados dichos Indios à la Compatiia xlef'
de el priiicipïo q,uiere decir > que los Se-
DE l'Histoire du Pabagïïay. 15 1
nores Catholicos Reycs los cncargaron à la j-.-
Compacia , para que los coirvirticflc à Dios ^^ ,
/• n I r • • j rj Mem. du P,
y a lu Real fcrvicio , y qucderdccmonces, j^^^ j,.^^
y hafta abora Vueftra Mageftad fc los au Koi C.
tienc cncargados para que los afTifla, y
jnftruya , y cuide , aflîftiendo con Real
bencficiencia y con impenfas de Cu Real
Erario para la conduclon , y manucencion ,
■de los Miffioncros : en cfte fentido dicc
verdad. Si quiere decir , que defde el prin-
cipio eftos Indios voluntariamcnre fc entre-
garoo , y lo edan bafta ahora à los Miflio^^
#ero5 de la Compania , que con fûmes
trabajos , y fatigas , con milagros , y con
el derramamiento de la fangre de muchos
à manos de Infieles Apoflatas> y malos
Cbriftianos , los folicicaron , y acraxeron
al fervicîo de Dios > y de V. M. tambien
dice bien.
Siquiere decîr, lo que quizà dira, (y
es porfiada mania de alçtunos emnlos em-
bidiofos ) qne los Efpanoles , con fus ar-
mas , y diligencias , conqnidaron cf^os In-
dios , y yà conquiftados , y fujetos , Io$
entregaron à la Compania 5 cfto es muy
falfo , ni Ce hallarà cfcrito , ni Hifloria
Indiference , y fide digna que lo diga *, hâ-
vîcndo muctias que digan lo contrario , y
lo diràn mifmos Indios»
Profîgue el Informante , qnc eftos Indîos
no tienen otro conocimiento , ni reconoci"
mîento , que à fiis Provinciales , y Curas.
Es decir y que ni conocen , hi hacen cafo
de Dios , ni de fus Santos 5 ni de Voeftra
Mageftad, ni fus Miniftros , y Governa-
^res. Si Yudbft Mtgeftad con fa ReAl
iji Pièces itTSTiricATi^if
'■• Confcjo, COQ fus Virrcycs, Audiencfafy
^75/' GovcrnaHorcs , Obifpos , y demàs Mioi^
MiM »u P. trQs ^ y PrcUdo», y todos los àtttAs prô-
AW^Kof c.** ^^^^^ ^^ fabioé , y juftos no condenàran
eda injufta calumma, el mifmo que la
prafiere la dcbiera condenar ^ para no cou-
deriarfe ; pues es pubHco , y le conda à êl
nnfmo , que à mas de la baena noui de
Chridianos , eftàn empleados en cood-
nuos obfcquios, yferficioSy^e Vaeftra Ma-
gcdad ( de que Te dafà papel à farte ). AI
mener orden, infinuacion , àCafca œifî^
de vuedros Governadores , falen àprefuxiH
dos de fus Tierras , Pueblos i caff», nragc-
res , è hijos ,1os dos , los très , los quatro,
y los feis mil Indios , codo à fu eaClo ,
coflo , armas , y cavalgadtxras , ii us tia-
nen , y (îno à plé^ y cfto con alcgrîa , y
caminar doclentas , trecientas , y mas lé-
guas , y edo para padecer y para pelear > y
morir por Vueftra Mageftad , y efto wx
nineun fueldo, ni eftipendto : (èrvicio,
quai nîngunns VafTallos del Mun^^o karàa
à fu Senor : Y dcfpues de efto dicc , Sc-
nor , vueflro Informante , que cftos Indios
no conocen , ni recouocen uoo à fus Pro*
vincialcs , y Curas.
Le confia al Informante, que todos los
anos acuden los Indios con los nombra-
mientos de Cabildos à vueftros Governa-
dores , para que los confîrmen. Le confta ,
que los Governadores vàn i los Pueblos de
los Indios , quando» y como qnierenr» vi-
fîran , mandan , y difponeb corao les pare-
ce , y los Indios les obedecen. Le confta «
qaç al Corregidor Indio del Pacblo de SaD
l
9t l'Histoire du Paraguay, in
Ignacio Guazu , que es la piicrta y pa/To dcl
Govierno dcl Paraguay para el de Buenos ^^
Ayrcs, embiabaii los Govcrnadores dci J^''-^** ''V, T'
Paraguay fus ordcnes , y irtandamicntas , ^^^^^j^,
' cl lodio Corregidor los cxecutaba , y da-
>a cumplimicnco puncualtnenre. Le confia , •
que quando vienen los Governadores nue-
vos, van todos los Indios Corregidorcs de
los Pueblos à darles la obediencia. Le conf- ^
ta «'final mente , que cncodo,y por todo
bacen los Indios quanto vueftros Governa-
dores > y legicimos Miniflros les mandan
para vuedro Real fcrvicio. Que mcjor inf-
cruidos puede V. Mag. tencr , ni qucreref-
tos fus pobres Indios , y que mas rcfpeto-
fbs? Pues con que verdad dice el Informan-
te , que eflos Indios no conocen , ni reco-
Aoccn fino à fus Provinciales , y Curas ?
Quifiera el Informante , y otros muchos y
qaeJcsIndio» profe/Taffen vafTatlage, fcr-
vicio , y acatamiento , no folo à V. Mag.
fino à cada uno de ellos como particular , y
aun à fus crîados , y efclavos : de fuerre ,
que aanque fea un mcdio Efpanol , o MefU-
zo , o tenga très quartos de Indio , fî un In-
dio neto de eflos no fe le humilia , y hace
lo que al otro fe le antoja , luego recarga
Ibbrc el probre Indio , que es un batbaro ,
mal criado, que no rcfpeta al Efpanol,
que no es Va(rallo dcl Àcy, ni rcconocc
mas que à fu Cura; porque efta, Senor ,
es la eftrcIU fatal delpobre Indio, que ha
de fer yaflallo , Criado , y Efclavo ,.y âun
lumento de quancos quidercn fervirfe de èl,
y fî V. Mag. poderoio , y piadofo , no coa-
trafta el curfo de efl;a univerfal violencia 3
IJ^ ViltlS TtTSTlflCÀTltEtf
••~I ncii amîftad con los Infielcs Payaguas j tfdi
■^' en vivos cueros, y con fuma iirdecencii
MÉM. DU P. andan por las callcs , cntraù à las cafai^ ycf-
a'vKoiC^ crados de las Senorac , cntrarr en Tas Ig|c/îas>
y hacen mil maldades , y befas à los Efpa-
noies. Poco menos infoleûccs edàil en las
Corricntes ofros Payaguas , y les Charruasj;
y en Santa Fè Charmas , y Ablponcs. Y en
mcdio de tantas indccenclas , befas , y agra-
Vios, qne po^dccen îos £fpanolM|ta&rus mif-
mas caîas , en los camrnos , Cfll^Riïls, no
ay E^pafïol parcicular que fe acrcva à caf-
tigar a alguno de eflos Barbards ^ porqae û
fe enojan^ fi roAipeil ta amiftad , aitinque
tan indécente, y gravofa, etnbarrazaràn
todos los caoïino^ , acometeràû las £(lan«
cias, y las ntifmas Ciu^ades, y las «cabah
ràn , como han hccbo con machî/Iimas, fin
que los Efpaiioies puedtfn ^ nù fofô fiïjetar*
los , pero ni ann défende rfe à si , ni à (us
iffu^eres, y hrjos; y cfto , fîehdo quatro
Indios , y tenîendolos jutfto à sh Otros
quatro fe puede decir que fbn Fos Indios
que aâigen las Ciudades del Tucumàn , en
tal manera , que no folamcnrc tienen total-
mente impedidos , o fumamentc arrcfgados
todos los caminos , que folian fer del Pcrù ,
fino que de pocos anos à eda parte han fido
tan continuas , y numerofas las matanzas
y cautivcrios de los Chridianos , que no fo-
Jamente han obligado à difpoblar grandes y
fertiles Diftritos , y Partidos dcTierras , fi-
no que han como bloqueado las minnas
Ciudades , defpues de baver hecho matan-
zas de dia claro > à vida de las mifœas , y
î>« lHi«toîre du Paaacijay. 137
Jas fean puefto à algunas en cal anguftia, ^
que no puedc una pcrfona de nochc falir ^7 57*
pon fegiiridad fueca de la Ciudad^ ni aun Mém. du P.
^enas de fu cafa , Cm peligro de Indios. ^^^^' f^^'
Y u alguna vez , que no ion muckas , le
janiman los EfpaBoUs à pcrfpguir y caftîgar
los Indios , nmuchos fehuycndc laTieria , o
fe efconden , por no ir à la cntrada y ocros fe
jbuclvcn de} camino ; à vczes , y no pocas ,
fe amoclnan , 6 defavienen con los Cabos ,
peftos cncxc si^ y fe d^îCvanccc todo antcs
de llegar al Enemigo^ Otra« , c|uando lie-
fan alla , el Eneniigo les quita la Cavalla-
a , dcjan Jolos à pie ^ y fe buelven à cafa
como pueden : Ocras y jnuchas vezes fe
buelven con muçhos monos de los fuyos ,
;iun de So)dados arreglados , y à largas jor-
^adas. Rarilfînia vez fe oyc , que cl Efpa-
fîol aya mucrto, o cogido un Indio , o al-
jguDOS Indios : quando oîmos cada dia , y
es aflî , que cl Indig raato , y caucivo veinr
te, treinra^ cinquenta , cienco , y alguna
vez ciento y vcinte, y^ ocras mas de cre-
cientas aimas Chriftiana^; y fe puedc afir,-
par , que para fada Infiel que el Efpafiol
maca , ô cautjva , correfpondea mas de
lo 6 3onîucrtos , ô cautivoij Chriftianos:
y G no , 4^g^-c^ Informante como le fuè en
las encradàs qne liizo ?
Y hacc juicio ferio cl Suplicante , que
cpdos los Indios de armas que hodilizan
leftas très Provincîas , no llenan el numéro
de cîncomil: pues Ci folos cinco mil, rcr
partidos en trcs CÎoviernos , y Provincias,
po folo no fon fu jetables , y cadJ gables de
|pjg £fp9nolçs > AO pbAajate que los ûcnea
Z^Z PiFCES JUSTIFICATIVES
,-^ bien cerca , fîno. que antcs los Efpanolcf
MfcM. DU P. ^c vtn coDrternados , acofados , ahjiiycma*
jACQ. d'ac. dos de fus Tierras , y fin e^peranza de mt^
Al? Roi C. jor fortuna : concliiyefc ahora , como cl Pa-
raguay , ni aun las très Provincias juntas,
futrtaran , ni aun fe dc&ndieran , û eùos
trelnta Pucblos fe levancàran contra ellos^
aunque no ccngan los Pucblos mas que vcin-
tc , 6 vcinrc y dos mil Indios , que fou
los que al prefcnte Ce hallan ? Y niucho mc-
nos (e dcfcndicrran ^ (î los Indios fueran
quarcnramil « como eftc Informante dicC)
y muchidimo mcnos (î fueran ciento y cio-
qucnta mil, como dix6 fu antecefTor, aun-
que amboshablaron muyy^/z conocimîentQ
formai de caufa , cfto cç , fin verdad , ni
aun verifimilitud : y aun mucbiflimo nenos
fe pudiera defender el Efpanoi , fi ellos
veinte y dos mil fe juncàran contra el ( co«
mo fe juntarian y como contra corn an Edc*
migo ) con loscinco mil que ahora lo arrui-
nan , o con alguna Nacion Eftrangera , co-
mo lo cdàn oy los Mînuanes con los Portu-
guefes. Todo edo fe ha dicho , para que vca
el Informante, quanfuiil es fu penfamien-
to , 6 imaginacion , de que C\ los quarcn-
ra mil Indios eftuvieran ccrca de los Efpa-
noles pudicran ferfujetos, cafo que fe Ic-
vantalTTen.
Fucra de que f no dîcen que ellos los
conquiftaroo quando eftaban rcmotiffimos,
y difpcrfos en fus fragocidadcs , c impéné-
trables mbnrafîas ? Pues por que ahora que
citàn muchiflîmomas cerca,y enlugarers cla-
rosy defpejados, con caroinosabiertos carre-
ceros no los pudicran fujetar ? Y por que no
Dt L HiSTOiRï »u Paraguay. i^f>
^(licron conquilVar los Indios de San Igna- " ■'
cio Guaztt, que elbbanbien ccrca,y menos ^757-
de cinquenca léguas ? Y affi es cierto , q^ç.^^^^'• ^Y^^
los Efpanolcs no pudicron conquiftar de cf- ^i^^^^^ôi^C***"
tos Indios los de cerca, y menos los de le- ' '
Kos ; y configuicotcmcnte no pudieran fu-
jetar, ni los delexos, ni los de ccrca , fi
nna vez fe levants ran. De pafTo puedc ver
^l Informante , quacro mas pudierou los
pobtcsMiffioncros, que coH la cruz y pa-
ciencia , en incrctbles è inmenfos trabajos,
difcurrîendo por Provincias remotiflîinas, '
Bofqucs , Pancanos , y Rios impénétrables
à otra flierza , ganaron , juntaron , aman-
faron , y reduxcron à Dio« > y al fervicio
de V. Mag. tantosBarbaros Idolâtras, Ca-
«bas , y Fieras , qiic no los Efpafioles con
fus armas 5 pues havicndofelos facado à
Il rtpio, y defcombradoj y traidofclos taa
ccrca, aun dicc que los hfpanolcs , fi los
Indios fe levantan , no los podràn fujetar ,
porquecftàn lexos.
Fucra de que , fi quifieran acercar mas
âl Paraguay los trece Pueblos que les perte-
necieron , dondc los pufiçran ? Si aun con-
(înan las Eftancias de los unos con las de los
otros 5 con folo el Rio Tebiquari de por
medio , tcnîendo los Efpanoles poblada to-
da fu Tierra, que tiénen habitable , y libre
dcl Enemigo que los cifie y cftrecha , y por
cfTo no caben 5 y por no cabcr , y por los
Enemigos , fe baxan y aufentan muchiflî^
mos à las Provincias de abaxo , y hafta el
Perd , y Chilc. Pues Ci fe les accrcàron los
trece Pueblos pafiando el Tebiquari ( tc^
l4>:odo , çomo ciencD^ mas que doblada
t40 Pièces JvsTXFicATivzf
— ; gcntc que la Provincia dcl Paraguay ) C9>
^757» mo cftuvicran, y fc mantuvieran ?
Mlh. du p. Accrca de las diftancias de los crecePoe-
^*^^^'^^'^^°' blos , que pcrtcnccicron al Paraguay, cil-
cre SI , y refp;:do del mifmo Paraguay s y de
los dicz y (Ictc de Buenos Ayres , entre si,
y refpcdo del mifmo Buenos Ayres^ dici;
mucnas falfedades, como quien no ha vifto
iinp uno , dos , o cres Pueolps , ni ha q«^
rido informarfe de quien los ha vifto, y coa
verdad fe lo pudiera decir. Lo que el Supli-
canrc ( cjue por Siiperior , y Provinchl , y
Miffionero na efïado muchas vczcs en lo-
dos los Pueblos J debe <iecirà V. Mag. es,
que no ay ninguno encre los trelnca Puc-
blos y que difte de otro cieh léguas. Debe
dccir cambicn , que los mas de los Pueblos,
f»or las fabidas perfecucione^ de los Marna*
ucos del Brafîl , con licencia vûe(tra , y de
vuedros MiniAros , con grandi fllmasnd-
gas de los MifTioneros, y faUedmienroT
perdida de muchiffimos de eftos pobre^ , (e
lacaron de fus oiiginarias derras diftanD&
fîmas , dondc fueron primero ballados,
convcrcidos , ,y fundados , y fe. craxeroa
muchomas cerca de las tierras donde oy
eftàn los Efpanolcs -, y aqui , fin miicha
diffîcultad, ni incomodîdad, • los viiîcaa
vucftros RR» Obifpos, y los paeden Yificar
vueftros Govcrnadores.
A Jos danos , que fe predicen à cftas Pro-
vincias, y Rcyno,cau> que eflosindîos,
o por mudarles cl Govieino , o por ocra
caufa y fc levancàran , fe rien algunos va-
Icntoncs , y diccn con dcfprecio , qup • eAas
Indlos no ion p^ra las armas , ni para pcieaf,
ÙB9
DE l'Histoire du Paraguat. 141
{! no para arar y cabar. Lo cierto , Senor, •"•
es , que cftos Indios , dcfdc antcs que cl Et- '7 57-
panel les conocierte , fc llamaban Gw^rtf- Mém. duP.
nis y que quierc dccir Gucrrcros Lo cicr- ^^^^' ^!^®'
to es , que dieron muchiffimo que haccr al ^"
Efpanol , y efte nunca los piido conquiftar.
Lo cierfo es, que fi alguno de edos, apof-
tatando , fe mezcla con los Infieles , que
affligeu eflas Provincîas , fe porta coq cono*
cido arrojo y valor , y muclias vezes vieiie
* entre losdcmàs de Cabo , o Gefe. Lo cier-
to es y que en las dos vezes , que los Por^
tuguefes fueron echados de la Colonia , y
en ocras funciones militâtes de vucfîro
Real fervicio > han merecido , grandes ala- .
banzas de vueftros Governadores de Bue-
nos Âyres ; y que con eftos Auziliares , 7
pocos Soldados arreglados , hati confiado
desbâratar, è xmpçdir qualefquicra inccn«
tos de Eflrangeios Europeos \ y oue los
Portuguefes principalmeuce temen efte ner-
vio , affi pot las dos dichas ezpulfiones de
fu Colonia , como porque antiguamente en
el Rio Uruguay deftrozaron plenaniente
iina partida de mas.dedocientas y cinqueo-
ca Canoas , y mas de mil y novecicntos
Portuguefes y Tapis en ellas , que venian à
matar y càutivar Indios ; defpues de io ooal
jamàs fe han atrevido à inquiecarlos. Eilos
han defendido fus tierras y Pueblos , de los
Barbaros Infieles , fin ayuda de nadie.
Y fuera de otras valerofas acciones pafTa-
das, en los afios, y dias prefentes, en las
turbulcncias de la Tecina Provincia del Pa-*
raguay , han mofFrado edos Indios 9 que
fon para niucho , y qiK tiçne Y. M. en ellos
Tpmc FI. l
141 Pièces jcstificativss
mayormente freno ncccflarîo para conreoec
*^ ea lu obediencia y fervicio à los que por mas
MÉM. DU P. oblijraciones no debîcran ncccflîtarlo, y por
^u^^^^'*^ °' olvidados de cllas fc han propafladoa îos
mayores defafueros, de que V. M eftaii
înformado. Por ulciino , les it^irmos Seâor
rcs Reyts vueftros Proeçnkorcs , y V. M.
inifmo , informados del amor y valor^ coq
que fe han porcado , y defempefiado en las
funcionçs de fu Real fervicio , han dcfpa-
chado fus Reaies Cedulas , dandoles ^ y piao-
dandoles dàr las gracias , coino. coiifta por
las mifmas.
Pero dado que eftos Indios j aunque V.
Mag. les ponp;a coq efedo los très Corre-
gidorcs £{\>anoles ( que es la parte , y puntf
del Informe en queaun vamos) > de si no
fe movieran , ni inquietàrap , ni amontà-
ràn, (îno que fujetos , ot|^eiJtes, y ren^
didos fe ajuftàran en todd à vueftra Real
difpofîcion , todavia no havia nada hecbp ;
por que en efte cafo dicc , Senor , vueftro
piadofo Informante D. Martin de Barua y
los mifmos Mlifioneros con fus Saperiores
difpondràn que fe amonten. £fto es , lo aae
los Indios de si no hicîeràn , ellos fe lo na-
ràn hacer : ellos infieles à Dios , traydores
à Y. Mae. olvidados de fus obUgaciones ,
lendidos a fu defpecho y venganza , di(pon-
dràn y trazaràn , que los Indios yà Chrif-
tianos , fieles , y leales VafTallos de V. Mag;
reducidos por fus Mayore<;, fe amonteo*
f^ vayan à fus antiguas felvas , fe buelvan
à fus Idolatrias y liecliizos , al deboro de
humanas carnes , y a la impune tranfgrefliooi
lie cpdof los pçrccbosNaturalcs ^ DiyisioSi
i
DE I.'HlSTOIRE DU FaRACUAY. ti$
y Htitnaoos 5 à que (c pierdan para ficmprc ■"
fus aimas , y las de fus dcfccndienics , y en ^^î?-
cUos qucdco fruftrados y vanos los meritos , ^^w. du p.
raflîon , y Mucrtc de Chriito, y el prccio dc^/J'^^J'^'''*
fu Divina derramada Sangre , è inutiles y
reftanadas las Fuentes Sacramenrales , que
riegan cfte Parailb.
Todo cfto no obftantc , cllos difpondrâft
que los Indios/tf amontcn ^ y tambien fc
f>icrdan de V. M^ 5 y con cllos tancos mil-
arcs , y aun ccn*cnares de millares de pe-
fos , que falieron de vucflro Real Erario ,
por la fuma piedad y liberalidad vucdra ,
y de vueftros Pf'Ogenîcofes , para cond^icic
y maotener Evangelicos Operarios , princi-
pal mente de (Il Religion. Y lo que mas es ,
aucden bmlados aoucl zelo , anhelo , y an-
ùa vucftra , y de todos los Catholicos Rcycs,
czprefTados infinitas'vezes en Cedulas , Ref-^
cripcos , Inftrucciones » y de ocras maneras «
de que los Indios fe convicrrao, fean y
permanezcan verdaderos Chridianos Catho-
licos > y "o folo dezen eftos Indios à V.
Mag. nno que fe junccn , y unan con los
Infieles , y otros Enemigos vueftros, ô ellos
por si folos acomcran vueftras Ciudades y
Provincias^tas inquieten , y moleften 5 y 6
es poffîble n^€ pierdan , y con ellas perdais
una parte de voeftra Real Corona. Nada
lie efto détendra à eftos Rcligiofos , ingra-
tos y perfidos , y ruines VafTallos vueftros ,
fioo quecontoMo atropeilaràn y difpondran
que fe amonten los Indios.
Y fobrc infieles à Dios , y traydorcs à V.
Mag. (c olvidaràn de fus obligaciones , y
4e $i aûfmos , y dç lo que fu fanco Infticu^
L ij
t44 Pièces lusTincATivif -
»■ ■ to , fa Religion , y Santo Fundador min*
fT57- ron como principaii/Hmo blanco , que es
>(éM. DU P. la coQvçrfion , perfeccion , y falvacion de
^^*^R ^C^' ^^^ aimas; lo que fus Çcncralcs, efcogieor
^" * do y embiando providamente de ca^ codas
fus Provincias de Europa Miffioneros fer-
vorofos y Apoftolicos , y con ptras cz-
3ui(îcas diligeucias y deCvelos , tanco au
efeado , procurado , y adelaocado -y y lo
que eflbs mifmos Mifïîoneros con tanta pa-
cicncia, fudores , facigas , crabajos, lagri-
nias,y confu mifma fangrie^ como eilos
dicen , conquiftaron , ganaron, v reduie-
rpa : Todo efto , *Scftor , fin fa^ra fuya ,
fin vcreueuza , ni temor de Dios ni de yo$,
^o perderàn y âbandonaràn , furiofos , ici-
pecnados , y vengarivos los prcfcntes Doc*
^rineros^ y fus Superiores en el Paraguay»
idifponiepdo que los Indios fe amonten,
£(le elogiO) Sehor^ hamerecido laCom-
pania de Jefus ( que fe puede llamar vuef-
tra , por la (îngular proteccion , y amor,
que (lempre àV. Mag. ha debido ) de Doq
Marcin de Qarua, vueflro Informante y Go-
vernadof} yçs elogio, que no lo ha oidp
jCila defdc ni fundacion , aun de fus niayo-
fes cnemjgos , y que por codos^c^minos la
iciraron à infamar , y arruinar : porqoc fi
4ixeron , que los Jefuicas eran enemigosde
pios, aliimifmoles conceden que Uarri*
maban, lifongeaban, feincroducjan al Eft^-
jio 5 y con toda i^rte y mana fe hacian , y
fluerian pareccr fer todos de los Reycs. Y fi
^igupo dizo , oue ni temian Dios , ni Rey .
po fe atrevio a ncgarles que fe tuvie^en a
|l ^/%o,s, y çop arcç , y diiS^al^ m^
(
' 1»B L^iilStOlRl DU PAUAGtAT. 14^
ticDcia diefleo lufçar al poder para no qac- ^ ^^
dar fio bonra » perdidos y desnechos. Pcro ^'^*
Don Manin de Baraa , todo Jo cxccdiè , J*'**- ^^^*
diciendo, que fi' V. Mag pone Corrcgido- j^^q^q^ *
res Efpanoles en los treinca Pueblosdel Pa-^
raguay , fus Miflioneros Jefuicas ban de re-
bolver contra Dios ^ coocra V. Mag. y aun
defcrperados , contra si mifmos.
Dio^Julgarà entre ti , y mi , dixo San
Atharnauo ai Ëmperador Condantino : afH
fuzgarà Dîos un dia Mre Don Martin de
Barua , y los Jefuitas^el Paraguay , y fe
Tcrà quten fuè infiel à la Divina Mageftad ^
quien fuè defleai à la vucftra 5 y quien pre-
cipjtado faltà à si, y à fus obligaciones.
Si facra décente y conveniente, que los
Jefuitas del Paraguay vinieran con Don
Martin de Baraa à la immediata contîenda
fobre fidelidad , quizà hallâran entre (as
prête ritos > lo que èl (e pufo à adivinar en-
tre los futarosde eftos^ y jamâs lo podrâ
ballar * pero mejor es callar , lo que to-
doel Mundo rebienta por decir.
Entre tanto » Senor , no fe crée , que los
Jefuitas del Paraguay tengan , ni ayan te-
nido jamàs con V. M. ei grado de defefli»
inacion , que en vueftro Real animo pré-
tende cl Informante imprimir. Tendra pre-
fente V. M. que en menos de ocbo anos »
que vànderde Agofto de i7x4> bafta Fe«
brerodeiyîi, hieron dos ve^es violenta-
inente arrojados de Tu Colegio del Para-
gaay , con l^rdefatencion è impiedad, que
Jo pudieran fer de losTurcos , 6 Calvinidas »
o de otros femeîantes. Y annque los execu-
Corcs de cftas (acrilcgas impietades quific*
L iij
l
^46 Pièces justifxcatitm
j ron cohoucftar fu hecho , amomoli2ndocl«
^ '* lumnias, y prctcxtando dclitos, de que
jAca* d'ag! ( 3""^"^ ^<^s huvicra , y lô fucran ) cUo!
tasKoïC, ' ^^ pudicran fer Juczcs ni Mmiftros,îc$
conlla à los Jefuicas baver (îdo taies acck)-
nés de fuma defaprobacion , y defagrado Je
V. Mag. Lo que, con vèr pablicaincBte
caQiprados, como deHealcs, mucbos de
diclios agreffores , complicados en otroi
^elitos coDcra V. Mag. dà manifieftamcme
à encender , que l|^cfuitas ^1 Paraguay
falicron innocentes™ por Icak» à V. Mag.
Tambicn tendra prefence V. Mag. que
en mâs de cicnco y treinta anos > <auc co«
mcnzaronà eftàr eftosindios con elcos Pa«
dres , y cdos Padres con cftos Indios , ja-
jnàs fe ba vifto en los unos, ni en loe
otros (ombra de dedealtad , tenîendo fiém-
prepor enemigosà los que fon voedros,
y aparcandofe promptos , y aparundolos de
il , como obftacuio à fus încentos , los que
de ves fe apartaron. Siempre merecicfon de
vucftros Progcnîtorcs, y de V. Mag."tigra-
decîmientoy reconocimienro de leales , fin
que Vueftra Mageftad, ni fus Progenîto-
res fe ayan moftrado defcrvidos de ellos ,
o mal fervldos : fortuna , que tambien bas
merecido eftos Indios con eftos Padres , de
todos vueftros Reaies fieles MinifttQS > y fe
efpera « que ni la defmereceràn > ni carc-
ceràn de ella en adclance. Y no es , Senor 9
defpues de otras muchas , pequena, ûdo
$;rande prueba de lealtad dtsfjftos Padres,
y de eftos Indios , el que Don Martitt
de Barua , empenandofe con todas fus foer-
zas^ malicia , y ai te » àbufcarlcs dcfl€altad>
Bft L^HXSTOXILE DU PaRA GtJAY. »47
i)0 iaayajpodidohallarde preterito , ni <ie ■
prefeacc , uno diciendo mil falfcdades , co- i737-
xnp fc ha vifto , y verà y y por tanto , Ce m£m. t>v p«
çchc à proiiofticar y adivinarla en future Jacq. dAo.
tondicionado , diciendo , que fi tal huvic- ^" ^^' ^'
ta » fucediera cal.
Pero , Senor^bolviendo à los Corregî-
dores Efpanoles , fi V. Mag. oïdas , y aica-^
men:e comprehendidas las râzones , que por
ambas Partes fe traen ,• âun juzgàre , y de-
terminàre que Ce pongan , puede V. Mag«
eftàr fegaro , que los Mifiioncros nada dif-
pondràn , y con todas (us fuerzas procura-
ràn , que Y. M. fea enceramemc obcdecido.
Y fi fucediere (lo que nunca Dios permica)
que dichos Indios tumulcuaren , los Mif-
fioneros los procoraràn fofTegar en quanto
les fucrc poflible ; y fi fus razoncs y autho-
ridai nada configuieren , y algunos deAier*
rros Vaflallos huviercn de morir , los Mif-
fioneros moriràn los primeros en fcivicio
de V. M,
Pr«fij;uc cl Informante , y dcfpues de ba-
ver dicho, que por la novedad, y movi-
miento yà tratado , tienne por dificil fe pue*
da confeguîr cl poner y mantensr un Cor-
regidor Efpanol en los fictc Pucblos mas
cercanos al Paraguay , à quien fe pudiera
rccnrrir en qualefquiera accidentes , dicc
affi : A quefe an.ide , que con efle conocî^
miento no havrâ quien apete^ca el Corregi^
miento , recclando principalmente de las ma^
ximas de los Dofirineros, Repite y fe rati-
£ca Don Martin de Barua , en que los
Dodlrineros fueran peores que los Indios »
y que el Corregldor que fe puficra ^ aua
L iilj
lit Piicxs nrsTirtcATiTit
jy.- que debieraeuardarfe, y vclar fobre i J
, * fobrc los Inalos , pcro mucho mas , y wi»
JACQ. dVVg! ^^P^^*"^*^^^ ^^^*^'^ Çuardarfc de los Doc-
Au BLoi c. ' tfincros, que como nombres fin temoi de
Dios , 6 haràn amontar à les Indios , i de
ocra fuerre maquîaarian contra fu honra,y
vida : y cflo lo harian los Doârineros pot
fus maximas , para defemb^irazarre , qoî-
carfe de cfTe Conmandance , ferlsbrolutos^
y fin cedigos , para vivir como qaîercQ»
difponer libre y defpocicamente de la ha-
cienda de los Indios , y ocras feme)anteSi
Affi difcurrc de Rclieiolos Sacerdoces el In-
formante, porque hn duda adi lo baria èl.
Anade, que los Doârineros con eftas
maximas > de f de fus primeras fundaciones ^
han ideado ponerîas en parages , y difian-
cias ^adonde la comunîcacion y franco co*
mercto para los Efpanoles ejlè inhabilitado ,
re/peâo a los parages defiertos y lexanos , en
que los an fundado. Aqui fe dexa vèr con
la malicia la neccdad del Informante 5
como (î eftuvicra en mano de tos Miffio-
neroshallar les Gentiles difpuedos parad
Evangelio cerca de los £fpaik>Ies ; o e(la-
viera en fu mano tranfplancar al mifmo
querer arrcgar à eftas Naciones , y plantas,
por una parte barbariflîmas y fieras, y por
otra ticrniffimas en coda crecncia y doci-
lidad y arrancandolas de fus originarios
pacrios fuelos ( lo que no es conforme à la
xncnce de Vueftra Mageftad), y arriman-
dolas à los Efpanoles , cuyo (ervicio , y
traco aborrecen ellos mas que la muerce»
por el mal craco , y acabamienco , que
veian de ocros Indios , que antes fe les
9t t*MlSTOIRE DU pAUAÔUAt. ±4^
llAvlan fojecado : como (îno baftara , que ' ■
losMiflineros iadruyciTea à los Infieles en «,^7^^*
Ja Fè , y fervido de Dios , y de Vucftra f^^^^; ^V^^
Mageftad ^ fin inftruirlos tambiea en el au Roi C *
(èrvicio ycomercio cos )os Efpanoles? o
tomo fi no fuera licito , ni vàlido el Bau-
tifiipo, fino con la precîfa condicion de
dîcho cotnerclo y fervicîo , y de accrcarfc
al Efpanol , para que efte lo tuvleffe mas
libre^ franco > y commode ?
Dezafe ver aqui , que lo que dcbîera
céder en fuma alaoanza de les Miflioneros y
que fiendo tan bien uacidos , como el
Informante , y muchos muy Nobles ,
tîernos ^ y muy delicados , dexaron fus
Provincias , Cadres , y parientes , y fe en-
traroB por effas remotimmas Selvas y Bre-
nas, Rios^ y Pantanos impénétrables*, que
cl Informante llama parages defurtos , y
Itxànos , todo lieno de Tygrcs , y de otras
beftias nocivas » y fieras, caminando àpie ,
y iQuchifTimas vezes defcalzos , y defnuaos^
hambrientos, y enferroos, fin nîngun reme-
dlo,ni confuelo humanOjfolo por convertir
à Dlos aquellas aimas y paran(io,rcduciendo-
las « enfenandolas, bautizandolas, y quedan-
dofe cpn ellas donde las hallaban , vivien^
do entre eHas , con los mifmos peligros , è '
incomodîdades para confervarlas por Dios^
y para el reconocimiento de V. M, Todo
cfto , Senor , digo , que debiera céder en
Tuma alabanza de aquellos pobres MUIio*
neros , hombres prodigos de fus vidas , por
ganar las agenas , fieles Mtniftros del Evan*
gelîo , dignos y reconocîdos Vaffallof
Yueftcos, todo fe Us attribuye à ma&«
ijo Pièces 7USTificATiTC€
mas , ideas , trayciones , y defleahaJieSr
, y _ — j , j
'"* El corne rcio (]ue cl Efpanol puede cenef
MéM. DU P. con il Indio fia ruina de eftc , yà lo cicnc*,
iu^aôiC.^' pues los Frucos vcnJiblc^ de que les Indlos
DO neccfTîran para fu ufo , y ncccflî'an de
yendcrlos6 pcrirutarlos- por otras cofas,.
que en fus P «cblos np tienen y ncccfTcan,.
para pas^ar el trîburo à V. M. para el ador-*
no de fus I^lcfias , cflbs , îos valCmos In*
Jjos Ios condncen à Ios Puertos , y Tkrras-
Efpanolas , donde Ios Efpanoles losgoian
comprandolos , o permurandolbs jpor roa-
nos de Ios Procuradorcs Rcligiolos , que
con efcrupulofldimo zelo cuidan de lo&
bienes de Ios Indios , y Pueblos ^ dàodo à.
cadauno con exa6ta razon y cuenta 16 que
le pcrtcnccc. Eftos frutos les embi'an les
Curas , y à eftos. rcmitcn Fos Procuradbrcs^
cl produdo, y Ib que fe les pîdc 5 y loS
Curas Ios expeiiden precîfamente cada una
en fa Pueblo, con fus Indios , con fiis-
Iglcfias , con fus Pobres , y con codes lp$
demàs meneftercs de fus Pueblos , menos*
con Ios fttyos propFos , que para eftos no
poede comar nada de eft^o , fo gravi^mas^
proliibîcioncs de todos Ios Sùpcriores;.
porque Curas, yCbmpaneros (onaffiftidos
prccifâmcntc con el Synodo qjie V. Ai-
les fcna'a, ad^mînîftradb por Ibs Superio^
xcs inmcdîatos de MifTîones.
Tambiea Ios Efpanoles vrcnen libre*
incnteàalgunos Pueblos, traen fus frucos,,
o gtfïiîros , y Ios Curas fos compran , i
pcrmuran con Ios frutos del Pueblo 5 y 1^
que a/fi adquieren Ios Curas de Ios Efta-
nofeS) Q de otros ^ la diftribuyen > y gaftai»
BE L*HistoiJt8 DU Paraguay, i^ i
SreciramfiDtc en fus Pucblos en la manera
icha. '7J7.
Y dcfac cl Suplîcante dccîr à VucftraMa- ^^m- ^yj-
^ftad como? dedondc? y que friitos <icl au^kÔi^c,^'
Paeblo fon eftos , eue los Curas , y los
Procuradores adminiftran ? Y pafTa , Se nor^ .
affi : A mas de las fementeras , labranzas ^
y plantaciones > que cada Indio en parjci-
cular bénéficia para fuflcntar y veftir fa
famiiia ( que gênerai mente no les alcanza ,
ni COQ mucbo ) difpoue.el Cura que hagan
algunos algodonales grandes , que fe ha-
cen en comun , algunos tabacales , y al-
funos yervales, Hecho cl tienzo , el ra--
aco , y la yerva , con mucha (blicitud y
trabajo de los Curas , del licnzo vide à
los pobres , vindas , huerfanos ^ araganes»
y otros que no tiencn çon que veftirfc :
Del tabaco « y yervales dà à ellos codo el
ano. Lo que (obra de eftos très renglones^
lo vende , ô permuta el Cura en la forma
nue (èdixÀ, Lomîfmo hace (i ciene, oie
(obra algun otro fruto , aunque , fuera de
lo dicho^ no ay cofa de confî-leracion :
ai los très frutos dichos fe cogen igual*
mente en tos Pueblos ^ pues en algunos fe
cogepocp ,'yen otros nada, 6 cafi nada.
En algunos Pueblos vàn muy îexos à Iqs
montes con inucho trabajo , coflo , y por
mucho tiempo , à hacer > y trader yerva
para fu gafto , y îo demàs que necefHtan.
Ahoca cl InfotTtîantc , y otros , no Ce
conpentan con e({e comerdo , ( que es el
qac hafta ahora ha mantenido e(ros Pue-
blos ) loquifieran franco , y abierto, co«
AO cllos diccn î c(to es , que los Indios
1$% PlECBS ItTSTIFICATIVlS
■ I N ■ fueflen à Santa Fé , y otras parjies con Et
^757. ycrva, tabaco, y licnzo, y por si mif-
MéM. Dv P. mos , fia incervencion dei Procurador y la
J4CQ. D'Ac. vcndicflcn, y pcrmutaflTcn con losEfDano-
Ai> Roi C. içj ^ y çQ^ QjjQj . cnganando cftos a Io$
pobres Indios, y dandoles lo que vale
tino por diez 4 y coglendo de eîlos lo que
▼aie veinte por uno , como en algunas co-
£llas fuyas que lie van lo hazen cada dla ,
porque el Indioes pobrc, ignorance deprc-
cîos , ni valoir de las cofas. Quieren tambkii
venir à los Pueblos , y trayendo alganas co-
iîUas de ninguna monta , coma cucntecilo
las de vidrio , y otras rcmejantes > qae clk>s
mifmos llamau engahos y con ellos dezar
Indios è Indias defnudos , fin veAido , y
demàs cofitlas que tiencn 5 y no pocas vezes
cl Indio burca de aqui ^ y alli 1 aanque
fean mulas ^ y cavallos dei comun de! Poe-
blo , y algunas vezes aun de las cofas de la
Iglefia , para darlas al Efpafiol por eflas fus
buxerias , 6 racerias. £(te es el trato s Y
comercio franco , y abieno , que los MIG-
£pneros , como Tutorcs , y Padres de cftos
pobres pupilos , han procurado y procuras
sœpedir , como tan perniciofo , y poraue
creen fer efta vueftra Real voluntad i y los
que pretendcn cftc comercio abierto y fon
generalmente gente, que ninguna coif
ciencia ni e(crupulo bacen de quitar al
pobre Indio quanto, y de quantasmaneras
pueden y como û fueran bienes moftreacos ,
o fe huvieran dado por dexados.
Y aunque efte comercio abierto por cQa
parte parece tan injufto y malo, no es lo
peof que ticoe : peores Ton losmalos cxcm-
. BE L*HlSTOl&E BV Pa&AOUAT. Iff
pIos , que femcjantes Traçantes , à pocas
noras que eften en un Pueblo , gcnctalmen- '737-
te œueiban , y dexan , contra todas las bue* Mtu. du F.
nascoftumbres. Siembran fcdas , y malos ^^^^- '^*^*»
ypcrnicioros diâamenes contra fus Sacer- ^"^°*^
dotes , y Curas , y les inducen , y engaiian
para que fcvayan àTierrasdc Efpanolcs,
apartando lasmugeres de fus maridos, y
los hijos de fus Padres 5 y fucede, que
como k>s pafTageros en otras parten hurtan «
y f e Uevan perros , affî eftos burtan > y fc
ilevao Indios ^ Indias, y muchachos. Oja-
là 3 que de todo efto no fe tuviera fobrada
czpericncia i
Por eftos, y otros nrachos înconve-
nientes eftà dilpuefto , que à los pafTige-
ros yen los Poeblos por donde piafTaren y no
fe les demore largo , y que fegun fuere fu
refpeâo , y obligaciones , adi puedan ca-
minar mas o menos prefto. Tambien cflà
djfpuefl» , que à los Pueblos de mas aden-
cro^ fueia de los quarro que llaman del
Paraguay , y non Ion pafTo , ni camino
para Tierra alguna de Efpanoies, no fe
permita pafTar à nadie , por los miGnos
inconvenientes > los quales , aunque del
todo cefTaran en muchas perfonas de cAa-
do y refpcto , pero no ceflaran en los
'Crlados^ Efclavos, y ocros de menores
obligaciones » que fucten venir en fu co-
iniciYa > y fervicio. Efto no habla , ni pue-
de con vueltros Governadores , Obifpos ,
Vifitadôrcs y Comiffarios fuyos , ni ocros
xiingunos que fe les ofrcdere , o quifîerca ^
cmbiar à qualefquiera Pueblos, como.es
cicrto y ftà en {>raâica ^ pues faben bitn
t7«7.
If4 PlFCES^ JUSTIflCATlVlf
los RcIigîoQ)s , que vucft-rôs Govcrnait*
res , y Obi^pos , y los que cllos difpafic^
AU iioi C, P°^ aondc quiftcren-, y en eftc tieiu^O nan
eftado largo en dichos Pucblos > vanosvc-
cinos del Paraguay y Villa -Rica , huidos,
o retirados à èllos , por las inquiétudes dé
aqaclla Provîncïa. Y afïlmirmo un vucftto
Thenicntc de Dragoncs de!- Piefidîo Je Bac^
Dos-Ayrès , con quatro Sodados, por or-
den de vueftro Governador Dom Bruno de
Zavala , ha eflad'o mas de un aiio, y an-
dado con ellos todos los Pucblos , regif-
trando las armas de los Indios » è inuruyea-
dolos en fu ufo para la expeJicîon éi d
Paraguay.
Pbr dond'e (e v^, que fos Jefuitas di^I
Paraguay no quitan el comercio , y comur
nicacion conveniente de los Indios coa
tos Efpanoles ; y el que quitan es el qop
à Vueftra Mageftad no agradarà por loi
inconveniences rcprefedcados ^ y otros que
fon tan ciertos , que vueftro Obi^o de
Buenos- Ay res Dom Fr. PeJro Faxardo,
que vîo y vîdio ca(ï todo« fof ueinta
Pueblos , informando à Vueflra MageC-
tad , cfcriviô afïïer» lô de Maya die 1711 :
Reconocè y dize , Aferencia de coftumkrts
en aqueÏÏos quatro PueBhr, que efian pra-
ximos alParagu^ : y anadià a(fi : Por
que cîertamente el comercio de làs EJfaSMh
tes con tos Indios es pefle ptra eftos.
Y es tan cîerto , Senor , 10 ffue dice
vueftro Obifpo , que cl comercio y coma-
^ nica.rion de los Efpanoles con fbs Indios e9
lapeftede eftos ,qaeNacioiij^ o ^^tàfUSàà
M l'Histoirb du Par agita y. iff
Infid , que ticnc cftc comercio , es quafi ■'
'iœpoflibie convcrrîrla , como la mifma ex- '757-
pcrienda ic todas cftas Provînckis lobace Mévi du P^
manificdo. Y crpcr^r 91c en cl Paraguay ^^^,^?^ ^'^•'"
convierurn h>$ Payaguas ; en las Cor-
ricficès 9 y Santa Fé , los Charruas , Cakha-
qaîs , y Abipones ; en Buenos Ayrcs , los-
Pampas « y Minuanes -, en CorcTova otros^
Pampas » y en otras panes otros que tienen
e(!e comercio , eseiperan^a ran à la larga^
como la convcrfînn de los Judios. La ra-
2on de cfto Ton los dichos n'^alo^ exemplos"
de obrrsy palabras de los Efpanoles r y los
mUmos Inileles dficen , que para que Ce
han èc convertir » y bantizar , pues bafta.
quefean, y vîvanconio vivcn mnchos Ef-
panoles en los miforos Lugares Châftia-
Dos , que- entre ellos viven muchos anos
apoftatas y amancebados con una y mas
mogeres Infiefes ? Todo efto es muy ma*
flifiefto , como lo es ^ que muchos Efpa-
noles , y otros Chrxftianos » quieren ma9
que eftas Naciones Infieles , con quienes
aflt francamente comunican ,. perfi(tan in-
fieles j cyae no qae fc redazgan , T>or no'
^rdcr cl torpe y franco cebo de fus ape«N
tîtos , 7 fus Irvcs grangerias. Por cfTo ^
quando alfçunos Sacerdotes^ fervorofos han
acomecido à convertir efVas Naciones, n^a-^
chos de cflos malos Chrîftiinos y deKaxo de
cuerda, fiembran zizana , hafta perftiadic
i los Infieles maten y 6 echen a fâs Predl-
cacores^. .
Por lô mifrho , cflfbs ^ y otros Predîca-
^ores » viendo froArado fa trabajo ett
cftai Kacioacs comerciantes ^ j fronccri^
If^ PlKCIS JtrstlFlCATtytS
ly.y^ zas , las dcxaiv, y alcjan Ticrras adeotttf
' èincomodiffimasjdoade eaotrasrèncilUSf
jA"cQ:D-Aa:X^g^°*^^^ "\ comcrcio, faclca eozarffl
AU Roi c. co° ^^ ^^uto <ic las facigas y zelo. Au
fucedio entre ocras ocafiones > quando los
Jefuicas de efta Provincla^ dezaado los
Chiriguanos , à maravilla rebcldes con di-
cho çomercio , entraroa à los Chiqaicos
mas diftames, donde ea fiete Paeblos^y
en ellos , como en doce mil Aimas , pren-
diô, arraygô, y edà fruâificando la Semilla
Evangelica. Preguntaron una vez al Sopti-
came los Chiquitos ( encre qoienes elb-
yo cafi nueve anos ) por que los Padres ba-
vian pafTado los Chiriguanos que eftabad
primeros , è ido à ellos ? Y facisnzoles encre
ocras razones , con decirles « que Oios fe
lia via ido con ellos como con los Reyês
Magos , à quienes llcgô , y alumbro la
Eftrella , que no alumbro ni craxo à lof
Indios que ellaban mas cerca s y affi coski
]os Judios eran los Chiriguanos.
Efta es la razon de obviar efle precendido
Îr danofo çomercio , no cieno para oculuc
a quîmera de Minas de Oro que forjaroa
£nemigos anciguos , y fc^rc que mucitaa
algunos modernos : pues fuera de las ex-
quifîcas diligencias hcchas , y Seucenciaf
dadas contra talcs Quimcriftas por yueftros
Miniftros, mal fe pudieran ocolcar los
brillos dcl oro , y mas tanto , y por tantos
anos : como no fe ha ocultado cl, qocd
aiio de 1750 , quirado dz los Portuguefcs,
traxeron al Pararçuay los Payajçuas, quç
luc^o corrio por manos de todos, y fe
dcxo ver, y tocar aqui, y en Earopa. Y
BZ L*HlST01Rl DU PaRIGUAT. 1$7
<f aan Jo cftc fonado oro por fi no fc dcfcu ' •
briera , lo huvieran dcfcuBîfcrto tantos Ef- '737-
panoles de lodos cftados , Sccularcs , y Ec- M«.m. bu P.
clefiafticos , perfonas prudentes , y adverti- ][u*^Jq,°c. *
«las , que han eftado en todos , o en ma-
chos de los Pueblos ; tantos Indios , que
con Balfas , y orras Embarcacioncs , y de
ocras maneras , baxan à las Ciudadcs , con
tantos cencenares de fugîtlvos^ los quales
todos fe dcbc créer que Ton njuy ecrami-
nados fobre ede panco de los annofos del
oro. Y qoando todos los dichos fueran
capaces de ocultar todo fecreto , los mif-
mos Jefultas Mi(fioneros , que entran , y
falen cafi fiempre , en tanto numéro que
paiTan de fefenta , hijos de tanças y de tan
diverfas Provinclas y Nacioncs , y de los
3uales algunos , de (pues de muchos anos
e Miffioneros, y aun Curas, han falido
de la Compania , y à vezes han quedado
defafeâos , !o defcubrieran todo , è hicie-
xan patente.
Por donde puede Vuefha Magedad eftar
feguro, que eftezeio de los Miiïioneros ^
en que no aya mas larga communicacion y
y commercioj de ninguna fuerte es en
fraude de algunos de vuedros Reaies Dere-
chos. Y, cl comerclllo abierto à que anhe-
lan , como fea de raterîas y cofas futiles ,
ni es capaz , ni fe habla en et de Sifas, 6
Aicavalas , ni otro Real Provecho. El co-
nercio mas grueiTo » que de los frutos de
]o8 Indios manejan los Procuradores de
Mifliones , no !o huvlera , ni de que , fi
no fuera la folicitud de los Curas : los
que de ninguna fucrtc la cuvieran para que
lît Pièces justiixcatxyés
j^ los Indîos baxafTcn conla haciett«la, y Irf
7}7- Efpaiioles jugafl*en cori c!los , y conella.
jIcq' d'ag* Concluye el Informante lo que teaal
cjcndo : Aun el Pucblo de San-Ignaa»
Gua^u t que e fi à con vuerta ^ y cerradoel
caméra inmediaio â et ^ fienio precifo en d
tragin à los Efpàholes el pajfar por iicha
puerta » les es profiibido entrât en dicko
Pueblo ; yfolo puede entrar aquel , à quuû
el DoSlrinero le dà licencia ^y no otrOy aunr
que fea muy condecorado. Haftà àqui e(
Informante , aue en pocas Palabras Jice
muclias falfedaaes y por no lia marias de otra
(ixcrcc , como fu cneanofo informe rocre-
cia. £1 Suplicance , éenor , ha entxado , y
falido muchiflîmas vezcs de dicho Pbeblo}
lo ha vificado muchas de Superior , y uoa
de Provincial -, ha eflado , y cuîdado dee(
como Cura interîno muchas vezes, yja«
mas ha viflo cal puerra , ni fabe , ni ha oydt
decir , que aya navido. Jamas le pidieroo,
ni dio , ni nego licencia para que lospaiTa*
geros paflàfTen » o entraflTen en et. Pueblo,
y deordinario fe hallaba con-paAiffieros de
toda Alerte en el Pueblo , en .1» Wefia , y
en el Patio mifmo , (Jnhavet tcfiuo tntes
noticia de elles. Una , ô 09s veie» oy6>
que fe prohibio à los pafTageros paflar poT cl
Pueblo 5 ni cerca de el , por venir de Lu:
gares apeftados coa farampîon , virnelas,
o otrapcfte conraijiofa.Los partagcrospaiTân
muchas vezcs del Paraguay a las Corricncès,
y de las Corrientcs al Paraguay » dédia,
o de noche , por cerca , ô Icxos del Puc-
blo > fia que cl Doâiinexo lo fepa. £l
M L*HiSTOiiti DU Paraguay, ij^
Pùeblo de San Ignacio no ticnc muro al- ^ .
gano , codas 6ca(î todas fus calles rcmatan
en campo abicrto ; como dos Icguas del J^^*^* ^^'^
Pueblo , caroino de las Corricntès, ay una ^^^r^Ô, c. *
zanj^, que, como cri otros Pncblos , aan-
que fin camino de Efpanoles , firve para tes
cavallos , bacas , bueyes , y otros animales»
que pafTan fuera deÀUa , no emren àco-
xner , 6 talar las fcmemeras : cda zanja fe
puede faltar à pie , y à cavallo , y cfta
cafî cicga > y 'folo obliga à las carretas ,
que paflen |4^r una como boca , 6 porcillo,
en que no ay zanja. En cftc portillo , y
CD otras partes , para el efc^o dicho de
quç no paflen los animales , fuele haver
linas trancas , o palos atfavefados , que
qaaiqjficra los quita , y pone qaando fe le
ofscce. Tambicn folia havcr en cfte por-
cillo an Indio , que viefTe Ci los pafTageros,
como es fréquente , arreaban entre fus
boeyes > cavalgaduras 6 animales algunos
del Pueblo , o fi fe lie van Indias , 6 mu-
chachos cngafiados , o hurtados.
Tambien folia fcrvir efte portillo , y cl
Indio « 6 Indios,que atli eftaban , para vi-
fitar los tropas « y carretas que paffaban ,
(cgun lo mandaban al Indio Corregidor o
Alcaldesde San-Ignacio los Governadorej
del Paraguay , quando cfte paffo pertcnecia
à aquel Govicrno. Efte es todo el rorbellino
dellnformante en cftas piicrtas> y cami-
oos ; de coya infinceridad en cl informar
pueden codos los caminanres fer teftigos.
Dcfcendiendo el Informante al punto de
Tiibatos , afïîenca lo primero , que en ei
Paraguay^ lo qoe paga un Indio cadauo
lëo 9ii6tt ivirifitÂrtftt
•**——* ano , fon ocho varas de lienzo , lo que Ul
'^57- tisface con elperfonal trabajo de dos mefes*
Mem. i>up. Dcbefcdccira cfto , que en cl Paraguay
JACQ. dA€. t J« I ^ ^1 'irrJlL
AvsioiC. ^^ ay Indio alguno , que paeue a Vueitra
Mageftad taies ocho varas de litirÉo , va
quatro pefos en plaça , que qnîere el înfet-
iname lean el precio del lienzo ; y fe en^-
lia , pues no navra i|prtainente en las Cia-
dades , donde corre plaça , quien le de qaa«
tro Reaies en plaça por ana vara de lienzo
burdo y gruefio , quai es eflè; ni auo à
très Reaies fc hall aria quien cAilprafle mil
varas } y abundandd nias , nadîe daria dos
Reaies por el. Eftas ocho varas de lienzo,
o el crabajo de dos mefes da cada afio d
Indio encomendado à Tu Encomendero |
pero ede Indio no le importa à Vue(ha
Magedad cada ano ni un folo Real de
plata. Lo que es manifîeflo en efta cfUenta >
y fupoficion vcrdadcra. .
A Sancho , Vaflallo Vueftro , le dà Vuef-
tra Ma^eftad en cl Paraguay una EncomieiH
da de diez Indios para.dos vidas , la fuya,y
la de fu hijo , qèe démos no duren ambas.
defpues de e(la Real Merced , mas que feU
fenca y dos anos ; en cada uno de los qaa-
les anos da cada Indio de los diez , ocho
Taras de lienzo à Sancho , que fon ochen*
ta varas en un ano. Y dando Sancho à
Vueftra Mageflad por cada Indio , por los
fefenta y dos anos y once pefos fanecos,
o en generos de la cierra , qoe redacidos
à folidos > o à pi ara en Santa Fè , o Buenos*
Ayres, apenasferàn cinco pefosy noedio»
▼endràn à importale à Vueura Mageftad los
diez Indios cnfercata y dos anoS| clnquea*
Di l'Hi$toire DU Paraguay. i6t
t^ y cinco pcfos en plaia , y en càda un ' ■
^ho Doco mas de fictc Rcales en plata s y por ^ 7 J 7 •
configuicnte cada upo de los dicz Indioç dà Wem. du P.
à Vucftra Mageftad en fcrenca y dos anos , iy""? ^f q**
menosde très quartas partes de un Real. ^ ^°* •
Quando diez Indios de eftos Pueblos dàn à
Vueflra Mageftad en eftas Reaies Cayas de
Buenos-Ayres , en fefenca y dos anos , feif-
cientosy veincepefos, y en cada un ano
diez peU)S , y cada uno de ellos , en fefen-
ta y dos anos , otros cantos pefos , y cada
ano un pefo ^ tanto mas le vale à Vueftra
Mageftad un Indio de las MifHones , que
ocro del Paraguay cada ano , quanto va de
très quarcas partes de un real , que dà efte
à Vueftra Mageftad , à los ocho reaies , que
dà aquel. Y aun rcbaxando el Synodo ,
que Vueftra Mageftad fenala y viene à dàc
cl Indio de las Miifiones à Vueftra Magef-
tad cafi très canros mas que el Indio del
Paraguay. Por donde fe vè , quan cafi nin«
guna es la utilidad , que vueftro Real Era-
xio percibade Indio del Paraguay , rcfpcôp
lie la que percibc de un Indio de eftos Pue»
)3los. Y con codo edb , con el precexto, o
fombra de elTe nada , o cafi nada , que per-
cibe Vueftra Mageftad de los Indios del
Paraguay , eflbs Indios ^ y efTos Pueblos fe
han acabado , y remaudo » y no fon fom-
jbra ni fueno de lo que fueron. Y à eftç
cftado , tan inutil à vueftro Real Erario,
tan perniciofo à los Indios , y tan efcanda»
Jofo al Mundo., querrà el Informante Te
^duzgai; eftos treinta Pueblos.
Dice mas el Informante , que los Indips
ife'lo^ (teinta Pi^eblps no tlenen la Ubcrpa^^
«.<! PiFCES lUSTXjFICATIVK^
- que los del Périt. Quando la libcrtad C8
^7?7' danofa , mcjorcsno cenerla. Ticncn eftos
Mem. dw p. indiûs la libcrtad de hijos , y mas que la
iv^^oi C° tiencn los del Paraguay i pues fi Ton Origi-
' ^ narios , o Yanacoaas » fou niuy parecidos à
Efclavos. Si fon eucomendados , Ton tan ia-
felices , que à algunos en inuchos anos uo
les dexan ver fus Pueblos , ni mugeres. Dice^
que elrrabajo dellndio eda apenfionado à
La voluntad del Doârinero , j>or medio de
los Miniftros Indios : fc cngana , y enga-
na el Informante \ porque eftos Indios lo
mas del ano trabajan, y fe procura que
trabajcn eu fus femenreras , y campos y pa-
ra que cengan elles mifmos fu comida de
granos » raizes , y otras cofas s y tambien
para Tu veftido. Algun tiempo dàn aauel*
lai femenreras , y comunes que (è dîxo.
Tambien los Oficiales trabajan en lo que
iieceflîta el Pueblo , y oiros vàn à viages
utiles al mifmo Pueblo.
Dice mas « que el produâo del rrabajo
del Indio fe recoge como por caudal de
Comunidad por los dichos DoBrineros^ fin
que loi Indios tengan otra parte , que la de
dârles liens^o parafa veftuario. Si çl Infor-
mante habla del pro Juâo de lo que et Ia«
dio trabaja , cultiva , y bénéficia ea fus eam«
DOS , femenjceras , algodonalesj y otros ar-
bicrios que tienen , le engaiia , y enganô
maliciofamente, pues de todo eflb dif-
poneel Indio liberrimamence , fin qqe el
Dodrinero le faque > ni pida ni aun laspri-
niicias , ni.tener mas parte en todo efib,
4^ue el fumo trabajo , y defvelo para que
cl Indio trabaje » cultive > bénéficie , y rt«
' »B l'HisTOiRE DU Paraguay, itfj
coja cflb ir.ifmoj darlc bucyes , carne, y ■■' ■
ycrva , tabaco, y vifitarlo conrinuamcntc j^^^J^J^ p^
por si , y por otros , para que logrc fu tra- jacq. d'AqI
bajo. AV Koi C.
Si habla de lo que produccn aquellas fc«
inenteras, y otros trabajos comuncs, es
afC , qne fe recoge en comun , y viene à
m^nps de los Dodrineros ; pero fe cngana ,
y engiana mucho » dicicndo , que de edo
mifmo no tienen los Indios otra parte , que
la de darles lien^o parafa vejîido. Pues es
conftante , que de efte comuii produdo ha
de falîr para darles yerva , tabaco , bacas ,
cavalios » niujas , bueyes , herramicntas ,
alguna fal , cuchillos , armas , algunas me-
dicinas, pagas de fus tributos , avios para
fus viages, algunas lanas, 6 ropa de la
tierra para los Calbildantes o Principales y^
para adornar , y mantencr fus Iglcfias , y
para otras cofas j y (i alg m Pueblo raridiroo
no neceffîta comprar algunas de eftas efpc-
cies , neceflica de otras , como el Yapeyu
no neceffîta de comprar animales ^ pero ne>
ceflita. de comprar yerva , tabaco , algodon ,
ccra , y otras cofas , de lo quai todo , na-
da , o cafi nada fe coge en dicho PueKo ,
y lo ha de comprar con eflbs animales o
ganados.
Profigue cl Informante , quericndo decîr,
o diciendo , con muy artinciofa malicia ,
que todo lo que de dicho comun refla , def^
pues de dado lienzo para el vefluario de los
Indios , queda para los efeSlos de las difrf
pqficiones de los Dodrineros. La que es
calumnia antigua > è iniqua , como fi los
^iffioficros no gaftàtan efte refto precif^-i
1^4 Pièces luSTiricATiTEi
■^ 17*7, mente en Us cofas dlchas , décentes , utiles »
, * y ncccfTarias al Pucblo , fîno que lo czcra-
Jacq! dAc' *^^^^ P^^* ^^ '€galo, y comodidady para
4U Koi Cp ' cnrlqueccr los Colegios , para fus Amigos»
y Patiences , y ocras vanidades , o picda-
des , en que fuelen emplear mâchas yezcs
fus caudales , los que los cienen.
Diga el Informante , fi ha vifto » o fabi-
do , que algun Cura Dodrinero , con el
refto de eue cornu n caudal : aya confe-
êuido , o prctendido algun Obifpado » 6
isnidad , fuera o dcncro de la Compa&ia f
o u para algun Amigo > ô Parience fuyo ha
procurado eiTo mifmo , o algun Govierno ,
ti Oficio fecular ? 6 fi ha fundado algun
Mayorazeo ? ô fi quando algun Cura de
cdos fale a los Colegios , que fuele fer mur
chas vezes, va derramaudo dobloaes, o
haciendo cavallerias dignas de hombre ri-
co , y poderofo ? ô no ^ fîno que le hafta
un par de bolfas , o pecaca mediana para
llevar quatro camifas , el manceo^ y for
tana , que folo tieoe , fuera del avio ne-
cefTario de comida , aflî como quando ^e-
xa un Pueblo para paflet à ocro ^ y fi eftos
taies* en los Colegios ufan , o afeâan roayor
oftentacion , mueflran mas modo , mas nu-
mcrofo fervicio ? Si en la muette de cftos fc
han hallado en fu poder zurrones ic Pla-
ça , cancidades de oro , memorias, obligar .
clones , recibos , o ocros papeles indices
de mcrcaderes grueflbs , y grandes conef-
pondencîas ? O fi de aljzuaa otra manera pia«
dofa ^ o viciofa ha lencido refplrar en aU
^^uo de cftos ( çomo fucleo refpirar en
^uiw
iiuîcn los ciene ) grucffos caudales , cftas in- — _ '
mcnfas haqicndas ? MiM. du p.
Y fi nada de «fto ay , corao es ccrtifli- jacq. d'Ag.
«10 , que difpoficioncs fantafticas , que ad- au Roi C
minldracioncs exicaacadas foa eftas j qu^
corrcn à cargo dcl Dodrinero , y con que
la maligni(hid del Informante , fin temor
de Dios, ni verguenza de los hombres,
Infama publicamence à cftos Mlfiîoneros ,
à toda cfta Provincia , y à toda la Religion
entera \
Debc , Senor > el Suplicantc certificat à
Vucftra Mageilad en cftc punco cricico va-
rias cofas^ La pftmcra , que lo^ Curas de
los ludios no- adminidran el dicho pro*
4u Ao comun , fino en la forma expreffada ,
y dicba. La féconda ^ue lo hacen général^
mente con tanto efcropulo , y delkada con-
cicncla , que ni al Stiperior ni al Provin-
•cial , ni à los Redores de los Colcgiosdàn ,
oi daràn de dicho comun cofa alguna de
confideracion , fino por fu jufto precio. De
mancra , que muchas vczes los Supcriores ,
Provinciales * y Redores, defiften de com-
prarles algo por fus cicaterias, 6 rigores ca
los precîos. Y fi algun Provincial ,'ô Supc-
rior fe quicre modrar mas abierto , luego
lo dclatan al General
La tercera. Los mifmos Curas , entre si>
«n los traces que hacen, y en la corref-
pondencias <:on los Procuradores de Miflio-
ncs , fuelen fer tan mcnudos , que quauda
el Provincial los viHta, y toma quentas à
todos , tiene harto que hacer en componer*
Jos y como fi fuer.aa dos Mcrcadercs , que
T$m4 FJ. M
Z66 PlECFS JDSTir^CATIVM
comicDzan 5 y cfto à vczcs fobrc muy pô-
'' cos realcs.
MÉM. DU P. La quarta. Eftc caudal comun de los
Al/ Koi^C^^ Pueblos , ni es igual en todos , nî pcrfiftcn-
tc en ninguno. Pues oy , y en eftc ano de
17^^ * en que cl Suplicanre los ha vifira*
do à todos y à los mas los ha -halLado, coq
nada muchos , y ocros con cati uada en fus
almacencs , y pobrifTïmos , y debicndo ma»
cho txfi los Ofîcios de Miiiioncs 'y afft por
generos que de los Ofîcios les vhiîeron ,
como por ranchcria , y almaccnes , que fe
fabricaron en Bucnos-Ayrcs para los In*
dios 9 y Te tomo à fuera mucha plaça à da*
fio para fabiicarlos , que hada aora 00
fc ha pagado , como por otros gaftos co»
munes, neccifarios^ utiles à los Pueblos,
y para coftcar pleytosinjuftos contiaeftos
pobrcs.
La quinta. Los Générales de la Compai
nia , quando han entendido , qne en la ad-
niinidracion de ede comuu ha havido al-
gun levé defcuido , aunque en colas pia^
dofas^ han mandado , pena de pecado
mortal , y so correfpondicnrcs penas , qac
ninguno, ni particular, ni Supcriur, ni
aun el Provincial , pueda facar de tal ccv*
mun , ni de otia hacienda de les Indios*
cofa alguna, ni difponcr de cîla focra dcl
Pueblo . fus ncceflTidadcs , ntiîidades, ydc»
ccncias ; aunque fea pnra limofnas, ni
obras pias : lo que fe ha cbfcrvado , y ob*
ferva. Tambien han ordenado , qa« por la
^arne , y pan , que los Padres Religiofos
gaftaa en cada pueblo , y lo dà cl p)ifm#
Dt l'Histotri »u Paragttat. lêj
Pocblo , è importa cafi nada , cl Supcrior , ^
■dcl Synodo que percibe para la manucen- ^^ 3/«
don de los Sugctos, comprc algunos rcf- ^^*** ^,^^'
catcs y donecilbs para los mifmos Indios. Y^^q^ç^'*
La fezta. Los Procuradores de MifTiones
en Santa Fé , y Bucnos-Ayrcs , ticncn gra-
ve ptecepMde embiar.à los Pueblos los ge-
neros al mifino precîo que les cueftan.
Item , que fi tuviercn algunos abanzes , los
apliquen puntualmcnte à aquel Pucblo , 6
Pueblos , en cnyos fruto« , o con cuya ha- ^
cienda fe abanzo. Item , que quando las
Midtones^ o los dichos Procuradores vcn-
d^nà los Colegios fus frutos à prccio mo-
dcrado, den affimifmo los Colcgios los
fuyos à moderados precios. Item , que no
fe hagan cratos valiados , que mis parez-
can limornas à los Colcgios ; y la mifma
conocîda pobreza de los Colegios dcmucf-
cra , que eflc cncantado caudal no tlcnc
^cfague en ellos.
De todo cfto , Scnor , parccc fc dcducc
l>îcn , quan limpia , defîntcrcirada , y ajuf-
cadamente adminiftren los Do(Slineros y
Procuradores cftc cornu n produ<flo j quaa
vigilante cften fobre cîlo los Superiores ,
liafta èl General mifmo » y quan (in razon ,
ver<lad , nî conciencîa proccaa el Informan-
te. Todo cfto no quita , que alguna vcz ,
««mqne rarifTima , aya havido algun dcfcui-
60 y pnes los ay contra los Mandamienrcs
^c Dins , aun en los que fe Uaman Juftos ;
|>rro fabido , no fc lia paflado fin rcprchcn-
iîon , y caftigo.
Confirma muy bien lo dicho vaeftro
«icn:iooaJo Obifpo de Buenos- Ayres,
M îj
±6% Pièces justificatives
— — quando en la Carta arriba cicada dîccà
^757' Vutftra Mageftad a(ïi : Puedo certificat à
MÉM. DU P. V. M. como quicn corrip por todas Us
AU Koi°C.° Mi^>o"cs , que HO he vifto en mi vidaco-
fa mas bien ordenada , que aoDcUos Puc-
blos « ni dcfîncercs femejanceal de los l^a-
dtes Jefuicar» Para fu Hiidefaipr^ ni para
vcdirfe , de. çofa alguna de los Indios Te
aprovcchan, Hafta aquî vueftro Obifpo.
.Pcro no pucde, Scnor, cl -Informante,
como ni otros ciegos enemigos de la Com-
pania, alcanzar, ni entender, como los
Hijos de cfta , afancn , y fudcn tanco fo-
bre la hacienda de cdos pobres Indios»
,Cm que de ella fe les pcguc mucho à foi |s
. propias manos ; ni crcen que quepa ea li:
Hombres tanco trabajo , purameote por k
amer de Dips , y de las Aimas ^ iîn cor- 1;
xuptible , y humana recoT.penfa. Mas eibs n
incredujos foJo entienden > creen ^ y ha- p
blan à la manera que ellos obran. ^
Profîgue cl Informante , y dicc : qne ref- S
pedo de lo que acaba de accir ^ y de ^e r
en las urgfncias que fe h an ofrecidode vtuf- i
tro Real feryicio , efpecialmenu los Jndùft fi
de la Jurifdiçcion de Buenos- Ayres , hé» c
fervido à Vueftra Magejiad en las Frontc^ à
ras de dicho Ffierio ^ como me confia , de* à
benfer atendidos con laben'isna ^ y Rtd u
pîedad que V, M fie, açoflumbra , pareçefi i
debiera fervir Vuefira Magejlad imponerut a
fa rnitad de las ocho v^ras de lien^Oj i Jt
dos pefos en plata , con el cargo de mit f$ n
fixer citen , fiempre quefe ofrerca , â jucoh y^
/^ f n vue flro Real fervicio^ naciendoUsft' tx
hJ h c^ul^^d piadofr con ^uç Vfiefira fli- te
èv l'Histoire du ParagiTay. %6^
geflad los\nende. Y aunque los de cfta Ju- —
r'ifdïccion tambien han hecho en tiempos '75/*
pmjfados algunos fervicios à Vucftra Majef ^^^' ^Y^'
tad en la Provlncia , han defcaecido de au^koi^C^*
muchos anos à efta parte en eltodo , fobre
cuyo particular podia V, M, fiendo Jervi-'
do , dâr la mifma providcncia, Hafta aqui
ek Informante.
Y ycrra , à cngaîia lo primcro en dàr
Pueblos , oi Indios à la Jiirifdiccion del Pa-
raguay en cl afio de 1730, por Scpticmbre ,
ouando codos cran de Buenos-Ayres , coma
le dixo, y es manifiefto. Y erra mas en
dccîr , o fiiponer , que los Indios que per-
cenecieron al Paraguay , no iiicieflen fer-
vicios en el Govierno de Buenos-Ayres ,
lo que es manifîedamenre falfo. Y erra ^
y cnganlcn quercr dccir, que quatro va-
ras de lienzo grueffo g y burdo , vatgan dos
pefos' en plata y como arriba fc dixo. En-
gano mas en decir , ouc los Pueblos que
fueron deî Paraguay y nuvieiTen ce(ra<lo en
vnedros fervicios Keales de muchos ahos
à efta parte en el todo. Pues à mas de haver
fcrvido en cl Govierno de Buenos-Ayrès ,
en çftos anos fîrvieron diverf^ vezcs en el
del Paraguay en el Govierno no antiguo
de Dom Diego de los Rcycs, como es ;io-
torio. Y mas recicncemcnte en d ano de
1724, por orden de vueftros Reaies Mi-
nidros, mas de très mil Indios de unoSjV-
cle otros Pueblos , acompanaron armado^ a
Dom Balthazar Garcia Ros , ptevifto Go-
vernador del Paraguay , para incroducirlo
en aquella Provincia; y yà dcnrro de fus
urnilnos , à craycion doble fueron dcf<^
M iij
17^7-
MlÊM, DU p.
JA*.Q. d'Ac
I
170 PtïCIS ïUSTinCATlTrS
baratados los Indios , y orros Efpanolif
fîelcs de la Villa-Rlca , con muer te de ire-
^ rxy.. ^^^ï^^os, oinas-, y Dom Balchazarie reciroy
loïiôrc!'^ hiiycndouor los Rcfiftentcs dcl Paraguay à
los maDdatos de vueftsos Reaies y legid-
mos Minidros.
Que el Infonnante elano de 17^0, n&
fc acordafe de eftc fervicio tan conddcra-
blc , publico , y notoria , y coftofo para
los Indios , hecho à Vueftra Mageftadcafi
à fus mirmos ojos , y haviendo encrado à
govcrnar aquella Pravincia el ano de 1715»
inmediato à cl de 1714, ea que el dkho
ruidofîllimo fervicio fe hizo , ne escreL
blc : deck que ede no fuè fervicio de
V. M. , no es tolerable, fin ofendex laobe-
dicncia , y lealcad debida 1 el callarlo, o
negarlo, à mas de fahar à la verdad , y
^nccridnd debida à V. M. ea el Informe ,
puede fer maxima de malas confequencias ;
fero nada cauca en qoica feprccîadc icat
YarTailo.
A mas de cfTos fcrviclos antécédentes , y
tan înmcdiaros al Infermante de Dom |
Martin de Barua ( y que él fraudulentameote
niega) defd&el ano de 1751 , cafi en fus
principios ,. naiU bien entrado el preftnte
de 35 , han cflrido eftos Indios de ooos,
y de otros Pueblos en machos millares,.
cafi fiempre con las arnras en las manos,
dcfendiendo por ordcn de Vueftro Virrcy 1
y Miniftros , fus Fronteras , y las de efte
Govjerno de Bucnos-Ayrès , de los ComtH
neros dcl Paraguay, fin hivetlas dezado
hafta vèr incroducido en cl Paraguay fu
kgicimo Goveriudor , para fu pacificaclon,
»E L'HisToxnfi DO Paraguay, t^t
Dom Bruno de ZzvsLh , como cl mifmo ^ ■■ ■■■
fcavra dado parte à V. M. Pordondc fe vè, ^737«
que ninganos Indios de edos han dercae- MtM. di' p.
cjdo dcl todo, ni en p-irte en cftos anos en cl Jacq. o'Ao.
Govierno dcl Paraguay de vueftro Real fer- ^" ^^^ ^'
vicio , fino que en tilos mifoios , mas que
en ningunos ocroâ , lian fervido > padecido,
fe han confumido , y arruinado fus Pueblos
en obfequio de V. M.
Defpues de efto , clende cl Informante
fu arbicrio , de que impongan à codos eflos
Indios quatro varas de lienzo , o dos pcfos
en plata en cada un ano por cada uno. Y
efto con dos condictoncs : una , que que-
den obligados à fervir à Vueflra Magcdad
como haUa ahora , en quanco fe ofreciere»
en codas eftas Provinclas , y en todo £em-
Î^re à fu coda. La otra , de que fe les haga
àber la equidad piadofa ^ con que V. M.
los attende , los mira , y los alivia en efto.
mifmo. £(U es la planta dcl Informante ;
y fi fehade dccîr lavcrdad, la irapoficion
que diâa es.injufta , fu primera condi-
cion cyranica , y la fcgundailulToria
Es injuda laîmpoficion que diâra ; por
qu;: à quien apcnas , y con mucho trabajo
paga , y puede pagar un pcfo , imponc
dos : tambien , porqae havicndo pagado
conftante è iDdefediblemente cada ano un
pefo en plaça , defpues que fe les impu fo ,
fin excepcîon de anos edcrilcs , y de peftc
en fus Pueblos , como parccc la dcbîan te-
ner, fegan las Leyes it y 45 dcl lib. 6^
tit. r 5 de las Becopiladasde Indias, ha-
viendo la forcuna de cftos Indios no me-
joradofc , iino ido à pcor cada dîa : haviet»*
M iii)
27* PlIÇES rUSTIïlCATTTÏf
— ~rZ do fcryido tanto à V. M. con tantoamor, j
^'* conftancia, y en tanta'S maneras , con fas
^^^' 'Ïa^" armas , con fus haciendas , con (us pcrfo-
AvikoïC^ nas, ludor, lanere , y vida> canco, que
niuchas vezes fe na dignado V. M. darlcs
las gracias por fus Reaies Cedaias : def-
pues de todo efto , quando por cllo efpc-
raban mecedes de vuedra Real mano , y
cjueV. M. los relevaiTc de todo tribuco, que
parecia \o jufto , como lo eftàn ocros ea
Chile,Cufco, y Darian , poc iguales, y
aun inftriores cltulos , y mocivos.
Diâra à V. M. el Informante y qac fc les:
agrave , y doble el tributo. Pues quien dira,
que elle didanïen es judo? 7 que no fè
cncamina mas à cadigar VafTallos rebeldes y
que à gracificar Siervos fîeles? masàdividit
el Rcyno de Roboan > que à reu&ir la Mo-
narquia de Davrd ?
£s cambien injudo el dtâaraen, por querer
aquiparar edos Indios con tos del Peru^
fin aàr entre ellos mas diferencia que la
de mcnor libcrtad que fingc en cftos , y
hace poco al cafo , quando las ay muchas>
y muy notables. Los dcl Pcrii fueron con-
quidados à fuerza de armas : edos fueron
impénétrables à las armas £fpanolas, v
volontarJamcnte , por medio de los Mi(-
iioneros , fe dieron à Dios.^ y à vueftro
Reil fcrvicio. Eftos no cedieran , ni ce-
dieron , fino con la real prefampta palabra
de no fervir perfonalmentc mas que à V.
M. , lo que no hicicron los del Perù. Eftos
fon Soldados Prefidarios de V. M. que han
défend ido fusTierras , y otras deV. Mag. de
ocxas muchas Na^ioises batbaras rebeldes 9^ f
m l'HiSTOiitE Dtr Paraguay. 17 j
ft Europeas cncmîgas de la Corona ; y cfto ijij,
mâchas vczcs conro es confiante , y mani- -
fiefto raas por, que fus emulos Ce lo quieran j^c^. D*AaI
ncc;ar: pcro las IndHos Hcl Pcrii, ni fon taies, au VmQ* ^
iri han h?cho rarlcs accîoncs , ni fon capaces-
cîe hacerlas. Eftos Indios , fuera dèl tri-
boto que pa:^an', han fervido , fîrven , y
cftàn para (crvîr à V. M. en la mancrap
que yà fc dixo ; pcro los dcl Perd , fucr»
de (n rriboco y naaar han hccho , haccn , ni
baràn.
Los Jef Pfcrii rîcnen fus mulas , burros ^
Y carneros proprios , con que traginan lop
fîiya y h) ageno, y cada aiaganan y per-
cîben pîara. Eftos , ni tiencn talcs aninia--
fes , ni fon capàces de tenerlos ; ni aunquc
îos tuvicran , les fitera poflible ganar cou»
ctlosplara. tos'del Periitienen fus ovejas^
fiis cabras, fos gailinas , y algunos fus^
bacas 5 vcndcn cîlas o fus mugercs Ios;
hnevos , 7 les dâu plata 5 por un cordero ^
qî'.atro realbs v por un caméra un pcfo -, por
wna baca^ qaatro pefos , y todo plata , y*
de todo (acan plata. De rodo efto , Scnor,
es tcftîgo el Suplicante , y la es lambicw
^e lo cconomîca^ cfcafo , guardofOy tra-
bajador , y parco del Indio del Perii. AD
contrario es rcftigo cambien , que eftos?
otros Indios , fuera de* algunos que rîenen^
gailinas , no tiencn otros animales , ni fotu
capaces <}e tenerlos; ni annque Ios tuvieran,,
nopudieran facar medio rcal , porno aver-
îo en dbcientas o trecicntas^ léguas ^ y cm
c\ genio fon*toTalïTipnte contmros.
Tàmbien Vos Indios del Perd eftkff cercai
lE^ a» plata ^ CD las Miaas-, o cercadeeilâs^
274 TïTcts nrsnncATiviiy
j„ o trabajnn en cllas , o acuden à c^as co»
fus cofas , y las venden por plata , o por
îî^î!' ^^J^ oro : y cl oro, y la plaça le les vknc à
AvKoïC cala, por lo que nenen. Eitos ocros, oi
ticnen , nt conocen plaça \ para vèr medio*
real , cl que menos , ha de caminar cienta
y cinquenca léguas , ocrosdocieacas^.y ocros
mas.
Toias cftas diférencias, y otras qucr
dexo , hacen el cafo , (on notabilidlroas ^
y ciercas. Y quicn na verà , y dwà por
ellas . que es mas el que un Indîo de elros
dé à V, M. en plata en Buenos-Ayrèscada
ano un pefb , que el que une dcl Perd de
ocRo, ni d'oce , ni veinte ? y qac cvfùma'
înjufticia, è iniquicad el quererlo.arbitrar
îguales en efto. Cotejcfc la- difcrcncia de
«larlfr à V. M. un pobrc Labrador , qic:
cftà en Madrid , un ptCo- alli mifrno , 6
mandarleque lo de en Paris, adondcdcbc*
llevar fus rtucos à vcndcr, y qtie cnininc à'
pic y Cl no ticncCobrc que , trecicdtars Ibguasi
con todos fus coftos , y otras^tantas de liuel-
ta à fu cafa. Seiîor , cl pefo que eftc Indio»
dà à V. M;, es plata, y para confcguirlby
ha de caminar con* fus frucos valiimofos;
liias de docientas léguas , o crecieacas , y
ecras tanras para bolver ; ha de caminar
con muchos trabajos , hambre», y riefgos
de fu vida ,. y hacienda s ha de eftàr fuera:
de fu cafa feis , oclio , y diex mefés ^ de-
famparando fu pobrc familià , rompicndo^
fu ropa, y confumicndofé. Todo efto,
para que V. M. ccnj^a un- pefb en pl^ca env
fus Caxàs , que no le vale à Vuctoa M^-
gcftad> menos que cinco 6 kls^^os^àat
. g«ncio8 eaelParaguay*.
Es cambie» lyranîca la primera condi-
eîoa, que difta cl Informante, de que ^737-
k>s In<i<os micdcit oblisçados à fcrvir à fu ?*^'- ^" ^•
cofta à Vqcftra Magcfta'a err ciuanto fc ofrc- ^J^^^^^/c- *
cierp Y (îno , d'iga , que Soldados de Prin*
cipe Chridiano cftàtt difpcclW, y obligados
à milicar , y mifican , (in (ueido , (inVeflido^
comida , y Hnalmence , codo à fu coda , y
nada de ft Rey , y al mifmo ciempo les
obligue d Rey a que pagucn rigurofo tri*
buto ? Y qac lera , fî cl Vaflallo es mi fc râ-
ble , y pabridîmo , y ha de militar , à fer-
tir à fi» Rey trccicntafs Icgu^ âc fii cafa
por cantos me (es , como le fiicccfe à cft'e
Indîo? Diga cl Informante , que ccntcna*
les, y aiHi millares pidiera,. fi feicicra ua
tal (civicio : Y que fcmblante pufîcra , S
defpues de hecho efte fervicio , le man-
dàra V M. que en adelante pagaifc d'obla-*
dos derechos en todo ? y (bbre cfTo quedafle
obligado-à hacer femejantes fervicios , ca-
da , y quandb à Vucftra Mageftad parc-*
cicre.
Es poT ukîmo- iluforia la (cgunda coh-
dicion , de que fc les digaà los Indiosy
que en cfteiniqua, y tyranico Projeto fc'
ks atiende con equidad , benignidad , pie->
dad , y amor 5 pues (e Tes avia àe dccir a (fi :■
Mirad pobr^itos , ycuitadbs l'ndios , quer*
cl Rey nuefbro Senor ( que Dîos guarde )}
nievado de fii innaca piedad, eqaidad , y
benignidad parât con vofotros j y atcft-
diendo a que por (ola vucft'ra' volûntado*
fujecais à fù imperio y oblcquîo > y mas h
vucftra fuma pobrera , en que cada dîa o*
itikÀs mas % mas aBigidoç , y à los geandsli
AU RoxC.
17 tf PilCFS ÎUSTlflCATlTir
- y concinuos fcrvîcios , que en guerra , j^
^737» pa5^ le tcpcis hcchos con tanto anior y n*
MiM. DjrP dclidad, con los qualcs tencis vucltros
In^Rofn^' Pucblos arruinados, llenos de viudasydû
buerfanos, tancos hcimanos , y parientes
huidos , y perdidos entre Chriftianos , è
Infielcs : nrendien io à todo Su Magcdad».
le place , quiere, y manda , que de aqul ade^
liante le pagueisdobladotribucô,y^e.encimai
^e eflo quedcis obligados^ y difpueftos a
bacerle todo» , y los^ mifmos fcrvicios , y
otros mas , (î ù offfecicren y y todo , y-
fiemprc à vueftra coda -, y lo que haftaaqul
hav^eis hecho , padccido ,. y cedido volun-
taria y g^alinte mente en fii fcrvicio , coidOj
Valfallos enamorados de Su Mageftad , lo:
hagais , padezcais ^ y ccdais> en adelante,
como £rcla«^os ^, obligados , forzados , y*
ruines..
Quien, Stiîor ,. pudiera Haccr efta- in-
tjmacion à los Indios , fin que fuefTe teni-
do de elios por unburlador, v que en odio ».
y defpiccio de Vueftra Mageftad inveftia ,.
corrompia , y adulteraba vueftras palabras ,.
y decreto ? A eft-osexrtrcmos., Senor , mi-
ran Io«; didados de cftos Alquimiftas , Ar-
bitriftas y 6 Quimeriftas , A rchiteûos. futi-
les y dervelado& de injufticias contra eftos^
pobres» Ëftos Ton los que levantan la&Pro-
vincias;. eftos embarazan la'Convcrtion de
Iqs Infieles ; eftbs hacen», que los Ficlcs- Ce
ptrviertan ; eftos ticncn las. Indias fin In-
diosf'y y fegun la gênerai confpiracion» de
los que han qucdado y y la felicidad.è in-^
demnidàd , con que les fucedeù las^jofas en
lioflilkarà los Éfganoles^, en. quicai: ca^
• ve t'KisTOiRE nu Paragitay. ZJT '
nioos , y dcfpoblar Provîncias , fe puede — — — •
ttûicry, que fino-cn todt) y à \b mcnos ea ^'''
gran parte >. q-uedie Vueftra Magcftad fîa In- ^^^ •" ^
Y aunque c! dado arbicrio con fus con-
di clones no> cuviera orras prucbas de inju(I
to , fe debia- tencr por tal ^ por lo que-
Vueftra Magellad en Real Decrcto de 1 1:
Odlubre de iji6 dsfpone , y manda à fw
Governador de Buenos-Ayrcs , por cl tcnoF
de las fîguîentes , y ultimas palabras : *
Teniendo prejcntes efios jufios motivas pa-^
r>a aundtr à dïchos Indios ^y mirar por fu^
mayar alivio , y conjcrvaùon , os encargo*
concurraiSfde vutftra parle- a eflefin , eftan^-
do avernda, quenofolo no debereis gravar
en nada, à eftos Indios ,fino es que convicne-
à mi Realfirvicio y que con los Superiores^
de la Compania , que cuidan de fus reduc^
Clones , tengais y y pujfeis una tanfinceray
amiftofucarrefpondencia^y que los ajfegure de-
que jamas vendre Yo engravarlos en nada ,.
mas que aquello , que jegun parece , con-
uihuyen para' la manutencion de las mif^
mas Mijjiones , y reducciones. Y ajjimtp
mo as prevengo les guarJeis y y hagais^
guardar , y cumplir por otra parte todasf -
las exempciones y franqueras y y libertades^^
que por las citadas\ Cedulas les eftan con^-
udidasy para que de efta fuerie affègura^
dos y fatisfechos y en todas^ las ocafiones j.
que oy en adelante ( mas que nunca) fe po-
dran ofrecer y puedan acudir à mi Real'
fervie-io con fus perfonnas y y armas con'
la mifma puntualidad , esfuer^o y y fide*-
lidady que.hafta. aqui lo kan. exuutado^..^
tjZ Pièces jirsTincATrvr»
' • Elle , Seiior, C\ auc es Dccrcto vucftro r f
^ ' ^* cxprcflîon dign» de vueftra equid'ad « y pie>
J^^^-.^.uP-dad, ajuftada à la probrcza , fiddidad>
Ai^ Ko^C.^ amor y y fcrvicios de cftos pc^rcs Indios.
Profîguc el in foi mante i JT en quanto À
los motivos ^ que puede haver havido para.
no haver puefio en corttribucion de tribu»
tos â eflos Indios ; haviendo hecho exaflas
diligencîas , para imponenm en eltos , è in-
formar à Vuejlra Mageftad y no ht hallado
êtra ra^on ,. que la que contiene el Teftimo^
nio adjunto de un Acuerdo de Hacienda
Real y quefc hi^o en la Ciudad de Lima
por vuejtro Virrey Conde de Sutvatierra y,
£on los Miniftros , que en elfe, incluyeny
en que les impufo de trihuto à coda Indïo
un pefo en plat a de los de dichas DoQrinas y
eon cargo de que lo enteraffen en las Rec^
les Caxas de Buenos- Ayres yhaviendofe ar»
regladb de die ho vueflro Virrey y y demafi
Miniflros para ello à las reprefentaciones y
y caufas-f que por entonces je les ofrecieron^
Hafta aqui cl Inforinaure.
Cuyas palabras fuponcn haver qucrido-
Vucftra Mageftad fâber la razon , ô moti-
vos y por que eftos Tndios noconcribuyany
è tributabanà Vucftra Mageftad y y cfto>
mifmo fiiponc Iwvcr (ido infurmado Vucf-
tra Mageftad que <lichos Indios no cributaw
ban. Y en realidad de verdad affî fê lo in-^
^rmoà Vucftra- Mageftad el mifnio Dom
Martin de Barua en 9 de Agoftb de 1716,.
fOT eftas palabras ; Refpeêlo de haUarfe los.
Fuehlos Indios , que eftan a cargo de los
Padresde la Compania ^ fin ninguna pen--
Ja/x i. las^ qualcs > nombra jo el mUoio^
1
m lUlsTOTRE DTTPaRAGTîAY; 179»
Irîenen infcrcas en Real Ccdula <le Vucftra ^
Maecftad fecha en Scvilla en 17 de Agof- '7 57.
tpdc 17^0, y d'cl rr.irmo fe crée fer cl In- ^^^^ ^V *^
fjrme hccho a V. M. de que los diclios In- J^/"2î, o^^
dios paifan de cienco y cinquenra mil , en el
quai tambîen (c dice aflî : RefpeElo de no
contribuir al prefenu cofa alguna , como fc
Bcficrc en ocra Real Cedulade V. M. fecha:
en el Pu'crto de Santa Maria en ri de Sep-
tembre de! mifmo ano de 1730-
Si Dbm Martin de Barua no quifîera aP
prcfcnte mantenerfeen la mifma falfedad ,
€on que informa a V. M. el dicho ano de-
171^ , fàcilmente Imviera fâtisfecho à V^
m. diciendo^ quedichos Indios han tribu-
tado y tribut an en la forma que les es man-
dado , dando cada uno al ano el pefô que
dicc cl mifino haverlcs impneft» vueftro^
VirreyGondcde Salvatierra. Y que dichos-
Indios , Scnor , conrribuyan ,. tributcn ,,
paguen ,. y den cada ano cada uno efte pe-
£0 à^V. M. es cicrto , publico , y notorio ,
y conClarà autenticamence de los Libros de*
Yucftras R Jkles Caxas de Buenos-Ayres, y
en el Paraguay « y de los recibos exhibidos ».
y certifîcaciones dadas por vueftros Ofîcia-
fcs Realcs. Por donde es falfedad , y calum-
nia mamfien:a de Dom Martin de Bania, y*
die todbs los demas que informaron , è:
kifbrman , que dichos Indios no tributari-,
ui- contribnyen en nada , ni tienen pcn^
fion alguna-, pues tributan , y han tenidoy.
y tichcn muchiffima» pcnfioncs en vucftri^
Real fervlcio : por donde tambîen fucr
Vano eu cl Informante el haccr exadtas dl-
Cgçnclas para impoaetfe ^ les moùâM»
280- Pièces jirsTfFrcA-mrES 1
' — porquc cftos Indios no concribuian ; puw i
'^'* te conftaba irvanificftameate y que triboia-
^BM. DU P. ban y y comribuun en efTc , y ances dt
AU Kai C.*^ ^^^ ticnvpo. Tambicn debia faber , y fitf
duda fabia dicho Informante , qucaunqoc
cl Conde de Salvacicrrâ, vueftxo Vîrrcy >
haviamandifdoelaiio de 1645^^ cjne todoi
los Indios de eftas I>o(fbi-inas pagallen uq
pefa en. plata en las Gazas Realcs de Bue-
nos- A yrès, dcCpues por Real Ccdula dd^
^no dé 167^ y fe concedio, que los cres:
Puebîos , que cntonccs eran cerca del Pa-
x^aguay ( y abo!a' con una:Calonia àt elloS'
£bn quatro) pagaHen en- el Paraguay ei^
lienzo à razon de un pefo la vara^ leguii^
que bai^a ahof a fe ha hecha.
Profigue el Informamc r. Sipiitndofc dtr
efta itnpoficion ^ y de no haver contribuido y
como noîoriamentt es publïca , el reparo y
de que defde el mo d^ i6%v de fk eft^ibU-
cimiento , hafla el de 1 77 , regulando d
que en todo eflt tiempo tendrian el mifmo*
numéro de los qaarenta mil Indios , poco*
mas , b mtnos , las referidas %iiffiones ,.
fallan en vueflra Real Caxa de Buenos-^
Ayres très, millones , y docientos mil pefos.
£{le es el punto de mas fubftancia y
pefo que tiene el Informante , y cl que*
(tn duda ba commovido , è irricado los
animos de los zelo^os del Real Erario , y
qiiizà contra los Miffioneros , creyendolos:
dîefraudadores de tantes millones > peraeo»
^uien tantas vczcs ha quebradb la verdad,.
es precifo recelât y fofpecbar, que eaeftc'
yarcicular no ha^ de. fer n^as. ajuftado > m
.Yscidicoi
1>1 L^ISTOIRI DU PaRAGITAT. itl
Quizà à la vifta de las ftlfcdadcs en que '
fencta Ai fallo , de que fallan en vucftras ^73:
Caxas Reaies de Buenos-Ayrès tantos mil- M^m. :
loacs , y centcnarcs de mil lares , fc vcrà fer ^^^^* '
fantaftico , v acreo fa fallo , de que fal- ^" ^*
lan. Es falu) lo primero , lo que dice fer
notortamente publico ; cfto es , que cftos
Indios no hin contribuldo en nada à vucf-
ira Mageftad defde el ano de x68i : confia
cfto de lo que fe ha dicho. Es aiïîmifmo
cvidcntemchtc (a\Co y que en lodos cftos
treinta Pueblos jnmos, aya al prcfence ,
ni jamàs aya havido quarenta mil Indios
tributarios , como el Informante dice , de
lo que por fus mifmas palabras , y computo
qucda arriba convcncido, Nien que juicio
eabc el créer, ni qucrer peifuadir, que
bavîendofe' ballado cl ano de 16} 6^ por
Dom Diego Ibancz de Faria , vucftro Fif-
cal de Guatemala , en el Padron que bizo
de tbdos los Pueblos , folos diez mil qui-
nienios y cinco Tributarios , como de los
mifînos Padrones csmanifîefto^ bavia de
baver el ano de léSi , efto es en folos cinca
anos, el aumento de veinte y nueve mil
qtiatrocientos y noventa y cinco Tributa-
rios , que fon los que vàn de diez mil qui-
AÎentos y cinco , hafta los quat enta mil :
Ni es mas racional la confecucion , à
tlacion dd Informante , qt^ndo porque el
ano de 17 30 , que es cl de fu Informe , fu-
ponc baver quarenta mil Tributarios, ar-
guyc , que fcrkn los mifmos poco mas , &
jTicnos en todos los quarenta y nueve ante-
fcdiences , que fon los que van de 1681 k
1730> cojho fi los Indios faerao pîcdrat.
ISI Pièces JusTirtcATivÉ<
"^ ^. ptieftas en algun faco , que ni van à m»^
nia menos, aunque paHen muchos anos.
JAco ^^J^ ^ como a porquc al prcfcnte ay en eltnuip
-aukÔi C,^' ^^ tantos millones de honibres j yàdeduiCf
ramos que havria ocros cancos moços y mas
' 6 mcnos , cri la Arca de Noé.
Pero demoite ai Computifta , que Tea
verdadera lo que Ucva fupuefta , y falfo 5
y que los Tributarios conftantemente ayan
-ndo quarenca mil en Codos elTos quarenra
y nueve anos , y que en ninguno de ellos
ayan tribotado nn Mo pcfo , haviendo de
fer qaârenta mil pefos cada un aâo > fegan
la impoficion , o difpoficion que el mi/ma
alega del Conde de Salvacierra , qulen le ha
dicno , que quarenta mil ^ mulcipticados pot
quarenta y nueve mil , conftruyen la figura,
6 fancafma que levanta, de très millones , y
docientos mil ? no (îendo mas que un mil-
Ion noveciencos y fcfenta mil ?
Sino es que cl Informante , defpreciada
la impoficton de nn pefo , hecha por di"
cho vucftro Virrey Conde de Salvacierra , y
defpreciadas con ella mâchas Realcs Ce-
du'as , defJe cl Senor Rcy Dom Philippe
1 V, vucftro gloriofo Progcnitor, qae aprue-
ban didia impoficion , y mandan , que
precifamence le guarde , fin innoyacioa
alguna : lo que Vueftra Mageftad, mjfma
ticne mandado al Governador de Buenes-
Ayrès, y Real Audîcncia de la Plata en
Cedula fccha en el Pardo en i8 de Junio
de lyi^J, y en el Real Decreto arriba cita-
do para el mifmo Governador de Buenos-
Ayres en zi d^ Noviembre del mifmo aiîo
1716 i y la Real Provision de vueftra dicha
5'
Dé lIFIiSTOiRB du PARAGUAt. it)
/iuliencia de la Plaça dcl aiio de ï7**>y ■ " *
fe obedecioenel Paraguay el de 171^, que ^7^7-
coDforinc,yuniforincmenrcmandaloiDifmo Mkm. j>u l^
^ue V. M. difponc ; 6 fîno es que pofpucfto, ^u^J^ôt c/*
odefpreciado todo cfloycomo lo dcfpTe-
cio, DO haciendo cafo de ello , quaiida
folo alego la difpofîcion de vucftroVirrey
Conde de Salvaticrra , pudiendo , y dc-
biendo , akgar cftas Rcalcs Ccdulas , corner
de mas faerza, yanchoridad, y mas rc-
ctences , auicra el Informante aircglar , y
que aya euado arreglado , defde cl ano de
1^8 X > eicribuco de los Indios à do^ pcfos
en plata por cada uno en cada un ano , fc-
gun fu idea y capricho , rctrotraycndo fc-
^,un cflb la obligation de los Indios à pagar
los pcfos defdc dicho ano de 1 6 8 1 , y por
confignicnce obligandoios al encero, fegun
fu imaglnacioa, que en cal cafo erro la
cnenca en grave dano del Real £rario , pues,
debkin fer los que fallahan^ no cres mil-
loncs y dociencos mil pc(os > fîno ^piooco
pcfos. ^
Por dondc fe vè, que cl Informante, en
todo cafo y fupoficion , falta en la vcrJad,
y clnudica en las fumas, y mas daudicarà
en aitibas , (î aHvicrtc , como dcbc , que cl
cribuco de los Indios de ti es Pucblos , y aora
quacro, ha cncrado , entra , y dtlK cntrar
por Real Cedula de i de Noviembre de
1^79, en las Caxas dcl Paraguay, y no
en las de Buenos-Ayrés : lo que dcbia fabcr
el Informance , havicndo fido ca(î fcis.
anos Govcmador intcrino de aquclla Pro-.
vlncla •, y lo que tambien difminuyc en grai\
Îarcc la fuma que imagina fallar en JUs.RcA.^
;$ Cazas de Bueaos-Ayrès.
it4 PiEcis JtiitifiCAriitu
. Lo que parece , Senor , hav€r en cl rf«
'^'' fumpco de cftos tribucos , hrcvcmcnic di-
Jac**' d-A^ ^**° ' ^^ ' ^"^ ^ vucftro Virrcy de cfto*
AuKÔi'c.^^'^^y"^^» Condc de Salvaticrra < le fiic co-
nietido fcnalafTe , è impoiiefle el cribuco
convenîcnce à los Indios reduddos por ios
Religiofosde la Compania de Jefus calas
Provincias del Paraguay , Parana y Uru-
guay : para e(l:c fin , entre ottos , vino ,
vifîco y cmpadrono dicbos Indios elDoâot
Dom Juan Dlafquez de Valverdc , por cuya
Padron , y ordcn de viicftrî^ Real Aadien-
cia , c]ueenconces refîdia en Bueaos-Ayrèv
comenzaron à tribucar dichos Indios el
ano de 1666 , como cnnfta de rccibos , y
. ccrcificaciones dadas por vuedros Oficiales ,
Relies (c^un rezaban fus Libfos. Dc/pues,
como Ce lia dicbo , cl ano èz 1676^ vihto, y
cinpadrono todos las dichos.Indios vucflra
l'îiczl de Guatemala Ddnï Diega Ibaiiez de
Faria : cuyo Pidron , aunquc fue de
catorce mil quatroctentos y trcinta y fiett
Trihutarios^ por baver arreglado , coma
tales^ los nmcbachos de catorce anos , y no
havcr rcfcrvado otros , que fe debian re-
fcrvar, por dicha Real Cedula de i de
Noviembre de i^7i; , fe rebaxô , y reduxo
al precifo numéro de dïî:^mïl quinïcntos y
cinco Tributarios; de los quales, îosnueve
mil quinicntosy cinco ban pagado en plata
en Buenos- Ayrcs ; y los mil en Itenzo en c\
Paraguay , a razon de un *pc(a la vara.^
Defde que Ce comr.nzo à pagar cributo ,
que fuè cl ano de i ^66 , fe ba pagado conf-
tantcmcnte hafta oy -, con efta diferencia >
qiic defde dicbo ano, h'ifta d de 1^7^^
»E L*HlSTOlRB DU PaUAGTJAY. iSç
filé el tributo de nucvc mil pefos : mas cl ■■
9ho de I^77 , y los fcguientes haftaoy , ha •'75 7»
fido cl cributo de dicz mil quiniencos y Me m. du P.
cinco pefos, por avcrfe hallado cftc nu-^^^^* '*^***
mcro de Tribucarios en cl Padron de Dom ''^ ^°"
Diego Ibanez de Faria , poderior ai de D.
Juan Blafquez de Valverde. Hafta ahora»
ni feiia difminuido , ni fe ha aumcncado
cfle cribuco ; porque aunque los Indios
ban cenido aumçncp, no fe ha hecho Pa-
ilron nuevo , con mandato y ezprcûTion de
x]ue paguea los que eicedeo el numéro de
ios que dicho Dom Diego Ibancz de Fa-
ria en el fuyo dcxo : previniendorc en Real
Ccdula de 17 de Julio de 1^84, fe régu-
la (Te preci(àmente la pa2:a de los Tributos
por dicho Padron , iiaïca que fe hicicfTe
otro) y como parezca no haverfe écho
otro formai , que el de Dom JuanGicgo-
rio 3azan de Pcdraza ^ el ano de 17 15 ,de
fbios los trece Pueblos , que entonces pe»-
xenecian al Paraguay, quien aunque dio
cuenta à V. M. no pufo en concribucion
fnas Tribucarios , que los que dczo Dom
Diego Ibanez de Faria, como confia de
vueîlra Real Cedula de 24 de Agofto de
J7t8, por eiTo ha(la el dia de oy no ha
cenido crece dicho Tributo. Una cofa ,
Scnor , dcflumbra los aclores contra los
Indîos , para dccir , que çftos no tributan
nada à V. M. porque vcn lo pcco que
cada ano queda en v.ue(lras Realcs Gazas ,
no queriendo atender , ni entende r , que
V. M. de elfe mifmo Tributo manda dar.,
y dà el Synodo de veinie y dos Pueblps ^
^4ie fuipa çada un ano uueve mil ocl^o-
t%4 Pièces justieicatite^ .
cicntos y cînquenta y un pefos , y un rcal,
'' que es alguna cola,
îic"* D'Ac* ï'rofiguc el Informante : Sïn qu€ Us
2u%,oiC, OficiaUs Reaies ayan hecho dîligencia dtfu
cobran^a , por las refpeto^as inielligencias ,
que die h os Religiofos ^ con fu eûcacia^fim*
pre mantîenen , fin que à eltas , con otrds
intervenciones , aun mediandô vueftros Rea-
les mandatas^ je atrevan , ni aun los Minif-
tros y que porju vficio tien en inmediata ohiU
,gacion , a executarlas: Todacfta acufacion,
y calumnia dcl Informante contra vueftros
Ofîciales Realcs, y contra la Compania, que-
da dcfvanecicla , o hecha humo y como con
-cvidcncia lo qnedan fus fofndos millones:
y con la que ni vueftros Oiïîciales Realcs
fon rcos de la ncgligençia , y cobardia dc-
que los accufa , ni participantes de las rcf-
petofas intclligcncias , y myfteriofas in:cr-
vcncioncs de que los nota , ni la Compa-
TÎia ha neccfllcado, ni fc ha valido de io-
tclhgencias eficaces, ni no eficaces , ni ha
procurado jamàs jurer vcnciones algunas
para que los Indios no pagucn lo que V. M.
por fus Realcs Ccdulas ticne determinado^
pues han fi:^o todos annualmcnte puntua-
les, unos en p3.î;<ir5 y otros en cobrar;
como es maninefto, y conftarà de los Li-
bros , y Rccibos
Puedefc reparar , que !a calumnîa del
Informante dénigra à todos los Ofîciales
Rcales de las Caxas de Buenos-Ayrès , y
Covernidorcs , q e han cxercido dicho
cargo defde el ano de I68i, hafta el de
j 730 5 y à los Rcligiofos de la Compania,
c|ue«a xodo eite tiempo-haainccrvcriidDi
Dt L*HisToiRî OU Paraguay. 187
porque fcgun ' cl mifmo , en toiios cilos i ■
anos^ ni los unos han cobrado, ni los ^7w-
ocros han pa^ado : y todos , 6 por rcfpctos M^m. nu P.
y miedos y 6 con intelligencias , intcrven- ^^^^' ^^^^*
ciones , artcs , y manas-, han defraudado ^"
vueftro Real Erario. Y qviicn dira , que
Don Martin de Barua txcsdc à todos , ni à
ningimo de cftos , en tcmor de Dios , en
cl cumplimiento de fus obligacioncs , ni
<n el amor à Vueftra Magcftad ? Y Ce
pncdc rcpararma«, que acufando à vucf-
tros Oiîcjales Realcs , y Govcrnadorcs de
Buenos- Ayrès , omite los del Parfigiiay j
iîendo conftant« , qite Ci huviera delito 6
fraude , todos huvieran (ido complices , pues
«1 tributo en ambas partes fe debia cobrar ,
repartido, como en una,y otra parte lo
han cobrado 5 pero no quito el Informan-
te Dombrar los Officiaks Rcale^ del Para-
guay; y pudo cftc fîlencio fer maxima,
porqu€ como e(la acufacion, (lendo de
ftiatcria de qiiarcnta y oucve arîos antécé-
dentes , la hizo al fexto ano de C\i intcrino
Governador del Paraguay , pudo recelar
prudente , no quedar por si mifmo accufa-
<Ao , convencido de haver defpcrtado tar-
de.
Para probar cl Informante la caîumnia ,
«le que aun mediando los Realcs mandates
-de Vueftra Mageftad , traian y obtienen Jos
Jefuitas que cl Tributo no fe cobre , ni
vueftros Realcs Miniftros fe atrevan à co-
brarlo , dcbiera traer alguna' cofa. particu-
lar , y de nuevo , que no cftuviera ya ple^
«amcnte rcfutada y ni fe debicra tcner por
pe^adoclque los Jefuitas^ fin uf^r doki.
%%% P4EC€S lUSTIFlCATXVES
— ~ ni cngano , ni fucrza, hicicfTcn fus diîîs^
' cias , pot cl alivjo , y bien de cftos mi(era-
jlf"** d"ac ^*"? P^" ^^°» "^ dcfdicc, ni cxccHc e!
AU Kpi'c.*^* Oficio de Abogado , Tutor , y Procurador
de Pobres. £1 folicirar con fai(cdades« y
calumnias concra codos , el aumenco <lc fos
proprios interefTcs, y fubir mas qac codos ,
como parece lohacc el lofoimancc, cflb
£ es feo , è indécente.
Proiigue aun : Ja^andofe fitmprt dlcbQS
Religiofos defu poder^ a:yas circunftancias
^Jloy palpando , ccn el auebranto dt nopê-
der fer capa^ de remedio en algunos cafos
de mis cargos , por la ardidofa ( dice ) dif-
foficion con que configuen^ ejpecialmente
€n el Tribunal de rueflro Virrey ^ providen-
£ias , adondc con la larga diftancia , p9T
^delantados informes , configuen tenga U
verdud gran mutacion , mayormente ogre-
gaAdofe à todos fus dïhamenes la authoru
jdad^ intelligcncia ^ y arte de ^ueftro Re-
verendo Obifpo y de cuya union ^yparcié-
iidad tengo anus d< ahora inforatado i
V, M,
El que los Jefuîtas (ê eftèn (lemprc jac-
tando de fii poHcr , parece acufacion cm-
bidiofa , y puéril. Y en realidad, fi en al-
gun tiempo fucra vaniffimn cfta jadlancia,
tuera en cl tiempo y Govierno dcl Infor-
mante , quando ni aun lo mtiy debido por
codos titulos de judicia podian conleguir,
ri aun reftituirfe à fu Colegio dcl Paraguayi
de doniic con injufticia , y con facrilcgi
vîolencia , reprobadn juftamcntc por Vuct
«ra Magcftad , por fu Supremo CGnfe|o,
yiifcy ,ydcmàsMiniftr<>s, y fin ninguna
authoridadj
BE L*HXST01AB SV PARAGUAY. itf
crathoridad 4 ni poteflad légitima, haviau
ûào ecliados, pudieron confeguir del Infor- /7 37.
mante Govcraador, aun Uegandcfc los ^^^' ^F^^;
primeros Ordcncs de vucftro Virrcy , fieii- ^^ Roi «. '
Ao nece (Taries otros de mayor fuerza y ar-
iot. Al humor del Governador cofria en
«1 Paraguay el defafeâo u odio de muchos
contra u Compaiiia , en tanto grado , c]iie
podian conocer bien los Religiolbs de ella ,
fio folo que era ninguno fu poder , (îno c]us
qualqaiera podia apoderarfe de cllos , y ds
lus cofas fin mledo del Governador j y fc
puede créer , fin temeridad , que la figuien-
ce ezpulfion , ique del mifnio Colegio pa«
<}ecieron los Religiofos ^ aun mas defaro-
rada» y efcandalofa , que la antécédente,
fuè concebida al abrigo , cal or , y fombr»
de efle Governador. Por dondc mal pudie-
ron los Jefuitas en eflie tiempo , y fompre^
jaSlarfs d^fu poder.
Ni fe vè , eue cafbs de fus cargos fou
los , QUC quebrantado no podia reracdiar,
por euàr palpando las circunftancias de
eile poder. Solo fe dexa dîfcurrir , que el
cafo de fu cargo , que quifo remediar , y
con quebranto y petar no pudo , fuè el de
la reftitucion de los Jefuitas à fu Colegio ^
que defcaba mucho embaralar , y con do-
\ç}t de fu corazon no pudo ; por que otro
cafo de monta no parece haver jnterveni-
do , en que no hicieife lo que quifo. Y fi
tuvo taies cafos de fu cargo , y quebranto ^
£or que no acndiria à Vuefîra Magcflad ,
afta el fexto , y ultimo ano de fu Govicr-
no , à bufcar el rcmedio de ellos , y ftt
prompto defçargo i y alivio ?
T9mç FL N
1^0 Pièces JUSTificATivES
Acufa , Y oota cl Informante , conio
^^37- brazo de efle podcr de los Jefuicas , la que
MÉM. uu p. Ilama ar'idofa difpoficion , con que con-
^ACQ „,^^ figucn providencias , efpecialnience en cl
Roi c. Tribunal de Vueftro Vîrrcy. Aunqae los Je-
fuicas cuvieran très tancos mas de UgacJdad,
no les fobrarà nada para reparar, y prévenir
laaftucia, y malicîa del Informante , y
ocros. Y efto fe vè manifieftamcnte en las
circiinn:aacias de h^er llcgado à la Corce
efte defaforado Informe con otros , y mâ-
chas calumnias de la mifma fragua , o tor-
quefa contra la Compania, fin oue alla pa-
reciefTe un folo papel de los Jeluitas deacà
en lu dcfenfa » como lo dice la quexa de fus
Procuradores , que alla refiden ; y es fenti-
miento comnn , que los Jefuitas fon tardes
en fu defenCa. Pero la confianza en Dios,
fu innocencÎA , y verdad con que proceden ,
les hace dàr lugar à los calumniadores para
3UC vayanpor ddance, y tiendan las redes
e fu engano. Tienen lambien los Jefoitas
creido , y ezperimentado , que ay en V. M.
dos oidos , y que ningun acu^4or , por
mucho que fe adelante , los ha de tener en*
trambos.
Lo mifmo debieia cl Informante fentlr
de vueftro Virrey , que por acà- ha (îdo te-
nido por integerrimo 5 y debiera créer , que
por adeiancados que fucfTen los informes
4e los Jefuicas ( que cierco no lo Ton ) n^
havian de acelerar las providencias , ni ob«
^ner Defpachos , antcs de oyr ambas Par*
tes en modo y forma fufîciente. Malo es
3ae el Informante fe mueftre can fenûdo
cl recurfo à vueftro Vinrey , y ta» dKpU^
i
DE E^HisTôiXE M Paraguay. i>ï
eénte de fus providencias para aauella Pro- — —
vincia , llegando àzaKexir por inre^to , me- ^737-
nos advcrcido , y cntcro , fu Tribunal , y M'rm. du p*
<5ovierno, quandotodo cl tnhelo de effas ^^^^* ^^^'^
providencias cra rcducîr, y màntericr aquella ^"
Provincia'ctî pâz, qttictud , y jafticia , y
obcdienciaà V. M. ,lo que quizà fe hu-
viera confegtfido ances , f\ cl Informante ^
c5mo «debia, huyiera'* prbccdi d^çû A' el
«xemplo , cti tcnèr y haecr fe 1||fcè{îc cl
debido refpèco à fuperiores màndacbs: pe-
ro de efto. rendra V. M. nôncia pléna poc
parce de dicho Virtcy.
. Loquediceel Informante, qnclos Jc-
fuitas cocr fus adelantados Informes à Lima ,
confîguen tenga la verdad gfan mutacîon
con la larga diftancia , lô debiera coniïr-
mar con algifti cafo eh particular , en que
'los Jefuicas ^ ni por lezos , ni uor cerca ayan
faltado à là verdad , como' el mifmo falta
tanças vezes, y can gravb è infuftamente
en efte fa Informe , cdmo patece va de-
moftrado.
Profigue el InforcnâKte : Mayornitnu
agregandofe à todos fus diêlatnehes la autho^
ridad , inteUgencia , y atu de vueflro Re^m
verendo Obïfpo , de cUyu ufiiori y parcia^
lidad tengo antes dtdtirdinformado à Vuef-
ira Mageftàd. .
Ticnen . Scnot y loi Jéfuîcàs dcl Para-^^'
guay la que fe pùedt llamat forcada , que
es eftàr unidoi , y aott^dôs por el Ihfor-
mance , no folo con los pobre^ Indios , fd-*
bre caya dedraccion fifcalizà , fino* tambiea
con vueftro GoVecnadô^ , y' Ofîciàles Rea-
fcs, que fùcton de BacUbs-Ayres , por cafi
N ij
191 Pièces iU8TiMCATrVE«
— ciaquenta aiios y y con vucftro Virrcy dtf
, ^ ' * cftos Rey nos , que lo ha fido cainblen mu-
Mem. du p. ^.^çjj ^ Jq5 primcros acqfa de aeelicrenccs,
Ai7KoxC. omilios, y cobardcs, o de coivplices ea
inteligencias refpecofas , incerveocioncs
mifteriofas, que traeràa mezdados cohc-
chos de ocros lunares , que quican la Iicn
mofura , perFeccion , y encereza de un fiel
MinUlro Vueflro , y lo hazen mancb , è
impedid^para cumplir con fus oblieacio-
nés, recaudando vueftros Reaies haberes.
Al Tribunal de vueftro Virrey de CafieU
Fuerce , fiendo un e(pejo cer(b en que fe
ha podido ver el mas (ubido zclo » reâicudj
piedad , y juAicia , cambien ha prccendido
cmpaiiarloj y aun qaebrarlo , (î pudieiTe,
con fu nocivo aliento , queriendolo qai-
zà complicar en Jos didamenes , œazûnas,
ÎQCeligçncias , è ideas de los Jediicas, y
en los czcefTos , y fraudes que calumnlofaii
mcnce les acumula.
Ahora cierra «on el que le falcaba y y qui-
zà fuè à quien miro fu primera incenciou,
que es vueftro Reverendo Obîfpo del Para-
guay , digno por cierto de mejorestiempos,
Y de Governador concurrente de mejores
atencîones y refpetos ; Prelado ezemplac,
y Apoftolico ^ verdadero Pad^e de Poores >
Paftor folicito de fus Ovejas , macilento i
y pobre por el bien de ellas ; bumilde , hiH
mano , defîncerefTado, manfo , atencif&mo à
la mageftad y adorno de fu Iglefia s proba*
do en muchos trabajos , perlccuciones > y
calumnias> por \% major parte padecidas
por fiel , y leal à Vucdra Mageftad ^ prevt*
lilçndo , y procurfM^dç eml^af azar l^s pff«x
ni l'Histoire dû Paraguay. 155
fas it Dios , los dcfcrvîcios de Vucftra Ma- '
geftad , y la ruina de aqucUa Provincîa .en ^7î7«
que clla mîfma fc llorâ , y arrcpcntida rc- J^^>*- ^y^*
conoceqaan bien le hnviera eftado oir ^^ j^^qjq^*
T02 de fu amanre Paftor , y no cl cneaiiofo
(ilvo de los que la precipitaron al abyfmô
de defordenes > qtie los ha llamado un abyf-
mo de amarguras.
A cftc tal Prelado fuyo acufa el Infor-
mante , y dice , que le ciene acufado ànte
VuefVra Mageflad , yquizà havrà (îdo mâ-
chas vezes antes de ahora. La acufacioti
pre(ehte esgraviffînia , pues por clla confia >
que todas fas mazimas , ideas, inteligen-
cîas , ardides , difpofîciones , incerven-
ciones , jaé^ancia de poder , y fraudes de
los Jefuîtas contra Vueftra Mageftad , y fu
Real Erario , finalmente todos fuos die--
i amenés reciben aliento , vigor , y fuer:^ ,
frincïpalmente y mayormtnte ^ con la autho-
ridady inteligencia ,yarte de vueftro Htve^
rendu Obi/po. Por lo qualqucda complice,
y principal de todos los cxccfTos de los Jc-
fuitas , por cuyo remédie acudc cl Infor-
mante zelofo à Vucftra Magcftad. Y es cier-
to, que la authoridad de vueftro Obifpo
es , y debc fer venerada como grande ,
y no ajada del Informante , como parece :
Su inteligencia es mucho mayor que média-
na , adquirida con la ezperiencia, y mane-
jo de la larga ferie de negocioc , que à fa
capacidad,y bucn expedicnte, afTi en fii
Religion , como fuera de ella, le han fiado >
fu arte , quitadas las malicias , artificios ^ y
ficciones proprias del Informante , rcduci-
da â ttna prudencia y fagacidad , compa-
N iij
Ï7Î7-
1^4 Puces rusTificATivEs
ncras de un hombre reâo , fano , no &•
^ le pucden neeaj ^ cjon que iî codas cftas ttcs
jacq! d'Ag. ^"ûocc^çcs parcidas le agccgfran viciadas ^
Av Koi C. ' o^f^^ ipuchas , y talcs de Los jefuicas , £o
duda foxmaràn un torrencc incontrafta-
blc. . ' ' /
Pcro à Dios las gracias, Senor,^ que ol
les Jefuicas lian ufado de fus caleocos t lû
Yueftio Obifpo de Cws excelentcs partes,
fine à gloria de fu Scnor ^ bien de las AU
mas , y obfequio , y fcrvicio vueftro. Lh-
me ahora cl Informante à eilos tatencos , y
Ï cartes , y à Ja Èvangclica otgociacion que
es coirefpondc , cou los nonibres , y aptl-
lidos que mas le pluguiere . y pudiera , para
baccr creîble , o probable , que en efte cra-
to de Compâiii^ ay malicia contra vueftro
Real Erarlo , dcfcubriralguname)oraexcrar>
ordinaria en alguna , o en ambat pattes.
Q Jzi dira y que el Prelado ^ por fomen-
tJIfliquellos diàamencs de los Jefuitas , pai'
ticjpa de aquellos milloncs, y cien miilo^
nés, que dice tienen defrandados cftos:
Pero fî vueftro Obifpo , por alguna cx-
traordinaria providencia , o cafo , tuviera
un ^)i un millon , bien cierro es , que en
cffc dia no quedarà en cl i^araguay hombre '
pobre , (îno el mifmo, fegun fu nocoria
caridad, y genio. Promc(Tas à la Cortc pa-
la pereiifîones, o promociones , ni fuc-
nan , ni fe huelcn , y el mifmo no obrar
convence cl no baverlas -, con que à efta
parte de efte crato , ningun util , ni mejora
la refulta. Es manificfto , como lo es , que
cl dicho trato no es doMc , ni fujeto à vi-
cio ni malicia coacra alguna de las Mjk-
gcftadcs.
DE L*Hl8TOlRE PU PARAGUAY. l^f
Noobftance» cl Informante rcpitc la — " "
acafacioa , qaedice hizo ya ances , de la ^
union y parcialidad de vucftro Rcvcrcodo ^^^' ^^'
Obifpo con los Jefuicas. Eftrana cofa , Se- aVkoïC^'
hoty que fe tenga por delico , y fe acafe
como tal , la union , uniformidaJ ^ niucua
corre(pondencîa , mutuos oficios , y amor
de un Obifpo , Prelado , y Padre univer*
fal con una Religion , que en quanto
puede le obedece , exfcdta fus ordenes , le
aliviaen fu cargo, le cuida , y apacicnta
fu Ganado, y eda difpueda de dia y de
nochc en Pueblos , y Ciadadcs , à acudir
con todos los Sacramencos al Enferme , à
affiftir al Moribundo , y con todos los de^
niàs oficios conducentes al bien efpiricual ,
y ererna falvacion de fus Ovejas ? Si efte
Obifpo fe defdenara , y eftos Religiofos
no procuraràn efta union y conformidad ,
ni el Obifpo , ni los Religiofos camplie*-
ran ccfU fu obligacion. Por tanco , û el In*
formante no fe quiere declarar enemigo de
toda charidad , conformiiad , y union , dc-
be decir los vicies de efta que acufa ante
Vucftra Mageftad.
Pcro dira que es union , y parcialidad ,
ofcnfiva : nias es mencfter que diga à qnicn,
y por que es ofcnfiva ; porque (î folo ofcn-
de al Informante , y à otros de fu humor
y paCton , y no à los vcrdadcros , pruden-
tes, temerofos de Dios, y dcfapaffiona-
dos , en tal cafo no fe debe tencr por vicio-
fa, -ni acufableefta union, como no lo es,
fino fumamente fanta , y amable, la hypof-
tatica y aunque de ella fe ofenda Lucifer ,
y todos los que de el fon. Acafo el Prelado
N iij
i^é Pièces tvstiîICative^
con crta union , y favor , que hacc -à dit
, Religion , falta en lo que dcbc à las demàsi
!^ c '^Ao ^ ^ al^una otra Comunidad ^ ô Gremio»
âii^RoïC * àpcr(onacn particukr ?à tuerce la jufti-
cia , o quka lus derechos à nadie ? Pues fi
por aquella union en nada de efto falta coa
nadie » por que es acufado de ella ? Ni pot
que fc le dï en el nombre de parcîcialidad ,
que fuena adhefîon à una parce y con fu in-
juria de las com partes? De otra fuertefcrà
acufable^ como parcialidad, la mayor ter- «
nura de Jacob con Jorcph,y Benjamin, y
la de Chrifto con Pedro, Juan , y Diego ;y
la :nas (ingular con Juan , Hendo eChi chari-
iiad ordenadidîma.
Vcrdaderamente , qne G como cl Infor-
mante, por la union de vueftro Rcverendo
Obifpo con losjefuitas, pienfa dàr fuena
à la acufacion contra todos , 2 (fi fiiera dé-
cente y convenience examinarle fus Confi-
dentés j y Amigos , quisà Te hallarà mucho,
que nada tuviera de Dios , ni de vueClro
Real fcrvicîo.
En el refto de fu Informe recomicnda fa
îndependencia conftante, y fu integridad, *
y defînterés, de que quizà", y ijn duda,
leràn otros mas indcpendientes , y en'cros
tcftigos Significa à Vueftra Ma|T«ftad f»
fumo dcfeo de lleç^at à los Reaies pies , para
defmenuzar fu dicbo , è Informe , efpecial-
mentc contra los Indios. Vaya en hora buc-
jia , y dcfmenuce , que ni à los Indios,
ni à fus Dodrineros , ni à los demàs, que
cl Informante fal fa, c injudamente acula,
Jes ha, de faltar Dios , ni Vueftra Mngcftâd,
mientras recuviereii fu verdad ^ à innoceor
DE l"Histoir£ du Paraguay. 157
da quchafta ahora , que fon cl podcr, las j- -^
lnaxîinas> idcas , didamcnes , intcligcn-
cias , înterccffiones , è intcrvenciones en j^ç.q' j^^ç*
3ue confîan ; y mas quando efte mifmo ano au Roi C.
c 173 y , en que cl Informante Ce eftà dc-
leytando en fus quimeras contra los Indios ,
cftàn cllos fuera dt fus cafas , y en vucftro
Hcal fcrvîcio coatra Portugucfes en numé-
ro de quatro mil por ordcn de vuedro Go-
Vernadorde Bucnos-Ayres. Dios les de fe-
Jicidad , y cl buen fuceffo , que fe firvio
dàr à otros fcis mil , que en efte mifmo an(j
hanbaeltoà fus cafas de las Fronteras del
Paraguay , donde armados fueron à auzi-
IJar e introducir à vueftro Theniente Gene-
ral , Govcrnador , y cle6lo , Prefidente de
Chile, Govcrnador tambien , paralapaci--
fieacion de la dicha Provincia del Para-
guay , donde fe halla al prcfcnte , rfando
ordenes en las cofas de aquel Govierno ;
quîen cohfeguida fu emprcffa , cuya con-
fecucion creyeron muchos impofTible , no
dudo decir muchas vezes , y aun lo dio
efcrito, que à los Indios, mas que à nadie »
fe debia cl feliz exito.
A (fi 5 y talcs fon , Senor , eftos vuefiros
pobres Indios , que fiendo Vucftra Magcftad
Padre , y amparo de pobres , ningnnos con
mas razon fe pueden llamar vueClros Hi-
jos ; pues es moy creyblc , que entre todos
los Vartallos que componen vueftra gran
Monârquia , ellos (on los pobriffimos. V
£endo Vucfha Mageftad cl amparo de los
rnjuftamence perfcguidos , y oprimidos ^
eftos mas que ningunos llaman para (î vuef^
tros piadofos Reaies ojos , como los que
N V
%9^ Pièces jctstieicativss
_ fobrc todos con toda furia y artcs , y maqnr
nas diaboUcas Ton tirades y afli pocftos en c^
Îacq d'Ac ?>^^^^ ^^^ vccîno à fu ruina. Efto procurait
iiv^Rox C. Compania evicar con efîcacia , cirando à la
parte opuefta, proctirando con(ervar, no fus
Indios , y VafTalIos y que no los tiene , fin»
les de Vucftra Mageftad , y que Vueftra
Magedad ha dexado à fu cuidado : caufa
por que todo el Infierno junto fe îcrama
contia ella j y aunqueeflas perfecuciones en
todas partes Ton fucaraûcr, pero en efta
Provincia > y por eflos Indios , Ton cantas >
tan furiofas > y violentas cada dia con taies
avenidas de calumnias » oue cafi hace du-
isLT y fi llego yà para la Co;npanla , y pa*
Ya los Indios , la hora y poceftad de las terne-
blas.
Ni ay que erperar otra hamana retribo»
don de las otras converiîones de Infielcs y
CB que efta Provincia del Parxiguay aâual-
jnence fe occupa , y ocupa los Mwo^eros,
€{!ue y. M. fe digna li.be ralmcnte coocederlc»
Son eftas Miflioncs de Çhi^qg^to^ / y Za^
mucos, en el Obifpado djp Santa Ccuz dç
la Sierra ^ donde ay yà fiete Puebl^s forma-
dos , y fe profîguç çn. fo^mar^ Sç^, cambieo
de Chiriguanps en el OhiCfSLio de Charcas^
doude d ano panado. 17)4, (c fbrioaroQ
ios PuebIecito$ ; y en d d]Ç 1755 j dîctoflf
los Infieîes en el une, caùtivando Chrif^
ti anos , ma ta n do. , q Hejna^qijp ts^ Gsyullbi >
de^abezando Imagenes : y por ^Itim9 lle-
varon. al Relîgîofo Cur^ ^ qyc acab^tpa de
decîr Miffa , y Icxps de aUi , ra.uy. derpacio
lo flccharon , v quiraron la yîda. Son tam-.
Uea de iules , y Moçovles en èl Obîjtpadoi
DB L*Hl$TOlRE DU PARA CUAY. l^f
de Tucuman , donde fc fando un Pueblo ■ ■
en las Frontcras dcl Chaco , cl quai ha pa- '737.
decido incrciblcs dcirimcntos de los Barba- ^^^^ du P..
ros Infielcs , corao los ha padccido, y pa- "^^^^'^^-^V
dccc toda aqucUa Provincia, y cl Pucbic- ^^ ^^^^'
cillo es cafi acabado. Son tamblen en los
Tobatînes » Obifpado del Paraguay , donde
por peticion de aquel Cabildo, y exorto
de fil Obifpo, y Governador , al Supli-
cance fe embîaron dos Religiofos Sacerdo-
ces à fuiKlar uno , o mas Pueblos , fegun
los Infieles fe fucren reducicndo. Todo elto y
Senor^como las Midîones del Paraguay^
neceffita de vueftro Real amparo.
Fioalmenre, Sciior, el Suplicante, hu*
milde y y rendido , v con lagrimas en los
ojos f y accompanado de edos pobres In-
dios y llega otra vez à vueflros foberanos y
reaies pies, à pedir rémedio , y confiielo.
Por lo qae coca à la pobreza de cllos , no es^
menor » ance; es nias de lo que va dicho.
Los coftofos , muchos , y amorofos fervî**
cios^ qaeàVaeftra Mageftad tiencn he«
chos , à mas de lo dicho , vàn expeffados en
papel ad^vaco; y mirada la una, y los
ocres , verà Vaeftra Majeftad , ti es conve-
niente , y ellos dignos de algun alivio ^ re-
Icvandolca de todo cribuco , y carga > fue-
la de lo' que en expediciones Milicares , y
ocras funciones de vueftro Real fervicio fe
ofrecieren en adelante « como hafta ahora
lo ban becho en lo que fe ha ofrecido ; y
tambien del precifo Synodo para fiiftenco
y, veflido de fus Sacerdoces y Mi nid ros.
Suplica adimifmo à Vneftra Mageflad , fe
digne cncargac à los Governadores , y de-
N v)
^00 Pièces iirsTiFicAriTiff
■ xnàs Miniftros , los aticndan , y dcffcit-
^737* dan , y por fu parte hagan que queden cd
Mem. du p. fus Pacblos ,; en fus cafas ,y cuidando de fu*
'^^^K ^c °^^^*^*^^ *' ^^^ "® ^^^ folicîtcn para ticfras
de£fpanoles, ni los oculten , ui detengan
en ellas. Ocrofî , y por uUimo , fuplica z
Vucftra Maseftad , que fi es poffible , fe
ponga fr^no a cantos calumnîadores , y ifial-
unes , que tlenen ^ Cm pacicncia , ni juicîo à
los pcrfeguidos Jefuitas de eftar Pro vîncia ^
y parece lo fuera , y conforme à las Leyes^
que el que quidere acufar y informar , à
Scdir concra eftos pobrcs MiiConerbs , è Tn-
iôs ance Vueftra Mageflad , anté vuelh»
' Yirrey , Audiencîa , Govcrnadorcs , yotros
Miniuros y afiance la caluainia ,.depofî»D-
do en parte independîente eantidad de
plata , o dmeroproporciooado à fu proye(^
to 5 con cflb fueran con mastiento , tuvic-
xan multa en fus falfedades ; los JcCuitas ,
è Indios menos perfecuciones y y gaftos > f
Y* M. defcanfo^
JAYME AGUILAft.
DE tUlSTOIRE DCTPaRAGITAT. JOt
L E T T R ^
DE D. MARTIN DE ECHAURI ,
Gouverneur nu» Paraguay,
AU ROI CATHOLIQUE
s r R E.
J E donne avis à Votre Majefté que l'année 173 8.
(ferniere 1737, les très Révérends Pères de lettre d«
la Compagnie de Jefus nre demandèrent an 1^. Martih
Bom de Votre Majeflé , comme à leur ^^ Echauri
Gouverneur, la permifTion de fonder une-^^^*^^**
Bourgade dans îe Tarumar, qui efl de la
Jurifdiâîon de cette Province, avec une
Eglife pour y înftruire plufieurs Indiens
Tohaiis ( I ) , que Icif r zcle apofïolique a
tirés des Montagnes, oii ils faifoient leur
dfemeure ordînaire. Les travaux & la fer-
veur de ces Percs les ont huroanifés & en-
gagés , en fe détlarant Vaflaux de Votre^
Majefté , à fe ^clarer Serviteurs de Dieu^
Confîdérant donc que Votre Majefté à plus
à cœur les intérêts du Ciel , que Taccroiffe-
ment de fes Romaines , fe ïèur aï accordé
avec plâîfir la permiffion qu'ils deman-
^ient , pour étendre cette MifHon , &.
celle des Guananas, Nation infidèle , vor-
finc des Paranas ; Bcil fera très agréable
à Cicu , que cette pîéré, qui excite le zcle
Cathplique de Votre Majefté, procure St
il) Ou Tobad&c».
501 Pièces justificjitites
j- g^ fafTc paflcr ici une nombreùre Troupe
d'Ouvriers Apoftoliqucs , qui fera part <lc
d/makt^n '^ lumière de i*Evaneile à tant de pauvres
DE EcnAUBLi Indiensft qui font enievelis dans les téne-
AU RoiCat. bres du Paganifme.
Pendant tout le tems que fai gouverné
cette Province , j ai éré édifié du zelc , de
la ferveur & de l'application infatigable de
ces Rcli,^ieux aux tonélions du miniftcre
propre de leur Infticut. Chaque année ils
fe font un devoir indirpenfable d'aller faire
des Midions dans les Campagnes , qui tbnt
Fort peuplées d'un grand nombre d'Habi-
tans. Dans ces fainces expéditions rabon-
dance de la récolte répond à la grandeur du
travail, leur charité cft toujours occupée
dans cette Ville , en Chaire , an Confcffio-
nal, ou à donner des Retraites^ par le
moïen d^qucUes ils gagnent à Dieu bien
des ^n^ies. Je ne fuis pas furpris au refte
de voir en eux ce zèle Apoflotrque , parce-
que je l'ai toujours remarqué dans la Com-
pagnie de Jefus. IL n'y a que la malignité
de quelques. Particuliers ma:l intentionnés 9
qui puiiTe entreprendre de noircir leur
conduite vrajiment Religieufp Je fais même
de fçience certaine , que leur Général leur a
prefcit de travailler avec Coin à maintenir la
paix & l'union dans cette Province, Se
qu'ils ont exécuté cet ordre aux dépens
même de leurs biens & dt leur répucar
tion.
Pour le préfent cette Province c(ï trcf
foumife aux ordre*; de Votre Majcfté , & ^
ceux de Ces Minières, quoiqu'atraquéc <fc'
teuveau par les Mocovis > les Abiponçs,
ÉTÉ l'Histoire du Paraguay. 3oy
les Guaycurus, qui fe trouvant fort mal ■ ' '"
menés parles Efpagnols du Tucuman, fc ^73o-
font jettes fur cette Province , oii ils ont Lettre d»
feit de grandes hoftiUtës. Tai promptemem ^; ^^^I^J™
levé un nombre lumlant de Soldats pour ^^ R.©iCaT-
reprimer ces Barbares , qui par leur retraite
.ont échappé au châtiment quils mérr«
toîent. Mais Je fais réfolu de prier le Su-
périeur des Doéirines du Paraha de m'en-
▼oïer un fecours des meilleurs Guerriers de
ces BouiÇades : c*e(l Tunique refTource qui
me refte pour châtier l'infolencc de ces
Barbares. L'cxDéiiencem*a fait connoîtrc la
valeur des Tapes & leur docilité à exécuter
les ordres des Commandans Efpagnols : je
l'ai expérimenté moimcme dans une autre
occafion > & j*en ai donné le certificat an-
tentique. Dieu conferve la Catholique 8C
Roïale Pcrfonne de Votre Majefté , comme
le défirent fcs fidèles Sujets, & pour les bc-
foins de l*Eglife.
A. VAJfomption du Paraguay , ce $
Janvur 17 j»,
MARTIN DE ECHAURI^
1'
J0+ Pièces iustimcatite*
LETTRE
DE DOM JOSEPH PALOS
AU ROI CATHOLIQUE,
• - SIRE. ^
1738. "p^
Lettre »« JL/ I V E R S âccjJcnt^ m'btit (TônJaîtaui
:>. Joseph portes de la mort , & fnf-touc une attaque
î»ALosAuRoi très fâcbeufe , cîont , quojt]ue je me tron-
Cathol. yg jjjj pçy foulage 3 je ne dois attendre que
la mort , qui peut me furprendrc à tous les
inftants. Comme elle pcm me prévcnit
avant que j'e puïflc mettre la dernière maia
au Manjfefie que j'ai promis , je me fuis
cru obligé,.pour la décharge de ma confcictf-
ce, & à raifon du compte rî^roureux que je
Vais rendre au jufte Tribupar de Dieu, de
faire connoître à Votre Mafcfté par cette
courte Lettre les fcntimecs de mon cœur.
Depuis mon entrée dans cette malheureu-
fe Province j*ai rendu en diffcfrenrcs occa-
fions un compte exaâ deTétat oii elle a été,
de fa défobcîrtance à vos ordres & à ceux
de votre Viceroi de cos Roïaumes y & du
mépris quVlle fait djes Cenfurcs Ecclénafli-
ques que mon devok paftorat m^a obligé
de déclarer que plufieurs avoient encourues^.
en vertu des facrés Canons. Préfenremcnt,
afin qu'il ne reftc aucun doute for la vérité
& la fidélité de mes Informations , je pro-
Kfte à Votre Majcfté ,. for le point où je ÎkA
DB l'HistoiKi du Paraguay, jof
éc fubir le Jugement de Dieu , que je n'ai ' *■
rien avancé que de conforme à la vérité, ^7 3^*
ni à quoi je ne me fois cru obligé par ma Lettrï irti
charge , fans que ni la paflîon , ni la haine P* ^^^o"*
aient altéré tant loi c peu la juttice, m la^^^^^j^^
(încériré avec laquelle je dois rendre coinp^
te à mon Roi & a mon Seigneur.
La perfécution , Sire, que la Compagnie
de Jclïis a foufFertc dan^ cette Province , je
• la tiens pour Apoftolique de la part de ceux
qui rontcffuïée, puifqu'ils regardent com-
me un bonheur les calomnies qui attaquent
leur innocence. Des gens d'une conduite
notoirement fcandalcufe , pour qui une
vie irréprochable eft un reproche continuel,
ont cherché à fecouer ce qui écoit pour eut
un joug fi péfant , afin de pouvoir jouir da
faux repos de leurconfciencc , que fouhaî-
toient leurs paffions effrénées. Tout ce qu'ils
ont avancé contre ces Pères & contre leurs
Doé^rines , n*a pour fondement qu'une
aveugle, paffion & rcnvieinfpirée par Tia-
tétct , qui les portent à fc rendre les maî-
tres de ces pauvres Indiens, afin de les fruf-
trer du fruit de leurs travaux. Je tiens pour
vrai & inconteftable , que Ci ces Pcrcs n'é*
toient point dans cette Province , elle feroic
en proie au vice & à l'ignorance.
Ce font CCS Pcres qui rappellent avec li-
berté à vos Sujets lobligationod ils font de
fervir Dieu, & d'obéir à V. M. mais ils regar-
dent cette liberté comme nn fardeau : ce
qui fe prouve par l'exhortation que fur leur
demande votre Révérend Evcque Dona
Frère Jean de Arreguy , qui a paffé à une
meilleure vie ^ ^ittSi. aa Pcrc PioviocisA
}06 Pièces iu§titicativ£S
" de la Compagnie , & dont j*ai fait -palTeC
'^ 5 • en vos mains Roïales une copie léealiUfe.C«
Lettre do qui elt cetrahi , c cft que (i Ton /^ifoit une
p. Joseph information juridique du procédé des Aa-
PalosauRox j ,, ' .#//•• I
Cathol. leurs de celles qui ont été faites contre les
Percs 5 Votre Majefté y trouveroit bien de
quoi les convaincre de faufTetés & de caloOH
nies.
Depuis qu'en vertu d'un Ordre da Mar-
quis de Cawcl Fuerrc , votre Viccroi du Pé-
rou , Dom Bruno Maurice de Zavala , qui
cft devant Dieu, a rétabli les Pères de la
Compagnie dans leur Mailon & dans leur
Collège, cette Province eft calme , tran-
quille & pacifique , & rentrée dans fon an-
cienne obéi (Tance par les foins & la conduite
pleine de prudence du Capitaine de Dragons
D. Martin de Echauri , votre Gouverneur,
«laojque dans de continuelles allarraes de
la part des Mocovis , qui , ne pcrorant f4tts
foutenir la guerre que leur fait dans le Ta-
cuman Dom Maithias Angrlès , votre Gou-
veineur de cette Province . ont paffé dans
€«•116 ci , &• y ont fait qnelqucs noftilités ,
donr je ne doute point qu'on n'inftruifc Vo-
tre Majeflé,
Non-r<*ulement les Pere< de la Compa*
gnie exerrrnr flans cette Ville les fondions
df leur minidcrc , avec une ferveur & un
zé'e infatigable , mais ils parcourent auffi
une & deux fois l'année ce D'occfc en Mif-
fionnaires. Par là ils déclnr^ent ma conf-
cirnce , & r^mnliffent d'une nbondante ré-
colte les greniers du Père Célefte. Dans le
cours de ces Mi fiions le plus grand nom-
bre de ceux qui s*étoient écartés de leur de-
9B l'Histoire du Paraguay. 307
yoîr en ont publiquement demanda pardon , j g^
& CCS Pères n'ont pas peu contribué à la
pacification de la Pfovince. Ils font , ^^'^jd jo$e?m
cette femcnce féconde , que Dieu a bénicp^j^^^s^uj^^,
fin conf^quence des ordres de votrcViccroi, Cathoi.
^des inftanccs prières que mon devoir
Paftoral cxigcoit de moi , m font revenus
dans cette Ville , & ont généreufcmcnt par-
donné le dommage , qui n a pas été peu
confidérable , que la révolte de cette Pro*
-vînce leur a caufé dans leurs biens tempo-
rels y mais il n eft pas raifonnable qu'ils en
u(cnt de la même manière au fujet des ca-
lomnies & des fauifctés , dont les Tribu-
naux fupériears ont noirci leur réputation,
qui étoit fort faine ; car ils ne le peuvent ,
ni le doivent. On confcrve dans TArchive
de cette Ville différents Edits , qui ont été
rendus (ans Jarifdi^ion , offenfifs de la li-
berté Eccléfiaftlque y injurieux à ma répu-
tation , à celle de quelqnes-uns de mes
Chanoines & du Curé de Saint Blaife , & k
la fainte vie des Pères de la Compagnie
de Jcfus : on ne les a point encore jettes
au Feu , comme le méritoîent des Libelles
diffamatoires décorés du titre fpécîeux de
procédures foiies par des Laïcs d'une conf-
cience dépravée, qui débitent par-tout que
Votre Maje^é les a approuvés , parce-
qu'elle n'a donné fur cela aucun ordre.
Proftcrné , Sire , à vos pies les yeux bai-
gnés de larmes , que Ijùt couler mon ccrur,
plongé dans TaffliAion , je conjure Votre
Majefté avec la plus rcfpeftueufe foumîf-
iîon d'y apporter le remède , que dcman- ,
^ent tna dignité lezée , mon Chapitre Se
jeS Pièces jusTitiCATit*^
j- g mes EccWGaftiqucs outragés , & laCompj^
gnic de Jcfas opprimée. Quoique pourk
D^^"o$FPft préfcnt le Paraguay foît tranquille , il n'y
jÀlosaurcu * point eu de lacisfa^lion dofinéc aux Par*
iCArMoL. lies fi gravement ofFenfccs, & continod^
lement occm^s du fervice de Dieu m
dn vôtre. qRI vienne donc , Sire , au
ordre didé par votre piété , qui me faffe
rcmcrtrc toiis les A6tcs contraires à la di-
gnité de î'Eglife , pour être brûlés publi-
quement : ce qui ell & fera l'unique fa-
tisfaftion que je demanderai à votre clé-
mence ro'ialc & catholique.
Il n'y a pas long-teths que les Pères de
la Compagnie de Jefus , aux inftantcs priè-
res de la Frovînce & aux miennes, font
allés à la cba/Te des Indiens, comme on
fait à celle des Bêccs féroces , & ont raf-
fembîé dans le Taruma la plus grande par-
tic de la Nation Tobatine , qu ils ont ré-
duite fous le joug de Jefus-Chrîft , & i
votre obéifTance. Par-là , ils ont délivré
cette Province du feu que ces Indiens
mettoient à l'Herbe de Paraguay pour en
confumer les plan'-atiohs. Cela s'eft fait
fur les reprefcnrarions d.es Religieux de
cette Ville à votre Lieutenant Général Dom
Bruno Maurice de Zavala , pour l'engager
à prier, comme je fis auffi , le Provincial
de la Compagnie de Jefus , qui étoit venu
pour terminer lafFaire du rétabliffemcnt
de fes Religieux dans le Collège de cette
Ville , de nommer quelques Miflionnaircs
Apoflolîques 5 pour conquérir ces Barba-
res à rÉglife & à votre Bomaine ,.cc
qu ils ont glorieufemcnc exécuté. Le même
[ D» L*Hi$TOiiii ov Paraguay, jdf
" *bIc leur fait aAaclIcmcnt entreprendre la ^ g ^
, Miffion des GUanahas ^ voifins des Para» '
' i!tf/. Je prie Votre Majefté de donner or- £,^"^^^j"*
dre qu'il nous vienne pour ces faintes ex- p^^os auRoi
pédicions une Troupe nombrcufc d'Ou-CATHOL.
nicrs ^pofloliques ^ qui aident à tirer à
terre les fijets qu à 'jettes le petit nombre
4e ceux qui (ont occupés de cette pèche
/pi rituelle. En procura4||)a gloire de Dieu,
Votre MajeQé augmentera la fienne » met<-
tanc ^"t ^es frais > tant d'Ames en état de
gagner le Ciel. Dieu coaferve la Perfonne
roïale & catholique de Votre Majefté pour
la défenfe de l'Eglife Catholique & la
propagation du Chrifhanifme.
jé VAffomption du Paraguay^ ce g
de Février 17 3 S.
FKERE JOSEPH,
tvçque du Paraguay.
%#'
DE L*HlSTOTRl DU PaRAg\7AY. JH
ponr le bien comman de cette Province. '-
C'eft en rougifTant pour notre Patrie, que '73».
nous faifons à V. M. Tavcu de ce que ^'^''"•^ ^*
cette faintc Compagnie, a foufFert ^^^^ h^^^^^^q^^
cette Province, qui s*étoit toujours fait au Roi C.
gloire de fa fidélité & de fa Religion ,
mais où il sc(k trouvé des Particuliers ,
qui en ont troublé la paix , & fans égard à
la foumiffion qui eft due à Votre Majefté
& à la fainte Eslife , ont altéré une paix,
qui s'étoit con(ervée depuis tant d'années.
Enfin par le moïcn des remèdes > qu'ont
appliqués au mal vos Minières , &c par ceux
que nous attendons de la haute pénetratîoa
èc de la prudence fupérieure de Votre Ma«
jefté, nous efpérons quil s'établira une
loi i de & perpétuelle union des cœurs -, ce
qui a toujours été lob) et de notre atten*
tion.
Nous eroïôtis devoir informer Votre
Majefté que dans l'Archive de cette Ville
fe lonc confervés divers Aûes dreffés par
la Commane , qui , fous le titre de procé-
dures » font des Libelles diffamatoires , in-
jurieux à la réputation & bonne renommée
non feulement des Révérends Pères de la
Compagnie de Jefus , mais encore de plu-
fieurs honorables Habitans de cette Ville.
Comme nous avons informé l'ExcelIentif-
fime Seigneur Dom Bruno de Zavala que
1» fufdite Commune en avoir donné la
communication à Votre Majeflé , Son Ex-
cellence n'a point févi contre ces A êtes ,
ainfî quil fe- l'étoit propofé, & par le
même motif nous n'avons pas cru nous*
)ii Pièces JusTiricintit
g tncmcs devoir y coucher jufqu'i ce q«é
'' * Votre Majeité en aie ordonné comme clic
Lettre du j^ jugera à propos. Nous croions feulc-
del'AuompI «Tient devoir avertir Votre Majefté que ces
AU Roi C. Ades qui ont été dretfés fans amcorité lé-
gitime , blcffent la Jurifcliâion EccléfiaC*
tique , & ne font que des Satyres diéVées par
des Hommes dune vie liccBcieufe» (ans
pudeur , fans confcience & fans honneur.
Nous avons demandé , Sire , au Sei-
gneur Dom Bruno de Zavala, & nous
avons exhorté le Révérend Pcre Provincial
de la Compagnie de Jefus à nous accor-
der le rétabliflcmcnt des Révérends Pcrcs
dans ce Collège y & nos vœux ont été
heuretifemenc accomplis. Nous avons tout
fujec de nous en féliciter , puifaue par ces
Hommes animés d un zèle apouoiique y la
jeuneffe cft bien élevée, les doutes font
éclalrcis > les vices font réprimés & toute
la Province y trouve fon avantage > com-
me on réprouve dans toutes les occafions :
pour y coopérer de notre part nous avons
prié le Seigneur Gouverneur de permet-?
tre la fondation d* me Bourgade dans le
Taruma pour les Indiens Tobatis y que le
zélé infatigable de ces Religieux a tirés
des Forets. Ce qu'il y a de tacheuz , c*eft
que la moiffon étant fi abondante, les
Ouvriers font en petit nombre. Le zèle
catholique de Votre Majefté fera en (brie
qu'en les multipliant la récolte augmea*
tpra , & nous l'efpérons de votre zèle.
Notre Seigneur confervc la catholique k
ix>lialc PcrfouBe de Votre Majefté pour Je
bc&in
Di t*HisroiR« DV Paraguay. 31 j
îfoin de la Chrétienté , & comme nous
dcfif OBS :
^ous baifons les pies de Votre Majejlé ,
jes plus humbles Sujets ,
OMINIQUE DE FlECHAS , ChaRLES D^S
os Reyes Valmereda , Jean Ca val-
erg DE AÔASCO , JOSIPH-LOUIS BaR-
EYRO, André Bénites, Jean Gon-
ALE2 FrEYRE.
LETTRE
)E DOM JOSEPH DE PERALTA,
DE l'Ordre de S. Dominique ,
EvÊQUE DE Buenos Ayre's ,
AU ROI PHILIPPE V,
Uans laquelle il lui rend compte de
Vltat où il a trouvé Us Miffions
. des Jéjuites , dont il avait fait la
• vi/ite par ordre de Sa Majejlé.
^i N O R.
JTiN Carudc^xS de Junîp del ano paf-
(ado de 1741 , pafc en la Real noticiade ^'*
Vacftra Magcftad , que aviendo recevido J-^"*-" "*
T» ° IJ^4. 1 ii^ DOMJOS. DE
ea -Lima , por el mes de Odtubrc del ano pei^alta.
40Ceccdcnie de 1740^ las Bulas teftimo^
. Tomç yj. O
)i4 Pièces iustipicativîs
""■"■"— ~ nialcs pafladas por el RealX^onfcjo en cl cie-»
^ '^^^* cutorial à Vucftra Ma^cftad , ( que las ori-
Lfttke de gij^alcs no las hc rccaudado hafta oy ) me
I^eIlalta.^ confagrcfîn dilacion en ei mes immediaco
de Novicmbre > v en cl primer navio^ que
falio del puerco dcl Calledo , me embarguè
para el Reyno de Ch île en ii de henero
figuicnte, quericndo mas corrcr los ricf-
gos del mar , y de la Efcadra InglcGi ,
que Te temia panalTe por aquel verano al
Mar del Zur, que padccer la demora dcl
TÎagc dcTierra , que me rccardaiia dobU"
damentc el arrivo a cita Ciu'lad y fii
Cathedral , eftimulado del zelo de confolaT
los Pueblos y ovcjas, que me ficne Vucftra
Magcftad encargadas , y tenerlas prévenir
das en la conRancia de nucftra Religion ,
yen la fidelidad à Vucftra Magcftad, como
xne ordena en Cii Real Ccdula de 8 de
^gofto de 1740 , para en ca(b que fe hi«
xiefle alguna ifrbafion , y defcmbarco de
Inglcfes en el puerco de efte Rio de la
Plaça. Y luego que comè pucrro en Val-
parayfo , puerco principal de aqucl Reyno^
fin enccar en fu Capical , p.>r no decenerme,
fcgui el viaje de Tierra , por caminos los
nais arperos , y fragofos » con grande va-
ricdad de ciempos , afli en las Cordilleras
nevalas, como en los llanos fumamcnce
ardicntes , y en que boWi à correr nuc-
▼amence los riefeos de la vida , por tat
fréquences incurlicncs, que los Barbares^
que habiran en I0 incciior de efla*; tierras^
ha7^n fobre los caminantes, de que en
cftos dos 9nos pjflados fc han vifto muy
laiUmofos eftiagos* Y luego quç enoè CA
©E lUistoiri dtj Paraguay. îtj
la Jurifdiccion de cftc Ohifpado , diprin- ;;
cipio à la V fta de la Dioceûs en codos los ^75 5*
Pucblos V Paioqjias que cftàn en cl diihi- ,f^^^*^^- ^*
/ J I • J J r DoMjOS. DE
to , contmuandola immediatamentedclpucs pe^^alta.
<]ue comè pofTeflion de la Caihedral ^ y en '
codas las Vice paroquias y Capillas , que
cftàn dentro de furccinto y comarca , mi-
niftrando el Sacramento de la Confîrmacion
« una multitud numerofa de mas de diez
mil Parvulos y Adultes de ambos uxos.
Y en confeqnencia de efto , por cumpli-
mienco de mi obligacion. y en dcfcargo de la-
. Real conciencia de Vueftia Mageftad, lue-
go que cerrè aquella vidta , pafsc à ha-
xcrla en las Ciudades de Santa Fée , Cor-
ricntcs , y de las Dodrinas , que eftàn muy
ticrra à dencro à cargo de los Religiofos
Apodolicos de la Compafiia de Jelus en
los terminos de la DioceHs. Per lo qiehc
vifto y advertido con todo cuydado y vi-
E'iancia de mt Padoral Miniflerio , me
i parecido hazer à Vueftra Mageftad al-
guua individual noticia, por que fu Real
piedad en lo que neceflita de fu paternal
auxilio y fomcnro , fc digne de rcpartirlo
à cilos fus humildcs y fîdeliffimos VaflaU
los , y fe complazga fatisfecho cl Real
xelo de V. M. en lo que cftà conforme al
mfUjf Chriftiano corazon de V. M.
LaCiudad de Santa Fée , que difta titti
léguas de la de Buenos-Ayrès , fue la mai
florida de c(ta DioccHs ^ y la de el Paraguay
cumplidamtnte habitada de muchas Per-«
fonas de nobleza , muy bien Fabricada , y
muy favorecida de la natUraleza por fut
iiermofos âos y feccilcs campants, qUQ
O ij
}t^ Pièces justietcativis
les circundan. Pero de algunos anos à cfti
^7+î' parte fe ha ido dctcriorando en fu plantas,
LïTTKE DE y menofcabando en gentcs^ por iinbafio-
DoM Tos. DE nés continuas , que ha padecido de una Na-
ERALTA ^.^jj Barbara de Indios, que Ce dixcn
Guaycurus y Charuas , que hafta el ano
de 1716 i no fc havian necho conocer,
habitando retirado en los montes, teme-
rofos de la mayor fuerza de los iirpanolcs :
pero faliendo poco à poco à robar las Cam-
panas y ganados , fucron forinandore atre-
vidos en alguna eCjpecie de Milicia , coa
los cavallos que robavan, y fueron pa-
iando à mas infultos, fîempre à traycion ,
y por forprefas , cftilo de todos los Barba-
ros , que habitan eftos Payfcs y las im-
menfas Campanas defde cl Reino de Chi->
le, hafta lasTierras remotas dcl Paraguay.
Y como cfte modo de gucrra hailava or-
dinariamente deprevenidos , y (în defenfa ,
principalmente los que eftavan en las
Cranjas , que aqui llaman efiancias , ocu-
pados en cl labor de la Tierra y cuidado
de los ganados , padecian la muerte (în
poderfe refîftir à la mulcitud , que no
pcrdonava edad ni fexo , fîendo la menor
crucldad llcvar cautivas las mugeies, y
a'rraftrar en grandes t repas los ganados j y
entre los muchos, que han padecidofcn
fus haziendas , es el Colegiu de la Compa-
liia'de Jefus de aquclla Ciudad, la de una
bien confîderabFe nazienda , que cenian à
poca diftancia de aque la Ciudad, que ha
quedado totalmente arruinada y defieira,
pbr cuya pcrdida viven con grande cfttc-
(hcz y pobreza, viendore piccKadps %
Dt l'Histoire DU Paraôuay. 317
bnfcar otros arbicrios , para fabfîftir en lô ^ "
inuy prccifo > y para aflTiftir en todo el
Pacblocn la dodrina y prcdicacion, y cn^^^Jj^^^^
las continuas confcfHoncs , y demàs çafto pbj;.aita. *
cfpïritual : y cl temor de cftar à la prcfa
de cftos Barbares fuc atemorizando tanto à
la eentc, que han fîdo defaroparando por
bulcar otros luc^ares muy diftantcs de fu
<}i(lrito, efperando lograr alli alguna fe-
guridad ; y oy eftà en tanta cftrechez, que
en medio de haverfe hecho unas pazcs ^
como con Barbaros , les fucede lo que à
los de Betulia en el cerco de Holoftrnez ,
que folo cultivan aquellas pocas Tierras 1
que lindan con la Ciudad , y tiencn I05
Ganados y Beftias de fervicio unas pocas
oras en los paftos immcdiatos ; y al caer
de la tarde los recojen todos en la Ciudad,
dandoles cl pafto y bebda mas como re-
focilacion , que por libre defcanfo y dcfa-
hogo , por que en medio de la paz fe ro-
ban todos los Ganados, que por defcuido
en cl camno fe qucdan , dixiendo que la
Paz firve folo para no hazer muettes de
hombres , ni mugeres , pero no para dexat
de robar quanto pudieten. Y fin embargo
tambicn hazen muertcs en algunos caini-
nantCR por robarlos. Efto tiene la Ciudad
en gran neccflfidad y desdicha * y fuma-
mente minorada de gente , por havcrfc re-
tjrado muchas Familias à îos Montes y
fîcrras diftintes à donde no puede llegar
el fîlbo de el Pa^or, carecicndo alli los
pobres de el confuelo de la Milfa y fre-
qnencja de Sacramentos, y lo dol oro fo ,
en los cafos de la nlcima neceffidad. Y
O iij
ft* Fiicif msTificjrnTî»
' ainque para confervar tal quai cfta fcl>
'^ ' paz Te ha formado y mancicnc nna Com*
Let RE DF p^^;3 jj^ bi'nibres, en que cntraomiKbaS
DOM.JOS. DE \ , L • J 1 V I
PiAA^ïA.. ^^ ^^ ^"^ havian de ubrar los campos^
pe o es el numéro corto para conrcner à
it#s EncmitTos; Y de li primera planra,eB
qjc fc fundo , fc hi mmorado de alguo
tiempo la niita^i , y cflàn con efti falta de
Xiilicia cafî tocalmente fin dcfenfa ; loque
me ha parecrdo inftiriDaf à VueAra Mf
pedad, pira que flcndo fervido , de fut
Relies Ordcnes , para ouc (c mancenga
fiemr>re e(la Compania de Soldados en û
mîf'Tïo pic, que fc levante, o cooformc
fucre la Real rr.erced de V. NL
De la Ciiidad de SaiiTa-Fec pa(sé àTÎfîcar
los Putblos de las Miflîones , qtic .eftàoat
cnidado de los Reli«îiofos Apodcticos àt
h Compania de Jcfusj y empiezan fos
Rediicciones à 500 le;j»uas de diftancia por
caminos désertes > llenos de afpereza f
peli^^ros , artî de los Indios Barbaros ,y de
1ns fieras , como de varios Rios caudalo-
fos , q.ie fe bnn de traverfar para llegaral
^ primcro de los Pacblos. Edos confîftcn c»
treinta Do(^:inas dif^anrcs unas de orras
por dîcz^ doze, y h «(la veîntc léguas >
icg'iû 11 extenfîon , que ha fido neceffaria
parles de tien as para fcmbrar las cfpecici
que (îrven de fuftento à los Indios, y para
roanuner los Ganados para la afliflencia
ie los Fnfermos, y muchas vezes para et
total fuflento , quando por la falta de las
aguas fe pierden las femeateras, y al fin âà
5tfîo fc acaban las Troxes.
D.t cftas tieinia Doâci&as las dliez J
*i l'Histoire ©ù Paracuait. jï^
fiètc pcrtcneccn à cftâ Diocefis de Buenos- ■'■■
Ayres , y Us trezc à la dcl Paraguay; y '745*
haviendo vifîtado todas las de mi Juril- Lettre »t
diccion, pafsè tambicn à adminiftrar cl î>o^* J*>'' **•
Sacramento de la.Confirmacion en algunas ^^^^^"^^^
de la Junfdiccion del Paraguay , à inftan-
cia y con facultad d l Cabildo , Stdc va-
cante, de aquella Iglefîa. Y por que iio
dudo que el Real ychrjftianiffîmo ^elo de
Vucftra Magcftad recibirà una plazida fa-
tisfaccion y complazencia informado de
cî eftado y progreffo , en que fc hallan
cftos pobres Inciios humiides VafTallos de
Vuef^ra Migeftad , me ha parecido exponec
à fu Real piedad y conciencia todo lo que
he vifto por mis ojos , y he tocado por
mis manos ; Ueno fiemprc de un gozo y
confuejo efpirirual , que me hazian ligeroâ
todps los trabnjos y afincs que impcndia
en vifîtando y reconociendo aquella mul-
titud de Ovejas , que puelbs en tan difc-
rcnres Rcdilcs , parcce q*'ie cTlàn en un rc-
bafio folo al (îlbo de fu P^flor.
Yo he falido con pena de apartarme de
cUas y tan Ueno de dçvocîon , que repito
todo«5 los di^s las grarias à Nuefiro Senor
por Ins bendiciones , que dlfunde en aquel-
las genres por la? mano<; y direccion de
aquellos Santés y Aportolicos Relis^iofos,
cuya ocupacion continua es inftruirlos
y afîrmarlos en la Religion . y lenerlos
fîempre promptos al fervicio de Vueftra
M^gcftad , en una lenidad ran fervorofa
conio (î h huviefîen traido oiiginalmen-*
te de fus Mayores : ver los Tcmplos , cl fer-
vicio dçl cttlto Diviao ^ la pîedad en ci
O iiij
jio Pièces - JUSTiricATivES
j-^j oficio y la dcftrcza en cl canto,e1 afcay
- _ ornamento de los AI tares , cl rerpeto Y
DoM Jos. DE niagnificcncia , con que le firvc y cclcbraa
PiKALTA. Nucftro Scnor facramentado , me canfava
por una parte una ternora inexplicable , y
por otra una confudon vergonzofa , viendo
una tan grande difercncia entre unos Pue^
blos , que acaban de falic de fu gentil Bar-
baridad , y otros de Chriftianos antiguos »
que debieran ir à aprender de aqaellos à
jevercnciar y (crvir al Scnor. Y lo qac
entre todome internccia, cra ver cntrarça
las Iglefias , al tiempo de cantar los paja-
xos ^ en que yotambîen eftava prefentc»
wnos cxercitos de Angelicos innocentes , de
ambos fexos^ feparados unos de ocros,
alabando al Sefior en cantos dcvotifTimosy
daiciffimos \ me pàrecian unos companeros
de aqucllos aftros matutinos , conque el
Senor hazia pruebas al Santo Job de fa
grandeza , y efta mifma proceflîon fc rcpi-
tia y fe rcpitc todas las tardes en todos los
Pucblos , y en todas las Iglcfias ante dépo-
ser fc cl fol , de modo que en aquellas Doc-
trinas la maiinna y la tarde hazen (icropre cl
dia de la glotia del Sefior \ y todo efto fc
logra por el ciiidado , zclo y tcfon ^ con
quevclan aqucllos Santos Rcligiofos cala
cducacion y enfcnanza en fu^Pueblos.
Y cfto PO fc conticne (blo en lo , que es
tan principal, como es lo cfplritual ,. por-
quctambienla pradican con el mifmoco-
nato y tcfon para cl beneficio temporal de
los Tndios , faliendo con cllos , defpucs d^
dadas las diftribuciones par4 d fervicio dç
las Iglcfias , à cfcogcr las mejorcs ticrras»
para quq labxeo y hagaii (us femcncerasi
l
t)E L*HiSTOiitï DU Paraguay, f ii
iandoles para cfto los Bueycs y herramîen- ■
tas neceÀarias ; y Qbfcrven en cfto tal ca- '743«
rîdad y providcncia , que pa-a todos los^*"^*^^^ ^^
Ninos y Ninas , aue han qiiedaio huerfa- p^,^lta.^*
DOS por mucrte de fus Padres, les hazeu
(cmentcra à parce , que rccogida fe cntrega
diiriamente à un Mayordomo , que tiencn
nombrado , para que les hag^ de corner ;
^ à fas^ que han quednda viudas y folas,
es h^zen las femcnteras muy cerca dz los
Pucblos , por qne ficn«io mugcrcs mayores ,
no cenganel trabaxo de caminar à diftan-
cîas à recogcr fus cofcchas, teniendolas ocii-
padns en lo reftance de el ano ^ afli à cftas «
comoà las de mas de fu fexo , en hilar el
algodon , que texido por los Indios de di-
chas Dodrînas , firve para el veftuario de
todos, con cuya providencia andan muy
atcados y muy decenres.
y por que no fe fahè à lo principal , que
es cl culto Divino , tiencn una cf^ucla fc-
parada» donde enfenanlos Ninos del gre-
xnio de camores, y los que han de apren-
d^er las danzas para las fîeftas de cl Sefior ;
y à los Maeftros , qUe cftàn ocupados en
cfta dïftribucion , les hazen lambicn à par-
te fiis /cmenteras. Enfin , Sciior , cftas Doc-
trinas y eftos Indios fon una abja dèl Real
pacriroonio de Vueftra Mageftad , tan cum-
plida y corrcfpondicntc à fu Real zclo y
piedad , que G Ce hallarè ocra îgual , no fera
IDCjor. Y por que eflios pôbrcs confcrvan una-
cortcdad y mifcriade corazoïi en ordcn à fusÀ
^crfonas, y concentandofe conpoco, ha-
:ien las femenrcras cortas , parccicndoles-
6afta0tc-gaU-fu fûfl:cnto , y fe hallan- fal-'
311 Pièces ivsrinckTîyt9[
, — , tos en la qucnta à los ultîmos tcrcîos d'c tî
1745* ano i los Rcligîolbs >.con c(laexperic^cia^
IETTM DE y por fuplir à la nccefTîrad , mandan hazer
DoM Jos. DE iQ^Q^ Iq5 anos una fcmcntcra bien grande,.
fiR.ALTA# j^ ^^^ recogida guardan para acjuellos mc-
fes en que fe acaoaron las dé losIndios,j
con eila didribuyan codos los dias el'fuften-
tô à los que lo ncccffîtan : y Inuchas veccsj,.
coma in fin no à Vueftra Mageflad , no fon;
fufficientcs eftàs providcncias i y cnroncc$i
fc valen de los ganados', que tienea: folo'
para el efcAb dé fuftcntarlosencftàs necef-
fîdadcs^, fùera de lo que entrcanb les mi-
nifbran , afli à los cnfermos , como à los fa-
nos ; de todas cftas fcmcntcras , aflî parti-
cularcs , como comuness no hazen traficO'
algiino , ni fe faca grano alguno , para otras-
Provincias , ni tan poco de los^ ganadôs>.
y con todo cfto fiemprceftàn , fî alcanzao,,
6 no aîcanxan , al ario para, cl fliftcnta dt
^ los Pucblos.
Puera de cftas fcmîllàs y granos-, bene*
fician los Indîos orra efpecie de fiutaindnf--
trial de las ojas dé unos arbolcs , toftadas^
al calor de un poco dé fiicgo , y rcducido^
con aYte à partes muy menudas : es la que.-
llàman ycrva dcl Paraguay, conocids muy
comunemente en eftas Provincias,. y la'dbl-
l^crti , tomandb el nombre de aquella,.
dënde fe dcfcubrieron los arbolcs , y dônde:
€»el principal y cafî todo el franco 5 de-
dbndç cenfuman los hombres , mugeres y:
NiSips de todbs los Pueblos de las Mirtîo—
ncs una camidad , que fe les reparte mana^
Ba:y tardeà cada individuo 5 y porque eP-
tw yicrra^; no ft. ppodocc. en» todo^- kt&. Fmt
DE L*HlSTOlltE DU PâKAGUAT. 1.1 ;
6lo5 de las Miffioncs , la compran los que f ■
ûo la tienen, ficndolcs tan prccifa à los ^7^'*
Indios , como cl alimento. De los Pueblos I-ettile db
que la bcncfician , los mas abondantes de p^^lta.^*
geoce labran cl ano mil acrobas , fi la fa-
zon les tercia bien ; otros crabajan oclio-
cîentas > y los de mènes gence (uclen no al*
canzar à dociencas , en algunos afios , que
rebajan mucho las cofechas , porque fîendo
folo de las ojas y es necefTario dar tiempo
à los arboles , para que las crien de nuevo ,
y las pongan en pcrf eda fazon y mudarcz ,
de modo que cl arbol , que fc defnudè un
ano de las ojas, tarda dos y très en veftirfe
y poner en eftado , lo que rcconoci tambîcn
en la vifîta.
Eftc es unico fruto, que vendido en eftaf
Provincias , y la del Pefu , da todo cl alivio
para cl reconocimiento del vaflalajc à V. M.
y {î les queda alguoa utilidad con fu produc-
to , entregan eu eftas Reaies caxas 1440
ïefos de lus tafas y tributos , y de lo que'
ics relia , hazen cl gafto tan piadofo, devo--
to y coftofo en las famofas Iglefias , y en'
los ornamentos y vafos^ fagrados para cl»
culto y fcrvicio Diviuo , y (îeudo tan ne-
ceflarios los Parocos y operarios en aqueU
las Rcduccioncs y Pueblos ; y adcmàs de-
los, que eftàn en ad^ualtrabajo y exercicio *
esprccifo tener otros fujetos prevenidos è-
inltruidos en la lengua de aquellos Natura--
lès , para (ubrogarfc por los que muereft,.
como murleron dos andando yo en la vifî**'
ta , van refervando del produdo de aqueli*
laycrva'algun dinero para coftear los fuje-^
ti^ y.ji tsacc de- cftos^Rcy/iO^' y otras Pro»«-
l
514 PlFCBS JUSTIIICATITIS
-^y vincîas los Mirtîoncros, en que ademàs <îfe
'* Ids cantidades . que cl Real zcio y picdai
tETTRE DE j^c Vucftra MaPcftadlcs libra , eaftanotras
Dom.Jos.de rj li r r " r
VL%tii.TK "^^y confiderabics en lu tranlporrc; y Inc-
len crecer mucho mas los gaitos . quanda
por algun accidente fe les retarda et em»
oargue en Cadiz , como ha fucedido- en lâi
prefcDte gucrra
Tambien ocupanfe otras porciones de
^Inero en ccmprnrcavallos y armas en- que
gaftan cantidnd de hierroy azcro , y Teftua»-
xiqs para mantener un pic confiderablc de
Milkiafiempre prompta à (trvir à Vucftra
Wageflad en las ocafioncs que fc ofrczcan y
y para venir à crabajar en las obras publia
cas , como lo cftan exccurando al présente
en la conftrnccion de la fortaleza de Monte*
video , yaflr mifiiicypara dcfendfcrfiis Poe-
blos y ganados de las corrcrias y hoftilida-
des, que tes haren los Indios Infîeles, de
que ertàn cercados , y muchas^ veces les.
Iian robado ganados y cavallos, y loque*
es mas dolorofo , han mncrto muchos de
cdos pobres, captivandoles de ordinano
lus bijos y mugeres ; y en todos gaftos fe
bailan aleanzados , no pudtendo dar cum-
plida fatisfaccion muciias vece» los Pa-
ares Procuradorefî, quando los anos Ton m»-
los , y las cofechas de efta yerva cortas , 6
for los yclos, ô par la falta delkivias,
Poreftâs razoncs crco que eftàn-dcfdc fa
fundacion en pofTcfTîon de no pagar- diez-^
iDos V. ni de k>s- granos , ni de la yerva ^
ao (bJo eftos Pueblos de las Miflîones de
Jos Rclîgîofos de la Compania pertenecien*
te$ àcfia DIocefis , fîao es tambich lois de
TTE L*HlSTOlRE DU VAtLAGVAY, fff
la fundacion ciel P^îra^^uay } y U mifnn , ' '
pofK:(Tion hatv gorado y gozan fos dcmà^ '^
Pucblos de las Miflîoncs , que ticne Viicftra I-^Itri db
Mageftad cncomcndados a los Rclit^iofos ^^^^^^^
del Serafîco y gloriofo San Franriico. Y
aunque aleuno^ fujcros me pcrfuadian que
ks mandaf!^ P^^^^ ^^"^ diezmos , no lohallè
raziond , y hize di<îtamcn de lo contrario,,
à virta de qiie no- trabajamdo aqncllos In-
dio^ para traficar à h mWidsd y provccha
^Kônn^^ly como los-Tndios ,y demas perfo-
ras, que labran las ticrrasdeotras Provincial
de cfte Rio de la IMata , y las del Pcrn y Chî«
Je-, unicamcnte cor C\\ fu^ento en las fc-
millas , 'y^cl tranco, que h^zen en la yer-
ba , es fo^o para dar cumplimîento à fusr
Tributos , y al fervicio del ciilto Divino,
y al de Vueftra Mageflad y para lo quai mu-
chas vczes no hcs alcanza , no ha^lè por
d<mde , ni de dondc fe les pueda oblitrar à
la paga de diczmos ; y affi Jos mamcngo-
en cl gozc de cfta cxcepcion^
Vcn fo^quc mira al fervicio de Vueflra»
MageAad ^z que acienden inmcdiatamcnte-
dcfpuc» del de Dios , los tiencn los Reli-
§îofos At^oftolicos tan bien inftruidos y
ifciplinados y que pucdc Vueftra Mageftad*
oy contar en todns los Puebl'os , aun def-
^pucs del grave dcftrozo , que en r|1os hî-
»cron h pcde de viruelas y el hambrc
en las anos proiimos paifados ,. defde ii à-
>4 mil hoœbres-de tonrwr artnas promro«^yy
bien apreflados para- qua^quicra expedicioir»
que fe ofrezca en fervicio de Vue^ra Ma-^
geftad ^ como lo han pradica lo- en Ias>,
^pc {& oftederon cq losanos palTaios en ^
|1^ PlïClff ÏUSTIFICATITW
. Paraguay, en que han dado moi graadei
^'* prucbas de fu valor, Icaltad , y de elamor
Lettrj de ^j^^^ ^ Vucftra Mageftad , cof-
Pe8.ax:ta. tcandofc tocalmente de armas , cavalios y
municiones , y cxponicndo fus vidas à to-
do ricfgo ', y mucnos la han perdido en Cïï
Rcnl fcrvicio. Y aora lo cftàti al prcfcnte
prad^icando ea la condruccion de la forta^
leza , que fe edà haziendo por orden de
Vueftra Maf^eOrad eu Monce-video « uno de
lo^s puertos de Rio de la Plat a , dondc fuc«^
ron à pecicion del Governador de la Plau
docientos Indios à crabajar con dos Reli-
giofos de fus Do(^rinas, que à un mifmo
riempo los edàn alentandb à que trabaxeir
con caler, c inftiuiendoles à que rczca
con dcvocion , imicando adi aquellos ezcel^
lentes Macabeos « que con una nianoefta*'
van (Irviendo al calto divino , en la fabrica
del Teraplo, y con otra , à fu Çaudilloy
SoHerano en la defenfa d« fus Enemigos.
Eflo, Senor y ha parecidô à mi obliga-
clou informât à V. M. con efta relacion
fincera , llana y verdadera > para el fofiega^
y confuclo de fu Real concientia , hazlett<-
do grave efcrupulo de omitirla , por et-
cargo del Minifterio , en que fu Real pie"
dad fe digno ponerme, y porque en efte;
conocimiento Vtieflra Magedad fkndo (et*
vido , fe puede dignar de renumerar eftoi^
fervicios , lealtad de fus pobres indios VaG-
fallos, y cl zcîo y traba)o , que en efto'
îanpenden eftos g^andcs^ Varooes , à coycv
cmidado eftàn..
Fucra de eftàs Rcdiiccîbnes'y Dbârînar,*
laEallati oy atfO€^do^ru;ptos:> è^ la^ bûôùê»
XïE l'Histoire DU Paraguay; îty
Religion cntablando y ponîcndo los fiinda- ■
menros de una poblacion de Indios de otra ^^
Nacion , que llàman los Pampas , y fon I-^tre p»
los , que en eftos anos pafTados havian he- pj^^j^^A.^*
cho grandes hoftilidades, affi en las ve-
zindades de Buenos Ayrcs , como en los
caminantes que trafican dcfde Chilc à cfta
Ciudad : y havicndo el Governador de cUa ,
Dom Miguel Salcedo , Icvantado un pie de
exercito , lo dclpacho en bufca de los de-
màs de efla Nacion , que fon en mucho nu"
xnero de parcialidades , y viven azia h
Cordillera , que confina con cl eftrccHodc
Magellanes , y haviendo llevado el exercitor
un Religiofo JeGiita de efta nucva Dodri- '
na , con unos IndioB interprètes y. Ibs re-
duxeron à paz , y vinieron quatro Caciques;
àc ellos àconfirniarlà , obligandofe à redi-
tiiir todos loscautivos, que tenian appre(^
fados en différences ocafîones. £n eflos dias>
immediacos llegaron à la Ciudad de Santa^
Iȏ otros Caciques , pidicndb con mucha'
inftancia al Padre Redor de aquel Colcgio-
dos Padrcs Jfefuitas , paraquc los inftruyef—
fèn en la Santa Fè , que defeaban abrazar,È.
^1 ellos , como los dcmas de fus parciali-
«îades , que Uamanenefta Provincia, Api^
bon es y y Mocovis , Encmîgos, que en-
tiempos pafTàdos han dado que entender ea*
aquella aHixi'la Ciudad : para cuyo efeâo^
tienc el Padre Provincial de dicha Religioat
ftiialadôs dos Sujetos , que vayan à fem-^ ^
brar en aquella tierra el grano del Evan-
^clio-, pues parece que Dios Nueftro Senor/
io tiene affi difpueto. Yo cfpero en la mi—
ikicardia diYxaa;^, qae coa. las paxca déf
fl8 PlECtS mSTIFïCAlTfrti
*' aqucllos , y la convcrfion de cftos, ha &
^^5* crccer muchocn cftos parajcs la Kdigioo
LITTM.K DE Cacliolica.
JiitALTA.^' No ckbo tan poco omîcir que paflc tani'-
bien à rifuar la Ciudad de Coiricntcs, que
cftà à mas de cien Icgiias de dldancia de
las Doclrinas , y aqui fuc cl doade hize
el tranfico , que dize la efcricura , de nimî»
ca\)rà intimofrio , de aquci calortan gran-
de de dcvocion de los Pucblos Indios , à 1»
gr^n tibicza y tricldad ,. que halle de bucn*
devocion y chr!^tan«lad tn aqueîlas genres,
que no Ton Indios , fino Efpanolcs 5 y ctt
niedio di efla tibicza de la devocion, cfta-
ban bien ardicnrcsen las pafTîoneSi La tier^
ra es mui dobbda macho mas que la de
Santa Fè , pero muy mifcrable y dcfdicha-»
da , y en medio de tcner tienas muy fecun-^
das , vive4i con mucha pobrcza y miferia
por la incrzia y ociofidad de los nabicado*
res , que folo aplican el calor à rencillas -, f
h'ive de facir de alli varias perfonas, que
/«cndo cafadas en Buenos Ayrcs , en cl Pa-
rajg;uay y Cordoua , las dexaroiï , y cdavair
alli con otras m ancres ocupadas, para que
fueflcn à hazcr vida con las proprias, y à
uno^yàecro, que fobre cftas criminall**
dades, ténia la de turbar el Poeblo'Coitf
difcordias y rencillas.
Entoda eflavifîta de ta Diocefis dcfdr
que entre por la Jurifdiccîon , por Io$
Paiipas , de Bucnos-Ay.es , h;»fta que hc
Kecho cl circule entcro de fu diflrito,que*
confifte en muchos cenrenares de le^aa<:,.
<àebo reprefenrar a V'ïcfVta' Magcftnd , que:
Ikc- ùdo coriicoda inuy graves crabajpi^
Bi L*Hï$TcniiE DU Paraguay, ji^
r peligros por dcfcargar la Real concicncia ."
le Vqcftra Maeeflacf, y he aHminiftrado
:1 Sacraracnto de la Confirmacion , affi en rÎ!fT tÎ^! ÎÎ
os Paebios de mi Junidiccion , como en peu^alta. '
os dcl Paraguay , à mas de veince mil al-
nas r y fi la perte , qae padecieron en cftos
concornos , y los Pucblos , los anos pafla-
àos , no huvlera robado otra tan ta mulci-
tnd de perfonas de todos fexos y cdades ,
huviera fido cambien doblada la execucloti
de mî miniftcrîo.
Los Religiofos dcl Scrafîco Padre San
Francîfco tiencn tambîen très Do<5l:nnas
de MiflSones en la Juriffliccion de mi Obif-
pado , que tambicn vifîcè en cumplimienro
de mi oblieacion , y aunque eftàn tamhjcn
muy arrceïadas, y los Fcligrefes miiy bien
cducados c înftruidos en laDo6lrrnaChri(^
tîaoa y culto Divîno , pero halle en efto
ulcimo baftantc diferencia de las Dodrinas
de los Religiofos de la Compaîiîa , hallan-
ào racnos gcnte , y baftanre probreza en las
Iglefias ; y prcs^untando la caufa y me dixe-
ron que nace de dos malos , que padecen :
nno de que los Indios y fus Pucblos fou
encomendados à particulares perfonas dcl
Paraguay , y los Encoroenderos facan >
(îcmprc que quieren , cantidadcs confidera-
blcs de Indios y de Indias , para que fir-
Yan en fus haziendas , y adcmas de dif-
traerlos de la devocion , y culto Divino ,
les qnitan el tiempo de hazer fus fementas »
y trabajar en fervicio y fabrica de las Tglc-
/îas , y poblar fus Dodlrinas , qucdando à
ciiferentes reprcfas muchos Indios y Indias
en el Paraguay en fervicio de fus EncoaxeUi-
JJO PlECBS lUSTXFlCATlVEf
•*""J dcros : lo otro , por cftar cftas Do&TÏnM
^^' cfpacftns à las invafîoncs de los Indios Paya*
Li-TTM BE g,, 25 j q^ ç cQj^ diferentcs enrradas rieneii
p^^^^^ '^^ menofcaKadas aqucllas fcliçrrcfîas; lo que
dcbo poncr en noticia de Vucftra Maccf-
tad, ra:ac]ue en fu vifta, pan cl fonege
de fu Real concicncia , de la Provldencia^
quj fucrc fcrvido.
Efto es en fuma lo qtic hc rcconocido en
la vifîra rie la Dioccfîs , y lo «juc me ha pa-
rcC'do informar a Vuei^ra Mag^-ftad, part
cl rumplimicnrode mi obligacion y fervi-
cîo de Vucftra Magcftal. Nucftro S^nor,
gttirdè la Real Perfona de V. M. mucbof
anos.
SuenoS'j4yrts ;yhenero% dt ij4^.
PRAY JOSEPH, Obifpo de
Bueaos-Ayrcs*
,f^^
BE L^HlSTOlRl OU PARAGUAY. ffl
DÉCRET
DU ROI CATHOLIQUE
PHILIPPE V,
\Au fujee de plujieurs accufations
' intentiis contre les Jifuius
du Paraguay.
Traduit fur iioe copie imprimée & aathentîqiie.
LE ROI.
D
' O M Barrhcicmy Je AlJunatë , Gou- ^ «
vcrneur du Paraguay , mViant donné à en- ^745-
tendic par fa Lettre datée de 171^ > àe Déchetp»
quelle importance il feroît c^iic dans-lcs^***"'** ^♦^
Bourgades, dont la direélion cft confiée
aux Pères de la Compagnie , tant celles
qui font de la Jurifdicflion de la (îifdite Pro»
Yince , que celles qui dépendent de la Pro-
vince de Buenos-Ayrcs, il y eut troi'i Corré-
gidors chargés de faire contiibuer les In-
diens ( qui font plus de cent cinquante
mille qui ne paient aucune contribution ) y
de la manière qui fc pratique parmi les In-
diens des autres Province^ du Pérou ; &
d'y ouvrir un Commerce libre, dont ils tî-
leroient de grands profits par la facilité
€|u il leur donneroît de païer leurs contri-
butions du prodt'it des fruits de leurs Ter-
xes& de leur inJuftriej lefqueUes cootiisi*
JU Pièces nJStmcATivw
butions pourroicnt foornir à rcntrctîcn ^
^*'' rAriîIce du Chili & de ta Garnirbn de Dw-
Fh^li^pe V^ nos-Ayrès , oucre qu'on en tircroic encore
' une fomme confîdérable pour mon Tréfor
Roïal j qu'on pourroir même régler que ce»
Corréoridors fecourroient la Garnifon de
Bucnos-Ayrès , quand il en feroîc befoin,
& que les caufcs d'Appel de leurs Senten-
ces fcroient jugées par le Gouverneur du
Paraguay ; que ces mêmes Corrégidors fc^ p
roîenc tenus de faire le recouvrement dîs V
contributions , qui n'auroicnt point été r*
païécs par le pafTé , & de les faire fur le '^
pied de celles qui fe tirent des autres Pro-
vinces; que ces levées ne fe feroîent pas
en argent, mais en effets provenant des
fruits de la Terre & de rinduftric; que le
tout fcroit porté à rAflbmptîon du Pata^ J
guay, oii il y auroit un Trétbner & un Bu-
reau pour y recevoir les contributions & en
tenir le compte 5 & entretenir pour cet
effet une correTpondance avec les fufdits
Corrégidors 5 & que de-là on fcroit paflcr
toute la recette à Santa-Fé de la Vcra-
Cruz pour y être vendue , & r?rgent remis
dan«; la Cailfe Roïaîe de Buenos- Ayrès,
d'oii l'on tireroit de quoi païcrla Garnifon
de cette Place & T^rmée du Chili.
Sur cet cxpofé & fur ce qui me fut rc-
préfenté à ce fujct dins mon Confeil des
Indes H.ins une AfTemblée du vingt & nn
Mai de la même année, je trouvai bon d'or-
donner par des Céduhs Roïalcs , datées da
S de Juillet de l'année fuivante 1717, aui
Gouverneurs de Buenos Ayrès & du Para-
guay y que fe régUnt fur les Loiz de mes
DE l'Histoire du Paraguay. 355
Domaines des Indes , ils fiffent le rccou- ■
vrcmenc des Tributs & des Taxes de ces In- ^74J-
diens & de tous les autres , quels qu'ils fuf- ^^^^^"^ ^
fcnt, fur le pied , oii il avoit été réglé , ^«'^^"^ ^'
au cas qu'on ne l'eût pas déjà fait , & qu'ils
informalTent pourquoi on ne l'avoir pas re-
couvré. Je leur ordonnai aufïi de donner
avis de tout à mon Viceroi du Pérou, afÎQ
que de Ton côté il vérifiât le fait, & que
fuppoté qu'il le trouvât vrai , il veillât fur
la conduite de deux Gouverneurs en ce
point , & qu'au cas que quelqu'un d'eux eût
manqué à ce qu'il devoit , il prît les mefu-
x.s convenables pour affûrer Tcxécuticn de
mes ordres.
Sur quoi Dom Martin de Barua , Gou-
verneur par intérim du Paraguay , me
rcpréfenta par fa Lettre du ij Septembre
1750, que fur ce qu'il avoit j^u favoir pen-
dant plus de cinq ans , qu'il avoic gouverné
le Paraguay , c'étoit fans connoillance de
caufe, qu'on m'avoit mandé que dans les
M'flîonsdvS deux Provinces il y avoit cent
cinquante mille Indiens , qui dévoient paicr
le Tribut 5 que par les réccnfemens des
treize Bourgades de fa Jurifdiâion, il ne
jugcoit pas que dans ces deux 1 rovjnces il
yen eût beaucoup plus de quarante mille,
puifquedans les treize appartenantes à la
Jiiri 'didion du Paraguay , les Rôles qu'on
eii avoit faits ne montoient pas à plus de
dix mille cinq cents ou onze mille , d oii il
ccncluoit que celles de la Jurifdidion de
la Province de Buenos- Ayrès étant au nom-
bre dix- neuf ou vingt , il n'y avoit pas dans
ces deux Provinces plus de quarante nûllu
3? 4 PlICM nJITIFICATlTl*
Imlicns^qui dafTcnc païer le Tribar. e
Ï745- Qacquandà l'EtaWilTcmcnt des Corré-
DécR-ïT Di gidors Efpagnols il croïoit devoir mr faire
rnitippi V. connoître les grands inconvdniens qu'on en
pou voit craindre; que ces Indiens écoienc-
excrcmement faciles à tourner conune oa
veut , & que n'aïanc jamais été gouvernés
que pat les Pcres de la* Compagnie, ils ne
reconnoilToient point d'autre autorité , qae
celle des Curés & du Provincial des JéfuU
tes , Se qu'il falloir s'attendre que dès qu'on
voudroit introduire la moindre nouveauté
d^ns leur gouvernement , ils fe fouleve*
;:oient , ou fe di rpcrferoicnt d'eux-métnes^
Se ic réfu^ieroi;:nt dans les Montagnes;
qu'il ne manqueroit pas de gens qui les y
décerrhincroicnt ; que cette crainte étoit
d'aurant mieux fondée , que leurs BoDrga«
des font trop éloij^nées des Habitation? Ef-*
paiinoles pour po'ivoir êcre roumifcs, les
plus procncs de Bienos-Ayrès en étant à
cent cinquante lieues , & quelques autres
à trois cents j les quatre les plus proches
de rAiïbmprion en étant à cinquante lieues^
trois autres à foixaote , & les fix derniè-
res au de-là du çrand Fleuve Parana , ft
toutes éloignées les unes des autres de fcpc
à huit lieues. Il ajoûroit encore qu'au cas
qu'on juaeât à propos d'établir un Corré^
gidorpour les fcpt Bourtrades les plus pro-
ches de l'Aifomption , qui font Saint-Igna**
ce Guazn , Notre-Dame-de-Foy , Sainte-
Rofe , Simty.^Çv-ï , Icapua , le Jcfus & 1»
Trinî'^é , à H<frv:in de faciliter dans les oc-
cah'^ns nécclfaires leur communication avec
lesErpagnols de cette Province j ce qu'il
t
DE I.*HlSTOlRE DU PARAGUAY. JJf
«rroïoit très difficile à exécuter , il ne Ce trou
▼croit perfoniic qui fouhaitât cer Emploi, ^^
chacun fc défiant fur-tout des maximes des J^^^^^"^ p»
»,.^ • I • I • r Philippe V.
Miiiioiinaires, qui depuis la première fon-
dation de leurs Bourgades avoienc eu prin-
cipalement en vue de les éloigner de telle
ibrte , que tout commerce avec les Efpa-
> giiols leur fut impoflfible , & a voient même
[ interdit ce commerce à leurs Indiens : que
cela fe voïoic évidemment à Saint-Ignace,
ccrcc Réduction étant environnée de haies
fort épaifTés , & n'y aïant qu'une feule porte
pour y entrer , ce qu'on n'accordoit à aucun
jBrpaçnol , fans une permidion czpreife du
* J^iffionnaire.
. Qu'au fujct du Tribut, il devoit m'in-
: former qu'il avoit écc réglé à huit aulnes
i A coile, qui c(i le falaire de deux mcîs
' 4u travail de chaque Indien ; mais que
ccnx-ci n'aïant pa»; la libeité, qu'ont ceux da
Pérou , & tout le fruit de leurs travaux étant
- i la difpofitîon de? Miîfionnaires, qui pic
- Ifc moïcn de leurs Miniftrcs Indi* ns fc
^ chargent de pourvoir aux befoins de toute
î là Bourgade , & qui , ?prcs avoir donné à
! chacun ce qui lui faut de toile pour fe vc-
ri lîr , font porter tout le rcfte à la maffe
rî commune ; que ces confidéritions & celles
-; 4des (crvices eue ces Indien*;, parriculiere-
:: Jnent ceux qui fonr fous la Jurifdi^iqn de
:s fiucnos- Ayrès , ont rendus dms toutes les
4_«cca(îonsà ma Couronne Roïale , fur les
■J ft-onticrc^î de ce Port, il juce qu'il feroît
à Convenable Je réduire leur Tribut à quatre
r^ %alocs de toile ou à un écu en argent»
ii ^ui isft h iQoitîé de ce qu'on exige des au*
ij6 Pièces iustifzcatitbs
~ trcs , mais à condition qu'ils continaercmt
'^** à me fcrvîr toutes les fois qu'il en ferabe-
DÉCR.ET DE f^ii^ . Q^ jg jguj bj^n f^jrç (cntir toute moa
Philippe V- attention à leur rendre jufticc, & à les trai-
ter avec bonté. £c que comme ceHx de la
Jurifdidon du Paraguay ont aflez bien fer-
\i autrefois ma Couronne dans la défenfe
de cette Province , quoique depuis pUifiears
années ils aient entietemenc cefTé de me
donner aucune preuve de leur zélé pour
mon fervice , il convient d'ufer à leur égard
de la même équité , & de les comprendre
dans le Règlement qui fera fait pour les
autres ( I ).
Quand aux motifs qu*ou a eus de ne
pas exiger des contcibntions de ces Indiens ,
n n en trouvoit point d'autres qu'un Ââe
qu'il joignuit à fes repréfentations , & cm
Acte eft un Règlement fait à Lima, avec
les Gens du Domaine par le Viceroi , Com^
te de Salvaticrra , & d'autres Miniftres, oa
il écoit die que chaque Indien de ces Doc-
trines paicroit fous le nom de Tribut on
écu en argent , avec obligation de le por-
ter dans ma Calife Roïale de Buenos- Ayrès;
le fufdit Viceroi s'ctant réglé en cela fur les
repréfentations qui lui furent faites , & les
raifons qui lui furent alors alléguées: qu'il
s'enfuit de la, & de ce qu'on les a exemptés
des contûbucious , que depuis l'année 1681»
(i) Dom Martin de diens oat £&ic & foo^
Barua uc veut apparem- ferc pendant le goavei-
mcm pas i]uc le Koi Ca- jiemcnr c/ra;nûiue de
tholiciue regarde comme Dom Jofcph de Ance-
des ferviccs rendus à fa quera , & pendant la ri^
Couruiu)c ce que ces In- voUe du Paraguay.
oi
PI l'Histoire du Paraguat. 537
ou ce Règlement fut fait , jufqu'cn 1730 , *-
ii on fuppofe que dans ces Do^rincs il y ^745-
a roiijours eu quarante mille Indiens qui décr.f.t de
dévoient païcr le Tribut , ce font trois mil- P"*^"'^ ^'
lions & deux cents mille écus » qui font
dûs à la fufdite CaiâTe Roïale de Bue nos -
Ayrès , fans que les Officiers de mon Tré-
■ for aient fait aucune diligence pour en exi-
ger le paiement , 8c cela par le lecret qu'ont
eu les fufdits Religieux d'entretenir des
correfpondances re(pedueufes Se efficaces
jn(qucsdans le Tribunal de mon Viccroî.
Inftruit de toutes ces circonflances & de
tout ce donc mon fafdit Confeii des Indes
m'a informé fur cela dans une aflemblée du
ayd'Odobre 17)2. , 8c confîdërant l'impor-
tance de cette affaire, je jugeai à propos
d'ordonner qu'on expédiât une CommKrion
a Dom Jean Vafquez de Aguero , qui dé-
voie alors partir pour Buenos- Ayrès , pour
informer fur tout ce qui avoit été propofé
dans ladite Aifemblée 5 j'ordonnai au m au
Confeii de donner à ce Miniftre les Inftruc-
tions néceiTaires , & de lui recommander
de conférer avec les Supérieurs de la Com-
pagnie de Jefus du Paraguay , fur le tri-
but qu'on ponrroit impofer aux Indiens ,
& fur la manière d'en faire le recouvrement.
Je commandai en même tems à mondi**.
Confeii de nommer quelqu'un qui conféric
en Efpagne fur le même fujet avec les Pra-
curcurs ou les Particuliers de la Compagnie ,
qui dévoient paffer dans ces Provinces ,
afin qu'après avoir vu le réfultat de ces Con-
fiErences , je puiffe ftatucr ce que je jugcrois
erre le plus à propos.
Tome ri. P
j}8 Pièces lusTiFicATivi^f
■■ Les Dépêches furent drelH^es en confi"
'743* auence,& les Inftruûions relatives rcmi-
DÉCRET DE {es au fufdît Dom Jean Vafqucz de Aeacro ,
Philippe V. ^g^ ^^^y ç^^ ^^^ ^^^^ ^g f^j^ç jç^ îftforma-
tions , dont il étoit chargé fur tous les
points ci-deflus exprimés , pour inftraire le
Confeil , qui , conformément à la réfola*
tion que j'avois prife dans la fufdite Affcm^
blée 9 délibéra que quand les Informations
feroîcnt arrivées > Bc quon y auroit joint les
connoifiances qu'on avoit eues anteccdcnH
ment, Dom Manuel MartinezdeCarvajal,
alors Fifcal de mondit Confeil pour les
affaires de la Nouvelle Efpasnc» & Dom
Michel de Villanueva , mon ^crétaite pour
les affaires du Pérou , en conféraffent avec
le Père G^fpar Rodcro , Procureur Géoé*
rai , & rendirent compte aa Confeil du ré-r
fulcat de ces Conférences fur tous les points
mentionnés,
Voulant donc m'éclaircir du fond d*uac ||
affaire qui fait tant de bruit par le nom* l;
bre & la variété des mntiçres & des Ecrits
anonymes contre les Pères de la Compta
gnie , & des Képonfes qu ils y ont faites ,
qu'il eft d*une néceflîté indifpenfàble de
vérifier tous les faits , puifqu il s'agit , on ds
détruire unç injnfle & intolérable calomnie
contre un Ordre Religieux , qui mérite que
la vérité venge fon honneur , ou de £drs
connoitre que par une tolérance injufte mon i^
Tréfor Roïal a fouffen un très grand pié- l.
judice , fans aucun égard à mon Patronage j^
Koial&à fobéiffance ponduelle, qui eft jj^
^ûe à mes ordres 5 j'ordonnai qu'on remil lof.
9U fufdlt Yafquez de Aguero une autre I^ft ;^
©E l'Histoirh du Paraguay. ^3^
Cru^bion fccretc fur cous les points doue je ■ ' ' ■ '
<icvoisétre éclairci. ^743-
Muni de toutes ces pièces îl partît pour ï^^^ret dé
«lier exécuter fa Comtnirtlon : il drefTa à ^"'"'''' ^•
Buenos- Ayrès des Procès-veibaux fur tous
les articles contenus dans Tes Inftru(fbions ;
.&au mois de Février 1756, il m'cnvoïa
ic à mon Confcll toutes les pièces dans IcC-
quelles il répond patfaircmenc à tous les
articles qu'il étoic chargé dexaminer. II
commence par dire qu'aiant conféré avec
Dom Martin de Barua ^ vu les Rôles & les
Ecrits relatifs à Tes Inftrudions , avec les
Informations des Evcques de Buenos-Ayrcs
Sc:dvk Paraguay , & les dcpdfitions des £c-
ciéfiafliques & de dix Perfonnes féculieres
les mieux inftruitesdc ce qui regarde les
Kéduélions , il avoît trouvé que ces Bour-
§ades font au nombre de trente, & que
ans les récenfêmens qu on avoit faits des
Indiens qui dévoient païer le Tribut , en
nen avoir jamais moins trouvé de trente
mille : que dans mes CalHcs Roïales de ces
Provinces il navoit trouvé aucun Rôle
complet ) que celui que Barua lui préfenta»
&: qui étoit de l'année 1745, "^ compte-
noit que quatorze Bourgades, & qu'il y
conftoît que le nombre des Indiens foumis
aa^ributnétoitquede 7851 ; qu'il avoit
va auffî une copie de celai que Dom Diegue
Xbanez de Faria , Fifcal de mon Audience
Roïale de Goathcmala , avoit fait en 1 677 ,
des vingt-deux Bourgades , dont la MifTion
des Pères de la Compagnie écoit alors com«
poCéc^ & qu il navoit pu vérifier depuis
q uana ce nombre écoit augmenté ^ mais
pij
gieuz à TEvêquc du Paraguay , port
y avoit alos dans ces Miffions 17
milles 5 que clans le réccnfement
avoir été remis par le Procureur d
fions pour Tannée 17 H 1 H fc 1
qu'elles étoient compofécs de 14:
milles 5 & qu'en dernier lieu le P<
ques de Aguilar , Provincial de c
vinces, Tavoic afTuré dans un c
qu'il eut avec lui , que les Re
étoient au nombre de trente , &
comptoir vingt-quatre mille Indie
dévoient païcr le Tribut \ mais que
le même Provincial lui avoir fait
nouveau récenfemenr fîgné avec
par les Curés, fuivanr lequel les
fournis au Tribut n'éroienr adtai
qu'au nombre de 19x1^.
Ce Miniftre marque encore dans
formarions , que rEtablifTetnent de
£ons eft fort ancien , puifque dan
tes juridiques , drefl'és par-devac
JBalthazar Garcia Ros , lorfqu'il ét<
vcrncur du Paraguay , pour favoir ;
DE L*HlSTOlRE DU PaRAGUAY* 34I
I^Iata^on comptoic dès Tannée 1^31 plus .
de vingt Rédudions ou Bourgades fondées ^743*
par les Pères de la Compagnie ^ toutes i^^c^-^x de'
aïant une ïglifc fort décente, & qu on y ^'^''" ^* "
comptoit déjà plus de foixante & dix m U le
" Ames ; qu'en vertu des ordres réitérés des.
Rois Catholiques tous ceux qui n avoient
pas dix-huit ans accomplis , ou qui en
aVoiçnt cinquante , tous les Caciques &
leurs Fils aînés , & dans chaque Bourgade
douze Indiens attachés an fervice deTÉgli-
fc, écoient exempts du Tribut, que dans
un Mémoire imprimé du Père Gafpar
Rodcro , ce Religieux affuroic que Ton
comptoir cent cinquante mille Ames dans
les Rédudions , & citoit, en preuve , les ré-
ccnfemens faits par le Gouverneur de Bue-
nos-Ayrcs, ajoutant qu'il navoit aucune
connoiffance des Rôles , ni n'en avoir pu
trouver de plus nouveaux , parcequ'encore
C)ue par une Cédule Roï.ale, du 14 4'Aoûc
17 18, j'cuffc ordonné qu il fût fait un ré-
ccnfcment dans les Rédudions, avec Un
étSLt de leur Gouvernement & du produit des
fruits de la Terre qu'on y recueilloit,
dans le deffein d'obliger les Indiens à païer
les Décimes aux Evêqucs , & de foumctcrc
les Caciques au Tribut , avec ordre de le
faire remettre dans mes Caifles Roïales ,
ce Décret n'eut point d'exécution parcequc
le Gouverneur fous prétexte de fcs occupa-
tious, en donna la Commiffion à Dom
Balthazar Garcia Ros 4 Lieutenant de Roi ,
lequel l'aïant acceptée , le Procureur des
Mi/Iions qui réfidoît à Buenos-Ayrcs , y
avoit formé oppofition, prétendant que
P iij
54* PlECFS JUSTIflCATIVIS
j , les Indiens étoicnt munis d'une Céduto
. Roxalc c]ui les cxcœproic d'ccre snfcrics far
Vv^t^mV,^^ Rôle de ceux qui éroient fournis au Tri-
' but , par roue autre que le Gouverneur më*
me, ou par un Miniflre député nommé-
ment par moi à cet effet & que comme
on lui eut marqué un terme pour produire
cette Cifdulc, ainfî qu'il l'avoit requis y
l'affaire en étoit demenr(fe là en i7io«&
que depuis on n'en a pi us parlé.
Ce Minière m'a nu(îî informé que le Tri-
but que CCS Indiens ont paie cft d'un éca
par an pour chaque Indien , mais qu'il ne
fait pas depuis quel tcms ils y font foo-
iDÎs; 5cquen ccmiptant dix mille quatre
cents CjUarame Indiens , qui le doivent paiec
fuîvantle récenfcment fait par Dom Die-
gue Ibanez , déduébioa faite des penfioos
des vingt deux Cures, n'y aïant alors qn^
ce nombre de Réduâions, il fcftoit ûi
cents cinquante-trois écus & fept realcs , qui
chaque année ont été portées à mon Tréfor
Roïal par les Pères Procureurs des Miffionss
que dnns plufîeurs Conférences tenues fur
CCS affaires , on Tavoit affuré que le Tribut
n'avoit pas été cxaétement fuivant le nom-
bre des Indiens , parccque les Rôles n'a-
voient pas été drefTés avec foin , qu'aûuel-
Jement encore on s'en tenoit à celui de 1677;
mais qu*au(n on n'avoit pas touché les pen-
lions des huit Mîfïîonnaircs, qui cultivoient
les huit Rédué^ions ajoutées depuis plufieurs
années aux vîngt-dcux premières, étant
certain que fuivant les diligences faites
pour fe conformer à ce qui étoît prefcrit
par la fufdlte Cédule Roiale de Taonéc
i>B l'MisToiRE DV Paraguay. î4J ,
I^iS, fi on n'a pas cxadcmcnt înftraît du j^
tiombre de ceoz qui dévoient païcr le Tri- ^'
bot, cela eft arrivé uniquement par la né- p^j^^^^*"*
eligence du Qfouverneur , & qu'encore que ^' ^ *
le préjudice , qu*cn à fouffcrt mon Tréfor
koïal , foie évident ^ il n eft pas polfîble de
févaluer au jude , parcequon ne peut favoir
oii il en faudroit commencer le compte.
Quand à la taxe que ces Indiens dé-
voient païer à titre de contribution , ce Mi-
iiiftre die que fuivant toutes les Informa-
tions elle eft de deux écus par an pour cha-
cun d'eux, & qu'elle dcvoit être remifc
dans mes Caifîes Royales ; que - cette taxe
û'étoit que la moitié de celle que païoienc
les autres Indiens de cette Province , & ce-
la en confîdération des fervices qu'ils ont ren-
dus en toute occafîon à ma Couronne Ro'ù-
le^lorfqu'ils ont été appelles par les Gouver-
neurs dfe ces Provinces pour des Expéditions
nilitaires ^ ainfi ou'it eft arrivé dans le tems
même qu4t AiiTqit Tes Informations, trois
mille de ces Indiens étant alors occupés pour
mon fervice ; qu*on les mandoit aufîî pour
des bâtimens & autres travaux néceHaires ,
avec obligation de les continuer dans la fui-
te ; que cela lui paroîflbit un motif fuffi-
Ctnt pour n'exiger rien d'eux au-de-là de
cette contribution, & pour ne leur point
impofer de nouvelles corvées, d'autant
plus qu'avec cette taxe ils pourroîent fe pro-
curer nîen des chofcs , & des fruits de toute
efpece en abondance. Il ajoute qu'en aïanc
conféré avec le Père Provincial de ces Mif-
fions , il ne l'avoît pas trouvé de même avis
que lui furies Règlement qu*il propofoit,
P iiij
144 Pièces justificatives
^ voulant lui pcrfuadcr que ces Indiens Coût
^^'' cxcrémcment pauvres, en particulier & en
DicKETDï commun i quoiqu il jugeât lui-même quen
/HiLivPE 'mettant les chofcs au plus haut prix, ce
qu'on tire de THerbc du Paraguay , de^Toi-
Ics & du Tabac monte chaque année à cent
mille écusau Je là de ce qu il leur faut pour
la nourriture & le vêtement : ce qui fup-
pofé Se la dette dont le Provincial (e char*
tcoit , n'étant pas potTible dç lien exiger
e plus parceque les pièces manquent pour
prouver qu'il {bit dû davantage , il reftoit
encore aHcz pour païer les deux écus de con«
tribution , ce qui fuivant le compte le plus
xnodéré ne pafloît point foizante mille écus
par an , & qu'après y avoir fatisfait , it
iciloic encore de quoi acheter des orue-
mens d'Egiife , & pourvoir les Indiens d'ar-
mes , d'outils pour labourer , de fer , de la
cire & du vin pour l'Eglife , en un mot tout
le nécelTaire dont ils ne peuvent Ce fouinii
fuf&famment dans leurs Bourgades.
Quana aux fruits que produifent les Bour*
gadcs de ces Mi (fions , le fufdlt Agucro dit
que de la varîccé des Informations qu'oa
lui a données fur cela il réfulte que du tra-
vail Je ces Indiens on portoit à Bucnos-
Ayrès & à Santa-Fé fcize à dix-huit mille
arrobes de l'efpece d'herbe qu'on appelle
Caamini , que d'autres difoient douze à
quatorze mille , & en dernier lieu d'autres
prétendent que cela ne monte pas plus haut
que de dix ou douze mille arrobes chaque
année ; que depuis quelque-tcms le prix
étoit de fîx écus l'arrobe , mais que régu-
lièrement il o'étoit que de g:ois y U (^uc
Ht L^HisTOiRE DU Paraguay. 34;
baand à celle qu'on nomme Palos , & qui
le tire des quatre Bourgades les plus pro-
PHiLlPl'E V
clics de la Province du Paraguay, on va- Dfcret db
rioic aulTî beaucoup , les uns difanc qu on
en tiroît vingt cinq à vingc-fîx mille arro-
bes y d'autres mettant beaucoup moins, &
d'autres qu'on n'en tiroit point du tout :
qu'il en étoit de même des toiles de co;on ,
que ceux qui porroient les chofes plus
haut difoient qu'on en tiroit ving^t-cînq à
vingt-Hx mille aulnes , & d'autres en mec-
toient beaucoup moins 5 que le prix ordi.
naire étoit de quatre ou (ix réaies l'aulne^
Aiivant la qualité de la toile , & celui de
l'herbe dite Palos ^ de quatre ccus, quoi-
que quelquefois l'herbe ne valût que deux
écus. Pour ce qui eft des autres fruits ,
comme le fucrc , le tabac , les mèches de
coton pour les chandelles , le prix en va-
rioit au (H beaucoup dans les Informations,
mais que par le Certificat du Trdforicrdc
5anta-Fé, & les déclarations des Pères
Procureurs des Midîons , il confte que de-
puis l'année 1719 jurquà.1733, il étoit
entré dans les Provinces de Paraguay & de
Èuenos-Âyres fix mille fix cents quatre-
vîngt-fept balles d'herbes , péfant chacune
fêpc à huit arrobes , & deux cents quatre-
yîngt-quinze pains de fucre , péfant che-
cun deux 6c demie ou trois arrobes.
Dans la même Information il afiure que
fuivant toutes les Déclarations qui lui ont
été faites , le< Indiens font très bien inf-
traîts de la Dodlrînc Chrétienne 5 nue les
Pcrcs Curés apportent tous leurs ibins à
ktic faire évitée toute occafion de tomber
P V
Î4^ Pièces iustificatives
j dans le vice , & à occuper un chacun cfes
* exercices qui conviennent à leur âge & à
PhiuYpb v! ^^^^ (^^^Cy leur aïanc à cctcç fin fait ap-
* prendre toutes fortes de métiers > que fi les
Bourgades ne font plus fous la Jurifdic-
tion du Paraguay , & en particulier les
treize qui y avoient toujours été , c cft
" qu'en vertu des Cédules Roïalcs , il a été
ordonné qu'elles dépendiflcnt toutes du
Gouvcfrncur de Buenos- Ayrcs , & que cela
cft conftkté par toutes les Informations
ou'il a faîtes. Le fufditAguero m'î repré-
fcnte auffi qu'on lui avoic remis les trente
Déclarations faites avec ferment , dont il a
été ci-deflus parlé, avec le Rôle des In-
diens fournis au Tribut , & une Informa-
tion de dix Curés de ces Doctrines , par
laquelle en vertu d'un ordre de leur Pro-
vincial ils dépofoient unanimement , de-
vant le Père Félix-Antoine de Villa Gar-
cia, Notaire Apoftoliquc , que le Tribut
d'un écu avoir été exadement païé depuis
qu'il avoit été impofé, ce qu'il n'auroit
pas été poifiblc aux Indiens de faire du
/eul produit de leurs Terres , va la non-
chalance qui leur efl naturelle , fans la
grande œconomic des Religieux, & leur
attention à faire valoir ce qu'ils recueil-
lent pour le commun & pour les Particu-
liers ; qu'ils fe font emploies , toutes les
fois qu'ils ont été mandés , au fervîcc
de ma Couronne dans les Provinces du
Paraguay & de Buenos-Ayrès , fans rece-
voir aucune folde ; que par ces motifs Se
ploiîeurs autres , qui font pris de la mo-«
liilké de kur cfprjt , les Percs n'étoieitf
DE l'Histoire du Paragûat. 54/
t>as fans crainte , lî on entrcprcnôk d*ap- ■
péfantir leur joug, & d'augmenter leur '74î«
Tribut, que toutes ces Bourgades ne fuf- Déck.f.t de
fent bientôt détruites , ou qu elles ne fc P***'-'^^* V.
fouievaHenc contre ceux qui en dtoienc
chargés & qui ne pourroicnt plus fe faire
obéir.
Ce Mîniftre marque en dernier lieu que
ys Pères lui ont fait par écrit des inftances
réitérées pour l'engager à vifiter en per-
Tonne ces Miffions , difant qu'il pouvoir
s*étre gUiTé quelque défaut d'exaditude dans
les Informations , outre qu à l'exceprioa
de TEvéque du Paraguay , qui avoir vifîrc
toutes ces Bourgades, à peine tiouveroit-
on quelqu'un qui les eût toutes vues, &
que leur Compagnie aïanc beaucoup d'En-
nemis , on auroit pu faire dépoter aux
Indiens bien des chofes , fur des oui-dires,
fur des Relations fort fufpedcs & fur .
d'anciens bruits , qui rcpréfentoîent les
chofes bien différemment de ce qu'elles
étoient pour le préfent , fur- tout depuis
que la pefte & la famine ont réduit toutes
ces Bourgades à une extrême mifere , que
la guerre & les troubles continuels du Para-
guay ont augmentée -, mais que , confidé-
rant l'inutilité d'une vifîte fi pénible , il
avoit cru qu'il fui&foit de jpindre aux Ades
toutes les pièces judificatives dont il a
parlé^ afin que jefuffe parfaitement Infor-'
xné de tout ; & que confiderant que les
Pcrcs avoient en bonne forme toutes les
preuves qui mettoient au clair rout le pro-
duit . des fruits de la terre , dans lefquelles
il ne vo'ioit pas qu'il pue y avoir de la
P vj
H^ Pièces msTirîCATivEf
j-, frauJe *& le nombre des Bourgades y ftant
/ conftacé 5 il s'écoit difpenfé dcntrcprcDdit
»vLr?PB V^ "^ ^ ^^"^ voïage , où il y avoit toat à
'craindre de la parc des Infidèles, & beau»
coup d'autres dangers à courir.
Mon Confeii des Indes, étant pleinemeofC
înftruît de tout ce que le fufdic Dom Jean
Vafquez de Aguero a marqué dans tes In-
formations fufdiccs, délibéra que pour par-
venir à l'entière exécution de ce qui a été
arrêté dans l' A (f emblée du 2^ OSlobre 17^2,
les deux Miniflres ci-dejjus nommés , Dom
Manuel Martrnei Carvajal , & D^om Mi-
chel de Villanueva confereroient avec le Pcre
Gafpar Rodero ^ Procureur Général, Ce
qui aïant éré fait ^ il a réfulté de leur rap*
port que, félon toutes les Inforn^acîons an" ,
cienncs & nouvelles , & les Mémoires pré-
fcntés dans ces Conférences , par le Pcre
Kodero , il éroic certain que les déhom-
hremcns des Indiens n'avoienr jamais été
feits dans les trente Bourgades du Paraguay
H dt Buenos-Ayrès, avec les mêmes for-
malités qui fe pratiquent dans les autres
Bourgades des Indes , à caufe de divers
înconvéniens qu*on y avorc continuellement
rencontrés , & parceque le nombre de ces
Indiens , par les connoiifances qu*on en a
eues fucceffivement , a auITiforcyarré; que
depuis rannéc 171^, que Dom Barthélé-
my Aldunaté y marquoir cent cinquante
mille Indiens , qui dévoient parer le Tri-
but, jnfqu'aux déportions faites avec fer-
ment & préfcntées à Buenos Ayrcs à Dom
Jean Vafquezde Aguero, fuivant lefqucîlcs
il ne s'en trouvoic c[ue dix-neuf mille cens
î>î l'HisroiRE Dtr Par ActTAY. Kf
• ftfee , il n'y en a aucune qui s'accorde avec — *'
les autres j ce qui vient de ce qne ces In- ^*
formations n'ont jamais été faites que fur J^^cret n*
es conjcdurcs, on fur des dépofitions in-
certaines de Témoins ; fur quoi on avoit
fait obfcrver au Procureur Généra:! , qui
alleguoic les difficultés de pratiquer dans
CCS Bourgades ce qui avoit été réglé par
mes ordres," & fe praciq^oic parmi tous
les autres ValTaux de mes Domnines , que
cela ne feroit pas arrivé (î la Compagnie
de Jefus avoit facilité , comme elle ledc-
"Voit, Texécution de mes ordres : il répon-
dit que la Compagnie avoit toujours fait
ce qui dépendoit d'elle pour donner un dé-
nombrement exaél des Indiens , quand on Je
lui avoit demandé, témoins les Relations
fignées avec ferment pat? les trente Mif-
lionnaires Se préfentées à Dom Jean Vaf-
quez de Agiiero y & li demande formelle
que lui avoient farte les Supéiieurs d'aller
en perfonnc visiter les Rédudions en s*of-
frant de le conduire, & de lui faciliter le
voïage autant quil leur feroît poflîble, &
que la Compagnie étcrit toujours difpofée à
le- faire louces-les fois que j'ordonnerai aux
Gotiverneurs de ces Provinces d-'cnvoïGr
quelqu'un pour faire tous les ans un dé-
nombrement exaâ des Indiens , jufqu^à le
faire accompactner , par un ou deux Reli-
gieux , à les défraicr & à païer leur voïa-
rc, & cela uniquement pour faire ceflèr
es mauvais bruits que leurs ennemis ap-
puïoient , que cétoit par fciu» faute , qu'on
n'avoit jamais eu connoi/fancc da nonnbrc
de leurs lodieos , les diiEcuité's qui empé-
f«
i$à Pièces tustificativis
■* choient qu'on le fût aujuftc ne fc faifaat
^743- qu'à leurs inftigations 5 que fi on ne ja-
DÉCRET DE ecoît pas à propos d'cmploïcr le moïen .
*'"*'"" ^' qu il propofoit, on pourroïc obliger les
Milïîonnaires , par un précepte en vertu
de la fainte obéifTancc , de préfcntcr chaque
année au tecns & au lieu qui leur feroient
marqués une Lifte » fignée avec ferment de
leurs Indiens 5 & fur cette Lifte ^ qui feroic
connoîtrc le nombre de ceux qui dévoient
païcr le Tribut , ce Tribut fe porteroit tous
les ans dans mes Caiffês Roïalcs de Buenos-
Ayrès, fuivant Timpofîtion qui en avoit
été faite , en 1 6^9 , par mon Viccroi le
Comte de Salvatierra.
Les deux fufdits Mîniftres informèrent
encore le Confeil que dans leurs Conféren-
ces ils s'étoient rappelle ce qui confte par
toutes les Ecritures au fujct de la tax«d*un
écu par têce ^ impofée aux Indiens de ce^
Miffions en 1^49 & en 16^1, & confir-
mée par pluficurs Cédules Roiales^ en quoi
on traitoit déjà c'es Indiens bien différem-
ment des autres , à raifon de l'expérience
qu'on avoit dès -lors de leur fidélité, 8C
pour les autres ferviccs qu'ils avoienc rett^
dus à la Couronne 9 qu'en ces tems-la
cette taxe avoit produit neuf mille écus ^
qui avoient été remis dans ma Caifle
Roïale de Buenos- Ayrcs comme le total db
ce qui étoit dû par les Indiens qui dévoient
paîcr la taxe , ce qui ri'a jamais été bictf
vérifié; que /ur cette fomme les Officiers
de mon Tréfor païoient les penfîons de
vingt-deux Curés : n y aiant que ce nom-
bre de Réductions loifque la taxe fut ïm^
DE l'Histoire- DU pAi^AGtrAY. $^i
pofée : que fur cela ilsavoient fait obfcrver — *
au Procureur Général combien il feroît 743»
jufte & raifonnable que fordonnaflc d'aug- I>£cilft dé
menter de quelque chofe ce Tribut , vu ce "^^^^^^ ''
que ces Indiens retiroient des fruits de leurs
Terres , de leur travail & de leur induflrie,
& que le Tribut ordinaire dans mes autres-
Domaines de l'Amérique ctoit de quatre à
cinq écus pour chaque Indien ; que fi ceux
du Paraguay me rendoicnt des fervjees
aflcz confidcrables pour mériter quelque
diftindion , c'en étoit une afTez grande que
celle qu'on leur avoir faite jufqu'alors 5 Se
qu'il talloit encore faire attentton.que de-
puis 1649 ce Tribut n'avoit produit que
neuf mille écus par an ; que félon tous les
récenfemens qui avoient été faits dtpuis ce
tems là des Indiens qui dévoient païer le
Tribut , cette fomme auroît dû monter
beaucoup plus haut : qu'à cela le Procii-
reur Général avoir répondu d'une manière
€jui les avoir fatisfaits , en leur faifant voix
au nom de fa Compa^^nie une relation en
bonne forme des fervices que les Indiens
des Réductions n'avoient ceffé de rendre à
jna Courennc depuis la première fondation
3c leurs Bourgades ; qu'il jparoît par cette
Relation que cette Milice elt la feule qu'on
puiffe oppofer , tant aux invafions des Co-
lonies Etrangères , qu'aux Barbares qui ne
(ont point fournis ; qu'elle eft toujours
prête à marcher aq premier ordre des Gou-
Ycrncurs , en tel nombre qu'il leur plaît de
commander 5 qu'on ne hii donne ni foldc ,
si bagaç^e , ni munitions ,. ni armes , &
qu'elle fc fournit de tcmt cela à fes dépcusj
i^h Pièces tus-tu ic Arirts
• ■ ' 'Cj'a'cn plufîcurs occafîoas ils a volent marché
y^^' au nombre de (îx & de haie mille , & faic
DÉCRET DEj^ gruerrc pendant des tcms confiée tables^
* ^'ài forte aiie (i on leur avoit donné unô
réilc & aemic à chacun, confins on faic
aux autres Indiens , cela niontetoic fort
haut ; qi'ils n'stvoîenc cependant jamais dif<
continué de fcrvir avec le mêjie zèle 5 que
les preuves authcnrlqucs en a voient été
fournies à Buenos- Ayrès à Dom Jean Vaf-
qucz de Acruero , & donc il remit les Co-
pies autlkencic]u-s aux deux Miniftrcî, donc
la ledlurc avoit fait coïKlure quef de tels
fervices méritoient , non-feulement quil»
Be fjflent pas taxés comme les autres In-
diens , mais qu'ils fuffcnt mêraffe exempta
de tout Tribut ; qu'à tout cela le Procireup
Général avoit ajoûtté ce qui étovc marqué
dans la Cédulc Roï aie déjà citée, du li
Odobre 171 <>, aJrefféc à Dom Bruna
Maurice de 2a vala,& publiée au fond*
tambour par ordre de ce GouvcrneJur dans
toutes les Rt'dudions j & que fi on entre-
prenoit de déroger malgré cela à ce qu'ellcr
leur avoit fait concevoir , cette îrtnova-
tion rempllroit ces Indiens de foupçons 8C
de crainte , Se qu'afTurémenc il en arriveroic
quelque chofe de fâcheux.
Les deux fufdits Miniftres înformerenc
auffi le Confeil , qu ils avoient infiilédans
leurs Conférences , fur un point oii Toir
agi (foi t contre toutes les Loix de m'es Do-
niaincs des Indes , en n'apprenant poincaux
In liens la Langue Efpagnolc , & en ne leur
permettant point de communiquer avec les
Efpagnols , ce qni école d'une conféq^icnctr
»E l'Histoiri du Paraguay, 35}
très pcmîcieufe, & d'autant plus nécefTâlirc, — —
que par là on rcndoic très difficile le com" ^743-
mcrcc de ces Indiens avec les Efpignols ^ Décret nt
Se on les rcndoit en quelque façon indé- ^**^»"^ V#
pcndans du Gouvernement naturel de ces
Roïaumes : que la Compagnie répondoic
à cette accufacion ^ qu'à la vérité elle ne
permectoit pas l'entrée libre des Réductions
aux Ëfpagnols Vagabonds, parcequc l'ex-
périence lui avoit appris que c'écoit uni-
quement par-là qu'on école venu à bout
de bannir entièrement de ces Bourgades
riiomicide , le vole , ridolâcric & l'incon-
tinence 5 que jamais les Efpagnols n'y fonc
entrés que pour voler ces Indiens , & leur
enlever leurs lemnies; mais qu'il n'éroic
nullement vrai qu on leur ait interdit tout
commerce avec les Efpagnols , & que cela
fc prouve manifeftcment par les faits;
qu'un grand nombre de ces Indiens cfl: con-
tinuellement emploie avec eux , foit à la
guerre, foit aux travaux des fortifications,
ou autres , par l'ordre des Gouverneurs du
Paraguay & de Bucnos-Ayrcs , ce qui ar-
rive fréquemment, & ce qui ne peut être
fans qu'ils communiquent beaucoup avec
les Efpagnols hors de leurs. Bourgades;
que ceux qui font ainfi commandés, n'é-
tant pas toujours les mêmes, il arrivoic
de-là que tous ceux , dont on pouvoit tirer
quelque fcrvice, avoient la liberté de
traiter & de communiquer avec les Efpa-
gnols, fans contrevenir aux Règlement
faits par leurs Miffionnaires pour conferver
leur innocence.
£11 dernier lieu ces deux Miuiftrcs ont
Jf4 Pièces vJsTiticAtifts
— — -" — informé le Confcil , qu'ils ayoient âgîtî
^^^* long-tcrhs larticle qui regardoic la com«
DicRET DE munauté du capital des fruits & des autres
V. çff^jjg j qu'ils s'étoicnt fait expliquer laccH
nomie avec laquelle fe fait la répartition
des vivres , des vétemens , en un mdt de
tout ce qui efl: nécefTaire à l'entretien de
tous, ce qu'on en deftine pour le ctûte
Divin & pour ceux y font emploies 5 ce
qu'on réferve pour païcr le Tribut , & pour
les frais de mon (ervice 9 ^ue dans tout
cela ils reconnurent une cfconomle fingu-«
liere de bien nécefTairc pour maintcnif
dans la régularité d'une pic Chrétienne les
Naturels du Païs , qui font au moins au
nombte de cent douze ou cent vingt mille
Ames de tout feze &tdc tout âge , tous in^
capables , vu leur peu de génie & d'appli-»
cation , de fe ménager le néceflaire poor
^Ivre d'un jour À l'autre y tous cependanc
mieux indruits des principes de notre fain-
le Fol Catholique , & obfervateurs plû^
fidèles de fes faintes pratiques , qu'aucun
autre Peuple Indien de l'Amérique , ce qui
fe trouve au (fi marqué dans les Pièces que
le Juge de cette CommilHon Dom Jean
Vafquez a cnvoïées au Confeil j confidc"
rant d'ailleurs que par toutes les Informa-
tions du fufdit Aguero on reconnoit une
uniformité de faits , favorable à ces Reli-
gieux , 8c que les Indiens des Miflions de
la Compagnie étant la barrière de cette
Province , rendent à ma Couronne plus de
fervîces que tous les autres ; ce que j'ai
bien voulu leur faire connoître par rinC-
trudlion, datée de 171^, que j'ai adrelTce
îf)E l'Histoire ou Paraôuay. iff
ftu Gouverneur de Buenos- Ayrcs Dom n »
Bruno - Maurice de Zavala , à locca- ^741-
fion de la ccfTion qui fut faite par le Décret i>»
fîxieme article du Traité d'Utrcchc , delà Philippe V#
Colonie du Saint-Sacrement au Roi de
Portugal , laquelle Colonie eft limitrophe
du Territoire de ces Miflîons j enfin , que
fur tous les autres chefs d*accurations,qui
in'avoient été adrefTés de ce Païs-là, le
Provincial du Paraguay a fatisfait pleine-
ment dans un Mémorial figné de lui , &
oui m'a été préfcnté : d*ou il paroît que
flans cette grande affaire tout le réduit à
confîdcrcr s'il convient de courir les rit
gucs d'une innovation , qui quoique con-
forme aux Loix , & d'une pratique ai fée
par-tout ailleurs , pourroit ici faire perdre
a Dieu un nombre infini d'Ames rachcrées
de Ton Sang -, à ma Couronne, des Vaflaux
qui m'éparglient les Trouppes que )c feroîs
obligé d'envoïer dans ce Païs , où je n'ea
pourroispas trouver, 8c aux places «tu Pa-
raguay & de Buenos- Ayrcs , une défcnfe ,
qui depuis tant d'années les a rendues im-
prenables : enfin que le réccnfcmcnt de »,
ces Indiens fe devoir faire , & que îa Com-
pagnie en propofbit & en facilitoit le
nioïen ; que pour ce qui eft du Tribut d'uD
écu par tête , quand on voudroit abfolumenc ,
l'augmenter un peu en rîfquant tout, il ne
paroît pas convenable de uaettrc ces Iflw
diens fur le même pié que les autres, d'au-
tant plus que mon Tréfor Roïal n'en tî-
reroit que fort peu de profit, & qu'eu
défalquant de ce Tribut les penfions des
trente Curés , pour les trente Bourgades qui
3î^ Pièces lUSTincATivit
ty^^, ^^"^ ^^j^ établies , & ce qoi cft aflîgoi
DÉ RE * •= ^^"^ ^* fubfiftaQcc des Miflîonnaires ,- ce
Philippe V. ^"* ^^ encore d'une néceificé indiipenfable
/î on vouloît fe régler fur ce qui le prati-
que ailleurs, tout cela abforberôic ce que
produit le Tribut , & peut-être même
cju*il faudroit prendre encore fur le Tréfot
Roïal pour y fournir , ces dépenfes anhaet*
les aïant toujours été dans les moindres
années au-deffus de dix-huit mille écas ,
& les réccnfcmens n'aïant jamais été faits
dans les règles , excepté celui de 1^4$ , ou
le Tribut ne rcndoit que neuf miller écus ,
Se celui de 17 H > ou 11 en produi(oit dix*
neuf mille, félon les Informations faites
avec ferment , & piéfentées à Dom Jean
Vafquez.
Aïant donc vu & mûrement examiné
dans mon Confcil des Indes les Ades SC
les Informations , dont il a été parlé , les
Mémoriaux préfcntés de la part de la Com-
pagniede Jefus fur chacun des incldcns &
des doutes qui font intervenus , & ce qui
a été expofé par les Fifcaux de mon fufdit
Confcil pendant tout le cours de cette af-
faire', qui a occupé un tems confîderable ;
faifant d'ailleurs une (îngulierc attention à
toutes les Ordonnances Roïalesqui omété
rendues dans l'efpace de plus d'un fiecle
au fujet de l'état & des progrès de ces Mif-
fions , dont le fond .& toutes les circonf-
tances néccifaires m ont été expofés dans
une Aflemblée du ii de Mai dernier « &
réduifant , pour donner plus d'ordre Se de
clarté à ma déciflon, les différens Chefs
compris dans le^ deux Inftruâions dom j'ai
. ^1 t'HiSTOlltl DU PAltACUAr. ^$J
parlé, à II articles, j'ai jagé qu'il étoit -
an bien <ït mon fcrvicc de prendre fur cha- ^74}*
con la réfoluùon qui va être exprimée , Déc&et d«
fuivant Tordre dans lequel ils ont été pro- P""-»''* Y*
pofés dans le Confeil.
Article preuier, combien 11 y a dans
la Province de Paraguay de Bourgades fous
la direâion des Pères de la Compagnie ;
combien chaque Bourgade a d'Habitans:
combien il y en a dans le total : le nombre
de ceux qui doivent païer le Tribut : en
quoi conhite ce Tribut : s'il convient de
l'augmenter ; s'il faut exiger ce quipour-
roit^tre dû pour le paffé.
Je fuis inUruit , & il confie par les Ades
& les Informations , dont le rapport à été
fait y que ces Bourgades font au nombre de
trente > dont dix- Upt font fous la Jurifdic-
tion de Buenos- Ayrès , 6c les treize autres
fous celle du Paraguay y qu'on y compte
cent vingt à cent trente mille Indiens ; que
fuivant les Cenifîcats des Curés ^ il y en
avoir en 1734 dix-neuf mille cent feizc
qui étoient obligés â païer le Tribut ; qu'en
j6^9 ces Indiens aïant été déclarés & re«
connus VafTaux de ma Couronne , & char*
' gés de défendre le Pais contre les Portu*
gais du Brefil , il fut ordonné qu'ils fcroienc
exempts de la moitié des contributions &
du fervice jperfonncl , 6c que pour recon-
Doiflance du Vaffellage ils paieroiencà ma
Couronne un Tribut annuel d'un écu d'ar-
gent de- huit reaies , 6c qu'ils le paieroienc
en cfpece 6c non en denrées 5 ce qui fut ap-
prouvi^ 6c ratifié par upe CéduIcRoïale 4c
$fS PlECEt JUSTIFICATIVZ0
■ l'année i66iy par laquelle il fut ordonni
^^'* que les penfîons des Pères Cucés feroicnt
DÉdLHTDE pjjfes fur ce Tribut 5 qu'en 171 1 , fur la
Philippe V. ^^^^^ç^j^^^j^i^j^ Ju Chapitre Ecdéfiaftiquc du
Paraguay , il fut défendu de rien innovée
au fujet du Tribut ; Se qu en dernier lieu»
par une inftruâion qui fut donnée par une
Cédulede 1716a Dom Bruno -Maurice de
Zavala , Gouverneur de Buenos-Ayjès ,
après lui avoir recommandé les Indiens de
ces MifUons , & rapportant tous les ferviçes
qu'ils avoient rendus, je voulas bien lui
mander de les aifurer que jamais je ne les
«ckargerois de rien au-de-là de ce qnils con-
tribuoient pour la confervation des Millions
& des Rédudions : n ^*ai réfolu de ne point
M augmenter le Tribut d'un éca par tête «
M ordonnant que l'on continue à le lever fpc
99 le pied y oti il eft , jufau'à ce qu on ait
n fait un nouveau récenfement fur les Cec-
»> tifîcats que les Curés ont donnés par l'or^
»9 dre du PereAguilar, à Dom Jean Vaf-
3> quez de Aguero > Se s'il en réCulte qu'ils
•3 aient païequelque chofe de plus ou de
»3 moins de ce que ponoient les dénom-
M brcmens des années précédentes » mon
. M intention eft de leur faire remife » com-
» me je fais par la préfente , de ce qu'ils
a> poarroient redevoir , voulant Qu'on leur
9» donne à entendre que par un effet de ma
» bienveillance Roïaie , je leur fais cette
»» grâce , en confidération des bons fer*
99 vices qu'ih m'ont rendus. Se de leur
M conftante fidélité. J'ai aulfi donné or-
M dre d'expédier une dépêche datée de ce
« jour^ poar ordonner qu'il ibit dre/féua
^E i.'HisTOi!iB PU Paraguay, jjf
Aoayeau Rôle par le Gouverneur de — '
Buenos- Ay rès , de concert avec les Pères ,^
Curés ; qu'il fe renouvelle tous les fix ans p^,^"^ y*
fur les Livres de Baptêmes & d'Enterré- "*"'^* •
• mens ; cjne les Gouverneurs en envoient
• fans faute au Confeil des copies : fur*
> quoi î*aî ordonné qu'on les prévienne par
» les Inftruâions qu'on leur enverra fous
» lears titres propres.
Le second article fe réduit à mar-
ner quels fruits on recueille dans ces Bour-
;ades i oii on les négocie ; leur prix refpec-
[f ; la quantité de THerbe , qu'on retire
haque année ^od on la portç sl'ufage qu'on
n fait , 8l combien elle fe vend.
Il réfulie des Informations qu'on a reçues "^
le Dom Jean Vafquez , fur des recherches
[u'il a£aites, que le produit de l'herbe ^
u tabac , & des autres fruits , eft de cent
aille écus par aft ^ que ce font les Procu-
eurs de ces Pères > qui à raifon de l'inca-
ladté des Indiens , ci*deffus remarquée,
ont chargés de les vendre & d'en tirer i'ar*
;eac; quepar une Cédule Roïale de l'an-
lée i64f > il leur a été permis de négocie^
t de tranfporter l'Hctbe à coédition que
e ne feroit pas au profit des Curés ; que
»ar une autre Cédule de l'année i ^79 « il
ut donné avis au Provincial que 1rs Pères
*aifoienc an trop grand commerce de cette
-lerbe s Bc que par une autre Cédule de la
néme année y pour obvier aux plaintes de
a Ville de l'Aflomption , laquelle repréfen*
oit le préjudice que lui caufoient les Perei
p y envoïant àc leurs Bourg^ides upQ ex-
Ï743.
DÉCILET DE
3^0 PlBCES fUSTIFICATiVM
' ceffivc cjuantité de THerbc , ce qui empt»
choie les Habitans de vendre la leur uaprix
t3-f,^^«I A/^ raifoniiable . il fut ordonné qu'ils ne pour
roienc y envoier tous les ans que douie
mille arrobes pour païcr le Tribut , qui ccoic
le motif de ce commerce , & qu'avant que
de rcnvoïcr ils la fcroicnt vifirer & rcgîtrcE
<lans les Villes de Santa-Fé & de Corricn-
tcs , à faute de quoi celle qui n'auroit point
de PaiTeport feroit faifie , comme on en
ufoit à regard des Particuliers. Il confte
auiC qu'en vertu d'une Ccdule , du 4 de
Juillet 1684, renouvellée dans rindruâioQ
adrefTée ^ en 171^ , à D. Bruno deZavala,
ces Indiens font exempts de tous droits
pour la vente de l'Herbe 8c des autres fruits
qui renégocient dans leurs Bourgades, &
qu'il réfulte auffi de tout ce qui s'cft paffé
anreccdemment à cette affaire , que dans la
fuite les Pères furent relevés de l'obliga-
tion de faire enrcgîcrer l'Herbe qu'ils ni-
gocienc , n'étant obligés qu'à donner avis
par Lettre au Gouverneur de l'Aflomptiott
de la quantité qu'ils en envoient , ce qui
s'observe exactement , comme le certifient
les Officiers de mon Tréfor Roïal de Bo^
iios-A^rès , en conféquence de la fuftlitc
Cédule , du 4 Juillet 1684. Enfin aïant à'
vanr les yeux la preuve que le produit k
l'Herbe, des autres fruits de la Terre, &
de rinduQrie de ces Indiens eft de cent mil-
le écus y ce qui s'accorde avec ce que difetf
les Pères, lefquels certifient qu'il ne rets
rien de cette Tomme pour l'entretien de tren-
te Bourgades de mille Habitans chacune,
ce qui^ àraifoa de cinq Perfonnes poXj^
DI l'HlSTOXHE DU PaKAGVAT. $€x
.Àtque Habitant , fait le nombre de cenc ■-
cloquante mille Perfonncs.qui fur la fomme '745*
ic cent mille écus, n ont chacune que fcpc Décret i*t
licalcs pourachcterUurs outils & pour en- ^"'^'^'' ^'
trcrenir leurs Eglifes dans la décence où el-
les font 5 ce qui étant prouvé fait voir que
ces Indiens n'ont pas même de fonds pour
le léger Tribut qu'ils paient. Cela pofé:
99 J'ai jugé à propos qu on ne changeât rien
9» dans la manière dont les fruits , qui fe
«9 recaeilleot dans ces Bourgades , fe négo-
M cient par les mains des Pcrcs Procureurs,
»» comme il s'eft pratiqué jufqu'à prcfent •
»a êc que les OSciers de mon Iréfor Roïal
9% de Santa- Fé & de Buenos- Ayrés en«
99 voient tous les ans un compte eiraâ de
a» la quantités de la qualité de ces fruits»
n fui vaut Tordre qui en fera expédié par une
M Cédule de ce jour y auquel ordre ils fa
»> conformeront avec la plus pon£luelle
a» obélflance.
Dans le troisième article il eft
Îueftion de favoir fi on apprend à ces In«
îeos la Langue Cadillane , ou fi on les
entretient dans TaGige de ne parler que leur
Laog;ue naturelle.
Me rappellant qu'il réfulte des Informa-
tions qui ont été faites fur ce point , que
^s Iniiiens nç parlent que leur Langue natu-
Sclle-, mais que cela vient de l'attachement
lu'ilsyomt, & nullement d^aucune défenfe
lue les Pères Jéfuites leur aient faite de par-
er Efpagnol^ puifque dans chaque Bourga-
l|K il V a une £cole « oii l'on apprend à lire
fc à écrire en cette Langue , de qu*il arrive
Tome VI . Q
5<1 PitCïS mSTlTlCATITM
dc-là qu'il y a un grand nombre d'Inciienf
^'^^^' qui écrivent & lifcnc très bien rEfpagnol,
DÉCRET DH ^ nacmc le Latin , quoiqu'ils n'entcadcot
Philippe V. ce qu'ils lifenc, ni ce qu'ils écrivent;
les Pcres de la Compagnie aflurant d'ailleats
quils ont tenté toutes les voies dç les cnga-
ger à parler Efpagnol , à rexception ii
celle de la rigueur qui n'cft point ordonnât
par la Loi , & dont il ne leur a point pan
• convenable d'ufer. Ce <^uî étant fuppofé
9> J*ai trouvé bon d'enjoindre fpécialenicoi
» aux Pères de la Compagnie par une Ce-
» dule de ce jour , de maintenir fans faon
9> les fufdites Ecoles dans les Bourgades,
90 de de procurer que leurs Indiens jparleoi
•» la Langue Caftillane, conformément S
M la Loi 18, Tit. i « Liv. 6 y duCodedci
93 Indes, tant parceque cela convient flo
•3 bien de mon fervice , que pour préveoif
>9 & faire cefTer les calomnies que Ton fuf^
93 cite à leur Compagnie fous ce pé^
9» texte.
Le quATRiEME ARTICLE fe rédultàfa*
Yoir fî ces Indiens ont un Domaine parti*
culier « ou (î ce Domaine , ou fon admioif*
tration , efl entre les mains des Pères.
Il confie par les Informations faites for
cet article > par les Aâes des conférences ft
les autres Pièces , que vu rincapacité & l'in-
dolente pareffe de ces Indiens dans le manie''
ment de leurs biens , on afligne à chacun ont
portion de Terre pour la cultiver , &, decej
qu* il en retire , entretenir fa Famille s qoer
reftant des Terres eft en commun j que (
qu'gn ça (çcuçiUc 4e grains ^ dç
»i t*Hr$ToiRe w Paraguat. j^j
«omeftiblcs & de cocon cft admîniftré par -•
les Indiens, fous la dirc<aion des Cures, ^7^h
auflfî- bien que THcrbe & les Troupeaux: Décrftd»
que du touc on faic trois Icxs, le premier ^'^^^'^ ^"
pour païer le Tribut à mon Tréfor Roïal ,
fur quoi font prifes les penfions des Curés ;
îc fécond , pour rornement & l'entretien
des Eglifes; le troifîeme, pour la nour-
riture & le vêtement des Veuves & des Or-
pkelins,des Infirmes, de ceux qui font
emploies ailleurs, & pour les autres néccffi-
tés qui ûirviennent , n'y aïant prefque pas
an de ceux , à qui on a donne un terrcin ea
propre pour le cultiver , qui en retire de
quoi s'entretenir pendant toute Tannée :
que dans chaque Bourgade, des Indiens
Majordomes , Computiftes , Fifcaux , 8c
' Gardes-Magafîns, tiennent un compte exa<5t
de cette adniiniftration , & marquent fur
leurs Livres , tout ce qui entre & touc ce
qui fort du produit de la Bourgade , Se que
tout cela sobferve avec d'autant plus de
ponctualité, qu'il efl défendu aux Curés
par leur Général , fous des peines très grie-
ves j de faire tourner à leur profit rien de ce
qui appartient aux Indiens , même à titre
d'aumône , ou d'eniptunt, ou fous quelque
prétexte que ce foU , qu'ils font obligés par i
le même précepte de rendre compte de touc
• au Provincial : c'eft ce qu'aflïïrc le Révé-
rend Frère Werre Faxardo , ci-devant Evc-
que de Buenos- Ayrès, qui , au retour de la
vifite qu'il avoit faite de ces Bourgades »
proteflê qu'il d' avoit jamais rien vu de
mieux réglé , ni un défintérefTement pareil
'à celui des Pères Jéfuices, puîlqa'ilsne ci<-
3éf4 PlEClS nr«TlïXCAYXT«t
— rent abfolument rien de leurs Indiens , ti
I74î« pour leur nourriture y ni pour leur vêtç-
DÉcRET DB ment. Ce témoignage s'accorde par&ite-
Philippe V. ment avec plufieurs autres , qui ne font pas
moins fûrs , & fur-tout avec les Informa-
tions qui m'ont été cnvoïées en dernier lieu
par le Révérend Evcque de Buenos-Ayris
Dom Jofeph de Peralta , de Tordre de Saini
Dominique^ dans fa Lettre du 8 de Janvlei
de la préfente année 1745 » rendant compte
delà vifîte quil venoit d'achever des fu(di«
tes Bourgades , tant de celles de fon Dioci-
fe , que ne plufieurs de l'Evéché du Para*
guay,ayecla permiflion du Chapitre delà
Cathédrale > le Siège étant vacant, apuïanc
fur-touc fur la bonne éducation que ces
Pères donnent à leurs Indiens , qu*il a trou-
vés fi bien inftruics de la Religion & ea
tout ce oui regarde mon fervice »^^ fî biea
gouvernés pour )e temporel y qu'il n'a
quitte ces Bourgades qu'à regrer. Tous
ces motifs m'engagent à déclarer : «> Que
« ma volonté Roïalc ciï qu'il ne foit rien
M innovédansl'adminidration des biens dç
>9 ces Bourgades 4 & quç l'on continue
» comme on a fait jufqu'à préfent dès le
M commencement des Redu£lions de ces In^
•9 diens , de leur confçntcmf!i)t , & à lear
»> grand avantage ^ les Miflionnaires Curés
»3 n'en étant proprement que les D^reâeors,
. 99 nui par leur fage œconon^ie Içs ont pré*
•3 lervés de la mauvaife diftribution & des
»» malyerfations y qui fe remarqyen; daof
» prefque toutes les autres Bourgadçs lOf
a».diennesde l'un de l'autre Roïaume.
.;; gt <^uoi(}uç par ^e Cé4ulç ïVoïale^ A
Bt L^HistoiitE Dû Paraguay, ^éf
l*à&née i66ï3 il ait été ordonné que les J""*^
Pcres nexerccroient point TOfficc de Pro* ^
teneurs des Indiens 5 comme cette défcnfe^^^*^"^ ^*
leur avoit été faite fur ce quon leur impu- "*'•*'" •
toit de s'être ingérés dans la Jurifdiâion £c-
cléfiaftique & Tempofcllé , & d'empêcher
qu'on ne levât les Tribut, & comme cette
imputation étdit alors incertaine ^ que le
Contraire même a été vérifié depuis , & que
la protedion qu'ils donnoient aut Indiens
fc bornoit à les bien gouverner foit dans
le fpirituel, foit dans le temporel. 3-> J'ai
*• jugé qu"il convenoit de déclarer la vérité
9» de ce fait , & de commander , comme je
M fais ) qu'on n'altère en rien la forme du
ao. Gouvernement établi préfentement dans
aa ces Bougadcs.
Dans le cinquième ARTictE , on de-
mande (î les Indiens de ces Minfions ont
d'autres Juftices que celles de leurs Alcaldes
Indiens, & par qui ces Juges font nommés ?
L'établi (Tement des Corrégidors Efpa-
gnols dans ces Bourgades écant fujet à de
grands inconvéniehs , comme il paroît par
l'information qvie Dom Martin de Barua a
cnvoïéeà mon Confeil des Indes, con-
tre le fentiment de Dom Barthélémy de
Adulnaté ; & le Mémoire judificatif d'A- -
gnero faifant connoître que dans chacune
de ces Bourgades il y a un Corrégidor Iii«
dien , nommé par le Gouverneur de la Pro-
vince , après en avoir conféré avec les Pè-
res ; qu'il y a auflî des Alcades ordinaires ,
& d'autres Officiers de Magiftraturc, que
le même Gouverneur choifitious les- ans de
Qii}
^46 Pièces justiiicativis
••' concen avec les Pcrcs , comme il arrive its
^^^^' moins le plus fouvem, ce que le fufdît
DÉCRIT Di Aguero edime être le plus expédienc , parce-
T^i.LifFi V. ^^^ ces Religieux conDoiflcnt mieux les
Sujets les plus capables d exercer ces Em-
plois : 33 J'ai jugé qu'il convenait de ne pas
oo changer cet afage 3 & j'ai réfolu de dé-
M clarer, comme je fais parle préfenc Dé-
zD cret , qu'on s'en tienne à ce qui a été
M pratiqué jufqu'à préfent.
Le Sixième article comprend tout et
qui fe trouve dans les Informations au fu-
)etdes Arts nobles « ou méchaniques, que
les Pères ont enfeignés à leurs Indiens : des
Manufaélures , qu'on y trouve : fî les In-
diens fabriquent leurs armes > la poudre oa
autres munitions : s'ils ont des Mines *, de
quelle nature elles font , & ce qu'elles pro-
duifent ?
Sur tous ces points « il confie par les
Procès-verbaux dreffés par Dom Jean Vaf-
quez , que dans chaque Bourgade il Y a pla-
ficurs Attcîiers difFérens , ou l'on fabrique
des armes à feu Se des armes blanches de
toutes les efpeces , de la poudre 6c toutes
fortes de munitions ; mais que par rapport
Srux Mines on n'y en connoît aucune , &
<|u*on n'a pas oui dire qu*il y eût aucun
Métaux dans ces Quartiers. On m'a auffi
rappelle que par une Cédulc du 14 d'OéVo-
bre 1^41 , il fut mandé au Comte deChin-
«hon , Viceroi du Pérou , d'informer fur
l'inftançe que faifoit le Père Montoya, Pro-
cureur du Paraguay , pour qu'on permit
à tous les Indiens convertis depuis long-
BË L*rtistôiitE DU Paraguay. ^6-^
ttms , & voifins des Portugais du Brcfil , ■
Tufage dei armes à feu ^ n'y aïant point i743-
-d'Erpaguols qui puiflenc les défendre con- DécKET di
trc CCS Portugais , qui les piiloient & \t$VHiLimy*
maiTacroient , parcequ*cncorc qu'il pût y
avoir quelqu inconvénient en cela , & qu'on
put craindre quelque révolte de ces Indiens
quand on les auroit ainfi armés ^ on pour-
roît y obvier en mettant toutes les armes
& les munitions à la garde des Pères, qui
ne les donneroienc aux Indiens qu'autant
qu'il feroit néccffaire , l^s retireroient dès
Sue le befoin auroic cédé , &: ne laideroient
ans chaque Rédu£lion que ce qu'il fau-
droit de poudre & de munitions , pour re-
poufTer une irruption qu'on auroit lieu de
craindre, tout le refte demeurant à l'Af-
fomption : le Procureur demandoit encore
qu'il fut permis d'acheter ces armes & ces
munitions des aumônes &^dcs autres effets
qui ncfcroicnt point à charge aux Indiens,
& que pour leur apprendre à en faire ufa-
gc , on pût faire venir du Chili des Frères
Coadjuteurs, qui auroicntéré Soldats. Le
même Ordre aïant été répété , le i y de No»
vembre 1641 , au Marquis de la Mancera,
Sacceffeur du Comte de Chinchon , & n'y
aïant aucune connoiflancc certaîrife des In-
formations que donnèrent ces deux Vicerois ,
il fe trouve que par une Cédule , du 10 de
Septembre de 16 4^, il fut mandé au Gou-
verneur de Rio de la Plata de ne rien chan-
fer au fujec de Tufage des armes dont ces
ndiens étoîent inftruîcs, & qu'on leur
avoir permis pour leur défenfe : & quoi-
que par une autre Cédule , du 10 de Juin
Q iiij
Î70* Pièces justificative»
j.^^ vcîlc force dans rinftrudion cnvoï&, tn
171^, à Dom Bruno-Maurîcc de Zavala,
^iFPE V* P^^ laquelle il fut averti qu'il convenoit
* que CCS Indiens fufTcnt toujours armés |pout
Tutilité qui en rcvicndroit à mon fervice,
& pour la dcfenfe de ces Domaines. Tous
ces motifs m*ont fait réfoudrr » h ne j>as
9» fouffrir que fur tous les points qui (ont
3^ contenus dans cet article on change riei^
» à ce qui fc pratique adluellement > & à
» ordfonner que Ton continue à en ufcr
93 comme on a fait jufqu*a ce four , tanr
39 pour ce qui regarde les armes , que pour
3> leur Fabrique, & celle d:es munitions,
33 dont il a été parlé : & quand aux pré-
33 cautions qu*il convient de prendre con-
n tre les inconvénients qu'on en pourroir
90 craindre , ma volonté eil que par une
« Cédule datée de ce jour , & adreifée aux
ao Pères de la Compagnie, le Provlncîaî
9» (bit tenu, lorfqu'il fera la vifite des
» Doélrînes , de conférer avec les Curé*
» fur les mefïues qu'il y auroit à prendre
3!> dans le cas où l'on pourrort craindre une
93 révolte des Indiens , Se d'informer mo^
33 Confeil des Indes des motens qu'ils jù*
33 geroicnt les plus propres pourîa prévenir;
Dans ie septième article ^ îl s'agît
^e favoir fi on a /tablr parmi ces Indien^
Tufage de parer les Décimes 5 ou du moins
iT pour rcconnoîtrc ce drok ,iFs s'acquitent
dfc ce qui eft dur à FEvcque & à l^glife
Cathédrale r & en quelle forme s*en fait la
^îftribution.
Toutes les pièces qui concerkienc ce
DB l'Histoire DO Pa&agvay. 17 i
article m'aïant été préfcncées avec une ^
Information faire ancicnnenient par un '743*
Evêque de Buenos Ayrcs, ce Prélat difoit Décrit Dt
que les Indiens , dont les Pcrcs de la Com- P**'»-"" V.
pagiiie font chargés , n*écoient d'aucune
utilité à fon Eglife , n* aïanc jamais re-
connu fes droits par les Décimes & les
prémices; fur quoi il fut mandé par une.
Cédulc du 15 Odobre I6p4, que ces In-
diens feroienc tenus de païer les Décimes à
leurs Evéques : cet ordre fut réitéré depuis
aux Gouverneurs du Paraguay & de Bue-
nos- Ay tes , les Evéques étant avertis en
même tems d'cnvoïer à mon Confeil des
Indes des Certificats de ce qu'ils aùroicnc
reçu chaque année à ce titre : d'autre part
il m*a été remis une Déclaration du Chapi-
tre £ccléfiaftique du Paraguay , que dans
ce Dioccfe la coutume immémoriale eft
que les Bourgades Indiennes , qui ont pour
Curés des £cclé(iaftiques ou des Religieux
de Saint- François, ne paient point de Dé-
cimes , ce qui eft confirmé par toutes les
Informations, qui ont été faites en der-
nier lieu ; à quoi faifant une attention fîn-^
guliere> & réfléchiiTant fur les inconvé-
nients, que pourroit caufer un nouveau
règlement fur -ce point ; » j'ai réfolu de
99 n'y faire aucune innovation ; mais de
M prévenir par une Cédule particulière le
3> Provincial , afin que faifant attention à
9» la juftice du droit d'impofer les Déci«
9> mes , il délibère avec fes Religieux fur
99 tes moïens d'engager leurs Indiens à s*y
79 foumettre , de de voir en quelle forme
Q vj
}7* ^ECES JUSTIFICATIVES
— — ""^ 33 ils poarronc contribuer quelque chofe,
^745' „ ^ |.jj,.g jg Décimes.
DÉCR.Ï.T DE
PHiLxppfi V. L'article huitième fc réJaît à exi-
miner à quoi font occupés ce grand nom-
bre de Pcrcs , qui font allés & vont .aas
Midions du Paraguay, où Ton ne compte
que trente Bourgades : s'i^s font encore de
nouvelles conquêtes , ou s^ils fer bornent
à cultiver les Réductions ^ qui font déj»
fondées >
Sur ce point* particulier il réfîilte dcç
Informations du fufdit Agucro, que les
Keligieux qui partent pour ces Mi(fioDs^
font ou des* Novices qui font envoies au*
Collège de Cordoue , ou des Profès , dont
les uns font dcftinés pour les Collèges , &
les autres vont fe joindre aux Curés , pour
apprendre la Laneue , afin de pouvoir être
emploies dans îcs Cures vacantes f & qu'il
n'avoit aucune connoiflance que ces Pères
travaillafTent à faire de nouvelles convcr-
£ons , (inon que de tems en tems ils réa-
nifToient & failoient dcfcendre des Monta-
gnes des Familles qui avoient déferté de
leurs Bourgades : mais ce point aïant été
agité avec les Pères dans les Conférences
qu'on a eues avec eux , ils ont répondu que
les Miffionnaires qu'ils avoient de fuma-
méraires , font emploies à faire de fréquen-
tes courfes Anoftoliqucs dans les Monta*
gnes pour y cnercher des Infidèles , & que
ceux qu'ils peuvent gagner font conduits
dans les Bourgades qui font déjà fondées.
11 eft au(& prouvé par plufieurs Mémoires ^
»t L*Ht$roiiLt 3^j Pauaguay. j^j
^*oucre ce qui vient d'être dit , ces Reli- *
gîeux continuent à former de nouvelle^ ^745'"
Rédudions j^armi ïcs Chîquitfe^i les Chiri- DicufT Drf
guanes , les Peuplt^du Chaco , & les Pim- PK-itxïM V*'
pas; d'oà il s'enfuit que non feulement ils
n*onc rien relâché de leur zèle pour cou-'
quérir les Âmes j mais qu'ils s'y portent
svec une ardeur qui va toujours croi{{ant ;
ce qui m'étant parfaitement connu , 8C
n'aïant d'aiHcurs aucune ràifon pour rren
flatuer fur ce point , ma volonté Roïale
eft a» qu'on ne faife aucune innovation à
a> ce fujet3 Se comme je fuis bien sàCer
M d'érre ezadement inflruit du progrès de
oo ces Mi/Gons , j'ai réfolu d'enjoindre à ces
37 Pères > par une Cédule Roïale de cor
33 jour , de ne manquer aucune bccaHon de*
33 rendre compte à mon Confeil des Inde?^
Tf des nouveaux progrès que l'on fera danr
3> ces Mifiionsw
Dans lb neuvwre akticle , îF cftr
3ueftion de favoir fi le Révérend Evêquc
u Paraguay a vifité ces Bourgades pour y
adminiftrer le Sacrement de la Confirma*
tion , & conibiesi de tems il y a que cela ne
s'cft point £ait.
Comme il eft certain par les Informa*
tiens de Dom Jean Vafquez Se par fes Pro-
cès-verbaux , que l'Evcque du Paraguay a
vî&é-deux fois toutes les Bourgades ; que
le Révérend Evéque Faxardo , ci-devant
Evéque de Pnenos^Ayres , a fait )a même-
chofe,.&qjue l'un & l'autre Prélat y ont
donné la Confirmation ; qu'il n'eft pas
inoins conftant que tous les Evêques, cpû
374 PXICES ItJStlflCATlYEt
■■ ont voulu faire cette vifitc , l'ont faite , 8c
I74}- ÇQ QQc rendu & en rendent encore annuel-'
DECRIT DE Icment compte à mon Confeil, marquant
Philippe V. |ç ^^j^ ^^^^^ ^ ^^^ jj, q„ç tiQqvé ces MiUions,
quant au fpicituel « ainfi que vient de faire
tout récemment TÈvêque de Buenos- Ayrcs,
par fa Lettre que j'ai déjà citée ; 6c quon
n'a jamais oui dire qu'aucun fe Toit plaint
que perfonne ait fait la moindre oppo/i-
tion a ces vi(îces -, & afluré que je fuis Je
la vérité de ces faits , » je ne trouve rien
93 qui oblige à prendre aucune mefure à
M ce fujet.
Le DIXIEME ARTICLE regarde Ics Eglî*
fes , dont les Pères font chargés : leur affi-
duité à y réfider : & le culte Divin.
J'ai vu tout ce qu'à repréfenté le fufdît
Aguero des grands foins , que fe font don*
nés les Pères pour la fabrique des Eglifes «
de leur application à les embellir , de l'ar-
genterie , & des riches ornemens , dont ils
les ont fournies , de la manière dont le
fer vice Divin s'y fait avec une ponéluali-
té , un éclat & une dévotion , qui ne peu-
vent pas aller plus Iota : tout cela e(t
confirmé par les Ennemis mimes de h
Compagnie , & par la Lettre déjà citée de
TEvêque aébuel » du 8 Janvier de cette an^
née : -.^ c'cft pourquoi j'ai réfolu de témoin
M gner à ces Pères ^ comme je fais par
u une Dépêche de ce jour « ma gratitude
*a pour leur grand zèle 6i leur applicatioo
M fur tout ce qui regarde cet article.
Dans l^onziemi article, il s-agitde
Hï l'Histoire T>tJ Paraguat. ^f
rëpoqnc <îc la fondation de chacune de ces
Boai-gades, & /î après dix ans elles doivent
être regardées comme Cures Laques , & p^j^j^pi v!
cclTer d'être des Mi flions.
J'ai vu ce qui confie par les Informa-
tions faites à Buenos- Ayrés , & ce qui
réfultc de celles , qui ont été faites anté-
rieurement fur ce pornt j elïes prouvent
que ces Bourgades font fort anciennes,
puifquen l'année i^)'4» elles étoient déjà
fur le pié de DpSIrines y an Iku qu'aupa-
ravant on les appeltoit /?r^£^^f(7/z^y ce quK
ft voit par des Cédules des années 165»
& i6fï y expédiées au fu}etdes démêlés e»-
trc le Révérend Evêque de Cardenas & \z
Compagnie âc Jefus , & dreffées à mo»
Audience Koïale des Charcas , afin qu'elle
rétablît la paix dans le Paraguay , & qu'el-
le fit obferver les Loîx du Patronage Roïal
dans ces Doctrines j avec un ordre de
faire reftituer aux Pères de la Compagnie
leurs Maifons , leurs Biens & leurs Do6irî^
nu , dont on les avoir dépouillés s mais àî
condition de fe foumettre dans leurs Ré-
duâlons y quand ils y feraient rétablis , à
toutes les règles du Patronage Roïal. Par
ûHeautte Céduk , du iç de Juin i^y4j if
ftt déclaré, que ces Rédndions des Pcrcs-
iz la Compagnie de Jefus au Piaraguay,
ne devaient çlus être regardées que com-
inc des Dodrînes 5 que quand il faudroit y
mettre un nouveau Curé , il faudroit pre-
fcnter trois Sujets au Vice- Patron , comme
îl fe pratiquoir par-tout âiReurs , & que fî
la Compagnie n'acquicfçoit pas à ce régie-*
Acnty les Gouverneurs & les Evéques,
^yt PiECIS JCSTXTICATfVB^ .
■ . ' chacua dans leur Province , dirpoferoieiif
^^45- Jes Cures, &'y nommeroient des Prêtres
DÉCR.ET DE féculicrs , oU à leur défaut des Religieux
Fhjlippe V. jçj autres Ordres j mais que fi les Jcfoi-
ces confentoienc à reconnoitrt en tout SC
par-couc le Patronage Rpïal , de les laifler
eu pofTedion de leurs DoÀrines. L'Audience
Roïalede la Plata ^utaufC infbaire de cette
affaire , & il fut ajouté que dans le cas
où le premier Supérieur de h Compagnie
fta Paraguay jugeroît à propos de retirer
un de Tes Religieux de fa Cure , il le pour-i
roit fans être obligé d*en faire connoitro
les raifons , en (>ropofant trois^ autres Sq-«
jets , fuivant la forme prcfcrite. Le Gou-
verneur du Paraguay aiaet mandé que le
l^rovincial de la Compagnie s*ctait fournis i
tout ce qui écoit porte par les Cédules , iC
promis de s'y conformer pon^cllement , '
il lui avoir laifTé Tadminidration des l>oc«
trines ; quelle même Provincial lui avok
, préfenté pour chaciïne les trois Sujets qui
paroKToient lés plus convenables ^ que TE**
vécue ou le Graud-Vicaire leur avoir dotf*
ne le Flfa , & les avoit mis en pofTeflionf
fous condition d'obferver coûtes lesXoix
du Patronage Roïal : fur quoi il filt ex-
pédié le 10 de Novembre 16^9 une Cédale
Roiale, qui approuvoit tout ce qoi avoic
été fait« Âïant donc reconnu part toutes les
pièces , que la même règle s'obferve encore
aujourd'hui ; que mon Patronage Roïal efi
bien établi dans ces Bourga£s, & que
toutes ces Dod^rines font bien gouvernées^
fy j*ai réfolu de n'y faire aucun change
99 menr> Se ma volonté efl: quelles coati?
*t L*HlsTOiRï or Pakact/ay. J77
« nucnt d'ccrc fous la charge & la dirw j-
« tîon dcç Pcrcs de la Compagnie.
* ° DÉCRET i>«
^ " ,, Fhili»p£ Vé
Quant au DoyziEME article , il
iroule fur le motif qu on a pu avoir pour
ordonner que les Bourgades qui font^fi-
tuées dans la Jurifdidion du Paraguay ne
foient point foumifcs au Gouvernement de
cette Province.
Je me fouviens d'avoir mandé par mpn
Décret Roïal ,du quatorze d*Oftobre 171^,
que jufqu*à ce que j'en euffe autrement or-
donné les trente Rédndtions Indiennes de»
Pères de la Compagnie du Paraguay fulTcnt
dépendantes des Gouverneurs de Buenos-
Ayrès. Le motif qui m'avoit fait prendre
cette réfolution étoit ce qui m*avoit été
repréfcnté, par le Procureur de ces Miflions,
des grands troubles furvenus dans cette
Province de Paraguay fous le gouverncmenc
de Dom Jofeph de Antequera ; que Ics^ or-
dres aïant été donnés en conféquence , D.
Bruno- Maurice de Zavala me rcpréfenta
que la crainte des grands inconvéniens qui
pouvoient naicre de leur exécution^ fur-
tout par rapport aux quatre Bourgades les
plus proches de l'Aflomption y l'avoit en-
gagé à convenir avec le Gouverneur du
Paraguay que les quatre Bourgades conti-
Djocroient d'être de fa dépendance , jufqu'à
ce que maïanc expofé les raifbns qu'il avoit
tues d'en ufer ainfi , j'euffe donné des or-
dres du contraire. Sur quoi en aïant dé-
libéré dans nK>n Confeil des Indes , )'ap-
muvaî ce qui m'avolc été propofé; Ôc
IQoiqttç les ordres euiTencété expédiés ç»
J^S Pièces msTifiCATivls
- ^onféaaence de cette déliWracion , parutUI
I74î» Dépêche du s de Septembre 17J) , il fc
DtcMT OT fjQQve que les trcixc Bourgades fituécsdani
* . 1^ jufjfdi^ioû da Paraguay étoîcnt encore
fous la dépendance du GoUvemenr de Bue^
nos-Ayrès en l'année 173^ , lorfcju'Agoero
faifoit fes Informations : le Mémorial da
Provincial de ces Mi(fions dit la même
chofe , & marque exprefTément qu'on ac
s'adrcfTc pour la Confirmation des noa->
veaux Alcaldcs , & pour tout ce qui eO; de
la dépendance des Gouverneurs , qu'à ce-
lui de Buenos-Ayrès , & non à celui du
Paraguay , de forte que Tordre qui regar-
doit les fufdites quatre Bourgades , n'a
point eu d'exécution , parceque quand il
étoi: arrivé , la Province du Paraguay
ëtoit foulevée , & qu'il avoit paru dange*
reux d'augmenter les forces des quatre
Bourgades donc il étoic queftion. Cela
étant ;;irin » ^ confîdêrant que dans toat
. ce qui m'a été mandé fur ce point aucune
raifon ne m'oblige à rien ftatuer de nou-
veau , ma volonté eft » qu'il ne fc fa/Tc
M aucun changement dans ce quife [ra*
*) tique aujourd'hui.
J'ai été instruit, en dernier lieu,
qu'un dcsgricfe, qu'on a publiés contre les -
Pcrcs de la Compagnie de Jefus , eft qu'ils
mènent ,' dans les MiflîxMis*, des Rcligierx'
* Étrangers ; mais je n'ai pas -oublié qu'il
lie l'ont fait qu'en vertu des ordres des Sou-
verains ; ni qu'en l'année 1734, j'ai ac*
cordé'par mon Décret, du 17 de Septem-
bre X757 , au Général' de cet Ordre > que'
Bi l'Histoire du f araêuat. $7f
iqtic fois qu'il cnvcrroit des Miffionnai-
(dans mes Domaines de l'Inde il pût y ^/^5*
oir une quatrième partie de Religieux D^c»" ^
Icmands. Je fuis auffi inftruit que dans P"'"'" ^*
lices les occafioDS ceux-ci fc font mon*
s très fidèles, & qu'en 1737 ^^ Perc
lomas Werle , Bavarois * étant au fiege
: la Colonie du Saint - Sacrement avec
atre mille Guaranis , fut tué d'un coup
fufii par mes Ennemis. Cela feul confi-
re, M j'ai jugé à propos d'enjoindre à ces
Pères , comme je fais par une Cédule do
ce jour , de faire beaucoup d'actcntîon
au choix de leurs Millionnaires *, princi-*
paiement à l'égard des Sujets des Puif-
fances Maritimes.
Enfin étant manifcfte , par ce qui a été
t dans les articles cideffus, & par les
crits anciens & modernes qui ont été
îs dans mon Confeil & examinés avec
lute l'attention que dcmandoit une affaire
importante dans toutes fes circonflan-
îS, que les faits les plus véridiques jufti-
:nt que dans aucune portion des Indes
ion Domaine & le droit du Vaflclage n'eft
lus généralement reconnu , que dans ces
oui^ades , ni le Patronage Roïal , ni la
3ri(diâ:ioa Eccléfiaftique &JEloïale mieux
;ab!i , comme le prouvent les vifites con-
nuelles des Evêques & des Gouverneurs >
: l'obéifiance aveugle que ces Indiens ren-
:nt à leurs ordres , fpécialement lorfqu'ils
mt mandés pour la défenfe du Pais ou
>ur quelqu'autre entreprife que ce foit , y
iâoc toujours quatre ou fiz niille Indiçns
JSo Pièces ^vsritieAnrts
^ j . armés, prêts à marcher où on Icar ordonna
» fairéfolu de faire expédier aoeCéiulo
tHiLiFFE v! '* P^"^ ^^'^^ connoîtrc au Provincial la
"^ * » facisfa^lion qac je rcflens de voir s*éva-
» nouir , à la lumière de tant de juftifica-
^3 cions, les calomnies Se les impoftares
3> d'Aldunaté & de Barua ^ & la grande
M application de la Compagnie à tout ce
M oui cft du Tcrvice de Dieu , du mien &
33 de celui de ces malheureux Indiens,
M que j'cfpere quelle continuera avec le
a> même zcle Se la même ferveur à gouvcr-
^3 ner ces Réduûions , de à prendre le mê-
M me foin des Indiens.
Ceci étant tout ce que j'ai jugé qu'il
convenoit de réfoudre fur tout ce que dcf»-
fus , je mande en conféquence par la pré-
fenre Cédule à mes Vicerois du Pérou &
du nouveau Roïaume de Grenade , au Pré-
fident & aux Oydors de mon Audience
Roïale des Charcas , aux Couvertieurs du
Paraguay & de Buenos- Ayrcs , aux Offi-
ciers de mon Tréfor Roïal de ces didrids,
je prie & je charge le très Révérend Ar-
chcvcqi]^e de la Métropole de la Plata , &
les Révérends Evéqucs defdites Provinces
du Paraguay & de Bucnos-Ayrcs , leurs
Chapitres y & généralement tous les autres
Juges Eccléfîadiques Se Séculiers de mes
Domaines de l'Amérique > que peut regar-
der en tout , ou en partie Texécution de ma
préfente volonté Roïale expliquée dans
les douze articles ci-defTus énoncés , de fe
conformer à la préfente Cédule , & de la
faire exécuter chacun dans l'ércndac de
fou Oiftriâ: 5c de fa Jurifdidlon fans ie«
>lique r ^^^^ ^^^^^ ^ ^^"^ obftacle, de force
jnc tout ce qu'elle renferme aie fon plein ^^J •
'£et y & que tous fâchent qu'y faifant ■D^c^'^t ov
iutc ils encourront ma difgrace. J'ordon- "'^'"* ^^
le encore que chacun , fur ce que moa
iréfcnt Décret lui prcfcrit , me donne
)romptcment avis de fa réception & de
Ton obéiffance 5 & la préfente fera enre-
jiftrée par les Officiers Roiaux au Greffe
îe mon Confeil des Indes , ^ dans tout
ceux de mes Domaines.
Donné à Buen Retira y U vingt- huk
Décembre 1743.
M O I L E RO I.
Par U commandement du Roi Notre
Seigneur ;
DpM Michel de Villanueva;
Le préfent Décret vrefcrit ce qui doit
f'obferver dans les MiJJions 6» dans les
Bourgades Indiennes des DiftriBs du Pa^
raguay & de Buenos- Ayrès , qui font fous,
la conduite d^s Pères de la Compagnie de
Mus, ^ ^
|St Pièces MStruicAriru j
CEDULE ROIALE.
ADRESSÉE
AU PROVINCIAL DES JESUITES,
Par laquelle Sa Majejlé lui marque
fà gratitude pour fon ij^èle, & quelle
efpere quil continuera à. le faire
éclater , au grand av antage -des
Indiens.
^ L E R O I.
' V Ewt RABLE & dévot Pcrc Provincial
CidwlbR. Jç j^ Compagnie de Jcfus , & autres Supé-
rieurs & Particuliers d*icelle , qui êtes char-
tés des MifUons dépendantes de la Jurif-
idlion du Paraguay & de Buenos-Ayiis
dans mes Domaines dii Pérou : vu dans
mon Confeil des Indes lalFaire férieafe
c]u*ont occalionnée le grand nombre de
Mémoires & d'Informations ^ qui oncpani
depuis plus d'un Hecle , & qui m*onc été
adreiTés au fujet des progrès de ces MiC-
(ions , & les incidents qui font furvenns \
je me fuis fait repréfenter entre les autres
articles, dans un G>nrulte du xi de Mai
de cette année , ce qui conftoit , & ce qui
réfnlte de toutes les Informations , à favoir
qu'il ne fe peut rien ajouter aux foins que
vous prenez des EgU^^s de ces Bourgades ^
DK l'Histoire DU Pauaguay. 381
«le les fournir dornemens propres & dé- '■
cents , & d'argenterie pour le culte Divin , '745-
3ui ne fe peut faire avec plus de réjgularité , Cisu^iR*
e fplcndcur & de dévotion , ainhque Tex-
priment les Révérends Evéqucs , qui ont
vifité ces Bourgades, & ce que m'a confirmé
en dernier lieu l'Evêque aâuel de Buenos-
9 Ayrès dans fa lettre du S de Janvier de
^ cette année , témoignage qui efl: conforme
à ce que les Ennemis mêmes de la Com-
pagmeen ont publié. Tout ceci confideré
& me caufant un fi fenfible plaifir , parce*
qu'il intereffe le fervice de Dieu , lur la
coute-puijTance 6c le fecours duquel je fon-
i .de relpérance de voir la Foi Catholique
fe répandre dans les Domaines & parmi \cf
Vafiaux de ma Couronne , je me fuis dé-
terminé à vous témoigner , comme je fais
par cette Cédule ma fatisfadion , & à vous
xendre des aâions de grâces , qu'ont mé- ^
xitées de ma bienveilunce Roïale votre
zèle & votre application fur ce point. J'ef-
pere que vous continuerez à les rendre ef-
ficaces f auffi-bien que votre pondualité à
TOUS conformer à tout ce que j'ordonne 8c
enjoins par mon Décret de ce jour fur
tous les points qui dnt réfulté de cette
^ affaire : & afin que vous en foïez exaébe-
ïnent inftruits , mon Secrétaire qui contre-
çk ^figne la Préfente , aura foin de vous en faire
^ 'tenir un exemplaire. Je compte que vous
^ n'en accnferez la réception , & me don*
2 fierez avis , par toutes les occafions qui
^ pourront s'en préfenter , de tout ee qui fe
^' ipréfentcra fur tous les articles de mon fuf»
)S4 Fiseis lusTmcÀTtTif
die Décret , cela écanc i\x bien de moA^
De Bucn Retira ce 18 Décembre i74?.
MOI LE ROI.
Par le commandement du Roi N, 5.
D. Michel de Vxllamuta]
CEDULE ROIALE
ADRESSÉE
AUPROVINCIAL DES JESUITES;
Par laquelle Sa Majefté lui marque
fa gratitude pour Jon:^lcj & qtielU
efperc quil continuera à le faire
éclater, au grand avantage des
Indiens.
L E R O I.
V Enerable & dévot Père Provincial de
la Compagnie de Jefus , qui êtes chargé des
MifEons de la Jurifliâion du Paraguay &
de Buenos- Ayrès dans mes Domaines da
Pérou. On a vu & examiné dans mon Coo^
feil des Indes tous les Aâes & autres Infor*
mations, qui lui a voient été adreflés de-
puis un fiécle touchant Tétat & les progrès
de ces MifHons ; & réflexions faites for
toutes les cîrconftances de cette affaire , je
me fuis repréfencé dans un Confulte oO
vingt-deui: de Mal de cette année les me-
forpf
©E L*HlSTOIRE DU PaRAGTTAY. }8f
fîites qae je jugeois les plus convenables _
pourlc fervicc de Dieu & pour le mien, i74^
les plus avantageufes à ces Indiens, qui CeduleR.
étant des Sujets fi fidèles & fi utiles à ma
Couronne Koïale , ont bien mérité de ma
bienveillance l'attention 8c le foulagcment
qu'ils éprouvent. Me trouvant donc parfai-
tement inftruitde tout cela, & de tout ce .
qui a rapport à cette affaire , & me rappel-
lant tous les ordres émanés du Throne fur
tous les cliefe, j'ai pris la réfolution que
vous verrez par la Cédule Roïalc datée de
ce jour , que mon Secrétaire qui a contre-
fîgné la PréCentc fait partir pour mes Do-
maines de TAmérîique , afin qu'on s'y con-
forme avec la plus grande pon^ualité,8c '
qu'il aura aufll foin de vous faire remettre ,
afin que dans cç qui vous concerne, vous
obfervicz & faffiez obfcrver ce qui y ell
prefcrit ; & comme on reconnoîtra , pat
tout ce qui eft rapporté dans la fufdite Cé-
dule , qu'il cfl judifîé par des faits véridi-<
qucs, que dans ces Bourgades mon Do-
maine & les droits de mon Vadellage font
parfaitement reconnus ; que les Loix du
Patronage Ro'ial ^ Se les Loix de la Jurifdic-
t lion Eccléfiaftique & Roïale font parfaitc-
\ ment observées dans la pratique , ce qui fe
% prouve par les Procès-verbaux que les Révé-
~ rends Evêqucs ont drcffés des vifites qu'ils
^ onc faites , & par le rapport des Gouver-
^ Heurs qui ont rendu témoignage que ces
•^ VaiTaux rendent la plus aveugle obéiffance
'^ i mes ordres , foit pour la défenfe du Paï's »
^ oa pourquelqu'autre entreprife qu'on leur
^ mnmande , étant toujours prêts a marctier
^ Tome FI. K
t
ces Indiens dans la crainte de Di
foumiflion qu'ils me doivent &
iiiere donc ils obfervent coûtes 1
la vie civile , & la joie que je
voir vu s'évanouir par cane de ju
& à la vue des faics les plus cerca
lomnics & les impofturcs qu oi
pandues dans le public , & lej
lions qui m*avoienc écé faites pai
voies tous le voile d'un grand
mon fervicc, mais en effet par
méchanceté. J'efpere au/ïi , que
fucceffeurs dans la place que voi
& cous les autres Religieux de
gnie , concinuerez, à vous emph
même ardeur , félon vocre faint
donner tous vos foins aux Indiei
RéduâioQS, & que toutes les fo
trouverez quelque chofe qui d
prompt remède de ma part , vou
nerez avis, afîn que je puiiTc
mefures les plus convenables.
HE L*HlSTOIRB DU PARA<50AT. 3*7
JOURNAL
D'UN VOÏAGE
A
ï-ï LONG DE LA COTE DE LA MER
Mage LLANiQu I9
Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce
du Détroit de Magellan :
Tiré des obfervations des Pères Jofeph
Cardiel & Jofeph de Quiroga ,
de la Compagnie de Jefus ;
PAR LE PERE PIERRE LOC^ANO ,
DE LA MESME COMPAGNIE.
fi
Fi MBARCARONSE por fin à $ dc Dicîcm- TtITT^
brc dc 1745 > y cl Lunes ^ à las dicz horâs „ .
de dia , havicndo difparado la picza de le- j^oJ^c^^b la
.va, fc hicicron à la vcla en nombre de côte delà
• Dios con vcnto frefco, y falieron à ponerfc Mer Ma-
[eo franquia en el Amarradero, que difta ^^^^'''Q^'"
litres léguas dc Buenos- Ayres. De alli falie-
^Jron Martes à las nucve y média de la ma-
f nana , y con diClar Moncevideo folas cm*
rcjuenta léguas de Buenos- Ayres , no pudie«
ï74*ton tomar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que
 las once y média dcl dia dieron fondo en
• ^Unedio de lu enfcnada. Alli , entre lagemc
"'de aquel Prc6dio, fe eligieron los vcinte y
.«i^^cinco Soldados > que fe havian de embar-
R ij
5*^ Puces justiïicatives
""""""T — fur an fimplc avis du Gouverneur , pour ac-
'^'*" courir avec leurs armes , au nombre ou on
CtDutE R. j^y^ ^ marqué , & oii on les demande. Tout
cela conlidéré , j*ai voulu vous faire coa-
noître , comme je le fais par la Préfemc ,
combien je fuis content de votre zcle & de
celui des autres Supérieurs & des Particuliers
de ces MiCTions à bien élever & à maintenir
' ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la
foumiffion ou ils me doivent & dans la ma*
uiere dont ils obfervent toutes les règles de
la vie civile , & la joie que je reffens d'a-
voir vu s'évanouir partant de judifîcatioQS)
& à la vue des faits les plus certains , les ca*
lomnies & les impoftures qu'on avoir ré-
pandues dans le public , & les dénoncia-
tions qui m'avoient été faites par difTéreotes
voies Lous le voile d'un grand zelc pour
mon fervice, mais en effet par une grande
méchanceté. J'efpere au/Ti , que vous & vos
fuccefTeurs dans la place que vous occupex,
& tous les autres Religieux de la Compa-
gnie , continuerez à vous emploïer avec la
même ardeur, félon votre faint In(litut,à
donner tous vos foins aux Indiens dans ccf
RéduâioQs, & que toutes les fois^ae yo«l
trouverez quelque chofe qui demande no
prompt remède de ma part , vous m'en don^
nerez avis, afîn que je puiifc prendre hs
fncfures les plus convenables.
De BuenRçtiro ce 2% Décembre 1745,
MOI LE ROI.
Par le commandement du Roi
tre Seigneur, \k
D, MlÇHEl. P£ VlLLAN|^£f4» Idi:
HE L*HlSTOIRB DU PARA<50AT. 3*7
I I ' — ^— ^
J O U R N A L
D'UN VOÏAGE
A
LX LONG DE LA COTE DE LA MER
Mage llaniQu i»
Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce
du Détroit de Magellan :
Tiré des obfervations des Pères Jofepk
Cardiel & Jofeph de Quiroga ,
de la Compagnie de Jefus ;
PAR LE PERE PIERRE LOC.ANO ,
DE tA MESME COMPAGNIE.
1745.
VoÏAGE LE
Fi MBARCARONSE pof fin à 5 dc Dicîcm- '
bre de 1745 > y el Lunes ^ à las diez ho ras
de dia, havicndo difparado la pieza de le- ^^^^ ^^ ^^^
va , fc hicicron à la vcla en nombre de côte de la
Dios con vento frefco, y falieron à poncrfe Mer Ma-
cs franquia en el Amarradero , que difta gellanique
très léguas de Buenos-Ayres. De alli falic-
jron Martes à las nucve y média de la ma-
liîana , y con diClar Montevideo folas cin-
^^uenta léguas de Buenos-Ayres , no pudie«
fton comar fu Puerto hada el Lunes 1 3 que
ià las once y média del dia dieron fondo en
•ncdio de lu enfcnada. Alli, entre la gemc
de aquel Prefîdio, fe eligieron los veintc y
ciaco Soldados » que fc havian de embar-
R ij
^U Puces justiïicatites
— J — ' — fur an fimplc avis du Gouveroear , pour le*
courir avec leurs armes , au nombre ou on
CiDutE R. j^y^ ^ marcjué , & oiî on les demande. Tout
cela condderé y j*ai voulu vous faire coa«
noître , comme je le fais par la Préfeme ,
combien je fuis content de votre zcle & de
celui des autres Supérieurs & des Particuliers
de ces MiCTions à bien élever & à maintenic
^ ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la
foumifHon au ils me doivent & dans la ma-
nière dont ils obfervent toutes les règles de
la vie civile , & la joie que je reffens d'a-
voir vu s'évanouir partant de judifîcatioQS)
& à la vue des faits les plus certains , les ca*
lomnics & les impoftures qu'on avoir ré-
pandues dans le public , & les dénoncia-
tions oui m'avoient été faites par difTéreotes
voies tous le voile d'un grand zelc poar
n^on fervice, mais en effet par une grande
méchanceté. J'efpcre au/Ti , que vous & vos
fucceffeurs dans la place que vous occupex,
& tous les autres Religieux de la Compa-
gnie, continuerez à vous emploïer aveck
même ardeur, félon votre faint In(litut,à
donner tous vos foins aux Indiens dans cet
RéduâioQS, & que toutes les fois^ae vo«l I
trouverez quelque chofe qui demande no'
prompt remède de ma part , vous m'en don*
nerez avis, afin que je puiffc prendre Id
fncfures les plus convenables.
Ve BucnRçtiro ce 2% Décembre 174J,
MOI LE ROI.
Par le commandement du Roi Nif*
tre Seigneur.
D, MiÇHEl. P£ VïLLAWEf4f Ici
HE L*HlSTOIRl DU PARAG0AT. 3*7
I I ' — ^— ^
JOURNAL
D'UN VOÏAGE
A
-ï LONG DE LA COTE DE LA MER
Mage llaniQu i»
Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce
du Détroit de Magellan :
Tire des obfervations des Pères JoCeph
Cardiel & Jofeph de Quiroga ,
de la Compagnie de Jefus y
PAU LE PERE PIERRE LOC.ANO ,
DE LA MESME COMPAGNIE.
JJjMBARCARONSE pof fin à 5 dc Dicîcm- j_.
brc dc 1745 , y cl Lunes 6 à las diez horâs
dc dia, havicndo difparado la pîeza dc le- ,yjîî*«f "
va, le hicieroQ a la vcla en nombre de côte delà
Dk)S con vcnto frefco, y falieron à ponerfe Mer Ma-
CD franqaia en el Amarradero , que difta gellanique
trcs léguas dc Buenos- Ayres: De alli falic-
ton Martes à las nueve y média de la ma*
&ana > y con didar Moncevideo folas cin-
quenta léguas dc Buenos- Ayres , no pudte*
ton comar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que
jk las once y média dcl dia dicron fondo en
■Bodio dc la cnfenada. Alli , entre lageme
4c aquel Prefkiio , fe eligicron los vcinte y
Idnco Soldàdos > que fe havian de embar-
R ij
^S^ PlICIS JUSTIÏICATITES
— Z~~, — fur un fimplc avis du Gouveroeor , pour ic-
■^'* courir avec leurs armes , au nombre ou on
C- i^LLE R. j^yj. ^ marqué , & oii on les demande. Tout
cela conddérc , j*a'i voulu vous Êilre coq*
noitrc , comme je le fais par la Préfeme ,
combien je fuis content de votre zcle & de
celai des autres Supérieurs & des Particuliers
âc ces MitTions à bien élever & à maintenic
ces Indiens dans la crainte de Dieu , dans la
fouminîon qu ils me doivent & dans la ma-
iiicre dont ils obfervent toutes les règles de
la vie civile , & la joie que je rcfTens d'a-
voir vu s'évanouir partant de juilificatloos,
& à la vue des faits les plus certains , les ca«
lomnies & les impoftures qu'on avoir ré-
pandues dans le public , & les dénoncia-
tions oui m'avoient été faites par difTcreDCcs
voies Tous le voile d'un grand zelc pour
ir.on fer vice, mais en effet par une grande
méchanceté. J'efpere aiifïi , que vous & vos
fucccffeurs dans la place que vous occupex ,
& tous les autres Religieux de la Compa-
gnie , continuerez à vous emploïer avec la
même ardeur , félon votre faint Inftitut , à
donner tous vos foins aux Indiens dans ccf
Réductions, & que toutes les fois^ae voos
trouverez quelque chofe qui demande no
prompt remède de ma part , vous m'en don*
nerez avis , afîn que je puiife prendre Id |
fncfures les plus convenables.
Ve Buen Retira ce 2% Décembre 1745,
MOI LE ROI.
Par le commandement du Roi Nf^i
tre Seigneur,
Df Michel de ViLLANyEVA*
HE L*HlSTOIRl DU PaRA<50AT. 3S7
j ii_ * ■ — — — ^
JOURNAL
D'UN VOÏAGE
A
IX LONG DE LA COTE DE LA MER
Mage llaniQu i»
Depuis Buenos- Ayrès jufqu a Tentrce
du Détroit de Magellan :
Tiré des obfcrvations des Pères Jofeph
Cardiel & Jofeph de Quiroga ,
de la Compagnie de Jefus y
PAR LE PERE PIERRE LOC.ANO ,
D£ tA MESME COMPAGNIE.
ri MBARCARONSE por fin à 5 de Dicicm- J777
brc de 1745 , y cl Lunes ^ à las dicz horâs
de dia, haviendo difparado la pîeza de le- j^^^^c^^b la
-Ta, fc hicicroQ à la vcU en nombre de côte dp. la
Dîos con vento frefco, y falieron à ponerfe Mfh Ma«
CD franquia en el Amarradcro , que difta gellanique
très léguas de Buenos- Ayres. De alli falic-
Jon Martes à las nueve y média de la ma*
i iuoa , y con diftar Montevideo folas ciû-
^^ttcnta léguas de Buenos -Ayres , no pudk-
^ tomar fu Puerto hafta el Lunes 1 3 que
; once y média del dia dieron fondo en
\ de la enfenada. Alli ^ entre lageme
aqucl Prefidio, fe eligicron los vcinte y
co Soldados > que fe havian de embar-
R ij
;SS Pièces JusTjficATivis
■ car, à cargo dcl Alfcrez Dom Salvadoi
w4î« Mariin dcl OImo : por que aunqoe dcfca:-
VoîAGE LE 1^^ ^1 Sei^or Governador de Buenos-Ayres ,
coiE TE LA S"^ tucffc mayor el .numéro de ]os Solda-
MiR. Ma- dos, y havia ocros muchos^que fc ofce-
f liLLANiQUE cian voluncariamcnte à efta ExpcdicioQ)
pero no fue pofTible aunientar el numeto,
por no permicirloelbuqnedel Navichaelo.
£1 Comandance de Montevideo Dom Do-
mingo Sancos Uriarte , Vizcayno , exécuté
quanto eduvo de fuparce para el avio delà
genre y de los Mimoneros , con la pref-
tcza poflfible : con que el dia i^ de Diciem^
bre e(bivo el Navio yà prompto à falli :
pcro por calmar el Nord Nordefte , y foplar
cl Suduefte , no fe pudieron hacer à la vêla
halla ci Viernes 17 à las quatre y média
de la manana , çon Nord-Noruefte y
Norte,
La niebla dcnfa cad no les pcrmitia dcf*
cubrir la ticrra , y no fe adelgazo hafta lis
fcis y média de la tarde , paflando (in ver la
Ida de Flores. Domingo 19 dieron foodo
à vida de la Ida de Lobos , que les quedàal|
Nor Nordede , à très léguas de diftancia.1
Tiene cfta Ida de largo très quattos de Ici
giia, y corre Les-Sucfte , Oues-Noruefte :l
ai £s- Suéde Taie un Arrecife con alguiuH
piedras , que conviene evitar. Efte Domin-
go , haciendo una Platica el Padre Madiic
Strobl, fedio principio por nueftros Mi£
fioneros à laNovenade SanFrancifco Xfr
vier, efcogiendole , de parecer cômun,pol
Patron dcl viage. Affidian todos al Cust
Sacrifîcio de la Mi (Ta , que fe decia unato^
4o$ los dias quç el tlç^ipo lo pçrmiûa^ y II
DE l'Histoire dû Paraguay. 3^
Ibs dia$ feftivos dos. Se rezaba de comtini-
dad et Ro(àrio de nueftra Senora , y en la ^74)«
Novena fe anadio Lcccion cfpiritual codos Voïace ti
los dias , y Platicas para difponer la gente à ^^^\ H [^
que fe confcfTafTen , y comulgaffcn , como ^er^ ma-
lo hicieron al fin de ella codos con muchaGELLAxiQi^e
piedad. Para defterrar la codumbre de ju-^
rar , que fuele reynar entre Soldados , y
Marineros , fe impufo pena , à que todos le
obllgaron , de quien quiera que faltafle ^
havieiTe luego de befar cl fuelo , dicicn-
dolc los prefcntes : riva JÉSUS , hefe
el fuelo. De cfta manera , en dcvocion y
conformidad Chridiana fc prodgio la na-
Tegacion 5 y hallandofc cl Martes ii en 5 j
grados 1 1 minutos de latîtud Auflral , varia
la Bruxula al Norce 17 grados.
El Domingo x6 , en aitura de 58 grados y
54 minutos , padecieron una turbonada de
dgua mcnuda, y el Les-Sucfte , que foplaba ,
Jevantaba alguna marcjada : y cl Lunes fi-
guiente 17 en aitura de ^6 grades y ^6mU
Autos, finticron cxtraordinario frio. Mar-
tes i8 en 39 grados 9 minutos de latitud , y
pôr eflima en 313 y 57 minutos de longi*
^ :tud, hallaron dcfpues de mcdio dia yi
W bradas de fondo de arena mcnuda , y parda :
^ vieron algunas ballenas , y à pueftas de Sol
obfervaron que la Bruxula ténia de varia-
tion al Nordefte 17 grados y 30 minutos*
El Mîercoles, en dia cl a ro , y fcreno, en
bonanza, ezperimcntaron mas frio dcl que
en efta eftacion hace en Europa, hallan«
dofeen 40 grados y 6 minutos de latitud,
yen j 11 y i7mînutos de longitud. Micr-
coies^ à 5 de Encro de ede prcfencc aiio
R iij
II
30^ ?iici« msTincATiviy
ij^^r ^^ '7^^ » ^ ^^^ diczdcl dia dcfcubr
.. ' ticrça del Cabo blanco al Sur-Sucfte
côTB DE LA una grande pîaya, à modo de eni
Mek Ma- endonde pueden dar fondo les na
•iii.AuiQ.\jB abfigo de la ticrra , que es alta , ;
como la del Cabo de San Vicente , ;
la punra un farillon , o mogore , que
rece al cafco de un navio. Hay à l
iina baxa y en que lava el mar. En di
de cinco léguas de dicho Cabo bl«
marcô el Padre Quiroga al Suefte i
al Sur , y obfervô^tf grades y 48 n
de lacicud > y por confîguîente vieœ
puncualmence dlcho Cabo en 47 ^
lo quai conviene nocar , por no equi
con orra punta ^ que eCià al Noni'
tambicn es tierra alta, rafa, y que
axia el mar unabarranca llena de l
blancas. La longitud del Cabo Blanc
gun la cucqta de la derrota , Ton 313
y jo mÎRÛtos. Obfervofe en todo lo
navego de cfta Coda , 'que cl efcand
lava , y no faca fenal de fondo , fin«
mucho pefo. £n la punta de Cabo
cfta afido un pcnon partido ; y mas
de cfte pcnon hay una punta de ticrn
y luego corre la Cofta Norte Sur de
do , y hacc una enfenada muy grand
corre ^hafta la entrada del Puerto Del
Jueves 6 de Enero amanccieron
del Cabo Blanco ^ à quacro légua!
Cofta , tcniendo por proa la Ifla g
que hay anres de entrar en el Puerto
do , à la quai llaman algunos IJla
Reyes ^ y nucftros navegantes la cq
DB l'Histoire ôt) pARAdtTAV. . ^pt
ron cffc nombre , por havcria dcfcubicrto
cftc dia de la Epiphania* La ticrra , que ^'^^ '
cftà en cfta cnfcnada , entre Cabo Blanco, ^^'^^'^ ^
y Puerto Defeado , es baftantcmente alta , ^ôtb ^"e la
con algunas cjuebradas, y en ellas mator-MEn Ma-
rales de arboles pequenos , como efpinos , oeuaiiiC^jv
y fabinas. Entraron à dicho Puerto por la
vanda del Norte de dicha Ida , acercandol[e
i la boca del Puerto , que es bien conocida
poc una Ifleta y que edà fuera , y blanquea
como nieve.' A la vanda del Sut , cerca de
la entrada , liay un mogote alto , con una
pena en lo alto , que parece trotico de ar*
Dol corcado , y hace horqueta. En los dos
lados (te la boca hay penas aïtas cortadas ,
de las quales , la que edà en la parce Sep*
tentrionaf , mirada de una légua , o dos ,
xnar adentro , parece un Cadiilo. EfTa tarde
faltaron en tîerra , al poncrfe el Sol , cl
Padre Jofcph Cardicl , y los dos Pilotos ,
con alguna gente de la trîpdiacion , y vk-
ron , que la marea comenzaba à fnbir à las
fiece de la tarde. En la orilla liallaron aigu-
nos laguoajos pequenos , cuya fupcrricic
eflaba quaxada en fal , como lo gruefTo de
un real de plata , y no fe enconcrô mas fal
en los dias iîguientes.
El Viernes 7 comenzo à fubîr la marea à
las 7 y 1 5 minucos de la mafiana. A las 9
bolvio à falir à ticrra el Padre Cardiel
^on el Alfcrez Dom Salvador Martinez, y
1 6 Soldados de cfcolta , à ver fi encontra-
ban Indios tierra adentro. Alamifmaliora
entraron en la lancha armada el Capitan del
navio Dom Joaquîn de Olivarcs , los dos
Pilotos, cl Padre Supcrior M&thîas StrobI,
R iiij
5^1 PlECBS ÏUSTinCATIVES
■ ■ — ' cl Padre Quiroga , cl Cabo de £{qaajra> |
174^' yaleunos Soldados, à rcgiftrar por agua
VoïACB LE cl fin del Puerto , y ver tambicn û halla-
LOKc DE LA \^^^ Indjos. Navegafoii al Oucftc , coftcan-
M." ""ut j? P«/l ^^ 'a Ifl» <>« '« Pinguînas , y
0:si.AMi<^UE londando el canal haita la Illa de los Faxa-
ros. Entraron por entre la Ida , y Ticrra fir-
iTiC , y regiftraron un cano pequcno muy
abrigado , que parece Rio. Salcàxon en tier*
ra , y fubieron a lo alto de los ccrros à rc-
conocer la tierra , que es toda feca y y que-
brada , llena de lomas , y penafquena de
piedra de cal , fin arbolcda algana : fola-
menre hay en los valles lena para quemar »
de cfpinos , Gibinas , y otros arbolillos muy
peqacnos , y de efte jacz es toda la. Cofta »
o vanda Septentrional de efte Puerto. Def-
de la Ifla de los Paxaros , que hace abrigo
à una cnfcnadillâ muy fcgura, para inver-
iiar qualefquiera embarcacioncs » palTaron à
ctra enfenada mas al Oued y enfrente de la
Ifla de losReycs, en ^a mifma Cofta Sep-
tentrional : bufcaron alli agua ^.y folamet»-
te hallaron en un valie un pozo aniiguo de
agua fâlobre , que fegun Ce tiene cutendi-
do , fuela unica que hallaron en efte Puer-
lo los Holandcfcs. Dcfdeaqui Ce bolvicron
al navio.
El Padrc Cardicl , y los que fucron por
tierra , fubieron à una alta fierra y en caya
cumbre encontraron un monton de piedras,
que defenvueltas , hallaron hueffos de hom-
bre alli encerrados , yà cafi del todo podri-
dos , y pcdazos de ollas enterrados con el
cuerpo. El hombre moftraba fer de cftatu-
ja ordiuaria , y no tan grande , que tuvieffc
ti l'Hîstoxre du Paraguay. 593
dîex ; ù once pics de lareo , como los pin- '" — 7"—*
ta Jacques Le Ma)^. Dcfpucs de moy can- ^^^ *
fados de caminar, no hallaron huella,6 ^*^*'**^^ ^'
raftrode hômbrcs , rti bofquesj ni Icna , ^^^^ ^^^ ^^
fioo tal quai matorral , ni as;ua dulce , ni mir. Ma-
tîerra fruâ;ifera , (ino pefiafcos $ euedas gl&lanique
qiiebradas , y d-^fpcnaderos , que les dicrori
copiofa materia de paciencia : y fi no Ici
kuviera dcparado Dios algunos poziros de
agua en las concavidades de las pefias , pot
haver llovido un poco el dia antcs ^ no fa-
bcn como huvîeran podido volver al Puer-
to. Defdc los altos no defrubrieron por mu-
chas léguas mejoies calidades de rcruno^
que las dicbas. Tampoco fe encontro pafto «
ni cofa à propodco para habicacion huma-
nn , ni aun brutos , ni aves , fîno folamentc
raftrode uno , u otro huanaco , y rai quai
pazaro : y la tarde de cde dia parecio en la
Coda del Sur , enfrente del navio , un pcr*
ro manfo ahullando , y haciendo extre-
Dios por venir al naviô , y fe difcurrio fe-
xia de algun navio perdido en eda Coda*
Al anochecer llegaron los de tierra al navio ^
y poco defpaes los de la lancha.
£1 Sabado 8 de Enero , Calio à las 9 el
Padre Cardiel con la mifma comitiva à re-
ciftrar la tierra por la parte opuefta , que ci
la del Sur , de efte Puerto Defeado j y cafi à
la propria hora los mifmos de la lancha ^ que
el dia antécédente , con baftimentos para
quatro diâs , por regiftrar , y demarcar to-
do ede Puerto. Navegaron al Oued hada la
punta Oriental de una Ida , à la quai llama-'
ron la Ifla de Olivares , por refpcdo al
Capican de ede oavio : y haviendo emradcr
R V
J94 PlECFS n-STlFlCATirii
— por un cano eflrccho , cjnc divide à cffi
'^** " Ifla de la Tierra firme y -fiilieroQ con baf-
v<> AGE LE tante crabajo à ana enfenada peqqena , qac
cù' E uE LA ^"^^^ ccrca de la punca Occidental , fin po-
Me A Ma- ^^^ paiTar adclaote ede dia ^ por haver que-
c£Li.AKiQVfi ^^^o en feco la lancba con la baxa marea»
Defde un penafco , ea lo mas alco de la
Ifla ^ dcfcubrio el Padre Quiroga ^ que la
canal decfte Puerto corna alç^as léguas
al OueftSudaefte.Tambien cl mîrmo, y los
dos Pilotes marcaron la Tda de losReyes y.
y la Ifla de- las penas , que cAà en la Coft»
Septentrional. Hn la Ifla de Olivares halla-
ron algunas liebres , y aveOruccs, y mar-
moles de varios colores. Latierraes arida^
y faltade aqua dulce. En la punta occiden-
tal de dicba Ifla bay nuicbo marifco : y los:
Marineros ballaron en atgunas concEas tat
^ual perla pequcna , y ba{ïa«
Domingo y volvio cl Capitan Glîva-
res , el Padire Quiroga , y los dcmàs , à rc-
gidrar la Cofta àcï Sut y navegando al
Oueft Suihiefte , y tambien ha det Norte»
Î tara ver (t podian hallar agua. Hallaronà
as diez del dia en la Cod» dtl^ Sur uvt ar*
xoyuello, que baxa de una flience ba(^
tantemente caudal ofa , que e{^ en lo ait»
de la qucbrada de un cerro , y diffâ cînco le»
guas del Puerto. Es el agua dulce pcro alg9
pefada , como 9gua de pozo. Eftà en fî*
tio acomodado para llegar qualqulera lan<»
ehaà cargar en pîeamaren el mifmoar*
royuello qne baxa de la- fiiente. Pbfbfele
por nombre la Fuente de Ramhe^ y poravcr
falrado en tiera à rcconoccria cl fcgund»
Piloro Dom Balîîio Ramîrez. La tierra e»
toJaeftcril^y Ilcna de pcnafqucria ,, ni Te
DE l'Histoire du PARActAv. 3^5
iiâllan arboles en quanto alcanza la vifta. ' ■
Lunes à 10 prohguieron navcgando por '74®.
la mifma canal al Oucft-Suducfte , bafta Voïace le
una îfla roda llena de penafcos , cjuc llama ^^^^^ ^^^ ^^.
ion la IjLa de Roldan , y pueftos Nortc Sur j^jer ma-
condicha Ida, comenzaron à hallar pocooellanx^«
fondo de 4 braza » êiz ^ àc 1 y de i , hafl:»
que vieron cenia fin la canal en on ceûagal
de niucba lama. A la mifnia hora fe volvie-»
ron al navio , à que abordaron à las cinca
de la carde el Padre Cardiel , y los de tier-
ta caminaron bien todo el dia 8 , y hallaroft
no fer la tierra tan afpera como la ocra , pe^
ro Hn lena, ni pados, ni muedra de fubftan-
cia. A didancia como de dos millas dieron-
con an manancial de agua pocable , aunquc
algo falobre : por dondecorria , havia algo
de heno verde , y no iexos de alli vieroft
once huanacos. Tambien recogieron à bor-
do det navio el perro , que fe vioen la playa,
Ileno de beridas , y los diences gaftados dé
corner marifco.
Lo que fe puede decîr de efte Puerco Defea-
do, es, que en quanco Puerco fe puede concar '
entre los mejores del mundo : ojalà que
corfe(pondiera la cierra ; pero es arida , y
falca ae todo lo neceiTario para poblacion.
No faay arboles y que puedan tervir par»
madera , folamencc fe balfa en las quebra**
dtts algnaa lena menuda para hornos , y pa«
la guiUr la comida. No es el cerruno buena
psnra femenceras , por<)ue ademàs de fer co-
do ûUtroro , os cafi codo pcna viva -, ni hrf'
mas agua^iilcc , que las fucnces dichas. Hàl-
lafe (î ^bundancîa de bariUa , para h^cer
viibio j Y jabon : abuodancia ^e marmoi
J9^ PlECFS jUSTlFICATITef
' , Colorado , con liftas blancas : item ife
^ * marmol nfgro , y alguno vcrJc : muclia
^,^**?^ ^' pîcdra de cal, y algonas pcnas grandes de
CoVh i'e la F^^crnalcsdceicopctîi, blancos, y colora-
M-iL MK-^^^y coo algunos cfpcjuelos dentro como
G£LLAHi(^UE dîamaBtcs : mucba picdra de atnolar, y de
ocra amarilla : que prece vitrrolo. De ani-
irales cerrcftrcs folo vieroor huanacos,
liebrcs , y zorillos : aves alganas , pcro
oG codas mari ti mas » como pacos de varias
cf|.ecies , chorlicos , ^aviotas , &c. Ay leo*
nés marinos en aranèç numéro en !os Iflo-
tes dentro del Puerto , y vieron manad»
de etlos de mas de cieuto. Su figura es la
mifma que la de los lobo^, marinos y y fo-
lamente los llamaron Leones , por fer
inuchomayores, que los lobosdel Rio de
la Plaça. Ay de ellos rojos, negros, y
blancos , y mecian tanco ruido cob fus bra-
miJos , que à diftancia de uo qnarco de
Icgua engaiîaran à qualquiera , juzgando
fon bacas en rodeo. Macaron miichos los
Alarineros por fu cuero , que la carnc es
hedionda , y cad roda graOa, f\» magro.
£1 Padre Cardiel tuvo la cntiofidad deme-
^r algunos, y eran los niayores como
bacas "dt très anos : la figura es de los
demàslobos marinos : oabeza , ypefcnezo
como de terneron , alones por manos , j
por pie^ dos como manoplas, con cinco
fèos dedos , • los très con ui^s. Algunos
£ftrangeros los ban llamado becerros , j
tambien leones marinos , y los pincan en
fus Mapas con Gi mclena larga de leon.
No es adi. Tienen algo de mas pelo en
cl pefcuezo , ouc en lo reftancedel cuerpo»
€|uando aaa efle dcl pefcuezo no cicnc d
M l'Hïstoirî du Paraouay. Î97
hrgor de un dedo. Lacolacscomo dcpcf^ '™
cado , y de clla , y de los aloiics de las ^^4 •
jnanos fe (irvcn para andar por ticrra : Voïach ti
bien que no puedcn correr macho , pcro ^°.^^ ^^ ^2
ft encaran cun qualquîera que les aco- j^^j^^ j^^^-
snece 9 y alcanzan grandes fucrzas , y vie- glllaniq;»»
ion clrarfeunosà otros por aho , con fer
del tamano expreffado. A la muhitud de
cflos Icônes , o lobosxnarînos , acribuycron
la efcasèz de pefca en efte Puerto y pues
aunqué tcndieron Yarias veccs la rcd los
Marineros , Colamence pefcaron unpczgaU
io , y algunas anchovas , y calamares.
•La emrada de efte Puerto Defcado es
muy eftrecha , yfacil de foitifiear à poc»
coda : puedefe cerrar con cadcna , affi ea
la boca , comty en lo refiante del canal ,
d quai corre Efte Oucft hafta la pimta
oriental de la Ida de Olivarcz , ni puedea
cntrar los Navîos fîno uno à uno. Tode et
canal tîene fondo baftante para Naves gruc(^
fas , bafta la Ifla de Roldan. El mejorfi-
tia paraancorar las Naves y que buvieran-
de ancorar aqui y es al Oueft de la Ifla de
Pinguinas y al abrigo de la Ifla èc Olivares ^
y fî huvlere qiki . 6 dos Naves , fe puedea
œcter entre la Ifla de los Paxaros, y la
Tierrâ Firme. Aunquc ay en efte Pucrta
algunas rafagas de viento fuerte , que Ce
cuela por medio de los ccrros . no incom-
nioda las Naves , ni levanra marejada. Ia&
œareas corren con grande impetu à cinco,
o feis millas por hora, medidas con lai
corredera. Obfervstron que en el Plcnilunio
la marca con>ienza à crecer à las {^rtc y
y quarto. Entre crecicnic , y menguantc
parece fe Ueva xx y } quaitos de kosa^
tsf^ Pièces njsTifïcATïvtt
— ~"*~* Los Navîos que huvieren de encrar ,• pire*-
^^ • àcti cfpcrar al abrigo de la Ifla de lot
VoïAGË Lt Reycsel vrenco favorable , y entrât qaanda
CÔTE^DFLA ^^ nwrca cftc fin fuerza^ llevando en el
MEK Ma- tope alguno de les Illotos, que avife para
6££tANiQ;cE el govierno del dmon : qire^der eOia fuerce
entra aora con felicidad efîe Navio de San
Anconicr. La IHa de losRey^es^ que rendra
de largo una légua , eftà al Les^Saefte 4e
h boca del Puerto y y affi cfta , como rod^»
las otras irfas, efcollos, &c. , que ay en
efte Puerto , anoro pontualmente el Padre
Quiroga en un Mapa muy exa£ld , que ha
fbrmado. La latitud de! Puerto Oefeadp c»
de 47 grados y 44 minutes. Su longituddc
Tcncrife 513 grados y 16 minucos : i%
grados y 44 minutcTs al Oue(l de la Ifla de
los Lobos , dcfde la quai llevaba el Padre
Quîroga, y los demàs Pilotos la cnentîi
para fugovierna.
El Martes 1 1 de Encra fc levafon con cf
Noruefte , y falleron con el trinquete , y
▼elacho. A las doce y média del dla de«
fembocaron , y mctieron à bordo la Lan-
cha ; y defde aqui fueron cofteando la lûst
de losReyes hafla las feis de la ^rde , que
eftuvteron Eft-Oucfl: con ella , y tcnîendo*
ya el viento por el Suducfte , ilavegaron at
Sur-Suduefte. Miercolcs , y Tueves nguienter
navegaron en bufca del fantofo Puerto de
San Julian , y vieron , que defde los 48^
grados y 48 minucos de latitud , haftalosr
48 grados y 51 minmos , hace el Mar unst
enfenad'a > y ay una Iflita pequena con
otro efcollito al Oueft , que difta de la?
ficrra dos léguas y média. La coda en cfte
pAragc corrc al S^^iielU >, y al Saduefle
irt l'HisToiitï DO Pakaguat. ^99^
qaarto al l5ur : la tîerra c*s alta , aunqiic
en la Coda dcl Mar hacc phyazo. No fc '^
rfefcubre en toda ella atboleda , ni amc- J^°^^^\^ [^
nidaJ alguna , folamcntc re^iftra fa vifïa ^^^^ j,^ ^a?
cordilleras , y cerros cfcampa(Tos ,y todo mer. Ma-
&|M|^ infrndifcro A las (îcte y média cELkAwiQîrt
jJUfir de avi faron los Pilotos , que avian
filpHH regiflrar la Cofta deOe la gavia
nkifOT, que hay'n por Ta proa fenal de
baxos , y echando al punco la fonda , fe
kaliaron con qnince brazas de fondo de
cafcajo > y calmando el vicnto , dieron fon-
do en veince brazas ^ y paiTaron la noche*
fbbre una ancora.
Viernes 14 fe levaron à las cinco de la'
manana , y naTcçcaron al Suéde para falir
ic los baxos , y fc hallaron en (blas feir
brazas de aena en un placer largo , que ha-
ecn los baitos àzîa el Nordcfte : defcu-
brenfc à poco mas de una milla de diftan-
cia , y Icxos delà Tierra-Firme comodos^
feguas y média y y el placer (aie como una
légua ; edàn en 48 grados y ^6 minucos de'
facitud , y la Cofta corre alli al Sudueftc
un quarto al Sur , y al Sur-Su<îuefte. A
lés très de Fa tarde les entro una curbonada*
9rd Suduefte, que huvîcron de aferrar
\9 vêlas , vîendo à la: mîfma hora en una'
■ube negra una manga de agua , que fe le-
vanuba à fo alco como un cerro. Corrida*
la Coda hada 49 grados y ry mînutos , na
pudierotr dàr con la entrada dcl Puerto de
San- Julian , por la qualhicieron juîcio, que'
edaria en mcnor aîtura, qnc le marcanr'
ks Carras ; y favorecidos dcl vîcnro par»
Aavegar àzia d Ellreclia de Magallanes^
4ôd Pièces ivsTitJCAriYti
'■ determînaron corrcr lo rcftantc de la CofÛy
'^ ' ydcxar p.ra la vuclca la cntrada en San
Vo Ao? LEj^j.j^j^ La Bruxula varia i9TKracios.
ro* G DE LA _ , , . loin.
CÔTE DE LA Sabado If corrieron al Suducîtc cort
Ml R Ma- Nordeftc , y dcfdc 49 grados y 18 minocos
«stLANiQUE corrc la coila al Sudueftc , y es l^"^"'~
y fcguida , y la tkrra baxa , y nt
toda la Coda hace una barfea alu^
parece una inuralla , (în ver(é enr toda cH
un arbol. A las très de la carde tuviefoii
por el Su'lucftc cl cerro dcl Rio dcSancs
Cruz , que es una punca de cterra alta , to"
da arida , con un mogote alto à la punta«
A las cinco cduvieron Eft-Ouefl: con dicho
cerrd en cîtorce bradas de fonHo de caf-
cajo , à poco ma<; de dos mil las de la tierra«
Porhavcr vifto en algunais, Cartas niarcada
una Rahla al Sur del MorrodéSanca Inèsj
fueron en fn dettianda para dàr fondo c(Ù
noche , y regiflrar la tierra ; pero hallaron,
que no ay tal Bahia , antes bien es cod^
la Cofta fcguida , y corre al Suducfte^ y an
quarto al Sur. A las nticvc d^c la nocne el
viento por el Suducftc4evanto grande ma-
rcjada : corrido con la nmyor , y cl trio:-
qnetc al Suefle : pocodefpucs fe cjuedafonf
con el trinquete folo , y parando el tem-
poral 5 corrieron à palo feco la vucltadtl
Nordcftc , bavîcndo ccrrado los efcotilfo-
nes , y aiTcguradoi^con varias trmcas , y
Uaves el Navlo , corrrcndo affi toda nXH
ehe , que fue muy trabajofa.
Domingo 16 corrieron à palo feco hafta
las dos de la tarde. En toda la noche pré-
cédente , y parte de efte dia , cran tan
xecios los gqlpes del Mar , (^uc entrabaa
Di l'Histoire DU Paraguay. 40*1
for una , y otra vanda Jcl Navio , Ile- . ■
naQ(lo(e todo de agua. Los facos , caxas , ^"^^ .
yarcas. rodaban de parte à parte, v al- Voïacb l»
' • r f 1 r J LONG DE LA
gunos caian fobre la genre , lin poder na- ^^^^ de la
die foffegar ^ ni parades , ni fentados , ni mek Ma-
auQ echados. Sobre todo, les molcftabacELLAHiQui
la aâiccion dcl eftomago , y congoja de
corazon con tanto golpe, y defaiTofTiego s
y elTcgondo Piloto Don Bafilio Ramirez »
mientras atendia à la maniobra , fe dio un
eolpe tal , que le quedo el rodro muy mal
Ëerido. Naeflros Jefuicas , teniendo mucbo
que ofrecer à Dios en eftos lances , como
menos acoftumbrados , hallaban alivio en
acordarfe de los peligros, ynaufragios^
que San Pablo , y San Francifco Xavier ,
Patron dcl viage , padccieron en la mifnia
demanda delà convcrGon de los Infieles^
y con edo mlfmo procuraban confolar à
roda la eente. Calmando el viento à las
dos de (a tarde , dio lugar à largar la
tnayor y cl trinquete , y fe hallaron en 50
grados 11 minutos de laiitud , y por la
edimaen 311 grados y 3 mimuos delon-
gitud.
Lunes 17 con dia fercno tuvîeron la
tierra dcl Rio de Santa Cruz al Oueft , à
feis léguas de diflancia , y por la tarde
navegaron bordeando la Cofta de una
erande Enfenada , que en forma de mcdia
hina fe ediende defde el Rio de Santa
Cruz, bafta cerca delà £nfenadade San
Pedro : toda ella es tierra alta , y arida >
fin verfc en toda ella un arbol. Martes 18 de
Enero acabaron de correr dicba Enfenada y
y à las fcis delà manana dercubrieion una
40i PlÊClS ÏUSriPlCATÏVli
^ cntrada , que crcycron fucflc la boca ié
. ^74 • algun Rio : yendo àzia alla advirticron
VoïAGE LE quç ladicha cutrada cftaba llcna debaios,
CôrB DE LA ^° ^"^ rcbcntaban las olas , y por hal-
Xf ER. Ma- larfe en folas cinco brazas de agua s die-
•iiLANiQUE ron fondo con un ancla , y falio el primer
Piloco Don Diego Varela en la Laocha à
iondar,para podcr facar el Navio à franquiaj
y echa fcna, fc levaron , figaîendo la Coftâ
en demanda dcl Rio de Gallegos , <mc cfpc-
raban ballar mas al Sur. Hallaronfc amedio
dia en 5 1 grados y 10 minutos de lacitud y
en 308 grados, y 40 minutos de longitud.
Miercoles 1 9 fe levaron à las 5 y média,
y navegaron , figuiendo la Cofta hafta un
cabo de barrera alca , en cuya punca fale
al Mar una reftingua , que hace bazo , t
en efTa fe hallaron en 6 brazas. Un poctf
mas al Sur de dicha punta defcnbrieron una
boca grande , y dando fondo , falîo el Pi-
loto Varela à regiftrar, fi cra el Rio de
Santa Cruz » 6 el Rio de Gallegos , o al-
gun otro Puerto ; que volvio al anochecer,
fin haver halbdo cntrada por la parte que
cflaban ancorados, que la entrada fedef-
cubria por la Cofta del Sur , y era neccf-
ifario montar una punra de un baxo largo»
en el quai rebeocaba el Mar. En la playa
ballo una ballena muerta , y vieron ràn-
chas huellas de animales , y hallaron pairrc
del campo recîen quemado , de donde con-
cibieron cfperanzas de hallar al dia fîguien-
te algun Puerto , y rancherias de Indios.
Jueves à 10 (c levaron à las cinco para
accrcarfe à la boca dcl Rio, enquedicroft
fondo en fcis brazas de agua à las diez y
Bi l'Histoire DU Paraguay. 405
média. Salio à fondar cl Piloto Varcla ijAé.
tn Lancha por cl mcdio , y por la Cof- .
ta dcl "Sur 5 y volvio à làs cinco de la ^o^^^pg ^a
tarde con noticîa de que no havia entra- cote de la '
da para cl Navio, y cftaban en 51 gra-ME». Ma-
dps y i8 minutes de latitud. La marca crecc «ELiAmau*
alU mccho y y liavicndo dado fondo en feis
brazas , como dixe , fc hallaron poco def-
pues en folas très. Cotnenzo à crecer à las
très de la carde. Haviendo reconocido que
toda la Cofta , àzîa cl Cabo de las Virgc*
nés , es ticrra baxa , que corre al Sur-
SttcÂe , y jazgando porotra parte , qua^o
era conrorme à los Reaies Ordenes de fa
Ma}eûad , navegar aquetlas como carorce
léguas , que falcaban al Edrecho de Ma-
gallanes , aflî porque los Dcrroreros de an-
tieuos , y modcmos no fcnalan Puerto , ni
Rio alguno en aqttel .efpacio , como por-
que en la boca del Eftrecho tampoco le
havia , fino muchos peligros , fe levaron à
las 5 de la tarde en demanda del Rio de
Santa Cruz , que difcurrîeron eftaria en
menor altura de la que le ponen las Carta»
demarearj ycfperaban hallar en ci buen
Puerto.
Viernes 11 à medio dia fe hallaron en
figrados y 14 minucos. Sabado xx à j^
nece de la tarde huvo turbonadas de ^^|i^
nos , y agua , y navegaron al Nortc. Do*
iningcij al amanecer , fe hallaron en la
Cofta, que corre al Sur del Puerto de Santa
Cmz ; y à las diez y média ancoraron al
Efte de dicho Puerto , à média milla de
dîftancia , en 9 brazas de agua, en jo
grades y 10 minttcos dt latitud. Salio ca
404 - 1*IECES JUSTlïlCATtVÉf
j* .^ la Lancha el Piloto Varcîa à rccoriocer noa
encrada , que reconocieron à la vanda dtl
Jno^db lI Norte , crcyendo ferla la boca del Rio de
CÔTE DE I.A Santa Cruz: pues aviendo regiftrado teda
Mer Ma- la cierra , que média encre la cierra rafa , y
•iLLAMiQUB cl Rio Gallegos, no le avian hallado^
Dentro de hora y média volvio al Navio ^
por no podcr romper con la corriente de
la marea , que baxaba. A las très de la
tarde reconocieron , que el aeua havîaba-
xado feis brazas , y que cftaban cxpaeftos
à quedarfe en feco > por el^àr aua lama^
iea|pn fu mayor fuerza > y à fu lado fe iban
deicubriendo bancos de arena , y efcollos :
por canco al punco fe levaron para ponerfe
en franquia ; mas apenas havian largado
cl trinquece y velacho , quanxlo defcubrie-
ron un banco , que les cerraba cocalmence
la falida. Dieron fondo en feis brazas , y
todavîa baxo algo la marea , de fuerte que
llego eda por rodo à baiar feîs brazas y
média. A média noche quifieron falir con
la marea Ilena , pero no pudieron , por al-
canzarles la menguante antes de fulpendcr
cl ancla , y fer peligrofa la falida en la
obfcuridad de la noche. La marea comcûzo
à baxar à las once y média del dia.
Lunes 14 tampoco dio lugar la marea
MJpB falieffen del peligro en que edaban ,
haïra las once del dia , que con marea Ilena,
y vîento de tierra fe levaron , y poco z
poco falieron à franquia en demanda dtl
Puerto de San Jutian , dando repetidas gra-
cias à Dios por haverlos librado de los
baxos , que hallaron en el Rio de Santa
Cruz, (alicudo coa la marea por cncima
*E lHiSTOIRI du PARiJSTJAy. 4Ô|
it los pcnafcos , de que por todas partes ^
efluvicron ccrcados. Eftc Rio de Sanca ^'^ '
Cruz , en otro ticmpo fue capas de Navcs Voïage li
frueflas ; pues rcficre Gonzalo Fernandez ^^î^^ ^^ ^^
e Ovicdo en fu Hîftoria de las Indias y mer Ma-
quc ancoraron en el las Naos del Comen- gellamiqv»
4ndor Don Fray Garci JoFrè de Loayfa ano
de 151e. En lo mifmo contefta el Chro-
jiîfta Antonio de Herrera en fu Hiftoria de
Indias , dec, 3 , lib. 9, cap. 4 , ouien dice,
que en dicho Rio de Santa Cruz dio caréna
à fu Capîtana. Y en la decada 1 , lib, $ ^
cap. 14, dexaefcritQ, que Hernando de
Magallanes fe elhivo detcnido en efte Ri»
de Santa Cruz los mefes de Septiembre y
O^lubre del ano de 1 5 lo > haciendo mn«
cha cantidad de pefqueria. Y nias es to^
, davia , que ca(î cien anos defpues los Her^
jnanos Nodales , el ano de i^iS, en fa
viage al rcgiftro del Eftrecho de San Vi-
cente, o de le Mayre , cftuvieron tambien ,
aunque de pafTo, en el raifmo Rio^ q
Babia , que les parecio buen Puerto, como
efcrîvieron los roifmos en fu relacion^ y
de ella lo refiere Fray Marcos de Guada-
lazara en la j^ parte de la Hiftoria Vontifical^
lib, 14, cap. I. Si n embargo , el diacleoy
cflà hnpedido dicho Rio de Santa Cruz .
con unos grandes bancos de arena, que
fe difcurre amontonô en fu embocadura la
corriente de las mareas , quç es rapidilfima
tanto y que hace garrar las ancoras , y cou
la baza marea quedan defcubiertos los ban«»
cos y que cierran la entrada. Tiene aqui la
«narea algo mas de feis horas de âuzo > y
OU^ tantas de xefluzoj y cfte dia %^^%
40^ Pièces îitstiticatit*«
■ Enero comcnzo à baxar à las docc y mcdU
»74tf. dcldia.
VoïAGE LE Martes 15, foplô cl Sudaefte ^ y Sut-
toNG DB lA Suducftc muy rccio , y levante mâcha ma-
Cote de la • « ' r cl
Meil MA-^^i^^*» como acontccc bempre en citas
«EifANjQuÊ^oftts. Miercolcs z6 , fc murio un Indio
Guarani, que quifo acompanar en cfta cx^
<licion al Padrc Strobl. Nd podian adclan-
car mucbo cl viagc , porquc cl viento , y la
mar del Norte abacia mucbo cl navio. Èfle
dia , con fer ya por aqul cl rîgor dcl Vc-
lano , hîzo mucbo frio » y en todos los
demis experimentaron tanco » como en
Cadilla fe expérimenta en el Invierno. Jue«
ves 17 > fe ballaron à medio dia en 49 gra-
dos 1 7 minutos de latitud : y por la nocbe
cl viento Oue(b - Suducftc cambio al
Nordefte , y caufo mucha mar. Dcfde la
altura del Rio de Santa-Cruz es toda la
tierra Ilana , y pelada como la Pampa de
Buenos- Ayrès , fin vcrfc en ella cerro, ni
arbol alguno \ y dcfde 4^ grados y lé mi-
nutos azia cl Norte corren algunas cordiU
leras y cerros altos ^ bafta pafTar Cabo
Blanco , que como ya dixc > cfta en 47
frados. £1 Sabado 19 fe pafso todo dando
ordos azia cl Efte , y cl Ouefte , fin poder
arribar al Rio de San Julian , por el'viento
<:ontrario. Con Nordefte frefco £c bizicron
mas al Norte , para ballarfc en pofitara de
poder al dia figuiente reconocer dicfao Rio,
Domingo 50, tampoco fe bifo cofa ^ y à
las ocho de la nocbe refrcfco demafiado el
viento por cl Nordefte, Icvantando grande
marejada , que Ce aumento por inftantes,
rodeando por cl Oitcfte » bafta paiar en aa
BE l'Histoire du Paraguay. 407
.5a<îucftc furiofo^ que los pufo en graa' ^ ■
peligro , y oblige à capear cou fola la me- 7
lana , arrcadas la antcaa mayor , la dcl ^^^^^^ ^*
' '^ ^ * LONG DE LA
mnquete. Cô^^ de la
Lunes 31 , corrieron coo cl mifmo tem-MsiL Ma-
poral que fue mas terrible que codos 1osg£llaniq,u&
paîTados , hafla las diez del dia » que cal-
mo el viento j y ^ medio dia fe hallaron en
48 grados y 47 minutos de lacîcud. Porla
tarde , quando lo permida el viento , que
fue poco y vario , nave^aron al Ouefte para
tomar otra vez la Coda , que el temporal
les ha via hecho perder de vida. For efte
tiempo hacian fegunda novena à fu Patron
San Fraocjfco Xavier, y al fin de ella, y
vifpera , y dia de la Purificacion huvo mu-
chas contefllîoDes , y comuniones.
£1 dia I de Febrero navegaron al Ouede ;
mas la corriente del Norte les hizo fota-
ventar mucha^ léguas al Sur : pues , reco-
nocida la ticrra a las 9 de la manana , fe
hallaron en 49 grades 5 minutos de latitud,
y pafTaron el dia dando bordos , fin poder
tomar , ni aun reconocer el Rio de San
ifulian. Ançoraron à lanocheà 3 leguasde
a Coda. Miercoles % navcgaton con vlen-;'
to Sur k poco didancia de la Coda , quç
defde los 48 à los 49 grados tiene algunos
cfcoHos à las dos y très léguas del Con^
tmcûte , y algunos de ellos parecen Ifiotes%
~ fin haver en ella enfenada , en que fe pue-
da ds^/£ fondo al abrigo de àlgun temporal»
[ Jaevçs 5 tampoco pudieron defcubrir di-
I cho Rio , y à medio dia fe hallaron en 48
grades- cabales à la vida de b Cpfta* Lo-
\ miCoio ijss acaecio çl yiernes 4^ y çl Sj^«»
40t PlECE^ JUSTincATITIS
Tr*46. bado 5 fc hallaron en 4S grados a
VvnAci LE ^^^ ^^ latitud , à fcis léguas de
5vM*c DE LA ^** î *^^ ^â W^^- cftuvicron Eft-O
C^r» DE LA ^<^s efcollos, que ponc cl P. la F<
Wîfc Ma- 48 grados y 17 minuios de ladcu
•iLLAniQUEcollo, que fale raas almar, fc]
cafco de un Davio y y difta de ciei
léguas : en la mifma lacitud , à leg
4ia de la tierra, fe ven otros 4
collos, que faleni como una re{
pledras , y todos velan fobre el a|
da la Cofta eu eda akura es cierr
y baxa : folamente fc dexan ver
algunos mogoces, que nofelcvan
cho.
Domingo 6 Ce hallaron den^afi:
tados de laticrra en 48 grados 3
tos; y la Coda defde efta altura
grados 17 minucos hace la figura
franJes enfcnadas , y corren las p
uduefte , quarca al Sur. La tiei
média entre las alturas dichas , c
général alca y aunque en algunî
naceplayazo. Al poncrfe el Sol i
el ambiente muy calido: cofa e:
naria en eftas Coftâs. Dicron fo
un ancloce al Sudueflre i quart<
de un ccrro , el mas alto de cfb
diftante 6 léguas. Lunes 7 à mci
eftaban en 48 grados , 48 minuco
Nordefte , dcl cerro mas alto , qu
de los ultimos de la tierra alta.
de la tarde echaron la ancora à
de una Bahia , que defde à fuer
una corta enfenada, que eftà al
çerrp ako en 1 5 brazas > y cl fç
DE i.*HisTOiRi DU Paraguay. 40^.
b«rrb muy pegajofo , y fuerce. Martes 8 f ,
k làs 5 de la manma , falio Dom Diego 174^»
Varcla en lancha, à reconocer dicha Ba- voïace l«
hia , creyendo hallar alli la entrada al Rio long de la
de San JuUan , pcro , llcgando à la boca côte delà
de la Bahja, comcnzo à baxar la ^area ^^^^^^j,j^^^
cou gran fiierza > y al mifiDo tîempo arre-
cîo demafiado el vienro del Ôuefte , por lo
quai no pudieron arrimarfe à cierra , y edu-
vo muy apuato de naufragar la lancha y en
la quai cntro de unavezcofa de una pipa de
agua , por lo quai fe bolvieron al navio à
las très de la tarde. A la boca , 6 entrada
de efta Bahia , por la vaoda del Norte ,
ballaron i4brazas defondo, barro algo
ncgro, y bueno para aiicoràr > y en la
nmda del Sur, à la enrrada , bay 5 , 6 y 7
3razas de la propria calidad en el fondo.
Fodala entrada es llmpia , folamente en la
punta del Sur hay dos farellones y que velaa
:n marea mediada : en Pleàmar parece fe
»ibren , y en Baxamâr quedà eda puma un
placer.
. Mtercoles9 > dia de la O^bva de la Pu*
rîficacion de Nueftra Sefiorà, cuyo patro*
cinio imploraban , quifo la Madré de pie*
dad , que , calmando el Ouefle fucrte à las
f de la xnanana, jpoco de(pues , con un
Norte lento encraflen en la primera enfe^
uada de la Bahia , que conocieron luega
fer la de San Julian ; y favorecidos del
fieoco > entraron hada una légua dentro,
hf las dos de la tarde , comando mucha
herzala corrîente de la marea-, quebaxa*
!>t y Ici précisa à dàr fundo con un anclote.
Sa el incerin que ccfTaba el fluxo de lu.
Tarn ri. S
... ^** Pièces justificatitic
.^. *ï^arca, faicaron en tierra aiguoos ; yh:i^
.. I.Ï ^»*^P^° obfcrviJo Dom Diego Varcla, y
- LA f ^'^drc Jofcph de Quîroga las buelras, y
'? LA ^^xos , cjuehacia el Rio , fc volvieron à
«.i'^ ^ "5^^^o à las 4 de la tarde. Eu tierra hallaroa
* •'^UE algunos matorrales quemados poco aoces,
^ las 6 de la tarde entraron mas adentro »
"?fta poner cl navio dcfendido de todos
viencos, y le amarraron con dos ancias. Ha-
vicndo dado fun.^o en marea alta en f bra-
das, lucgo fe quednroncn folas tces biazas,
aunq ic cl fonde es bueuo, de barre blanco,
Jueves lo, falio el Padre Machias Sirobl,
y cl Alferez Don Salvador Martinez cou
algunos Soldados , à vei fi hallaban In-
dios en tierra : y los Padrts Cardiel , y
Quiroga , y cl Piloto mayoc Varela, fa-
lieron en la l.ancha, prcvcnidos de vivcres,
à fondar la Bahia hafta cl Rio de la Cam-
pana * que poncn algunos Mapas , o (l
cntraba otro Rio , con animo de no de*
fiftir de la cmprefTa hafta averiguarlo todo.
Hallaron que los Navios pueden cntiac
Kada légua y média de la primera boca :
que cl mayor fondo fe halla en paffando
MU2L Ifleta baxa, que en Picamar la £aita
poco para cubrirfe , y ay en ella algunos
patos, è innumerabUs gaviotas. Todo 1q
dcmàs , que c(U de la vaoda del Sur , y
de! Oucfte,en marcaUenaparcceanGoIfo .
Codo Ilcno de agua ; pero en Baxamarqueda
todo en feco > y a(Tî , haviendo oavegadtf
coûi de cre<; léguas hada medio dia , y
baxaodo à effè cienapo lamarea, fe queda^
xon en (ce©. I uego qoe fubio prohguic-
<on azia ua»s barrancas blaocas j quç ^
BE l'HkTOIRË fliy PARAGtTAr. 4It
rdan al Sudutftc 5 y très quartos de lcf;ua -■ ■■ •
intcs He llcgar à cl las , yalparagc dondc ^74^-
m. Plcamar liegaba cl agua , baxo otra Voïagf le
rcz la marça , y fc qucdaron en fcco. Dcf- ^^*J^ ^" ^^
;alz3tonfc cl Piloco Varcla , y cl Padre Car- ^^^^^ ^ m*Â-
Hcl, y por cl barro , y pocitos , qucdcxA gellamiqu*
a Baxamar, llcgaron à la CoÂa. Afidu-
ricron azia u«a , y otra parte , y recono-
;îeron que alli fc acababa la Bania , y alli
fcnecia cl grande y fabulofo.Rio de San
falian , fu gran laguna , y cl Rio de la
Ctmpana , tan mentados , y decaotados en
los Mapas, efpecial mente de Jos £(lran-
^ros y quedando harto maravillados , def
3ue con tanta confianza fc cuenten taies
fabulas , y fc impriman, fin temor de fer
cogidos en la mentira.
' Encima de aqucllas barrancas , o laderas,
balio el Padre Cardiel cantidad de yefTo de
t^cjuelo en planchas anchas , à manera de
tatco. Volvicronfe dcfcalzos à la Lancha »
en que durmieron hada las dos y mcdia
de la manana dcl Vlcrncs 1 1. En amane-
dendo fueron cofleando lo reftante de c(U -
Bahla : à las ocho baxo la Lancha , fin
poder facarla hada las dos y média de la
tarde , que crecio la marca , y rodcada roda
hBahîa , fc volvieron al Navio , yen loda
cRâ no hallaron agua dulce , ni lena » fiao
quai matprral de fabina , y efpmo. El •
dre Machias StrobI volvio diciendo , que
6r dondc hayian andavlo , la licrra cra
nc)an:c à la dcl Puerto Defeado^ que
û\6 en la orilta de la Bahia unos pozos
ana vara de profundidad , de agua
pdobrc» pcco que fc podia bcber|
Sij
411 Pièces lusTiricATivEi
: — hechos à mano , que fc difcurrio los h»*
*74^« rian los Inglefes de la Efquadra de Jorge
VoïAGE LP. Anfon al aîio de 1741 > y que tacnbiea
CÔTE DE LA *^?^*^^» ^ diftancîa de média légua de la Ba-
M'R. Ma»^^^> °°^ Laeuna , cuya fuperficie cflaba^
c£i,LANiQUE quazada de lal. Los Marîneros ceodieroa^
la rcd , y pefcaron bucn numéro de pe^es
grandcS) de buen gufto, rcmejantes al bacaU
lao , aunque alguivos dizeron era pezepalo»
Sabado ii , qucdandofe indifpuefto el
Padre Quiroga en el Navio ^ falieron los
dos Pilotos à marcar el ficio de las falinas»
y fe recogleron à bordo al anochecer, que-
dando en ticrra dos Soldados , que fe apar-
taron demafîado. Domingo i) , recono-
' ciendo en aquel Puerto tan mala difpofi*
don, para que fe qucdaffca los Padrcs
5çrobl , y Cardiel con el AlFerez y los Soi* j
dados ) y (iendo igualmente arida toda efta 1
Coda y hada aora regiftrada , quifo el Padre |
Quiroga faber el parecer de los otrosdos
Mlflioneros, delCapitan del Navio >ydcl
Alfercz que comandaba 1^ Tropa ; y todos
unanimes fintieron no efhibiccer alli po-
blacion , por nq haver en la cercania de
la Bahia agua dulce, ni tierras para la«
branza ^ y lo que es mas, por faltar maderâ,
ni aun leiîa para qucmar , que es la cofa
mas neceâaria en efbi tierra frigidiflima:
pero para mayor averiguacion fe determi-
np , que falieflfe el Padre Machias Scrobl,
con el Alfercz, y ocho Soldados por un
lado , llcvando viveres para très , ô quatre
dias , y anduvieifen tierra adentro regif-
trando la tierra , y aflîroifmo cl Padre Jo-.|
fepk Cardiel por ocro lada con diczS^oldt-
A
©E l'Histoire du Paraguay. 4x5
Jados. Voivîeron los dos Soldados , que fe r
havian quedâdo en tierra la noche antccc- ^^^
dente , y dixeron havcr hailado agua dulcc Voïage tt
en una laguna 5 diftantc quacro Tcguas de ^ôte delà
la Bahia, ybuanacos» yavcftraccs; pcro meic Ma-
que no fe veian arboles en quanco alcanzaba cellamiqvb
la vifta.
Lones 14, falieron en la forma dicha
cl Padre Strobl por la pane Oriental ,
y cl Padre Cardiel por la Occidental y y
caminando aquel al Sur como cofa de fcis .
léguas , encontro una laguna , que boxearia
una légua , toda quaxada de (al » diftantc
del Mar très quartos de légua , y otro tanto
del fin de la Bahia. Los Soldados encen-
iiicron los matorrales que hallaron , y cor«
rià el fuego dos léguas. La tierra era la
mifma , que en el viage antécédente. La
genre , que con el Padre Cardiel iban azi^
Ponience , pegaron tambien fuego en 'la
yerva de los campos , y fubio el fuego bafta
muy alto. Hizo nocbe dicho Padre Car-
diel como feis léguas' al Poniente de la Ba-
hia , en donde hallaron agua dulce. Por la
nianana del Martes i ) defpues de rezar, y
haverfe todos encomendado à Dîos , profi-
guieron fu viage, y à diftancia de una
légua de la dormida dieron con una cafa ,
ue por un lado ténia feis vandcras depano
le varios colores , de média vara en qua-
dro » en unos palos altos , clavados en tier-»
ra , y por el otro lado cinco cavallos muet-
tes y embutidos de paja , con fus clines »
y cola , clavados cada uno fobre très palôs
en altura compétente. Entrandoen lacafa,
hallaron dos ponchos teodidos , y cabaifdo
S iîj
l
414 PlECIS lUSTIFICATIVES
i^a6, cncontraron con trcs difunios , que todavla
tcniau carne » y cabello, £1 uno parcda
iriSo^DE LA varou , y los otros mugcres : en el ca-
Côre DE LA bellodeuna de edas havia una plancha de
Mfb. Ma- laton de média quarta de largo, y dosdc-
«iLLAwiQUE jo5 jjg ancho , y en ]a& ort)as zarcillosdc
lo mifmo. lin lo alto de la cafa havia ocro
poncho revuelto , y acado con uoa faza de
lana de colores , y de ella (alla un palo
largo como vcleca , de que pendian ociio
borlas largas de lana amufca. Segun dhi
fi nas , los difuntos eran de la Nation Puel-
chc. Paflacon adelantc en bufca de los que
havîan hccho aquel cnticrro, crcyeado
dàr l'jcgo con ellos, y juntamentc con ticrra
habitable 5 mas aunque caminaron otras
très le ^'13 s , no hallaron raftro , y fc Ici
acabo cl baflimcnto. Quifieron losSoMa-
lios cnrar pacos en las lagunas^ que fe
encontraban 5. y como era con balaj nO
nm Caban nada.
Dcfp.'cho cl Padre Cardîel cîos Soldados
al Navio con un papel al Padre Superîor
Macliias Scri bl , y a! Capiran , dandoles rc-
lacion Je toJo lo hallado^y pHienJolcs haf*
ta treinca Hombres , con vivercs , y muai-
ciopcs paraellos, y para los que le acom-
• pa^aban, que pudieffen durar hafla quatro
joiiialas aklanre. Eftc mifmo dia iç fa-
îicroa en la Lancha el Piloro Don Diego
Varela , y el Padre Quiroga à fondât el
canal de la entrada, y marcar todos los
banco*;, que ay en fu boca ; pero por el \icn-
to recio fe vi-rcn p»^ecifados à dJefcmbarcar
en una pequcna Enfenada, donde echando
Ja led los Maàacros la (acaioa Uena ie
OB l'HISTOIRÏ du PARAGTt'AY. 415
pezes grandes , todos de uiia cfpecic , cjue
Earecen criichas de fietc à ocho libras. Hal-
iroii cnaquella parte de la Cofta bucna ^^^^^^' ^^'
, ^ ^ *^ 1 LONG DE .LA.
Jenapar?. qucmar, y en biiena proporcion, ^ôrE dh la
para qae le puedan proveer de elia los Na- Mi b. Ma-
yias que emraren. A la carde volviôelPa-cELLANiQui
-Atc Mathias', y fii comiriva , y dixeron ,
qae en la laguua hallada ^ la fal cendr^a
mas de ana vara de alto , blanca como k
nîevc , y dara como piedra i pcro que no
havian hallado fena algima de que habiten
ladios en eda tierra-
En el Miercolcs 16 y aunque foplo fucr-*
temente el Suduefle , nada incommodô al
Navio , por eftàr bien dcfcndido , y no po-
der los vicotos levanrar marejada. Llcga-
roft los db^ Soldados, cort la carra dcl P.
CardicI , à cuya fuplica condefccndio el
Padrc Srrt»bl , quicn el Jueves 17^ al faltr
cl Sol , faltô en tierra con el Alfercz, y
los Soldados , à jnntarfe con dicho Paire
Cardiel : y al mifiiio tiempoel Padrc Qui-
rogi , el Capican dcl Navio, y el primer
tiloto , fiferon en la hncha à fondât loque
les falraba de la Bahia ; y faltando en Sier-
ra , fubicron à un cerrô bien alto , que
eftà al Norte de Ii Bahia : dcfcubrieron
àzia la parte dcl Norte una gran laguna que
fc cftendra très leg;uas al Ouefte , y cali
otro tanto al Norte, (în communicaciott
alg^una con el Mar; pcro no piidieron fa-
bcr , û drcha laguna cra de as^uà dulce. El
Padre Mathias camînà quarto léguas con
fu gcntc, y fabiendo qnc fe acercaba cl
•P^ CaTilicl, le ombià à dccir , que fc Ueeaffe
à donde fa Rcyerencia edaba. Hizolo el
S ui}
41^ FiBCEs ijnriifCATintt
Padrc Cardicl con grande crabajo ,- y k
^^^ * dixo cl Padrc Mathias, que aqudla fu gcntc
ViDïA«i LE yenia muy fatîeada con tanta carga,yqae
^TE Di LA ^^'^°^^ pcnfado mcjor en cl puiito,.le
Mer Ma- parccia icr tcmerîdad ûfe aqueilos barba-
•1LI.AMIQUE ros à mctcr encre barbaios no conocidos, y
de à cavallo. Diole muchas razoncs en
contra , con fu animo întrepido y valerofo,
cl Padrc Cardicl , poniendo por dclantcei
valor , y experiencîa de aqnella genre ; los
-percrechos > que tcnian de iufiles y polvora^
y balas ; la cobardia de todo Indio, quan«
do halla refiftencia ; y fînaltncnte la caufa
tan de Dios , que Uevaban de fn parte , que
era la convcrfion de aquellos Gcnciles.
Rcfpondio cl Padre Matnias^ qnelo ea-
comcndaria à Dios , y rcfponderia por la
jnanana , eu que la refolucion fae . le vol-
. TicfTcn al Navio , obcdeciendo prompto el
Padre Cardicl, aunque con el (entimienco
de rctirarfc fin dcfcubrir los Ipdios y que
jmaginaba muy cercanos, pues a?ia ya
viflo un perro blanco « que les ladro , y Te
fuc rccirando hafla donde creia baver de
hallar los Indios. La caufa , que tuvo en-
tonces el Padre Mathias , fue llevar pocos
vivercs prcvenidos.
Sabado i^ , propufo de nuevo cl Padre
Cardicl , era bien averiguar , donde tcnian
fu habitacion los Indios , y pidio al Padre
Superior Strobl , que lo confultaHe con el
Capitan dcl Navio, con cl Alfcrcz , con
el Sargento, .y con cl Padrc Quîroga , fc-
gunJa inftruccion que para feme)antcs ea«
fos le havia ilado el Padre Provincial.
DB l'HxSTOIRE DU PARAGUAY. 4I7
Hecha la confulta» fue efta de parecer ., oue
TolvieiTc à corrcr cl campo elPadre Cardiel 'J^
con los Soldados^ que yolunti^iamenre Voïace h
qoificflcn acompariiarlc. A los Soldados ^ôtb ri \a
anadio cl Capican del Navio macbosMa- meh Ma-
rineros , que voluntaiiamente fe ofrccic- ciuahk^vi
ron , y un Soldado de Marina , llevando
cada uno viveres para ocho dias ^ y baeaa
prevencion de maniciones.
Domingo à 10 , en que Aie el novila-
11ÎO4 yhaviendo obfervado el Padre Qui-
-roga y les Pilotes con particular cùidado
la hora de la Plena y de la Baxamar , hal-
laron , que la Baxamar fue à las 5 de la
manana , y la Pienamar à las 1 1 del dia.
Lo aual es muy neceiTario que fepan los
qae mivieren de entrai en elle Puerto ,
porque hay no menos que feis brazas per-
penoiculares de diferencia •, de fuerte , que
en Pleamar puede entrar un Navio de linea
por los bancos > que en Baxamar quedan
defcubiertos. Al amanecer efte dia, deC-
pues de decir Mifla , falco en tierra el Padre
Cardiel con la efcolta de Soldados , y
Marineros , que por todos eran 34 > y tomo
el camtno al Ouefle. £1 orden que obfer-
vavan era efte. A la manana rezaban al«
gunas Oraciones , y cl Aôo de CoBtricion,
y una Oracion , en que daban gracias à
Dios por los bénéficies communes , y le
ofrecian lat obras y trabajos de aquel dia ,
cfpecificando la hambrc , fed , canfancio ,
peligros, ^c. y protcdando que 4o ha-
cian por fu amor , y por la converfion de
los Infieles. Defpues fe defayunaban , y
marchaban cantando la Licania de la Vii-
S V
E LF.
4i8 PlECIS JUSTinCATlTES
' Rcn , y dcfpucs de clla , rczaba cl ?ûàé
Cardicld Itincrario Clcricai. Quandoiban
por Canipp.iia fin camiiio , iba cl Tadrc ca
)F. LA ^"^^o y todos cflcndidos en ala à la larga.
Ma- P^i^2 bufcar niejor laguaas , leita , caza»
iiQVE y ver humos de Indios , &c. ; quando por
fcnda de Indios ( que la cuvicron por mâ-
chas léguas ) iba ri Padrc cl primero,
atempecado al palTo de los menés fiier-
tes , para que no le^ kicieflèn caminar
mas de lo que podian : llevaba al pecho
«n Crucifixodeoronce , y en la mano aa
baculo, ^ravada en cl una Craz. A la
noche rezaban el Rofaf io ,~ y cancaban la
Salve : y para cl rezo de.manana ^, y carde,
. y para hacer cargar las mochiias «. y cami-
nar , hacia el Padre fenal cou uoa campa-
fiilla A que fcrvia detambor.
Garni naron en cfta forma qwicro joroa-
das del 6 y 7 léguas cada dia , cali fienipfc
por un camino de Indios , de nn folo pie
de ancho , que eflaba lleno de efticrcol de
cavallos , y potrillos , yà ancigoa , y por
nananciales de agua muy buena. Al fia Ac
lâs quacro jornadas fe defviaron de la fcnda
à una cuefla alra, defde dondc miranda
con UD ancojo de larga vifta, dcfcubricron
la cierra de la calidad que la dcmas. An-
duvieron en eflos quarro diascofa de i^
léguas fin hallar arbol alguno » ni pafto
fi no algo de hcno verde en los manamia-
les , ni cierra de migajon para fembrar ,
fi 110 coda eflcril : agua si , y en abundan-
cia en varios manantialcs , por dondc iba
cl camino y 6 fcnda de los Indios ; y por
donde no ia havia > lagunas todas de agua
»E l'Histoire du Paracuay. 4"i9 •
^tilcc. No vicron humo alguno , nî fe ijac, ^
cncontraron animales del campo , fîno
Onos pocos huanàcos , que huian de me- j^^^^^^p* ^*
«ia légua , y tal quai aveftruz , de que ^ôtb de la
inataron uno , (îenao cfteril de caza toda Mer. Ma-
^a campaiia, y cueftas : ni aun paxaroscELLANxQ^*
*c oyeron , fino es tal , o quai. Huvicron- s
fc , pues y de volvcr harco delconfolados.
La genre fe porco con mucha conftancia »
aunqae unos , à pocos dias , iban yà def-
Calzos, otros com ampollas en los pies, y
ecros con llagas , y los mas ni fezto dia
eftaban eftropeados. El P. Cardiel à pocos
dias padecio muchos dolores en las juntu-
las de las piernas , de mancra , que af
quinco no podi^ caminac fin muieta ; y no
nailanda peifcf remedio ,■ que ponerfe ea
elias panosempapadosen orina, con efto
iblo, y la prpvidencia paternal de Dios
pudo profeguir, £1 &io de noche les mo-^
ledaba mucho j y a^nque con los cfcafos
jRiator raies , que hallaban , cenian fuego
toda H noche , conio no lleyaban mantes»
fil con que cubrirfe , por un.lado fe ca-
lentaban, y por ocra fe elaba& ,,dn podçr .
dormit. " .
Con codos eftos trabajos eftaba tan vl-r
SOToCo cl animo del Padre Cardiel > que*
huviera fido fuijuris , fe huvicra vcnf-
Ào por tierra , defcubriendo , que ay zcç.to»
Àt les decantados, o' encancados Cefares,
. y de nacioncs difpueftas à recibir eV Evan-^
gelio ,. para lo quai yà (è le hlEivian ôfre-
€ido algunos de fa* coniitiva : porque fe* '
&acia la cuenta , que con abalorios , que*
Bç^aba», godria çoingras cavallos de los^
4*o Pièces JUSTiTxcATiTEf
r*^ Indios , y caucivarles las yoluntadcs : pcrt
como no cfpcraba confcguîr licencia para
; !•* pra^kicar efta efpecie , tratà de ▼olveifc al
j LA ^"^"o en oiras qaacro jornadas. Eneftos
Ma- ocho dias , que fe cardo el Padre Cardiel en
[QU£ efta expedicion , obfervo el Padre Qoiroga
con on quadrante aftronomico la latitud
de efta Bahia de San Julian s y fegun ef-
tas obfervaciones , la primera entrada de
la Bahia eftà en 4^ srados, y zx minotos :
el medio en 49 gra£>s , y 15 minucos. £1
Martes ii , à las 4 de la roaiîana , fe cœ-
barcaron en la Lancha el Padre Matbîas
Strobl , el Padre Jofcph Qairo^ , el Pi-
loto Don Diego Varela , y el Alferez Don
Salvador Martinez Olmo y y falieron à la
primera Enfenada de la Bai&hi', y Taltando
en ticrra , caminaron azîa el Norte à re-
conocer la Lagnna , que avian defcubieno»
los dIas antécédentes. A los très quartos
de légua hallaron en lo alto , entre unos
cerros, otra Lagnna de agua dulce, que
tiene de circnito nna Iceua. Mas adelante,
•à dos léguas de la En(cnada , donde de-
' fcmbarcaron efte dia ,' hallaron -la Laguna
grande , pero toda cubicrta de fal.: tiene
très léguas de largo , y mas de una de an-
cho. Paflaron à la otra vanda, por ver fi
hallaban aigu nos arboles, y no hallaron
fino matorrales que folameatetlenen lena
paraquemar. En efta traversla de la La-
guna les calentà mucho el Soi; y fu fe-
Hexion en la fal blanca como la nieve les
ofendia la ^ifta. Hallaron fiete, o ocfao
y icuiias , y un buanaco , y à la Vanda de
Sur de la Laguoa, «m pozo de a^nadutce. Po«
BB l'HxSTOlRB DU PARAGUAY. 41t
la vanda de Leltc de cfta Laguna hay ana ^\ ^
bucna llanura , y luce;o cftà cl marà una
Icgua dcdiftancia. A^las 4 de la wr^c <lc J^'^^'p' "
cftc dia cftuvicron yà à bordo. côti 91 la
Lo que todos vînieron àconcluir, re-M£K. Ma-
conocida cfta tierra de la Bahia de San Ju- cellamxqv>
11 an ) y fus malas calidades > es , que por
alli no pueden habitai loslndios porfalta
de Icna , miel , caza , &c fino que vivca
muy retirados ; y difcurricron , que cl fen-
dero cftrecho , que figuio cl Padre CardicI
qoaero jornadas , es , 6 de los Araucanos de
Cbîle 9 o de los Puclches , y Pefauencfaes y
que vendràn tal quai y ex por fal y de que
careceràu en fu Pais , à la Laguna grande y
6 à las otras de la cercanla de ia Bahia , y
que efte ano moriria alli algun Principal
cie ellos , para cuyas excquias matatian aos
de fus fflugeres , y fus cavallos , para que
le hicieiïcn compania en la otra vida , fe-
gun crée fu ceguedad, y por cl mifcno
mocîvo cnterrariàn con cl rodas fus alha-
}uelas.-Maravillados si quedaron , de que
CD tamana diftancia de Bucnos>Âyrcs hu-
vîefrc Indios de à cavallo , por que fe jaz-
ga que defde 150 léguas abazo todos eftan
de à pie , fegun nos dicen los Indios Scr-
ranos , y los derrotcros de Edrangeros. Se-
gun parece por fus alhajuelasde laion, &c. ,
ellos ciencn communicacion con otiasNa*
ciones , que la tienen con £fpaiiolcs.
En fin Y cl Lunes x8 de Febrero (e cm«
pczaron à preparar las cofas para Cilir de
ta Bahia de San Julian , en donde no hal*
landofe comodidad para hacer por lo pre-
(cncc algun çftablccimiemo « hizo cl Padce
4l% rtïCBS- JUSTTTICATIVE^
. Superior Mathias Strobl confùlta i en que
'^^ * encraron cl Capitan dci Navh> , cl Aifcrcz/
VoïAGE LE cl Sargcnto , losPadrcs Catdicl , y Qiiiroga,
IZt II l'A prefcntc cl Efcrhratio dcl Navio , y toi»
Cote be la • ^ ^ , ' ^,
Mer. Ma- tinaninieâ fueiron de parecer , que al pre-^
CELLAniQ^jE fente hcr cra conveniente fe quechrilen alli
los Padres , pues adecnàs de fahar las cofal
necefTarias para poblacion , tampoto havla
Indios ,' en cuya converfîon fe empleaifea.
for tanto à las-^ de lamanaiHi cotnenzaron
à levarfe *, pero aviendofe cambiado à ia
mifmahora el viento' à Sodueibe ^ (e que-
daron en clmifino fitio. A l'as dos de la
tarde foplocon gran fucraa cl- Su(hiefte,y
aunque en e(ta Bahîa no lèvaiita mar yhho
fanta fuerza,queel Navio gatro aîgunafs bra-
ts.'Sy Y fue necefTario arrear las ananas, f
prévenir otra aacla. Los Siarincros ^ cnt
Àavian ido'oy àtierfa en la Lancha , halix-
- l'on en el campo un letrero con' cftos ca-
raderes- : I. O. HN. WOOD. que fera
cl nombre de algun Inglès , li Holandès^
que haya cftado en cflra Bahia.
Marres à i de M^arzo , por tencr cl viciK
to por el Suefte ,podicron falir por la ma-
nana^ y fè cofocô en alto , en frcntc del û^
tio donde eduvieron ancorados , una Croz
alcade madera côn efla infcripcion: Rcy^
nando Phelipe Vy anodi 1746. A las 4 de
la tarde , foplando el Oucft , fe levaron , y
falieron de la Bahia de San Julian à las ^,
y luego que eftuvîeron' fuera , Icvantaron:
la Lancha à bordo,y (iguicron fu derrota
al Nordefte. Conque por dcfpedida fei»
bien dar aqui mas compléta relacion de cfiç
Puc4;coi, y Bahia*'
}
i)E l'HisToiRi DU Paraguay. 4if
De clla cucntan muchas côfas los Viagc- ' . -^
ro$ Eftrangeros ,.y crpccialmcntc Jorec An- ^
fon , Commandante die la Efqaadra Iiiçlcfa , V*^*»^*^^ ^^
., \ " \ > -v • r n. I LONG DB LA
|uc cl ano de 1741 , entro a mfettarcl mar ^^^^ p^ ^^^
Ici Sur por cl Eftrccha dclc Mayrc. Entre Mer. Ma-
otras cofas ponen al^unos de fus Mapa^iln. aEi.i.AiiiQVS
prdTos , auc cda famo^ Sahia la forma-
un gran Rio , que nace de una gran Lagtr*
Da > 40 o $0 léguas tierra adenrro , y que
de efta Lagunanace otro Rio llamàdo de la
Campana , .que corre hada falîr ni Mar dcf
Sur. Por todo efto dcfcaba cl Real Confcjo
de Indias , que fc hiclcffe aqui una pobla*
cjon , y à eflc fin fc emprendiô cfte vîagc :
pero la experiencia ha dcfengaiiado , que
rodo lo que decian de cfTos Rios los Edrah-
prcros ', es una mera y pura parrana , pues-
rai Rio no fc halla , ni fciias de haverle ja-
iTia$ bavido > que al fin es verdadcro cl ada-
f;îo Caftellano ,. que à Inengas tierraj ,
uengas mentiras. Todos^fîruan efta Bahia
en 49 grados , minutes mas 6 menos, y
tienenrazon, porque, cômo yà dixc , fc
haviftoaora que eftà en 49 grados y ii
minuros fu enrrada , y elmedio , en donde
puedcn-fiirgir los Navios , en 49. grados «y
I s minutos. Su longittid refpeâiva , conta
da dé la Ifla de los lobos^ fon 15 er^dos y 10
minutos: y lalongicud univerfal, contada
del Pico Tcibez de Tcncrifc, fon 3 1 1 gra-
des, y 40 minuros. No folamente no en-
tra en efta Bahia Rio alguno grande , que
fc pùeda navegar muchas léguas arriba,
como en fus Diarios y Càrtas cfcrivcn (m
fiiiidàmento algrunos eftrangeros , pero ni
aun un pequeno arroyudo podicroD haAar
nueftros Efpaûbles.
4*4 , PiîCFS JUSTIPICATlVEf
"■■■■' ■ — La entrada de cftc Puerto es dificîl de
'74^» conocer al que nolleva mas fenal, que \z
VoïACB iH alcura , porque dcfde fuera folamence fcvc
loKG DE LA ja primera Enfenada , cafi todo llciiadclia.
Cote de la '^ r r «i j j« l^
Wbh Ma. *^^ ' P^^^ ^^^^ """y "^" de conocer dicha
•£i.&ANiQcrB cncrada , governandore por las fcnas fi-
guientes. Cad al Oaede de la boca dd
Puerto eftà un cerro muy alto, el quai»
yendo dcl Nordcfte , fe vè de muy Icxos ,
por fer el mas alco que ie vè en cita Co^i
y de icxos parece como Ifla \ y acercandoTe
aigo mas, te ven las puntas de otros très cer-
ïo% que tambien pareccn Idas» bafta que de
mas cerca fe vè , que fon tierra firme. Pues
el que fuefTe en demanda del Puerto de San
Julian defde la Ida de los Reyes , fe ao-
partarà de la tierra , porque es la CoUa
pefigrofa , y llena de baxos ; y en liegan*
do à los 49 grados , llevara la vifta al fo-
bredicho cerro mas alto, y navegara acer-
candofe à la tierra Eft-Oueft con el, y
entonces Verà la primera Enfenada > que
tiene à la vanda del Norte unas barreras
blancas ; y toda tîerra , que eftà à la vanda
de! Sur ha(la el Rio de Santa-Cruz , es ba-
za , y tambien parece que hace ona barrera
blanca » que parece una muralla.
La entrada del Puerto es bien difEcil , y
no pueden entrar Navios en miarea baza,
pues queda folamente un canal eftrecho con
dos brazas y média , o très brazas de fon-
do, el quai corre al Suduefte bafla una
Sunta , en la quai hay algunas penas , f
t^à.^ alli corre mas aL Sur por cerca de la !
Coda , que fe dexa al Oue(i. En Pleaoïar f
pueden entrar Navios de qualefquxeta poc- |
VI L*HlSTClRE DU PARAGUAY. 415
tc,.port|uc, como yà fc dixo , la marca -—
fubc, y baxa 6 brazas pcrpendiculares, y '74^-
bace muy diference k aparienciade la en- Voîagi li
trada , y de cl Puerto , como fe vè en dos ^^^\ ^\ [^
pianos, cjue hîzo el Padrc Quiroga. Noj^j^ j^^.
obflante , (lempre fera neceflàrio que el Na- esLLAKiQva '
vio , que no Ifevare Piloto pradico de efte
Puerto 9 de fondo à fuera ^ y embie la Lan-
cha à reconocer la entrada , porque' como
'faedicho, esdificiU y (îempre fera bueno
encrai' , quando la marea vaya perdiendo la
fuerza , para poder ancorar en badanre foQ'
do , ances que baze la marea. Los Navîos
grandes pucden entrât hada ponerfe detràs
de las Iflas , en donde en baxamar fe hallan
15714 brazas. El fondo es bucno, de bar-
xo negro , mezclado con arenilla muy fina.
Los viencos aqui , aunque foplan con fuer-
za , no levantan marejada , por eftàr todp
el Puerto cubievo con la tietra. Hay dencro
dos IHas , que velan en pleamar , y en ellas
mnchas gaviotas. A média marea fe van
defcubriendp otros Iflotcs: yfînalmente,
en bazamar fe queda en feco , por la parte
del Sur , un recinto , que en plenamar pa*
recia una grande Bahia.
Efte puerto , por cl Eftio , no tîene agua-
da para losNavios ; pues algunas lagunasy
manantiales, que fe hallan al Oued del Puer-
to , difVan très o quatro léguas, y otra Laga-
oa mas prozima , que eftà al Noruefte de la
entrada , difia una légua del mar y y eftà
bien dificil de hallar entre dos eerros ceroa
de lo alto. En tiempo de Invierno es faâî-
ble que bazen algunos arroyos del agaa
ijae diftilaran las nievcs. Toda la dcria es
4lé PltCIS JÛSTIfiCATIVM ■
faliirorfa 5 y cdcrîl , folamcbtc (c halfan à!*
'^^^- ganos matariàîcs al Oueft de la cntrada,
VoïAGE lE cj'ue pucdcn fcrvir para Icna para los Na-
C6tb d^ '^ vio<: no ay piafto p.ira los gahados,(îna
Mer ^ma. ^^ ^^^^^^ dcifrcro , qtic fc halla ali;un poco en.
tÉliiANiQUE I^s canadas , dondc ay m'anantJaks , ni fe
halla un' folo artfol , que pueda" fcrvir para
Aiadcra.
Pncdcfc faciîmcmc fortîficaf çF Paerto',
conftriîycndo unâ batcria en la panra de
pîcdras , que cftà al Suducfte de la primefa
. entrada en la Cofta del Norrc , porquc aqûi
fe eftrccha la cntrada , y pafla el canal ï
tiro de fufil de dîcha pnnta : ni podran Ids
Navios bâtir la fortalcxa condruida en cftc
fitio , porque en baitando la nrarea ,• Ce quîe-
rfarian cncallados, puestoda la Entenad^,
■fuera de la pnnta , (c queda en baxamar
con po.ca aî^aa , y ann en cl canal eftiechb
"àpenas llega a trcs bra^a'^. 'Pîed'ra no falù
y cifî roda parcce fer de oflrioncs conver-
t'idos en piedra , de la qml Te pnede hiccr
bucna cal. TamMen at ^iir dct P-jcrro Te
ïialU en Io'î cerfos e'pejucio para liafcr yc/fd.
Ay en cn:e pner:o ab'nd.incia de pcfcado',
fcmsjance il bac llao : ay nve's maritima?, 1
como çrav'o 's, paxâro nin'o , paros 6:c,
y en tierra'e Killan aveftnjccs , huanacos,
Viciinas , c)nirq»iînchn5, y zorrillos. El rrm-
pie es feco , y en Vcrano no hace mucho
frio. Ay 4 6 f îa\^nnasHe ^il ; peio la mas
cer:ana dii\.\ de la mnr cî(î uni Icgtiar. Al ca-
bo, pues, de ti dhs de dil'njcncîas priraave-
Jfjg'iartodo In dubo, fa-ieroh nn^Clros na-;
tcgantes de efk Bahin de San Jalian à i de l
ItezavinieQdQ'cn demanda del Riode I09
DE l'Histoirï du Paraguay. 417
Camarones , fiemprc ccrca de la Cofta. ^ '
Yinieron fin ver cofa efpccial , hafla que ..
cl Jncvcs 10 de Marzo Ce vies levante mu- j^Q^^^g'^pg ^J
cho mar en la alcura de una Enfenada , que- côte de la
ay al Sur del Cabo de las Matas en 45 gra- Wfr. Ma-
. dos de latitud. En frcnte de dicho Cabo ay cbllank^ui
Hos Idas , la mayor à una légua del Conti-
nence > y la menor , que es mn) baxa , diC-
ta de la tierra 4 léguas , y cÇkkn ana con
ocra Suefte Norucfte. A y otras4 îflas, la
una jgrande à la punta det S'ur , y f peaue-
nascKucrode la Bahia del tniCmo Cabo,
al quai no conviene cl nombre de las Ma«
tas X pues la tierra es coda arida , y fin ce-
ner matas algunas. Las aguas corren aqui
COQ mucha fuerza al Sur , y al Norce , fi- .
fuietido el orden de las mareas j y la cierca
cl Cabo es medianamence alra , con. aigu*
nos mogoces. Encre dos pumas de efte Cabo
Je Matas ay una Enfenada , en que entra-
ron el Vicrnes z i para rcgiftrarla , daqdo
fondo en medio de ella en ^o br9zas arena^
negra , à légua y média o dos léguas de la
ticfra. A medio dia faltaron en tierra cl Pa-
drc Quiroga , el Piloco mayor , y el Alferez
Dom Salvador Martin del01mo,y reco-
nocieron , que en lo interior de efta Enfena-
da, que forman las ponças de • cftc Cnbo^
ay una buena Bahia, con mucho fondo
hada ccrca de tierra 5 de fucrt€, que à ti-
xo de fu(îl fc haPan 7 ù.8 brazas de, fondo
ic arçnilla , y cafcajo en marea baxa. Lla-
snaronla Bahia de San Gregorioy y cfià
abri^ada de codes vientos , à excepcîon de
los Nordefl;c8 y Eftes que aqui no fuelenlcc
jpaligUQS.
'4*8 Pièces îustieicativês
■ Subîcron los tresàlos masalcos cerrof^
ï74<'« para dcCcubrir defdc alli à la vanda dcl
VoïAOE tE Morte la Bahîa de los Camarones jy avien-
lONc DE LA jJqI^ dcfcubicrco con una , que ay en elb,
M s" ^^JlA' rcçiftraroii aflTitnirmo otra calera à la vanda
ciiLANiQUB àâ Sur dcl Cabo i y notado todo , fc vol-
vieron à la Lancha , à las ^ de la carde ,
bien canfados de aver andado 5 léguas fia
aver hallado agiia , ni lena ni ocra co& ai-
guna , que pied ras , que la hacca inhabi-
cable aun de los brutos. Sabado Yi dieron
fondo al anochecer dentro de la Bahîa de
los Camarones en 15 brazas de fonde , are-
na menuda , à légua y média de lierra. Es
cfta Bahia muy grande , por lo qoal en cl
medio es muy defabrigada> mas en la van-
da del Sur , cerca de cierra , paeden las Na«
ves abrigarfe de los vientos Sudueftc , Sur,
y Suefte , aunqne en cal cafo eftaràn cx-
puellas à losNortes, y Nordeftes, de los
qualcs fe pudieran defender en la vanda del
Norce, quedando expuedas à los demas
viencos. En medio de la Bahia ay una Ifla ,
que rendra una légua de largo , y en la
punta de ede hace una redingua de baxos è
• Iflotes : didadel Conrinence cafî una légua ,
y cftà roda cubicrta de aves , y de lobos
marines , que andan por la Bahia en gran-
de numéro. Puficronla por nombre la Ijla
de San Jo/eph. Obfervado el Sol en medio
deefta Bahia, rchalio eftàr en laalrura de
44graJos, y 51 minutes de laticud , y en
.515 erados ,y 16 minutes de longicad.
Safcaron en tierra el Domingo 15, à las
'8 deUmanana, el P. Machias Sorobl , cl
Alfcrcz Dom Salvador Martin dcl Olmo»
DE l'Histoirissu P^araguay. 419 ;
y fcîs Soldados, à rcgiftrar el tcrrcno, y ver, ^ ■*-
fi a via Indios en elîa Cofta. Volvicron al '; ^ '
ftoocbecer , fin mas noticia , que avcr hal- Voiagk le
lado loda la ticrra llcna de penafcos y cfpi- ^^^^ ^g ^^^
nas , en 4 léguas que camiuaron^ y de las Mei. Ma-
efpinas trakn los Soldados laflimadas lascu-LANiQU^^
piernas, por fer muy agudas. £nconcraron
UQO , que parecîa Rio y por cuyas orillas
fubieron , y à cofa de una Iceua yà no avia
mas que fenales de que por alli corria hafla
aquella encrada del mar algan arroyo de
agua en ciempo de lluvias > o al derretirfe
Jas nieves y aunque enconces edaba total-
mente feco y por lo quai fe reconoce fer fa-
bulofo el Rio , que en efta Bahia pintan al-
gunos en fus Cartas y ni fe halla agua dul-
ce 3 ni lena, ni arbol alguno. No nallaron
raftro alguno de Indios > ni es poffible que
liabicen en elU Cofta y en donde codo es fe-
co , y arido , fin que fe pueda hallar gota
de agua. Avia en la Bahia muchos camaro-
nes , que no fe avian hnllado en otra parce ^
fino alli , y en la Bahia de San Julian.
Al anochecerel Lunes 14 falieron con
Nordefte de la Bahia de los Camarones en
demanda del Rio del Sauce. £1 Martes «5
fe pufieron Norte Sur con^l Cabo dt Santa
£lena , que eftà à la vanda del NoKe de
la Bahia de los Camarones en 44 grados y y
30 roinucos da laticud : la tierra de el es por
la mayor parte baxa , folamente fe ven al-
gunos mogotes , que fobrefalen algo « y al
que viniere de Icxos , pareceràn Iflas. El
JVliercoles i^, por la noche , rcfrcfco el
viento demafiado , y causo grande marcja-*
da. £1 Jucves 1 7 à las 8 de la noche , les fo**
43^ PiEcis lïïstiricATivsc
■ — brcvîno de repente un huracan de vieoto
^ '^ ' Siidueftc muy rccio , que cogiendolcs cou
VoïA«E LH I35 ^ pnncipalcs larças , los pafo en mani*
CÔTE DE LA fi^fto peligro de dclarbolar , y mas avien*
M ER Ma- dolcs romat^ô por la lua -, pero al fin pudie*
4^MAMZQV« ron aferrac las très , excepte la de! trinque*
ce , con la quai corfieron à popa, haciendo
camine al Sudueile > y el Viernes iS fe
hallaron à medio dia en 41 grados , y 3 J
ininucos « azia donde fe ponc comunmente
el Rio del Sauce ^ pero los vientos contra-
nos no les pcrmiticron arribar à cl. Y vlen-
do que el aî»ua eCcafcaba , pues no fe pudo'
metcr mas por la pcqucncz del Navio ; que
cl tiennpo era yà de Invicrno por aUi ; que
cHie Rio edaba muy cercano à Buenos*
Ayrcs , y muy lexos del Eftrccho de Magal"
lanes , en cuyas cercanîas era el orden de
poblar ; que (êgun relaciones de algunos .
Efpanoles, que defde Buenos- Ayres han
Ifcgado k dicho Rio , y de los Indios , que
pueblnnfus margents tierraadentro, y vaa
ali^unas veccs azia el mar , es de matas ca-
iidades aria fu boca, profîguicron adelante
" fin encrarcn cl , y tn 41 grados encontra-
i:on las corricntcs del mar.
El Sabado i6 d^ Marzo , à las 10 de la
Hîfïnana , fe reronr»cio eftàr Tentido el pa-
lo ma y or en la par:c fiiperior , y fe le écho
un rcf'ie'-zo. HdUaronfe , al obfcrvar el
Sol , en 5 f grados y X6 mînutos , y avien-
dofe hallacio el Lunes 28 en 5î grados, y
43 min'T^os, los hi-'ir.on rétrocéder las cor-
liet'res , puesel Martes 19 fc hallaron en
^6 grqdos , y 15 miniuos. Jucves j i à las
S y medxâ de la manaoa ^ fe bailaron pof
ȣ l'Histoire du Paraguay. 55 1
fin al Nonc del Cabo de Santa Maria 4 le- ■ -n '■*
guas de ticrra. Viernes i de Abril eftuvic-- '74^^
l'on à mcdio dia en j4 giados , y 48 minu- Voïage t«
tps al Efte, t quarto al N.ordcfte dcl Qabo^?^^ H ^
de Santa Maria , à 3 Içguas de diftancia. A ^j,^ j^^.
la una y média defcubrieron el pan de azo-.Gi^.L]tANiQffik
,car al Oviefte , y las 5 y média à fu barlo^-
vcnco una embarcacion , eue navegaba al
Rio de la Plata , y Ai viua los obligé è
préparât la arcillcria , y la^ armas, ^abado
a las 6 de la manana , en frente de Maldo-
nado, defcubiieron à focavenco la embar*
cacion del dia antecedenre , nterra/da , y fe
leconocio IJcvaba vêla Latina » y à medio
dia echaron un gallardece hfpanol en el palo
mayor, para Ilamar la embarcacion, quç
conocieron fer Taracana. A las i de la tarr
de , teniendola mas ccrca , echaron vcla Ef-
panola > aiïcgurandola con un tirp de canoa
lin bala ; por lo quai à poco rato fe acercà
d.icha Taratana , que vepia à cargo de D.
yJofeph Marin, de nacion Frances , quiea
djxo aver falido de Cadix por Enero coa
plicgos de Sîi Mageftad , para el Governa-
dpr dcBucnos-Ayres, y que por no trac|:
pradico dcl Rio , feguiria(a derrota de eftç
Navio como lo exef uto 5 y el Lunes 4 de
Abril, à las 5 delà tarde, diçron fondoà
très léguas de Ruenos-Ayrcs , y à las 5 y
média entraron los cres Jefuitas en la Lanr
cKa con.el Capitan del Navio, y el de U
Taracana, y à las 7 y média lUgiaron à
.dàr cucnra de fu arribo al Governador de
^enos-Ayrcs I3om Jofcph de Andonacgui ^
jqnîen quacro mcfes anccs los avia defpa»
f ^ado i de prdcQ 4e nueftrp Rçy ( (^uc Oio^
4^1 Pièces justificatives
' ,-.6, gii^rdc , ) à cfta demarcacion de la Coila^
hafta el Eflirecho de Magallancs.
toNc^DE* LA ^° ^"^ en gênerai Ce pucdc decir , es,
c6te de la H"^ dlcna Coita del Oceano. (fie fe eftien*
Mis. Ma de defde el Rio de la Plata , hafta la ultima
#i(rLANiQui tierra continente de efta America Meridio-
nal , 6 Auftral , y fe llama comunmente
Cojla de los Patagones^ efta ficuaJa encre
les ] 6 grados y 40 mlnucos y los 51. gra-
dos y 10 minucos de lacicud Auftral. Corre
defde cl Cabo de S. Antonio , hafta la Ba-
hîa de S. Jorge al Sudaefte : defde efta Ba-
hia, hafta el Caba blanco ,' corrc Norueft-
Saefte defdé Cabo blanco , hafta la lûa de
los Reycs, Norte Sur 5 y defde la îfla de los
Reyes-, hafta el Rio Gallegos , corre al
Sur-Suducfte , formando varias Enfcnadas:
y ultimamente defde aoiii > al Cabo de las
Virgçnes, corre al Sueue. Toda la Cofta,
hafta los 43 grados, es tierra baxa , y di-
cen , que cerca de tierra fe halla poco fon-
do. Defde los 44 grados , navegando azia
cl Sur , es cafî toda la tierra de la Cofta bien
alca , hafta la Bahia de S Julian , y en 44 ,
4y * y 4^ grados de latitud , fe halla ,mu-
cho tondo cerca de tierra , y a(fî por e^a
altura , navegando de noche , no ay que
fiarfe de la fonda , pues fe hallan 40 brazas
à una légua de la tierra , y el mifmo fon-
do fe halla muchas léguas la mar à fuera.
Defde S. Julian , al Puerto de Santa Cruz .
es la tierra rafa , y hace barrera alta en la
orilla dcl mar : hallafe en todo el interme-
dio buer» fondo. De Santa-Cruz al Rio
Gallegos vuelve à fer la tierra moderada-
mentc dta^ y luegohafta el Cabo de las:
Viigcncs
»z l'Histoihï dw Paraguay, 43 j
yîrgencs es la Cofta baxa,
■ lin cl Cabo de Matas es pcligrofa la na- 7^ *
rceacion de noche en la cercania de ]a Voiace le
. *^ \ r J I m /• I LONG DE LA
acrra, acauiaxlelas Illas, que laïen nui-^^^^a p, la
Dbo al mar, y la de mas à fuera es U masMLs. Ma-
baxa» Tambicn es poco fcgura la Cofta dcf- oe^^ahiqui
de la lûSL de los R^eyes , hafta S. Jiilian ,
por lo quai coavicne en efta akura navcgar
a baena diftancia de cicrra.
. Los vicntos, que corrcn en cftos mar-
ées en cl Vcrano y Eftio , Ton Norrcs,
Nordeftcs , Oueftcs , y Suducftcs : los.
Eftcs , y Sacftes , que ferian los mas noci-
vos , no reynan en efte ticmpo. De I05
rpbredichos , los Sudueftcs levancan mucha
ipar , y fon cafi ciertos en las conjunciones ^
opo/iciones , y quarcos de Lana. Las ma-
res s incommodan mucbo la navegacion poc
la Cofta : en algunas partes fube y baxa ^
brazas perpendiculares , caufando eftc âuxo
y refluxo mucha divcrfidad de corrientcs ,
que unas veces corten à lo largo de laCofta^
y unas al Norte , y otras al Sur , y tal vez ,
cncontrandofe unas con otras, coiren azia el
Eftc,yel Sueftc.
Los puertos fon muy pocos : folamente
en cl Puerto. De feado , en San Julian , y en
la Bahia de San.Gregocio fe halla abrigo pa«
xa los Navios. En el Puerto defeado bay una
fuente , de la quai , en cafo de necemcad ,
pueden hacer aguada los Navios : todo lo
xeftante de la Cofta eftà feco , y arido , que
t|0 fe vè un arbol , ni hay donde fe pucda
l>acerlcna gruefTa: de algunos matorrales
Te puede hacer algau poco en la Bahia de
S*. Julian » en dondc û: ballarà tambien n)U«
Tom ri. T
454 PlEClf JTTSTIFlCATIVlf
cha pefca , y abundancia de f»L
ï74^« En ticmpo de Vcraiio fc fiente algo de
VoïAGB LE frio ; pero en el Invierno no pucde meno€
LONG DE LA jg fer cxccflîvo , à caufa de las muchas
M^K ^Ma^- nieves , que caca en las Cordillcras. Eftas
eELLANiQUE no fecundau la cierra, anies la dexan un
feca y ederil , que parece iocapaz de pro^*
ducir fruto alguno. Toda la Coihi parece
que cf^à defîerca , ni hay Indios en parce aU
guna cerca diel mar , defde el Cabo de S.
Antonio al Cabo de las Yireenes » porqae
fiendo la cierrade la Coda ^licroza, è in*
frudifera, no cienen de aue manceoerfe;
y fî en alguna parte los nuvîeca , huyie*
lan eftos Navegances vifto algunos fuegos,
^ humaieda , en las partes dondc furgieroo,
y falcaron ea ticrra. Por tpmo parece , que
los Indios vivenmuy tierFaadencco aziala
&lda de la Coirdtliera de Cliile.
Hanfe defcitbierto con efte iriage y re«
fî(lro varias fal(èdades , que. tienen los
erroceros de algunos Viagères Eilrange-
los , porque en quanco à los Rios , que el*
los fenalan , fe ha vifto aora , que Ton ima-
ginarios > y que à lo mas folo debe de cot*
i«r agua por eilos en tiempo de Uuvias, y
nieves: con que quèda claro, que defdeel
BJo del Sauce y que es el que ocros llaman
el Defaguadero , no hay otto algun Rio
bafta el Eflrecho de Magallanes. Los Ef-
crangeros no parece que rueron de propofi*
ts> à regiilrar Coftas , como eflos nuedros
Bfpanoles , y a(C dixeron aquellos lo que
defde lexos les parecio. Pudiera fer , que à
los Erpaiioles fc les huvicra ocukado aigu*
0^ y aunque han puefto fumo culdado, poj>
»i l'Histoire pu Paraguay. 4J/
^uc es éoCsLÀ'idcW ver lo todo dcfde cl Na- —
irio , entre penafcos , qucbradas , y bancos 5 '74 '
pcro parcce han hccho quanta diligencia Voïacp. li
cabe , y que en los parages , donde pararon , ^q^^^^ df la
y faltaron à tîeira, è hicieron regiftro, mer. Ma-
co hay duda que han hallado fabulofos les gellanic^ue
Kios « que ocros fenalaban, y varias otras
cofas , que por fus Diarios nos havian lie-
cho créer los dichos Eflrangeros.
Tal parece lo que dicen que cncontraroa
en las Cueftas altas del Puerto Defcado^
fepulcliros de Gîgances , cuyos hueffos eran
de onze pies de largo , porque los huedôs
^e los cadaveres ^ que aora fe encontraron»
cran de eftatura ordioaria. Afiaden dichos
Diarios Eftrangeros , q^ie en una Enfenada
del Puerto Defeado , que fenalan en (us
M a pas > faay mucha pefca. Nueflros Efpa-
noles fe pufîcron alli à pcfcar , y no halla-
ron cofa alguna. Caencan tambicn los Oia'-
tîos Eftrangeros , que en S. Julian hay Me-
xiilones^a Oftiones de onze palmos de
diacnetro > y defpucs de regiftrar tanto nueC-
tros Efpanoles , no han hallado mas que lo.
dicho en la de fc ripe ion puefta ariiba de U
Bahia âc Su Julian.
"^^^
Tlj
4îi PïECES JUSTinCATlTlS
LETTRE
DE D. FERNAND TRIVINO ,
Secrétaire du Conseji, Roïal
DES I N D £ S«
A L'AUTEUR DE CETTE HISTOIRE,
Avec quelques Eclairciffèmens fur
plufieurs points , êc le Catalogue
des Pièces qu'il lui a envoïées.
A Madrid , le xi Mars 174^.
MON REVEREND PERE ,
^ TT
Lettre de %f ^ I ^cçu dans fon tems l'honneur de
D. Ffknand votre Lettre, du fept Décembre de Tan-
TRivino,A nue précédente 5 & j'en ai retardé la ré-
lAutiur. pçnle , pour nie préparer à la faire d'une
manière fatîsfaifante , & capable de rem*
plir l'objet que vous avez eu en m'écrivant.
Il n'y a rien , qui puifTe flatter davantage
mon amour- propre , que Thonneur d'avoir
eu quelque part dans votre fouvcnir , & de
pouvoir contribuer quelque chofe à la pcr-
îcdion de l'Ouvrage que yous avez entre-
pris. Il eft vrai que je me trouve , par
mon Emploi de Secrétaire du Confcll dc5
Indes , plus à portée que bien d'autres de
m'ac^uipter de cette copimiiCoo^ mais il ^of
S
ibt l'Histoire DU Paraguay. 457
avouer cîc bonne foi qu il cft prcCqu'impof- ^ ^ '
fiblc de donner les Ades& les Pièces ap-
partcnantcs à THiftoire du Paraguay , avec ^^^^^^j^H
cette étendue , cette juftclTe , & cette clar- TRivino , a
té, que vous defircz , & que demande l'Auteu»..
rOuvrage pour atteindre à fa perfedlion ;
il faudroit pour cela copier & tranfcrirc
une quantité preCqu innombrable de gros
Procès , de Remontrances & d'Arrêts du
Confcil 5 ce qui feroit l'ouvrage de plu-
fîeurs années, & dont la communication
n'efl pas permifepour le Public.
Ajoutez à cette conddéracion la difficulté
de trouver des Copiftes afTez exadls , non-
feulement pour bien écrire , mais encore
pour corriger les grofTes fautes,qu'on trouve
fort fouvent dans les Originaux, &vous con-
noîtrez clairement que je ne puis m'cngager
à vous donner tout ce que vous demandez,
iTialç^ré tout mon zèle pour Ja caufe de la
Religion , & tout mon empreflTement à
vous obéir. Tout cela m'oblige à me tenir
dans les bornes de la pofTibilité, & à me
contenter de vous envoïer tous les Papiers,
tant imprimé^, que manuftHts , lefquels,
après une recherche fort cxaftc , ont pa
parvenir à ma connoifTancc & à mes mains ,
touchant les affaires de l'Evêque Dom Ber-
nardin de Cardenas, & de Dom Jofcph de
Antequera, & la fituation aûucUe du Pa-
raguay. Ils font tous énoncés dans le Ca-
talogue qî»e vous trouverez ci joint , & je
vous prie fur- tout de remarquer avec un
mûr examen le Décret du Roi , expédié
piar Ton Confeil des Indes le i de Décembre
J743. Cette feule pièce , dont l'authenticité
Tiij
45 1 PllCFt jVSmiCATITlS
- ne peut être révoquée en doute , étant K-
'^* ' galilée par un Secrétaire du Roi, & pre-
if TTKE D'. njicf Commis du Bureau dn Péroo » cft ca-
Vl.'l'^A**** P«^i€ de battre en ruine le cros Manufcrit
lAuTtu».. •tipagnol in-foliûy que tous m apprenez
vous être parvenu , & de défaire; toutes
les înâmes caloniftlesi que fon Aatcnr ani»-
nyme y a répandues contre la Religion U
la droiture des Jéfuitesdu Paraguay.
Ce Règlement a été précédé d'un Ext-
ncB & d*une Enquête ia plus rigourcafe
qu'on ait jamais vâe de la conduite tenne
par les Jéfuites depuis plus de cent ans. La
vérité a été trouvée & découverte à la fin,
malgré les gros nuages y & les brouillards
^pais, fous lefqnels elle avoir été cacbée
par les Ennemis de la Religion Catholique
&dc h gloire de la Nation Efpagnole, èc
cous les vains phantâmes ont aifparu à la
faveur des raïons d'une lumière fi écla-
tante & fi pure. Je compte bien y mon Ré-
vérend Pcrc, fur votre amour pour lavé-
xîté & fur votre droiture, lors même qu'il
$*acit des intérêts de votre Compagnie;
mais il n*cft |br non plus permis de fe taire
dans ces rencontres , ni de diminuer , ou
d'énerver la force de la vérité par une trop
giande modcftie , ni par la fauffc gloire
d'acquérir le titre & la réputation d'Au-
teur imputial. J'ai lu l'Hiftoirc de Tlflc
^ Efpagnole & de la Nouvelle France , qui
font vérirablcmcnc des témoignages irré-
fragables de votre impartialité , . . . & je
me flatte que vous ne réuflîrez pas moins
bien dans ccile du Paraguay , laquelle ne
fera pas non plus moins iocéicilaote à tons
BE x'HisToiRi DÛ Paraguay. 4Î5>
ëgarjs. Je me trouverai très heureux d*a- ~
voir contribué en quelque façon à larcn- ^746«
dre complctte , & je vous adreffe ce gros Lettre Di
paquet par la porte ordinaire , n aïant pas ?* ^y^^o ''J
trouvé de Porteur convenable pour vouSj^.^^^^ui,
épargner la dépenfe du port , ni aucun au-
tre canal plus sûr pour ne point hazarder
des Pièces de cette importance, dont la
plus grande caution efl toujours l'intéréc
du Bureau des Portes.
Je fonbaite très vivement d*avoir trouvé
le fecrct de vous rendre fatisfait fur cet
article : & je vous prie de me donner d'au-
tres occafions de vous rendre fervice, &
de vous témoigner ractachement parfait ,
avec lequel j'ai l'honnciir d'être , au de-là
de toute expretTioo •
Mon t&is Révirend Pirb>
Vvtn tris humhU & ohitffant Serviteur,
DOM FfiRNAMD TAiVinO.
T iiij
440 Pièces ivstipicatives '
IV LETTRE.
j4 Madrid U 6 de Juin 1746.
MON TRES REVEREND PERE ,
'Ai reçu par un Domeftique de Monteur
DU MESMB ^^ Marquis de Valdeolmos , & avec un
>u mesme/ J^c^a*^^c"^c"ï confidérable , la Lettre que
vous m*avez fait l'honneur de m'écrirc le
4 Avril , par laquelle j'ai appris les Pièces
& les Mémoires , dont vous comptez avoir
befoin pour rendre complettc vorre Hif-
toire di Paraguay. J'en ai fait d*abord la
recherche , avec coure la diligence potlîble,
pour remplir votre attï'nte , & je me fuis
fervî 5 pour y réuffir , d'une Perfonne aufli
exaâe , que favance , 8c afTez autorifée
pour pouvoir examiner & fouiller les Ar-
chives , oii les Pièces & les Aéfces en quef-
,tion fe trouvent avec .plus d'ordre. & de
xnéchode , que partout ailleurs. Il Ta fait
avec tout le foin & toute l'exaftitude né-
ccfTaires , & il a formé i'Ecric , que vous
trouverez ci-joint , par lequel il a tâché
de fatisfairc à tous vos doutes , & de ré-
pondre à toutes les objedions des Ennemis
des Jéfuites, ou (pour mieux dire ) de la
vérité. Je fuis fort fâché de ne point avoir
le tems de vous envoïer ce Mémoire tra-
duit en François ; pour vous en faciliter
l'ufage f mais mes affaires ne me le per-
mettent pas. J'ai pris la précaution de le
faire tranfcdre par un de mes Elevés, beau-
coup plus corred dans l'orthographe , que
le commua des Ecrivains , & de faire re-
t)i L'Histôiïtï DU Paraguay. 441
trancher robfcurité & l'embarras des abrc- .
viations , n aïant confervé que celles cju'oq "^
trouve ordinairement dans les Ecrits de ^^ Lettrr
toutes les Nations. Je defîrc fort que vous y ^^ mesmbV
trouviez tous les éclairciffcmens , que vous
dcfîrez pour rendte complette votre Hif-
toire, & pour contenter votre délicateflc
fur larticle de Timpartialité, dont vous fai-
tes profedion.
Je demeure d'accord avec vous (ur les
précautions quon doit prendre fur cela,
lorfqu il s'agit d'écrire une Hiftoire , dont
l'Auteur peut être foupçonné de partialité j
mais je crois en même tems qu'en cela »
comme en autre chofe , il faut'fuivre la
règle générale , ne quid nimis. La force de
la vérité eft toujours aflez grande pour ter-
raflcr l'impodure , fans avoir befoin de
fuivre pié a pié fon Advcrfaire , ni de le
pouiTer jufqu'à fon dernier retranchement.
Il faudroit pour cela marcher par des che-
mins trop raboteux , ou pleins de ronces
& d'épines , pendant que la vérité toute
feule éclaire les efprits , & pafTe par-dcflus
les ténèbres du raenfongc.
J'ai remarqué plufieurs fols que la critl*
tique moderne , à laquelle nous devons
les plus grands avantages, s'engage trop
avant dans bien des rencontres , pour ne
rien avancer que ce qui eft conftaté par
révidencc , n'étant pas poflfible de prouver ^
par des d/monftratîons géométriques , des
faits d'Hiftoire profane , toujours fujcts à
rificerritude. J'ai même trouvé dans ta belle
Hiftoire des Révolutions d'Efpagne , par
e (avant Père d'Orléans j^ que toujoujisao*
T ▼
44^ Pièces msTincATirEs
■ ■ taché à fcs maximes févercs , & comme ïii
'74^. & earrotté par les règles de la critique , il
n LFTTH.E a lupprîmé des faits , & des exploits de
PU MEsMfi , ma Nation , dont i! n cft pas permis de
ikUMESMB. ^Qufcr, étant autorifés par les Ades au*
thentiques , par une Tradition condante &
fuivle, & par des Auteurs célèbres & con-
temporains , ce qnil a fait uniquement ,
parccqu'ils avoient un air romanefque , on
qu*iis approchoient du merveilleux. Je lai
pardonnerois très volontiers cette faute ,
s*il écrivoit comme Poète y & non pas
comme Hiftorien ; parceque le premier
ne doit jamais fortîr des bornes du vraî-
fcmblablc : mais il y a des vérités , qui
ne le font pas , & nos anciens Efpagnols fc
font trouvés « pendant plufîeurs fiecles ,
dans le cas de faire des chofes încroïables ,
quelquefois par une efpece d'héroïfmc con-
trafîé par Tufa^e continuel des Armes , &
quelquefois aUiflés miraculeufement du
Ciel , pour réfîfter aux Ennemis de Jefos-
Cfarjfl , dont ils étoient environnés & op-
primés.
Je profite de Tanciennc connoiflance de
Monfieur de Buffy , qnui eft près de partir
d'ici pour fc rendre a votre Cour, afin
de vous faire tenir ce paquet avec les pré-
cautions que vous avez eu la bonté de
m'indiquer dans votre dernière Lettre ; &
j*ai rhonncur d être toujours avec une par-
faite confidération.
Mon TRES RsvÉRENT) Pere .
Votre très humble & tris obéiffant Serviteur^
DoM Fbkiîanb Tuinno.
DE L*HlSTOlRE DV PARAGUAY. 44f
III LETTRE'
A Madrid le ^i Juillet 1747*
MONTRES REVEREND PERE.
J E n*ai reçu Thonncur de votre Lettre da
2.0 Avril ^ que plus At deux mois après le
tcms régulier de fa réception. Elle étoît ^^{J^ ^J]^«
oubliée , & même égarée dans le Bureau ^y mismi»*
des Dépêches de la Guerre , & il n'y a eu
que le pur hazard ^ qui m*alt procuré le
plaifir de fa ledure. Les expremons, que
j*y trouve , (ont trop flâtteu(is pour moi,
& je fuis fort fâché de ne point trouver ea
moi les qualités néceffaires pour les mé-
riter.
Je n*ai pas perdu un moment pour me
mettre en état de vous fournir tes éclair-
ciffements , dont vous avez befoin pour
finir votre Hiftoirc du Paraguay; & vos
demandes font fi juftes & fi judicieufes »
que l'ai trouvé des difficultés pour y fa«
tisfaire fuivant les règles d^one faine cri*
tique : j'ai pourtam tâché d'y réufEr ,com*
me vous le verrez par le Mémoire ci- jointe
& je ne crois pas pof&bte d'y ajouter d'an-
tres preuves , parceque les Ades 5 & let
Pièces originales des fîecles précédents font
dans l'Archive Roïal des Simancas depuis
trente ans. Outre cela Tefprit àc parti , qui
xegnoit alors contre les Jéfuites du Para-
guay 3 a fait cacher o^lC enfevelir dan&bi
T vi
444 Pièces justiticativis
' ■ pouflierc plufîcurs pîcccs, qui parloienten
'747* leur faveur. Je compte que vous pourrez
III Lettre f^jf^ ^^^ ^^qq^ u^agc de ces ^derniers éelair-
Au mes'mbV c'^^c"^c"5 ' ^ j^ ^o^ P"^ ^^' ^pl^er air
défaut de mon ftyle ; défaut toujours iné-
vitable à un Etranger , qui n a jamais faic
aucune étude pour écrire en François , &
qui ne l'a fait qu'entraîné par Le cours des
affaires , fans pouvoir donner un tour na-
turel aux phrales , ni aux penf^es.
J*ai rhonneur d*étre toujours avec u»
attachement parfait , & refpeduèux ,
Mon tkes Reyerin-b Pire,
Vatrc tris humhU & très obéijfant ServinuTy
DOM Fernan» TriviSo^
IIB L'HlSrOlUE DU PARAGUAf. 44$
REPONSE
^ quelques que/lions que V Auteur
avoit faites à Dom Fernand
Trifino.
Article primier.
M L n'cft pas vrai que Dom Sébaftîen Je 1747,
Léon & Zaracé, ni Tes SucccfTcurs Dom képomie
André Garaviro de Léon, & Dom Jean bu mesmb ^
Blafquez de Valvcrdé, encore moins Icaumesmi*
Père Noiafco , aient été défa voués, ni châ-
tiés par la Cour d'Efpagnc , pour ce qu ils
«voient fait en faveur des Jéfuites du Pa-
raguay -y Ôc le Manufcrit £(pagnot manque
entièrement à la vérité , loriqu'il dit que le
premier fut mis en prifon pendant vingt-
deux ans , & jufqu*à la fin de fes jours. Il
cft vrai qu'en 1^48 , auquel lems il fut
nommé Gouverneur Provifionnel du Para-
guay , comme le Parti de TEvêque étoit
alors fort nombreux & très puiffant , il ne
fe trouva point en état de s^acquitter de fcs
Commiffions, & fut quelque tems errant
& comme fugitif dans cate Province 5 puif-
que quand S eut raffemblé fes forces , îi
vînt a bout d'exécuter tout ce qui lui étoit
ordonné. Il fut reçu à TAffomption com-
me Gouverneur ; après avoir défait les
Rebelles , il y rappella les Jéfuites , Se fît
réparer leur Collège à (es frais. Les chofes
allèrent encore mieux , & la ProYi&cc chaa^
44^ PlECEt lUSTmcATIYEf
■^ gca cntiercfnent de face après la Sentence
1747' rendue par Doin André Garavico de Lion,
(RipoMsi Ja paix fm rétablie dans la Province , & ce
éOf MMMi'. ' ^"8^ Vifitcur en fut récompenfé , aïant
depuis exercé pendant plus de vingt ans
la Charge d'Oydor dans le» Audiences
Roïales du Pérou. Tout cela eft narré par
le Dodeur Xarque dans Ton Hiftoire,
Chapitre 41 , numéro 7, & condaté par
un Arrêt du Roi , donné dans fon Cob«
feil des Indes, le premier de Juin 1^54^
avec pleine connoifTance de caufe, ft
après avoir examiné tous les Aâes & tou-
tes les Procédures faites au Paraguay i
Toccafion de la révolte de TEvéque Dom -
Bernardin de Cardcnas. Par cet Arrêt, il
fut au/fi déclaré que le Perc Nçla(co mé-
ritoit une entière approbation de tout ce
qu*il avok fait, au fujct àcs Jéfuites,
comme leur Juge-Confervatenr , & on
smppfa un (îlence perpétuel aux deux Par-
tis.
Quelque tems après le Confeildes In^
des y voulant couper la racine de ces trou-
bles , tenta le moïen de faire venir l'Eve-
que en Efpagne fous le prétexte d*y être
entendu -, mais na'iant pas été pofGbIe de
l'y engager^ il fut nommé EvêquedePo-
payan , afin de l'éloigner du Paiaguajl
mais il n'accepta point cet Evêché : il m
enfin obligé de Ce contenter d'une penfioo
de deux mille piadres , & on l'obligea de
nommer un Provifeur, pour gouverner
fon Diocèfe, avec, l'approbation de l'Ar-
chevêque de la Plau ^ fon Métropole
tain.
PI L*HisTOiRi DU Paraguay. 447
Ceci cft encore prouvé par un Arrêt du ■•
Koî, rendu dars Ton Confcil, le lo de Mars '747.
16 ^f , & par le Mémoire préfcnté au mê- Ri^povti
me Confcil par le Père Hyacinthe Ferez , ^^ J^|J^^" »
' Procureur Général des Provinces des Jé-
fuites des Indes , pour détruire toutes les
calomnies & toutes les impoftures inven-
tées à Madrid & à Rome par le Frère San
Diego de Villalon , & par d*autres Moi-
nes , Partifans de Dom Bernardin de Car-
denas , qui fe flattoient que le Pape , donc
ils travailloient à furprendre la Religion »
révoqueroic & annulleroic la Sentence pro-
noncée par le Juge-Confervateur des Jé-
fuites , par laquelle ce Prélat étoit déclaré
criminel » digne de mort & d'être privé de
]a dignité Epifcopale. Par ce Mémoire le
Père Perez fit encore voir au Confeil , que
de la part de TEvcque & du Frère Villalon,
on avoit préfenté à la Cour de Rome &
ailleurs^ des Pièces & des A des fuppofés,
cntr'autres des Arrêts du Roi , qui n* avoieuc
jamais exifté.
Artxclssecond.
L'OBSTRVATioN faîtc fur la dificuhé de
Îtlacev Dom Barthelemi de Aldunaté dans
a Gouvernement du Paraguay cft très
bien fondée , parcequelTeâivement il n'eut
jamais que le titre de Gouverneur > aïant
été nommé en 1715 : il étoit alors Capi-
taine d'Infanterie dans la Garnifon de
Buenos-Ayrès. G'étoît un Homme à pro-
jets , il vouloir poulTer fa fortune par tpo«
tes fortes de moïcns , même illicites'» H
44' Puces tùstiïkîatives
" promit de découvrir TEmpirc imaginaire
^^^* & les grandes ricliefles des Jéfuites du Pa-
RépoNSE raguay , & il en obtint le Gouverncmcnc ;
9v MUMiV ^^^ "°^ roalheurcufc affaire, qui lui ar-
riva , & oui te deshonnora , arrêta la fou*
guc de (es deffeins. Elle n'avoir apparem-
ment pas encore éclaté en Efpagne , lorfquc
le Roi dans Ton Décret de 174) lui donne
le titre de Gouverneur du Paraoruay. Il faut
aurtî obferver que Dom Jofeph de Ante-
quera ne fut point nommé par le Roi pour
le Gouvernement du Paraguay ^ mais pro-
vifîonnellement par l'Audience Roiale des
Charcas , donc il écoit Membre.
Article troisième.
Messire Dom Jean Vafqucz de Agucro
alla par ordre du Roi à Buenos-Ayrès aa
commencement de Tannée 1754 > chargé de
^ TEnqucte des malverfations des Finances
de cette Province , & d'autres Commiffions
importantes & fccretes touchant la Contre-
bande & le Commerce défendu avec les
Etrangers. Il s'en acquitta très bien, Sc
comme on pouvoir Tefpérer d'un Magif-
trat , qui avoir de graades qualités. 11 ne
fut de retour en Efpagne que vers le milieu
de Tannée 17595 &ilfiit d'abord récon^
penfé de fes (crvices par une place dans le
Tribunal Criminel, ou Chambre de Jufticc
de la Cour , qu'on appetle ici la Sala de
Alcaldes de CafayCorte, Puis, en 1744,
il ftit nommé Confeiller du Confeil des In-
des ; ftïant auparavant rendu un témoignage
très éclatant de la bonac conduite , dcTi»-
»i i*HisTOiR£ DÛ Paraguay. 449
nocencc , & de la grande utilité des Jéfui '
tes du Paraguay , ce qui ne contribua pas ^' '
peu à la jufticc qu'on leur rendit , dans le Rièpo»*si
Décret du i8 Décembre 1745 , fur le rap- ^^ ^H^jJ
poft d'un Témoin irréprochable & pref-
quoculaire.
Vous trouverez cî-joînt un Exemplaire
auchentique , & authorifé en bonne & duc
forme de la Rétraélation judiciaire & fo-
• îemnelle du Capitaine Dom Gabriel de
Cuellar & Mofquera , faite en z6si par
devant Dom Jean Blafquez de Valverdé ,
- Gouverneur & Juge Vifîtcurde la Province
. de Paraguay, donc le courenu mérite votre
attention, & même celle du Public, ren-
fermant un abrégé des calomnies , & des
perfécutions que les Jéfuites venoient de
fouffrir , par les brigues & par la violence
de Dom Bernardin de Cardenas & de Tes
Paitifans.
4;0 PïïCES JUSTinCATITÈt
CATALOGUE
DES PIECES TANT IMPRIMEES
que manujcrites , envoïées a VAu*
teur par Dom F E R N A N D
Tri r I K o.
Piiciîs iH- ^' vJ Ne Copie imprimée de la Déclara-
ToïiÊBs A tion faite parla Congrégatioa des Car*
l'AuTEu». dinaux du Concile de Trente le premier
T**^^fio*^*'* de Septembre iéî7 , touchant la confé-
cratton de Dom Bernardin de Cardenas,
Fvêquc du Paraguay.
%, Une Copie imprimée & authentique de
la Déclaration raite par le même Evéqoe,
le premier d'O^obre 1649 ^ par laquelle
il avoue . que les violeaces & les excès
commis dans la Province du Paraguay
avoient été faits en vertu de fes ordres.
|. Une Copie imprimée, authentique &
Jégaliféc, de la Sentence prononcée par
Dom Gabriel de Pcralta , Doïcn du Cha-
pitre de rA(romption du Paraguay, Ju-
ge-Confcrvateur des Jéfuires , délégué
du Saint Sie^c, le ii de Janvier 1651,
contre les Officiers de Guerre, Fchcvini
& autres Perfonnes de ladite Ville , qui
avoient ^uivi la partialité, & obéi aux or*
dres du même Evêque.
4. Un Extrait manufcrît de plufieurs Scn-
tonccs rendues & des Déclarations faîtd
en faveur des Jéftiices fur les mêmes
1>E L'HiSTOTRE du PARAeUAY. 4fl
affaires de Dom Bernardin de Cardenas. - ' '
5« Une Copie imprirri^e à Lima , en 1658, '747.
de deux Sentences prononcées par Dom Pi^cfs en*
Jean Blafquez de Valverdé , Oydor ^^l^l'^'^^J,^^
l'Audience Roïale des Çharcas & Gou- p^^p^^^^^,.
verneur du Paraguay , déclarant fauffes Tniyîfio.
Se calomnieufes toutes les Accafations
faites contres les Jéfuites da Paraguay au
fujcc des Mines d'or, qu'on prctendoit ,
que ces Religieux tenoient cachées dans
les Terres de leurs Rédudions.
4, Une Copie de la Lettre écrite par le
Gouverneur de la Province de Buenos-
Ayrès , au Préfident de l'Audience Roïale
desCharcas» le 18 de Janvier 1^55 , en
faveur des Jéfnitcs du Paraguay.
7. Une Déclaration authentique & légaliféc
faite , le 3 d'Odobre 1714, par le Met-
tre de Camp Dom Martin de Chavarri
& Vallcjo , tchevin perpétuel de la Ville
^e l'AfTomption touchant les opérations
de Dom Jofeph de Antequera.
5. Une Copie authentique & légaliféc de
la Requête préfcntée , le i6d'0£lobrc
1714, parle Capitaine Dom Jean Ca-
vallero de Anafco, Echcvin perpétuel
de la même Ville , pour lui demander
rabfolution des Cenlures qu'il avoir en-
courues par tout ce qu'il avoit fait contre
les Pères de la Compagnie de Jefus, pour
obéir aux ordres de Dom Jofèph de An-
tequera.
f. Une Copie, authentique & légaliféc,*
^ l'exhortation faite , le 13 de JanjFÎer
1715 , par le Corps de Ville de l'Affomp^
tion à l'Evéque du Paraguay , pour ar-
1747.
451' Pièces justificatives
rcter le cours des excès du même Antfr*
qucra.
yoïÏes^Â^'^* ^"^ Copie, authentique Sclégaliféc,
L*AuTF.uiL ^c l'Arrêt de l'Audience Roïalc des Char-
parD.Ferh. cas , rendu dans la Ville delà Plata, le
tKiYiho. premier de Mars 17 15 , en faveur des Jé-
fuircs , au fujccde la même affaire.
II. Une Copie, authentique & légaliféc ,'
de deux Lettres écrites , le 18 de Mai
• ^7^ S 9 P^f l'Evêque du Paraguay à l'Au-
dience Roïalc des Charcas , en faveur des
Jéfuites fur le même fujer.
II. Déclaration authentique & légal] fée ,
faite , le iSdc Juia 1715 , par JeanOr-
tiz de Vergara, Notaire Roïale & Pu-
blic de la Ville de TAfTomption , tou-
chant Tcxpulfion des Jéfuites du Collège
de l'AfTomption par ordre de D. Jofeph
de Antequera.
ij. Deux Lettres originales écrites, le jo
de Juin ï7iy , par l'Evêque du Paraguay
au Roi Catholique , & au Père Confcf- |
feurdeSa Majedé, touchantles excès & ;
les crimes du même Antequera.
14. Une Copie d'une Lettre écrite par D«
Jofeph de Antequera , datée de fa Pri- ;
fonde Lima, à l'Evêque du Paraguay, '
& de la Réponfe de ce Prélat , imprimées I
àLima en 1711.
Ij. Une Copie , imprimée & authenjciquc,
du Décret du Roi Catholique , expédié j
dans fon Confell Suprême des Indes,
le 18 Décembre 174? , lequel juftific
les Jéfuites fur tous les points des ca- j
lomnies publiées contr'cux , & fait quel- '.
ques réglemens touchant la manière , j
©1 l'HisTOlKE T>tJ Paraguay. 455
dont ils doivent fe coropotter dans leurs
Réductions. Ce Décret cft accompagné
1747.
d'une Lettre de TEvêquc de Buenos- ^^^!^^^ ^■"'
Ayrès au Roi, & de deux autres Let- ^. ° "^^ ^^^ *^ ^
de ce Prince aux Jéfuites pour les feli- par. J.Ferh*.
citer fur leur juftification pleine & en- tkxyiûo»
tierc» & les exhorter à continuer à fc
comporter comme ils ont fait juGques-
là« Le tout imprimé avec le Décret , pan
49rdrç de Sa Majcdé,
»5005«XV>30î>3<>3i>QCC^
TABLE
DES MATIÈRES.
AbIPONES (les)
rédiHfcnt la Ville de
Corriencès i une gran-
de excrêinicé , ii7«
Succès d*une négocia-
don avec ces Indiens^
II 8. Ils ravagent les
environs de Coidoue,
X30.
Aguero , ( Dom Jean
Vaquez de ) Com-
xniilaire envoie au l'a-
ragua/ par ordre du
Roi , f5« SaLectre à
ce Prince , f^. Pour-
quoi il refufe de vilicer
les Kédu6tions » ^ 9. Sa
Lettre au Premiet Mi-
nière d'Ei'pagne , 60.
Ce qu'il penle de la
Réponle des Jcfuite^
au Mémoire de Barrua,
Ag-iilar , ( le Pcre Jac-
ques d') fa Képonfe
au Mémoire de Ba-
rua : ce qu'en penfent
le Commitraire Roïal
& le Confcil des In-
des, 6 x & fuiv.
Audonaegui ^ D. Jofeph
d' ) Gouverneur de
Rio de la Plaça : Ton
fiauîra^e en fe rendant
â Ton Gooreniemait «
4-
Arellano , ) D. Antoine
Ruis de ) Sa décUr^
tion Ôc fa proteâaiioo»
BB
Enoxeke , <Ie Peie
Dominique ; Tes tra-
vaux chez les Zamii-
cos > 41*
Bocas , ( le P. Antoine^
fcs tencadvcs inutiles
pour la converlion des
CJiiriguanes , ).«
Borillos. Converlion de
ces Indiens, )i.
V^Amarones ( Baie
des ) ou de Saint- Jo*
feph , to8.
Cap Blanc : fa defcrip-
tion , 174.
Cardiel , (le P. Jofeph ) .
s'embarque pour ran«
ger la Côte occiden*
taie de la Mer Magel-
lanique : fon voiage
& fcs oHfer varions 9
17J , ôc fuiv..
Caltanarez, (le Père)
fes travaux au Cha^o^
DES. MA
40 • H tombe malade ;
fa guérifon miracu-
leufe , 4). Ileft rap-
pelle aux Chiquices y
48. Comment, il re-
'médie aux troubles
d'une Réduâion, i m .
Travaux de ce Perc
chez les Maraguayos ,
iif. Son Martyre,
117-
Chaco. Ce qui empêche
rétablilTement de l'E-
Tangile dans cette
Province , 8. Les Peu-
ples de cette Province
font réprimés, m.
Bxpédition des Efpa-
gnols dans le Chaco ,
1x8. Quelques Na-
tions fe difpofent à
recevoir l'Evangile ,
T40.
Chiquites. Pourquoi il
H'eft pas parlé des Ré-
^ (dnâions de cette Na-
tion , dans un Décret
de Philippe V, 99. Us
font déclarés Vadaux
imméiiats de la Cou-
ronne d'E/pagne, m.
Chiriguan^s. Tt^ncatives
pour gagner ces In-
diens à Jefus-Chrifl ,
16. Difiîcultésde voïa-
ger dans la Cordillie-
fe où habitent ces In-
diens , %\, iicurs dif-
rfitions par rapport
la Religion» i^.
Belle adion d'une Chi-
z^ane , ^ 3 . Un Caci-
Cique Chiriguane rend
uocrand ièrvice aux
CmticASy }7. Non*
T I E R E S. A5f
velle entreprife pout
la converiîon de cqi
Indiens y fansAiccès^
58.
Chômé ( le Père Ignace >
fa Million au Chaco ,
I î . Il eft envoie fuc-
cedivement chez les
Lippes , chez les Chi-
quites & chez les Za-
mucos , 5 9. Réducf
tien qu'il forme parmï
' ces ierniers , ibid.
Communication des Pro-
vinces ( tentatives pour
la ) 49. Dernière cen*
tative , ç I .
Conception. DcAruûion
de i crte Bourgade par
les Chiriguanes , 51.
Les Efpagnols fe pré-
viennent contre feis
Habitants, i^S. Son
état floriffant, 1^9.
Guerre civile : com-
ment on y remédie ,
170. Tranfmiiiration
de cctrc Bourgade, 171.
Cordoue ( la Ville de)
en proie aux Abipo-
nes , 130.
Corricntès. Cla Ville de)
Extrémités où elle eft
réduite par les Abipo-
ncs, 1Z7.
D.
_ ri M H s. Ce que
i'Evêque de Buenos*
Ayrès écrit au Roi à
cefujet,9}.
Dufo, ^Polycarpe) eft
fait Prifonniet : trai*
tement qu'on lui fkii ,
4S6 TABLE
75. Juftkc de Dieu
îuf ceux qui l'avoienc
. maltraite , 74.
Jj^Chawkm. ( Dom
Martin d' ) Oblige les
Guaycurus à fe reti-
rer, 4.
Efpagnols. Belle adion
d'un Efpasnol , 33.
leur Expédition dans
leChaco , 118. Belle,
aâion d'un OfHcier
Efpagnol , no* Hos-
tilités entre les Efpa-
eiiols 8c les Indiens
Montagaards , 1^6,
Ils fc préviennent con-
tre les Habitans de la
Conception , 6c con-
tre leurs Midionujii-
Jr Emmh de pierre, 117.
Figueroa , ( D. Jofeph
de ) Marquis del Val-
lé Umbrofo , fa Let-
tre au CoramiiTaire du
Roi chez les Chiqui-
tes, wo.
François , ( les Perçs de
Saint ) leurs Réduc-
tions , ^6, Ce que l'E-
vêque de Buenos-Ay-
rès en écrit au Roi, 8^,
Frégate arrivée i\e Cadix
à Buenos- Ayr es ,171.
Elle part pour vifîrer
la Côfe Occidentale
de U Mer Ma^elLtAi-
VJfUEKoAS. Réduc-
tion formée chez ces
Indiens, 157.
Guaycurus ( les ) atta-
quent de toutes parts
la Province du Para-
guay , ôc font obligés
de fe retirer , 4.
Hh
H
_Erboso (D. Fran-
çois ) Préfident de
l'Audience Roïaledcs
Charcas ) fa Lettre au
Provincial des Jéfui-
tes au fujet de la con-
verfioo des Indiens du
Chaço, II.
Herran ( le Pcre Jérôme)
Provincial des Jéfui-
tes , Lettre qu'il reçoit
du i?rélîdent de l'Auj
dience des Charcas »
XI. Choix qu'il fait
en conféquence de
Milfîonnaiies pour le
Chaco ,11.
Heri era , ( le P. Michel )
fuccès de fes travaux
parmi les Guenoas,
117*
1
j
EsuiTPS. leur zèle
pour la coRvecfîon du
Chaco, 10. LeurcoiL
duirc avec des Poriu
gais qui s'étoient in'
troduits dans le Para'
guay , 10^. Calom-
nies répandues con-
tr'eux 4 ce fu|et, joS'
DES MA
1^ro)ec de ces Perei
pour éublir la Foi
dans les Terres Ma-
gellaniques , 141.
nie Grande , ou Ifle
des Rois , iy6. De
las Pinguinas , 177.
De los Paxaros . ibid.
De las Penas , 178.
D'Olivarez , 17^. De
Roldan» 180.
Tulien , (le Porc de
Saine) Tes approches ,
190. Defcription de
la Baie de ce nom ,
T9t > ioj. Erreur df s
Navigateurs fur ccrte
Baie *, 105 . Précau-
tions qu*il faur pren-
dre pour y encrer ,
204.
L
y .rp N M A R. I N. Sa
defcription ,181.
Ilizardi , ( le Père Julien
de) foncaradcre, it.
n cfl envoie dans le
Chaco, 13. Il arrive
à Tarija : nouvelles
qu'il y apprend, 14*
Il réunit ce qui rcftc
de Chrétiens parmi les
Chidguanes , ly. Il
convertit un Cacique ,
17. Ses réponfes à
ceux oui s'oppofcijt à
fon départ , x8. Son
Toïage infruâueux
dans la Vallée des Chi-
riguanrs , xo. Diffi-
culté de ce voi'age, 1 1 .
H y court un grand
rifque : par qui il en
sA délivré, 13. Soo
. Tome F1^ "
TIERES 4f7
ardeur pour le Mar-
tyre , 18, Fruit de fon
voVage , 30. Il prédit
fa mort, 31. Il eft
pris avec fon Sacrif-
cain, 35. Leur Mar-
tyre , 5 4. En quel état
le corps du Père de
Lizardi eft trouvé :
honneur qu*oa lui
rend y 35*
M.
M
., 1 ACELLANIQVIS ,'
(Terres) Projec def
Jéfuites pour y établir
la Foi » 14% • caraôere
& divifîon des Peuples
de ce Païs , 143. leui:
langue : leur parelTe .
144. Leurs vices 6c
leurs idées fur la Re-
ligion , i4<î. Leur»
mariages : éducation
qu'ils donnent à leurs-
Enfants , 147. Quel-
aues Natio'is deman-
enc des Midîonnai-
res, 148. Réduâion
parmi ces Indiens : fa-
veurs du Ciel fur eux/
149. Plufieurs fe ren*
dcnc dans cecce Ré-
du6Uon, ICI. Obfec-
rations faites à la Cô«
te occidencale de. U '
Mer Maçellaniquc , .
i74,&fuiv.
Mémoire contre les ■
Jéfuites , préfencé à
Philippe V : comment
il en eft reçu ,.53, TU
cft-préfentè au Prince,
des Afturies , qn» *4^
4T« . . T A
rejette, ièitL Tmpref-
ûoTL qu'il fait en £f*
pagne. Î4-
Mocovis i les ) pa-oif-
fcnt difpofes a em-
braifer le Chriaia-
nifiiie , I lo. On en
forme une Rédudion»
Montagnards, [ Indiens)
leurs holtilités contre
les Ffpa^ols. iftf.
Ih ru'n ne la Bourga*
de de la Maddaine ,
& manquent leur en-
treprife fur la Con-
ception , X f7. On fait
la paix avec eux^ 161,
8c fuiv.
Moniifo 8c Mofco (Dom
Jean ) Gouverneur du
Tucumau » réprime
les Peuples dii Chaco ,
111.
N
N
, Embis , oa Amim»
Il ,1 le> loj.
Ob
__rBociiRU , Plante
fîuguliere , e£R;t qu'el-
le produit fur un Mif-
fionnaire , 4^
Olivarez ( Dom Joa-
ehim de ) Comman-
dant d'une Frégate eft
euvoïé par Jtt Roi
l^our nmger la Côte
joccidentale de la Mer
Magellanique : jour-
Ml de foa vo'iagc^
m'
B L E
P
1 A LAC I os, ('06»^
Pran'^ois Xavier) eft
envolé pat le Koi aux
Chiquites en qualité
de Commiftàire, 109*
Pak>s, ( Dom Jofeph)
Coadjuteur du Pata-
guav) il tombe eoa-
poplexie , 6, Samoit-
8c Ton éloge, 7.
Patagons. (Côte des)
Obrervations des Jé^
fuitçsior cette CôtC)
m.
Peralta , ( Dom Jofeph
de ) Evêque de Buc-
Dos-Ayrès : exuait is
fa Lettre au RoiCft*
tholique , 8i.
Pbilippe V, comment il
reçoit un Mémoire •
d'un Rcl«gieux contre
Its Jéfuites^ 53. Il
"■ fait dreiTcr un Décret
en forme de Règle-
ment, l<5. Ses ordrct
Ç»ur le Règlement ^u
ribut dans les Rédac-
tions, 16$. SaCédule
âce fu}et , 1^7*
Piaeyro ( Commandant
d'une Trouppe de Coi'
tu^ais : fou arrivée
dams les Réduâioos
des JéAiitcs, loi.Cr
qui fe paiTe entre lui
8c le Supérieur d»
Miflions, lox.
Pbns, f le Pcre Jofeph)
fa Miffion. au Chaco,
ai. Infor ntation qu'il
>it du Martyre d»
dp Uucdij^ }V
DES MATIERES. 4rr
Kl quel écic il tro.;ve
Ton corps : honneurs
qu'il lui rend , ; f «
Ses travaux chez les
Mata^ayos, 119»
Fort Dctîré, ( le ) 176,
Sa defcription , iSo.
Avantage de ce Port ,-
181.
Bort de Sainte- Croix ,
187.
Fortugais f des ) arrivenc •
dans les Rédudiont
des Jéfuites, ici.
Leur route pour fe
rendre du Brcfil au Pé-
fouy lOf. EtablifTe*
mène qu'ils ont faits
fui cène routc> ibûL
V^UnLiNi y C îé Pcre
Manuel ) fuccès de
de Tes travaux dans
lès Terres Magellani-
quesri49*
Quiroga (le P. Jofeph .
cfk nommé par le Roi
pour faire oes Obfer-
varions far la Côte
occidentale de la Mer
' Miigeltanique , 173 •
Son Volage & ferOb-
fervations 174, U
fuiv.
RR
Amirez^ ( Dom
Bafîle ) Pilote nommé
par le Roi pour rao-
Î;er la Côte occidenta-
e de la Mir Magella-
nique, 173.
Jléductions Troubles
dans une Réduâion^:
comment on y ccn^^h
die , 1 14. Famine dans
les Réduâions : Provi-
dence de D.eu fur les
Indiens, i)0.
Rico, ( le Père Jean-
Jo'eplî ) fe$ rcponfcs
aux objeûions qu'on
lui fait , 79.
Rodero , « le Pcre Gaf-
pard ) Mémoire qu'il ■
réfute, ^5. Nouvel-
les objeûiofls faites i
ce Père : fesréponfes p
79-
Rozas , ( Dom Diegue *
Ortizde ) Gouverneur
de Rio de la Plata ,
travaille à faire la paix
avec les Montagnards
16 j. Il la conclut :
fa conduite avec ces
Indiens, 1^1. Il tSk
nommé Gouverneur
te Préfideni de l'Au-
dience Roïal du Chi«
li , 167.
S
OAtcEDO, (D. Miguel'
de ) Gouverneur de
Riode la Plata : guer»
re qu'il a àfoutenir
avec les Indiens Mon*
tagnards,iftf.
S^ntafé. Situation & étir
de cette Ville , U.
Sauces, ( Rio de los ) o«
Rivière des Saules»
144.
Strobl , ( le P. Mathiis )
fuccès de fes travaux
dans 1rs Terres Ma«
eellàniques y 14^. U
difpofe les Mata-*
fpayos à faire la paix
'46^ T A B
avec les Erpaenols ,
1^1. Il s*cinba.aiie
pour ran,.er la Coce
occidcnalc de la Mer
M;>gellaaiqiie , 175.
TT
01 A TIN F s Projet
d'une !' éJuâion pour
ces Indiens, 6. Ré-
dudion fondée chez
eux par les Pères dt la
Cornpa^nie , i-jr.
Torrez, ' le P. Jean de )
Ces tentatives inutiles
pour la converHlon
des Chiriguanes , ^8.
Tucuman. Miflîon &
retraite dans cette Pro-
vince, El 5.
VV
Arela , ( D. Dîe«
gue) Pilote nommé
par le Roi , potirran-
Î;er la Côte occidenta-
e He la Mer Magel-
lanique, 175*
Voïage i Journal d'un )
fait par orlre du Roi,
le long de ha Côte de
la Mer Magellanique
t E
depuis Buenos- Ayrâl
jufqu'au Décroit de
Magellan, 17J ^ fiC
fuiv.
X Egkos , ( le p. Se*
baftien de) fes tra-
vaux ctiez les Tobad-
•ef,s}z.
Z2
Amor a , ( le Doc-
. teur D. Jofeph Bra.70
de j fruit de fon zèle
pour la converfîondes
Indiens » 141-
Zatnucos. Rédiiâioir
formée chez ces In-
diens , 1 9. Belle ac-
tion d'un Zamucos»
■41. Dcfordre arrivé
dans une de leur»
Bourgades , 41. llf
font transférés aux
Chi.|Uites , 4f* 111
retournent â leur pre-
mière Réduâion,4tf«
Leur ferveur , 48.
Zatienos. Converfionde
plufîeurs de ces lA-
diens , 4^.
Lifte dès Puces Juflificatives de ce Volume
Mémoire du Prov. des Jéfuites au Roi CaihoHq»ie«
Lettre de TEvêquedu Paraguay au Roi Catholique,
lettre de D. Jof. Palos , Ev. du Pariig. au Roi Car.
Lettre du Corps de Vi*le de l* AfTompt. aaRo> Cath.
Lettre de D. Jof. de Peralta , Ev. de Bueaos-Ayrè»,,
au Roi Catho'ique.
Décret de t'hilîppe V, en faveur des Jcf. du Parag.
Journal d*»m Voïage h la Côte de la Mer viagellaii»
Iicurcs de !>• Tcivinu à l'Auteur de celte Hiiloiie*.
f 1 N»
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