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H I S TO I R E
NATURELLE,
GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE.
AVEC LA DESCRIPTION
DU CABINET DU ROI-
Tome QiiatorTJeme.
A PARIS,
DE L'IMPRIMERIE ROYALE.
M. D C C L X V I.
CaO.
f^.
TABLE
De ce qui eft contenu dans ce Volume.
PsOMENCLATU RE des Singes page i
Les Oraug-oiitangs ou le Pongo ir le Jocko . . 4.3
Le P'ithèque g^
Le Gibbon , q2
Le Magot ,0^
Le Papion ou Babouin 1 -. ->
Le Alandrill. i ^ .
UOucmderou à' le Lowando 160
Le Alaimon ly^
Le Alacaque dT' l'Aigrette 100
Le Patas 208
Le Malbrouck f le Bonnet -chinois 224,
Le Mangabey 244.
La Al.one. . , . , . , 2<:6
Le Callitriche -)-r->
Le Aîouflac. 28-'
Le Talapoln . . , z'èj
Le Doue. . » ' "
De la dégênération des Animaux 3 * ^
Par M. DE BUFFON.
Defcriptîon du Jocko P^gc 7^
Defaîption du Gibbon 9"
Defcriptîon du Magot ^ ^ 4-
Defcription de la partie du Cabinet qui a rapport à
l'Hiftoire Naturelle des Singes 130
Defcription du Papion 139
Defcriptîon du Mandrill. ^5^
Defcription de VOuanderou 174.
Defcription du Maimon 179
Defcription de la partie du Cabinet qui a rapport a
l'Hifloire Naturelle des Babouins 188
Defcription du Macaque 194
Defcription de F Aigrette 206
Defcription du Pat as à bandeau noir. 212
Defcription du Alalbrouck 230
Defcription du Bonnet -chinois 241
Defcription du Aîangabey 24.6
Defcription de la Moue, 262
Defcrlption du Caiïitrlche 275
Defcnpt'ion du MouJIac 285
Defcriptïon du Taîapoin 291
Defcnptïon du Doue 302
Defcriptïon de la partie du Cabinet qui a rapport à
l'Hifloire Naturelle des Guenons 3 04-
Defcriptïon des chofes qui font arrivées au Cabinet ,
depuis riwprejfion des articles auxquels elles ont
rapport 375
Par M. Daubenton.
-^
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es JSL 1H5
M' c»;-/-.- ./.•/
_Z. J Ji^^ra/ui Sciilf^ .
HISTOIRE
NATURELLE.
NOMENCLATURE
DES SINGES.
V->OMME enJodriner des Écoliers, ou parler à
des Hommes . iont deux chofcs diiiérentes ; que les
premiers reçoivent ians examen & même avec avidité
l'arbitraire comme le réel, le faux comme le vrai,
dès qu'il leur efl préfenié fous la forme de documcns;
que les autres au contraire rejettent avec de'goût ces
mêmes documens, lorfqu'ils ne font pas fondés; nous
ne nous fervirons d'aucune des méthodes qu'on a
Tome XIV. A
^ Hl STOÏRE NATU RELLE,
imaginées pour entaffer fous le même nom de Singe,
une miiltitucle d'animaux d'efpèces différentes & même
très - éloignées.
J appelle/;/^^ un animal fans queue, dont la fiice efl
aplatie , dont les dents , les mains , les doigts & les
ongles reffemblentà ceux de l'homme, <Sc qui, comme
Jni, marche debout fur fes deux pieds: cette déhnition
tirée de la nature même de l'animal èL de fes rapports
avec celle de l'homme, exclut, comme l'on voit, tous
les animaux qui ont des queues , tous ceux qui ont la
face relevée ou le mufeau long ; tous ceux qui ont les
ongles courbés , crochus ou pointus ; tous ceux qui
marchent plus volontiers fur quatre que fur deux pieds.
D'après cette notion hxe <Sc précife , voyons combien
il exifle d'efpèces d'animaux auxquels on doive donner
Je nom àtfvige. Les Anciens n'en connoifToicnt qu'une
feule; le pithccos des Grecs, \t finùa des Latins, efl un
fingc , un wûfiige^ & c'efl celui fur lequel Ariflote,
Pline &. Galien ont inftitué toutes les comparaifons
phyfiques , <Sc fondé toutes les relations du fmge à
l'homme; mais ce pithèque , ce fmge des Anciens , û
reffemblant à l'homme par la conformation extérieure,
<Sc plus femblable encore par l'organifition intérieure,
en diffère néanmoins par un attribut qui , quoique
relatif en lui-même, n'en efl cependant ici pas moins
cffentiel , c'efl la grandeur ; la taille de l'homme en
général efl au-dcffus de cinq pieds, celle du pithèque
n'atteint guère qu'au quart de cette hauteur ; auffi ce
Nomenclature des Sinces, 3
finge cût-il encore été plus relTemblant à l'homme, les
Anciens auroient eu raifon de ne le regarder que comme
un homoncule, v\n Nain manque, un Pigmée capabL
tout au plus de combattre avec les grues , tandis que
riiomme fait dompter l'éléphant & vaincre le lion.
Mais depuis les Anciens, depuis la découverte des
parties méridionales de l'Afrique (Se des Indes, on a
trouvé un autre fmge avec cet attribut de grandeur,
un fmge (planche l) aufTi haut, auiïi fort que l'homme,
auiïi ardent pour les femmes que pour fes femelles ;
un fmge qui fait porter des armes, qui fe fert de pierres
pour attaquer, 6c de bâtons pour fe défendre, (Se qui
d'ailleurs reffemble encore à l'homme plus que le pi-
thèque ; car indépendamment de ce qu'il n'a point de
queue, de ce que fa face eft aplatie; que fes bras, fes
mains, fes doigts, fes ongles font pareils aux nôtres,
6(. qu'H marche toujours debout ; il a un efpèce de
vifage, des traits approchans de ceux de l'homme,
des oreilles de la même forme , des cheveux fur la
tête ; de la barbe au menton , &. du poil ni plus ni
moins que l'homme en a dans l'état de nature. Audi
les habitans de fon pays, les Indiens policés n'ont pas
héfité de l'affocier à l'efpèce humaine par le nom
(\' O rang- ont ûîigj Homme fauvage ; tandis que les Nègres
prefque auffi fauvages, auffi laids que ces finges, Sl
qui n'imaginent pas que pour être plus ou moins policé
l'on foit plus ou moins homme , leur ont donné un
nom. propre ( PongoJ , un nom de béte (Se non pas
A ij
^ Histoire Naturelle.
d'homme ; Si cet orang-oiiung ou ce pongo, n'efl en
effet qu'un animal, mais un animal très-fmgulier, que
i'hommc ne peut voir lans rentrer en lui-méjnc, lans
fe reconnoître, fans Te convaincre que l'on corps n'efl
pas la ])artie la plus efTentielle de ù nature.
Voilà donc deuK animaux, le pithèque & l'orang-
outang, auxquels on doit appliquer le nom de fiige,
6c il y en a un troifième auquel on ne peut guère le
refufer, quoiqu'il foit difforme. Si par rapport à l'homme
Se par rapport au fmge : cet animal fpl il & lii )
jufqu'à préfent inconnu , & qui a ctc apporté des Indes
orientales fous le nom de c^ibbon , marche debout
comme les deux antres, &: a la face aplatie ; il eft auiïl
fans queue : mais Tes hras , au lieu d'être proportionnc's
comme ceux de l'homme, ou du moins comme ceux
de l'orang-outang ou du pithèque à la hauteur du
corps, font d'une longueur fi démcfurce, que l'animal
étant debout fur fes deux pieds , il touche encore la
terre avec fes mains fans courber le corps <Sc fans plier
les jambes ; ce fmge cfl le troifième Si le dernier
auquel on doive donner ce nom , c'efl dans ce genre
une cfpèce monftrueufe, hétéroclite, comme l'efl dans
l'efpèce liumaine , la race des hommes à groffes jambes,
dite de Samt-Thouias *.
Apres les finges, fe préfente une autre famille d'ani-
maux, que nous indiquerons fous le nom générique
* Voyez le difcouis fur les varictcs de refpèce humaine. Tome Ul
de cet Ouvrage.
Nomenclature des Singes, j
de labonin ; Si pour les diflinguer nettement de tous
les autres, nous dirons que le babouin efl un animal
à queue courte , à face alongée , à mufcau large &
reltvé, avec (ks dents canines plus grofTes à proportion
que celles de Thoinme, & des callofitcs fur lesfeiïes:
par cette définition , nous excluons de cette famille
tous les fmgcs qui n'ont point de queue, toutes les
guenons , tous les fipajous Si fagoins qui n'ont pas la
queue courte , mais qui tous l'ont auffi longue ou plus
longue que le corps , Se tous les makis, loris <Sc autres-
quadrumanes qui ont le mufeau mince 6c pointu. Les
Anciens n'ont jamais eu de nom propre pour ces
animaux ; Aridote efl le feul qui paroit avoir défigné
l'un de ces babouins par le nom (\q Jîmia porcana *,
encore n'en donne-t-il qu'une indication fort indirede;
les Italiens font les premiers qui l'aient nommé ^7^//>/^/
les Allemands l'ont appelé /5^i7^«/ les François habo^iin,.
Si tous les Auteurs , qui , dans ces derniers fiècles ont
écrit en latin, l'ont défigné par le nom papio ; nous
l'appellerons nous-même/^^yw// pour le diflin^-uer des
autres babouins qu'on a trouvés depuis dans les pro-
vinces méridionales de l'Afrique Sl des Indes. Nous
* Nolû. Celte (^él^om'n^v\onfJnlaporcaria, qui ne fe trouve que
dans Arinotc, & qui n';i eic emjiioyée par ;iucun autre Auteur , étoit
néanmoins une très-lionne ex|>ie(Iiun pour dcfigner le babouin : car
j'ai trouvé dans des Voyageurs , qui probablement n'avoient jamais
\n AriHote , la mêtiie compaiailon du mulêau du babouin à celui du
cochon ; & d'ailleurs ces deux animaux le relîemblent un peu par la
forme du corps,
A ii;
6 Histoire Natu relle.
connoiiïbns trois cfpèccs de ces animaux , i.° \e p/ip'wn
ou babouin proprement dit ( pL XIII ir XIV ) , dont
nous venons de parler, qui le trouve en Lybie, en
Arabie , (Sec. & qui vraifemblablejnent efl {çjjmiaporcaria
d'Ariftote. 2.° Le mandrill (pi. xvi èr xvii) qui efl
un babouin encore plus grand que le papion avec la
fiice violette, le nez 6c les joues (lllonnées de rides
profondes (S: obliques, qui fe trouve en Guinée <Sc dans
les parties les plus chaudes de l'Afrique. ^."L'ouanderou
(pi xviii ) qui n'efl pas fi gros que le papion , ni fi
grand que le mandrill , dont le corps cft moins épais,
<Sc qui a la tête &. toute la face environnée d'une efpèce
de crinière très-longue & très-éj)aiiTe ; on le trouve à
Ceylan , au Malabar & dans les autres provinces mé-
ridionales de l'Inde : ainfi voilà trois finges & trois
babouins bien définis, bien féparés , &i tous fix diflinc-
tciTucnt ditîérens les uns des autres.
Mais , comme la Nature ne connoît pas nos défi-
nitions, qu'elle n'a jamais rangé fes ouvrages par tas,
ni les êtres par genres , que fa marche au contraire
va toujours par degrés , év que fon plan eft nuancé
par-tout 6c s'étend en tout fens , il doit fe trouver
entre le genre du fmge * 6c celui du babouin , quelque
* Nota. Le gibbon commence déjà la nuance entre les finges & les
babouins , en ce qu'il a des caliofités furies feffes comme les babouins,
& les ongles des pieds de derrière plus pointus que ceux de l'orang-
oiuang , qui n'a point de caliofités fur les feflcs , & qui a les onoles
pLus & arrondis comme l'homme.
Nom ENC LATU RE DES Si N G ES, 7
efpèce intermédiaire qui ne foit précifcment ni l'un
ni l'autre, 6c qui cependant participe des deux. Cette
efpèce intermédiaire exide en effet , <Sc c'efl l'animal
(pi. VII dr VIII ) que nous appelons magot ; il fe
trouve placé entre nos deux définitions ; il fait la
nuance entre les fmges (Se les babouins ; il diffère
des premiers , en ce qu'il a le mufeau alongé & de
groiïes dents canines ; il diffère des féconds , parce
qu'il n'a réellement point de queue , quoiqu'il ait
un petit appendice de peau qui a l'apparence d'une
naiffance de queue; il n'eft par conféquent ni fjno-e
ni babouin , & tient en même temps de la nature des
deux. Cet animal qui eft fort commun dans la baute
Egypte, ainfi qu'en Barbarie , étoit connu (\qs Anciens;
les Grecs 6c les Latins l'ont nommé cynocéphale ,
parce que fon mufeau reffemble affez à celui (\\\\\
dogue : ainfi , pour prcfentcr ces animaux , voici
l'ordre dans lequel on doit les ranger ; V orang-outaîis:
ou pongo , premier finge ; \q fuhèque , fécond finge;
le gibbon , troifième finge , mais difforme ; le cynocé-
phale ou magot , quatrième finge ou premier babouin ;
le papion y prenu'er babouin ; le mandrill , fécond ba-
bouin ; V ouanderou , troifième babouin: cet ordre n'eft
ni arbitraire ni fiétif, mais relatif à VàchcWQ même
de la Nature.
Après les finges 6c les babouins , fe trouvent les
guenons; c'efl ainfi que j'appelle , d'après notre idiome
ancien , les animaux qui reffemblent aux linges ou aux
s Histoire Natu re lle.
habouins, mais qui ont de longues queues, c'efl-à-
dire des queues aulFi longues ou plus longues que le
corps. Le moi guenon a eu dans ces derniers (lècles ,
deux acceptions différentes de celle que nous lui
donnons ici ; l'on a employé ce mot guenon , gé-
néralement pour défigncr les fmgcs de petite taille*,
ôi en même temps on l'a employé particulièrement
pour nommer la femelle du fmge ; mais plus an-
ciennement nous appelions (îngds ou îUûgois les finges
fïms queue , 6c guenons ou mones ceux qui avoient
.tine longue queue: je pourrois le prouver par quel-
ques palTages de nos Voyageurs ^ des feizième & dix-
feptième fiècles. Le mot même de guenon ne s'éiogne
pas, &i peut-être a été dérivé de kchs ou képos ,
nom que ks Grecs don noient aux fmgcs à longue
quvue. Ces kéùes ou guenons font plus petites <Sc
° Les différences des finges fe prennent en fr-mçoîs pnncipalement
de leur gr.mdeur ; car les gr;inds font (iiiipitincnt npj^elés ftncres ,
foit c|u'tls aient une queue ou qu'ils n'en a'ent point, ou loit.ciu'ifs
aient le niulêau long comme un chi.n ou qu'ils l'ait ik court ; & les
finges qui Ibiit [)Ciits , lont appelts guenons. AdcmAres pour Jervir à
VHiJîo'ire des animaux , page 120.
^\\y a au Scnégil plufieurs efpccesde finges, comme des ^i/^;7<7/7/,
avec une longue queue , & des magots qui n\n ont pas. Voyage
fie le Maire , page roi. — D.ms les montagnes de l'Anicriqu^
jTiéridionale , il le trouve une clpèce de moncs que les Sauvages
appellent cacuyen , de même grandeur que les communes , (-uis autre
différence, finon qu'elle porte barhe au nienton ...Avec ces mones
iê trouvent force petites bê.es j unes , nommc'es Jagouins. Singularités
de la France antarctique j par Thtyet, page 10^,
moins
Nomenclature des Singes. 9
moins fortes que les babouins Sl les finges ; elles
lont aifées à tliftingucr des uns Si des autres par
cette différence, <5c fur -tout par leur longue queue.
On peut auffi les fcparer aifément des makis , parce
qu'elles n'ont pas le mufeau pointu y Se qu'au lieu
de fix dents inciiives qu'ont les makis , elles n'en
ont que quatre comme les fmges Se les babouins.
Nous en connoiffons neuf efpèces , que nous indi-
querons cliacune par un nom différent , afin d'éviter
toute confufjon. Ces neuf efpèces de guenons font,
1.° les macaques ( -pi xx ir x x ij ; i.° les patas
' (pL XXV ir XXVI ) ; 3.° les malbrouks (pl.xxvilT
& xxix); 4.° les mangabeys fpl. xxxii ir xxxiii) ;
Ç la mone (flanche xxxvij ; 6.° le callitrichc
(pi. X X XV II ) ; 7.° le mouflac (pi. x x x i x ) ;
8.° le taiapoin (planche x h) ; 9.^ le doue (pi. XLI )^
Les anciens Grecs ne connoifToient que deux de ces
guenons , la mone &. le callitriche , qui font origi-
naires de l'Arabie <Sc des parties feptentrionales de
l'Afrique ; ils n'avoient aucune notion des autres ,
parce qu'elles ne fe trouvent que dans les provinces
méridionales de l'Afrique & des Indes orientales , pays
entièrement inconnus dans le temps d'Ariflote. Ce
grand Pbilofoplie , & les Grecs en général , étoient fi
attentifs à ne pas confondre les êtres par des noms
communs <Sc dès-lors équivoques, qu'ayant appelé /;/-
thecos le fmge fans queue , ils ont nommé kchos lu
guenon ou fmge à longue queue : comme ils avoient
Tome XI K 13
10 Histoire Natu relle.
reconnu que ces animaux ctoient d'efpèces différentes
6c même aiïez éloignées , ils leur avoient à chacun
donné un nom propre, & ce nom étoit tiré du carac-
tère le plus apparent; tous les fmges (Se babouins qu'ils
connoifToient, c'efl-à-dire, \t jnthcque ou fîige pro-
prement dit, [c cynocéphû/e ow magot. Si \tfmia iwrcaria
ou papion , ont le poil d'une couleur :> |} i près uni-
forme ; au contraire la guenon que nous appelons ici
7)wne , Si que les Grecs appeloient L'ios , a le poil varié
de couleurs dilîérentcs : on l'appelle méinr vulgairement
^^ f fige varié ; c'etoit rcfpèce de guenon la plus com-
mune Si la mieux connue du tenips d'Ariflote, & c'efl
de ce caradère qu'cft dérivé le nom de kélws , qui
défjgne en grec la variété dans les couleurs : ainfi
tous les animaux de la claiïe des fmges, babouins 6c
guenons, indiqués par Ariflote , fc réduifent à quatre,
lepyi/iccos , \t cynocephalos , \q fimia porcaria Si le kébos,
que nous nous croyons fondés cà repréfenter aujour-
d'hui comme étant réellement \t pir/ièque ow fmge pro-
prement dit , le magot , le pap'mi ou babouin proprement
dit Si la moue ; parce que, non-feulement les caradères
particuliers que leur donne Ariftote leur conviennent
en effet , mais encore , parce que les autres efpèces
que nous avons indiquées , Si celles que nous indi-
querons encore , dévoient néceffairement \m être
inconnues , puifqu'clles font natives Si exclufivement
habitantes des terres, où les Voyageurs Grecs n ayoïent
point encore pénétré de fon temps.
Nomenclature des Si nces. h
Deux ou trois ficelés après celui d'Aridote, on
trouve dans les Auteurs grecs deux nouveaux noms ,
€aHhhrix Si ccrcop'ithccos , tous deux relatifs aux giumons
owfiiges à longue queue : à mefure qu'on dccouvroit h
terre & qu'on s'avançoit vers le midi, foiten Afrique,
foit en Afie, on trouvoit de nouveaux animaux, d'au-
tres efpèces de guenons ; & comme la plupart de ces
guenons n'avoient pas, comme le kcbos , les couleurs
variées, les Grecs imaginèrent défaire un nom géné-
rique ccrcop'uhecos , c'eft-à-dire , yf//^^ à queue, pour
défigner toutes les efpèces de guenons ou fmges à
longue queue; &. ayant remar([ué parmi ces efpèces
nouvelles une guenon d'un poil verdâtre &. de couleur
vive, ils appelèrent cette cfpèce callhhrix , qui fignifie
heau poil. Ce callithrix fe trouve, en effet, dans la
partie méridionale de la Mauritanie .& dans les terres
voifmes du Cap-verd; c'efl la guenon que l'on connoît
vulgairement fous le nom dejînge verd; & comme nous
rejetons dans cet ouvrage toutes les dénominations
compofées , nous lui avons confervé fon nom ancien ,
callithrix ou calliiriclie.
A l'égard des fept autres efpèces de guenons que
nous avons indiquées ci-deffus par les noms de ma-
kaque , pat as , malbrouh , mangahey , vîoujlac , talapoin
ôi doue ; elles étoient inconnues des Grecs & des
Latins. Le makaque efl natif de Congo ; le patas , du
Sénégal ; le mangabey , de Madagafcar ; le malbrouk ,
de Bengale ; le mouftac , de Guinée ; le talapoin ,
Bij
12 Histoire Natu rellë.
de Siam ; <Sc le doue , de la Cochincliine. Toutes ces
terres étoient également ignorées des Anciens, <Sc nous
avons eu grand foin de conferver aux animaux qu'on y
a trouvés , les noms propres de leur pays.
Et comme la Nature efl confiante dans fa marche ,
qu'elle ne va jamais par fauts , 6c que toujours toul
efl gradué , nuancé , on trouve entre les babouins <Sc
Jes guenons vw\t efpèce intermédiaire, comme celle diî
mairot i'cfl entre les finîmes 6c les babouins : l'animal
(yhmche x i x) qui remplit cet intervalle, <5c forme
cette cfpcce intermédiaire, reffemble beaucoup aux
guenons, fur-tout au makaque, <Sc en même temps il
a le mufeau fort large , 6c la queue courte comme les
babouins ; ne lui connoifTant point de nom , nous
l'avons appelé luahuon , pour le diflinguer des autres:
il fe trouve à Sumatra; c'efl le feul de tous ces ani-
maux , tant babouins que guenons, dont la queue foit
dégarnie de poil ; 6c c'efl par cette raifon que les
Auteurs qui en ont parlé, l'ont déilgné par la dénomi-
nation (lefnge à queue de cochon , ou de Jînge à queue
de rat.
Voilà les animaux de l'ancien continent, auxquels
on a donné le nom commun de j^/?^^ , quoiqu'ils foient
non -feulement d'eipèces éloignées , mais même de
genres affez différens ; 6c ce (jui a mis le comble à
l'erreur 6c à la confufion , c'eft qu'on a donné ces
mêmes noms de Jinge , de cynocéphale , de kébe 6c de
cercoph/ièque , noms faits, il y a quinze cents ans par
Nom ENCLATVRE DES SiNGES. 13
les Grecs , à des animaux d'un nouveau monde ,
qu'on n'a découverts que depuis deux ou trois fiècfcs.
On ne fe doutoit pas qu'il n'exiftoit dans les parties mé-
ridionales de ce nouveau continent, aucun des animaux
de l'Afrique <Sc des Indes orientales. On a trouvé en
Amérique des bétes avec des mains 6c des doigts ; ce
rapport feiil a fuffi pour qu'on les ait appelées ^//^^j-/
fans faire attention que pour transférer un nom , il
faut au moins que le genre foit le même; Se que
pour l'appliquer jufle , il faut encore que l'efpèce foit
identique : or ces animaux d'Amérique, dont nous ferons
deux clafTes fous les noms de fapiijous <Sc dt fûgoins^
font très-différens de tous les fmgcs de l'Afie Sl de
l'Afrique ; (Se de la même manière qu'il ne fc trouve
dans le nouveau continent ni fmges , ni babouins ,
ni guenons , il n'exifte auffi ni fapajous , ni fagoins
dans l'ancien. Quoique nous ayons déjà pofé ces
faits en général dans notre difcours fur les animaux
des deux continens , nous pouvons les prouver ici
d'une manière plus particulière , Si démontrer (jue de
dix-fept efpèces auxquelles on peut réduire tous les
animaux appelés fiiges dans l'ancien continent , Se
de douze ou treize auxquelles on a transféré ce nom
dans le nouveau , aucune n'eft la même , ni ne fe
trouve également dans les deux • car fur ces dix-fepC
efpèces de l'ancien continent , il faut d'abord retran-
cher les trois ou quatre fmgcs , qui ne fe trouvent
certainement point en Amérique , Si auxquels les
13 iij
14 Histoire Naturelle,
fapajoiis 6c les fagoins ne refTemblcnt point du iowt
2." Il faut en retrancher les trois ou quatre babouins,
(\\\\ font beaucoup plus gros que les ihgoins ou les
ilipajous , 6c qui font au/Ti d'une figure très-différente :
il ne refle donc que les neuf guenons auxquelles on
puifTe les comparer. Or toutes les guenons ont , auiïi-
bien que les finges &i les babouins , des cara6lères
gcncraux &. particuliers , qui les fcparent en entier
des fapajous Si des fagoins ; le premier de ces carac-
tères efl d'avoir les feffes pelées , <Sl des callofités
naturelles 6c inhérentes à ces parties; le fécond , c'efl
d'a^oir des abajoues , c'efl-à-dire , des poches au bas
des joues , où elles peuvent garder leurs alimens ; 6c
Jetroifième, d'avoir la cloifon des narines étroite, 6l
ces mêmes narines ouvertes au-deffous du nez comme
celles de l'homme. Les fapajous 6c les fagoins n'ont
aucun de ces caradcres ; ils ont tous la cloifon des
narines fort épaiffe , les narines ouvertes fur les côtés du
nez 6c non pas en deffous ; ils ont du poil fur les feffes
6. point de callofités ; ils n'ont point d'abajoues ; ils
diffèrent donc des guenons , non-feulement par Tefpèce ,
mais même par le genre, puifqu'ils n'ont aucun des
caradères généraux qui leur font communs à toutes ;
ÔL cette différence dans le genre en fuppofe néceffai-
rement de bien plus grandes dans les efpèces, 6c dé-
montre qu'elles font très-éloignées.
C'efl donc mal-à-propos que l'on a donné le nom
^t Jînge 6c de gu^iwîi m\ fa^mjom 6c m^ fa^o'ins ; li
NOMENCLATU RE DES SiNGES. 15
falloit leur confcrver leurs noms , Si au lieu de les
aiïbcier aux fuiges , commencer par les comparer
entr'eux: ces deux familles difièrent l'une de l'autre par
un caradère remarquable ; tous les fiipajous fe fervent
de leur queue comme d'un doigt , pour s'accrocher
<Sc même pour faifn- ce qu'ils ne peuvent prendre avec
Ja main ; les figoins au contraire ne peuvent fe fervir
de leur queue pour cet ufïige ; leur face , leurs oreilles ,
leur pod font auffi ditfcrcns : on peut donc en faire
aifément deux genres dillincls & féparés.
Sans nous fervir de dénominations qui ne peuvent
s'appliquer qu'aux fingcs, aux babouins & aux guenons;
fans employer des noms qui leur appartiennent <?c
qu'on ne doit pas donner à d'autres , nous avons
tâche d'indiquer tous les fapajous &. tous les fagoins
par les noms propres qu'ils ont dans leur pays natal.
Nous connoiffons fjx ou fept ei})cccs de fipajous Si,
fix efpèces de figoins , dont la plupart ont des variétés ;
nous en donnerons l'hiftoire <5c la defcription dans le
volume fuivant * ; nous avons recherché leurs noms
avec le plus grand foin dans tous les Auteurs, Si fur-tout
dans les Voyageurs, qui les ont indiqués les premiers.
En général , lorfque nous n'avons pu favoir le nom
que chacun porte dans fon pays , nous avons cru
devoir le tirer de la nature même de l'animal , c'efl-
à-dire , d'un caradère qui feul fût fufîifant pour le
* Nous avons ete obliges de renvoyer au Volume XV rhiftoiie des
Sapajous & Sagoins, parce que le Volume XIV auroit été trop épais.
i6 Histoire Naturelle,
faire rcconnoître <5c diflingucr de tous les autres. L'on
verra dans chaque article les raifons qui nous ont
fait adopter ces noms.
Et à l'cgard des variétés, lefquelles dans la clafTe
entière de ces animaux font peut-être plus nombreufes
que les efpèces, on les trouvera auffi très-foigneufc-
ment comparées à chacune de leurs efpèces propres.
Nous connoifTons 6c nous avons eu, la plupart vivans ,
quarante de ces animaux plus ou moins différens en-
tr'eux: il nous a paru qu'on devoit les réduire à trente
efpèces; favoir, trois fmges , une intermédiaire entre
ics fmges <Sc les bahouins ; trois babouins , une inter-
médiaire entre les babouins <Sc les guenons; neuf gue-
nons, fept fapajous <5c fix fagoins, 6c que tous les
autres ne doivent au moins pour la plupart être confi-
dérés que comme des variétés : mais, comme nous ne
fommes pas abfolument certains que quelques-unes de
ces variétés ne puifTent être en effet des efpèces dif-
tindes , nous tâcherons de leur donner auffi des noms
qui ne feront que précaires, fuppofé que ce ne foient
que des variétés , 6c qui pourront devenir propres 6c
fpéciiiques , fi ce font réellement des efpèces diflindes
<5c féparées.
A l'occafion de toutes ces bêtes, dont quefques-
unes reffemblent fi fort à l'homme , confidérons pour
im inftant les animaux de la terre fous un nouveau
point de vue : c'efl fans raifon fuffifante qu'on leur
a donné généralement à tous le nom de quadrupèdes.
Si
NOMENCLATU RE DES SiNGES. \J
Si les exceptions n'ctoient qu'en petit nombre, noiîs
n'attaquerions pas l'application de cette dénomination:
nous avons dit, <5c nous favons que nos définitions,
nos noms, quelque généraux qu'ils puifFent être, ne
comprennent jamais tout ; qu'il exifte toujours des
ctres en deçà ou au-delà; qu'il s'en trouve de mitoyens; .
que plufieurs , quoique placés en apparence au milieu
<les autres, ne laiffent pas d'échapper à la lifte; que le
nom générai qu'on voudroit leur impolér efl une for-
mule incomplète , une fomme dont fouvent ils ne
font pas partie; parce que la Nature ne doit jamais être
préfcntée que par unités <Sc non par aggrégats ; parce
que l'homme n'a imaginé les noms généraux que pour
aider à fèi mémoire , & tâcher de fuppléer à la trop
petite capacité de fon entendement ; parce qu'enfuitc
il en a fait abus en regardant ce nom général , comme
quelque chofe de réel ; parce qu'enfin il a voiilu y
rappeler des êtres , & même des clafTes d'êtres , qui
demandoient un autre nom ; je puis en donner &
J'excmple <Sc la preuve, fans fortir de l'ordre des qua-
drupèdes , qui de tous les animaux font ceux que
J'homme connoit le mieux , <Sc auxquels il étoit par
conféquent en état de donner les dénominations les
plus précifes.
Le nom d^ quadrupède fuppofe que l'animal mquaiiv
peds\ s'il manque de deux pieds comme le lamantin,
il n'efl plus quadrupède; s'il a des bras (Se des mains
comme le fmge , il n'eit plus quadrupède; s'il a des
Tome XIV. C
i8 Histoire Naturelle.
ailes comme la chauve-fouris, il n'eft plus qiiaclrupèJe,.
Si l'on fait abus de cette dénomination générale lorf-
qu'on l'applique à ces animaux. Pour qu'il y ait de la
précifion dans les mots, il faut de la vérité dans les
idées qu'ils repréientent. Faifons pour les mains un
nom pareil à celui qu'on a f;ut pour les pieds, <5c
alors nous dirons avec vérité (Se précifion , que l'homme
e(} le fcul qui Ibit bimane <Sc bipède , parce qu'il eft
le fcul qui ait deux mains &. deux pieds; que le la-
mantin n'efl que bimane ; que la chauve-fouris n'eft
<]ue bipède , ôi que le fmge efl quadrumane. Maintenant
appliquons ces nouvelles dénominations générales à
tous les êtres particuliers, auxquels elles conviennent;
car c'efl ainfi qu'il faut toujours voir la Nature, nous
trouverons que fur environ deux cents efpèces d'ani-
maux qui peuplent la furface de la terre, 6c auxquelles
on a donné le nom commun de quadrupèdes , il y a
d'al)ord trente -cinq efpèces de finges , babouins,
guenons, fapajous , iàgoins & makis, qu'on doit en
retrancher , parce qu'ils font quadrumanes ; qu'à ces
trente- cinq efpèces, il faut ajouter celles du loris,
du farigue , de la marmofe , du cayopollin , i\\\ tarfier, du
phalanger , <SwC. qui font auïïi quadrumanes comme les
fjnges , guenons , fapajous <Sc fagoins ; que par con-
féquent la lifte des quadrumanes étant au moins de
quarante efpèces * , le nombre réel des quadrupèdes
* Nota, Nous ne difoiis pas trop , en ne comptant que quarante
efpèces dans la lifle des quadrumanes \ car il y a dans les guenons ,
NOMENC LATURE DES S INC ES, I9
cfl; déjà réduit d'un cinquième: qu'enfuite ôtant douze
ou quinze efpèccs de bipèdes; favoir , les chauvc-fouris
<Sc les roufTettes , dont les pieds de devant font plutôt
des ailes que des pieds ; 6i en retrancJiant auITi trois
ou quatre gerboifes qui ne peuvent marcher que fur
Jes pieds de derrière , parce que ceux de devant font
trop courts , en ôtant encore le lamantin qui n'a point
de pieds de derrière, les morfes , le dugon Si les pho-
ques auxquels ils font inutiles, ce nombre des quadru-
pèdes fe trouvera diminué de prefqu'un tiers ; <5c fi 011
vouloit encore en fouflraire les animaux qui fe fervent
des pieds de devant comme de mains, tels que les
ours, les marmottes, les coatis, les agoutis, les écu-
reuils , les rats <5c beaucoup d'autres , la dénomination
de quadrupède paroîtra mal appliquée à plus de la moitié
des animaux : 6c en eftét, les vrais quadrupèdes font les
folipèdes <Sc les pieds- fourchus ; dès qu'on defcend à
Ja claiïe des fiffjpèdes , on trouve des quadrumanes ou
des quadrupèdes anibigus , qui fe fervent de leurs pieds
de devant comme de mains, & qui doivent être fé-
parés ou diftingués des autres. Il y a trois efpèces de
folipèdes , le cheval , le zèbre 6c Tiine , en y ajoutant
l'éléphant, le rhinocéros , l'hippopotame , le chameau^
dont les pieds , quoique terminés par des ongles , font
folides, 6c ne leur fervent qu'à marcher; l'on a déjà
■fept efpèces auxquelles le nom de quadrupède convient
fapajous, fâgoins , farigues , &c. plufieurs variétés qui pourroient
feien être des efpôces réellement cliltiades.
Cij
20 H r STO I RE NATU RELLE.
parfaitement: il y a un beaucoup plus grand nombre cfs
piecfs-fourchus que de folipèdes : les bœufs, les béliers ,
les chèvres , les gazelles, les bubales , les chevrotains ,
Je lama , la vigogne , la girafîe , l'élan , le renne,
les cerfs, les dains , les chevreuils, &c. font tous des
pieds-fourchus (Se eompofent en tout un nombre d'en-
viron quarante efpèces ; ainfi voilà déjà cinquante ani-
maux , c'efl-à-dire , dix folipèdes &. quarante pieds-
fourchus , auxquels le nom de quadrupède a été bien
appliqué : dans les fiiïipèdes , le lion , le tigre , les.
panthères , le léopard , les lynx , le chat , le loup , le
chien, le renard, l'hyœne , les civettes, le blaireau,
les fouines, les belettes, les furets . les porcs- épis ,
leshériffons , les tatous, les fourmiliers ik les cochons
qui font la nuance entre les fiïïipèdes & les pieds-
fourchus , fonnent un nombre déplus de quarante autres
efpèces, auxquelles le nom de quadrupède convient
aulTi dans toute la rigueur de l'acception ; parce que
quoiqu'ils aient le pied de devant divifé en quatre ou
cinq doigts, ils ne s'en fervent jamais comme de main:
mais tous les autres tiffjpèdes , qui fe fervent de leurs
pieds de devant pour fadir & porter à leur gueule, ne
font pas de purs quadrupèdes; ces efpèces qui font
auffi au nombre de quarante, font une clafle intermé-
diaire entre les quadrupèdes 6c les quadrumanes , &
ne font précifément ni des uns ni des autres: il y a
donc dans le réel plus d'un quart des animaux auxquels.
k nom de quadrupède difconvient, & plus d'une moitié
Nomenclature des Si n ces, 2*
auxquels il ne convient pas dans toute retendue de fon
acception.
Les quadrumanes rempliffent le grand intervalle qui
fe trouve entre l'homme <Sc les quadrupèdes ; les bi-
manes font un terme moyen dans la diflance encore
plus grande de l'homme aux cétacées * : les bipèdes
avec des ailes font la nuance des quadrupèdes aux
oifeaux , & les fiffipèdcs qui fe fervent de leurs pieds
comme de mains , rempliffent tous les degrés qui fo
trouvent entre les quadrumanes &^ les quadrupèdes :
mais c'efi nous arrêter affez fur cette vue ; quelqu'utile
qu'elle puiffe être pour la connoiffance difîinde deS'
animaux , elle l'eft encore plus par l'exemple, 6c pap
ia nouvelle preuve qu'elle nous donne , qu'il n'y 3
aucune de nos définitions qui foit précifc , aucun de
nos termes généraux qui foit exad: , lorfqu'on vient
à les applicjucr en particulier aux chofes ou aux êtres-
qu'ifs repréfentent:
Mais par quelle raifon ces termes généraux , qui
paroilfent être le chef-d'œuvre de la penfée , font-ils fi
défeélueux ! pourquoi ces définitions qui femblent
n'être que les purs réfuftats de la combinaifon des êtres
font -elles fi fautives dans l'application ! eft-ce erreur
ncceffairc, défaut de re6litude dans l'efprit humain ' ou
plutôt n'efl-ce pas fim])le incapacité , pure impuiffance
"^ Nota. Dans cette plirafc & dans toutes les autres {emhhhlçs ^
Je n'entencfs parler que Je l'homme phyfique , c'eft-à-clire , de fa fonïse^
iiucarps de l'homnie , conipar^^ à la forme du corps des animaux.
C iij
22 Histoire Natv relle.
de combiner & même cfc voir à la fois un grand
nombre de chofes ! Comparons les œuvres de la Nature
aux ouvrages de l'homme; cherchons comment tous
deux opèrent, c^ voyons h refprit, quelqu adil , quel-
qu'étendu qu'il foit , peut aller de pair &. fuivre la
incme marche , fans fc perdre lui-même ou dans
i'immcnfité de l'elpace , ou dans les ténèbres du
temps , ou dans le nombre infini de la combinaifon
des ctres. Que l'homme dirige la marche de fon
cfprit fur un objet quelconque ; s'il voit jufle , il prend
la ligne droite , parcourt le moins d'efpace &. emploie
Je moins de temps poiïible pour atteindre à fon but;
combien ne lui faut -il pas déjà de réflexions &. de
condjinaifons pour ne pas entrer dans les lignes obli-
(|ucs , pour éviter les fauffes routes , les culs-de-facs ,
les chemins creux qui tous fe préfentent les premiers,
&i en fi grand nombre , que le choix du vrai fentier
fuppofe la plus grande jufteffe de difcernement ; cela
<:ependant eft poHible , c'efl-à-dire , n'eft pas au-defTus
des forces d'un bon efprit , il peut marcher droit fur
ii\ ligne 6c fans s'écarter ; voilà fa manière d'aller la
plus fûre <?c la plus ferme : mais il va fur une ligne
pour arriver à un point ; ôi s'il veut lâifir un autre
point, il ne peut l'atteindre que par une autre ligne;
la trame de fes idées efl un fil délié , qui s'étend e»
jongueur fans autres dimenfions : la Nature au contraire
ne fait pas un feul pas qui ne foit en tout fcns ; en
ifti;irchant en avant , elle s'étet^J à côté &i s'élève au-
NOMENCLATV RE DES SiNGES. 22
clcfTus ; elle parcourt & remplit à la fois les trois
dimenfions ; <5c tandis que l'homme n'atteint qu'un
point, elle arrive au folide , en embrafTe le volume &
pénètre la mafl'e clans toutes leurs parties. Que font nos
Phidias lorfqu'ils donnent une forme à la matière brute î
à force d'art <5c de temps ils parviennent à faire une
furface qui repréfente exadement les dehors de l'objet
qu'ils fe font propofé : chaque point de cette furface
qu'ils ont créée, leur a coûté mille combinaifons ;
leur génie a marché droit fur autant de lignes qu'il
y a de traits dans leur figure; le moindre écart l'auroit
déformée : ce marbre fi parfait qu'il femble refpirer ,
n'efl donc qu'une multitude de points auxquels l'Ar-
tifle n'efl arri\é qu'avec peine & fucceffivement ; parce
que l'efprit humain ne faififïïint à la fois qu'une feule
dimenfion , Si nos fens ne s'appliquant qu'aux furfices ,
nous ne pouvons pénétrer la matière Se ne favons que
J'elHeurcr : la Nature au contraire fait la braffer Si la
remuer à fond ; elle produit fes formes par des aéles
prefqu'inflantanés; elle les développe en les étendant
à la fois dans les trois dimenfions; en même temps
que fon mouvement atteint à la furface , les forces péné-
trantes dont elle efl animée, opèrent à l'intérieur;
chaque molécule eft pénétrée ; le plus petit atome,
dès qu'elle veut l'employer , efl forcé d'obéir ; clic
agit donc en tout fens , elle travaille en avant , en arrière , •
en bas , en haut , à droite , à gauche , de tous côtés h
la fois, & par conféquent elle embrafTe non-feulemcnî;^
2^ Histoire Naturelle,
la fiirface , mais le volume , la mafTe 6c le Iblide entier
dans toutes fcs parties : auiïl quelle difierence dans le
produit , quelle comparaifon de la flatue au corps orga-
nifé ! mais auffi quelle inégalité dans la puifTance , quelle
dirj)roportion dans les inflrumcns ! L'homme ne peut
employer que la force qu'il a; borné à une petite quan-
tité de mouvement qu'il ne peut communiquer que
par la voie de l'impulfion , il ne peut agir que fur les
furfaces, puilqu'en général Ja force d'impulfion ne fe
tranfmct que par Je contact des furperficies; il ne voit,
il ne touche donc que la furface des corps ; & lorfquc
pour tâcher de les mieux connoître , il les ouvre , les
divife (Se les fépare, il ne voit 6: ne touche encore
que des furfaces: pour pénétrer l'intérieur, il lui fau-
droit une partie de cette force qui agit fur la mafle , qui
fiiit la pefmteur & qui efl le principal inftrument de la
Nature ; fi l'homme pouvoit difpofer de cette force pé-
nétrante , comme il difpofe de celle d'impulfion , fi
feulement il avoit un fcns qui y fût relatif, il verroit le
fand de la matière; il pourroit l'arranger en petit, comme
la Nature la travaille en grand: c'efl donc faute d'inf-
îrumens , que l'art de l'homme ne peut approcher de
celui de la Nature ; fes figures, fes reliefs , fes tableaux ,
fcs deffeins ne font que des furfaces ou des imitations
de furfaces , parce que les images qu'il reçoit par fes
fens font toutes fuperficielles , & qu'il n'a nul moyen
de leur donner du corps.
Ce qui cfl vrai pour les arts , l'eft auïïi pour les fciences ;
feulement
NOMENCLATU'ikE DES S/NGES. 2j
feulement elles font moins bornées, parce que l'efprit efl
leur feiil inflrument, parce que dans les arts il efl fubor-
donné aux fens , Si que dans les fciences il leur com-
mande , d'autant qu'il s'agit de connoître Se non pas
d'opérer, de comparer & non pas d'imiter: or l'efprit,
quoique refTerré par les fens, quoique fouvent abufé
par leurs faux rapports, n'en eft ni moins pur ni moins
adif; l'iiomme qui a voulu favoir , a commencé par
Jes reélifier, par démontrer leurs erreurs ; il les a traités
comme des organes mécaniques, des inflrumens qu'il
faut mettre en expérience pour les vérifier Si juger de
leurs effets : marcbant enfuite la balance à la main Si le
compas de l'autre, il a mefuré Si le temps Si l'efpace;
il a reconnu tous les debors de la Nature, Si ne pou-
vant en pénétrer l'intérieur par les fens , il l'a deviné
par comparaifon 6c jugé par analogie ; il a trouvé qu'il
exilloit dans la matière une force générale , différente
de celle d'impulfion, une force qui ne tombe point
fous nos fens, <5c dont par conféquent nous ne pouvons
difpofer , mais que la Nature emploie comme fon agent
univerfel ; il a démontré que cette force appartenoit à
toute matière également, c'efl-à-dire, proportionnel-
lement à fi maffe ou quantité réelle ; que cette force
ou plutôt fon a6lion s'étendo it à des dillances immenfes ,
en décroiffant comme les efpaces augmentent; enfuite
tournant fes vues fur les êtres vivans , il a vu que la
cbaleur étoit une autre force néceffaire à leur produc-
tion ; que la lumière étoit une matière vive, douée d'une
Tome XI K D
26 H I STO IRE N ATU RELLE.
élaflicitc (Se d'une adivitc fans ])ornes ; que la forma-
tion Sl le développement des êtres organifcs fc font par
le concours de toutes ces forces réunies ; que l'exten-
fion , l'accroifTcment des corps vivans ou végétans fuit
exactement les loix de la force attra6live , 6c s'opère
en effet en augmentant à la fois dans les trois dimen-
fions ; qu'un moule une fois formé doit , par ces mêmes
loix d'affinité , en produire d'autres tout femblables , &.
ceux - ci d'autres encore fans aucune alcération de la
forme primitive. Cond^inant cnfuite ces caractères
communs , ces attributs égaux de la Nature vivante <5c
végétante, il a reconnu qu'il exilloit 6c dans l'une 6c
dans l'autre, un fonds inépuifable & toujours reverfdde
de fubflance organique 6c vivante; fubftance auffi réelle ,
auffi durable que la matière brute; fubftance permanente
à jamais dans fon état de vie, comme l'autre dans fon état
de mort ; fubflance univcrfellement répandue , qui ,
paffant des végétaux aux animaux par la voie de la nutri-
tion , retournant des animaux aux végétaux par celle de
la putréfadion , circule inceffuiiment pour animer les
êtres : il a vu que ces molécules organiques vivantes
exiftoient dans tous les corps organifés , qu'elles y étoient
combinées en plus ou moins grande quantité avec la
matière morte , plus abondantes dans les animaux oii
tout eft plein de vie , plus rares dans les végétaux où le
mort domine 6c le vivant paroît étemt, où l'organique
furcbargé par le bnit , n'a plus m mouvement progreffif ,
jii fentiment; ni chaleur, ni vie, 6c ne fe manifelle que
NOMENCLATU RE DES SiNGES. IJ
par le développement (Se la reprodudion ; & réfléchi (ïïint
fur la manière dont l'un 6^ l'autre s'opèrent, il a reconnu
que chaque être vivant eft un moule auquel s'afhmilcnc
les fubAances dont il fe nourrit; que c'efl par cette
aiïimitation que fe fait l'accroiffement du corps; que
fon développement n'efl pas une hmple augmentation
du volume , mais une extenfion dans toutes les dimen-
fions , une pénétration de matière nouvelle dans toutes
les parties de la maffe ; que ces parties augmentant pro-
portionnellement au tout , Sl le tout proportionnellement
aux parties , la forme fe conferve & demeure toujours la
même jufqu'à fon développement entier ; qu'enfin le
corps ayant acquis toute fon étendue , la même matière
jufqu 'alors employée à fon accroiffement efl dès-lops
renvoyée , comme fuperflue, de toutes les parties aux-
quelles elle s'étoitafHmilée ; Si qu'en fe réuniffant dans
un point commun , elle y forme un nouvel être fem-
blabie au premier, qui n'en diffère que du petit au grand,
Sl qui n'a befoin, pour le repréfenter, que d'atteindre
aux mêmes dimenfions en fe développant à fon toiH*
par la même voie de la nutrition. Il a reconnu que
l'homme, le quadrupède, le cétacée, l'oifeau , le rep-
tile , l'infecle , l'arbre , la plante , l'herbe , fe nourriffent ,
fe développent <Sc fe reproduifent par cette même loi ;
<Sc que fi la manière dont s'exécutent leur nutrition &
leur génération paroît fi différente, c'eft que, quoique
dépendante d'une caufe générale ôl commune , elle ne
peut s'exercer en païticulier qiie d'une façon relative à
D i;
2S Histoire Naturelle,
la forme de chaque efpèce d'ctres; <Sc chemin faifànC
( car il a fallu des fièclcs à i'efprit luimain pour arriver
à ces grandes vérités , defquelles toutes les autres dé-
pendent ), il n'a cefTc de comparer les êtres ; il leur a
donné des noms particuliers pour les diflinguer les uns
des autres, & des noms généraux pour les réunir fous
un même point de ^ue; prenant fon corps pour le mo-
dule pliyfique de tous les êtres vivans , &. les ayant
mefurés, fondés, comparés dans toutes \tws parties,
il a vu que la forme de tout ce qui rcfpire ert; à peu
près la même ; qu'en difféquant le fingo on pouvoit
donner l'anatomie de l'homme; qu'e- A^ nt un autre
animal , on trouvoit toujours le : .le fond d'organi-
fation , les mêmes fens , les mêmcb vifcères , les mêmes
os, la même chair, le mêuii mouvement dans les fluides ,
le même jeu, la même adiion dans les folides; il a
trouvé dans tous , un cœur , des veines & des artères ;
dans tous, les mêmes organes de circulation, de refpi-
ration, de digeflion , dénutrition, d'excrétion ; dans
tous , une charpente folide , compofée des mêmes pièces
à peu près affemblées de la même manière ; (Se ce plan
toujours le même, toujours fuivi de l'homme au fin^^e,
du fmge aux quadrupèdes , des quadrupèdes aux céta-
cées , aux oifeaux , aux poiffons , aux reptiles ; ce plan ,
dis-je, bien faifi par I'efprit humain , eft un exemplaire
fidelle de la Nature vivante , & la vue la plus fimple <5c la
plus générale fous laquelle on puiffc la confidérer : <5c
lorfqu'on veut l'ttvndre <Sc pafler de ce qui yïI à ce qui
Nomenclature des Singes. 29
végète, on voit ce plan qui d'abord n'avoit varié que
par nuances , fe déformer par degrés des reptiles aux:
infedes , des infedes aux vers , des vers aux zoophytes ,
des zoophytes aux plantes; Se quoiqu'altéré dans toutes
fes parties extérieures, confervcr néanmoins le même
fond , le même caradère dont les traits principaux font
la nutrition , le développement <Scla reproduction; traits
généraux Sl communs à toute fubflance organifée, traits
éternels S. divins que le temps, loin d'effacer ou de dé-
truire, ne fait que renouveler Si rendre plus évidcns.
Si de ce grand tableau des reiïemblances dans lequel
l'Univers vivant fe préfente, comme ne faifant qu'une
même famille, nous paffons à celui des difiérences,
où chaque efpèce réclame une place ifolée & doit
avoir fon portrait à part , on reconnoîtra qu'à l'excep-
tion de quelques efpèces majeures, telles que l'éléphant,
le rhinocéros, l'hippopotame, ie tigre, le lion , qui
doivent avoir leur cadre , tous les autres femblent fe
réunir avec leurs voifms Se former des groupes de fmiili-
tudes dégradées , des genres que nos Nomenclateurs ont
préfentés par un lacis de figures dont les unes fe tiennent
par les pieds, les autres par les dents, par les cornes,
par le poil <Sc par d'autres rapports encore plus petits.
Et ceux même dont la forme nous paroit la plus par-
faite, c'eft-à-dire la plus approchante de la nôtre, les
fmges , fe préfcntent enfemble & demandent déjà des
yeux attentifs pour être diflingués les uns des autres ,
parce que c'çft moins à la forme qu'à Ja grandeur qu'eft
Diij
3© Histoire Naturelle.
attaché le privilège de refpèce ifolce, Si que riiomme
liii-mcme qLioi([ue d'efpèce unique, infiniment diffé-
rente de toutes celles des animaux , n'étant que d'une
grandeur médiocre efl moins ifolé & a plus de voifins
que les grands animaux. On verra dans l'iiifloire de
l'orang-outang, que fi l'on ne fàifoit attention qu'à
Ja figure on pourroit également regarder cet animal
comme le premier des fmges ou le dernier des hommes ,
parce qu'à l'exception de l'ame, il ne lui manque rien
de tout ce que nous avons , &i parce qu'il difïère moins
de l'homme pour le corps, qu'il ne diffère des autres
animaux auxquels on a donné le même nom de fmge.
L'ame , la penfée, la parole ne dépendent donc pas
de la forme ou de l'organilation du corps ; rien ne
prouve mieux que c'eft un don particulier, & fait à
l'homme feul , puifque l'orang- outang qui ne parle ni
ne penfe, a néanmoins le corps, les membres, les
fens , le cerveau 6c la langue entièrement femblables à
l'homme , puifqu'il peut faire ou contrefaire tous les
niouvemens , toutes les allions humaines , <Sc que ce-
pendant il ne fiiit aucun aéle de l'homme : c'efl peut^
être faute d'éducation , c'eft encore faute d'équité dans
votre jugement; vous comparez, dira-t-on, fort injuf-.
tement le finge des bois avec l'homme des villes ;
c'efl à côté de l'homme lauvage , de l'homme auquel
l'éducation n'a rien tranfmis , qu'il faut le placer pour
les juger l'un <Sc l'autre; (Se a-t-on une idée jufte de
l'homme dans l'état de pure Nature ! la tcte couverte
Nom ENCLATURE DES SiNCES. 31
c!e cheveux liérifrés, ou d'une iaine crépue ; la f-ice
voilée par une longue barbe, fiirmontée de (\cux croif-
fans de poils encore plus groffiers, qui par leur largeur
6c leur faillie raccourciffent le front, &. lui font perdre
fon caradcre augufte , Sl non -feulement mettent les
yeux dans l'ombre , mais les enfoncent Si les arron-
diifcnt comme ceux des animaux ; les lèvres épaiiïes
Si avancées ; le nez aplati ; le regard ftupidc ou farouche ;
Jes oreilles , le corps Si les membres velus ; la peau
dure comme un cuir noir ou tanné; les ongles lon^^s,
épais c^ crochus ; une femelle calleufc en forme de
corne fous la plante des pieds ; Sl pour attributs du
fexe , des mamelles longues & molles , la peau du ventre
pendante jufque fur les genous ; les enfans fe vautrant
dans l'ordure <Sc fe traînant à quatre ; le père Si la mère
affis fur leurs talons, tous hideux, tous couverts d'une
craffe empeflée. Et cette efquiffe tirée d'après le fauvage
Hottentot, efl encore un portrait flatté; car il y a plus
loin de l'homme dans l'état de pure nature à l'Hottentot,
que de l'Hottentot à nous : chargez donc encore le
tableau fi vous voulez comparer le fnge à l'homme,
ajoutez-y les rapports d'organifation, les convenances
de tempérament, l'appétit véhément des fmgcs mâles
pour les femmes, la même conformation dans les parties
génitales des deux fexes; l'écoulement périodique dans
ies femelles , Si les mélanges forcés ou volontaires des
Négreffes aux fmges , dont le produit efl rentré dans
l'une ou l'autre cfpèce ; Si voyez, fuppofé qu'elles ne
32 Histoire Naturelle.
foicnt pas la même, combien l'intervalle qui les fepare
eft difficile à faifir.
Je l'avoue, fi l'on ne devoir juger que par la forme;
l'efpèce du fmge pourroit ctre prife pour une variété
dans l'efpcce humaine : le Créateur n'a pas voulu faire
pour le corps de l'homme un modèle abfolument
différent de celui de l'animal ; il a compris fa forme ,
comme celle de tous les animaux , dans un plan général ;
mais en même temps qu'il lui a départi cette forme
matérielle femblable à celle du fmge , il a pénétré ce
corps animal de fon fouffle divin ; s'il eût fait la même
faveur, je ne dis pas au fmge , mais à l'efpèce la plus vile ,
à l'animal qui nous paroît le plus mal organifé , cette
efpèce feroit bien -tôt devenue la rivale de l'homme;
vivifiée parl'efprit, elle eût primé fur les autres; elle
eût penfé , elle eût parlé: quelque reflemblance qu'il
y ait donc entre l'Hottentot <&. le fmge , l'intervalle qui
les fépare efl; immenfe, puifqu'à l'intérieur il eft rempli
par la penfée Sl au dehors par la parole.
Qui pourra jamais dire en quoi l'organifation d'un
imbécille difïere de celle d'un autre homme! le défaut
efl certainement dans les organes matériels , puifque
l'imbécille a fon ame comme un autre : or , puifque
d'homme à homme , où tout eft entièrement conforme
ÔL parfaitement femblable , une différence fi petite,
qu'on ne peut la faifir, fuffit pour détruire la penfée ou
l'empêcher de naître, doit- on s'étonner qu'elle nefoit
jamais néç dans le fmge qui n'en a pas le principe!
L'ame
No M enclature des Si ng es. 33
L ame en gcncral a Ton action propre &i indépen-
dante de la matière ; mais comme il a plu à Ton divin
Auteur de l'unir avec le corps , l'exercice de fcs actes
])articuliers dépend de la conftitution des organes ma-
tériels : Si. cette dépendance efl non -feulement prouvée
par l'exemple de l'imbécille , mais même démontrée par
ceux du malade en délire, de l'homme en fanté qui
dort, de l'enfant nouveau né qui ne penfe pas encore,
6c du vieillard décrépit qui ne penfe plus : il femhle
même que l'eftet principal de l'éducation foit moins
d'inflruire l'ame ou de perfcdionner fcs opérations
fpirituelles , que de modifier les organes matériels , 6c
de leur procurer l'état le plus favorable à l'exercice du
principe penfant : or il y a deux éducations qui mepa-
roiffent devoir être foigneufement diftinguées , parce
que leurs produits font fort différens ; l'éducation de
l'individu qui efl commune à l'homme <Sc aux animaux ,
6l l'éducation de l'efpèce qui n'appartient qu'à l'homme:
un jeune animal , tant par l'incitation que par l'exemple ,
apprend en quelques femaines d'àgç. à faire tout ce que
fes père <5c mère font ; il faut des années à l'enfant ,
parce qu'en naiffant il eil: fins comparaifon beaucoup
moins avancé , moins fort (Se moins formé que ne le
font les petits animaux ; il l'efl même fi peu , que dans
ce premier temps il efl nul pour l'efprit relativement à ce
qu'il doit être un jour: l'enfant efl donc beaucoup plus
lent que l'animal à recevoir l'éducation individuelle ;
mais par cette raifon même il devient fufceptible de
Tome XJK £
34 Histoire Naturelle,
celle de l'efpèce ; les fecoiirs multiplies , les foins
continuels qu'exige pendant long-temps Ton état de
foibleiïe , entretiennent, augmentent l'attachement des
pères (3c mères : Sl en foignant le corps ils cultivent
l'efprit ; le temps qu'il faut au premier pour fe fortilier,
tourne au profit i\u fécond; le commun des animaux eft
plus avancé pour les facultés dw corps à deux mois ,
que l'enfant ne peut l'être à deux ans : il y a donc
douze fois plus de temps employé à fa première édu-
cation , fans compter les fruits de celle qui fuit, fans
confidérer que les animaux fc détachent de leurs petits,
dès qu'ils les voient en état de fe pourvoir d'eux-mêmes;
que dès-lors ils fe féparentcS: bien-tôt ne fe connoiffent
plus; en forte que tout attachement , toute éducation
cciïent de très-bonne heure, & dès le moment où les
fecours ne font plus nécefïliires : or ce temps d'édu-
cation étant (i court, le produit ne peut en être que
très -petit, 6c il efl même étonnant que les animaux
acquièrent en deux mois tout ce qui leur efl néceflaire
pour l'ufige du refle de la vie ; <Sc fi nous fuppofions
qu'un enfant dans ce même petit temps devînt affez
formé, affez fort de corps , pour quitter fes parens 6c
s'en féparer uns befoin , fans retour, y auroit-il une
différence apparente 6c fenfible entre cet enfant 6c l'ani-
mal! qucl({ue fpirituels que fuffent les parens , auroienî-
ils pu dans ce court efpace de temps préparer , modifier
fes organes , 6c établir la moindre communication de
penfées entre icinr ame 6c la ficnne \ pourroient-ils éyeiUev
Nomenclature des Sinces. 35
fa mcnioire , ni la toucher par des ades afîez fouvcn t
réitérés pour y faire imprefTion l poiirroient-ils même
exercer ou dégourdir l'organe de Ja parole ! II faut , avant
que l'enfant prononce un feul mot, que fon oreille foit
mille Sl mille fois frappée du même fon ; <S^ avant qu'il
ne puifTe l'appliquer Sl le prononcer à propos , il faut
encore mille <Sc mille fois lui préfenter la même com-
binaifon du mot 6c de l'objet auquel il a rapport :
l'éducation, qui feule peut développer fon ame, veut
donc être fuivie long -temps Se toujours foutenue ; ù
elle cefToit, je ne dis pas à deux mois comme celle
des animaux, mais même à un an d'dgc, l'ame de
Tenfant qui n'auroit rien reçu fcroit fms exercice , 6c
faute de mouvement communique demeureroit inactive
comme celle de l'imbécille, à laquelle le défaut des
organes empêche que rien ne foit tranfmis ; 6: à plus
forte raifon , fi l'enfant étoit né dans l'état de pure
nature , s'il n'avoit pour inflituteur que fa mère hot-
tentote, 6c qu'à deux mois d'âge il fût affcz formé de
corps pour fe paffer de fes foins 6c s'en féparer pour
toujours, cet enfant ne feroit-il pas au-deffous de
l'ijubécille, 6c quant à l'extérieur tout-à-fait de pair
avec les animaux! mais dans ce même état de nature,
Ja première éducation , l'éducation de nécelfité exigo
autant de temps que dans l'état civil; parce que dans
tous deux, l'enfant eft également foible , également
lent à croître ; que par conféquent il a befoin de fe-
cours pendant un temps égal; qu'enfin il périroit s'il
Eij
36 Histoire Naturelle,
ctoit abandonné avant l'âge de trois ans. Or cette ha-
bitude nccefTaire, continuelle &i commune entre la
mère 6. l'enfant pendant un fi long -temps fuflit pour
qu'elle lui communique tout ce qu'elle pofsède ; &
quand on voudroit fuppofer faufTement que cette mère
dans l'état de nature ne pofsède rien , pas même la
parole , cette longue habitude avec fon enfant ne fuf-
hroit-elle pas pour faire naître une langue! ainfi cet
état de pure nature , où l'on fuppofe l'homme fans
penfce, fans parole eft un état idéal, imaginaire qui
n'a jamais exifté; la néceiïité de la longue habitude
des parens à l'enfant produit la fociété au milieu du
défert ; la famille s'entend & par figncs & par fons , Se
ce premier rayon d'intelligence, entretenu, cultivé,
communiqué a fait enfuite éclore tous les germes de
la penfée : comme l'habitude n'a pu s'exercer, fe fou-
tenir fi long-temps fms produire des fignes mutuels <Sc
des fons réciproques , ces fignes ou ces fons toujours
répétés (Se gravés peu à peu dans la mémoire de l'enfant
deviennent des expreffjons confiantes; quelque courte
qu'en foit la lifte, c'eft une langue qui deviendra bien-
tôt plus étendue, fi la famille augmente , Si qui toujours
fuivra dans fa marche tous les progrès de la fociété.
Dès qu'elle commence à fe former, l'éducation de
l'enfant n'efl: plus une éducation purement individuelle,
puifque fes parens lui communiquent non -feulement
ce qu'ils tiennent de la Nature , mais encore ce qu'ils
ont reçu de leurs aïeyx &. de la fociété dont ils font
Nom ENCLATURE DES Si N G ES. 37
partie ; ce n'efl plus une conimunicalion fiiite par des
individus ifolés , qui comme dans les animaux, fe bor-
neroit à tranfmettre leurs fimples facultés; c'efl une
inftitution à laquelle i'erpèce entière a part, &i dont le
produit fait la bafe 6c le lien de la focicté.
Parmi les animaux même, quoique tous dépourvus
du principe penfant , ceux dont l'éducation efl la plus
longue font aufTi ceux qui paroiffent avoir le plus d'in-
telligence; l'éléphant, qui de tous efl le plus long-
temps à croître, ôl qui a befoin des fecours de fa mère
pendant toute la première année, efl auffi le plus in-
telligent de tous : le cochon d'Inde, auquel il ne fiut
que trois femaines (ÏAgc pour prendre tout fon accroif-
fement & fe trouver en état d'engendrer , efl peut-être
par cette feule raifon l'un des plus ftupides; & à l'égard
dufmge, dont il s'agit ici de décider la nature, quelque
reffemblant qu'il foit à l'homme, il a néanmoins une
fi forte teinture d'animalité qu'elle fe reconnoit dès le
moment de la naiffance ; car il efl à proportion plus
fort <Sc plus formé que l'enfant, il croît beaucoup plus
vite , les fecours de la mère ne lui font néceffaires que
pendant les premiers mois , il ne reçoit qu'une édu-
cation purement individuelle , &. par conféquent aufîx
ftérile que celle des autres animaux.
Il efl donc animaf , & malgré fa reffemblance à
l'homme, bien loin d'être le fécond dans notre cfpèce,
il n'efl pas le premier dans l'ordre desanimaux, puifqu'il
n'eft pas le plus intelligent; c'ed yniquement fiir ce
£ iij
38 Histoire Natu relle.
rapport de refTemblance corporelfc qu'efl appuyé le
préjugé de la grande opinion qu'on s'efl formée des
facultés du finge ; il nous reffemble, a-t-on dit, tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur; il doit donc non-feulement
nous imiter, mais faire encore de lui-même tout ce
que nous faifons. On vient de voir que toutes les
allions qu'on doit appeller humaines , font relatives à la
fociété , qu'elles dépendent d'abord de l'ame & cnfuite
de l'éducation dont le principe pliyfique efl la néceffité
de la longue habitude des parens à l'enfant; que dans
le fmge cette habitude efl fort courte, qu'jl ne reçoit
comme les autres animaux qu'une éducation purement
individuelle , <Sc qu'il n'ell pas même fufceptible de
celle de l'efpèce ; par conféquent il ne peut rien faire
de tout ce que l'homme fait , puifqu 'aucune de fes
allions n'a le mcme principe ni la même fin ; & à
l'égard de l'imitation qui paroît être le caradlère le
plus marqué, l'attribut le plus frappant de l'efpèce du
finge, <Sc que le vulgaire lui accorde comme un talent
unique , il faut avant de décider , examiner fi cette
imitation efl: libre ou forcée : le finge nous imite-t-il,
parce qu'il le veut, ou ])ien parce que fins le vouloir
il le peut ! j'en appelle fur cela volontiers à tous ceux
qui ont obfervé cet animal fans prévention , 6c je fuis
convaincu qu'ils diront avec moi, qu'il n'y a rien de
libre , rien de volontaire dans cette imitation ; le finge
ayant des bras 6c des mains s'en fert comme nous,
inais fins fonger à nous : la fimilitude des membres
Nomenclature des Singes. 39
Se des organes produit ncceflairejnent des mouvcnicns
&. quelquefois nicme des fuites de mouvemens qui rcf-
femblent aux nôtres; étant conformé comme l'homme,
le finge ne peut que fe mouvoir comme lui ; mais fe
mouvoir de mcme n'eft pas agir pour imiter : qu'on
donne à deux corps bruts la même impulfion; qu'on
conftruife deux pendules, deux machines pareilles, elles
fe mouveront de mcme, ô. l'on auroit tort de dire que
ces corps bruts ou ces machines ne fe meuvent ainfr
que pour s'imiter; il en efl de même du fm^-e relati-
vement au corps de l'homme, ce font deux machines
conflruites, organifécs de mcme, qui par néce/Tité de
nature fe meuvent à très-peu près de la même façon :
néanmoins parité n'efl pas imitation; l'une gît dans la
matière 6c l'autre n'exifte que par l'efprit ; l'imitation
fuppofe le deffein d'imiter; le fmge efl incapable de
former ce deflein, qui demande une fuite de penfées ,
ôi. par cette raifon l'homme ])eut, s'il le veut, imiter le
fmge , & le fmge ne peut pas même vouloir imiter
l'iiomme.
Et cette parité qui n'efl que le phyfique de l'imi-
tation , n'efl pas auffi complète ici que la fmiilitude,
dont cependant elle émane comme effet immédiat; le
fmge reffemble plus à l'homme par le corps <5c les
membres que par l'ufage qu'il en fliit; en l'obfcrvant
avec quelqu'attention on s'apercevra aifémcnt que
tous fcs mouvemens font brufques, intermittens, pré-
cipités; ôi que pour les comparer à ceux de l'homme^
40 Histoire Naturelle,
il fhiicfroit leur fiippofcr une autre échelle ou plutôt un
module différent : toutes les adions du finge tiennent
de fon éducation qui eil purement animale , elles nous
paroilfent ridicules , inconlcquentes , extravagantes ,
parce que nous nous trompons d'échelle en les rap-
portant à nous, 6c que l'unité qui doit leur fervir de
mefurc efl trcs-diffcrente de la nôtre : comme fa nature
efl vive, fon tempérament chaud, fon naturel pétulant,
qu'aucune de fes aiieétions n'a été mitigée par l'édu-
cation ; toutes fes habitudes font exceffives <Sc reffem-
Lient beaucoup plus aux mouvemens d'un maniaque
qu'aux aétions d'un homme ou même d'un animal
tranquille : c'efl par la même raifon que nous le trou-
vons indocile , <Sc qu'il reçoit difficilement les habitudes
qu'on voudroit lui tranfmettre : il efl infenhble aux
carcffes 6c n'obéit qu'au châtiment ; on peut le tenir
en captivité , mais non pas en domefticité ; toujours
trifle ourevéche, toujours répugnant, grimaçant, on
le dompte plutôt qu'on ne le prive : auffi l'efpèce n'a
jamais été domeftique nulle part ; 6c par ce rapport,
il efl encore plus éloigné de l'homme que la plupart
des animaux : car la docilité fuppofe quelqu'analogie
entre celui qui donne 6c celui qu'' reçoit, c'efl une
qualité relative qui ne peut être exercée que lorfqu'il
fe trouve des deux parts un certain nombre de facultés
communes , qui ne différent entr'elles que parce qu'elles
font aélives dans le maître 6c paffives dans le fujet. Or
je pffif du fmge, a moins de rapport avec l'adif de
l'homme ,
Nomenclature des Singes. 41
l'homme, que le pafTif du chien ou de l'clcphant qu'il
fuffit de bien traiter pour leur communiquer les fcnti-
mcns doux & même déhcats de l'attachement fidèle ,
de robcifïïince volontaire, du Icrvice gratuit & du dé-
vouement fans rélerve.
Le fmge efl donc plus loin de l'homme que la plupart
des autres animaux par les qualités relatives : il en diffère
aufTi beaucoup par le tempérament ; l'homme peut
habiter tous les climats; il vit , il multiplie dans ceux
du Nord (Se dans ceux du Midi ; le finge a de la peine
à vivre dans les contrées tempérées , <Sc ne peut multi-
plier que dans les pays les plus chauds : cette différence
dans le tempérament en fuppofe d'autres dans l'orga-
nifation , qui , quoique cachées , n'en font pas moins
réelles; elle doit auffi influer beaucoup fur le naturel;
l'excès de chaleur qui eft néceffaire à la pleine vie de
cet animal rend exceffives toutes fes affeélions , toutes
fes qualités ; 6c il ne faut pas chercher une autre caufe
à fa pétulance , à fa lubricité 6c à fes autres pafflons ,
qui toutes nous paroiffent auffi violentes que défor-
données.
Ainficefmge, quelesPhilofophes, avec le vulgaire,
ont reirardé comme un être difficile à définir , dont
ia nature étoit au moins équivoque 6c moyenne entre
celle de l'homme 6c celle des animaux, n'efl dans la
vérité qu'un pur animal, portant à l'extérieur un mafqiie
de figure humaine, mais dénué à l'intérieur de lapenfée
6c de tout ce qui fait l'homme ; un animal au-dcflbus
Tome XIK F
42 Histoire Natu belle , ère.
de j)liirieurs autres par les facultés relatives , <5c encore
effentiellement différent de l'homme par le naturel, par
Je tempérament ôl auffi par la mefure du temps nécef-
faire à l'éducation , à la geflation , à l'accroiffement du
corps, à la durée de la vie , c'eft-à-dire^ par toutes les
habitudes réelles (jui conftituent ce qu'on appelle nature
dans un être particulier.
^-.f^<^^^^j\
ifi^-p
43
LES ORANG-OUTANGS,
ou LE PONGO* ET LE JOCKO**.
N
ou s préfentons ces deux animaux enfeinble , parce
qu'il fe peut qu'ils ne fadent tous deux qu'une feule <Sc
* Orang-outang, nom de cet animal aux Indes orientales; Pongo ,
nom de ce même animal à Lowando , province de Congo ; Kukurlacko
dans quelques endroits des Indes orientales , félon Kjoep , chap, 86 ,
•cité par Linnaeus.
Homo filvejlris. Orang-outang. Bontius, pag. S ^ , fg. \h\d. Nota.
Cette figure reprefente plutôt une femme qu'une femelle de finge.
Satyri fihejlres. Orang-outang diéli. Icônes arborum ut & ani-
malium. Lugd. Bat. apud. Vanderaa. Tab. antcpenult. duœfgurœ.
Troglodites. Homo noélurnus. Linn. Syjf. nat. edit. X , pag. 24.
Ooran-outan. Capt. Bealcmans Travel 10 Bornéo. London , lyiS,
fg'
Oerantrs-oetangs, de Ceyïan. Voyages de Gauthier Schoutten aux Indes
trientales. AmJIerdam , J 7 0 y.
Drill , félon Charleton. Exerc'it. pag. i 6.
■Smïtten , fclon Bofman. Voyage de Guinée, page y iS.
Barris , félon plufieurs Voyageurs.
Pongo , félon Battel , PurchafF & autres.
* ♦ Jocho. Enjocko , nom de cet animal à Congo que nous avons
ndopté. En, efl l'article que nous avons retranchtf. \J Enpakajfa de
Congo s'appelle Pacajfa ou Pacajfe, & par conféquent on doit
appeler ï Enjocko, Jocko. ^^r/j en Guinée félon Fr. Pyx2ixd , page ^ 6 ^,
& aufTj félon le P. du Jarric. Champaniçe , QuimpeTje , par les Anglors
qui fréquentent la côte d'Angole ; on l'a aulli appelé Homme fauvage;
Homme des bois , comme le Pongo ; d'.iutres l'ont nommé Pigmée de
Cuinée. Quojafmoras, dans quelques endroits de l'Afrique, félon Dapper.
Fij
44- Histoire Naturelle
même efpèce. Ce font de tous les fingcs ceux qui
refTeniblent le plus à l'homme , ceux qui par conréqucnt
font les plus clignes d'être obfervés ; nous avons vu ie
petit orang-outang ou lejocko vivant, <Sc nous en avons
confervé les dépouilles ; mais nous ne pouvons parler
du])ongo ou grand orang-outang, que d'après les rela-
tions des Voyageurs : fi elles ctoient fidèles , fi fouvent
elles n'étoient pas obfcures , fautives , exagérées, nous ne
douterions pas qu'il ne fût d'une autre efpèce que le
jocko , d'une efpèce plus parfaite & plus voifine encore
de l'efpèce de l'homme. Bontius qui étoit Médecin en
chef à Batavia, & qui nous a lailfé de bonnes obfcr-
vations fur l'Hiftoire naturelle de cette partie des Indes ,
dit expreiïement * qu'il a vu avec admiration quelques
Qucjûvoran , Qulnomomu , Quoîafmorron , félon d'autres ; Schago ou le
Sauvage^ par les Portugais.
Satyrus Indkus. Tulpius. Ohferv. Med. lib. III , cap. lvi, fig. ïbid.
Homo fdvejlris , Our^^ng - outang. T y ion , Amtomy of a°P,Vm/>.
London, i 699 , fig. png. 108.
Baris five Barris. Pygmeus Gmneenfis , Chimpanrce Anglis. Defcrip.
of fome curious créatures , &c. London , 171 p , in-S." fg.
Theman ofthe Woods. Edwards Gleaiiings. London, lys'^S. mo 6
fig. ihid. yj ' t" a- •
Satyrus JJmia ecmdata fultus nuda. Linn. SyJÎ. nat. edit. X , pag. 2 5 .
Smia ungmbus omnibus, planis & rotundads , cœfarie faciem cin-
gente. . . . Homo fdvejlris , \ Homme des bois. Rrifl: Reg. anim. pag. 189.
* Ciuod meretur admirationem , vidi ego aliquot ulriufque fexûs ereâè
încedentes imprimis ( cujus effigiem hic exhibée) fatyram femellam tantâ
yerecundiâ ab ignoûsféi hominibus acculent em , tum quoque faciem manibus
(hceat ita dicere J tegentem , ubertimque lacrymantm , gcmiius cientcm
DES OrAngs-Outangs, ifc. 4^
individus de cette efpèce marchant dehoiit fur leurs
pieds , éc entr'autres une femelle ( dont il donne la
figure ) ({ui fembloit avoir de la pudeur, qui fe couvroit
de fa main à l'afped des hommes qu'elle neconnoiffoic
pas , qui pleuroit, gémiffoit 6c faifoit les autres adions
humaines , de manière qu'il fembloit que rien ne lui
manquât que la parole. M. Linnaeus * dit d'après Kjoep
6c quelques autres Voyageurs , que cette faculté même
ne manque pas à l'orang-outang, qu'il pcnfe , qu'il
parle 6c s'exprime en fifflant ; il ra})pcllc homme iwâiime ,
Si en donne en même temps une defcription , par la-
quelle il ne feroit guère poffible de décider fi c'efl un
animal ou un homme. Seulement on doit remarquer que
cet être, quel qu'il foit , n'a félon lui que la moitié de
la hauteur de l'homme; 6c comme Bontius ne fait nulle
mention de la grandeur de fon orang-outang, on pourroit
penferavec M. LinUcTus que c'efl le même : mais alors
cet orang-outang de Linnceus 6c de Bontius ne feroit pas
df cœteros humanos aâus exprimentem , vt n'ihil humanî ei deeffe diceres
prœter loquelam Nomen ei inJunt Ourang-outang {juod hominem
Jdvœ [ignïjïcat. Jac. Bout. H'ijl. nat. Ind. cap. XXXII , pag. 84 & 85.
* Homo noâurnus. Homo filvejîris Orang-outang Bontii. Corpus album ,
înce(fu ereâiim , nojlro dimidto minus , pUi albi contortuplicati , oculi orhicu-
lati , iridi pupûlaque aurea. Palpebrœ antice incumbentes cum membrana
mélilanie. Vifus lateralis, noâurnus. yEtas viginîi quinque annorum. Die
cœcutit, latet ; noélu videt , exit, furatur. Loquiiur fibilo, cogiiat , crédit
fui causa fadani tellurein , le aliquando iteruiii fore imperantem , Jî
fdes peregrinatoribus. . . Habitat in JavŒ , Amboinœ , Ternatœ fpduncis.
\l\\ï\.Syjt, nat, edit. X, pag. 24.
Fiij
46 Histoire Naturelle
le véritable qui efl Je la taille des plus grands hommes ;
ce ne feroit pas non plus celui que nous appelons/^<r^«7
<Sc que j'ai vu vivant : car, quoiqu'il Toit de la taille que
M. Linnsus donne au fien , il en diffère néanmoms
par tous les autres caradères. Je puisaiïlircr, l'ayant
vu plufieurs fois, que non-feulement il ne parle ni ne
fiftie pour s'exprimer , mais même qu'il ne fait rien (\u\m
chien bien inftruit ne put faire : ôl d'ailleurs il diffère
prefqu'en tout de la defcription que M. LinUcTus donne
de l'orang-outang , <Sc fe rapporte beaucoup mieux à celle
(lufa/j'nis de ce même Auteur: je doute donc beau-
coup de la vérité de la defcription de cet lioîwne noc^
turne ; je doute même de fon exiflence , à. c'efl proba-
blement un Nègre blanc , un chacrclas "^ que les
Voyageurs , cités par M. Linnseus, auront mal vu <5c
mal décrit. Car ces chacrelas ont en effet, comme
X homme nodurne de cet Auteur , les cheveux blancs ,
laineux <&. frifés , les yeux rouges , la vue foible , <S:c.
Mais ce font des hommes , <Sc ces hommes ne fifflent
pas d>L ne font pas des pigmées de trente pouces de
hauteur; ils penfent, parlent & agiiïent comme les autres
hommes , à. font auffi de la même grandeur.
En écartant donc cet être mal décrit , en fuppofant
auffi un peu d'exagération dans le récit de Bontius , un
peu de préjugé dans ce qu'il raconte de la pudeur de
* Voyez ce cjue nou5 avons dit de cette race d'hommes dans notre
Difcours fur les variétés de l'elpèce humaine. Volume 111 de cette
jHiJloire naturelle.
DUS Orancs-Outancs ,i/c. 47
fa femelle orang-outang , il ne nous refiera qu'un
animal , un fmge , dont nous trouvons ailleurs des
indications plus précifes. Edward Tyfon * , célèbre
Anatomifle Anglois , qui a fait une très- bonne def-
cnption , tant des parties extérieures qu'intérieures de
l'orang-outang , dit qu'il y en a de deux efpèces , &:
que celui qu'il décrit n'eft pas fi grand que l'autre
appelé bmris '' ou haris par les Voyageurs , &. vulgai-
rement drill parles Anglois. Ce barris ou dr'ill t^ en
effet le grand orang-outang des Indes orientales ou le
pongo de Guinée, <Sc le pigmée décrit par Tyfon c(l
le jocko que nous avons vu vivant. Le Philofophe
Gaffendi ayant avancé, fur le rapport d'un Voyageur
nommé S! AmmiJ , qu'il y avoit dans l'ile de Java
une efpèce de créature qui faifoit la nuance entre
i'homme &. le fmge , on n'héfita pas à nier le fait :
pour le prouver , Peircfc produifit une lettre d'un
M. Noël fNatdlis ) Médecin qui demeuroit en Afrique,
par laquelle il affure" qu'on trouve en Guinée de très-
'The anatomy of a Pygmie. London , i^pp , în-jf..'
^ The Baris or Barris, Which tliey defcribe to be much taller ihnn
our animal, probably niay be what we call a Dril/.TyCon , anat, of
a pygfriie , pag. i .
'^ Smt in Guineâ fimiœ , barhâ procerâ cnnàque & pexâ propemodum
venerabiles, in cedunt lente ac videntur prœ cœteris faperc ; maximi faut ù*
Barris dicuntur ; pollent maxime judicio, femel dumtaxat quidpiam docendî.
Vejle induti Ulico bipèdes incedunt, Scitè ludunt fjlulâ , cytharâ aliifqus
id genus Fœminœ denique in m patiuntur mcnjîrua , & mares mU"
lierum funt appeîcntijfimi^ GafTciidi, iib, V.
48 Histoire Natu relle
grands finges appelés hanis , qui marclient fur Jeux
pieds, qui ont plus de gravité <Sc beaucoup plus d'in-
telli^^ence que tous les autres finges , Sl qui font <rès-
ardens pour les femmes. Darcos , Si enfuite Nierem-
berg ^ & Dapper ^ difent à peu près les mêmes cliofes
du barris. Battel '^ l'appelle poiigo , & affure^c qu'il eft
« dans toutes fes proportions femblable à l'homme , feu-
« lement qu'il eft plus grand ; grand , dit-il , comme un
» géant; qu'il a la face comme l'homme , les yeux en-
» foncés , de longs cheveux aux côtés de la tcte , le vifige
5> nu & fans poil , aulfi-bien que les oreilles & les mains;
» le corps légèrement velu , 6c qu'il ne diffère de l'homme
>) à l'extérieur que par les jambes , parce qu'il n'a que peu
» ou point de mollets ; que cependant il marche toujours
» debout ; qu'il dort fur les arbres 6c fe conflruit une hutte,
un a!)ri contre le foleil (5c la pluie ; qu'il vit de fruits 6c
ne mange point de chair ; qu'il ne peut parler, quoiqu'il
5) ait plus d'entendement que les autres animaux ; que
» quand les Nègres font du feu dans les bois , ces pongos
5> viennent s'affeoir autour 6c fe chauffer, mais qu'ils n'ont
pas allez d'efprit pour entretenir le feu en y mettant
du bois ; qu'ils vont de compagnie, & tuent quelquefois
« des Nègres dans les lieux écartés ; qu'ils attaquent même
5> l'éléphant , qu'ils le frappent à coups de bâton 6c le
" Nieremberg. Hijl. nat. Peregr. lib. IX , cap. 44 & 45.
^ Defcripiion de l'Afrique , par Dapper , page ^^p.
'^ Purchaff Pilgr'ms , part, II, lib. VII, cliap. m. H'ijloïre génévAÎe
des voyages , tome V, pag^ 8p.
chaffcnt
»
»
3)
»
DES 0 RAN GS-OUT AN G S , ira 49
chaiïent de leurs bois ; qu'on ne peut prendre ces «
pongos vivans , parce qu'ils font fi forts , que dix :c
hommes ne fuffiroient pas pour en dompter un fcul; «
qu'on ne peut donc attraper que les petits tout jeunes; «
que la mère les porte marchant debout, <5c qu'ils fe k
tiennent attachés à fon corps avec les mains <S: les «
genoux; qu'il y a deux efpèces de ces finges très- c«
reffemblans à l'homme , le pongo qui eft auiïi grand & «
plus gros qu'un homme, oc l'enjocko qui efl beaucoup «
plus petit , 6vc. » : c'eft de ce paffage très -précis que
j'ai tiré les noms de poîigo 6l de jocko. Battel dit
encore que lorfju'un de ces animaux meurt, les autres
couvrent fon corps d'un amas de branches <Sc de feuil-
lages. Purcbaff ajoute en forme de note, que dans les
converfations qu'il avoit eues avec Battel , il avoit appris
de lui qu'un pongo lui enleva un petit Nègre qui pafîa
un an entier dans la fociété de ces animaux ; qu'à fon
retour, ce petit Nègre raconta qu'ils ne lui avoient fait
aucun mai; que communément ils étoient de labauteur
de l'homme , mais qu'ils font plus gros , ôl qu'ils ont
à peu près le double du volume d'un homme ordinaire.
Jobfon affure avoir vu dans les endroits fréquentés par
ces animaux une forte d'habitation compofée de bran-
ches entrelaffées , qui pouvoient fervir du moins à les
garantir de l'ardeur du foleil ^ « Les fmges de Guinée ,
dit ( Bofman ^' ) que l'on appelle y?/w/^;z en Flamand , <%
• Hifloire générale des Voyages , tome 111 , page 2p J.
* Voyage de Guiiiée , par Bofman , page 2^ 8.
Tome XIV, G
50 Histoire Natu relle
font de couleur fauve , Sl deviennent extrêmement
grands : j'en ai vu , ajoute-t-il , un de mes propres yeux
qui avoit cinq pieds de Iiaut Ces fmges ont une
affez vilaine figure, auffi-bien que ceux d'une féconde
efpèce qui leur reffemblent en tout , fi ce n'efl que
quatre de ceux-ci feroient à peine auffi gros qvi'un de
la première efpèce. . . . On peut leur a])prendre prcfque
tout ce que l'on veut». Gauthier Schoutten * dit « que
les fmges appelés par les îndicr^ oraug- outang^s , font
prefque de la même figure (Se de la même grandeur que
les hommes , mais qu'ils ont le dos <S^ les reins tous
couverts de poil , fans en avoir néanmoins au-devant du
corps ; que les femelles ont i}.<i\\x groffes mamelles ;
que tous ont le vifage rude, le nez plat, même en-
fonce, les oreilles comme les hommes; qu'ils font
robufles , agiles , hardis, qu'ils fe mettent en défenfc
contre les hommes armés , qu'ils font paffionnés pour
les femmes ; qu'il n'y a point de fureté pour elles à paffer
dans les hois, où elles fe trouvent tout d'un coup atta-
quées (3c violées par ces finges » . Dampier , Froger (Se
d'autres Voyageurs affurent qu'ils enlèvent des petites
filles de huit ou dix ans , qu'ils les em.portentau-deffus
des arbres (Se qu'on a mille peines à les leur ôter. Nous
pouvons ajouter à tous ces témoignages celui de jM. de
la Broffe, qui a écrit fon voyage à la côte d' Angola
en 1-738, (Se dont on nous a communiqué l'extrait : ce
Voyageur aiïlire que * les orangs-outangs qu'il appelle
* Voyage de Gaut. Scliouuen. Amjlerdam, Jyoy, in-J2,
ce
- u
DES 0 RANGS-OUT ANGS , dfc. 5I
quwtpezés , tâchent de furprendrc des Nègreiïes ; qu'ils «
les gardent avec eux pour en jouir; qu'ils les nourrifîcnt «
très-bien: j'ai connu , dit-il, àLowango une NègrefTe «
qui étoit refiée trois ans avec ces animaux; ils croifTent «
de fix à fept pieds de haut ; ils font d'une force (ans «
égale; ils cabanent (Se fe fervent de biUons pourfe de- <c
fendre; ils ont la face plate , le nez camus <Sc épaté, «
les oreilles plates fans bourrelet , la peau un peu plus ^c
claire que celle d'un mulâtre, un poil long & clair-femé '^
dans plufieurs parties du corps , le ventre extrêmement
tendu , les talons plats <?c élevés d'un demi -pouce en
viron par-derrière; ils marchent fur leurs deux pieds , *^
<5c fur les quatre quand ils en ont la fantaifie : nous en "
achetâmes deux jeunes , un mâle qui avoit quatorze ''
lunes , &. une femelle qui n'avoit que douze lunes «
à^Agç. , (Sec. »
Voilà ce que nous avons trouvé de plus précis &. de
plus certain au fujet du grand oran^-oiitang ou pon^o ;
& comme la grandeur eft le feul caractère bien marqué,
par lequel il diffère du jocko, je perfifle à croire qu'ils
font de la même efpèce ; car il y a ici deux chofes pof
fibles : la première, que le jocko foit une variété conf-
tante , c'eft-à-dire , une race beaucoup plus petite que
celle du pongo ; à la vérité ils font tous deux du même
climat; ils vivent de la même façon , & devroient par
conféquent fe reffembler en tout puifqu'ils fubiffent (Se
reçoivent également les mêmes altérations , les mêmes
influences de la terre 6l du ciel ; mais n'avons -nous
Gi;
52 Histoire Naturelle
pas clans rcfpècc humaine un exemple de variété feni-
hlablc \ le Lappon <Scle Finlanclois fous le même climat
diffèrent entr'eux prefqii'autant par la taille Si beaucoup
plus pour les autres attributs , ([ue \e;ocko ou petit orang-
oiitans, nedifîèredu grand. La féconde chofe poffible ,
c'efl que le jocko ou petit orang-outang que nous avons
vu vivant, celui de Tulpius, celui de Tyfon 6c les
autres qu'on a tranfportés en Europe , n'étoient peut-être
tous que de jeunes animaux qui n'avoient encore pris
qu'une partie de leur accroiffement. Celui que j'ai vu
avoit près de deux pieds cSc demi de hauteur. Le fieur
Nonfoux auquel il appartenoit , m'affura qu'il n'avoit
que deux ans : il auroit donc pu parvenir à plus de cinq
pieds de hauteur s'il eut vécu , en fuppofant fon accroif-
fement proportionnel à celui de l'homme. L'orang-
outang de Tyfon étoit encore plus jeune , car il n'avoic
qu'environ deux pieds de hauteur , <Sc fes dents n'étoient
pas entièrement formées. Celui de Tulpius étoit à peu
près de la grandeur de celui que j'ai vu ; il en efl
de même de celui qui ell gravé dans les Glanures
de M. Edwards: il efl donc très -probable que ces
jeunes animaux auroient pris avec l'âge un accroiffe-
ment confidérable, <S( que s'ils euffent été en liberté
dans leur climat, ils auroient acquis la même hauteur ,
les mêmes dimenfions que les Voyageurs donnent à
leur grand orang-outang ; ainfi nous ne confidérerons
plus ces deux animaux comme différens entr'eux ,
mais comme ne faifant qu'une feule <&. même efpèce.
DES Orancs-Outangs, i/c, 5î
en attendant que des connoiffances plus précifes de-
truifent ou confirment cette opinion qui nous paroil
fondée.
L'orang-outang que j'ai vu marchoit toujours debout
fur fesdeux pieds , même en portant des chofes lourdes ;
fon air étoit affez trille , fa démarche grave, fes mou-
vemens mefurés , fon naturel doux <5c très-différent de
celui des autres fmges ; il n'avoit ni l'impatience du
magot, ni la mécJianceté du babouin , ni l'extravagance
des guenons ; il avoit été , dira - 1- on , inftruit 6c bien
appris , mais les autres que je viens de citer 6c que je
lui compare , avoient eu de même lair éducation ; le
fjgne 6c la parole fuffifoient pour faire agir notre orang-
outang, il falloit le bâton pour le babouin , 6c le fouet
pour tous les autres qui n'obéiffent guère qu'à la force
des coups. J'ai vu cet animal préfcnter fa main pour
reconduire les gens qui venoient le vifiter , fe pro-
mener gravement avec eux 6c comme de compagnie ;
je l'ai vu s'affeoir à table , déployer fa ferviette , s'en
effuyer les lèvres , fe fervir de la cuiller 6c de la
fourchette pour porter à fa bouche, verfer lui-même
û boiffon dans un verre , le choquer , lorfqu'il y
étoit invité , aller prendre une taffe 6c une foucoupe,
l'apporter fur la table, y mettre du fucre , y verfer du
thé , le laiffer refroidir pour le boire , 6^ tout cela fans
autre infligation que les fignes ou la parole de fon
maître, 6c fouvent de lui-même. Il ne faifoit du mal à
perfonne, s'approchoit même avec circonfpedion, 6:
G iij
54 Histoire Natu relle
fe préfentoit comme pour d^mancl^r des careffcs ; il
aimoit prodigieufement les bonbons , tout le monde
lui en donnoit; 6c comme il avoit une toux: fréquente
6c la poitrine attaquée, cette grande quantité de chofcs
fucrées contribua fans doute à abréger fa vie : il ne
vécut à Paris qu'un été , 6c mourut l'hiver fuivant à
Londres; il mangeoit prefque de tout, feulement il
préféroit les fruits mûrs 6c fecsà tous les autres alimens ;
il buvoit du vin, mais en petite quantité, 6c le laiiïbit
volontiers pour du lait , du thé ou d'autres liqueurs
douces. Tulpius ^ qui a donné une bonne defcription
* Erat hic fatyrus quadrupcs , fed ab humanâ fpecie quam prœ fe fert
vocatur Imlis Ourang-outang , Homo fdvcjlris , uti Afrkanis Quojas-
niorrou : expriiiiens longitudine puerum trimum ; ut crûjfitie fexennem ,
corpore erat nec obefo nec grac'di , fed quadrato, habUiffîmo tamen ne per-
niciJJJmo. Artubus vero tant f riais Ù' mufculis adco vafis, ut quidvis Ô^
mderet Ù" poffet, Anlerius undique glaber at ponè hirfutus ac nigris cri-
vibus obftus. Faciès mentiebatur hominem , fed nares fimœ ù" aduncx
rugofam & edentulam anum. Aures verô Jiil difcrcpant ab humanâ forma
vti neque peâus ornatum utrinque mammâ prœtumidâ ( erat enim fexus
fœminei). Venter habebat umbilicum profundiorem , ù' artus , cum fjpe~
riores tu:n inferiores , tam exadam cum homine fimilitudinem ut vix ovum
ovo videris fimilius. NeQ cubito défait débita commijfura, nec manïbus di-
gitorum ordo ; ncdum pollici figura humanâ vel cruribus furœ vcl pcdi
calcis fulcrum. Quœ concinna ac decens membrorum forma in caujja fuit,
quod multoties incederet ereâus , neque attoUeret minus gravate , quam
îransfcrret faciPe qualecumque graviffimi oneris pondus. Bibiturus prœhen-
debat canthari anfani manu altéra ; alteram verè vafis fundo fupponens ,
dbfergebat deinde madorem labiis re/iâum Eandem dexteritatem
obfervabat cubitum iturus ; inclinans caput in pu/vinar dT' corpus fraoulis
(onvenknter operiens, à^c Tulpii. Obferv. Mt'dicœ, lib. III, cap. l\U
DES OrANGS-OUTA NGS , ifc. 55
avec la figure d'un de ces animaux qu'on avoitprcfcnté
vivant à Frédéric Henri , Prince d'Orange, en raconte
les mêmes chofcs à peu près que celles que nous avons
vues nous-mêmes , <Sc que nous venons de rapporter ;
mais fi l'on veut reconnoître ce qui appartient en pro-
pre à cet animal , & le diflinguer de ce qu'il avoitreçu
de fi3n maître ; fi l'on veut fi^parcr fa nature de fi3n
éducation , qui en effet lui ctoit étrangère , puifqu'au lieu
de la tenir de fes pères 6c mères , il l'avoit reçue des
hommes , il fiut comparer ces faits , dont nous avons
été témoins , avec ceux que nous ont donnés les Voya-
geurs qui ont vu ces animaux dans leur état de nature,
en liberté 6c en captivité. M. de la Broiïe qui avoit
acheté d'un Nègre deux petits orangs-outangs qui
n'avoient qu'un an (\''ôLg(!i , ne dit pas fi le Nègre les
avoit éduqucs ; il paroît affurer au contraire que c'étoit
d'eux-mêmes qu'ils faifoient une grande j)artie des
chofes que nous avons rapportées ci-dcfiiis. « Ces
animaux , dit-il , ont l'infiinél de s'afi"toir à table comme «
les hommes; ils mangent de tout fans diflinélion ; ils «
fc fervent du couteau , de la cuiller 6c de la fourchette «•
pour couper 6c prendre ce qu'on leur fert fur l'alTiette ; «
ils boivent du vin 6c d'autres liqueurs: nous les portâmes <<
à bord; quand ils étoient à table , ils fe faifoient en- «
tendre desMoufi^es lorfqu'ils avoient befoin de quelque «
chofe; 6c quelquefois quand ces enfans refufoient de «
leur donner ce qu'ils demandoient, ils fe mettoient en «
colère^ leur faififfoient les bras, les mordoient 6c les «
>)
»
î)
»
J>
»
»
56 Histoire Natu rëlle
» abattoient fous eux Le mâle fut malade en rade :
il fe fiifoit foigncr comme une perfonne ; il fut même
faigné deux fois au bras droit: toutes les fois qu'il fe
trouva depuis incommodé, il montroit fon bras pour
» qu'on le faignât , comme s'il eût fu que cela lui avoit
fait du bien ».
Henri GrofTe '*' dit <c qu'il fe trouve de ces animaux
vers le nord de Coromandel , dans les forets du do-
maine du Raïa de Carnate ; qu'on en fit préfent de
deux, l'un mâle, l'autre femelle à M. Horne , Gou-
verneur de Bombay ; qu'ils avoient à peine deux pieds
» de haut , mais la forme entièrement humaine ; qu'ils
» marchoient fur leurs deux pieds , Si qu'ils étoient d'un
" blanc pâle, fans autres cheveux ni poil qu'aux endroits
» où nous en avons communément ; que leurs actions
» étoient très-fcmblables pour la plupart aux a6tions hu-
3> maines , 6c que leur mélancolie fiifoit voir qu'ils fentoient
» fort bien leur captivité ; qu'ils faifoient leur lit avec foin
» dans la cage dans laquelle on les avoit envoyés fur le
» vaifTeau ; que quand on lesregardoit , ils cachoientavec
» leurs mains les parties que la modeflie empêche de
» montrer. La femelle, ajoute-t-il, mourut de maladie fur
» levaiffeau, &. le mâle donnant toutes fortes de fignes
» de douleur prit tellement à cœur la mort de fa compagne,
)' qu'il refufi de manger Sl ne lui furvécut pas plus de
deux jours ».
* Voyage aux Indes orientales , par Henri Groflè, traduit de
)'Anglois. Londres , 17^ S , pa^e ^2^ à" fuiyantes,
François
DES 0 RANGS-OUTANCS >ifc, 57
François PyrarcI "" rapporte ce qu'il fe trouve dans la
province de Sicrra-liona une efpèce d'animaux, appelée «^
èiiris , qui font gros (Se membrus , lefqucls ont une telle «
induflrie, que fi on les nourrit <Sc inflruit de jeuncfTe, ils <«
fervent comme une perfonne ; qu'ils marchent d'ordi- «
naire fur les deux pattes de derrière feulement ; qu'ils «
pilent ce qu'on leur donne à piler dans des mortiers ; ^<
qu'ils vont quérir de l'eau à la rivière dans de petites «
cruches qu'ils portent toutes pleines fur leur tête , «'
mais qu'arrivant bientôt à la porte de la maifon , fi on «
ne leur prend bientôt leurs cruches , ils les laiffcnt ^«
tomber , & voyant la cruche vcrlée & rompue , ils fe «
mettent à crier 6c à pleurer» . Le Père du Jarric , cité
par Nieremberg ^ , dit la même chofe & prefque dans
les mêmes termes. Le témoignage de Schoutten *" s'ac-
corde avec celui de Pyrard au fujet de l'éducation de
ces animaux: « on en prend , dit-il, avec des lacs , on
Jes apprivoife , on leur apprend à marcher fur les pieds ««
de derrière & à fe fervir des pieds de devant qui font "
à peu près comme des mains, pour faire certains ou- ^«
vrages & même ceux du ménage , comme rincer des «
verres , donner à boire , tourner la broche, cScc. » J'ai «^
vu à Java ( dit le Guat ^ ) un fmge fort extraordinaire; «<
* Voyages de François Pyrard de Laval. Pans , i 6 1 (} , tome II,
page 3SI.
•"Euf. Nieremberg. H'ijl.nat. Peregm, lib. IX, cap. xlv.
* Voyages de Gaut. Schoutten aux Indes orientales. Amjlerd, i joj,
^ Voyages de Fr. le Guat. Tome H , pages ^ 6 ù" ^7-
Tome XIV. H
î)
»
58 Histoire Natu relle
c'cjtoit une femelle; elle ctoit de grande taille <5c marchoit
foiivent fort droit fur fes pieds de derrière ; alors elle
» cachoit d'une de fes mains l'endroit de fon corps qui
» diflinguoit fon fexe; elle avoit le vifage fans autre poil
» que celui des fourcils , <Sc elle reffembloit affez en gc-
»» ncral à ces faces grotefques des femmes Hottcntotes
^> que j'ai vues au Cap: elle faifoit tous les jours proprement
» fon lit, s'y couchoit la tête fur un oreiller & fe couvroit
» d'une couverture. . .. Quand elle avoit mal à la tête,
» elle fe ferroit d'un mouchoir, 6c c'étoit un plaifir de la
n voir ainfi coiffée dans fon lit. Je pourrois en raconter
» diverfes autres petites chofes qui paroiffent extrêmement
» fmgulières; mais j'avoue que je ne pouvois pas admirer
» cela autant que le faifoit la multitude, parce que n'igno-
» rant pas le deffein qu'on avoit de porter cet animal en
î> Europe pour le faire voir , j'avois beaucoup de penchant
'> à fuppofer qu'on i'avoit dreffé à la plupart des fmgeries
'' que le peuple regardoit comme lui étant naturelles: à
>' la vérité c'étoit une fuppofition. Il mourut à la hauteur
« du cap de Bonne - efpérance dans un vaiffeau fur lequel
" j'étois ; il efl certain que la figure de ce finge reffembloit
beaucoup à celle de l'homme, &c. » Gemelli-Carreri
dit en avoir vu un qui fe plaignoit comme un enfant;
qui marchoit fur les deux pieds de derrière , en portant
fa natte fous fon bras pour fe coucher <Sc dormir. Ces
fmges, ajoute -t- il , paroiffent avoir plus d'efprit que
les hommes à certains égards: car, quand ils ne trouvent
plus de fruits fur les montagnes , ils vont au bord de la
DES OrancS'Outan G S ,irc, 59
mer 011 ils attrapent des crabes , des huîtres <Sc autres
choies fenihlables. Il y a une efpèce d'huîtres qu'on ap-
pelle taclovo, qui peient plufieurs livres &. qui font fouvent
ouvertes fur le rivage ; or le linge craignant que quand il
veut les manger , elles ne lui attrapent la patte en fe refer-
mant , il jette une pierre dans la coquille qui l'empêche
Cit{ç, fermer, <Sc enfuite il mange l'huître fans crainte.
«Sur les côtes de la rivière de Gambie (dit Frogcr'*)
les fingesy font plus gros & plus méchans qu'en aucun «
endroit de l'Afrique; les Nègres les craignent &. ils ne «
peuvent aller fculs dans la campagne fans courir rifque «
d'être attaqués par ces animaux qui leur préfentent un «
bâton 6c les obligent à fe battre. . . . Souvent on les a vus «
porter fur les arbres des enfans de fcpt à huit ans qu'on «
avoit une peine incroyable à leur ôtcr ; la plupart des '«
Nègres croient que c'efl une nation étrangère qui efl "
venue s'établir dans leur pays , fk que s'ils ne parlent pas, "
c'cft qu'ils craignent qu'on ne les obligea travailler ».
« On fe pafferoit bien ( dit un autre Voyageur ^ )
de voir à Macacar un aulfi grand nombre de fmges , «
carleur rencontre efî fouvent funefle ; il faut toujours être «
bien armé pour s'en défendre.... Ils n'ont point de queue, ««
ils fe tiennent toujours droits comme des hommes , «
6c ne vont jamais que fur les deux pieds de derrière».
Voilà du moins , à très - peu près , tout ce que les
' Relation du voyage de Gennes, par Yxogtx, pages ^2 & 43.
^ Defcripiion hiftoriquc du royaume de Macacar. Paris, i 6 S 8 ,
page ji,
Hi;
6o Histoire Naturelle
Voyageurs les moins crédules Si les plus véridi-
qiies nous difent de cet animal ; j'ai cru devoir rap-
porter leurs pafTages en entier , parce que tout peut
paroître important dans l'hiftoire d'une bcte fi reflem-
Liante à l'homme: Si pour qu'on puifTe prononcer avec
encore plus de connoiiïance fur fa nature , nous allons
expofer auiïi toutes les différences qui éloignent cette
efpèce de l'efpèce humaine <Sc toutes les conformités
qui l'en approchent ; il diffère de l'homme à l'extérieur
par le nez qui n'efl pas proéminent , par le front qui efl
trop court , par le menton qui n'efl pas relevé à la hafe;
il a les oreilles proportionnellement trop grandes, les
yeux trop voifins l'un de l'autre, l'intervalle entre le nez
<5c la bouche efl auffi trop étendu : ce font-là les feules
différences de la face de l'orang-outang avec le vifage
de l'homme. Le corps Si les membres diffèrent en ce
que les cuiffes font relativement trop courtes , les bras
trop longs , les pouces trop petits, la paume des mains
trop longue Si trop ferrée , les pieds plutôt faits comme
des mains que comme des pieds humains ; les parties
de la génération du mâle ne font différentes de celles
de l'homme , qu'en ce qu'il n'y a point de frein au
prépuce ; les parties de la femelle font à l'extérieur fore
femblables à celles de la femme.
A l'intérieur, cette efpèce diffère de l'efpèce humaine
par le nombre des côtes; l'homme n'en a que douze,
i 'orang-outang en a treize; il aauffi les vertèbres du cou
plus courtes, les os du baffm plus ferrés, les hanches
DES 0 RANGS-OUTANGS, fc. 6l
plus plates, les orbites des yeux plus enfoncées ; il n'y
a point d'apophyfe cpincufe à la première vertèbre' ''du
cou; les reins font plus ronds que ceux de l'iiomme,
6c ies uretères ont une forme différente , auffi-bien que
la ve/Tie & la vèficule du fiel qui font plus étroites &^
plus longues que dans l'bomme ; toutes les autres
parties du corps, delà tcte 6c des membres, tant exté-
rieures qu'intérieures , font fi parfaitement femblables
à celles de l'bomme , qu'on ne peut les comparer fans
admiration, <5(.fans être étonné que d'une conformation
fi pareille &. d'une organifation qui eft abfolument la
même, il n'en réfulte pas les mêmes effets. Par exemple,
la langue &. tous les organes de la voix font les mêmes
que dans l'bomme , & cependant l'orang-outang neparle
pas; le cerveau efl abfolument de la même forme <Sc de
la même proportion , ék: il ne penfe pas : y a - 1 - il une
preuve plus évidente que la matière feule , quoique
parfiitemcnt organifée , ne peut produire ni lapenféent
la parole qui en efl le figne , à moins qu'elle ne foit
animée par un principe fupérieurî L'bomme <Sc l'orang-
outang font les feuls qui aient des feffes & des mollets,
<Sc qui par conféqucnt foient faits pour marcber debout ;
les feuls qui aient la poitrine large, les épaules aplaties
«Se les vertèbres conformées l'un comme l'autre ; les
feuls dont le cerveau , le cœur , les poumons, le foie,
k rate, le pancréas , l'eflomac , les boyaux foient abfo-
lument pareils , les feuls qui aient l'appendice vermi-
culaire au cœcum; enfin l'orang-outang reffemble plus.
H 11/
62 Histoire Natu relle
à l'Iiomme qu'à aucun des animaux , plus nicme qu'aux
babouins & aux guenons , non - feulement par toutes
les parties que je viens d'indiquer, mais encore par la
largeur du vilàge , la forme du crâne , des mâchoires ,
des dents, des autres os de la tête <S: de la face, paria
groiïcur des doigts ôi du pouce , par la figure des ongles,
par le nombre des vertèbres lombaires <Sc facrces , par
celui des os du coccix. Si enfin par la conformité dans
ies articulations , dans la grandeur & la figure de la rotule ,
dans celle du flernum , &c ; en forte qu'en comparant
cet animal avec ceux qui lui reffemblent le plus , comme
avec le magot , le babouin ou la guenon , il fe trouve
encore avoir plus de conformité avec l'homme qu'avec
ces animaux, dont les efpèces cependant paroiffent être
fi voifmes de la fienne , qu'on les a toutes défignées par
Je même nom A^fmges: ainfi les Indiens font excufables
de l'avoir alTocié à Tefpèce humaine par le nom (^orang-
cutdjig, homme fauvage, puifqu'il reffemble à l'homme
par le corps plus qu'il ne reffemble aux autres finges ou
à aucun autre animal. Comme quelques-uns des faits
que nous venons d'expofer pourroientparoitre fufpeds
à ceux qui n'auroicnt pas vu cet animal , nous avons
cru devoir les appuyer de l'autorité de deux célèbres
Anatomiftes, Tyfon * & Cowper qui l'ont enfemble
* L'Orang-ouiang reffemble plus à l'homme qu'aux finges ou aux
guenons ; i ,° en ce qu'il a les poils des épaules dirigés en bas & ceux
écs bras dirigés en haut; 2.° par la fice qui eft plus feniblable à celle
(i§ l'homme, étant plus large & plus aplatie que celle des fmo-es;
DES Orangs-outangs, ire, 6j
clifféquc avec une exactitude fcrupuleufe , <^ qui nous
ont donné les réfultats des comparaifons qu'ils ont
faites de toutes les parties de fon corps avec celui de
3.° par la figure de l'oreille qui reficmble plus à celle de l'homme,
à l'exception que h pariie cartilagincufc efl: mince connue dans les
finges; 4.° par les doigts qui font proporiionnellcment plus gros que
ceux des finges; 5.° en ce quil cft à tous égards fait pour marcher
debout , au lieu que les finges & les guenons ne font pas conformés
;i cette fin ; 6.° en ce qu'il a des fefles plus grofîès que tous les autres
finges; 7.° en ce qu'il a des mollets aux jambes; 8.° en ce que fà
poitrme & fês épaules font plus larges cjue celles des finges ; n.° fon
talon plus long; i 0.° en ce qu'il a la membrane adipeufe , placée
comme l'homme fous la peau ; i i ." le péritoine entier & non percé
ou alongé , comme il i'efl dans les finges; 12." les inteftins plus
longs que dans les finges ; 1 3 .° le canal des inteftins de différent
diamètre , comme dans l'homme & non pas égal ou à peu près é<yal
comme il l'eft dans les finges ; 1 4.° en ce que le cœcum a l'appen-
dice vermiculaire comme dans l'homme, tandis que cet appendice
vermiculaire manque dans tous les autres finges , & aufll en ce que
le conmiencement du colon n'eft pas Ç\ prolongé qu'il l'eft dans les
finges; 1 5," en ce que l'infertion du conduit biliaire & du conduit
pancréatique n'ont qu'un feul orifice commun dans l'homme &
l'orang-outang , au lieu que ces infertions font à deux pouces de dif-
tance dans les guenons; 16." en ce que le colon eft plus long que
dans les finges ; 1 7." en ce que le foie n'eft pas divifé en lobes
comme dans les finges , mais entier & d'une feule pièce comme dans
l'homme; i 8,° en ce que les vaifleaux biliaires font les mêmes que
dans l'homme; ip." la rate la même; 20." le pancréas le même;
21." le nombre des lobes du poumon le même; 22.° le péricarde
attaché au diaphragme comme dans l'homme & non pas comme il
ï'eft dans les finges ou guenons; 23.° le cône du cœur plus émoufle
que dans les finges ; 24.° en ce qu'il n'a point d'abajoues ou poches
au bas des joues comme les autres finges & guenons; 2.;.° en c^
6^ Hïsroi RE Naturelle
l'homme. J'ai cm devoir traduire de l'Anglois , <5c
préfenter ici cet article de leurs ouvrages , afin que
tout
qu'il .1 le cerveau beaucoup pîus grand que ne l'ont les finges , &
dans toutes fês parties exactement conforme comme le cerveau de
l'Iiomme ; 26.° le crâne plus arrondi & du double plus grand que
daiis les guenons; 27.° toutes les futures du crâne femblables à celle
de l'homme ; les os aj)peics offa tnquetra Wormiana fe trouvent dans
la future lamboïde , ce qui n'efl pas dans les autres finges ou guenons;
28." il a l'os cribiforme & le crijla gallï , ce que les guenons n'ont
pas; 2cj,° \\{c\\q fella equ'ina comme dans l'homme, au lieu que dans
\qs finges & guenons cette partie efl plus élevée & plus proéminente ;
30.° \&proccJfus ptcrygo'ides comme dans l'homme , cette partie maiîque
aux finges & guenons ; 31.° les os <\ts tempes & les os appelés ojfa
hregmat'is comme dans l'homme ; ces os font d'une forme différente
dans les finges & guenons ; 32." l'os zygomatique, petit , au lieu que
dans les finges & guenons, cet os efl grand; 33.° les dents font
plus (êmblables à celles de l'homme qu'à celles des autres finges ,
fur-tout les canines & les molaires; 34.° les apophylis tranfverfes des
vertèbres du cou , & les fixième & feptième vertèbres refiemblent plus
à celles de l'homme qu'à celles des finges & des guenons ; 35.° les
vertèbres du cou ne (ont pas percées comme dans les finges pour
laifler pafi"cr les nerfs , elles font pleines & fms trou dans l'orang-
outang comme dans l'homme ; 3 6.° les vertèbres du dos & leurs
apophyfes font comme dans l'homme ; & dans les vertèbres du bas , il
n'y a que deux apophyfes inférieures , au lieu qu'il y en a quatre-
dans les finges ; 3 7.° il n'y a que cinq vertèbres lombaires comme
dans l'homme , au lieu que dans les guenons il y en a fix ou fept ;
38.° les apophyfes épineufes des vertèbres lombaires font droites
comme dans l'homme ; 3(^.° l'os ficrum efl compofé de cinq ver-
tèbres comme dans l'homme , au lieu que dans les finges & cruenons
il n'efl compofe que de trois ; 40.° le coccix n'a que quatre os
comme dans rhonime , & ces os ne font pas troués , au lieu que
dan$
DES OnANGS-OuTANGS, ifc. 6<;
tout le monde puiflc mieux juger de la refTemhlance
prefque entière de cet animal avec Thomme ; j'obfer-
verai feulement pour une plus grande intelligence de
dans les finges & guenons le coccix eft compofc d'un plus grand
nombre d'os, & ces os font troués; 41.° dans l'orang- outan» , il
n'y a que fept vraies côtes { coftœ verœ), Ôc les extrémités des fiuiïès
côtes ( nothœ) font cartilagincufes , & les côtes font articulées au
corps des vertèbres; dans les finges & guenons, il y a huit vraies
côtes , & les extrémités des fiufTes côtes font ofîèufes , & leur articu-
lation fe trouve placée dans l'interftice entre les vertèbres ; 42." J'os
du fternum dans l'orang-outang eft large comme dans l'homme , &
non pas étroit comme dans les guenons ; 43.° les os des quatre doio-ts
font plus gros qu'ils ne le font dans les finges; 44.° l'os de la cuifîè,
foit dans fon articulation , foit à tous autres égards eft femblable à
celui de l'homme ; 45.° la rotule eft ronde & non pas longue, fimple
& non pas double comme elle l'eft dans les finges ; 46.° le talon
Je tarfe & le métatarfe de l'orang-outang font comme ceux de l'homme ;
47.° le doigt du milieu dans le pied n'eft pas fi long qu'il l'eft dans
les finges; 48.° \ç% mufcles ehliqms inferïor caphis , pyriformis &
lïceps femor'is font femblables dans l'orang-outang & dans l'homme
tandis qu'ils font différens dans les finges & guenons , &c.
L'orang-outang diffère de l'homme plus que des finges ou gue-
nons ; I .° en ce que le pouce eft plus petit à proportion que celui
de l'homine , quoique cependant il foit plus gros que celui des autres
finges ; 2.° en ce que la paume de la main eft plus longue & plus
étroite que dans l'homme; 3." il diffère de l'homme & approche des
finges par la longueur des doigts des pieds; 4.° il diffère del'hommç
en ce qu'il a le gros doigt des pieds éloigné à peu près comme un
pouce , étant plutôt quadrumane comme les autres finges que qua-.
drupède; 5.° en ce qu'il a les cuiiïes plus courtes que l'homme ;
^Z les bra? plus longs; 7.° en ce qu'il n'a pas les bourfes pendantes;
8.° l'épiploon plus ample que dans l'homme; 9.° la véficule du fiel
longue & plus étroite; 10." Içs içins plus jonds quç dans riiouinie
Tome XIV, \
66 Histoire Natu rellé
cette note, que les Anglois ne font pas réduis comme
nous à un feul nom pour défigner les finges ; ils ont,
comme les Grecs, deux nomsdirîcrens, l'un pour les
& les uretères differens ; 1 1." la vefTie plus longue ; i 2." en ce qu'il
n'a point de frein au prépuce ; 1 3.° les os de l'orbite de i'œil trop
enfoncés ; i 4." en ce qu'il n'a pas les deux cavités au-deffous de la
felle du turc (ftlla turcica) comme dans l'homme; i 5.° en ce que
ksproceffus ma(loides & fylo'idcs font très -petits «Se prefque nuls;
16° en ce qu'il a les os du nez plats; 17." il diffjrc de l'homme,
en ce que les vertèbres du cou font courtes comme dans les finges,
plates devant & non pas rondes , & que leurs apophyfes épineufes ne
font pas fourchues comme dans l'homme ; 18." en ce qu'il n'y a
point d'àpophyfe épineufe dans la première vertèbre du cou ; 19.° il
diffère de l'homme en ce qu'il a treize côtes de chaque côté , & que
l'homme n'en a que douze; 20.° en ce que les os des îles font par-
faitement fembiables à ceux des fmgcs , étant plus longs, plus étroits
& moins concaves que dans l'homme ; 21.° il diffère de l'honnue ,
en ce que les mufcles fuivans fe trouvent dans le corps humain &
manquent dans celui de l'orang-outang; Ç:iVo\r , occipitales , frontales,
dilatatores alarum nafi feu éleva tores labii fuperioris , interfplinales colli ,
glutcei minimi , extenfor digitorum pedis brevis & tranfverfalis pedis ;
2.2.." les mufcles qui ne paroiffênt pas fe trouver dans l'orang-outang,
éc qui fe trouvent quelquefois dans l'homme font ceux qu'on appelle
Pyramidales , caro Mufculofa quadrata ; le long tendon & le corps
charnu du mufde palmaire ; les mufcles attolens ù" retrahens auriculam ;
2.3.° les mufcles élévateurs des clavicules font dans l'orang-outano-,
conmie dans les finges & non pas comme dans l'homme ; 24.° les
mufcles par lefquels l'orang - outang reffemble aux finges & difïere
de l'homme font les fuivans, longus colli, peâoralis , latifftmus dorfi ,
glutceus maximus & médius , Pfoas magnus & parvus , iliacus internus
Ù" gnferonamius internus ; 24.° il diffère encore de l'homme par la
forme des mufcles, deltoides, pronator radii teres & extenfor pollicis brevis»
Auatoniie de l'orang-outang , par Tyfon. Londres, i 6 p p, in-^'
DES OrANG S-OUTANGS, i/c, dj
finges fans queue * qu'ils appellent ûpe , <Sc l'autre pour
les finges à queue qu'ils appellent monkie. J'ai toujours
traduit le mot monkie par celui (\e gue?wîi , 6c le mot^/^
par celui de /nge ; ôl ces finges que Tyfon dcfignepar
le mot ûpe , ne peuvent être que ceux que nous avons
appelés \ej)iihèque Si le ?j2i7gû/ ; (Se il y a même toute appa-
rence que c'efl au magot feul qu'on doit rapporter le
nom ûpe owfmge de la comparaifon de Tyfon. Je dois
oblerver auffi que cet Auteur donne quelques caraélères
de reffemblance & de différence qui ne font pas affez
fondés : j'ai cru devoir faire fur cela quelques remarques ;
on trouvera peut-être que ce détail eft long , mais il me
femble qu'on ne peut pas examiner de trop près un être
qui, fous la forme de l'homme, n'efl cependant qu'un
animal.
I . Tyfon donne comme un cara6lère particulier
à l'homme <5c à l'orang - outang , d'avoir le poil des
épaules (ï\x\gé en bas , <Sc celui des bras dirigé en haut ;
W efl vrai que la plupart des quadrupèdes ont le poil de
toutes les parties du corps dirigé en bas ou en arrière,
mais cela n'efl pas fans exception. Le pareffeux <Sc le
fourmiller ont le poil des parties antérieures du corps
dirigé en arrière , & celui de la croupe (Se des reins dirigé
en avant : ainfi ce caractère n'efl pas d'un grand poids
dans la comparaifon de cet animal à l'homme.
* Sïm'iœ d'ividuntur in caudâ carentes quœ fimîœ JîmpUcker dicuntur &
Caudatas quœ cercopitheci appellantur ; quce prions generis funt Anglice
Apcs dicuntur ; quœ pojierioris monkeys. Ray. Syn. quad. pag. 14^.
68 Histoire Naturelle
2.° J'ai aiiffi retranché clans ma tradiidion les qiiatrtf
premières différences, qui , comme celies-ci, font trop
légères ou mal fondées; la première, c'efl la différence
de la taille; ce caradèrc efl très-incertain €l tout-à-faic
gratuit , puifque l'Auteur dit lui-même que fon animal
étoitfort jeune : les féconde, troifième & quatrième ne
roulent que fur la forme du nez, la quantité du poil <5c
fur d'autres rapports auffi petits. Il en edde même de
pluficurs autres que j'ai retranchées, par exemple , du
vingt-unième caradère tiré du nombre des dents ; il efl
certain que cet animal 6^. l'homme ont le même nombre
de dents, Sl que s'il n'en avoit que vingt-huit , comme
le dit l'Auteur, c'efl qu'il étoit fort jeune, &. l'on fait
que l'homme dans fii jeuneffe n'en a pas davantage.
:^° Le onzième cara6lère des difïerences de l'Auteur
cfl auffi très-équivoque ; les enfans ont les bourfes fort
relevées, cet animal étant fort jeune ne devoit pas [qs
avoir pendantes.
4.° Le quarante-huitième caradère des reffemblances,
&. les trente, trente-unième, trente-deuxième, trente-
troif^ème (Se trente-quatrième caradères des différences
ne défignant que la préfence ou la figure de certains
mufclcs , qui dans l'efpèce humaine varient pour la
plupart d'un individu à l'autre , ne doi\ ent pas être confi-
dérés comme des caractères effentieis.
y Toutes les reffemi)lances & différences tirées de
parties trop petites , telles que les apophyfes des ver-
tèbres, 011 prifes de h pofition de certaines parties, dç
DES 0 RANGS-OUTANG S, ire, 6^
leur grandeur , de leur groiïeur , ne doivent aufTi être
confidérées que comme des cara6tères acceiïbircs , en
forte que tout le détail de cette table de Tyfon peut
fe réduire aux différences Se aux reiïeniblanccs ciïcn-
tielles que nous avons indiquées.
6.° Je crois devoir infifler fur quelques caraclcrcs
plus généraux , dont les uns ont été omis par Tyfon >
& les autres mal indiqués, i ." L'orang-outang cfl
le fcul de tous les finges qui n'ait point d'abajoues»
c'efl-à-dire, de poches au bas des joues; toutes les
guenons , tous les babouins , &. même le magot Sl le
gibbon ont ces poches , où ils peuvent garder leurs
alimens avant de les avaler : l'orang-outang feul a cette
partie du dedans de la bouche faite comme l'homme.
2-.° Le gibbon , le magot , tous les babouins ôl toutes
ies guenons , à l'exception du doue , ont les feffes
plates Si des callofités fur ces parties ; l'orang-outang
eft encore le feul qui ait les feffes renflées dx fans callo-
fités ; le doue les a auffi fans callofités , mais elles font
plates (Se velues , en forte qu'à cet égard le doue fait la
nuance entre l'orang-outang 6*: les guenons, comme le
gibbon &i le magot font cette même nuance à l'égard
des abajoues , & le magot feul à l'égard des dents
canines (Se de l'alongement du mufcau. 3,° L'orang-
outang efl le feul qui ait des mollets ou gras-de-jambcs
(Se des feffes charnues; ce caractère indique qu'il cft
de tous le mieux conformé pour marcher debout; feu-
kment comme les doigts de fcs pieds font fort longs,
] I"
jo Histoire Naturelle
Si que fon talon pofe plus cliilicilenient à terre que celui
de l'homme, il court plus facilement qu'il ne marche.
Si il auroit ])eroin de talons artificiels plus élevés que
ceux de nos fouliers , fi l'on vouloit le faire marcher
aifémcnt<Sc long-temps. 4.° Quoique l'orang-outang ait
treize côtes , &. que l'homme n'en ait que douze , cette
différence ne l'approche pas plus des babouins ou des
guenons , qu'elle l'éloigné de l'homme , parce que le
nombre des côtes varie dans la plupart de ces efpèces,
éc que les uns de ces animaux en ont douze , d'autres
onze Si d'autres dix , <Scc ; en forte que les feules diffé-
rences eflentielles entre le corps de cet animal Se celui
de l'homme, fe réduifent à deux, favoir , la confor-
mation des os du bafhn Si la conformation des pieds :
ce font-là les feules parties confidérables par lefquelles
l'orang-outang reffemble plus aux autres fmgcs qu'il ne
relTemble à l'homme.
D'après cet expofé que j'ai fait avec toute l'exaditude
dont je fuis capable , on voit ce que l'on doit penfer
de cet animal ; s'il y avoit un degré par lequel on pût
defcendre de la nature humaine à celle des animaux , fi
l'effence de cette nature confifloit en entier dans la
forme du corps Se dcpendoit de fon organifation , ce
fmge fe trouveroit plus près de l'homme que d'aucun
animal: affis au fécond rang des êtres, s'il ne pouvoit
commander en premier , il feroit au moins fentir aux
autres fa fupcrioritc , <5c s'efforccroit de ne pas obéir ; û
i'imitation qui femble copier de fi près la penfée en étoiî
i^Es Orancs-Outanc S , ifc, 71
le vrai figne ou l'un des réfultats , ce {ingç: fe trouveroit
encore à une plus grande diflance des animaux <Sc plus
voifin de l'homme; mais, comme nous lavons dit,
l'intervalle qui l'en fcpare réellement n'en efl pas moins
immenfc; (Se la reffemblance de la forme, la confor-
mité de l'organifation , les mouvemens d'imitation qui
paroiflcnt réfulter de ces fmiilitudes , ni ne le rapprochent
de la nature de l'homme , ni même ne l'élèvent au-
defTus de celle des animaux.
Caraâères diftïnâifs de cette efpece^
L'orang-outang n'a point d'abajoues, c'efl-à-dire ,
point de poches au dedans des joues , point de queue,
point de callofités fur les fefTes ; il les a renflées <Sc
charnues ; il a toutes les dents &: même les canines fem-
blables à celles de l'homme; il a la face plate, nue <5c
bafànée , les oreilles, les mains, les pieds, la poitrine.
Je ventre auiïi nus; il a des poils fur la tcte qui defccndcnt
€n forme de cheveux des deux côtés des tempes, du
poil fur le dos & fur les lombes , mais en petite quantité ;
il a cinq ou fix pieds de hauteur, <Sc marche toujours
<Iroit fur fes deux pieds. Nous n'avons pas été à portée
(le vérifier fi les femelles font fujcttes comme \q^
femmes à l'écoulement périodique, mais nous le pré-
fumons , (Se par analogie nous ne pouvons guère en
clouter.
jz Description
DESCRIPTION
DU J 0 C K O.
J E n'ai vu que la peau bourrée (pi. i ) & la plus grande partie
du fquclette du Jocko , que l'on moiitroit à Paris en 1740:1!
mourut l'annce fuivante à Londres 011 il fut ouvert; on le rap-
porta ici dans de l'eau - de - vie , & on le mit au Cabinet : dans
la fuite on a fait bourrer la peau &: préparer le fquelette. Ce finge
avoit été pris en Afrique dan^ le fond du Gabon , fur la côte
d'Angole : étant debout , il avoit deux pieds quatre ou cinq
pouces de hauteur, depuis le talon jufqu'au fommet de la tête.
Il étoit plus grand que celui qui a été décrit par Tyfbn fous le
nom de pigmée * , & qui n'avoit guère plus de deux pieds :
après avoir comparé la defcription du pigmée de Tyfon avec
notre jocko, 'j'ai trouvé ces deux animaux fi reffeniblans , qu'il
y a tout lieu de croiie qu'ils étoient de même elpèce comme
ils étoient de même pays.
La peau qui a fervi de fujet pour cette defcription , avoit
quelques poils durs fur le bord de la lèvre du deffus &: au-devant
de la mâchoire du deiïbus ; le refle de la face étoit nu , à l'ex-
ception dts joues où il y avoit dQs poils femblables à ceux du
refte du corps. Il fe trouvoit Ats cils aux deux paupières & quel-
ques poils à l'endroit dts fourcils ; il y en avoit de gris fur le
milieu du fcrotum & autour de l'anus. Le poil de la tête n'étoit
pas différent de celui du refle du corps , par fa couleur noire ni
par ks autres qualités ; le plus long fe trouvoit aux côtés de la
* Orang-outang y7v^ homo fdvefim : or the anatomy of apigmîs, &c
^ Yol. in-f° London, 16^^,
fâc^
D U J O C K O. y-y
face &: fur les épaules, il avoit deux pouces à deux pouces &
demi. Le poil étoit aiïèz touffu pour couvrir la peau fur la
tête , le dos , les épaules , & fur la face externe àts quatre jambes ;
il étoit fort rare , & laiffoit voir la peau fur la poitrine , fur les
côtés du ventre & fur la face interne àt^ quatre jambes. li étoit
dirigé en bas fur les côtés de la tête , Se en haut fur le côté
externe & poftéricur de la cuiffe , &: fur la face externe de
i'avaut-bras , tandis que le poil du bras étoit dirigé en bas, de
forte que les pointes àts pils étoient oppofées les unes aux autres ,
à l'endroit du coude. Tyfon donne la direélion du poil de l'avant-
bras du jocko , comme un caraélère commun avec l'homme , mais
il efl; auiïi commun avec plufieurs animaux.
Ne pouvant pas prendre des dimenfions exaéles fur une peau
bourrée , telle que la peau du jocko qui efl au Cabinet du Roi ,
je rapporte dans la table fuivante les principales dimenfions que
Tyfon a prifês fur ion pigmée qui étoit vivant.
pieds, pouc. lignes.
Hauteur depuis le talon jufqu'au fommet de la tête. . . 2.
Circonférence du corps prife fur le bas de la poitrine. i ,
La même circonférence pri^è fur les hanches u
Circonférence de la tête prife fur les yeux & \q^
oreilles i .
Ouverture de la bouche ... h
Hauteur depuis le milieu de la lèvre fupérieure ;uf-
qu'aux fourcils u
Longueur depuis les fourcils jufqua l'occiput. ... //
Diamètre de l'oreille du deffus au deflbus //
Diamètre tranfverfal n
Le pourtour de l'oreille h
Circonférence de la partie de l'oreille qui tenoit à la tête. a
Hauteur depuis le defibus dupubis jufqu'aux clavicules, n
Tome XIV,
II
C.
3-
Il
9-
6.
II
6.
0
I.
2.
7-
7-
//
2.
4.
I.
h
5-
2.
2.
4.
P-
6,
74 Description
pieds.
Diflance entre le nombril & le fternuni "
Diftance entre le nombril & le bas du pubis //
Diflance entre les deux mamelons "
Longueur du bras depuis l'epauIe jufqu'au bout des
doigts ï •
Circonférence du bras //
Circonférence de l'avant-bras u
Longueur de la main depuis ic poignet jufqu'au bout
du doigt du milieu "
Longueur du pouce "
Longueur du fécond doigt /'
Longueur du doigt du milieu /'
Longueur du quatrième doigt //
Longueur du cinquième doigt //
Circonférence du pouce & du jietit doigt ii
Circonférence des autres doigts //
Longueur de la paume de îa main ii
Largeur u
Hauteur depuis le talon jufqu'à l'extrémité fupérieure
de l'os de la cui/îe y
Longueur depuis le talon jufqu'à l'extrémité du doigt
du milieu qui étoit le plus long //
Circonférence de la cuifle h
Circonférence de la jambe à l'endroit le plus gros. . . //
Circonférence du pied prife à l'origine du pouce. //
Longueur du pouce //
Longueur du fécond doigt u
Longueur du troifième ^
Longueur du quatrième //
Longueur du cinquième n
pouc. lignes.
3
2.
4-
4-
I
u
I
I I
5'
5
4-
4-
I
u
I
I
//
3-
1 o.
"i
//
I.
8.
10-.
4»
3-
5-
3-
I o.
7Î.
5-
8.
//
8.
5-
I I
5-
2.
11 '-,
D U J O C K O. yr
pieds, pouc. lignes.
La plus grande largeur de la plante du pied à la
naifîîince du pouce „ j ^ j ^ r
La même largeur près du talon /, j , ^
Circonft'rence du pouce à l'endroit le plus gros. ... // r. y.
Circonférence des autres doigts /, ^ i i -,
Pour donner quelque defcription des parties inteneuresdu jocko,
je vais tirer dts obfervations que Tyfon a faites fur les vifcères
de fon pigniée , celles qui ont le plus de rapport avec mon plan
de defcription , ôc les rapporter ici.
Le ventre du pigmée de Tyfon, étoit plat ôc large comme
celui de l'homme.
L epiploon s etendoit auiïi loin que les inteflins ; il ctoit large
& fort mince.
Les circonvolutions des inteflins & leur fituation étoient à
peu près comme dans l'homme.
L'ertomac reffembloit à celui de l'homme; fa. grande circon-
férence éioit de dix-fept pouces , & la petite de près d'un pied.
Les inteflins avoient environ neuf pieds de longuem-, depuis le
pylore jufqu'au cœcum ; & la longueur du canal inteflinal en
entier, non compris le cœcum, étoit d'environ douze pieds.
L'appendice vermiculaire étoit gros comme une plume d'oie; les
inteflins grêles avoient deux pouces fept lignes de circonférence
& le colon trois pouces & demi ; il étoit à proportion un peu
plus long que dans l'homme, mais il avoit la même fiiuaiion.
Le foie reflèmbloit à celui de l'homme; il avoit cinq pouces
deux lignes de longueur , deux pouces dix lignes de largeur , <Sc
un pouce huit lignes d'épaifTeur. La véficule du fiel étoit plus
longue que dans l'homme & plus détachée du foie; elle avoit
trois pouces neuf lignes de longueur.
Kij
76 Description
La rate ttoit de couleur plombce &: de même forme que celle
de l'homme; elle avoit deux pouces quatre lignes de longueur,
&: un pouce deux lignes de largeur.
Les reins reffembloient à ceux de l'homme par leur fituation ,
par l'étendue du bafTm & par la conformation de leurs différentes
fubdances , mais leur enfoncement étoit moins grand ; ils avoient
deux pouces une ligne de longueur , un pouce cinq lignes de
largeur, & près d'un pouce depaitîèur.
Le centre nerveux du diaphragme ctoit plus étendu que dans
i'homme.
Les poumons refîèmbloient à ceux de l'homme ; le droit étoit
compofé de trois lobes , & le gauche de deux.
Le cœur étoit obtus comme celui de l'homme.
La langue étoit un peu plus étroite que celle de l'homme.
Le cerveau refîcmbloit à celui de l'homme , &: étoit à pro-
portion auffi grajid ; il pefoit onze onces /êpt gros. Le cervelet
reffembloit auffi à celui de i'homme.
Les mamelons étoient au nombre de deux : un de chaque
côté de la poitrine , comme dans l'homme.
Il n'y avoit point de fcrotum ; les tefticules étoient fous la
peau dans la région du pubis , où ils formoient une élévation de
chaque côté de la verge.
La verge différoit de celle de l'homme; elle avoit près de deux
pouces de longueur , un pouce deux lignes de circonférence à la
racine ; elle étoit compofée de deux corps caverneux , &: pointue
par le bout : il n'y avoit point de frein.
La veiïie étoit oblongue &: moins fphérique que dans l'homme;
les terticules , les véficules féminales & les proftates reffembloient
à cQs mêmes parties vues dans l'homme.
Le fqueleite du jocko qui m'a fervi de fujet pour cette
DU J O C K O, jj
defcription , ayant cté tire d'un jeune individu , &: Çqs cpiphyfës
n'étant pas ofTifices en entier, je l'ai comparé à un fquelette
d'enfant , qui eft à peu près dans le même état , afin de pouvoir
reconnoître avec plus de précifion les refîèmblances & les diffé-
rences qui font entre le jocko &. l'homme , pour la figure
des os.
La tête du jocko efl à proportion moins grofîè que celle de
l'homme ; elle a moins de hauteur , moins de largeur & même
moins de longueur, quoique les mâchoires foient beaucoup plus
(aillantes en avant. La boîte oHeulè du crâne a moins de capa-
cité , principalement dans fa partie poflérieure ; & en général la
tête du jocko efl très-différente de celle de l'homme par fâ figure.
Les apophyfès maltoïdes font très - peu apparentes. Il n'y avoit
point de future coronale. Les grandes ailes de l'os fphénoïde ne
font pas auifi étendues que dans l'homme; elles ne fe prolongent
pas entre l'os temj>oral & le frontal jufqu'â l'os pariétal : au con-
traire le temporal & le frontal s'articulent enfemble , & même
le temporal touche à l'os de la pomette au-delfus du fJDhénoïde;
ce qui fait une grande différence dans la conformation de la tête
du jocko comparée à celle de l'homme: aufli la tête du jocko a
inoins de hauteur depuis l'arcade zygomatique jufqu'au fbmmet.
Les mâchoires font plus longues que dans l'homme , les os pro-
pres du nez font auffi plus longs ; ils ne forment point de voûte
tranfverfale avec ceux de la mâchoire ; l'ouverture Ati narines efl
placée plus bas que dans l'homme : car elle efl en entier au-defîbus
Açs, orbites ; elle a moins de hauteur que dans l'homme , &: fâ
partie inférieure efl: beaucoup plus éloignée du bord alvéolaire de
la mâchoire; c'efl pourquoi le mufêau du jocko efl alongé , 6c
là lèvre fiipérieure efl très-longue. Les orbites At^ yeux font plus
grandes que celles de l'homme; la cloifon ollèufê qui les fépare
Kiij
yS Description
a beaucoup moins cfe largeur: par conféquent les yeux font moins
éloignés l'un de l'autre. Les orbites ont plus de hauteur que de
largeur , tandis que dans les hommes elles ont ordinairement plus
de largeur que de hauteur, ou au moins ces deux dimenfionslônt
égales. La partie fupérieure du bord des orbites e(t très-/;iillante ,
en forme de bourrelet qui fè continue fur le bas du front , depuis
Tune des orbites jufqu'à l'autre :ce bourrelet donne à l'os frontal
du jocko une forme très - différente de celle de l'os frontal de
l'homme , & femble terminer le haut de la face & en fcparer la
plus grande partie de l'os frontal. La face du jocko eft terminée
en bas par l'arcade alvéolaire de la mâchoire lupcrieure ; la baie
du menton , au lieu d'être lâillante en avant comme dans l'homme ,
efl: arrondie & inclinée en arrière ; auffi le jocko n'a-t-il point
de menton charnu, faillant, & difhngué de la lèvre inférieure par
un pli tranfverfal comme le menton de l'homme. J'ai fait la même
obfervation fur toutes les autres efpèces des animaux que j'ai vus
en chair ou en fquelette. -
Il ne refloit dans le fquelette dont il s'agit , que deux dents ,
qui étoient , la féconde & latroifième mâchelière du côté droit de
la mâchoire du defîbus ; elles reflembloient à celles de l'homme.
En comparant les parois internes du crâne du jocko à celles
du crâne de l'homme, on y trouve auffi des différences très-
marquées dans les proportions de cette cavité ; ks folîès font
moins grandes , il n'y a prefqu'aucun veOige de l'éminence de
l'os ethmoïde , appelée crête de coq , (Sec.
Le jocko diffère beaucoup de l'homme par la fituation de
iarliculation de la tête avec le cou , &: par la direélion du plan
du grand trou occipital. Ce trou & les condyles qui font fur fon
bord, fe trouvent placés plus en arrière dans le jocko, c'efl-à-
dire , plus près de l'occiput & plus loin de la face , & par
D U J O C K O, 70
conféquent l'apophyfe bafjljire ell; beaucoup plus longue *. En
fîippolànt le jocko debout fur Tes pieds comme un homme , le pian
du grand trou occipital eft dirigé obliquement de bas en haut &
de devant en arrière , de forte que s'il ttoit prolongé en avant ,
il palTeroit au-dedous de la face du jocko; au contraire dans
l'homme, ce plan efi à peu prés horizonlal , & s'il étoit prolongé
en avant, il palTeroit au-delîbus des yeux. Cette différence entre
le jocko Se l'homme , par rapport à l'articulation de la tête avec
le cou , fait que l'homme auroit bien moins de facilité que le
jocko à préfenter fon vifige en avant, s'il pofoit fès mains à terre
pour fe mettre dans l'attitude àts quadrupèdes , Se que le jocko
eft obligé d'incliner fi tête pour préfenter fi face en avant,
lorfqu'il eft debout dans l'attitude de l'homme.
Les vertèbres cervicales du jocko retfemblent à celles de
l'homme , mais les vertèbres dorfiles différent de celles de l'homme
par le nombre ; il y en a treize, & par conféquent treize côtes
de chaque côté, fept vraies & fix fauffes; elles font moins larges
& plus épaiffes que celles de l'homme. Le flernum n'étoit pas
offifié en entier dans le fquelette du jocko qui fiit le fujet de
cette defcription : on n'y diflinguoit que les trois premiers os.
Il m'a paru que fi l'offification du ilernum avoit été complète ,
les articulations àts côtes avec le fîernum auroient été difpofo
comme dans l'homme. Les côtes avoient moins de courbure
& d'inclinaifon en bas ou en arrière que dans l'homme , & par
conféquent le Ilernum étoit plus éloigné de la colonne vertébrale.
Il n'y avoit que quatre vertèbres lombaires dans le fquelette
dont il s'agit ici ; mais j'ai reconnu qu'en fai(ànt ce fquelette , on
* Voyez les Mémoires de l'Académie Royale des Sciences , année 17^^.
Mémoire fur les différences de la fiiuatlou du grand trou occipital dans
l'homme & dans les anjmaux.
8o Description
avoit fLippiimé la féconde ; ainfi je crois que le jocko a cinq
vertèbres lombaires, comme le dit Tyfon* ; il m'a paru que ces
vertèbres & les dorfales ne différoient de celles de l'homme qu'en
ce qu'elles ctoient à proportion plus petites.
L'os facrum avoit cinq faulTes vertèbres comme celui de
l'homme; mais il ctoit plus petit, & H s'écartoit moins de la
direction de la colonne vertébrale : il étoit aufli moins concave
le long de iâ face interne.
Le coccix e'toit compofé de quatre ou cinq pièces comme
dans l'homme , mais il étoit plus alongé & beaucoup moins
courbe vers le baflin. Par ces différences de direction & de
courbure , le jocko a moins de rapport à l'homme qu'aux
quadrupèdes , car ils ont le facrum &: les premières vertèbres de
la queue, placés à peu près, fur la même ligne que la colonne
vertébrale. Tyfon a obfervé que le coccix du fatyre étoit un peu
faillant , &: formoit une protubérance fur la peau.
Les os du baffm du jocko ont aufli plus de rapport à ceux
des quadrupèdes qu'à ceux de l'homme, non-feulement parleur
direélion , mais auiïi par leur forme.
L'os de la hanche efl à proportion plus long & moins large
que dans l'homme , par confe'quent fa crête a moins de longueur,
ce qui diminue beaucoup la largeur de l'os ; la plus grande dif-
férence de longueur efl dans celle du bord antérieur & de l'échan-
crure fciatique ; ainfi la partie de l'os qui fe trouve entre le ficrum
& la cavité cotyloïde eft très-longue , &: donne au baffin beaucoup
plus de longueur que de largeur , comme dans les quadrupèdes ,
& au contraire de ce qui efl dans l'homme; le bord antérieur de
l'os de la hanche n'a point d'épines ; il n'y a point de convexité
* Orang-outang, <5cc. Pa^e 6^,
fur
r> u J o c K 0. 8i
fur \\ face externe, ni Je concavité fur la face interne, comme
dans l'homme: cet os e(l moins incline fur la colonne vertébrale
<jLie celui de l'homme , & par confcquent le plan de l'entrée du
baffin forme avec la colonne vertébrale un angle plus ouvert dans
le jocko que dans l'homme.
Les os pubis font plus longs que dans l'homme , &: contribuent
avec les os <\ts hanches à rendre l'entrée du baiïin plus longue
que large , comme dans \ts quadrupèdes. Les os pubis s'articulent
«nfemhle, non-fèulement par leur angle comme dans l'homme,
mais auffi par leur branche comme dans \&s quadrupèdes , de
forte qu'ils forment une gouttière fous le vagin àts finges femelles ,
comme fous celui <\th femelles àts autres quadrupèdes.
La tubérofjté de î'ifchion m'a paru plus grande que dans
i'homme , quoique le jocko n'ait point de callofités fur cet os ;
comme la plupart des autres finges. Le trou ovalaire eft plus
arrondi que dans l'homme à l'endroit de fon bord qui efl formé
par I'ifchion , parce que fi branche s'écarte plus du corps de l'os
pour fê joindre à la branche dti pubis , qui efl: auffi plus écartée
du corps de cet os à cau(è de fà réunion avec la branche de
i'autre os pubis.
L'omoplate efl moins large Se beaucoup plus alongce que celle
de l'homme; par cette forme, elle relfemble plus ù l'omoplate
<\qs quadrupèdes ; le h^c coracoïde , l'acromion &: les clavicules
relfemblent à ces mêmes parties, vues dans l'homme.
La différence la plus fenfibîe que j'aie remarquée entre les os
du bras & de la cuifîè du jocko & de l'homme , confÏÏfe en câ
que l'os de la cuifîè efl plus court dans le jocko.
Les os de l'avant-bras , de la jambe & des pieds manquoient
iians le fquelette qui a fervi de fujet pour cette defcription.
Tome XIV. L
82 Description
picdî. pouc. J^es.
Longueur depuis le bout des mâchoires jufl]u'à
l'occiput " '>' ^'
La plus grande largeur de la tête " 3* 4'
Longueur de la mâchoire inférieure depuis Ton extré-
mité antérieure jufqu'au bord poftérieur de lapo-
phyfe condyloïde " 3* J*
Épaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire
du deiïlis " ' ^•
Largeur de la mâchoire du defllis, à l'endroit des
dents canines " ' • 7*
Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines. . // // 5»
Longueur de ceue ouverture " " 9'
Largeur " " ^•
Longueur des os propres du nez /' i • ^ •
Lirgeur à l'endroit le plus large * "
Largeur des orbites " ' • ^ •
Hauteur " * • ^J
Largeur du trou de la première vertèbre de haut
en bas " " ° i'
Longueur d'un côté à l'autre * h 9.
Hauteur de l'apophyfe épineule de la féconde vertèbre. // // 2,.
Largeur n n 2. {.
Longueur de la huitième côte qui eft la plus longue. // 6. 2.
Longueur du fternum // 3. 2.
Longueur du corps de la quatrième vertèbre lom-
baire, qui eft la plus longue h h 7.
Largeur de la partie fupérieure de l'os de la hanche. // 2. 4.
Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité cotyloide
julqu'au milieu du côté fupérieur // 4. 4.
Longueur des trous ovalaires // 1. 2,
Largeur . . . t • > • « a a 10.
^-:-
t
'/■'///. A'//-.
Pl.I l\u, Si
/>.• JVr.- /A-/-
j.]-: jocKO
iVu-fi/L-/ .'\-u/r
D U J O C K O. 83
picdi. pouc. lignes.
Largeur du baflxn // i . 11.
Hauteur u 3 . ^.
Longueur de lomoplate // 3. 6.
Largeur dans le milieu // i . 7.
Longueur de l'humcrus // 6. ^.
Longueur du fémur. , , ti 6. 7.
11 -ê^w" !■
Se**"'
Lij
84- Histoire Naturelle
:niii
I
LE PITHEQUE'.
»> 1 L y a , dit Ariflote, des animaux dont la nature cfl
»' ambiguë , <S; tient en partie de i 'Homme 6c en partie
« du quadrupède , tels que les Piihcqucs , les Kcbes <Sc les
« Cyîwcépliales ; le kèhe efl un pitlièque avec une queue;
w le cynocéphale efl tout femblable au pithèque , feu-
» lement il efl plus grand & plus fort , 6c il a le nuifeau
» avancé , approchant prefcjue de celui tlu dogue , & c'eft
» de là qu'on a tiré Ton nom ; il efl aufTi de mœurs plus
» féroces , (Se il a les dents plus fortes que le pithè(|ue &. plus
reffemblantcs à celles du chien >^. D'après ce paiTage ,
il efl clair que le pithèque <5c le cynocéphale indiqués
par Ariflote n'ont ni l'un ni l'autre de queue, puifqu'il
dit quelespithèques qui ont une queue s'appellent /'^/vj-^
* Pithèque. n/0Hxof, en Grec; S'im'iû , en Latin; Chinchin , en Tartaric,
félon Rubruquis; & S'infin , à la Chine, fclon le P. du Halde.
Pithecus , Aiiftotelis. Hijl. animal, lib. II, cap. Vili.
Sïm'ia , Gefner. H'ijl. /juaJ.p:\g. 847 ,fig. iùiJ. Icon. ^uûd. pag. 5>2,
fig. ibiil. Nota. C'eft la même fignre copiée.
S'im'ia , Jonfton , de quad. tab. 59 , ducefgurœ.
Simia fimplic'uer diâa, caudâ carens. Ray. Syn. quad. pag, 149.
Figura prima ejl e arum fimi arum quœ caudas non hahent : kœ arlerls
facilius & citius manfuefiunt ; cœierifque folerùori ingenio prœjlani làhi-
riorefque & verfutiores exijluiit. Profp. Alp. HiJL yEgypii , lib. IV,
tab. 20 , fig. I .
Simia unguibns omnibus planis & rotuudatis. 1 .... Le finge. ^rijf,
reg. cnim. pag. 188.
DUPiTHÈQVE. 85
ôi que le cynocéphale reffemble en tout au pithèque,
à l'exception du niufeau qu'il a plus avancé &i des
dents qu'il a plus grofTes. Aridote fait donc mention
de deux efpèces de finges fans queue, le pithèque 6c
le cynocéphale &. d'autres finges avec une queue qu'il
appelle /(<^/^rj-. Maintenant, pour comparer ce que nous
connoiffons avec ce qui étoit connu d'Ariftote, nous
ohferverons que nous avons vu trois efpèces de fmges
qui n'ont point de queue, favoir, l'orang-outang, le
gibbon Si le magot , & qu'aucune de ces trois efpèces
n'eft le pithèque ; car les (\tUK premières, c'efl-à-dire,
i'orang-outang (Se le gibbon n'ctoicnt certainement pas
connues d'Ariflote, puifque ces animaux ne fe trouvent
que dans les parties méridionales de l'Afrique & des
Indes qui n'étoient pas découvertes de fon temps , &
que d'ailleurs ils ont des caradèrcs très-difîércns de
ceux qu'il donne au pithèque; mais la troifème efpède
que nous appelons 77Jngoi , eft le 97/^^^/?//^/^ d'Ariftote ;
il en a tous les caradères , il n'a point de queue, il
a le mufeau comme un dogue , 6c les dents canines
groffes ÔL longues; d'ailleurs il fe trouve communé-
ment dans l'Alie mineure <5c dans les autres provinces
de l'Orient qui étoient connues des Grecs ; le pithèque
efl du même pays, mais nous ne l'avons pas vu , nous
ne le connoiffons que par le témoignage des Auteurs;
6c quoique depuis vingt ans que nous recherchons les
fmges, cette cfpèce ne fe foit pas rencontrée fous nos
veux, nous ne doutons cependant pas qu'elle n'exiftc
L iij
S6 Histoire Naturelle
au/n réellement que celle du cynocéphale. Gefner ôl
Jonflon ont donne des figures de ce finge pithèque;
M. BriiTon l'a indiqué comme l'ayant vu, il le dil-
tingue du cynocéphale ou magot, qu'il défigne aufTi
comme l'ayant vu, &. il confirme ce que dit Ariflote,
en aiïiirant que ces deux animaux * fe refTemblent à
tous égards, à l'exception du mufeau qui eft court dans
{e phhèque ou fmge proprement dit, & alongé dans le
cynocéphale. Nous avons dit que l'orang-outang , le
pithèque , le gibbon <Sc le magot fi^nt les feuls animaux
auxquels on doive appliquer le nom générique Atfinge,
parce qu'ils font les feuls qui n'ont point de queue,
6c les feuls qui marchent plus volontiers (Se plus fouvent
fur deux pieds que fur quatre : l'orang-outang & le
gibbon font très-différens du pithèque 6c du magot;
mais comme ceux-ci fe refTemblent en tout, à l'ex-
ception de la grandeur des mâchoires & de la groffeur
des dents canines, ils ont fouvent été pris l'un pour
* Race preinicre àt^ fingcs , ceux qui n'ont point de queue , &
qui ont le mufeau court ; i ." le finge. J'ai vu plufieurs fincres qui ne
differoient entr'cux que par la grandeur ; leur face , leurs oreilles &
leurs ongles font afîez fenibiables au vifàge , aux oreilles & aux ongles
de l'homme ; le poil qui couvre tout leur corps , excepte les feiïcs
qvii font nues , cft mêlé de verdàtre & de jaunâtre ; le verdàtre do-
mine dans la partie fupcrieure du corps, <5c le jaunâtre dans la partie
inférieure Race féconde des fmges , ceux qui n'ont point de
queue , & qui ont le mufeau alongé; i ." le finge cynocéphale , il ne
difîcre du finge que par fon mufeau alongé , comme celui d'un chien ,
d'ailleurs il lui refTèmble en tout. J'en ai vu plufieurs qui ne difîéroieni
emr'eux que par la grandeur. Bnjf, reg. anim. pr.g. i C;j & ip i.
DU P I T H È QU E. Zj
V'àuixe ; on les a toujours indiqués par Je nom commun
de fuige , & même dans les langues où il y a un nom
pour les linges fans queue, <Sc un autre nom pour les
linges à queue, on n'a pas dillingué le pithèque du
magot ; on les appelle tous deux du même nom aff,
en Allemand; ^ipe ^ en Anglois: ce n'efl que dans la
langue Grecque que ces deux animaux ont eu chacun
leur nom; encore le mot cynocq^linle efl plutôt une dé-
nomination adjedive qu'un fubflantif propre, <S<. c'efl
par cette railon que nous ne l'avons pas adopté.
Il paroît par les témoignages des Anciens , que le
pithèque ell le plus doux , le plus docile de tous les
fingcs qui leur étoient connus, <?; qu'il étoit commun
en Afie auiïi-bien que dans la Lybie à. dans les autres
provinces de l'Afrique , qui étoient fréquentées par les
Voyageurs Grecs <Sc Romains; c'efl ce qui me fait pré-
fumer qu'on doit rapporter à cette efpèce de f ngc les
pafTages fuivans de Léon l'Africain 6c de Marmol ; ils
difent, que les fmges à longue queue qu'on voit en Mau-
ritanie , <5c que les Africains appellent moties , viennent
du pays des Nègres , mais que les fingcs fans queue
font naturels <?c fe trouvent en très- grande quantité
dans les montagnes de Mauritanie , de Bugie cSc de
Conrtantine ; « ils ont, dit Marmol, les pieds, \qs
mains, <5c s'il faut ainfi dire, le vifage de l'homme, «
avec beaucoup d'efprit& de malice; ils vivent d'herbes, «
de blé <Sc de toutes fortes de fruits qu'ils vont en troupes «
dérober dans les jardins ou dans les champs, mais ayant ««
88 * Histoire Natu rellé
'' que Je fortir de leur fort il y en a un qui monte fur
'' une cmincncc , d'où il découvre toute la campagne,
»' 6c quand il ne voit paroitre perfonne il fut figne aux
" autres par un cri pour les faire fortir & ne bouge de-là,
'> tandis qu'ils font dehors; mais fitôt qu'il voit venir
" quelqu'un il jette de grands cris, (S: fautant d'arbre en
"arbre tous fe fauvcnt dans les montagnes; c'efl une
^' cliofe admirable (|ue de les voir fuir, car les femelles
'' portent fur leur dos quatre ou cinq petits & ne laiffent
" pas avec cela de faire de grands fauts de branche en
" branche; il s'en prend quantité par diverfes inventions
" quoiqu'ils foient fort fins; quand ils deviennent farou-
" ches ils mordent , mais pour peu qu'on les flatte ils
» s'apprivoifent aifément ; ils font grand tort aux fruits
" 6l au blé, parce qu'ils ne font autre chofe que de
^' cueillir, couper ôl jeter par terre, foit qu'il foit mûr ou
»' non, (Se en perdent beaucoup plus qu'ils n'en mangent
» 6c qu'ils n'en emportent ; ceux qui font apprivoifcs
» font des chofes incroyables, imitant l'homme en tout
ce qu'ils voient '" ». Kolbe rapporte les mêmes faits à
peu près au fujet des fingcs du cap de Bonnc-cfpcrance;
mais on voit par la figure 6c la defcription (ju'il en
donne que ces finges font des babouins, qui ont une
queue courte, le mufeau alongé , les ongles pointus , &^c.
6c qu'ils fontauffi beaucoup plus gros 6c plus forts que
ces finges de Mauritanie ^ : on peut donc prcfumer
' L'Afrique de Mannol , tome I , page jy.
* Voyez ci-après larticlc du Papion.
que
DUPiTHÈQUE. $p
que Kolbe a copié le pafTage de Marniol , 6c applique
aux babouins du Cap les habitudes naturelles des pi-
thèques de Mauritanie.
Le pithèque, le magot, 6: le babouin que nous avons
appelé papion , étoient tous trois connus des Anciens ;
aiifTi ces animaux fe trouvent dans TAfie mineure , en
Arabie , dans la haute Egypte & dans toute la partie
feptentrionale de l'Afrique : on pourroit donc au/Ti ap-
pliquer ce pafïïige de Alarmol à tous trois ; mais il efl
clair qu'il ne convient pas au babouin, puilqu'il y efl
dit que ces fmgcs n'ont point de queue; <Sc ce qui
me fait préfumer que ce n'efl pas du magot , mais du
pithèque dont cet Auteur a parlé, c'efl que le magot
n'efl pasaifé àapprivoifer, qu'il ne produit ordinaire-
ment que deux petits & non pas quatre ou cinq comme
le dit Marmol : au lieu que le pithèque qui efl plus
petit doit en produire davantage ; d'ailleurs il efl plus
doux <5c plus docile que le magot qui ne s*apprivoife
qu'avec peine & ne fe prive jamais parfaitement : je
me fuis convaincu par toutes ces raifons, que ce n'efl
point au magot, mais au pithèque qu'il faut appliquer
ce pafïage des Auteurs Africains ; il en efl de même
de celui de Rubruquis , où il efl fait mention des
finges du Cathay , il dit « qu'ils ont en toutes chofes
la forme ôl les façons des hommes qu'ils ne font •
pas plus hauts qu'une coudée Sl tout couverts de poils; o
qu'ils habitent dans des cavernes; que pour les prendre «
on y porte des boiffons fortes <Sc enivrantes qu'ils «
90 Histoire Naturelle
>^ viennent tous enfemble goûter àtce breuvage, en criant
» chinchin, dont on leur a donné le nom de chhichin , 6c
» qu'ils s'enivrent fi bien qu'ils s'endorment; en forte que
les chafTturs les prennent aifément''. » Ces caradères
ne conviennent qu'au pithèque & point du tout au
magot: nous avons eu celui-ci vivant, & nous ne
l'avons jamais entendu crier chmchiu ; d'ailleurs \\ a
beaucoup plus d'une coudée de hauteur (Se reiïemble
moins à l'homme que ne le dit l'Auteur; nous avons
eu les mêmes raifons pour appliquer au pithèque 6c
non point au magot la figure <Sc l'indication de Profper
Alpin, par laquelle il alïïire que les petits fmges fans
queue qu'il a vus en Egypte s'apprivoifent plus vite <Sc
plus aifément que les autres, qu'ils ont plus d'intelli-
gence (Se d'induflrie, (Se qu'ils font aufTi plus gais 6c
plus plaifans que tous les autres : or le magot efl d'une
groffe 6c afTez grande taille, il eft mauflade , tri fie ,
farouche &. ne s'apprivoife qu'à demi; les caradlères
que donne ici Profper Alpin à fon fmge fans queue ,
ne conviennent donc en aucune manière au magot (Se
ne peuvent appartenir à un autre animal qu'au pithèque.
Caraâères diflinâifs de cette efpèce.
Le pithèque n'a point de queue, il n'a point les
dents canines plus grandes à proportion que celles de
l'homme , il a la face plate , les ongles plats auffi , 6c
arrondis comme ceux de l'homme; il marche fur fes
* Reîcuions de Rubruquis , ^«a^w iy$ i/ fuiv.
DU P I T H ÈQU E. 91
deux pieds, il a environ une coudée, c'e(l-à-dire, tout
au plus un pied & demi de liauteur ; Ton naturel efl
doux , 6i on l'apprivoife aifénient. Les Anciens ont
dit que la femelle efl fujette à l'ccoulenunt périodique,
<Sc l'analogie ne nous permet pas d'en douier.
Mij
2 Histoire Naturelle
9
L
LE GIBBON*.
E Gibbon (plîièriij) fe tient toujours debout;
lors même qu'il marche à quatre pieds , parce que fes
bras font aufil longs que fon corps <5c fes jambes ;
nous l'avons vu vivant, il n'avoit pas trois pieds de
hauteur, mais il étoit jeune, il étoit en captivité: ainfi
l'on doit prcfumer qu'il n'avoitpas encore acquis toutes
fesdimenfions , <Sc que dans l'état dénature, lorfqu'il efl
adulte , il parvient au moins à quatre pieds de hauteur ; ii
n'a nulle apparence de queue : mais le caracflère qui le
diftingue évidemment des autres fmges , c'efl cette
prodigieufe grandeur de fes bras qui font aufii longs
que le corps & les jambes pris enfemble , en forte que
l'animal étant debout fur fes pieds de derrière , fes
* Gibbon, c'efl le nom fous lequel M. Dupleix nous a donné ce
flnge qu'il nvoit apporté (\ts Indes orientales ; j'ai d'abord cru que
ce mot étoit Indien, mais en fàilant des recherches fur la Nomen-
clature des finges, j'ai trouvé dans une note de Dalechamp fur Pline,
que Strabon a défigné le Ceplius par le mot Keipon , dont il efl pro-
bable qu'on a fait Guibon, Gibbon. Voici le pafTige de Pline, avec
la note de Dalechamp : Pompeii magni primiim ludi ojîenderunt ex
^thiopiâ quas vacant cephos '', quarum pedes pojleriores pedibus humanis
é^ auribus priores îuanibus fuere fimiles ; hoc animal pojtea Rom a non
vidit.
* Cephos ) Straioy lib. 15. Kt/Voi' vocat , fjfeque tradit facie fatyro fimktn. Dal, PIfru
////?. nm, lib. VUl , cap. xix. Nota. Il me proît que le Ccbus des Grecs , & ic Cephus
de Pline, qu'on doit prononcer lûbus 6c Kej>/ius pourroient bien venir originajrcmenî
de Koph ou KofhWf. qui en Hébreu & en Chaldécn cA k nom du fingc.
DU Gibbon, 9-»
mains touchent encore à terre &. qu'il peut marcher
à quatre pieds , fans que fon corps fe panche; il a tout
autour de la face un cercle de poils gris , de manière
qu'elle feprcfente comme fi elle ctoit environnée d'un
cadre rond, ce qui donne à ce fmge un air très-extraor-
dinaire; fes yeux font grands, mais enfoncés , fes oreilles
nues & bien bordées , fa face eft aplatie , de couleur
tannée <Sc affez femblable à celle de l'homme : le gibbon
efl après l'orang-outang & le pithèque , celui qui ap-
procheroit le plus de la figure humaine , i\ la longueur
exce/five de fes bras ne le rendoit pas difforme ; car
dans l'état de nature l'homme auroit auffi une mine bien
étrange; les cheveux & la barbe, s'ils étoient négligés,
formeroient autour de fon viiàge un cadre de poil affez
femblable à celui qui environne la face du gibbon.
Ce fmge nous a paru d'un naturel tranquille, & de
mœurs affez douces, fes mouvemens n'étoient ni trop
Lrufques ni trop précipités, il prenoit doucement ce
qu'on lui donnoit à manger; on le nourriffoit de pain ,
de fruits, d'amandes, &ic. Il craignoit beaucoup le
froid Sl l'humidité , Se il n'a pas vécu long-temps hors
de fon pays natal : il efl originaire des Indes orientales,
particulièrement des terres de Coromandel , de Malaca
<5c des îles Moluques *. Il paroît qu'il fe trouve aufïï
"^ Le P. le Comte dit avoir vu aux Moluques une e(pcce Je finge ;
marchant naturellement fur Çqs deux pieds, fe fervant de ks, bras
comme un iiomme, le vifâge à peu près comme celui d'un Hottemotj
mais le corps tout couvert d'une cfpèce de luine grife, étant exadeineAi
M Ji;
94 Histoire Naturelle
dans des provinces moins méridionales , (Se qu'on doit
rapporter an gibbon , le finge du royaume deGannaurc
frontière de la Chine , que quelques Voyageurs ont
indiqué fous le nom àt fefé "^ ; au refte cette efpèce
varie pour la grandeur 6c pour les couleurs du pod , il
y en a deux au Cabinet , dont le fécond (pi. iiij quoi-
qu'adulte efl l)ien plus petit que le premier { pL n ) ,
6c n'a que du brun dans tous les endroits, où l'autre a
du noir; mais comme ils fe reffemblent parfaitement à
tous autres égards , nous ne doutons pas qu'ils ne foient
tous deux d'une feule 6c même efpèce.
Caraâères diflindifs de cette efpèce.
Le gibbon n'a point de queue , il a les feffes pelées
comme un enfant & exprimant parfaitement ^ts pafrions& fes appétits;
il ajoute que ces finges font d'un naturel très - doux , que pour
montrer leur affe(5tion aux perfonnes qu'ils connoiiïent , ils les embraf-
fent & lesbaifent avec des tranfports finguliers : que l'un de ces finges
qu'il a vu , avoit au moins quatre pieds de liauieur , qu'il étoit extrê-
ïucment adroit & encore plus agile. /Mémoires fur la Chine , par Louis
le Comte , page ^ i o.
* Dans le royaume de Gnnnaure , frontière de la Chine , il fe trouve
lin animal qui efl fort rare, qu'ils nomment Fefé ; il a prelque la
forme liuinaine , les bras fort longs, le corps noir & velu, marche
fort légèrement & fort vite. Recueil des Voyages, &c. Rouen, i j i jS ,
îome III, page 168. NoTA. i ." Ce caradère des bras fort longs
n'appartient qu'à ce finge , & par conléquent indique aflez clairement
que le Fcfc efl; le même que le Gibbon. Nota. 2° On peut préfu-
mer que le mot fefé vient de jfff on fefef , nom du babouin dans les
provinces de l'A trique , voifines de l'Arabie , & qu'on a transfère ce
nom du babouin au gibbon ; car le babouin n'a pas les bras plus longs
tcjue les autres finges.
DU Gibbon.
95
avec de légères callofitcs; fa face efl plafe, Brune &
environnée tout autour d'un cercle de poils gris; il a
les dents canines plus grandes à ])roportion que celles
de riiomme; il a les oreilles nues, noires <Sc arrondies,
le poil brun ou gris fuivant Tâge ou la race; les bras
exceffivement longs : il marche fur fcs deux pieds de
derrière , il a Atwx pieds & demi ou trois pieds de
hauteur. La femelle eft fujette, comme les femmes, à
un écoulement périodique de fang. '^
9(5 Description
D E se RI Pflo N
DU GIBBON.
Le Gibbon (pi. 1 1 ) a la tête ronde , les yeux grands &
enfoncés , le nez aplati , les oreilles arrondies &l bordées à peu
près comme celles de l'homme ; il y a àts callofités fur les felîés * ^
mais je n'ai remarque aucune apparence de queue. Les jambes
de devant font beaucoup plus longues que celles de derrière &:
excefTivement longues , car l'animal étant debout &: tenant Çts
jambes de devant pendantes, leurs doigts touchoient la terre. J'ai
ouï dire que celui qui a fervi de fujet pour cette defcription , fê
lenoit fouvent dans cette attitude. Le tour dts yeux, le nez »Sc
rexlrémité des deux mâchoires ctoient nus «Se de couleur brune.
Il y avoit une bande en forme de cercle , formée par des poils
gris , qui paflbit au-deiïus des yeux , fur les joues & fous la mâ-
choire inférieure ; ce cercle gris donnoit un air fort extraordi-
naire à la face de ce linge. Les oreilles étoieni nues &: de couleur
noirâtre; le poil de la tête, du cou , du dos , des côtés du corps
& des jambes étoit noir ; celui qui recouvroit la face /îipérieure
des pieds avoit une couleur grife ; la plante étoit nue & de
couleur noire, les ongles étoient aulTi de cette couleur.
pioU. pouc. Jigne*
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite,
depuis le bout du mufeau jufqu a l'anus i. 3. 6,
Longueur de la tête depuis le bout du mufêau jufqu'à
l'occiput M 4. 4^
* Ces callofités (ont formées par une adhérence de la peau aux tubérofités
des os ifchions , fur lefquelies il y a une facette revêtue par une peau calieu/à
& nue ; les fcffes fcmblent être pelées dans ces deux endroits ; c'efl pourquoi
les callofités dont il s'agit, peuvent aufTi cire défignées par les mots et fejjes
pdéis ; je n'ai remarqué ce carat^ére dans aucun des fapajous ni des fagoins.
Circonftrencfi
DU Gibbon 97
^. c' Il j r f"'^'- P^"*"- ''"«""•
Circonrcrence du bout du muleau „ a, y
Circonférence du mufeau , prife au-defTous des yeux, n j . ? .
Contour de l'ouverture de la bouche // > -.
>•
Diftance entre les deux naiines u h i.
Diftance entre le bout du mufeau & l'angle ante'rieur
de l'œil u 4. 3 .
Diftance entre l'angle poftcrieur & l'oreille u u 11.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre u n ^,
Ouverture de l'œil g „ 4
Diftance entre les angles antérieurs des yeux u n i o.
Circonférence de la tête , prile entre les yeux & les
oreilles /, p. 6,
Longueur des oreilles // // 7,
Largeur de la baie , inefurée fur la courbure extérieure. u 2. u
Diftance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. ti
Longueur du cou zr 3 . 6.
Circonférence u y, ^,
Circonférence du corps , prife derrière les jambes
de devant i . i . //
Circonférence à l'endroit le plus gros ......... i. 3. //
Circonférence devant les jambes de derrière // i i. 6,
Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au
poignet // p. 6.
Circonférence du poignet u 3. 8.
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. n 6. 6.
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 7. //
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles ... // j . 4.
Cefingectoit femelle Scpefoit neuflivres;iepiplooii sctendoit
jufqu'au pubis ; l'eltomac étoit en plus grande partie à gauche qu'à
droite ; le foie étoit placé en entier dans le côté droit.
Tme XI K N
98 Description
Le duoJenum ctoit fort court , &: fe replioit en dedans prefqii'au
fortir de l'eftomac; le jéjunum faifbit Tes circonvolutions dans (a
région ombilicale & L\:.ns le côté gauche fur celles de l'ileum ,
qui s'étendoient aufll dans la région iliaque gauche. Le cœcum
étoit placé dans la région hypogaftrique &: dirigé de devant en
arrière ; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit , palfoit
de droite à gauche derrière Icftomac , (è prolongeoit en arrière
le long du côté gauche fur les intedins grêles, &: fe replioit fur
le bord du b^iXin, avant de (è joindre au reélum qui étoit fort
court.
Les inieftins grc'es avoient tous à peu près la mcine grofîèur ,
excepté l'ileum ( A B , pi. i v , fy- i ) qui s'amincilfoit en
approchant du cœcum ( C). Cet intellin étoit gros , court & ter-
miné par un appendice (DE) qui avoit cinq pouces de longueur
5c environ deux lignes & demi de diamètre. Le colon ( FG )
étoit très -gros auprès du cœcum , & coudé à la diflance d'en-
viron deux pouces & demi de cet inteftin ; le refle du colon
diminuoit de grofîèur en approchant du rectum : il y avoit trois
bandes tendineufês lur le colon.
Le foie (pi IV , fg.2) étoit divifé en deux parties, par une
fcilîiire (A) peu profonde, dans laquelle patlbit le ligament fuf^
penfoir; la partie droite du foie étoit plus grande que la gauche;
il (è trou voit un lobule (B) à leur racine : ce foie avoit une couleur
rougeâlre , plus pâle au dedans qu'au dehors de ce vilcère : ii
pefoit cinq onces trois gros & demi.
La véficule du ûtl ( C > pi, i v , fy. 2 ) étoit verdâtre &
placée fur la face poftérieure du foie , près de la fcitlùre où (e
trouvoit le ligament fufj^enlôir.
La rate (pi. iv, f g. j J é\.o\i placée contre le fond du grand
cul-de-fac de l'eftomac ; fi figure approchoit de celle d'un triangle,
D U G I B B O N, çp
dont la bafe aurait été en bas & lefommet en baul; cHe avoir au
dehors & au dedans une couleur roiigeâtre : elle pefoit deux gros.
Le pancréas avoit une forme oblongue, &: il s'étendoit depuis
ie duodénum jufqua la rate; il reffembloit beaucoup au pancréas
de l'homme.
Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'environ un tiers
de fa longueur ; ils avoient une forme à peu près ovoïde ; leur
face fupérieure étoit plate, & l'inférieure convexe; l'enfoncement
avoit peu de profondeur; la plupart des mamelons tenoient \ts uns
aux autres ; le baiïinet étoit peu étendu.
Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes , placés 6c
proportionnés comme dans la plupart àts animaux quadrupèdes.
II n'y avoit qu'un lobe dans le poumon gauche , mais il étoit
divifé par une profonde fciffureen deux parties, dont l'antérieure
étoit plus petite que l'autre : le cœur relfembloit beaucoup à celui
de l'homme , par fa figure &: fa fituation.
La langue étoit large , épailfe &: ronde à l'extrémité ; la partie
antérieure étoit couverte de papilles très-petites , & de tubercules
ronds & blancs. II y avoit fur la partie poftérieure de grolTes
papilles (Se plufieurs glandes à calice, dont deux étoient placées fur
le milieu de la langue , une de chaque côté , à quatre lignes de
diftance l'une de l'autre : leur diamètre étoit d'environ une ligne.
Le palais étoit traverfé par fix filions aiïez laiges & peu élevés;
ils étoient partagés par un fillon longitudinal, &: chacune de leurs
parties étoit convexe en devant ; la partie poftérieure du palais avoit
une couleur noirâtre ; lepiglotte étoit peu faillante <Sc coupée
carrément à Ion extrémité.
Le cerveau étoit fort grand , il s'étendoit aulTi loin dans l'oc-
ciput que le cervelet ; le cerveau pefoit deux onces d^u\ gros &
quarante-huit grains, (Scie cervelet quatre gros &. douze grains.
N i;
100 Description
Il y avoit Jeux mamelons fur h poitrine , un de chaque côté;
ils n ctoient éloignes l'un de l'autre que de quinze lignes.
La vulve étoit placée entre deux callofités ( AB, pi V, fg. i )
adhérentes aux os ifchions ; elles avoient chacune un pouce de
longueur & neuf lignes de largeur; elles n'étoient éloignées l'une
de l'autre que d'environ trois lignes.
Les lèvres de la vulve (C) avoient peu d'épaiffeur , 6c fa
partie antérieure étoit terminée par un petit bec recourbé en bas.
Le gland du clitoris n'étoit pas apparent au dehors ; onnevoyoit
que le prépuce ( D) qui formoit le bec inférieur de la vulve
dont il a été fiit mention ; la veffie (A.jig. 2) avoit moins de
diamètre dans le milieu qu'aux deux bouts ; les bords de l'ori-
fice de la Vi\2Xnct(B) étoient froncés; le corps fe terminoit par
deux prolongemens fort courts (CD) & très-différens à^s cornes
de la matrice des autres animaux; les ovaires (EF, fig. i & 2 )
avoient une figure approchante de l'ovoïde &: une couleur jau-
nâtre très -pâle. On a repréfenté figure 2 les parois intérieures
(GH) du vagin; l'orifice (1) àt l'urètre, marqué par un fliletÂX^
&: les trompes ( M N ) de la matrice.
piedi. pouc. lignes.
Longueur des inieflins grêles depuis le pylore juf-
qu'au cœcum 7. /; u
Circonférence du duodénum // 2. 3
Circonférence du jéjunum // 2. 6
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // 2.. p
Circonférence dans les endroits les plus minces. , . n 2. 2
Longueur du cœcum h i . 2
Circonférence du coccum à l'endroit le plus gros. . . u 6. tt
Circonférence à l'endroit le plus mince // 2. u
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. // 1 o. n
Circonférence dans les endroits les plus minces .... // 3 . p
DU Gibbon. ioi
pieds, pouc. lignes.
Circonférence du rc(?lum près du colon // ^. a.
Circonférence du reduni près de l'anus // 5. #
Longueur du colon & du reduni pris enlemble. . . i. y. u
Longueur du canal inieflinal en entier , non conii)ris le
cœcuni 8. 7. //
Grande circonférence de l'eflomac i . i . C^.
Petite circonférence n 10. //
Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqua l'œfophage // i. 8.
Profondeur du grand cul-de-ftc // i. 8.
Circonférence de l'œfophage // 3. //
Circonférence du pylore // i . 6.
Longueur du foie // z. 10.
Largeur u 5. 2.
Sa plus grande épaifleur // 1 . ■>,
Longueur de la véficule du fiel a i . p.
Son plus grand diamètre // // y.
Longueur de la rate // 2. i,
Epailîêur dans le milieu u u 4,
Epaifieur du pancréas ;/ // 3 .
Longueur des reins // i . 8.
Largeur n 1 . //
Epaifleur // // 8.
Longueur du centre nerveux du diaphragme depuis
la veine-cave jufqu'à la pointe // 1. u
Largeur // i , 3.
Circonférence de la bafe du cœur u 4. p.
Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naiflânce de l'artère
pulmonaire n i . 10.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . . a i. 6.
N lij
102 Description
pieds, pouc. îîgnes.
Diamètre de l'aorte, pris de dehors en dehors. ... // // 3.
Lonorueur de la langue h 2. i.
Longueur de la partie antérieure , depuis le filet jufqu'à
rextréniité /' u 8.
Largeur de la langue 11 11 9.
Longueur du cerveau n 2. p.
Largeur // 2. 3 .
Epatlleur // i . 4.
Longueur du cervelet m h i i .
Largeur // i . 10.
ÉpailTeur // // 10.
11 y a au Cabinet du Roi un autre finge (pl.jii) très-ref-
femblant au gibbon ( p/. Il ) , mais beaucoup plus petit ; quoiqu'il
foit deficché 5: bourré, on peut avoir (es dimenfions avec allez
de prccifion , parce qu'on a laide tous les os fous la peau; il efl;
d'environ un tiers moins grand que le gibbon dont la defcrip-
tion précède celle ci. Le petit gibbon paroît avoir toutes les pro-
portions du grand; il a les jambes &: les pieds de devant auffi
longs ; les mêmes traits dans la face ; la même forme dans les
oreilles & dans les ongles; la même couleur fur la face, fur les
oreilles, fur les ongles &: fur la plante des pieds. Il a les ît^ts
pelées ôc fans aucune apparence de queue ; enfin il reffemble
exadement au grand gibbon par (à figure ; il a aulTi la face entou-
rée de poils gris qui forment un cercle fur le bas du front , fur
les tempes , fur les joues & fous la mâchoire inférieure; fes quatre
pieds font auifi couverts de poils gris , mais les couleurs du poil
des autres parties du corps différent de celles du grand gibbon ;
la tête, le delfus &. les côtés du cou , la partie antérieure du dos,
les épaules , le bras & la face externe de l'avant-bras font bruns
ôc non pas noirs; le deffbus dj cou , la face interne de l'avant-
DU Gibbon. 103
bras, la poitrine , le ventre, !a cuiffe, les côtés du corps & la
jambe proprement dite , ne font pas noirs comme fur le grand
gibbon , mais de couleur grife , mélce de brun ; la partie pofté-
rieure du dos & la croupe ont une couleur grife & non pas noire.
Je ne fais fi cette différence de couleur du gris au noir ne vient
que de la différence de l'âge , en fuppofant que le petit gibbon
Toit de même efpèce que le grand , mais dans un âge moins
avancé. Il e(l certain que ces différences de couleurs ne viennent
pas de la différence des kxts , car ces deux animaux étoient
femelles. Le petit a été apporté de Malac , par M. le Comman-
deur Godeheu ; & le grand de Pondicheri , par M. Dupieix.
La tête du fquelette { p/. v i ) du grand gibbon etl moins
alongée que celle >\w jocko ; le crâne a plus d'étendue à l'endroit
de l'occiput ; l'os du front eft plus aplati : le bord fupérieur i^ts
orbites a beaucoup moins de faillie ; le petit bourrelet qu'il forme
ne s'étend pas d'un œil à l'autre comme dans le jocko ; au con-
traire l'efpace qui fe trouve entre les deux yeux au-deffus du
nez , eft un peu enfoncé ; les orbites à.^^ yeux ont plus de largeur
que de hauteur comme dans l'homme ; la cloifon oflèufe qui
fépare ks deux orbites, eft plus large que dans le jocko & à peu
près auffj large que dans l'homme ; les os propres du nez font
beaucoup plus longs que ceux de l'homme , mais moins lonas
que ceux du jocko ; auffi l'ouverture àts naiines \\t^ pas en
entier au-deffous de celles A^s orbites , & /â partie inférieure eii
moins éloignée du bord alvéolaire de la mâchoire , ce qui fait
que le mufeau eft moins alongé: ainfi le gibbon a plus de
rapport à l'homme que le jocko, par les proportions ^ts orbites
des yeux & par l'intervalle qui e(t entre deux , par la fitualion
de l'ouverture àts narines qui eft placée en partie entre les
orbites , & par la petite diftance qui fe trouve entre l'ouverture de^
104 Description
narines & le bord alvéolaire de la mâchoire ; ce qui fait que la
lèvre fupc'rieure du gibbon eft moins longue que celle du jocko
Se plus relTemblante à celle de l'homme. La forme de la mâchoire
infcrieure eft à peu près la même dans c^s deux animaux.
Les dents du gibbon relfemblent à celles de l'homme pour
le nombre & la fiiuaiion , &: même pour la forme, excepté les
canines qui font pointues & beaucoup plus longues; celles du
deiius ont une légère canelure longitudinale fur le côté interne.
Les vertèbres cervicales différent de celles de l'homme & du
jocko , en ce que l'apophyfe épineufe de la première efl plus
longue , &: que celles des autres vertèbres ne font pas fourchues.
Le gibbon n'a que douze vertèbres dorfales comme l'homme ,
& douze côtes de chaque côté , fept vraies & cinq fauffes ; elles
ne font pas fi épailfes que celles du jocko. Le Oernum eflcom-
pofé de fix os dont les premiers reffemblent à ceux du jocko (Se
de l'homme, Les premières côtes, une de chaque côté, s'articulent
avec la partie antérieure du premier os du fternum ; l'articulation
àts fécondes côt^s eft entre le premier &: le fécond os du fternum ;
celle des troifièmes côtes entre le fécond & le troifième os , &
ainfi de fiite jufqu'aux fixièmes & fèptièmes côtes qui s'articulent
entre le cinquième &: le fixième os du fternum.
Les vertèbres lombaires font au nombre de fix : ainfi il y en
a une de plus que dans l'homme & le jocko.
L'os facrum n'eft compofé que de trois fiuffes vertèbres ; il
n'y avoit que trois pièces dans le coccix du (cjuelette , fur lequel
cette delcription a été faite , mais ii m'a paru qu'il manquoit au
moins une pièce du coccix.
Les os du baftln diftérent de ceux du jocko, en ce que les os
des hanches font plus étroits , & que le plan de l'entrée du baffm
eft fur la même ligne que la colonne vertébrale ; à cet égard le
gibbon
DU Gibbon, loj
gibbon a encore plus de rapport avec les quaJnipt^Jes que le jocko*
La tubcrofitc des os ifchions efl: beaucoup plus grande que dans
lejocko, &: a une face plate, fur laquelle ctoit la caliofitc qui fe
trouve de chaque côte de l'anus (ur la peau du gibbon.
L'omoplate & les clavicules diffèrent peu de ces mêmes os
vus dans le jocko.
Les os du bras &: de l'avant-bras ont une longueur excefllve.
L'os du bras efl plus long que celui de la cuifîè ; les os de l'avant-
bras font beaucoup plus longs que ceux de la jambe , au contraire
de ce qui eft dans l'homme : car il a \g.s os du bras »Sc de l'avant-
bras beaucoup moins longs que ceux de la cuifîè & de la jambe.
Les os de l'avant-bras du gibbon font beaucoup plus ccarlcs l'un
de l'autre que dans l'homme.
Le carpe efl compofé de onze os , quatre dans le premier
rang , quatre dans le fécond & trois furnuméraires *. Les os du
fécond rang font places comme dans J'homine, relativement aux
os du métacarpe; mais ils en diffèrent ^ou^, la* figure, principa-
lement le quatrième, cfCû efî, pltis: long/gye le troilième qui
correfpond au grand os du carpe de l'homme , de forte qu'il aboutit
au fécond os du premier rang .• Je.troifième os de ce rang efl place
fur le quatrième du fécond rang , & touche au cinquième du
premier rang qui correfpond au pififorme de l'homme, mais qui
efl: oblong comme dans la plupart des quadrupèdes. Le premier
des furnuméraires fê trouve placé fur le joint qui efl entre le
troifième &: le quatrième os du premier rang. Le fécond os furnu-
méraire efl fort petit &: placé au côté interne du carpe , en partie
contre le premier os du premier rang & en partie contre le
premier os du fécond rang. Le troifième os fîirnuméraire efl entre
ies deux rangs du carpe au-defîbus du premier & du fécond os
* Il n'y en avoit qu'un de COnnu avant cette defcription.
TvmeXlK Q
io6 Description
du premier mng , 6c au-defTus du fécond <Sc du troifième os du
fécond rang.
Le tarfe ed compolc de fept os comme dans l'homme ; le
premier cunéiforme e(t beaucoup moins gros que celui de l'homme.
Il y a de plus dans le gibbon un huitième os place au côte ex-
terne du tarfe, à l'endroit où le calcaneum touche aucuboïde.
l^ts os du métacarpe &:des doigts font à proportion aiiiTi longs
que ceux de l'avant-bras &: du bras ; mais le premier os du méta-
carpe efl; beaucoup moins long que les autres , & la première
phalange du pouce a auffi , à proportion, moins de longueur que
dans l'homme.
Les os du métatarfè &: àts quatre derniers doigts ont une lon-
gueur proportionnée à celle des os de la jambe & de la cuillè;
ie premier os du métatarfe a moins de grofîèur que celui de
l'homme; il efl fort écarté du fécond os par fôn extrémité anté-
rieure. Les deux phalanges du pouce font moins longues (Se moins
grolîès que dans l'homme, relativement aux phalanges des autres
doigts : les phalanges du troifième doigt font plus longues que
celles du fécond qui efl de même longueur que le quatrième,
comme dans une main. Le pouce des pieds du gibbon efl à peu
près de môme longueur que celui des mains ; mais relativement
à la iongueLU- des doigts , il efl beaucoup plus long.
pieds, pouc. llgne^i.
Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires
jufqu'à l'occiput „ ^, % L,
Lt plus gronde largeur de la tête h 2. 6 r»
Longueur de la mâchoire du defTous, depuis Ton
extrémité antérieure, jufqu'au bord poflerieur de
l'apophyfe condyloïdc // 2. j.
ÉpaifTeur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire
du deflus /f n 2 -►
DU Gibbon. 107
pieds, polie. lignci'
Largeur de la mâchoire du defTiis, à l'endroit des
dents canines
/' // I r .
Dinance entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 2 i
7-
Longueur de cette ouverture ,/ „
Largeur „ . •
o // u 0.
Longueur des os propres du nez „ „ ^ i^
Largeur à l'endroit le plus large „ „ , ^
Lnrgeur des orbites „ ^, ^ ^
^^'^"^^"'" ,>. „ ,0.
Longueur d^'i dents canines „ ,1 -^
Largeur du trou de la première vertèbre de haut en
^^^ " // 51.
Longueur d'un côté à l'autre // ;, r 1^
Hauteur de l'apophyreèpineufe de la féconde vertèbre. // // z,
L-i'-geur „ „ ^1^
Longueur de la huitième côte, qui eft la plus longue. // 4. i o.
Longueur du fternum /; n. 7.
Longueur du corps de îa quatrième vertèbre lom-
baire , qui eft fa plus longue // // j ,
Largeur de la partie fupérieure de i'os de la hanche, it i . 3 .
Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité coty-
ioïde, jufqu'au milieu du côté fupérieur // 3. ^^ l.
Longueur dts trous ovalaires // ;, g i.
^^rgeur n %, 6K
Z
Largeur du baffin „ j ^ ^ i
l^^uteur „ ^, ^
Longueur de l'omoplate // 2.. 8.
Largeur dans le milieu „ , . a
Longueur de l'humérus ,/ 7. j j i.
Longueur de l'os du coude // o. „
P i;
io8 D E S C R 1 P T 1 0 N, ifc.
piedi. pouc. Ilgticl,
Longueur de l'os du rayon " °* ' °'
Longueur du fémur " -Z- ' •
Longueur du libia " "• ' •
Longueur du péroné .... // J . o .
Hauteur du carpe " " 7*
Longueur du calcaneum n " * ^ •
Hauteur du premier os cunéiforme, & du fcaphoïde
pris enfemble " " 7'
Longueur du premier os du métacarpe qui eft le plus
x;ourt '^ ' • 4*
Longueur du fécond os du métacarpe, qui eft le
plus long " ^' 4-
Lonc^ueur du preniier & du cinquième os du méta-
larfe , qui font les plus courts " i • 4 j*
Longueur du troifième qui eft le plus long /' i . 7 f •
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de devant n " 8 i»
Longueur de la féconde // n 4 ï.
Longueur de b première phalange du troifième doigt. // «. 7|.
Longueur de la féconde // i . 2..
Longueur de la troifième u h j.
Longueur de la première phalange du pouce des
pieds de derrière u u S |.
Longueur de la féconde // // 5 .
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . i .
Longueur de la féconde u u 7 1.
Longueur de la troifième // // 4. |.
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109
LE MAGOTS
V-> ET animal (pL vu dr viiij eft de tous les Singes,
c'efl-à-dire de tous ceux qui n'ont point de queue \ celui
qui s'accommode le mieux de la température de notre
* Alagot , nom ancien de ce Singe en françois , & que nous avons
^i^Q)^^\.é. Aiomenct , félon Jonfton ; on l'a auffi appelé Z^r^^rw , parce
qu'il efl: fort commun dans la Tartarie méridionale.
Cynocéphales Ariflotelis. H'ijl, an'un. lib. II, cap. vill.
Cynocephûlus prunus. Jonflon.^^. taF:>. LIX.
Cynocephalus aller. Profp. Alpin. yEgypt. vol. II, pag. 241 ^ fg.
tab. XVI.
Sim'ia cynocephala omnibus unguîhus plan'is & rotundatîs. ... Le finge
cynocéphale. BrifT. Regn. anîm. pag. i p i . Nota. Il nous paroît que
M. Briflbn s'eft trompé fur la forme des ongles de ce finge : il eft
vrai que ceux des pouces des pieds de devant & des pieds de derrière
font plats & arrondis à peu près comme ceux de l'homme; mais les
ongles des autres doigts font courbés en forme de gouttière renverfée.
Sylvanus , fm'ia ecaudata cluntbus tubcrofocallofis. Cercopithecus ,
Jonfton, quad. tab. L\x,fig. /. Linn. Syjl. nat. edit. X, pag. 25.
Nota. Il nous paroît que M. Linnaeus s'eft trompé en rapportant cet
animal au Cercopithecus de Jonfton , c'eft plutôt le Cynocephalus de la
même planche; mais il eft vrai qu'on pourroit regarder ce Cynoce-
phalus & ce Cercopithecus comme le même animal , ii le poil de ce
dernier n'étoit pas trop épais & trop long.
" Nota. Il eft certain que ce finge eft fans queue , quoiqu'il en ait
une lécrère apparence formée par un petit appendice de peau d'en-
viron un demi-pouce de longueur , qui fe trouve au-deiïus de l'anus ,
mais cet appendice n'eft point une queue avec des vertèbres , ce n'cft
qu'un bout de peau qui ne tient pas ntçme plus particulièrement au
coccix que le rçfte de la peau.
O iij
110 H 1 STO I RE N ATU RELLE
climat : nous en avons nourri un pcncfant pluficurs
années ; Tété il fe plaifoit à l'air, &. l'hiver on pouvoiC
Je tenir dans une chambre fans feu. Quoiqu'il ne fût
pas délicat , il étoit toujours trifle 6c fouvent mauffade;
il fâifoit également la grimace pour marquer fa colère
ou montrer fon appétit : ïqs mouvemens ctoient
Lrufques , fes manières groffières &i fa phyfionomie
encore plus laide que ridicule ; pour peu qu'il fût agité
de pa/fion il montroit <Sc grinçoit les dents en remuant
la mâchoire; il rempliffoit les poches de fes joues de
tout ce qu'on lui donnoit , <Sc il mangeoit généralement
de tout, à l'exception de la viande crue, du fromage
6c d'autres chofes fermentées : il aimoit à fe jucher
pour dormir, fur un barreau, fur une patte de fer; on
le tenoit toujours à la chaîne, parce que malgré fà
longue domeflicité , '\\ n'en étoit pas plus civilifé , pas
plus attaché à (es, maîtres; il avoit apparemment été mal
éduqué : car j'en ai vu d'autres de la même efpèce,
qui en tout étoient mieux , plus connoifTans , plus
obéifïïins, même plus gais 6c affez dociles pour ap-
prendre à danfer, à gefliculer en cadence, 6c à fe laiffer
tranquillement vêtir 6c coiffer.
Ce finge peut avoir deux pieds 6c demi ou trois
pieds de hauteur lorfqu'il efl debout fur fes jambes de
derrière; la femelle efl plus petite que le mâle, il mar-
che plus volontiers à quatre pieds qu'à deux : lorfqu'il
eft en repos , il efl prefque toujours affis 6c fon corps
porte fur deux caliofités très-cminentes qui font fituée^
D U M A G O T. III
au bas de la région où clevroicnt ctrc les fefTcs ; l'anus
efl plus élevé , ainfi il efl afTis plus bas que fur le cul :
aufîi Ton corps efl plus incliné que celui d'un homme
affis ; il diffère du piihèque owfaigc proprement dit; i."".
en ce qu'il a le mufcau gros & avancé comme un do<^ue
au lieu que le pithèque a la face aplatie; 2.° en ce qu'il
a de longues dents canines, tandis que le pithèque ne
les a pas plus longues à proportion que l'homme; 3.".
en ce qu'il n'a pas les ongles des doigts auffi plats &
aufTi arrondis , & enlin parce qu'il efl plus grand , plus
trapu &i d'un naturel moins docile 6c moins doux.
Au refle, il y a quelques variétés dans VQiyccc du
magot ; nous en avons vu de différentes grandeurs <Sc
de poils plus ou moins foncés 6c plus ou moins fournis;
il paroît même que les cinq animaux dont Profper Alpin
a donné les figures 6c les indications fous le nom de
cynocéphales % font tous cinq des magots , qui ne
diffèrent que par la grandeur 6c par quelques autres
caractères trop légers pour qu'on doive en faire des
efpèces diflinétes 6c féparées. Il paroit auffi que l'efpèce
en efl affez généralement répandue dans tous les climats
chauds de l'ancien continent , 6c qu'on la trouve éga-
lement en Tartarie , en Arabie , en Ethiopie, au Malabar \
"Profp. Alpin. H'ijl. nat. y£gypt. lib. IV, tab. XN , fg. i , &
tab. XVI, xvii, XVIII & XIX.
^ La troifième efpèce de finge au Malabar e([ de couleur cendrce^
uns queue ou n'en ayant qu'une nés- courte, elle efl: fiiniilièrc ; ap-
prend ailement tout ce qu'on lui cnfeigne on m'en avoit donne
112 Histoire Natu relle
en Barbarie , en Mauritanie & jurque clans les terres
du cap de Bonne -efpérance *. ^ n^.
un , je m'avifai un jour de le battre , à Ces cris , il en accourut une fi
grande quantité de Hiuvagcs, que crainte d'accident, je lu. rend.s la
liberté. Voyage du P. Vincent Marie, cliap.xill, pag. 405- Trad,
par M. le Marquis de Montmirail.
* C'efl vraifemblablemcnt de cette efpcce de finge dont parle
Kobert Lade , dans les termes fuivans. « On nous fit traverfer une
„ grande montagne dans les terres du cap de Bonne-efpérance , fur
,, laquelle nous primes plaifir à chafTer de gros finges qui y font en
abondance Je ne puis repréfenter toutes les foupIefTes de ces
animaux que nous pourfuivions , ni avec combien de légèreté &
d'impudence ils revenoient fur leurs pas après avoir pris la fuite
., devant nous ; quelquefois ils fe lai/Toient approcher de fi près & à fi
« peu de diflance , que m'arrêtam vis-à-vis d'eux pour prendre mes
., mefures , je me croyois prefque certain de les fiillr , mais d'un feu!
53 faut ils s'élançoient à dix pas de moi , en montant avec la même
5, agilité fur un arbre ; ils demeuroient enfuite tranquilles à nous regarder
>. comme s'ils euffent pris plaifir à fe faire un fpedacle de notre éton-
5. nement ; il y en avoit de fi gros , que fi notre Interprète ne nous
» eût pas affuré qu'ils n'étoicnt pas d'une férocité dangereufe , notre
>î nombre ne nous auroit pas paru fuffifmt pour nous garanur de
» leurs infultes ; conmie il nous auroit été inutile de les tuer nous ne
» fimes aucun ufige de nos fufils : mais le Capitaine s'étant avifé d'en
5î coucher en joue un fort gros qui étoit monté au fommet d'un arbre,
M après nous avoir long-temps fatigué à le pourfuivre ; cette efpèce de
» menace, dont il fe fouvenoit peut-être d'avoir vu quelquefois l'exécu-
M tion fur quelques-uns de fes femblables, lui caufa tant de frayeur, qu'il
i> tomba prefqu'immobile à nos pieds, & dans l'étourdifTement de fa
?^ chute nous n'eûmes aucune peine à le prendre ; cependant lorf-
» qu'il fut revenu à lui , nous eûmes befoin de toute notre adrefle &
?'.4.e tous nos efforts pour le conferver, en lui liant étroitement les
pattes ,
»
3î
■>■>
5>
D U M A G 0 T. 113
Caraâères difthiâifs de cette efphe.
Le magot n'a point de queue, quoiqu'il y ait un
petit bout de peau qui en ait l'apparence, il a des aba-
joues , de grofTcs caliofités proéminentes fur les fèiïes ;
des dents canines beaucoup plus longues à proportion
que celles de l'homme ; la face relevée par le bas en
forme demufeau, femblabfe à celui du doaue. Il a du
duvet fur la fice, du poil brun-verdatre fur le corps 6c
jaune-blanchâtre fous le ventre. II marche fur fes deux
pieds de derrière 6c plus fouvent à quatre ; il a trois
pieds ou trois pieds 6c demi de hauteur, 6c il paroit
qu'il y a dans cette efpèce des races qui font encore
plus grandes. Les femelles font, comme les femmes,
fujettcs à un écoulement périodique de fang.
pattes ; il fe dcTcncIoit encore par Çqs morfures , ce qui nous mit «<
dans la nécefllte de lui couvrir la tête & de la ferrer avec nos «
mouchoirs.» Voyage traduit de l'Anglais , tome 1 , pages 2 a àt 8 1 ,
Tome XIV,
114- Description
DESCRIPTION
DU MAGOT.
L E Magot (planche vu , où il efl vu de face ; & pi. VI II ,
oh il cfl vu de profil ) qui a fcivi de fujet poLir cette defcriplion ,
avoit ia tcte grolîè , le nez fort plat & le mufeau fîiillant ; les
dsnts canines étoient fort longues &: les yeux petits ; il n'y avoit
que très-peu d'intervalle entre les deux yeux ; les oreilles ctoient
courtes <Sc nues , elles avoient beaucoup de rapport à celles de
l'homme. La phyfionomie du magot ctoit trlde; il ne l'animoit
jamais qu'en montrant les dents , & en agitant rapidement la
mâchoire inférieure, au point de choquer à coups réitérés les
dents de defTous contre celles de delfus '". Le col étoit court.
L'anus (A , pi. ix) lêmbloit être pôle plus haut que dans les autres
animaux ; mais les parties du corps de cet animal que l'on pourroit
comparer aux {dHîts de l'homme, parce que tout le corps portoit
delTus lorfque l'animai étoit dans la fituation d'un homme alTis, (e
trouvoient au-devant de l'anus, au lieu d'être de chaque côté comme
dans l'homme; ces parties étoient dégarnies de poils, calleulês
6c fort dures, elles formoient deux callolités (^ ^ Cy) qui avoient
chacune deux pouces de longueur fur quinze lignes de largeur.
Il y a dans la bouche du magot , de chaque côté de ia mâ-
choire inférieure, l'entrée d'une poche qui s'étend le long du
cou : on a appelé ces poches à^tï, abajoues ; l'animal y dépofe dts
alimens , &: les y garde pour ks mâcher &: les avaler dans un
autre temps. J'ai nourri un magot pendant plus d'un an; il aimoit
L>eaucoup le vin : je l'ai vu manger Sl boire de tout ce que
* Ce mouvement cfl commun à pluficurs cfpèces de Singes,
DU Magot, 115
Ton fervoit fur la table , excepte la moutarde Se les fromaorés
fermentes, il les a toujours refufes fous quelqu'appas que je ld$
lui aie prcfentcs. Je n'ai point trouvé d'abajoues dans aucun ^q&
fâpajous ni des iâgoins , que j'ai difîcqués, (Voyci ci -après une
Dcfaipùon Ae ces ahajoucs dans celle rie la moue. Le Hamfler a.
nujjï des abajoues. Voyc^ le tome XI II de cette Hijloire Naturelle ,
page I jo, pi. xvj,fig. 2,
Le magot qui m'a fervi de fujet pour cette defcription , avoit
èiti cils aux deux paupières, qui étoient entièrement nues & dô
couleur de chair allez claire; le tour &: l entre-deux des yeux, lé
nez, la mâchoire fupérieure & les lèvres n'avoient que très-peu
de poils & étoient de couleur de chair très-bafànée ; les joues,
le front, les côtés de la tête, le cou, à l'exception de la gorge,
le dos, les côtés du corps, les reins, les épaules, les hanches &:
la face extérieure des jambes de devant »Sc de derrière, étoient
garnis d'un poil aflez touffu, qui avoit jufqu'à deux pouces de
longueur; ce poil étoit de couleur grilè, noirâtre depuis la racine
jufqu'à environ la moitié de fâ longueur , enfuite il étoit d'un
gris plus clair, & plus loin encore de couleur fauve verdâtre ;
enfin l'extrémité étoit noire, on ne voyoit à l'extérieur que la
couleur fauve verdâtre & le noir; la mâchoire inférieure, la gorge ,
le ventre, les aiffelles, les aines, la face intérieure des jambes de
devant & de derrière étoient garnis d'un poil d'environ un pouce
ou un pouce &: demi de longueur , & de couleur jaunâtre très-
pâle; la peau étoit blanchâtre; les doigts a voient du poil, mais
la plante (EEFF) des pieds étoit nue , le bout des doigts étoit
gros & arrondi , les ongles avoient une couleur noire ou noirâtre,
ceux à.ç^s pouces étoient plats à peu près comme dans l'homme,
mais les ongles àts doigts étoient courbés <Sc difpofés en gouttière
lur leur longueur.
pij
ii6 Description
DIMENSIONS
DU Magot.
Longueur du corps cmier , mcfure
en ligne droite depuis le bout du
mufcau jufqu'à l'anus
Longueur de la tête depuis le bout
du muftau jufqu'à l'occiput . . . .
Circonférence du bout du mufcau. .
Circonfe'rcnce du iTiufcau , prife au-
dcflbus des yeux
Contour de l'ouverture de la bouclie.
Dlflance entre les deux nafeaux . . .
Diftance entre le bout du mu le au &
l'angle antérieur de l'œil
DiRance entre l'angle poftcrieur &.
l'oreille
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre.
Ouverture de l'œil
Diftance entre les angles antérieurs
des yeux
Circonférence de la tête , prilê entre
les yeux & les oreilles
Longueur des oreilles
pittlj. poucct. h^ncs.
Largeur de la bafe mefuréc fur la
o
courbure extérieure.
Diflance entre les deux oreilles prife
dans le bas
z.
n
II
II
II
u
I.
//
Longueur du cou j //
Circonférence du cou
Circonférence du corps, prife derrière
les jambes dç devant
5-
6.
//
7-
6.
S. 8.
4- 5-
2. 2.
M
A G O T. 1
Femelle. 1
pictis.
pouco
Ij^nct.
I .
8.
H
H
4-
6.
U
4-
6.
il
7-
Il
II
1.
6.
M
^
It
II
u
7-
M
n
6.
II
u
3l
n
u
3-
I.
//
2.
3-
2.
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3-
z.
6.
8.
// I o.
8.
//
//
//
6.
i. u
2. 6.
2. 8.
Z. 2.
6. ic.
I. n
DU AI A G O T.
117
DIMENSIONS
DU Magot.
La même circonférence à l'endroit le
plus gros
La même circonférence devant les
jambes de derrière
Longueur de l'avant-bras depuis le
coude Jufqu'au poignet
Circonférence du poignet
Longueur depuis le poignet jufqu'au
bout des ongles
Longueur de la jambe depuis le genou
julqu'au talon
Longueur depuis le talon jufqu'au
bout des ongles
Longueur des plus grands ongles. . .
M A G o T
Alâle.
Magot
Femelle.
Il II. 6.
Il
7-
"
tt
6.
4
II
3-
8.
n
3-
//
II
4-
6,
II
4-
//
II
8.
4.
II
7-
3-
II
6.
6.
II
5-
4.
II
Il
7-
.1
//
4-
// I o. 6.
Le mâle pefoit vingt-trois livres. Lepiploon setendoit juf-
qu'au bafliii ; il étoit chargé daiîs quelques endroits d'une graiffe
jaunâtre.
Le duodénum , au fortir de leflomac , fê replioit en dedans ,
&. k joignoit au jéjunum dans la région ombilicale; le jéjunum
fuifoit fes circonvolutions dans la même région & dans l'hypo-
condre gauche. Les circonvolutions de j'ileum étoient dans le
coté gauche , & dans la région ombilicale , 011 il aboutifToit au
cœcum qui étoit dirige obliquement de devant en arrière & de
haut en bas dans le côté droit. Le colon setendoit en arrière
dans la région iliaque droite ; il faifbit des circonvolutions dajis
celte région, dans l'iiypogaftrique & dans l'iliaque gauche, avant
de Te joindre au rectum qui , au lieu dj; Tuivre ks vertèbres
P iij
ii8 Description
lombaires , fornioit dans le baffm un arc, dont l'une des branches
aboulillbit à l'anus.
L'eflomac s'ctendoit plus à droite qu'à gauche ; il reffembloît
beaucoup par fîi figure à celui de l'homme , mais il ctoit plus
renflé fur la petite courbure à côté de rœfophage & fur Tes deux
faces.
Les inteflins grêles avoient tous à peu près la même grofîêur;
leurs membranes étoient rougeâtres & aiïèz minces. Le cœcum
(AB , pi. X ,fs-i) étoit court & gros; le colon (C ,D ,E)
étoit aufli gros que le coecum près de cet inteflin , enluite il
diminuoit peu à peu de grofîêur fur la longueur de huit pouces :
le relie étoit à peu près de la même grofleur que le redum. II
y avoit fur le cœcum le colon & le redum, trois bandes tendi-
neules , dont l'une étoit peu apparente fur le cœcum , & il n'y
en avoit qu'une feule qui s'étendît jufqu'à l'extrémité du reélum :
le cœcum & fur-tout le colon formoient plufieurs petites poches.
Le foie étoit compofé de trois grands lobes , il y en avoit un
de chaque côté , & le troifième fê trouvoit dans le milieu , féparé
par la fciffure ( A,pl x , fg. 2) du ligament fufpenfôir en deux
parties , dont la droite portoit la véficule (B) du fiel ; la partie gauche
avoit aufTi une petite fciffure à fôn extrémité inférieure. II y avoit
à la racine du lobe droit fur fa face poftérieure un petit lobe (C )
alongé 6c pointu , & près de l'origine de ce petit lobe une émi-
nence ( D). La couleur de ce vifcère étoit au dehors & au dedans
d'un rouge-brun ; il pefôit fèpt onces trois gros. La liqueur du
fiel étoit d'une couleur orangée-rougeâtre , Ôc du poids de vingt-
quatre grains.
La rate (pi X ,fg. ^ ) étoit fituée au côté gauche de l'eftomac ,
& s'étendoit obliquement de devant en arrière & de haut en
bas; fà partie fupérieure étoit beaucoup plus large que l'inférieure;
D U M A G O T. jig
celle-ci formoit un globule fc-paié du lefte par une fcifîure ; h
rate avoit au dehors Sl au dedans une couleur noirâtre; elle
peloit trois gros.
Le pancréas étoit de figure fort irrégulière, & s'étendoit , depuis
la courbure que formoit le duodénum au fortir de l'eftomac
julqu a la rate & au rein gauche.
Les reins étoient alongés , & leur enfoncement avoit peu de
profondeur ; le rein droit étoit plus avancé que le gauche d'environ
la moitié de /à longueur : ks mamelons étoient fort gros &: réunis
ies uns aux autres ; le baffinet avoit peu d'étendue.
Le poumon droit étoit divifé en quatre lobes conformes &
fitués comme dans la plupart des quadrupèdes; à gauche, il n'y
avoit que deux lobes , dont le premier étoit divifé en deux parties
par une j^rofonde fcifiùre. Le cœur étoit peu pointu ; il ibrtoit
deux branches de la crofiê de l'aorte.
Les papilles de la langue étoient très-courtes , 5c il y avoit à
l'extrémité quanliié de grains blanchâtres & ronds; ces grains
étoient plus éloignés les uns des autres fur le refîe de la lanc/ue»
On voyoit fur l'extrémité poftérieure trois glandes à calice d'une
ligne de diamètre , elles étoient placées de façon qu'elles fojnioiait
un triangle , dont la baie étoit en avant. L'épiglotte n'avoit aucun
prolongement en pointe.
Le cerveau pefoit trois onces, &: le cervelet trois gros Se demi;
il étoit entièrement recouvert parla partie poflérieure du cerveau.
Le gland ^y4 , /;/. xi J étoit aplati fur ks côtés, Se terminé
par un rebord fBJ femblable en quelque forte à la tète d'un
champignon; le pédicule {AJ , qui tenoit à ce rebord , formoit
le corps du gland, & étoit plus mince près du chapeau du
champignon que près de la verge. Les tedicules fCCj étoient
très-gros & prefque londs ; l'épididyme {DDJ a\'oit aufîi un très-
120 Description
grand volume; la fubriance de l'intérieur dts teflicuîes ctoit de
couleur grifatre , &: il y avoit au milieu un axe blanchâtre ; les
canaux dcfcrens ( EE) éloient à peu près de même diamètre
dans toute leur étendue : la vefTie ( F) avoit peu de volume ,
clleétoit prefque ronde, les véficules réminales(^6'(^^ avoient une
forme obIongue,& les proflates (H) étoient fort épaiffes.
Il y avoit au-defTus de l'anus une forte de petite queue en
forme d'excroiHIince , qui étoit fans poil Se qui avoit cinq lignes
de longueur , deux lignes de largeur &: une ligne d'cpailTeiir :
cette queue fê trouvoit au bout du coccix , mais elle n'y adhéroit
pas plus que le relie de la peau.
La femelle de magot , dont les dimenfions font rapportées
dans la table précédente , m'a paru avoir plus de jaune & moins
de verd que le jijâle , fur la tête , fur le cou , fur les épaules , la
poitrine &: la face extérieure des jambes de devant : elle pefoit
douze livres trois quarts.
L'anus étoit placé au-delîôus du dos comme celui du mâle ;
la vulve fê trouvoit entre les deux callofités des os ifchioii^, fur
îefquelles l'animal s'alfiecL
Cette femelle avoit deux mamelons flir la poitrine , un de
chaque côté ; ils avoient trois lignes de diamètre , & ils fe trouvoient
placés à vw\ pouce quatre lignes de diftance l'un de l'autre.
Dans cette femelle, le duodénum étoit auffi court que dans le
mâle , à jîeine avoit -il trois ou quatre pouces de longueur; il
fbrmoit un arc au lôrtir de l'eftomac , & il aboutiflbit dans la
réoion ombilicale : le reélum étoit très-court.
Les inteflins grêles avoient lix pieds & demi de longueur
depuis le pylore jufqu'au cœcum ; celle da colon <Sc du reélum
prifes enfembîe étoit de trois pieds : l'extrémité fupéïieure de la
rate étoit pointue.
Le
DU Magot. i^i
Le gîanJ Ju clitoris ^^,;;/. av/, qui rcpn'feute kv^gh ouvert)
c'toJt peu apparent & place fur le bord de Ja vulve; il ne fomioit
qu'un tubercule peu élevé , mais le corps du clitoris étoit gros.
L'orifice (B) de l'urètre fe trou voit à trois lignes dediflancedu
clitoris, ( cet orifice ejl marqué, pi xn , par un flikt CD). Le
vagin (EF) avoitpeu de longueur ; l'orifice (G) de la matrice
étoit long de trois lignes ; la matrice ( H) avoit une forme
triangulaire. Ton col (î) étoit fort gros, il x{y avoit point de
cornes; les trompes ( K K) fortoient de chaque côté du fond de
la matrice , & aboutiffoient à un pavillon qui enveloppoit la plus
grande partie des tefiicules (L L), qui étoient de couleur blanchâtre
&:de forme trés-irrégulière , car leur furfice fupérieure étoit plate ,
& l'inférieure convexe: on voit dans h planche x 1 1 la veffiê
(M) ^ une portion (NO) à.\x reclum.
T I • n.- A, , . , . P'^'^' pouc, lignes.
Longueur des inteftins grêles depuis le pylore jufqu'aii
cœcum n
«• // If
Circonférence du duodénum ^
/' ^. 6.
Circonférence du jéjunum ^^
CiVconférence de l'ilcum dans les endroits les pfus
gros
° Il 2. p.
Circonférence dnns les endroits les plus minces ... /, o.
Lon,^ueur du coecuni „ ^
° Il 2.. Il
Circonférence du cœcum dans les endroits les plus
gros .
^ // 7. n
Circonférence à l'endroit le plus mince ;, 2, 6
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. ,1 7. /,
Circonférence dans les endroits les plus minces. ... // i. «^
Circonférence du redum près du colon /, 2. g.
Circonférence près de l'anus (, 2., -y
longueur du colon & du redum pris enfemble // 2 . C,
Tome XIV, " Q
122 Description,
pieds, pouc. ngnc5.
Longueur du canal intcflinal en entier , non compris
le cœcum i o. 6. //
Grande circonférence de l'cllomac i. 9. h
Petite cii conférence 1 • 3 • //
Longueur de la petite courïjure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à l'œfophage // 3. 6.
Profondeur du grand cul-de-fac a x. 6.
Circonférence de rocfophagc // 2. //
Circonférence du pylore n 2. 6.
Longueur du foie // 4. 6.
Largeur // 6. i/
La plus grande épailîcur // // j ï»
Longueur de la véfîcule du fiel u i . 4^
Son plus grand diamètre // // S.
Longueur de la rate // 2. ?»
Largeur de l'extrémité inférieure // i . //
Largeur de l'extrémité fuj)érieure t 11 6,
Epaifleur dans le milieu y/ /, ^^
Epaifîèur du pancréas // // -y ^
Longueur des reins // 2. i.
Largeur „ ,. j,
Épaiflèur ^ ,, |^
Longueur du centre nerveux , depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe „ ,. ^^
Largeur „ ^^ ^^
Circonférence de la bafe du cœur ^ ^ ^^
Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naiflànce de l'ar-
tère pulmonaire ^ , , ^
* « i.io.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fac pulmonaire. u i. 6.
Diamètre de l'aonç , pris de dehors en dehors ... u n ^
r> u Magot, ï^j
pieds. Jiouc. lignes.
Longueur de la langue . // 5 . ^ ,
Longueur de la partie anicrieure , depuis le filet
jufqu'à l'extrémité // i^ ^
Longueur du cerveau // 3 . /,
Largeur „ 2. 4.
Épaifleur „ , , 2.
Longueur du cervelet // i , i .
Largeur „ i . C,
Epaifleur „ z, g,
Diftnnce entre l'anus & le fcrotum // 3. 3.
Diftance entre le fcrotum & l'orifice du prépuce. , a 11 8.
Longueur du g'and • // 1 . i .
Circonférence h i . //
Circonférence du champignon // i. 3.
Longueur de fa verge depuis la bifurcation des corps
caverneux jufqu'à i'infcrdon du prépuce // 2. i o.
Circonférence ^ // i . //
Longueur des teflicules // 2. lé
Largeur // i . 8.
Épaifleur // i . j.
Largeur de l'épididyme // // 5 .
Epaifleur // // 5.
Longueur des canaux déférens /; 8. n
Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue. /' // i.
Grande circonférence de la veflîe // 7. 6.
Petite circonférence // 6. 6.
Circonférence de l'urètre n i . 3.
Longueur des véficules féminales // 2. 6,
Largeur // h 6,
f
Epaifleur , n m ^j»
124- Description
pIcJs potîc. T]'^tS.
Longueur Jes prortates // i • "
Largeur » " ^'
Epaiiïeur " " 4*
Diftance entre l'anus & la vulve ti ii 4.
Longueur de la vulve // // 4-
Longueur du vagin // i. ^.
CIrconfcrence /' 2 . j ,
Grande circonférence de la vefîle // 6. ir
Petite circonfcrence u 5. 6.
Longueur de l'urètre u n y.
Circonférence // // 9.
Longueur du corps du du col de la inatrice // i. 3;.
Dirtance en li^ire droite enu-e les tcfticules & lar
matrice . n m 4.
Longueur delà ligne courbe que parcourt h tronipe. // // ^.
Longueur des telliculc^ u h 5.
Largeur h h 4.
Épaifleur » // u 2»
La tête du fquelette du magot diffère de celle de l'homme ^
du jocko &; du gibbon, principalement par le raiifèau qui eftplus
long , par la fitualioii de l'ouverture des narines qui eft placée plus
bas au-dcifous des orbites des yeux, par i'ctendue de ces orbitesi
qui font plus petites ^ & par une arête tranfverfâle qui elt fur
J'occiptjt ; cette arête fe trouve dans la plupart des quadj iipèdes ,
elle fert d'attaclie aux mulcles q^ui foulitnnent la tête ; plus elle a
d epaifîèur & de fiiiiie , plus elle dénote l'effort que font ces
mufcles pour fouteiiii- la tête di^s quadrupèdes & pour la relever
parce qu'elle n'eft pas en équilibre fur le cou comme celle de
rhojiinie. Le front du magot nes\:îève p.isau-deffus des orbites;
DU Magot. 125
leur bord fupuieiir forme un bourrelet très-faillant en avant , &:
ce bourrelet s'étend d'une orbite à l'autie au-delîus du nez où il
a une face prefque perpendiculaire à celle dts os propres du nez ;
ce même bourrelet fe prolonge fur le côte extcrieur àcs orbites ,
parce que l'apophyfe orbitaire de l'os frontal e: celle de l'os de
k pomette font très -grofîès; l'arcade zygomatique efl auffi plus
convexe que dans l'homme , le jocko & le gibbon , & a plus de
rapport à celle de la plupart i\ts quadrupèdes. Les orbites des yeux
ont beaucoup plus de largeur que de hauteur. L'uuvciture des
narines s'étend prefque ju/quau bord alvéolaire. La mâchoire in-
férieure diffcre de celle de l'iiomme, du jocko <Sc du gibbon , en
ce que les branches font moins recourbées & plus reîîèmblanlc>
à celles de la mâchoire de la plupart dts quadrupèiles.
Les dents du magot refTemblent à celles de l'homme pour (e
nombre : mais il y a de grandes différences pour ix forme .prin-
cipalement dans les canines qui font refîèmblantes à celles du
gibbon, mais de beaucoup plus grandts. La première mâchelière
du delîbus eO: .à proportion plus grolTè que dans l'homme , elle
prélènte une longue face antérieure , formée par le frottement de
la dent canine du defîùs. La dernière mâchelière de chaque cote
des deux mâchoires eft la plus grollè comme dans la plupart dei^
animaux ; & au contraire de ce qui efl dajis l'homme , die a fuf
chaque face deux cannelures longitudinales. Il y a entre \<is inci-
fives & les canines du delfus , & entre \ts canines & les mâche-
iières du dclîous , un elpace vide dans lequel la dent canine de la
mâchoire oppofce entre loifque la bouche le ferme»
Aucune des vertèbres cervicales n'a l'apophyfe épineufe fourchue;
la branche inférieure de l'apophyfe tranfverfe de la fixième ver-
tèbre eil larges plate comme dans la plupart des quadrupèdes.
11 y a douz.e vertèbres dorf îles oC douze cotes de chaque côté^
126 Description
Iiuit vmies &: quatre faulTes. Le fteriium efl: compofe de fëpt 05.
Les premières côtes , une de chaque cote , s'articulent avec la partie
antérieure du premier os du fternum ; l'articulation des fécondes
côtes efl entre le premier Se le fécond os du fternum ; celle dçs
troifièmes côtes , entre le fécond oc le troifième os , & ainfi de
fuite Jufquaux fêptièmes & liLiitièmes côtes qui s'articulent entre
le fjxième & le (êptième os du fternum.
Les vertèbres lombaires font au nombre de fèpt.
L'os fâcrum efl: compofe de trois faufîès vertèbres ; il n'y a
que deux pièces dans le coccix. L'os iâcrum &: le coccix font
prefque en ligne droite avec la colonne vertébrale.
L'os de la hanche efl concave fur fâ face externe , il a deux
faces longitudinales internes , dont l'antérieure eft la plus étroite.
Les os pubis ont beaucoup de largeur à l'endroit de leur angle &
de leur branche; ils font plus fâillans vers l'abdomen que dans
le gibbon Se le jocko ; la gouttière qu'ils forment efl convexe
en dehors dans k longueur. La tubérofité de chacun des os
ifchions efl très-grande , & a une facette fort étendue fur laquelle
étoit la callofitc de la peau.
L'omoplate efl plus large que celle du gibbon & du jocko ;
&i par conféquent plus reflèmblante à celle de l'homme , mais
elle efl plus longue.
Les clavicules reffemblent à celles de l'homme , du jocko «Se
du gibbon.
L'os du bras a moins de longueur que l'os du coude , au
contraire de ce qui efl dans l'homme ; aufTi les os de i'avant-bras du
magot font beaucoup plus longs que ceux de l'homme ; cependant
le bras du magot étant appliqué le long du corps ne s'étend que
jufqu'au milieu de l'os de la cuilfe, à peu près comme celui de
i'homme , parce (^ue la grande longueur de I'avant-bras çft
DU Magot, 127
compenfce par I ttendue des lombes qui font plus fongucs dans fe
magot , étant compofces de fept vertèbres , tandis qu'il n'y en a
que cinq dans l'homme. L'os du bras du magot eft convexe en
avant fur la longueur de fa partie moyenne fupérieure; il a le
long de celte partie trois arêtes loiigitudinales , l'une fur le cote
externe , 6c les deux autres fur les bortis de la gouttière. Les os
de l'avant-bras font plus écartes l'un de l'autre que dans l'homme.
Les os deîa cuiffe &: de la jambe dKferent de ceux de l'homme;
en ce qu'ils font à proportion beaucoup pkis courts.
Il y a onze os dans le carpe, ils redèmblent à ceux du gibbon
par la fituation , mais ils en difterent à plufieurs égards pour la
figure.
Le tarfe n'eft compofc que de fcpt os qui diflcrent peu de
ceux du tarfè de l'homme.
Les plus grandes différences que j'aie remarquées dans les os
du métacarpe , du métatarfe Se dans les phalanges Azs doigts du
magot comparés aux os qui leur correfpondent dans l'homme,
c'eft que le premier os du métacarpe & les phalanges du pouce
font moins gros 5c plus courts que dans l'homme, & que les os
du métatarfe & ôi^ cinq doigts à^s pieds de derrière du magot ,
font dilpoies & proportionnés , comme s'ils faifoient partie d'une
main & non pas d'un pied, comme je l'ai déjà oblèrvé fur le
gibbon,
picvls. pouc. IJgneJi'-
Longueur depuis le bout des mâchoires jufqu'à
l'occiput // 4. I r.
La plus grande largeur de la tête u ?. %,
Longueur de la mâchoire inférieure, depuis fon ex-
trémité antérieure jufqu'au Lord pofléricur i\c
l'apophyfe condyloïJc // 4. t.
128 Description
pic<Is. pue. li^ncf.
EpailTeur de la pnrtie antcViciire de l'os de îa mâ-
choire du defTus " " 3*
Larocur de la mâchoire dutleflusà l'endroit des dents
o
canines /' i • 4*
Diftancc entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 7 i«
Longueur de cette ouverture // i • ï •
Largeur // " 7*
Longueur des os propres du nez // " 5?.
Largeur à l'endroit le plus large u " 2 j.
Largeur des orbites // i . i.
llauteur // // 8^.
Longueur des dents canines // i . //
Largeur du trou de la première vericbre de haut en bas. // ;/ 6 y.
Largeur d'un côté à l'autre // // 7.
Hauteur de l'apoj^hyfe épineule de la féconde vertèbre. // /' 4,
Largeur // n 3 ,
Longueur de la huitième côte qui efl: la plus longue. // 5.2,
Longueur du fternum // 4. 4.
Longueur du corps de la fixième vertèbre lombaire,
qui efl la plus longue // n nX,
Lnrgeur de la partie fupcrieurc de Fos de la hanche. // // 11,
Longueur de l'os depuis le milieu de la cavité coty-
loïde, jufqu'au milieu du cô.é fupcrieur // 4, g
Longueur des trous ovalaires ^ j. 2.^,
Laigeur „ „ ^1^
// 2.. //
Largeur du baflia
îî'i"teur „ ^^ ^i^
Longueur de l'omoplate „ , g^
Largeur dans le milieu „ 2.. it
Longueur dp l'humtrus „ . j^^
Longueur
DU Magot, jzcj
pieJs. pouc. lignes.
Longueur de l'os du coude // c, , ^
Longueur de l'os du rayon // 5. p.
Longueur du fcmur // 6. 7.
Longueur du tibia // ^. ^ i.
Longueur du péroné // j. p.
Hauteur du carpe 4 h o.
Longueur du calcaneuni // i . c.
Hauteur du premier os cunéiforme «Se du fcaphoïdc,
pris enfenible // // p.
Longueur du premier os du métacarpe, qui cfl: le
plus court // I. If
Longueur du troificme os du métacarpe, qui eft le
plus long j I. 6.
Longueur du premier os du métatarfe, qui efl: le
plus court ir i . 2.
Longueur du iroifièmc, qui efl le plus long // 2. // '
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de devant h n 6 [,
Longueur de la féconde // // ^ -j.
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . -.
Longueur de la féconde v 11 8 t.
Longueur de la troifième // ji 5 .
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière // // 8
Longueur de la féconde // // 4.
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // 1, 2.
Longueur de la féconde // u p.
Longueur de la troifième >* /' 5 .
Tome XIV. R
r
IJO
Description
m.»» ■■-< ■ H' »i ••mitwmrm
DESCRIPTION
DE LA PARTIE DU CABINET
qui a rapport à l'Hijh've Naturelle
DES SINGES.
N." M C C X C I.
La peau d'un Jocko,
V^ETTE peau eft bouirce, on y a lailîc les os Jes dernières
phalanges des doigts pour mieux confèrver leur forn"^, qui varie
dans les différentes efpcces i^ts animaux de ce genre, par les
proportions (\ts pouces, re'alivement à celles des autres doigts,
La peau bourrce, dont il s'agit, reprciènte le Jocko affis.
N.° M C C X C I I.
Le fquelette d'un jocko.
Ce iquelelte efl incomplet , il y manque \qs os des avant- bras ,
des jambes &: des pieds du jocko; on y a /iibftitué des os d'un
fquelette humain , à peu près de mcme hauteur que celui du jocko,
rapporte fous le prclênt numéro ; la defcription de ce fquelette
& celle de la peau dont il a été fait mention fous le numéro
précédent , font dans la defcription du jocko.
N.° M C C X C I I r.
Lu peau d'un gibbon,
C'eft la peau d'un petit gibbon , elle e(l bourrée : on y voii
h couleur grife du ventre 6c du dos, qui diftingue le petit gibbojî
du grand.
DU Cabinet, iji
N.° M C C X C I V.
Le fqiielette d'un gibbon.
Ce fquelette efl remarquable entre tous ceux qui font au
Cabinet , par la longueur exceffive de fès jambes de devant ; (à
defcriplion &: Çts principales dinienfions fe trouvent dans \à
çlefcription du gibbon.
N.° M C C X C V.
L'os hyoïde d'un gibbon.
Cet os n'eft compofc que de trois pièces , il n'a point (^c
petites cornes comme celui de l'homme; il y a aulTi quelques
différences dans la forme &i les proportions àts trois pièces de
i'os hyoïde du gibbon, comparées à celles qui leur correfpondent
dans l'homme.
N.° M C C X C V I.
Un magot.
Cet animal efl dans l'efprit-de-vin, il reffemble au mâk
qui a fèrvi de fujet pour la defcriplion du magot,
N.' M C C X C V 1 1.
Une peau de magot.
Cette peau efl bourrée, elle ne difière pas de celle du magot
qui a fèrvi de fujet pour la defcription de cet animal.
N.° M C C X C V ï I I.
Le fquelette d'un magot mâle,
C'efl: le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription &
les dimenfions des os du magot ; il y manque plufieurs dents.
- Ri;
132 Description, ire.
N.°^ M C C X C I X.
Le fqiielette d'une femelle de magot.
Ce fqLieiette e(l de taille plus petite que celui du mâle, il n'y
a point d'arcles ofTeuiês fur l'occiput , les bords des orbites des
yeux y font moins renfles &: moins faillans; au ref^e, je n'ai
aperçu aucun caradcre qui put dcfigner la diffcience des fèxes,
comme dans les fquelettes humains.
N.° M C C C.
L'os hyoïde d'un magot.
II y a cinq pièces dans cet os, une bafe, deux grandes cornes,
îk au bout de chacune de ces cornes une pièce large & aplatie;
la bafè efl: d'une figure très-différente de la bafê de i'os hyoïde
de l'homme , elle fê prolonge en bas 6c forme une gouttière
verticale.
N.° M C C C I.
L'os de la verge d'un jeune magot.
Cet os a quatre lignes de longueur, il eft courbe & plus
mince à l'une de Tes extrémités qu'à l'autre.
W
J33
LE P A PI O N *
ou BABOUIN proprement dit.
D
ANS l'Honime , laphyfionoinie trompe , ôi la figure
du corps ne décide pas de la forme de l'amc; mais dans
les animaux, on peut juger du naturel par la mine, & de
tout l'intérieur par ce qui paroîtau dehors : par exemple,
en jetant les yeux fur nos Singes &i nos Babouins, il cft
* Popion, mot dérive de Pap'io , nom de cet niiimal en latin mo-
derne, &: que nous avons adopté pour le diflinguer des autres
Babouins. Baboon, en Anglois ; P^v)'o« , en Allemand ; Choac-hama ,
au cap de Bonne-efpérance , félon Kolbe.
Papïo. Gefner. Icon. Quad. pag. ^6 , fig. ibid. Nota. \° Celte
figure donnée par Gefner a été copiée par AIdrovande. Quad. d'igit.
pag. 260, ôi. par Jonflon. Qw^^A tab. 6 1 , fub nomine /^^/^/t» /^wz/uj.
Nota. 2.^ Gefner s'eft beaucoup trompé en prenant cet animal pour
i'Hyxne.
Babouin. Kolbe. Defcr'iption du cap de Bonne-efpérance , tome III ,
page 6 ^ , fg. 2., Cette figure donnée par Kolbe cft encore plus
Kiauvaife que celle de Gefner , & cependant ce font les deux feuls
Auteurs qui aient donné la figure de cet animal.
Pnpio. Le babouin. Brifl". reg. anim. pag. 192.
SpWinx. Simia Jè/nicaudata , ore vib^iffalo ^ unguibus acuwinatis, Lii^n.
Syjî. nat. cdit. X , pag. 25. Nota. M. Linnaeus s'eft trompé en doiuiajn
des mouftaches , comme cara(îtère diftindlif à cet animal ; c'e/l pro-
bablement d'après la figure de Gefner qu'il a pris cet indice , & cette
figure pèche en cela , car dans le réel le babouin n'a point de mouf-
laches. Voye-^ lafgure que nous en avons fait deffiner d'après l'animal
vivant (pi, XIII J'
R iij
\^^^ Histoire N at u re l le
aile de voir que ceux-ci doivent être plus fauvages, plus
méchans que les autres; il y a les mêmes difiérences,
les mêmes nuances dans les mœurs que dans les figures.
L'orang-outang qui reilemble le plus \ l'homme, efl
le plus intelligent, le plus grave , le plus docile de
tous ; le magot , qui commence à s'éloigner de la forme
Jiamaine, (k qui approche par le mureau(S:par les dents
canines de celle des animaux, cft brufque , dcrobciffant
& maufTade; &l les babouins, qui ne refTemblent plus à
rhomme que par les mains, (5c qui ont une queue, des
ongles aigus , de gros mufeaux, (Sec. ont l'air de bêtes
féroces , (Se le font en effet ; j'ai vu vivant celui dont
nous donnons ici la figure (pi. xiii ) , il n'étoit point
Iiideux , &i cependant il faifoit horreur : grinçant conti-
nuellement les dents, s'agitant, fe débattant avec colère;
on étoit obligé de le tenir enfermé dans une cage de
fer, dont il remuoit {\ puiffamment les barreaux avec
fes mains qu'il infpiroit de la crainte aux fpedateurs ;
c'efl un animal trapu , dont le corps ramaffé 6l les
membres nerveux indiquent la force (Se l'agilité, qui,
couvert d'un poil épais &. long paroit encore beaucoup
plus gros qu'il n'eft; mais, qui dans le réel, eft fi
puiffant (S. h fort qu'il viendroit aifément 'à bout d'un
ou de plufieurs hommes, s'ils n'étoient point armés "^ :
* C'efl à cette efpcce qu'il faut rapporter ranimai appelé trétré trc tré
à Madagafcar , il cft ( dit Flaccourt ) gros comme un veau de
deux ans , il a la tête ronde & une face d'homme , les pieds de
devant <5c de derrière comme un fijige , le poil frifotté , la queue
DU P A P I 0 N OW B A B O U I N, 135
d'ailleurs, il paroit continuellement excite par cette
pafTion , qui rend furieux les animaux les plus doux ;
il eft inlblemment lubrique, <Sc aiïedle de le montrer
dans cet état , de le toucher, de fe fatisfairc feul aux
yeux de tout le monde; & cette adion , l'une des plus
honteufes de l'humanité 6c qu'aucun animal ne fc
permet, copiée par la main du habouin, rappelle l'idée
du vice 6c rend abominable rafpect de cette bétc que
la Nature paroit avoir particulièrement vouée à cette
efpèee.d'impudenee; car dans tous les autres animaux,
6c même dans l'homme, elle a voilé ces parties; dans
le babouin au contraire, elles font tout -à- fait nues 6c
d'autant plus évidentes que le corps efl couvert de
longs poils; il a de même les feffes nues 6c d'un rou"-e
couleur de fang , les bourfes pendantes , l'anus décou-
vert, la queue toujours levée; il femble faire parade
de toutes ces nudités, préfentant fon derrière plus fou-
vent que fa tête, fur-tout dès qu'il aperçoit des femmes
pour lefquelles il déploie \\\-\q telle effronterie, qu'elle
ne peut naître que du dehr le plus immodéré *. Le
courte , les oreilles comme celfes de Thomnie ; il rcflemLfe au tanack
décrit par Ambroife Part : c'ed un oninial foiiiaire , les gens du pays
en ont grand peur. Voyage a Aladagnfcar , page i j i.
* Papio , animal ad libïd'incm pronum , cum mulieres vïdet alacr'itatem
fuam ojlendit. . . . Pap'io quem v'idi vivum, ad nutum haud fecus , atque
caput reliqua anhnalia , anumvenchatfreqnenùuspcpulooflentans. G e (lier.
Icon. Qiiad. pag. yy. — II y a aux Philippines des babouins trcs-
lubriques , qui ne permettent pas aux femmes de s éloigner de leurs
iiiaifons. Voyage de Gemelii-Carrcri , {meV,fag<^ 2 Oj?,— Les babouini
136 Histoire Naturelle
magot ÔL quelques autres ont bien les mêmes incli-
nations ; mais comme ils font plus petits & moins pé-
tulans , on les rend modeflcs à coup Je fouet, au lieu
que le habouin cfl non-feulement incorrigible fur cela,
mais intraitable à tous autres égards.
Quelque violente que foit la pa fi] on de ces animaux,
ils ne produifcnt pas dans les pays tempérés; la femelle
ne fait ordinairement qu'un petit qu'elle porte entre fes
i)ras & attaclic, pourainfi dire, à fi mamelle; elle efl
fujette comme la femme à l'évuacation périodique, (Se
cela lui e(î commun avec toutes les autres femelles de
fmges qui ont les fefTcs nues ; au refle, ces babouins
quoi([ue médians & féroces ne font pas du nombre des
animaux carnaffiers, ils lé nourriffent principalement de
fruits, de racines &. de grains ; ils fe réuniffent * 6c
s'entendent
n'ont point de poils fur les fefles, elles (ont ù pleines de cicairices
& d egraiignures , qu'il fcnible n'y avoir pas même de peau: ce font
des animaux d'une lafciveté inexprimable. Defcr'ipi'ion du cnp de Bonne-
efpérance , par Kolbe , tome III, page ^ p . — Pa})io , animal libidinofum ,
fœminis facile vim infert. Umu. fyfi. nat. edit. X, pffg. 25.
* Les babouins aiment pafîionne'mcnt les raifins, fes pommes, &
en général les fruits qui croifient dans les jardins Leurs dents
& leurs griffes les rendent redoutables aux chiens , qui ne les vainquent
qu'avec peine , à moins que quelque excès de raifm ne les ait rendus
roides & engourdis. . . . J'ai vu qu'ils ne mangent ni poiflon ni viande,
fi elle n'a été premièrement cuite & qu'elle ne foit accommodée de
la manière dont les hommes la mangent , & qu'ils avalent fort avi-
dement de la viande ou du poirt-on bien apprêtés Voici fa
manière dont ils pillent un verger , un jardin ou une vigne : ils font
peur l'ordinaire ces expéditions en troupes ; une partie entre dans l'enclos,
tandis
Il' m A//
Pi r/i. r.;,/. izfi .
/>. .i-.r. ././'
MAGOT.
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I'/ rif P.r.,.'^3.
^w»'«v i^4ttt.-é-i.ruain ./*•/
».'A.-ft7^/ s,'4iJf. .
DU P A P I O N. 137
s'entendent pour piller les jardins ; ils fe jettent les
fruits de main en main 6>l par-dcfTus les murs, 6c font
de grands dégâts dans toutes les terres cultivées.
Caraâères dijî'mâifs de cette efpèce.
Le papion a des abajoues 6. de larges callofités fur
les feffes , qui font nues & de couleur de fang ; il a la
queue arquée 6l de fept ou huit pouces de long ; les
dents canines beaucoup plus longues <S(. plus groffes à
proportion que celles de l'homme ; le mufeau très-gros
à. très-long, les oreilles nues, mais point bordées, le
corps maffif <Sc ramaffé , les membres gros (Se courts ,
les parties génitales nues <Sc couleur de chair; le poil
long (Se touffu, d'un brun-rouffitre (Se de couleur aflez
tandis qu'une autre partie refte fur la cIoi(bn en (entinelle , pour avertir
de l'approche de quelque danger ; le refte de la troupe efl: placé au
dehors du jardin à une diftance médiocre les uns des autres , & forme
ainfi une ligne qui tient depuis l'endroit du pillage jufqu'à celui du
rendez-vous ; tout étant ainfl difpofé , les babouins coiimiencent le
pillage , & jettent à ceux qui font fur la cloifon les melons , les courges,
les ponunes, les poires, &c. à melure qu'ils les cueillent; ceux qui
font fur la cloifon jettent ces fruits à ceux qui (ont au bas , & ainfl
de fuite tout le long de la ligne , qui pour l'ordinaire finit fur quelque
montagne ; ils font fi adroits , & ils ont la vue fi prompte <5c fi jufle,
que rarement ils laifîènt tomber ces fruits à terre en fe les jetant les
uns aux autres : tout cela fè fliit dans un profond filence & avec
beaucoup de promptitude. Lorfque les fcntinelles aperçoivent quel-
qu'un , elles poufîênt un cri ; à ce fignal , toute la troupe s'enfuit
avec une vîteffe étonnante. Defcriptîon du cap de Bonne- efpéramc , par
Kolbe , tome III, page j y & fu'iv,
Tome XIV, S
138 Histoire Natu re LLE,iirc,
uniforme fur tout le corps ; il marche plus fouvenC
à quatre qu'à deux pieds, il a trois ou quatre pieds de
hauteur lorfqu'il eft debout; il paroît qu'il y a dans
cette efpèce des races encore plus grandes Sl d'autres
beaucoup plus petites. Le babouin que nous avons
fait repréfenter (pi. xivj efl de la petite efpèce, nous
l'avons foigneul'ement comparé au grand Babouin ou
Pûpioîi (pi. XIII ) , Se nous n'avons remarqué d'autres
différences entr'eux que celle de la grandeur. Se cette
différence ne venoit pas de celle de l'âge, car le petit
babouin nous a paru adulte comme le grand. Les femelles
font fujettes , comme les femmes , à un écoulement
périodique.
^^^■^r^^'
_______^^ '39
DES C R I P T I O N
DU P A P 1 0 N.
1_jE Papion (pi. xiii ), quoique de gianJe tailfe , a la tête «Se
le corps 11 gros , qu'ils paroiirent mal proportionnés à (a hauteur.
Le mufêau efl: fort alongc & très-gros ; le nez refîèmble à celui
d'un mâtin ; les yeux font petits & places fort près l'un de l'autre ;
les bords de leurs orbites fë trouvent fiir un plan qui efl prefque
perpendiculaire au chanfrein ; l'os frontal ne s clève pas aii-deifus
dis orbites, de forte que l'on nedillingue point de front, & que
la partie fupcrieure des orbites eft au niveau du fommet de la tête.
les oreilles font nues & de couleur brune , elles forment \.me,
petite pointe dans leur partie fupérieure , elles ne font pas bordées ,
elles n'ont point de petit lobe. Le cou elt gros & fort court. Le
papion qui a fêrvi de fujet pour cette defcription avoit la poitrine
large en comparaifbn du ventre qui étoit peu ciendii. Les feflès
ctoient maigres , digarnies de poil prefqu'entièrement & calleufès.
Le pcrinc ctoit fort long & placé en arrière au-defîbus de l'anus,
qui fèmbloit par cette conformation être filué plus haut que dans
les autres animaux. La queue n'avoit que fèpt pouces de longueur,
mais elle n'ètoit pas entière; elle stlevoit au fortir du corps,
& elle fe recourboit en bas &: en arrière par fon extrémité. Les
jambes de derrière étoient courtes en comparaifon de celles de
devant & de la longueur totale de l'animal. Il avoit aufTi les pouces
des quatre pieds fort courts ; \ts ongles àQs pouces étoient larges
&: plats , ceux dts doigts étoient plus étroits , fort longs , crochus
^ plies en gouttière fur leur longueur.
Ce papion avoit le poil long d'environ fix pouces fur l'occiput ,
Si)
14-0 Description
fur le cou , fur la partie antcrieure du dos , fur les épaules &L flir
ie devant de la poitrine , de forte que toutes ces parties ne pa-
roifToient être qu'une mafTe informe, & difproportionnée par fou
volume en comparaifon du ventre mince & plat, des kKQS pelées
& des jambes courtes qui compoiôient le refte du corps , & qui
paroifToient encore plus petits, parce que leur poil n'avoit pas
plus de trois pouces de longueur.
Les couleurs étoient à très-peu près les mêmes fur toutes ks
parties du corps. Chaque poil avoit une couleur brune , noirâtre
&: une couleur jaune-rou(î?itre, placées fucceiïîvement depuis la
racine jufqu a la pointe , de forte que la couleur de l'animal étoit
mêlée de brun tSc de jaune-rouirâtre , qui dominoit lorfqLi'on le
rec^ardoit à une certaine dillance. Le mufeau & le tour des yeiLv:
étoient noirs & nus ; les paupières étoient blanches , de même
que les aiiîèlles, le bas-ventre, les aines, la verge , le fcrotum &:
le périné , & il n'y avoit prelque point de poil fur ces parties. Le
delîbus àts quatre pieds & \&s doigts étoient auffi dégarnis de
poil , & avoient une couleur noire de même que \ts ongles.
pieds, pouc. lignci.
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite
depuis le bout du mutcau jufqu'à i'anus i. i o. 6.
Longueur de la tête depuis ie bout du mufeau ju(cju'à
l'occiput H 6. 6,
Circonférence du bout du mufeau // y, /f
Circonférence du mufeau, prife au-deffous des yeux. // c^. 6,
Contour de l'ouverture de la bouche ;/ u j.
Diftancc entre les nafeaux // „ 2.
Diftance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de l'œil h 3. 2.
Diflance entre l'angle poflérieur & l'orçiile a a. 5.
DU P A P I O N, 1^1
pieds, pouc. lignes.
Longueur de l'œil d'un nngîe à l'autre // // ^
Ouverture de l'œil „ „ ,1^
Diflance entre les angles antérieurs des yeux // // g.
La niêine diftance en ligne droite /; ,/ (5 £.
Circonférence de la tête, prife entre les yeux & les
oreilles i, 2. a
Longueur des oreilles „ i , ^
Largeur de la hafc, nicfurée fur la courbure extcrieure. // 2.0.
Dilbnce entre les deux oreilles, prife au bas h 4. //
Longueur du cou // 2. 7,
Circonférence „ 11, /,
Circonférence du corps, prife derrière les jambes de
devant ,. j. ^,
La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... i . 6. h
Circonférence prife devant les jambes de derrière. .. , i. 2.. u
Circonférence à l'origine de la queue * // 4. ^
Longueur de l'avaut-bras depuis le coude jufqu'au
poignet /, 8. 6.
Circonférence du poignet n 4. //
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 4. 2,
Longueur de la jambe , depuis le genou jufqu'au
talon ,. n 8. 3 .
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . // 6. 4.
Cet animal pefoit vingt-fjx livres. L epiploon s etendoit jufqu au
pubis. Après avoir enlevé icpiploon , j'ai vu l'eftoinac &; dts
inteflins giêles qui occupoient la plus grande partie de l'étendue de
labdomen , le cœcum qui éloit dans le côlé droit &. une portion
du colon qui s'étendoit d'un côté à l'autre.
* Je ne donne pas la longueur de la queUC , parce qu'elle n etoit pas entière ; elle efl
courte dans tom les Papions.
S ïi}
142 Description
Le duodénum fe replioit en dedans au fortir de l'eîlomac,
avant de fe joindre au jéjunum qui faifoit Tes circonvolutions dans
la région ombilicale & dans les côtés, celles de l'ileum étoient auiïi
dans la région ombilicale, dans les régions iliaques & dans l'hy-
pogadrique, &: il aboutiiïbit au cœcum dans le côté droit. Le
cœcum étoit dirigé de devant en arrière. Le colon s'étendoit en
avant, paffoit de droite à gauche fur les inttdins grêles, & faifoit
quelques circonvolutions dans ie côté droit avant de fe joindre
au re(5lum.
L'eftomac étoit grand à proportion de la taille cîe l'animal,
&: (e trouvoit placé plus à droite qu'à gauche ; ie grand cul-de-
fac étoit profond. Les intefli ns grêles a voient tous à peu près la
même grofleur , excepté l'ileum dont la circonférence diminuoit
un peu près du cœcum. Cet inteftin étoit gros, court, &: avoit
une figure conique dent la pointe étoit moufle. Le colon étoit
aufli gros que le cœcum à ion origine ; il diminuoit peu à peu
de grolTeur fur la longueur de neuf pouces ; enfuite il étoit très-
menu fur la longueur d'un demi-pied , & enfin il dcvenoit plus
gros juiqu'au reélum , mais cependant moins gros qu'à ion
orjguie.
Le foie étoit placé un peu plus à droite qu'à gauche & com-
pofe de trois lobes ; le plus grand fe trouvoit dans le milieu ; if
étoit divifé en deux parties par la fciiTure du ligament fuij:)enfoir :
ia partie droite de ce lobe étoit la plus grande , (Se renfermoit
la véficule du fiel qui y étoit prefqu'entièrement incrufiée. Le
iobe droit étoit le plus pelit de tous , & avoit deux appendices
à iâ partie fupérieure près du rein ; le foie avoit, tant au dehors
qu'au dedans , une couleur rouge très -pâle , il peioit onze onces
{[X gros. La véficule du fiel étoit fort alongée, Se renfermoit une
iiqueur verte-jaunâtre, qui pefoit un gro5& quai-ante-deux grains.
DU P A P I O N. 1^5
La rate avoit trois faces longitudinales , comme celle de h
plupart d^s autres animaux; (on extrémité inférieure étoil l'endroit
le plus large , Se elle diminuoit peu à peu de largeur jufquà l'autre
extrémité; elle étoit au dehors d'un rouge-pâle , &: au dedans d'un
rouge-noirâtre , elle pefoit deux onces trois gros.
Le pancréas s'étendoit depuis le duodénum julcju'au rein gauche,
où il fe terminoit en pointe , fon autre extrémité étoit beaucoup
plus large.
Les reins étoient aplatis, (S: ils avoîent peu d'enfoncement ; le
baiïinet étoit fort petit , on diflinguoit à peine ks mamelons 5c
les différentes fubftances de ces vifcères.
Le cœur étoit placé au milieu de la poitrine , la pointe dirigée
lin peu à gauche. Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes ,
comme dans la plupart àts autres animaux , il n'y avoit que dtux
lobes dans le poumon gauche.
La langue étoit parfemée de petites papilles <Sc de grains glan-
duleux , plus nombreux fur le bout de la langue que fur le refte
de fon étendue ; il y avoit fur la partie poflérieure de petites
glandes à calice rangées de file près dçs côtés , &: deux groiîès
glandes auffi à calice placées à dix lignes de diftance de l'épiglolte
& à cinq lignes l'une de l'autre ; à égale diflance de ces deux
glandes & de l'épiglottc , il sqw trouvoit une troiiicme un peu
plus petite & de couleur noire.
Le palais étoit traverlc par huit filons, dont les bords éloient
interrompus dans le niilieu d\ divifes en deux parties convexes
en avant ; les bords del'épiglotte étoient échancrés dans le milieu.
Le cerveau étoit très-convexe par ià partie fupérisure «Se fort
épais dans le milieu ; il recouvroit le cervelet , qui différoit de
celui Ôlqs autres animaux, non-feulement par là podlion, mais
encore par fâ figure : car il n'y avoit pas fur le milieu de /a
144- Description
furface un rebord tranrverfal convexe & arrondi , mais feulement
une arête qui cloit continue de part & d'aLitre avec la furface du
vifcère ; il pefoit quatre gros &L trente-deux grains , &: le cerveau
trois onces fix gros & trente-deux grains.
La verge Se les bourfes avoient à peu près la même forme
qne dans l'homme, mais le gîand diffcroit beaucoup de celui de
i'homme; il étoit terminé par une forte de champignon qui avoit
huit lignes de longueur fur la face fupérieure du gland , & feu-
lement fix \Vn^ts fîu- l'inférieure; ce champignon ctoit pointu au
fommet,où il étoit ouvert par une fente alfez profonde , formée
par l'orifice de l'urètre.
Les tefiicules étoient ovoïdes & gros en comparai/on de la
verge , la fubfiance du dedans avoit une couleur grilê légèrement
teinte de jaune; les véficules féminales étoient aufîi fort étendues
&: compofées de tuyaux pelotonnés , qui avoient jufqu'à deux
lignes de diamètre. Il y avoit près àes véficules (eminales un corps
long d'un pouce , large de cinq lignes & épais de trois , qui étoit
fur l'urètre , & qui m'a paru être les proftales , parce que je n'en
ai pas vu d'autres : ce corps étoit cellulaire & prefque caverneux:
en le comprimant , j'en ai fait (ortir du fing.
pieds pouc. iignej.
Longueur des inteftins grêles depuis le pylore jufqu'au
cœcum p. // If
Circonférence du duotlenum // 2..
Circonférence du jéjunum // 0.
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. h 2. 9.
Circonférence dans les endroits les plus minces h 2.. ?,
Lonorucur du cœcum ,, ',
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . // 6. 10.
Circonférence à l'endroit le plus miiice , // 3 . ? ,
Circonférençç
DU P A P I O N,
Circonférence cîu colon dans les endroits les plus gros.
Circonférence dans les endroits les plus minces
Circonférence du reduni près du colon
Circonférence près de l'anus
Longueur du colon & du redum pris enfenible. . .
Longueur du canal inteftinal en entier, non compris
le cœcum
Grande circonférence de l'eftomac
Petite circonférence
Longueur de la petite courbure depuis l'angle que
forme la partie droite jufcju'à i'œfophaae
Profondeur du grand cul-de-fàc
Circonférence de l'œfophage
Circonférence du pylore
Longueur du foie
Largeur
Sa plus grande épaifleur
Longueur de la véficule du fiel
Son plus grand diamètre
Longueur de la rate
Largeur de l'extrémité inférieure
Largeur de l'extrémité fupérieure
Epaifleur dans le milieu
Epaifl~eur du pancréas
Longueur à^^ reins
Largeur
Épaifleur ,
Longueur du centre ncfvcux depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe.
Largeur
Tome XIV,
H5
pieds.
pouc
lignes.
Il
6.
6.
n
I.
u
II
5-
M
u
4-
U
3-
/'
h\
I 2.
n
II
I.
9-
4-
I.
3-
u
H
3-
If
U
3-
n
II
t
0
II
2.
6.
n
4-
8.
II
7-
I.
II
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I.
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9-
H
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4-
H
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//
9'
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9-
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II
3-
2
U
2.
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n
//
I I.
n
I.
8.
H
2.
if
146 Description
pieds, pouces, lign.
Circonférence de la bafe du coeur 11 6. u
Hauteur depuis la pointe julqu'à la naiflance de l'artère
pulmonaire // 2. p.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fàc pulmonaire. . // 2. //
Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // // 4.
Longueur de la langue // 3. (j.
Longueur de la partie ante'rieure depuis le filet jufqu'à
l'extrémité // 1
//
Largeur de la langue * 1 . i
Longueur du cerveau // 3. 4
Largeur // 2. 6
EpailTeur .....,, // i , 5
Longueur du cervelet // i . //
Largeur w i . 10
Épaifléur // // p
Longueur du gland // j . y,
Circonférence // i . 6
Circonférence du champignon // i . y
Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps
caverneux jufqu'à l'inferuon du prépuce u 3. 2
Circonférence „ i , ^
Longueur des tefticules // , , ,
Largeur „ „ , ^
Epaiffeur , , ^ „ ^
Largeur de l'épidydime ,, „ ^ i
Épaifléur ^, „ ^, ^^
Longueur des canaux déférens ', // g. 6
Diamètre dans la plus grande partie de leur Rendue. //
Crande circonférence de la veflje „ ^.
Petite circonférence
7i.
M
Il 4. U
ï> U P A P I O N.
H7
pieds, pouc. Tigncs.
Circonférence de l'urètre // // -r.
Longueur des véficules féminales ... // 2. 4.
Largeur 1, „ 7.
^ï'
Epaiïîêur „ If
J'ai vu le nxikfpl. xiv) & b femelle d'une efpèce d'animal , dont
le corps cioit de près d'un quart moins long que celui du papion , mais
qui dans fa petite taille avoit tant de refTemblance avec lui par les
proportions du corps * «Si par les couleurs du poil , que l'on pourroit
regarder cet animal comme une varictc de l'efpèce du papion.
La femelle du petit papion avoit le poil de la tête à pro-
portion moins long que celui du grand papion , car il ne couvroit
pas les oreilles. Cet animal avoit le mufeau , le nez , le tour des
yeux , les oreilles & la plante Ats pieds , de couleur noirâtre ,
le poil étoit mêle de jaunâtre (Se de verdâtre, de façon que le
jaune ou le verd dominoit fucceffivement à diffcrens afpeds ; en
regardant de près , on apercevoit que chaque poil avoit une
couleur cendrée près de la racine ; le refle ctoit de couleur mêicc
de jaune & de vert , interrompu en deux ou trois endroits par du
brun-noirâtre ; la j^ointe avoit auffi une couleur brune qui ctoit
fort apparente fur le front , fur le fommet de la tête , fur la face
extérieure de l'avani-bras &: fur les quatre pieds. La face extérieure
de la cuifîè & de la jambe étoit roufsâtre ; il n'y avoit que i>eu de
poil fur le bas-ventre & fur ks aînés.
pieds, pouces, ligiiw.
Longueur du corps entier, mefurè en ligne droite
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus 1 . 5. //
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à
l'occiput „ 4. ^.
* Voyez les dinienfions rapportées dans la table fuîvante, & comparez-Ic«
avec celles des parties f>térieuics du grand papion.
148 Description
pieds, pouccj. ligne*.
Circonférence du bout du niufeau " ')' ^•
Circonférence du mufeauprifeau-dcfTous des yeux. . // 7. /'
Contour de l'ouverture de la bouche " 3 • ^•
Diftance entre les nafeaux " " ' •
Diftance entre le bout du inufcau & l'angle antérieur
del'œil " ï- '0-
Diftance entre l'angle poftéricur & l'oreille /' 2. 2..
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre " " 7-
Ouverture de l'œil " " 4"
Diftance entre les angles antérieurs iles yeux n u 7.
Circonférence de la tête , entre les yeux & les oreilles. // 10. 6.
Lono^ueur des oreilles. " ^ • "•
Longueur de la bafe, mefurée fur la courbure extérieure. // a. 8.
Diflance entre les deux oreilles , prife dans le bas. . // 3- -•
Longueur du cou " -• 4*
Circonférence du cou " 7* "
Circonférence du corps prife derrière les jambes de
devant " * ^ • "
La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... 1. // 8.
La même circonférence devant les jambes de derrière . // p. 4.
Longueur du tronçon de la queue " 6. 11
Circonférence à l'origine " 3 * "•
Longueur de i'avant-bras depuis le coude jufqu'au
poignet " ^* "
Circonférence du poignet " 3 • 4*
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3 . //
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 7. u
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles . . // y "
Je donne ici la defcription des parties de la génération de
ïa femelle du petit papion , paice (]ue je n'ai jamais vu la femelle
DU P A P I O N. 149
du grand : celle dont il s'agit, pefôit huit livres quinze onces,
elle avoit deux mamelles fur la poitrine , une de chaque côte.
Le clitoris étoit placé fur le bord de la vulve , & lorioit au
dehors de la longueur de deux lignes ; l'orifice de l'urètre fe
trouvoit à huit lignes de diftance du bord de la vulve , & lu
portion du vagin qui étoit entre deux formoit àçs rides longitu-
dinales très -grolfes ; le refle i\ts parois internes du vagin étoit
tuberculeux , &: les plus gros tubercules (è trouvoient près de
i'orifice de la matrice. L'urètre étoit court, (Se la velTie avoit un
affez grand volume & une forme ovoïde. La matrice étoit aplatie ,
alongée & échancrée par /on bord antérieur ; elle n'a voit point de
cornes, les trompes for m oient plulieurs zigzags & aboutilToient à un
pavillon qui tenoit au tefticule , mais qui ne l'enveloppoit pas. Les
tefliculesavoient la forme d'un rein plat 6c une couleur blanchâtre.
pieds, pouces. lignes.
Diflance entre l'anus & la vulve // // 5 ^.
Longueur de la vulve /' // 3.
Longueur du vagin // 2., 7.
Circonférence ir i . 3 .
Grande circonférence de la veflîe // 10. 3.
Petite circonférence // 7. p.
Longueur de l'urètre , // // p.
Circonférence n » 7.
Longueur du cou & du corps de la matrice // // p.
Circonférence du corps /' h 8.
Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe. // \. 6,
Longueur des teflicules " " 4*
Largeur » » 2.
Épaifleur » " l*
Le petit papion mfde peibit neuf livres 5c demie , il avoit un
T iij
150 Description
pied cinq pouces de longueur depuis le bout du mufêau jufqu'à
l'anus , comme la femelle fur laquelle ks dimenfions des parties
extérieures ont été prifès.
Les couleurs de cet animal étoîent prefque les mêmes fur
toutes les parties du corps , elles étoîent roufsâtres , avec quelques
teintes de verdâtre & de brun , cette dernière teinte dominoit fur
le dos; au refle, les couleurs de ce mâle relfembloient à celles
de la femelle; les plus longs poils avoient environ quatre pouces ,
& fe trouvoient fur les épaules , fur le garot , fur le cou , fur
J'occiput &: autour des oreilles qu'ils auroient cachées entièrement
s'ils avoient été plus toutfus.
La verge & le gland relTembloient à ces mêmes parties vues
dans le grand papion ; il n'y avoit point de fcrotum , les parties
intérieures de la génération n'a voient pas encore pris tout leur
accroifiêment ; cependant les véficules féminales, quoique très-
petites, avoient déjà àits tuyaux fort apparens.
Il y avoit dans le gland un petit os cylindrique, un peu courbe
dans fà partie antérieui^e , cet os me fait préfumer qu'il y en a
un pareil dans le gland du grand papion , mais je ne l'ai pas vu.
La tête du fquelette (pi. xv ) du papion reflêmble plus à îa
tête du mandrill* , qu'à celle d'aucun autre fmge, cependant elle
efl un peu moins longue &: plus groffe ; l'occiput efl plus renfle
par la partie fupérieure ; l'arête ofîeufê de l'occipital efl interrompue
fur le milieu de l'os; les bords des orbites des yeux font plus épais
que dans le mandrill ; les os propres du nez font pkis courts ;
l'ouverture des narines eft plus longue; il y a des filions à côté des
os du nez , mais ils ont moins de largeur & de profondeur ; les
côtés de la mâchoire fupérieure forment une grande concavité
au-deffus dçs dents mâchelières.
* Voyez ci-après la Defcriptlon du fquelette du MandriU.
DU P A P I O N, 151
Les dents du babouin refTemblent à celles du mandiill pour le
nombre & la fîluation ; je n'ai aperçu que dts différences irès-
Ic'gères & prefque nulles dans la forme d^s dents de ces deux
animaux.
h^s apophyfes des vertèbres cervicales du papion font plus
petites que celles du mandrill.
Il y a treize vertèbres dorfales & treize côtes de chaque côté,
huit vraies & cinq fauffes ; le fternum n ctoit pas offifié en entier.
Les vertèbres lombaires font au nombre de fept. L'os facrum
efl: compofé de trois fauiïès vertèbres, comme dans le mandrill
&: le jocko , mais il eft plus renverfé , & il forme un angle moins
obtus fur la colonne vertébrale.
Il n'y avoit que douze fauffes vertèbres dans la queue du
fquelette qui a fervi de fujet pour cette Defcription , mais il m -i
paru qu'il en manquoit plufieurs à l'extrémité.
Les tubérofités àts os ilchions font beaucoup plus farces, <Sc
leur face efl beaucoup plus grande que dans le fquelette du
mandrill ; auffi les callofités des felîes du papion font plus étendues
que celles des autres finges.
L'omoplate eft plus alongée , & fon côté fupérieur efl plus
long que dans le mandrill.
Les clavicules , les os du bras &: de lavant-bras reffemblent
à ceux du mandrill , mais l'os de la cuiffe, & principalement
ceux de la jambe, font plus courts.
Il ny avoit que dix os dans le carpe , le premier dts furnu-
méraires y manquoit ; le tarie n'étoit compofé que de fept 05.
pieds, pouces, ligncî.
Longueur de fa tête depuis le bout des mâchoires
julcju'à rocciput // y, I.
La plus grande largeur de la tête n 4. 4.
152 Description
pieds, pouces. ligne*."
Longueur de la mâchoire du deflbus, depuis Ton
exuéinitc antérieure jufqu'au bord poftérieur de
rapophyfe condyloïde " 5*
Épaiffeur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire
du dclTus " " 5
Largeur de la mâchoire du deflus à l'endroit des dents
canines • " ' * ' ^
Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines ... // i . 6
Longueur de cette ouverture " ^ • 4
Largeur " " 9
Lon<yueur des os propres du nez /' ^- "
Largeur à l'endroit le plus large
// // 2
Largeur des orbites " ^ • 3
Hauteur " " ^ ^
Longueur des dents canines. " i • 4
Larceur du baflln " ^' 5
Hauteur " ^* 7
Longueur des plus longues vertèbres de la queue. ... v i . 4
Longueur de l'omoplate " 4* 5
Longueur de l'humérus // 7. 8
Lon<yueur de l'os du coude u 8. 10
o
Longueur de l'os du rayon // 8. i
Longueur du fémur // 8. 7
Longueur du tibia a 7. 2
Longueur du péroné , // 6. 8
Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le plus
court // 1 . 3
Longueur du troifième os du métacarpe, qui eft le
plus long fi I . t;
Longueur du premier os du métatailè, qui efl le plus
court. » // 1 . 4
Longueur
T^ni . xn
Vl.XJIL Rk, J.^:i
. _ ="-- •-■tftS^^'^a^-^'^'^agsri^^'^'^^^.ijaat.V^^îy^-i^iJss.asifeëJ.'t^
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GTLVXD PAPIOX.
2'/ Air' l'a., i.'-2
7A- J\.u- JA
PETIT PAPION^
Tri». XI r.
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/>f c''.7V ,/'.•///
7 ■■■■ .<?../;.■..•,•/.•.• ■ - /./'■.^/,-/, .•\;ih--
D U^ P A P I 0 N. 15^
pieit. pouces, lignes.
Longueur du troifième, qui eft le plus long /' 2.. z{.
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de devant " " ^^
Longueur de la féconde 'i " 4 i*
Lono^ueur de la première phalange du troifième doigt. // i. \ \,
Longueur de la (ècondc " * 7\-
Longueur de la troifième • » " J*
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière • " " o»
Longueur de la féconde /' n 5.
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // i . i .
Longueur de la féconde « * 8 f.
Longueur de la irçifième. »... « * ' > i*
Tome XI K
T54' Histoire N atu n e lie
ooDiccicciCîcoicisiiciCiiciiaciicicraci
c
LE MANDRILL*.
E Babouin (j^.xv J è^ XV 1 1) cfl d'une laideur
dcfagrcable & dégoûtante ; indépendamment de Ton nez
tout plat ou j)lutôt de àtwx nafeaux dont découle con-
tinuellement une morve qu'il recueille avec la langue ;
* Mandrill , nom que les Anglois qui fréquentent ia côte de
Guinée , ont donné à cet animal , & que nous avons adopté.
tfpcce fingulière , que les Blancs de ce pays de Guinée appellent
'mandrill. Je ne liiurois rien dire de l'origine de ce nom , que je
ji'avois jamais entendu auparavant ; ceux même qui îe nomment
ainfi , n'en peuvent indiquer la raifon , à moins que ce ne foit à
caufe de la reflcmblance de cet animal avec l'homme , pendant qu'il
n'en a point du tout avec le finge. ( Man , en Anglois , veut dire
homme). Trouve au voyage de Guinée , par Smith , Paris , 1 7 j i , tome 1 ,
page 10^.
Cercopiihecus cynocephalus parte corporis anteriore longis pilis ohjita
nafo violacée nudo, le Magot ou Tartarin. Briiïbn. reg. anim. pag. 2 1 4.
J^ota. Il me paroît que M. Briflbn s'efl trompé; i.*' en donnant
à ce finge le nom de magot ou de tartarin qu'il auroit dû appliquer
à Ton finge cynocéphale ; 2.° en rapportant cet animal au cynoce-
phalus de Gefner. Icon. Jf^'. pag. ^^ , au cynocephalus fecundus de
Jonfton, pag. 100, tah. / j) , & au cynocephalus de Clufius Exotic,
page 370 : car les figures de ces trois Auteurs ne refiêmblent point
?.u babouin dont il efl; ici queftion , qu'il efl: cependant aife de difiinguer
de tous les autres par les filions longitudinaux qu'il a fiir ia face , &
que M. Briffbn indique lui-même dans les termes fuivans : « Son
M nez, dit-il , eft fort gros , dénué de poils, cannelé félon fà lor^eur,
& d'une couleur violette 35. Or ces caradlères ne conviennent point
au cynocéphale de Clufius , de Gefner «5c de Jonflon.
DU Mandrill. 155
indépendamment de Ton très-gros <5c long mufeau , de
fon corps trapu , de Tes feffcs couleur de fang 6c de
fon anus apparent, & place, pour ainfi dire, dans les
lombes ; il a encore la face violette (S: fillonnce de^
deux côtés, de rides profondes 6c longitudinales qui en
augmentent beaucoup la triflelfe 6: la diiiormité; il cfl
auiïi pHis grand 6c peut-être plus fort que le papion ,
mais il efl en même temps plus tranquille 6c moins
féroce : nous donnons ici la figure du mâle fpL xvij
Si de la femelle (^p/. xvir), que nous avons vus vivans ;
foit qu'ils eulTent été mieux éduqués , ou que naturel-
lement ils foient plus doux que le papion, ils nous ont
paru plus traitables 6c moins impudens fans être moins
défagréables.
Cette efpèce de babouin fe trouve à la côte d'Or 6c
dans les autres provinces méridionales de l'Afrique, où
les Nègres l'appellent boggo Si les Européens ///^//^/r///;
il paroit qu'après l'orang-outang, c'efl le plus grand de
tous les finges 6c de tous les babouins. Smith *, raconte
* Le corps Ju mandrill , lorfqu'il a pris fi croinùnce , e(l aufîi
gros en circonférence f|ue celui d'un homme ordinaire ; les jambes
font beaucoup plus courtes & les pieds plus longs ; les bras & les
mains font dans fa même proportion ; la tête eft d'une aroflcur monf-
trueufe ; la fhce large & plate , fans autres poils qu'aux fourcils ; le
nez efl: fort petit, la bouche large & les lèvres font très-minces; la
flice qui efl couverte d'une peau blanche , efl d'une laideur effroyable
& toute ridée ; les dents font larges & fort jaunes ; les mains font
fans poil ; tout le refle du corps , à l'exception du vilâge & des mains ,
cft couvert de poil long & noir comme celui de l'ours ; ces animaïuc
Vu
156 Histoire Naturelle
qu'on lui fit prcfent d'une femelle mandrill, qui n'ctoit
agce que de fix mois , ik qui ctoit dc)à auiïi grande à cet
âge qu'un babouin adulte : il ditaiilFi que ces mandrills
marchent toujours fur deux pieds, qu'ils pleurent &i qu'ils
gémiflTent comme des hommes ; ([u'ils ont une violente
paiTion pour les femmes, <Sc ([u'ils ne manquent pas de
les attaquer avec fuccès lorfqu'ils les trouvent à l'écart.
Caraâères dijîinâifs de cette efpèce.
Le mandrill a des abajoues & des callofitcs fur les
ne marchent jamais fur les quatre pattes comme les guenons ; quand
on les tourmente , ils crient précilement comme les enfans ; on
prétend que les mâles cherchent fouvcni à violer les femmes blanches,
quand ils les rencomient feules dans les bois; ils ont prefque toujours
le nez morveux , & fe plaifent à faire entrer la morve dans la bouche. . . .
On me fit préfent à Skerbro d'un de ces mandrills : les gens du
piys les appellent hoogoc ; c'étoit une femelle qui n'avoit que ^\y^
inois , mais elle ctoit (\€]\ plus groflè qu'un babouin , &c. Nounnu
yoyage en Guinée , par Smith , traduit de l' Anglais . Paris , 1751,
tome 1 , page 1 04. Nota. Dans le même pays , l'on appelle donc
loogoc ou boggo & mandrill, l'animal dont il eft ici queflion , & l'on
appelle 7l\xÇ[\ pongo & drill , Y orang-outang ; ces noms fe reflemblent ,
& font vraifemblablement dérivés les uns des autres ; & en effet le
pongo & le boggo , ou fi l'on veut , le drill & le mandrill ont plufieurs
caradcres communs ; mais le premier eft un finge fans queue &
prefque fans poil, qui a la fece aplatie & ovale , au lieu que le fécond
eft un babouin avec une queue, de longs poils , & le mufeau gros &
long. Le mot man , dans les langues Allemande, Angloife , &c. fignifie
Y homme en général ; & le mot drill , dans le jargon de quelques-unes de
nos provinces de France , comme en Bourgogne , fignifie un homme
vigoureux & libertin: les payfans difent, c'ejl un bon drill, i'ejl un
maître drill.
DU Mandrill, 157
fefTcs; il a la queue très-courte, <Sc feulement de <\ç\\x
ou trois pouces de long ; les dents canines beaucoup
plus groiïes & plus longues à proportion que celles de
l'iion^ne; le mufeau très-gros 6i très-long, 6c fillonnc
des deux côtes de rides longitudinales , profondes 6c
très-marquées ; la face nue 6c de couleur bleuâtre, les
oreilles nues auffi-bien que le dedans des mains 6c des
pieds; le poil long, d'un brun-rouffâtre fur le corps,
6c gris fur la poitrine 6c le ventre ; il marche fur deux
pieds plus fouvent que fur quatre ; il a quatre ou quatre
pieds 6c demi de hauteur lorfqu'il efl: debout ; il paroît
même qu'il y en a d'encore plus grands. Les femelles
font fujettes , comme les femmes , à i'ccoulemcnt
périodique.
V iij
158 Description
D E S C R I PTI O N
DU MANDRILL.
J j E mufeau Jii Mandrill ( pJ. xi'i ) eft fort alongé & très-
gros ; ce finge a le nez aplati dans toute fa longueur , & place
entre (\çs plis en forme de rides , dirigés obliquement de dehors
en dedans &: de haut en bas fur les joues qui ont une couleur
bleue. Les oreilles font nues , &: ne différent pas beaucoup de
celles de l'homme , qnoiqu'elles foient un peu pointues dans le haut,
11 y a des callofités fur les ki^çs ; la queue efl très-courte.
Le front , l'occiput , le fommet & les côtés de la tête , la face
extérieure du bras & de i'avant-bras d'une femelle (pi. xvii) de
mandrill , fur laquelle cette defcription a été faite , étoient de
couleur mêlée de brun & de jaune légèrement teint de verd; les
poils avoient alternativement du brun &: du jaune-verdâtre depuis
leur racine jufqu'à l'extrémité, de forte que chacun avoit deux ou
trois taches d'un jaune-verdâire. La face fupcrieure du cou , les
épaules, la face intérieure de l'avant - bras, le dos, le haut àt%
côtés du corps , la croupe , la face extérieure de la cuiflè , la jambe
& le defïïis des pieds, avoient à peu près les mêmes couleurs,
mais le brun y étoit plus apparent que le jaune. Le poil du
deflous de la mâchoire inférieure & de la gorge étoit de couleur
fauve- roufsâtre, La partie antérieure de la poitrine, les ailîèlles ,
la fice intérieure du bras, le bas des côtés du corps &: la plante
des pieds étoient de couleur cendrée-brune. La poitrine, le ventre,
les aines & la face intérieure de la cuifîè avoient wnç. couleur
blanchâtre , plus ou moins mêlée de jaunâtre. Les doigts ne font
feparé^ les uns des autres, que le long de la féconde 6c de fa
DU Ma n d r I l l. j.^
troifième phalange; le pouce des pieds de derrière efl fort 0,05,
& tous les ongles /ont noirs &: plats. ^
Les dimenfions des parties extérieures, rapportées dans la table
fuivante, ont été pnïes fur un mandrill mâle.
T ^ ^ I . P'^^'' poucfs. ligner.
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite,
depuis le bout du iiiufeju jufqu'à l'anus * 2.. i. 6
Longueur de la tête , depuis le bout du niufeau jufqu a
l'occiput
Circonférence du bout du mufeau „ g
Circonférence du mufeau prife au-defibus des yeux. . i . /, ' „
Contour de l'ouverture de la bouche ^ ^ ^
DiUance entre les deux nifeaux .
// ^ ? ,
Dia.wce entre le bout du mufeau & l'anale antérieur
de l'œil
I' 4. Il
Diflance entre l'angle portcrieur & l'oreille // ^
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre „
Ouverture de l'œil
// /' 4.
Dfflance entre les angles antérieurs des veux
■' ■ " 7.
Circonférence de la tête prife entre les yeux & les
^'■^'"^^ ,. 3. 3,
Longueur des oreilles ....
^ "^ ^ z' 8.
Largeur de la Lafe , mefurée fur la courbure extérieure. ,t , . g
Diflance entre les deux oreilles prife dans le bas. . . „ ,
T j ' 5- ^•
Longueur du cou
. " 2.. 10.
Circonférence du cou . . .
/•• • 1. // 0
Circonférence du corps prife derrière les jambes de
devant
'• ;. n
La mên.e circonférence à l'endroit le plus gros i . C. C
La même circonférencedevant les jambes de derrière. i. 2.. ^
i6o DESCRIPTION
^ ,j picJs. pouces, lîgncj:
Longueur du tronçon Je la queue
CircoDfërence àloriginc " ^'
Loncrueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au
o /r p. 5.
poignet
Circonférence du poignet " ^•
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 5 • "
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon, n 9' 3 •
Largeur depuis le talon jufqu'au bout des ongles /r 7- 4-
La femelle de mandrill dont il a déjà été fait mention. & fur
laquelle j'ai décrit les parties internes comme les parties externes .
IvÏunLdeurtrés-app^^^^^^^^^ celle du mufc c^ ez f-e;
elle pefoit feize livres, elle avoit un pied neuf pouces de ongueur,
depuis le bout du mufeau jufqu a ianus. La longueur de la tête
étoit de fept pouces 6c demi, & la circonférence dun pied a
i'endroit le plus gms ; la queue avoit deux pouces trois ligne,
de longueur & un pouce & demi de circonférence a i origine.
L'épipioon ^'éiendoit depuis l'eftomac jufqu'au pubis ; une
nortion du colon pafioit tranfverfalemcnt de droite à gauche
derrière l'eftomac, qui F^roiiToit s'étendre plus à gauche qu a
droite, le foie étoit plus à droite qu'à gauche ; la rate étoit dirigée
de devant en arrière, ^ . , „ n o
Le duodénum fe replioit en dedans au fortir de ledomac , 6C
s'étendoii feulement jufqu'à la colonne vertébrale, fur laquelle il fe
lecourhoit à droite. Le jéjunum failoit fes circonvolutions dans la
i-éPion ombilicale ôc dans le côté droit . l'ileum dans le côté gau' he
& dans les régions iliaques 6c hypogaO.ique. Le cœcum étoit
placé dans le côté gauche & di.igé de devant en arrière; le colon
s'éiendoit à droite, le replioit à gauche & palfoit derrière l'caornac.
oïLite il s étendoit en arrière jufqu'au piibis , où il fe replioit^
^^"^ ' giiuchç
DU Mandrill, i6i
gauclie & fe proloiigeoit en avant pour fe joindre au revflum.
Le duodénum ctoit un peu plus gros dans quelques endroits
que les autres inteftins giêles qui tous avoient à peu près la même
groffeur ; ils ctoient minces & blanchâtres , à l'exception del'ileum
qui étoit roiigeâtre. Le cœcum ctoit gros , court &: arrondi par
le bout, il avoit à Ton origine autant de groffeur que le colon;
il y avoit trois bandes tendineufes qui setendoient depuis l'extré-
mité du cœcum jufqu a l'anus.
Le foie avoit m\ grand lobe &: deux petits , qui n'en étoient pas
fcparés jufqu'à la racine; le grand lobe étoit diviféendeux parties
inégales par une fcilfure dans laquelle pafToit le ligiment fufpenfôir.
La véficule du fiel fe trouvoit incruftce dans la portion droite
de ce lobe qui étoit la plus grande ; les jietits lobes étoient placés
de chaque côté à la racine du grand, le droit étoit un peu plus
gros que le gauche , & avoit deux ou trois pointes en forme
d'appendices, placées au-devant du rein. La couleur du foie étoit •
au dehors &: au dedans d'un rouge pâle , il pefoit huit onces
La véficule du fiel avoit la forme d'une poire , plus étroite dans
ie milieu qu'au bout le plus petit , elle contenoit un peu de liqueur
fort épaifîè & de couleur brune un peu verdâtre.
La rate avoit une fcH-me trangulaire , alongée , la pointe ctoit
en arrière & la bafe en avant ; elle avoit en dedans une couleur
rougeâtre, elle pefoit une once un gros.
Le pancréas étoit court, épais & terminé en pointe, à peu
près comme la rate , «Se placé dans la courbure du duodénum.
Le rein droit étoit plus avancé que le gauche de toute fâ
longueur ; leur enfoncement étoit peu profond , & le baffinet
avoit peu d'étendue ; les mamelons fe réuni (îbient tous \ts uns
aux autres; les capfules fïibrenales étoient chacunes prefqu'aufli
grandes que la moitié de l'un àe,s> reins.
Tome XIV. X
i62 Description
Le centre nerveux étoit épais &: peu tianfparent. Le poumon
droit ctoit fchireux , au point qu'on ne pouvoit pas didinguer ks
lobes ; il y en avoit deux à gauche dont l'antérieur étoit divifé
|!>ar i:n£ profonde fcifîure.
Le péricarde étoit adhérent au cœur, fur toute la bafè; le
cœur avoit la pointe dirigée en arrière; la langue étoit large 5c
épaiire , excepté à l'extrémité qui avoit peu d'épaiifeur , elle étoit
couverte de petites papilles &: parfemées de petits grains ronds
6c blancs ; il n'y avoit qu'une petite glande à calice dans le milieu
de la partie poflérieure.
L'épigloite étoit mince & aiTondie , & les bords de l'entrée
du larynx formoient quatre tubercules, deux de chaque côté; il y
avoit iiir le palais environ huit filions , dont les premiers &: les
derniers étoient fort irréguiiers , & avoient leurs bords difpofes-
en zigzag ; les bords à^ autres filions étoient convexes en devant
& interrompus dans le milieu du palais.
J'ai vu un mandrill mâle dont l'anus (êmbloit être placé dans
les lombes, car il étoit à deux pouces au-defliis àts parties qui
touchoient la terre lorfque l'animal étoit afTis ; il portoit Çà queue
renverfée le long àts lombes.
Le gland étoit fendu à l'extrémité , & l'orifice de l'urètre fê
trouvoit au milieu de cette fente; ks bords étoient renflés &
formoient une forte de champignon au bout du gland.
Le relie des parties de la génération avoit beaucoup de rapport
à celles du magot, autant que j'ai pu en juger fur le mandrill qui
m'a Icrvi de fujet , & qui étoit en grande partie corrompu.
Les mamelles étoient fur la poitrine au nombre de deux, une
de chaque côté.
L'entrée de la vulve fe trouvoit à un pouce de diflance de l'anus
& à un pouce du clitoris ; le gland du clitoris étoit environné d'un
DU Mandrill, 163
prcpuce & lerminé par une forte de champignon compofé de
deux lobes, comme le gland de la verge du mâle; le prépuce
tenoit au champignon par fâ partie inférieure, mais on pouvoit
tirer la partie fupérieure du gland du clitoris de quelques lignes
au dehors du prcpuce.
Les borus de la vulve croient minces , & les parois intérieures
du vagin formoient plufieurs rides très-marquées. La vefTie ctoit
grodè & en forme de poire. La matrice avoit beaucoup de rap-
port à celle d'une femme ; fon col débordoit dans le vagin &
avoit la forme du bec de tanche, l'orifice étoit oblong & tranf-
ver(âl , la cavité avoit peu d'étendue, les parois étoient fort épai fîês,
ce viicère n'avoit point de cornes comme dans la plupart dçs qua-
drupèdes ; les trompes fortoient du corps de la matrice , par-
couroient une ligne courbe en formant des zigzags Sl abouiifîbient
à un pavillon ; l'ovaire adhéroit au pavillon & étoit fort alongé,
fort étroit, fort mince & de couleur blanchrure.
piedî. pouc. ligne»*
Longueur des inteftins grêles depuis le pylore /uf-
qu'au cœcum 14. 6. 1/
Circonférence du duodénum // 3. n
Circonférence du jéjunum h 2. 4,
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // z. j.
Circonférence dans les endroits les plus minces .... n 2. 3.
Longueur du cœcum // i. 8.
Circonférence à l'endroit le plus gros m y. 8.
Circonférence à l'eixlroit le plus mince n 2. 6,
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros, m 5. 8.
Circonférence dans les endroits les plus minces .... // 2. 3.
Circonférence du reélum près du colon u 2. 3.
Circonférence près de l'anus /' 3* ^
Xij
i54 Description
pieds, pouc. fîgnes.
Loncrueur du colon & du reduin pris cnfembfe .... 2. 8. a
Longueur du canal intcflinal en cniier, non compris
le cœcuui ^7' ■ -• "
Grande circonfcrence de l'eftoniac i. 5). "
Petite circonférence k 3 . 4.
Longueur de la petite courbure depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à i'œrophage u 2. 6.
Profondeur du grand cul-de-fac // 2.. 6.
Circonférence de rœfophage // 2.. h ■
Circonférence du pylore " 2. o.
Longueur du foie // 4 • 10.
Largeur " 5 • o.
Sa plus grande épaifleur h i. //
Longueur de la véficule du fiel // i . 9.
Son plus grand diamètre // m 7.
Longueur de la rate // 3 . //
LarseuF de l'extrémité inférieure // i . 6.
Largeur de l'extrémité fupérieure m 11 C.
Epaiffeur dans le milieu // // 8.
Épaifîeur du pancréas // // 6.
Longueur des reins // 1 . fp.
Largeur u 1 . 4.
Epaiffeur // u 9,
Longueur du cenu'e nerveux depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe // i . y.
Largeur , . . ^ y z. 6.
Circonférence de la bafe du coeur u 4, 6.
Hauteur depuis la pointe Jufqu a la naiflance de l'artère
pulmonaire // 2. 4,
Hauteur depuis la pointe jufqu'au iâc pulinoaairt ... u i. S«
DU Mandrill. i6^
piecîs. pot:c. lignes.
Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // * 4.
Longueur de la laugue. // j. „
Longueur de la pardc antérieure depuis le filet jufqu a
i'extrénutc // // p.
Largeur de la longue // | . 2.
Longueur du cerveau // ^ n
Largeur ,/ 0. 7.
Epaifleur // j . i .
Longueur du cervelet // i. r
Largeur u 1. p.
Épaifleur „ „ g.
Longueur de la vulve // // g.
Longueur du vagin // a. i .
Circonférence u i . o.
Grande circonférence de la veflle. .• // 10. //
Petite circonférence // S. u
Longueur de l'urètre // // p.
Circonférence // i . //
Longueur du col & du corp.s de la matrice 1/ i. 7.
Circonférence du corps // z. u
Diflance en ligne droite entre les teflicules & la matrice. // // 5 .
Longueur de fa ligne courbe que parcourt la trompe. n i. 4.
Longueur des lefiicules zr u 6;
Largeur // // 2., .
Epai/Teur // // i.
La tête du fqLielette du mandrill diffère peu de celle du magot,
par la forme du crâne , des orbites , de leur bord Tupérieur &
de la partie inférieure de l'os du front qui eft entre les orbites;
par la grandeur des apophyfès orbitaires de l'os du front & de
l66 DESCRIPTION
l'os de la pomette, & par la convexité de l'arcade zygomatîqiie;
mais le mufeaii da mandrill ed: de beaucoup plus gros &L plus
long que celui du magot. & par confcquent l'ouverture d^s
narines efl bien plus éloignée des orbites , & les os propres du
nez font plus longs, ils ont peu de largeur; il y a de chaque
côté de ces os un large fillon qui s'étend depuis l'orbite jufqu'à
l'ouverture àçs narines , & une petite cannelure moins longue &
placée au côté externe de chacun à^s filions ; ces cannelures Se
ces filions font marqués fur la peau, comme je l'ai déjà fait obferver.
La mâchoire inférieure diffère de celle du magot, en ce que ks
branches font plus recourbées.
Les dents du mandrill reffemblent à celles du magot pour le
nombre, la fituation 8c la forme, excepté les deux incifives du
milieu de la mâchoire du deffous qui font plus grandes que les
deux autres.
Le mandrill & le magot iè reffcmblent auffi par les vertèbres
cervicales , dorfiles & lombaires, par les côtes & les os du flernuni
qui fe trouvoient dans le fqueiette du mandrill qui a fervi de
fujet pour cette defcription ; les derniers y manquoient , ainfi je
n'ai pu en favoir le nombre total , ni diftinguer [qs vraies côtes
&: les fauflès.
L'os facrum forme un angle inoins obtus par fôn articulation
avec la colonne vertébrale , que le ftcrum du magot ; il eft com-
pofé de trois fauffes vertèbres , &: la queue de huit.
Les os du baifin du mandrill reilèmblent à ceux du magot.
L'omoplate diffère de celle du magot , en ce que Çts deux
côtés font à peu près de mcme longueur , au lieu que dans le
magot le côté poftérieur efl: plus long que l'antérieur.
Les clavicules de ces deux animaux ont à peu près la même
forme.
1
DU MANDRILL. I 67
Les os du bras, de l'avanl-bias, de la cuiiîe & de la jambe
font à proportion pkis longs que ceux du magot, mais moins
longs que ceux du gibbon ; les os de lavant-bras font plus longs
que celui du bras, mais cette différence n'eft pas fi grande que
dans le gibbon ; au refle tous ces os refTemblent à ceux qui leur
correfpondent dans le magot.
Le carpe du fquelette de mandrill qLii a fervi de fujet pour
celte defcription , étoit incomplet; le quatrième os du fécond
rang y manquoit , & il n'y avoit qu'un troifième os furnumcraire;
je ne fais fi ks deux autres fe trouvent dans le mandjjii. H n'y
a\'oit que fèpt os dans le tarfè.
T , T « f""^* ^^^- %neî.
Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires
jufqu'à l'occiput ,, ^^ ^
La plus grande largeur de la tête „ ^
Longueur de la mâchoire du deffous depuis Ton
extrémité antérieure jufqu'au bord poOéricur de
î'npophyle condyloïde. . ^
Ej^aifTeur de la partie anierieure de l'os de la mâchoire
^" ^e^"5 // // 4|.
Largeur de la mâchoire du defTus à l'endroit des dents
'^■'^""^^^ // I. ,1.
1 1,
" Il 7.
Diflance entre les orbites & l'ouverture des narines. // j
Longueur de cette ouverture y, j
Largeur , ^
Largeur des orbites ^^ ^
I^'^"^^"'" // // ,1.
Hauteur des dents canines ,} , ^ ^
Largeur du baflin ;, 2..
l^"teur...... a z. 5,
i68 Description, i/c,
pieds, pouc. ligntffj
Longueur Je la première faufTe vertèbre Je la queue ,
qui ed la plus longue ••• " " ^'
Longueur Je l'omoplate " 4- 3-
Longueur Je Thumérus " 7- » o-
Longueur Je los Ju couJe » 9' 5*
Longueur Je l'os Ju rayon >' 8. 6.
Longueur Ju fémur " 9' ^*
I M • , . Il 8.1.
Longueur Ju tibia ^
Longueur Ju péroné • " 7-
Longueur Ju premier os Ju métacarpe , qui efl le plus
// I. 4»
court
Longueur Ju troificme os Ju métacarpe , qui eft le
, I . ^ // 2. I,
plus long
Longueur Ju premier os Ju métatarfe , qui eft le
, ^ u I. g.
plus court -^
Longueur Ju troifième , qui eft le plus long ti i. 4.
Longueur Je la première phalange Ju pouce Jes pieJs
Je°Jevant " " 9'
Longueur Je la fecouJe " " 5*
Longueur Je la première phalange Ju troifième Joigt. // 1.4.
Longueur Je la (econJe " " i o-
Longueur Je la iroifième " « ^'
Longueur Je la première phalange Ju pouce Jes pieJs
de derrière •••' " " 9'
Longueur Je la feconJe " " 5
Il-lJl IIV. lU .www
o
Longueur Je h première phalange Ju troifième Joigt. // \. 2.
Longueur Je la feconJe " " 9-
Longueur Je la troifième " " 4 s»
L'OUANDEROU,
Jcvn.AJi
/•/ \rr I\uy loP.
J>ui:\i'L„.;,.,uiu, M .
MANDRIIJ. AIATJ:
/v. xrii i\uf. ji\^.
PcOWc /).l.
yi.r,.
jVl A7^) RI L r . F K ]\ l R L. I .E.
ï^9
L'OUANDEROU* et leLO^TANDO**
v^uoiQUE CCS deux animaux nous paroifTent ctré
dune feule <Sc nicme efpèce , nous n'avons pas laiflé
de leur conferver à chacun le nom qu'ils portent dans
leur pays natal , à Ce) lan , parce qu'ils forment au moins
* Ouanderou , Wandtru , nom de cet animal à Ceyian , & que nous
avons adopté.
Simia ex ^gypto Venetîas deduâa. Profp. Alpin. Vol. II, pag. 245 ,
tab. 20.
Ouanderou , forte de finge à Ceyian , dont il paroît qu'il y a deux
efpt'ces. Relation de Ceyian , par Knox , tome I , pages i 0 j cf 1 1 i ;
figure ïbid.
Cercopithecus niger barba încanâpromljfâ, Wanderu Teylanenfibus. Ray.
Syjl. quad. pag. 158.
SïUnus fimïa caudata , barbata , corpore n'igro , barbâ nîveâ, prolixâ,
"LXnn. fyjl. nat. edit. X , pag. 2.6. Nota. II me paroît que M. Linnaeus
s'eft trompé en rapportant à cet animal lejîmia callitriches magmtud'ine
cynoccphalorum de Profper Alpin , page 2^2 , c'elt évidemment celui
de fa page 2^^ , que nous venons d'indiquer ; il ne fout , pour s'en
afTurer , que comparer la figure que nous en donnons ici , avec celle
de Profper Alpin. /
Cercopithecus barbatus mger , barba incana , finge noir à barbe
blanche. BrilT. reg. anim. pag. 207. Nota. II nous paroît que le finge
indiqué par M. Briflon fous le nom de finge noir d' Egypte , page 2 0 p
efl: le même que celui-ci , d'autant plus qu'il y rapporte celui de
Profper Alpin , page 2^j , que nous avons cité ci-delTus.
** Lowando , Ehvandu , nom de cet animal à Ceyian, & que nous
ayons adopté. Nota, i ° II nous paroît n'être qu'une variété de l'ouan-
clerou. Nota. 2.° Il nous paroît qu'il y a une féconde vnriété dans
Tome XIV. Y
I70 Histoire Naturelle
deux races cliflindes 6c confiantes; l'oiiandemu a îe
corps couvert de poils bruns & noirs , avec une large
chevelure 6l une grande barbe blanches , au contraire
le lowando a le corps couvert de poils blanchâtres avec
la chevelure & la barbe noires ; il y a encore dans le
même pays une troifième race ou variété qui pourroit
Lien être la tige commune des deux autres , parce
qu'elle eft d'une couleur uniforme & entièrement blan-
che , corps , chevelure <Sc barbe : ces trois animaux:
ne font pas des fmges , mais des babouins; ils en ont
tous les caractères, tant pour la ligure que pour le na-
turel; ils font farouches <5c même un peu féroces; ils
ont le mufeau alongé , la queue courte , & font à peu
près de la même grandeur (Se de la même force que les
papions ; ils ont feulement le corps moins ramaifé , <Sc
paroiiïcnt plus foibles des parties de l'arrière du corps:
celui dont nous donnons la figure (pi. xviii) nous
avoit été préfenté fous une fauffe dénomination , tant
pour le nom que pour le climat. Les gens auxquels il
appartenoit, nous dirent qu'il venoit du continent de
l'Amérique méridionale, & qu'on l'appcloit cjyouvajfoiu
Je reconnus !)ientôt que ce \\\o\. cayouvajfou^'^vm terme
Brefilicn , qui fe prononce fajouounjfou , i^ qui fignifie
fûpûjou, (Se que par confé(iuent ce nom avoit été mal
ces nnimnux ; rouamleiou a le corps noir & la barbe grife , le lowando
a le coips gris & la barbe noire , & il y en a d'auircsde niêmetlpèce
qui font tout "blancs , corps <5c barbe.
Slmia alla feu incanis ptlis barbâ n'igrâ promijfu. Elwandum Zeyh-
vsnfibus, Ray. Syjî. quad, pag. i ^ 8,
de l'OUANDEROU if du LôJVANDO. 171
appliqué , puifquc tous les fapajous ont de très-longues
queues , au lieu que l'animal dont il efl ici qucflion , efl
un babouin à queue très -courte; d'ailleurs, non -feu-
lement cette cfpèce, mais même aucune cfpèce de
babouin , ne fe trouve en Amérique, Si par conféqucnt
on s'étoitauiïi trompé fur l'indication du climat; (îv cela
arrive aiïez ordinairement , fur -tout à ces Montreurs
d'ours & de fmges , qui, lorfqu'ils ignorent le climat &
je noni d'un animal, ne manquent pas de lui appliquer
une dénomination étrangère , laquelle vraie ou fiiuffe
eu également bonne pour l'ufage qu'ils en font. Au
refte, ces babouins-ouanderous , lorfqu'ils ne font pas
domptés , font fi médians qu'on efl obligé de les tenir
dans une cage de fer , où fouvent ils s'agitent avec
fureur; mais lorfqu'on lesprend jeunes, on lesapprivoifc
aifément, (Se ils paroiiïent même être plus fufceptibles
d'éducation que les autres babouins : les Indiens fe plai-
fent à les inflruire , & ils prétendent que les autres fmges,
c'eft-à-dire les guenons , refpeôlent beaucoup ces ba-
bouins , qui ont plus de gravité Si plus d'intelligence
qu'elles. Dans leur état de liberté *, ils font extrémemenC
* On trouve au Malaîjar quatre efpèces de finges ; In premicre
toute noire , le poil luiiïuit , avec une barbe blnnclie qui lui ceint le
menton , & qui a une palme & plus de longueur ; les autres fmges
ont tant de refjjed pour cette efpcce , qu'ils s'humilient en fa prclènce
coinnie s'ils étoient capables de reconnoître en elle quelque Tuperiorité ;
les Princes & les Grands eftiment beaucoup ces fingcs à baibc , qui
paroifTent avoir plus de gravite & d'intelligence que les autres ; on les
éduque pour des cercnionies & des /eux , & ils s'en acquittent fi
Yii
ï/^ D ESCRIPTION
faiivages, Sl fe tiennent dans les bois \ Si l'on en croie
les Voyageurs , ceux qui font tout blancs font les plus
forts ÔL les plus médians de tous ; ils font très-ardens
pour les femmes, &. affez forts pour les violer lorfju'ils
les trouvent feules ^S (Se fouvent ils les outragent jufqu'à.
les fiire mourir.
Camâères dijîïnéîifs de cette efpèce.
L'ouanderou a des abajoues &. des callontés fur les
feffes , la queue de fept ou buit pouces de long , les.
parfaitement, que c'eft une cliofe admirable. Voyage du P'ere Vincent
Aiarie , ch. Xlii , pao". 40 5, traduit par AI, le Marquis de Aiontmirail.
• A Ceyian , il le trouve des fmges auflî grands que nos épagneuls ,
qui ont le poil gris, le vi(age noir avec une grande barbe blanche
d'une oreille à Tautre On en voit d'autres de la même grofleur ,
mais d'une couleur différente; ils ont le corps, le vifage & la barbe
xl'une blancheur éclat;inte; cette difTerence de couleur ne paroifîànt
nas chancrer i'efpcce , on les appelle é^AQvc\t\\\ oucnderous ; ils caufent
peu de mal aux terres cultivées , & fe tieruient ordinaiiement dans
les bois où ils ne vivent que de feuilles & de bourgeons , mais quand
on les prend , ils mangent de tout. Relation de Knox , tome I,
pages 107 & III.... Hijloire générale des voyages, tome VIII,.
page 5 4J.
^ Les fino-^s blancs, qui font quelquefois aufîi grands & aufîî
méchans que les plus gros dogues d'Angleterre, font plus dangereux
que les noirs , ils en veulent priiicipalement aux femmes , & fouvent
après leur avoir fut cent outrages, ils finiffentpar les étrangler. Quel-
quefois ils viennent jufqu'aux habitations, mais les Macacarois cjui font,
irès-'aloux de leurs femmes, n'ont garde de permettre l'entrée de lecirs-
jnaifons à de fi méchans galans ; ils les chafiçm à coups de bâtotf».
X^efcription de Maçaçar , page y q,-
loin- XI/ .
Pi. xriii. i\ui ij-2.
^^^^^^^^
De Sève Del ■
OrANDHROU
Def'e/irtScul
de lVuANDEROU êr du LOJVANDO, 175
'dents canines plus longues Si plus grofTes que celks
de l'homme, le mufcau gros & alongé , la tcte envi-
ronnée d'une large crinière & d'une grande barbe de
poils rudes , le corps afTcz long 6^ aflez mince par le
bas ; il y a dans cette efpèce des races qui varient par
la couleur du poil ; les uns ont celui du corps noir 6c
la barbe blanche; les autres ont le poil du corps blan-
châtre 6i la l^arbe noire. Ils marchent à quatre pieds
plus louvent qu'à deux, & ils ont trois pieds ou trois
pieds Si. demi de hauteur lorfqu'ils font debout. Les-
femelles font fujettes à l'écoulement périodique.
. «ta». ^^ /?S. /!a=iv
ïiij
174 Description
wamn
m
DESCRIPTION
DE rOUANDEROU,
J AI VU cet animal (planche xvill) à la foire Saint- Laurent,
dans une cac^e, où il t'ioit ctroiiement relîeiTc à caule de fà
fcjocité: il fe faifoit remarquer par urje très-grande barbe giife,
d'autant plus apparente que le poil du refte du corps avoit une
couleur noire, il éloit plus fin que celui de la barbe, qui oc-
cupoit non-/êulement le menton , mais aufTi les joues, elle ctoit
un peu frifée , elle avoit un mélange de brun Se de gris fur
les joues, &: feulement du gris fur le menton, je ne fais fi
cette couleur venoit de l'âge, mais on affuroit que cet animai
n'avoit que dix-huit mois ; le deffus de la tcte étoit furmonté
par un toupet noir en forme d'épi ; il y avoit deux mamelles
fur la poitrine; les ongles étoient plats & noirs; la queue éloit
fort courte, 6c les felîès pelées.
pieds, pouc. lignes»
Longueur du corps entier , mefure' en ligne droite
depuis le bout du niufeau jufqu'à l'anus 2. // n
Circonférence du bout du niufeau " ^' "
Contour de l'ouveriure de la bouche /' 3 . i O.
Diftance entre le bout du mufeau & l'angle ante'rieur
de l'œil // 2. »
Diftance entre les angles antérieurs des yeux // // p.
Longueur des oreilles n i . 6.
Laroreur de la bafe, mellirée fur la courbure extérieure. // \. tt
Circonférence du cou i . // '/
Ciiconférence du corps, prife derrière les jambes de
devant n i . 2.
DE L'OuANDEROU. 175
pieds pouc. lignes,
Xii même circonférence devant les jambes de derrière.. // 1 o. //
Longueur du ironçon de la queue // 7. u
Circonférence à l'origine u 2. 6,
Longueur de l'avant-bras dejjuis le coude jufqu'au
poignet // II. 6.
Circonférence du poignet // 4. m
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 4. //
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. </ 7. //
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles, ij 6. n
iy6 Histoire Naturelle
©Q@5®S@ô(f {©s©}©? 5® ?i)5®5jK®5® 5^5 ®
L
LE M A I M O N '.
ES Singes, les Babouins &. les Guenons forment
trois troupes , qui laifTent cntr'elles deux intervalles;
Je premier efl: rempli par le Magot, Sl le fécond par le
iVlaimon : celui-ci fiit la nuance entre les babouins <Sc
les guenons, comme le magot la fait entre les fmges
ôi les babouins; en effet, le maimon fpl. xix) reffemble
encore aux babouins par fon gros & large mufeaii , par
fa queue courte &. arquée ; mais il en diffère & s'ap-
proche des guenons par fa taille qui efl fort au-deffous
de celle des babouins , 6c par la douceur de fon naturel,
M. Edwards nous a donné la figure <Sc la defcription
de cet animal fous la dénomination A^ fin ge h queue de
cochon , ce caradère particulier fuffit pour le faire re-
connoitre, car il efl le feul de tous les babouins <Sc
guenons qui ait la queue nue , menue & tournée comme
celle du cochon. II efl à peu près de la grandeur du
magot , 6c reffemble fi fort au macaque qu'on pourroit
le prendre pour une variété de cette cfpèce, fi fa queue
n'étoit pas tout-à-fait différente; il a la face nue 6: ba-
fanée, les yeux châtains, les paupières poires , le nez
* Maimon- Ala'imonct, nom que l'on a donné dans les derniers fiècles
aux Sino^es à queue courte , & que nous avons appliqué à celui-ci en
nitendani qu'on foit informé du nom qu'il porte dans fon pays natal, à
Sumatra & dans les autres provinces de l'InJe méridionale.
Le finoe à queue de cochon, Glanures d'Edwards , page S, fig. ibid.
plat ,
DU Aï A 1 M O N. l-yj
plat , les lèvres minces avec quelques poiis ro;des, mais
ti'-op courts pour faire une moudaciic apparente. Il n'a
pas, comme les linges <î^ les babouins, les bourfes à
l'extérieur Si la verge fiiillante ; le tout ed caché fous la
jîcau ; auiTi le maimon, quoique très-vif <Sc plein de feu
n'a rien de la pétulance impudente des babouins: il cft
doux , traitable &. même care-îiint : on le trouve à Su-
matra Si ^raifembIablemcnt dans les autres provinces
de rindc méridionale , auiïi foulîre-t-il avec peine le
froid de notre climat : celui que nous avons vu à Paris,
n'a vécu que peu de temps, Si M. Edwards dit n'avoir
ardé qu'un an à Londres celui qu'il a décrit *
Caraôlères difthulifs de cette ejpèce.
Le maimon a des abajoues & des callofités fur les
feffes , la queue nue , recoquillée 6c longue de cinq
ou fix pouces; les dents canines pas plus longues à
proportion que celles de l'homme ; le mufeau très-
large , les orbites des yeux fort iîiillantes au-delfus , la
face , les oreilles , les mains Si les pieds nus , & de
couleur de chair; le poil d'un noir -olive fur le corps
"^ Le fin^re à queue Je cochon de l'île de Sumatra dans la mer dti
Indes fut apporté en Angleterre en 1752 II étoit extrêmement
vif & plein d'adion : il étoit approchant de la grofleur d'un chat do -
merticjue ordinaire .... c 'étoit un mâle .... il a vécu un an entre mes
mains; je rencontrai une femelle de la même efpcce qu'on montroit
par curiofué à Londres , elle étoit la moitié plus grande que mou
mâle; ils parurent fort charmés de fe voir cnfemble , quoique ce fût
leur première entrevue. Glmures d'Ew'ards , pi-^gcs S Ù" ^ •
Tom.e XI K Zi
178 Histoire Natu re lle, ire.
Ôi d'un jaune -roufTâtre fur le ventre; il marche tantôt
fur deux pieds 6c tantôt fur quatre : il a deux pieds
ou deux pieds Se demi de hauteur lorfqu'il efl debout.
La femelle eft fujette à l'écoulement périodique.
179
«»»»«»j'p<m!j»«»n,wi ' xtHt'fiMiiTÊ sexr^iTiexsxawsjmcsmatK
DESCRIPTION
DU Al A 1 M 0 N.
V> ET animal (pi. xix ) efl de taille moyenne, il a îe mufêau
iong & la tête grofTe à proportion du corps ; mais le nuifeau eft
encore plus gros relativement à la grofîeur de la tête ; les oibites
i\ts yeux font fort fîiillantes dans leur partie fupcrieure : le nez
a aufîi une lâillie bien marquée à fon origine entre les deux yeux;
mais dans le refte de (on étendue, il eft prefqu'entièremejit aplati,
excepté fur le bout qui e(t un peu relevé; la cloifon d^s naiines
a très-peu d'épaillcur , & par conféquent leurs onverlures le trou-
vent placées au-de(îous du nez; les oreilles font de médiocre
grandeur &: terminées en haut par une petite pointe tuberculeulè,
comme dans les macaques &: plufieurs autres animaux de ce genre;
le bout &. le delTus du mulêau , le tour des yeux , les oreilles , la
plante àts pieds Se les doigts prefqu'en entier, font dénués de poil ;
la peau de toutes ces parties &: du rededu corps eft de couleur de
chair; la queue eft très-courte , fort menue, fur-tout à l'extrémité,
«lie a peu de poil , elle eft prerqu'entièrement nue fur le côté
inférieur, &: elle fe recoquille en deftbus comme celle d'un
cochon : c'eft pourquoi on a défigné ce linge par le nom de
fuige à queue de cochon ; il a des poches dans la bouche, & des
callofités fur \ts ït^zi : le nombre des dents eft de trente-deux ,
içs canines ne font pas plus longues que les autres ; le gland
diffère de celui de la plupart des autres linges par la forme de
fon extrémité, il eft terminé par trois tubercules, dont deux font
oblongs & placés fur \ti côtés ; le troifiçme eft arrondi , plus
Zij
i8o Description
petit que les deux autres & placé fur le devant; l'orifice de fu-
rèire fe trouve entre ces trois tubercules. Ce finge difîcre auHl
des autres, en ce que la verge n'efl /aillante que dans le temps de
ieredion ; il n'a point de bourfes; les tcflîculcs font placés fous
la peau, l'un à côté de l'autre, au-devant de la verge. Il y a
fur le bout du mufeau , à l'endroit d&s fourcils & audeffus dj
nez i.\cs poils longs, rares & noirs; le poil du front, de la ttte,
du delTùs du cou , du garrot , du dos , des lombes & du côté
fupérieur de la queue eil: mcié de couleur olivâtre & de noir;
les côtés de la léte & du corps , & la face externe du bns , de
i'avant-bras , de la cuilTe oc de la jambe font de couleur oîi\âtre,
excepté le bas de la jambe qui ell noir près du talon ; le poil
du delfous & i^ts côtés dw cou , de la poitrine , du ventre 5c de
h. face interne dts quatre jambes ed rare iSc de couleur jaunâtre,
avec une teinte de roux fur le ventre 6c fur les culfTes.
pieds, pouc. lignes.
Lon<yucur Ju corps cniier , inefuié en ligne droite
depuis le bout du mufeau jurqu'à l'anus i.
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau juf-
qu'à l'occiput a
Circonférence du bout du mufeau //
Circonfciencc du mufeau , prife au-deH^ous des yeux. n
Contour de rouvcrture de la bouche //
Diflance entre les deux nafeaux n
Diftancc entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de fœil u
Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille tt
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre *
Ouverture de l'œil #
Diflance entre les angles antérieurs des yeux , en
fuivant la courbure du chanfrein k
^.
u •
4.
1 0.
8.
2,
6.
2.
3-
4.
H
I.
I.
9'
I.
9-
U
S.
II
4-
M
8.
D V M A 1 M ON, I 8 I
plcJs. pouc. lipnc»,'
La môme clîftance en ligne droite // /, ^^
Circonfcrence de la lête , entre les yeux & les oreilles. // i o. 2.
Longueur des oreilles u \. i ,
o
Largeur de la bn(e, mcTurée fur la couibure extérieure. // 1.9.
Diftance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. 8.
Longueur du cou n i . g.
Circonférence du cou zr C. 6,
Circonfcrence du corps, prife derrière les jambes
de devant /, ^i. j.
La même circonférence à l'endroit le plus gros. , . i. i. //
La même cfrconfe'rence devant les jambes de derrière. // 8. 6,
Longueur du tronçon de la queue // j. 4.
Circonférence à l'origine w 2. 2.
Longueur de l'avant bras depuis le coude jufqu'au
poignet ff 6. Il
Circonférence du poignet // ■>, j.
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des on»les. // ?. 8.
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 7.
Longueur dejmis le talon jufqu'au bout des ongles .. . // 5. j.
A l'ouverture Je FabJomen , j'ai vu que iVpiploon s'ctenJoit
jufqu'au pubis; le foie ctoit en entier dans le côté droit, & l'cf-
tomac à gauche.
Le duodénum seter.doit jufqu'au rein; le jéjunum faifôit /es
circonvolutions dans la région épigadiique & dans l'ombilicale;
Jes circonvolutions de l'ileum étoient dans la région lombaire
droite, dans l'ombilicale, dans la lombaire gauche & dans l'iliaque
du même côté : enfuite l'ileum pafîbit dans l'hypogaflre & abou-
tifToit au cœcum dans l'iliaque droite; le cœcum étoit fituédans
cette région & dirigé obliquement vers le pubis ; le colon s'étendoit
Z iij
i82 Description
en avant dans h région lombaire droite Se dans ' hypocondre
du mcme côté jurqu'à 1 cpigadre , d'où il /è prolongeoit en arrière
& enfuile en avant en faifant de grandes circonvolutions; enfin,
il fe ioignoit au reclum fans avoir de courbure comme dans
ï'homme.
Le pancréas & l'eflomac différoient peu de i'eflomac & du
pancréas de l'homme ; il m'a paru que le fond du grand cul-de-
iâc avoit moins de diamètre que dans l'homme.
Le coecum étoit plus long que celui de l'homme , il n'avoit
point d'appendice vermiculaire ; le rectum n'étoit pas gros , &
en général les membranes avoient moins d'épai(îèu« que dans
l'homme.
Le foie avoit quatre lobes, le plus grand étoit placé dans le
milieu 6c divifé en deux portions inégales par une profonde
fcifîiire dans laquelle fè trouvoit le ligament fufpcnfoir ; la véfi-
cule du fiel étoit incruflée dans la face pollérieure de la portion
droite de ce lobe qui étoit la plus grande; il y avoit un lobe à
gauche &: deux à droite; le lobe pofiérieur du côté droit étoit
le plus petit de tous. II y avoit plufieurs hydatides dans le foie,
les plus groifes avoient jufqu'à un pouce &: demi de diamètre,
&: rcnfermoient d'autres hydatides plus petites, qui avoient cha-
cune leur kifie; il fe trouvoit auiTi deskiftes roulés & renfermés
dans quelques-unes de ces hydatides ; la véficule du fiel étoit fort
alongée : la rate contenoit une très-groiïè hydatide qui la rendoit
difforme , & qui avoit plus d'un pouce & demi de diamètre.
Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'environ fa
moitié de fa bngueur; ils différoient peu de ceux de l'homme
par leur forme, leur enfoncement, leur baffmet , &c.
Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes , & le ^auche
^e deux comme dans la pluprt des quadrupèdes ; le cœur avoit
DU AI A I M O N. 18?
h pointe un peu toiirnce à gauche : il refTenibîoit beaucoup à
cdui Je l'homme par fa figure; il ne forloit que deux branches
de la crofîè de l'aorte , mais la plus groffe fè partageoit en deux
autres branches à une petite diiUnce de fon origine.
La langue ctoit nioiiis large &: plus longue que celle de l'homme,
& moins cpaKîè à l'extrcmiié; elle étoit couverte de très-petites
papilles &: de grains blancs & glanduleux ; il y avolt fîir la partie
policrieure quelques peiites glandes à calice, rangées fîir deux files,
dirigées obliquement de devant en arrière &. de dehois en dedans ^
deux à droite, trois à gauche &: une à l'angle formé par les^
deux files. •
Le gland de la verge étoit terminé par un champignon , comme
dans les autres animaux de ce genre ; les teflicuies étoient prefque-
ronds; les canaux déférens avoient à peu près le même diamètre
dans toute leur longueur; les véhcules (cminales étoient grandes
&. bien formées; les proltates avoient peu de volume: la vtfîle-
étoit oblongue.^
pîevis. poiK. lignes^.
Longueur des inteHins giêles depuis le pylore juf--
qu'au cœcurn y. 6. 11
Circonférence du duodénum // 1 . C.
Circonférence du jéjunum . n 2. u
Circonférence de l'ileum dans les endroks les plus gros. // i, /,
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus
minces .7 i . 6,.
Longueur du cœcuin // 2.. 6,-
Circonférence du-cœcum à l'endroit le jîlusgros. . . h J. 5?.
Circonférence du cœcurn à l'emlroit le plus mince. . ;/ 3* >*
Circonférence du colon dans les endroits les-pius gros. // <y. n
Circonférence du colon dans les endroits les plus
minces ,,.,,,........,»..,.,., n ^, 4
184. Description
picilf.
Circonférence du rcâum près du colon /'
Longueur du colon & du redum pris enfemble. . . 3.
Longueur du canal inteflinal en entier , non compris le
coecum ' * •
Grande circonférence de l'eftomac 1 .
Petite circonférence de i'eftomac /'
Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à l'œibijiiage //
Profondeur du grand cul-de-fic //
Circonférence de l'œfophage //
Circonférence du pylore u
Longueur du foie "
Largeur "
Sa plus grande épainéur //
Longueur de la véftcule du fiel //
Son \)\\xs grand diamètre //
Longueur des reins /r
Largeur "
Epaineur /'
Longueur du centre nerveux depuis la veiiîe-cavc
jufqu'à la pointe /'
Largeur h
Circonférence de la bafe du cœur n
Hauteur depuis la pointe jufqu'à b naiflânce de J'artère
pulmonaire //
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . . u
Diamèu-e de l'aorte, pris de dehors en dehors. ... u
Longueur de la langue //
^Longueur de la partie antérieure, depuis le fiiet jufqu'à
jVxtrcuiité n
poiic.
li^iiefî
I.
9'
9'
il
3-
II
//
9-
1 o.
2.
//
Z.
z.
I .
3-
I.
6.
3-
6,
5-
fi
1 .
M
2.
5-
//
7*
1 .
6.
I. z,
// I O.
I. 6,
u
7'
3-
3-
6.
Il s.
Largeur
*
DU M A I AI O N. 1 8 5
r^iccis. pouc. ligne».
Largeur de la langue z, , ^ g
Longueur du gland ;, */ i r.
Circonférence i, „ §^
Cil conférence du champignon y ,, j q.
Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps
caverneux jufqu'à l'infeidon du prépuce t i. i o.
Circonférence ,i ^, g
Longueur des teflicules „ „ (^^
L^i'geur M M ^.
ÉpaiiTeur „ ^ ^,
Largeur de I epididyme „ y 2 -.
Longueur Aqs canaux déférens zz a ,.
Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue . // h h i
H T.
Grande circonférence de la vefîie n 5. 10.
Petite circonférence u a, 3.
Longueur des véficuies féminales h i . i .
Largeur „ „ ^.
Épaifieur y ^ ,
r
Le maîmon a plus de rapports avec le macaque qu'avec le
papion & le mandrill , par la forme de la icte dccharnce * ;
cependant les bords àts orbites des yeux font moins gros &: moins
élevés ; le crâne efl beaucoup plus grand ; les arêtes de l'occiput
font moins Taillantes , & les angles que forment les branches de
la mâchoire inférieure font moins arrondis.
Les dents font en même nombre que celles du macaque, mais
elles en diffèrent beaucoup par la figure; les deux incifives dii
iniiieu de chacune àts mâchoires du maimon font plus larges
que celles du macaque ; les canines font très - petites.
* Voyez ci-après la dcfcription du fqUelettc du Macaque. '-
Tome XiV. A4
iS6 Description
tes vertèbres Joifales Se lombaiies , les côtes Se les os d\î
flernum , relTemblent à ceux du macaque , pour le nombre , h
forme & (es articulations; les trous ovabires font plus grands.
La queue eftcompoflje de vingt ou vingt-une fauffes vertèbres ^
dont les trois ou quatre dernières font extrêmement petites , les
autres ont Ci peu de longueur que la queue eft très-courte, quoi-
qu'elle ait un affez graivJ nombre de faufîcs vertèbres.
Les clavicules font moins longues & plus grofTes que celles
du macaque ; les os des jambes lont plus longs & moins courbes ;
ies os du métacarpe , du mctatarfe & les phalanges des doigls-
font aufli plus longs que ceux du macaque.
pieds, pouc. lignes»
Longueur Je la tête depuis le bout des mâchoires
jufqu'à l'occiput " 4- 5 ï"
La plus grande largeur de h tête " -• Z*
Longueur de la mâchoire du defl'ous , depuis Ton
extrémité antérieure jufqu'au bord poftéiieur de
l'apophyfe condyloïde " 3' ^'
Epaifieur de la pajiie antérieure de l'os de la mâchoire
du dedus // f 4*
Largeur de la mâchoire du dcfllis, à l'endroit des
dents canines m i • 4*
Diftance entre les orbites & i'ouvenure des narines. . // // 7-!;^
Longueur de cette ouverture n h y\'
Largeur // // 47.
Longueur des os propres du ne2 h h 5? |.
Largeur à l'endroit le pfus large h h \ \^
Largeur des orbites h i. w
Hauteur 11 11 10.
Longueur des dents canines // v 3 |;.
Largeur du IjaiHn h i. y»
/'/. l/A .J'.T.y.u'^O'
MAIATON
DU AI A I AI O N. I 87
pitds. poiic. ligne*.
Hauteur ^ I . n .
Longueur des plus longues f-iuHes vericbres de la
queue „ „ ^^
Longueur de l'omoplate ^ 2. o.
Longueur de l'hunicrus „ r ,
Longueur de l'os du coude u c , q.
Longueur de l'os du rayon y c 5,
Lonaucur du fe'niur. , ... „ r «'
Longueur du tibia „ r r
Longueur du péroné ,/ ^, , q^
Longueur du premier os du mctacarpe , qui cH le
P'"s court g „ p.
Longueur du troifitme os du nictacarpe , qui eft le
pl"sIong ^ ,. j^
Longueur du premier os du niétatarfe , qui eft le])Ius
^■o"" n I. r.
I-ongucur du troificme , qui cft le plus long // \. 6.
Longueur de la première phalange du pouce i^^^ pieds
de devant /, ,, ç *^
Longueur de la féconde ,1 // 5,
Longueur de la première phalange du troificme doigt. // u 11.
Longueur de la féconde // // j^
Longueur de la troificme // n 4,
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière „ „ C\,
Longueur de la féconde u n 3 i.
Longueur de la première phalange du troificme doigt, n n 1 1 |.
Longueur de la féconde // // yl.
Longueur de la uoifième // // 4,
Aa i;
i88 Description
DESCRIPTION
DE LA PARTIE DU CABINET
qni a rapport à l'HiJtoire Naturelle
DES BABOUINS.
N.° M C C C I I.
La peau d'un Papion.
C'est la peau d'un grand Papioii , elle eft boiirrce ; les couleurs
du poil reffemblent à celles du papioii qui a fervi de fujet pour
la defcription de cet animal.
N.° M C C C I I I.
Le fquelette d'un papion.
C'eft le fquelette d'un grand papion . il a fervi de fujet pour
la defcription & les dlmenfions àts os de cet animal.
N.° M C C C I V.
Autre fquelette de papion.
Ce fquelette a été tiré d'un papion de petite taille, mais adulte :
car les arêtes olTeufes de l'occiput & du crâne font plus groffes
& plus faillantes que fur le fquelette précédent : celui dont il s'agît
ici, en diffère par la forme <^qs côtés de la mâchoire qui font
moins enfoncés ; l'os facrLvm elt compofé de quatre faulîès ver-
tèbres &: la queue de dix-fept, elle paroît être entière : quoiqu'il
y ait dans l'os ficrum de ce fquelette une fàulle vertèbre de plus
DU Cabinet, 189
que t^ans celui du fqueletle prcccdent : celle diiiucnce peut n'éne
qu'une vaiictc enire des individus demcme e(pèce : elle (c trouve
dans refjxxe humaine.
N." M C C C V.
Autre fquelct te de papion.
Ce troifième fquelette e(l encore moins grand que le fécond,
&. la tcle e(l à proportion moins groflè ; les joints (\ts épiphvTcs
paroilîènt fur quelques os, il n'y a qu'une petite arête Iran fverlîiie
fur l'occiput ; les bords des orbites des yeux font peu fciilians &
ont peu d'cpaideur; les dents canines font courtes, &c. H y a
lieu de croije que ce [quelette vient d'une jeune femelle de papion ;
quoiqu'il ioit plus petit &: moins formé que les deux prcccdens ,
il y a de chaque côté du nez une éminence olîèufe plus grande
que dans les deux autres.
N.'^ M C C C V r.
Os de la verge d\in papion.
Cet os vient d'un papion de la petite race, il a w\\ demi-pouce
de longueur fur deux tiers de ligne de diamètre, il e(t prefqus
droit & de figure approchante de la cylindriqiie.
N.° M C C C V I I.
Le fquelette d'un mandrUl.
n; m c c c V 1 1 1.
Le fquelette d'un rnaimon.
Les defcriptions &: les dimenfions de ce fqiielelte, 6c de celui
cui efl: rapporté fous le numéro précédent , font partie des
defcriptions du mandrill &: du mai mon.
A a iij
190 Histoire Natu relle
LE MACAQUE ^ et L'AIGRETTE^*.
JL^E toutes les Guenons ou Singes à longue queue,
Je Macaque (pi. xx) ell celui qui approche le plus
* Macaque. Macaquo , nom de cet animal dans Ton pays natal ,
à Congo , & que nous avons adopté.
Cercophhecus Angolenjls nuijor , in Congo vocatur Alacaquo. Marcgr.
Bijl- nat. Brafil. p^g. 227-
Cercophhecus -cynocephalus ex vïrîdcfcentihus & jlavicantilus p'd'is
variegatus. Le cercopithcque- cynocéphale, ^n^'. Reg. ûnim. pag. 213.
Nota. Il me femble que M. Biin"on a fait ici un double em])loi , & que
le fin^e qu'il indique dans l'ariicle fuivant par la dénomination de
lercopithecus-cymccphalus naribus bifdis, elatis, natibus calvis le macaque,
£{1 le même animal.
Sïrma (yEgypliaca) caudâ elongatâ, clunibus tulerofis nud'is. Voyage
.d'HafTelquifl. Ronock, 1762. Nota. Lepithète ^^j/^^wra a été
niai appliquée à ce fiiige, qui ne s'eft trouvé en Egypte, que parce
.qu'il y avoit été apporté ; ce que nous difons efl d'autant mieux
fonde que ce Voyageur fe conucdit lui-même, car nprcs avoir
appelé cet animal finge d'Egypte, il dit dans le même article qu'il
vient d'Ethiopie ; l'on fait d'ailleurs qu'il n'y a aucime efpèce de finge
<iui (bit naturelle au pays de l'Egypte , & que tous ceux qu'on y
voit viennent d'ailleurs par la voie du commerce. Etfi in yEgypto
(dit Profper Alpin ) nullum fimiarum genus nafcatur , cvjvjlibet tamen
gcnens & ex Arabià felici & ex y£thiopiâ immenfœ mercaturœ causa
illuc convehuntur. Hifl. ^gypt. lib. IV, pag. 240.
Cynamolgos. Simia caudata, imberbis, naribus bifdis, elaîis ; chinibuS
îubcrofis. Linn. Syjl. nat. edit. X , pag. 28.
* * Aigrette, cette guenon ne nous paroît être qu'une variété du
Macaque, nous l'avons appelée ï Aigrette, parce qu'elle a un grand
<^pi de poil au-deÛus de la tête ; nous croyons que c'eft le mêine que
DU M ACACiUE if de l'Aigrette, içt
des Babouins ; il a comme eux, le corps court cfv ramaffc
la tcte groiFe , le mufeau Jarge , le nez plat , les joues
ridées, & en même temps, il eft plus gros (^ plus ^^rand
que la plupart des autres guenons ; il c(l aufTi d'une
laideur hideufe, en forte qu'on pourroit le regarder
comme une petite efpèce de babouin , s'il n'en dif-
féroit pas par la queue qu'il porte en arc comme eux ^
mais qui e(l longue Si bien touffue : au lieu que celle
des babouins en gênerai, cft fort courte. Cette efpèce
efl originaire de Congo <Sc des autres parties de l'Afric^ue
méridionale * , elle efl nombreufe &. fujette à p'ufîeurs
variétés pour la grandeur, les couleurs ôl h difpofition
du poil. Celui qu'Haffelquid a décrit avoit le corps
long de plus de deux pieds, <5c ceux que nous avons
vus ne l'avoient guère que d'un pied 6c demi; celui
que nous appelons ici Vaigrate (pl.xxi) ^ parce qu'il
a fur le fommet de la tcte un épi ou aigrette de poil ,
ne nous a paru qu'une variété du prenucr auquel il
reffemble en tout, à Texception de cette dificrence
6c de quelques autres légères variétés dans le poil ; ils
ont tous <S.^\\\ les mœurs douces 6c font affez dociles •
mais indépendamment d'une odeur de fourmi ou de
faux mufc qu'ils répandent autour d'eux; ils font fi
XAigula de M. Linna?us. Syjl. nat. ed'it. X , png. ay , indiqué par
OfLeck, fous fa dénomination Smûa cudatâ fub barbala gr'ifea, cmi-
nent/â pilosâ vertkis longitudlnalï. Itiner. pag. prj.
* Cercophhecus Angolenfis Mncaquo Caudam portât arcuatam
Clamât hah , hah ; dentés habet alh'iffmos.. . . Penem habet humano fimileia
kijlar pueri. Marcgr. Jiif, na[. Brafil. pag. 227.
192 Histoire Naturelle
malpropres , fi laids & nicmc (i affreux lorrqu'ils font
la grimace qu'on ne peut les regarder fans horreur &
dégoût. Ces guenons vont fouvent par troupes 6i fe
raffemblent, fur-tout, pour voler des fruits (Se des lé-
gumes. Bofman raconte qu'elles prennent dans chaque
patte un ou deux pieds de milhio , auUint fous leurs bras
6c autant dans leur bouche, qu'elles s'en retournent ainfr
chargées, fautant continuellement fur les pattes de der-
rière. Si que quand on les pourfuit, elles jettent les tiges
de milhio qu'elles tenoicnt dans les mains â-i fous les
bras, ne gardant que celles qui font entre leurs dents,
ahn de pouvoir fuir plus vite fur les quatre pieds ; au refte
{ ajoute ce Voyageur), elles examinent avec la dernière
cxaclitude chaque tige de milhio qu'elles arrachent, 6i
fi elle ne leur plaît pas elles la rejettent à terre 6l en
arrachent d'autres : en forte que par leur bizarre déli-
cateffe elles caufent beaucoup plus de dommages,
encore que par leurs vols *.
Caraâîères diftinâifs de ces efpèces»
Le macaque a des abajoues 6c des callofités fur les
fclTes, il a la queue longue à peu près comme la tcte & le
corps pris enfembfe, d'environ dix-huit à vingt pouces;
la tète groffe, le mufeau très-gros, la face nue, livide
6c ridée, les oreilles velues, le corps court 6c ramaiïe,
les jambes courtes 6cgrofres ; le poil des parties fupé-
rieures efl d'un cendré-verdâtre, 6c fur la poitrine 6c le
♦Voyage de Bofinaii, Lettre XlY , poge 2^8 ù' fuïy,
ventre
duAÏACAQUE ir de L*Al GUETTE, 193
ventre d'un gris-jaunâtre; il porte une petite crcte de
poil au-deiïiis de la tête; il marche à quatre Sl quelque-
fois à deux pieds; la longueur de fon corps , y compris
celle de la tête, ell d'environ dix-huit ou vingt pouces.
Il paroît qu'il y a dans cette efpèce des races beaucoup
plus grandes <Sc d'autres plus petites, telle que celle
qui fuit.
L'aigrette ne nous paroît être qu'une variété du ma-
caque, elle eft plus petite d'environ un tiers dans toutes
les dimenfions : au lieu de la petite crête de poil qui
fe trouve au fommet de la tête du macaque, l'aigrette
porte un épi droit <5c pointu ; elle femble différer encore
du macaque par le poil du front qui eft noir, au lieu que
fur le front du macaque il eft verdâtre; il paroît aufîi
que i'aigrette a la queue plus longue que le macaque ,
à proportion de la longueur du corps. Les femelles
dans ces efpèces font fujettes, comme les femmes, à
l'écoulement périodique.
Tome XIV. Bb
Î94 Description
DE S C R I P T I O N
DU MACAQUE.
La taille du Macaque (pj. xx) efl courte & cpaifîè: car il a
le corps & les jambes beaucoup plus courts &: plus gros que la
plupart à^s autres animaux de ce genre ; la téie efl aufTi fort
grofFe à proportion du corps , & le mufeau encore plus gros à
proportion de la tcte; le nez eft fort court & prefqu'entièrement
aplati; les yeux font petits & enfonces, parce que les bords
fupcrieurs des orbites &: la partie de l'os frontal qui efl au-deiïLis
du nez , ont beaucoup de fiiliie; les joues du macaque qui a fèrvi
defujet pour cette defcription étoient livides, teintes de rougeâtre
& ridées : ces rides, la groiïèur du mulêau, l'afFaiflêment du nez
&: la (âiilie de l'os frontal , rendoient la face de cet animal fort
hideufe : 1 élévation de la partie inférieure de l'os frontal, formoit
une concavité fur fi partie fupérieure. Les oreilles étoient de
grandeur moyenne & velues pre(c]u'en entier : il y avoit fur
la partie poflérieure de chaque oreille deux découpures afîêz
profondes, dont je ne fais mention que parce qLi'elles étoient
fimétriques fur les deux oreilles ; cependant ces découpures peu-
vent venir de bleffures accidentelles , & n'être pas àt^ caractères
conflans , parce qu'on n'en voit point dans aucune autre efpèce
de finge; la queue étoit grofîè & longue quoiqu'elle eût été coupée
à l'extrémité ; les feffes étoient pelées ; la plante des pieds avoit
une couleur livide, &: les ongles étoient noirs, ceux àts pouces
étoient plats & ceux des autres doigts étoient plies en gouttière,
fur-tout dans les pieds de derrière.
DU Macaque, 195
Le poil du fommet de la tête, de Ibccipul, du defïïis &:
à^s côtes du cou , du dos Se de la partie Tupcrieure des côtes
du corps , (\ts épaules , de la face extérieure du bras , du côté
antérieur de l'avant -bras, & de la face extérieure de la cuilfe,
étoit de couleur mêlée de jaune- verdâtre «Se de cendré , parce que
chaque poil étoit de couleur cendrée-claire fur la plus grande
partie de fa longueur , depuis Li racine ; il y avoit plus haut
fucceffivement du jaune- verdâtre & du cendré - brun. Les côtés
de la tête, la mâchoire inférieure, la gorge, le detîous du cou, \qs
aiffelles, la poitrine, le ventre, la partie inférieure des côtés du
corps, les aînés, &: la face antérieure d^s quatre jambes étoient
de couleur jaunâtre & grifâtre ; les fefies , la queue , la face ex-
térieure de la jambe (Se le pied de derrière étoient gris. Il y avoit
furie milieu du fommet de la tête, entre les oreilles, une petite
crête, haute de Quatre ou cinq lignes, qui étoit formée par le
poil, &: qui s'étendoit de devant en arrière; Çqs plus longs poils
avoient deux pouces &: demi de longueur.
pieJs. pouc. ligiiM»
Longueur du corps entier , mefuré en ligne droite
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus i, 6. è.
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à
i'occiput. . . é H
Circonférence du bout du mufeau u
Circonférence du mufeau prife au-deffous des yeux. . . //
Contour de l'ouveriure de la bouclic u
Diflance entre hs nafeaux //
Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de l'œil n 2.. u
Diflance entre l'angle poftérieur & l'oreille // 2. 4.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // /' 8.
Ouverture de l'œil '/ n 4.
Bb ij
4.
10.
5-
3-
7-
6.
4-
8.
//
2.
jç6 Description
pieds, pouc. lignes.
Diftance entre les nngles antérieurs des yeux en fuivant
la courbure du chanfrein " " i o»
La même dirtance en ligne droite n " 7*
Circonférence de la tête pri(e entre les yeux & les
oreilles " i i« o.
Longueur des oreilles // i • 6,
Largeurde la bafe, mefurée fur la courbure extérieure, u 2. 4.
Dillance entre les deux oreilles prife au bas u 2. i i.
Longueur du cou ► /' i • ^.
Circonférence if 8. 4.
Circonférence du corps prife derrière les jambes de
devant I. » 5.
Circonférence à l'endroit le plus gros i . i . 10.
Circonférence devant les jambes de derrière // 9. 6.
Longueur du tronçon de la queue i . 6. h
Circonférence à l'origine // 4. 10.
Longueur de Tavant-bras depuis le coude jufqu'au
poignet // 5 . 6.
Circonférence du poignet h 3. 6.
Longueur depuis le poignet jufcju'au bout des ongles. h 3. 8.
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. // y 6.
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . . // 5. n
Ce macaque pefôit douze livres deux onces. Lepiploon se-
tendoh jufqu'au pubis , où il k replioit entre les inteftins & fe
prolongeoit un peu en avant; le foie étoit placé beaucoup plus
à droite qu'à gauche; i'eftomac fe trou voit pofé un peu obli-
quement dans le côté gauche, & la rate étoit dans la fituation
ordinaire.
Le duodénum fe replioit au fortir de i'eftomac avant de fè
joindre au jéjunum, dont les circonvolutions ctoient dans la région
DU Macaque. 397
ombilicale : l'ileum faifôit les Tiennes dans la partie poftérieure de fa
même région & dans la région hypogaftriqiie ; le cœcum éloit
placé dans le côté droit & (ê prolongeoit obliquement à gauche
&: en arrière ; le colon s'étendoit un peu en avant dans le côté
droit , fe replioit en dehors , fe prolongeoit en arrière , paiïbit
de droite à guiche dans la région hypogaflrique , & s'étendoit en
avant dans le côté gauche jufqirà l'eflomac , il faifoit quelques
fïnuofités fous le rein gauche ; & enfin , il fe joignoit au redum.
Le duodénum étoit plus gros à l'endroit où il aboutiffoit au
jéjunum que dans le refle de fa longueur. Le jéjunum & l'ileum
avoient à peu près autant de diamètre l'un que l'autre ; le cœcum
ctoit court, gros &: de figure conique ; le colon avoit autant de
diamètre que le cœcum à Ton origine, enfîiite il diminuoit peu
ù peu de groiïêur jufqu'au redum ; les membranes de l'efiomac
&i des intefUns étoient très -minces. Il y avoit trois bandes ten-
dineules fur le cœcum , le colon & le redum.
Le grand cul-de-fàc de l'eflomac avoit beaucoup de profondeur,
&: ce viicère étoit un peu renflé dans le milieu.
Le foie étoit compofe de trois grands lobes Se d'un petit : le
plus grand de tous fe trouvoit dans le milieu, & étoit diviie
en deux parties inégales par une fcitkire peu profonde , dans la-
quelle palToit le ligament fufpenfoir ; la véficule du fiel tenoit à la
portion droite de ce lobe, qui étoit la plus groffe ; les deux autres
grands lobes étoient chacun à peu près de la même groffetir , &:
placés l'un à droite & l'autre à gauche; le petit lobe tenoit à la
racine du lobe droit , & il y avoit un appendice fur la racine
du grand lobe moyen. La couleur du foie étoit d'un rouge-foncé
ail dehors, & brun au dedans; il pe(oit cinq onces fix gros. La
véficule du fiel avoit la forme d'une poire fort alongée, elle
contenoil un peu de liqueur du poids de iêpt grains.
B b ii;
1^8 Description
La rate étoit large, cpaiilê &: peu alongée; elle avoit dans
toute fon étendue à peu près la même largeur , qui étoit de dix
lignes; elle avoit la même couleur que le foie; elle pefoit un
gros quarante-deux grains.
Le pancréas éloit un peu alongé , il s'étendoit depuis le duo-
dénum jufqu'à la rate.
L'enfoncement des reins étoit peu profond ; le baffinet avoit
peu d'étendue; tous les mamelons étoient réunis, 6c toutes les
différentes fubftances paroiffoient très-diflinctement ; la furface
étoit mouchetée de points gris fur un fond rouge-brun; le rein
droit étoit plus avancé que le gauche de la moitié de fi longueur.
Il n'y avoit rien de fingulier dans le diaphragme ; le cœur
étoit placé dans le milieu de la poitrine, la pointe dirigée obli-
quement en arrière &. en bas ; l'aorte fe divifoit en trois branches.
Le poumon droit étoit compofé de quatre lobes, dont trois
(ABC, pi xx/Zy) étoient rangés de files; le quatrième (^Z)^
qui étoit le plus petit de tous , fe trouvoit placé près de la bafe
du cœur. 11 y avoit dans le poumon gauche trois \ohts (EFG)
qui étoient rangés de file, comme les trois premiers lobes du
poumon droit, &: qui leur correfi:)ondoient par leur figure &
leur groffeur; le lobe poflérieur de chaque poumon étoit le plus
grand de tous; le lobe antérieur avoit moins d'étendue; le lobe
moyen étoit le plus petit des trois, & paroiflbit être encore plus
petit dans le poumon gauche que dans le poumon droit.
La langue étoit large , épaiiîè , par(êmée de grains blancs &
couverte de petites papilles dirigées en arrière; il y avoit fur la
partie poftérieure quatre glandes à calice , deux en avant à une
aifez grande diftance l'une de l'autre , & deux en arrière moins
éloignées.
Les bords de l'épigloite étoient échancrés dans le milieu , &i
DU MACAQUE. jçç
ceux de l'entrce du larynx formoient de gros tubercules deux
de chaque côté. Il y avoit fix ou fept larges filions qui traverfoient
ie palais; leurs bords étoient convexes en devant, & ceux des
derniers filions étoient interrompus dans le milieu. Le cerveau
pefoit une once fix gros & demi , & le cervelet deux gros &
dix grains , celui-ci n'étoit recouvert qu'en partie par le cerveau.
Le fcrotum ctoit fort ample, cependant il ne renfermoit pas
les teflicules , ils étoient placés au-devant de i orifice du prépuce
fous la peau , dans laquelle ils formoient une forte de fcrotum
( AB , pi. XXIII J , ils adhéroient l'un à l'autre & aux parties
environnantes ; la place qu'ils auroient dû occuper dans le vrai
fcrotum étoit en partie vide & en partie remplie de graifîe.
Le gland de la verge étoit terminé par un tubercule (C)
en forme de champignon, comme dans \qs autres animaux de
ce genre; il s'ed trouvé deux corps caverneux dans la verge. La
vetfie (D ) avoit la forme d'un œuf; les teflicules (EE) étoient
très-gros , de figure ovoïde &: de couleur blanchâtre au dehors ,
& jaunâtre au dedans; le tubercule de l'épididyme (FF) étoit
petit; les canaux dcïc\tns ( G G ) avoient peu de longueur, ils
étoient plus gros près des véficules féminales que dans le refîe
de leur étendue , ils entroient dans les véficules féminales / H H)
qui étoient très -grandes & collées contre le redum (JJ; elles
avoient une figure prifinatique & elles étoient terminées en pointe
& compofces de vaifîêaux qui avoient jufqu'à une ligne &: deinie
de diumètre : au contraire les proflates étoient très-petites , fort
compaéles & de figure ovoïde , elles communiquoient dans l'urètre
par un petit tuyau qui avoit environ trois lignes de longueur.
pieds, pouc, fignef.
Longueur des inteflins grêles depuis le pylore jufqu'au
cœc"m 7. // /,
200 Description
pieds, pouc. ligne*.
Circoiiférence du duodénum " ^' 9"
Circonférence du jéjunum ^ ^' "
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus
gros " ^' 4-
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus
minces " ^' "
Longueur du cœcum » ^' 4"
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. // 7. 4.
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince. . /' 1. 6.
Circonférence du colon dans les endroits les plus
gros " 7* 4*
Circonférence du colon dans les endroits les plus
minces " ^' 9^
Circonférence du rcdum près du colon // 2. p.
Circonférence duredum près de l'anus n 3. 2.
Longueur du colon &du redum pris enfcmble. ... 3. 3. "
Longueur du canal inteflinal en entier , non compris
le cœcum 10. 3 . n
Grande circonférence de l'eflomac i. 2. h
Petite circonférence • • • " 10. 0.
Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à l'œfophage // 2. u
Profondeur du grand cul-de-fac u z. 2.
Circonférence de l'œfophage // i. »
Circonférence du pylore u i. 6.
Longueur du foie /' 3. 9.
Largeur n J« ^
Sa plus grande épaifleur // // 10.
Longueur de la véficule du fiel u i . 4.
Sojn plus grand diamètre »... » u u 7.
Longueur
DU Macaque. 201
pieds, pouc. lignes.
Longueur de la rate „ ^ ,,
Largeur de l'extrémité inférieure u u 8.
Largeur de l'extrémité fupérieure g „ y^
Epaifieur dans le milieu y „ . ^
Epaifleur diî pancréas „ „ 2.-.
Longueur des reins „ i, o.
L^''^^"'- // I. I.
ÉP'-^iireur „ ^ ^^
Longueur du centre nerveux , depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe /, i . 4.
^'^'■geur ,, ^, ,,
Circonférence de la bafe du cœur m 4. 6.
Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifllmce de l'ar-
tère pulmonaire u i. 8.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. u 1.4.
Diamètre de l'aorte , pris de dehors en dehors ... h ,1 3 .
Longueur de la langue /, 2.. 2.
Longueur de la partie antérieure , depuis le fifct
jufqu'à l'extrémité „ j ^
Largeur de la langue „ „ ,0.
Longueur du cerveau ,/ 2. 2.
Largeur ^, ,^ ,^
Épailfeur „ , . , ^
Longueur du cervelet u „ g l^
■Largeur „ j, , .^
Epai^eur „ „ p^
Longueur du gland n u i © i.
Circonférence
Circonférence du champignon // i . a
Tome XIV. C
c
202 Description
pieds, pouc. ligne?;
Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps
caverneux juf([u a i'iiifcrtion du prépuce " ^- "
^. c Il tl Q.
Circonrerence ^
Longueur des teflicules " ^ ' ''
Largeur
■.'^ -rr Il H 10.
tpaiileur
' I
Largeur de 1 cpididynic " " ^ ï*
■J^ -n- Il II \.
Epaiileur
Longueur des canaux dcfc'rens " 5- 9'
Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue. /♦ " " I'
Grande circonférence de la veflie " 9' "
Petite circonférence " 7*
Circonférence de l'urètre " " 9-
Longueur des véficules féminales " -• 4-
T Il n 9-
Ltrgeur -^
Épaifleur " " 5-
Longueur des proflates,
H u 4:'
Il tl 2.
H H 2..
Largeur • •
Épaiiïeur
Le fquelette du macaque (pi. xxiv) e(l remarquabie entre
ceux des autres animaux de ce genre, par la grolTeur & ia faillie
à^ bords fupérieurs des orbites, qui sclèyent jufqu'à huit lignes
au-de(îus de la partie poflcrieure de i'os frontal ; le bourrelet qu'ils
forment s'étend d'une orbite à l'autre, mais il n'efl pas auffi fiillant
au-detius du nez qu'au-deffus ^ts orbites; l'apophyfe orbitaire de
l'os frontal & celle de l'os de la pometle, font très -grandes &
donnent autant de groiïèur &: de faillie à la partie externe du
bord des orbites qu'il en a dans fa partie fupcrieure : il y a deux
«raires arêtes ollèufês fur l'occiput, l'une iranfverfale & l'autre
DU M A C A Q U II. 203
longitudinale; la preinicreeft la plus foile. Le macaque furpa^fcle
magot , le mandrill & le papion , par le volume des bords de
its orbites ; l'ouverture à^s narines efl à proportion plus cloianée
des orbites que dans le magot , &: le mufeau efl plus long ; [qs
angles de la mâchoire font plus recourbes.
Les dents refTemblent à celles du mandrill & du papion , par
le nombre, la forme & la fituation.
Les trous ovalaires étoient plus arrondis, & ils avoient moins
d'étendue que ceux du magot : il y avoit vingt-deux fiuffes ver-
tèbres dans la queue; i'os du rayon étoit beaucoup plus courbe &
plus éloigné de l'os du coude que dans le fquelette du magot.
Il n'y avoit que dix os dans le cai-pe du fquelette du macaque,
fur lequel cette delcription a été faite ; je n'y ai pas vu le premier
os iurnuméraire, dont j'ai fait mention dans la defcription du
fquelette du gibbon. Le tarfê étoit compofé de huit os , comme
dans ce finge.
Le premier os du méîatarfe eft à proportion plus long & pkis
gros que dans le magot , & par conféquent le pouce a plus de
longueur, relativement à celle d^s doigts ; au refle les os du ma-
caque m'ont paru ne différer de ceux du magot, que par des
proportions que l'on ne peut reconnoître, qu'en comparant la table
fuivante , avec celle des dimenfions des os du magot.
pieds, polie, ligne*;
Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires
jufqu'à l'occiput // 4. 4.
La plus grande largeur de la tête // 3. it
Longueur de la mâchoire du deffous, depuis Ion
extrémité antérieure jufqu'au bord poriérieur de
l'apophyfe condyloïde // 3. 2.
Epaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâ-
choire du defllis Il II 4'
C c ij
204 Description
pieds, polie, ligne?;
Largeur de la mâchoire tludenusà l'endroit des dents
canines '
Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines. // n 7-
Longueur de cette ouverture " " 7*
Largeur " " 5*
Longueur des os propres du nez /' n 9'
Largeur à l'endroit le plus large " " 3 i*
Largeur des orbites " " ^ ^ î*
Hauteur " " ^ î*
Longueur des dents canines " " 5?-
Largeur du baflln " ' • 7-
o
Hauteur " ^- ^'
Lonoueur de la plus longue fiiufie vertèbre de la
queue " ^ • ' *
Longueur de l'omoplate " 3 • "
Longueur de l'humérus " 4- 4*
Longueur de l'os du coude " 5- "
Longueur de l'os du rayon n 4* 5*
Lono^ueur du fémur " 5* 3*
o
Longueur du tibia " 4- ^ <^'
Longueur du péroné " 4« 5*
Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le
plus court ^ >/ 8 j^
Longueur du iroifième os du métacarpe , qui eft: le
plus long M I • I ^.
Longueur du premier os du métatarfe , qui eft le
plus court // I . /^ |.
Longueur du troifième , qui eft le plus long // i . j.
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de devant m b 5.
DU Macaque,
pieJi. pouc.
Longueur de la féconde „
Longueur de la première phalange du troifièiiie doigt. // //
Longueur de la féconde u h
Longueur de la troifième „ „
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière „
Longueur de la féconde „ ^
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // //
Longueur de la féconde y, ^
Longueur de la troifième ^ ^
20J
lignes,
3-
10.
6.
4-
6,
4-
ici.
8.
•"^ # ■ *
V C iij
2o6 Description
LUIIJMU J II m I ■■limill H !■! !■■ IWTll
DESCRIPTION
DE L'A IG RETT E.
Cet animal (planche xxj) nous a été donné fous le nom Je
Miicû^ue coniii , pour une efpèce dilTérente de celle du macaque
iimplement dit : mais quoiqu'il eût le corps d'un tiers moins long
que celui du macaque, je penfe qu'il y a lieu de foupçonner que
ces àQwx animaux font de même efpèce. La prétendue corne de
celui dont il s'agit ici , n'efl qu'un toupet c^e poil, qui fe trouve
fLir le front eu forme d'aigrette, &: qui a déterminé M. de Buffon,
il donner à l'animal le nom à^ Aigrette. La longueur du poil de
celle partie 6c de toute autre peut varier dans diftérens individus,
Se ce caraélère eft d'autant plus incertain dans le cas préfent,
qu'il y a auffi fur la tête du macaque wn toupet de poil , qui
forme une forte de crête le long du fommet entre les deux
oreilles. Les couleurs du poil étoient les mêmes fur ces deux
animaux, excepté que l'aigrette avoit au poil du front une cou-
leur noire qui ne paroiffoit pas fur le macaque. Les proportions
du corps étoient auifi à peu près les mêmes dans l'un &: dans
l'autre , ils étoient courts & gros en comparaifon de la plupart
àcs autres animaux de ce genre ; mais l'aigrette n'avoit qu'un pied
de longueur , depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la
queue , qui étoit longue de quinze pouces ; tandis que fur le
macaque , dont j'ai fait la defcription , la première de ces di-
nienfions avoit fix pouces de plus, & la féconde trois : mais
il faut remarquer que la queue du macaque n'étoit pas entière,
& que l'on n'a pas fu l'âge de ces deux animaux; fi l'aigrette
loin. \ll
Tl.\X.l\rn.icl^.
l'-\\n- M
MACAQUK
/^...•.v.v.v^.,
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DE l'A I G R ET T E, loy
n'avoit pas encore pris tout (on accroiirement, ildevoit en effet
être plus petit que le macaque. Les diffcrences de la longueur
&. de la couleur du poil du front, pourroient bien venir auffi
de la différence de l'âge.
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3?L i*
2o8 Histoire Natu relle
L
LE P A T A S
E Patas efl encore du même pays & à peu près
de la même grofTcur que le Macaque ; mais il en diffère,
en ce qu'il a le corps plus alongé , la face moins hi-
deufe 6v le poil plus beau ; il cft même remarquable
par la couleur brillante de fa robe, qui eil à\\n roux
fi vif qu'elle paroît avoir été peinte ; nous avons vu
deux de ces animaux qui font variété dans l'efpèce,
le premier f pl.xxvj porte un bandeau de poils noirs
au-dcffus des yeux, qui s'étend d'une oreille à l'autre;
le fécond f pi. xxvi ) ne diffère du premier que par lu
couleur de ce bandeau qui eft blanc, tous deux ont du
poil long au-deffous du menton 6i autour des joues ,
ce qui leur fait une belle barbe ; mais le premier l'a
jaune , Sl le fécond l'a blanche : cette variété paroît en
indiquer d'autres dans la couleur du poil , Si je fuis
fort porté à croire que l'efpèce de guenon couleur de
chat iauvage dont parle Marmol '^ , & qu'il dit venir
du
* Nom de cette efpèce de Guenon ou Singe à longue queue dans
ion pays natal au Sc'négal , & que nous avons adopté , on l'appelle
vulgairement le Singe rouge du Sénégal.
En arrivant à Tabao , Brue trouva une nouvelle efpèce de fînge
d'un rouge fi vif qu'on l'auroit pris pour une peinture de l'art. . . ,
Les Nègres les nomment Patas. Relation de Brue. Hijloire générale
des voyages , tome 11 , page j 2 o.
* J-es finges de couleur de chat (auvage avec la queue longue & fe
mufeau
ce
ce
ce
D U P A T A S. 209
du pays des Nègres, font des variétés de l'efpèce du
patas. Ces guenons font moins adroites que les autres,
«Scen'ménie temps elles font extrêmement curieufes ;
- je les ai vues (ditBrue * ) defcendre du haut des arbres
jufqu'à l'extrémité des branches pour admirer les bar-
ques à leur pafTage; elles les confidéroient quelque
temps Se paroifTant s'entretenir de ce qu'elles avoient
vu , elles abandonnoient la place à celles qui arrivoient «
après ; quelques - unes devinrent familières jufqu'à jeter «
des branches aux François, qui leur répondirent à coup <c
de fufds ; il en tomba quelques-unes , d'autres dcmcu- ce
rèrent blefTées , S. tout le.refte tomba dans une étrange ce
confternation ; une partie fe mit à pouffer des cris ce
affreux , une autre à ramaffer des pierres pour les jeter ce
à leurs ennemis; quelques-unes fe vidèrent le ventre ce
dans leur main <Sc s'efforcèrent d'envoyer ce préfcnt ce
aux fpedateurs , mais s'apercevant à la fin que le «
combat étoit du moins égal, elles prirent le parti defe «
retirer. »
Il efl à préfumer que c'efl de cette même efpèce de
guenon dont parle le Maire : « on ne fauroit exprimer,
dit ce Voyageur , le dégât que les fmges font dans ce
les terres du Sénégal, lorfque le mil 6c les grains dont ce
ils fe nourriffent , font en maturité ; ils s'aifcmblcnt ce
nnifèau blanc ou noir qui s'appellent conimuncment en Efjingne,
Galos-paulés, viennent du pays des Nègres. L'Afrique de A'Iarmol ,
tome 1 , page j- 7.
* Relation de Bruc Htfloîre gcn. àes Voyages, tome II , page x 21,
Tome XIV, \^i.\
}>
5Î
2IO Histoire Naturelle
quarante ou cinquante; l'un d'eux demeure en fentinellô
fur un arbre , écoute <Sc regarde de tous côtés pendant
» que les autres font la récolte ; dès qu'il aperçoit quel-
>> qu'un , il crie comme un enragé pour avertir les autres,
» qui , au fignal , s'enfuient avec leur proie , fautant d'un
>. arbre à l'autre avec une prodigieufe agilité : les femelles
qui portent leurs petits contre leur ventre , s'enfuient
» comme les autres, <Sc fautent comme fi elles n'avoient
î>
rien \ "
Au refte , quoiqu'il y ait dans toutes les terres de
l'Afrique un très-grand nombre d'cfpèces de fmges , de
babouins 6l de guenons, dont quelques-unes paroifient
aiïcz femblables , les Voyageurs '^ ont cependant re^
marqué qu'elles ne fe mclent jamais, & que pour l'ordi-
naire cbaque efpèce liabite un quartier différent.
Caradères dijîinâifs de cette efpèce.
Le patas a des abajoues Si des callofités fur les feffes ,
fa queue c(l moins longue que la tcte <Sc le corps pris
enfemble ; il a le fommet de la tcte plat , le mufeau long ,
le corps alongé , les jambes longues ; il a du poil noir
fur le nez <Sc un bandeau étroit de même couleur au-
deiïlis des yeux , qui s'étend d'une oreille à l'autre ; le
* Voyages de le Maire , pages i o ^ ù' i 04.
^ On s'eiigngeroit dans un dttail infini fi l'on vouloit décrire toutes
les efpèces de finges qui fe trouvent depuis Arquin jufqu a Sierra-
Leona; ce qu'il y a de plus remarquable, c'eft qu'elles ne (e mêlent
point & qu'on n'en voit jamais de deux fortes dans le même quartier.
Hijioire générale des voyages , tome II , page 221.
DU P A T A S, 211
poil de toutes les parties fiipérieiires du corps efl d'un
roux prefque rouge , <Sc celui des parties de defTous ,
telles que la gorge, la poitrine <Sc le ventre , efl d'un
gris jaunâtre. Il y a variété dans cette efpècc pour la
couleur du bandeau qui efl au-defliis des yeux , les uns
l'ont noir Sl les autres blanc. Ils n'agitent pas leur mâ-
choire, comme le font les autres guenons lorfqu'elles
font en colère ; ils marchent à quatre pieds plus fouvent
qu'à deux , Se ils ont environ un pied S: demi ou deux
pieds, depuis le bout du mufcau jufqu'à l'origine delà
queue. Il paroît, par le témoignage des Voyageurs, qu'il
y en a de plus grands. Les femelles font fujettes, comme
les femmes , à un écoulement périodique.
Dd ij
212 Description
DESCRIPTION
DU PAT AS À BANDEAU NOIR,
Le mufeau du Païas ( pJ. xxv ) efl long, &: Tes yeux font
enfonces ; ii a le delFus l^s orbites Se la partie fupcrieure du
nez fort faiilans, la tête un peu alongce & un peu aplatie par le
fômmet. Les oreilles font minces, elles n'ont point de rebord,
& elles (ont en partie garnies de poils afîèz loJigs. Le corps efl
effilé; les jambes font longues Se toutes à peu près de la même
longueur; la queue efl groffe & longue, quoiqu'elle ne fût pas
entière dans le patas qui a fervi de fujet pour cette defcriplion.
La face de cet animal étoit de couleur de chair; il avoit la plante
dits pieds de couleur brune, &: les ongles noirs; ceux des pouces
ctoient plats, Se les autres ctoient plies en gouttière; il y avoit
fiir la partie poflérieure dts os ilchions deux callofitès afîèz larges,
entre lefquelles fe trouvoit la vulve : car c'ttoit une femelle.
Le nez ètoit revêtu d'un poil court 8c noir ; une bande de
la même couleur s'ctendoit d'une oreille à l'autre en palîânt fur
la partie fupcrieure des orbites des yeux ; de forte que les fourcils
éioient noirs. Cette bande a fait donner au finge, dont il s'agit, le
nom de Paiûs à handeaii noir. Les fourcils ctoient compofes de
poils longs , Se il fe trouvoit quelques autres poils longs & noirs
au-delTus de la lèvre fupérieure à côté des narines ; le deffus du
front, le fommet de la tête, l'occiput, la face fupe'rieure du cou,
le dos , les côtc's du corps , la croupe , la face fupérieure de l'ori-
gine de la queue & la face extérieure des aiifîès, étoient de couleur
roulTe-foncée, avec quelque mélange de noir & de gris, parce
qu'il y avoit beaucoup de poils, dont l'extrémité étoit noire, &
du P A T A s a bandeau noir, 2 1 2
qu'il fe troLivoit du gris au-defTous de ce noir. L'epauIe, la face
extérieure du bras , de l'avant-bras & de la jambe ; la face fupc-
rieure de la queue &: dts pieds , avoieiit une couleur rouflè ,
pâle & mêlée de gris; les joues, le bout du mufcau, la gorge.'
ledefTous & les côtés du cou; \ts ailîdles, la face iiuérieure dj
bras & de l'avant-bras; la poitrine, le ventre, les aines, la face
intérieure de la cuilîè & de la jambe , & la face inférieure de
la queue étoient de couleur grife , mêlée de jaune 5c de cendré
fur plufieurs de ces parties ; le poil étoit rude, le plus longavoit
jufqua trois pouces & fe trou voit fur l'occiput, fur le detfus &
les côtés du cou, & fur la partie antérieure du dos <Sc des côtés
du corps.
Longueur du corps entier , niefuré en ligne droite,
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu a
l'occiput
Circonférence du bout du mufeau
Circonférence du mufeau prife au-deffous des yeux. .
Contour de l'ouverture de la bouche
Diftnnce entre les deux nafeaux
Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de l'œil
Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre
Ouverture de l'œil
Diflance entre les angles antérieurs des yeux
La même diftance en ligne droite ^
Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles.
Longueur des oreilles ,
Largeur de la bafe , mefurée fur la courbure extérieure.
D d 1//
pieds.
pouc.
lignes.
I.
6.
Il
H
3-
10.
II
3-
6.
II
î-
u
II
3-
u
II
//
2,
II
1.
6.
II
z.
2.
II
Il
;•
II
II
4.
II
II
y
i
II
3'
//
9-
6.
II
1.
2..
II
2.
4.
214 Description
plcdi. pouc. lignes.
Diftance entre les deux oreilles prife dans le bas.... u 2. i o.
Longueur du cou
Circonférence du cou "
Circonférence du corps, prife derrière les jambes de
devant
La même circonférence à l'endroit le plus gros >/ 1 i • ^.
La même circonférence devant les jambes de derrière, /f 9- »
Longueur du tronçon de la queue i- 2.. //
Circonférence à l'origine " 3 • "
Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au
° „, Il j. u
poignet '
Circonférence du poignet " 3* "
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. u 3 • ■^'
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. * 7. #
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles . . // 4. 4»
Cet animal pefoit huit livres &: demie ; i epiploon s etendoit
jufqu'aLi pubis; j'ai trouve dans la partie poftérieure de i'épiploon un
petit prolongement membraneux , auquel tenoit un ver (pl.xxvîl,
fg. I ) redemblant à une petite corne d'ammon: il étoit compofé
de pluiieurs anneaux , il décrivoit un tour & demi de fpirale ;
dans celte altitude , le groupe qu'il formoit avoit trois lignes de
diamètre & une ligne d'épaiffeur. La peau de ce ver paroi(îbit
être un peu cartilagineufe , elle renfermoit une fubflance molle &
prefque liquide.
Après avoir enlevé 1 epiploon , j'ai vu le cœcum dans le côté
droit dirigé de devant en arrière; le colon s'étendoit dans le
milieu de l'abdomen auffi de devant en arrière , il fe replioit dans
ia région hypogaftrique & k prolongeoit en avant dan* le côté
gauche , prefcjue jufqu'à l'endroit du cartilage xyphoïde , où il fe
du P AT A S Cl bandeau noir, 215
recourboit en haut <Sc en arrière avant de fè joindre au redum :
on voyoit dans le côté droit, entre le cœcum 8: le colon un pe-
loton de circonvolutions desinteflins grêles; l'eflomac etoit placé
en entier dans le côté gauche ; le duodénum avoit très-peu de
longueur & ne formoit, pour ainll dire, qu'une courbure fort
courte, depuis le pylore jufqu'au jéjunum; \ts circonvolutions de
cet inteflin &: celles de l'ileum ctoient toutes dans le côté droit,
entre le cœcum & le colon , comme ii a déjà été dit.
Leftomac étoit petit &: oblong; le gra-.xl cul-de-fâc avok
beaucoup de profondeifr , »8c la partie droite étoit afîèz courte ;
ie duodénum avoit beaucoup plus de diamètre que le jéjunum
&: l'ileum ; le cœcum (AB, pi. xxvii ,fg. 2) étoit court 5c
de figure conique ; le colon (C ) étoit auiïi gros que le cœcum
près de cet inteftin , mais il diminuoit peu à peu de grofîèur
juftju'au recT:um; il y avoit trois bandes tendineulês fur le colon;
ies membranes de i'eftomac & Ats inteftins étoient fort minces.
Le foie étoit beaucoup p'us étendu à droite qu'à gauche , il
avoit trois grands lobes & un petit , le plus grand de tous étoit
dans le milieu & divile en deux portions inégales par une fciffure
peu profonde, où fe trou voit le ligament fulpenfoir; la portion
la plus grofle étoit à droite & renfermoit la véfrcule du fiel qui
y étoit incrufiée ; il y avoit un grand lobe à gauche en entier ;
le troilième des grands lobes étoit à droite &: le petit lobe tenoit
à fa ncine. Le foie avoit une couleur un peu plus pâle au dedans
qu'au dehors , il pefoit cinq onces deux gros & demi ; la véficule
du fiel avoit une figure prefque cylindrique, elle contenoit une
liqueur de couleur jaunâtre- foncée, du poids de dix-fèpt grains.
La rate (pi xxvil > fg- S ) ^^^^^ ^^^"^ ^^ ^^^^ gauche , placée
comme à l'ordinaire , elle avoit beaucoup d'épaifîèur & peu de
longueur; l'extrémité inférieure (A) étoit plus large & plus
2l6 D E s C R I P T I O N
groflè que l'extrémité fupérieLire (B) ; ce vifcère avoit trois faces
ôc une couleur rougeâtre au dehors & i>oirâtre au dedans : on
voyoit fur fa furface plufieurs tubercules d'un rouge aiïèz vif, il
pefoit trois gros 6c quarante-huit grains.
Le pancréas étoit peu étendu , mais fort épais.
Le rein droit étoit un peu plus avancé que le gauche, ils
avoient l'enfoncement peu profond , le baflinet peu étendu Se
les mamelons confondus enfèmble : on voyoit diftindement les
rayons, qui s'étendoient depuis le centre jufqu'à la circonférence.
Le centre nerveux & la partie charnue du diaphragme éloient
fort minces. Le cœur iè trouvoit placé dans le milieu de la poi-
trine, la pointe dirigée en arrière fans étie inclinée à gauche, il
étoit court & prefque rond , il n'y avoit qu'une petite branche
à côté de l'aorte afcendante. Les poumons étoient très -viciés &
pleins de gros tubercules : on diflinguoit deux lobes dans le
poumon gauche ; le poumon droit étoit d'une feule pièce , mais
on y diflinguoit quatre lobes par des joints , dont les parois (èm-
bloient avoir été collées les unes aux autres , de façon que l'on
déchiroit plutôt les lobes que de féparer \ts parois de leurs joints;
ces quatre lobes auroient été femblables à ceux de la plupart des
autres quadrupèdes s'ils avoient été fâins : car il y en avoit trois,
rangés de file &: le quatrième qui étoit le plus petit de tous
fe trouvoit près de la bafè du cœur.
La langue étoit épai^fe, arrondie par le bout, couverte de
papilles très-petites &: parfemées de grains ronds ; il y avoit fur
la partie poflérieure trois gi'olîès glandes à calice , une en arrière
& deux en avant, elles formoient un triangle par leur pofition;
il stn trouvoit deux autres plus petites, placées chacune entre la
groffe glande antérieure & la poftérieure de chaque côté.
L'épiglotte étoit échancrée à fon extrémité; les bords de l'entrée
du
du P AT A S à bandeau noir, 2 i y
du larynx formoient quatre tubercules , deux fur chaque bord;
le poftcrieur de chaque côté ctoit beaucoup plus gros &: plus
élevé que l'antérieur.
II y avoit fur le plais huit filions , dont les bords étoicnt
larges & élevés , ils étoient tous convexes en avant dans leurs
parties droite & gauche , les derniers étoient interrompus dans
le milieu de leur longueur.
Le cerveau étoit giand, les lobes moyens defcendoient fort
bas , &: les lobes poltérieurs étoient terminés en pointe & re-
couvroient le cervelet en entier ; les parties latérales du cervelet:
étoient logées dans une échancrure qui fe trouvoit de chaque côté
du cerveau, entre le lobe moyen &: le lobe poflérieur ; il y avoit
fur le cervelet des cannelures tranfverfales, qui setendoient d'un
côté à l'autre ; le cerveau pefoit deux onces fept gros &: demi ,
&: le cervelet trois gros.
Le gland du clitoris (A, pi. xxvill, qui rcpréfeinc le vn^in
ouvert) étoit terminé par un champignon femblable à celui du
gland de la plupart des mâles de ce genre ; il y avoit fur ce
champignon un petit fillon qui s'étendoit le long du côté fupé-
rieur du gland. L'orifice (B, marqué par un filet C D ) dt l'u-
rètre (E) fe trouvoit à fept lignes de diflance du gland du clitoris;
& dans cet endroit du vagin il y avoit un rebord tranfverfal
(FGJ qui s'étendoit fîir ks parois intérieures , elles étoient ridées
en différens fcns Se fort épaiffes; fe vagin étant enflé fe trouvoit
beaucoup plus gros entre l'orifice de l'urètre &: la matrice, qu'entre
cet orifice &: la vulve ; il formoit auffi une convexité entre
l'orifice de l'urètre & la matrice ; l'orifice (H) de la matrice n'étoit
pas placé comme à l'ordinaire au fond du vagin, mais fur ia face
inférieure près du fond; ks bords formoient un bourrelet qui avoit
fix lignes de droite à gauche , &: quatre lignes de largeur de devant
Tojrie XJK £ e
2i8 Description
en arrière ; l'orifice éloit en forme de fente tranfverfâle. La vefTie
( J) avoit une figure ovoïde &: un peu rctrécie dans le milieu
par un étranglement. Le col ( K) de la matrice ctoit fort long, &
la matrice (^Lj avoit une figure triangulaire;- les trompes fortoient
immédiatement l[cs deux angles du fond ; !es tcfticules (MM)
tenoient à un grand pavillon, ils ctoient parfêmcs à l'extérieur &
compofts à i'intcrieur de petites caroncules jaunâtres ; j'ai aufTi
fait reprcfenter fur h planche xxvlii l'anus A', & une portion 0 P
du reélum.
pieds pouc. lignes»
Longueur tles Imeftins grêles depuis le pylore jufcju'au
cœcuin C. 8. //
Circonférence du duodénum u 2. 3.
Circonférence du jéjunum // i . 6.
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus
gros ;/ 2. it
Circonférence de Tilcum dans les endroits les plus
minces // i . 6.
Longueur du ccecum // 2. 6.
Circonférence du ccecum à l'endroit le plus gros. . . // 4. 6.
Circonférence du coecum à l'endroit le plus mince. a 2. 3.
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. 1/ 4, 6,-
Circonférence du colon dans les endroits les plus
minces n z. u
Circonférence du reduin prés du colon // 2. //
Circonférence du reétum près de l'anus h 4. /;
Longueur du colon &du rectum pris enfemble .... 2. i o. //
Longueur du canal inteftinal en entier, non compris
le ccecum c^, 6. 11
Grande circonférence de i'eftomac i . i . tt
Petite circonférence h o. u
du P AT A S à bandeau jio'ir. 2 1 9
I>icd5. pouc. lignot.
Longueur de la petite courbure , depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à rœfophage // i. „
Profondeur du grand ciii-de-fsiç. // i . j q
Cir.conftirence de l'afophage // j . ^^
Circonférence du pylore ^ i, g^
Longueur du foie ,, y q^
ur
* 4. IQ.
Large
Sa plus grande cpaideur /, „ j j^
Longueur de la vcficule du fiel // ,. g.
Son plus grand diamètre » ^ g^
Longueur de la rate /, ^. ,^
Largeur de l'extrcmité inférieure // i. j.
Largeur de l'extrémité fupéricure ,/ „ j^
Epaiflcur dans le milieu , // (, ^,
Epaifîèur du pancréas „ „ 2 -.
Longueur des reins ^ j, jq^
Largeur ^ i . „
EP'ii^eur „ „ 8.
Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe // j. 4.
î-^rgeur ^ i . j o.
Circonférence de la bafe du cœur // 4. 7,
Hauteur depuis la pointe jufqu'à lanaifllmce de l'artère
j:)ulmonaire zz j . j q.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fie pulmonaire. . h 1.4.
Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors. ... // // 3 1.
Longueur de la langue // z. n
Longueur de la partie antérieure depuis le fiJct jufqu'à
i'extrémité // s 7.
Largeur de Ifl langue u n S.
Ee i;
2ZO DESCRIPTION
pieds, pouc. ligncsi
Longueur du cerveau '' ^ ' ^'
Largeur • -^
tpaiflcur ' ^ *
Longueur du cervelet " ^ •
, Il \ . 6.
Largeur
Epailleur
DJflancc entre l'anus & la vulve " " ^•
Longueur de la vulve " " '>'
Longueur du vagin • " ' * 9*
Circonierence.
Grande circonférence de la vefDe " ^- 9*
Petite circonférence -'
Longueur de l'urètre " " ^'
Circonférence " " ^'
Longueur du col & du corps de la matrice " i- -•
Circonférence du corps : . . • . " i • 4"
Diflance en ligne droite entre les tefticules& la matrice. // /' 9.
Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe . * 1.6.
Longueur des teRicules * " 5*
Largeur " *' "*'
Épaiflcur " " 'î-
En comparant le rquelette du patas à bandeau noir , avec celui
du macaque, l'on reconnoît ai fcment que ces deux am maux font
d'efpèces différentes ; le premier a l'os du front beaucoup plus
convexe ; il efl plus t'Ievc que les bords àcs orbites qui ne font
pas plus gros dans cet animal que dans la plupart desquadrupt'des,
tandis que le macaque diffère non-feulement du patas à bandeau
noir, mais peut-ctre de tout autre animal, par l'exceffive grofîeur
des bords de cqs> orbites , & par leur faillie au-deffus 4u refte de l'os
du P A T A S à bandeau noir. 21 1
frontal : celte différence clans la forme de la lête de ces deux
animaux efl trop grande pour n'c:'tre qu'une varictc dans des in-
dividus de même efpèce : d'ailleurs il y a encore d'autres carac-
tères qui prouvent que le patas à bandeau noir , efl d'une efpcce
diainde de celle du macaque; l'efpace qui fe trouve entre ks
bords fïipcrieurs dts orbites efl plus faillant; ks os du nez font
plus relèves & ont moins de largeur d'un côté à l'autre du nez;
i'arcadc; zygomatique efl moins courbée en haut. Il n'y a point
d'arêtes offeufes fur l'occiput. Les branches de la mâchoire in-
férieure font moins relevées.
Il y a douze vertèbres dorfales & douze côtes de chaque côté,
huit vraies & quatre fuifîès , comme dans le macaque; mais le
fternum efl compofé de huit os ; les premières côtes , m\t de
chaque côté, s'articulent avec la partie antérieure ciu premier os
du fternum; l'articulation des fécondes côtes efl entre le premier
&: le fécond os ; celle iks troifièmes côtes, entre le fécond & le
troihèmeos, & ainfi de fuite jufqu'aux huitièmes côtes , qui s'ar-
ticulent entre le feptième &: le huitième os du flernum.
Les trous ovalaires font plus grands que dans le fquelette du
macaque ; il n'y avoit que feize fauffes vertèbres dans la queue
du fquelette qui a fervi de fujet pour cette defcription : mais elle
n etoit pas entière.
L'omoplate diffère de celle du macaque, en ce qu'il y a plus
d'e/pace entje l'épine & le bord antérieur.
L'os du bras a moins de longueur que celui du rayon , tandis
quil en a plus dans le macaque; l'os du rayon efl moins courbe
&: moins éloigné de l'os du coude.
11 n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des furnu-
méraires y manquoit; le tarfe étoit compofé de huit os.
Le premicj os du métatarfe efl moins gros &: moins long que
E e iij
222 Description
dans le macaque , & par confcquent le pouce a moins Je lon-
gueur , relativement à celle ^cs doigts ; il efl proportionné comme
dans le magot.
plats, pouc. lignes.
Longueur de la tête depuis le bout des mkhohcs
jufqu'à l'occiput " 4- 5-
La plus grande largeur de la tête " ^' 7-
Longueur de la mâchoire du dcflous , depuis Ton
exiréniité antérieure, jufcju'au bord poftcrieur de
rapophyfc condyloVde " 2. i i.
Épaifleur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire
dudefTus " " >
Largeur de la mâchoire du defliis, à l'endroit des
, // I . I .
dents canmcs
Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines. // // 6,
Longueur de cette ouverture " " ' °-
T Il U 5.
Largeur ^
Longueur des os propres du nez " " 7 ^'
Largeur à l'endroit le plus large " " ^ i-
Largeur des orbites " ^ * " ^'
,, II. Il 9.
Hauteur -^
Longueur des dents canines " " 5 !•
Largeur du baiïin " '* 9 î-
Hauteur
Longueur des plus longues faufles vertèbres de la
// 1.5.
queue -*
Longueur de l'omoplate " 3- 3-
Longueur de l'humérus " 5 • ^•
Longueur de l'os du coude " ^- °*
Longueur de l'os du rayon " 5.10.
Longueur du fémur " ^- ^V
/'/ XX r /•,,,, 122.
PA ms . i BANDE ^ ir NOIR .
.ff.-.'-ntl J\idp
iK' l I l . - k i I
PI . X\l 1 .J\l,f jn-S
■/'<■ .'iw ./,'/
\W TAIAS A iLWnKAlT liLAXC
Tom. Xir.
PI. X xr/i j\t,, -22.
lï,i.;v Ijm ./■/
Tiim . xnr
PL XXI in IW7.222.
OiAt^^ . L*
^*^ ^-^t q iuX*^, <J e{
-• zcy '■^ci.11 c . -y cui'
a-
a"
du P AT A S à bandeau mh\ 2 -> ->
picJi. pouc. Iigiic5«
Longueur du tibia ^^ ^^
Longueur du pcroné z, ^
Longueur du premier os du métacarpe , qui cH le plur,
^û^^^'^ » „ 8
Longueur du troifjtuie os du métacarpe, qui efl le
PÏ"5^0"g // ,.3.
Longueur du premier os du inétaiaife , qui font les
P'"s courts „ ,, j , ^
Longueur du troifième qui efl le plus long « i . q
Longueur de la première'phalange du pouce des pieds
de devant . ^ ,, . r
' " 4 !•
Longueur de la féconde „ „ 2..
Longueur de la première phalange du troifiémc doigt. // // p.
Longueur de la féconde // /, ^ i^
Longueur de la troificme „ ^ 4.
Longueur de Ja première phalange du pouce des
pieds de derrière y; f, ^
Longueur de la féconde ,/ „ j 1.
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // // g.
Longueur de la féconde zr // 5^,
Longueur de la troifième // # ? i.
Le patas à bandeau blanc fj)/. xxvi ) m'a parti ne différer dti
patas à bandeau noir , que par la couleur dz ce bandeau : cette
tliffcrence eft bien légère pour cai'adcrifer une efpcce ; je croî^-
que l'on peut ne la regarder que comme une varictc ^Ims dc3
individus de même efpèce, jufqu'à ce que l'on ait des obfervations
fur toutes \ts parties du corps de cet animai.
224 Histoire Natu relle
LEMALBROUCK*
ET LE BONNET-CHINOIS**.
V->ES deux Guenons ou Singes à longue queue
(pi. XXIX èr XXX J nous paroiiTent t-tre de la même
efpèce , ôi cette cri3èce, quoique différente à quelques
éo'ards de celle du Macaque , ne laiffc pas d'en être afTez
voifinc, pour que nous foyons dans le doute fi le Ma-
caque, l'Aigrette, le Malbrouck Sl le Bonnet-chinois
ne font pas quatre variétés, c'e(l-à-dire, quatre races
* Malbrouck, nom de cet animal clans Ton pays natal , à Bengale, &
que nous avons adopte.
Cercop'nhecus primus Chfii Exotic pag. 371. Nota. Ckifjus efl le
feul qui ait donné la figure de ce fmge, c(ue Nicrcnihcrg & Jonfton
ont copiée : mais Clufius n'avoit pas vu l'animal , il en avoit feule-
ment une figure enluminée qu'il dit même avoir fait corriger par {qw
Peintre. Je ne fais cette obfervation que pour fonder \m doute que
je crois très-raifonnable , c'efl: que le flocon de poil qui efl au
bout de la queue efl une imagination du defTmateur; de tous les
fincrcs à queue qui nous font connus, il n'y a que \e fagoin mank'ina
ou peut lion, qui ait un flocon de poils au bout de la cjucue , encore
cela n'efl-il pas fort fenfible : en ôtant donc ce fîocon de poils qui
me paroît imaginaire dans la figure donnée par Clufius , ce fmge
fera notre malbrouck.
Faunus. Linn. S\J}. rtat. edit. X, pag. ^6.
* * Bonnet-chinois , nom que Ton a donné à cette efjicce de guenon
ou finge à longue queue , parce qu'elle a le poil du fbmmet de la
tête difpolé en forme de caloitç ou de bonnet plat, comme le font
Jes tonnets des Chinois.
confiantes
du Ma lbrouck ir du Bon net-ci i iNois. 225
confiantes d'une feule ôi même crpcce. Comme ces
animaux ne produifent pas dans notre climat, nous
n'avons pu acquérir par l'expérience aucune connoif-
fance fur l'unité ou la diverfité de leurs efpèces , ôi
nous fommcs réduits à en juger par la différence de
h figure (Se des autres attributs extérieurs. Le macaque
Se l'aigrette nous ont paru afTez femblables pour pré-
fumer qu'ils font de la même efpèce ; il en eft de
même du malbrouck <Sc du bonnet -chinois , mais
comme ils diffèrent plus des deux premiers qu'ils ne
différent entr'eux , nous avons cru devoir les en féparer.
Notre préfomption fur la diverfité de ces deux efpèces
eft fondée i ."^ fur la différence de la forme extérieure ,
2° fur celle de la couleur ôl de la difpofition du poil,
3.'' fur les différences qui fe trouvent dans les pro-
portions du fquelette de chacun de ces animaux , &
enfin fur ce que les deux premiers font natifs des
contrées méridionales de l'Afrique , Si que les deux
dont il s'agit ici font du pays de Bengale : cette der-
nière confidération efl d'un auffi grand poids qu'aucune
autre ; car nous avons prouvé que dans les animaux
fàuvages & indépendans de l'homme , l'éloignement
du climat eft un indice afîez fur de celui des efpèces :
au refle, le malbrouck 6. le bonnet-chinois ne font pas
les feules efpèces ou races de finges que l'on trouve à
Bengale * ; il paroît , par le témoignage des Voyageurs,
Nota. Je crois qu'on peut rapporter au malbrouck de Bengale
ielpèce de finge à poiJ grilâtre de Calicut dont parle Pyrard ; il cit
T^me XIK F f
226 Histoire Naturelle
qu'il y en a quatre variétés, favoir , des blancs, Jes
noirs , des rouges 6c des gris ; ils difent que les noirs
font les plus aifés à apprivoifer : ceux-ci étoient d'un
gris-rouilcitre , 6c nous ont paru privés 6c même afTez
dociles.
« Ces animaux ( difent les Voyageurs * ) dérobent
» les fruits <Sc fur-tout les cannes de fucre; l'un (ïtux fait
» fentinelle fur un arbre , pendant que les autres fe char-
>' gent du butin; s'il aperçoit quelqu'un , il cx'\t hoiip ,
« Iwiip, houp , d'une voix baute 6c diflinde; au moment
» de l'avis , tous jettent les cannes qu'ils tenoient dans la
» main gaucbe, 6c ils s'enfuient en courant à trois pieds,
» 6c s'ils font vivement pourfuivis , ils jettent encore ce
ï» qu'ils tenoient dans la main droite, 6c fe fauvent en
» grimpant fur les arbres qui font leurs demeures ordi-
» naires ; ils fautent d'arbres en arbres ; les femelles même
'^ cbargées de leurs petits , qui les tiennent étroitement
« embraiïces , fautent aufîi comme les autres, mais tombent
>^ quelquefois. Ces animaux ne s'apprivoifent qu'à demi,
» il faut toujours les tenir à la cbaîne; ils ne produifeni
» pas dans leur état de fcrvitude , même dans leur pays ,
» il faut qu'ils foient en liberté dans leurs bois. Lorfque
« les fruits 6c les plantes fucculentes leur manquent , ils
( dit ce Voyageur ) défendu de tuer aucun finge dans ce p:iys ; ik
font fi importuns , fi fâcheux & en fi grand nombre qu'ils caufent
beaucoup de dommage , & que les Iwbitans des villes & des campagnes
font obliges de mettre des treillis à leurs fenêtres pour les emjiêcher
d'entrer dans les maifons. Voyages de Fr. Pyrard , tome 1 , page ^2 y,
* Voyages d'Innigo de Biervillas, part'u IJ% page iy2.
du AlALBROUCK if dllBON NET-CH INOIS. Zlj
mangent des infedcs, <Sc quelquefois ils cfcicendcnt fur «
les bords des fleuves &i de la mer pour aUra[)cr des «
poiffons &. des crabes ; ils mettent leur queue entre les «
pinces du crabe , &. dès qu'elles ferrent , ils l'enlèvent «
brufquement &. l'emportent pour le manger à leur aife. «
Ils cueillent les noix de cocos, 6; favent fort bien en «
tirer la liqueur pour la boire , & le noyau pour le manger. «
Ils boivent auffi du lûri qui dégoutte par des bamboches «
qu'on met exprès à la cime des arbres pour en attirer «
la liqueur , & ils fe fervent de l'occafion. On les prend «
par le moyen des noix de cocos où l'on fait une petite «
ouverture; ils y fourent la patte avec peine, parce que «
le trou eft étroit , (Se les gens qui font à l'aifLit les prennent «
avant qu'ils ne puiiïent fe dégager. Dans les provinces «
de rinde babitécs par les Bramans , qui , comme l'on «
fait , épargnent la vie de tous les animaux , les fmges , «
plus refpcdés encore que tous les autres, font en nombre «c
infini ; ils viennent en troupe dans les villes , ils entrent «
dans les maifons à toute heure , en toute liberté; en «
forte que ceux qui vendent des denrées, 6c fur-tout des «
fruits , des légumes , 6cc. ont bien de la peine à les «
conferver». Il y a dans Amadabad, capitale du Guza-
rate, deux ou trois hôpitaux d'animaux, où l'on nourrit
les fmges ef^ropiés , invalides, (Se même ceux qui fans
ctre malades veulent y demeurer. Deux fois par femaine
les fmges du voifmage de cette ville fe rendent , d'eux-
mêmes, tous enfemble dans les rues , enfuite ils mon-
tent furies maifons qui ont chacune une petite terraffe ,
Ffij
228 Histoire Natu relle
où l'on va coucjier pendant les grandes chaleurs ; on
ne manque pas de mettre ces deux jours -là fur ces
petites terraffes du ris, du millet, des cannes de fucre
dans la faifon & autres cliofes femhiables; car fi par
hafcird les finges ne trouvoicnt pas leur provifion fur
ces tcnaiïcs , ils romproient les tuiles dont le refie de
iamaifon e(l couvert, & feroient un grand defordre.
Ils ne mangent rien fans le bien fentir auparavant , &
lorfqu'ils font repus, ils rempliffent pour le lendemain
les poches de leurs joues. Les oifeaux ne peuvent
guère nicher fur les arbres dans les endroits où il y a
beaucoup de finges , car ils ne manquent jamais de
détruire les nids Su de jeter les œufs par terre*.
Les ennemis les plus redoutables pour les fmges ne
font ni le tigre ni les autres bêtes féroces , car ils leur
échappent aifément par leur légèreté <& par le choix de
leur domicile au- deffus des arbres, où il n'y a que les
ferpens qui aillent les chercher &. fâchent les furprendre.
« Les fmges, dit un Voyageur, font en poffeffion d'être
maîtres des forêts; car il n'y a ni tigres ni lions qui leur
difputent le terrain; ils n'ont rien à craindre que les
» ferpens , qui , nuit & jour leur font la guerre ; il y en a
>> de prodigieufe grandeur, qui tout d'un coup avalent un
* Voyez les voynges de la Boulaye le Gouz, page 2 ^ y, la relation
deTbevenot, tome III , page 20 ; le voyage de Gemelli -Carreri ,
tome V , page 1 6^; le recueil des voyages qui ont lervi à letablifle-
ment de la Compagnie des Indes orientales , tome VII, page ^ 6;
le voyage d'Orient du P. Philippe, page ^ 1 2 ; & le Voyage de
Tavernier, tome III , page 6^.
»
»
du MALBROUCK irdilBON NET-CHINOIS. 229
finge ; d'autres moins gros , mais plus agiles, les vont «
chercher jufquc fur les arbres — Ils épient le temps «
où ils font endormis , <5vC. * »
Caraâères d'ijlinâifs de ces efpeces.
Le malbrouck a des abajoues &. des callofitcs fur les
fciTes, la queue à peu près longue comme la tête & le
corps pris enfemble , les paupières couleur de chair, la
face d'un gris - cendré , les yeux grands , le mufeau
large (Surélevé , les oreilles grandes, minces (S: couleur
de chair : il porte un bandeau de poil gris , comme la
mone ; mais au refte il a le poil d'une couleur uniforme ,
d'un jaune-brun fur les parties fupérieures du corps , (Se
d'un gris-jaunâtre fur celles du deïïbus ; il marche à
quatre pieds, Sl il a environ un pied" <5c demi de longueur
depuis l'extrémité du mufeau jufqu'à l'origine de la
queue.
Le bonnet -chinois paroît être une variété du mal-
brouck; il en dilîère en ce qu'il a le poil du fommet de
la tête difpofé en forme de calotte ou de bonnet plat ,
Si que fa queue e(t plus longue à proportion du corps.
Les femelles , dans ces deux races font fujettes, comme
les femmes, à l'écoulement périodique.
♦Defciipiion hiflorique de Macacar , page ^i.
Ff iij
2^0 Description
DESCRIPTION
DU MA LB ROUC K.
I iF. Malbrouck a le tour des yeux, le nez &: les lèvres de
couleur cendrce , & les paupières de couleur de chair; les yeux
grands , le bout du nez court & aplati , &: le mufeau gros Se
Taillant ; il fe trouve quelques poils lojigs & noirs à l'endroit des
fourcils , fur les joues & fur les lèvres; les oreilles font grandes,
minces &: de couleur cendrce - rougeâtre.
Le (ô m met & le derrière de la tête, la face fupcrieure du cou,
ie dos , les épaules , la lace extérieure du bras , &: la partie fupé-
lieure des côtés du corps d'une femelle ( ph xxix ) qui a fèrvi
de fujet pour cette defcriplioii , étoient de couleur mêlée de jaune
& de noir, parce que chaque poil avoit alternativement du jaune
& du noir, ils avoient tous une couleur cendrée à la racine; le
front étoii gris près à^i> fourcils en forme de bandeau , à peu près
comme le front de la mone , Se la même couleur fe trouvoit fur
les joues, fur la gorge, fur la face intérieure du bras ôi de l'a van t-
bras, fur la poitrine, fur le ventre, fur la face intérieure de la
cuifîè &. de la jambe, & fur le côté inférieur de la queue; la
fîice extérieure de l'avant-bras, de la cuilTe & de la jambe, le
delTus des pieds, la croupe & le côté fupérieur de la queue avoient
«ne couleur cendrée &: noiiâtre ou mêlée de jaune dans quelques
endroits. La longueur des plus longs poils éloit de deux pouces ;
ia plante des pieds avoit une couleur noirâtre de même que les
ongles , ils étoient plies en gouttière. La queue n'étoit pas entière,
& le poil qui la recouvroit avoit peu de longueur.
DU M A L B R 0 U C K, 2-, r
piedî. pouc. lignes.
Longueur du corps entier, niefure en ligne droite
depuis le bout du muleau julqu'à l'anus i. j. ^^
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqua
l'occiput
* » 4. H
Circonférence du bout du mufeau m <: ,.
Circonférence du mufeau, prife au-deffbus des yeux. // 6. 6.
Contour de l'ouverture delà bouche * o a
Dirtance entre les deux narines „ ^ ^ ^
DiQance entre le bout du mufeau & l'ano-Ie antérieur
o
^^ 1'°^'' // I. 6.
Diilance entre l'angle poflérieur & l'oreilfe // j , g.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre zz „ ^^
Ouverture de l'œil „ ^
Diftance entre les angles antérieurs des ycux,enfuivant
7-
fa courbure du chanfrein ,/ /,
La même diftance en ligne droite // „ r
Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. . // o. 8.
Longueur des oreilles ,/ „ j q^
Largeur de la bafè, mefurée fur la courbure extérieure. // 2. u
Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas . . . m 2. 8»
Longueur du cou „ 2.. 11
Circonférence du cou „ y^ ^
Circonférence du corps, prife derrière les jambes de
devant i . 2. it
La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... i. ?. ■>,
La même circonférence devant les jambes de derrière. // ii. t>
Hauteur du bas du ventre au-deflus de terre fous les
flancs /, j. ,,
La même hauteur fous la poitrine // 4. n
Longueur du tronçon de la queue 1. 5, a
0.
Il 6,
232 Description
pieds, pouc. ligne».
Circonférence à i'origine " >'
Longueur de lavant-bras depuis le coude julqu'au
poignet
Circonférence du poignet » 3- -'
Loncrueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3. ^.
Longueur de la jambe , depuis le genou julqu'au talon. // 6. 6.
Longueur dejiuis le talon jufqu'au bouc des ongles. . // 5. //
Cet aniinal pefoit quatre livres huit onces; Icplploon sctendoit
jufqu'au pubis; les inledins ctoient placés comme dans la plupart
des autres finges , car il y avoit une portion du colon qui se-
tendoit tranfverfilement derrière l'edomac.
Le duodénum étoit fort court , il fe replioit en dedans pref-
qu'au fortir de i'edomac; le jéjunum faifoit ks circonvolutions
dans la région ombilicale & dans les côtés ; celles de l'ileum
étoient dans les régions iliaques & dans la partie poftérieure de la
légion ombilicale ; le cœcum fe trouvoit placé dans le flanc droit ;
le colon s'étendoit en avant , pafToit derrière l'eftomac de droite
à «auche, faifoit quelques fmtiofités dans le côté gauche 8l fe
joignoit au redum , cjui étoit en partie flottant dans la région
Iiypogaflriqtie.
L'edomac étoit fort grand , placé plus à gauche qu'à droite ,
parce que le grand cul -de -fie s'étendoit en avant dans le côté
gauche; le foie étoit prefque entièrement à droite; la rate avoit
la même fituation que dans les autres animaux de ce genre &l les
autres quadrupèdes.
Les membranes de l'eftomac & des inteftins avoient peu d'é-
palflèur; le cœcum étoit gros, court & de figure conique obtufc.
Le colon diminuoit peu à peu de grofleur , depuis le cœcum
julqu'au re^um : il y avoit trois bandes tendineufes fur le rectum
DU AI A L B R 0 U C K, 233
<5c le colon , dont deux s etendoient jufqu'au bout du cœcum.
La rate avoit la même figure, & le foie le même nombre de
lobes que la rate & le foie du papion : mais la vcficule du fiel
du malbrouck ctoit de figure irrcgulière, elle avoit unç. forte de
bulle ou de poche près de fon pédicule ; au refte , elle ctoit
oblongue: la rate & le foie avoient une couleur rougeâtre,
auiïi pûle au dehors qu'au dedans ; le foie pelôit deux onces
cinq gros , &: la rate un gros &. iêize grains ; la vcficule du fiel
ctoit piefcjue vide.
Le rein droit ctoit plus avancé que le gauche , leur enfon-
cement n ctoit pas j^rofond ; le bafiinet avoit peu d'étendue ; les
mamelons n'éioient point diftinc^, mais on reconnoifîbit aifément
la fubltance corticale.
Le centre nerveux ctoit peu étendu; la partie charnue du
diaphragme ctoit tort épaiiîè.
Le cœur étoit placé dans le milieu de la poitrine ; le poumon
avoit quatre lobes à droite & deux à gauche comme dans le
papion ; il ne (ôrtoit que deux branches de la crofîè de l'aorte.
Le palais, la langue, l'épi^lotte , l'entrée du larynx, le cerveau
6c le cervelet rellembloient à ces mêmes parties , vues dans, le
papion; toute la difierenceque j'y ai obfervée , c'efi; qu'il y avoit
quatre glandes à calice fur la partie pofiérieure de la langue,
^eux en avant &: deux en arrière , les premières étoient à cinq
lignes de diilance l'une de l'autre, & à àtixx lignes (Si demie de
dillance l\ç.s poitérieures. Le cerveau pefoit deux onces un grcs
&. trente-fix grains , &: le cervelet fix gros &: iix grains.
Le malbrouck qui m'a (èrvi de fujet pour la ddcrjption dts
parties de la génération du mâle , étoit à peu près de la même
grandeur que la femelle dont il a été fait mention ; il n'y avoit
dms les teinies à^^s couleurs que des difFcrences fi L'gères qu'elks
Tom^XIV, G s
2^4- Description
ne fLiffifoient pas pour défigncr-Line autre efpèce que celle de fa
femelle dont j'ai fait la defciiption.
Le fcrolLim ctoit grand , & l'orifice du prcpuce fe trouvoit
place fur la partie inférieure de fa face antérieure ; le gland ctoit
termine par un champignon, comme dans lesauties animaux de
ce genre ; la veiïie avoit la figure d'une poire alongce ; la bande
de Icpitlidyme qui fe trouvoit collc'e fur le tefiicuie , étoit large
&: cpaiffe; les canaux dcfcrens avoient peu de longueur & à peu
près la même grofîèur dans toute leur étendue ; les véficules fé-
minaies étoient longues Se fe terminoient en pointes : on voyoit
ieurs cellules bien apparentes, & il m'a paru que les profiates
étoient placées près de leurs racines & fo]-moient un tubercule ,
dont la fubftance éloit plus compade que celle des véficules
fcminales.
Le gland (A , pi. xxxi ) du clitoris de la femelle étoit à trois
lignes de difiance de l'entrée de la vulve , &. il y avoit un petit
fillon (AB) qui s'étendoit d'un bout à l'autre de cet efpace; le
gland paroilîoit double, parce qu'il avoit la figure de celui de la
verge du mâle , &; que l'on ne voyoit que les deux lobes qui
ie terminoient & qui tenoient au prépuce. L'intérieur du vagin
(BC) étoit ridé en dificrens fêns & tapiffé d'une membrane
veloutée. La vefiie ( D) avoit à peu près la figure d'une poire ,
& l'urètre étoit \\hs-zo\x\\.Yloù^zt ( E, marqué parun jlïktC F)
de la matrice (G) fe trouvoit entre deux lobes à peu près pareils
à ceux du gland du clitoris: ces lobes étoient placés i'un au-deiïus
de l'autre &: l'inférieur étoit plus grand que le fupérieur. La
matrice étoit plate & triangulaire , elle n'avoit point de cornes ;
les trompes aboutifîbient chacune à un petit pavillon , il ne tenoit
<]u'à l'un à(ts côtés du tefticule (H H) qui étoit oblong & de
couleur jaunâtre très-pâle ; je n'y ai point vu de caroncules ni de
DU AI A L B ROU C K. 23 J
véficiileslymph:uiq'.ies: j'ai aufli fait reprc.'ènter {wï\\ planche xxxi
l'anus (_1) Si une portion f/i L) du recTium.
picJ:. poiic. ligne:.
Longueur des intenins grêles depuis le pylore jufqu'au
cœcum 6. 6. j
Ciiconfcrence du duodénum , // i. o.
Circonférence du jéjunum // 2.. 11
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus gros. // 2. 3,
Circonltrence de l'ileum d.ins les endroits les j)[us
minces. // i . 4.
Loïigueur du cœcum // i . c).
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . h 5, //
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince, . // 2. 3.
Circonféreiîcc du colon dans les endroits les plus gros. // 4. C.
Circonférence du colon cians les endroits les plus
minces // 2. 3.
Circonférence du re(n;um près du colon // 2. 3.
Circonférence du redlum près de l'anus // 2,. h
Longueur du colon & du redum pris cnlembje. . . 2. 3. //
Longueur du canrJ inteftinal en entier, non compris
le cœcum 8. 5). h
Crande circonférence de l'eftomac // 11. 10.
Petite circonférence /' 9. 8.
Longueur de la petite courbure depuis l'angle que
forme la partie droite julqu'à l'œfophage // i, //
Profondeur du grand cul-de-fac // i. 8.
Circonférence de l'œfbphnge n n i o.
Circonférence du pylore /' i . 6.
Longueur du foie // 2. 8.
Largeur // 4. 7.
Sa j)lus grande épaifieur // u 7.
LQnefuçur de U véficule du fiel /' i . 3 •
236 Description
pials. pouc. ligncî,
Son plus grand diamètre " " 5-
Longueur de la rate ' ' / *
Largeur de rextrémitc inférieure " ' • "
Largeur de l'extremiic lupérieure " " 5*
ÉpaifTeur dans le milieu " " 3-
ÉpaifFeur du pancréas " ' ' 1'
Longueur des reins " ^' 4"
Largeur " " ^ °-
Épaiiïeur " " ^'
Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave
julqu'à la pointe " " ^*
Largeur " " '^•
Circonférence de la bafe du cœur. " 3* ^*
Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifïïmce de l'artère
pulmonaire " '* 4'
^î.
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fac pulmonaire. . » i. i.
Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors // //
Longueur de la langue " * • 5 •
Longueur de la partie antérieure depuis le filet jufqu'à
l'extrémité " " 7'
Largeur de la langue " "' 7*
Longueur du cerveau " 2.. 4.
Largeur " -• ^•
ÉpaifTeur " « i i i
Longueur du cervelet n n ^•
Largeur > " i • ^'■
Épaifleur /' " ^•
Longueur du gland /' ^ i i •
Circonférence " ^ i '•
Circonférence du chairrpignon // 1. i»
// I o.
//
u
7-
4-
DUMALBROUCK. i^y
t J i I • î I -r • I pieds, pouc. lignes.
Longueur de la verge depuis la bituication des corps
caverneux jufqua rinlèrtion du prépuce // z. 2.
Circonférence w // 10.
Longueur des teflicules // i . ^ //
Largeur m
ÉpaifTeur //
Largeur de 1 epididyme tt
Epaiflcur //
Longueur des canaux déférens u 5. é.
Dianicire dans la plus grande partie de leur étendue. // // /? -
Grande circonférence de la veHle i. // //
Petite circonférence //
Circonférence de l'urètre //
Longueur des véficules féminales ... n i. 6
Largeur // // 6
EpaifTeur >/ // 3
Longueur des proftates // // (J
Largeur // /' 6
Épaifîêur . // n 3
Diftance entre l'anus & la vulve // // 6
Longueur de la vulve « // 4.
Longueur du vagin // i. 5
Circonférence // i . 3
Grande circonférence de la veffie // 8. 6
Petite circonférence // 6. g
9. //
// 9
Longueur de l'urètre // // o
Circonférence v /( 4
Longueur du col & du corps de la matrice // i. 2
Circonférence du corps // i. tf
Longueur de la ligne courbe que parcourt la trompe. // * • 3
G g u;
2-8 Description
piefîs. pouc. fijL'iiffs*
Lonf^ucur Jes teflicules " " '^'
o
r Il II X.
Liro;cur
O I
Lpai|Lcur *
Le fqueîette du nialbrouck a beaucoup de rapport avec le
fquelette de la mone * ; cependant il y a nuïïi l\çs diffi-rences
allez grandes pour prouver que ces deux animaux font d'efj^èces
différentes. Les os propres du nez du nialbrouck font plus relèves,
l'ouverture des narines eft plus près des orbites des yeux; l'omo-
plale eft de foirne différente.
Il y a douze vertèbres dorfales & douze côtes de chaque côté,
huit vraies & quatre fauffes ; le flernum eft compoîè de fept os;
les premières côtes s'articulent avec la partie antérieure du premier
os , l'articulation i\ts fécondes côtes elt entre le premier & le
fécond os ; celle àts troiiièmes côtes entre ie fécond & le troifièmc
os, & ainfi de fuite jufqu'aux feptièmes &: huitièmes côtes qui
s'articulent entre le fixième & le fêptième os du flernum.
L'os du rayon efl plus courbe & plus ccarlc de l'os du coude
que celui de la mone ; les fiulics \'eitèbies de la queue du iquelette
tîemalbrouck qui a fervi de fujet pour cette dcfcription , e'toient
au nombre de vingt & une.
Il nV avoit que dix os dans le carpe , le premier des fLirnii-
mcriires y manquoit ; le tarfe n'ctoit compofé que de fept os.
pieds, pouces, lignes.
Longueur de la teîe depuis le bout des mâchoires
julqu a l'occiput // 3. 3 i.
Li plus grande largeur de la icte n z. z\.
Lono'ucur de la mâchoire du dellbus, depuis foii
extrémité antérieure jiifqu'au bord pofl:érieur de
i'apophyfe condyloïde // z. 3.
# Voyez, ci-après la dcfcription du fquelette de là Mone.
D U AI A L B R O U C K, 2
39
picdr. pouces, lignes,
xiifleur de la pnrtie antc'i iture c!e los de h mâchoire
du dciTiis
" // i\.
Largeur de la mâchoire du dcfTus à l'endroit des dents
"'^'"es „ ,, jj^
Diflancc entre les orbites & l'ouvenure des narines. . . // // ^
Longueur de cette ouverture // // ,j^
Largeur „ „ ^ r^
Longueur des os propres du nez n n 6-.
Largeur à l'endroit le plus large // // i .
Largeur des orbites // // j qI,
Hauteur „ „ g i^
Largeur du bafljn // j , , i^
Hauteur „ i . , o.
Longueur des plus longues fàuiïes vertèbres de la queue. // i . ? .
Longueur de l'omoplate // ^, a^
Longueur de l'humérus // -» . i q.
Longueur de l'os du coude u a. ^ -,.
Longueur de l'os du rayon // 5. n.
Longueur du fémur // 4. g.
Longueur du tibia // 4. j^
Longueur du péroné // 4. 3.
Longueur du premier os du métacarpe, qui eft le plus
court // ;/ (5 i.
Longueur du troifiéme os du métiicarpe, qui eft le
plus long // , . j ,
Longueur du premier os du métatarfê, qui cfl le plus
court // // I o î.
Longueur du troifiéme , cjui eft le plus long // i . a
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de devant a n ^ £,
24.0 DESCRIPTION, te,
pi'.dî. poucc5, lipiict.
Longoeur cîc la feconcîe
Longneur de la p.emit-re phalange du iroifième doigt. // // «•
Longueur de la lecondc " " 5-
Loniiucur de la troificiue " " 3 •
o
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derricie • ^
Longueur de la féconde " " 3-
Longueur de la première phalange du iroifième doigt, n u 5? \.
Longueur de la féconde. " " 5*
Longueur de la troiiième " " 3 J-
^
>
C^, câ'
a-ç
■■'<?'
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\:>'^^m'<iJ
,--*
DESCRIPTION
7,'/;/. \ir
/y. A.V/.V. I\,o. 1-7,,
MAI.liROrC K
.././/.
1^1
DES C R I P T I O N
DU B 0 N N ET-C H I NO IS.
[y on s avons Jonnc à cet animal (planche xxx) le nom
de Bonnet-dùnois , parce qu'il a fur le delllis de la tdie de lon^rs
poils dirig.^s du cenire à tous les points de la circonfoence ,
& que Qcs poils formoient une forte de coiffure qui refrembb
à une calotte ou à un bonnet , qui efl en ufage chez \ts Chinois.
On a cru que la longueur &: la diredlon des poils de la tête
de l'animal dont il s'agit. rufTifoient pour caraclcrifèr une efjxTe
particulière; mais par rapport à la longueur du poil , il me fembfe
que ce caraclère e(t comniLin au Macaque Se à l'Aigrette; l'un
a fur le dtiïus de la tête un toupet de longs poils, qui forment
une forte de crêle; l'autre a auffi un toupet fur le front, oui le
fait parojtre cornu. Qiiant à la diredion de ce long poil de la
tête, elle feroit auffi à peu près la même fur le macaque, fur
Taigretteôc fur ie bonnet-chinois, fi l'on renverfoit les poils du
toupet Açs deux premiers pour leur donner la forme d'une calotte
ou d'un bonnet. Suppofons, comme il y a tout lieu de le croire,
que \^s trois animaux dont il eft ici qLiertion , aient de longs
poils fur le front & fur le deffus de la tête; en accourcidànt
ceux du frojit &: en laiflànt fubfifîer ceux du fommet de la tête
dans leur entier, il ne refiera qu'une crête comme dans le ma-
caque; fi au contraire on laifTe fubfifier ceux du front après avoir
coupe en partie ceux du fommet de la tête , le toupet Ai\ fjont
aura la forme d'une aigrette, comme dans l'animal qui porte
ce nom ; en renverfmt tous ces longs poils autour de la tête ,
on. en fera un bonnet comme fur l'animai dçnt il s'agit; ces
Tome XIV, H h
2^1 Description
ditîcreiites clirpofiUons peuvent arriver par h^dûd , comme îî
n'arrive aiiffi que trop foiivent que ion apprcte les objets de
i'Hifloire naturelle pour en trouver le débit ou poLir les rendre
plus merveilleux.
L'animal nommé le bonnet-chinois, paroît par Tes caractères
extérieurs, être de même efpèce que le macaque & l'aigrette,
il nGW diftcre dans les couleurs du poil que par d^s teintes qui
peuvent varier fur des individus de même efj^èce ; il étoit plus
petit que les deux autres , mais il étoit auiïi fort jeune , & on
verra par les dimenfions rapportées dans la table fuivante , qu'il
avoit à peu près les mêmes proportions.
pieds, pouces, lignes»
Lonf^iieur du coips entier, mefuré en ligne droite,
depuis le bout du inufeau jufqu'à l'anus i. // "
Longueur de ia tête , depuis le bout du niufeau jufqu'à
rocciin)t " 3 • ^^'
Circonférence du bout du mufeau " 3. ^'
Circonférence du mufeau prife au-deflous des yeux. . // 5 • **
Contour de l'ouverture de la bouche " " •' i»
Diflance entre les narines u ¥ 2.
Diftance entre le bout du inufeau & l'angle antérieur
de l'œil " ' • 3 •
Diftance entre l'angle poflérieur & l'oreille « 1 • 7.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // u 7.
Ouverture de l'œil " " 4*-
DiHance cnuc les angles antérieurs des yeux ê h ^{^
Circonférence de la tête , prife entre les yeux & les
oreilles " 8. ;/
Longueur des oreilles /' i . "
Longueur de la bafc, mefurée fur la courbure extérieure. /' i. 8.
Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas. . . . // i. fi
7,.„; \7/
/Y. \\\. /',,,/ -.y.
^^ÎÏÏ^
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erf^-i
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yi.- .I>r,- ,/,/,/,
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LK 1U)NNKT-(MIINC)IS
irm xiX'^
n . XX \l l\iû 2^2-
fui::- r,li,..Ti^. ,i'l .
rL-ri/.'/ S.u!/-
DU BO N NET'C H IJVOIS. 24.3
Lonooieur du cou
o
Circonférence. //
Circonk-rence du corps , prlfe derrière les jambes de
devant /r
Circonférence à l'endroit lei)lus2ros //
Circonférence devant les jambes de derrière /;
Longueur du tronçon de la queue i .
Circonférence à l'origine //
Longueur de l'avant-bras. depuis le coude jufqu'au
poignet //
Circonférence du poignet //
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. n
Longueur de la jambe depuis le genou jufqu'au talon. tt
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . . »
pieds, pouces, lignes.
9-
9-
6.
6.
9'
9-
3-
8.
6.
H
II
-) •
2.
2.
3-
3-
I o
3
6
I o
9
Le fqueleite de l'animal dont il s'agit , a beaucoup de rapport
avec celui du macaque ; cependant en comparant ces deux (queleltes
avec attention , j'ai vu les difîcrences iuivantes.
Le fommet delà tcte & l'occiput du bonnet-chinois /ont plus
élevés , plus rentîés 8c plus arrondis ; il n'y a point d'arêtes oiïeufès
fur l'occiput ; l'arcade zygomatique efl: moins courbce en haut ;
les branches de la mâchoire infcrietire font beaucoup plus longues;
l'omoplate efl: de forme différente. Le premier os du métatarfe
n'efl; pas plus gros que les autres ; au relie , les deux fquelettes
diffèrent peu l'un de l'autre; les £iuffes vertèbres de la queue du
fquelette du bonnet-chinois , étoient au nombre de vingt-qu itre.
Il n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des (iirnu-
méraires y manquoit. Le larfè n'étoit compofé que de iêpt os.
*ïSîoBn<5^
H h ij
244- Histoire N atu belle
iisiiSEiciaisciicraaisiCiisisiaasisiciiCiiCî^
N,
LE MANGABEY*.
ous avons eu deux incîiviJus fpt.xxxiidr xxxirij
tic cette efpèce de Guenons ou Singes à longue queue;
tous deux nous ont ctc donnés, fous la dénomination
de Singes de Aladdgafcar : il cfl facile de les dif-
tinguer de tous les autres par un caradère très -appa-
rent. Les Mangaljcys ont les paupières nues & d'une
blancheur frappante ; ils ont aii/Fi le mufeau gros, large
<Sc alongc , (?v un bourrelet faillant autour des yeux. Ils
varient ])0ur les couleurs ; les uns (jil. xxxii ) ont k
poil de la tctc noir, celui du cou (Se (S.\\ defTus du corps,
brun-fauve o: le ventre blanc ; les autres (pi. xxxiii )
l'ont plus clair fur la tète & fur le corps, (Se ils diffèrent
fur-tout des premiers par un large collier de poils blancs
qui leur environnent le cou (3c les joues : tous (\t\\)(.
portent la queue relevée , cSe ont le poil long (Se touffu ;
ils font du même pays que le vari ; (Se comme ils lui
* Alangahey , nom précaire que nous donnons à cet animal en
attendant qu'on Tache Ion vrai nom; comme il fe trouve à Madagafcar»,
dans les terres voifmes deMangabey, cette dénomination en r3j)peHera
J'ide'e aux Voyageurs qui lèront à portée de le voir & de s'informer
du nom qu'il porte dpns cette île qui eft (on pays natal.
y£îhiops i fimia caudata imherbis , vertice pilis arreâis lunulaque frontis
ûlh'is corpus fiifcvrn, fuhtus album, cauda reéla , fubtus alba,fuper-
ci lia feu lunula alba tranfverfa , pnlpebra fnpenor nuda , alba , auxiS
Qculiufculcç. Linn. SyJI. nat. edit, X, pag. 28.
D U AI A N G A B E r. 245
refTcmblent par l'alongement clii miircau , par la lon^ucar
de la queue, par la manière de la porter Si par les
variétés de la couleur du poil, ils me paroifFcnt' /aire
la nuance entre les makis Se les guenons.
Caraâtres dift'mâifs de cette efpcce.
Le ATangabcy a des abajoues & des caflofités fur les
fefTes , la queue aufli longue que la tête & le corps
pris enfemble. Il a un bourrelet proéminent autour
des yeux , 6. la paupière fupérieure iXxmç blancheur
fra])pante. Son mufcau cil gros & long , fes fourcils font
d'un poil roide c^ liérifîe , Tes oreilles font noires
& pref{|ue nues ; le poil des parties fupéricures du
corps cft brun , & celui des parties inférieures efl gris.
11 y a variété dans cette efpèce; les uns étant de couleur
uniforme, (Se les autres ayant un cercle de poil blanc en
forme de collier autour du cou , & en forme de i)arbc
autour des joues. Ils marchent à quatre pieds , & ils ont
à peu près un pied <Sc demi de longueur, depuis le bout
du mufeau jufqu'à l'origine de la queue. Les femelles,
dans ces efpèces font fujettes, comme les femmes, àr.
un écoulement périodique.
H h ^,
24-6 Description
D E S C R I PTI O N
DU M A N G AB EY.
Le mufeau du Mangabey (pi xxxii ) eft gros & alongé;
le tour àç.s yeux efl proéminent conime un boLirrelet , & la
paupière lupcrieure blanche. La plus grande partie de la face &
le poil de la tcie font noirs, ce qui rend le blanc de la paupière
très-apparent , il eft en forme de croiiïant lorfque l'œil eft ouvert.
Les oreilles font dégarnies de poil, noires, faiis bord & \\w peu
plic'es en arrière par l'extrcmitc ; le poil de la plus grande partie
du corps efl long & de couleur cendrée-noirâtre avec une légère
teinte de fiuve fur la tête ; mais la gorge , la poitrine , le ventre
&: la lace intérieure des jambes font de couleur cendrée-claire, &
les extrémités des jambes depuis l'avant-bras & le talon jufqu'au
bout des doiuts ont une couleur noire ; la queue eft longue,
l'animal la porte ordinairement repliée en haut &: étendue en
avant puallciement au corps. Il a les felTes pelées , les ongles
plits & le bout Ats doigts fort gros , principalement le bout du
pouce. Il y a quelques gros poils de chaque côté du mufeau , &
ceux qui fe trouvent fur le bas du front au-deiïus du nez Se des
yeux font fermes & héri (Tés.
pieds, pouces, lignes.'
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'anus i . 4. C.
Hauteur du train de devant i • 1 • <^.
Hauteur du train de derrière i. ^. 8.
Lono-ucur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à
i'occiput /^ 3 • ' <^'
Circonférence du bout du muleau /' 3. 5?'
DU AI A N G A B EY. 2^j
pieds, pouces, lignes.
Circonférence du niufcau, prifeau-dcfioiis des yeux. // 6. 6.
Contour de l'ouverture de la bouche // 2. 8.
Diflance entre les deux narines // // i.
Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
del'ceil // j . 4.
Diflance entre l'angle poflérieur & l'oreille // 1 . i o.
Longueur de l'oeil d'un angle à l'autre // // 7.
Ouverture de l'œil , // // 3 i.
Diftance entre les angles antérieurs des yeux en fuivant
la courbure du chanfrein // // p.
La même diftance en ligne droite, u n 5,
Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. // i o. //
Longueur des oreilles // // p.
Longueur de la baie, mefurée fur la courbure extérieure. // 2,. 2,
Diftance entre les deux oreilles, prilc dans le bas. . // 2. 4.
Longueur du cou // 1 . 8.
Circonférence du cou // 5. 8.
Circonférciice du corps, prile derrière les jambes de
devant // 10. 4.
La même circonférence à l'endroit le plus gros .... // 11.//
La même circonférence devant les jambes de derrière . // 8. //
Hauteur du bas du ventre au-deflus de terre fous les
flancs /' II. 8 .
La même hauteur fous la poitrine // p. //
Longueur du tronçon de la queue i . 4. 6.
Circonférence à l'origine " 4. n
Longueur de l'avant -bras depuis le coude jufqu'au
poignet // 5' "•
Circonférence du poignet // 2. 6.
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 3 • ^'
248 Description
pied5. pouccî. lîgn»;
Longueur de la J.imbc depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 10.
Longueur depuis le talon julqu'au bout des ongles. . // 4. 6.
Le mangibey qui a fervi Je fujet pour fa defcriptioii d&s
parties molles intérieures ctoit femelle, elle ne diiîcroit du mâle
fur lequel la delcription prccédente des pajlies extérieures a été
fîiite, qu'en ce qu'elle n'avoit aucune teinte de fauve fur fàlêîe;
que les arcs blaiics des paupières n'étoient pas d'un beau blanc ;
que le bout du pouce du pied de devant n'étoit pas plus gros que
celui des autres doigts, & qu'eiiiin cette iemelle avoit fur la tête
un bouquet de poil hériffé qui s'élendoit depuis le ï\on\. jufqua
l'occiput; ce poil avoit environ un pouce de longueur, &; celui
qui (ê trou voit à côté étoit fort court : mais peut être avoit - il été
coupé pour former une forte de crête 6k: donner un air de fin-
gularité à l'aiiimal ; il avoit un p>ied fix pouces «Se demi de lojigueur
depuis le bout du m ufe;uj jufqu'à l'anus, il pefoit dix livres.
X'épiploon étoit très nu'nce & s'étendoit jufqu'au pubis.
Le duodénum (ê replioit en dedans près du pylore dans la
région épigadrique ; le jéjunum fiifoit (^&s circonvolutions dans
la région ombilicale, dans le côté droit ■&: dans la région épigal-
trique ; celles de i'ileum éloient dans le côté gauche de devant
en arrière & dans la région ombilicale; le cœcurn étoit placé
dans le milieu du côté droit & dirigé de droite à gauche dans
celte région; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit,
paffoit de droite à gauche deirière l'eflomac & formoit quelcjues
circonvolutions dans le côté gauche; enfin, il fe replioit en avant
dans le Hanc gauche avant de fe joindre au redum,qui s'étendoit
obliquement dtpuis le côté gauche jufqu'à l'anus.
L'eftomac (pi. xxxiv.fy. i) éloit grand, & le cul-de-fac (A)
.avoit beaucoup de .profondeur, au contraire la portion {BQ de
DU M A N G A B EY. 249
ïa {"Kirtie droite qui e(î au-ciclà de l'angL- (B) ctoit comte & avoit
im petit diamctie; l'une i.ks faces |^Z)y ctoit beaiicoiip plus
convexe que l'autre (E).
Les inteClins grêles avoient tous à peu près la même grolfeur ,
exce^îté l'ileum ( A B , pL xxxiv,jig. 2) qui ctoit plus petit
près du cœcum ; cet intefiin (CD) ctoit court , gros 6<: défigure
conique; le colon avoit à fon origine (E) moins de grofleur que
le cœcum , & il devenoit de plus en plus petit jufqu'à l'endroit
ou il fe joignoit au redum , qui n'ctoit pas plus gros que le
colon, excepté près de raiiiis où il fe trouvoit un peu plus
gros. II y avoit fur le cœcum trois bandes tendineufes qui le
prolongeoient le long du colon &: du redum jufqu'à l'anus.
Le foie s'ctendoit autant à gauclie qu'à droite, il avoit quatre
grands lobes, le plus grand étoit place derrière le milieu du dia-
phragme & divifé en deux parties inégales par une petite fcilïïire,
dans laquelle pafloit le ligament fuijoenfoir ; la véficule du fiel fe
trouvoit incruflée dans la partie droite de ce lobe qui étoit
plus de deux fois auffi grande que l'autre ; il y avoit un lobe à
droite & un lobe à gauche qui étoient prelqu'auiTi grands l'un
que l'autre & moins grands que le lobe du milieu ; il y avoit à
ia racine de la partie droite du foie deux lobules qui n'étoient
pas entièrement féparcs l'un de l'autre ; ce vifcère avoit au dehors
& au dedans une couleur rouge-p.ile , il peloit quatre onces
trois gi'os ; la véficule du fiel étoit fort grande.
La rate avoit trois hcQS , là partie inférieure étoit fort large
&. formoit la balè d'un triangle alongé , dont le fommet le trouvoit
à l'extrémité fupérieure; ce vifcère avoit une couleur brune-rou-
geâtre plus foncée à l'intérieur qu'à l'extérieur , il pefoit un gros.
Le rein gauche étoit plus avancé que le droit d'un quart de fa
longueur, ils avoient tous Xq^ deux peu d'enfoncenient.
Tome XI K I i
250 Description
Le panerais c'toit compacle & sctendoit depuis la rate jurqu'au
duodénum, contre lequel il fe recourboit en arrière comme un
crochet.
Le poumon droit avoit quatre lobes , dont trois ctoient de flfe,
le quatrième fe trouvoil placé près de la bafe du cœur ; il n'y avoit
que deux lobes dans le poumon gauche , mais l'antérieur élolt
prefque divilc en i\ti\x parties par imt profonde cchancrure.
Le cœur ctoit court <Sc pointu ; il ne fortoit que deux branches
de la croiïè de l'aorte , mais la branche droite ctoit fous-divifèe
en trois rameaux à un demi-pouce de didance de Ton origine.
La langue étoit large, cpaitTe , parfemée de grains blancs &
couverts de papilles très-petites; il y avoit fur la partie poftcrieure
quatre glandes à calice rangées de file fur une ligne tranrveifale,
& une autre fort grolTe placée à trois lignes en arrière fur le
milieu de la langue.
Le bord de l'cpiglotte ctoit cchancré; le palais avoit neuf
filions tranfverfiux dont les bords étoient peu élevés & inter-
rompus dans le milieu de leur longueur , ils formoient chacun
deux convexités en avant & une pointe en arrière à l'endroit
de l'interruption ; le cerveau étoit grand & prefque rond , il
recouvroit le cervelet en entier , leur anfraduofité & leur can-
nelure reflèmbloient à celles de la plupart des autres animaux ;
le cerveau pefoit deux onces fjx gros , & le cervelet trois gros
&: vingt -quatre grains.
Le malc qui a fervi de fujet pour \ts parties de la génération
ne différoit de celui dont les parties extérieures ont déjà été dé-
crites , qu'en ce que le bout du pouce des pieds de devant n'étoit
pas à proportion plus gros que celui des doigts ; il pefoit douze
livres ; fi longueur étoit d'un pied huit pouces depuis le bout
du mufcau jufqu'à l'anus.
DU M A N G A B E Y, 2 5 I
Il n'y «voit point de (crotum; le tellicule gauche ctoit cependiint
placé lc)us la peau du pubis à côte de la vei'ge , 6c l'Hutre fous
l'arcade dts mufcles de l'abdomen.
Le gland de la vei'ge ctoit terminé par un champignon , au
centre diicjnel fe trouvoit l'ouverture de l'urètre qui sctcndoit
fous un petit os oblong qui tenoit au champignon par (on ex-
trémité la plus menue, (Se n'occupoit que la moitié antérieure du
gland ; la vefTie n'étoit pas entière.
Les tedicules étoient très-petits , &: les véficules fémîniles
encore plus petites; cependant la bande de l'épididyme ôc les
prodates avoient un allez grand volume; les proflates étoient
ieparées l'une de l'autre du côté de la verge ; les véficules féminales
étoient fort alongées.
La femelle qui a déjà fèrvi de fujet pour la defcription des
vilcères avoit deux mamelles fur la poitrine , une de chaque côté;
la vulve étoit grande &: placée à fept lignes de didance du gland
du clitoris , ce gland étoit terminé par une forte de champignon
comme celui du mâle, il avoit cinq lignes de longueur; Çon
prépuce étoit auffi fort grand & fàillant au dehors de la longueur de
huit lignes; il y avoit qifelques rides peu apparentes fir les parois
intérieures (A B , pi xxxv ) du vagin ; l'orifice (C) de l'urètre
fè trouvoit à quatre lignes de difiance du bord de la vulve (Se à
lin pouce du gland du clitoris; la veffie (D) avoit la forme d'une
poire, elle étoit un peu aplatie en deOIis & en defîbus; le vaL'ia
avoit beaucoup plus de circonférence au fond que dans le refte
de Ion étendue ; il formoit de chaque côté du fond uw renflement
fort apparent ; l'orifice (E) de la matrice (F) s'avançoit dans le
vagin en forme de bec de tanche, comme dans les femmes; la
matrice avoit auffi beaucoup de rapport à celle d'une jeune fille
par fa forme , car elle 11 avoit point de cornes. Les trompes
2$2 Description
formoient des finuofîtcs fur les bords du pavillon qui étoit grand;
ies teQicules fCGJ éioient pointus par l'une de leurs extrémitcs ,
l'autre avoit beaucoup plus de largeur, leur couleur ctoit rougeâtre
au dehors : on voyoit au dedans de petits grains rougeâtres &
jaunâtres , & de blancs encore plus petits que l'on n'apercevoit
qu'à la loupe, c'ctoit fans doute les vtTicules lymphatiques, il y
en avoit auffi de groffes fort tranfparentes. J'ai fliit reprcfenter fur
h planche xxxv l'anus (H) & une portion (I K) du reclum.
pieds, pouc. ligne*.
Longueur des imcftins grêles depuis le pylore juf-
qu'au cœcum 5- i o. h
Circonfcrence du duodénum // 3. 3.
Circonférence du jéjunum ► • • n 2.. 51.
Circonfcrence de i'ileum dans ies endroits iesplusgros. // 2.. p.
Circonfcrence de I'ileum dans ies endroits les plus
minces /' i . 9.
Longueur du cœcum 2. // tj.
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros ... h 7. 4.
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus mince. . // 3. 6.
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. m 6. 2..
Circonfcrence du colon dans les endroits les plus
minces k 2.. 7.
Circonfcrence du re<flum près du colon h z. 7.
Circonférence du rectum près de l'anus m 3. n
Longueur du colon & du redum pris enfemble .... 2. 10. ê
Longueur du canal inteninal en entier, non compris
le cœcum 8. 8. t
Grande circonférence de l'efloniac i. 4. 2.
Petite circonférence 1 . i . h
Longueur de la petite courbure depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à i'œfophage b i. 5.
DU Mangabey,
Profondeur du grand cul-de-fac
Circonférence de l'œfophaoe
' o ••• u
Circonférence du pylore
Longueur du foie
Larcveur
^ //
Sa plus grande ép ai [Teur
Longueur de la véficule du fiel
Son plus grand diamètre
Longueur de la rate
° //
Largeur de l'extrémité inférieure , ,,
Largeur de l'extrémité fupérieure
Epaifleur dans le milieu
Épaifleur du pancréas
Longueur des reins
Largeur
EpaifTeur
Longueur du centre nerveiLx depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe ^,
Largeur
Circonférence de la bafe du cœur ^
Hauteur depuis la pointe jufqu a la naiflànce de l'artère
pulmonaire
Hauteur depuis la poùite jufqu'au lac pulmonaire ... //
Diamètre de l'aorte pris de dehors en dehors u
Longueur de la langue ,,
Longueur de la partie antérieure depuis le filet jufqu'à
l'extrémité ^ ^^
Largeur de la langue ,^
Longueur du cerveau g
Largeur ^
li iij
^55
pouc,
■ ligiici»
2..
9'
I.
6.
2.
H
3-
4.
4-
8.
H
I I.
I.
9-
0
9-
l .
9-
Il
lO.
II
5-
U
"^ 2m
II
^î-
I.
10.
6.
ï.
2.
2..
I.
4.
9'
I,
10.
I.
5-
Il
3l
Z.
S-
U
S.
II
I I.
2.
6.
2.
4-
2)j^ Description
pieds, pouc. lignes.
Épaiffeui- " '• 5-
Longueur du cervelet " " ^ ^ •
Largeur ^. " ' ' 7-
É-rr-, ,. ' // // I o.
Longueur du gland " " ^°'
Circonférence " " ^ »'
Circonférence du champignon " >* 9-
Loncrueur de la verge depuis la bifurcation des corps
caverneux jufqu'à l'infertion du prépuce " i. i i.
Circonférence " " ^•
Longueur des tefticulcs " " o.
Largeur " " ^
Épaiffeur " " 3 ï-
Lont^ueur des cai-^ux déférens '/ ^. 3 •
Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue . // // // \.
Longueur des véficules féminales " i • 4*
Largeur " " ^ J*
ÉpaifTeur " " '•
Longueur des proflates " " S-
Lirgeur " " 5*
Épaiffeur " " 4 i»
Diftancc entre l'anus & la vulve f " S.
Longueur de la vulve " » ^'
Longueur du vagin // i • ^'
Circonférence " 2. 6.
Grande circonférence de la veffie i . // 6.
Petite circonférence n i i . 4.
Longueur de l'urètre // i . i •
Circonférence " 1 9'
Longueur du col & du corps de la matrice u i . 6.
DU M A N G A B EY. 25c
picJs. pouces. ligiic»^
1. 5.
11
I .
// //
//
3-
3-
4-
// 1 .'.
CîVconfe'rence du corps ^,
Dirtance en ligne droite entre les tcHicuIes & la matrice. //
Longueur de ia ligne courbe que parcourt la trompe. //
Longueur des tcfliculcs
Largeur „
Epaiflcur ^
Autant le fqueleite du bonnet- chinois reiremble à celui du
macaque, autant il y a de refîèmblance entre le /queleite du
mangabe)^ & celui tlu patas à bandeau noir ; cependant le fquelette
du mangabey diffère de celui du palas à bandeau noir, en ce que
i'occiput eft plus élevé par (;i partie /îipérieure & plus arrondi ;
les bords fupérieurs des orbites ilts yeux &: h partie de l'os
frontal qui les fépare ont moins de groffeur <Sc de faillie ; ks os
propres du nez font plus étroits , tSc par confcqtient le nez a
moins de largem- ; l'omoplate eft de forme diftaente & plus ap-
prochante de celle d'un triangle; l'os du bras eft moins courbé:
le fémur efl: un peu plus long que le tibia, tandis que cts deux os
font à peu près de même longueur dans le patas à bandeau noir.
11 y a vingt-deux fiuffes vertèbres dans la queue; le flernum n'étoit
pas entier dans le fquelette de mangabey qui a fèrvi de fujet pour
cette defcription ; ainfi je n'ai pas pu reconnoître le nombre des
vraies & des fauiles côtes , ni le lieu de leurs ajticulations.
Il n'y avoit que neuf os dans le carpe, \ts deux premiers
furnuméraires y manquoient ; le larfe n'étoit compofé que de
fept os.
Le premier os du métatarfe eft à proportion plus gros (Se plus
long que les autres , comme dans le macaque.
pieds, pouc. fignu.
Longueur de la tête depuis le bout des mâchoires
julqua l'occiput n 4. i -,
256
Description
La plus grande largeur de la tête
Longueur de la mâchoire du deflous depuis Ton
extrémité anicrieure jufqu'au bord j^oftcrieur de
l'apophyfc condyloïde
Épaiiïèur de la partie antérieure de l'os de la mâchoire
du deflus
Largeur de la mâchoire du deflus à l'endroit des dents
canines
Diftance entre les orbites & l'ouverture des narines.
Lon<^ueur de cette ouverture
o
Largeur
Longueur des os propres du nez
Largeur à l'endroit le plus large
Laro;eur des orbites
Hauteur
Largeur du baflin
Hauteur
Longueur des plus longues fàuflcs vertèbres âc la
queue
Longueur de l'omoplate
Longueur de l'humérus
pieds, pouc. lignes»
M Z, 7.
2. I O.
// . 2.
Longueur de l'os du coude
Longueur de l'os du rayon
Longueur du fémur
Longueur du tibia
Lojigucur du péroné ,
Longueur du premier os du métacarpe, qui e(l le plus
court,
Longueur du troifième os du métacarpe , qui eft le
plus long . , » , . ,
ir
II
I.
I.
If
n
5Î.
II
II
8^
H
II
5-
II
H
lo^
II
II
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II
II
II ^.
H
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II
I .
5-
H
2.
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n
I .
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II
2.
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II
4.
1 1 .
II
6.
Il
II
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u
5-
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" "91-
M l. I.
Longueur
JV XXXII. J\!.u-:>So.
7K- c~\-'i>r /',•//
LE MANCVABEY.
n XXXIII j\^,n^:.o
MANCVABEY A COÎJ.IER JU.ANC
\-
/'/ , A 117/ Kia. iCyc.
n.- SiK- ././
LVi^-ri/fci .<'iVt/i,
/;-/// xjf
^'
1)
'" I iiiiBaji
saasa
DU AI A N G A B E V. 2^7
pieds, pouc. lignes.
Longueur du premier os du mctatarfc , qui cR le
plus court /, , , ^ ^
Longueur dutroificmc , qui eft le plus long // i. o.
Longueur de la première phalange du pouce ét^s pieds
de devant ;, ^ j^
Longueur de la féconde /, ,, -, <:^
Longueur de la première phalange du troifième doigt. // // 1 i i.
Longueur de la féconde // // g.
Longueur de la iroifième // u 4,.
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière // // ^ ».
Longueur de la féconde // /, 4-'.
Longueur de la première j:)halange du troifième doigt. // // 11.
Longueur de la féconde // // 8.
Loi]gueur de la troifième n n 5.
Le Mangabey à collier blanc (pi. xxxiii) m'a paru ne différer
du mangabey fimplement dit, que par quelques teintes dans les
couleurs du poil , principalement en ce qu'il a ftir le cou wwç,
iorle de collier , formé par des poils blancs : cette bande (è pro-
longe de chaque côté , le long du cou jufqu'aux joues ; il y a
aufTi des poils blanchâtres au bout du muiêau & fous la mâchoire
inférieure : cts différences peuvent ne venir que de l'âge &: du
fèxe Se font trop légères pour caradéri fer une efpèce particulière,
il faudroit pouvoir faire àts obfêrvations fur les autres parties
At cet animal pour mieux juger de fon efjpèce.
nSf
m
^
Tome XIV. K k
258 Histoire Natu relle
L
LA M O N E
A Mone fpl. xxxvi) efl la plus commune des
guenons ou fingcs à longue queue , nous l'avons eu
vivante pendant plufieurs années; c'eft, avec le magot,
l'efpèce qui s'accommode le mieux de la température
de notre climat: celafeul fuifiroit pour prouver qu'elle
n'cflpas originaire des pays les plus chauds de l'Afrique
<S: des Indes méridionales; & elle fe trouve en effet ert
Barbarie , en Arabie, en Perfe c^ dans les autres parties
de r Afie '^ qui ctoient connues des Anciens ; ils l'avoient
* Mone, Alona , Alunina , AJounina, cfl; le nom des Guenons ou
Singes à longue queue , dans les Lingues Morefque , Efpagnofe & Pro-
vençale Reper'iuntur in Aiauritaniœ filvis fimiarum varice fpecies
quanun quœ caudam genint Alonœ dicuntur. Léon Afric. Defc. Africœ ,.
vol. II, p:ig. 757. — Simii caudali & barbati qui vulgo monichi vocantur,
Profj), Alj). HiJL y£gypt. lib. IV, pag. 24:1. Nota. Le nom Monkit
que les Anglois ont donné aux guenons ou finges à longue queue eft
dérivé de Alonichi , &. tous deux paroificnt venir de Alona ou ylloninûf.
nom primitif de ces animaux.
Kébos Ariftotelis. Aypor Avicennae. Kébos &. Kipor, font les noms
par lefquels les Grecs & les Arabes défignoient les finges à longue
queue , &: dont les couleurs étoient variées; celui dont il eft ici qucftion
a plus c[u'>iucun autre cette variété dans les couleurs , & par cette
»ai(on on l'appelle vulgairement hjînge varié.
Cercopithecus pilis ex nigro & rufo variegatis vejlitus , pedibus nigris ,
caudâ cinereâ. Le finge varié, Briff'. reg. anim. pag. 198.
' Monichi ///?// caudati à' barbati ex jEthiopiœ locis conterminis irt
y£g)ptii/n deducuntur ; funtque adtnodum cicures & mundi. Profp. Alp^
/////. yEgypt. lib. IV, pag. 242.
DE LA AT O N E. 259
dcfignée par le nom l\q hélws , cchiis , cœplms , à caiife
<Je ia variété de Tes couleurs ; elle a en crtct la iice
brune , avec une cfpèce de barbe mêlée de blanc, de
jaune & d'un peu de noir ; le poil du defllis de la tcte
6c du cou , mêlé de jaune & de noir ; celui du dos
mêlé de roux &. de noir; le ventre blanchâtre aufTi-bien
que l'intérieur des cuiires 6c des |anibcs, l'extérieur des
jambes 6c les pieds noirs, la queue d'un gris foncé,
deux petites taches blanches , une de chaque côté de
l'origine de la queue , un croifïant de poil gris fur le
front, une bande noire depuis les yeux jufqu'aux oreilles,
6c depuis les oreilles jufqu'à l'épaule 6c au bras ; quelques-
uns l'ont appelée nonne par corruption de vione\ d'autres
à caufe de fa barbe grife l'ont appelé le vieillard , mais
ia dénomination vulgaire fous laquelle la mone eft la
plus connue, efl celle àtjîjige varié , 6c cette dénomi-
nation répond parfaitement au nom kél>os que lui avoient
donné les Grecs , 6c qui par la déiinition d'Ariflote
défîgne wnc guenon owjïnge à longue queue, de couleur
variée.
En général, les guenons font d'un naturel beaucoup
plus doux que les babouins , 6c d'un caraétère moins
trifte que les fmges ; elles font vives jufqu'à l'extrava-
gance 6c fans férocité , car elles deviennent dociles dès
qu*on les fixe par la crainte ; la mone en particulier efl
fufceptible d'éducation , 6c même d'un certain atta-
chement pour ceux qui la foignent ; celle que nous
avons nourrie fe laiffoit touclier 6c enlever par les gens
K k i;
200 Histoire Naturelle
qu'elle connoifToit , mais elle fc refiifoit aux autres Se
même les morcloit; elle cherclioit aulFi à fe mettre en
liberté^ , on la tcnoit attachée avec une longue chaîne ;
quand elle pouvoit ou la rompre ou s'en délivrer, elle
s'enfuyoit à la campagne , Si quoiqu'elle ne revint pas
d'elle-même, elle fe laiiibit alFez aifément reprendre
par Ton maître; elle mangeoit de tout , de la viande
cuite , du pain & fur-tout des fruits; elle cherchoit aulTi
les araignées, les fourmis , les infectes* ; elle rempIilToit
fes abajoues , lorfqu'on lui donnoit plufieurs morceaux
de fuite ; cette habitude eft commune à tous les babouins-
ôi guenons , auxquels la Nature a donné ces efpèces de
poches au bas des joues , où ils peuvent garder une
quantité d'alimens affez grande pour fe nourrir un jour
ou deux.
Cai'ûâères diflinâïfs de cette efpèce,
La Mone a des abajoues & des callofités fur les fefTcs ,
elle a la queue d'environ deux pieds de longueur , plus
longue d'un demi -pied que la tête <&. fe corps pris
cnfemble ; la tête petite <^ ronde, le mufeau gros 6c
court, la fice couleur de chair bafanée ; elle porte un
bandeau de poil gris fur le front, une bande de poils
noirs qui s'étend des yeux aux oreilles , (3c des oreilles
* C'eft vraifeniLIablcment de cette efpcce dont parle Ludolf, fous
le nom de fmge de l'Ab'iJjJnie ; « ils vont, dit-il, par grandes troupes:
M comme ils aiment extrêmement les fourmis & les vers, il n'y a aucunes
3j pierres qu'ils ne renverfent ou. qu'ils ne remuent pour attraper les
iiifecT:€5 qui font delîbus.jj Bijloire di l'AbiJinie , page ^/.
DE LA M O N E. 261
jiifqu'aiix cpaules <S: au bras; elle a iinecfpèce de barbe
grife formée par les poils de la gorge 6. du defTous du
cou qui font plus longs que les autres ; fon poil eft d'un
noir-roufïïitre fur le corps, blancbatre fous le ventre ;
l'extérieur des jambes & les pieds font noirs, la queue
efl d'un gris-brim avec (\t\\\ taches blanches de chaque
côté de fon origine ; elle marche cà quatre pieds , c5< la
longueur de fi tête <Sc de fon corps pris enfemble depuis
l'extrémité du mufeau jufqu'à l'origine delà queue, efl
d'environ un pied &. demi. La femelle efl fujette, comme
les femmes, à l'écoulement périodique.
Kk
Uj
262 Description
D E S C R I P T 10 N
DE LA AI 0 N E.
La Alonc (pi. XXXVI ) a la tête petite & arrondie , le mufeau
gros & peu alongc, le nez aplati &. les yeux enfoncés ; les pau-
pières , le nez & les lèvres font nus & de couleur de chair. Le
ix)il du front cioit gris & formoit une i^jile de croKfant ou de
bandeau ; le deffus du front , le fomniet de la tête & la face
fupcrieure du cou étoient de couleur mélce de jaune-verdâtre &
de noir, parce que chaque poil avoit du noir à Li pointe, du jaune-
verdâlre au-deilbus du noir & une couleur cendrce-noirâtre juf-
qu'à la racine ; le dos , les lombes &. les côtes du corps ctoient
de couleur mêlée de noir & de roux tirant ftir le marron , parce
que la partie de chaque poil qui étoit d'un jaune-verdâtre fur la
tête &: fur le cou , avoit fur le dos & fur les côtés du corps une
couleur rouffe tirant fur le marron. 11 y avoit une bande noire
qui commençoit au-deffus de l'angle extérieur de l'œil qui s'é-
tendoit jufqu'à l'oreille, & depuis l'oreille jufqu'à l'épaule & au
bras ; la fice extérieure du bras & celle de l'avant-bras & du
poignet ; l'origine de la queue , la face extérieure de la cuiiïè &:
de la jambe , & le delfus du pied avoient auffi une couleur noire;
ie poil des joues & du defîous du cou étoit plus long que celui de
la tête & de la poitrine, & reffembloit à une forte de barbe, il
étoit mêlé de blanc , de jaune & d'un peu de noir ; ie menton,
Ja gorge, les ailfelles, la face intérieure du bras & del'avant-bras,
la poitrine , le ventre , les aînés , la face intérieure de la cuifîè
& de la jambe étoient blancs. Il y avoit de chaque côté de la
queue deux lâches blanches; le poil cjui bordoit le côté extérieur
DE LA M O N E. 262
des callofitcs placées près de l'anus , ctoit roux à la pointe ; la
queue avoit une couleur noirâtre ; les pouces des piedi de derrière
étoieiit plus grands que ceux des pieds de devant; le dedous des
quatre pieds avoit une couleur brune (^ les ongles ctoient courts,
plats Si noirâtres : la queue avoit une grande longueur, quoi-
qu'elle ne tut pas entière.
Li . , plecîs. pouc. l/cjncr;
ongueui- du corps cHtier, meiurc en iîgne droite '
depuis le bout du mufe.iu jufqu'à Tauus i. 5. (^^
Hauteur du train de dtv.int i . „ „
Hauteur du train de derrière j . i _ (^^
Longueur de la tête depuis le bout du niufeau juf-
qu'à roccij)ut ij ^ ^
Circonférence du bout du mufeau /, , ^^
Circonférence du mufeau , prife au-deffous des yeux. n 5. 5.
Contour de l'ouverture de la bouche ,, -,
3,
Diuance entre les deux narines „ ^ j
Diflance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de l'œil
Dillance entre l'angle poftcrieur & l'oreille
Longueur de l'œil <
Ouverture de l'œil
^e l'œil ° /, ,,
Il 1 . 5.V
o^ '' *'''"t'e „ /.
H II 4.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre „ „
Diflance entre les angles antérieurs des yeux en fuivanr
la couibure du chanfrein ^ ,, g
La même diflance en ligne droite „ „ ,
Circonférence de la tête , prife entre les yeux & \cs
o'eiilcs „ g^ 2,
Longueur des oreilles y, ^ j ^
Liirgeur de la bafè , mefurée fur la courbure extérieure. // i . S.
Diflance entre les deux oreilles, prife au bas // 2. //
Longueur du cou n j ^ r^^
Circonf(?rcnce , t, c g
264. Description
picdî. pouc. ligne?;
Cifco'nfcrcnce du corps, prlfe derrière les jambes
de devant '^ "• 9'
Circonférence à l'endroit le jjIus gros // 9. u
Circonfcrence prife devant les jojnbcs de derrière.. . . // 6. 6.
Longueur du tronçon de la queue i • i i • <J«
Circonférence à l'origine " 4* -•
Lonc^ucur de l'avant- l.^ras depuis le coude jufqu'au
// 4. 8.
F
o
oignet.
Circonférence du poignet " -. 6.
Longueur depuis le poignet jufcju'au bout des ongles. // 3. 4*
Longueurdela jambe depuis le genou jufqu'au talon. // 6. 3.
Longueur dej)uis le talon jufqu'au bout des ongles ... // 4. 8.
Cet animal pefoit cinq livres neuf onces & demie. A l'ouverture
de l'abdomen Icpiploon , les intefiins , le foie &i la rate ont paru
futit's comme dans le papion , excepte que la portion du colon
qui s'ctendoit iranfverfiiement de droite à gauche fur les inteftins
grêles, dans le papion, ctoit dirigc'e obliquement de droite à gauche
&: de devant en arrière dans la mone.
L'ellomac fe trou voit en entier dans le côté gauche, il ctoit
prefque rond ; ks membranes &: celles <\çs intefiins ctoient minces
& tranfjoarentes ; le canal intedinal diminuoit infenfiblement de
grolîèur depuis le pylore juf]u'au cœcum qui éioitgros, court,
de figure conique & arrondie à l'extrcmîté ; le colon avoit un
peu moins de diamètre que le cœcum à Ion origine & diminuoit
peu à peu de groffeur dans toute Hi longueur.
Le foie, la vtfjcule du fiel, la rate »Sc le pancréas aboient
beaucoup de refîêmblance pour la figure & pour les couleurs au
pancréas , au foie , à la véficule du fiel & à la rate du papion ;
cependant \ç^ lobes droit & gauche du foie de la mone étoient à
peu
DE LA M ONE. i6<y
peu près aufTi grands l'un que l'autre ; l'extrcmilc inférieure de fa
rate fe terminoit en pointe, tandis quelle étoit large dans le
papion ; le foie }:)efoit trois onces trois gros &: cinquante-quatre
grains , & la rate deux gros & feize grains ; la liqueur de la
vcficule du tiel avoit une couleur rougedlre teinte de vert, &
pefoit vingt -trois grains.
Les reins avoient peu d enfoncement ; leurs mamelons croient
confondus les uns avec les autres ; le rein droit fe trouvoit placé
un peu plus en avant que le gauche.
Le poumon droit avoit quatre lobes, dont trois étoient ranges
de file & le quatrième étoit placé près de la ba(ê du cœur,
comme dans la plupart des autres animaux quadrupèdes; il n'y
avoit que deux lobes dans le poumon gauche.
Le cœur avoit la pointe dirigée en arrière, peu aloiigée, &
pour ainfi dire double , parce que chaque ventricule formoit la
fienne : l'aorte (ê parlageoit en quatre branches.
II y avoit fèpt liilons qui traverfoient le palais &qui formoient
une double convexité en devant , les bords des deux derniers
étoient interrompus dans le milieu. La langue, l'épiglotte & \ts
bords de l'entrée du larynx relîèmbloient à ces mêmes parties
vues dans le babouin.
Le cerveau & le cervelet reflèmbloient au cerveau & au cer-
velet du papion pour la forme »S: pour leur pofiiion refjieélive ;
le cerveau pefoit imç once fèpt gros &: vingt -huit grains , &. le
cervelet un gros & foixante-deux grains.
Le gland étoit terminé en forme de champignon, partagé dajis
le milieu par un idlon , au fond duquel le trouvoit l'orihce de
i'urètre; ce champignon étoit aplati par les côtés oC s'étendoit
jufqu'à l'infertion du prépuce fur la face fupérieure du gland; fur
l'inférieure le champignon n'avoit que trois lignes de lo.igueur.
Tome XIV. L i
c
266 Description
Chacune des vcficules fominalcs avoit trois faces longîtuJîp.are^»,
Se les deux vcficules en fe rcunilîànt formoient une forie d'Y,
dont la queue ctoit fort courte; les branches fè trou voient de
chaque coté de la veHie 5c non pas- du reduni comme dans le
papion. Les prodates ctoient placés contre les véficules (eminales
cSc avoient une figure ovoïde ; la vefTie ctoit en forme de poire;,
\ss tellicLiles étoient ovoïdes Si leur fubltance intérieure avoit une
couleur jaunâtre; il ie trouvoit dans le gland & en partie dcmy
h verge un os de cinq lignes de longueur 6c de deux lignes de
circonférence dans la plus grande partie de fon. étendue , mais le
bout qui tenoit à la verge étoit plus gros.
pieJs. pouc. lignes».
Lonooieur des înteflins giêles depuis le pylore juf-
qu'au cœciim y. 10. a
Circonférence du duodénum. . m i. p.
Circonférence du jéjunum // i. y î.
Circonférence de i'ileum dans les endroits tes plus gros. // 1.6.
CirconféreiTce dans les endroits les plus minces.. . . // i. j.
Longueur dU coccum » 1. 4,
Circonférence du cœcum à Tèndroit le plus gros. . . // 4. 4,
Circonférence à l'endroit le j)lus mince. . . - v 2. m
Circonférence du colon dans les endroits les plus gros. // 3. 4..
Circonférence dans les endroits les plus minces,. .„. y 2. 6,
, Circonfcrcnce du retftuin près de Innus n 2. ?,
Longueur du coton & du reéîum pris enfemble. . . 1. 8. ti
Longueur du canal inteftinal en entier , non compris le
cœcum <j. C, u
Grande circonférence de i'eiîomac // p. p^
Petite circonférence ^ . . h S. y..
Longueur de la pctiie courbure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à 'celbpLage u ji %^
DE LA AI 0 N E. 267
- TKii. pouc. ligne».
Profondeur tlu grand cuI-de-fTic „
Circonférence de l'œfophage „ ^
Circonférence du pyîore „ ,
Longueur du foie , ^^ , ^
L-aro^our ,, ^ ^
o // 4. 6.
S.1 plus grande épaifleiir „ ^. g
Longueur de la véficule du fiel g , ^
Son plus grand diamètre „ „ ^
Longueur de ia rate „ ^
Largeur de l'extrémité inférieure ^ ,, j q
Largeur de l'extrémité fupérieure // n .
Epaifîèur dans le milieu 1, ^
Ej)ainèur du pancréas n h j 1
Longueur des reins ^ j ^ ^^
Largeur „ ,, j ^^
Epaifleur , n a ci
Longueur du centre nerveux <Je}>uis la veine -cave
jufqu'à la pointe ^ „ , j ,
Largeur „ j. g^
Circonférence de la bafe du cœur // -.. i q^
Hauteur depuis la pointe jufqu'à lanaiflâncede l'artère
pulmonaire „ j ^
Hauteur depuis la pointe jufqu'au fnc pulmonaire. . . u i. it
Diamèu-e de l'aorte, pris de dehors en dehors, ... a a 2 '.
Longueur de fa langue , a/ i . g.
Longueur de la partie antérieure, depuis le filet jufqu'à
J'extrémité // „ ~
Largeur de la langue // // g.
Longueur du cerveau. ... , p 2. 6.
Largeur y a. a.
LI ij
268 Description
pieds, polie, lignes;
Épaiflèur "
Longueur du cervelet ''
Largeur "
Épaifleur "
Longueur du gland "
Circonférence "
Cil conférence du champignon "
Longueur de la verge depuis la bifurcation des corps
caverneux jufqu'à i'inlèrtion du prépuce n
Circonférence n
Lontjucur des lefticules n
Largeur //
Épaifleur //
Largeur de Tépididynie u
Épaifleur u
Longueur des canaux déférens //
Diamètre dans la plus grande j)artie de leur étendue. //
Grande circonférence de la veffie //
Petite circonférence n
Circonférence de l'urètre //
Longueur des véficules féminales. , //
Largeur //
r
Epaifîèur //
Longueur des proftatcs //
Largeur //
Epaiiïeur n
Diftance entre l'anus & la vulve u
Le rquclette de la Mone a beaucoup de rapport avec celui
du maiigabey ; cependant il en diffère alTez pour faire connoître
I.
I .
//
I 0.
I.
6.
//
7-
//
5-
/'
8.
//
10.
2.
I.
Il
8.
II
6.
II
J-
II
3-
II
>!•
II
"\'
4.
6.
U
"T-
8.
3-
5-
6.
//
6.
I.
4.
//
^î-
//
li-
//
3-
u
If.
n
I.
II
6,
DE LA M O N E, 269
qu'il efl d'efpèce particulière, quand même il n'y auroit pas d'autres
caradères fpccifiqiies dans les vifcères & les parties extérieures de
la mone.
Les os propres du nez ne font pas élevés comme ceux du
mangabey ; l'ouverture <\t^ narines elt à proportion plus petite
& placée plus près des orbites.
Le flernum n'eft compoléquede fix os; mais il y a quelque
apparence que le fécond a été détruit par un vice de conformation
dans le fquelelte de la mone qui fait le fujet de cette defcripiion ;
l'articulation des fécondes &: des troifièmes côtes fè trouve entre
le premier & le fécond os du (ternum ; les huitièmes &. neu-
\ièmes côtes s'articulent avec le fixième os du fternum : ainfi
il y a neuf vraies côtes & feulement trois fauOès.
La queue n etoit compofée que de quatorze faufîès vei tcbres ,
mais les dernières y manquoient.
L'os du bras éS. un peu })Ius long que celui du rayon , tandis
qu'au contraire il efl un peu plus coui t dans le mangabey :
l'omoplate difîère de celle de cet animal par fa forme.
H n'y avoitque dix os dans le carpe, le premier furnuméraire
y manquoit ; le tarfe étoit compofé de huit os.
Le premier os du mctatarfe diffère de celui du macaque &
du mangabey, en ce qu'il e(l moins gros &: moins long, & par
conféquent le pouce a moins de longueur relativement à celle
des autres doigts , il efl; proportionné comme dans le magot &
la plupart des autres finges.
piedi. pouc. lignes.
Longueur de la têtç depuis le bout des mâchoires
jufqu'à l'occiput o 3. p.
La plus grande largeur de la tête // 2. 6.
Ll ii;
zjo Description
piods. pouc. ffgncl*
Longueur cîe la mâchoire du cleflc)us, depuis fbii
exti'émitc nnterieure jufqu'au bord ponérieur de
rapophyfe condyloïde h 2.. ro.
tpainèiir de h jînrrie anieïicure de l'os de Li mâchoire
du Jefilis y m 2.
Largeur de la mâchoire du defllis, à Pendroit des
dents canines u i . i ^.
Dirtance entre les orbites & l'ouverture des narines. . n u 4I.
Longueur de cette ouverture n n 87.
Largeur // // 3 ^.
Longueur des os propres du nez n 11 7.
Largeur à Tenclroit le plus large u n i |.
Largeur des orbites h tt 11.
Hauteur n n 9 j.
Longueur des dents canines h u 7 i.
Largeur du baffin n 1 . j .
Hauteur // 2. h
Longueur des plus longues fiufles vertèbres de la
queue ,1 \. 7.
Longueur de l'omoplate // 2. 8.
Longueur de l'humérus // 5. ,1
Longueur de l'os du coude // 5. 5 l.
Longueur de l'os du rayon. . // a, g-.
Longueur du fcmur , , , // c j q.
Longueur du tibia „ r j ,^
Longueur du |>e'roné // r ^^
Longueur du premier os du métacarpe , qui eft le
pîus court „ a 8.
Longueur du troifième os du métacarpe , qui efl le
flus long „ , . o .
J'IXXX17. pu,/ 3.-0
.Miiyif'i ,'
A- .■;■/■.■ ,/../
j- A 3i():„ r> .
* \^M *
D E L A M O N E, 2yi
pieds, poiic. ligna»
Longueur du premier os du niétatarfe , qui eft le j)Ius
co"" ^, j^ ,
Longueur du troificme , qui c(\ le plus long u i. 7 i..
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
^e devant „ „ ^
Longueur de fa féconde zr // >.
Long.ueur de la première phalange du troifième doigt, u n 11.
Longueur de la féconde /; // y ^
Longueur de la troifième u h 4,
Longueur de la première phalange du pouce des pieds
de derrière u u 6 -,
Longueur de fa féconde. // ^ ^ 1.
Longueur de fa première phalange du troifième doigt. x m 11.
Longueur de fa féconde it u 7 i.
Longueur de fa troifième // // 4^
\
ZJ2. H I STO I RE N AT U RE LLE
a
LE CALLITRICHE*.
ALLITRIX efl un terme employé par Homère,
pour exprimer en général la belle couleur du poil des
animaux : ce n'eft que plufieurs fiècles après celui
d'Homère que les Grecs ont en particulier appliqué
ce nom à quelques efpèces de guenons oujînges à longue
queue , remarquables par la beauté des couleurs de leur
poil ; mais il doit appartenir de préférence à celui dont
il efl ici queftion (pi. xxxvii). Il efl d'un beau vert
fur le corps, d'un beau blanc fur la gorge & le ventre ,
& il a la face d'un beau noir; d'ailleurs il fe trouve en
Mauritanie ôi dans les terres de l'ancienne Carthage :
ainfi il y a toute apparence qu'il étoit connu des Grecs
6c des Romains , & que c'étoit l'une des guenons ou
fiiges à longue queue , auxquels ils don noient le nom
de callhrix ; il y a d'autres guenons de couleur blonde
dans les terres voifines de l'Egypte, foit du côté de
i'^tbiopie, foit de celui de l'Arabie, que les Anciens
* Cercopîthecvs ex cinereo favefcens , gen'is , long'is pilh albis obfiûs.
Le Singe vert. BrïjJ'. reg. anim. png. 204.
Le Singe de l'île Saint-Jacques ; on donne fouvent à cet animal le
nom de Singe vert , & nous le diAinguons par ce nom; nos gens de mer
l'appellent en gt' né rai le Smge Je Saint- Jacques , parce qu'il (è trouve
dans cette île du Cap- vert. Giinures d' Edwards , pag. i o, fig. ibid.
Aux îles du Cap-vert , il y a des finges à longue queue , qui ont
îe vilîigc noir. J^vyage de Dampkr , tome IV , page ^^.
ont
DU Callitriche. 273
ont aufTi défigncs par le nom générique de caÏÏitr'ix.
Profper Alpin <Sc Pietro délia Valle *, parlent de ces
callitriches de couleur blonde ; nous n'avons pas vu
cette efpèce blonde, qui n'ell peut-être qu'une variété
de celle-ci ou de celle de la mone , qui efl très-com-
mune dans ces mêmes contrées.
Au refle, il paroît que le callitriche o\\ Jînge vert fc
trouve au Sénégal, auffi-bien qu'en Mauritanie <Sc aux iles
du Cap-vert. M. Adanfon rapporte que les environs
des bois de Podor, le long du fleuve Niger, font remplis
de fmges verts. « Je n'aperçus ces fmges , dit cet
Auteur, que par les branches qu'ils cafîbient au haut
desarbres, d'où elles tomboient fur moi : car ils étoient
d'ailleurs fort fdentieux <Sc fi légers dans leurs gambades,
qu'il eût été difficile de les entendre; je n'allai pas plu>
loin , & j'en tuai d'abord un, deux & même trois, fans
que les autres paruffcnt eifrayés ; cependant lorfque la
plupart fe fentirent blefles , ils commencèrent à fe
mettre à l'abri ; les uns en fe cachant derrière les «
grofles branches , les autres en defcendant à terre ; «
* Simium CaUitrkhum Cairi in cedibus hahuimus , felem mâgnam qua-
damîenus magnitud'me œmulanîem , prolixiori corporis figura, capite parvo
erat & rotundo corpore circa ilia grac'dijjlmo , loto corpore rufo ruti-
love fpeâabatur , faciès vero humanœ fimilis fuit nigra, undique bar bat a
fed barba albi erat coloris caudamque longam rutilamque habebat.
Profp. Alp. Bifl. yEgypt. iib. IV, pag. 244, fig. tab. XX, n.° 4.— J'ai
vu aufli dans le Caire plufieurs animaux vivans, comme des Callitriches
ou Guenons de couleur blonde. Voyage de Pietro délia Valle , tome I,
page jfoi.
Totm XJK M m
2y^ Histoire Natu RELLE,irc,
>' d'antres cnlin , Sl c'ctoit le plus grand nombre, s'é-
» lançoient de la pointe d'un arbre fur la cime d'un
w autre Pendant ce petit manège , je continuois
» toujours à tirer dcHus , 6c j'en tuai jurfju'au nombre
» de vingt-trois en moins d'une heure âc dans un efpace
» de vingt toifes, fans qu'aucun d'eux eut jeté un feul
» cri : quoiqu'ils fe fuffent plufieurs fois raffemblés par
« compagnie en fourcillant , grinçant des dents & faifant
mine de vouloir m'atta(juer ». Voyage au Sénégal , "par
Ai. Aclanfon, page i/S.
Caraâères dijlmâifs de cette efpêce.
Le callitriche a des abajoues Si. des callofités fur les
feffes , la queue beaucoup plus longue que la 'tête & le
corps pris enfemble; il a la tcte petite, le mufeau
alongé, la face noire auffi-bien que les oreilles; ii
porte une bande étroite au lieu de fourcils au bas du
front. Si. cette bande efl de longs poils noirs. Il efl
d'un vert vif mêlé d'un peu de jaune fur le corps, Si.
d'un blanc -jaunâtre fur la poitrine Se le ventre; il
marche à quatre pieds, & la longueur de fon corps, y
compris celle de la tête, efl d'environ quinze pouces.
La femelle efl fujette à Técoulement périodique.
y
""l'y
DESCRIPTION
DU CALLITRICHE,
•jLE Callitriche (pi. xxxvii ) qui a fervi de fujet pour cette
deicription, avoit la tête petite, le mufèau alongé, la partie fu-
pt'rieure des orbites, le bas du front & le haut du nez très- fai liant,
les oreilles fort grandes & la queue très-longue; les oreilles nctoient
pas bordtes, elles formoient un pli à leur partie fiipérieure; les
lèvres , la face , les oreilles <Sc la plante àts pieds ctoient noirs :
il y avoit de longs poils de mcme couleur à l'endroit des lourcils,
&: principalement au bas du front entre les orbites àtt^ yeux ; de
forte que les deux fourcils fembloient n'en former qu'un qui s'é-
lendoit depuis l'angle poftérieur de l'un des yeux julqu a l'angle
poftérieur de l'autre œil, &: qui étoit plus garni aii-deffus du
nez que dans le refle de fon étendue; les poils de ce fourcil
ctoient dirigés en haut & avoient jufqu'à quinze lignes de lon-
gueur. La tête, le delfus &: les côtés du cou, le dos, les jambes,
la croupe, la queue , les- côtés du coi-ps , les épaules , la fie- ex-
terne du bras & de la cuiffe avoient à^s teintes de jaune-verdâtre
& de brun, mais le jaune-verdâtre dominoit liir le brun; la
plus longue partie de chaqj.ie poil depuis la racine étoit de couleur
cendrée ou brune, il avoit au-delîijs une couleur jaune-verdâtre
fur la longueur denvir^Dn quatre lignes, &. la pointe étoit brune.
La face externe de l'avant-bras 6c de la jambe., &. le delîijs des
quatre pieds avoient une couleur, mêlée de gris , de brun & de
jaune-verdâtre qui n'étoit pas le plus apparent. Le defîbus de la
mâchoire inférieure (Sv du cou; la. gorge, la poitrine, le venti^ Se
la face interne des quati^e jambes avoient une couleur blanchâtre
Mm ij
276 Description
avec quelques teintes de gris &: de jaunâtre; les ongles étoient
noirs & plies en gouttière , excepté ceux des pouces qui étoient
plats dans les quatre pieds 5c beaucoup plus grands aux pieds
de derrière qu'à ceux de devant, li y avoit à^s callofités (ur
les feifès.
p!ed5. pouc (igncft
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite
depuis le bout du mulè^iu jufqu'à Tanus i. 2. 3.
Longueur de la tête depuis le bout du uiufèau jufqua
i'occi| ut M 3. p.
Circonférence du bout du mu(eau u 3. 2.
Circonférence du mufeau , pnfe au-deflous des yeux, . ti 5* *
Contour de Touverii re de la bouche m i. 9.
DiOance entre les deux narines // // 2.
Diftance entre le bout du mufeau & l'angle antérieur
de l'œil h i. j.
Diftance entre l'angle poftérieur & l'oreille // i, 4,
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // m 4,
Ouverture de l'œil // // 3 1,
Diftance entre les angles antérieurs des yeux en
(uivant la courbure du chanfrein // h 8.
La même diftance en ligne droite v u 5.
Circonférence de la tête entre les yeux & les oreilles. // 8. u
Longueur des oreilles ^ g 11.
Lnrgpurde la bafe, mefurée fur la courbure extérieure. 0 \. 6,
Diftance entre les deux oreilles, prife dans le bas. . . u 2. 7.
Longueur du cou y i, r
Circonférence du cou // 4. »
Circonférence du corps , prife derrière les jambes de
dev int g ,0. g
La même circonférence à l'endroit le plus gros. ... // 1 1 . c.
DU CALLITRICHE. 2yy
pieds, pouc. ligncij
La même circonférence devant les Jambes de derrière, n 7. 6.
Longueur du tronçon de la queue x. 8. 6,
Circonférence à l'origine n 3. 2.
Longueur de l'avant-bras depuis le coude jufqu'au
po'g'iet „ 4. 7.
Circonférence du poignet n z. 5.
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles, h i. 8.
Longueur de la jambe depuis le gtnou jufqu'au talon. 1/ 5. 9.
Longueur depuis le talon jufqu'au bout des ongles. . , // 4. 6.
Le foie selendoit autant à gauche qu'à droite; Icpiploon étoit
prefqu'entièrernent vicié , il avoit plus d'épailTeur &: de coiifif-
tance qu'il n'aurojt dû en avoir; la graifîè étoit dure& errenue,
&: i'abdomeii s'cft: trouvé plein d'eau &: de fânie; lorfque ces
liqueurs ont été écoulées, l'animai pefoit quatre livres & demie;
i'épipiooii ne s'étendoit que jufqu'au milieu de la région ombi-
licale.
Le duodénum étoit engagé dans les glandes obflruées du mé-
fentère; le jéjunum faifôit ^ts circonvolutions dans la région
ombilicale & dans les côtés; celles de l'ileum (è trouvoient auffi
dans la partie poflérieure de la région ombilicale; le cœcum étoit
dirigé en arrière dans la région hypogaftrique ; le colon s'étendoit
en avant fur les intefiins grêles , il formoit un arc dans la région
épigaftrique & (ê replioit à droite dans le côté gauche avant de
fe joindre au réélu m.
Les inteftins grêles dimînuoient peu à peu de grofîèur depuis
le pylore jufqu'à un pouce & demi de dillunce du cœcum , où
i'ileum (A, pi. xxxvili , f^, i) étoit plus petit que dans le
refte de fbn éteji due; il avoit plus de grolfeur près du cœcum (B),
Cet inteftiii éioii fort court &: de iigure à peu près conique ;
Mm iij
278 Description
il avoit deux bandes tendineLifcs , elles fe prolongeoient fur le
colon (C ) qui en avoit de plus une troifième placée du côte oii
étoit l'infeilion (D) de l'ileum ; ie colon avoit à fon origine
prefquautant de groHèur que le caecum , mais fon diamètre
diminuoit peu à peu jufqu'au re(5tum qui avoit à peu près la
même grolîèur dans toute Ton étendue, excepté près de l'anus
où Ion diamètre éioit plus grand.
Le giand cul-de-fac (A B, pL xxxvili, fg. 2) de l'eflomac
avoit beaucoup de profondeur; le relie (BC) avoit peu de lon-
gueur à proportion de la largeur de ce vifccre qui étoit beaucoup
plus renflé fur la face inférieure (D) que fur la fupérieure (E), en
fuppolânt k grande courbure en arrière 6c la petite (F) en avant;
dans cette même fituation l'œfophage (G) étant dirigé en avant ,
& l'eflomac rempli d'air dans l'état où il efl repré/enté^. 2 ,
la portion (H) de la partie droite qui s'étend depuis l'angle (I)
que forme cette priie jufqu'au pylore ( K) étoit dirigée obli-
quement en avant &: en bas. Les membranes de l'eflomac &. des
intellins étoient très-minces &: plus qu'à derai-tranfparentes.
Le foie étoit compofe de trois lobes, le plus grand fê trouvoit
placé dans le milieu, 6c les deux autres avoient moins de volume
& étoient placés l'un à droite 6c l'autre à gaucbe, le droit avoit
un appendice à la racine que l'on pourroit prendre pour un petit
lobe ; le plus grand dts trois lobes étoit divife en trois portions
égales par deux fciffures; le ligament fufjpenioir paffoit dans la
fcîffure droite , 6c la véficule du fîel étoit placée dans la gauche ,
elle débordoit un peu au-delà du bord du foie. Ce vifcère avoit
au dehors une couleur rouge très-pâle 6c prefquc brune ; au dedans
la teinte de brun étoit plus foncée , il pefoit deux onces quatre
gros 6c demi ; la véficule du fiel étoit fort longue 6c plus grofîê
à fon extrémité que dans le relie de fon étendue, elle contenoit
DU CALLITRICHE, 2JQ
une liqueur d'un jaune- verdûtre & du poids d'un demî-gro5.
La rate éloit prefcjue pointue par 1 extrémité fupérieure, I autre
ctoit fi large que ce vifcèie avoit jîrefque la figure d'un tiiaiK^îe,
dont (on extrémité inférieure f^n'foit la bafe : il étoit au dehors
& au dedans à\\[\ rouge-noiiâtre. Je ne lapporte pas Ton poids,
parce qu'il éloit abcédé en différens endic)its.
Le pancréas étoit vicié au point de n'être pas jeconnoifîâble ;
les reins avoient très-peu d'enfoncement , ils éioientalongés; il n'y
avoit point de mamelons au dedans ; le balTinet étoit peu éteiidu.
Le centre nerveux du diaphragme n'étoit guère plus tranP
parent que la partie charnue. Le poumon droit avoit quatre lobes ;
(avoir, trois de file comme dans la plupart des animaux, & un
quatrième très-petit , placé à la racine (\ts autres près du cœur. Le
poumon gauche n'étoit compo/é que de deux lobes, dont l'antérieur
étoit prefque divifé en deux parties par une fcilfuie placée fur Ton
bord inférieur ; l'autre lobe avoit aufli une fciffure fur /on bord
inférieur , mais moins protonde. Le cœur étoit gros , court &
dirige en arrière. Il ne fortoit que àtux branches de la crolfe de
l'aorte.
La langue étoit longue , large &: épailTe, excepté le bout qui
avoit peu d'épaifîèur ; elle étoit couverte de papilles très-petites
& d'une grande quantité de grains glanduleux ; il y avoit fur la
partie poflérieure trois groflès glandes à calice, une en arrière &
deux en avant à trois lignes de diflance l'une de l'autre, &: à
une ligne de la glande poltérieuie ; i'épiglolte étoit grande fans
échancrure ni pointe dans le milieu.
Le cerveau n'avoit que peu d'anfraétuofités, & elles étoîent
très-légères, il recouvroit le cervelet en entier, il pefoit une
once cinq gros & foixante-cinc^ grains, &: le cerveiet un gros &.
iôixante- cinq grains.
28o Description
La vulve étoit longue de quinze lignes : celte longueur,
cxcefTive pour un fi petit animal, venoit de ce que le gland du
clitoris étoit à dix lignes de diûance de l'entrée du vagin , qui
n'avoit qu'environ cinq lignes de longueur ; le gland du clitoris
étoit placé fur le pubis & compofe de deux petits tubercules
qui fembloient être les vertiges du champignon qui termine le
gland des mâles de ce genre ; l'orifice de l'urètre iê trouvoit à
cinq lignes de diftance d^s bords de la vulve &: à treize lignes
du gland du clitoris; le vagin étoit traverfé par deux petites
rides à l'endroit de l'orifice de l'urètre ; la veiïie étoit faite en
forme de poire ; l'orifice de la matrice avoit des bords fort épais
& très-faillans dans le vagin ; le col de la matrice étoit prefqu'auflî
gros que le corps: il n'y avoit point de cornes; les trompes
tenoient à deux pavillons attachés aux teflicules qui avoient à
peu près la figure d'un rein : on diûinguoît dans leur intérieur
quantité de petites caroncules jaunâtres.
pieds, pouc. iigno.
Longueur des intcflins grêles depuis le pylore jufqu'au
coccum 5. // K
Circonférence du duodénum // 1 . 5).
Circonférence du jéjunum u i . 8.
Circonférence de l'ileum dans les endroits les plus
gros ^ u I . C.
Circonférence dnns les endroits les plus minces. . . g i. 3,
Longueur du cœcum // i , i ©.
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. u 4. 8.
Circonférence à l'endroit le plus mince it 2.. u
Circonférence du colon dans les endroits les plus
gros •. ^ 3. 11.
Circonférence dans les endroits les plus minces. .. . n z. u
Circonférence du reélum près du colon // i. //
Circonférence
DU C A L L I T R I C H E, 28 I
pccls. pcuc. lignes.
Circonférence près Je l'anus u z. 8.
Lon'uicur du colon ôcdu redum pris enfemble. ... 2,. // u
Longueur du canal inteflinal en entier , non compris
le cœcuin 7. " *
Grande circonférence de l'eftomac // 10. j.
Petite circonférence 1 4» 3 •
Longueur de la petite courbure , depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à i'œlo])hage // i. #
Profondeur du grand cul-de-fac u i. 5.
Circonférence de rœfophagc n i. 4.
Circonférence du pylore // i. 8.
Longueur du foie. i' 2,. 11.
Largeur " 4» "
Sa plus grande épaifleur u n 8-
Longueur de la véficule du fiel u i . 6.
Son plus grand diamètre * *> " 5 i
Longueur de la rate " 2. u
o
Largeur de l'extrémité inférieure /' i • 3 •
Lajoreur de l'extrémité fupérieure ' >f 4*
Épaifleur dans le milieu " ' J«
Longueur des reins * ^ • 7*
Largeur " ^» "
Épaifl^eur " " ®*
Longueur du centre nerveux , depuis lu veine-cave
jufqu'à la pointe " " ^ * •
Largeur " * • "•
Circonférence de la bafe du cœur u 3. 3«
Hauteur depuis la pointe jufc{u'à la naiflânce de l'artère
pulmonaire " * • ^'
Hauteur depuis la pointe jufqu'au (âc pulmonaire, n " ^ l*
Tome XI K Nn
zSz Description, ère,
pitJs. pouc. Ii'tfnej;
Diamètre de l'aorte , j^ris de dehors en dehors. . , h h 3.
Longueur de la langue , // i . 8.
Longueur de fa partie antérieure , depuis le filet
jafqu'à l'extrémité ^ // u r
Largeur de la langue >/ n y.
Longueur da cerveau // ^. 4,
Largeur // 2. //
Epaiiïèur // i . i .
Longueur du cervelet // // ] o.
Largeur // i . ^ .
Epaiiïèur // // y,
Diflance entre l'anus &. la vulve // n 6.
Longueur du vagin h i . ,.
Circonférence h i . 4.
Grande circonférence de la veUie n 7. 6.
Petite circonférence // c. 10,
Longueur de l'urctrc , // // 7.
Circonférence // // ^.
Longueur du col & du corps de la matrice. u 1 . n
Circonférence du corps '........ t n u 11.
Diflance en ligne droite entre les tefticules & la matrice. // n 3 .
Longueur des tefticules u /( ^ i.
Largeur ^ „ „ 2..
Epaiiïèur m n i.
t
Tom xir:
ri wxi 11 !'.,.> i/: '
( . li.hfu.-i/ tt.v/y'.
LE C'ALLirUIC^II]'.
PI ^XMUJ Ru, j^i
^8-
LE MOUSTACn
X-/E Mouftac (planche xxxix) nous paroh ctre du
même pays que le Macaque, parce qu'il a, comme lui
le corps plus court 6c plus ramaffé que les autres
guenons; c'cfl très-vrairem!)Iablement le même animal
que les Voyageurs de Guinée ont appelé BLmc-îiez^
parce qu'en effet, il a les lèvres au-deiïbus du nez
d'une blancheur éclatante, tandis que le rcfte de fa face
efl d'un bleu-noirâtre; il a aufTi deux toupets de poils
jaunes au-defibus des oreilles, ce qui lui donne l'air
très-fmgulier ; Sl comme il efl en même temps d'aiïez
petite taille, c'efl de tous les fmges à longue queue
celui qui nous a paru le plus joli.
Caraâères dift'môlifs de cette efpèce.
Le mouflac a des abajoues & des callofités fur les
feffes , la queue beaucoup plus longue que la tête ôl le
* Mouflac. Mujlax. Mouftache : comme la Guenon dont if efl ici
queflion n'a point été nommée, nous lui avons donné ce nom, qui
fuffira pour la faire reconnoître & diftinguer de toutes les autres; elfe
eft en efTet très-remarquable par fa lèvre fupérieure , qui efl nue &
d'une blancfieur d'autant plus frappante, que le reffe de fa face eft
noir.
° II y a d'autres Singes à la côte d'Or, que l'on nomme Blancs-nej^,
parce que c'efl: fa feule partie de leur corps qui foit de cette couleur :
ils font puans & farouches. Relation d'Artus , hijlo'm générale des
yoyages , tome IV , p^ge 2^8,
N n ij
284 Histoire Naturelle, ire.
corps pris enfemble, elle a dix-neuf ou vingt pouces
de longueur; il a la face d'un noir-bleuâtre avec une
grande & large marque blanche en forme de chevron
au-defTous du nez & fur toute l'étendue de la lèvre
fupérieure, qui efl nue dans toute cette partie; elle eft
feulement bordée de poils noirs, auffi-bien que la lèvre
inférieure tout autour de la bouche : il a le corps court
<Sc ramaffé ; il porte deux gros toupets de poil d'un
jaune-vif au-deffous des oreilles; il a auffi un toupet
de poil hériffé au-deiïus de la tcte ; le poil du corps
efl d'un cendré-verdcitre ; la poitrine & le ventre d'un
cendré -blanchâtre; il marche à quatre pieds, Sl il n a
qu'environ un pied de longueur , la tête & le corps
compris. La femelle eft fujette à Tccoulement pério-
dique.
2S5
■KCBxsmwc^rvn iWKTWvrvsfV^TVrwrTTrty^issvTWtTfrvwTft
^ 'i ai^^i^V^^W^J /">«.£ V
DESCRIPTION
DU AI 0 U S TA a
.Le Mouftac (planche xxxix) eft de grandeur médiocre, /à
longueur prifê depuis le bout <\u mufeau jufqu'à l'origine de la
queue ii'eft que d'un pied , mais la queue a dix-neuf pouces ; cet
animal eft remarquable, non-feulement entre les animaux dtÇon
genre , mais entre tous les autres , en ce qu'il y a fur la peau
de la lèvre fupérieure une couleur blanche qui reprcfente la fifrure
d'un chevron brifc dont l'angle eft au-defîbus du nez; la lèvre ell
nue dans la partie colorée de blanc; le nez, le bas du ùon\. 8c
les joues font aufli dénués de poil , mais ils ont une couleur
mclée de noir & de bleuâtre. Le mufeau eft peu alon^^é , le nez
eft faillanl à fon origine entre les yeux; les ouvertures des Jiarines
font placées au-deflbus du nez &: féparées par une cloifon étroite :
auffi a-t-il des poches dans la bouche & dts callofités fur les
fefîès. La plante des pieds eft noirâtre ; les ongles font noiis ,
larges &: aplatis.
Le tour de la bouche eft revêtu de poils noirs , il y a de
chaque côté de la tête une raie noire qui sclend depuis l'angle
poflérieur de l'œil jufqu'à l'oreille: celte partie eft mince & un
peu velue; fon poil eft de couleur de jonquille, celui du bas des
tempes a la mcme conlcur, mais il efl beaucoup plus long, il
forme une touffe au-defîbus de l'oreille de chaque côté de la hcç;
les poils du deifus de la tète font de couleur mèiée de noir Se de
jaune- verdâtre , ceux du milieu ont plus de longueui que ks
autres 8c font hériffés comme une huppe. Le dos, les épaules,
la croupe , la face externe de la cuille 8l le de fliis de la queue
N n iij
286 Description, ifc\
ont des teintes Je cendre (5c de roux; fa face externe dn bras, de
J'avant-bras, de la jambe proprement dite &: le delfus.des pieds
de -devant font de couleur melce de cendré-foncc &: deverdâtre;
le delKis de la queue ell de couleur cendrce depuis Ton origine
julqua environ la moitié de /â longueur, le refle eft jaunâtre,
La gorge, la poitrine & le ventre, la face interne du bras, de
l'.want-bras, delà cuiliè & de la jambe font blancs avec quelques
teintes de cendre & de gris.
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C
LE TALAPOIN*.
ETTE Guenon (planche xlJ cfl Je petite tailfe,
<Sc d'une affez jolie figure; Ion nom paroîtroit incliquer
qu'elle fe trouve à Siani 6c clans les autres provinces
(le i'Afie orientale, mais nous ne pouvons rafTurcr;
feulement, il efl certain qu'elle cfl originaire de l'ancien
continent <Sc qu'elle ne fe trouve point dans le nouveau,
parce qu'elle a des abajoues & des caîlofitcs fur les
feffes, & que ces deux caradères n'appartiennent ni aux
fagoins ni aux fapajous, qui font les feuls animaux du
nouveau monde qu'on puiffe comparer aux guenons.
Ce qui me porte à croire, indépendamment du nom ,
que cette guenon fe trouve plus communément aux
Indes orientales qu'en Afrique, c'efl que les Voyageurs
rapportent que la ]>lupart des fmges de cette partie de
l'Alie ont le poil d'un vert -brun. «Les fmgcs du
Guzaratte, difcnt-ils, font d'un vert-brun, ils ont la «
barbe 6c les fourcils longs 6c blancs : ces animaux que «
les Banianes laiffent multiplier à l'infini ])ar ui\ principe «
de religion , font fi familiers, qu'ils entrent dans les «
maifons à toute heure 6c en fi grand nombre que les «
marchands de fruits 6c de confitures ont beaucoup de «
peine à conferver leurs marchandifes ^ j>.
* Talapo'm, nom fous lequel ce Singe nous a cie donné, & que
nous avons adopte'.
' Jbliltoire générale des voyages , tome X , page 6 y.
-88 Histoire Natu relle
M. Edwards a donne la ligure Si iadefcription d'une
guenon , fous le nom àc Singe noir de moyenne grandeur,
qui nous paroit approcher de refpèce du talapoin plus
que d'aucune autre. J'ai cru devoir en rap])orter ici la
defcription * , «Se renvoyer à la figure, donnée par M.
Ed^^ ards , pour qu'on puifTe comparer ces animaux :
on verra qu'à l'exception de lagrandeur & de la couleur,
ils fe reflemblent aflez pour qu'on doive prt fumer que
ce font au moins deux efpèces Lien voifincs , fi ce ne
font pas des variétés de la même efpèce : dans ce cas,
comme nous ne fommes pas fûrs que notre talapoin
foit natif des Indes orientales, <5c que M. Edwards
alfure que celui qu'il décrit venoit de Guinée; nous
rendrions le talapoin à ce même climat, ou bien nous
fuppoferions que cette efpèce fe trouve également
* Ce finge étoit à peu près de ïa taille d'un gros chat , il étoit d'un
naturel doux , ne failànt inal à perfonne c'etoit un mâle , & H
ctoit un peu vieux fâ tête etoit afTez ronde, la peau de Ton viHige
etoit d'une couleur de chair rembrunie, couverte de poils noirs afTez
clair-(èmc's ; les oreilles e'toient faites comme celles de l'homme'; les
yeux ctoient d'une couleur de noifeue-rougeâtrc avec les paupières
noires; le poil étoit long au-dclTous des yeux, & Tes fourcils fe
joirnoient ; il ctoit long aufll fur les tempes & couvroit en partie les
oreilles ; la tête , le dos , les jambes de devant & de derrière & la
queue êtoient couverts d'affêz longs poils d'un brun-noirâtre, qui n'e'toit
ni trop doux ni trop rude; la poitrine, le ventre, &c, étoient prefque
fans poil , d'une couleur de chair rembrunie , ayant des bouts de (èin
à la poitrine. Les quatre pattes étoient fiiites à peu près comme la
main de l'homme étant couvertes d'une peau douce <?c noire prefque
^ms poil; les ongles étoient plats, Clanures d'Eàvards , pag,22i.
dans
DU T A L A P O 1 N. 2^C)
'dans les terres du midi dcI'Afrique & de l'Afie : c'eft
vraifemblablement de cette même efpèce de finges
noirs, décrits par M. Edwards, dont parle Bofman ,
fous le nom de Baurdmaiinajes ^ Se dont il dit que la
peau fait une bonne fourrure *.
* On trouve en Guinée une troificme efpèce de fîno-es parfaite-
ment jolis , qui ont pour l'ordinaire deux pieds de hauteur ; leur poil
efl: extrêmement noir, de la longueur d'un doigt & davantage, avec
une barbe blanche, d'oi^i les Hollandois les ont nppdéi, Baurdmannetjes :
on fait des bonnets de leur peau & chaque fourrure s achette quatre écus.
Voyage de Bofman, page 2 ^ 8.
Tome XIK
Oo
290 Description
DE SCRIPTION
DU T A L A P 0 I N.
l^ET animal (plxi) a la tcte ronde, le mulêau peualonge',
les oreilles grandes, arrondies &: nues, la queue très-longue, le
nez , les oreilles & la plante Ats pieds noirs ; les yeux & le bout
des lèvres de couleur de chair. Les poils des joues, àts tempes,
du front , du fommet de la tête, de l'occiput, du deflus & des
côtés du cou , du dos , àts lombes , de la croupe , ôits côtés de
la poitrine &: du ventre, de la face extérieure des jambes &: du
delfus des pieds /ont de couleur mêlée de jaune , de vert & de
noir ou de noirâtre ; chaque poil eft de couleur cendrée-noirâtre
fur la plus grande partie de la longueur depuis la racine ; il y a
du jaune - verdrure au-defTus du noirâtre, & la pointe efl noire.
La mâchoire inférieure, le delTous du cou, la gorge, la poitrine,
le ventre, les ailTelles, les aines &: la face intérieure des jambes
font de couleur blanchâtre avec quelque légère teinte de jaunâtre.
La queue ell en deiïïis de couleur cendrée-grisâtre : en général
le delfus du corps & de la queue étoit mêlé de noirâti-e & d'oli-
vâtre, & le defibus de couleur cendrée - claire. Les ongles àts
pouces font ronds & plats , ceux des autres doigts font un peu
plies en gouttière. Cet animal a des poches dans la bouche & des
callofités fur les ït^ti»
pieds, pouc. ligna»
Longueur du corps entier, mefuré en ligne droite
depuis le bout du mufeau jufqu a l'anus 1 . g 8.
Longueur de la tête depuis le bout du mufeau jufqu'à
^'occiput u y B
D u Ta l a p o I n. 291
picd5. pouc. lignes.
Circonférence du bout du mufeau // 3. 2.
Circonférence du niulèau, prife au-deflbus des yeux. // 3.8.
Coniour de l'ouverture de la bouche // i . 6»
Diflance entre les narines // // i.
Difliincc entre le bout du mufeau & lanole antérieur
o
de l'œil „ „ 10.
Difliince entre l'angle poftérieur & l'oreille « i. 4.
Longueur de l'œil d'un angle à l'autre // u 5.
Ouverture de l'œil a // 3 i.
Diflance entre les angles antérieurs des yeux en fuivant
la courbure du chanfrein // u 7.
La même dift;ince en ligne droite // n 4.
Circonférence de la tête , prife entre les yeux & les
oreilles (t 6. 3.
Longueur des oreilles u n p.
Longueur de In ba(e , niefurée fur la courbure exté-
rieure // ï . II*
Diftance entre les oreilles, prifê dans le bas u 2. //
Longueur du cou // /' 10.
Circonférence // 4. 2.
Circonférence du corps, prilê derrière les jambes de
devant u 7. it
Circonférence à l'endroit le plus gros // 7. 10.
Circonférence devant les jambes de derrière // 5 . 6,
Longueur du tronçon de la queue !• ^ o.
Circonférence à l'origine /' ^' o*
Lonoueur de l'avani-bras depuis le coude jufqu'au
poignet I' 3 • 7*
Circonférence du poignet u ï • * 0»
Longueur depuis le poignet jufqu'au bout des ongles. // 2. 6»
P O ij
292 Description
pieds, poiic. Iignel,
Longueur de la janile depuis îe genou jufqu'au talon. # 5. #
Longueur depuis le uilonjuiqu 'au bout des ongles. . // 3- ^•
L'animal dont il s'agit pefoit deux livres douze onces 5c demie.
A l'ouverture de l'abdomen j'ai trouvé l'cpiploon étendu jufqu'au
bout de la région ombilicale ; le foie étoit placé autant à gauche
qu'à droite , & l'eflomac prefqu'entièrement à gauche.
Le duodénum étoit fort court , les circonvolutions du jéjunum
& de rileum fe trouvoient dans la région ombilicale & dans les
côtés; le cœcum étoit placé dans le côté droit &: dirigé en
arrière ; le colon s'étendoit en avant dans le côté droit, palToit
de droite à gauche derrière l'eftomac , & fê prolongeoit en arrière
dans le côté gauche; enfin, il faifoit quelques finuofités dans la
région iliaque gauche 8c dans la partie poftérieure de l'ombilicale
avant de fe joindre au redum.
Le grand cul -de -lac de l'eflomac étoit fort ample, auffi la
petite courbure n'avoit que très-peu de longueur entre i'œfophage
8c l'angle de la partie droite ; la grande courbure étoit très-convexe
dans le milieu de là longueur. Les intefiins grêles avoient tous
à peu près le même diamètre, excepté lileum qui étoit moins
gros à quelque diftance du cœcum que près de cet inteftin ; le
cœcum étoit gros , court iSc conique , il formoit trois bourfou-
flures fur fa bafe, il avoit trois bandes tendineufês qui s'étendoient
fur le colon; cet inteftin avoit aulTi des bourfoufliires près du
cœcum , les plus grofîès & le plus grand diamètre le trou voit à
environ un pouce de diflance du cœcum ; le colon devenoit de
plus en plus petit en approchant du reélum , qui étoit au contraire
de plus en plus gros à mefure qu'il approchoit de l'anus; les
membi-anes de i'eftomac &. àts inteflins étoient fort minces 8c
tranlparentes.
D V Ta l a p o 1 n, 293
Le foie étoit compofc de trois grands lobes & d'un petit ,
le plus grand (ê trouvoit dans le milieu & cloit divifc en deux
parties par une fciffure, dans laquelle paffoit le ligament furpenfoir;
ia vclicule du fiel adhéroit à la face poftcrieure de la partie droite;
il y avoit à droite & à gauche un lobe moins gmnd que celui
du milieu, le plus petit de tous tenoit à la racine du lobe droit:
ce vifcère avoit au dehors & au dedans une couleur rouge-pâle ,
il peloit une once fept gros ; la vélicule du fiel avoit la figure d'un
œuf alongé , fon pédicule formoil deux plis,
La rate étoit prefcjue triangulaire , parce que l'extrémité infé-
rieure avoit piefqu'autant de largeur que le vifcère entier avoit
de longueur , il étoit au dehors & au dedans d'un rouge plus
vif que le foie , il peibit un gros.
Le pancréas s'étendoit depuis la rate jufcju'au duodénum , contre
lequel il formoit un angle ; la branche qui fuivoit cet inteftin
étoit très -courte &: pointue.
Le rein droit étoit plus avancé que le gauche d'un quait Je
fa longueur , ils étoient oblongs , ils avoient peu d'enfoncement;
ie rein gauche fembloit avoir un fécond rein plus petit, adhérent
à fon côté extérieur , parce qu'il y avoit un fillon longitudinal
qui s'étendoit en forme d'anneau fur le milieu des deux faces &
fur les deux bouts; le baffinet étoit petit, & il n'y avoit point
de mamelons.
Le diaphragme étoit mince ; il y avoit quatre lobes dans le
poumon droit & deux dans le gauche , proportionnés (Se placés
comme dans la plupart des quadrupèdes. Le cœur étoit court ;
la croffe de l'aorte jetoit deux branches.
La langue étoit large , épaiffe , couverte de papilles, très-petite
& parfemée de grains glanduleux ; il y avoit fur la partie moyenne
poftérieure trois glandes à calice , une en arrière dans le milieu
^ ^ O o iij
294 Description
& deux en avant fur les côtes; l'épigiotte étoit échancrce dans
le milieu. Il y avoit fept ou huit filions tranrverfânx fur le palais
&; une arête longitudinale dans le milieu, qui partageoit leslillons
en dtiw parties dont chacune étoit convexe en avant.
Le cerveau ctoit grand & recouvroit le cervelet en entier,
il n'avoit que peu d'anhacfluorités & elles ttoient petites, il pefoit
une once cinquante-fix grains , & le cervelet un gros onze grains.
L'animal qui m'a fcrvi de fujet pour cette defcription n'avoit
que deux mamelles fur la poitrine placées fort près l'une de l'autre;
le icrotum étoit grand; la verge fortoit en dehors de l'abdomen;
le gland étoit terminé par un gros champignon ; la vefîie avoit
la forme d'un œu^ ; les tedicules étoieni gros (5c prefque ronds:
on voyoit au dedans l'axe tendineux de i'épididyme ; \es véficules
leminales étoient grandes &: alongées , elles avoient trois faces
longitudinales : on fèntoit au dedans du gland un os oblong dont
la partie antérieure étoit courbe.
piccb pouc. lignes.
Longueur des inteflins grêles depuis le pylore jufqu'au
cœcuin 4.
Circonférence du duodénum u
Circonférence du jéjunum //
Circonférence del'ileum clans les endroits les plus gros, n
Circonférence dans les endroits les plus minces. ... h
Longueur du ccecum zz
Circonférence du cœcum à l'endroit le plus gros. . . //
Circonférence à l'endroit le plus mince a
Circonférence du colon à l'endroit le plus gros. . . u
Circonférence dans les endroits les plus minces. . . /»
Circonférence du reélum près du colon n
Circonférence du rcdum près de l'anus h
Longueur du colon «Se du redum pris enfemble .... i . 10.
6.
//
I.
7-
I.
P-
2.
H
I.
6.
I .
4.
4.
3»
1.
6.
3-
y-
I.
8.
I .
8.
2.
a
0.
a
DU T A L A P O I N. 295
piccîs. pouc. iignej.
Longueur Ju canal inteflinal en entier, non compris
le cœcum (5. 4. g
Grande circonfcrence de i'eftoiiiac // 8. 4.
Petite circonférence a C. 3.
Longueur de la petite courbure, depuis l'angle que
forme la partie droite jufqu'à l'œfophage m u n.
Profondeur du grand cul-dc-fac 0 i. //
Circonférence de i'ocfophage // i. 3,
Circonférence du pylore m 1. z.
Longueur du foie // 2. 7,
Largeur # 3 . 7,
Sa plus grande épaiflcur h u 6,
Longueur de la véficule du fiel u i. 5,
Son plus grand diamètre '/ u 6,
Longueur de la rate // i . u
Largeur de l'extrcmité inférieure // u 11.
Largeur de l'extrémité fupérieure // // 3,
Épaifleur dans le niilieu u 11 4.
Épaiiïèur du pancréas /r u 2.
Longueur des reins m i . 5 .
Largeur // // ^.
Epaifleur u n 5.
Longueur du centre nerveux depuis la veine-cave
jufqu'à la pointe n i. if
Largeur /' 1 . 2.
Circonférence de la bafe du cœur // 3. »
Hauteur depuis la pointe jufqu'à la naifl~ance de l'artère
pulmonaire v " ' • 4*
Hauteur dep««is k» pointe jufqu'au fac pulmonaire. . h it y
Diamètit de l'aorte , pris de dehors en dehors ... // u ^'
29<5 Description
pieds, pouc. IîgnW|
Longaeur de la langue n i • 4.
Longueur de la partie antérieure depuis le filetjufqua
l'extréiniic " i> 7»
Largeur de la langue // /' 4.
Longueur du cerveau // 2. 2.
Largeur // i • p.
Épaiiïcur // n 11.
Longueur du cervelet // // 5^.
Largeur // i . i .
ÉpaifTeur H h 8.
Longueur du gland m 11 <?.
Circonférence // // 6.
Circonférence du champignon // // 10.
Longueur de la ver^e depuis la bifurcation des corps
caverneux ju(qua i'infertion du prépuce // 1. 8.
Circonférence 0 u 8.
Longueur àt% teflicules n u 8.
Largeur h 11 6.
EpaifTeur 11 u 4 i.
Largeur de l'épididyme u a 3.
Epaifleur // // i.
Longueur des canaux déférens it 4. 4,
Diamètre dans la plus grande partie de leur étendue, f u u -,
Grande circonférence de la veflie y/ 6. 2.
Petite circonférence ;/ 4. 11.
Circonférence de l'urètre . é u u 7,
Longueur dQS véficules féminales g i , 6,
Largeur // u 3 |.
Epaifleur jr # 3.
Lojigueiir dis prQftates m a 6,
Largeur
/,'/// A//
l'I XL ./'„.,
w^
A- .C;..- y,-/
.l"'-'/f.V,..v-,/v '■'"•■ Zu-J..-u .-'.-..A:
■i"ALAlH)IN'
DU T A L A P O I N,
igy
Largeur.
Epailleur
pieds, pouc. lignes.
// u 5.
# /f 2.
Les orbites des yeux du talapoin, font plus grandes que celles
du malbrouck ; le mufeau efl moins long , & l'ouverture des
narines eft placée pk.s hiut; de (Ijrte qu'elle (ê trouve en partie
entre les orbites , à peu pi es comme dans l'homme , dans le
gibbon, &.C.
11 y a douze vertèbres doriâles 8c douze côtes de chaque côté,
fèpt vraies & cinq fauffes; le fternum eft compofé de ilx os; les
premières côtes s'articulent avec la partie moyenne du premier os ;
l'articulation des fécondes côtes eft entre le premier & le fécond
os du (ternum ; celle ^th troihèmes côtes, entre le fécond & le
troilième os , & ainfi de fuite jufqu'aux fixièmes &: /êptièmes côtes
(qui s'articulent entre le cinquième &: le fixième os du flernum.
Les faulfes vertèbres de la queue font au nombre de vingt-cinq.
11 n'y avoit que dix os dans le carpe, le premier des furnu-
iuéraiies y manquoit; le tarfe ètoit oompofë de huit os.
To7ne XIV.
pp
298 Histoire Naturelle
L
LE D O U C '.
E DoLic ( pLuîc/ie X L ij eft le dernier de la clafTe
des animaux , que nous a ons appelés Singes, Babouins
Sl Guenons: lans être précifcment d'aucun de ces trois
genres, il participe de tous; il tient des guenons par
fa queue longue , des babouins par fa grande taille,
6c des finges par fa face plate ; il a de plus un caradère
particulier, <5c par lequel il paroît faire la nuance entre
les guenons <5c les fapajous : ces deux familles d'ani-
maux diffèrent entr'elles, en ce que les guenons ont
les feffes pelées , & que tous les fapajous les ont cou-
vertes de poil; le doue efl la feule des guenons qui
ait du poil fur les feffes comme les fapajous : il leur
reffemble auffi par l'aplatiffement du nuifeau : mais en
tout , il approche infiniment plus des guenons que des
fapajous defquels il difîère, en ce qu'il n'a pas la queue
prenante , <Sc auffi par plufieurs autres cara(flères effen-
tiels : d'ailleurs l'intervalle qui fépare ces deux familles
eft immenfe , puifque le doue 6l toutes les guenons
font de l'ancien continent, tandis que tous les fapajous
* Doue , nom de cet nnimal à la Cochinchine, & que nous avons
adopté : ce nom que nous ignorions nous a été donné par M. Poivre,
aufll-bien que l'animal même. Sifac à Madagafcar.
Cercopithecus c'mereus , genis longis p'tlis ex nlbo Jlavicûntibus obfitis,
torque ex cajlaneo purpura fcente. Le fifrand finge de la Cochinchine,
£rij[. reg. anim. pag. 2.0^,
DU Doue, 2Ci<)
ne fe trouvent que dans le nouveau : on pourroit dire
aufTi avec quelque raifon que le doue ayant une longue
queue comité les guenons , 6i n'ayant pas comme elles
de callofités fur les fefTes, il fèiit la nuance entre les
orang - outangs & les guenons, comme le gibbon la
fait aufTi à un autre égard , n'ayant point de queue
comme les orang-outangs, mais ayant des callofitcs fur
les fefTes comme les guenons. Indépendamment de ces
rapports généraux , le doue a des cara6lères particuliers ,
par lefquels il efl très -remarquable ôl fort aifé à dif-
tinguer de tous les fmges, babouins, guenons ou fa-
pajous , même au premier coup d'oeil ; fa robe variée
de toutes couleurs, femble indiquer l'ambiguité de fa
nature, 6c en même temps différencier fon efpèce d'une
manière évidente. Il porte autour du cou un collier
d'un brun-pourpre ; autour des joues une barbe blan-
che; il a les lèvres <Sc le tour des yeux noirs, la face
&. les oreilles rouges , le deffus de la tête &. le corps
gris , la poitrine Sl le ventre jaune, les jambes blanches
en bas , noires en haut ; la queue blanche avec une
large tache de même couleur fur les lombes ; les pieds
noirs avec plufieurs autres nuances de couleur *. Il me
paroît que cet animal qu'on nous a afTurc venir de la
Cochinchine fe trouve auffi à Madagafcar, & que c 'efl
le même que Flaccourt indique fous le nom de Jifac
dans les termes fuivans : « à Madagafcar, il y a, dit-il , une
autre efpèce de guenuche blanche, qui a un chaperon *'
* Voyez ci-après la defcription du Doue,
Ppi;
300 Histoire Naturelle
'' tanné, <Sc qui fe tient le plus fouvent flir les pieJs
" de derrière ; elle a la niieuc blanclir <5c deux taches
*> tannées fur les flancs , elle efl plus grande que le vari
^' ( mococo ) , jiiais plus petite que le varicoffi ( vari ) ,
» cette efpèce s'appelle j^7f, elle vit de fèves; il y en a
"beaucoup vers Andrivoure , Dambouriomb & Rana-
foulcby "" ». Le chaperon ou collier tanné , la aueue
blanche , les taches fur les flancs font des caradères
qui indiquent aflcz clairement que ce fifac de Mada-
gafcar efl de la mcnie efpèce que le doue de la
Cochinchine.
Les Voyageurs aflîirent que les grands finges des
parties méridionales de l'Afie , produifent des bézoards
qu*on trouve dans leur eflomac , <Sc dont la qualité efl
fupérieure à celle des bézoards des chèvres 6c des
gazelles; ces grands fmges des parties méridionales de
l'Inde , font l'ouanderou 6c le doue ; nous croyons
donc que c'efl à ces efpèces qu'il faut rapporter la
produdion des bézoards : on prétend que ces bézoards
de fmge font toujours d'une forme ronde, au lieu que
les autres bézoards font de diflérentes figures ^
* Voynge de Y\-xQcomi ^ page ij^.
^ Comme les fmges , auffi-bicn que hs chèvres mangent fes Boutom
de certains arbrificaux , il fe produit dans leur ventre des pierres de
bézoard : on en trouve fouvent dans leurs excrémens , que la peur
qu'ils ont d'être battus leur fait lâcher en courant : ces pierres de
bézoard font les plus chères & ks plus eHimèes de toutes celles qui
fe trouvent dans les Indes , elfes font auOl plus rondes que les autres,
ÔL ont bien plus de force : oa a éprouvé quelquefois qu'un graùidc
DU D ou C, 301
CaraBeres diflindifs de cette efpèce.
Le cloue n'a point de callofités fur les feffcs , il les
a garnies de poil par-tout; fa queue, quoique longue,
ne l'efl: pas autant que la tcte <Sc le corps pris enfenible;
il a la fîi.:e rouge d<. couverte d'un duvet roux; les
oreiilts nues & de même couleur que la face , les lèvres
brunes, aud'i-bien que les orbites des yeux; le poil
de couleurs très-vives <Sc très-variées ; il porte un ban-
deau &. un collier d'un brun-pourpre ; il a du blanc
fur le front , fur la tête , fur le corps , les bras , les
jambes, <?cc. une efpèce de barbe d'un blanc-jaunâtre:
il a du noir au-deffus du front &. à la partie fupcricure
des bras ; les parties du deffous du corps font d'un
gris-cendré &. d'un jaune-blancbâtre; la queue efl blan-
cbe, auffi-bicn que le bas des lombes : il marche auiïi
fouvent fur deux pieds que fur quatre , (9l il a trois pieds
<Sc demi ou quatre pieds de hauteur lorfqu'il eft debout.
J'ignore fi les femelles dans cette efpèce font fujettes
à l'écoulement périodique.
celles-ci avoit autant d'effet que deux de ceUes qui viennent des
chèvres. Defcript. hiJI. de Macacar , png. 51. J^ota. En coinj^arant
ce pafîlige avec celui de Knox, que nous avons rapporté à l'article
du Ouanderou , il paroît que ce font les ouanderous qui vivent de
houtons d'arbres, & que par conféquent ce font eux qui produifent
I« plus communément des bézoards.
P p u]
W^
302
Description
DESCRIPTION
DU D 0 U C,
Le Doue (planche X Li) efl de la grandeur àw magot 8c du
papion. Quoiqu'il ne refte de l'individu qui fèrt defujet pour cette
defcription que la peau bourrée Se Xo^ os àts iTiâchoires & des
pieds , il me paroît que le doue a le mufeau moins long que celui
du magot, les quatre jambes & les pieds de derrière à peu près
aulTi longs : mais les pieds de devant ont beaucoup plus de lon-
gueur ; quoique le }X)uce foit très-petit, /on extrémité ne s'étend
pas jufqu'au bout du métacarpe ; il n'y a point de callofités fur
les {ç.^ti> ; les ongles font un peu courbes & plies en gouttière,
excepté celui du pouce àts pieds de derrière qui eft preique plat;
leur couleur elt noirâtre de même que celle de la plante à^s pieds,
celle des lèvres & du tour des yeux ; le refte de la face eft
roufsâtre avec un petit duvet roux. Les oreilles font petites, nues,
roufsâtres comme la face; leur forme, & leur couleur paroiflènt
avoir été altérées par le defféchement.
Les couleurs du poil du doue le rendent très-remarquable par
leur vivacité & par leur difpofition : elle efl: fi extraordinaire;
que cet animal femble avoir des vétemens de différentes couleurs,
fur le front, fur la tête, fur le corps, fur les parues honteufès,
le bras, Tavant-bras, la cuifle & la jambe. Les tempes, les joues
& la mâchoire inférieure ont un long poil de couleur blanchâtre,
mêlée de jaunâtre ; il y a fur le bas du front un bandeau étroit
qui s'étend de chaque côté jufqu'à l'oreille , & qui efl formé par
des poils de couleur de marron d'un roux:foncé ; cts poils (ont
plus longs vers les oreilles que lur le milieu du front ; il y a
PI MI P.i.f -.-,
A- .'\,:- ..'.;'„
i-)()r c
DU Doue. 303
auffi Tlii- îe (leffous &: les côlcs du cou un collier de même couleur;
le haut du front & lu partie fupérieure àcs bras font noirs ; le
delTus , le derrière Se les côtés de la tête , la partie infcrieure à^s
bras , le dos , la poitrine, le ventre & les côtés du corps ont àts
couleurs peu différentes de celles du petit-gris; chaque poil e(l
d'un gris -blanchâtre vers la racine, àts couleurs noirâtres 6c
grifes-verdâlres ou jaunâtres fe fucccdent jufqu'à quatre ou cinq
fois dans le refte de fon étendue. ; le jaunâtre eit plus apparent
fur la poitrine & fur le ventre que fur la tête, les bras &: le
dos. L'avant-bras 6c le delTus du métacarpe font de couleur blan-
châtre, teinte de jaunâtre; la queue ed blanchâtre : il y a un
efpace triangulaire de cette même couleur , placé à l'origine de
h queue & au-de(fus, il s'étend le long du périné, «Se il occupe
le pubis Se une partie du dedans àits cuiffes; il y a à^s couleurs
de petit-gris fous la cuilfe , & des poils de couleur de marron
roux-foncé fur le bord de la tache blanche ; le refte de chaque
cuilfe eft noir , 8c cette couleur forme une ceinture au-dellus du
pubis ; enfin , les jambes proprement dites , & le deffus du mé-
tacarpe font de couleur de marron roux-foncé, comme le collier
6c le bandeau du front ; les doigts des pieds de devant ont un
poil noir; celui des doigts des pieds de derrière eft tombé, il
n'en refte que des brins qui font noirs. La queue de ce doue
a un pied fept puces 6c demi de longueur, elle n'efl pas fi
longue que le corps.
304-
Description
DESCRIPTION
DE LA PARTIE DU CABINET
qui a rapport à l'HiJloire Naturelle
DES GUENONS*.
N.° M C C C I X.
Un macaque,
V_>ET animal eft dans l'efprii-cle-vin, il ne diffère pas de celui
qui a fervi de fujei pour la defcriptioii du macaque.
N.** M C C C X.
Le fquelette d'un macaque.
Ce fquelette a fcrvi de (ujet pour la defcription 6c les dimcn-^
frons des os du macai.|Ue.
N.° M C C C X I.
L'os hyoïde d'un macaque.
li y a cinq pièces dans cet os, comme dans celui de l'homme;
une bafê , deux grandes cornes & deux petites; la bafê retîèmbie
à celle de l'os hyoïde du magot ; les petites cornes ont environ
les deux tiers de la longueur des grandes, &: font couchées par-
dell'us.
* C'eft pour me conformer à la nomcndaturc de M. de BufTon que j'appelle
ici Jes Cabei d'Ariftote du nom de Guenons que l'on donne en général
AUX fen\clles des Singes.
N^MCCCXII.
DU Cabinet. 30J
N.*' M C C C X I T.
L'os de la verge d'un macaque.
Cet os a près de fept lignes de longueur, il efl uji peu courbe ;
au lefle, il relfemble à celui du petit papion.
N.' M C C C X I I I.
L'os de la verge de l'animal appelé aigrette.
Cet os efl très-dclic , il paroît n'être pas formé en entier ,
parce que l'animal dont il a été tiré étoit trop jeune.
N.'^ M C C C X I V.
Le fquelette d'un pat as à bandeau noir.
La de/cription & les dimenfions de ce fquelette font partie
de la defcription du patas à bandeau noir ; il y a une petite dent
furnuméraire , placée au côté externe de la féconde des mâchelières
du delîous.
N/' M C C C X V.
L'os hyoïde d'un patas à bandeau noir.
Cet os efl compofédecinq pièces, comme celui du macaque ;
mais il en diffère, principalement par les petites cornes , qui (ont
à peine [ènfibles.
N.'' M C C C X V L
Une peau de malbrouck.
Cette peau efl bourrée, elle reffemble par fa grandeur Sa par
les couleurs du poil à la peau du malbrouck qui a fervi de fujet
pour la defcription de cet animaL
Toute XI K Ql
3o6 Description
N.° M C C C X V I I.
Le fquelette d'un malbrouck.
La defcription & fe.^ dimenfions de ce re]uelette font partie
de lu delcjipliûii du malbrouck.
V^? M C C C X V I I I.
Le fquelette de V animal appelé bonnet-chinois.
C'efl le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription &
ies dimenfions des os de cet animal.
N.° M C C C X I X.
ZW /zyi?/V^ ^^ ranimai appelé bonnet-chinois.
Cet os efl compofc de cinq pièces , comme celui de l'homme;
il diffère de celui du macaque , en ce que les petites cornes font
à proportion plus courtes , relativement à la longueur àt^ grandes
cornes.
N." M C C C X X.
Dos de la verge de l'animal appelé chinois.
Cet os a fix lignes & demie de longueur , & environ unfl
ligne de diamètre dans la plus grande partie de fon étendue;
l'une de ks extrémités eft aplatie & plus large que le refie de l'os.
N.° M C C C X X 1.
Un mangabey.
Cet animal efl confervé dans l'efprit-de-vin, îl reffemble à
imdividu qui a fervi de fujet pour la defcription du mangabey.
DU Cabinet, 307
N.° M C C C X X I I.
L'os hyoïde d'un rnangabey.
Il efl: comporé de cinq pièces, comme l'os Iiyoïcïe du macaque
& du bonnet-chinois ; mais Tes petites cornes font encore plus
couj bes que celles du bonnet - chinois , en compaiaifon de la
longueur (^ts grandes cornes.
N.° M C C C X X I I I.
L'os de la verge d'un niangahey.
Cet os efl cylindrique &: un peu courbe, il a cinq lignes àt
longueur,
N.° M C C C X X I V.
La peau d'une moue.
Cet animal efl dans l'efprit-de-vin, il ne diffère pas de l'individu
tiui a lervi de fujet pour la defcriplion de la mone.
n; m c c c X X V.
Le fquelette d'une mone.
Les arrières-dents ne paroiffent pas dans ce fquelette ; le flernum
efl difforme à l'endroit de l'articulation du premier os avec le
fécond ; il y a deux cotes qui s'articulent entre ces deux os , au
lieu d'une comme dans les autres animaux : cette fingularité ,
jointe à la difformité du fternum , peut faire préfumer qu'il y a
eu un os oblitéré dans cet endioit , d'autant plus qu'il n'y en a
que cinq dans le flernum du fquelette dont il s'agit, c'efl celui
qui a (ervi de fujet pour la defcriplion &. les dimenfions des os
de la mone.
3o8 Description
N.° M C C C X X V I.
L'os de la verge d'une mone.
Cet os efl à peu près de même grandeur «Se de même forme
que celui du macaque.
N.^ M C C C X X V I I.
La peau d'un cal lit riche.
Cette peau efl: bourrée; les couleurs du poil reflèmblent à
celles de l'individu qui a fervi de fujet pour la defcriplion du
callitriche»
N.*^ M C C C X X V I U.
L'os hyoïde d'un callitriche.
Cet os hyoïde diffèie de celui àw patas à bandeau noir, princi-
palement en ce que la partie inférieure de la bafe efl percée»
N.° M C C C X X I X.
L'os de la verge d'un callitriche,
La longueur de cet os eft de fix lignes, il eft un peu courbe;
Çqk\ extrémité antérieure efl pointue,
N.^ M C C C X X X.
Un talapoiu.
Cet animal efl dans l'erprit-de-vin ; il ne diffère pas de Xm-
dividu qui a fervi de fujet pour la defcription de la mone.
N.^ M C C G. X X X I.
Le fquektte d'un talapoin.
C'efl le fquelette qui a fervi de fujet pour la defcription &
ks dimenfions àts os du taiapoin».
DU Cabinet, 309
N." M C C C X X X I I.
L'os hyoïde d'un îalapoïn.
Cet os efl: compofé de cinq pièces , il relFcmble plus à celui
du mangabey qu'à aucun de ceux dont j'ai déjà fuit mention,
par la forme de chacune de ces pièces.
N.° M C C C X X X I I L
L'os de la verge d'un talapo'm, *
La longueur de cet os n'eft que de quatre lignes & demie ,.
îl eft un peu courbe & prefque cylindrique, comme ceux du
papion , du macaque , du mangabey oc de la mone.
N." M C C C X X X I V.
Un fœtus de guenon.
A voir ce fœtus au premier coup-d'œil , fans en faire un exa-
men détaillé, on pourroit ie prendre pour un fœtus humain; il
n'a point de poil ; fa face a beaucoup de rapport avec le vifige
d'un homme, parce que les mâchoires du fœtus dont il s'agit font
plus courtes, Se que par conféquent le mufeau ed moins alongé
que dans le fmge adulte * ; aiiifi la principale caufe de la laideur
du finge n'eu pas développée dans ce fœtus; mais en oblervant
de prêt ks différentes parties , il e(l facile de reconnoitre que
c'eft un finge, parce qu'il n'a point de menton, & que la fofTette
manque au milieu de la lèvre du deffus. La cloifbn des narines
eft étroite, ce caraaère prouve que ce fœtus vient d'une guenon^
^ Je rapporterai ailleurs des observations que j'ai faites fur les caufcs qur
rendent les mâchoires des adultes à proportion plus longues que celles des.
enfans, & qui par cet effet, changent les traits du vifage a differcns âges.
310 Description, ifc.
fâ queue ctaiit fort longue. Les yeux font fermes, ks oreilles forment
déjà une petite pointe à la partie fupérieure & poltérieure de leur
circonférence, elles font fort minces, elles n'ont ni bord ni lobe.
Les deux mamelles &: les callofités à<^s feffes font apparentes,
on voit que c'elt une femelle : mais le gland du clitoris efl fort
petit, au contraire de ce qui eft dans les femmes à pareil âge.
Les ongles font plies en gouttière , celui du pouce des pieds de
derrière e(l large &: plat; ce fœtus a trois pouces huit lignes de
long , depuis le fommet de la tête jufqua l'origine de la queue,
dont la longueur ell de trois pouces trois lignes.
N.° M C C C X X X y.
La queue d'une guenon.
Cette queue a été diflcquée , il n'y refîe que les os & fes
tendons des mufcles , qui tiennent aux fauffes vertèbres de la
tjtieue j aux os du baffin & aux vertèbres loaibaiies.
•9^
DE LA
DÉGÉNÉ RATION
DES A NI AI AUX.
J_>/ès qiie l'Homme a commencé à changer de ciel,
6c qu'il s'efl répandu de climats en climats , fa nature
a fubi des altérations : elles ont été légères dans les
contrées tempérées , que nous fuppofons voifmes du
Jieu de fon origine : mais elles ont augmenté à mefure
qu'il s'en eft éloigné; <Sc lorfqu 'après des fiècles écoulés,
des contincns traverfés & des générations déjà dégé-
nérées par l'influence des différentes terres, il a voulu
s'habituer dans les climats extrêmes, & peupler les fables
du Midi <Sc les glaces du Nord ; les changemens font
devenus fi grands &. fi fenfibles , qu'il y auroit lieu de
croire que le Nègre , le Lappon & le Blanc forment
des efpèces différentes , fi d'un côté l'on n'étoit affuré
qu'il n'y a eu qu'un feul Homme de créé, <Sc de l'autre
que ce Blanc, ce Lappon <Sc ce Nègre, fi diiïemblans
entr'eux , peuvent cependant s'unir enfemble îk pro-
pager en commun la grande &. unique famille de notre
genre Jiumain : ainfi leurs taches ne font point origi-
nelles; leurs difTemblances n'étant qu'extérieures, ces
altérations de nature ne font que fuperficielles; & il eft
certain, que tous ne font que le même homme, qui
5î2 Histoire Natu relle.
•s'eft verni de noir fous la zone Torride , <&: qui s'efl
tanné , rapctiiïe par le froid glacial de la fplière du Pôle.
Cela fcul fufTiroit pour nous démontrer qu'il y a plus
de force, plus d'étendue, plus de flexibilité dans la
nature de l'homme que dans celle de tous les autres
ttrcs ; car les végétaux , (3c prefque tous les animaux
font confinés chacun à leur terrain , à leur climat : <Sc
cette étendue dans notre nature vient moins des pro-
:i)riétés du corj)S que de celles de l'ame ; c'ell par elle
que l'homme a cherché les fecours qui étoient nécef-
faires à la délicateffe de fon corps; c'efl par elle qu'il
a trouvé les moyens de braver l'inclémence de l'air,
& de vaincre la dureté de la terre. Il s'eft , pour ainfi
•dire, fournis les élémens ; par un feul rayon de fon
intelligence, il a produit celui du feu, qui n'exifloit
pas fur la furface de la terre ; il a fu fe vêtir, s'abriter,
fe loger; il a compenfé par l'efprit toutes les facultés
qui manquent à la matière; & fans être ni fi fort, ni
fi f^rand, ni fi robude que la plupart des animaux, il a fu
Jes vaincre, les dompter, les fubjuguer, les conhncr,
les chaflcr (Se s'emparer des efpaces que la Nature
iembloit leur avoir cxclufivement départis.
La grande divifion de la terre efl celle des deux
continens , elle efl plus ancienne que tous nos monu-
mens ; cependant l'homme ed encore plus ancien ;
car il s'efl trouvé le même dans ces AitWY. mondes:
i'Afiatique , l'Européen , le Nègre produifent éga-
lement avec l'Américain; rien ne prouve mieux qu'ils
font
DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 313
font ifTus d'une feule & même fouclie que la facilite
qu'ils ont de (e réunir à la tige commune : le fang efl:
différent , mais le germe efl le même ; la peau , les
cheveux, les traits, la taille ont varié fans que la forme
intérieure ait changé ; le type en efl: général & commun :
6c s'darrivoit jamais , par des révolutions qu'on ne doit
pas prévoir , mais feulement entrevoir dans l'ordre
général des poffibiiités, que le temps peut toutes amener;
s'il arrivoit , dis-je , que l'homme fût contraint d'aban-
donner les climats ([u'H a autrefois envahis pour fe réduire
à fon pays natal , il reprendroit avec le temps fes traits
originaux, fa taille primitive & fa couleur naturelle : le
rappel de l'homme à fon climat amèneroit cet effet, le
mélange des races l'amèncroit auffi (Se bien plus promp-
tement; le Blanc avec la Noire , ou le Noir avec la
Blanche produifent également un Mulâtre dont la couleur
efl brune, c'eft-à-dire, mêlée de blanc <Sc de noir;
ce Mulâtre avec un Blanc produit un itconà Mulâtre
moins brun que le premier; & fi ce fécond Mulâtre
s'unit de même à \w\ individu de race blanche , le
troifième Mulâtre n'aura plus qu'une nuance légère de
brun qui difparoitra tout- à -fait dans les générations
fuivantes: il ne faut donc que cent cinquante ou dtux
cents ans pour laver la peau d'un Nègre par cette voie
du mélange avec le fang du Blanc , mais il faudroit peut-
être un affcz grand nom.bre de ftècles pour produire ce
même effet par la feule influence du climat. Depuis
qu'on tranfporte des Nègres en Amérique, c'efl-à-dire
Tme XIV. ^ ^
314 Histoire Naturelle..
depuis environ Atyw cents cinquante ans , l'on ne s'efl
pas aperçu que les fiunilles noires qui fe font foutcnues.,
/ans mélange, aient perdu quelques nuances de leur
teinte originelle ; il eil vrai que ce climat de rAmcrique
méridionale étant par lui-nîéme afTez chaud pour brunir
fcs habitans , on ne doit pas s'étonner que les Nègres
y demeurent noirs: pour faire l'expérience du clian-
gement de couleur dans l'efpèce humaine, il faudroit
tranfporter quelques individus de cette race noire du
Sénégal en Danemarck , où l'homme ayant commu-
nément la peau blanche , les cheveux blonds , les yeux
bleus , la différence du fàng 6c l'oppofition de couleur
ell la plus grande. Il faudroit cloîtrer ces Nègres avec
leurs femelles , 6c conferver fcruj)uleufement leur race
fans leur permettre de la croifer ; ce moyen efl le feul
qu'on puiffe employer pour favoir combien il faudroit de
temps pour réintégrer à cet égard la nature de l'homme ;
& par la même raifon , combien il en a fillu pour la
changer du blanc au noir.
C'efl-Iàla plus grande altération que le ciel ait fait {whiT
à l'homme, 6c Ton voit qu'elle n'efl pas profonde; la
couleur de la peau, des cheveux 6c àk:% yeux , varie par
ia feule mfluence du climat; les autres changcmens tels
que ceux de la taille, de la forme des traits 6c de ia,
qualité des cheveux , ne me paroiffent pas dépendre de
cette feule caufe; cardans la race des Nègres , lefquels ,
comme l'on fait , ont pour la plupart la tcte couverte
d'une laine crépue , le nez épaté , les lèvres épaiffes ,
DÉCÉNÉRATION des A NIMA UX, 3 l 5
on trouve des nations entières avec de longs Si vrais
cheveux , avec des traits réguliers; 6c fi l'on comparoit
dans la race des Blancs le Danois au Calmou({ue , ou
feulement le Finlandois i^u Lappon dont il eft It voidn ,
on trouveroit entr'eux autant de différence pour les traits
Si la taille , qu'il y en a dans la race des Noirs : par
confcquent il faut admettre pour ces altérations qui font
plus profondes que les premières, quelques autres caufes
réunies avec celle du climat: la plus générale 6c la plus
dire(fte efl: la qualité de la nourriture ; c'cft principa-
lement par les alimens que l'homme reçoit l'influence
de la terre qu'il habite , celle de l'air 6c du ciel agit
plus fuperficiellement ; 6c tandis qu'elle altère la furface
la plus extérieure en changeant la couleur de la peau,
la nourriture agit fur la forme intérieure par fes pro-
priétés qui font conflamment relatives à celles de la
terre qui la protluit. On voit dans le même pays des
diliérences marcjuées entre les hommes qui en occupent
les hauteurs, 6c ceux qiii ckmeurent dans les lieux bas;
les habitans de la montagne font toujours mieux faits ,
plus vifs 6c plus beaux que ceux de la vallée ; à plus
forte raifon dans des climats éloignés du climat primitif,
dans des climats où les herbes , les fruits . les grains 6: la
chair des animaux font de qualité 6. même de fuhdance
différentes , les hommes qui s'en ncurrident doivent
devenir différens. Ces impreflions ne fe font pas fubi>
tement ni même dans l'efpace de quelques années; ii
faut du temps pour que l'homme reçoive la teinture du
R r ij
3i6 Histoire Natu relle,
ciel , il en faut encore plus pour que la terre lui tranf-
mctte les qualités; 6c il a fallu des fiècles joints à un
iifage toujours confiant des mêmes nourritures, pour
influer fur la forme des trai s , fur la grandeur du corps ,
fur lafubflance des cheveux , & produire ces altérations
intérieures, qui s'ctant enfuite perpétuées par la géné-
ration font devenues les caractères généraux & conflans
auxquels on reconnoît les races 6i même les nations
différentes qui compofent le genre humain;
Dans les animaux , ces effets font plus prompts (Se
plus grands; parce qu'ils tiennent à la terre de bien
plus près que l'homme; parce que leur nourriture étant
plus uniforme , plus conflamment la même , <& n'étant
nullement préparée , la qualité en eft plus décidée <Sc
l'influence plus forte; parce que d'ailleurs les animaux
ne pouvant ni fe vêtir , ni s'abriter , ni faire ufâge de
l'élément du feu pour fe réchauffer , ils demeurent
nuement expofés , Si pleinement livrés à l'action de
Tair <Sc à toutes les intempéries du climat : & c'efl par
cette raifbn que chacun d'eux a, fuivant fa nature, choifi
fa zone <Sc fa contrée; c'efl par la même raifbn qu'ils
y font retenus, Si qu'au lieu de s'étendre ou de fe dif-
perfer comme l'homme, ils demeurent pour la plupart
concentrés dans les lieux qui leur conviennent le m/eux..
Et lorfque par des révolutions fur le globe ou par la
force de l'homme, ils ont été contraints d'abandonner
leur terre natale; qu'ils ont été chaffés on relégués dans
des climats éloignés , leur nature a fubi des altérations fi
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 317
grandes & fi proloncles , (lu'eile n'eft pasreconnoifTable
à la prcniicrc vue , <Sc que pour la- juger il faut avoir
recours à rmipcclion h plus attentive , & même aux
expériences <Sc à l'analogie. Si l'on ajoute à ces caufcs
naturelles d'altération dans les animaux libres , celle de
l'empire de l'homme lur ceux qu'il a réduits en fer-
vitude , on fera furpris de voir jufqu'à quel point la
tyrannie peut dégrader, défigurer la Nature; an trouvera
fur tous les animaux efclaves les fligmates de leur captivité
Si l'empreinte de leurs fers; on verra que ces plaies font
d'autant plus grandes, d'autant plus incurables, qu'elles
font plus anciennes, <Sc que dans l'état où nous les
avons réduits, il ne feroit peut-être plus poffible de les
réhabiliter, ni de leur rendre leur forme primitive , 6c les
autres attributs de Nature que nous leur avons enlevés.
La température du climat , la qualité de la nourriture
6c les maux d'efclavage , voilà les trois caufcs de chan-
gement, d'altération 6c de dégénéraîion danslesanimaux.
Les effets de chacune méritent d'être confidérés- en
particulier, 6c leurs rapports vus en détail nous préfen-
teront un tableau au-devant duquel on verra la Nature
telle qu'elle eft aujourd'hui , 6c dans le lointain , on
apercevra ce qu'elle étoit avant fa dégradation.
Comparons nos chétives brebis avec le moufflon
dont elles font iffues; celui-ci, grand 6c léger comme
un cerf, armé de cornes défenfives 6c de fabots épais ,
couvert d'un poil rude , ne craint ni l'inclémence de
l'air ^ ni la voracité du loup; il peut non -feulement
R r iij
3i8 Histoire N atu relle,
éviter Tes ennemis par la légèreté de fa coiirfe, mais if
peut aufîi leur réfiller par la force de fon corps, &i par
Ja folidité des armes dont fa tête &. fes pieds font munis :
quelle dilîerence de nos brebis auxquelles il refte à
peine la fiiculté d'exiflcr en troupeau , qui même ne
peuvent le défendre par le nombre, qui nefoutiendroient
pas fans abri le fi^oid de nos bivers , enfm qui toutes
périroient fi l'bomme ceiïbit de les foigner & de les
protéger. Dans les climats les plus cliauds de l'Afrique
& de l'Afie, le mouiTlon qui eft le père commun de
toutes les races de cette efpèce , ])aroit avoir moins
dégénéré que par-tout ailleurs ; quoique réduit en do-
meflicité, il a confervé fa taille & fon poil, feulement
il a beaucoup perdu fur la grandeur 6^ la maiïe de fes
armes ; les brebis du Sénégal 6l des Indes font les
plus grandes des brebis domelliques, & celles de toutes
dont la nature efl la moins dégradée : les brebis de la
Barbarie , de l'Egypte, de l'Arabie , de la Perfe , de
l'Arménie, de la Calmouquie, écc ont fubi de plus
grands cbangemens ; elles fe font , relativement à nous,
perfeélionnées à certains égards & viciées à d'autres;
mais , comme fe perfeélionncr ou fe vicier eil la même
cbofe relativement à la Nature , elles fe font toujours
dénaturées ; leur poil rude s'eft cliangé en une laine
fine; leur queue s'étant chargée d'une maffe degraiffe,
a pris un volume incommode & fi grand , que l'animal
ne peut la traîner qu'avec peine; & en même temps
qu'il s'ell bouffi ^d'urtc matière fupcrflue, 6c qu'il s'efl
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 319
paré d'une J)elle toifon , ii a perdu fa force , fonarilité,
ia grandeur <Sc fes armes ; car ces brebis à longues (Se
larges queues n'ont guère que la moitié de la taille du
mouftlon ; elles ne peuvent fuir le danger ni réfifler à
l'ennemi ; elles ont un befoin continuel des fecours <Sc
des fbins de l'homme , pour fe confcrver 6c fe multi-
plier : la dégradation de rcfpèce originaire efl encore
plus grande dans nos climats; de toutes les qualités du
moufi^on , il ne refle rien à nos brebis , rien à notre
bélier , qu'un peu de vivacité , mais fi douce , qu'elle
cède encore à la houlette d'une bergère ; la timidité , la
foibleffe , 6c même la ffiipidité 6. l'abandon de fon
être font les feuls (Se trifles refies de leur nature dé-
gradée. Si l'on vouloit la relever pour la force <Sc la
taille , il faudroit unir le moufflon avec notre brebis
Flandrine , (Se ceffer de propager les races inférieures;
6c fi , comme chofeplus utile, nous voulons dévouer
cette tÇ\)hct à ne nous donner que de la bonne chair
6c de la belle laine , il fluidroit au moins, comme l'ont
fait nos Voifms , choifir <Sc propager la race des brebis
de Barbarie , qui tranfportée en Efpagne (S: même en
Angleterre a très-bien réuffi. La force du corps (Se la
grandeur de la taille font des attributs mafculins , l'em-
bonpoint 6e la beauté de la peau font des qualités
féminines : il faudroit donc dans le procédé des mélanges
obferver cette différence ; donner à nos béliers des
femelles de Barbarie pour avoir de belles laines , (Se
donner le mouliion à nos brebis pour en relever la taille.
320 Histoire N ature l le.
Il en feroit à cet cgard de nos chèvres comme (fe
nos hrehis ; on poiirroit, en les mêlant avec [a chèvre
d'Angora, changer (eur poil Sl le rendre aiifTi utile que
\à plus belle laine. L'efpèce de la chèvre en général ,
quoique fort dégénérée, l'efl cependant moins que celle
de la brebis dans nos chmats ; elle paroit l'être davantage
dans les pays cliauds de TAfrique ôi. des bides ; lesplu$
petites (Se les plus foibles de toutes les chèvres font
celles de Guinée, de Juda, Sic. Si dans ces mêmes
climats l'on trouve au contraire ies plus grandes & les
plus fortes brebis.
L'efpèce du bxuf efl celle de tous les animaux do-
iriefliques fur laquelle la nourriture paroit avoir la plus
grande influence ; il devient d'une taille prodigieufe
dan.s les contrées où le pAîiirage eft riche Se toujours
renaiiïànt ; les Anciens ont a])peié taiircau-élêphms les
boeufs d'Ediiopie Sl de quelques autres provinces de
i'Afie , où ces animaux a})prochent en effet de la
grandeur de l'éléphant ; l'abondance des herbes , ^ leur
qualité fubdantielle 6c û-icculente produifcnt cet effet;
nous en avons la preuve même dans notre climat ; un
bœuf nourri fur les'têus des montagnes vertes de Savoie
ou de Suiffe , acquiert le double du volume de cejui
de nos bœufs , <Sc néanmoins ces bœufs de Suiffe font
comme les nôtres enfermés dans l'étable <S^ réduits au
fourrage pendant la plus grande partie de l'année : mais
ce qui fait cette grande différence, c'eft qu'en Suiffe
on les met en pleine pâture, dès que les neiges fonc
fondues,
DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX. 32 I
fondues; au heu que dans nos provinces on leur interdit
l'entrée des prairies juiqu 'après la récolte de l'herbe
qu'on réferve aux chevaux: ils ne iont donc jamais ni
largement ni convenablement nourris , ôl ce feroit une
attention bien nécelFaire , bien utile à l'Etat , que de faire
un règlement à cet égard , par lequel on aboliroit les
vaines pâtures en permettant les enclos. Le climat a
aufll beaucoup inHué fur la nature du bœuf; dans les
terres du Nord des deux continens, il eil: couvert d'un
poil long (Se doux comme de la fine laine ; il porte aufîi
une groffe loupe fur les épaules, Si. cette difformité fe
trouve également dans tous les bœufs de l'Afie , de
l'Afrique & de l'Amérique; il n'y a que ceux d'Europe
qui ne foient pas boffus ; cette race d'Europe efl ce-
pendant la race primitive à laquelle les races boffues
remontent par le mélange dès la première ou la féconde
génération ; <Sc ce qui prouve encore que cette race
bofTue n'efl qu'une variété de la première, c'eft qu'elle
efl fujette à de plus grandes altérations & à des dégra-
dations qui paroiffent excefîives ; car il y a dans ces
bœufs boifus des différences énormes pour la taille ; le
petit zébu de l'Arabie a tout au plus la dixième partie
du volume du taureau-éléphant d'Ethiopie.
En gén-^ral , l'influence de la nourriture efl plus
grande , 6c produit des efléts plus fenfibles fur les animaux
qui fe nourriffent d'herbes ou de fruits ; ceux au contraire
qui ne vivent que de proie , varient moins par cette
caufe que par l'influence du climat ; parce que la chair
Tome XIV. ^i
322 H I STO 1 RE N ATU R ELLE.
efl un aliment préparc Si déjà affimilé à la nature de
l'animal carnaiïier qui la dévore ; au lieu que Therhe
étant le premier produit de la terre , elle en a toutes
les propriétés , & tranfmet inmicdiatement les qualités
terreflres à l'animal qui s'en nourrit.
AulTi le chien, fur lequel la nourriture neparoît avoir
que de légères influences, efl néanmoins celui de tous
les animaux carnafTiers dont refpèce efl la plus variée;
il femble fuivre exaélement dans fes dégradations les
difïérences du climat ; il eft nu dans les pays les plus
chauds , couvert d'un poil épais & rude dans les contrées
du Nord , paré d'une belle robe foieufe en Efpagne ,
en Syrie , où la douce température de l'air change
le poil de la plupart des animaux en une forte de foie ;
mais indépendamment de ces variétés extérieures qui
font produites par la feule influence du climat , il y a
d'autres altérations dans cette efpèce qui proviennent
de fa condition , de fa captivité, ou, fi l'on veut, de
l'état de fociété du chien avec l'homme. L'augmentation
ou la diminution de la taille viennent des foins que l'on
a pris d'unir enfcmble les plus grands ou les plus petits
individus; l'accourciffement de la queue, du mufeau ,
des oreilles , provient aufli de la main de l'homme; les
chiens auxquels de génération en génération on a coupé
les oreilles 6c la queue, tranfmettent ces défauts en tout
ou en partie à leurs dcfcendans. J'ai vu des chiens nés
fins queue, que je pris d'abord pour desmonflres indi-
viduels dans l'efpèce ; mais je me fuis afliiré depuis, que
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 323
cette race exifle <&. qu'elle fe perpétue par la génération.
Et les oreilles pendantes qui font le figne le plus général
<Sc le plus certain de la fervitude domediquc , ne fe
trouvent - elles pas dans prefque tous les chiens \ Sur
environ trente races différentes , dont l'efpèce eft au-
jourd'hui compolee, il n'y en a que deux ou trois qui
aient confervé leurs oreilles primitives ; le chien de
berger, le chien -loup <Sc les chiens du Nord ont feuls
les oreilles droites. La voix de ces animaux a fubi
comme tout le refte d'étranges mutations ; il femble que
le chien foit devenu criard avec l'homme , qui de tous
les êtres qui ont une langue eft celui qui en u'iQ 6c
abufe le plus : car dans l'état de nature , le chien eft
prefque muet, il n'a qu'un hurlement de befoin par
accès affez rares; il a pris fon aboiement dans fon com-
merce avec l'homme, fur-tout avec l'homme policé:
car lorfqu'on le tranfporte dans des climats extrêmes
6c chez des peuples grofliers , tels que les Lappons
ou les Nègres , il perd fon aboiement , reprend fa voix
naturelle qui eft le hurlement 6c devient même quel-
quefois abfolument muet. Les chiens à oreilles droites
6c fur-tout le chien de berger , qui de tous eft celui
quia le moins dégénéré, eft auiïi celui qui donne le
moins de voix : comme il paffe fa vie folitairement
dans la campagne 6c qu'il n'a de commerce qu'avec les
moutons 6c quelques hommes fimples, il eft comme
eux férieux 6c fdencieux , quoiqu'on même temps il
foit très-vif 6c fort intelligent ; c'eft de tous les chiens
. 5fij
324 Histoire Naturelle.
celui qui a ie moins ((c qualités acquifes &. le plus Je
talens naturels , c'efl le plus utile pour le bon ordre
ôi pour la garde des troupeaux , <Sc il fcroit plus avan-
tageux d'en multiplier, d'en étendre la race que celles
des autres chiens, qui ne fervent qu'à nos amufemens,
6l dont le nombre efl fi grand qu'il n'y a point de
villes où l'on ne pût nourrir un nombre de familles
des feuls alimens que les chiens confommcnt.
L'état de domefticité a beaucoup contribué à faire
varier la couleur des animaux, elle efl: en général ori-
ginairement fauve ou noire ; le chien , le bœuf, la
chèvre, la brebis , le cheval ont pris toutes fortes de
couleurs ; le cochon a changé du noir au blanc ; 6c
il paroît que le blanc , pur <Sc fans aucune tache efl à
cet égard le figne du dernier degré de dégénération ,
<Sc qu'ordinairement il efl accompagné d'imperfeélions
ou de défauts efTcntiels ; dans la race des hommes
blancs, ceux qui le font beaucoup plus que les autres
ôi dont les cheveux, les fourcils , la barbe, Sic. font
naturellement blancs ont fouvent le défaut d'être fourds.
Si d'avoir en même temps les yeux rouges Sl foibles:
dans la race des noirs, les Nègres blancs font encore
d'une nature plus foible & plus défedueufe. Tous les
animaux abfolument blancs ont ordinairement ces
mêmes défiuts de l'oreille dure Si des yeux rouges ;
cette forte de dégénération , quoique plus fréquente
dans les animaux domefliques, fe montre auffi quel-
quefois dans [es efpèces libres , comme dans celles
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 325
des élcphan-s, des cerfs, des daims, des guenons, des
taupes , des fouris ; Si dans toutes , cette couleur efl
toujours accompagnée de plus ou moins de foiblefle
de corps & d'hcbctation des fens.
Mais l'eipèce fur laquelle le poids de Tefclavage
paroît avoir le plus appuyé (Se fiit les impreffions les
plus profondes, c'ell celle du chameau, il nait avec
des loupes fur le dos , &. des callofités fur la poitrine
6. lur les genoux : ces callofités font des plaies évi-
dentes occafionnées par le frottement, car elles font
remplies de pus &. de flmg corrompu : comme il ne
marche jamais qu'avec une groffe charge , la prc/fion
du fardeau a commencé par empêcher la libre extenfion
& raccroiiTement uniforme des parties mufculeufes du
dos, enfuite elle a fait gonfler la chair aux endroits
voifms : 6. comme lorfque le chameau veut fe repofer
ou dormir, on le contraint d'abord à s'abattre fur fes
jambes repliées , & que peu à peu il en prend l'habi-
tude de lui-même, tout le poids de fon corps porte
pendant plufieurs heures de fuite, chaque jour, fur fa
poitrine & fes genoux; Ôc la peau de ces parties preffée,
frottée contre la terre fe dépile , fe froiflé , fe durcit
<Sc fe déforganife. Le lama, qui, comme le chameau,
pafle fa vie fous le fardeau, <Sc ne fe repofe auiïi qu'en
s'abattant fur la poitrine , a de femblables callofités qui
fe perpétuent de même par la génération. Les babouins
<&. les guenons dont la poflure la plus ordinaire efl
d'être affis, foit en veillant, foit en dormant ont au/ïï
S f ii/
326 Histoire Natu relle.
des callofitcs aii-cIefTous de la région des fefTes, <Sc
cette peau calleufe cft même devenue inlicrente aux os
du derrière contre lefqucls elle efl continuellement
prefTée par le poids du corps : mais ces callofitcs des
J)abouins <Sc des guenons font sèches 6c faines , parce
qu'elles ne proviennent pas de la contrainte des en-
traves ni du faix accablant d'un poids étranger , &.
qu'elles ne font au contraire que les effets des habi-
tudes naturelles de l'animal qui fe tient plus volontiers
<?c plus long-temps affis que dans aucune autre fjtuation :
il en efl de ces callofités des guenons comme de la
double femelle de peau que nous portons fous nos
pieds : cette femelle efl une callofité naturelle que
notre habitude coudante à marcher ou reder debout
rend plus ou moins cpaiffe, ou plus ou moins dure,
félon le plus ou moins de frottement que nous faifons
éprouver à la plante de nos pieds.
Les animaux fiuvages n'étant pas immédiatement
foumis à l'empire de l'homme , ne font pas fujets à
d'aulfi grandes altérations que les animaux domediques;
leur nature paroit varier fuivant les difiérens climats ,
mais nulle part elle n'ed dégradée. S'ils étoient abfo-
lumcnt les maîtres de choifir leur climat & leur nour-
riture , ces altérations feroient encore moindres : mais
comme de tout temps ils ont été chades, relégués
par l'homme, ou même par ceux d'entr'eux qui ont
le plus de force cSc de méchanceté, la plupart ont été
contraints de fuir, d'abandonner leur pays natal &. de
DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 327
s'habituer dans des terres moins heiireiifes : ceux dont
la nature s'eft trouvée affez flexible pour fe prêter à
cette nouvelle fituation fe font répandus au loin, tandrs
que les autres n'ont eu d'autre reflburce que de fe
confiner dans les déferts voifins de leur pays. Il n'y a
aucune efpèce d'animal, qui, comme celle de l'homme,
fe trouve généralement par-tout fur la furface de la
terre; les unes, & en grand nombre, font bornées aux
terres méridionales de l'ancien continent ; les autres
aux parties méridionales du nouveau monde; d'autres,
en moindre quantité, font confinées dans les terres du
Nord , 6c au lieu de s'étendre vers les contrées du Midi ,
elles ont paiTé d'un continent à l'autre par des routes
jufqu'à ce jour inconnues; enfin quelques autres efpèces
n'habitent que certaines montagnes ou certaines vallées ,
& les altérations de leur nature font en général d'autant
moins fenfibles qu'elles font plus confinées.
Le climat <Sc la nourriture ayant peu d'influence fur
les animaux libres , & l'empire de l'homme en avant
encore moins, leurs principales variétés viennent d'une
autre caufe ; elles font relatives à la combinaifon du
nomI)re dans les individus , tant de ceux qui produifent ,
que de ceux qui font produits. Dans les efpèces , comme
celle du chevreuil où le mâle s'attacbe à fa femelle Se
r>e la change pas, les petits démontrent fa confiante
fidélité de leurs parens par leur entière reffemblance
entr'eux ; dans celles, au contraire, où les femelles
changent fouvent de mâle, comme dans celle du cerf,
328 Histoire Naturelle.
il fc trouve des variétés affez nombreufcs ; &. comme
dans toute la Nature il n'y a pas un iQ\\\ individu qui foit
parfaitement refTemhlant à un autre, il fe trouve d'autant
plus de variétés dans les animaux, que le nombre de
leur produit eft plus grand &. plus fréquent. Dans les
efpèces où la femelle produit cinq ou fix petits, trois
ou quatre fois par an , de maies difîerens, il ffl nccef-
faire que le nombre des variétés foit beaucoup plus
grand que dans celles où le produit efl annuel & unique;
aufli les efpèces inférieures , les petits aniinaux qui tous
produifent plus fouvent (Se en plus grand nombre que
ceux des efpèces majeures, font -elles fujettes à plus
de variétés. La grandeur du corps qui ne paroît être
qu'une quantité relative , a néanmoins des attributs
pofitifs <5c des droits réels dans l'ordonnance de la
Nature ; le grand y efl aufTi fixe que le petit y efl
variable: on pourra s'en convaincre aifément par l'énu-
mération que nous allons faire des variétés des grands
<Sc des petits animaux.
Le fanglier a pris en Guinée des oreilles très-longues
Si coucliées fur le dos ; à la Chine , un gros ventre
pendant <Sc des jambes fort courtes ; au Cap-vert &
dans d'autres endroits, des défenfes très - sfrofTes 6l
tournées comme des cornes de bœuf; dans l'état de
domefticité , il a pris par-tout des oreilles à demi-pen-
dantes , ÔL des foies blanches dans les pays froids ou
tempérés. Je ne compte ni le pécari ni le babiroufîà
dans les variétés de l'efpèce du fanglier , parce qu'ils
ne
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 329
ne font ni l'un ni l'autre de cette efpèce, quoiqu'ils en
approchent de plus près que d'aucune autre.
Le cerf, dans les pays montueux , fecs& chauds , tels
que la Corfe <Sc la Sardaigne , a perdu la moitié de fà
taille, 6c a pris un pelage brun avec un bois noirâtre ;
dans les pays froids &. humides , comme en Bohème
6c aux Ardennes , fa taille s'efl agrandie , fon pelage
6c fon bois font devenus d'un brun prefque noir , fon
poil s'efl alongé au point de former une longue barbe
au menton ; dans le Nord de l'autre continent, le bois
du cerf s'efl étendu 6c ramifié par des andouillers courbes.
Dans l'état de domefticité , le pelage change du fauve
au blanc ; 6c à moins que le cerf ne foit en liberté ,
6c dans de grands efpaces , fes jambes fe déforment 6c
fe courbent. Je ne compte pas l'axis dans les variétés
de l'efpèce du cerf, il approche plus de celle du daim
6c n'en efl peut-ctre qu'une variété.
On auroit peine àfe décider fur l'origine de l'efpèce
du daim; il n'efl nulle part entièrement domeflique, ni
nulle part abfolument fauvage ; il varie affez indiffé-
remment , 6c par-tout du fauve au pie 6c du pie au blanc ;
fon bois 6c fa queue font auffi plus grands 6c plus
longs fuivant les différentes races , 6c fi chair efl bonne
ou mauvaife félon le terrain 6c le climat : on le trouve
comme le cerf dans les deux continens , 6c il paroît être
plus grand en Virginie 6c dans les autres provinces de
l'Amérique tempérée , qu'il ne l'eft en Europe. ï| en
£ft de même du chevreuil , il efl plus grand dans le
Tome XJK T t
330 Histoire Naturelle,
nouveau que dans l'ancien continent , mais au rcflc
toutes fcs variétés fe réduifent à quelques différences
dans la couleur du poil qui change du fauve au brun ;
les plus grands chevreuils font ordinairement fauves ,
<5c les plus petits font bruns. Ces deux efpèces , le
chevreuil 6c le daim , font les feuls de tous les animaux
communs aux deux continens , qui foient plus grands
<Sc plus forts dans le nouveau que dans l'ancien.
L'âne a fubi peu de variétés , même dans fà condition
de fer\/itude la plus dure ; car fa nature efl: dure aufh ,
ôi rédfle également aux mauvais traitemens <5i aux
incommodités d'un climat fâcheux <Sc d'une nourriture
gro/fière : quoiqu'il foit originaire des pays cliauds , il
peut vivre , Si mcme fe multiplier fans les foins de
l'homme dans les climats tempérés; autrefois il y avoit
des onagres ou ânes fauvages dans tous les déferts de
TAfie mineure, aujourd'hui ils y font plus rares , Si on
ne les trouve en grande quantité que dans ceux de la
Tartarie ; le mulet de Daurie '' , appelé ciighhûi par les
Tartares Mongoux, efl probablement le même animal
que l'onagre des autres provinces de l'Afie ; il n'en
diffère que parla longueur & les couleurs du poil, qui,
félon M. Bell, paroit onde de brun Si de blanc '^i ces
' Mulus Dauricus fœcmdus , Czigithai , Mongolorum in Daurla.
Aluf. PetropoUtmum , pag. 3 j j.
*■ In the forejls near Ku^netsky on the River Tom one of the four ces
ofthe River Oby in Lat. y i à' y 2 arc W'ild ajfes. I hâve fe en many
of their Skins ; they haye in ail refpcâs the Shape of the heaâ , tail
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 331
onagres ciighluiis fe trouvent clans les forets de la Tar-
tarie jurqu'au cinquante-unième & cinquante-deuxième
degré, <&. il ne faut pas les confondre avec les zèbres,
dont les couleurs font bien plus vives 6c bien autrement
tranchées , <Sc qui d'ailleurs forment une efpèce parti-
culière prefqu'aufTi différente de celle de l'âne que de
celle du cheval. La feule dégénération remarquable
dans l'âne en domeflicité , c'eft que fa peau s'eft ra-
mollie 6: qu'elle a perdu les petits tubercules qui fe
trouvent femés fur la peau de l'onagre, de laquelle les
Levantins font le cuir grenu, qu'on appelle chagrin.
Le lièvre eft d'une nature flexible <5c ferme en même
temps , car il ell répandu dans prefque tous les climats
de l'ancien continent, Ôl par-tout il efl: à très-peu près
le même: feulement fon poil blanchit pendant l'hiver
dans les climats très-froids , ôl il reprend en été fa
couleur naturelle , qui ne varie que du fauve au roux ;
la qualité de la chair varie de même ; les lièvres les
plus rouges font toujours les meilleurs à manger. Mais
le lapin , fans être d'une nature auffi flexible que le
lièvre, puifqu'il efl: beaucoup moins répandu. Si que
and hoofs of the common afs , but their sk'm h Waved and undulated
white and bronrn. Bell' s travels to China. NOTA. II fe poiuroit que
M. Bell , qui dit n'avoir obfervé que les peaux de ces animaux , ait
vu des peaux de zèbres; car les autres Voyageurs ne difent pas que
les ciigithais ou onagres de Daurie foient comme le zèbre, rayes de
brun «Se de blanc; d'ailleurs, il y a au Cabinet de Peterfbourg d«s
peaux de zèbres & des peaux de czigithais , qu'on montre également
aux Voyngeurs.
Tt ij
332 Histoire Naturelle,
même il paroît confiné à de certaines contrées , efl
néanmoins fiijet à plus de variétés, parce que le lièvre
efl fauvage par-tout ; au lieu que le lapin efl prefque
par-tout à demi-domeflique. Les lapins clapiers ont
varié pour la couleur du fauve au gris , au blanc , au
noir; ils ont aulTi varié par la grandeur, la quantité, la
qualité du poil : cet animal qui efl originaire d'Efpagne
a pris en Tartarie une queue longue, en Syrie du poil
touifu & pelotonné comme du feutre, &c. On trouve
quelquefois des lièvres noirs dans les pays froids ; on
prétend aufTi qu'il y a dans la Norwège & dans quelques
autres provinces du Nord des lièvres qui ont des cornes.
M. Klein * a fait graver deux de ces lièvres cornus :
il efl aifé de juger a l'infpection des figures que ces
cornes font des liois lemblablcs au bois du chevreuil:
cette \ariété, fi elle exifle, n'efl ({u'individuelle 6c ne
fe manifefle probablement que dans k s endroits où le
lièvre ne trouve point d'herbes, & ne peut fe nourrir
que de fubflanccs ligneulls , d'écorce, de boutons,
de kuilles d'arbres, de lichens, &c.
L'élan, dont l'efpèce efl confinée dans le Nord des
deux continens, efl feulement plus petit en Amérique
qu'en Europe, 6c l'on voit par les énormes bois que
l'on a trouvés fous terre en Canada, en Ruffic, en
Sibérie , 6cc. qu'autrefois ces animaux étoient plus
g ands qu'ils ne le font aujourd'hui : peut-être cela
vient-il de ce qu'ils jouifToient en toute tranquillité de
* Klein, de quad, pag ; 2, tab. III , fîg. ad J- xxâ.
DÉGÉNÉRATION des ANIMA UX. 3 3 3
leurs forêts, <Sc que n'étant point inquiétés par l'homme
qui n'avoit pas encore pénétré dans ces climats , ils
étoient maîtres de choifir leur demeure dans les endroits
où l'air , la terre 6c l'eau leur convenoient le mieux.
Le renne que les Lappons ont rendu domeftique , a
par cette raifon plus changé que l'élan , qui n'a jamais
été réduit en fervitude : les rennes fauvages font plus
grands, plus forts <Sc d'un poil plus noir que les rennes
domefliques : ceux-ci ont heaucoup varié pour la
couleur du poil , <Sc aufTi pour la grandeur ôl la groffcur
du bois ; cette efpèce de lichen ou de grande mouffe
blanche qui fait la principale nourriture du renne, fem-
ble contribuer beaucoup par fa qualité à la formation cSc
à l'accroilTement du bois, qui proportionnellement ed
plus grand dans le renne que dans aucune autre efpèce;
& c'efl peut-ctre cette même nourriture, qui dans ce
climat, produit du bois fur la tête du lièvre , comme
fur celle de la femelle (\\\ renne; car dans tous les autres
climats, il n'y a ni lièvres cornus, ni aucun animal
dont la femelle porte du bois comme le mâle.
L'efpèce de l'éléphant efl la feule fur laquelle l'état
de fervitude ou de domefticité n'a jamais influé, parce
que dans cet état il refufe de produire , & par conféqucnt
de tranfmettre à fon efpèce les plaies ou les défauts
occafionnés par fa condition : il n'y a dans réléphant
que des variétés légères <5c prefque individuelles ; fa
couleur naturelle e(t le noir, cependant il s'en trouve
de roux à. de blancs , mais en très -petit nombre.
T t iij
334 Histoire Natu relle.
L'élépliant varie aufl] pour la taille fiiivant la longitude
plutôt que la latitude du climat ; car fous la Zone torride
dans laquelle il efl , pour ainfi dire , renfermé <Sc fous
la même ligne , il s'élève jufqu'à quinze pieds de hauteur
dans les contrées orientales de l'Afrique , tandis que dans
les terres occidentales de cette même partie du monde
il n'atteint guère qu'à la hauteur de dix ou onze pieds;
ce qui prouve que quoique la grande chaleur foit né-
cefîhire au plein développement de fa nature , la chaleur
cxceiTive la reftrcint 6c la réduit à de moindres dimen-
fions. Le rhinocéros paroît être d'une taille plus
uniforme (Se d'une grandeur moins variable ; il femble
ne différer de lui-même que par le caraélère fmgulier
qui le fait différer de tous les autres animaux , par cette
grande corne qu'il porte fur le nez; cette corne eft
funple dans les rhinocéros de l'Afie, <Sc double dans
ceux de l'Afrique.
Je ne parlerai point ici des variétés qui fe trouvent
dans chaque efj)èce d'animal carnafîier , parce qu'elles
font très - légères , attendu que de tous les animaux,
ceux qui fe nourrilfent de chair font les plus indépendans
de l'homme, &. qu'au moyen de cette nourriture déjà
préparée par la Nature , ils ne reçoivent prefque rien
des qualités de la terre qu'ils habitent; que d'ailleurs
ayant tous de la force & des armes , ils font les maîtres
du choix de leur terrain , de leur climat , &c. <?c que
par conféquent les trois caufes de changement, d'alté-
ration &. de dégénération dont nous ayons parlé, ne
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 3 3 5
peuvent avoir fur eux que de très -petits effets.
Mais après le coup cl'œil que l'on vient de jeter fur
ces variétés qui nous indiquent lesaltérationsparticulières
de chaque efpèce, il le préfente une confidération plus
importante & dont la vue efl: bien plus étendue; c'efl
celle du changement des efpèccs mêmes , c'cfl cette
dégénération plus ancienne & de tout temps immémo-
riale, qui paroît s'être faite dans chaque famille, ou
fi l'on veut, dans chacun des genres fous lefquels on
peut, comprendre les efpèces voifmes Si peu différentes
cntr'eiles : nous n'avons dans tous les ani maux terreflres
que quelques efpèces ifolées , qui , comme celle de
l'homme , fàffent en mcme temps efpèce 6^ genre ;
. l'éléphant , le rhinocéros , l'hippopotame , la girafîc
forment des genres ou des efpèces fimples qui ne fe
propagent qu'en ligne dire6le <Sc n'ont aucunes branches
collatérales ; toutes les autres paroiffent former des
familles dans lefquelles on remarque ordinairement une
fouche principale 6c commune, de laquelle femblent
être forties des tiges différentes (f< d'autant plus nom-
breufes, que les individus dans chaque efpèce font plus
petits <Sc plus féconds.
Sous ce point de vue, le cheval , le zèbre & l'âne
font tous trois de la même famille ; fi le cheval eft la
fouche ou le tronc principal , le zèbre & l'âne feront
' les tiges collatérales: le nombre de leurs reffemblances
cntr'eux étant infiniment plus grand que celui de leurs
différences , on peut les regarder comme ne fiifant
33^ Histoire Natu relle,
qu'un même genre, dont les principaux caractères font
clairement énoncés & communs à tous trois : ils font
les feuls qui foient vraiment folipèdes , c'efl-à-dire, qui
aient la corne des pieds d'une feule pièce fans aucune
apparence de doigts ou d'ongles; <Sc quoiqu'ils forment
trois efpèces diftinéles, elles ne font cependant pas ahfo-
kimcnt ni nettement féparées , puifque l'âne produit
avec la jument , le cheval avec l'âneffe; 6c qu'il efl
probable que fi l'on vient à bout d'apprivoifer le zèbre,
& d'affouplir fa nature fauvage <5c récalcitrante , il
produiroit auffi avec le cheval ^ l'âne, comme ils
produifent entr'eux.
Et ce mulet qu'on a regardé de tout temps comme
ime production viciée, comme un monftre compofé
de deux natures, <Sc que par cette raifon l'on a jugé
incapable de fe reproduire lui-même & de former lignée ,
n'eft cependant pas auiïi profondément léfé qu'on fe
l'imagine d'après ce préjugé, puifqu'd n'efl pas réel-
lement infécond , &. que fa flérilité ne dépend que de
certaines circonflances extérieures Si particulières. On
fait que les mulets ont fouvent produit dans les pays
chauds, l'on en a même quelques exemples dans nos
climats tempérés ; mais on ignore fi cette génération
eft jamais provenue de la f mpîe union du mulet & de
la mule , ou plutôt fi le produit n'en efl pas dû à
l'union du mulet avec la jument, ou encore à celle
de l'âne avec la mule. Il y a deux fortes de mulets,
k premier efl le grand mulet ou mulet fmiplement dit,
qui
DÉGÉNÉRA TION des A NIAI A UX. 3 3 7
qui provient de la jondion de l'âne à la jument; le
fécond eft le petit mulet provenant du cheval 6c de
l'ânefTe , que nous appellerons bardeau pour le diflmguer
de l'autre. Les Anciens les connoifToient <Sc les diftin-
guoient comme nous par deux noms diftcrcns, ils
appcloicnt mulas le mulet provenant de l'âne (Se de la
jument, 6c ils donnoient les noms de Y'mo^ , hinnus ,
burdo au mulet provenant du cheval 6c de l'ânefTe ;
ils ont afïïirc que le mulet , midus "* produit avec la
jument un animal auquel ils donnoient aufh le nom de
ginniis ou hinnus '•; ils ont afïïiré de même que la mule,
vîula y conçoit afTez aifcment , mais qu'elle ne peut
que rarement perfedionner fon fruit; 6: ils ajoutent
que quoiqu'il y ait des exemples alfez frcquens de
mules qui ont mis bas , il faut néanmoins regarder
cette production comme un prodige. Mais (|u'eft-ce
qu'un prodige dans la Nature, fmon un elfet plus rare
que les autres ! Le mulet peut donc engendrer, 6c la
mule peut concevoir, porter 6c mettre bas dans de
certaines circonftances ; ainfi il ne s'agiroit que de
* Mulus equà conjunélus muhim procreavlt. . . . Muk quoque jam faâa
gravida cjf , fed non quoad perficeret atque ederet prolern. Arift. H'ijl. anim.
\\h. VI , cnp. 24 EJl in annalibus nojlris wulûs peperije fœpe ;
vemm prodigïi loco hnbitum. Plin. HIJ}. nat. lib. VIII, cap. 44.
»» Nota. Le mot Gînnus a e:é employc par Aiiftote en deux fens; le
premier pour dcfigner généralement un animal imparfait, un avorton,
un mulet-nain, provenant quelquefois du cheval avec l'âneffe, ou de
l'âne avec la jument ; «5c le fécond pour fignifier le produit particulier
du mulet & Ac la jument.
Tome XIV. ^'"
338 Histoire Naturelle.
faire des expériences pour favoir quelles font ces cir-
con fiances , <&. pour acquérir de nouveaux faits dont
on pourroit tirer de grandes lumières fur la dégéné-
ration des efpèces par le mélange , &. par conféquent
fur l'unité ou la diverfité de chaque genre : il faudroit,
pour réuffir à ces expériences , donner le mulet à la
mule, à la jument &. à i'âneffe , faire la même chofe
avec le bardeau , Si voir ce qui réfulteroit de ces fix
accouplemens difïérens : il faudroit auffi donner le
cheval Si l'âne à la mule , Si faire la même chofe pour
la petite mule ou femelle du bardeau : ces épreuves,
qiioiqu'affez fnnples , n'ont jamais été tentées dans la
vue d'en tirer des lumières ; Si je regrette de n'être
pas à portée de les exécuter, je fuis perfuadé qu'il en
réfulteroit des connoiffances que je ne fais qu'entrevoir.
Si que je ne puis donner que comme despréfomptions.
Je crois , par exempte , que de tous ces accouplemens,
celui du mulet Si de la femelle bardeau , Si celui du
bardeau Si de la mule pourroient bien manquer abfo-
Jument ; que celui du mulet Si de la mule , Si celui du
bardeau Si de fa femelle pourroient peut-être réuffrr ,
quoique bien rarement; mais en même temps, je pré-
fume que le mulet produiroit avec la jument plus cer-
tainement qu'avec I'âneffe Si le bardeau , plus certai-
nement avec I'âneffe qu'avec la jument ; qu'enfin le
cheval Si l'âne pourroient peut-être produire avec les
deux mules , mais l'âne plus fûrement que le cheval :
il faudroit faire ces épreuves dans un pays auffi chaude,
DÉGÉNÉRATION des AnIMAUX. 339
pour le moins, que l'efl notre Provence, 6c prendre
des mu!ets Je fept ans , des chevaux: de cinq (5v des
ânes de quatre ans , parce qu'il y a cette diifércnce dans
ces trois animaux pour les âges de la pleine puberté.
Voici les raifons d'analogie fur lefquelles font fondées
fes prcfomptions que je viens d'indiquer. Dans l'ordon-
nance commune de la Nature , ce ne font pas les mâles ,
mais les femelles , qui conllituent l'unité des efpèces ;
nous favons par l'exemple de la brebis qui peut fervir
à deux mâles différens Sl produire également du bouc
6c du bélier , que la femelle influe beaucoup plus que
le mâle fur le fpécifique du produit , puifque de ces
deux mâles différens il ne naît que des agneaux , c'eft-
à-dire , des individus fpécifiquement refTemblans à la
mère; aufli le mulet relTemblè-t-il plus à la jument qu'à
l'âne , 6c le bardeau plus à l'ânefle qu'au cheval : dès-
lors le mulet doit produire plus fûrement avec la jument
qu'avec l'âneffe , &" le bardeau plus fûremem avec l'ânejje
quavec lajwnem: de même le cheval 6c Vdne pourroient
peut - être produira avec les deux înules , parce qu'étant
femelles elles ont , quoique viciées, retenu chacune
plus de propriétés fpécifiques que les mulets mâles ;
mais l'âne doit produire avec elles plus certainement que U
cheval, parce qu'on a remarqué que l'âne a plus de
puifTance pour engendrer, même avec la jument, que
n'en a le cheval , car il corrompt 6: détruit la géné-
ration de celui-ci: on peut s'en afTurer en donnant
d'abord le cheval - étalon à des jumens , 6c en leur
■ y u ij
540 Histoire Naturelle,
domant le lendemain . ou mcrne quelques jours après;
l'âne au lieu du cheval ; ces jumens produiront prefque
toujours des mulets (Se non pas des chevaux. Cette
ohfervation qui mériteroit hien d'être conflatce dans
toutes fes circonftances, paroît indiquer que la Touche
ou tige principale de cette fomille pourroit bien être
i'âne (Se non pas le cheval , puifque l'âne le domine dans
la puiffance d'engendrer, même avec fafemelle; d'autant
que le contraire n'arrive pas , lorfqu'on donne l'âne en
premier & le cheval en fécond , à la jument ; celui-ci
ne corrompt pas la génération de l'âne, car le produit
eft prefque toujours un mulet ; d'autre côté la mémo
chofe n'arrive pas , quand on donne l'âne en premier &
le cheval en fécond à l'âneffe , car celui-ci ne corrompt
ni ne détruit la génération de l'âne. Et à l'égard des
accouplemens des mulets entr'eux, je les ai préfumé
ftériles , parce que de deux natures déjà léfées pour
la génération , Sl qui par leur mélange ne pourroient
manquer de fe léfer davantage , on ne doit attendre
qu'un produit tout-à-fait vicié ou abfolument nul.
Par le mélange du mulet avec la jument , du bardeau
avec l'âneffe , 6c par celui du cheval ôl de l'âne avec les
mules , on obtiendroit des individus qui remonteroient
à l'efpèce & ne feroient plus que des demi-mulets ,
Jefquels non-feulement auroient, comme leurs jxarens ,
la puiffance d'engendrer avec ceux de leur efpèce ori-
ginaire, mais peut-être même auroient la faculté de
produire entr'eux , parce que n'étant plus léfés qu'à
DÉGÉNÉRA TION des A NI M A UX. 3 4 1
demi , leur produit ne fcroit pas plus vicié que le font
les premiers mulets; Sl fi l'union de ces demi-mulets
étoit encore flcrile, ou que le produit en fut tarare Se
difficile, il me paroit certain qu'en les rapprochant
en<:ore d'un degré de leur cfèce opriginaire, les individus
qui en réfulteroient <Sc qui ne feroient plus léfés qu'au
quart , produiroient entr'eux , Sl formeroient une nou-
velle tige , qui ne feroit précifément ni celle du cheval
ni celle de l'âne. Or , comme tout ce qui peut être a
été amené par le temps , Sl fe trouve ou s'eft trouvé
dans la Nature, je fuis tenté de croire que le mulet
fécond dont parlent les Anciens, <Sc qui, du temps
d'Ariflote, exilloit en Syrie dans les terres au de-là de
celles des Phéniciens , pouvoit Lien être une race de
ces demi-mulets ou de ces quarts de mulets, qui s'ctoit
formée par les mélanges que nous venons d'indiquer ;
car Ariftote dit expreffément que ces mulets féconds
reffembloient en tout, Si autant qu'il cftpoffible, aux
mulets inféconds *; il les diftingueauffi très-clairement
des onagres ou ânes fûuvûges dont il fiit mention dans
* In terra Syrîâ fuper Phenîcem Aiulœ & coeunt & par'iunt ; fed id
gcnus diverfum quanquam fimïle. Ariil. H'ijl. anhn. \\h. VI, cap. 24. ...
Sunt in Syriâ quos mulos appellant genus diverfum ab eo quod cditu equœ
& afini procreatur : fed fimile fac'ie , quomodo afini fyheflres fimilitudinc
qiiâdam nomen urhanorum accepere ; & qu'idem ut afni illi feri fie inuli
prceflant celeritate. Procréant ejufmodi mulœ fuo in génère, Cujus rei
argumenta illœ funt quœ tempore Pharnacœ patris Pharna-^abim in terram
Phrygiam venerunt quœ adkuc extant. Très tamen ex novem quos numéro
êlimfuijfe aïunt, feryanîur hoc tempore, Icîeni. cap. 3 6.
V u iij
342 Histoire Naturelle.
le même chapitre , 6: par conféqucnt on ne peut rap-
porter ces animaux qu'à des mulets peu viciés , Â. qui
auroient conlervé la faculté de reproduire. Il fe pourroit
encore que le mulet fécond de Tartarie , le ciigiihais
dont nous avons parlé , ne fût pas Vofiagre ou âne fauvage,
mais ce même mulet de Phénicie, dont la race s'eft
peut-être maintenue jufqu'à ce jour; le premier Voya-
geur qui pourra les comparer , confirmera ou détruira
cette conjeclure. Et le zèbre lui-mcme qui refTemble
plus au mulet qu'au cheval 6c qu'à l'âne, pourroit bien
avoir eu une pareille origine ; la régularité contrainte &
fimétrique des couleurs de fon poil , qui font alternati-
vement toujours difpofées par bandes noires (Se blanches,
paroît indiquer qu'elles proviennent de deux efpèces
différentes , qui dans leur mélange fe font féparées autant
qu'il étoit poiïible ; car dans aucun de fes ouvrages la
Nature n'eft auffi tranchée <3c auffi peu nuancée que fur
la robe du zèbre , où elle paffe brufquement <5c alternati-
vement du blanc au noir &. du noir au blanc fans aucun
intermède dans toute l'étendue du corps de l'animal.
Quoi qu'il en foit , il eft certain par tout ce que nous
venons d'expofer, que les mulets en général qu'on a
toujours accufés d'impuiffance <Sc de flérilité , ne font
cependant ni réellement llériles , ni généralement in-
féconds; (Se que ce n'eft que dans l'efpèce particulière
du mulet provenant de l'âne (Se du cheval , que cette
flérilité fe manifefle , puifque le mulet qui provient du
bouc (Se de la brebis , eft auffi fécond que fa mère ou
DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX. 34]
fonpère; puifque dans les oifeaux la plupart des mulets
qui proviennent d'efpèces différentes , ne font point
mféconds : c*efl donc dans la nature particulière du
cheval 6c de l'âne , qu'il faut chercher les caufcs de
i'infccondité des mulets qui en proviennent; & au lieu
de fuppofer la ftérilité comme un défaut général 6c
nécefliiire dans tous les mulets , la reftreindre au contraire
au leul mulet provenant de l'âne Sl du cheval , & encore
donner de grandes limites à cette reltridion , attendu
que ces mêmes mulets peuvent devenir féconds dans
de certaines circonflances , &. iur-tout en fe rapprochant
d'un degré de leur efpèce originaire.
Les mulets qui proviennent du cheval 6c de l'âne ,
ont les organes de la génération tout aii/fi complets que
les autres animaux; il ne manque rien au mâle, rien à
la femelle , ils ont une grande ahondance de liqueur
féminale; 6c comme Ton ne permet guère aux mâles
de s'accoupler, ils font fouvent fi preffés de la répandre,
qu'ils fe couchent fur le ventre pour fe frotter entre
leurs pieds de devant qu'ils replient fous la poitrine :
ces animaux font donc pourvus de tout ce qui efl né-
cefTaire à l'ade de la génération ; ils font même très-
ardens, 6c par conféquent très-indifferens fur le choix;
ils ont à peu près la même véhémence de goût pour
la mule , pour l'âneiTe 6c pour la jument: il n'y a donc
nulle difficulté pour les accouplemens, mais il faudroit
des attentions 6c des foins particuliers , fi l'on vouloir
rendre ces accouplemens prolifiques : la trop grande
344 Histoire Naturelle.
ardeur, fur-tout dans les femelles, efl ordinairement
fuivie de la flcrilité, <Sc la mule efl au moins auffi ar-
dente que l'ânefFe : or Ton fait que celle-ci rejette la
liqueur fcminale du mule. Si que pour la faire retenir
&. produire , il fiut lui donner des coups ou lui jeter
de l'eau fur la croupe, afin de calmer les convulfions
d'amour qui fubfillent après l'accouplement, <Sc qui
font la caufe de cette réjaculation. 1/âneffe ôl la mule
tendent donc toutes deux par leur trop grande ardeur
à la ftérilité. L'âne (Se l'âneffe y tendent encore par
ime autre caufe , comme ils font originaires des climats
chauds , le froid s'oppofe à leur génération , (Se c 'efl
par cette raifon qu'on attend les chaleurs de l'été pour
Jes faire accoupler; lorfqii'on les laiffe joindre dans
d'autres temps &. fur-tout en hiver, il efl rare que
l'imprégnation fuive l'accouplement, même réitéré; &i
ce choix du temps qui efl néceffaire au fuccès de leur
génération , l'efl auffi pour la confervation du produit;
il faut que l'ânon naiffe dans un temps chaud, autrement
il périt ou languit; &. comme la geflation de l'âneffe
efl d'un an , elle met bas dans la même faifon qu'elle
a conçue : ceci prouve affez combien la chaleur efl
néceffaire, non-feulement à la fécondité, mais même
à la pleine vie de ces animaux ; c'efl encore par cette
même raifon de la trop grande ardeur de la femelle
qu'on lui donne le mâle, prefque immédiatement après
qu'elle a mis bas ; on ne lui laiffe que fept ou huit
jours de repos ou d'intervalle entre l'accouchement 6c
l'accouplement;
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 345
raccouplement ; l'âneiïe , affoihlie par fa couche , efl
alors moins ardente, les parties n'ont pas pu dans ce
petit efpace de temps reprendre toute leur roideur ;
au moyen de quoi la conception fe fait plus fûrement
que quand elle efl en pleine force cSc que fon ardeur la
domine : on prétend que dans cette efpèce , comme
dans celle du chat , le tempérament de la femelle efl
encore phis ardent <Sc plus fort que celui du mâle;
cependant Vànt efl un grand exemple en ce genre,
il peut aifémcnt faillir fa femelle ou une autre phifieurs
jours de fuite <5c pluficurs fois par jour; les premières
jouifTances , loin d'éteindre ne font qu'allumer fon ar-
deur; on en a vu s'excéder fims y être incités autrement
que par la force de leur appétit naturel ; on en a vu
mourir fur le champ de bataille , après onze ou douze
conflits réitérés prefque fans intervalle, & ne prendre
pour fubvenir à cette grande & rapide dépenfe que
quelques pintes d'eau. Cette même chaleur qui le
confume efl trop vive pour être durable ; l'âne étalon
bientôt efl hors de combat & même de fervice , <Sc
c'efl peut-être par cette raifon que l'on a prétendu
que la femelle efl plus forte Se vit plus long-temps que
le mâle ; ce qu'il y a de certain , c'eft qu'avec les
ménagemens que nous avons indiqués, elle peut vivre
trente ans , & produire tous les ans pendant toute fli
vie; au lieu que le mâle, lorfqu'on ne le contraint pas
à s'abflenir de femelles, abufe de fes forces au point
de perdre en peu d'années la puifTance d'engendrer.
Tome XIV. X X
34^ Histoire Natu relle.
L'âne &. l'âneiïe tendent donc tous deux à la flcrilité
par des propriétés communes, &i aufii par des qualités
différentes ; le cheval Si la jument y tendent de même
par d'autres voies. On peut donner l'étalon à la jument
neuf ou dix jours après qu'elle a mis bas , Si elle peut
produire cinq ou fix ans de fuite, mais après cela elle
devient ftérile ; pour entretenir fa fécondité , il faut
mettre un intervalle d'un an entre chacune de fes portées,
<Sc la traiter différemment de l'ânefTc ; -au lieu de lui
donner l'étalon après qu'elle a mis bas , il faut le lui
réferver pour l'année fui vante , & attendre le temps où
fà chaleur fe manifefle par les humeurs qu'elle jette ; 6c
même avec ces attentions , il eft rare qu'elle foit féconde
au de-là de l'âge de vingt ans; d'autre côté, le cheval ,
quoique moins ardent Si. plus délicat que l'âne , con-
fcrve néanmoins plus long-temps la faculté d'engendrer.
On a vu de vieux chevaux qui n'avoicnt plus la force
de monter la jument fans l'aide du Palefrenier, trouver
leur vigueur dès qu'ils étoient placés , Si engendrer à
V'^\gQ de trente ans. La liqueur féminale efl non-feulement
moins abondante , mais beaucoup moins Simulante
dans le cheval que dans l'âne ; car fouvent le cheval
s'accouple fans la répandre , fur-tout fi on lui préfente
la jument avant qu'il ne la cherche ; il paroît trille dès
qu'il a joui, & il lui faut d'aiïez grands intervalles de
temps pour que fon ardeur renaiiïe. D'ailleurs , il s'en
faut bien que dans cette efpèce tous les accouplemens ,
même les plus confommés , foient prolifiques ; il y a.
DÉGÉNÉRATJON des ANIMAUX. 347
des jiimens naturellement flériles , ôl d'autres en plus
grand nombre qui lont très-peu fécondes; il y a .auiîi
des étalons , qui , quoique vigoureux en apparence ,
n'ont que peu de puifTance réelle. Nous pouvons
ajouter h. ces raifons particulières une preuve plus évi-
dente (Se plus générale du peu de fécondité dans les
efpèces du cheval &. de fane ; ce font de tous les
animaux domefliques ceux dont l'efpèce , quoique la
plus foignée, efl: la moins nombreufe ; dans celles du
J3ceuf, de la brebis, de la chèvre, Si fur-tout dans
celles du cochon , du chien 6c du chat, les individus
font dix 6c peut-être cent fois plus nombreux que dans
celles àw cheval 6c de Tâne: ainfi leur peu de fécondité
cft prouvée par le fait , 6c l'on doit attribuer à toutes
ces caufes la ftérilité des mulets qui proviennent du
mélange de ces Atux efpèces naturellement peu fé-
condes. Dans les efpèces au contraire qui , comme
celle de la chèvre 6c celle de la brebis, font plus nom-
breufes 6c par conféquent plus fécondes , les mulets
provenant de leur mélange ne font pas flériles , 6c re-
montent pleinement à l'efpèce originaire dès la première
o-énération ; au lieu qu'il faudroit deux , trois 6c peut-
être quatre générations , pour que le mulet provenant
du cheval 6c de l'âne pût parvenir à ce même degré
de réhabilitatiort de nature.
On a prétendu que de l'accouplement du taureau 6c
de la jument, il réfuîtoit une autre forte de mulet; Co-
kmielle eft , je crois , le premier qui en ait parlé ;
Xx ij
34^ Histoire Natu relle.
Gefner le cite, <Sc ajoute qu'il a entendu dire qu'il fe
trouvoit de ces mulets auprès de Grenoble , (Se qu'on
les appelle en françois jiimars. J'ai fait venir un de ces
jumars de Dauphiné ; j'en ai fait venir un autre des
Pyrénées , <Si j'ai reconnu , tant par l'infpeélion des
parties extérieures que par la difTeclion des parties
intérieures, que ces jumars n'étoient que des bardeaux,
c'efl-à-dirc des mulets provenans du cheval & de
l'ânefTe: je crois donc être fondé , tant par cette obfer-
vation que par l'analogie , à croire que cette forte de
mulet n'exifle pas, & que le mot jumar n'efl qu'un
nom chimérique Se qui n'a point d'objet réel. La nature
du taureau efl trop éloignée de celle de la jument , pour
qu'ils puifTent produire enfemble ; l'un ayant quatre
eftomacs , des cornes fur la tcte, le pied fourchu , 6cc.
l'autre étant folipède Si fans cornes, & n'ayant qu'un
feul eflomac. Et les parties de la génération étant très-
différentes tant par lagroffeur que pour les proportions,
il n'y a nulle raifon de préfumer qu'ils puifTent fe joindre
avec plaifir , Se en^core moins avec fuccès. Si le taureau
avoit à produire avec quelqu'autre efpèce que la fienne,
ce feroit avec le buiïïe qui lui reffemble par la confor-
mation Si par la plupart des habitudes naturelles ;
cependant nous n'avons pas entendu dire qu'il foit
jamais né des mulets de ces deux animaux , qui néanmoins
fe trouvent dans plufieurs lieux , foit en domeflicité ,
foit en liberté. Ce que l'on raconte de l'accouplement.
Si du produit du cerf 6c de la vaehe, m'eflà peu près
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 349
aufTi fiirpe6t que l'hifloire des jumars , quoique le cerf
foit beaucoup moins éloigné, par fa conformation , de
la nature de la vache , que le taureau ne l'efl de celle
de la jument.
Ces animaux qui portent des bois , quoique ruminans
ÔL conformés à l'intérieur comme ceux qui portent
des cornes , femblent faire un genre , une famille à
part , dans laquelle l'élan efl la tige majeure, & le renne,
le cerf, l'axis , le daim 6c le chevreuil font les branches
mineures <Sc collatérales; car il n'y a que ces fix efpèces
d'animaux , dont la tête foit armée d'un bois brancha
qui tombe & fe renouvelle tous les ans; <Sc indépen-
damment de ce cara6tère générique qui leur eft commun,
ils fe relfemblent encore beaucoup par la conformation
<5(L par toutes les habitudes naturelles : on obtiendroit
donc plutôt des mulets du cerf ou du daim mêlé avec
le renne 6c l'axis , que du cerf 6c de la vache.
On feroit encore mieux fondé à regarder toutes les
bi^bis 6c toutes les chèvres comme ne faifint qu'une
même famille , puifqu'elles produifent enfemble des
mulets qui remontent diredement , 6c dès la première
génération , à l'efpèce de la brebis ; on pourroit même
joindre à cette nombreufe famille des brebis 6c des
chèvres, celle des gazelles 6c celle des bubales qui ne
font pas moins nombreufes. Dans ce genre qui contient
plus de trente efpèces différentes , il paroît que le
moufflon, le bouquetin, le chamois, l'antilope, le
bubale, lecondoma, 6cc. font les tiges principales,.
Xx iij
350 Histoire Natu relle.
Si que les autres n'en font que des branches acceflbires ,
qui toutes ont retenu les caradtères principaux de la
fouclie dont elles Ibnt ifTues, mais qui ont en mcme
temps prodigieufement varié par les influences du climat
(X les difiërentes nourritures , aufTi-bien que par l'état
de fervitude Se de domefticité auquelTliomme a réduit
la plupart de ces animaux.
Le chien , le loup , le renard , le chacal Si l'ifatis
forment un autre genre , dont chacune des efpèces efl
réellement fi voifme des autres <Sc dont les individus
fe reflemblent fi fort, fur-tout par la conformation inté-
rieure (5c par les parties de la génération , qu'on a peine
à concevoir pourquoi ces animaux ne produifent point
enfemble; il m'a paru parles expériences que j'ai faites
fur le mélange du chien avec le loup Si avec le renard,
que la répugnance à l'accouplement venoit du loup Se
du renard plutôt que du chien, c'eft-à-dire, de l'animal
fauvage & non pas de l'animal domeflique ; car les
chiennes que j'ai mifes à l'épreuve, auroient volontiers
fouffert le renard Si le loup , au lieu que la louve Si la
femelle renard n'ont jamais voulu fouffrir les approches
du chien ; l'état de domcfticité fcmble rendre les
animaux plus libertins, c'eft-à-dire moins fidèles à leur
efpèce ; il les rend auffi plus chauds Si plus féconds ,
car la chienne peut produire S. produit même affez ordi-
nairement deux fois par an , au lieu que la louve Se la
femelle renard ne portent qu'une fois dans une année;
a.ileftà préfumer que les chiens fauvages, c'eft -à-dire.
DÉGÉNÉRATION des AnIMAUX. 351
ies chiens qui ont été abandonnés dans des pays déferts ,
ÔL qui fe font multipliés dans l'ile de Juan-Fernandes ,
dans les montagnes de Saint-Domingue , <5cc. ne pro-
duifent qu'une fois par an comme le renard cS^ le loup;
ce fait , s'il étoit conRaté , conlirmeroit pleinement
l'unité du genre de ces trois animaux , qui fe reiïemhlent
fi fort par la conformation, qu'on ne doit attribuer qu'à
quelques circonitanccs extérieures leur répugnance à fe
joindre.
Le chien paroit être Tefpcce moyenne 8l commune
entre celles du renard &. du loup ; les Anciens nous
ont tranfmis comme deux faits certains , que le chien
dans quelques pays &. dans quelques circonflances pro-
duit avec le loup 6c avec le renard *. J'ai voulu le
vérifier, &i quoique je n'aie pas réuffi dans les épreuves
que j'ai faites à ce fujet , on n'en doit pas conclure
que cela foit impoffible; car je n'ai pu faire ces effais
que fur des animaux captifs, &. l'on fait que dans la
plupart d'entr'eux la captivité feule fuffit pour éteindre
îe defir 6c pour les dégoûter de l'accouplement, même
avec leurs femblahles ; cà plus forte raifon cet état forcé
doit les empêcher de s'unir avec des individus d'une
* In Cyrcnenfi agro Lup'i cum Canibus coeiint & Laconiei canes ex
yulpe ùr cane generanlur. Ariftot. HiJI. anim. lib. VIII , cap. 28 ... .
Coeimt animalia gcneris ejufdem fecundùm natura?n , fed ea etiam quorum
genus diverfum qui de m , fed naiura non multum dijiat ; fi modo par
mamtudo fit if tempora œquent gravidhatis , rare id ft , fed tamen id
Jîeri ùr in Canibus & m Vulpibus & m Lupis cerUim ef. IJem. de
générât, anim. iib. II , cap. 5 .
^^2 Histoire Naturelle.
efpèce étrangère; mais je fuis perfiiadé que dans l'état
de liberté Si. de célibat, c'efl-à-dire , de privation de
fa femelle , le cliien peut en effet s'unir au loup Se au
renard , fur-tout fi devenu fauvage , il a perdu fon odeur
dedomefticité, <S^ s'efl en même temps rapprocbé des
mœurs 6é des habitudes naturelles de ces animaux. I{
n'en efl pas de même de l'union du renard avec le loup,
je ne la crois guère poffible; du moins dans la nature
aduelle le contraire paroît démontrépar le fait, puifque
ces deux animaux fe trouvent enfemble dans le même
climat Si dans les mêmes terres, & que fe foutenant cha-
cun dans leur efpèce fans fe chercher, fms fe mêler, ii
faudroit fuppofer ime dégénération plus ancienne que la
mémoire des hommes pour les réunir à la même efpèce :
c'efl par cette raifon que j'ai dit que celle du chien étoit
moyenne entre celles du renard 6c du loup , elle eft
au/fi commune puifqu'elle peut fe mêler avec toutes
deux ; Si fi quelque chofe pouvoit indiquer qu'origi-
nairement toutes trois font forties de la même fouche;
c'efl ce rapport comnum qui rapproche le renard du
loup, Si me paroît en réunir les efpèces de plus près
que tous les autres rapports de conformité dans la
figure Si l'organifation. Pour réduire ces deux efpèces
à l'unité, il faut donc remonter à un état de nature
plus ancien: mais dans l'état aduel , on doit regarder
le loup (S. le renard comme les tiges majeures du genre
des cinq animaux que nous avons indiqués; le chien ,
ie chacal Si i'ifatis n'en font que les branches latérales,
Si elles
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 353
ôc elles font placées entre les deux premières; le chacal
participe du chien S: du loup , <Sc Tifatis du chacal &
du renard : aufTi paroît-il par un aflez grand nombre
de témoignages, que le chacal ôl le chien produifent
aifcment enfemble ; Si Ton voit par la defcription de
l'ifatis <Sc par l'iiiftoire de Tes habitudes naturelles, qu'il
reiïemble prefqu'entièrement au renard par la figure &
par le tempérament, qu'il fe trouve également dans les
pays froids; mais qu'en même temps il tient du chacal
ie naturel, l'aboiement continu , la voix criarde & l'ha-
bitude d'aller toujours en troupe.
Le chien de berger , que j'ai dit être la fouche pre-
mière de tous les chiens, efl en même temps celui qui
approche le plus de la figure du renard; il efl de la
même taille, il a comme lui, les oreilles droites, le
inufeau pointu, la queue droite &i traînante; il approche
auffi du renard par la voix , par l'intelligence ôi par la
fineffe de l'infiind; il fe peut donc que ce chien foit
originairement iffu du renard , finon en ligne droite ,
au moins en ligne collatérale. Le chien , qu'Ariflote
appelle cnnis-laconicus , ôc qu'il afTure provenir du mé-
lange du renard & du chien , pourroit bien être le
même que le chien de be;gcr, ou du moins avoir plus
de rapport avec lui qu'avec aucun autre chien : on feroit
porté à imaginer que l'épithète laconicus qu'Ariflote
n'interprète pas , n'a été donnée à ce chien que paf
la raifon qu'il fe trouvoit en Laconie, province (\é la
Grèce , dont Lacédémone étoit la ville principale ; inais
Tome XIV, Y y
354 Histoire Naturelle.
fi l'on fait attention à l'origine de ce chien Laconic,
que le même Auteur dit venir du renard & du chien,
on fentira que la race n'en étoit pas ])ornce au feul
pays de Laconie, &. qu'elle devoit fe trouver également
dans tous les pays où il y avoit des renards, & c'eft ce
qui me fait préfumer que l'épidiète laconicus pourroit
bien avoir été employée par Ariftote dans le fens moral ,
c'efl-à-dirc pour exprimer la brièveté ou le fon aigu de
la voix; il aura appelé chien laeonic, ce chien provenant
du renard , parce qu'il n'aboioit pas comme les autres
chiens , & qu'il avoit la voix courte & glapifîànte comme
celle du renard : or notre chien de berger efl le chien
qu'on peut appeler laconic à plus jufte titre; car c'efl
celui de tous les chiens dont la voix efl la plus brève
& la plus rare ; d'ailleurs, les caratflères que donne
Ariflote à fon chien laconic conviennent affez au chien
de berger, (^ c'efl ce qui a achevé de me perfuader
que c'étoit le même chien; j'ai cru devoir rapporter
Jes pafîiiges d'Ariflote en entier, afin qu'on juge fi ma
conjecture efl fondée *.
"^ Laconici canes ex Vulpe & Cane generantur. Hift. anim. lib. VIII,
cap. 2.8 ... . Caniim gênera plurafunt. Co'it Laconicum menfe fuœ œtatis
oâavo & crus jam cîrca id tempus altoUentes nonnuUi urinam reddunt
Gerunt Laconicœ canes uterum parte fextâ annl , hoc ejl, fexagen'is diehus
eut uno velaltero, plus m'inufve. Catelli cœci gignuntur, nec ante duodecimum
d'ieni v'ifum acc'ip'iunt. Coeunt canes pojîeaquam parerunt fexto menfe nec
citiùs. Sunt quœ parte quintâ anni uterum ferunt , hoi ejl, duobus & fep-
tuaginta d'iebus , quorum catelli duodecim diebus luce carent : nonnulU
quartà parte anni, hoc ejl, tribus menfibus ferunt , quarum catelli diebus
decem & feptem luce carent. Lac ante diebus quinque quàm pariant, habent
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 355
Le genre des animaux cruels efl l'un des plus nom-
breux (Se des plus variés ; le mal femble , ici comme
canes magnà ex parte ; verùm nonnullis etiam feptem aut quatuor dkbus
anticipât : utile fiatim ut pepererint ejï ; genus laconicum pojl coitum
diebus triginta habere lac incipit parit canis duodccim compluriimim,
fed magnâ ex parte quinqut aut fex. Unum etiam aliquam peperijje cer~
tum ejl : laconicœ magnâ ex parte oâo pariunt. Coeunt quandiu vivunt &
mares & fœminœ : peculiare generis laconici ejl ut cum htborarint cotre
meliùs quam per otium pojjînt ; vivit in hoc codem gerere mas ad annos
decem , fœmina ad duodecim : cœtcri canes viaximâ quidem ex parte ad
annos quatuordecim : fed nonnulti vel ad viginti protrahunt vitam
Laconici fané generis fœminas , quia minus laborant quam mares , Viva-
ciores maribus junt : at ferb in cœteris , à' f non late admodum confiât,
tamen mares vivaciores funt. Idem. iib. VI, cap. 20 Fœminant
& marem natura difinxit moribus; funt enim fœminœ moribus mollioribus,
mitefcunt celeriiis & manum faciliàs patiuntur : difcunt eiiam imi tan-
turque ingeniofihs , ut in génère canum laconico fœminas ejje fagaciorcs
quam mares apertum ejl. Aîoloticum etiam genus venaticum nihilo a cœteris
difcrepat , at pecuarium longé & magnitudine & forlitudine contra belluas
prœfat : infignes verô animo & induflriâ qui ex utroque moloticum dico
Ù" laconicum prodierint. Idem. Iib. IX, cap. i.
Nota. Il faut obferver que le mot genus ne doit pas s'interpréter
ici par celui <ïefpèce , mais par le mot race. Ariftote y diftingue trois
races de cWicm Laconicus , Aloloticus & Pecuarius ; k Aloloticus qu"ii
nppelleaufTi Venaticus , eà vraifemblablement notre Lévrier, qui dans
la Grèce &l'Afie mineure eft le chien de chafTe ordinaire; le Pecuarius
qu'il dit excéder de beaucoup les autres cliiens par la grandeur & par
h forme , eft uns doute le mâtin , dont on fe fert pour la garde &
la défenfe du bétail contre les bêles féroces; «5c le Laconicus, duquel
il ne dcfjgne pas l'emploi , & qu'il dit feulement être un chien de
travail & d'induftrie, & qui eft de plus petite taille que le Pecuarius,^
ne peut être que le chien de berger, qui travaille en effet beaucoup à
ranger, contenir & conduire les moutons , & qui cR plus induftrieux,
^ Yy ij
35^ Histoire Natu relle.
ailleurs, fe reproduire fous toutes fortes déformes 6l fe
revêtir de plufieurs natures. Le lion &. le tigre, comme
efpèces ifolées , font en première ligne ; toutes les
autres, favoir, les panthères, les onces, les léopards, les
guépards, les lynx, les caracals, les jaguars, les cougars,
les ocelots, les fervals, les margais & les chats ne font
qu'une même <Sc méchante famille, dont les différentes
branches fe font plus ou moins étendues , 6l ont plus
ou moins varié fuivant les difïërens climats : tous ces
animaux fe reffemblent par le naturel, quoiqu'ils foient
très -différens pour la grandeur & par la figure ; ils ont
tous les yeux étincelans , le mufeau court, & les ongles
aigus , courbés 6c rétiadibles ; ils font tous nuifibles ,
féroces , indomptables ; le chat qui en efl la dernière
Si la plus petite efpèce , quoique réduit en fervitude ,
n'en eft ni moins perfide ni moins volontaire; le chat
plus attentif & plus foigneux que tous les autres chiens : mais
ce n'eft pas là ce qu'il y a de plus difficile à entendre dans ces
pafïïiges d'Ariflote , c'eft ce qu'il dit de la différente dorée de la gef-
tation dans les différentes races de chiens , dont félon lui , les uns
portent deux mois , les autres portent deux mois & demi , & les autres
trois mois : car tous nos chiens de quelque race qu'ifs foient ne
portent également que pendant environ neuf femaines , c'eft-à-dire,
foixante-un, foixante-deux ou foixante- trois jours, & je ne fâche pas
qu'on ait remarqué de plus grandes différences de temps que celle
de ces trois ou quatre jours : mais Arillote pouvoit en fivoir fur
cela plus que nous , & fj ces ftits qu'il a avancés font vrais , il en
réfulteroit un rapprochement bien plus grand de certains chiens,
avec le loup : car les chaffeurs affurent que la louve porte trois mois
ou trois mois & demi.
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 357
fàuvasfe a confervé le caradlcre Je la famille ; il cH aiifîi
cruel , aiifli méchant , aufii déprcclatciir en petit , que
fes confanguins le font en grand ; ils font tous également
carnaiïiers , également ennemis des autres animaux.
L'homme avec toutes fes forces n'a jamais pu les dé-
truire ; on a de tout temps employé contre eux le feu,
le fer , le poifon , les pièges ; mais comme tous \i:ï>
individus multiplient beaucoup , & que les efpèccs elles-
mêmes font fort multipliées , les efforts de l'homme
fe font bornés à les faire reculer & à les refferrer dans
les déferts, dont ils ne fortent jamais fans répandre la
terreur <&. caufer autant de dégât que d'effroi ; un feul
tif^re échappé de fa forêt fuffit pour alarmer tout un
peuple (Se le forcer à s'armer, que feroit-ce fi ces
animaux fanguinaires arrivoient en troupe, &. s'ils s'cn-
tendoient comme les chiens fauvages ou les chacals
dans leurs projets de déprédation ! La Nature a donné
cette intelligence aux animaux timides , mais heureufe-
nient les animaux fiers font tous folitaires ; ils marchent
feuls (Se ne confultent que leur courage, c'efl -à-dire , la
confiance qu'ils ont en leur force. Ariflote avoit re-
marqué avant nous , que de tous les animaux qui ont
des griffes, c'eft-à-dire , des ongles crochus & rétrac-
tibles, aucun n'étoit focial , aucun n'alloit en troupe*:
cette obfervation qui ne portoit alors que fur quatre ou
cinq efpèces, les feules de ce genre qui fuffent connues
* Nullum animal cuî ungues adunci , gregatile ejje perpendimus. Arift.
U-ijl. anim. lib. 1, cap. 1. ^r ■■■
358 Histoire Natu relle,
de fon temps , s'efl étendue <Sc trouvée vraie fur dix
ou douze autres efpèces qu'on a découvertes depuis;
les autres animaux carnaiïiers , tels que les loups , les
renards, les chiens , les chacals, les ifîitis, qui n'ont
point de griffes , mais feulement des ongles droits , vont
pour la plupart en troupes, <Sc font tous timides 6l
même lâches.
En comparant ainfi tous les animaux & les rappelant
chacun à leur genre , nous trouverons que les deux cents
efpèces dont nous avons donné l'hifloire , peuvent fe
réduire à un affez petit nombre de familles ou fouches
principales, defquelles il n'ellpas impo/fible que toutes
les autres foient ifïïies.
Et pour mettre de l'ordre dans cette rédudion , nous
féparerons d'abord les animaux des deux continens ; ôl
nous obferverons qu'on peut réduire à quinze o-enres
<5c à neuf efpèces ifolées , non -feulement tous les animaux
qui font communs aux deux continens , mais encore
tous ceux qui font propres & particuliers à l'ancien. Ces
genres font i.'' celui des folipèdes proprement dits,
qui contient le cheval , le zèbre , Vdï\c , avec les
mulets féconds <?c inféconds; 2. '^ celui des grands pieds-
fourchus à cornes creufes , favoir, le bœuf & le buîHe
avec toutes leurs' variétés ; 3.° la grande famille des
petits pieds-fourchus à cornes creufes , tels que les
brebis , les chèvres , les gazelles , les chevrotains &
toutes les autres efpèces qui participent de leur nature ;
^.° celle des pieds-fourchus à cornes pleines ou bois
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 359
folides, qui tombent d>i qui fe renouvellent tous les ans;
cette famille contient l'élan , le renne, le cerf, le daim,
l'axis 6c le chevreuil, y Celle des pieds -fourchus
ambigus , qui eft compofce du fanglier <Sc de toutes les
variétés du cochon, telles que celui de Siam à ventre
pendant , celui de Guinée à longues oreilles pointues
&i couchées fur le dos , celui des Canaries à groffes
6c longues défenfes , 6cc. 6.° Le genre très-étendu des
fiffipèdes carnafficrs à griffes, c'eft-à -dire à ongles
crochus 6c rétraéliblcs, dans lequel on doit comprendre
les panthères, les léopards , les guépards, les onces, les
fervals 6c les chats, avec toutes leurs variétés, y.*' Celui
des fiffipèdes carnafficrs à ongles non rétradibles , qui
contient le loup , le renard , le chacal , l'ifatis 6c le
chien, avec toutes leurs variétés. 8."* Celui des fiffipèdes
carnaffiers à ongles non rétraélibles, avec une poche
fous la queue ; ce genre efl compofé de Thyccne , de
la civette, du zibet , de la genette, du blaireau, &.C,
9.° Celui des fiffipèdes carnaffiers à corps très-alongé
avec cinq doigts à chaque pied , Sl le pouce ou premier
ongle féparé des autres doigts ; ce genre efl compofé
des fouines , martes , putois , furets , mangoufles ,
belettes, vanfires, 6cc. lO.*" La nombreufe famille des
fiffipèdes , qui ont deux grandes dents incifives à chaque
mâchoire 6c point de piquans fur le corps ; elle efl
compofée des lièvres , des lapins 6c de toutes les ef-
pèces d'écureuils , de loirs , de marmottes 6c de rats.
ii.° Celui des fiffipèdes, dont le corps efl couvert
3(5o Histoire Natu re lle.
(le piquans , tels que les porc -épies Si les hcrifTons.
12." Celui des lillipècles couverts d'écaiiles, les pan-
golins &. les phatagins. 15.° Le genre des fi/Tipèdes
amphibies, qui contient la loutre, le caflor, le defman,
les niorfcs (Scies phoques. 14.'' Le genre des quadru-
manes , qui contient les finges , les babouins, les
guenons, les makis, les loris, &c. i <y° Enfin celui des
fifTipcdes ailes, qui contient les rouiïettes <Sc les chauve-
fouris , avec toutes leurs variétés. Les neuf efpèces
ifolées, font l'ciéphant, le rhinocéros, l'hippopotame,
la giraffe, le chameau, le lion, le tigre, l'ours &. la
taupe, qui toutes font auffi fujettes à un plus ou moins
grand nombre de variétés.
De ces quinze genres 6c de ces neuf efpèces ifolées,
deux efpèces & fept genres font communs aux deux
continens ; les dcwx efpèces font , l'ours ôl la taupe ;
Si les fept genres font, i .° celui des grands pieds-four-
chus à cornes creufes ; car le bœuf fe retrouve en
Amérique fous la forme dubifon. 2.° Celui des pieds-
fourchus à bois folides; car l'élan fe trouve au Canada,
fous le nom (ï orignal ; le renne fous celui de caribou,
êc l'on trouve auiïi dans prefque toutes les provinces
de l'Amérique feptentrionale des cerfs , des daims Se
des chevreuils. ^.° Celui des fiffipèdes carnafiiers à
ongles non rétradibles; car le loup & le renard fe
trouvent dans le nouveau monde comme dans l'ancien.
4.° Celui des fiffipèdes à corps très-alongé, la fouine,
la marte, le putois fe trouvent en Amérique comme
en
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 361
en Europe. 5.° L'on y trouve aufH une partie du genr-e
des filTipèdes qui ont deux grandes dents incifives à
chaque mâchoire, les écureuils, les marmottes, les
rats , <5cc. 6^ Cekii des finipèdes amphibies ; les morfcs ,
les phoques , les caftors 6c les loutres exiftent dans le
Nord du nouveau continent, comme dans celui de
l'ancien. 7.° Le genre des fifTipèdes ailes y exifle aufTi
en partie, car on y trouve des chauve -fouris &^ des
vampires, qui font des ^fpèces de rouiïettes.
Il ne relie donc que huit genres & cinq efpèces
ifolées , qui foient propres & particuliers à l'ancien
continent : ces huit genres ou familles font, i.° celle
des lolipèdes proprement dits ; car on n'a trouvé ni
chevaux, ni ânes, ni zèbres, ni mulets dans le nouveau
monde. 2.° Celle des petits pieds-fourchus à cornes
creufes; car il n'exifloit en Amérique ni brebis, ni
chèvres, ni gazelles, ni chevrotains. ^.'^ La famille
des cochons , car l'cfpèce du fanglier ne s'cft point
trouvée dans le nouveau monde ; &. quoique le pécari
avec fes variétés doive fe rapporter à cette famille, il
en ditîère cependant par des caraclères affez remar-
quables , pour qu'on puiiïe l'en féparer. 4.** Il en
c(t de même de la famille des animaux carnafTiers à
ongles rétradibles ; on n'a trouvé en Amérique ni
panthères , ni léopards , ni guépards , ni onces , ni
fervals ; &. quoique les jaguars , cougars , ocelots «Se
margais paroifTent être de cette famille, il n'y a aucune
de ces efpèces du nouveau monde qui fe trouve dans
Tome XIV. ^ z
362 Histoire Naturelle,
l'ancien continent, <5c réciproquement aucune efpèce
de l'ancien continent qui fe foit trouvée dans le
nouveau. 5.° Il en eft encore de même du genre des
fifTipèdcs dont le corps efl couvert de piquans ; car ,
quoique le coendou &i Furfon foient très-voifms de ce
genre, ces efpèces font néanmoins très-différentes de
celles des porc-épics 6c des hérifTons. 6.** Le genre des
fifTipèdcs carnafTiers à ongles non rétra6tibles , avec
une poche fous la queue; car l'hysene , les civettes &
les blaireaux n'exiftoient point en Amérique. 7.° Les
genres des quadrumanes; car Ton n'a trouvé en Amé-»
rique ni finges, ni babouins , ni guenons , ni makis ; &
les fipajous , fagoins , farigues , marmofcs , <5cc. quoique
quadrumanes , diffèrent de tous ceux de l'ancien con-
tinent. 8.° Celui des Mpèdes couverts d'écaillés , le
pangolin ni le phatagin ne fe font point trouvés en
Amérique ; 6c les fourmiliers auxquels on peut les
comparer , font couverts de poil , 6c en diffèrent trop
pour qu'on puiffe les réunir à la même famille.
Des neuf efpèces ifolées , fept ; favoir , l'éléphant ,
le rhinocéros , l'hippopotame , la giraffe , le chameau , le
lion 6c le tigre ne fe trouvent que dans l'ancien monde ;
6c deux, favoir, l'ours 6c la taupe font communes aux
àtw\ continens.
Si nous faifons de même le dénombrement des
animaux propres 6c particuliers au nouveau monde,
nous trouverons qu'il y en a environ cinquante efpèces
différentes , que l'on peut réduire à dix genres 6c quatre
DÈCÈ'NERATÎON des ANIMAUX. 3^3
efpèces ifolées ; ces quatre efpèces font le tapir , le
cabiai, le lama (Scie pécari, encore n'y a-t-il quei'efpèce
du tapir qui foit abfolument ifolée , car celle du pécari
a des variétés, (Se Ton peut réunir la vigogne au lama,
<Sc peut-être le cochon d'Inde au cabiai. Les dix genres
font I.** les fapajous, huit efpèces; 2.° les fagoins , fix
efpèces; 3.*' les philandres ou farigues , niarniofes ,
kaïopollins , phalangers , tarfiers , (S^c ; 4.'' les jaguars ,
cougars , ocelots, margais , &c ; 5." les coatis, trois
ou quatre efpèces ; d? les mouflettes , quatre ou cinq
efpèces ; -j? le genre de l'agouti , dans lequel je com-
prends l'acouchi , le paca, Taperea (Se le tapeti ; 8.'' celui
des tatous , qui eft compofé de fept ou huit efpèces ;
()? les fourmiliers, deux ou trois efpèces; (Se 10.'' les
pareffeux , dont nous connoiffons deux efpèces , favoir,
i'u nau (Se l'ai.
Or ces dix genres (Se ces quatre efpèces ifolées ,
auxquels on peut réduire les cinquante efpèces d'animaux
qui font particuliers au nouveau monde , quoi(]ue toutes
différentes de celles de l'ancien continent, ont ce-
pendant des rapports éloignés qui parqiffent indiquer
quelque chofe de commun dans leur for^nation , 6. qui
nous conduifent à remonter à des caufes de dégénc-
ration plus grandes (Se peut-être plus anciennes que toutes
les autres. Nous avons dit qu'en général tous les animaux
du nouveau monde étoient beaucoup plus petits que
ceux de l'ancien continent ; cette grande diminution
dans la grandeur, quelle qu'en foit la caufe, eft une
Z z 1;
364 Histoire NATilnELLC,
première forte Je dégénérât ion , qui n'a pu fe faire fans
beauconp influer fur la forme , & il ne faut pas perdre
de vue ce premier effet dans les comparaifons que l'on
voudra faire de tous ces animaux.
Le plus grand eft le tapir qui , quoiqu'il ne foit que
de la taille d'un âne , ne peut cependant être comparé
qu'à l'éléphant, au rhinocéros (Se à l'hippopotame ; il
cft dans fon continent le premier pour la grandeur,
comme l'éléphant l'efl dans le fien ; il a, comme le
rhinocéros , la lèvre fupérieure mufculeufe Se avancée ,
Si comme l'hippopotame, il fe tient fouvent dans l'eau.
Seul , il les rcpréfente tous trois à ces petits égards , <Sc
fa forme qui en tout tient plus de celle de l'âne que
d'aucune autre , femble ctre au/fi dégradée que fa taille
efl diminuée. Le cheval, l'âne, le zèbre, l'éléphant,
le rhinocéros & l'hippopotame n'exifloient point en
Amérique , 6c n'y avoient même aucun repréfentant ,
c'efl-à-dire , qu'il n'y avoit dans ce nouveau monde
aucun animal qu'on pût leur comparer , ni pour la
grandeur ni pour la forme ; le tnpir efl celui dont la
nature fembleroit être la moins éloignée de tous , mais
en même temps elle paroît fi mêlée & elle approche fi
peu de chacun en particulier, qu'il ne{{ pas poiïible
d'en attribuer l'origine à la dégénération de telle ou
telle cfpèce ; & que malgré les petits rapports que cet
animal fe trouve avoir avec le rhinocéros , l'hippo-
potame ai Tâne, on doit le regarder non-feulement
comme étant d'une efpèce particulière, mais même
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. 365
d'un genre fingulier <&: différent de tous les autres.
Ainfi le tapir n'appartient ni de près ni de loin à
aucune efpèce de l'ancien continent , <S: à peine porte-
t-H quelques caractères qui l'approchent des animaux
auxquels nous venons de le comparer. Le cabiai fe
refufc de même à toute comparaifon , il ne refTeniLle
à l'extérieur à aucun autre animal, (Se ce n'efl que par
les parties intérieures qu'il approche du cochon d'Inde,
qui eft de Ton même continent , & tous deux font
d'efpèces ahfolument différentes de toutes celles de
l'ancien continent
Le lama Sl la vigogne paroificnt avoir des fignes
plus fignificatifs de leur ancienne parenté, le premier
avec le chameau , Si le fécond avec la brebis. Le lama
a, comme le chameau, les jambes hautes, le cou fort
long, la tète légère, la lèvre fupérieure fendue; il lui
relTemble aulfi par la douceur du naturel , par l'efprit
de fervitude , par la fobriétc, par l'aptitude au travail;
c'étoit chez les Américains le premier & le plus utile de
leurs animaux domefiiques, ils s'en fervoicnt comme
les Arabes fe fervent du chameau pour porter <\qs far-
deaux : voilà bien des convenances dans la nature de
ces (ÏQWX animaux , es. l'on peut encore y ajouter celles
des ftigmates du travail , car quoique le dos du lama
ne foit pas déformé par des boifes comme celui du
chameau , il a néanmoins des cailof tés naturelles fur
la poitrine, parce qu'il a la même habitude de fe re-
pofer fur cette partie de fon corps. Malgré tous ces
Z z iij
^66 Histoire Natu re lle.
rapports, \q lama efl d'une efpèce très-cliftinde (Se très-
difîérente de celle du chameau; d'abord il efl beaucoup
plus petit Se n'a pas plus du quart ou du tiers du vo-
lume du chameau ; la forme de fon corps , la qualité
& la couleur de Ton poil font aufTi fort différentes ; le
tempérament l'efl encore plus; c'efl; un animal pitui-
teux , Si qui ne fe plaît que dans les montagnes , tandis
que le chameau efl d'un tempérament fec , Si habite
volontiers dans les fables brùlans : en tout, il y a peut-
être plus de différences fpécifiques entre le chameau
Si le lama, qu'entre le chameau Si la giraffe : ces trois
animaux ont plufieurs caraélcres communs, par lefquels
on pourroit les réunir au même genre : mais en même
temps, ils diffèrent à tant d'autres égards, qu'on ne
feroit pas fondé à fuppofer qu'ils font iffus les uns des
autres, ils font voifins Si ne font pas parens. La girafte
a près du double de la hauteur du chameau , Si le
chameau le double du lama ; les deux premiers font
de Tancien continent Si forment des efpèces féparées;
à plus forte raifon , le lama qui ne fe trouve que dans
le nouveau monde efl-il d'une efpèce éloignée de tous
Jes deux.
Il n'en efl pas de même du pécari , quoiqu'il foit
d'une efpèce différente de celle du cochon , il efl
cependant du même genre ; il reffemble au cochon
par la forme Si par tous les rapports apparens, il n'en
diffère que par quelques petits caradères, tels que l'ou-
verture qu'il a fur Je dos, la forme de l'eflomac (Se
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX. -^6^
des inteflins , Sic. On pourroit donc croire que cet
animal feroit iffii de la même foiiche que le cochon,
& qu'autrefois il auroit pafTé de l'ancien monde dans
le nouveau, où par l'influence de la terre , il aura dé-
généré au point de former aujourd'hui une cfpèce dif-
tincle & différente de celle dont il efl originaire.
Et à l'égard de la vigogne ou paco , quoiqu'elle ait
quelques rapports avec la brebis par la laine 6c par
l'habitude du corps, elle en difïère à tant d'autres
égards , qu'on ne peut regarder ces efpèces ni comme
voifmes ni comme alliées ; la vigogne efl plutôt une
efpèce de petit lama , & il ne paroît par aucun indice
qu'elle flit jamais pafTé d'un continent à l'autre. Ainfi
des quatre efpèces ifolées qui font particulières au
nouveau monde , trois; favoir, le tapir, le cabiai & le
lama, avec la vigogne paroiflTent aj)partenir en propre
Sl de tout temps à ce continent; au lieu que le pécari
qui fait la quatrième femble n'être qu'une efpèce dé-
générée du genre des cochons , ôl avoir autrefois tiré
fon origine de l'ancien continent.
En examinant 6: comparant dans la même vue les
dix genres, auxquels nous avons réduit les autres ani-
maux particuliers à l'Amérique méridionale, nous trou-
verons de même, non-feulement des rapports fmguliers
dans leur nature, mais des indices de leur ancienne
origine 6l des fignes de leur dégénération ; les fapajous
&L\ts fagoins reffemblent affez aux guenons ou fmges
à longue queue pour qu'on ieur ait donné le nom
-^63 H I STO I RE N ATU RE LLE,
commun dejînge ; cependant nous avons prouve que
leurs efpèces Sl même leurs genres font diiférens, <Sc
d'ailleurs il fcroit bien difficile de concevoir comment
les guenons de l'ancien continent ont pu prendre en
Amcrifjue une forme de fice diiîcrente, une queue
mufclée <Sc préhenfde, une large cloifon entre les
narines (Se les autres caradères , tant fpéciliques que
génériques, par lefquels nous les avons diftinguées 6c
réparées des fapajous; cependant comme les finges,
les babouins 6l les guenons ne fe -trouvent que dans
Tancien continent , on doit regarder les fapajous & les
fagoins comme leurs repréfentans dans le nouveau ; car
ces animaux ont à peu près la même forme, tant à
l'extérieur qu'à l'intérieur, <5c ils ont auffi beaucoup de
chofes communes dans leurs babitudes naturelles : il
en efl de même des makis dont aucune cfpèce ne
s'eft trouvée en Amérique, & qui néanmoins paroifTent
y ctre remplacés ou repréfentés par les pbilandres, c'cfl-
à-dire par les farigues , marmofcs (5c autres quadrumanes
à mufeau pointu , qui fe trouvent en grand nombre
dans le nouveau continent (Si nulle part dans l'ancien :
feulement il faut obferver qu'il y a beaucoup plus de
différence entre la nature <S: la forme des makis ôl de
ces quadrumanes Américains, qu'entre celle des '^ue-
nons <S^ des fapajous; <S. qu'il y a fi loin d'un farigue,
d'une marmofe , ou d'un pbalanger à un maki , qu'on
ne peut pas fuppofer qu'ils viennent les uns des autres
Uns fuppofer en même temps que la dégénération peut
produire
DÉGÉNÉRATION des ANIMAUX, 369
produire des effets égaux à ceux d'une nature nouvelle;
car la plupart de ces quadrumanes de l'Amérique ont
une poche fous le ventre; la plupart ont dix dents à la
mâchoire fupérieure & dix à l'inférieure ; la plupart
ont la queue prchen fde , tandis que les makis ont la
queue lâche , n'ont point de poches fous le ventre &
n'ont que quatre dents incifives à la mâchoire fupé-
rieure , (Se fix à l'inférieure : ainfi quoique ces animaux
aient les mains & les doigts conformés de la même
manière, <&: qu'ils fe reffemblent auffi par l'alongement
du mufeau ; leurs cfpèces <Sc même leurs genres, font fi
différens , fi éloignés qu'on ne peut pas imaginer qu'ils
foient iffus les uns des autres , ni que des difparités
auffi grandes (5c aulfi générales aient jamais été produites
par la dégénération.
Au contraire , les tigres d'Amérique que nous avons
indiqués fous les noms de jaguars, cougars , ocelots &
margais, (juoique d'efpèces différentes de la panthère,
du léopard , de l'once , du guépard &i du ferval de
i'ancien continent , font cependant bien certainement
Aw même genre ; tous ces animaux fe reffemblent
beaucoup tant à l'extérieur qu'à l'intérieur; ils ont auffi
\t même naturel , la même férocité , la même véhé-
mence de goût pour le fàng ; & ce qui les rapproche
encore de plus près pour le genre , c'ell qu'en les com-
parant , on trouve que ceux du même continent différent
autant <?c plus les uns des autres que de ceux de l'autre
continent: par exemple, la panthère de l'Afrique diffère
Torn^ XIV, Aaa
3/0 Histoire N atu re lle.
moins cîu jaguar du Brefil , que celui-ci ne diffère du
cougar qui cependant efl du même pays; de même
Je ferval de l'Afie &. le margai de la Guiane font moins
différens entr'eux, qu'ils ne le font de tous ceux de
leur propre continent : on pourroit donc croire avec
afTcz de fondement que ces animaux ont eu une origine
commune, &. fuppofer qu'ayant autrefois paffé d'un
continent à l'autre , leurs différences aétuelles ne font
venues que de la longue influence de leur nouvelle
ijtuation.
Les mouflettes ou puans d'Amérique, Ôl le putois
d'Europe paroilfent être du même genre. En général,
lorfqu'un genre efl; commun aux deux continens , \ts
efpèces qui le compofent font plus nombreufes dans
l'ancien que dans le nouveau; ici c'efl tout le contraire»
on y trouve quatre ou cinq efpèces de putois , tandis
que nous n'en avons qu'un , dont la nature paroit même
inférieure ou moins exaltée que celle de tous les autres ;
en forte qu'à fon tour le nouveau monde paroit avoir
des repréfentans dans l'ancien ; & fi l'on ne jugeoit
que par le fait, on croiroit que ces animaux ont fait la
route contraire, & ont autrefois paffé d'Amérique en
Europe. 11 en efl de même de quelques autres efpèces :
les chevreuils Si les daims , auffi-bien que les mouflettes,
font plus nombreux tant pour les variétés que pour les
efpèces , & en même temps plus grands 6c plus forts
, dans le nouveau continent que dans l'ancien; on
pourroit donc imagine: qu'ils en font originaires, mais
DÉGÉNÉRATION des AnIAIAUX. 37I
comme nous ne devons pas douter que tous les animaux
en général n'aient été créés dans l'ancien continent,
il faut nécefTairement admettre leur migration de ce
continent à l'autre, 6. fuppofer en même temps, qu'au
lieu d'avoir, comme tous les autres, dégénéré dans ce
nouveau monde, ils s'y font au contraire perfedionnés,
A que par la convenance <5: la faveur du climat, ils ont
furpaffé leur première nature.
Les fourmiliers, qui font des animaux très-finguliers,
Sl dont il y a trois ou quatre efpèces dans le nouveau
monde, paroiflent auffi avoir leurs repréfentans dans
i'ancien ; le pangolin 6c le phatagin leur reffemblent
par le caradère unique de n'avoir point de dents , &
d'être forcés comme eux à tirer la langue & vivre de
fourmis ; mais fi l'on veut leur fuppofer une origine
commune , il eft affez étrange qu'au lieu d'éca.lles
qu'ils portent en Afie, ils fe foient couverts de poils
.en Amérique.
A l'égard des agoutis , des pacas & des autres du
feptième'' genre des animaux particuliers au nouveau
continent , on ne peut les comparer qu'au lièvre & au
lapin, defquels cependant ils diffèrent tous par l'efpèce;
6c ce' qui peut faire douter qu'il y ait rien de commun
dans leur origine , c'efl que le lièvre s'eft répandu dans
prefque tous les climats de l'ancien contment , fans
Le fa nature fe foit altérée <Sc fans qu'il ait fubi d'autres
changemens que dans la couleur de fon pod ; on ne
-peut donc pas imaginer avec fondement que le clmiat
Ijz Histoire Natu re llë.
d'Amcrique ait fait ce que tous les autres climats n'ong
pu faire, & qu'il eut changé la nature de nos lièvres au
point d'en faire ou des tapetis & des apérea, qui n'ont
point de queue; ou des agoutis à mufeau pointu, à oreilles
courtes & rondes ; ou des pacas à groffe tcte , à oreilles
courtes, à poil ras & rude , avec des bandes blanches.
Enfin , les coatis , les tatous Si les parefTeux font fi
différens, non-feulement pour l'efpèce, mais auffi pour
Je genre de tous les animaux de l'ancien continent,
qu'on ne peut les comparer à aucun , & qu'il n'efl
pas po/Tible de leur fuppofer rien de commun dans
leur origine, ni d'attribuer aux effets de la dégénération
des prodigieufes différences qui fe trouvent dans leur
nature, dont nul autre animal ne peut nous donner ni.
le modèle ni Vidée.
Ainfi de d\x genres Sl de quatre efpèces ifolées ^
auxquels nous avons tâché de réduire tous les animaux
propres <Sc particuliers au nouveau monde , il n'y en a.
que deux , favoir, le genre des jaguars, des ocelots, &c.
6c l'efpèce du pécari , avec fes variétés qu'on puifTe
rapporter avec quelque fondement aux animaux de
l'ancien continent ; les jaguars Si les ocelots peuvenc
être regardés comme des efpèces de léopards ou de
panthères , 6c le pécari comme une efpèce de cochon.
£nfuite il y a cinq genres & une efpèce ifolée , favoir,
l'efpèce du lama, 6cles genres des fapajous, des f^igoins,'
des mouflettes , des agoutis Si des fourmiliers, qu'on
peut comparer, mais d'une manière équivoque <Sc fort
DÉCÉNÉRATION des ANIMAUX, 373
éloignée au chameau , aux guenons , aux putois , au
lièvre <Sc aux pangolins, Si enfin il refle quatre genres
6c deux efpèces ifolées , favoir, les philan cires , les coatis ,
les tatous, les parefTcux , le tapir <Sc le cabiai, qu'on ne
peut ni rapporter ni même comparer à aucun des genres
ou des efpèces de l'ancien continent. Cela femblc
prouver affcz que l'origine de ces animaux particuliers
au nouveau monde ne peut être attribuée à la fmiple
dégéncration ; quelque grands, quelque puiflans qu'on
voulût en fuppoièr les effets , on ne pourra jamais fe per-
fuader avec quelqu 'apparence de raifon que ces animaux
aient été originairement les mêmes cjue ceux de l'ancien
continent; il eft plus raifonnable de penfcr qu'autrefois
les deux continens étoient contigus ou continus , 6l que
les efpèces qui s'étoicnt cantonnées dans ces contrées
du nouveau monde , parce qu'elles en avoient trouvé la
t^rre <Sc le ciel plus convenables à leur nature , y furent
renfermées <Sc féparées des autres par l'irruption des mers
lorfqu'clles divisèrent l'Afrique de l'Amérique ; cette
caufe efl naturelle 6c Ton pinit en imaginer de fembla-
Ides, 6c qui produiroient le même effet ; par exemple ,
s'il arrivoit jamais que la mer fit une irruption en Afie
de l'orient au couchant, 6c qu'elle féparât du refle du
continent les terres méridionales de l'Afrique 6c de
l'Afie, tous les animaux qui font propres & particuliers
à ces contrées du Midi, tels que les éléphans, les rhi-
nocéros, les giraffes, les zèbres, lesorang-outangs, 6cc,
fc trouveroient relativement aux autres dans le mcmc
Aaa iij
374 Histoire Naturelle, i/c,
cas que le font adiiellenient ceux de l'Amérique méri-
dionale ; ils feroient entièrement &: ahfolument féparés
de ceux des contrées tempérées , & on auroit tort
de leur chercher une origine commune & de vouloir
les rappeler aux cfpèces ou aux genres qui peuplent ces
contrées, fur le feul fondement qu'ils auroient avec ces
derniers quelque reffemblance imparfiite ou quelques
rapports éloignes.
Il fiut donc , pour rendre raifon de l'origine de cc$
animaux, remonter aux temps où les deux continens
n'éloient pas encore féparés, il faut fe rappeler les
premiers changemens qui font arrivés fur la furface du
<^lobe ; il faut en même temps fe repréfenter les deux
cents efpèces d'animaux quadrupèdes réduites à trente-
huit familles : Et quoique ce ne foit point là l'état de
la Nature telle qu'elle nous efl parvenue , & que noi»
l'avons repréfentée , que ce foit au contraire un état
beaucoup plus ancien , & que nous ne pouvons guère
atteindre que par des indu6tions & des rapports pref-
qu'auiïi fugitifs que le. temps qui femble en avoir effacé
les traces ; nous tâcherons néanmoins de remonter par
les faits (Se par les monumens encore exiflans à ces
premiers âges de la Nature , & d'en préfenter les
époques qui nous paroîtront clairement indiquées.
îit^
37)
DESCRIPTION
DES
CHOSES QVl SONT ARRIVÉES AU CABINET
depuis rimprejjion des articles auxquels
elles ont rapport,
-nr Mc ce XXXVI.
Une jnaln defféchée , dont les os font convertis
en Turquolfes.
Cette main eft dans leîat des momies deffëche'es fins em-
baumement; la peau &- toutes les parties molles font noires,
ncornies & même détruites dans plufieurs endroits où elles lailfeiU
les os à dccouvert , & où l'on voit que ces os ont une couleur
de turquoife. li ne refte aucun àts ongles, mais on reconnoît
iûr la peau la rainure dans laquelle ils étoient incruflcs : toutes
les phalanges des doigts & tous les os du métacarpe font entiers;
ios unciforme eft le feul du cari>e qui tienne à la main dont il
s'agit ; les proportions de tous ces os prouvent que c'eft la main
droite d'une femme adulte. Cette main a été trouvée à Clamecy
dans le Nivernois ; il n'ell pas furprenant -qu'elle ail paru mer-
veilleufe aux gens du lieu qui lagardoientfoigneufement , lorfque
feu M.i'abbé Lebœuf, de l'Académie royale des Infcriptions &■
Belles-Lettres, vilitant ce pays pour y iaire des recherches furies
antiquités, l'obtint pour le Cabinet du Roi ; c'eft à plufieurs titres
qu'elle mérite d'y avoir place. Ce morceau eft très-ilngulier &
tïès-curieux, en ce qu'il a-été trouvé dans le Nivernois, foit qu'on
37^ Description
le conficlcrc comme partie d'une momie ou comme turquoifc,
&: il eft le feul que l'on ait connu jufciu'à prcTent pour élre tout
à la fois turquoifè & momie. On làvoit que le terrain dts
Cordeliers de Touloufè avoit la propriété de prcferver \ts ca-
davres de la corruption en its deiïcchant comme dts momies;
on avoit trouve àts turquoifes dans le Lanauedoc , mais on na
j-amais aperçu la couleur de la turquoiiè fur les os des momies
de Touloufe ni d'aucun autre lieu, & on n'a jamais vu ks os
dont on fait les turquoifes de Languedoc, ou d'ailleurs, revêtus
de chair comme de5 momies. La dernière pfialange des doigts
de la main trouvc'e à Clamecy ; les deux phalanges du pouce,
\ts cinq os du métacarpe &: l'os unciforme font découverts &
d'une couleur bleue teinte de vert & plus ou moins foncée , on
voit que la couleur pénètre dans l'intérieur de plufieurs de ces
.os qui ont été entamés à dedein de \ts fonder : il y a tout lieu
de croire que les phalanges qui font couvertes de chairs ont la
même couleur ; je ne me fuis pas permis de \ts découvrir, dans
h crainte de déformer cette main plus qu'elle ne l'eft.
N/* MCCCXXXVLL
Ongle d'une grandeur excejjive.
Cet ongîe tW contourné en fpirale & long d'un demi-pied ,
il a trois faces longitudinales & irrégulières, & trois arêtes hé-
rifîées d'écailies que forment \qs différentes lames dont il eft
.compofé; fa circonférence eft de près de deux pouces. M. Cam-
penon , Médecin à Tonnerre, l'a envoyé au Cabinet, il l'avoit
£iit couper au gros doigi du pied d'une fille âgée de foixante-
quinze ans , elle s'étoit aperçue de l'accroifTement exceffif de cet
ongle depuis environ douze ans; l'amputation fut faite à un pouce
de didance de la racine , où il y avoit plus de cinquante petits
mamÊlon^
DU Cabinet. 377
mamelons de la nature des poireaux, gros comme de petits pois
& ferrés les uns contre les autres en forme de grappe de raifin.
N.° MCCCX XX VIII.
La peau d'une Négrejje du premier âge.
Cette peau e(t bourrœ , elle n'a qu'environ quinze pouces de
hauteur depuis le bas des talons jufqu'au fommet de la tête; Çms
cloute qu'elle s'efl raccourcie lorfqu'on l'a préparée , car elle eft
noire en entier , & il y a de la laine fur la tête. Cette petite
figure efl revêtue de quelques ornemens dQ rafade.
N.° M G G G X X X I X.
La tête décharnée d'un Chinois.
Cette tête a été Irouvée dans un défert de la Bucharie.
N." M G G G X L.
Autre tête décharnée d'un Chinois.
Celle-ci vient d'un défert à^s Tartares de Nagai.
N.'^ M G G G X L I.
La tête décharnée d'un Tartare.
Cette tête a été tirée d'un défert des Calmoucs ; c^s trois têtes
ont été apportées au Cabinet, par M. de l'Iûe, de l'Académie
Royale des Sciences; je n'y ai reconnu aucun caradère marqué
qui les diflingue de celles des hommes de notre nation.
N.° M G G G X L I L
Le fquelette d'un fœtus humain injeâé.
On voit fur les différentes parties de ce fquelette des ramifi-
cations d'artères injeaées , qui paroiffent fur le périofte , & qui
pénètrent dans les os.
Tome XIV. Bbb
37^ Description
n; m C C C X L I I I.
Portion de nnmierus dans toute la circonférence de l'os,
tombée par l'effet de la carie.
Cette portion de l'humeriis a jtifcju'à trois pouces Je longueur
aux endroits où elfe efl terminée en pointe ; l;i circonférence eft
entière fur la ionguem- de neuf lignes; cette pièce (è détacha de
l'os du bras gauche d'un jeune homine de vingt ans, après en-
viron un an de maladie, caufée par une tumeur à ce bras; la
fiippuraiion & la caj-ie avoient détruit les chairs 5c une partie de
i'os. M. Tfiibault, Chirurgien à Mouiier-Saint-Jèan , village de
Bourgogne cà deux lieues de la ville de Montbard, ayant donné
fès foins au malade pendant {\^ (èmaines , & ayant pris coniêil
de M. Julien, Médecin à Noyers, la portion de l'humérus dont
il s'agit fe détacha ; en troii mois & neuf jours les chairs &: l'os
fe regénérèrent au point que le jeune homme fut en état de
travailler avec fon bras gauche aux ouvrages de la campagne les
plus pénibles, comme s'il n'avoit jamais eu de mal. M. Thibault
remit la portion qui s'étoit détachée de l'humérus à Dom Sebeion ,
religieux Bénédictin de l'abbaye de Moutier-Saint-Jean , pour la ■
faire parvenir au Cabinet du Roi.
N.^ M C C C X L I V.
Tête injeâée d'un enfant de trois ans,
M. Mertrud , Chirurgien & Démonflrateur d'Anatom je ^\
Jardin du Roi , a injedé cette tête il y a quatorze ans, &: la
donnée au Cabinet ; elle s'ell maintenue en bon ctat dans un •
mélange d'e.ui.-de-vie 6c d'eau»
B V Cabinet. 379
N.° M C C C X L V.
Les deux bras injeâés d'un enfant de trois ans.
Ces bras ont été injecflés avec la tcte, rapportée fous le numéro
précédent , & font auiïî bien coniêrvés.
N." M C C C X L V I.
Le cœur avec une portion des gros vaijjeaux if
de la trachée-artère.
On peut juger par îa grandeur de ces pièces qu'elles ont été
tirées d'un individu adulte; cependant on y voit le trou ovale
encore ouvert , &: le canal artériel creux d'un bout à l'autre.
N.° M C C C X L V I I.
Fœtus humain d'un pouce de hauteur.
La jambe droite mangue à ce fœtus, 6c l'autre paroît n'être
.pas entière.
N.° M C C C X L V I I I.
Fœtus humain d'environ un pouce trois quarts de hauteur.
Les bras ont à peu près fix lignes de longueur, prife depuis
i'aiffeile jirfqu'au bout des doigts, & les jambes cinq lignes 6c
demie , depuis raifTeile jufqu'au bout des doigts des pieds.
N." M C C C X L I X.
Autre fœtus humain à peu près de même hauteur
que le précédent.
X.e defllis de la tète de ce fœtus eft aplati , «Se le corps entier
Bbbi/
380 Description
efl racorni au point que les vefliges àits os /ont tnce's fur la
peau , comme dans une. mone delféchée.
N." M C C C L.
Fœtus hiLumin mâle de près de deux pouces de hauteur.
Le corJon ombilical, le placenta, le chorion & l'amnios
tiennent à ce fœliis.
N.° M C C C L I.
Fœtus hmna'm d'environ cinq pouces deux lignes
de hauteur.
Ce fœtus efl femelle , {ts bras ont vingt-trois lignes de lon-
gueur depuis le haut du bras jufqu'au bout des doigts , & feulement
vingt lignes depuis l'ainèile jufciu'au bout des doigts ; la jambe
a vingt lignes de longueur depuis l'aîne jufqu'au talon , & deux
pouces jufqu'au bout des doigts.
N.^ M C C C L I I.
Fœtus humain de cinq pouces deux lignes de hauteur.
Ce fœtus eft femelle, l'ouverture de la vulve y eft bien
marquce au-deffous de l'cminence formée par le gland du
clitoris,
N.^ M C C C L I I I.
Fœtus humain defix pouces trois lignes de hauteur,
11 n'a que quatre pouces cinq lignes, depuis lanus jufqu'aa
fommet de la tête ; il eft femelle.
N.° M C C C L I V.
Fœtus humain de même fexe , èr à peu près de même
grandeur que le précédent.
Quoique les fœtus rapportés fous le préfent numéro & fous ic
DU Cabinet. 381
préccdent, foienl déjà grands, il feroit difficile de reconnoître
ieur fexe , lî l'on ne favoit , comme je l'ai déjà fait remarquer * ,
que dans les fœtus humains le clitoris de la femelle eft aufli
apparent que la verge du mâle.
N.'^ M C C C L V.
Un fœtus humain morijlrueux.
Le cœur, les poumons, &:c. fe trouvent placés au-de(lbus de
la poitrine contre les inteflins & les autres vifcères du bas-ventre ,
qui font tous dénués de tégumens & hors de l'abdomen.
N.° M C C C L V I.
Enfant nouveau né , monftrueux.
Cet enfant eft femelle; il eft mort en naKfant , quoique
l'accouchement fe foit fait au terme ordinaire &: qu'il ait été
heureux pour la mère. L'enfant étoit fi mal conformé, qu'il ne
pouvoit pas vivre ; le foie , les inteflins & une partie de l'eilomac
font hors du ventre par une évenîration naturelle ; la mâchoire
fupérieure eft renverfée en haut & confondue avec le nez ; il n'y
a qu'un œil, il efl placé au-defTus du nez un peu à droite,
enveloppé & prefque couvert par une malTe charnue : il fe
trouve fur le fommet de la tête une adhérence du placenta avec
la peau de l'enfant. Ce monfhe a été donné au Cabinet , par
M. Mertrud , Chirurgien-Démonftrateur d'Anatomie au Jardin
du Roi , en furvivance.
N.° M C C C L V I L
Autre Enfant nouveau né, monflrueux.
Il eft né au terme ordinaire , il a une poche faillante, ronde 8c'
adhérente au-devant du col ; le diamètre de cette poche eft de
^ Voyei le tomt II J de cet Ouvrage, pa^e ip6,
^ 13bb Jij
382 D ESCRIPTION
neuf jx)uces , elle tient à la partie antaieiire de la trachée-artère;
elle renfeimoit , des cheveux &: un corps qui avoit quelques
rapports à une tête informe : il k irouvoit auffi, près de lu trachée-
artère & 4e l'origine de la poche ronde , une inafTe qui refîèmbloit
i un groupe d'intelhns. Ce monflre efl femelle , il a été obfervé
& donné au Cabinet par M. Morand , Doéleur en Médecine «Se
Membre de l'Académie Royale l\qs Sciences.
N.° M G G C L V I I I.
Partie d'une concrétion tirée du cœcum d'un homme.
Ce morceau a été envoyé de l'Hôpital de Nantes à M. Morand
ie père, en 1752 ; il e(l accompagné d'une note qui marque
qu'il faifoit partie d une concrétion d'un volume confidénble, qtj'ii
lenoit à un os , & que d'autres parties de la même concrétion
lenfermôient i\çs noyaux de cerifes. La poition dont il s'agit eft
une forte d'égagropile ou de feutre dur, compofé de filamens très-
fins & jaunâtres ; elle enveloppe prefqu'en entier un fragment
d'os , de couleur noirâtre à l'extérieur : le tout eft fort léger ^
à peu près de la groflèur d'une figue aplatie.
N.^ M G G C L I X.
Fragmens d'une pierre biliaire.
La pierre entière avoit quatre pouces de longueur fur trois
de circonférence; les morceaux rapportés Cous le pré/ênt numéro
en font plus de la moitié, ils font de couleur rougeâtre : ils ont
été mis au Cabinet par M. Sarrau , Chirurgien ordinaiie du Roi,
Se ProfelTeur d'Anatomie à l'Académie Royale de Peinture &:
de Sculpture; il avoit tiré la pierre d'une tumeur fifluleufe de
l'hypocondre droit qui étoit venue à la fuite d'une jaunitfe uni-
yerfelle ; celte pierje étoit placée fu; les raufcles de l'abdon\en
DU Cabinet. ^85
d'une femme de foixante & quatorze ans , qui fut parfiitement
gutiie par M. Sarrau. Voyei les Alâmires de l'Académie royale
de C/liniipe , tome l, page 1 8 y
N.° M C C C L X.
Pierre de la véficule du fiel d'un homme.
Cette pierre a e'té caffce en plufieurs pièces ; en les rapprochant,
on voit qu'elle ctoit arrondie Se qu'elle avoit un demi-pouce de
diamètre : elle a une couleur jaunâtre, excepté au centre où elle
eft brune: on voit les couches additionnelles Se concentriques,
dont cette pierre efl compolee , Se des parties délites qui
s'étendent du centre à la circonférence.
N." M C C C L X r.
Pierre du rein d'un homme.
Cette pierre eft de couleur brune , elle a dix - /êpt lignes de
longueur, quatorze de largeur 5c neuf d'épaillèur ; fà furface eft
grtnue, elle pè(è cinq gros Se trente-deux grains. Sans une note
qui défigne qu'elle vient du rein , je l'aurois regardée comme une
pierre de la velTie à caufê de fi forme régulière.
N.° M G C C L X I L
Pierre de la vejfie.
La furface de cette pierre eft tuberculeufe Se de couleur blan^'
châtre, (on poids eft de deux onces quatre gros Se cinquante-cinq
grains: elle a deux pouces deux lignes de longueur, un pouce
dix lignes de largeur, Se jufqua treize lignes d'épaiifeur. M. I^
^fofellèur Rhau fa tirée dç la velfie d'un homme.
384- Description
n; m C C C L X I I I.
Autre pierre de la vejfie.
Cette partie refièiiible à un rein par fa forme , elle a deux
pouces huit lignes de longueur; fa furfiice eft grenue ; on l'a fciée
en deux parties , pour faire voir {qs couches concentriques fur
les plans de cette coupe ; elle eft compare , dure &: de couleur
jaunâtre : c'efl une pierre de i'efpèce de celle que l'on appelle
imiraks.
N.° M C C C L X I V.
Autre pierre de la vejjie.
Cette pierre eft grolTe & de forme à peu près ovoïde , elle a
deux pouces neuf lignes de longueur, un pouce onze lignes de
laigeur & jufqu'à dix- neuf lignes depaiffeur; elle eft grenue &
mêriie tuberculeufe en quelques endroits ; fa couleur eft brune ,
elle pèfe cinq onces & trente-deux grains.
N.^ M C C C L X V.
Une três-grojfe pierre de la vejJJe.
La forme de cette pierre eft irrcgulière , mais arrondie ; elle
a quelques rapports avec celle d'un cœur ; fa plus grande cir-
conférence eft de neuf pouces , elle pèfe fept onces fix gros &
vingt-neuf grains; fa furface eft liffe , on y voit plufieurs trous
nui m'ont déterminé à divifer la pierre en deux parties pour
mettre à découvert fa ftrudure interne. J'ai reconnu par le moyen
de cette coupe que l'intérieur eft compofé de deux fortes de
fubftances; il y a au centre une pierre murale de couleur brune
Si de forme ovoïde qui a environ quatre pouces & demi dans
fa plus grande circonférence; ce noyau eft enveloppé d'une
fubftance
DU Cabinet, 385
fubflance blanche &: criikHine, percée de plufieiirs trous qui
6nt quelques lignes de diamètre, qui pénètrent jufqu'au noyau &
dont piufieurs communiquent enfemble ; les circonflances dont
dépendoit la formation de cette pierre ont bien varié durant le
temps de là formation, puifqu'elle eft compofée de deux fubf-
tances très - différentes l'une de l'autre. La pierre a été envoyée de
Toul , par M. le Comte de Tre(îân , qui a eu h bonté de nous
informer qu'elle a été tirée de la veffie du cadavre'd'un vigneron
âgé de quarante-cinq ans ; il n'avoit cefîc de travailler que deux
rnois avant fà mort : fur la fin de ià vie il rendoit des urines
inélée de pus &. de (àng.
N.'^ M C C C L X V I.
Pierre de la vejfie qui enveloppe une partie d'un clou,
La fubflance de cette pierre eft tendre , au moins fon écorce ,
elle a une couleur blanchâtre & une forme ovoïde , elle eft un
peu plus grofîè qu'une noix ; elle renferme la moitié d'un clou
dont on voit la tête incruftée fur l'un des côtés de la pierre , le
clou la traverfê obliquement & fort au dehoi-s de la longLieur
de quinze lignes par le côté oppofé ; la partie renfermée dans la
pierre eft à peu près de même longueur ; ce clou eft un peu
courbé par le milieu à l'endroit où il fort de la pierre, il a deux
tiers de lignes de diamètre , il eft très-pointu ; c'eft un clou de
fer de ceux que Ton nomme clous -d' épingles , mais la tête efl:
formée par un globule de plomb d'environ deux lignes de dia-
mètre : il y a lieu de croire que ce globule avoit été mis à la
tête du clou pour fervir de fonde , & que la fonde étant tombée
dans la velîîe , il s'y fera attaché une fubftance pierreufe.
Tome XIV. C c c
3S6 Description
N.° M C C C L X V ï L
Pierres du prépuce.
Ces pierres font au nombre Je cinq , de formes irrcgiilières &
de grandeurs différentes , la plus grande eft de la groffeur d'une
aveline : elles font de couleur grife , de médiocre dureté &: com-
pofées de couches concentriques ; on les a trouvées avec quatre
autres fous le^«puce d'un garçon de douze ans , où elles for-
moient une tumeur qui comprimoit l'urètre &: qui caufoit une
grande douleur , on les fit fortir par le moyen d'une incifion.
Les cinq qui font rapportées fous le préfent numéro ont été
envoyées au Cabinet, par feu M. Gibier, Médecin à Montbard
en Bourgogne.
-^r M c c c L X V I I L
Egûgropile de cheval.
Cette égagiopile a environ deux pouces de diamètre ; elle eft'
revêtue d'une croûte lillè, polie &: marbrée de gris & de brun.-
M. de Villars la donna en ijT,6 pour une égagropile de cheval.
N.° M C C C L X I X.
Autre égagropile de cheval.
Celle-ci eff un peu plus groiïè que la précédente, elle n'a
point d'écorce polie; fa furface efl âpre, on y fènt la pointe des-
iilamens dont i'égagropile eft compofée.
N.° M C C C L X X.
Autre égagropile de cheval.
Cette égagropile eft très-groffe, elle a plus de quatre pouces &
■demi de diamètre; on l'a entamée pour mettre à découvert Êv
DU Cabinet. 387
fubflance interne qui efl une furie de feutre roufsâtre très-ferrc ;
on y diftingue quelques couches concentriques : iccorce efl unie.
Celte grolfe égagropile & In précédente ont clé apportées de
Normandie , par feu M. le Monnier, de i'Acadéniie royale des
Sciences, ProfefTeur de Philofophie au collège d'Harcour.
N.° M C C C L X X r.
Deux têtes de veau jnonjîmeux.
Ces deux têtes font unies par la bafe du crâne un peu oblique-
ment , de façon qu'il n'y a fur le groupe qu'elles forment qu'une
oreille pour le côté des deux têtes qui eft oppofé à celui où étoit
leur .cou; elles ont chacune leur oreille de l'autre côté.
N.° M C C C L X X I I.
JEgagropïle de bœuf.
Le diamètre de cette égagroplle e(l d'environ u^^ pouce &
,demi ; elle ert hérilTée de poils de bœuf fauve & gris, qui font
difpofés comme les poils d'un manchon.
N.° M C C C L X X I I I.
Autre égagroplle de bœuf.
Cette égagropile a été donnée par un boucher de Paris , elle
a plus de deux pouces 8c demi de diamètre.; on l'a partagée en
deux pièces ; fa fubflance intérieure efl un feutre brun , dont on
voit fortir à^ts poils fort apparens ; l'écorce efl lilfe & brune.
N."^ M C C C L X X I V.
Une portion d'égagropile de bœuf.
C'efl la moitié d'une égagropile qui difTéroit peu de la prc-
.çédente , quoiqu'elle ait été envoyée de Chandernagor.
C c c ij
388 Description
N.'^ M C C C L X X V.
Une égagropile de bœuf.
Celle-ci eft entière , elfe a une écorce brune , lifîè &: polie ,.
elle reiïèmble par fa forme à v\n œuf, dont le grand djamctre
auroit plus de deux pouces & demi : elle a été envoyée de Ma-
dagafcar par M. Coffigni , Conelpondant de ' l'Académie royale
des Sciences.
N.* M C C C L X X V I.
Pierre du fiel d\m bœuf.
Cette pierre ell oblongue & aplatie; elle a deux pouces de
longueur, un pouce & demi de largeur , &: jufqu'à un pouce
d'épaifîèur ; elle eft légère, tendre &: de couleur rouge à l'intérieur,
l'extérieur eft bnin. Cette pierre a été donnée en 1738 par
M. de Villars , Médecin.
N." M C C C L X X V I L
Pierres de la yejjîe d'un bœuf.
Ces pierres font de différentes grandeurs, mais les plus groiïês
'de celles qui font rapportées fous le préfent numéro , n'ont guèiie
qu'une ligne de diamètre ; il y en avoit en fi grand nombre
dans la veffie d'un boeuf, que la totalité pefoit plus de deux livres :
elles font de couleur grife, leur furface extérieure eft liffe & polie,
les différentes couches concentriques dont elles font compo/ces ,
ont aiiffi le même poli. Ces pierres ont été envoyées par M.
Boui-gelat , Écuyer du Roi. Voyez l^^ Mémoires de Mathémmiqut,
èi de Phyfique , jjréjcntés à ÏAaidmie royale des Sciences.
DU Cabinet. 389
N.' M C C C L X X V I I I.
JÉgagropïle de bélier.
Cette égagropile efl piefque régulièrement ronde , elle a trois
pouces cinq lignes de diamètre : on l'a trouvée avec cinq autres
pareilles dans la panfe d'un bélier de quatre ans, à Chandernagor;
fon écorce efl: fi mince, qu'elle laiffe beaucoup de poils à découvert,
N." M C C C L X X I X.
JEgagropïle de ?nouton.
Cette cgagropile efl: de forine irrégulière , ion plus grand
diamètre efl d'un pouce & demi ; fon écorce efl brune, inégale
&: grenue dans quelques endroits.
N.° M C C C L X X X.
Autre égagropile de mouton.
Elle efl plus petite que la précédente , mais au refle elle lui
reflemble ; elle a été trouvée près de Bordeaux , & donnée par
M. Geofîioi.
N.'' M C C C L X X X I.
Autres égagropile s de mouton.
ir y en a deux , une groiïè Se une petite ; la plus grande a
près de deux pouces 8c demi de diamètre ; leur écorce efl brune
Se même noirâtre : elles ont été trouvées à Palnau , Se envoyées
par M. Rigoler , Curé du lieu.
N." M C C C L X X X I L
Autre égagropile.
Son diamètre n'efl que d'un pouce neuf lignes ; elle n'a pour
icorce qu'un feutre plus ferré que celui du dedans; elle a été
Ç c C lij.
39^ Description
apportée de Quito, par M. de la Condamine, de l'Acadcmie
royale àts Sciences.
N.° M C C C L X X X I I L
Autre égagropïle.
Celte coragropile eft oblongue , elle a quatre pouces & demi
de longueur fur environ deux pouces & demi de diamètre; elle
efl compofce de Ibies & non pas de poils, c^ foies font dirige'es
vers les bouts de Icgagropile.
N." M C C C L X X X I V.
La mâchoire inférieure d'unfangïier.
Cette mâchoire efl; remarquable par une difformité ; les trois
premières dents mâchelières & la défenfê du côté gauche y
manquent , {\ws qu'il y ait fur le bord de la mâchoire aucun vef^
lige d'alvéole , mais il y a quelques trous & des indices de carie
fur les côtés. La première dent incifive du côté droit efl déplacée;
elle fe trouve fur le milieu de la mâchoire vis-à-vis la défenfê
du même côté , cependant la féconde dent incilive gauche touche
par fon extrémité à la première dent incifive droite ; cette mâ-
choire a été envoyée de Reims, par M. Saviot, Apothicaire.
N.^ M C C C L X X X V.
Une tête de fauglier de Alûdagafcar.
Celle lête efl décharnée ; en la comparant avec des tctes de
nos fangliers , de nos cochons 6c du cochon deSiam, j'ai trouve
qu'elle avoit plus de rapport par fà forme avec la tête du cochon
deSiam qu'avec les autres, en ce que le fommet de la tête efl
/ort étroit près àts arêtes tranfverf^lcs de l'occiput , 6c que le
DU Cabinet, 391
chanfrein eft large, mais elledifîère des têies de tous les cochons
par la courbure de l'arcade zygomaiique qui efl fort Aillante , 8c
par ie prolongement offeux qui eft au-delfus du renflement àts
alvéoles des défeniês de la mâchoire du defîùs ; ce prolongement
n'eft pas en forme de crête comme dans \ts fingliers , il eft fort
élevé 8c terminé par àts tubercules : il y a auffi de femblables
tubercules fur les bords du chanfrein vis-à-vis les prolongemens
dts alvéoles.
Les dcfenfès , les dents incîfives 5c les mâchelièies m'ont paru
reHêmbbntes à celles du fânglier 8c dts cochons , excepté pour
le nombre des mâchelières du defîous, il n'y en a que cinq de
chaque côté ; ainfi ce fânglier de Madagafcar n'a en tout que
quarante dents , tandis que nos fangliers 8c nos cochons en ont
quarante-quatre , parce qu'il s'en trouve fept de chaque côté de
chacune de leurs mâchoires.
N.'' M C C C L X X X V I.
Un fœtus de cochon monjînieux.
Ce fœtus a huit jambes, deux corps 8c une feule tête; ks
deux corps font réunis par la poitrine.
^r M c c c L X X X V I T.
Autre fœtus de cochon monftrueux.
Ce monftre a deux corps 8c huit jambes , les deux corps font
réunis par la poitrine ; il n'y a qu'une tête , mais l'occiput eft
double, car il fe trouve deux oreilles fur le derrière de la tête
& deux autres dans leur fituation naturelle.
N.'' MC G CLX XX VIII.
Autre fœtus de cochon monftrueux.
La tête de ce fatus eft fort petite , 8c n'a point de fice; qr'
392 Description
ne voit en avant que les deux oreilles qui font peu éloignées
i'une de l'autre Se dirigées de chaque côté; il y a feulement entre
les oreilles un enfoncement & quelques éminences, ce qui tient
lieu de bouche & de mufeau.
N.° M C C C L X X X I X.
Autre fœtus de cochon monflrueux.
Ce fœtus n'eft difforme que fur le devant de la tcte ; le mufeau
eft gros & court , la lèvre du àtiïows forme un menton , celle
du deHus fe termine en pointe; il n'y a cju'un œil, il eft grand
& placé prefqu'au milieu de la face un peu à droite, & au-deffous
d'une forte de trompe pendante obliquement au côté gauche de
l'œil. Ce monftre a été envoyé de la Martinique.
N.' M C C C X C.
Autre fœtus de cochon monflrueux.
Ce fœtus a entre les deux yeux une trompe pendante ; le
rnufeau eft gros & court ; la lèvre du deffus efl recourbée à droite
par fon extrémité.
N." M C C C X C L
Urie tête de cochon nouveau né monflrueux.
Les globes àt% deux yeux fè touchent &: font en partie réunis ;
îl y a une trompe placée au-deffus du double œil & faillante en
avant; le mufeau efl: court &: gros; la lèvre fupérieure (ê termine
en pointe.
N.' M C C C X C I L
Cochon monflrueux nouveau né,
Ix mufeau de ce cochon eft fort couft 6c très- difforme; fa
lèvfC
DU Cabinet. 393
lèvre inférieure e(t élevée, & forme une forte de menton faillant
&L terminé par un petit tubercule; il y a au-deffus des narines
une eipèce de trompe pendante au-devant de la bouche.
N.'* M C C C X C I I I.
Béioard de cochon marron.
Ce bézoard efl: aplati , il a près d'un pouce de diamètre &
un demi -pouce d epaiiïèur ; les premières couches font divifées
en plufieurs pièces ; leur furface efl: blanche ou blanchâtre & cou-
verte de tubercules. La fubflance de ce prétendu bézoard m'a
paru femblable à celle d'une pierre murale de la veflie.
N.° M C C C X C I V.
Autres hêipards de cochon marron.
Ces bézoards ne font pas plus gros que des pois , ils ont
plufieurs facettes ; leur furfîice efl de couleur grife & refTcmble
à celle d'un gravier qui s'eft poli dans la vefTie ; ils font au
nombre de trois ; j'en ai cafTé un , il n'a qu'une écorce peu épaifTe
de fubflance pierreufe formée de plufieurs couches , le refle de
l'intérieur eft rempli par un noyau de matière brune qui refTc mblc
à de la terre. Ces bézoards font venus du Pérou avec celui qui
eft rapporté fous le numéro précédent.
N.** M C C C X C Y.
Béipard de porc.
La longueur de ce bézoard eft de dix-fèpt lignes , il a onze
lignes & demie de diamètre, il pèfe quatre gros & foixante-fix
grains; fa furface extérieure eft d'un blanc -f^Ie Se relftmble à
celle d'une pierre roulée: le bézoard a été calfé tranfverflilement ,
Tome XIV. t^^Id
394- Description
on voit fur cette coupe que la fubftance de l'intérieur a une
couleur grife tirant fur le brun ; elle efl compofce d'aiguilles bril-
lantes, dirigées du centre à la circonférence & très -ferrées ks
unes contre les autres , excepté dans un efpace de quatre lignes
de diamètre au centre du bézoard, où les aiguilles font mêlées
d'une matière brune & laifTent du vide entr'elles; il y a quelques
cercles concentriques qui indiquent les différens degrés de l'ac-
croitîèment de ce bézoard : Il a été envoyé du Pérou , fous le
nom de héioard de porc ou cochun doimjlique,
N.' M C C C X C V I.
Les mâchoires d'un chien décharnées,
La mâchoire inférieure n'a que cinq dents mkhelières au côté
droit , & feulenient quatre à l'autre côté ; il manque dans cette
mâchoire les deux premières mkhelières du côté droit &: les
trois premières du côté gauche; mais il y a deux dents incifives
furnuméraires placées au-defTus de l'avant-dernière incifive de
chaque côté : il y a aufli une dent canine furnuméraire placée fur
le côté externe de la vraie canine du côté droit ; il fe trouve
encore trois incifives furnumémires dans la mâchoire fupérieure
placées fur les vraies incifives , & deux canines furnuméraires
placées derrière les vraies.
N.° M C C C X C V I I.
Chien rnonflrueux nouveau né.
Ce chien n'a point de conque à l'oreille droite ; on ne voit
aucune apparence de nez au bout du mufeau , mais il y a fur le
front une trompe fiillante en avant, longue d'un demi-pouce, &
terminée â l'extrémité par deux orifices ronds &; fcparés par une
cioifon comme àfà naiines; il fe trouve au-defîbus de la bafè
de cette trompe une cavité large &: profonde, au fond de laquelle
DU Cabinet. 395
on aperçoit un globe de deux ^ ignés de diamètre qui paroît être
un œil ; au-delTous de ce globe il y a un troi» qui communique
au fond de la bouche. Ce monftre a un demi-pied de longueur
mefuré depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue :
II a été envoyé dcNaples, par M. Taitbout, ConfuldeFrance.
N."^ M C C C X C V I I ï.
Autre chien wonflmeux iwuyeau né.
Ce fœtus eft à peu près de même grandeur que le précédent,
&: il lui reffemble par la plupart de fe^ difformités; il a une
trompe fur le front & quelques apparences de narines à l'extré-
mité de cette trompe ; il a au(fi une cavité au-deflbus de la bafè
de la trompe & le globe d'un œil au fond de cette cavité , mais
il n'y a point de trou au-deffous de l'œil.
N.^ M C C C X C I X.
Autre chien monflrueux nouveau né.
Ce fœtus a la tête très-difforme; la lèvre inférieure eft divifcc
en deux parties qui s'écartent à droite & à gauche; on ne voit
point de lèvre fupérieure ni de nez ; il n'y a qu'un œil, il eft
placé au-deffus de la face dans le milieu ; la tête eft j>euie &
ronde fans aucune apparence d'oreilles. Ce tfionare a ciaq pouces
& demi de longueur depuis le fommet de la tête jufqci'à l'ori-
gine de la queue.
N.' M C D.
Chat monflrueux nouveau né.
Ce monflne eft par excès , il a un fécond train de derrière
qui tient à Ton ventre par l'endroit du pubis de ce fécond train
de derrière qui manque de queue, U. qui repréfente \x\\ fecoiid
D dd ij
39^ Description
intlivJJu (ôriant du ventre du premier à reculons, & ayant déjà
les jambes de derrière & la croupe dehors.
N.° M C D I.
Autre chat monjîrueux nouveau né.
Ce chat a deux corps & huit jambes; les deux corps (ont
réunis par le côté droit de la poitrine & du ventre de l'un de ces
corps , & par le côté gauche de la poitrine & du ventre de i'autie
corps.
N.** M C D I L
Autre chat monjîrueux nouveau né.
II y a au-devant de la poitrine de ce monftre quatre jambes
furiiumcraires , deux de devant & deux de derrière ; celles de
devant font adhérentes à la partie antérieure de la poitrine &:
dirigées en avant ; ces deux jambes font réunies par les bras &
par les coudes ; les deux jambes furnuméraires de derrière tiennent
ri une croupe aufTi (iirnuméraire qui adhère par fa partie interne
à la partie poftérieure de la poitrine , & qui porte quelques ap-
parences ilts parties externes de la génération d'une femelle ; c&s
deux jambes iont dirigées en arrière. Ce monftre eft très-fingulia,
ii a été donné au Cabijiet, par M. le Duc de laValière.
N." M C D I I I.
Autre chat monjîrueux nouveau né.
Ce monftre eft double par la tête , le corps & les jambes ; les
deux têtes font réunies par le côté droit de l'une & par le côté
gauche de l'autre tête, de manière qu'il n'y a qu'un œil & une
oreille de chaque côté du groupe qu'elles forment ; mais le bout
DU Cabinet. -^^^j
du mufèau eft double, & il y a deux bouches ; les deux corps
font rcunis jufqu'à l'ombilic par le côte droit de l'un de ces corps
&: par le côté gauche de l'autre.
N."^ M C D I V.
Autre chat monflnieux rwuveaii né.
Ce chat a deux têtes réunies par le côte droit de l'une &: par
le côte gauche de l'autre ; il n'y a que deux oreilles , une de
chaque côté du groupe forme par les deux têtes; mais il y a
deux mufeaux, le droit eft plus petit que le gauche ; les lèvres
& la bouche y font difformes ; l'œil gauche de l'une des têtes
paroît être confondu avec l'œil droit de l'autre tête.
N." M C D V.
Autre chat inonflrueux nouveau né.
Ce chat reffemble à celui qui efl i-apportc fous le nume'ro
précédent , en ce qu'il a deux têtes réunies ; mais il en diffère par
les deux mufeaux qui font plus régulieis & un peu plus écartés
i*un de l'autre , de manière que l'œil gauche de l'une àç.h têtes
ne tient à l'œil droit de l'autre tête que par les angles exteines.
N.° M C D V I.
Fœtus de cerf.
Ce fœtus a près de cinq pouces de longueur, depuis le fommet
de la tête jufqu'à l'origine de la queue ; il efl mâle , les parties
extérieures de la génération! font déj^ fort apparentes.
^? M C D V I I.
Autre fœtus de cerf
Ce fœtus a cinq pouces & demi de long, depuis le fommet
Ddd lij
398 Description
de la tête jufqu'à l'origine de la queue dont la longueur eft de
huit lignes; il eft femelle, les quatre mamelons font très-apparens ;
les oreilles ont quatre lignes de longueur.
N.° M C D V I I I.
Un béipard de cerf.
Ce bézoard eft ovoïde , fon grand diamètre a un pouce neuf
lignes de longueur. & le petit treize à quatorze lignes ; fa furface
e(l inégale <Sc tachée de jaunâue & de gris; il pcfe une once
tj-ois gros (Se quarante grains: Il a été apporté de Quito, par M.
de Vergène, Ingénieur de la Marine.
N.° M C D I X.
Bois hïiarre de cerf.
Ce bois tient à l'os dy fi ont , je crois qu'il vient d'un cerf
qui enlroit dans fa troifième année; car il eft compofé de deux
dagues bien formées, & qui même auroient déjà dû être tombées,
puifqu'il y a aufti un refait long de plus de trois pouces ; les
meules du refait font placées fous celles àt^ dagues & ont plus
de diamètre ; les perches du refait font au côté externe des dagues,
chacune des perches du refait eft courbée & dirigée irrégulière-
ment , elles font revêtues de leur écorce de même que leurs
meules , qui fe trouvent placées fous celles àçs dagues ; leurs
perlures forment de gros tubercules de figures très-inégulières ;
les dagues ont fix à fept pouces de longueur. Ce bois fingulier
s'eft trouvé fur w\\ cerf ^Q.% chaftes du Roi , & a été mis au
Cabinet par l'oidre de Sa Majefté.
N.*' M C D X.
Un refait de daim.
Les perches de ce refait n'ont que cinq à fix pouces de longueur
DU Cabinet. 399
6c quinze ou dix- huit lignes de diamètre, elles font arrondies
par l'extrémilc; il n'y a fur chacune que le maître andouiller, il
efl; long d'environ trois pouces , & il a un pouce de diamètre ;
ce refait efl ievêtu de Ion ècorce , & fi bien confêrvé dans l'efprit-
de-vin, qu'il a encore (à moHefTe naturelle ; je ne fais li c'eft un
refait qui n'avoil pas pris tout fon aca*oi(îêment lorfque l'animal
fut tué , ou il c'efl un refi\it qui n'auroit produit qu'un bois bi-
zarre ; il a été apporté comme tel au Cabinet. L^e daim étoit à
(à féconde tête , il avoit été attaqué à la Garenne de Sève , de
pris au puits de l'Angle , par M. de Champienet , avec l'équipage
du Roi.
N.° M C D X I.
Une tête bimane de chevreuiL
Cette tête vient d'un chevreuil adulte , elle refîèmble à celle
des autres chevreuils par fa grandeur & par fi forme, au contiaire
le bois eft très-gros & d'une figure fort extraordinaire, les meules
fe touchent, elles ont jufqu'à deux pouces neuf lignes de diamètre;
aufli elles ne fervent pas debafeà une feule perche, elles portent
chacune plufieurs andouillers qui fortent delà meule; il y en a
fix fur celles du côté droit & cinq fur celles du côté gauche ; ces
andouillers font difpofés en rond, de façon qu'il y en a fept qui
forment une forte de couronne fur la tête, \qs quatre autres font
placés au centre de la couronne & renvcrfés en arrière par leur
extrémité ; les andouillers les plus grands ont un demi-pied de
hauteur au-deffus de la meule , ils font tous revêtus de gros tu-
bercules qui reffemblent plus à des cxoftofes qu'à àts perlures.
Ce bois fingulier, & très-remarquable parmi tous les bois bizarres
de chevreuïls , dont il a été fait mention dans cet ouvrage, a été
donné au Cabinet , par M. le Marquis de Courtenvaux.
^oo Description
N." M C D X I I.
Lièvre mouflrueux nouveau né.
Ce monflie efl compofé de deux corps réunis par la poitrine ;
par le cou & par le mufeau , de iôrte que les deux lêtes ne forment
qu'une maffe ronde ; il n'y a que trois oreilles, &: entre deux de
ces oreilles qui paroiflent venir des deux tctes , on voit quelques
vertiges d'une bouche très-petite ; les deux corps font féparés à
i^ndroit de rombilic, ils ont chacun leurs quatre jambes & une
queue.
N.^ M C D X I I L
Autre lièvre monjïrueux nouveau né.
Ce monftre eft double depuis l'ombilic jufqu'à l'extrémité du
train de derrière , de forte qu'il a deux croupes , fix janibes &
deux queues.
N." M C D X I V.
Un fœtus de lapin monftrueux.
Ce fœtus étoit près du terme , il efi: compofé de deux corps
réunis par la partie antérieure du ventre & par la poitrine & le
cou ; il n'y a qu'une tête, elle ne paroît double que par l'occiput
ou (ont deux oreilles furnuméraires , placées l'une contre l'autre.
N." M C D X V.
Un jeune lapin né fans poiL
Qiioique ce lapin ait plus d'un demi-pied de longueur depuis
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue; fa peau efl nue
fur toutes les parties du corps , excepté fur la plante d^s quatre
pieds , qui efl garnie d'un poil fort apparent.
N.' MCDXVI.
DU Cabinet, 4.0 i
N.° M C D X V I.
Pierres trouvées dans la vejjîe de plufieurs rats.
Ces pierres font de différentes grandeurs & de diverfès formes,
îes plus grofles n'ont au plus que trois lignes & demie dans leur
plus grande longueur ; elles font de couleur brune ou jaunâti-e &
hcridees de pointes brillantes; la plupart (ont aplaties Se carrées.
M. Morand, Do(fteur-régent de la faculté de Paris, &: Membre
de l'Académie royale des Sciences , a donné ces pierres au Cabinet,
6c a inféré dans le Mercure de France, une Lettre qui contient
éts obfèrvations fur les pierres des rats ; fuivant ces obfervations ,
de vingt de ces animaux, dans un âge avancé , il y en a pi es
de la moitié qui ont la pierre ou quelqu'autre maladie dans les
voies urinaires ; les femelles y font moins fujeltes que les mules.
La flrudure de ces pierres diffcre de celle des pierres qui fe
trouvent dans les autres animaux &: qui ont un noyau arrondi;
il y a au milieu des pierres àts rats un feuillet carré très-mince,
dont les angles & les cotés font apparens à l'extérieur dts piei rej
carrées ; (^ts graviers oblongs s'amoncèlent fur les faces du feuillet,
qui fait , pour ainfi dire , le noyau de la pierre & kii donnent
différentes formes. Voyei Je Mercure de France du mois d Avril
jy^p , page 8j & fuiv.
N.° M C D X V I L
La peau d'un rat d'eau de Canada.
Les os de la tête, de la queue & des jambes tiennent à cette
peau, elle eft bourrée; dans cet état elle reffemble affez à nos
rats d'eau pour faire foupçonner que ceux de Canada font de
même efpèce que les nôtres ; celui dont je décris les dépouilles
ctoit de même grandeur que nos rats d'eau , il leur reffembloit
Tome XIV. ^ee
4-02 Description
par les proportions du corps, & principalement par la queue Sl les
oreilles , qui (ont les parties les plus remarquables dans les animaux
de cette efpèce, par le nombre , la figure &: la fituation des dents
&. dts doigts , & par la longueur & la qualité du poil * , qui ,
cependant eO: peut-être un peu plus fin, mais les couleurs (ont
bien diffcrenles. Le poil de la peau dont il s'agit ed; blanc (iir la
plus grande partie du corps; il y a une tache brune au-de(rus de
i'œil droit , & d'autres taches de cette couleur fur le de(rus du
cou ; le dos efi: aufTi de cette même couleur; la croupe, la jambe
proprement dite , & une partie de la queue (ont fauves ; le bout
de la queue eft blanc comme toutes les autres parties du corps,
excepte celles qui font brunes ou fauves ; le poil du bout du
îîiufèau &: des pieds efl d'un blanc lufiré fort brillant.
N.° M C D X V I I I.
Une peau de caflor.
Cette peau eft bourrée , on y a laide les os de la tête 8c àtz^
pieds; elle vient d'un jeune individu , car il n'y a qu'un pied
& demi de longueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine
de la queue.
N.° M C D X I X.
Une peau d'agouti.
On a laifTé dans cette peau \ç.s os de la tête & à^s jambes,
elle eft bourrée &: difpo(ce de façon qu'elle repréfênte l'animal
dans une bonne altitude; il eft moins grand que celui qui a fervi
de fujet pour la defcription de l'agouti. Voyei le tome VIII de cet
ouvrage, page ^80, & qui efl repre f enté , planehcxL; (à longueur
priiè depuis le bout du mulêau jufqu'à l'anus n'efl que d'environ
* Voyez la derciiption du Rat d'eau, tome VU dt cet ouvrage, pagejjo»
DU Cabinet, 403
treize pouces ; il y a de grandes diffcrences dans ïes couleurs
du poil de cts deux animaux , celui-ci eft prefqu'enticrenient noir
fur la partie poftcrieure du dos 6c fur la croupe ; le deffous du
cou, la poitrine & le ventre font de couleur rou lie -claire; les
jambes de devant en entier & la partie antérieure des jambes de
derrière font de couleur roulfe-foncée.
N." M C D X X.
Une peau de genette.
Les os de la tête & des pieds tiennent à celte peau , elle ert
bourrée, & à peu près de même grandeur que la genette qui a
fêrvi de fujet pour la defcription de cet ajiimal. Voyei le tome IX
<k cet ouvrage, page ^^6, & la planche xxxvi du même volume.
N." M C D X X ï.
Fœtus de roujjette.
Le cordon ombilical , le placenta , le cborion & lamnios
tiennent à ce fœtus, qui a dix pouces d'envergure ; on aperçoit
déjà quelques-unes de Tes dents, & tous ks ongles font bien
formés; il m'a paru être femelle: on la envoyé de l'Ile de Bourbon ;
il efl confervé dans l'efprit-de-vin.
N.^ M C D X X I L
Un kabaffou.
Ce kabaffou efl de même efpèce que celui qui a fervi de fujet
pour la defcription de cet animal. Voyez k wme X de cet ouvrage ,
page 2JS, & la planche XL du même volume ; mais il cft plus grand ,
caHl a au moins treize pouces de longueur depuis le bout du
mufeau jufqu'à l'origine de la queue, quoiqu'elle foit de même
longueur dans ces à'^vw animiuix.
4-04 Description
N.' M C D X X 1 I I.
Un cayopoïïm.
Ce cayopollin a été deiréchc, ii cft mâle, comme celui qui a
fèrvi de fiijet pour la de/criptîon du cayopollin. Voy. k lome Xde
cet oiivrûge , page j jj ; il efl un peu plus grand , car il a plus de
onze pouces de longueur depuis le bout du mufcau jufqu'à l'origine
de la queue ; il m'a paru auffi avoir fur le àdXy\s du corps une
couleur fauve plus foncée, & fur le dciïbus vm jaune moins pâle.
Cet animal & le kaballbu rapporté /bus le numéro précédent oiit
tlé donnés au Cabinet , par M. de Bonbarde.
N.° M C D X X I V.
■ Double corne de rhinocéros.
Ces deux cornes fè touchent par la bafe , l'une eft prefque
droite Se l'autre courbée, celle-ci eft la plus longue & l'antérieure,
en fuppofant que la convexité doive être en avant comme dans
les cornes fimples du même animal; il y a neuf pouces & demi
de diftance entre les extrémités à^s àt\.\\ cornes , la plus lon^rue
a un pied & demi de longueur, & un pied dix pouces de cir-
conférence à la bafe; l'autre a quinze pouces &: dcTiii de long, &
im pied fept ou huit pouces de circonférence à la bafe ; celle-ci efl
aplatie par les côtés , de forte qu'il y a une arête longitudinale
en avant &: en arrière ; la grande corne a auffi une arête fur k
côté poflérieur , elles font toulej les deux de couleur brune.
N.'^ M C D X X V.
Egagropïle de bifon.
Cette égagropile a près de deux pouces & demi de diamètre;
ibw écorce elt brune ; fa fubftance interne a auiïi une couleui.
brune , iruiis plus foncée.
DU Cabinet. 405
N.'' • M C D X X V I.
Greffe êgûgropile de b'ifon.
Celle - ci eft aplatie ; {on grand diamètre a plus de cjuatic
pouces Se demi; au relie, elle refîemble à la prcccdeute.
N.'' M C D X X V I I.
Dents de tapir.
Ces dents (ont dans un bocal, au nombre de quatre, Cous le
nom de dents fie maypoury , qui eft le même animal que le tapir;
de ces quatre dents, il y en a deux mâchelicres prefque carrées;
leur bafê efl; traverfee par un fillon , elles ont neuf lignes de
longueur, prife de devant en arrière à l'endroit du collet, &:
huit lignes de largeur; les deux autres font très-différentes des
mâchelières , elles font prefque cylindriques, elles ont fix lignes
de diamètre à l'endroit le plus gros , elles ne peuvent être que
àts dents incifives, fi elles viennent du tapir, parce que cet
animal n'a que de ces deux fortes de dents.
N.'' M C D X X V I I I.
La tête d'un jeune hippopotame.
Cette tète eft décharnée, elle a un pied dix pouces de longueur;
les dimenfions de fes dents incifives & de {^s à(:{^w{ts fe trouvent
dans la defcription de l'hippopotame. Voyei le tome XII de cet
oiivrû"e , page 6q & fiiiv. ?vl. Adanfon , de l'Académie royale dés
Sciences, m'avoit alors communiqué cette tête, mais à préfent elle
appartient au Cabinet , par l'acquifition que le Roi a faite de la
coiMion d'Hiftoire naturelle que M. Adanfon a rapportée du-
tee II)
4-06 Description
N.° M C D X X I X.
Fil de nerf de renne.
Ce fil eft double & tors, il eft d'un blanc - bleuâtre & luifânt
comme de la foie ; il a ctc envoyé par M. Tefdorf.
n; m c d X X X,
Une corne de corine.
Cette corne efl; reprcfentce dans le witie XII de cet ouvrasse ,
pkuk he X X X I , figure j ; elle a quatre pouces huit lignes de lon-
gueur & un pouce neuf lignes de circonférence à la baie : elle a été
apportée du Sénégal , par Al. Adan/ôn.
N.° M C D X X X I.
Les deux cornes d'un koba.
Ces cornes ont un pied & demi de longueur, & huit poLKes de
circonférence à la bafe ; elles diffèrent peu de celles qui font re-
préfentées dans le îome XII fie cet ouvrage , pi xxxil , fg. 2,
N.'' M C D X X X I I.
Une tête de kob.
La defcription de cette tête efl dans \ttome XII de cet ouvrage ,
page 2 6y, elle efl repréfenîée dans h planche xxxil du même volume,
fg. I. M. Adanfon a rapporté du Sénégal la tcte de kob dont il
^'agit , &: les cornes de koba mentionnées fous le numéro précédent.
N.° M C D X X X I I I.
Un gros bê^oard.
Ce bézoard pcfe une livre quatorze onces fêpt gros; il a trois
.pouces fept lignes de hauteur & onze pouces de circcnférencc
DU Cabinet, 4.07
à ï'cnJroIt ie plus gros ; là forme eft irrégulière, cependant il a
trois faces longitudinales , une petite face tuberculeufê à l'un d^s
bouts , & à l'autre une grande face concave & polie, qui dcnoie
que ce bczoaid étoit appliqué contre un autre bézoard dans le
corps de l'animal qui l'a produit ; fa fubflance e(l de couleur oli-
vâtre & pâle ; (a furface eil grenue à gros grains plats ; (à couche
extérieure a été entamée; on voit à l'endroit de la fradure, qu'elle
a jufqu'à trois lignes d'épailTeur , & qu'elle eft compofée d'autres
couches plus minces ; la furface extérieure de la féconde couche
a des grains plus diftinéls que ceux de la première. Ce bézoard
reiïèmble un peu à celui du rhinocéros, & il ne peut venir
que d'un aulTi grand animal. Voyci le lonte XI de cet ouvrage ,
page 210,
N.° M C D X X X I V.
Autre héipard,
La forme de ce bézoard efl: très-régulière, 5<: approche d'un
ovoïde , mais il eft un peu aplati fur les deux côtés oppofcs, il
pèfe trois onces fix gros & trente grains ; il a deux pouces de
ion^^ueur , un pouce fept lignes de largeur & un pouce & demi
d'épaiffeur; fâ première couche a été détruite dans piufieurs en-
droits, les parties qui reflent font fort minces, tubercuieufes, à
petits grains & de couleur grife; les endroits de la féconde
couche qui font découverts ont une couleur d'olive , 5c leur fur-
face eft polie ; ce bézoard a été cafle plus profondément pour
mettre à découvert fa ftrudure interne; l'on peut enlever des
fragmens dts couches dont il efl compofé , & dont la furface
& la fubflance intérieure font de couleur grife. II a été donné
au Cabinet , par M. de la Porte, ancien premier Commis de
ia. Marine.
4o8 Description
N." M C D X X X V.
Autre béipard.
Ce bczoaiJ a été envoyé du Pérou , il efl: renfermé dans unô
filigrane d'or; il a la forme d'un ovojde aplati fur fâ longueur;
/on grand diamètre eft de quinze lignes; il a huit lignes & demie
dans /a plus grande largeur , & fêpt lignes d'cpailîèur ; il pèfè
trois gros & cinquante -cinq grains; fa furface efl; de couleur
olivâtre très-pâle; elle a des tubercules plats tels que l'on en voit
fur d^s pierres de la veffie.
N.^ M C D X X X V I.
Autre bé-zoard.
Ce bézoard efl très-remarquable par fa figure régulière, c'efl
un globe de quatorze lignes de diamètre ; il pc(è une once deux
gros & lôixante-cinq grains; iâ fuiface efl: de couleur grifèavec
quelques taches brunes un peu tuberculeulês ; c'eft au grain de
cts taches & au poli gras du globe que je le prends pour un
bézoard, quoique la régularité de là forme défigne plutôt un
globe facflice qu'un bézoard.
N.° M C D X X X V I L
Une corne de nano^uer,
o
Cette corne a été gravée dans le lome XII de cet ouvrage ^
phnche xxxii , figure j» ; elle a été mile au Cabinet , avec la
colledion de M. Adanlôn ; elle efl recourbée en avant , elle a
de petites flries longitudinales , & fix ou lêpt anneaux qui font
plus gros fur le devant de la corne que fur le derrière ; ils s'é-
tendent obliquement fur les côtés, de manière que leur partie
antérieure efl placée beaucoup plus bas que la partie poflérieure ;
fa
DU Cabinet. 409
la longueur de la corne eft d'environ huit pouces ; elle a quatre
pouces &: demi de circonférence à la bafè.
N.° M C D X X X V I I I.
La tête if le bas des quatre, jambes d'une gr'imme.
Cette tête a cté apportée du Sénégal , par M. Adanfon ; Je
i'ai décrite dans le tome XI 1 de cet ouvrage, page j2^ ,pl XLI ,
fg. 2& ^.
N.° M C D X X X I X.
Une partie des mâchoires d'un fanglier du Cap-vert,
La mâchoire du deflbus eft prerqu'entiére ; celle du deffus a
été coupée à l'endroit des premières mâchelières ; à juger du fanglier
du Cap-vert par ces parties & par les dents qui y tiennent, je le
crois d'efpèce voifine , mais différente de celle de nos fangliers ;
il leur reffemble par l'os du boutoir , par les dents incifives &
les défenfes du deiïbus , &: par deux incifives du deiïiis; il en
diffère par l'étendue de l'ouverture àts narines qui eft beaucoup
plus longue que dans les fangliers &: les cochons , par la grandeur
exceffive des défenfes de la mâchoire du deffus , par le nombre
& la forme des dents mâchelières , par la grande largeur de k
mâchoire inférieure à l'endroit àts défenfes, & par le contour &
la longueur de ks branches qui font moins recourbées & plus
hautes que celles du fanglier & des cochons.
La mâchoire inférieure a environ un pied de longueur depuis
fon extrémité antérieure jufqu'au bord poftérieur de l'apophyfe
condyloïde; (^ dents incilives font au nombre de fix, elles
reffemblent à celles àts fingiiers & des cochons , excepté la
dernière de chaque côté qui eit inclinée par fon extrémité contre
Tome XIV. Fff
4IO Description
l'avant-dernicre ; il n'y a que deux incifives à la mâchoire fupt-
rieure ; les dtfenfês du deflbus ne (brtent que de trois pouces au
dehors de l'alvéole , elles ont deux pouces quatre lignes de cir-
conférence à la bafè ; les ddïtn^ts du defTus fbrtent de la longueur
de près d'un demi-pied hors de l'alvéole, & ont jufqu'à cinq
pouces de circonférence , elles font recourbées en haut Se en
dedans à peu près comme les cornes du taureau ou du buffle ;
leur fubrtance efl de la nature de l'ivoire ; il n'y a que trois dents
de chaque côté de la mâchoire inférieure, les deux premières
font de médiocre grandeur relativement à celle de la mâchoire;
mais la dernière eft très-grande , elle a deux pouces deux lignes
de longueur prife de devant en arrière , & cinq ou fix lignes de
largeur de dehors en dedans ; l'émail pénètre dans l'intérieur de
ces dents 5c forme fur leur table dix-neuf ou vingt aires circu-
laires , ovales ou de figure irrégulière &: de différentes grandeurs
rangées fur trois files longitudinales ; les plus petites font dans fa
file du milieu ; la mâchoire fupérieure de la tête dont il s'agit a
été coupée de façon qu'il n'y refle que deux petites dents mâ-
chelières ; fi la partie du bord alvéolaire qui y manque n'étoit
occupée que par une grofîè dent qui correfpondît à la grofîè
dent du deffous, le fànglier du Capvert n'auroit que vingt-quatre
dents , tandis que les fangliers & ks cochons en ont quarante-
quatre.
N.* M C D X L.
La queue d* un jeune fanglïer du Cap-vert.
Le tronçon de cette queue efl aplati en defTus & en defîbus;
il n'a que ^ts crins noirs, il en efl plus garni fur les côtés que
fur les faces vers fon extrémité ; les crins des côtés font difpofés
DU Cabinet. 41 i
par bouquets en forme de petits pinceaux , & longs de trois ou
quatre pouces.
N.° M C D X L I.
Les quatre pieds d'un jeune fanglier du Cap-vert.
II y a fur ces pieds àts foies comme fur ceux des làngliers
&: des cochons; elles font brunes.
Fin du quatorzième Volume,
AVIS AU RELIEUR.
I
L y a dans ce quatorzième Volume quarante- une Planches,
qui doivent être placées dans l'ordre fuivant :
A la pagt 82 , la planche I.
A la page i 0 S , les planches II, III, IV, V & VI.
Alapage 128 , les planches VII, VIII , IX, X, XI &XII.
A la page //^ , les planciies XIII , XI V & XV.
A la page t 6 S ,\q% planches XVI «Se XVII.
A la page 1 7^ , la planche XVIII.
A la page 186, la planche XIX.
A la page 2 o (f , ks planches XX, XXI, XXII, XXIII & XXIV.
A la page 2 2 2,ks planches XXV, XXVI, XXVII & XXVIII.
A la page 2^2 , les pbnches XXIX, XXX & XXXI.
A la page 2;(f,ks planches XXXII, XXXIII, XXXIV & XXXV.
A la page 2yo , la planche XXXVI.
.^4/^;;^^^ ^^^, les planches XXX VII & XXXVIII.
Alapage 28^, la planche XXXIX.
A la page 2^6 , la planche XL.
A la page ^0^, la planche X L L
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à $7