Skip to main content

Full text of "Histoire naturelle, générale et particulière, avec la description du Cabinet du roy Volume 14"

See other formats


^v  ; 


ll-fP! 


! 


mi 


'é- 


iF 


f 


%• 


-if 


4r- 


J^. 


'o^ 


it  t^n^'f' 


•■nOÂ 


\ 


H  I  S  TO I R  E 

NATURELLE, 

GÉNÉRALE  ET   PARTICULIÈRE. 

AVEC  LA   DESCRIPTION 

DU  CABINET  DU   ROI- 


Tome  QiiatorTJeme. 


A     PARIS, 

DE     L'IMPRIMERIE     ROYALE. 

M.     D  C  C  L  X  V  I. 


CaO. 


f^. 


TABLE 

De  ce  qui  eft  contenu  dans  ce  Volume. 

PsOMENCLATU RE  des  Singes page  i 

Les  Oraug-oiitangs  ou  le  Pongo  ir  le  Jocko    .  .  4.3 

Le  P'ithèque g^ 

Le  Gibbon , q2 

Le  Magot ,0^ 

Le  Papion  ou  Babouin 1  -.  -> 

Le  Alandrill. i  ^  . 

UOucmderou   à'   le  Lowando 160 

Le  Alaimon ly^ 

Le  Alacaque  dT'  l'Aigrette 100 

Le  Patas 208 

Le  Malbrouck  f  le  Bonnet -chinois 224, 

Le  Mangabey 244. 

La  Al.one.    .    ,  .  ,  .  , 2<:6 

Le  Callitriche -)-r-> 

Le  Aîouflac. 28-' 

Le  Talapoln    .   .  , z'èj 


Le  Doue.  .    »    ' " 

De  la  dégênération  des  Animaux 3  *  ^ 

Par  M.   DE   BUFFON. 

Defcriptîon  du  Jocko P^gc  7^ 

Defaîption  du  Gibbon 9" 

Defcriptîon  du  Magot ^  ^  4- 

Defcription  de  la  partie  du  Cabinet  qui  a  rapport  à 

l'Hiftoire   Naturelle   des  Singes 130 

Defcription  du  Papion 139 

Defcriptîon  du  Mandrill. ^5^ 

Defcription  de  VOuanderou 174. 

Defcription  du  Maimon 179 

Defcription  de  la  partie  du  Cabinet  qui  a  rapport  a 

l'Hifloire  Naturelle  des  Babouins 188 

Defcription  du  Macaque 194 

Defcription  de  F  Aigrette 206 

Defcription  du  Pat  as  à  bandeau  noir. 212 

Defcription  du  Alalbrouck 230 

Defcription  du  Bonnet -chinois 241 

Defcription  du  Aîangabey 24.6 

Defcription  de  la  Moue, 262 


Defcrlption   du  Caiïitrlche 275 

Defcnpt'ion  du  MouJIac 285 

Defcriptïon  du  Taîapoin 291 

Defcnptïon  du  Doue 302 

Defcriptïon  de  la  partie  du  Cabinet  qui  a  rapport  à 
l'Hifloire  Naturelle  des  Guenons 3  04- 

Defcriptïon  des  chofes  qui  font  arrivées  au  Cabinet , 
depuis  riwprejfion  des  articles  auxquels  elles  ont 
rapport 375 

Par  M.   Daubenton. 


-^ 


éâ  w  ©ê 

es    JSL    1H5 


M' c»;-/-.-  ./.•/ 


_Z.  J Ji^^ra/ui Sciilf^ . 


HISTOIRE 

NATURELLE. 

NOMENCLATURE 
DES   SINGES. 

V->OMME  enJodriner  des  Écoliers,  ou  parler  à 
des  Hommes  .  iont  deux  chofcs  diiiérentes  ;  que  les 
premiers  reçoivent  ians  examen  &  même  avec  avidité 
l'arbitraire  comme  le  réel,  le  faux  comme  le  vrai, 
dès  qu'il  leur  efl  préfenié  fous  la  forme  de  documcns; 
que  les  autres  au  contraire  rejettent  avec  de'goût  ces 
mêmes  documens,  lorfqu'ils  ne  font  pas  fondés;  nous 
ne  nous  fervirons  d'aucune  des  méthodes  qu'on  a 
Tome  XIV.  A 


^  Hl  STOÏRE   NATU  RELLE, 

imaginées  pour  entaffer  fous  le  même  nom  de  Singe, 
une  miiltitucle  d'animaux  d'efpèces  différentes  &  même 

très  -  éloignées. 

J  appelle/;/^^  un  animal  fans  queue,  dont  la  fiice  efl 
aplatie  ,  dont  les  dents ,  les  mains ,  les  doigts  &  les 
ongles  reffemblentà  ceux  de  l'homme,  <Sc  qui,  comme 
Jni,  marche  debout  fur  fes  deux  pieds:  cette  déhnition 
tirée  de  la  nature  même  de  l'animal  èL  de  fes  rapports 
avec  celle  de  l'homme,  exclut,  comme  l'on  voit,  tous 
les  animaux  qui  ont  des  queues ,  tous  ceux  qui  ont  la 
face  relevée  ou  le  mufeau  long  ;  tous  ceux  qui  ont  les 
ongles  courbés ,  crochus  ou  pointus  ;  tous  ceux  qui 
marchent  plus  volontiers  fur  quatre  que  fur  deux  pieds. 
D'après  cette  notion  hxe  <Sc  précife ,  voyons  combien 
il  exifle  d'efpèces  d'animaux  auxquels  on  doive  donner 
Je  nom  àtfvige.  Les  Anciens  n'en  connoifToicnt  qu'une 
feule;  le  pithccos  des  Grecs,  \t  finùa  des  Latins,  efl  un 
fingc ,  un  wûfiige^  &  c'efl  celui  fur  lequel  Ariflote, 
Pline  &.  Galien  ont  inftitué  toutes  les  comparaifons 
phyfiques ,  <Sc  fondé  toutes  les  relations  du  fmge  à 
l'homme;  mais  ce  pithèque  ,  ce  fmge  des  Anciens  ,  û 
reffemblant  à  l'homme  par  la  conformation  extérieure, 
<Sc  plus  femblable  encore  par  l'organifition  intérieure, 
en  diffère  néanmoins  par  un  attribut  qui  ,  quoique 
relatif  en  lui-même,  n'en  efl  cependant  ici  pas  moins 
cffentiel  ,  c'efl  la  grandeur  ;  la  taille  de  l'homme  en 
général  efl  au-dcffus  de  cinq  pieds,  celle  du  pithèque 
n'atteint  guère  qu'au  quart  de  cette  hauteur  ;   auffi  ce 


Nomenclature  des  Sinces,      3 

finge  cût-il  encore  été  plus  relTemblant  à  l'homme,  les 

Anciens  auroient  eu  raifon  de  ne  le  regarder  que  comme 

un  homoncule,  v\n  Nain  manque,   un  Pigmée  capabL 

tout  au  plus  de  combattre  avec  les  grues  ,  tandis  que 

riiomme  fait  dompter  l'éléphant  &  vaincre  le  lion. 

Mais  depuis  les  Anciens,  depuis  la  découverte  des 

parties  méridionales  de  l'Afrique  (Se  des  Indes,   on  a 

trouvé  un  autre  fmge  avec   cet  attribut  de  grandeur, 

un  fmge  (planche l)  aufTi  haut,  auiïi  fort  que  l'homme, 

auiïi  ardent  pour  les  femmes  que  pour  fes  femelles  ; 

un  fmge  qui  fait  porter  des  armes,  qui  fe  fert  de  pierres 

pour  attaquer,  6c  de  bâtons  pour  fe  défendre,  (Se  qui 

d'ailleurs  reffemble  encore  à  l'homme  plus  que  le  pi- 

thèque  ;  car  indépendamment  de  ce  qu'il  n'a  point  de 

queue,  de  ce  que  fa  face  eft  aplatie;  que  fes  bras,  fes 

mains,  fes  doigts,  fes  ongles  font  pareils  aux  nôtres, 

6(.   qu'H   marche   toujours  debout  ;    il  a  un  efpèce  de 

vifage,    des  traits  approchans   de  ceux  de  l'homme, 

des  oreilles  de  la  même  forme  ,   des  cheveux  fur  la 

tête  ;  de  la  barbe  au  menton ,  &.  du  poil  ni  plus  ni 

moins  que  l'homme  en  a  dans  l'état  de  nature.  Audi 

les  habitans  de  fon  pays,  les  Indiens  policés  n'ont  pas 

héfité   de  l'affocier  à    l'efpèce  humaine  par    le  nom 

(\' O rang- ont ûîigj  Homme  fauvage  ;  tandis  que  les  Nègres 

prefque  auffi  fauvages,  auffi  laids  que  ces   finges,  Sl 

qui  n'imaginent  pas  que  pour  être  plus  ou  moins  policé 

l'on  foit  plus  ou  moins  homme ,   leur  ont  donné  un 

nom.  propre  (  PongoJ ,  un  nom  de  béte  (Se  non  pas 

A  ij 


^  Histoire  Naturelle. 

d'homme  ;  Si  cet  orang-oiiung  ou  ce  pongo,  n'efl  en 
effet  qu'un  animal,  mais  un  animal  très-fmgulier,  que 
i'hommc  ne  peut  voir  lans  rentrer  en  lui-méjnc,  lans 
fe  reconnoître,  fans  Te  convaincre  que  l'on  corps  n'efl 
pas  la  ])artie  la  plus   efTentielle  de  ù  nature. 

Voilà  donc  deuK  animaux,  le  pithèque  &  l'orang- 
outang,  auxquels  on  doit  appliquer  le  nom  de  fiige, 
6c  il  y  en  a  un  troifième  auquel  on  ne  peut  guère  le 
refufer,  quoiqu'il  foit  difforme.  Si  par  rapport  à  l'homme 
Se  par  rapport  au  fmge  :  cet  animal  fpl  il  &  lii ) 
jufqu'à  préfent  inconnu  ,  &  qui  a  ctc  apporté  des  Indes 
orientales  fous  le  nom  de  c^ibbon  ,  marche  debout 
comme  les  deux  antres,  &:  a  la  face  aplatie  ;  il  eft  auiïl 
fans  queue  :  mais  Tes  hras ,  au  lieu  d'être  proportionnc's 
comme  ceux  de  l'homme,  ou  du  moins  comme  ceux 
de  l'orang-outang  ou  du  pithèque  à  la  hauteur  du 
corps,  font  d'une  longueur  fi  démcfurce,  que  l'animal 
étant  debout  fur  fes  deux  pieds ,  il  touche  encore  la 
terre  avec  fes  mains  fans  courber  le  corps  <Sc  fans  plier 
les  jambes  ;  ce  fmge  cfl  le  troifième  Si  le  dernier 
auquel  on  doive  donner  ce  nom  ,  c'efl  dans  ce  genre 
une  cfpèce  monftrueufe,  hétéroclite,  comme  l'efl  dans 
l'efpèce  liumaine  ,  la  race  des  hommes  à  groffes  jambes, 
dite  de  Samt-Thouias  *. 

Apres  les  finges,  fe  préfente  une  autre  famille  d'ani- 
maux,   que  nous  indiquerons  fous   le  nom  générique 

*  Voyez  le  difcouis  fur  les  varictcs  de  refpèce  humaine.  Tome  Ul 
de  cet  Ouvrage. 


Nomenclature  des  Singes,       j 

de  labonin  ;  Si  pour  les  diflinguer  nettement  de  tous 
les  autres,  nous  dirons  que  le  babouin  efl  un  animal 
à  queue  courte  ,  à  face  alongée  ,  à  mufcau  large  & 
reltvé,  avec  (ks  dents  canines  plus  grofTes  à  proportion 
que  celles  de  Thoinme,  &  des  callofitcs  fur  lesfeiïes: 
par  cette  définition  ,  nous  excluons  de  cette  famille 
tous  les  fmgcs  qui  n'ont  point  de  queue,  toutes  les 
guenons  ,  tous  les  fipajous  Si  fagoins  qui  n'ont  pas  la 
queue  courte  ,  mais  qui  tous  l'ont  auffi  longue  ou  plus 
longue  que  le  corps  ,  Se  tous  les  makis,  loris  <Sc  autres- 
quadrumanes  qui  ont  le  mufeau  mince  6c  pointu.  Les 
Anciens  n'ont  jamais  eu  de  nom  propre  pour  ces 
animaux  ;  Aridote  efl  le  feul  qui  paroit  avoir  défigné 
l'un  de  ces  babouins  par  le  nom  (\q  Jîmia  porcana  *, 
encore  n'en  donne-t-il  qu'une  indication  fort  indirede; 
les  Italiens  font  les  premiers  qui  l'aient  nommé  ^7^//>/^/ 
les  Allemands  l'ont  appelé /5^i7^«/  les  François  habo^iin,. 
Si  tous  les  Auteurs ,  qui ,  dans  ces  derniers  fiècles  ont 
écrit  en  latin,  l'ont  défigné  par  le  nom  papio ;  nous 
l'appellerons  nous-même/^^yw//  pour  le  diflin^-uer  des 
autres  babouins  qu'on  a  trouvés  depuis  dans  les  pro- 
vinces méridionales  de  l'Afrique  Sl  des  Indes.  Nous 

*  Nolû.  Celte  (^él^om'n^v\onfJnlaporcaria,  qui  ne  fe  trouve  que 
dans  Arinotc,  &  qui  n';i  eic  emjiioyée  par  ;iucun  autre  Auteur ,  étoit 
néanmoins  une  très-lionne  ex|>ie(Iiun  pour  dcfigner  le  babouin  :  car 
j'ai  trouvé  dans  des  Voyageurs ,  qui  probablement  n'avoient  jamais 
\n  AriHote  ,  la  mêtiie  compaiailon  du  mulêau  du  babouin  à  celui  du 
cochon  ;  &  d'ailleurs  ces  deux  animaux  le  relîemblent  un  peu  par  la 
forme  du  corps, 

A  ii; 


6         Histoire  Natu relle. 

connoiiïbns  trois  cfpèccs  de  ces  animaux  ,  i.°  \e  p/ip'wn 
ou  babouin  proprement  dit  ( pL  XIII  ir  XIV )  ,  dont 
nous  venons  de  parler,  qui  le  trouve  en  Lybie,  en 
Arabie  ,  (Sec.  &  qui  vraifemblablejnent  efl  {çjjmiaporcaria 
d'Ariftote.  2.°  Le  mandrill  (pi.  xvi  èr  xvii)  qui  efl 
un  babouin  encore  plus  grand  que  le  papion  avec  la 
fiice  violette,  le  nez  6c  les  joues  (lllonnées  de  rides 
profondes  (S:  obliques,  qui  fe  trouve  en  Guinée  <Sc  dans 
les  parties  les  plus  chaudes  de  l'Afrique.  ^."L'ouanderou 
(pi  xviii )  qui  n'efl  pas  fi  gros  que  le  papion  ,  ni  fi 
grand  que  le  mandrill  ,  dont  le  corps  cft  moins  épais, 
<Sc  qui  a  la  tête  &.  toute  la  face  environnée  d'une  efpèce 
de  crinière  très-longue  &  très-éj)aiiTe  ;  on  le  trouve  à 
Ceylan  ,  au  Malabar  &  dans  les  autres  provinces  mé- 
ridionales de  l'Inde  :  ainfi  voilà  trois  finges  &  trois 
babouins  bien  définis,  bien  féparés ,  &i  tous  fix  diflinc- 
tciTucnt  ditîérens  les  uns  des  autres. 

Mais ,  comme  la  Nature  ne  connoît  pas  nos  défi- 
nitions,  qu'elle  n'a  jamais  rangé  fes  ouvrages  par  tas, 
ni  les  êtres  par  genres  ,  que  fa  marche  au  contraire 
va  toujours  par  degrés  ,  év  que  fon  plan  eft  nuancé 
par-tout  6c  s'étend  en  tout  fens  ,  il  doit  fe  trouver 
entre  le  genre  du  fmge  *  6c  celui  du  babouin  ,  quelque 

*  Nota.  Le  gibbon  commence  déjà  la  nuance  entre  les  finges  &  les 
babouins ,  en  ce  qu'il  a  des  caliofités  furies  feffes  comme  les  babouins, 
&  les  ongles  des  pieds  de  derrière  plus  pointus  que  ceux  de  l'orang- 
oiuang  ,  qui  n'a  point  de  caliofités  fur  les  feflcs ,  &  qui  a  les  onoles 
pLus  &  arrondis  comme  l'homme. 


Nom  ENC  LATU RE  DES  Si  N  G  ES,  7 

efpèce  intermédiaire  qui  ne  foit  précifcment  ni  l'un 
ni  l'autre,  6c  qui  cependant  participe  des  deux.  Cette 
efpèce  intermédiaire  exide  en  effet  ,  <Sc  c'efl  l'animal 
(pi.  VII  dr  VIII )  que  nous  appelons  magot  ;  il  fe 
trouve  placé  entre  nos  deux  définitions  ;  il  fait  la 
nuance  entre  les  fmges  (Se  les  babouins  ;  il  diffère 
des  premiers ,  en  ce  qu'il  a  le  mufeau  alongé  &  de 
groiïes  dents  canines  ;  il  diffère  des  féconds  ,  parce 
qu'il  n'a  réellement  point  de  queue  ,  quoiqu'il  ait 
un  petit  appendice  de  peau  qui  a  l'apparence  d'une 
naiffance  de  queue;  il  n'eft  par  conféquent  ni  fjno-e 
ni  babouin  ,  &  tient  en  même  temps  de  la  nature  des 
deux.  Cet  animal  qui  eft  fort  commun  dans  la  baute 
Egypte,  ainfi  qu'en  Barbarie  ,  étoit  connu  (\qs  Anciens; 
les  Grecs  6c  les  Latins  l'ont  nommé  cynocéphale , 
parce  que  fon  mufeau  reffemble  affez  à  celui  (\\\\\ 
dogue  :  ainfi  ,  pour  prcfentcr  ces  animaux  ,  voici 
l'ordre  dans  lequel  on  doit  les  ranger  ;  V orang-outaîis: 
ou  pongo ,  premier  finge  ;  \q  fuhèque ,  fécond  finge; 
le  gibbon  ,  troifième  finge  ,  mais  difforme  ;  le  cynocé- 
phale ou  magot  ,  quatrième  finge  ou  premier  babouin  ; 
le  papion  y  prenu'er  babouin  ;  le  mandrill ,  fécond  ba- 
bouin ;  V  ouanderou ,  troifième  babouin:  cet  ordre  n'eft 
ni  arbitraire  ni  fiétif,  mais  relatif  à  VàchcWQ  même 
de  la  Nature. 

Après  les  finges  6c  les  babouins  ,  fe  trouvent  les 
guenons;  c'efl  ainfi  que  j'appelle  ,  d'après  notre  idiome 
ancien  ,  les  animaux  qui  reffemblent  aux  linges  ou  aux 


s         Histoire  Natu re lle. 

habouins,  mais  qui  ont  de  longues  queues,  c'efl-à- 
dire  des  queues  aulFi  longues  ou  plus  longues  que  le 
corps.  Le  moi  guenon  a  eu  dans  ces  derniers  (lècles  , 
deux  acceptions  différentes  de  celle  que  nous  lui 
donnons  ici  ;  l'on  a  employé  ce  mot  guenon  ,  gé- 
néralement pour  défigncr  les  fmgcs  de  petite  taille*, 
ôi  en  même  temps  on  l'a  employé  particulièrement 
pour  nommer  la  femelle  du  fmge  ;  mais  plus  an- 
ciennement nous  appelions  (îngds  ou  îUûgois  les  finges 
fïms  queue  ,  6c  guenons  ou  mones  ceux  qui  avoient 
.tine  longue  queue:  je  pourrois  le  prouver  par  quel- 
ques palTages  de  nos  Voyageurs  ^  des  feizième  &  dix- 
feptième  fiècles.  Le  mot  même  de  guenon  ne  s'éiogne 
pas,  &i  peut-être  a  été  dérivé  de  kchs  ou  képos , 
nom  que  ks  Grecs  don  noient  aux  fmgcs  à  longue 
quvue.     Ces   kéùes    ou    guenons    font   plus   petites   <Sc 

°  Les  différences  des  finges  fe  prennent  en  fr-mçoîs  pnncipalement 
de  leur  gr.mdeur  ;  car  les  gr;inds  font  (iiiipitincnt  npj^elés  ftncres , 
foit  c|u'tls  aient  une  queue  ou  qu'ils  n'en  a'ent  point,  ou  loit.ciu'ifs 
aient  le  niulêau  long  comme  un  chi.n  ou  qu'ils  l'ait  ik  court  ;  &  les 
finges  qui  Ibiit  [)Ciits  ,  lont  appelts  guenons.  AdcmAres  pour  Jervir  à 
VHiJîo'ire  des  animaux ,  page   120. 

^\\y  a  au  Scnégil  plufieurs  efpccesde  finges,  comme  des ^i/^;7<7/7/, 
avec  une  longue  queue  ,  &  des  magots  qui  n\n  ont  pas.  Voyage 
fie  le  Maire  ,  page  roi.  —  D.ms  les  montagnes  de  l'Anicriqu^ 
jTiéridionale  ,  il  le  trouve  une  clpèce  de  moncs  que  les  Sauvages 
appellent  cacuyen  ,  de  même  grandeur  que  les  communes  ,  (-uis  autre 
différence,  finon  qu'elle  porte  barhe  au  nienton  ...Avec  ces  mones 
iê  trouvent  force  petites  bê.es  j  unes ,  nommc'es  Jagouins.  Singularités 
de  la  France  antarctique  j  par  Thtyet,  page  10^, 

moins 


Nomenclature  des  Singes.       9 

moins  fortes  que  les  babouins  Sl  les  finges  ;  elles 
lont  aifées  à  tliftingucr  des  uns  Si  des  autres  par 
cette  différence,  <5c  fur -tout  par  leur  longue  queue. 
On  peut  auffi  les  fcparer  aifément  des  makis  ,  parce 
qu'elles  n'ont  pas  le  mufeau  pointu  y  Se  qu'au  lieu 
de  fix  dents  inciiives  qu'ont  les  makis  ,  elles  n'en 
ont  que  quatre  comme  les  fmges  Se  les  babouins. 
Nous  en  connoiffons  neuf  efpèces  ,  que  nous  indi- 
querons cliacune  par  un  nom  différent ,  afin  d'éviter 
toute  confufjon.  Ces  neuf  efpèces  de  guenons  font, 
1.°  les  macaques  (  -pi  xx  ir  x x  ij ;  i.°  les  patas 
' (pL  XXV  ir  XXVI )  ;  3.°  les  malbrouks  (pl.xxvilT 
&  xxix);  4.°  les  mangabeys  fpl.  xxxii  ir  xxxiii) ; 
Ç  la  mone  (flanche  xxxvij  ;  6.°  le  callitrichc 
(pi.  X  X  XV II  )  ;  7.°  le  mouflac  (pi.  x  x  x  i  x  )  ; 
8.°  le  taiapoin  (planche  x  h) ;  9.^  le  doue  (pi.  XLI )^ 
Les  anciens  Grecs  ne  connoifToient  que  deux  de  ces 
guenons  ,  la  mone  &.  le  callitriche ,  qui  font  origi- 
naires de  l'Arabie  <Sc  des  parties  feptentrionales  de 
l'Afrique  ;  ils  n'avoient  aucune  notion  des  autres , 
parce  qu'elles  ne  fe  trouvent  que  dans  les  provinces 
méridionales  de  l'Afrique  &  des  Indes  orientales  ,  pays 
entièrement  inconnus  dans  le  temps  d'Ariflote.  Ce 
grand  Pbilofoplie ,  &  les  Grecs  en  général ,  étoient  fi 
attentifs  à  ne  pas  confondre  les  êtres  par  des  noms 
communs  <Sc  dès-lors  équivoques,  qu'ayant  appelé /;/- 
thecos  le  fmge  fans  queue  ,    ils  ont    nommé  kchos  lu 

guenon  ou  fmge  à  longue  queue  :  comme  ils  avoient 
Tome  XI K  13 


10         Histoire  Natu relle. 

reconnu  que  ces  animaux  ctoient  d'efpèces  différentes 
6c  même   aiïez   éloignées ,   ils   leur  avoient  à  chacun 
donné  un  nom  propre,  &  ce  nom  étoit  tiré  du  carac- 
tère le  plus  apparent;  tous  les  fmges  (Se  babouins  qu'ils 
connoifToient,   c'efl-à-dire,   \t  jnthcque  ou  fîige  pro- 
prement dit,  [c  cynocéphû/e  ow  magot.  Si  \tfmia  iwrcaria 
ou  papion ,  ont  le  poil  d'une  couleur  :>  |}    i  près  uni- 
forme ;   au  contraire  la  guenon  que  nous  appelons  ici 
7)wne ,  Si  que  les  Grecs  appeloient  L'ios ,  a  le  poil  varié 
de  couleurs  dilîérentcs  :  on  l'appelle  méinr  vulgairement 
^^  f fige  varié  ;  c'etoit  rcfpèce  de  guenon  la  plus  com- 
mune Si  la  mieux  connue  du  tenips  d'Ariflote,  &  c'efl 
de   ce  caradère  qu'cft  dérivé    le   nom   de  kélws ,   qui 
défjgne  en  grec    la  variété    dans  les   couleurs  :    ainfi 
tous   les  animaux  de  la  claiïe   des  fmges,  babouins  6c 
guenons,  indiqués  par  Ariflote  ,  fc  réduifent  à  quatre, 
lepyi/iccos  ,  \t  cynocephalos ,  \q  fimia  porcaria  Si  le  kébos, 
que  nous   nous  croyons  fondés  cà    repréfenter  aujour- 
d'hui comme  étant  réellement  \t pir/ièque  ow  fmge  pro- 
prement dit ,  le  magot ,  le  pap'mi  ou  babouin  proprement 
dit  Si  la  moue  ;  parce  que,  non-feulement  les  caradères 
particuliers  que  leur  donne  Ariftote  leur  conviennent 
en  effet  ,    mais  encore  ,   parce  que  les  autres  efpèces 
que  nous  avons  indiquées  ,   Si  celles  que  nous   indi- 
querons   encore  ,    dévoient    néceffairement  \m    être 
inconnues  ,  puifqu'clles  font  natives  Si  exclufivement 
habitantes  des  terres,  où  les  Voyageurs  Grecs  n  ayoïent 
point  encore  pénétré  de  fon  temps. 


Nomenclature  des  Si nces.     h 

Deux  ou   trois  ficelés    après   celui  d'Aridote,   on 
trouve  dans  les  Auteurs  grecs  deux  nouveaux  noms  , 
€aHhhrix  Si  ccrcop'ithccos  ,  tous    deux  relatifs  aux  giumons 
owfiiges  à  longue  queue  :  à  mefure  qu'on  dccouvroit  h 
terre  &  qu'on  s'avançoit  vers  le  midi,  foiten  Afrique, 
foit  en  Afie,  on  trouvoit  de  nouveaux  animaux,  d'au- 
tres efpèces  de  guenons  ;  &  comme  la  plupart  de  ces 
guenons  n'avoient  pas,  comme  le  kcbos ,  les  couleurs 
variées,  les  Grecs  imaginèrent  défaire  un  nom  géné- 
rique ccrcop'uhecos ,  c'eft-à-dire  ,  yf//^^  à  queue,  pour 
défigner  toutes   les  efpèces   de  guenons   ou  fmges  à 
longue  queue;   &.  ayant  remar([ué  parmi  ces  efpèces 
nouvelles  une  guenon  d'un  poil  verdâtre  &.  de  couleur 
vive,  ils  appelèrent  cette  cfpèce  callhhrix ,  qui  fignifie 
heau  poil.  Ce   callithrix   fe  trouve,   en   effet,  dans  la 
partie  méridionale  de  la  Mauritanie  .&  dans  les  terres 
voifmes  du  Cap-verd;  c'efl  la  guenon  que  l'on  connoît 
vulgairement  fous  le  nom  dejînge  verd;  &  comme  nous 
rejetons  dans   cet  ouvrage  toutes  les  dénominations 
compofées ,  nous  lui  avons  confervé  fon  nom  ancien  , 
callithrix  ou  calliiriclie. 

A  l'égard  des  fept  autres  efpèces  de  guenons  que 
nous  avons  indiquées  ci-deffus  par  les  noms  de  ma- 
kaque  ,  pat  as  ,  malbrouh  ,  mangahey ,  vîoujlac ,  talapoin 
ôi  doue  ;  elles  étoient  inconnues  des  Grecs  &  des 
Latins.  Le  makaque  efl  natif  de  Congo  ;  le  patas ,  du 
Sénégal  ;  le  mangabey ,  de  Madagafcar  ;  le  malbrouk , 

de  Bengale  ;  le  mouftac  ,   de  Guinée  ;  le  talapoin , 

Bij 


12  Histoire  Natu rellë. 

de  Siam  ;  <Sc  le  doue  ,  de  la  Cochincliine.  Toutes  ces 
terres  étoient  également  ignorées  des  Anciens,  <Sc  nous 
avons  eu  grand  foin  de  conferver  aux  animaux  qu'on  y 
a  trouvés ,   les   noms  propres  de  leur  pays. 

Et  comme  la  Nature  efl  confiante  dans  fa  marche  , 
qu'elle  ne  va  jamais  par  fauts  ,  6c  que  toujours  toul 
efl  gradué  ,  nuancé  ,  on  trouve  entre  les  babouins  <Sc 
Jes  guenons  vw\t  efpèce  intermédiaire,  comme  celle  diî 
mairot  i'cfl  entre  les  finîmes  6c  les  babouins  :  l'animal 
(yhmche  x  i  x)  qui  remplit  cet  intervalle,  <5c  forme 
cette  cfpcce  intermédiaire,  reffemble  beaucoup  aux 
guenons,  fur-tout  au  makaque,  <Sc  en  même  temps  il 
a  le  mufeau  fort  large ,  6c  la  queue  courte  comme  les 
babouins  ;  ne  lui  connoifTant  point  de  nom  ,  nous 
l'avons  appelé  luahuon ,  pour  le  diflinguer  des  autres: 
il  fe  trouve  à  Sumatra;  c'efl  le  feul  de  tous  ces  ani- 
maux ,  tant  babouins  que  guenons,  dont  la  queue  foit 
dégarnie  de  poil  ;  6c  c'efl  par  cette  raifon  que  les 
Auteurs  qui  en  ont  parlé,  l'ont  déilgné  par  la  dénomi- 
nation (lefnge  à  queue  de  cochon ,  ou  de  Jînge  à  queue 
de  rat. 

Voilà  les  animaux  de  l'ancien  continent,  auxquels 
on  a  donné  le  nom  commun  de  j^/?^^  ,  quoiqu'ils  foient 
non -feulement  d'eipèces  éloignées  ,  mais  même  de 
genres  affez  différens  ;  6c  ce  (jui  a  mis  le  comble  à 
l'erreur  6c  à  la  confufion  ,  c'eft  qu'on  a  donné  ces 
mêmes  noms  de  Jinge ,  de  cynocéphale  ,  de  kébe  6c  de 
cercoph/ièque ,  noms  faits,  il  y  a  quinze  cents  ans  par 


Nom ENCLATVRE  DES  SiNGES.         13 

les  Grecs  ,  à  des  animaux  d'un  nouveau  monde  , 
qu'on  n'a  découverts  que  depuis  deux  ou  trois  fiècfcs. 
On  ne  fe  doutoit  pas  qu'il  n'exiftoit  dans  les  parties  mé- 
ridionales de  ce  nouveau  continent,  aucun  des  animaux 
de  l'Afrique  <Sc  des  Indes  orientales.  On  a  trouvé  en 
Amérique  des  bétes  avec  des  mains  6c  des  doigts  ;  ce 
rapport  feiil  a  fuffi  pour  qu'on  les  ait  appelées  ^//^^j-/ 
fans  faire  attention  que  pour  transférer  un  nom  ,  il 
faut  au  moins  que  le  genre  foit  le  même;  Se  que 
pour  l'appliquer  jufle  ,  il  faut  encore  que  l'efpèce  foit 
identique  :  or  ces  animaux  d'Amérique,  dont  nous  ferons 
deux  clafTes  fous  les  noms  de  fapiijous  <Sc  dt  fûgoins^ 
font  très-différens  de  tous  les  fmgcs  de  l'Afie  Sl  de 
l'Afrique  ;  (Se  de  la  même  manière  qu'il  ne  fc  trouve 
dans  le  nouveau  continent  ni  fmges  ,  ni  babouins , 
ni  guenons  ,  il  n'exifte  auffi  ni  fapajous  ,  ni  fagoins 
dans  l'ancien.  Quoique  nous  ayons  déjà  pofé  ces 
faits  en  général  dans  notre  difcours  fur  les  animaux 
des  deux  continens  ,  nous  pouvons  les  prouver  ici 
d'une  manière  plus  particulière  ,  Si  démontrer  (jue  de 
dix-fept  efpèces  auxquelles  on  peut  réduire  tous  les 
animaux  appelés  fiiges  dans  l'ancien  continent ,  Se 
de  douze  ou  treize  auxquelles  on  a  transféré  ce  nom 
dans  le  nouveau  ,  aucune  n'eft  la  même  ,  ni  ne  fe 
trouve  également  dans  les  deux  •  car  fur  ces  dix-fepC 
efpèces  de  l'ancien  continent ,  il  faut  d'abord  retran- 
cher les  trois    ou  quatre  fmgcs  ,   qui   ne  fe  trouvent 

certainement    point   en  Amérique  ,    Si   auxquels  les 

13  iij 


14  Histoire  Naturelle, 

fapajoiis  6c  les  fagoins  ne  refTemblcnt  point    du  iowt 
2."  Il  faut  en  retrancher  les  trois  ou  quatre   babouins, 
(\\\\  font  beaucoup  plus  gros  que  les   ihgoins   ou   les 
ilipajous ,  6c  qui  font  au/Ti  d'une  figure  très-différente  : 
il  ne  refle  donc  que  les  neuf  guenons  auxquelles  on 
puifTe  les  comparer.  Or  toutes  les  guenons  ont ,  auiïi- 
bien   que  les  finges  &i   les  babouins  ,    des  cara6lères 
gcncraux   &.  particuliers  ,    qui  les  fcparent    en  entier 
des  fapajous  Si  des  fagoins  ;   le  premier  de  ces  carac- 
tères efl  d'avoir    les  feffes   pelées  ,    <Sl  des  callofités 
naturelles  6c  inhérentes  à  ces  parties;  le  fécond ,  c'efl 
d'a^oir  des  abajoues  ,  c'efl-à-dire ,   des  poches  au  bas 
des  joues  ,   où  elles  peuvent  garder  leurs  alimens  ;   6c 
Jetroifième,  d'avoir  la  cloifon  des  narines  étroite,  6l 
ces  mêmes  narines  ouvertes  au-deffous  du  nez  comme 
celles  de  l'homme.   Les  fapajous  6c  les  fagoins  n'ont 
aucun  de  ces  caradcres  ;   ils  ont  tous  la   cloifon   des 
narines  fort  épaiffe ,  les  narines  ouvertes  fur  les  côtés  du 
nez  6c  non  pas  en  deffous  ;  ils  ont  du  poil  fur  les  feffes 
6.  point  de  callofités  ;  ils  n'ont  point  d'abajoues  ;    ils 
diffèrent  donc  des  guenons ,  non-feulement  par  Tefpèce , 
mais  même  par  le  genre,  puifqu'ils  n'ont  aucun  des 
caradères  généraux   qui  leur  font  communs  à  toutes  ; 
ÔL  cette  différence  dans  le  genre  en  fuppofe  néceffai- 
rement  de  bien  plus  grandes  dans  les  efpèces,  6c  dé- 
montre qu'elles  font  très-éloignées. 

C'efl  donc  mal-à-propos  que  l'on  a  donné  le  nom 
^t  Jînge  6c  de  gu^iwîi  m\  fa^mjom  6c  m^  fa^o'ins ;  li 


NOMENCLATU RE  DES  SiNGES.  15 
falloit  leur  confcrver  leurs  noms  ,  Si  au  lieu  de  les 
aiïbcier  aux  fuiges  ,  commencer  par  les  comparer 
entr'eux:  ces  deux  familles  difièrent  l'une  de  l'autre  par 
un  caradère  remarquable  ;  tous  les  fiipajous  fe  fervent 
de  leur  queue  comme  d'un  doigt ,  pour  s'accrocher 
<Sc  même  pour  faifn-  ce  qu'ils  ne  peuvent  prendre  avec 
Ja  main  ;  les  figoins  au  contraire  ne  peuvent  fe  fervir 
de  leur  queue  pour  cet  ufïige  ;  leur  face  ,  leurs  oreilles  , 
leur  pod  font  auffi  ditfcrcns  :  on  peut  donc  en  faire 
aifément  deux  genres  dillincls  &  féparés. 

Sans  nous  fervir  de  dénominations  qui  ne  peuvent 
s'appliquer  qu'aux  fingcs,  aux  babouins  &  aux  guenons; 
fans  employer  des  noms  qui  leur  appartiennent  <?c 
qu'on  ne  doit  pas  donner  à  d'autres  ,  nous  avons 
tâche  d'indiquer  tous  les  fapajous  &.  tous  les  fagoins 
par  les  noms  propres  qu'ils  ont  dans  leur  pays  natal. 
Nous  connoiffons  fjx  ou  fept  ei})cccs  de  fipajous  Si, 
fix  efpèces  de  figoins ,  dont  la  plupart  ont  des  variétés  ; 
nous  en  donnerons  l'hiftoire  <5c  la  defcription  dans  le 
volume  fuivant  *  ;  nous  avons  recherché  leurs  noms 
avec  le  plus  grand  foin  dans  tous  les  Auteurs,  Si  fur-tout 
dans  les  Voyageurs,  qui  les  ont  indiqués  les  premiers. 
En  général  ,  lorfque  nous  n'avons  pu  favoir  le  nom 
que  chacun  porte  dans  fon  pays  ,  nous  avons  cru 
devoir  le  tirer  de  la  nature  même  de  l'animal  ,  c'efl- 
à-dire  ,   d'un  caradère  qui  feul  fût  fufîifant    pour  le 

*  Nous  avons  ete  obliges  de  renvoyer  au  Volume  XV  rhiftoiie  des 
Sapajous  &  Sagoins,  parce  que  le  Volume  XIV  auroit  été  trop  épais. 


i6  Histoire  Naturelle, 

faire  rcconnoître  <5c  diflingucr  de  tous  les  autres.  L'on 
verra  dans  chaque  article  les  raifons  qui  nous  ont 
fait  adopter   ces  noms. 

Et  à  l'cgard  des  variétés,  lefquelles  dans  la  clafTe 
entière  de  ces  animaux  font  peut-être  plus  nombreufes 
que  les  efpèces,  on  les  trouvera  auffi  très-foigneufc- 
ment  comparées  à  chacune  de  leurs  efpèces  propres. 
Nous  connoifTons  6c  nous  avons  eu,  la  plupart  vivans  , 
quarante  de  ces  animaux  plus  ou  moins  différens  en- 
tr'eux:  il  nous  a  paru  qu'on  devoit  les  réduire  à  trente 
efpèces;  favoir,  trois  fmges  ,  une  intermédiaire  entre 
ics  fmges  <Sc  les  bahouins  ;  trois  babouins ,  une  inter- 
médiaire entre  les  babouins  <Sc  les  guenons;  neuf  gue- 
nons, fept  fapajous  <5c  fix  fagoins,  6c  que  tous  les 
autres  ne  doivent  au  moins  pour  la  plupart  être  confi- 
dérés  que  comme  des  variétés  :  mais,  comme  nous  ne 
fommes  pas  abfolument  certains  que  quelques-unes  de 
ces  variétés  ne  puifTent  être  en  effet  des  efpèces  dif- 
tindes  ,  nous  tâcherons  de  leur  donner  auffi  des  noms 
qui  ne  feront  que  précaires,  fuppofé  que  ce  ne  foient 
que  des  variétés ,  6c  qui  pourront  devenir  propres  6c 
fpéciiiques ,  fi  ce  font  réellement  des  efpèces  diflindes 

<5c  féparées. 

A  l'occafion  de  toutes  ces  bêtes,  dont  quefques- 
unes  reffemblent  fi  fort  à  l'homme  ,  confidérons  pour 
im  inftant  les  animaux  de  la  terre  fous  un  nouveau 
point  de  vue  :  c'efl  fans  raifon  fuffifante  qu'on  leur 
a  donné  généralement  à  tous  le  nom  de  quadrupèdes. 

Si 


NOMENCLATU RE    DES   SiNGES.       \J 
Si  les  exceptions  n'ctoient  qu'en  petit  nombre,  noiîs 
n'attaquerions  pas  l'application  de  cette  dénomination: 
nous  avons  dit,   <5c   nous  favons  que  nos  définitions, 
nos  noms,   quelque  généraux   qu'ils  puifFent  être,   ne 
comprennent  jamais  tout  ;    qu'il    exifte    toujours  des 
ctres  en  deçà  ou  au-delà;  qu'il  s'en  trouve  de  mitoyens;  . 
que  plufieurs ,  quoique  placés  en  apparence  au  milieu 
<les  autres,  ne  laiffent  pas  d'échapper  à  la  lifte;  que  le 
nom  générai  qu'on  voudroit  leur  impolér  efl  une  for- 
mule  incomplète  ,   une   fomme  dont  fouvent   ils    ne 
font  pas  partie;  parce  que  la  Nature  ne  doit  jamais  être 
préfcntée  que  par  unités  <Sc  non   par  aggrégats  ;  parce 
que  l'homme  n'a  imaginé  les  noms  généraux  que  pour 
aider   à  fèi  mémoire  ,  &  tâcher   de  fuppléer  à  la  trop 
petite  capacité  de  fon   entendement  ;  parce  qu'enfuitc 
il  en  a  fait  abus  en  regardant  ce  nom  général ,  comme 
quelque   chofe  de  réel  ;   parce   qu'enfin    il   a  voiilu  y 
rappeler  des  êtres ,  &  même  des   clafTes  d'êtres ,    qui 
demandoient  un  autre   nom  ;    je  puis   en   donner  & 
J'excmple  <Sc  la  preuve,  fans  fortir  de  l'ordre  des  qua- 
drupèdes ,    qui    de   tous   les    animaux  font  ceux   que 
J'homme  connoit  le  mieux  ,  <Sc  auxquels  il  étoit  par 
conféquent  en  état  de  donner  les  dénominations   les 
plus  précifes. 

Le  nom  d^  quadrupède  fuppofe  que  l'animal  mquaiiv 

peds\  s'il  manque  de  deux  pieds  comme  le  lamantin, 

il  n'efl  plus  quadrupède;  s'il  a  des  bras  (Se  des  mains 

comme  le  fmge ,  il  n'eit  plus  quadrupède;  s'il  a  des 

Tome  XIV.  C 


i8     Histoire    Naturelle. 

ailes  comme  la  chauve-fouris,  il  n'eft  plus  qiiaclrupèJe,. 
Si  l'on  fait  abus  de  cette  dénomination  générale   lorf- 
qu'on  l'applique  à  ces  animaux.  Pour  qu'il  y  ait  de  la 
précifion  dans  les  mots,  il   faut  de  la  vérité   dans  les 
idées  qu'ils  repréientent.    Faifons    pour  les   mains  un 
nom   pareil   à   celui    qu'on  a  f;ut  pour  les  pieds,    <5c 
alors  nous  dirons  avec  vérité  (Se  précifion  ,  que  l'homme 
e(}  le  fcul   qui  Ibit  bimane  <Sc  bipède  ,  parce  qu'il  eft 
le  fcul   qui  ait  deux  mains  &.  deux  pieds;  que  le  la- 
mantin n'efl    que  bimane  ;   que   la  chauve-fouris  n'eft 
<]ue  bipède  ,  ôi  que  le  fmge  efl  quadrumane.  Maintenant 
appliquons   ces   nouvelles  dénominations    générales  à 
tous  les  êtres  particuliers,  auxquels  elles  conviennent; 
car  c'efl  ainfi  qu'il  faut  toujours  voir  la  Nature,  nous 
trouverons  que  fur  environ  deux  cents  efpèces  d'ani- 
maux qui  peuplent  la  furface  de  la  terre,    6c  auxquelles 
on  a  donné  le  nom  commun    de   quadrupèdes ,    il  y  a 
d'al)ord   trente -cinq    efpèces    de  finges  ,    babouins, 
guenons,  fapajous  ,  iàgoins   &  makis,   qu'on  doit  en 
retrancher  ,  parce  qu'ils  font  quadrumanes  ;   qu'à  ces 
trente- cinq  efpèces,  il  faut  ajouter   celles   du   loris, 
du  farigue  ,  de  la  marmofe  ,  du  cayopollin  ,  i\\\  tarfier,  du 
phalanger ,  <SwC.  qui  font  auïïi  quadrumanes  comme  les 
fjnges ,  guenons  ,  fapajous  <Sc  fagoins  ;    que  par  con- 
féquent  la  lifte  des   quadrumanes   étant  au  moins    de 
quarante  efpèces  *  ,  le  nombre  réel  des  quadrupèdes 

*  Nota,  Nous  ne  difoiis  pas  trop  ,  en  ne  comptant  que   quarante 
efpèces  dans  la  lifle  des  quadrumanes  \  car  il  y  a  dans  les  guenons , 


NOMENC  LATURE  DES  S  INC  ES,         I9 

cfl;  déjà  réduit  d'un  cinquième:  qu'enfuite  ôtant  douze 
ou  quinze  efpèccs  de  bipèdes;  favoir ,  les  chauvc-fouris 
<Sc  les  roufTettes ,  dont  les  pieds  de  devant  font  plutôt 
des  ailes  que  des  pieds  ;  6i  en  retrancJiant  auITi  trois 
ou  quatre  gerboifes  qui  ne  peuvent  marcher  que  fur 
Jes  pieds  de  derrière  ,  parce  que  ceux  de  devant  font 
trop  courts  ,  en  ôtant  encore  le  lamantin  qui  n'a  point 
de  pieds  de  derrière,  les  morfes  ,  le  dugon  Si  les  pho- 
ques auxquels  ils  font  inutiles,  ce  nombre  des  quadru- 
pèdes fe  trouvera  diminué  de  prefqu'un  tiers  ;  <5c  fi  011 
vouloit  encore  en  fouflraire  les  animaux  qui  fe  fervent 
des  pieds  de  devant  comme  de  mains,  tels  que  les 
ours,  les  marmottes,  les  coatis,  les  agoutis,  les  écu- 
reuils ,  les  rats  <5c  beaucoup  d'autres  ,  la  dénomination 
de  quadrupède  paroîtra  mal  appliquée  à  plus  de  la  moitié 
des  animaux  :  6c  en  eftét,  les  vrais  quadrupèdes  font  les 
folipèdes  <Sc  les  pieds- fourchus  ;  dès  qu'on  defcend  à 
Ja  claiïe  des  fiffjpèdes ,  on  trouve  des  quadrumanes  ou 
des  quadrupèdes  anibigus  ,  qui  fe  fervent  de  leurs  pieds 
de  devant  comme  de  mains,  &  qui  doivent  être  fé- 
parés  ou  diftingués  des  autres.  Il  y  a  trois  efpèces  de 
folipèdes  ,  le  cheval  ,  le  zèbre  6c  Tiine ,  en  y  ajoutant 
l'éléphant,  le  rhinocéros  ,  l'hippopotame  ,  le  chameau^ 
dont  les  pieds  ,  quoique  terminés  par  des  ongles  ,  font 
folides,  6c  ne  leur  fervent  qu'à  marcher;  l'on  a  déjà 
■fept  efpèces  auxquelles  le  nom  de  quadrupède  convient 

fapajous,  fâgoins  ,   farigues ,    &c.  plufieurs  variétés    qui  pourroient 
feien  être  des  efpôces  réellement  cliltiades. 

Cij 


20  H  r  STO  I  RE     NATU  RELLE. 

parfaitement:  il  y  a  un  beaucoup  plus  grand  nombre cfs 
piecfs-fourchus  que  de  folipèdes  :  les  bœufs,  les  béliers  , 
les  chèvres ,  les  gazelles,  les  bubales  ,  les  chevrotains , 
Je  lama  ,    la  vigogne  ,   la  girafîe  ,  l'élan  ,    le  renne, 
les  cerfs,  les  dains ,   les  chevreuils,  &c.  font  tous  des 
pieds-fourchus  (Se  eompofent  en  tout  un  nombre  d'en- 
viron quarante  efpèces  ;  ainfi  voilà  déjà  cinquante  ani- 
maux ,   c'efl-à-dire  ,  dix  folipèdes  &.  quarante  pieds- 
fourchus  ,  auxquels  le  nom   de  quadrupède  a  été  bien 
appliqué  :    dans   les  fiiïipèdes ,  le   lion  ,   le  tigre  ,  les. 
panthères ,  le  léopard  ,    les  lynx  ,  le  chat ,  le  loup  ,  le 
chien,  le  renard,   l'hyœne ,   les  civettes,   le  blaireau, 
les  fouines,  les  belettes,   les  furets  .    les  porcs- épis  , 
leshériffons  ,  les  tatous,  les  fourmiliers  ik  les  cochons 
qui   font   la  nuance    entre  les  fiïïipèdes  &  les  pieds- 
fourchus  ,  fonnent  un  nombre  déplus  de  quarante  autres 
efpèces,  auxquelles  le  nom  de  quadrupède   convient 
aulTi   dans  toute  la  rigueur  de  l'acception  ;  parce  que 
quoiqu'ils  aient  le  pied  de  devant  divifé  en  quatre  ou 
cinq  doigts,  ils  ne  s'en  fervent  jamais  comme  de  main: 
mais  tous  les  autres  tiffjpèdes ,   qui  fe  fervent  de  leurs 
pieds  de  devant  pour  fadir  &  porter  à  leur  gueule,  ne 
font  pas   de   purs  quadrupèdes;   ces  efpèces  qui  font 
auffi  au  nombre  de  quarante,  font  une  clafle  intermé- 
diaire entre  les  quadrupèdes  6c   les  quadrumanes  ,    & 
ne  font  précifément  ni  des   uns  ni  des  autres:  il  y  a 
donc  dans  le  réel  plus  d'un  quart  des  animaux  auxquels. 
k  nom  de  quadrupède  difconvient,  &  plus  d'une  moitié 


Nomenclature  des  Si n ces,     2* 

auxquels  il  ne  convient  pas  dans  toute  retendue  de  fon 
acception. 

Les  quadrumanes  rempliffent  le  grand  intervalle  qui 
fe  trouve  entre  l'homme  <Sc  les  quadrupèdes  ;  les  bi- 
manes font  un  terme  moyen  dans  la  diflance  encore 
plus  grande  de  l'homme  aux  cétacées  *  :  les  bipèdes 
avec  des  ailes  font  la  nuance  des  quadrupèdes  aux 
oifeaux  ,  &  les  fiffipèdcs  qui  fe  fervent  de  leurs  pieds 
comme  de  mains  ,  rempliffent  tous  les  degrés  qui  fo 
trouvent  entre  les  quadrumanes  &^  les  quadrupèdes  : 
mais  c'efi  nous  arrêter  affez  fur  cette  vue  ;  quelqu'utile 
qu'elle  puiffe  être  pour  la  connoiffance  difîinde  deS' 
animaux  ,  elle  l'eft  encore  plus  par  l'exemple,  6c  pap 
ia  nouvelle  preuve  qu'elle  nous  donne  ,  qu'il  n'y  3 
aucune  de  nos  définitions  qui  foit  précifc ,  aucun  de 
nos  termes  généraux  qui  foit  exad:  ,  lorfqu'on  vient 
à  les  applicjucr  en  particulier  aux  chofes  ou  aux  êtres- 
qu'ifs  repréfentent: 

Mais  par  quelle  raifon  ces  termes  généraux  ,  qui 
paroilfent  être  le  chef-d'œuvre  de  la  penfée  ,  font-ils  fi 
défeélueux  !  pourquoi  ces  définitions  qui  femblent 
n'être  que  les  purs  réfuftats  de  la  combinaifon  des  êtres 
font -elles  fi  fautives  dans  l'application  !  eft-ce  erreur 
ncceffairc,  défaut  de  re6litude  dans  l'efprit  humain  '  ou 
plutôt  n'efl-ce  pas  fim])le  incapacité  ,  pure  impuiffance 

"^  Nota.    Dans  cette  plirafc  &   dans  toutes  les  autres  {emhhhlçs  ^ 
Je  n'entencfs  parler  que  Je  l'homme  phyfique  ,  c'eft-à-clire  ,  de  fa  fonïse^ 
iiucarps  de  l'homnie  ,  conipar^^  à  la  forme  du  corps  des  animaux. 

C  iij 


22         Histoire  Natv relle. 

de  combiner  &  même  cfc  voir  à  la  fois  un  grand 
nombre  de  chofes  !  Comparons  les  œuvres  de  la  Nature 
aux  ouvrages  de  l'homme;  cherchons  comment  tous 
deux  opèrent,  c^  voyons  h  refprit,  quelqu  adil ,  quel- 
qu'étendu  qu'il  foit ,  peut  aller  de  pair  &.  fuivre  la 
incme  marche  ,  fans  fc  perdre  lui-même  ou  dans 
i'immcnfité  de  l'elpace  ,  ou  dans  les  ténèbres  du 
temps ,  ou  dans  le  nombre  infini  de  la  combinaifon 
des  ctres.  Que  l'homme  dirige  la  marche  de  fon 
cfprit  fur  un  objet  quelconque  ;  s'il  voit  jufle  ,  il  prend 
la  ligne  droite  ,  parcourt  le  moins  d'efpace  &.  emploie 
Je  moins  de  temps  poiïible  pour  atteindre  à  fon  but; 
combien  ne  lui  faut -il  pas  déjà  de  réflexions  &.  de 
condjinaifons  pour  ne  pas  entrer  dans  les  lignes  obli- 
(|ucs ,  pour  éviter  les  fauffes  routes  ,  les  culs-de-facs  , 
les  chemins  creux  qui  tous  fe  préfentent  les  premiers, 
&i  en  fi  grand  nombre  ,  que  le  choix  du  vrai  fentier 
fuppofe  la  plus  grande  jufteffe  de  difcernement  ;  cela 
<:ependant  eft  poHible  ,  c'efl-à-dire  ,  n'eft  pas  au-defTus 
des  forces  d'un  bon  efprit  ,  il  peut  marcher  droit  fur 
ii\  ligne  6c  fans  s'écarter  ;  voilà  fa  manière  d'aller  la 
plus  fûre  <?c  la  plus  ferme  :  mais  il  va  fur  une  ligne 
pour  arriver  à  un  point  ;  ôi  s'il  veut  lâifir  un  autre 
point,  il  ne  peut  l'atteindre  que  par  une  autre  ligne; 
la  trame  de  fes  idées  efl  un  fil  délié ,  qui  s'étend  e» 
jongueur  fans  autres  dimenfions  :  la  Nature  au  contraire 
ne  fait  pas  un  feul  pas  qui  ne  foit  en  tout  fcns  ;  en 
ifti;irchant  en  avant ,  elle  s'étet^J  à  côté  &i  s'élève  au- 


NOMENCLATV  RE  DES  SiNGES.  22 
clcfTus  ;  elle  parcourt  &  remplit  à  la  fois  les  trois 
dimenfions  ;  <5c  tandis  que  l'homme  n'atteint  qu'un 
point,  elle  arrive  au  folide  ,  en  embrafTe  le  volume  & 
pénètre  la  mafl'e  clans  toutes  leurs  parties.  Que  font  nos 
Phidias  lorfqu'ils  donnent  une  forme  à  la  matière  brute  î 
à  force  d'art  <5c  de  temps  ils  parviennent  à  faire  une 
furface  qui  repréfente  exadement  les  dehors  de  l'objet 
qu'ils  fe  font  propofé  :  chaque  point  de  cette  furface 
qu'ils  ont  créée,  leur  a  coûté  mille  combinaifons  ; 
leur  génie  a  marché  droit  fur  autant  de  lignes  qu'il 
y  a  de  traits  dans  leur  figure;  le  moindre  écart  l'auroit 
déformée  :  ce  marbre  fi  parfait  qu'il  femble  refpirer , 
n'efl  donc  qu'une  multitude  de  points  auxquels  l'Ar- 
tifle  n'efl  arri\é  qu'avec  peine  &  fucceffivement  ;  parce 
que  l'efprit  humain  ne  faififïïint  à  la  fois  qu'une  feule 
dimenfion  ,  Si  nos  fens  ne  s'appliquant  qu'aux  furfices , 
nous  ne  pouvons  pénétrer  la  matière  Se  ne  favons  que 
J'elHeurcr  :  la  Nature  au  contraire  fait  la  braffer  Si  la 
remuer  à  fond  ;  elle  produit  fes  formes  par  des  aéles 
prefqu'inflantanés;  elle  les  développe  en  les  étendant 
à  la  fois  dans  les  trois  dimenfions;  en  même  temps 
que  fon  mouvement  atteint  à  la  furface ,  les  forces  péné- 
trantes dont  elle  efl  animée,  opèrent  à  l'intérieur; 
chaque  molécule  eft  pénétrée  ;  le  plus  petit  atome, 
dès  qu'elle  veut  l'employer  ,  efl  forcé  d'obéir  ;  clic 
agit  donc  en  tout  fens  ,  elle  travaille  en  avant ,  en  arrière ,  • 
en  bas ,  en  haut  ,  à  droite  ,  à  gauche  ,  de  tous  côtés  h 
la  fois,  &  par  conféquent  elle  embrafTe  non-feulemcnî;^ 


2^  Histoire  Naturelle, 

la  fiirface  ,  mais  le  volume  ,  la  mafTe  6c  le  Iblide  entier 
dans  toutes  fcs  parties  :   auiïl  quelle  difierence  dans  le 
produit  ,  quelle  comparaifon  de  la  flatue  au  corps  orga- 
nifé  !  mais  auffi  quelle  inégalité  dans  la  puifTance  ,  quelle 
dirj)roportion  dans  les  inflrumcns  !  L'homme  ne  peut 
employer  que  la  force  qu'il  a;  borné  à  une  petite  quan- 
tité  de   mouvement  qu'il  ne  peut  communiquer   que 
par  la  voie  de  l'impulfion  ,   il   ne  peut  agir  que  fur  les 
furfaces,  puilqu'en  général  Ja  force  d'impulfion  ne  fe 
tranfmct  que  par  Je  contact  des  furperficies;  il  ne  voit, 
il  ne  touche  donc  que  la  furface  des  corps  ;  &  lorfquc 
pour  tâcher  de  les  mieux  connoître  ,  il  les  ouvre ,  les 
divife  (Se  les  fépare,   il  ne  voit  6:   ne   touche  encore 
que  des  furfaces:  pour  pénétrer  l'intérieur,  il  lui  fau- 
droit  une  partie  de  cette  force  qui  agit  fur  la  mafle  ,  qui 
fiiit  la  pefmteur  &  qui  efl  le  principal  inftrument  de  la 
Nature  ;  fi  l'homme  pouvoit  difpofer  de  cette  force  pé- 
nétrante ,   comme  il  difpofe   de  celle   d'impulfion  ,  fi 
feulement  il  avoit  un  fcns  qui  y  fût  relatif,  il  verroit  le 
fand  de  la  matière;  il  pourroit  l'arranger  en  petit,  comme 
la  Nature  la  travaille  en  grand:  c'efl  donc  faute  d'inf- 
îrumens ,  que  l'art  de  l'homme  ne  peut  approcher  de 
celui  de  la  Nature  ;  fes  figures,  fes  reliefs  ,  fes  tableaux  , 
fcs  deffeins  ne  font  que  des  furfaces  ou  des  imitations 
de  furfaces  ,  parce  que  les  images  qu'il  reçoit  par  fes 
fens  font  toutes  fuperficielles ,  &  qu'il  n'a  nul  moyen 
de  leur   donner   du   corps. 

Ce  qui  cfl  vrai  pour  les  arts ,  l'eft  auïïi  pour  les  fciences  ; 

feulement 


NOMENCLATU'ikE  DES  S/NGES.  2j 
feulement  elles  font  moins  bornées,  parce  que  l'efprit  efl 
leur  feiil  inflrument,  parce  que  dans  les  arts  il  efl  fubor- 
donné  aux  fens ,  Si  que  dans  les  fciences  il  leur  com- 
mande ,  d'autant  qu'il  s'agit  de  connoître  Se  non  pas 
d'opérer,  de  comparer  &  non  pas  d'imiter:  or  l'efprit, 
quoique  refTerré  par  les  fens,  quoique  fouvent  abufé 
par  leurs  faux  rapports,  n'en  eft  ni  moins  pur  ni  moins 
adif;  l'iiomme  qui  a  voulu  favoir ,  a  commencé  par 
Jes  reélifier,  par  démontrer  leurs  erreurs  ;  il  les  a  traités 
comme  des  organes  mécaniques,  des  inflrumens  qu'il 
faut  mettre  en  expérience  pour  les  vérifier  Si  juger  de 
leurs  effets  :  marcbant  enfuite  la  balance  à  la  main  Si  le 
compas  de  l'autre,  il  a  mefuré  Si  le  temps  Si  l'efpace; 
il  a  reconnu  tous  les  debors  de  la  Nature,  Si  ne  pou- 
vant en  pénétrer  l'intérieur  par  les  fens ,  il  l'a  deviné 
par  comparaifon  6c  jugé  par  analogie  ;  il  a  trouvé  qu'il 
exilloit  dans  la  matière  une  force  générale ,  différente 
de  celle  d'impulfion,  une  force  qui  ne  tombe  point 
fous  nos  fens,  <5c  dont  par  conféquent  nous  ne  pouvons 
difpofer  ,  mais  que  la  Nature  emploie  comme  fon  agent 
univerfel  ;  il  a  démontré  que  cette  force  appartenoit  à 
toute  matière  également,  c'efl-à-dire,  proportionnel- 
lement à  fi  maffe  ou  quantité  réelle  ;  que  cette  force 
ou  plutôt  fon  a6lion  s'étendo  it  à  des  dillances  immenfes  , 
en  décroiffant  comme  les  efpaces  augmentent;  enfuite 
tournant  fes  vues  fur  les  êtres  vivans  ,  il  a  vu  que  la 
cbaleur  étoit  une  autre  force  néceffaire  à  leur  produc- 
tion ;  que  la  lumière  étoit  une  matière  vive,  douée  d'une 
Tome  XI K  D 


26  H I STO  IRE    N  ATU  RELLE. 

élaflicitc  (Se  d'une  adivitc  fans  ])ornes  ;  que  la  forma- 
tion Sl  le  développement  des  êtres  organifcs  fc  font  par 
le  concours  de  toutes  ces  forces  réunies  ;  que  l'exten- 
fion  ,  l'accroifTcment  des  corps  vivans  ou  végétans  fuit 
exactement  les  loix  de  la  force  attra6live  ,  6c  s'opère 
en  effet  en  augmentant  à  la  fois  dans  les  trois  dimen- 
fions  ;  qu'un  moule  une  fois  formé  doit ,  par  ces  mêmes 
loix  d'affinité  ,  en  produire  d'autres  tout  femblables  ,  &. 
ceux  -  ci  d'autres  encore  fans  aucune  alcération  de  la 
forme  primitive.  Cond^inant  cnfuite  ces  caractères 
communs  ,  ces  attributs  égaux  de  la  Nature  vivante  <5c 
végétante,  il  a  reconnu  qu'il  exilloit  6c  dans  l'une  6c 
dans  l'autre,  un  fonds  inépuifable  &  toujours  reverfdde 
de  fubflance  organique  6c  vivante;  fubftance  auffi  réelle  , 
auffi  durable  que  la  matière  brute;  fubftance  permanente 
à  jamais  dans  fon  état  de  vie,  comme  l'autre  dans  fon  état 
de  mort  ;  fubflance  univcrfellement  répandue ,  qui  , 
paffant  des  végétaux  aux  animaux  par  la  voie  de  la  nutri- 
tion ,  retournant  des  animaux  aux  végétaux  par  celle  de 
la  putréfadion  ,  circule  inceffuiiment  pour  animer  les 
êtres  :  il  a  vu  que  ces  molécules  organiques  vivantes 
exiftoient  dans  tous  les  corps  organifés  ,  qu'elles  y  étoient 
combinées  en  plus  ou  moins  grande  quantité  avec  la 
matière  morte  ,  plus  abondantes  dans  les  animaux  oii 
tout  eft  plein  de  vie  ,  plus  rares  dans  les  végétaux  où  le 
mort  domine  6c  le  vivant  paroît  étemt,  où  l'organique 
furcbargé  par  le  bnit ,  n'a  plus  m  mouvement  progreffif , 
jii  fentiment;  ni  chaleur,  ni  vie,  6c  ne  fe  manifelle  que 


NOMENCLATU  RE  DES  SiNGES.        IJ 
par  le  développement  (Se  la  reprodudion  ;  &  réfléchi (ïïint 
fur  la  manière  dont  l'un  6^  l'autre  s'opèrent,  il  a  reconnu 
que  chaque  être  vivant  eft  un  moule  auquel  s'afhmilcnc 
les  fubAances  dont  il   fe  nourrit;   que  c'efl  par  cette 
aiïimitation  que  fe  fait  l'accroiffement  du  corps;  que 
fon  développement  n'efl  pas  une  hmple  augmentation 
du  volume  ,  mais  une  extenfion  dans  toutes  les  dimen- 
fions ,  une  pénétration  de  matière  nouvelle  dans  toutes 
les  parties  de  la  maffe  ;  que  ces  parties  augmentant  pro- 
portionnellement au  tout ,  Sl  le  tout  proportionnellement 
aux  parties  ,  la  forme  fe  conferve  &  demeure  toujours  la 
même  jufqu'à  fon  développement  entier  ;  qu'enfin  le 
corps  ayant  acquis  toute  fon  étendue  ,  la  même  matière 
jufqu 'alors  employée  à  fon  accroiffement  efl  dès-lops 
renvoyée  ,  comme  fuperflue,   de  toutes  les  parties  aux- 
quelles elle  s'étoitafHmilée  ;  Si  qu'en  fe  réuniffant  dans 
un  point  commun ,  elle  y  forme  un  nouvel  être  fem- 
blabie  au  premier,  qui  n'en  diffère  que  du  petit  au  grand, 
Sl  qui  n'a  befoin,  pour  le  repréfenter,   que  d'atteindre 
aux  mêmes  dimenfions  en  fe  développant  à  fon  toiH* 
par  la  même  voie  de  la  nutrition.  Il  a   reconnu   que 
l'homme,  le  quadrupède,  le  cétacée,  l'oifeau  ,  le  rep- 
tile ,  l'infecle ,  l'arbre  ,  la  plante ,  l'herbe ,  fe  nourriffent , 
fe  développent  <Sc  fe  reproduifent  par  cette  même  loi  ; 
<Sc  que  fi  la  manière  dont  s'exécutent  leur  nutrition  & 
leur  génération  paroît  fi  différente,  c'eft  que,  quoique 
dépendante  d'une  caufe  générale  ôl  commune ,  elle  ne 

peut  s'exercer  en  païticulier  qiie  d'une  façon  relative  à 

D  i; 


2S  Histoire  Naturelle, 

la  forme  de  chaque  efpèce  d'ctres;  <Sc  chemin  faifànC 
(  car  il  a  fallu  des  fièclcs  à  i'efprit  luimain  pour  arriver 
à  ces  grandes  vérités  ,  defquelles  toutes  les  autres  dé- 
pendent ),   il  n'a  cefTc  de  comparer  les  êtres  ;  il  leur  a 
donné  des  noms  particuliers  pour  les  diflinguer  les  uns 
des  autres,  &  des  noms  généraux  pour  les  réunir  fous 
un  même  point  de  ^ue;  prenant  fon  corps  pour  le  mo- 
dule pliyfique  de  tous   les   êtres  vivans  ,   &.  les  ayant 
mefurés,  fondés,  comparés   dans  toutes  \tws  parties, 
il  a  vu  que  la  forme  de  tout  ce  qui  rcfpire   ert;  à  peu 
près  la  même  ;  qu'en  difféquant  le  fingo      on  pouvoit 
donner  l'anatomie  de  l'homme;  qu'e-      A^  nt  un  autre 
animal  ,  on  trouvoit  toujours  le   :       .le  fond  d'organi- 
fation  ,  les  mêmes  fens  ,  les  mêmcb  vifcères ,  les  mêmes 
os,  la  même  chair,  le  mêuii  mouvement  dans  les  fluides , 
le   même  jeu,   la  même  adiion  dans   les  folides;  il  a 
trouvé  dans  tous  ,  un  cœur  ,   des  veines  &  des  artères  ; 
dans  tous,  les  mêmes  organes  de  circulation,  de  refpi- 
ration,   de  digeflion  ,   dénutrition,   d'excrétion  ;  dans 
tous ,  une  charpente  folide ,  compofée  des  mêmes  pièces 
à  peu  près  affemblées  de  la  même  manière  ;  (Se  ce  plan 
toujours  le  même,  toujours  fuivi  de  l'homme  au  fin^^e, 
du  fmge  aux  quadrupèdes  ,   des  quadrupèdes  aux  céta- 
cées  ,  aux  oifeaux  ,  aux  poiffons ,  aux  reptiles  ;  ce  plan  , 
dis-je,  bien  faifi  par  I'efprit  humain  ,  eft  un  exemplaire 
fidelle  de  la  Nature  vivante  ,  &  la  vue  la  plus  fimple  <5c  la 
plus  générale  fous  laquelle  on  puiffc  la  confidérer  :   <5c 
lorfqu'on  veut  l'ttvndre  <Sc  pafler  de  ce  qui  yïI  à  ce  qui 


Nomenclature  des  Singes.      29 

végète,  on  voit  ce  plan  qui  d'abord  n'avoit  varié  que 
par  nuances  ,  fe  déformer  par  degrés  des  reptiles  aux: 
infedes  ,  des  infedes  aux  vers ,  des  vers  aux  zoophytes  , 
des  zoophytes  aux  plantes;  Se  quoiqu'altéré  dans  toutes 
fes  parties  extérieures,  confervcr  néanmoins  le  même 
fond  ,  le  même  caradère  dont  les  traits  principaux  font 
la  nutrition  ,  le  développement  <Scla  reproduction;  traits 
généraux  Sl  communs  à  toute  fubflance  organifée,  traits 
éternels  S.  divins  que  le  temps,  loin  d'effacer  ou  de  dé- 
truire, ne  fait  que  renouveler  Si  rendre  plus  évidcns. 

Si  de  ce  grand  tableau  des  reiïemblances  dans  lequel 
l'Univers  vivant  fe  préfente,  comme  ne  faifant  qu'une 
même  famille,  nous  paffons  à  celui  des  difiérences, 
où  chaque  efpèce  réclame  une  place  ifolée  &  doit 
avoir  fon  portrait  à  part ,  on  reconnoîtra  qu'à  l'excep- 
tion de  quelques  efpèces  majeures,  telles  que  l'éléphant, 
le  rhinocéros,  l'hippopotame,  ie  tigre,  le  lion  ,  qui 
doivent  avoir  leur  cadre  ,  tous  les  autres  femblent  fe 
réunir  avec  leurs  voifms  Se  former  des  groupes  de  fmiili- 
tudes  dégradées  ,  des  genres  que  nos  Nomenclateurs  ont 
préfentés  par  un  lacis  de  figures  dont  les  unes  fe  tiennent 
par  les  pieds,  les  autres  par  les  dents,  par  les  cornes, 
par  le  poil  <Sc  par  d'autres  rapports  encore  plus  petits. 
Et  ceux  même  dont  la  forme  nous  paroit  la  plus  par- 
faite,  c'eft-à-dire  la  plus  approchante  de  la  nôtre,  les 
fmges ,  fe  préfcntent  enfemble  &  demandent  déjà  des 
yeux  attentifs  pour  être  diflingués  les  uns  des  autres  , 

parce  que  c'çft  moins  à  la  forme  qu'à  Ja  grandeur  qu'eft 

Diij 


3©  Histoire  Naturelle. 

attaché  le  privilège  de  refpèce  ifolce,  Si  que  riiomme 
liii-mcme  qLioi([ue  d'efpèce  unique,  infiniment  diffé- 
rente de  toutes  celles  des  animaux  ,  n'étant  que  d'une 
grandeur  médiocre  efl  moins  ifolé  &  a  plus  de  voifins 
que  les  grands  animaux.  On  verra  dans  l'iiifloire  de 
l'orang-outang,  que  fi  l'on  ne  fàifoit  attention  qu'à 
Ja  figure  on  pourroit  également  regarder  cet  animal 
comme  le  premier  des  fmges  ou  le  dernier  des  hommes , 
parce  qu'à  l'exception  de  l'ame,  il  ne  lui  manque  rien 
de  tout  ce  que  nous  avons ,  &i  parce  qu'il  difïère  moins 
de  l'homme  pour  le  corps,  qu'il  ne  diffère  des  autres 
animaux  auxquels  on  a  donné  le  même  nom  de  fmge. 

L'ame  ,  la  penfée,  la  parole  ne  dépendent  donc  pas 
de  la  forme  ou  de  l'organilation  du  corps  ;  rien  ne 
prouve  mieux  que  c'eft  un  don  particulier,  &  fait  à 
l'homme  feul ,  puifque  l'orang- outang  qui  ne  parle  ni 
ne  penfe,  a  néanmoins  le  corps,  les  membres,  les 
fens  ,  le  cerveau  6c  la  langue  entièrement  femblables  à 
l'homme ,  puifqu'il  peut  faire  ou  contrefaire  tous  les 
niouvemens ,  toutes  les  allions  humaines ,  <Sc  que  ce- 
pendant il  ne  fiiit  aucun  aéle  de  l'homme  :  c'efl  peut^ 
être  faute  d'éducation  ,  c'eft  encore  faute  d'équité  dans 
votre  jugement;  vous  comparez,  dira-t-on,  fort  injuf-. 
tement  le  finge  des  bois  avec  l'homme  des  villes  ; 
c'efl  à  côté  de  l'homme  lauvage  ,  de  l'homme  auquel 
l'éducation  n'a  rien  tranfmis ,  qu'il  faut  le  placer  pour 
les  juger  l'un  <Sc  l'autre;  (Se  a-t-on  une  idée  jufte  de 
l'homme  dans  l'état  de  pure  Nature  !  la  tcte  couverte 


Nom  ENCLATURE  DES  SiNCES.  31 
c!e  cheveux  liérifrés,  ou  d'une  iaine  crépue  ;  la  f-ice 
voilée  par  une  longue  barbe,  fiirmontée  de  (\cux  croif- 
fans  de  poils  encore  plus  groffiers,  qui  par  leur  largeur 
6c  leur  faillie  raccourciffent  le  front,  &.  lui  font  perdre 
fon  caradcre  augufte ,  Sl  non -feulement  mettent  les 
yeux  dans  l'ombre  ,  mais  les  enfoncent  Si  les  arron- 
diifcnt  comme  ceux  des  animaux  ;  les  lèvres  épaiiïes 
Si  avancées  ;  le  nez  aplati  ;  le  regard  ftupidc  ou  farouche  ; 
Jes  oreilles ,  le  corps  Si  les  membres  velus  ;  la  peau 
dure  comme  un  cuir  noir  ou  tanné;  les  ongles  lon^^s, 
épais  c^  crochus  ;  une  femelle  calleufc  en  forme  de 
corne  fous  la  plante  des  pieds  ;  Sl  pour  attributs  du 
fexe  ,  des  mamelles  longues  &  molles ,  la  peau  du  ventre 
pendante  jufque  fur  les  genous  ;  les  enfans  fe  vautrant 
dans  l'ordure  <Sc  fe  traînant  à  quatre  ;  le  père  Si  la  mère 
affis  fur  leurs  talons,  tous  hideux,  tous  couverts  d'une 
craffe  empeflée.  Et  cette  efquiffe  tirée  d'après  le  fauvage 
Hottentot,  efl  encore  un  portrait  flatté;  car  il  y  a  plus 
loin  de  l'homme  dans  l'état  de  pure  nature  à  l'Hottentot, 
que  de  l'Hottentot  à  nous  :  chargez  donc  encore  le 
tableau  fi  vous  voulez  comparer  le  fnge  à  l'homme, 
ajoutez-y  les  rapports  d'organifation,  les  convenances 
de  tempérament,  l'appétit  véhément  des  fmgcs  mâles 
pour  les  femmes,  la  même  conformation  dans  les  parties 
génitales  des  deux  fexes;  l'écoulement  périodique  dans 
ies  femelles  ,  Si  les  mélanges  forcés  ou  volontaires  des 
Négreffes  aux  fmges ,  dont  le  produit  efl  rentré  dans 
l'une  ou  l'autre  cfpèce  ;  Si  voyez,  fuppofé  qu'elles  ne 


32       Histoire  Naturelle. 

foicnt  pas  la  même,  combien  l'intervalle  qui  les  fepare 
eft  difficile  à  faifir. 

Je  l'avoue,  fi  l'on  ne  devoir  juger  que  par  la  forme; 
l'efpèce  du  fmge  pourroit  ctre  prife  pour  une  variété 
dans  l'efpcce  humaine  :  le  Créateur  n'a  pas  voulu  faire 
pour  le  corps  de  l'homme  un  modèle  abfolument 
différent  de  celui  de  l'animal  ;  il  a  compris  fa  forme  , 
comme  celle  de  tous  les  animaux ,  dans  un  plan  général  ; 
mais  en  même  temps  qu'il  lui  a  départi  cette  forme 
matérielle  femblable  à  celle  du  fmge ,  il  a  pénétré  ce 
corps  animal  de  fon  fouffle  divin  ;  s'il  eût  fait  la  même 
faveur,  je  ne  dis  pas  au  fmge  ,  mais  à  l'efpèce  la  plus  vile , 
à  l'animal  qui  nous  paroît  le  plus  mal  organifé ,  cette 
efpèce  feroit  bien -tôt  devenue  la  rivale  de  l'homme; 
vivifiée  parl'efprit,  elle  eût  primé  fur  les  autres;  elle 
eût  penfé  ,  elle  eût  parlé:  quelque  reflemblance  qu'il 
y  ait  donc  entre  l'Hottentot  <&.  le  fmge  ,  l'intervalle  qui 
les  fépare  efl;  immenfe,  puifqu'à  l'intérieur  il  eft  rempli 
par  la  penfée  Sl  au  dehors  par  la  parole. 

Qui  pourra  jamais  dire  en  quoi  l'organifation  d'un 
imbécille  difïere  de  celle  d'un  autre  homme!  le  défaut 
efl  certainement  dans  les  organes  matériels ,  puifque 
l'imbécille  a  fon  ame  comme  un  autre  :  or ,  puifque 
d'homme  à  homme  ,  où  tout  eft  entièrement  conforme 
ÔL  parfaitement  femblable  ,  une  différence  fi  petite, 
qu'on  ne  peut  la  faifir,  fuffit  pour  détruire  la  penfée  ou 
l'empêcher  de  naître,  doit- on  s'étonner  qu'elle  nefoit 
jamais  néç  dans  le  fmge  qui  n'en  a  pas  le  principe! 

L'ame 


No  M enclature  des  Si ng es.      33 

L  ame  en  gcncral  a  Ton  action  propre  &i  indépen- 
dante de  la  matière  ;  mais  comme  il  a  plu  à  Ton  divin 
Auteur  de  l'unir  avec  le  corps  ,  l'exercice  de  fcs  actes 
])articuliers  dépend  de  la  conftitution  des  organes  ma- 
tériels :  Si.  cette  dépendance  efl  non -feulement  prouvée 
par  l'exemple  de  l'imbécille  ,  mais  même  démontrée  par 
ceux  du  malade  en  délire,  de  l'homme  en  fanté  qui 
dort,  de  l'enfant  nouveau  né  qui  ne  penfe  pas  encore, 
6c  du  vieillard  décrépit  qui  ne  penfe  plus  :  il  femhle 
même  que  l'eftet  principal  de  l'éducation  foit  moins 
d'inflruire  l'ame  ou  de  perfcdionner  fcs  opérations 
fpirituelles ,  que  de  modifier  les  organes  matériels  ,  6c 
de  leur  procurer  l'état  le  plus  favorable  à  l'exercice  du 
principe  penfant  :  or  il  y  a  deux  éducations  qui  mepa- 
roiffent  devoir  être  foigneufement  diftinguées  ,  parce 
que  leurs  produits  font  fort  différens  ;  l'éducation  de 
l'individu  qui  efl  commune  à  l'homme  <Sc  aux  animaux  , 
6l  l'éducation  de  l'efpèce  qui  n'appartient  qu'à  l'homme: 
un  jeune  animal ,  tant  par  l'incitation  que  par  l'exemple  , 
apprend  en  quelques  femaines  d'àgç.  à  faire  tout  ce  que 
fes  père  <5c  mère  font  ;  il  faut  des  années  à  l'enfant  , 
parce  qu'en  naiffant  il  eil:  fins  comparaifon  beaucoup 
moins  avancé  ,  moins  fort  (Se  moins  formé  que  ne  le 
font  les  petits  animaux  ;  il  l'efl  même  fi  peu  ,  que  dans 
ce  premier  temps  il  efl  nul  pour  l'efprit  relativement  à  ce 
qu'il  doit  être  un  jour:  l'enfant  efl  donc  beaucoup  plus 
lent  que  l'animal    à  recevoir  l'éducation  individuelle  ; 

mais  par  cette  raifon  même  il  devient  fufceptible  de 
Tome  XJK  £ 


34         Histoire  Naturelle, 

celle  de  l'efpèce  ;  les  fecoiirs  multiplies  ,  les  foins 
continuels  qu'exige  pendant  long-temps  Ton  état  de 
foibleiïe ,  entretiennent,  augmentent  l'attachement  des 
pères  (3c  mères  :  Sl  en  foignant  le  corps  ils  cultivent 
l'efprit  ;  le  temps  qu'il  faut  au  premier  pour  fe  fortilier, 
tourne  au  profit  i\u  fécond;  le  commun  des  animaux  eft 
plus  avancé  pour  les  facultés  dw  corps  à  deux  mois  , 
que  l'enfant  ne  peut  l'être  à  deux  ans  :  il  y  a  donc 
douze  fois  plus  de  temps  employé  à  fa  première  édu- 
cation ,  fans  compter  les  fruits  de  celle  qui  fuit,  fans 
confidérer  que  les  animaux  fc détachent  de  leurs  petits, 
dès  qu'ils  les  voient  en  état  de  fe  pourvoir  d'eux-mêmes; 
que  dès-lors  ils  fe  féparentcS:  bien-tôt  ne  fe  connoiffent 
plus;  en  forte  que  tout  attachement ,  toute  éducation 
cciïent  de  très-bonne  heure,  &  dès  le  moment  où  les 
fecours  ne  font  plus  nécefïliires  :  or  ce  temps  d'édu- 
cation étant  (i  court,  le  produit  ne  peut  en  être  que 
très -petit,  6c  il  efl  même  étonnant  que  les  animaux 
acquièrent  en  deux  mois  tout  ce  qui  leur  efl  néceflaire 
pour  l'ufige  du  refle  de  la  vie  ;  <Sc  fi  nous  fuppofions 
qu'un  enfant  dans  ce  même  petit  temps  devînt  affez 
formé,  affez  fort  de  corps ,  pour  quitter  fes  parens  6c 
s'en  féparer  uns  befoin  ,  fans  retour,  y  auroit-il  une 
différence  apparente  6c  fenfible  entre  cet  enfant  6c  l'ani- 
mal! qucl({ue  fpirituels  que  fuffent  les  parens  ,  auroienî- 
ils  pu  dans  ce  court  efpace  de  temps  préparer  ,  modifier 
fes  organes ,  6c  établir  la  moindre  communication  de 
penfées  entre  icinr  ame  6c  la  ficnne  \  pourroient-ils  éyeiUev 


Nomenclature  des  Sinces.     35 

fa  mcnioire ,   ni  la  toucher  par  des  ades  afîez  fouvcn  t 

réitérés  pour  y  faire  imprefTion  l  poiirroient-ils  même 

exercer  ou  dégourdir  l'organe  de  Ja  parole  !  II  faut ,  avant 

que  l'enfant  prononce  un  feul  mot,  que  fon  oreille foit 

mille  Sl  mille  fois  frappée  du  même  fon  ;  <S^  avant  qu'il 

ne  puifTe  l'appliquer  Sl  le  prononcer  à  propos ,  il  faut 

encore  mille  <Sc  mille  fois  lui  préfenter  la  même  com- 

binaifon   du   mot  6c  de  l'objet  auquel    il  a  rapport  : 

l'éducation,  qui  feule  peut  développer  fon  ame,  veut 

donc  être  fuivie  long -temps  Se  toujours  foutenue  ;  ù 

elle  cefToit,  je  ne  dis  pas  à  deux  mois  comme  celle 

des  animaux,  mais  même  à  un  an   d'dgc,   l'ame   de 

Tenfant  qui  n'auroit  rien  reçu  fcroit  fms  exercice ,  6c 

faute  de  mouvement  communique  demeureroit  inactive 

comme  celle  de  l'imbécille,  à  laquelle  le  défaut  des 

organes  empêche  que  rien  ne  foit  tranfmis  ;   6:  à  plus 

forte   raifon ,   fi   l'enfant  étoit  né  dans  l'état  de  pure 

nature  ,   s'il  n'avoit  pour  inflituteur  que  fa  mère  hot- 

tentote,  6c  qu'à  deux  mois  d'âge  il  fût  affcz  formé  de 

corps  pour  fe  paffer  de  fes  foins  6c  s'en  féparer  pour 

toujours,   cet  enfant  ne  feroit-il   pas   au-deffous  de 

l'ijubécille,    6c  quant  à  l'extérieur  tout-à-fait  de  pair 

avec  les  animaux!   mais  dans  ce  même  état  de  nature, 

Ja  première  éducation  ,  l'éducation    de  nécelfité  exigo 

autant  de  temps  que  dans  l'état  civil;  parce  que  dans 

tous  deux,   l'enfant   eft  également  foible  ,  également 

lent  à  croître  ;  que  par  conféquent  il  a  befoin  de   fe- 

cours  pendant  un  temps  égal;  qu'enfin  il  périroit  s'il 

Eij 


36        Histoire  Naturelle, 

ctoit  abandonné  avant  l'âge  de  trois  ans.  Or  cette  ha- 
bitude nccefTaire,  continuelle  &i  commune  entre  la 
mère  6.  l'enfant  pendant  un  fi  long -temps  fuflit  pour 
qu'elle  lui  communique  tout  ce  qu'elle  pofsède  ;  & 
quand  on  voudroit  fuppofer  faufTement  que  cette  mère 
dans  l'état  de  nature  ne  pofsède  rien  ,  pas  même  la 
parole ,  cette  longue  habitude  avec  fon  enfant  ne  fuf- 
hroit-elle  pas  pour  faire  naître  une  langue!  ainfi  cet 
état  de  pure  nature  ,  où  l'on  fuppofe  l'homme  fans 
penfce,  fans  parole  eft  un  état  idéal,  imaginaire  qui 
n'a  jamais  exifté;  la  néceiïité  de  la  longue  habitude 
des  parens  à  l'enfant  produit  la  fociété  au  milieu  du 
défert  ;  la  famille  s'entend  &  par  figncs  &  par  fons ,  Se 
ce  premier  rayon  d'intelligence,  entretenu,  cultivé, 
communiqué  a  fait  enfuite  éclore  tous  les  germes  de 
la  penfée  :  comme  l'habitude  n'a  pu  s'exercer,  fe  fou- 
tenir  fi  long-temps  fms  produire  des  fignes  mutuels  <Sc 
des  fons  réciproques ,  ces  fignes  ou  ces  fons  toujours 
répétés  (Se  gravés  peu  à  peu  dans  la  mémoire  de  l'enfant 
deviennent  des  expreffjons  confiantes;  quelque  courte 
qu'en  foit  la  lifte,  c'eft  une  langue  qui  deviendra  bien- 
tôt plus  étendue,  fi  la  famille  augmente  ,  Si  qui  toujours 
fuivra  dans  fa  marche  tous  les  progrès  de  la  fociété. 
Dès  qu'elle  commence  à  fe  former,  l'éducation  de 
l'enfant  n'efl:  plus  une  éducation  purement  individuelle, 
puifque  fes  parens  lui  communiquent  non -feulement 
ce  qu'ils  tiennent  de  la  Nature  ,  mais  encore  ce  qu'ils 
ont  reçu  de  leurs  aïeyx  &.  de  la  fociété  dont  ils  font 


Nom  ENCLATURE  DES  Si  N  G  ES.         37 

partie  ;  ce  n'efl  plus  une  conimunicalion  fiiite  par  des 
individus  ifolés ,  qui  comme  dans  les  animaux,  fe  bor- 
neroit  à  tranfmettre  leurs  fimples  facultés;  c'efl  une 
inftitution  à  laquelle  i'erpèce  entière  a  part,  &i  dont  le 
produit  fait  la  bafe  6c  le  lien  de  la  focicté. 

Parmi  les  animaux  même,  quoique  tous  dépourvus 
du  principe  penfant ,  ceux  dont  l'éducation  efl  la  plus 
longue  font  aufTi  ceux  qui  paroiffent  avoir  le  plus  d'in- 
telligence; l'éléphant,  qui  de  tous  efl  le  plus  long- 
temps à  croître,  ôl  qui  a  befoin  des  fecours  de  fa  mère 
pendant  toute  la  première  année,  efl  auffi  le  plus  in- 
telligent de  tous  :  le  cochon  d'Inde,  auquel  il  ne  fiut 
que  trois  femaines  (ÏAgc  pour  prendre  tout  fon  accroif- 
fement  &  fe  trouver  en  état  d'engendrer  ,  efl  peut-être 
par  cette  feule  raifon  l'un  des  plus  ftupides;  &  à  l'égard 
dufmge,  dont  il  s'agit  ici  de  décider  la  nature,  quelque 
reffemblant  qu'il  foit  à  l'homme,  il  a  néanmoins  une 
fi  forte  teinture  d'animalité  qu'elle  fe  reconnoit  dès  le 
moment  de  la  naiffance  ;  car  il  efl  à  proportion  plus 
fort  <Sc  plus  formé  que  l'enfant,  il  croît  beaucoup  plus 
vite ,  les  fecours  de  la  mère  ne  lui  font  néceffaires  que 
pendant  les  premiers  mois ,  il  ne  reçoit  qu'une  édu- 
cation purement  individuelle  ,  &.  par  conféquent  aufîx 
ftérile  que  celle  des  autres  animaux. 

Il  efl  donc    animaf ,   &   malgré  fa  reffemblance  à 

l'homme,  bien  loin  d'être  le  fécond  dans  notre  cfpèce, 

il  n'efl  pas  le  premier  dans  l'ordre  desanimaux,  puifqu'il 

n'eft  pas  le  plus  intelligent;  c'ed  yniquement  fiir  ce 

£  iij 


38        Histoire   Natu relle. 

rapport  de  refTemblance  corporelfc  qu'efl  appuyé  le 
préjugé  de  la  grande  opinion  qu'on  s'efl  formée  des 
facultés  du  finge  ;  il  nous  reffemble,  a-t-on  dit,  tant  à 
l'extérieur  qu'à  l'intérieur;  il  doit  donc  non-feulement 
nous  imiter,  mais  faire  encore  de  lui-même  tout  ce 
que  nous  faifons.  On  vient  de  voir  que  toutes  les 
allions  qu'on  doit  appeller  humaines ,  font  relatives  à  la 
fociété  ,  qu'elles  dépendent  d'abord  de  l'ame  &  cnfuite 
de  l'éducation  dont  le  principe  pliyfique  efl  la  néceffité 
de  la  longue  habitude  des  parens  à  l'enfant;  que  dans 
le  fmge  cette  habitude  efl  fort  courte,  qu'jl  ne  reçoit 
comme  les  autres  animaux  qu'une  éducation  purement 
individuelle ,  <Sc  qu'il  n'ell  pas  même  fufceptible  de 
celle  de  l'efpèce  ;  par  conféquent  il  ne  peut  rien  faire 
de  tout  ce  que  l'homme  fait ,  puifqu 'aucune  de  fes 
allions  n'a  le  mcme  principe  ni  la  même  fin  ;  &  à 
l'égard  de  l'imitation  qui  paroît  être  le  caradlère  le 
plus  marqué,  l'attribut  le  plus  frappant  de  l'efpèce  du 
finge,  <Sc  que  le  vulgaire  lui  accorde  comme  un  talent 
unique  ,  il  faut  avant  de  décider ,  examiner  fi  cette 
imitation  efl:  libre  ou  forcée  :  le  finge  nous  imite-t-il, 
parce  qu'il  le  veut,  ou  ])ien  parce  que  fins  le  vouloir 
il  le  peut  !  j'en  appelle  fur  cela  volontiers  à  tous  ceux 
qui  ont  obfervé  cet  animal  fans  prévention ,  6c  je  fuis 
convaincu  qu'ils  diront  avec  moi,  qu'il  n'y  a  rien  de 
libre  ,  rien  de  volontaire  dans  cette  imitation  ;  le  finge 
ayant  des  bras  6c  des  mains  s'en  fert  comme  nous, 
inais  fins  fonger  à  nous  :   la  fimilitude  des  membres 


Nomenclature  des  Singes.      39 

Se  des  organes  produit  ncceflairejnent  des  mouvcnicns 
&.  quelquefois  nicme  des  fuites  de  mouvemens  qui  rcf- 
femblent  aux  nôtres;  étant  conformé  comme  l'homme, 
le  finge  ne  peut  que  fe  mouvoir  comme  lui  ;  mais  fe 
mouvoir  de  mcme  n'eft  pas  agir  pour  imiter  :  qu'on 
donne  à  deux  corps  bruts  la  même  impulfion;  qu'on 
conftruife  deux  pendules,  deux  machines  pareilles,  elles 
fe  mouveront  de  mcme,  ô.  l'on  auroit  tort  de  dire  que 
ces  corps  bruts  ou  ces  machines  ne  fe  meuvent  ainfr 
que  pour  s'imiter;  il  en  efl  de  même  du  fm^-e  relati- 
vement  au  corps  de  l'homme,  ce  font  deux  machines 
conflruites,  organifécs  de  mcme,  qui  par  néce/Tité  de 
nature  fe  meuvent  à  très-peu  près  de  la  même  façon  : 
néanmoins  parité  n'efl  pas  imitation;  l'une  gît  dans  la 
matière  6c  l'autre  n'exifte  que  par  l'efprit  ;  l'imitation 
fuppofe  le  deffein  d'imiter;  le  fmge  efl  incapable  de 
former  ce  deflein,  qui  demande  une  fuite  de  penfées , 
ôi.  par  cette  raifon  l'homme  ])eut,  s'il  le  veut,  imiter  le 
fmge ,  &  le  fmge  ne  peut  pas  même  vouloir  imiter 
l'iiomme. 

Et  cette  parité  qui  n'efl  que  le  phyfique  de  l'imi- 
tation ,  n'efl  pas  auffi  complète  ici  que  la  fmiilitude, 
dont  cependant  elle  émane  comme  effet  immédiat;  le 
fmge  reffemble  plus  à  l'homme  par  le  corps  <5c  les 
membres  que  par  l'ufage  qu'il  en  fliit;  en  l'obfcrvant 
avec  quelqu'attention  on  s'apercevra  aifémcnt  que 
tous  fcs  mouvemens  font  brufques,  intermittens,  pré- 
cipités; ôi  que  pour  les  comparer  à  ceux  de  l'homme^ 


40         Histoire  Naturelle, 

il  fhiicfroit  leur  fiippofcr  une  autre  échelle  ou  plutôt  un 
module  différent  :  toutes  les  adions  du  finge  tiennent 
de  fon  éducation  qui  eil  purement  animale  ,  elles  nous 
paroilfent   ridicules  ,    inconlcquentes  ,    extravagantes , 
parce  que  nous   nous  trompons  d'échelle  en  les  rap- 
portant à  nous,  6c  que  l'unité  qui  doit  leur  fervir  de 
mefurc  efl  trcs-diffcrente  de  la  nôtre  :  comme  fa  nature 
efl  vive,  fon  tempérament  chaud,  fon  naturel  pétulant, 
qu'aucune  de  fes  aiieétions  n'a  été  mitigée  par  l'édu- 
cation ;  toutes  fes  habitudes  font  exceffives  <Sc  reffem- 
Lient  beaucoup  plus  aux   mouvemens   d'un  maniaque 
qu'aux  aétions  d'un   homme  ou    même   d'un   animal 
tranquille  :  c'efl  par  la  même  raifon  que  nous  le  trou- 
vons indocile  ,  <Sc  qu'il  reçoit  difficilement  les  habitudes 
qu'on  voudroit  lui    tranfmettre  :   il   efl  infenhble  aux 
carcffes  6c  n'obéit  qu'au  châtiment  ;  on   peut  le  tenir 
en  captivité ,  mais   non  pas  en  domefticité  ;  toujours 
trifle  ourevéche,  toujours  répugnant,  grimaçant,  on 
le  dompte  plutôt  qu'on  ne  le  prive  :  auffi  l'efpèce  n'a 
jamais  été  domeftique   nulle  part  ;  6c  par  ce  rapport, 
il  efl  encore  plus  éloigné  de  l'homme  que  la  plupart 
des  animaux  :    car  la  docilité  fuppofe  quelqu'analogie 
entre  celui  qui  donne  6c  celui   qu''  reçoit,    c'efl   une 
qualité  relative  qui  ne  peut   être  exercée  que  lorfqu'il 
fe  trouve  des  deux  parts  un  certain  nombre  de  facultés 
communes ,  qui  ne  différent  entr'elles  que  parce  qu'elles 
font  aélives  dans  le  maître  6c  paffives  dans  le  fujet.  Or 
je  pffif  du  fmge,  a  moins  de  rapport  avec  l'adif  de 

l'homme , 


Nomenclature  des  Singes.      41 

l'homme,  que  le  pafTif  du  chien  ou  de  l'clcphant  qu'il 
fuffit  de  bien  traiter  pour  leur  communiquer  les  fcnti- 
mcns  doux  &  même  déhcats  de  l'attachement  fidèle , 
de  robcifïïince  volontaire,  du  Icrvice  gratuit  &  du  dé- 
vouement fans  rélerve. 

Le  fmge  efl  donc  plus  loin  de  l'homme  que  la  plupart 
des  autres  animaux  par  les  qualités  relatives  :  il  en  diffère 
aufTi  beaucoup  par  le  tempérament  ;  l'homme  peut 
habiter  tous  les  climats;  il  vit  ,  il  multiplie  dans  ceux 
du  Nord  (Se  dans  ceux  du  Midi  ;  le  finge  a  de  la  peine 
à  vivre  dans  les  contrées  tempérées ,  <Sc  ne  peut  multi- 
plier que  dans  les  pays  les  plus  chauds  :  cette  différence 
dans  le  tempérament  en  fuppofe  d'autres  dans  l'orga- 
nifation  ,  qui  ,  quoique  cachées ,  n'en  font  pas  moins 
réelles;  elle  doit  auffi  influer  beaucoup  fur  le  naturel; 
l'excès  de  chaleur  qui  eft  néceffaire  à  la  pleine  vie  de 
cet  animal  rend  exceffives  toutes  fes  affeélions  ,  toutes 
fes  qualités  ;  6c  il  ne  faut  pas  chercher  une  autre  caufe 
à  fa  pétulance  ,  à  fa  lubricité  6c  à  fes  autres  pafflons  , 
qui  toutes  nous  paroiffent  auffi  violentes  que  défor- 
données. 

Ainficefmge,  quelesPhilofophes,  avec  le  vulgaire, 
ont  reirardé  comme  un  être  difficile  à  définir  ,  dont 
ia  nature  étoit  au  moins  équivoque  6c  moyenne  entre 
celle  de  l'homme  6c  celle  des  animaux,  n'efl  dans  la 
vérité  qu'un  pur  animal,  portant  à  l'extérieur  un  mafqiie 
de  figure  humaine,  mais  dénué  à  l'intérieur  de  lapenfée 
6c  de  tout  ce  qui  fait  l'homme  ;  un  animal  au-dcflbus 
Tome  XIK  F 


42      Histoire  Natu belle ,  ère. 

de  j)liirieurs  autres  par  les  facultés  relatives  ,  <5c  encore 
effentiellement  différent  de  l'homme  par  le  naturel,  par 
Je  tempérament  ôl  auffi  par  la  mefure  du  temps  nécef- 
faire  à  l'éducation  ,  à  la  geflation ,  à  l'accroiffement  du 
corps,  à  la  durée  de  la  vie ,  c'eft-à-dire^  par  toutes  les 
habitudes  réelles  (jui  conftituent  ce  qu'on  appelle  nature 
dans  un  être  particulier. 


^-.f^<^^^^j\ 


ifi^-p 


43 

LES  ORANG-OUTANGS, 

ou   LE  PONGO*  ET   LE  JOCKO**. 


N 


ou  s  préfentons  ces  deux  animaux  enfeinble  ,  parce 
qu'il  fe  peut  qu'ils  ne  fadent  tous  deux  qu'une  feule  <Sc 

*  Orang-outang,  nom  de  cet  animal  aux  Indes  orientales;  Pongo  , 
nom  de  ce  même  animal  à  Lowando ,  province  de  Congo  ;  Kukurlacko 
dans  quelques  endroits  des  Indes  orientales ,  félon  Kjoep  ,  chap,  86 , 
•cité  par  Linnaeus. 

Homo  filvejlris.  Orang-outang.  Bontius,  pag.  S ^  ,  fg.  \h\d.  Nota. 
Cette  figure  reprefente  plutôt  une  femme  qu'une  femelle  de  finge. 

Satyri  fihejlres.  Orang-outang  diéli.  Icônes  arborum ut  &  ani- 

malium.  Lugd.  Bat.  apud.  Vanderaa.  Tab.  antcpenult.  duœfgurœ. 

Troglodites.  Homo  noélurnus.  Linn.   Syjf.  nat.  edit.  X  ,  pag.  24. 

Ooran-outan.  Capt.  Bealcmans  Travel  10  Bornéo.   London ,  lyiS, 

fg' 

Oerantrs-oetangs,  de  Ceyïan.  Voyages  de  Gauthier  Schoutten  aux  Indes 

trientales.  AmJIerdam ,    J  7  0  y. 

Drill ,  félon  Charleton.  Exerc'it.  pag.  i  6. 

■Smïtten  ,  fclon  Bofman.  Voyage  de  Guinée,  page  y iS. 

Barris ,  félon  plufieurs  Voyageurs. 

Pongo ,  félon  Battel ,  PurchafF  &  autres. 

*  ♦  Jocho.  Enjocko ,  nom  de  cet  animal  à  Congo  que  nous  avons 
ndopté.  En,  efl  l'article  que  nous  avons  retranchtf.  \J Enpakajfa  de 
Congo  s'appelle  Pacajfa  ou  Pacajfe,  &  par  conféquent  on  doit 
appeler  ï  Enjocko,  Jocko.  ^^r/j  en  Guinée  félon  Fr.  Pyx2ixd ,  page  ^  6  ^, 
&  aufTj  félon  le  P.  du  Jarric.  Champaniçe ,  QuimpeTje ,  par  les  Anglors 
qui  fréquentent  la  côte  d'Angole  ;  on  l'a  aulli  appelé  Homme  fauvage; 
Homme  des  bois ,  comme  le  Pongo  ;  d'.iutres  l'ont  nommé  Pigmée  de 
Cuinée.  Quojafmoras,  dans  quelques  endroits  de  l'Afrique,  félon  Dapper. 

Fij 


44-        Histoire  Naturelle 

même  efpèce.  Ce  font  de  tous  les  fingcs  ceux  qui 
refTeniblent  le  plus  à  l'homme  ,  ceux  qui  par  conréqucnt 
font  les  plus  clignes  d'être  obfervés  ;  nous  avons  vu  ie 
petit  orang-outang  ou  lejocko  vivant,  <Sc  nous  en  avons 
confervé  les  dépouilles  ;  mais  nous  ne  pouvons  parler 
du])ongo  ou  grand  orang-outang,  que  d'après  les  rela- 
tions des  Voyageurs  :  fi  elles  ctoient  fidèles  ,  fi  fouvent 
elles  n'étoient  pas  obfcures ,  fautives ,  exagérées,  nous  ne 
douterions  pas  qu'il  ne  fût  d'une  autre  efpèce  que  le 
jocko  ,  d'une  efpèce  plus  parfaite  &  plus  voifine  encore 
de  l'efpèce  de  l'homme.  Bontius  qui  étoit  Médecin  en 
chef  à  Batavia,  &  qui  nous  a  lailfé  de  bonnes  obfcr- 
vations  fur  l'Hiftoire  naturelle  de  cette  partie  des  Indes  , 
dit  expreiïement  *  qu'il  a  vu  avec  admiration  quelques 

Qucjûvoran ,  Qulnomomu ,  Quoîafmorron ,  félon  d'autres  ;  Schago  ou  le 
Sauvage^  par  les  Portugais. 

Satyrus  Indkus.  Tulpius.  Ohferv.  Med.  lib.  III  ,  cap.  lvi,  fig.  ïbid. 
Homo  fdvejlris ,   Our^^ng  -  outang.  T y  ion  ,    Amtomy    of  a°P,Vm/>. 
London,   i  699  ,  fig.  png.  108. 

Baris  five  Barris.  Pygmeus  Gmneenfis  ,  Chimpanrce  Anglis.  Defcrip. 
of  fome  curious  créatures  ,  &c.  London  ,   171  p  ,  in-S."  fg. 

Theman  ofthe  Woods.  Edwards  Gleaiiings.  London,  lys'^S.  mo  6 
fig.  ihid.  yj    '  t"  a-    • 

Satyrus  JJmia  ecmdata  fultus  nuda.  Linn.  SyJÎ.  nat.  edit.  X ,  pag.  2  5 . 

Smia  ungmbus  omnibus,  planis  &  rotundads  ,  cœfarie  faciem  cin- 
gente. . . .  Homo  fdvejlris ,  \  Homme  des  bois.  Rrifl:  Reg.  anim.  pag.  189. 

*  Ciuod  meretur  admirationem ,  vidi  ego  aliquot  ulriufque  fexûs  ereâè 
încedentes  imprimis  ( cujus  effigiem  hic  exhibée)  fatyram  femellam  tantâ 
yerecundiâ  ab  ignoûsféi  hominibus  acculent em ,  tum  quoque  faciem  manibus 
(hceat  ita  dicere  J  tegentem ,  ubertimque  lacrymantm ,  gcmiius  cientcm 


DES  OrAngs-Outangs,  ifc.       4^ 

individus  de  cette  efpèce  marchant  dehoiit  fur  leurs 
pieds ,  éc  entr'autres  une  femelle  (  dont  il  donne  la 
figure  )  ({ui  fembloit  avoir  de  la  pudeur,  qui  fe  couvroit 
de  fa  main  à  l'afped  des  hommes  qu'elle  neconnoiffoic 
pas ,  qui  pleuroit,  gémiffoit  6c  faifoit  les  autres  adions 
humaines  ,  de  manière  qu'il  fembloit  que  rien  ne  lui 
manquât  que  la  parole.  M.  Linnaeus  *  dit  d'après  Kjoep 
6c  quelques  autres  Voyageurs  ,  que  cette  faculté  même 
ne  manque  pas  à  l'orang-outang,  qu'il  pcnfe ,  qu'il 
parle  6c  s'exprime  en  fifflant  ;  il  ra})pcllc  homme  iwâiime , 
Si  en  donne  en  même  temps  une  defcription  ,  par  la- 
quelle il  ne  feroit  guère  poffible  de  décider  fi  c'efl  un 
animal  ou  un  homme.  Seulement  on  doit  remarquer  que 
cet  être,  quel  qu'il  foit ,  n'a  félon  lui  que  la  moitié  de 
la  hauteur  de  l'homme;  6c  comme  Bontius  ne  fait  nulle 
mention  de  la  grandeur  de  fon  orang-outang,  on  pourroit 
penferavec  M.  LinUcTus  que  c'efl  le  même  :  mais  alors 
cet  orang-outang  de  Linnceus  6c  de  Bontius  ne  feroit  pas 

df  cœteros  humanos  aâus  exprimentem ,  vt  n'ihil  humanî  ei  deeffe  diceres 

prœter  loquelam Nomen   ei  inJunt  Ourang-outang  {juod  hominem 

Jdvœ [ignïjïcat.  Jac.  Bout.  H'ijl.  nat.  Ind.  cap.  XXXII ,  pag.  84 &  85. 

*  Homo  noâurnus.  Homo  filvejîris  Orang-outang  Bontii.  Corpus  album , 
înce(fu  ereâiim  ,  nojlro  dimidto  minus ,  pUi  albi  contortuplicati ,  oculi  orhicu- 
lati ,  iridi  pupûlaque  aurea.  Palpebrœ  antice  incumbentes  cum  membrana 
mélilanie.  Vifus  lateralis,  noâurnus.  yEtas  viginîi  quinque  annorum.  Die 
cœcutit,  latet  ;  noélu  videt ,  exit,  furatur.  Loquiiur  fibilo,  cogiiat ,  crédit 
fui  causa  fadani  tellurein  ,  le  aliquando  iteruiii  fore  imperantem  ,  Jî 
fdes  peregrinatoribus. . .  Habitat  in  JavŒ ,  Amboinœ ,  Ternatœ  fpduncis. 
\l\\ï\.Syjt,  nat,  edit.  X,  pag.  24. 

Fiij 


46        Histoire    Naturelle 

le  véritable  qui  efl  Je  la  taille  des  plus  grands  hommes  ; 
ce  ne  feroit  pas  non  plus  celui  que  nous  appelons/^<r^«7 
<Sc  que  j'ai  vu  vivant  :  car,  quoiqu'il  Toit  de  la  taille  que 
M.  Linnsus  donne  au  fien ,  il  en  diffère  néanmoms 
par  tous  les  autres  caradères.    Je  puisaiïlircr,  l'ayant 
vu  plufieurs  fois,  que  non-feulement  il  ne  parle  ni  ne 
fiftie  pour  s'exprimer ,  mais  même  qu'il  ne  fait  rien  (\u\m 
chien  bien  inftruit  ne  put  faire  :    ôl  d'ailleurs  il  diffère 
prefqu'en  tout  de  la  defcription  que  M.  LinUcTus  donne 
de  l'orang-outang ,  <Sc  fe  rapporte  beaucoup  mieux  à  celle 
(lufa/j'nis  de  ce  même  Auteur:  je  doute  donc  beau- 
coup de  la  vérité  de  la  defcription  de  cet  lioîwne  noc^ 
turne  ;  je  doute  même  de  fon  exiflence  ,  à.  c'efl  proba- 
blement  un   Nègre  blanc  ,    un   chacrclas  "^    que  les 
Voyageurs  ,  cités  par  M.  Linnseus,  auront  mal  vu  <5c 
mal  décrit.    Car  ces  chacrelas   ont  en   effet,   comme 
X homme  nodurne  de  cet  Auteur ,  les  cheveux  blancs  , 
laineux  <&.  frifés  ,  les  yeux  rouges  ,  la  vue  foible  ,  <S:c. 
Mais  ce  font  des  hommes  ,  <Sc  ces  hommes  ne  fifflent 
pas  d>L  ne  font  pas  des  pigmées  de  trente  pouces  de 
hauteur;  ils  penfent,  parlent  &  agiiïent  comme  les  autres 
hommes  ,  à.  font  auffi  de  la  même  grandeur. 

En  écartant  donc  cet  être  mal  décrit ,  en  fuppofant 
auffi  un  peu  d'exagération  dans  le  récit  de  Bontius ,  un 
peu  de  préjugé  dans  ce  qu'il  raconte  de  la  pudeur  de 

*  Voyez  ce  cjue  nou5  avons  dit  de  cette  race  d'hommes  dans  notre 
Difcours  fur  les  variétés  de  l'elpèce  humaine.  Volume  111  de  cette 
jHiJloire  naturelle. 


DUS  Orancs-Outancs ,i/c.         47 

fa  femelle  orang-outang  ,  il  ne  nous  refiera  qu'un 
animal ,  un  fmge  ,  dont  nous  trouvons  ailleurs  des 
indications  plus  précifes.  Edward  Tyfon  *  ,  célèbre 
Anatomifle  Anglois  ,  qui  a  fait  une  très- bonne  def- 
cnption  ,  tant  des  parties  extérieures  qu'intérieures  de 
l'orang-outang  ,  dit  qu'il  y  en  a  de  deux  efpèces ,  &: 
que  celui  qu'il  décrit  n'eft  pas  fi  grand  que  l'autre 
appelé  bmris  ''  ou  haris  par  les  Voyageurs  ,  &.  vulgai- 
rement drill  parles  Anglois.  Ce  barris  ou  dr'ill t^  en 
effet  le  grand  orang-outang  des  Indes  orientales  ou  le 
pongo  de  Guinée,  <Sc  le  pigmée  décrit  par  Tyfon  c(l 
le  jocko  que  nous  avons  vu  vivant.  Le  Philofophe 
Gaffendi  ayant  avancé,  fur  le  rapport  d'un  Voyageur 
nommé  S!  AmmiJ ,  qu'il  y  avoit  dans  l'ile  de  Java 
une  efpèce  de  créature  qui  faifoit  la  nuance  entre 
i'homme  &.  le  fmge  ,  on  n'héfita  pas  à  nier  le  fait  : 
pour  le  prouver  ,  Peircfc  produifit  une  lettre  d'un 
M.  Noël  fNatdlis  )  Médecin  qui  demeuroit  en  Afrique, 
par  laquelle  il  affure"  qu'on  trouve  en  Guinée  de  très- 

'The  anatomy  of  a  Pygmie.  London ,  i^pp  ,  în-jf..' 

^  The  Baris  or  Barris,  Which  tliey  defcribe  to  be  much  taller  ihnn 

our  animal,  probably  niay  be  what  we  call  a  Dril/.TyCon ,  anat,  of 

a  pygfriie ,  pag.  i . 

'^  Smt  in  Guineâ  fimiœ  ,  barhâ  procerâ  cnnàque   &  pexâ  propemodum 

venerabiles,  in cedunt  lente  ac  videntur  prœ  cœteris  faperc  ;  maximi  faut  ù* 

Barris  dicuntur  ;  pollent  maxime  judicio,  femel  dumtaxat  quidpiam  docendî. 

Vejle  induti  Ulico  bipèdes  incedunt,    Scitè  ludunt  fjlulâ ,    cytharâ   aliifqus 

id  genus Fœminœ  denique  in  m  patiuntur  mcnjîrua  ,  &  mares  mU" 

lierum  funt  appeîcntijfimi^  GafTciidi,  iib,  V. 


48        Histoire  Natu relle 

grands   finges  appelés  hanis ,    qui  marclient  fur  Jeux 

pieds,  qui  ont  plus  de  gravité  <Sc  beaucoup  plus  d'in- 

telli^^ence  que  tous  les  autres  finges  ,   Sl  qui  font  <rès- 

ardens  pour   les  femmes.  Darcos ,  Si  enfuite  Nierem- 

berg  ^  &  Dapper  ^  difent  à  peu  près  les  mêmes  cliofes 

du  barris.    Battel  '^  l'appelle  poiigo ,  &  affure^c  qu'il  eft 

«  dans  toutes  fes  proportions  femblable  à  l'homme  ,  feu- 

«  lement  qu'il  eft  plus  grand  ;  grand  ,  dit-il  ,  comme  un 

»  géant;  qu'il  a  la  face  comme  l'homme  ,  les  yeux  en- 

»  foncés  ,  de  longs  cheveux  aux  côtés  de  la  tcte ,  le  vifige 

5>  nu  &  fans  poil  ,  aulfi-bien  que  les  oreilles  &  les  mains; 

»  le  corps  légèrement  velu  ,  6c  qu'il  ne  diffère  de  l'homme 

>)  à  l'extérieur  que  par  les  jambes  ,  parce  qu'il  n'a  que  peu 

»  ou  point  de  mollets  ;  que  cependant  il  marche  toujours 

»  debout  ;  qu'il  dort  fur  les  arbres  6c  fe  conflruit  une  hutte, 

un  a!)ri  contre  le  foleil  (5c  la  pluie  ;  qu'il  vit  de  fruits  6c 

ne  mange  point  de  chair  ;  qu'il  ne  peut  parler,  quoiqu'il 

5)  ait  plus  d'entendement    que  les  autres  animaux  ;    que 

»  quand  les  Nègres  font  du  feu  dans  les  bois ,  ces  pongos 

5>  viennent  s'affeoir  autour  6c  fe  chauffer,  mais  qu'ils  n'ont 

pas  allez  d'efprit  pour  entretenir  le  feu  en  y  mettant 

du  bois  ;  qu'ils  vont  de  compagnie,  &  tuent  quelquefois 

«  des  Nègres  dans  les  lieux  écartés  ;  qu'ils  attaquent  même 

5>  l'éléphant ,   qu'ils  le  frappent  à  coups  de  bâton  6c  le 

"  Nieremberg.  Hijl.  nat.  Peregr.  lib.  IX  ,  cap.  44  &  45. 
^  Defcripiion  de  l'Afrique  ,  par  Dapper  ,  page  ^^p. 
'^  Purchaff  Pilgr'ms ,  part,  II,  lib.  VII,  cliap.  m.  H'ijloïre  génévAÎe 
des  voyages ,  tome  V,  pag^  8p. 

chaffcnt 


» 


» 


3) 


» 


DES    0  RAN  GS-OUT  AN  G  S  ,  ira         49 

chaiïent  de  leurs  bois  ;   qu'on   ne    peut  prendre   ces  « 
pongos  vivans  ,    parce  qu'ils   font  fi  forts  ,    que  dix  :c 
hommes  ne  fuffiroient  pas  pour  en  dompter  un  fcul;  « 
qu'on   ne  peut  donc  attraper  que  les  petits  tout  jeunes;  « 
que   la  mère  les  porte  marchant  debout,  <5c  qu'ils  fe  k 
tiennent  attachés    à  fon  corps  avec  les  mains   <S:  les  « 
genoux;    qu'il  y  a  deux  efpèces    de  ces  finges  très-  c« 
reffemblans  à  l'homme  ,  le  pongo  qui  eft  auiïi  grand  &  « 
plus  gros  qu'un  homme,  oc  l'enjocko  qui  efl  beaucoup  « 
plus  petit ,  6vc.  »  :  c'eft  de  ce  paffage  très -précis  que 
j'ai   tiré    les   noms    de  poîigo   6l  de  jocko.    Battel  dit 
encore  que  lorfju'un  de  ces  animaux  meurt,  les  autres 
couvrent  fon  corps  d'un  amas  de  branches  <Sc  de  feuil- 
lages. Purcbaff  ajoute  en  forme  de  note,  que  dans  les 
converfations  qu'il  avoit  eues  avec  Battel ,  il  avoit  appris 
de  lui  qu'un  pongo  lui  enleva  un  petit  Nègre  qui  pafîa 
un  an  entier  dans  la  fociété  de  ces  animaux  ;  qu'à  fon 
retour,  ce  petit  Nègre  raconta  qu'ils  ne  lui  avoient  fait 
aucun  mai;  que  communément  ils  étoient  de  labauteur 
de  l'homme ,  mais  qu'ils  font  plus  gros ,   ôl  qu'ils  ont 
à  peu  près  le  double  du  volume  d'un  homme  ordinaire. 
Jobfon  affure  avoir  vu  dans  les  endroits  fréquentés  par 
ces  animaux  une  forte  d'habitation  compofée  de  bran- 
ches entrelaffées ,  qui  pouvoient  fervir  du  moins  à  les 
garantir  de  l'ardeur  du  foleil  ^  «  Les  fmges  de  Guinée  , 
dit  (  Bofman  ^'  )  que  l'on  appelle  y?/w/^;z  en  Flamand  ,  <% 

•  Hifloire  générale  des  Voyages ,  tome  111 ,  page  2p  J. 

*  Voyage  de  Guiiiée  ,  par  Bofman  ,  page  2^  8. 

Tome  XIV,  G 


50         Histoire   Natu relle 

font  de  couleur  fauve  ,    Sl   deviennent  extrêmement 
grands  :  j'en  ai  vu  ,  ajoute-t-il ,  un  de  mes  propres  yeux 

qui  avoit  cinq  pieds  de  Iiaut Ces  fmges  ont  une 

affez  vilaine  figure,  auffi-bien  que  ceux  d'une  féconde 
efpèce  qui  leur  reffemblent  en  tout  ,  fi  ce  n'efl  que 
quatre  de  ceux-ci  feroient  à  peine  auffi  gros  qvi'un  de 
la  première  efpèce. .  . .  On  peut  leur  a])prendre  prcfque 
tout  ce  que  l'on  veut».  Gauthier  Schoutten  *  dit  «  que 
les  fmges  appelés  par  les  îndicr^  oraug-  outang^s ,  font 
prefque  de  la  même  figure  (Se  de  la  même  grandeur  que 
les  hommes ,  mais  qu'ils  ont  le  dos  <S^  les  reins  tous 
couverts  de  poil ,  fans  en  avoir  néanmoins  au-devant  du 
corps  ;  que  les  femelles  ont  i}.<i\\x  groffes  mamelles  ; 
que  tous  ont  le  vifage  rude,  le  nez  plat,  même  en- 
fonce, les  oreilles  comme  les  hommes;  qu'ils  font 
robufles  ,  agiles  ,  hardis,  qu'ils  fe  mettent  en  défenfc 
contre  les  hommes  armés  ,  qu'ils  font  paffionnés  pour 
les  femmes  ;  qu'il  n'y  a  point  de  fureté  pour  elles  à  paffer 
dans  les  hois,  où  elles  fe  trouvent  tout  d'un  coup  atta- 
quées (3c  violées  par  ces  finges  »  .  Dampier  ,  Froger  (Se 
d'autres  Voyageurs  affurent  qu'ils  enlèvent  des  petites 
filles  de  huit  ou  dix  ans  ,  qu'ils  les  em.portentau-deffus 
des  arbres  (Se  qu'on  a  mille  peines  à  les  leur  ôter.  Nous 
pouvons  ajouter  à  tous  ces  témoignages  celui  de  jM.  de 
la  Broffe,  qui  a  écrit  fon  voyage  à  la  côte  d' Angola 
en  1-738,  (Se  dont  on  nous  a  communiqué  l'extrait  :  ce 
Voyageur  aiïlire  que  *  les  orangs-outangs  qu'il  appelle 
*  Voyage  de  Gaut.  Scliouuen.  Amjlerdam,  Jyoy,  in-J2, 


ce 


-  u 


DES    0  RANGS-OUT  ANGS  ,  dfc.         5I 

quwtpezés  ,  tâchent  de  furprendrc  des  Nègreiïes  ;  qu'ils  « 

les  gardent  avec  eux  pour  en  jouir;  qu'ils  les  nourrifîcnt  « 

très-bien:  j'ai  connu  ,  dit-il,  àLowango  une  NègrefTe  « 

qui  étoit  refiée  trois  ans  avec  ces  animaux;  ils  croifTent  « 

de  fix  à  fept  pieds  de  haut  ;  ils  font  d'une  force  (ans  « 

égale;  ils  cabanent  (Se  fe  fervent  de  biUons  pourfe  de-  <c 

fendre;  ils  ont  la  face  plate  ,    le  nez  camus  <Sc  épaté,  « 

les  oreilles  plates  fans  bourrelet ,  la  peau   un  peu  plus  ^c 

claire  que  celle  d'un  mulâtre,  un  poil  long  &  clair-femé  '^ 

dans  plufieurs  parties  du  corps ,  le  ventre  extrêmement 

tendu  ,  les  talons  plats  <?c  élevés  d'un  demi -pouce  en 

viron  par-derrière;  ils  marchent  fur  leurs  deux  pieds  ,  *^ 

<5c  fur  les  quatre  quand  ils  en  ont  la  fantaifie  :   nous  en  " 

achetâmes  deux  jeunes  ,    un  mâle   qui  avoit  quatorze  '' 

lunes  ,  &.  une  femelle   qui  n'avoit   que  douze  lunes  « 

à^Agç. ,  (Sec.  » 

Voilà  ce  que  nous  avons  trouvé  de  plus  précis  &.  de 

plus  certain    au  fujet  du  grand  oran^-oiitang  ou  pon^o  ; 

&  comme  la  grandeur  eft  le  feul  caractère  bien  marqué, 

par  lequel  il  diffère  du  jocko,  je  perfifle  à  croire  qu'ils 

font  de  la  même  efpèce  ;  car  il  y  a  ici  deux  chofes  pof 

fibles  :  la  première,  que  le  jocko  foit  une  variété  conf- 

tante  ,  c'eft-à-dire ,  une  race  beaucoup  plus  petite  que 

celle  du  pongo  ;  à  la  vérité  ils  font  tous  deux  du  même 

climat;  ils  vivent  de  la  même  façon  ,  &  devroient  par 

conféquent  fe  reffembler  en  tout  puifqu'ils  fubiffent  (Se 

reçoivent  également  les  mêmes  altérations ,  les  mêmes 

influences  de  la  terre  6l  du  ciel  ;   mais  n'avons  -nous 

Gi; 


52        Histoire  Naturelle 

pas  clans  rcfpècc  humaine  un  exemple  de  variété  feni- 
hlablc  \  le  Lappon  <Scle  Finlanclois  fous  le  même  climat 
diffèrent  entr'eux  prefqii'autant  par  la  taille  Si  beaucoup 
plus  pour  les  autres  attributs  ,  ([ue  \e;ocko  ou  petit  orang- 
oiitans,  nedifîèredu  grand.  La  féconde  chofe  poffible  , 
c'efl  que  le  jocko  ou  petit  orang-outang  que  nous  avons 
vu  vivant,  celui    de  Tulpius,    celui  de  Tyfon  6c  les 
autres  qu'on  a  tranfportés  en  Europe  ,  n'étoient  peut-être 
tous  que  de  jeunes  animaux   qui  n'avoient  encore  pris 
qu'une  partie  de  leur  accroiffement.   Celui  que  j'ai  vu 
avoit  près  de  deux  pieds  cSc  demi  de  hauteur.   Le  fieur 
Nonfoux  auquel  il  appartenoit ,  m'affura   qu'il   n'avoit 
que  deux  ans  :  il  auroit  donc  pu  parvenir  à  plus  de  cinq 
pieds  de  hauteur  s'il  eut  vécu  ,  en  fuppofant  fon  accroif- 
fement proportionnel  à  celui   de  l'homme.    L'orang- 
outang  de  Tyfon  étoit  encore  plus  jeune  ,  car  il  n'avoic 
qu'environ  deux  pieds  de  hauteur  ,  <Sc  fes  dents  n'étoient 
pas  entièrement  formées.   Celui  de  Tulpius  étoit  à  peu 
près  de  la  grandeur  de   celui   que  j'ai    vu  ;  il    en   efl 
de  même  de  celui  qui   ell  gravé   dans    les  Glanures 
de  M.  Edwards:  il   efl  donc  très -probable  que  ces 
jeunes  animaux  auroient  pris  avec   l'âge  un  accroiffe- 
ment confidérable,   <S(  que  s'ils  euffent  été  en  liberté 
dans  leur  climat,  ils  auroient  acquis  la  même  hauteur , 
les  mêmes  dimenfions  que  les  Voyageurs  donnent   à 
leur  grand  orang-outang  ;  ainfi  nous  ne  confidérerons 
plus   ces   deux   animaux    comme    différens  entr'eux  , 
mais  comme  ne  faifant  qu'une  feule  <&.  même  efpèce. 


DES  Orancs-Outangs,  i/c,       5î 

en  attendant  que  des  connoiffances  plus  précifes  de- 
truifent  ou  confirment  cette  opinion  qui  nous  paroil 
fondée. 

L'orang-outang  que  j'ai  vu  marchoit  toujours  debout 
fur  fesdeux  pieds ,  même  en  portant  des  chofes  lourdes  ; 
fon  air  étoit  affez  trille  ,  fa  démarche  grave,  fes  mou- 
vemens  mefurés  ,  fon  naturel  doux  <5c  très-différent  de 
celui  des  autres  fmges  ;  il  n'avoit  ni  l'impatience  du 
magot,  ni  la  mécJianceté  du  babouin  ,  ni  l'extravagance 
des  guenons  ;  il  avoit  été  ,  dira  - 1-  on  ,  inftruit  6c  bien 
appris ,  mais  les  autres  que  je  viens  de  citer  6c  que  je 
lui  compare  ,  avoient  eu  de  même  lair  éducation  ;  le 
fjgne  6c  la  parole  fuffifoient  pour  faire  agir  notre  orang- 
outang,  il  falloit  le  bâton  pour  le  babouin  ,  6c  le  fouet 
pour  tous  les  autres  qui  n'obéiffent  guère  qu'à  la  force 
des  coups.  J'ai  vu  cet  animal  préfcnter  fa  main  pour 
reconduire  les  gens  qui  venoient  le  vifiter  ,  fe  pro- 
mener gravement  avec  eux  6c  comme  de  compagnie  ; 
je  l'ai  vu  s'affeoir  à  table  ,  déployer  fa  ferviette  ,  s'en 
effuyer  les  lèvres  ,  fe  fervir  de  la  cuiller  6c  de  la 
fourchette  pour  porter  à  fa  bouche,  verfer  lui-même 
û  boiffon  dans  un  verre  ,  le  choquer  ,  lorfqu'il  y 
étoit  invité  ,  aller  prendre  une  taffe  6c  une  foucoupe, 
l'apporter  fur  la  table,  y  mettre  du  fucre  ,  y  verfer  du 
thé ,  le  laiffer  refroidir  pour  le  boire ,  6^  tout  cela  fans 
autre  infligation  que  les  fignes  ou  la  parole  de  fon 
maître,  6c  fouvent  de  lui-même.  Il  ne  faifoit  du  mal  à 

perfonne,  s'approchoit  même  avec  circonfpedion,  6: 

G  iij 


54        Histoire    Natu relle 

fe  préfentoit  comme  pour  d^mancl^r  des  careffcs  ;  il 
aimoit  prodigieufement  les  bonbons ,  tout  le  monde 
lui  en  donnoit;  6c  comme  il  avoit  une  toux:  fréquente 
6c  la  poitrine  attaquée,  cette  grande  quantité  de  chofcs 
fucrées  contribua  fans  doute  à  abréger  fa  vie  :  il  ne 
vécut  à  Paris  qu'un  été  ,  6c  mourut  l'hiver  fuivant  à 
Londres;  il  mangeoit  prefque  de  tout,  feulement  il 
préféroit  les  fruits  mûrs  6c  fecsà  tous  les  autres  alimens  ; 
il  buvoit  du  vin,  mais  en  petite  quantité,  6c  le  laiiïbit 
volontiers  pour  du  lait  ,  du  thé  ou  d'autres  liqueurs 
douces.  Tulpius  ^  qui  a  donné  une  bonne  defcription 

*  Erat  hic  fatyrus  quadrupcs ,  fed  ab  humanâ  fpecie  quam  prœ  fe  fert 
vocatur  Imlis  Ourang-outang ,  Homo  fdvcjlris  ,  uti  Afrkanis  Quojas- 
niorrou  :  expriiiiens  longitudine  puerum  trimum  ;  ut  crûjfitie  fexennem , 
corpore  erat  nec  obefo  nec  grac'di ,  fed  quadrato,  habUiffîmo  tamen  ne  per- 
niciJJJmo.  Artubus  vero  tant  f  riais  Ù'  mufculis  adco  vafis,  ut  quidvis  Ô^ 
mderet  Ù"  poffet,  Anlerius  undique  glaber  at  ponè  hirfutus  ac  nigris  cri- 
vibus  obftus.  Faciès  mentiebatur  hominem  ,  fed  nares  fimœ  ù"  aduncx 
rugofam  &  edentulam  anum.  Aures  verô  Jiil  difcrcpant  ab  humanâ  forma 
vti  neque  peâus  ornatum  utrinque  mammâ  prœtumidâ  (  erat  enim  fexus 
fœminei).  Venter  habebat  umbilicum  profundiorem ,  ù' artus  ,  cum  fjpe~ 
riores  tu:n  inferiores ,  tam  exadam  cum  homine  fimilitudinem  ut  vix  ovum 
ovo  videris  fimilius.  NeQ  cubito  défait  débita  commijfura,  nec  manïbus  di- 
gitorum  ordo  ;  ncdum  pollici  figura  humanâ  vel  cruribus  furœ  vcl  pcdi 
calcis  fulcrum.  Quœ  concinna  ac  decens  membrorum  forma  in  caujja  fuit, 
quod  multoties  incederet  ereâus ,  neque  attoUeret  minus  gravate ,  quam 
îransfcrret  faciPe  qualecumque  graviffimi  oneris  pondus.  Bibiturus  prœhen- 
debat  canthari  anfani  manu  altéra  ;  alteram   verè   vafis  fundo  fupponens , 

dbfergebat  deinde  madorem  labiis  re/iâum Eandem  dexteritatem 

obfervabat  cubitum  iturus  ;  inclinans  caput  in  pu/vinar  dT'  corpus  fraoulis 
(onvenknter  operiens,  à^c  Tulpii.  Obferv.  Mt'dicœ,  lib.  III,  cap.  l\U 


DES   OrANGS-OUTA  NGS ,  ifc.  55 

avec  la  figure  d'un  de  ces  animaux  qu'on  avoitprcfcnté 
vivant  à  Frédéric  Henri  ,  Prince  d'Orange,  en  raconte 
les  mêmes  chofcs  à  peu  près  que  celles  que  nous  avons 
vues  nous-mêmes ,  <Sc  que   nous  venons  de  rapporter  ; 
mais  fi  l'on  veut  reconnoître  ce  qui  appartient  en  pro- 
pre à  cet  animal  ,  &  le  diflinguer  de  ce  qu'il  avoitreçu 
de  fi3n  maître  ;   fi  l'on  veut  fi^parcr  fa  nature  de  fi3n 
éducation  ,  qui  en  effet  lui  ctoit  étrangère ,  puifqu'au  lieu 
de   la  tenir  de  fes  pères  6c  mères  ,  il  l'avoit  reçue  des 
hommes  ,   il  fiut  comparer  ces  faits  ,   dont  nous  avons 
été  témoins  ,  avec  ceux  que  nous  ont  donnés  les  Voya- 
geurs qui  ont  vu  ces  animaux  dans  leur  état  de  nature, 
en  liberté  6c  en   captivité.   M.  de  la  Broiïe  qui  avoit 
acheté   d'un   Nègre   deux   petits  orangs-outangs  qui 
n'avoient  qu'un  an  (\''ôLg(!i ,  ne  dit  pas  fi  le  Nègre  les 
avoit  éduqucs  ;  il  paroît  affurer  au  contraire  que  c'étoit 
d'eux-mêmes    qu'ils   faifoient    une  grande  j)artie  des 
chofes   que  nous  avons  rapportées  ci-dcfiiis.   «   Ces 
animaux ,  dit-il ,  ont  l'infiinél  de  s'afi"toir  à  table  comme  « 
les  hommes;  ils  mangent  de  tout  fans  diflinélion  ;  ils  « 
fc  fervent  du  couteau  ,  de  la  cuiller  6c  de  la  fourchette  «• 
pour  couper  6c  prendre  ce  qu'on  leur  fert  fur  l'alTiette  ;  « 
ils  boivent  du  vin  6c  d'autres  liqueurs:  nous  les  portâmes  << 
à  bord;  quand  ils  étoient  à  table  ,  ils  fe  faifoient  en-  « 
tendre  desMoufi^es  lorfqu'ils  avoient  befoin  de  quelque  « 
chofe;  6c  quelquefois   quand  ces  enfans  refufoient  de  « 
leur  donner  ce  qu'ils  demandoient,  ils  fe  mettoient  en  « 
colère^  leur  faififfoient  les  bras,  les  mordoient  6c  les  « 


>) 


» 


î) 


» 


J> 


» 


» 


56        Histoire  Natu rëlle 

»  abattoient  fous  eux Le  mâle  fut  malade  en  rade  : 

il  fe  fiifoit  foigncr  comme  une  perfonne  ;  il  fut  même 
faigné  deux  fois  au  bras  droit:  toutes  les  fois  qu'il  fe 
trouva  depuis  incommodé,  il  montroit  fon  bras  pour 
»  qu'on  le  faignât ,  comme  s'il  eût  fu  que  cela  lui  avoit 
fait  du  bien  ». 

Henri  GrofTe  '*'  dit  <c  qu'il  fe  trouve  de  ces  animaux 
vers  le  nord  de  Coromandel ,  dans  les  forets  du  do- 
maine du  Raïa  de  Carnate  ;  qu'on  en  fit  préfent  de 
deux,  l'un  mâle,  l'autre  femelle  à  M.  Horne  ,  Gou- 
verneur de  Bombay  ;  qu'ils  avoient  à  peine  deux  pieds 
»  de  haut ,  mais  la  forme  entièrement  humaine  ;  qu'ils 
»  marchoient  fur  leurs  deux  pieds ,  Si  qu'ils  étoient  d'un 
"  blanc  pâle,  fans  autres  cheveux  ni  poil  qu'aux  endroits 
»  où  nous  en  avons  communément  ;  que  leurs  actions 
»  étoient  très-fcmblables  pour  la  plupart  aux  a6tions  hu- 
3>  maines ,  6c  que  leur  mélancolie  fiifoit  voir  qu'ils  fentoient 
»  fort  bien  leur  captivité  ;  qu'ils  faifoient  leur  lit  avec  foin 
»  dans  la  cage  dans  laquelle  on  les  avoit  envoyés  fur  le 
»  vaifTeau  ;  que  quand  on  lesregardoit ,  ils  cachoientavec 
»  leurs  mains  les  parties  que  la  modeflie  empêche  de 
»  montrer.  La  femelle,  ajoute-t-il,  mourut  de  maladie  fur 
»  levaiffeau,  &.  le  mâle  donnant  toutes  fortes  de  fignes 
»  de  douleur  prit  tellement  à  cœur  la  mort  de  fa  compagne, 
)'  qu'il  refufi  de  manger  Sl  ne  lui  furvécut  pas  plus  de 
deux  jours  ». 

*  Voyage   aux    Indes  orientales  ,    par  Henri  Groflè,   traduit  de 
)'Anglois.  Londres ,  17^  S ,  pa^e ^2^   à"  fuiyantes, 

François 


DES  0  RANGS-OUTANCS  >ifc,  57 

François  PyrarcI  ""  rapporte  ce  qu'il  fe   trouve  dans  la 
province  de  Sicrra-liona  une  efpèce  d'animaux,  appelée  «^ 
èiiris ,  qui  font  gros  (Se  membrus  ,  lefqucls  ont  une  telle  « 
induflrie,  que  fi  on  les  nourrit  <Sc  inflruit  de  jeuncfTe,  ils  <« 
fervent  comme  une  perfonne  ;  qu'ils  marchent  d'ordi-  « 
naire  fur  les  deux  pattes  de  derrière  feulement  ;  qu'ils  « 
pilent  ce  qu'on  leur  donne   à  piler  dans  des  mortiers  ;  ^< 
qu'ils  vont  quérir  de  l'eau  à  la  rivière   dans  de  petites  « 
cruches  qu'ils   portent   toutes    pleines   fur  leur   tête ,  «' 
mais  qu'arrivant  bientôt   à  la  porte  de  la  maifon  ,  fi  on  « 
ne  leur  prend    bientôt  leurs  cruches  ,   ils   les  laiffcnt  ^« 
tomber ,  &  voyant  la  cruche  vcrlée  &  rompue  ,  ils  fe  « 
mettent  à  crier  6c  à  pleurer»  .  Le  Père  du  Jarric  ,   cité 
par  Nieremberg  ^ ,  dit  la  même  chofe  &  prefque  dans 
les  mêmes  termes.  Le  témoignage  de  Schoutten  *"  s'ac- 
corde avec  celui  de  Pyrard  au  fujet  de  l'éducation   de 
ces  animaux:  «  on  en  prend  ,  dit-il,  avec  des  lacs  ,  on 
Jes  apprivoife  ,  on  leur  apprend  à  marcher  fur  les  pieds  «« 
de  derrière  &  à  fe  fervir  des  pieds  de  devant  qui  font  " 
à  peu  près  comme  des  mains,  pour  faire  certains  ou-  ^« 
vrages  &  même  ceux  du  ménage ,  comme  rincer  des  « 
verres ,  donner  à  boire  ,  tourner  la  broche,  cScc.  »  J'ai  «^ 
vu  à  Java  (  dit  le  Guat  ^  )  un  fmge  fort  extraordinaire;  «< 

*  Voyages  de  François  Pyrard  de  Laval.  Pans ,  i  6 1  (}  ,  tome  II, 
page  3SI. 

•"Euf.  Nieremberg.  H'ijl.nat.  Peregm,  lib.  IX,  cap.  xlv. 

*  Voyages  de  Gaut.  Schoutten  aux  Indes  orientales.  Amjlerd,  i  joj, 
^  Voyages  de  Fr.  le  Guat.  Tome  H ,  pages  ^  6  ù"  ^7- 

Tome  XIV.  H 


î) 


» 


58  Histoire  Natu relle 

c'cjtoit  une  femelle;  elle  ctoit  de  grande  taille  <5c  marchoit 

foiivent  fort  droit  fur  fes  pieds  de  derrière  ;  alors  elle 

»  cachoit  d'une  de  fes  mains  l'endroit  de  fon  corps  qui 

»  diflinguoit  fon  fexe;  elle  avoit  le  vifage  fans  autre  poil 

»  que  celui  des  fourcils ,  <Sc  elle  reffembloit  affez  en  gc- 

»»  ncral  à  ces  faces  grotefques   des  femmes  Hottcntotes 

^>  que  j'ai  vues  au  Cap:  elle  faifoit  tous  les  jours  proprement 

»  fon  lit,  s'y  couchoit  la  tête  fur  un  oreiller  &  fe  couvroit 

»  d'une  couverture. . ..  Quand   elle  avoit  mal  à  la  tête, 

»  elle  fe  ferroit  d'un  mouchoir,  6c  c'étoit  un  plaifir  de  la 

n  voir  ainfi  coiffée  dans  fon  lit.  Je  pourrois  en  raconter 

»  diverfes  autres  petites  chofes  qui  paroiffent  extrêmement 

»  fmgulières;  mais  j'avoue  que  je  ne  pouvois  pas  admirer 

»  cela  autant  que  le  faifoit  la  multitude,  parce  que  n'igno- 

»  rant  pas  le  deffein  qu'on  avoit  de  porter  cet  animal  en 

î>  Europe  pour  le  faire  voir ,  j'avois  beaucoup  de  penchant 

'>  à  fuppofer  qu'on  i'avoit  dreffé  à  la  plupart  des  fmgeries 

''  que  le  peuple  regardoit  comme  lui  étant  naturelles:  à 

>'  la  vérité  c'étoit  une  fuppofition.  Il  mourut  à  la  hauteur 

«  du  cap  de  Bonne  -  efpérance  dans  un  vaiffeau  fur  lequel 

"  j'étois  ;  il  efl  certain  que  la  figure  de  ce  finge  reffembloit 

beaucoup  à  celle  de  l'homme,  &c.  »  Gemelli-Carreri 

dit  en  avoir  vu   un  qui  fe  plaignoit  comme  un  enfant; 

qui  marchoit  fur  les  deux  pieds  de  derrière  ,  en  portant 

fa  natte  fous  fon  bras  pour  fe  coucher  <Sc  dormir.  Ces 

fmges,  ajoute -t- il  ,  paroiffent  avoir  plus  d'efprit  que 

les  hommes  à  certains  égards:  car,  quand  ils  ne  trouvent 

plus  de  fruits  fur  les  montagnes ,  ils  vont  au  bord  de  la 


DES  OrancS'Outan  G  S  ,irc,       59 

mer  011  ils  attrapent  des  crabes  ,  des  huîtres  <Sc  autres 
choies  fenihlables.  Il  y  a  une  efpèce  d'huîtres  qu'on  ap- 
pelle  taclovo,  qui  peient  plufieurs  livres  &.  qui  font  fouvent 
ouvertes  fur  le  rivage  ;  or  le  linge  craignant  que  quand  il 
veut  les  manger  ,  elles  ne  lui  attrapent  la  patte  en  fe  refer- 
mant ,  il  jette  une  pierre  dans  la  coquille  qui  l'empêche 
Cit{ç,  fermer,  <Sc  enfuite  il  mange  l'huître  fans  crainte. 

«Sur  les  côtes  de  la  rivière  de  Gambie  (dit  Frogcr'*) 
les  fingesy  font  plus  gros  &  plus  méchans  qu'en  aucun  « 
endroit  de  l'Afrique;  les  Nègres  les  craignent  &.  ils  ne  « 
peuvent  aller  fculs  dans  la  campagne  fans  courir  rifque  « 
d'être  attaqués  par  ces  animaux  qui  leur  préfentent  un  « 
bâton  6c  les  obligent  à  fe  battre. .  . .  Souvent  on  les  a  vus  « 
porter  fur  les  arbres  des  enfans  de  fcpt  à  huit  ans  qu'on  « 
avoit  une  peine  incroyable  à  leur  ôtcr  ;  la  plupart  des  '« 
Nègres  croient  que  c'efl  une  nation  étrangère  qui  efl  " 
venue  s'établir  dans  leur  pays ,  fk  que  s'ils  ne  parlent  pas,  " 
c'cft  qu'ils  craignent  qu'on  ne  les  obligea  travailler  ». 

«  On  fe  pafferoit  bien  (  dit  un  autre  Voyageur  ^  ) 
de  voir  à  Macacar  un  aulfi  grand  nombre  de  fmges  ,  « 
carleur  rencontre  efî  fouvent  funefle  ;  il  faut  toujours  être  « 
bien  armé  pour  s'en  défendre....  Ils  n'ont  point  de  queue,  «« 
ils  fe  tiennent  toujours  droits  comme  des  hommes ,  « 
6c  ne  vont  jamais  que  fur  les  deux  pieds  de  derrière». 

Voilà  du  moins  ,  à  très  -  peu  près ,  tout  ce  que  les 

'  Relation  du  voyage  de  Gennes,  par  Yxogtx,  pages  ^2  &  43. 
^  Defcripiion  hiftoriquc  du  royaume  de  Macacar.  Paris,  i  6  S  8 , 
page  ji, 

Hi; 


6o         Histoire  Naturelle 

Voyageurs  les  moins  crédules  Si  les  plus  véridi- 
qiies  nous  difent  de  cet  animal  ;  j'ai  cru  devoir  rap- 
porter leurs  pafTages  en  entier ,  parce  que  tout  peut 
paroître  important  dans  l'hiftoire  d'une  bcte  fi  reflem- 
Liante  à  l'homme:  Si  pour  qu'on  puifTe  prononcer  avec 
encore  plus  de  connoiiïance  fur  fa  nature  ,  nous  allons 
expofer  auiïi  toutes  les  différences  qui  éloignent  cette 
efpèce  de  l'efpèce  humaine  <Sc  toutes  les  conformités 
qui  l'en  approchent  ;  il  diffère  de  l'homme  à  l'extérieur 
par  le  nez  qui  n'efl  pas  proéminent  ,  par  le  front  qui  efl 
trop  court ,  par  le  menton  qui  n'efl  pas  relevé  à  la  hafe; 
il  a  les  oreilles  proportionnellement  trop  grandes,  les 
yeux  trop  voifins  l'un  de  l'autre,  l'intervalle  entre  le  nez 
<5c  la  bouche  efl  auffi  trop  étendu  :  ce  font-là  les  feules 
différences  de  la  face  de  l'orang-outang  avec  le  vifage 
de  l'homme.  Le  corps  Si  les  membres  diffèrent  en  ce 
que  les  cuiffes  font  relativement  trop  courtes ,  les  bras 
trop  longs  ,  les  pouces  trop  petits,  la  paume  des  mains 
trop  longue  Si  trop  ferrée  ,  les  pieds  plutôt  faits  comme 
des  mains  que  comme  des  pieds  humains  ;  les  parties 
de  la  génération  du  mâle  ne  font  différentes  de  celles 
de  l'homme  ,  qu'en  ce  qu'il  n'y  a  point  de  frein  au 
prépuce  ;  les  parties  de  la  femelle  font  à  l'extérieur  fore 
femblables  à  celles  de  la  femme. 

A  l'intérieur,  cette  efpèce  diffère  de  l'efpèce  humaine 
par  le  nombre  des  côtes;  l'homme  n'en  a  que  douze, 
i 'orang-outang  en  a  treize;  il  aauffi  les  vertèbres  du  cou 
plus  courtes,  les  os  du  baffm  plus  ferrés,  les  hanches 


DES  0  RANGS-OUTANGS,  fc.  6l 
plus  plates,  les  orbites  des  yeux  plus  enfoncées  ;  il  n'y 
a  point  d'apophyfe  cpincufe  à  la  première  vertèbre' ''du 
cou;  les  reins  font  plus  ronds  que  ceux  de  l'iiomme, 
6c  ies  uretères  ont  une  forme  différente  ,  auffi-bien  que 
la  ve/Tie  &  la  vèficule  du  fiel  qui  font  plus  étroites  &^ 
plus  longues  que  dans  l'bomme  ;  toutes  les  autres 
parties  du  corps,  delà  tcte  6c  des  membres,  tant  exté- 
rieures qu'intérieures  ,  font  fi  parfaitement  femblables 
à  celles  de  l'bomme  ,  qu'on  ne  peut  les  comparer  fans 
admiration,  <5(.fans  être  étonné  que  d'une  conformation 
fi  pareille  &.  d'une  organifation  qui  eft  abfolument  la 
même,  il  n'en  réfulte  pas  les  mêmes  effets.  Par  exemple, 
la  langue  &.  tous  les  organes  de  la  voix  font  les  mêmes 
que  dans  l'bomme ,  &  cependant  l'orang-outang  neparle 
pas;  le  cerveau  efl  abfolument  de  la  même  forme  <Sc  de 
la  même  proportion  ,  ék:  il  ne  penfe  pas  :  y  a  - 1  -  il  une 
preuve  plus  évidente  que  la  matière  feule  ,  quoique 
parfiitemcnt  organifée  ,  ne  peut  produire  ni  lapenféent 
la  parole  qui  en  efl  le  figne  ,  à  moins  qu'elle  ne  foit 
animée  par  un  principe  fupérieurî  L'bomme  <Sc  l'orang- 
outang  font  les  feuls  qui  aient  des  feffes  &  des  mollets, 
<Sc  qui  par  conféqucnt  foient  faits  pour  marcber  debout  ; 
les  feuls  qui  aient  la  poitrine  large,  les  épaules  aplaties 
«Se  les  vertèbres  conformées  l'un  comme  l'autre  ;  les 
feuls  dont  le  cerveau  ,  le  cœur  ,  les  poumons,  le  foie, 
k  rate,  le  pancréas ,  l'eflomac ,  les  boyaux  foient  abfo- 
lument pareils  ,  les  feuls  qui  aient  l'appendice  vermi- 
culaire  au  cœcum;  enfin  l'orang-outang  reffemble  plus. 

H  11/ 


62         Histoire  Natu relle 

à  l'Iiomme  qu'à  aucun  des  animaux  ,  plus  nicme  qu'aux 
babouins  &  aux  guenons  ,  non  -  feulement  par  toutes 
les  parties  que  je  viens  d'indiquer,  mais  encore  par  la 
largeur  du  vilàge  ,  la  forme  du  crâne  ,  des  mâchoires  , 
des  dents,  des  autres  os  de  la  tête  <S:  de  la  face,  paria 
groiïcur  des  doigts  ôi  du  pouce  ,  par  la  figure  des  ongles, 
par  le  nombre  des  vertèbres  lombaires  <Sc  facrces  ,  par 
celui  des  os  du  coccix.  Si  enfin  par  la  conformité  dans 
ies  articulations  ,  dans  la  grandeur  &  la  figure  de  la  rotule , 
dans  celle  du  flernum  ,  &c  ;  en  forte  qu'en  comparant 
cet  animal  avec  ceux  qui  lui  reffemblent  le  plus  ,  comme 
avec  le  magot  ,  le  babouin  ou  la  guenon ,  il  fe  trouve 
encore  avoir  plus  de  conformité  avec  l'homme  qu'avec 
ces  animaux,  dont  les efpèces  cependant  paroiffent  être 
fi  voifmes  de  la  fienne  ,  qu'on  les  a  toutes  défignées  par 
Je  même  nom  A^fmges:  ainfi  les  Indiens  font  excufables 
de  l'avoir  alTocié  à  Tefpèce  humaine  par  le  nom  (^orang- 
cutdjig,  homme  fauvage,  puifqu'il  reffemble  à  l'homme 
par  le  corps  plus  qu'il  ne  reffemble  aux  autres  finges  ou 
à  aucun  autre  animal.  Comme  quelques-uns  des  faits 
que  nous  venons  d'expofer  pourroientparoitre  fufpeds 
à  ceux  qui  n'auroicnt  pas  vu  cet  animal  ,  nous  avons 
cru  devoir  les  appuyer  de  l'autorité  de  deux  célèbres 
Anatomiftes,  Tyfon  *   &  Cowper  qui  l'ont  enfemble 

*  L'Orang-ouiang  reffemble  plus  à  l'homme  qu'aux  finges  ou  aux 
guenons  ;  i ,°  en  ce  qu'il  a  les  poils  des  épaules  dirigés  en  bas  &  ceux 
écs  bras  dirigés  en  haut;  2.°  par  la  fice  qui  eft  plus  feniblable  à  celle 
(i§  l'homme,   étant  plus  large  &  plus  aplatie  que  celle  des  fmo-es; 


DES  Orangs-outangs,  ire,       6j 

clifféquc  avec  une  exactitude  fcrupuleufe  ,  <^  qui  nous 
ont  donné  les  réfultats  des  comparaifons  qu'ils  ont 
faites  de  toutes  les  parties  de  fon  corps  avec  celui  de 

3.°  par  la  figure  de  l'oreille  qui  reficmble  plus  à  celle  de  l'homme, 
à  l'exception  que  h  pariie  cartilagincufc  efl:  mince  connue  dans  les 
finges;  4.°  par  les  doigts  qui  font  proporiionnellcment  plus  gros  que 
ceux  des  finges;  5.°  en  ce  quil  cft  à  tous  égards  fait  pour  marcher 
debout ,  au  lieu  que  les  finges  &  les  guenons  ne  font  pas  conformés 
;i  cette  fin  ;  6.°  en  ce  qu'il  a  des  fefles  plus  grofîès  que  tous  les  autres 
finges;  7.°  en  ce  qu'il  a  des  mollets  aux  jambes;  8.°  en  ce  que  fà 
poitrme  &  fês  épaules  font  plus  larges  cjue  celles  des  finges  ;  n.°  fon 
talon  plus  long;  i  0.°  en  ce  qu'il  a  la  membrane  adipeufe  ,  placée 
comme  l'homme  fous  la  peau  ;  i  i ."  le  péritoine  entier  &  non  percé 
ou  alongé ,  comme  il  i'efl  dans  les  finges;  12."  les  inteftins  plus 
longs  que  dans  les  finges  ;  1 3 .°  le  canal  des  inteftins  de  différent 
diamètre  ,  comme  dans  l'homme  &  non  pas  égal  ou  à  peu  près  é<yal 
comme  il  l'eft  dans  les  finges  ;  1 4.°  en  ce  que  le  cœcum  a  l'appen- 
dice vermiculaire  comme  dans  l'homme,  tandis  que  cet  appendice 
vermiculaire  manque  dans  tous  les  autres  finges  ,  &  aufll  en  ce  que 
le  conmiencement  du  colon  n'eft  pas  Ç\  prolongé  qu'il  l'eft  dans  les 
finges;  1  5,"  en  ce  que  l'infertion  du  conduit  biliaire  &  du  conduit 
pancréatique  n'ont  qu'un  feul  orifice  commun  dans  l'homme  & 
l'orang-outang  ,  au  lieu  que  ces  infertions  font  à  deux  pouces  de  dif- 
tance  dans  les  guenons;  16."  en  ce  que  le  colon  eft  plus  long  que 
dans  les  finges  ;  1  7."  en  ce  que  le  foie  n'eft  pas  divifé  en  lobes 
comme  dans  les  finges ,  mais  entier  &  d'une  feule  pièce  comme  dans 
l'homme;  i  8,°  en  ce  que  les  vaifleaux  biliaires  font  les  mêmes  que 
dans  l'homme;  ip."  la  rate  la  même;  20."  le  pancréas  le  même; 
21."  le  nombre  des  lobes  du  poumon  le  même;  22.°  le  péricarde 
attaché  au  diaphragme  comme  dans  l'homme  &  non  pas  comme  il 
ï'eft  dans  les  finges  ou  guenons;  23.°  le  cône  du  cœur  plus  émoufle 
que  dans  les  finges  ;  24.°  en  ce  qu'il  n'a  point  d'abajoues  ou  poches 
au  bas  des  joues  comme  les  autres  finges  &  guenons;    2.;.°  en  c^ 


6^  Hïsroi RE  Naturelle 

l'homme.  J'ai  cm  devoir  traduire    de  l'Anglois  ,    <5c 
préfenter  ici  cet  article   de  leurs  ouvrages  ,    afin  que 

tout 

qu'il  .1  le  cerveau  beaucoup  pîus  grand  que   ne  l'ont   les  finges ,  & 
dans  toutes  fês  parties  exactement   conforme  comme  le    cerveau   de 
l'Iiomme  ;    26.°  le  crâne  plus  arrondi  &  du  double  plus  grand  que 
daiis  les  guenons;   27.°  toutes  les  futures  du  crâne  femblables  à  celle 
de  l'homme  ;   les  os  aj)peics  offa  tnquetra  Wormiana   fe  trouvent  dans 
la  future  lamboïde  ,  ce  qui  n'efl  pas  dans  les  autres  finges  ou  guenons; 
28."  il  a  l'os  cribiforme  &  le  crijla  gallï ,   ce  que  les  guenons  n'ont 
pas;  2cj,°  \\{c\\q  fella  equ'ina  comme  dans  l'homme,  au  lieu  que  dans 
\qs  finges  &  guenons  cette  partie  efl  plus  élevée  &  plus  proéminente  ; 
30.°  \&proccJfus  ptcrygo'ides  comme  dans  l'homme  ,  cette  partie  maiîque 
aux  finges  &  guenons  ;    31.°  les  os  <\ts  tempes  &  les  os  appelés  ojfa 
hregmat'is  comme  dans   l'homme  ;  ces  os  font  d'une  forme  différente 
dans  les  finges  &  guenons  ;  32."  l'os  zygomatique,  petit ,  au  lieu  que 
dans  les  finges  &  guenons,    cet  os  efl  grand;     33.°  les  dents  font 
plus  (êmblables  à  celles   de  l'homme  qu'à  celles  des   autres    finges  , 
fur-tout  les  canines  &  les  molaires;  34.°  les  apophylis  tranfverfes  des 
vertèbres  du  cou ,  &  les  fixième  &  feptième  vertèbres  refiemblent  plus 
à  celles  de  l'homme  qu'à  celles   des  finges  &  des  guenons  ;   35.°  les 
vertèbres  du  cou    ne  (ont  pas  percées  comme  dans  les  finges  pour 
laifler  pafi"cr  les  nerfs ,    elles  font  pleines  &  fms  trou  dans  l'orang- 
outang  comme  dans  l'homme  ;    3  6.°  les  vertèbres    du  dos  &  leurs 
apophyfes  font  comme  dans  l'homme  ;  &  dans  les  vertèbres  du  bas ,  il 
n'y  a   que  deux  apophyfes  inférieures  ,  au  lieu  qu'il   y  en  a  quatre- 
dans  les  finges  ;   3  7.°  il  n'y  a  que   cinq  vertèbres  lombaires  comme 
dans  l'homme ,  au  lieu  que  dans  les  guenons  il   y  en  a  fix  ou  fept  ; 
38.°   les  apophyfes   épineufes  des   vertèbres   lombaires    font  droites 
comme  dans  l'homme  ;    3(^.°  l'os  ficrum  efl  compofé  de  cinq  ver- 
tèbres comme  dans  l'homme  ,  au   lieu  que  dans  les  finges  &  cruenons 
il  n'efl  compofe  que  de  trois  ;    40.°   le    coccix    n'a   que  quatre  os 
comme  dans  rhonime ,  &  ces  os  ne  font  pas  troués ,  au  lieu  que 

dan$ 


DES  OnANGS-OuTANGS,  ifc.  6<; 
tout  le  monde  puiflc  mieux  juger  de  la  refTemhlance 
prefque  entière  de  cet  animal  avec  Thomme  ;  j'obfer- 
verai  feulement  pour  une  plus  grande  intelligence  de 

dans  les  finges  &  guenons  le  coccix  eft  compofc  d'un  plus  grand 
nombre  d'os,  &  ces  os  font  troués;  41.°  dans  l'orang- outan» ,  il 
n'y  a  que  fept  vraies  côtes  { coftœ  verœ),  Ôc  les  extrémités  des  fiuiïès 
côtes  (  nothœ)  font  cartilagincufes ,  &  les  côtes  font  articulées  au 
corps  des  vertèbres;  dans  les  finges  &  guenons,  il  y  a  huit  vraies 
côtes  ,  &  les  extrémités  des  fiufTes  côtes  font  ofîèufes ,  &  leur  articu- 
lation fe  trouve  placée  dans  l'interftice  entre  les  vertèbres  ;  42."  J'os 
du  fternum  dans  l'orang-outang  eft  large  comme  dans  l'homme ,  & 
non  pas  étroit  comme  dans  les  guenons  ;  43.°  les  os  des  quatre  doio-ts 
font  plus  gros  qu'ils  ne  le  font  dans  les  finges;  44.°  l'os  de  la  cuifîè, 
foit  dans  fon  articulation ,  foit  à  tous  autres  égards  eft  femblable  à 
celui  de  l'homme  ;  45.°  la  rotule  eft  ronde  &  non  pas  longue,  fimple 
&  non  pas  double  comme  elle  l'eft  dans  les  finges  ;  46.°  le  talon 
Je  tarfe  &  le  métatarfe  de  l'orang-outang  font  comme  ceux  de  l'homme  ; 
47.°  le  doigt  du  milieu  dans  le  pied  n'eft  pas  fi  long  qu'il  l'eft  dans 
les  finges;  48.°  \ç%  mufcles  ehliqms  inferïor  caphis  ,  pyriformis  & 
lïceps  femor'is  font  femblables  dans  l'orang-outang  &  dans  l'homme 
tandis  qu'ils  font  différens  dans  les  finges  &  guenons ,  &c. 

L'orang-outang  diffère  de  l'homme  plus  que  des  finges  ou  gue- 
nons ;  I .°  en  ce  que  le  pouce  eft  plus  petit  à  proportion  que  celui 
de  l'homine ,  quoique  cependant  il  foit  plus  gros  que  celui  des  autres 
finges  ;  2.°  en  ce  que  la  paume  de  la  main  eft  plus  longue  &  plus 
étroite  que  dans  l'homme;  3."  il  diffère  de  l'homme  &  approche  des 
finges  par  la  longueur  des  doigts  des  pieds;  4.°  il  diffère  del'hommç 
en  ce  qu'il  a  le  gros  doigt  des  pieds  éloigné  à  peu  près  comme  un 
pouce ,  étant  plutôt  quadrumane  comme  les  autres  finges  que  qua-. 
drupède;  5.°  en  ce  qu'il  a  les  cuiiïes  plus  courtes  que  l'homme  ; 
^Z  les bra?  plus  longs;  7.°  en  ce  qu'il  n'a  pas  les  bourfes  pendantes; 
8.°  l'épiploon  plus  ample  que  dans  l'homme;  9.°  la  véficule  du  fiel 
longue  &  plus  étroite;    10."  Içs  içins  plus  jonds  quç  dans  riiouinie 

Tome  XIV,  \ 


66       Histoire   Natu rellé 

cette  note,  que  les  Anglois  ne  font  pas  réduis  comme 
nous  à  un  feul  nom  pour  défigner  les  finges  ;  ils  ont, 
comme  les  Grecs,  deux  nomsdirîcrens,  l'un  pour  les 

&  les  uretères  differens  ;    1 1."  la  vefTie  plus  longue  ;  i  2."  en  ce  qu'il 
n'a  point  de  frein  au  prépuce  ;    1  3.°  les  os  de  l'orbite  de  i'œil  trop 
enfoncés  ;    i  4."  en  ce  qu'il  n'a  pas  les  deux  cavités  au-deffous  de  la 
felle  du  turc  (ftlla  turcica)  comme  dans  l'homme;     i  5.°  en  ce  que 
ksproceffus  ma(loides    &  fylo'idcs  font  très -petits    «Se    prefque  nuls; 
16°  en  ce  qu'il  a  les  os  du  nez  plats;    17."  il  diffjrc  de  l'homme, 
en  ce  que  les  vertèbres  du  cou  font  courtes  comme  dans  les  finges, 
plates  devant  &  non  pas  rondes ,  &  que  leurs  apophyfes  épineufes  ne 
font  pas  fourchues  comme  dans  l'homme  ;    18."   en  ce   qu'il  n'y  a 
point  d'àpophyfe  épineufe  dans  la  première  vertèbre  du  cou  ;    19.°  il 
diffère  de  l'homme  en  ce  qu'il  a  treize  côtes  de  chaque  côté  ,  &   que 
l'homme  n'en  a  que  douze;   20.°  en  ce  que  les  os  des  îles  font  par- 
faitement fembiables  à  ceux  des  fmgcs ,  étant  plus  longs,  plus  étroits 
&  moins  concaves  que  dans  l'homme  ;   21.°  il  diffère    de  l'honnue , 
en  ce  que  les  mufcles  fuivans  fe  trouvent  dans   le   corps  humain   & 
manquent  dans  celui  de  l'orang-outang;  Ç:iVo\r  ,  occipitales ,  frontales, 
dilatatores  alarum  nafi  feu  éleva  tores  labii  fuperioris  ,  interfplinales  colli , 
glutcei  minimi ,    extenfor  digitorum  pedis  brevis  &    tranfverfalis  pedis  ; 
2.2.."  les  mufcles  qui  ne  paroiffênt  pas  fe  trouver  dans  l'orang-outang, 
éc  qui  fe  trouvent  quelquefois  dans  l'homme  font  ceux  qu'on  appelle 
Pyramidales ,    caro  Mufculofa  quadrata  ;   le  long  tendon  &  le  corps 
charnu  du  mufde  palmaire  ;  les  mufcles  attolens  ù"  retrahens  auriculam  ; 
2.3.°  les  mufcles   élévateurs   des  clavicules    font  dans  l'orang-outano-, 
conmie  dans  les  finges   &  non  pas  comme   dans  l'homme  ;  24.°  les 
mufcles  par  lefquels  l'orang  -  outang  reffemble   aux  finges   &    difïere 
de  l'homme  font  les  fuivans,  longus   colli,  peâoralis ,   latifftmus  dorfi , 
glutceus  maximus  &  médius ,   Pfoas  magnus  &  parvus  ,  iliacus  internus 
Ù" gnferonamius  internus  ;  24.°  il  diffère  encore    de   l'homme   par  la 
forme  des  mufcles,  deltoides,  pronator  radii  teres  &  extenfor pollicis  brevis» 
Auatoniie  de  l'orang-outang  ,  par  Tyfon.  Londres,   i  6  p  p,  in-^' 


DES  OrANG  S-OUTANGS,  i/c,  dj 
finges  fans  queue  *  qu'ils  appellent  ûpe ,  <Sc  l'autre  pour 
les  finges  à  queue  qu'ils  appellent  monkie.  J'ai  toujours 
traduit  le  mot  monkie  par  celui  (\e  gue?wîi ,  6c  le  mot^/^ 
par  celui  de /nge ;  ôl  ces  finges  que  Tyfon  dcfignepar 
le  mot  ûpe  ,  ne  peuvent  être  que  ceux  que  nous  avons 
appelés  \ej)iihèque  Si  le  ?j2i7gû/  ;  (Se  il  y  a  même  toute  appa- 
rence que  c'efl  au  magot  feul  qu'on  doit  rapporter  le 
nom  ûpe  owfmge  de  la  comparaifon  de  Tyfon.  Je  dois 
oblerver  auffi  que  cet  Auteur  donne  quelques  caraélères 
de  reffemblance  &  de  différence  qui  ne  font  pas  affez 
fondés  :  j'ai  cru  devoir  faire  fur  cela  quelques  remarques  ; 
on  trouvera  peut-être  que  ce  détail  eft  long  ,  mais  il  me 
femble  qu'on  ne  peut  pas  examiner  de  trop  près  un  être 
qui,  fous  la  forme  de  l'homme,  n'efl  cependant  qu'un 
animal. 

I .  Tyfon  donne  comme  un  cara6lère  particulier 
à  l'homme  <5c  à  l'orang  -  outang ,  d'avoir  le  poil  des 
épaules  (ï\x\gé  en  bas ,  <Sc  celui  des  bras  dirigé  en  haut  ; 
W  efl  vrai  que  la  plupart  des  quadrupèdes  ont  le  poil  de 
toutes  les  parties  du  corps  dirigé  en  bas  ou  en  arrière, 
mais  cela  n'efl  pas  fans  exception.  Le  pareffeux  <Sc  le 
fourmiller  ont  le  poil  des  parties  antérieures  du  corps 
dirigé  en  arrière ,  &  celui  de  la  croupe  (Se  des  reins  dirigé 
en  avant  :  ainfi  ce  caractère  n'efl  pas  d'un  grand  poids 
dans  la  comparaifon  de  cet  animal  à  l'homme. 

*  Sïm'iœ  d'ividuntur  in  caudâ  carentes  quœ  fimîœ  JîmpUcker  dicuntur  & 
Caudatas  quœ  cercopitheci  appellantur  ;  quce  prions  generis  funt  Anglice 
Apcs  dicuntur  ;  quœ  pojierioris  monkeys.  Ray.  Syn.  quad.  pag.  14^. 


68         Histoire  Naturelle 

2.°  J'ai  aiiffi  retranché  clans  ma  tradiidion  les  qiiatrtf 
premières  différences,  qui ,  comme  celies-ci,  font  trop 
légères  ou  mal  fondées;  la  première,  c'efl  la  différence 
de  la  taille;  ce  caradèrc  efl  très-incertain  €l  tout-à-faic 
gratuit ,  puifque  l'Auteur  dit  lui-même  que  fon  animal 
étoitfort  jeune  :  les  féconde,  troifième  &  quatrième  ne 
roulent  que  fur  la  forme  du  nez,  la  quantité  du  poil  <5c 
fur  d'autres  rapports  auffi  petits.  Il  en  edde  même  de 
pluficurs  autres  que  j'ai  retranchées,  par  exemple ,  du 
vingt-unième  caradère  tiré  du  nombre  des  dents  ;  il  efl 
certain  que  cet  animal  6^.  l'homme  ont  le  même  nombre 
de  dents,  Sl  que  s'il  n'en  avoit  que  vingt-huit ,  comme 
le  dit  l'Auteur,  c'efl  qu'il  étoit  fort  jeune,  &.  l'on  fait 
que  l'homme  dans  fii  jeuneffe  n'en  a  pas  davantage. 

:^°  Le  onzième  cara6lère  des  difïerences  de  l'Auteur 
cfl  auffi  très-équivoque  ;  les  enfans  ont  les  bourfes  fort 
relevées,  cet  animal  étant  fort  jeune  ne  devoit  pas  [qs 
avoir  pendantes. 

4.°  Le  quarante-huitième  caradère  des  reffemblances, 
&.  les  trente,  trente-unième,  trente-deuxième,  trente- 
troif^ème  (Se  trente-quatrième  caradères  des  différences 
ne  défignant  que  la  préfence  ou  la  figure  de  certains 
mufclcs ,  qui  dans  l'efpèce  humaine  varient  pour  la 
plupart  d'un  individu  à  l'autre  ,  ne  doi\  ent  pas  être  confi- 
dérés  comme  des  caractères  effentieis. 

y  Toutes  les  reffemi)lances  &  différences  tirées  de 
parties  trop  petites ,  telles  que  les  apophyfes  des  ver- 
tèbres, 011  prifes  de  h  pofition  de  certaines  parties,  dç 


DES  0  RANGS-OUTANG  S,  ire,  6^ 
leur  grandeur ,  de  leur  groiïeur  ,  ne  doivent  aufTi  être 
confidérées  que  comme  des  cara6tères  acceiïbircs ,  en 
forte  que  tout  le  détail  de  cette  table  de  Tyfon  peut 
fe  réduire  aux  différences  Se  aux  reiïeniblanccs  ciïcn- 
tielles  que  nous  avons  indiquées. 

6.°  Je  crois  devoir  infifler  fur  quelques  caraclcrcs 
plus  généraux  ,  dont  les  uns  ont  été  omis  par  Tyfon  > 
&  les  autres  mal  indiqués,  i ."  L'orang-outang  cfl 
le  fcul  de  tous  les  finges  qui  n'ait  point  d'abajoues» 
c'efl-à-dire,  de  poches  au  bas  des  joues;  toutes  les 
guenons  ,  tous  les  babouins ,  &.  même  le  magot  Sl  le 
gibbon  ont  ces  poches ,  où  ils  peuvent  garder  leurs 
alimens  avant  de  les  avaler  :  l'orang-outang  feul  a  cette 
partie  du  dedans  de  la  bouche  faite  comme  l'homme. 
2-.°  Le  gibbon  ,  le  magot ,  tous  les  babouins  ôl  toutes 
ies  guenons  ,  à  l'exception  du  doue  ,  ont  les  feffes 
plates  Si  des  callofités  fur  ces  parties  ;  l'orang-outang 
eft  encore  le  feul  qui  ait  les  feffes  renflées  dx  fans  callo- 
fités ;  le  doue  les  a  auffi  fans  callofités  ,  mais  elles  font 
plates  (Se  velues  ,  en  forte  qu'à  cet  égard  le  doue  fait  la 
nuance  entre  l'orang-outang  6*:  les  guenons,  comme  le 
gibbon  &i  le  magot  font  cette  même  nuance  à  l'égard 
des  abajoues ,  &  le  magot  feul  à  l'égard  des  dents 
canines  (Se  de  l'alongement  du  mufcau.  3,°  L'orang- 
outang  efl  le  feul  qui  ait  des  mollets  ou  gras-de-jambcs 
(Se  des  feffes  charnues;  ce  caractère  indique  qu'il  cft 
de  tous  le  mieux  conformé  pour  marcher  debout;  feu- 

kment  comme  les  doigts  de  fcs  pieds  font  fort  longs, 

]  I" 


jo  Histoire  Naturelle 

Si  que  fon  talon  pofe  plus  cliilicilenient  à  terre  que  celui 
de  l'homme,  il  court  plus  facilement  qu'il  ne  marche. 
Si  il  auroit  ])eroin  de  talons  artificiels  plus  élevés  que 
ceux  de  nos  fouliers  ,  fi  l'on  vouloit  le  faire  marcher 
aifémcnt<Sc  long-temps.  4.°  Quoique  l'orang-outang  ait 
treize  côtes  ,  &.  que  l'homme  n'en  ait  que  douze  ,  cette 
différence  ne  l'approche  pas  plus  des  babouins  ou  des 
guenons ,  qu'elle  l'éloigné  de  l'homme  ,  parce  que  le 
nombre  des  côtes  varie  dans  la  plupart  de  ces  efpèces, 
éc  que  les  uns  de  ces  animaux  en  ont  douze ,  d'autres 
onze  Si  d'autres  dix  ,  <Scc  ;  en  forte  que  les  feules  diffé- 
rences eflentielles  entre  le  corps  de  cet  animal  Se  celui 
de  l'homme,  fe  réduifent  à  deux,  favoir ,  la  confor- 
mation des  os  du  bafhn  Si  la  conformation  des  pieds  : 
ce  font-là  les  feules  parties  confidérables  par  lefquelles 
l'orang-outang  reffemble  plus  aux  autres  fmgcs  qu'il  ne 
relTemble  à  l'homme. 

D'après  cet  expofé  que  j'ai  fait  avec  toute  l'exaditude 
dont  je  fuis  capable  ,  on  voit  ce  que  l'on  doit  penfer 
de  cet  animal  ;  s'il  y  avoit  un  degré  par  lequel  on  pût 
defcendre  de  la  nature  humaine  à  celle  des  animaux  ,  fi 
l'effence  de  cette  nature  confifloit  en  entier  dans  la 
forme  du  corps  Se  dcpendoit  de  fon  organifation ,  ce 
fmge  fe  trouveroit  plus  près  de  l'homme  que  d'aucun 
animal:  affis  au  fécond  rang  des  êtres,  s'il  ne  pouvoit 
commander  en  premier ,  il  feroit  au  moins  fentir  aux 
autres  fa  fupcrioritc  ,  <5c  s'efforccroit  de  ne  pas  obéir  ;  û 
i'imitation  qui  femble  copier  de  fi  près  la  penfée  en  étoiî 


i^Es  Orancs-Outanc S ,  ifc,        71 

le  vrai  figne  ou  l'un  des  réfultats ,  ce  {ingç:  fe  trouveroit 
encore  à  une  plus  grande  diflance  des  animaux  <Sc  plus 
voifin  de  l'homme;  mais,  comme  nous  lavons  dit, 
l'intervalle  qui  l'en  fcpare  réellement  n'en  efl  pas  moins 
immenfc;  (Se  la  reffemblance  de  la  forme,  la  confor- 
mité de  l'organifation  ,  les  mouvemens  d'imitation  qui 
paroiflcnt  réfulter  de  ces  fmiilitudes ,  ni  ne  le  rapprochent 
de  la  nature  de  l'homme  ,  ni  même  ne  l'élèvent  au- 
defTus  de  celle  des  animaux. 

Caraâères  diftïnâifs  de  cette  efpece^ 

L'orang-outang  n'a  point  d'abajoues,  c'efl-à-dire , 
point  de  poches  au  dedans  des  joues ,  point  de  queue, 
point  de  callofités  fur  les  fefTes  ;  il  les  a  renflées  <Sc 
charnues  ;  il  a  toutes  les  dents  &:  même  les  canines  fem- 
blables à  celles  de  l'homme;  il  a  la  face  plate,  nue  <5c 
bafànée  ,  les  oreilles,  les  mains,  les  pieds,  la  poitrine. 
Je  ventre  auiïi  nus;  il  a  des  poils  fur  la  tcte  qui  defccndcnt 
€n  forme  de  cheveux  des  deux  côtés  des  tempes,  du 
poil  fur  le  dos  &  fur  les  lombes ,  mais  en  petite  quantité  ; 
il  a  cinq  ou  fix  pieds  de  hauteur,  <Sc  marche  toujours 
<Iroit  fur  fes  deux  pieds.  Nous  n'avons  pas  été  à  portée 
(le  vérifier  fi  les  femelles  font  fujcttes  comme  \q^ 
femmes  à  l'écoulement  périodique,  mais  nous  le  pré- 
fumons ,  (Se  par  analogie  nous  ne  pouvons  guère  en 
clouter. 


jz  Description 

DESCRIPTION 

DU     J  0  C  K  O. 

J  E  n'ai  vu  que  la  peau  bourrée  (pi.  i )  &  la  plus  grande  partie 
du  fquclette  du  Jocko ,  que  l'on  moiitroit  à  Paris  en  1740:1! 
mourut  l'annce  fuivante  à  Londres  011  il  fut  ouvert;  on  le  rap- 
porta ici  dans  de  l'eau  -  de  -  vie  ,  &  on  le  mit  au  Cabinet  :  dans 
la  fuite  on  a  fait  bourrer  la  peau  &:  préparer  le  fquelette.  Ce  finge 
avoit  été  pris  en  Afrique  dan^  le  fond  du  Gabon ,  fur  la  côte 
d'Angole  :  étant  debout ,  il  avoit  deux  pieds  quatre  ou  cinq 
pouces  de  hauteur,  depuis  le  talon  jufqu'au  fommet  de  la  tête. 
Il  étoit  plus  grand  que  celui  qui  a  été  décrit  par  Tyfbn  fous  le 
nom  de  pigmée  *  ,  &  qui  n'avoit  guère  plus  de  deux  pieds  : 
après  avoir  comparé  la  defcription  du  pigmée  de  Tyfon  avec 
notre  jocko,  'j'ai  trouvé  ces  deux  animaux  fi  reffeniblans ,  qu'il 
y  a  tout  lieu  de  croiie  qu'ils  étoient  de  même  elpèce  comme 
ils  étoient  de  même  pays. 

La  peau  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcription ,  avoit 
quelques  poils  durs  fur  le  bord  de  la  lèvre  du  deffus  &:  au-devant 
de  la  mâchoire  du  deiïbus  ;  le  refle  de  la  face  étoit  nu ,  à  l'ex- 
ception dts  joues  où  il  y  avoit  dQs  poils  femblables  à  ceux  du 
refte  du  corps.  Il  fe  trouvoit  Ats  cils  aux  deux  paupières  &  quel- 
ques poils  à  l'endroit  dts  fourcils  ;  il  y  en  avoit  de  gris  fur  le 
milieu  du  fcrotum  &  autour  de  l'anus.  Le  poil  de  la  tête  n'étoit 
pas  différent  de  celui  du  refle  du  corps ,  par  fa  couleur  noire  ni 
par  ks  autres  qualités  ;  le  plus  long  fe  trouvoit  aux  côtés  de  la 

*  Orang-outang  y7v^  homo  fdvefim :  or  the  anatomy   of  apigmîs,  &c 
^  Yol.  in-f°  London,  16^^, 

fâc^ 


D   U        J  O   C   K   O.  y-y 

face  &:  fur  les  épaules,  il  avoit  deux  pouces  à  deux  pouces  & 
demi.  Le  poil  étoit  aiïèz  touffu  pour  couvrir  la  peau  fur  la 
tête ,  le  dos ,  les  épaules ,  &  fur  la  face  externe  àts  quatre  jambes  ; 
il  étoit  fort  rare ,  &  laiffoit  voir  la  peau  fur  la  poitrine ,  fur  les 
côtés  du  ventre  &  fur  la  face  interne  àt^  quatre  jambes.  li  étoit 
dirigé  en  bas  fur  les  côtés  de  la  tête ,  Se  en  haut  fur  le  côté 
externe  &  poftéricur  de  la  cuiffe ,  &:  fur  la  face  externe  de 
i'avaut-bras ,  tandis  que  le  poil  du  bras  étoit  dirigé  en  bas,  de 
forte  que  les  pointes  àts  pils  étoient  oppofées  les  unes  aux  autres , 
à  l'endroit  du  coude.  Tyfon  donne  la  direélion  du  poil  de  l'avant- 
bras  du  jocko ,  comme  un  caraélère  commun  avec  l'homme ,  mais 
il  efl;  auiïi  commun  avec  plufieurs  animaux. 

Ne  pouvant  pas  prendre  des  dimenfions  exaéles  fur  une  peau 
bourrée ,  telle  que  la  peau  du  jocko  qui  efl  au  Cabinet  du  Roi , 
je  rapporte  dans  la  table  fuivante  les  principales  dimenfions  que 
Tyfon  a  prifês  fur  ion  pigmée  qui  étoit  vivant. 

pieds,  pouc.  lignes. 
Hauteur  depuis  le  talon  jufqu'au  fommet  de  la  tête. .  .       2. 

Circonférence  du  corps  prife  fur  le  bas  de  la  poitrine.      i , 

La  même  circonférence  pri^è  fur  les  hanches u 

Circonférence  de  la  tête  prife   fur  les  yeux  &  \q^ 
oreilles i . 

Ouverture  de  la  bouche ...       h 

Hauteur  depuis  le  milieu  de  la  lèvre  fupérieure  ;uf- 
qu'aux  fourcils u 

Longueur  depuis  les  fourcils  jufqua  l'occiput.  ...  // 

Diamètre  de  l'oreille  du  deffus  au  deflbus // 

Diamètre  tranfverfal n 

Le  pourtour  de  l'oreille h 

Circonférence  de  la  partie  de  l'oreille  qui  tenoit  à  la  tête.  a 

Hauteur  depuis  le  defibus  dupubis  jufqu'aux  clavicules,  n 
Tome  XIV, 


II 

C. 

3- 

Il 

9- 

6. 

II 

6. 

0 

I. 

2. 

7- 

7- 

// 

2. 

4. 

I. 

h 

5- 

2. 

2. 

4. 

P- 

6, 

74  Description 

pieds. 

Diflance  entre  le  nombril  &  le  fternuni " 

Diftance  entre  le  nombril  &  le  bas  du  pubis // 

Diflance  entre  les  deux  mamelons " 

Longueur  du  bras  depuis  l'epauIe  jufqu'au  bout  des 

doigts ï  • 

Circonférence  du   bras // 

Circonférence  de  l'avant-bras u 

Longueur  de  la  main  depuis  ic  poignet  jufqu'au  bout 

du  doigt  du  milieu " 

Longueur  du  pouce " 

Longueur  du  fécond  doigt /' 

Longueur  du  doigt  du  milieu /' 

Longueur  du  quatrième  doigt // 

Longueur  du  cinquième  doigt // 

Circonférence  du  pouce  &  du  jietit  doigt ii 

Circonférence  des  autres  doigts // 

Longueur  de  la  paume  de  îa  main ii 

Largeur u 

Hauteur  depuis  le  talon  jufqu'à  l'extrémité  fupérieure 

de  l'os  de  la  cui/îe y 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'à  l'extrémité  du  doigt 

du  milieu  qui  étoit  le  plus  long // 

Circonférence  de  la  cuifle h 

Circonférence  de  la  jambe  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  // 

Circonférence  du  pied  prife  à  l'origine  du  pouce.  // 

Longueur  du  pouce // 

Longueur  du  fécond  doigt u 

Longueur  du  troifième ^ 

Longueur  du  quatrième // 

Longueur  du  cinquième n 


pouc.  lignes. 


3 

2. 


4- 
4- 


I 

u 
I 


I  I 

5' 

5 

4- 

4- 
I 

u 

I 

I 

// 


3- 

1  o. 

"i 

// 

I. 

8. 


10-. 

4» 
3- 
5- 

3- 

I  o. 

7Î. 


5- 
8. 

// 

8. 

5- 


I  I 


5- 

2. 
11   '-, 


D    U        J    O     C     K    O.  yr 

pieds,  pouc.  lignes. 
La  plus  grande   largeur  de  la  plante  du   pied  à  la 

naifîîince  du  pouce „  j  ^  j  ^  r 

La  même  largeur  près  du  talon /,  j ,       ^ 

Circonft'rence  du  pouce  à  l'endroit  le  plus  gros.  ...  //  r.      y. 

Circonférence  des  autres  doigts /,  ^  i  i  -, 

Pour  donner  quelque  defcription  des  parties  inteneuresdu  jocko, 
je  vais  tirer  dts  obfervations  que  Tyfon  a  faites  fur  les  vifcères 
de  fon  pigniée ,  celles  qui  ont  le  plus  de  rapport  avec  mon  plan 
de  defcription ,  ôc  les  rapporter  ici. 

Le  ventre  du  pigmée  de  Tyfon,  étoit  plat  ôc  large  comme 
celui  de  l'homme. 

L  epiploon  s  etendoit  auiïi  loin  que  les  inteflins  ;  il  ctoit  large 
&  fort  mince. 

Les  circonvolutions  des  inteflins  &  leur  fituation  étoient  à 
peu  près  comme  dans  l'homme. 

L'ertomac  reffembloit  à  celui  de  l'homme;  fa.  grande  circon- 
férence éioit  de  dix-fept  pouces  ,  &  la  petite  de  près  d'un  pied. 

Les  inteflins  avoient  environ  neuf  pieds  de  longuem-,  depuis  le 
pylore  jufqu'au  cœcum  ;  &  la  longueur  du  canal  inteflinal  en 
entier,  non  compris  le  cœcum,  étoit  d'environ  douze  pieds. 
L'appendice  vermiculaire  étoit  gros  comme  une  plume  d'oie;  les 
inteflins  grêles  avoient  deux  pouces  fept  lignes  de  circonférence 
&  le  colon  trois  pouces  &  demi  ;  il  étoit  à  proportion  un  peu 
plus  long  que  dans  l'homme,  mais  il  avoit  la  même  fiiuaiion. 

Le  foie  reflèmbloit  à  celui  de  l'homme;  il  avoit  cinq  pouces 
deux  lignes  de  longueur ,  deux  pouces  dix  lignes  de  largeur ,  <Sc 
un  pouce  huit  lignes  d'épaifTeur.  La  véficule  du  fiel  étoit  plus 
longue  que  dans  l'homme  &  plus  détachée  du  foie;  elle  avoit 
trois  pouces  neuf  lignes  de  longueur. 

Kij 


76  Description 

La  rate  ttoit  de  couleur  plombce  &:  de  même  forme  que  celle 
de  l'homme;  elle  avoit  deux  pouces  quatre  lignes  de  longueur, 
&:  un  pouce  deux  lignes  de  largeur. 

Les  reins  reffembloient  à  ceux  de  l'homme  par  leur  fituation , 
par  l'étendue  du  bafTm  &  par  la  conformation  de  leurs  différentes 
fubdances ,  mais  leur  enfoncement  étoit  moins  grand  ;  ils  avoient 
deux  pouces  une  ligne  de  longueur ,  un  pouce  cinq  lignes  de 
largeur,  &  près  d'un  pouce  depaitîèur. 

Le  centre  nerveux  du  diaphragme  ctoit  plus  étendu  que  dans 
i'homme. 

Les  poumons  refîèmbloient  à  ceux  de  l'homme  ;  le  droit  étoit 
compofé  de  trois  lobes ,  &  le  gauche  de  deux. 

Le  cœur  étoit  obtus  comme  celui  de  l'homme. 

La  langue  étoit  un  peu  plus  étroite  que  celle  de  l'homme. 

Le  cerveau  refîcmbloit  à  celui  de  l'homme ,  &:  étoit  à  pro- 
portion auffi  grajid  ;  il  pefoit  onze  onces  /êpt  gros.  Le  cervelet 
reffembloit  auffi  à  celui   de  i'homme. 

Les  mamelons  étoient  au  nombre  de  deux  :  un  de  chaque 
côté  de  la  poitrine ,  comme  dans  l'homme. 

Il  n'y  avoit  point  de  fcrotum  ;  les  tefticules  étoient  fous  la 
peau  dans  la  région  du  pubis ,  où  ils  formoient  une  élévation  de 
chaque  côté  de  la  verge. 

La  verge  différoit  de  celle  de  l'homme;  elle  avoit  près  de  deux 
pouces  de  longueur ,  un  pouce  deux  lignes  de  circonférence  à  la 
racine  ;  elle  étoit  compofée  de  deux  corps  caverneux ,  &:  pointue 
par  le  bout  :  il  n'y  avoit  point  de  frein. 

La  veiïie  étoit  oblongue  &:  moins  fphérique  que  dans  l'homme; 
les  terticules ,  les  véficules  féminales  &  les  proftates  reffembloient 
à  cQs  mêmes  parties  vues  dans  l'homme. 

Le  fqueleite  du  jocko  qui   m'a  fervi   de   fujet  pour  cette 


DU        J  O   C   K   O,  jj 

defcription  ,  ayant  cté  tire  d'un  jeune  individu  ,  &:  Çqs  cpiphyfës 
n'étant  pas  ofTifices  en  entier,  je  l'ai  comparé  à  un  fquelette 
d'enfant ,  qui  eft  à  peu  près  dans  le  même  état ,  afin  de  pouvoir 
reconnoître  avec  plus  de  précifion  les  refîèmblances  &  les  diffé- 
rences qui  font  entre  le  jocko  &.  l'homme ,  pour  la  figure 
des  os. 

La  tête  du  jocko  efl  à  proportion  moins  grofîè  que  celle  de 
l'homme  ;  elle  a  moins  de  hauteur ,  moins  de  largeur  &  même 
moins  de  longueur,  quoique  les  mâchoires  foient  beaucoup  plus 
(aillantes  en  avant.  La  boîte  oHeulè  du  crâne  a  moins  de  capa- 
cité ,  principalement  dans  fa  partie  poflérieure  ;  &  en  général  la 
tête  du  jocko  efl  très-différente  de  celle  de  l'homme  par  fâ  figure. 
Les  apophyfès  maltoïdes  font  très  -  peu  apparentes.  Il  n'y  avoit 
point  de  future  coronale.  Les  grandes  ailes  de  l'os  fphénoïde  ne 
font  pas  auifi  étendues  que  dans  l'homme;  elles  ne  fe  prolongent 
pas  entre  l'os  temj>oral  &  le  frontal  jufqu'â  l'os  pariétal  :  au  con- 
traire le  temporal  &  le  frontal  s'articulent  enfemble ,  &  même 
le  temporal  touche  à  l'os  de  la  pomette  au-delfus  du  fJDhénoïde; 
ce  qui  fait  une  grande  différence  dans  la  conformation  de  la  tête 
du  jocko  comparée  à  celle  de  l'homme:  aufli  la  tête  du  jocko  a 
inoins  de  hauteur  depuis  l'arcade  zygomatique  jufqu'au  fbmmet. 
Les  mâchoires  font  plus  longues  que  dans  l'homme  ,  les  os  pro- 
pres du  nez  font  auffi  plus  longs  ;  ils  ne  forment  point  de  voûte 
tranfverfale  avec  ceux  de  la  mâchoire  ;  l'ouverture  Ati  narines  efl 
placée  plus  bas  que  dans  l'homme  :  car  elle  efl  en  entier  au-defîbus 
Açs,  orbites  ;  elle  a  moins  de  hauteur  que  dans  l'homme ,  &:  fâ 
partie  inférieure  efl:  beaucoup  plus  éloignée  du  bord  alvéolaire  de 
la  mâchoire;  c'efl  pourquoi  le  mufêau  du  jocko  efl  alongé ,  6c 
là  lèvre  fiipérieure  efl  très-longue.  Les  orbites  At^  yeux  font  plus 

grandes  que  celles  de  l'homme;  la  cloifon  ollèufê  qui  les  fépare 

Kiij 


yS  Description 

a  beaucoup  moins  cfe  largeur:  par  conféquent  les  yeux  font  moins 
éloignés  l'un  de  l'autre.  Les  orbites  ont  plus  de  hauteur  que  de 
largeur  ,  tandis  que  dans  les  hommes  elles  ont  ordinairement  plus 
de  largeur  que  de  hauteur,  ou  au  moins  ces  deux  dimenfionslônt 
égales.  La  partie  fupérieure  du  bord  des  orbites  e(t  très-/;iillante , 
en  forme  de  bourrelet  qui  fè  continue  fur  le  bas  du  front ,  depuis 
Tune  des  orbites  jufqu'à  l'autre  :ce  bourrelet  donne  à  l'os  frontal 
du  jocko  une  forme  très  -  différente  de  celle  de  l'os  frontal  de 
l'homme ,  &  femble  terminer  le  haut  de  la  face  &  en  fcparer  la 
plus  grande  partie  de  l'os  frontal.  La  face  du  jocko  eft  terminée 
en  bas  par  l'arcade  alvéolaire  de  la  mâchoire  lupcrieure  ;  la  baie 
du  menton ,  au  lieu  d'être  lâillante  en  avant  comme  dans  l'homme , 
efl:  arrondie  &  inclinée  en  arrière  ;  auffi  le  jocko  n'a-t-il  point 
de  menton  charnu,  faillant,  &  difhngué  de  la  lèvre  inférieure  par 
un  pli  tranfverfal  comme  le  menton  de  l'homme.  J'ai  fait  la  même 
obfervation  fur  toutes  les  autres  efpèces  des  animaux  que  j'ai  vus 
en  chair  ou  en  fquelette.    - 

Il  ne  refloit  dans  le  fquelette  dont  il  s'agit ,  que  deux  dents , 
qui  étoient ,  la  féconde  &  latroifième  mâchelière  du  côté  droit  de 
la  mâchoire  du  defîbus  ;  elles  reflembloient  à  celles  de  l'homme. 

En  comparant  les  parois  internes  du  crâne  du  jocko  à  celles 
du  crâne  de  l'homme,  on  y  trouve  auffi  des  différences  très- 
marquées  dans  les  proportions  de  cette  cavité  ;  ks  folîès  font 
moins  grandes ,  il  n'y  a  prefqu'aucun  veOige  de  l'éminence  de 
l'os  ethmoïde ,  appelée  crête  de  coq ,  (Sec. 

Le  jocko  diffère  beaucoup  de  l'homme  par  la  fituation  de 
iarliculation  de  la  tête  avec  le  cou  ,  &:  par  la  direélion  du  plan 
du  grand  trou  occipital.  Ce  trou  &  les  condyles  qui  font  fur  fon 
bord,  fe  trouvent  placés  plus  en  arrière  dans  le  jocko,  c'efl-à- 
dire  ,  plus  près  de   l'occiput  &  plus  loin  de  la  face ,    &  par 


D   U       J  O    C    K   O,  70 

conféquent  l'apophyfe  bafjljire  ell;  beaucoup  plus  longue  *.  En 
fîippolànt  le  jocko  debout  fur  Tes  pieds  comme  un  homme  ,  le  pian 
du  grand  trou  occipital  eft  dirigé  obliquement  de  bas  en  haut  & 
de  devant  en  arrière ,  de  forte  que  s'il  ttoit  prolongé  en  avant , 
il  palTeroit  au-dedous  de  la  face  du  jocko;  au  contraire  dans 
l'homme,  ce  plan  efi  à  peu  prés  horizonlal ,  &  s'il  étoit  prolongé 
en  avant,  il  palTeroit  au-delîbus  des  yeux.  Cette  différence  entre 
le  jocko  Se  l'homme ,  par  rapport  à  l'articulation  de  la  tête  avec 
le  cou  ,  fait  que  l'homme  auroit  bien  moins  de  facilité  que  le 
jocko  à  préfenter  fon  vifige  en  avant,  s'il  pofoit  fès  mains  à  terre 
pour  fe  mettre  dans  l'attitude  àts  quadrupèdes ,  Se  que  le  jocko 
eft  obligé  d'incliner  fi  tête  pour  préfenter  fi  face  en  avant, 
lorfqu'il  eft  debout  dans  l'attitude  de  l'homme. 

Les  vertèbres  cervicales  du  jocko  retfemblent  à  celles  de 
l'homme  ,  mais  les  vertèbres  dorfiles  différent  de  celles  de  l'homme 
par  le  nombre  ;  il  y  en  a  treize,  &  par  conféquent  treize  côtes 
de  chaque  côté,  fept  vraies  &  fix  fauffes;  elles  font  moins  larges 
&  plus  épaiffes  que  celles  de  l'homme.  Le  flernum  n'étoit  pas 
offifié  en  entier  dans  le  fquelette  du  jocko  qui  fiit  le  fujet  de 
cette  defcription  :  on  n'y  diflinguoit  que  les  trois  premiers  os. 
Il  m'a  paru  que  fi  l'offification  du  ilernum  avoit  été  complète , 
les  articulations  àts  côtes  avec  le  fîernum  auroient  été  difpofo 
comme  dans  l'homme.  Les  côtes  avoient  moins  de  courbure 
&  d'inclinaifon  en  bas  ou  en  arrière  que  dans  l'homme  ,  &  par 
conféquent  le  Ilernum  étoit  plus  éloigné  de  la  colonne  vertébrale. 

Il  n'y  avoit  que  quatre  vertèbres  lombaires    dans  le  fquelette 
dont  il  s'agit  ici  ;  mais  j'ai  reconnu  qu'en  fai(ànt  ce  fquelette ,  on 

*  Voyez  les  Mémoires  de  l'Académie  Royale  des  Sciences ,  année  17^^. 
Mémoire  fur  les  différences  de  la  fiiuatlou  du  grand  trou  occipital  dans 
l'homme  &  dans  les  anjmaux. 


8o  Description 

avoit  fLippiimé  la  féconde  ;  ainfi  je  crois  que  le  jocko  a  cinq 
vertèbres  lombaires,  comme  le  dit  Tyfon*  ;  il  m'a  paru  que  ces 
vertèbres  &  les  dorfales  ne  différoient  de  celles  de  l'homme  qu'en 
ce  qu'elles  ctoient  à  proportion  plus  petites. 

L'os  facrum  avoit  cinq  faulTes  vertèbres  comme  celui  de 
l'homme;  mais  il  ctoit  plus  petit,  &  H  s'écartoit  moins  de  la 
direction  de  la  colonne  vertébrale  :  il  étoit  aufli  moins  concave 
le  long  de  iâ  face  interne. 

Le  coccix  e'toit  compofé  de  quatre  ou  cinq  pièces  comme 
dans  l'homme  ,  mais  il  étoit  plus  alongé  &  beaucoup  moins 
courbe  vers  le  baflin.  Par  ces  différences  de  direction  &  de 
courbure  ,  le  jocko  a  moins  de  rapport  à  l'homme  qu'aux 
quadrupèdes ,  car  ils  ont  le  facrum  &:  les  premières  vertèbres  de 
la  queue,  placés  à  peu  près,  fur  la  même  ligne  que  la  colonne 
vertébrale.  Tyfon  a  obfervé  que  le  coccix  du  fatyre  étoit  un  peu 
faillant  ,  &:  formoit  une  protubérance  fur  la  peau. 

Les  os  du  baffm  du  jocko  ont  aufli  plus  de  rapport  à  ceux 
des  quadrupèdes  qu'à  ceux  de  l'homme,  non-feulement  parleur 
direélion  ,  mais  auiïi  par  leur  forme. 

L'os  de  la  hanche  efl  à  proportion  plus  long  &  moins  large 
que  dans  l'homme  ,  par  confe'quent  fa  crête  a  moins  de  longueur, 
ce  qui  diminue  beaucoup  la  largeur  de  l'os  ;  la  plus  grande  dif- 
férence de  longueur  efl  dans  celle  du  bord  antérieur  &  de  l'échan- 
crure  fciatique  ;  ainfi  la  partie  de  l'os  qui  fe  trouve  entre  le  ficrum 
&  la  cavité  cotyloïde  eft  très-longue  ,  &:  donne  au  baffin  beaucoup 
plus  de  longueur  que  de  largeur ,  comme  dans  les  quadrupèdes , 
&  au  contraire  de  ce  qui  efl  dans  l'homme;  le  bord  antérieur  de 
l'os  de  la  hanche  n'a  point  d'épines  ;  il  n'y  a  point  de  convexité 

*  Orang-outang,  <5cc.  Pa^e  6^, 

fur 


r>  u     J  o  c  K  0.  8i 

fur  \\  face  externe,  ni  Je  concavité  fur  la  face  interne,  comme 
dans  l'homme:  cet  os  e(l  moins  incline  fur  la  colonne  vertébrale 
<jLie  celui  de  l'homme  ,  &  par  confcquent  le  plan  de  l'entrée  du 
baffin  forme  avec  la  colonne  vertébrale  un  angle  plus  ouvert  dans 
le  jocko  que  dans  l'homme. 

Les  os  pubis  font  plus  longs  que  dans  l'homme ,  &:  contribuent 
avec  les  os  <\ts  hanches  à  rendre  l'entrée  du  baiïin  plus  longue 
que  large  ,  comme  dans  \ts  quadrupèdes.  Les  os  pubis  s'articulent 
«nfemhle,  non-fèulement  par  leur  angle  comme  dans  l'homme, 
mais  auffi  par  leur  branche  comme  dans  \&s  quadrupèdes ,  de 
forte  qu'ils  forment  une  gouttière  fous  le  vagin  àts  finges  femelles , 
comme  fous  celui  <\th  femelles  àts  autres  quadrupèdes. 

La  tubérofjté  de  î'ifchion  m'a  paru  plus  grande  que  dans 
i'homme  ,  quoique  le  jocko  n'ait  point  de  callofités  fur  cet  os  ; 
comme  la  plupart  des  autres  finges.  Le  trou  ovalaire  eft  plus 
arrondi  que  dans  l'homme  à  l'endroit  de  fon  bord  qui  efl  formé 
par  I'ifchion ,  parce  que  fi  branche  s'écarte  plus  du  corps  de  l'os 
pour  fê  joindre  à  la  branche  dti  pubis ,  qui  efl:  auffi  plus  écartée 
du  corps  de  cet  os  à  cau(è  de  fà  réunion  avec  la  branche  de 
i'autre  os  pubis. 

L'omoplate  efl  moins  large  Se  beaucoup  plus  alongce  que  celle 
de  l'homme;  par  cette  forme,  elle  relfemble  plus  ù  l'omoplate 
<\qs  quadrupèdes  ;  le  h^c  coracoïde ,  l'acromion  &:  les  clavicules 
relfemblent  à  ces  mêmes  parties,  vues  dans  l'homme. 

La  différence  la  plus  fenfibîe  que  j'aie  remarquée  entre  les  os 
du  bras  &  de  la  cuifîè  du  jocko  &  de  l'homme ,  confÏÏfe  en  câ 
que  l'os  de  la  cuifîè  efl  plus  court  dans  le  jocko. 

Les  os  de  l'avant-bras ,  de  la  jambe  &  des  pieds  manquoient 
iians  le  fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcription. 
Tome  XIV.  L 


82  Description 

picdî.  pouc.  J^es. 
Longueur    depuis  le   bout    des    mâchoires    jufl]u'à 

l'occiput "  '>'  ^' 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête "  3*  4' 

Longueur  de  la  mâchoire  inférieure  depuis  Ton  extré- 
mité antérieure  jufqu'au  bord  poftérieur  de  lapo- 

phyfe  condyloïde "  3*  J* 

Épaifleur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

du  deiïlis "  '  ^• 

Largeur  de   la   mâchoire  du  defllis,  à  l'endroit  des 

dents  canines "  '  •  7* 

Diflance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  .  //  //  5» 

Longueur  de  ceue  ouverture "  "  9' 

Largeur "  "  ^• 

Longueur  des  os  propres  du  nez /'  i  •  ^  • 

Lirgeur  à  l'endroit  le  plus  large *  " 

Largeur  des  orbites "  '  •  ^  • 

Hauteur "  *  •  ^J 

Largeur  du   trou  de  la  première  vertèbre   de  haut 

en  bas "  "  °  i' 

Longueur  d'un  côté  à  l'autre *  h  9. 

Hauteur  de  l'apophyfe  épineule  de  la  féconde  vertèbre.  //  //  2,. 

Largeur n  n  2.  {. 

Longueur  de  la  huitième  côte  qui  eft  la  plus  longue.  //  6.  2. 

Longueur  du  fternum //  3.  2. 

Longueur  du  corps  de  la  quatrième  vertèbre  lom- 
baire, qui  eft  la  plus  longue h  h  7. 

Largeur  de  la  partie  fupérieure  de  l'os  de  la  hanche.  //  2.  4. 
Longueur  de  l'os  depuis  le  milieu  de  la  cavité  cotyloide 

julqu'au  milieu  du  côté  fupérieur //  4.  4. 

Longueur  des  trous  ovalaires //  1.  2, 

Largeur  .  .  .  t • >  •  « a  a  10. 


^-:- 


t 


'/■'///.    A'//-. 


Pl.I  l\u,  Si 


/>.•  JVr.-  /A-/- 


j.]-:  jocKO 


iVu-fi/L-/  .'\-u/r 


D  U       J  O   C   K  O.  83 

picdi.  pouc.  lignes. 

Largeur  du  baflxn //  i .  11. 

Hauteur u  3 .  ^. 

Longueur  de  lomoplate //  3.  6. 

Largeur  dans  le  milieu //  i .  7. 

Longueur  de  l'humcrus //  6.  ^. 

Longueur  du  fémur.  , ,  ti  6.  7. 


11  -ê^w"  !■ 
Se**"' 


Lij 


84-      Histoire  Naturelle 


:niii 


I 


LE  PITHEQUE'. 


»>  1  L  y  a  ,  dit  Ariflote,  des  animaux  dont  la  nature  cfl 

»'  ambiguë  ,  <S;  tient  en  partie  de  i 'Homme  6c  en  partie 

«  du  quadrupède  ,  tels  que  les  Piihcqucs ,  les  Kcbes  <Sc  les 

«  Cyîwcépliales ;  le  kèhe  efl  un  pitlièque  avec  une  queue; 

w  le   cynocéphale    efl  tout  femblable  au  pithèque ,  feu- 

»  lement  il  efl  plus  grand  &  plus  fort ,  6c  il  a  le  nuifeau 

»  avancé  ,  approchant  prefcjue  de  celui  tlu  dogue ,  &  c'eft 

»  de  là  qu'on  a  tiré  Ton  nom  ;  il  efl  aufTi  de  mœurs  plus 

»  féroces ,  (Se  il  a  les  dents  plus  fortes  que  le  pithè(|ue  &.  plus 

reffemblantcs  à  celles  du  chien  >^.  D'après  ce  paiTage  , 

il  efl  clair  que  le  pithèque  <5c  le  cynocéphale  indiqués 

par  Ariflote  n'ont  ni  l'un  ni  l'autre  de  queue,  puifqu'il 

dit  quelespithèques  qui  ont  une  queue  s'appellent /'^/vj-^ 

*  Pithèque.  n/0Hxof,  en  Grec;  S'im'iû ,  en  Latin;  Chinchin ,  en  Tartaric, 
félon  Rubruquis;   &  S'infin ,  à  la  Chine,  fclon  le  P.  du  Halde. 

Pithecus ,  Aiiftotelis.  Hijl.  animal,  lib.  II,  cap.  Vili. 

Sïm'ia ,  Gefner.  H'ijl.  /juaJ.p:\g.  847  ,fig.  iùiJ.  Icon.  ^uûd.  pag.  5>2, 
fig.  ibiil.  Nota.  C'eft  la  même  fignre  copiée. 

S'im'ia ,  Jonfton  ,  de  quad.  tab.  59  ,  ducefgurœ. 

Simia  fimplic'uer  diâa,  caudâ  carens.  Ray.  Syn.  quad.  pag,  149. 

Figura  prima  ejl  e arum  fimi arum  quœ  caudas  non  hahent  :  kœ  arlerls 
facilius  &  citius  manfuefiunt  ;  cœierifque  folerùori  ingenio  prœjlani  làhi- 
riorefque  &  verfutiores  exijluiit.  Profp.  Alp.  HiJL  yEgypii ,  lib.  IV, 
tab.  20  ,  fig.   I . 

Simia  unguibns  omnibus  planis  &  rotuudatis.  1 ....  Le  finge.  ^rijf, 
reg.  cnim.  pag.  188. 


DUPiTHÈQVE.  85 

ôi  que  le  cynocéphale  reffemble  en  tout  au  pithèque, 
à  l'exception  du  niufeau  qu'il  a  plus  avancé  &i  des 
dents  qu'il  a  plus  grofTes.  Aridote  fait  donc  mention 
de  deux  efpèces  de  finges  fans  queue,  le  pithèque  6c 
le  cynocéphale  &.  d'autres  finges  avec  une  queue  qu'il 
appelle /(<^/^rj-.  Maintenant,  pour  comparer  ce  que  nous 
connoiffons  avec  ce  qui  étoit  connu  d'Ariftote,  nous 
ohferverons  que  nous  avons  vu  trois  efpèces  de  fmges 
qui  n'ont  point  de  queue,  favoir,  l'orang-outang,  le 
gibbon  Si  le  magot ,  &  qu'aucune  de  ces  trois  efpèces 
n'eft  le  pithèque  ;  car  les  (\tUK  premières,  c'efl-à-dire, 
i'orang-outang  (Se  le  gibbon  n'ctoicnt  certainement  pas 
connues  d'Ariflote,  puifque  ces  animaux  ne  fe  trouvent 
que  dans  les  parties  méridionales  de  l'Afrique  &  des 
Indes  qui  n'étoient  pas  découvertes  de  fon  temps ,  & 
que  d'ailleurs  ils  ont  des  caradèrcs  très-difîércns  de 
ceux  qu'il  donne  au  pithèque;  mais  la  troifème  efpède 
que  nous  appelons  77Jngoi ,  eft  le  97/^^^/?//^/^  d'Ariftote  ; 
il  en  a  tous  les  caradères  ,  il  n'a  point  de  queue,  il 
a  le  mufeau  comme  un  dogue  ,  6c  les  dents  canines 
groffes  ÔL  longues;  d'ailleurs  il  fe  trouve  communé- 
ment dans  l'Alie  mineure  <5c  dans  les  autres  provinces 
de  l'Orient  qui  étoient  connues  des  Grecs  ;  le  pithèque 
efl  du  même  pays,  mais  nous  ne  l'avons  pas  vu  ,  nous 
ne  le  connoiffons  que  par  le  témoignage  des  Auteurs; 
6c  quoique  depuis  vingt  ans  que  nous  recherchons  les 
fmges,  cette  cfpèce  ne  fe  foit  pas  rencontrée  fous  nos 

veux,  nous  ne  doutons  cependant  pas  qu'elle  n'exiftc 

L  iij 


S6      Histoire  Naturelle 

au/n  réellement  que  celle  du  cynocéphale.  Gefner  ôl 
Jonflon  ont  donne  des  figures  de  ce  finge  pithèque; 
M.  BriiTon  l'a  indiqué  comme  l'ayant  vu,  il  le  dil- 
tingue  du  cynocéphale  ou  magot,  qu'il  défigne  aufTi 
comme  l'ayant  vu,  &.  il  confirme  ce  que  dit  Ariflote, 
en  aiïiirant  que  ces  deux  animaux  *  fe  refTemblent  à 
tous  égards,  à  l'exception  du  mufeau  qui  eft  court  dans 
{e phhèque  ou  fmge  proprement  dit,  &  alongé  dans  le 
cynocéphale.  Nous  avons  dit  que  l'orang-outang  ,  le 
pithèque  ,  le  gibbon  <Sc  le  magot  fi^nt  les  feuls  animaux 
auxquels  on  doive  appliquer  le  nom  générique  Atfinge, 
parce  qu'ils  font  les  feuls  qui  n'ont  point  de  queue, 
6c  les  feuls  qui  marchent  plus  volontiers  (Se  plus  fouvent 
fur  deux  pieds  que  fur  quatre  :  l'orang-outang  &  le 
gibbon  font  très-différens  du  pithèque  6c  du  magot; 
mais  comme  ceux-ci  fe  refTemblent  en  tout,  à  l'ex- 
ception de  la  grandeur  des  mâchoires  &  de  la  groffeur 
des  dents  canines,  ils  ont  fouvent   été  pris  l'un  pour 

*  Race  preinicre  àt^  fingcs ,  ceux  qui  n'ont  point  de  queue ,  & 
qui  ont  le  mufeau  court  ;  i ."  le  finge.  J'ai  vu  plufieurs  fincres  qui  ne 
differoient  entr'cux  que  par  la  grandeur  ;  leur  face  ,  leurs  oreilles  & 
leurs  ongles  font  afîez  fenibiables  au  vifàge  ,  aux  oreilles  &  aux  ongles 
de  l'homme  ;  le  poil  qui  couvre  tout  leur  corps  ,  excepte  les  feiïcs 
qvii  font  nues  ,  cft  mêlé  de  verdàtre  &  de  jaunâtre  ;  le  verdàtre  do- 
mine dans  la  partie  fupcrieure  du  corps,  <5c  le  jaunâtre  dans  la  partie 

inférieure Race  féconde  des  fmges  ,    ceux  qui  n'ont  point  de 

queue ,  &  qui  ont  le  mufeau  alongé;  i ."  le  finge  cynocéphale ,  il  ne 
difîcre  du  finge  que  par  fon  mufeau  alongé  ,  comme  celui  d'un  chien , 
d'ailleurs  il  lui  refTèmble  en  tout.  J'en  ai  vu  plufieurs  qui  ne  difîéroieni 
emr'eux  que  par  la  grandeur.   Bnjf,  reg.  anim.  pr.g.  i  C;j  &  ip  i. 


DU      P  I  T  H  È  QU  E.  Zj 

V'àuixe  ;  on  les  a  toujours  indiqués  par  Je  nom  commun 
de  fuige ,  &  même  dans  les  langues  où  il  y  a  un  nom 
pour  les  linges  fans  queue,  <Sc  un  autre  nom  pour  les 
linges  à  queue,  on  n'a  pas  dillingué  le  pithèque  du 
magot  ;  on  les  appelle  tous  deux  du  même  nom  aff, 
en  Allemand;  ^ipe ^  en  Anglois:  ce  n'efl  que  dans  la 
langue  Grecque  que  ces  deux  animaux  ont  eu  chacun 
leur  nom;  encore  le  mot  cynocq^linle  efl  plutôt  une  dé- 
nomination adjedive  qu'un  fubflantif  propre,  <S<.  c'efl 
par  cette  railon  que  nous  ne  l'avons  pas  adopté. 

Il  paroît  par  les  témoignages  des  Anciens  ,  que  le 
pithèque  ell  le  plus  doux  ,  le  plus  docile  de  tous  les 
fingcs  qui  leur  étoient  connus,  <?;  qu'il  étoit  commun 
en  Afie  auiïi-bien  que  dans  la  Lybie  à.  dans  les  autres 
provinces  de  l'Afrique  ,  qui  étoient  fréquentées  par  les 
Voyageurs  Grecs  <Sc  Romains;  c'efl  ce  qui  me  fait  pré- 
fumer qu'on  doit  rapporter  à  cette  efpèce  de  f  ngc  les 
pafTages  fuivans  de  Léon  l'Africain  6c  de  Marmol  ;  ils 
difent,  que  les  fmges  à  longue  queue  qu'on  voit  en  Mau- 
ritanie ,  <5c  que  les  Africains  appellent  moties ,  viennent 
du  pays  des  Nègres  ,  mais  que  les  fingcs  fans  queue 
font  naturels  <?c  fe  trouvent  en  très- grande  quantité 
dans  les  montagnes  de  Mauritanie  ,  de  Bugie  cSc  de 
Conrtantine  ;  «  ils  ont,  dit  Marmol,  les  pieds,  \qs 
mains,  <5c  s'il  faut  ainfi  dire,  le  vifage  de  l'homme,  « 
avec  beaucoup  d'efprit&  de  malice;  ils  vivent  d'herbes,  « 
de  blé  <Sc  de  toutes  fortes  de  fruits  qu'ils  vont  en  troupes  « 
dérober  dans  les  jardins  ou  dans  les  champs,  mais  ayant  «« 


88      *   Histoire  Natu rellé 

''  que  Je  fortir  de  leur  fort  il  y  en  a  un  qui   monte  fur 
'' une  cmincncc ,  d'où  il  découvre  toute   la   campagne, 
»'  6c  quand  il   ne  voit  paroitre  perfonne   il  fut  figne  aux 
"  autres  par  un  cri  pour  les  faire  fortir  &  ne  bouge  de-là, 
'>  tandis  qu'ils   font  dehors;  mais   fitôt  qu'il  voit  venir 
"  quelqu'un  il  jette  de  grands  cris,  (S:  fautant  d'arbre  en 
"arbre  tous  fe  fauvcnt   dans   les  montagnes;   c'efl  une 
^'  cliofe  admirable  (|ue  de  les  voir  fuir,  car  les  femelles 
''  portent  fur  leur  dos  quatre  ou  cinq  petits  &  ne  laiffent 
"  pas  avec  cela  de  faire  de  grands  fauts  de  branche  en 
"  branche;  il  s'en  prend  quantité  par  diverfes  inventions 
"  quoiqu'ils  foient  fort  fins;  quand  ils  deviennent  farou- 
"  ches  ils  mordent  ,  mais  pour  peu  qu'on  les  flatte  ils 
»  s'apprivoifent  aifément  ;    ils   font  grand  tort  aux  fruits 
"  6l   au   blé,   parce   qu'ils   ne  font  autre  chofe   que  de 
^'  cueillir,  couper  ôl  jeter  par  terre,  foit  qu'il  foit  mûr  ou 
»'  non,  (Se  en  perdent  beaucoup  plus  qu'ils  n'en  mangent 
»  6c   qu'ils  n'en   emportent  ;   ceux   qui  font  apprivoifcs 
»  font  des  chofes  incroyables,  imitant  l'homme  en  tout 
ce  qu'ils  voient  '"  ».  Kolbe  rapporte  les  mêmes  faits  à 
peu  près  au  fujet  des  fingcs  du  cap  de  Bonnc-cfpcrance; 
mais    on  voit  par  la  figure  6c   la  defcription  (ju'il  en 
donne  que  ces  finges  font  des  babouins,   qui  ont  une 
queue  courte,  le  mufeau  alongé  ,  les  ongles  pointus  ,  &^c. 
6c  qu'ils  fontauffi  beaucoup  plus  gros  6c  plus  forts  que 
ces  finges    de  Mauritanie  ^  :    on  peut  donc  prcfumer 

'  L'Afrique  de  Mannol ,  tome  I ,  page  jy. 
*  Voyez  ci-après  larticlc  du  Papion. 

que 


DUPiTHÈQUE.  $p 

que  Kolbe  a  copié  le  pafTage  de  Marniol ,  6c  applique 
aux  babouins  du  Cap  les  habitudes  naturelles  des  pi- 
thèques  de  Mauritanie. 

Le  pithèque,  le  magot, 6: le  babouin  que  nous  avons 
appelé  papion  ,  étoient  tous  trois  connus  des  Anciens  ; 
aiifTi  ces  animaux  fe  trouvent  dans  TAfie  mineure ,  en 
Arabie  ,  dans  la  haute  Egypte  &  dans   toute  la  partie 
feptentrionale  de  l'Afrique  :  on  pourroit  donc  au/Ti  ap- 
pliquer ce  pafïïige  de  Alarmol  à  tous  trois  ;  mais  il  efl 
clair  qu'il  ne  convient  pas  au  babouin,  puilqu'il  y  efl 
dit  que  ces    fmgcs  n'ont   point  de  queue;  <Sc  ce  qui 
me  fait  préfumer  que  ce  n'efl  pas  du  magot ,  mais  du 
pithèque  dont  cet  Auteur  a  parlé,  c'efl  que  le  magot 
n'efl  pasaifé  àapprivoifer,  qu'il  ne  produit  ordinaire- 
ment que  deux  petits  &  non  pas  quatre  ou  cinq  comme 
le  dit  Marmol  :   au  lieu   que  le  pithèque   qui  efl  plus 
petit  doit  en  produire  davantage  ;  d'ailleurs  il  efl  plus 
doux  <5c  plus  docile  que  le  magot  qui  ne  s*apprivoife 
qu'avec  peine  &  ne  fe  prive  jamais  parfaitement  :  je 
me  fuis  convaincu  par  toutes  ces  raifons,  que  ce  n'efl 
point  au  magot,  mais  au  pithèque  qu'il  faut  appliquer 
ce  pafïage  des  Auteurs  Africains  ;   il  en  efl  de  même 
de  celui  de  Rubruquis  ,    où    il  efl  fait   mention    des 
finges  du  Cathay ,  il  dit  «  qu'ils  ont  en  toutes  chofes 

la  forme  ôl  les  façons  des  hommes qu'ils  ne  font  • 

pas  plus  hauts  qu'une  coudée  Sl  tout  couverts  de  poils;  o 
qu'ils  habitent  dans  des  cavernes;  que  pour  les  prendre  « 
on  y  porte  des  boiffons  fortes  <Sc  enivrantes qu'ils  « 


90        Histoire   Naturelle 

>^  viennent  tous  enfemble  goûter  àtce  breuvage,  en  criant 
»  chinchin,  dont  on  leur  a  donné  le  nom  de  chhichin ,  6c 
»  qu'ils  s'enivrent  fi  bien  qu'ils  s'endorment;  en  forte  que 
les  chafTturs  les  prennent  aifément''.  »  Ces  caradères 
ne   conviennent  qu'au   pithèque  &   point  du  tout   au 
magot:  nous   avons   eu  celui-ci  vivant,   &   nous  ne 
l'avons   jamais   entendu  crier   chmchiu ;  d'ailleurs   \\  a 
beaucoup  plus  d'une  coudée  de  hauteur  (Se  reiïemble 
moins  à  l'homme  que  ne  le  dit  l'Auteur;  nous  avons 
eu  les  mêmes  raifons  pour  appliquer  au  pithèque  6c 
non  point  au  magot  la  figure  <Sc  l'indication  de  Profper 
Alpin,   par  laquelle  il  alïïire  que  les  petits  fmges  fans 
queue  qu'il  a  vus  en  Egypte  s'apprivoifent  plus  vite  <Sc 
plus  aifément  que   les  autres,  qu'ils  ont  plus  d'intelli- 
gence (Se    d'induflrie,  (Se   qu'ils   font  aufTi  plus  gais  6c 
plus  plaifans  que  tous  les  autres  :  or  le  magot  efl  d'une 
groffe  6c  afTez  grande  taille,    il  eft    mauflade ,  tri  fie , 
farouche  &.  ne  s'apprivoife  qu'à   demi;   les  caradlères 
que  donne  ici  Profper  Alpin  à  fon  fmge  fans  queue  , 
ne  conviennent  donc  en  aucune  manière  au  magot  (Se 
ne  peuvent  appartenir  à  un  autre  animal  qu'au  pithèque. 

Caraâères  diflinâifs  de  cette  efpèce. 

Le  pithèque  n'a  point  de  queue,  il  n'a  point  les 
dents  canines  plus  grandes  à  proportion  que  celles  de 
l'homme ,  il  a  la  face  plate ,  les  ongles  plats  auffi ,  6c 
arrondis  comme  ceux  de  l'homme;  il  marche  fur  fes 

*  Reîcuions  de  Rubruquis ,  ^«a^w  iy$  i/  fuiv. 


DU     P  I  T  H  ÈQU  E.  91 

deux  pieds,  il  a  environ  une  coudée,  c'e(l-à-dire,  tout 
au  plus  un  pied  &  demi  de  liauteur  ;  Ton  naturel  efl 
doux  ,  6i  on  l'apprivoife  aifénient.  Les  Anciens  ont 
dit  que  la  femelle  efl  fujette  à  l'ccoulenunt  périodique, 
<Sc  l'analogie  ne  nous  permet  pas  d'en  douier. 


Mij 


2         Histoire  Naturelle 


9 


L 


LE    GIBBON*. 


E  Gibbon  (plîièriij)  fe  tient  toujours  debout; 
lors  même  qu'il  marche  à  quatre  pieds  ,  parce  que  fes 
bras  font  aufil  longs  que  fon  corps  <5c  fes  jambes  ; 
nous  l'avons  vu  vivant,  il  n'avoit  pas  trois  pieds  de 
hauteur,  mais  il  étoit  jeune,  il  étoit  en  captivité:  ainfi 
l'on  doit  prcfumer  qu'il  n'avoitpas  encore  acquis  toutes 
fesdimenfions ,  <Sc  que  dans  l'état  dénature,  lorfqu'il  efl 
adulte ,  il  parvient  au  moins  à  quatre  pieds  de  hauteur  ;  ii 
n'a  nulle  apparence  de  queue  :  mais  le  caracflère  qui  le 
diftingue  évidemment  des  autres  fmges  ,  c'efl  cette 
prodigieufe  grandeur  de  fes  bras  qui  font  aufii  longs 
que  le  corps  &  les  jambes  pris  enfemble ,  en  forte  que 
l'animal  étant  debout   fur  fes  pieds   de  derrière ,  fes 

*  Gibbon,  c'efl  le  nom  fous  lequel  M.  Dupleix  nous  a  donné  ce 
flnge  qu'il  nvoit  apporté  (\ts  Indes  orientales  ;  j'ai  d'abord  cru  que 
ce  mot  étoit  Indien,  mais  en  fàilant  des  recherches  fur  la  Nomen- 
clature des  finges,  j'ai  trouvé  dans  une  note  de  Dalechamp  fur  Pline, 
que  Strabon  a  défigné  le  Ceplius  par  le  mot  Keipon ,  dont  il  efl  pro- 
bable qu'on  a  fait  Guibon,  Gibbon.  Voici  le  pafTige  de  Pline,  avec 
la  note  de  Dalechamp  :  Pompeii  magni  primiim  ludi  ojîenderunt  ex 
^thiopiâ  quas  vacant  cephos  '',  quarum  pedes  pojleriores  pedibus  humanis 
é^  auribus  priores  îuanibus  fuere  fimiles  ;  hoc  animal  pojtea  Rom  a  non 
vidit. 

*  Cephos )  Straioy  lib.  15.  Kt/Voi'  vocat ,  fjfeque  tradit  facie  fatyro fimktn.  Dal,  PIfru 
////?.  nm,  lib.  VUl ,  cap.  xix.  Nota.  Il  me  proît  que  le  Ccbus  des  Grecs ,  &  ic  Cephus 
de  Pline,  qu'on  doit  prononcer  lûbus  6c  Kej>/ius  pourroient  bien  venir  originajrcmenî 
de  Koph  ou  KofhWf.  qui  en  Hébreu  &  en  Chaldécn  cA  k  nom  du  fingc. 


DU    Gibbon,  9-» 

mains  touchent  encore  à  terre  &.  qu'il  peut  marcher 
à  quatre  pieds  ,  fans  que  fon  corps  fe  panche;  il  a  tout 
autour  de  la  face  un  cercle  de  poils  gris ,  de  manière 
qu'elle  feprcfente  comme  fi  elle  ctoit  environnée  d'un 
cadre  rond,  ce  qui  donne  à  ce  fmge  un  air  très-extraor- 
dinaire; fes  yeux  font  grands,  mais  enfoncés ,  fes  oreilles 
nues  &   bien  bordées ,  fa  face  eft  aplatie ,  de  couleur 
tannée  <Sc  affez  femblable  à  celle  de  l'homme  :  le  gibbon 
efl  après  l'orang-outang  &  le  pithèque  ,    celui  qui  ap- 
procheroit  le  plus  de  la  figure  humaine ,  i\  la  longueur 
exce/five  de  fes  bras  ne  le  rendoit  pas  difforme  ;  car 
dans  l'état  de  nature  l'homme  auroit  auffi  une  mine  bien 
étrange;  les  cheveux  &  la  barbe,  s'ils  étoient  négligés, 
formeroient  autour  de  fon  viiàge  un  cadre  de  poil  affez 
femblable  à  celui  qui  environne  la  face  du  gibbon. 

Ce  fmge  nous  a  paru  d'un  naturel  tranquille,  &  de 
mœurs  affez  douces,  fes  mouvemens  n'étoient  ni  trop 
Lrufques  ni  trop  précipités,  il  prenoit  doucement  ce 
qu'on  lui  donnoit  à  manger;  on  le  nourriffoit  de  pain  , 
de  fruits,  d'amandes,  &ic.  Il  craignoit  beaucoup  le 
froid  Sl  l'humidité ,  Se  il  n'a  pas  vécu  long-temps  hors 
de  fon  pays  natal  :  il  efl  originaire  des  Indes  orientales, 
particulièrement  des  terres  de  Coromandel ,  de  Malaca 
<5c  des  îles  Moluques  *.  Il  paroît  qu'il  fe  trouve  aufïï 

"^  Le  P.  le  Comte  dit  avoir  vu  aux  Moluques  une  e(pcce  Je  finge  ; 
marchant  naturellement  fur  Çqs  deux  pieds,  fe  fervant  de  ks,  bras 
comme  un  iiomme,  le  vifâge  à  peu  près  comme  celui  d'un  Hottemotj 
mais  le  corps  tout  couvert  d'une  cfpèce  de  luine  grife,  étant  exadeineAi 

M  Ji; 


94        Histoire   Naturelle 

dans  des  provinces  moins  méridionales ,  (Se  qu'on  doit 
rapporter  an  gibbon  ,  le  finge  du  royaume  deGannaurc 
frontière  de  la  Chine  ,  que  quelques  Voyageurs  ont 
indiqué  fous  le  nom  àt  fefé  "^  ;  au  refte  cette  efpèce 
varie  pour  la  grandeur  6c  pour  les  couleurs  du  pod  ,  il 
y  en  a  deux  au  Cabinet ,  dont  le  fécond  (pi.  iiij  quoi- 
qu'adulte  efl  l)ien  plus  petit  que  le  premier  { pL  n )  , 
6c  n'a  que  du  brun  dans  tous  les  endroits,  où  l'autre  a 
du  noir;  mais  comme  ils  fe  reffemblent  parfaitement  à 
tous  autres  égards ,  nous  ne  doutons  pas  qu'ils  ne  foient 
tous  deux  d'une  feule  6c  même  efpèce. 

Caraâères  diflindifs  de  cette  efpèce. 
Le  gibbon  n'a  point  de  queue ,  il  a  les  feffes  pelées 

comme  un  enfant  &  exprimant  parfaitement  ^ts  pafrions&  fes  appétits; 
il  ajoute  que  ces  finges  font  d'un  naturel  très  -  doux ,  que  pour 
montrer  leur  affe(5tion  aux  perfonnes  qu'ils  connoiiïent ,  ils  les  embraf- 
fent  &  lesbaifent  avec  des  tranfports  finguliers  :  que  l'un  de  ces  finges 
qu'il  a  vu  ,  avoit  au  moins  quatre  pieds  de  liauieur  ,  qu'il  étoit  extrê- 
ïucment  adroit  &  encore  plus  agile.  /Mémoires  fur  la  Chine ,  par  Louis 
le  Comte  ,  page  ^  i  o. 

*  Dans  le  royaume  de  Gnnnaure  ,  frontière  de  la  Chine  ,  il  fe  trouve 
lin  animal  qui  efl  fort  rare,  qu'ils  nomment  Fefé ;  il  a  prelque  la 
forme  liuinaine  ,  les  bras  fort  longs,  le  corps  noir  &  velu,  marche 
fort  légèrement  &  fort  vite.  Recueil  des  Voyages,  &c.  Rouen,  i  j i jS , 
îome  III,  page  168.  NoTA.  i ."  Ce  caradère  des  bras  fort  longs 
n'appartient  qu'à  ce  finge ,  &  par  conléquent  indique  aflez  clairement 
que  le  Fcfc  efl;  le  même  que  le  Gibbon.  Nota.  2°  On  peut  préfu- 
mer que  le  mot  fefé  vient  de  jfff  on  fefef ,  nom  du  babouin  dans  les 
provinces  de  l'A  trique  ,  voifines  de  l'Arabie  ,  &  qu'on  a  transfère  ce 
nom  du  babouin  au  gibbon  ;  car  le  babouin  n'a  pas  les  bras  plus  longs 
tcjue  les  autres  finges. 


DU    Gibbon. 


95 


avec  de  légères  callofitcs;  fa  face  efl  plafe,  Brune  & 
environnée  tout  autour  d'un  cercle  de  poils  gris;  il  a 
les  dents  canines  plus  grandes  à  ])roportion  que  celles 
de  riiomme;  il  a  les  oreilles  nues,  noires  <Sc arrondies, 
le  poil  brun  ou  gris  fuivant  Tâge  ou  la  race;  les  bras 
exceffivement  longs  :  il  marche  fur  fcs  deux  pieds  de 
derrière ,  il  a  Atwx  pieds  &  demi  ou  trois  pieds  de 
hauteur.  La  femelle  eft  fujette,  comme  les  femmes,  à 
un  écoulement  périodique  de  fang.  '^ 


9(5  Description 

D  E  se  RI  Pflo  N 

DU      GIBBON. 

Le  Gibbon  (pi.  1 1  )  a  la  tête  ronde  ,  les  yeux  grands  & 
enfoncés ,  le  nez  aplati ,  les  oreilles  arrondies  &l  bordées  à  peu 
près  comme  celles  de  l'homme  ;  il  y  a  àts  callofités  fur  les  felîés  * ^ 
mais  je  n'ai  remarque  aucune  apparence  de  queue.  Les  jambes 
de  devant  font  beaucoup  plus  longues  que  celles  de  derrière  &: 
excefTivement  longues ,  car  l'animal  étant  debout  &:  tenant  Çts 
jambes  de  devant  pendantes,  leurs  doigts  touchoient  la  terre.  J'ai 
ouï  dire  que  celui  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcription  ,  fê 
lenoit  fouvent  dans  cette  attitude.  Le  tour  dts  yeux,  le  nez  »Sc 
rexlrémité  des  deux  mâchoires  ctoient  nus  «Se  de  couleur  brune. 
Il  y  avoit  une  bande  en  forme  de  cercle ,  formée  par  des  poils 
gris ,  qui  paflbit  au-deiïus  des  yeux  ,  fur  les  joues  &  fous  la  mâ- 
choire inférieure  ;  ce  cercle  gris  donnoit  un  air  fort  extraordi- 
naire à  la  face  de  ce  linge.  Les  oreilles  étoieni  nues  &:  de  couleur 
noirâtre;  le  poil  de  la  tête,  du  cou  ,  du  dos ,  des  côtés  du  corps 
&  des  jambes  étoit  noir  ;  celui  qui  recouvroit  la  face  /îipérieure 
des  pieds  avoit  une  couleur  grife  ;  la  plante  étoit  nue  &  de 
couleur  noire,  les  ongles  étoient  aulTi  de  cette  couleur. 

pioU.  pouc.  Jigne* 
Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite, 

depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu  a  l'anus i.      3.      6, 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufêau  jufqu'à 

l'occiput M       4.      4^ 

*  Ces  callofités  (ont  formées  par  une  adhérence  de  la  peau  aux  tubérofités 

des  os  ifchions ,  fur  lefquelies  il  y  a  une  facette  revêtue  par  une  peau  calieu/à 

&  nue  ;  les  fcffes  fcmblent  être  pelées  dans  ces  deux  endroits  ;    c'efl  pourquoi 

les  callofités  dont  il  s'agit,   peuvent  aufTi  cire  défignées  par  les  mots  et  fejjes 

pdéis  ;  je  n'ai  remarqué  ce  carat^ére  dans  aucun  des  fapajous  ni  des  fagoins. 

Circonftrencfi 


DU     Gibbon  97 

^.         c'            Il          j           r  f"'^'-  P^"*"-  ''"«""• 

Circonrcrence  du  bout  du  muleau „  a,      y 

Circonférence  du  mufeau  ,  prife  au-defTous  des  yeux,  n  j .  ? . 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche //  >  -. 

>• 

Diftance   entre   les  deux    naiines u  h  i. 

Diftance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  ante'rieur 

de  l'œil u  4.  3 . 

Diftance  entre  l'angle  poftcrieur  &  l'oreille u  u  11. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre u  n  ^, 

Ouverture    de   l'œil g  „  4 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux u  n  i  o. 

Circonférence  de  la  tête ,  prile  entre  les  yeux  &  les 

oreilles /,  p.  6, 

Longueur  des  oreilles //  //  7, 

Largeur  de  la  baie ,  inefurée  fur  la  courbure  extérieure.  u  2.  u 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,  prife  au  bas //  2.  ti 

Longueur  du  cou zr  3 .  6. 

Circonférence u  y,  ^, 

Circonférence  du   corps ,  prife   derrière  les  jambes 

de  devant i .  i .  // 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros  .........  i.  3.  // 

Circonférence  devant  les  jambes  de  derrière //     i  i.  6, 

Longueur  de   l'avant-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet //  p.  6. 

Circonférence  du  poignet u  3.  8. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  n  6.  6. 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  //  7.  // 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles  ...  //  j .  4. 

Cefingectoit  femelle  Scpefoit  neuflivres;iepiplooii  sctendoit 

jufqu'au  pubis  ;  l'eltomac  étoit  en  plus  grande  partie  à  gauche  qu'à 
droite  ;  le  foie  étoit  placé  en  entier  dans  le  côté  droit. 

Tme  XI K  N 


98  Description 

Le  duoJenum  ctoit  fort  court ,  &:  fe  replioit  en  dedans  prefqii'au 
fortir  de  l'eftomac;  le  jéjunum  faifbit  Tes  circonvolutions  dans  (a 
région  ombilicale  &  L\:.ns  le  côté  gauche  fur  celles  de  l'ileum , 
qui  s'étendoient  aufll  dans  la  région  iliaque  gauche.  Le  cœcum 
étoit  placé  dans  la  région  hypogaftrique  &:  dirigé  de  devant  en 
arrière  ;  le  colon  s'étendoit  en  avant  dans  le  côté  droit ,  palfoit 
de  droite  à  gauche  derrière  Icftomac ,  (è  prolongeoit  en  arrière 
le  long  du  côté  gauche  fur  les  intedins  grêles,  &:  fe  replioit  fur 
le  bord  du  b^iXin,  avant  de  (è  joindre  au  reélum  qui  étoit  fort 
court. 

Les  inieftins  grc'es  avoient  tous  à  peu  près  la  mcine  grofîèur , 
excepté  l'ileum  (  A  B  ,  pi.  i  v  ,  fy-  i  )  qui  s'amincilfoit  en 
approchant  du  cœcum  (  C).  Cet  intellin  étoit  gros ,  court  &  ter- 
miné par  un  appendice  (DE)  qui  avoit  cinq  pouces  de  longueur 
5c  environ  deux  lignes  &  demi  de  diamètre.  Le  colon  ( FG ) 
étoit  très -gros  auprès  du  cœcum  ,  &  coudé  à  la  diflance  d'en- 
viron deux  pouces  &  demi  de  cet  inteftin  ;  le  refle  du  colon 
diminuoit  de  grofîèur  en  approchant  du  rectum  :  il  y  avoit  trois 
bandes  tendineufês  lur  le  colon. 

Le  foie  (pi  IV ,  fg.2)  étoit  divifé  en  deux  parties,  par  une 
fcilîiire  (A)  peu  profonde,  dans  laquelle  patlbit  le  ligament fuf^ 
penfoir;  la  partie  droite  du  foie  étoit  plus  grande  que  la  gauche; 
il  (è  trou  voit  un  lobule  (B)  à  leur  racine  :  ce  foie  avoit  une  couleur 
rougeâlre ,  plus  pâle  au  dedans  qu'au  dehors  de  ce  vilcère  :  ii 
pefoit  cinq  onces  trois  gros  &  demi. 

La  véficule  du  ûtl  (  C  >  pi,  i  v  ,  fy.  2  )  étoit  verdâtre  & 
placée  fur  la  face  poftérieure  du  foie ,  près  de  la  fcitlùre  où  (e 
trouvoit  le  ligament  fufj^enlôir. 

La  rate  (pi.  iv,  f g.  j  J  é\.o\i  placée  contre  le  fond  du  grand 
cul-de-fac  de  l'eftomac  ;  fi  figure  approchoit  de  celle  d'un  triangle, 


D   U        G   I    B   B   O    N,  çp 

dont  la  bafe  aurait  été  en  bas  &  lefommet  en  baul;  cHe  avoir  au 
dehors  &  au  dedans  une  couleur  roiigeâtre  :  elle  pefoit  deux  gros. 

Le  pancréas  avoit  une  forme  oblongue,  &:  il  s'étendoit  depuis 
ie  duodénum  jufqua  la  rate;  il  reffembloit  beaucoup  au  pancréas 
de  l'homme. 

Le  rein  gauche  étoit  plus  avancé  que  le  droit  d'environ  un  tiers 
de  fa  longueur  ;  ils  avoient  une  forme  à  peu  près  ovoïde  ;  leur 
face  fupérieure  étoit  plate,  &  l'inférieure  convexe;  l'enfoncement 
avoit  peu  de  profondeur;  la  plupart  des  mamelons  tenoient  \ts  uns 
aux  autres  ;  le  baiïinet  étoit  peu  étendu. 

Le  poumon  droit  étoit  compofé  de  quatre  lobes ,  placés  6c 
proportionnés  comme  dans  la  plupart  àts  animaux  quadrupèdes. 
II  n'y  avoit  qu'un  lobe  dans  le  poumon  gauche ,  mais  il  étoit 
divifé  par  une  profonde  fciffureen  deux  parties,  dont  l'antérieure 
étoit  plus  petite  que  l'autre  :  le  cœur  relfembloit  beaucoup  à  celui 
de  l'homme ,  par  fa  figure  &:  fa  fituation. 

La  langue  étoit  large  ,  épailfe  &:  ronde  à  l'extrémité  ;  la  partie 
antérieure  étoit  couverte  de  papilles  très-petites ,  &  de  tubercules 
ronds  &  blancs.  II  y  avoit  fur  la  partie  poftérieure  de  grolTes 
papilles  (Se  plufieurs  glandes  à  calice,  dont  deux  étoient  placées  fur 
le  milieu  de  la  langue ,  une  de  chaque  côté ,  à  quatre  lignes  de 
diftance  l'une  de  l'autre  :  leur  diamètre  étoit  d'environ  une  ligne. 

Le  palais  étoit  traverfé  par  fix  filions  aiïez  laiges  &  peu  élevés; 
ils  étoient  partagés  par  un  fillon  longitudinal,  &:  chacune  de  leurs 
parties  étoit  convexe  en  devant  ;  la  partie  poftérieure  du  palais  avoit 
une  couleur  noirâtre  ;  lepiglotte  étoit  peu  faillante  <Sc  coupée 
carrément  à  Ion  extrémité. 

Le  cerveau  étoit  fort  grand ,  il  s'étendoit  aulTi  loin  dans  l'oc- 
ciput que  le  cervelet  ;  le  cerveau  pefoit  deux  onces  d^u\  gros  & 
quarante-huit  grains,  (Scie  cervelet  quatre  gros  &.  douze  grains. 

N  i; 


100  Description 

Il  y  avoit  Jeux  mamelons  fur  h  poitrine  ,  un  de  chaque  côté; 
ils  n  ctoient  éloignes  l'un  de  l'autre  que  de  quinze  lignes. 

La  vulve  étoit  placée  entre  deux  callofités  ( AB,  pi  V,  fg.  i  ) 
adhérentes  aux  os  ifchions  ;  elles  avoient  chacune  un  pouce  de 
longueur  &  neuf  lignes  de  largeur;  elles  n'étoient  éloignées  l'une 
de  l'autre  que  d'environ  trois  lignes. 

Les  lèvres  de  la  vulve  (C)  avoient  peu  d'épaiffeur  ,  6c  fa 
partie  antérieure  étoit  terminée  par  un  petit  bec  recourbé  en  bas. 
Le  gland  du  clitoris  n'étoit  pas  apparent  au  dehors  ;  onnevoyoit 
que  le  prépuce  (  D)  qui  formoit  le  bec  inférieur  de  la  vulve 
dont  il  a  été  fiit  mention  ;  la  veffie  (A.jig.  2)  avoit  moins  de 
diamètre  dans  le  milieu  qu'aux  deux  bouts  ;  les  bords  de  l'ori- 
fice de  la  Vi\2Xnct(B)  étoient  froncés;  le  corps  fe  terminoit  par 
deux  prolongemens  fort  courts  (CD)  &  très-différens  à^s  cornes 
de  la  matrice  des  autres  animaux;  les  ovaires  (EF,  fig.  i  &  2 ) 
avoient  une  figure  approchante  de  l'ovoïde  &:  une  couleur  jau- 
nâtre très -pâle.  On  a  repréfenté  figure  2  les  parois  intérieures 
(GH)  du  vagin;  l'orifice  (1)  àt  l'urètre,  marqué  par  un  fliletÂX^ 
&:  les  trompes  (  M  N )  de  la  matrice. 

piedi.  pouc.  lignes. 
Longueur  des  inieflins  grêles  depuis  le  pylore  juf- 

qu'au  cœcum 7.  /;  u 

Circonférence  du  duodénum //  2.  3 

Circonférence  du   jéjunum //  2.  6 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //  2..  p 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces.  ,  .  n  2.  2 

Longueur  du  cœcum h  i  .  2 

Circonférence  du  coccum  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  u  6.  tt 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  mince //  2.  u 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //  1  o.  n 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces ....  //  3 .  p 


DU      Gibbon.  ioi 

pieds,  pouc.  lignes. 

Circonférence  du  rc(?lum  près  du  colon //  ^.  a. 

Circonférence  du  reduni  près  de  l'anus //  5.  # 

Longueur  du  colon  &  du  reduni  pris  enlemble.  .  .  i.  y.  u 

Longueur  du  canal  inieflinal  en  entier ,  non  conii)ris  le 

cœcuni 8.  7.  // 

Grande  circonférence  de  l'eflomac i .  i .  C^. 

Petite  circonférence n  10.  // 

Longueur  de  la  petite  courbure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqua  l'œfophage //  i.  8. 

Profondeur  du  grand  cul-de-ftc //  i.  8. 

Circonférence  de   l'œfophage //  3.  // 

Circonférence  du  pylore //  i .  6. 

Longueur  du  foie //  z.  10. 

Largeur u  5.  2. 

Sa  plus  grande  épaifleur //  1 .  ■>, 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel a  i .  p. 

Son  plus  grand  diamètre //  //  y. 

Longueur  de  la  rate //  2.  i, 

Epailîêur  dans  le  milieu u  u  4, 

Epaifieur  du  pancréas ;/  //  3 . 

Longueur  des  reins //  i .  8. 

Largeur n  1 .  // 

Epaifleur //  //  8. 

Longueur  du  centre  nerveux  du  diaphragme  depuis 

la  veine-cave  jufqu'à  la  pointe //  1.  u 

Largeur //  i ,  3. 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur u  4.  p. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  la  naiflânce  de  l'artère 

pulmonaire n  i .  10. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  fie  pulmonaire.  .  .  a  i.  6. 

N  lij 


102  Description 

pieds,  pouc.    îîgnes. 
Diamètre  de  l'aorte,  pris  de  dehors  en  dehors.  ...       //       //       3. 

Lonorueur  de  la  langue h       2.      i. 

Longueur  de  la  partie  antérieure ,  depuis  le  filet  jufqu'à 
rextréniité /'        u        8. 

Largeur  de  la  langue 11  11  9. 

Longueur  du  cerveau n  2.  p. 

Largeur //  2.  3 . 

Epatlleur //  i .  4. 

Longueur  du  cervelet m  h  i  i  . 

Largeur //  i .  10. 

ÉpailTeur //  //  10. 

11  y  a  au  Cabinet  du  Roi  un  autre  finge  (pl.jii)  très-ref- 
femblant  au  gibbon  ( p/.  Il  ) ,  mais  beaucoup  plus  petit  ;  quoiqu'il 
foit  deficché  5:  bourré,  on  peut  avoir  (es  dimenfions  avec  allez 
de  prccifion  ,  parce  qu'on  a  laide  tous  les  os  fous  la  peau;  il  efl; 
d'environ  un  tiers  moins  grand  que  le  gibbon  dont  la  defcrip- 
tion  précède  celle  ci.  Le  petit  gibbon  paroît  avoir  toutes  les  pro- 
portions du  grand;  il  a  les  jambes  &:    les  pieds  de  devant  auffi 
longs  ;  les  mêmes  traits  dans  la  face  ;   la  même  forme  dans  les 
oreilles  &  dans  les  ongles;  la  même  couleur  fur  la  face,  fur  les 
oreilles,  fur  les  ongles  &:  fur  la  plante  des  pieds.   Il  a  les  ît^ts 
pelées  ôc   fans  aucune  apparence  de  queue  ;   enfin  il   reffemble 
exadement  au  grand  gibbon  par  (à  figure  ;  il  a  aulTi  la  face  entou- 
rée de  poils  gris  qui  forment  un  cercle  fur  le  bas  du  front ,  fur 
les  tempes ,  fur  les  joues  &  fous  la  mâchoire  inférieure;  fes  quatre 
pieds  font  auifi  couverts  de  poils  gris ,  mais  les  couleurs  du  poil 
des  autres  parties  du  corps  différent  de  celles  du  grand  gibbon  ; 
la  tête,  le  delfus  &.  les  côtés  du  cou  ,  la  partie  antérieure  du  dos, 
les  épaules ,  le  bras  &  la  face  externe  de  l'avant-bras  font  bruns 
ôc  non  pas  noirs;  le  deffbus  dj  cou ,  la  face  interne  de  l'avant- 


DU      Gibbon.  103 

bras,  la  poitrine  ,  le  ventre,  !a  cuiffe,  les  côtés  du  corps  &  la 
jambe  proprement  dite  ,  ne  font  pas  noirs  comme  fur  le  grand 
gibbon  ,  mais  de  couleur  grife  ,  mélce  de  brun  ;  la  partie  pofté- 
rieure  du  dos  &  la  croupe  ont  une  couleur  grife  &  non  pas  noire. 
Je  ne  fais  fi  cette  différence  de  couleur  du  gris  au  noir  ne  vient 
que  de  la  différence  de  l'âge  ,  en  fuppofant  que  le  petit  gibbon 
Toit  de  même  efpèce  que  le  grand  ,  mais  dans  un  âge  moins 
avancé.  Il  e(l  certain  que  ces  différences  de  couleurs  ne  viennent 
pas  de  la  différence  des  kxts  ,  car  ces  deux  animaux  étoient 
femelles.  Le  petit  a  été  apporté  de  Malac ,  par  M.  le  Comman- 
deur Godeheu  ;  &  le  grand  de  Pondicheri ,  par  M.  Dupieix. 

La  tête  du  fquelette  { p/.  v  i  )  du  grand  gibbon  etl  moins 
alongée  que  celle  >\w  jocko  ;  le  crâne  a  plus  d'étendue  à  l'endroit 
de  l'occiput  ;  l'os  du  front  eft  plus  aplati  :  le  bord  fupérieur  i^ts 
orbites  a  beaucoup  moins  de  faillie  ;  le  petit  bourrelet  qu'il  forme 
ne  s'étend  pas  d'un  œil  à  l'autre  comme  dans  le  jocko  ;  au  con- 
traire l'efpace  qui  fe  trouve  entre  les  deux  yeux  au-deffus  du 
nez  ,  eft  un  peu  enfoncé  ;  les  orbites  à.^^  yeux  ont  plus  de  largeur 
que  de  hauteur  comme  dans  l'homme  ;  la  cloifon  oflèufe  qui 
fépare  ks  deux  orbites,  eft  plus  large  que  dans  le  jocko  &  à  peu 
près  auffj  large  que  dans  l'homme  ;  les  os  propres  du  nez  font 
beaucoup  plus  longs  que  ceux  de  l'homme  ,  mais  moins  lonas 
que  ceux  du  jocko  ;  auffi  l'ouverture  àts  naiines  \\t^  pas  en 
entier  au-deffous  de  celles  A^s  orbites ,  &  /â  partie  inférieure  eii 
moins  éloignée  du  bord  alvéolaire  de  la  mâchoire  ,  ce  qui  fait 
que  le  mufeau  eft  moins  alongé:  ainfi  le  gibbon  a  plus  de 
rapport  à  l'homme  que  le  jocko,  par  les  proportions  ^ts  orbites 
des  yeux  &  par  l'intervalle  qui  e(t  entre  deux ,  par  la  fitualion 
de  l'ouverture  àts  narines  qui  eft  placée  en  partie  entre  les 
orbites ,  &  par  la  petite  diftance  qui  fe  trouve  entre  l'ouverture  de^ 


104  Description 

narines  &  le  bord  alvéolaire  de  la  mâchoire  ;  ce  qui  fait  que  la 
lèvre  fupc'rieure  du  gibbon  eft  moins  longue  que  celle  du  jocko 
Se  plus  relTemblante  à  celle  de  l'homme.  La  forme  de  la  mâchoire 
infcrieure  eft  à  peu  près  la  même  dans  c^s  deux  animaux. 

Les  dents  du  gibbon  relfemblent  à  celles  de  l'homme  pour 
le  nombre  &  la  fiiuaiion  ,  &:  même  pour  la  forme,  excepté  les 
canines  qui  font  pointues  &  beaucoup  plus  longues;  celles  du 
deiius  ont  une  légère  canelure  longitudinale  fur  le  côté  interne. 

Les  vertèbres  cervicales  différent  de  celles  de  l'homme  &  du 
jocko  ,  en  ce  que  l'apophyfe  épineufe  de  la  première  efl  plus 
longue  ,  &:  que  celles  des  autres  vertèbres  ne  font  pas  fourchues. 

Le  gibbon  n'a  que  douze  vertèbres  dorfales  comme  l'homme , 
&  douze  côtes  de  chaque  côté ,  fept  vraies  &  cinq  fauffes  ;  elles 
ne  font  pas  fi  épailfes  que  celles  du  jocko.  Le  Oernum  eflcom- 
pofé  de  fix  os  dont  les  premiers  reffemblent  à  ceux  du  jocko  (Se 
de  l'homme,  Les  premières  côtes,  une  de  chaque  côté,  s'articulent 
avec  la  partie  antérieure  du  premier  os  du  fternum  ;  l'articulation 
àts  fécondes  côt^s  eft  entre  le  premier  &:  le  fécond  os  du  fternum  ; 
celle  des  troifièmes  côtes  entre  le  fécond  &  le  troifième  os ,  & 
ainfi  de  fiite  jufqu'aux  fixièmes  &  fèptièmes  côtes  qui  s'articulent 
entre  le  cinquième  &:  le  fixième  os  du  fternum. 

Les  vertèbres  lombaires  font  au  nombre  de  fix  :  ainfi  il  y  en 
a  une  de  plus  que  dans  l'homme  &  le  jocko. 

L'os  facrum  n'eft  compofé  que  de  trois  fiuffes  vertèbres  ;  il 
n'y  avoit  que  trois  pièces  dans  le  coccix  du  (cjuelette ,  fur  lequel 
cette  delcription  a  été  faite ,  mais  ii  m'a  paru  qu'il  manquoit  au 
moins  une  pièce  du  coccix. 

Les  os  du  baftln  diftérent  de  ceux  du  jocko,  en  ce  que  les  os 
des  hanches  font  plus  étroits  ,  &  que  le  plan  de  l'entrée  du  baffm 
eft  fur  la  même  ligne  que  la  colonne  vertébrale  ;  à  cet  égard  le 


gibbon 


DU      Gibbon,  loj 

gibbon  a  encore  plus  de  rapport  avec  les  quaJnipt^Jes  que  le  jocko* 
La  tubcrofitc  des  os  ifchions  efl:  beaucoup  plus  grande  que  dans 
lejocko,  &:  a  une  face  plate,  fur  laquelle  ctoit  la  caliofitc  qui  fe 
trouve  de  chaque  côte  de  l'anus  (ur  la  peau  du  gibbon. 

L'omoplate  &  les  clavicules  diffèrent  peu  de  ces  mêmes  os 
vus  dans  le  jocko. 

Les  os  du  bras  &:  de  l'avant-bras  ont  une  longueur  excefllve. 
L'os  du  bras  efl  plus  long  que  celui  de  la  cuifîè  ;  les  os  de  l'avant- 
bras  font  beaucoup  plus  longs  que  ceux  de  la  jambe  ,  au  contraire 
de  ce  qui  eft  dans  l'homme  :  car  il  a  \g.s  os  du  bras  »Sc  de  l'avant- 
bras  beaucoup  moins  longs  que  ceux  de  la  cuifîè  &  de  la  jambe. 
Les  os  de  l'avant-bras  du  gibbon  font  beaucoup  plus  ccarlcs  l'un 
de  l'autre  que  dans  l'homme. 

Le  carpe  efl  compofé  de  onze  os ,  quatre  dans  le  premier 
rang ,  quatre  dans  le  fécond  &  trois  furnuméraires  *.  Les  os  du 
fécond  rang  font  places  comme  dans  J'homine,  relativement  aux 
os  du  métacarpe;  mais  ils  en  diffèrent  ^ou^,  la*  figure,  principa- 
lement le  quatrième,  cfCû  efî,  pltis: long/gye  le  troilième  qui 
correfpond  au  grand  os  du  carpe  de  l'homme  ,  de  forte  qu'il  aboutit 
au  fécond  os  du  premier  rang  .•  Je.troifième  os  de  ce  rang  efl  place 
fur  le  quatrième  du  fécond  rang ,  &  touche  au  cinquième  du 
premier  rang  qui  correfpond  au  pififorme  de  l'homme,  mais  qui 
efl:  oblong  comme  dans  la  plupart  des  quadrupèdes.  Le  premier 
des  furnuméraires  fê  trouve  placé  fur  le  joint  qui  efl  entre  le 
troifième  &:  le  quatrième  os  du  premier  rang.  Le  fécond  os  furnu- 
méraire  efl  fort  petit  &:  placé  au  côté  interne  du  carpe  ,  en  partie 
contre  le  premier  os  du  premier  rang  &  en  partie  contre  le 
premier  os  du  fécond  rang.  Le  troifième  os  fîirnuméraire  efl  entre 
ies  deux  rangs  du  carpe  au-defîbus  du  premier  &  du  fécond  os 
*  Il  n'y  en  avoit  qu'un  de  COnnu  avant  cette  defcription. 

TvmeXlK  Q 


io6  Description 

du  premier  mng ,  6c  au-defTus  du  fécond  <Sc  du  troifième  os  du 
fécond  rang. 

Le  tarfe  ed  compolc  de  fept  os  comme  dans  l'homme  ;  le 
premier  cunéiforme  e(t  beaucoup  moins  gros  que  celui  de  l'homme. 
Il  y  a  de  plus  dans  le  gibbon  un  huitième  os  place  au  côte  ex- 
terne du  tarfe,  à  l'endroit  où  le  calcaneum  touche  aucuboïde. 

l^ts  os  du  métacarpe  &:des  doigts  font  à  proportion  aiiiTi  longs 
que  ceux  de  l'avant-bras  &:  du  bras  ;  mais  le  premier  os  du  méta- 
carpe efl;  beaucoup  moins  long  que  les  autres ,  &  la  première 
phalange  du  pouce  a  auffi  ,  à  proportion,  moins  de  longueur  que 
dans  l'homme. 

Les  os  du  métatarfè  &:  àts  quatre  derniers  doigts  ont  une  lon- 
gueur proportionnée  à  celle  des  os  de  la  jambe  &  de  la  cuillè; 
ie  premier  os  du  métatarfe  a  moins  de  grofîèur  que  celui  de 
l'homme;  il  efl  fort  écarté  du  fécond  os  par  fôn  extrémité  anté- 
rieure. Les  deux  phalanges  du  pouce  font  moins  longues  (Se  moins 
grolîès  que  dans  l'homme,  relativement  aux  phalanges  des  autres 
doigts  :  les  phalanges  du  troifième  doigt  font  plus  longues  que 
celles  du  fécond  qui  efl  de  même  longueur  que  le  quatrième, 
comme  dans  une  main.  Le  pouce  des  pieds  du  gibbon  efl  à  peu 
près  de  môme  longueur  que  celui  des  mains  ;  mais  relativement 
à  la  iongueLU-  des  doigts ,  il  efl  beaucoup  plus  long. 

pieds,  pouc.   llgne^i. 
Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  des  mâchoires 

jufqu'à  l'occiput „        ^,      %  L, 

Lt  plus  gronde  largeur  de  la  tête h       2.      6  r» 

Longueur  de  la  mâchoire  du  defTous,  depuis  Ton 

extrémité  antérieure,  jufqu'au  bord  poflerieur  de 

l'apophyfe  condyloïdc //       2.       j. 

ÉpaifTeur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

du  deflus /f       n      2  -► 


DU     Gibbon.  107 

pieds,  polie.  lignci' 
Largeur  de  la  mâchoire  du  defTiis,  à  l'endroit  des 


dents  canines 


/'        //     I  r . 


Dinance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.      //       //       2  i 

7- 


Longueur  de  cette  ouverture ,/       „ 


Largeur „        .  • 

o                       //       u  0. 

Longueur  des  os  propres  du  nez „       „  ^  i^ 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large „       „  ,  ^ 

Lnrgeur  des  orbites „       ^,  ^  ^ 

^^'^"^^"'" ,>.      „  ,0. 

Longueur  d^'i  dents  canines „       ,1  -^ 

Largeur  du  trou  de  la  première  vertèbre  de  haut  en 

^^^ "       //  51. 

Longueur  d'un  côté  à  l'autre //       ;,  r  1^ 

Hauteur  de  l'apophyreèpineufe  de  la  féconde  vertèbre.  //       //  z, 

L-i'-geur „       „  ^1^ 

Longueur  de  la  huitième  côte,  qui  eft  la  plus  longue.  //       4.  i  o. 

Longueur  du  fternum /;       n.  7. 

Longueur  du  corps  de  îa  quatrième  vertèbre  lom- 
baire ,  qui  eft  fa  plus  longue //       //  j , 

Largeur  de  la  partie  fupérieure  de  i'os  de  la  hanche,  it       i .  3 . 

Longueur  de  l'os  depuis  le  milieu  de  la  cavité  coty- 

ioïde,  jufqu'au  milieu  du  côté  fupérieur //       3.  ^^  l. 

Longueur  dts  trous  ovalaires //       ;,  g  i. 

^^rgeur n      %,  6K 

Z 

Largeur  du  baffin „       j  ^  ^  i 

l^^uteur „       ^,  ^ 

Longueur   de  l'omoplate //      2..  8. 

Largeur  dans  le  milieu „       , .  a 

Longueur  de  l'humérus ,/      7.  j  j  i. 

Longueur  de  l'os  du  coude //      o.  „ 

P  i; 


io8       D  E  S  C  R  1  P  T  1  0  N,  ifc. 

piedi.  pouc.  Ilgticl, 

Longueur  de  l'os  du  rayon "  °*  '  °' 

Longueur  du  fémur "  -Z-  '  • 

Longueur  du  libia "  "•  ' • 

Longueur  du  péroné ....  //  J .  o . 

Hauteur  du  carpe "  "  7* 

Longueur  du  calcaneum n  "  *  ^  • 

Hauteur  du  premier  os  cunéiforme, &  du  fcaphoïde 

pris  enfemble "  "  7' 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe  qui  eft  le  plus 

x;ourt '^  '  •  4* 

Longueur  du  fécond  os  du   métacarpe,  qui  eft   le 

plus  long "  ^'  4- 

Lonc^ueur  du  preniier  &  du  cinquième  os  du  méta- 

larfe ,  qui  font  les  plus  courts "  i  •  4  j* 

Longueur  du  troifième  qui  eft  le  plus  long /'  i .  7  f  • 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant n  "  8  i» 

Longueur  de  la  féconde //  n  4  ï. 

Longueur  de  b  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  «.  7|. 

Longueur  de  la  féconde //  i .  2.. 

Longueur  de  la  troifième u  h  j. 

Longueur  de  la  première   phalange  du   pouce  des 

pieds  de  derrière u  u  S  |. 

Longueur  de  la  féconde //  //  5 . 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.      //  i .  i . 

Longueur  de  la  féconde u  u  7 1. 

Longueur  de  la  troifième //  //  4.  |. 


fF^ 


y;.-n  .\// 


PI  II  i>.,., ,. 


T^^^^u^ 


LE      VrJK.\NTi     aïKBON- 


(     r>tU7UKUf  Aniin 


■ 

XI  i: 

r 

--        --'-~r!rri-i.i='!^3^SfXA 

^ 

l 

n m  P.u,  j.'fl. 


IKJ:.,    .  J.l 


i^  ,   J'^ffo.'^d.^culti 


PETIT    GlBliOX. 


Tom  xir: 


l'I.ll    .l[uj    A'8 


^ 


'V     /. 


''^^.ff 


)  '(  f    ''/-? 


Tom.    Xir 


Fi.  V.Fa^.iû^ 


!  I 


Fuj 


y^-  -- 
A 


^     ^^  ^' 


«BfiJÎBMiTOllMW^ 


^ 


'?0*MM 


^s- 


■-i^.niL]:'' 


Jy.:\.:Â/. 


x-mxir. 


ri   !'Ll\,.,j.': 


J?c  sei-e-i 


C  ■  O^acinoy  -^ff-i^i 


109 

LE    MAGOTS 

V->  ET  animal  (pL  vu  dr  viiij  eft  de  tous  les  Singes, 
c'efl-à-dire  de  tous  ceux  qui  n'ont  point  de  queue  \  celui 
qui  s'accommode  le  mieux  de  la  température  de  notre 

*  Alagot ,  nom  ancien  de  ce  Singe  en  françois ,  &  que  nous  avons 
^i^Q)^^\.é.  Aiomenct ,  félon  Jonfton  ;  on  l'a  auffi  appelé  Z^r^^rw ,  parce 
qu'il  efl:  fort  commun  dans  la  Tartarie  méridionale. 

Cynocéphales    Ariflotelis.  H'ijl,  an'un.  lib.  II,  cap.  vill. 

Cynocephûlus  prunus.  Jonflon.^^.  taF:>.  LIX. 

Cynocephalus  aller.  Profp.  Alpin.  yEgypt.  vol.  II,  pag.  241  ^  fg. 
tab.  XVI. 

Sim'ia  cynocephala  omnibus  unguîhus  plan'is  &  rotundatîs. ...  Le  finge 
cynocéphale.  BrifT.  Regn.  anîm.  pag.  i  p  i .  Nota.  Il  nous  paroît  que 
M.  Briflbn  s'eft  trompé  fur  la  forme  des  ongles  de  ce  finge  :  il  eft 
vrai  que  ceux  des  pouces  des  pieds  de  devant  &  des  pieds  de  derrière 
font  plats  &  arrondis  à  peu  près  comme  ceux  de  l'homme;  mais  les 
ongles  des  autres  doigts  font  courbés  en  forme  de  gouttière  renverfée. 

Sylvanus  ,  fm'ia  ecaudata  cluntbus  tubcrofocallofis.  Cercopithecus , 
Jonfton,  quad.  tab.  L\x,fig.  /.  Linn.  Syjl.  nat.  edit.  X,  pag.  25. 
Nota.  Il  nous  paroît  que  M.  Linnaeus  s'eft  trompé  en  rapportant  cet 
animal  au  Cercopithecus  de  Jonfton ,  c'eft  plutôt  le  Cynocephalus  de  la 
même  planche;  mais  il  eft  vrai  qu'on  pourroit  regarder  ce  Cynoce- 
phalus &  ce  Cercopithecus  comme  le  même  animal ,  ii  le  poil  de  ce 
dernier  n'étoit  pas  trop  épais  &  trop  long. 

"  Nota.  Il  eft  certain  que  ce  finge  eft  fans  queue ,  quoiqu'il  en  ait 
une  lécrère  apparence  formée  par  un  petit  appendice  de  peau  d'en- 
viron un  demi-pouce  de  longueur ,  qui  fe  trouve  au-deiïus  de  l'anus  , 
mais  cet  appendice  n'eft  point  une  queue  avec  des  vertèbres ,  ce  n'cft 
qu'un  bout  de  peau  qui  ne  tient  pas  ntçme  plus  particulièrement  au 

coccix  que  le  rçfte  de  la  peau. 

O  iij 


110  H 1  STO  I  RE    N  ATU  RELLE 

climat  :   nous  en  avons  nourri   un  pcncfant  pluficurs 
années  ;  Tété  il  fe  plaifoit  à  l'air,  &.  l'hiver  on  pouvoiC 
Je  tenir  dans  une  chambre  fans  feu.  Quoiqu'il  ne  fût 
pas  délicat ,  il  étoit  toujours  trifle  6c  fouvent  mauffade; 
il  fâifoit  également  la  grimace  pour  marquer  fa  colère 
ou    montrer    fon    appétit  :    ïqs  mouvemens    ctoient 
Lrufques ,  fes  manières  groffières   &i   fa  phyfionomie 
encore  plus  laide  que  ridicule  ;  pour  peu  qu'il  fût  agité 
de  pa/fion  il  montroit  <Sc  grinçoit  les  dents  en  remuant 
la  mâchoire;  il  rempliffoit  les  poches  de  fes  joues  de 
tout  ce  qu'on  lui  donnoit ,  <Sc  il  mangeoit  généralement 
de  tout,  à  l'exception  de  la  viande  crue,  du  fromage 
6c  d'autres    chofes   fermentées  :   il  aimoit  à  fe  jucher 
pour  dormir,  fur  un  barreau,  fur  une  patte  de  fer;  on 
le  tenoit  toujours  à  la  chaîne,   parce  que   malgré  fà 
longue  domeflicité ,  '\\  n'en  étoit  pas  plus  civilifé ,  pas 
plus  attaché  à  (es,  maîtres;  il  avoit  apparemment  été  mal 
éduqué  :    car  j'en  ai  vu  d'autres  de  la  même  efpèce, 
qui    en  tout  étoient  mieux  ,   plus   connoifTans  ,   plus 
obéifïïins,  même  plus  gais   6c  affez  dociles  pour  ap- 
prendre à  danfer,  à  gefliculer  en  cadence,  6c  à  fe  laiffer 
tranquillement  vêtir  6c  coiffer. 

Ce  finge  peut  avoir  deux  pieds  6c  demi  ou  trois 
pieds  de  hauteur  lorfqu'il  efl  debout  fur  fes  jambes  de 
derrière;  la  femelle  efl  plus  petite  que  le  mâle,  il  mar- 
che plus  volontiers  à  quatre  pieds  qu'à  deux  :  lorfqu'il 
eft  en  repos  ,  il  efl  prefque  toujours  affis  6c  fon  corps 
porte  fur  deux  caliofités  très-cminentes  qui  font  fituée^ 


D   U      M  A   G   O   T.  III 

au  bas  de  la  région  où  clevroicnt  ctrc  les  fefTcs  ;  l'anus 
efl  plus  élevé  ,  ainfi  il  efl  afTis  plus  bas  que  fur  le  cul  : 
aufîi  Ton  corps  efl  plus  incliné  que  celui  d'un  homme 
affis  ;  il  diffère  du  piihèque  owfaigc  proprement  dit;  i."". 
en  ce  qu'il  a  le  mufcau  gros  &  avancé  comme  un  do<^ue 
au  lieu  que  le  pithèque  a  la  face  aplatie;  2.°  en  ce  qu'il 
a  de  longues  dents  canines,  tandis  que  le  pithèque  ne 
les  a  pas  plus  longues  à  proportion  que  l'homme;  3.". 
en  ce  qu'il  n'a  pas  les  ongles  des  doigts  auffi  plats  & 
aufTi  arrondis ,  &  enlin  parce  qu'il  efl  plus  grand ,  plus 
trapu  &i  d'un  naturel  moins  docile  6c  moins  doux. 

Au  refle,  il  y  a  quelques  variétés  dans  VQiyccc  du 
magot  ;  nous  en  avons  vu  de  différentes  grandeurs  <Sc 
de  poils  plus  ou  moins  foncés  6c  plus  ou  moins  fournis; 
il  paroît  même  que  les  cinq  animaux  dont  Profper  Alpin 
a  donné  les  figures  6c  les  indications  fous  le  nom  de 
cynocéphales  %  font  tous  cinq  des  magots  ,  qui  ne 
diffèrent  que  par  la  grandeur  6c  par  quelques  autres 
caractères  trop  légers  pour  qu'on  doive  en  faire  des 
efpèces  diflinétes  6c  féparées.  Il  paroit  auffi  que  l'efpèce 
en  efl  affez  généralement  répandue  dans  tous  les  climats 
chauds  de  l'ancien  continent  ,  6c  qu'on  la  trouve  éga- 
lement en  Tartarie ,  en  Arabie ,  en  Ethiopie,  au  Malabar  \ 

"Profp.  Alpin.  H'ijl.  nat.  y£gypt.  lib.  IV,  tab.  XN ,  fg.  i ,  & 
tab.  XVI,  xvii,  XVIII  &  XIX. 

^  La  troifième  efpèce  de  finge  au  Malabar  e([  de  couleur  cendrce^ 
uns  queue  ou  n'en  ayant  qu'une  nés- courte,  elle  efl:  fiiniilièrc  ;  ap- 
prend ailement  tout  ce  qu'on  lui  cnfeigne on  m'en  avoit  donne 


112       Histoire  Natu relle 

en  Barbarie  ,  en  Mauritanie  &  jurque  clans  les  terres 
du  cap  de  Bonne  -efpérance  *.  ^      n^. 

un ,  je  m'avifai  un  jour  de  le  battre  ,  à  Ces  cris ,  il  en  accourut  une  fi 
grande  quantité  de  Hiuvagcs,  que  crainte  d'accident,  je  lu.  rend.s  la 
liberté.  Voyage  du  P.  Vincent  Marie,  cliap.xill,  pag.  405-  Trad, 
par  M.  le  Marquis  de  Montmirail. 

*  C'efl  vraifemblablemcnt   de  cette  efpcce  de   finge    dont   parle 

Kobert  Lade  ,  dans  les  termes  fuivans.  «  On  nous  fit  traverfer  une 

„  grande  montagne  dans    les  terres  du  cap  de  Bonne-efpérance ,  fur 

,,  laquelle   nous   primes  plaifir  à  chafTer  de  gros  finges  qui  y  font  en 

abondance Je  ne  puis  repréfenter  toutes  les  foupIefTes  de  ces 

animaux  que  nous  pourfuivions ,  ni  avec  combien  de  légèreté  & 
d'impudence  ils  revenoient  fur  leurs  pas  après  avoir  pris  la  fuite 
.,  devant  nous  ;  quelquefois  ils  fe  lai/Toient  approcher  de  fi  près  &  à  fi 
«  peu  de  diflance  ,  que  m'arrêtam  vis-à-vis  d'eux  pour  prendre  mes 
.,  mefures ,  je  me  croyois  prefque  certain  de  les  fiillr ,  mais  d'un  feu! 
53  faut  ils  s'élançoient  à  dix  pas  de  moi ,  en  montant  avec  la  même 
5,  agilité  fur  un  arbre  ;  ils  demeuroient  enfuite  tranquilles  à  nous  regarder 
>.  comme  s'ils  euffent  pris  plaifir  à  fe  faire  un  fpedacle  de  notre  éton- 
5.  nement  ;  il  y  en  avoit  de  fi  gros  ,  que  fi  notre  Interprète  ne  nous 
»  eût  pas  affuré  qu'ils  n'étoicnt  pas  d'une  férocité  dangereufe ,  notre 
>î  nombre  ne  nous  auroit  pas  paru  fuffifmt  pour  nous  garanur  de 
»  leurs  infultes  ;  conmie  il  nous  auroit  été  inutile  de  les  tuer  nous  ne 
»  fimes  aucun  ufige  de  nos  fufils  :  mais  le  Capitaine  s'étant  avifé  d'en 
5î  coucher  en  joue  un  fort  gros  qui  étoit  monté  au  fommet  d'un  arbre, 
M  après  nous  avoir  long-temps  fatigué  à  le  pourfuivre  ;  cette  efpèce  de 
»  menace,  dont  il  fe  fouvenoit  peut-être  d'avoir  vu  quelquefois  l'exécu- 
M  tion  fur  quelques-uns  de  fes  femblables,  lui  caufa  tant  de  frayeur,  qu'il 
i>  tomba  prefqu'immobile  à  nos  pieds,  &  dans  l'étourdifTement  de  fa 
?^  chute  nous  n'eûmes  aucune  peine  à  le  prendre  ;  cependant  lorf- 
»  qu'il  fut  revenu  à  lui ,  nous  eûmes  befoin  de  toute  notre  adrefle  & 
?'.4.e  tous  nos  efforts  pour  le  conferver,  en  lui  liant  étroitement  les 

pattes , 


» 


3î 
■>■> 

5> 


D   U      M  A   G   0   T.  113 

Caraâères  difthiâifs  de  cette  efphe. 

Le  magot  n'a  point  de  queue,  quoiqu'il  y  ait  un 
petit  bout  de  peau  qui  en  ait  l'apparence,  il  a  des  aba- 
joues ,  de  grofTcs  caliofités  proéminentes  fur  les  fèiïes  ; 
des  dents  canines  beaucoup  plus  longues  à  proportion 
que  celles  de  l'homme  ;  la  face  relevée  par  le  bas  en 
forme  demufeau,  femblabfe  à  celui  du  doaue.  Il  a  du 
duvet  fur  la  fice,  du  poil  brun-verdatre  fur  le  corps  6c 
jaune-blanchâtre  fous  le  ventre.  II  marche  fur  fes  deux 
pieds  de  derrière  6c  plus  fouvent  à  quatre  ;  il  a  trois 
pieds  ou  trois  pieds  6c  demi  de  hauteur,  6c  il  paroit 
qu'il  y  a  dans  cette  efpèce  des  races  qui  font  encore 
plus  grandes.  Les  femelles  font,  comme  les  femmes, 
fujettcs  à  un  écoulement  périodique  de  fang. 

pattes  ;  il  fe  dcTcncIoit  encore  par  Çqs  morfures ,  ce  qui  nous  mit  «< 
dans  la  nécefllte  de  lui  couvrir  la  tête  &  de  la  ferrer  avec  nos  « 
mouchoirs.»  Voyage  traduit  de  l'Anglais ,  tome  1 ,  pages  2 a  àt  8 1 , 


Tome  XIV, 


114-  Description 

DESCRIPTION 

DU      MAGOT. 

L  E  Magot  (planche  vu  ,  où  il  efl  vu  de  face  ;  &  pi.  VI II , 
oh  il  cfl  vu  de  profil  )  qui  a  fcivi  de  fujet  poLir  cette  defcriplion , 
avoit  ia  tcte  grolîè  ,  le  nez  fort  plat  &  le  mufeau  fîiillant  ;  les 
dsnts  canines  étoient  fort  longues  &:  les  yeux  petits  ;  il  n'y  avoit 
que  très-peu  d'intervalle  entre  les  deux  yeux  ;  les  oreilles  ctoient 
courtes  <Sc  nues ,  elles  avoient  beaucoup  de  rapport  à  celles  de 
l'homme.  La  phyfionomie  du  magot  ctoit  trlde;  il  ne  l'animoit 
jamais  qu'en  montrant  les  dents ,  &  en  agitant  rapidement  la 
mâchoire  inférieure,  au  point  de  choquer  à  coups  réitérés  les 
dents  de  defTous  contre  celles  de  delfus  '".  Le  col  étoit  court. 
L'anus  (A ,  pi.  ix)  lêmbloit  être  pôle  plus  haut  que  dans  les  autres 
animaux  ;  mais  les  parties  du  corps  de  cet  animal  que  l'on  pourroit 
comparer  aux  {dHîts  de  l'homme,  parce  que  tout  le  corps  portoit 
delTus  lorfque  l'animai  étoit  dans  la  fituation  d'un  homme  alTis,  (e 
trouvoient  au-devant  de  l'anus,  au  lieu  d'être  de  chaque  côté  comme 
dans  l'homme;  ces  parties  étoient  dégarnies  de  poils,  calleulês 
6c  fort  dures,  elles  formoient  deux  callolités  (^  ^  Cy)  qui  avoient 
chacune  deux  pouces  de  longueur  fur  quinze  lignes  de  largeur. 

Il  y  a  dans  la  bouche  du  magot ,  de  chaque  côté  de  ia  mâ- 
choire inférieure,  l'entrée  d'une  poche  qui  s'étend  le  long  du 
cou  :  on  a  appelé  ces  poches  à^tï,  abajoues  ;  l'animal  y  dépofe  dts 
alimens ,  &:  les  y  garde  pour  ks  mâcher  &:  les  avaler  dans  un 
autre  temps.  J'ai  nourri  un  magot  pendant  plus  d'un  an;  il  aimoit 
L>eaucoup  le  vin  :  je  l'ai  vu  manger  Sl  boire  de  tout  ce  que 

*  Ce  mouvement  cfl  commun  à  pluficurs   cfpèces  de  Singes, 


DU      Magot,  115 

Ton  fervoit  fur  la  table ,  excepte  la  moutarde  Se  les  fromaorés 
fermentes,  il  les  a  toujours  refufes  fous  quelqu'appas  que  je  ld$ 
lui  aie  prcfentcs.  Je  n'ai  point  trouvé  d'abajoues  dans  aucun  ^q& 
fâpajous  ni  des  iâgoins ,  que  j'ai  difîcqués,  (Voyci  ci -après  une 
Dcfaipùon  Ae  ces  ahajoucs  dans  celle  rie  la  moue.  Le  Hamfler  a. 
nujjï  des  abajoues.  Voyc^  le  tome  XI II  de  cette  Hijloire  Naturelle , 
page  I  jo,  pi.  xvj,fig.  2, 

Le  magot  qui  m'a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcription ,  avoit 
èiti  cils  aux  deux  paupières,  qui  étoient  entièrement  nues  &  dô 
couleur  de  chair  allez  claire;  le  tour  &:  l  entre-deux  des  yeux,  lé 
nez,  la  mâchoire  fupérieure  &  les  lèvres  n'avoient  que  très-peu 
de  poils  &  étoient  de  couleur  de  chair  très-bafànée  ;  les  joues, 
le  front,  les  côtés  de  la  tête,  le  cou,  à  l'exception  de  la  gorge, 
le  dos,  les  côtés  du  corps,  les  reins,  les  épaules,  les  hanches  &: 
la  face  extérieure  des  jambes  de  devant  »Sc  de  derrière,  étoient 
garnis  d'un  poil  aflez  touffu,  qui  avoit  jufqu'à  deux  pouces   de 
longueur;  ce  poil  étoit  de  couleur  grilè,  noirâtre  depuis  la  racine 
jufqu'à  environ  la  moitié  de  fâ  longueur ,  enfuite  il  étoit  d'un 
gris  plus  clair,  &  plus  loin  encore  de  couleur  fauve  verdâtre  ; 
enfin  l'extrémité  étoit  noire,  on  ne  voyoit  à  l'extérieur  que  la 
couleur  fauve  verdâtre  &  le  noir;  la  mâchoire  inférieure,  la  gorge , 
le  ventre,  les  aiffelles,  les  aines,  la  face  intérieure  des  jambes  de 
devant  &  de  derrière  étoient  garnis  d'un  poil  d'environ  un  pouce 
ou  un  pouce  &:  demi  de  longueur ,  &  de  couleur  jaunâtre  très- 
pâle;  la  peau  étoit  blanchâtre;  les  doigts  a  voient  du  poil,  mais 
la  plante  (EEFF)  des  pieds  étoit  nue ,  le  bout  des  doigts  étoit 
gros  &  arrondi ,  les  ongles  avoient  une  couleur  noire  ou  noirâtre, 
ceux  à.ç^s  pouces  étoient  plats  à  peu  près  comme  dans  l'homme, 
mais  les  ongles  àts  doigts  étoient  courbés  <Sc  difpofés  en  gouttière 
lur  leur  longueur. 

pij 


ii6         Description 


DIMENSIONS 
DU    Magot. 


Longueur  du  corps  cmier ,  mcfure 
en  ligne  droite  depuis  le  bout  du 
mufcau  jufqu'à   l'anus 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout 
du  muftau  jufqu'à  l'occiput  .  .  .  . 

Circonférence  du  bout  du  mufcau.  . 

Circonfe'rcnce  du  iTiufcau  ,  prife  au- 
dcflbus  des  yeux 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouclie. 

Dlflance  entre  les  deux  nafeaux  .  .  . 

Diftance  entre  le  bout  du  mu  le  au  & 
l'angle  antérieur  de  l'œil 

DiRance  entre  l'angle  poftcrieur  &. 
l'oreille 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre. 

Ouverture  de  l'œil 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs 
des  yeux 

Circonférence  de  la  tête ,  prilê  entre 
les  yeux  &  les  oreilles 

Longueur  des  oreilles 


pittlj.    poucct.  h^ncs. 


Largeur    de    la  bafe  mefuréc  fur  la 
o 


courbure   extérieure. 


Diflance  entre  les  deux  oreilles  prife 
dans  le  bas 


z. 

n 
II 

II 

II 
u 


I. 

// 


Longueur   du  cou j    // 

Circonférence  du    cou 

Circonférence  du  corps,  prife  derrière 
les  jambes  dç  devant 


5- 
6. 


// 

7- 
6. 


S.     8. 
4-     5- 

2.       2. 


M 

A  G  O  T.    1 

Femelle.      1 

pictis. 

pouco 

Ij^nct. 

I  . 

8. 

H 

H 

4- 

6. 

U 

4- 

6. 

il 

7- 

Il 

II 

1. 

6. 

M 

^ 

It 

II 

u 

7- 

M 

n 

6. 

II 

u 

3l 

n 

u 

3- 

I. 

// 

2. 

3- 

2. 

9- 
3- 


z. 

6. 
8. 


//    I  o. 


8. 


// 
// 
// 


6. 
i.     u 

2.    6. 

2.      8. 

Z.       2. 

6.  ic. 
I.     n 


DU         AI  A    G   O    T. 


117 


DIMENSIONS 
DU    Magot. 


La  même  circonférence  à  l'endroit  le 
plus  gros 

La  même  circonférence  devant  les 
jambes  de  derrière 

Longueur  de  l'avant-bras  depuis  le 
coude  Jufqu'au  poignet 

Circonférence  du  poignet 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au 
bout  des  ongles 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou 
julqu'au  talon 

Longueur  depuis   le    talon    jufqu'au 

bout  des  ongles 

Longueur  des  plus  grands  ongles.  .  . 


M  A  G  o  T 

Alâle. 


Magot 

Femelle. 


Il   II.     6. 


Il 

7- 

" 

tt 

6. 

4 

II 

3- 

8. 

n 

3- 

// 

II 

4- 

6, 

II 

4- 

// 

II 

8. 

4. 

II 

7- 

3- 

II 

6. 

6. 

II 

5- 

4. 

II 

Il 

7- 

.1 

// 

4- 

//    I  o.     6. 


Le  mâle  pefoit  vingt-trois  livres.  Lepiploon  setendoit  juf- 
qu'au bafliii  ;  il  étoit  chargé  daiîs  quelques  endroits  d'une  graiffe 
jaunâtre. 

Le  duodénum ,  au  fortir  de  leflomac ,  fê  replioit  en  dedans , 
&.  k  joignoit  au  jéjunum  dans  la  région  ombilicale;  le  jéjunum 
fuifoit  fes  circonvolutions  dans  la  même  région  &  dans  l'hypo- 
condre  gauche.  Les  circonvolutions  de  j'ileum  étoient  dans  le 
coté  gauche ,  &  dans  la  région  ombilicale ,  011  il  aboutifToit  au 
cœcum  qui  étoit  dirige  obliquement  de  devant  en  arrière  &  de 
haut  en  bas  dans  le  côté  droit.  Le  colon  setendoit  en  arrière 
dans  la  région  iliaque  droite  ;  il  faifbit  des  circonvolutions  dajis 
celte  région,  dans  l'iiypogaftrique  &  dans  l'iliaque  gauche,  avant 
de  Te  joindre   au  rectum  qui ,  au  lieu  dj;  Tuivre  ks  vertèbres 

P  iij 


ii8  Description 

lombaires ,  fornioit  dans  le  baffm  un  arc,  dont  l'une  des  branches 

aboulillbit  à  l'anus. 

L'eflomac  s'ctendoit  plus  à  droite  qu'à  gauche  ;  il  reffembloît 
beaucoup  par  fîi  figure  à  celui  de  l'homme  ,  mais  il  ctoit  plus 
renflé  fur  la  petite  courbure  à  côté  de  rœfophage  &  fur  Tes  deux 

faces. 

Les  inteflins  grêles  avoient  tous  à  peu  près  la  même  grofîêur; 
leurs  membranes  étoient  rougeâtres  &  aiïèz  minces.  Le  cœcum 
(AB  ,  pi.  X  ,fs-i)  étoit  court  &  gros;  le  colon  (C  ,D  ,E) 
étoit  aufli  gros  que  le  coecum  près  de  cet  inteflin  ,  enluite  il 
diminuoit  peu  à  peu  de  grofîêur  fur  la  longueur  de  huit  pouces  : 
le  relie  étoit  à  peu  près  de  la  même  grofleur  que  le  redum.  II 
y  avoit  fur  le  cœcum  le  colon  &  le  redum,  trois  bandes  tendi- 
neules ,  dont  l'une  étoit  peu  apparente  fur  le  cœcum  ,  &  il  n'y 
en  avoit  qu'une  feule  qui  s'étendît  jufqu'à  l'extrémité  du  reélum  : 
le  cœcum  &  fur-tout  le  colon  formoient  plufieurs  petites  poches. 

Le  foie  étoit  compofé  de  trois  grands  lobes ,  il  y  en  avoit  un 
de  chaque  côté  ,  &  le  troifième  fê  trouvoit  dans  le  milieu  ,  féparé 
par  la  fciffure  (  A,pl  x ,  fg.  2)  du  ligament  fufpenfôir  en  deux 
parties ,  dont  la  droite  portoit  la  véficule  (B)  du  fiel  ;  la  partie  gauche 
avoit  aufTi  une  petite  fciffure  à  fôn  extrémité  inférieure.  II  y  avoit 
à  la  racine  du  lobe  droit  fur  fa  face  poftérieure  un  petit  lobe  (C ) 
alongé  6c  pointu  ,  &  près  de  l'origine  de  ce  petit  lobe  une  émi- 
nence  (  D).  La  couleur  de  ce  vifcère  étoit  au  dehors  &  au  dedans 
d'un  rouge-brun  ;  il  pefôit  fèpt  onces  trois  gros.  La  liqueur  du 
fiel  étoit  d'une  couleur  orangée-rougeâtre ,  Ôc  du  poids  de  vingt- 
quatre  grains. 

La  rate  (pi  X  ,fg.  ^  )  étoit  fituée  au  côté  gauche  de  l'eftomac , 
&  s'étendoit  obliquement  de  devant  en  arrière  &  de  haut  en 
bas;  fà  partie  fupérieure  étoit  beaucoup  plus  large  que  l'inférieure; 


D  U      M  A    G   O   T.  jig 

celle-ci  formoit  un  globule  fc-paié  du  lefte  par  une  fcifîure  ;  h 
rate  avoit  au  dehors  Sl  au  dedans  une  couleur  noirâtre;  elle 
peloit  trois  gros. 

Le  pancréas  étoit  de  figure  fort  irrégulière,  &  s'étendoit ,  depuis 
la  courbure  que  formoit  le  duodénum  au  fortir  de  l'eftomac 
julqu  a  la  rate  &  au  rein  gauche. 

Les  reins  étoient  alongés ,  &  leur  enfoncement  avoit  peu  de 
profondeur  ;  le  rein  droit  étoit  plus  avancé  que  le  gauche  d'environ 
la  moitié  de  /à  longueur  :  ks  mamelons  étoient  fort  gros  &:  réunis 
ies  uns  aux  autres  ;  le  baffinet  avoit  peu  d'étendue. 

Le  poumon  droit  étoit  divifé  en  quatre  lobes  conformes  & 
fitués  comme  dans  la  plupart  des  quadrupèdes;  à  gauche,  il  n'y 
avoit  que  deux  lobes  ,  dont  le  premier  étoit  divifé  en  deux  parties 
par  une  j^rofonde  fcifiùre.  Le  cœur  étoit  peu  pointu  ;  il  ibrtoit 
deux  branches  de  la  crofiê  de  l'aorte. 

Les  papilles  de  la  langue  étoient  très-courtes ,  5c  il  y  avoit  à 
l'extrémité  quanliié  de  grains  blanchâtres  &  ronds;  ces  grains 
étoient  plus  éloignés  les  uns  des  autres  fur  le  refîe  de  la  lanc/ue» 
On  voyoit  fur  l'extrémité  poftérieure  trois  glandes  à  calice  d'une 
ligne  de  diamètre ,  elles  étoient  placées  de  façon  qu'elles  fojnioiait 
un  triangle  ,  dont  la  baie  étoit  en  avant.  L'épiglotte  n'avoit  aucun 
prolongement  en  pointe. 

Le  cerveau  pefoit  trois  onces,  &:  le  cervelet  trois  gros  Se  demi; 
il  étoit  entièrement  recouvert  parla  partie  poflérieure  du  cerveau. 

Le  gland  ^y4  , /;/.  xi  J  étoit  aplati  fur  ks  côtés,  Se  terminé 
par  un  rebord  fBJ  femblable  en  quelque  forte  à  la  tète  d'un 
champignon;  le  pédicule  {AJ  ,  qui  tenoit  à  ce  rebord  ,  formoit 
le  corps  du  gland,  &  étoit  plus  mince  près  du  chapeau  du 
champignon  que  près  de  la  verge.  Les  tedicules  fCCj  étoient 
très-gros  &  prefque  londs  ;  l'épididyme  {DDJ  a\'oit  aufîi  un  très- 


120  Description 

grand  volume;  la  fubriance  de  l'intérieur  dts  teflicuîes  ctoit  de 
couleur  grifatre ,  &:  il  y  avoit  au  milieu  un  axe  blanchâtre  ;  les 
canaux  dcfcrens  (  EE)  éloient  à  peu  près  de  même  diamètre 
dans  toute  leur  étendue  :  la  vefTie  (  F)  avoit  peu  de  volume  , 
clleétoit  prefque  ronde,  les  véficules  réminales(^6'(^^ avoient une 
forme obIongue,&  les  proflates  (H)  étoient  fort  épaiffes. 

Il  y  avoit  au-defTus  de  l'anus  une  forte  de  petite  queue  en 
forme  d'excroiHIince  ,  qui  étoit  fans  poil  Se  qui  avoit  cinq  lignes 
de  longueur  ,  deux  lignes  de  largeur  &:  une  ligne  d'cpailTeiir  : 
cette  queue  fê  trouvoit  au  bout  du  coccix  ,  mais  elle  n'y  adhéroit 
pas  plus  que  le  relie  de  la  peau. 

La  femelle  de  magot ,  dont  les  dimenfions  font  rapportées 
dans  la  table  précédente ,  m'a  paru  avoir  plus  de  jaune  &  moins 
de  verd  que  le  jijâle ,  fur  la  tête ,  fur  le  cou  ,  fur  les  épaules ,  la 
poitrine  &:  la  face  extérieure  des  jambes  de  devant  :  elle  pefoit 
douze  livres  trois  quarts. 

L'anus  étoit  placé  au-delîôus  du  dos  comme  celui  du  mâle  ; 
la  vulve  fê  trouvoit  entre  les  deux  callofités  des  os  ifchioii^,  fur 
îefquelles  l'animal  s'alfiecL 

Cette  femelle  avoit  deux  mamelons  flir  la  poitrine ,  un  de 
chaque  côté  ;  ils  avoient  trois  lignes  de  diamètre  ,  &  ils  fe  trouvoient 
placés  à  vw\  pouce  quatre  lignes  de  diftance  l'un  de  l'autre. 

Dans  cette  femelle,  le  duodénum  étoit  auffi  court  que  dans  le 
mâle ,  à  jîeine  avoit -il  trois  ou  quatre  pouces  de  longueur;  il 
fbrmoit  un  arc  au  lôrtir  de  l'eftomac  ,  &  il  aboutiflbit  dans  la 
réoion  ombilicale  :  le  reélum  étoit  très-court. 

Les  inteflins  grêles  avoient  lix  pieds  &  demi  de  longueur 
depuis  le  pylore  jufqu'au  cœcum  ;  celle  da  colon  <Sc  du  reélum 
prifes  enfembîe  étoit  de  trois  pieds  :  l'extrémité  fupéïieure  de  la 
rate  étoit  pointue. 

Le 


DU     Magot.  i^i 

Le  gîanJ  Ju  clitoris  ^^,;;/.  av/,  qui  rcpn'feute  kv^gh  ouvert) 
c'toJt  peu  apparent  &  place  fur  le  bord  de  Ja  vulve;  il  ne  fomioit 
qu'un  tubercule  peu  élevé ,  mais  le  corps  du  clitoris  étoit  gros. 
L'orifice  (B)  de  l'urètre  fe  trou  voit  à  trois  lignes  dediflancedu 
clitoris,  (  cet  orifice  ejl  marqué,  pi  xn ,  par  un  flikt  CD).  Le 
vagin  (EF)  avoitpeu  de  longueur  ;  l'orifice  (G)  de  la  matrice 
étoit  long  de  trois  lignes  ;  la  matrice  (  H)  avoit  une  forme 
triangulaire.  Ton  col  (î)  étoit  fort  gros,  il  x{y  avoit  point  de 
cornes;  les  trompes  ( K K)  fortoient  de  chaque  côté  du  fond  de 
la  matrice  ,  &  aboutiffoient  à  un  pavillon  qui  enveloppoit  la  plus 
grande  partie  des  tefiicules  (L  L),  qui  étoient  de  couleur  blanchâtre 
&:de  forme  trés-irrégulière ,  car  leur  furfice  fupérieure  étoit  plate , 
&  l'inférieure  convexe:  on  voit  dans  h  planche  x  1 1  la  veffiê 
(M)  ^  une  portion  (NO)  à.\x  reclum. 

T  I     •       n.-  A,       ,        .    ,   .  P'^'^'  pouc,  lignes. 

Longueur  des  inteftins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'aii 

cœcum n 

«•       //        If 

Circonférence  du  duodénum ^ 

/'       ^.      6. 

Circonférence  du  jéjunum ^^ 

CiVconférence  de  l'ilcum  dans   les  endroits  les  pfus 

gros 

°  Il        2.      p. 

Circonférence  dnns  les  endroits  les  plus  minces  ...       /,       o. 
Lon,^ueur  du  coecuni „       ^ 

°  Il  2..         Il 

Circonférence  du  cœcum  dans  les  endroits  les  plus 

gros . 

^  //      7.      n 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  mince ;,  2,  6 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  ,1  7.  /, 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces.  ...  //  i.  «^ 

Circonférence  du  redum  près  du  colon    /,  2.  g. 

Circonférence  près  de  l'anus (,  2.,  -y 

longueur  du  colon  &  du  redum  pris  enfemble //  2 .  C, 

Tome  XIV,  "        Q 


122         Description, 

pieds,  pouc.  ngnc5. 
Longueur  du  canal  intcflinal  en  entier  ,  non  compris 

le  cœcum i  o.  6.  // 

Grande  circonférence  de  l'cllomac i.  9.  h 

Petite  cii  conférence 1  •  3  •  // 

Longueur  de  la  petite  courïjure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  l'œfophage //  3.  6. 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac a  x.  6. 

Circonférence  de  rocfophagc //  2.  // 

Circonférence  du   pylore n  2.  6. 

Longueur  du  foie //  4.  6. 

Largeur //  6.  i/ 

La  plus  grande  épailîcur //  //  j  ï» 

Longueur  de  la  véfîcule  du  fiel u  i .  4^ 

Son  plus  grand  diamètre //  //  S. 

Longueur  de  la  rate //  2.  ?» 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure //  i .  // 

Largeur  de  l'extrémité  fuj)érieure t  11  6, 

Epaifleur  dans   le  milieu y/  /,  ^^ 

Epaifîèur    du   pancréas //  //  -y  ^ 

Longueur  des  reins //  2.  i. 

Largeur „  ,.  j, 

Épaiflèur ^  ,,  |^ 

Longueur  du  centre  nerveux  ,  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe „  ,.  ^^ 

Largeur „  ^^  ^^ 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur ^  ^  ^^ 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  la  naiflànce  de  l'ar- 
tère pulmonaire ^  ,  ,  ^ 

*  «  i.io. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  fac  pulmonaire.  u  i.  6. 

Diamètre  de  l'aonç  ,  pris  de  dehors  en  dehors ...  u  n  ^ 


r>  u     Magot,  ï^j 

pieds.  Jiouc.  lignes. 

Longueur  de  la  langue .  //  5 .  ^ , 

Longueur  de  la   partie  anicrieure  ,    depuis  le   filet 

jufqu'à  l'extrémité //  i^  ^ 

Longueur  du  cerveau //  3 .  /, 

Largeur „  2.  4. 

Épaifleur „  , ,  2. 

Longueur  du  cervelet //  i ,  i . 

Largeur „  i .  C, 

Epaifleur „  z,  g, 

Diftnnce  entre   l'anus  &  le  fcrotum //  3.  3. 

Diftance  entre  le  fcrotum   &  l'orifice  du  prépuce.  ,  a  11  8. 

Longueur   du   g'and • //  1 .  i . 

Circonférence h  i  .  // 

Circonférence  du   champignon //  i.  3. 

Longueur  de  fa  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  jufqu'à  i'infcrdon  du  prépuce //  2.  i  o. 

Circonférence ^ //  i .  // 

Longueur  des  teflicules //  2.  lé 

Largeur //  i .  8. 

Épaifleur //  i .  j. 

Largeur  de  l'épididyme //  //  5 . 

Epaifleur //  //  5. 

Longueur  des  canaux  déférens /;  8.  n 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue.  /'  //  i. 

Grande  circonférence  de  la   veflîe //  7.  6. 

Petite  circonférence //  6.  6. 

Circonférence  de  l'urètre n  i .  3. 

Longueur  des  véficules  féminales //  2.  6, 

Largeur //  h  6, 

f 

Epaifleur , n  m  ^j» 


124-  Description 

pIcJs  potîc.  T]'^tS. 

Longueur    Jes  prortates //       i  •  " 

Largeur »  "  ^' 

Epaiiïeur "  "  4* 

Diftance  entre  l'anus  &    la  vulve ti  ii  4. 

Longueur  de  la  vulve //  //  4- 

Longueur   du    vagin //  i.  ^. 

CIrconfcrence /'  2 .  j  , 

Grande  circonférence  de  la  vefîle //  6.  ir 

Petite  circonfcrence u  5.  6. 

Longueur  de  l'urètre u  n  y. 

Circonférence //  //  9. 

Longueur  du  corps  du  du  col  de  la  inatrice //  i.  3;. 

Dirtance    en  li^ire  droite    enu-e  les    tcfticules    &   lar 

matrice  . n  m  4. 

Longueur  delà  ligne  courbe  que  parcourt  h  tronipe.  //  //  ^. 

Longueur  des  telliculc^ u  h  5. 

Largeur h  h  4. 

Épaifleur » //  u  2» 

La  tête  du  fquelette  du  magot  diffère  de  celle  de  l'homme  ^ 
du  jocko  &;  du  gibbon,  principalement  par  le  raiifèau  qui  eftplus 
long  ,  par  la  fitualioii  de  l'ouverture  des  narines  qui  eft  placée  plus 
bas  au-dcifous  des  orbites  des  yeux,  par  i'ctendue  de  ces  orbitesi 
qui  font  plus  petites  ^  &  par  une  arête  tranfverfâle  qui  elt  fur 
J'occiptjt  ;  cette  arête  fe  trouve  dans  la  plupart  des  quadj  iipèdes , 
elle  fert  d'attaclie  aux  mulcles  q^ui  foulitnnent  la  tête  ;  plus  elle  a 
d  epaifîèur  &  de  fiiiiie ,  plus  elle  dénote  l'effort  que  font  ces 
mufcles  pour  fouteiiii-  la  tête  di^s  quadrupèdes  &  pour  la  relever 
parce  qu'elle  n'eft  pas  en  équilibre  fur  le  cou  comme  celle  de 
rhojiinie.  Le  front  du  magot  nes\:îève  p.isau-deffus  des  orbites; 


DU      Magot.  125 

leur  bord  fupuieiir  forme  un  bourrelet  très-faillant  en  avant ,  &: 
ce  bourrelet  s'étend  d'une  orbite  à  l'autie  au-delîus  du  nez  où  il 
a  une  face  prefque  perpendiculaire  à  celle  dts  os  propres  du  nez  ; 
ce  même  bourrelet  fe  prolonge  fur  le  côte  extcrieur  àcs  orbites  , 
parce  que  l'apophyfe  orbitaire  de  l'os  frontal  e:  celle  de  l'os  de 
k  pomette  font  très -grofîès;  l'arcade  zygomatique  efl  auffi  plus 
convexe  que  dans  l'homme  ,  le  jocko  &  le  gibbon  ,  &  a  plus  de 
rapport  à  celle  de  la  plupart  i\ts  quadrupèdes.  Les  orbites  des  yeux 
ont  beaucoup  plus  de  largeur  que  de  hauteur.  L'uuvciture  des 
narines  s'étend  prefque  ju/quau  bord  alvéolaire.  La  mâchoire  in- 
férieure diffcre  de  celle  de  l'iiomme,  du  jocko  <Sc  du  gibbon  ,  en 
ce  que  les  branches  font  moins  recourbées  &  plus  reîîèmblanlc> 
à  celles  de  la  mâchoire  de  la  plupart   dts  quadrupèiles. 

Les  dents  du  magot  refTemblent  à  celles  de  l'homme  pour  (e 
nombre  :  mais  il  y  a  de  grandes  différences  pour  ix  forme  .prin- 
cipalement dans  les  canines  qui  font  refîèmblantes  à  celles  du 
gibbon,  mais  de  beaucoup  plus  grandts.  La  première  mâchelière 
du  delîbus  eO:  .à  proportion  plus  grolTè  que  dans  l'homme  ,  elle 
prélènte  une  longue  face  antérieure  ,  formée  par  le  frottement  de 
la  dent  canine  du  defîùs.  La  dernière  mâchelière  de  chaque  cote 
des  deux  mâchoires  eft  la  plus  grollè  comme  dans  la  plupart  dei^ 
animaux  ;  &  au  contraire  de  ce  qui  efl  dajis  l'homme ,  die  a  fuf 
chaque  face  deux  cannelures  longitudinales.  Il  y  a  entre  \<is  inci- 
fives  &  les  canines  du  delfus ,  &  entre  \ts  canines  &  les  mâche- 
iières  du  dclîous ,  un  elpace  vide  dans  lequel  la  dent  canine  de  la 
mâchoire  oppofce  entre  loifque  la  bouche  le  ferme» 

Aucune  des  vertèbres  cervicales  n'a  l'apophyfe  épineufe  fourchue; 
la  branche  inférieure  de  l'apophyfe  tranfverfe  de  la  fixième  ver- 
tèbre eil  larges  plate  comme  dans  la  plupart  des  quadrupèdes. 

11  y  a  douz.e  vertèbres  dorf îles  oC  douze  cotes  de  chaque  côté^ 


126  Description 

Iiuit  vmies  &:  quatre  faulTes.  Le  fteriium  efl:  compofe  de  fëpt  05. 
Les  premières  côtes ,  une  de  chaque  cote ,  s'articulent  avec  la  partie 
antérieure  du  premier  os  du  fternum  ;  l'articulation  des  fécondes 
côtes  efl  entre  le  premier  Se  le  fécond  os  du  fternum  ;  celle  dçs 
troifièmes  côtes ,  entre  le  fécond  oc  le  troifième  os ,  &  ainfi  de 
fuite  Jufquaux  fêptièmes  &  liLiitièmes  côtes  qui  s'articulent  entre 
le  fjxième  &  le  (êptième  os  du  fternum. 

Les  vertèbres  lombaires  font  au  nombre  de  fèpt. 

L'os  fâcrum  efl:  compofe  de  trois  faufîès  vertèbres  ;  il  n'y  a 
que  deux  pièces  dans  le  coccix.  L'os  iâcrum  &:  le  coccix  font 
prefque  en  ligne  droite  avec  la  colonne  vertébrale. 

L'os  de  la  hanche  efl  concave  fur  fâ  face  externe ,  il  a  deux 
faces  longitudinales  internes ,  dont  l'antérieure  eft  la  plus  étroite. 
Les  os  pubis  ont  beaucoup  de  largeur  à  l'endroit  de  leur  angle  & 
de  leur  branche;  ils  font  plus  fâillans  vers  l'abdomen  que  dans 
le  gibbon  Se  le  jocko  ;  la  gouttière  qu'ils  forment  efl  convexe 
en  dehors  dans  k  longueur.  La  tubérofité  de  chacun  des  os 
ifchions  efl  très-grande ,  &  a  une  facette  fort  étendue  fur  laquelle 
étoit  la  callofitc  de  la  peau. 

L'omoplate  efl  plus  large  que  celle  du  gibbon  &  du  jocko  ; 
&i  par  conféquent  plus  reflèmblante  à  celle  de  l'homme ,  mais 
elle  efl  plus  longue. 

Les  clavicules  reffemblent  à  celles  de  l'homme ,  du  jocko  «Se 
du  gibbon. 

L'os  du  bras  a  moins  de  longueur  que  l'os  du  coude ,  au 
contraire  de  ce  qui  efl  dans  l'homme  ;  aufTi  les  os  de  i'avant-bras  du 
magot  font  beaucoup  plus  longs  que  ceux  de  l'homme  ;  cependant 
le  bras  du  magot  étant  appliqué  le  long  du  corps  ne  s'étend  que 
jufqu'au  milieu  de  l'os  de  la  cuilfe,  à  peu  près  comme  celui  de 
i'homme  ,   parce  (^ue  la   grande  longueur    de  I'avant-bras  çft 


DU      Magot,  127 

compenfce  par  I  ttendue  des  lombes  qui  font  plus  fongucs  dans  fe 
magot ,  étant  compofces  de  fept  vertèbres ,  tandis  qu'il  n'y  en  a 
que  cinq  dans  l'homme.  L'os  du  bras  du  magot  eft  convexe  en 
avant  fur  la  longueur  de  fa  partie  moyenne  fupérieure;  il  a  le 
long  de  celte  partie  trois  arêtes  loiigitudinales ,  l'une  fur  le  cote 
externe ,  6c  les  deux  autres  fur  les  bortis  de  la  gouttière.  Les  os 
de  l'avant-bras  font  plus  écartes  l'un  de  l'autre  que  dans  l'homme. 

Les  os  deîa  cuiffe  &:  de  la  jambe  dKferent  de  ceux  de  l'homme; 
en  ce  qu'ils  font  à  proportion  beaucoup  pkis  courts. 

Il  y  a  onze  os  dans  le  carpe,  ils  redèmblent  à  ceux  du  gibbon 
par  la  fituation ,  mais  ils  en  difterent  à  plufieurs  égards  pour  la 
figure. 

Le  tarfe  n'eft  compofc  que  de  fcpt  os  qui  diflcrent  peu  de 
ceux  du  tarfè  de  l'homme. 

Les  plus  grandes  différences  que  j'aie  remarquées  dans  les  os 
du  métacarpe ,  du  métatarfe  Se  dans  les  phalanges  Azs  doigts  du 
magot  comparés  aux  os  qui  leur  correfpondent  dans  l'homme, 
c'eft  que  le  premier  os  du  métacarpe  &  les  phalanges  du  pouce 
font  moins  gros  5c  plus  courts  que  dans  l'homme,  &  que  les  os 
du  métatarfe  &  ôi^  cinq  doigts  à^s  pieds  de  derrière  du  magot , 
font  dilpoies  &  proportionnés ,  comme  s'ils  faifoient  partie  d'une 
main  &  non  pas  d'un  pied,  comme  je  l'ai  déjà  oblèrvé  fur  le 
gibbon, 

picvls.  pouc.  IJgneJi'- 
Longueur    depuis  le    bout    des    mâchoires    jufqu'à 

l'occiput //       4.    I  r. 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête u       ?.      %, 

Longueur  de  la  mâchoire  inférieure,  depuis  fon  ex- 
trémité antérieure  jufqu'au  Lord  pofléricur  i\c 
l'apophyfe  condyloïJc //       4.      t. 


128  Description 

pic<Is.  pue.  li^ncf. 
EpailTeur  de  la  pnrtie   antcViciire    de   l'os   de  îa  mâ- 
choire du  defTus "  "  3* 

Larocur  de  la  mâchoire  dutleflusà  l'endroit  des  dents 
o 

canines /'  i  •  4* 

Diftancc  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  //  //  7  i« 

Longueur  de  cette  ouverture //  i  •  ï  • 

Largeur //  "  7* 

Longueur  des  os  propres  du  nez //  "  5?. 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large u  "  2  j. 

Largeur  des  orbites //  i .  i. 

llauteur //  //  8^. 

Longueur  des  dents  canines //  i .  // 

Largeur  du  trou  de  la  première  vericbre  de  haut  en  bas.  //  ;/  6  y. 

Largeur  d'un  côté  à  l'autre //  //  7. 

Hauteur  de  l'apoj^hyfe  épineule  de  la  féconde  vertèbre.  //  /'  4, 

Largeur //  n  3 , 

Longueur  de  la  huitième  côte  qui  efl:  la  plus  longue.  //  5.2, 

Longueur  du  fternum //  4.  4. 

Longueur  du  corps  de  la  fixième  vertèbre  lombaire, 

qui  efl  la  plus  longue //  n  nX, 

Lnrgeur  de  la  partie  fupcrieurc  de  Fos  de  la  hanche.  //  //  11, 
Longueur  de  l'os  depuis  le  milieu  de  la  cavité  coty- 

loïde,  jufqu'au  milieu  du  cô.é  fupcrieur //  4,  g 

Longueur  des  trous  ovalaires ^  j.  2.^, 

Laigeur „  „  ^1^ 


//       2..       // 


Largeur  du  baflia 

îî'i"teur „       ^^     ^i^ 

Longueur  de  l'omoplate „       ,        g^ 

Largeur  dans  le  milieu „        2..      it 

Longueur  dp  l'humtrus „       .     j^^ 

Longueur 


DU     Magot,  jzcj 

pieJs.  pouc.  lignes. 

Longueur  de  l'os  du  coude //  c,      ,  ^ 

Longueur  de  l'os  du  rayon //  5.  p. 

Longueur  du  fcmur //  6.  7. 

Longueur  du  tibia //  ^.  ^  i. 

Longueur  du  péroné //  j.  p. 

Hauteur  du  carpe 4  h  o. 

Longueur  du  calcaneuni //  i .      c. 

Hauteur  du  premier  os  cunéiforme  «Se  du  fcaphoïdc, 

pris  enfenible //  //  p. 

Longueur  du   premier  os  du   métacarpe,  qui  cfl:  le 

plus  court //  I.  If 

Longueur  du  troificme  os  du  métacarpe,  qui  eft  le 

plus  long j  I.  6. 

Longueur  du  premier    os   du    métatarfe,  qui  efl:  le 

plus  court ir  i .  2. 

Longueur  du  iroifièmc,  qui  efl  le  plus  long //  2.  // ' 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant h  n  6  [, 

Longueur  de  la  féconde //  //  ^  -j. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  i .         -. 

Longueur  de  la  féconde v  11  8  t. 

Longueur  de  la  troifième //  ji  5 . 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière //  //  8 

Longueur  de  la  féconde //  //  4. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  1,  2. 

Longueur  de  la  féconde //  u  p. 

Longueur  de  la  troifième >*  /'  5 . 

Tome  XIV.  R 


r 


IJO 


Description 


m.»»  ■■-<  ■      H'   »i   ••mitwmrm 


DESCRIPTION 

DE  LA   PARTIE  DU  CABINET 

qui   a  rapport  à  l'Hijh've   Naturelle 

DES    SINGES. 

N."     M  C  C  X  C  I. 

La  peau  d'un  Jocko, 

V^ETTE  peau  eft  bouirce,  on  y  a  lailîc  les  os  Jes  dernières 
phalanges  des  doigts  pour  mieux  confèrver  leur  forn"^,  qui  varie 
dans  les  différentes  efpcces  i^ts  animaux  de  ce  genre,  par  les 
proportions  (\ts  pouces,  re'alivement  à  celles  des  autres  doigts, 
La  peau  bourrce,  dont  il  s'agit,  reprciènte  le  Jocko  affis. 

N.°    M  C  C  X  C  I  I. 

Le  fquelette  d'un  jocko. 

Ce  iquelelte  efl  incomplet ,  il  y  manque  \qs  os  des  avant- bras , 
des  jambes  &:  des  pieds  du  jocko;  on  y  a  /iibftitué  des  os  d'un 
fquelette  humain ,  à  peu  près  de  mcme  hauteur  que  celui  du  jocko, 
rapporte  fous  le  prclênt  numéro  ;  la  defcription  de  ce  fquelette 
&  celle  de  la  peau  dont  il  a  été  fait  mention  fous  le  numéro 
précédent ,  font  dans  la  defcription  du  jocko. 

N.°    M  C  C  X  C  I  I  r. 

Lu  peau  d'un  gibbon, 

C'eft  la  peau  d'un  petit  gibbon ,  elle  e(l  bourrée  :  on  y  voii 
h  couleur  grife  du  ventre  6c  du  dos,  qui  diftingue  le  petit  gibbojî 
du  grand. 


DU    Cabinet,  iji 

N.°     M  C  C  X  C  I  V. 

Le  fqiielette  d'un  gibbon. 

Ce  fquelette  efl  remarquable  entre  tous  ceux  qui  font  au 
Cabinet ,  par  la  longueur  exceffive  de  fès  jambes  de  devant  ;  (à 
defcriplion  &:  Çts  principales  dinienfions  fe  trouvent  dans  \à 
çlefcription  du  gibbon. 

N.°    M  C  C  X  C  V. 

L'os  hyoïde  d'un  gibbon. 

Cet  os  n'eft  compofc  que  de  trois  pièces ,  il  n'a  point  (^c 
petites  cornes  comme  celui  de  l'homme;  il  y  a  aulTi  quelques 
différences  dans  la  forme  &i  les  proportions  àts  trois  pièces  de 
i'os  hyoïde  du  gibbon,  comparées  à  celles  qui  leur  correfpondent 
dans  l'homme. 

N.°    M  C  C  X  C  V  I. 

Un  magot. 

Cet  animal  efl  dans  l'efprit-de-vin,  il  reffemble  au  mâk 
qui  a  fèrvi  de  fujet  pour  la  defcriplion  du  magot, 

N.'   M  C  C  X  C  V  1 1. 

Une  peau  de  magot. 

Cette  peau  efl  bourrée,  elle  ne  difière  pas  de  celle  du  magot 
qui  a  fèrvi  de  fujet  pour  la  defcription  de  cet  animal. 

N.°    M  C  C  X  C  V  ï  I  I. 

Le  fquelette  d'un  magot  mâle, 

C'efl:  le  fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcription  & 

les  dimenfions  des  os  du  magot  ;  il  y  manque  plufieurs  dents. 

-  Ri; 


132         Description,  ire. 

N.°^  M  C  C  X  C  I  X. 

Le  fqiielette  d'une  femelle  de  magot. 

Ce  fqLieiette  e(l  de  taille  plus  petite  que  celui  du  mâle,  il  n'y 
a  point  d'arcles  ofTeuiês  fur  l'occiput ,  les  bords  des  orbites  des 
yeux  y  font  moins  renfles  &:  moins  faillans;  au  ref^e,  je  n'ai 
aperçu  aucun  caradcre  qui  put  dcfigner  la  diffcience  des  fèxes, 
comme  dans  les  fquelettes  humains. 

N.°     M  C  C  C. 

L'os  hyoïde  d'un  magot. 

II  y  a  cinq  pièces  dans  cet  os,  une  bafe,  deux  grandes  cornes, 
îk  au  bout  de  chacune  de  ces  cornes  une  pièce  large  &  aplatie; 
la  bafè  efl:  d'une  figure  très-différente  de  la  bafê  de  i'os  hyoïde 
de  l'homme ,  elle  fê  prolonge  en  bas  6c  forme  une  gouttière 
verticale. 

N.°    M  C  C  C  I. 

L'os  de  la  verge  d'un  jeune  magot. 

Cet  os  a  quatre  lignes  de  longueur,  il  eft  courbe  &  plus 
mince  à  l'une  de  Tes  extrémités  qu'à  l'autre. 


W 


J33 


LE      P  A  PI  O  N  * 

ou    BABOUIN  proprement  dit. 


D 


ANS  l'Honime ,  laphyfionoinie  trompe ,  ôi  la  figure 
du  corps  ne  décide  pas  de  la  forme  de  l'amc;  mais  dans 
les  animaux,  on  peut  juger  du  naturel  par  la  mine,  &  de 
tout  l'intérieur  par  ce  qui  paroîtau  dehors  :  par  exemple, 
en  jetant  les  yeux  fur  nos  Singes  &i  nos  Babouins,  il  cft 

*  Popion,  mot  dérive  de  Pap'io  ,  nom  de  cet  niiimal  en  latin  mo- 
derne,  &:  que  nous  avons  adopté  pour  le  diflinguer  des  autres 
Babouins.  Baboon,  en  Anglois  ;  P^v)'o« ,  en  Allemand  ;  Choac-hama  , 
au  cap  de  Bonne-efpérance  ,  félon  Kolbe. 

Papïo.  Gefner.  Icon.  Quad.  pag.  ^6  ,  fig.  ibid.  Nota.  \°  Celte 
figure  donnée  par  Gefner  a  été  copiée  par  AIdrovande.  Quad.  d'igit. 
pag.  260,  ôi.  par  Jonflon.  Qw^^A  tab.  6  1 ,  fub  nomine /^^/^/t» /^wz/uj. 
Nota.  2.^  Gefner  s'eft  beaucoup  trompé  en  prenant  cet  animal  pour 
i'Hyxne. 

Babouin.  Kolbe.  Defcr'iption  du  cap  de  Bonne-efpérance  ,  tome  III , 
page  6 ^  ,  fg.  2.,  Cette  figure  donnée  par  Kolbe  cft  encore  plus 
Kiauvaife  que  celle  de  Gefner ,  &  cependant  ce  font  les  deux  feuls 
Auteurs  qui  aient  donné    la  figure  de  cet  animal. 

Pnpio.    Le  babouin.  Brifl".  reg.  anim.  pag.   192. 

SpWinx.  Simia  Jè/nicaudata ,  ore  vib^iffalo  ^  unguibus  acuwinatis,  Lii^n. 
Syjî.  nat.  cdit. X  ,  pag.  25.  Nota.  M.  Linnaeus  s'eft  trompé  en  doiuiajn 
des  mouftaches ,  comme  cara(îtère  diftindlif  à  cet  animal  ;  c'e/l  pro- 
bablement d'après  la  figure  de  Gefner  qu'il  a  pris  cet  indice ,  &  cette 
figure  pèche  en  cela ,  car  dans  le  réel  le  babouin  n'a  point  de  mouf- 
laches.  Voye-^  lafgure  que  nous  en   avons  fait  deffiner  d'après  l'animal 

vivant   (pi,  XIII J' 

R  iij 


\^^^      Histoire  N  at  u  re  l  le 

aile  de  voir  que  ceux-ci  doivent  être  plus  fauvages,  plus 
méchans  que  les  autres;  il  y  a  les  mêmes  difiérences, 
les  mêmes  nuances  dans  les  mœurs  que  dans  les  figures. 
L'orang-outang  qui  reilemble  le  plus  \  l'homme,  efl 
le  plus  intelligent,  le  plus  grave  ,  le  plus  docile  de 
tous  ;  le  magot ,  qui  commence  à  s'éloigner  de  la  forme 
Jiamaine,  (k  qui  approche  par  le  mureau(S:par  les  dents 
canines  de  celle  des  animaux,  cft  brufque  ,  dcrobciffant 
&  maufTade;  &l  les  babouins,  qui  ne  refTemblent  plus  à 
rhomme  que  par  les  mains,  (5c  qui  ont  une  queue,  des 
ongles  aigus ,  de  gros  mufeaux,  (Sec.  ont  l'air  de  bêtes 
féroces  ,  (Se  le  font  en  effet  ;  j'ai  vu  vivant  celui  dont 
nous  donnons  ici  la  figure  (pi.  xiii ) ,  il  n'étoit  point 
Iiideux  ,  &i  cependant  il  faifoit  horreur  :  grinçant  conti- 
nuellement les  dents,  s'agitant,  fe  débattant  avec  colère; 
on  étoit  obligé  de  le  tenir  enfermé  dans  une  cage  de 
fer,  dont  il  remuoit  {\  puiffamment  les  barreaux  avec 
fes  mains  qu'il  infpiroit  de  la  crainte  aux  fpedateurs  ; 
c'efl  un  animal  trapu  ,  dont  le  corps  ramaffé  6l  les 
membres  nerveux  indiquent  la  force  (Se  l'agilité,  qui, 
couvert  d'un  poil  épais  &.  long  paroit  encore  beaucoup 
plus  gros  qu'il  n'eft;  mais,  qui  dans  le  réel,  eft  fi 
puiffant  (S.  h  fort  qu'il  viendroit  aifément 'à  bout  d'un 
ou  de  plufieurs  hommes,  s'ils  n'étoient  point  armés  "^  : 

*  C'efl  à  cette  efpcce  qu'il  faut  rapporter  ranimai  appelé  trétré  trc  tré 
à  Madagafcar  ,  il  cft  (  dit  Flaccourt  )  gros  comme  un  veau  de 
deux  ans  ,  il  a  la  tête  ronde  &  une  face  d'homme  ,  les  pieds  de 
devant  <5c  de  derrière   comme  un  fijige  ,    le  poil  frifotté ,  la  queue 


DU  P  A  P  I  0  N  OW  B  A  B  O  U  I  N,  135 
d'ailleurs,  il  paroit  continuellement  excite  par  cette 
pafTion  ,  qui  rend  furieux  les  animaux  les  plus  doux  ; 
il  eft  inlblemment  lubrique,  <Sc  aiïedle  de  le  montrer 
dans  cet  état  ,  de  le  toucher,  de  fe  fatisfairc  feul  aux 
yeux  de  tout  le  monde;  &  cette  adion  ,  l'une  des  plus 
honteufes  de  l'humanité  6c  qu'aucun  animal  ne  fc 
permet,  copiée  par  la  main  du  habouin,  rappelle  l'idée 
du  vice  6c  rend  abominable  rafpect  de  cette  bétc  que 
la  Nature  paroit  avoir  particulièrement  vouée  à  cette 
efpèee.d'impudenee;  car  dans  tous  les  autres  animaux, 
6c  même  dans  l'homme,  elle  a  voilé  ces  parties;  dans 
le  babouin  au  contraire,  elles  font  tout -à- fait  nues  6c 
d'autant  plus  évidentes  que  le  corps  efl  couvert  de 
longs  poils;  il  a  de  même  les  feffes  nues  6c  d'un  rou"-e 
couleur  de  fang  ,  les  bourfes  pendantes  ,  l'anus  décou- 
vert, la  queue  toujours  levée;  il  femble  faire  parade 
de  toutes  ces  nudités,  préfentant  fon  derrière  plus  fou- 
vent  que  fa  tête,  fur-tout  dès  qu'il  aperçoit  des  femmes 
pour  lefquelles  il  déploie  \\\-\q  telle  effronterie,  qu'elle 
ne  peut  naître  que    du   dehr  le  plus  immodéré  *.    Le 

courte ,  les  oreilles  comme  celfes  de  Thomnie  ;  il  rcflemLfe  au  tanack 
décrit  par  Ambroife  Part  :  c'ed  un  oninial  foiiiaire  ,  les  gens  du  pays 
en  ont  grand  peur.  Voyage  a  Aladagnfcar ,  page  i  j  i. 

*  Papio ,  animal  ad  libïd'incm  pronum  ,  cum  mulieres  vïdet  alacr'itatem 
fuam  ojlendit.  .  .  .  Pap'io  quem  v'idi  vivum,  ad  nutum  haud  fecus ,  atque 
caput  reliqua  anhnalia ,  anumvenchatfreqnenùuspcpulooflentans.  G  e  (lier. 
Icon.  Qiiad.  pag.  yy.  —  II  y  a  aux  Philippines  des  babouins  trcs- 
lubriques  ,  qui  ne  permettent  pas  aux  femmes  de  s  éloigner  de  leurs 
iiiaifons.  Voyage  de  Gemelii-Carrcri ,  {meV,fag<^  2  Oj?,— Les  babouini 


136       Histoire  Naturelle 

magot  ÔL  quelques  autres  ont  bien  les  mêmes  incli- 
nations ;  mais  comme  ils  font  plus  petits  &  moins  pé- 
tulans ,  on  les  rend  modeflcs  à  coup  Je  fouet,  au  lieu 
que  le  habouin  cfl  non-feulement  incorrigible  fur  cela, 
mais  intraitable  à  tous  autres  égards. 

Quelque  violente  que  foit  la  pa fi] on  de  ces  animaux, 
ils  ne  produifcnt  pas  dans  les  pays  tempérés;  la  femelle 
ne  fait  ordinairement  qu'un  petit  qu'elle  porte  entre  fes 
i)ras  &  attaclic,  pourainfi  dire,  à  fi  mamelle;  elle  efl 
fujette  comme  la  femme  à  l'évuacation  périodique,  (Se 
cela  lui  e(î  commun  avec  toutes  les  autres  femelles  de 
fmges  qui  ont  les  fefTcs  nues  ;  au  refle,  ces  babouins 
quoi([ue  médians  &  féroces  ne  font  pas  du  nombre  des 
animaux  carnaffiers,  ils  lé  nourriffent  principalement  de 
fruits,  de  racines  &.  de  grains  ;    ils  fe  réuniffent  *  6c 

s'entendent 

n'ont  point  de  poils  fur  les  fefles,  elles  (ont  ù  pleines  de  cicairices 
&  d egraiignures ,  qu'il  fcnible  n'y  avoir  pas  même  de  peau:  ce  font 
des  animaux  d'une  lafciveté  inexprimable.  Defcr'ipi'ion  du  cnp  de  Bonne- 
efpérance ,  par  Kolbe ,  tome  III,  page  ^  p .  —  Pa})io  ,  animal  libidinofum , 
fœminis  facile  vim  infert.  Umu.  fyfi.  nat.  edit.  X,    pffg.   25. 

*  Les  babouins  aiment  pafîionne'mcnt  les  raifins,  fes  pommes,  & 

en  général  les  fruits  qui  croifient  dans  les  jardins Leurs  dents 

&  leurs  griffes  les  rendent  redoutables  aux  chiens  ,  qui  ne  les  vainquent 
qu'avec  peine  ,  à  moins  que  quelque  excès  de  raifm  ne  les  ait  rendus 
roides  &  engourdis.  .  . .  J'ai  vu  qu'ils  ne  mangent  ni  poiflon  ni  viande, 
fi  elle  n'a  été  premièrement  cuite  &  qu'elle  ne  foit  accommodée  de 
la  manière  dont  les  hommes  la  mangent ,  &  qu'ils  avalent  fort  avi- 
dement   de   la    viande    ou    du   poirt-on   bien  apprêtés Voici  fa 

manière  dont  ils  pillent  un  verger ,  un  jardin  ou  une  vigne  :  ils  font 
peur  l'ordinaire  ces  expéditions  en  troupes  ;  une  partie  entre  dans  l'enclos, 

tandis 


Il' m    A// 


Pi   r/i.  r.;,/.  izfi  . 


/>.  .i-.r.    ././' 


MAGOT. 


/'  /■     '/Ji.'i..;    .■.,,/.' 


Tcm  :nr. 


PI.  '7//  7'j.;.  /if^. 


i;.,>,  ■  x/i . 


<*mitmammitt-mmiirmmam^ 


Wt$-; 


/'/  !\    y,/,/,  i-j!^. 


^'W^^^^W^ 


B 


M 


A^> 


Burczlyî:::rr:riu7:nJ).-: 


l:  ,  ■   ■■•    '  /V//.7.  ■  S.-ui, 


'"r 


/,'//;.  A//'. 


J'I    \  .  /'.!.;    jj.-f 
111 


Fnj  ■  -'  . 


A'/T.-,'  /:///.  />.■/. 


/v///A  ,1', 


It'f/l     -».■'  ' 


l'I.  X/.    /^./.  jjti 


I'/  rif  P.r.,.'^3. 


^w»'«v    i^4ttt.-é-i.ruain    ./*•/ 


».'A.-ft7^/  s,'4iJf. . 


DU        P  A   P   I   O   N.  137 

s'entendent  pour  piller  les  jardins  ;  ils  fe  jettent  les 
fruits  de  main  en  main  6>l  par-dcfTus  les  murs,  6c  font 
de  grands  dégâts  dans  toutes  les  terres  cultivées. 

Caraâères  dijî'mâifs  de  cette  efpèce. 

Le  papion  a  des  abajoues  6.  de  larges  callofités  fur 
les  feffes ,  qui  font  nues  &  de  couleur  de  fang  ;  il  a  la 
queue  arquée  6l  de  fept  ou  huit  pouces  de  long  ;  les 
dents  canines  beaucoup  plus  longues  <S(.  plus  groffes  à 
proportion  que  celles  de  l'homme  ;  le  mufeau  très-gros 
à.  très-long,  les  oreilles  nues,  mais  point  bordées,  le 
corps  maffif  <Sc  ramaffé ,  les  membres  gros  (Se  courts , 
les  parties  génitales  nues  <Sc  couleur  de  chair;  le  poil 
long  (Se  touffu,  d'un  brun-rouffitre  (Se  de  couleur  aflez 

tandis  qu'une  autre  partie  refte  fur  la  cIoi(bn  en  (entinelle  ,  pour  avertir 
de  l'approche  de  quelque  danger  ;  le  refte  de  la  troupe  efl:  placé  au 
dehors  du  jardin  à  une  diftance  médiocre  les  uns  des  autres ,  &  forme 
ainfi  une  ligne  qui  tient  depuis  l'endroit  du  pillage  jufqu'à  celui  du 
rendez-vous  ;  tout  étant  ainfl  difpofé  ,  les  babouins  coiimiencent  le 
pillage  ,  &  jettent  à  ceux  qui  font  fur  la  cloifon  les  melons ,  les  courges, 
les  ponunes,  les  poires,  &c.  à  melure  qu'ils  les  cueillent;  ceux  qui 
font  fur  la  cloifon  jettent  ces  fruits  à  ceux  qui  (ont  au  bas ,  &  ainfl 
de  fuite  tout  le  long  de  la  ligne ,  qui  pour  l'ordinaire  finit  fur  quelque 
montagne  ;  ils  font  fi  adroits  ,  &  ils  ont  la  vue  fi  prompte  <5c  fi  jufle, 
que  rarement  ils  laifîènt  tomber  ces  fruits  à  terre  en  fe  les  jetant  les 
uns  aux  autres  :  tout  cela  fè  fliit  dans  un  profond  filence  &  avec 
beaucoup  de  promptitude.  Lorfque  les  fcntinelles  aperçoivent  quel- 
qu'un ,  elles  poufîênt  un  cri  ;  à  ce  fignal  ,  toute  la  troupe  s'enfuit 
avec  une  vîteffe  étonnante.  Defcriptîon  du  cap  de  Bonne- efpéramc ,  par 
Kolbe ,  tome  III,  page  j y  &  fu'iv, 

Tome  XIV,  S 


138     Histoire  Natu re LLE,iirc, 

uniforme  fur  tout  le  corps  ;  il  marche  plus  fouvenC 
à  quatre  qu'à  deux  pieds,  il  a  trois  ou  quatre  pieds  de 
hauteur  lorfqu'il  eft  debout;  il  paroît  qu'il  y  a  dans 
cette  efpèce  des  races  encore  plus  grandes  Sl  d'autres 
beaucoup  plus  petites.  Le  babouin  que  nous  avons 
fait  repréfenter  (pi.  xivj  efl  de  la  petite  efpèce,  nous 
l'avons  foigneul'ement  comparé  au  grand  Babouin  ou 
Pûpioîi  (pi.  XIII ) ,  Se  nous  n'avons  remarqué  d'autres 
différences  entr'eux  que  celle  de  la  grandeur.  Se  cette 
différence  ne  venoit  pas  de  celle  de  l'âge,  car  le  petit 
babouin  nous  a  paru  adulte  comme  le  grand.  Les  femelles 
font  fujettes ,  comme  les  femmes  ,  à  un  écoulement 
périodique. 


^^^■^r^^' 


_______^^ '39 

DES C  R  I P  T I O  N 

DU     P  A  P  1  0  N. 

1_jE  Papion  (pi.  xiii  ),  quoique  de  gianJe  tailfe ,  a  la  tête  «Se 
le  corps  11  gros ,  qu'ils  paroiirent  mal  proportionnés  à  (a  hauteur. 
Le  mufêau  efl:  fort  alongc  &  très-gros  ;  le  nez  refîèmble  à  celui 
d'un  mâtin  ;  les  yeux  font  petits  &  places  fort  près  l'un  de  l'autre  ; 
les  bords  de  leurs  orbites  fë  trouvent  fiir  un  plan  qui  efl  prefque 
perpendiculaire  au  chanfrein  ;  l'os  frontal  ne  s  clève  pas  aii-deifus 
dis  orbites,  de  forte  que  l'on  nedillingue  point  de  front,  &  que 
la  partie  fupcrieure  des  orbites  eft  au  niveau  du  fommet  de  la  tête. 
les  oreilles  font  nues  &  de  couleur  brune  ,  elles  forment  \.me, 
petite  pointe  dans  leur  partie  fupérieure  ,  elles  ne  font  pas  bordées , 
elles  n'ont  point  de  petit  lobe.  Le  cou  elt  gros  &  fort  court.  Le 
papion  qui  a  fêrvi  de  fujet  pour  cette  defcription  avoit  la  poitrine 
large  en  comparaifbn  du  ventre  qui  étoit  peu  ciendii.  Les  feflès 
ctoient  maigres ,  digarnies  de  poil  prefqu'entièrement  &  calleufès. 
Le  pcrinc  ctoit  fort  long  &  placé  en  arrière au-defîbus  de  l'anus, 
qui  fèmbloit  par  cette  conformation  être  filué  plus  haut  que  dans 
les  autres  animaux.  La  queue  n'avoit  que  fèpt  pouces  de  longueur, 
mais  elle  n'ètoit  pas  entière;  elle  stlevoit  au  fortir  du  corps, 
&  elle  fe  recourboit  en  bas  &:  en  arrière  par  fon  extrémité.  Les 
jambes  de  derrière  étoient  courtes  en  comparaifon  de  celles  de 
devant  &  de  la  longueur  totale  de  l'animal.  Il  avoit  aufTi  les  pouces 
des  quatre  pieds  fort  courts  ;  \ts  ongles  àQs  pouces  étoient  larges 
&:  plats ,  ceux  dts  doigts  étoient  plus  étroits ,  fort  longs ,  crochus 
^  plies  en  gouttière  fur  leur  longueur. 

Ce  papion  avoit  le  poil  long  d'environ  fix  pouces  fur  l'occiput , 

Si) 


14-0  Description 

fur  le  cou  ,  fur  la  partie  antcrieure  du  dos ,  fur  les  épaules  &L  flir 
ie  devant  de  la  poitrine ,  de  forte  que  toutes  ces  parties  ne  pa- 
roifToient  être  qu'une  mafTe  informe,  &  difproportionnée  par  fou 
volume  en  comparaifon  du  ventre  mince  &  plat,  des  kKQS  pelées 
&  des  jambes  courtes  qui  compoiôient  le  refte  du  corps ,  &  qui 
paroifToient  encore  plus  petits,  parce  que  leur  poil  n'avoit  pas 
plus  de  trois  pouces  de  longueur. 

Les  couleurs  étoient  à  très-peu  près  les  mêmes  fur  toutes  ks 
parties  du  corps.  Chaque  poil  avoit  une  couleur  brune  ,  noirâtre 
&:  une  couleur  jaune-rou(î?itre,  placées  fucceiïîvement  depuis  la 
racine  jufqu  a  la  pointe  ,  de  forte  que  la  couleur  de  l'animal  étoit 
mêlée  de  brun  tSc  de  jaune-rouirâtre ,  qui  dominoit  lorfqLi'on  le 
rec^ardoit  à  une  certaine  dillance.  Le  mufeau  &  le  tour  des  yeiLv: 
étoient  noirs  &  nus  ;  les  paupières  étoient  blanches ,  de  même 
que  les  aiiîèlles,  le  bas-ventre,  les  aines,  la  verge ,  le  fcrotum  &: 
le  périné ,  &  il  n'y  avoit  prelque  point  de  poil  fur  ces  parties.  Le 
delîbus  àts  quatre  pieds  &  \&s  doigts  étoient  auffi  dégarnis  de 
poil ,  &  avoient  une  couleur  noire  de  même  que  \ts  ongles. 

pieds,  pouc.  lignci. 
Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mutcau  jufqu'à  i'anus i.    i  o.  6. 

Longueur  de  la  tête  depuis  ie  bout  du  mufeau  ju(cju'à 

l'occiput H  6.  6, 

Circonférence  du  bout  du  mufeau //  y,  /f 

Circonférence  du  mufeau,  prife  au-deffous  des  yeux.  //  c^.  6, 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche ;/  u  j. 

Diftancc  entre  les  nafeaux //  „  2. 

Diftance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 

de  l'œil h  3.  2. 

Diflance  entre  l'angle  poflérieur  &  l'orçiile a  a.  5. 


DU        P  A    P   I   O   N,  1^1 

pieds,  pouc.  lignes. 
Longueur  de  l'œil  d'un  nngîe  à  l'autre //        //       ^ 

Ouverture  de  l'œil „       „       ,1^ 

Diflance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux //       //       g. 

La  niêine  diftance  en  ligne  droite /;       ,/       (5  £. 

Circonférence  de  la  tête,  prife   entre  les  yeux  &  les 

oreilles i,      2.      a 

Longueur  des  oreilles „  i ,      ^ 

Largeur  de  la  hafc,  nicfurée  fur  la  courbure  extcrieure.  //  2.0. 

Dilbnce  entre  les  deux  oreilles,  prife  au  bas h  4.      // 

Longueur  du  cou //  2.      7, 

Circonférence „  11,      /, 

Circonférence  du  corps,  prife  derrière  les  jambes  de 

devant ,.      j.      ^, 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros.  ...  i .  6.  h 

Circonférence  prife  devant  les  jambes  de  derrière. ..  ,  i.  2..  u 

Circonférence  à  l'origine  de  la  queue  * //  4.  ^ 

Longueur  de   l'avaut-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet /,  8.  6. 

Circonférence  du  poignet n  4.  // 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  //  4.  2, 
Longueur    de  la  jambe  ,   depuis  le  genou  jufqu'au 

talon ,. n  8.  3 . 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles.  .       //       6.      4. 

Cet  animal  pefoit  vingt-fjx  livres.  L  epiploon  s  etendoit  jufqu  au 
pubis.  Après  avoir  enlevé  icpiploon  ,  j'ai  vu  l'eftoinac  &;  dts 
inteflins  giêles  qui  occupoient  la  plus  grande  partie  de  l'étendue  de 
labdomen  ,  le  cœcum  qui  éloit  dans  le  côlé  droit  &.  une  portion 
du  colon  qui  s'étendoit  d'un  côté  à  l'autre. 

*  Je  ne  donne  pas  la  longueur  de  la  queUC ,  parce  qu'elle  n  etoit  pas  entière  ;  elle  efl 
courte  dans  tom  les  Papions. 

S  ïi} 


142  Description 

Le  duodénum  fe  replioit  en  dedans  au  fortir  de  l'eîlomac, 
avant  de  fe  joindre  au  jéjunum  qui  faifoit  Tes  circonvolutions  dans 
la  région  ombilicale  &  dans  les  côtés,  celles  de  l'ileum  étoient  auiïi 
dans  la  région  ombilicale,  dans  les  régions  iliaques  &  dans  l'hy- 
pogadrique,  &:  il  aboutiiïbit  au  cœcum  dans  le  côté  droit.  Le 
cœcum  étoit  dirigé  de  devant  en  arrière.  Le  colon  s'étendoit  en 
avant,  paffoit  de  droite  à  gauche  fur  les  inttdins  grêles,  &  faifoit 
quelques  circonvolutions  dans  ie  côté  droit   avant  de  fe  joindre 

au  re(5lum. 

L'eftomac  étoit  grand  à  proportion  de  la  taille  cîe  l'animal, 
&:  (e  trouvoit  placé  plus  à  droite  qu'à  gauche  ;  ie  grand  cul-de- 
fac  étoit  profond.  Les  intefli  ns  grêles  a  voient  tous  à  peu  près  la 
même  grofleur ,  excepté  l'ileum  dont  la  circonférence  diminuoit 
un  peu  près  du  cœcum.  Cet  inteftin  étoit  gros,  court,  &:  avoit 
une  figure  conique  dent  la  pointe  étoit  moufle.  Le  colon  étoit 
aufli  gros  que  le  cœcum  à  ion  origine  ;  il  diminuoit  peu  à  peu 
de  grolTeur  fur  la  longueur  de  neuf  pouces  ;  enfuite  il  étoit  très- 
menu  fur  la  longueur  d'un  demi-pied  ,  &  enfin  il  dcvenoit  plus 
gros    juiqu'au   reélum ,    mais  cependant    moins  gros    qu'à  ion 


orjguie. 


Le  foie  étoit  placé  un  peu  plus  à  droite  qu'à  gauche  &  com- 
pofe  de  trois  lobes  ;  le  plus  grand  fe  trouvoit  dans  le  milieu  ;  if 
étoit  divifé  en  deux  parties  par  la  fciiTure  du  ligament  fuij:)enfoir  : 
ia  partie  droite  de  ce  lobe  étoit  la  plus  grande ,  (Se  renfermoit 
la  véficule  du  fiel  qui  y  étoit  prefqu'entièrement  incrufiée.  Le 
iobe  droit  étoit  le  plus  pelit  de  tous ,  &  avoit  deux  appendices 
à  iâ  partie  fupérieure  près  du  rein  ;  le  foie  avoit,  tant  au  dehors 
qu'au  dedans ,  une  couleur  rouge  très -pâle  ,  il  peioit  onze  onces 
{[X  gros.  La  véficule  du  fiel  étoit  fort  alongée,  Se  renfermoit  une 
iiqueur  verte-jaunâtre,  qui  pefoit  un  gro5&  quai-ante-deux  grains. 


DU        P  A    P   I   O   N.  1^5 

La  rate  avoit  trois  faces  longitudinales ,  comme  celle  de  h 
plupart  d^s  autres  animaux;  (on  extrémité  inférieure  étoil  l'endroit 
le  plus  large  ,  Se  elle  diminuoit  peu  à  peu  de  largeur  jufquà  l'autre 
extrémité;  elle  étoit  au  dehors  d'un  rouge-pâle  ,  &:  au  dedans  d'un 
rouge-noirâtre  ,  elle  pefoit  deux  onces  trois  gros. 

Le  pancréas  s'étendoit  depuis  le  duodénum  julcju'au  rein  gauche, 
où  il  fe  terminoit  en  pointe ,  fon  autre  extrémité  étoit  beaucoup 
plus  large. 

Les  reins  étoient  aplatis,  (S:  ils  avoîent  peu  d'enfoncement  ;  le 
baiïinet  étoit  fort  petit  ,  on  diflinguoit  à  peine  ks  mamelons  5c 
les  différentes  fubftances  de  ces  vifcères. 

Le  cœur  étoit  placé  au  milieu  de  la  poitrine  ,  la  pointe  dirigée 
lin  peu  à  gauche.  Le  poumon  droit  étoit  compofé  de  quatre  lobes , 
comme  dans  la  plupart  àts  autres  animaux ,  il  n'y  avoit  que  dtux 
lobes  dans  le  poumon  gauche. 

La  langue  étoit  parfemée  de  petites  papilles  <Sc  de  grains  glan- 
duleux ,  plus  nombreux  fur  le  bout  de  la  langue  que  fur  le  refte 
de  fon  étendue  ;  il  y  avoit  fur  la  partie  poflérieure  de  petites 
glandes  à  calice  rangées  de  file  près  dçs  côtés ,  &:  deux  groiîès 
glandes  auffi  à  calice  placées  à  dix  lignes  de  diftance  de  l'épiglolte 
&  à  cinq  lignes  l'une  de  l'autre  ;  à  égale  diflance  de  ces  deux 
glandes  &  de  l'épiglottc ,  il  sqw  trouvoit  une  troiiicme  un  peu 
plus  petite  &  de  couleur  noire. 

Le  palais  étoit  traverlc  par  huit  filons,  dont  les  bords  éloient 
interrompus  dans  le  niilieu  d\  divifes  en  deux  parties  convexes 
en  avant  ;  les  bords  del'épiglotte  étoient  échancrés  dans  le  milieu. 

Le  cerveau  étoit  très-convexe  par  ià  partie  fupérisure  «Se  fort 
épais  dans  le  milieu  ;  il  recouvroit  le  cervelet ,  qui  différoit  de 
celui  Ôlqs  autres  animaux,  non-feulement  par  là  podlion,  mais 
encore  par  fâ  figure  :  car  il  n'y  avoit  pas  fur  le  milieu  de  /a 


144-  Description 

furface  un  rebord  tranrverfal  convexe  &  arrondi ,  mais  feulement 
une  arête  qui  cloit  continue  de  part  &  d'aLitre  avec  la  furface  du 
vifcère  ;  il  pefoit  quatre  gros  &L  trente-deux  grains ,  &:  le  cerveau 
trois  onces  fix  gros  &  trente-deux  grains. 

La  verge  Se  les  bourfes  avoient  à  peu  près  la  même  forme 
qne  dans  l'homme,  mais  le  gîand  diffcroit  beaucoup  de  celui  de 
i'homme;  il  étoit  terminé  par  une  forte  de  champignon  qui  avoit 
huit  lignes  de  longueur  fur  la  face  fupérieure  du  gland  ,  &  feu- 
lement fix  \Vn^ts  fîu-  l'inférieure;  ce  champignon  ctoit  pointu  au 
fommet,où  il  étoit  ouvert  par  une  fente  alfez  profonde  ,  formée 
par  l'orifice  de  l'urètre. 

Les  tefiicules  étoient  ovoïdes  &  gros  en  comparai/on  de  la 
verge  ,  la  fubfiance  du  dedans  avoit  une  couleur  grilê  légèrement 
teinte  de  jaune;  les  véficules  féminales étoient  aufîi  fort  étendues 
&:  compofées  de  tuyaux  pelotonnés ,  qui  avoient  jufqu'à  deux 
lignes  de  diamètre.  Il  y  avoit  près  àes  véficules  (eminales  un  corps 
long  d'un  pouce  ,  large  de  cinq  lignes  &  épais  de  trois ,  qui  étoit 
fur  l'urètre ,  &  qui  m'a  paru  être  les  proftales ,  parce  que  je  n'en 
ai  pas  vu  d'autres  :  ce  corps  étoit  cellulaire  &  prefque  caverneux: 
en  le  comprimant ,   j'en  ai   fait  (ortir  du  fing. 

pieds  pouc.  iignej. 
Longueur  des  inteftins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'au 

cœcum p.  //       If 

Circonférence  du  duotlenum //  2.. 

Circonférence  du  jéjunum //  0. 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus  gros.  h  2.      9. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces h  2..      ?, 

Lonorucur  du  cœcum ,,  ', 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .       //        6.    10. 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  miiice ,       //       3 .      ? , 

Circonférençç 


DU      P  A    P   I   O   N, 

Circonférence  cîu  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces 

Circonférence  du  reduni  près  du  colon 

Circonférence  près  de  l'anus 

Longueur  du  colon  &  du  redum  pris  enfenible.  .  . 
Longueur  du  canal  inteftinal  en  entier,  non  compris 
le  cœcum 

Grande  circonférence  de  l'eftomac 

Petite  circonférence 

Longueur  de   la  petite  courbure  depuis  l'angle   que 

forme  la  partie  droite  jufcju'à  i'œfophaae 

Profondeur  du  grand  cul-de-fàc 

Circonférence  de  l'œfophage 

Circonférence  du  pylore 

Longueur  du  foie 

Largeur 

Sa  plus  grande  épaifleur 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel 

Son  plus  grand  diamètre 

Longueur  de  la  rate 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure 

Largeur  de  l'extrémité  fupérieure 

Epaifleur  dans  le  milieu 

Epaifl~eur  du  pancréas 

Longueur  à^^  reins 

Largeur 

Épaifleur , 

Longueur  du   centre  ncfvcux  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à   la  pointe. 

Largeur 

Tome  XIV, 


H5 


pieds. 

pouc 

lignes. 

Il 

6. 

6. 

n 

I. 

u 

II 

5- 

M 

u 

4- 

U 

3- 

/' 

h\ 

I  2. 

n 

II 

I. 

9- 

4- 

I. 

3- 

u 

H 

3- 

If 

U 

3- 

n 

II 

t 

0 

II 

2. 

6. 

n 

4- 

8. 

II 

7- 

I. 

II 

I. 

I. 

II 

2. 

9- 

H 

U 

9- 

H 

4- 

4- 

H 

2. 

2,, 

U 

// 

9' 

a 

a 

9- 

H 

II 

II. 

II 

3- 

2 

U 

2. 

I. 

n 

// 

I  I. 

n 

I. 

8. 

H 

2. 

if 

146  Description 

pieds,  pouces,  lign. 

Circonférence  de  la  bafe  du  coeur 11  6.      u 

Hauteur  depuis  la  pointe  julqu'à  la  naiflance  de  l'artère 

pulmonaire //  2.      p. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au   fàc  pulmonaire.  .  //  2.      // 

Diamètre  de  l'aorte  pris  de  dehors  en  dehors //  //       4. 

Longueur  de  la  langue //  3.      (j. 

Longueur  de  la  partie  ante'rieure  depuis  le  filet  jufqu'à 

l'extrémité //  1 


// 


Largeur  de  la  langue *  1 .  i 

Longueur  du  cerveau //  3.  4 

Largeur //  2.  6 

EpailTeur .....,, //  i ,  5 

Longueur  du  cervelet //  i .  // 

Largeur w  i .  10 

Épaifléur //  //  p 

Longueur  du  gland //  j .  y, 

Circonférence //  i .  6 

Circonférence  du  champignon //  i .  y 

Longueur  de  la  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  jufqu'à  l'inferuon  du  prépuce u  3.  2 

Circonférence „  i ,  ^ 

Longueur  des  tefticules //  , ,  , 

Largeur „  „  ,  ^ 

Epaiffeur ,  ,  ^  „  ^ 

Largeur  de  l'épidydime ,,  „  ^  i 

Épaifléur ^,  „  ^,  ^^ 

Longueur  des  canaux  déférens ', //  g.  6 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  Rendue.  // 

Crande  circonférence  de  la  veflje „  ^. 

Petite  circonférence 


7i. 


M 


Il         4.        U 


ï>  U       P  A   P  I   O   N. 


H7 


pieds,  pouc.  Tigncs. 
Circonférence  de  l'urètre //       //       -r. 

Longueur  des  véficules  féminales ...       //       2.      4. 

Largeur 1,       „       7. 


^ï' 


Epaiïîêur „       If 

J'ai  vu  le  nxikfpl.  xiv)  &  b  femelle  d'une  efpèce  d'animal ,  dont 
le  corps  cioit  de  près  d'un  quart  moins  long  que  celui  du  papion ,  mais 
qui  dans  fa  petite  taille  avoit  tant  de  refTemblance  avec  lui  par  les 
proportions  du  corps  *  «Si  par  les  couleurs  du  poil ,  que  l'on  pourroit 
regarder  cet  animal  comme  une  varictc  de  l'efpèce  du  papion. 

La  femelle  du  petit  papion  avoit  le  poil  de  la  tête  à  pro- 
portion moins  long  que  celui  du  grand  papion  ,  car  il  ne  couvroit 
pas  les  oreilles.  Cet  animal  avoit  le  mufeau ,  le  nez ,  le  tour  des 
yeux ,  les  oreilles  &  la  plante  Ats  pieds ,  de  couleur  noirâtre , 
le  poil  étoit  mêle  de  jaunâtre  (Se  de  verdâtre,  de  façon  que  le 
jaune  ou  le  verd  dominoit  fucceffivement  à  diffcrens  afpeds  ;  en 
regardant  de  près  ,  on  apercevoit  que  chaque  poil  avoit  une 
couleur  cendrée  près  de  la  racine  ;  le  refle  ctoit  de  couleur  mêicc 
de  jaune  &  de  vert ,  interrompu  en  deux  ou  trois  endroits  par  du 
brun-noirâtre  ;  la  j^ointe  avoit  auffi  une  couleur  brune  qui  ctoit 
fort  apparente  fur  le  front ,  fur  le  fommet  de  la  tête  ,  fur  la  face 
extérieure  de  l'avani-bras  &:  fur  les  quatre  pieds.  La  face  extérieure 
de  la  cuifîè  &  de  la  jambe  étoit  roufsâtre  ;  il  n'y  avoit  que  i>eu  de 
poil  fur  le  bas-ventre  &  fur  ks  aînés. 

pieds,  pouces,  ligiiw. 
Longueur  du  corps  entier,  mefurè  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'anus 1 .      5.      // 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à 

l'occiput „       4.      ^. 

*  Voyez  les  dinienfions  rapportées  dans  la  table  fuîvante,  &  comparez-Ic« 
avec  celles  des  parties  f>térieuics  du  grand  papion. 


148  Description 

pieds,  pouccj.  ligne*. 

Circonférence  du  bout  du  niufeau "  ')'  ^• 

Circonférence  du  mufeauprifeau-dcfTous  des  yeux.  .  //  7.  /' 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche "  3  •  ^• 

Diftance  entre  les  nafeaux "  "  '  • 

Diftance  entre  le  bout  du  inufcau  &  l'angle  antérieur 

del'œil "  ï-  '0- 

Diftance  entre  l'angle  poftéricur  &  l'oreille /'  2.  2.. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre "  "  7- 

Ouverture  de  l'œil "  "  4" 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs  iles  yeux n  u  7. 

Circonférence  de  la  tête  ,  entre  les  yeux  &  les  oreilles.  //  10.  6. 

Lono^ueur  des  oreilles. "  ^  •  "• 

Longueur  de  la  bafe,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.  //  a.  8. 

Diflance  entre  les  deux  oreilles ,  prife  dans  le  bas.  .  //  3-  -• 

Longueur  du  cou "  -•  4* 

Circonférence  du  cou "  7*  " 

Circonférence  du  corps  prife  derrière  les  jambes  de 

devant "  *  ^  •  " 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros.  ...  1.  //  8. 

La  même  circonférence  devant  les  jambes  de  derrière .  //  p.  4. 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue "  6.  11 

Circonférence  à  l'origine "  3  *  "• 

Longueur  de  i'avant-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet "  ^*  " 

Circonférence  du   poignet "  3  •  4* 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  //  3 .  // 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  //  7.  u 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles .  .  //  y  " 

Je  donne   ici  la  defcription  des  parties  de   la  génération  de 
ïa  femelle  du  petit  papion ,  paice  (]ue  je  n'ai  jamais  vu  la  femelle 


DU        P  A    P    I   O   N.  149 

du  grand  :   celle  dont  il  s'agit,  pefôit  huit  livres  quinze  onces, 
elle  avoit  deux  mamelles  fur  la  poitrine ,  une  de  chaque  côte. 

Le  clitoris  étoit  placé  fur  le  bord  de  la  vulve  ,  &  lorioit  au 
dehors  de  la  longueur  de  deux  lignes  ;  l'orifice  de  l'urètre  fe 
trouvoit  à  huit  lignes  de  diftance  du  bord  de  la  vulve ,  &  lu 
portion  du  vagin  qui  étoit  entre  deux  formoit  àçs  rides  longitu- 
dinales très  -grolfes  ;  le  refle  i\ts  parois  internes  du  vagin  étoit 
tuberculeux  ,  &:  les  plus  gros  tubercules  (è  trouvoient  près  de 
i'orifice  de  la  matrice.  L'urètre  étoit  court,  (Se  la  velTie  avoit  un 
affez  grand  volume  &  une  forme  ovoïde.  La  matrice  étoit  aplatie  , 
alongée  &  échancrée  par  /on  bord  antérieur  ;  elle  n'a  voit  point  de 
cornes,  les  trompes  for  m  oient  plulieurs  zigzags  &  aboutilToient  à  un 
pavillon  qui  tenoit  au  tefticule  ,  mais  qui  ne  l'enveloppoit  pas.  Les 
tefliculesavoient  la  forme  d'un  rein  plat  6c  une  couleur  blanchâtre. 

pieds,  pouces.  lignes. 

Diflance  entre  l'anus  &  la  vulve //  //  5  ^. 

Longueur  de  la  vulve /'  //  3. 

Longueur  du  vagin //  2.,  7. 

Circonférence ir  i .  3 . 

Grande  circonférence  de  la  veflîe //  10.  3. 

Petite  circonférence //  7.  p. 

Longueur  de  l'urètre , //  //  p. 

Circonférence n  »  7. 

Longueur  du  cou  &  du  corps  de  la  matrice //  //  p. 

Circonférence  du  corps /'  h  8. 

Longueur  de  la  ligne  courbe  que  parcourt  la  trompe.  //  \.  6, 

Longueur  des  teflicules "  "  4* 

Largeur »  »  2. 

Épaifleur »  "  l* 

Le  petit  papion  mfde  peibit  neuf  livres  5c  demie ,  il  avoit  un 

T  iij 


150  Description 

pied  cinq  pouces  de  longueur  depuis  le  bout  du  mufêau  jufqu'à 
l'anus ,  comme  la  femelle  fur  laquelle  ks  dimenfions  des  parties 
extérieures  ont  été  prifès. 

Les  couleurs  de  cet  animal  étoîent  prefque  les  mêmes  fur 
toutes  les  parties  du  corps ,  elles  étoîent  roufsâtres  ,  avec  quelques 
teintes  de  verdâtre  &  de  brun ,  cette  dernière  teinte  dominoit  fur 
le  dos;  au  refle,  les  couleurs  de  ce  mâle  relfembloient  à  celles 
de  la  femelle;  les  plus  longs  poils  avoient  environ  quatre  pouces , 
&  fe  trouvoient  fur  les  épaules ,  fur  le  garot ,  fur  le  cou  ,  fur 
J'occiput  &:  autour  des  oreilles  qu'ils  auroient  cachées  entièrement 
s'ils  avoient  été  plus  toutfus. 

La  verge  &  le  gland  relTembloient  à  ces  mêmes  parties  vues 
dans  le  grand  papion  ;  il  n'y  avoit  point  de  fcrotum  ,  les  parties 
intérieures  de  la  génération  n'a  voient  pas  encore  pris  tout  leur 
accroifiêment  ;  cependant  les  véficules  féminales,  quoique  très- 
petites,  avoient  déjà  àits  tuyaux  fort  apparens. 

Il  y  avoit  dans  le  gland  un  petit  os  cylindrique,  un  peu  courbe 
dans  fà  partie  antérieui^e ,  cet  os  me  fait  préfumer  qu'il  y  en  a 
un  pareil  dans  le  gland  du  grand  papion ,  mais  je  ne  l'ai  pas  vu. 

La  tête  du  fquelette  (pi.  xv )  du  papion  reflêmble  plus  à  îa 
tête  du  mandrill*  ,  qu'à  celle  d'aucun  autre  fmge,  cependant  elle 
efl  un  peu  moins  longue  &:  plus  groffe  ;  l'occiput  efl  plus  renfle 
par  la  partie  fupérieure  ;  l'arête  ofîeufê  de  l'occipital  efl  interrompue 
fur  le  milieu  de  l'os;  les  bords  des  orbites  des  yeux  font  plus  épais 
que  dans  le  mandrill  ;  les  os  propres  du  nez  font  pkis  courts  ; 
l'ouverture  des  narines  eft  plus  longue;  il  y  a  des  filions  à  côté  des 
os  du  nez ,  mais  ils  ont  moins  de  largeur  &  de  profondeur  ;  les 
côtés  de  la  mâchoire  fupérieure  forment  une  grande  concavité 
au-deffus  dçs  dents  mâchelières. 

*  Voyez  ci-après  la  Defcriptlon  du  fquelette  du  MandriU. 


DU        P  A    P   I   O   N,  151 

Les  dents  du  babouin  refTemblent  à  celles  du  mandiill  pour  le 
nombre  &  la  fîluation  ;  je  n'ai  aperçu  que  dts  différences  irès- 
Ic'gères  &  prefque  nulles  dans  la  forme  d^s  dents  de  ces  deux 
animaux. 

h^s  apophyfes  des  vertèbres  cervicales  du  papion  font  plus 
petites  que  celles  du  mandrill. 

Il  y  a  treize  vertèbres  dorfales  &  treize  côtes  de  chaque  côté, 
huit  vraies  &  cinq  fauffes  ;  le  fternum  n  ctoit  pas  offifié  en  entier. 

Les  vertèbres  lombaires  font  au  nombre  de  fept.  L'os  facrum 
efl:  compofé  de  trois  fauiïès  vertèbres,  comme  dans  le  mandrill 
&:  le  jocko  ,  mais  il  eft  plus  renverfé ,  &  il  forme  un  angle  moins 
obtus  fur  la  colonne  vertébrale. 

Il  n'y  avoit  que  douze  fauffes  vertèbres  dans  la  queue  du 
fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  Defcription ,  mais  il  m -i 
paru  qu'il  en  manquoit  plufieurs  à  l'extrémité. 

Les  tubérofités  àts  os  ilchions  font  beaucoup  plus  farces,  <Sc 
leur  face  efl  beaucoup  plus  grande  que  dans  le  fquelette  du 
mandrill  ;  auffi  les  callofités  des  felîes  du  papion  font  plus  étendues 
que  celles  des  autres  finges. 

L'omoplate  eft  plus  alongée ,  &  fon  côté  fupérieur  efl  plus 
long   que  dans  le  mandrill. 

Les  clavicules ,  les  os  du  bras  &:  de  lavant-bras  reffemblent 
à  ceux  du  mandrill ,  mais  l'os  de  la  cuiffe,  &  principalement 
ceux  de  la  jambe,  font  plus  courts. 

Il  ny  avoit  que  dix  os  dans  le  carpe  ,  le  premier  dts  furnu- 
méraires  y  manquoit  ;  le  tarie  n'étoit  compofé  que  de  fept  05. 

pieds,  pouces,  ligncî. 
Longueur  de  fa   tête  depuis  le  bout  des  mâchoires 

julcju'à  rocciput //  y,         I. 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête n       4.     4. 


152  Description 

pieds,  pouces.  ligne*." 
Longueur  de  la  mâchoire    du  deflbus,  depuis  Ton 

exuéinitc   antérieure  jufqu'au    bord  poftérieur   de 

rapophyfe  condyloïde "       5* 

Épaiffeur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

du  dclTus "       "       5 

Largeur  de  la  mâchoire  du  deflus  à  l'endroit  des  dents 

canines • "       '  *    '  ^ 

Diflance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines ...       //       i .      6 

Longueur  de  cette  ouverture "  ^  •  4 

Largeur "  "  9 

Lon<yueur  des  os  propres  du  nez /'  ^-  " 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large 


//        //       2 


Largeur  des  orbites "  ^  •  3 

Hauteur "  "  ^  ^ 

Longueur  des  dents  canines. "  i  •  4 

Larceur  du  baflln "  ^'  5 

Hauteur "  ^*  7 

Longueur  des  plus  longues  vertèbres  de  la  queue.  ...  v  i .  4 

Longueur  de  l'omoplate "  4*  5 

Longueur  de  l'humérus //  7.  8 

Lon<yueur  de  l'os  du  coude u  8.  10 

o 

Longueur  de  l'os  du  rayon //  8.  i 

Longueur  du  fémur //  8.  7 

Longueur  du  tibia a  7.  2 

Longueur  du  péroné , //  6.  8 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe,  qui  eft  le  plus 

court //  1 .  3 

Longueur  du  troifième  os  du  métacarpe,  qui  eft  le 

plus  long fi  I .  t; 

Longueur  du  premier  os  du  métatailè,  qui  efl  le  plus 

court. » //  1 .  4 

Longueur 


T^ni .  xn 


Vl.XJIL  Rk,    J.^:i 


.  _      ="--  •-■tftS^^'^a^-^'^'^agsri^^'^'^^^.ijaat.V^^îy^-i^iJss.asifeëJ.'t^ 


^^^^.. 


*^« 


'^^■^f^^yfSftK  ■-SS!i"M'*^Vâ,»5^î^    ""l*^? 


/l-  ,i\t.    /'.-/■ 


GTLVXD     PAPIOX. 


2'/    Air'  l'a.,    i.'-2 


7A-  J\.u-   JA 


PETIT      PAPION^ 


Tri».  XI r. 


/y  AV.  /v,' 


/>f  c''.7V    ,/'.•/// 


7  ■■■■  .<?../;.■..•,•/.•.•   ■    -   /./'■.^/,-/,    .•\;ih-- 


D  U^   P  A   P   I   0   N.  15^ 

pieit.  pouces,  lignes. 

Longueur  du  troifième,  qui  eft  le  plus  long /'  2..  z{. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant "  "  ^^ 

Longueur  de  la  féconde 'i  "  4  i* 

Lono^ueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  i.  \  \, 

Longueur  de  la  (ècondc "       *  7\- 

Longueur  de  la  troifième • »  "  J* 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière • "  "  o» 

Longueur  de  la  féconde /'  n  5. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  i .  i . 

Longueur  de  la  féconde «  *  8  f. 

Longueur  de  la  irçifième.  »... «  *  '  >  i* 


Tome  XI K 


T54'       Histoire  N atu n e lie 

ooDiccicciCîcoicisiiciCiiciiaciicicraci 


c 


LE    MANDRILL*. 


E  Babouin  (j^.xv  J  è^  XV 1 1)  cfl  d'une  laideur 
dcfagrcable  &  dégoûtante  ;  indépendamment  de  Ton  nez 
tout  plat  ou  j)lutôt  de  àtwx  nafeaux  dont  découle  con- 
tinuellement une  morve  qu'il  recueille  avec  la  langue  ; 

*  Mandrill ,  nom  que  les  Anglois  qui  fréquentent  ia  côte  de 
Guinée ,  ont   donné  à  cet  animal  ,  &  que    nous  avons  adopté. 

tfpcce  fingulière  ,  que  les  Blancs  de  ce  pays  de  Guinée  appellent 
'mandrill.  Je  ne  liiurois  rien  dire  de  l'origine  de  ce  nom  ,  que  je 
ji'avois  jamais  entendu  auparavant  ;  ceux  même  qui  îe  nomment 
ainfi  ,  n'en  peuvent  indiquer  la  raifon  ,  à  moins  que  ce  ne  foit  à 
caufe  de  la  reflcmblance  de  cet  animal  avec  l'homme ,  pendant  qu'il 
n'en  a  point  du  tout  avec  le  finge.  (  Man ,  en  Anglois ,  veut  dire 
homme).  Trouve  au  voyage  de  Guinée ,  par  Smith  ,  Paris  ,  1 7  j  i  ,  tome  1 , 
page  10^. 

Cercopiihecus  cynocephalus  parte  corporis  anteriore  longis  pilis  ohjita 
nafo  violacée  nudo,  le  Magot  ou  Tartarin.  Briiïbn.  reg.  anim.  pag.  2 1  4. 
J^ota.  Il  me  paroît  que  M.  Briflbn  s'efl  trompé;  i.*'  en  donnant 
à  ce  finge  le  nom  de  magot  ou  de  tartarin  qu'il  auroit  dû  appliquer 
à  Ton  finge  cynocéphale  ;  2.°  en  rapportant  cet  animal  au  cynoce- 
phalus de  Gefner.  Icon.  Jf^'.  pag.  ^^  ,  au  cynocephalus  fecundus  de 
Jonfton,  pag.  100,  tah.  /  j)  ,  &  au  cynocephalus  de  Clufius  Exotic, 
page  370  :  car  les  figures  de  ces  trois  Auteurs  ne  refiêmblent  point 
?.u  babouin  dont  il  efl;  ici  queftion  ,  qu'il  efl:  cependant  aife  de  difiinguer 
de  tous  les  autres  par  les  filions  longitudinaux  qu'il  a  fiir  ia  face  ,  & 
que  M.  Briffbn  indique  lui-même  dans  les  termes  fuivans  :  «  Son 
M  nez,  dit-il ,  eft  fort  gros ,  dénué  de  poils,  cannelé  félon  fà  lor^eur, 
&  d'une  couleur  violette  35.  Or  ces  caradlères  ne  conviennent  point 
au  cynocéphale  de  Clufius ,   de  Gefner  «5c  de  Jonflon. 


DU    Mandrill.  155 

indépendamment  de  Ton  très-gros  <5c  long  mufeau ,  de 
fon  corps  trapu  ,  de  Tes  feffcs  couleur  de  fang  6c  de 
fon  anus  apparent,  &  place,  pour  ainfi  dire,  dans  les 
lombes  ;  il  a  encore  la  face  violette  (S:  fillonnce  de^ 
deux  côtés,  de  rides  profondes  6c  longitudinales  qui  en 
augmentent  beaucoup  la  triflelfe  6:  la  diiiormité;  il  cfl 
auiïi  pHis  grand  6c  peut-être  plus  fort  que  le  papion , 
mais  il  efl  en  même  temps  plus  tranquille  6c  moins 
féroce  :  nous  donnons  ici  la  figure  du  mâle  fpL  xvij 
Si  de  la  femelle  (^p/.  xvir),  que  nous  avons  vus  vivans  ; 
foit  qu'ils  eulTent  été  mieux  éduqués ,  ou  que  naturel- 
lement ils  foient  plus  doux  que  le  papion,  ils  nous  ont 
paru  plus  traitables  6c  moins  impudens  fans  être  moins 
défagréables. 

Cette  efpèce  de  babouin  fe  trouve  à  la  côte  d'Or  6c 
dans  les  autres  provinces  méridionales  de  l'Afrique,  où 
les  Nègres  l'appellent  boggo  Si  les  Européens ///^//^/r///; 
il  paroit  qu'après  l'orang-outang,  c'efl  le  plus  grand  de 
tous  les  finges  6c  de  tous  les  babouins.  Smith  *,  raconte 

*  Le  corps  Ju  mandrill ,  lorfqu'il  a  pris  fi  croinùnce  ,  e(l  aufîi 
gros  en  circonférence  f|ue  celui  d'un  homme  ordinaire  ;  les  jambes 
font  beaucoup  plus  courtes  &  les  pieds  plus  longs  ;  les  bras  &  les 
mains  font  dans  fa  même  proportion  ;  la  tête  eft d'une  aroflcur  monf- 
trueufe  ;  la  fhce  large  &  plate  ,  fans  autres  poils  qu'aux  fourcils  ;  le 
nez  efl:  fort  petit,  la  bouche  large  &  les  lèvres  font  très-minces;  la 
flice  qui  efl  couverte  d'une  peau  blanche ,  efl  d'une  laideur  effroyable 
&  toute  ridée  ;  les  dents  font  larges  &  fort  jaunes  ;  les  mains  font 
fans  poil  ;  tout  le  refle  du  corps  ,  à  l'exception  du  vilâge  &  des  mains , 
cft  couvert  de  poil  long  &  noir  comme  celui  de  l'ours  ;  ces  animaïuc 

Vu 


156      Histoire  Naturelle 

qu'on  lui  fit  prcfent  d'une  femelle  mandrill,  qui  n'ctoit 
agce  que  de  fix  mois ,  ik  qui  ctoit  dc)à  auiïi  grande  à  cet 
âge  qu'un  babouin  adulte  :  il  ditaiilFi  que  ces  mandrills 
marchent  toujours  fur  deux  pieds,  qu'ils  pleurent  &i  qu'ils 
gémiflTent  comme  des  hommes  ;  ([u'ils  ont  une  violente 
paiTion  pour  les  femmes,  <Sc  ([u'ils  ne  manquent  pas  de 
les  attaquer  avec  fuccès  lorfqu'ils  les  trouvent  à  l'écart. 

Caraâères  dijîinâifs  de  cette  efpèce. 
Le  mandrill  a  des  abajoues  &  des  callofitcs  fur  les 

ne  marchent  jamais  fur  les  quatre  pattes  comme  les  guenons  ;  quand 
on  les  tourmente ,  ils  crient  précilement  comme  les  enfans  ;  on 
prétend  que  les  mâles  cherchent  fouvcni  à  violer  les  femmes  blanches, 
quand  ils  les  rencomient  feules  dans  les  bois;  ils  ont  prefque  toujours 
le  nez  morveux  ,  &  fe  plaifent  à  faire  entrer  la  morve  dans  la  bouche. . . . 
On  me  fit  préfent  à  Skerbro  d'un  de  ces  mandrills  :  les  gens  du 
piys  les  appellent  hoogoc  ;  c'étoit  une  femelle  qui  n'avoit  que  ^\y^ 
inois ,  mais  elle  ctoit  (\€]\  plus  groflè  qu'un  babouin ,  &c.  Nounnu 
yoyage  en  Guinée  ,  par  Smith ,  traduit  de  l' Anglais .  Paris ,  1751, 
tome  1 ,  page  1  04.  Nota.  Dans  le  même  pays  ,  l'on  appelle  donc 
loogoc  ou  boggo  &  mandrill,  l'animal  dont  il  eft  ici  queflion ,  &  l'on 
appelle  7l\xÇ[\  pongo  &  drill ,  Y  orang-outang  ;  ces  noms  fe  reflemblent , 
&  font  vraifemblablement  dérivés  les  uns  des  autres  ;  &  en  effet  le 
pongo  &  le  boggo  ,  ou  fi  l'on  veut ,  le  drill  &  le  mandrill  ont  plufieurs 
caradcres  communs  ;  mais  le  premier  eft  un  finge  fans  queue  & 
prefque  fans  poil,  qui  a  la  fece  aplatie  &  ovale  ,  au  lieu  que  le  fécond 
eft  un  babouin  avec  une  queue,  de  longs  poils ,  &  le  mufeau  gros  & 
long.  Le  mot  man ,  dans  les  langues  Allemande,  Angloife ,  &c.  fignifie 
Y  homme  en  général  ;  &  le  mot  drill ,  dans  le  jargon  de  quelques-unes  de 
nos  provinces  de  France  ,  comme  en  Bourgogne  ,  fignifie  un  homme 
vigoureux  &  libertin:  les  payfans  difent,  c'ejl  un  bon  drill,  i'ejl  un 
maître  drill. 


DU    Mandrill,  157 

fefTcs;  il  a  la  queue  très-courte,  <Sc  feulement  de  <\ç\\x 
ou  trois  pouces  de  long  ;  les  dents  canines  beaucoup 
plus  groiïes  &  plus  longues  à  proportion  que  celles  de 
l'iion^ne;  le  mufeau  très-gros  6i  très-long,  6c  fillonnc 
des  deux  côtes  de  rides  longitudinales  ,  profondes  6c 
très-marquées  ;  la  face  nue  6c  de  couleur  bleuâtre,  les 
oreilles  nues  auffi-bien  que  le  dedans  des  mains  6c  des 
pieds;  le  poil  long,  d'un  brun-rouffâtre  fur  le  corps, 
6c  gris  fur  la  poitrine  6c  le  ventre  ;  il  marche  fur  deux 
pieds  plus  fouvent  que  fur  quatre  ;  il  a  quatre  ou  quatre 
pieds  6c  demi  de  hauteur  lorfqu'il  efl:  debout  ;  il  paroît 
même  qu'il  y  en  a  d'encore  plus  grands.  Les  femelles 
font  fujettes ,  comme  les  femmes ,  à  i'ccoulemcnt 
périodique. 


V  iij 


158  Description 

D  E  S  C  R  I  PTI  O  N 

DU      MANDRILL. 

J  j  E  mufeau  Jii  Mandrill  ( pJ.  xi'i )  eft  fort  alongé  &  très- 
gros  ;  ce  finge  a  le  nez  aplati  dans  toute  fa  longueur ,  &  place 
entre  (\çs  plis  en  forme  de  rides ,  dirigés  obliquement  de  dehors 
en  dedans  &:  de  haut  en  bas  fur  les  joues  qui  ont  une  couleur 
bleue.  Les  oreilles  font  nues ,  &:  ne  différent  pas  beaucoup  de 
celles  de  l'homme ,  qnoiqu'elles  foient  un  peu  pointues  dans  le  haut, 
11  y  a  des  callofités  fur  les  ki^çs  ;  la  queue  efl  très-courte. 

Le  front ,  l'occiput ,  le  fommet  &  les  côtés  de  la  tête  ,  la  face 
extérieure  du  bras  &  de  i'avant-bras  d'une  femelle  (pi.  xvii)  de 
mandrill ,  fur  laquelle  cette  defcription  a  été  faite ,  étoient  de 
couleur  mêlée  de  brun  &  de  jaune  légèrement  teint  de  verd;  les 
poils  avoient  alternativement  du  brun  &:  du  jaune-verdâtre  depuis 
leur  racine  jufqu'à  l'extrémité,  de  forte  que  chacun  avoit  deux  ou 
trois  taches  d'un  jaune-verdâire.  La  face  fupcrieure  du  cou  ,  les 
épaules,  la  face  intérieure  de  l'avant  -  bras,  le  dos,  le  haut  àt% 
côtés  du  corps ,  la  croupe  ,  la  face  extérieure  de  la  cuiflè  ,  la  jambe 
&  le  defïïis  des  pieds,  avoient  à  peu  près  les  mêmes  couleurs, 
mais  le  brun  y  étoit  plus  apparent  que  le  jaune.  Le  poil  du 
deflous  de  la  mâchoire  inférieure  &  de  la  gorge  étoit  de  couleur 
fauve- roufsâtre,  La  partie  antérieure  de  la  poitrine,  les  ailîèlles  , 
la  fice  intérieure  du  bras,  le  bas  des  côtés  du  corps  &:  la  plante 
des  pieds  étoient  de  couleur  cendrée-brune.  La  poitrine,  le  ventre, 
les  aines  &  la  face  intérieure  de  la  cuifîè  avoient  wnç.  couleur 
blanchâtre  ,  plus  ou  moins  mêlée  de  jaunâtre.  Les  doigts  ne  font 
feparé^   les  uns  des  autres,  que  le  long  de  la  féconde  6c  de  fa 


DU    Ma  n  d  r  I  l  l.  j.^ 

troifième  phalange;  le  pouce  des  pieds  de  derrière  efl  fort  0,05, 
&  tous  les  ongles  /ont  noirs  &:  plats.  ^ 

Les  dimenfions  des  parties  extérieures,  rapportées  dans  la  table 
fuivante,  ont  été  pnïes  fur  un  mandrill  mâle. 


T  ^    ^  I  .  P'^^''  poucfs.  ligner. 

Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite, 

depuis  le  bout  du  iiiufeju  jufqu'à  l'anus *      2..      i.      6 

Longueur  de  la  tête  ,  depuis  le  bout  du  niufeau  jufqu  a 
l'occiput 

Circonférence  du  bout  du  mufeau „       g 

Circonférence  du  mufeau  prife  au-defibus  des  yeux. .       i .      /,  '      „ 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche ^       ^       ^ 

DiUance  entre  les  deux  nifeaux  . 

//       ^       ? , 

Dia.wce  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'anale  antérieur 

de  l'œil 

I'       4.      Il 

Diflance  entre  l'angle  portcrieur  &  l'oreille //       ^ 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre „ 

Ouverture  de  l'œil 

//       /'       4. 

Dfflance  entre  les  angles  antérieurs  des  veux 

■'  ■       "       7. 

Circonférence  de  la  tête  prife  entre  les  yeux  &  les 

^'■^'"^^ ,.      3.      3, 

Longueur  des  oreilles .... 

^      "^  ^       z'       8. 

Largeur  de  la  Lafe ,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.      ,t       , .      g 

Diflance  entre  les  deux  oreilles  prife  dans  le  bas.  .  .  „       , 

T  j  '  5-      ^• 

Longueur  du  cou 

.  "       2..    10. 

Circonférence  du  cou .  .     . 

/••  •  1.      //       0 

Circonférence  du  corps  prife  derrière  les  jambes  de 

devant 

'•     ;.     n 

La  mên.e  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros i .      C.      C 

La  même  circonférencedevant  les  jambes  de  derrière.      i.     2..     ^ 


i6o  DESCRIPTION 

^         ,j  picJs.  pouces,  lîgncj: 

Longueur  du  tronçon  Je  la  queue 

CircoDfërence  àloriginc "       ^' 

Loncrueur  de  l'avant-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

o  /r         p.        5. 

poignet 

Circonférence  du  poignet "  ^• 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  //  5  •  " 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon,  n  9'  3  • 

Largeur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles /r  7-  4- 

La  femelle  de  mandrill  dont  il  a  déjà  été  fait  mention.  &  fur 
laquelle  j'ai  décrit  les  parties  internes  comme  les  parties  externes . 
IvÏunLdeurtrés-app^^^^^^^^^  celle  du  mufc  c^  ez  f-e; 
elle  pefoit  feize  livres,  elle  avoit  un  pied  neuf  pouces  de  ongueur, 
depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu a  ianus.  La  longueur  de  la  tête 
étoit  de  fept  pouces  6c  demi,  &  la  circonférence  dun  pied  a 
i'endroit  le  plus  gms  ;  la  queue  avoit  deux  pouces  trois  ligne, 
de  longueur  &  un  pouce  &  demi  de  circonférence  a  i  origine. 

L'épipioon  ^'éiendoit  depuis  l'eftomac  jufqu'au  pubis  ;  une 
nortion  du  colon  pafioit  tranfverfalemcnt  de  droite  à  gauche 
derrière  l'eftomac,  qui  F^roiiToit  s'étendre  plus  à  gauche  qu  a 
droite,  le  foie  étoit  plus  à  droite  qu'à  gauche  ;  la  rate  étoit  dirigée 

de  devant  en  arrière,  ^    .    ,    „  n  o 

Le  duodénum  fe  replioit  en  dedans  au  fortir  de  ledomac  ,  6C 
s'étendoii  feulement  jufqu'à  la  colonne  vertébrale,  fur  laquelle  il  fe 
lecourhoit  à  droite.  Le  jéjunum  failoit  fes  circonvolutions  dans  la 
i-éPion  ombilicale  ôc  dans  le  côté  droit .  l'ileum  dans  le  côté  gau'  he 
&  dans  les  régions  iliaques  6c  hypogaO.ique.  Le  cœcum  étoit 
placé  dans  le  côté  gauche  &  di.igé  de  devant  en  arrière;  le  colon 
s'éiendoit  à  droite,  le  replioit  à  gauche  &  palfoit  derrière  l'caornac. 

oïLite  il  s  étendoit  en  arrière  jufqu'au  piibis ,  où  il  fe  replioit^ 
^^"^     '  giiuchç 


DU    Mandrill,  i6i 

gauclie  &  fe  proloiigeoit  en  avant  pour  fe  joindre  au  revflum. 

Le  duodénum  ctoit  un  peu  plus  gros  dans  quelques  endroits 
que  les  autres  inteftins  giêles  qui  tous  avoient  à  peu  près  la  même 
groffeur  ;  ils  ctoient  minces  &  blanchâtres  ,  à  l'exception  del'ileum 
qui  étoit  roiigeâtre.  Le  cœcum  ctoit  gros ,  court  &:  arrondi  par 
le  bout,  il  avoit  à  Ton  origine  autant  de  groffeur  que  le  colon; 
il  y  avoit  trois  bandes  tendineufes  qui  setendoient  depuis  l'extré- 
mité du  cœcum  jufqu  a  l'anus. 

Le  foie  avoit  m\  grand  lobe  &:  deux  petits ,  qui  n'en  étoient  pas 
fcparés  jufqu'à  la  racine;  le  grand  lobe  étoit  diviféendeux  parties 
inégales  par  une  fcilfure  dans  laquelle  pafToit  le  ligiment  fufpenfôir. 
La  véficule  du  fiel  fe  trouvoit  incruftce  dans  la  portion  droite 
de  ce  lobe  qui  étoit  la  plus  grande  ;  les  jietits  lobes  étoient  placés 
de  chaque  côté  à  la  racine  du  grand,  le  droit  étoit  un  peu  plus 
gros  que  le  gauche ,  &  avoit  deux  ou  trois  pointes  en  forme 
d'appendices,  placées  au-devant  du  rein.  La  couleur  du  foie  étoit  • 
au  dehors  &:  au  dedans  d'un  rouge  pâle ,  il  pefoit  huit  onces 

La  véficule  du  fiel  avoit  la  forme  d'une  poire ,  plus  étroite  dans 
ie  milieu  qu'au  bout  le  plus  petit ,  elle  contenoit  un  peu  de  liqueur 
fort  épaifîè  &  de  couleur  brune  un  peu  verdâtre. 

La  rate  avoit  une  fcH-me  trangulaire ,  alongée ,  la  pointe  ctoit 
en  arrière  &  la  bafe  en  avant  ;  elle  avoit  en  dedans  une  couleur 
rougeâtre,  elle  pefoit  une  once  un  gros. 

Le  pancréas  étoit  court,  épais  &  terminé  en  pointe,  à  peu 
près  comme  la  rate  ,  «Se  placé  dans  la  courbure  du  duodénum. 

Le  rein  droit  étoit  plus  avancé  que  le  gauche  de  toute  fâ 
longueur  ;  leur  enfoncement  étoit  peu  profond  ,  &  le  baffinet 
avoit  peu  d'étendue  ;  les  mamelons  fe  réuni (îbient  tous  \ts  uns 
aux  autres;  les  capfules  fïibrenales  étoient  chacunes  prefqu'aufli 
grandes  que  la  moitié  de  l'un  àe,s>  reins. 

Tome  XIV.  X 


i62  Description 

Le  centre  nerveux  étoit  épais  &:  peu  tianfparent.  Le  poumon 
droit  ctoit  fchireux ,  au  point  qu'on  ne  pouvoit  pas  didinguer  ks 
lobes  ;  il  y  en  avoit  deux  à  gauche  dont  l'antérieur  étoit  divifé 
|!>ar  i:n£  profonde  fcifîure. 

Le  péricarde  étoit  adhérent  au  cœur,  fur  toute  la  bafè;  le 
cœur  avoit  la  pointe  dirigée  en  arrière;  la  langue  étoit  large  5c 
épaiire ,  excepté  à  l'extrémité  qui  avoit  peu  d'épaiifeur ,  elle  étoit 
couverte  de  petites  papilles  &:  parfemées  de  petits  grains  ronds 
6c  blancs  ;  il  n'y  avoit  qu'une  petite  glande  à  calice  dans  le  milieu 
de  la  partie  poflérieure. 

L'épigloite  étoit  mince  &  aiTondie ,  &  les  bords  de  l'entrée 
du  larynx  formoient  quatre  tubercules,  deux  de  chaque  côté;  il  y 
avoit  iiir  le  palais  environ  huit  filions ,  dont  les  premiers  &:  les 
derniers  étoient  fort  irréguiiers  ,  &  avoient  leurs  bords  difpofes- 
en  zigzag  ;  les  bords  à^  autres  filions  étoient  convexes  en  devant 
&  interrompus  dans  le  milieu  du  palais. 

J'ai  vu  un  mandrill  mâle  dont  l'anus  (êmbloit  être  placé  dans 
les  lombes,  car  il  étoit  à  deux  pouces  au-defliis  àts  parties  qui 
touchoient  la  terre  lorfque  l'animal  étoit  afTis  ;  il  portoit  Çà  queue 
renverfée  le  long  àts  lombes. 

Le  gland  étoit  fendu  à  l'extrémité  ,  &  l'orifice  de  l'urètre  fê 
trouvoit  au  milieu  de  cette  fente;  ks  bords  étoient  renflés  & 
formoient  une  forte  de  champignon  au  bout  du  gland. 

Le  relie  des  parties  de  la  génération  avoit  beaucoup  de  rapport 
à  celles  du  magot,  autant  que  j'ai  pu  en  juger  fur  le  mandrill  qui 
m'a  Icrvi  de  fujet ,  &  qui  étoit  en  grande  partie  corrompu. 

Les  mamelles  étoient  fur  la  poitrine  au  nombre  de  deux,  une 
de  chaque  côté. 

L'entrée  de  la  vulve  fe  trouvoit  à  un  pouce  de  diflance  de  l'anus 
&  à  un  pouce  du  clitoris  ;  le  gland  du  clitoris  étoit  environné  d'un 


DU    Mandrill,  163 

prcpuce  &  lerminé  par  une  forte  de  champignon  compofé  de 
deux  lobes,  comme  le  gland  de  la  verge  du  mâle;  le  prépuce 
tenoit  au  champignon  par  fâ  partie  inférieure,  mais  on  pouvoit 
tirer  la  partie  fupérieure  du  gland  du  clitoris  de  quelques  lignes 
au  dehors  du  prcpuce. 

Les  borus  de  la  vulve  croient  minces ,  &  les  parois  intérieures 
du  vagin  formoient  plufieurs  rides  très-marquées.  La  vefTie  ctoit 
grodè  &  en  forme  de  poire.  La  matrice  avoit  beaucoup  de  rap- 
port à  celle  d'une  femme  ;  fon  col  débordoit  dans  le  vagin  & 
avoit  la  forme  du  bec  de  tanche,  l'orifice  étoit  oblong  &  tranf- 
ver(âl ,  la  cavité  avoit  peu  d'étendue,  les  parois  étoient  fort  épai fîês, 
ce  viicère  n'avoit  point  de  cornes  comme  dans  la  plupart  dçs  qua- 
drupèdes ;  les  trompes  fortoient  du  corps  de  la  matrice ,  par- 
couroient  une  ligne  courbe  en  formant  des  zigzags  Sl  abouiifîbient 
à  un  pavillon  ;  l'ovaire  adhéroit  au  pavillon  &  étoit  fort  alongé, 
fort  étroit,  fort  mince  &  de  couleur  blanchrure. 

piedî.  pouc.  ligne»* 

Longueur  des  inteftins  grêles  depuis  le  pylore  /uf- 

qu'au  cœcum 14.  6.  1/ 

Circonférence  du  duodénum //  3.  n 

Circonférence  du  jéjunum h  2.  4, 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //  z.  j. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces  ....  n  2.  3. 

Longueur  du   cœcum //  i.  8. 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros m  y.  8. 

Circonférence  à  l'eixlroit  le  plus  mince n  2.  6, 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros,  m  5.  8. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces  ....  //  2.  3. 

Circonférence  du  reélum  près  du  colon u  2.  3. 

Circonférence  près  de  l'anus /'  3*  ^ 

Xij 


i54         Description 

pieds,  pouc.  fîgnes. 

Loncrueur  du  colon  &  du  reduin  pris  cnfembfe  ....  2.  8.  a 
Longueur  du  canal  intcflinal  en  cniier,  non  compris 

le  cœcuui ^7'  ■  -•  " 

Grande  circonfcrence  de  l'eftoniac i.  5).  " 

Petite  circonférence k  3 .  4. 

Longueur  de  la  petite  courbure  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  i'œrophage u  2.  6. 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac //  2..  6. 

Circonférence  de  rœfophage //  2..  h  ■ 

Circonférence  du    pylore "  2.  o. 

Longueur  du  foie //  4  •  10. 

Largeur "  5  •  o. 

Sa  plus  grande  épaifleur h  i.  // 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel //  i .  9. 

Son  plus  grand  diamètre //  m  7. 

Longueur  de  la  rate //  3 .  // 

LarseuF  de  l'extrémité  inférieure //  i .  6. 

Largeur  de  l'extrémité   fupérieure m  11  C. 

Epaiffeur  dans  le  milieu //  //  8. 

Épaifîeur  du  pancréas //  //  6. 

Longueur  des  reins //  1 .  fp. 

Largeur u  1 .  4. 

Epaiffeur //       u  9, 

Longueur    du  cenu'e  nerveux  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe //  i .  y. 

Largeur , .  .  ^       y  z.  6. 

Circonférence  de  la  bafe  du  coeur u  4,  6. 

Hauteur  depuis  la  pointe  Jufqu  a  la  naiflance  de  l'artère 

pulmonaire //  2.  4, 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  iâc  pulinoaairt ...      u       i.  S« 


DU    Mandrill.  i6^ 

piecîs.  pot:c.  lignes. 
Diamètre  de  l'aorte  pris  de  dehors  en  dehors //        *       4. 

Longueur  de  la  laugue. //       j.      „ 

Longueur  de  la  pardc  antérieure  depuis  le  filet  jufqu  a 

i'extrénutc //        //       p. 

Largeur  de  la  longue //  | .  2. 

Longueur    du   cerveau //  ^  n 

Largeur ,/  0.  7. 

Epaifleur //  j .  i . 

Longueur  du  cervelet //  i.  r 

Largeur u  1.  p. 

Épaifleur „  „  g. 

Longueur  de  la  vulve //  //  g. 

Longueur  du  vagin //  a.  i . 

Circonférence u  i .  o. 

Grande  circonférence  de  la  veflle.  .• //  10.  // 

Petite  circonférence //  S.  u 

Longueur  de  l'urètre //  //  p. 

Circonférence //  i .  // 

Longueur  du  col  &  du  corp.s  de  la  matrice 1/  i.  7. 

Circonférence  du  corps //  z.  u 

Diflance  en  ligne  droite  entre  les  teflicules  &  la  matrice.  //  //  5 . 

Longueur  de  fa  ligne  courbe  que  parcourt  la  trompe.  n  i.  4. 

Longueur  des  lefiicules zr  u  6; 

Largeur //  //  2.,  . 

Epai/Teur //  //  i. 

La  tête  du  fqLielette  du  mandrill  diffère  peu  de  celle  du  magot, 
par  la  forme  du  crâne ,  des  orbites ,  de  leur  bord  Tupérieur  & 
de  la  partie  inférieure  de  l'os  du  front  qui  eft  entre  les  orbites; 
par  la  grandeur  des  apophyfès  orbitaires  de  l'os  du  front  &  de 


l66  DESCRIPTION 

l'os  de  la  pomette,  &  par  la  convexité  de  l'arcade  zygomatîqiie; 
mais  le  mufeaii  da  mandrill  ed:  de  beaucoup  plus  gros  &L  plus 
long  que  celui  du  magot.  &  par  confcquent  l'ouverture  d^s 
narines  efl  bien  plus  éloignée  des  orbites ,  &  les  os  propres  du 
nez  font  plus  longs,  ils  ont  peu  de  largeur;  il  y  a  de  chaque 
côté  de  ces  os  un  large  fillon  qui  s'étend  depuis  l'orbite  jufqu'à 
l'ouverture  àçs  narines ,  &  une  petite  cannelure  moins  longue  & 
placée  au  côté  externe  de  chacun  à^s  filions  ;  ces  cannelures  Se 
ces  filions  font  marqués  fur  la  peau,  comme  je  l'ai  déjà  fait  obferver. 
La  mâchoire  inférieure  diffère  de  celle  du  magot,  en  ce  que  ks 
branches  font  plus  recourbées. 

Les  dents  du  mandrill  reffemblent  à  celles  du  magot  pour  le 
nombre,  la  fituation  8c  la  forme,  excepté  les  deux  incifives  du 
milieu  de  la  mâchoire  du  deffous  qui  font  plus  grandes  que  les 

deux  autres. 

Le  mandrill  &  le  magot  iè  reffcmblent  auffi  par  les  vertèbres 
cervicales ,  dorfiles  &  lombaires,  par  les  côtes  &  les  os  du  flernuni 
qui  fe  trouvoient  dans  le  fqueiette  du  mandrill  qui  a  fervi  de 
fujet  pour  cette  defcription  ;  les  derniers  y  manquoient ,  ainfi  je 
n'ai  pu  en  favoir  le  nombre  total ,  ni  diftinguer  [qs  vraies  côtes 

&:  les  fauflès. 

L'os  facrum  forme  un  angle  inoins  obtus  par  fôn  articulation 
avec  la  colonne  vertébrale  ,  que  le  ftcrum  du  magot  ;  il  eft  com- 
pofé  de  trois  fauffes  vertèbres ,  &:  la  queue  de  huit. 

Les  os  du  baifin  du  mandrill  reilèmblent  à  ceux  du  magot. 

L'omoplate  diffère  de  celle  du  magot ,  en  ce  que  Çts  deux 
côtés  font  à  peu  près  de  mcme  longueur ,  au  lieu  que  dans  le 
magot  le  côté  poftérieur  efl:  plus  long  que  l'antérieur. 

Les  clavicules  de  ces  deux  animaux  ont  à  peu  près  la  même 
forme. 


1 


DU     MANDRILL.  I  67 

Les  os  du  bras,  de  l'avanl-bias,  de  la  cuiiîe  &  de  la  jambe 
font  à  proportion  pkis  longs  que  ceux  du  magot,  mais  moins 
longs  que  ceux  du  gibbon  ;  les  os  de  lavant-bras  font  plus  longs 
que  celui  du  bras,  mais  cette  différence  n'eft  pas  fi  grande  que 
dans  le  gibbon  ;  au  refle  tous  ces  os  refTemblent  à  ceux  qui  leur 
correfpondent  dans  le  magot. 

Le  carpe  du  fquelette  de  mandrill  qLii  a  fervi  de  fujet  pour 
celte  defcription ,  étoit  incomplet;  le  quatrième  os  du  fécond 
rang  y  manquoit ,  &  il  n'y  avoit  qu'un  troifième  os  furnumcraire; 
je  ne  fais  fi  ks  deux  autres  fe  trouvent  dans  le  mandjjii.  H  n'y 
a\'oit  que  fèpt  os  dans  le  tarfè. 

T  ,     T       «  f""^*    ^^^-  %neî. 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout   des   mâchoires 

jufqu'à  l'occiput ,,       ^^      ^ 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête „  ^ 

Longueur  de  la  mâchoire  du  deffous  depuis  Ton 
extrémité  antérieure  jufqu'au  bord  poOéricur  de 
î'npophyle  condyloïde.  . ^ 

Ej^aifTeur  de  la  partie  anierieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

^"  ^e^"5 //       //       4|. 

Largeur  de  la  mâchoire  du  defTus  à  l'endroit  des  dents 

'^■'^""^^^ //       I.    ,1. 


1  1, 


"       Il       7. 


Diflance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  //  j 

Longueur  de  cette  ouverture y,       j 

Largeur , ^ 

Largeur  des  orbites ^^  ^ 

I^'^"^^"'" //  //     ,1. 

Hauteur  des  dents  canines ,}  ,  ^     ^ 

Largeur  du  baflin ;,  2.. 

l^"teur...... a  z.    5, 


i68         Description,  i/c, 

pieds,  pouc.  ligntffj 
Longueur  Je  la  première  faufTe  vertèbre  Je  la  queue , 

qui  ed  la  plus  longue •••  "  "        ^' 

Longueur  Je  l'omoplate "  4-      3- 

Longueur  Je  Thumérus "  7-  »  o- 

Longueur  Je  los  Ju  couJe »  9'      5* 

Longueur  Je  l'os  Ju  rayon >'  8.      6. 

Longueur  Ju  fémur "       9'      ^* 

I      M  •  , .       Il        8.1. 

Longueur  Ju  tibia ^ 

Longueur  Ju  péroné • "       7- 

Longueur  Ju  premier  os  Ju  métacarpe ,  qui  efl  le  plus 

//       I.     4» 

court 

Longueur  Ju  troificme  os  Ju  métacarpe ,  qui  eft  le 

,        I .  ^  //         2.        I, 

plus  long 

Longueur    Ju  premier  os  Ju  métatarfe  ,    qui  eft  le 

,  ^  u       I.     g. 

plus  court -^ 

Longueur  Ju  troifième  ,  qui  eft  le  plus  long ti  i.  4. 

Longueur  Je  la  première  phalange  Ju  pouce  Jes  pieJs 

Je°Jevant "  "  9' 

Longueur  Je  la  fecouJe "  "  5* 

Longueur  Je  la  première  phalange  Ju  troifième  Joigt.  //  1.4. 

Longueur  Je  la  (econJe "  "  i  o- 

Longueur  Je  la  iroifième "  «  ^' 

Longueur  Je  la  première  phalange  Ju  pouce  Jes  pieJs 

de  derrière •••'  "  "  9' 

Longueur  Je  la  feconJe "  "  5 


Il-lJl       IIV.       lU      .www 

o 

Longueur  Je  h  première  phalange  Ju  troifième  Joigt.      //       \.      2. 


Longueur  Je  la  feconJe "       "       9- 

Longueur  Je  la  troifième "       "      4  s» 


L'OUANDEROU, 


Jcvn.AJi 


/•/    \rr  I\uy   loP. 


J>ui:\i'L„.;,.,uiu,  M . 


MANDRIIJ.    AIATJ: 


/v.  xrii  i\uf.  ji\^. 


PcOWc  /).l. 


yi.r,. 


jVl A7^) RI L  r .     F  K ]\ l R L. I .E. 


ï^9 
L'OUANDEROU*  et  leLO^TANDO** 

v^uoiQUE  CCS  deux  animaux  nous  paroifTent  ctré 
dune  feule  <Sc  nicme  efpèce  ,  nous  n'avons  pas  laiflé 
de  leur  conferver  à  chacun  le  nom  qu'ils  portent  dans 
leur  pays  natal ,  à  Ce)  lan  ,  parce  qu'ils  forment  au  moins 

*  Ouanderou ,  Wandtru ,  nom  de  cet  animal  à  Ceyian  ,  &  que  nous 
avons  adopté. 

Simia  ex  ^gypto  Venetîas  deduâa.  Profp.  Alpin.  Vol.  II,  pag.  245 , 
tab.  20. 

Ouanderou  ,  forte  de  finge  à  Ceyian  ,  dont  il  paroît  qu'il  y  a  deux 
efpt'ces.  Relation  de  Ceyian  ,  par  Knox ,  tome  I ,  pages  i  0  j  cf  1 1  i ; 
figure   ïbid. 

Cercopithecus  niger  barba  încanâpromljfâ,  Wanderu  Teylanenfibus.  Ray. 
Syjl.  quad.  pag.    158. 

SïUnus  fimïa  caudata ,  barbata ,  corpore  n'igro  ,  barbâ  nîveâ, prolixâ, 
"LXnn.  fyjl.  nat.  edit.  X  ,  pag.  2.6.  Nota.  II  me  paroît  que  M.  Linnaeus 
s'eft  trompé  en  rapportant  à  cet  animal  lejîmia  callitriches  magmtud'ine 
cynoccphalorum  de  Profper  Alpin  ,  page  2^2  ,  c'elt  évidemment  celui 
de  fa  page  2^^ ,  que  nous  venons  d'indiquer  ;  il  ne  fout  ,  pour  s'en 
afTurer  ,  que  comparer  la  figure  que  nous  en  donnons  ici ,  avec  celle 
de  Profper  Alpin.  / 

Cercopithecus   barbatus   mger  ,    barba   incana  ,    finge    noir  à  barbe 
blanche.  BrilT.   reg.  anim.  pag.  207.  Nota.  II  nous  paroît  que  le  finge 
indiqué  par  M.  Briflon  fous  le  nom  de  finge  noir  d' Egypte ,  page  2  0  p 
efl:   le  même    que  celui-ci  ,    d'autant  plus  qu'il  y   rapporte   celui    de 
Profper  Alpin ,  page  2^j  ,   que  nous   avons  cité  ci-delTus. 

**  Lowando ,  Ehvandu  ,  nom  de  cet  animal  à  Ceyian,  &  que  nous 
ayons  adopté.  Nota,  i  °  II  nous  paroît  n'être  qu'une  variété  de  l'ouan- 
clerou.  Nota.  2.°  Il  nous  paroît  qu'il  y   a    une  féconde   vnriété  dans 

Tome  XIV.  Y 


I70  Histoire  Naturelle 

deux  races  cliflindes  6c  confiantes;  l'oiiandemu  a  îe 
corps  couvert  de  poils  bruns  &  noirs  ,  avec  une  large 
chevelure  6l  une  grande  barbe  blanches ,  au  contraire 
le  lowando  a  le  corps  couvert  de  poils  blanchâtres  avec 
la  chevelure  &  la  barbe  noires  ;  il  y  a  encore  dans  le 
même  pays  une  troifième  race  ou  variété  qui  pourroit 
Lien  être  la  tige  commune  des  deux  autres  ,  parce 
qu'elle  eft  d'une  couleur  uniforme  &  entièrement  blan- 
che ,  corps  ,  chevelure  <Sc  barbe  :  ces  trois  animaux: 
ne  font  pas  des  fmges ,  mais  des  babouins;  ils  en  ont 
tous  les  caractères,  tant  pour  la  ligure  que  pour  le  na- 
turel; ils  font  farouches  <5c  même  un  peu  féroces;  ils 
ont  le  mufeau  alongé  ,  la  queue  courte  ,  &  font  à  peu 
près  de  la  même  grandeur  (Se  de  la  même  force  que  les 
papions  ;  ils  ont  feulement  le  corps  moins  ramaifé  ,  <Sc 
paroiiïcnt  plus  foibles  des  parties  de  l'arrière  du  corps: 
celui  dont  nous  donnons  la  figure  (pi.  xviii)  nous 
avoit  été  préfenté  fous  une  fauffe  dénomination  ,  tant 
pour  le  nom  que  pour  le  climat.  Les  gens  auxquels  il 
appartenoit,  nous  dirent  qu'il  venoit  du  continent  de 
l'Amérique  méridionale,  &  qu'on  l'appcloit  cjyouvajfoiu 
Je  reconnus  !)ientôt  que  ce  \\\o\.  cayouvajfou^'^vm  terme 
Brefilicn  ,  qui  fe  prononce  fajouounjfou  ,  i^  qui  fignifie 
fûpûjou,  (Se  que  par  confé(iuent    ce  nom  avoit  été  mal 

ces  nnimnux  ;  rouamleiou  a  le  corps  noir  &  la  barbe  grife  ,  le  lowando 
a  le  coips  gris  &  la  barbe  noire  ,  &  il  y  en  a  d'auircsde  niêmetlpèce 
qui  font  tout  "blancs  ,   corps  <5c  barbe. 

Slmia  alla  feu  incanis  ptlis  barbâ  n'igrâ promijfu.  Elwandum  Zeyh- 
vsnfibus,  Ray.   Syjî.  quad,  pag.   i  ^  8, 


de  l'OUANDEROU  if  du  LôJVANDO.       171 
appliqué  ,  puifquc  tous  les  fapajous  ont  de  très-longues 
queues  ,  au  lieu  que  l'animal  dont  il  efl  ici  qucflion  ,  efl 
un  babouin  à  queue  très -courte;  d'ailleurs,   non -feu- 
lement cette   cfpèce,   mais  même  aucune  cfpèce   de 
babouin  ,  ne  fe  trouve  en  Amérique,  Si  par  conféqucnt 
on  s'étoitauiïi  trompé  fur  l'indication  du  climat;  (îv  cela 
arrive  aiïez  ordinairement ,  fur -tout  à  ces  Montreurs 
d'ours  &  de  fmges ,  qui,  lorfqu'ils  ignorent  le  climat  & 
je  noni  d'un  animal,  ne  manquent  pas  de  lui  appliquer 
une  dénomination  étrangère  ,    laquelle  vraie   ou  fiiuffe 
eu  également  bonne   pour  l'ufage  qu'ils  en  font.    Au 
refte,  ces  babouins-ouanderous ,  lorfqu'ils  ne  font  pas 
domptés  ,  font  fi  médians  qu'on  efl  obligé  de  les  tenir 
dans  une  cage  de    fer  ,  où  fouvent  ils  s'agitent    avec 
fureur;  mais  lorfqu'on  lesprend  jeunes,  on  lesapprivoifc 
aifément,  (Se  ils  paroiiïent  même  être  plus  fufceptibles 
d'éducation  que  les  autres  babouins  :  les  Indiens  fe  plai- 
fent  à  les  inflruire ,  &  ils  prétendent  que  les  autres  fmges, 
c'eft-à-dire  les  guenons  ,  refpeôlent  beaucoup  ces  ba- 
bouins ,   qui  ont  plus  de  gravité  Si  plus  d'intelligence 
qu'elles.  Dans  leur  état  de  liberté  *,  ils  font  extrémemenC 

*  On  trouve  au  Malaîjar  quatre  efpèces  de  finges  ;  In  premicre 
toute  noire  ,  le  poil  luiiïuit ,  avec  une  barbe  blnnclie  qui  lui  ceint  le 
menton ,  &  qui  a  une  palme  &  plus  de  longueur  ;  les  autres  fmges 
ont  tant  de  refjjed  pour  cette  efpcce  ,  qu'ils  s'humilient  en  fa  prclènce 
coinnie  s'ils  étoient  capables  de  reconnoître  en  elle  quelque  Tuperiorité  ; 
les  Princes  &  les  Grands  eftiment  beaucoup  ces  fingcs  à  baibc  ,  qui 
paroifTent  avoir  plus  de  gravite  &  d'intelligence  que  les  autres  ;  on  les 
éduque  pour  des   cercnionies  &   des  /eux ,  &  ils  s'en  acquittent  fi 

Yii 


ï/^  D    ESCRIPTION 

faiivages,  Sl  fe  tiennent  dans  les  bois  \  Si  l'on  en  croie 
les  Voyageurs  ,  ceux  qui  font  tout  blancs  font  les  plus 
forts  ÔL  les  plus  médians  de  tous  ;  ils  font  très-ardens 
pour  les  femmes,  &.  affez  forts  pour  les  violer  lorfju'ils 
les  trouvent  feules  ^S  (Se  fouvent  ils  les  outragent  jufqu'à. 
les  fiire  mourir. 

Camâères  dijîïnéîifs  de  cette  efpèce. 

L'ouanderou  a  des  abajoues  &.  des  callontés  fur  les 
feffes  ,  la  queue  de  fept  ou  buit  pouces  de  long  ,  les. 

parfaitement,  que  c'eft  une  cliofe  admirable.  Voyage  du  P'ere  Vincent 
Aiarie ,  ch.  Xlii ,  pao".  40  5,  traduit  par  AI,  le  Marquis  de  Aiontmirail. 

•  A  Ceyian  ,  il  le  trouve  des  fmges  auflî  grands  que  nos  épagneuls , 
qui  ont   le  poil  gris,  le  vi(age  noir   avec  une  grande  barbe    blanche 

d'une  oreille  à  Tautre On  en  voit  d'autres  de  la  même  grofleur , 

mais  d'une  couleur  différente;  ils  ont  le  corps,  le  vifage  &  la  barbe 
xl'une  blancheur  éclat;inte;  cette  difTerence  de  couleur  ne  paroifîànt 
nas  chancrer  i'efpcce  ,  on  les  appelle  é^AQvc\t\\\  oucnderous  ;  ils  caufent 
peu  de  mal  aux  terres  cultivées  ,  &  fe  tieruient  ordinaiiement  dans 
les  bois  où  ils  ne  vivent  que  de  feuilles  &  de  bourgeons ,  mais  quand 
on  les  prend  ,  ils  mangent  de  tout.  Relation  de  Knox  ,  tome  I, 
pages  107  &  III....  Hijloire  générale  des  voyages,  tome  VIII,. 
page   5  4J. 

^  Les    fino-^s  blancs,    qui  font  quelquefois   aufîi  grands   &   aufîî 
méchans  que  les  plus  gros  dogues  d'Angleterre,  font  plus  dangereux 
que  les  noirs ,  ils  en  veulent  priiicipalement  aux  femmes ,  &  fouvent 
après  leur  avoir  fut  cent  outrages,   ils  finiffentpar  les  étrangler.  Quel- 
quefois ils  viennent  jufqu'aux  habitations,  mais  les  Macacarois  cjui  font, 
irès-'aloux  de    leurs  femmes,  n'ont  garde  de  permettre  l'entrée  de  lecirs- 
jnaifons  à  de  fi   méchans   galans  ;   ils  les  chafiçm   à  coups  de  bâtotf». 
X^efcription  de  Maçaçar ,  page  y  q,- 


loin-  XI/  . 


Pi.  xriii.  i\ui  ij-2. 


^^^^^^^^ 


De  Sève  Del  ■ 


OrANDHROU 


Def'e/irtScul 


de  lVuANDEROU  êr  du  LOJVANDO,  175 
'dents  canines  plus  longues  Si  plus  grofTes  que  celks 
de  l'homme,  le  mufcau  gros  &  alongé  ,  la  tcte  envi- 
ronnée d'une  large  crinière  &  d'une  grande  barbe  de 
poils  rudes  ,  le  corps  afTcz  long  6^  aflez  mince  par  le 
bas  ;  il  y  a  dans  cette  efpèce  des  races  qui  varient  par 
la  couleur  du  poil  ;  les  uns  ont  celui  du  corps  noir  6c 
la  barbe  blanche;  les  autres  ont  le  poil  du  corps  blan- 
châtre 6i  la  l^arbe  noire.  Ils  marchent  à  quatre  pieds 
plus  louvent  qu'à  deux,  &  ils  ont  trois  pieds  ou  trois 
pieds  Si.  demi  de  hauteur  lorfqu'ils  font  debout.  Les- 
femelles  font  fujettes  à  l'écoulement  périodique. 


.  «ta».   ^^  /?S.     /!a=iv 


ïiij 


174        Description 


wamn 


m 


DESCRIPTION 

DE      rOUANDEROU, 

J  AI  VU  cet  animal  (planche  xvill)  à  la  foire  Saint- Laurent, 
dans  une  cac^e,  où  il  t'ioit  ctroiiement  relîeiTc  à  caule  de  fà 
fcjocité:  il  fe  faifoit  remarquer  par  urje  très-grande  barbe  giife, 
d'autant  plus  apparente  que  le  poil  du  refte  du  corps  avoit  une 
couleur  noire,  il  éloit  plus  fin  que  celui  de  la  barbe,  qui  oc- 
cupoit  non-/êulement  le  menton  ,  mais  aufTi  les  joues,  elle  ctoit 
un  peu  frifée  ,  elle  avoit  un  mélange  de  brun  Se  de  gris  fur 
les  joues,  &:  feulement  du  gris  fur  le  menton,  je  ne  fais  fi 
cette  couleur  venoit  de  l'âge,  mais  on  affuroit  que  cet  animai 
n'avoit  que  dix-huit  mois  ;  le  deffus  de  la  tcte  étoit  furmonté 
par  un  toupet  noir  en  forme  d'épi  ;  il  y  avoit  deux  mamelles 
fur  la  poitrine;  les  ongles  étoient  plats  &  noirs;  la  queue  éloit 
fort  courte,  6c  les  felîès  pelées. 

pieds,  pouc.  lignes» 
Longueur  du  corps  entier ,  mefure'  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  niufeau  jufqu'à  l'anus 2.  //  n 

Circonférence  du  bout  du  niufeau "  ^'  " 

Contour  de  l'ouveriure  de  la  bouche /'  3 .  i  O. 

Diftance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  ante'rieur 

de  l'œil //  2.  » 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux //  //  p. 

Longueur  des  oreilles n  i .  6. 

Laroreur  de  la  bafe,  mellirée  fur  la  courbure  extérieure.  //  \.  tt 

Circonférence  du  cou i .  //  '/ 

Ciiconférence  du  corps,  prife  derrière  les  jambes  de 

devant n  i .  2. 


DE     L'OuANDEROU.  175 

pieds  pouc.  lignes, 

Xii  même  circonférence  devant  les  jambes  de  derrière..      //  1  o.      // 

Longueur  du  ironçon  de  la  queue //  7.      u 

Circonférence  à  l'origine u  2.  6, 

Longueur  de  l'avant-bras  dejjuis  le  coude   jufqu'au 

poignet //  II.  6. 

Circonférence  du  poignet //  4.      m 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.      //  4.  // 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.      </  7.  // 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles,      ij  6.  n 


iy6      Histoire   Naturelle 

©Q@5®S@ô(f  {©s©}©?  5®  ?i)5®5jK®5®  5^5  ® 


L 


LE     M  A  I  M  O  N  '. 


ES  Singes,  les  Babouins  &.  les  Guenons  forment 
trois  troupes  ,  qui  laifTent  cntr'elles  deux  intervalles; 
Je  premier  efl:  rempli  par  le  Magot,  Sl  le  fécond  par  le 
iVlaimon  :  celui-ci  fiit  la  nuance  entre  les  babouins  <Sc 
les  guenons,  comme  le  magot  la  fait  entre  les  fmges 
ôi  les  babouins;  en  effet,  le  maimon  fpl.  xix)  reffemble 
encore  aux  babouins  par  fon  gros  &  large  mufeaii  ,  par 
fa  queue  courte  &.  arquée  ;  mais  il  en  diffère  &  s'ap- 
proche des  guenons  par  fa  taille  qui  efl  fort  au-deffous 
de  celle  des  babouins ,  6c  par  la  douceur  de  fon  naturel, 
M.  Edwards  nous  a  donné  la  figure  <Sc  la  defcription 
de  cet  animal  fous  la  dénomination  A^  fin ge  h  queue  de 
cochon ,  ce  caradère  particulier  fuffit  pour  le  faire  re- 
connoitre,  car  il  efl  le  feul  de  tous  les  babouins  <Sc 
guenons  qui  ait  la  queue  nue ,  menue  &  tournée  comme 
celle  du  cochon.  II  efl  à  peu  près  de  la  grandeur  du 
magot ,  6c  reffemble  fi  fort  au  macaque  qu'on  pourroit 
le  prendre  pour  une  variété  de  cette  cfpèce,  fi  fa  queue 
n'étoit  pas  tout-à-fait  différente;  il  a  la  face  nue  6:  ba- 
fanée,  les  yeux  châtains,   les  paupières  poires ,  le  nez 

*  Maimon-  Ala'imonct,  nom  que  l'on  a  donné  dans  les  derniers  fiècles 
aux  Sino^es  à  queue  courte ,  &  que  nous  avons  appliqué  à  celui-ci  en 
nitendani  qu'on  foit  informé  du  nom  qu'il  porte  dans  fon  pays  natal,  à 
Sumatra  &  dans  les  autres  provinces  de  l'InJe  méridionale. 

Le  finoe  à  queue  de  cochon,  Glanures  d'Edwards ,  page  S,  fig.  ibid. 

plat , 


DU        Aï  A  1  M   O   N.  l-yj 

plat ,  les  lèvres  minces  avec  quelques  poiis  ro;des,  mais 
ti'-op  courts  pour  faire  une  moudaciic  apparente.  Il  n'a 
pas,  comme  les  linges  <î^  les  babouins,  les  bourfes  à 
l'extérieur  Si  la  verge  fiiillante  ;  le  tout  ed  caché  fous  la 
jîcau  ;  auiTi  le  maimon,  quoique  très-vif  <Sc  plein  de  feu 
n'a  rien  de  la  pétulance  impudente  des  babouins:  il  cft 
doux ,  traitable  &.  même  care-îiint  :  on  le  trouve  à  Su- 
matra Si  ^raifembIablemcnt  dans  les  autres  provinces 
de  rindc  méridionale  ,  auiïi  foulîre-t-il  avec  peine  le 
froid  de  notre  climat  :  celui  que  nous  avons  vu  à  Paris, 
n'a  vécu  que  peu  de  temps,  Si  M.  Edwards  dit  n'avoir 
ardé  qu'un  an  à  Londres  celui  qu'il  a  décrit  * 


Caraôlères  difthulifs  de  cette  ejpèce. 

Le  maimon  a  des  abajoues  &  des  callofités  fur  les 
feffes  ,  la  queue  nue  ,  recoquillée  6c  longue  de  cinq 
ou  fix  pouces;  les  dents  canines  pas  plus  longues  à 
proportion  que  celles  de  l'homme  ;  le  mufeau  très- 
large  ,  les  orbites  des  yeux  fort  iîiillantes  au-delfus ,  la 
face ,  les  oreilles ,  les  mains  Si  les  pieds  nus ,  &  de 
couleur  de  chair;  le  poil  d'un  noir -olive  fur  le  corps 

"^  Le  fin^re  à  queue  Je  cochon  de  l'île  de  Sumatra  dans  la  mer  dti 

Indes  fut  apporté  en  Angleterre  en  1752 II  étoit  extrêmement 

vif  &  plein  d'adion  :  il  étoit  approchant  de  la  grofleur  d'un  chat  do - 
merticjue  ordinaire ....  c 'étoit  un  mâle ....  il  a  vécu  un  an  entre  mes 
mains;  je  rencontrai  une  femelle  de  la  même  efpcce  qu'on  montroit 
par  curiofué  à  Londres ,  elle  étoit  la  moitié  plus  grande  que  mou 
mâle;  ils  parurent  fort  charmés  de  fe  voir  cnfemble  ,  quoique  ce  fût 
leur  première  entrevue.  Glmures  d'Ew'ards ,  pi-^gcs  S  Ù"  ^  • 

Tom.e  XI K  Zi 


178     Histoire  Natu re lle,  ire. 

Ôi  d'un  jaune -roufTâtre  fur  le  ventre;  il  marche  tantôt 
fur  deux  pieds  6c  tantôt  fur  quatre  :  il  a  deux  pieds 
ou  deux  pieds  Se  demi  de  hauteur  lorfqu'il  efl  debout. 
La  femelle  eft  fujette  à  l'écoulement  périodique. 


179 


«»»»«»j'p<m!j»«»n,wi  '  xtHt'fiMiiTÊ  sexr^iTiexsxawsjmcsmatK 


DESCRIPTION 

DU     Al  A  1  M  0  N. 

V>  ET  animal  (pi.  xix )  efl  de  taille  moyenne,  il  a  îe  mufêau 
iong  &  la  tête  grofTe  à  proportion  du  corps  ;  mais  le  nuifeau  eft 
encore  plus  gros  relativement  à  la  grofîeur  de  la  tête  ;  les  oibites 
i\ts  yeux  font  fort  fîiillantes  dans  leur  partie  fupcrieure  :  le  nez 
a  aufîi  une  lâillie  bien  marquée  à  fon  origine  entre  les  deux  yeux; 
mais  dans  le  refte  de  (on  étendue,  il  eft  prefqu'entièremejit  aplati, 
excepté  fur  le  bout  qui  e(t  un  peu  relevé;  la  cloifon  d^s  naiines 
a  très-peu  d'épaillcur ,  &  par  conféquent  leurs  onverlures  le  trou- 
vent placées  au-de(îous  du  nez;  les  oreilles  font  de  médiocre 
grandeur  &:  terminées  en  haut  par  une  petite  pointe  tuberculeulè, 
comme  dans  les  macaques  &:  plufieurs  autres  animaux  de  ce  genre; 
le  bout  &.  le  delTus  du  mulêau  ,  le  tour  des  yeux  ,  les  oreilles ,  la 
plante  àts  pieds  Se  les  doigts  prefqu'en  entier,  font  dénués  de  poil  ; 
la  peau  de  toutes  ces  parties  &:  du  rededu  corps  eft  de  couleur  de 
chair;  la  queue  eft  très-courte ,  fort  menue,  fur-tout  à  l'extrémité, 
«lie  a  peu  de  poil ,  elle  eft  prerqu'entièrement  nue  fur  le  côté 
inférieur,  &:  elle  fe  recoquille  en  deftbus  comme  celle  d'un 
cochon  :  c'eft  pourquoi  on  a  défigné  ce  linge  par  le  nom  de 
fuige  à  queue  de  cochon  ;  il  a  des  poches  dans  la  bouche,  &  des 
callofités  fur  \ts  ït^zi  :  le  nombre  des  dents  eft  de  trente-deux , 
içs  canines  ne  font  pas  plus  longues  que  les  autres  ;  le  gland 
diffère  de  celui  de  la  plupart  des  autres  linges  par  la  forme  de 
fon  extrémité,  il  eft  terminé  par  trois  tubercules,  dont  deux  font 
oblongs  &  placés  fur  \ti  côtés  ;   le   troifiçme  eft  arrondi ,   plus 

Zij 


i8o  Description 

petit  que  les  deux  autres  &  placé  fur  le  devant;  l'orifice  de  fu- 
rèire  fe  trouve  entre  ces  trois  tubercules.  Ce  finge  difîcre  auHl 
des  autres,  en  ce  que  la  verge  n'efl  /aillante  que  dans  le  temps  de 
ieredion  ;  il  n'a  point  de  bourfes;  les  tcflîculcs  font  placés  fous 
la  peau,  l'un  à  côté  de  l'autre,  au-devant  de  la  verge.  Il  y  a 
fur  le  bout  du  mufeau ,  à  l'endroit  d&s  fourcils  &  audeffus  dj 
nez  i.\cs  poils  longs,  rares  &  noirs;  le  poil  du  front,  de  la  ttte, 
du  delTùs  du  cou  ,  du  garrot ,  du  dos ,  des  lombes  &  du  côté 
fupérieur  de  la  queue  eil:  mcié  de  couleur  olivâtre  &  de  noir; 
les  côtés  de  la  léte  &  du  corps ,  &  la  face  externe  du  bns ,  de 
i'avant-bras ,  de  la  cuilTe  oc  de  la  jambe  font  de  couleur  oîi\âtre, 
excepté  le  bas  de  la  jambe  qui  ell  noir  près  du  talon  ;  le  poil 
du  delfous  &  i^ts  côtés  dw  cou  ,  de  la  poitrine  ,  du  ventre  5c  de 
h.  face  interne  dts  quatre  jambes  ed  rare  iSc  de  couleur  jaunâtre, 
avec  une  teinte  de  roux  fur  le  ventre  6c  fur  les  culfTes. 

pieds,   pouc.   lignes. 
Lon<yucur  Ju  corps  cniier ,  inefuié  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mufeau  jurqu'à  l'anus i. 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  juf- 
qu'à   l'occiput a 

Circonférence  du  bout  du  mufeau // 

Circonfciencc  du  mufeau  ,  prife  au-deH^ous  des  yeux.  n 

Contour  de  rouvcrture  de  la  bouche // 

Diflance  entre   les   deux    nafeaux n 

Diftancc  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 
de  fœil u 

Diftance  entre  l'angle  poftérieur  &  l'oreille tt 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre * 

Ouverture    de  l'œil # 

Diflance  entre    les    angles  antérieurs   des  yeux  ,    en 
fuivant  la  courbure  du  chanfrein k 


^. 

u  • 

4. 

1  0. 

8. 

2, 

6. 

2. 

3- 

4. 

H 

I. 

I. 

9' 

I. 

9- 

U 

S. 

II 

4- 

M 

8. 

D  V      M  A  1  M  ON,  I  8  I 

plcJs.  pouc.  lipnc»,' 
La  môme  clîftance  en  ligne  droite //        /,       ^^ 

Circonfcrence  de  la  lête  ,  entre  les  yeux  &  les  oreilles.      //     i  o.      2. 


Longueur  des  oreilles u        \.      i , 


o 


Largeur  de  la  bn(e,  mcTurée  fur  la  couibure  extérieure.  //  1.9. 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,   prife  au  bas //  2.  8. 

Longueur  du  cou n  i .  g. 

Circonférence  du  cou zr  C.  6, 

Circonfcrence  du   corps,  prife   derrière  les  jambes 

de  devant /,  ^i.  j. 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros.  ,  .  i.  i.  // 

La  même  cfrconfe'rence  devant  les  jambes  de  derrière.  //  8.  6, 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue //  j.  4. 

Circonférence  à  l'origine w  2.  2. 

Longueur  de  l'avant  bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet ff  6.  Il 

Circonférence  du  poignet //  ■>,  j. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  on»les.  //  ?.  8. 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  //  6.  7. 

Longueur  dejmis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles  ..  .  //  5.  j. 

A  l'ouverture  Je  FabJomen  ,  j'ai  vu  que  iVpiploon  s'ctenJoit 
jufqu'au  pubis;  le  foie  ctoit  en  entier  dans  le  côté  droit,  &  l'cf- 
tomac  à  gauche. 

Le  duodénum  seter.doit  jufqu'au  rein;  le  jéjunum  faifôit  /es 
circonvolutions  dans  la  région  épigadiique  &  dans  l'ombilicale; 
Jes  circonvolutions  de  l'ileum  étoient  dans  la  région  lombaire 
droite,  dans  l'ombilicale,  dans  la  lombaire  gauche  &  dans  l'iliaque 
du  même  côté  :  enfuite  l'ileum  pafîbit  dans  l'hypogaflre  &  abou- 
tifToit  au  cœcum  dans  l'iliaque  droite;  le  cœcum  étoit  fituédans 
cette  région  &  dirigé  obliquement  vers  le  pubis  ;  le  colon  s'étendoit 

Z  iij 


i82  Description 

en  avant  dans  h  région  lombaire  droite  Se  dans  '  hypocondre 
du  mcme  côté  jurqu'à  1  cpigadre ,  d'où  il  /è  prolongeoit  en  arrière 
&  enfuile  en  avant  en  faifant  de  grandes  circonvolutions;  enfin, 
il  fe  ioignoit  au  reclum  fans  avoir  de  courbure  comme  dans 
ï'homme. 

Le  pancréas  &  l'eflomac  différoient  peu  de  i'eflomac  &  du 
pancréas  de  l'homme  ;  il  m'a  paru  que  le  fond  du  grand  cul-de- 
iâc  avoit  moins  de  diamètre  que  dans  l'homme. 

Le  coecum  étoit  plus  long  que  celui  de  l'homme ,  il  n'avoit 
point  d'appendice  vermiculaire  ;  le  rectum  n'étoit  pas  gros ,  & 
en  général  les  membranes  avoient  moins  d'épai(îèu«  que  dans 
l'homme. 

Le  foie  avoit  quatre  lobes,  le  plus  grand  étoit  placé  dans  le 
milieu  6c  divifé  en  deux  portions  inégales  par  une  profonde 
fcifîiire  dans  laquelle  fè  trouvoit  le  ligament  fufpcnfoir  ;  la  véfi- 
cule  du  fiel  étoit  incruflée  dans  la  face  pollérieure  de  la  portion 
droite  de  ce  lobe  qui  étoit  la  plus  grande;  il  y  avoit  un  lobe  à 
gauche  &:  deux  à  droite;  le  lobe  pofiérieur  du  côté  droit  étoit 
le  plus  petit  de  tous.  II  y  avoit  plufieurs  hydatides  dans  le  foie, 
les  plus  groifes  avoient  jufqu'à  un  pouce  &:  demi  de  diamètre, 
&:  rcnfermoient  d'autres  hydatides  plus  petites,  qui  avoient  cha- 
cune leur  kifie;  il  fe  trouvoit  auiTi  deskiftes  roulés  &  renfermés 
dans  quelques-unes  de  ces  hydatides  ;  la  véficule  du  fiel  étoit  fort 
alongée  :  la  rate  contenoit  une  très-groiïè  hydatide  qui  la  rendoit 
difforme ,  &  qui  avoit  plus  d'un  pouce  &  demi  de  diamètre. 

Le  rein  gauche  étoit  plus  avancé  que  le  droit  d'environ  fa 
moitié  de  fa  bngueur;  ils  différoient  peu  de  ceux  de  l'homme 
par  leur  forme,  leur  enfoncement,  leur  baffmet ,  &c. 

Le  poumon  droit  étoit  compofé  de  quatre  lobes  ,  &  le  ^auche 
^e  deux  comme  dans  la  pluprt  des  quadrupèdes  ;  le  cœur  avoit 


DU      AI  A  I  M  O  N.  18? 

h  pointe  un  peu  toiirnce  à  gauche  :  il  refTenibîoit  beaucoup  à 
cdui  Je  l'homme  par  fa  figure;  il  ne  forloit  que  deux  branches 
de  la  crofîè  de  l'aorte ,  mais  la  plus  groffe  fè  partageoit  en  deux 
autres  branches  à  une  petite  diiUnce  de  fon  origine. 

La  langue  ctoit  nioiiis  large  &:  plus  longue  que  celle  de  l'homme, 
&  moins  cpaKîè  à  l'extrcmiié;  elle  étoit  couverte  de  très-petites 
papilles  &:  de  grains  blancs  &  glanduleux  ;  il  y  avolt  fîir  la  partie 
policrieure  quelques  peiites  glandes  à  calice,  rangées  fîir  deux  files, 
dirigées  obliquement  de  devant  en  arrière  &.  de  dehois  en  dedans  ^ 
deux  à  droite,  trois  à  gauche  &:  une  à  l'angle  formé  par  les^ 
deux  files.    • 

Le  gland  de  la  verge  étoit  terminé  par  un  champignon ,  comme 
dans  les  autres  animaux  de  ce  genre  ;  les  teflicuies  étoient  prefque- 
ronds;  les  canaux  déférens  avoient  à  peu  près  le  même  diamètre 
dans  toute  leur  longueur;  les  véhcules  (cminales  étoient  grandes 
&.  bien  formées;  les  proltates  avoient  peu  de  volume:  la  vtfîle- 
étoit  oblongue.^ 

pîevis.  poiK.  lignes^. 
Longueur  des  inteHins  giêles  depuis  le  pylore  juf-- 

qu'au  cœcurn y.  6.  11 

Circonférence  du  duodénum //  1 .  C. 

Circonférence  du  jéjunum .  n  2.  u 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroks  les  plus  gros.  //  i,  /, 
Circonférence   de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus 

minces .7  i .  6,. 

Longueur  du  cœcuin //  2..  6,- 

Circonférence  du-cœcum  à  l'endroit  le  jîlusgros.  .  .  h  J.  5?. 

Circonférence  du  cœcurn  à  l'emlroit  le  plus  mince.  .  ;/  3*  >* 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les-pius  gros.  //  <y.  n 
Circonférence  du  colon  dans  les   endroits    les  plus 

minces ,,.,,,........,»..,.,.,  n  ^,  4 


184.  Description 

picilf. 

Circonférence  du  rcâum  près  du  colon /' 

Longueur  du  colon  &  du  redum  pris  enfemble.  .  .  3. 
Longueur  du  canal  inteflinal  en  entier ,  non  compris  le 

coecum '  *  • 

Grande  circonférence  de  l'eftomac 1 . 

Petite  circonférence  de  i'eftomac /' 

Longueur  de  la  petite  courbure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  l'œibijiiage // 

Profondeur  du  grand  cul-de-fic // 

Circonférence  de    l'œfophage // 

Circonférence  du  pylore u 

Longueur  du  foie " 

Largeur " 

Sa  plus  grande  épainéur // 

Longueur  de  la  véftcule  du  fiel // 

Son  \)\\xs  grand  diamètre // 

Longueur  des  reins /r 

Largeur " 

Epaineur /' 

Longueur    du   centre  nerveux  depuis  la  veiiîe-cavc 

jufqu'à  la  pointe /' 

Largeur h 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur n 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  b  naiflânce  de  J'artère 

pulmonaire // 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  fie  pulmonaire.  .  .  u 

Diamèu-e  de  l'aorte,  pris  de  dehors  en  dehors.  ...  u 

Longueur  de  la  langue // 

^Longueur  de  la  partie  antérieure,  depuis  le  fiiet  jufqu'à 

jVxtrcuiité n 


poiic. 

li^iiefî 

I. 

9' 

9' 

il 

3- 

II 

// 

9- 

1  o. 


2. 

// 

Z. 

z. 

I  . 

3- 

I. 

6. 

3- 

6, 

5- 

fi 

1 . 

M 

2. 

5- 

// 

7* 

1 . 

6. 

I.      z, 

//       I  O. 

I.     6, 
u 


7' 

3- 

3- 
6. 


Il       s. 

Largeur 


* 

DU      M  A  I  AI  O  N.  1  8  5 

r^iccis.  pouc.  ligne». 

Largeur  de  la  langue z,  ,  ^      g 

Longueur  du  gland ;,  */  i  r. 

Circonférence i,  „       §^ 

Cil  conférence  du  champignon y  ,,  j  q. 

Longueur  de  la  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  jufqu'à  l'infeidon  du  prépuce t  i.  i  o. 

Circonférence ,i  ^,       g 

Longueur  des  teflicules „  „       (^^ 

L^i'geur M  M         ^. 

ÉpaiiTeur „  ^       ^, 

Largeur  de  I  epididyme „  y       2  -. 

Longueur  Aqs  canaux  déférens zz  a        ,. 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue .  //  h       h  i 


H    T. 


Grande  circonférence  de  la  vefîie n  5.  10. 

Petite  circonférence u  a,  3. 

Longueur  des  véficuies  féminales h  i  .  i . 

Largeur „  „  ^. 

Épaifieur y  ^  , 


r 


Le  maîmon  a  plus  de  rapports  avec  le  macaque  qu'avec  le 
papion  &  le  mandrill ,  par  la  forme  de  la  icte  dccharnce  *  ; 
cependant  les  bords  àts  orbites  des  yeux  font  moins  gros  &:  moins 
élevés  ;  le  crâne  efl  beaucoup  plus  grand  ;  les  arêtes  de  l'occiput 
font  moins  Taillantes ,  &  les  angles  que  forment  les  branches  de 
la  mâchoire  inférieure  font  moins  arrondis. 

Les  dents  font  en  même  nombre  que  celles  du  macaque,  mais 
elles  en  diffèrent  beaucoup  par  la  figure;  les  deux  incifives  dii 
iniiieu  de  chacune  àts  mâchoires  du  maimon  font  plus  larges 
que  celles  du  macaque  ;   les  canines  font  très  -  petites. 

*  Voyez  ci-après  la  dcfcription  du  fqUelettc  du  Macaque.  '- 

Tome  XiV.  A4 


iS6  Description 

tes  vertèbres  Joifales  Se  lombaiies ,  les  côtes  Se  les  os  d\î 
flernum  ,  relTemblent  à  ceux  du  macaque ,  pour  le  nombre ,  h 
forme  &  (es  articulations;  les  trous  ovabires  font  plus  grands. 

La  queue  eftcompoflje  de  vingt  ou  vingt-une  fauffes  vertèbres  ^ 
dont  les  trois  ou  quatre  dernières  font  extrêmement  petites ,  les 
autres  ont  Ci  peu  de  longueur  que  la  queue  eft  très-courte,  quoi- 
qu'elle ait  un  affez  graivJ  nombre  de  faufîcs  vertèbres. 

Les  clavicules  font  moins  longues  &  plus  grofTes  que  celles 
du  macaque  ;  les  os  des  jambes  lont  plus  longs  &  moins  courbes  ; 
ies  os  du  métacarpe  ,  du  mctatarfe  &  les  phalanges  des  doigls- 
font  aufli  plus  longs  que  ceux  du  macaque. 

pieds,  pouc.  lignes» 
Longueur  Je  la  tête  depuis  le  bout  des  mâchoires 

jufqu'à  l'occiput "  4-  5  ï" 

La  plus  grande  largeur  de  h  tête "  -•  Z* 

Longueur  de  la  mâchoire  du  defl'ous ,   depuis  Ton 

extrémité    antérieure  jufqu'au  bord    poftéiieur  de 

l'apophyfe  condyloïde "  3'  ^' 

Epaifieur  de  la  pajiie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

du  dedus //  f  4* 

Largeur  de   la   mâchoire  du  dcfllis,  à  l'endroit  des 

dents  canines m  i  •  4* 

Diftance  entre  les  orbites  &  i'ouvenure  des  narines.  .  //  //  7-!;^ 

Longueur  de  cette  ouverture n  h  y\' 

Largeur //  //  47. 

Longueur  des  os  propres  du  ne2 h  h  5?  |. 

Largeur  à  l'endroit  le  pfus  large h  h  \  \^ 

Largeur  des  orbites h  i.  w 

Hauteur 11  11  10. 

Longueur  des  dents  canines //  v  3  |;. 

Largeur  du  IjaiHn h  i.  y» 


/'/.    l/A  .J'.T.y.u'^O' 


MAIATON 


DU      AI  A  I  AI  O  N.  I  87 

pitds.  poiic.  ligne*. 

Hauteur ^  I .    n . 

Longueur  des  plus  longues  f-iuHes  vericbres   de  la 

queue „  „  ^^ 

Longueur  de  l'omoplate ^  2.  o. 

Longueur  de  l'hunicrus „  r  , 

Longueur  de  l'os  du  coude u  c  ,  q. 

Longueur  de  l'os  du  rayon y  c  5, 

Lonaucur  du  fe'niur.  , ...  „  r  «' 

Longueur  du  tibia „  r  r 

Longueur  du  péroné ,/  ^,  ,  q^ 

Longueur  du  premier  os  du  mctacarpe  ,    qui   cH  le 

P'"s  court g  „  p. 

Longueur  du  troifitme  os  du  nictacarpe ,  qui  eft  le 

pl"sIong ^  ,.  j^ 

Longueur  du  premier  os  du  niétatarfe  ,  qui  eft  le])Ius 

^■o"" n  I.  r. 

I-ongucur  du  troificme ,   qui  cft  le  plus  long //  \.  6. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  i^^^  pieds 

de  devant /,  ,,  ç  *^ 

Longueur  de  la  féconde ,1  //  5, 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troificme  doigt.  //  u  11. 

Longueur  de   la  féconde //  //  j^ 

Longueur  de   la  troificme //  n  4, 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière „  „  C\, 

Longueur  de  la  féconde u  n  3  i. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troificme  doigt,  n  n  1  1  |. 

Longueur  de  la  féconde //  //  yl. 

Longueur  de  la  uoifième //  //  4, 

Aa  i; 


i88  Description 


DESCRIPTION 

DE   LA    PARTIE    DU   CABINET 

qni  a  rapport  à  l'HiJtoire  Naturelle 

DES    BABOUINS. 

N.°       M  C  C  C  I  I. 
La  peau  d'un  Papion. 

C'est  la  peau  d'un  grand  Papioii ,  elle  eft  boiirrce  ;  les  couleurs 
du  poil  reffemblent  à  celles  du  papioii  qui  a  fervi  de  fujet  pour 
la  defcription  de  cet  animal. 

N.°     M  C  C  C  I  I  I. 

Le  fquelette  d'un  papion. 

C'eft  le  fquelette  d'un  grand  papion  .  il  a  fervi  de  fujet  pour 
la  defcription  &  les  dlmenfions  àts  os  de  cet  animal. 

N.°    M  C  C  C  I  V. 

Autre  fquelette  de  papion. 

Ce  fquelette  a  été  tiré  d'un  papion  de  petite  taille,  mais  adulte  : 
car  les  arêtes  olTeufes  de  l'occiput  &  du  crâne  font  plus  groffes 
&  plus  faillantes  que  fur  le  fquelette  précédent  :  celui  dont  il  s'agît 
ici,  en  diffère  par  la  forme  <^qs  côtés  de  la  mâchoire  qui  font 
moins  enfoncés  ;  l'os  facrLvm  elt  compofé  de  quatre  faulîès  ver- 
tèbres &:  la  queue  de  dix-fept,  elle  paroît  être  entière  :  quoiqu'il 
y  ait  dans  l'os  ficrum  de  ce  fquelette  une  fàulle  vertèbre  de  plus 


DU    Cabinet,  189 

que  t^ans  celui  du  fqueletle  prcccdent  :  celle  diiiucnce  peut  n'éne 
qu'une  vaiictc enire  des  individus  demcme  e(pèce  :  elle  (c  trouve 
dans  refjxxe  humaine. 

N."    M  C  C  C  V. 

Autre  fquelct te  de  papion. 

Ce  troifième  fquelette  e(l  encore  moins  grand  que  le  fécond, 
&.  la  tcle  e(l  à  proportion  moins  groflè  ;  les  joints  (\ts  épiphvTcs 
paroilîènt  fur  quelques  os,  il  n'y  a  qu'une  petite  arête  Iran fverlîiie 
fur  l'occiput  ;  les  bords  des  orbites  des  yeux  font  peu  fciilians  & 
ont  peu  d'cpaideur;  les  dents  canines  font  courtes,  &c.  H  y  a 
lieu  de  croije  que  ce  [quelette  vient  d'une  jeune  femelle  de  papion  ; 
quoiqu'il  ioit  plus  petit  &:  moins  formé  que  les  deux  prcccdens , 
il  y  a  de  chaque  côté  du  nez  une  éminence  olîèufe  plus  grande 
que  dans  les  deux  autres. 

N.'^    M  C  C  C  V  r. 

Os  de  la  verge  d\in  papion. 

Cet  os  vient  d'un  papion  de  la  petite  race,  il  a  w\\  demi-pouce 
de  longueur  fur  deux  tiers  de  ligne  de  diamètre,  il  e(t  prefqus 
droit  &  de  figure  approchante  de  la  cylindriqiie. 

N.°     M  C  C  C  V  I  I. 

Le  fquelette  d'un  mandrUl. 

n;   m  c  c  c  V 1 1 1. 

Le  fquelette  d'un  rnaimon. 

Les  defcriptions  &:  les  dimenfions  de  ce  fqiielelte,  6c  de  celui 
cui  efl:  rapporté  fous  le  numéro  précédent  ,  font  partie  des 
defcriptions  du  mandrill  &:  du  mai  mon. 

A  a  iij 


190       Histoire  Natu relle 

LE  MACAQUE  ^  et  L'AIGRETTE^*. 

JL^E   toutes  les  Guenons  ou  Singes  à  longue  queue, 
Je  Macaque   (pi.  xx)  ell  celui  qui  approche   le  plus 

*  Macaque.  Macaquo ,  nom  de  cet  animal  dans  Ton   pays  natal , 
à  Congo  ,  &  que  nous  avons  adopté. 

Cercophhecus  Angolenjls  nuijor ,   in  Congo  vocatur  Alacaquo.  Marcgr. 

Bijl-  nat.  Brafil.  p^g.  227- 

Cercophhecus  -cynocephalus  ex  vïrîdcfcentihus  &  jlavicantilus  p'd'is 
variegatus.  Le  cercopithcque- cynocéphale,  ^n^'. Reg. ûnim.  pag.  213. 
Nota.  Il  me  femble  que  M.  Biin"on  a  fait  ici  un  double  em])loi ,  &  que 
le  fin^e  qu'il  indique  dans  l'ariicle  fuivant  par  la  dénomination  de 
lercopithecus-cymccphalus  naribus  bifdis,  elatis,  natibus  calvis  le  macaque, 

£{1  le  même  animal. 

Sïrma  (yEgypliaca)  caudâ  elongatâ,  clunibus  tulerofis  nud'is.  Voyage 
.d'HafTelquifl.  Ronock,  1762.  Nota.  Lepithète  ^^j/^^wra  a  été 
niai  appliquée  à  ce  fiiige,  qui  ne  s'eft  trouvé  en  Egypte,  que  parce 
.qu'il  y  avoit  été  apporté  ;  ce  que  nous  difons  efl  d'autant  mieux 
fonde  que  ce  Voyageur  fe  conucdit  lui-même,  car  nprcs  avoir 
appelé  cet  animal  finge  d'Egypte,  il  dit  dans  le  même  article  qu'il 
vient  d'Ethiopie  ;  l'on  fait  d'ailleurs  qu'il  n'y  a  aucime  efpèce  de  finge 
<iui  (bit  naturelle  au  pays  de  l'Egypte  ,  &  que  tous  ceux  qu'on  y 
voit  viennent  d'ailleurs  par  la  voie  du  commerce.  Etfi  in  yEgypto 
(dit  Profper  Alpin  )  nullum fimiarum  genus  nafcatur ,  cvjvjlibet  tamen 
gcnens  &  ex  Arabià  felici  &  ex  y£thiopiâ  immenfœ  mercaturœ  causa 
illuc  convehuntur.  Hifl.  ^gypt.  lib.  IV,  pag.  240. 

Cynamolgos.  Simia  caudata,  imberbis,  naribus  bifdis,  elaîis  ;  chinibuS 
îubcrofis.  Linn.  Syjl.  nat.  edit.  X  ,  pag.  28. 

*  *  Aigrette,  cette  guenon  ne  nous  paroît  être  qu'une  variété  du 
Macaque,  nous  l'avons  appelée  ï Aigrette,  parce  qu'elle  a  un  grand 
<^pi  de  poil  au-deÛus  de  la  tête  ;  nous  croyons  que  c'eft  le  mêine  que 


DU  M ACACiUE  if  de  l'Aigrette,   içt 

des  Babouins  ;  il  a  comme  eux,  le  corps  court  cfv  ramaffc 
la  tcte  groiFe  ,  le  mufeau  Jarge ,  le  nez  plat ,  les  joues 
ridées,  &  en  même  temps,  il  eft  plus  gros  (^  plus  ^^rand 
que  la  plupart  des  autres  guenons  ;  il  c(l  aufTi  d'une 
laideur  hideufe,  en  forte  qu'on  pourroit  le  regarder 
comme  une  petite  efpèce  de  babouin  ,  s'il  n'en  dif- 
féroit  pas  par  la  queue  qu'il  porte  en  arc  comme  eux  ^ 
mais  qui  e(l  longue  Si  bien  touffue  :  au  lieu  que  celle 
des  babouins  en  gênerai,  cft  fort  courte.  Cette  efpèce 
efl  originaire  de  Congo  <Sc  des  autres  parties  de  l'Afric^ue 
méridionale  *  ,  elle  efl  nombreufe  &.  fujette  à  p'ufîeurs 
variétés  pour  la  grandeur,  les  couleurs  ôl  h  difpofition 
du  poil.  Celui  qu'Haffelquid  a  décrit  avoit  le  corps 
long  de  plus  de  deux  pieds,  <5c  ceux  que  nous  avons 
vus  ne  l'avoient  guère  que  d'un  pied  6c  demi;  celui 
que  nous  appelons  ici  Vaigrate  (pl.xxi)  ^  parce  qu'il 
a  fur  le  fommet  de  la  tcte  un  épi  ou  aigrette  de  poil , 
ne  nous  a  paru  qu'une  variété  du  prenucr  auquel  il 
reffemble  en  tout,  à  Texception  de  cette  dificrence 
6c  de  quelques  autres  légères  variétés  dans  le  poil  ;  ils 
ont  tous  <S.^\\\  les  mœurs  douces  6c  font  affez  dociles  • 
mais  indépendamment  d'une  odeur  de  fourmi  ou  de 
faux   mufc  qu'ils  répandent  autour   d'eux;   ils  font  fi 

XAigula  de  M.  Linna?us.  Syjl.  nat.  ed'it.  X ,  png.  ay ,  indiqué  par 
OfLeck,  fous  fa  dénomination  Smûa  cudatâ  fub  barbala  gr'ifea,  cmi- 
nent/â  pilosâ  vertkis  longitudlnalï.  Itiner.  pag.  prj. 

*  Cercophhecus  Angolenfis  Mncaquo Caudam  portât  arcuatam 

Clamât  hah ,  hah ;  dentés  habet  alh'iffmos.. . .  Penem  habet  humano  fimileia 
kijlar  pueri.  Marcgr.  Jiif,  na[.  Brafil.  pag.  227. 


192        Histoire  Naturelle 

malpropres ,  fi  laids  &  nicmc  (i  affreux  lorrqu'ils  font 
la  grimace  qu'on  ne  peut  les  regarder  fans  horreur  & 
dégoût.  Ces  guenons  vont  fouvent  par  troupes  6i  fe 
raffemblent,  fur-tout,  pour  voler  des  fruits  (Se  des  lé- 
gumes. Bofman  raconte  qu'elles  prennent  dans  chaque 
patte  un  ou  deux  pieds  de  milhio  ,  auUint  fous  leurs  bras 
6c  autant  dans  leur  bouche,  qu'elles  s'en  retournent  ainfr 
chargées,  fautant  continuellement  fur  les  pattes  de  der- 
rière. Si  que  quand  on  les  pourfuit,  elles  jettent  les  tiges 
de  milhio  qu'elles  tenoicnt  dans  les  mains  â-i  fous  les 
bras,  ne  gardant  que  celles  qui  font  entre  leurs  dents, 
ahn  de  pouvoir  fuir  plus  vite  fur  les  quatre  pieds  ;  au  refte 
{  ajoute  ce  Voyageur),  elles  examinent  avec  la  dernière 
cxaclitude  chaque  tige  de  milhio  qu'elles  arrachent,  6i 
fi  elle  ne  leur  plaît  pas  elles  la  rejettent  à  terre  6l  en 
arrachent  d'autres  :  en  forte  que  par  leur  bizarre  déli- 
cateffe  elles  caufent  beaucoup  plus  de  dommages, 
encore  que  par  leurs  vols  *. 

Caraâîères  diftinâifs  de  ces  efpèces» 

Le  macaque  a  des  abajoues  6c  des  callofités  fur  les 
fclTes,  il  a  la  queue  longue  à  peu  près  comme  la  tcte  &  le 
corps  pris  enfembfe,  d'environ  dix-huit  à  vingt  pouces; 
la  tète  groffe,  le  mufeau  très-gros,  la  face  nue,  livide 
6c  ridée,  les  oreilles  velues,  le  corps  court  6c  ramaiïe, 
les  jambes  courtes  6cgrofres  ;  le  poil  des  parties  fupé- 
rieures  efl  d'un  cendré-verdâtre,  6c  fur  la  poitrine  6c  le 

♦Voyage  de  Bofinaii,  Lettre  XlY ,  poge  2^8  ù'  fuïy, 

ventre 


duAÏACAQUE  ir  de  L*Al  GUETTE,  193 
ventre  d'un  gris-jaunâtre;  il  porte  une  petite  crcte  de 
poil  au-deiïiis  de  la  tête;  il  marche  à  quatre  Sl  quelque- 
fois à  deux  pieds;  la  longueur  de  fon  corps  , y  compris 
celle  de  la  tête,  ell d'environ  dix-huit  ou  vingt  pouces. 
Il  paroît  qu'il  y  a  dans  cette  efpèce  des  races  beaucoup 
plus  grandes  <Sc  d'autres  plus  petites,  telle  que  celle 
qui  fuit. 

L'aigrette  ne  nous  paroît  être  qu'une  variété  du  ma- 
caque, elle  eft  plus  petite  d'environ  un  tiers  dans  toutes 
les  dimenfions  :  au  lieu  de  la  petite  crête  de  poil  qui 
fe  trouve  au  fommet  de  la  tête  du  macaque,  l'aigrette 
porte  un  épi  droit  <5c  pointu  ;  elle  femble  différer  encore 
du  macaque  par  le  poil  du  front  qui  eft  noir,  au  lieu  que 
fur  le  front  du  macaque  il  eft  verdâtre;  il  paroît  aufîi 
que  i'aigrette  a  la  queue  plus  longue  que  le  macaque , 
à  proportion  de  la  longueur  du  corps.  Les  femelles 
dans  ces  efpèces  font  fujettes,  comme  les  femmes,  à 
l'écoulement  périodique. 


Tome  XIV.  Bb 


Î94  Description 


DE  S  C  R  I P  T I O  N 

DU    MACAQUE. 

La  taille  du  Macaque  (pj.  xx)  efl  courte  &  cpaifîè:  car  il  a 
le  corps  &  les  jambes  beaucoup  plus  courts  &:  plus  gros  que  la 
plupart  à^s  autres  animaux    de  ce  genre  ;   la  téie  efl  aufTi  fort 
grofFe  à  proportion  du  corps ,  &  le  mufeau  encore  plus  gros  à 
proportion  de  la  tcte;  le  nez  eft  fort  court  &  prefqu'entièrement 
aplati;   les  yeux   font  petits  &  enfonces,    parce  que  les  bords 
fupcrieurs  des  orbites  &:  la  partie  de  l'os  frontal  qui  efl  au-deiïLis 
du  nez  ,  ont  beaucoup  de  fiiliie;  les  joues  du  macaque  qui  a  fèrvi 
defujet  pour  cette  defcription  étoient  livides,  teintes  de  rougeâtre 
&  ridées  :  ces  rides,  la  groiïèur  du  mulêau,  l'afFaiflêment  du  nez 
&:  la  (âiilie  de  l'os  frontal ,  rendoient  la  face  de  cet  animal  fort 
hideufe  :  1  élévation  de  la  partie  inférieure  de  l'os  frontal,  formoit 
une  concavité  fur  fi  partie   fupérieure.   Les  oreilles  étoient    de 
grandeur  moyenne  &  velues  pre(c]u'en   entier  :    il  y   avoit  fur 
la   partie  poflérieure  de   chaque  oreille   deux   découpures  afîêz 
profondes,    dont  je  ne  fais  mention   que  parce  qLi'elles  étoient 
fimétriques  fur  les  deux  oreilles  ;  cependant  ces  découpures  peu- 
vent venir  de  bleffures  accidentelles ,  &  n'être  pas  àt^  caractères 
conflans ,   parce  qu'on  n'en  voit  point  dans  aucune  autre  efpèce 
de  finge;  la  queue  étoit  grofîè  &  longue  quoiqu'elle  eût  été  coupée 
à  l'extrémité  ;  les  feffes  étoient  pelées  ;  la  plante  des  pieds  avoit 
une  couleur  livide,  &:  les  ongles  étoient  noirs,  ceux  àts  pouces 
étoient  plats  &  ceux  des  autres  doigts  étoient  plies  en  gouttière, 
fur-tout  dans  les  pieds  de  derrière. 


DU    Macaque,  195 

Le  poil  du  fommet  de  la  tête,  de  Ibccipul,  du  defïïis  &: 
à^s  côtes  du  cou ,  du  dos  Se  de  la  partie  Tupcrieure  des  côtes 
du  corps ,  (\ts  épaules ,  de  la  face  extérieure  du  bras ,  du  côté 
antérieur  de  l'avant -bras,  &  de  la  face  extérieure  de  la  cuilfe, 
étoit  de  couleur  mêlée  de  jaune- verdâtre  «Se  de  cendré ,  parce  que 
chaque  poil  étoit  de  couleur  cendrée-claire  fur  la  plus  grande 
partie  de  fa  longueur ,  depuis  Li  racine  ;  il  y  avoit  plus  haut 
fucceffivement  du  jaune- verdâtre  &  du  cendré  -  brun.  Les  côtés 
de  la  tête,  la  mâchoire  inférieure,  la  gorge,  le  detîous  du  cou,  \qs 
aiffelles,  la  poitrine,  le  ventre,  la  partie  inférieure  des  côtés  du 
corps,  les  aînés,  &:  la  face  antérieure  d^s  quatre  jambes  étoient 
de  couleur  jaunâtre  &  grifâtre  ;  les  fefies  ,  la  queue ,  la  face  ex- 
térieure de  la  jambe  (Se  le  pied  de  derrière  étoient  gris.  Il  y  avoit 
furie  milieu  du  fommet  de  la  tête,  entre  les  oreilles,  une  petite 
crête,  haute  de  Quatre  ou  cinq  lignes,  qui  étoit  formée  par  le 
poil,  &:  qui  s'étendoit  de  devant  en  arrière;  Çqs  plus  longs  poils 
avoient  deux  pouces  &:  demi  de  longueur. 

pieJs.  pouc.   ligiiM» 

Longueur  du  corps  entier ,  mefuré  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'anus i,      6.      è. 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à 
i'occiput.  .  .  é H 

Circonférence  du  bout  du  mufeau u 

Circonférence  du  mufeau  prife  au-deffous  des  yeux. . .  // 

Contour  de  l'ouveriure  de  la  bouclic u 

Diflance  entre  hs  nafeaux // 

Diflance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 

de  l'œil n       2..      u 

Diflance  entre  l'angle  poftérieur  &  l'oreille //       2.      4. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre //       /'       8. 

Ouverture  de  l'œil '/       n       4. 

Bb   ij 


4. 

10. 

5- 

3- 

7- 

6. 

4- 

8. 

// 

2. 

jç6         Description 

pieds,  pouc.  lignes. 
Diftance  entre  les  nngles  antérieurs  des  yeux  en  fuivant 

la  courbure  du  chanfrein "  "  i  o» 

La  même  dirtance  en  ligne  droite n  "  7* 

Circonférence  de   la  tête  pri(e  entre  les  yeux  &  les 

oreilles "  i  i«  o. 

Longueur  des  oreilles //  i  •  6, 

Largeurde  la  bafe,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure,  u  2.  4. 

Dillance  entre  les  deux  oreilles  prife  au  bas u  2.  i  i. 

Longueur  du  cou ► /'  i  •  ^. 

Circonférence if  8.  4. 

Circonférence  du  corps  prife  derrière  les  jambes  de 

devant I.  »  5. 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros i .  i .  10. 

Circonférence  devant  les  jambes  de  derrière //  9.  6. 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue i .  6.  h 

Circonférence  à  l'origine //  4.  10. 

Longueur  de  Tavant-bras   depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet //  5 .  6. 

Circonférence  du  poignet h  3.  6. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufcju'au  bout  des  ongles.  h  3.  8. 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  //  y  6. 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles.  .  .  //  5.  n 

Ce  macaque  pefôit  douze  livres  deux  onces.  Lepiploon  se- 
tendoh  jufqu'au  pubis ,  où  il  k  replioit  entre  les  inteftins  &  fe 
prolongeoit  un  peu  en  avant;  le  foie  étoit  placé  beaucoup  plus 
à  droite  qu'à  gauche;  i'eftomac  fe  trou  voit  pofé  un  peu  obli- 
quement dans  le  côté  gauche,  &  la  rate  étoit  dans  la  fituation 
ordinaire. 

Le  duodénum  fe  replioit  au  fortir  de  i'eftomac  avant  de  fè 
joindre  au  jéjunum,  dont  les  circonvolutions  ctoient  dans  la  région 


DU    Macaque.  397 

ombilicale  :  l'ileum  faifôit  les  Tiennes  dans  la  partie  poftérieure  de  fa 
même  région  &  dans  la  région  hypogaftriqiie  ;  le  cœcum  éloit 
placé  dans  le  côté  droit  &  (ê  prolongeoit  obliquement  à  gauche 
&:  en  arrière  ;  le  colon  s'étendoit  un  peu  en  avant  dans  le  côté 
droit ,  fe  replioit  en  dehors ,  fe  prolongeoit  en  arrière ,  paiïbit 
de  droite  à  guiche  dans  la  région  hypogaflrique ,  &  s'étendoit  en 
avant  dans  le  côté  gauche  jufqirà  l'eflomac ,  il  faifoit  quelques 
fïnuofités  fous  le  rein  gauche  ;  &  enfin  ,  il  fe  joignoit  au  redum. 

Le  duodénum  étoit  plus  gros  à  l'endroit  où  il  aboutiffoit  au 
jéjunum  que  dans  le  refle  de  fa  longueur.  Le  jéjunum  &  l'ileum 
avoient  à  peu  près  autant  de  diamètre  l'un  que  l'autre  ;  le  cœcum 
ctoit  court,  gros  &:  de  figure  conique  ;  le  colon  avoit  autant  de 
diamètre  que  le  cœcum  à  Ton  origine,  enfîiite  il  diminuoit  peu 
ù  peu  de  groiïêur  jufqu'au  redum  ;  les  membranes  de  l'efiomac 
&i  des  intefUns  étoient  très -minces.  Il  y  avoit  trois  bandes  ten- 
dineules  fur  le  cœcum ,   le  colon  &  le  redum. 

Le  grand  cul-de-fàc  de  l'eflomac  avoit  beaucoup  de  profondeur, 
&:  ce  viicère  étoit  un  peu  renflé  dans  le  milieu. 

Le  foie  étoit  compofe  de  trois  grands  lobes  Se  d'un  petit  :  le 
plus  grand  de  tous  fe  trouvoit  dans  le  milieu,  &  étoit  diviie 
en  deux  parties  inégales  par  une  fcitkire  peu  profonde ,  dans  la- 
quelle palToit  le  ligament  fufpenfoir  ;  la  véficule  du  fiel  tenoit  à  la 
portion  droite  de  ce  lobe,  qui  étoit  la  plus  groffe  ;  les  deux  autres 
grands  lobes  étoient  chacun  à  peu  près  de  la  même  groffetir ,  &: 
placés  l'un  à  droite  &  l'autre  à  gauche;  le  petit  lobe  tenoit  à  la 
racine  du  lobe  droit ,  &  il  y  avoit  un  appendice  fur  la  racine 
du  grand  lobe  moyen.  La  couleur  du  foie  étoit  d'un  rouge-foncé 
ail  dehors,  &  brun  au  dedans;  il  pe(oit  cinq  onces  fix  gros.  La 
véficule  du  fiel  avoit  la  forme  d'une  poire  fort  alongée,  elle 
contenoil  un  peu  de  liqueur  du  poids  de  iêpt  grains. 

B  b  ii; 


1^8  Description 

La  rate  étoit  large,  cpaiilê  &:  peu  alongée;  elle  avoit  dans 
toute  fon  étendue  à  peu  près  la  même  largeur ,  qui  étoit  de  dix 
lignes;  elle  avoit  la  même  couleur  que  le  foie;  elle  pefoit  un 
gros  quarante-deux  grains. 

Le  pancréas  éloit  un  peu  alongé ,  il  s'étendoit  depuis  le  duo- 
dénum jufqu'à  la  rate. 

L'enfoncement  des  reins  étoit  peu  profond  ;  le  baffinet  avoit 
peu  d'étendue;  tous  les  mamelons  étoient  réunis,  6c  toutes  les 
différentes  fubftances  paroiffoient  très-diflinctement  ;  la  furface 
étoit  mouchetée  de  points  gris  fur  un  fond  rouge-brun;  le  rein 
droit  étoit  plus  avancé  que  le  gauche  de  la  moitié  de  fi  longueur. 

Il  n'y  avoit  rien  de  fingulier  dans  le  diaphragme  ;  le  cœur 
étoit  placé  dans  le  milieu  de  la  poitrine,  la  pointe  dirigée  obli- 
quement en  arrière  &.  en  bas  ;  l'aorte  fe  divifoit  en  trois  branches. 

Le  poumon  droit  étoit  compofé  de  quatre  lobes,  dont  trois 
(ABC,  pi  xx/Zy)  étoient  rangés  de  files;  le  quatrième  (^Z)^ 
qui  étoit  le  plus  petit  de  tous ,  fe  trouvoit  placé  près  de  la  bafe 
du  cœur.  11  y  avoit  dans  le  poumon  gauche  trois  \ohts  (EFG) 
qui  étoient  rangés  de  file,  comme  les  trois  premiers  lobes  du 
poumon  droit,  &:  qui  leur  correfi:)ondoient  par  leur  figure  & 
leur  groffeur;  le  lobe  poflérieur  de  chaque  poumon  étoit  le  plus 
grand  de  tous;  le  lobe  antérieur  avoit  moins  d'étendue;  le  lobe 
moyen  étoit  le  plus  petit  des  trois,  &  paroiflbit  être  encore  plus 
petit  dans  le  poumon  gauche  que  dans  le  poumon  droit. 

La  langue  étoit  large ,  épaiiîè ,  par(êmée  de  grains  blancs  & 
couverte  de  petites  papilles  dirigées  en  arrière;  il  y  avoit  fur  la 
partie  poftérieure  quatre  glandes  à  calice ,  deux  en  avant  à  une 
aifez  grande  diftance  l'une  de  l'autre ,  &  deux  en  arrière  moins 
éloignées. 

Les  bords  de  l'épigloite  étoient  échancrés  dans  le  milieu ,  &i 


DU      MACAQUE.  jçç 

ceux  de  l'entrce  du  larynx  formoient  de  gros  tubercules  deux 
de  chaque  côté.  Il  y  avoit  fix  ou  fept  larges  filions  qui  traverfoient 
ie  palais;  leurs  bords  étoient  convexes  en  devant,  &  ceux  des 
derniers  filions  étoient  interrompus  dans  le  milieu.  Le  cerveau 
pefoit  une  once  fix  gros  &  demi ,  &  le  cervelet  deux  gros  & 
dix  grains ,  celui-ci  n'étoit  recouvert  qu'en  partie  par  le  cerveau. 

Le  fcrotum  ctoit  fort  ample,  cependant  il  ne  renfermoit  pas 
les  teflicules ,  ils  étoient  placés  au-devant  de  i  orifice  du  prépuce 
fous  la  peau ,  dans  laquelle  ils  formoient  une  forte  de  fcrotum 
( AB , pi.  XXIII J ,  ils  adhéroient  l'un  à  l'autre  &  aux  parties 
environnantes  ;  la  place  qu'ils  auroient  dû  occuper  dans  le  vrai 
fcrotum  étoit  en  partie  vide  &  en  partie  remplie  de  graifîe. 

Le  gland  de  la  verge  étoit  terminé  par  un  tubercule  (C) 
en  forme  de  champignon,  comme  dans  \qs  autres  animaux  de 
ce  genre;  il  s'ed  trouvé  deux  corps  caverneux  dans  la  verge.  La 
vetfie  (D  )  avoit  la  forme  d'un  œuf;  les  teflicules  (EE)  étoient 
très-gros ,  de  figure  ovoïde  &:  de  couleur  blanchâtre  au  dehors , 
&  jaunâtre  au  dedans;  le  tubercule  de  l'épididyme  (FF)  étoit 
petit;  les  canaux  dcïc\tns  (  G  G  )  avoient  peu  de  longueur,  ils 
étoient  plus  gros  près  des  véficules  féminales  que  dans  le  refîe 
de  leur  étendue ,  ils  entroient  dans  les  véficules  féminales  /  H  H) 
qui  étoient  très -grandes  &  collées  contre  le  redum  (JJ;  elles 
avoient  une  figure  prifinatique  &  elles  étoient  terminées  en  pointe 
&  compofces  de  vaifîêaux  qui  avoient  jufqu'à  une  ligne  &:  deinie 
de  diumètre  :  au  contraire  les  proflates  étoient  très-petites ,  fort 
compaéles  &  de  figure  ovoïde ,  elles  communiquoient  dans  l'urètre 
par  un  petit  tuyau  qui  avoit  environ  trois  lignes  de  longueur. 

pieds,  pouc,  fignef. 
Longueur  des  inteflins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'au 

cœc"m 7.      //       /, 


200         Description 

pieds,  pouc.  ligne*. 

Circoiiférence  du  duodénum "  ^'  9" 

Circonférence  du  jéjunum ^  ^'  " 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus 

gros "  ^'  4- 

Circonférence  de  l'ileum  dans   les  endroits  les  plus 

minces "  ^'  " 

Longueur  du  cœcum »  ^'  4" 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus   gros.  //  7.  4. 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  mince. .  /'  1.  6. 
Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus 

gros "  7*  4* 

Circonférence    du  colon  dans   les  endroits  les  plus 

minces "  ^'  9^ 

Circonférence  du  rcdum  près  du  colon //  2.  p. 

Circonférence  duredum  près  de  l'anus n  3.  2. 

Longueur  du  colon  &du  redum  pris  enfcmble.  ...  3.  3.  " 
Longueur  du  canal  inteflinal  en  entier  ,  non  compris 

le  cœcum 10.  3 .  n 

Grande  circonférence  de  l'eflomac i.  2.  h 

Petite  circonférence •  •  •  "  10.  0. 

Longueur  de  la  petite  courbure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  l'œfophage //  2.  u 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac u  z.  2. 

Circonférence  de  l'œfophage //  i.  » 

Circonférence  du   pylore u  i.  6. 

Longueur  du  foie /'  3.  9. 

Largeur n  J«  ^ 

Sa  plus  grande  épaifleur //  //  10. 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel u  i .  4. 

Sojn  plus  grand  diamètre »...  » u  u  7. 

Longueur 


DU    Macaque.  201 

pieds,  pouc.  lignes. 

Longueur  de  la  rate „  ^  ,, 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure u  u  8. 

Largeur  de  l'extrémité  fupérieure g  „  y^ 

Epaifieur  dans   le  milieu y  „  .  ^ 

Epaifleur    diî   pancréas „  „  2.-. 

Longueur  des  reins „  i,  o. 

L^''^^"'- //  I.  I. 

ÉP'-^iireur „  ^  ^^ 

Longueur  du  centre  nerveux  ,  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe /,  i .  4. 

^'^'■geur ,,  ^,  ,, 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur m  4.  6. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  la  naifllmce  de  l'ar- 
tère pulmonaire u  i.  8. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au   fie  pulmonaire.  u  1.4. 

Diamètre  de  l'aorte  ,  pris  de  dehors  en  dehors ...  h  ,1  3 . 

Longueur  de  la  langue /,  2..  2. 

Longueur  de  la   partie  antérieure  ,    depuis  le    fifct 

jufqu'à  l'extrémité „  j  ^ 

Largeur  de  la  langue „  „  ,0. 

Longueur  du  cerveau ,/  2.  2. 

Largeur ^,  ,^  ,^ 

Épailfeur „  , .  ,  ^ 

Longueur  du  cervelet u  „  g  l^ 

■Largeur „  j,  ,  .^ 

Epai^eur „  „  p^ 

Longueur    du   gland n  u  i  ©  i. 

Circonférence 


Circonférence  du   champignon //       i .      a 


Tome  XIV.  C 


c 


202         Description 

pieds,   pouc.  ligne?; 
Longueur  de  la  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  juf([u  a  i'iiifcrtion  du  prépuce "        ^-      " 

^.  c  Il  tl         Q. 

Circonrerence ^ 

Longueur  des  teflicules "        ^  '      '' 

Largeur  

■.'^      -rr  Il        H      10. 

tpaiileur 

'  I 

Largeur  de  1  cpididynic "        "        ^  ï* 

■J^       -n-  Il  II  \. 

Epaiileur 

Longueur  des   canaux  dcfc'rens "  5-  9' 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue.  /♦  "  "  I' 

Grande  circonférence  de  la   veflie "  9'  " 

Petite  circonférence "  7* 

Circonférence  de  l'urètre "  "  9- 

Longueur  des  véficules  féminales "  -•  4- 

T Il        n       9- 

Ltrgeur -^ 

Épaifleur "       "       5- 


Longueur    des  proflates, 


H       u      4:' 

Il  tl  2. 

H  H  2.. 


Largeur •  • 

Épaiiïeur 

Le  fquelette  du  macaque  (pi.  xxiv)  e(l  remarquabie  entre 
ceux  des  autres  animaux  de  ce  genre,  par  la  grolTeur  &  ia  faillie 
à^  bords  fupérieurs  des  orbites,  qui  sclèyent  jufqu'à  huit  lignes 
au-de(îus  de  la  partie  poflcrieure  de  i'os  frontal  ;  le  bourrelet  qu'ils 
forment  s'étend  d'une  orbite  à  l'autre,  mais  il  n'efl  pas  auffi  fiillant 
au-detius  du  nez  qu'au-deffus  ^ts  orbites;  l'apophyfe  orbitaire  de 
l'os  frontal  &  celle  de  l'os  de  la  pometle,  font  très -grandes  & 
donnent  autant  de  groiïèur  &:  de  faillie  à  la  partie  externe  du 
bord  des  orbites  qu'il  en  a  dans  fa  partie  fupcrieure  :  il  y  a  deux 
«raires  arêtes  ollèufês  fur  l'occiput,  l'une  iranfverfale  &   l'autre 


DU      M  A   C   A    Q   U    II.  203 

longitudinale;  la  preinicreeft  la  plus  foile.  Le  macaque  furpa^fcle 
magot ,  le  mandrill  &  le  papion ,  par  le  volume  des  bords  de 
its  orbites  ;  l'ouverture  à^s  narines  efl  à  proportion  plus  cloianée 
des  orbites  que  dans  le  magot ,  &:  le  mufeau  efl  plus  long  ;  [qs 
angles  de  la  mâchoire  font  plus  recourbes. 

Les  dents  refTemblent  à  celles  du  mandrill  &  du  papion ,  par 
le  nombre,  la  forme  &  la  fituation. 

Les  trous  ovalaires  étoient  plus  arrondis,  &  ils  avoient  moins 
d'étendue  que  ceux  du  magot  :  il  y  avoit  vingt-deux  fiuffes  ver- 
tèbres dans  la  queue;  i'os  du  rayon  étoit  beaucoup  plus  courbe  & 
plus  éloigné  de  l'os  du  coude  que  dans  le  fquelette  du  magot. 

Il  n'y  avoit  que  dix  os  dans  le  cai-pe  du  fquelette  du  macaque, 
fur  lequel  cette  delcription  a  été  faite  ;  je  n'y  ai  pas  vu  le  premier 
os  iurnuméraire,  dont  j'ai  fait  mention  dans  la  defcription  du 
fquelette  du  gibbon.  Le  tarfê  étoit  compofé  de  huit  os ,  comme 
dans  ce  finge. 

Le  premier  os  du  méîatarfe  eft  à  proportion  plus  long  &  pkis 
gros  que  dans  le  magot ,  &  par  conféquent  le  pouce  a  plus  de 
longueur,  relativement  à  celle  d^s  doigts  ;  au  refle  les  os  du  ma- 
caque m'ont  paru  ne  différer  de  ceux  du  magot,  que  par  des 
proportions  que  l'on  ne  peut  reconnoître,  qu'en  comparant  la  table 
fuivante ,  avec  celle  des  dimenfions  des  os  du  magot. 

pieds,  polie,  ligne*; 
Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  des  mâchoires 

jufqu'à  l'occiput //       4.      4. 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête //       3.      it 

Longueur  de  la  mâchoire  du  deffous,  depuis  Ion 
extrémité  antérieure  jufqu'au  bord  poriérieur  de 
l'apophyfe  condyloïde //       3.     2. 

Epaifleur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâ- 
choire du  defllis Il       II      4' 

C  c  ij 


204         Description 

pieds,  polie,  ligne?; 
Largeur  de  la  mâchoire  tludenusà  l'endroit  des  dents 

canines ' 

Diftance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  //        n       7- 

Longueur  de  cette  ouverture "       "       7* 

Largeur "        "        5* 

Longueur  des  os  propres  du  nez /'       n       9' 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large "       "       3  i* 

Largeur  des  orbites "       "     ^  ^  î* 

Hauteur "       "        ^  î* 

Longueur  des  dents  canines "        "       5?- 

Largeur  du  baflln "        '  •       7- 

o 

Hauteur "       ^-      ^' 

Lonoueur  de  la  plus  longue  fiiufie  vertèbre  de  la 

queue "        ^  •      '  * 

Longueur  de  l'omoplate "       3  •      " 

Longueur  de  l'humérus "       4-      4* 

Longueur  de  l'os  du  coude "        5-      " 

Longueur  de  l'os  du  rayon n       4*      5* 

Lono^ueur  du  fémur "        5*      3* 

o 

Longueur  du  tibia "       4-    ^  <^' 

Longueur  du  péroné "       4«      5* 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe,   qui  eft  le 

plus  court ^       >/       8  j^ 

Longueur  du  iroifième  os  du  métacarpe ,   qui  eft:   le 

plus  long M        I  •       I  ^. 

Longueur  du  premier  os  du  métatarfe ,    qui  eft   le 

plus  court //        I .      /^  |. 

Longueur  du  troifième  ,  qui  eft  le  plus  long //       i .      j. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant m       b       5. 


DU    Macaque, 

pieJi.  pouc. 

Longueur  de  la  féconde „ 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifièiiie  doigt.  //  // 

Longueur  de  la  féconde u  h 

Longueur  de  la   troifième „  „ 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière „ 

Longueur  de  la  féconde „  ^ 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  // 

Longueur  de  la  féconde y,  ^ 

Longueur  de  la  troifième ^  ^ 


20J 

lignes, 

3- 

10. 

6. 

4- 

6, 

4- 

ici. 
8. 


•"^  # ■ * 

V  C  iij 


2o6  Description 


LUIIJMU  J  II  m  I      ■■limill  H    !■!  !■■  IWTll 


DESCRIPTION 

DE     L'A  IG  RETT  E. 

Cet  animal  (planche xxj)  nous  a  été  donné  fous  le  nom  Je 
Miicû^ue  coniii ,  pour  une  efpèce  dilTérente  de  celle  du  macaque 
iimplement  dit  :  mais  quoiqu'il  eût  le  corps  d'un  tiers  moins  long 
que  celui  du  macaque,  je  penfe  qu'il  y  a  lieu  de  foupçonner  que 
ces  àQwx  animaux  font  de  même  efpèce.  La  prétendue  corne  de 
celui  dont  il  s'agit  ici ,  n'efl  qu'un  toupet  c^e  poil,  qui  fe  trouve 
fLir  le  front  eu  forme  d'aigrette,  &:  qui  a  déterminé  M.  de  Buffon, 
il  donner  à  l'animal  le  nom  à^ Aigrette.  La  longueur  du  poil  de 
celle  partie  6c  de  toute  autre  peut  varier  dans  diftérens  individus, 
Se  ce  caraélère  eft  d'autant  plus  incertain  dans  le  cas  préfent, 
qu'il  y  a  auffi  fur  la  tête  du  macaque  wn  toupet  de  poil ,  qui 
forme  une  forte  de  crête  le  long  du  fommet  entre  les  deux 
oreilles.  Les  couleurs  du  poil  étoient  les  mêmes  fur  ces  deux 
animaux,  excepté  que  l'aigrette  avoit  au  poil  du  front  une  cou- 
leur noire  qui  ne  paroiffoit  pas  fur  le  macaque.  Les  proportions 
du  corps  étoient  auifi  à  peu  près  les  mêmes  dans  l'un  &:  dans 
l'autre ,  ils  étoient  courts  &  gros  en  comparaifon  de  la  plupart 
àcs  autres  animaux  de  ce  genre  ;  mais  l'aigrette  n'avoit  qu'un  pied 
de  longueur ,  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la 
queue ,  qui  étoit  longue  de  quinze  pouces  ;  tandis  que  fur  le 
macaque ,  dont  j'ai  fait  la  defcription  ,  la  première  de  ces  di- 
nienfions  avoit  fix  pouces  de  plus,  &  la  féconde  trois  :  mais 
il  faut  remarquer  que  la  queue  du  macaque  n'étoit  pas  entière, 
&  que  l'on  n'a  pas  fu  l'âge  de  ces  deux  animaux;  fi  l'aigrette 


loin.  \ll 


Tl.\X.l\rn.icl^. 


l'-\\n-  M 


MACAQUK 


/^...•.v.v.v^., 


Jrm^ 


xjr 


/'/    .V.V/    J\n; 


J.  AIGlll/i 'IK 


1- 1    T.. 


ù'in    XII . 


PI    XXII    /',{..      -.^r 


'-/a tr>c'''-Ç '-"J  m  Jcl 


'^rinJ.J. 


L'iu    .Kn^. 


!'l   Kxi/r   i\u,  .v^.. 


T.-ri  ■  xir 


r/.xxir.R,.. 


2,>,' 


^;ii::^— •  ^-""-'^^î^, 


o»i;>-wV?-„lJp,*)l^  ''■ 


./'<•  .-'V,,,  y../. 


i'/icvi/ict  <.cut/'.- 


DE      l'A  I  G  R  ET  T  E,  loy 

n'avoit  pas  encore  pris  tout  (on  accroiirement,  ildevoit  en  effet 
être  plus  petit  que  le  macaque.  Les  diffcrences  de  la  longueur 
&.  de  la  couleur  du  poil  du  front,  pourroient  bien  venir  auffi 
de  la  différence  de  l'âge. 


•36"    'S^ 


•>s>.  «s> 


ML^IL«5hL1M[JSM_ 


i  i 


■ni* 

mm    %---^rr'    ii 

~  H  M  )i(  )«^^  )»(  )ï-^f  )1^  )-:?(l(  )s-^  )»(  )i^  );;■<  M 


^ 


3?L    i* 


2o8      Histoire  Natu relle 


L 


LE     P  A  T  A  S 


E  Patas  efl  encore  du  même  pays  &  à  peu  près 

de  la  même  grofTcur  que  le  Macaque  ;  mais  il  en  diffère, 

en  ce  qu'il  a  le  corps  plus  alongé  ,  la  face  moins  hi- 

deufe  6v  le  poil  plus  beau  ;  il   cft  même  remarquable 

par  la  couleur  brillante  de  fa  robe,   qui   eil   à\\n  roux 

fi  vif  qu'elle   paroît  avoir  été  peinte  ;  nous  avons  vu 

deux  de  ces  animaux  qui  font  variété  dans  l'efpèce, 

le  premier  f pl.xxvj  porte  un  bandeau  de  poils  noirs 

au-dcffus  des  yeux,  qui  s'étend  d'une  oreille  à  l'autre; 

le  fécond  f  pi.  xxvi  )  ne  diffère  du  premier  que  par  lu 

couleur  de  ce  bandeau  qui  eft  blanc,  tous  deux  ont  du 

poil  long  au-deffous  du  menton  6i  autour  des  joues , 

ce  qui  leur  fait  une  belle  barbe  ;  mais  le  premier  l'a 

jaune ,  Sl  le  fécond  l'a  blanche  :  cette  variété  paroît  en 

indiquer  d'autres  dans  la  couleur  du  poil ,   Si  je  fuis 

fort  porté  à  croire  que  l'efpèce  de  guenon  couleur  de 

chat  iauvage  dont  parle  Marmol  '^  ,   &  qu'il  dit  venir 

du 

*  Nom  de  cette  efpèce  de  Guenon  ou  Singe  à  longue  queue  dans 
ion  pays  natal  au  Sc'négal ,  &  que  nous  avons  adopté ,  on  l'appelle 
vulgairement  le  Singe  rouge  du  Sénégal. 

En  arrivant  à  Tabao ,    Brue  trouva  une  nouvelle  efpèce  de  fînge 
d'un  rouge  fi  vif  qu'on  l'auroit  pris  pour  une  peinture  de  l'art.  .  .  , 
Les  Nègres  les  nomment   Patas.  Relation  de  Brue.  Hijloire  générale 
des  voyages  ,  tome  11 ,  page  j 2  o. 

*  J-es  finges  de  couleur  de  chat  (auvage  avec  la  queue  longue  &  fe 

mufeau 


ce 


ce 


ce 


D  U      P  A   T  A   S.  209 

du  pays  des  Nègres,  font  des  variétés  de  l'efpèce  du 
patas.  Ces  guenons  font  moins  adroites  que  les  autres, 
«Scen'ménie  temps  elles  font  extrêmement  curieufes  ; 
-  je  les  ai  vues  (ditBrue  *  )  defcendre  du  haut  des  arbres 
jufqu'à  l'extrémité  des  branches  pour  admirer  les  bar- 
ques à  leur  pafTage;  elles  les  confidéroient  quelque 
temps  Se  paroifTant  s'entretenir  de  ce  qu'elles  avoient 
vu  ,  elles  abandonnoient  la  place  à  celles  qui  arrivoient  « 
après  ;  quelques  -  unes  devinrent  familières  jufqu'à  jeter  « 
des  branches  aux  François,  qui  leur  répondirent  à  coup  <c 
de  fufds  ;  il  en  tomba  quelques-unes  ,  d'autres  dcmcu-  ce 
rèrent  blefTées  ,  S.  tout  le.refte  tomba  dans  une  étrange  ce 
confternation  ;  une  partie  fe  mit  à  pouffer  des  cris  ce 
affreux  ,  une  autre  à  ramaffer  des  pierres  pour  les  jeter  ce 
à  leurs  ennemis;  quelques-unes  fe  vidèrent  le  ventre  ce 
dans  leur  main  <Sc  s'efforcèrent  d'envoyer  ce  préfcnt  ce 
aux  fpedateurs  ,  mais  s'apercevant  à  la  fin  que  le  « 
combat  étoit  du  moins  égal,  elles  prirent  le  parti  defe  « 
retirer.  » 

Il  efl  à  préfumer  que  c'efl  de  cette  même  efpèce  de 
guenon  dont  parle  le  Maire  :  «  on  ne  fauroit  exprimer, 
dit  ce  Voyageur ,   le  dégât  que   les  fmges  font  dans  ce 
les  terres  du  Sénégal,  lorfque  le  mil  6c  les  grains  dont  ce 
ils  fe  nourriffent ,  font  en  maturité  ;    ils  s'aifcmblcnt  ce 

nnifèau  blanc  ou  noir  qui  s'appellent  conimuncment  en  Efjingne, 
Galos-paulés,  viennent  du  pays  des  Nègres.  L'Afrique  de  A'Iarmol , 
tome  1 ,  page  j-  7. 

*  Relation  de  Bruc  Htfloîre  gcn.  àes  Voyages,  tome  II ,  page  x  21, 
Tome  XIV,  \^i.\ 


}> 


5Î 


2IO         Histoire  Naturelle 

quarante  ou  cinquante;  l'un  d'eux  demeure  en  fentinellô 
fur  un  arbre  ,  écoute  <Sc  regarde  de  tous  côtés  pendant 
»  que  les  autres  font  la  récolte  ;  dès  qu'il  aperçoit  quel- 
>>  qu'un  ,  il  crie  comme  un  enragé  pour  avertir  les  autres, 
»  qui ,  au  fignal ,  s'enfuient  avec  leur  proie  ,  fautant  d'un 
>.  arbre  à  l'autre  avec  une  prodigieufe  agilité  :  les  femelles 
qui  portent  leurs  petits  contre  leur  ventre  ,  s'enfuient 
»  comme  les  autres,  <Sc  fautent  comme  fi  elles  n'avoient 


î> 


rien  \  " 


Au  refte  ,  quoiqu'il  y  ait  dans  toutes  les  terres  de 
l'Afrique  un  très-grand  nombre  d'cfpèces  de  fmges ,  de 
babouins  6l  de  guenons,  dont  quelques-unes  paroifient 
aiïcz  femblables  ,  les  Voyageurs  '^  ont  cependant  re^ 
marqué  qu'elles  ne  fe  mclent  jamais,  &  que  pour  l'ordi- 
naire cbaque  efpèce  liabite  un  quartier  différent. 

Caradères  dijîinâifs  de  cette  efpèce. 

Le  patas  a  des  abajoues  Si  des  callofités  fur  les  feffes , 
fa  queue  c(l  moins  longue  que  la  tcte  <Sc  le  corps  pris 
enfemble  ;  il  a  le  fommet  de  la  tcte  plat ,  le  mufeau  long , 
le  corps  alongé  ,  les  jambes  longues  ;  il  a  du  poil  noir 
fur  le  nez  <Sc  un  bandeau  étroit  de  même  couleur  au- 
deiïlis  des  yeux  ,  qui  s'étend  d'une  oreille  à  l'autre  ;  le 

*  Voyages  de  le  Maire ,  pages  i  o  ^  ù'  i  04. 

^  On  s'eiigngeroit  dans  un  dttail  infini  fi  l'on  vouloit  décrire  toutes 
les  efpèces  de  finges  qui  fe  trouvent  depuis  Arquin  jufqu  a  Sierra- 
Leona;  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable,  c'eft  qu'elles  ne  (e  mêlent 
point  &  qu'on  n'en  voit  jamais  de  deux  fortes  dans  le  même  quartier. 
Hijioire  générale  des  voyages  ,  tome  II ,  page  221. 


DU      P  A   T  A   S,  211 

poil  de  toutes  les  parties  fiipérieiires  du  corps  efl  d'un 
roux  prefque  rouge ,  <Sc  celui  des  parties  de  defTous  , 
telles  que  la  gorge,  la  poitrine  <Sc  le  ventre  ,  efl  d'un 
gris  jaunâtre.  Il  y  a  variété  dans  cette  efpècc  pour  la 
couleur  du  bandeau  qui  efl  au-defliis  des  yeux ,  les  uns 
l'ont  noir  Sl  les  autres  blanc.  Ils  n'agitent  pas  leur  mâ- 
choire, comme  le  font  les  autres  guenons  lorfqu'elles 
font  en  colère  ;  ils  marchent  à  quatre  pieds  plus  fouvent 
qu'à  deux ,  Se  ils  ont  environ  un  pied  S:  demi  ou  deux 
pieds,  depuis  le  bout  du  mufcau  jufqu'à  l'origine  delà 
queue.  Il  paroît,  par  le  témoignage  des  Voyageurs,  qu'il 
y  en  a  de  plus  grands.  Les  femelles  font  fujettes,  comme 
les  femmes ,  à  un  écoulement  périodique. 


Dd  ij 


212  Description 


DESCRIPTION 

DU    PAT  AS  À    BANDEAU    NOIR, 

Le  mufeau  du  Païas  ( pJ.  xxv )  efl  long,  &:  Tes  yeux  font 
enfonces  ;  ii  a  le  delFus  l^s  orbites  Se  la  partie  fupcrieure  du 
nez  fort  faiilans,  la  tête  un  peu  alongce  &  un  peu  aplatie  par  le 
fômmet.  Les  oreilles  font  minces,  elles  n'ont  point  de  rebord, 
&  elles  (ont  en  partie  garnies  de  poils  afîèz  loJigs.  Le  corps  efl 
effilé;  les  jambes  font  longues  Se  toutes  à  peu  près  de  la  même 
longueur;  la  queue  efl  groffe  &  longue,  quoiqu'elle  ne  fût  pas 
entière  dans  le  patas  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcriplion. 
La  face  de  cet  animal  étoit  de  couleur  de  chair;  il  avoit  la  plante 
dits  pieds  de  couleur  brune,  &:  les  ongles  noirs;  ceux  des  pouces 
ctoient  plats,  Se  les  autres  ctoient  plies  en  gouttière;  il  y  avoit 
fiir  la  partie  poflérieure  dts  os  ilchions  deux  callofitès  afîèz  larges, 
entre  lefquelles  fe  trouvoit  la  vulve  :   car  c'ttoit  une  femelle. 

Le  nez  ètoit  revêtu  d'un  poil  court  8c  noir  ;  une  bande  de 
la  même  couleur  s'ctendoit  d'une  oreille  à  l'autre  en  palîânt  fur 
la  partie  fupcrieure  des  orbites  des  yeux  ;  de  forte  que  les  fourcils 
éioient  noirs.  Cette  bande  a  fait  donner  au  finge,  dont  il  s'agit,  le 
nom  de  Paiûs  à  handeaii  noir.  Les  fourcils  ctoient  compofes  de 
poils  longs ,  Se  il  fe  trouvoit  quelques  autres  poils  longs  &  noirs 
au-delTus  de  la  lèvre  fupérieure  à  côté  des  narines  ;  le  deffus  du 
front,  le  fommet  de  la  tête,  l'occiput,  la  face  fupe'rieure  du  cou, 
le  dos ,  les  côtc's  du  corps ,  la  croupe ,  la  face  fupérieure  de  l'ori- 
gine de  la  queue  &  la  face  extérieure  des  aiifîès,  étoient  de  couleur 
roulTe-foncée,  avec  quelque  mélange  de  noir  &  de  gris,  parce 
qu'il  y  avoit  beaucoup  de  poils,  dont  l'extrémité  étoit  noire,  & 


du   P  A  T  A  s  a  bandeau  noir,  2 1 2 

qu'il  fe  troLivoit  du  gris  au-defTous  de  ce  noir.  L'epauIe,  la  face 
extérieure  du  bras ,  de  l'avant-bras  &  de  la  jambe  ;  la  face  fupc- 
rieure  de  la  queue  &:  dts  pieds ,  avoieiit  une  couleur  rouflè , 
pâle  &  mêlée  de  gris;  les  joues,  le  bout  du  mufcau,  la  gorge.' 
ledefTous  &  les  côtés  du  cou;  \ts  ailîdles,  la  face  iiuérieure  dj 
bras  &  de  l'avant-bras;  la  poitrine,  le  ventre,  les  aines,  la  face 
intérieure  de  la  cuilîè  &  de  la  jambe ,  &  la  face  inférieure  de 
la  queue  étoient  de  couleur  grife ,  mêlée  de  jaune  5c  de  cendré 
fur  plufieurs  de  ces  parties  ;  le  poil  étoit  rude,  le  plus  longavoit 
jufqua  trois  pouces  &  fe  trou  voit  fur  l'occiput,  fur  le  detfus  & 
les  côtés  du  cou,  &  fur  la  partie  antérieure  du  dos  <Sc  des  côtés 
du  corps. 

Longueur  du  corps  entier ,  niefuré  en  ligne  droite, 
depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'anus 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu  a 
l'occiput 

Circonférence  du  bout  du  mufeau 

Circonférence  du  mufeau  prife  au-deffous  des  yeux. . 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche 

Diftnnce  entre  les  deux  nafeaux 

Diflance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 
de  l'œil 

Diftance  entre  l'angle  poftérieur  &  l'oreille 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre 

Ouverture  de  l'œil 

Diflance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux 

La  même  diftance  en  ligne  droite ^ 

Circonférence  de  la  tête  entre  les  yeux  &  les  oreilles. 

Longueur  des  oreilles , 

Largeur  de  la  bafe ,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure. 

D  d  1// 


pieds. 

pouc. 

lignes. 

I. 

6. 

Il 

H 

3- 

10. 

II 

3- 

6. 

II 

î- 

u 

II 

3- 

u 

II 

// 

2, 

II 

1. 

6. 

II 

z. 

2. 

II 

Il 

;• 

II 

II 

4. 

II 

II 

y 

i 

II 

3' 

// 

9- 

6. 

II 

1. 

2.. 

II 

2. 

4. 

214  Description 

plcdi.  pouc.  lignes. 

Diftance  entre  les  deux  oreilles  prife  dans  le  bas....       u       2.    i  o. 

Longueur  du  cou 

Circonférence  du  cou " 

Circonférence  du  corps,  prife  derrière  les  jambes  de 

devant  

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros >/     1  i  •      ^. 

La  même  circonférence  devant  les  jambes  de  derrière,      /f       9-      » 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue i-      2..      // 

Circonférence  à  l'origine "       3  •      " 

Longueur  de  l'avant-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

°       „,  Il         j.        u 

poignet ' 

Circonférence  du  poignet "  3*  " 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  u  3  •  ■^' 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  *  7.  # 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles .  .  //  4.  4» 

Cet  animal  pefoit  huit  livres  &:  demie  ;  i  epiploon  s  etendoit 
jufqu'aLi  pubis;  j'ai  trouve  dans  la  partie  poftérieure  de  i'épiploon  un 
petit  prolongement  membraneux ,  auquel  tenoit  un  ver  (pl.xxvîl, 
fg.  I  )  redemblant  à  une  petite  corne  d'ammon:  il  étoit  compofé 
de  pluiieurs  anneaux ,  il  décrivoit  un  tour  &  demi  de  fpirale  ; 
dans  celte  altitude ,  le  groupe  qu'il  formoit  avoit  trois  lignes  de 
diamètre  &  une  ligne  d'épaiffeur.  La  peau  de  ce  ver  paroi(îbit 
être  un  peu  cartilagineufe ,  elle  renfermoit  une  fubflance  molle  & 
prefque  liquide. 

Après  avoir  enlevé  1  epiploon ,  j'ai  vu  le  cœcum  dans  le  côté 
droit  dirigé  de  devant  en  arrière;  le  colon  s'étendoit  dans  le 
milieu  de  l'abdomen  auffi  de  devant  en  arrière ,  il  fe  replioit  dans 
ia  région  hypogaftrique  &  k  prolongeoit  en  avant  dan*  le  côté 
gauche ,  prefcjue  jufqu'à  l'endroit  du  cartilage  xyphoïde ,  où  il  fe 


du  P  AT  A  S  Cl  bandeau  noir,  215 

recourboit  en  haut  <Sc  en  arrière  avant  de  fè  joindre  au  redum  : 
on  voyoit  dans  le  côté  droit,  entre  le  cœcum  8:  le  colon  un  pe- 
loton de  circonvolutions  desinteflins  grêles;  l'eflomac  etoit  placé 
en  entier  dans  le  côté  gauche  ;  le  duodénum  avoit  très-peu  de 
longueur  &  ne  formoit,  pour  ainll  dire,  qu'une  courbure  fort 
courte,  depuis  le  pylore  jufqu'au  jéjunum;  \ts  circonvolutions  de 
cet  inteflin  &:  celles  de  l'ileum  ctoient  toutes  dans  le  côté  droit, 
entre  le  cœcum  &  le  colon  ,  comme  ii  a  déjà  été  dit. 

Leftomac  étoit  petit  &:  oblong;  le  gra-.xl  cul-de-fâc  avok 
beaucoup  de  profondeifr ,  »8c  la  partie  droite  étoit  afîèz  courte  ; 
ie  duodénum  avoit  beaucoup  plus  de  diamètre  que  le  jéjunum 
&:  l'ileum  ;  le  cœcum  (AB,  pi.  xxvii  ,fg.  2)  étoit  court  5c 
de  figure  conique  ;  le  colon  (C )  étoit  auiïi  gros  que  le  cœcum 
près  de  cet  inteftin ,  mais  il  diminuoit  peu  à  peu  de  grofîèur 
juftju'au  recT:um;  il  y  avoit  trois  bandes  tendineulês  fur  le  colon; 
ies  membranes  de  i'eftomac  &  Ats  inteftins  étoient  fort  minces. 

Le  foie  étoit  beaucoup  p'us  étendu  à  droite  qu'à  gauche ,  il 
avoit  trois  grands  lobes  &  un  petit ,  le  plus  grand  de  tous  étoit 
dans  le  milieu  &  divile  en  deux  portions  inégales  par  une  fciffure 
peu  profonde,  où  fe  trou  voit  le  ligament  fulpenfoir;  la  portion 
la  plus  grofle  étoit  à  droite  &  renfermoit  la  véfrcule  du  fiel  qui 
y  étoit  incrufiée  ;  il  y  avoit  un  grand  lobe  à  gauche  en  entier  ; 
le  troilième  des  grands  lobes  étoit  à  droite  &:  le  petit  lobe  tenoit 
à  fa  ncine.  Le  foie  avoit  une  couleur  un  peu  plus  pâle  au  dedans 
qu'au  dehors  ,  il  pefoit  cinq  onces  deux  gros  &  demi  ;  la  véficule 
du  fiel  avoit  une  figure  prefque  cylindrique,  elle  contenoit  une 
liqueur  de  couleur  jaunâtre- foncée,  du  poids  de  dix-fèpt  grains. 

La  rate  (pi  xxvil  >  fg-  S  )  ^^^^^  ^^^"^  ^^  ^^^^  gauche ,  placée 
comme  à  l'ordinaire ,  elle  avoit  beaucoup  d'épaifîèur  &  peu  de 
longueur;  l'extrémité  inférieure   (A)   étoit  plus  large  &  plus 


2l6  D  E  s  C  R  I   P  T  I  O  N 

groflè  que  l'extrémité  fupérieLire  (B)  ;  ce  vifcère  avoit  trois  faces 
ôc  une  couleur  rougeâtre  au  dehors  &  i>oirâtre  au  dedans  :  on 
voyoit  fur  fa  furface  plufieurs  tubercules  d'un  rouge  aiïèz  vif,  il 
pefoit  trois  gros  6c  quarante-huit  grains. 

Le  pancréas  étoit  peu  étendu ,  mais  fort  épais. 

Le  rein  droit  étoit  un  peu  plus  avancé  que  le  gauche,  ils 
avoient  l'enfoncement  peu  profond ,  le  baflinet  peu  étendu  Se 
les  mamelons  confondus  enfèmble  :  on  voyoit  diftindement  les 
rayons,  qui  s'étendoient  depuis  le  centre  jufqu'à  la  circonférence. 

Le  centre  nerveux  &  la  partie  charnue  du  diaphragme  éloient 
fort  minces.  Le  cœur  iè  trouvoit  placé  dans  le  milieu  de  la  poi- 
trine, la  pointe  dirigée  en  arrière  fans  étie  inclinée  à  gauche,  il 
étoit  court  &  prefque  rond  ,  il  n'y  avoit  qu'une  petite  branche 
à  côté  de  l'aorte  afcendante.  Les  poumons  étoient  très -viciés  & 
pleins  de  gros  tubercules  :  on  diflinguoit  deux  lobes  dans  le 
poumon  gauche  ;  le  poumon  droit  étoit  d'une  feule  pièce ,  mais 
on  y  diflinguoit  quatre  lobes  par  des  joints ,  dont  les  parois  (èm- 
bloient  avoir  été  collées  les  unes  aux  autres ,  de  façon  que  l'on 
déchiroit  plutôt  les  lobes  que  de  féparer  \ts  parois  de  leurs  joints; 
ces  quatre  lobes  auroient  été  femblables  à  ceux  de  la  plupart  des 
autres  quadrupèdes  s'ils  avoient  été  fâins  :  car  il  y  en  avoit  trois, 
rangés  de  file  &:  le  quatrième  qui  étoit  le  plus  petit  de  tous 
fe  trouvoit  près  de  la  bafè  du  cœur. 

La  langue  étoit  épai^fe,  arrondie  par  le  bout,  couverte  de 
papilles  très-petites  &:  parfemées  de  grains  ronds  ;  il  y  avoit  fur 
la  partie  poflérieure  trois  gi'olîès  glandes  à  calice ,  une  en  arrière 
&  deux  en  avant,  elles  formoient  un  triangle  par  leur  pofition; 
il  stn  trouvoit  deux  autres  plus  petites,  placées  chacune  entre  la 
groffe  glande  antérieure  &  la  poftérieure  de  chaque  côté. 

L'épiglotte  étoit  échancrée  à  fon  extrémité;  les  bords  de  l'entrée 

du 


du  P  AT  A  S   à  bandeau  noir,  2  i  y 

du  larynx  formoient  quatre  tubercules  ,  deux  fur  chaque  bord; 
le  poftcrieur  de  chaque  côté  ctoit  beaucoup  plus  gros  &:  plus 
élevé  que  l'antérieur. 

II  y  avoit  fur  le  plais  huit  filions ,  dont  les  bords  étoicnt 
larges  &  élevés ,  ils  étoient  tous  convexes  en  avant  dans  leurs 
parties  droite  &  gauche ,  les  derniers  étoient  interrompus  dans 
le  milieu  de  leur  longueur. 

Le  cerveau  étoit  giand,  les  lobes  moyens  defcendoient  fort 
bas ,  &:  les  lobes  poltérieurs  étoient  terminés  en  pointe  &  re- 
couvroient  le  cervelet  en  entier  ;  les  parties  latérales  du  cervelet: 
étoient  logées  dans  une  échancrure  qui  fe  trouvoit  de  chaque  côté 
du  cerveau,  entre  le  lobe  moyen  &:  le  lobe poflérieur ;  il  y  avoit 
fur  le  cervelet  des  cannelures  tranfverfales,  qui  setendoient  d'un 
côté  à  l'autre  ;  le  cerveau  pefoit  deux  onces  fept  gros  &:  demi , 
&:  le  cervelet  trois  gros. 

Le  gland  du  clitoris  (A,  pi.  xxvill,  qui  rcpréfeinc  le  vn^in 
ouvert)  étoit  terminé  par  un  champignon  femblable  à  celui  du 
gland  de  la  plupart  des  mâles  de  ce  genre  ;  il  y  avoit  fur  ce 
champignon  un  petit  fillon  qui  s'étendoit  le  long  du  côté  fupé- 
rieur  du  gland.  L'orifice  (B,  marqué  par  un  filet  C  D  )  dt  l'u- 
rètre (E)  fe  trouvoit  à  fept  lignes  de  diflance  du  gland  du  clitoris; 
&  dans  cet  endroit  du  vagin  il  y  avoit  un  rebord  tranfverfal 
(FGJ  qui  s'étendoit  fîir  ks  parois  intérieures ,  elles  étoient  ridées 
en  différens  fcns  Se  fort  épaiffes;  fe  vagin  étant  enflé  fe  trouvoit 
beaucoup  plus  gros  entre  l'orifice  de  l'urètre  &:  la  matrice,  qu'entre 
cet  orifice  &:  la  vulve  ;  il  formoit  auffi  une  convexité  entre 
l'orifice  de  l'urètre  &  la  matrice  ;  l'orifice  (H)  de  la  matrice  n'étoit 
pas  placé  comme  à  l'ordinaire  au  fond  du  vagin,  mais  fur ia  face 
inférieure  près  du  fond;  ks  bords  formoient  un  bourrelet  qui  avoit 
fix  lignes  de  droite  à  gauche ,  &:  quatre  lignes  de  largeur  de  devant 
Tojrie  XJK  £  e 


2i8  Description 

en  arrière  ;  l'orifice  éloit  en  forme  de  fente  tranfverfâle.  La  vefTie 
( J)  avoit  une  figure  ovoïde  &:  un  peu  rctrécie  dans  le  milieu 
par  un  étranglement.  Le  col  ( K)  de  la  matrice  ctoit  fort  long,  & 
la  matrice  (^Lj  avoit  une  figure  triangulaire;- les  trompes  fortoient 
immédiatement  l[cs  deux  angles  du  fond  ;  !es  tcfticules  (MM) 
tenoient  à  un  grand  pavillon,  ils  ctoient  parfêmcs  à  l'extérieur  & 
compofts  à  i'intcrieur  de  petites  caroncules  jaunâtres  ;  j'ai  aufTi 
fait  reprcfenter  fur  h  planche  xxvlii  l'anus  A',  &  une  portion  0  P 
du  reélum. 

pieds  pouc.  lignes» 
Longueur  tles  Imeftins  grêles  depuis  le  pylore  jufcju'au 

cœcuin C.  8.  // 

Circonférence  du  duodénum u  2.  3. 

Circonférence  du  jéjunum //  i .  6. 

Circonférence   de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus 

gros ;/  2.  it 

Circonférence  de  Tilcum  dans  les  endroits  les  plus 

minces //  i .  6. 

Longueur  du  ccecum //  2.  6. 

Circonférence  du  ccecum  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  //  4.  6. 

Circonférence  du  coecum  à  l'endroit  le  plus  mince.  a  2.  3. 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  1/  4,  6,- 

Circonférence  du  colon   dans   les  endroits  les  plus 

minces n       z.      u 

Circonférence  du  reduin  prés  du  colon //  2.  // 

Circonférence  du  reétum  près  de  l'anus h  4.  /; 

Longueur  du  colon  &du  rectum  pris  enfemble  ....  2.  i  o.  // 
Longueur  du  canal  inteftinal  en  entier,  non  compris 

le  ccecum c^,  6.  11 

Grande  circonférence   de  i'eftomac i .  i .  tt 

Petite  circonférence h  o.  u 


du  P  AT  A  S    à  bandeau  jio'ir.  2  1 9 

I>icd5.  pouc.  lignot. 

Longueur  de  la  petite  courbure ,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  rœfophage //  i.  „ 

Profondeur  du  grand  ciii-de-fsiç. //  i .  j  q 

Cir.conftirence  de  l'afophage //  j .  ^^ 

Circonférence  du  pylore ^  i,  g^ 

Longueur  du  foie ,,  y  q^ 


ur 


*        4.     IQ. 


Large 

Sa  plus  grande  cpaideur /,        „  j  j^ 

Longueur  de  la  vcficule  du  fiel //        ,.  g. 

Son  plus  grand  diamètre »        ^  g^ 

Longueur  de  la  rate /,       ^.  ,^ 

Largeur  de  l'extrcmité  inférieure //        i.  j. 

Largeur  de  l'extrémité  fupéricure ,/       „  j^ 

Epaiflcur  dans  le  milieu , //       (,  ^, 

Epaifîèur  du  pancréas „       „  2  -. 

Longueur  des  reins ^        j,  jq^ 

Largeur ^        i .  „ 

EP'ii^eur „  „  8. 

Longueur    du  centre  nerveux  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe //  j.  4. 

î-^rgeur ^  i .  j  o. 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur //  4.  7, 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  lanaifllmce  de  l'artère 

j:)ulmonaire zz  j .  j  q. 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  fie  pulmonaire.  .  h  1.4. 

Diamètre  de   l'aorte  pris  de  dehors  en  dehors.  ...  //  //  3  1. 

Longueur  de  la  langue //  z.  n 

Longueur  de  la  partie  antérieure  depuis  le  fiJct  jufqu'à 

i'extrémité //  s  7. 

Largeur  de  Ifl  langue u  n  S. 

Ee  i; 


2ZO  DESCRIPTION 

pieds,  pouc.  ligncsi 

Longueur  du  cerveau ''       ^  '      ^' 

Largeur • -^ 

tpaiflcur '      ^  * 

Longueur  du  cervelet "        ^  • 

,  Il       \ .      6. 

Largeur 

Epailleur 

DJflancc  entre  l'anus  &  la  vulve "  "  ^• 

Longueur  de  la  vulve "  "  '>' 

Longueur  du  vagin • "  '  *  9* 

Circonierence. 

Grande  circonférence  de  la  vefDe "  ^-  9* 

Petite  circonférence -' 

Longueur  de  l'urètre "  "  ^' 

Circonférence "  "  ^' 

Longueur  du  col  &  du  corps  de  la  matrice "  i-  -• 

Circonférence  du  corps :  .  .  • .  "  i  •  4" 

Diflance  en  ligne  droite  entre  les  tefticules&  la  matrice.  //  /'  9. 

Longueur  de  la  ligne  courbe  que  parcourt  la  trompe .  *  1.6. 

Longueur  des  teRicules *  "        5* 

Largeur "  *'        "*' 

Épaiflcur "  "        'î- 

En  comparant  le  rquelette  du  patas  à  bandeau  noir ,  avec  celui 
du  macaque,  l'on  reconnoît  ai fcment  que  ces  deux  am maux  font 
d'efpèces  différentes  ;  le  premier  a  l'os  du  front  beaucoup  plus 
convexe  ;  il  efl  plus  t'Ievc  que  les  bords  àcs  orbites  qui  ne  font 
pas  plus  gros  dans  cet  animal  que  dans  la  plupart  desquadrupt'des, 
tandis  que  le  macaque  diffère  non-feulement  du  patas  à  bandeau 
noir,  mais  peut-ctre  de  tout  autre  animal,  par  l'exceffive  grofîeur 
des  bords  de  cqs>  orbites ,  &  par  leur  faillie  au-deffus  4u  refte  de  l'os 


du  P  A  T  A  S  à  bandeau  noir.  21 1 

frontal  :  celte  différence  clans  la  forme  de  la  lête  de  ces  deux 
animaux  efl  trop  grande  pour  n'c:'tre  qu'une  varictc  dans  des  in- 
dividus de  même  efpèce  :  d'ailleurs  il  y  a  encore  d'autres  carac- 
tères qui  prouvent  que  le  patas  à  bandeau  noir ,  efl  d'une  efpcce 
diainde  de  celle  du  macaque;  l'efpace  qui  fe  trouve  entre  ks 
bords  fïipcrieurs  dts  orbites  efl  plus  faillant;  ks  os  du  nez  font 
plus  relèves  &  ont  moins  de  largeur  d'un  côté  à  l'autre  du  nez; 
i'arcadc;  zygomatique  efl  moins  courbée  en  haut.  Il  n'y  a  point 
d'arêtes  offeufes  fur  l'occiput.  Les  branches  de  la  mâchoire  in- 
férieure font  moins  relevées. 

Il  y  a  douze  vertèbres  dorfales  &  douze  côtes  de  chaque  côté, 
huit  vraies  &  quatre  fuifîès  ,  comme  dans  le  macaque;  mais  le 
fternum  efl  compofé  de  huit  os  ;  les  premières  côtes ,  m\t  de 
chaque  côté,  s'articulent  avec  la  partie  antérieure  ciu  premier  os 
du  fternum;  l'articulation  des  fécondes  côtes  efl  entre  le  premier 
&:  le  fécond  os  ;  celle  iks  troifièmes  côtes,  entre  le  fécond  &  le 
troihèmeos,  &  ainfi  de  fuite  jufqu'aux  huitièmes  côtes ,  qui  s'ar- 
ticulent entre  le  feptième  &:  le  huitième  os  du  flernum. 

Les  trous  ovalaires  font  plus  grands  que  dans  le  fquelette  du 
macaque  ;  il  n'y  avoit  que  feize  fauffes  vertèbres  dans  la  queue 
du  fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  defcription  :  mais  elle 
n  etoit  pas  entière. 

L'omoplate  diffère  de  celle  du  macaque,  en  ce  qu'il  y  a  plus 
d'e/pace  entje  l'épine  &  le  bord  antérieur. 

L'os  du  bras  a  moins  de  longueur  que  celui  du  rayon ,  tandis 
quil  en  a  plus  dans  le  macaque;  l'os  du  rayon  efl  moins  courbe 
&:  moins  éloigné  de  l'os  du  coude. 

11  n'y  avoit  que  dix  os  dans  le  carpe,  le  premier  des  furnu- 
méraires  y  manquoit;  le  tarfe  étoit  compofé  de  huit  os. 

Le  premicj  os  du  métatarfe  efl  moins  gros  &:  moins  long  que 

E  e  iij 


222  Description 

dans  le  macaque ,  &  par  confcquent  le  pouce  a  moins  Je  lon- 
gueur ,  relativement  à  celle  ^cs  doigts  ;  il  efl  proportionné  comme 
dans  le  magot. 

plats,  pouc.   lignes. 
Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  des  mkhohcs 

jufqu'à  l'occiput "       4-      5- 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête "       ^'      7- 

Longueur  de  la   mâchoire  du  dcflous ,  depuis  Ton 

exiréniité  antérieure,  jufcju'au  bord  poftcrieur  de 

rapophyfc  condyloVde "       2.    i  i. 

Épaifleur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 

dudefTus "        "       > 

Largeur  de   la  mâchoire  du  defliis,  à  l'endroit  des 

,  //        I .       I . 

dents  canmcs 

Diftance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  //        //       6, 

Longueur  de  cette  ouverture "       "     '  °- 

T  Il  U  5. 

Largeur ^ 

Longueur  des  os  propres  du  nez "       "       7  ^' 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large "       "       ^  i- 

Largeur  des  orbites "        ^  *      "  ^' 

,,  II.      Il       9. 

Hauteur -^ 

Longueur  des  dents  canines "       "        5  !• 

Largeur  du  baiïin "       '*      9  î- 

Hauteur 

Longueur   des  plus  longues  faufles  vertèbres  de  la 

//       1.5. 

queue -* 

Longueur    de  l'omoplate "       3-      3- 

Longueur  de  l'humérus "       5  •      ^• 

Longueur  de  l'os  du  coude "       ^-      °* 

Longueur  de  l'os  du  rayon "        5.10. 

Longueur  du  fémur "       ^-     ^V 


/'/  XX r /•,,,,  122. 


PA  ms  .  i  BANDE ^  ir  NOIR  . 


.ff.-.'-ntl     J\idp 


iK'  l  I  l     .    -    k    i     I 


PI   .    X\l  1   .J\l,f       jn-S 


■/'<■  .'iw  ./,'/ 


\W    TAIAS      A     iLWnKAlT     liLAXC 


Tom.    Xir. 


PI.  X xr/i    j\t,,   -22. 


lï,i.;v    Ijm   ./■/ 


Tiim .  xnr 


PL XXI in  IW7.222. 


OiAt^^  .  L* 


^*^  ^-^t  q  iuX*^,  <J  e{ 


-•  zcy  '■^ci.11  c  .  -y  cui' 


a- 


a" 


du  P  AT  A  S  à  bandeau  mh\  2  ->  -> 

picJi.  pouc.  Iigiic5« 

Longueur  du  tibia ^^  ^^ 

Longueur  du  pcroné z,  ^ 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe ,  qui  cH  le  plur, 

^û^^^'^ »  „       8 

Longueur  du  troifjtuie  os  du  métacarpe,  qui  efl  le 

PÏ"5^0"g //  ,.3. 

Longueur  du  premier  os  du  inétaiaife ,  qui  font  les 

P'"s  courts „  ,,     j  ,  ^ 

Longueur  du  troifième  qui  efl  le  plus  long «  i .      q 

Longueur  de  la  première'phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant .                     ^  ,,        .  r 

'  "      4  !• 

Longueur  de  la  féconde „  „       2.. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifiémc  doigt.      //  //       p. 

Longueur   de  la   féconde //  /,       ^  i^ 

Longueur  de  la  troificme „  ^       4. 

Longueur   de    Ja  première    phalange  du   pouce  des 

pieds   de  derrière y;  f,       ^ 

Longueur  de  la   féconde ,/  „       j  1. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.      //  //        g. 

Longueur  de  la  féconde zr  //       5^, 

Longueur  de  la  troifième //  #       ?  i. 

Le  patas  à  bandeau  blanc  fj)/.  xxvi )  m'a  parti  ne  différer  dti 
patas  à  bandeau  noir  ,  que  par  la  couleur  dz  ce  bandeau  :  cette 

tliffcrence  eft  bien  légère  pour  cai'adcrifer  une  efpcce  ;  je  croî^- 

que  l'on  peut  ne  la  regarder  que  comme  une  varictc  ^Ims  dc3 
individus  de  même  efpèce,  jufqu'à  ce  que  l'on  ait  des  obfervations 
fur  toutes  \ts  parties  du  corps  de  cet  animai. 


224      Histoire  Natu relle 


LEMALBROUCK* 

ET  LE  BONNET-CHINOIS**. 

V->ES  deux  Guenons  ou  Singes  à  longue  queue 
(pi.  XXIX  èr  XXX J  nous  paroiiTent  t-tre  de  la  même 
efpèce  ,  ôi  cette  cri3èce,  quoique  différente  à  quelques 
éo'ards  de  celle  du  Macaque  ,  ne  laiffc  pas  d'en  être  afTez 
voifinc,  pour  que  nous  foyons  dans  le  doute  fi  le  Ma- 
caque, l'Aigrette,  le  Malbrouck  Sl  le  Bonnet-chinois 
ne  font  pas  quatre  variétés,  c'e(l-à-dire,  quatre  races 

*  Malbrouck,  nom  de  cet  animal  clans  Ton  pays  natal ,  à  Bengale,  & 
que  nous  avons  adopte. 

Cercop'nhecus  primus  Chfii  Exotic  pag.  371.  Nota.  Ckifjus  efl  le 
feul  qui  ait  donné  la  figure  de  ce  fmge,  c(ue  Nicrcnihcrg  &  Jonfton 
ont  copiée  :  mais  Clufius  n'avoit  pas  vu  l'animal  ,  il  en  avoit  feule- 
ment une  figure  enluminée  qu'il  dit  même  avoir  fait  corriger  par  {qw 
Peintre.  Je  ne  fais  cette  obfervation  que  pour  fonder  \m  doute  que 
je  crois  très-raifonnable  ,  c'efl:  que  le  flocon  de  poil  qui  efl  au 
bout  de  la  queue  efl  une  imagination  du  defTmateur;  de  tous  les 
fincrcs  à  queue  qui  nous  font  connus,  il  n'y  a  que  \e  fagoin  mank'ina 
ou  peut  lion,  qui  ait  un  flocon  de  poils  au  bout  de  la  cjucue  ,  encore 
cela  n'efl-il  pas  fort  fenfible  :  en  ôtant  donc  ce  fîocon  de  poils  qui 
me  paroît  imaginaire  dans  la  figure  donnée  par  Clufius ,  ce  fmge 
fera  notre  malbrouck. 

Faunus.  Linn.  S\J}.  rtat.  edit.  X,  pag.  ^6. 

*  *  Bonnet-chinois ,  nom  que  Ton  a  donné  à  cette  efjicce  de  guenon 
ou  finge  à  longue  queue  ,  parce  qu'elle  a  le  poil  du  fbmmet  de  la 
tête  difpolé  en  forme  de  caloitç  ou  de  bonnet  plat,  comme  le  font 
Jes  tonnets  des  Chinois. 

confiantes 


du  Ma  lbrouck  ir  du  Bon  net-ci i  iNois.  225 

confiantes  d'une  feule  ôi  même  crpcce.  Comme  ces 
animaux  ne  produifent  pas   dans  notre   climat,  nous 
n'avons  pu  acquérir  par  l'expérience  aucune  connoif- 
fance  fur  l'unité  ou  la  diverfité   de  leurs  efpèces  ,  ôi 
nous  fommcs   réduits  à  en  juger  par  la  différence  de 
h  figure  (Se  des  autres  attributs  extérieurs.  Le  macaque 
Se  l'aigrette  nous  ont  paru  afTez  femblables   pour  pré- 
fumer qu'ils  font  de  la  même  efpèce  ;    il  en   eft  de 
même  du    malbrouck    <Sc   du   bonnet -chinois  ,    mais 
comme  ils  diffèrent  plus  des  deux  premiers  qu'ils  ne 
différent  entr'eux ,  nous  avons  cru  devoir  les  en  féparer. 
Notre  préfomption  fur  la  diverfité  de  ces  deux  efpèces 
eft  fondée   i  ."^  fur  la  différence  de  la  forme  extérieure , 
2°  fur  celle  de  la  couleur  ôl  de  la  difpofition  du  poil, 
3.''  fur  les  différences  qui  fe  trouvent  dans  les   pro- 
portions  du    fquelette  de  chacun  de  ces  animaux ,  & 
enfin  fur  ce  que    les  deux  premiers  font  natifs    des 
contrées  méridionales  de  l'Afrique  ,   Si  que  les  deux 
dont  il  s'agit  ici  font  du  pays  de  Bengale  :   cette  der- 
nière confidération  efl  d'un  auffi  grand  poids  qu'aucune 
autre  ;   car  nous  avons  prouvé  que  dans  les  animaux 
fàuvages  &  indépendans  de  l'homme  ,   l'éloignement 
du  climat  eft  un  indice  afîez  fur  de  celui  des  efpèces  : 
au  refle,  le  malbrouck  6.  le  bonnet-chinois  ne  font  pas 
les  feules  efpèces  ou  races  de  finges  que  l'on  trouve  à 
Bengale  *  ;  il  paroît ,  par  le  témoignage  des  Voyageurs, 

Nota.  Je  crois  qu'on  peut  rapporter  au   malbrouck   de  Bengale 
ielpèce  de  finge  à  poiJ  grilâtre  de  Calicut  dont  parle  Pyrard  ;   il  cit 
T^me  XIK  F  f 


226      Histoire  Naturelle 

qu'il  y  en  a  quatre  variétés,  favoir ,  des  blancs,  Jes 
noirs ,  des  rouges  6c  des  gris  ;  ils  difent  que  les  noirs 
font  les  plus  aifés  à  apprivoifer  :  ceux-ci  étoient  d'un 
gris-rouilcitre  ,  6c  nous  ont  paru  privés  6c  même  afTez 

dociles. 

«  Ces  animaux  (  difent  les  Voyageurs  *  )  dérobent 
»  les  fruits  <Sc  fur-tout  les  cannes  de  fucre;  l'un  (ïtux  fait 
»  fentinelle  fur  un  arbre  ,  pendant  que  les  autres  fe  char- 
>' gent  du  butin;  s'il  aperçoit  quelqu'un  ,  il  cx'\t  hoiip  , 
«  Iwiip,  houp ,  d'une  voix  baute  6c  diflinde;  au  moment 
»  de  l'avis  ,  tous  jettent  les  cannes  qu'ils  tenoient  dans  la 
»  main  gaucbe,  6c  ils  s'enfuient  en  courant  à  trois  pieds, 
»  6c  s'ils  font  vivement  pourfuivis ,  ils  jettent  encore  ce 
ï»  qu'ils  tenoient  dans  la  main  droite,  6c  fe  fauvent  en 
»  grimpant  fur  les  arbres  qui  font  leurs  demeures  ordi- 
»  naires  ;  ils  fautent  d'arbres  en  arbres  ;  les  femelles  même 
'^  cbargées  de  leurs  petits  ,  qui  les  tiennent  étroitement 
«  embraiïces  ,  fautent  aufîi  comme  les  autres,  mais  tombent 
>^  quelquefois.  Ces  animaux  ne  s'apprivoifent  qu'à  demi, 
»  il  faut  toujours  les  tenir  à  la  cbaîne;  ils  ne  produifeni 
»  pas  dans  leur  état  de  fcrvitude  ,  même  dans  leur  pays , 
»  il  faut  qu'ils  foient  en  liberté  dans  leurs  bois.  Lorfque 
«  les  fruits  6c  les  plantes  fucculentes  leur  manquent ,  ils 

(  dit  ce  Voyageur  )  défendu  de  tuer  aucun  finge  dans  ce  p:iys  ;  ik 
font  fi  importuns ,  fi  fâcheux  &  en  fi  grand  nombre  qu'ils  caufent 
beaucoup  de  dommage ,  &  que  les  Iwbitans  des  villes  &  des  campagnes 
font  obliges  de  mettre  des  treillis  à  leurs  fenêtres  pour  les  emjiêcher 
d'entrer  dans  les  maifons.  Voyages  de  Fr.  Pyrard ,  tome  1 ,  page  ^2 y, 
*  Voyages  d'Innigo  de  Biervillas,  part'u  IJ%  page  iy2. 


du  AlALBROUCK  if  dllBON NET-CH INOIS.    Zlj 
mangent  des  infedcs,  <Sc  quelquefois  ils  cfcicendcnt  fur  « 
les  bords  des  fleuves  &i  de  la  mer  pour  aUra[)cr   des  « 
poiffons  &.  des  crabes  ;  ils  mettent  leur  queue  entre  les  « 
pinces  du  crabe ,  &.  dès  qu'elles  ferrent ,  ils  l'enlèvent  « 
brufquement  &.  l'emportent  pour  le  manger  à  leur  aife.  « 
Ils  cueillent  les  noix  de  cocos,  6;  favent  fort  bien  en  « 
tirer  la  liqueur  pour  la  boire  ,  &  le  noyau  pour  le  manger.  « 
Ils  boivent  auffi  du  lûri  qui  dégoutte  par  des  bamboches  « 
qu'on  met  exprès  à  la  cime  des  arbres  pour  en  attirer  « 
la  liqueur ,  &  ils  fe  fervent  de  l'occafion.   On  les  prend  « 
par  le  moyen  des  noix  de  cocos  où  l'on  fait  une  petite  « 
ouverture;  ils  y  fourent  la  patte  avec  peine,  parce  que  « 
le  trou  eft  étroit ,  (Se  les  gens  qui  font  à  l'aifLit  les  prennent  « 
avant  qu'ils  ne  puiiïent  fe  dégager.  Dans  les  provinces  « 
de  rinde  babitécs  par  les  Bramans ,  qui  ,  comme  l'on  « 
fait  ,  épargnent  la  vie  de  tous  les  animaux ,  les  fmges ,  « 
plus  refpcdés  encore  que  tous  les  autres,  font  en  nombre  «c 
infini  ;  ils  viennent  en  troupe  dans  les  villes ,  ils  entrent  « 
dans   les  maifons  à  toute  heure  ,  en  toute  liberté;  en  « 
forte  que  ceux  qui  vendent  des  denrées,  6c  fur-tout  des  « 
fruits  ,  des  légumes ,  6cc.  ont  bien  de   la  peine  à  les  « 
conferver».  Il  y  a  dans  Amadabad,  capitale  du  Guza- 
rate,  deux  ou  trois  hôpitaux  d'animaux,  où  l'on  nourrit 
les  fmges  ef^ropiés ,  invalides,  (Se  même  ceux  qui  fans 
ctre  malades  veulent  y  demeurer.  Deux  fois  par  femaine 
les  fmges  du  voifmage  de  cette  ville  fe  rendent  ,  d'eux- 
mêmes,  tous  enfemble  dans  les  rues  ,  enfuite  ils  mon- 
tent furies  maifons  qui  ont  chacune  une  petite  terraffe  , 

Ffij 


228      Histoire   Natu relle 

où  l'on  va  coucjier  pendant  les  grandes  chaleurs  ;  on 
ne  manque  pas  de  mettre  ces  deux  jours -là  fur  ces 
petites  terraffes  du  ris,  du  millet,  des  cannes  de  fucre 
dans  la  faifon  &  autres  cliofes  femhiables;  car  fi  par 
hafcird  les  finges  ne  trouvoicnt  pas  leur  provifion  fur 
ces  tcnaiïcs  ,  ils  romproient  les  tuiles  dont  le  refie  de 
iamaifon  e(l  couvert,  &  feroient  un  grand  defordre. 
Ils  ne  mangent  rien  fans  le  bien  fentir  auparavant ,  & 
lorfqu'ils  font  repus,  ils  rempliffent  pour  le  lendemain 
les  poches  de  leurs  joues.  Les  oifeaux  ne  peuvent 
guère  nicher  fur  les  arbres  dans  les  endroits  où  il  y  a 
beaucoup  de  finges ,  car  ils  ne  manquent  jamais  de 
détruire  les  nids  Su   de  jeter  les  œufs  par  terre*. 

Les  ennemis  les  plus  redoutables  pour  les  fmges  ne 
font  ni  le  tigre  ni  les  autres  bêtes  féroces  ,  car  ils  leur 
échappent  aifément  par  leur  légèreté  <&  par  le  choix  de 
leur  domicile  au-  deffus  des  arbres,  où  il  n'y  a  que  les 
ferpens  qui  aillent  les  chercher  &.  fâchent  les  furprendre. 
«  Les  fmges,  dit  un  Voyageur,  font  en  poffeffion  d'être 
maîtres  des  forêts;  car  il  n'y  a  ni  tigres  ni  lions  qui  leur 
difputent  le  terrain;  ils  n'ont  rien  à  craindre  que  les 
»  ferpens  ,  qui ,  nuit  &  jour  leur  font  la  guerre  ;  il  y  en  a 
>>  de  prodigieufe  grandeur,  qui  tout  d'un  coup  avalent  un 

*  Voyez  les  voynges  de  la  Boulaye  le  Gouz,  page  2 ^ y,  la  relation 
deTbevenot,  tome  III ,  page  20  ;  le  voyage  de  Gemelli -Carreri , 
tome  V ,  page  1  6^;  le  recueil  des  voyages  qui  ont  lervi  à  letablifle- 
ment  de  la  Compagnie  des  Indes  orientales ,  tome  VII,  page  ^  6; 
le  voyage  d'Orient  du  P.  Philippe,  page  ^  1 2  ;  &  le  Voyage  de 
Tavernier,  tome  III ,  page  6^. 


» 


» 


du  MALBROUCK  irdilBON NET-CHINOIS.    229 
finge  ;  d'autres  moins  gros  ,   mais  plus  agiles,  les  vont  « 
chercher  jufquc  fur  les  arbres —   Ils  épient  le  temps  « 
où  ils  font  endormis  ,  <5vC.  *  » 

Caraâères  d'ijlinâifs  de  ces  efpeces. 

Le  malbrouck  a  des  abajoues  &.  des  callofitcs  fur  les 
fciTes,  la  queue  à  peu  près  longue  comme  la  tête  &  le 
corps  pris  enfemble  ,  les  paupières  couleur  de  chair,  la 
face  d'un  gris  -  cendré  ,  les  yeux  grands  ,  le  mufeau 
large  (Surélevé  ,  les  oreilles  grandes,  minces  (S:  couleur 
de  chair  :  il  porte  un  bandeau  de  poil  gris ,  comme  la 
mone  ;  mais  au  refte  il  a  le  poil  d'une  couleur  uniforme  , 
d'un  jaune-brun  fur  les  parties  fupérieures  du  corps ,  (Se 
d'un  gris-jaunâtre  fur  celles  du  deïïbus  ;  il  marche  à 
quatre  pieds,  Sl  il  a  environ  un  pied"  <5c  demi  de  longueur 
depuis  l'extrémité  du    mufeau  jufqu'à   l'origine    de   la 

queue. 

Le  bonnet -chinois  paroît  être  une  variété  du  mal- 
brouck; il  en  dilîère  en  ce  qu'il  a  le  poil  du  fommet  de 
la  tête  difpofé  en  forme  de  calotte  ou  de  bonnet  plat  , 
Si  que  fa  queue  e(t  plus  longue  à  proportion  du  corps. 
Les  femelles  ,  dans  ces  deux  races  font  fujettes,  comme 
les  femmes,  à  l'écoulement  périodique. 

♦Defciipiion  hiflorique  de  Macacar ,  page  ^i. 


Ff  iij 


2^0  Description 


DESCRIPTION 

DU    MA  LB  ROUC  K. 

I  iF.  Malbrouck  a  le  tour  des  yeux,  le  nez  &:  les  lèvres  de 
couleur  cendrce ,  &  les  paupières  de  couleur  de  chair;  les  yeux 
grands ,  le  bout  du  nez  court  &  aplati ,  &:  le  mufeau  gros  Se 
Taillant  ;  il  fe  trouve  quelques  poils  lojigs  &  noirs  à  l'endroit  des 
fourcils  ,  fur  les  joues  &  fur  les  lèvres;  les  oreilles  font  grandes, 
minces  &:  de  couleur  cendrce  -  rougeâtre. 

Le  (ô  m  met  &  le  derrière  de  la  tête,  la  face  fupcrieure  du  cou, 
ie  dos ,  les  épaules  ,  la  lace  extérieure  du  bras ,  &:  la  partie  fupé- 
lieure  des  côtés  du  corps  d'une  femelle  ( ph  xxix )  qui  a  fèrvi 
de  fujet  pour  cette  defcriplioii ,  étoient  de  couleur  mêlée  de  jaune 
&  de  noir,  parce  que  chaque  poil  avoit  alternativement  du  jaune 
&  du  noir,  ils  avoient  tous  une  couleur  cendrée  à  la  racine;  le 
front  étoii  gris  près  à^i>  fourcils  en  forme  de  bandeau ,  à  peu  près 
comme  le  front  de  la  mone ,  Se  la  même  couleur  fe  trouvoit  fur 
les  joues,  fur  la  gorge,  fur  la  face  intérieure  du  bras  ôi  de  l'a  van  t- 
bras,  fur  la  poitrine,  fur  le  ventre,  fur  la  face  intérieure  de  la 
cuifîè  &.  de  la  jambe,  &  fur  le  côté  inférieur  de  la  queue;  la 
fîice  extérieure  de  l'avant-bras,  de  la  cuilTe  &  de  la  jambe,  le 
delTus  des  pieds,  la  croupe  &  le  côté  fupérieur  de  la  queue  avoient 
«ne  couleur  cendrée  &:  noiiâtre  ou  mêlée  de  jaune  dans  quelques 
endroits.  La  longueur  des  plus  longs  poils  éloit  de  deux  pouces  ; 
ia  plante  des  pieds  avoit  une  couleur  noirâtre  de  même  que  les 
ongles ,  ils  étoient  plies  en  gouttière.  La  queue  n'étoit  pas  entière, 
&  le  poil  qui  la  recouvroit  avoit  peu  de  longueur. 


DU      M  A  L  B  R  0  U  C  K,  2-,  r 

piedî.  pouc.  lignes. 
Longueur  du  corps  entier,  niefure  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  muleau  julqu'à  l'anus i.      j.      ^^ 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqua 
l'occiput 

*  »         4.        H 

Circonférence  du  bout  du  mufeau m       <:        ,. 

Circonférence  du  mufeau,  prife  au-deffbus  des  yeux.  //       6.      6. 

Contour  de  l'ouverture  delà  bouche *       o        a 

Dirtance  entre  les  deux  narines „       ^       ^  ^ 

DiQance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'ano-Ie  antérieur 


o 


^^  1'°^'' //      I.     6. 

Diilance  entre  l'angle  poflérieur  &  l'oreilfe //        j ,      g. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre zz        „       ^^ 

Ouverture  de  l'œil „       ^ 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs  des  ycux,enfuivant 

7- 


fa  courbure  du  chanfrein ,/       /, 


La  même  diftance  en  ligne  droite //  „  r 

Circonférence  de  la  tête  entre  les  yeux  &  les  oreilles. .  //  o.  8. 

Longueur  des  oreilles ,/  „  j  q^ 

Largeur  de  la  bafè,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.  //  2.  u 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,  prife  dans  le  bas  .  . .  m  2.  8» 

Longueur  du  cou „  2..  11 

Circonférence  du  cou „  y^  ^ 

Circonférence  du  corps,  prife  derrière  les  jambes  de 

devant i .  2.  it 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros.  ...  i.  ?.  ■>, 

La  même  circonférence  devant  les  jambes  de  derrière.  //  ii.  t> 
Hauteur  du  bas  du  ventre  au-deflus  de  terre  fous  les 

flancs /,  j.  ,, 

La  même  hauteur   fous  la  poitrine //  4.  n 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue 1.  5,  a 


0. 

Il       6, 


232  Description 

pieds,  pouc.  ligne». 

Circonférence  à  i'origine "       >' 

Longueur  de  lavant-bras  depuis  le  coude  julqu'au 

poignet 

Circonférence  du  poignet »       3-      -' 

Loncrueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.      //        3.      ^. 

Longueur  de  la  jambe ,  depuis  le  genou  julqu'au  talon.      //       6.      6. 
Longueur  dejiuis  le  talon  jufqu'au  bouc  des  ongles.  .       //        5.      // 

Cet  aniinal  pefoit  quatre  livres  huit  onces;  Icplploon  sctendoit 
jufqu'au  pubis;  les  inledins  ctoient  placés  comme  dans  la  plupart 
des  autres  finges ,  car  il  y  avoit  une  portion  du  colon  qui  se- 
tendoit  tranfverfilement  derrière  l'edomac. 

Le  duodénum  étoit  fort  court ,  il  fe  replioit  en  dedans  pref- 
qu'au  fortir  de  i'edomac;  le  jéjunum  faifoit  ks  circonvolutions 
dans  la  région  ombilicale  &  dans  les  côtés  ;  celles  de  l'ileum 
étoient  dans  les  régions  iliaques  &  dans  la  partie  poftérieure  de  la 
légion  ombilicale  ;  le  cœcum  fe  trouvoit  placé  dans  le  flanc  droit  ; 
le  colon  s'étendoit  en  avant ,  pafToit  derrière  l'eftomac  de  droite 
à  «auche,  faifoit  quelques  fmtiofités  dans  le  côté  gauche  8l  fe 
joignoit  au  redum ,  cjui  étoit  en  partie  flottant  dans  la  région 
Iiypogaflriqtie. 

L'edomac  étoit  fort  grand ,  placé  plus  à  gauche  qu'à  droite , 
parce  que  le  grand  cul -de -fie  s'étendoit  en  avant  dans  le  côté 
gauche;  le  foie  étoit  prefque  entièrement  à  droite;  la  rate  avoit 
la  même  fituation  que  dans  les  autres  animaux  de  ce  genre  &l  les 
autres  quadrupèdes. 

Les  membranes  de  l'eftomac  &  des  inteftins  avoient  peu  d'é- 
palflèur;  le  cœcum  étoit  gros,  court  &  de  figure  conique obtufc. 
Le  colon  diminuoit  peu  à  peu  de  grofleur ,  depuis  le  cœcum 
julqu'au  re^um  :  il  y  avoit  trois  bandes  tendineufes  fur  le  rectum 


DU      AI  A  L  B  R  0  U  C  K,  233 

<5c  le  colon ,  dont  deux  s  etendoient  jufqu'au  bout  du  cœcum. 

La  rate  avoit  la  même  figure,  &  le  foie  le  même  nombre  de 
lobes  que  la  rate  &  le  foie  du  papion  :  mais  la  vcficule  du  fiel 
du  malbrouck  ctoit  de  figure  irrcgulière,  elle  avoit  unç.  forte  de 
bulle  ou  de  poche  près  de  fon  pédicule  ;  au  refte ,  elle  ctoit 
oblongue:  la  rate  &  le  foie  avoient  une  couleur  rougeâtre, 
auiïi  pûle  au  dehors  qu'au  dedans  ;  le  foie  pelôit  deux  onces 
cinq  gros ,  &:  la  rate  un  gros  &.  iêize  grains  ;  la  vcficule  du  fiel 
ctoit  piefcjue  vide. 

Le  rein  droit  ctoit  plus  avancé  que  le  gauche ,  leur  enfon- 
cement n  ctoit  pas  j^rofond  ;  le  bafiinet  avoit  peu  d'étendue  ;  les 
mamelons  n'éioient  point  diftinc^,  mais  on  reconnoifîbit  aifément 
la  fubltance  corticale. 

Le  centre  nerveux  ctoit  peu  étendu;  la  partie  charnue  du 
diaphragme  ctoit  tort  épaiiîè. 

Le  cœur  étoit  placé  dans  le  milieu  de  la  poitrine  ;  le  poumon 
avoit  quatre  lobes  à  droite  &  deux  à  gauche  comme  dans  le 
papion  ;  il  ne  (ôrtoit  que  deux  branches  de  la  crofîè  de  l'aorte. 

Le  palais,  la  langue,  l'épi^lotte ,  l'entrée  du  larynx,  le  cerveau 
6c  le  cervelet  rellembloient  à  ces  mêmes  parties ,  vues  dans,  le 
papion;  toute  la  difierenceque  j'y  ai  obfervée ,  c'efi;  qu'il  y  avoit 
quatre  glandes  à  calice  fur  la  partie  pofiérieure  de  la  langue, 
^eux  en  avant  &:  deux  en  arrière ,  les  premières  étoient  à  cinq 
lignes  de  diilance  l'une  de  l'autre,  &  à  àtixx  lignes  (Si  demie  de 
dillance  l\ç.s  poitérieures.  Le  cerveau  pefoit  deux  onces  un  grcs 
&.  trente-fix  grains ,  &:  le  cervelet  fix  gros  &:  iix  grains. 

Le  malbrouck  qui  m'a  (èrvi  de  fujet  pour  la  ddcrjption  dts 

parties  de  la  génération  du  mâle ,  étoit  à  peu  près  de  la  même 

grandeur  que  la  femelle  dont  il  a  été  fait  mention  ;  il  n'y  avoit 

dms  les  teinies  à^^s  couleurs  que  des  difFcrences  fi  L'gères  qu'elks 

Tom^XIV,  G  s 


2^4-  Description 

ne  fLiffifoient  pas  pour  défigncr-Line  autre  efpèce  que  celle  de  fa 
femelle  dont  j'ai  fait  la  defciiption. 

Le  fcrolLim  ctoit  grand  ,  &  l'orifice  du  prcpuce  fe  trouvoit 
place  fur  la  partie  inférieure  de  fa  face  antérieure  ;  le  gland  ctoit 
termine  par  un  champignon,  comme  dans  lesauties  animaux  de 
ce  genre  ;  la  veiïie  avoit  la  figure  d'une  poire  alongce  ;  la  bande 
de  Icpitlidyme  qui  fe  trouvoit  collc'e  fur  le  tefiicuie  ,  étoit  large 
&:  cpaiffe;  les  canaux  dcfcrens  avoient  peu  de  longueur  &  à  peu 
près  la  même  grofîèur  dans  toute  leur  étendue  ;  les  véficules  fé- 
minaies  étoient  longues  Se  fe  terminoient  en  pointes  :  on  voyoit 
ieurs  cellules  bien  apparentes,  &  il  m'a  paru  que  les  profiates 
étoient  placées  près  de  leurs  racines  &  fo]-moient  un  tubercule , 
dont  la  fubftance  éloit  plus  compade  que  celle  des  véficules 
fcminales. 

Le  gland  (A  ,  pi.  xxxi )  du  clitoris  de  la  femelle  étoit  à  trois 
lignes  de  difiance  de  l'entrée  de  la  vulve ,  &.  il  y  avoit  un  petit 
fillon  (AB)  qui  s'étendoit  d'un  bout  à  l'autre  de  cet  efpace;  le 
gland  paroilîoit  double,  parce  qu'il  avoit  la  figure  de  celui  de  la 
verge  du  mâle ,  &;  que  l'on  ne  voyoit  que  les  deux  lobes  qui 
ie  terminoient  &  qui  tenoient  au  prépuce.  L'intérieur  du  vagin 
(BC)  étoit  ridé  en  dificrens  fêns  &  tapiffé  d'une  membrane 
veloutée.  La  vefiie  ( D)  avoit  à  peu  près  la  figure  d'une  poire , 
&  l'urètre  étoit  \\hs-zo\x\\.Yloù^zt  (  E,  marqué  parun  jlïktC  F) 
de  la  matrice  (G)  fe  trouvoit  entre  deux  lobes  à  peu  près  pareils 
à  ceux  du  gland  du  clitoris:  ces  lobes  étoient  placés  i'un  au-deiïus 
de  l'autre  &:  l'inférieur  étoit  plus  grand  que  le  fupérieur.  La 
matrice  étoit  plate  &  triangulaire ,  elle  n'avoit  point  de  cornes  ; 
les  trompes  aboutifîbient  chacune  à  un  petit  pavillon  ,  il  ne  tenoit 
<]u'à  l'un  à(ts  côtés  du  tefticule  (H H)  qui  étoit  oblong  &  de 
couleur  jaunâtre  très-pâle  ;  je  n'y  ai  point  vu  de  caroncules  ni  de 


DU      AI  A  L  B  ROU  C  K.  23  J 

véficiileslymph:uiq'.ies:  j'ai  aufli  fait  reprc.'ènter  {wï\\ planche  xxxi 
l'anus  (_1)  Si  une  portion  f/i  L)  du  recTium. 

picJ:.  poiic.  ligne:. 
Longueur  des  intenins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'au 

cœcum 6.      6.      j 

Ciiconfcrence  du  duodénum , //        i.      o. 

Circonférence  du  jéjunum //        2..      11 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //       2.      3, 

Circonltrence    de  l'ileum  d.ins  les  endroits  les  j)[us 

minces.     //        i .      4. 

Loïigueur  du  cœcum //        i .      c). 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  h        5,       // 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  mince,  .  //        2.      3. 

Circonféreiîcc  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //       4.      C. 

Circonférence    du  colon  cians  les  endroits  les  plus 

minces //        2.      3. 

Circonférence  du  re(n;um  près  du  colon //        2.      3. 

Circonférence  du  redlum  près  de  l'anus //       2,.      h 

Longueur  du  colon  &  du  redum  pris  cnlembje.  .  .  2.      3.      // 

Longueur  du  canrJ  inteftinal  en  entier,  non  compris 

le  cœcum 8.      5).      h 

Crande  circonférence  de  l'eftomac //     11.    10. 

Petite  circonférence /'       9.      8. 

Longueur  de   la  petite  courbure  depuis  l'angle    que 

forme  la  partie  droite  julqu'à  l'œfophage //        i,      // 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac //        i.      8. 

Circonférence  de  l'œfbphnge n       n     i  o. 

Circonférence  du  pylore /'        i .      6. 

Longueur  du  foie //       2.      8. 

Largeur //       4.      7. 

Sa  j)lus  grande  épaifieur //        u       7. 

LQnefuçur  de  U  véficule  du  fiel /'       i .      3  • 


236  Description 

pials.  pouc.  ligncî, 

Son  plus  grand  diamètre "  "       5- 

Longueur  de  la  rate '  '      /  * 

Largeur  de  rextrémitc  inférieure "  '  •      " 

Largeur  de  l'extremiic  lupérieure "  "        5* 

ÉpaifTeur  dans  le  milieu "  "       3- 

ÉpaifFeur  du  pancréas "  '         '  1' 

Longueur  des  reins "  ^'      4" 

Largeur "  "  ^  °- 

Épaiiïeur "  "       ^' 

Longueur  du   centre  nerveux   depuis  la  veine-cave 

julqu'à    la  pointe "  "       ^* 

Largeur "  "  '^• 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur. "  3*      ^* 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  la  naifïïmce  de  l'artère 

pulmonaire "  '*      4' 


^î. 


Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au   fac  pulmonaire.  .  »  i.  i. 

Diamètre  de  l'aorte  pris  de  dehors  en  dehors //  // 

Longueur  de  la  langue "  *  •  5  • 

Longueur  de  la  partie  antérieure  depuis  le  filet  jufqu'à 

l'extrémité "  "  7' 

Largeur  de  la  langue "  "'  7* 

Longueur  du  cerveau "  2..  4. 

Largeur "  -•  ^• 

ÉpaifTeur "  «  i  i  i 

Longueur  du  cervelet n  n  ^• 

Largeur > "  i  •  ^'■ 

Épaifleur /'  "  ^• 

Longueur  du  gland /'  ^  i  i  • 

Circonférence "  ^  i  '• 

Circonférence  du  chairrpignon //  1.  i» 


//      I  o. 


// 
u 


7- 
4- 


DUMALBROUCK.  i^y 

t  J    i  I        •     î    I  -r  •  I  pieds,  pouc.  lignes. 

Longueur  de  la  verge  depuis  la  bituication  des  corps 

caverneux  jufqua  rinlèrtion  du  prépuce //  z.  2. 

Circonférence w  //  10. 

Longueur  des  teflicules //  i .  ^  // 

Largeur m 

ÉpaifTeur // 

Largeur  de  1  epididyme tt 

Epaiflcur // 

Longueur  des  canaux  déférens u  5.  é. 

Dianicire  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue.  //  //  /? - 

Grande  circonférence  de  la  veHle i.  //  // 

Petite  circonférence // 

Circonférence  de  l'urètre // 

Longueur  des  véficules  féminales ...  n  i.  6 

Largeur //  //  6 

EpaifTeur >/  //  3 

Longueur  des  proftates //  //  (J 

Largeur //  /'  6 

Épaifîêur .  //  n  3 

Diftance  entre  l'anus  &  la  vulve //  //  6 

Longueur  de  la  vulve «  //  4. 

Longueur  du  vagin //  i.  5 

Circonférence //  i .  3 

Grande  circonférence  de  la  veffie //  8.  6 

Petite  circonférence //  6.      g 


9.      // 
//       9 


Longueur  de  l'urètre //       //  o 

Circonférence v       /(  4 

Longueur  du  col  &  du  corps  de  la  matrice //       i.  2 

Circonférence  du  corps //        i.  tf 

Longueur  de  la  ligne  courbe  que  parcourt  la  trompe.      //       *  •  3 

G  g  u; 


2-8  Description 

piefîs.  pouc.  fijL'iiffs* 

Lonf^ucur  Jes  teflicules "       "       '^' 

o 
r  Il  II  X. 

Liro;cur 

O  I 

Lpai|Lcur * 

Le  fqueîette  du  nialbrouck  a  beaucoup  de  rapport  avec  le 
fquelette  de  la  mone  *  ;  cependant  il  y  a  nuïïi  l\çs  diffi-rences 
allez  grandes  pour  prouver  que  ces  deux  animaux  font  d'efj^èces 
différentes.  Les  os  propres  du  nez  du  nialbrouck  font  plus  relèves, 
l'ouverture  des  narines  eft  plus  près  des  orbites  des  yeux;  l'omo- 
plale  eft  de  foirne  différente. 

Il  y  a  douze  vertèbres  dorfales  &  douze  côtes  de  chaque  côté, 
huit  vraies  &  quatre  fauffes  ;  le  flernum  eft  compoîè  de  fept  os; 
les  premières  côtes  s'articulent  avec  la  partie  antérieure  du  premier 
os ,  l'articulation  i\ts  fécondes  côtes  elt  entre  le  premier  &  le 
fécond  os  ;  celle  àts  troiiièmes  côtes  entre  ie  fécond  &  le  troifièmc 
os,  &  ainfi  de  fuite  jufqu'aux  feptièmes  &:  huitièmes  côtes  qui 
s'articulent  entre  le  fixième  &  le  fêptième  os  du  flernum. 

L'os  du  rayon  efl  plus  courbe  &  plus  ccarlc  de  l'os  du  coude 
que  celui  de  la  mone  ;  les  fiulics  \'eitèbies  de  la  queue  du  iquelette 
tîemalbrouck  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette  dcfcription ,  e'toient 
au  nombre  de  vingt  &  une. 

Il  nV  avoit  que  dix  os  dans  le  carpe  ,  le  premier  des  fLirnii- 
mcriires  y  manquoit  ;  le  tarfe  n'ctoit  compofé  que  de  fept  os. 

pieds,  pouces,  lignes. 
Longueur  de  la   teîe  depuis  le  bout  des  mâchoires 

julqu  a  l'occiput //        3.      3  i. 

Li  plus  grande  largeur  de  la  icte n       z.      z\. 

Lono'ucur  de  la  mâchoire  du  dellbus,  depuis  foii 
extrémité  antérieure  jiifqu'au  bord  pofl:érieur  de 
i'apophyfe  condyloïde //       z.      3. 

#  Voyez,  ci-après  la  dcfcription  du  fquelette  de  là  Mone. 


D  U    AI  A  L  B  R  O  U  C  K,  2 


39 

picdr.  pouces,  lignes, 
xiifleur  de  la  pnrtie  antc'i  iture  c!e  los  de  h  mâchoire 

du  dciTiis 


"        //  i\. 

Largeur  de  la  mâchoire  du  dcfTus  à  l'endroit  des  dents 

"'^'"es „  ,,  jj^ 

Diflancc  entre  les  orbites  &  l'ouvenure  des  narines.  .  .  //  //  ^ 

Longueur  de  cette  ouverture //  //  ,j^ 

Largeur „  „  ^  r^ 

Longueur  des  os  propres  du  nez n  n  6-. 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large //  //  i . 

Largeur  des  orbites //  //  j  qI, 

Hauteur „  „  g  i^ 

Largeur  du   bafljn //  j ,  ,  i^ 

Hauteur „  i .  ,  o. 

Longueur  des  plus  longues  fàuiïes  vertèbres  de  la  queue.  //  i .  ? . 

Longueur  de  l'omoplate //  ^,  a^ 

Longueur  de  l'humérus //  -» .  i  q. 

Longueur  de  l'os  du  coude u  a.  ^  -,. 

Longueur  de  l'os  du  rayon //  5.  n. 

Longueur  du  fémur //  4.  g. 

Longueur  du  tibia //  4.  j^ 

Longueur  du  péroné //  4.  3. 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe,  qui  eft  le  plus 

court //  ;/  (5  i. 

Longueur  du  troifiéme  os  du  métiicarpe,   qui  eft  le 

plus  long //  , .  j , 

Longueur  du  premier  os  du  métatarfê,  qui  cfl  le  plus 

court //  //  I  o  î. 

Longueur  du  troifiéme  ,  cjui  eft  le  plus  long //  i .  a 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  devant a  n  ^  £, 


24.0  DESCRIPTION,    te, 

pi'.dî.  poucc5,  lipiict. 

Longoeur  cîc  la  feconcîe 

Longneur  de  la  p.emit-re  phalange  du  iroifième  doigt.  //       //       «• 

Longueur  de  la  lecondc "       "       5- 

Loniiucur  de  la  troificiue "       "       3  • 

o 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derricie • ^ 

Longueur  de  la  féconde "        "       3- 

Longueur  de  la  première  phalange  du  iroifième  doigt,  n       u       5?  \. 

Longueur  de  la  féconde. "        "       5* 

Longueur  de  la  troiiième "       "       3  J- 


^ 


> 


C^,  câ' 


a-ç 


■■'<?' 


"h^^^^ 


fn 


\:>'^^m'<iJ 


,--* 


DESCRIPTION 


7,'/;/.  \ir 


/y.  A.V/.V.   I\,o.  1-7,, 


MAI.liROrC  K 


.././/. 


1^1 


DES  C  R  I P  T I O  N 

DU    B  0  N  N  ET-C  H  I  NO  IS. 

[y  on  s  avons  Jonnc  à  cet  animal  (planche  xxx)   le  nom 
de  Bonnet-dùnois ,  parce  qu'il  a  fur  le  delllis  de  la  tdie  de  lon^rs 
poils  dirig.^s  du  cenire  à  tous   les  points  de   la  circonfoence , 
&  que  Qcs  poils  formoient  une  forte  de  coiffure  qui  refrembb 
à  une  calotte  ou  à  un  bonnet ,  qui  efl  en  ufage  chez  \ts  Chinois. 
On  a  cru  que  la  longueur  &:  la  diredlon  des  poils   de  la   tête 
de  l'animal  dont  il  s'agit.  rufTifoient  pour  caraclcrifèr  une  efjxTe 
particulière;  mais  par  rapport  à  la  longueur  du  poil ,  il  me  fembfe 
que  ce  caraclère  e(t  comniLin  au  Macaque  Se  à  l'Aigrette;  l'un 
a  fur  le  dtiïus  de  la  tête  un  toupet  de  longs  poils,  qui  forment 
une  forte  de  crêle;  l'autre  a  auffi  un  toupet  fur  le  front,  oui  le 
fait  parojtre  cornu.  Qiiant  à  la  diredion   de  ce  long  poil  de  la 
tête,  elle  feroit  auffi  à  peu  près  la  même  fur   le  macaque,  fur 
Taigretteôc  fur  ie  bonnet-chinois,  fi  l'on  renverfoit  les  poils  du 
toupet  Açs  deux  premiers  pour  leur  donner  la  forme  d'une  calotte 
ou  d'un  bonnet.  Suppofons,  comme  il  y  a  tout  lieu  de  le  croire, 
que   \^s  trois  animaux  dont  il  eft  ici  qLiertion  ,  aient  de  longs 
poils  fur  le  front  &   fur  le  deffus  de  la  tête;   en  accourcidànt 
ceux  du  frojit  &:  en  laiflànt  fubfifîer  ceux  du  fommet  de  la  tête 
dans  leur  entier,  il  ne  refiera  qu'une  crête  comme  dans  le  ma- 
caque; fi  au  contraire  on  laifTe  fubfifier  ceux  du  front  après  avoir 
coupe  en  partie  ceux  du  fommet  de  la  tête ,  le  toupet  Ai\  fjont 
aura  la  forme  d'une  aigrette,  comme   dans  l'animal  qui  porte 
ce  nom  ;  en  renverfmt  tous  ces  longs  poils  autour  de  la  tête , 
on.  en  fera  un  bonnet  comme  fur  l'animai  dçnt  il  s'agit;  ces 
Tome  XIV,  H  h 


2^1  Description 

ditîcreiites  clirpofiUons  peuvent  arriver  par  h^dûd ,  comme  îî 
n'arrive  aiiffi  que  trop  foiivent  que  ion  apprcte  les  objets  de 
i'Hifloire  naturelle  pour  en  trouver  le  débit  ou  poLir  les  rendre 

plus  merveilleux. 

L'animal  nommé  le  bonnet-chinois,  paroît  par  Tes  caractères 
extérieurs,  être  de  même  efpèce  que  le  macaque  &  l'aigrette, 
il  nGW  diftcre  dans  les  couleurs  du  poil  que  par  d^s  teintes  qui 
peuvent  varier  fur  des  individus  de  même  efj^èce  ;  il  étoit  plus 
petit  que  les  deux  autres ,  mais  il  étoit  auiïi  fort  jeune  ,  &  on 
verra  par  les  dimenfions  rapportées  dans  la  table  fuivante  ,  qu'il 
avoit  à  peu  près  les  mêmes  proportions. 

pieds,  pouces,  lignes» 
Lonf^iieur  du  coips  entier,  mefuré  en  ligne  droite, 

depuis  le  bout  du  inufeau  jufqu'à  l'anus i.  //  " 

Longueur  de  ia  tête  ,  depuis  le  bout  du  niufeau  jufqu'à 

rocciin)t "  3  •  ^^' 

Circonférence  du  bout  du  mufeau "  3.  ^' 

Circonférence  du  mufeau  prife  au-deflous  des  yeux. .  //  5  •  ** 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche "  "  •'  i» 

Diflance  entre  les  narines u  ¥  2. 

Diftance  entre  le  bout  du  inufeau  &  l'angle  antérieur 

de  l'œil "  '  •  3  • 

Diftance  entre  l'angle  poflérieur  &  l'oreille «  1  •  7. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre //  u  7. 

Ouverture  de  l'œil "  "  4*- 

DiHance  cnuc  les  angles  antérieurs  des  yeux ê  h  ^{^ 

Circonférence  de  la  tête  ,  prife  entre  les  yeux  &  les 

oreilles "  8.  ;/ 

Longueur  des  oreilles /'  i .  " 

Longueur  de  la  bafc,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.  /'  i.  8. 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,  prife  dans  le  bas.  .  .  .  //  i.  fi 


7,.„;      \7/ 


/Y.    \\\.  /',,,/    -.y. 


^^ÎÏÏ^ 


■^--^*^ 


erf^-i 


.^^..m^^.c"'^"'^: 


yi.-    .I>r,-    ,/,/,/, 


■■•''/"■.■"  •'■"■"/ 


LK    1U)NNKT-(MIINC)IS 


irm  xiX'^ 


n  .  XX  \l  l\iû    2^2- 


fui::-  r,li,..Ti^.  ,i'l . 


rL-ri/.'/  S.u!/- 


DU      BO  N  NET'C  H  IJVOIS.         24.3 


Lonooieur  du  cou 

o 

Circonférence. // 

Circonk-rence  du  corps ,  prlfe  derrière  les  jambes  de 

devant /r 

Circonférence  à  l'endroit  lei)lus2ros // 

Circonférence  devant  les  jambes  de  derrière /; 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue i . 

Circonférence  à  l'origine // 

Longueur  de  l'avant-bras.  depuis   le  coude  jufqu'au 

poignet // 

Circonférence  du  poignet // 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  n 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  tt 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles.  .  .  » 


pieds,  pouces,  lignes. 


9- 

9- 
6. 

6. 


9' 
9- 

3- 

8. 

6. 

H 

II 


-)  • 
2. 

2. 

3- 
3- 


I  o 

3 

6 

I  o 
9 


Le  fqueleite  de  l'animal  dont  il  s'agit ,  a  beaucoup  de  rapport 
avec  celui  du  macaque  ;  cependant  en  comparant  ces  deux  (queleltes 
avec  attention  ,  j'ai  vu  les  difîcrences  iuivantes. 

Le  fommet  delà  tcte  &  l'occiput  du  bonnet-chinois  /ont  plus 
élevés ,  plus  rentîés  8c  plus  arrondis  ;  il  n'y  a  point  d'arêtes  oiïeufès 
fur  l'occiput  ;  l'arcade  zygomatique  efl:  moins  courbce  en  haut  ; 
les  branches  de  la  mâchoire  infcrietire  font  beaucoup  plus  longues; 
l'omoplate  efl:  de  forme  différente.  Le  premier  os  du  métatarfe 
n'efl;  pas  plus  gros  que  les  autres  ;  au  relie  ,  les  deux  fquelettes 
diffèrent  peu  l'un  de  l'autre;  les  £iuffes  vertèbres  de  la  queue  du 
fquelette  du  bonnet-chinois ,  étoient  au  nombre  de  vingt-qu  itre. 

Il  n'y  avoit  que  dix  os  dans  le  carpe,  le  premier  des  (iirnu- 
méraires  y  manquoit.  Le  larfè  n'étoit  compofé  que  de  iêpt  os. 


*ïSîoBn<5^ 


H  h  ij 


244-       Histoire  N atu belle 

iisiiSEiciaisciicraaisiCiisisiaasisiciiCiiCî^ 


N, 


LE    MANGABEY*. 


ous avons  eu  deux  incîiviJus  fpt.xxxiidr xxxirij 
tic  cette efpèce  de  Guenons  ou  Singes  à  longue  queue; 
tous  deux  nous  ont  ctc  donnés,  fous  la  dénomination 
de  Singes  de  Aladdgafcar  :  il  cfl  facile  de  les  dif- 
tinguer  de  tous  les  autres  par  un  caradère  très -appa- 
rent. Les  Mangaljcys  ont  les  paupières  nues  &  d'une 
blancheur  frappante  ;  ils  ont  aii/Fi  le  mufeau  gros,  large 
<Sc  alongc  ,  (?v  un  bourrelet  faillant  autour  des  yeux.  Ils 
varient  ])0ur  les  couleurs  ;  les  uns  (jil.  xxxii )  ont  k 
poil  de  la  tctc  noir,  celui  du  cou  (Se  (S.\\  defTus  du  corps, 
brun-fauve  o:  le  ventre  blanc  ;  les  autres  (pi.  xxxiii ) 
l'ont  plus  clair  fur  la  tète  &  fur  le  corps,  (Se  ils  diffèrent 
fur-tout  des  premiers  par  un  large  collier  de  poils  blancs 
qui  leur  environnent  le  cou  (3c  les  joues  :  tous  (\t\\)(. 
portent  la  queue  relevée  ,  cSe  ont  le  poil  long  (Se  touffu  ; 
ils  font  du  même  pays  que  le  vari  ;  (Se  comme  ils  lui 

*  Alangahey ,  nom  précaire  que  nous  donnons  à  cet  animal  en 
attendant  qu'on  Tache  Ion  vrai  nom;  comme  il  fe  trouve  à  Madagafcar», 
dans  les  terres  voifmes  deMangabey,  cette  dénomination  en  r3j)peHera 
J'ide'e  aux  Voyageurs  qui  lèront  à  portée  de  le  voir  &  de  s'informer 
du  nom  qu'il  porte  dpns  cette  île  qui  eft    (on  pays  natal. 

y£îhiops  i  fimia  caudata  imherbis ,  vertice  pilis  arreâis  lunulaque  frontis 

ûlh'is corpus  fiifcvrn,  fuhtus  album,  cauda  reéla ,  fubtus  alba,fuper- 

ci lia  feu  lunula  alba  tranfverfa ,  pnlpebra  fnpenor  nuda  ,    alba ,   auxiS 
Qculiufculcç.  Linn.  SyJI.  nat.  edit,  X,  pag.  28. 


D  U     AI  A  N  G  A  B  E  r.  245 

refTcmblent  par  l'alongement  clii  miircau  ,  par  la  lon^ucar 
de  la  queue,  par  la  manière  de  la  porter  Si  par  les 
variétés  de  la  couleur  du  poil,  ils  me  paroifFcnt' /aire 
la  nuance  entre  les  makis  Se  les  guenons. 

Caraâtres  dift'mâifs  de  cette  efpcce. 

Le  ATangabcy  a  des  abajoues  &  des  caflofités  fur  les 
fefTes  ,  la  queue  aufli  longue  que  la  tête  &  le  corps 
pris  enfemble.  Il  a  un  bourrelet  proéminent  autour 
des  yeux  ,  6.  la  paupière  fupérieure  iXxmç  blancheur 
fra])pante.  Son  mufcau  cil  gros  &  long  ,  fes  fourcils  font 
d'un  poil  roide  c^  liérifîe  ,  Tes  oreilles  font  noires 
&  pref{|ue  nues  ;  le  poil  des  parties  fupéricures  du 
corps  cft  brun ,  &  celui  des  parties  inférieures  efl  gris. 
11  y  a  variété  dans  cette  efpèce;  les  uns  étant  de  couleur 
uniforme,  (Se  les  autres  ayant  un  cercle  de  poil  blanc  en 
forme  de  collier  autour  du  cou ,  &  en  forme  de  i)arbc 
autour  des  joues.  Ils  marchent  à  quatre  pieds ,  &  ils  ont 
à  peu  près  un  pied  <Sc  demi  de  longueur,  depuis  le  bout 
du  mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la  queue.  Les  femelles, 
dans  ces  efpèces  font  fujettes,  comme  les  femmes,  àr. 
un  écoulement  périodique. 


H  h  ^, 


24-6  Description 


D  E  S  C  R  I  PTI  O  N 

DU     M  A  N  G  AB  EY. 

Le  mufeau  du  Mangabey  (pi  xxxii )  eft  gros  &  alongé; 
le  tour  àç.s  yeux  efl  proéminent  conime  un  boLirrelet  ,  &  la 
paupière  lupcrieure  blanche.  La  plus  grande  partie  de  la  face  & 
le  poil  de  la  tcie  font  noirs,  ce  qui  rend  le  blanc  de  la  paupière 
très-apparent ,  il  eft  en  forme  de  croiiïant  lorfque  l'œil  eft  ouvert. 
Les  oreilles  font  dégarnies  de  poil,  noires,  faiis  bord  &  \\w  peu 
plic'es  en  arrière  par  l'extrcmitc  ;  le  poil  de  la  plus  grande  partie 
du  corps  efl  long  &  de  couleur  cendrée-noirâtre  avec  une  légère 
teinte  de  fiuve  fur  la  tête  ;  mais  la  gorge ,  la  poitrine  ,  le  ventre 
&:  la  lace  intérieure  des  jambes  font  de  couleur  cendrée-claire,  & 
les  extrémités  des  jambes  depuis  l'avant-bras  &  le  talon  jufqu'au 
bout  des  doiuts  ont  une  couleur  noire  ;  la  queue  eft  longue, 
l'animal  la  porte  ordinairement  repliée  en  haut  &:  étendue  en 
avant  puallciement  au  corps.  Il  a  les  felTes  pelées ,  les  ongles 
plits  &  le  bout  Ats  doigts  fort  gros ,  principalement  le  bout  du 
pouce.  Il  y  a  quelques  gros  poils  de  chaque  côté  du  mufeau ,  & 
ceux  qui  fe  trouvent  fur  le  bas  du  front  au-deiïus  du  nez  Se  des 
yeux  font  fermes  &  héri (Tés. 

pieds,  pouces,  lignes.' 
Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'anus i .  4.  C. 

Hauteur   du  train  de  devant i  •  1  •  <^. 

Hauteur  du  train  de  derrière i.  ^.  8. 

Lono-ucur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à 

i'occiput /^  3  •  '  <^' 

Circonférence  du  bout  du  muleau /'  3.  5?' 


DU      AI  A  N  G  A  B  EY.  2^j 

pieds,  pouces,  lignes. 

Circonférence  du  niufcau,  prifeau-dcfioiis  des  yeux.  //  6.  6. 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche //  2.  8. 

Diflance  entre  les  deux  narines //  //  i. 

Diflance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 

del'ceil //  j .  4. 

Diflance  entre  l'angle  poflérieur  &  l'oreille //  1 .  i  o. 

Longueur  de  l'oeil  d'un  angle  à  l'autre //  //  7. 

Ouverture  de  l'œil , //  //  3  i. 

Diftance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux  en  fuivant 

la  courbure  du  chanfrein //  //  p. 

La  même  diftance  en  ligne  droite, u  n  5, 

Circonférence  de  la  tête  entre  les  yeux  &  les  oreilles.  //  i  o.  // 

Longueur  des  oreilles //  //  p. 

Longueur  de  la  baie,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.  //  2,.  2, 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,  prilc  dans  le  bas.  .  //  2.  4. 

Longueur  du  cou //  1 .  8. 

Circonférence  du  cou //  5.  8. 

Circonférciice  du  corps,  prile  derrière  les  jambes  de 

devant //  10.  4. 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros ....  //  11.// 

La  même  circonférence  devant  les  jambes  de  derrière .  //  8.  // 
Hauteur  du  bas  du  ventre  au-deflus  de  terre  fous  les 

flancs /'  II.  8 . 

La  même  hauteur  fous  la  poitrine //  p.  // 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue i .  4.  6. 

Circonférence  à  l'origine "  4.  n 

Longueur  de  l'avant -bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet //  5'  "• 

Circonférence  du   poignet //  2.  6. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  //  3  •  ^' 


248  Description 

pied5.  pouccî.  lîgn»; 
Longueur  de  la  J.imbc  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.      //       6.    10. 

Longueur  depuis  le  talon  julqu'au  bout  des  ongles.  .       //       4.      6. 

Le  mangibey  qui  a  fervi  Je  fujet  pour  fa  defcriptioii  d&s 
parties  molles  intérieures  ctoit  femelle,  elle  ne  diiîcroit  du  mâle 
fur  lequel  la  delcription  prccédente  des  pajlies  extérieures  a  été 
fîiite,  qu'en  ce  qu'elle  n'avoit  aucune  teinte  de  fauve  fur  fàlêîe; 
que  les  arcs  blaiics  des  paupières  n'étoient  pas  d'un  beau  blanc  ; 
que  le  bout  du  pouce  du  pied  de  devant  n'étoit  pas  plus  gros  que 
celui  des  autres  doigts,  &  qu'eiiiin  cette  iemelle  avoit  fur  la  tête 
un  bouquet  de  poil  hériffé  qui  s'élendoit  depuis  le  ï\on\.  jufqua 
l'occiput;  ce  poil  avoit  environ  un  pouce  de  longueur,  &;  celui 
qui  (ê  trou  voit  à  côté  étoit  fort  court  :  mais  peut  être  avoit  -  il  été 
coupé  pour  former  une  forte  de  crête  6k:  donner  un  air  de  fin- 
gularité  à  l'aiiimal  ;  il  avoit  un  p>ied  fix  pouces  «Se  demi  de  lojigueur 
depuis  le  bout  du  m ufe;uj  jufqu'à  l'anus,  il  pefoit  dix  livres. 

X'épiploon  étoit  très  nu'nce  &  s'étendoit  jufqu'au  pubis. 

Le  duodénum  (ê  replioit  en  dedans  près  du  pylore  dans  la 
région  épigadrique  ;  le  jéjunum  fiifoit  (^&s  circonvolutions  dans 
la  région  ombilicale,  dans  le  côté  droit  ■&:  dans  la  région  épigal- 
trique  ;  celles  de  i'ileum  éloient  dans  le  côté  gauche  de  devant 
en  arrière  &  dans  la  région  ombilicale;  le  cœcurn  étoit  placé 
dans  le  milieu  du  côté  droit  &  dirigé  de  droite  à  gauche  dans 
celte  région;  le  colon  s'étendoit  en  avant  dans  le  côté  droit, 
paffoit  de  droite  à  gauche  deirière  l'eflomac  &  formoit  quelcjues 
circonvolutions  dans  le  côté  gauche;  enfin,  il  fe  replioit  en  avant 
dans  le  Hanc  gauche  avant  de  fe  joindre  au  redum,qui  s'étendoit 
obliquement  dtpuis  le  côté  gauche  jufqu'à  l'anus. 

L'eftomac  (pi.  xxxiv.fy.  i)  éloit  grand,  &  le  cul-de-fac  (A) 
.avoit  beaucoup  de  .profondeur,  au  contraire  la  portion  {BQ  de 


DU      M  A  N  G  A  B  EY.  249 

ïa  {"Kirtie  droite  qui  e(î  au-ciclà  de  l'angL-  (B)  ctoit  comte  &  avoit 
im  petit  diamctie;  l'une  i.ks  faces  |^Z)y  ctoit  beaiicoiip  plus 
convexe  que  l'autre  (E). 

Les  inteClins  grêles  avoient  tous  à  peu  près  la  même  grolfeur  , 
exce^îté  l'ileum  ( A  B ,  pL  xxxiv,jig.  2)  qui  ctoit  plus  petit 
près  du  cœcum  ;  cet  intefiin  (CD)  ctoit  court ,  gros  6<:  défigure 
conique;  le  colon  avoit  à  fon  origine  (E)  moins  de  grofleur  que 
le  cœcum  ,  &  il  devenoit  de  plus  en  plus  petit  jufqu'à  l'endroit 
ou  il  fe  joignoit  au  redum  ,  qui  n'ctoit  pas  plus  gros  que  le 
colon,  excepté  près  de  raiiiis  où  il  fe  trouvoit  un  peu  plus 
gros.  II  y  avoit  fur  le  cœcum  trois  bandes  tendineufes  qui  le 
prolongeoient  le  long  du  colon  &:  du  redum  jufqu'à  l'anus. 

Le  foie  s'ctendoit  autant  à  gauclie  qu'à  droite,  il  avoit  quatre 
grands  lobes,  le  plus  grand  étoit  place  derrière  le  milieu  du  dia- 
phragme &  divifé  en  deux  parties  inégales  par  une  petite  fcilïïire, 
dans  laquelle  pafloit  le  ligament  fuijoenfoir  ;  la  véficule  du  fiel  fe 
trouvoit  incruflée  dans  la  partie  droite  de  ce  lobe  qui  étoit 
plus  de  deux  fois  auffi  grande  que  l'autre  ;  il  y  avoit  un  lobe  à 
droite  &  un  lobe  à  gauche  qui  étoient  prelqu'auiTi  grands  l'un 
que  l'autre  &  moins  grands  que  le  lobe  du  milieu  ;  il  y  avoit  à 
ia  racine  de  la  partie  droite  du  foie  deux  lobules  qui  n'étoient 
pas  entièrement  féparcs  l'un  de  l'autre  ;  ce  vifcère  avoit  au  dehors 
&  au  dedans  une  couleur  rouge-p.ile  ,  il  peloit  quatre  onces 
trois  gi'os  ;  la  véficule  du  fiel  étoit  fort  grande. 

La  rate  avoit  trois  hcQS ,  là  partie  inférieure  étoit  fort  large 
&.  formoit  la  balè  d'un  triangle  alongé  ,  dont  le  fommet  le  trouvoit 
à  l'extrémité  fupérieure;  ce  vifcère  avoit  une  couleur  brune-rou- 
geâtre  plus  foncée  à  l'intérieur  qu'à  l'extérieur  ,  il  pefoit  un  gros. 
Le  rein  gauche  étoit  plus  avancé  que  le  droit  d'un  quart  de  fa 
longueur,  ils  avoient  tous  Xq^  deux  peu  d'enfoncenient. 

Tome  XI K  I  i 


250  Description 

Le  panerais  c'toit  compacle  &  sctendoit  depuis  la  rate  jurqu'au 
duodénum,  contre  lequel  il  fe  recourboit  en  arrière  comme  un 

crochet. 

Le  poumon  droit  avoit  quatre  lobes ,  dont  trois  ctoient  de  flfe, 
le  quatrième  fe  trouvoil  placé  près  de  la  bafe  du  cœur  ;  il  n'y  avoit 
que  deux  lobes  dans  le  poumon  gauche  ,  mais  l'antérieur  élolt 
prefque  divilc  en  i\ti\x  parties  par  imt  profonde  cchancrure. 

Le  cœur  ctoit  court  <Sc  pointu  ;  il  ne  fortoit  que  deux  branches 
de  la  croiïè  de  l'aorte ,  mais  la  branche  droite  ctoit  fous-divifèe 
en  trois  rameaux  à  un  demi-pouce  de  didance  de  Ton  origine. 

La  langue  étoit  large,  cpaitTe ,  parfemée  de  grains  blancs  & 
couverts  de  papilles  très-petites;  il  y  avoit  fur  la  partie  poftcrieure 
quatre  glandes  à  calice  rangées  de  file  fur  une  ligne  tranrveifale, 
&  une  autre  fort  grolTe  placée  à  trois  lignes  en  arrière  fur  le 
milieu  de  la  langue. 

Le  bord  de  l'cpiglotte  ctoit  cchancré;  le  palais  avoit  neuf 
filions  tranfverfiux  dont  les  bords  étoient  peu  élevés  &  inter- 
rompus dans  le  milieu  de  leur  longueur ,  ils  formoient  chacun 
deux  convexités  en  avant  &  une  pointe  en  arrière  à  l'endroit 
de  l'interruption  ;  le  cerveau  étoit  grand  &  prefque  rond  ,  il 
recouvroit  le  cervelet  en  entier ,  leur  anfraduofité  &  leur  can- 
nelure reflèmbloient  à  celles  de  la  plupart  des  autres  animaux  ; 
le  cerveau  pefoit  deux  onces  fjx  gros ,  &  le  cervelet  trois  gros 
&:  vingt -quatre  grains. 

Le  malc  qui  a  fervi  de  fujet  pour  \ts  parties  de  la  génération 
ne  différoit  de  celui  dont  les  parties  extérieures  ont  déjà  été  dé- 
crites ,  qu'en  ce  que  le  bout  du  pouce  des  pieds  de  devant  n'étoit 
pas  à  proportion  plus  gros  que  celui  des  doigts  ;  il  pefoit  douze 
livres  ;  fi  longueur  étoit  d'un  pied  huit  pouces  depuis  le  bout 
du  mufcau  jufqu'à  l'anus. 


DU      M  A  N  G  A  B  E  Y,  2  5  I 

Il  n'y  «voit  point  de  (crotum;  le  tellicule  gauche  ctoit  cependiint 
placé  lc)us  la  peau  du  pubis  à  côte  de  la  vei'ge ,  6c  l'Hutre  fous 
l'arcade  dts  mufcles  de  l'abdomen. 

Le  gland  de  la  vei'ge  ctoit  terminé  par  un  champignon ,  au 
centre  diicjnel  fe  trouvoit  l'ouverture  de  l'urètre  qui  sctcndoit 
fous  un  petit  os  oblong  qui  tenoit  au  champignon  par  (on  ex- 
trémité la  plus  menue,  (Se  n'occupoit  que  la  moitié  antérieure  du 
gland  ;   la  vefTie  n'étoit  pas  entière. 

Les  tedicules  étoient  très-petits  ,  &:  les  véficules  fémîniles 
encore  plus  petites;  cependant  la  bande  de  l'épididyme  ôc  les 
prodates  avoient  un  allez  grand  volume;  les  proflates  étoient 
ieparées  l'une  de  l'autre  du  côté  de  la  verge  ;  les  véficules  féminales 
étoient  fort  alongées. 

La  femelle  qui  a  déjà  fèrvi  de  fujet  pour  la  defcription  des 
vilcères  avoit  deux  mamelles  fur  la  poitrine  ,  une  de  chaque  côté; 
la  vulve  étoit  grande  &:  placée  à  fept  lignes  de  didance  du  gland 
du  clitoris ,  ce  gland  étoit  terminé  par  une  forte  de  champignon 
comme  celui  du  mâle,  il  avoit  cinq  lignes  de  longueur;  Çon 
prépuce  étoit  auffi  fort  grand  &  fàillant  au  dehors  de  la  longueur  de 
huit  lignes;  il  y  avoit  qifelques  rides  peu  apparentes  fir  les  parois 
intérieures  (A  B ,  pi  xxxv )  du  vagin  ;  l'orifice  (C)  de  l'urètre 
fè  trouvoit  à  quatre  lignes  de  difiance  du  bord  de  la  vulve  (Se  à 
lin  pouce  du  gland  du  clitoris;  la  veffie  (D)  avoit  la  forme  d'une 
poire,  elle  étoit  un  peu  aplatie  en  deOIis  &  en  defîbus;  le  vaL'ia 
avoit  beaucoup  plus  de  circonférence  au  fond  que  dans  le  refte 
de  Ion  étendue  ;  il  formoit  de  chaque  côté  du  fond  uw  renflement 
fort  apparent  ;  l'orifice  (E)  de  la  matrice  (F)  s'avançoit  dans  le 
vagin  en  forme  de  bec  de  tanche,  comme  dans  les  femmes;  la 
matrice  avoit  auffi  beaucoup  de  rapport  à  celle  d'une  jeune  fille 
par  fa  forme ,  car  elle  11  avoit  point  de  cornes.   Les  trompes 


2$2         Description 

formoient  des  finuofîtcs  fur  les  bords  du  pavillon  qui  étoit grand; 
ies  teQicules  fCGJ  éioient  pointus  par  l'une  de  leurs  extrémitcs , 
l'autre  avoit  beaucoup  plus  de  largeur,  leur  couleur  ctoit  rougeâtre 
au  dehors  :  on  voyoit  au  dedans  de  petits  grains  rougeâtres  & 
jaunâtres ,  &  de  blancs  encore  plus  petits  que  l'on  n'apercevoit 
qu'à  la  loupe,  c'ctoit  fans  doute  les  vtTicules  lymphatiques,  il  y 
en  avoit  auffi  de  groffes  fort  tranfparentes.  J'ai  fliit  reprcfenter  fur 
h  planche  xxxv  l'anus  (H)  &  une  portion  (I K)  du  reclum. 

pieds,  pouc.  ligne*. 
Longueur  des  imcftins  grêles  depuis  le  pylore  juf- 

qu'au  cœcum 5-  i  o.  h 

Circonfcrence  du  duodénum //  3.  3. 

Circonférence  du  jéjunum ►  •  •  n  2..  51. 

Circonfcrence  de  i'ileum  dans  ies  endroits  iesplusgros.  //  2..  p. 
Circonfcrence  de  I'ileum    dans  ies  endroits  les  plus 

minces /'  i .  9. 

Longueur  du   cœcum 2.  //  tj. 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  gros ...  h  7.  4. 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  mince. .  //  3.  6. 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  m  6.  2.. 
Circonfcrence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus 

minces k  2..  7. 

Circonfcrence  du  re<flum  près  du  colon h  z.  7. 

Circonférence  du  rectum  près  de  l'anus m  3.  n 

Longueur  du  colon  &  du  redum  pris  enfemble  ....  2.  10.  ê 
Longueur  du  canal  inteninal  en  entier,  non  compris 

le  cœcum 8.  8.  t 

Grande  circonférence  de  l'efloniac i.  4.  2. 

Petite  circonférence 1 .  i .  h 

Longueur  de  la  petite  courbure  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  i'œfophage b  i.  5. 


DU    Mangabey, 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac 

Circonférence  de  l'œfophaoe 

'      o      ••• u 

Circonférence  du    pylore 

Longueur  du  foie 

Larcveur 

^  // 

Sa  plus  grande  ép ai [Teur 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel 

Son  plus  grand  diamètre 

Longueur  de  la  rate 

°  // 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure , ,, 

Largeur  de  l'extrémité   fupérieure 

Epaifleur  dans  le  milieu 

Épaifleur  du  pancréas 

Longueur  des  reins 

Largeur  

EpaifTeur 

Longueur    du  centre  nerveiLx  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe ^, 

Largeur 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur ^ 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu  a  la  naiflànce  de  l'artère 
pulmonaire 

Hauteur  depuis  la  poùite  jufqu'au  lac  pulmonaire  ...      // 

Diamètre  de  l'aorte  pris  de  dehors  en  dehors u 

Longueur  de  la  langue ,, 

Longueur  de  la  partie  antérieure  depuis  le  filet  jufqu'à 
l'extrémité ^ ^^ 

Largeur  de  la  langue ,^ 

Longueur    du   cerveau g 

Largeur ^ 

li  iij 


^55 

pouc, 

■  ligiici» 

2.. 

9' 

I. 

6. 

2. 

H 

3- 

4. 

4- 

8. 

H 

I  I. 

I. 

9- 

0 

9- 

l  . 

9- 

Il 

lO. 

II 

5- 

U 

"^    2m 

II 

^î- 

I. 

10. 

6. 


ï. 

2. 

2.. 

I. 

4. 

9' 

I, 

10. 

I. 

5- 

Il 

3l 

Z. 

S- 

U 

S. 

II 

I  I. 

2. 

6. 

2. 

4- 

2)j^  Description 

pieds,  pouc.  lignes. 

Épaiffeui- "  '•  5- 

Longueur  du  cervelet "  "  ^  ^  • 

Largeur ^. "  '  '  7- 

É-rr-,  ,.            '                               //  //  I  o. 

Longueur  du  gland "  "  ^°' 

Circonférence "  "  ^  »' 

Circonférence  du  champignon "  >*  9- 

Loncrueur  de  la  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  jufqu'à  l'infertion  du  prépuce "  i.  i  i. 

Circonférence "  "  ^• 

Longueur  des  tefticulcs "  "  o. 

Largeur "  "  ^ 

Épaiffeur "  "  3  ï- 

Lont^ueur  des  cai-^ux  déférens '/  ^.  3  • 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue .  //  //  //  \. 

Longueur  des  véficules  féminales "  i  •  4* 

Largeur "  "  ^  J* 

ÉpaifTeur "  "  '• 

Longueur  des  proflates "  "  S- 

Lirgeur "  "  5* 

Épaiffeur "  "  4  i» 

Diftancc  entre  l'anus  &  la  vulve f  "  S. 

Longueur  de  la  vulve "  »  ^' 

Longueur  du  vagin //  i  •  ^' 

Circonférence "  2.  6. 

Grande  circonférence  de  la  veffie i .  //  6. 

Petite  circonférence n  i  i .  4. 

Longueur  de  l'urètre //  i .  i  • 

Circonférence "  1  9' 

Longueur  du  col  &  du  corps  de  la  matrice u  i .  6. 


DU      M  A  N  G  A  B  EY.  25c 


picJs.  pouces.  ligiic»^ 
1.       5. 
11 


I . 

//         // 
// 


3- 
3- 
4- 


//        1  .'. 


CîVconfe'rence  du  corps ^, 

Dirtance  en  ligne  droite  entre  les  tcHicuIes  &  la  matrice.  // 

Longueur  de  ia  ligne  courbe  que  parcourt  la  trompe.  // 

Longueur  des  tcfliculcs 

Largeur „ 

Epaiflcur ^ 

Autant  le  fqueleite  du  bonnet- chinois  reiremble  à  celui  du 
macaque,  autant  il  y  a  de  refîèmblance  entre  le  /queleite  du 
mangabe)^  &  celui  tlu  patas  à  bandeau  noir  ;  cependant  le  fquelette 
du  mangabey  diffère  de  celui  du  palas  à  bandeau  noir,  en  ce  que 
i'occiput  eft  plus  élevé  par  (;i  partie  /îipérieure  &  plus  arrondi  ; 
les  bords  fupérieurs  des  orbites  ilts  yeux  &:  h  partie  de  l'os 
frontal  qui  les  fépare  ont  moins  de  groffeur  <Sc  de  faillie  ;  ks  os 
propres  du  nez  font  plus  étroits ,  tSc  par  confcqtient  le  nez  a 
moins  de  largem- ;  l'omoplate  eft  de  forme  diftaente  &  plus  ap- 
prochante de  celle  d'un  triangle;  l'os  du  bras  eft  moins  courbé: 
le  fémur  efl:  un  peu  plus  long  que  le  tibia,  tandis  que  cts  deux  os 
font  à  peu  près  de  même  longueur  dans  le  patas  à  bandeau  noir. 
11  y  a  vingt-deux  fiuffes  vertèbres  dans  la  queue;  le  flernum  n'étoit 
pas  entier  dans  le  fquelette  de  mangabey  qui  a  fèrvi  de  fujet  pour 
cette  defcription  ;  ainfi  je  n'ai  pas  pu  reconnoître  le  nombre  des 
vraies  &  des  fauiles  côtes  ,  ni  le  lieu  de  leurs  ajticulations. 

Il  n'y  avoit  que  neuf  os  dans  le  carpe,  \ts  deux  premiers 
furnuméraires  y  manquoient  ;  le  larfe  n'étoit  compofé  que  de 
fept  os. 

Le  premier  os  du  métatarfe  eft  à  proportion  plus  gros  (Se  plus 
long  que  les  autres ,  comme  dans  le  macaque. 

pieds,    pouc.  fignu. 
Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  des   mâchoires 

julqua  l'occiput n       4.       i  -, 


256 


Description 


La  plus  grande  largeur  de  la  tête 

Longueur  de  la  mâchoire  du  deflous  depuis  Ton 
extrémité  anicrieure  jufqu'au  bord  j^oftcrieur  de 
l'apophyfc  condyloïde 

Épaiiïèur  de  la  partie  antérieure  de  l'os  de  la  mâchoire 
du  deflus 

Largeur  de  la  mâchoire  du  deflus  à  l'endroit  des  dents 
canines 

Diftance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines. 
Lon<^ueur  de  cette  ouverture 

o 

Largeur 

Longueur  des  os  propres  du  nez 

Largeur  à  l'endroit  le  plus  large 

Laro;eur  des  orbites 

Hauteur 

Largeur  du  baflin 

Hauteur 

Longueur  des  plus  longues  fàuflcs  vertèbres  âc  la 
queue 

Longueur  de  l'omoplate 

Longueur  de  l'humérus 


pieds,  pouc.  lignes» 
M         Z,       7. 


2.     I  O. 


//      .    2. 


Longueur  de  l'os  du  coude 

Longueur  de  l'os  du  rayon 

Longueur  du  fémur 

Longueur  du  tibia 

Lojigucur  du  péroné , 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe,  qui  e(l  le  plus 


court, 


Longueur  du  troifième  os  du  métacarpe ,  qui  eft  le 
plus  long .  , »  ,  .  , 


ir 


II 

I. 

I. 

If 

n 

5Î. 

II 

II 

8^ 

H 

II 

5- 

II 

H 

lo^ 

II 

II 

3- 

II 

II 

II  ^. 

H 

II 

Pî- 

II 

I  . 

5- 

H 

2. 

u 

n 

I  . 

5- 

II 

2. 

7- 

II 

4. 

9- 

11 

5- 

5- 

II 

4. 

1 1 . 

II 

6. 

Il 

II 

5- 

I  0. 

u 

5- 

5- 

"      "91- 

M         l.        I. 

Longueur 


JV  XXXII.  J\!.u-:>So. 


7K-    c~\-'i>r  /',•// 


LE   MANCVABEY. 


n  XXXIII  j\^,n^:.o 


MANCVABEY  A  COÎJ.IER  JU.ANC 


\- 


/'/  ,    A  117/      Kia.  iCyc. 


n.-  SiK-  ././ 


LVi^-ri/fci  .<'iVt/i, 


/;-///   xjf 


^' 


1) 


'"      I    iiiiBaji 


saasa 


DU      AI  A  N  G  A  B  E  V.  2^7 

pieds,  pouc.  lignes. 
Longueur   du  premier  os  du  mctatarfc  ,    qui  cR  le 

plus  court /,  , ,  ^  ^ 

Longueur  dutroificmc  ,  qui  eft  le  plus  long //  i.  o. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  ét^s  pieds 

de  devant ;,  ^  j^ 

Longueur  de  la  féconde /,  ,,  -,  <:^ 

Longueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt.  //  //  1  i  i. 

Longueur  de  la  féconde //  //  g. 

Longueur  de  la  iroifième //  u  4,. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière //  //  ^  ». 


Longueur  de  la  féconde //  /,       4-'. 

Longueur  de  la  première  j:)halange  du  troifième  doigt.  //  //  11. 

Longueur  de  la  féconde //  //       8. 

Loi]gueur  de  la  troifième n  n       5. 

Le  Mangabey  à  collier  blanc  (pi.  xxxiii)  m'a  paru  ne  différer 
du  mangabey  fimplement  dit,  que  par  quelques  teintes  dans  les 
couleurs  du  poil ,  principalement  en  ce  qu'il  a  ftir  le  cou  wwç, 
iorle  de  collier  ,  formé  par  des  poils  blancs  :  cette  bande  (è  pro- 
longe de  chaque  côté ,  le  long  du  cou  jufqu'aux  joues  ;  il  y  a 
aufTi  des  poils  blanchâtres  au  bout  du  muiêau  &  fous  la  mâchoire 
inférieure  :  cts  différences  peuvent  ne  venir  que  de  l'âge  &:  du 
fèxe  Se  font  trop  légères  pour  caradéri fer  une  efpèce  particulière, 
il  faudroit  pouvoir  faire  àts  obfêrvations  fur  les  autres  parties 
At  cet  animal  pour  mieux  juger  de  fon  efjpèce. 


nSf 


m 


^ 


Tome  XIV.  K  k 


258       Histoire  Natu relle 


L 


LA     M  O  N  E 


A  Mone  fpl.  xxxvi)  efl  la  plus  commune  des 
guenons  ou  fingcs  à  longue  queue  ,  nous  l'avons  eu 
vivante  pendant  plufieurs  années;  c'eft,  avec  le  magot, 
l'efpèce  qui  s'accommode  le  mieux  de  la  température 
de  notre  climat:  celafeul  fuifiroit  pour  prouver  qu'elle 
n'cflpas  originaire  des  pays  les  plus  chauds  de  l'Afrique 
<S:  des  Indes  méridionales;  &  elle  fe  trouve  en  effet  ert 
Barbarie  ,  en  Arabie,  en  Perfe  c^  dans  les  autres  parties 
de  r Afie  '^  qui  ctoient  connues  des  Anciens  ;  ils  l'avoient 

*  Mone,  Alona  ,  Alunina ,  AJounina,  cfl;  le  nom  des  Guenons  ou 
Singes  à  longue  queue ,  dans  les  Lingues  Morefque  ,  Efpagnofe  &  Pro- 
vençale   Reper'iuntur  in    Aiauritaniœ  filvis  fimiarum    varice  fpecies 

quanun  quœ  caudam  genint  Alonœ  dicuntur.  Léon  Afric.  Defc.  Africœ ,. 
vol.  II,  p:ig.  757. — Simii  caudali  &  barbati  qui  vulgo  monichi  vocantur, 
Profj),  Alj).  HiJL  y£gypt.  lib.  IV,  pag.  24:1.  Nota.  Le  nom  Monkit 
que  les  Anglois  ont  donné  aux  guenons  ou  finges  à  longue  queue  eft 
dérivé  de  Alonichi ,  &.  tous  deux  paroificnt  venir  de  Alona  ou  ylloninûf. 
nom  primitif  de  ces  animaux. 

Kébos  Ariftotelis.  Aypor  Avicennae.  Kébos  &.  Kipor,  font  les  noms 
par  lefquels  les  Grecs  &  les  Arabes  défignoient  les  finges  à  longue 
queue ,  &:  dont  les  couleurs  étoient  variées;  celui  dont  il  eft  ici  qucftion 
a  plus  c[u'>iucun  autre  cette  variété  dans  les  couleurs  ,  &  par  cette 
»ai(on  on  l'appelle   vulgairement  hjînge  varié. 

Cercopithecus  pilis  ex  nigro  &  rufo  variegatis  vejlitus ,  pedibus  nigris , 
caudâ  cinereâ.   Le  finge  varié,   Briff'.   reg.  anim.  pag.  198. 

'  Monichi ///?//  caudati  à'  barbati  ex  jEthiopiœ  locis  conterminis  irt 
y£g)ptii/n  deducuntur  ;  funtque  adtnodum  cicures  &  mundi.  Profp.  Alp^ 
/////.  yEgypt.  lib.  IV,  pag.  242. 


DE      LA      AT  O  N  E.  259 

dcfignée  par  le  nom  l\q  hélws ,  cchiis ,  cœplms ,  à  caiife 
<Je  ia  variété  de  Tes  couleurs  ;  elle  a  en  crtct  la  iice 
brune ,  avec  une  cfpèce  de  barbe  mêlée  de  blanc,  de 
jaune  &  d'un  peu  de  noir  ;  le  poil  du  defllis  de  la  tcte 
6c  du  cou  ,  mêlé  de  jaune  &  de  noir  ;  celui  du  dos 
mêlé  de  roux  &.  de  noir;  le  ventre  blanchâtre  aufTi-bien 
que  l'intérieur  des  cuiires  6c  des  |anibcs,  l'extérieur  des 
jambes  6c  les  pieds  noirs,  la  queue  d'un  gris  foncé, 
deux  petites  taches  blanches  ,  une  de  chaque  côté  de 
l'origine  de  la  queue  ,  un  croifïant  de  poil  gris  fur  le 
front,  une  bande  noire  depuis  les  yeux  jufqu'aux  oreilles, 
6c  depuis  les  oreilles  jufqu'à  l'épaule  6c  au  bras  ;  quelques- 
uns  l'ont  appelée  nonne  par  corruption  de  vione\  d'autres 
à  caufe  de  fa  barbe  grife  l'ont  appelé  le  vieillard ,  mais 
ia  dénomination  vulgaire  fous  laquelle  la  mone  eft  la 
plus  connue,  efl  celle  àtjîjige  varié ,  6c  cette  dénomi- 
nation répond  parfaitement  au  nom  kél>os  que  lui  avoient 
donné  les  Grecs  ,  6c  qui  par  la  déiinition  d'Ariflote 
défîgne  wnc  guenon  owjïnge  à  longue  queue,  de  couleur 
variée. 

En  général,  les  guenons  font  d'un  naturel  beaucoup 
plus  doux  que  les  babouins  ,  6c  d'un  caraétère  moins 
trifte  que  les  fmges  ;  elles  font  vives  jufqu'à  l'extrava- 
gance 6c  fans  férocité  ,  car  elles  deviennent  dociles  dès 
qu*on  les  fixe  par  la  crainte  ;  la  mone  en  particulier  efl 
fufceptible  d'éducation  ,  6c  même  d'un  certain  atta- 
chement  pour  ceux    qui  la  foignent  ;   celle  que  nous 

avons  nourrie  fe  laiffoit  touclier  6c  enlever  par  les  gens 

K  k  i; 


200       Histoire  Naturelle 

qu'elle  connoifToit  ,  mais  elle  fc  refiifoit  aux  autres  Se 
même  les  morcloit;  elle  cherclioit  aulFi  à  fe  mettre  en 
liberté^ ,  on  la  tcnoit  attachée  avec  une  longue  chaîne  ; 
quand  elle  pouvoit  ou  la  rompre  ou  s'en  délivrer,  elle 
s'enfuyoit  à  la  campagne  ,  Si  quoiqu'elle  ne  revint  pas 
d'elle-même,  elle  fe  laiiibit  alFez  aifément  reprendre 
par  Ton  maître;  elle  mangeoit  de  tout  ,  de  la  viande 
cuite  ,  du  pain  &  fur-tout  des  fruits;  elle  cherchoit  aulTi 
les  araignées,  les  fourmis ,  les  infectes*  ;  elle  rempIilToit 
fes  abajoues  ,  lorfqu'on  lui  donnoit  plufieurs  morceaux 
de  fuite  ;  cette  habitude  eft  commune  à  tous  les  babouins- 
ôi  guenons  ,  auxquels  la  Nature  a  donné  ces  efpèces  de 
poches  au  bas  des  joues ,  où  ils  peuvent  garder  une 
quantité  d'alimens  affez  grande  pour  fe  nourrir  un  jour 
ou  deux. 

Cai'ûâères  diflinâïfs  de  cette  efpèce, 

La  Mone  a  des  abajoues  &  des  callofités  fur  les  fefTcs , 
elle  a  la  queue  d'environ  deux  pieds  de  longueur  ,  plus 
longue  d'un  demi -pied  que  la  tête  <&.  fe  corps  pris 
cnfemble  ;  la  tête  petite  <^  ronde,  le  mufeau  gros  6c 
court,  la  fice  couleur  de  chair  bafanée  ;  elle  porte  un 
bandeau  de  poil  gris  fur  le  front,  une  bande  de  poils 
noirs  qui  s'étend  des  yeux  aux  oreilles  ,  (3c  des  oreilles 

*  C'eft  vraifeniLIablcment  de  cette  efpcce  dont  parle  Ludolf,  fous 

le  nom  de  fmge  de  l'Ab'iJjJnie ;  «  ils  vont,  dit-il,  par  grandes  troupes: 

M  comme  ils  aiment  extrêmement  les  fourmis  &  les  vers,  il  n'y  a  aucunes 

3j  pierres  qu'ils  ne  renverfent  ou.  qu'ils   ne    remuent  pour  attraper  les 

iiifecT:€5  qui  font  delîbus.jj  Bijloire  di  l'AbiJinie ,  page  ^/. 


DE      LA      M  O  N  E.  261 

jiifqu'aiix  cpaules  <S:  au  bras;  elle  a  iinecfpèce  de  barbe 
grife  formée  par  les  poils  de  la  gorge  6.  du  defTous  du 
cou  qui  font  plus  longs  que  les  autres  ;  fon  poil  eft  d'un 
noir-roufïïitre  fur  le  corps,  blancbatre  fous  le  ventre  ; 
l'extérieur  des  jambes  &  les  pieds  font  noirs,  la  queue 
efl  d'un  gris-brim  avec  (\t\\\  taches  blanches  de  chaque 
côté  de  fon  origine  ;  elle  marche  cà  quatre  pieds  ,  c5<  la 
longueur  de  fi  tête  <Sc  de  fon  corps  pris  enfemble  depuis 
l'extrémité  du  mufeau  jufqu'à  l'origine  delà  queue,  efl 
d'environ  un  pied  &.  demi.  La  femelle  efl  fujette,  comme 
les  femmes,  à  l'écoulement  périodique. 


Kk 


Uj 


262  Description 


D  E  S  C  R  I  P  T 10  N 

DE      LA      AI  0  N  E. 

La  Alonc  (pi.  XXXVI )  a  la  tête  petite  &  arrondie  ,  le  mufeau 
gros  &  peu  alongc,  le  nez  aplati  &.  les  yeux  enfoncés  ;  les  pau- 
pières ,  le  nez  &  les  lèvres  font  nus  &  de  couleur  de  chair.  Le 
ix)il  du  front  cioit  gris  &  formoit  une  i^jile  de  croKfant  ou  de 
bandeau  ;   le  deffus  du    front  ,   le  fomniet  de  la  tête  &  la  face 
fupcrieure  du  cou  étoient  de  couleur  mélce  de  jaune-verdâtre  & 
de  noir,  parce  que  chaque  poil  avoit  du  noir  à  Li  pointe,  du  jaune- 
verdâlre  au-deilbus  du  noir  &  une  couleur  cendrce-noirâtre  juf- 
qu'à  la  racine  ;  le  dos ,  les  lombes  &.  les  côtes  du  corps  ctoient 
de  couleur  mêlée  de  noir  &  de  roux  tirant  ftir  le  marron ,  parce 
que  la  partie  de  chaque  poil  qui  étoit  d'un  jaune-verdâtre  fur  la 
tête  &:  fur  le  cou ,  avoit  fur  le  dos  &  fur  les  côtés  du  corps  une 
couleur  rouffe  tirant  fur  le  marron.  11  y  avoit  une  bande  noire 
qui  commençoit  au-deffus  de  l'angle  extérieur  de  l'œil  qui  s'é- 
tendoit  jufqu'à  l'oreille,  &  depuis  l'oreille  jufqu'à  l'épaule  &  au 
bras  ;   la   fice  extérieure  du   bras  &  celle  de  l'avant-bras  &  du 
poignet  ;  l'origine  de  la  queue ,  la  face  extérieure  de  la  cuiiïè  &: 
de  la  jambe  ,  &  le  delfus  du  pied  avoient  auffi  une  couleur  noire; 
ie  poil  des  joues  &  du  defîous  du  cou  étoit  plus  long  que  celui  de 
la  tête  &  de  la  poitrine,  &  reffembloit  à  une  forte  de  barbe,  il 
étoit  mêlé  de  blanc  ,  de  jaune  &  d'un  peu  de  noir  ;  ie  menton, 
Ja  gorge,  les  ailfelles,  la  face  intérieure  du  bras  &  del'avant-bras, 
la  poitrine ,  le  ventre ,  les  aînés ,  la  face  intérieure  de  la  cuifîè 
&  de  la  jambe  étoient  blancs.  Il  y  avoit  de  chaque  côté  de  la 
queue  deux  lâches  blanches;  le  poil  cjui  bordoit  le  côté  extérieur 


DE    LA    M  O  N  E.  262 

des  callofitcs  placées  près  de  l'anus ,  ctoit  roux  à  la  pointe  ;  la 
queue  avoit  une  couleur  noirâtre  ;  les  pouces  des  piedi  de  derrière 
étoieiit  plus  grands  que  ceux  des  pieds  de  devant;  le  dedous  des 
quatre  pieds  avoit  une  couleur  brune  (^  les  ongles  ctoient  courts, 
plats  Si  noirâtres  :  la  queue  avoit  une  grande  longueur,  quoi- 
qu'elle ne  tut  pas  entière. 

Li  .  ,  plecîs.   pouc.    l/cjncr; 

ongueui- du   corps  cHtier,  meiurc  en  iîgne  droite  ' 

depuis  le  bout  du  mufe.iu  jufqu'à  Tauus i.       5.      (^^ 

Hauteur  du  train  de  dtv.int i .      „        „ 

Hauteur  du    train  de  derrière j .       i  _      (^^ 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  niufeau  juf- 
qu'à  roccij)ut ij       ^        ^ 

Circonférence  du  bout  du  mufeau /,        ,        ^^ 

Circonférence  du  mufeau  ,  prife  au-deffous  des  yeux.      n        5.      5. 

Contour  de  l'ouverture  de  la  bouche ,,        -, 

3, 

Diuance  entre   les  deux    narines „       ^       j 

Diflance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 
de  l'œil 

Dillance  entre  l'angle  poftcrieur  &  l'oreille 

Longueur  de  l'œil   < 

Ouverture    de   l'œil 


^e  l'œil ° /,        ,, 


Il        1 .       5.V 
o^  ''  *'''"t'e „       /. 

H  II         4. 


Longueur  de  l'œil   d'un  angle  à  l'autre „       „ 


Diflance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux  en  fuivanr 

la  couibure  du  chanfrein ^  ,,  g 

La  même  diflance  en  ligne  droite „  „  , 

Circonférence  de  la  tête ,  prife  entre  les  yeux  &  \cs 

o'eiilcs „  g^  2, 

Longueur  des  oreilles y,  ^  j  ^ 

Liirgeur  de  la  bafè ,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.  //  i .  S. 

Diflance  entre  les  deux  oreilles,   prife  au  bas //  2.  // 

Longueur  du  cou n  j  ^  r^^ 

Circonf(?rcnce ,  t,  c  g 


264.    Description 

picdî.  pouc.  ligne?; 

Cifco'nfcrcnce  du   corps,  prlfe   derrière  les  jambes 

de  devant '^  "•  9' 

Circonférence  à   l'endroit  le  jjIus  gros //  9.  u 

Circonfcrence  prife  devant  les  jojnbcs  de  derrière..  . .  //  6.  6. 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue i  •  i  i  •  <J« 

Circonférence  à  l'origine "  4*  -• 

Lonc^ucur  de   l'avant- l.^ras  depuis  le  coude  jufqu'au 

//  4.  8. 


F 


o 

oignet. 


Circonférence  du  poignet "  -.  6. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufcju'au  bout  des  ongles.  //  3.  4* 

Longueurdela  jambe  depuis  le  genou  jufqu'au  talon.  //  6.  3. 

Longueur  dej)uis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles ...  //  4.  8. 

Cet  animal  pefoit  cinq  livres  neuf  onces  &  demie.  A  l'ouverture 
de  l'abdomen  Icpiploon  ,  les  intefiins ,  le  foie  &i  la  rate  ont  paru 
futit's  comme  dans  le  papion ,  excepte  que  la  portion  du  colon 
qui  s'ctendoit  iranfverfiiement  de  droite  à  gauche  fur  les  inteftins 
grêles,  dans  le  papion,  ctoit  dirigc'e  obliquement  de  droite  à  gauche 
&:  de  devant  en  arrière  dans  la  mone. 

L'ellomac  fe  trou  voit  en  entier  dans  le  côté  gauche,  il  ctoit 
prefque  rond  ;  ks  membranes  &:  celles  <\çs  intefiins  ctoient  minces 
&  tranfjoarentes  ;  le  canal  intedinal  diminuoit  infenfiblement  de 
grolîèur  depuis  le  pylore  juf]u'au  cœcum  qui  éioitgros,  court, 
de  figure  conique  &  arrondie  à  l'extrcmîté  ;  le  colon  avoit  un 
peu  moins  de  diamètre  que  le  cœcum  à  Ion  origine  &  diminuoit 
peu  à  peu  de  groffeur  dans  toute  Hi  longueur. 

Le  foie,  la  vtfjcule  du  fiel,  la  rate  »Sc  le  pancréas  aboient 
beaucoup  de  refîêmblance  pour  la  figure  &  pour  les  couleurs  au 
pancréas ,  au  foie  ,  à  la  véficule  du  fiel  &  à  la  rate  du  papion  ; 
cependant  \ç^  lobes  droit  &  gauche  du  foie  de  la  mone  étoient  à 

peu 


DE     LA     M  ONE.  i6<y 

peu  près  aufTi  grands  l'un  que  l'autre  ;  l'extrcmilc  inférieure  de  fa 
rate  fe  terminoit  en  pointe,  tandis  quelle  étoit  large  dans  le 
papion  ;  le  foie  }:)efoit  trois  onces  trois  gros  &:  cinquante-quatre 
grains ,  &  la  rate  deux  gros  &  feize  grains  ;  la  liqueur  de  la 
vcficule  du  tiel  avoit  une  couleur  rougedlre  teinte  de  vert,  & 
pefoit  vingt -trois  grains. 

Les  reins  avoient  peu  d  enfoncement  ;  leurs  mamelons  croient 
confondus  les  uns  avec  les  autres  ;  le  rein  droit  fe  trouvoit  placé 
un  peu  plus  en  avant  que  le  gauche. 

Le  poumon  droit  avoit  quatre  lobes,  dont  trois  étoient  ranges 
de  file  &  le  quatrième  étoit  placé  près  de  la  ba(ê  du  cœur, 
comme  dans  la  plupart  des  autres  animaux  quadrupèdes;  il  n'y 
avoit  que  deux  lobes  dans  le  poumon  gauche. 

Le  cœur  avoit  la  pointe  dirigée  en  arrière,  peu  aloiigée,  & 
pour  ainfi  dire  double ,  parce  que  chaque  ventricule  formoit  la 
fienne  :  l'aorte  (ê  parlageoit  en  quatre  branches. 

II  y  avoit  fèpt  liilons  qui  traverfoient  le  palais  &qui  formoient 
une  double  convexité  en  devant ,  les  bords  des  deux  derniers 
étoient  interrompus  dans  le  milieu.  La  langue,  l'épiglotte  &  \ts 
bords  de  l'entrée  du  larynx  relîèmbloient  à  ces  mêmes  parties 
vues  dans  le  babouin. 

Le  cerveau  &  le  cervelet  reflèmbloient  au  cerveau  &  au  cer- 
velet du  papion  pour  la  forme  »S:  pour  leur  pofiiion  refjieélive  ; 
le  cerveau  pefoit  imç  once  fèpt  gros  &:  vingt -huit  grains ,  &.  le 
cervelet  un  gros  &  foixante-deux  grains. 

Le  gland  étoit  terminé  en  forme  de  champignon,  partagé  dajis 
le  milieu  par  un  idlon ,  au  fond  duquel  le  trouvoit  l'orihce  de 
i'urètre;  ce  champignon  étoit  aplati  par  les  côtés  oC  s'étendoit 
jufqu'à  l'infertion  du  prépuce  fur  la  face  fupérieure  du  gland;  fur 
l'inférieure  le  champignon  n'avoit  que  trois  lignes  de  lo.igueur. 
Tome  XIV.  L  i 


c 


266  Description 

Chacune  des  vcficules  fominalcs  avoit  trois  faces  longîtuJîp.are^», 
Se  les  deux  vcficules  en  fe  rcunilîànt  formoient  une  forie  d'Y, 
dont  la  queue  ctoit  fort  courte;  les  branches  fè  trou  voient  de 
chaque  coté  de  la  veHie  5c  non  pas-  du  reduni  comme  dans  le 
papion.  Les  prodates  ctoient  placés  contre  les  véficules  (eminales 
cSc  avoient  une  figure  ovoïde  ;  la  vefTie  ctoit  en  forme  de  poire;, 
\ss  tellicLiles  étoient  ovoïdes  Si  leur  fubltance  intérieure  avoit  une 
couleur  jaunâtre;  il  ie  trouvoit  dans  le  gland  &  en  partie  dcmy 
h  verge  un  os  de  cinq  lignes  de  longueur  6c  de  deux  lignes  de 
circonférence  dans  la  plus  grande  partie  de  fon.  étendue ,  mais  le 
bout  qui  tenoit  à  la  verge  étoit  plus  gros. 

pieJs.  pouc.  lignes». 
Lonooieur  des  înteflins  giêles  depuis  le  pylore  juf- 

qu'au  cœciim y.  10.  a 

Circonférence  du  duodénum.  . m  i.  p. 

Circonférence  du   jéjunum //  i.  y  î. 

Circonférence  de  i'ileum  dans  les  endroits  tes  plus  gros.  //  1.6. 

CirconféreiTce  dans  les  endroits  les  plus  minces..  .  .  //  i.  j. 

Longueur  dU  coccum »  1.  4, 

Circonférence  du  cœcum  à  Tèndroit  le  plus  gros.  .  .  //  4.  4, 

Circonférence  à  l'endroit  le  j)lus  mince.  .  .  - v  2.  m 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus  gros.  //  3.  4.. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces,.  .„.  y  2.  6, 

,  Circonfcrcnce  du  retftuin  près  de  Innus n  2.  ?, 

Longueur  du  coton  &  du  reéîum  pris  enfemble.  .  .  1.  8.  ti 
Longueur  du  canal  inteftinal  en  entier ,  non  compris  le 

cœcum <j.  C,  u 

Grande  circonférence  de  i'eiîomac //  p.  p^ 

Petite  circonférence ^  .  .  h  S.  y.. 

Longueur  de  la  pctiie  courbure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à    'celbpLage u  ji  %^ 


DE      LA      AI  0  N  E.  267 

-  TKii.  pouc.  ligne». 

Profondeur  tlu  grand  cuI-de-fTic „ 

Circonférence  de    l'œfophage „  ^ 

Circonférence  du  pyîore „  , 

Longueur  du  foie , ^^  ,  ^ 

L-aro^our ,,  ^  ^ 

o                    //  4.  6. 

S.1  plus  grande  épaifleiir „  ^.  g 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel g  ,  ^ 

Son  plus  grand  diamètre „  „  ^ 

Longueur  de  ia  rate „  ^ 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure ^  ,,  j  q 

Largeur  de  l'extrémité  fupérieure //  n  . 

Epaifîèur  dans  le  milieu 1,  ^ 

Ej)ainèur  du  pancréas n  h  j  1 

Longueur  des  reins ^  j  ^  ^^ 

Largeur „  ,,  j  ^^ 

Epaifleur , n  a  ci 

Longueur    du  centre  nerveux  <Je}>uis  la  veine -cave 

jufqu'à  la  pointe ^  „  ,  j , 

Largeur „  j.  g^ 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur //  -..  i  q^ 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  lanaiflâncede  l'artère 

pulmonaire „  j  ^ 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  fnc  pulmonaire.  .  .  u  i.  it 

Diamèu-e  de  l'aorte,  pris  de  dehors  en  dehors,  ...  a  a  2  '. 

Longueur  de  fa  langue , a/  i  .  g. 

Longueur  de  la  partie  antérieure,  depuis  le  filet  jufqu'à 

J'extrémité //  „  ~ 

Largeur  de  la  langue //  //  g. 

Longueur  du  cerveau.  ...     , p  2.  6. 

Largeur y  a.  a. 


LI  ij 


268  Description 

pieds,  polie,  lignes; 

Épaiflèur " 

Longueur  du  cervelet '' 

Largeur " 

Épaifleur " 

Longueur  du  gland " 

Circonférence " 

Cil  conférence  du   champignon " 

Longueur  de  la  verge  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  jufqu'à  i'inlèrtion  du  prépuce n 

Circonférence n 

Lontjucur  des  lefticules n 

Largeur // 

Épaifleur // 

Largeur  de  Tépididynie u 

Épaifleur u 

Longueur  des   canaux  déférens // 

Diamètre  dans  la  plus  grande  j)artie  de  leur  étendue.  // 

Grande   circonférence  de  la  veffie // 

Petite  circonférence n 

Circonférence  de  l'urètre // 

Longueur  des  véficules  féminales.  , // 

Largeur // 

r 

Epaifîèur // 

Longueur  des  proftatcs // 

Largeur // 

Epaiiïeur n 

Diftance  entre  l'anus  &  la  vulve u 

Le  rquclette  de  la  Mone  a  beaucoup  de  rapport  avec   celui 
du  maiigabey  ;  cependant  il  en  diffère  alTez  pour  faire  connoître 


I. 

I . 

// 

I  0. 

I. 

6. 

// 

7- 

// 

5- 

/' 

8. 

// 

10. 

2. 

I. 

Il 

8. 

II 

6. 

II 

J- 

II 

3- 

II 

>!• 

II 

"\' 

4. 

6. 

U 

"T- 

8. 

3- 

5- 

6. 

// 

6. 

I. 

4. 

// 

^î- 

// 

li- 

// 

3- 

u 

If. 

n 

I. 

II 

6, 

DE     LA     M  O  N  E,  269 

qu'il  efl  d'efpèce  particulière,  quand  même  il  n'y  auroit  pas  d'autres 
caradères  fpccifiqiies  dans  les  vifcères  &  les  parties  extérieures  de 
la  mone. 

Les  os  propres  du  nez  ne  font  pas  élevés  comme  ceux  du 
mangabey  ;  l'ouverture  <\t^  narines  elt  à  proportion  plus  petite 
&  placée  plus  près  des  orbites. 

Le  flernum  n'eft  compoléquede  fix  os;  mais  il  y  a  quelque 
apparence  que  le  fécond  a  été  détruit  par  un  vice  de  conformation 
dans  le  fquelelte  de  la  mone  qui  fait  le  fujet  de  cette  defcripiion  ; 
l'articulation  des  fécondes  &:  des  troifièmes  côtes  fè  trouve  entre 
le  premier  &  le  fécond  os  du  (ternum  ;  les  huitièmes  &.  neu- 
\ièmes  côtes  s'articulent  avec  le  fixième  os  du  fternum  :  ainfi 
il  y  a  neuf  vraies  côtes  &  feulement  trois  fauOès. 

La  queue  n  etoit  compofée  que  de  quatorze  faufîès  vei  tcbres , 
mais  les  dernières  y  manquoient. 

L'os  du  bras  éS.  un  peu  })Ius  long  que  celui  du  rayon ,  tandis 
qu'au  contraire  il  efl  un  peu  plus  coui  t  dans  le  mangabey  : 
l'omoplate  difîère  de  celle  de  cet  animal  par  fa  forme. 

H  n'y  avoitque  dix  os  dans  le  carpe,  le  premier  furnuméraire 
y  manquoit  ;   le  tarfe  étoit  compofé  de  huit  os. 

Le  premier  os  du  mctatarfe  diffère  de  celui  du  macaque  & 
du  mangabey,  en  ce  qu'il  e(l  moins  gros  &:  moins  long,  &  par 
conféquent  le  pouce  a  moins  de  longueur  relativement  à  celle 
des  autres  doigts ,  il  efl;  proportionné  comme  dans  le  magot  & 
la  plupart  des  autres  finges. 

piedi.  pouc.  lignes. 
Longueur  de  la  têtç  depuis  le  bout  des  mâchoires 

jufqu'à  l'occiput o       3.      p. 

La  plus  grande  largeur  de  la  tête //       2.     6. 

Ll  ii; 


zjo  Description 

piods.  pouc.  ffgncl* 
Longueur  cîe  la  mâchoire  du  cleflc)us,  depuis  fbii 
exti'émitc    nnterieure  jufqu'au  bord   ponérieur  de 

rapophyfe  condyloïde h  2..  ro. 

tpainèiir  de  h  jînrrie  anieïicure  de  l'os  de  Li  mâchoire 

du  Jefilis y  m  2. 

Largeur  de   la   mâchoire  du  defllis,  à  Pendroit  des 

dents  canines u  i .  i  ^. 

Dirtance  entre  les  orbites  &  l'ouverture  des  narines.  .  n  u  4I. 

Longueur  de  cette  ouverture n  n  87. 

Largeur //  //  3  ^. 

Longueur  des  os  propres  du  nez n  11  7. 

Largeur  à  Tenclroit  le  plus  large u  n  i  |. 

Largeur  des  orbites h  tt  11. 

Hauteur n  n  9  j. 

Longueur  des  dents  canines h  u  7  i. 

Largeur  du  baffin n  1 .  j . 

Hauteur //  2.  h 

Longueur  des  plus  longues  fiufles  vertèbres   de  la 

queue ,1  \.  7. 

Longueur  de  l'omoplate //  2.  8. 

Longueur  de  l'humérus //  5.  ,1 

Longueur  de  l'os  du  coude //  5.  5  l. 

Longueur  de  l'os  du  rayon.  . //  a,  g-. 

Longueur  du  fcmur ,  ,  ,  //  c  j  q. 

Longueur  du  tibia „  r  j  ,^ 

Longueur  du  |>e'roné //  r  ^^ 

Longueur  du  premier  os  du  métacarpe ,   qui  eft  le 

pîus  court „  a  8. 

Longueur  du  troifième  os  du  métacarpe ,  qui  efl  le 

flus  long „  , .  o . 


J'IXXX17.  pu,/  3.-0 


.Miiyif'i  ,' 


A-  .■;■/■.■  ,/../ 


j- A  3i():„  r> . 


*  \^M  * 


D  E     L  A     M  O  N  E,  2yi 

pieds,  poiic.  ligna» 
Longueur  du  premier  os  du  niétatarfe  ,  qui  eft  le  j)Ius 

co"" ^,  j^  , 

Longueur  du  troificme ,   qui  c(\  le  plus  long u  i.  7  i.. 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

^e  devant „  „  ^ 

Longueur  de  fa  féconde zr  //  >. 

Long.ueur  de  la  première  phalange  du  troifième  doigt,  u  n  11. 

Longueur  de  la  féconde /;  //  y  ^ 

Longueur  de   la  troifième u  h  4, 

Longueur  de  la  première  phalange  du  pouce  des  pieds 

de  derrière u  u  6  -, 

Longueur  de  fa  féconde. //  ^  ^  1. 

Longueur  de  fa  première  phalange  du  troifième  doigt.  x  m  11. 

Longueur  de  fa  féconde it  u  7  i. 

Longueur  de  fa  troifième //  //  4^ 


\ 


ZJ2.         H I  STO  I  RE   N  AT  U  RE  LLE 


a 


LE   CALLITRICHE*. 


ALLITRIX  efl  un  terme  employé  par  Homère, 
pour  exprimer  en  général  la  belle  couleur  du  poil  des 
animaux  :  ce  n'eft  que  plufieurs  fiècles  après  celui 
d'Homère  que  les  Grecs  ont  en  particulier  appliqué 
ce  nom  à  quelques  efpèces  de  guenons  oujînges  à  longue 
queue ,  remarquables  par  la  beauté  des  couleurs  de  leur 
poil  ;  mais  il  doit  appartenir  de  préférence  à  celui  dont 
il  efl  ici  queftion  (pi.  xxxvii).  Il  efl  d'un  beau  vert 
fur  le  corps,  d'un  beau  blanc  fur  la  gorge  &  le  ventre  , 
&  il  a  la  face  d'un  beau  noir;  d'ailleurs  il  fe  trouve  en 
Mauritanie  ôi  dans  les  terres  de  l'ancienne  Carthage  : 
ainfi  il  y  a  toute  apparence  qu'il  étoit  connu  des  Grecs 
6c  des  Romains ,  &  que  c'étoit  l'une  des  guenons  ou 
fiiges  à  longue  queue ,  auxquels  ils  don  noient  le  nom 
de  callhrix ;  il  y  a  d'autres  guenons  de  couleur  blonde 
dans  les  terres  voifines  de  l'Egypte,  foit  du  côté  de 
i'^tbiopie,  foit  de  celui  de  l'Arabie,  que  les  Anciens 

*  Cercopîthecvs  ex  cinereo  favefcens ,  gen'is ,  long'is  pilh  albis  obfiûs. 
Le  Singe  vert.   BrïjJ'.   reg.  anim.  png.  204. 

Le  Singe  de  l'île  Saint-Jacques  ;  on  donne  fouvent  à  cet  animal  le 
nom  de  Singe  vert ,  &  nous  le  diAinguons  par  ce  nom;  nos  gens  de  mer 
l'appellent  en  gt' né  rai  le  Smge  Je  Saint- Jacques ,  parce  qu'il  (è  trouve 
dans  cette  île  du  Cap- vert.  Giinures  d' Edwards ,  pag.   i  o,  fig.  ibid. 

Aux  îles  du  Cap-vert ,  il  y  a  des  finges  à  longue  queue  ,  qui  ont 
îe  vilîigc  noir.  J^vyage  de  Dampkr ,  tome  IV ,  page  ^^. 

ont 


DU   Callitriche.  273 

ont  aufTi  défigncs  par  le  nom  générique  de  caÏÏitr'ix. 
Profper  Alpin  <Sc  Pietro  délia  Valle  *,  parlent  de  ces 
callitriches  de  couleur  blonde  ;  nous  n'avons  pas  vu 
cette  efpèce  blonde,  qui  n'ell  peut-être  qu'une  variété 
de  celle-ci  ou  de  celle  de  la  mone ,  qui  efl  très-com- 
mune dans  ces  mêmes  contrées. 

Au  refle,  il  paroît  que  le  callitriche  o\\  Jînge  vert  fc 
trouve  au  Sénégal,  auffi-bien  qu'en  Mauritanie  <Sc  aux  iles 
du  Cap-vert.  M.  Adanfon  rapporte  que  les  environs 
des  bois  de  Podor,  le  long  du  fleuve  Niger,  font  remplis 
de  fmges  verts.  «  Je  n'aperçus  ces  fmges  ,  dit  cet 
Auteur,  que  par  les  branches  qu'ils  cafîbient  au  haut 
desarbres,  d'où  elles  tomboient  fur  moi  :  car  ils  étoient 
d'ailleurs  fort  fdentieux  <Sc  fi  légers  dans  leurs  gambades, 
qu'il  eût  été  difficile  de  les  entendre;  je  n'allai  pas  plu> 
loin  ,  &  j'en  tuai  d'abord  un,  deux  &  même  trois,  fans 
que  les  autres  paruffcnt  eifrayés  ;  cependant  lorfque  la 
plupart  fe  fentirent  blefles  ,  ils  commencèrent  à  fe 
mettre  à  l'abri  ;  les  uns  en  fe  cachant  derrière  les  « 
grofles  branches  ,  les  autres  en   defcendant  à  terre  ;  « 

*  Simium  CaUitrkhum  Cairi  in  cedibus  hahuimus ,  felem  mâgnam  qua- 
damîenus  magnitud'me  œmulanîem , prolixiori  corporis  figura,  capite  parvo 

erat  &  rotundo corpore  circa  ilia  grac'dijjlmo ,  loto  corpore  rufo  ruti- 

love  fpeâabatur ,  faciès  vero  humanœ  fimilis  fuit  nigra,  undique  bar  bat  a 

fed  barba  albi  erat  coloris caudamque  longam  rutilamque  habebat. 

Profp.  Alp.  Bifl.  yEgypt.  iib.  IV,  pag.  244,  fig.  tab.  XX,  n.°  4.—  J'ai 
vu  aufli  dans  le  Caire  plufieurs  animaux  vivans,  comme  des  Callitriches 
ou  Guenons  de  couleur  blonde.  Voyage  de  Pietro  délia  Valle ,  tome  I, 
page  jfoi. 

Totm  XJK  M  m 


2y^      Histoire  Natu RELLE,irc, 

>'  d'antres  cnlin ,  Sl  c'ctoit  le  plus  grand  nombre,  s'é- 
»  lançoient  de   la   pointe   d'un   arbre  fur  la   cime  d'un 

w  autre Pendant  ce    petit  manège  ,  je  continuois 

»  toujours  à  tirer  dcHus ,  6c  j'en  tuai  jurfju'au  nombre 
»  de  vingt-trois  en  moins  d'une  heure  âc  dans  un  efpace 
»  de  vingt  toifes,  fans  qu'aucun  d'eux  eut  jeté  un  feul 
»  cri  :  quoiqu'ils  fe  fuffent  plufieurs  fois  raffemblés  par 
«  compagnie  en  fourcillant  ,  grinçant  des  dents  &  faifant 

mine  de  vouloir  m'atta(juer  ».  Voyage  au  Sénégal ,  "par 

Ai.  Aclanfon,  page  i/S. 

Caraâères  dijlmâifs  de  cette  efpêce. 

Le  callitriche  a  des  abajoues  Si.  des  callofités  fur  les 
feffes ,  la  queue  beaucoup  plus  longue  que  la 'tête  &  le 
corps  pris  enfemble;  il  a  la  tcte  petite,  le  mufeau 
alongé,  la  face  noire  auffi-bien  que  les  oreilles;  ii 
porte  une  bande  étroite  au  lieu  de  fourcils  au  bas  du 
front.  Si.  cette  bande  efl  de  longs  poils  noirs.  Il  efl 
d'un  vert  vif  mêlé  d'un  peu  de  jaune  fur  le  corps,  Si. 
d'un  blanc -jaunâtre  fur  la  poitrine  Se  le  ventre;  il 
marche  à  quatre  pieds,  &  la  longueur  de  fon  corps,  y 
compris  celle  de  la  tête,  efl  d'environ  quinze  pouces. 
La  femelle  efl  fujette  à  Técoulement  périodique. 


y 


""l'y 


DESCRIPTION 

DU     CALLITRICHE, 

•jLE  Callitriche  (pi.  xxxvii )  qui  a  fervi  de  fujet  pour  cette 
deicription,  avoit  la  tête  petite,  le  mufèau  alongé,  la  partie  fu- 
pt'rieure  des  orbites,  le  bas  du  front  &  le  haut  du  nez  très- fai liant, 
les  oreilles  fort  grandes  &  la  queue  très-longue;  les  oreilles  nctoient 
pas  bordtes,  elles  formoient  un  pli  à  leur  partie  fiipérieure;  les 
lèvres ,  la  face ,  les  oreilles  <Sc  la  plante  àts  pieds  ctoient  noirs  : 
il  y  avoit  de  longs  poils  de  mcme  couleur  à  l'endroit  des  lourcils, 
&:  principalement  au  bas  du  front  entre  les  orbites  àtt^  yeux  ;  de 
forte  que  les  deux  fourcils  fembloient  n'en  former  qu'un  qui  s'é- 
lendoit  depuis  l'angle  poftérieur  de  l'un  des  yeux  julqu  a  l'angle 
poftérieur  de  l'autre  œil,  &:  qui  étoit  plus  garni  aii-deffus  du 
nez  que  dans  le  refle  de  fon  étendue;  les  poils  de  ce  fourcil 
ctoient  dirigés  en  haut  &  avoient  jufqu'à  quinze  lignes  de  lon- 
gueur. La  tête,  le  delfus  &:  les  côtés  du  cou,  le  dos,  les  jambes, 
la  croupe,  la  queue ,  les-  côtés  du  coi-ps ,  les  épaules ,  la  fie-  ex- 
terne du  bras  &  de  la  cuiffe  avoient  à^s  teintes  de  jaune-verdâtre 
&  de  brun,  mais  le  jaune-verdâtre  dominoit  liir  le  brun;  la 
plus  longue  partie  de  chaqj.ie  poil  depuis  la  racine  étoit  de  couleur 
cendrée  ou  brune,  il  avoit  au-delîijs  une  couleur  jaune-verdâtre 
fur  la  longueur  denvir^Dn  quatre  lignes,  &.  la  pointe  étoit  brune. 
La  face  externe  de  l'avant-bras  6c  de  la  jambe.,  &.  le  delîijs  des 
quatre  pieds  avoient  une  couleur,  mêlée  de  gris ,  de  brun  &  de 
jaune-verdâtre  qui  n'étoit  pas  le  plus  apparent.  Le  defîbus  de  la 
mâchoire  inférieure  (Sv  du  cou;  la. gorge,  la  poitrine,  le  venti^  Se 
la  face  interne  des  quati^e  jambes  avoient  une  couleur  blanchâtre 

Mm  ij 


276         Description 

avec  quelques  teintes  de  gris  &:  de  jaunâtre;  les  ongles  étoient 
noirs  &  plies  en  gouttière ,  excepté  ceux  des  pouces  qui  étoient 

plats  dans  les  quatre  pieds  5c  beaucoup  plus  grands  aux  pieds 
de  derrière  qu'à  ceux  de  devant,  li  y  avoit  à^s  callofités  (ur 
les  feifès. 

p!ed5.  pouc  (igncft 
Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mulè^iu  jufqu'à  Tanus i.  2.  3. 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  uiufèau  jufqua 

i'occi|  ut M  3.  p. 

Circonférence  du  bout  du  mu(eau u  3.  2. 

Circonférence  du  mufeau  ,  pnfe  au-deflous  des  yeux, .      ti  5*  * 

Contour  de  Touverii  re  de  la  bouche m  i.  9. 

DiOance  entre   les  deux  narines //  //  2. 

Diftance  entre  le  bout  du  mufeau  &  l'angle  antérieur 

de  l'œil h  i.  j. 

Diftance  entre  l'angle  poftérieur  &  l'oreille //  i,  4, 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre //  m  4, 

Ouverture  de  l'œil //  //  3  1, 

Diftance  entre    les   angles  antérieurs   des   yeux    en 

(uivant  la  courbure  du  chanfrein //  h  8. 

La  même  diftance  en  ligne  droite v  u  5. 

Circonférence  de  la  tête  entre  les  yeux  &  les  oreilles.      //  8.  u 

Longueur  des  oreilles ^  g  11. 

Lnrgpurde  la  bafe,  mefurée  fur  la  courbure  extérieure.       0  \.  6, 

Diftance  entre  les  deux  oreilles,  prife  dans  le  bas.  .  .       u  2.  7. 

Longueur  du  cou y  i,  r 

Circonférence  du  cou //  4.  » 

Circonférence  du  corps  ,  prife  derrière  les  jambes  de 

dev  int g  ,0.  g 

La  même  circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros.  ...      //  1 1 .  c. 


DU     CALLITRICHE.  2yy 

pieds,  pouc.  ligncij 
La  même  circonférence  devant  les  Jambes  de  derrière,      n       7.      6. 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue x.       8.      6, 

Circonférence  à  l'origine n       3.      2. 

Longueur  de  l'avant-bras   depuis  le  coude  jufqu'au 

po'g'iet „       4.     7. 

Circonférence  du  poignet n  z.  5. 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles,  h  i.  8. 

Longueur  de  la  jambe  depuis  le  gtnou  jufqu'au  talon.  1/  5.  9. 

Longueur  depuis  le  talon  jufqu'au  bout  des  ongles.  .  ,  //  4.  6. 

Le  foie  selendoit  autant  à  gauche  qu'à  droite;  Icpiploon  étoit 
prefqu'entièrernent  vicié ,  il  avoit  plus  d'épailTeur  &:  de  coiifif- 
tance  qu'il  n'aurojt  dû  en  avoir;  la  graifîè  étoit  dure&  errenue, 
&:  i'abdomeii  s'cft:  trouvé  plein  d'eau  &:  de  fânie;  lorfque  ces 
liqueurs  ont  été  écoulées,  l'animai  pefoit  quatre  livres  &  demie; 
i'épipiooii  ne  s'étendoit  que  jufqu'au  milieu  de  la  région  ombi- 
licale. 

Le  duodénum  étoit  engagé  dans  les  glandes  obflruées  du  mé- 
fentère;  le  jéjunum  faifôit  ^ts  circonvolutions  dans  la  région 
ombilicale  &  dans  les  côtés;  celles  de  l'ileum  (è  trouvoient  auffi 
dans  la  partie  poflérieure  de  la  région  ombilicale;  le  cœcum  étoit 
dirigé  en  arrière  dans  la  région  hypogaftrique  ;  le  colon  s'étendoit 
en  avant  fur  les  intefiins  grêles  ,  il  formoit  un  arc  dans  la  région 
épigaftrique  &  (ê  replioit  à  droite  dans  le  côté  gauche  avant  de 
fe  joindre  au  réélu  m. 

Les  inteftins  grêles  dimînuoient  peu  à  peu  de  grofîèur  depuis 
le  pylore  jufqu'à  un  pouce  &  demi  de  dillunce  du  cœcum  ,  où 
i'ileum  (A,  pi.  xxxvili ,  f^,  i)  étoit  plus  petit  que  dans  le 
refte  de  fbn  éteji due;  il  avoit  plus  de  grolfeur  près  du  cœcum  (B), 

Cet  inteftiii  éioii  fort  court  &:  de  iigure  à  peu  près  conique  ; 

Mm  iij 


278  Description 

il  avoit  deux  bandes  tendineLifcs ,  elles  fe  prolongeoient  fur  le 
colon  (C )  qui  en  avoit  de  plus  une  troifième  placée  du  côte  oii 
étoit  l'infeilion  (D)  de  l'ileum  ;  ie  colon  avoit  à  fon  origine 
prefquautant  de  groHèur  que  le  caecum  ,  mais  fon  diamètre 
diminuoit  peu  à  peu  jufqu'au  re(5tum  qui  avoit  à  peu  près  la 
même  grolîèur  dans  toute  Ton  étendue,  excepté  près  de  l'anus 
où  Ion  diamètre  éioit  plus  grand. 

Le  giand  cul-de-fac  (A  B,  pL  xxxvili,  fg.  2)  de  l'eflomac 
avoit  beaucoup  de  profondeur;  le  relie  (BC)  avoit  peu  de  lon- 
gueur à  proportion  de  la  largeur  de  ce  vifccre  qui  étoit  beaucoup 
plus  renflé  fur  la  face  inférieure  (D)  que  fur  la  fupérieure  (E),  en 
fuppolânt  k grande  courbure  en  arrière  6c  la  petite  (F)  en  avant; 
dans  cette  même  fituation  l'œfophage  (G)  étant  dirigé  en  avant , 
&  l'eflomac  rempli  d'air  dans  l'état  où  il  efl  repré/enté^.  2  , 
la  portion  (H)  de  la  partie  droite  qui  s'étend  depuis  l'angle  (I) 
que  forme  cette  priie  jufqu'au  pylore  (  K)  étoit  dirigée  obli- 
quement en  avant  &:  en  bas.  Les  membranes  de  l'eflomac  &.  des 
intellins  étoient  très-minces  &:  plus  qu'à  derai-tranfparentes. 

Le  foie  étoit  compofe  de  trois  lobes,  le  plus  grand  fê  trouvoit 
placé  dans  le  milieu,  6c  les  deux  autres  avoient  moins  de  volume 
&  étoient  placés  l'un  à  droite  6c  l'autre  à  gaucbe,  le  droit  avoit 
un  appendice  à  la  racine  que  l'on  pourroit  prendre  pour  un  petit 
lobe  ;  le  plus  grand  dts  trois  lobes  étoit  divife  en  trois  portions 
égales  par  deux  fciffures;  le  ligament  fufjpenioir  paffoit  dans  la 
fcîffure  droite ,  6c  la  véficule  du  fîel  étoit  placée  dans  la  gauche , 
elle  débordoit  un  peu  au-delà  du  bord  du  foie.  Ce  vifcère  avoit 
au  dehors  une  couleur  rouge  très-pâle  6c  prefquc  brune  ;  au  dedans 
la  teinte  de  brun  étoit  plus  foncée ,  il  pefoit  deux  onces  quatre 
gros  6c  demi  ;  la  véficule  du  fiel  étoit  fort  longue  6c  plus  grofîê 
à  fon  extrémité  que  dans  le  relie  de  fon  étendue,  elle  contenoit 


DU      CALLITRICHE,  2JQ 

une  liqueur  d'un  jaune- verdûtre  &  du  poids  d'un  demî-gro5. 

La  rate  éloit  prefcjue  pointue  par  1  extrémité  fupérieure,  I  autre 
ctoit  fi  large  que  ce  vifcèie  avoit  jîrefque  la  figure  d'un  tiiaiK^îe, 
dont  (on  extrémité  inférieure  f^n'foit  la  bafe  :  il  étoit  au  dehors 
&  au  dedans  à\\[\  rouge-noiiâtre.  Je  ne  lapporte  pas  Ton  poids, 
parce  qu'il  éloit  abcédé  en  différens  endic)its. 

Le  pancréas  étoit  vicié  au  point  de  n'être  pas  jeconnoifîâble  ; 
les  reins  avoient  très-peu  d'enfoncement ,  ils  éioientalongés;  il  n'y 
avoit  point  de  mamelons  au  dedans  ;  le  balTinet  étoit  peu  éteiidu. 

Le  centre  nerveux  du  diaphragme  n'étoit  guère  plus  tranP 
parent  que  la  partie  charnue.  Le  poumon  droit  avoit  quatre  lobes  ; 
(avoir,  trois  de  file  comme  dans  la  plupart  des  animaux,  &  un 
quatrième  très-petit ,  placé  à  la  racine  (\ts  autres  près  du  cœur.  Le 
poumon  gauche  n'étoit  compo/é  que  de  deux  lobes,  dont  l'antérieur 
étoit  prefque  divifé  en  deux  parties  par  une  fcilfuie  placée  fur  Ton 
bord  inférieur  ;  l'autre  lobe  avoit  aufli  une  fciffure  fur  /on  bord 
inférieur ,  mais  moins  protonde.  Le  cœur  étoit  gros ,  court  & 
dirige  en  arrière.  Il  ne  fortoit  que  àtux  branches  de  la  crolfe  de 
l'aorte. 

La  langue  étoit  longue ,  large  &:  épailTe,  excepté  le  bout  qui 
avoit  peu  d'épaifîèur  ;  elle  étoit  couverte  de  papilles  très-petites 
&  d'une  grande  quantité  de  grains  glanduleux  ;  il  y  avoit  fur  la 
partie  poflérieure  trois  groflès  glandes  à  calice,  une  en  arrière  & 
deux  en  avant  à  trois  lignes  de  diflance  l'une  de  l'autre,  &:  à 
une  ligne  de  la  glande  poltérieuie  ;  i'épiglolte  étoit  grande  fans 
échancrure  ni  pointe  dans  le  milieu. 

Le  cerveau  n'avoit  que  peu  d'anfraétuofités,  &  elles  étoîent 
très-légères,  il  recouvroit  le  cervelet  en  entier,  il  pefoit  une 
once  cinq  gros  &  foixante-cinc^ grains,  &:  le  cerveiet  un  gros  &. 
iôixante-  cinq  grains. 


28o         Description 

La  vulve  étoit  longue  de  quinze  lignes  :  celte  longueur, 
cxcefTive  pour  un  fi  petit  animal,  venoit  de  ce  que  le  gland  du 
clitoris  étoit  à  dix  lignes  de  diûance  de  l'entrée  du  vagin ,  qui 
n'avoit  qu'environ  cinq  lignes  de  longueur  ;  le  gland  du  clitoris 
étoit  placé  fur  le  pubis  &  compofe  de  deux  petits  tubercules 
qui  fembloient  être  les  vertiges  du  champignon  qui  termine  le 
gland  des  mâles  de  ce  genre  ;  l'orifice  de  l'urètre  iê  trouvoit  à 
cinq  lignes  de  diftance  d^s  bords  de  la  vulve  &:  à  treize  lignes 
du  gland  du  clitoris;  le  vagin  étoit  traverfé  par  deux  petites 
rides  à  l'endroit  de  l'orifice  de  l'urètre  ;  la  veiïie  étoit  faite  en 
forme  de  poire  ;  l'orifice  de  la  matrice  avoit  des  bords  fort  épais 
&  très-faillans  dans  le  vagin  ;  le  col  de  la  matrice  étoit  prefqu'auflî 
gros  que  le  corps:  il  n'y  avoit  point  de  cornes;  les  trompes 
tenoient  à  deux  pavillons  attachés  aux  teflicules  qui  avoient  à 
peu  près  la  figure  d'un  rein  :  on  diûinguoît  dans  leur  intérieur 
quantité  de  petites  caroncules  jaunâtres. 

pieds,  pouc.  iigno. 
Longueur  des  intcflins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'au 

coccum 5.  //  K 

Circonférence  du  duodénum //  1 .  5). 

Circonférence  du  jéjunum u  i .  8. 

Circonférence  de  l'ileum  dans  les  endroits  les  plus 

gros ^ u  I .  C. 

Circonférence  dnns  les  endroits  les  plus  minces.  .  .  g  i.  3, 

Longueur  du  cœcum //  i ,  i  ©. 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  gros.  u  4.  8. 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  mince it  2..  u 

Circonférence  du  colon  dans  les  endroits  les  plus 

gros •. ^  3.  11. 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces. .. .  n  z.  u 

Circonférence  du  reélum  près  du  colon //  i.  // 

Circonférence 


DU      C  A  L  L  I  T  R  I  C  H  E,  28  I 

pccls.  pcuc.  lignes. 

Circonférence  près  Je  l'anus u  z.  8. 

Lon'uicur  du  colon  ôcdu  redum  pris  enfemble.  ...  2,.  //  u 
Longueur  du  canal  inteflinal  en  entier  ,  non  compris 

le  cœcuin 7.  "  * 

Grande  circonférence  de  l'eftomac //  10.  j. 

Petite  circonférence 1  4»  3  • 

Longueur  de  la  petite  courbure ,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  i'œlo])hage //  i.  # 

Profondeur  du  grand  cul-de-fac u  i.  5. 

Circonférence  de  rœfophagc n  i.  4. 

Circonférence  du  pylore //  i.  8. 

Longueur  du  foie. i'  2,.  11. 

Largeur "  4»  " 

Sa  plus  grande  épaifleur u  n  8- 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel u  i .  6. 

Son  plus  grand  diamètre * *>  "  5  i 

Longueur  de  la  rate "  2.  u 

o 

Largeur  de  l'extrémité  inférieure /'  i  •  3  • 

Lajoreur  de  l'extrémité  fupérieure '  >f  4* 

Épaifleur  dans   le  milieu "  '  J« 

Longueur  des  reins *  ^  •  7* 

Largeur "  ^»  " 

Épaifl^eur "  "  ®* 

Longueur  du  centre  nerveux  ,  depuis  lu  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe "  "  ^  *  • 

Largeur "  *  •  "• 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur u  3.  3« 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufc{u'à  la  naiflânce  de  l'artère 

pulmonaire "  *  •  ^' 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'au  (âc  pulmonaire,      n  "  ^  l* 

Tome  XI K  Nn 


zSz         Description,  ère, 

pitJs.  pouc.  Ii'tfnej; 

Diamètre  de  l'aorte  ,  j^ris  de  dehors  en  dehors.  .  ,  h  h  3. 

Longueur  de  la  langue , //        i .  8. 

Longueur  de  fa   partie  antérieure  ,    depuis  le    filet 

jafqu'à  l'extrémité ^ //  u  r 

Largeur  de  la  langue >/  n  y. 

Longueur  da  cerveau //  ^.  4, 

Largeur //  2.  // 

Epaiiïèur //  i .  i . 

Longueur  du  cervelet //  //  ]  o. 

Largeur //  i .  ^ . 

Epaiiïèur //  //  y, 

Diflance  entre  l'anus  &.  la  vulve //  n  6. 

Longueur    du    vagin h  i  .  ,. 

Circonférence h  i  .  4. 

Grande  circonférence  de  la  veUie n  7.  6. 

Petite  circonférence //  c.  10, 

Longueur   de  l'urctrc , //  //  7. 

Circonférence //  //  ^. 

Longueur  du  col  &  du  corps  de  la  matrice. u  1 .  n 

Circonférence  du  corps '........  t n  u  11. 

Diflance  en  ligne  droite  entre  les  tefticules  &  la  matrice.  //  n  3 . 

Longueur  des  tefticules u  /(  ^  i. 

Largeur ^ „  „  2.. 

Epaiiïèur m  n  i. 

t 


Tom  xir: 


ri  wxi  11  !'.,.>  i/:       ' 


( .  li.hfu.-i/  tt.v/y'. 


LE      C'ALLirUIC^II]'. 


PI  ^XMUJ  Ru,  j^i 


^8- 


LE    MOUSTACn 

X-/E  Mouftac  (planche  xxxix)  nous  paroh  ctre  du 
même  pays  que  le  Macaque,  parce  qu'il  a,  comme  lui 
le  corps  plus  court  6c  plus  ramaffé  que  les  autres 
guenons;  c'cfl  très-vrairem!)Iablement  le  même  animal 
que  les  Voyageurs  de  Guinée  ont  appelé  BLmc-îiez^ 
parce  qu'en  effet,  il  a  les  lèvres  au-deiïbus  du  nez 
d'une  blancheur  éclatante,  tandis  que  le  rcfte  de  fa  face 
efl  d'un  bleu-noirâtre;  il  a  aufTi  deux  toupets  de  poils 
jaunes  au-defibus  des  oreilles,  ce  qui  lui  donne  l'air 
très-fmgulier  ;  Sl  comme  il  efl  en  même  temps  d'aiïez 
petite  taille,  c'efl  de  tous  les  fmges  à  longue  queue 
celui  qui  nous  a  paru  le  plus  joli. 

Caraâères  dift'môlifs  de  cette  efpèce. 

Le  mouflac  a  des  abajoues  &   des  callofités  fur  les 
feffes ,  la  queue  beaucoup  plus  longue  que  la  tête  ôl  le 

*  Mouflac.  Mujlax.  Mouftache  :  comme  la  Guenon  dont  if  efl  ici 
queflion  n'a  point  été  nommée,  nous  lui  avons  donné  ce  nom,  qui 
fuffira  pour  la  faire  reconnoître  &  diftinguer  de  toutes  les  autres;  elfe 
eft  en  efTet  très-remarquable  par  fa  lèvre  fupérieure ,  qui  efl  nue  & 
d'une  blancfieur  d'autant  plus  frappante,  que  le  reffe  de  fa  face  eft 


noir. 


°  II  y  a  d'autres  Singes  à  la  côte  d'Or,  que  l'on  nomme  Blancs-nej^, 
parce  que  c'efl:  fa  feule  partie  de  leur  corps  qui  foit  de  cette  couleur  : 
ils  font  puans  &  farouches.  Relation  d'Artus ,  hijlo'm  générale  des 
yoyages ,  tome  IV ,  p^ge  2^8, 

N  n  ij 


284      Histoire  Naturelle,  ire. 

corps  pris  enfemble,  elle  a  dix-neuf  ou  vingt  pouces 
de  longueur;  il  a  la  face  d'un  noir-bleuâtre  avec  une 
grande  &  large  marque  blanche  en  forme  de  chevron 
au-defTous  du  nez  &  fur  toute  l'étendue  de  la  lèvre 
fupérieure,  qui  efl  nue  dans  toute  cette  partie;  elle  eft 
feulement  bordée  de  poils  noirs,  auffi-bien  que  la  lèvre 
inférieure  tout  autour  de  la  bouche  :  il  a  le  corps  court 
<Sc  ramaffé  ;  il  porte  deux  gros  toupets  de  poil  d'un 
jaune-vif  au-deffous  des  oreilles;  il  a  auffi  un  toupet 
de  poil  hériffé  au-deiïus  de  la  tcte  ;  le  poil  du  corps 
efl  d'un  cendré-verdcitre  ;  la  poitrine  &  le  ventre  d'un 
cendré -blanchâtre;  il  marche  à  quatre  pieds,  Sl  il  n  a 
qu'environ  un  pied  de  longueur ,  la  tête  &  le  corps 
compris.  La  femelle  eft  fujette  à  Tccoulement  pério- 
dique. 


2S5 


■KCBxsmwc^rvn  iWKTWvrvsfV^TVrwrTTrty^issvTWtTfrvwTft 


^  'i  ai^^i^V^^W^J  /">«.£  V 


DESCRIPTION 

DU    AI  0  U  S  TA  a 

.Le  Mouftac  (planche  xxxix)  eft  de  grandeur  médiocre,  /à 
longueur  prifê  depuis  le  bout  <\u  mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la 
queue  ii'eft  que  d'un  pied ,  mais  la  queue  a  dix-neuf  pouces  ;  cet 
animal  eft  remarquable,  non-feulement  entre  les  animaux  dtÇon 
genre ,  mais  entre  tous  les  autres  ,  en  ce  qu'il  y  a  fur  la  peau 
de  la  lèvre  fupérieure  une  couleur  blanche  qui  reprcfente  la  fifrure 
d'un  chevron  brifc  dont  l'angle  eft  au-defîbus  du  nez;  la  lèvre ell 
nue  dans  la  partie  colorée  de  blanc;  le  nez,  le  bas  du  ùon\.  8c 
les  joues  font  aufli  dénués  de  poil ,  mais  ils  ont  une  couleur 
mclée  de  noir  &  de  bleuâtre.  Le  mufeau  eft  peu  alon^^é ,  le  nez 
eft  faillanl  à  fon  origine  entre  les  yeux;  les  ouvertures  des  Jiarines 
font  placées  au-deflbus  du  nez  &:  féparées  par  une  cloifon  étroite  : 
auffi  a-t-il  des  poches  dans  la  bouche  &  dts  callofités  fur  les 
fefîès.  La  plante  des  pieds  eft  noirâtre  ;  les  ongles  font  noiis , 
larges  &:  aplatis. 

Le  tour  de  la  bouche  eft  revêtu  de  poils  noirs ,  il  y  a  de 
chaque  côté  de  la  tête  une  raie  noire  qui  sclend  depuis  l'angle 
poflérieur  de  l'œil  jufqu'à  l'oreille:  celte  partie  eft  mince  &  un 
peu  velue;  fon  poil  eft  de  couleur  de  jonquille,  celui  du  bas  des 
tempes  a  la  mcme  conlcur,  mais  il  efl  beaucoup  plus  long,  il 
forme  une  touffe  au-defîbus  de  l'oreille  de  chaque  côté  de  la  hcç; 
les  poils  du  deifus  de  la  tète  font  de  couleur  mèiée  de  noir  Se  de 
jaune- verdâtre ,  ceux  du  milieu  ont  plus  de  longueui  que  ks 
autres  8c  font  hériffés  comme  une  huppe.  Le  dos,  les  épaules, 
la  croupe ,  la  face  externe  de  la  cuille  8l  le  de fliis  de  la  queue 

N  n  iij 


286  Description,  ifc\ 

ont  des  teintes  Je  cendre  (5c  de  roux;  fa  face  externe  dn  bras,  de 
J'avant-bras,  de  la  jambe  proprement  dite  &:  le  delfus.des  pieds 
de  -devant  font  de  couleur  melce  de  cendré-foncc  &:  deverdâtre; 
le  delKis  de  la  queue  ell  de  couleur  cendrce  depuis  Ton  origine 
julqua  environ  la  moitié  de  /â  longueur,  le  refle  eft  jaunâtre, 
La  gorge,  la  poitrine  &  le  ventre,  la  face  interne  du  bras,  de 
l'.want-bras,  delà  cuiliè  &  de  la  jambe  font  blancs  avec  quelques 
teintes  de  cendre  &  de  gris. 


-^èH^ 


/«v 


,^ 


1^,> 


J'I  \  V  \/.'; 


U  ,Kvc     Jcl„ 


/  / 


xMOL^S  l  AC 


1  !|  =^t..^s'^îi^'^>=i^^'^v!!lv^^v|!L-**^v''  v"^-,- 


HiC^t 


ir-Ji:i''Mi' 


-•:!v^->sfii<r^„ 


2Îy 

f4 


C 


LE    TALAPOIN*. 


ETTE  Guenon  (planche  xlJ  cfl  Je  petite  tailfe, 
<Sc  d'une  affez  jolie  figure;  Ion  nom  paroîtroit  incliquer 
qu'elle  fe  trouve  à  Siani  6c  clans  les  autres  provinces 
(le  i'Afie  orientale,  mais  nous  ne  pouvons  rafTurcr; 
feulement,  il  efl  certain  qu'elle  cfl  originaire  de  l'ancien 
continent  <Sc  qu'elle  ne  fe  trouve  point  dans  le  nouveau, 
parce  qu'elle  a  des  abajoues  &  des  caîlofitcs  fur  les 
feffes,  &  que  ces  deux  caradères  n'appartiennent  ni  aux 
fagoins  ni  aux  fapajous,  qui  font  les  feuls  animaux  du 
nouveau  monde  qu'on  puiffe  comparer  aux  guenons. 

Ce  qui  me  porte  à  croire,  indépendamment  du  nom  , 
que  cette  guenon  fe   trouve  plus  communément  aux 
Indes  orientales  qu'en  Afrique,  c'efl  que  les  Voyageurs 
rapportent  que  la  ]>lupart  des  fmges  de  cette  partie  de 
l'Alie    ont   le   poil   d'un  vert -brun.  «Les  fmgcs   du 
Guzaratte,  difcnt-ils,  font  d'un  vert-brun,  ils  ont  la  « 
barbe  6c  les  fourcils  longs  6c  blancs  :   ces  animaux  que  « 
les  Banianes  laiffent  multiplier  à  l'infini  ])ar  ui\  principe  « 
de  religion  ,   font  fi  familiers,  qu'ils  entrent  dans  les  « 
maifons  à  toute   heure  6c  en  fi  grand  nombre  que  les  « 
marchands  de  fruits  6c  de  confitures  ont  beaucoup  de  « 
peine  à  conferver  leurs  marchandifes  ^  j>. 

*  Talapo'm,   nom  fous  lequel  ce  Singe   nous  a  cie  donné,  &  que 
nous  avons  adopte'. 

'  Jbliltoire  générale  des  voyages ,  tome  X ,  page  6 y. 


-88       Histoire   Natu relle 

M.  Edwards  a  donne  la  ligure  Si  iadefcription  d'une 
guenon  ,  fous  le  nom  àc  Singe  noir  de  moyenne  grandeur, 
qui  nous  paroit  approcher  de  refpèce  du  talapoin  plus 
que  d'aucune  autre.  J'ai  cru  devoir  en  rap])orter  ici  la 
defcription  *  ,  «Se  renvoyer  à  la  figure,  donnée  par  M. 
Ed^^  ards ,  pour  qu'on  puifTe  comparer  ces  animaux  : 
on  verra  qu'à  l'exception  de  lagrandeur  &  de  la  couleur, 
ils  fe  reflemblent  aflez  pour  qu'on  doive  prt fumer  que 
ce  font  au  moins  deux  efpèces  Lien  voifincs ,  fi  ce  ne 
font  pas  des  variétés  de  la  même  efpèce  :  dans  ce  cas, 
comme  nous  ne  fommes  pas  fûrs  que  notre  talapoin 
foit  natif  des  Indes  orientales,  <5c  que  M.  Edwards 
alfure  que  celui  qu'il  décrit  venoit  de  Guinée;  nous 
rendrions  le  talapoin  à  ce  même  climat,  ou  bien  nous 
fuppoferions    que   cette  efpèce   fe  trouve   également 

*  Ce  finge  étoit  à  peu  près  de  ïa  taille  d'un  gros  chat ,  il  étoit  d'un 

naturel  doux  ,    ne  failànt   inal  à  perfonne c'etoit  un  mâle  ,  &  H 

ctoit  un  peu  vieux fâ  tête  etoit  afTez  ronde,  la  peau  de  Ton  viHige 

etoit  d'une  couleur  de  chair  rembrunie,  couverte  de  poils  noirs  afTez 
clair-(èmc's  ;  les  oreilles  e'toient  faites  comme  celles  de  l'homme';  les 
yeux  ctoient  d'une  couleur  de  noifeue-rougeâtrc  avec  les  paupières 
noires;  le  poil  étoit  long  au-dclTous  des  yeux,  &  Tes  fourcils  fe 
joirnoient  ;  il  ctoit  long  aufll  fur  les  tempes  &  couvroit  en  partie  les 
oreilles  ;  la  tête ,  le  dos  ,  les  jambes  de  devant  &  de  derrière  &  la 
queue  êtoient  couverts  d'affêz  longs  poils  d'un  brun-noirâtre,  qui  n'e'toit 
ni  trop  doux  ni  trop  rude;  la  poitrine,  le  ventre,  &c,  étoient prefque 
fans  poil ,  d'une  couleur  de  chair  rembrunie  ,  ayant  des  bouts  de  (èin 
à  la  poitrine.  Les  quatre  pattes  étoient  fiiites  à  peu  près  comme  la 
main  de  l'homme  étant  couvertes  d'une  peau  douce  <?c  noire  prefque 
^ms  poil;  les  ongles  étoient  plats,  Clanures  d'Eàvards ,  pag,22i. 

dans 


DU      T  A  L  A  P  O  1  N.  2^C) 

'dans  les  terres  du  midi  dcI'Afrique  &  de  l'Afie  :  c'eft 
vraifemblablement  de  cette  même  efpèce  de  finges 
noirs,  décrits  par  M.  Edwards,  dont  parle  Bofman , 
fous  le  nom  de  Baurdmaiinajes  ^  Se  dont  il  dit  que  la 
peau  fait  une  bonne  fourrure  *. 

*  On  trouve  en  Guinée  une  troificme  efpèce  de  fîno-es  parfaite- 
ment jolis ,  qui  ont  pour  l'ordinaire  deux  pieds  de  hauteur  ;  leur  poil 
efl:  extrêmement  noir,  de  la  longueur  d'un  doigt  &  davantage,  avec 
une  barbe  blanche,  d'oi^i  les  Hollandois  les  ont  nppdéi, Baurdmannetjes : 
on  fait  des  bonnets  de  leur  peau  &  chaque  fourrure  s  achette  quatre  écus. 
Voyage  de  Bofman,  page  2 ^  8. 


Tome  XIK 


Oo 


290  Description 


DE SCRIPTION 

DU    T  A  L  A  P  0  I  N. 

l^ET  animal  (plxi)  a  la  tcte  ronde,  le  mulêau  peualonge', 
les  oreilles  grandes,  arrondies  &:  nues,  la  queue  très-longue,  le 
nez  ,  les  oreilles  &  la  plante  Ats  pieds  noirs  ;  les  yeux  &  le  bout 
des  lèvres  de  couleur  de  chair.  Les  poils  des  joues,  àts  tempes, 
du  front ,  du  fommet  de  la  tête,  de  l'occiput,  du  deflus  &  des 
côtés  du  cou  ,  du  dos ,  àts  lombes ,  de  la  croupe ,  ôits  côtés  de 
la  poitrine  &:  du  ventre,  de  la  face  extérieure  des  jambes  &:  du 
delfus  des  pieds  /ont  de  couleur  mêlée  de  jaune ,  de  vert  &  de 
noir  ou  de  noirâtre  ;  chaque  poil  eft  de  couleur  cendrée-noirâtre 
fur  la  plus  grande  partie  de  la  longueur  depuis  la  racine  ;  il  y  a 
du  jaune  -  verdrure  au-defTus  du  noirâtre,  &  la  pointe  efl  noire. 
La  mâchoire  inférieure,  le  delTous  du  cou,  la  gorge,  la  poitrine, 
le  ventre,  les  ailTelles,  les  aines  &:  la  face  intérieure  des  jambes 
font  de  couleur  blanchâtre  avec  quelque  légère  teinte  de  jaunâtre. 
La  queue  ell  en  deiïïis  de  couleur  cendrée-grisâtre  :  en  général 
le  delfus  du  corps  &  de  la  queue  étoit  mêlé  de  noirâti-e  &  d'oli- 
vâtre, &  le  defibus  de  couleur  cendrée  -  claire.  Les  ongles  àts 
pouces  font  ronds  &  plats ,  ceux  des  autres  doigts  font  un  peu 
plies  en  gouttière.  Cet  animal  a  des  poches  dans  la  bouche  &  des 
callofités  fur  les  ït^ti» 


pieds,  pouc.  ligna» 
Longueur  du  corps  entier,  mefuré  en  ligne  droite 

depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu  a  l'anus 1 .      g       8. 

Longueur  de  la  tête  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à 

^'occiput u       y      B 


D  u    Ta  l  a  p  o  I  n.  291 

picd5.  pouc.  lignes. 

Circonférence  du  bout  du  mufeau //  3.  2. 

Circonférence  du  niulèau,  prife  au-deflbus  des  yeux.  //  3.8. 

Coniour  de  l'ouverture  de  la  bouche //  i .  6» 

Diflance  entre  les  narines //  //  i. 

Difliincc  entre  le  bout  du  mufeau  &  lanole  antérieur 

o 

de  l'œil „  „  10. 

Difliince  entre  l'angle  poftérieur  &  l'oreille «  i.  4. 

Longueur  de  l'œil  d'un  angle  à  l'autre //  u  5. 

Ouverture  de  l'œil a  //  3  i. 

Diflance  entre  les  angles  antérieurs  des  yeux  en  fuivant 

la  courbure  du  chanfrein //  u  7. 

La  même  dift;ince  en  ligne  droite //  n  4. 

Circonférence  de  la  tête  ,  prife  entre  les  yeux  &  les 

oreilles (t  6.  3. 

Longueur  des  oreilles u  n  p. 

Longueur  de  In  ba(e  ,  niefurée  fur  la  courbure  exté- 
rieure   //  ï .  II* 

Diftance  entre  les  oreilles,  prifê  dans  le  bas u  2.  // 

Longueur  du  cou //  /'  10. 

Circonférence //  4.  2. 

Circonférence  du  corps,  prilê  derrière  les  jambes  de 

devant u  7.  it 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  gros //  7.  10. 

Circonférence  devant  les  jambes  de  derrière //  5 .  6, 

Longueur  du  tronçon  de  la  queue !•  ^  o. 

Circonférence  à  l'origine /'  ^'  o* 

Lonoueur  de  l'avani-bras  depuis  le  coude  jufqu'au 

poignet I'  3  •  7* 

Circonférence  du  poignet u  ï  •  *  0» 

Longueur  depuis  le  poignet  jufqu'au  bout  des  ongles.  //  2.  6» 

P  O  ij 


292  Description 

pieds,  poiic.  Iignel, 
Longueur  de  la  janile  depuis  îe  genou  jufqu'au  talon.      #       5.      # 
Longueur  depuis  le  uilonjuiqu 'au  bout  des  ongles.  .       //       3-      ^• 

L'animal  dont  il  s'agit  pefoit  deux  livres  douze  onces  5c  demie. 
A  l'ouverture  de  l'abdomen  j'ai  trouvé  l'cpiploon  étendu  jufqu'au 
bout  de  la  région  ombilicale  ;  le  foie  étoit  placé  autant  à  gauche 
qu'à  droite  ,  &  l'eflomac  prefqu'entièrement  à  gauche. 

Le  duodénum  étoit  fort  court ,  les  circonvolutions  du  jéjunum 
&  de  rileum  fe  trouvoient  dans  la  région  ombilicale  &  dans  les 
côtés;  le  cœcum  étoit  placé  dans  le  côté  droit  &:  dirigé  en 
arrière  ;  le  colon  s'étendoit  en  avant  dans  le  côté  droit,  palToit 
de  droite  à  gauche  derrière  l'eftomac ,  &  fê  prolongeoit  en  arrière 
dans  le  côté  gauche;  enfin,  il  faifoit  quelques  finuofités  dans  la 
région  iliaque  gauche  8c  dans  la  partie  poftérieure  de  l'ombilicale 
avant  de  fe  joindre  au  redum. 

Le  grand  cul -de -lac  de  l'eflomac  étoit  fort  ample,  auffi  la 
petite  courbure  n'avoit  que  très-peu  de  longueur  entre  i'œfophage 
8c  l'angle  de  la  partie  droite  ;  la  grande  courbure  étoit  très-convexe 
dans  le  milieu  de  là  longueur.  Les  intefiins  grêles  avoient  tous 
à  peu  près  le  même  diamètre,  excepté  lileum  qui  étoit  moins 
gros  à  quelque  diftance  du  cœcum  que  près  de  cet  inteftin  ;  le 
cœcum  étoit  gros ,  court  iSc  conique ,  il  formoit  trois  bourfou- 
flures  fur  fa  bafe,  il  avoit  trois  bandes  tendineufês  qui  s'étendoient 
fur  le  colon;  cet  inteftin  avoit  aulTi  des  bourfoufliires  près  du 
cœcum ,  les  plus  grofîès  &  le  plus  grand  diamètre  le  trou  voit  à 
environ  un  pouce  de  diflance  du  cœcum  ;  le  colon  devenoit  de 
plus  en  plus  petit  en  approchant  du  reélum  ,  qui  étoit  au  contraire 
de  plus  en  plus  gros  à  mefure  qu'il  approchoit  de  l'anus;  les 
membi-anes  de  i'eftomac  &.  àts  inteflins  étoient  fort  minces  8c 
tranlparentes. 


D  V    Ta  l  a  p  o  1  n,  293 

Le  foie  étoit  compofc  de  trois  grands  lobes  &  d'un  petit , 
le  plus  grand  (ê  trouvoit  dans  le  milieu  &  cloit  divifc  en  deux 
parties  par  une  fciffure,  dans  laquelle  paffoit  le  ligament  furpenfoir; 
ia  vclicule  du  fiel  adhéroit  à  la  face  poftcrieure  de  la  partie  droite; 
il  y  avoit  à  droite  &  à  gauche  un  lobe  moins  gmnd  que  celui 
du  milieu,  le  plus  petit  de  tous  tenoit  à  la  racine  du  lobe  droit: 
ce  vifcère  avoit  au  dehors  &  au  dedans  une  couleur  rouge-pâle , 
il  peloit  une  once  fept  gros  ;  la  vélicule  du  fiel  avoit  la  figure  d'un 
œuf  alongé  ,  fon  pédicule  formoil  deux  plis, 

La  rate  étoit  prefcjue  triangulaire ,  parce  que  l'extrémité  infé- 
rieure avoit  piefqu'autant  de  largeur  que  le  vifcère  entier  avoit 
de  longueur ,  il  étoit  au  dehors  &  au  dedans  d'un  rouge  plus 
vif  que  le  foie ,   il  peibit  un  gros. 

Le  pancréas  s'étendoit  depuis  la  rate  jufcju'au  duodénum ,  contre 
lequel  il  formoit  un  angle  ;  la  branche  qui  fuivoit  cet  inteftin 
étoit  très -courte  &:  pointue. 

Le  rein  droit  étoit  plus  avancé  que  le  gauche  d'un  quait  Je 
fa  longueur ,  ils  étoient  oblongs ,  ils  avoient  peu  d'enfoncement; 
ie  rein  gauche  fembloit  avoir  un  fécond  rein  plus  petit,  adhérent 
à  fon  côté  extérieur ,  parce  qu'il  y  avoit  un  fillon  longitudinal 
qui  s'étendoit  en  forme  d'anneau  fur  le  milieu  des  deux  faces  & 
fur  les  deux  bouts;  le  baffinet  étoit  petit,  &  il  n'y  avoit  point 
de  mamelons. 

Le  diaphragme  étoit  mince  ;  il  y  avoit  quatre  lobes  dans  le 
poumon  droit  &  deux  dans  le  gauche ,  proportionnés  (Se  placés 
comme  dans  la  plupart  des  quadrupèdes.  Le  cœur  étoit  court  ; 
la  croffe  de  l'aorte  jetoit  deux  branches. 

La  langue  étoit  large ,  épaiffe ,  couverte  de  papilles,  très-petite 
&  parfemée  de  grains  glanduleux  ;  il  y  avoit  fur  la  partie  moyenne 
poftérieure  trois  glandes  à  calice ,  une  en  arrière  dans  le  milieu 
^  ^  O  o  iij 


294         Description 

&  deux  en  avant  fur  les  côtes;  l'épigiotte  étoit  échancrce  dans 
le  milieu.  Il  y  avoit  fept  ou  huit  filions  tranrverfânx  fur  le  palais 
&;  une  arête  longitudinale  dans  le  milieu,  qui  partageoit  leslillons 
en  dtiw  parties  dont  chacune  étoit  convexe  en  avant. 

Le  cerveau  ctoit  grand  &  recouvroit  le  cervelet  en  entier, 
il  n'avoit  que  peu  d'anhacfluorités  &  elles  ttoient  petites,  il  pefoit 
une  once  cinquante-fix  grains  ,  &  le  cervelet  un  gros  onze  grains. 

L'animal  qui  m'a  fcrvi  de  fujet  pour  cette  defcription  n'avoit 
que  deux  mamelles  fur  la  poitrine  placées  fort  près  l'une  de  l'autre; 
le  icrotum  étoit  grand;  la  verge  fortoit  en  dehors  de  l'abdomen; 
le  gland  étoit  terminé  par  un  gros  champignon  ;  la  vefîie  avoit 
la  forme  d'un  œu^  ;  les  tedicules  étoieni  gros  (5c  prefque  ronds: 
on  voyoit  au  dedans  l'axe  tendineux  de  i'épididyme  ;  \es  véficules 
leminales  étoient  grandes  &:  alongées ,  elles  avoient  trois  faces 
longitudinales  :  on  fèntoit  au  dedans  du  gland  un  os  oblong  dont 
la  partie  antérieure  étoit  courbe. 

piccb  pouc.  lignes. 
Longueur  des  inteflins  grêles  depuis  le  pylore  jufqu'au 

cœcuin 4. 

Circonférence  du  duodénum u 

Circonférence  du  jéjunum // 

Circonférence  del'ileum  clans  les  endroits  les  plus  gros,  n 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces. ...  h 

Longueur  du  ccecum zz 

Circonférence  du  cœcum  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  // 

Circonférence  à  l'endroit  le  plus  mince a 

Circonférence  du  colon  à  l'endroit  le  plus  gros.  .  .  u 

Circonférence  dans  les  endroits  les  plus  minces.  .  .  /» 

Circonférence  du  reélum  près  du  colon n 

Circonférence  du  rcdum  près  de  l'anus h 

Longueur  du  colon  «Se  du  redum  pris  enfemble ....  i .    10. 


6. 

// 

I. 

7- 

I. 

P- 

2. 

H 

I. 

6. 

I . 

4. 

4. 

3» 

1. 

6. 

3- 

y- 

I. 

8. 

I . 

8. 

2. 

a 

0. 

a 

DU      T  A  L  A  P  O  I  N.  295 

piccîs.  pouc.  iignej. 

Longueur  Ju  canal  inteflinal  en  entier,  non  compris 

le  cœcum (5.  4.  g 

Grande  circonfcrence  de  i'eftoiiiac //  8.  4. 

Petite  circonférence a  C.  3. 

Longueur  de  la  petite  courbure,  depuis  l'angle  que 

forme  la  partie  droite  jufqu'à  l'œfophage m  u  n. 

Profondeur  du  grand  cul-dc-fac 0  i.  // 

Circonférence  de  i'ocfophage //  i.  3, 

Circonférence  du  pylore m  1.  z. 

Longueur  du  foie //  2.  7, 

Largeur #  3 .  7, 

Sa  plus  grande  épaiflcur h  u  6, 

Longueur  de  la  véficule  du  fiel u  i.  5, 

Son  plus  grand  diamètre '/  u  6, 

Longueur  de  la  rate //  i .  u 

Largeur  de  l'extrcmité  inférieure //  u  11. 

Largeur  de  l'extrémité  fupérieure //  //  3, 

Épaifleur  dans  le  niilieu u  11  4. 

Épaiiïèur  du  pancréas /r  u  2. 

Longueur  des  reins m  i  .  5 . 

Largeur //  //  ^. 

Epaifleur u  n  5. 

Longueur   du  centre  nerveux  depuis  la  veine-cave 

jufqu'à  la  pointe n  i.  if 

Largeur /'  1 .  2. 

Circonférence  de  la  bafe  du  cœur //  3.  » 

Hauteur  depuis  la  pointe  jufqu'à  la  naifl~ance  de  l'artère 

pulmonaire v "  '  •  4* 

Hauteur  dep««is  k»  pointe  jufqu'au  fac  pulmonaire.  .  h  it  y 

Diamètit  de   l'aorte ,  pris  de  dehors  en  dehors ...  //  u  ^' 


29<5  Description 

pieds,  pouc.  IîgnW| 

Longaeur  de  la  langue n       i  •  4. 

Longueur  de  la  partie  antérieure  depuis  le  filetjufqua 

l'extréiniic "       i>  7» 

Largeur  de  la  langue //       /'  4. 

Longueur  du  cerveau //  2.  2. 

Largeur //        i  •  p. 

Épaiiïcur //        n  11. 

Longueur  du  cervelet //  //  5^. 

Largeur //        i .  i . 

ÉpaifTeur H  h  8. 

Longueur  du  gland m  11  <?. 

Circonférence //  //  6. 

Circonférence  du  champignon //  //  10. 

Longueur  de  la  ver^e  depuis  la  bifurcation  des  corps 

caverneux  ju(qua  i'infertion  du  prépuce //  1.  8. 

Circonférence 0  u  8. 

Longueur  àt%  teflicules n  u  8. 

Largeur h  11  6. 

EpaifTeur 11  u  4  i. 

Largeur  de  l'épididyme u  a  3. 

Epaifleur //  //  i. 

Longueur  des  canaux  déférens it  4.  4, 

Diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  leur  étendue,  f  u  u  -, 

Grande  circonférence  de  la   veflie y/  6.  2. 

Petite  circonférence ;/  4.  11. 

Circonférence  de  l'urètre  .  é u  u  7, 

Longueur  dQS  véficules  féminales g  i ,  6, 

Largeur //  u  3  |. 

Epaifleur jr  #  3. 

Lojigueiir  dis  prQftates m  a  6, 

Largeur 


/,'///    A// 


l'I  XL  ./'„., 


w^ 


A-  .C;..-  y,-/ 


.l"'-'/f.V,..v-,/v       '■'"•■    Zu-J..-u    .-'.-..A: 


■i"ALAlH)IN' 


DU     T  A  L  A  P  O  I  N, 


igy 


Largeur. 
Epailleur 


pieds,    pouc.  lignes. 
//         u         5. 

#  /f  2. 


Les  orbites  des  yeux  du  talapoin,  font  plus  grandes  que  celles 
du  malbrouck  ;  le  mufeau  efl  moins  long ,  &  l'ouverture  des 
narines  eft  placée  pk.s  hiut;  de  (Ijrte  qu'elle  (ê  trouve  en  partie 
entre  les  orbites  ,  à  peu  pi  es  comme  dans  l'homme  ,  dans  le 
gibbon,  &.C. 

11  y  a  douze  vertèbres  doriâles  8c  douze  côtes  de  chaque  côté, 
fèpt  vraies  &  cinq  fauffes;  le  fternum  eft  compofé  de  ilx  os;  les 
premières  côtes  s'articulent  avec  la  partie  moyenne  du  premier  os  ; 
l'articulation  des  fécondes  côtes  eft  entre  le  premier  &  le  fécond 
os  du  (ternum  ;  celle  ^th  troihèmes  côtes,  entre  le  fécond  &  le 
troilième  os ,  &  ainfi  de  fuite  jufqu'aux  fixièmes  &:  /êptièmes  côtes 
(qui  s'articulent  entre  le  cinquième  &:  le  fixième  os  du  flernum. 

Les  faulfes  vertèbres  de  la  queue  font  au  nombre  de  vingt-cinq. 

11  n'y  avoit  que  dix  os  dans  le  carpe,  le  premier  des  furnu- 
iuéraiies  y  manquoit;  le  tarfe  ètoit  oompofë  de  huit  os. 


To7ne  XIV. 


pp 


298        Histoire  Naturelle 


L 


LE      D  O  U  C  '. 


E  DoLic  ( pLuîc/ie  X L ij  eft  le  dernier  de  la  clafTe 
des  animaux  ,  que  nous  a  ons  appelés  Singes,  Babouins 
Sl  Guenons:  lans  être  précifcment  d'aucun  de  ces  trois 
genres,  il  participe  de  tous;  il  tient  des  guenons  par 
fa  queue  longue  ,  des  babouins  par  fa  grande  taille, 
6c  des  finges  par  fa  face  plate  ;  il  a  de  plus  un  caradère 
particulier,  <5c  par  lequel  il  paroît  faire  la  nuance  entre 
les  guenons  <5c  les  fapajous  :  ces  deux  familles  d'ani- 
maux diffèrent  entr'elles,  en  ce  que  les  guenons  ont 
les  feffes  pelées ,  &  que  tous  les  fapajous  les  ont  cou- 
vertes de  poil;  le  doue  efl  la  feule  des  guenons  qui 
ait  du  poil  fur  les  feffes  comme  les  fapajous  :  il  leur 
reffemble  auffi  par  l'aplatiffement  du  nuifeau  :  mais  en 
tout ,  il  approche  infiniment  plus  des  guenons  que  des 
fapajous  defquels  il  difîère,  en  ce  qu'il  n'a  pas  la  queue 
prenante ,  <Sc  auffi  par  plufieurs  autres  cara(flères  effen- 
tiels  :  d'ailleurs  l'intervalle  qui  fépare  ces  deux  familles 
eft  immenfe  ,  puifque  le  doue  6l  toutes  les  guenons 
font  de  l'ancien  continent,  tandis  que  tous  les  fapajous 

*  Doue ,  nom  de  cet  nnimal  à  la  Cochinchine,  &  que  nous  avons 
adopté  :  ce  nom  que  nous  ignorions  nous  a  été  donné  par  M.  Poivre, 
aufll-bien  que  l'animal  même.  Sifac  à   Madagafcar. 

Cercopithecus  c'mereus ,  genis  longis  p'tlis  ex  nlbo  Jlavicûntibus  obfitis, 
torque  ex  cajlaneo  purpura fcente.  Le  fifrand  finge  de  la  Cochinchine, 
£rij[.  reg.  anim.  pag.  2.0^, 


DU      Doue,  2Ci<) 

ne  fe  trouvent  que  dans  le  nouveau  :  on  pourroit  dire 
aufTi  avec  quelque  raifon  que  le  doue  ayant  une  longue 
queue  comité  les  guenons ,  6i  n'ayant  pas  comme  elles 
de  callofités  fur  les  fefTes,  il  fèiit  la  nuance  entre  les 
orang - outangs  &  les  guenons,  comme  le  gibbon  la 
fait  aufTi  à  un  autre  égard ,  n'ayant  point  de  queue 
comme  les  orang-outangs,  mais  ayant  des  callofitcs  fur 
les  fefTes  comme  les  guenons.  Indépendamment  de  ces 
rapports  généraux ,  le  doue  a  des  cara6lères  particuliers , 
par  lefquels  il  efl  très -remarquable  ôl  fort  aifé  à  dif- 
tinguer  de  tous  les  fmges,  babouins,  guenons  ou  fa- 
pajous  ,  même  au  premier  coup  d'oeil  ;  fa  robe  variée 
de  toutes  couleurs,  femble  indiquer  l'ambiguité  de  fa 
nature,  6c  en  même  temps  différencier  fon  efpèce  d'une 
manière  évidente.  Il  porte  autour  du  cou  un  collier 
d'un  brun-pourpre  ;  autour  des  joues  une  barbe  blan- 
che; il  a  les  lèvres  <Sc  le  tour  des  yeux  noirs,  la  face 
&.  les  oreilles  rouges  ,  le  deffus  de  la  tête  &.  le  corps 
gris  ,  la  poitrine  Sl  le  ventre  jaune,  les  jambes  blanches 
en  bas  ,  noires  en  haut  ;  la  queue  blanche  avec  une 
large  tache  de  même  couleur  fur  les  lombes  ;  les  pieds 
noirs  avec  plufieurs  autres  nuances  de  couleur  *.  Il  me 
paroît  que  cet  animal  qu'on  nous  a  afTurc  venir  de  la 
Cochinchine  fe  trouve  auffi  à  Madagafcar,  &  que  c 'efl 
le  même  que  Flaccourt  indique  fous  le  nom  de  Jifac 
dans  les  termes  fuivans  :  «  à  Madagafcar,  il  y  a,  dit-il ,  une 
autre  efpèce  de  guenuche  blanche,  qui  a  un  chaperon  *' 

*  Voyez  ci-après  la  defcription  du  Doue, 

Ppi; 


300         Histoire  Naturelle 

''  tanné,    <Sc    qui  fe  tient  le  plus  fouvent   flir  les  pieJs 

"  de  derrière  ;  elle  a  la  niieuc  blanclir  <5c   deux    taches 

*>  tannées  fur  les  flancs ,  elle  efl  plus  grande  que  le  vari 

^'  (  mococo  )  ,  jiiais  plus  petite  que  le  varicoffi  (  vari  ) , 

»  cette  efpèce  s'appelle j^7f,  elle  vit  de  fèves;  il  y  en  a 

"beaucoup  vers  Andrivoure ,  Dambouriomb  &  Rana- 

foulcby  ""  ».  Le  chaperon   ou   collier  tanné  ,  la  aueue 

blanche  ,  les  taches  fur  les  flancs  font   des  caradères 

qui  indiquent  aflcz    clairement  que  ce  fifac  de  Mada- 

gafcar   efl   de  la  mcnie   efpèce    que  le   doue    de    la 

Cochinchine. 

Les  Voyageurs  aflîirent  que  les  grands  finges  des 
parties  méridionales  de  l'Afie  ,  produifent  des  bézoards 
qu*on  trouve  dans  leur  eflomac ,  <Sc  dont  la  qualité  efl 
fupérieure  à  celle  des  bézoards  des  chèvres  6c  des 
gazelles;  ces  grands  fmges  des  parties  méridionales  de 
l'Inde  ,  font  l'ouanderou  6c  le  doue  ;  nous  croyons 
donc  que  c'efl  à  ces  efpèces  qu'il  faut  rapporter  la 
produdion  des  bézoards  :  on  prétend  que  ces  bézoards 
de  fmge  font  toujours  d'une  forme  ronde,  au  lieu  que 
les  autres  bézoards  font  de  diflérentes  figures  ^ 

*  Voynge  de  Y\-xQcomi ^  page  ij^. 

^  Comme  les  fmges ,  auffi-bicn  que  hs  chèvres  mangent  fes  Boutom 
de  certains  arbrificaux ,  il  fe  produit  dans  leur  ventre  des  pierres  de 
bézoard  :  on  en  trouve  fouvent  dans  leurs  excrémens ,  que  la  peur 
qu'ils  ont  d'être  battus  leur  fait  lâcher  en  courant  :  ces  pierres  de 
bézoard  font  les  plus  chères  &  ks  plus  eHimèes  de  toutes  celles  qui 
fe  trouvent  dans  les  Indes ,  elfes  font  auOl  plus  rondes  que  les  autres, 
ÔL  ont  bien  plus  de  force  :  oa  a  éprouvé  quelquefois  qu'un  graùidc 


DU     D  ou  C,  301 

CaraBeres  diflindifs  de  cette  efpèce. 

Le  cloue  n'a  point  de  callofités  fur  les  feffcs ,  il  les 
a  garnies  de  poil  par-tout;  fa  queue,  quoique  longue, 
ne  l'efl:  pas  autant  que  la  tcte  <Sc  le  corps  pris  enfenible; 
il  a  la  fîi.:e  rouge  d<.  couverte  d'un  duvet  roux;  les 
oreiilts  nues  &  de  même  couleur  que  la  face  ,  les  lèvres 
brunes,  aud'i-bien  que  les  orbites  des  yeux;  le  poil 
de  couleurs  très-vives  <Sc  très-variées  ;  il  porte  un  ban- 
deau &.  un  collier  d'un  brun-pourpre  ;  il  a  du  blanc 
fur  le  front ,  fur  la  tête ,  fur  le  corps ,  les  bras  ,  les 
jambes,  <?cc.  une  efpèce  de  barbe  d'un  blanc-jaunâtre: 
il  a  du  noir  au-deffus  du  front  &.  à  la  partie  fupcricure 
des  bras  ;  les  parties  du  deffous  du  corps  font  d'un 
gris-cendré  &.  d'un  jaune-blancbâtre;  la  queue  efl  blan- 
cbe,  auffi-bicn  que  le  bas  des  lombes  :  il  marche  auiïi 
fouvent  fur  deux  pieds  que  fur  quatre  ,  (9l  il  a  trois  pieds 
<Sc  demi  ou  quatre  pieds  de  hauteur  lorfqu'il  eft  debout. 
J'ignore  fi  les  femelles  dans  cette  efpèce  font  fujettes 
à  l'écoulement  périodique. 

celles-ci  avoit  autant  d'effet  que  deux  de  ceUes  qui  viennent  des 
chèvres.  Defcript.  hiJI.  de  Macacar ,  png.  51.  J^ota.  En  coinj^arant 
ce  pafîlige  avec  celui  de  Knox,  que  nous  avons  rapporté  à  l'article 
du  Ouanderou  ,  il  paroît  que  ce  font  les  ouanderous  qui  vivent  de 
houtons  d'arbres,  &  que  par  conféquent  ce  font  eux  qui  produifent 
I«  plus  communément  des  bézoards. 


P  p  u] 


W^ 


302 


Description 


DESCRIPTION 

DU      D  0  U  C, 

Le  Doue  (planche  X Li)  efl  de  la  grandeur  àw  magot  8c  du 
papion.  Quoiqu'il  ne  refte  de  l'individu  qui  fèrt  defujet  pour  cette 
defcription  que  la  peau  bourrée  Se  Xo^  os  àts  iTiâchoires  &  des 
pieds ,  il  me  paroît  que  le  doue  a  le  mufeau  moins  long  que  celui 
du  magot,  les  quatre  jambes  &  les  pieds  de  derrière  à  peu  près 
aulTi  longs  :  mais  les  pieds  de  devant  ont  beaucoup  plus  de  lon- 
gueur ;  quoique  le  }X)uce  foit  très-petit,  /on  extrémité  ne  s'étend 
pas  jufqu'au  bout  du  métacarpe  ;  il  n'y  a  point  de  callofités  fur 
les  {ç.^ti>  ;  les  ongles  font  un  peu  courbes  &  plies  en  gouttière, 
excepté  celui  du  pouce  àts  pieds  de  derrière  qui  eft  preique  plat; 
leur  couleur  elt  noirâtre  de  même  que  celle  de  la  plante  à^s  pieds, 
celle  des  lèvres  &  du  tour  des  yeux  ;  le  refte  de  la  face  eft 
roufsâtre  avec  un  petit  duvet  roux.  Les  oreilles  font  petites,  nues, 
roufsâtres  comme  la  face;  leur  forme,  &  leur  couleur  paroiflènt 
avoir  été  altérées  par  le  defféchement. 

Les  couleurs  du  poil  du  doue  le  rendent  très-remarquable  par 
leur  vivacité  &  par  leur  difpofition  :  elle  efl:  fi  extraordinaire; 
que  cet  animal  femble  avoir  des  vétemens  de  différentes  couleurs, 
fur  le  front,  fur  la  tête,  fur  le  corps,  fur  les  parues  honteufès, 
le  bras,  Tavant-bras,  la  cuifle  &  la  jambe.  Les  tempes,  les  joues 
&  la  mâchoire  inférieure  ont  un  long  poil  de  couleur  blanchâtre, 
mêlée  de  jaunâtre  ;  il  y  a  fur  le  bas  du  front  un  bandeau  étroit 
qui  s'étend  de  chaque  côté  jufqu'à  l'oreille ,  &  qui  efl  formé  par 
des  poils  de  couleur  de  marron  d'un  roux:foncé  ;  cts  poils  (ont 
plus  longs  vers  les  oreilles  que  lur  le  milieu  du  front  ;  il  y  a 


PI  MI  P.i.f    -.-, 


A-   .'\,:-   ..'.;'„ 


i-)()r  c 


DU     Doue.  303 

auffi  Tlii-  îe  (leffous  &:  les  côlcs  du  cou  un  collier  de  même  couleur; 
le  haut  du  front  &  lu  partie  fupérieure  àcs  bras  font  noirs  ;   le 
delTus ,  le  derrière  Se  les  côtés  de  la  tête  ,  la  partie  infcrieure  à^s 
bras ,  le  dos ,  la  poitrine,  le  ventre  &  les  côtés  du  corps  ont  àts 
couleurs  peu  différentes  de  celles  du  petit-gris;   chaque  poil  e(l 
d'un  gris -blanchâtre  vers  la  racine,    àts   couleurs  noirâtres  6c 
grifes-verdâlres  ou  jaunâtres  fe  fucccdent  jufqu'à  quatre  ou  cinq 
fois  dans  le  refte  de  fon  étendue.  ;  le  jaunâtre  eit  plus  apparent 
fur  la  poitrine  &  fur  le  ventre  que  fur  la  tête,    les   bras  &:  le 
dos.  L'avant-bras  6c  le  delTus  du  métacarpe  font  de  couleur  blan- 
châtre,  teinte  de  jaunâtre;  la  queue  ed  blanchâtre  :   il  y  a  un 
efpace  triangulaire  de  cette  même  couleur ,  placé  à  l'origine  de 
h  queue  &  au-de(fus,  il  s'étend  le  long  du  périné,  «Se  il  occupe 
le  pubis  Se  une  partie  du  dedans  àits  cuiffes;   il  y  a  à^s  couleurs 
de  petit-gris  fous  la  cuilfe ,   &  des  poils  de  couleur  de  marron 
roux-foncé  fur  le  bord  de  la  tache  blanche  ;  le  refte  de  chaque 
cuilfe  eft  noir ,  8c  cette  couleur  forme  une  ceinture  au-dellus  du 
pubis  ;  enfin ,  les  jambes  proprement  dites ,  &  le  deffus  du  mé- 
tacarpe font  de  couleur  de  marron  roux-foncé,  comme  le  collier 
6c  le  bandeau  du  front  ;  les  doigts  des  pieds  de  devant  ont  un 
poil  noir;   celui  des  doigts  des  pieds  de  derrière  eft  tombé,  il 
n'en  refte  que  des  brins  qui  font  noirs.   La  queue  de  ce  doue 
a  un  pied  fept  puces  6c  demi  de  longueur,   elle  n'efl  pas  fi 
longue  que  le  corps. 


304- 


Description 


DESCRIPTION 

DE   LA    PARTIE    DU   CABINET 

qui  a  rapport  à  l'HiJloire  Naturelle 

DES    GUENONS*. 

N.°      M  C  C  C  I  X. 

Un    macaque, 

V_>ET  animal  eft  dans  l'efprii-cle-vin,  il  ne  diffère  pas  de  celui 
qui  a  fervi  de  fujei  pour  la  defcriptioii  du  macaque. 

N.**     M  C  C  C  X. 

Le  fquelette  d'un   macaque. 

Ce  fquelette  a  fcrvi  de  (ujet  pour  la  defcription  6c  les  dimcn-^ 
frons  des  os  du  macai.|Ue. 

N.°    M  C  C  C  X  I. 

L'os  hyoïde  d'un    macaque. 

li  y  a  cinq  pièces  dans  cet  os,  comme  dans  celui  de  l'homme; 
une  bafê  ,  deux  grandes  cornes  &  deux  petites;  la  bafê  retîèmbie 
à  celle  de  l'os  hyoïde  du  magot  ;  les  petites  cornes  ont  environ 
les  deux  tiers  de  la  longueur  des  grandes,  &:  font  couchées  par- 

dell'us. 

*  C'eft  pour  me  conformer  à  la  nomcndaturc  de  M.  de  BufTon  que  j'appelle 
ici  Jes  Cabei  d'Ariftote  du  nom  de  Guenons  que  l'on  donne  en  général 
AUX  fen\clles  des  Singes. 

N^MCCCXII. 


DU    Cabinet.  30J 

N.*'    M  C  C  C  X  I  T. 

L'os  de  la  verge  d'un  macaque. 

Cet  os  a  près  de  fept  lignes  de  longueur,  il  efl  uji  peu  courbe  ; 
au  lefle,  il  relfemble  à  celui  du  petit  papion. 

N.'     M  C  C  C  X  I  I  I. 

L'os  de  la  verge  de  l'animal  appelé  aigrette. 

Cet  os  efl  très-dclic  ,  il  paroît  n'être  pas  formé  en  entier , 
parce  que  l'animal  dont  il  a  été  tiré  étoit  trop  jeune. 

N.'^     M  C  C  C  X  I  V. 

Le  fquelette  d'un  pat  as  à  bandeau  noir. 

La  de/cription  &  les  dimenfions  de  ce  fquelette  font  partie 
de  la  defcription  du  patas  à  bandeau  noir  ;  il  y  a  une  petite  dent 
furnuméraire ,  placée  au  côté  externe  de  la  féconde  des  mâchelières 
du  delîous. 

N/'     M  C  C  C  X  V. 

L'os  hyoïde  d'un  patas  à  bandeau  noir. 
Cet  os  efl  compofédecinq  pièces,  comme  celui  du  macaque  ; 
mais  il  en  diffère,  principalement  par  les  petites  cornes ,  qui  (ont 
à  peine  [ènfibles. 

N.''    M  C  C  C  X  V  L 

Une  peau  de  malbrouck. 
Cette  peau  efl  bourrée,  elle  reffemble  par  fa  grandeur  Sa  par 
les  couleurs  du  poil  à  la  peau  du  malbrouck  qui  a  fervi  de  fujet 
pour  la  defcription  de  cet  animaL 

Toute  XI K  Ql 


3o6         Description 
N.°    M  C  C  C  X  V  I  I. 

Le  fquelette  d'un  malbrouck. 

La  defcription   &   fe.^  dimenfions  de  ce  re]uelette  font  partie 
de  lu  delcjipliûii  du  malbrouck. 

V^?    M  C  C  C  X  V  I  I  I. 

Le  fquelette  de  V animal  appelé  bonnet-chinois. 

C'efl  le  fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcription  & 
ies  dimenfions  des  os  de  cet  animal. 

N.°    M  C  C  C  X  I  X. 

ZW  /zyi?/V^  ^^  ranimai  appelé  bonnet-chinois. 

Cet  os  efl  compofc  de  cinq  pièces ,  comme  celui  de  l'homme; 
il  diffère  de  celui  du  macaque  ,  en  ce  que  les  petites  cornes  font 
à  proportion  plus  courtes ,  relativement  à  la  longueur  àt^  grandes 
cornes. 

N."    M  C  C  C  X  X. 

Dos  de  la  verge  de  l'animal  appelé  chinois. 

Cet  os  a  fix  lignes  &  demie  de  longueur ,  &  environ  unfl 
ligne  de  diamètre  dans  la  plus  grande  partie  de  fon  étendue; 
l'une  de  ks  extrémités  eft  aplatie  &  plus  large  que  le  refie  de  l'os. 

N.°      M  C  C  C  X  X  1. 

Un  mangabey. 

Cet  animal  efl  confervé  dans  l'efprit-de-vin,  îl  reffemble  à 
imdividu  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcription  du  mangabey. 


DU    Cabinet,  307 

N.°     M  C  C  C  X  X  I  I. 

L'os  hyoïde  d'un  rnangabey. 

Il  efl:  comporé  de  cinq  pièces,  comme  l'os  Iiyoïcïe  du  macaque 
&  du  bonnet-chinois  ;  mais  Tes  petites  cornes  font  encore  plus 
couj  bes  que  celles  du  bonnet  -  chinois ,  en  compaiaifon  de  la 
longueur  (^ts  grandes  cornes. 

N.°     M  C  C  C  X  X  I  I  I. 

L'os  de  la  verge  d'un  niangahey. 

Cet  os  efl  cylindrique  &:  un  peu  courbe,  il  a  cinq  lignes  àt 
longueur, 

N.°     M  C  C  C  X  X  I  V. 

La  peau  d'une  moue. 

Cet  animal  efl  dans  l'efprit-de-vin,  il  ne  diffère  pas  de  l'individu 
tiui  a  lervi  de  fujet  pour  la  defcriplion  de  la  mone. 

n;    m  c  c  c  X  X  V. 

Le  fquelette  d'une  mone. 

Les  arrières-dents  ne  paroiffent  pas  dans  ce  fquelette  ;  le  flernum 
efl  difforme  à  l'endroit  de  l'articulation  du  premier  os  avec  le 
fécond  ;  il  y  a  deux  cotes  qui  s'articulent  entre  ces  deux  os ,  au 
lieu  d'une  comme  dans  les  autres  animaux  :  cette  fingularité  , 
jointe  à  la  difformité  du  fternum ,  peut  faire  préfumer  qu'il  y  a 
eu  un  os  oblitéré  dans  cet  endioit ,  d'autant  plus  qu'il  n'y  en  a 
que  cinq  dans  le  flernum  du  fquelette  dont  il  s'agit,  c'efl  celui 
qui  a  (ervi  de  fujet  pour  la  defcriplion  &.  les  dimenfions  des  os 
de  la  mone. 


3o8  Description 

N.°    M  C  C  C  X  X  V  I. 

L'os  de  la  verge    d'une  mone. 

Cet  os  efl  à  peu  près  de  même  grandeur  «Se  de  même  forme 
que  celui  du  macaque. 

N.^    M  C  C  C  X  X  V  I  I. 

La  peau   d'un  cal  lit  riche. 

Cette  peau  efl:  bourrée;  les  couleurs  du  poil  reflèmblent  à 
celles  de  l'individu  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcriplion  du 
callitriche» 

N.*^     M  C  C  C  X  X  V  I  U. 

L'os  hyoïde  d'un  callitriche. 

Cet  os  hyoïde  diffèie  de  celui  àw  patas  à  bandeau  noir,  princi- 
palement en  ce  que  la  partie  inférieure  de  la  bafe  efl  percée» 

N.°    M  C  C  C  X  X  I  X. 

L'os  de  la  verge  d'un  callitriche, 

La  longueur  de  cet  os  eft  de  fix  lignes,  il  eft  un  peu  courbe; 
Çqk\  extrémité  antérieure  efl  pointue, 

N.^    M  C  C  C  X  X  X. 

Un  talapoiu. 
Cet  animal  efl  dans  l'erprit-de-vin  ;  il  ne  diffère  pas  de  Xm- 
dividu  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcription  de  la  mone. 

N.^    M  C  C  G.  X  X  X  I. 

Le  fquektte  d'un  talapoin. 

C'efl  le  fquelette  qui  a  fervi  de  fujet  pour  la  defcription  & 
ks  dimenfions  àts  os  du  taiapoin». 


DU    Cabinet,  309 

N."     M  C  C  C  X  X  X  I  I. 

L'os  hyoïde    d'un  îalapoïn. 

Cet  os  efl:  compofé  de  cinq  pièces ,  il  relFcmble  plus  à  celui 
du  mangabey  qu'à  aucun  de  ceux  dont  j'ai  déjà  fuit  mention, 
par  la  forme  de  chacune  de  ces  pièces. 

N.°     M  C  C  C  X  X  X  I  I  L 

L'os  de  la  verge    d'un  talapo'm,  * 

La  longueur  de  cet  os  n'eft  que  de  quatre  lignes  &  demie ,. 
îl  eft  un  peu  courbe  &  prefque  cylindrique,  comme  ceux  du 
papion ,  du  macaque ,  du  mangabey  oc  de  la  mone. 

N."     M  C  C  C  X  X  X  I  V. 

Un  fœtus  de  guenon. 

A  voir  ce  fœtus  au  premier  coup-d'œil ,  fans  en  faire  un  exa- 
men détaillé,  on  pourroit  ie  prendre  pour  un  fœtus  humain;  il 
n'a  point  de  poil  ;  fa  face  a  beaucoup  de  rapport  avec  le  vifige 
d'un  homme,  parce  que  les  mâchoires  du  fœtus  dont  il  s'agit  font 
plus  courtes,  Se  que  par  conféquent  le  mufeau  ed  moins  alongé 
que  dans  le  fmge  adulte  *  ;  aiiifi  la  principale  caufe  de  la  laideur 
du  finge  n'eu  pas  développée  dans  ce  fœtus;  mais  en  oblervant 
de  prêt  ks  différentes  parties ,  il  e(l  facile  de  reconnoitre  que 
c'eft  un  finge,  parce  qu'il  n'a  point  de  menton,  &  que  la  fofTette 
manque  au  milieu  de  la  lèvre  du  deffus.  La  cloifbn  des  narines 
eft  étroite,  ce  caraaère  prouve  que  ce  fœtus  vient  d'une  guenon^ 

^  Je  rapporterai  ailleurs  des  observations  que  j'ai  faites  fur  les  caufcs  qur 
rendent  les  mâchoires  des  adultes  à  proportion  plus  longues  que  celles  des. 
enfans,  &  qui  par  cet  effet,    changent  les  traits  du  vifage  a  differcns  âges. 


310         Description,  ifc. 

fâ  queue  ctaiit  fort  longue.  Les  yeux  font  fermes,  ks  oreilles  forment 
déjà  une  petite  pointe  à  la  partie  fupérieure  &  poltérieure  de  leur 
circonférence,  elles  font  fort  minces,  elles  n'ont  ni  bord  ni  lobe. 
Les  deux  mamelles  &:  les  callofités  à<^s  feffes  font  apparentes, 
on  voit  que  c'elt  une  femelle  :  mais  le  gland  du  clitoris  efl  fort 
petit,  au  contraire  de  ce  qui  eft  dans  les  femmes  à  pareil  âge. 
Les  ongles  font  plies  en  gouttière ,  celui  du  pouce  des  pieds  de 
derrière  e(l  large  &:  plat;  ce  fœtus  a  trois  pouces  huit  lignes  de 
long ,  depuis  le  fommet  de  la  tête  jufqua  l'origine  de  la  queue, 
dont  la  longueur  ell  de  trois  pouces  trois  lignes. 

N.°    M  C  C  C  X  X  X  y. 

La  queue  d'une  guenon. 

Cette  queue  a  été  diflcquée ,  il  n'y  refîe  que  les  os  &  fes 
tendons  des  mufcles ,  qui  tiennent  aux  fauffes  vertèbres  de  la 
tjtieue  j  aux  os  du  baffin  &  aux  vertèbres  loaibaiies. 


•9^ 


DE       LA 

DÉGÉNÉ  RATION 

DES   A  NI  AI  AUX. 

J_>/ès  qiie  l'Homme  a  commencé  à  changer  de  ciel, 
6c  qu'il  s'efl  répandu  de  climats  en  climats ,  fa  nature 
a  fubi  des  altérations  :  elles  ont  été  légères  dans  les 
contrées  tempérées  ,  que  nous  fuppofons  voifmes  du 
Jieu  de  fon  origine  :  mais  elles  ont  augmenté  à  mefure 
qu'il  s'en  eft  éloigné;  <Sc  lorfqu 'après  des  fiècles  écoulés, 
des  contincns  traverfés  &  des  générations  déjà  dégé- 
nérées par  l'influence  des  différentes  terres,  il  a  voulu 
s'habituer  dans  les  climats  extrêmes,  &  peupler  les  fables 
du  Midi  <Sc  les  glaces  du  Nord  ;  les  changemens  font 
devenus  fi  grands  &.  fi  fenfibles ,  qu'il  y  auroit  lieu  de 
croire  que  le  Nègre ,  le  Lappon  &  le  Blanc  forment 
des  efpèces  différentes ,  fi  d'un  côté  l'on  n'étoit  affuré 
qu'il  n'y  a  eu  qu'un  feul  Homme  de  créé,  <Sc  de  l'autre 
que  ce  Blanc,  ce  Lappon  <Sc  ce  Nègre,  fi  diiïemblans 
entr'eux ,  peuvent  cependant  s'unir  enfemble  îk  pro- 
pager en  commun  la  grande  &.  unique  famille  de  notre 
genre  Jiumain  :  ainfi  leurs  taches  ne  font  point  origi- 
nelles; leurs  difTemblances  n'étant  qu'extérieures,  ces 
altérations  de  nature  ne  font  que  fuperficielles;  &  il  eft 
certain,  que  tous  ne  font  que  le  même  homme,  qui 


5î2      Histoire  Natu relle. 

•s'eft  verni  de  noir  fous  la  zone  Torride ,  <&:  qui  s'efl 
tanné  ,  rapctiiïe  par  le  froid  glacial  de  la  fplière  du  Pôle. 
Cela  fcul  fufTiroit  pour  nous  démontrer  qu'il  y  a  plus 
de  force,  plus  d'étendue,   plus  de  flexibilité   dans  la 
nature  de  l'homme  que  dans  celle  de  tous  les  autres 
ttrcs  ;  car  les  végétaux  ,  (3c  prefque  tous   les  animaux 
font  confinés  chacun  à  leur  terrain  ,  à  leur  climat  :  <Sc 
cette  étendue  dans  notre  nature  vient  moins  des  pro- 
:i)riétés  du  corj)S  que  de  celles  de  l'ame  ;  c'ell  par  elle 
que  l'homme  a  cherché  les  fecours  qui  étoient  nécef- 
faires  à  la  délicateffe  de  fon  corps;    c'efl  par  elle  qu'il 
a  trouvé  les  moyens   de  braver  l'inclémence  de  l'air, 
&  de  vaincre  la  dureté  de  la  terre.  Il  s'eft ,  pour  ainfi 
•dire,  fournis  les  élémens  ;  par  un  feul  rayon  de  fon 
intelligence,  il  a  produit  celui  du  feu,    qui  n'exifloit 
pas  fur  la  furface  de  la  terre  ;  il  a  fu  fe  vêtir,  s'abriter, 
fe  loger;  il  a  compenfé  par  l'efprit  toutes  les  facultés 
qui  manquent  à  la  matière;  &   fans  être  ni  fi  fort,  ni 
fi  f^rand,  ni  fi  robude  que  la  plupart  des  animaux,  il  a  fu 
Jes  vaincre,  les  dompter,  les  fubjuguer,  les  conhncr, 
les  chaflcr   (Se    s'emparer   des  efpaces   que   la  Nature 
iembloit  leur  avoir  cxclufivement  départis. 

La  grande  divifion  de  la  terre  efl  celle  des  deux 
continens ,  elle  efl  plus  ancienne  que  tous  nos  monu- 
mens  ;  cependant  l'homme  ed  encore  plus  ancien  ; 
car  il  s'efl  trouvé  le  même  dans  ces  AitWY.  mondes: 
i'Afiatique  ,  l'Européen  ,  le  Nègre  produifent  éga- 
lement avec  l'Américain;  rien  ne  prouve  mieux  qu'ils 

font 


DÉCÉNÉRATION   des   ANIMAUX,        313 

font  ifTus  d'une  feule  &  même  fouclie  que  la  facilite 
qu'ils  ont  de  (e  réunir  à  la  tige  commune  :  le  fang  efl: 
différent ,  mais  le  germe  efl  le  même  ;  la  peau  ,  les 
cheveux,  les  traits,  la  taille  ont  varié  fans  que  la  forme 
intérieure  ait  changé  ;  le  type  en  efl:  général  &  commun  : 
6c  s'darrivoit  jamais  ,  par  des  révolutions  qu'on  ne  doit 
pas  prévoir  ,  mais  feulement  entrevoir  dans  l'ordre 
général  des  poffibiiités,  que  le  temps  peut  toutes  amener; 
s'il  arrivoit ,  dis-je  ,  que  l'homme  fût  contraint  d'aban- 
donner les  climats  ([u'H  a  autrefois  envahis  pour  fe  réduire 
à  fon  pays  natal ,  il  reprendroit  avec  le  temps  fes  traits 
originaux,  fa  taille  primitive  &  fa  couleur  naturelle  :  le 
rappel  de  l'homme  à  fon  climat  amèneroit  cet  effet,  le 
mélange  des  races  l'amèncroit  auffi  (Se  bien  plus  promp- 
tement;  le  Blanc  avec  la  Noire  ,  ou  le  Noir  avec  la 
Blanche  produifent  également  un  Mulâtre  dont  la  couleur 
efl  brune,  c'eft-à-dire,  mêlée  de  blanc  <Sc  de  noir; 
ce  Mulâtre  avec  un  Blanc  produit  un  itconà  Mulâtre 
moins  brun  que  le  premier;  &  fi  ce  fécond  Mulâtre 
s'unit  de  même  à  \w\  individu  de  race  blanche  ,  le 
troifième  Mulâtre  n'aura  plus  qu'une  nuance  légère  de 
brun  qui  difparoitra  tout- à -fait  dans  les  générations 
fuivantes:  il  ne  faut  donc  que  cent  cinquante  ou  dtux 
cents  ans  pour  laver  la  peau  d'un  Nègre  par  cette  voie 
du  mélange  avec  le  fang  du  Blanc  ,  mais  il  faudroit  peut- 
être  un  affcz  grand  nom.bre  de  ftècles  pour  produire  ce 
même  effet  par  la  feule  influence  du  climat.  Depuis 
qu'on  tranfporte  des  Nègres  en  Amérique,  c'efl-à-dire 
Tme  XIV.  ^  ^ 


314      Histoire   Naturelle.. 

depuis  environ  Atyw  cents  cinquante  ans ,  l'on  ne  s'efl 
pas  aperçu  que  les  fiunilles  noires  qui  fe  font  foutcnues., 
/ans  mélange,  aient  perdu  quelques  nuances  de  leur 
teinte  originelle  ;  il  eil  vrai  que  ce  climat  de  rAmcrique 
méridionale  étant  par  lui-nîéme  afTez  chaud  pour  brunir 
fcs  habitans ,  on  ne  doit  pas  s'étonner  que  les  Nègres 
y  demeurent  noirs:  pour  faire  l'expérience  du  clian- 
gement  de  couleur  dans  l'efpèce  humaine,  il  faudroit 
tranfporter  quelques  individus  de  cette  race  noire  du 
Sénégal  en  Danemarck  ,  où  l'homme  ayant  commu- 
nément la  peau  blanche  ,  les  cheveux  blonds ,  les  yeux 
bleus  ,  la  différence  du  fàng  6c  l'oppofition  de  couleur 
ell  la  plus  grande.  Il  faudroit  cloîtrer  ces  Nègres  avec 
leurs  femelles  ,  6c  conferver  fcruj)uleufement  leur  race 
fans  leur  permettre  de  la  croifer  ;  ce  moyen  efl  le  feul 
qu'on  puiffe  employer  pour  favoir  combien  il  faudroit  de 
temps  pour  réintégrer  à  cet  égard  la  nature  de  l'homme  ; 
&  par  la  même  raifon  ,  combien  il  en  a  fillu  pour  la 
changer  du  blanc  au  noir. 

C'efl-Iàla  plus  grande  altération  que  le  ciel  ait  fait  {whiT 
à  l'homme,  6c  Ton  voit  qu'elle  n'efl  pas  profonde;  la 
couleur  de  la  peau,  des  cheveux  6c  àk:%  yeux  ,  varie  par 
ia  feule  mfluence  du  climat;  les  autres  changcmens  tels 
que  ceux  de  la  taille,  de  la  forme  des  traits  6c  de  ia, 
qualité  des  cheveux  ,  ne  me  paroiffent  pas  dépendre  de 
cette  feule  caufe;  cardans  la  race  des  Nègres ,  lefquels , 
comme  l'on  fait  ,  ont  pour  la  plupart  la  tcte  couverte 
d'une  laine  crépue  ,  le  nez  épaté  ,  les  lèvres  épaiffes , 


DÉCÉNÉRATION  des  A  NIMA  UX,  3  l  5 

on  trouve  des  nations  entières  avec  de  longs  Si  vrais 
cheveux  ,  avec  des  traits  réguliers;  6c  fi  l'on  comparoit 
dans  la  race  des  Blancs  le  Danois  au  Calmou({ue  ,  ou 
feulement  le  Finlandois  i^u  Lappon  dont  il  eft  It  voidn  , 
on  trouveroit  entr'eux  autant  de  différence  pour  les  traits 
Si  la  taille  ,  qu'il  y  en  a  dans  la  race  des  Noirs  :  par 
confcquent  il  faut  admettre  pour  ces  altérations  qui  font 
plus  profondes  que  les  premières,  quelques  autres  caufes 
réunies  avec  celle  du  climat:  la  plus  générale  6c  la  plus 
dire(fte  efl:  la  qualité  de  la  nourriture  ;  c'cft  principa- 
lement par  les  alimens  que  l'homme  reçoit  l'influence 
de  la  terre  qu'il  habite  ,  celle  de  l'air  6c  du  ciel  agit 
plus  fuperficiellement  ;  6c  tandis  qu'elle  altère  la  furface 
la  plus  extérieure  en  changeant  la  couleur  de  la  peau, 
la  nourriture  agit  fur  la  forme  intérieure  par  fes  pro- 
priétés qui  font  conflamment  relatives  à  celles  de  la 
terre  qui  la  protluit.  On  voit  dans  le  même  pays  des 
diliérences  marcjuées  entre  les  hommes  qui  en  occupent 
les  hauteurs,  6c  ceux  qiii  ckmeurent  dans  les  lieux  bas; 
les  habitans  de  la  montagne  font  toujours  mieux  faits  , 
plus  vifs  6c  plus  beaux  que  ceux  de  la  vallée  ;  à  plus 
forte  raifon  dans  des  climats  éloignés  du  climat  primitif, 
dans  des  climats  où  les  herbes ,  les  fruits .  les  grains  6:  la 
chair  des  animaux  font  de  qualité  6.  même  de  fuhdance 
différentes  ,  les  hommes  qui  s'en  ncurrident  doivent 
devenir  différens.  Ces  impreflions  ne  fe  font  pas  fubi> 
tement  ni  même  dans  l'efpace  de  quelques  années;  ii 

faut  du  temps  pour  que  l'homme  reçoive  la  teinture  du 

R  r  ij 


3i6  Histoire  Natu relle, 

ciel ,  il  en  faut  encore  plus  pour  que  la  terre  lui  tranf- 
mctte  les  qualités;  6c  il  a  fallu  des  fiècles  joints  à  un 
iifage  toujours  confiant  des  mêmes  nourritures,  pour 
influer  fur  la  forme  des  trai  s  ,  fur  la  grandeur  du  corps  , 
fur  lafubflance  des  cheveux  ,  &  produire  ces  altérations 
intérieures,  qui  s'ctant  enfuite  perpétuées  par  la  géné- 
ration font  devenues  les  caractères  généraux  &  conflans 
auxquels  on  reconnoît  les  races  6i  même  les  nations 
différentes  qui  compofent  le  genre  humain; 

Dans  les  animaux  ,  ces  effets  font  plus  prompts  (Se 
plus  grands;  parce  qu'ils  tiennent  à  la  terre  de  bien 
plus  près  que  l'homme;  parce  que  leur  nourriture  étant 
plus  uniforme  ,  plus  conflamment  la  même  ,  <&  n'étant 
nullement  préparée  ,  la  qualité  en  eft  plus  décidée  <Sc 
l'influence  plus  forte;  parce  que  d'ailleurs  les  animaux 
ne  pouvant  ni  fe  vêtir  ,  ni  s'abriter  ,  ni  faire  ufâge  de 
l'élément  du  feu  pour  fe  réchauffer ,  ils  demeurent 
nuement  expofés  ,  Si  pleinement  livrés  à  l'action  de 
Tair  <Sc  à  toutes  les  intempéries  du  climat  :  &  c'efl  par 
cette  raifbn  que  chacun  d'eux  a,  fuivant  fa  nature,  choifi 
fa  zone  <Sc  fa  contrée;  c'efl  par  la  même  raifbn  qu'ils 
y  font  retenus,  Si  qu'au  lieu  de  s'étendre  ou  de  fe  dif- 
perfer  comme  l'homme,  ils  demeurent  pour  la  plupart 
concentrés  dans  les  lieux  qui  leur  conviennent  le  m/eux.. 
Et  lorfque  par  des  révolutions  fur  le  globe  ou  par  la 
force  de  l'homme,  ils  ont  été  contraints  d'abandonner 
leur  terre  natale;  qu'ils  ont  été  chaffés  on  relégués  dans 
des  climats  éloignés ,  leur  nature  a  fubi  des  altérations  fi 


DÉGÉNÉRATION    des    ANIMAUX.  317 

grandes  &  fi  proloncles  ,  (lu'eile  n'eft  pasreconnoifTable 
à  la  prcniicrc  vue  ,  <Sc  que  pour  la-  juger  il  faut  avoir 
recours  à  rmipcclion  h  plus  attentive  ,  &  même  aux 
expériences  <Sc  à  l'analogie.  Si  l'on  ajoute  à  ces  caufcs 
naturelles  d'altération  dans  les  animaux  libres ,  celle  de 
l'empire  de  l'homme  lur  ceux  qu'il   a  réduits  en  fer- 
vitude  ,  on  fera  furpris    de  voir  jufqu'à  quel  point  la 
tyrannie  peut  dégrader,  défigurer  la  Nature;  an  trouvera 
fur  tous  les  animaux  efclaves  les  fligmates  de  leur  captivité 
Si  l'empreinte  de  leurs  fers;  on  verra  que  ces  plaies  font 
d'autant  plus  grandes,  d'autant  plus  incurables,  qu'elles 
font  plus  anciennes,    <Sc    que  dans  l'état   où   nous  les 
avons  réduits,  il  ne  feroit  peut-être  plus  poffible  de  les 
réhabiliter,  ni  de  leur  rendre  leur  forme  primitive  ,  6c  les 
autres  attributs  de  Nature  que  nous  leur  avons  enlevés. 

La  température  du  climat ,  la  qualité  de  la  nourriture 
6c  les  maux  d'efclavage  ,  voilà  les  trois  caufcs  de  chan- 
gement, d'altération  6c  de  dégénéraîion  danslesanimaux. 
Les  effets  de  chacune  méritent  d'être  confidérés-  en 
particulier,  6c  leurs  rapports  vus  en  détail  nous  préfen- 
teront  un  tableau  au-devant  duquel  on  verra  la  Nature 
telle  qu'elle  eft  aujourd'hui  ,  6c  dans  le  lointain  ,  on 
apercevra  ce  qu'elle  étoit  avant  fa  dégradation. 

Comparons  nos  chétives  brebis  avec  le  moufflon 
dont  elles  font  iffues;  celui-ci,  grand  6c  léger  comme 
un  cerf,  armé  de  cornes  défenfives  6c  de  fabots  épais  , 
couvert  d'un  poil  rude  ,  ne  craint  ni  l'inclémence  de 

l'air  ^  ni  la  voracité   du  loup;   il  peut  non -feulement 

R  r  iij 


3i8  Histoire  N atu relle, 

éviter  Tes  ennemis  par  la  légèreté  de  fa  coiirfe,  mais  if 
peut  aufîi  leur  réfiller  par  la  force  de  fon  corps,  &i  par 
Ja  folidité  des  armes  dont  fa  tête  &.  fes  pieds  font  munis  : 
quelle  dilîerence   de  nos   brebis  auxquelles  il   refte   à 
peine  la   fiiculté  d'exiflcr   en  troupeau  ,   qui  même  ne 
peuvent  le  défendre  par  le  nombre,  qui  nefoutiendroient 
pas  fans  abri  le  fi^oid  de  nos  bivers ,    enfm  qui  toutes 
périroient  fi  l'bomme  ceiïbit  de  les  foigner  &  de  les 
protéger.  Dans  les  climats  les  plus  cliauds  de  l'Afrique 
&  de  l'Afie,  le  mouiTlon  qui  eft  le  père  commun  de 
toutes  les  races  de  cette  efpèce  ,  ])aroit  avoir  moins 
dégénéré  que  par-tout  ailleurs  ;  quoique  réduit  en  do- 
meflicité,  il  a  confervé  fa  taille  &  fon  poil,  feulement 
il  a  beaucoup  perdu  fur  la  grandeur  6^  la  maiïe  de  fes 
armes  ;   les  brebis  du  Sénégal  6l  des   Indes  font  les 
plus  grandes  des  brebis  domelliques,  &  celles  de  toutes 
dont  la  nature  efl  la  moins  dégradée  :  les  brebis  de  la 
Barbarie  ,  de  l'Egypte,   de  l'Arabie  ,    de  la  Perfe  ,  de 
l'Arménie,   de  la  Calmouquie,   écc   ont  fubi  de  plus 
grands  cbangemens  ;  elles  fe  font ,  relativement  à  nous, 
perfeélionnées  à  certains  égards  &  viciées  à  d'autres; 
mais  ,  comme  fe  perfeélionncr  ou  fe  vicier  eil  la  même 
cbofe  relativement  à  la  Nature ,  elles  fe  font  toujours 
dénaturées  ;  leur  poil  rude  s'eft  cliangé  en  une  laine 
fine;  leur  queue  s'étant  chargée  d'une  maffe  degraiffe, 
a  pris  un  volume  incommode  &  fi  grand ,  que  l'animal 
ne  peut  la  traîner  qu'avec  peine;   &  en  même  temps 
qu'il  s'ell  bouffi ^d'urtc  matière  fupcrflue,  6c  qu'il  s'efl 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX,         319 
paré  d'une  J)elle  toifon  ,  ii  a  perdu  fa  force  ,  fonarilité, 
ia  grandeur  <Sc  fes  armes  ;  car  ces  brebis  à  longues  (Se 
larges  queues  n'ont  guère  que  la  moitié  de  la  taille  du 
mouftlon  ;  elles  ne  peuvent  fuir  le  danger   ni  réfifler  à 
l'ennemi  ;  elles  ont  un  befoin  continuel  des  fecours  <Sc 
des  fbins  de  l'homme ,  pour  fe  confcrver  6c  fe  multi- 
plier :  la  dégradation  de  rcfpèce  originaire  efl   encore 
plus  grande  dans  nos  climats;  de  toutes  les  qualités  du 
moufi^on ,  il  ne  refle  rien    à  nos  brebis ,  rien  à  notre 
bélier  ,  qu'un  peu  de  vivacité  ,  mais  fi  douce  ,  qu'elle 
cède  encore  à  la  houlette  d'une  bergère  ;  la  timidité  ,  la 
foibleffe  ,  6c   même  la  ffiipidité  6.  l'abandon    de   fon 
être  font  les  feuls  (Se  trifles  refies  de  leur  nature  dé- 
gradée. Si  l'on  vouloit  la  relever  pour  la  force  <Sc  la 
taille  ,    il  faudroit  unir  le  moufflon  avec  notre  brebis 
Flandrine  ,  (Se  ceffer  de  propager  les  races  inférieures; 
6c  fi ,  comme  chofeplus  utile,  nous  voulons  dévouer 
cette  tÇ\)hct  à  ne  nous  donner  que  de  la  bonne  chair 
6c  de  la  belle  laine  ,  il  fluidroit  au  moins,  comme  l'ont 
fait  nos  Voifms ,  choifir  <Sc  propager  la  race  des  brebis 
de  Barbarie  ,  qui  tranfportée  en  Efpagne  (S:  même  en 
Angleterre  a  très-bien  réuffi.  La  force  du  corps  (Se  la 
grandeur  de  la  taille  font  des  attributs  mafculins  ,  l'em- 
bonpoint   6e    la  beauté   de  la  peau    font   des  qualités 
féminines  :  il  faudroit  donc  dans  le  procédé  des  mélanges 
obferver  cette  différence  ;    donner  à  nos  béliers  des 
femelles  de  Barbarie  pour  avoir  de   belles   laines ,  (Se 
donner  le  mouliion  à  nos  brebis  pour  en  relever  la  taille. 


320      Histoire  N ature l  le. 

Il  en  feroit  à  cet  cgard  de  nos  chèvres  comme  (fe 
nos  hrehis  ;  on  poiirroit,  en  les  mêlant  avec  [a  chèvre 
d'Angora,  changer  (eur  poil  Sl  le  rendre  aiifTi  utile  que 
\à  plus  belle  laine.  L'efpèce  de  la  chèvre  en  général , 
quoique  fort  dégénérée,  l'efl  cependant  moins  que  celle 
de  la  brebis  dans  nos  chmats  ;  elle  paroit  l'être  davantage 
dans  les  pays  cliauds  de  TAfrique  ôi.  des  bides  ;  lesplu$ 
petites  (Se  les  plus  foibles  de  toutes  les  chèvres  font 
celles  de  Guinée,  de  Juda,  Sic.  Si  dans  ces  mêmes 
climats  l'on  trouve  au  contraire  ies  plus  grandes  &  les 
plus  fortes  brebis. 

L'efpèce  du  bxuf  efl  celle  de  tous  les  animaux  do- 
iriefliques  fur  laquelle  la  nourriture  paroit  avoir  la  plus 
grande  influence  ;   il  devient  d'une  taille   prodigieufe 
dan.s  les  contrées  où  le  pAîiirage  eft  riche  Se  toujours 
renaiiïànt  ;   les  Anciens  ont  a])peié  taiircau-élêphms  les 
boeufs  d'Ediiopie  Sl  de  quelques  autres  provinces  de 
i'Afie  ,    où  ces  animaux  a})prochent    en   effet   de  la 
grandeur  de  l'éléphant  ;  l'abondance  des  herbes  ,  ^  leur 
qualité  fubdantielle  6c  û-icculente  produifcnt  cet  effet; 
nous  en  avons  la  preuve  même  dans  notre  climat  ;  un 
bœuf  nourri  fur  les'têus  des  montagnes  vertes  de  Savoie 
ou  de  Suiffe  ,  acquiert  le  double  du  volume  de  cejui 
de  nos  bœufs  ,  <Sc  néanmoins  ces  bœufs  de  Suiffe  font 
comme  les  nôtres  enfermés  dans  l'étable  <S^  réduits  au 
fourrage  pendant  la  plus  grande  partie  de  l'année  :  mais 
ce  qui  fait  cette  grande  différence,  c'eft  qu'en  Suiffe 
on  les  met  en  pleine  pâture,    dès  que  les  neiges  fonc 

fondues, 


DÉCÉNÉRATION   des   ANIMAUX.         32  I 

fondues;  au  heu  que  dans  nos  provinces  on  leur  interdit 
l'entrée  des  prairies  juiqu 'après  la  récolte  de  l'herbe 
qu'on  réferve  aux  chevaux:  ils  ne  iont  donc  jamais  ni 
largement  ni  convenablement  nourris ,  ôl  ce  feroit  une 
attention  bien  nécelFaire ,  bien  utile  à  l'Etat ,  que  de  faire 
un  règlement  à  cet  égard  ,  par  lequel  on  aboliroit  les 
vaines  pâtures  en  permettant  les  enclos.  Le  climat  a 
aufll  beaucoup  inHué  fur  la  nature  du  bœuf;  dans  les 
terres  du  Nord  des  deux  continens,  il  eil:  couvert  d'un 
poil  long  (Se  doux  comme  de  la  fine  laine  ;  il  porte  aufîi 
une  groffe  loupe  fur  les  épaules,  Si.  cette  difformité  fe 
trouve  également  dans  tous  les  bœufs  de  l'Afie ,  de 
l'Afrique  &  de  l'Amérique;  il  n'y  a  que  ceux  d'Europe 
qui  ne  foient  pas  boffus  ;  cette  race  d'Europe  efl  ce- 
pendant la  race  primitive  à  laquelle  les  races  boffues 
remontent  par  le  mélange  dès  la  première  ou  la  féconde 
génération  ;  <Sc  ce  qui  prouve  encore  que  cette  race 
bofTue  n'efl  qu'une  variété  de  la  première,  c'eft  qu'elle 
efl  fujette  à  de  plus  grandes  altérations  &  à  des  dégra- 
dations qui  paroiffent  excefîives  ;  car  il  y  a  dans  ces 
bœufs  boifus  des  différences  énormes  pour  la  taille  ;  le 
petit  zébu  de  l'Arabie  a  tout  au  plus  la  dixième  partie 
du  volume  du  taureau-éléphant  d'Ethiopie. 

En  gén-^ral  ,  l'influence  de  la  nourriture  efl  plus 
grande  ,  6c  produit  des  efléts  plus  fenfibles  fur  les  animaux 
qui  fe  nourriffent  d'herbes  ou  de  fruits  ;  ceux  au  contraire 
qui  ne  vivent  que  de  proie  ,  varient  moins  par  cette 
caufe  que  par  l'influence  du  climat  ;  parce  que  la  chair 
Tome  XIV.  ^i 


322  H I  STO  1  RE    N  ATU  R  ELLE. 

efl  un  aliment  préparc  Si  déjà  affimilé  à  la  nature  de 
l'animal  carnaiïier  qui  la  dévore  ;  au  lieu  que  Therhe 
étant  le  premier  produit  de  la  terre ,  elle  en  a  toutes 
les  propriétés ,  &  tranfmet  inmicdiatement  les  qualités 
terreflres  à  l'animal  qui  s'en  nourrit. 

AulTi  le  chien,  fur  lequel  la  nourriture  neparoît  avoir 
que  de  légères  influences,  efl  néanmoins  celui  de  tous 
les  animaux  carnafTiers  dont  refpèce  efl  la  plus  variée; 
il  femble  fuivre  exaélement  dans  fes  dégradations  les 
difïérences  du  climat  ;  il  eft  nu  dans  les  pays  les  plus 
chauds ,  couvert  d'un  poil  épais  &  rude  dans  les  contrées 
du  Nord  ,  paré  d'une  belle  robe  foieufe  en  Efpagne , 
en  Syrie  ,  où   la  douce  température  de  l'air   change 
le  poil  de  la  plupart  des  animaux  en  une  forte  de  foie  ; 
mais  indépendamment   de  ces  variétés  extérieures  qui 
font  produites  par  la  feule  influence  du  climat ,  il  y  a 
d'autres  altérations  dans  cette  efpèce   qui  proviennent 
de  fa  condition  ,  de  fa  captivité,  ou,  fi  l'on  veut,  de 
l'état  de  fociété  du  chien  avec  l'homme.  L'augmentation 
ou  la  diminution  de  la  taille  viennent  des  foins  que  l'on 
a  pris  d'unir  enfcmble  les  plus  grands  ou  les  plus  petits 
individus;  l'accourciffement  de  la  queue,   du  mufeau  , 
des  oreilles  ,  provient  aufli  de  la  main  de  l'homme;  les 
chiens  auxquels  de  génération  en  génération  on  a  coupé 
les  oreilles  6c  la  queue,  tranfmettent  ces  défauts  en  tout 
ou  en  partie  à  leurs  dcfcendans.  J'ai  vu  des  chiens  nés 
fins  queue,  que  je  pris  d'abord  pour  desmonflres  indi- 
viduels dans  l'efpèce  ;  mais  je  me  fuis  afliiré  depuis,  que 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX.  323 

cette  race  exifle  <&.  qu'elle  fe  perpétue  par  la  génération. 
Et  les  oreilles  pendantes  qui  font  le  figne  le  plus  général 
<Sc  le  plus  certain  de  la  fervitude  domediquc  ,  ne  fe 
trouvent  -  elles  pas  dans  prefque  tous  les  chiens  \  Sur 
environ  trente  races  différentes  ,  dont  l'efpèce  eft  au- 
jourd'hui compolee,  il  n'y  en  a  que  deux  ou  trois  qui 
aient  confervé  leurs  oreilles  primitives  ;  le  chien  de 
berger,  le  chien -loup  <Sc  les  chiens  du  Nord  ont  feuls 
les  oreilles  droites.  La  voix  de  ces  animaux  a  fubi 
comme  tout  le  refte  d'étranges  mutations  ;  il  femble  que 
le  chien  foit  devenu  criard  avec  l'homme  ,  qui  de  tous 
les  êtres  qui  ont  une  langue  eft  celui  qui  en  u'iQ  6c 
abufe  le  plus  :  car  dans  l'état  de  nature  ,  le  chien  eft 
prefque  muet,  il  n'a  qu'un  hurlement  de  befoin  par 
accès  affez rares;  il  a  pris  fon aboiement  dans  fon  com- 
merce avec  l'homme,  fur-tout  avec  l'homme  policé: 
car  lorfqu'on  le  tranfporte  dans  des  climats  extrêmes 
6c  chez  des  peuples  grofliers ,  tels  que  les  Lappons 
ou  les  Nègres  ,  il  perd  fon  aboiement ,  reprend  fa  voix 
naturelle  qui  eft  le  hurlement  6c  devient  même  quel- 
quefois abfolument  muet.  Les  chiens  à  oreilles  droites 
6c  fur-tout  le  chien  de  berger ,  qui  de  tous  eft  celui 
quia  le  moins  dégénéré,  eft  auiïi  celui  qui  donne  le 
moins  de  voix  :  comme  il  paffe  fa  vie  folitairement 
dans  la  campagne  6c  qu'il  n'a  de  commerce  qu'avec  les 
moutons  6c  quelques  hommes  fimples,  il  eft  comme 
eux  férieux  6c  fdencieux ,  quoiqu'on  même  temps  il 
foit  très-vif  6c  fort  intelligent  ;  c'eft  de  tous  les  chiens 

.         5fij 


324       Histoire  Naturelle. 

celui  qui  a  ie  moins  ((c  qualités  acquifes  &.  le  plus  Je 
talens  naturels ,  c'efl  le  plus  utile  pour  le  bon  ordre 
ôi  pour  la  garde  des  troupeaux  ,  <Sc  il  fcroit  plus  avan- 
tageux d'en  multiplier,  d'en  étendre  la  race  que  celles 
des  autres  chiens,  qui  ne  fervent  qu'à  nos  amufemens, 
6l  dont  le  nombre  efl  fi  grand  qu'il  n'y  a  point  de 
villes  où  l'on  ne  pût  nourrir  un  nombre  de  familles 
des  feuls  alimens  que  les  chiens  confommcnt. 

L'état  de  domefticité  a  beaucoup  contribué  à  faire 
varier  la  couleur  des  animaux,  elle  efl:  en  général  ori- 
ginairement fauve  ou  noire  ;  le  chien  ,  le  bœuf,  la 
chèvre,  la  brebis ,  le  cheval  ont  pris  toutes  fortes  de 
couleurs  ;  le  cochon  a  changé  du  noir  au  blanc  ;  6c 
il  paroît  que  le  blanc ,  pur  <Sc  fans  aucune  tache  efl  à 
cet  égard  le  figne  du  dernier  degré  de  dégénération  , 
<Sc  qu'ordinairement  il  efl  accompagné  d'imperfeélions 
ou  de  défauts  efTcntiels  ;  dans  la  race  des  hommes 
blancs,  ceux  qui  le  font  beaucoup  plus  que  les  autres 
ôi  dont  les  cheveux,  les  fourcils ,  la  barbe,  Sic.  font 
naturellement  blancs  ont  fouvent  le  défaut  d'être  fourds. 
Si  d'avoir  en  même  temps  les  yeux  rouges  Sl  foibles: 
dans  la  race  des  noirs,  les  Nègres  blancs  font  encore 
d'une  nature  plus  foible  &  plus  défedueufe.  Tous  les 
animaux  abfolument  blancs  ont  ordinairement  ces 
mêmes  défiuts  de  l'oreille  dure  Si  des  yeux  rouges  ; 
cette  forte  de  dégénération  ,  quoique  plus  fréquente 
dans  les  animaux  domefliques,  fe  montre  auffi  quel- 
quefois dans  [es  efpèces  libres  ,   comme  dans  celles 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX.  325 
des  élcphan-s,  des  cerfs,  des  daims,  des  guenons,  des 
taupes ,  des  fouris  ;  Si  dans  toutes ,  cette  couleur  efl 
toujours  accompagnée  de  plus  ou  moins  de  foiblefle 
de  corps  &  d'hcbctation  des  fens. 

Mais   l'eipèce   fur  laquelle   le   poids  de   Tefclavage 
paroît  avoir   le  plus  appuyé  (Se  fiit  les  impreffions  les 
plus  profondes,  c'ell  celle   du  chameau,    il  nait  avec 
des  loupes  fur  le  dos  ,  &.  des  callofités  fur  la  poitrine 
6.  lur  les  genoux  :  ces  callofités  font  des   plaies  évi- 
dentes  occafionnées  par  le  frottement,  car  elles  font 
remplies  de  pus   &.   de  flmg  corrompu  :    comme  il  ne 
marche  jamais  qu'avec  une  groffe  charge  ,  la  prc/fion 
du  fardeau  a  commencé  par  empêcher  la  libre  extenfion 
&  raccroiiTement  uniforme  des  parties  mufculeufes  du 
dos,  enfuite  elle  a    fait  gonfler  la  chair  aux  endroits 
voifms  :  6.  comme  lorfque  le  chameau  veut  fe  repofer 
ou  dormir,  on  le  contraint  d'abord  à  s'abattre  fur  fes 
jambes  repliées  ,  &  que  peu  à  peu  il  en  prend  l'habi- 
tude de  lui-même,   tout  le  poids  de  fon  corps  porte 
pendant  plufieurs  heures  de  fuite,  chaque  jour,  fur  fa 
poitrine  &  fes  genoux;  Ôc  la  peau  de  ces  parties  preffée, 
frottée    contre  la  terre  fe  dépile  ,  fe  froiflé ,  fe  durcit 
<Sc  fe  déforganife.  Le  lama,  qui,  comme  le  chameau, 
pafle  fa  vie  fous  le  fardeau,  <Sc  ne  fe  repofe  auiïi  qu'en 
s'abattant  fur  la  poitrine  ,  a  de  femblables  callofités  qui 
fe  perpétuent  de  même  par  la  génération.  Les  babouins 
<&.  les  guenons   dont  la  poflure   la  plus  ordinaire  efl 

d'être  affis,  foit  en  veillant,  foit  en  dormant  ont  au/ïï 

S  f  ii/ 


326       Histoire  Natu relle. 

des    callofitcs  aii-cIefTous  de  la  région  des  fefTes,  <Sc 
cette  peau  calleufe  cft  même  devenue  inlicrente  aux  os 
du   derrière  contre  lefqucls  elle  efl    continuellement 
prefTée  par  le  poids  du  corps  :  mais  ces  callofitcs  des 
J)abouins  <Sc  des  guenons  font  sèches  6c  faines ,  parce 
qu'elles  ne  proviennent  pas  de  la  contrainte  des  en- 
traves  ni   du   faix  accablant  d'un  poids  étranger ,   &. 
qu'elles  ne  font  au  contraire  que  les  effets  des  habi- 
tudes naturelles  de  l'animal  qui  fe  tient  plus  volontiers 
<?c  plus  long-temps  affis  que  dans  aucune  autre  fjtuation  : 
il  en   efl  de  ces  callofités  des  guenons  comme  de  la 
double  femelle  de  peau  que  nous  portons   fous  nos 
pieds  :    cette  femelle   efl  une    callofité   naturelle   que 
notre  habitude  coudante  à  marcher  ou  reder  debout 
rend  plus  ou  moins  cpaiffe,   ou  plus  ou  moins  dure, 
félon  le  plus  ou  moins  de  frottement  que  nous  faifons 
éprouver  à  la  plante  de  nos  pieds. 

Les  animaux  fiuvages  n'étant  pas  immédiatement 
foumis  à  l'empire  de  l'homme ,  ne  font  pas  fujets  à 
d'aulfi  grandes  altérations  que  les  animaux  domediques; 
leur  nature  paroit  varier  fuivant  les  difiérens  climats , 
mais  nulle  part  elle  n'ed  dégradée.  S'ils  étoient  abfo- 
lumcnt  les  maîtres  de  choifir  leur  climat  &  leur  nour- 
riture ,  ces  altérations  feroient  encore  moindres  :  mais 
comme  de  tout  temps  ils  ont  été  chades,  relégués 
par  l'homme,  ou  même  par  ceux  d'entr'eux  qui  ont 
le  plus  de  force  cSc  de  méchanceté,  la  plupart  ont  été 
contraints  de  fuir,  d'abandonner  leur  pays  natal  &.  de 


DÉCÉNÉRATION  des  ANIMAUX,  327 
s'habituer  dans  des  terres  moins  heiireiifes  :  ceux  dont 
la  nature  s'eft  trouvée  affez  flexible  pour  fe  prêter  à 
cette  nouvelle  fituation  fe  font  répandus  au  loin,  tandrs 
que  les  autres  n'ont  eu  d'autre  reflburce  que  de  fe 
confiner  dans  les  déferts  voifins  de  leur  pays.  Il  n'y  a 
aucune  efpèce  d'animal,  qui,  comme  celle  de  l'homme, 
fe  trouve  généralement  par-tout  fur  la  furface  de  la 
terre;  les  unes,  &  en  grand  nombre,  font  bornées  aux 
terres  méridionales  de  l'ancien  continent  ;  les  autres 
aux  parties  méridionales  du  nouveau  monde;  d'autres, 
en  moindre  quantité,  font  confinées  dans  les  terres  du 
Nord ,  6c  au  lieu  de  s'étendre  vers  les  contrées  du  Midi , 
elles  ont  paiTé  d'un  continent  à  l'autre  par  des  routes 
jufqu'à  ce  jour  inconnues;  enfin  quelques  autres  efpèces 
n'habitent  que  certaines  montagnes  ou  certaines  vallées  , 
&  les  altérations  de  leur  nature  font  en  général  d'autant 
moins  fenfibles  qu'elles  font  plus  confinées. 

Le  climat  <Sc  la  nourriture  ayant  peu  d'influence  fur 
les  animaux  libres  ,  &  l'empire  de  l'homme  en  avant 
encore  moins,  leurs  principales  variétés  viennent  d'une 
autre  caufe  ;  elles  font  relatives  à  la  combinaifon  du 
nomI)re  dans  les  individus  ,  tant  de  ceux  qui  produifent , 
que  de  ceux  qui  font  produits.  Dans  les  efpèces ,  comme 
celle  du  chevreuil  où  le  mâle  s'attacbe  à  fa  femelle  Se 
r>e  la  change  pas,  les  petits  démontrent  fa  confiante 
fidélité  de  leurs  parens  par  leur  entière  reffemblance 
entr'eux  ;  dans  celles,  au  contraire,  où  les  femelles 
changent  fouvent  de  mâle,  comme  dans  celle  du  cerf, 


328       Histoire    Naturelle. 

il  fc  trouve  des  variétés  affez  nombreufcs  ;  &.  comme 
dans  toute  la  Nature  il  n'y  a  pas  un  iQ\\\  individu  qui  foit 
parfaitement  refTemhlant  à  un  autre,  il  fe  trouve  d'autant 
plus  de  variétés  dans  les  animaux,    que   le  nombre  de 
leur  produit  eft  plus  grand  &.  plus  fréquent.   Dans  les 
efpèces  où  la  femelle  produit  cinq  ou  fix  petits,  trois 
ou  quatre  fois  par  an  ,  de  maies  difîerens,  il  ffl  nccef- 
faire  que  le  nombre  des  variétés   foit   beaucoup  plus 
grand  que  dans  celles  où  le  produit  efl  annuel  &  unique; 
aufli  les  efpèces  inférieures  ,  les  petits  aniinaux  qui  tous 
produifent  plus  fouvent  (Se  en  plus  grand  nombre  que 
ceux  des  efpèces  majeures,  font -elles   fujettes  à  plus 
de  variétés.   La  grandeur   du  corps  qui  ne  paroît  être 
qu'une   quantité   relative  ,    a  néanmoins    des    attributs 
pofitifs   <5c   des  droits   réels  dans   l'ordonnance   de  la 
Nature  ;    le  grand  y   efl  aufTi   fixe  que  le  petit  y   efl 
variable:  on  pourra  s'en  convaincre  aifément  par  l'énu- 
mération  que  nous  allons  faire  des  variétés  des  grands 
<Sc  des  petits  animaux. 

Le  fanglier  a  pris  en  Guinée  des  oreilles  très-longues 
Si  coucliées  fur  le  dos  ;  à  la  Chine ,  un  gros  ventre 
pendant  <Sc  des  jambes  fort  courtes  ;  au  Cap-vert  & 
dans  d'autres  endroits,  des  défenfes  très  - sfrofTes  6l 
tournées  comme  des  cornes  de  bœuf;  dans  l'état  de 
domefticité  ,  il  a  pris  par-tout  des  oreilles  à  demi-pen- 
dantes ,  ÔL  des  foies  blanches  dans  les  pays  froids  ou 
tempérés.  Je  ne  compte  ni  le  pécari  ni  le  babiroufîà 
dans  les  variétés  de  l'efpèce  du  fanglier ,  parce  qu'ils 

ne 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX.        329 

ne  font  ni  l'un  ni  l'autre  de  cette  efpèce,  quoiqu'ils  en 
approchent  de  plus  près  que  d'aucune  autre. 

Le  cerf,  dans  les  pays  montueux  ,  fecs&  chauds  ,  tels 
que  la  Corfe  <Sc  la  Sardaigne ,  a  perdu  la  moitié  de  fà 
taille,  6c  a  pris  un  pelage  brun  avec  un  bois  noirâtre  ; 
dans  les  pays  froids  &.  humides ,  comme  en  Bohème 
6c  aux  Ardennes  ,  fa  taille  s'efl  agrandie ,  fon  pelage 
6c  fon  bois  font  devenus  d'un  brun  prefque  noir ,  fon 
poil  s'efl  alongé  au  point  de  former  une  longue  barbe 
au  menton  ;  dans  le  Nord  de  l'autre  continent,  le  bois 
du  cerf  s'efl  étendu  6c  ramifié  par  des  andouillers  courbes. 
Dans  l'état  de  domefticité  ,  le  pelage  change  du  fauve 
au  blanc  ;  6c  à  moins  que  le  cerf  ne  foit  en  liberté  , 
6c  dans  de  grands  efpaces  ,  fes  jambes  fe  déforment  6c 
fe  courbent.  Je  ne  compte  pas  l'axis  dans  les  variétés 
de  l'efpèce  du  cerf,  il  approche  plus  de  celle  du  daim 
6c  n'en  efl  peut-ctre  qu'une  variété. 

On  auroit  peine  àfe  décider  fur  l'origine  de  l'efpèce 
du  daim;  il  n'efl  nulle  part  entièrement  domeflique,  ni 
nulle  part  abfolument  fauvage  ;  il  varie  affez  indiffé- 
remment ,  6c  par-tout  du  fauve  au  pie  6c  du  pie  au  blanc  ; 
fon  bois  6c  fa  queue  font  auffi  plus  grands  6c  plus 
longs  fuivant  les  différentes  races  ,  6c  fi  chair  efl  bonne 
ou  mauvaife  félon  le  terrain  6c  le  climat  :  on  le  trouve 
comme  le  cerf  dans  les  deux  continens  ,  6c  il  paroît  être 
plus  grand  en  Virginie  6c  dans  les  autres  provinces  de 
l'Amérique  tempérée  ,  qu'il  ne  l'eft  en  Europe.  ï|  en 
£ft  de  même  du  chevreuil ,  il  efl  plus  grand  dans  le 
Tome  XJK  T  t 


330       Histoire  Naturelle, 

nouveau  que  dans  l'ancien  continent ,  mais  au  rcflc 
toutes  fcs  variétés  fe  réduifent  à  quelques  différences 
dans  la  couleur  du  poil  qui  change  du  fauve  au  brun  ; 
les  plus  grands  chevreuils  font  ordinairement  fauves  , 
<5c  les  plus  petits  font  bruns.  Ces  deux  efpèces  ,  le 
chevreuil  6c  le  daim  ,  font  les  feuls  de  tous  les  animaux 
communs  aux  deux  continens  ,  qui  foient  plus  grands 
<Sc  plus  forts  dans  le  nouveau  que  dans  l'ancien. 

L'âne  a  fubi  peu  de  variétés ,  même  dans  fà  condition 
de  fer\/itude  la  plus  dure  ;  car  fa  nature  efl:  dure  aufh , 
ôi  rédfle  également  aux  mauvais  traitemens  <5i  aux 
incommodités  d'un  climat  fâcheux  <Sc  d'une  nourriture 
gro/fière  :  quoiqu'il  foit  originaire  des  pays  cliauds  ,  il 
peut  vivre  ,  Si  mcme  fe  multiplier  fans  les  foins  de 
l'homme  dans  les  climats  tempérés;  autrefois  il  y  avoit 
des  onagres  ou  ânes  fauvages  dans  tous  les  déferts  de 
TAfie  mineure,  aujourd'hui  ils  y  font  plus  rares  ,  Si  on 
ne  les  trouve  en  grande  quantité  que  dans  ceux  de  la 
Tartarie  ;  le  mulet  de  Daurie  '' ,  appelé  ciighhûi  par  les 
Tartares  Mongoux,  efl  probablement  le  même  animal 
que  l'onagre  des  autres  provinces  de  l'Afie  ;  il  n'en 
diffère  que  parla  longueur  &  les  couleurs  du  poil,  qui, 
félon  M.  Bell,  paroit  onde  de  brun  Si  de  blanc '^i  ces 

'  Mulus  Dauricus  fœcmdus ,  Czigithai  ,  Mongolorum  in  Daurla. 
Aluf.  PetropoUtmum  ,  pag.  3  j  j. 

*■  In  the  forejls  near  Ku^netsky  on  the  River  Tom  one  of  the  four  ces 
ofthe  River  Oby  in  Lat.  y  i  à'  y  2  arc  W'ild  ajfes.  I  hâve  fe  en  many 
of  their  Skins  ;  they  haye    in  ail  refpcâs   the  Shape  of  the  heaâ ,    tail 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX,  331 
onagres  ciighluiis  fe  trouvent  clans  les  forets  de  la  Tar- 
tarie  jurqu'au  cinquante-unième  &  cinquante-deuxième 
degré,  <&.  il  ne  faut  pas  les  confondre  avec  les  zèbres, 
dont  les  couleurs  font  bien  plus  vives  6c  bien  autrement 
tranchées ,  <Sc  qui  d'ailleurs  forment  une  efpèce  parti- 
culière prefqu'aufTi  différente  de  celle  de  l'âne  que  de 
celle  du  cheval.  La  feule  dégénération  remarquable 
dans  l'âne  en  domeflicité ,  c'eft  que  fa  peau  s'eft  ra- 
mollie 6:  qu'elle  a  perdu  les  petits  tubercules  qui  fe 
trouvent  femés  fur  la  peau  de  l'onagre,  de  laquelle  les 
Levantins  font  le  cuir  grenu,  qu'on  appelle  chagrin. 

Le  lièvre  eft  d'une  nature  flexible  <5c  ferme  en  même 
temps ,  car  il  ell  répandu  dans  prefque  tous  les  climats 
de  l'ancien  continent,  Ôl  par-tout  il  efl:  à  très-peu  près 
le  même:  feulement  fon  poil  blanchit  pendant  l'hiver 
dans  les  climats  très-froids ,  ôl  il  reprend  en  été  fa 
couleur  naturelle ,  qui  ne  varie  que  du  fauve  au  roux  ; 
la  qualité  de  la  chair  varie  de  même  ;  les  lièvres  les 
plus  rouges  font  toujours  les  meilleurs  à  manger.  Mais 
le  lapin  ,  fans  être  d'une  nature  auffi  flexible  que  le 
lièvre,  puifqu'il  efl:  beaucoup  moins  répandu.  Si  que 

and  hoofs  of  the  common  afs ,  but  their  sk'm  h  Waved  and  undulated 
white  and  bronrn.  Bell' s  travels  to  China.  NOTA.  II  fe  poiuroit  que 
M.  Bell  ,  qui  dit  n'avoir  obfervé  que  les  peaux  de  ces  animaux  ,  ait 
vu  des  peaux  de  zèbres;  car  les  autres  Voyageurs  ne  difent  pas  que 
les  ciigithais  ou  onagres  de  Daurie  foient  comme  le  zèbre,  rayes  de 
brun  «Se  de  blanc;  d'ailleurs,  il  y  a  au  Cabinet  de  Peterfbourg  d«s 
peaux  de  zèbres  &  des  peaux  de  czigithais ,  qu'on  montre  également 
aux  Voyngeurs. 

Tt  ij 


332      Histoire  Naturelle, 

même  il  paroît  confiné  à  de  certaines  contrées ,  efl 
néanmoins  fiijet  à  plus  de  variétés,  parce  que  le  lièvre 
efl  fauvage  par-tout  ;  au  lieu  que  le  lapin  efl  prefque 
par-tout  à  demi-domeflique.  Les  lapins  clapiers  ont 
varié  pour  la  couleur  du  fauve  au  gris ,  au  blanc ,  au 
noir;  ils  ont  aulTi  varié  par  la  grandeur,  la  quantité,  la 
qualité  du  poil  :  cet  animal  qui  efl  originaire  d'Efpagne 
a  pris  en  Tartarie  une  queue  longue,  en  Syrie  du  poil 
touifu  &  pelotonné  comme  du  feutre,  &c.  On  trouve 
quelquefois  des  lièvres  noirs  dans  les  pays  froids  ;  on 
prétend  aufTi  qu'il  y  a  dans  la  Norwège  &  dans  quelques 
autres  provinces  du  Nord  des  lièvres  qui  ont  des  cornes. 
M.  Klein  *  a  fait  graver  deux  de  ces  lièvres  cornus  : 
il  efl  aifé  de  juger  a  l'infpection  des  figures  que  ces 
cornes  font  des  liois  lemblablcs  au  bois  du  chevreuil: 
cette  \ariété,  fi  elle  exifle,  n'efl  ({u'individuelle  6c  ne 
fe  manifefle  probablement  que  dans  k s  endroits  où  le 
lièvre  ne  trouve  point  d'herbes,  &  ne  peut  fe  nourrir 
que  de  fubflanccs  ligneulls  ,  d'écorce,  de  boutons, 
de  kuilles  d'arbres,  de  lichens,  &c. 

L'élan,  dont  l'efpèce  efl  confinée  dans  le  Nord  des 
deux  continens,  efl  feulement  plus  petit  en  Amérique 
qu'en  Europe,  6c  l'on  voit  par  les  énormes  bois  que 
l'on  a  trouvés  fous  terre  en  Canada,  en  Ruffic,  en 
Sibérie  ,  6cc.  qu'autrefois  ces  animaux  étoient  plus 
g  ands  qu'ils  ne  le  font  aujourd'hui  :  peut-être  cela 
vient-il  de  ce  qu'ils  jouifToient  en  toute  tranquillité  de 
*  Klein,  de  quad,  pag  ;  2,  tab.  III ,  fîg.  ad  J-  xxâ. 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMA UX.         3  3  3 

leurs  forêts,  <Sc  que  n'étant  point  inquiétés  par  l'homme 
qui  n'avoit  pas  encore  pénétré   dans  ces  climats  ,  ils 
étoient  maîtres  de  choifir  leur  demeure  dans  les  endroits 
où  l'air  ,  la  terre  6c  l'eau  leur  convenoient  le  mieux. 
Le  renne  que  les  Lappons  ont  rendu  domeftique  ,  a 
par  cette  raifon  plus  changé  que  l'élan ,  qui  n'a  jamais 
été  réduit  en  fervitude  :   les  rennes  fauvages  font  plus 
grands,  plus  forts  <Sc  d'un  poil  plus  noir  que  les  rennes 
domefliques  :    ceux-ci    ont   heaucoup  varié   pour  la 
couleur  du  poil ,  <Sc  aufTi  pour  la  grandeur  ôl  la  groffcur 
du  bois  ;  cette  efpèce  de  lichen  ou  de  grande  mouffe 
blanche  qui  fait  la  principale  nourriture  du  renne,  fem- 
ble  contribuer  beaucoup  par  fa  qualité  à  la  formation  cSc 
à  l'accroilTement  du  bois,  qui  proportionnellement  ed 
plus  grand  dans  le  renne  que  dans  aucune  autre  efpèce; 
&  c'efl  peut-ctre  cette  même  nourriture,  qui  dans  ce 
climat,  produit  du  bois  fur  la  tête  du  lièvre  ,  comme 
fur  celle  de  la  femelle  (\\\  renne;  car  dans  tous  les  autres 
climats,   il   n'y  a  ni  lièvres  cornus,  ni  aucun  animal 
dont  la  femelle  porte  du  bois  comme  le  mâle. 

L'efpèce  de  l'éléphant  efl  la  feule  fur  laquelle  l'état 
de  fervitude  ou  de  domefticité  n'a  jamais  influé,  parce 
que  dans  cet  état  il  refufe  de  produire  ,  &  par  conféqucnt 
de  tranfmettre  à  fon  efpèce  les  plaies  ou  les  défauts 
occafionnés  par  fa  condition  :  il  n'y  a  dans  réléphant 
que  des  variétés  légères  <5c  prefque  individuelles  ;  fa 
couleur  naturelle  e(t  le  noir,  cependant  il  s'en  trouve 
de  roux  à.   de  blancs ,    mais  en   très -petit  nombre. 

T  t  iij 


334      Histoire  Natu relle. 

L'élépliant  varie  aufl]  pour  la  taille  fiiivant  la  longitude 
plutôt  que  la  latitude  du  climat  ;  car  fous  la  Zone  torride 
dans  laquelle  il  efl ,  pour  ainfi  dire  ,  renfermé  <Sc  fous 
la  même  ligne ,  il  s'élève  jufqu'à  quinze  pieds  de  hauteur 
dans  les  contrées  orientales  de  l'Afrique ,  tandis  que  dans 
les  terres  occidentales  de  cette  même  partie  du  monde 
il  n'atteint  guère  qu'à  la  hauteur  de  dix  ou  onze  pieds; 
ce  qui  prouve  que  quoique  la  grande  chaleur  foit  né- 
cefîhire  au  plein  développement  de  fa  nature  ,  la  chaleur 
cxceiTive  la  reftrcint  6c  la  réduit  à  de  moindres  dimen- 
fions.    Le    rhinocéros    paroît    être    d'une  taille    plus 
uniforme  (Se  d'une  grandeur  moins  variable  ;   il  femble 
ne  différer  de  lui-même   que  par  le  caraélère  fmgulier 
qui  le  fait  différer  de  tous  les  autres  animaux ,  par  cette 
grande  corne   qu'il  porte  fur  le  nez;  cette  corne   eft 
funple  dans  les  rhinocéros  de  l'Afie,  <Sc  double  dans 
ceux  de  l'Afrique. 

Je  ne  parlerai  point  ici  des  variétés  qui  fe  trouvent 
dans  chaque  efj)èce  d'animal  carnafîier  ,  parce  qu'elles 
font  très  -  légères ,  attendu  que  de  tous  les  animaux, 
ceux  qui  fe  nourrilfent  de  chair  font  les  plus  indépendans 
de  l'homme,  &.  qu'au  moyen  de  cette  nourriture  déjà 
préparée  par  la  Nature ,  ils  ne  reçoivent  prefque  rien 
des  qualités  de  la  terre  qu'ils  habitent;  que  d'ailleurs 
ayant  tous  de  la  force  &  des  armes ,  ils  font  les  maîtres 
du  choix  de  leur  terrain ,  de  leur  climat ,  &c.  <?c  que 
par  conféquent  les  trois  caufes  de  changement,  d'alté- 
ration &.  de  dégénération   dont   nous  ayons  parlé,  ne 


DÉGÉNÉRATION    des  ANIMAUX,         3  3  5 
peuvent  avoir  fur  eux  que  de  très -petits  effets. 

Mais  après  le  coup  cl'œil  que  l'on  vient  de  jeter  fur 
ces  variétés  qui  nous  indiquent  lesaltérationsparticulières 
de  chaque  efpèce,  il  le  préfente  une  confidération  plus 
importante  &  dont  la  vue  efl:  bien  plus  étendue;  c'efl 
celle  du  changement  des  efpèccs  mêmes  ,  c'cfl  cette 
dégénération  plus  ancienne  &  de  tout  temps  immémo- 
riale, qui  paroît  s'être  faite  dans  chaque  famille,  ou 
fi  l'on  veut,  dans  chacun  des  genres  fous  lefquels  on 
peut,  comprendre  les  efpèces  voifmes  Si  peu  différentes 
cntr'eiles  :  nous  n'avons  dans  tous  les  ani maux  terreflres 
que  quelques  efpèces  ifolées  ,  qui  ,  comme  celle  de 
l'homme  ,   fàffent  en  mcme  temps   efpèce  6^  genre  ; 

.  l'éléphant ,  le  rhinocéros  ,  l'hippopotame  ,  la  girafîc 
forment  des  genres  ou  des  efpèces  fimples  qui  ne  fe 
propagent  qu'en  ligne  dire6le  <Sc  n'ont  aucunes  branches 
collatérales  ;  toutes  les  autres  paroiffent  former  des 
familles  dans  lefquelles  on  remarque  ordinairement  une 
fouche  principale  6c  commune,  de  laquelle  femblent 
être  forties  des  tiges  différentes  (f<  d'autant  plus  nom- 
breufes,  que  les  individus  dans  chaque  efpèce  font  plus 
petits  <Sc  plus  féconds. 

Sous  ce  point  de  vue,  le  cheval  ,  le  zèbre  &  l'âne 
font  tous  trois  de  la  même  famille  ;  fi  le  cheval  eft  la 
fouche  ou  le  tronc  principal  ,  le  zèbre  &  l'âne  feront 

'  les  tiges  collatérales:  le  nombre  de  leurs  reffemblances 
cntr'eux  étant  infiniment  plus  grand  que  celui  de  leurs 
différences ,    on  peut   les  regarder  comme  ne  fiifant 


33^        Histoire  Natu relle, 

qu'un  même  genre,  dont  les  principaux  caractères  font 
clairement  énoncés  &  communs  à  tous  trois  :  ils  font 
les  feuls  qui  foient  vraiment  folipèdes  ,  c'efl-à-dire,  qui 
aient  la  corne  des  pieds  d'une  feule  pièce  fans  aucune 
apparence  de  doigts  ou  d'ongles;  <Sc  quoiqu'ils  forment 
trois  efpèces  diftinéles,  elles  ne  font  cependant  pas  ahfo- 
kimcnt  ni  nettement  féparées  ,  puifque  l'âne  produit 
avec  la  jument ,  le  cheval  avec  l'âneffe;  6c  qu'il  efl 
probable  que  fi  l'on  vient  à  bout  d'apprivoifer  le  zèbre, 
&  d'affouplir  fa  nature  fauvage  <5c  récalcitrante  ,  il 
produiroit  auffi  avec  le  cheval  ^  l'âne,  comme  ils 
produifent  entr'eux. 

Et  ce  mulet  qu'on  a  regardé  de  tout  temps  comme 
ime  production  viciée,  comme  un  monftre  compofé 
de  deux  natures,  <Sc  que  par  cette  raifon  l'on  a  jugé 
incapable  de  fe  reproduire  lui-même  &  de  former  lignée  , 
n'eft  cependant  pas  auiïi  profondément  léfé  qu'on  fe 
l'imagine  d'après  ce  préjugé,  puifqu'd  n'efl  pas  réel- 
lement infécond ,  &.  que  fa  flérilité  ne  dépend  que  de 
certaines  circonflances  extérieures  Si  particulières.  On 
fait  que  les  mulets  ont  fouvent  produit  dans  les  pays 
chauds,  l'on  en  a  même  quelques  exemples  dans  nos 
climats  tempérés  ;  mais  on  ignore  fi  cette  génération 
eft  jamais  provenue  de  la  f  mpîe  union  du  mulet  &  de 
la  mule  ,  ou  plutôt  fi  le  produit  n'en  efl  pas  dû  à 
l'union  du  mulet  avec  la  jument,  ou  encore  à  celle 
de  l'âne  avec  la  mule.  Il  y  a  deux  fortes  de  mulets, 
k  premier  efl  le  grand  mulet  ou  mulet  fmiplement  dit, 

qui 


DÉGÉNÉRA  TION  des  A  NIAI  A  UX.  3  3  7 
qui  provient  de  la  jondion  de  l'âne  à  la  jument;  le 
fécond  eft  le  petit  mulet  provenant  du  cheval  6c  de 
l'ânefTe ,  que  nous  appellerons  bardeau  pour  le  diflmguer 
de  l'autre.  Les  Anciens  les  connoifToient  <Sc  les  diftin- 
guoient  comme  nous  par  deux  noms  diftcrcns,  ils 
appcloicnt  mulas  le  mulet  provenant  de  l'âne  (Se  de  la 
jument,  6c  ils  donnoient  les  noms  de  Y'mo^ ,  hinnus , 
burdo  au  mulet  provenant  du  cheval  6c  de  l'ânefTe  ; 
ils  ont  afïïirc  que  le  mulet  ,  midus  "*  produit  avec  la 
jument  un  animal  auquel  ils  donnoient  aufh  le  nom  de 
ginniis  ou  hinnus  '•;  ils  ont  afïïiré  de  même  que  la  mule, 
vîula  y  conçoit  afTez  aifcment ,  mais  qu'elle  ne  peut 
que  rarement  perfedionner  fon  fruit;  6:  ils  ajoutent 
que  quoiqu'il  y  ait  des  exemples  alfez  frcquens  de 
mules  qui  ont  mis  bas  ,  il  faut  néanmoins  regarder 
cette  production  comme  un  prodige.  Mais  (|u'eft-ce 
qu'un  prodige  dans  la  Nature,  fmon  un  elfet  plus  rare 
que  les  autres  !  Le  mulet  peut  donc  engendrer,  6c  la 
mule  peut  concevoir,  porter  6c  mettre  bas  dans  de 
certaines   circonftances  ;  ainfi   il  ne  s'agiroit  que  de 

*  Mulus  equà  conjunélus  muhim  procreavlt. . . .  Muk  quoque  jam  faâa 
gravida  cjf ,  fed  non  quoad  perficeret  atque  ederet  prolern.  Arift.  H'ijl.  anim. 

\\h.  VI ,   cnp.  24 EJl  in  annalibus  nojlris  wulûs  peperije  fœpe  ; 

vemm  prodigïi  loco  hnbitum.   Plin.  HIJ}.  nat.  lib.  VIII,  cap.  44. 

»»  Nota.  Le  mot  Gînnus  a  e:é  employc  par  Aiiftote  en  deux  fens;  le 
premier  pour  dcfigner  généralement  un  animal  imparfait,  un  avorton, 
un  mulet-nain,  provenant  quelquefois  du  cheval  avec  l'âneffe,  ou  de 
l'âne  avec  la  jument  ;  «5c  le  fécond  pour  fignifier  le  produit  particulier 
du  mulet  &  Ac  la  jument. 

Tome  XIV.  ^'" 


338        Histoire  Naturelle. 

faire  des  expériences  pour  favoir  quelles  font  ces  cir- 
con fiances  ,  <&.  pour  acquérir  de  nouveaux  faits  dont 
on  pourroit  tirer  de  grandes  lumières  fur  la  dégéné- 
ration des  efpèces  par  le  mélange ,  &.  par  conféquent 
fur  l'unité  ou  la  diverfité  de  chaque  genre  :  il  faudroit, 
pour  réuffir  à  ces  expériences ,  donner  le  mulet  à  la 
mule,  à  la  jument  &.  à  i'âneffe  ,  faire  la  même  chofe 
avec  le  bardeau ,  Si  voir  ce  qui  réfulteroit  de  ces  fix 
accouplemens  difïérens  :  il  faudroit  auffi  donner  le 
cheval  Si  l'âne  à  la  mule ,  Si  faire  la  même  chofe  pour 
la  petite  mule  ou  femelle  du  bardeau  :  ces  épreuves, 
qiioiqu'affez  fnnples  ,  n'ont  jamais  été  tentées  dans  la 
vue  d'en  tirer  des  lumières  ;  Si  je  regrette  de  n'être 
pas  à  portée  de  les  exécuter,  je  fuis  perfuadé  qu'il  en 
réfulteroit  des  connoiffances  que  je  ne  fais  qu'entrevoir. 
Si  que  je  ne  puis  donner  que  comme  despréfomptions. 
Je  crois  ,  par  exempte  ,  que  de  tous  ces  accouplemens, 
celui  du  mulet  Si  de  la  femelle  bardeau ,  Si  celui  du 
bardeau  Si  de  la  mule  pourroient  bien  manquer  abfo- 
Jument  ;  que  celui  du  mulet  Si  de  la  mule ,  Si  celui  du 
bardeau  Si  de  fa  femelle  pourroient  peut-être  réuffrr , 
quoique  bien  rarement;  mais  en  même  temps,  je  pré- 
fume que  le  mulet  produiroit  avec  la  jument  plus  cer- 
tainement qu'avec  I'âneffe  Si  le  bardeau  ,  plus  certai- 
nement avec  I'âneffe  qu'avec  la  jument  ;  qu'enfin  le 
cheval  Si  l'âne  pourroient  peut-être  produire  avec  les 
deux  mules ,  mais  l'âne  plus  fûrement  que  le  cheval  : 
il  faudroit  faire  ces  épreuves  dans  un  pays  auffi  chaude, 


DÉGÉNÉRATION  des  AnIMAUX.  339 
pour  le  moins,  que  l'efl  notre  Provence,  6c  prendre 
des  mu!ets  Je  fept  ans  ,  des  chevaux:  de  cinq  (5v  des 
ânes  de  quatre  ans  ,  parce  qu'il  y  a  cette  diifércnce  dans 
ces  trois  animaux  pour  les  âges  de  la  pleine  puberté. 

Voici  les  raifons  d'analogie  fur  lefquelles  font  fondées 
fes  prcfomptions  que  je  viens  d'indiquer.  Dans  l'ordon- 
nance commune  de  la  Nature ,  ce  ne  font  pas  les  mâles , 
mais  les  femelles  ,  qui  conllituent  l'unité  des  efpèces  ; 
nous  favons  par  l'exemple  de  la  brebis  qui  peut  fervir 
à  deux  mâles  différens  Sl  produire  également  du  bouc 
6c  du  bélier ,  que  la  femelle  influe  beaucoup  plus  que 
le  mâle  fur  le  fpécifique  du  produit  ,  puifque  de  ces 
deux  mâles  différens  il  ne  naît  que  des  agneaux ,  c'eft- 
à-dire ,  des  individus  fpécifiquement  refTemblans  à  la 
mère;  aufli  le  mulet  relTemblè-t-il  plus  à  la  jument  qu'à 
l'âne  ,  6c  le  bardeau  plus  à  l'ânefle  qu'au  cheval  :  dès- 
lors  le  mulet  doit  produire  plus  fûrement  avec  la  jument 
qu'avec  l'âneffe ,  &"  le  bardeau  plus  fûremem  avec  l'ânejje 
quavec  lajwnem:  de  même  le  cheval  6c  Vdne  pourroient 
peut  -  être  produira  avec  les  deux  înules  ,  parce  qu'étant 
femelles  elles  ont  ,  quoique  viciées,  retenu  chacune 
plus  de  propriétés  fpécifiques  que  les  mulets  mâles  ; 
mais  l'âne  doit  produire  avec  elles  plus  certainement  que  U 
cheval,  parce  qu'on  a  remarqué  que  l'âne  a  plus  de 
puifTance  pour  engendrer,  même  avec  la  jument,  que 
n'en  a  le  cheval ,  car  il  corrompt  6:  détruit  la  géné- 
ration de  celui-ci:  on  peut  s'en  afTurer  en  donnant 
d'abord  le   cheval  -  étalon  à  des  jumens  ,  6c   en  leur 

■     y  u  ij 


540       Histoire   Naturelle, 

domant  le  lendemain  .  ou  mcrne  quelques  jours  après; 
l'âne  au  lieu  du  cheval  ;  ces  jumens  produiront  prefque 
toujours  des  mulets  (Se  non  pas  des  chevaux.  Cette 
ohfervation  qui  mériteroit  hien  d'être  conflatce  dans 
toutes  fes  circonftances,  paroît  indiquer  que  la  Touche 
ou  tige  principale  de  cette  fomille  pourroit  bien  être 
i'âne  (Se  non  pas  le  cheval ,  puifque  l'âne  le  domine  dans 
la  puiffance  d'engendrer,  même  avec  fafemelle;  d'autant 
que  le  contraire  n'arrive  pas ,  lorfqu'on  donne  l'âne  en 
premier  &  le  cheval  en  fécond ,  à  la  jument  ;  celui-ci 
ne  corrompt  pas  la  génération  de  l'âne,  car  le  produit 
eft  prefque  toujours  un  mulet  ;  d'autre  côté  la  mémo 
chofe  n'arrive  pas  ,  quand  on  donne  l'âne  en  premier  & 
le  cheval  en  fécond  à  l'âneffe  ,  car  celui-ci  ne  corrompt 
ni  ne  détruit  la  génération  de  l'âne.  Et  à  l'égard  des 
accouplemens  des  mulets  entr'eux,  je  les  ai  préfumé 
ftériles  ,  parce  que  de  deux  natures  déjà  léfées  pour 
la  génération  ,  Sl  qui  par  leur  mélange  ne  pourroient 
manquer  de  fe  léfer  davantage ,  on  ne  doit  attendre 
qu'un  produit  tout-à-fait  vicié  ou  abfolument  nul. 

Par  le  mélange  du  mulet  avec  la  jument ,  du  bardeau 
avec  l'âneffe  ,  6c  par  celui  du  cheval  ôl  de  l'âne  avec  les 
mules ,  on  obtiendroit  des  individus  qui  remonteroient 
à  l'efpèce  &  ne  feroient  plus  que  des  demi-mulets , 
Jefquels  non-feulement  auroient,  comme  leurs  jxarens  , 
la  puiffance  d'engendrer  avec  ceux  de  leur  efpèce  ori- 
ginaire, mais  peut-être  même  auroient  la  faculté  de 
produire  entr'eux  ,  parce  que  n'étant  plus  léfés  qu'à 


DÉGÉNÉRA  TION  des  A  NI  M  A  UX.        3  4 1 
demi ,  leur  produit  ne  fcroit  pas  plus  vicié  que  le  font 
les  premiers  mulets;  Sl  fi  l'union  de  ces  demi-mulets 
étoit  encore  flcrile,  ou  que  le  produit  en  fut  tarare  Se 
difficile,   il   me  paroit   certain    qu'en  les  rapprochant 
en<:ore  d'un  degré  de  leur  cfèce  opriginaire,  les  individus 
qui  en  réfulteroient  <Sc  qui  ne  feroient  plus  léfés  qu'au 
quart ,  produiroient  entr'eux  ,  Sl  formeroient  une  nou- 
velle tige  ,  qui  ne  feroit  précifément  ni  celle  du  cheval 
ni  celle  de  l'âne.  Or ,  comme  tout  ce  qui  peut  être  a 
été  amené  par  le  temps ,  Sl  fe  trouve  ou  s'eft  trouvé 
dans  la  Nature,  je  fuis  tenté  de  croire  que  le  mulet 
fécond  dont  parlent  les  Anciens,  <Sc    qui,  du  temps 
d'Ariflote,  exilloit  en  Syrie  dans  les  terres  au  de-là  de 
celles  des  Phéniciens  ,  pouvoit  Lien  être  une  race  de 
ces  demi-mulets  ou  de  ces  quarts  de  mulets,  qui  s'ctoit 
formée  par  les  mélanges  que  nous  venons  d'indiquer  ; 
car  Ariftote  dit  expreffément  que  ces  mulets  féconds 
reffembloient  en  tout,  Si  autant  qu'il  cftpoffible,  aux 
mulets  inféconds  *;  il  les  diftingueauffi  très-clairement 
des  onagres  ou  ânes  fûuvûges  dont  il  fiit  mention  dans 

*  In  terra  Syrîâ  fuper  Phenîcem  Aiulœ  &  coeunt  &  par'iunt  ;  fed  id 
gcnus  diverfum  quanquam  fimïle.  Ariil.  H'ijl.  anhn.  \\h.  VI,  cap.  24. ... 
Sunt  in  Syriâ  quos  mulos  appellant  genus  diverfum  ab  eo  quod  cditu  equœ 
&  afini  procreatur  :  fed  fimile  fac'ie ,  quomodo  afini  fyheflres  fimilitudinc 
qiiâdam  nomen  urhanorum  accepere  ;  &  qu'idem  ut  afni  illi  feri  fie  inuli 
prceflant  celeritate.  Procréant  ejufmodi  mulœ  fuo  in  génère,  Cujus  rei 
argumenta  illœ  funt  quœ  tempore  Pharnacœ  patris  Pharna-^abim  in  terram 
Phrygiam  venerunt  quœ  adkuc  extant.  Très  tamen  ex  novem  quos  numéro 
êlimfuijfe  aïunt,  feryanîur  hoc  tempore,   Icîeni.  cap.  3  6. 

V  u  iij 


342      Histoire  Naturelle. 

le  même  chapitre  ,  6:  par  conféqucnt  on  ne  peut  rap- 
porter ces  animaux  qu'à  des  mulets  peu  viciés ,  Â.  qui 
auroient  conlervé  la  faculté  de  reproduire.  Il  fe  pourroit 
encore  que  le  mulet  fécond  de  Tartarie ,  le  ciigiihais 
dont  nous  avons  parlé  ,  ne  fût  pas  Vofiagre  ou  âne  fauvage, 
mais  ce  même  mulet  de  Phénicie,  dont  la  race  s'eft 
peut-être  maintenue  jufqu'à  ce  jour;  le  premier  Voya- 
geur qui  pourra  les  comparer ,  confirmera  ou  détruira 
cette  conjeclure.  Et  le  zèbre  lui-mcme  qui  refTemble 
plus  au  mulet  qu'au  cheval  6c  qu'à  l'âne,  pourroit  bien 
avoir  eu  une  pareille  origine  ;  la  régularité  contrainte  & 
fimétrique  des  couleurs  de  fon  poil ,  qui  font  alternati- 
vement toujours  difpofées  par  bandes  noires  (Se  blanches, 
paroît  indiquer  qu'elles  proviennent  de  deux  efpèces 
différentes  ,  qui  dans  leur  mélange  fe  font  féparées  autant 
qu'il  étoit  poiïible  ;  car  dans  aucun  de  fes  ouvrages  la 
Nature  n'eft  auffi  tranchée  <3c  auffi  peu  nuancée  que  fur 
la  robe  du  zèbre  ,  où  elle  paffe  brufquement  <5c  alternati- 
vement du  blanc  au  noir  &.  du  noir  au  blanc  fans  aucun 
intermède  dans  toute  l'étendue  du  corps  de  l'animal. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  il  eft  certain  par  tout  ce  que  nous 
venons  d'expofer,  que  les  mulets  en  général  qu'on  a 
toujours  accufés  d'impuiffance  <Sc  de  flérilité ,  ne  font 
cependant  ni  réellement  llériles ,  ni  généralement  in- 
féconds; (Se  que  ce  n'eft  que  dans  l'efpèce  particulière 
du  mulet  provenant  de  l'âne  (Se  du  cheval ,  que  cette 
flérilité  fe  manifefle ,  puifque  le  mulet  qui  provient  du 
bouc  (Se  de  la  brebis ,  eft  auffi  fécond  que  fa  mère  ou 


DÉCÉNÉRATION  des  ANIMAUX.  34] 
fonpère;  puifque  dans  les  oifeaux  la  plupart  des  mulets 
qui  proviennent  d'efpèces  différentes  ,  ne  font  point 
mféconds  :  c*efl  donc  dans  la  nature  particulière  du 
cheval  6c  de  l'âne ,  qu'il  faut  chercher  les  caufcs  de 
i'infccondité  des  mulets  qui  en  proviennent;  &  au  lieu 
de  fuppofer  la  ftérilité  comme  un  défaut  général  6c 
nécefliiire  dans  tous  les  mulets ,  la  reftreindre  au  contraire 
au  leul  mulet  provenant  de  l'âne  Sl  du  cheval ,  &  encore 
donner  de  grandes  limites  à  cette  reltridion  ,  attendu 
que  ces  mêmes  mulets  peuvent  devenir  féconds  dans 
de  certaines  circonflances  ,  &.  iur-tout  en  fe  rapprochant 
d'un  degré  de  leur  efpèce  originaire. 

Les  mulets  qui  proviennent  du  cheval  6c  de  l'âne  , 
ont  les  organes  de  la  génération  tout  aii/fi  complets  que 
les  autres  animaux;  il  ne  manque  rien  au  mâle,  rien  à 
la  femelle ,  ils  ont  une  grande  ahondance  de  liqueur 
féminale;  6c  comme  Ton  ne  permet  guère  aux  mâles 
de  s'accoupler,  ils  font  fouvent  fi  preffés  de  la  répandre, 
qu'ils  fe  couchent  fur  le  ventre  pour  fe  frotter  entre 
leurs  pieds  de  devant  qu'ils  replient  fous  la  poitrine  : 
ces  animaux  font  donc  pourvus  de  tout  ce  qui  efl  né- 
cefTaire  à  l'ade  de  la  génération  ;  ils  font  même  très- 
ardens,  6c  par  conféquent  très-indifferens  fur  le  choix; 
ils  ont  à  peu  près  la  même  véhémence  de  goût  pour 
la  mule  ,  pour  l'âneiTe  6c  pour  la  jument:  il  n'y  a  donc 
nulle  difficulté  pour  les  accouplemens,  mais  il  faudroit 
des  attentions  6c  des  foins  particuliers ,  fi  l'on  vouloir 
rendre  ces  accouplemens  prolifiques  :  la  trop  grande 


344      Histoire  Naturelle. 

ardeur,  fur-tout  dans  les  femelles,  efl  ordinairement 
fuivie  de  la  flcrilité,  <Sc  la  mule  efl  au  moins  auffi  ar- 
dente que  l'ânefFe  :  or  Ton  fait  que  celle-ci  rejette  la 
liqueur  fcminale  du  mule.  Si  que  pour  la  faire  retenir 
&.  produire ,  il  fiut  lui  donner  des  coups  ou  lui  jeter 
de  l'eau  fur  la  croupe,  afin  de  calmer  les  convulfions 
d'amour  qui  fubfillent  après  l'accouplement,  <Sc  qui 
font  la  caufe  de  cette  réjaculation.  1/âneffe  ôl  la  mule 
tendent  donc  toutes  deux  par  leur  trop  grande  ardeur 
à  la  ftérilité.  L'âne  (Se  l'âneffe  y  tendent  encore  par 
ime  autre  caufe  ,  comme  ils  font  originaires  des  climats 
chauds  ,  le  froid  s'oppofe  à  leur  génération ,  (Se  c 'efl 
par  cette  raifon  qu'on  attend  les  chaleurs  de  l'été  pour 
Jes  faire  accoupler;  lorfqii'on  les  laiffe  joindre  dans 
d'autres  temps  &.  fur-tout  en  hiver,  il  efl  rare  que 
l'imprégnation  fuive  l'accouplement,  même  réitéré;  &i 
ce  choix  du  temps  qui  efl  néceffaire  au  fuccès  de  leur 
génération  ,  l'efl  auffi  pour  la  confervation  du  produit; 
il  faut  que  l'ânon  naiffe  dans  un  temps  chaud,  autrement 
il  périt  ou  languit;  &.  comme  la  geflation  de  l'âneffe 
efl  d'un  an ,  elle  met  bas  dans  la  même  faifon  qu'elle 
a  conçue  :  ceci  prouve  affez  combien  la  chaleur  efl 
néceffaire,  non-feulement  à  la  fécondité,  mais  même 
à  la  pleine  vie  de  ces  animaux  ;  c'efl  encore  par  cette 
même  raifon  de  la  trop  grande  ardeur  de  la  femelle 
qu'on  lui  donne  le  mâle,  prefque  immédiatement  après 
qu'elle  a  mis  bas  ;  on  ne  lui  laiffe  que  fept  ou  huit 
jours  de  repos  ou  d'intervalle  entre  l'accouchement  6c 

l'accouplement; 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX.  345 
raccouplement  ;  l'âneiïe  ,  affoihlie  par  fa  couche  ,  efl 
alors  moins  ardente,  les  parties  n'ont  pas  pu  dans  ce 
petit  efpace  de  temps  reprendre  toute  leur  roideur  ; 
au  moyen  de  quoi  la  conception  fe  fait  plus  fûrement 
que  quand  elle  efl  en  pleine  force  cSc  que  fon  ardeur  la 
domine  :  on  prétend  que  dans  cette  efpèce ,  comme 
dans  celle  du  chat ,  le  tempérament  de  la  femelle  efl 
encore  phis  ardent  <Sc  plus  fort  que  celui  du  mâle; 
cependant  Vànt  efl  un  grand  exemple  en  ce  genre, 
il  peut  aifémcnt  faillir  fa  femelle  ou  une  autre  phifieurs 
jours  de  fuite  <5c  pluficurs  fois  par  jour;  les  premières 
jouifTances  ,  loin  d'éteindre  ne  font  qu'allumer  fon  ar- 
deur; on  en  a  vu  s'excéder  fims  y  être  incités  autrement 
que  par  la  force  de  leur  appétit  naturel  ;  on  en  a  vu 
mourir  fur  le  champ  de  bataille ,  après  onze  ou  douze 
conflits  réitérés  prefque  fans  intervalle,  &  ne  prendre 
pour  fubvenir  à  cette  grande  &  rapide  dépenfe  que 
quelques  pintes  d'eau.  Cette  même  chaleur  qui  le 
confume  efl  trop  vive  pour  être  durable  ;  l'âne  étalon 
bientôt  efl  hors  de  combat  &  même  de  fervice ,  <Sc 
c'efl  peut-être  par  cette  raifon  que  l'on  a  prétendu 
que  la  femelle  efl  plus  forte  Se  vit  plus  long-temps  que 
le  mâle  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'eft  qu'avec  les 
ménagemens  que  nous  avons  indiqués,  elle  peut  vivre 
trente  ans  ,  &  produire  tous  les  ans  pendant  toute  fli 
vie;  au  lieu  que  le  mâle,  lorfqu'on  ne  le  contraint  pas 
à  s'abflenir  de  femelles,  abufe  de  fes  forces  au  point 
de  perdre  en  peu  d'années  la  puifTance  d'engendrer. 
Tome  XIV.  X  X 


34^        Histoire    Natu relle. 

L'âne  &.  l'âneiïe  tendent  donc  tous  deux  à  la  flcrilité 

par  des  propriétés  communes,  &i  aufii  par  des  qualités 

différentes  ;  le  cheval  Si  la  jument  y  tendent  de  même 

par  d'autres  voies.  On  peut  donner  l'étalon  à  la  jument 

neuf  ou  dix  jours  après  qu'elle  a  mis  bas ,  Si  elle  peut 

produire  cinq  ou  fix  ans  de  fuite,  mais  après  cela  elle 

devient  ftérile  ;    pour  entretenir   fa  fécondité ,  il  faut 

mettre  un  intervalle  d'un  an  entre  chacune  de  fes portées, 

<Sc  la  traiter  différemment  de  l'ânefTc  ; -au  lieu   de  lui 

donner  l'étalon  après  qu'elle  a  mis  bas  ,    il  faut  le  lui 

réferver  pour  l'année  fui  vante  ,  &  attendre  le  temps  où 

fà  chaleur  fe  manifefle  par  les  humeurs  qu'elle  jette  ;  6c 

même  avec  ces  attentions ,  il  eft  rare  qu'elle  foit  féconde 

au  de-là  de  l'âge  de  vingt  ans;  d'autre  côté,  le  cheval , 

quoique  moins  ardent  Si.  plus  délicat  que  l'âne  ,  con- 

fcrve  néanmoins  plus  long-temps  la  faculté  d'engendrer. 

On  a  vu  de  vieux  chevaux  qui  n'avoicnt  plus  la  force 

de  monter  la  jument  fans  l'aide  du  Palefrenier,  trouver 

leur  vigueur  dès  qu'ils  étoient  placés  ,  Si  engendrer  à 

V'^\gQ  de  trente  ans.  La  liqueur  féminale  efl  non-feulement 

moins  abondante  ,     mais  beaucoup  moins  Simulante 

dans  le  cheval  que  dans  l'âne  ;   car  fouvent  le  cheval 

s'accouple  fans  la  répandre  ,  fur-tout  fi  on  lui  préfente 

la  jument  avant  qu'il  ne  la  cherche  ;  il  paroît  trille  dès 

qu'il  a  joui,  &  il  lui  faut  d'aiïez  grands  intervalles  de 

temps  pour  que  fon  ardeur  renaiiïe.  D'ailleurs  ,  il  s'en 

faut  bien  que  dans  cette  efpèce  tous  les  accouplemens , 

même  les  plus  confommés ,  foient  prolifiques  ;  il  y  a. 


DÉGÉNÉRATJON  des  ANIMAUX.        347 

des  jiimens  naturellement  flériles ,  ôl  d'autres  en  plus 
grand  nombre  qui  lont  très-peu  fécondes;  il  y   a  .auiîi 
des  étalons  ,  qui  ,    quoique  vigoureux  en  apparence , 
n'ont    que  peu    de   puifTance  réelle.    Nous  pouvons 
ajouter  h.  ces  raifons  particulières  une  preuve  plus  évi- 
dente (Se  plus  générale  du  peu  de  fécondité  dans  les 
efpèces    du  cheval  &.  de  fane  ;    ce  font  de  tous  les 
animaux  domefliques   ceux  dont  l'efpèce ,  quoique  la 
plus  foignée,  efl:  la  moins  nombreufe  ;  dans  celles  du 
J3ceuf,  de  la  brebis,  de  la  chèvre,  Si  fur-tout  dans 
celles  du  cochon  ,  du  chien  6c  du  chat,  les  individus 
font  dix  6c  peut-être  cent  fois  plus  nombreux  que  dans 
celles  àw  cheval  6c  de  Tâne:  ainfi  leur  peu  de  fécondité 
cft  prouvée  par  le  fait ,  6c  l'on  doit  attribuer  à  toutes 
ces  caufes  la  ftérilité  des  mulets   qui  proviennent  du 
mélange  de  ces   Atux   efpèces  naturellement  peu   fé- 
condes.  Dans  les   efpèces  au  contraire  qui  ,  comme 
celle  de  la  chèvre  6c  celle  de  la  brebis, font  plus  nom- 
breufes  6c  par  conféquent  plus  fécondes  ,   les  mulets 
provenant  de  leur  mélange  ne  font  pas  flériles ,  6c  re- 
montent pleinement  à  l'efpèce  originaire  dès  la  première 
o-énération  ;  au  lieu  qu'il  faudroit  deux ,  trois  6c  peut- 
être  quatre  générations ,  pour  que  le  mulet  provenant 
du  cheval  6c  de  l'âne  pût  parvenir  à  ce   même  degré 
de  réhabilitatiort  de  nature. 

On  a  prétendu  que  de  l'accouplement  du  taureau  6c 
de  la  jument,  il  réfuîtoit  une  autre  forte  de  mulet;  Co- 

kmielle  eft  ,  je   crois  ,  le  premier  qui   en  ait  parlé  ; 

Xx  ij 


34^        Histoire  Natu relle. 

Gefner  le  cite,  <Sc  ajoute  qu'il  a  entendu  dire  qu'il  fe 
trouvoit  de  ces  mulets  auprès  de  Grenoble ,  (Se  qu'on 
les  appelle  en  françois  jiimars.  J'ai  fait  venir  un  de  ces 
jumars  de  Dauphiné  ;  j'en  ai  fait  venir  un  autre  des 
Pyrénées  ,  <Si  j'ai  reconnu  ,  tant  par  l'infpeélion  des 
parties  extérieures  que  par  la  difTeclion  des  parties 
intérieures,  que  ces  jumars  n'étoient  que  des  bardeaux, 
c'efl-à-dirc  des  mulets  provenans  du  cheval  &  de 
l'ânefTe:  je  crois  donc  être  fondé  ,  tant  par  cette  obfer- 
vation  que  par  l'analogie  ,  à  croire  que  cette  forte  de 
mulet  n'exifle  pas,  &  que  le  mot  jumar  n'efl  qu'un 
nom  chimérique  Se  qui  n'a  point  d'objet  réel.  La  nature 
du  taureau  efl  trop  éloignée  de  celle  de  la  jument ,  pour 
qu'ils  puifTent  produire  enfemble  ;  l'un  ayant  quatre 
eftomacs  ,  des  cornes  fur  la  tcte,  le  pied  fourchu  ,  6cc. 
l'autre  étant  folipède  Si  fans  cornes,  &  n'ayant  qu'un 
feul  eflomac.  Et  les  parties  de  la  génération  étant  très- 
différentes  tant  par  lagroffeur  que  pour  les  proportions, 
il  n'y  a  nulle  raifon  de  préfumer  qu'ils  puifTent  fe  joindre 
avec  plaifir ,  Se  en^core  moins  avec  fuccès.  Si  le  taureau 
avoit  à  produire  avec  quelqu'autre  efpèce  que  la  fienne, 
ce  feroit  avec  le  buiïïe  qui  lui  reffemble  par  la  confor- 
mation Si  par  la  plupart  des  habitudes  naturelles  ; 
cependant  nous  n'avons  pas  entendu  dire  qu'il  foit 
jamais  né  des  mulets  de  ces  deux  animaux  ,  qui  néanmoins 
fe  trouvent  dans  plufieurs  lieux  ,  foit  en  domeflicité  , 
foit  en  liberté.  Ce  que  l'on  raconte  de  l'accouplement. 
Si  du  produit  du  cerf  6c  de  la  vaehe,  m'eflà  peu  près 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX.         349 

aufTi  fiirpe6t  que  l'hifloire  des  jumars ,  quoique  le  cerf 
foit  beaucoup  moins  éloigné,  par  fa  conformation  ,  de 
la  nature  de  la  vache  ,  que  le  taureau  ne  l'efl  de  celle 
de  la  jument. 

Ces  animaux  qui  portent  des  bois  ,  quoique  ruminans 
ÔL  conformés  à  l'intérieur  comme  ceux  qui  portent 
des  cornes  ,  femblent  faire  un  genre ,  une  famille  à 
part ,  dans  laquelle  l'élan  efl  la  tige  majeure,  &  le  renne, 
le  cerf,  l'axis  ,  le  daim  6c  le  chevreuil  font  les  branches 
mineures  <Sc  collatérales;  car  il  n'y  a  que  ces  fix  efpèces 
d'animaux ,  dont  la  tête  foit  armée  d'un  bois  brancha 
qui  tombe  &  fe  renouvelle  tous  les  ans;  <Sc  indépen- 
damment de  ce  cara6tère  générique  qui  leur  eft  commun, 
ils  fe  relfemblent  encore  beaucoup  par  la  conformation 
<5(L  par  toutes  les  habitudes  naturelles  :  on  obtiendroit 
donc  plutôt  des  mulets  du  cerf  ou  du  daim  mêlé  avec 
le  renne  6c  l'axis  ,  que  du  cerf  6c  de  la  vache. 

On  feroit  encore  mieux  fondé  à  regarder  toutes  les 

bi^bis  6c  toutes  les  chèvres  comme  ne  faifint  qu'une 

même  famille  ,   puifqu'elles  produifent   enfemble  des 

mulets  qui  remontent  diredement ,  6c  dès  la  première 

génération  ,  à  l'efpèce  de  la  brebis  ;  on  pourroit  même 

joindre   à  cette  nombreufe  famille  des  brebis  6c  des 

chèvres,  celle  des  gazelles   6c  celle  des  bubales  qui  ne 

font  pas  moins  nombreufes.  Dans  ce  genre  qui  contient 

plus   de   trente  efpèces  différentes ,  il   paroît   que    le 

moufflon,   le  bouquetin,    le  chamois,  l'antilope,  le 

bubale,  lecondoma,  6cc.  font  les  tiges  principales,. 

Xx  iij 


350         Histoire  Natu relle. 

Si  que  les  autres  n'en  font  que  des  branches  acceflbires  , 
qui  toutes  ont  retenu  les  caradtères  principaux  de  la 
fouclie  dont  elles  Ibnt  ifTues,  mais  qui  ont  en  mcme 
temps  prodigieufement  varié  par  les  influences  du  climat 
(X  les  difiërentes  nourritures ,  aufTi-bien  que  par  l'état 
de  fervitude  Se  de  domefticité  auquelTliomme  a  réduit 
la  plupart  de  ces  animaux. 

Le  chien  ,  le  loup  ,  le  renard  ,  le  chacal  Si  l'ifatis 
forment  un  autre  genre ,  dont  chacune  des  efpèces  efl 
réellement  fi  voifme  des  autres  <Sc  dont  les  individus 
fe  reflemblent  fi  fort,  fur-tout  par  la  conformation  inté- 
rieure (5c  par  les  parties  de  la  génération ,  qu'on  a  peine 
à  concevoir  pourquoi  ces  animaux  ne  produifent  point 
enfemble;  il  m'a  paru  parles  expériences  que  j'ai  faites 
fur  le  mélange  du  chien  avec  le  loup  Si  avec  le  renard, 
que  la  répugnance  à  l'accouplement  venoit  du  loup  Se 
du  renard  plutôt  que  du  chien,  c'eft-à-dire,  de  l'animal 
fauvage  &  non  pas  de  l'animal  domeflique  ;  car  les 
chiennes  que  j'ai  mifes  à  l'épreuve,  auroient  volontiers 
fouffert  le  renard  Si  le  loup ,  au  lieu  que  la  louve  Si  la 
femelle  renard  n'ont  jamais  voulu  fouffrir  les  approches 
du  chien  ;  l'état  de  domcfticité  fcmble  rendre  les 
animaux  plus  libertins,  c'eft-à-dire  moins  fidèles  à  leur 
efpèce  ;  il  les  rend  auffi  plus  chauds  Si  plus  féconds , 
car  la  chienne  peut  produire  S.  produit  même  affez  ordi- 
nairement deux  fois  par  an  ,  au  lieu  que  la  louve  Se  la 
femelle  renard  ne  portent  qu'une  fois  dans  une  année; 
a.ileftà  préfumer  que  les  chiens  fauvages,  c'eft -à-dire. 


DÉGÉNÉRATION   des   AnIMAUX.         351 

ies  chiens  qui  ont  été  abandonnés  dans  des  pays  déferts  , 
ÔL  qui  fe  font  multipliés  dans  l'ile  de  Juan-Fernandes , 
dans  les  montagnes  de  Saint-Domingue ,  <5cc.  ne  pro- 
duifent  qu'une  fois  par  an  comme  le  renard  cS^  le  loup; 
ce  fait  ,  s'il  étoit  conRaté  ,  conlirmeroit  pleinement 
l'unité  du  genre  de  ces  trois  animaux  ,  qui  fe  reiïemhlent 
fi  fort  par  la  conformation,  qu'on  ne  doit  attribuer  qu'à 
quelques  circonitanccs  extérieures  leur  répugnance  à  fe 
joindre. 

Le  chien  paroit  être  Tefpcce  moyenne  8l  commune 
entre  celles  du  renard  &.  du  loup  ;  les  Anciens  nous 
ont  tranfmis  comme  deux  faits  certains  ,  que  le  chien 
dans  quelques  pays  &.  dans  quelques  circonflances  pro- 
duit avec  le  loup  6c  avec  le  renard  *.  J'ai  voulu  le 
vérifier,  &i  quoique  je  n'aie  pas  réuffi  dans  les  épreuves 
que  j'ai  faites  à  ce  fujet  ,  on  n'en  doit  pas  conclure 
que  cela  foit  impoffible;  car  je  n'ai  pu  faire  ces  effais 
que  fur  des  animaux  captifs,  &.  l'on  fait  que  dans  la 
plupart  d'entr'eux  la  captivité  feule  fuffit  pour  éteindre 
îe  defir  6c  pour  les  dégoûter  de  l'accouplement,  même 
avec  leurs  femblahles  ;  cà  plus  forte  raifon  cet  état  forcé 
doit  les  empêcher  de  s'unir  avec  des  individus  d'une 

*  In  Cyrcnenfi  agro  Lup'i  cum  Canibus  coeiint  &  Laconiei  canes  ex 
yulpe  ùr  cane  generanlur.  Ariftot.  HiJI.  anim.  lib.  VIII ,  cap.  28  ...  . 
Coeimt  animalia  gcneris  ejufdem  fecundùm  natura?n ,  fed  ea  etiam  quorum 
genus  diverfum  qui  de  m ,  fed  naiura  non  multum  dijiat  ;  fi  modo  par 
mamtudo  fit  if  tempora  œquent  gravidhatis  ,  rare  id  ft ,  fed  tamen  id 
Jîeri  ùr  in  Canibus  &  m  Vulpibus  &  m  Lupis  cerUim  ef.  IJem.  de 
générât,   anim.  iib.  II ,  cap.  5 . 


^^2        Histoire  Naturelle. 

efpèce  étrangère;  mais  je  fuis  perfiiadé  que  dans  l'état 
de  liberté  Si.  de  célibat,  c'efl-à-dire ,    de  privation  de 
fa  femelle  ,  le  cliien  peut  en  effet  s'unir  au  loup  Se  au 
renard  ,  fur-tout  fi  devenu  fauvage  ,  il  a  perdu  fon  odeur 
dedomefticité,  <S^  s'efl  en  même  temps  rapprocbé  des 
mœurs  6é  des  habitudes  naturelles  de  ces  animaux.  I{ 
n'en  efl  pas  de  même  de  l'union  du  renard  avec  le  loup, 
je  ne  la  crois  guère  poffible;  du  moins  dans  la  nature 
aduelle  le  contraire  paroît  démontrépar  le  fait,  puifque 
ces  deux  animaux  fe  trouvent  enfemble  dans  le  même 
climat  Si  dans  les  mêmes  terres,  &  que  fe  foutenant  cha- 
cun dans  leur  efpèce  fans  fe  chercher,  fms  fe  mêler,  ii 
faudroit  fuppofer  ime  dégénération  plus  ancienne  que  la 
mémoire  des  hommes  pour  les  réunir  à  la  même  efpèce  : 
c'efl  par  cette  raifon  que  j'ai  dit  que  celle  du  chien  étoit 
moyenne  entre   celles   du  renard  6c  du  loup  ,  elle  eft 
au/fi  commune  puifqu'elle  peut  fe  mêler  avec  toutes 
deux  ;  Si  fi  quelque  chofe  pouvoit  indiquer  qu'origi- 
nairement toutes  trois  font  forties  de  la  même  fouche; 
c'efl  ce  rapport  comnum  qui  rapproche  le  renard  du 
loup,  Si  me  paroît  en  réunir  les  efpèces  de  plus  près 
que  tous   les  autres  rapports    de    conformité   dans   la 
figure  Si  l'organifation.  Pour  réduire  ces  deux  efpèces 
à  l'unité,  il  faut  donc  remonter  à  un   état  de  nature 
plus  ancien:  mais  dans  l'état  aduel ,  on  doit  regarder 
le  loup  (S.  le  renard  comme  les  tiges  majeures  du  genre 
des  cinq  animaux  que  nous  avons  indiqués;   le  chien  , 
ie  chacal  Si  i'ifatis  n'en  font  que  les  branches  latérales, 

Si  elles 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX,        353 

ôc  elles  font  placées  entre  les  deux  premières;  le  chacal 
participe  du  chien  S:  du  loup  ,  <Sc  Tifatis  du  chacal  & 
du  renard  :  aufTi  paroît-il  par  un  aflez  grand  nombre 
de  témoignages,  que  le  chacal  ôl  le  chien  produifent 
aifcment  enfemble  ;  Si  Ton  voit  par  la  defcription  de 
l'ifatis  <Sc  par  l'iiiftoire  de  Tes  habitudes  naturelles,  qu'il 
reiïemble  prefqu'entièrement  au  renard  par  la  figure  & 
par  le  tempérament,  qu'il  fe  trouve  également  dans  les 
pays  froids;  mais  qu'en  même  temps  il  tient  du  chacal 
ie  naturel,  l'aboiement  continu  ,  la  voix  criarde  &  l'ha- 
bitude d'aller  toujours  en  troupe. 

Le  chien  de  berger  ,  que  j'ai  dit  être  la  fouche  pre- 
mière de  tous  les  chiens,  efl  en  même  temps  celui  qui 
approche   le  plus  de  la  figure  du  renard;  il  efl  de  la 
même  taille,  il  a  comme  lui,   les  oreilles  droites,  le 
inufeau  pointu,  la  queue  droite  &i  traînante;  il  approche 
auffi  du  renard  par  la  voix ,  par  l'intelligence  ôi  par  la 
fineffe  de  l'infiind;  il  fe  peut  donc  que  ce  chien  foit 
originairement  iffu  du  renard ,  finon   en  ligne  droite , 
au  moins   en  ligne  collatérale.  Le  chien ,  qu'Ariflote 
appelle  cnnis-laconicus ,   ôc  qu'il  afTure  provenir  du  mé- 
lange du   renard  &   du    chien ,  pourroit  bien  être  le 
même  que  le  chien  de  be;gcr,  ou  du  moins  avoir  plus 
de  rapport  avec  lui  qu'avec  aucun  autre  chien  :  on  feroit 
porté  à  imaginer  que  l'épithète  laconicus  qu'Ariflote 
n'interprète  pas ,    n'a  été  donnée  à  ce  chien  que  paf 
la  raifon  qu'il  fe  trouvoit  en  Laconie,  province  (\é  la 
Grèce  ,  dont  Lacédémone  étoit  la  ville  principale  ;  inais 
Tome  XIV,  Y  y 


354      Histoire  Naturelle. 

fi  l'on  fait  attention  à  l'origine  de  ce  chien  Laconic, 
que  le  même  Auteur  dit  venir  du  renard  &  du  chien, 
on  fentira  que  la  race  n'en  étoit  pas  ])ornce  au  feul 
pays  de  Laconie,  &.  qu'elle  devoit  fe  trouver  également 
dans  tous  les  pays  où  il  y  avoit  des  renards,  &  c'eft  ce 
qui  me  fait  préfumer  que  l'épidiète  laconicus  pourroit 
bien  avoir  été  employée  par  Ariftote  dans  le  fens  moral , 
c'efl-à-dirc  pour  exprimer  la  brièveté  ou  le  fon  aigu  de 
la  voix;  il  aura  appelé  chien  laeonic,  ce  chien  provenant 
du  renard  ,  parce  qu'il  n'aboioit  pas  comme  les  autres 
chiens ,  &  qu'il  avoit  la  voix  courte  &  glapifîànte  comme 
celle  du  renard  :  or  notre  chien  de  berger  efl  le  chien 
qu'on  peut  appeler  laconic  à  plus  jufte  titre;  car  c'efl 
celui  de  tous  les  chiens  dont  la  voix  efl  la  plus  brève 
&  la  plus  rare  ;  d'ailleurs,  les  caratflères  que  donne 
Ariflote  à  fon  chien  laconic  conviennent  affez  au  chien 
de  berger,  (^  c'efl  ce  qui  a  achevé  de  me  perfuader 
que  c'étoit  le  même  chien;  j'ai  cru  devoir  rapporter 
Jes  pafîiiges  d'Ariflote  en  entier,  afin  qu'on  juge  fi  ma 
conjecture  efl  fondée  *. 

"^  Laconici  canes  ex  Vulpe  &  Cane generantur.  Hift.  anim.  lib.  VIII, 
cap.  2.8  ...  .  Caniim  gênera  plurafunt.  Co'it  Laconicum  menfe  fuœ  œtatis 

oâavo  &  crus  jam  cîrca  id  tempus  altoUentes  nonnuUi  urinam  reddunt 

Gerunt  Laconicœ  canes  uterum  parte  fextâ  annl ,  hoc  ejl,  fexagen'is  diehus 
eut  uno  velaltero,  plus  m'inufve.  Catelli  cœci gignuntur,  nec  ante  duodecimum 
d'ieni  v'ifum  acc'ip'iunt.  Coeunt  canes  pojîeaquam  parerunt fexto  menfe  nec 
citiùs.  Sunt  quœ  parte  quintâ  anni  uterum  ferunt ,  hoi  ejl,  duobus  &  fep- 
tuaginta  d'iebus ,  quorum  catelli  duodecim  diebus  luce  carent  :  nonnulU 
quartà  parte  anni,  hoc  ejl,  tribus  menfibus  ferunt ,  quarum  catelli  diebus 
decem  & feptem  luce  carent.  Lac  ante  diebus  quinque  quàm  pariant,  habent 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX.        355 
Le  genre  des  animaux  cruels  efl  l'un  des  plus  nom- 
breux (Se   des  plus  variés  ;  le   mal  femble ,  ici  comme 

canes  magnà  ex  parte  ;  verùm  nonnullis  etiam  feptem  aut  quatuor  dkbus 
anticipât  :    utile  fiatim  ut  pepererint  ejï  ;  genus    laconicum  pojl    coitum 

diebus  triginta  habere  lac  incipit parit  canis  duodccim  compluriimim, 

fed  magnâ  ex  parte  quinqut  aut  fex.  Unum  etiam  aliquam  peperijje  cer~ 
tum  ejl  :  laconicœ  magnâ  ex  parte  oâo  pariunt.  Coeunt  quandiu  vivunt  & 
mares  &  fœminœ  :  peculiare  generis  laconici  ejl  ut  cum  htborarint  cotre 
meliùs  quam  per  otium  pojjînt  ;  vivit  in  hoc  codem  gerere  mas  ad  annos 
decem ,  fœmina  ad  duodecim  :  cœtcri   canes  viaximâ  quidem  ex  parte  ad 

annos  quatuordecim  :  fed  nonnulti  vel  ad  viginti  protrahunt   vitam 

Laconici  fané  generis  fœminas  ,  quia  minus  laborant  quam  mares ,  Viva- 
ciores  maribus  junt  :  at  ferb  in  cœteris ,  à'  f  non  late  admodum  confiât, 

tamen   mares  vivaciores  funt.   Idem.  iib.  VI,   cap.  20 Fœminant 

&  marem  natura  difinxit  moribus;  funt  enim  fœminœ  moribus  mollioribus, 
mitefcunt  celeriiis  &  manum  faciliàs  patiuntur  :  difcunt  eiiam  imi tan- 
turque  ingeniofihs ,  ut  in  génère  canum  laconico  fœminas  ejje  fagaciorcs 
quam  mares  apertum  ejl.  Aîoloticum  etiam  genus  venaticum  nihilo  a  cœteris 
difcrepat ,  at  pecuarium  longé  &  magnitudine  &  forlitudine  contra  belluas 
prœfat  :  infignes  verô  animo  &  induflriâ  qui  ex  utroque  moloticum  dico 
Ù"  laconicum  prodierint.  Idem.  Iib.  IX,  cap.   i. 

Nota.  Il  faut  obferver  que  le  mot  genus  ne  doit  pas  s'interpréter 

ici  par  celui  <ïefpèce ,  mais  par  le  mot  race.  Ariftote  y  diftingue  trois 

races  de  cWicm  Laconicus  ,  Aloloticus  &  Pecuarius  ;  k  Aloloticus  qu"ii 

nppelleaufTi  Venaticus ,  eà  vraifemblablement  notre  Lévrier,  qui  dans 

la  Grèce  &l'Afie  mineure  eft  le  chien  de  chafTe  ordinaire;  le  Pecuarius 

qu'il  dit  excéder  de  beaucoup  les  autres  cliiens  par  la  grandeur  &  par 

h  forme ,  eft   uns  doute  le  mâtin ,  dont  on  fe  fert  pour   la  garde  & 

la  défenfe  du  bétail  contre  les  bêles  féroces;  «5c  le  Laconicus,  duquel 

il  ne  dcfjgne  pas  l'emploi  ,  &  qu'il  dit  feulement  être  un  chien  de 

travail  &  d'induftrie,  &  qui  eft  de  plus  petite  taille  que  le  Pecuarius,^ 

ne  peut  être  que  le  chien  de  berger,  qui  travaille  en  effet  beaucoup  à 

ranger,  contenir  &  conduire  les  moutons ,  &  qui  cR  plus  induftrieux, 

^  Yy  ij 


35^        Histoire  Natu relle. 

ailleurs,  fe  reproduire  fous  toutes  fortes  déformes  6l  fe 
revêtir  de  plufieurs  natures.  Le  lion  &.  le  tigre,  comme 
efpèces  ifolées ,  font  en  première  ligne  ;  toutes  les 
autres,  favoir,  les  panthères,  les  onces,  les  léopards,  les 
guépards,  les  lynx,  les  caracals,  les  jaguars,  les  cougars, 
les  ocelots,  les  fervals,  les  margais  &  les  chats  ne  font 
qu'une  même  <Sc  méchante  famille,  dont  les  différentes 
branches  fe  font  plus  ou  moins  étendues ,  6l  ont  plus 
ou  moins  varié  fuivant  les  difïërens  climats  :  tous  ces 
animaux  fe  reffemblent  par  le  naturel,  quoiqu'ils  foient 
très  -différens  pour  la  grandeur  &  par  la  figure  ;  ils  ont 
tous  les  yeux  étincelans  ,  le  mufeau  court,  &  les  ongles 
aigus ,  courbés  6c  rétiadibles  ;  ils  font  tous  nuifibles  , 
féroces ,  indomptables  ;  le  chat  qui  en  efl  la  dernière 
Si  la  plus  petite  efpèce  ,  quoique  réduit  en  fervitude  , 
n'en  eft  ni  moins  perfide  ni  moins  volontaire;  le  chat 

plus  attentif  &    plus   foigneux  que   tous   les   autres    chiens  :    mais 
ce  n'eft  pas  là  ce  qu'il   y    a    de  plus   difficile  à   entendre   dans  ces 
pafïïiges  d'Ariflote ,  c'eft  ce  qu'il  dit  de  la  différente  dorée  de  la  gef- 
tation  dans  les  différentes  races  de   chiens ,   dont  félon  lui ,  les  uns 
portent  deux  mois ,  les  autres  portent  deux  mois  &  demi ,  &  les  autres 
trois  mois  :   car  tous    nos    chiens   de   quelque  race  qu'ifs   foient  ne 
portent  également  que  pendant  environ  neuf  femaines  ,  c'eft-à-dire, 
foixante-un,  foixante-deux  ou  foixante- trois  jours,  &  je  ne  fâche  pas 
qu'on  ait  remarqué  de  plus  grandes  différences   de  temps    que  celle 
de  ces   trois    ou  quatre   jours  :  mais  Arillote  pouvoit  en  fivoir  fur 
cela  plus  que  nous ,   &   fj  ces  ftits  qu'il  a  avancés  font  vrais ,  il  en 
réfulteroit  un   rapprochement  bien    plus  grand  de  certains   chiens, 
avec  le  loup  :  car  les  chaffeurs  affurent  que  la  louve  porte  trois  mois 
ou  trois  mois  &  demi. 


DÉGÉNÉRATION    des  ANIMAUX.       357 
fàuvasfe  a  confervé  le  caradlcre  Je  la  famille  ;  il  cH  aiifîi 
cruel ,  aiifli  méchant ,  aufii  déprcclatciir  en  petit ,  que 
fes  confanguins  le  font  en  grand  ;  ils  font  tous  également 
carnaiïiers  ,   également   ennemis    des   autres   animaux. 
L'homme  avec  toutes  fes  forces  n'a  jamais  pu  les  dé- 
truire ;  on  a  de  tout  temps  employé  contre  eux  le  feu, 
le  fer ,  le  poifon  ,  les  pièges  ;    mais  comme  tous  \i:ï> 
individus  multiplient  beaucoup ,  &  que  les  efpèccs  elles- 
mêmes  font  fort  multipliées ,  les  efforts  de  l'homme 
fe  font  bornés  à  les  faire  reculer  &  à  les  refferrer  dans 
les  déferts,  dont  ils  ne  fortent  jamais  fans  répandre  la 
terreur  <&.  caufer  autant  de  dégât  que  d'effroi  ;  un  feul 
tif^re  échappé  de  fa  forêt  fuffit  pour  alarmer   tout  un 
peuple    (Se  le  forcer  à  s'armer,    que  feroit-ce  fi  ces 
animaux  fanguinaires  arrivoient  en  troupe,  &.  s'ils  s'cn- 
tendoient  comme  les  chiens  fauvages  ou  les  chacals 
dans  leurs  projets  de  déprédation  !  La  Nature  a  donné 
cette  intelligence  aux  animaux  timides ,  mais  heureufe- 
nient  les  animaux  fiers  font  tous  folitaires  ;  ils  marchent 
feuls  (Se  ne  confultent  que  leur  courage,  c'efl -à-dire ,  la 
confiance  qu'ils  ont  en  leur  force.  Ariflote  avoit  re- 
marqué avant  nous  ,  que  de  tous  les  animaux  qui  ont 
des  griffes,  c'eft-à-dire ,  des  ongles  crochus  &  rétrac- 
tibles,  aucun  n'étoit  focial  ,  aucun  n'alloit  en  troupe*: 
cette  obfervation  qui  ne  portoit  alors  que  fur  quatre  ou 
cinq  efpèces,  les  feules  de  ce  genre  qui  fuffent  connues 

*  Nullum  animal  cuî  ungues  adunci ,  gregatile  ejje  perpendimus.  Arift. 
U-ijl.  anim.  lib.  1,  cap.  1.  ^r      ■■■ 


358       Histoire  Natu relle, 

de  fon  temps ,  s'efl  étendue  <Sc  trouvée  vraie  fur  dix 
ou  douze  autres  efpèces  qu'on  a  découvertes  depuis; 
les  autres  animaux  carnaiïiers ,  tels  que  les  loups  ,  les 
renards,  les  chiens  ,  les  chacals,  les  ifîitis,  qui  n'ont 
point  de  griffes ,  mais  feulement  des  ongles  droits ,  vont 
pour  la  plupart  en  troupes,  <Sc  font  tous  timides  6l 
même  lâches. 

En  comparant  ainfi  tous  les  animaux  &  les  rappelant 
chacun  à  leur  genre ,  nous  trouverons  que  les  deux  cents 
efpèces  dont  nous  avons  donné  l'hifloire  ,  peuvent  fe 
réduire  à  un  affez  petit  nombre  de  familles  ou  fouches 
principales,  defquelles  il  n'ellpas  impo/fible  que  toutes 
les  autres  foient  ifïïies. 

Et  pour  mettre  de  l'ordre  dans  cette  rédudion  ,  nous 
féparerons  d'abord  les  animaux  des  deux  continens  ;  ôl 
nous  obferverons  qu'on  peut  réduire  à  quinze  o-enres 
<5c  à  neuf  efpèces  ifolées ,  non -feulement  tous  les  animaux 
qui  font  communs  aux  deux  continens  ,  mais  encore 
tous  ceux  qui  font  propres  &  particuliers  à  l'ancien.  Ces 
genres  font  i.''  celui  des  folipèdes  proprement  dits, 
qui  contient  le  cheval  ,  le  zèbre  ,  Vdï\c  ,  avec  les 
mulets  féconds  <?c  inféconds;  2. '^  celui  des  grands  pieds- 
fourchus  à  cornes  creufes ,  favoir,  le  bœuf  &  le  buîHe 
avec  toutes  leurs' variétés  ;  3.°  la  grande  famille  des 
petits  pieds-fourchus  à  cornes  creufes  ,  tels  que  les 
brebis ,  les  chèvres ,  les  gazelles ,  les  chevrotains  & 
toutes  les  autres  efpèces  qui  participent  de  leur  nature  ; 
^.°  celle  des  pieds-fourchus  à  cornes  pleines  ou  bois 


DÉGÉNÉRATION   des   ANIMAUX,         359 

folides,  qui  tombent  d>i  qui  fe  renouvellent  tous  les  ans; 
cette  famille  contient  l'élan  ,  le  renne,  le  cerf,  le  daim, 
l'axis  6c  le  chevreuil,    y    Celle   des  pieds -fourchus 
ambigus  ,  qui  eft  compofce  du  fanglier  <Sc  de  toutes  les 
variétés  du  cochon,   telles  que  celui  de  Siam  à  ventre 
pendant ,  celui  de  Guinée  à  longues  oreilles  pointues 
&i  couchées  fur  le  dos  ,  celui   des  Canaries  à  groffes 
6c  longues  défenfes  ,  6cc.  6.°  Le  genre  très-étendu  des 
fiffipèdes  carnafficrs  à    griffes,  c'eft-à -dire  à  ongles 
crochus  6c  rétraéliblcs,  dans  lequel  on  doit  comprendre 
les  panthères,  les  léopards  ,  les  guépards,  les  onces,  les 
fervals  6c  les  chats,  avec  toutes  leurs  variétés,  y.*' Celui 
des  fiffipèdes  carnafficrs  à  ongles  non  rétradibles ,  qui 
contient  le  loup ,  le  renard ,  le   chacal ,   l'ifatis  6c   le 
chien,  avec  toutes  leurs  variétés.  8."* Celui  des  fiffipèdes 
carnaffiers  à  ongles  non  rétraélibles,  avec  une  poche 
fous  la  queue  ;   ce  genre  efl  compofé  de  Thyccne  ,  de 
la  civette,   du  zibet ,   de  la  genette,  du  blaireau,  &.C, 
9.°  Celui  des  fiffipèdes  carnaffiers  à  corps  très-alongé 
avec  cinq  doigts  à  chaque  pied ,  Sl  le  pouce  ou  premier 
ongle  féparé  des  autres  doigts  ;  ce  genre  efl  compofé 
des  fouines  ,    martes  ,   putois  ,    furets  ,    mangoufles  , 
belettes,  vanfires,  6cc.  lO.*"  La  nombreufe  famille  des 
fiffipèdes ,  qui  ont  deux  grandes  dents  incifives  à  chaque 
mâchoire  6c  point  de  piquans   fur  le  corps  ;  elle  efl 
compofée   des  lièvres ,   des  lapins  6c  de  toutes  les  ef- 
pèces  d'écureuils ,  de  loirs ,  de  marmottes  6c  de  rats. 
ii.°   Celui  des   fiffipèdes,  dont  le  corps  efl  couvert 


3(5o      Histoire  Natu re lle. 

(le  piquans ,  tels  que  les  porc -épies  Si  les  hcrifTons. 
12."  Celui  des  lillipècles  couverts  d'écaiiles,  les  pan- 
golins &.  les  phatagins.  15.°  Le  genre  des  fi/Tipèdes 
amphibies,  qui  contient  la  loutre,  le  caflor,  le  defman, 
les  niorfcs  (Scies  phoques.  14.''  Le  genre  des  quadru- 
manes ,  qui  contient  les  finges  ,  les  babouins,  les 
guenons,  les  makis,  les  loris,  &c.  i  <y°  Enfin  celui  des 
fifTipcdes  ailes,  qui  contient  les  rouiïettes  <Sc  les  chauve- 
fouris ,  avec  toutes  leurs  variétés.  Les  neuf  efpèces 
ifolées,  font  l'ciéphant,  le  rhinocéros,  l'hippopotame, 
la  giraffe,  le  chameau,  le  lion,  le  tigre,  l'ours  &.  la 
taupe,  qui  toutes  font  auffi  fujettes  à  un  plus  ou  moins 
grand  nombre  de  variétés. 

De  ces  quinze  genres  6c  de  ces  neuf  efpèces  ifolées, 
deux  efpèces  &  fept  genres  font  communs  aux  deux 
continens  ;  les  dcwx  efpèces  font ,  l'ours  ôl  la  taupe  ; 
Si  les  fept  genres  font,  i .°  celui  des  grands  pieds-four- 
chus à  cornes  creufes  ;  car  le  bœuf  fe  retrouve  en 
Amérique  fous  la  forme  dubifon.  2.°  Celui  des  pieds- 
fourchus  à  bois  folides;  car  l'élan  fe  trouve  au  Canada, 
fous  le  nom  (ï  orignal  ;  le  renne  fous  celui  de  caribou, 
êc  l'on  trouve  auiïi  dans  prefque  toutes  les  provinces 
de  l'Amérique  feptentrionale  des  cerfs  ,  des  daims  Se 
des  chevreuils.  ^.°  Celui  des  fiffipèdes  carnafiiers  à 
ongles  non  rétradibles;  car  le  loup  &  le  renard  fe 
trouvent  dans  le  nouveau  monde  comme  dans  l'ancien. 
4.°  Celui  des  fiffipèdes  à  corps  très-alongé,  la  fouine, 
la  marte,  le  putois  fe  trouvent  en  Amérique  comme 

en 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX.  361 
en  Europe.  5.°  L'on  y  trouve  aufH  une  partie  du  genr-e 
des  filTipèdes  qui  ont  deux  grandes  dents  incifives  à 
chaque  mâchoire,  les  écureuils,  les  marmottes,  les 
rats ,  <5cc.  6^  Cekii  des  finipèdes  amphibies  ;  les  morfcs , 
les  phoques ,  les  caftors  6c  les  loutres  exiftent  dans  le 
Nord  du  nouveau  continent,  comme  dans  celui  de 
l'ancien.  7.°  Le  genre  des  fifTipèdes  ailes  y  exifle  aufTi 
en  partie,  car  on  y  trouve  des  chauve -fouris  &^  des 
vampires,   qui  font  des  ^fpèces  de  rouiïettes. 

Il  ne  relie  donc  que  huit  genres  &  cinq  efpèces 
ifolées ,  qui  foient  propres  &  particuliers  à  l'ancien 
continent  :  ces  huit  genres  ou  familles  font,  i.°  celle 
des  lolipèdes  proprement  dits  ;  car  on  n'a  trouvé  ni 
chevaux,  ni  ânes,  ni  zèbres,  ni  mulets  dans  le  nouveau 
monde.  2.°  Celle  des  petits  pieds-fourchus  à  cornes 
creufes;  car  il  n'exifloit  en  Amérique  ni  brebis,  ni 
chèvres,  ni  gazelles,  ni  chevrotains.  ^.'^  La  famille 
des  cochons  ,  car  l'cfpèce  du  fanglier  ne  s'cft  point 
trouvée  dans  le  nouveau  monde  ;  &.  quoique  le  pécari 
avec  fes  variétés  doive  fe  rapporter  à  cette  famille,  il 
en  ditîère  cependant  par  des  caraclères  affez  remar- 
quables ,  pour  qu'on  puiiïe  l'en  féparer.  4.**  Il  en 
c(t  de  même  de  la  famille  des  animaux  carnafTiers  à 
ongles  rétradibles  ;  on  n'a  trouvé  en  Amérique  ni 
panthères ,  ni  léopards ,  ni  guépards  ,  ni  onces  ,  ni 
fervals  ;  &.  quoique  les  jaguars  ,  cougars  ,  ocelots  «Se 
margais  paroifTent  être  de  cette  famille,  il  n'y  a  aucune 
de  ces  efpèces  du  nouveau  monde  qui  fe  trouve  dans 
Tome  XIV.  ^  z 


362      Histoire  Naturelle, 

l'ancien  continent,  <5c  réciproquement  aucune  efpèce 
de  l'ancien  continent  qui  fe  foit  trouvée  dans  le 
nouveau.  5.°  Il  en  eft  encore  de  même  du  genre  des 
fifTipèdcs  dont  le  corps  efl  couvert  de  piquans  ;  car  , 
quoique  le  coendou  &i  Furfon  foient  très-voifms  de  ce 
genre,  ces  efpèces  font  néanmoins  très-différentes  de 
celles  des  porc-épics  6c  des  hérifTons.  6.**  Le  genre  des 
fifTipèdcs  carnafTiers  à  ongles  non  rétra6tibles ,  avec 
une  poche  fous  la  queue;  car  l'hysene  ,  les  civettes  & 
les  blaireaux  n'exiftoient  point  en  Amérique.  7.°  Les 
genres  des  quadrumanes;  car  Ton  n'a  trouvé  en  Amé-» 
rique  ni  finges,  ni  babouins  ,  ni  guenons  ,  ni  makis  ;  & 
les  fipajous  ,  fagoins ,  farigues  ,  marmofcs ,  <5cc.  quoique 
quadrumanes ,  diffèrent  de  tous  ceux  de  l'ancien  con- 
tinent. 8.°  Celui  des  Mpèdes  couverts  d'écaillés  ,  le 
pangolin  ni  le  phatagin  ne  fe  font  point  trouvés  en 
Amérique  ;  6c  les  fourmiliers  auxquels  on  peut  les 
comparer ,  font  couverts  de  poil ,  6c  en  diffèrent  trop 
pour  qu'on  puiffe  les  réunir  à  la  même  famille. 

Des  neuf  efpèces  ifolées ,  fept  ;  favoir  ,  l'éléphant , 
le  rhinocéros ,  l'hippopotame ,  la  giraffe ,  le  chameau  ,  le 
lion  6c  le  tigre  ne  fe  trouvent  que  dans  l'ancien  monde  ; 
6c  deux,  favoir,  l'ours  6c  la  taupe  font  communes  aux 
àtw\  continens. 

Si  nous  faifons  de  même  le  dénombrement  des 
animaux  propres  6c  particuliers  au  nouveau  monde, 
nous  trouverons  qu'il  y  en  a  environ  cinquante  efpèces 
différentes ,  que  l'on  peut  réduire  à  dix  genres  6c  quatre 


DÈCÈ'NERATÎON    des    ANIMAUX.         3^3 
efpèces  ifolées  ;    ces  quatre  efpèces  font  le  tapir  ,  le 
cabiai,  le  lama  (Scie  pécari,  encore  n'y  a-t-il  quei'efpèce 
du  tapir  qui  foit  abfolument  ifolée  ,  car  celle  du  pécari 
a  des  variétés,  (Se  Ton  peut  réunir  la  vigogne  au  lama, 
<Sc  peut-être  le  cochon  d'Inde  au  cabiai.  Les  dix  genres 
font  I.**  les  fapajous,  huit  efpèces;  2.°  les  fagoins ,  fix 
efpèces;    3.*'   les  philandres  ou  farigues ,   niarniofes  , 
kaïopollins ,  phalangers  ,  tarfiers  ,  (S^c  ;  4.''  les  jaguars , 
cougars  ,  ocelots,  margais  ,  &c  ;   5."  les  coatis,  trois 
ou  quatre  efpèces  ;  d?  les  mouflettes  ,  quatre  ou  cinq 
efpèces  ;  -j?  le  genre  de  l'agouti  ,  dans  lequel  je  com- 
prends l'acouchi ,  le  paca,  Taperea  (Se  le  tapeti  ;  8.''  celui 
des  tatous  ,  qui  eft  compofé  de  fept  ou  huit  efpèces  ; 
()?  les  fourmiliers,  deux  ou  trois  efpèces;  (Se  10.''  les 
pareffeux  ,  dont  nous  connoiffons  deux  efpèces  ,  favoir, 

i'u nau  (Se  l'ai. 

Or  ces  dix  genres  (Se  ces  quatre  efpèces  ifolées , 
auxquels  on  peut  réduire  les  cinquante  efpèces  d'animaux 
qui  font  particuliers  au  nouveau  monde  ,  quoi(]ue  toutes 
différentes  de  celles  de  l'ancien  continent,  ont  ce- 
pendant des  rapports  éloignés  qui  parqiffent  indiquer 
quelque  chofe  de  commun  dans  leur  for^nation ,  6.  qui 
nous  conduifent  à  remonter  à  des  caufes  de  dégénc- 
ration  plus  grandes  (Se  peut-être  plus  anciennes  que  toutes 
les  autres.  Nous  avons  dit  qu'en  général  tous  les  animaux 
du  nouveau  monde  étoient  beaucoup  plus  petits  que 
ceux  de  l'ancien  continent  ;  cette  grande  diminution 

dans  la  grandeur,   quelle  qu'en  foit  la  caufe,  eft  une 

Z  z  1; 


364  Histoire  NATilnELLC, 

première  forte  Je  dégénérât  ion  ,  qui  n'a  pu  fe  faire  fans 
beauconp  influer  fur  la  forme ,  &  il  ne  faut  pas  perdre 
de  vue  ce  premier  effet  dans  les  comparaifons  que  l'on 
voudra  faire  de  tous  ces  animaux. 

Le  plus  grand  eft  le  tapir  qui  ,  quoiqu'il  ne  foit  que 
de  la  taille  d'un  âne  ,  ne  peut  cependant  être  comparé 
qu'à  l'éléphant,  au  rhinocéros  (Se  à  l'hippopotame  ;  il 
cft  dans  fon  continent  le  premier  pour  la  grandeur, 
comme  l'éléphant  l'efl  dans  le  fien  ;  il  a,  comme  le 
rhinocéros  ,  la  lèvre  fupérieure  mufculeufe  Se  avancée  , 
Si  comme  l'hippopotame,  il  fe  tient  fouvent  dans  l'eau. 
Seul ,  il  les  rcpréfente  tous  trois  à  ces  petits  égards  ,  <Sc 
fa  forme  qui  en  tout  tient  plus  de  celle  de  l'âne  que 
d'aucune  autre  ,  femble  ctre  au/fi  dégradée  que  fa  taille 
efl  diminuée.  Le  cheval,  l'âne,  le  zèbre,  l'éléphant, 
le  rhinocéros  &  l'hippopotame  n'exifloient  point  en 
Amérique  ,  6c  n'y  avoient  même  aucun  repréfentant , 
c'efl-à-dire  ,  qu'il  n'y  avoit  dans  ce  nouveau  monde 
aucun  animal  qu'on  pût  leur  comparer  ,  ni  pour  la 
grandeur  ni  pour  la  forme  ;  le  tnpir  efl  celui  dont  la 
nature  fembleroit  être  la  moins  éloignée  de  tous  ,  mais 
en  même  temps  elle  paroît  fi  mêlée  &  elle  approche  fi 
peu  de  chacun  en  particulier,  qu'il  ne{{  pas  poiïible 
d'en  attribuer  l'origine  à  la  dégénération  de  telle  ou 
telle  cfpèce  ;  &  que  malgré  les  petits  rapports  que  cet 
animal  fe  trouve  avoir  avec  le  rhinocéros  ,  l'hippo- 
potame ai  Tâne,  on  doit  le  regarder  non-feulement 
comme  étant  d'une  efpèce  particulière,   mais  même 


DÉGÉNÉRATION   des   ANIMAUX.         365 
d'un  genre  fingulier  <&:  différent  de  tous  les  autres. 

Ainfi  le  tapir  n'appartient  ni  de  près  ni  de  loin  à 
aucune  efpèce  de  l'ancien  continent ,  <S:  à  peine  porte- 
t-H  quelques  caractères  qui  l'approchent  des  animaux 
auxquels  nous  venons  de  le  comparer.  Le  cabiai  fe 
refufc  de  même  à  toute  comparaifon  ,  il  ne  refTeniLle 
à  l'extérieur  à  aucun  autre  animal,  (Se  ce  n'efl  que  par 
les  parties  intérieures  qu'il  approche  du  cochon  d'Inde, 
qui  eft  de  Ton  même  continent  ,  &  tous  deux  font 
d'efpèces  ahfolument  différentes  de  toutes  celles  de 
l'ancien  continent 

Le  lama  Sl  la  vigogne  paroificnt  avoir  des   fignes 
plus  fignificatifs  de  leur  ancienne  parenté,  le  premier 
avec  le  chameau  ,  Si  le  fécond  avec  la  brebis.  Le  lama 
a,  comme  le  chameau,  les  jambes  hautes,  le  cou  fort 
long,   la  tète  légère,  la  lèvre  fupérieure  fendue;  il  lui 
relTemble  aulfi  par  la  douceur  du  naturel ,  par  l'efprit 
de  fervitude ,  par  la  fobriétc,  par  l'aptitude  au  travail; 
c'étoit  chez  les  Américains  le  premier  &  le  plus  utile  de 
leurs  animaux  domefiiques,   ils  s'en  fervoicnt  comme 
les  Arabes  fe  fervent  du  chameau  pour  porter  <\qs  far- 
deaux :  voilà  bien  des  convenances  dans  la  nature  de 
ces  (ÏQWX  animaux  ,  es.  l'on  peut  encore  y  ajouter  celles 
des  ftigmates  du  travail ,  car  quoique  le  dos   du  lama 
ne  foit  pas  déformé  par  des  boifes  comme  celui   du 
chameau  ,  il  a   néanmoins  des  cailof  tés  naturelles  fur 
la  poitrine,  parce  qu'il  a  la  même  habitude  de  fe  re- 

pofer  fur  cette  partie   de  fon  corps.   Malgré  tous  ces 

Z  z  iij 


^66       Histoire  Natu re lle. 

rapports,  \q  lama  efl  d'une  efpèce  très-cliftinde  (Se  très- 
difîérente  de  celle  du  chameau;  d'abord  il  efl  beaucoup 
plus  petit  Se  n'a  pas  plus  du  quart  ou  du  tiers  du  vo- 
lume du  chameau  ;  la  forme  de  fon  corps ,  la  qualité 
&  la  couleur  de  Ton  poil  font  aufTi  fort  différentes  ;  le 
tempérament  l'efl  encore  plus;  c'efl;  un  animal  pitui- 
teux ,  Si  qui  ne  fe  plaît  que  dans  les  montagnes ,  tandis 
que  le  chameau  efl  d'un  tempérament  fec ,  Si  habite 
volontiers  dans  les  fables  brùlans  :  en  tout,  il  y  a  peut- 
être  plus  de  différences  fpécifiques  entre  le  chameau 
Si  le  lama,  qu'entre  le  chameau  Si  la  giraffe  :  ces  trois 
animaux  ont  plufieurs  caraélcres  communs,  par  lefquels 
on  pourroit  les  réunir  au  même  genre  :  mais  en  même 
temps,  ils  diffèrent  à  tant  d'autres  égards,  qu'on  ne 
feroit  pas  fondé  à  fuppofer  qu'ils  font  iffus  les  uns  des 
autres,  ils  font  voifins  Si  ne  font  pas  parens.  La  girafte 
a  près  du  double  de  la  hauteur  du  chameau ,  Si  le 
chameau  le  double  du  lama  ;  les  deux  premiers  font 
de  Tancien  continent  Si  forment  des  efpèces  féparées; 
à  plus  forte  raifon ,  le  lama  qui  ne  fe  trouve  que  dans 
le  nouveau  monde  efl-il  d'une  efpèce  éloignée  de  tous 
Jes  deux. 

Il  n'en  efl  pas  de  même  du  pécari ,  quoiqu'il  foit 
d'une  efpèce  différente  de  celle  du  cochon  ,  il  efl 
cependant  du  même  genre  ;  il  reffemble  au  cochon 
par  la  forme  Si  par  tous  les  rapports  apparens,  il  n'en 
diffère  que  par  quelques  petits  caradères,  tels  que  l'ou- 
verture qu'il  a  fur  Je  dos,  la  forme  de  l'eflomac  (Se 


DÉGÉNÉRATION   des  ANIMAUX.  -^6^ 

des  inteflins ,  Sic.  On  pourroit  donc  croire  que  cet 
animal  feroit  iffii  de  la  même  foiiche  que  le  cochon, 
&  qu'autrefois  il  auroit  pafTé  de  l'ancien  monde  dans 
le  nouveau,  où  par  l'influence  de  la  terre ,  il  aura  dé- 
généré au  point  de  former  aujourd'hui  une  cfpèce  dif- 
tincle  &  différente  de  celle  dont  il  efl  originaire. 

Et  à  l'égard  de  la  vigogne  ou  paco  ,  quoiqu'elle  ait 
quelques  rapports  avec  la  brebis  par  la  laine  6c  par 
l'habitude  du  corps,  elle  en  difïère  à  tant  d'autres 
égards ,  qu'on  ne  peut  regarder  ces  efpèces  ni  comme 
voifmes  ni  comme  alliées  ;  la  vigogne  efl  plutôt  une 
efpèce  de  petit  lama  ,  &  il  ne  paroît  par  aucun  indice 
qu'elle  flit  jamais  pafTé  d'un  continent  à  l'autre.  Ainfi 
des  quatre  efpèces  ifolées  qui  font  particulières  au 
nouveau  monde  ,  trois;  favoir,  le  tapir,  le  cabiai  &  le 
lama,  avec  la  vigogne  paroiflTent  aj)partenir  en  propre 
Sl  de  tout  temps  à  ce  continent;  au  lieu  que  le  pécari 
qui  fait  la  quatrième  femble  n'être  qu'une  efpèce  dé- 
générée du  genre  des  cochons ,  ôl  avoir  autrefois  tiré 
fon  origine  de  l'ancien  continent. 

En  examinant  6:  comparant  dans  la  même  vue  les 
dix  genres,  auxquels  nous  avons  réduit  les  autres  ani- 
maux particuliers  à  l'Amérique  méridionale,  nous  trou- 
verons de  même,  non-feulement  des  rapports  fmguliers 
dans  leur  nature,  mais  des  indices  de  leur  ancienne 
origine  6l  des  fignes  de  leur  dégénération  ;  les  fapajous 
&L\ts  fagoins  reffemblent  affez  aux  guenons  ou  fmges 
à  longue  queue  pour  qu'on  ieur  ait  donné  le  nom 


-^63  H I  STO  I  RE    N  ATU  RE  LLE, 

commun  dejînge  ;  cependant  nous  avons  prouve  que 
leurs  efpèces  Sl  même  leurs  genres  font  diiférens,  <Sc 
d'ailleurs  il  fcroit  bien  difficile  de  concevoir  comment 
les  guenons  de  l'ancien   continent  ont  pu  prendre  en 
Amcrifjue  une  forme   de   fice  diiîcrente,   une  queue 
mufclée   <Sc    préhenfde,    une    large  cloifon    entre  les 
narines  (Se  les  autres  caradères ,    tant  fpéciliques   que 
génériques,  par  lefquels  nous  les  avons  diftinguées  6c 
réparées  des  fapajous;    cependant  comme   les  finges, 
les  babouins  6l  les  guenons  ne  fe  -trouvent  que  dans 
Tancien  continent ,  on  doit  regarder  les  fapajous  &  les 
fagoins  comme  leurs  repréfentans  dans  le  nouveau  ;  car 
ces  animaux   ont  à  peu  près  la  même  forme,  tant  à 
l'extérieur  qu'à  l'intérieur,  <5c  ils  ont  auffi  beaucoup  de 
chofes  communes  dans  leurs  babitudes  naturelles  :  il 
en   efl  de  même   des  makis  dont  aucune   cfpèce  ne 
s'eft  trouvée  en  Amérique,  &  qui  néanmoins  paroifTent 
y  ctre  remplacés  ou  repréfentés  par  les  pbilandres,  c'cfl- 
à-dire  par  les  farigues ,  marmofcs  (5c  autres  quadrumanes 
à  mufeau  pointu  ,  qui   fe  trouvent  en   grand  nombre 
dans  le  nouveau  continent  (Si  nulle  part  dans  l'ancien  : 
feulement  il  faut  obferver  qu'il  y  a  beaucoup  plus  de 
différence  entre  la  nature  <S:  la  forme  des  makis  ôl  de 
ces  quadrumanes  Américains,  qu'entre  celle  des  '^ue- 
nons  <S^  des  fapajous;  <S.  qu'il  y  a  fi  loin  d'un  farigue, 
d'une  marmofe  ,  ou  d'un  pbalanger  à  un  maki ,  qu'on 
ne  peut  pas  fuppofer  qu'ils  viennent  les  uns  des  autres 
Uns  fuppofer  en  même  temps  que  la  dégénération  peut 

produire 


DÉGÉNÉRATION  des  ANIMAUX,  369 
produire  des  effets  égaux  à  ceux  d'une  nature  nouvelle; 
car  la  plupart  de  ces  quadrumanes  de  l'Amérique  ont 
une  poche  fous  le  ventre;  la  plupart  ont  dix  dents  à  la 
mâchoire  fupérieure  &  dix  à  l'inférieure  ;  la  plupart 
ont  la  queue  prchen fde ,  tandis  que  les  makis  ont  la 
queue  lâche ,  n'ont  point  de  poches  fous  le  ventre  & 
n'ont  que  quatre  dents  incifives  à  la  mâchoire  fupé- 
rieure ,  (Se  fix  à  l'inférieure  :  ainfi  quoique  ces  animaux 
aient  les  mains  &  les  doigts  conformés  de  la  même 
manière,  <&:  qu'ils  fe  reffemblent  auffi  par  l'alongement 
du  mufeau  ;  leurs  cfpèces  <Sc  même  leurs  genres,  font  fi 
différens ,  fi  éloignés  qu'on  ne  peut  pas  imaginer  qu'ils 
foient  iffus  les  uns  des  autres  ,  ni  que  des  difparités 
auffi  grandes  (5c  aulfi  générales  aient  jamais  été  produites 
par  la  dégénération. 

Au  contraire  ,  les  tigres  d'Amérique  que  nous  avons 
indiqués  fous  les  noms  de  jaguars,  cougars ,  ocelots  & 
margais,  (juoique  d'efpèces  différentes  de  la  panthère, 
du  léopard  ,  de  l'once  ,  du  guépard  &i  du  ferval  de 
i'ancien  continent ,  font  cependant  bien  certainement 
Aw  même  genre  ;  tous  ces  animaux  fe  reffemblent 
beaucoup  tant  à  l'extérieur  qu'à  l'intérieur;  ils  ont  auffi 
\t  même  naturel ,  la  même  férocité  ,  la  même  véhé- 
mence de  goût  pour  le  fàng  ;  &  ce  qui  les  rapproche 
encore  de  plus  près  pour  le  genre  ,  c'ell  qu'en  les  com- 
parant ,  on  trouve  que  ceux  du  même  continent  différent 
autant  <?c  plus  les  uns  des  autres  que  de  ceux  de  l'autre 
continent:  par  exemple,  la  panthère  de  l'Afrique  diffère 
Torn^  XIV,  Aaa 


3/0  Histoire  N atu re lle. 

moins  cîu  jaguar  du  Brefil ,  que  celui-ci  ne  diffère  du 
cougar  qui  cependant  efl  du  même  pays;  de  même 
Je  ferval  de  l'Afie  &.  le  margai  de  la  Guiane  font  moins 
différens  entr'eux,  qu'ils  ne  le  font  de  tous  ceux  de 
leur  propre  continent  :  on  pourroit  donc  croire  avec 
afTcz  de  fondement  que  ces  animaux  ont  eu  une  origine 
commune,  &.  fuppofer  qu'ayant  autrefois  paffé  d'un 
continent  à  l'autre  ,  leurs  différences  aétuelles  ne  font 
venues  que  de  la  longue  influence  de  leur  nouvelle 
ijtuation. 

Les  mouflettes  ou  puans  d'Amérique,  Ôl  le  putois 
d'Europe  paroilfent  être  du  même  genre.  En  général, 
lorfqu'un  genre  efl;  commun  aux  deux  continens  ,  \ts 
efpèces  qui  le  compofent  font  plus  nombreufes  dans 
l'ancien  que  dans  le  nouveau;  ici  c'efl  tout  le  contraire» 
on  y  trouve  quatre  ou  cinq  efpèces  de  putois  ,  tandis 
que  nous  n'en  avons  qu'un  ,  dont  la  nature  paroit  même 
inférieure  ou  moins  exaltée  que  celle  de  tous  les  autres  ; 
en  forte  qu'à  fon  tour  le  nouveau  monde  paroit  avoir 
des  repréfentans  dans  l'ancien  ;  &  fi  l'on  ne  jugeoit 
que  par  le  fait,  on  croiroit  que  ces  animaux  ont  fait  la 
route  contraire,  &  ont  autrefois  paffé  d'Amérique  en 
Europe.  11  en  efl  de  même  de  quelques  autres  efpèces  : 
les  chevreuils  Si  les  daims ,  auffi-bien  que  les  mouflettes, 
font  plus  nombreux  tant  pour  les  variétés  que  pour  les 
efpèces  ,  &  en  même  temps  plus  grands  6c  plus  forts 
,  dans  le  nouveau  continent  que  dans  l'ancien;  on 
pourroit  donc  imagine:  qu'ils  en  font  originaires,  mais 


DÉGÉNÉRATION  des  AnIAIAUX.  37I 
comme  nous  ne  devons  pas  douter  que  tous  les  animaux 
en  général  n'aient  été  créés  dans  l'ancien  continent, 
il  faut  nécefTairement  admettre  leur  migration  de  ce 
continent  à  l'autre,  6.  fuppofer  en  même  temps,  qu'au 
lieu  d'avoir,  comme  tous  les  autres,  dégénéré  dans  ce 
nouveau  monde,  ils  s'y  font  au  contraire  perfedionnés, 
A  que  par  la  convenance  <5:  la  faveur  du  climat,  ils  ont 
furpaffé  leur  première  nature. 

Les  fourmiliers,  qui  font  des  animaux  très-finguliers, 
Sl  dont  il  y  a  trois  ou  quatre  efpèces  dans  le  nouveau 
monde,  paroiflent  auffi  avoir  leurs  repréfentans  dans 
i'ancien  ;  le  pangolin  6c  le  phatagin  leur  reffemblent 
par  le  caradère  unique  de  n'avoir  point  de  dents ,  & 
d'être  forcés  comme  eux  à  tirer  la  langue  &  vivre  de 
fourmis  ;  mais  fi  l'on  veut  leur  fuppofer  une  origine 
commune ,  il  eft  affez  étrange  qu'au  lieu  d'éca.lles 
qu'ils  portent  en  Afie,  ils  fe  foient  couverts  de  poils 

.en  Amérique. 

A  l'égard  des  agoutis ,  des  pacas  &  des  autres  du 
feptième'' genre  des  animaux  particuliers  au  nouveau 
continent ,  on  ne  peut  les  comparer  qu'au  lièvre  &  au 
lapin,  defquels  cependant  ils  diffèrent  tous  par  l'efpèce; 
6c  ce'  qui  peut  faire  douter  qu'il  y  ait  rien  de  commun 
dans  leur  origine  ,  c'efl  que  le  lièvre  s'eft  répandu  dans 
prefque  tous  les  climats  de  l'ancien  contment ,  fans 
Le  fa  nature  fe  foit  altérée  <Sc  fans  qu'il  ait  fubi  d'autres 
changemens  que  dans  la  couleur  de  fon  pod  ;  on  ne 
-peut  donc  pas  imaginer  avec  fondement  que  le  clmiat 


Ijz      Histoire   Natu re llë. 

d'Amcrique  ait  fait  ce  que  tous  les  autres  climats  n'ong 

pu  faire,  &  qu'il  eut  changé  la  nature  de  nos  lièvres  au 

point  d'en  faire  ou  des  tapetis  &  des  apérea,  qui  n'ont 

point  de  queue;  ou  des  agoutis  à  mufeau  pointu,  à  oreilles 

courtes  &  rondes  ;  ou  des  pacas  à  groffe  tcte  ,  à  oreilles 

courtes,  à  poil  ras  &  rude  ,  avec  des  bandes  blanches. 

Enfin  ,  les  coatis ,  les  tatous  Si  les  parefTeux  font  fi 

différens,  non-feulement  pour  l'efpèce,  mais  auffi  pour 

Je  genre    de  tous  les  animaux  de  l'ancien  continent, 

qu'on  ne  peut  les  comparer  à  aucun  ,   &   qu'il   n'efl 

pas  po/Tible  de  leur    fuppofer  rien  de  commun   dans 

leur  origine,  ni  d'attribuer  aux  effets  de  la  dégénération 

des  prodigieufes  différences  qui  fe  trouvent  dans  leur 

nature,  dont  nul  autre  animal  ne  peut  nous  donner  ni. 

le  modèle  ni  Vidée. 

Ainfi   de  d\x  genres  Sl  de  quatre  efpèces  ifolées  ^ 
auxquels  nous  avons  tâché  de  réduire  tous  les  animaux 
propres  <Sc  particuliers  au  nouveau  monde  ,   il  n'y  en  a. 
que  deux ,  favoir,  le  genre  des  jaguars,  des  ocelots,  &c. 
6c  l'efpèce  du  pécari ,  avec    fes  variétés  qu'on  puifTe 
rapporter  avec   quelque  fondement   aux  animaux    de 
l'ancien  continent  ;    les  jaguars  Si  les  ocelots  peuvenc 
être  regardés  comme  des  efpèces  de  léopards   ou  de 
panthères  ,  6c  le  pécari  comme  une  efpèce  de  cochon. 
£nfuite  il  y  a  cinq  genres  &  une  efpèce  ifolée ,  favoir, 
l'efpèce  du  lama,  6cles  genres  des  fapajous,  des  f^igoins,' 
des  mouflettes  ,  des  agoutis  Si  des  fourmiliers,  qu'on 
peut  comparer,  mais  d'une  manière  équivoque  <Sc  fort 


DÉCÉNÉRATION   des  ANIMAUX,         373 
éloignée  au  chameau  ,   aux  guenons  ,  aux  putois ,    au 
lièvre  <Sc  aux  pangolins,  Si  enfin  il  refle  quatre  genres 
6c  deux  efpèces  ifolées ,  favoir,  les  philan cires ,  les  coatis , 
les  tatous,  les  parefTcux ,  le  tapir  <Sc  le  cabiai,  qu'on  ne 
peut  ni  rapporter  ni  même  comparer  à  aucun  des  genres 
ou   des  efpèces   de  l'ancien  continent.   Cela   femblc 
prouver  affcz  que  l'origine  de  ces  animaux  particuliers 
au  nouveau  monde  ne  peut  être  attribuée  à  la  fmiple 
dégéncration ;  quelque  grands,  quelque  puiflans  qu'on 
voulût  en  fuppoièr  les  effets  ,  on  ne  pourra  jamais  fe  per- 
fuader  avec  quelqu 'apparence  de  raifon  que  ces  animaux 
aient  été  originairement  les  mêmes  cjue  ceux  de  l'ancien 
continent;  il  eft  plus  raifonnable  de  penfcr  qu'autrefois 
les  deux  continens  étoient  contigus  ou  continus ,  6l  que 
les  efpèces  qui  s'étoicnt  cantonnées  dans  ces  contrées 
du  nouveau  monde ,  parce  qu'elles  en  avoient  trouvé  la 
t^rre  <Sc  le  ciel  plus  convenables  à  leur  nature ,  y  furent 
renfermées  <Sc  féparées  des  autres  par  l'irruption  des  mers 
lorfqu'clles  divisèrent  l'Afrique  de  l'Amérique  ;   cette 
caufe  efl  naturelle  6c  Ton  pinit  en  imaginer  de  fembla- 
Ides,  6c  qui  produiroient  le  même  effet  ;  par  exemple  , 
s'il  arrivoit  jamais  que  la  mer  fit  une  irruption  en  Afie 
de  l'orient  au  couchant,  6c  qu'elle  féparât  du  refle  du 
continent  les  terres  méridionales  de   l'Afrique  6c   de 
l'Afie,   tous  les  animaux  qui  font  propres  &  particuliers 
à  ces  contrées  du  Midi,  tels  que  les  éléphans,  les  rhi- 
nocéros, les  giraffes,  les  zèbres,  lesorang-outangs,  6cc, 
fc  trouveroient  relativement  aux  autres  dans  le  mcmc 

Aaa  iij 


374     Histoire  Naturelle, i/c, 

cas  que  le  font  adiiellenient  ceux  de  l'Amérique  méri- 
dionale ;  ils  feroient  entièrement  &:  ahfolument  féparés 
de  ceux  des  contrées  tempérées  ,  &  on  auroit  tort 
de  leur  chercher  une  origine  commune  &  de  vouloir 
les  rappeler  aux  cfpèces  ou  aux  genres  qui  peuplent  ces 
contrées,  fur  le  feul  fondement  qu'ils  auroient  avec  ces 
derniers  quelque  reffemblance  imparfiite  ou  quelques 
rapports  éloignes. 

Il  fiut  donc ,  pour  rendre  raifon  de  l'origine  de  cc$ 
animaux,  remonter  aux  temps  où  les  deux  continens 
n'éloient  pas   encore  féparés,  il  faut  fe   rappeler  les 
premiers  changemens  qui  font  arrivés  fur  la  furface  du 
<^lobe  ;  il  faut  en  même  temps  fe  repréfenter  les  deux 
cents  efpèces  d'animaux  quadrupèdes  réduites  à  trente- 
huit  familles  :  Et  quoique  ce  ne  foit  point  là  l'état  de 
la  Nature  telle  qu'elle  nous  efl  parvenue ,  &  que  noi» 
l'avons  repréfentée ,  que  ce  foit  au  contraire  un   état 
beaucoup  plus  ancien ,  &  que  nous  ne  pouvons  guère 
atteindre  que  par  des  indu6tions  &  des  rapports  pref- 
qu'auiïi  fugitifs  que  le. temps  qui  femble  en  avoir  effacé 
les  traces  ;  nous  tâcherons  néanmoins  de  remonter  par 
les  faits  (Se  par  les  monumens  encore  exiflans  à  ces 
premiers    âges   de  la  Nature  ,    &   d'en  préfenter   les 
époques  qui  nous  paroîtront  clairement  indiquées. 


îit^ 


37) 


DESCRIPTION 

DES 

CHOSES  QVl  SONT  ARRIVÉES  AU  CABINET 
depuis  rimprejjion  des  articles  auxquels 
elles  ont  rapport, 

-nr  Mc ce XXXVI. 

Une  jnaln  defféchée ,  dont  les  os  font  convertis 

en  Turquolfes. 

Cette  main  eft  dans  leîat  des  momies  deffëche'es  fins  em- 
baumement; la   peau  &- toutes  les  parties  molles  font  noires, 
ncornies  &  même  détruites  dans  plufieurs  endroits  où  elles  lailfeiU 
les  os  à  dccouvert ,  &  où  l'on  voit  que  ces  os  ont  une  couleur 
de  turquoife.    li  ne  refte  aucun  àts  ongles,  mais  on  reconnoît 
iûr  la  peau  la  rainure  dans  laquelle  ils  étoient  incruflcs  :   toutes 
les  phalanges  des  doigts  &  tous  les  os  du  métacarpe  font  entiers; 
ios  unciforme  eft  le  feul  du  cari>e  qui  tienne  à  la  main  dont  il 
s'agit  ;  les  proportions  de  tous  ces  os  prouvent  que  c'eft  la  main 
droite  d'une  femme  adulte.  Cette  main  a  été  trouvée  à  Clamecy 
dans  le  Nivernois  ;   il  n'ell  pas  furprenant -qu'elle  ail  paru  mer- 
veilleufe  aux  gens  du  lieu  qui  lagardoientfoigneufement ,  lorfque 
feu  M.i'abbé  Lebœuf,  de  l'Académie  royale  des  Infcriptions  &■ 
Belles-Lettres,  vilitant  ce  pays  pour  y  iaire  des  recherches  furies 
antiquités,  l'obtint  pour  le  Cabinet  du  Roi  ;  c'eft  à  plufieurs  titres 
qu'elle  mérite  d'y  avoir  place.  Ce  morceau  eft  très-ilngulier  & 
tïès-curieux,  en  ce  qu'il  a-été  trouvé  dans  le  Nivernois,  foit  qu'on 


37^    Description 

le  conficlcrc  comme  partie  d'une  momie  ou  comme  turquoifc, 
&:  il  eft  le  feul  que  l'on  ait  connu  jufciu'à  prcTent  pour  élre  tout 
à   la  fois  turquoifè  &  momie.    On   làvoit  que  le   terrain  dts 
Cordeliers   de  Touloufè  avoit  la  propriété  de  prcferver   \ts  ca- 
davres de  la  corruption  en  its  deiïcchant  comme  dts  momies; 
on  avoit  trouve  àts  turquoifes  dans  le  Lanauedoc ,  mais  on  na 
j-amais  aperçu  la  couleur  de  la  turquoiiè  fur    les  os  des  momies 
de  Touloufe  ni  d'aucun  autre  lieu,  &  on  n'a  jamais  vu  ks  os 
dont  on  fait  les  turquoifes  de  Languedoc,  ou  d'ailleurs,  revêtus 
de  chair  comme  de5  momies.   La  dernière  pfialange  des  doigts 
de  la  main  trouvc'e  à  Clamecy  ;  les  deux  phalanges  du  pouce, 
\ts  cinq  os  du  métacarpe  &:  l'os   unciforme  font  découverts  & 
d'une  couleur  bleue  teinte  de  vert  &  plus  ou  moins  foncée ,  on 
voit  que  la  couleur  pénètre  dans  l'intérieur  de  plufieurs  de  ces 
.os  qui  ont  été  entamés  à  dedein  de  \ts  fonder  :  il  y  a  tout  lieu 
de  croire  que  les  phalanges  qui  font  couvertes  de  chairs  ont  la 
même  couleur  ;  je  ne  me  fuis  pas  permis  de  \ts  découvrir,  dans 
h  crainte  de  déformer  cette  main  plus  qu'elle  ne  l'eft. 

N/*  MCCCXXXVLL 
Ongle  d'une  grandeur  excejjive. 
Cet  ongîe  tW  contourné  en  fpirale  &  long  d'un  demi-pied , 
il  a  trois  faces  longitudinales  &  irrégulières,  &  trois  arêtes  hé- 
rifîées  d'écailies  que  forment  \qs  différentes  lames  dont  il  eft 
.compofé;  fa  circonférence  eft  de  près  de  deux  pouces.  M.  Cam- 
penon ,  Médecin  à  Tonnerre,  l'a  envoyé  au  Cabinet,  il  l'avoit 
£iit  couper  au  gros  doigi  du  pied  d'une  fille  âgée  de  foixante- 
quinze  ans ,  elle  s'étoit  aperçue  de  l'accroifTement  exceffif  de  cet 
ongle  depuis  environ  douze  ans;  l'amputation  fut  faite  à  un  pouce 
de  didance  de  la  racine ,  où  il  y  avoit  plus  de  cinquante  petits 

mamÊlon^ 


DU    Cabinet.  377 

mamelons  de  la  nature  des  poireaux,  gros  comme  de  petits  pois 
&  ferrés  les  uns  contre  les  autres  en  forme  de  grappe  de  raifin. 

N.°    MCCCX  XX  VIII. 

La  peau  d'une  Négrejje  du  premier  âge. 

Cette  peau  e(t  bourrœ ,  elle  n'a  qu'environ  quinze  pouces  de 
hauteur  depuis  le  bas  des  talons  jufqu'au  fommet  de  la  tête;  Çms 
cloute  qu'elle  s'efl  raccourcie  lorfqu'on  l'a  préparée ,  car  elle  eft 
noire  en  entier ,  &  il  y  a  de  la  laine  fur  la  tête.  Cette  petite 
figure  efl  revêtue  de  quelques  ornemens  dQ  rafade. 

N.°     M  G  G  G  X  X  X  I  X. 

La  tête  décharnée  d'un  Chinois. 
Cette  tête  a  été  Irouvée  dans  un  défert  de  la  Bucharie. 

N."    M  G  G  G  X  L. 

Autre  tête  décharnée  d'un  Chinois. 
Celle-ci  vient  d'un  défert  à^s  Tartares  de  Nagai. 

N.'^    M  G  G  G  X  L  I. 

La  tête  décharnée  d'un  Tartare. 
Cette  tête  a  été  tirée  d'un  défert  des  Calmoucs  ;  c^s  trois  têtes 
ont  été  apportées  au  Cabinet,  par  M.  de  l'Iûe,  de  l'Académie 
Royale  des  Sciences;  je  n'y  ai  reconnu  aucun  caradère  marqué 
qui  les  diflingue  de  celles  des  hommes  de  notre  nation. 

N.°     M  G  G  G  X  L  I  L 
Le  fquelette  d'un  fœtus  humain   injeâé. 
On  voit  fur  les  différentes  parties  de  ce  fquelette  des  ramifi- 
cations d'artères  injeaées ,  qui  paroiffent  fur  le  périofte ,  &  qui 
pénètrent  dans  les  os. 

Tome  XIV.  Bbb 


37^  Description 

n;    m  C  C  C  X  L  I  I  I. 

Portion  de  nnmierus  dans  toute  la  circonférence  de  l'os, 
tombée  par  l'effet  de  la  carie. 

Cette  portion  de  l'humeriis  a  jtifcju'à  trois  pouces  Je  longueur 
aux  endroits  où  elfe  efl  terminée  en  pointe  ;  l;i  circonférence  eft 
entière  fur  la  ionguem-  de  neuf  lignes;  cette  pièce  (è  détacha  de 
l'os  du  bras  gauche  d'un  jeune  homine  de  vingt  ans,  après  en- 
viron un  an  de  maladie,  caufée  par  une  tumeur  à  ce  bras;  la 
fiippuraiion  &  la  caj-ie  avoient  détruit  les  chairs  5c  une  partie  de 
i'os.  M.  Tfiibault,  Chirurgien  à  Mouiier-Saint-Jèan ,  village  de 
Bourgogne  cà  deux  lieues  de  la  ville  de  Montbard,  ayant  donné 
fès  foins  au  malade  pendant  {\^  (èmaines  ,  &  ayant  pris  coniêil 
de  M.  Julien,  Médecin  à  Noyers,  la  portion  de  l'humérus  dont 
il  s'agit  fe  détacha  ;  en  troii  mois  &  neuf  jours  les  chairs  &:  l'os 
fe  regénérèrent  au  point  que  le  jeune  homme  fut  en  état  de 
travailler  avec  fon  bras  gauche  aux  ouvrages  de  la  campagne  les 
plus  pénibles,  comme  s'il  n'avoit  jamais  eu  de  mal.  M.  Thibault 
remit  la  portion  qui  s'étoit  détachée  de  l'humérus  à  Dom  Sebeion , 
religieux  Bénédictin  de  l'abbaye  de  Moutier-Saint-Jean ,  pour  la  ■ 
faire  parvenir  au  Cabinet  du  Roi. 

N.^    M  C  C  C  X  L  I  V. 

Tête  injeâée  d'un  enfant  de  trois  ans, 

M.  Mertrud ,  Chirurgien  &  Démonflrateur  d'Anatom je  ^\ 
Jardin  du  Roi ,   a  injedé  cette  tête  il  y  a  quatorze  ans,  &:   la 
donnée  au  Cabinet  ;  elle  s'ell  maintenue  en   bon  ctat  dans  un  • 
mélange  d'e.ui.-de-vie  6c  d'eau» 


B  V    Cabinet.  379 

N.°    M  C  C  C  X  L  V. 

Les  deux  bras  injeâés  d'un  enfant  de  trois  ans. 

Ces  bras  ont  été  injecflés  avec  la  tcte,  rapportée  fous  le  numéro 
précédent ,   &  font  auiïî  bien  coniêrvés. 

N."    M  C  C  C  X  L  V  I. 

Le  cœur  avec  une  portion  des  gros  vaijjeaux  if 
de  la  trachée-artère. 

On  peut  juger  par  îa  grandeur  de  ces  pièces  qu'elles  ont  été 
tirées  d'un  individu  adulte;  cependant  on  y  voit  le  trou  ovale 
encore  ouvert ,  &:  le  canal  artériel  creux  d'un  bout  à  l'autre. 

N.°    M  C  C  C  X  L  V  I  I. 

Fœtus  humain  d'un  pouce  de  hauteur. 

La  jambe  droite  mangue  à  ce  fœtus,  6c  l'autre  paroît  n'être 
.pas  entière. 

N.°    M  C  C  C  X  L  V  I  I  I. 

Fœtus  humain  d'environ  un  pouce  trois  quarts  de  hauteur. 

Les  bras  ont  à  peu  près  fix  lignes  de  longueur,  prife  depuis 
i'aiffeile  jirfqu'au  bout  des  doigts,  &  les  jambes  cinq  lignes  6c 
demie  ,  depuis  raifTeile  jufqu'au  bout  des  doigts  des  pieds. 

N."     M  C  C  C  X  L  I  X. 

Autre  fœtus  humain  à  peu  près  de  même  hauteur 

que  le  précédent. 

X.e  defllis  de  la  tète  de  ce  fœtus  eft  aplati ,  «Se  le  corps  entier 

Bbbi/ 


380  Description 

efl  racorni  au  point  que  les  vefliges  àits  os  /ont  tnce's  fur  la 
peau ,  comme  dans  une.  mone  delféchée. 

N."     M  C  C  C  L. 
Fœtus  hiLumin  mâle  de  près  de  deux  pouces  de  hauteur. 

Le  corJon  ombilical,  le  placenta,  le  chorion  &  l'amnios 
tiennent  à  ce  fœliis. 

N.°    M  C  C  C  L  I. 

Fœtus  hmna'm  d'environ  cinq  pouces  deux  lignes 

de  hauteur. 

Ce  fœtus  efl  femelle ,  {ts  bras  ont  vingt-trois  lignes  de  lon- 
gueur depuis  le  haut  du  bras  jufqu'au  bout  des  doigts ,  &  feulement 
vingt  lignes  depuis  l'ainèile  jufciu'au  bout  des  doigts  ;  la  jambe 
a  vingt  lignes  de  longueur  depuis  l'aîne  jufqu'au  talon ,  &  deux 
pouces  jufqu'au  bout  des  doigts. 

N.^    M  C  C  C  L  I  I. 

Fœtus  humain  de  cinq  pouces  deux  lignes  de  hauteur. 
Ce   fœtus  eft    femelle,   l'ouverture  de  la  vulve  y  eft  bien 
marquce  au-deffous   de  l'cminence    formée  par  le   gland   du 
clitoris, 

N.^    M  C  C  C  L  I  I  I. 

Fœtus  humain  defix  pouces  trois  lignes  de  hauteur, 

11  n'a  que  quatre  pouces  cinq  lignes,  depuis  lanus  jufqu'aa 
fommet  de  la  tête  ;  il  eft  femelle. 

N.°    M  C  C  C  L  I  V. 

Fœtus  humain  de  même  fexe ,  èr  à  peu  près  de  même 
grandeur  que  le  précédent. 
Quoique  les  fœtus  rapportés  fous  le  préfent  numéro  &  fous  ic 


DU    Cabinet.  381 

préccdent,  foienl  déjà  grands,  il  feroit  difficile  de  reconnoître 
ieur  fexe  ,  lî  l'on  ne  favoit ,  comme  je  l'ai  déjà  fait  remarquer  * , 
que  dans  les  fœtus  humains  le  clitoris  de  la  femelle  eft  aufli 
apparent  que  la  verge  du  mâle. 

N.'^     M  C  C  C  L  V. 

Un  fœtus  humain  morijlrueux. 
Le  cœur,  les  poumons,  &:c.  fe  trouvent  placés  au-de(lbus  de 
la  poitrine  contre  les  inteflins  &  les  autres  vifcères  du  bas-ventre , 
qui  font  tous  dénués  de  tégumens  &  hors  de  l'abdomen. 

N.°     M  C   C  C  L  V  I. 

Enfant  nouveau  né ,  monftrueux. 
Cet  enfant  eft  femelle;  il  eft  mort  en  naKfant  ,  quoique 
l'accouchement  fe  foit  fait  au  terme  ordinaire  &:  qu'il  ait  été 
heureux  pour  la  mère.  L'enfant  étoit  fi  mal  conformé,  qu'il  ne 
pouvoit  pas  vivre  ;  le  foie  ,  les  inteflins  &  une  partie  de  l'eilomac 
font  hors  du  ventre  par  une  évenîration  naturelle  ;  la  mâchoire 
fupérieure  eft  renverfée  en  haut  &  confondue  avec  le  nez  ;  il  n'y 
a  qu'un  œil,  il  efl  placé  au-defTus  du  nez  un  peu  à  droite, 
enveloppé  &  prefque  couvert  par  une  malTe  charnue  :  il  fe 
trouve  fur  le  fommet  de  la  tête  une  adhérence  du  placenta  avec 
la  peau  de  l'enfant.  Ce  monfhe  a  été  donné  au  Cabinet ,  par 
M.  Mertrud ,  Chirurgien-Démonftrateur  d'Anatomie  au  Jardin 
du  Roi ,  en  furvivance. 

N.°     M  C  C  C  L  V  I  L 
Autre  Enfant  nouveau  né,  monflrueux. 
Il  eft  né  au  terme  ordinaire  ,  il  a  une  poche  faillante,  ronde  8c' 
adhérente  au-devant  du  col  ;  le  diamètre  de  cette  poche  eft  de 
^  Voyei  le  tomt  II J  de  cet  Ouvrage,  pa^e  ip6, 

^  13bb  Jij 


382  D    ESCRIPTION 

neuf  jx)uces ,  elle  tient  à  la  partie  antaieiire  de  la  trachée-artère; 
elle  renfeimoit  ,  des  cheveux  &:  un  corps  qui  avoit  quelques 
rapports  à  une  tête  informe  :  il  k  irouvoit  auffi,  près  de  lu  trachée- 
artère  &  4e  l'origine  de  la  poche  ronde ,  une  inafTe  qui  refîèmbloit 
i  un  groupe  d'intelhns.  Ce  monflre  efl  femelle  ,  il  a  été  obfervé 
&  donné  au  Cabinet  par  M.  Morand ,  Doéleur  en  Médecine  «Se 
Membre  de  l'Académie  Royale  l\qs  Sciences. 

N.°    M  G  G  C  L  V  I  I  I. 

Partie  d'une  concrétion  tirée  du  cœcum  d'un  homme. 

Ce  morceau  a  été  envoyé  de  l'Hôpital  de  Nantes  à  M.  Morand 
ie  père,  en  1752  ;  il  e(l  accompagné  d'une  note  qui  marque 
qu'il  faifoit  partie  d  une  concrétion  d'un  volume  confidénble,  qtj'ii 
lenoit  à  un  os ,  &  que  d'autres  parties  de  la  même  concrétion 
lenfermôient  i\çs  noyaux  de  cerifes.  La  poition  dont  il  s'agit  eft 
une  forte  d'égagropile  ou  de  feutre  dur,  compofé  de  filamens  très- 
fins  &  jaunâtres  ;  elle  enveloppe  prefqu'en  entier  un  fragment 
d'os ,  de  couleur  noirâtre  à  l'extérieur  :  le  tout  eft  fort  léger  ^ 
à  peu  près  de  la  groflèur  d'une  figue  aplatie. 

N.^    M  G  G  C  L  I  X. 

Fragmens  d'une  pierre  biliaire. 
La  pierre  entière  avoit  quatre  pouces  de  longueur  fur  trois 
de  circonférence;  les  morceaux  rapportés  Cous  le  pré/ênt  numéro 
en  font  plus  de  la  moitié,  ils  font  de  couleur  rougeâtre  :  ils  ont 
été  mis  au  Cabinet  par  M.  Sarrau  ,  Chirurgien  ordinaiie  du  Roi, 
Se  ProfelTeur  d'Anatomie  à  l'Académie  Royale  de  Peinture  &: 
de  Sculpture;  il  avoit  tiré  la  pierre  d'une  tumeur  fifluleufe  de 
l'hypocondre  droit  qui  étoit  venue  à  la  fuite  d'une  jaunitfe  uni- 
yerfelle  ;  celte  pierje  étoit  placée  fu;  les  raufcles  de   l'abdon\en 


DU     Cabinet.  ^85 

d'une  femme  de  foixante  &  quatorze  ans ,  qui  fut  parfiitement 
gutiie  par  M.  Sarrau.  Voyei  les  Alâmires  de  l'Académie  royale 
de  C/liniipe ,  tome  l,  page  1 8 y 

N.°    M  C  C  C  L  X. 

Pierre  de  la  véficule  du  fiel  d'un  homme. 

Cette  pierre  a  e'té  caffce  en  plufieurs  pièces  ;  en  les  rapprochant, 
on  voit  qu'elle  ctoit  arrondie  Se  qu'elle  avoit  un  demi-pouce  de 
diamètre  :  elle  a  une  couleur  jaunâtre,  excepté  au  centre  où  elle 
eft  brune:  on  voit  les  couches  additionnelles  Se  concentriques, 
dont  cette  pierre  efl  compolee  ,  Se  des  parties  délites  qui 
s'étendent  du  centre  à  la  circonférence. 

N."    M  C  C  C  L  X  r. 

Pierre  du  rein  d'un  homme. 

Cette  pierre  eft  de  couleur  brune ,  elle  a  dix  -  /êpt  lignes  de 
longueur,  quatorze  de  largeur  5c  neuf  d'épaillèur ;  fà  furface  eft 
grtnue,  elle  pè(è  cinq  gros  Se  trente-deux  grains.  Sans  une  note 
qui  défigne  qu'elle  vient  du  rein ,  je  l'aurois  regardée  comme  une 
pierre  de  la  velTie  à  caufê  de  fi  forme  régulière. 

N.°    M  G  C  C  L  X  I  L 

Pierre  de  la  vejfie. 

La  furface  de  cette  pierre  eft  tuberculeufe  Se  de  couleur  blan^' 
châtre,  (on  poids  eft  de  deux  onces  quatre  gros  Se  cinquante-cinq 
grains:  elle  a  deux  pouces  deux  lignes  de  longueur,  un  pouce 
dix  lignes  de  largeur,  Se  jufqua  treize  lignes  d'épaiifeur.  M.  I^ 
^fofellèur  Rhau  fa  tirée  dç  la  velfie  d'un  homme. 


384-  Description 

n;    m  C  C  C  L  X  I  I  I. 

Autre  pierre  de  la  vejfie. 

Cette  partie  refièiiible  à  un  rein  par  fa  forme  ,  elle  a  deux 
pouces  huit  lignes  de  longueur;  fa  furfiice  eft  grenue  ;  on  l'a  fciée 
en  deux  parties ,  pour  faire  voir  {qs  couches  concentriques  fur 
les  plans  de  cette  coupe  ;  elle  eft  compare ,  dure  &:  de  couleur 
jaunâtre  :  c'efl  une  pierre  de  i'efpèce  de  celle  que  l'on  appelle 
imiraks. 

N.°    M  C  C  C  L  X  I  V. 

Autre  pierre  de  la  vejjie. 

Cette  pierre  eft  grolTe  &  de  forme  à  peu  près  ovoïde ,  elle  a 
deux  pouces  neuf  lignes  de  longueur,  un  pouce  onze  lignes  de 
laigeur  &  jufqu'à  dix- neuf  lignes  depaiffeur;  elle  eft  grenue  & 
mêriie  tuberculeufe  en  quelques  endroits  ;  fa  couleur  eft  brune , 
elle  pèfe  cinq  onces  &  trente-deux  grains. 

N.^    M  C  C  C  L  X  V. 

Une  três-grojfe  pierre  de  la  vejJJe. 

La  forme  de  cette  pierre  eft  irrcgulière ,  mais  arrondie  ;  elle 
a  quelques  rapports  avec  celle  d'un  cœur  ;  fa  plus  grande  cir- 
conférence eft  de  neuf  pouces ,  elle  pèfe  fept  onces  fix  gros  & 
vingt-neuf  grains;  fa  furface  eft  liffe ,  on  y  voit  plufieurs  trous 
nui  m'ont  déterminé  à  divifer  la  pierre  en  deux  parties  pour 
mettre  à  découvert  fa  ftrudure  interne.  J'ai  reconnu  par  le  moyen 
de  cette  coupe  que  l'intérieur  eft  compofé  de  deux  fortes  de 
fubftances;  il  y  a  au  centre  une  pierre  murale  de  couleur  brune 
Si  de  forme  ovoïde  qui  a  environ  quatre  pouces  &  demi  dans 
fa  plus  grande  circonférence;  ce  noyau  eft  enveloppé   d'une 

fubftance 


DU    Cabinet,  385 

fubflance  blanche  &:  criikHine,  percée  de  plufieiirs  trous  qui 
6nt  quelques  lignes  de  diamètre,  qui  pénètrent  jufqu'au  noyau  & 
dont  piufieurs  communiquent  enfemble  ;  les  circonflances  dont 
dépendoit  la  formation  de  cette  pierre  ont  bien  varié  durant  le 
temps  de  là  formation,  puifqu'elle  eft  compofée  de  deux  fubf- 
tances  très  -  différentes  l'une  de  l'autre.  La  pierre  a  été  envoyée  de 
Toul ,  par  M.  le  Comte  de  Tre(îân ,  qui  a  eu  h  bonté  de  nous 
informer  qu'elle  a  été  tirée  de  la  veffie  du  cadavre'd'un  vigneron 
âgé  de  quarante-cinq  ans  ;  il  n'avoit  cefîc  de  travailler  que  deux 
rnois  avant  fà  mort  :  fur  la  fin  de  ià  vie  il  rendoit  des  urines 
inélée  de  pus  &.  de  (àng. 

N.'^    M  C  C  C  L  X  V  I. 

Pierre  de  la  vejfie  qui  enveloppe  une  partie  d'un  clou, 

La  fubflance  de  cette  pierre  eft  tendre ,  au  moins  fon  écorce , 
elle  a  une  couleur  blanchâtre  &  une  forme  ovoïde ,  elle  eft  un 
peu  plus  grofîè  qu'une  noix  ;  elle  renferme  la  moitié  d'un  clou 
dont  on  voit  la  tête  incruftée  fur  l'un  des  côtés  de  la  pierre ,  le 
clou  la  traverfê  obliquement  &  fort  au  dehoi-s  de  la  longLieur 
de  quinze  lignes  par  le  côté  oppofé  ;  la  partie  renfermée  dans  la 
pierre  eft  à  peu  près  de  même  longueur  ;  ce  clou  eft  un  peu 
courbé  par  le  milieu  à  l'endroit  où  il  fort  de  la  pierre,  il  a  deux 
tiers  de  lignes  de  diamètre ,  il  eft  très-pointu  ;  c'eft  un  clou  de 
fer  de  ceux  que  Ton  nomme  clous -d' épingles ,  mais  la  tête  efl: 
formée  par  un  globule  de  plomb  d'environ  deux  lignes  de  dia- 
mètre :  il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  globule  avoit  été  mis  à  la 
tête  du  clou  pour  fervir  de  fonde ,  &  que  la  fonde  étant  tombée 
dans  la  velîîe ,  il  s'y  fera  attaché  une  fubftance  pierreufe. 

Tome  XIV.  C  c  c 


3S6  Description 

N.°    M  C  C  C  L  X  V  ï  L 

Pierres  du  prépuce. 
Ces  pierres  font  au  nombre  Je  cinq  ,  de  formes  irrcgiilières  & 
de  grandeurs  différentes ,  la  plus  grande  eft  de  la  groffeur  d'une 
aveline  :  elles  font  de  couleur  grife  ,  de  médiocre  dureté  &:  com- 
pofées  de  couches  concentriques  ;  on  les  a  trouvées  avec  quatre 
autres  fous  le^«puce  d'un  garçon  de  douze  ans ,  où  elles  for- 
moient  une  tumeur  qui  comprimoit  l'urètre  &:  qui  caufoit  une 
grande  douleur ,  on  les  fit  fortir  par  le  moyen  d'une  incifion. 
Les  cinq  qui  font  rapportées  fous  le  préfent  numéro  ont  été 
envoyées  au  Cabinet,  par  feu  M.  Gibier,  Médecin  à  Montbard 
en  Bourgogne. 

-^r    M  c  c  c  L  X  V  I  I  L 

Egûgropile  de  cheval. 

Cette  égagiopile  a  environ  deux  pouces  de  diamètre  ;  elle  eft' 
revêtue  d'une  croûte  lillè,  polie  &:  marbrée  de  gris  &  de  brun.- 
M.  de  Villars  la  donna  en  ijT,6  pour  une  égagropile  de  cheval. 

N.°    M  C  C  C  L  X  I  X. 

Autre  égagropile  de  cheval. 

Celle-ci  eff  un  peu  plus  groiïè  que   la  précédente,  elle   n'a 
point  d'écorce  polie;  fa  furface  efl  âpre,  on  y  fènt  la  pointe  des- 
iilamens  dont  i'égagropile  eft  compofée. 

N.°    M  C  C  C  L  X  X. 

Autre  égagropile  de  cheval. 

Cette  égagropile  eft  très-groffe,  elle  a  plus  de  quatre  pouces  & 
■demi  de  diamètre;  on  l'a  entamée  pour  mettre  à  découvert  Êv 


DU     Cabinet.  387 

fubflance  interne  qui  efl  une  furie  de  feutre  roufsâtre  très-ferrc  ; 
on  y  diftingue  quelques  couches  concentriques  :  iccorce  efl  unie. 
Celte  grolfe  égagropile  &  In  précédente  ont  clé  apportées  de 
Normandie  ,  par  feu  M.  le  Monnier,  de  i'Acadéniie  royale  des 
Sciences,   ProfefTeur  de  Philofophie  au  collège  d'Harcour. 

N.°    M  C  C  C  L  X  X  r. 

Deux  têtes  de  veau  jnonjîmeux. 

Ces  deux  têtes  font  unies  par  la  bafe  du  crâne  un  peu  oblique- 
ment ,  de  façon  qu'il  n'y  a  fur  le  groupe  qu'elles  forment  qu'une 
oreille  pour  le  côté  des  deux  têtes  qui  eft  oppofé  à  celui  où  étoit 
leur  .cou;  elles  ont  chacune  leur  oreille  de  l'autre  côté. 

N.°     M  C  C  C  L  X  X  I  I. 

JEgagropïle  de  bœuf. 

Le  diamètre  de  cette  égagroplle  e(l   d'environ   u^^  pouce  & 
,demi  ;  elle  ert  hérilTée  de  poils  de  bœuf  fauve  &  gris,  qui  font 
difpofés  comme  les  poils  d'un  manchon. 

N.°     M  C  C  C  L  X  X  I  I  I. 

Autre  égagroplle  de  bœuf. 
Cette  égagropile  a  été  donnée  par  un  boucher  de  Paris ,  elle 
a  plus  de  deux  pouces  8c  demi  de  diamètre.;  on  l'a  partagée  en 
deux  pièces  ;  fa  fubflance  intérieure  efl  un  feutre  brun ,  dont  on 
voit  fortir  à^ts  poils  fort  apparens  ;  l'écorce  efl  lilfe  &  brune. 

N."^     M  C  C  C  L  X  X  I  V. 

Une  portion  d'égagropile  de  bœuf. 
C'efl  la  moitié  d'une  égagropile  qui  difTéroit  peu  de  la  prc- 

.çédente  ,  quoiqu'elle  ait  été  envoyée  de  Chandernagor. 

C  c  c  ij 


388  Description 

N.'^    M  C  C  C  L  X  X  V. 

Une  égagropile  de  bœuf. 

Celle-ci  eft  entière  ,  elfe  a  une  écorce  brune ,  lifîè  &:  polie ,. 
elle  reiïèmble  par  fa  forme  à  v\n  œuf,  dont  le  grand  djamctre 
auroit  plus  de  deux  pouces  &  demi  :  elle  a  été  envoyée  de  Ma- 
dagafcar  par  M.  Coffigni ,  Conelpondant  de  ' l'Académie  royale 
des  Sciences. 

N.*    M  C  C  C  L  X  X  V  I. 

Pierre  du  fiel  d\m  bœuf. 

Cette  pierre  ell  oblongue  &  aplatie;  elle  a  deux  pouces  de 
longueur,  un  pouce  &  demi  de  largeur  ,  &:  jufqu'à  un  pouce 
d'épaifîèur ;  elle  eft  légère,  tendre &:  de  couleur  rouge  à  l'intérieur, 
l'extérieur  eft  bnin.  Cette  pierre  a  été  donnée  en  1738  par 
M.  de  Villars ,  Médecin. 

N."    M  C  C  C  L  X  X  V  I  L 

Pierres  de  la  yejjîe  d'un  bœuf. 

Ces  pierres  font  de  différentes  grandeurs,  mais  les  plus  groiïês 
'de  celles  qui  font  rapportées  fous  le  préfent  numéro ,  n'ont  guèiie 
qu'une  ligne  de  diamètre  ;  il  y  en  avoit  en  fi  grand  nombre 
dans  la  veffie  d'un  boeuf,  que  la  totalité  pefoit  plus  de  deux  livres  : 
elles  font  de  couleur  grife,  leur  furface  extérieure  eft  liffe  &  polie, 
les  différentes  couches  concentriques  dont  elles  font  compo/ces , 
ont  aiiffi  le  même  poli.  Ces  pierres  ont  été  envoyées  par  M. 
Boui-gelat ,  Écuyer  du  Roi.  Voyez  l^^  Mémoires  de  Mathémmiqut, 
èi  de  Phyfique ,  jjréjcntés  à  ÏAaidmie  royale  des  Sciences. 


DU     Cabinet.  389 

N.'    M  C  C  C  L  X  X  V  I  I  I. 

JÉgagropïle  de  bélier. 

Cette  égagropile  efl  piefque  régulièrement  ronde  ,  elle  a  trois 
pouces  cinq  lignes  de  diamètre  :  on  l'a  trouvée  avec  cinq  autres 
pareilles  dans  la  panfe  d'un  bélier  de  quatre  ans,  à  Chandernagor; 
fon  écorce  efl:  fi  mince,  qu'elle  laiffe  beaucoup  de  poils  à  découvert, 

N."    M  C  C  C  L  X  X  I  X. 

JEgagropïle  de  ?nouton. 

Cette  cgagropile  efl:  de  forine  irrégulière ,  ion  plus  grand 
diamètre  efl  d'un  pouce  &  demi  ;  fon  écorce  efl  brune,  inégale 
&:  grenue  dans  quelques  endroits. 

N.°     M  C  C  C  L  X  X  X. 

Autre  égagropile  de  mouton. 

Elle  efl  plus  petite  que  la  précédente ,  mais  au  refle  elle  lui 
reflemble  ;  elle  a  été  trouvée  près  de  Bordeaux ,  &  donnée  par 
M.  Geofîioi. 

N.''    M  C  C  C  L  X  X  X  I. 
Autres  égagropile  s  de  mouton. 
ir  y  en  a  deux  ,  une  groiïè  Se  une  petite  ;  la  plus  grande  a 
près  de  deux  pouces  8c  demi  de  diamètre  ;  leur  écorce  efl  brune 
Se  même  noirâtre  :  elles  ont  été  trouvées  à  Palnau  ,  Se  envoyées 
par  M.  Rigoler ,  Curé  du  lieu. 

N."    M  C  C  C  L  X  X  X  I  L 

Autre  égagropile. 
Son  diamètre  n'efl  que  d'un  pouce  neuf  lignes  ;  elle  n'a  pour 

icorce  qu'un  feutre  plus  ferré  que  celui  du  dedans;  elle  a  été 

Ç  c  C  lij. 


39^  Description 

apportée  de  Quito,   par  M.  de  la  Condamine,  de  l'Acadcmie 
royale  àts  Sciences. 

N.°    M  C  C  C  L  X  X  X  I  I  L 

Autre  égagropïle. 

Celte  coragropile  eft  oblongue ,  elle  a  quatre  pouces  &  demi 
de  longueur  fur  environ  deux  pouces  &  demi  de  diamètre;  elle 
efl  compofce  de  Ibies  &  non  pas  de  poils,  c^  foies  font dirige'es 
vers  les  bouts  de  Icgagropile. 

N."    M  C  C  C  L  X  X  X  I  V. 

La  mâchoire  inférieure  d'unfangïier. 

Cette  mâchoire  efl;  remarquable  par  une  difformité  ;  les  trois 
premières  dents  mâchelières  &  la  défenfê  du  côté  gauche  y 
manquent ,  {\ws  qu'il  y  ait  fur  le  bord  de  la  mâchoire  aucun  vef^ 
lige  d'alvéole ,  mais  il  y  a  quelques  trous  &  des  indices  de  carie 
fur  les  côtés.  La  première  dent  incifive  du  côté  droit  efl  déplacée; 
elle  fe  trouve  fur  le  milieu  de  la  mâchoire  vis-à-vis  la  défenfê 
du  même  côté  ,  cependant  la  féconde  dent  incilive  gauche  touche 
par  fon  extrémité  à  la  première  dent  incifive  droite  ;  cette  mâ- 
choire a  été  envoyée  de  Reims,  par  M.  Saviot,  Apothicaire. 

N.^     M  C  C  C  L  X  X  X  V. 

Une  tête  de  fauglier  de  Alûdagafcar. 

Celle  lête  efl  décharnée  ;  en  la  comparant  avec  des  tctes  de 
nos  fangliers ,  de  nos  cochons  6c  du  cochon  deSiam,  j'ai  trouve 
qu'elle  avoit  plus  de  rapport  par  fà  forme  avec  la  tête  du  cochon 
deSiam  qu'avec  les  autres,  en  ce  que  le  fommet  de  la  tête  efl 
/ort  étroit  près  àts  arêtes  tranfverf^lcs  de  l'occiput ,   6c  que  le 


DU    Cabinet,  391 

chanfrein  eft  large,  mais  elledifîère  des  têies  de  tous  les  cochons 
par  la  courbure  de  l'arcade  zygomaiique  qui  efl  fort  Aillante ,  8c 
par  ie  prolongement  offeux  qui  eft  au-delfus  du  renflement  àts 
alvéoles  des  défeniês  de  la  mâchoire  du  defîùs  ;  ce  prolongement 
n'eft  pas  en  forme  de  crête  comme  dans  \ts  fingliers ,  il  eft  fort 
élevé  8c  terminé  par  àts  tubercules  :  il  y  a  auffi  de  femblables 
tubercules  fur  les  bords  du  chanfrein  vis-à-vis  les  prolongemens 
dts  alvéoles. 

Les  dcfenfès ,  les  dents  incîfives  5c  les  mâchelièies  m'ont  paru 
reHêmbbntes  à  celles  du  fânglier  8c  dts  cochons ,  excepté  pour 
le  nombre  des  mâchelières  du  defîous,  il  n'y  en  a  que  cinq  de 
chaque  côté  ;  ainfi  ce  fânglier  de  Madagafcar  n'a  en  tout  que 
quarante  dents ,  tandis  que  nos  fangliers  8c  nos  cochons  en  ont 
quarante-quatre ,  parce  qu'il  s'en  trouve  fept  de  chaque  côté  de 
chacune  de  leurs  mâchoires. 

N.''     M  C  C  C  L  X  X  X  V  I. 

Un  fœtus  de  cochon  monjînieux. 
Ce  fœtus  a  huit  jambes,  deux  corps  8c  une  feule  tête;  ks 
deux  corps  font  réunis  par  la  poitrine. 

^r    M  c  c  c  L  X  X  X  V  I  T. 

Autre  fœtus  de  cochon  monftrueux. 
Ce  monftre  a  deux  corps  8c  huit  jambes ,  les  deux  corps  font 
réunis  par  la  poitrine  ;   il   n'y  a   qu'une  tête ,  mais  l'occiput  eft 
double,  car  il  fe  trouve  deux  oreilles  fur  le  derrière  de  la  tête 
&  deux  autres  dans  leur  fituation  naturelle. 

N.''     MC  G  CLX  XX  VIII. 

Autre  fœtus  de  cochon  monftrueux. 
La  tête  de  ce  fatus  eft  fort  petite ,  8c  n'a  point  de  fice;  qr' 


392         Description 

ne  voit  en  avant  que  les  deux  oreilles  qui  font  peu  éloignées 
i'une  de  l'autre  Se  dirigées  de  chaque  côté;  il  y  a  feulement  entre 
les  oreilles  un  enfoncement  &  quelques  éminences,  ce  qui  tient 
lieu  de  bouche  &  de  mufeau. 

N.°    M  C  C  C  L  X  X  X  I  X. 

Autre  fœtus  de  cochon  monflrueux. 

Ce  fœtus  n'eft  difforme  que  fur  le  devant  de  la  tcte  ;  le  mufeau 
eft  gros  &  court ,  la  lèvre  du  àtiïows  forme  un  menton ,  celle 
du  deHus  fe  termine  en  pointe;  il  n'y  a  cju'un  œil,  il  eft  grand 
&  placé  prefqu'au  milieu  de  la  face  un  peu  à  droite,  &  au-deffous 
d'une  forte  de  trompe  pendante  obliquement  au  côté  gauche  de 
l'œil.  Ce  monftre  a  été  envoyé  de  la  Martinique. 

N.'    M  C  C  C  X  C. 

Autre  fœtus  de  cochon  monflrueux. 

Ce  fœtus  a  entre  les  deux  yeux  une  trompe  pendante  ;  le 
rnufeau  eft  gros  &  court  ;  la  lèvre  du  deffus  efl  recourbée  à  droite 
par  fon  extrémité. 

N."    M  C  C  C  X  C  L 

Urie  tête  de  cochon  nouveau  né  monflrueux. 

Les  globes  àt%  deux  yeux  fè  touchent  &:  font  en  partie  réunis  ; 
îl  y  a  une  trompe  placée  au-deffus  du  double  œil  &  faillante  en 
avant;  le  mufeau  efl:  court  &:  gros;  la  lèvre  fupérieure  (ê  termine 
en  pointe. 

N.'    M  C  C  C  X  C  I  L 

Cochon  monflrueux  nouveau  né, 

Ix  mufeau  de  ce  cochon  eft  fort  couft  6c  très- difforme;  fa 

lèvfC 


DU    Cabinet.  393 

lèvre  inférieure  e(t  élevée,  &  forme  une  forte  de  menton  faillant 
&L  terminé  par  un  petit  tubercule;  il  y  a  au-deffus  des  narines 
une  eipèce  de  trompe  pendante  au-devant  de  la  bouche. 

N.'*    M  C  C  C  X  C  I  I  I. 

Béioard  de  cochon  marron. 

Ce  bézoard  efl:  aplati  ,  il  a  près  d'un  pouce  de  diamètre  & 
un  demi -pouce  d  epaiiïèur  ;  les  premières  couches  font  divifées 
en  plufieurs  pièces  ;  leur  furface  efl:  blanche  ou  blanchâtre  &  cou- 
verte de  tubercules.  La  fubflance  de  ce  prétendu  bézoard  m'a 
paru  femblable  à  celle  d'une  pierre  murale  de  la  veflie. 

N.°     M  C  C  C  X  C  I  V. 

Autres  hêipards  de  cochon  marron. 

Ces  bézoards  ne  font  pas  plus  gros  que  des  pois ,  ils  ont 
plufieurs  facettes  ;  leur  furfîice  efl  de  couleur  grife  &  refTcmble 
à  celle  d'un  gravier  qui  s'eft  poli  dans  la  vefTie  ;  ils  font  au 
nombre  de  trois  ;  j'en  ai  cafTé  un  ,  il  n'a  qu'une  écorce  peu  épaifTe 
de  fubflance  pierreufe  formée  de  plufieurs  couches ,  le  refle  de 
l'intérieur  eft  rempli  par  un  noyau  de  matière  brune  qui  refTc  mblc 
à  de  la  terre.  Ces  bézoards  font  venus  du  Pérou  avec  celui  qui 
eft  rapporté  fous  le  numéro  précédent. 

N.**      M  C  C  C  X  C  Y. 
Béipard  de  porc. 

La  longueur  de  ce  bézoard  eft  de  dix-fèpt  lignes ,  il  a  onze 

lignes  &  demie  de  diamètre,  il  pèfe  quatre  gros  &  foixante-fix 

grains;   fa  furface  extérieure  eft  d'un  blanc -f^Ie  Se  relftmble  à 

celle  d'une  pierre  roulée:  le  bézoard  a  été  calfé  tranfverflilement , 

Tome   XIV.  t^^Id 


394-    Description 

on  voit  fur  cette  coupe  que  la  fubftance  de  l'intérieur  a  une 
couleur  grife  tirant  fur  le  brun  ;  elle  efl  compofce  d'aiguilles  bril- 
lantes,  dirigées  du  centre  à  la  circonférence  &  très -ferrées  ks 
unes  contre  les  autres ,  excepté  dans  un  efpace  de  quatre  lignes 
de  diamètre  au  centre  du  bézoard,  où  les  aiguilles  font  mêlées 
d'une  matière  brune  &  laifTent  du  vide  entr'elles;  il  y  a  quelques 
cercles  concentriques  qui  indiquent  les  différens  degrés  de  l'ac- 
croitîèment  de  ce  bézoard  :  Il  a  été  envoyé  du  Pérou  ,  fous  le 
nom  de  héioard  de  porc  ou  cochun  doimjlique, 

N.'    M  C  C  C  X  C  V  I. 

Les  mâchoires  d'un  chien  décharnées, 
La  mâchoire  inférieure  n'a  que  cinq  dents  mkhelières  au  côté 
droit ,  &  feulenient  quatre  à  l'autre  côté  ;  il  manque  dans  cette 
mâchoire  les  deux  premières  mkhelières  du  côté  droit  &:  les 
trois  premières  du  côté  gauche;  mais  il  y  a  deux  dents  incifives 
furnuméraires  placées  au-defTus  de  l'avant-dernière  incifive  de 
chaque  côté  :  il  y  a  aufli  une  dent  canine  furnuméraire  placée  fur 
le  côté  externe  de  la  vraie  canine  du  côté  droit  ;  il  fe  trouve 
encore  trois  incifives  furnumémires  dans  la  mâchoire  fupérieure 
placées  fur  les  vraies  incifives ,  &  deux  canines  furnuméraires 
placées  derrière  les  vraies. 

N.°     M  C  C  C  X  C  V  I  I. 

Chien  rnonflrueux  nouveau  né. 
Ce  chien  n'a  point  de  conque  à  l'oreille  droite  ;  on  ne  voit 
aucune  apparence  de  nez  au  bout  du  mufeau  ,  mais  il  y  a  fur  le 
front  une  trompe  fiillante  en  avant,  longue  d'un  demi-pouce,  & 
terminée  â  l'extrémité  par  deux  orifices  ronds  &;  fcparés  par  une 
cioifon  comme  àfà  naiines;  il  fe  trouve  au-defîbus  de  la  bafè 
de  cette  trompe  une  cavité  large  &:  profonde,  au  fond  de  laquelle 


DU    Cabinet.  395 

on  aperçoit  un  globe  de  deux  ^ ignés  de  diamètre  qui  paroît  être 
un  œil  ;  au-delTous  de  ce  globe  il  y  a  un  troi»  qui  communique 
au  fond  de  la  bouche.  Ce  monftre  a  un  demi-pied  de  longueur 
mefuré  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la  queue  : 
II  a  été  envoyé  dcNaples,  par  M. Taitbout,  ConfuldeFrance. 

N."^     M  C  C  C  X  C  V  I  I  ï. 

Autre  chien  wonflmeux  iwuyeau  né. 

Ce  fœtus  eft  à  peu  près  de  même  grandeur  que  le  précédent, 
&:  il  lui  reffemble  par  la  plupart  de  fe^  difformités;  il  a  une 
trompe  fur  le  front  &  quelques  apparences  de  narines  à  l'extré- 
mité de  cette  trompe  ;  il  a  au(fi  une  cavité  au-deflbus  de  la  bafè 
de  la  trompe  &  le  globe  d'un  œil  au  fond  de  cette  cavité ,  mais 
il  n'y  a  point  de  trou  au-deffous  de  l'œil. 

N.^    M  C  C  C  X  C  I  X. 

Autre  chien  monflrueux  nouveau  né. 
Ce  fœtus  a  la  tête  très-difforme;  la  lèvre  inférieure  eft  divifcc 
en  deux  parties  qui  s'écartent  à  droite  &  à  gauche;  on  ne  voit 
point  de  lèvre  fupérieure  ni  de  nez  ;  il  n'y  a  qu'un  œil,  il  eft 
placé  au-deffus  de  la  face  dans  le  milieu  ;  la  tête  eft  j>euie  & 
ronde  fans  aucune  apparence  d'oreilles.  Ce  tfionare  a  ciaq  pouces 
&  demi  de  longueur  depuis  le  fommet  de  la  tête  jufqci'à  l'ori- 
gine de  la  queue. 

N.'    M  C  D. 

Chat  monflrueux  nouveau  né. 
Ce  monflne  eft  par  excès ,    il   a  un  fécond  train  de  derrière 
qui  tient  à  Ton  ventre  par  l'endroit  du  pubis  de  ce  fécond  train 
de  derrière  qui  manque  de  queue,  U.  qui  repréfente  \x\\  fecoiid 

D  dd  ij 


39^         Description 

intlivJJu  (ôriant  du  ventre  du  premier  à  reculons,  &  ayant  déjà 
les  jambes  de  derrière  &  la  croupe  dehors. 

N.°    M  C  D  I. 

Autre  chat  monjîrueux  nouveau  né. 

Ce  chat  a  deux  corps  &  huit  jambes;  les  deux  corps  (ont 
réunis  par  le  côté  droit  de  la  poitrine  &  du  ventre  de  l'un  de  ces 
corps ,  &  par  le  côté  gauche  de  la  poitrine  &  du  ventre  de  i'autie 
corps. 

N.**     M  C  D  I  L 
Autre  chat  monjîrueux  nouveau   né. 

II  y  a  au-devant  de  la  poitrine  de  ce  monftre  quatre  jambes 
furiiumcraires ,  deux  de  devant  &  deux  de  derrière  ;  celles  de 
devant  font  adhérentes  à  la  partie  antérieure  de  la  poitrine  &: 
dirigées  en  avant  ;  ces  deux  jambes  font  réunies  par  les  bras  & 
par  les  coudes  ;  les  deux  jambes  furnuméraires  de  derrière  tiennent 
ri  une  croupe  aufTi  (iirnuméraire  qui  adhère  par  fa  partie  interne 
à  la  partie  poftérieure  de  la  poitrine ,  &  qui  porte  quelques  ap- 
parences ilts  parties  externes  de  la  génération  d'une  femelle  ;  c&s 
deux  jambes  iont  dirigées  en  arrière.  Ce  monftre  eft  très-fingulia, 
ii  a  été  donné  au  Cabijiet,  par  M.  le  Duc  de  laValière. 

N."     M  C  D  I  I  I. 

Autre  chat  monjîrueux  nouveau  né. 

Ce  monftre  eft  double  par  la  tête ,  le  corps  &  les  jambes  ;  les 
deux  têtes  font  réunies  par  le  côté  droit  de  l'une  &  par  le  côté 
gauche  de  l'autre  tête,  de  manière  qu'il  n'y  a  qu'un  œil  &  une 
oreille  de  chaque  côté  du  groupe  qu'elles  forment  ;  mais  le  bout 


DU    Cabinet.  -^^^j 

du  mufèau  eft  double,  &  il  y  a  deux  bouches  ;  les  deux  corps 
font  rcunis  jufqu'à  l'ombilic  par  le  côte  droit  de  l'un  de  ces  corps 
&:  par  le  côté  gauche  de  l'autre. 

N."^    M  C  D  I  V. 

Autre  chat  monflnieux  rwuveaii  né. 

Ce  chat  a  deux  têtes  réunies  par  le  côte  droit  de  l'une  &:  par 
le  côte  gauche  de  l'autre  ;  il  n'y  a  que  deux  oreilles ,  une  de 
chaque  côté  du  groupe  forme  par  les  deux  têtes;  mais  il  y  a 
deux  mufeaux,  le  droit  eft  plus  petit  que  le  gauche  ;  les  lèvres 
&  la  bouche  y  font  difformes  ;  l'œil  gauche  de  l'une  des  têtes 
paroît  être  confondu  avec  l'œil  droit  de  l'autre  tête. 

N."     M  C  D  V. 

Autre  chat  inonflrueux  nouveau  né. 

Ce  chat  reffemble  à  celui  qui  efl  i-apportc  fous  le  nume'ro 
précédent ,  en  ce  qu'il  a  deux  têtes  réunies  ;  mais  il  en  diffère  par 
les  deux  mufeaux  qui  font  plus  régulieis  &  un  peu  plus  écartés 
i*un  de  l'autre  ,  de  manière  que  l'œil  gauche  de  l'une  àç.h  têtes 
ne  tient  à  l'œil  droit  de  l'autre  tête  que  par  les  angles  exteines. 

N.°     M  C  D  V  I. 

Fœtus  de  cerf. 

Ce  fœtus  a  près  de  cinq  pouces  de  longueur,  depuis  le  fommet 
de  la  tête  jufqu'à  l'origine  de  la  queue  ;  il  efl  mâle ,  les  parties 
extérieures  de  la  génération!  font  déj^  fort  apparentes. 

^?     M  C  D  V  I  I. 

Autre  fœtus  de  cerf 

Ce  fœtus  a  cinq  pouces  &  demi  de  long,  depuis  le  fommet 

Ddd  lij 


398  Description 

de  la  tête  jufqu'à  l'origine  de  la  queue  dont  la  longueur  eft  de 
huit  lignes;  il  eft  femelle,  les  quatre  mamelons  font  très-apparens ; 
les  oreilles  ont  quatre  lignes  de  longueur. 

N.°     M  C  D  V  I  I  I. 

Un  béipard  de  cerf. 
Ce  bézoard  eft  ovoïde  ,  fon  grand  diamètre  a  un  pouce  neuf 
lignes  de  longueur.  &  le  petit  treize  à  quatorze  lignes  ;  fa  furface 
e(l  inégale  <Sc  tachée  de  jaunâue  &  de  gris;  il  pcfe  une  once 
tj-ois  gros  (Se  quarante  grains:  Il  a  été  apporté  de  Quito,  par  M. 
de  Vergène,  Ingénieur  de  la  Marine. 

N.°  M  C  D  I  X. 
Bois  hïiarre  de  cerf. 
Ce  bois  tient  à  l'os  dy  fi  ont ,  je  crois  qu'il  vient  d'un  cerf 
qui  enlroit  dans  fa  troifième  année;  car  il  eft  compofé  de  deux 
dagues  bien  formées,  &  qui  même  auroient  déjà  dû  être  tombées, 
puifqu'il  y  a  aufti  un  refait  long  de  plus  de  trois  pouces  ;  les 
meules  du  refait  font  placées  fous  celles  àt^  dagues  &  ont  plus 
de  diamètre  ;  les  perches  du  refait  font  au  côté  externe  des  dagues, 
chacune  des  perches  du  refait  eft  courbée  &  dirigée  irrégulière- 
ment ,  elles  font  revêtues  de  leur  écorce  de  même  que  leurs 
meules ,  qui  fe  trouvent  placées  fous  celles  àçs  dagues  ;  leurs 
perlures  forment  de  gros  tubercules  de  figures  très-inégulières  ; 
les  dagues  ont  fix  à  fept  pouces  de  longueur.  Ce  bois  fingulier 
s'eft  trouvé  fur  w\\  cerf  ^Q.%  chaftes  du  Roi ,  &  a  été  mis  au 
Cabinet  par  l'oidre  de  Sa  Majefté. 

N.*'    M  C  D  X. 
Un  refait  de  daim. 
Les  perches  de  ce  refait  n'ont  que  cinq  à  fix  pouces  de  longueur 


DU    Cabinet.  399 

6c  quinze  ou  dix- huit  lignes  de  diamètre,  elles  font  arrondies 
par  l'extrémilc;  il  n'y  a  fur  chacune  que  le  maître  andouiller,  il 
efl;  long  d'environ  trois  pouces ,  &  il  a  un  pouce  de  diamètre  ; 
ce  refait  efl  ievêtu  de  Ion  ècorce ,  &  fi  bien  confêrvé  dans  l'efprit- 
de-vin,  qu'il  a  encore  (à  moHefTe  naturelle  ;  je  ne  fais  li  c'eft  un 
refait  qui  n'avoil  pas  pris  tout  fon  aca*oi(îêment  lorfque  l'animal 
fut  tué ,  ou  il  c'efl  un  refi\it  qui  n'auroit  produit  qu'un  bois  bi- 
zarre ;  il  a  été  apporté  comme  tel  au  Cabinet.  L^e  daim  étoit  à 
(à  féconde  tête ,  il  avoit  été  attaqué  à  la  Garenne  de  Sève  ,  de 
pris  au  puits  de  l'Angle ,  par  M.  de  Champienet ,  avec  l'équipage 
du  Roi. 

N.°    M  C  D  X  I. 

Une  tête  bimane  de  chevreuiL 

Cette  tête  vient  d'un  chevreuil  adulte ,  elle  refîèmble  à  celle 
des  autres  chevreuils  par  fa  grandeur  &  par  fi  forme,  au  contiaire 
le  bois  eft  très-gros  &  d'une  figure  fort  extraordinaire,  les  meules 
fe  touchent,  elles  ont  jufqu'à  deux  pouces  neuf  lignes  de  diamètre; 
aufli  elles  ne  fervent  pas  debafeà  une  feule  perche,  elles  portent 
chacune  plufieurs  andouillers  qui  fortent  delà  meule;  il  y  en  a 
fix  fur  celles  du  côté  droit  &  cinq  fur  celles  du  côté  gauche  ;  ces 
andouillers  font  difpofés  en  rond,  de  façon  qu'il  y  en  a  fept  qui 
forment  une  forte  de  couronne  fur  la  tête,  \qs  quatre  autres  font 
placés  au  centre  de  la  couronne  &  renvcrfés  en  arrière  par  leur 
extrémité  ;  les  andouillers  les  plus  grands  ont  un  demi-pied  de 
hauteur  au-deffus  de  la  meule ,  ils  font  tous  revêtus  de  gros  tu- 
bercules qui  reffemblent  plus  à  des  cxoftofes  qu'à  àts  perlures. 
Ce  bois  fingulier,  &  très-remarquable  parmi  tous  les  bois  bizarres 
de  chevreuïls ,  dont  il  a  été  fait  mention  dans  cet  ouvrage,  a  été 
donné  au  Cabinet ,  par  M.  le  Marquis  de  Courtenvaux. 


^oo  Description 

N."    M  C  D  X  I  I. 

Lièvre  mouflrueux  nouveau  né. 

Ce  monflie  efl  compofé  de  deux  corps  réunis  par  la  poitrine  ; 
par  le  cou  &  par  le  mufeau  ,  de  iôrte  que  les  deux  lêtes  ne  forment 
qu'une  maffe  ronde  ;  il  n'y  a  que  trois  oreilles,  &:  entre  deux  de 
ces  oreilles  qui  paroiflent  venir  des  deux  tctes  ,  on  voit  quelques 
vertiges  d'une  bouche  très-petite  ;  les  deux  corps  font  féparés  à 
i^ndroit  de  rombilic,  ils  ont  chacun  leurs  quatre  jambes  &  une 
queue. 

N.^    M  C  D  X  I  I  L 

Autre  lièvre  monjïrueux  nouveau  né. 

Ce  monftre  eft  double  depuis  l'ombilic  jufqu'à  l'extrémité  du 
train  de  derrière ,  de  forte  qu'il  a  deux  croupes ,  fix  janibes  & 
deux  queues. 

N."    M  C  D  X  I  V. 

Un  fœtus  de  lapin  monftrueux. 

Ce  fœtus  étoit  près  du  terme ,  il  efi:  compofé  de  deux  corps 
réunis  par  la  partie  antérieure  du  ventre  &  par  la  poitrine  &  le 
cou  ;  il  n'y  a  qu'une  tête,  elle  ne  paroît  double  que  par  l'occiput 
ou  (ont  deux  oreilles  furnuméraires ,  placées  l'une  contre  l'autre. 

N."     M  C  D  X  V. 

Un  jeune  lapin  né  fans  poiL 

Qiioique  ce  lapin  ait  plus  d'un  demi-pied  de  longueur  depuis 
le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la  queue;  fa  peau  efl  nue 
fur  toutes  les  parties  du  corps ,  excepté  fur  la  plante  d^s  quatre 
pieds ,  qui  efl  garnie  d'un  poil  fort  apparent. 

N.'  MCDXVI. 


DU    Cabinet,  4.0  i 

N.°     M  C  D  X  V  I. 

Pierres  trouvées  dans  la  vejjîe  de  plufieurs  rats. 

Ces  pierres  font  de  différentes  grandeurs  &  de  diverfès  formes, 
îes  plus  grofles  n'ont  au  plus  que  trois  lignes  &  demie  dans  leur 
plus  grande  longueur  ;  elles  font  de  couleur  brune  ou  jaunâti-e  & 
hcridees  de  pointes  brillantes;  la  plupart  (ont  aplaties  Se  carrées. 
M.  Morand,  Do(fteur-régent  de  la  faculté  de  Paris,  &:  Membre 
de  l'Académie  royale  des  Sciences ,  a  donné  ces  pierres  au  Cabinet, 
6c  a  inféré  dans  le  Mercure  de  France,  une  Lettre  qui  contient 
éts  obfèrvations  fur  les  pierres  des  rats  ;  fuivant  ces  obfervations , 
de  vingt  de  ces  animaux,  dans  un  âge  avancé ,  il  y  en  a  pi  es 
de  la  moitié  qui  ont  la  pierre  ou  quelqu'autre  maladie  dans  les 
voies  urinaires  ;  les  femelles  y  font  moins  fujeltes  que  les  mules. 
La  flrudure  de  ces  pierres  diffcre  de  celle  des  pierres  qui  fe 
trouvent  dans  les  autres  animaux  &:  qui  ont  un  noyau  arrondi; 
il  y  a  au  milieu  des  pierres  àts  rats  un  feuillet  carré  très-mince, 
dont  les  angles  &  les  cotés  font  apparens  à  l'extérieur  dts  piei  rej 
carrées  ;  (^ts  graviers  oblongs  s'amoncèlent  fur  les  faces  du  feuillet, 
qui  fait ,  pour  ainfi  dire ,  le  noyau  de  la  pierre  &  kii  donnent 
différentes  formes.  Voyei  Je  Mercure  de  France  du  mois  d  Avril 
jy^p  ,  page  8j  &  fuiv. 

N.°     M  C  D  X  V  I  L 

La  peau  d'un  rat  d'eau  de  Canada. 
Les  os  de  la  tête,  de  la  queue  &  des  jambes  tiennent  à  cette 
peau,  elle  eft  bourrée;  dans  cet  état  elle  reffemble  affez  à  nos 
rats  d'eau  pour  faire  foupçonner  que  ceux  de  Canada  font  de 
même  efpèce  que  les  nôtres  ;  celui  dont  je  décris  les  dépouilles 
ctoit  de  même  grandeur  que  nos  rats  d'eau  ,  il  leur  reffembloit 
Tome  XIV.  ^ee 


4-02  Description 

par  les  proportions  du  corps,  &  principalement  par  la  queue  Sl  les 
oreilles ,  qui  (ont  les  parties  les  plus  remarquables  dans  les  animaux 
de  cette  efpèce,  par  le  nombre  ,  la  figure  &:  la  fituation  des  dents 
&.  dts  doigts ,  &  par  la  longueur  &  la  qualité  du  poil  * ,  qui , 
cependant  eO:  peut-être  un  peu  plus  fin,  mais  les  couleurs  (ont 
bien  diffcrenles.  Le  poil  de  la  peau  dont  il  s'agit  ed;  blanc  (iir  la 
plus  grande  partie  du  corps;  il  y  a  une  tache  brune  au-de(rus  de 
i'œil  droit ,  &  d'autres  taches  de  cette  couleur  fur  le  de(rus  du 
cou  ;  le  dos  efi:  aufTi  de  cette  même  couleur;  la  croupe,  la  jambe 
proprement  dite ,  &  une  partie  de  la  queue  (ont  fauves  ;  le  bout 
de  la  queue  eft  blanc  comme  toutes  les  autres  parties  du  corps, 
excepte  celles  qui  font  brunes  ou  fauves  ;  le  poil  du  bout  du 
îîiufèau  &:  des  pieds  efl  d'un  blanc  lufiré  fort  brillant. 

N.°    M  C  D  X  V  I  I  I. 

Une  peau  de  caflor. 

Cette  peau  eft  bourrée ,  on  y  a  laide  les  os  de  la  tête  8c  àtz^ 
pieds;   elle  vient  d'un  jeune  individu  ,  car  il  n'y  a  qu'un   pied 
&  demi  de  longueur  depuis  le  bout  du  mufeau  jufqu'à  l'origine 
de  la  queue. 

N.°    M  C  D  X  I  X. 

Une  peau  d'agouti. 

On  a  laifTé  dans  cette  peau  \ç.s  os  de  la  tête  &  à^s  jambes, 
elle  eft  bourrée  &:  difpo(ce  de  façon  qu'elle  repréfênte  l'animal 
dans  une  bonne  altitude;  il  eft  moins  grand  que  celui  qui  a  fervi 
de  fujet  pour  la  defcription  de  l'agouti.  Voyei  le  tome  VIII  de  cet 
ouvrage,  page ^80,  &  qui  efl  repre f enté ,  planehcxL;  (à  longueur 
priiè  depuis  le  bout  du  mulêau  jufqu'à  l'anus  n'efl  que  d'environ 

*  Voyez  la  derciiption  du  Rat  d'eau,  tome  VU dt  cet  ouvrage,  pagejjo» 


DU    Cabinet,  403 

treize  pouces  ;  il  y  a  de  grandes  diffcrences  dans  ïes  couleurs 
du  poil  de  cts  deux  animaux ,  celui-ci  eft  prefqu'enticrenient  noir 
fur  la  partie  poftcrieure  du  dos  6c  fur  la  croupe  ;  le  deffous  du 
cou,  la  poitrine  &  le  ventre  font  de  couleur  rou  lie -claire;  les 
jambes  de  devant  en  entier  &  la  partie  antérieure  des  jambes  de 
derrière  font  de  couleur  roulfe-foncée. 

N."      M  C  D  X  X. 

Une  peau  de  genette. 

Les  os  de  la  tête  &  des  pieds  tiennent  à  celte  peau ,  elle  ert 
bourrée,    &  à  peu  près  de  même  grandeur  que  la  genette  qui  a 
fêrvi  de  fujet  pour  la  defcription  de  cet  ajiimal.  Voyei  le  tome  IX 
<k  cet  ouvrage,  page  ^^6,  &  la  planche  xxxvi  du  même  volume. 

N."       M  C  D  X  X  ï. 

Fœtus  de  roujjette. 
Le  cordon  ombilical  ,  le  placenta  ,  le  cborion  &  lamnios 
tiennent  à  ce  fœtus,  qui  a  dix  pouces  d'envergure  ;  on  aperçoit 
déjà  quelques-unes  de  Tes  dents,  &  tous  ks  ongles  font  bien 
formés;  il  m'a  paru  être  femelle:  on  la  envoyé  de  l'Ile  de  Bourbon  ; 
il  efl  confervé  dans  l'efprit-de-vin. 

N.^     M  C  D  X  X  I  L 

Un  kabaffou. 
Ce  kabaffou  efl  de  même  efpèce  que  celui  qui  a  fervi  de  fujet 
pour  la  defcription  de  cet  animal.  Voyez  k  wme  X de  cet  ouvrage , 
page  2JS,  &  la  planche  XL  du  même  volume  ;  mais  il  cft  plus  grand , 
caHl  a  au  moins  treize  pouces  de  longueur  depuis  le  bout  du 
mufeau  jufqu'à  l'origine  de  la  queue,  quoiqu'elle  foit  de  même 
longueur  dans  ces  à'^vw  animiuix. 


4-04  Description 

N.'    M  C  D  X  X  1  I  I. 

Un  cayopoïïm. 
Ce  cayopollin  a  été  deiréchc,  ii  cft  mâle,  comme  celui  qui  a 
fèrvi  de  fiijet  pour  la  de/criptîon  du  cayopollin.  Voy.  k  lome  Xde 
cet  oiivrûge ,  page  j  jj  ;  il  efl  un  peu  plus  grand ,  car  il  a  plus  de 
onze  pouces  de  longueur  depuis  le  bout  du  mufcau  jufqu'à  l'origine 
de  la  queue  ;  il  m'a  paru  auffi  avoir  fur  le  àdXy\s  du  corps  une 
couleur  fauve  plus  foncée,  &  fur  le  dciïbus  vm  jaune  moins  pâle. 
Cet  animal  &  le  kaballbu  rapporté  /bus  le  numéro  précédent  oiit 
tlé  donnés  au  Cabinet ,  par  M.  de  Bonbarde. 

N.°    M  C  D  X  X  I  V. 

■  Double  corne  de  rhinocéros. 
Ces  deux  cornes  fè  touchent  par  la  bafe ,  l'une  eft  prefque 
droite  Se  l'autre  courbée,  celle-ci  eft  la  plus  longue  &  l'antérieure, 
en  fuppofant  que  la  convexité  doive  être  en  avant  comme  dans 
les  cornes  fimples  du  même  animal;  il  y  a  neuf  pouces  &  demi 
de  diftance  entre  les  extrémités  à^s  àt\.\\  cornes ,  la  plus  lon^rue 
a  un  pied  &  demi  de  longueur,  &  un  pied  dix  pouces  de  cir- 
conférence à  la  bafe;  l'autre  a  quinze  pouces  &:  dcTiii  de  long,  & 
im  pied  fept  ou  huit  pouces  de  circonférence  à  la  bafe  ;  celle-ci  efl 
aplatie  par  les  côtés ,  de  forte  qu'il  y  a  une  arête  longitudinale 
en  avant  &:  en  arrière  ;  la  grande  corne  a  auffi  une  arête  fur  k 
côté  poflérieur ,  elles  font  toulej  les  deux  de  couleur  brune. 

N.'^    M  C  D  X  X  V. 

Egagropïle  de  bifon. 
Cette  égagropile  a  près  de  deux  pouces  &  demi  de  diamètre; 
ibw  écorce  elt  brune  ;  fa   fubftance  interne  a  auiïi  une  couleui. 
brune  ,  iruiis  plus  foncée. 


DU    Cabinet.  405 

N.''  •  M  C  D  X  X  V  I. 

Greffe  êgûgropile   de  b'ifon. 

Celle  -  ci   eft   aplatie  ;    {on   grand  diamètre  a  plus   de  cjuatic 
pouces  Se  demi;  au  relie,  elle  refîemble  à  la  prcccdeute. 

N.''     M  C   D  X  X  V  I  I. 

Dents  de  tapir. 

Ces  dents  (ont  dans  un  bocal,  au  nombre  de  quatre,  Cous  le 
nom  de  dents  fie  maypoury ,  qui  eft  le  même  animal  que  le  tapir; 
de  ces  quatre  dents,  il  y  en  a  deux  mâchelicres  prefque  carrées; 
leur  bafê  efl;  traverfee  par  un  fillon ,  elles  ont  neuf  lignes  de 
longueur,  prife  de  devant  en  arrière  à  l'endroit  du  collet,  &: 
huit  lignes  de  largeur;  les  deux  autres  font  très-différentes  des 
mâchelières  ,  elles  font  prefque  cylindriques,  elles  ont  fix  lignes 
de  diamètre  à  l'endroit  le  plus  gros ,  elles  ne  peuvent  être  que 
àts  dents  incifives,  fi  elles  viennent  du  tapir,  parce  que  cet 
animal  n'a  que  de  ces  deux  fortes  de  dents. 

N.''    M  C  D  X  X  V  I  I  I. 

La  tête  d'un  jeune  hippopotame. 

Cette  tète  eft  décharnée,  elle  a  un  pied  dix  pouces  de  longueur; 
les  dimenfions  de  fes  dents  incifives  &  de  {^s  à(:{^w{ts  fe  trouvent 
dans  la  defcription  de  l'hippopotame.  Voyei  le  tome  XII  de  cet 
oiivrû"e  ,  page  6q  &  fiiiv.  ?vl.  Adanfon  ,  de  l'Académie  royale  dés 
Sciences,  m'avoit  alors  communiqué  cette  tête,  mais  à  préfent  elle 
appartient  au  Cabinet ,  par  l'acquifition  que  le  Roi  a  faite  de  la 
coiMion  d'Hiftoire  naturelle  que  M.  Adanfon   a  rapportée  du- 

tee  II) 


4-06  Description 

N.°    M  C  D  X  X  I  X. 

Fil  de    nerf  de  renne. 

Ce  fil  eft  double  &  tors,  il  eft  d'un  blanc  -  bleuâtre  &  luifânt 
comme  de  la  foie  ;  il  a  ctc  envoyé  par  M.  Tefdorf. 

n;    m  c  d  X  X  X, 

Une  corne  de  corine. 

Cette  corne  efl;  reprcfentce  dans  le  witie  XII  de  cet  ouvrasse , 
pkuk he  X X X I ,  figure  j  ;  elle  a  quatre  pouces  huit  lignes  de  lon- 
gueur &  un  pouce  neuf  lignes  de  circonférence  à  la  baie  :  elle  a  été 
apportée  du  Sénégal ,  par  Al.  Adan/ôn. 

N.°     M  C  D  X  X  X  I. 

Les  deux  cornes  d'un  koba. 

Ces  cornes  ont  un  pied  &  demi  de  longueur,  &  huit  poLKes  de 
circonférence  à  la  bafe  ;  elles  diffèrent  peu  de  celles  qui  font  re- 
préfentées  dans  le  îome  XII  fie  cet  ouvrage ,  pi  xxxil ,  fg.  2, 

N.''     M  C  D  X  X  X  I  I. 

Une  tête  de  kob. 

La  defcription  de  cette  tête  efl  dans  \ttome  XII  de  cet  ouvrage , 
page  2  6y,  elle  efl  repréfenîée  dans  h  planche  xxxil  du  même  volume, 
fg.  I.  M.  Adanfon  a  rapporté  du  Sénégal  la  tcte  de  kob  dont  il 
^'agit ,  &:  les  cornes  de  koba  mentionnées  fous  le  numéro  précédent. 

N.°    M  C  D  X  X  X  I  I  I. 

Un  gros  bê^oard. 
Ce  bézoard  pcfe  une  livre  quatorze  onces  fêpt  gros;  il  a  trois 
.pouces  fept  lignes  de  hauteur  &  onze  pouces  de  circcnférencc 


DU    Cabinet,  4.07 

à  ï'cnJroIt  ie  plus  gros  ;  là  forme  eft  irrégulière,  cependant  il  a 
trois  faces  longitudinales ,  une  petite  face  tuberculeufê  à  l'un  d^s 
bouts ,  &  à  l'autre  une  grande  face  concave  &  polie,  qui  dcnoie 
que  ce  bczoaid  étoit  appliqué  contre  un  autre  bézoard  dans  le 
corps  de  l'animal  qui  l'a  produit  ;  fa  fubflance  e(l  de  couleur  oli- 
vâtre &  pâle  ;  (a  furface  eil  grenue  à  gros  grains  plats  ;  (à  couche 
extérieure  a  été  entamée;  on  voit  à  l'endroit  de  la  fradure,  qu'elle 
a  jufqu'à  trois  lignes  d'épailTeur ,  &  qu'elle  eft  compofée  d'autres 
couches  plus  minces  ;  la  furface  extérieure  de  la  féconde  couche 
a  des  grains  plus  diftinéls  que  ceux  de  la  première.  Ce  bézoard 
reiïèmble  un  peu  à  celui  du  rhinocéros,  &  il  ne  peut  venir 
que  d'un  aulTi  grand  animal.  Voyci  le  lonte  XI  de  cet  ouvrage , 
page  210, 

N.°     M  C  D  X  X  X  I  V. 

Autre  héipard, 

La  forme  de  ce  bézoard  efl:  très-régulière,  5<:  approche  d'un 
ovoïde  ,  mais  il  eft  un  peu  aplati  fur  les  deux  côtés  oppofcs,  il 
pèfe  trois  onces  fix  gros  &  trente  grains  ;  il  a  deux  pouces  de 
ion^^ueur ,  un  pouce  fept  lignes  de  largeur  &  un  pouce  &  demi 
d'épaiffeur;  fâ  première  couche  a  été  détruite  dans  piufieurs  en- 
droits,  les  parties  qui  reflent  font  fort  minces,  tubercuieufes,  à 
petits  grains  &  de  couleur  grife;  les  endroits  de  la  féconde 
couche  qui  font  découverts  ont  une  couleur  d'olive  ,  5c  leur  fur- 
face  eft  polie  ;  ce  bézoard  a  été  cafle  plus  profondément  pour 
mettre  à  découvert  fa  ftrudure  interne;  l'on  peut  enlever  des 
fragmens  dts  couches  dont  il  efl  compofé ,  &  dont  la  furface 
&  la  fubflance  intérieure  font  de  couleur  grife.  II  a  été  donné 
au  Cabinet ,  par  M.  de  la  Porte,  ancien  premier  Commis  de 
ia.  Marine. 


4o8  Description 

N."     M  C  D  X  X  X  V. 

Autre  béipard. 

Ce  bczoaiJ  a  été  envoyé  du  Pérou ,  il  efl:  renfermé  dans  unô 
filigrane  d'or;  il  a  la  forme  d'un  ovojde  aplati  fur  fâ  longueur; 
/on  grand  diamètre  eft  de  quinze  lignes;  il  a  huit  lignes  &  demie 
dans  /a  plus  grande  largeur ,  &  fêpt  lignes  d'cpailîèur  ;  il  pèfè 
trois  gros  &  cinquante -cinq  grains;  fa  furface  efl;  de  couleur 
olivâtre  très-pâle;  elle  a  des  tubercules  plats  tels  que  l'on  en  voit 
fur  d^s  pierres  de  la  veffie. 

N.^     M  C  D  X  X  X  V  I. 

Autre  bé-zoard. 

Ce  bézoard  efl  très-remarquable  par  fa  figure  régulière,  c'efl 
un  globe  de  quatorze  lignes  de  diamètre  ;  il  pc(è  une  once  deux 
gros  &  lôixante-cinq  grains;  iâ  fuiface  efl:  de  couleur  grifèavec 
quelques  taches  brunes  un  peu  tuberculeulês  ;  c'eft  au  grain  de 
cts  taches  &  au  poli  gras  du  globe  que  je  le  prends  pour  un 
bézoard,  quoique  la  régularité  de  là  forme  défigne  plutôt  un 
globe  facflice  qu'un  bézoard. 

N.°     M  C  D  X  X  X  V  I  L 

Une  corne  de  nano^uer, 

o 
Cette  corne  a  été  gravée  dans  le  lome  XII  de  cet  ouvrage  ^ 
phnche  xxxii ,  figure  j»  ;  elle  a  été  mile  au  Cabinet ,  avec  la 
colledion  de  M.  Adanlôn  ;  elle  efl  recourbée  en  avant ,  elle  a 
de  petites  flries  longitudinales ,  &  fix  ou  lêpt  anneaux  qui  font 
plus  gros  fur  le  devant  de  la  corne  que  fur  le  derrière  ;  ils  s'é- 
tendent obliquement  fur  les  côtés,  de  manière  que  leur  partie 
antérieure  efl  placée  beaucoup  plus  bas  que  la  partie  poflérieure  ; 

fa 


DU    Cabinet.  409 

la  longueur  de  la  corne  eft  d'environ  huit  pouces  ;  elle  a  quatre 
pouces  &:  demi  de  circonférence  à  la  bafè. 

N.°     M  C  D  X  X  X  V  I  I  I. 

La  tête  if  le  bas  des  quatre,  jambes  d'une  gr'imme. 

Cette  tête  a  cté  apportée  du  Sénégal ,  par  M.  Adanfon  ;  Je 
i'ai  décrite  dans  le  tome  XI  1  de  cet  ouvrage,  page  j2^  ,pl  XLI , 
fg.  2&  ^. 

N.°     M  C  D  X  X  X  I  X. 

Une  partie  des  mâchoires  d'un  fanglier  du  Cap-vert, 

La  mâchoire  du  deflbus  eft  prerqu'entiére  ;  celle  du  deffus  a 
été  coupée  à  l'endroit  des  premières  mâchelières  ;  à  juger  du  fanglier 
du  Cap-vert  par  ces  parties  &  par  les  dents  qui  y  tiennent,  je  le 
crois  d'efpèce  voifine  ,  mais  différente  de  celle  de  nos  fangliers  ; 
il  leur  reffemble  par  l'os  du  boutoir ,  par  les  dents  incifives  & 
les  défenfes  du  deiïbus ,  &:  par  deux  incifives  du  deiïiis;  il  en 
diffère  par  l'étendue  de  l'ouverture  àts  narines  qui  eft  beaucoup 
plus  longue  que  dans  les  fangliers  &:  les  cochons ,  par  la  grandeur 
exceffive  des  défenfes  de  la  mâchoire  du  deffus ,  par  le  nombre 
&  la  forme  des  dents  mâchelières ,  par  la  grande  largeur  de  k 
mâchoire  inférieure  à  l'endroit  àts  défenfes,  &  par  le  contour  & 
la  longueur  de  ks  branches  qui  font  moins  recourbées  &  plus 
hautes  que  celles  du  fanglier  &  des  cochons. 

La  mâchoire  inférieure  a  environ  un  pied  de  longueur  depuis 
fon  extrémité  antérieure  jufqu'au  bord  poftérieur  de  l'apophyfe 
condyloïde;  (^  dents  incilives  font  au  nombre  de  fix,  elles 
reffemblent  à  celles  àts  fingiiers  &  des  cochons ,  excepté  la 
dernière  de  chaque  côté  qui  eit  inclinée  par  fon  extrémité  contre 
Tome  XIV.  Fff 


4IO         Description 

l'avant-dernicre  ;  il  n'y  a  que  deux  incifives  à  la  mâchoire  fupt- 
rieure  ;  les  dtfenfês  du  deflbus  ne  (brtent  que  de  trois  pouces  au 
dehors  de  l'alvéole ,  elles  ont  deux  pouces  quatre  lignes  de  cir- 
conférence à  la  bafè  ;  les  ddïtn^ts  du  defTus  fbrtent  de  la  longueur 
de  près   d'un    demi-pied  hors  de  l'alvéole,   &  ont  jufqu'à  cinq 
pouces  de  circonférence ,   elles   font    recourbées  en  haut  Se  en 
dedans  à  peu  près  comme  les  cornes  du  taureau  ou  du  buffle  ; 
leur  fubrtance  efl  de  la  nature  de  l'ivoire  ;  il  n'y  a  que  trois  dents 
de  chaque  côté  de  la  mâchoire  inférieure,  les  deux   premières 
font  de  médiocre  grandeur  relativement  à  celle  de  la  mâchoire; 
mais  la  dernière  eft  très-grande ,  elle  a  deux  pouces  deux  lignes 
de  longueur  prife  de  devant  en  arrière ,  &  cinq  ou  fix  lignes  de 
largeur  de  dehors  en  dedans  ;  l'émail  pénètre  dans  l'intérieur  de 
ces  dents  5c  forme  fur  leur  table  dix-neuf  ou  vingt  aires  circu- 
laires ,  ovales  ou  de  figure  irrégulière  &:  de  différentes  grandeurs 
rangées  fur  trois  files  longitudinales  ;  les  plus  petites  font  dans  fa 
file  du  milieu  ;  la  mâchoire  fupérieure  de  la  tête  dont  il  s'agit  a 
été  coupée  de  façon  qu'il  n'y  refle  que  deux  petites  dents  mâ- 
chelières  ;  fi  la  partie  du  bord  alvéolaire  qui  y  manque  n'étoit 
occupée  que  par  une  grofîè  dent  qui  correfpondît   à   la  grofîè 
dent  du  deffous,  le  fànglier  du  Capvert  n'auroit  que  vingt-quatre 
dents ,    tandis  que  les  fangliers  &  ks  cochons  en  ont  quarante- 
quatre. 

N.*    M  C  D  X  L. 
La  queue  d* un  jeune  fanglïer  du  Cap-vert. 

Le  tronçon  de  cette  queue  efl  aplati  en  defTus  &  en  defîbus; 
il  n'a  que  ^ts  crins  noirs,  il  en  efl  plus  garni  fur  les  côtés  que 
fur  les  faces  vers  fon  extrémité  ;  les  crins  des  côtés  font  difpofés 


DU    Cabinet.  41  i 

par  bouquets  en  forme  de  petits  pinceaux ,  &  longs  de  trois  ou 
quatre  pouces. 

N.°     M  C  D  X  L  I. 

Les  quatre  pieds  d'un  jeune  fanglier  du  Cap-vert. 

II  y  a  fur  ces  pieds  àts  foies  comme  fur  ceux   des  làngliers 
&:  des  cochons;  elles  font  brunes. 


Fin  du  quatorzième  Volume, 


AVIS  AU  RELIEUR. 


I 


L   y    a    dans    ce  quatorzième  Volume  quarante- une   Planches, 
qui  doivent  être  placées  dans  l'ordre  fuivant  : 

A  la  pagt     82  ,   la  planche   I. 

A  la  page  i  0  S ,  les  planches  II,  III,  IV,  V  &  VI. 

Alapage  128 ,  les  planches  VII,  VIII ,  IX,  X,  XI  &XII. 

A  la  page  //^  ,  les  planciies  XIII ,  XI V   &   XV. 

A  la  page  t  6  S  ,\q%  planches  XVI  «Se  XVII. 

A  la  page  1 7^ ,  la  planche  XVIII. 

A  la  page  186,  la  planche    XIX. 

A  la  page  2  o  (f  ,  ks  planches  XX,  XXI,  XXII,  XXIII  &  XXIV. 

A  la  page  2  2  2,ks  planches  XXV,  XXVI,  XXVII  &  XXVIII. 

A  la  page  2^2  ,  les  pbnches  XXIX,   XXX  &  XXXI. 

A  la  page  2;(f,ks  planches  XXXII,  XXXIII,  XXXIV  &  XXXV. 

A  la  page  2yo  ,  la  planche    XXXVI. 

.^4/^;;^^^  ^^^,  les  planches  XXX  VII   &  XXXVIII. 

Alapage  28^,  la  planche  XXXIX. 

A  la  page  2^6  ,  la  planche  XL. 

A  la  page  ^0^,  la  planche  X  L  L 


.-.-.^ 


A.. 


.??* 


f 


,  Vt: 


iUJ 


41 


à  $7