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NATURELLE
DES QUADRUPÈDES OVIPARES
ET DES SERPENS.
pan Mises Courx DE LA CEPEDES
GARDE du Cabinet du Roi; des Académies & Sociétés Royales
de Dijon, Lyon , Bordeaux, Touloufe , Metz, Rome,
Stockolm, Hefñle-Hombourg , Hefle-Caffel, Munich, &c.
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HÔTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS.
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Sous 1E PRIVILEGE DE 1° Acanémie Roy Arr Des Scrences.
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AVERTISSEMENT.
M. re Comre De Burrox travaillant, dans
ce moment, à l'Hiftoire des Ceétacées, ainfi qu’à
compléter celle des Quadrupedes Vraie &
des Oifeaux, defirant de voir terminer l'Hiftoire
Naturelle sr & particulière, & fa fanté
ne lui permettant pas de s'occuper de tous
les détails de cet Ouvrage immenfe dont
fon génie a concu le vafte enfemble d’une
maniere fi fublime , & exécuté les principales
parties avec tant de gloire , a bien voulu me
charger de travailler à l’'Hiftoire Naturelle des
Quadrupédes Ovipares & des <a à que je
nee aujourd'hur.
EXTRAIT DES REGISTRES
DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
ne + a
Du 25 Juillet 1787, ee
Nous avons été nommés Commiffaires , M. Fougeroux,
M. Brouflonnet, & moi, par l'Académie, pour lui
faire le rapport d’un Ouvrage, qui a pour titre:
Hifloire Naturelle des Quadrupèdes ovipares, par M. le
Comte de la Cepède.,
L'Auteur préfente, à la tête de fon Ouvrage, une
table méthodique de tous les Quadrupèdes ovipares
dont il traite : il a choifi pour la compofer des carac-
tères faillans , que les changemens de température , ou
divers accidens , ne peuvent faire varier, qui fe trouvent
dans le mâle, comme dans la femelle, dans les Jeunes
animaux , comme dans Îles adultes, & qu'il a reconnus
en examinant & en comparant attentivement un grand
nombre d'individus de différentes efpèces de Quadru-
pèdes ovipares , & les defcriptions d'un grans nombre
d'Auteurs,
M. le Comte de Ia Cepède à divifé l'ordre entier
(7)
des Quadrupèdes ovipares en deux grandes clafes; il
a placé dans la première tous les Quadrupèdes ovipares
qui ont une queue, & dans la feconde ceux qui n'en
ont point.
_ Ha établi deux genres dans la première claffe , celui
des Tortues, & celui des Lézards, qui différent l'un de
l'autre, en ce que les premiers ont le corps couvert d'une
carapace offeufe & folide, que lon ne trouve fur aucun
des feconds.
Le genre des Tortues renfermant des efpèces dont la
conformation & les habitudes préfentent des différences
très-fenfibles, & M. le Comte de la Cepède, donnant
la defcription de plufeurs efpèces nouvelles de ces ani-
maux , il a cru devoir partager ce genre en deux divi-
fions, pour lefquelles il a affigné des caraétères conftans,
aifés à faifir, & d'après lefquels on pourra diftinguer les
efpèces d'une divifion d'avec celles d'une autre, même
en ne voyant que le carapace & le plaftron.
Dans la première divifion, qui comprend les tortues
marines, font placées fix efpèces, dont deux navoient
“encore été que légèrement indiquées par les Voyageurs À
M. de la Cepède a cru devoir les appeller l Écaillé-verte,
& la Naficorne. Dans la feconde divifion, font les Tor-
tues d'eau douce & de terre, au nombre de dix-huit
efpèces , dont quatre étoient encore inconnues, & ont été
(8)
nommées par 1 Auteur, la Jaune, la Chagrinee, la Ronf°
fätre, & la Noirûtre, |
_ Le genre des Lézards étant beaucoup plus nombreux
que celui des Tortues, & leur conformation, ainfi que
leurs habitudes , préfentant plus de différences , 1 Auteur
a cru devoir former huit divifions dans ce genre. La
première , comprend le Crocodile, proprement dit, le.
Crocodile noir, le Gavial, ou Crocodile du Gange,
qui étoit à peine connu, & dont M. de la Cepède
montre les rapports de grandeur & de conformition
avec les autres Crocodiles, ainfi que huit autres efpèces
de Lézards, La feconde divifion renferme l'Iguane , le
Baflic, & trois autres efpèces. Dans la troifième divifion ,
font rangés le Lézard gris, le Lezard vert, à fix autres
efpèces de Lézards. Dans la quatrième , l'on trouve le
Caméléon, & vingt autres efpèces, dont deux nétoient
point connues des Naturahftes. M. de la Cepède leur
a confervé les noms de Mabouya & de Roquet, qu'on
leur a donnés en Amérique. L'Auteur a placé dans la
cinquième divifion trois efpèces de Lézards, dont
‘une étoit encore inconnue, & a été appellée, par
M. de la Cepède, Lézard à téte plate. La fixième
divifion comprend le Seps & le Chalcide. L'Auteur à
cru devoir donner ce dernier nom à un Lézard remar-
quable par fa conformation, & qui navoit été décrit,
ni même
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_
:
ni même indiqué par aucun Naturalifle, Dans la feptième
divifion eft placé le Dragon; & enfin les Salamandres ,
au nombre de fix, forment la huitième divifion. M. de
la Cepède fait connoître deux efpèces de ces Salaman-
dres , dont perfonne n'avoit encore parlé. | F
M. dela Cepède pañle enfuite à la feconde claffe des
Quadrupèdes ovipares, c'efl-à-dire, à ceux qui n'ont point
de queue. Il les divife en trois genres, pour lefquels ül
afigne des caraélères extérieurs , faciles à reconnoître,
confians , & qu'il a trouvés en comparant attentivement
la conformation de ces animaux avec ce qu'il a pu
connoître de fa diflérence de leurs habitudes.
Le premier genre, uniquement compofé des Gre-
nouilles, en contient douze efpèces : le fecond genre,
qui comprend la Raine-verte d'Europe , & toutes les
autres Raines, préfente fept efpèces; & dans le troifième
genre, qui termine l'hiftoire des Quadrupèdes ovipares,
font placées quatorze efpèces de crapauds.
L'Auteur ne seft pas contenté d’avoir obfervé plus
fieurs Quadrupèdes ovipares vivans, & d'avoir examiné
avec foin plufieurs individus de la plupart des efpèces
dont il traite; il a recueilli les principales obfervations
des divers Auteurs qui ont parlé des Quadrupèdes ovi-
pares; 11 a d'ailleurs fait ufage d’un grand nombre de
notes manufcrites , qui lui ont été communiquées par
Quadrupedes, Tome I, B
(10)
plufeurs Naturaliftes de divers pays, & dont Ia plupart | su
avoient voyagé dans les contrées où les Quadrupèdes | ji
ovipares font le plus communs. ' | |
. M. le Comte de la Cepède fait connoïtre pres de | à
vingt efpèces, dont aucun Auteur navoit fait mention, | de
ou qui n'avoient été ni claflées, n1 comparées avec foin. | .
T1 préfente en tout la defcription de cent-treize efpèces [ ja
de Quadrupèdes ovipares. : | je
Mais il paroît s être attaché principalement à fimplifier | u
la fcience, & à diminuer le nombre des efpèces arbi- : [
traires que l'on avoit admifes ; il a cherché avec foin | di
Jinfluence du climat, de l’âge, du fexe & de la faifon | re
fur les diverfes efpèces, pour ne regarder que comme | ls]
des variétés les individus dont les différences ne font pas nl
aflez grandes , ou aflez permanentes , pour conflituer | C
pe
|
|
une efpèce; & il eft tel article où l'Auteur a rapporté Il
à la même efpèce cinq ou fix individus, confidérés par | U
|
|
certains Naturaliftes comme autant d'efpèces diftinéles. | a
Chaque article comprend la lifle, non-feulement des | te
: noms vulgaires attribués à l'animal dans les divers pays, | (up
& par les différens Voyageurs, mais encore des noms | ds
méthodiques qui lui ont été donnés par les Natura- ll
lifles. | | 4
On trouve, dans T'Ouvrage de M. de Ia Cepède, fa | .
mefure & les proportions des diverfes parties du corps, |
| (xi)
pour un grand nombre de Quadrupèdes ovipares. H
a tâché, de plus, de joindre à la defcription de chaque
efpèce , l'hiftoire de fes habitudes ; il traite de l'endroit
où on la trouve, du tems de laccouplement, de celui
de 11 ponte, du nombre & de la forme des œufs, de la
durée de l'accroifflement, de la longueur de la vie, de
la manière de fe nourrir, de fe défendre, &c.; & pour
faire mieux connoître les Quadrupèdes ovipares , ïl
montre les rapports de forme & d'habitudes que les
diverfes efpèces ontles unes avec les autres, & même avec
des animaux d'ordres plus ou moins diflérens. Mais, pour
éviter les répétitions ,il ne traite d'une manière étendue que
des principales efpèces de chaque divifion, & il ne parle
que des différences que les autres préfentent.
Ce qui concerne chaque genre eft précédé de Tex-
poñtion des traits généraux qui le caraélérifent, & 1 Ou-
vrage commence par un Difcours, où la conformation
extérieure, les principaux points de Îa conformation
intérieure , & les habitudes communes à tous les Qua-
drupèdes ovipares, font préfentés & comparés avec ceux
des autres animaux : c'eft le réfultat général des obfer-
vations faites ou recueillies par M. de la Cepède, & le
tableau de leurs rapports. nas
À la fuite de Thifloire des Quadrupèdes ovipares,
M, de la Cepède donne la defcription de deux animaux ,
| Bÿ
(123
qu'il nomme Reptiles bipèdes, qui n'ont en eflet que deux
jambes , au lieu de quatre, & que 1'Auteur croit devoir
placer entre les Quadrupèdes ovipares & les Serpens,
dont il fe propofe de préfenter inceffamment l'hifioire
à l'Académie. Le premier de ces deux animaux na en-
ST UNE ES ee
core été indiqué par aucun Auteur; on la envoyé du
Mexique; le fecond a été décrit par M. Pallas. M. de
la Cepède fait voir qu'on ne peut pas regarder ces ani-
maux comme des monftres, puifqu'ils font en très-grand
nombre dans les pays où on les trouve. D'ailleurs 1 Au-
teur, en comparant la conformation du Reprile bipède,
qu'il a reçu du Mexique, avec celle des Lézards & des
Serpens, montre qu'il diffère, par la forme de fa queue,
ainfi que par l'arrangement & la figure de fes écailles,
de tous les lézards, & particulièrement du Seps & du
Chalcide , avec lefquels il a le plus de rapports; & par
conféquent il ne croit pas devoir le regarder comme un
monftre par défaut, ou comme un lézard qui auroit
perdu deux de fes jambes. Î ne croit pas non plus devoir
_ le confidérer comme un monftre par excès, ou comme un
Serpent, qui, par une forte de monftruofité, feroit né avec
deux jambes, parce que les jambes du Bipède du Mexique,
fes pieds, fes doigts, les écailles qui les recouvrent, fes
ongles, &c. préfentent la fymmétrie la plus régulière, & parce
que ce Bipède differe de tous les Serpens connus par l'arrange:
| (13)
ment de fes écailles. M. Pallas a auffi prouvé que le
Bipède, dont il a donné la defcriprion dans les Mé-
moires de Péterfbourg ,ne pouvoit être regardé, ni comme
un Lézard, ni comme un Serpent monflrueux.
M. le Comte de la Cepède fait voir, dans l'article où
il traite des Bipèdes, quexcepté celui que M. Pallas a
décrit, & celui qu'il a reçu du Mexique, tous les Reptiles
bipèdes , mentionnés jufqu'à préfent par les Naturaliftes,
ne font que des larves de Salamandres, ou de Lézards,
tels que le Seps & le Chalcide, nés monftrueux , ou
privés de deux pattes par quelqu'accident.
L’Auteur a joint à fon Ouvrage, le deflin des prin-
cipales efpèces de chaque divifion, & fur-tout de celles
qui ne font pas encore connues , ou qui ne le font
qu imparfaitement.
Quant à l'exiftence des Reptiles bipèdes, nous ne por-
terons aucun Jugement à ce fujet. Nous croyons que, pour
admettre ces animaux comme des efpèces conflantes, 1l
faudroit avoir des obfervations & des preuves plus mul-
tiphées. .
L'Ouvrage de M. le Comte de Ia nid nous a
paru fait avec autant de foin que d'intelligence. I y a de
la clarté & de la précifion dans les defcriptions; les ca-
raClères des clafles, des genres & des efpèces, font bien
contraftés : la partie hiftorique, eft faite avec difcerne-
(ad)
ment, L'Auteur na pas négligé de rendre fon ftyle Z
agréable, pour donner quelquattrait à des détails fafti. 1
dieux, & fouvent dégoûtans, par la nature de leur objet,
Nous penfons que cette Hiftoire Naturelle des Qua-
22 FE il me à RER à 7 RE ;
ne D CalR MES DS Le CM At —— - Dr au : x
drupèdes ovipares mérite d'être approuvée par l'Acadé. ||
mie, & imprimée fous fon Privilége. | fu
| EE
; | : : 1 me
Fait au Louvre, le 25 Juillet 1787, D'AUBENTON, |
FoucEroux DE BONDAROY, BROUSSONNET. | .
| ER
1} Dir
_ Je certifre le préfent Extrait conforme à l'original, & | Là
au jugement de l'Académie. À Paris, le 25 J'uillèt 1787 fe
_ ht
Signe, Le Marquis DE CoNDORCET, | Ai
TABLE DES ARTICLES
Contenus dans ce Volurne.
Eiruicanten de plufieurs planches
de ce Volume.
Table méthodique des Quadru-
pèdes ovipares, en françois.
Table méthodique des Quadru-
pèdes ovipares, en latin.
Difcours fur la nature des Quadru-
pèdes ovipares, page 1
Les Tortues, 45
Tortues de mer ; 64
La Tortue franche ; Tiem.
La Tortue Ecaille-verte ; 92
La Caouane, 95
La Tortue Nafcorne , 202
Le Caret, 205
Le Luth, 212
Tortues d'eau douce & de
terre , 118
La Bourbeufe , Idem.
La Ronde, 1226
La Terrapène ; : 129
La Serpentine, ; 297
La Rougeître, - 132
La Tortue Scorpion; 133
La Jaune, 275
La Molle, 137
Lai Grecque ou la Tortue de
… "Éric commune ; > :! 142
La Géometrique ; ne 2 0
La Raboteufe, 161
La Dentelée, 163
La Bombée, 164
La Vermillon,
La Courte-queue ;
La Chagrinée,
La Rouflître,
La Noirître,
Des Lézards,
Les Crocodiles ;
Le Crocodile,
Le Crocodile noir :
Le Gavial,
Le Fouette-queue ;
La Dragonne,
Le Tupinambis,
Le Sourcilleux,
La Tête-fourchue,;
Le Large-doigt ,
Le Bimaculé,
Le Silloné,
L'Tguane ,
Le Bañlic,
Le Porte-crète ;
- Le Galéote,
L'Apame,
Le Lézard-priss
Le Lézard-vert ,
Le Cordyle,
L'Hexagone,
L’Améiva,
Le Lion,
Le Galonné ;
Le Caméléon ;
La Queue-bleue ;
| page
266
269
27t
173
17%
276
282
288
233
234
240
243
251
257
RC
263
264
266
267
284
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16 TABLE DES MATIÈRES.
L'Azuré, page 362
Le Grifon, 363
L'Umbre, 364
Le-Piiie. 365
L'Algire , :: 407
Le Stellion , 369
Le Scinque, 373
Le Mabouya, 2378
Le Doré, 384
Le Tapaye, 390
Le Strié, : 393
Le Marbré, 394
Le Roquet, 397
Le Rouge-gorge ; 4OI
Le Goïtreux, 402
Le Téguixin, 40%
Le Triangulaire , 407
La Double-raie, 408
Le Sputateur 409
Lg Gecko, -: : 413
Le Geckotte, 420
EL Fetephte, 426
Le Seps, 433
Le Chalcide, 443
Le Dragon, 447
La Salamandre terreftre, 455
La Salamandre à queue plate, 477
La Ponctuée,
La Quatre-raies ,
Le Sarroubé,
La Trois-doists,
492
492
493
496
Des Quadrupèdes ovipares qui
n'ont point de Queue, 498
Grenouilles,
Le
La Grenouille commune, Idem.
La Roufle -
La Pluvile,
La Sonnante :
_428
534
535
La Bordée,
La Réticulaire,
La patte-d'oie,
L'épaule-armée,
La Mugifante,
La Perlée, |
La Jackie,
La Galonnée ;
Raines,
La Raïne-verte ;
La Boflue,
La Brune,
La Couleur-de-lait ;
La Fluteule ,
L'Orangée,
La Rouge,
Crapauds,
Le Crapaud commun ;
Le Vert,
Le Rayon vert,
Le Brun,
Le Calimite,
Le Couleur de feu,
Le Puftuleux ,
Le Crapaud goitreux,
Le Bof, à.
Le Pipa :
Le Cornu,
L'Agua,
Le Marbré,
Le Criard,
* Reptiles Bipedes;
Le Canneké,
Le Sheltopuñk ,
page 536
437
538
539
54t
545
547
549
580
Idem.
Table alphabétique des noms
donnés aux Quadrupèdes
OVIPATES ; 620
Table des matières, 626
Explication
Explication de quelques Planches de ce Volume.
L'A TORTUE FRANCHE.
Planche première, page 54.
Le deffein à été fait d'après une
tres-jeune Tortue, très-bien con-
fervée, à laquelle on a fuppofé une
longueur de fix pieds, pour donner
une idée de la grandeur de l'ani-
mal adulte dont la tête eft mois
groffe en proportion du corps que
dans la figure, & dont le difque
préfente communément une ou
deux écailles de plus que celur des
très-jeunes Tortues. |
LA TORTUE ROUSSATRE.
Planche douxième , page 173.
La Tortue eft reprélentée fans
queue, parce que cette partie n’avoit
pas été confervée dans l'individu
que nous avons fait deffiner.
L'AME IV À
Planche 21, page 328.
On à repréfenté à part le def
fous de la tête & d'une partie du
corps, pour montrer le défaut de
grandes écailles au-deflous du cou,
BE SPOUTATEUR.
Planche 28, page 429.
On peut voir dans cette Planche,
Ovipares , Tome I.
la figure du Lézard envoyé de
Saint-Euftache avec le Sputateur,
& que nous regardons comme une
varièté de cette efpèce.
LE GECK O,
Planche 29, page 413.
On a repréfenté à part & de
grandeur de nature f dans le format
in-4.°) le deflous des cuilles, de
l'origine de la queue & des pieds,
ainfi que la partie antérieure de
la langue.
LA TETE-PLATPE
Planche 30, page 424.
On a repréfenté de grandeur
de nature (dans le format 57-49)
un des pieds de devant du Lézard
dont on a montré aufli la tête de
face.
LE SEPS
Planche 31 , page 433.
On a defliné de grandeur de
nature / dans le format #n-4.9 ) un
tronçon de Seps vu par-deflus pour
montrer la difpofition des couleurs
que préfente le dos,
C
ERRATA.
Pa GR 17, ligne Ag, fes vapeurs; Life,
cés vapeurs.
Page 30, ligne 1 de la note, M. de
Tourchy; Zifez, M. de Touchy.
age So, dernière ligne,
dif, de grandes,
Page 8e, ligne $, immenfes cétacées ;
Zifez, énormes cétacées.
Page 92, ligne s, trop de précaution;
Lifez, trop ‘de précautions.
Page 99, ligne 3, fe jetters lifez, fe jeter.
Page 106, ligne 13% techerchées ;:-lafer,
recherchés,
Page 132, ligne x de la note, glanures
de l’hiftoire naturelle ; lifex , glanures d’hiftoire
naturelle,
Page 138, ligne 12, tané; Lifez, tanné.
Page 146 , ligne 4, celle ; Liféz, la Tortue,
Page 178, ligne 12, les Fouettes-queue;
Lifez, les Fouette-queues.
Page 179, ligne 13, garnis; lifez, garni,
Page 184, ligne 4, des crocodiles ques
lifez , des crocodiles, que.
Page 185, lignes , à celle ;difez à pese
Page 189 , ligne 22 de la 2ODP 3: AURAS
Life, tab. 43.
Page 198, digne 11, les rue lifez s
les trois doigts.
Page 220, ligne 15, reflemblent; Zifez,
raffemblent.
des grandes ; 3
life ».
ee étendu ; Lifez,
Page nomb:e ;
nombre à
Page
227% ligne. 28
237; digne
- étendus, .
Page 253, ligne 12, formant; lifez,
forment.
Page 291, ligne T, à Cayenne ; Life,
de Cayenne.
Page. 1273, ligne 11, au-deflüus ; lifez,
au-deflous.
Page 3o1, ligne 7, eft par; Lifez, & par.
Page 318, ligne 3, Gobes-mouches ; ifez,
Gobe-mouches.
Page 322, ligne 25 de la note, nous em
fommes; Zifez, nous nous en fomimes.
Page 328, ligne o de la note, caudi; liféz,
cauda.
Page 2351, ligne 13, revèêtue n’eft points.
lifez-, n’eft point revêtue.
Page 356, ligne 16, molafles dZifezs
mollaffe.
Paxe “417 , ligne 1s, prètes à; difez,
près de.
Page aux, ligne 6, de Geckotte Lifez..
de a ittes.
Page 472, ligne 14, difiinguets Lifez,
admettre.
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HISTORE
F
1
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NATURELLE
DES QUADRUPÈDES OVIPARES.
DE: S-CO-U K:6
Sur la nature des Quadrupèdes ovipares.
ORSQU'ON JETTE LES YEUX fur Le nombre immenfa
des êtres organifés & vivans qui peuplent & animent
le globe, les premiers objets qui attirent les regards,
font les diverfes efpèces des Quadrupèdes vivipares, &
des oïifeaux, dont les formes, les qualités & les mœurs
#nt été repréfentées par le Génie dans un ouvrage ims
Ovipares | Tome I, À
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2 Hisrorre NATURELLE
mortel; parmi les feconds objets qui arrêtent l’atten-
tion, fe trouvent les Quadrupèdes ovipares, qui ap-
prochent de très-près des plus nobles & des premiers
des animaux, par leur organifation, le nombre de leurs
fens, la chaleur qui les pénètre, & les habitudes aux-
quelles ils font foumis. Leur nom feul, en iñdiquant
que leurs petits viennent d’un œuf, défigne là propriété
remarquable qui les diftingue des vivipares : ils différent
d’ailleurs de ces ue en ce qu'ils n'ont pas de
mamelles; en ce qu'au lieu d'être couverts de poil,
ils font revêtus d’une croûte offeufe, de plaques dures,
d’écailles aigues, de tubercules plus où moins faillans,
ou d’une peau nue & enduite d’une liqueur vifqueufe.
Au lieu d'étendre leurs pattes comme les vivipares, ils
les plient & les écartent de manière à être très-peu
élevés au-deffus de la terre, fur laquelle ils paroiflent
devoir plutôt ramper que marche C’eft ce qui les a fait
comprendre fous la dénomination générale de reptiles,
que nous ne leur donnerons cependant pas, & qui ne
doit appartenir qu'aux ferpens & aux animaux qui,
prefqu’entièrement dépourvus de pieds, ne changent de
place qu'en appliquant leur corps même à la terre (a).
—{a) Voyez à ce fujet l'excellent Ouvrage fur les Quadrupèdes OVI-.
pares & fur les ferpens, compolé par M. d’Aubenton , & dont ce grand
Naturalifte a enrichi l'Encyclopédie méthodique. Nous faiñflons, avec
émpreflement, cette première occafion de lui témoigner publiquement
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 2
Leurs efpèces ne font pas à beaucoup près en auf
grand nombre que celles des autres Quadrupèdes. Nous
en connoiflons à la vérité cent treize; mais MM. le
Comte de Buffon & d’Aubenton ont donné l’hiftoire &
la defcription de plus de trois cens Quadrupèdes vivi=
pares. Il eft cependant diflicile de les compter toutes,
& plus difiicile encore de ne compter que celles qui
exiftent réellement. Il n'eft peut-être en effet aucune
claffe d'animaux à laquelle les Voyageurs aient fait
moins d'attention qu'à celles des Quadrupèdes ovipares:
c’eft ordinairement d’après des rapports vagues, ou un
coup-d’œil rapide , qu’ils fe font permis de leur impofer
des noms mal conçus : n'ayant prefque Jamais eu recours
à des informations sûres, ils ont le plus fouvent donné
le même nom à divers objets, & divers noms aux
mêmes animaux : & combien de fables abfurdes n'ont
pas été accréditées touchant ces Quadrupèdes, parce
qu'on les a vus prefque toujours de loin, parce qu'on
ne les a communément recherchés que pour des pro-
priétés chimériques ou exagérées, parce qu'ils préfen-
tent des qualités peu ordinaires, & parce que tous les
objets rares ou éloignés paffent aifément fous l'empire
de l'imagination qui les embellit ou les dénature (0)!
notre reconnoïflance, pour les fecours que nous avons trouvés dans
fes lumières & dans fon amitié,
(b) On trouvera particulièrement dans Conrad Cefrer, de Duras
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4 -Hrsrorre Narurerrr
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Les Voyageurs ont-ils toujours reconnu , d’ailleurs, les
caractères particuliers & les traits principaux de chaque
efpèce, & n’ont-ils pas, le plus fouvent, négligé de
réunir à une defcription exa@te de la forme, l'énumé-
ration des qualités & l’hifloire des habitudes? |
Lors donc que nous avons voulu répandre quelque
jour fur l’'Hiftoire naturelle des Quadrupèdes ovipares’,.
il ne nous à pas fuffi d'examiner avec attention & de
décrire avec foin un grand nombre d’efpèces de ces
Quadrupèdes, qui font partie de la collection du Ca-
‘binet du Roï, ou que l’on a bien voulu nous procurer,
& dont plufieurs font encore inconnues aux Natura--
Jiftes; ce n’a pas été affez de recueillir enfuite prefque:
toutes les obfervations qui ont été publiées fur ces ani
maux jufqu’à nos jours, & d’y joindre les obfervations
particulières que l’on nous a communiquées, ou que
nous avons été à portée de faire mous-mêmes fur des
individus vivans; nous avons dû encore examiner les
rapports de ces obfervations, avec la conformation de
ces divers Quadrupèdes, avec leurs propriétés bien re-
connues, avec l'influence du climat, & fur-tout avec
les grandes loix phyfiques, que la Nature ne révoque
jamais : ce n'eft que d’après cette comparaïfon que nous.
“avons pu décider de la vérité de plufeurs de ces faits,
ovip. l'énumération de toutes les proprictés vraies ou abfurdes attribuées.
à ces animaux. |
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ;
& déterminer sil falloit les regarder comme des ré-
fultats conftans de l’organifation d’une efpècé entière,
où comme des produits pañlagers d'un inftinét indi-
viduel, perfeétionné ou affoibli par des caufés acci-
dentelles.
Mais, avant de nous occuper en détail des faits
parer aux diverfes efpèces , confidérons fous les
mêmes points de vue tous les Quadrupèdes + 1e Ë
repréfentons-nous ces climats favorifés du foleil,
les plus grands de ces animaux font animés par toute
la chaleur de latmofphère , qui leur eft néceflaire.
Jetons les yeux fur l'antique Egypte, périodiquement
arrofée par les eaux d'un fleuve immenfe, dont les
rivages couverts au loin d'un limon humide, préfentent
un féjour fi analogue aux habitudes & à la nature de
ces Quadrupèdes : fes arbres, fes forêts, fes monumens,
tout , jufqu'à fes orgueilleufes yramidess nous en MON
treront quelques efpèces. Parcourons les cêtes brûlantes
de l'Afrique, les bords ardens du Sénégat, de la Gam-
bie; les rivages noyés du nouveau monde, ces folitudes
profondes, où les Quadrupèdes ovipares jouiffent de la
chaleur, de l'humidité & de la paix; voyons ces belles
contrées de l'Orient, que la Nature paroît avoir enri-
chies de toutes fes produétions; n'oublions aucune des
Hfles baïgnées par les eaux chaudes des mers voifines de
la zone torride; appellons, par la penfée, tous les Qua-
drupèdes ovipares qui en peuplent les diverfes plages,
6 HisTOrrRE NATURELLE
& réuniflons-les autour de nous pour les mieux con-
noître en les comparant. | <
Obfervons d’abord les diverfes efpèces de tortues,
comme plus femblables aux vivipares par leur orga- | ,
nifation interne; confidérons celles qui habitent les 1 F
bords des mers, celles qui préfèrent les eaux douces, & P
celles qui demeurent au milieu des bois fur les terres | L
élevées ; voyons enfuite les énormes crocodiles qui peu- IE ù
plent les eaux des grands fleuves, & qui paroiffent | L
comme des géans démefurés à la tête des diverfes légions î el
de lézards; jetons les yeux fur les différentes efpèces de | | p}
ces animaux, qui réuniflent tant de nuances dans leurs | #
couleurs, à tant de diverfités dans leurs organes, & qui ot
préfentent tous les degrés de la grandeur depuis une | 4
longueur de quelques pouces, jufqu'à celle de vingt- l | fut
cinq ou trente pieds ; portons enfin nos regards fur des | de
efpèces plus petites; confidérons les Quadrupèdes ovi- ki
pares, que la Nature paroït avoir confinés dans la fange | oo
des marais, afin d'imprimer par-tout l’image du mouve-
ment & de la vie: malgré la diverfité de leur con- | by
formation , tous ces Quadrupèdes fe reflemblent entre hs k
eux, & différent de tous les autres animaux par des | | à
caractères & des qualités remarquables : examinons ces ti
caractères diftinctifs, & voyons d’abord quel degré de ET
vie & d'activité a été départi à ces Quadrupèdes. :
Les animaux diffèrent des végétaux, & fur-tout | ni
de la matiere brute, en proportion du nombre & |
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 7
de l’activité des fens dont ils ont été pourvus, & qui,
en les rendant plus ou moins fenfibles aux impreflions
des objets extérieurs, les font communiquer avec ces
mêmes objets d’une manière plus où moins intime. Pour
déterminer la place qu'occupent les Quadrupèdes ovi-
pares dans la chaîne immenfe des êtres, connoiflons
donc le nombre & la force de leurs fens. Ils ont tous
reçu celui de la vue. Le plus grand nombre de ces
animaux ont même des yeux aflez faillans & affez gros
relativement au volume de leur corps. Habitant la
plupart les rivages des mers, & les bords des fleuves
de la zone torride , où le foleil n'eft prefque jamais
voilé par les nuages, & où les rayons lumineux font
réfléchis par les lames d'eau & le fable des rives, il
faut que leurs yeux foient aflez forts pour n'être pas
altérés & bientôt détruits par les flots de lumière qui
les inondent. L’organe de la vue doit donc être affez
aétif dans les Quadrupèdes ovipares : on obferve en
effet qu'ils apperçoivent les objets de très-loin; d'ail-
leurs nous remarquerons , dans les yeux de plufieurs
de ces animaux, une conformation particulière , qui
annonce un organe délicat & fenfible : ils ont prefque
tous, les yeux garnis d’une membrane clignotante,
comme ceux des oifeaux; & la plupart de ces ani-
maux, tels que les crocodiles, & les autres lézards,
jouiffent , ainfi que les chats, de la faculté de contraéter
& de dilater leur prunelle de manière à recevoir la
8 Hirsrorre NATURELLE
quantité de lumière qui leur eft néceflaire, ou à em
pêcher celle qui leur feroit nuifible d'entrer dans leurs
yeux (c). Par-là , ils diftinguent les objets au milieu
de l’obfcurité des nuits, & lorfque le foleil le plus
brillant répand fes rayons : leur organe eft très-exercé,
& d'autant plus délicat qu'il n’eft jamais éblouï par une
clarté trop vive. |
Si nous trouvions dans chacun des fens des Qua-
drupèdes ovipares, la même force que dans celui de
la vue, nous pourrions attribuer à ces animaux une
grande fenfibilité; mais celui de louïe doit être plus
foible dans ces Quadrupèdes que dans les vivipares &
dans les oifeaux. En effet, leur oreille intérieure n’eft
pas compolée de toutes les parties qui fervent à la
perception des fons dans les animaux les mieux orga-
nifés (d) ; & l’on ne peut pas dire que la fimplicité
de cet organe eft compeniée par fa fenfibilité, puifqu'il
eft en général peu étendu & peu développé. D'ailleurs
cette délicatefle pourroit-elle fuppléer au défaut des
conques extérieures qui ramaflent les rayons fonores,
comme les miroirs ardens réuniflent les rayons lumi-
neux, & qui augmentent par-là le nombre de ceux
Se
{c) Voyez ez l'Hiftoire naturelle & la defcription du chat, par MM. le
Comte de Buffon & d’Aubenton.
(d) Voyez dans les Mémoires de l'Académie , de 1778, qui de.
M, Vicg- d'Azyr fur l'organe dg l'ouie des animaux,
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 9
qui parviennent jufqu'au véritable liège de l’ouïe fe) ?
| Les Quadrupèdes ovipares n'ont reçu à la place de ces
conques que de Re ouvertures, qui ne peuvent
donner entrée qu'à un très-petit no be de rayons
.fonores. On peut donc imaginer que l’organe de louie
eft moins actif dans ces Quadrupèdes que dans les
_.vivipares : d’ailleurs la plupart de ces animaux font
_prefque toujours muets, ou ne font entendre que des
{ons rauques, déercabies & confus ; il eft donc à pré-
fumer qu ils ne reçoivent pas d'impreffions bien nettes
des divers corps fonores : cd l'habitude d'entendre
_diftinétement, donne bientôt celle de s'exprimer sc
même (f).
On ne doit pas non plus regarder. leur dde comme
très-fin. Les animaux dans lefquels il eft le plus fort,
ont « en général le plus de peine à fupporter les oAeuEe
très-vives; & lorfqu’ils demeurent trop sn - tems
(e) Voyez Mufchenbroëck, Effois ; RE ique.
(f). On objectera peut-être que dans le plus grand nombre de ces
animaux, l'organe de la voix n'eft point compofé des parties qui pa-
roiflent les plus néceflaires pour former des fons, & qu'il fe refufe en-
tièrement à des tons diftinéts & à une forte de langage nettemént
prononcé; mais c’'eft une preuve de plus de la foiblefle de leur ouïe ;
* quelque fenfible qu’elle pât être par elle-même , elle fe reflentiroit de
l'imperfection de l'organe de leur voix. Woyez à ce Jujet un Mémoire
de M. Vicg-d'Ayyr Jur lg voix des animaux, infèré dans ceux de
l'Académie de 1 710
Ovipares, Tome I, :
1O Hrsrorre NATURELLE
expofés aux impreflions de ces odeurs exaltées , leur
organe s’endurcit, pour ainfi dire, & perd de fa fen-
fibilité. Or le plus grand nombre de Quadrupèdes
ovipares vivent au milieu de l'odeur infecte des ri-
vages vafeux, & des marais remplis de corps organifés
en putréfation ; quelques-uns de ces Quadrupèdes ré-
pandent même une odeur, qui devient très-forte lorf-
qu'ils font raffemblés en troupes. Le fiège de l'odorat
eft aufli très-peu apparent dans ces animaux, excepté
dans le crocodile ; leurs narines font très-peu ouvertes ;
cependant, comme elles font les parties extérieures
les plus fenfibles de ces animaux, & comme les nerfs
qui y aboutiflent font d’une grandeur extraordinaire
dans plufieurs de ces Quadrupèdes ( g), nous regardons
Vodorat comme le fecond de leurs fens. Celui du goût
doit en effet être bien plus foible dans ces animaux:
il eft en raifon de la fenfibilité de l'organe , qui en
eft le fiège; & nous verrons dans les détails relatifs
aux divers Quadrupèdes ovipares, qu'en général leur
langue eft petite ou enduite d’une humeur vifqueufe,
& conformée de manière à ne tranfmettre que difici-
lement les imprefhons des corps favoureux.
A l'égard du toucher, on doit le regarder comme
bien obtus dans ces animaux. Prefque tous recouverts
_ (3) Mémoires pour férvir à lHifloire naturelle des animaux. art.
de la Tortue de terre de Coromandel,
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. IA
d’écailles dures, enveloppés dans une couverture offeufe,
ou cachés fous des boucliers folides, ils doivent recevoir
bien peu d’impreflions diftinétes par le toucher. Plufieurs
ont les doigts réunis de manière à ne pouvoir être appli-
qués qu'avec peine à la furface des corps, & fi quelques
lézards ont des doigts très-longs & très-féparés les uns
des autres, le deffous même de ces doigts eft le plus
fouvent garni d'écailles aflez épaifles pour ôter pref-
que toute fenfibilité à cette partie.
Les Quadrupèdes ovipares préfentent donc, à a
vérité, un aufli grand nombre de fens, que les ani-
maux les mieux conformés. Mais, à l'exception de
celui de la vue, tous leurs fens font fi foibles , en
comparaïfon de ceux des vivipares , qu’ils doivent T'es
cevoir un bien plus petit nombre de fenfations, com-
muniquer moins fouvent & moins parfaitement avec
les objets extérieurs, être intérieurement émus avec
moins de force & de os & c’eft ce qui produit
cette froideur d’affections, cette efpèce d’apathie, cet
inftinét confus, ces intentions peu décidées, que l’on
remarque fouvent dans plufieurs de ces animaux.
_ La foibleffe de leurs fens fufht peut-être pour mo-
difier leur organifation intérieure, pour y modérer la
rapidité des mouvemens, pour y ralentir le cours des
humeurs, pour y diminuer la force des frottemens,
& par conféquent pour faire décroitre cette chaleur
interne, qui, née du mouvement & de la vie, les
B i
12 HirsTorre NATUREILE
entretient à fon tour; peut-être au contraire cette foi=
bleffe de leurs fens eft-elle un effet du peu de chaleur
qui anime ces animaux : quoi qu'il en foit, leur fang
eft moins chaud que celui des vivipares : on n’a pas
encore fait, à la vérité, d’obfervations exactes fur la
chaleur naturelle des crocodiles, des grandes tortues,
& des autres Quadrupèdes ovipares des pays éloignés ; :
le degré de cette chaleur doit d’ailleurs varier fuivant
les efpèces, puifqu’elles fubfiftent à différentes latitudes;
mais on eft bien afluré qu'elle eft dans tous les Qua-
pèdes ovipares inférieure de beaucoup à celle des autres
Quadrupèdes, & fur-tout à celle des oifeaux ; fans cela
ils ne tomberoient point dans un état de torpeur à un
degré de froid qui n’engourdit ni les oifeaux, ni les
vivipares. Leur fang eft d’ailleurs bien moins abon-
dant (A). 1} peut circuler long-tems fans pañler par les
poumons, puifqu'on a vu une tortue vivre pendant quatre
(h) Hañfelquift, qui a dique un croco lé au Caire en 17513
rapporte que le fang fleuri & appauvri, ne coula pasen grande quan-
tite de la grande artère, lorfqu'elle fut coupée. D'ailleurs, continue ce
Voyageur naturalifte, celes vaifleaux des poumons, ceux des mufeles ,
2 8 les autres vaifleaux étoient prefque vides de fang. La quantité de
ce fluide n'eft donc pas en proportion auf grande dans le croco-
3 dile, que dans les Quadrupèdes : il en eft de même dans tous les
35 Amphibies. » ( Hañelquift comprend tous les Quadrupèdes ovipares
fous cette dénomination. ) Woyage en Palefline de Frédéric Haffélqui f _
= l'Académie des Sciences de Stockolm, p. ess
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES 013
jours, quoique fes poumons fuflént ouverts & coupés
en plufeurs endroits, & qu'on eût lié l'artère qui va
du cœur à cet organe. Ces poumons paroiflent d'ail
leurs ne recevoir jamais d'autre fang que celui qui eft
nécefaire à leur nourriture (i). Auf celui des Qua-
drupèdes ovipares étant moins fouvent animé, renou«
vellé, revivifié, pour ainf dire , par l'air atmofphé.
rique qui pénètre dans les poumons, il eft plus épais;
il ne reçoit & ne communique que des mouvemens
plus lents, & fouvent prefque infenfibles; & il y a
long-tems qu'on a reconnu que le fang ne coule pas
auffi vite dans certains Quadrupèdes ovipares, & par
‘exemple dans les grenouilles, que dans les autres Qua-
drupèdes & dans les oifeaux. Les caufes internes fe
réuniflent donc aux caufes externes pour diminuer
l'adivité intérieure des Quadrupèdes ovipares.
Si Von confidère d’ailleurs leur charpente offeufe,
on verra quelle eft plus fimple que celle des vivipa-
res ; plufieurs familles de ces animaux, tels que la
plupart des falamandres, les grenouilles, les crapauds
& les raines, font dépourvues de côtes; les tortues
ont, à la vérité, huit vertèbres du cou; mais, excepté
les droéiiles qui en ont fept, paie tous is lézards
n'en ont jamais au-deffus de mené & tous les Que
() Mémoires pour férvir à PHifloire naturelle des animaux, art, dé
la Tortue de Coromandel,
14 Hisrorre NATUREILIE
drupèdes ovipares fans queue en font privés, tandis que
parmi les oifeaux on en compte toujours au moins onze,
& que l’on en trouve fept dans toutes les efpèces des Qua-
drupèdes vivipares (k). Leur conduit inteftinal eft bien
moins long, bien plus uniforme dans fa grofleur, bien
moins replié fur lui-même;leurs excrémens, tant liquides
que folides , aboutiflent à une efpèce de cloaque com
mun (À) ; & il eft affez remarquable de trouver dans ces
Quadrupèdes ce nouveau rapport, non-feulement avec
les caftors, qui paflent une très-grande partie de leur vie
dans l’eau, mais encore avec les oifeaux qui s’élancent
dans les airs & s'élèvent jufqu'au-deffus des nuées.
Le cœur eft petit dans tous les Quadrupèdes ovi-
pares, & n’a qu'un feul ventricule, tandis que dans
Tlhomme, dans les Quadrupèdes vivipares, dans les
cétacées & dans les oifeaux, il eft formé de deux,
Leur cerveau eft très-peu étendu, en comparaiïfon de
celui des vivipares : leurs mouvemens d’infpiration &
d'expiration, bien loin d'être fréquens & réguliers, font
fouvent fufpendus pendant très-long-tems, & par des
& : ù à
__(Æ) Les obfervations que j'ai faites à ce fujet fur les fquelettes de
Quadrupèdes ovipares, du Cabinet du Roi, s'accordent avec celles que
M. Camper a bien voulu me communiquer par une lettre que ce
célèbre Anatomifte m'a écrite le 29 Août 1786. | |
(4) Les lézards, les grenouilles, les crapaudbs ; ni les raines, n’ont point
de veille proprement dite, : su
Que
me, |
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 15.
intervalles très-inégsaux (m). Si l’on obferve donc Îes
divers principes de leur mouvement vital, on trouvera
une plus grande fimplicité, tant dans ces premiers
moteurs, que dans les effets qu'ils font naître : on verra
les différens reflorts moins multipliés (x) ; on remar-
quera même, à certains égards, moins de dépendance
entre les différentes parties : aufhi l’action des unes fuÿ
les autres eft-elle moindre ; les communications font-
elles moins parfaites; les mouvemens plus lents; les
frottemens moins forts. Et voilà un bien grand nombre
de caufes pour rendre ces machines plus uniformes &
moins fujettes à fe déranger, c’eft-à-dire, pour qu'il foit
plus difficile d'arrêter dans ces animaux le mouvement
vital, dont le principe répandu, en quelque forte, dans
un efpace plus étendu, ne peut être détruit que lorf-
qu’il eft attaqué dans pes points à-la-fois.
Cette organifation hp des Quadrupèdes ovi-
æ
_ {m) Mémoires pour fervir à l Hifloire naturelle des animaux, art.
de la Tortue de terre de Coromandel.
(2) « Dans plufieurs Quadrupèdes ovipares, il paroït qu'il rangé
quelques parties dans les organes deftinés aux fécrétions , & que ces «
dernières doivent y être opérées d'une manière plus fimple.»s O-
fervations anatomiques de Gérard Blafius, page 65. Voyex d'ailleurs
des Mémoires pour fervir à lHifloire naturelle des animaux , articles
‘de la Tortue de terre , du Crocodile, du _———. » du Tokai (Gecko),
& de la Salamandre.
Rhsesisisi eine rpm ES
16 HISTOIRE Narurritre
| es doit encore être comptée parmi les caufes de
eur peu de fenfbilité; & cette efpée de froideur de
| ph n’eft-elle pas augmentée par le. rapport
‘de leur fubftance avec l’eau? Non-feulement, en effet,
ils recherchent la lumière active du foleil, par défaut
de chaleur intérieure, maïs encore ils fe plaifent au
milieu des terreins fangeux & d’une humidité chaude
par analogie de nature. Bien loin de leur être contraire,
cette humidité, aidée de la chaleur, fert à leur déve-
loppement ; elle ajoute à leur Pt en S ’introduifant
dans leur organifation, & en devenant portion de leur
fubftance; & ce qui prouve ‘que cette humeur aqueufe,
dont ils font pénétrés, n’eft pas une vaine boufiflure,
un gonflement nuifible, & une caufe de dépérifflement
plutôt que d'un accroiflement véritable; © ’eft que bien
Join de perdre quelqu'une de leurs propriétés, lorfque
‘leur fubftance eft, pour ainf dire, imbibée de lhumi-
dité abondante dans eTies ils font plongés, la faculté
de fe reproduire paroît s'accroitre dans ces animaux à
mefure qu'ils font remplis de cette humidité chaude,
fi analogue à la nature de leurs corps, *
| Cette convenance de leur nature avec l'humidité
montre combien leur mouvement vital tient, pour ainfi
dire, à plufieurs reflorts affez indépendans les uns des
autres : en effet, cette furabondance d’eau eft avanta=
geufe aux êtres . lefquels les mouvemens intérieurs
peuvent être ralentis fans être arrêtés, dans lefquels la
molleffe
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 cet ;
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haude
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niet
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 7
molleffe des fubftances peut diminuer fans inconvénient
la communication des forces, & dont les divers mem
bres ont plus befoin de parties groflières & de molécules
qui occupent une place, que de principes actifs & de
portions délicatement organilées. Elle caufe, au con<
traire , le dépériffement des êtres SRE ent doués de
vie, qui exiftent par une grande rapidité des mou-
vemens intérieurs, par une grande élafticité des di-
verfes parties, par une communication prompte de
toutes les impreffions, & qui ont moins befoin, en
quelque forte, d'être nourris cs mis en mouvement ,
d’être “plie que d’être animés. Voilà pourquoi ”
-efpèces des animaux les plus nobles dégénérent bientôt
{ur ces rivages nouveaux, où d’immenfes forêts arrêtent
-& condenfent les vapeurs de l'air , Où des amas énormes
de plantes bafles & rampantes retiennent fur une vafe
bourbeufe une humidité que les vents ne peuvent diffi-
per, & où le foleil n'élève par fa chaleur une partie
de fes vapeurs humides , que pour en imprégner da-
vantage l’atmofphère, ba répandre au loin, & en mul-
tiplier les pernicieux effets. Les infectes, au contraire,
craignent fi peu l'humidité, que c’eft précifément. fur
les bords fangeux, à peine abandonnés par la mer &
toujours plongés dans des flots de vapeurs & de brouil=
‘lards épais, qu'ils acquièrent le plus grand volume,
& font parés des couleurs les plus vives.
: Mais, quoique les Quadrupèdes ovipares paroiffent
Ovipares , Tome I, CG
18 Hrsrorre NATUREILE
être peu favorifés à certains égards, ils font cependant y
bien fupérieurs À de grands ordres d'animaux ; & nous “1 u
dévons les confidérer avec d'autant plus d'attention, | :
que léur nature, pour ainfi dire mi-partie entre celle “À k
des plus hautes & des plus baffes clafles des êtres vivans ds
& organifés, montre les relations d'un grand nombre 1
de faits importans qui ne paroifloient pas analogues , '
“& dont on pourra entrevoir la caufe, par cela feul L
qu'on rapprochera ces faits, & qu'on découvrira les if
rapports qui les lient. Dr FRE Le
Le féjour de tous ces Quadrupèdes n’eft pas fixé au qe
milieu des eaux. Plufieurs de ces animaux préfèrent les | ga
terreins fecs & élevés; d’autres habitent dans des creux | le
| |
de rochers; ceux-ci vivent au milieu des bois & grim—
pent avec vitefle jufqu'à l'extrémité des branches les | EL)
plus hautes : mais prefque tous nagent & plongent avec | L ri
facilité, & c’eft en partie ce qui les a fait comprendre | |
par plufieurs Naturaliftes fous la dénomination cénérale |
d'amphibies. H n’eft cependant aucun de ces Quadru- |
1
pèdes qui n'ait befoin de venir de tems en tems à la
. _ furface de l’eau, dans laquelle il aime à fe tenir plongé. | #
Tous les animaux qui ont du fang doivent refpirer Pair de | | | :
latmofphère , & fi les poiflons peuvent demeurer très- #1 | 1
“long-tems au fond des mers & des rivières, c’eft qu'ils ont.
«un organe particulier qui fépare de l’eau tout l'air qu’elle
peut contenir, & le fait parvenir jufques à leurs vaifleaux
‘fanguins. Les Quadrupèdes ovipares font donc forcés de
endant
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logues,
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des creux
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 19
refpirer de tems en tems; l'air pénètre ainfi jufques dans
leurs poumons; ilparvient jufqu’à leur fang;ille revivifie,
quoique moins fréquemment que celui des Quadrupèdes
vivipares ,ainfi que nous l'avons dit ; il diminue la trop
grande épaifleur de ce fluide & entretient fa circula-
tion. Les Quadrupèdes ovipares périflent donc faute
d'air, lorfqu'ils demeurent trop de tems fous Peau; ce
r’eftquedansleurétat de torpeurqw’ils paroiffent pouvoir
fe paffer pendant très-long-tems de refpirer, une grande
fluidité n’étant pas néceflaire pour le foible mouvement
que leur fang doit Rap id leur EE ME
ment. |
Les Quadrupèdes ovipares , moins fenfibles que lé
autres, moins animés par des paîlions vives, moins
agités au-dedans, moins agiflans à l'extérieur, font en
général beaucoup plus à l'abri des dangers; ils sy ex=
pofent moins, parce qu'ils ont moins d'appétits violens;
& d’ailleurs Les accidens font pour eux moins à craindre.
Us peuvent être privés de parties aflez confidérables,
telles que leur queue & leurs pattes, fans ceseldnt
perdre la vie (o); quelques-uns d'eux les recou- -
(o) Pline, Livre IT, Ca. III. —Voyez auffi l'article des Sala=
mandres à queue plate. AS ds
L'on conferve au Cabinet du Roi un tr lézard, de l'efpèce! ap=
pellée D ragonne , auquel ilmanque une patte ; il paroît qu ‘1] l'avoit perdue
par quelqu'accident, lorfqu'il étoit déja aflez gross car la cicatrice:
C i
2
20 | Mrsrorre NATUREIILE
vrent (pb), fur-tout lorfque la chaleur de l'atmofphère
en favorife la reproduction; & ce qui paroîtra plus
| furprenant à À ceux qui ne jugent que d'après ce qu'ils
ont communément fous les yeux, il eft des Quadru-
pèdes ovipares qui peuvent fe mouvoir long-tems après
qu'on leur a enlevé la partie de leur corps qui paroît
la plus néceflaire à la vie; les tortues vivent plufeurs
| jours après qu'on leur a coupé la tête (g); les gre-
nouilles ne meurent pas tout de fuite, quoiqu'on leur
ait arraché le cœur; &, dès le tems d’ Atiffate: on favoit
que quelques momens après qu'on avoit difféqué un
_ caméléon, fon cœur palpitoit encore (r). Ce grand:
phénomène ne fuflroit-il pas pour démontrer combien
les différentes parties des Quadrupèdes ovipares dé-
pendent peu les unes des autres? Il prouve non-feu—
lement que leur fyftême dé ae n’eft eu aufñ lié ie
qui s'eft fie eft confdérable. Cet M. dE h Borde , Médecin
du Roi à Cayenne , & correfpondant du Cabinet du Roi, qui Fa en-
voyé. Il_a rencontré, dans l'Amérique méridionale, un lézard d'une
autre efpèce, & n'ayant également que trois pattes. Il en fait mention
dans un recueil d’obfervations nouvelles & très-intérefantes, qu'il fe
propofe de publier far PHifoire naturelle de Amérique méridionale.
| .(p) Voyez deux Mémoires de M. Bonnet , publiés dans le Journal
de Phyfque, Fun en Novembre 1777, & l autre en Janvier 1779.
{9 ) Voyez l'article de la Tortue, appellée là Grecque.
.{r) Conrad Gefner ; Hifi. des. animaux , Liy. II, des Que:
rdup. OYip. P. 4» Édit. de 2554 er ;
DES QvADRUPÈDES OVIPARES. et
à celui des autres Quadrupèdes , puifqu’ on peut féparer
les nerfs de la tête de ceux qui prennent racine dans
la moëlle épinière, fans que l'animal meure tout de
faite, ni même paroifle beaucoup fouffrir dans les pre-
miers momens; mais ne démontre-t-il pas encore que
leurs ie fanguins ne communiquent pas entre
eux autant que ceux des autres Quadrupèdes, puifque
fans cela tout le fang s “échapperoit par les endroits où
_les artères auroient été coupées; & lanimal refteroit
fans mouvement & fans vie? Ceci s'accorde très-bien
avec la lenteur & la froideur du fang des Quadrupèdes
_ovipares ; & il ne faut pas être étonné que non-feule-
ment ils ne perdent pas la vie au moment que leur
_ tête eft féparée de leur corps , mais encore qu'ils vivent
plufeurs jours fans l'organe qui leur ef néceflaire pour
prendre leurs alimens. Ils peuvent fe pañler de manger
pendant un tems très-long ; on a vu même des tortues
_ & des crocodiles demeurer plus d’un an privés de toute
nourriture (s). La plupart de ces animaux font revêtus
_ d’écailles ou d’enveloppes offeufes, qui ne laiflent pañler
la tranfpiration que dans un petit nombre de points :
ayant d’ailleurs le fang plus froid, ils perdent moins
de leur fubftance, & par a ils doivent moins
_ da ou par une moindre chaleur, ils n’é-
.{s ) Voyez les articles particuliers de leur hiftoire;
22 HISTOIRE NATURELLE
prouvent pas cette grande deflication, qui devient une
foif ardente dans certains animaux; ils n'ont pas befoin
de rafraîchir, par une boiflon très-abondante, des vaif-
feaux intérieurs, qui ne font jamais trop échauffés.
Pline, & les Anciens, avoient reconnu que les ani-
maux qui ne fuent point, & qui ne poflèdent pas une
grande chaleur intérieure, mangent très-peu. En effet,
la perte des forces n 'eft-elle pas toujours proportionnée
aux réfiftances ? les réfiftances ne le font-elles pas aux
frottemens; les frottemens à la rapidité des mouvements;
& cette rapidité ne l’eft-elle pas toujours à la chaleur
intérieure ? | *
Mais fi les Quadrupèdes ovipares réfiftent avec fa
cilité à des Coups qui ne portent que fur certains points
de leur corps, à des chocs locaux, à des léfions partis
culières, ils fuccombent bientôt aux efforts des caufes
extérieures, énergiques & conftantes qui les attaquent
dans tout leur enfemble ; ils ne peuvent point leur op
pofer des forces intérieures aflez actives : & comme la
caufe la plus contraire à une foible chaleur interne,
eft un froid extérieur plus ou moins rigoureux, il n ’eft
pas furprenant que les Quadrupèdes ovipares ne puiffent
réfifter aux effets d’une atmofphère plutôt froide que
tempérée, Voilà pourquoi on ne rencontre la plupart
des tortues de mer, les crocodiles, & les autres grandes
efpèces de Quadrupèdes ovipares, que près des zones
torrides, ou du moins à des latitudes peu élevées, tant
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 923
dans Pancien que dans le nouveäu Continent ;: & non-
q ;
feulement ces grandes efpèces font confinées aux en-
virons de la zone torride, mais encore à mefure que
les individus & les variétés d'une même efpèce habitent
un pays plus éloigné de Péquateur , plus élevé ou plus
humide, & par conféquent plus froid , leurs dimenfions
_ font beaucoup plus petites (r).Les crocodiles des contrées
les plus chaudes l’emportent fur les autres par leur gran-
deur & par leur nombre; & fi ceux qui vivent très-près
de la ligne, font quelquefois moins grands que ceux que
Ton trouve à des latitudes plus élevées, comme on le
remarque en Amérique, c’eft qu'ils font dans des pays
“plus peuplés, où on leur fait une guerre plus cruelle,
& oùils ne trouvent ni la paix ni la nourriture, fans
lefquelles ils ne DS parvenir à leur entier accroif
_fement.
_ La chaleur de latmofphère eft même fi néceffaire
aux Quadrupèdes ovipares, que lorfque le retour des
faifons réduit les pays voifins des zones torrides, à la froide
température des contrées beaucoup plus élevées en lati-
tude , les Quadrupèdes oviparés perdent leur aëtivité;
leurs fens sémouflent; la chaleur de leur fang dimi-
nue ; leurs forces s’affoibliffent ; ils sempreffent de gagnex
(+) Les plus gros crocodiles, & le plus grand nombre de ces ani-
aux, habitent la zone torride. Cathy , Hi foire nafurelle de La Cars
anse voluine 2, page 63. |
- EE TEE OO Se RE UUE ;
i RSS = RE ET == = =
24 - Hisrorre NATURELLE
des retraites obfcures, des antres dans les rochers, des
trous dans la vafe, ou des abris dans les joncs & les
autres végétaux qui bordent les grands fleuves. Ils cher-
chent à y jouir d’une température moins froide, & ày
conferver , pendant quelques momens, un refte de cha-
leur prêt à leur échapper. Mais le froid croiflant tou-
jours, & gagnant de proche en proche, fe fait bientôt
fentir dans leurs retraites, qu'ils paroiffent choifir au
milieu de bois écartés, ou fur des bords inaccefibles ;
pour fe dérober aux recherches & à la voracité de
leurs ennemis pendant le tems de leur fopeur, où ils
ne leur offriroient qu’une mafñle fans défenfe & un appas
fans danger. Ils sendorment d’un fommeil profond ; ils
tombent dans un état de mort apparente; & cette
torpeur eft fi grande, qu'ils ne peuvent être réveillés
par aucun bruit, par aucune fecoufle, ni même par
des bleflures : ‘ls ré inertement la faifon de l'hiver
dans cette efpèce d'infenfibilité abfolue où ils ne con
fervent de lanimal que la forme, & feulement aflez
de mouvement intérieur pour éviter la décompoftion
.à laquelle font foumifes toutes les fubftances organi-
.fées réduites à un repos abfolu, Ils ne donnent que
quelques foibles marques du mouvement qui refte en-
core à leur fang , mais qui eft d'autant plus lent , que
fouvent il n ’eft animé paf aucune SxpieuRs ni be
ration. Ce qui le prouve, c’eft qu’on trauve prefque
toujours les Quadrupèdes ovipares engourdis dans la
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 25
vafe, & cachés dans des creux le long des rivages où
les eaux les gagnent & les furmontent fouvent, où
ils font par conféquent beaucoup de tems fans pouvoir
refpirer, & où ils reviennent cependant à la vie dès
que la chaleur du xs fe fait de nouveau ref-
. fentir.
Les Dradrüpèdes ovipares ne font pas les feuls ani-
maux qui sengourdiffent pendant l'hiver aux latitudes
un peu élevées : les ferpens, les cruftacées, font éga-
lement fujets à s'engourdir ; des animaux bien plus par-
faits tombent aufli dans une torpeur annuelle , tels que
les marmottes, les loirs, les chauves-fouris, les hérif-
fons, &c. Mais ces derniers animaux ne doivent pas
éprouver une fopeur aufh profonde. Plus fenfibles que
es Quadrupèdes ovipares, que les ferpens & les cruf-
tacées , ils doivent conferver plus de vie intérieure ;
quelqu'engourdis qu'ils foient, ils ne ceflent de refpirer,
& cette action, quoiqu'afloiblie, naugmente -t- elle
pas toujours lédrs mouvemens intérieurs ?
Si , pendant l'hiver, il furvient un peu de chaleur ,
les Quadrupèdes ovipares font plus ou moins tirés ge
léur état de fopeur (4); & voilà pourquoi des Voya-
geurs, qui pendant des journées douces de Phiver ont
>
(u) Obférsations Jur le crocodile _. la Louifi iane , par M. de le
Coudrenière. Journal de Phyfique 1782.
Ovipares , Tome I. D
LR
26 Hisrorre NATURELLE
rencontré dans certains pays des crocodiles, & d’autres
Quadrupèdes ovipares, doués de prefque toute leur aéti-
vité ordinaire, ont afluré, quoiqu'à tort, qu'ils ne s’y
engourdifloient point. Ils peuvent aufli être préfervés
quelquefois de cet engourdiflement annuel par la na-
ture de leurs alimens. Une nourriture plus échauflante
& plus fubftantielle augmente la force de leurs folides ,
la quantité de leur fang, l’activité de leurs humeurs ,
& leur donne ainf aflez de chaleur interne pour com-
penfer le défaut de chaleur extérieure. Il arrive fou-
vent que les Quadrupèdes ovipares font dans cet état
de mort apparente pendant près de fix mois, & même
davantage : ce long tems n'empêche pas que leurs fa-
cultés fufpendues ne reprennent leur activité. Nous
verrons dans l’hiftoire des falamandres aquatiques qu'on
a quelquefois trouvé de ces animaux engourdis dans
des morceaux. de glace tirés des glacières pendant l'été,
& dans lefquels ils étoient enfermés depuis plufeurs
mois; lorfque la glace étoit fondue, & que les fala-
mandres-étoient. pénétrées d’une douce chaleur, elles.
revenoient à la vie. |
Mais, comme tout a un terme dans la nature, f
le froid devenoit trop rigoureux ou duroit trop long-
tems, les Quadrupèdes ovipares engourdis périroient :
la machine animale ne peut en effet conferver qu'un
certain tems.les mouvemens intérieurs qui lui ont été
communiqués. Non-feulement une nouvelle nourriture
autres
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Nous
s quon
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 27
doit réparer la perte de la fubfiance qui fe diflipe;
mais ne faut-il pas encore que le mouvement intérieur
foit renouvellé, pour ainfi dire, par des fecoufles ex-
térieures, & que des fenfations nouvelles remontent
tous les reflorts?
La mafñle totale du corps des Quadrupèdes ovipares
me perd aucune partie trés-fenfible de fubflance pen-
dant leur longue torpeur (v) : mais les portions les plus.
(v) «Le 7 Oltobre 1651, Mile Chevalier Georges Ent pefa exaétement
une tortue terreftre, avant qu'elle ne fe cachât fous terre. Son poids
_étoit de quatre livres trois onces & trois drachmes. Le 8 O&obre
1652, ayant tiré la tortue de la terre où elle s’étoit enfouie la veille,
il trouva qu'elle peloit quatre livres fix onces & une drachme. Le
16 Mars 1653, la tortue fortit d'elle-même de fa rétraite : elle
pefoit alors quatre livres quatre onces. Le 4 O&tobre 1653, la tor-
tue, qui avoit té quelques jours fans manger, fut retirée du trou
où elle s'étoit enterrée ; fon poids étoit de quatre livres cinq OnCEs.
Les yeux, qu'elle avoit eus long-tems fermés, étoient dans ce mo-
ment ouverts & fort humides. Le 18 Mars 1654, la tortue fortit
de fon trou, & mife dans la balance, pefoit quatre livres quatre
-onces & deux drachmes, Le 6 O&tobre 1654, étant fur le point d’hi.
verner, elle péfoit quatre livres neuf onces & trois drachmes. Le der-
nier Février 1655, jour auquel la tortue avoit abandonné fa retraite ,
fon poids ctoit de quatre livres fept onces & fix drachmes. Ainf,
elle avoit perdu de fon ancien poids une once & cinq drachmes. Le
2 Cétobre 1655, la tortue, avant de fe retirer dans fon trou pour
y pañler l'hiver, pefoit quatre livres neuf onces. Elle avoit déja pañle
un peu de tems fans prendre de nourriture. Le 25 Mars 1656, la
tortue, au fortir de fon trou, pefoit quatre livres fept onces & deux
D i
[4
vd ge — » - cd =. PTT :
5 Ex
er mr = - SRE: Es |
28 Hrsrorre NATURELLE
extérieures, plus foumifes à l’action defléchante du froid,
& plus éloignées du centre du foible mouvement in-
terne qui refte alors aux Quadrupèdes ovipares, fu-
biflent une forte d’altération dans la plupart de ces
animaux. Lorfque cette couverture la plus extérieure
de ces Quadrupèdes n’eft pas une partie ofleufe &
très-folide, comme dans les tortues & dans les croco-.
diles, elle fe deflèche, perd fon organifation, ne peut.
plus être unie avec le refte du corps organifé, & ne
participe plus ni à fes mouvemens internes , ni à fa
nourriture. Lors donc que le printems redonne le mou-
vement aux Quadrupèdes ovipares, la première peau,
foit nue, foit garnie d'écailles , ne fait plus partie en
quelque forte du corps animé ; elle n'eft plus pour ce
corps qu'une fubftance étrangère; elle eft repouflée!,
pour ainfi dire, par des mouvemens intérieurs qu'elie ne
partage plus. La nourriture qui en entretenoit la fubf-
tance fe porte cependant comme à l'ordinaire vers la
3 drachmes. Le 30 Septembre 1656, la tortue, fur le point de fe
2 retirer dans la terre, peloit quatre livres douze onces & quatre
33 drachmes. Enfin, le $ Mars 1657,la tortue, de retour fur la terre,
29 peloit quatre livres onze onces & deux drachmes & deraie. On peut
» juger, par ces obfervations, combien cet animal, ainfi que tous ceux
» qui fe cachent fous terre, pour fe garantir des froids de l'hiver ,
» perdent peu de leur fubftance par la tranfpiration, pendant un jeune
2 abfolu de plufeurs mois, 2 (Collection académique , Tome VIT, pages
120 & 121. |
froid,
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 20
furface du corps; mais au lieu de réparer une peau
qui na prefque plus de communication avec l’intérieur,
elle en forme une nouvelle qui ne cefle de s'accroitre
au-deffous de l’ancienne. Tous ces eflorts détachent
peu-à-peu cette vieille peau du corps de l'animal,
achèvent d’ôter toute liaifon entre les parties intérieures
& cette peau altérée, qui, de plus en plus privée de
toute réparation, der plus foumife aux caufes étran-
gères qui tendent à la décompofer. Attaquée ainfi des
deux côtés, elle cède, fe fend; & lanimal revêtu d'une
peau nouvelle fort de cette efpèce de fourreau, qui
métoit plus pour lui qu'un corps embarraffant.
C’eft ainfi que le dépouillement annuel des Qua-
drupèdes ovipares nous paroit devoir s'opérer ; mais il
n’eft pas feulement produit par l’engourdiflement. Ijs
quittent également leur première peau dans les pays
où une température plus chaude les garantit du fom-
meil de Phiver. Quelques-uns la quittent auf plufieurs
fois pendant l'été des contrées tempérées ; le même effet
eft produit par des caufes oppofées; la chaleur de l’at-
mofphère es au froid & au défaut de mouvement ;
elle defèche également la peau, en dérange le tiflu 5
& en détruit l'organifation (x).
(æ) La note fuivante m'a été communiquée par M. de Touchy.
Ecuyer, de la Société royale des Sciences de Montpellier , &c. elle eft
extraite d’un ouvrage que ce Naturalifte fe propofe de publier, & qui
fera intitulé : Mémoires pour fervir à l'Hifloire des fonélions de l'éca--
30 Hisrorrs NAaTur£ezre
Des animaux d'ordres très-différens des Quadrupèdes
ovipares éprouvent aufhi chaque année, & même à
plufieurs époques, une efpèce de dépouillement : ils
perdent quelques-unes de leurs parties extérieures; on
peut particulièrement le remarquer dans les ferpens,
normie animale des oifeaux. «Je pris, le 4 Mai 178%, dit M. de Tour- |
> chy, un lézard vert À taches jaunes & bleuâtres, & de dix pouces
»» de long : je le mis vivant dans une boutcille couverte d'une toile
» à jour, & polée fur une table de marbre dans une fäalle fraîche au
»» rez-de-chauflée; ce lézard vécut deux mois dans cette efpèce de
» prifon, fans prendre aucune nourriture. Les premiers jours, il fit
» des eflorts pour en fortir, mais il fut aflez tranquille le refte du
» tems. Vers le quarante - cinquième jour, je n'apperçus qu'il fe dif-
» pofoit à changer de peau, & fucceflivement je vis cette peau fe
» fécher , fe racornir, fe détacher par parties fanées & décolorées,
> pendant que la nouvelle peau qui fe découvroit avoit une belle
couleur verte avec des taches bien nettes. Il mourut le foixante-
troifième jour , fans avoir achevé de muer, la vieille peau étant en-
core attachée fur la tête, les pattes & la queue. Pendant le tems
de da mue, & celui qui le précéda, il ne fut jamais dans un état
de torpeur ; il marchoit dans fa bouteille, lorfqu'on la prenoit dans
»> les mains, & même fans cela & de lui-même ; je lui vis quelquefois
s) les yeux fermés; mais il les rouvroit bientôt, & avec vivacité. I
s2 étoit à demi-arrondi dans cétte bouteille, dont le cul un peu relevé
>> devoit ajouter à la gène de fa pofition. Il avoit certainement mué
2 avant d'être pris, comme font tous les lézards & les ferpens, lorfque
>> la chaleur du printems les fait fortir de leurs retraites. La fraicheur
3» de fes couleurs & la délicatefle de fa peau me l'avoient prouvé lorf-
> que je le pris. 3,
Tour
pouces
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ce de
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jité, Î
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j relevé
ent Dé
que
aicheur
vé Lol ,
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 3
dans certains animaux à poils, & dans les oifeaux;
les infectes & les végétaux ne font-ils pas fujets
aufñi à une forte de mue? Dans quelques êtres qu'on
remarque ces grands changemens, on doit les rap-
porter à la même caufe générale. Il faut toujours
les attribuer au défaut d'équilibre entre les mouvemens
intérieurs & les caufes externes : lorfque ces dernières
{ont fupérieures, elles altèrent & dépouillent; & lorf-
que le principe vital l'emporte, il répare & renouvelle.
Mais cet équilibre peut être rompu de mille & mille
manières, & les effets qui en réfultent font diverffiés.
fuivant la nature des êtres organifés qui les éprouvent.
Il en eft donc de cette propriété de fe dépouiller,
ainfi que de toutes les autres propriétés & de toutes
les formes que la Nature diftribue aux différentes ef-
pèces, & combine de toutes les manières, comme fi
elle vouloit en tout épuifer toutes les modifications.
C’eft fouvent parce que nos connoiffances font bornées,
que l'imagination la plus bizarre nous paroît allier des
qualités & des formes qui ne doivent pas fe trouver
enfemble. En étudiant avec foin la Nature, non-feu-
lement dans fes grandes produétions, mais encore dans
cette foule immenfe de petits êtres, où il femble que
la diverfité des figures extérieures ou internes, & par
conféquent celle des habitudes ont. pu être plus facile-
ment imprimées à des mafles moins confidérables , l'on
trouveroit des tres naturels, dont les produits de Fi-
32 Hisrorre NATUREILIE
magination ne feroient fouvent que des copies. Il y à
aura cependant toujours une orande différence entre || U
les originaux & ces copies plus ou moins fidèles : Vi- 1e
magination, en aflemblant des formes & des qualités | .
difparates, ne prépare pas à cette réunion extraordi- Ïl F
naire; elle n'emploie ee cette dégradation fucceflive | (| ;
de nuances diverffiées à l'infini qui peuvent rappro— wi. Û
cher les objets les plus éloignés, & qui en décelant la | F
vraie puiflance créatrice, font le fceau dont la Nature | à
marque fes ouvrages anrsbies & les diftingue des pro- | i
ductions paflagères de la vaine imagination. | |
Lorfque les Quadrupèdes ovipares quittent leurs | | ia
Ju
vieilles couvertures, leur nouvelle peau eft fouvent
encore aflez molle pour les rendre plus fenfibles au | tk
choc des objets extérieurs : aufli font-ils plus timides, | fil
plus réfervés, pour ainf dire, dans leur démarche, & | | ds
fe tiennent-ils cachés autant qu’ils le peuvent, jufqu'à | #
que cette nouvelle peau ait été fortifiée par de nou- | ; du
veaux fucs nourriciers & endurcie ‘par les imprefhons 2. | fr
de l’atmofphère.. | on
Les habitudes des Quadrupèdes ovipares font en gé- l| n
néral affez douces : leur caraétère ef fans férocité ; 4 | à
fi quelques-uns d'eux, comme les crocodiles, détruifent l m
beaucoup, c’eft parce qu'ils ont une grande maffe à en- | | M
tretenir (y); mais ce n’eft que dans les articles particuliers | | tn
K : - | ln
(y) Voyez particulièrement l'Hiftoire des Crocodiles. . N .
ae . %e | fi
ffons
en ge
à
(EE
pie
pate
aies
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D£s QUADRUPÈDES OVIPARES, 33
de cette Hiftoire que nous pourrons montrer comment
ces mœurs générales & communes à tous les Quadru-
pèdes ovipares, font plus où moins diverfifiées dans
chaque efpèce, par leur organifation particulière , &
par les circonftances de leur vie. Nous verrons, par
exemple, les uns fe nourrir de poiflons, les autres
donner la chafle de préférence aux animaux qui ram-
pent fur la terre, aux petits Quadrupèdes, aux oifeaux
même qu'ils peuvent atteindre fur les branches des
arbres; ceux-ci fe nourrir uniquement des infectes qui
bourdonnent dans l’atmofphère ; ceux-là ne vivre que
d'herbe, & ne choïfir que les plantes parfumées, tant
la Nature fait varier les moyens de fubfiftance dans
toutes les clafles, & tant elle les a toutes liées par un
grand nombre de rapports. La chaîne prefque fnfinie
des êtres, au lieu de fe prolonger d’un feul côté, & de
ne fuivre, pour ainfi dire, qu'une ligne droite, revient
donc fans cefle fur elle-même, s'étend dans tous les
fens, s'élève, s'abaifle, fe replie, & par les différens
contours qu'elle décrit, les diverfes finuofités qu'elle
forme, les divers endroits où elle fe réunit, ne repré-
fente-t-elle pas une forte de folide, dont toutes les
parties senlacent & fe lient étroitement , où rien ne
pourroit être divifé fans détruire l’enfemble, où l’on ne
A e e e ; e A = X À
reconnoît ni premier ni dernier chaînon, & où même
Von n’entrevoit pas comment la Nature a pu former ce
tiffu auf immenfe que merveilleux ? ù
Ovipares | Tome I. E
34 : HASTOTES NATURELLE
Les Quadrupèdes ovipares font fouvent réunis en
grandes troupes ; lon ne doit cependant pas dire qu'ils
forment-une vraie fociété. Qu'eft-ce en effet qui réfulte
de leur attroupement ? aucun ouvrage , aucune chafle,
aucune guerre, qui paroiffent concertés. Ils ne conftrui-
fent jamais d’afyle; &, lorfqw'ils en choififfent fur des
rivages, dans des rochers, dans le creux des arbres, &c.
ce n’eft point une habitation commode qu'ils préparent
pour un certain nombre d'individus réunis, & qu'ils
tâchent d'approprier à leurs différens befoins; mais c’eft
une retraite purement individuelle, où ils ne veulent
que fe cacher, à laquelle ils ne changent rien, & qu'ils
adoptent également, foit qu’elle ne fuffife que pour un
feul animal , ou foit qu’elle ait affez d'étendue pour re-
celer plufieurs de ces Quadrupèdes. |
So oi quelques-uns chaffent ou pêchent enfemble, c'eft
qu'ils font également attirés par le même abpats US.
attaquent à-la-fois, c’eft parce qu'ils ont la même proie
.à leur portée; s'ils fe défendent en commun, c’eft parce
qu'ils font attaqués en même-tems; & fi quelqu'un
d'eux a jamais pu-fauver la troupe entiere, en l’avertif-
fant par fes cris de quelqu'embûche, ce n'eft point ,
comme on la dit des finges & de quelques autres Qua-
.drupèdes, parce qu’ils avoient été, pour ainf dire,
chargés du foin de veiller à la sûreté commune, mais
feulement par un effet de la crainte que Jon re-
trouve dans prefque tous les animaux, & qui les rend
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. s
‘ fans cefle attentifs à leur confervation individuelle.
Quoique les Quadrupèdes ovipares paroïflent moins
fenfibles que les autres Quadrupèdes, ils n'en éprou-
vent pas moins, au rétour du printems, Le fentiment im-
_périeux de l'amour, qui, dans la plupart des animaux,
donne tant de force aux plus foibles, tant d’ activité aux
plus lents, tant de courage aux re lâches. Malgré le
filence habit el de plufeurs de ces: Quadrupèdes , i ils
ont prefque tous des fons particuliers pour exprimer
leurs defirs. Le mâle appelle fa femelle par un cri ex-
prefhf, auquel ‘elle répond par un accent femblable.
L'amour n’eft peut-être pour eux qu une flamme lé
“gère, qu ils ne reffentent ; jamais” très-vivement, comme
files humeurs, dont leur corps abonde, les CPE
decette Née intérieure & prsenices qu on à COmM-
parée avec plus de raifon qu on ne le penfe à un-vé-
. ritable feu, & qui eft de même amortie ou tempérée
par tout ce qui tient au froid élément de l’eau. Il femble
cependant que la Nature a voulu IRbÈer dans le plus
grand nombre de ces Quadrupèdes, à l'activité inté—
rieure qui leur manque, par une conformation des plus
propres aux jouiflances de l'amour. Les parties fexuelles
des mâles font toujours renfermées: dans l'intérieur. de
leur corps jufqu’au moment où ils s'accouplent avec leurs
femelles (7); la chaleur interne , qui ne ceffe de péné-
PR EEE me
(z) Ceft par l'anus que les mâles des lézards & des tortues font
E i
26 HrsTorre NATUREILIE
trer les organes deftinés à perpétuer leur efpèce, doit
ajouter à la vivacité des fenfations qu'ils éprouvent ;
& d’ailleurs ce n’eft pas pendant des inftans très-courts,
comme la plupart des animaux, que les tortues ma-
rines, & plufeurs autres Quadrupèdes ovipares, com-
“muniquent & reçoivent la flamme qu'ils peuvent ref-
fentir : c’eft pendant plufeurs jours que dure l'union
intime du mâle & de la femèle , fans qu'ils puiflent
être féparés par aucune crainte, ni même par des blef-
fures profondes (a).
Les Quadrupèdes ovipares font auffi féconds que
leur union eft quelquefois prolongée. Parmi les vivipa-
res, les plus petites efpèces font en général celles dont
les portées font les plus nombreufes ; cette loi conftante
pour tous ces animaux, ne s'étend pas jufques fur les
Quadrupèdes ovipares, dans lefquels fa force eft vain-
cue par la nature de leur organifation. Il paroît même
que les grandes efpèces de ces derniers Quadrupèdes font
quelquefois bien plus fécondes que les petites, comme on
pourra le voir dans l’hiftoire des tortues marines, &c.
Mais fi les Quadrupèdes ovipares femblent éprouver
{ortir & introduifent leurs parties fexuelles , & que ceux des grenouilles ;
des crapauds & des raïnes, répandent leur liqueur fécondante fur les
œufs que pondent leurs femelles ; ainfi que nous Le verrons dans les
articles particuliers de leur hiftoire. |
{a) Voyez l'article de la Tortue franche, —
doi
Yen; |
US,
Ma
Cm:
tr
union
ifent
blef-
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 37
affez vivement l'amour, ils ne reflentenit pas de même
la tendrefle paternelle. [ls abandonnent leurs œufs après
les avoir pondus; la plupart, à la vérité, choïfiflent la
place où ils les dépofent ; quelques-uns, plus attentifs,
la préparent & l’arrangent ; ils creufent même des trous
où ils les renferment, & où ils les couvrent de fable
& de feuillages : mais que font tous ces foins en com-
_paraifon de l'attention vigilante dont les petits qui
doivent éclorre font Pobjet dans plufeurs efpèces d'oi-
feaux ? & l’on ne peut pas dire que la conformation
de la plupart de ces animaux ne leur pers pas de
tranfporter & de mettre en œuvre des matériaux né-
ceflaires pour conftruire une efpèce de nid plus parfait
que les trous qu'ils creufent, &c. Les cinq doigts longs.
& féparés qu'ont la plupart des Quadrupèdes ovipares ,
leurs quatre pieds, leur gueule & leur queue, ne leur
donneroient-ils pas en effet plus de HE pour y par-
venir , que deux pattes & un bec n'en | donnent aux
vifeaux ? |
1 éroffour de leurs œufs varie, faivant les ae,
beaucoup plus que dans ces derbiers animaux ; CEUX
des très-petits Quadrupèdes ovipares ont à peine une
demi-ligne de diamètre, tandis que les œufs des plus
grands ont de deux à trois poucés de longueur. Les
embryons qu'ils contiennent fe réuuiflent quelquefois
avant d'y être renfermés, de manière à produire des monf-
truofités 'ainfi que dans les oifeaux. On trouve dans Séba
dé
N
38 Hirsrorre NATURELLE
la figure d’une petite tortue à deux têtes, & l’on con—
ferve au Cabinet du Roi un très-petit lézard vert qui
a: deux têtes & deux cous bien diftinéts (b).
L’enveloppe des œufs des Quadrupèdes ovipares n’eft
pas la même dans toutes les efpèces ; dans prefque
toutes, & particulièrement dans pluieus tortues, elle
eft fouple , molle, & femblable à du ue à
mouillé ; mais, dans les crocodiles & dans quelques
grands lézards, elle eft d’une fubftance dure & cré-
tacée comme ve œufs des oifeaux, plus mince Er
dant, & par conféquent plus fps
L. œufs des Quadrupèdes ovipares ne font donc pas
.- couvés par la femelle. L’ardeur du foleil & de l'atmof-
phète les fait éclore, & lon doit remarquer que ! tandis
que ces Ouade de ont befoin pour fubffter d’une
plus grande chaleur que les oifeaux, leurs œufs _cepen-
dant éclofent à une température ie froide que ceux
de ces derniers animaux. Il femble quedes machines ani-
males les plus compofées, & par exemple celle des oi-
feaux, ne peuvent. être mifes en mouvement que par
une chaleur extérieure très-active; mais que, lorfqu'elles
jouent, les frottemens de leurs diverfes parties pro-
duifent une chaleur interne, qui rend celle de l'atmof-
(Bb) a été É envoyé par M. le Duc de la Rochefoucault, qui ne.
cefle de donner des preuves de fes lumières & de fon zèle pour La
vancement des fciences,
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DES Quaprurèrs OVIPARES. 39
phère moins nécefaire pour la confervation de leur
mouvement.
Les petits des de ne ovipares ne connoiffent
donc jamais leur mère; ils n'en reçoivent jamais ni
nourriture , ni foins, ni fecours, ni éducation; ils ne
voient, ils nentendent rien qu ‘ils puiflent imiter; le
befoin ne leur arrache pas long-tems des cris, qui n'étant
point entendus de leur mère, fe perdroient dans les
airs, & ne leur procureroient ni afiftance ni nourri-
ture; jamais la tendrefle ne répond à ces cris; & jamais
il nes “établit parmi les Quadrupèdes ovipares ce com-
mencement d’une forte de langage fi bien fenti dans
plufieurs autres animaux ; ils font donc privés du plus
grand moyen de s avertir de leurs différentes fenfations,
& d'exercer une fenfibilité qui auroit pu s’accroître par
une plus grande communication de leurs affections
mutuelles. ; | | 3
Mais fi leur fenfibilité ne peut être augmentée, ds
naturel eft fouvent modifié? On eft parvenu à appri-
voifer les crocodiles, qui cependant font les plus grands,
les plus forts, & les plus dangereux de ces animaux ;
&aàr égard ge petits Quadrupèdes ovipares, la plupart
cherchent une retraite autour de nos habitations; cer-
‘tains de ces animaux partagent même nos demeures,
où ils trouvent en plus grande abondance les infeétes
dont ils font leur proie ; & tandis que nous recherchons
des uns, tels que les pin Pas de tortues, tandis
NUS A EG à D D à M SL à NU Sd éd
à és ” — ones E M RARE ‘ce
” s
N et À
AO Hisrorre NATURELLE
que nous les apportons dans nos jardins, où ils font
foignés, protégés & nourris, d'autres , tels que les lézards
gris, préfentent quelquefois une forte de domefticité,
moins parfaite, mais plus libre, puifqu'’elle eft entière-
ment de leur choix, plus utile, parce qu'ils détruifent
plus d’infectes nie: & , pour ainf dire, plus noble,
paifqu ils ne reçoivent de l’homme ni nourriture pré-
Fu ni retraite particulière. :
Prefque tous les Quadrupèdes ovipares répandent
une odeur forte, qui ne diffère pas beaucoup de celle
du mufc, mais qui eft moins agréable, & qui par
conféquent reflemble un peu à celle qu'exhalent des
animaux d'ordres bien différens, tels que les fer-
pens, les fouines, les belettes, . putois, les mouf-
fètes d'Amérique , plufñeurs oifeaux , tels que la
huppe, &c. cette odeur plus ou moins vive eft le pro-
duit de fecrétions particulières, dont l'organe. eft très-
apparent dans quelques Quadrupèdes ovipares, & par-
ticulièrement dans le crocodile, ainfi que nous le ver-
rons dans les détails de cette Hiftoire,
Les Quadrupèdes ovipares vivent en général trés-
Aong-tems. On ne peut guère douter, par exemple, que
les grandes tortues de mer ne parviennent, ainf que
celles d’eau douce & de terre , à un Âge très-avancé; &
une très-longue vie ne doit pas étonner dans ces anij-
maux, dont lé fang eft peu échaufté, qui tranfpirent à
peine, qui peuvent fe pafler de nourriture pendant
pren
1 one
érards
coté.
Entre.
trulent
noble,
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endent
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. AK
plufieurs mois, qui ont fi peu d’accidens à craindre,
& qui réparent fi aifément les pertes qu'ils éprouvent.
D'ailleurs ils vivent pendant un bien plus grand nombre
d'années que les Quadrupèdes vivipares, fi l’on ne cal-
cule lexiftence que par la durée. Mais fi l’on veut
compter les vrais momens de leur vie, les feuls que
lon doive eftimer, ceux où ils ufent de leur force &
font ufage de leurs falcultés, on verra que lorfqw'ils
habitent un pays éloigné de la ligne, leur vie eft bien
courte, quoiqu' elle paroïfle renfermer un grand efpace
de tems. Engourdis pendant près de fix mois, il faut
d'abord retrancher la moitié de leurs nombreufes an-
nées; & pendant le refte de ces ans, qui paroiffent
leur avoir été prodigués, combien ne faut-il pas ôter
de jours pour ce tems de maladie, où dépouillés de
leur première peau, ils font obligés d'attendre dans une
retraite qu'une nouvelle couverture les mette à l’abri
q
des dangers ! Combien ne faut-il pas ôter d'inftans pour
ce fommeil journalier, auquel ils font plus fujets que
plufieurs autres animaux, parce qu'ils reçoivent moins
de fenfations qui les réveillent, & fur-tout parce qu'ils
font moins preflés par l’aiguillon de la faim! Il ne
reftera donc qu'un très-petit nombre d'années où les
Quadrupèdes ovipares foient réellement fenfibles &
actifs, où ils emploient leurs forces, où ils ufent leur
machine, où ils tendent avec rapidité vers leur dépé-
riflement. Pendant tout le tems de leur fopeur, inac-
Ovipares , Tome I. F
42 HirsToirEe NATURELLE
ceflibles à toute impreffon, froids, immobiles, & pref-
que inanimés, ils font en quelque forte réduits à l’état
des matières brutes, dont la durée ef très-longue parce
que le tems n’eft pour ces fubftances qu'une fucceffion
d'états pañlifs & de pofitions inertes fans effets productifs,
& par conféquent fans caufes intérieures de deftruc-
tion, bien loin de pouvoir être compté par de vives:
jouiffances, & par les effets féconds qui déploient mais
ufent tous les reflorts des êtres animés.
Plufieurs Voyageurs ont écrit que quelques lézards
& quelques Quadrupèdes ovipares fans queue renfer-
ment un poifon plus ou moins actif. Nous verrons dans
les articles particuliers de cette Hiftoire, que l’on ne
peut regarder comme venimeux qu’un très-petit nombre
de ces Quadrupèdes. D'un autre côté, l’on fait qu'aucun.
Quadrupède vivipare & qu'aucun oïifeau ne font in-
fectés de venin; ce n'eft que parmi les ferpens, les.
poiflons, les vers, les infectes & les végétaux que l’on.
rencontre plufeurs efpèces plus ou moins venimeufes.
H fembleroit donc que l’abondance des fucs mortels ,
eft d'autant plus grande dans les êtres vivans, que leurs:
humeurs font moins échauflées, & que leur organifation.
intérieure eft plus fimple. |
Maintenant nous allons examiner de plus près les
divers Quadrupèdes ovipares dont nous avons remarqué
les qualités communes & obfervé les attributs généraux.
Nous commencerons par les diverfes efpèces de tortues
à l'état
parce
Ctelion
fs,
d ef.
6 viva
nt mais
lab
renfer-
ns dans
on ne
ombre
auCU
nt in-
5, les
ue ox
neufes.
jorteh,
je leurs
nifation
pis les
marqué
péraus
> Lori
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A?
de mer, d'eau douce & de terre; nous confidérerons en-
fuite les crocodiles & les différens lézards, dont les
efpèces les plus petites, & particulièrement celles des
falamandres, ont tant de rapports avec les grenouilles
& les autres faune de Quadrupèdes ovipares qui n’ont
pas de queue, & par l’hiftoire defquels nous términerons
celle de tous ces animaux. Nous ne nous arrêterons ce-
pendant beaucoup qu’à ceux qui, par la fingularité de
leur conformation, l'étendue de leur volume, la gran-
deur de leur Hate - la prééminencé de lents qua-
lités, mériteront un plus grand intérêt & uné attention
plus marquée; pour parvenir à péiñdré la Nature,
tâchons de limiter; & de mêmé que lés efpèces dif:
tinguées paroiffent avoir été lés objets de fa prédi-
leétion, qu'elles foient ceux de notre attention particu-
lière, comme réfléchiffant vers nous plus de lumière, &
comme en répandant DÉReGEe fur tout ce qui les
environne. Et lorfqu'il s'agira de tracer les limites qui
féparent les efpèces les unes des autres, lorfque nous
ferons indécis fur la valeur des cars dlérer on fe préfen-
teront, nous aimerons mieux né compter qu'une efpèce
que d'en admettre deux, bien aflurés que les individus
ne coûtent rien à la Nature, mais que, malgré fon im-
menfe fécondité, elle n’a point prodigué inutilement les
efpèces. Ses effets font fans nombre, mais non pas les
caufes qu’elle fait agir. Nous croirions donc mal re-
préfenter l’augufte fimplicité de fon plan, & mal parler
Fi
A4 Hisroire NATUREL:rE
de fa force, en lui rapportant fans raifon une vaine e
multiplication d’'efpèces; nous penfons, au contraire, |
mieux révéler fa puiflance, en difant que toutes ces de
différences qui font la magnificence de l'univers, que | L
toutes ces variétés qui l’embelliflent, elle les a fouvent
produites en modifiant de diverfes manières les efpèces | P
réellement diftinétes. Bien loin d'enrichir la fcience , |
ne lappauvriflons pas; ne la rabaïflons pas en la fur- | F
chargeant d’un poids inutile d’efpèces arbitraires ; & L il
n'oublions jamais que du haut du trône fublime où | æ
fiège la Nature, dominant fur le tems & fur l’efpace, nl
elle n'emploie qu'un petit nombre de puifflances pour | | jte
animer la matière, développer tous les êtres, & mouvoir | | kit
tous les corps de ce vafte univers.
ane
lare,
LE ce -
que
fouvent
efpéux
jence,
k fur-
es, &
me où
fpace,
; pour
QuvOIr
DES QUADRUPÉDES OWIPARES. 45
SEE S TORTUES.
LA NATURE a traité prefque tous les animaux avec
plus ou moins de faveur: les uns ont reçu la beauté,
d'autres la force; ceux-ci la grandeur, ou des armes
meurtrières; ceux-là des attributs d'indépendance, la
faculté de nager ou celle de s'élever dans lés'airs. Mais
expofés en naiflant aux intempéries de l’atmofphère, les
uns font obligés de fe creufer avec peine des retraites
fouterraines & profondes; les autres n’ont pour afyle que
les antres ténébreux des hautes montagnes ou des vañtes
forêts ; ceux-ci, plus petits, font réduits à fe tapir dans
les creux des arbres & des rochers, ou à aller fe ré-
fugier jufque dans la demeure de leurs plus cruels
ennemis, aux yeux defquels ni leur petitefle, ni leur
rufe ne peuvent les dérober long-tems; ceux-là, plus
malheureux , moins bien conformés ; où Moins pourvus
d'inftinét, font forcés de pañler triftement leur vie fur
la terre nue, & n’ont pour tout abri contre les froids
rigoureux & les tempêtes Les plus violentes, que quel-
ques branches d'arbres & quelques roches avancées :
ceux dont la demeure eft la plus commode & la plus
sûre, ne jouiflent de la douce paix qu'elle leur pro-
cure, qu'à force de travaux & de foins ; les tortues
feules ont reçu en ,maiflant une forte de domicile
46 Hisrorre NATUREzIzE
durable. Cet afyle, capable de réfifter À de très-
grands efforts, n’eft pas même fixé à un certain ef-
pace : lorfque la nourriture leur manque dans les en-
droits qu'elles préfèrent, elles ne font pas contraintes
d'abandonner un toit conftruit avec peine, de perdre
tout le fruit de longs travaux, pour aller peut-être avec
plus de peine encore arranger une habitation nouvelle
fur des bords étrangers ; elles portent par-tout avec elles
l'abri que la Nature leur a donné, & c’eft avec toute
vérité qu'on a dit qu’elles traînent leur maifon , fous
laquelle elles font d'autant plus à couvert qu’elle ne
peut pas être détruite par les efforts de leurs ennemis.
La plupart des tortues retirent quand elles veulent
leur tête, leurs pattes & leur queue fous l'enveloppe
dure & offeufe qui les revêt par-deflus & par-deflous ,
& dont les ouvertures font aflez étroites pour que les
ferres des oifeaux voraces, ou les dents des Quadru-
pèdes carnafiers n’y pénètrent que difficilement. De-
meurant immobiles dans cette poñtion de défenfe, elles
peuvent quelquefois recevoir fans crainte, comme fans
danger; les: attaques des animaux qui cherchent à en
faire leur proie. Ce ne font plus des êtres fenfibles,
qui oppofent fa force à la force, qui fouffrent toujours
par la réfiftance, & qui font plus ou moins bleflés par
leur viétoire même : mais, ne préfentant que leur épaifle
enveloppe, c’eft en quelque forte contre une couverture
infenfible que font dirigées. les armés de leurs ennemis ;
ts.
nef.
ls EN
Tales
perdre |
avec
uvelle
C elles
| toute
fous
le ne
emis.
ulent
oppe
fous,
e les
adru=
De- :
elles :
e fans
Là en
ibles,
aujOUS
b: par
paie
erturé
em;
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 47
les coups qui les menacent ne tombent, pour ainfi
dire, que fur la pierre, & elles font alors aufli à l'abri
fous leur bouclier naturel, qu’elles pourroient Pêtre
dans le creux profond & inacceflible d’une roche dure.
Ce bouclier impénétrable qui les garantit eft compoié
de deux efpèces de tables offeufes plus ou moins ar-
rondies & plus ou moins convexes. L’une eft placée
au-deflus & l’autre au-deflous dù eorps. Les côtes &
l'épine du dos font partie de la fupérieure, que l'on
appelle carapace, & Yinférieure, que l’on nomme plaf-
tron , eft réunie avec les os qui compoñfent le ffernum..
Ces deux couvertures ne fe touchent & ne font at-
tachées enfemble que par les côtés : elles laiffent deux
euvertures, lune devant & l’autre derrière; la pre-
mière donne pañlage à la tête & aux deux pattes de
devant ; la feconde aux deux pattes de derrière, à la
queue & à la partie du corps où eff fitué l'anus. Lorfque
les tortues veulent, ou marcher, ou nager, elles font
. obligées d'étendre leur tête, leur col & leuts pattes,
qui paroiflent alors à l'extérieur, & ces divers mem=
bres, ainfi que la queue, le devant & le derrière du
corps, font couverts d’une peau qui s'attache au-deffous:
des bords de la carapace & du plaftron, qui forme
plufieurs plis, lorfque les pattes & la tête font reti-
rées, qui eft aflez lâche pour fe prêter à leuts divers:
mouvemens d'extenfion , & qui eft garnie de petites:
écailles comme celle des lézards , des ferpens & des:
48 Hisrorïre NATURELLE
poiflons, avec lefquels elle donne aux tortues un trait: 102 :
de reflemblance. La tête, dans prefque toutes les ef- | mu
pèces de ces animaux, eft un peu arrondie vers le | ki
mufeau , à l'extrémité duquel font fituées les narines : - ë
la bouche eft placée en-deflous ; fon ouverture s'étend | gd
jufqu'au-delà des oreilles. La mâchoire fupérieure re- F4
couvre la mâchoire inférieure ; elles ne font point com- |
munément garnies de dents, mais les os qui les com- | ml
_pofent font feftonnés , & affez durs pour que les tortues | M
puiflent brifer aifément des fubftances très-compactes. | ml
Cette pofition & cette conformation de leur bouche | ki
leur donnent beaucoup de facilité pour brouter les | on
algues & les autres plantes dont elles fe nourriflent. | mé,
Dans prefque toutes les tortues, la place des oreilles | | à qu
n'eft fenfible que par les plaques ou écailles particu- | gt
“lières qui les recouvrent ; leurs yeux font gros & | qi
faillans: | | cl
Le plaftron eft prefque toujours plus court que la | pink
carapace, qui le déborde & le recouvre pardevant, | | pu
& fur-tout parderrière ; il eft aufli moins dur, & fou- | pu
vent prefque plat. Ces deux boucliers font compofés ei
de plufeurs pièces offeufes, dont les bords font comme | [he
dentelés, & qui s’engrènent les unes dans les autres _.
D Ê , Û |
d'une manière plus ou moins {enfible ; dans certaines | LA
ap
efpèces, celles du plaftron peuvent fe prêter à quel- J
| - | Ls
ques mouvemens. La couverture fupérieure, ainfi que im
l'inférieure, font garnies de lames ou écailles qui varient | ss |
| Fan
par
trait
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ën le
ne:
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| COM:
com
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x &
ue la
yant ,
fou-
pos
ymme
autres
LS
quel- |
fi que
parent
L
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 49
par leur grandeur, par leur forme & par leur nombre,
non-feulement fuivant les efpèces, mais même fuivant
les individus. Quelquefois le nombre & la figure de
ces écailles correfpondent à celles des piéces offeufes
qu’elles cachent.
On diftingue les écailles qui revêtent la circonfé-
‘rence de la carapace d'avec celles qui en recouvrent
le milieu; ce milieu eft appellé difque. Il eft le plus
fouvent couvert de treize ou quinze lames, placées en
long fur trois rangs; celui du milieu eft de cinq lames,
& les deux des côtés font de quatre. La bordure eft
communément garnie de vingt-deux ou vingt-cinq
lames ; le nombre de celles du plaftron varie de douzé
à quatorze dans certaines efpèces, & de vingt- - deux
à vingt-quatre dans d’autres. Ces écailles tombent quel- :
quefois par l'effet d’une grande deffication, ou de quel-
qu'autre accident : elles font à dr-tanarents *
pliantes, élaftiques ; elles préfentent, dans certaines ef-
pèces, telles que le caret, &c. des couleurs affez belles
pour être recherchées & fervir à des objets de luxe; &
ce qui les rend d'autant plus propres à être employées
dans les arts, c’eft qu’elles fe ramolliflent & fe fondent
. un feu Me doux de manière à être réunies, moulées,
& à prendre toute forte de figures.
Les tortues font encore diftinguées des autres Qua-
drupèdes ovipares par plufieurs caraétères intérieurs affez
remarquables, & particulièrement par la grandeur très-
gas. Tome I, G
50 HISTOIRE NATURELLE
confidérable de la veflie qui manque aux lézards, ainf
qu'aux Quadrupèdes ovipares fans queue. Elles en
diflèrent encore par le nombre des vertèbres du cou;
nous en avons compté huit dans la tortue de mer,
appellée la tortue franche, dans la grecque & dans la
tortue d’eau douce, que nous avons nommée /a jaune,
tandis que les crocodiles n’en ont que fept, que la
plupart des autres lézards n'en ont jamais au-deflus
de quatre, & que les QHsarnene ovipares fans queue
en font entièrement privés.
Tels font les principaux traits de la conformation
générale des tortues: nous connoiffons vingt-quatre ef--
pèces de ces animaux ; elles diflérent toutes les. unes.
des autres par leur grandeur, & par d’autres caractères
faciles à diftinguer. La carapace des grandes tortues
a depuis quatre jufqu'à einq pieds de long, fur trois
ou quatre pieds de largeur; Le corps entier a quelqueiois
plus de quatre pieds d’épaiffeur verticale à l'endroit
du dos le plus élevé. La tête a environ fept ou huit
pouces de long & fix ou fept pouces de large ; le cou
eft à-peu-près de la même longueur, ainfi que la queue.
Le poids total de ces grandes tortues excède ordinai-
rement huit cens livres, & les deux couvertures en
pèfent à-peu-près quatre cens. Dans les plus petites
efpèces, au contraire, on ne compte que quelques;
pouces depuis. A du mufeau jufqu’ au bout de
la queue, même lorfque toutes les parties de la tortue
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, ST
font étendues, & tout l'animal ne pèfe pas EE
une livre.
Les vingt-quatre chèse de tortues différent auffi
beaucoup les unes des autres par leurs habitudes : les
unes vivent prefque toujours dans la mer; les autres,
au contraire, préfèrent le féjour des eaux douces où
des terreins fecs & élevés. Nous avons cru d'après cela
devoir former deux divifions dans le genre des tortues.
Nous plaçons dans la première fix efpèces de ces ani-
maux, les plus grandes de toutes, & qui habitent la
mer de préférence. Il eft aifé de les diftinguer d'avec
les autres, en ce que leurs pieds très-alongés & leurs
doigts très-inégaux en longueur, & réunis par une
membrane, repréfentent des nageoires dont la longueur
eft fouvent de deux pieds, & égale par. conféquent
plus du tiers de celle de la carapace. Leurs deux bou-
cliers fe touchent d’ailleurs de chaque côté dans une
plus grande portion de leur circonférence : l'ouverture
de devant & celle de derrière font par-là moins éten-
dues, & ne laiflent qu'un pañlage plus étroit à la griffe
des oifeaux de proie & aux dents des caymans , des
tigres, des cougars, & des autres ennemis des tortues;
mais la plupart des tortues marines ne cachent qu'à-
demi leur tête & leurs pattes fous leur carapace, &
ne peuvent pas les y retirer en entier, comme les
tortues d'eau douce ou terreftres. Les écailles qui re-
yêtent leur plaftron, au lieu d’être difpofées fur deux
Gi
+2 Hirsrorre NarTurEerze
rangs, comme celles du plaftron des tortues terreftres: |
ou d’eau douce, forment quatre rangées, & leur nombre F
eft beaucoup plus grand. dd
Lies tortues marines repréfentent parmi les Quadru- :
pèdes ovipares, la nombreufe tribu des Quadrupèdes nl
vivipares, compofée des morfes, des lions marins, des D
lamantins & des phoques, dont les doigts font égale- | | L
ment réunis, & qui tous ont plutôt des nageoires que | ÿ
des pieds : comme cette tribu, elles appartiennent bien | -
plus à l'élément de l’eau qu'à celui de la terre, & elles | l “
lient également l’ordre dont elles font partie avec celui D
des poiflons auxquels elles reflemblent par une partie
de leurs habitudes & de leur conformation.
Nous compofons la feconde divifion de toutes les
autres tortues qui habitent, tant au milieu des eaux
douces que dans les bois & fur des terreins fecs ; nous
ÿ Comprenons par conféquent la tortue de terre, nom-
mée la grecque, qui fe trouve dans prefque tous les
pays chauds, & la tortue d’eau douce, appellée la
bourbeufe , qui eft affez commune dans la France mé-
ridionale , & dans les autres contrées tempérées de
l'Europe. Toutes les tortues de cette feconde divifion
ont les pieds très-ramañlés, les doigts très-courts &
prefque égaux en longueur : ces doigts, garnis d'ongles
forts & crochus, ne reflemblent point à des nageoires ;
la carapace & le plaftron ne font réunis lun à
l'autre que dans une petite portion de leur contour;
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ombre
Quadr.
drupéies
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jntour;
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 53
ils laiffent aux différentes parties des tortues plus de
facilité pour leurs divers mouvemens ; & cette plus
grande liberté leur eft d'autant plus utile, qu'elles
marchent bien plus fouvent qu'elles ne nagent; leur
couverture fupérieure eft d’ailleurs communément bien
plus bombée ; auffi, lorfqu'elles font renverfées fur le
dos , peuvent-elles la plupart fe retourner & fe remettre
fur leurs pattes, tandis que prefque toutes les tortues
marines, dont la carapace eft beaucoup plus plate,
s’'épuifent en efforts inutiles lorfqu'elles ont été retour-
nées, & ne peuvent point reprendre leur premiere
pofition.
HisTorre NATUrRErIrFr
mm AAA À 2 pmmrenncens me error rem remasnurmunrans
ne mens Lee LOS dE Lens modems pomme eme enemnsescnonenenntnnn sono ne in
PREMIÈRE D VA ONE
TORTUES DE MER.
LA TORTUE FRANCHE. ()
Ur des plus beaux préfens que la Nature ait faits aux
‘habitans des contrées équatoriales, une des productions
les plus utiles qu'elle ait dépofées fur les confins de la :
terre & des eaux, eft la grande tortue de mer, à la-
quelle on a donné le nom de tortue franche. L'homme
(a) En latin, teftudo marina & mus marinus.
En anglois, the green turtle: :
Jurucua , au Bréfil. _
Tartaruga, par les Portuguis.
Jortue Mydas. M. d'Aubenton , Encyclopédie nn
Teftudo Mydas. Linnœus J ÿfiema Nature , amphibia reptilia , edirio
re Bts. tofs Mydas.3 4
Ray, fynoplis Cuadrapedtits page 264. a marina vulgaris,
Rochefort, tortue franche.
: Mas. ad. fr. 1. p. so. teftudo atra,
| | Du Tertre, tortue franche,
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CAL 05 41
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FRANCHE
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TORTUE
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. S4
emploieroit avec bien moins d'avantage le grarid art
de la navigation, fi vers les rives éloignées, où fes
defirs l’appellent, il ne trouvoit dans une nourriture
_aufli agréable qu'abondante, un remède afluré contre
les fuites funeftes d'un long féjour dans un éfpace
reflerré, & au milieu de fubftances à demi-putréfiées,
que la chaleur & l'humidité ne ceffent d’altérer (4).
Labat, tortue franche.
Séba, mus. 2. tab. 79, fig: ds sb
The green turtle. Patrick Brown. Natural hiflory of Jamaica, p. J6s.
Teftudo unguibus palmarum duobus, plantarum fi ingularibus.
Hans Sloane. Voyage aux Ifles Madère , Barbade, &c. avec PHifloire
gaturelle de ces Ifles. Londres. 1725. vol. 2 , page 335. |
Ofbeck. it. 292
Gefner , Quadrup. ovip. 105. teftudo marina.
Aldroy. Quadrup. 712, tab. 714.
Olear, mus. 27, tab. 17, fig 2.
Brad. natur. tab. 4, fig. 4.
Catefby , Hifioire naturelle de la Caroline. 7. 2 , pag. 38-
Marcgrave. Brafil. 2421. Jurucuja Brafilienfibus.
Teftudo viridis. Hiff. natur. des Tortues, par M. Jean Séhnéder,
& Leipfick , 1783.
(b) ce On fait des bouiltons de tortues franches, que lon réa
comme excellens pour les pulmoniques, les cacheëtiques, les fcorbu- 6s
tiques », &c. La chair de cet animal renferme un fuc adouciffant , ce
nourriflant, incilif & diaphorétique, dont j'ai de très-bons cæ
effets.
Note communiquée par M. de la Borde ” Médecin du Roi à a a
6
56 Hrsrorre NATURELLE
Cet aliment précieux lui eft fourni par les tortues
franches ; & elles lui font d'autant plus utiles qu’elles
habitent fur-tout ces contrées ardentes, où une cha-
leur plus vive accélère le développement de tous les
germes de corruption. On les rencontre en effet en
très-grand nombre , fur les côtes des Ifles & des Con-
tinens fitués fous la zone torride , tant dans l’ancien
que dans le nouveau monde ; les bas-fonds qui bordent
ces Ifles & ces Continens, font revêtus d’une grande
quantité d'algues (c) & d’autres plantes que la mer
couvre de fes ondes, mais qui font aflez près de la
furface des eaux pour qu'on puifle les diftinguer fa-
cilement lorfque le tems eft calme. C’eft fur ces ef-
pèces de prairies que l’on voit les tortues franches fe
promener païfiblement. Elles fe nourriflent de l'herbe
de ces pâturages (4), Elles ont quelquefois fix ou fept
pieds de longueur, à compter rs le bout du mu-
—. Marc Cat: H, foire n naturelle de la: Caroline, de la Floride,
& des Ifles de Bahama, revue par M. Écwards. Londres, 17545
& vol. page: 38.
(d) 66 Dans ces grandes herbes, qui fe nomment /argaflés , & qui
> paroïffent: en divers endroits fur la furface de la mer, mais dont le
» grand nombre eft au fond de l'eau & fur les côtes, on trouve entre
». plufeurs autres efpèces d'animaux marins, une prodigieufe quantité
». de tortues. »
Défcription de l'Ifle Efpagnole ; Hifi. générale des voyages, partie 3:
À livre 4,
feau
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 57
feau jufqu'à lextrémité de la queue, fur trois ou
quatre de largeur & quatre pieds ou environ d’épaif-
feur, dans l'endroit le plus gros du corps; elles péfent
Ru près de 800 livres; elles font en fi grand nombre
qu'on feroit tenté de les regarder comme une efpèce:
de troupeau raflemblé à deflein pour la nourriture &
le foulagement des Navigateurs qui abordent auprès de:
ces bas-fonds : & les troupeaux marins qu’elles forment
le cèdent d'autant moins à ceux qui paiffent l'herbe de
la furface sèche du globe, qu’ils joignent à un goût exquis
& à une chair fucculente & fubftantielle, une vertu
des plus actives & des plus falutaires.
La tortue franche fe diftingue facilement des autres
par la forme de fa carapace. Cette couverture fupé-
rieure, qui a quelquefois quatre ou cinq pieds de long
fur trois ou quatre de largeur, eft ovale & entourée
d'un bord compofé de lames, dont les plus grandes
font les plus éloignées de la tête, & qui, terminées
à l'extérieur par des lignes courbes, font paroître ce
même bord comme ondé : le difque, ou le milieu de
cette couverture fupérieure , eft recouvert ordinaire-
ment de quinze lames ou écailles, d’un roux plus ou:
moins fombre, qui tombent es ainfi que celles
de la bordure, par l'effet d’une grande deflication ou
de quelqu'autre accident, & dont la forme & le
nombre varient d'ailleurs fuivant l’âge & peut-être
fuivant le fexe; nous nous en fommes aflurés en exa-
Ovipares, Tome I. H
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58 Hirsrorre NATURELLE
minant des tortues de diflérentes tailles (e). Lorfque
animal eft dans l’eau, la carapace paroît d'un brun
clair tacheté de jaune (f). Le plaftron eft moins dur
& plus court que la carapace; il eft garni commu
nément de vingt-trois ou po be oué lames, difpofées
far quatre rangs (g); & c’eft à caufe des deux bou-
(e) « Le nombre des lames dans les tortues franches, varie fui-
vant les individus ; mais il paroît cependant relatif à l'âge. » Note com-
muniquée par M. le Chevalier de Widerfpach, Officier au Bataillon
de la Guyane, & Correfpondant du Cabinet du Roë.
(f) Mémoires manuferits fur les tortues , rédigés par M. de Fouge-
roux de Bondaroy , de l'Académie des Sciences , & que ce favant Aca-
démicien a bien voulu me communiquer.
(g) Nous croyons devoir rapporter ici les dimenfions d'une jeune
tortue franche, qui n’avoit pas encore atteint tout fon développement ,
& qui eft confervée au Cabinet du Roi.
Dans cette tortue, ainfi que dans celles dont il fera queftion dans tt
Ouvrage, nous avons mefuré la longueur totale de l'animal , ainf que la
longueur & la largeur de la carapace, en fuivant la convexité de cette
couverture fupérieure. |
Longueur, depuis le bout du mufeau juf- | pieds. | pouces. | lignes.
qu'à l'extrémité poftérieure de la cara- $
PACE. soso ss 3
Longueur dé & tête. : à 45 42... 7 8
Largeur dk été, soucie 50 3 9
Longueur de la carapace. . . . . . . . .. 3 II 6
Largeur de la carapace. . . . . . . . —. I 10 7
Longueur des pattes de devant. . . ... I 2 3
Longueur des pattes de derrière: .% + IT
Nous avons compté neufcôtes de chaque côté, dans cette jeune tortue,
REDONNER RENE
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 59
cliers dont la tortue franche eft armée, qu’on lui a
donné le nom de /oldat dans certaines contrées (4):
Les pieds de la tortue franche font très-alongés;
les doigts en font réunis par une membrane; ils ref-
femblent beaucoup à de vraies nageoires, aufli lui
fervent-ils à nager bien plus fouvent qu'à marcher,
& lui donnent-ils une nouvelle conformité avec les
poiflons & avec les phoques qui habitent comme elle
au milieu des eaux. Sans cette conformation, elle
abandonneroit un élément où elle auroit trop de peine
à frapper l’eau avec des pieds qui, préfentant une trop
petite furface, n’oppoferoient à ce fluide prefque aucune
réfiftance : elle habiteroit fur la terre sèche, où elle
marcheroit avec facilité comme les tortues de terre
que l’on trouve au milieu des bois. |
Dans les pieds de derrière, le premier doigt, qui
eft le plus court, eft le feul qui foit garni d'un ongle
aigu & bien apparent; le fecond doigt left d’un ongle
moins grand & plus arrondi, & les trois autres n’en
préfentent que de membraneux & peu fenfibles , tandis
qu'aux pieds de devant, les deux doigts intérieurs font
terminés par des ongles aigus, & les trois autres par
des ongles membraneux : au refte , il fe peut que la
forme , le nombre & la pofition des ongles varient dans
(k) Conrad Gefner , Quadrup. ovip. Zurich. 2554, page 104.
H ï
6o Hrsrorre NATURELIIE | Î
la tortue franche (à); mais il n'y en a jamais qu’ux
d'aigu aux pieds de derrière, & c’eft un caractère dif- 4 .
tinétif de cette efpèce. ;
La tête, les pattes & la queue, font recouvertes de fs
patte queu |
petites in comme le corps dés lézards, des fer- | ik
pens & des poiffons , & de même que dans ces ani- Î k
maux, ces écailles font un peu plus grandes fur le | f
lil ommet de la tête que fur le cou & fur la queue. | ë
| 1! L'on a prétendu que, malgré la grandeur des tortues LE:
fl | franches, leur cerveau métoit pas plus gros qu'une | | (
11 fève (k); ce qui confirmeroit ce que nous avons dit | j
Il F de la petitefle du cerveau dans les Quadrupèdes ovi- L
nil | . pates. La bouche, fituée au-deflous de la partie anté- | | “
| | ! rieure de la tête, s'ouvre jufqu'au-delà des oreilles; | | ie
[ll les mâchoires ne font point armées de dents, mais |
| elles font. très-dures & très-fortes; & les os qui les L
compofent, font garnis de pointes ou d’afpérités. C’eft | 4
avec ces mâchoires puiflantes que les tortues coupent | \l
lherbe fur les tapis verts qui revêtent. les. bas- fonds | | {
de certaines côtes, & qu'elles peuvent brifer des | fl
pierres, & écrafer. ke coquillages dont elles fe nourrit L |
{ent qiehjusiais |
4
| g
(2) Lion. emphib. rept. tefludo mydas. (@
(Æ) Voyez les Mémoires pour fervir à l'Hiftoire naturelle des ani- pl
maux , art. de R tortue. de terre de Coromaudel.
LR
e dif
ke de
es (er. :
$ an
fur ke
queue.
(ortues
qu'une
ns di
$ OVi-
anté-
illes ÿ
, Mai
, Cel
ouper |
font
fer dé
nourrit
, des
qui le
DES QUADRUPÈDES OVIPARES, (4:
Lorfque les tortues ont brouté l’algue au fond de
Ja mer, elles vont à l'embouchure des grands fleuves
‘chercher leau douce dans laquelle elles paroïflent fe
plaire, & où elles fe tiennent paifiblement la tête hors
de l’eau, pour refpirer un air dont la fraicheur fémble
leur être de tems en tems néceflaire. Mais n'habitant
que des côtes dangereufes pour elles, à caufe du grand,
_mombre d'ennemis qui les y attendent, & de chaffeurs
qui les y pourfuivent, ce neft qu'avec précaution
qu’elles goûtent le plaifir d’humer l'air frais & de fe
baigner au milieu d’une eau douce & courante. A
peine apperçoivent-elles l'ombre de quelque objet à
craindre, quelles plongent & vont chercher au fond
de la mer une retraite plus sûre: | |
La tortue de terre a de tous les tems pañlé pour
le fymbole de la lenteur; les tortues de mer devroient
être regardées comme l’emblême de la prudence. Cette”
qualité, qui, dans les animaux, eft le fruit des dangers
qu'ils ont courus, ne doit pas étonner dans ces tor-
tues, que l’on recherche d'autant plus, qu'il eft peu
dangereux de les chaffer, & très-utile de les prendre.
Mais fi quelques traits de leur hiftoire paroiflent prouver
qu’elles ont une forte de fupériorité d’inftinét, le plus
grand:nombre de ces:mêmes traits, ne montreront dans
ces grandes tortues de mer que des propriétés paflives,.
plutôt que des qualités aétives. Rencontrant une nour--
riture abondante fur les côtes qu'elles fréquentent ,.fe:
= = £
nt de. th he nm 6 9e VE
62 Hrsrorrre NATURELLE |
Re
| nourriflant de peu, & fe contentant de brouter l'herbe, N qu
{| elles ne difputent point aux animaux de leur efpèce | je
Î un aliment qu'elles trouvent toujours en aflez grande | gd
quantité; pouvant d’ailleurs, ainfi que les autres tortues | dl
& tous les Quadrupèdes ovipares, pafler plufieurs mois, L ,
& même plus d'un an, fans prendre aucune nourriture, | L
elles forment un troupeau tranquille ; elles ne fe re-
cherchent point, mais elles fe trouvent enfemble fans.
peine, & y demeurent fans contrainte; elles ne fe réu- | |
ci ini £ ARE os ÈS F=
og nd ae à ed a 5 a ht AU AR me M AR LE vo Là 2 le ns Gi Ed à 4
” ji PR A Pt LÉ Cu É
À
\
niflent pas en troupe guerrière par un inftinét carnaflier
pour s'emparer plus aifément d’une proie difficile à | |
vaincre, mais conduites aux mêmes endroits par les | | P
mêmes goûts & par les mêmes habitudes, elles con- | :
- fervent une union paifble. Défendues par une cara- | F
“pace offeufe, très-forte, & fi dure que des poids très- F*
lourds ne peuvent lécrafer, garanties par cette forte ù
de bouclier, mais ayant rien pour nuire, elles ne | | F
redoutent point la fociété de leurs femblables, qu'elles EL
ne peuvent à leur tour troubler par aucune offenfe. LE à
La douceur & la force, pour réfifter, font donc ce | ï
qui diftingue la tortue franche, & c’eft peut-être à ces |
qualités que les Grecs firent allufion lorfqw’ils la don- E.
nèrent pour compagne à la beauté, lorfque Phidias la t.
plaça comme un fymbole aux pieds de fa Vénus (1). :
Rien de brillant dans fes mœurs, non plus que dans E à
#0
© (7) Paufanias in eliacis.
DES QUADRUPÈDES OFIPARES. (63
les couleurs dont elle eft variée : mais fes habitudes
{ont aufli conftantes que fon enveloppe a de folidité;
plus patiente qu'agiflante, elle n'éprouve prefque ja-
mais de defirs véhémens; plus prudente que courageufe,
elle fe défend rarement , mais elle cherche à fe mettre
à l'abri ; & elle emploie toute fa force à fe cramponer,
lorfque, ne pouvant brifer fa carapace, on cherche à
l'enlever avec cette couverture. .
La conftance de fes habitudes paroît fe faire fentir
jufque dans fes amours. Non- feulement le mâle re
cherche fa femelle avec ardeur , mais leur union la
plus intime dure pendant près de neuf jours; c’eft au
milieu des ondes qu'ils s’accouplent plaftron contre
plaftron (m). Ils sembraflent fortement avec leurs lon-
gues nageoires ; ils voguent enfemble, toujours réunis par
le plaïfir , fans que les flots amortiffent la chaleur qui les
pénètre; on prétend même que leur efpèce de timidité
naturelle les abandonne alors; ils deviennent, dit-on,
comme furieux d'amour; aucun danger ne les arrête;
& le mâle ferre encore étroitement fa femelle, lorfque
pourfuivie par les chaffeurs, elle eft déja bleffée à mort,
& répand tout fon fang (n). |
(in) Mémoires manufcrits fur les torrues , rédigés Fr M. de Fou-
geroux.
(n) ce J'ai pris des mâles dans le tems de leur union avec leurs
C4 Hisrorre NATUREIIE
Cependant leur attachement mutuel pañle avec
le befoin qui l’avoit fait naître. Les animaux n’ont
point , comme l'homme, cette intelligence, qui, en:
combinant un grand nombre d'idées morales, & en
les réchauffant par un fentiment aétif, fait fi bien
prolonger les charmes de la jouiflance, & faire goûter
encore des plaifirs fi grands dans les heureux fouvénirs
d'une tendrefle touchante. |
La tortue mâle, après fon accouplement, abandonne
bientôt la compagne qu'elle paroïfloit avoir tant chérie;
elle la laïfle feule aller à terre, s'expofer à des dangers
de toute efpèce, pour dépofer fur Le fable les fruits d’une
union qui fembloit devoir être moins pañlagère.
I1 paroît que le tems de l’accouplement des tortues
franches, varie dans les différens pays fuivant la tem-
pérature, la poftion en-deça ou au-delà de la ligne,
la faifon des pluies, &c. C’eft vers la fin de Mars ou
1» femelles ÿ on perce ficilement le mâle, car il n'eft pas fauvage. La
> femelle, à la vue d’un canot, fait des eflorts pour s'échapper; mais il
22 la retient avec fes deux nageoires (ou pattes) de devant. Lorfqu'on :
cu les furprend accouplés, le plus sûr eft de darder la femelle: on eft,
sûr alors du mâle. Dampier, Tome I, page 118.5
M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne, & Correfpondant du.
Cabinet d'Hiftoire naturelle , foupconne que la forme des parties
fexuelles du mâle contribue à ce qu'il demeure uni à fa femelle, quoi-
qu'on les pourfuive , les prenne, les blefle , &c. Note communiquée
par ce Naturalifle.
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DES QuADruPËDEs ovrrares, GS
dans le commencement d'Avril, qu’elles fe recherchent
dans la plupart des contrées chaudes de l'Amérique fep-
tentrionale ; & bientôt après les femelles commencent
à pondre leurs œufs fur le rivage ; elles préfèrent Îles
graviers, les fables dépourvus de vafe & de COTps ima-
rins, où la chaleur du foleil peut plus aifément faire
éclore des œufs, qu’elles abandonnent après les avoir
pondus (0). | :
Il femble cependant que ce n’eft pas par indiffé-
rence pour les petits qui lui devront le jour, que la
mère tortue laifle ces œufs fur le fable : elle y creufe,
avec fes nageoires, & au-deflus de l'endroit où par-
viennent les plus hautes vagues, un ou plufieurs trous
d'environ un pied de largeur, & deux pieds de pro-
fondeur : elle y dépofe fes œufs au nombre de plus de
cent (p) ; ces œufs font ronds, de deux ou trois pouces
de diamètre, & la membrane qui les couvre reflemble ,
en quelque forte, à du parchemin mouillé (q). Is
(o) Ce fait eft contraire à l’opinion d'Ariftote & à celle de Pline ;
mais il a été mis hors de doute par tous les Voyageurs & les Obfer-
vateurs modernes; il paroît que Pline & Ariftote ont eu peu de ren-
feignemens exaéts relativement aux Quadrupèdes ovipares, dont ils ne
connoifloient qu'un très-petit nombre.
(p) Mémoires manufcrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou-
geroux. |
(q) Ray, fnopfis anirnaliurn. #:
Ovipares | Tome I. | | [)
66 Hisrorrr NATURELLE |
renferment du blanc qui ne fe durcit point , dit-on, | |
à quelque degré de feu qu'on Fexpofe, & du jaune | ë
qui fe durcit comme celui des œufs de poule (r). | jé
Rien ne peut diftraire les tortues de leurs foins ma- | | gl
ternels; uniquement occupées de leurs œufs, elles ne Li
peuvent être troublées par aucune crainte (s); & LE
comme fi elles vouloient les dérober aux yeux de ceux | P 4
: qui les recherchent , elles les couvrent d'un peu de | l dl
fable, mais cependant aflez légèrement pour que la | m
chaleur du foleil puifle les échaufler & les faire éclore, | | x
Elles font plufieurs pontes, éloignées l’une de l'autre | to
de quatorze jours ou environ (£), & de trois femaines | | fi
dans certaines contrées (4) ; ordinairement elles en l ke]
font trois {v).L’expérience des dangers qu'elles courent, [LL
lorfque le jour éclaire les pourfuites de leurs enne- | ä
mis, & peut-être la crainte qu'elles ont de la chaleur | l.
; ardente du foleil dans les contrées torrides, font qu'elles | | à
| - | | di
(r) Nouveau voyage aux Ifles de l'Amérique, Tome T, page 304: | Ù qu
: (s) Cetefby, Hiff. natur. de la Caroline , vol. à, page 38. | lA
(+) Idem, ibidem. D
(u) Mérnoires manuftrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou- | j |
geroux. | | l |
(y) « Les tortues renouve#ent leur ponte: fur les côtes d'Afrique, | l À
» il y en à qui pondent en tout jufqu'à deux cens- cinquante œufs 5 ; | | qi
9» Labat, Afrique occidentale , vol. 2. La fécondité de ces Quadrupèdes | Î Dm
+ nn
ovipares, eft quelquefois plus grande,»
ne
le ( r).
DS ma
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l'autre
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ans
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 67
choïfilent prefque toujours le tems de la nüit pour ailer
dépofer leurs œufs, & c’eft apparéèmment d'après leurs
petits Voyages route que les Anciens ont penfé
qu elles couvoient srl les ténèbres (x).
Pour tous leurs petits foins, il leur faut un fable
mobile; elles ont une forte Patio marquée pour
certains parages plus commodes , moins fréquentés,
& par conféquent moins dangereux; elles traverfent
même des efpaces de mer très-étendus pour y par-
venir. Celles qui pondent dans les Ifles de Cayman (y),
voifñines de la côte méridionale de Cuba, où elles
trouvent l efpèce de rivage qu'elles préfèrent, y arrivent
de plus de cent lieues de diftance. Celles qui paffent
ûne grande partie de l’année fur les bords des Ifles
Gallapagos , fituées fous la ligne & dans la mer du
Sud, fe rendent pour leurs pontes far les côtes occi-
dre de PAmérique méridionale , qui en font
éloignées de plus de deux cens lice: & les tortues
qui vont dépofer leurs œufs fur les bords de l’Ifle de
l’Afcenfion, font encore plus de chemin, puifque les
(x) Pline, Livre IX, Chapitre Xr1.
(y) Les Ifles de Cayman font fi favorables aux tortues, que lorf-
qu'elles furent découvertes, on leur donna le nom efpagnol de Las-
Tortugas , à caufe du grand nombre de tortues dont leurs bords étoient
couverts. Hz ifloire générale des voyages, IIT. Partie, Liv. V. Voyage
de Chriflophe & Barthélemi Color.
2.
63 HrsTOorrE NATURELLE
terres les plus voifines de cette Ifle, font à trois cens IL
|
| À
lieues de diftance (7). | : |
La chaleur du foleil fuffit pour faire éclore les | h &
œufs des tortues dans les contrés qu'elles habitent ; | I
vingt ou vingt-cinq jours après qu'ils ont été dépofés, BE
on voit fortir du fable les petites tortues, qui pré-. l |
fentent tout au plus deux ou trois pouces de longueur, | :
fur un peu moins de largeur, ainfi que nous nous en E
fommes aflurés par les mefures que nous avons prifes | | l
fur des tortues franches enlevées au moment où elles |
venoient d'éclore; elles font donc bien éloignées de |
la grandeur à laquelle elles peuvent parvenir. Au refte, h 4
éclore , doit varier fuivant la température. Froger
aflure qu'à Saint-Vincent, Ifle du Cap-Vert, il ne faut |
que dix-fept jours pour qu’elles fortent de leurs œufs; FE à
|
|
|
|
le tems néceflaire pour que les petites tortues puiflent | | J
mais elles ont befoin de neuf jours de plus pour de- UE
: : ; e e | !
venir capables de gagner la mer (a). L'inftinét dont 2
elles font déja pourvues, ou, pour mieux dire, la | Ù t
|
conformité de leur organifation avec celle de leurs || 1
père & mère, les conduifent vers les eaux voifines, | | {
où elles doivent trouver la sûreté & l'aliment de leur | |
: : à ni
vie. Elles s'y traînent avec lenteur; mais trop foibles 1
; | 1 |
li]
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(x) Dampier, tome L | | l
(a) Froger, relation d'un voyage à la mer du Sud, page 42
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Ngueur,
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fe
DES QVADRUPÈDES OVIPARES. 69
encore pour réfifter au choc des vagues, elles font
rejetées par les flots fur le fable du rivage, où les
grands oifeaux de mer, les crocodiles , les tigres, ou
les cougars, fe raflemblent pour les dévorer (4). Aufñ
n'en échappe-t-il que très-peu. L'homme en détruit
d’ailleurs un grand nombre avant qu'elles ne foient
développées. On recherche même dans les Ifles où elles
abondent , les œufs qu'elles laiflent fur le fable, & qui
donnent une nourriture aufli agréable que faine.
C’eft depuis le mois d'Avril jufqu'au mois de Sep-
tembre, que dure la ponte des tortues franches fur les
côtes des Ifles de l'Amérique, voifines du golfe du
Mexique : mais le tems de leurs diverfes pontes varie
fuivant les pays; fur la côte d’Iffini, en Afrique, les
tortues viennent dépofer leurs œufs depuis le mois de
Septembre jufqu'au mois de Janvier (c) ; pendant toute
la faifon des pontes, l’on va non-feulement à la re-
cherche des œufs, mais encore à celle des petites
tortues que l’on peut faifir avec facilité ; lorfqu'on les
a prifes, on les renferme dans des efpaces plus ou moins
grands, entourés de pieux, & où la haute mer peut
parvenir ; & c’eft dans ces efpèces de parcs qu'on les
laïifle croître pour en avoir au befoin, fans courir les
_{b) Idem, ibidem.
(c) Voyage de Loyer à Iffini fur la côte d'a:
70 . Hisrorre NATURELLE
hafards d'une pêche incertaine, & fans éprouver les
EE : AE .
inconvéniens qui y font quelquefois attachés. Les iË
Pécheurs choififfent auffi cette faïfon pour prendre les E
grandes tortues femelles qui leur échappent fur les |
rivages plus difficilement qu'à la mer, & dont la chair | |
eft plus eftimée que celle des mâles, fur-tout dans le : | |
tems de la ponte (d). D. | L
Malgré les ténèbres dont les tortues franches cher- 1 F
chent, pour ainfi dire, à s’envelopper lorfqu'’elles vont | '
| dépoler leurs œufs, elles ne peuvent fe dérober à la l ‘
pourfuite de leurs ennemis. A Ventrée de la nuit, | -
fur-tout lorfqw'il fait clair de lune , les Pêcheurs fe | :
tenant en filence fur la rive, attendent le moment …
où les tortues fortent de l’eau ou reviennent à la mer L :
après avoir pondu ; ils les affomment à coups de maf- LE J
fue (e), ou ils les retournent rapidement, fans leur | | i
donner le tems de fe défendre, & de les aveugler | | À
par le fable qu'elles font quelquefois rejaillir avec leurs |
nageoires. Lorfqu'elles font très-grandes, il faut que plu | | 3
fieurs hommes fe réuniflent (f), & quelquefois même fe | | l
fervent de pieux comme d'autant de leviers pour les ren- | Ç
(d) Sloane, à l'endroit déja cité, | |
(e) Mémoires manufcrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou- | 1 | l .
Leroux, |
(F) Deféription des Ifles du Cap- Vert. Hi. générale des VOYARES | |
Livre 4
V2 |
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. WI
verfer fur le dos. La tortue franche a la carapace tron
Fr
_ plate pour pouvoir fe remettre fur fes pattes, lorfqu’eiie
a été ainfi chavirée, fuivant l’expreffion des Pêcheurs. On
a voulu rendre touchant le récit de cette manière de
prendre les tortues; & l’on a dit que lorfau’elles étoient
retournées, hors d'état de fe défendre, & qu’elles ne
pouvoient né que s'épuifer en vains efiorts, elles
jetoient des cris plaintifs & verfoient un torrent de
larmes (g). Pluñeurs tortues, tant marines que ter-
reftres (A), font entendre fouvent un fiflement plus
ou moins fort, & même un gémiflement très-diftiné,
lorfqu'elles éprouvent avec vivacité ou Pamour ou la
crainte. [l peut donc fe faire que la tortüe franche
jette des cris lorfqu'elle s'efforce envain de reprendre
fa poftion naturelle & que la frayeur commence à
la faifir; mais on a exagéré fans doute les fignes de
fa douleur.
ee
Pour peu que les foient en nombre, ils.
peuvent, dans moins de trois heures, retourner qua-
rante ou cinquante tortues qui renferment une grande
quantité d'œufs.
Ils paflent le jour à mettre en pièces celles qu'ils
ont priles pendant la nuit; ils en falent la chair, &
(g) Ray, Synopfis animaliumn , page ak.
(4) Voyez l'article de la Caouane.
: 750
72 HisTorrs NATUREILE
même les œufs & les inteftins (à). Ils retirent quel-
quefois de la graifle des grandes tortues, jufqu à trente-
trois pintes d'une huile jaune ou verdâtre (£), qui fert
à brûler, que l’on emploie même dans les alimens lorf-
qu'elle eft fraîche, & dont tous les os de ces animaux
font pénétrés, ainfi que ceux des cétacées; ou bien ils
les traînent renverfées fur leur carapace, jufques dans
les parcs où ils veulent les conferver. |
Les Péêcheurs des Antilles & des Ifles de Bahama,
qui vont fur les côtes de Cuba, fur celles des Ifles
voifines, & principalement des Ifles de Cayman, ont
achevé de charger leurs navires, ordinairement au
bout de fix femaines ou de deux mois; ils rapportent
dans leurs Ifles les produits de leur pêche Che
cette chair de tortue falée, qui fert à la nourriture du
peuple & des efclaves, n’eft pas moins employée dans
les Colonies d'Amérique, que la morue dans les divers:
pays de l'Europe (m).
(2) Mémoires manufcrits , rédigés & communiqués par M, de Fou-
geroux de Bondareyÿ, de l'Académie des Sciences.
(£) Mémoires manufcrits fur les tortues, rédigés par M. de Fou-
| geroux.
(1) Voyage de Hawkins à la mer du Sud, page 29.
(2) Toutes les Nations qui ont des pofleffions en Amérique, &
_ paiticuliérement les Anglois, envoient de petits bâtimens fur la côte
de la nouvelle Efpagne, & des Ifles défertes qui en font voifines, pour
On peut
DES QUADRUPÈDES OVrPARES. "2
On peut aufli prendre les tortues franches au milieu
des eaux (n) : on fe fert d’une varre, ou d’une forte
de harpon, pour cette pêche, ainfi que pour celle de
la baleine : on choifit une nuit câlme, où la lune
<claire une mer tranquille. Deux pécheurs montent
fur un petit canot que l’un d'eux conduit : ils recon-
noiflent qu'ils font près de quelque grande tortue, à
Técumé qu’elle produit lorfqu’elle monte vers la fur-
face de l’eau; ils sen approchent avec aflez de vitefle,
pour que la tortue n'ait pas le tems de s'échapper :
un des deux pêcheurs lui lance aufli-tôt fon harpon
avec tant de force, qu'il perce la couverture fupé-
rieure, & pénètre jufqu'à la chair: la tortue blefée ,
fe précipite au fond de l’eau; mais on lui lâche une
corde, à laquelle tient le harpon; &, lorfqu'elle a perdu
beaucoup de fang, il eft aifé de la tirer dans le bateau,
ou fur le rivage. | | |
On a employé, dans la mer du Sud, une autre
manitre de pêcher les tortues. Un plongeur hardi fe
jette dans la mer, à quelque diftance de l'endroit où,
pendant la grande chaleur du jour, il voit les tortues
‘endormies nager à la furface de l’eau; il fe relève
y faire la pèche des tortues. Note communiquée par M. de la Borde,
Correfpondant du Cabinet du Roi, à ‘Cayenne.
(n) Catefby, Hifi. naturelle de da Caroline, tome à » page 39.
Ovipares, Tome I, K
7À HISTOIRE NATUREILE
très-près de la tortue, & faifit fa carapace vers la
queue ; en enfonçant ainfi le derrière de l’animal, il
le réveille, l’oblige à fe débattre, & ce mouvement
fuffit pour Das fur l’eau la tortue & le plongeur
qui l'empêche de s'éloigner jufqu'à ce qu on vienne les
pêcher (o).
Sur les côtes de la Guyane, on prend les tortues
avec une forte de filet, nommé la fole; il eft large de
quinze à vingt pieds , fr quarante ou cinquante de
long. Les mailles ont un pied d'ouverture en quarré,
& le fil a une ligne & demie de groffeur. On attache
de deux en deux mailles, deux flots, d'un demi-pied
de longueur , faits d’une tige épineufe , que les Indiens
Ne AR Ut deu de di Lit
(o) Voyoge d’Anfon autour du monde. Ce fameux Navigateur ce ad-
# mire que fur les cotes de la mer du fud, voifñines de Panama, où les
y vivres ne font pas toujours dans la même abondance, les Efpagnols
s>qui les habitent, aient pu fe perfuader que la chair de la tortue foit
s»mal-faine, & qu'ils la regardent comme une efpèce de poifon. II
mjuge que c'eft à la figure fingulière de l'animal, qu “l faut attribuer
ce préjugé. Les efclaves Indiens & nègres qui étoient à bord de
slefcadre, élevés dans la même opinion que leurs maîtres, parurent
5 füurpris de la hardiefle des Anglois, qu'ils voyoient manger librement
sde cette chair ,. & s'attendoient à leur en voir bientôt reflentir les
»mauvais eflets ; mais, reconnoïflant enfin qu ils. s’en portoient mieux ,
wils fuivirent leur exemple , & fe félicitèrent d’une expérience qui les
saffuroit à l'avenir de pouvoir faire, avec aufli peu de frais que de
p»peine, de meilleurs repas que leurs maîtres. 1» Hifloire générale des
. Voyages, page 432» yol. 41 ; édit. in-12, 1753
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gro #5
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 75
appellent moucou-moucou, & qui tient lieu de liège.
On attache aufli au bas du filet quatre ou cinq groffes
pierres, du poids de quarante ou cinquante livres, pour
le tenir bien tendu. Aux deux bouts qui font à fleur-
d'eau, on met des bouées, c'eft-à-dire de gros morceaux
de moucou-moucou , qui fervent à marquer l’endroit où
eft le filet : on place ordinairement les foles fort près
des Iflots, parce que les tortues vont brouter des ef
pèces de fucus, qui croifient fur les rochers, dont ces
petites Ifles font bordées.
Les Pêcheurs vifitent de tems en tems Îles flets.
Lorfque la fole commence à caler, fuivant leur lan-
gage, c'eft-à-dire, lorfqu'elle s’enfoncé d’un côté plus
que de l’autre, on fe hâte de la retirer. Les tortues
ne peuvent fe dégager aifément de cette forte de rets,
parce que les lames d'eau, qui font aflez fortes près
des Iflots, donnent aux deux bouts du filet un mou-
vement continuel qui les étourdit, ou les embarrafñfe.
Si l'on diffère de vifiter les filets, on trouve quelquefois
les tortues noyées ; lorfque les requins & les efpadons
rencontrent des tortues prifes dans la fole, & hors d'état
de fuir & de fe défendre, ils les dévorent, & brifent le
filet (p). Le tems de 27 la tortue franche, eft depuis
Janvier jufqu'en Mai (q).
: (p) Note communiquée par M. de la Borde , Médecin du Roi à Cayenne. $
(g) Hifloire gén. des Voy. tome 54, pages 380 € füiv. édit. in-ai
K i]
#6 Hisrorre NATURELLE ’
L'on fe contente quelquefois d'approcher doucement 4 ;
dans un efquif des tortues franches, qui dorment & | :
: , è
{lottent À la furface de la mer: on les retourne , on | | j
les faifit, avant qu’elles n'aient eu le tems de fe ré-- à
: veiller & de #enfuir ; on les poufle enfuite devant foi | '
jufqu'à la rive; & c’eft à-peu-près de cette manière | 4
que les Anciens les pêchoient dans les mers de Inde (r). L
Pline a écrit qu'on les entend roniler d’affez loin, lort-
D
qu’elles dorment en flottant à la furface de l’eau. Le -
ronflement que ce Naturalifte leur attribue, pourroit E
venir du peu d'ouverture de leur glote, qui eft étroite .. |
ainfi que celle des tortues de terre (s) ; ce qui doit. | Ë
ajouter à la facilité qu'ont ces animaux de ne point I
avaler l’eau dans laquelle ils font plongés. à
Si les tortues demeurent quelque tems fur l’eau: | |
expofées pendant le jour à toute l’'ardeur des con- | :
trées équatoriales, lorfque la mer eft prefque calme & | |
que les petits flots ne pouvant point atteindre jufqu'au- |
deflus de leur carapace, ceflent de le baigner, le foleil | :
deffèche cette couverture, la rend plus légère, & em- | k
pêche les tortues de plonger aifément, tant leur légèreté | a
fpécifique eft voifine de celle de l'eau, & tant elles | |
L ql
Cr) Pline, Liv. IX, Chap. XI. | }
(s) Mém. pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux. art, de le. qu
tortue de Coromandel. l
Lement
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manière
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an à b
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 7
ent de peine à augmenter leur poids (+). Les tortues
peuvent en effet fe rendre plus on moins pefantes,
en recevant plus où moins d'air dans leurs poumons,
& en augmentant ou diminuant par-là le volume de
leur corps, de même que les poiflons introduifent de
Vair dans leur vefle aërienne lorfqu ils veulent s'élever
à la furface de l'eau; mais il faut que le poids que les
tortues peuvent fe donner en chaffant l'air de leurs
poumons ne foit pas très-confidérable, puifqu'il ne
peut balancer celui que leur fait perdre la defi-
cation de leur carapace, & qui n'égale jamais le
feizième du poids total de l'animal , ainfi que nous
nous en fommes aflurés par l'expérience rapportée dans
la note fuivante (4).
(4) Pline, Eiv. IX, Chap. xr1.
{u) Nous avons pelé avec foin la carapace d’une petite tortue franche:
nous l'avons enfuite mife dans un grand vafe rempli d'eau, où nous lPavons
laiflée un mois & demi; nous l'avons pefée de nouveau en la tirant de
leau, & avant qu'elle cût perdu celle dent elle étoit pénétrée. Son poids
a été augmenté par l'imbibition de #5: la deffication que la chaleur du:
foleil produit dans la couverture fupérieure d’une tortue franche ,
qui flotte à la furface de la mer,ne peut donc la rendre plus légère
que de #5: la carapace des plus grandes tortues ne pefant guère que
278 livres ou environ, l’ardeur du folcil ne doit la rendre plus légère:
que de 45 livres, qui font au-deflous du feizième de 800 livres, poids:
total des très-grandes tortues.
70 HisrorrEe NATURELLE
La deffication de la carapace des tortues, en les
empéchant de plonger, donne aux pêcheurs plus de
facilité pour les prendre. Lorfqu'elles font très-près du
rivage où l’on veut les entraîner, elles fe cramponent
avec tant de force , que quatre hommes ont quelquefois
bien de la peine à les arracher du terrain qu'elles
faififlent : & comme tous leurs doigts ne font pas pourvus
d'ongles, & que n'étant point féparés les uns des autres,
ils ne peuvent pas embrafler les corps, on doit fuppofer,
dans les tortues, une force très-grande ; qui d'ailleurs
eft prouvée par la vigueur de leurs mâchoires, & par
la facilité avec laquelle elles portent fur leur dos au-
tant d'hommes qu'il peut y en tenir (v). On a même
prétendu que , dans l'Océan Indien, il y avoit des tor-
tues aflez fortes, & aflez grandes, pour tranfporter
quatorze hommes (x) : quelqu'exagéré que puifle étre
ce nombre, l’on doit admettre, dans la tortue franche,
une puiflance d'autant plus remarquable, que, malgré
{a force , fes habitudes font paifibles.
Lorfqu’au lieu de faire faler les tortues franches,
on veut les manger fraîches, & ne rien perdre du bon
goût de leur chair, ni de leurs propriétés bienfaifantes,
CE SERRE ET
(y) Linnœus, fyfiema Nature , amphibia reptilia. Tejludo Mydes.
(x) Voyez ce que dit à ce fujet Ray, dens fon Ouvrage intitulé:
Synopfis animalium, page 255.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 79
on leur enlève le plaftron, la tête, les pattes & la
queue, & on fait enfuite cuire leur chair dans la ca-
rapace, qui fert de plat. La dun la plus eftimée
eft celle qui touche de plus près cette couverture {u-
périeure , ou le plaftron. Cette chair, ainfi que les œufs
de la tortue franche, font D hat très-falutaires
dans les maladies auxquelles les gens de mer font le
plus fujets : on prétend même que leurs fucs ont une
affez grande activité, au moins dans les pays les plus
chauds, pour être des remèdes très-puiflans dans toutes
les maladies qui demandent que le fang foit épuré (y de
Il paroît que c’eft la tortue franche que quelques
peuples Américains regardent comme un objet facré,
& comme un préfent particulier de la Divinité; ils la
nomment poiffon de Dieu, à caufe de l'effet merveilleux
que fa chair produit, difent-ils, lorfqu'on a avalé quel-
que breuvage empoifonné.
La chair des tortues franches eft au 0e d'un
vert plus ou moins foncé ; & c'eft ce qui les a fait
appeller, par quelques Voyageurs, Tortues-Vertes ; mais
ce nom a été aufli donné à une feconde efpèce de
tortue marine; & d’ailleurs nous avons cru devoir
d'autant moins l’adopter, que cette couleur verdâtre
de la chair n’eft qu'accidentelle; elle dépend de la
(y) Barrère, effoi fur l'Hifl. naturelle de la France équinoxiale.
80 Hrsrorrre NATURELLE
diflérencé des plages fréquentées par les tortues; elle
peut provenir aufli de la diverfité de la nourriture de
ces animaux, & elle n'appartient pas dans les mêmes
endroits à tous les individus. On trouve en effet fur
les rivages dés petites Ifles voifines du continent de
la nouvelle Efpagne, & fituées au midi dé Cuba, des.
tortues franchés, dont les unes ont la chair vérte,
d’autres noire, & d'autres jaune.
Séba avoit dans fa collection plufeurs concrétions
femblables à des bézoards , d’un gris plus ou moins
mêlé de jaune, & dont la furface étoit hériflée de
petits tubercules. I en avoit reçu une partie des
grandes Indes, & l’autre d'Amérique. On les lui
avoit envoyées comme des concrétions très-précieufes,
trouvées dans le corps de grandes tortues de mer.
Les Indiens y attachoient encore plus de vertu
qu'aux bézoards orientaux, à caufe de leur rareté, &
ils les employoient particulièrement contre la petite
vérole , peut-être parce que les tubercules, que leur
furface préfentoit , reflembloient aux boutons de la
petite vérole (7). La vertu de ces concrétions étoit
certainement auff imaginaire que celle des bézoàrds,
tant orientaux qu ‘occidentaux ; mais elles auroient pu
être formées dans lé corps des grandes tortues ma-
(x) Séba , tome 2, page 141.
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DES QuAnruPkprs OrrpArxs. 81
rines, d'autres concrétions de même nature ayant été
inconteflablement produites dans des Quadrupèdes ovi-
pares , ainfi que nous le verrons dans la fuite de cette
hiftoire. Mais fi les bézoards des tortues marines ne
doivent être que des productions inutiles, il n’en eft
pas de même de tout ce que ces animaux peuvent
fournir: non - feulement on recherche leur chair &
leurs œufs, mais encore leur carapace a été employée
par les Indiens pour couvrir leurs maïfons (a) ; &
Diodore de Sicile, ainfi que Pline, ont écrit que des
peuples voifins de l'Ethiopie & de la mer Rouge sen
fervoient comme de nacelles pour naviguer près du
continent (b). |
Dans les tems anciens, lors de l'enfance des fociétés,
_ces grandes carapaces d’une fubflance très-compacte, &
d'un diamètre de plufieurs pieds, étoient les boucliers
de peuples qui n’avoient pas encore découvert l'art
funefte d’armer leurs flèches d’un acier trempé plus
dur que ces enveloppes offeufes; & les Hordes à demi-
fauvages qui habitent de nos jours certaines contrées
équatoriales, tant de l’ancien que du nouveau monde,
n'ont pas imaginé de défenfes plus folides.
Les diverfes grandeurs des tortues franches font ren-
(a) Voyez Ælien, & Pline, Hifl. naturelle, Liv. IX, Chap. X1r.
(b) Voyez Diodore de Sicile, € Pline à l'endroit déja cite.
Ovipares , Tome I. - k:
eZ . Hrsrorre NATURELLE
fermées dans des limites aflez éloignées , puifque, de
la longueur de deux ou trois pouces, elles parviennent
quelquefois à celle de fix ou fept pieds ; & comme:
cet accroiflement aflez grand a lieu dans une couver-
ture très-ofleufe , très- compacte , très-dure , & où
par conféquent la matière doit être, pour ainñ dire,
refferrée , preflée, & le développement plus lent, il
n'eft pas furprenant que ce ne foit qu'après plufieurs
années que les tortues acquièrent tout leur volume.
Elles n’atteignent à-peu-près à leur entier dévelop
pement qu'au bout de vingt ans ou environ: & l’on
a pu en Juger d'une manière certaine par des tortues:
élevées dans les efpèces de parcs dont nous avons
parlé. Si lon devoit eltimer la durée de la vie dans
les tortues franches de la même manière que dans
les Quadrupèdes vivipares, ont rouveroit bientôt, d'après
‘ces vingt ans employés à leur accroiflement total, le
nombre des années que la Nature leur a deftinées ; mais
la même proportion ne peut pas être ici employée.
Les tortues demeurent fouvent au milieu dun fluide
dont la température ef plus égale que celle de l'air;
elles habitent prefque toujours le même élément que
les poiflons; elles doivent participer à leurs propriétés.
& jouir de même d’une vie fort longue. Cependant ,
comme tous les animaux périffent lorfque leurs os font
devenus entièrement folides, & comme ceux des tor--
tues font bien plus durs que ceux des poiffons, & par
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DES OVADRUPÈDES OVIPARES. 83
conféquent beaucoup plus près de létat d’offification
extrême , nous ne devons pas penfer que la vie des
tortues foit en proportion aufli longue que celle des
poiflons ; mais elles ont avec ces animaux un aflez
grand nombre de rapports, pour que , d'après les vingt
ans que leur entier développement exige , on penfe
qu'elles vivent un très-grand nombre d'années, mêmé
plus d’un fiècle, & dès-lors on ne doit point être étonné
que l’on manque d’obfervations fur un efpace de tems
qui furpañle beaucoup celui de la vie des obfervatéurs.
Mais fi l'on ne connoît pas de faits précis relati-
vement à la longueur de la’ vie des tortues franches,
on en a recueilli qui prouvent que la tortué d’eau
douce , appellée la Bourbeufe, peut vivre au moins
quatre-vingts ans, & qui confirment par conféquent
notre opinion touchant l’âge auquel les tortues de mer
peuvent parvenir. Cette longué durée de la vie des
tortues les a fait regarder par les Japonois comme un
emblème du. bonheur ; & c’eft apparemment par une
fuite de cette idée > qu'ils ornent des images plus où
moins défigurées de ces Quadrupèdes, les temples de
leurs dieux, & les palais de leurs princes (c).
Une tortue franche peut, chaque été, donner l’exif=.
tence à près de trois cens individus, dont chacun ;
= | 3
(c) Hifloire gén. des Voyages , tome 40, page 381, édit. in-12.
L à
84 Hisrorre NATURELLE |
au bout d’un affez court efpace de tems , pourroit
faire naître à fon tour trois cens petites tortues. On |
fera donc émerveillé, fi lon penfe au nombre pro-
digieux de ces animaux, dont une feule tortue peut
peupler une vafte plage pendant la durée totale de
fa vie. Toutes les côtes des zones torrides devroient
être couvertes de ces quadrupèdes, dont la multipli-
cation, loin d’être nuifble , feroit certainement bien
plus avantageufe que celle de tant d'autres efpèces;
mais à peine un trentième de petites tortues éclofes
peuvent parvenir à un certain développement ; un
nombre immenfe d'œufs font d’ailleurs enlevés, avant
que les petits aient vu le jour; & parmi les tortues
qui ont déjà acquis une grandeur un peu conf“dérable,
combien ne font point la proie des ennemis de toute
efpèce qui en font la chafle, & de l'homme qui les
pourfuit fur la terre & fur les eaux? Malgré tous les
dangers qui les environnent, les tortues franches font
répandues en aflez grande quantité fur toutes les plages |
chaudes, tant de l’ancien que du nouveau Continent ( d), |
ARTE RER EEE
ARE TOUR
= PARUS PREPIRERTEN
+ ISSUE =
a —
— — a “APE ETISE
ro
( d) Elles font en fi grand nombre aux Ifles du Cap-Vert, que plufieurs
vaiffleaux viennent s’en charger tous les ans, & les falent , pour les
tranfporter aux colonies d'Amérique. * On dit qu'elles y mangent de D.
lambre gris, que lon y rencontre quelquefois fur les côtes. Voyage |
de Georges Robert au Cap Vert & aux Îfles de méme nom , en 1724, &C..
% Defcription des Ifles du Cap-Vert, Hifi, générale des Voyages, Lir, F.
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avant
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 85
où les côtes font baffes & fablonneufes: on les rencontre
dans l'Amérique feptentrionale , jufqu'aux Ifles de Ba-
hama, & aux côtes voifines du cap de la Floride (e).
Dans toutes ces contrées des deux mondes, diftantes
de l'équateur de vingt-cinq ou trente degrés , tant au
nord qu'au fud, on retrouve la même efpèce de tor-
tues franches , un peu modifiée feulement par la dif-
férence de la température, & par la diverfité des herbes
qu’elles paiflent , ou des coquillages dont elles fe nour-
riflent; & cette grande & précieufe efpèce de tortue
ne peut-elle pas pafler facilement d’une Ifle à une
autre? Les tortues franches ne font-elles pas en efet
des habitans de la mer , plutôt que de la terre? pou-
vant demeurer aflez de tems fous l'eau, ayant plus de
Auprès du Cap-blance, les tortues font en grand nombre & d'une
telle groffeur, qu'une feule fufit pour raflafier trente hommes; leur
carapace n'a pas moins de quinze pieds de circonférence. Voyage de
Lemaire aux Îfles Canaries, &c.
Dampier a vu des tortues vertes ( tortues franches ) fur les Côtes
de lIfle de Timor : Voyage de Guillaume Dampier , aux terres
auffrales. |
. M. Cook les à trouvées en très-grande quantité auprès des rivages
de la nouvelle Hollande. Re A
À Cayenne, on en prend environ trois censtous les ans, pendant
les mois d'Avril, de Mai & de Juin, où elles viennent faire leur ponte
fur les amas de fable. Note communiquée par M. de la Borde.
(e) Catefby ; ouvrage déja até.
— ae 2 in néon a FRERE dde nus “ni | ,
86 Hrsrorre NATURELLE. HA |
° D 3 " É
peine à s'enfoncer dans cet élément qu'à s'y élever,
| ll nageant avec la plus grande facilité à fa furface, ne | | |
| | jouifient-elles pas dans leurs migrations de tout Pair EE
Fu qui leur eft néceflaire? Ne trouvent-elles pas fur tous | |
| || les bas- fonds, l'herbe & les coquillages qui leur con ..
| | viennent? ne peuvent-elles pas d’ailleurs fe pafier de |
| 1] nourriture pendant plufeurs mois ? & cette poññbilité l
ib : | : E
(| | de faire de grands voyages n'eft-elle pas RS E .
nu le fait, puifqu'elles traverfent plus de cent lieues de E .
| | 1 mer, pour aller dépofer leurs œuf fur les rivages qu’elles EE .
| préfèrent , & puifque des navigateurs ont rencontré à | L.
| plus de fept cens lieues de toute terre, des tortues | } |
de mer d'une efpèce peu différente de la tortue | | l
franche (f) ? ils les ont même trouvées dans des ré- pe
gions de la mer aflez élevées en latitude , où elles ||
dormoient paifblement en flottant à la furface de l
l’eau, | | EL.
: \h
(F) Troifième voyage du Capitaine Coot, Traduélion Françoifé, | |
Paris, 1782 , page! 260. ;
Catesby rapporte qu'étant , le 20 Avril 1725 , à trente degrés de la= | IL | |
titude, & à peu-près à une diftance égale des Ifles Acores & de celles. 5 |
de Bahama, il vit harponner une tortue Caouane , qui dormoit fur la | À
furface de la: mer. Hifloire naturelle de la Caroline | volume à, page he
40. |
M. de là Borde à vu beaucoup de tortues qui nageoïent fur l’eau |
ù à plus de trois cens lieues de terre. Note communiquée par M, de la h
Borde.
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DES. Quaprurèpes OVIPARES. 87
Les tortues franches ne font cependant pas fi fort
attachées aux Zones torrides, qu'on ne les rencontre
quelquefois dans les mers voifines de nos côtes. Il fe
pourroit quelles habitent dans la Méditerranée , où
elles fréquenteroient de préférence , fans doute , les
parages les plus méridionaux , & où les Caouanes ,
qui leur reflemblent beaucoup , font en très - grand
nombre (g). Elles devroient y choïfir pour leur ponte
les rivages bas, fablonneux, prefque déferts & très-
chauds qui féparent l'Egypte de la Barbarie propre-
ment dite, & où elles trouveroient la folitude, l'abri,
_k A & le terrain qui leur font na ; On
na du moins jamais vu pondre des tortues marines fur
les côtes de Provence ni du Languedoc , où cependant
lon en prend de tems en tems quelques-unes (4).
Elles peuvent auffi être quelquefois jetées par des
accidens particuliers vers de plus hautes latitudes, fans en:
périr : Sibbald dit tenir d’un homme digne de foi, qu'on
prenoit quelquefois des tortues marines dans les Or-
cades (i); & lon doit préfumer que les tortues
franches peuvent non-feulement vivre un certain nom-
(g) Voyez l’article de la Caouane. |
Fa Note communiquée par M. de Touchy ,.de la Société royale de:
Montpellier.
(2) Sibbald Prodomus , Hifl. naturalis, Edimburgi > 1084
88 Hrsrorrx NATURSILE
bre d'années à ces latitudes élevées, mais même y
parvenir à tout leur développement (k). Des tempêtes
ou d’autres caufes puiffantes font aufli quelquefois def-
cendre vers les zones tempérées & chaffent des mers
s e f re Ë Q È
glaciales, lesimmenfes cétacées qui peuplent cet empire
du froid : le hafard pourroit donc faire rencontrer en-
femble les grandes tortues franches & ces immenfes
animaux (/); & lon devroit voir avec intérêt fur
la furface de l'antique Océan, d’un côté les tortues
de mer, ces animaux accoutumés à être plongés dans
les rayons ardens du foleil fouverain dominateur des
contrées torrides, & de l’autre, les grands cétacées
qui, relégués dans un féjour de glaces & de téné-
bres, n’ont prefque jamais reçu les douces influences
(4) M. Bomare a publié, dans fon Diétionnaire d'Hiftoire naturelle ;
une lettre qui lui fut adreflée, en 1771, par M. de Laborie , Avocat
au Confeil fupérieur du Cap, Ifle Saint-Domingue, d’après laquelle il
paroït qu'une tortue pèchée,en 1754, dans le pertuis d'Antioche, étoit
la même qu'une tortue embarquée fort jeune à Saint-Domingue en 1742;
par M. de Laborie le pere. Elle pefoit alors près de vingt-cinglivres; elle
s'échappa dans ce même pertuis d’Antioche ,au moment où la tempête brifa
Je vaifleau qui lavoit apportée, & elle acheva de croître fur les côtes de
France. Didlionnaire d’Hifloire naturelle de M. Valmont de Bomare,
art. des tortues de mer.
(1) On a pris de grandes tortues auprès de l'embouchure de la
Loire, & un grand nombre de cachalots ont été jetés fur les côtes de
h Bretagne il n’y a que peu d'année,
du père
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de, toit
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 89
du père de la lumière , & au lieu des beaux Jours
de la nature, n'en ont prefque jamais connu que les
tempêtes & dei horreurs. |
On peut citer fur - tout à ce fujet deux exemples
remarquables. En 75% une tortue fut prife à Dieppe
où elle avoit été jetée dans le port, par une tour-
mente : elle po de huit à neuf cens livres, &
avoit à-peu-près fix ae de long, fur quatre fiéds
de largeur: deux ans après, on pécha , dans le pertuis
d'Antioche une tortue plus grande encore ; elle avoit
huit pieds de long; elle pefoit plus & huit cens
livres, & comme ordinairement, dans les tortues, lon
doit compter le poids des couvertures pour près de
la moitié du poids total (#1), la chair de celle du
pertuis d'Antioche a pefer plus de quatre cens
livres. Elle fut portée à l'abbaye de Long-veau, près
de Vannes en Bretagne; la carapace avoit cinq Pise
de long.
Ce n'eft que fur les rivages prefque déferts, & par
exemple fur une partie de ceux de l'Amérique,
voifins de la ligne, & baïignés par la mer pacifique,
que les tortues franches peuvent en liberté parvenir
À tout l’accroiflement pour lequel la Nature les a
(m) Not communiquée DRE le Chevalier de Wider/pach
Ovipares » Tome I, M
90 Hisrorre NATUREILIE
fait naître, & jouir en paix de la longue vie à Ia-
quelle elles ont été deflinées. | |
Les animaux féroces ne font donc pas les feuls
qui, dans le voifinage de l'homme, ne peuvent ni
croître ni fe multiplier; ce roi de la Nature, qui fouvent
en devient le tyran, non-feulement repoufle dans les
déferts les efpèces dangereufes , mais encore fon infa-
tiable avidité fe tourne fouvent contre elle - même,
& relègue fur les plages éloignées, les efpèces les plus
utiles & les plus douces; au lieu d'augmenter fes jouif-
fances , il les diminue, en détruifant inutilement dans
des individus , privés trop tôt de la vie, la poftérité
nombreufe qui leur auroit dû le jour.
On devroit tâcher d’acclimater les tortues franches
fur toutes les côtes tempérées où elles pourroient aller
chercher dans les terres des endroits un peu fablonneux,
& élevés au-deffus des plus hautes vagues, pour y dé-
pofer leurs œufs, & les y faire éclore. L’acquifition d’une
efpèce aufli féconde feroit certainement une des plus
utiles; & cette richefle réelle, qui fe conferveroit &
fe multiplieroit d'elle-même, n’exciteroit pas au moins
les regrets de la philofophie , comme les richeffes fu-
neftes arrachées avec tant de fueurs au fein des terres
équatoriales.
Occupons - nous maintenant des diverfes efpèces
de tortues qui habitent au milieu des mers comme
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. OX
Ja tortue franche, & qui lui font aflez analogues par leur
forme , par leurs propriétés, & par leurs habitudes,
pour que nous puiflions nous contenter. d'indiquer Les
différences qui les diftinguent. |
M
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02 Hrsrorre Narurertx
LA TORTUE ÉCAILLE-VERTE («).
Nous NE CONSERVONS PAS à la tortue, dont il ef
ici queftion, le nom de tortue-verte, qui lui a été
donné par plufieurs Voyageurs, parce qu'on l’a appli-
qué aufli à la tortue franche, & que nous ne faurions:
prendre trop de précaution pour éviter l'obfcurité de
la nomenclature ; nous ne lui donnons pas non plus:
celui de tortue Amayone qu'elle porte dans une grande
partie de l'Amérique méridionale, & qui lui vient du
grand fleuve des Amazones dont elle fréquente les:
bords (4), parce qu'il paroït que ce nom a été auf
employé pour une tortue qui n'eft point de mer, &.
EEE
(a) La tortue verte, Dampier, Tome I.
(B) La tortue écaille-verte, n'eft pas la feule qui fréquente la:
grande rivière de l'Amazone. « Les tortues de lAmazone font fort:
2 recherchées à Cayenne , comme les plus délicates; ce fleuve en nourrit
» de diverfes grandeurs & de diverfes efpèces en fi grande abondance ..
mque, feules avec leurs œufs, elles pourroient fuffire à la nourriture des:
habitans de fes bords. 2 Hiffoire gén. des Voyages , Tome 53;
page438 ; édit. int. |
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DES QUADRUÜPÉÈDES OVIPARES. O3
par conféquent qui eft très-différente de celle-ci. Mais
nous la nommons écaille-verte, à caufe de la couleur
de fes écailles, plus vertes en effet que celles des autres
tortues; elles font d’ailleurs très-belles, très-tranfpa-
rentes, très-minces, & éependant propres à plufeurs
ouvrages. La tête des tortues écaille- vertes eft petite
& arrondie. Elles reflemblent d’ailleurs aux tortues
franches, par leur forme & par leurs mœurs; elles ne
deviennent pas cependant aufli grandes que ces der
nières; &, en général , elles font plus petites environ
d'un quart (c). On les rencontre en aflez grand nom-
bre dans la mer du Sud, auprès du cap Blanco, de la
nouvelle Efpagne (d). IF paroît qu’on les trouve auffi:
dans le golfe du Mexique’, & qu'elles habitent prefque
(c) Note compuniquée par M. le Chevalier de Widerfpach, Corréf-
pondant du Cabinet du Roi.
(d) c Jai remarqué qu’à Blanco, cap de la nouvelle Efpagné dans’
la mer du Sud , les tortues vertes ( lefpèce dont parle ici Dampiercs:
eft celle que nous nommMmons écaille- verte) qui font les feules que ce
Fon y trouve, font plus. groffes qué toutes célles de la même mer. ce
Elles y pèfent ordinairement deux cens quatfe-vingt ou trois cens ce’
livres; le gras en eft jaune, le maigre blänc, & la chair extraordi- ce:
nairement douce. À Bocca - Toro de Verragua, elles ne font pas fice”
grofles; leur chair eft moins blanche, & leur gras moins jaune. Celles:
des baies de Honduras & de Campêché font encore plus petites ;ce*
le gras en eft. vert, & le maigre plus noir; cependant un Capitainece’
pen een pt re em + En ER Pers
seras drea 2 ss
04 Hrsrorre NATURELLE
tous les rivages chauds du nouveau monde, fant en-
deçà qu'au- delà de la ligne; mais on ne les a pas
encore reconnues dans l’ancien Continent. Leur chair
eft un aliment auf délicat & peut-être aufli fain que
celle des tortues franches; & il y a même des Pays
où on les préfère à ces dernières. Leurs œufs falés &
féchés au foleil, font très-bons à manger. M. Bomare
eft le feul Naturalifte qui ait indiqué cette efpèce de
tortue que nous n'avons pas vue, & dont nous ne par-
lons que d'après les Voyageurs & les obfervations de
M. le Chevalier de Widerfpach.
3 Anglois en prit une à Port-Royal, dans la baie de Campéche, qui
avoit quatre pieds du dos au ventre, & fix pieds de ventre en
» largeur. Le gras produifit huit galons d'huile, qui reviennent à trente-
cinq pintes de Paris,» Damnpier, TomeZ, page 113.
e, qu
tre en
trentes
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. O5
La PLUPART DES NATURALISTES qui ont décrit cette
troifième efpèce de tortue de mer, lui ont donné le
_nom de Caret; mais comme ce nom eft appliqué,
depuis long-tems , par les Voyageurs, à la tortue qui
fournit les plus belles écailles, nous conferverons à
celle dont il eft ici queftion , la dénomination de
Caouane fous laquelle elle eft déjà très-connue, &
uniquement défignée par les naturels des contrées où
on la trouve. Elle furpañle en grandeur la tortue
- (a) Le Caret. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Teftudo Caretta, 4. Linn. Amph. rept. (Nous devons obferver que
la figure de Séba, indiquée pour cette tortue par M. Linné , ne repréfente
pas à tortue curet de ce Naturalifte , mais celle qu'ila défignée par l'épithète
latine de émbricata , & qui eft notre caret.
Teftudo Cephalo, Hif. nat. des tortues , par M. Schneider.
Ray, Synopfis Quadrupedum, page 257. Teftudo marina , Caouana
dicta.…
The lodger head Turtle. Brown. Hiff. nat. de la Jamaïque , page 465.
Teftudo 3, unguibus utrinque binis acutis, fquamis dorf quinque
gibbis,
… ppp ne MT
ve à her A da ia mé sk dns 6
96. Hrsrorrre NATUREILE
franche (4) , & elle en diffère d’une manière bien
marquée par la groffeur de la tête, la grandeur de la
gueule, lalongement & la force de la mâchoxe fu-
périeure; le cou eft épais &c couvert d'une peau lâche,
ridée & garnie de diftance en diftance d'écailles _
leufes (c); le corps eft ovale; & la carapace plus
large au milieu & plus étroite parderrière, que dans
les autres efpèces (d). Les bords de cette couver-
ture font garnis de lames, placées de manière à
les faire paroître dentés comme une fcie: le difque
préfente trois rangées longitudinales d'écailles ; les
pièces de la rangée du milieu fe relèvent en bofle
\
Tortue caouane, Rochefort , Hifi. des Antilles, page 248.
Id. Labat , page 308.
Kaouane , du Tertre, page 228.
Feftudo marina , Caouana diéta. Sloane, Voyage aux Ifles Madère;
Barbade, Gc. vol. 2, page 331.
Catefby ,-Car. vol. 2, page 39.
Teftudo corticata vel corticofa. Rondelet , Hifi. des poiffons, Lyon,
2558, page 337:
Canuaneros & Juruca , aux Antilles. Didionnaire d'Hifloire naturelle ,
per M. Valmont de Bomare.
(b) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. vol. à , pag 40!
Note communiquée ‘par M. le Cheyalier de Widerfpach.
(ec) Brown, Hif nat. de la Jamaïque , page 465-
{d) Catefby, à l'endroit déjà cité.
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 97
& finifflent parderrière en pointe ;: la couverture
fupérieure paroït d'un jaune tacheté de noir, lorf
que l'animal eft dans l’eau fe). Le plaftron fe ter-
mine du côté de l'anus, par une forte de bande un
peu arrondie par le Eau il eft garni communément
de vingt-deux ou vingt-quatre écailles. La queue eft
courte; les pieds qui font couverts d’écailles épaifles,
& dont les doigts font réunis par une membrane, ont
une forme très-alongée & reffemblent à des nageoires ,
ainfi que dans la tortue franche ; ceux de devant font
plus longs, mais moins larges que ceux de derrière; &
ce qui eft un des caractères diftindifs de la es
c'eft que les pieds de derrière, ainfi que ceux de ane.
{ont garnis de deux ongles aigus.
La Caouane habite les contrées chaudes du nou-
veau Continent, comme la tortue franche ; mais elle
paroït fe plaire un peu plus vers le Nord, que cette
dernière; on la trouve moins fur les côtes de la Jamaï-
que (f) ; elle habite auf dans l’ancien monde; on la
trouve même très - fréquemment dans la Méditer-
ranée où on en fait des pêches abondantes, auprès de
Cagliari en Sardaigne & de Caftel-Sardo, vers le
ARTS na.
(e) Mémoires manufcrits rédigés & communiqués par M. Fougeroux
de Bondaroy, de ? Académie des Sciences,
(f) Brown, à l'endroit déja cité,
Ovipares , Tome I. N
90 HISTOIRE NATURELLE
quarante-unième degré de latitude; elle y pèfe fou-
vent jufquà 400 livres (poids de Sardaigne) (g).
Rondelet, qui habitoit le Eanguedoc , dit en avoir
nourri une chez lui pendant quelque tems, ire
ment dans quelque baflin. He avoit été prife auprès
des côtes de fa Province; elle faifoit entendre un petit
fon confus, & jetoit des efpèces de foupirs. fembla—
bles à ceux que lon a attribués à la tortue franche (h).
Les laimes où écailles de la Caouane, font prefque
de nulle valeur, quoique plus grandes que celles du
caret dont on fait dans le commerce un f grand ufages
on sen fervoit cependant autrefois pour carnir des
miroirs & d’autres grands meubles de luxe ; maïs main
tenant on les rebute , parce qu'elles font toujours oatées
par une efpèce de gale. On a vu des Caouanes (i)
dont la carapace étoit couverte de moufle & de coquil-
lages, & dont les es plis de la peau étoient remplis dé
petits cruftacées.
La Caouane a l'air plus fiér que les autres tortues:
‘étant plus grande & ayant plus de force, elle eft plus
(g) Hifloire naturelle-des ds é des poiffons de Sardaigne ;
par M. Frans ois Cette Laffari,. 1777 ; PAge 13.
(4) Rondelet, Hif. des, poiffons.- Éyons 1558 ,.page 238:
(è) Brown..d l'endroit déjà aité..
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, (99
hardie ; elle a befoin d’une nourriture plus. fubftan-
tielle; elle fe contente: moins de plantes marines ; elle
eft même vorace; elle ofe fe jetter fur les jeunes cro-
codiles , qu'elle mutile facilement (k) ; on aflure que,
pour attaquer avec plus d'avantage ces grands Qua-
drupèdes ovipares, elle les attend dans le fond des
creux, fitués le long des rivages, où les crocodiles fe
retirent & où ils entrent à reculons, parce que la
longueur de leur corps ne leur permettroit pas de fe
retourner ; & elle les y faifit fortement par la queue,
fans avoir rien à craindre de leurs dents (1). |
Comme fes alimens, tirés en plus grande abondance
du règne animal, font moins purs & plus fujets à la
décompoñition que ceux de la tortue franche, & qu'elle
avale fans choix des vers de mer, des mollafles, &c.
(m) fa chair s’en reflent: elle eft huileufe, rance,
filamenteufe, coriace & d’un mauvais goût de marine.
L’odeur de mufc, que la plupart des tortues répan-
dent , eft exaltée dans la Caouane (#) , au point d’être
(£) Mémoire de M. de la Coudrenière, Journal de Phyfique ; No-
vemnbre 2782. ;
(1) Note communiquée par M. Moreau de Saint-Méry, Procureurs
Général au Conjfail fupérieur de Saint-Domingue.
(m) Brown, à l'endroit déja cité.
(a) Note communiquée par M, le Chevalier de Widerfpach.
Ni
re
100 Hrsrorre NATURELLE
fétide. Auf cette tortue eft-elle peu recherchée. Des
Navigateurs en ont cependant mangé fans peine (0)
$ & l’ont trouvée très-échauffante: on la fale aufli quel- |
quefois, dit-on, pour l'ufage des Nègres (p) , tant on | R
s'eft emprefé de faifir toutes les reflources que la terre |
& la mer pouvoient offrir, pour accroître le produit |
des travaux de ces infortunés. L'huile qu'on retire des |
Caouanes eft fort abondante; elle ne peut être em- | |
ployée pour les alimens, parce qu’elle fent très-mau- EE
vais: mais elle eft bonne à brûler; elle fert auf à | | .
préparer les cuirs, & à enduire les vaifleaux qu'elle En
préferve , dit-on, des vers peut-être à caufe de la mau- | | 4
vaife odeur qu’elle répand. E À
La Caouane n'eft donc point fi utile que la tortue | ü
franche : auff a-t-elle été moins pourfuivie, a-t-elle | k
eu moins d'ennemis à craindre, & eft-elle répandue A
en plus grand nombre fur certaines mers. Naturelle- 0 | 9
ment plus vigoureufe que les autres tortues, elle voyage 1
davantage : on l'a rencontrée à plus de huit cens lieues | t
de terre, ainfi que nous l’avons déjà rapporté. D'ailleurs, EE
e nourriflant quelquefois de poiflons, elle eft moins | Es
attachée aux côtes où croiffent les algues. Elle rompt | LA
(o) Brown, Hifi. nat. de la Jamaïque, page 46€.
(p) Nouveau Voyage aux Îffes de l'Amérique, Tome I, page 308.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. OI
avec facilité de grandes coquilles , de grands buccins,
pour dévorer l'animal qui y eft contenu ; &., fuivant les
pêcheurs de l'Amérique feptentrionale , On trouve fou-
vent de très-grands coquillages , à demi-brifés par la
Caouane (4).
Il eft quelquefois dangereux de chercher à la pren-
dre. Lorfqu'on s'approche d’elle pour la retourner, elle
fe défend avec fes pattes & fa gueule ; & il ef très-
dificile de lui faire lâcher ce qu’elle a faifi avec fes
mâchoires. Cette grande réfiflance qu’elle oppofe à ceux
qui veulent la prendre, lui a fait attribuer une forte
de méehanceté: on lui a reproché, pour ainf dire,
une jufie défenfe : on a condamné FPufage qu’elle fait
de fes armes pour fauver fa vie : mais ce n’eft pas
la première fois que le plus fort a fait un crime au
plus foible de ce qui a retardé fes jantes ou mêlé
quelques dangers à fa pourfuite.
Suivant Catefby, on a donné le nom de Coffre à une
tortue marine aflez rare, qui devient extrêmement
grande , qui eft étroite, mais fort épaifle, & dont la
couverture fupérieure, eft beaucoup plus convexe que
celle des autres tortues marines (r ). C’eft certainement
| |
qg) Catefby , Vol. IT, page 40.
à Teftudo arcuata, tortue appell lé coffre. Ca: By » Volurne IT,
page 40.
FHF MAIRE
102 Hisrorre NATURELLE
la même que la tortue dont Dampier (+) fait fa pre-
mière efpèce , & que ce Voyageur appelle groffe-tortue ,
(tortue à bahut ou coffre. Toutes deux , font plus groffes
que les autres tortues de mer, ont la carapace plus
relevée, font de mauvais goût & répandent une odeur
défagréable , mais fourniflent une grande quantité
d'huile bonne à brûler. Nous les plaçons à la fuite
des Caouanes, auxquelles elles nous paroiflent appar- | | |
tenir, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations nous |
obligent à les en féparer.
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{s) Hifloire générale des Voyages, Tome 48 , pages 344 Ë fuiy, D
par
NS ROUS
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> oder :
uantité
À fuite
LA TORTUE NASICORNE (:),
Les NATURALISTES ont confondu cette efpèce avec
la Caouane , quoiqu'il foit bien aifé de la diflinguer
par un caractère afñez faillant , qui manque aux véritables
Caouanes , & dont nous avons tiré le nom qué nous lui
donnons ici. C’eft un tubereule d’une fubftanée molle,
qui s'élève au - deflus du mufeau, & dans lequel les
narines font placées. La Nancome fe trouve dans les
mers du nouveau Continent, voifines de l'équateur ;
nous manquons d'obfervations pour parler plus en dé-
tail de cette nouvelle efpèce de tortue; mais nous
nous regardons comme très- fondés à la féparer de:
la Caouane , avec laquelle elle à même moins de:
rapports qu'avec la tortue franche, un un. des Cor-
(a) Ceft à cette tortue qu'il faut rapporter celle qui eft décrite
dans Gronovius. Mus. 2, page 85, N° Co, & que M. Linné à regardé:
eomme étant la même que fa tortue caret , qui eft notre caouane. Cette:
tortue de Gronovius a au-deflus du mufeau le tubercule qui diftingue:
ja. Nafcorne..
SLFLIEZISINES EE
tO4 . Hrsrorrzs NaTursrzg
refpondans du Cabinet du Roi (6): on la mange
comme cette dernière, tandis quon ne fe nourrit
prefque point de la chair de la Caouane. Nous invitons
les Voyageurs à s'occuper de cette tortue, qui pourroit |
être la tortue bâtarde des pêcheurs d'Amérique, ainf k
qu à obferver celles qui ne font pas encore connues:
il eft d'autant plus important d'examiner les diverfes
efpèces de ces animaux , que quoiqu’elles ne foient
diftinguées à l'extérieur que par un très-petit nombre
de caraétères, il paroît qu’elles ne fe mélent point
enfemble, & que par conféquent elles font très-
différentes les ‘unes des autres (c).
(5) M. Le Chevalier de Widerfbach.
(c) Note communiquée par M. le Chevalier de Widerfpach.
LE CARET
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LE CARET . grandeur d'un Jixuwme de nalure .
DES OFIPARES. I1O$
L'ÉLA RE" 7"
EL E PHILOSOPHE mettra toujours au premier rang
la tortue franche, comme celle qui fournit la nour-
riture la plus agréable & la plus falutaire ; mais ceux
qui ne recherchent que ce qui brille, préféreront la
(a) La Tuiïlée. M, d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Teftudo imbricata. 2. Linn. amph. FRE
Tortue caret. Rochefort.
Teftudo imbricata, Hiff. natur. des Tortues , par M. Jean Schneider.
Teftudo caretta. Cate/by, Hi cs naturelle dè La Caroline, vol. IT,
PA£8E 59 |
Gronoy. Zoophy. 72:
Ray , Synopfis is animalum guadrapedum , pes ge 258 Teftudo
caretta dicta. |
Bont. jav. 82, Teftudo fquamata. FE
The hawk {bill Turtle. Teftudo 1 major, unpuibus utrinque quatuor.
Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, Londres, 1 RE. ; page 465:
-Séba, mus. 2. tab. 80, fig. 9. |
Teftudo caretta, Sloane. Voyage aux Ifles Madère, Barbade, Ece
vol. 2.
Caret. Du Tertre, tome Rs PiR29 » N° Pr
Caret , Labat, P- 314
© Caret , Didlionnai re d'H ds natürélle ; > par M. Va almont de
Bormnare:
Ovipares , T OrI1e E O
PE |
106 Hirsrorre NATURELLE
tortue à laquelle nous confervons le nom de Carer,
qui lui eft généralement donné dans les pays us
habite ; c’eft principalement cette tortuë que lon
voit revêtue de ces belles écailles qui, dès les
fiècles les plus reculés, ont décoré les palais les plus
fomptueux : effacées dans des tems plus modernes
par l'éclat de Por & par le feu que la taille a donné
aux pierres dures & t'anfparentes, on ne les emploie
prefque plus qu'à orner les bijoux fimples, mais élégans
de ceux dont la fortune eft plus bornée, & peut-être
le goût plus pur. Si elles fervent quelquefois à parer
la beauté, elles font cachées par des ‘ornemens plus
éblouiflans ou plus recherchées qu'on leur préfère,
& dont elles ne font que les fupports. Mais fi les
écailles de la tortue Caret ont perdu de leur valeur
par leur comparaïfon avec des fubftances plus écla-
tantes, & parce que la découverte du nouveau monde
en a répandu une grande quantité dans l’ancien, leur
ufage eft devenu plus général : on s'en fert d'autant
plus qu'elles coûtent moins: combien de bijoux & de
petits ouvrages ne font point garnis de ces écailles que
tout le monde connoît, & qui réuniflent à une demi-
tranfparence Péclat de certains criftaux colorés, & une
foupleffe que l’on a eflayé envain de donner au
verre | = _
+ Il eft aifé de reconnoitre la tortue Caret au luifant
des écailles placées fur fa carapace, & fur-tout à la
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DES QUADRUPÉÈDES OWIPARES. 107
manière dont elles font difpofées. Elles fe recouvrent
comme les ardoifes qui font fur nos toits; elles font
d’ailleurs communément au nombre de treize fur le
difque, & elles y font placées fur trois rangs , comme
dans la tortue franche; le bord de la carapace , qui
eft beaucoup plus étroit que dans la plupart des tortues
de mer, eft garni ordinairement de vingt-cinq lames.
La couverture fupérieure arrondie par le haut, &
pointue par le bas, a prefque la forme d’un cœur : le
Caret eft d’ailleurs diftingué des autres tortues marines
par fa tête & fon cou, qui font beaucoup plus longs
que dans les autres efpèces; la mâchoire fupérieure
avance aflez fur l'inférieure, pour que le mufeau ait
une forte de reflemblance avec le bec d’un oifeau de
proie ; & c’eft ce qui l'a fait appeller par les Anglois
bec à faucon (b ). Ce nom a un peu fervi à obfcurcir
lhiftoire des tortues; lorfque les Naturaliftes ont tranf-
porté celui de Caret à la Caouane, ils n'en ont point
féparé le nom de bec à faucon, qu'ils lui ont aufli appli-
qué (c); &, en hiftoire naturelle, lorfque les noms font
les mêmes, on n'eft que trop porté à croire que les objets
{e reflemblent. On rencontre le Caret, ainfi que la plu-
part des autres tortues, dans les contrées chaudes de
(Bb) Cateby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. 2, page 39.
(c) Brown, a l'endroit déja cité.
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108 HirsTorrEe NATURELLE
l'Amérique ( d) ; mais on le trouve aufli dans les mers
de lAfe. C'eft de ces dernières qu'on apportoit fans
doute les écailles fines dont fe fervoient les anciens,
même avant le tems de Pline, & que les Romains
devoient d'autant plus eftimer, qu'elles étoient plus
rares & venoient de plus loin ; car il femble qu'ils
n'attachoient de valeur qu'à ce qui étoit pour eux
le figne d'une plus grande puifflance, & d’une domi-
nation plus étendue.
Le Caret n’eft point auf grand que la tortue franche ;
fes pieds ont également la forme de nageoires, & font
quelquefois garnis chacun de quatre ongles. La faifon
de fa ponte eft communément, dans l'Amérique fep-
tentrionale , en Mai, Juin & Juillet; il ne dépofe pas
fes œufs dans le fable, mais dans un gravier mélé de
petits cailloux : ces œufs font plus délicats que ceux
des autres efpèces de tortues, mais fa chair n’eft point
du tout agréable ; elle a même, dit-on , une forte vertu
purgative (e) ; elle caufe des vomiflemens violens ;
ceux qui en ont mangé font bientôt couverts de petites
tumeurs, & attaqués d'une fièvre violente, mais
qui eft une crife falutaire lorfqu'ils ont aflez de
vigueur pour réfifter à l'aivité du remède. Au refte,
(4) Suivant Dampier , on n'en voit point dans la mer du Sud,
(e) Dampier, Tome L
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ‘OO
Dampier prétend que les bonnes ou mauvaifes qualités
de la chair de la tortue Caret, dépendent de l'aliment
qu'elle prend, & par conféquent très-fouvent du lieu
qu’elle habite.
Le Caret, quoique plus petit de beaucoup "Tr Ja
tortue franche | doit avoir plus de force, puifqu'on l'a
cru plus méchant: il fe défend avec plus d'avantage ,
lorfqu'on cherche à le prendre; & fes morfures font
vives & douloureufes; fa couverture fupérieure eft plus
bombée, & fes pattes de devant font en proportion de
fa grandeur, plus longues que celles des autres tortues
de mer ; aufli, lorfqu’il a été renverfé fur le dos, peut-il,
en fe balançant, s'incliner aflez d’un côté ou de l'autre,
pour que fes pieds faififlent la terre, qu'il fe retourne,
& qu'il fe remette fur fes quatre pattes. Les belles
écailles qui recouvrent fa carapace pêfent ordinaire-
ment toutes enfemble de trois à quatre livres (f),
& quelquefois même de fept à huit (g). On efime
le plus celles qui font épaifles, claires, tranfparentes,
d’un jaune doré, & jafpées de rouge & de blanc, ou
d'un brun prefque noir (4). Lorfqu'on veut les façonner,
(f) Dampier, Tome L ;
(g) Ray, Synopfis quadrupedum , page 248.
(h) Mémoires manufcrits , rédigés © communiqués par M, de Fou-
geroux.
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110 Hrsrorre NATUREILIE :
on les ramollit dans de l’eau chaude, & on les met dans
un moule dont on leur fait prendre aifément la forme,
à l'aide d’une forte prefle de fer; on les polit enfuite,
& on y ajoute les cifelures d’or & d'argent, & les autres
ornemens étrangers avec lefquels on veut en relever
les couleurs.
On prétend que, dans certaines contrées, & parti-
culièrement fur les côtes orientales & humides de
l'Amérique méridionale, le Caret fe plaît moins dans
la mer que dans les terres noyées, où il trouve ap-
paremment une nourriture plus abondante ou plus con-
venable à fes gouts (i).
net raté nent ten entra ne retenir etananree
(2) Note communiquée par M. le Chevalier de W ider/pach , Corref-
pondant du Cabinet du Roi.
€ On dit que les tortues caret fe nourrifent principalement d'une
efpèce de fungus , que les Américains nomment oreille de Juif, 5 Catefby ,
à l'endroit déja cité.
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La PLUPART DES TORTUES MARINES, dont nous
avons parlé, ne s'éloignent pas beaucoup des régions
| équatoriales ; la Caouane n’eft cependant pas la feule
que l’on trouve dans une des mers qui baignent nos
contrées ; on rencontre aufli dans la méditerranée , une
efpèce de ces Quadrupèdes ovipares, qui furpafle même
quelquefois par fa longueur les plus grandes tortues
franches. On la nomme le Luth; elle fréquente de
préférence , au moins dans le tems de la ponte, les
rivages déferts & en partie fablonneux, qui avoifinent
6 à
| C
(a) En latin, lyra.
Rat de mer, € tortue à clin, par les pêcheurs de pluñeurs contrées.
Tortue luth. M. d'Aubenton , Encyclopédie iméthodique.
Teftudo Coriacea. 1. Linn, amphibia reptilia.
Tortue couverte comme de cuir, ou tortue mercuriale. Rondelet à
Hifloire des poiffons. Lyon, 2558.
. Teftudo coriacca Wandell, ad Linn., Patay. 1761. 4.
Feftudo cortacca, Hiff. naturelle des tortues , par M. Schneider:
12 HisTorre NATURELIE «+
les Etats barbarefques ; elle savance peu dans la mer
Adriatique, & fi elle parvient rarement jufqu'à la mer
Noire, c’eft qu’elle doit craindre le froid des latitudes
élevées. Elle eft diftinguée de toutes les autres tortues,
tant marines que terreftres, en ce quelle n'a point
de plaftron apparent. Sa carapace eft placée fur fon
dos comme une forte de grande cuirafle, mais elle
ne sétend pas aflez pardevant & parderrière pour
que la tortue puifle mettre fa tête, fes pattes & fa
queue à couvert fous cette forte d'arme défenfive.
La tortue Luth paroît fe rapprocher par-là des croco-
diles, & des autres grands Quadrupèdes ovipares qui
eft convexe, arrondie dans une partie de fon contour,
mais terminée parderrière en pointe fi aigue & fialongée,
qu'on croiroit voir une feconde queue placée au-deflus
de la véritable queue de l'animal; le long de cette
carapace, s'étendent cinq arêtes aflez élevées, & dont
celle du milieu eft fur-tout très-faillante ; quelques
Naturaliftes ont compté fept arêtes, parce qu'ils ont
compris dans ce nombre les deux lignes qui terminent
la carapace de chaque côté. Cette couverture fupé-
rieure n'eft point garnie d'écailles comme dans les
autres tortues marines ; mais cette efpèce de cuirafle
ainfi que tout le corps, la tête, les pattes & la queue,
eft revêtue d’une peau épaifle, qui, par fa confiftance
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 113
& fa couleur, reflemble à un cuir dur & noir. Auff
Linné a-t-il appellé la tortue Luth, /a tortue couverte
de cuir; & a-t-elle plus de rapport que les autres tortues
marines, avec les lamantins & les phoques dont les
pieds font recouverts d’une peau noirâtre & dure ; le
deflous du corps eft aplati ; les pattes, où plutôt les
nageoires , de la tortue Luth , font dépourvues d'ongles,
fuivant la plupart des Naturaliftes ; mais j'ai remarqué
une membrane en forme d’ongle aux pattes de der-
rière de celle que lon conferve dans le Cabinet du
Roi; la partie fupérieure du mufeau eft fendue de
manière à recevoir la partie inférieure qui eft re-
courbée en haut. Rondelet dit avoir vu une tortue de
cette efpèce prife à Frontignan, fur les côtes du Lan-
guedoc, longue de cing coudées, large de deux, &
dont on retira une grande quantité de graifle ou d'huile
bonne à brûler (4). M: Amoureux, le fils, de la
Société royale de Montpellier, a donné la defcription
d'une tortue de cette efpèce, pêchée au port de Cette,
en Languedoc, & dont la longueur totale étoit de fept
pieds cinq pouces (c). Celle qui a fervi à notre def-
cription , & dont nous rapportons les dimenfions dans la
(3) Rondekt, à l'endroit cité.
(ec) Journal de Phyfique , 1778.
Ovipares | Tome I. p
114 Hrsrorre NATURELLE
note fuivante (4), eft à-peu-près de la même gran-
deur. | Fe
Les tortues Luth n’habitent pas feulement dans la
Méditerranée ; on les trouve auffñi fur les côtes du
Pérou , du Mexique, & fur la plupart de celles d'A-
frique, qui font fituées dans la zone torride (e):il
paroit qu’elles s'avancent vers les hautes latitudes de:
notre hémifphère , au moins pendant les grandes chaleurs.
Le quatre Août, de l’année 1729, on prit, à treize’
“ieues de Nantes, au nord de l'embouchure de la
Loire, une tortue qui avoit fept pieds un pouce de
(4) Dimenfons d'une tortue Luth. FSieds, [pouces lignes.
Longueur totale. .… . . ee de: 3 à
God 3 Short SRE EI Ë ar
Ppatflent.. 5; re
Longueur de la carapace. . .
Largeur de à carapace. .
Longueur du cou & de la tête.
Longueur. des mâchoires. . ..
Grofleur du. cou . « . .
Grand diamètre des yeux. …
Longueur des pattes de devant.
Grofleur des pattes de devant. .
Longueur des pattes de- derrière.
Grofleur des pattes de derrière.
Longueur de la queue. . .
ir
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MON Or mm NN
(e) Mémoires manuftrits , rédigés par M. de Fougeroux..
DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 115
long , trois pieds fept pouces de large & deux pieds
d’épaiffeur. M. de la Font, Ingénieur en chef À Nantes,
€n envoya une defcription à M. de Mairan; tous les
caractères qui y font rapportés, font entièrement coh-
formes à ceux de la tortue Luth, confervée au Cabinet
du Roi; à la vérité, il y eft parlé de dents, qui ne
fe trouvent dans aucune tortue connue ; mais il eft
aifé de prendre pour des dents, les grandes éminences
formées par les échancrures profondes des deux m4-
choires de la tortue Luth ; d’ailleurs la forme & la
pofition de ces éminences répondent à celles des pré-
tendues dents de la tortue péchée auprès de Nantes.
Cette dernière tortue Luth poufoit d’horribles cris, fui-
vant M. de la Font, quand on lui cafa la tête à coup
de crochet de fer, fes hurlemens auroient pu être
entendus à un quart de lieue; & fa gueule écumante
de rage, exhaloit une vapeur très-puante (f).
En 1756, un peu après le milieu de l'été, on prit
auf, une aflez grande tortue Luth, fur les côtes de
Cornouaille, en Angleterre (g). M. Pennant a donné,
ans les tranfactions philofophiques, la defcription &
Ja figure d'une très-petite tortue marine de trois pouces
(Ÿ) Hifloire de l'Académie des Sciences , année 2729.
_ {g) Zoologie Britannique ; Londres 2776, vol. II. | hs
D ro a eh ml à ts Ah
116 Hrsrorre NATURELLE.
trois lignes de long, fur un pouce & demi de
large. Il eft évident, d'après la figure & la def-
cription, que cette très-jeune tortue étoit de l’efpèce
du Luth, & avoit été prife peu de tems après fa
fortie de l'œuf, ainfi que le foupçonne M. Pennant.
Ce Naturalifte avoit vu cette tortue chez un Mar-
chand de Londres, qui ignoroit d'où on l’avoit ap-
portée (A).
La tortue Lurh, eft une de celles que les anciens
Grecs ont le mieux connues , parce qu'elle habitoit
leur patrie : tout le monde fait que dans les contrées
de la Grèce, ou dans les autres pays fitués fur les bords
de la Méditerranée, la carapace d’une grande tortue
fut employée par les inventeurs de la mufique comme
un corps d'inftrument, fur lequel ils attachèrent des
cordes de boyaux ou de métal. On a écrit qu'ils
choifirent la couverture d'une tortue Luth; & telle
fut la première lyre groffière qui fervit à faire goûter
à des peuples peu civilifés encore, le charme d'un
art dont ils devoient tant accroître la puiflance. Auf
la tortue Luth a-t-elle été, pour ainf dire, confacrée
à Mercure, que l’on a regardé comme l'inventeur de
la lyre. Les Modernes l'ont même fouvent , à l’exemple
des Anciens, appellée Lyre, ainfi que Lurh; & ïl
(A) Tranfa“ions philofophiques , année 1772 , vol. 67.
Les anciy
le hab
S CONtré
les boré
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ire goûte
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ce. Auñ
confacrée
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DES QUADRUPÈDES OVFIPARES. 117
convenoit que fon nom rappellât le noble & brillant
ufage que l’on fit de fon bouclier , dans les premiers
âges des belles régions baignées par les eaux de da
Méditerranée. |
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LORLN.E.S
D'EAU DOUCE ET DE TERRE.
LA BOURBEUSE (+).
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Les DIFFÉRENTES TORTUES dont nous avons
déjà écrit l'hiftoire , non-feulement vivent au milieu
des eaux falées de la mer, mais recherchent encore
Peau douce des fleuves qui sy jettent : elles vont aufli
( a) En latin, mus aquatilis.
En Japonois , jogame , ou doogame , ou doocame.
La Bourbeufe. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique,
Teftudo lutaria, 7. Linn., amphib. rept. |
Ray , Synopfis quadrupedum , page 254 ; Teftudo aquarum dulcium ;
feu lutaria. | de SR
Rondelet , Hifloire des poiffons. Lyon » 2548 » Jeconde partie L
page 170. ne k
_ Teftudo lutaria, 9. Schneider,
TITI
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DES QUADRUPÈDES OPFIPARES. ES
ES.
quelquefois à terre, foit pour y dépofer là.
foit pour y paître les plantes qui y croiffent. On ne
peut donc pas les regarder comme entièrement relé-
guées au milieu des grandes eaux de l'Océan; de même
on doit dire œx’aucune des tortues dont il nous refte
à parler, n'habite exclufvement l’eau douce ou les
terrains élevés: toutes peuvent vivre fur la terre , toutes
peuvent demeurer pendant plus ou moins de tems aw
milieu de l'onde douce & de l'onde amère, & lon
ne doit entendre ce que nous avons dit de la demeure
des-tortues de mer, & ce que nous ajouterons de celles
des tortues d’eau douce & des tortues de terre , que’
comme l'indication du féjour qu’elles préfèrent, plutôt
que d’une habitation exclufive. Tout ce qu'on peut af-
furer relativement à ces trois familles de tortues, c’eft:
que Le plus fouvent on trouve la première au milieu des:
eaux falées, la feconde au milieu des eaux douces, la
troifième fur les hauteurs, ou dans les bois; & leur’
habitation particulière a été déterminée par leur con-
formation tant intérieure qu'extérieure, ainfi que par
la différence de la nourriture qu’elles recherchent , &.
qu'elles ne peuvent trouver. que fur la terre., dans les
fleuves ou: dans la mer.
La Bourbeufe eft une des tortues que l’on rencontre.
le plus fouvent au milieu des eaux douces; elle ef
beaucoup plus petite qu'aucune tortue marine, puif--
que fa longueur, depuis: le bout du mufeau jufqu'à:
HirsrTorre NATURELLE
-xtrémité de la queue, n'excède pas ordinairement ji
fept ou huit pouces , & fa largeur trois où quatre. Elle il
eft auf beaucoup plus petite que la tortue terreftre, \n
appellée la Grecque : communément le tour de la | #
carapace eft garni de vingt-cinq lames, bordées de |
ftries légères; le difque left de treize lames ftriées de | ?
même, foiblement pointillées dans le centre , & | | |
dont les cinq de la rangée du milieu fe relèvent en LE.
arête longitudinale. Cette couverture fupérieure eft |
noirâtre & plus ou moins foncée, | | | d
La partie poftérieure du plaftron eft terminée par une | | h
ligne droite; la couleur générale de la peau de cettetortue | | à
tire fur le noir , ainfi que celle dela carapace; les doigts | Fe
{ont très-diftinéts l’un de l’autre, mais réunis par une ù
membrane; il y en a cinqaux pieds de devant, & quatre | d
aux pieds de derrière; le doigt extérieur de chaque piedde Es
devant eft communément fans ongle; la queue eft à-peu- | | di
près longue comme la moitié de la couverture fupé- CS
rieure ; au lieu de la replier fous fa carapace, ainf | | |
que la plupart des tortues de terre, la Bourbeufe la l $
tient étendue lorfqu'elle marche (b); & c'eft de-là |
que lui vient le nom de rat aquatique , mus aquatilis, | :
que les anciens lui ont donné (c); lorfquon la voit LR
(B) Hifloire naturelle des amphibies © des poiffons de la Sardaigne , | | ;
page 12. | | Q |
(ec) Rondeket , à l'endroit déjà cité, F0 | L
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. be)
marcher, on croiroit avoir devant les yeux un lézard
dont le corps feroit caché fous un bouclier plus ou
moins étendu. Ainfi que les autres tortues, elle fait
entendre quelquefois un fiflement entrecoupé.
On la trouve non-feulement dans les climats tem
pérés & chauds de l’Europe (d), mais encore en Afie,
au Japon (e ), dans les grandes [ndes, &c. On la ren-
contre à des latitudes beaucoup plus élevées que les
tortues de mer: on l'a pêchée quelquefois dans les rivières
de la Siléfie; mais cependant elle ne fupporteroit que
très-difiicilement un climat très-rigoureux, & du moins
elle ne pourroit pas y multiplier. Elle sengourdit pen—
dant l'hiver, même dans les pays tempérés. C’eft à terre
qu'elle demeure pendant fa torpeur: dans le Languedoc,
elle commence vers la fin de l'automne à préparer
fa retraite ; elle creufe pour cela un trou, ordi-
nairement de fix pouces de profondeur; elle emploie
plus d’un mois à cet ouvrage. Il arrive fouvent qu'elle
pañle l'hiver fans être entièrement cachée, parce que
la terre ne retombe pas toujours fur elle, lorfqw’elle
À - +
(d) Elle eft en très-grand nombre dans toutes les rivières de la
Sardaigne, Hifloire naturelle des amphibies & des poiffons de ce Royaurne,
par M. François Cette. À Saffäri, 2777, page 22.
(e) Hifloire générale des Voyages, Tome 40, pige 382, édition
an - 12. |
Ovipares , Tome I. Q
Le
Histoire NATURELLE
‘Dlat£e au fond de fon trou. Dès les premiers
jours du printems elle change d'afyle; elle pañle alors
la plus grande partie du tems dans l'eau; elle sy tient
fouvent à la furface, & fur-tout lorfqu'il fait chaud,
& que le foleil luit. Dans l'été, elle eft prefque toujours
à terre. Elle multiplie beaucoup dans plufieurs endroits
aquatiques du Languedoc, ainfi qu'auprès du Rhône,
dans les marais d'Arles, & dans plufieurs endroits de
la Provence (f). M. le Préfident de la Tour d'Aygue,
dont les lumières & le goût pour les Sciences naturelles
font connus , a bien voulu m’apprendre qu’on trouva une
fi grande quantité de tortues Bourbeufes dans un marais
d'une demi-lieue de furface, fitué dans la plaine de
la Durance, que ces animaux fufhrent pendant plus
de trois mois à la nourriture des payfans des environs.
Ce n’eft qu'à terre que la Bourbeufe pond fes œufs;
elle les dépofe , comme les tortues de mer, dans un
trou qu'elle creufe, & elle les recouvre de terre ou
de fable; la coque en eft moins molle, que celle des
œufs des tortues franches, & leur couleur eft moins
uniforme. Lorfque les petites tortues font éclofes, elles
n'ont quelquefois que fix lignes ou environde largeur (g).
#ë
(f) Ces faits m'ont été communiqués par M. de Touchy, de la
Société royale de Montpellier.
(-g) Note communiquée par M. le Préfident de la Tour d Aygue.
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La Bourbeufe ayant les doigts des pieds pl Ïss |
& une charge moins pefante que la plupart des tortues,
& fur-tout que la tortue terreftre , appellée la Grecque,
il n’eft pas furprenant qu'elle marche avec bien moins
de lenteur lorfqu’elle eft à terre, & que le terrain eft
uni,
Les Bourbeufes, ou les tortues d'eau douce propre-
ment dites, croiflent pendant très-long-tems, ainfi que
les tortues de mer; mais le tems qu'il leur faut pour
atteindre à leur entier développement eft moindre que
celui qui eft néceffaire aux tortues franches, attendu
qu’elles font plus petites: auf ne vivent es pas fi
D Ai On a cependant obfervé que lorfqu'elles
n'éprouvent point d’accidens, elles parviennent jufqu'à
l’âge de quatre-vingts ans & plus;.& ce grand nombre
d'années ne prouve-t-il pas la longue vie que nous
avons cru devoir attribuer aux grandes tortues de
mer ? | |
Le goût que la tortue d’eau douce a pour les Érnègoes,
pour les vers, & pour les infectes dépourvus d'ailes qui
habitent les rives qu’elle fréquente, ou qui vivent fur
la furface des eaux, l’a rendue utile dans les jardins,
qu’elle délivre d'animaux nuifibles, fans y caufer aucun
dommage. On la recherche d’ailleurs à caufe de lufage
qu’on en fait en médecine, ainfi que de quelques autres
tortues : elle devient comme domeftique ; on la conferve
Qi
124. <> «Hrsrorrs : NATURELLE
dans des baffins pleins d’eau, fur les bords defquels on 41 f
a foin de mettre une planche qui s'étende jufqu’au fond, |
quand ces mêmes bords font trop efcarpés , afin qu'elle | Ï
puifle fortir de fa retraite, & aller chercher fa petite 108 À
proie. Lorfque l’on peut craindre qu’elle ne trouve pas |
une nourriture aflez abondante, on y fupplée par du |
fon & de la farine. Au refte, elle peut, comme les |
autres Quadrupèdes ovipares, vivre pendant long-tems |
fans prendre aucun aliment, & même quelque tems |
après avoir été privée d'une des parties du corps qui l
paroïflent le plus effentielles à la vie, après avoir ew |
2 la tête coupée. (A) - |
Autant on doit la multiplier dans les jardins que 1
lon veut garantir des infectes voraces, autant on doit |
l'empêcher de pénétrer dans les étangs & dans les autres | | |
endroits habités par les poiflons. Elle attaque même, | |
dit-on, ceux qui font d’une certaine groffeur ; elle les Un
- faifit fous le ventre; elle les y mord, & leur fait des | |
bleflures affez profondes, pour qu'ils perdent leur fang,
& s'affoibliflent bientôt; elle les entraîne alors au fond '
de l’eau, & elle les y dévore avec tant d’avidité , qu’elle |
n'en laïffle que les arêtes , & quelques parties cartila= 7 su
gineufes de la tête : elle rejette aufh quelquefois leur
(AR) Ray, Synopfs animaliume, Londres , 1693, pag 254
LA SM
dins que
on doit
lesautres
» même,
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eur fans,
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dis
an
Là
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 125
veffie aérienne, qui s'élève à la furface de Peau, &
par le moyen des veflies à air, que l'on voit nager fur
les étangs, l’on peut juger que le a eft habité par
| : des tortues bourbeufes.
126 Hrsrorre NATURELLE
LA RONDE LE
C’Esr dans l'Europe méridionale, fuivant M. Linné,
que l'on trouve cette tortue: fa carapace eft prefque
entièrement ronde, &- c’eft ce qui lui a fait donner le
nom d'orbiculaire. Les bords de cette carapace font re-
couverts de vingt trois lames, dans deux individus
confervés au Cabinet du Roi, & le difque left de treize.
Ces lames font très-unies , & leur couleur , affez claire,
eft femée de très-petites taches roufles, plus ou moins
foncées. Le plaftron eft échancré parderrière, & recou-
vert de douze lames. Le mufeau fe termine par üne
pointe forte & aigue, en forme de très-petite corne.
La queue eft trés-courte. Les pieds font ramañés,
arrondis ; & les doigts réunis par une membrane coms
mune, ne font , en quelque forte, fenfibles que par
des ongles aflez forts & aflez longs. Ces ongles font
+
(a) La Ronde. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique,
Teftudo orbicularis, 5. Linn. amphib, rept,
Teftudo europæa, 5, Schneider.
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DES QUADRUPÈDES ÉPIRARES, 12%
au nombre de cinq dans les pieds de devant, & de
quatre dans les pieds de derrière. La tortue Ronde.
habite de préférence au milieu des rivières .& des
marais, @& fes habitudes doivent reflembler plus ou
moins à celles de la Bourbeufe, fuivant le plus ou
moins d'égalité de leurs forces. se.
On rencontre les tortues Rondes, non-feulement
dans les pays Méridionaux de l'Europe, mais encore
en Prufle (b): les Payfans de ce Royaume les pren-
nent & les gardent dans des vaiffleaux, qui contien-
nent la nourriture deftinée à leurs cochons; ils penfent
que ces derniers animaux sen portent mieux & en
engraiflent davantage ; les tortues Rondes vivent quel-
quefois plus de deux ans dans cette forte d'habitation
extraordinaire (c).
Il fe pourroit que la Ronde parvint à une grandeur
un peu confidérable, malgré la petite taille des deux
individus que nous avons décrits, & qui n'ont pas plus
de trois pouces neuf lignes de de dun totale , fur
deux pouces cinq lignes de largeur, parce que ces
deux petites tortues préfentent tous les fignes du pre-
mier âge & d'un développement très-peu avancé. Si
/
(b) Ichthyologia , cum amphibiis regni Boruffici methodo linnæana
difpofita à Johan. Chrifloph. Wulf.
(c) Wulff, ouvrage déjà cité.
120 Hisrorre NATvrEsrrz
cela étoit, nous ferions tentés de la regarder comme
une variété de la Terrapène , dont nous allons parler.
Mais, jufquà ce que nous ayons recueilli un plus
grand nombre d'obfervations , nous les féparerons l’une
de l’autre. | | |
Les petites tortues Rondes, que nous avons exa= |
minées, nous ont préfenté un fait intéreflant : les
avant-dernières pièces de leur plaftron étoient féparées
& laïifloient pafler la peau nue du ventre, qui for-
moit une efpèce de poche ou de gonflement plus con-
| fidérable dans l’une que dans l’autre, & au milieu
M duquel on diftinguoit, dans une fur-tout, l’origine du
cordon ombilical. Nous invitons les Naturaliftes à re-
marquer fi, dans les autres efpèces, les très-jeunes tor- |
tues prélentent cette fciflure du plaftron, & cette |
_ marque d'un âge peu avancé. L'on a obfervé dans
le crocodile & dans quelques lézards, un fait analogue
que l’on retrouvera peut-être dans un trèsgrand nom-
bre de Quadrupèdes ovipares.
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LA TERRAPÈNE
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LA TERRAPÈNE (4).
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Nous CQNSERVONS à cette tortue de marais ou
d'eau douce, le nom de Terrapène qui lui a été donné
par Brown. On la trouve aux Antilles, & particuliè-
rement à la Jamaïque ; elle y eft très-commune dans
les lacs & dans les marais où elle habite parmi les
plantes aquatiques qui y croiflent. Son corps, dit
Brown , eft en général , ovale & comprimé; fa lon-
gueur excède quelquefois huit ou neuf pouces. Sa
chair eft regardée comme un mets aufli fain que dé-
cat. (6),
Il paroît que cette tortue. eft la même que celle
que Dampier a cru devoir. nommer hécate. Suivant ce
Voyageur, cette dernière aime en effet l’eau douce;
elle cherche les étangs & les lacs, d’où elle va rare-
ment à terre. Son poids eft de douze ou quinze livres.
( a) The Terrapin, teftudo quarta minima lacuftris, unguibus pal-
marum quinis, plantarum quaternis, tefta depreffa, Broipr, Hi ff, nat.
de la Jamaïque , page 466.
(5) Brown , à l'endroit déjà cite,
Ovipares, Tome Ï, | + H
129 HisrorrEe NATURELLE
Elle a les pattes courtes, les pieds plats, le cou long
& menu. Sa chair eft un fort bon aliment (c). Tous
ces caractères femblent convenir à la Terrapène.
(c) Dampier, Tome 2.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 121
F osemmenenes names Donrnamven comments DE ASCARS Peur OSREREOR DIR LORR AE EER €
4 ses atmnsesnen frames sunmnes-haneloumnéese) k F rm É
LA SERPENTINE («)
ÎL EST AISÉ de diftinguer cette tortue de toutes
les autres, par la longueur de fa queue, qui égale
prefque celle de la carapace. Cette couverture fupé-
rieure eft un peu relevée en arête longitudinale, &
comme découpée parderrière en cinq pointes aigues
Les doigts des pieds font peu féparés les uns des
autres. La Serpentine habite au milieu des eaux
douces de la Chine.
Il paroît que fes mœurs fe rapprochent de celles
de la Bourbeufe; & que non-feulement elle détruit
les infectes, mais encore qu'elle fe nourrit de poiflons.
(a) La tortue ferpentine, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique:
Teftudo ferpentina 15. Linn, amphib. rept
TFeftudo ferpentina, 8. Schneider.
LT
R ÿ
LEA ROUGEATRE.
Nous DONNONS ici la notice d’une tortue envoyée
de Penfylvanie, fous le nom de tortue de marais, &
décrite par M. Edwards (a). Le bout de fa queue eft
garni d'une pointe aigue & cornée comme celles de
plufeurs tortues Grecques & de la tortue Scorpion.
Ses doigts font réunis par une membrane. Sa couleur
générale eft brune, mais les lames qui garnifflent fes
côtés, & les écailles qui recouvrent le tour de fes
mâchoires & de fes yeux, font d'un jaune rougeûtre
- que lon retrouve aufñ fur fon plaftron.
(a) Glanures de l'Hifloire naturelle , par Georges Edwards. Lôndres ,
8764 , Jeéconde parrie, chap. zx x y 17, planche 287.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 133
LA TORTUE SCORPION (a).
C'EsT à Surinam qu'habite cette tortue ; fa carapace
eft ovale , d’une couleur très-foncée & relevée fur le
dos par trois arêtes longitudinales; le difque eft garni
de treize lames, dont les cinq du milieu font très-
_ alongées, & on en compte communément vingt-trois
{ur les bords: douze lames recouvrent le plaftron, qui
neft prefque point échancré; la tête eft couverte par-
devant d’une peau calleufe, qui fe divife en trois lobes
{ur le front. La tortue Scorpion a cinq doigts à chaque
pied ; ils font un peu féparés, & garnis d'ongles, excepté
les doigts extérieurs des pieds de derrière: mais ce qui
lui a fait impofer fon nom , & ce qui fert à la faire re-
connoitre , c'eft une arme dure , en forme de corne ou
d’ongle crochu , qu’elle porte au bout de la queue, &
qui a une forte de refflemblance avec laiguillon du
{corpion. M. Linné a fait connoître cette tortue, dont
mets
(a) La tortue fcorpion. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Teftudo fcorpioides, 8. Linn. armplub. rept,
Teftudo fimbriata, 12. Schneider,
134 HISTOIRE NarTureiie
on conferve au Cabinet du Roi plufieurs carapaces &
Platrons. Ils ont été envoyés comme ayant appartenu
à une petite tortue de marais qui habite dans les favanes
noyées de la Guiane , & qui ne parvient jamais à une
taille plus conftiérable que celle qui eft indiquée par
les couvertures envoyées au Cabinet du Roi: les plus
grandes de ces carapacesont fix ou fept pouces de longueur,
fur quatre ou cinq de largeur. Voilà donc une efpèce
de tortue d’eau douce ou de marais, dont la queue eft
garnie d’une callofité; nous remarquerons un caractère
prefque femblable dans plufeurs tortues grecques ou
tortues terreftres proprement dites, & particulièrement
dans celles qui ont atteint leur entier développement.
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Nous Avons vu vivans plufieurs individus de cette
efpèce de tortue d'eau douce, qui n’a encore été décrite
par aucun des Naturaliftes dont les ouvrages font le
plus répandus. Onlesavoit fait venir d'Amérique dans des
baquets remplis d’eau, pour les employer dans divers
remèdes. Cette jolie tortue parvient ordinairement à
une grandeur double de celle des tortues Bourbeufes.
Une carapace qui avoit appartenu à un individu de cette
efpèce, & qui fait partie de la colletion du Roi, a
{ept pouces neuf lignes de longueur. La tortue jaune
eft agréablement peinte d’un vert d'herbe un peu foncé,
& d'un jaune qui imite la couleur de lor. Ces couleurs
règnent non-feulement fur fa carapace, mais encore
fur fa tête, fes pattes, fa queue & tout fon corps. Le
fond de la couleur eft vert, & c’eft fur ce fond agréable
que font diftribuées un très-grand nombre de très-petites
taches d'un beau jaune, placées fort près les unes des
autres, fe touchant en quelques endroits, imitant ailleurs
des rayons par leur difpofition, & formant par-tout
un mélange très-doux à la vue; le difque eft ordinaire
ment recouvert de treize lames, & les bords de la
126 Histoire NAaTurEzzE
carapace le font de vingt-cinq. Le plaftron eft garni de
douze lames, & la partie poftérieure de cette couver-
ture eft terminée par une ligne droite, comme dans la
Bourbeufe , avec laquelle la Jaune a beaucoup de rap-
ports. La forme générale de la tête eft agréable ; les
pattes font déliées ; les doigts un peu réunis par une
membrane, & armés chacun d’un ongle long, aigu &
crochu. La queue eft menue, & prefque auffi longue
que la moitié de la carapace; lorfque la tortue marche,
clle Ta porte droite & étendue comme la Bourbeufe.
Elle fe meut avec moins de lenteur que les tortues de
terre, & elle eft auf agréable à voir par la nature de
fes mouvemens, que par la beauté de fes couleurs.
Lorfqu’elle va s'accoupler , elle fait entendre un petit
gémiffement ,un petit cri d'amour. Un individu de cette
efpéce a été envoyé au Cabinet du Roi fous le nom
de tortue terreftre, Ce qui a pu induire en erreur, c’eft
que toutes les tortues d’eau douce paffentune très-grande
païtie de l’année à terre, ainfñi que nous l'avons dit
de la Bourbeufe, On ne la rencontre pas feulement
en Amérique ; on la trotve encore dans l’Ifle de AL
cenfion, d'où il eft arrivé un individu de cette efpèce
au Cabinet du Roi: elle habite auffi dans les eaux douces
de l'Europe, & n'y varie que par fes couleurs, qui
font quelquefois moins vives. |
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EST
Cerre TORTUE eft la plus grande des tortues d’eau
douce ; fa taille approche de celle des petites tortues
marines. M. Pennant eft le premier qui en ait parlé (6);
il avoit reçu cet animal de là Caroline méridionale.
Le Docteur Garden, à qui on avoit Es a deux indi-
vidus de cette efpèce, en avoit envoyé un à M. Ellis,
& lautre à M. Pennant. Cette tortue fe trouve os
les rivières du fud de la Caroline: on y appelle tortue
à écailles molles ; mais comme elle n’a point d’écailles
proprement dites, nous avons préféré de l’appeller fim-
plement la Molle. Elle habite en grand nombre dans
les rivières de Savannah & d'Alatamaha; & Pon avoit
dit à M. Garden qu'elle étoit aufi très-commune dans
la Floride orientale. Elle parvient à une grandeur con-
fidérable, & pèfe quelquefois jufqu'à foixante-dix fivres.
om ,
(a) TT obtiis cartilaginea , Petri Bodduert , epiflola de, tefudine
cartilaginea, ex rufeo Joan. Albert Schlofferi. Amflerd: 1772.
Teftudo ferox, 6 Schneider. .
(b) Tranfaéions baie. » ONRCE. LUE .3oi. 6.
Ovipares, Tome I. | ; 5 : S
HirsTorrEe NATUREIIE
Une de celles que M. Garden avoit chez lui, pefoit
de vingt-cinq À trente livres: ce Naturalifle la garda
près de trois mois, pendant lefquels il ne s’apperçut
pas qu'elle eût rien mangé d’un grand nombre de chofes
qu'on lui avoit préfentées.
La carapace de cet individu avoit vingt pouces de
long, & quatorze de large ; la couleur générale en
étoit d’un brun foncé, avec une teinte verdûtre; le
milieu de cette couverture fupérieure, étoit dur, fort
& offleux; mais les bords, & particulièrement la partie
poftérieure étoient cartilagineux, moux, plians, reflem-
blant à un cuir tané, cédant aux impreflions dans tous
les fens, mais cependant aflez épais & aflez forts , pour
défendre & garantir l’animal. Cette carapace étoit cou-
verte vers la queue de petites élévations unies & ob-
longues, & vers la tête, d'élévations un peu plus
grandes. |
Le plaftron étoit d'une belle couleur blanchôtre; il
étoit plus avancé de deux à trois pouces que la carapace,
de teile forte que, lorfque l'animal retiroit fa tête, il
pouvoit la repofer fur la partie antérieure, qui étoit
pliante & cartilagineufe. La partie poftérieure du plaf-
tron étoit dure, offeufe, relevée & conformée de manière
à repréfenter, felon M. Garden, une /élle de cheval.
La tête étoit un peu triangulaire & petite, relati-
vement à la grandeur de l'animal; elle s’élargifloit du
côté du cou, qui étoit épais, long de treize pouces &
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 139
2h mé : .
le k ‘ demi, & que la tortue pouvoit retirer facilement fous
1e ie la carapace. re
bre deg, | Les yeux étoient placés dans la partie antérieure
& fupérieure de la tête, affez près l’un de l’autre ;
x pou les paupières étoient sans & mobiles; la prunelle
4 étoit petite, & l'iris entièrement rond, & d’un jaune
Fe très-brillant, faifoit paroître les yeux très-vifs. Cette
Verdi) tortue avoit une membrane clignotante, qui fe fermoit
to dus lorfqu'elle éprouvoit quelque crainte , ou qu’elle s’en-
EME dormoit. ee. |
ins,rele La bouche étoit fituée dans la partie inférieure de
ons anse _ Ja tête, ainfñ que dans les autres tortues: chaque màchoire
z'forts pu _ étoit d’un feul os: mais un des caractères les plus parti-
41:10 culiers à cette tortue, étoitla forme & la poftion de fes
inieséce narines. Le deflus de la mâchoire fupérieure fe terminoit
n peu pl par une produétion cartilagineufe un peu cilindrique,
:__ Îlongue au moins de trois quarts de pouce, reflemblant au
anche; groin d'une taupe , mais tendre, menue &-un peu-tran{-
TT parente; à l’extrémité de cette production étoient placées
Rte les ouvertures des narines qui s'ouvroient aufli dans
Li le palais. 24 An
# je | Les pattes étoient épaiffes & fortes; celles de devant
ne” 4 avoient cinq doigts, dont lestrois premiers étoient plusforts,
née le : plus courts que les deux autres, & garnis d'ongles crochus.
Lis ; À la fuite du cinquième doigt, étoient deux efpèces de
prit L faux doigts, qui fervoient à étendre une affez grande
sup Si
on hs bee > MR RE TE 2
140 HISTOIRE NATURELLE
membrane qui les réunifloit tous. Les ee de derrière
étoient conformées de même, exceptéqu'iln'yavoit qu'un
faux doigt, au lieu de deux : elles étoient, ainfñ que
celles de devant, recouvertes d’une peau ridée, d’une
couleur verdâtre & fombre. La tortue molle a rase
de force; & comme elle eft farouche, il arrive fouvent
que lorfqu’elle eft attaquée, elle fe lève fur fes pattes,
séance avec furie contre fon ennemi, & le mord avec
violence.
La queue de l'individu apporté à M. Garden étoit
grofe , large & courte. Cette tortue étoit femelle; elle
pondit quinze œufs , & on en trouva à-peu-près un pareil
nombre dans fon corps lorfqu'elle fut morte : ces œufs
étoient parfaitement ronds, & à-peu-près d'un pouce
de diamètre.
La tortue Molle eft très-bonne à manger; & l'on
dit même que fa chair eft plus délicate que celle de
la tortue franche.
Nous préfumons qu'à mefure que l’on connoîtra
mieux les animaux du nouveau continent , on retrouvera
dans plufeurs rivières de l'Amérique, tant feptentrionaie
que méridionale, la tortue Molle que lon a vue dans
celles de la Cible & de la Fioride. Pendant que
M. le Chevalier de Widerfpach , Correfpondant du
Cabinet du Roi, étoit fur es bords de lOyapock dans
l'Amérique méridionale, fes nègres lui apportérent la
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à conne
p retrouié
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 141
tête & plufieurs autres parties d’une tortue d’eau douce
qu'ils venoient de dépecer, & qu'ila cru reconnoître
depuis dans la tortue Molle, dont M. Pennant a publié
la defcription.
HisToirrEe NATURELLE
em DRE ONE LOL ADN Roanne
LA GRECQUE,
ou LA TORTUE DE TERRE COMMUNE (a).
grrr rt qe me ere quete amp meer
ne À
Ox NOMME ainf la tortue terreftre la plus commune
dans la Grèce, & dans plufeurs contrées tempérées de
l'Europe. On l’a, pendant très-long-tems,appellée fimple-
ment tortue cerreftre ; mais comme cette épithètene défigne
que la nature de fon habitation , qui eft la même que
celle de plufieurs autres efpèces, nous avons préféré la
dénomination adoptée par les Naturaliftesmodernes.On la
rencontre dans les bois, & fur les terres élevées; il n’eft
perfonne qui ne lait vue, ou qui ne la connoiffe de nom;
depuis les anciens jufqu'à nous, tout le monde a parlé de
fa lenteur: le philofophe s’en eft fervi dans fes raifonne-
mr EE
(a) En grec, sai XEpoaÏ de.
En Languedoc, tourtuga dé Garriga.
En Japonois , Ificame ou Sanki.
La Grecque. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Ray , Synopfs animalium , page 253, Londres, 1693. Teftudo
terreftris vulgaris. :
Linn. fyflema nature, édit. XIIT, page 352. Teftudo græca pedibus
fubdigitatis, tefta poitice gibba, margine laterali obtulffimo fcutellis
planiufculis. |
Tefludo græca, 16. Schneider,
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Délire del ;
LA GRECQUE 2 grandeur d'un quart de lature..
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 143
mens , le poëte dans fes images, le peuple dans fes pro-
verbes. La tortue grecque peut, en effet, paifer pour un des
plus lents des Quadrupèdes ovipares. Elle emploie beau-
coup de tems pour parcourir le plus petit efpace: mais ft
elle ne s'avance que lentement, les mouvemens des
diverfes parties de fon corps font quelquefois aflez
agiles ; nous lui avons vu remuer la tête, les pattes
& la queue, avec un peu de vivacité. Et même ne
pourroit-on pas dire que la pefanteur de fon bouclier,
Ja lourdeur du poids dont elle eft chargée, & la po-
fition de fes pattes placées trop à côté du corps, &
trop écartées les unes des autres, produifent prefque
feules la lenteur de fa marche? Ellé a en effet ie
fang aufli chaud que plufieurs Quadrupèdes ovipares
qui sélancent avec promptitude jufques au fommet
des arbres les plus élevés; & quoique fes doigts ne
foient pas féparés, comme ceux des lézards qui courent
avec vitefle, ils ne font cependant pas conformés de
manière à lui interdire une marche facile & prompte.
Les tortues Grecques reflemblent, à beaucoup d'é-
gards, aux tortues d’eau douce; leur taille varie beau-
coup , fuivant leur âge & les Pays qu'elles habitent ;
il paroît que celles qui vivent fur les montagnes, font
plus grandes que les tortues de plaine. Celle que nous
avons décrite vivante, & que nous avons mefurée en
{uivant la courbure de la carapace, avoit près de qua-
torze pouces de longueur totale, fur près de dix de
. n cb à
TE 227 a un — - Lie
anna nrn din ais pate rm vi ctinet de
à 2 oh nr ms ct iv ds
144 Hrsrorrx NATUR&ZIE
largeur. La tête avoit un pouce dix lignes de long, fur
un pouce deux lignes de largeur & un pouce d'épaif-
feur. Le deflus en étoit aplati & triangulaire. Les
yeux étoient garnis d'une membrane clignotante ; la
paupière inférieure étoit feule mobile, ainñ que l'a
dit Pline, qui a appliqué faufflement aux crocodiles
& aux Quadrupèdes ovipares en général, cette con-
formation que nous avons obfervée dans la tortue Grec-
que. Les mâchoires étoient très-fortes & crénelées ; &
Pinsçéaieusé en étoit garni d’afpérités que l’on a prifes
fauflement pour des dents. La peau recouvroit les trous
auditifs; la queue étoit très-courte; elle n'avoit que
deux pouces de longueur. Les pattes de devant
avoient trois pouces fix lignes jufqu’à l'extrémité des
doigts; & celles de derrière deux pouces fix lignes.
Une peau grenue, & des écailles inégales, dures &
d'une couleur plus ou moins brune, couvroient la
ête , les pattes & la queue. Quelques-unes de ces
écailles qui garnifloient l'extrémité des pattes étoient
aflez grandes, aflez détachées de la peau & aflez
aiguës pour être confondues au premier coup - d'œil
avec des ongles. Les pieds étoient ramañlés, & comme
ils étoient réunis & recouverts par une membrane,
on ne pouvoit les diftinguer que par les ongles qui les
termincient (b). |
(8) Il cf bon d’obferver que, d’après cette conformation, M. Linné
Les ongles
D à pils
les trois
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devant
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coup-É
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 145
Les ongles des tortues Grecques font communément
plus émouffés que ceux des tortues d’eau douce , parce
que la Grecque les ufe par un frottement … con-
tinuel, @& par une preflion plus forte. Lorfqw’elle
histène , elle frotte les ongles des pieds de devant
féparément & lun après l’autre contre le terrain ;
en forte que lorfquelle pofe un des pieds de
devant à terre , elle appuie d’abord fur l’ongle
intérieur , enfuite fur celui qui vient après, & ainfi
fur tous fucceflivement jufqu'à l’ongle extérieur : fon
pied fait, en quelque forte , par-là l’effet d’une roue ;
comme fi la tortue cherchoit à élever très - peu fes
pattes, & à savancer par une fuite de petits pas
fuccefifs, pour éprouver moins de réfifiance de la
part du Doit qu elle traîne. Treize lames, ftriées dans
leur contour, recouvrent la carapace ; ie bords font
garnis de vingt-quatre lames, toutes, & fur-tout celles
de derrière, beaucoup plus nties en proportion que
dans la plupart des autres efpèces de tortues; & par
la manière dont elles font placées les unes te
#
_n'auroit pas dù employer l'expreffion pedes Sübdigitati , dont il s'eft
fervi pour défigner les pieds de la grecque ; cette remarque a déjà été
faite par M. François Cette, dans fon hiftoire naturelle des Amphibies
&-4s Palo dt Sardaigne, : imprimée à Safari, en 1777, page 8.
Ovipares, Tome I. T
146 Hisrorre NATUREITE
ment aux autres, elles font paroïître dentelée la cir-
confrence de la couverture fupérieure. Le plafiron
cft ordinairement revêtu de douze ou treize lames;
äl y «en avoit treize dans-celle.que nous avons décrite,
Lies lames, qui recouvrent la carapace , font marbrées
de deux couleurs, l'une plus ou moins foncée, &
d'autre blanchâtre. |
La couverture fupérieure de la Grecque ef très
bombée ; l'individu que nous avons décrit avoit quatre
pouces trois lignes d'épaifleur ; & c’eft ce qui fait que
lorfqu’elle eft renverfée ur le dos, elle peut reprendre
_fa première fituation , & ne pas refter en proie à {es
ennemis, comme :les tortues franches. Ce neft pas
feulement à laide de fes pattes qu'elle s'eflorce de
fe retourner; elle ne ‘peut pas aflez les écarter pour
atteindre jufqu’à terre : elle fe fert uniquement de fa
tête & de fon cou, avec lefquels elle s'appuie forte-
ment contre le terrain, cherchant, pour ainf dire, à
fe foulever, &»fe balançant à droite .& à gauche
jufqu'à ce qu'elle sait trouvé Je côté du terrain qui
eft le plus incliné, & qui lui oppofe le moins de ré-,
fiftance. Alors, au dieu de faire des efforts dans les
deux fens, elle ne cherche plus qu'à fe renverfer du
côté favorable, & à fe retourner affez pour rencontrer
la terre avec fes pattes, & fe remettre entièrement
fur fes pieds. Il paroît qu'on peut difinguer les mâles
que efti
avoit qu
e qui at
at repreu
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 147
d'avec les femelles, en ce que celles-ci ont leur
plaftron prefque plat, au lieu que les mâles l’ont plus
ou moins concave (c).
L'élément dans lequel vivent les tortues de mer
& les tortues d'eau douce, rend leur charge plus lé
gère, car tout le monde fait qu'un corps plongé dans
Veau perd toujours de fon poids; mais celle des tor-
tues de terre n’eft pas ainfi diminuée. Le fardeau que
la Grecque fupporte eft donc une preuve de la force
dont elle. jouit : cette force eft d'ailleurs confirmée
par la grande facilité avec laquelle elle brife dans
fa gueule des corps très-durs; fes mâchoires font mues
par des mufcles fi vivaces. que l’on a remarqué dans
une petite tortue, dont la tête avoit été coupée une
demi - heure auparavant | qu’elles claquoient encore
avec un bruit aflez fenfible; &, dès le tems d’Ariftote :
on regardoit la tortue comme: l'animal qui avoit en
proportion le plus de force dans les mâchoires.
Mais ce fait n’eft pas le feul phénomène remarquable
que les tortues Grecques préfentent relativement à la
difficulté que l'on: éprouve: lorfqu'on: veut ôter la vie
aux Quadrupèdes ovipares. François Redi à fait à ce
fujet, en Tofcane:, desexpériences-dont nous allonsrap-
# | " ,
(ce) Hifloire naturelle des Amphibies 6 des: Poiffons: de Lx Sardaigne ; j
par M. François Cette, page: 10.
Ti
| - M . der. naar bles a M fiat
he mm a dm + à
ge no à mar mt . = S
140. _Hirsrorre Narurserrz
porter les principaux réfultats (d). I prit une tortue
Grecque au commencement du mois de Novembre ; il
fit une lai rge ouverture dans le crâne, & en enleva
la cervelle, fans en laifler aucune bortioh dans la cavité
qui la contenoit, & qu ‘il nettoya, pour ainf dire, avec
foin. Dès le moment que la cervelle fut actes les
yeux de la tortue fe fermèrent pour ne plus fe rouvrir:
mais l’animal ayant été mis en liberté, continua de
fe mouvoir, & de marcher comme s'il n'avoit reçu
aucun mal. À la vérité il ne s’avançoit , en quelque
forte, qu'entâtonnant, parce qu'il ne voyoit plus. Après
trois jours, une nouvelle peau couvrit l'ouverture du
crâne , & la tortue vécut aïinfi, en exécutant tous fes
mouvemens ordinaires jufqu'au milieu du mois de Mai,
c’eft-à-dire, à-peu-pres pendant fix mois. Lorfqu'elle
fut morte, Redi examina la cavité du crâne d'où il
avoit Ôté la cervelle, &il n’y trouva qu’un petit grumeau
de fang fec & noir; il répéta cette expérience fur
plufieurs tortues, tant terreftres que d'eau douce, &
même de mer; & tous ces divers animaux vécurent
fans cervelle pendant un nombre de jours plus ou moins
confidérable. Redi coupa enfuite la tête à une groffe
tortue Grecque , & après que tout le fang qui pouvoit
(d) Oférvazioni di Franafto Red, intorno Agli animali viventi ;
che fi trovano negli animali viventi. Napoli , 1687, page 126.
%,
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| dite
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Le roi
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verture:
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grue
rience À
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 149
s'écouler des veines du cou fe fut épanché , la tortue
continua de vivre pendant plufeurs jours, ce dont il
fut facile de s'appercevoir par les mouvemens qu'elle
fe donnoit , & la manière dont elle remuoit les pattes
de devant & celles de derrière. Ce grand Phyficien
coupa auffi la tête à quatre autres tortues, & les ayant.
ouvertes douze jours après cette opération, il trouva
se leur cœur palpitoit encore ; que le fang qui reftoit
à l'animal y entroit & en fortoit, & par oué
que la tortue étoit encore en vie. Ces expériences,
qui ont été depuis répétées par plufeurs Phyficiens,
ne prouvent-elles pas ce que nous avons déjà dit de
la nature des Quadrupèdes ovipares (e)?
La tortue Grecque fe nourrit d'herbes, de fruits,
& même de vers, de limaçons & d’infectes : mais comme
elle n’a pas l’habitude d'attaquer des animaux qui aient
du fang, & de manger des poiflons comme la Bourbeufe
que l’on trouve dans les fleuves & dans les marais, où la
Grecque ne va point, les mœurs de cette tortue de terre
font affez douces; elle eftauff paifble que fa démarche
eft lente; & la tranquillité de fes habitudes en fait aifé-
ment un animal domeftique, que lon peut nourrir
avec du fon & de la farine, & que l’on voit avec
(e) Voyez à la tête de ce volume le difcours fur la nature des
Quadrupèdes ovipares.
\
Éso Hrsrorre NAaTuRærtE
plaifir dans les jardins, où elle détruit les infectes
nuifibles. |
Comme les autres tortues, & tous les Quadrupèdes
ovipares, elle peut fe pafler de manger pendant très-
long-tems. Gérard Blafius garda chez dui une tortue de
terre, qui, pendant dix mois, ne prit abfolument aucune
cfpèce denourriture ni de boiflon. Elle mourut au bout
de ce tems; mais elle ne périt pas faute d'alimens, puif-
qu'on trouva fes inteftins encore remplis d'excrémens,
les uns noirâtres, & les autres verts & jaunes : elle
fuccomba feulement à la rigueur du froid (f).
Les Tortues Grecques vivent très - long - temps :
M. François Cette en a vu une en Sardaigne qui
pefoit quatre livres, & qui vivoit depuis foixante ans
dans une maifon, où on la regardoit comme un vieux
domeftique (g). Aux latitudes un peu élevées, les
Grecques pañlent l’hiver dans des trous fouterrains ,
qu'elles creufent même quelquefois, & où elles font
plus où moins engourdies, fuivant la rigueur de la faifon.
Elles fe cachent ainfi en Sardaigne vers la fin. de No-
vembre (#4).
_ (f) Obfervations anatomiques de Gérard Blafius , page 64.
(g) Hifloire naturelle des Amphibies & des Poiffons de la Sardaigne ,
past 9-
{h) Tdem , ibidem.
is DES QUADRUPÈDES OVIPARES, IS]
Elles fortent de Jeur retraite au printems; & elles
A s'accouplent plus ou moins de tems après la fin de
: x LE 5 )
tt leur torpeur , fuivant la température des pays qu elles
habitent : on a écrit & répété bien des fables (i)
de. touchant l’accouplement de ces tortues, l’ardeur des
. mâles, des craintes des femelles, &c. La feule chofe
nn que l’on auroit dû dire, c'eft que les mâles de cette
spé | efpèce , ont reçu des organes très-grands pour la pro-
mi pagation de leur efpèce ; aufh paroiffent-ils rechercher
s: dk : leurs femelles avec ardeur, & reflentir l'amour avec
force; on a même prétendu que, dans les contrées de
emps : l'Afrique où «elles font en très-grand nombre, les mâles
1e qu fe battent fouvent pour la libre pofleflion de leurs
NEA femelles ; & que dans ces combats, animés par un des
1 vieux fentimens les plus impérieux , ils s'avancent avec
es, LA courage , quoiqu'avec lenteur, les uns contre les autres,
mn & s'attaquent vivement à coups de tête (k). -
es fon Le tems de la ponte des tortues Grecques varie
(aile _ avec la chaleur des contrées où on les trouve. En SAT
Xe daigne, c’eft vers la fin de Juin qu'elles pondent leurs
œufs ; ils font au nombre de quatre ou de cinq, &
blancs comme ceux de pigeon. La femelle les dépofe
ae dans un trou qu'elle a creufé avec fes pattes de devant;
4 |
Sr? (2) Conrad Géfner.
(4) M. Linné , à l'endroit déja té.
La tee dt 2 Le dt ch BR +. + res
CE
Rd tp ms à mo in 6
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|
152 Hirsrorre NATURELLE
& elle les recouvre de terre. La chaleur du foleil
fait éclore les jeunes tortues qui fortent de l'œuf dès
le commencement de Septembre, n'étant pas encore
plus groffes qu'une coque de noix (l). |
La tortue Grecque ne va prefque jamais à l'eau,
cependant elle eft conformée à l'intérieur comme les |
tortues de mer (m) : fi elle n’eft point amphibie de
fait & par fes mœurs, elle left donc jufqu'à un certain
point par fon organifation. |
On trouve la tortue Grecque dans prefque toutes
les régions chaudes & même tempérées de l’ancien
Continent, dans l'Europe méridionale, en Macédoine,
en Grèce, à Amboine , dans l’Ifle de Ceylan, dans
Jes Indes, au Japon (2), dans l'Ifle de Bourbon (o),
us Hifloire naturelle des Amphibies 6 des Poiffons de la Sardaigne ,
page 10.
( m) Gérard Blañus, en diffléquant une tortue de terre, trouva fon
péricarde rempli d'une quantité confidérable d'eau limpide. * Nous
verrons dans Particle du crocodile, que le péricarde d'un alligator , dif=
fêqué par Sloane, étoit également rempli d’eau.
* Oëfervations anatomiques de Gérard Blafius , page 63.
(mn) Hifloire générale des Voyages, T. 40, page 382, éditionin-1a.
(o)cs L'Ifle de Bourbon abondoit autrefois en tortues de terre; mais
“ssles vaifleaux en ont tant détruit, qu'il ne s'en trouve plus aujourd'hui
szque dans la partie occidentale, où Îes habitans même n'ont Îa permif-
fion d'en tuer que pendant le carême. » Woyage de la Barbinais le
Gentil autour du monde, |
dans
A1
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l'ancie
cédoine,
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bon (0)
Sur,
trouva
de, * Nos
gr, d*
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 153
dans celle de l’Afcenfion, dans les déferts de l'Afrique :
c'eft fur-tout en Libie & dans les Indes que - la: ‘chair
de la tortue de terre eft plus délicate & plus faine
que ceile de plufeurs autres tortues : & l’on ne voit
pas pourquoi il a pu être défendu aux Grecs modérnes
& aux Turcs de sen nourrir.
Ce n'eft que d'après des obfervations qui manquent
encore que l'on pourra déterminer fi les tortues ter
reftres de l'Amérique méridionale , font différentes de
la Grècque (p); fi elles y font naturelles, ou fi elles
y ont été portées d'ailleurs. Dans cette même partie
du monde, où elles font très-communes, on les prend.
avec des chiens dreflés à les chaffer. Ils les découvrent
à la pifte, & lorfqu’ils les ont trouvées, ils aboient juf-
qu'à ce que les chaffeurs foient arrivés. On les em
porte en vie; elles peuvent pefer de cinq à fix livres,
& au-delà. On les met dans un jardin , ou dans un
efpèce de parc; on les ÿ nourrit avec des herbes &
des fruits ; & elles y multiplient beaucoup. Leur
chair, quoiqu'un peu coriace, eft d’affez bon goût ;
les petites tortues croifient pendant fept ou huit ans;
Ch rm
( plc Il y a des tortues de terre qui fe nomment Saburis dans la
langue du Bréfil, & que les habitans du Para préfèrent aux autres ce
efpèces. Toutes fe confervent plufeurs mois hors de l'eau fans nour- ce
titure fenfble. »3 Hifloire générale des Voyages, tome 53, page 438,
édit. in-12. | :
Ovipares, Tome I. V
$4 “ Hrsrorre NaTuRrEsits
les femelles s’accouplent quoiqu’elles n'aient acquis que
la moitié de leur grandeur ordinaire , maïs les mâles
ont atteint prefque tout leur développement lorfqu'ils
s’uniffent à leurs femelles ;ce qui paroïtroit prouver que,
dans cette efpèce, les femelles ont plus de chaleur que
les mâles (4), & ce qui fembleroit contraire à l’ardeur
que les. Anciens ont attribuée aux mâles, ainfi qu'à Pef-
pèce de retenue qu'ils ont fuppoñée dans les femelles.
_ À l'égard: de l'Amérique feptentrionale, 6e desliles
qui l’avoifinent,, il paroit que les tortues Grecques s'y
trouvent avec quelques légères différences dépendantes
de la diverfité du climat. ins
Leur grandeur dans les contrées tempérées de l'Eu-
rope eft bien au-deflous de celle qu'elles peuvent ac-
quérir dans les régions chaudes de l'Inde. On a apporté
de la côte de Coromandel, une tortue Grecque qui
étoit longue de-quatre-pieds & demi, depuis l'extrémité |
du mufeau jufques au bout de la queue, & épaifle: de:
quaiorze pouces. La:tête avoit fept pouces de long fur
cinq de large , le cerveau & le cervelet n'avoient en
tout que feize: lignes de longueur fur neuf de largeur;
la langue, un pouce de longueur, quatre lignes de lar-
geur, une ligne d’épaifleur; la couverture fupérieure,
trois pieds de long fur deux pieds de large. Cette tortue
RSR UE MS SR
(4) Note communiquée par I. de la Borde.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 155
étoit mâle, & avoit le plaftron concave; la verge, qui
étoit ee dans le rectum, avoit séut pouces de
longueur, fur un pouce & re de diamètre : la vefie
étoit dune grandeur extraordinaire ; on y trouva
douze livres d’une urine claire & limpide.
La queue étoit très-grofle; elle avoit fix pouces de
diamètre à fon origine, & quatorze pouces de long.
Aprés la mort de l'animal, elle étoit tellement in-
flexible, qu'il fût impoñfible de la redrefler ; ce qui
doit fire croire que la tortue pouvoit s’en férgtt pour
frapper avec force. Elle étoit terminée par une pointe
d'une fubflance dure comme de la corne (r), & afez
femblable à celle que lon remarque au bout de la
queue de la tortue Scorpion. Les grandes tortues de
terre ont donc recu , indépendamment de leursboucliers,
des armes offenfives aflez fortes: elles ont des mâchoires
dures & tranchantes, une queue & des pattes qu’elles
pourroient employer à attaquer; mais comme elles n’en
abufent pas, & qu’il paroît qu’elles ne Sen fervent que
pour fe défendre, rien ne contredit, & au contraire tout
confirme la end des habitudes : & la tranquillité des-
mœurs de a Grecque.
L'on conferve, au Cabinet du Roi, la dépouille
me
(r) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , article
de la tortue de Coromandel.
Vi
%
150 “LHESrorse: NATVRELEE
de deux tortues Grecques, qui étoient auffi très-grandes;
la carapace de l’une a près de deux pieds cinq pouces
de longueur, & la feconde, près de deux pieds quatre
pouces. Nous avons remarqué au bout de la queue de
la première, une callofité femblable à celle de la tortue
de Coromandel : nous ne croyons cependant pas que cette
callofité foit un attribut de la grandeur dans les tortues
Grecques ; nous avons vu en efet une dureté fem-
blable au bout d'une tortue vivante, qui étoit à-peu
près de la taille de celle que nous avons décrite au
commencement de cet article: à la vérité, comme elle
en différoit par la couleur verdâtre & aflez claire de
fes écailles, il pourroit fe faire que cet individu, fur
lequel nous n'avons pu recueillir aucun renfeignement
particulier, conftituât une variété conftante, dont la
queue feroit garnie d’une callofité beaucoup plutôt que
dans les tortues Grecques ordinaires (s).
Le Cabinet du Roi renferme auffi une tête de tor-
_ tue de terre apportée de l’'Ifle Rodrigue, & qui a près
de cinq pouces de longueur.
(s) Voyez l'Hiftoire naturelle des tortues, par M. Schneider,
imprimée à Lcipfick en 1783 , page 348, & l’obfervation de M. Hermann,
favant Profeffeur de Strafbourg , qui y eft rapportée.
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LA GÉOMÉTRIQUE («)
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Cerre rorrur TERRESTRE a beaucoup de rapports
avec la Grecque ; fes doigts bien loin d'être divités,
font réunis par une peau couverte de petites écailles,
‘de manière à n'être pas diftingués les uns des autres
_& à ne former qu’uné patte épaifle, & arrondie au-
devant de laquelle leurs extrémités font feulement
indiquées par les ongles. Ces ongles font au nombre
de cinq dans les pieds de devant & de quatre dans
les pieds de derrière; d’aflez grandes écailles recou-
vrent le bas des pattes, & comme elles n'y tiennent
que par leur bafe, & qu'elles font épaifles & quel-
quefois arrondies à leur fommet, on les prendroit pour
es ongles attachés à divers endroits de la peau. L'in- 7
fa) La Géométrique. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Teftudo geometrica , 13. Linn, amplib. rept. |
Teftudo pidta feu ftellata, Wormius, mus. 317.
Ray, Synopfis quadr. pag. 269, teftudo tefeilata minor.
Teftudo tefta tefellata major, Grew. mus. 36, tab. 3, fig: Ge
. Seba. mus. 1. tab. 80, fig 36 8.
Teftudo geometrica, 13. Schneider.
SD. : HMiérOl E DATURELEE
dividu que nous avons décrit, avoit dix pouces de
long, huit pouces de large & près de quatre pouces
d'épaifleur. La couverture fupérieure de la tortue
Géométrique eft des plus convexes. Les couleurs dont
elle eft variée , la rendent très-agréable à la vue. Les
lames qui revêtent les deux couvertures, & qui font
communément au nombre de treize fur le difque, de
vingt-trois fur les bords de la carapace , & de douze
fur le plaftron, fe relèvent en boffe dans leur milieu;
elles font fortement ftriées, féparées les unes des autres
par des efpèces de fillons aflez profonds, & la plupart
hexagones. Leur couleur eft noire; leur centre pré-
fente une tache jaune à fix côtés, d'où partent plu-
fleurs rayons de la même couleur ; elles montrent ainfi
une forte de réfeau de couleur jaune, formé de lignes
très-diftinctes, deflinées fur un fond noir , & refflemblant
à des figures géométriques ; & c’eft de-là qu'a été tiré
le nom que l’on donne à lanimal. On trouve cette
tortue en Afie, à Madagafcar, dans l’Ifle de Afcen-
fion , d'où elle a été envoyée au Cabinet du Roi, &:
au cap de Bonne-Efpérance, où elle pond depuis douze
jufqu'à quinze œufs (b). Plufieurs tortues Géométri-
ques diffèrent de éelle que nous venons de décrire,
nd
(b) Note communiquée par M. Bruyère, de la Société royak de
Montpellier.
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DES QUADRUPÈDES OMFPARES. 159
par le nombre & ia difjoftion des rayons jaunes que
préfentent les écailles, par l'élévation de ces mêmes
pièces, par une couleur jaunâtre, plus ou moins uni-
forme fur le plaftron, & par le peu de faillie des lames
qui garniflent cetie couverture inférieure. Nous igno-
rons fi ces variétés font conftantes ; fi elles dépendent du
fexe ou du climat, &e. Quoi qu’il en foit, nous croyons
devoir rapporter à quelqu'une de ces variétés, pique
ce que de nouvelles obfervations fixent les idées à à cé
fujet, la tortue terreftre appellée hécate par Brown (c).
Cette dernière eft, fuivant ce Voyageur, naturelle au
continent de rame mais cependant très - com
mune à la Jamaïque où on en porte fréquemment. Sa
carapace eft épaifle & a fouvent un pied & demi de
long: : la furface de cette couverture eft divifée em
hexagones oblongs ; des lignes délices partent de: leurs
circonférences & s'étendent jufqu'à Jersh centres qui
font jaunes.
Nous penfons aufli que cette hécate de Brown , ainf
que la Géométrique font peut-être la même efpèce que
la T errapène de Dampier. Les Terrapenes de ce: Navi-
gateur font beaucoup moins roffes que les tortues
qu'il nomme hécates, & qui font les Terrapènes de
Brown, ainñ que nous l'avons dit. Elles ont le dos plus
(c)Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 466.
160 Hirsrorrr NATURELLE
rond, quoique d’ailleurs elles leur reflemblent beau-
coup. Leur carapace eft comme naturellement taillée,
dit ce Voyageur ; elles aiment les lieux humides &
marécageux. On eftime leur chair; il sen trouve beau-
coup fur les côtes de l'Ifle des Pins, qui eft entre le
continent de l'Amérique & celle de Cuba: elles péne-
trent dans les forêts, où les chafleurs ont peu de peine
à les prendre. Ils les portent à leurs cabanes ; &, après
leur avoir fait une marque fur Ja carapace, ils les
laiflent aller dans les bois, bien affurés de les retrou-
ver à fi peu de diftance, qu'après un mois de chañe,
chacun reconnoit les fiennes, & les emporte à Cuba (d).
Au refte, nous ne ceflerons de le répéter, l’hiftoire
des tortues demande encore un grand nombre d'obfer-
vations pour être entièrement éclaircie ; nous ne pou-
vons qu'indiquer les places vides, montrer la manière
de les remplir, & fixer les points principaux autour
defquels il fera aifé d’arranger ce qui refte à découvrir.
(d) Defcription de la nouvelle Efpagne. Hifloire générale des Voya-
ges , troifièmme Partie, livre y.
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DES QUADRUPÈDES O"rPARES. 161
LA RABOTEUSE (4).
Cerre PETITE ESPÈCE de tortue eft terreftre,
fuivant Séba ; fon mufeau fe termine en pointe ; les
yeux , ainfi que dans les autres tortues, font placés
obliquement ; la carapace ef prefque auffi large que
longue; les bords en font unis pardevant & fur les
côtés , mais inégalement dentelés fur le derrière: les
écailles qui les garniflent , font liffes & planes, excepté
celles du dos, dont le milieu eft rehauflé de manière À
former une arête longitudinale. Leur couleur eft blan-
châtre , traverfée en divers fens par de très-petites
bandes noirâtres, qui la font paroître marbrée ; le plaf-
tron eft feftonné pardevant; le milieu en étoit un peu
(a) La tortue Raboteufe, M. d Aubenron , Encyclopédie méthodique,
Teftudo fcabra , Linn. . | ;
Teftudo pedibus palmatis , tefta planiufcula, feutellis omnibus inter-
mediis dorfatis. Linn. amphib. rept. Teflud. 6.
Gronovius Zoophit. 74. | : |
- Seba mufœum, 1, rab. 79 » fig 1 , 2. Teftudo terreftris Amboinenfis
minor.
Ovipares, Tome I. à | À.
162 Hisrorre NATURELLE
concave dans l'individu que nous avons décrit, & qui
avoit près de trois pouces de long, depuis le bout du
mufeau , jufqw’à l’extrémité de la queue, fur près de
deux pouces de largeur (b). Suivant Séba , la Raboteufe
ne devient jamais plus grande.
Cette tortue a cinq ongles aux pieds de devant,
& quatre aux pieds de derrière, dont le cinquième
doigt eft fans ongles; la queue eft courte ; la couleur
de la tête, des pattes & de la queue reflemble beau
coup à celle de la carapace ; elle eft d’un blanc tirant
fur le jaune, varié par des bandes & des taches brunes,
mais plus larges en certains endroits, & fur-tout fur
la tête, que celles que lon voit fur la couverture fu
périeure. C’eft dans les Indes orientales, & particulière-
ment à Amboine qu'habite cette tortue, qui appartient
aufñi au nouveau monde, & y vit dans la Caroline.
3
(à) Cet individu fait partie de k collection du Cabinet du Roi.
ou,
seu,
pi
la Robe,
de de |
Le cinque
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femble br,
Blanc tr
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fur-tout |
DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 1603
L À Ph NC (a).
Carre TORTUE neft connue que parce qu’en a rap-
porté M. Linné; fes doigts, au nombre de cinq dans
les pieds de devant, & de quatre dans ceux de derrière,
ne font pas féparés les uns des autres ; ils fe réuniflent
de manière à former une patte ramañlée & arrondie,
comme celles de beaucoup de tortues terreftres. La
couverture fupérieure a un peu la forme d’un cœur;
fon diamètre eft ordinairement d’un ou deux pouces ;
les bords en font dentelés, & comme déchirés. Les
lames qui la couvrent font hexagones , relevées par
des points faillans ; & leur couleur eft d’un blanc fale.
On trouve cette tortue dans la Virginie.
(a) La Dentelée, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Teftudo denticulata, o, Linn. amphib. reptil,
Teftudo denticulata , 17. Schneider.
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4 |
Lit ne |
ane res ben ennemis mous LS
164 Hisrorre NATURELLE
Ox RENCONTRE dansles payschauds, fuivant M. Linné,
cette tortue qui doit être terreftre, & qui eft diftinguée
des autres en ce que les doigts de fes pieds ne font
pas réunis par une membrane, que fa couverture fu-
périeure eft bombée , que les quatre lames antérieures
qui garniflent le dos font relevées en arête, & que le
plaftron ne préfente aucune échancrure. Nous avons
vu , dans la colleétion de M. le Chevalier de la Marck,
une carapace & un plaftron de cette tortue. La cara-
pace avoit fix pouces de long, fur fix pouces & demi
de large. L'animal devoit avoir deux pouces fept lignes
d’épaifleur ; le difque étoit garni de treize lames légère-
ment ftriées , les bords de vingt-cinq, & le plaftron de
douze. La carapace étoit d'un brun verdâtre, fur le-
quel des raies jaunes s’étendoient en tout fens. Les
( a) La Bombée, M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
TFeftudo carinata, 12. Linn. amph. rept.
Teftudo carinata , 18. Schneider.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 165
couleurs de la tortue Jaune font prefque femblables,
mais elles font difpofées par taches, & non pas par
raies, comme celles de la Bombée; le plaftron étoit
jaunâtre.
Sas rise Re See
Au cAP de Bonne-efpérance, habite une petite tortue
de terre, que Worm a vue vivante , & qu'il a nourrie
pendant quelque tems dans fon jardin. Des marchands
la lui avoient vendue comme venant des grandes Indes,
où il fe peut en effet qu'on la trouve. La couverture
fupérieure de cette petite & jolie tortue, eft à peine
longue’de quatre doigts; les lames en fant agréablement
variées de noir, de blanc, de pourpre, de verdâtre &
de jee & Le elles dE ohent. la carapace pré-
fente à leur place. du jaune noirâtre. Le plaftron eff
blanchâtre, & fur le fommet de la tête, dont on a com-
(a) La Bande blanche. M © Aubenton , Encyclopédie méthodique,
TFeftudo pufilla, 24, Linn. amphib. rept.
Teftudo terreftris pufilla, ex Indiâ orientali, H/orm. mus. 313.
Teftudo virginea, Grew. mus. 38, Tab. 3, f. 3. .
Ray , Synopfis quadrupedum , page 249. Veftudo terreftris Îla ex
India oriental,
George Edwards , Hifloire naturelle des oife éaux , Londres , 1748:
Feftudo teflellata minor Africana. The African land Toro
Feftudo pufñlla, 15. Schneider.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. i07
paré la forme à celle de la tête d’un perroquet, s'élève
une protubérance d’une couleur de vermillon mélangé
de jaune. C’eft de ce dernier caractère , par lequel elle
a quelque rapport avec la naficorne, que nous avons tiré
le nom que nous lui donnons. Les pieds de cette tortue
font garnis de quatre ongles, & d'écailles très-dures; les
cuifles font revêtues d’une peau qui reflemble à du cuir;
la queue eft effilée & très-courte. La Nature à paré cette
tortue avec foin; elle lui a donné la beauté : mais, en la
réduifant à un très-petit volume, elle lui a ôté prefque
tout l'avantage du bouclier naturel fous lequel elle peut fe
renfermer : car il paroît qu'on doit lui appliquer ce que
rapporte Kolb de la tortue de terre du Cap de Bonne-
efpérance. Suivant ce Voyageur , les grands aigles de
mer, nommés Orfraie, font très-avides de la chair de
la tortue: malgré toute la force de leur bec & de leurs
ferres, ils ne pourroient brifer fa dure enveloppe; mais
ils l’enlèvent aifément ; ils lemportent au plus haut
des airs, d’où ils la laifflent tomber à plufeurs reprifes
{ur des rochers très-durs: la hauteur de la chüûte & la
très-grande vitefle qui en réfulte, produifent un choc
violent; & la couverture de la tortue bientôt brifée,
livre én proie à l'aigle carnacier l’animal qu'elle auroit
mis à couvert, fi un poids plus confidérable avoit ré-
fifté aux efforts de l'aigle, pour l'élever danslesnues (b).
RS ND ne
(b) Voyage de Kolb ou Kolben, vol x , page 198. |
LRibri nero omssaeme
ré. mr
te ht Dm Pr sé sa
168 « Hrsrorre NarTurertre
De tous les tems on a attribué le même inftinét aux
aigles de l'Europe, pour parvenir à dévorer les tortues
grecques; & tout le monde fait que les anciens fe font
plu à raconter la mort fingulière du fameux poëte
Efchyle, qui fut tué, dit-on, par le choc d’une tortue,
qu'un aigle laiffa tomber de très-haut fur fa tête nue (c).
La tortue Vermillon n’habite pas feulement aux en-
virons du Cap de Bonne-efpérance; il paroît qu'on la
rencontre aufl dans la partie feptentrionale de l'Afrique.
M. Edwards a décrit un individu de cette efpèce, qui
lui avoit été apporté de Sanéla-Crux , dans la Barbarie
occidentale (d).
(e ) Voyez Conrad Gefner, livre IT des Quadrupèdes ovipares , article
des Tortues. ;
(d) George Edwards , ouvrage déja cité, page 204.
LA COURTE-QUEUE.
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DES QuAnruPÈDEs o"IPARES. 169
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LA COURTE-QUEUE («).
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Ox rrouvE À la Caroline cette tortue terreftre È
dont la tête & les pattes font recouvertes d’écailles
dures, femblables à des callofités. Les doigts font réunis:
elle a cinq ongles aux pieds de devant, & quatre à
ceux de derrière. Un de fes caradtères difinctifs, eft
d'avoir la queue des plus courtes; mais elle n’eft pas
abfolument fans queue , ainfi que Pa dit M. Linné.
La couverture fupérieure échancrée pardevant en forme
de croiffant , n'offre point de dentelures fur les bords ;
& les de qui la garnifient , font larges, bordées
de ftries, & pointillées dans leur milieu. Il paroit
(a) La Courte-queue, M. d'Aubenton , Ereyclopédie méthodique.
Teftudo carolina, 11, Linn. amphib. rept.
George Edwards, Hifloire naturelle des oifeaux , page 205. Teftude
tefellata minor Carolinenfis.
Teftudo pedibus digitatis callofo-fquamofs , tefta ovali fubconvexa ,
scutellis planis ftriatis medio punétatis. Gron. Zooph. , 27, No FA
Seba muf 1. Tab. 80 fig. 1 , Teftudo terreftris major Americana.
Teftudo carolina, 7, Schneider,
+ Ovipares, Tome I, - Ÿ
170 Hisrorrs NATUREILE
qu’elle devient affez grande. On conferve au Cabinet
du Roi une carapace de cette tortue; elle a dix
pouces fix lignes de long, & huit pouces dix lignes
de darge.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 17]
Nous Donwnows ce nom à une nouvelle efpèce de
tortue apportée des grandes Indes au Cabinet du Roi,
par M. Sonnerat. Elle eft très-remarquable par la con-
formation de fa carapace qui ne reflemble à celle
d'aucune tortue connue. Cette couverture fupérieure à
trois pouces neuf lignes de longueur, fur trois pouces
fix lignes de largeur ; elle paroït compofée, pour ainfi
dire, de deux carapaces placées lune fur l'autre, &
dont celle de deffus feroit plus étroite & plus courte.
Cette efpèce de feconde carapace , qui repréfente le
difque , eft longue de deux pouces huit lignes, large
de deux pouces, un peu faillante, offeufe, parfemée
d'une grande quantité de petits points qui la font pa-
roître Chagrinée ; & c’eft de-là que nous avons tiré le
nom de l'animal. Ce difque eft compofé de vingt-trois
pièces, qui ne font recouvertes d'aucune écaille. Seize:
de ces pièces, plus larges que les autres, font placées
fur deux rangs féparés vers la tête par une troifième
rangée de fix pièces plus petites; & ces trois rangs fe
réuniffent à une dernière pièce, qui forme la partie
| | St |
ia Hrsrorre NATURELLE
antérieure du difque. Les bords de la carapace font
cartilagineux & à demi-tranfparens ; ils laifient apper-
cevoir les côtes de l'animal, le long defquelles cette
partie cartilagineufe eft un peu relevée, & qui font au
nombre de huit de chaque côté; ces bords {ont par-
derrière prefque aufli larges que le difque.
Le plaftron eft plus avancé pardevant & parderrière
que la couverture fupérieure ; il eft un peu échancré
pardevant, cartilagineux, tranfparent & garni de fept
plaques offeufes , chagrinées , femblables aux pièces
du difque , différentes entrelles par leur grandeur &
par leur figure , placées trois vers le devant, deux vers
le milieu, & deux vers le derrière du plaftron.
_ La tête reflemble à celle des tortues d’eau douce;
les rides de la peau qui environne le cou, montrent que
. Fanimal peut l’alonger facilement. Comme nous n’avons
rien appris relativement aux habitudes de cette tortue,
& comme les pattes & la queue manquoient à l'individu
que nous venons de décrire, nous ne pouvons point dire
fi la Chagrinée eft terreftre ou d’eau douce. Cependant
comme fa couverture fupérieure m’eft prefque pas
bombée, nous préfumons que cette tortue fingulière
eft plutôt d’eau douce que de terre.
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Cerre NOUVELLE ESPÈCE de tortue a été ap=
portée de l'Inde au Cabinet du Roi, ainfique la Chagrinée,
par M. Sonnerat; fa carapace eft aplatie , longue de
cinq pouces fix lignes, & large d'autant ; le difque eft
recouvert de treize lames ; les bords le font de douze. Ces
écailles font minces, légèrement ftriées, unies dans le
centre, d’une couleur rouflâtre très -femblable à celle
du marron: & c’eft de-là que nous avons tiré le nom
que nous lui donnons. Le plaftron eft échancré par-
derrière, & revêtu de treize lames; la tête eft plus
plate que celle de la plupart des autres tortues : les cinq
doigts des pieds de devant ,ainf que de ceux de derrière ,
{ont garnis d'ongles longs & pointus. La queue man-
quoit à l'individu apporté par M. Sonnerat. Mais, quoique
nous n’ayons pu juger de la forme de cette partie , nous
préfumons, d’après l’aplatiflement de la carapace, &
_ fur-tout d’après les ongles qui ne font point émouflés,
‘que la tortue rouflâtre ef plutôt d’eau douce que
terreftre. L'individu que nous avons décrit étoit femelle:
174 HISTOIRE Narureire
aufli fon plaftron étoit-il plat. Nous avons trouvé dans
fon intérieur plufeurs œufs d'une fubftance molle ;
ovales & longs d'un pouce.
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nn. NOMMONS ainfi une tortue dont il n’eft fait
mention dans aucuns des Naturaliftes & Voyageurs
dont les ouvrages font le plus connus , & dont nous ne
pouvons donner qu’une F efcription ae parce
que nous n'en avons vu que la carapace & le plaftron ,
-confervésau Cabinet du Roi. Cette te a cinq pouces
quatre lignes de long fur à à-peu-près autant de large ; elle
ft un peu bombée, d’une couleur très-foncée & noirâtre.
Le difque eft recouvert de treize écailles épaifles, ftriées
dans leur contour, & fi polties dans tout le refte de leur
furface, qu’elles paroïffent ontueufes au toucher. Les
cinq écailles de la range du milieu font un peu
relevées, de manière à former une arëête longitudinale ;
les ns font garnis de vingt-quatre lames; le plaftron
eft échancré parderrière, & revêtu de treize écailles.
Nous ignorons fi cette tortue eft terreftre ou d'eau douce,
& dans quels lieux on la trouve.
À
DES aan.
is
ss
=
Le GENRE DES LÉZAR DS eft le plus nombreux de
éeux qui forment l'ordre des Quadrupèdes ovipares.
Après avoir comparé les uns avec les autres, les divers
animaux qui le compofent, tant d'après nos Giférnlatièns
que d’après celles des Voyageurs & des Naturaliftes, 4
nous avons cru devoir en compter cinquante - ik k
efpèces toutes différenciées par leurs habitudes natu-
relles, & par des caractères extérieurs. On peut dif-
tinguer facilement les lézards des autres Quadrupèdes
ovipares, parce qu'ils ne font pas couverts d’une cara- |
pace, comme les tortues, & parce qu'ils ont une
queue, tandis que les grenouilles, les raines & les
crapauds men ont point. Leur corps eft revêtu d'é-
cailles plus ou moins fortes, ou de tubercules plus ou
moins faillans. Leur odeur varie depuis la longueur
de deux ou trois pouces, jufqu'à celle de vingt-fix ou
même trente pieds. La forme & la proportion de leur
queue varient aufl : dans les uns, elle eft aplatie; dans
._ les autres, elle eft ronde. Dans quelques efpèces fa
longueur égale trois fois celle du corps ; dans quelques
autres, elle eft très-courte : dans tous, elle s'étend
| horizontalement ,
RARE
cr BRIE
Pi LL = onu
er cm mm C0
f
#
Fe
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. trs
“horizontalement , & eft prefque auffi groffe à fon ori-
gine que l'extrémité du corps à laquelle elle eft atta-
.-Chée. : |
Les pattes de derrière des lézards {ont plus longues
que celles de devant. Les uns ont cinq doists à cha
que pied, d'autres n’en ont que quatre ou même
‘trois aux pieds de derrière ou à ceux de devant. Dans
_ la plupart de ces animaux , Les cinq doigts des pieds
de derrière font inégaux, le troifième & le quatrième
font les plus longs, & l'extérieur eft {éparé des autres,
comme une efpèce de pouce, tandis qu'au contraire
dans les Quadrupedes vivipares, le doigt qui repréfente
le pouce, eft le doigt intérieur. |
Les"phalanges des doigts ne font pas toujours au
nombre de trois ou de deux , Comme dans les vivi-
pares, mais quelquefois au nombre de quatre, ainf
que dans plufieurs efpèces d’oifeaux ; ce qui donne aux
lézards plus de facilité pour faifir les branches des
arbres fur lefquels ils grimpent. ae
Les habitudes de ces animaux font auf diverfifiées
que leur conformation extérieure : les uns paffent leur
vie dans l’eau, ou fur les bords déferts des grands
fleuves & des marais. D’autres, bien loin de fuir les
“endroits habités, les choififfent de préférence pour leur
demeure : ceux-ci vivent au milieu des bois, & y
courent avec vitefle fur les rameaux les plus élevés ;
ceux-là ont leurs côtés garnis de membranes en forme
Ovipares, Tome I. +
170 Hrsrorre NATURELLE
d'ailes, par le moyen defquelles ils franchiflent avec
facilité des efpaces étendus, & réuniflent ainfi à la
faculté de nager , & à celle de grimper aifément juf-
qu'au fommet des arbres, le pouvoir de s'élancer &
de voler, pour ainfi dire, de branche en branche.
Pour mettre de l’ordre dé l’expofition de ce grand
nombre d'efpèces de lézards, nous avons cru devoir
réunir celles qui fe reffemblent le plus par leur gran-
deur, par leur conformation extérieure , & par leurs
habitudes. Nous avons formé par-là huit divifions dans
ce genre : la première, qui renferme onze efpèces,
comprend les crocodiles , les fouettes-queue , les dragonnes
& les autres lézards, qui ont tous la queue aplatie,
& qui, prefque tous, FAP ARE à une longueur de
plufieurs pieds. |
Dans la feconde divifion fe trouvent les iguanes &
d’autres lézards moins grands, mais qui cependant ont
quelquefois quatre ou cinq pieds de longueur, & qui
font diftingués d'avec les autres par des écailles rele-
vées en forme de crêtes au-deflus de leur dos. Cette :
feconde divifion renferme cinq efpèces.
- Dans la troifième, nous plaçons le lézard gris fi
commun dans nos contrées , le lézard vert que l'on
trouve en très-grand nombre dans nos provinces méri-
dionales , & cinq autres efpèces de lézards tous diftin-
gués des autres, en ce qu'ils n'ont point de crêtes fur
le dos, que leur queue eft ronde, & que le deffous de
qe aplatk
longueur
es eu
pendant
eur, Ê(
aille
I dos. e
DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 179
leur corps eft revêtu d’écailles affez grandes, difpofées
en bandes tranfverfales.
Ces bandes tranfverfales manquent , ainfi que les
crêtes, aux lézards de la quatrième divifion; ce défaut,
joint à la rondeur de leur queue, fuffit pour les faire
reconnoitre ; & ils forment vingt-&-une efpèces, parmi
lefquelles nous remarquerons principalement le Camé-
léon , le Scinque, fauflement appellé crocodile terref=
re EC.
Le Gecko, le Geckotte, & une troifième & nou-
velle efpèce de lézard compofent la cinquième divi-
fion; & leur caractère diftinétif eft d’avoir le deflous
des doigts garnis de larges écailles, placées les unes
fur les autres, comme les ardoifes qui. couvrent les
toits.
_ La fixième divifion comprend le Seps & le Chal-
cide, qui n'ont l’un & l’autre que trois doigts, tant
aux pieds de devant qu'à ceux de derrière.
Les lézards de la feptième divifion font remarqua-
bles par les membranes, en forme d’ailes, dont nous
venons de parler. Nous n'avons compté dans cette
divifion qu'une feule efpèce, à laquelle nous avons
rapporté tous les lézards ailés, décrits par les Voya-
geurs : on en verra les raifons à l'article particulier du
Dragon. |
La huitième divifion enfin comprend fix efpèces de
lézards, parmi lefquelles nous rangeons la Salamandre
Z ij
t80 ‘+ Hrsrorre Narvesitr
terreftre & la Salamandre aquatique. Toutes les fix:
font diftinguées des autres, en ce qu'elles ont trois où .
quatre doigts aux pieds de devant , & quatre ou cinq
aux pieds de derrière. Nous laiflons exclufivement à ces
animaux , le nom de Salamandre, qui.a été fouvent
attribué à plufieurs lézards, très - diflérens des vraies
Salamandres, & même très-différens les uns des autres;
ils ont beaucoup de rapports avec les grenouilles & les
autres Quadrupèdes ovipares qui n'ont pas de queue ;
ils leur reflemblent non-feulement par leur peau dé-
nuée d’écailles apparentes, mais encore par leurs habi-
tudes, par les efpèces de métamorphofes qu'ils fubif-
fent avant de devenir adultes, & parle féjour, plus ou
moins long, qu’ils font au milieu des. eaux..Îls s'en rap-
prochent encore par. leurs parties intérieures , & par
la forme & le nombre de leurs os. S'ils ont des ver-
tèbres cervicales, de même que les autres lézards, ils
manquent: prefque tous de côtes, comme les gre-
nouilles, & ils font ainf la nuance, qui réunit les
Quadrupèdes ovipares qui ont une queue avec ceux
qui en font privés: prefqie tous les lézards n’ont que
deux ou quatre vertèbres. cervicales ; mais le croco-
dile placé, par fa grandeur & par fa puiflance, à la
tête de ces animaux, & occupant, dans la chaîne qui:
les réunit, l'extrémité oppofée à celle où fe trouvent:
les Salamandres, a fept vertèbres au cou, comme tous:
les Quadrupèdes vivipares. Il lie par - à les lézards:
Our, plust
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\ :
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 11
avec ces animaux mieux organifés, pendant que, d’un
autre côté, il les rapproche des tortues de mer par
üune grande partie de fes habitudes & de fa confor--
ation. | - Fe
l
182 Hisrorre NATURELLE
Don: la queue ef? aplatie, & qui ont ang dorgts
aux pieds de devant.
Lorsqu’ox COMPARE les relations des Voyageurs; les
obfervations des Naturaliftes, & les defcriptions des No-
menclateurs, pour déterminer fi l’on doit compter plu-
fieurs efpèces de crocodile, ou fi les différences qu'on
a remarquées dans les individus, ne tiennent qu’à l’âge,
au fexe & au climat , on rencontre beaucoup de con-
tradiétions, tant fur la forme, que fur la couleur, la
taille, les mœurs & l’habitation de ce grand Quadru-
pède ovipare. Les Voyageurs lui ont rapporté ce qui
ne convenoit qu'à d'autres grands lézards très-différens du
JAgEU À
jons des\
opter À
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nt qu À le
coup de!
ñ cor
pole
euf
af
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 103
crocodile, par leur conformation & par leurs habitudes;
ils lui en ont même donné les noms. Ils ont dit que
le crocodile s’appelloit tantôt Ligan, tantôt Guan (a);
noms qui ne font que des contraétions de celui du
lézard Jguane. C’eft d'après ces diverfités de noms, de
formes & de mœurs, qu'ils ont voulu regarder les
crocodiles comme formant plufieurs efpèces diftinétes :
mais tous les vrais crocodiles ont cinq doigts aux pieds
de devant, quatre doigts palmés aux pieds de derrière,
| 2 Û ° . 5
& n'ont d'ongles qu'aux trois doigts intérieurs de cha-
que pied. En examinant donc uniquement tous les
grands lézards qui préfentent ces caractères, & en
obfervant attentivement les différences des divers in-
dividus, tant d'après les crocodiles que nous avons vus
nous-mêmes, que d'après les defcriptions des Auteurs,
& les récits des Voyageurs, nous avons cru ne de-
voir compter que trois efpèces parmi ces énormes
animaux.
La première eft le crocodile ordinaire ou proprement
dit, qui habite les bords du Nil; on l'appelle Aligator,
principalement en Afrique, & l'on pourroit le défigner
par le nom de Crocodile vert, qui lui a déjà été donné.
La feconde eft le Crocodile noir, que M. Adanfon a vu
fur la grande rivière du Sénégal ; & la troifième, le
(a) Hifloire générale des Voyages , Livre VIL,
10 4 *. Histoire NATURELLE
crocodile qui habite les bords du Gange, & auquel nous
confervons le nom de Gavial, qui lui.a été donné dans
l'Inde. Ces trois efpèces fe roffemblent, par les carac-
tèresdiftinétifs des crocodiles que nous venons d'indiquer;
inais elles diffèrent les unes des autres par d'autres
caractères que nous rapporterons dans leurs articles
particuliers, | |
On a donné aux crocodiles d'Amérique le nom de
Cayman, que l’on a emprunté des Indiens; nous en
‘AVOnS COMpParé avec foin plufieurs individus de différens
âges, avec des crocodiles du Nil, & nous avons penfé
qu’ils font abfolument de la même efpèce que ces cro-
codiles d'Egypte; ils ne préfentent aucune différence
remarquable , qui ne puifle être rapportée à 1 influence
du climat. En effet, fi leurs mâchoires font quelque-
fois moins alongées , ne ne diffèrent jamais aflez, par
leur raccourciflement, de celles des crocodiles du Nil,
pour que les Caymans conftituent une efpèce diftinéte,
d'autant plus que cette différence eft très-variable, &
que les crocodiles d'Amérique reffemblent autant à
ceux du Nil par le nombre de leurs dents ÿ qu'un in-
dividu refflemble à un autre parmi ces derniers cro-
codiles, On a prétendu que le cri des Caymans étoit
plus foible, leur courage moins grand, & leur lon-
sueur moins confidérable; mais cela n’eft vrai tout au
s que des crocodiles de certaines contrées de J’Amé-
rique, & particulièrement tdes côtes de la Guiane. Ceux
de la Louifiane
avons pei
QUE Ces cl
e diférenc
à l'induex
nt quelqé
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iles du
ice difiné
arabe,
nt autail
fs, qu
demiers €
DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 183.
de la Louifiane font entendre une forte de mugifle-
ment pour le moins aufli fort que celui des cro-
codiles de l’ancien continent, qu’ils furpañlent quel-
quefois par leur grandeur & par leur hardiefle, tandis
que nous voyons d'un autre côté, dans l’ancien monde i
plufieurs pays où les crocodiles font prefque muets ,
& préfentent une forte de lâcheté & de douceur de
mœurs égales, pour le moins, à celle des crocodiles
de la Guiane. |
Les crocodiles du Nil, & ceux d'Amérique ne
forment donc qu'une efpèce, dont la grandeur & les
habitudes varient dans les deux continens, fuivant la
température, l'abondance de la nourriture, le plus ou
moins d'humidité, &c. Cette première efpèce eft donc
commune aux deux mondes, pendant que le crocodile
noir na été encore vu qu'en Afrique, & le Gavial fur
les bords du Gange, |
Les Voyageurs , qui font allés fur les côtes orien-
tales de l'Amérique méridionale, difent que l’on y ren
contre de grands Quadrupèdes ovipares, qu'ils regardent
comme une petite efpèce de caymans, bien diftincte
de l'efpèce ordinaire. Cette prétendue efpèce de cayman
eft celle d'un grand lézard, que l’on nomme dragonne,
& qui parvient quelquefois à la longueur de cinq où
fix pieds. Notre opinion à ce fujet a été confirmée par
un fort bon Obfervateur » qui arrivoit de la Guiane,
à qui nous avons montré la dragonne, & qui la
Ovipares | Tome I, | À à
Le 23" dre dsl ca its 2, 2 sh 154 ons. |
de 2 mn gs di ne 9 sed Re LES
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186 Hrirsrorre NATURELLE
reconnue pour le lézard qu'on y appelle la petite efpèce
de cayman. ‘ |
Le Navigateur Dampier a aufli\ voulu regarder
comme une nouvelle efpèce de crocodile, de très-grands
lézards que lon trouve dans la nouvelle Efpagne,
ainfi que dans d’autres contrées de l'Amérique ( br},
& auxquels les Efpagnols ont donné également le
nom de cayman. Mais il nous paroiït que les Quadru-
pèdes ovipares, défignés par Dampier fous les noms
de crocodile & de cayman, font de l'efpèce des grands
lézards que l’on a nommés Fouette-queue. ls préfentent
en effet le caraétère diftin@if de ces derniers ; lorf-
qu'ils courent, ils portent, fuivant Dampier lui-même,
leur queue retrouflée & repliée par le bout en forme
d'arc , tandis que les vrais crocodiles ont LÉ ORJOUES la
queue prefque traînante.
D'ailleurs les vrais crocodiles ont, dans tous les
pays, quatre glandes qui répandent une odeur de mufc
bien fenfible. Les grands lézards que Dambpier a voulu
comprendre parmi ces animaux, n'en ont point, fuivant
lui ; nous avons donc une ue preuve que ces
lézards de Dampier ne forment pas une quatrième
efpèce de crocodiles.
Nous allons examiner de près les trois efpèces que
( b) Dampier, Tome 3, pages 287 © Juivantes.
ne des gra
k prélent
niers ; Jor
y li-mèn
out en for
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DES QUADRUPÈDES OPIPARES, 167
nous croyons devoir compter parmi ces lézards géans,
en commençant par celle qui habite les bords du Nil,
& qui eft la plus anciennement connue.
Aa ji]
Sri
Va ‘ère
\\
\
ET
LE-CROCOBELE,
SEOTITO TG
ou LE CROCODILE PROPREMENT DIT (a)
Lu NATURE, en accordant à l'aigle les hautes
régions de l’atmofphère, en donnant au lion, pour fon
domaine , les vaftes déferts des contrées ardentes, a
abandonné au crocodile les rivages des mers & des
srands fleuves des zones torrides. Cet animal énorme,
(a) KporefexG- E Nesnorporoles\ Gr en grecs
Crocodilus, en latin.
Alligator, fur les côtes d Afrique
Diafñk, par les Nègres du Sénégal.
Cayman en Amérique.
Takaie, par les Siamois.
Lagartor, dans l'Inde , par les Portugais.
Jacare , au Bref.
Kimbuta, dans PIfle de Ceylan, félon Ray.
Leviathan de l'écriture, fuivant Scheuchzer , phyfique de 2.
. Champfan, en Egypte.
Kimfak, en certaines provinces de la Turquie.
Le crocodile. M. d’Aubenton , Encyclopédie mérhodique.
Lacerta crocodilus. 1, Linn, amplhib. reptil,
& à ; Zomt, 7.
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Marie Shcolk Se. :
LE CROCODILE.
D APE SR EE NP ANTON
pes QuADRUPÈDES OVIPARES. 109
vivant fur les confins de la terre & des eaux, étend
fa puiffance fur les habitans des mers, & fur ceux que
la terre nourrit. L'emportant en grandeur fur tous les
animaux de fon ordre, ne partageant fa fubfflance
ni avec le vautour, comme l'aigle, ni avec le tigre,
Gronov. mus., page 74, N° 47, crocodilus.
Conradi Gefneri , Hifloriæ animalium , lib. IT, de Quadrup. ovip.
crocodilus. ;
Aldroy. aquat. 677 , crocodilus.
Séba. 1. Tab. 103 Ë 104.
Bellon. aquat. 41, crocodilus.
Crocodilus, Brown, page 461.
Crocodilus, Barrère , 142.
Crocodilus, Job: Ludolphi commentarius.
Crocodilus, Profper Alpin, Lugduni Batavorum 1734, tome 3 ;
chap. y. :
Jonff. Quadr., tab. 79 , fig. 3, crocodilus.
Crocodilus Niloticus , crocodilus Americanus, crocodilus Africanus ;
crocodilus terreftris. Laurent: Jpecimen medicum , Éc. Vienne 1768 ,
pages 53 & 54. (M. Laurenti, favant Naturalifte, qui a fait connoitre
plufeurs efpèces nouvelles de Quadrupèdes ovipares, auroit certaine-
ment regardé , comme de la même efpèce, les quatre individus que
nous venons d'indiquer , s'il ne s’en étoit point rapporté à Séba).
| Ray , Quadr. 261, Lacertus Maximus.
Bont. jav. tab. 56, crocodilus caÿyman.
Olear. mus. 8, tab. 7, fig 3, crocodilus.
Vallifni. Nat. 1, tom.,42
Catefby ; Hifloire naturelle de la Che , vol, 2, Lacertus Maximus:
198 “ASHISTOIRE NATUREILE
comme le lion ,il exerce une domination plus abfolué
que celle du lion & de l'aigle; & il jouit d’un em
pire d'autant plus durable, qu'appartenant à deux élé.
mens , il peut échapper plus aifément aux pièges;
qu'ayant moins de chaleur dans le fang, il à moins
befoin de réparer des forces qui s’épuifent moins vite;
& que pouvant réfifter plus long-tems à la faim, il
livre moins fouvent des combats hafardeux.
Il furpañle, par la longueur de fon corps, & l'aigle
& le lion, ces fiers rois de l'air & de la terre; &
fi l’on excepte les très-grands quadrupèdes , comme
l'éléphant , l’hippopotame , &c. & quelques ferpens
démefurés, dans lefquels la Nature paroît fe complaire
à prodiguer la matière, il feroit le plus grand des ani-
maux, fi, dans le fond des mers dont il habite les
bords, cette Nature puiflante n’avoit placé d'immenfes
cétacées. Il eft à remarquer qu'à mefure que les animaux
font deftinés à fendre l'air ayec rapidité à marcher
fur la terre y OU à cingler au milieu des eaux , ils
font doués d'une grandeur plus confidérable. Les aigles
& les vautours font bien éloignés d’égaler en gran-
deur Le tigre, lé lion, & le chameau ; à mefure même que
les quadrupèdes vivent plus près des rivages, il femble
que leurs dimenfons augmentent, comme dans l'éléphant
& dans l'hippopotame , & cependant la plupart des
animaux quadrupèdes , dont le volume eft le plus
étendu, font moins grands que les crocodiles qui ont
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 1lO
atteint le dernier degré de leur développement. On
diroit que la Nature auroit eu de la peine à donner
à de très-grands animaux des reflorts aflez puiflans
pour les élever au milieu d'un élément auf léger que
l'air, & même pour les faire marcher fur la terre,
& qu'elle n'a accordé un volume, pour ainfi dire gi-
-gantefque , aux êtres vivans & animés, que lorfqu'ils
‘ont dû fendre l'élément de l’eau, qui, en leur cédant
par fa fluidité, les a foutenus par fa pefanteur. L'art
de l'homme, qui n'eft qu'une application des forces
de la nature, a été contraint de fuivre la même pro-
greflion ; il n'a pu faire rouler fur la terre que des
mafles peu confidérables; il n’en a élevé dans les airs
que de moins grandes encore; & ce n’eft que fur la fur-
face des ondes qu’il a pu diriger des machines énormes,
Mais cependant comme le crocodile ne peut vivre
que dans les climats très-chauds, & que les grandes
baleines , &c. fréquentent de préférence, au contraire,
les régions polaires, le crocodile ne le cède en gran-
deur qu'à un petit nombre des animaux qui habitent les
mêmes pays que lui. C’eft donc aflez fouvent fans
trouble qu'il exerce fon empire fur les Quadrupèdes
ovipares. Incapable de defirs très-ardens, il ne reffent
pas la férocité (6). S'il fe nourrit de proie; s'il dé-
vore les autres animaux ; s'il attaque même quelque-
no oo
(8) Ariftote eft le premier Naturalifte qui l'ait reconnu.
192 ‘Hrsrorre Narvrerre
fois l'homme, ce n’eft pas, comme on l’a dit du tigre: à
pour aflouvir un appétit cruel, pour obéir à une foif
de fäng que rien ne peut éasehiehe mais uniquement.
pour fatisfaire des befoins d'autant plus impérieux,
qu'il doit entretenir une mafle plus confidérable. Roi
dans fon domaine, comme l'aigle & le lion dans les
leurs, il a, pour ainfi dire, leur noblefle, en même
tems que leur puiffance. Les baleines, les premiers
des cétacées auxquels nous venons de le comparer,
ne détruifent également que pour fe conferver ou fe
reproduire ; & voilà donc les quatre grands domina-
teurs des eaux, des rivages, des déferts & de l'air,
qui réuniflent à la fupériorité de la force, une certaine
douceur dans l'inftin&, & laiflent à des efpèces infé-
rieures, à des tirans fubalternes, la cruauté fans befoin.
La forme générale du crocodile eft affez femblable,
en grand, à celle des autres lézards. Mais fi nous voulons
faifir les caractères qui ui font particuliers, nous trou
verons que fa tête eft alongée, aplatie, & fortement
ridée ; le mufeau gros & un peu arrondi; au-deflus
eft un efpace rond, rempli d'une fubftance noirâtre,
molle & fpongieufe , où font placées les ouvertures
des narines ; leur forme eft celle d’un croiflant, &
leurs pointes font tournées en arrière. La gueule s'ouvre
jufqu'au-delà des oreilles; les mâchoires ont quelque-
fois plufieurs pieds de longueur; linférieure eft ter
minée de chaque côté par une ligne droite; mais la
fupérieure
DES QuADRUPÉDES OVIPARES. 103.
fupérieure eft comme feftonnée; elle s’élargit vers le
gofer, de manière à déborder de chaque côté la mà-
choire de deflous ; elle fe retrécit enfuite, & la laifle
dépañler jufqu'au mufeau, où elle s’élargit de nouveau,
& enferme, pour ainfi dire, la mâchoire inférieure.
Il arrive de-là que les dents placées aux endroits
où une mächoire déborde l’autre, paroïiflent à l’exté-
rieur comme des crochets, ou des efpèces de dents
canines: telles font les dix dents qui garniflent le
devant de la mâchoire fupérieure. Au contraire , les
deux dents les plus antérieures de la mâchoire infé-
rieure, non -feulement s’enfoncent dans la mâchoire
de deflus lorfque la gueule eft fermée, mais elles y
pénètrent fi avant , qu’elles la traverfent en entier, &
s'élèvent do du mufeau, où leurs pointes ou.
ue si de petites cornes; c’eft ce que nous avons
trouvé dans tous les se d'une longueur un peu
confidérable que nous avons examinés. Cela eft même
très-fenfible dans un jeune crocodile du Sénégal, de
quatre pieds trois ou quatre pouces de long, que l’on
conferve au Cabinet du Roi. Ce caraétère remarqua-
ble n'a cependant été indiqué par perfonne, excepté
_ par les Mathématiciens Jéfuites, que Louis XIV envoya
dans l'Orient, & qui non un crocodile dans le
Royaume de Siam (c).
(c) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux, tome æ
Ovipares , Tome LI. . Bb
104 Hisroïrre NATURELIL:E
Les dents font quelquefois au nombre de trente-fix |
dans la mâchoire fupérieure, & de trente dans la
mâchoire inférieure, mais ce nombre doit fouvent
varier. Elles font fortes , un peu creufes, friées , coni-
ques, pointues, inégales en longueur (d) , attachées
par de groffes racines, placées de chaque côté fur un
feul rang, & un peu courbées en arrière , principale-
ment celles qui font vers le bout du mufeau. Leur
difpofition eft telle que quand la gueule ef fermée ie
elles paffent les unes entre les autres: les pointes de
plufieurs dents inférieures , occupent alors des trous
_creufés dans les gencives de deflus, & réciproquement.
MM. les Académiciens qui | difléquèrent un très-jeune
crocodile, amené en France en 1681, arrachèrent
quelques dents, & en trouvèrent de trés-petites, pla-
cées dans le fond des alvéoles; ce qui prouve que les”
premières dents du crocodile tombent, & font rem-
placées par de nouvelles, comme les dents incifives
de l’homme & de pluñeurs Quadrupèdes vivipares (e).
La mâchoire inférieure eft la feule mobile dans le
crocodile , ainfi que dans les autres Quadrupèdes. Il
{
7
(d) Ce font les plus longues que Pline appelle Canines. Hifloire na-
turelle, Livre XI, Chapitre Lx1. |
(e) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , tome 33
article du crocodile,
SAUCE
TOUTE Ge
& font
dents D
vitipé
mobile &
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 105
fufñt de jeter les yeux fur le fquelette de ce grand
lézard. pou en être convaincu, malgré tout ce qu'on
a écrit à ce fujet (f).
Dans la plupart des vivipares, la mâchoire infé-
rieure, indépendamment du mouvement de haut en
bas, a un mouvement de droite à gauche, & de
gauche à droite, néceflaire pour la trituration de la
nourriture. Ce mouvement a été refufé au crocodile,
qui d’ailleurs ne peut mâcher que difficilement fa
proie, parce que les dents d'une mâchoire ne font
pas placées de manière à rencontrer celles de l’autre :
mais elles retiennent ou déchirent avec force les ani-
maux qu'il faifit, & quil avale le plus fouvent fans
les broyer (g) : il a par-là avec les poiflons un trait
de reffemblance, auquel ajoutent la conformation &
la poñtion des dents de plufeurs chiens de mer, aflez
femblables à à celles des dents du crocodile.
_ Les anciens (4), & même quelques modernes (à ),
(f) Labat, vol. 2, page 344.
Ray, Sÿnopfis animalium:, page 262: *
(g) «Le crocodile avale fes alimens fans les mâcher, & fans Îles
mêler avec de Ia falive : il les digère cependant avec facilité, parcece
qu'il a en proportion une plus grande quantité de bile & de fucsce
digeftifs qu'aucun autre animal. » Woyez Le Voyage en Paleffine , par
Hafélquift, page 246.
(A) Voyez Pline, Livre XT, Chap. zxy.
(à ) Hifloire naturelle de la Jamaïque , page 461.
Bb ÿ
196 CHisrorre NATURELI:IS
ont penfé que le crocodile n’avoit pas de langue; il
en a une cependant fort large, & beaucoup plus
confidérable en proportion que celle du bœuf, mais
qu'il ne peut pas alonger ni darder à l'extérieur, parce
qu’elle eft attachée aux deux bords de la mâchoire
inférieure , par une membrane qui la couvre. Cette
membrane eft percée de plufieurs trous, auxquels
aboutiflent des conduits qui partent des stades de
la langue (Æ). |
= Le crocodile n’a point de lèvrés; auffi, lorfqu'il
marche ou qu'il nage avec le plus de tranquillité,
montre-t-il fes dents, comme par furie; & ce qui
ajoute à l'air terrible que cette conformation lui donne,
c’eft que fes yeux étincelans, très-rapprochés lun a :
Vautre, placés obliquement , & préfentant une forte
de regard finiftre , font garnis de deux paupières
dures , toutes les deux mobiles (1), fortement ri-
dées , furmontées par un rebord dentelé, &, pour
ainfi dire, par un fourcil menaçant. Cet afpet
affreux n’a pas peu contribué, fans doute, à la
réputation de cruauté infatiable que quelques Voya-
(4) Mémoires pour us à FH if. naturelle des animaux , art. du
crocodile, |
(2) Pline a écrit que la paupière inférieure du crocodile étoit feule
mobile; mais obfervation eft contraire à cette opinion,
er
DES Quape VPÈDES OVIPARES, 107
geurs lui ont donnée : Ses yeux font aufli, comme
ceux des oïifeaux, défendus par une membrane cli-
gnotante, qui ajoute à leur force (m).
Lés oreilles fituées très-près, & au-deflus des yeux,
{ont recouvertes par une peau fendue & un peu rele-
vée, de manière à repréfenter deux paupières fermées,
& c’eft ce qui a fait croire à quelques Naturaliftes que le
_ crocodile n’avoit point d'oreilles, parce que plufeurs
autres lézards en ont louverture plus fenfble. La
partie fupérieure de la peau qui ferme les oreilles
eft mobile; & lorfqwelle eft levée, elle laiffe apper-
_cevoir Fa membrane du tambour. Ga Voyageurs
auront apparemment penfé que cette peau, relevée
en forme de paupières, recouvroit des yeux; & voilà
pourquoi l’on a écrit que l’on avoit tué des crocodiles
à quatre yeux (n). Quelque peu proéminentes que
foient ces oreilles, Hérodote dit que les habitans de
Memphis attachoient des efpèces de pendans à des
crocodiles privés qu’ils nourrifloient.
Le cerveau des crocodiles eft très-petit (o).
La queue eft très-longue ; elle eft, à fon origine,
(yn) Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 461.
(n) Hifloire des Moluques, Livre IT, page 116. |
(o) Mémoires pour Jervir à à PH jf. refirelle des animaux , art. de
crocodile;
198 Hisrorre NATURELS
auf groffe que le corps, dont elle paroît une pro-
“Séeiion fa forme aplatie, & aflez femblable à
celle d'un aviron, donne au crocodile une grande
facilité pour fe gouverner dans l'eau, & frapper cet.
élément de manière À y nager avec viteñle. Indé-
pendamment de ce fecours, les doigts des pieds de
derrière font réunis par des membranes, dont il peut
fe fervir comme d'efpèces de nageoires: ces doigts
font au nombre de quatre ; ceux des pieds de de-
vant, au nombre de cinq; dans chaque pied, il n'y
a que les doigts intérieurs qui foient garnis d'ongles,
& la longueur de ces ongles cf ordinairement d'un
ou deux pouces.
La Nature a pourvu à la sûreté des es .
en les revêtant d’une armure prefque impénétrable;
tout leur corps eft couvert d'écailles , excepté le
fommet de la tête, où la peau eft colée immédiate-
ment fur l'os. Celles qui couvrent les flancs, les
pattes & la plus grande partie du cou, font preique
rondes , de grandeurs différentes, & diftribuées irré-
gulièrement Celles qui nor le dos & le deflus
de la queue, font quarrées, & forment des bandes
tranfverfales, Il ne faut donc pas, pour blefler le
crocodile, le frapper de derrière en avant, comme
fi les écailles fe recouvyroient les unes les autres,
maïs dans les jointures des bandes qui ne préfentent
que la peau. Pluñeurs Naturaliftes ont écrit que le
À
k d'ngk
ent d'u
crocodile
ipénétrl
except
“imnéè
fus
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 100
nombre de ces Bandes varioit, fuivant les individus.
Nous les avons comptées avec foin fur fept croco-
diles de différentes grandeurs , tant de l'Afrique que
de l'Amérique : l'un avoit treize pieds neuf pouces fix
lignes de long, depuis le bout du mufeau , jufqu'à l'extré-
mité de la queue; le fecond neuf pig: le troifième
& le quatrième huit pieds; le cinquième quatre; le
fixième deux ; le feptième étoit mort en fortant de
l'œuf. Ils avoient tous le même nombre de bandes,
excepté celui de deux pieds ; qui paroïifloit, à la
rigueur , en préfenter une de plus que les autres,
Ces écailles quarrées ont une très-grande dureté,
& une flexibilité qui les empêche d’être caffantes (p);
le milieu de ces lames préfente une forte de crête
(p) « Les écailles du crocodile font à l'épreuve de la balle, à
moins que le coup ne foit tré de très-près, ou le fufl très chargé ,«e
Les Nègres s'en font des bonnets, ou plutôt des cafques, qui ré-ce
fiftent à la hache.sw Labat, vol. 2 , page 347 3 Voyage d its
Hifloire gén. des Voyages, Livre VIL
La dureté de ces écailles doit être cependant, relative à l'âge » au
individus , & peut-être au fexe. M. de la Borde aflure que la croûte
dont les crocodiles font revêtus, ne peut être percée par la balle
qu'au-deflous des épaules. Suivant M. de la Coudrenière ; on peut auffi
la percer à coup de fuñl fous le ventre & vers les yeux. Obfervations
Jr Le crocodil: de la Louifiane , Fe de la Coudrenicre, Journal de
Phylique , 1782 : é À
00 Hrsrorrs NArvUREzLzE
dure, qui ajoute à leur folidité ( q); &, le plus
fouvent, elles font à Pépreuve de la balle. L'on voit
fur le milieu du cou, deux rangées tranfverfales de |
ces écailles à there lune de quatre pièces, & |
Yautre de deux; & de chaque côté de la queue, |
s'étendent deux rangs d’autres tubercules, en forme |
de crêtes, qui la font paroître hériffée de pointes,
_& qui fe réuniflent à une certaine diffance de fon
extrémité, de manière à n’y former qu'un feul rang.
Les lames qui 8 oarniflent le ventre, le deflous de la
_ tête, du cou, de la queue, des pieds, & la face
| | ue des pattes, dont le bord extérieur, eft le
plus fouvent dentelé, forment également des bague |
tranfverfales ; elles font quarrées & flexibles, comme ‘
celles du dos, mais bien moins dures & fans crêtes. Î
C’eft par ces parties plus foibles, que les cétacées & À
les poiflons voraces attaquent le crocodile ; c’eft par- +
là que le dauphin lui donne [a mort, ainfi que le Le |
rapporte Pline, & lorfque le chien de mer, connu 1 |
fous le nom de poiffon-fcie, lui livre un combat qu'ils a
foutiennent tous deux avec furie, le poiffon-fcie ne 1
pouvant percer les écailles Hbbretleite qui revétent
(g) Les crêtes voilines des flancs ne font pas plus élevées que les
autres, & ne peuvent point oppofer une plus grande réfiflance à la
balle, ainf qu'on fa écrit. Je m'en fuis afluré par l'infpetion de plu-
fieurs crocodiles de divers pays,
le deffus |
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 20%
le deflus du corps de fon ennemi, plonge & le frappe
au ventre (r),
La couleur des crocodiles t tire fur un jaune ver.
dâtre, plus ou moins nuancé d’un. vert foible » par
taches & par bandes, ce, qui repréfente affez es la
couleur du bronze un peu rouillé, Le deflous du COrps,
de la queue & des pieds, ainfi que la face intérieure
des pattes, font dun blanc Jaunâtre : on a prétendu
que le nom de ces grands animaux venoit de la ref
femblance de leur couleur, avec celle du fafran, en
latin crocus, & en grec 2p0%09, On a écrit auff qu'il
venoit de crocos & de deilos , qui fignifie timide » parce
qu'on a cru qu'ils avoient Heu du fafran (s ). Arif-
tote paroît penfer que les crocodiles font noirs : il ÿ
en a en eflet de très-bruns fur la rivière du Sénégal,
ainfi que nous l'avons dit, mais ce grand FA RER
ne devoit pas les connoître. … |
Les crocodiles ont quelquefois cinquante-neuf VeT«
icbres; fept dans le cou, douze dans le dos , cinq
dans jé lombes , deux ? à la place de l'os facrum, &
trente-trois Re la queue : mais le nombre de ces
vertëbres eft variable, Leur œfophage eft très - vafte
(r) H iffoire PRE des rame, Tome 39 5 PAS 35 à édition
in 22,
sale s) Gefner, de Quadrup. oyip., page TA
Ovipares , Tome I. € € _
#
= = +
202 + Hrsrorre NATUREILZE
& fufceptible d'une grande dilatation ; ils n’ont point
de veflie comme les tortues; leurs uretères fe déchar-
gent dans le rectum; l'anus eft fitué au-deflous & à
l'extrémité poftérieure du corps; les parties fexuelles
des mâles font renfermées dans l'intérieur du corps,
jufq'au moment de l'accouplement , ainfi que dans
les autres lézards & dans les tortues; & ce n’eft que
par l'anus qu'ils peuvent les faire fortir. Ils ont deux
glandes ou petites poches au-deflous des mâchoires,
& deux autres auprès de lanus : ces quatre Sa
contiennent une matière volatile, qui leur donne une
odeur de mufc affez forte (#). di
; (#) Voyez le Voyage aux Ifles Hire. Barbade, de la Jamaïque,
Êc. par Sloane, tome 2, page 332. On y trouve une. defcription
des parties intérieures du crocodile, que nous traduifons en partie icf,
attendu qu'elle a été faite fur un affez grand individu , fur un alli-
gator de. feize pieds de long. «6 La trachée-artère étoit fléchie : elle
2) préfentoit une divifion avant d'entrer dans les poumons, qui n’étoient
que des véficules, entremêlées de vailfeaux fanguins, & qui étoient
» compofés de deux grands lobes, un de chaque côté de l’épine du
#dos. Le cœur étoit petit; le ptricarde renfermoit une grande quan-
» tité d'eau. Le diaphragme paroifloit membraneux, ou plutot tendi-
oneux & nerveux. Le foie étoit long & triangulaire : il y avoit une
grande véficule du fiel, pleine d’une bile jaune & claire. Je n’obfervai
3» point de rate (c’eft toujours Sloane qui parle ) : les reins placés auprès
# de l'anus, étoient larges & attachés à lépine.....Ce crocodile n "avoit
» point de langue (ceci ne doit s'entendre que d'une langue libre &
ia,
nt,
el,
its fem,
ur du
inf que
L ce né
Is ot
es mâche
jatre gl
r donner
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 92O3
La taille des crocodiles varie fuivant la tempéra-
ture des diverfes contrées dans lefquelles on les trouve.
La longueur des plus grands ne pañle guère vingt-cinq
ou vingt-fix pieds dans les climats qui leur convien-
nent le mieux ; il paroît même que, dans certaines
contrées qui leur font moins favorables, comme les
côtes de la Guiane, leur longueur ordinaire ne s'étend
pas au-delà de treize ou quatorze pieds (4). Un: indi-
dégagée de toute membrane }: l'eftomac, qui étoit fort large & garnice
intérieurement dune membrane dure, contenoit plufeurs pierres ce
rondes & polies, du gravier tel qu'on le trouve fur le bord de lace
mer, & quelques arêtes... ..Les yeux étoient fphériques, & garnises
tous les deux d’une forte membrane clignotante: la pupille étoit alongée ce
comme celle des chats. »» On peut comparer ces détails avec ceux que
donne Haflelquift dans fon voyage en Palefltine, page 344 & fuiv.
(z) Brown prétend que les crocodiles parviennent fouvent à la
longueur de quatorze à vingt-quatre ot Hifl. nat. de la Jamaïque,
page 461.
- Les crocodiles, ou alligators, font très-communs fur les côtes & dans
les rivières profondes de la Jamaïque , où on en prit un de dix - neuf
pieds de long, dont on offrit la peau comme une rareté à Oloane.
Voyage aux Ifles Madère, Barbade , 4e la Jamaïque, GC , par Sloane :
volume 2 , page 332.
66 La rivière du Sénégal, abonde auprès de Gh'am, en érébilés;
beaucoup plus gros & plus dangereux que ceux qui fe trouvent àce
l'embouchure, Les laptôts du Général en prirent un de vingt-cinq ce
pieds de long, à la joie extrême des habitans, qui fe figurèrent que ce
c'étoit le père de tous les autres, & que fa mort jetteroit Péffroice
Cci
SO *:SHESFOTRE NATURELLE ee
vidu de cette longueur, dont la peau eft confervée
au Cabinet du Roi, a plus de quatre pieds de circon-
férence dans endroit le plus gros du corps, ce qui fup-
parmi tous Îes res de fi race, 9 ES: voyage du fieur Brue
Jur le Sénégal. Hiff. générale des Voyages.
Quelques Voyageurs ont attribué une grandeur plus confidérable au
crocodile. Barbot dit qu'il sen eft trouvé dans le Sénégal & dans la
Gambie, qui n’avoient pas moins de trente pieds de long : fuivant Smith,
ceux de Sierra-Léona ont la même longueur. Jobfon parle aufli d’un
crocodile de trente-trois pieds de long ; mais comme il n’avoit mefuré
que la trace que cet animal avoit liflée fur le fable, fon témoignage
ne doit pas être compté. Smith , voyage en Guinée. Voyage du Cap.
Jobfon. Hifloire générale des Voyages, Livre VII
On trouve, fuivant Catefby , à la Jamaïque , & dans plufieurs en=
droits du continent de l'Amérique feptentrionale, des crocodiles de
plus de vingt pieds de long. On peut voir dans Gefner, Livre II,
article. du crocodile, tout ce que les Anciens ont écrit touchant la
grandeur de cet animal, auquel quelques-uns d'eux ont. attribué une
longueur de vingt-f ix coudées.
.. Hañelquift dit, dans fon voyage ën Paleftine ; page 347, que les
. de crocodile qu'il déctit, avoient Les à une femelle: de
trente pieds. !
.« Sur. le bord d’une rivière, qui f jette dans la baie de Saint
3 » Auguftin, lfle de Madagafcar, les gens du Capitaine Keeling tuèrent
»à coup.de fufl-un alfigator ; efpèce de crocodile, qu'ils virent marcher
»fort lentement fur la rive. Quoique mort d’un grand nombre de
“coups, les mouvemens convulfifs qui lui reftoient encore étoient
s»capables d’infpirer de la frayeur. Il avoit feize pieds de long; & fa
wgucule étoit fi large, qu'il ne parut pas furprenant qu'elle pût en-
Rap _—. _ ps MR =
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 305$
pofe une circonférence de huit à neuf pieds dans les plus
grands crocodiles. Au refte, on pourra juger des propor-
tions de ce grand Quadrupède ovipare, par la note fui-
vante (v) qui préfente les principales dimenfons de
l'individu dont nous venons de parler.
gloutir un homme. Keeling fit tranfporter ce monftre jufqwà fonc
vaïfleau , pour en donner le fpectacle à tuus fes gens. On louvrit :ce
l'odeur qui s’en exhala parut fort agréable; mais quoique la chair necs
le füt pas moins à la vue , les plus hardis matelots n’osèrent en goûter. ce
Voyage du Capitaine William Keeling à Bantam 6 à Banda, en 260n
RS RER Enennne vonr renenem
pieds
(+) Longueur totale, : 23 3: °.| 3
Éoeueur de D à 2
Longueur depuis l'entre-deux des yeux,
. jufqu'au bout du mufeau. . . . . | x
Longueur de la mâchoire fupérieure. . I
Longueur de la partie de la mâchoire qui
“PE ae de dede po Su, L
Difente’des deux peus. SU: 4:13 124
Grand-dismètre de. Poil... ..:.,2, 2
Circonférence du corps à l'endroit le pu
RO su, à + à à pe
Largeur de la tête derrière les yeux, .
Largeur du mufeau à l'éndroit le plus étroit.
Longueur des pattes de devant in:
bout des doigts. . . . 1
Longueur des pattes de dense sin au
= À
bout desdoiots, 5 4" ox Li
Longueur de la queue. . e 6
Circonférence de la queue à ns sriginee Es :
/ £ e
506 Hrsrorre NATURELLE
Cet au commencement du pairense que l'amour
fait éprouver fes feux au crocodile. Cet énorme Qua-
drupède ovipare s unit à fa femelle, en la renverfant
fur Le dos, ainfi que les autres lézards; & leurs embraffe-
mens peloton très-étroits. On ignore la durée de leur
union intime ; mais, d'après ce que l’on a obfervé,
touchant les lézards de nos contrées, leur me
ment , quoique bien plus court que celui des tortues ,
doit être plus prolongé, ou du moins plus fouvent re-
nouvellé que celui de plufieurs vivipares; & lorfqu'il
a ceflé, l'attention du mâle pour fa CO PRÈRe ne pafñle
pas tout-à-fait avec fes defrs, & il l'aide à fe remettre
fur fes pattes. G
On a cru, pendant long-tems, que les crocodiles
ne faifoient qu'une ponte ; mais M. de la Borde nous
apprend que, dans l'Amérique méridionale , la femelle
fait deux & quelquefois trois pontes ie l'une
de l’autre de peu de jours; chaque ponte eft de vingt
à vingt-quatre œufs (x) , & par conféquent il eft pof-
fible que le crocodile en ponde en tout foixante-douze, |
ce qui fe rapproche de lafflertion de M, Linné, qui a
écrit que les œufs du crocodile étoient dinsfas au
RObre de cent, HSE" | :
( #) Note communiquée par M de + un Mégecin du Roia Re
& Correfpondant du Cabinet de Sa Majeéfié |
né ne pl
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 20%
_ La femelle dépofe fes œufs fur le fable, le long
des rivages qu'elle fréquente ; dans certaines contrées,
comme aux environs de Cayenne & de Surinam (y),
elle prépare aflez près des eaux qu’elle habite,
un petit terrain élevé, & creux dans le milieu; elle
y ramafle des feuilles & des débris de plantes, au
milieu defquels elle fait fa ponte; elle recouvre fes
œufs avec ces mêmes feuilles; il s'excite une forte
de fermentation dans ces végétaux, & c’eft la cha-
leur qui en provient, jointe à celle de l’atmofphère,
qui fait éclore les œufs. Le tems de la ponte com-
mence aux environs de Cayenne, en même tems
que celui de la ponte des tortues, c’eft-à-dire, dès
le mois d'Avril; mais il eft plus prolongé. Ce qui eft
très-fingulier , c’eft que l'œuf d’où doit fortir un ani-
mal aufli grand que lalligator, n'eft guère plus gros
que l'œuf d’une poule d'Inde, fuivant Catefby (7).
I y a, au Cabinet du Roi, un œuf d'un crocodile de
quatorze pieds de longueur, tué dans la haute Egypte,
au moment où il venoit de pondre. Il eft ovale &
blanchâtre ; fa coque eft d’une fubftance crétacée,
femblable à celle des œufs de poule , mais moins
dure ; la tunique intérieure qui touche à l'enveloppe
(y) Note communiquée par M. de la Borde
(x) Catefby, Hifi. naturelle de L Caroline, vol. 2, page 63,
Go D nr Gad a» ts het de ph à 5 à 0 gt
= Lau TES HE _ S _
208 Hisrorre NATUREL
crétacée, eft plus épaifle & plus forte que dans Ia
plupart des œufs d'oifeaux, Le grand diamètre neft
que de deux pouces cinq lignes, & le petit diamètre
d'un pouce onze lignes. Jen ai mefuré d'autres,
pondus par des crocodiles d'Amérique , qui étoient
plus alongés, & dont le grand diamètre étoit de
trois pouces fept lignes, & le petit diamètre de deux
pouces, ; « + Lu
Les petits crocodiles font repliés fur eux-mêmes dans
leurs œufs; ils n'ont que fix ou fept pouces de long
Jlorfqu'ils brifent leur coque, On a obfervé que ce
n’eft pas toujours avec leur tête, mais quelquefois
avec les tubercules de leur dos qu'ils la caffent,
Lorfqu’ils en fortent , ils traînent attaché au cordon
ombilical , le refte du jaune de l'œuf, entouré d’une
ee & une efpèce d'arrière- faix, compofé de
l'enveloppe dans laquelle ils ont été enfermés. Nous
l'avons obfervé dans un jeune crocodile , pris en
{ortant de l'œuf, & confervé au Cabinet du Roi,
Quelque tems après qu'ils font éclos, on remarque
encore fur le bas de leur ventre, l’infertion du cordon
ombilical (a), qui difparoît avec le tems 3100 les
rangs d'écailles qui étoient féparés, & formoient une
fente longitudinale par où il pafñloit, fe réuniflent
(4) Séba , vol, z 3 PAS 162 & fuir.
infenfiblement,
| DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 200
infenfiblement. Ce fait eft analogue à ce que nous
avons remarqué dans de jeunes tortues, de l’efpèce
appellée la Ronde, dont le plaftron étoit fendu, &
dont on voyoit au-dehors la portion du ventre où le
cordon ombilical avoit été attaché.
Les crocodiles ne couvent donc pas leurs œufs; on
auroit dû le préfumer, d'après leur naturel , & l’on auroit
dû, indépendamment du témoignage des Voyageurs }
refufer de croire ce que dit Pline du crocodile mâle,
qui, fuivant ce grand Naturalifte, couve, ainfi que la
femelle, les œufs qu'elle a pondus (b). Si nous jetons
en effet les yeux fur les animaux ovipares qui font
fufceptibles d’affections tendres, & de foins empreflés ;
fi nous obfervons les oifeaux » NOUS verrons que les
efpèces les moins ardentes en amour, font celles où
le mâle abandonne fa femelle après en avoir joui:
enfuite viennent les efpèces où le mâle prépare le
nid avec elle, où il la {foulage dans la recherche
des matériaux dont elle fe {ert pour le conftruire,
où il veille attentif auprès d'elle, pendant qu'elle
couve, où il paroît charmer fa peine par fon chant:
& enfin celles qui reflentent le plus vivement les
feux de l'amour, font les efpèces où le mâle pär-
tage entièrement avec fa compagne le foin de couver
(8) Pline, Liv. X, Chap. LXXXIr.
Ovipares, Tome I. | D d
210 | HISTOIRE NATUREIIE
les œufs. Le crocodile devroit donc être regardé
comme très-tendrement amoureux, file mâle couvoit
les œufs , ainfi que la femelle. Mais comment attribuer
cette vive, intime & conftante tendrefle à un ani-
mal qui, par la froideur de fon fang, ne peut
éprouver prefque jamais, ni pañlions impétueufes, ni
fentiment profond ? La chaleur feule de l'atmofphère,
ou celle d’une forte de fermentation, fait donc éclore
les œufs des crocodiles; les petits ne connoiflent donc
point de parens en naïflant (c): mais la Nature leur
a donné aflez de force, dès les premiers momens de
leur vie, pour fe fa de foins étrangers. Dès qu'ils
font éclos, ils courent d'eux-mêmes fe jeter dans l’eau,
où ils trouvent plus de sûreté & de nourriture (d).Tant
qu’ils font encore jeunes , ils font cependant dévorés
non-feulement par les poiflons voraces , mais encore
quelquefois par les vieux crocodiles, qui, tourmentés par
la faim , font alors par befoin, ce que d’autres animaux
fanguinaires paroiffent faire uniquement par cruauté.
On n'a point recueilli aflez d'obfervations fur les
RP ne. maine Ge
“1Èa) Chéôdét, fuivant M. de la Borde, à Surimam, la femelle du
crocodile {e tient toujours à une certaine diftance de fes œufs, qu'elle
garde, pour ainfi dire, & qu'elle défend avec une forte de fureur , .
lorfqu'on veut y toucher. |
&
(d) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline, &c. vol. 2 ; page 63
DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 91II
crocodiles, pour favoir précifément quelle eft la durée
de leur vie; mais on peut conclure qu’elle eft
trés-longue, d'après lobfervation fuivante, que M. le
Vicomte de Fontange, Commandant pour le Roi dans
VIfle Saint - Domingue , a eu la bonté de me com-
muniquer. M. de Fontange a pris à Saint-Domingue
de jeunes crocodiles qu'il a vus fortir de l'œuf; il les
a nourris , & a eflayé de les amener vivans en France;
le froid qu'ils ont éprouvé dans la traverfée, les a
fait périr. Ces animaux avoient déjà vingt-fix mois,
& ils n'avoient encore qu’à-peu-près vingt pouces de
longueur. On devroit donc compter vingt-fix mois
d'âge pour chaque vingt pouces que l’on trouveroit
dans la longueur des grands crocodiles, fi leur accroiffe.
ment fe faifoit toujours fuivant la même proportion;
mais, dans prefque tous les animaux, le dévelop-
pement eft plus confdérable dans les premiers tems
de leur vie. L'on peut donc croire qu'il faudroit
fuppofer bien plus de vingt-fix mois pour chaque
vingt pouces de la longueur d'un crocodile. Ne
comptons cependant que ving-fix mois, parce qu'on
pourroit dire que, lorfque les animaux ne Jouifient
pas d’une liberté entière, leur accroiflement eft re-
tardé, & nous trouverons qu'un crocodile de vingt.
cinq pieds, n’a pu atteindre à tout fon développe-
ment qu'au bout de trente-deux ans & demi, Cette
lenteur dans le développement du crocodile, eft con
| D di
213 Hrsrorre NATURELLE
fiimée par lobfervation des Miffionnaires mathémati-
ciens que Louis XIV envoya dans l'Orient, & qui
ayant gardé un er a crocodile en vie pendant
deux mois, remarquèrent que fes dimenfions n'avoient
pas augmenté, tas ce tems, d’une manière fen-
fible (e). Cette même lenteur a fait naître, fans
doute, l'erreur d’Ariftote & de Pline, qui penfoient
que lé crocodile croifloit jufqu'à fa mort; & elle
prouve combien la vie de cet animal peut être
longue. Le crocodile habitant en effet au milieu des
‘eaux, prefque autant que les tortues marines, n'étant
pas revêtu d'une croûte plus dure qu'une carapace,
& croiffant PE bien plus de tems que la tortue fran-
che , qui paroît être entièrement développée après
vingt ans, ne doit-il pas vivre plus long-tems que cette
grande tortue, qui cependant vit plus d'un fiècle?
Le crocodile fréquente de préférence les rives des
grands fleuves, dont les eaux furmontent fouvent leurs
bords, & qui, couvertes d’une vafe limonneufe, offrent
en plus grande abondance les teftacées , les vers, les
grenouilles & les lézards dont il fe nourrit (f). Il
(e) Mémoires pour fervir à l'Hif. naturelle des animaux, tome 3:
(f) « Les crocodiles de l'Amérique feptentrionale fréquentent non
® feulement les rivières falées proche de la mer, mais aufli le courant
s des eaux douces plus avant, dans les terres, & les lacs d'eaux falées &
Une carapa
Ja tortue dr
veloppée 4
Aems que &
d'un fkck
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ont Jouve:
jonneuf
és, LAS
e nou |
DES QUADRUPÉDES OFIPARES., 213
fe plaît fur-tout dans PAmérique méridionale (#), au
milieu des lacs marécageux , & des favanes noyées,
Catefby, dans fon Hiftoire naturelle de la Caroline (4),
nous repréfente les bords fangeux , baignés par les
eaux falées, comme couverts de forêts épaifles d’ar-
bres de banianes, parmi lefquels des crocodiles vont
fe cacher. Les plus petits s’enfoncent dans des buiffons
épais, où les plus grands ne peuvent pénétrer , & où
ils font à couvert de leurs dents meurtrières, Ces bois
aquatiques font remplis de poiflons deftructeurs, &
d'autres animaux qui fe dévorent les uns les autres.
On y rencontre aufh\ de grandes tortues; mais elles
font le plus fouvent la proie de ces poiflons carna-
ciers, qui, à leur tour, fervent d’aliment aux cro-
codiles, plus puiffans qu'eux tous. Ces forêts noyées
préfentent les débris de cette forte de carnage, &
Yon y voit flotter des reftes de carcafles d'animaux
à demi- dévorés. C’eft dans ces terrains fangeux, que
\
couvert de boue, & reflemblant à un arbre renverté,
il attend immobile, & avec la patience que doit
d'eaux douces. Ils fe tiennent cachés fur leurs bords, parmi les ro-ce
feaux, pour furprendre le bétail & les autres animaux. » Cathy,
Hifloire naturelle de la Caroline, vol. à , page 63.
{g) Obféryvutions communiquées par M. de la Borde,
(k) Catefby , vol. à , page 63.
214 Hrsrorre NATURELLE
lui donner la froideur de fon fang, le moment fa.
vorable de faïfir fa proie. Sa couleur, à forme alongée,
fon filence trompent les Paie les oifeaux de mer,
les tortues, dont il eft très- avide. Il sélance auf
fur les beliers, les cochons (i), & même fur les
bœufs : lorfqu’il nage, en fuivant le cours de quelque
grand fleuve , il arrive fouvent qu’il n’élève au-defüs
de l’eau que la partie fupérieure de fa tête; dans
cette attitude, qui lui laïfle la liberté des yeux, il
cherche à prends les grands animaux qui s'ap-
prochent de l’une ou de l'autre rive; & lorfqu'il en
voit quelqu'un qui vient pour y boire, il plonge, va
jufqu'à lui en nageant entre deux eaux, le faifit par
les jambes, & l’entraîne au large pour Fy noyer. Si
la faim le preffe, il dévore auffi les hommes (k), &
particulièrement les Nègres, fur lefquels on a écrit
qu'il fe jette de préférence (1). Les très - grands
crocodiles fur-tout#ayant befoin de plus d’alimens,
pouvant être apperçus & évités plus facilement par
(2) Cotefby, Hifloire naturelle de la Caroline , vol, 2, page 63:
(#) Dans l'Egypte fupérieure, ils dévorent très-fouvent les femmes
qui viennent puifer de Feau dans le Nil, & les enfans qui fe jouent
fur le bord du fleuve. Haffèlquifr, Voyage en Palefline, page 347.
(1) Obférvations fur le crocodile de la Louifiane, par M. de la
Coudrenière, , Journal de Payfi que , 1782.
tu,
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Toi
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 215
les petits animaux, doivent éprouver plus fouvent &
plus violemment le tourment de la faim, & par con-
féquent être quelquefois très-dangereux, principale-
ment dans l’eau. C’eft en effet dans cet élément que
le crocodile jouit de toute fa force, & qu'il {e remue
avec agilité, malgré fa lourde maffe , en faifant fouvent
entendre une efpèce de murmure fourd & confus.
S'il a de la peine à fe tourner avec promptitude,
à caufe de la longueur de fon corps, c'eft toujours
avec la plus grande vitefle qu'il fend l’eau devant lui
pour fe précipiter fur fa proie: il la renverfe d'un
coup de fa queue raboteufe , la faifit avec fes griffes,
la déchire, ou la partage en ie avec fes dents fortes
& po & l’engloutit dans une gueule énorme,
qui s'ouvre jufqu' au-delà des oreilles pour la recevoir.
Lorfqu’il eft à terre, il eft plus embarraflé dans fes
mouvemens, & par conféquent moins à craindre pour
les animaux quil pourfuit: mais, quoique moins agile
que dans l’eau, il avance très-vite, quand le chemin
eft droit, & le terrain uni. Auf, lorfqu'on veut lui
ane , doit-on fe détourner . cefle. On lit dans
la defcription de la nouvelle Efpagne (m1), qu'un
voyageur Anglois fut pourfuivi avec tant de vitefle
par un monftrueux crocodile forti du lac de Nicaragua,
(m) Hifloire générale des Voyages, 5° Partie.
216 _Mrsrorrze NATURELLE.
que files Efpagnols qui l’'accompagnoient ne lui euffent
crié de quitter le chemin battu, & de marcher en
tournoyant, il auroit été la proie de ce terrible animal,
Dans l'Amérique méridionale, fuivant M. de la Borde,
les grands crocodiles fortent = fleuves plus rarement
que les petits; l’eau des lacs qu'ils fréquentent venant
quelquefois à as ’évaporer, ils demeurent fouvent pendant
quelques mois à fec, fans pouvoir regagner aucune
rivière, vivant de gibier, ou fe paflant de nourriture,
& étant alors très-dangereux. s:
Il y a peu d’endroits peuplés de crocodiles un peu
gros , où l’on puiffe tomber dans l’eau, fans rifquer
de perdre la vie (n). Ils ont pendant la
nuit, grimpé ou fauté dans des canots, dans lefquels
on étoit endormi, & ils en ont dévoré tous les paf
fagers. Il faut veiller avec foin lorfqu'on fe trouve
le long des rivages habités par ces animaux, M. de
la Borde en a vu fe dreffer contre les très - petits
7
(n) « Les crocodiles font plus dangereux dans la grande rivière de
5 Macaflar, que dans aucune autre rivière de l'Orient : ces monftres ne
#fe bornent point à faire la guerre aux poifons, s’affemblent quelque-
# fois en troupes, & fe tiennent cachés au fond de l'eau, > pour attendre
sle pañge des petits bâtimens. Ils les arrêtent , & fe fervant de leur.
s2queue comme d'un croc, ils les renverfent & fe jettent fur les hom-
mes & les animaux, qu ‘ils entraînent dans leurs retraites.» DefCription
de l'Ile Célebes , ou Macaffar. Hi ife, era des Voyages , LOIRE 39»
page 248 , édit. in-72
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DES QUADRUPÈDES OFIPARFS. 219
bâtimens. Au refte, en comparant les relations des
Voyageurs, il paroît que la voracité & la hardiefle
des crocodiles augmentent , diminuent , & même pañlent
entièrement, fuivant le climat, la taille , l'âge, l’état
de ces animaux, la nature, & fur-tout l'abondance
de leurs alimens. La faim peut quelquefois les forcer
à fe nourrir d'animaux de leur efpèce, ainfi que nous
l'avons dit; & lorfqu'un extrême befoin les domine,
le plus foible devient la vidtime du plus fort; mais,
d'après tout ce que nous avons expofé , lon ne doit
point penfer, avec quelques Naturaliftes que la fe-
melle du crocodile conduit à l’eau fes petits lorf-
qu'ils font éclos, & que le mâle & la femelle dévorent
ceux qui ne peuvent pas fe traîner, Nous avons vu
que la chaleur du foleil ou de l’atmofphère faifoit
éclore leurs œufs ; que les petits alloient d'eux-mêmes
à la mer; & les crocodiles métant jamais cruels que
pour aflouvir une faim plus cruelle , ne doivent
point être accufés de l’efpèce de choix barbare qu'on
leur a imputé, G | |
Malgré la diverfité des alimens que recherche le
crocodile ; la facilité que la lenteur de fa marche
donne à plufieurs animaux pour léviter , le contraint
quelquefois à demeurer beaucoup de tems & même
… plufieurs mois fans manger (o) : il avale alors de
(o} Brown dit que l'on à obfervé plufeurs fois des crocodiles qui
Ovipares, Tome I, E ç
018 Hrsrorre NATURELLE
petites pierres & de petits morceaux de bois capables
d'empêcher fes inteftins de fe reflerrer (p).
I paroït, par les récits des Voyageurs, que les croco
diles, qui vivent près de l'équateur , ne s’'engourdiflent
dans aucun tems de année ; mais ceux qui habitent
vers les tropiques ou à des latitudes plus élevées, fe
retirent , lorfque le froid arrive, dans des antres pro-
fonds auprès des rivages, & y font pendant l'hiver dans
un état de torpeur. Pline a écrit que les Crocodiles
pafloient quatre mois de Phiver dans des cavernes, &
fans nourriture , ce qui fuppofe que les crocodiles du
nil qui étoient les mieux connus des anciens, sen-
gourdifloient pendant la faifon du froid (q). En Amé-
rique à une latitude aufñ élevée que celle de l'Egypte,
& par conféquent fous une température moins chaude,
le nouveau continent étant plus froid que l’ancien , les
crocodiles font engourdis pendant l'hiver. Ils fortent
ont vécu plufeurs mois fans prendre de nourriture, & qu'on s'en eft
afluré, en leur liant le mufeau avec un fil de métal, & en les laiffant
ainfi liés dans des étangs, où ils venoient de tems en temms à la furface
‘de Peau pour refpirer. Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 461.
(p) Brown, Hifloire naturelle de la Jarmaïgue , page 461.
(q) Pline, Liy. VIII, Chap. xxxy111. L'engourdiflement des
crocodiles paroît encore indiqué par ce que dit Pline, Livre XI,
Chapitre Lcr,
(4). En
Le de lEzr
moins che
DES QuADruPÈDES OFIPARES. D19
dans la Caroline de cet état de fommeil profond en
faifant entendre , dit Catefby , des mugiflemens horri-
bles qui retentiflent au loin (r). Les rivages habités
par ces animaux , peuvent être entourés d’échos qui
réfléchiffent les fons fourds formés par ces grands Qua-
drupèdes ovipares & en augmentent la force de ma-
nière à juftifier, jufqu'à un certain point , le récit de
Catefby. D'ailleurs M. de la Coudrenière dit que, dans
la Louifiane , le cri de ces animaux n’eft jamais répété
plufeurs fois de fuite, mais que leur voix eft auffi forte
que celle d’un taureau (s). Le Capitaine Jobfon aflure
aufh que les crocodiles, qui font en grand nombre dans
la rivière de Gambie en Afrique, & que les Nègres
appellent Bumbos , y pouflent des cris que l’on entend
de fort loin: ce Voyageur ajoute que l'on diroit que
ces cris fortent du fond d’un puits ; ce qui fuppofe, dans
la voix du crocodile, beaucoup de tons graves qui la
rapprochent d’un mugiffement bas & comme étoufté (4).
Et enfin le témoignage de M. de la Borde que nous
avons déja cité, vient encore ici à l'appui de laffer-
tion de Catefby,
EP) Catefby » Hifi. naturelle de la Caroline, vol. à, page 62.
(s) OË/érvations ur le crocodile de la Louifiane. Journal de Phyfique,
PER INA | : | |
(t) Voyage du Capitaine Jobfon à la rivière de Gambie. Hifi. gér:
des Voyages , Livre VIT.
Eci
ra
220 Hisrorre NATURELLE
a
Si le crocodile s’engourdit à de hautes latitudes
comme les autres Quadrupèdes ovipares, fa couver-
ture écailleufe n’eft point de nature à être altérée par
le froid & la difette , ainfi que la peau du plus grand
nombre de ces animaux ; & il ne fe dépouille pas
comme ces derniers.
Dans tous les pays où l’homme n’eft pas en aflez
grand nombre pour le contraindre à vivre difperfé, il
va par Hugo nombreufes ; M. Adanfon a vu, fur la
grande rivière du Sénégal, des crocodiles réunis au nom-
bre de plus de deux cens, CSP ‘enfemble la tête
hors de l’eau, & fon blar à un grand nombre de
troncs d'arbres, à une forêt que les flots entraîneroient.
Mais cet attroupement des crocodiles n’eft point le
réfultat d’un inftin heureux : ils ne fe reffemblent pas
comme les caftors pour s'occuper en commun de tra-
vaux combinés ; leurs talens ne font pas augmentés
par limitation , ni leurs forces par le concert ; ils ne
fe recherchent pas comme les phoques & les laman-
tins par une forte d'aflection mutuelle , mais ils fe réu-
niflent , parce que des appétits femblables les attirent
dans les mêmes endroits: cette habitude d’être enfemble
eft cependant une nouvelle preuve du peu de cruauté
que l’on doit attribuer aux crocodiles; & ce qui con-
firme qu'ils ne font pas féroces , c’eft la flexibilité de
leur naturel. On eft' parvenu à dé apprivoifer. Dans
lille de Bouton, aux Moluques, on. engraifle mé
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& les
DES QvAaDRUPÈDES OVIPARES D21
ans de ces animaux devenus par-là en quelque forte
domeftiques ; dans d’autres paÿs, on les nourrit par of-
tentation. Sur la côte des efclaves en Afrique, le Roï
de Saba à par magnificence deux étangs remplis de
crocodiles. Dans la rivière de Rio-San- Domingo égale-
ment près des côtes occidentales de l'Afrique, où les
habitans prennent foin de les nourrir , des enfans ofent,
dit-on, jouer avec ces monftrueux animaux (u). Les
anciens connoifloient cette facilité avec laquelle le
crocodile fe laïfle apprivoifer : Ariftote a dit qué, pour
y parvenir , il fufhfoit de lui donner une nourriture
abondante , dont le défaut feul peut le rendre très
dangereux (v). FSI
(u) « On à remarqué , avec étonnement, dans la rivière de Rio-San-
Domingo, que les caymans, ou les crocodiles, qui font ordinaire-ce
ment des animaux fi terribles, ne nuifent ici à perfonne. Les enfansce
en font leur jouet, jufqu’à leur monter fur le dos, & les battre même ce
fans en recevoir aucune marque de reflentiment. Cette douceur ec
leur vient peut-être du foin que Les hahitans prennent de lesc
nourrir & de les bien traiter. Dans toutes les autres parties de lA-ce
frique , ils fe jettent indifféremment fur les hommes & fur les ani-ce
maux, Cependant il fe trouve des Nègres affez hardis pour les atta- cé
quer à coup de poignard. Un Laptôt du Fort Saint-Louis; s’en fifoité
tous les jours un amufement , qui lui avoit long-tems réuffi ; fais ilce
reçut enfin tant de bleffures dans ce combat ; que fans Le fecours de “
{es compagnons, il auroit perdu la vie entre les dents du monftre. 5
Voyage du fieur Brue aux Ifles de Biffäo , &c. Hif. gén. des Voyages:
{v) M. de R Borde a vu, à Cayenne , des caymans confervés avez
EN
222 Hrsrorre Narurzizer
Mais fi le crocodile n’a pas la cruauté des chiens de
mer & de plufieurs autres animaux de proie , avec
lefquels il à plufeurs rapports, & qui vivent comme
lui au milieu des eaux, il n’a pas aflez de chaleur
intérieure pour avoir la fierté de leur courage : auffi
Pline a-t-il écrit qu'il fuit devant ceux qui le pour-
fuivent, qu'il fe laiffle même gouverner par les hommes
aflez hardis pour fe jeter fur fon dos, & qu'il n'eft
redoutable que pour ceux qui fuyent dns ui (x).
Cela pourroit être vrai des crocodiles que Pline ne
connoifloit point, qui fe trouvent dans certains endroits
de l'Amérique, & qui, comme tous les autres grands
animaux de ces contrées nouvelles où l'humidité l’em—
porte fur la chaleur, ont moins de courage & de force
_que les animaux qui les repréfentent dans les pays fecs de
des tortues dans un baflin plein d'eau. Ils y vivent long-teras fans faire
même aucun mal aux tortues. On les nourrit avec les reftes des cuifines,
Note communiquée par M. de la Borde,
(x) Pline, Hifloire naturelle, Livre VIIT, Chap. xxxXV 111.
On peut aufli voir, dans Profper Alpin, ce qu’il raconte de la ma:
nière dont les payfans d'Egypte faifioient un crocodile, lui lioient
la gueule & les pattes, le portoient à des acheteurs, le faifoient mar-
cher quelque tems devant eux après l'avoir délié, rattachoient enfuite
fes pattes & fa gueule, l'égorgeoient pour le dépouiller , &c. Prof-
per Alpin, Hifl. naturelle de l'Egypte, à che 21764 ind" (ONE 4 à
Chapitre y.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 222
Vancien continent (y) ; & cette chaleur eft fi nécef-
faire aux crocodiles que non-feulement ils vivent avec
peine dans les climats très-tempérés (7) , mais encore
que leur grandeur diminue à mefure qu’ils habitent des
latitudes élevées. On les rencontre cependant dans les
deux mondes à plufieurs degrés au-deffus des tropi-
ques (a) : lon a même trouvé des pétrifications de
Los, oo
(y) ce Dans l'Amérique méridionale, aux environs de Cayenne , les
Nègres prennent quelquefois de petits caymans , de cinq à fix pieds ce
de long. Ils leur attachent les pattes, & ces animaux fe laiffent alorsce
manier & porter, même fans menacer de mordre. Les plus prudensce
Jeur attachent les deux mâchoires, ou leur mettent une grofle lame ««
dans la gueule. Mais dans certaines rivières de Saint-Domingue , où lece
crocodile ou cayman eft aflez doux, les Nègres le pourfuivent ; l’a-ce
nimal cache fa tête, & une partie de fon corps, dans un trou. Once
pale un nœud coulant, fait avec une grofle corde, à une de fesce
pattes de derrière; plufeurs Nègres le tirent enfuite, & le traînent ce
par-tout jufque dans les mailons ‘fans qu’il témoigne la moindre enviecs
de fe défendre. » Note communiquée par M. de Le Borde.
(x) Mémoires pour fervir à PHifloire naturelle des animaux ,
article du crocodile
(a) 6e Les rivières de la Corée font fouvent infeftles de crocodiles ;
ou alligators, qui ont quelquefois dix-huit ou vingt aunes de long. 13
Relation de Hamel, Hollandois, & deftription de la Corée. Hi Hi
générale des Voyages , tome 24, page 244, in-12. 1749.
Les rivages de la terre des Papous, font aufi peuplés de crocodiles.
Voyage de Fernand Mendez Pinto, Hifloire générale des Voyages ,
Jeconde partie, Livre IL
| ü |
22A HirsrTorre NATURELLE
crocodiles à plus de cinquante pieds fous terre dans les
mines de Thuringe ainfi qu’en Angleterre (b) ; mais
ce n’eft pas ici le lieu d'examiner le TDR de ces
offemens fofliles avec les révolutions qu'ont éprouvées
les diverfes parties du globe.
Quelque redoutable que paroifle le crocodile, les
Nègres des environs du Sénégal ofent l’attaquer pen-
Dampier a rencontré des alligators fur les côtes de l’Ifle de Timor.
Voyage de Guillaume Dampier aux terres Auffrales.
«ya beaucoup de crocodiles dans le continent de P Amérique;
s dix degrés plus avant vers le nord que le tropique du Cancer, par-
sticulièrement aufli loin que la rivière Neus dans la Caroline fepten-
»trionale, environ au trente-troifième degré de latitude : je n'ai jamais
out parler d'aucun de ces animaux au-delà. Cette latitude répond à-
»peu-près aux parties de l'Afrique les plus feptentrionales, où on en.
strouve aufii. 2» CateJby , Hifi. nat. de la Caroline, vol. 2, , page 63.
5 Les crocodiles font fort communs dans tout le cours de l'Amazone,
s»& même dans la plupart des rivières que l’Amazone reçoit. On aflura
5 M. de la Condamine qu'il s'y en trouve de vingt pieds de long, &
2»même de plus grands. Il en avoit déjà vu un grand nombre, de
» douze, quinze pieds & plus, fur la rivière de Guyaquil. Comme ceux
5 de PAmazone font moins chaflés & moins pourfuivis, ils craignent
3) peu les hommes. Dans le terus des inondations, ils entrent quelque-
32 fois dans les cabanes des Endiens. >>. Hi iffoire générale des Voyages,
fomne 53, pas 439 » Fr 4 in-22. :
(3) On a découvert dans l: province de Nortingam , le ljuelette |
entier d'un crocodile. Bibliothèque angiotfe , tome 6, page 406.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 9225
dant qu'il eft endormi, & tâchent de le furprendre
dans des endroits où il n’a pas aflez d’eau pour nager;
ils vont à lui audacieufement, le bras gauche enveloppé
dans un cuir ; ils attenient à coups de lance ow
de zagaye ; ils le percent de plufeurs COUPS AU go
fier & dans les yeux; ils lui ouvrent la gueule, la
tiennent fous l’eau, & l’'empêchent de fe fermer en
plaçant leur zagaye entre les mâchoires, jufqu'à ce
que le crocodile foit fuffoqué par l’eau qu'il avale
en trop grande quantité (c).
En Egypte, on creufe fur les traces de cet animal
démefuré un foflé profond, que l'on couvre de bran-
(c) Labat, vol. 2, page 337.
6 Un de mes Nègres tua un crocodile de fept pieds de long : il
lavoit apperçu endormi dans les brouflilles, au pied d’un arbre, furce
le bord d’une rivière. Il s’en approcha, aflez doucement pour ne lecc
pas éveiller, & lui porta fort adroitement un coup de couteau dansce
le côté du col, au défaut des os de la tête & des écailles, & lecc
perça, à peu de chofe près, de part en part. L'animal, blefé à mort ,ce .
fe repliant fac lui-même, quoiqu'avec peine, frappa les jambes duce
Nègre d’un coup de fa queue, qui fut fi violent, qu'il le renverface
par terre. Celui-ci, fans lâcher prife, fe releya dans l'inftant , &, afin dece
n'avoir rien à craindre de la gueule meurtrière du crocodile , il l’en-ce
veloppa d'une pagne, pendant que fon camarade lui retenoit la queue : œ
_ je lui montai auffi fur le corps pour l'aflujettir, Alors le Nègre retira
fon couteau, & lui coupa la tête, qu'il fépara du tronc. » Voyage de
M. Adanfon au Sénégal, page 148.
Ovipares, Tome I. FÉ
006 Hisrorre NATUREELE
chages & de terre; on effraie enfuite à grands cris
le crocodile qui , reprenant pour aller à la mer le
chemin qu'il avoit fuivi pour s'écarter de fes bords,
pañle fur la fofle, y tombe, & y eft aflommé ou
pris dans des filets. D'autres attachent une forte corde
par une extrémité à un gros arbre; ils lient à l’autre
bout un crochet & un agneau, dont les cris attirent
le crocodile, qui, en voulant enlever cet appas, fe
prend au crochet par Ja gueule. À mefure qu'il s'agite,
le crochet pénètre plus avant dans la chair: on fuit
tous fes mouvemens en lâchant la corde, & on at-
tend qu'il foit mort, pour le tirer du fond de Peau.
Les Sauvages de la Floride ont une autre manière
de le prendre; ils fe réuniflent au nombre de dix
ou douze ; ils ‘avancent au devant du crocodile,
qui cherclie une proie fur le rivage; ils portent un
arbre qu'ils ont coupé par le pied ; le crocodile va
à eux la gueule béante; mais en enfonçant leur
arbre dans cette large gueule, ils lont bientôt ren-
verfé & mis à mort. | ee.
On dit auffñi qu'il y a des gens affez hardis pour
aller en nageant jufque fous le crocodile, lui percer
la peau du ventre, qui eft prefque le feul endroit où
le fer puifle pénétrer. : | |
Mais l’homme n’eft pas le feul ennemi que le cro-
codile ait à craindre: les tigres en font leur proie:
Yhippopotame le pourfuit, & il eft pour lui d'autant
mbre de {
du crocoli
s pate
» crocodk
#
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. Dar
” plus dangereux, qu'il peut le fuivre avec acharnement
jufqu'au fond de la mer. Les Cougars, quoique plus
foibles que les tigres, détruifent aufi un grand nombre
de crocodiles ; ils attaquent les jeunes caymans ; ils
les attendent en embufcade fur le bord des grands
fleuves, les faififfent au moment qu'ils montrent la
tête hors de l’eau. & les dévorent. Mais lorfawils
; OTiq |
en rencontrent de gros & de forts, ils font attaqués
à leur tour ; envain ils enfoncent leurs griffes dans les
yeux du crocodile, cet énorme lézard, plus vigoureux
qu'eux, les entraîne au fond de l’eau (d),
Sans ce grand nombre d'ennemis, un animal aufli
fécond que le crocodile feroit trop multiplié; tous les
rivages des grands fleuves des zones torrides feroient
infeftés par ces animaux monftrueux, qui deviendroient
bientôt féroces & cruels, par l’impofhbilité où ils feroient
de trouver aifément leur nourriture. Puiffans par leurs
armes, plus puiflans par leur multitude, ils auroient
bientôt éloigné l’homme de ces terres fécondes & nou-
velles que ce Roi de la Nature a quelquefois bien de la
peine à leur difputer : car comment réfifter à tout ce qui.
donne le pouvoir, à la grandeur, aux armes, à la
force & au nombre. Profper Alpin dit qu'en Egypte,
les plus grands crocodiles fuyent le voilinage de
(4) Hifloire générale des Voyages , tome 53, page 440 , édit. in-12
| _ F fi
2 Dr LE AA M
220 Hirsrorrz NATURAILIE
l’homme, & fe tiennent fur les rivages du Nil, aus
deflus de Memphis (e). Mais, dans les pays moins
peuplés, il ne doit pas en être de même; ils font
fi abondans dans les grandes rivières de lAmazone
& d'Oyapoc, dans la baie de Vincent Pinçon, &
dans les lacs qui y communiquent, qu'ils y gènent,
par leur multitude, la navigation des pyrogues; îls
fuivent ces légers bâtimens, fans cependant eflayer de
les renverfer, & fans attaquer les hommes: il eft
quelquefois aifé de les écarter à coups de rames,
lorfqu'ils ne font pas très-grands (f). Mais M. de la
Borde raconte que naviguant dans un canot, le long
des rivages orientaux de l'Amérique méridionale , il
rencontra une douzaine de gros caymans à l’embou=
chure d'une petite rivière dans laquelle il vouloit
entrer ; il leur tira plufeurs coups de fufl, fans
qu'ils chanel de place ; il fut tenté Fe faire
pafler fon canot par-deffus ces animaux; il fut
arrêté cependant , par la crainte qu'ils ne fiflent
chavirer fon petit bâtiment, & qu'ils ne le dévo-
(e) On y en rencontre, fuivant cet Auteur’, de trente coudées de long:
Fifloire naturelle de l'Egypte, par Profper Alpin, tome 1, Chap. w+
(f) Note communiquée par M. le Cheyalier de Widerfpach , a
Poñdant du Cabinet de Sa Majelté..
DES QvAnrurËDes OVIPARES, 250
raffent lorfqu'il feroit tombé dans l’eau. Il fut obligé
d'attendre près de deux heures, après lefquelles les
caymans séloignèrent, & lui laifièrent le paflage
libre (£):
Héureufement un grand nombre de crocodiles, font
détruits avant d’éclore. Indépendamment des ennemis
puiflans dont nous avons déja parlé, des animaux trop
foibles pour ne pas fuir à lafpect de ces grands lézards,
cherchent leurs œufs fur lès rivages où ils les dépofent :
la mangoufte, les finges, les fagouins; les fapajous &
plufieurs efpèces d’ Ses d'eau, sen nourriflent avec
avidité (A), & en caflent même un très-grand nombre ;
en quelque forte, pour le plaifir de fe jouer.
Ces mêmes a ainfi que la chair du crocodile,
fur-tout celle de la queue & du bas-ventre, ni
de nourriture aux Nègres de l'Afrique, ainf qu'à certains
peuples de l'Inde & de l'Amérique (à). Ils trouvent déli-
cate & fucculente cette chair qui eft très-blanche; mais
il paroït que prefque tous les Européens qui ont voulu
en manger, ont été rebutés par l'odeur de mufc dont
(g) Note communiquée par M. de la Borde.
(4) Defcription de lIfle Jpagnok. Hifloire général des re
troifième Partie, Livre V.
(2) Catefby , Hifioire naturelle de la Caroline, vol, 2, page 6%
|
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L
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_ a mnt de titres st me ea NE
230 Hisrorre NATURELIS
elle eft imprégnée. M. Adanfon cependant dit qu'il
goûta celle d'un pue crocodile , tué fous fes yeux
au Sénégal, & qu'il ne la trouva pas mauvaile. Au
refte , la faveur de cette chair doit varier beaucoup
fuivant l'âge , la nourriture & l'état de l'animal.
On trouve quelquefois des bézoards dans le corps
des crocodiles, ainfi que dans celui de plufeurs autres
lézards. Séba, avoit dans fa collection, plufieurs de ces
bézoards qui lui avoient été envoyés d'Amboine & de
Ceylan; les plus grands étoient gros comme un œuf
de canard , mais un peu plus longs, & leur furface
préfentoit des éminences de la most des plus petits
grains de poivre. Ces concrétions étoient conrpofées
comme tous les bézoards, de couches placées au-deflus
les unes des autres ; leur couleur étoit marbrée & d'un
cendré obfcur plus ou moins mêlé de blanc (k).
Les anciens Romains ont été long-tems fans con-
noître les crocodiles par eux-mêmes : ce n’eit que cin-
quante-huit ans avant l'Ere chrétienne , que PEdile
Scaurus en montra cinq au peuple (/). Augufte lui
en fit voir un grand nombre vivans, contre lefquels
Pi
(#4) Séba, vol. 2, Page 139:
(4) Pline, Livre WITI, Chap. xx
DES QuUADRUPÈDES OVFIPARES. 231
il fit combattre des hommes. Héliogabale en nourrifloit.
Les tyrans du monde faifoient venir à grands frais de
l'Afrique ; des crocodiles , des tigres, des lions : ils
S ’emprefloient de réunir A d'eux ce que la terre
paroït nourrir de plus féroce.
Les crocodiles étoient donc, pour les Romains &
d'autres anciens peuples, des animaux très-redoutables:
ils venoient de loin : il n’eft pas furprenant qu'on leur
ait attribué des vertus extraordinaires. Il nya pref-
de aucune partie dans les crocodiles , à laquelle on
n'ait attaché la vertu de guérir quelque maladie. Leurs
dents (m), leurs écailles, leur chair , leurs inteftins, tout
en étoit merveilleux (7). On fit es dans Be pays
natal. Ils y infpiroient une grande terreur; ils y répan-
doient quelquefois le ravage ; la crainte dégrada la
raifon , on en fit des Dieux ; on leur donna des Prêtres ;
la ville d'Arcinoë leur fut confacrée (o) ; on renfer-
(m2) Pline, Livre XXVIIL, Chap. xxyrrr.
(nr) Voyez, dans le voyage en Paleftine-d'Haffelquift, page 347,
y yag q pag
quelles propriétés vraies ou faufles, les Egyptiens & les Arabes attri-
buent encore au fiel, à la graifle, & aux yeux des crocodiles.
8 :
(o) Encyclopédie méthodique. Didionnaire d'antiquités, par M. l'abbé
Mongez l'ainé, Garde du Cabinet d'Antiques © d'Hifloire naturelle de
Sainte-Genevièye , de l'Académie des Infcriptions , &c.
pie > Hrsrorre NATURELLE
. moit religieufement leurs cadavres dans de hautes Pyra+
mides, auprès des tombeaux des Rois; & maintenant
dans ce même pays, où on les adoroit il y a deux mille
ans, on a mis leur tête à prix; & telle cit la vicifitude
des opinions humaines. E
LE CROCODILE
auf
LE CROCODILE NOIR.
SECONDE ESPÈCE,
Ceres SECONDE ESPÈCE diflère de la premiére,
en ce que fa couleur eft prefque noire au lieu d’être
verdâtre ou bronzée comme celle des crocodiles du
Nil; c'eft M. Adanfon qui a fait connoître ces croco-
diles noirs, qu'ila vus fur la grande rivière du Sénégal (a).
Leurs mâchoires font plus alongées que celles des alli-
gators ou crocodiles proprement dits. Ils font d’ailleurs
plus carnaciers que ces derniers, & pourroient par con-
féquent en différer aufli par des caractères intérieurs ,
la diverfité des mœurs étant très-fouvent fondée fur celle
de l’organifation interne. L’on ne peut pas dire qu’ils
font de la même efpèce que le crocodile du Nil, qui
auroit fubi dans fa couleur , & dans quelques parties
de fon corps, l'influence du climat, puifque, fuivant le
même M. Adanfon, la rivière du Sénégal nourrit auffi
un grand nombre de crocodiles verts, entièrement fem
(a) Voyage au Sénégal, par M. Adanfon, page 73.
Ovipares, Tome I, | (CE
234 Hrisrorre Narurezzrz
blables à ceux d'Egypte. Non-feulement on n’a point
encore obfervé ces crocodiles noirs dans le nouveau
monde ; mais aucun voyageur n'en a parlé que
M. Adanfon, & ce favant Naturalifte ne les a trouvés
que fur le grand fleuve du Sénégal.
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« LE CROCODILE A MACHOIRES ALONGÉES,
TROISIÈME ESP ËÈ.CE.
Cerre TROISIÈME ESPÈCE de crocodile fe
trouve dans les grandes Indes : elle y habite les bords
du Gange, où on l’a nommée Gavial ; elle reflemble
aux crocodiles du Nil par la couleur, & par les carac-
tères généraux & diftinctifs dés crocodiles. Le Gavial
a , comme les alligators , cinq doigts aux pieds de
devant, & quatre doigts aux pieds de derrière ; il n’a
d'ongle qu’aux trois doigts intérieurs de chaque pied ;
mais il diffère des crocodiles d'Egypte, par des carac-
tères particuliers & très-fenfbles. Ses mâchoires font
plus alongées & beaucoup plus étroites, au point de
paroître comme une forte de long bec qui contrafte
avec la groffeur de la tête ; les dents ne font pas iné-
_gales en groffeur, & en longueur comme celles des cro=
codiles proprement dits; elles font plus nombreufes ,
& l’on conferve, au Cabisie du: Roi, un. individu de
cette efpèce , qui a environ douze pieds de long, &
qui a cinquante-huit dents à la mâchoire fupérieure
& cinquante à la mâchoire inférieure.
Le nombre des bandes tranfverfales & tuberculeufes
Ggi
936 :: Mrsrorre NAPURÉÈLIR
qui garniflent le deflus du corps, eft plus confidérable
de plus d’un quart , dans les crocodiles du Gange que
dans l’alligator ; d’ailleurs elles fe touchent toutes,
& les écailles carrées qui les compoñfent , font plus
relevées dans leurs bords, fans l’être autant dans leur
centre, que celles du crocllile du Nil. Ces différences
avec le crocodile proprement dit, font plus que fufi-
fantes pour conftituer une efpèce diftincte. 3
Les crocodiles du Gange (4) parviennent à une gran-
{a) Dimenfons d'un crocodile à tête
alongée. ‘+ d'arts Lt iee
Éonguenr totale... ses à + .
Éénpucurt de ER re rte.
Longueur depuis l'entre-deux des yeux,
jufqu'au bout du mufeau. . . . .
Longueur de la mâchoire fupérieure. .
Longueur de la partie de fa mâchoire qui
Caine dd re
Life des deuxyenm 4". Le
Grand diamètre dé. Fil 5° 7
Circonférence du corps à l'endroit le plus
gros. _e e 0 e e e 9- e > e Li
Circonférence de la tête derrière les yeux.
Circonférence du mufeau à l'endroit le
PAL ÉMMOES ve pe 0
Longueur des pattes de devant juiqu au
bout des RSS
Longueur des pattes de derrière jufqu'au
DOut des dotés, es en
Longueur.dé-h queue. + 2, 0,
Circonfeérence de la queue à fon origine.
—+s
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LE
DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 23%
deur très-confidérable , ainfi que ceux du Nil L'on
peut voir, au Cabinet du Roi, une portion de mâchoire
de ces crocodiles des grandes Indes, d’après laquelle
nous avons trouvé que l'animal auquel elle a appartenu
devoit avoir trente pieds dix pouces de longueur. Au
refte, nous ne pouvons donner une idée plus nette de
ces énormes animaux qu'en renvoyant à la figure & à
la note précédente, où nous rapportons les principales
dimenfions de l’individu de près de douze pieds, dont
nous venons de parler.
C’eft apparemment de cette efpèce qu'étoient les
crocodiles vus par Tavernier fur les bords du Gange,
depuis Toutipour jufqu'au bourg d’Acérat | qui eri eft
à vingt-cinq coffes. Ce Voyageur apperçcut un très
grand nombre de ces animaux, couchés fur le fable;
il tira fur eux; le coup donna dans la mâchoire d’un
grand crocodile , & fit couler du fang ; mais l’ani-
mal fe retira dans le fleuve. Le lendemain, Taver-
nier, en continuant de defcendre le Gange, en vit
un auf grand nombre , également étendu fur le
rivage ; il tira fur deux de ces animaux deux coups
de fufil chargé à trois balles, au même inflant ‘ils fe
renverférent fur le dos, ouvrirent la gueule, & expi-
rèrent (b). |
Il paroît que le Gavial n'étoit point inconnu des
(b) Voyage de Tavernier. Hifloire générale de Voyages, Partie 2;
Livre IL, :
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239 Hisrorre Narurerre
Anciens , puifqu'au rapport d'Élien , ôn difoit de fon
tems que l’on trouvoit fur les bords du Gange des crok
codiles qui avoient une efpèce de corne au bout du
mufeau. Mais M. Edwards ef le premier Naturalifte
moderne qui ait parlé du Gavial; il publia, en 1756,
la figure & la defcription d’un dou de cette efpèce,
dont il a comparé les mâchoires longues & étroites
au bec du harle, & quil a nommé crocodile à bec
aloñgé (c). Cet individu, qui piétentait tous les fignes
d'un développement peu avancé, avoit au-deffous du
ventre une poche ou bourfe ouverte ; nous n'avons
trouvé aucune marque d'une poche femblable dans le
crocodile du Gange dont nous venons de donner les
dimenfions , ni dans un jeune crocodile de la même
efpèce , & long de deux pieds trois pouces, qui fait
auih partie de la collection du Cabinet du Roi. Peut-
être cette poche s'efface-t-elle à mefure que l'animal
grandit, & n'’eft-elle qu'un refte de l'ouverture par
laquelle s’infère le cordon ombilical : ou peut-être l'in
aq >; OU P
dividu de M. Edwards étoit-il d’un fexe différent de
ceux dont nous avons vu la dépouille,
L'on conferve au Cabinet du Roi une portion de
mâchoire garnie de dents, à demi-pétrifiée, renfermée
dans une pierre calcaire trouvée aux environs de Dax
Ce) Tranfadions philofophiques , année 1756.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 239
en Gafcogne, & envoyée au Cabinet par M. de Borda,
Elle nous a paru , d’après l'examen que nous en avons
fait, avoir appartenu à un Gavial.
2 AO Hrsrorre NATURELLE
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LE FOUETTE-QUEUE (e).
Le Nom de Fouette-queue a été employé par diffé
rens Naturaliftes, pour défigner diverfes efpèces de
lézards qui peuvent donner à leur queue des mouve-
mens femblables à ceux d'un fouet: ce nom a été
particuliérement appliqué au lézard dont il eft ici
queftion, & à la dragonne dont nous parlerons dans
Particle fuivant : il en eft réfulté une obfcurité d’au=
tant plus grande dans les faits rapportés par les Voya-
geurs, relativement aux lézards, que le nom de cordyle
a été aufli donné par plufeurs Auteurs À la dragonne,
& quenfuite le nom de Fouette - queue a été lié
avec celui de cordyle, de manière à être attribué
non - feulement à la dragonne, qui a réellement la pro-
priété de faire mouvoir fa queue comme un fouet ,
mais encore à d'autres efpèces de lézards, privées de cette
faculté, & défignées également par le nom de cordyle,
ET
(a) Le Fouctte-queue, M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. |
Lacerta caudi-verbera, 2, Linn. amphib. rept. | |
Séba, mus 1, tab. 106, fig. 2.
Caudi-yerbera peruviana. Laurenti Jpecimen medicum , Vien. 2768;
page 37.
d'euillée à, page 319.
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DES QuapruPipes OVIPARES. DAT
Nous croyons donc , Pour éviter toute confufion, devoir
conferver uniquement au lézard, dont il s'agit ici, le
nom de Fouette-queue.
_H habite ies climats chauds de l'Amérique -méri-
dionale, & on le trouve particulièrement au Pérou.
Il a Re plufeurs pieds de longueur. Son dos
eft couvert de plaques carrées & d’écailles ovales qui
garniflent aufli fes côtés. Sa queue, qui paroît dentelée
par les bords, & qu'il a la facilité d’agiter comme un
fouet, l’aflimile un peu à la dragonne ; & la forme
Marie de cette même queue, ainfi que fes pieds
palmés , le rapprochent du crocodile, dont il eft cepen-
dant bien aifé de le diftinguer, parce que le crocodile
n'a que quatre doigts aux oe de derrière, tandis que
le Fouette-queue en a cinq à chaque ed C'eft ce
qui nous a déterminé à regarder comme un Fouette-
queue l’animal repréfenté dans la planche cent fixième
du premier Volume de Séba : M. Linné Fa rapporté
au crocodile ; mais il a cinq doigts aux pieds de der-
rière, &, d’un autre côté, il ne peut pas être confondu
avec la dragonne , puifque fes pieds font palmés. D’ail-
leurs Séba donne l'Amérique pour patrie à ce grand
lézard, ce qui s’accorde fort bien avec ce que M. Linné
bi anéme a dit de celle du Fouette-queue (4). Nous
éroyons devoir obferver auff que le lézard repréfenté
dans Séba , tome 1, planche 103, fioute à , & que
RER TR ns <
(b) M. Linné, à l'endroit déjà cité.
Ovipares , Tome I, | H h
or
249 Hrsrorre NATUREIIE
M. Linné a indiqué comme un Fouette-queue , eft une
dragonne, attendu que quoique le deflinateur lui ait
donné des membranes aux pieds de derrière, il eft dit
dans le texte qu'il n'en a point.
Le Fouette-queue nous paroît être, ainfi que nous
Tavons déja dit (c) , le lézard que Dampier regardoit
comme une feconde efpèce de cayman d'Amérique.
Il y a, dans llfle de Ceylan, un grand lézard, qui,
par fa forme , reffemble beaucoup au crocodile : mais
il en diffère par fa langue bleue & fourchue, qu'il
alonge d’une manière eflrayante, lorfqu'il la tire pour
filer , ou feulement pour refpirer. On le nomme
Kobbera-Guion. 11 a communément fix pieds de lon- |
gueur ; fa chair eft d’un aflez mauvais goût ; il plonge
fouvent dans l’eau, mais fa demeure ordinaire eft fur
la terre où il fe nourrit des oifeaux , & des divers
animaux qu'il peut faifir. Il craint l’homme , & n’ofe
rien contre lui ; mais il écarte fans peine les chiens
& plufieurs des animaux qui veulent l'attaquer , en
les frappant violemment de fa queue, qu'il agite &
fecoue comme un long fouet. Nous ignorons fi les
doigts de fes pieds font réunis par des membranes :
s'ils le font, il doit être regardé comme de la même
efpèce que le Fouette-queue du Pérou, qui peut-être
aura fubi l'influence d’un nouveau climat; finon il
faudra le confidérer comme une dragonne.
6 D SR DEEP TONER APR VE
(c) Article des crocodiles.
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LA DRAGONNE.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 243
LA DRAGONNE (:),
LA DRAGON NE reffemble beaucoup, par fa forme ,
au crocodile ; elle a, comme lui , la gueule très-large,
des tubercules fur le dos, & la queue aplatie; fa
grandeur égale quelqueïois celle des jeunes caymans :
fa couleur, d’un jaune roux foncé, & plus ou moins
mêlé de verdâtre, eft femblable auffi à celle de ces ani-
maux; c'eft ce qui a fait que , fur les côtes orientales de
l'Amérique méridionale, elle a été prife pour une
petite efpèce de crocodiles ou de caymans (b). Mais
la Dragonne en difière principalement , parce que,
au lieu d’avoir les pieds palmés, fes doigts, au nombre
(a) La Dragonne. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. Hiff.
naturelle des Quadrupèdes OYIPATrES.
Lacerta Dracæna 3. Linnœus. |
Ray, Synopfis Quadrupedum , page a7o. Lacertus indicus.
Seba, locupletiffimi rerum naturalium Thefauri accurata defcriptio ;
tome 1, planche 107 ; fig. 2. Lacerta maxima caudi-verbera, cordylus,
Mujæum Wormianum , Chap. xx1r, page 313. Laceïtus indicus,
{b) Note communiquée par M. le Chevalier de Wider/bach,
Hp j
244 Hisrorre NATURELLE
de cinq à chaque pied, font très-féparés les uns des
autres, comme ceux de prefque tous les lézards. fs
font d’ailleurs tous garnis d'ongles aigus & erochus ;
la tête, aplatie pardeflus, & comprimée par les
côtés, a un peu la forme d’une pyramide à quatre
faces, dont le mufeau feroit le fommet; elle refflemble
te à celle de plufeurs ferpens, ainfi que la langue,
qui eft fourchue, & qui loin d’être cachée & prefque
immobile comme celle du crocodile, peut être dardée
avec facilité. Les yeux font gros & brillans ; lou
verture des oreilles eft grande, & entourée d'une
bordure d’écailles; le corps épais, arrondi, couvert
d’écailles dures, offeufes comme celles du crocodile,
& prefque toutes garnies d’une arête faillante; plufeurs
de celles du dos font plus grandes que les autres,
& relevées par des tubercules en forme de crêtes,
dont les plus hauts font les plus voifins de la queue,
fur laquelle les lignes qu'ils forment font prolongées
par d’autres tubercules. Ceux-ci font pe aigus, &
produifent deux dentelures femblables à celle d'une
fcie, & réunies en une feule vers l'extrémité de la
queue, qui eft très-longue. La Dragonne , ainfi que lé
Fouette-queue , a la facilité de la remuer vivement,
& de l’agiter comme un fouet. Cette faculté lui a
fait donner le nom de Fouette-queue, que nous avons
confervé uniquement à l’efpèce précédente, & que
nous n'emploierons jamais en parlant de la Dragonne,
nte; plu
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e de ct
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 245
pour éviter toute confufñon: on l’a auf appellée
Cordyle : mais nous réfervons ce nom pour un lézard
diflérent de celui que nous décrivons, & auquel on
la déjà donné. |
C'eft principalement dans l'Amérique méridionale
que l’on rencontre la Dragonne ; il ya, au Cabinet du
Roi, un individu de cette efpèce, qui a été envoyé
de Cane par M. de la Borde, & d’après lequel
nous avons fait la defcription que l’on vient de
lire (c); elle eft affez conforme à ce que dit
= Wormius de cette efpèce de grand lézard, dont il
avoit un individu long de quatre pieds romains (d).
Clufius connoifloit aufli le même animal (e ) A
Séba l’avoit dans fa collection.
(c) Principales dimenfons d’une Dra- pieds. | pouces. | lignes.
gonne qui eft au Cabinet du Roi. |
Éonemuirtonle. Tu... rl 2 $ 4
Contour de kpueuler, ni, 45, 4 4
MDilance: des-deux yeux: 5e... : £
Circonférence du corps à l'endroit le plus
D rar | 6
Longueur des pattes de devant, juiqu'au |
Aout des doper tie. Son 3 10
Longueur des pattes de derrière , jufqu’au |
DU GE dhiots sn. ce. | $ &
Longueur de la queue........... Cole T 4 6
Circonférence de la queue à fon origine... s 8
{d) Mufœum Wormianum : de pedefiribus ; Cap. 22 SSSR
(e) Clufius , Livre , Chap. xx, |
246 Hisrorre NATURELLE
Wormius a parlé du nombre & de la forme des
dents de la Dragonne; il a dit que ce lézard en a
dix-fept de chaque côté de la mâchoire inférieure:
que celles de devant font petites & aigues, & celles
de derrière , grofles & obtufess Nous avons re-
marqué la même chofe dans la Dragonne du Cabinet
du Roi. On a reproché à Pline de s'être trompé
touchant la forme des dents du crocodile, en les dif-
| tinguant en dents incifives, en canines, & en mo-
laires ( f ). Nous avons déjà vu ce qu'entendoit ce
grand Naturalifte par les dents canines du crocodile (g);
& à l’égard des dents molaires, il pourroit fe faire que
fon erreur eft venue de la méprife de ceux qui lui ont
fourni des obfervations. Il fe peut en effet que la Dra-
gonne habite dans les contrées orientales que les anciens
connoifloient ; que fes grofles dents aient été regardées
comme des dents molaires, & que l’animal lui-même
ait été pris pour un vrai crocodile. C’eft ainfi que, dans
des tems très-récens, la confufon que plufieurs voya-
geurs ont faite des efpèces de grands lézards, voifines
de celles du crocodile, a produit plus d’une erreur,
relativement à la forme & aux habitudes naturelles
de ce dernier animal. | |
(F) Mémoires pour férvir à l'Hifloire naturelle des animaux,
{ g ) Article du crocodile.
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Des QUADROPÈDES OVIPARES. 24%
La grande reflemblance de la Dragonne avec le
crocodile , feroit penfer au premier coup-d’œil que
leurs mœurs font femblables: mais ces deux lézards
différent par un de ces caraéères dont la préfence
ou l’abfence a la plus grande influence fur les habi-
tudes des animaux. M. de Buffon a montré, dans
lhiftoire naturelle des oïfeaux , combien la forme de
leurs becs détermine Flefpèce de nourriture qu'ils
peuvent prendre ; les force à habiter de préférence
l'endroit où ils trouvent aifément cette fubfiftance ,
& produit ou modifie par-là leurs principales habi-
tudes. La faculté de voler qu'ils ont reçue, leur
donne la plus grande facilité de changer de place,
& les rend par conféquent moins dépendans de la
forme de leurs pieds: cependant nous voyons certaines
claffes d'oifeaux , dont les habitudes font produites par
les pieds palmés, avec lefquels ils peuvent nager
aifément, ou bien par les griffes aigues & fortes qui
leur fervent à attaquer & à fe défendre, Mais il n’en
eft pas de même des Quadrupèdes, tant vivipares
qu'ovipares; la nature de leurs alimens eft non-feu-
lement déterminée par la forme de leur gueule, ou
de leurs dents, mais encore par celle de leurs pieds,
qui leur in des moyens plus ou moins puifflans
de faifir leur proie; d'aller avec viteffe d’un endroit à
un autre ; d'habiter le milieu des eaux, les rivages,
les plaines ou les forêts, &c. Une gueule plus ou
248 Hrsrorre NATUREILE
, moins fendue ; quelques dents de te ou de moins :
des ongles aigus ou obtus; des doigts réunis ou di
en voila plus qu il n'en faut pour faire varier. leurs
mœurs fouvent du tout au tout. On en peut voir
des exemples dans les Quadrupèdes vivipares, parmi
lefquels la plupart des animaux qui ont des habi-
tudes communes, qui habitent des lieux femblables ,
ou qui fe nourriflent des mêmes fubftances, ont me
dents, leur gueule ou leurs pieds conformés äà-peu-
près de la même manière, quelque différens quils
{oient d’ailleurs par la forme générale de leurs Corps,
par leur force & par leur grandeur. La Dragonne &
le crocodile en font de nouvelles preuves : la Dra-
sonne reflemble beaucoup au crocodile; mais elle en
diffère par fes doigts, qui ne font pas palmés: dès
_ lors elle doit avoir de habitudes différentes : elle
doit nager avec plus de peine; marcher avec plus de
vitefle ; retenir les objets avec plus de facilité; grimper
fur les arbres; fe nourrir quelquefois des animaux
des bois; & c’eft en effet ce qui eft conforme aux
obfervations que nous avons recueillies M. de la
Borde, qui a nommé cet animal Léçard - Cayman ,
parce qu’il le regarde, avec raifon, comme faïlant la
nuance entre les crocodiles & les petits lézards, dit
qu'il fréquente les favanes nee, & les terrains ma-
récageux; mais qu'il fe tient à terre, & au foleil ,
plus fouvent que dans l'eau. Il eft ue difiicile à
prendre,
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 249
ù prendre, parce qu'il fe renferme dans des trous ; il
mord cruellement ; il darde prefque toujours fa langue
comme les ferpens. M. de la Borde a gardé chez lui,
pendant quelque tems, une Dragonne en vie; elle
w . fe tenoit des heures entières dans l’eau; elle sy :
Cl cachoit lorfquelle avoit peur; mais elle en fortoit
pi fouvent pour aller fe chauffer aux rayons du foleil (A).
La grande différence entre les mœurs de la Dra-
om à gonne & celles du crocodile, neft cependant pas
ère q produite par un fens de ee ou de moins, mais
Rusoÿ feulement par une membrane de moins, & os
agonné ongles de plus. On remarque des effets femblables
es: la D dans prefque tous les autres animaüx, & il en feroit
nais elle: de même dans l’homme, & des différences très-peu
almés: | fenfibles dans la conformation extérieure, produiroient
rentes: £ une grande diverfité dans fes habitudes, fi lintellis
sec DE gence humaine, accrûe par la fociété, n'avoit pas
lité: gis inventé les arts pour compenfer les défauts de nature,
des anis Les animaux, qui dsl le crocodile, doivent |
fort auf donner la Sete à la Dragonne, qui a bien ….
M moins de force pour leur réfifter, & on même eft
ra fouvent dévorée par les grands caymans.
rt Sa manière de vivre peut donner à fa chair un
# u goût différent de celui de la chair du crocodile: il
dis 1 pe |
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f (4) Note communiquée par M. de la Boris,
fs # : Ovipares, Tome I, | li
an.
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ES Hrsrorre NATURE:zE
ne feroit donc pas furprenant qu’elle füt aufli bonne
“% manger que le difent les habitans des Îfles Antilles,
où on la regarde comme très-fucculente, & où on la
compare à celle d'un poulet. On recherche aufli à
Cayenne les œufs de ce grand lézard, qui à de
nouveaux rapports avec le crocodile par fa fécondité,
Ja femelle pondant ordinairement plufieurs douzaines
d'œufs (i). de
On trouve au Bréfil, & particulièrement auprès
de la rivière de Saint-François, une forte de lézard,
nommé Îenarucu, qui reflemble beaucoup at eroco-
dile, grimpe facilement fur les arbres, & paroît ne
différer de la Dragonne que par une couleur plus
foncée, & des ongles moins forts ( k). Si les Voya-
geurs ne fe font pas trompés à ce fujet, Von ne doit
regarder lignarucu que comme une variété de la
Dragonne.
(i) Note communiquée par M. de la Borde.
(4 ) Voyez, dans le Diéfionnaire d'Hifloire naturelle de M. Bomure,
Particle Igtarucu. |
FÉRCFREERPTENNNEEN ANNEE ENENESEESENEENENIPENTEE FER DES PEN ENEIEEENNENEESNSISNINEPENSNENANNENTISEET : #E#2+34883 342 ne ra ee”
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 2S1
Ce LÉZARD habite également hé contrées chaudes
‘ de l'ancien & du nouveau Continent. On a prétendu
que fur les bords de la rivière des Amazones, auprès
de Surinam & des pays voifins , le Tupinambis acqué-
roit une grande taille & parvenoit jufqu'à la longueur
de douze pieds: mais on aura fürement pris des caÿ-
mans pour des Tupinambis ; ; & l’on doit ranger cette
fable parmi | tant ste qui ont défiguré l’hiftoire des
(a) Tupinambis, en Amérique.
_Galtabé, au de
fait RÉ avec c E Me inf cu les AE
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7 osithr. sr emph. . | |
Seba, 1; tab. 94; fig. 1»25.3: tab. 96, fe, 2,3 Had, 97 fe 2.
2, tab. 99, fig. 2. tab. 100, fig. 3.
&, tab. 30, fig. 2. tab. 49, fig. 2. 86 LA 2. tab. 105, Pr 2.
Stellio Saurus, 80. Laurenti., fpecimen. medicum , “page SG" É
Stellio Salvator, 90. Laurenti : Jpecimen medicumn, page ic
| fi ij
28 Hrsrorre NATUREIZE
Quadrupèdes ovipares. Le Tupinambis a tout au plus
une longueur de fix ou fept pieds dans les contrées o où
il trouve la nourriture la plus abondante & la tempé-
rature la plus favorable. L'individu que nous avons
décrit & qui eft au Cabinet du Roi, a trois pieds huit
perse de long en y comprenant la queue (b);ila
été envoyé du Cap de Bonne- efpérance. J'ai vu un
autre individu de cette efpèce, apporté du Sénégal, &
dont la longueur totale étoit de quatre pe dix pou
La queue du Tupinambis eft aplatie & à- peu-près
de la longueur du corps. Il a à chaque pied cinq doigts
affez longs , féparés les uns des autres & tous armés
d'ongles jee & crochus. La queue ne préfente pas de
crête comme celle de la Dragonne, mais le deffus &
le deffous du corps, la tête, la queue, & les pattes
(Bb) Principales dimenfons du Tupinambis. |
Longueur SR | PERS CNP ire db
Contour de la gueule... | 4 8
Circonférence du is à l'endroit le plus ;
ou ARR he
Longueur des pattes de devant, jufqu'au
“bout des doigtéi 2 iles
Longueur des pattes de derrière, jufqu'au
D die à
Longueur de la queue, .7.:..7.,......
Circonférence de là queue à fen origine...
à-pei.
d cinq à
E tous an
fente as
Le def
&lsy
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 993
font garnies de petites écailles qui fuffiroient pour dif-
tinguer le Tupinambis des autres grands léfards à queue
plate. Elles font ovales, dures, un peu élevées, prefque
‘toutes entourées d’un cercle de petits grains durs, pla-
cées à côté les unes des autres, & difpofées en bandes
circulaires & tranfverfales. Leur grand diamètre eft à-
‘peu-près d'une demi-ligne dans l'individu , envoyé du
Cap de Bonne-efpérance au Cabinet du Roi (c). La
manière dont elles font colorées, donne au T'upinambis
‘une forte de beauté ; fon corps préfente de grandes
taches ou bandes irrégulières d'un blanc affez éclatant
qui le font paroïître comme marbré, & formant même
fur les côtés une efpèce de dentelle. Mais, en le revé-
tant de cette parure agréable , la nature ne lui à fait
qu'un préfent funefte ; elle l’a placé trop près du cro-
codile fon ennemi mortel, pour lequel fa couleur doit
A Ê , A Ê
être comme un figne qui le fait reconnoître de loin. Il
a, en effet, trop peu de force pour fe défendre contre
les grands animaux. Il n’attaque point l’homme ; il fe
- nourrit d'œufs d’oifeaux (4) , de lézards beaucoup plus
(c) L'on peut voir, dans la colleétion du Cabinet du Roi, un Tupi-
pambis mâle, tué dans le tems de fes amours ; fes parties fexuelles font
hors de l'anus ; les deux verges, très- féparées l’une de l'autre, ont un
pouce trois lignes de Iergéeuss.à L'animal à deux pieds huit pou: de
longueur totale,
(4) « Mademoilelle Mérian trouva plus d'une fois un Sauve - pd
sh . Hirsrorre NATURELLE
petits que lui, ou de poiffons qu'il va chercher au fond
des eaux ; mais, n'ayant pas la même grandeur , les
mêmes armes, ni par conféquent la même puiflance
que le crocodile, & pouvant manquer de proie bien-
plus fouvent , il ne doit pas être fi difhcile dans le choix
-de fa nourriture; il doit d’ailleurs chaffer avec d'autant
‘plus de crainte , que le crocodile auquel il ne peut
réfifter eft en très-grand nombre dans les pays qu’il ha-
bite. On rapporte même que la préfence des caymans,
infpire une fi grande frayeur au Tupinambis , qu'il fait
entendre un fifflement très-fort. Ce fiflement d’effroi eft
une efpèce d’avertiflement pour les hommes qui fe
“baïgnent dans les environs; il les garantit, pour ainf
dire, de la dent meurtrière du crocodile, & c’eft de-là
qu'eft venu au Tupinambis le nom de Sauvegarde ou
Sauveur , qui lui a été donné par plufieurs Voyageurs
& Naturaliftes. II dépofe fes œufs comme les caymans,
dans des trous qu'il creufe dans le fable fur le bord de
quelque rivière ; le foleil les fait éclore ; ils font aflez
gros & ovales , & les Indiens s’en nourriffent fans pei-
ne (e); la chair du Tupinambis eft auf très-fuccu-
lente pour ces mêmes Indiens, & plufeurs Européens
# (un Tupinambis) mangeant des œufs dans fa bafle-cour. » Hi Fes
générale des Voyages , tome 44, page 430, édit. in-12.
(e) Hi foire générale des Voyages, tome 54, page 430 , édit, in-12
DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 255
qui en avoient mangé tant en Amérique qu'en Afrique,
m'ont dit lavoir trouvée délicate. |
Cet animal produit des bézoards, ainf que le croco-
dile & d’autres lézards ; ces concrétions refflemblent aux
bézoards des crocodiles, quant à leur forme extérieure;
elles font de la grofieur d'un œuf de pigeon & d’une
couleur cendrée claire tachetée de noir. On leur a
attribué lés mêmes vertus chimériques qu'aux autres
Bézoards , & particulièrement à ceux du crocodile
& de l’iguane (f).
La difette que le Tupinambis éprouve fréquemment,
à dû altérer fes goûts, tant la faim & la mifère déna-
turent Les habitudes. Il fe nourrit fouvent de corps in-
fedts & de fubftances à demi-pourries ; & , lorfque cet
aliment abjeét lui manque , il le remplace par des
mouches & par des fourmis. Il va chafler ces infeétes
au milieu des bois qu'il fréquente ainfi que les bords
des eaux : la conformation de fes pieds dont les doigts
font très-féparés les uns des autres , lui donne une
grande facilité de grimper fur les arbres où il cherche
des œufs dans les nids, mais où il ne peut fouvent que
vivre miférablement en pourfuivant avec fatigue des
animaux bien plus agiles que lui. Le feul Quadrupède
ovipare ee on a cru devoir appeller Sauve-garde, fouflre
(f) Séba , vol, 2, page 140.
250. Hisrorre NATURELLE
donc une faim cruelle , ne peut fe procurer qu'avec
peine & inquiétude la nourriture dégoûtante à laquelle
il eft fréquemment réduit , & finit prefque toujours par |
être la vidime du plus fort. tas
Le Tupinambis eft le même animal que le lézard du
Bréfil, appellé Téjuguacu & Temapara T\ upinambis , &
dont Ray ainf que d’autres Auteurs ont parlé (g).Marc-
grave en a vu un vivre fept mois, fansrien manger ; quel-
qu'un ayant marché fur la queue de ce Tupinambis, & |
en ayant brifé une partie, elle repoufa de deux doigts ; £
au refte, il eft important de remarquer que ces noms L
de Téjucuacu & de Temapara ont été donnés à plufeurs
lézards d'efpèces différentes, ce qui n'a pas peu aug-
menté la confufion qui a régné dans l’hifloire des Qua=
Fe drupèdes ovipares. Lise
LE SOURCILLEUX,
DÉS QuaDRruPÈDES OWMIPARES. 295%
ne rar torreRe coretru*cnemmumee ur 0
Ox rROUVE dans lle de Ceylan, dans celle
d’'Amboine, & vraifemblablement dans d’autres ré-
gions des grandes Indes, dont la température ne dif-
fère pas beaucoup de celles de ces Ifles, un lézard
auquel on a donné le nom de Sourci ue parce que
fa tête eft relevée au-deflus des yeux par une arête
faillante , garnie de petites écailles en forme de fourcils.
Cet animal eft auf remarquable par une crête com-
pofée d’écailles ou de petites lames droites, qui orne
le derrière de fa tête, & qui fe prolonge en forme
de peigne ou de dentelure, jufqu'au bout de la queue.
Les yeux font grands, ee que les. ouvertures des
oreilles; le mufeau eft pointu, la gueule large , la
queue aplatie & beaucoup plus longue que le corps;
(a) Le Sourcilleux. M d'Aubenton, Encyclopédie méthodique,
* Lacerta fuperciliofa. 4 Einn-amplibia reprilia. sua:
Seba, mujæum, tome 1, pires 129 » Î8 4 é gaie 04 fr 4
Ovipares, TomeZ, Kk
2 5è HISTOIRE NATURE ILE
ce lézard a les doigts très-féparés les uns des autres,
& très-longs , fur-tout ceux des pieds de derrière, dont
le quatrième doigt égale la tête en longueur ; les
ongles font forts & crochus ; les écailles, dont tout
le corps eft recouvert, font très-petites, inégales en
grandeur, mais toutes relevées par une arête longi-
tudinale, & placées les unes au-deffus des autres,
comme les écailles de plufeurs poiflons. La couleur
générale des Sourcilleux eft d'un brun clair tacheté de
rouge plus ou moins foncé ; la longueur totale de
l'individu que nous avons décrit, & que l’on conferve
au Cabinet du Roi, eft d'un pied. Comme les doigts
de ces lézards font très-longs & très-divifés, leurs habi-
tudes doivent approcher à beaucoup d'égards de celles
de la dragonne. On dit qu'ils poufflent des cris, qui
leur fervent à fe rallier (b).
Au refte, ce caractère très-apparent d'écailles re-
levées , cette forte d'armure , qui donne un air dif-
tingué au lézard qui en eft revêtu, & que nous trouvons
ici pour la fecondé fois, n'a pas été uniquement ac-
cordé au Sourcilleux & à la dragonne. Il en eft de
ce caractère comme de tous les autres, dont chacun
eft prefque toujours exprimé avec plus ou moins de
€) Séba , premier volume, page 17%
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. DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 259
force, dans plufeurs efpèces différentes. Cette crête,
que nous venons de remarquer dans le Sourcilleux ,
fert aufli à défendre ou parer la tête-fourchue,
l'iguane, le bafilic, &c. Non-feulement même. elle
a des formes différentes dans chacun de ces lézards;
_ non-feulement elle préfente tantôt des rayons alongés,
tantôt des lames aigues, larges & très-couftes , ec
mais encore elle varie par {a poñtion : elle élève
en rayons fur tout le corps du bafilic, depuis le
fommet de la tête jufqu'à l'extrémité de la queue;
elle orne de même la queue du porte-créte, & garnit
enfuite fon dos en forme de dentelure ; elle revêt
non-feulement le corps, mais encore une partie de
la membrane du cou de l’iguane ; elle s'étend le long
du dos du mâle de la falamandre à queue plate; elle
paroît comme une crénelure fur celui du pliffe ;
peine fenfible fur le deflous de la gorge du marbré,
elle défend, dans le galéote, la tête & la partie an-
térieure du dos ; elle fe trouve auffi fur cette païtie
antérieure dans l'agame; elle fe préfente, pour ainfi
dire, fur chaque écaille dans le flellion, V'ayuré, le
téguixin ; elle règne le long de la tête, du corps &
du ventre du caméléon; elle paroît à l'extrémité de .
la queue du cordyle; &, pour ne pas rapprocher ici
un plus grand nombre de Quadrupèdes ovipares, elle
eft compofée d'écailles clair-femées fur le lézard
Kk i
x.
le deflus du corps
ête & de la queue dans le Sourcilleux, & nous
© Hrsrorre NATUREIIF
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Dans L'ISLE D'AMBOINE, & par conféquent dans le
même climat que le fourcilleux , on trouve un lézard
qui reflemble beaucoup à ce‘Quadrupède ovipare. Il a
A e
k £ 0 À Le Se = c 2 SA
comme lui, depuis la tête jufqu'àa l'extrémité de la
) £ \
queue, des aiguillons courts en forme de dentelure,
mais qui font fur le des, plus féparés les uns des autres
que dans le fourcilleux. La queue comprimée , comme
celle du erocodile , eft tout au plus de la longueur du
corps. Le deflus de la tête qui eft très-courte & très-
convexe , préfente deux éminences qui ont une forte de
refflemblance avec des cornes. Suivant Séba, la‘ pointe
du mufeau eft gérnie d’un gros tubercule entouré d'au-
tres tubercules blanchätres ; le cou eft goitreux , & le
corps femé de boutons blancs , ronds , élevés , que
: Es à
-Fon retrouve encore au-deffous des yeux” & de la
(a) L'occiput Fourchu. M. d'Aubenron , Encyclopédie méthodique:
Lacerta feutata, $. Linn. amphib. rept.
Fguana clamofa , 74. Laurenti fpecimen medicum.
Séba , 1. Table 109, figure 3.
202 . -Hisrorre Narurezrs
mâchoire inférieure. Les cuifles, les jambes & les doigts
font longs & déliés. Ce lézard & l'efpèce précédente
“ont trop de caractères extérieurs communs pour ne pas
fe reflembler beaucoup par leurs habitudes naturelles,
d'autant plus qu’ils préfèrent l’un & l’autre les contrées
chaudes de l'Inde. Aufi leur attribue-t-on à tous les
deux la faculté de fe rallier par des cris (2).
(à) Séba, volume 1, Page 173:
Frs
s =. à
TRE
va
une membrane aflez femblable à celle de liguane
mais qui n’eft point dentelée. A chaque doigt , tant
des pieds de devant que des pieds de derrière, lavant-
dernière articulation eft pardeflous plus large que les
autres, & c'eft de-là que M. d’Aubenton a tiré le nom
PT LADA VI CR MIANE MON AREAS LL ASIA An onu tent Ÿ
LE LARGE-DOIGT (4).
pers ct
Les CARACTÈRES DISTINCTIFS de ce lézard,
qui fe trouve dans les Indes, font d’avoir la queue deux
fois plus longue que le corps, comprimée, un peu
relevée en carène pardeflus, flriée pardeflous, &
divifée en plufieurs portions , compofées chacune de
cinq anneaux de très-petites écailles. Il a , fous le cou,
y)
que nous lui confervons. La tête eft plate, & compri-
mée par les côtés; le mufeau très-délié; les ouvertures
des narines font très-petites , ainfi que les trous des
oreilles.
(a) Le Large-doigt. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Eacerta principalis, 7. Linn. amphib. rept.
LS
264 Hrsrorrx NATUREILE
LE SBIMA CLÉ.
Nous DEVONS la connoiflance de cette nou-
velle efpèce de lézard à M. Sparrman, favant Aca-
démicien de Stockolm , qui en a décrit plufeurs individus
envoyés de l'Amérique feptentrionale, par M. le Doc-
teur Acrélius, à M. le Baron de Géer (a) ; quelques-
uns de ces individus avoient le deflus du corps femé
de taches noires ; tous avoient deux grandes taches de
la même couleur fur les épaules; & c'eft ce qui leur
a fait donner, par M. Sparrman, le nom de Bimacules.
La tête de ces lézards eft aplatie par les côtés ; la
queue eft comprimée & deux fois plus longue que le
corps. Tous les doigts des pieds de devant & de ceux
de derrière, excepté les doigts extérieurs, font garnis
de lobes où de membranes qui en élargifient la fur-
face, & qui donnent au Bimaculé un nouveau rapport
avec le large-doigt.
Suivant M. le Docteur Acrélius , le Bimaculé nef
(a) Mémoires de l'Académie des Sciences de Siockolm , année 21784
roifième Trimeflre, page 169 |
point
6 cétes
, Rvant 4
jeurs ind
r M le)
DES. QUADRUPÈDES OVIPARES. 265
point méchant , il fe tient fouvent dans les bois, où il
fait entendre un fifflement plus ou moins fréquent. On
p* q
le prend facilement dans un piège fait avec de la
paille, qu’on approche de lui en fiflant, & dans lequel
il faute & s'engage de lui-même. La femelle dépofe fes
œufs dans la terre. On le trouve à Saint-Euftache &
dans la Penfilvanie. Le fond de fa couleur varie: il eft
quelquefois d’un bleu noirâtre. ns de
<
Ovipares, Tome Î. |
LE SILLONÉ (:).
1
Os TROUVE, dans les Indes, un affez petit lézard
gris dont nous plaçons ici la notice, parce qu'ila des
écailles convexes en forme de tubercules fur les flancs,
& parce que fa queue eft aplatie par Îles côtés comme
celle du crocodile & des autres lézards dont nous
venons de donner lhiftoire. Son corps n ’eft point garni
d'aiguillons ; il n’a point de crête au- deflous du cou ;
mais on voit fur fon dos deux ftries très-fenfibles. Il a
les deux côtés du corps comme pliffés, & relevés en
arête ; fon ventre préfente nue rangées tranf-
verfales d'écailles ; St rangée eft compofée de fix
pièces ; la queue , à peine plus longue que la moitié
du corps, eft ftriée pardeflous , lifle par les côtés , &
relevée en deflüs par une double faillie.
(a) Le Silloné. M d Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta bicarinata. 8. Lin, amphibia reptilia.
ex pet
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DES GRARPPÉRAS. OVIPARES.. 267.
T e ZARDS
. ; 5 2 s 7 : X °
Qui ont la queue ronde, cing doigts à chaque pied,
& des écailles élevées fur le dos en forme de créte.
L'EQUA NS" (rc)
Dans CES CONTRÉES de l'Amérique méridionale,
où la Nature plus aétive fait defcendre à grands
flots, du fommet des hautes cordilières, des fleuves
immenfes, dont les eaux s'étendant en liberté, inon-
dent au loin des campagnes nouvelles, & où la main
(a) Leguana.
. En angloës , the Guana.
Senembi.
À Tamacolin, en Amérique, Jüivant Séba. Se
L Tguane, M. d'Aubenton ; Encyclopédie méthodique. je
Lac. Jguana, 26, Lin. amphib, reptilia, ..
Liÿ
268 . Hisrorre Narureizr
de l'homme n’a jamais oppofé aucun obitacle à leur
éourfe ; fur les rives limonneufes de ces fleuves ra-
pides, s'élèvent de vaftes & antiques forêts. L’hu-
midité chaude & vivifiante qui lés abreuve , de-
Ray, Synopfis Quadrupedum , page 265. Lacertus indicus Senembi
& Iguana dictus.
Iguana delicatiffima, 72. Iguana tuberculata, 72. Laurent Ha
médichm |
Leguana. Dééionnaire d'Hifioire naturelle , par M. Valmont de
Borare.
Seba, 2. Table 95, figures 1, 2, table 96, figure 4 : table 97»
figure 3, table 98, figure 1.
The Guana. Brown, Hifloire naturelle de la ue,
Lacerta, 1. Major fquamis dorfñ lanceolatis erectis è nuch3 ad extre-
mitatem caudæ porreétis, Idem. |
Grand lézard ou Guanas. Catefby ; Hifloire naturelle de la Caroline,
volume 2 , page 64. |
Grand lézard. Dutertre , page 308.
Gros lézard, nommé Iouane. Rochefort, page 144.
Gros lézard. Labat , tome 1 , page 314.
Guana. Sloane , vol. 2.
Jguana. Gronoy. mus. 2 , page 82, N° Go.
Marcer. braf. 236, fig. 236. Senembi feu Iguana.
Jonfi. Quadrup., tab. 77, fe £:
Olear. mus., tab. 6, fig. à. Yvana.
Bont. jay. 56, tab. 56. Lacerta Leguan,
Nieremberg nat. 271, tab, 274.
Worm. mufœum. 313.
Cluf. exot. 116. Yvana,
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 269
vient la fource intariflable d'une verdure toujours
nouvelle pour ces bois touflus, images fans cefle re-
naiflantes d’une fécondité fans bornes, & où il femble
que la Nature, dans toute la vigueur de la jeuneffe,
fe plaît à entafler les germes productifs. Les végétaux
ne croiflent pas feuls au milieu de ces vañtes foli-
tudes; la Nature a jeté fur ces grandes productions
la variété, le mouvement & la vie. En attendant que
l’homme vienne régner au milieu de ces forêts, elles font
le domaine de plufeurs animaux, qui, les uns par
la beauté de leurs écailles, l'éclat de leurs couleurs,
la vivacité de leurs mouvemens » lagilité de leur
courfe ; les autres, par la fraicheur de leur plu-
mage, l’agrément de leur parure, la rapidité de leur
vol; tous, par la diverfité de leurs formes, font, des
vaftes contrées du nouveau monde , un grand &
magnifique tableau, une fcène animée, auf variée
qu'immenfe. D'un côté, des ondes majeftueufes rou-
lent avec bruit; de l'autre, des flots écumans fe
précipitent avec fracas de roches élevées; & des
tourbillons de vapeurs réfléchiflent au loin les
rayons éblouiffans du foleil: ici l'émail des fleurs fe
mêle au brillant de la verdure, & eft effacé par
l'éclat plus brillant encore du plumage varié des
oifeaux ; là, des couleurs plus vives, parce qu'elles font
renvoyées par des corps plus polis, forment la parure
de ces grands Quadrupèdes ovipares, de ces gros
ge. Hisrorre NATURELLE
lézards que l’on eft tout étonné de voir décorer le
fommet des arbres, & partager la demeure des habi-
tans ailés. |
Parmi ces ornemens remarquables & vivans dont
on fe plait à contempler, dans ces forêts épaifles, la
forme agréable & piquante , & dont on fuit avec
plaifir les divers mouvemens au milieu des rameaux
& des fleurs, la dragonne & le tupinambis attirent
l'attention ; mais le lézard dont nous traitons dans cet
article, fe fait diftinguer bien davantage par la beauté
de fes couleurs, l'éclat de fes écailles, & la fingu-
Jarité de fa conformation.
I1 eft aifé de reconnoître l’Iguane à la grande poche
qu'il a au-deflous du cou, & fur-tout À la crête den-
telée qui s'étend depuis la tête, jufqu'à l'extrémité de
la queue, & qui garnit aufli le devant de la gorge.
La longueur de ce lézard, depuis le mufeau, jufqu'au
bout de la queue, eft aflez fouvent de cinq ou fix
pieds (4); celui que nous avons décrit, & qui a été
(B) ce Pendant le féjour que Brue fit à Kayor fur le Sénégal, on
5 lui fit voir un Guana (Iguane) long de trois pieds, depuis le mufean
jufqu'à la queue, qui devoit avoir encore deux pieds de plus.» (L'on
doit croire que Ja queue de ce lézard avoit éprouvé quelque acci-
dent , les Iguanes ayant la queue plus longue que le corps). « Sa peau
#rétoit couverte de petites écailles de différentes couleurs, jaunes, vertes
gs & noires, fi vives qu'elles paroifloient colorées d'un beau vernis, I]
DS ES
CA RS
=
Lesage +)
Et e-
inde pi
1 crête der
xtrémité À
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 271
envoyé à Cayenne au Cabinet du Roi par M. Sonini :
a quatre pieds de long (c).
La tête eft comprimée par les côtés, & aplatie
pardeflus ; les dents font aigues, & afez Hnulébies.
par leur forme, à celles des lézards verts de nos pro-
Vinces méridionales. Le mufeau , l’entre - deux des
avoit les yeux fort grands, rouges, ouverts jufqu'au fommet de lac
tête. On les auroit pris pour du feu, lorfqu'il étoit irrité : alors face
gorge s’enfloit aufli, comme celle d'un pigeon. » Hi ifloire générale des
Voyages, Livre VIT, Chapiere XVIII.
(c) Principales dimenfions d’un Jguane, pieds. | pouces. | lignes.
confervé au Cabinet du Roi,
ÉOREUEUL LOUE, à 2 À té nus 4
Circonférence dans l'endroit le plus gros |
pape uif, ba, ie ee al I 4
Circonférence à l'origine de Ja queue. 5 9
Contour de la mâchoire RTE 3 3.
Longueur de la plus grande écille des
cotés de la tête, : [
Longueur de la poche qui fe _..
du cou. pi . Fe Ds. 4
Largeur de la es ss: I 10
Longueur des plus grandes écailles & la
A M Le I 19
Longucur de la queus. Lu 2 7 _4
Longueur des pattes de . jufqu’à
l'extrémité des doigts. . 7 ï
Longueur des pattes de derrière, 9 9
Longueur du plus grand ongle. , , 8
Due. + Hirsrorre NATUREILE
yeux, & le tour des mâchoires font garnis de larges
écailles très-colorées, très-unies & très-luifantes; trois
écailles plus larges que les autres, font placées de
chaque côté de la tête, au-deflous des oreilles ; la
plus grande des trois eft ovale, & fon éclat, fem-
blablé À celui des métaux polis, relève la beauté
des couleurs de lIguane; les yeux font gros ; lou
verture des oreilles eft grande ; des tubercules qui ont
la forme de pointes de diamans, font placés au-deflus
des narines, fur le fommet de la tête, & de chaque
côté du cou. Une efpèce de crête, compofée de
grandes écailles faillantes, & qui, par leur figure,
reflemblent un peu à des fers de lance, s'étend depuis
la pointe de la mâchoire inférieure , jufques fous la
gorge , où elle garnit le devant d'une grande poche,
que l’Iguane peut gonfler à fon gré. |
De petites écailles revêtent le corps, la queue &
les pattes: celles du dos font relevées par une arête.
La crête remarquable, qui s'étend, ainfi que nous
l'avons dit, depuis le fommet de la tête jufqu’à l'ex-
trémité de la queue, eft compofée d'écailles très-lon-
gues , très-aigues, & placées verticalement ; les plus
hautes font fur le dos, & leur élévation diminue ir
fenfiblement, à mefure qu'elles font plus prés du
bout de la queue, où on les diftingue à peine.
La queue eft ronde, au lieu d’être aplatie comme
celle des crocodiles. | |
Les doigts
es! x
il A
1 LM
& le pays (d).
DES QVADRUPÉDES OMIPARES. 273
Les doigts font féparés les uns des autres , au
nombre de cinq à chaque pied, & garnis d'ongles
forts & crochus ;-dans les pieds de devant, le premier
doigt, ou le doigt intérieur, n'a qu'une phalange ; le
fecond en a deux, le troifième trois , le quatrième
quatre , & le cinquième deux. Dans les pieds de.
derrière , le premier doigt n’a qu’une phalange ; le
fecond en a deux, le troifième trois, le quatrième
quatre , & le cinquième, qui eft féparé comme un
pouce, en a trois. |
Au-deflus des cuifles s'étend, de chaque côté, un
cordon de quinze tubercules creux & percés à leur
fommet, comme pour donner pañlage à quelques fé-
crétions! nous retrouverons ces tubercules dans plu-
fieurs efpèces de lézards ; il feroit intéreffant d’en
connoître exactement l’ufage particulier.
La couleur générale des Iguanes eft ordinairement
verte, mêlée de jaune, ou d'un bleu plus ou moins
foncé; celle du ventre, des pattes & de la queue
eft quelquefois panachée; la queue de l'individu, que
nous avons décrit, préfentoit plufieurs couleurs dif-
polées par bandes annulaires & aflez larges; mais
les teintes de lIguane varient, fuivant l’âge, le {exe,
(d) Nous nous en fommes aflurés par l'infpeétion d’un grand nom-
bre d'individus des deux fexes de différens pays & de différens Âge, &
Ovipares, Tome I. M m
27 À Hrsrorre NATURELLE
Ce lézard eft très- doux; il ne cherche point à
nuire; il ne fe nourrit que de végétaux & d'infectes.
Il n'eft cependant pas furprenant que quelques Voya-
geurs aient trouvé fon afpe& effrayant, lorfque agité
ar la colère, & animant fon regard, il a fait en-
tendre fon fifflement , fecoué fa longue queue, gonflé
fa gorge, redreflé fes écailles, & relevé fa tête hériflée
de callofités.
La femelle de lIguane eft ordinairement plus pe-
tite que le mâle; fes couleurs font plus agréables, fes
proportions plus fveltes ; fon regard eft plus doux, &
fes écailles préfentent fouvent l'éclat d'un très-beau
vert. Cette parure & ces fortes de charmes ne hi
ont pas été donnés envain; on diroit que le mâle
a pour elle une paflion trés-vive ; non-feulement, dés
les premiers beaux jours de la fin de l'hiver, il la
recherche avec empreffement, mais il la défend avec
fureur. Sa tendreffe change fon naturel; la douceur
de fes mœurs, cette douceur fi grande, qu'elle a été
comparée à la flupidité, fait place à une forte de rage.
41 Sélance avec hardieffe, lorfqu'il craint pour l'objet
qu'il aime ; il faifit avec acharnement ceux qui ap-
prochent de fa femelle ; fa moïfure n’eft point veni-
meufe; mais, pour lui faire lâcher prife, on ef obligé
A RME en EU ou NU
c'eft ce qui explique les différences que on trouve dans les defcriptions
que les Voyageurs & les Naturaliftes ont données de lTouane,
Fplus dou
dun trés
charmes nt
it que ke:
feulemet
Le L'hiver,
} la défel
DES QUADRUPÈDES OVFIPARES. 27$
de le tuer , ou de le frapper violemment fur les
narines (e).
C'eft environ deux mois après la fin de l'hiver que
les Iguanes femelles defcendent des montagnes, ou for-
tent des bois, pour aller dépofer leurs œufs fur le fable
du bord de la mer. Ces œufs font prefque toujours
en nombre impair, depuis treize, jufqu'à vingt-cinq.
Hs ne font pas plus gros, mais plus longs que ceux
de pigeons ; la coque en eft blanche & fouple, comme
celle des œufs des tortues marines, auxquels ils ref-
femblent plus quà ceux des crocodiles. Le dedans
en eft blanchâtre & fans glaire. Ils donnent, difent
la plupart des Voyageurs qui font allés en Amérique,
un excellent goût à toutes les fauces, & valent
mieux que ceux de poules. | |
L'Iguane, fuivant plufieurs Auteurs, a de la peine
à nager, quoiqu il fréquente de préférence les rivages
de la mer ou des fleuves. Catefby rapporte que lorf-
qu'il eft dans l’eau, il ne fe conduit prefque qu'avec
la queue, & qu'il tient fes pattes colées contre fon
corps (f). Cela s'accorde fort bien avec la difculté
qu'il éprouve pour fe mouvoir au milieu des flots ;
& cela ne montre-t-il pas combien les Quadrupèdes
(e) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. à , page 62,
(f) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline.
Mm ij
276 _ Hisroïrre NATURELLE
ovipares, dont les doigts font divifés, nagent avec
peine, ainfi que nous l'avons dit, & combien. cette con-
formation influe fur la nature de leurs habitudes ?
Dans le printems, les Iguanes mangent beaucoup
de fleurs & de feuilles des arbres auxquels on a donné.
le nom de mahot, & qui croiflent le long des rivières:
ils fe nourriflent aufli d’anones , ainfi que de plufñeurs
autres végétaux (g) ; & Catefby a remarqué que leur
graiffe prend la couleur des fruits qu'ils ont mangés
les derniers; ce qui confirme ce que jai dit des
diverfes couleurs que donne à la chair des tortues
de mer l'aliment quelles préfèrent.
Les Iguanes defcendent fouvent des arbres, pour
aller chercher des vers de terre, des mouches & d’au-
tres infectes (A).
Quoique pourvus de fortes mâchoires, ils avalent
ce qu'ils mangent prefque fans le mâcher (2).
Ils fe retirent dans des creux de rochers , ou
dans des trous d'arbres ( & ). On les voit sélancer
avec une agilité furprenante jufqu'au plus haut des
branches , autour defquels ils Sentortillent, de manière
(g) Catefby, à l'endroit déja cité.
(A) Note communiquée par M. de la Borde.
(4) Catefby , à l'endroit déjà cité.
(4) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline.
DES QvanruPÈDEs OMIRARES. 2977
à cacher leur tête au milieu des replis de leur
corps (/). Lorfqu'ils font repus, ils vont fe repofer
fur les rameaux qui avancent au-deflus de l'eau. C’eft
ce moment que l'on choïfit au Bréfl pour leur donner
la chañe. Leur douceur naturelle. jointe peut-être
à l’efpèce de torpeur à laquelle les lézards font
fujets, ainfi que les ferpens , lorfqu’ils ont avalé une
grande quantité de nourriture, leur donne cette forte
d'apathie & de tranquillité remarquée par Les Voya
geurs, & avec laquelle ils voyent approcher le danger,
fans chercher à le fuir, quoiqu'ils foient naturelle-
ment très-agiles. On a de la peine à les tuer, même
a coups de fufl: mais on les fait périr très-vite, en
enfonçant un poinçon, ou feulement un tuyau de paille
dans leurs nafeaux (m) ; on en voit fortir quelques
gouttes de fang, & l'animal expire.
La ftupidité que l’on a reprochée aux Iguanes, ou
plutôt leur confiance aveugle, prefque toujours le
partage de ceux qui ne font point de mal, va f loin,
(4) « Une efpèce de jafmin d'une excellente odeur, qui croit de
toutes parts, en buiffon, dans les campagnes de Surinam, eft la retraite ct
ordinaire des ferpens & des lézards, fur-tout de lTguane ; c'eft une ce
chofe admirable que la manière dont ce dernier reptile s’entortille auce
pied de cette plante, cachant fa tête au. milieu de tous fes replis. 23.
Hifloire générale des Voyages , tome 54, page 411 , édit. in-v2..
(rR) Hifloire générale des Voyages, Liyre VII, Chapitre x p11.
278 Hrsrorre NATURELLE
qu'il eft très-facile de les faifir en vie. Dans plufeurs
contrées de l'Amérique, on les chañle avec des chiens
dreflés à les pourfuivre; mais on peut auff les prendre
aifément au piège (n). Le chaffeur qui va à la re-
cherche du lézard, porte une longue perche, au bout
de laquelle eft une petite corde, nouée en forme de
lac. (o ). Lorfawil découvre un Iguane étendu fur
des branches, & sy pénétrant de l’ardeur du foleil,
il commence à fiffler: le lézard, qui femble prendre
plaifir à l'entendre, avance la tête; peu-à- peu le
chaffeur s'approche, & en continuant de fiffier, il
chatouille avec le bout de fa perche les côtés & la
gorge de lIguane, qui non-feulement foufire fans
peine cette forte de carefle, mais fe retourne dou-
cement , & paroît en jouir avec volupté. Le chaffeur
le féduit, pour ainfi dire, en fifflant & en le chatouil-
lant, au point de lengager à porter fa tête hors des
branches, aflez avant pour embarrafler fon cou dans
le lac : auflitôt il lui donne une violente fecouile,
qui le fait tomber à terre; il le faifit à l’origine de la
queue ; il lui met un pied fur le corps; & ce qui
prouve bien que la ftupidité de VIguane n’eft pas auil
grande qu'on le dit, c'eft que lorfque fa confiance et
(n) Note communiquée par M. de la Borde.
(o) Voyages du Père Labar en Afrique & en Æinérique.
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fais
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 279
trompée, & quil fe fent pris, il a recours à la force,
dont il n'avoit pas voulu ufer. Il s’'agite avec violence;
il ouvre la gueule; il roule des yeux étincelans; il
gonfle fa gorge : mais fes eforts font inutiles; le chaf-
feur, en le tenant fous fes pieds, & en l'accablant
du poids de tout fon corps, parvient bientôt à lui
attacher les pattes, & à lui lier la gueule, de ma-
nière que ce malheureux animal ne puifle ni fe dé-
fendre, ni senfuir (p ). |
On peut le garder plufeurs jours en vie fans lui don-
ner aucune nourriture (q) ; la contrainte femble d’a-
bord le révolter ; il eft fier; il paroïît méchant ; mais
bientôt il s'apprivoife ; il demeure dans les jardins ; il
{p) Catefby, Hifloire naturelle de la Caroline.
(g) Brown dit avoir garde chez lui un Iguane adulte pendant plus
de deux mois. Dans le commencement il étoit fier & méchant; mais,
au bout de quelques jours, il devint plus doux: à la fin, il pañoit la
plus grande partie du jour fur un lit, mais il couroit toujours pendant
da nuit. « Je n’ai jamais obfervé , continue ce Voyageur, que cet
Iguane ait mangé autre chofe que les particules imperceptibles qu'ile
lapoit dans l'air, (ces particules étoient fürement de très-petits infcétes). ce
Quand il fe promenoit , il dardoit fréquemment fa langue, comme letce
caméléon. La chair de l’Iguane eft recherchée par beaucoup de gens, ce
& lorfqu'elle eft fervie en fricaflée, elle eft préférée à celle de la meil-ce
leure volaille. L'Iguane peut être aifément apprivoifé, quand il eftce
jeune ; il eft alors un animal auffi innocent que beau. » Hifloire natu-
relle de la Jamaïque par Brown , Londres, 1756 , pag: 462.
260 Hrsrorre NATUREL
pañle même la plus grande partie du jour dans les ap-
partemens; il court pendant la nuit, parce que fes yeux,
comme ceux des chats, peuvent fe dilater de manière
que la plus foible lumière lui fafife , & parce quil
prend aifément alors les infeétes dont il fe nourrit.
Quand il fe promène, il darde fouvent fa langue ; il
vit tranquille ; il devient familier (r)..
On ne doit pas être furpris de l'acharnement avec
lequel on pourfuit cet animal doux & pacifique qui ne
recherche que quelques feuilles inutiles , ou quelques
infectes malfaifans , qui n'a befoin pour fon habitation
que de quelques trous de rocher , ou de quelques bran-
ches prefque fèches , & que la nature a placé dans les
grandes forêts pour en faire l’ornement. Sa chair eft
excellente à manger, fur-tout celle des femelles qui
eft plus tendre & plus grafle (s) ; les habitans de Ba-
hama en faifoient même une efpèce de commerce, ils
le portoient en vie à la Caroline & dans d'autres con-
trées , ou ils le faifoient faler pour leur ufage (+) *
dans certaines Îfles où ils font rares , on les réferve
pour les meilleures tables (u) ; & l’homme ne sef
(r) Note communiquée par M. de la Borde,
(s) On dit que la chair de l'Iguane-eft nuifible à ceux dont le {ang
n'eft point pur, & M. de la Borde la croit difficile à digérer.
{#) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. |
{æ) Note communiquée par M. de la Borde,
jamais
; OÙ quék
on habitai
elques ra
Jacé dans|
Sa chair!
femellest
bitans de)
commertt
; d'autrél
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pomnt E
DE
est
Lu
DES QvVADRUPÉÈDES OVIPARES. 981
jamais tant exercé à détruire les animaux nuifibles, qu’à
faire fa proie de ceux qui peuvent flatter fon appétit.
D'ailleurs on trouve quelquefois dans Le corps de l’Iguane,
ainf que dans les crocodiles & dans les tupinambis , des
concrétions femblables aux bézoards des Quadrupèdes
vivipares, & particulièrement à ceux que l’on a nommés
bézoards occidentaux. M. Dombey a apporté de l’Amé-
rique méridionale au Cabinet du Roi, un de ces bé-
zoards d’Iguane. Cette concrétion repréfente aflez exac-
tement la moitié d’un ovoïde un peu creux; elle
eft compofée de couches polies , formées de petites
aiguilles , & qui préfentent comme d’autres bézoards ,
une efpèce de criftallifation. Elle eft convexe d’un
côté, & concave de l’autre; elle ne doit cependant pas
être regardée comme la moitié d’un bézoard plus con-
fidérable , les couches qui la compofent étant placées
les unes au-deflus des autres fur les bords de la cavité,
ainfi que fur la partie convexe. Le noyau, qui a fervi
à former ce bézoard , devoit donc avoir à-peu-près la
même forme que cette concrétion. La furface de Ja
cavité qu'elle préfente , n’eft point polie comme celle
des parties relevées, qui ont pu fubir un frottement
plus ou moins confidérable. Le grand diamètre de ce
bézoard eft de quinze lignes, & le petit diamètre à-
peu-près de quatorze.
Séba avoit, dans fa collection, plufeurs bézoards d’1-
guanes, de la groffeur d'un œuf de pigeon , & d'un
Ovipares, Tome I. Na
282 Hirsrorre NATUR=rIrR
jaune cendré avec des taches foncées. Ces concrétions
font appellées Beguan par les Indiens, qui les efliment
plus que beaucoup d'autres bézoards (v). Elles peu-
vent avoir été connues des Anciens, Fliguane habitant
dans les Indes orientales , ainfñi queen Amérique ; &
comme cet animal n'a point été particulièrement in-
diqué par Ariftote ni par Pline, & que les Anciens n'en
ont viaifemblablement parlé que fous le nom de Léyard-
vert, ne pourroit-on pas croire que la pierre, appellée
par Pline Sauritin, à caufe du mot Saurus ( Lézard),
& que l’on regardoit , du tems de ce Naturalifte,
comme fe trouvant dans le corps d’un lézard-vert, r'eft
autre chofe que le bézoard de l’Ignane , & qu’elle
nétoit précieufe que par ce qu'on lui attribuoit les
fauffes propriétés des autres bézoards (x) ; ce qui con-
firme notre opinion ; à ce fujet , c'eff que ce mot
S'auritin wa été appliqué par les anciens , ni par les
modernes à aucun autre corps, tant du règne animal
que du règne minéral.
Les Iguanes font très-communs à Surinam, ainfi que
dans les bois de la Guiane, aux environs de Cayenne (y),
(y) Séba, vol. 2, page 140:
(x) Sauritin in ventre viridis lacerti arundine difleéti tradunt inve=
mini. Pline, Eiyre XX X VII, Chapitre LXrr1.
(y) Note communiquée par D, de la Borde.
ardent, n
e,& que
cattribuoit
); cequit
t que ct!
en ,n f
u rège D
DES Quanrurkpes ovrparrs. 903
& dans la nouvelle Efpagne. Ils font aflez rares aux
Antilles, parce qu'on y en a détruit un grand nombre,
à caufe de la bonté de leur chair f 7). On trouve auffi
JIguane dans l’ancien continent en Afrique , ainfi qu'en
Afie (a) ; il eft par-tout confiné dans les climats chauds ;
{es couleurs varient fuivant le fexe , l’âge & les di-
verfes régions qu'il habite ; mais il eft toujours remar-
quable par fes habitudes, fa forme & l'émail de fes
écailles. | |
(x) Note communiquée par M. de la Borde.
(a) Auprès de la Baye des chiens marins, dans la nouvelle Hollande,
le Voyageur Dampier trouva des Guanos ou Iguanes, qui, lorfqu'’on
$'approchoit d'eux, s'arrétoient & fiffloient fans prendre la fuite. Voyage
de Guillaurne Dampier , aux terres Aufirales , Arnflerdam 170$.
Nn i
204 Hisrorre NATURELLE
L'EBASTIPFC "(ET
L'erreur seft fervie de ce nom de Bafilic, pour
défigner un animal terrible, qu'on a tantôt repréfenté
comme un ferpent, tantôt comme un petit dragon,
& dont le regard perçant donnoit la mort. Rien de
plus fabuleux que cet animal, au fujet duquel on a
répandu tant de contes ridicules, qu'on a doué de tant
de. qualités merveilleufes, & dont la réputation fert
encore à faire admirer entre les mains des Charlatans,
par un peuple ignorant & crédule, une peau de raie
defléchée, contournée d’une manière bizarre, & que
l’on décore du nom fameux de cet animal chimé-
rique (b).
(a) Le Bañlic. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta Bañlifcus 25, Linn. amphib. rept.
Dragon d'Amérique, amphibie qui vole, Baflic, Séba. s , planche 160,
figure 2.
Bafilicus Americanus, 75. Laurenti fpecimen medicum.
(b) « Le Bañlic, que les Charlatans & les Säkinbanques expofent
tous les jours avec tant d'appareil, aux yeux du public , pour l'attirer
»»& lui en impofer, n'eft qu'une forte de petite raie, qui fe trouve
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 285
Nous ne conferverions pas ce nom de Bafilic, dont
on a tant abufé, à l’animal réel dont nous parlons,
de peur que l’exiftence d’un lézard, appellé Bañilic, ne
pût faire croire à la vérité de quelques-unes des fables
X
attachées à ce nom, fi elles n'étoient aufli abfurdes
que rifibles, fi par-là nous n'étions bien raflurés fur
la croyance qu’on leur accorde, & d'ailleurs fi ce nom
de Bafñilic n'avoit pas été donné au lézard dont il eff
queftion dans cet article, par tous les Naturaliftes qui
s’en font occupés.
Le lézard bafilic habite l'Amérique méridionale ;
aucune efpèce n’eft auffi facile à diftinguer, à caufe
d’une crête très-exhauflée qui s'étend depuis le fommet
de la tête, jufqu’au bout de la queue, & qui eft com-
pofée d’écailles en forme de rayons, un peu féparées
les unes des autres. Il a d’ailleurs une forte de capu-
chon qui couronne fa tête; & c’eft de-là que lui vient
fon nom de Bafilic, qui fignifie petit roi. Cet animal
parvient à une taille affez confidérable ; il a fouvent
plus de trois pieds de longueur, en comptant celle de
la queue. Ses doigts, au nombre de cinq à chaque pied,
ne font réunis par aucune membrane. Il vit fur les
p ee
dans la méditerranée, & qu'on fait deflécher fous la bizarre configu- ce
ration qu'on y remarque.» Dédionnaire d'Hifloire naturelle , par
M. Valmont de Bomare. |
256 Hrsrorre NarTursrre
arbres, comme prefque tous les lézards, qui ayant les
doigts divifés peuvent y grimper avec facilité, & en
faifir aifément les branches. Non-feulement il peut y
courir aflez vite, mais rempliffant d'air fon efpèce de
capuchon, déployant fa crête, augmentant {on volu-
me, & devenant par-là plus léger, il faute & voltige,
pour ainfi dire, avec agilité de branche en branche,
Son féjour n'eft cependant pas borné au milieu des
bois ; il va à l’eau fans peine, & lorfquil veut nager
il enfle également fon capuchon, & étend fes mem-
branes.
La crête, qui diftingue le Baflic , & qui peut lui fers
vir d'une petite arme ft ve , eft encore pour lui un
bel ornement. Bien loin de tuer par fon regard, comme
animal fabuleux dont il porte le nom, il doit être
confidéré avec plaifir, lorfqw'animant la folitude des
immenfes forêts de l'Amérique, il s'élance avec ra-
pidité de branche en branche, ou bien lorfque dans
une attitude de repos, & tempérant fa vivacité na-
turelle , il témoigne une forte de fatisfaction à ceux
qui le regardent, fe pare, pour ainf dire, de fa
couronne , agite mollement fa belle crête, la baïfle,
la relève, & par les différens reflets de fée écailles,
renvoie aux yeux de ceux qui l’examinent, de douces
ondulations de lumière. |
Nous CONSER VONS à ce lézard le nom de Porte
crête, qui lui a été donné par M. d’Aubenton. Cet animal
préfente en effet une crête qui s'étend depuis la tête juf-
qu'à l'extrémité de la queue. Le plus fouvent elle eft
compofée {ur le dos de foixante-dix petites écailles pla-
tes, longues & pointues; &, à l’origine de la queue, elle
s'élève & repréfente une nageoire très-longue, très-large,
formée de quatorze ou quinze rayons cartilagineux, &
garnie à fon bord fupérieur .de petites écailles aigues,
penchées fouvent en arrière. C’eft dans l’Ifle d'Amboine:
& dans l’Ifle de Java (b), qu'on trouve le Porte-crête.
M. Schlofier eft le premier Naturalifte qui en ait
(a) Bin jawacok jangur eckor , par les Melases , juivent M. Hornffedt..
Le Forte-crête. M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique.
Lacerta Amboinens, Schjoffér de Lacerta Amboïnenft , Amfier-
dam , 1778 ,.in-4.° ( L'individu, décrit par M. Schlotier. fut acheté par
feû M. le Baron de’ Géer, & appartenoit, en 178$, à l'Académie de
Stockolm }.
(5) M. Hornfledt. Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolnr
année 178% , trim, 2, page 130:
200 Hisrorre NATURELLE
parlé (c). Ce lézard eft dans PAfe le repréfentant du
Bafilic qui habite le nouveau continent ; il a aufh de
grands rapports avec la Dragonne, & les autres grands
lézards à queue comprimée, dont le dos paroït den-
telé, en ce que fa tête eft prefque quadrangulaire,
aplatie, revêtue de tubercules & de grandes écailles:
il a les yeux grands , & les narines élevées ; les
ouvertures des oreilles laiflent voir la membrane nue
du tympan; le deffous de la tête préfente une forte
de poche aplatie & très-plifiée, à laquelle on a donné
le nom de collier. La langue eft épaifle, charnue, &
légèrement fendue ; les dents font ferrées, pointues , &
d'autant plus grandes qu’elles font plus éloignées du
devant des mâchoires, où l’on en rencontre huit en
haut & fix en bas arrondies, courtes, aigues , tournées
obliquement en-dehors, & féparées par un petit in-
tervalle, des plus groffes ou des molaires ( 4) RE
Porte-crête en a ainfi de deux fortes, comme la
Dragonne à laquelle il reffemble encore par la forme
& la difpofition des dents.
Les cinq doigts de chaque pied font garnis d'ongles,
& préfentent de chaque côté un rebord aigu, dentelé
Entaiennmtnmannnun dnprnen Rs anne Q - "+ =
(c) Schloffér , ouvrage déja cité.
(4) M. Hornfledt. Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolm ,
année 1785 (Tim. 2, page 130.
- comme
DES QUADRUPÈDES orrpArRzES. 289
comme une fcie, La queue et près de trois fois plus
longue que le corps. La couleur de la tête & du
collier eft verdâtre, avec des lignes blanches ; la crête
-& le dos font d’un fauve plus où moins foncé; le
ventre eft d’un gris blanchâtre, & chaque côté du
Corps préfente des taches ou bandes blanches, qui
s'étendent jufque fur les pieds ; il paroït que, dans plu-
fieurs individus, la couleur générale du Porte-crête eft
verdâtre, avec des raies noires, & le ventre blan-
châtre (e). Le mâle diffère de la femelle par une
crête beaucoup plus élevée, & par des couleurs plus
vives. |
Ce lézard n'eft pas feulement beau: il eft aflez
grand, puifqu'il a quelquefois trois ou quatre pieds de
long ; fa gueule & fes doigts font bien armés ; fon dos &
fa queue préfentent une forte de défenfe ; fes pieds con-
formés de manière à lui permettre de grimper fur les
arbres, laiflent moins de reflources À fa proie pour lui
échapper; fa tête tuberculeufe & garnie de grandes
écailles, paroït être à l'abri des bleffures ; d’après tous
ces attributs, on croiroit que le Porte-crête eft vorace,
carnacier, & dangereux pour plufieurs petits animaux.
Mais nous avons encore ici un exemple de la réferve
avec laquelle on doit juger de l’enfemble du naturel],
(e) M. Hornfledt , à l'endroit déjà ciré
Ovipares, Tome I, + 409
890 Hrsrorre NATUREILE
d’après les caractères particuliers de la conformation
extérieure, tant lerganifation interne ; & même un
concours de circonftances locales , plus ou moins conf
tantes, agiflent quelquefois avec force fur les habi
tudes. :
Le Porte-crête habite de préférence fur le bord
des grands fleuves : mais ce n'eft point en embufcade
qu'on ly trouve: il ne fait point la guerre aux ani
maux plus foibles que lui: il fe nourrit tout au plus
de quelques petits vers: il pañle tranquillement fa vie
fur les rives peu fréquentées ; il dépofe fes œufs {ur
les bancs de fable & les petites Ifles, comme s’il cher-
choit à les y mettre en fûreté : il grimpe fur les arbres
qui s'élèvent au bord de l’eau, & y cherche en paix
les fruits & les graines dont il fait fæ principale nour-
riture. Il n’a donc ufé prefque jamais de toute fa force,
qui peut-être même n'eft pas très - confidérable : aufh
s'alarme-til aifément. Il fuit au moindre bruit, fans
chercher à fe défendre, comme fi l'habitude de la
défenfe tenoit le plus fouvent à celle de l'attaque. il
fe jette dans l’eau lorfqu'il redoute quelqu'ennemi ; il
nage avec d'autant plus de vitefle que la membrane
élevée de fa queue, lui fert À frapper Peau avec fack
lité ; & ilfe cache à la hâte fous les roches.
Les fruits dont ce lézard fe nourrit, lui donnent
un naturel doux & paifible, & communiquent à fa chair
une faveur fupérieure à celle qu’elle auroit, sil choi-
2, Ci
cu
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int en enk
À guerre au
rit tout à
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herche en,
ile
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niderabk:
nôre bi
DES QUADRUPÈDES OPIPARES. 9201
fifloit un aliment moins pur. Malheureufement pour
cet innocent lézard , le bon goût de fa chair, qu'on dit
être préférable à celle de l’Iguane, eft affez connu
des habitans des contrées qu'il habite, pour qu'on le
pourfuive jufqu'au milieu des eaux, & fous les roches
avancées qui lui fervent de dernier afile. Il s’y laifle
_ même prendre à la maïn, fans jeter aucun cri, fans
faire le moindre mouvement pour fe défendre. Cette
efpèce d'abandon de fa vie ne provient peut-être que
du naturel tranquille de cet animal frugivore, qui n’a |
jamais eflayé fes armes, ni fenti tout ce qu'il peut
pour fa confervation. On a cependant donné à fa dou-
_ceur le nom de ftupidité ; mais combien de fois n’a-
t-on pas défigné, par un nom de mépris, les qualités
_paiñbles & peu brillantes !
Oo i
Ce LézarD a , depuis la tête jufqu'au milieu du
dos, une crête produite par des écailles féparées l’une
de l’autre, grandes, minces & terminées en pointe.
Quelques écailles femblables s'élèvent d’ailleurs vers
le derrière de la tête, au-deflous des ouvertures des
oreilles. Mais cette crête hériffée ne s'étend pas fu
la gorge, & depuis le fommet de la tête jufqu’à l'ex-
trémité de la queue, comme dans lIguane. Toutes les”
A
A Ni
(a) Par les Grecs, Kolotes & Askalabotes. IN à
Par les Latins, Ophiomacus. \
Le Galéote. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. ‘
Galiote. Didionnaire d’'Hi Grau naturelle, de. M. Valmont & 140
Bornare. 0
Séba. 1. Tab. 89, fig. 2, tab. 93 fe» 2, cb. 94 dé 2543 ei)
tab. 76 , fig: 5. 0
Jguana calotes , 73. eee medicum.
Iguana chalcidica, 69. Idem , Ibidem.
Lacerta calotes, 27. Lion. amphib, rept.
Edwards, ay. 74, & 244: A
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 293
autres écailles qui revêtent le Galéote, préfentent une
arète faillante & aigue, qui le fait paroître couvert
d'une multitude de ftries difpofées dans le fens de fa
longueur. | .
La tête eft aplatie, très-large parderrière, & affez
femblable par-làà celle du caméléon; les yeux font
gros ; les ouvertures des oreilles grandes; la gorge eft
un peu renflée, ce qui lui donne un petit trait de ref-
femblance avec l'Iguane ; les pattes font aflez longues,
ainfi que les doigts qui font très-féparés les uns des
autres ; le dos des ongles eft noir. La queue eft eflilée,
& plus de trois fois aufli longue que le corps. L'indi-
vidu que nous avons décrit, & qui eft confervé au
Cabinet du Roi, a trois pouces dix lignes, depuis le
bout du mufeau jufqu'à l'anus; la queue a quatorze
pouces de longueur. Quelquefois la couleur du dos
eft azurée , & celle du ventre blanchitre.
Le Galéote fe trouve dans les contrées chaudes de
l'Afie , particulièrement dans l’Ifle de Ceylan, en
Arabie, en Efpagne, &c. il court dans les maifons
& fur les toits, où il donne Ja chaffe aux araignées:
on prétend même qu'il eft aflez fort pour faire fa
proie de petits rats, contre les dents defquels il pour-
roit étre un peu défendu, par fes écailles aiguës, &
par la crête qui règne le long de fon dos. Ce qui
eft bien certain, c'eft que fes longs doigts, très-divifés,
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Hrsrorre NATuREzL»
es. H fe bat contre les petits ferpens, a
que le lézard vert & plufeurs autres lézards,
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 50%
Ponieseenee
Ox rrouvE en Amérique un lézard qui a beau=
coup de rapports avec le Galéote. Le derrière de la
tête & le cou font garnis d’écailles aiguës. Celles qui
couvrent le deffus du corps, & fur-tout celles qui
revétent la queue, font relevées en cärêne & ter-
minées par uñe épiné, Ce qui donne uné forme angus
leufe à à la queue, qui d'ailleurs eft menue & longue,
Le dos préfente, vers fa partie antérieuré, une crête
compofée d’écailles droites, plates & aiguës. +. deflous
de la gueule eft couvert d’une peau lâche , en forme
de petit fanon. Ce qui le diftiigué principalement du
Galéote, avec lequel il eft aifé de le confondre, c’eft
que fes couleurs paroiffent plus pâles , que fon ventre
(a) L'Agame. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Eacerta Agama, 28. Linn. amplhub. rept.
Gronov. Zooph. 13, N. 54.
Séba. Tome. 1 , planche 107, fig 2,2%, 5.
Eguana Cordylina 67; & Iguana Dalamandrina, 68. Laurenti JPeeb:
men medicurn,
206 . Hrsrorre Narurrzre
_femble moins frié, & que les écailles, qui garniffent
le derrière de la tête, font comme renverfées, &
tournées vers le mufeau. Le mâle ne diffère de la
femelle qu'en ce que fa crête eft compofée d'écailles
plus grandes , & fe prolonge davantage fur le dos,
D'ailleurs il n'y a point d'épines latérales fur le cou
de la femellé; mais on en voit de très-petites fur les
côtés du corps, & celles qui défendent la queue &
les parties antérieures du dos, font plus aiguës que fur
le mâle. Suivant Séba, ce lézard fe plaît au milieu
des eaux. Nous préfumons que c’eft à cette efpèce
qu'il faut rapporter le lézard, repréfenté dans l’ou-
vrage de Sloane, planche 273, figure à (b), ainf
que celui que Brown a dit être commun à la Jamaï-
que, & dont il fait une cinquième efpèce (c). Nous
(Bb) Lacertus major è 5 cinereus ; dorfo criffa breviori donato. Ce
lézard fe trouve en très-grand nombre dans les bois de la Jamaïque ;
il diffère très-peu du Gzane (Iguane) ; mais il eft plus petit , fa cou-
leur eft plus verte, & ila, le long du dos, une crête plus courte. Il
pond des œufs moins gros que les œufs de pigeon. us vol 23
Peer 337
(c) Lacerta , 4 minor ni cauda bains ereclis criflata. The Gars
lizard; and blue lizard of Edwards. Ce lézard eft très-commun à la
Jamaïque ; il paroït en général d’un beau vert; mais fa couleur change
fuivant fa poñtion, ainf que celle des animaux de fon genre ; il femble
même qu ‘elle eft plus variable que celle des autres lézards, & qu ‘elle
croyons
Q
DES QUADRUPÈDES oOPIPARES, 267
croyons devoir encore regarder, comme un Agame,
le lézard bleu d'Edwards [4 ) ; & ces trois lézards ne
nous paroiflent être tout au plus que des variétés de
celui dont il eff queftion dans cet article.
prend plutôt les différentes nuances qu'elle préfente, fuivant l'endroit
où il fe trouve. Son corps eft couvert d’écailles légères; mais celles qui
font au-deflus de la queue , font relevées & forment une petite crête
qui a quelques rapports avec celle du Guena (Iguane) ; fa longueur
excède rarement neuf ou dix pouces ; il eft très-doux. Brown, page 463.
(d) « Le lézard bleu eft fort particulier, à caufe de la ftructure de
fes doigts, qui ont de petites membranes qui s'étendent de chaquece
côté , non pas de la nature de celles que les oifeaux aquatiques ontcs
aux pattes; mais plutôt comme certaines fortes de mouches en ont,ce
qui agiflent par voie de fuction : ain, je COnÇOIS que ces membranes ce
leur fervent à fe tenir & à marcher fur la furfaice unie des grandes ce
feuilles des arbres & des plantes: il a une petite élévation fur le dos, ce
en forme de fillon qui règne tout du long, jufqu'à la queue , où ellec
devient dentelée : tout le deflus du corps eft bleuâtre, varié tranfver-ce
falement de nuances plus claires & plus foncies: le deflous en eftce
d'une couleur de chair pâle. » Glanures d'Hifloire naturelle , parEdwards ;
pag 74, planche 245. Le lézard, décrit par Edwards, ayant été apporté
dans de l'efprit-de-vin , de l'Ifle de Nevis ; dans les Indes occidentales ,
il ne feroit pas furprenant que fa couleur eût été aliérée, & de verte
fût devenue bleue ; jai vu fouvent la couleur de pluleurs lézards cons
fervés dans de l'efprit-de-vin , changer ainf du vert au bleu,
Ovipares , Tome I, Pp :
298 Hirsrorrs NATURELLE
(TROISIÈME DIVISION À
LEZ. AR D.S
Dont la queue eftronde , qui ont cinq doigts aux pieds
de devant , & des bandes écailleufes fous Le ventre.
Les LézarD Gris paroit être le plus doux, le | |
plus innocent & l’un des plus utiles des lézards. Ce |!
joli petit animal fi commun dans le pays où nous écri-
: k
4
(a) Lagariija & Sargantana, en Ejpagne.
Langrola, aux environs de Montpellier. |
Le lézard Gris. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Le lézard Gris, le lézard ordinaire ou commun, Lacerta terreftris,
M. Valmont de Bormare , Difionnaire d'Hifloire naturelle.
Lacerta agilis, 15. Zinn. amphib. repr.
corses Edivards. Glanures d'Hifloire naturelle, Londres , 1764.
Seconde partie, Chapitre xy, planche 225. The little Brown lizard,
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 299
vons, & avec lequel tant de perfonnes ont joué dans
leur enfance, n’a pas reçu de la nature un vêtement
aufhi\ éclatant que plufeurs autres Quadrupèdes ovi-
pares ; mais elle lui a donné une parure élégante ; fa
petite taille eft fvelte; fon mouvement agile ; fa courfe
fi prompte qu'il échappe à l'œil, aufli rapidement que
l'oifeau qui vole. Il aime à recevoir la chaleur du
foleil ; ayant befoin d’une température douce, il cher-
che les abris; & lorfque, dans un beau jour de prin-
tems, une lumière pure éclaire vivement un gazon en
pente, ou une muraille qui augmente la chaleur en
la réfléchiflant, on le voit s'étendre fur ce mur, ou fur
l'herbe nouvelle avec une efpèce de volupté. Il fe pénè-
tre avec délices de cette chaleur bienfaifante ; il mar-
que fon plaifir par de molles ondulations de fa queue
délice ; il fait briller fes yeux vifs & animés ; il fe pré-
cipite comme un trait pour faifir une petite proie , ou
pour trouver un abriplus commode. Bien loin de s'enfuir
à l'approche de l’homme, il paroît le regarder avec com-
plaifance : mais au moindre bruit qui l’effraie, à la chûte
feule d'une feuille, il fe roule, tombe & demeure
—
Séba, 2. Table 79, figure 5.
Lacerta agilis. Ichthyologia cum amphibiis regni Boruffiai. , à Job.
Chrifl. Wulf _. ;
Seps argus 105$, Seps muralis 106, Seps terreftris 107, Seps cæru-
lefcens 109. Laurenti fpecimen medicum,
P p ij
300 HISTOIRE NATURELLE
pendant quelques inftans comme étourdi par fa chûte;
ou bien, il sélance, difparoît , fe trouble, revient,
fe cache de nouveau, reparoït encore, décrit en un
inftant plufieurs circuits tortueux que l'œil a de la
peine à fuivre, fe replie plufeurs fois fur lui-même,
& fe retire enfin dans quelque afile jufquà ce que
fa crainte foit difipée (b).
Sa tête eft triangulaire & aplatie ; le deflus ef
couvert de grandes écailles, dont deux font fituées au-
_ deflus des yeux, de manière à repréfenter quelquefois
des paupières fermées. Son petit mufeau arrondi pré-
fente un contour gracieux; les ouvertures des oreilles
font aflez grandes; les deux mâchoires égales & garnies
de larges écailles; les dents fines, un peu crochues
& tournées vers le gofer. - , A en
Il a à chaque pied cinq doigts déliés, & garnis
d'ongles recourbés, qui lui fervent à grimper aifément
fur les arbres & à courir avec agilité le long des murs;
_& ce qui ajoute à la vitefle avec laquelle il s'élance,
même en montant, c'eft que les pattes de derrière,
ainfi que dans tous les lézards, font un peu plus lon-
gues que celles de devant. Le long de l'intérieur des
cuifles, règne un petit cordon de tubercules, fembla-
A
(Bb) Cet principalement dans les pays chauds que le Kzard Gris ef
très-agile, & qu'il exécute les divers mouvemens que nous venons de
décrire.
l
DES QuaDRuPiDEs o"IPARES. 3OÏ
bles, par leur forme, à ceux que noûs avons remar-
qués fur Plguane : le nombre de ces petites éminences
varie, & on en compte quelquefois plus de vingt.
Tout eft délicat & doux à la vue , dans ce petit
lézard. La couleur grife que prélente le deflus de fon
Corps, eit variée par un grand nombre de taches blan-
châtres, eft par trois bandes preique noires, qui par-
courent la longueur du dos; celle du milieu ef plus
étroite que les deux autres. Son ventre eft peint
de vert, changeant en bleu ; il neft aucune de {es
écailles dont le reflet ne foit agréable ; & pour
ajouter à cette fimple , mais riante parure, le defflous
du cou eft garni d’un collier compolé d'écaillés, ordi-
nairement au nombre de fept, un peu plus grandes
que les voifines, & qui réuniflent l'éclat & la cou-
leur de l'or. Au refte, dans ce lézard comme dans
tous les autres , les teintes & la difribution des cou-
leurs font fjettes À varier fuivant l’âge , le fexe & le
} : (See)
pays : mais le fond de ces couleurs reite à-peu-près le
même (c). Le ventre eft couvert d’écailles beaucoup
plus grandes que celles qui font au-deflus qu COTPS ; |
elles y forment des bandes tranfverfales, ainfi que dans
tous les lézards que nous avons compris dans la troi-
fième divifon.
(c) Nous avons décrit le Izard Gris, d'après des individus vivans.
{|
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302 Hisrorrs NATUREAILE
Ïl a ordinairement cinq ou fix pouces de long, &
un demi-pouce de large : & quelle différence entre
ce petit animal & l’énorme crocodile ! Aufli ce pro-
digieux Quadrupède ovipare n'eft-il prefque jamais
apperçu qu'avec effroi; tandis qu'on voit avec intérêt
le petit lézard Gris jouer innocemment parmi les fleurs
avec ceux de fon efpèce, & par la rapidité de fes
agréables évolutions, mériter le nom d’agile que Linné
Jui a donné. On ne craint point ce lézard doux &
paiñble ; on l’'obferve de prés ; il échappe communé-
ment avec rapidité. lorfau on veut le faifir ; mais lorf-
P ) Ÿ | ;
qu'on l’a pris, on le manie fans qu'il cherche à mor-
dre ; les enfans en font un jouet; & par une fuite de
Ja grande douceur de fon caractère, il devient familier
avec eux. On diroit qu'il cherche à leur rendre carefle
pour carefle ; il approche innocemment fa bouche de
leur bouche; il fuce leur falive avec avidité; les
Anciens l'ont appellé l’ami de l’homme, il auroit fallu
l’appeller l'ami de l’enfance : maïs cette enfance fou-
vent ingrate ou du moins trop inconftante , ne rend
pas toujours le bien pour le bien à ce foïble animal;
elle le mutile; elle lui fait perdre une partie de fa
queue trés-fragile, & dont les tendres vertebres peu-
vent aifément fe féparer (d).
(d) « M. Marchand a remarqué, dans les Mémoires de l'Académie
s royale des Sciences , année 1718, que ces animaux avoient quelquefois
L 2
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 303
Cette queue qui va toujours en diminuant de grof-
feur , & qui fe termine en pointe, eft à-peu-près deux
fois aufli longue que le corps: elle eft tachetée de
blanc & d'un noir peu foncé, & les petites écailles
qui la couvrent forment des anneaux aflez fenfbles,
fouvent au nombre de quatre-vingt. Lorfqu’elle a été
brifée par quelqu'accident , elle repouffe quelquefois ;
_& fuivant qu'elle a été divifée en plus où moins de
parties , elle eft remplacée par deux & même quel-
deux queues, & c'eft ce que Pline & plufeurs autres avoient déjà cs
obfervé avant lui. On en trouve quelquefois de tels en Portugal ;cs
mais comme rien n'eft plus commun, dans ce pays-R , que de voircec
les enfans les tourmenter de toutes fortes de façons , peut être arrive-c«
til que leur ayant fendu la queue fuivant fa longueur, chacune desce
portions s’arrondit , & devient une queue complète ; car il eft très-ce
ordinaire que fi toute leur queue , ou feulement une partie, fe perdce
par quelqu'accident, elle recroifle d'elle-même, j'en ai vu une infinitéce
d'exemples; & c'eft-là une perte à laquelle ils font expofés tous lesce
jours, lors même qu'ils ne font que jouer entr'eux; car les petites ce
vertèbres ofleufes, qui forment leur queue , font très-fragiles , & fecs
féparent aïfément les unes des autres : aufli voit-on très-fouvent desc
queues de toutes fortes de longueurs à des lézards, qui font d’ailleurs ce
de même taille. Au refte, M. Marchand nous apprend qu'ayant vouluce
être témoin de cette production, l'expérience ne lui a pas réufli, fansce
qu'il ait pu découvrir à quoi il en tenoit. Suivant lui, cette nouvellece
queue eft une efpèce de tendon, & n’eft point formée par des ver-«e
tèbres cartilagineufes, comme la vicille, 5 Nouvelles obferyations Imicrof
copiques ; par M. Needham, page 141. |
|
44
"A A D Ed dd AR 5-2 «
304 Hisrorre NATURELLE
quefois par trois queues plus ou moins parfaites, dont
une feule renferme des vertèbres ; les autres ne con-
tiennent qu’un tendon (e).
Le tabac en poudre ef prefque toujours mortel
pour le Jézard Gris: fi l'on en met dans fa bouche,
il tombe en convulfion & le plus fouvent il meurt
bientôt après. Utile autant qu'agréable wi fe nourrit
de mouches, de grillons, de fauterelles, de vers de
de terre, de prefque tous les infectes qui détruifent
nos fruits & nos grains; aufli feroit-il très-avantageux
que lefpèce en fût plus multipliée; à mefure que le
nombre des lézards Gris s'accroitroit , nous verrions
diminuer les ennemis de nos jardins ; cé féroit alors.
qu on auroit raifon de les regarder, ainfi que certains
Indiens les confidèrent , comme ee animaux d'heu-
reux augure, & comme des fignes aflurés d’une bonne
sa |
Pour faifir les infectes dont ils fe nourriffent,
lézards Gris dardent avec viteflé une langue rougeë=
tre, aflez large, fourchue, & garnie de petites afpé-
tités à peine fenfibles, mais qui fuffifent pour les aider
à retenir leur proie ailée (f). Comme les autres
ES
(e) Continuation de la matière médicale de Geofroi, tome 12; pages
78 & fuiv. Mémoire de M. Marchand , dans ceux de / * Académie des
Sciences , année 1718.
(f) Needham , ob/érvations microféopiques,
Quadrupèdes
feroit ak
que certal
maux de
d'une due
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 303
Quadrupèdes ovipares , ils peuvent vivre beaucoup de
tems fans manger, & on en a gardé , pendant fix
mois, dans une bouteille, fans leur donner aucune
nourriture, mais aufll fans leur voir rendre aucun
excrément (g).
Plus il fait chaud, & plus les mouvemens du lézard
Gris font rapides : À peine les premiers beaux jours du
printems viennent-ils réchauffer atmofphère | que le
lézard Gris fortant de la torpeur profonde que le
grand froid lui fait éprouver, & renaiffant , pour ainfi
dire, à la vie avec les zéphirs & les fleurs , reprend
fon agilité & recommence fes efpèces de joutes, aux-
quelles il allie des jeux amoureux. Dès la fin d'Avril,
il cherche fa femelle : ils s’uniffent enfemble par des
embraffemens fi étroits qu’on a peine à les diftinguer lun
de l'autre ; & sil faut juger de l'amour par la vivacité
de fon expreflion , le lézard Gris doit être un des plus
ardens des Quadrupèdes ovipares. |
La femelle ne couve pas fes œufs qui font pref-
que ronds, & n'ont pas quelquefois plus de cinq
lignes de diamètre. Mais comme ils font pondus dans
le tems où la température commence à être -très-douce à
ils éclofent par la feule chaleur de l'atmofphère , avec
d'autant plus de facilité, que la femelle a le foin de
(g) Séba, vol. 2 , page 84.
Ovipares , Tome I - Q q
306 HrsrTorrEe NATURELLE
les dépofer dans les abris les plus chauds , & , par
exemple , au pied d'une muraille tournée vers le
midi.
Avant de fe livrer à l'amour, & de chercher fa
femelle , le lézard Gris fe dépouille comme les autres
lézards; ce n’eft que revêtu d'une parure plus agréable,
& d’une force nouvelle, qu'il va fatisfaire les defirs
que lui infpire le printems. Il fe dépouille aufli lorf-
que l'hiver arrive ; il pafle triftement cette faifon du
froid , dans des trous d'arbres ou de muraille, ou dans
quelques creux fous terre : il y éprouve un engourdif-
fement plus ou moins grand , fuivant le climat quil
habite & la rigueur de la faifon ; & il ne quitte com-
munément cette retraite que lorfque le printems
ramène la chaleur. Cet animal ne conferve cependant
pas toujours la douceur de fes habitudes. M. Edwards
rapporte, dans fon Hiftoire naturelle, qu'il furprit un
jour un lézard Gris attaquant un petit oifeau qui ré-
chaufloit dans fon nid des petits nouvellement éclos
C'étoit contre un mur que le nid étoit placé. L'ap-
proche de M. Edwards fit cefler l’efpèce de combat
que l’oifeau foutenoit pour défendre fa jeune famille ;
l'oifeau s'envola ; le lézard fe laïfla tomber; il auroit
peut-être, dit M. Edwards, dévoré les petits, s'il avoit
pu les tirer de leur nid (4). Maïs ne nous preflons
mnt
(2) Glanures d'Hifl. nar., par George Edwards , Chap. XVe
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 307
pas d'attribuer une méchanceté qui peut n'être qu’un
défaut individuel, & ne dépendre que de circonftances
pafñlagères , à une efpèce foible que l'on a reconnue
‘pour innocente & douce.
On a fait ufage des lézards Gris en Médecine ; on
les a employés aux environs de Madrid, dans des ma-
ladies graves (à) : la Société royale a reçu des individus
de l’efpèce dont fe fervent les Médecins Efpagnols; ils
ont été examinés par MM. d'Aubenton & Mauduit (4),
& un de ces lézards a été dépofé au Cabinet du Roi:
il ne diffère, dulézard Gris de nos Provinces, que par
des nuances de couleur très-légères , & qui font la
fuite prefque néceflaire de la diverfité des climats de
la France & de l’'Efpagne. |
Il paroît qu'on doit regarder comme une variété
du lézard Gris, un petit lézard très-agile, & qui lui
reflemble par la conformation générale du corps, par
celle de la queue, par des écailles difpofées fous la
gorge en forme de collier, & par des tubercules pla-
cés fur la face intérieure des cuifles M. Pallas l’a
(#) Ona vanté les propriétés des lézards Gris, principalement con-
tre les maladies de la peau, les cancers, les maux qui demandent que
le fang foit épuré, &c. Voyez, à ce fujet, les avis & inftructions publiés
par la Socièté royale de Médecine de Paris.
(4) Hifloire de La Société royale de Médecine ; pour les années
Qqi
_ 4780 & 1781.
208 Hisrorre NATOREI:E
appellé lézard véloce dans le fupplément latin du
Voyage qu'il a publié en langue Ruffe. Ce petit lézard
eft d’une couleur cendrée , rayée longitudinalement ,
femée de points roux fur le dos, & bleuâtres fur les
côtés, où l’on voit aufli des taches noires. On le ren-
contre parmi les pierres, auprès du lac d'Ind'erskoi,
& dans les lieux les plus déferts & les plus chauds; il
s'élance, fuivant M. Pallas, avec la rapidité d'une flèche,
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grandeur de deux CUS ææ (laure.
EZARD VER.
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LE LÉZARD VERT (:).
La NATURE, en formant le lézard Vert, paroït
avoir fuivi les mêmes proportions que pour le lézard
Gris; mais elle a travaillé d'après un module plus
E
(a) Savns Xo@+, en grec.
Krauthun, aux environs de Vienne en Autriche.
Lagarto & Fardacho, en E/pagne.
Lazer, aux environs de Montpellier.
Lézard Vert. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Ray, Synopfis animalium Quadrupedum , page 264. Lacertus viridis:
The green lizard.
Aldroy. Quadr. 634. Lacertus viridis.
Lacerta agilis (varietas B.) Linn. fÿffema nature amplib. reptil. (Lin-
néus ne regarde le lézard Vert que comme une variété du lézard Gris;
mais , indépendamment d'autres raifons, la grande différence qui fe trouve
entre les dimenfions de ces deux lézards, & les obfervations que nous
avons faites plufeurs fois fur ces animaux vivans, ne nous permettent
pas de les rapporter à la même efpèce ).
_ Eacertus viridis. Gefñer, de Quadrup. ovip., page 35.
Séba, tome 2, planche 4, fig 4 & $.
Lacerta viridis, Lacerta viridis punétis albis. Æchthyologia cum amphè-
biis regni Boruffici , à Joh. Chrif. Wulf.
Seps varius 110, Seps viridis 111, Leurenti fpecimen medicum.
310 Hisrorre NaTuRrettrE
confidérable. Elle n’a fait, pour ainf dire, qu'agrandir
Je lézard Gris, & le revêtir d’une parure plus belle.
C’eft dans les premiers jours du printems, que le
lézard Vert brille de tout fon éclat, lorfqu'ayant quitté
fa vieille peau, il expofe au foleil fon corps émaillé
des plus vives couleurs. Les rayons qui rejailliflent de
defflus fes écailles, les dorent par reflets ondoyans ; elles
étincellent du feu de l’'éméraude; & fi elles ne font
pas diaphanes comme les criftaux, la réflexion d'un
beau ciel qui fe peint fur ces lames ne & polies,
compenfe l'effet de la tranfparence pe un nouveau
jeu de lumière. L'œil ne cefe d’être réjoui par le vert
qu'offre le lézard dont nous écrivons l’Hiftoire. Il fe
remplit, pour ainf dire, de fon éclat, fans jamais en
être ébloui : autant la couleur de cet animal attire la
vue par la beauté de fes reflets, autant elle l’attache
par leur douceur. On diroit qu’elle fe répand fur Fair
qui l’environne, & qu’en s’y dégradant par des nuances
infenfibles , elle fe fond de manière à ne jamais blef-
er, & à toujours enchanter par une variété agréable;
féduifant également , foit qu'elle refplendifle avec
moliefle au milieu de grands flots de lumière, ou que
ne renvoyant qu'une foible clarté, elle préfente des
teintes aufli fuaves que délicates.
Le deflus du corps de ce lézard eft d’un vert plus
ou moins mêlé de jaune, de gris, de brun & même
quelquefois de rouge ; le deffous eft toujours plus
ele Va
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par des
Le pui
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 311
blanchâtre. Les teintes de ce Quadrupède ovipare font
fujettes à varier ; elles päliflent dans certains tems de
l'année, & fur-tout après la mort de l’animal ; mais
c’eft principalement dans les climats chauds qu'il fe
montre avec l'éclat de l'or & des pierreries; c’eft-là
qu'une lumière plus vive anime fes couleurs & les
multiplie. C’eft aufli dans ces pays moins éloignés de
la zone torride, qu'il eft plus grand, & qu’il parvient
quelquefois jufqu'à la longueur de trente pouces (4).
L'individu , que nous avons décrit & qui a été envoyé
de Provence au Cabinet du Roi, a vingt pouces de
longueur, en y comprenant celle de la queue qui eft
prefque égale à celle du corps & de la tête; le dia
mètre du corps eft de deux pouces dans l'endroit le :
plus gros. Le deffus de la tête, comme dans le lézard
Gris, eft couvert de Scies écsiel arrangées fymé—
triquement & placées à côté l’une de Pautre. Les
bords des mâchoires font garnis d’un double rang de
grandes écailles. Les ouvertures des oreilles font ovales ;
leur grand diamètre eft de quatre lignes, & elles laif-
fent appercevoir la membrane du tympan. L’efpèce
de collier qu'a le lézard Vert , ainf que le lézard Gris,
eft formé dans l'individu envoyé de Provence au
(b) Note communiquée par M. de la Tour d'Aygue , Préfident à
Mortier au Parlement de Provence , & dont les lumières font auffi
connues que fon vèle pour l'avancement des Sciences.
ste Hirsrorre NATURELLE
Cabinet du Roi, par onze grandes écailles. Celles qui
couvrent le dos font les plus petites de toutes; elles
font hexagones, mais les angles en étant peu fenfibles;
elles paroiflent prefque rondes ; les écailles qui font fur
le ventre font grandes , hexagones , beaucoup plus
alongées , & forment trente demi-anneaux ou bandes
tranfverfales. |
Treize tubercules s'étendent le long de la face
intérieure de chaque cuifle ; ils font creux, & nous
avons vu à leur extrémité un mamelon très-apparent,
& qui s'élève au-deffus des bords de la petite cavité
du tubercule dont il paroît fortir (c). La fente qui
forme l'anus, occupe une très-grande partie de la
largeur du corps. La queue diminue de groffeur depuis
l’origine jufqu'à la pointe ; elle eft couverte d’écailles
plus longues que larges, plus grandes que celles du
dos, & qui forment ordinairement plus de quatre-
vingt-dix anneaux. |
La beauté du lézard Vert fixe les regards de tous
ceux qui l’apperçoivent ; mais il femble rendre atten-
tion pour attention ; il s'arrête lorfqu’il voit l’homme;
on diroit qu’il lobferve avec complaifance, & qu'au
milieu des forêts qu'il habite , il a une forte de plaifir
à faire briller à fes yeux, fes couleurs dorées, comme
(e) Woyez, d ce Jujet, les ouvrages de M. Duvernay.
dans
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1
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 313
dans nos jardins le paon étale avec orgueil l'émail
de fes belles plumes. Les lézards Verts jouent avec
les enfans , ainfi que les Gris; lorfqu'ils font pris &
qu'on les excite les uns contre les autres, ils s’at-
taquent & fe mordent quelquefois avec acharne-
ment (d). |
Plus fort que le lézard Gris, le Vert fe bat contre
les ferpens; il eft rarement vainqueur ; l'agitation qu'il
éprouve & le bruit qu’il fait lorfqu'il en voit appro-
cher , ne viennent que de fa crainte; mais on seft
plu à tout ennoblir dans cet être diftingué par la beauté
de fes couleurs ; on a regardé fes mouvemens comme
une marque d'attention & d’attachement ; & l’on a
dit qu'il avertifloit l’homme de la préfence des ferpens
qui pouvoient lui nuire. Il recherche les vers & les
infectes ; il fe jette avec une forte d’avidité fur la
falive qu'on vient de cracher, & Gefner a vu un
lézard Vert boire de l’urine des enfans. Il fe nourrit
auffi d'œufs de petits oifeaux, qu'il va chercher au
haut des arbres où il grimpe avec aflez de vitefte.
Quoique plus bas fur fes pattes que le lézard Gris,
il court cependant avec agilité, & part avec afflez de
promptitude pour donner un premier mouvement de
furprife & d'effroi, lorfqu'il sélance au milieu des
nee een
{d) Gefner, Quadrup. oyipar., page 36.
Ovipares, Tome I. Rr
314 Hirsrorre NATURELLE
brouflailles ou des feuilles sèches. 1l faute très-haut ;
& comme il eft plus fort, il eft aufli plus hardi que le
lézard Gris ; il fe défend contre les chiens qui l’atta-
quent. L'habitude de faifir par l'endroit le plus fenf-
ble, &: par conféquent par les narines, les diverfes
efpèces de ferpens avec lefquelles il = fouvent en
guerre, fait qu'il fe jette au mufeau des chiens; &
il les y mord avec tant d’obfination, qu'il fe laife
emporter & même tuer plutôt que de defferrer les
dents; mais il paroït qu’il ne faut point le regarder
comme venimeux, au moins dans les pays tempérés,
& qu'on lui a attribué fauflement des morfures mor-
telles ou dangereufes (e). |
.t(e):ee Un :lézard Vert: (le lézard dont parle ici M. Laurenti, &
quil a diftingué par le nom latin de Seps varius , n'eft qu'une variété
du lézard Vert) » faifit un petit oifeau auprès de la gorge , & non- -feu-
lement l'y bleffa, mais même faillit à l'étoufer ; loifeau guérit de lui-
#imême, & le lendemain chanta comme à l'ordinaire.
» Le même animal mordit un pigeon avec beaucoup de colère; le
»fang coula de chacune des petites bleflures que firent les dents du
lézard ; cependant le pigeon n ‘en mourut pas, quoiqu'il parût foufrir
»> pendant quelques heures,
3» Le lendemain, il mordit le même pigeon à la cuifle, empotta la
speau, & fit une blellure aflez grande ; la plaie fut guérie & la peau
»revenue au bout de peu de jours,
_sJ'enlevai la peau de la cuifle d'un chien & d’un chat, je les fs
smordre par le même lézard à l'endroit découvert ; l'animal fit pénétrer
tt di ane Éd SU ec SL dt Le 2e dd dd à
DES QUADRVPÈDES oprpanrme,
FR
Ses habitudes font: d'ailleurs aflez fembiables À
celles du lézard Gris: & les œufs font ordinairement
plus gros que ceux de ce dernier,
_ Les Africains fe nourriffent de la chair des lézards
Verts (f) ; mais ce n’eft pas feulement dans les pays
chauds des deux Continens qu'on trouve ces Kzards:
ils habitent aufli les contrées très-tempérées, & même
un peu feptentrionales, quoiqu’ils y foient moins nom-
breux & moins grands (g). Ils ne font point étrangers
aux parties méridionales de la Suède (4), non plus
qu'au Kamfchatka , où malgré leur beauté, un pré
————_—_————_—_—_——
fon écume dans la bleflure ; le chien & le chat s'efforçoient de s'échap-ce
per, & donnoient des fignes de douleur; mais ils ne préfentèrent ce
d'ailleurs aucune marque d’incommodité, & leurs phies ayant étéce
coufues , furent bientôt guéries. | F9 ce
Un lézard: Vert ordinaire mordit un pigeon à la cuiffe droite, avecce
tant de force qu'il emporta la peau ; il faifit enfuite avec acharnement ce
les mufcles mis à nud & ne les licha qu'avec peine. La peau fut cou- 6e
due, & le pigeon guérit aifément après avoir boîté pendant un jour. ce
Ce lézard Vert mordit un jeune chien au bas-ventre ; le fang nec
coula pas, & l’on ne remarqua pas d'ouverture à la peau; mais le chience
pouffa d'horribles cris, & n’éprouva aucune incommodité. » Extrais
des expériences faites , en Autriche, au mois d Août, par M. Laurent,
Jpecimen medicum. Viennæ , 1768. |
(F) Gefner, de Quadrup. ovip. , page 3.
(g) Ray, à l'endroit déja cité,
(h) M. Linné,
Rr ij
416 _ Hrsroirre NATURELLE
jugé fuperftitieux fait qu ils infpirent l'effroi. Les
Kamfchadales les regardent comme des envoyés des
puiflances infernales : ; auffi sempreffent-ils, lorfqw'ils en
rencontrent, de les couper par morceaux (i); & sil
les laiflent échapper, ils redoutent fi fort le pouvoir
des divinités dont ils les regardent comme les repré-
fentans, qu'à chaque inflant ils croient qu'ils vont
mourir, & meurent même quelquefois, difent quel-
ques Voyageurs, à force de le craindre.
On trouve , aux environs de Paris, une variété du
lézard Vert, diftinguée par une bande qui règne depuis
le fommet de la tête jufqu'à l'extrémité de la queue,
& qui s'étend un peu au-deflus des pattes, fur-tout
de celles de derrière. Cette bande eft d’un gris fauve,
tachetée d’un brun foncé, parfemée de points jaunä-
tres, & bordée d’une petite ligne blanchâtre. Nous
avons examiné deux individus vivans de cette variété;
ils paroiïfloient jeunes, & cependant ils étoient déjà de
la taille des lézards Gris qui ont atteint prefque tout
leur développement.
En Italie on a donné, au La Vert, le nom
de ffellion, que l'on a su attribué à la ne
terreftre, ainfi qu'à d’autres lézards. C’eft à caufe des
taches de couleurs plus ou moins vives, dont eft par-
(à) Troifième Voyage du Capitaine Cook ; traduit de l'Anglois.
Paris, 1782, page 478
delà que
tes, fur
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pins hr
che. À
cette Wu
Aojent
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 317
femé le deffus du corps de ces animaux, & qui les
font paroître comme étoilés, qu’on leur a tranfporté
un nom que nous réfervons uniquement avec M. Linné
& le plus grand nombre des Naturaliftes, à un lézard
d'Afrique , très-différent du lézard Vert, & qui a tou-
jours été appellé ffellion (k). |
Nous plaçons ici la notice d’un lézard (1) que l’on
rencontre en Amérique, & qui a quelques rapports
avec le lézard Vert. Catefby en a parlé fous le nom
de lézard Vert de la Caroline; Rochefort & après lui,
Ray l'ont défigné par celui de gobe-mouche. Ce joli
petit animal n'a guère que cinq pouces de long (mn);
quelques individus même de cette efpèce, & les
femellés fur-tout, n’ont que la longueur & la grof-
(4) On trouve, dans la defcription du mufœum de Kircker, une
notice & une figure relatives à un lézard pris dans un bois des Alpes,
& appellé fellion d'Italie , qui nous paroît être une variété du lézard
Vert. Rerum naturalium Hifloria , exiflentium in mufæo Kirkeriano ,
Korne, 1773, page 40. Stellion d'Italie.
(1) Oulla ouna, par les Caraïbes.
Rochefort, Hifloire des Antilles. Gobe-moache.
Ray , Synopfis Quadrupedum , page 269.
Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. 2 , page 65. Lacertus
viridis Carolinenfis.
Voyez , dans le Diétionnaire de M. de Bomare, l'article du lézard”
gobe-mouche.
(m) Catefby , à l'endroit déja cité,
318 Hisrorre Narure1tr
feur du doigt; mais sil ef inférieur, par fa taille, à
notre lézard Vert, il ne lui cède pas en beauté. La
plupart de ces gobes-mouches font d'un vert très-vif;
il y en a qui paroiflent éclatans d’or & d'argent: d’autres
font d'un vert doré, ou peints de diverles couleurs auf
brillantes qu D bles Ils deviennent très- utiles en
délivrant les habitations des mouches, des ravets &..
des autres infectes nuifibles, Rien n’approche de linduf.
trie, de la dextérité, de l’agilité avec lefquelles ils les,
cherchent, les sducalrei & les faififlent. Aucun asp
n'eft p plus patient que ces charmans petits lézards :
demeurent quelquefois immobiles pendant une ee
journée , en attendant leur proie ; dès qu’ils la voient,
ils s’'élancent comme un trait, du haut des arbres, où
il fe plaifent à grimper. Les œufs qu'ils pondent font
de la grofleur d'un pois; ils les couvrent d'un peu de
terre, & la chaleur du foleil les fait éclore. Ils font
fi familiers, qu'ils entrent hardiment dans les appar-
temens; ils courent même par-tout fi librement , &
font fi peu craintifs, qu'ils montent fur les tables pen
dant les repas; & sils appercoivent quelque infecte,
ils fautent fur lui, & pañlent pour l’atteindre jufque
fur les habits des convives; mais ils font fi propres &
fi jolis, qu'on les voit fans peine traverfer les plats &.
toucher les mets {z). Rien ne manque donc au lézard
(nr) Ray, à l'endroit fs .
| DES OUADRUPEÉDES OPFIPARES. 319
gobe- mouche pour plaire : parure , beauté, agilité,
utilité, patience, induftrie, il a tout reçu pour char-
mer l'œil & intérefler en fa faveur. Mais il ef aufli
délicat que richement coloré ; il ne fe montre que pen-
dant l'été aux latitudes un peu élevées, & il y pañle
la faifon de lhiver dans des crevafles & des trous
d'arbres où il s'engourdit (o ). Les jours chauds & fereins
qui brillent quelquefois pendant l'hiver , le raniment
au point de le faire fortir de fa retraite ; maïs le froid
revenant tout d'un coup , le rend fi foible qu'il n'a pas
la force de rentrer dans fon afile , & qu'il fuccombe
à la rigueur de Ja faifon. Quelque agile qu'il foit, il
n'échappe, qu'avec beaucoup de peine, à la pour-
luite des chats & des oïifeaux de proie. Sa peau ne
peut cacher entièrement les altérations intérieures qu'il
fubit ; fa couleur change comme celle du caméléon,
fuivant l’état où il fe trouve, où , pour mieux dire,
fuivant la température qu'il éprouve. Dans un jour
chaud , il eft d’un vert brillant ; & fi, le lendemain , il
fait froid, il paroît d’une couleur brune. Auffi, lorf-
qu'il ef mort, l'éclat & la fraicheur de fes couleurs
difparoiffent, & fa peau devient pâle & livide (p).
Les couleurs fe terniflent & changent ainfi dans
(o) Catefby, à l'endroit déjà cité
(p) Idem, Ibid.
320 _Hisrorre NATURELLE
plufieurs autres efpèces de lézards; c'eft ce qui pro-
duit cette grande diverfité dans les defcriptions des
Auteurs qui fe font trop attachés aux couleurs des
Quadrupèdes ovipares, & c’eft ce qui a répandu une
grande confufon dans la nomenclature de ces ani-
maux. Il y a quelque reflemblance entre les habitudes
du gobe-mouche & celles d'un autre petit lézard du
nouveau monde, auquel on a donné le nom d'Anolis,
. s x 3 r
qu'on a appliqué aufli à beaucoup d'autres lézards.
Nous rapportons ce dernier au goîtreux qui vit dans
les mêmes contrées. (g). Comme nous n'avons pas vu
le gobe-mouche, nous ne favons fi l’on ne devroit pas le
regarder de même, comme de la même efpèce que
le goîtreux, au lieu de le confidérer comme une variété
du lézard Vert. HS
M. François Cetti, dans fon Hiftoire des amphi-
bies & des poiflons de la Sardaigne , parle d’un lézard
Vert très-commun dans cette Ifle, & qu’on y nomme,
en certains endroits , tiliguerta & califcertula: il ne
reflemble entièrement ni au lézard Vert de cet article,
ni à l’améiva , dont nous allons traiter (r). M. Cetti
(g) Voyez l'article du Goitreux.
( r) 6 Les habitans de la Sardaigne donnent, à un même lézard, le
»nom de tiliguerta & celui de califéertula.... Il paroït ètre une
ssefpèce de lézard vert, car il eft comme ce dernier lézard , d’un vert
sÉclatant, mais relevé par des taches noires, & par des raies de la
préfume
lg
DES Qu4aDRuPÈDESs oVrPARES. 321
2 ls Te
préfume que ce tiliguerta eft une efpèce nouvelle,
intermédiaire entre ces deux lézards ; il nous paroît
même couleur, qui s'étendent le long du dos....La face intérieure «
des cuifles préfente une rangée de tubercules > ainfi que dans le [ézard' cc
Vert; il a cinq doigts & cinq ongles à chaque pied. Une différence «
femarquable le diftingue cependant d'avec Le Iézard Vert décrit par ce
lès Auteurs ; ils attribuent, à ce dernier lézard, une queue de la lon-ce
gueur du corps, mais le tiliguerta a la queue bien plus étendue; elle ce
eft deux fois aufli longue que le corps de l'animal; & c'eft ce que ce
j'ai trouvé dans tous les lézards de cette efpèce que j'ai mefurés. À Lace
vérité, les lézards Verts ont, pour ainfi dire, une grande vertu pro-ce
ductrice dans leur queue ; s'ils la perdent, elle fe rencuvelle, & fice
elle eft partagée par quelqu'accident , chaque portion devient bientôtce
une queue entière. Il fe pourroit donc que l'excès de la queue duce
tiiguerta fur celle du lézard Vert ordinaire, ne füt pas une marquece
d'une diverfité d'efpèce , & dût être feulement attribué à l'influence ce
du climat de la Sardaigne. Mais, d’un autre côté, comment regarder ce
la Tongueur de la queue du tiliguerta comme un attribut accidentel , ce
puifque les Naturaliftes font entrer dans les caractères fpécifiques desce
différens lézards , la diverfe longueur de la queue relativement àcs
celle du corps? Ceux qui ont décrit, par exemple, le l‘zard Vertce
d'Europe, l'ont caraétérifé , ainf que nous l'avons vu, en difant que cc
fa queue eft aufli longue que le corps; & ceux qui décrivent un lézard ce
d'Amérique, nommé Améiva par M. Linné, le cara@trifent par ace
longueur de fa queue, trois fois plus confidérable que celle du corps ce
du lézard... Le tiliguerta n'eft donc pas un lézard Vert, quoiqu'il ce
lui reflemble beaucoup ; & ceux qui voudront le décrire , devront ce
le défigner par la phrafe fuivante , lézard à queue menue deux foiscs .
plus longue que le corps. L'améiva a été défigné par les mêmes expref- ce
Ovipares, Tome I. S
D be on ses D 4e LE cd ten nt mt db ae —
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322 _ Hisrorrz NATUREIZE
cependant d après ce qu en dit cet habile Naturalifte,
qu'on pourroit le regarder comme une variété du Fab
3: fions dans les aménités Académiques . L'on pourroit donc foupcon-
3) net que le tiliguerta de Sardaigne eft de la même efpèce que FAméiva
2 du nouveau monde : il ne feroit pas furprenant en effet de rencontrer,
sen Europe, un animal qu'on a cru particulier au continent de l’Amé-
rique... Mais, outre que l'on peut foupçonner d'après la defcriptiow
» de Gronovius , l'exactitude de celle que l'on trouve dans les arnénités
x Académiques , on ne doit pas croire le tiliguerta de la même efpèce
»# que l’améiva, fi lon confidère le nombre des bandes écailleufes qui
garniflent le ventre de ce dernier lézard , ainfi que celui du tiliguerta. Le
»> nombre de ces bandes n’eft pas en effet le même dans ces deux animaux.
» Le tiliguerta reflemble donc beaucoup à laméiva, ainf qu'au lézard
3 Vert, quoiqu'il ne foit ni l'un ni l'autre: c'eft une efpèce particulière
x dont il convient d’angmenter la lifte des lézards, & qu'il faut placer.
#parmi ceux que M. Linne a défignés par le caraétère d'avoir la queue
» verticillée (cauda verticillata ). - |
5 Le tiliguerta eft auf innocent que le lézard Vert ; il habite parmi
les gazons, ainfi que fur les murailles que lon trouve dans la cam-
22 pagNE .H eft très-commun en Sardaigne ; & il y ef même en.
beaucoup plus grand nombre que le lézard V ert én Italie. »» Extrait de
L'Éfloire naturelle des amphibies & des poiffons de la Sardaigne, par:
M. François Ceiti. Safari, 1777, page 14:
Il eft important d’obferver que la longueur de la queue des lézards,
fa forme étagée où verticillée, ainfi que le nombre des bandes écail-
leafes qui recouvrent le ventre de ces animaux, font des caractères,
variables ou fans précifion; nous en fommes convaincus par l'infpeétion
d’un grand nombre d'individus de plufeurs efpèces ; auf n'avons-nous
pas cru devoir les employer pour diftinguer les divifions des lézards l'une
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 322
Vert, s'il a, au-deflous du cou, une efpèce de demi-
collier compofé de grandes écailles, ou comme une
LES. y fe 3e 3 ° ° .
varièté de l'améiva, sil n'a point ce demi-collier.
nr enr acenm noenonn caarene rt
d'avec l’autre; nous ne nous en fommes fervis pour la diftinétion des
efpèces, que lorfqu’ils ont indiqué des différences très-confidérables ; &
d'ailleurs nous n'avons jamais afligné à la rigueur telle ou telle propor-
tion, nitel où tel nombre pour üne marque conftante d’une diverfité
d’efpèce , & nous avons déterminé au contraire rigoureufement & avec
pfécifion , la forme & l’arrangement des écailles de la queue.
Sœe
S{i
LE. GCORDYHEEs- 6er
Oxrrouve en Afrique & en Afe, un lézard auquel
M. Linné à appliqué exclufivement le nom de Cerdyle,
qui lui a été donné par quelques Voyageurs, mais dont
On 5 “eft aufli fervi pour défigner la dragonne, ainf que
nous l'avons dit. Il paroît qu'il habite quelquefois dans
l’Europe méridionale, & Ray dit lavoir rencontré auprès
de Montpellier (b ). Nous allons le: décrire, d’après
les individus confervés au Cabinet du Rüi. |
La tête eft très-aplatie, élargie parderrière, & trian-
gulaire ; de grandes écailles en revêtent le deflus &
les côtés ; les deux mâchoires font couvertes d’un double
rang d'autres grandes écailles, & armées - très-petites
dents égales, fortes & aiguës. | |
(a) Le Cordyle. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta Cordylus, 9. Einn. amph. rept.
Cordylas, Gronovi. mu/œum 2, page 79, N° 55.
Ray, Synopfis Quadr., page 263. dos feu A rie
DébaymMUS te EUDIE Otedibe si dr: =
Cordylus verus. Laurenti fpecimen medicum.
(b) Ray, Synoplis Quadrupedum , page 26 ge
mélée de châtain, par tâches ou par bandes.
Ë g D —— É her LS -
DES QUADRUPÉDES OMIPARES. 325.
Les trous des narines font petits; les ouvertures des
oreilles étroites, &. fituées aux deux bouts de la bafe
du triangle, dont le mufeau eft la pointe.
Le Corps eft très-aplati; le ventre eft revêtu d’écailles
prefque carrées, & aflez grandes, qui y forment des
demi-anneaux, ou des bandes tranfverfales; les écailles
du dos font aufli prefque carrées, mais plus grandes ;
celles des côtés étant relevées en carëne, font paroître
les flancs hériffés d'aiguillons.
La queue eft d'une longueur à-peu-près égale à
celle du corps ; les écailles qui la revêtent, préfentent
une arête faillante, qui fe termine en forme d'épine
alongée & garnie des deux côtés d’un très- petit ai-
guillon : ces écailles étant lougues & très-relevées par
le bout, forment des anneaux très-fenfibles, feftonnés,
aflez Éloignés les uns des autres, & qui font paroitre
la queue comme étagée. Nous en avons compté dix-
neuf fur un individu femelle, dont la queue étoit
entière. À |
Les écailles des pattes font aigues, & relevées par
une arête. Il y a cinq doigts garnis d'ongles aux pieds
de devant & à ceux de derrière.
La couleur des écailles eft bleue, & plus ou moins
EVE. LANCE OI
: 9 :
hériflé (corpore lœvigato ) : cela ne doit sentendre que
du dos & du ventre, qui en effet ne le paroïflent pas,
Er ©
326 Hisrorre NATURELTE
lorfqw'on les compare avec les pattes, les côtés, &
fur-tout avec la queue. Le long de l'intérieur des
cuifles , règnent des tubercules comme dans l'Iguane,
le lézard gris, le lézard vert, &c. une variété de cette
efpèce, a les écailles du corps beaucoup plus petites
que celles des autres Cordyles.
4
DH SE LA.G 0 NE; («)
ML Linné a fait connoître ce lézard, qui habite em
Amérique. Ce qui forme un des caractères diftin@ifs
de l'Hexagone, c’eft que fa queue, plus longue de
moitié que le corps, eft comprimée de manière à
préfenter fix côtés & fix arêtes très-vives. Il eft aufi
fort reconnoiflable par fa tête, qui paroit comme
tronquée parderrière, & dont la peau forme plufeurs
rides. Les écailles, dont fon corps eft revêtu , font
pointues & relevées en forme de carëne, excepté
celles du ventre : il les redrefle à volonté, & il paroît
alors hériflé de petites pointes ou d'aiguillons ; fous fa.
gueule font deux grandes écailles rondes; fa couleur
tire fur le roux. Nous n'avons pas vu ce lézard, &
nous pouvons feulement préfumer que fon ventre eff
couvert de bandes tranfverfales & écailleufes : fi cela
neft point, il faudra le placer parmi les lézards de
la Divifion fuivante.
(a) L'Exagonal. M. a Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta angulata,, 19. Linn. amph. rept, fflema net.
Lacerta cauda Exagona longa fquamis carinatis mucronatis, Zdemr, Hi.
/
L'AIMÉ PR ste
eu ;
x 4 ‘4
C'est un des Quadrupèdes pHipates dont l'Hiftoire
a été le plus obfcurcie : premièrement, parce que ce
nom d Améiva ou d'Améira, a été donné à à des lézards
(a) Améiva. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta Ameiva, 14. Linn. armph. repit.
Lacerta cauda verticillata longa, feutis abdominis triginta, collari
fubtus ruga duplici. +
Amen, Acad 1, page 127 293. Laccrta cauda tereti corpore
duplo longiore , pedibus pentadaétilis, crifta nuile , fcutis SSL
bus 30. AR |
Mus. Ad. Fr. 1 , page 45. Lacerta sr :
Gron. mus. 2 , page 80 , t. 56. Lacerta caudi tereti corpore triplo
longiore, fquamis Irvifimis ; Re oblongo quadratis.
Cluseror 175. Lacertué loue. à
Edw. ay. 202,1 202 , 2O3. Lacertus major viridis.
Worm. mus. 313, f ne £
Rey, Quadr. 270. Lacertus indicus.
Deus. Est LCR ANS.
t. 88, f.: 62,
Jam. 2, page 3335 1 273 . a Lou major cinereus
maculatus, :
Seps Surinamenfs, 08. Laurent Jpecimen medicum.
The large fpotted ground lizard. Brown, page 462.
d'efpèces
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da
Defeye del
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 329
d’efpèces différentes de celle dont il s’agit ici: fecon-
dement, parce que le vrai Améiva a été nommé di-
verfement en différentes contrées ; il a été appellé
tantôt Témapara, tantôt Tüaletec, tantôt Tamacolin 5
noms qui ont été en même-tems attribués à des efpèces
différentes de l’'Améiva, particulièrement à l’Iguane :
& troifièmement enfin, parce que cet animal étant
très-fujet à varier par fes couleurs fuivant les faifons,
l'âge & le pays, divers individus de cette efpèce ont
été regardés comme formant autant d'efpèces diftinttes.
Pour répandre de la clarté dans ce qui concerne cet ani-
mal, nous confervons uniquement ce nom d’_Améiva à
un lézard qui fe trouve dans l'Amérique, tant fepten-
trionale que méridionale, & qui a beaucoup de rapports
avec les lézards gris & les lézards verts de nos contrées
tempérées : on peut même, au premier coup-d’œil , le
confondre avec ces derniers; mais pour peu qu’on l’exa-
mine , il eft aifé de l'en diftinguer. Il en diffère en
ce qu'il n'a point au-deffous du cou cette efpèce de
demi-collier, formé de grandes écailles , & qu'ont tous
les lézards gris ainfi que les lézards verts ; au contraire à
la peau revêtue de très-petites écailles, y forme un ou
deux plis. Ce caractère a été fort bien faif par M. Linné;
mais nous devons ajouter à cette différence celles que
nous avons remarquees dans les divers individus que
nous avons vus, & qui font confervés au Cabinet du Roi.
La tête de l'Améiva eft en général plus alongée &
Ovipares, Tome I, a
230 Hirsrorre NATUREIIE
plus comprimée par les côtés, le deflus en eft plus
étroit, & le mufeau plus pointu. Sécondement , la queué
eft ordinairement plus longue en proportion du corps.
Les Améiva parviennent d'ailleurs à une taille prefque
auffi confidérable que les lézards verts de nos Provinces
méridionales. L’individu que nous décrivons, & qui a
été envoyé de Cayenne par M. Léchevin, a vingt-&-un
pouces de longueur totale, c’eft-à-dire depuis le bout
du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue, dont la
longueur eft d'un pied fix lignes; la circonférence du
corps à l’endroit le plus gros, eft de quatre pouces neuf
lignes ; les mâchoires font fendues jufques derrière Les
yeux, garnies d'un double rang de grandes écailles,
comme dans le lézard vert, & armées d'un grand
nombre de dents très-fines . dont les plus petites font
placées vers le bout du mufeau, & qui reffemblent
un peu à celles de l'iguane. Le deffus de la tête eft
couvert de grandes lames, comme dans les lézards verts
& dans les lézards ne se
Le deffus du corps & des pattes eft garni d’écailles
à peine fenfibles; mais celles qui revêtent le deffous du
corps font grandes, carrées, & rangées en bandes tranf-
veifales. La queue eft entourée d'anneaux , compofés
d’écailles, dont la figure eft celle d'un quarré long. Le
deflous des cuifles préfente un rang de tubercules. Les
doigts longs, & féparés les uns des autres, font garnis
d'ongles aflez forts. |
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(DES QUADRUPÈDES OVIPÂRES. 311
La couleur de l'Améiva varie beaucoup füivant le
fexe, le pays, l’âge & la température de l’atmofphère,
ainfi que nous l’avons dit; mais il paroît que le fond
en eft toujours vert ou grifâtre, plus ou moins diver-
fifié par des taches ou des raies de couleurs plus vives,
& qui étant quelquefois arrondies de manière à le faire
paroître œillé , ont fait donnerle nom d’Arousà l'Améiva,
ainfi qu'au lézard vert. Peut-être l’'Améiva forme-t-il,
comme les lézards de nos contrées, une petite famille,
_ dans laquelle on devroit diftinguer les gris d'avec les
verts: mais on n’a point encore fait aflez d’obferyations
pour que nous puiflions rien établir à ce fujet.
Ray (8) & Rochefort (c) ont parlé de lézards,
qu'ils ont appellés Anolis ou Anoles , qui, pendant le
jour , font dans un mouvement continuel, & fe retirent,
pendant la nuit, dans des creux, d’où ils font entendre
une ftrideur plus forte & plus infupportable que celle
(b) Synopjis animalium , page 268,
(c) 6 Les anolis font fort communs dans toutes les habitations. Ils
font de la grofeur & de la longueur des lézards gqi’on voit en France:ce
mais ils ont la téte plus longuette , la peau jaunâtre , & {ur le dos ilsce
ont des lignes rayées de bleu, de vert & de gris, qui prennentce
depuis le deflus de la tête jufqu'au bout de la queue. Ils font leur retraite ce
dans les trous de la terre , & c’eft de-là que, pendant la nuit, 1ls fontce
un bruit beaucoup plus pénétrant que celui des cigales. Le jour , ilsce
font en perpétuelle aétion , & ils ne font que roder aux environs desce
cales, pour chercher de quoi fe nourrir. »» Rochefort , Hifloire des
Antilles , tome 1, page 300. |
Tei
| 332 es Hisrorre NATURELLE
des cigales. Comme ce nom d'Anolis ou d’Anoles à été
donné à plufieurs fortes de lézards, & que Ray ni
Rochefort n’ont point décrit de manière à ôter toute
équivoque , ceux dont ils ont fait mention, nous in-
vitons les Voyageurs à obferver ces animaux, fur l'ef-
pèce defquels on ne peut encore rien dire. Nous devons
ajouter feulement que Gronovius a décrit, fous le nom
d’Anolis, un lézard de Surinam, évidemment de la
même efpèce que l'Améiva de Cayenne, dont nous
venons de donner la defcription.
L’Améiva fe trouve non-feulement en Amérique,
mais encore dans l'ancien continent. J'ai vu un indi-
vidu de cette efpèce, qui avoit été apporté des grandes
Indes par M. le Cor, & dont la couleur étoit d’un
très-beau vert plus ou moins mêlé de jaune. |
DES QUADRUPÉDES OFIPARES. 333
PL LION,
Voici L'EMBLÈME de la force appliqué à la foi-
bleffe, & le nom du roi des animaux donné à un
bien petit lézard : on peut cependant le lui conferver,
parce que ce nom eft aufli fouvent pris pour le figne
de la fierté que pour celui de la puiffance. Le lézard-
Lion redrefle prefque toujours fa queue en la tour-
nant en rond ; il a l'air de la hardiefle, & c’eft appa-
remment ce qui lui a fait donner par les Anglois le
furnom de Lion, que plufieurs Naturaliftes lui ont con-
fervé (Bb). Il ie trouve dans la Caroline : fon efpèce
ne diffère pas beaucoup de celle de notre lézard gris:
trois lignes blanches & autant de lignes noires règnent
de chaque côté du dos, dont le milieu eft blanchà-
tre ; il a deux rides fous le cou; le deflous des cuifles
eft garni d’un rang de petits tubercules, comme dans
l'iguane, le lézard gris, le lézard vert, l'améiva, &c.
la queue fe termine infenfiblement en pointe.
(a) Le Lion. M d Aubenton, Encyclopédie méthodigne.
Lacerta fex-lineata, 18. Linn. amph. rept.
(5) Catefby, Hifloire naturelle de la Caroline , page 68.
334 Hirsrorrre NATUREIIE
Fe lézard-Lion n’eft point dangereux ; il fe tient.
fouvent dans des creux de rochers, fur le bord de ta:
mer; ce n'eft pas feulement dans la Caroline qu'on
le rencontre, mais encore à Cuba, à Saint-Domingue,
& dans d’autres Îfles voifines, Ayant les jambes alon-
gées, il eft très-agile , comme le lézard gris, & court
avec une trèsgrande vitefle ; mais ce joli & innocent
lézard n° en eft pas moins la proie des grands oifeaux
de mer, à la pourfuite defquels la AE de fa
courle ne peut le dérober.
Abe à
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES 333$
Frresfisecstieans
D nent mens anne
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LE ose a.
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de ne oriente
. LÉZARD habite dans l’ancien Continent, où ori
le trouve aux Indes & en Guinée. Il eft . en
Amérique ; & il y a, au Cabinet du Roi, deux indi-
vidus de cette de , qui ont été envoyés de la
Martinique. C'eft avec raïfon que M. Linné aflure
que le Galonné a un grand nombre de rapports
avec l’Améiva; il eft beaucoup moins grand, mais
les écailles, qui revêtent le deflous du corps, for-
ment également des bandes tranfverfales dans ces
deux lézards. Le deflous des cuifles eft garni d'un
rang de tubercules, comme dans l’iguane , le lézard
gris, le lézard vert, le cordyle , l’'améiva , &c. :
a la queue menue & plus longue que lé corps. Il eft
d’un vert plus ou moins fonce ; & le long de fon does
s'étendent huit raies blanchâtres, fuivant M. Linné,
(a) Le Galonné. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta lemnifcata, 30. Linn. amph. rept.
Lacerta eadem. mus. ad. fr. 1, page 47.
Séba, mus. 2, planche 53 , fig: 9 © planche 92, fig. 4:
2, planche 9, fig s.
Seps Lemnifcatus, 103. Laurenti fpecimen medicum.
336 _Hrsrorre NATURELLE
Nous en avons compté neuf fur les deux individus,
qui font au Cabinet du Roi. Les pattes font mouche-
tées de blanc.
Il paroït que ce lézard eft fit À varier par le
nombre & la difpoñition des raies qui règnent le long
du dos. M. d’Antic a eu la bonté de nous faire voir
un petit Quadrupède ovipare, qui lui a été envoyé de
Saint-Domingue, & qui eft une variété du Galonné.
Ce lézard eft d’une couleur très-foncée. Il a fur le
dos onze raies d’un jaune blanchâtre , qui fe réunifient
de manière à n’en former que fept du côté de la tête,
& dix vers l’origine de la queue, fur laquelle ces raies
fe perdent infenfiblement. Ce font là les feules diffé-
_rences qui le diftinguent du Galonné. Sa longueur totale
eft de fix pouces, & celle de # 1 de quatre pouces
une ligne, |
QUATRIÈME
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a ’ Ka nn. :
LÉZARDS
Qui ont cing doigts aux pieds de devant : ; fans
Bandes rente Jous le corps.
LE CAMÉLÉON (a).
Le NOM du Gndex eft fameux. On l’emploie
métaphoriquement, depuis long-tems, pour défigner la
vile flatterie. Peu de gens favent cependant que le
(a) xapantor, en grec.
Chamzæleo, en latin.
Taitah ou Bouiah, en Barbarie, Jüéivant M. Shaw.
Caméléon. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Conradi Gefñeri FH roue arimalium liber fècundus de ue OVE
Chamzleo.
Ray , Synopfis Ou, » page naTe. Giro: ie Cbameleon.
Brown y page 464. Chamæleon, en Angloës rs largegrey Chameleon:
Lacerta Chamzæleon, 20, Linn. amph. rept.
Ovipares, Tome I y v_
228 Hrsrorre NATUREILE
Caméléon eft un lézard ; & moins de perfonnes encore
connoiflent les traits qu'il préfente & les qualités qui le
diftinguent. On a dit que le Caméléon changeoït fou-
vent de forme ; qu'il n’avoit point de couleur en propre ;
qu'il prenoit celle de tous les objets dont il appro-
choit ; qu'il en étoit par-là une forte de miroir fidele ;
qu'il ne fe nourrifloit que d'air. Les Anciens fe font
plu à le répéter : ils ont cru voir, dans cet être qui
n’étoit pas le Caméléon , mais un animal fantaftique
produit & embelli par l'erreur , une image aflez ref-
femblante de plufieurs de ceux qui fréquentent Îles
cours : ils sen font fervi comme d'un objet de com-
paraifon, pour peindre ces hommes bas & rampans, qui
ayant jamais d'avis à eux, fachant fe plier à toutes les
formes, embrafler toutes les opinions, ne fe repaiflent
que de fumée & de vains projets. Les Poëtes fur-tout fe
—
Séba , 2. Tab. 82, fig, 2,3, 4, 5 tab. 83, fig. 4 6 &.
Chamzxleo mexicanus, 59. Chamzleo Parifenfium , Go. Chamæleo
zeylanicus , 61. Chamæleo africanus , 62. Chamzleo candidus, 63.
Chamæico Bonæ-fpei, 64. Laurenti fpecimen medicum.
Gron. mus. 2, page 76, N° 50. Chamæleon.
Oleer. mus. 9 ,r. 8,f. 3. Chamælcon.
Bellon. itin. Livre II, Chapitre zx. Chamæleon.
Valent. mus. Livre TIT, Chapitre XXXxI. Chamæleon.
Kircher. mus. 275, t: 293, f. 44. Chamæleon.
Jonff. Quadr., t. 79. Chamæleon. |
Ad. Quadr. 670. Chamæleon,
re
RSC GREEN SITES
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 339
font emparés de toutes les images fournies par des rap-
dt ports qui, n'ayant rien de réel, Fees être aifément
eur ep étendus :ils ont paré eo chetRes d ie a ;
ont : = les diverfes comparaifons tirées , un animal ga ils ont
miroir ik regardé, comme faifant' par crainte ce me on dit,
+ i Fe tant de coran font pet soit … Aa «
Set in agréables ont été copiées, muitipliées, animées par.
li les beux génies des fiècles les plus éclairés. Aucun
| animal ne réunit, fans doute, les propriétés imaginaires
® auxquelles nous une tant d'idées riantes. Mais une
un fiion fpirituelle ne peut qu'ajouter au charme des
fade | ouvrages où font répandues ces peintures gracieufes.
si Le Caméléon des Poëtes na point exifté pour la
ratoutel Nature ; mais il pourra exifter à jamais pour le génie
le repas ._& pour l'imagination. |
fur Lorfque cependant nous aurons écarté les qualités
Le fabuleufes attribuées au Caméléon , & lorfque nous
feat 4 Vaurons peint tel qu'il eft, on devra le regarder encore
à. comme un des animaux les plus intéreflans aux yeux
hall des Naturaliftes, par la fingulière conformation de fes
j diverfes parties, par les habitudes remarquables qui
en dépendent, & même par des propriétés, qui ne
font pas très-différentes de celles qu’on lui a fauffement
ù attribuées (& ).
ge
(Bb) On peut voir dans Pline, Livre XXVTIT, Chapitre XX1X ,
les vertus chimériques que les Anciens attribuoient au Caméléon. On:
*Vy
340 Hrsrorrse NATURErIIrE
On trouve des Caméléons de plufieurs taillesaflez dif-
férentes les unes des autres. Les plus grands n’ont guère
plus de quatorze pouces de longueur totale. L’individu
que nous avons décrit, & qui eft confervé avec beau
coup d'autres au Cabinet du Roi, a un pied deux pouces
trois lignes, depuis le bout du mufeau jufqu’à l’extré-
mité de la queue, dont la longueur eft de fept pouces.
Celle des pattes, y compris les doigts, eft de trois
pouces.
La tête aplatie pardefus, left aufli par les côtés ;
deux arêtes élevées partent du mufeau, pañfent prefque
immédiatement au-deflus des yeux, en fuivent à peu-
près la courbure, & vont fe réunir en pointe derrière
la tête; elles y rencontrent une troifième faillie qui
part du fommet de la tête, & deux autres qui viens .
nent des coins de la gueule ; elles forment , toutes cinq
enfemble ,une forte de capuchon, ou, pourmieux dire,
de pyramide à cinq faces, dont la pointe eft tournée
en arrière, Le cou eft très-court, Le deflous de la
tête & la gorge font comme gonflés, & repréfentent
une efpèce de poche, mais moins grande de beaucoup
que celle de l’iguane, ; | |
_ La peau du Caméléon eft parfemée de petites
Éminences comme le chagrin : elles font très-lifles ,
trouvera aufli dans Gefner, Livre II, tous les contes ridicules qu'ils
ont publiés au fujet de cet animal,
© à 0 te
ÉPRRE me un NP ALL
Sale
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ec be.
IX pOucé
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X DOUCE
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x dre,
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ras
Tu
DES QUuADRVPÉDES OVIPARES AI
plus marquées fur la tête, & environnées de grains
prefque imperceptibles : un rang de petites pointes
coniques règne en forme de dentelure fur les faillies
“de la tête, fur le dos, fur une partie de la queue
& au-deflous du corps, depuis le mufeau jufqu’à
l'anus. | |
Sur le bout du mufeau, qui eft un peu arrondi,
font placées les narines qui doivent fervir beaucoup à
la refpiration de l'animal; car il a fouvent la bouche
fermée fi exaétement , qu'on a peine à diftinguer la
féparation des deux lèvres. Le cerveau eft très-petit
& n'a qu'une ligne ou deux de diamètre. La tête du
Caméléon ne préfente aucune ouverture particulière
pour les oreilles, & MM. de l'Académie des Sciences,
qui difléquèrent cet animal, crurent qu’il étoit privé
de l'organe de louïe qu’ils napperçurent point dans ce
lézard (c), mais que M. Camper vient d’y découvrir (d).
C’eft une nouvelle preuve de la foiblefle de l’ouïe dans
les Quadrupèdes ovipares, & vraifemblablement c’eft
une des caufes qui concourent à produire l’efpèce de
ftupidité que l’on a attribuée au Caméléon.
Les deux mächoires font compofées d’un os dentelé
(c) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , article
du Carnéléon. | |
( d) Note communiquée par M. Camper.
3434 Hisrorrse NATUurEzr=
qui tient lieu de véritables dents (e). Prefque tout
eft particulier dans le Caméléon : les lèvres font fen-
dues même au - delà des mâchoires, où leur ouverture
{e prolonge en bas: les yeux font gros & très-faillans :
& ce qui les diftingue de ceux des autres Quadru-
pèdes, c’eft qu'au lieu d’une paupière qui puifle être
levée & baïflée à volonté, ils font recouverts par une
membrane chagrinée , attachée à l'œil, & qui en fuit
tous les mouvemens. Cette membrane eft divifée par
une fente horizontale, au travers de laquelle on apper-
çoit une prunelle vive » brillante & comme bordée de
couleur d’or.
Les lézards, & tous les Quadrupèdes ovipares en
général, ont les yeux très-bons. Le fens de la vue à
ainfi que nous l'avons dit, paroît être le premier de
tous dans ces animaux, de même que dans les oifeaux.
Mais les Caméléons doivent jouir par excellence de
cette vue exquife : il femble que leur fens de la vue
eft fi fin & fi délicat, que fans la membrane qui revêt
leurs yeux , ils feroient vivement offenfés par la lu-
mière éclatante qui brille dans les climats qu’ ils habi-
tent. Cette précaution qu’on difoit que la Nature a
(e) Nous nous fommes aflurés de l'exiftence de cet os dentele, par
linfpedtion des fquelettes de Caméléon , que l'on a au Cabinet du
Roi. Profper Alpin a nié, en quelque forte, l'exiftence de cet os. Voyez
fon Hiftoire naturelle de l'Egypte, tome 1, Chapitre v.
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DES QUADRUPÈÉDES OVIPARES. 343
prife pour eux, refflemble à celle des Lapons & d’au-
tres habitans du Nord, qui portent au-devant de leurs
yeux, une petite planche de fapin fendue , pour fe.
garantir de l'éclat éblouiflant de la lumière fortement
réfléchie par les neiges de leurs campagnes ; ou plutôt
ce n’eft point pour conferver la finefle de leur vue,
qu'il leur a été donné des membranes : mais c’eft parce
qu'ils ont reçu ces membranes préfervatrices, que leurs
yeux moins ufés, moins vivement ébranlés, doivent
avoir une force plus grande & plus durable. |
Non-feulement le Caméléon a les yeux enveloppés
d'une manière qui lui eft particulière, mais ils font
mobiles indépendamment l'un de lautre; quelquefois
il les tourne de manière que l’un regarde en arrière,
& l’autre en avant; ou bien de l’un il voit les objets
placés au-deflus de lui, tandis que de l'autre il ap-
perçoit ceux qui font fitués au-deflous ( f). Il peut
par-là confidérer à-la-fois un plus grand efpace; &.,
fans cette propriété fingulière, il feroit prefque privé
de la vue malgré la bonté de fes yeux, fa prunelle
pouvant uniquement admettre les rayons lumineux
qui paflent par la fente très-courte & très-étroite que
préfente la membrane chagrinée. |
Le Caméléon eft donc unique dans fon ordre, par
(f) Le Bruyn. Voyages au Levant.
344 Hisrorre NATUREIIE
pluñeurs caractères très- -remarquables : mais ceux dont
nous venons de parler, ne font pas les feuls qu'il pré.
fente : fa langue , dont on a comparé la forme à
celle d'un ver de terre, eft ronde, longue commu
nément de cinq ou fix pouces, terminée par une forte
de gros nœud, creufe , attachée à une efpèce de flilet
cartilagineux qui entre dans fa cavité, & fur lequel
l'animal peut la retirer , & enduite d’une forte de
vernis vifqueux qui fert au Caméléon à retenir les
mouches, les fcarabées, les fauterelles, les fourmis,
& les autres infeftes dont il fe nourrit , & qui ne
peuvent lui échapper, tant il la darde & la retire
avec vitefle (g). L
Le Caméléon eft plus élevé fur fes jarabes que le
plus grand nombre des lézards; il a moins lair de
ramper lorfqu’il marche : Ariftote & Pline l’avoient
remarqué. Il a, à chaque pied, cinq doigts très-longs,
prefque égaux & garnis d'ongles forts & crochus; mais
la peau des jambes s'étend jufqu’au bout des doigts,
(g) ce Quand les Caméléons veulent manger, 1e tirent leur langue
“longue , quafi d'un demi-pied, ronde comme la langue d’un oifeau,
nommé pcivert, femblable à un ver de terre; & à l'extrémit! d’icelle
#3 ont un gros nœud fpongieux , tenant comme glu : duquel ils attachent
bles infectes favoir eft fauterelles , chenilles & mouches, & les attirent
sen la gueule. Ils pouflent hors leurs langues, les dardant de roideur
auffi vitement qu'une arbalète ou un arc fait le trai@, 2 Bélon, objére
vetions, Éc Livre TT, Chapitre XXXIV:
UE Con
parue,
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À le, |
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DES QvAaDruPÈDEs oprparrs. 345
& les réunit d’une manière qui eft encore particulière
à ce lézard. Non-feulement cette peau attache les
doigts les uns aux autres > Mais elle les enveloppe, &
en forme comme deux paquets, l’un de trois doigts ,
& l'autre de deux : & il y a cette différence entre les
pieds de devant & ceux de derrière, que, dans les
premiers, le paquet extérieur eft celui qui ne contient
que deux doigts, tandis que c’eft l’oppofé dans les
pieds de derrière (4).
Nous avons vu à l’article de la dragonne combien
une membrane de moins entre les doigts, influoit fur
les mœurs de ce lézard, &, en lui donnant la facilité
de grimper fur les arbres, rendoit fes habitudes diffé.
rentes de celles du crocodile » Qui a les pieds palmés.
Nous avons obfervé en général , qu’un léger changement
dans la conformation des pieds devroit produire de très-
grandes diflemblances entre les mœurs des divers: Qua-
drupèdes. Si l’on confidère, d'après cela, les pieds du
Caméléon réunis d’une manière particulière , recouverts
par une continuation de la peau des jambes, & divifés
en deux paquets, où les doigts font rapprochés &
(A) Quelques Auteurs ont écrit qu'il ÿ avoit des efpèces de Ca-
méléon , dont les cinq doigts de chaque pied étoient féparés les uns
des autres; ils auront certainement pris pour des Caméléons d’autres
Kzards, &, par exemple, des tapayes dont la tête reflemble en effet
un peu à celle du Caméléon,
Ovipares , Tome I. X x
346 Hirsrorre NATURELLE
collés, pour'ainf dire, les uns contre les autres, on
ne fera pas étonné de l'extrême différence qu à y
a entre les habitudes naturelles du Caméléon &
celles de plufeurs lézards. Les pieds du Caméléon ne
pouvant guère lui fervir de rame, ce n'eft pas dans
Veau qu'il fe plaît, mais les deux paquets de doigts
alongés qu'ils préfentent font placés de manière à
pouvoir faifir aifément les branches fur lefquels il
aime à fe percher : il peut empoigner ces rameaux,
en tenant un paquet de doigts devant & l’autre derrière,
de même que les pics, les coucous, les perroquets, &
d'autres ojifeaux, faififlent les branches qui les fou-
tiennent, en mettant deux doigts devant & deux
derrière. Ges deux paquets de doigts, placés comme
nous venons de le dire, ne fourniflent pas au Caméléon
un point d'appui bienoieble lorfqu'il marche fur la
terre : c’eft ce qui fait qu'il habite de préférence fur
les arbres, où il a d'autant plus de facilité à grimper
& à fe tenir, que fa queue eft longue & douée d'une
affez grande force. Il la replie, ainñ que les fapajous;
il en entoure les petites branches, & s’en fert comme
d'une cinquième main pour His de tomber ,
ou _pañer avec facilité d'un endroit à un autre (2).
PR DS Rd és ie do
(à) « Les haies qui font des jardinages auprès du Caire, font en
tous lieux couvertes de Caméléons, & principalement le long des
rivages du Nil, en forte qu'en peu de tems nous en vimes grand
ets de ds
de man
ft gi
cé rame
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prroques
qui Je les dr
ant À deu
cé comm
an Caml
arche fr
référence
DES Quaprurèpes OVIPARES. 347
Bélon prétend que les Caméléons fe tiennent ainfi
perchés fur les haies pour échapper aux vipères &
aux céraftes qui les avalent tout entiers , lorfqu” ils
peuvent les atteindre. Mais ils ne peuvent Hé fe dé- —
rober de même à la mangouite , & aux oïifeaux de
proie qui les recherchent. |
Voilà donc le Caméléon, que l’on peut regarder
comme l'analogue du fapajou, dans les Quadrupèdes
ovipares. Mais fi fa conformation lui donne une ha-
bitation femblable à celle de ce léger animal, sil
pañle de même fa vie au milieu des forêts & fur
les fommets des arbres, il n° en a ni l’élégante agilité,
ni l’activité pétulante. On ne le voit pas sélancer
comme un trait de branche en branche, & imiter,
par la vitefle de fa courfe & la grandeur de fes
fauts, la rapidité du vol des oifeaux : maïs c’eft toujours
avec ur qu il va d'un rameau à un autre ; & il
eft plutôt dans les bois en embufcade fous les féuilles
pour retenir les infeétes äilés qui peuvent tomber fur
fa langue gluante, qu'en mouvement de es pour
aller les furprendre (4).
nombre : car les vipères & les céraftes les avalent entiers, quand elles ce.
les peuvent prendre, 13 Bélon , obfervations , Ge. Livre IT, Cha-
pitre XXXIV.
(4) Haflelquift a trouvé, dans leftomac d’un Caméléon , des reftes
X x i)
348 Hisrorre NATURELLE
_ La facilité avec laquelle il les faifit le rend utile
aux Indiens, qui voient avec grand plaïfir dans leurs
maifons cet innocent lézard. I eft en effet fi doux,
qu'on peut, fuivant Alpin, lui mettre le doigt dans
la bouche, & l'enfoncer très-avant, fans qu'il cherche
à mordre (l), & M. Desfontaines, favant Profefleur
du Jardin du Roi, qui a obfervé les Caméléons en
Afrique, & qui en a nourri chez lui, leur attribue La
même douceur qu'Alpin.
Soit que le Caméléon grimpe le long des arbres,
foit que caché fous les feuilles il y attende paiible gi
ment les infectes dont il fe nourrit, foit enfin quil fm
marche fur la terre, il paroït toujours affez laid : il ikk
n'offre pour plaire à la vue, ni proportions agréables, ET
ni taille fvelte, ni mouvemens rapides. Ce n’eft qu'avec | hi. k
une forte de circonfpection qu'il ofe fe remuer. S'il C
ne peut pas embrafler les branches fur lefquelles il fé
veut grimper, il saflure, à chaque pas qu'il fait, que : dépen
fes ongles font bien entrés dans les fentes de l'écorce; fe
sil eft à terre il tâtonne; il ne lève un pied que lorf- _ltû
qu'il eft sûr du point d’appui des autres trois ; par toutes Lane
ces précautions, il donne à fa démarche une forte de IT
gravité, pour ainfi dire ridicule, tant elle contrafte 1 Lu
Lo
de papillons & d’autres infeétes, HAT » Voyage en Palefiine » È .
Page 349- se
(1) Profper _——. îome 2, Chapitre y, pager1s.
dd NN...
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 340
avec la petitefle de fa taille & lagilité qu'on croit
trouver dans un animal aflez fembläble à des lézards
fort leftes. Ce petit animal , dont l'enveloppe & la
mobilité des yeux, la Con des pieds, & prefque
toute la conformation, méritent l’attention des Phy+
ficiens, n'arréteroit goss les regards de ceux qui ne
jettent quun coup-d’œil fuperfciel, que pour faire
naître le rire & une forte de mépris : il auroit été
bien éloigné d’être l’objet chéri de tant de Voyageurs
& de tant de Poëtes; fon nom n’auroit pas été répété
par tant de bone de & perdu fous les rameaux où
il fe cache , il n’auroit été connu que des Naturaliftes,
fi la faculté de préfenter, fuivant fes différens états,
des ds plus ou moins variées n’avoit attiré fur
lui , depuis long-tems, une attention particulière.
Ces diverfes teintes changent en effet avec autant
de fréquence que de rapidité ; elles paroïffent d’ailleurs
dépendre du climat, de l’âge ou du fexe; il eft donc
aflez difficile d’afigner quelle eft la couleur naturelle
du Caméléon. Il paroît cependant qu'en général ce
lézard eft d’un gris plus ou moins foncé (m) , ou plus
ou moins livide.
Lorfqu'il eft à l'ombre & en repos, depuis quelque
tems, les petits grains de fa peau font quelquefois
(m3) Le Bruyn, Voyages au Levanr.
{
2s6. . Hrsrorre NATURELLE
d’un rouge pâle, & le deflous de fes pattes eft d'un blanc
un peu jaunâtre. Mais, lorfqu’il eft expofé à la lumière
du _. , fa couleur change; la partie de fon corps qui
eft éclairée , devient fouvent d’un gris plus brun, &
la partie fur laquelle les rayons du foleil ne tombent
point directement, offre des couleurs plus éclatantes, &
des taches qui paroiffent ifabelles par le mélange du
jaune pâle que préfentent alors les petites éminences ,
& du rouge clair du fond de la peau. Dans les inter-
valles des taches, les grains offrent du gris mêlé de
verdâtre & de bleu ; & le fond de la peau eft rou-
geâtre. D’autres fois le Caméléon et d'un beau vert
tacheté de jaune; lorfqw’on le touche il paroït fouvent
couvert tout d'un coup de taches noirâtres affez grandes,
mêlées d’un peu de vert : lorfqu'on l'enveloppe dans
e f
un linge, ou dans une étoffe de quelque couleur qu'elle
foit, il devient quelquefois plus blanc qu'à l'ordinaire ;
mais il eft démontré, par les obfervations les plus
exactes, qu'il ne prend point la couleur des objets
S « 2 e
2° «
qui l’environnent, que celles qu'il montre acciden-
tellement ne font point répandues fur tout {on corps,
comme le penfoit Ariftote, & qu'il peut offrir la couleur
blanche, ce qui eft contraire à l'opinion de Plutarque
& de Solin (a).
(n) Mémoires pour fervir à l'Hiff. naturelle des animaux : art, de
Caméléon , pages 31 © fuivantes,
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DES QuADRUPÈDEAS OVIPARES. 351
‘ Il n’a reçu prefqu'aucune arme pour fe défendre;
ne marchant que très-lentement, ne pouvant point
échapper par la fuite à la pourfuite de fes ennemis, il
eft la proie de prelque tous les animaux qui cherchent
à le dévorer ; il doit par conféquent être très-timide,
fe troubler aifément, éprouver fouvent des agitations
intérieures plus ou moins confidérables. On croyoit,
du tems de Pline, qu'aucun animal n’étoit auf craintif
qué-le Caméléon, & que c'étoit à caufe de fa crainte
habituelle qu’il changeoïit fouvent de couleur. Ce trouble
& cette crainte peuvent en effet fe manifefter par les
taches dont il paroît tout d'un coup couvert à l’ap-
proche des objets nouveaux ; fa peau revêtue n’eft point
d’écailles, comme celle de beaucoup d’autres lézards;
elle eft tranfparente, quoique garnie des petits grains
dont nous avons parlé; elle peut aifément tranf-
mettre à l'extérieur, par des taches brunes, & par
une couleur jaune ou verdâtre, l'expreflion des divers
mouvemens que la préfence des objets étrangers doit
imprimer au fang & aux humeurs du Caméléon. Haf-
felquift, qui la obfervé en Egypte, & qui l’a difléqué
avec foin, dit que le changement de la couleur de ce
lézard provient d’une forte de maladie, d’une jauniffe,
que cet animal éprouve fréquemment, fur-tout lorf-
qu'il eft irrité. De-là vient, fuivant le même Auteur,
qu'il faut prefque toujours que le Caméléon foit en
colère, pour que fes teintes changent du noir au jaune
TE
352 :.:° Hisrorre -Naruwreire |.
ou au vert. [l préfente alors la couleur de fa bile qu
que l’on peut appercevoir aifément, lorfqw’elle eft très | Qu
répandue dans le corps, à caufe de la ténuité des muf- LL
cles, & de la tranfparence de la peau (o). Il paroît ju
d'ailleurs que c'eft au plus ou moins de chaleur dont PTL
il eft pénétré, qu'il doit les changemens de couleur qu'il | é pl
éprouve de tems-en-tems (p). En général, fes couleurs aide
font plus vives lorfqu’il eft en mouvement, lorfqu'on | Cap
le manie, lorfqw'il eft expofé à la re du foleil api
ès tend dans les climats qu’il habite : elles deviennent ge Ca
au contraire plus foibles lorfqu'il eft à l'ombre, c’eft- bible
a-dire privé de l'influence des rayons folaires, lorfqu'il a pu
eft en repos, &c. Si fes couleurs fe terniflent po qu
fois lorfqw’on P enveloppe dans du linge ou dans quelqu’é- um d
toffe, c'eft peut-être parce qu'il eft refroidi par les linges he
ou par l’étoffe dans lefquels on le plie. Il pâlit toutes les je
nuits, parce que toutes les nuits font plus ou moins Le
| fraiches, fur-tout en France, où ce phénomène a été da
obfervé par M. Perrault. I] Hhirghit enfin lorfqu'il eft mé
mort, parce qu'alors toute chaleur intérieure eft éteinte. fs ü
La crainte, la colère & la chaleur qu'éprouve le
(o) Hafélquifl. Voyage en Palefline, page 349.
(p) ce Chamzæleonis color verus cinereus eft, fed juxta animi affectus
s’quandoque cum calore colorem mutat, ut & ratione calidioris vel
frigidioris aeris, non vero fubjeéti, ut quidam volunt. 2: Æ#’ormi. mus.
de pedefribus , Cap. XXII ; fol. 316.
Caméléon, |
DES QUADRUPÈDES OPrPARES. 353
Caméléon , nous paroiffent donc les caufes des diverfes
couleurs qu'il préfente, & qui ontété le fujet de tant
de fables (q). |
Il jouit, à un degré très-éminent, du pouvoir d’en-
fler les différentes parties de fon corps, de leur don-
ner par-là un volume plus confidérable, & d’arrondir
ainfi celles qui feroient naturellement comprimées.
C’eft par des mouvemens lents & irréguliers , &
non point par des ofcillations régulières & fréquentes,
que le Caméléon fe gonfle : il fe remplit d'air au point
de doubler fon diamètre: fon enflure s'étend jufques
dans les pattes & dans la queue : il demeure dans cet
état, quelquefois , pendant deux heures, fe défenflant
un peu de tems-en-tems, & fe renflant de nou-
veau; mais fa dilatation eft toujours plus foudaine que
fa compreflion. |
Le Caméléon peut aufi demeurer très-long-tems
défenflé : Il paroît alors dans un état de maigreur fi
confidérable , que l’on peut compter fes côtes, & que
l'on diftingue les tendons de fes pattes & toutes les
parties de lépine du dos. |
_ C'eft du Caméléon, dans cet état, que Pon a eu
raifon de dire qu’il reffembloit à une peau vivante (r);
EE ————_—_—_—_—_— _—
(g) Mémoires pour fervir à l'Hifi, naturelle des animaux » art, du
Caméléon, pages 48 € fuiv. |
(r) Tertullien. SE
Ovipares, Tome I. Le
=
354 Hrsrorre NATURELLE
car en effet il paroît alors n'être qu'un fac de peau,
dans lequel quelques os feroient renfermés; & c’eft
fur-tout lorfqu’il fe retourne, qu'il a cette apparence.
Mais il en eft de cette propriété de seniler & de
fe défenfler, comme de toutes les propriétés des ani-
maux, des végétaux & même de la matière brute ;
aucune aus n’a été, à la rigueur , accordée exclu-
fivement à une. hu, ce n’eft que faute d'obfer-
vations que lon a cru voir des animaux, des végétaux
ou des minéraux, préfenter des phénauienes que d'au-
tres n’offroient point. Quelque propriété qu'on remar-—
que dans un être, on doit s'attendre à la trouver dans
un autre, quoiqu'à la vérité, à un degré plus haut ou
plus bas; toutes les qualités, tous les effets fe dégradent
ainfi par des nuances fucceflives, gévanouiflent, ou fe
changent en qualités & en efiets oppofés. Et pour ne
parler que de la propriété de fe gonfler, prefque tous les
Quadrupèdes ovipares, & particulièrement les orenouil-
| les, ont la faculté de s’enfler & de fe défenfler à volonté;
mais aucun ne la pofsède comme le Caméléon. M. Per-
rault paroît penfer qu'elle dépend du pouvoir qu'a ce
lézard de faire fortir de fes poumons, l'air qu'il ref-
pire , & de le faire gliffer entre les mufcles & la
peau ( s). ui propriété de filtrer ainfi l'air de l’at-
(s ) Mémoires pour férvir à PHifloire naturelle des animaux ; article du
Caméléon , page 30.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 355
mofphère au travers de fes poumons, & ce gonfle
ment de tout fon corps, que le Caméléon peut pro-
duire à volonté, doivent le rendre beaucoup plus lé-
ger , en ajoutant à fon volume , fans augmenter fa
mafle. Il peut plus facilement, par-là, s'élever fur les
arbres, & y grimper de branche en branche: & ce
pouvoir de faire pafler de l'air dans quelques parties
de fon corps, qui lui eft commun avec les oïifeaux,
ne doit pas avoir peu contribué à déterminer fon féjour
au milieu des forêts. Les Caméléons gonflent aufli leurs.
poumons qui font compofés de plufieurs véficules, ain
que ceux d'autres Quadrupèdes ovipares. Cette con-
formation explique les contradiétions des Auteurs qui
ont difféqué ces animaux, & qui leur ont attribué les
uns de petits & d’autres de grands poumons, comme
Pline & Bélon. Lorfque ces vifcères font flafques, plu-
fieurs véficules peuvent échapper ou paroître très-
petites aux Obfervateurs, & elles occupent au con-
traire un fi grand efpace , lorfqu'elles font foufflées ,
qu'elles couvrent prefque entièrement toutes les par-
ties intérieures (4).
Le battement du cœur du Caméléon eft fi foible,
que fouvent on ne peut le fentir en mettant la main
au-deflus de ce vifcère (4).
(1) Ray, Synopfis Quadrupedum , page 282.
(u) Mém, pour fervir à l'Hifl. nat, des animaux , art. du Caméléon.
Tri
356 Mirsrorre NarTurserrr
Cet animal , ainfi que les autres lézards, peut vivre:
près d’un an fans manger ; & c’eft vraifembliable_
ment ce qui a fait dire quil ne fe nourrifloit que
d'air (v).Sa conformation ne lui permet pas de pouffer
de véritables cris; mais lorfqu'il eft fur le point d’être:
furpris, il ouvre la gueule, & fiffle cornme plufeurs
autres Quadrupèdes ovipares & les ferpens.
Le Caméicon fe retire dans des trous de rochers ,
où d'autres abris, où il fe tient caché pendant l'hiver,
au moins dans les pays un peu tempérés, & où il y &
apparence qw'il s'engourdit. Ce fait étoit connu d’Arif-
tote & de Pline. | |
La ponte de cet animal eft de neuf à douze œufs :
nous en avons compté dix dans le ventre d’une femelle
envoyée du Mexique au Cabinet du Roi:ils font ovales,
revêtus d'une membrane molafle comme ceux des.
tortues marines, des iguanes, &c. ils ont à-peu-près:
fept ou huit lignes dans leur plus grand diamètre.
Lorfqu'on tranfporte le Caméléon. en vie. dans les
q P 14 ) € ; Les.
pays un peu froids, il refufe prefque toute nourriture,
il fe tient immobile fur une branche , tournant feule-
ment les yeux de tems-en-tems ; & il périt bien
tôt (x). |
(y) Bélon.
Ex) Séba, vol. +. .
M.. Bomare . article du. Caméléon:.
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 357
On trouve le Caméléon dans tous Les climats chauds,
tant de l’ancien que du nouveau Continent, au Mexi-
que, en Afrique (y),au Cap de Bonne-efpérance,
dans l'ile de Ceylan, dans celle d’Amboine, &c. La
deftinée de cet animal paroît avoir été d’intérefler de
toutes les manières. Objet, dans les pays anciennement
policés, de contes ridicules, de fables agréables, de
fuperftitions abfurdes & burlefques, il jouit de beaucoup:
de vénération fur le bord du Sénégal & de la Gambie.
La religion des Nègres du Cap de Monté, leur défend
de tuer les Camélons, & les oblige à les fecourir
lorfque ces petits animaux tremblans le long des ro
chers, dont ils cherchent à defcendre , s’attachent avec:
peine par leurs ongles , fe retiennent avec leur queue ,
& sépuifent, pour ainfi dire, en vains efforts : mais
quand ces animaux font morts, ces mêmes Nègres font
fécher leur chair & la mangent.
- FCRRNSS CS RAR EE
(y) « Ceux qui ont Fœil bon, découvrent des faitah > PBouiah:
ou Caméléons fur toutes les haies. La langue du Caméléon eftes
longue de quatre pouces, elle a la figure d’un pilon ; cet animales:
la lance avec une rapidité furprenante, fur les mouches ou autresce
infectes qu'il ÿ accroche avec une efpèce de glu qui fort à pointe
sommé du bout de fa langue. Les Maures & les Arabes , après ce:
en avoir féché la peau, la portent au cou, dans la perfuañon que cette ce:
amulette, les garantit contre les influences d'un œil malin.» Vivyage:
de Shasp , dans plufieurs Provinces de la Barbarie & du Levant, d!
la Haye, 1743, volume 1, page 323. |
350 Hisrorre NATURELLE
Il y a, au Cabinet du Roi, deux Caméléons, l’un
du Sénégal, & l’autre du Cap de Bonne -efpérance,
qui n’ont pas fur le derrière de la tête cette élévation
triangulaire, cette forte de cafque, qui diftingue non-
feulement les Caméléons d'Egypte & des grandes Indes,
mais encore ceux du Mexique : les Caméléons différent
aufli quelquefois les uns des autres, par le plus ou le
moins de prolongation de la petite dentelure qui sé-
tend le long du dos & du deflous du corps; on a d’après
cela voulu féparer les uns des autres, comme autant
d'efpèces diftinétes, les caméléons d'Egypte, ceux d'A-
rabie, ceux du Mexique (7), ceux de Ceylan, ceux
du Car de Bonne-efpérance, &c.; mais ces légères
différences, qui ne changent rien aux Sera d'après
lefquels il eft aifé de reconnoître les Caméléons, non
plus qu’à leurs habitudes, ne doivent pas nous empé-
cher de regarder l’efpèce du Caméléon comme la même
dans les diverfes contrées qu'il fréquente, quoiqu'elle
foit quelquefois un peu altérée par l'influence du climat,
ou par d'autres circonftances, & qu’elle fe montre
avec quelque variété dans fa forme ou dans fa gran-
deur, fuivant l’âge & le fexe des individus.
M. Parfons a donné dans les Tranfaétions philofo-
phiques la figure & la defcription d'un Caméléon qui
(x) Voyez Bélon, & Jo. Faber Emès , dans fon capofie tion des
animaux de la nouvelle Efpagne,
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 359
avoit été apporté à un de fes amis, parmi d'autres
objets d'Hiftoire naturelle, & dont il ignoroit le pays
natal (a). Cet animal ne difiéroit, d'une manière re-
marquable , des autres Caméléons, tant de l’ancien que
du nouveau monde, que par la forme du cafque que
nous avons décrit. Cette partie faillante ne s’étendoit pas
feulement fur le derrière de la tête dans le Caméléon
de M. Parfons ; mais elle fe divifoit pardevant en deux
protubérances crénelées qui s’élevoient obliquement Le
52
savançoient jufquau-deflus des marines. Ce ne fera
qu'après de nouvelles obfervations fur des individus
femblables, que l'on pourra déterminer fi le Caméléon
trés-bien décrit par M. Parfons, appartenoïit à une race
conftante ou ne formoit qu'une variété individuelle.
(a) Tranfaélions philofophiques , année 1768 , tome 58 , page 192
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360 Hisrorre Narure:re
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LA QUEUE-BLEUE (:) | pa
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Eja QUEUE-BLEUE habite principalement la Ca ns
roline. Ce lézard fe retire fouvent dans les creux des _ lime
arbres. Il n’a qu'environ fix pouces de longueur. IL eft om À
brun ; fon dos préfente cinq raies jaunêtres & lon- M
en ; & ce qui fert fur-tout à le diftinguer, c'ef |
la couleur bleue de fa queue menue & communé-
ment plus longue que le corps. Catefby dit que plu- Le
fieurs habitans de la Caroline prétendent qu'il eft ve= à
nimeux : mais il aflure n’avoir été témoin d'aucun fait
qui püt le prouver.
On devroit peut-être rapporter à cette efpèce un
lézard du Bréfil , dont Ray parle d'après Marcgrave,
& qui fe nomme Amerigima (b). Suivant la defcrip- |
(a) La Queue-bleue. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta fafciata, go. Linn. amph. rept. |.
Catefby , Carol. 2 , t. 67. Lacerta cauda cærulea,
Per. Gaz.1,t.2,f. 2. Lacertus Marianus min. Cauda cærulea. |
(Bb) Arnericina Brafilienfibus Margr. es Lacertulus 3 digitis longus |
s> & pennam olorinam craflus, crura & pedes fenembi, Corpus fere qua- |
> dratum. Videtur totum dorfum fquamis leucophzis; latera caput, &
acrura fufcis, cauda vero cæruleis. Omnes americimæ fplendent, & ad
tion
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tactum apprimè funt læves. Digit. in pedibus, inftar fetarum porci-«
narum. Venenofum animal cenfetur. :» Ray , Synopfis animalium ï
page 267.
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Ovipares, Tome I.
DES QUADRUPÉDES OVIPARES.
tion que Ray en donne, il eft long de deux pouces;
fon dos eft couvert d'écailles grifes cendrées ; fa tête ,
fes côtés, fes cuifles le font d’écailles jaunes ; & fa
queue l'eft d’écailles bleues; les B
comme venimeux.
rafiliens le regardent
edf
=
NE
SO. À
SM 2
:œ Pape
ee TÉLÉ. (a).
L'azuré fe trouve en Afrique ; fes écailles poin-
tues le font paroître hériflé de petits piquans: un ca-
raère d'après lequel il eft aïfé de le reconnoiître, &
qui lui a fait donner le nom qu'il porte, eff la cou=
leur bleue dont le deffus de fon corps eft peint, &
qui forme une efpèce de manteau azuré. Sa queue
eff courte. |
(a) L'Azuré. M. d'Aubenton , Pop gétiodique.
Lacerta afurea, 12. Einn. amph. rept
Séba, mus, a, tab. 62, fig 6.
dus
but
mere
ip
LE
le
{e
À.
(£
l'
|
L
AU
_ Lo!
.
DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 2303
LÉ )GR IE S ON (a).
‘fall, Jr EST AISÉ de diftinguer ce lézard , qui fe trouve
qu: dx | dans les-contrées Orientales, par des verrues qui font
Fecumole à diftribuées , fans aucun sde fur fon corps; par fa
te, eh couleur re tachetée de roufftre & par fa queue
pet à à peine plus longue que le corps, que des bandes
“ | difpofées avec une forte d'irrégularité rendent inéga—
lement étagée.
A … (a) Le Grifon. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta Turcica, 23. Linn. amphib. rept.
ÆEdw. av. 204, tab, 204. Laceïta minor cinerea maculata abatica,
264 HisTOrrEe NATURELLE
L’UMBRE (:)
L'Uusre , qui fe trouve dans plufeurs contrées
chaudes de l'Amérique , a la tête très-arrondie ; l’occi-
put eft chargé d’une callofité aflez grande & denuée
d'écailles. La peau, qui eft fur la gorge, forme un
pli profond : la couleur du corps eft nébuleufe ; les
écailles étant relevées en arête, & leur fommet étant
aigu, le dos paroît ftrié. La queue eft ordinairement
plus longue que le corps. #
(a) L'Umbre. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta Umbra , 29. Linn. amph. rept.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 365$
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Le Prissé a l'occiput calleux comme l’umbre;
mais la peau, qui eft fur la gorge, forme deux plis
au lieu d’un. Il diffère encore de l’umbre par plufieurs
traits : des écailles coniques font paroître fa peau cha-
grinée ; le deflus des yeux eft comme à demi-crénelé:
derrière les oreilles font deux verrues garnies de pointes.
Sur la partie antérieure du dos règne une petite den-
telure formée par des écailles plus grandes que les
voifines, & qui lie le PIiffé avec le galéote & l’agame.
Une ride élevée s'étend de chaque côté du cou jufques
-fur les pattes de devant, & fe replie fur le milieu du
dos. Les doigts font die. garnis d'ongles aplatis,
& couverts par-deflous d’écailles aiguës. La queue eft
ronde, & ordinairement plus longue que le corps. Le
PIifté 2 trouve dans les Indes.
C'eft à ce lézard qu'il paroït qu'on doit rapporter
celui que M. Pallas a nommé /éliofcope , dans le fup-
plément latin de fon voyage en différentes parties
(een Donna OR
(a) Le Phffé. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta Plica, 30, Linn. amphib. rept.
3066 Hirsrorre NATURELLE
de l'Empire de Ruffie. Il habite les provinces les moins
froides de ce vafte empire ; on le trouve communément
fur les collines dont la température eft la plus chaude,
expofé aux rayons du foleil, la tête élevée, & fouvent
tournée vers cet aftre; fa courfe eft très-rapide.,
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) | 15 N’EST SOUVENT que de la Îongueur du doigt ;
. les écailles du dos relevées en carêne, le font paroîtré
à À un peu hériffé. Sa queue diminue de groffeur jufqu’à
l'extrémité qui fe termine en pointe. Il eft jaune fous
le corps, & d’une couleur plus fombre fur le dos, lé
long duquel s'étendent quatre raies jaunes. Îl n’a point
fous le ventre de bandes tranfverfales. |
L’efpèce de l’Algire n’eft pas réduite à fes petites
dimenfions , par défaut de chaleur, puifque c’eft dans
: = la Mauritanie & dans la Barbarie qu'il habite. Ceft
. de ces contrées de l’Afrique qu'il fut envoyé pat
| M. Brander à M. Linné qui la fait connoître ; & l’on.
à ne peut pas dire que les côtes feptentrionales de PA=
: frique étant plus échauffées qu'humides, l’ardenté féche-
: refle des contrées où l’on trouve lPAlgire, influe fur fon
À volume, & qu'il na une très-petite taille, que parce
| qu'il manque de cette humidité fi néceflaire à plu-
fieurs Quadrupèdes ovipares, puifque l'on conferve aû
{a) L’Algire. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique,
Lacerta Algira , 26. Linn. amph. rept,
368 HisrTorre NATURELLE
Cabinet du Roi un Algire entièrement femblable aux
lézards de fon efpèce, & qui cependant a été envoyé
de la Louifiane, où l'humidité eft auf grande que la
chaleur eft vive. |
M. Shaw a écrit que l’on trouve très-fréquemment
en Barbarie fur les haies & dans les grands chemins,
un lézard nommé 7ermouméah ; il n'indique point la
grandeur de cet animal ; il dit feulement que fa queue
eft longue & menue; que le fond de fa couleur eft
d'un brun clair; qu'il eft rayé d’un bout à l’autre, &
qu'il préfente particulièrement trois ou quatre raies
| jaunes (b). Peut-être ce lézard eft-il un Algire.
Au refte, il paroïit que l’Algire fe trouve auffi dans
les contrées méridionales de l'Empire de Ruflie, &
que l’on doit regarder comme une variété de ce lézard,
celui que M. Pallas a nommé /ézard enfanglanté ou
couleur de fang (c), qui reflemble prefquen tout à
l’Algire, & qui a quatre raies blanches fur le dos,
mais dont la queue cendrée par-deffus & blanchâtre à
l'extrémité, eft par-deflous d'un rouge d'écarlate.
(b) Voyage de M. Shaw , dans plufeurs Provinces de la Barbarie
€ du Levant, à la Haye, 1743 vol. 1, page 324.
(ce) Supplément au Voyage de M. Pallas,
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LE STELLION.
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LE STELLITON ().
LX QUEUE de ce lézard eft communément aflez
courte, & diminue de groffeur jufqu’à l'extrémité. Les
7 Re , qui la couvrent, font aiguës & difpofées par
anneaux. D’autres nd. petites & pointues revêtent
le deflus & le deffous du corps , qui d’ailleurs eft
garni, ainfi que la tête, de tubercules aigus où de.
piquans plus ou moins . bien loin d’avoir une
forme agréable, le Stellion reflemble un peu au cra-
paud, fur-tout par la tête, de même que le tapaye
avec lequel il a beaucoup de rapports, & dont quel-
ques Auteurs lui ont donné les divers noms. Mais fi
fes proportions déplaifent , {es couleurs charment ordi-
a —_————
(2) Stellione tarentole, en plufieurs endroits d'Italie.
Piftilloni , en plufieurs autres endroits du méme Pays.
Tapayaxin, en Afrique.
Le Stellion. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta Stellio, 20. Linn. amphib. rept.
Haffèlquift itin. 301. Lacerta Stellio.
Tourneforé, Voyag. 1, page 119, t. 220. Cofordilos.
Séba, mus 2, tab. 8 , fig. 6 & 7.
Cordylus Stellio, 80. Laurenti fpecimen medicum.
Ovipares, Tome I. Aaa
Le Hrisrorrs NATURELLE:
nairement la vue. Il préfente le plus fouvent un doux.
mélange de blanc , de noir, de gris & Re de
vert, dont il eft comme be
Il habite l'Afrique, & il ny eft pas confiné dans
les régions les plus chaudes, puifqu’ il eft également
au Cap de Bonne-efpérance & en Egypte (b). On
le rencontre auffi dans les contrées Orientales & dans
les Ifles de VArchipel, ainfñi qu'en Judée & en Syrie
où il paroit d’après Bélon, qu’il devient très-grand (c).
M. François Cetti dit qu’il eft affez commun en Sar-
daigne , & qu'il y habite dans les maifons ; on l'y
nomme tarentole, ainfi que dans plufeurs provinces
d'Italie (d) ; & c’eft une nouvelle preuve de l'emploi
qu'on a fait pour plufñeurs efpèces de lézards de ce
nom de farentole , donné, ainfi que nous l'avons dit, à
une variété du lézard vert. Mais c’eft fur - tout aux
environs du Ni, que les Stellions font en grand nom-
2 « ; | | ;
(8 ) L'individu, que nous avons décrit, a Êté apporté d'Egypte, au
Cabinet du Roi. |
(c) cc fl ÿ a une manière de lézards noirs, nommés lors. ve
auf gros queft une petite belette , lear ventre fort enflé & la tête
groffe , defquels le pays de Judée & de Syrie eft bien garni. » Bélon,
obfervations , &c. Edit. de Paris, 15543 Livre II, Chap. LXXIX,
| Page 139.
(d) Hifloire naturelle des Es & des fe de la SATRNeREe
Safari , 2777 » page 20.
|
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DES Qraprvrinss OVFIPARES. 371
bre. On en trouve beaucoup autour des pyramides
& des anciens tombeaux qui fubfiftent encore fur
l'antique terre d'Egypte. Ils sy logent dans les inter-
valles que laiffent les différens lits de pierres, & ils
sy nourriflent de mouches & d’infeétes ailés. |
On diroit que ces pyramides , ces éternels mo-
numens de la puiflance & de la vanité humaines, ont
été deftinées à préfenter des objets nait en
plus d'un genre; c'eft en effet dans ces vaftes mau-
{olées qu'on va recueillir avec foin les excrémens du
petit lézard dont nous traitons dans cet article. Les
Anciens qui en faifoieut ufage , ainfi que les Orientaux
modernes, leur donnoïent le nom de crocodilea (e),
apparemment parce qu'ils penfoient qu'ils venoient
du crocodile (f) ; & peut-être ces excrémens n’au-
roient-ils pas été aufli recherchés, fi l’on avoit fu que
l'animal qui les produit n’étoit ni le plus grand ni le
plus petit des lézards, tant il eft vrai que les extrêmes
en impofent préfque toujours à ceux dont les regards
ne peuvent pas embrafler la chaine entière des objets.
Les modernes, mieux inftruits, ont rapporté ces
(e) Nous trouvions aufli des Stellions, defquels les Arabes re-
cucillent les excrémens, qu'ils portent vendre au Caire, nommés ence
grec crocodilea. De-R , les Marchands nous les apportent vendre. »
Bélon, Livre II, Chap. LXy 111, page 132.
(f) Stercore fucatus crocodili, Horace.
Aaaï
2 Hisrorre Narurgsizz.
excrémens au Stellion, à un lézard qui n'a rien de
très-remarquable ; mais déjà le fort de cette matière
abjecte étoit décidé ; & fa valeur vraie ou fauñe étoit
” établie. Les Turcs en ont fait une grande confomma-
tion , ils sen fardoient le vifage : ; & il faut que les l
Stellions aient été bien nombreux en Egypte, puifque, .
pendant long-tems, on trouvoit prefque par-tout, & L
en très-grande abondance , cette matière que l'on nom-
moit ffercus lacerti , ainfl que (rer erenes
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 373
LE.SCINOUE Ce,
Cz LÉZARD eft fameux, depuis long-tems, par la
vertu remarquable qu’on lui a attribuée. On a pré-
tendu que pris intérieurement , il pouvoit ranimer des
forces éteintes, & rallumer Les feux de l'amour mal-
gré les glaces 7 l'âge & les faites funeftes des excès.
Auffi lui a-t-on déclaré en plufeurs endroits, & lui
fait-on encore une guerre cruelle. Les payfans d Egypte
prennent un grand nombre de nues qu fils portent
(a) cxiynos OU XIyY0S » en grec.
Scincus, en latin.
Ray, Synopfis animalium, page 271. Scincus,
Le Scinque. M. d'Aubenton ; Encyclopédie méthodique.
: Lacerta Scincus, 22. Linn. amphib. rept. | .
Gron. mus. 2 , fol. 76, N° 49. Scincus.
Seb. mus. 2, fol. 112, tab. 105, fig 3.
Imperat. nat.;s 906. Lacerta Lybia.
Olear. mus. 9, tab.8, fig 1. |
Aldr. ovip., Livre I, Chap. xr1. Lacertüs cyprius Scincoides.
Hafela. Itin. 309, N° 58.
Scincus officinalis, 87. Laurenti Jpecimen medium.
374 HrsrTorre NATURELLE
au Caire & à Alexandrie, d'où on les répand dans
différentes contrées de l'Afie. Lorfqu'ils viennent d’être
tués, on en tire une forte de jus dont on fe fert dans
les maladies; &, quand ils ont été defléchés, on les
réduit en poudre qu'on emploie dans les mêmes vues
que les fucs de leur chair. Ce n'eft pas feulement en
Âfe, mais même en Europe qu on a eu recours à
ces moyens défavoués par la Nature, de fuppléer par
des apparences trompeufes, à des forces qu’elle refufe,
de hâter le dépériflement plutôt que de le retarder,
& de remplacer par des jouiflances vaines, des plai-
“à qui ne valent que par un nn. A tous
s fecours d'un art menfonger ne peu ent taie
pie (b). :
Il n'eft pas + que ceux qui n’ont vu le
Scinque que de loin & qui l'ont apperçu fur le bord
des eaux, laient pris pour un poifion, il en a un peu
l'apparence par fa tête qui femble tenir immédiate-
ment au corps, & par fes écailles affez Sands; lifes,
d'une forme femblable tant au-deflus qu'au-deflous
du corps, & qui fe recouvrent comme les ardoifes fur
les toits. La mâchoire de deflus eft plus avancée que
(8) Hañlelquift dit que l'on apporte Les Scinques de l'Egypte
fupérieure & de l'Arabie à Alexandrie, d'où on les envoie à Venile &.
à Marfeille, & de-là dans les différens endroits de l'Europe, “ee
Voyage en Palefiine, page 36: L.
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couleurs
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 375
celle de deflous: la queue eft courte & comprimée
par le bout.
La couleur du Scinque eft d’un roux plus ou moins
foncé , blanchâtre fous le corps , & traverfée fur
le dos par des bandes brunes. Mais il en eft de ce
lézard, comme de tous les autres animaux dont la
couverture eft trop foible ou trop mince pour ne point
participer aux diflérentes altérations que l'intérieur
de l'animal éprouve. Les couleurs du Scinque fe ter
niflent & blanchifilent lorfqw'il eft mort ; &, dans l’état
de deffication & d’une forte de nr où on l'ap-
porte en Europe, il paroït d'un jaune blanchâtre &
comme argenté. Au refte, les couleurs de ce lézard,
ainfi que celles du plus _ nombre des animaux,
font toujours plus vives dans les pays chauds que dans
les pays tempéré; & leur éclat ne doit-il pas aug-
menter en eflet avec l'abondance de la lumière, la
vraie & l'unique fource première de toute ee de
couleurs ?
M. Linné a écrit que les Scinques mavoient point
d'ongles : tous les individus que nous avons examinés
paroïfloient en avoir: mais, comme ces animaux étoient
defléchés, nous ne pouvons rien aflurer à ce füujet. Au
refte , notre préfomption fe trouve confirmée par celle
d'un . Obfervateur, M. FAos. C Cetti fc).
{c) Hifloire naturelle des amphibies € des poigins de la Sade
376 Hisrorre Narurettre
Ontrouve le Scinque dans prefque toutes les con-
trées de l'Afrique, en Egypte, en Arabie , en Libie
où on dit quil eft plus grand qu'ailleurs, dans les Indes
& peut-être même dans la plupart des pays très-
chauds de l'Europe. Non-feulement fon habitation de
choix doit être déterminée par la chaleur du climat,
mais encore par l'abondance des plantes ee
dont on dit qu il fe nourrit. C’eft peut-être à à cet ali-
ment plus exalté, & par conféquent plus adif, qu'il
doit cette vertu ftimulante qu'on auroit pu fans doute
employer pour foulager quelques maux (d) , mais
dont il ne falloit pas fe fervir pour dégrader le noble
feu que la Nature fait naître , en s'eflorçant envain
de le rallumer, lorfqu'une dafion in Lee P a éteint
pour toujours.
= Le Scinque vit dans l’eau, ainfi qu'à terre. On l'a
cependant appellé crocodile terretre , & certainement
c’eft un grand abus des dénominations que l’applica-
tion du nom de cet énorme animal à un petit lézard,
qui n’a que fept ou huit pouces de longueur. Auf
Profper Alpin penfe-t-il que le Scinque des modernes
n'eft pas le lézard défigné , fous le nom de crocodile
terreftre , par les Anciens ot par D.
(4) Pline dit que le Scinque a été regardé comme un remède contre
les bleflures faites par des fiches empoifonnées, Livre XX VIIT, LE
pitre XXX.
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DES OvADR UPÈDES OYIPARES. 27
dote, Paufanias, Diofcoride, & célébré pour fes vertus
actives & ftimulantes. Il croit u’ils avoient en vue
au q
un plus grand lézard que l’on trouve, ajoute-t-il, au-
deflus de Memphis, dans les lieux fecs , & dont il
donne la figure. Mais cette figure ni le téxte n’indi-
quant point de caractère très-précis, nous ne pouvons
rien déterminer au fujet de ce lézard mentionné par
Alpin (e). Au refte, la forme & la brièveté de fa
queue empêchent qu'on ne le regarde comme de la
même efpèce que la dragonne, ou le tupinambis, ou
iguane.
(e) Profper Alpin, tome 1, Chap. y. De animalibus Lacertofis ia
Ægypto viventibus.
Ovipares, Tome I. Bbb
onQ hs rorne Narunssasr-
fe mg ne mmereenmme RMTTECS EE csv rer nr nee im mme ce donnee,
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LE MABOUYA (:)
Le LÉZARD, dont il eft ici queftion, a une très-
‘grande reffemblance avec le fcinque ;. il n'en difière
bien fenfiblement À Pextérieur que parce que fes pattes
font plus courtes en proportion du corps, & parce
‘que fa mâchoire fupérieure ne recouvre pas la mâchoire
inférieure comme celle du fcinque. Il n’eft point le
{eul Quadrupède ovipare auquel le nom de Mabouya
ait été donné. Les Voyageurs ont appellé de même
un affez grand lézard, dont nous parlerons fous le nom
de doré, & qui a aufl\ beaucoup de reflemblance avec
le fcinque, mais qui eft diftingué de notre Mabouya,
en ce que fa queue eft plus longue que le corps, tandis
qu’elle eft beaucoup plus courte. dans le lézard dont
nous traitons. Pre EN A
_ Le Mabouya paroît être d’ailleurs plus petit que le
doré ; leurs habitudes diffèrent à beaucoup d'égards ;
(a) Sloane , vol 2 ; planche 273, fig 7 & 8. Salamandra minima
fufca maculis albis notata.
Dutertre. Hifi. naturelle des Antilles , vol. 2, page 375: Mabouyas
Rochefort, page 147. Mabouya.
Tiligugu & Tilingoni, en Sardaigne.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 379
& comme ils habitent dans le même pays, on ne peut
pas les regarder comme deux TA dépendantes du
climat; nous les confidérerons donc comme deux ef:
pèces diffinétes , jufqu'à ce que de nouvelles obferva-
tions détruifent notre opinion à ce fujet. Ce nom de
Mabouÿa, tiré de la langue des Sauvages de lAmé-
rique {eptentrionale , défigne tout objet qui infpire du
dégoût ou de l'horreur ; & à moins qu'il ne foit relatif
aux habitudes du (ératd dont il eft ici queftion , ainfi
qu'à celles du doré, il ne nous paroît pas devoir con-
venir à ces animaux, leur conformation ne préfentant
rien qui doive rappeller des images très-défagréables.
Nous l’adoptons cependant, parce que fa vraie figni-
fication peut être regardée comme nulle, Le de gens
fachant. la langue des Sauvages d'où il a été tiré, &
parce qu'il faut éviter avec foin de multiplier fans
néceffité les noms donnés aux animaux. Nous le con—
ervons de préférence au lézard dont nous » parlons ,
parce qu'il n’en a jamais reçu d'autre, & que Île ne
Mabouya a été nommé le doré par M. Linné, & par
d'autres Naturaliftes, | |
La tête du Mabouya paroît tenir immédiatement au
corps, dont la groffeur diminue infenfiblement du côté
de la tête & de celui de la queue. Il eft tout couvert.
pardeflus & pardeflous d’écailles rhomboïdales, fem
blables à celles des poiflons ; le fond de leur té
cft d'un jaune doré; plufeurs de celles qui garniflent :
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280 Hirsrorrz NATURErrE
le dos font quelquefois d'une couleur très-foncée, avec:
une petite ligne blanche au milieu. Des écailles noi-
râtres forment, de chaque côté du corps , une bande:
longitudinale ; la couleur du fond s’éclaircit le long.
du côté intérieur de ces deux bandes, & on y voit
régner deux autres bandes prefque Hlanches. Au refte,,
la couleur de ces écailles varie fuivant l'habitation des:
Mabouya : ceux qui demeurent au milieu. des bois
pourris, dans les endroïts marécageux, ainfi que dans:
les vallées profondes & ombragées, où les rayons du
foleil ne peuvent point parvenir, font prefque Noirs ::
& peut-être leurs couleurs juftifient-elles alors, jufqu'à
un certain point, ce quon a dit de leur afpeét, que
l’on a voulu trouver hideux ; leurs écailles paroiflent
enduites d'huile, ou d’une forte de vernis (4).
Le mufeau des Mabouya eft obtus; les ouvertures:
des oreilles font aflez grandes; les ongles crochus; la
queue eft grofle, émouflée, & très-courie. L'individu
confervé au Cabinet du Roi, a huit pouces de long.
Les Mabouya décrits par Sloane étoient beaucoup plus
(B) « Tertiam fpeciem Mabouyas appellat. Colore different qui in:
#arboribus patridis, in locis paluftribus, aut vallibus profunidioribus
» quo radit folares non penctrant, degunt. Nigri funt & afpcétu horridi;:
»unde Mabouyas id eft diabolorum nomen. 2b: indis is impoñtum. Pol-
wlicem circiter, aut paulo plus craffi funt; fex aut feptem pollices Jongi..
Pellis velut oleo inunéta videtur, 5 Ray, Synopfis Quadrupedum ,
_ page 268. -
fée, ne
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le mime
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 301
petits, parce qu'ils n’avoient pas encore atteint leur
entier développement.
Les Mabouya grimpent fur les arbres, ainf que fur
le faite & les chevrons des cafes des Nègres & des
Indiens ; mais ils fe logent communément dans les cre
vafles des vieux bois pourris ; ce n’eft ordinairement
que pendant la chaleur qu'ils en fortent. Lorfque le:
tems menace de la pluie, on les entend faire beau
coup de bruit, & on les voit même quelquefois quitter
leurs habitations. Sloane penfe que l'humidité qui règne:
dans l'air, aux approches de la pluie, gonfle les bois,
& en diminue par conféquent les intervalles au point
d'incommoder les Mabouya, & de les obliger à fortir.
Indépendamment de cette raifon, que rien ne force À
rejeter, ne pourroit - on pas dire que ces animaux font
naturellement fenfibles à l'humidité ou À la féchereffe .
de même que les grenouilles , avec lefquelles la. plupart
des lézards ont de grands rapports ; & que ce font les:
impreflions que les Mabouya reçoivent de l’état de l’at-
mofphère, qu’ils expriment par leurs mouvemens & par’
le bruit qu'ils font? Les Américains les crotent venim EUX,
ainf que le doré, avec lequel il doit être aifé > au premier
coup-d'œil, de les confondre ; mais cependant Sloane
& Brown difent qu’ils n'ont jamais pu avoir une preuve
Sertaine de l’exiftence de leur venin (c). Il arrive
_(6) Sloane , à l'endroit déjà cité.
302 Hisrotre NATURELLE
feulement quelquefois qu'ils fe jettent avec hardieffe
fur ceux qui les irritent, & qu'ils sy attachent aflez
fortement pour qu'on ait de la peine à s'en débar-
_raffer. |
C’eft principalement aux Antilles qu'on les ren-
contre. Lorfqu’ils font très-petits, ils deviennent quel-
quefois la proie d'animaux qui ne paroiflent pas au
premier coup-d'œil devoir être bien _ pour
eux. Sloane prétend en avoir vu un à demi-dévoré
par une de ces grofes araignées, qui font fi communes
dans les contrées chaudes de l'Amérique (C&). On
trouve aufh le Mabouya dans l’ancien monde : il eft
très-commun dans l’ifle de Sardaigne , où il a été
obfervé par M. François Cetti, qui ne la défigné que
par les noms fardes de as & tilingoni; Ce Natu-
ralifte à fort bien faifi fes traits de reflemblance & de
différence avec le fcinque (e), & comme il ne con-
noifloit point le Mabouya d'Amérique mentionné dans
Sloane , Rochefort & Dutertre, & qui eff entièrement
femblable au lézard de Sardaigne, qu’il a comparé au
fcinque , il n’eft pas furprenant qu'il ait penfé que fon
lézard n’avoit pas encore été indiqué par aucun Auteur.
M. Thunberg, favant Profeffeur d'Upfal, vient de
(à ) Sloane , à l'endroit déja cité.
(e) Hif. naturelle des amphibies © des e de la Sie
Safari , 1777 , page at.
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DES QUADRUPÈDES OPIPARES. 303
. donner la defcription d'un lézard qu'il a vu dans lIfle
de Java, & qu'il compare, avec raifon, au doré , ainfi
qu'au fcinque, en difant cependant qu'il difière de
l'un & de l'autre, & fur-tout du premier dont il eft
diftingué par la groffleur & la brièveté de fa queue.
Cet animal ne nous paroît être qu'une variété du
Mabouya , qui, dès-lors, fe trouve en Afe, ainfi qu'en
Europe & en Amérique. L'individu, vu par M. Thun-
berg , étoit gris cendré fur le dos, qui préfentoit quatre
rangs de taches noires, mélées de taches blanches, &
de chaque côté duquel $étendoit une raie noire.
M. Afzelius, autre favant Suédois , à vu dans la col-
lection de M. Bættiger, à Vefteras , un lézard qui ne
différoit de celui que M. Thunberg a décrit, que parce
qu'il n'avoit pas de taches fur le dos, & que les raies
latérales étoient plus noires & plus égales (f).
(f) Mémoires de l'Académie de Stockolm ; trimeflre d'Avril , de
l'année 1787 , page 123. :
Deféription du lézard appellé, par M. Thunberg , lacerta lateralis. |
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€ EST M. LINNÉ qui a donné à ce lézard le nom
que nous lui confervons ici ; ce Quadrupède ovipare
eft très-commun en Amérique, où il a été appellé, pe
Rochefort, brochet de terre, & où il a aufi été nommé
mabouya : mais comme È premier de ces noms pré-
fente une idée faufle , & que le fecond a été donné
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_ (a) Le Doré. M. d’Aubenton , Encyclopédie méaique :
Lacerta aurata, 35. Lin. re reptilia.
Scincus maximus fufcus. Slga: ne, Hifloire nature elle de la tes -
yol. à , planche 273, fig. 9. Dans la planche de Sloane , le Doré eft
repréfenté avec la queue bsauronp plus courte que le corps ; fi la figure
eft exacte, ce ne doit être qu une varièté individuelle , les autres Dorés,
mentionnés par les divers Naturaliftes, ayant tous la queue plus longue
que le corps, ainfi que les individus confervés au Cabinet du Roi, Se.
particulièrement celui qui a fervi pour la defcription contenue dans cet :
article. Brown dit d’ailleurs pofñtivement (page 463) que le lézard que
nous nommonsle Doré, a la queue plus longue qu ‘elle n'eft PR FAR
reprélentée dans les figures.
À Galliwafp, en Anglois , (voyez Sloane, Ibid),
Dutertre, page 314. Mabouya ou fcinq de terre,
Rochefort, page 149. Brochet de terre.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 305
à un autre lézard dont nous avons déjà parlé (6), &
auquel il a.été attribué plus généralement , nous pré-
férons la dénomination employée par M. Linné. Le
Doré a beaucoup de rapports, par fa conformation,
avec le fcinque, & fur-tout avec le mabouya ; il à
de même le cou auffi gros que le derrière de la tête ;
mais il eft ordinairement plus grand, & fa queue eft
beaucoup plus longue que le corps, au lieu aw’elle eft
plus courte dans le fcinque & dans le mabouya: d’ail-
leurs la mâchoire fupérieure n'eft pas plus avancée
que l’inférieure, comme dans le fcinque ; les ouver-
tures des oreilles font très-grandes & garnies à l’inté-
rieur de petites écailles qui les font paroître un peu
feftonnées. Ces caractères réunis le féparent de l’ef.
pèce du fcinque & de celle du mabouya ; mais il
leur reflemble cependant aflez pour avoir été com-
paré à un poiflon, comme ces derniers lézards : és
Brown, Voyage aux Antilles, page 463. Lacerta media fquamof ,
corpore & cauda oblongo-fubquadratis, auribus majoribus nudis. The
Gal ey-Wafn.
Séba, tome 2 , planche 10, fig. 4 © #. Scinq marin. Le lézard repré-
fenté dans le même volume, au N.° 6 de la planche 12, paroît être
le Doré. Séba le croyoit d'Afrique. Au refte , il eft bon d'obferver
que le N° de Séba, indiqué à l'article du Doré, dans la treizième édis |
tion de M. Linné, repréfente un tout autre lézard.
Gron. mus. 2, planche 75, N° 48. Scincus.
{b) Article du Mabouya. | à
Ovipares, Tome I
386 Hirsrorre Narurertrr
particulièrement pour avoir reçu le nom de Brocher
de terre, ainfi que nous venons de le dire. Il eft cou-
vert pardeflus & pardeflous de petites écailles arron-
dies , ftriées & brillantes : fes doigts font armés d’on-
gles aflez forts ; la couleur de fon corps eft d'un gris
argenté , tacheté d'orange, & qui blanchit vers les
côtés (c). Comme celles de tout animal, la vivacité
de fes couleurs s’efflace lorfqu’il eft mort ; mais, tandis
que la chaleur de la vie les anime, elles brillent.
d'un éclat très - vif qui donne une couleur d’or au
roux dont il eft peint; & c’eft de-là que vient fon
nom. Ses couleurs paroiflent d'autant plus brillantes
que fon corps eft enduit d’une humeur vifqueufe qui
fait l'effet d’un vernis luifant. Cette forte de vernis,
joint à la nature de fon habitation, l'ont fait appeller
falamandre ; mais nous ne regardons, comme de vraies
falamandres, que les lézards qui n'ont pas plus de
quatre doigts aux pieds de devant. Linné a écrit qu'on
le trouvoit dans lfle de Jerfay, près les côtes d'An-
gleterre ; à la vérité, il cite, à ce fujet, Edwards (tab.
247), & le lézard qui y eft repréfenté, elt très
différent du Doré. Il vit dans l'Ifle de Chypre: mais
c'eft principalement en Amérique & aux Antilles
qu'il eft répandu. Il habite les endroits maréca-
(c) Suivant Brown, fa couleur eft fouvent fale & rayée tranfverfa-
lement. Voyez l'endroit déja cité,
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 387
geux (d); on le rencontre auffi dans les bois (e) ;
fes pattes font fi courtes qu'il ne s’en fert, pour ainfi
dire , que pour fe traîner, & quil rampe comme les
ferpens , plutôt qu'il ne marche comme les Quadru-
pèdes (f). Auffi les lézards Dorés déplaifent -ils par
leur démarche & par tous leurs mouvemens, quoi
qu'ils attirent les yeux par l'éclat de leurs écailles &
la richefle de leurs couleurs. Mais on les rencontre
rarement, ils ne fe montrent guère que le foir, tems
apparemment où ils cherchent leur proie : ils fe tien-
nent prefque toujours cachés dans le fonds des cavernes
& dans les creux des rochers , d'où ils font entendre,
pendant la nuit, une forte de coaffement plus fort
& plus incommode que celui des crapauds & des
grenouilles (g). Les plus grands ont à-peu-près quinze
pouces de long (4). Brown dit qu’il y en a de deux
pieds (i). L'individu que nous avons décrit, & qui
eft confervé au Cabinet du Roi, a quinze pouces huit
lignes de longueur, depuis le bout du mufeau jufqu’à
l'extrémité de la queue, qui eft longue de onze pouces
(d) Sloane , vol. 2.
{e) Brown, à l'endroit déja cité.
(F) Ray, Synopfis animalium Quadrupedum » page 269.
(g) Ray, id |
(A) Ray, Ibid,
3) Brown, à l'endroit déjà cité,
Ccciÿ
388 Hisrorre NATUREITE
une ligne. Les jambes de derrière ont un pouce onze
lignes de long ; celles de devant font plus courtes,
comme dans les autres lézards.
Suivant Sloane , la morfure du Doré eft regardée
comme très- venimeufe, & on rapporta à ce Natu-
ralifle, que quelqu'un qui avoit été mordu par ce
lézard , étoit mort le lendemain. Les habitans des
Antilles dirent généralement à Brown, qu'il n'y avoit
point d'animal qui püt échapper à la mort, après
avoir été mordu par le Doré ; mais aucun fait pot
tif, à ce fujet, ne lui fut communiqué par une per-
fonne digne de foi (k). Peut-être eft-ce le nom de
Jalamandre qui a valu au Doré, comme au fcinque,
la réputation d'être venimeux, d'autant plus qu'il a
un peu les habitudes des vraies falamandres, vivant,
ainfi que ces lézards fur terre & dans l’eau. Cette
réputation laura fait pourfuivre avec acharnement,
& c'eft de la guerre qu'on lui aura faite, que fera
venue la crainte qui l’oblige à fuir devant l'Homme.
Jl paroît aimer les viandes un peu corrompues ; il
recherche communément les petites efpèces de crabes
de mer; & la dureté de la croûte qui revêt ces crabes,
»
(Æ) ce Ces animaux, continue Brown, ont les dents courtes, égales
& immobiles. » Ce qui lui fait penfer que leur poifon, fi réclement
ils font venimeur, eft dans leur five. Brown, a l'endroit déjà
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DES QUADRUPÈDES ÔVIPARES. 389
ne doit pas l'empêcher de s’en nourrir, fon eflomac
étant entièrement mufculeux. En tout , cet animal
bien plus nuïfible qu'avantageux, qui fatigue loreille
par fes fons, lorfqu'il ne blefle pas les yeux par fes
mouvemens défagréables , n’a pour lui qu’une vaine
richefle de couleurs qu'il dérobe, même aux regards,
en fe tenant dans des retraites obfcures, & en ne fe
montrant que lorfque le jour s’enfuit.
390 . .Hisrorre NarTurEerre
LE TAPAYE («)
Nous CONSERVONSà ce lézard té nom de Tapaye
que M. d’Aubenton lui a donné, par contraction du
nom fapayaxin, par lequel on le défie au Mexique
& dans la nouvelle Efpagne. Cet animal, qui a de
grands rapports avec le Stellion, eft remarquable par
les pointes aigues dont fon dos ef hériflé: fon corps
que l'on croiroit gonflé, eft prefque aufli large que
long; & c'eft ce qui lui a fait conferver par M. Linné
le nom d’orbiculaire, I] n’a point de bandes tranfver-
fales fous le ventre ; la queue eft courte; les doigts
font recouverts d'écailles pardeflus & pardeflous; le
fond de la couleur eft d'un gris blanc plus où moins
tacheté de brun ou de jaunâtre. Il y a, dans cette
(a) Le Tapaye, M. d’ Aubenron , Encyclopédie méthodique.
Lac, orbicularis, 2 3 Linn. amphib. rept. Lacerta cauda tereti mediocri,
yertice trimuricato abdomine fubrotundo.
Ray , Synopfis Quadrupedum , page 263. se feu Lacertus
otbicularis,
Séba mus. : , planche 109, figure 6.
Cordylus hifpidus, 79. Laurenti PERTE medicume.
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DES QUADRUPÈDES orrPARES. 391
‘efpèce , une variété diftinguée par la forme triangulaire
de la tête, affez femblable à celle du Caméléon, &.
par une forte de bouclier qui en couvre le deffus 622
On a donné auffi le nom de Tapaxin au Stellion qui
habite en Afrique; & comme le ftellion & le Tapaye
ont des piquans plus ou moins grands & plus ou moins
aigus , il n'eft pas furprenant que des Voyageurs aient ,
à la première vue, donné le même nom à deux ani
maux aflez différens cependant par leur conformation,
pour conftituer deux efpèces diftinctes. Le Tapaye n’eft
point agréable à voir; ila, par la groffeur & prefque
toutes les proportions de fon corps, une aflez grande
reflemblance avec un crapaud qui auroit une queue ,
& qui feroit armé d’aiguillons. Auffi Séba lui en a-til
donné le nom : mais fa douceur fait oublier fa diffor-
mité, dont l'effet eft d’ailleurs diminué par la beauté
de fes couleurs. Il femble n'avoir de piquants que pour
fe défendre ; il devient familier ; on peut le manier
fans qu'il cherche à mordre ; il a méme l'air de defirer
les carefles; & l’on diroit qu'il fe plaît à être tourné
& retourné. Il eft très-fenfible dans certaines parties
de fon corps, comme vers les narines & les yeux ,
(2) B. Lacerta cauda tereti brevi, trunco fubglobofo fupra muricato,
Linn. amphibia reptilla 122, +
Seba mus. 2, planche 83, figures 1, 2.
Cordylus orbicularis, 78. Laurenti fpecimen medicum,
392 Hrsrorre NATUREILE
& les Voyageurs affurent que, pour peu qu'on le touche
dans ces endroits, on y fait couler le fang. Il habite
dans les montagnes. Cet animal, qui ne fait point de
mal pendant fa vie, efl utile après fa mort ; on Pemploie
avec fuccès en médecine, féché & réduit en poudre (4).
Rem mr ro EP RER
(c) Ray, Synoplis Quadrupedum , page a63.
LE STRIÉ,
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LE
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 393
: ? È ; 1 |
LE STRIÉ (a),
nome La de
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M. LINNÉ a le premier parlé de ce lézard , que
lon trouve à la Caroline, & qui lui avoit été envoyé
par M. le Docteur Garden. La tête de ce Quadrupède
ovipare eft marquée de fix raies jaunes ; deux entre
les yeux, une de chaque côté fur l'œil, & une éga-
| lement de chaque côté au-deffous. Le dos eft noirâtre;
| cinq raies jaunes ou blanchâtres s'étendent depuis la tête
| jufqu'au milieu de la queue; le ventre eft garni
: d'écailles | qui fe recouvrent comme les tuiles des
| toits, & forment des ftries. La queue eft une fois &
demie plus longue que le corps, & n’eft point étagée.
(a) Le Strié. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta quinque-Lineata, 24. Lin. fYffema naturæ, edit. 13
Ovipares, Tome I. sr D d 4 si)
LE
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a D ; :
LE MARBRÉ. (>)
Le MARBRÉ fe trouve en Efpagne, en Afrique &
dans les grandes Indes. Il eft auffi très-commun en
Amérique ; on l'y a nommé très-fouvent 7: éMAPArA à
nom qui a été donné dans le même continent à plu-
fieurs efpèces de lézards, ainfi que nous l'avons déjà
vu, & que nous ne on à aucune, pour ne pas
_obfcurcir la nomenclature. Il paroït que, me les deux
continens, le voifinage de la zone torride. Jui eft très-
favorable; fa tête eft couverte de grandes écailles ; ; il
a fousla gorge une rangée d’ autres écailles plus petites,
& relevées en forme de dents. , qui s'étend jufque vers
la poitrine, & forme une Morte de crête plus fenfible
dans le mâle que dans la femelle. Le ventre n’eft point
couvert de bandes tranfverfales ; le deflous des cuifles
eft garni d’un rang de huit ou dix tubercules difpofés
longitudinalement , mais moins marqués dans la femelle
LT
(a) Le Marbre. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta Marmorata, 37. Linn, amphib. rept.
Seba, mus. 2 , planche 88, fig. 4. Temapara, 6 2, planche 76, fa +
Edwards ay., tabula 245, fig 2.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 395
que dans le mâle. Le Marbré a le deflus des ongles
noir , ainfi que le galéote. Un de fes caractères diftinctifs,
eft d'avoir la queue beaucoup plus longue en proportion
du corps qu'aucun autre lézard. Un individu de cette
efpèce, envoyé des grandes Indes au Cabinet du Roi
par M. Sonnerat , a la queue quatre fois plus longue
que le corps & à tête. Les écailles dont la queue du
Marbré eft couverte, la font paroïtre a par neuf
arètes longitudinales. |
La couleur du Marbré eft verdâtre fur la téte,
grifâtre, & rayée tranfverfalement de blanc & de noir
fur le deffus du corps; elle devient roufle fur les
cuifles & les côtés du bas-ventre , où elle eft marbrée
de blanc & de brun; & l’on voit fur la queue des
taches évidées & rouffâtres , qui la font paroître tigrée.
L'on devroit peut-être rapporter au Marbré le lézard
d'Afrique, appellé warral par Shaw, & Guaral par
Léon. Suivant le premier de ces auteurs, le warral
a quelquefois trente pouces de long ( apparemment
en y comprenant la queue ): fa couleur eft ordinaire-
ment dun rouge fort vif, avec des taches noirâtres.
Ce rouge n'eft pas très-différent du roux que préfente
le Marbré; d’ailleurs la couleur de ce dernier reffemble
bien plus à celle qu’indique Shaw , que celle des autres
lézards d'Afrique. Shaw dit qu’il a obfervé que toutes
les fois que le warral s'arrête, il frappe contre terre
avec fa queue. Cette habitude peut très-bien convenir
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306 Hrsrorre NATURELLE
au Marbré, qui a la queue extrémement longue &
déliée , & qui, par conféquent , peut l’agiter avec
facilité. Les Arabes , continue Shaw , racontent fort
gravement que toutes les femmes qui font touchées par
le battement de la queue du warral, deviennent ftcriles.
Combien de merveilles n'a-t-on pas attribuées dans
tous les pays aux Quadrupèdes ovipares (à)!
(b) Voyage de Shaw, du plufieurs provinces de la Barbare ë da
Levant , à la Haye, 1743, vol à , pages 32 3 © Juivant Fed
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LE ROQUET.
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we nemeererere
Nous APPELLONS AINSI un lézard de la Mar-
tinique qui a été envoyé au Cabinet du Roi, fous le
nom d'anolis, & de lézard de jardin. Il n’eft point
le vrai anolis de Rochefort & de Ray, que nous avons
cru devoir regarder comme une variété de Paméiva.
Ce nom d’anolis a été plus d’une fois attribué À des
efpèces différentes l’une de Pautre. Mais fi le lézard,
dont il eft queftion dans cet article, n’a point les ca-
radères didtindifs du véritable anolis ou de laméiva,
il a beaucoup de rapports avec ce dernier animal.
Il eft femblable au lézard décrit fous le nom de
| Roquet, par Dutertre & par Rochefort, qui connoif-
_ oïient bien le vrai anolis, & qui avoient obfervé l’un
& l’autre en vie dans leur pays natal. Nous avons
1
1)
{a) Dutertre, vol. 2, page 3123. Roquet.
* Rochefort, Hifloire des Antilles, page 147: Kogsé
Ray, Synopfis Quadrupedum , page 268.
Sloane , vol. 2, planche 273, fig. 4.
Lacertus cinereus minor, en Anglois the leaft Hght Brown , or Grey
bizard. | | |
399 Hrsrorre NATUurREzIr
donc cru devoir adopter l'opinion de ces deux Voya-
geurs; & c’eft ce qui nous a engagé à lui confervet
le nom de Roguet , que Ray lui a auf donné.
Il fe rapproche beaucoup, par fa conformation,
du lézard gris; mais il en diffère principalement, en
ce que le deflous de fon corps n’eft point garni d’écailles
plus grandes que les autres , & difpofées en bandes
pui
tranfverfales. Il ne devient jamais fort grand ; celui ji
qui eft au Cabinet du Roi a deux pouces & demi de
|
long, fans compter la queue , qui eft une fois plus La
longue que le corps (b). Il eft d'une couleur de feuille ‘ ki
morte , tachetée de jaune & de noirâtre : les yeux font Ê F
brillans , & l'ouverture des narines eft aflez grande: it,
il a, prefqu'en tout, les habitudes du lézard gris. Il vit re
comme lui dans les jardins ; il eft d'autant plus agile, Le û
que fes pattes de devant font longues, & en élevant Lin
fon corps, augmentent fa légèreté. 11 a d’ailleurs les #, al
ongles longs & crochus, & par conféquent il doit un de À
grimper aifément. Il joint à la rapidité des mouvemens, ds; il à
l'habitude de tenir toujours la tête haute. Cette atti- ti qu
tude diftinguée ajoute à la grace de fa démarche, ou M «
plutôt à l'agrément de fa courfe, car il ne cefle, pour que
ainfi dire, de s'élancer avec tant de promptitude, que que réf
l'on a comparé la vivacité de ces petits bonds, à la …
(8) Le Roquet , que Sloane 2 décrit , étoit beaucoup plus petit. LT
corps n'avoit qu'un pouce de long, & la queue un pouce & demi, 1 dou |
+ au”
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 399
vitefle du vol des oifeaux fc ). I aime les lieux hu-
mides ; on le trouve fouvent parmi les pierres, où il fe
plait à fauter de l’une fur l’autre (d ). Soit qu'il coure
ou qu'il s'arrête, il tient fa queue prefque toujours re-
levée au-deflus de fon dos , comme le lézard de la
Caroline, auquel nous avons confervé le nom de lézard-
lion. Il replie même cette queue, qui ef très-déliée,
de manière à ce qu’elle forme une efpèce de cercle.
Malgré fa pétulance, fon caraétère eft doux : il aime
la compagnie de l’homme , comme le lézard gris &
le lézard vert. Lorfque fes courfes répétées l’ont fa-
tigué, & qu'il a trop chaud, il ouvre la gueule, tire
fa langue, qui eft très-large & fendue à l'extrémité ,
& demeure pendant quelque tems haletant comme
les petits chiens. C’eft apparemment cette habitude ;
qui, jointe à fa queue retrouflée, & à fa tête rele-
vée, aura déterminé les Voyageurs à lui donner le
nom de Kyard Roguet. Il détruit un grand nombre d'in-
fectes ; il s'enfonce aifément dans les petits trous des
terrains qu'il fréquente, & lorfquil y rencontre de
petits œufs de lézards ou de tortues, qui, n'étant re-
vêtus que d'une membrane molle , n’oppofent pas une
grande réfiflance à fa dent, on a prétendu qu'il sen
(c) Ray, Synopfis animalium , page 268.
(d) Sloane, à l'endroit déja cité.
2400 Hisrorre NATURELLE
nourrifloit (e). Nous avons déjà vu quelque chofe de
{emblable dans lhiftoire du lézard gris ; & fi le Roquet
préfente une plus grande avidité que ce dernier ani-
mal, ne doit-on pas penfer qu'elle vient de la vivacité
de la chaleur bien plus forte aux Antilles, où il a
été obfervé, que dans les différentes contrées de l'Eu-
rope, où l'on a étudié les mœurs Ms lézard gris ?
(e) Voyez, dans le Dictionnaire d'Hiftoire naturelle de M. Bomare,
Particle du lézard-Roquet. |
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LE ROUGE-GORGE (4)
Le ROUGE-GORGE, que l'on voit À la Jamaïque ,
dans les haies & dans les bois, eft ordinairement long
de fix pouces, & de couleur verte ; il a au-deflous du
cou une véficule globuleufe qu’il gonfle très-fouvent ,
particulièrement lorfqu'on l'attaque ou qu’on lefftaie À
& qui paroit alors rouge, ou couleur de rofe. Il na
point de bandes tranfverfales fur le ventre : la queue
eft ronde & longue. Sa parure eft, comme l’on voit,
afez jolie; & c’eft avec plaifir qu'on doit regarder
l'agréable mélange du beau vert du deflüs de fon
corps avec le rofe de fa gorge. 1
mm
(a) Le Rouge-gorge. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Lacerta bullaris , 32. Linn. amph. rept. | .
Catefby, car, 2 , tabula 66. Lacerta viridis Jamaicenfis.
Ovipares 3 Tome °
402 Hisrorre NAruRH1zLE
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LE GOITREUX (:)
Le GoÎTREUX , qui habite au Mexique & dans
l'Amérique méridionale, préfente de belles couleurs,
mais moins agréables & moins vives que celles du
Rouge-gorge. I1 eft d’un gris pâle, relevé fur le corps
par des taches brunes, & fur le ventre par des bandes
d'un gris foncé. La queue eft ronde, longue, annellée,
d’une couleur livide & verdâtre à fon origine. I a,
vers la poitrine , une efpèce de goître, dont la fur-
face eft couverte de petits grains rougeâtres, & qui
‘étend en avant en s'arrondiflant, & en formant une
très-grande boffe. |
Ce lézard eft fort vif, très-lefte, & fi familier,
qu'il fe promène fans crainte dans les appartemens,
fur les tables, & même fur les convives. Son attitude
eft gracieufe, fon regard fixe; il examine tout avec
(a) Le Goïîtreux. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta ftrumofa, 33. Linn. amphibia reptilia.
Seba , mus. à , tabula 20, fig. 4. Salamandra mexicana ftrumofa,
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DES QuanruPrkpes OPIPARES. AD.
une forte d'attention ; on croiroit qu'il écoute ce
que l’on dit. Il fe nourrit de mouches, d'araignées, &
d'autres infectes, qu’il avale tout entiers. Les Goitreux.
grimpent sénent fur les arbres; ils sy battent fou-
vent les uns contre les autres. Lorfque deux de ces
animaux s'attaquent, c’eft toujours avec hardieñe; ils
S'avancent avec fierté; ils femblent fe menaceren agitant
rapidement leurs têtes; leur gorge s’enfle; leurs yeux
étincellent ; ils fe Cds enfuite avec . & fe
battent avec acharnement. D’autres Goîtreux e. ordi-
nairement fpectateurs de leurs combats, & peut-être ces
témoins de leurs efforts font-ils les femelles qui doivent
en être le prix. Le plus foible prend Ja fuite : fon ennemi
le pourfuit vivement, & le dévore, sil l’atteint ; mais
quelquefois il ne peut le faifir que par la queue, qui
de rompt dans fa gueule, & qu'il avale, ce qui donne
au lézard vaincu le tems de be ber.
On rencontre plufieurs Goîtreux privés de queue;
il femble que le défaut de cette partie influe fur leur
courage, & même fur leur force : ils font timides,
foibles & languiffans: il paroît que la ee ne repense
pas toujours, & qu'il fe forme un calus à l'endroit où
elle a été coupée.
Le Père Nicolfon, qui a donné plufieurs détails re-
latifs à l’hiftoire naturelle du Goîtreux l'appelle anolis,
nom que l'on a donné à l’améiva & à notre roquet :.
ec
44 - Hrsrorre NATuR£Irz
mais la figure, que le Père Nicolfon a publiée, prouve
que le lézard dont il a parlé ; eft celui dont il eft
queftion dans cet article (B).
(b) Effai fur l'Hifloire naturelle de Saint-Domingue, par le Père -
Nicoljon, Paris 1776, Jéélion 3, page 350 out
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. A4O$
LE TÉGUIXIN (:)
La COULEUR de ce lézard eft blanchâtre, tirant
fur le bleu, diverfifiée par des bandes d’un gris fombre,
& femée de points blancs & ovales. Son COrps pré
{ente un très - grand nombre de ftries. La queue fe
termine en pointe ; elle eft beaucoup plus longue que
le corps; les écailles qui la couvrent, forment des
bandes tranfverfales de deux fortes, placées alterna-
tivement. Les unes s'étendent en arc fur la partie {u-
périeure de la queue, que les autres bandes entourent
en entier. Maïs ce qui diftingue principalement le
Téguixin , c'eft que plufeurs plis obtus & relevés
règnent de chaque côté du corps, depuis la tête
jufqu'aux cuiffes : on voit aufli trois plis fous la
gorge.
ane ron set
(a) Le Téguixin. M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique.
Lacerta Teguixin, 34. Linn. amphib. rept. |
Séba 2 , tab. 98, figure 3. M. Linné a indiqué la première figure de
la planche 96 du même Volume, comme repréfentant le Téguixin :
mais elle repréfente évidemment le £upinambis que l'on a aufli appellé
T'épuixin.
406 Hisroirre Narvreitr
C’eft au Bréfil, fuivant article de Séba, indiqué
° RS, F
par M. Linné, quon. trouve ce lézard, dont le nom
Téguixin a té donné au Zupinambis par quelques
auteurs (b). |
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(5) Séba, vol. z, page 150. ee mie:
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LE TRIANGULAIRE (:).
C’esr dans l'Egypte qu'habite le lézard à queue
triangulaire : ce qui le diftingue des autres, c’eft la
forme de pyramide à trois faces que fa longue queue
préfente à fon extrémité, Le long de fon dos s'étend
une bande formée par quatre rangées d’écailles qui
différent par leur figure de celles qui les avoifinent.
Ces détails fufliront pour faire reconnoître ce lézard
par ceux qui lauront fous leurs yeux. Il vit dans
des endroits marécageux & voifins du Nil. Il a beaucoup
de rapports dans fa conformation avec le fcinque. C’eft
M. Hañfelquift qui en a parlé le premier. |
Les Egyptiens ont imaginé un conte bien abfurde
à l’occafion du Triangulaire: ils ont dit que les œufs
du crocodile renfermoient de vrais crocodiles lorf-
qu'ils étoient dépofés dans l’eau, & qu’ils produifoient
les petits lézards dont il eft queftion dans cet article, lorf-
qu'au contraire ils étoient pondus fur un terrain fec (4).
(a) Le Triangulaire. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Nilotica, 37. Linn. amphib. rept. |
Haffelquifi. Itin. 311, N° 59.
(2) Hafelquifi. Voyage déja cité.
LA DOUBLE-RAIE (4)
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Ce LÉZARD,que lon rencontre en Afe, eft com-
munément très-petit ; la queue eft très-longue , rela-
tivement au corps; deux raies d’un jaune fale s'étendent
de chaque côté du dos, qui préfente d’ailleurs fix
rangées longitudinales de points noirâtres. Ces points
font aufli répandus fur les pieds & fur la queue, &
ils forment fix autres lignes fur les côtés: le corps eft
arrondi & épais. Séba avoit reçu de Ceylan un individu
de cette efpèce: Suivant cet Auteur, les œufs de ce
lézard font de la groffeur d’un petit pois (4).
(a) La Double-raie, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lac. pundtata, 38. Linn. amphib. reptilia. |
Séba , tome 2 , planche à , fig. 9. |
Stellio punétatus, 06. Laurenti fpecimen medicum,
(2) Séba, à l'endroit déjà cité.
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LE SPUTATEUR.
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LE SPUTATEUR : grandeur de /lature
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LE SPUTATEUR (x).
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Nous AVONS DÉCRIT ce lézard d’après un individu
envoyé de Saint-Domingue à M. d’Antic, & que ce
Naturalifte a bien voulu nous communiquer. Sa lon-
gueur totale eft de deux pouces, & celle de la queue
d'un pouce. Il n’a point de demi-anneaux fous le COTPS ;
toutes fes écailles font luifantes ; la couleur en eft
blanchâtre fous le ventre, & d’un gris varié de brun
foncé fur le corps. Quatre bandes tranfverfales d’un
brun prefque noir règnent fur la tête & fur le dos;
une autre petite bande de la même couleur borde la
mâchoire fupérieure , & fix autres bandes femblables
forment comme autant d'anneaux autour de la queue.
ll ny a pas d'ouverture apparente pour les oreilles ;
la langue eft plate, large & un peu fendue à ler
trémité. Le fommet de la tête & le deflus du mufeau
{ont blanchâtres , tachetés de noir; les pattes variées
de gris, de noir & de blanc ; il y a , à chaque pied,
D rh part mm mm à 1
(a) Lacerta Sputator, M. Sparman, Mémoires de l Académie des
Sciences de Stockolm s année 1784, fécond tr imefire À ol. 164.
Ovipares , Tome I. FFf
AIO Histrorrre NATURELLE
cinq doigts, qui font garnis pardeflous de petites écailles,
& terminés par une efpèce de pelote ou de petite
plaque écailleufe , fans ongle fenfible.
M. Sparman a déjà fait connoître cette efpèce de
lézard , dont il a trouvé plufeurs individus dans le
Cabinet d'Hifioire naturelle de M. le Baron de Géer,
donné à l'Académie de Stockolm (4). Ces individus
ne diffèrent que très-légèrement les uns des autres,
par la difpofition de leurs taches ou de leurs bandes.
Îls avoient été envoyés, en 1755, à M. de Géer par
M. Acrelius qui demeuroit à Philadelphie, & qui
les avoit reçus de Saint-Euftache.
M. Acrelius écrivit à M. de Géer que le Sputateur
habite dans les contrées chaudes de l'Amérique ; on
_ l'y rencontre dans les maïfons, & parmi les bois de
charpente : on ly nomme Wood - Slave. Ce lézard
ne nuit à perfonne lorfqu'il n'eft point inquiété : mais
il ne faut l’obferver qu'avec précaution, parce qu'on
Jirrite aifément. Il court le long des murs; & fi
quelqu'un, en s'arrêtant pour le regarder, lui infpire
quelque crainte, il s'approche autant quil peut de
celui qu'il prend pour fon ennemi; il le confidere
avec attention, & lance contre lui une efpèce de
crachat noir affez venimeux , pour qu'une petite goutte
(b) Mémoires de l Académie de Stockolm , à l'endroit déja cité.
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DES QTADRUPÉÈDES OVIPARES. AIT
fafle enfler la partie du corps fur laquelle elle tombe.
On guérit cette enflure par le moyen de Pefprit-de-
vin ou de l'eau-de-vie du fucre mélés de camfre,
dont on fe fert aufli en Amérique contre la piquure
des fcorpions. Lorfque lanimal s'irrite, on voit quel-
quefois le crachat noir fe ramafler dans les coins de
fa bouche. C’eft de la faculté qu'a ce lézard de lancer
par fa gueule une humeur venimeufe, que M. Sparman
a tiré le nom de Sputator qu'il lui a donné, & qui fignife
cracheur. Nous avons cru ne devoir pas le traduire,
mais le remplacer par le mot Spurateur qui le rappelle.
Ce lézard ne fort ordinairement de fon trou que pen-
dant le jour. M. Sparman a fait defliner de très-petits
œufs cendrés, tachetés de brun & de noir, quil a
regardés comme ceux du Sputateur, parce qu'il les
a trouvés dans le même bocal que les individus de
cette efpèce , qui faifoient partie de la collection de
M. le Baron de Géer. |
Nous croyons devoir parler ici d’un petit lézard
femblable au Sputateur par la grandeur & par la
forme. Nous préfumons qu’il n’en eft qu'une variété,
peut-être même dépendante du fexe. Nous l'avons
décrit d'après un individu envoyé de Saint - Domingue
à M. d'Antic avec le Sputateur; & ce qui peut faire
croire que ces deux lézards habitent prefque toujours
enfemble, c’eft que M. Sparman l’a trouvé dans le
même bocal que les Sputateurs de la collection de
| FFE
A12 Hirsrorre NATURF1IIE
M. de Géer (c): aufñi ce favant Naturalifte penfe-t-if
comme nous, quil n'en eft peut-être qu'une variété.
L'individu que nous avons décrit a deux pouces deux
lignes de longueur totale, & la queue quatorze lignes;
il a, ainfi que le Sputateur , le bout des doigts garni
de pelotes écailleufes, que nous n'avons remarquées
dans aucun autre lézard. Sa couleur, qui eft le feul
caractère par lequel il diffère du Sputateur, eft aflez
uniforme ; le deffous du corps eft d’un gris fale, mêlé
de couleur de chair, & le deffus d'un gris un peu
plus foncé, varié par de très-petites ondes d'un brun
noirâtre, qui forment des raies longitudinales. L’indi-
vidu décrit par M. Sparman, différoit de celui que
nous avons vu, en ce que le bout de la queue étoit
dénué d’écailles , apparemment par une fuite de
quelqu'accident. |
(c) Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolm , année 1784»
fécond trimefire. |
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grandeur de lroid quart de flature
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Dont les doigts font garnis re de pis écailles , 3.
qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits (*).
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D E tous les Quadrupèdes ovipares, dont nous publions
l'hiftoire , voici le DÉEREr qui paroifle renfermer un
poifon at Nous n'avons VU, en quelque forte jar
; dans. fa planche qui repréfente le Gecko, l'rran
É (*) On peut voir
| : gement de ces écailles au-deflous des doigts.
(a) Tockaie, par les Siamois.
* Le Gecko. M. d’Aubenron, Encyclopédie méthodique.
Lac, Gecko , 22. Linn. amphib. rept.
Séba t, tab. 108 , fig 2, 5, 8 6 9.
Gekko teres., 57. Laurenti fpecimen medicum,
* Haffelg. Lier. 306. Lacerta Gecko.
A14 | Hirsrorre Narur£sitr
qu'ici les animaux fe développer, leurs propriétés aug
menter & leurs forces saccroître , que pour ajouter au
nombre des êtres vivans , pour contrebalancer lation
deftrudtive des élémens & du tems; ici la Nature paroît,
au contraire, agir contre elle-même ; elle exalte dans un
lézard , dont l’efpèce n’eft que trop féconde, une liqueur
corrofive , au point de porter la corruption & le dé-
périflement dans tous les animaux que pénètre cette
humeur active ; au lieu de fources de reprodu“tion &
de vie, on diroit qu’elle ne prépare dans le Gecko
que des principes de mort & d’anéantiflement.
Ce lézard funefte, & qui mérite toute notre atten-
tion par fes qualités dangereufes , a quelque reffem-
blance avec le caméléon; fa tête, prefque triangu-
laire, eft grande en comparaïfon du corps; les yeux
font gros, la langue eft plate, revêtue de petites écailles,
& le bout en eft échancré. Les dents font aigues, &
fi fortes, fuivant Bontius, qu’elles peuvent faire impref-
fion fur des corps très- durs, & même fur l'acier. Le
Gecko eft prefque entièrement couvert de petites
verrues plus ou moins faillantes; le deflous des cuiffes eft
garni d'un rang de tubercules élevés & creux, comme
Gron. mus. 2, page 78, N. 43. Salamandra.
Bont. jay. Lib. II, Cap. y, fol. 57. Salamandra indica.
… Jobi Ludolphi alias Leut-Holf di&i, Hifloria Æthiopica , Lib. Ti
Caput x111,/64, 5. Ejufdem commentanus , fol. 267.
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DES QUADRUPÉDES OVFIPARES A15
dans liguane, le lézard gris, le lézard vert, l’'améiva,
le cordyle, le marbré, le galonné, &c. Les pieds font
remarquables par des écailles ovales plus où moins
échancrées dans le milieu, auffi larges que la furface
inférieure de ces mêmes doigts, & difpofées régulière
ment au-deffus les unes des autres comme les ardoïifes
ou les tuiles des toits ; elles revêtent le deflous des doigts,
dont les côtés font garnis d'une petite membrane, qui
en augmente la largeur, fans cependant les réunir.
M. Linné dit que le Gecko n'a point d'ongles, mais
dans tous les individus confervés au Cabinet du Roi,
nous avons vu le fecond, le troifième, le quatrième
& le cinquième doigt de chaque pied, garnis d’un ongle
très-aigu, très-court & très-recourbé, ce qui sac-
corde fort bien avec l'habitude de grimper qu'a le
Gecko, ainfi qu'avec la force avec laquelle il s'attache
aux divers corps qu'il touche.
Il en eft donc des lézards comme datés anîmaux
bien diférens, & par exemple des oifeaux. Les uns
_ont les doigts des pieds entièrement divifés; d’autres
les ont réunis par une peau plus ou moins lâche;
d’autres ramañlés en deux paquets, & d’autres enfin
ont leurs doigts libres, mais cependant garnis d’une
membrane qui en augmente la furface. |
La queue du Gecko eft communément un peu plus
longue que le corps; quelquefois cependant elle eft plus
courte : elle eft ronde, menue, & couverte d'anneaux
416 Hrsrorre Narvrerirg.
ou de bandes circulaires très-fenfibles; chacune de ces
bandes eft compofée de plufieurs rangs de très-petites
écailles dans le nombre & dans l’arrangement def.
quelles on n'obferve aucune régularité, ainf que nous
nous en fommes aflurés par la conpittatfon de PPURRSS
individus ; c'eft ce qui explique les différences qu’on a
remarquées dans les defcriptions des Naturaliftes qui
avoient compté trop exactement dans un feul individu,
les rangs & le nombre de ces très-petites écailles.
Suivant Bontius, la couleur du Gecko eft d'un vert
clair, tacheté d’un rouge très-éclatant, Ce même
Obfervateur dit qu'on appelle Gecko le lézard dont
nous nous occupons, parce que ce mot imite le cri
qu'il jette, lorfqu’il doit pleuvoir, fur-tout vers la fin
du jour. On le trouve en Egypte, dans l'Inde , à Am-
boine , aux autres ifles Moluques, &c. Il fe tient de
préférence dans les creux des arbres à-demi pourris,
ainf que dans les endroits humides; on le rencontre
aufli quelquefois dans les maifons, où il infpire une
grande frayeur, & où on semprefle de le faire périr.
Bontius a écrit en effet que fa morfure eft venimeufe,
au point que fi la partie affetée n’eft pas retranchée
ou brûlée, on meurt avant peu d'heures. L’attouche-
ment feul _. pieds du Gecko eft même très-dangereux,
& empoifonne, fuivant plufieurs Voyageurs, les viandes
fur lefquelles jl marche : lon à cru qu'il les infectoit
par {on urine, que Bontjus regarde comme un poifon
des
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DES QvADRUPÈDES OPIPARES. 417
des plus corrofifs; mais ne feroit-ce pas auf par l'hu-
meur qui peut fuinter des tubercules creux placés fur
la face inférieure de fes cuifles? Son fang & fa fa-
live, ou plutôt une forte d'écume, une liqueur épaifle
& jaune, qui s'épanche de fa T lorfqu'il eft irrité,
ou lorfqu'il éprouve quelqu'affection violente, font
regardés de même comme des venins mortels ne
Bontius, ainfi que Valentin, rapportent que les habi-
tans de Java s'en fervoient pour empoifonner leurs
flèches,
Hañelquift afure aufh que les doigts du Gecko ré-
Patent un poifon, que ce lézard recherche les Corps
imprégnés de fel marin, & qu’en courant deflus, il
laïffe après lui un venin ee Il vit, au Cats.
trois femmes prêtes À mourir, pour avoir mangé du
fromage récemment falé, & fur lequel un Gecko avoit
dépofé fon poifon, Il fe convainquit de l’âcreté des
exhalaïfons des pieds du Gecko, en voyant un de ces
lézards courir fur la main de quelqu'un qui vouloit le
prendre : toute la partie fur laquelle le Gecko avoit
pañlé, fut couverte de petites puftules, accompagnées
de rougeur , de chaleur, & d’un peu de douleur, comme
celles qu'on éprouve quand on a touché des orties. Ce
témoignage formel vient à l'appui de ce que Bontius
dit avoir vu. Il paroït donc que , dans les contrées
chaudes de l'Inde & de l'Egypte, les Gecko contiennent
un poifon dangereux, & fouvent mortel; il n’eft dong
Ovipares, Tome I, | Gsg
415 Hirsrorre NATURErLIE
pas furprenant qu'on fuie leur approche, qu’on ne les
découvre qu'avec horreur , & qu'on s'efforce de les
éloigner ou de les détruire. Il fe pourroïit cependant
que leurs qualités malfaifantes variaflent fuivant les
pays, les faifons, la nourriture, la force, & l'état des
individus (b).
Le Gecko, felon Hafelquift, rend un fon fingulier,
qui reflemble un peu à celui de la grenouille, & qu'il
eft fur-tout facile d'entendre pendant là nuit. Il ef
heureux que ce lézard, dont le venin eft fi redou-
table, ne foit pas filencieux, comme plufieurs autres
Quadrupèdes ovipares, & que fes cris très-diftinéts &
particuliers puiflent avertir de fon approche, & faire
éviter fes dangereux poifons. Dès qu'il a plu, il fort
de fa retraite; fa démarche eft aflez lente : il va à
la chaflfe des fourmis &i des vers. C’eft à tort que
Wurfbainius a prétendu dans fon livre, intitulé: Sa-
damandrologia , que les Gecko ne pondoient point.
Leurs œufs font ovales, & communément de la
groffeur d’une noifette. On peut en voir la figure dans
la planche de Séba, déjà citée. Les femelles ont foin
de les couvrir d’un peu de terre, après les avoir dé
pofés ; & la chaleur du foleil les fait éclore.
_(B) Les Indiens prétendent que la racine de Curuma (terre mérite
ou fafran Indien) eft un très-bon remède contre la morfure du Gecko.
Bontius , à l'endroit déja cité,
sé dific
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. Al9
Les Mathématiciens Jéfuites, envoyés dans les Indes
orientales par Louis XIV, ont décrit & figuré un lézard
du Royaume de Siam, nommé rokaie, & qui eft évi-
demment le même que le Gecko. L’individu qu’ils ont
examiné , avoit un pied fix lignes de long, depuis le
bout du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue (c).
Les Siamois appellent ce lézard rokaie, pour imiter
le cri qu'il jette ; ce qui prouve que le cri de ce Qua-
drupède ovipare eft compofé de deux fons proférés
durement, difficiles à rendre, & que l’on a cherché à
exprimer, tantôt par tokaie, tantôt par Gecko.
.(c) Mémoires pour férvir à l'Hifloire naturelle des animaux ; (OM 3,
article du Tockaie, : |
420 Hirsroirre NATUR=:IzIY
LE GECKOTTE («}
Nous CONSERVONS ce nom à un lézard qui a une
* fi grande reflemblance avec le gecko, qu il eft très-
difficile de ne pas les confondre l’un avec l’autre quand
on ne les examine pas de près. Les Naturaliftes n'ont
même indiqué encore aucun des vrais caractères qui
les diftinguent. M. Linné feulement a dit que ces deux
lézards ont le même port & la même forme, mais
que le Geckotte, qu il appelle le mauritanique, a la
queue étagée , & que le gecko ne l'a point. Cette nes à
différence n’eft réelle que pepdans la jeunefle du tuilletr
Geckotte; lorfqu'il eft un peu âgé, fa queue eft au A
contraire beaucoup moins étagée que celle du gecko. |
proifent
Ces deux Quadrupèdes ovipares fe reflemblent fur- .
_ tout par la conformation de leurs pieds. Les doigts du Fit ln
Geckotte font comme ceux du gecko, garnis de mem- me : ï
io 2 | HET à
(a) Le Geckotte. M. Agent Encyclopédie méthodique. > ou
(| 5 Lacerta mauritanica, 22. Linn. amphib. reptilia. % plu f
| Seba, mus. 1 , tab. 108 ,fig 1, 3:4, 66 7. À premier:
Gecko verticillatus , 56, Gecko muricatus, 58. Laurenti fpecimen ile 6
medicurn.
te Can
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AMAER En
DbE£s QuADRUPÈDES OVIPARES, 421
brânes, qui ne les réuniflent pas, mais qui en élargif-
fent la furface ; ils font également revêtus par-deflous
d'un rang d'écaillés ovales, larges, plus ou moins
échancrées, & qui fe recouvrent comme les ardoifes
des toits. Mais, én exäminant attentivement un grand
nombre de gecko & de Geckotte de divers pays, con-
fervés au Cabinet du Roi, nous avons vu que ces deux
efpèces différoient conftlamment l’une de l'autre par
trois caractères très-fenfibles. Premièrement, le Geckotte
a le corps plus court & plus épais que le gecko;
fecondement, il n’a point au-deflous des cuifles un
rang de tubercules comme le gecko; & troïfièmement,
fa queue éft plus courte & plus grofle. Tant qu'il eft
encore jeune , elle eft recouverte d'écailles, chargées
chacune d’un tubercule en forme d'aiguillon, & qui,
par leurs difpofitions , la font paroître garnie d'anneaux
écailleux : mais à mefure que l'animal grandit, les
anneaux les plus voifins de l’extrémité de la queue dif.
paroiflent ; bientôt il n'en refte plus que quelques-uns
près de fon origine, qui s’oblitèrent enfin comme les
autres, de telle forte que quand l'animal eft parverh
à-peu-près. à fon entier développent on n'en voit
plus aucun autour de la queue : elle eft alors beau-
coup plus grofle & plus courte en proportion que dans
le premier âge; & elle n'eft plus couverte que de
très-petites écailles, qui ne préfentent aucune appa-
rence d’anneaux. Le Geckotte eft le feul lézard dans
422 © Hisrorre Narurszie
lequel on ait remarqué ce changement fucceffif dans
les écailles de la queue, Les tubercules ou aiguillons
qui la revêtent pendant qu’il eft jeune, fe retrouvent
fur le corps de ce lézard, ainfi que fur les pattes ;
ils font plus ou moins faillans, & fur certaines parties,
telles que le derrière de la tête, le cou, & les côtés
du corps, ils font ronds, pointus, entourés de tuber-
cules plus petits, & difpofés en forme de rofette.…
Le Geckotte habite prefque les mêmes pays que le
_gecko, ce qui empêche de regarder ces deux animaux
comme deux variétés de la même efpèce, produites
par une différence de climat. On le trouve dans l'ifle
d'Amboine , dans les Indes, & en Barbarie, d'où
M. Brander l’a envoyé à M. Linné. L'on peut voir,
au Cabinet du Roi, un très-petit Quadrupède ovipare,
qui y a été adreflé fous le nom de lézard de Saint-
Domingue ; c'eft évidemment un Geckotte: & peut-
être cette efpèce fe trouve-t-elle en effet dans le
nouveau monde, On la rencontre vers les contrées
tempérées, jufques dans la partie méridionale de la
Provence, où elle eft très-commune (b).
On l'y appelle rarente, nom qui a été donné au
(8) Note communiquée par M. Olivier , qui a bien voulu nous
faire part des obférvations qu'il a faites für les habitudes de cette eJpèce
de lard. rite |
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 433
ftellion, & à une variété du ‘lézard vert, ainf. que:
nous l'avons vu. On le trouve dans les ae (ea
dans les vieilles maiïfons, où il fuit les endroits Aie
bas, & humides, & où il fe tient communément fous
les toits. Il fe plaît à une expoñtion chaude ; il aimé
le foleil : il pafñle l'hiver dans des fentes & dans des
crevañles , fous les tuiles, fans y éprouver cependant
un engourdiflement parfait ; car, lorfqu’on le découvre;
il cherche à fe fauver, en marchant lourdement. Dès
les premiers jours du printems, il fort de fa retraite,
& va fe réchauffer au foleil; mais il ne s’écarte pas
beaucoup de fon trou, & il y rentre au moindre bruit :
dans les fortes hu. il fe meut fort vite, quoiqu'il
n'ait jamais l’agilité “æ pluficurs autres ii Il fe
nourrit principalement d’infectes. Il fe crampone faci-
lement , par le moyen de fes ongles crochus, & des
écailles qu'ika fous les pieds; auffi peut-il courir, non
feulement le long des murs, mais encore au- defoue
des planchers, & M. Oipiers que nous venons de
citer, l’a vu demeurer immobile pendant très-long-
tems a la voûte d’une églife.
Il reffemble donc au gecko, par fes habitudes, autant
que par fa forme. On a dit qu'il étoit venimeux, peut-
être à caufe de tous fes rapports avec ce dernier Qua-
drupède ovipare, qui, fuivant un très-grand nombre
de Voyageurs, répand un poifon mortel. M. Olivier
je
#,
424 HISTOIRE NATURELLE
affure cependant qu'aucune obfervation ne le prouve;
& que ce lézard cherche toujours à s'échapper larfs
qu'on le faifit.
Les Geckottes ne fortent point de leur trou lorfqu'il
doit pleuvoir; mais jamais ils n’annoncent la pluie par
quelques cris, ainfi qu'on l'a dit des gecko; & M. Oli
vier en à rest pris avec des pinces, fans qu ‘ils
fiflent entendre aucun fon.
LA TÉTE-PLATE
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innetanntstoenesnmenmen mener rome)
EA TÉTE-PLATE.
N OUS NOMMONS ainfi un lézard qui n’a encore
été indiqué par aucun Naturalifte. Peu de Quadrupèdes
ovipares font aufli remarquables par la fingularité de
leur.conformation. Il paroît faire la nuance entre plu-
fieurs efpèces de lézards: il femble particulièrement
tenir le milieu entre le caméléon , le gecko & la
falamandre aquatique; il a les principaux caractères
de ces trois efpèces. Sa tête, fa peau & la forme
générale de fon corps reflemblent à celles du camé-
lon; fa queue à celle de la falamandre aquatique,
& fes pieds à ceux du Gecko: aufi aucun lézard
_n'eft-il plus aifé À reconnoître, À caufe de la réunion
de ces trois caractères faillans; il en a d’ailleurs de
très-marqués , qui lui font particuliers. |
__ Sa tête, dont la forme nous à fuggéré le nom que
nous donnons À ce lézard, eft très-aplatie ; le deflous en
eft entièrement plat; l'ouverture de la gueule s'étend
jufqu'au-delà des yeux; les dents font très-petites &
en très- grand nombre; la langue eft plate , fendue
& aflez femblable à celle du Gecko. La mâchoire
Ovipares, Tome IL |.
42.6 HISTOIRE NATURELLE |
inféricure eft fi mince, quau premier coup-d'œil on
_feroit tenté de croire que l'animal a perdu une portion
de fa tête, & que cette mâchoire lui manque. La
tête eft d’ailleurs triangulaire, comme celle du ca-
méléon ; mais le triangle qu’elle forme eft
& elle ne pe point l'efpèce de cafque, ni les
dentelures qu'on remarque fur cette derniere. Elle ef
articulée avec le corps, de manière à former en
deflous un angle obtus, ce qui ne fe retrouve pas dans
la plupart des autres Quadrupèdes Hire Fe ci
très-grande; fa longueur eft à-peu-près la moitié de
celle du corps ; les yeux font très-gros & très-proémi-
nens; la cornée laiffe appercevoir fort diftinétement
l'iris, dont la prunelle confifte en une fente verticale,
comme celle des yeux du Gecko, & qui doit être
très-fucceptible de fe dilater, ou “ fe contracter, ï }
pour recevoir ou repouffer ï lumière. Les narines son
font placées prefqu'au bout du mufeau, qui eft moufle, We la
& qui fait le fommet de lefpèce de DL alongé, KE que €
formé par la tête. Les ouvertures des oreilles font tres- val
petites ; elles occupent les deux autres angles du “pre
triangle, & font placces auprès des coins de la gueule; tante à
la peau du deflous du cou forme des plis: le deflous me de,
du corps eft entièrement plat. RAT
Les quatre pieds du lézard à Fe ee font 8e lé
chacun divifés en cinq doigts; ces doigts font réunis dm
à leur origine par la peau des jambes qui les re- ia noi
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 427
couvre pardeflus & pardeflous ; mais ils font enfuite
très-divifés, fur-tout ceux de derrière, dont le doigt
intérieur cf féparé des aptes comme se beaucoup
de lézards, de manière à repréfenter une forte de
pouce. Mr leur extrémité , ils font garnis d’une
membrane qui les élargit , comme ceux du Gecko
& du Geckotte; & à cette même extrémité, ils font
revêtus Da de lames ou écailles qui fe recou-
vient comme les ardoifes des toits; elles font commu
nément au nombre de vingt, & placées fur deux rangs
qui s'écartent un peu l’un de l’autre au bout du doigt;
le petit intervalle qui fépare ces deux rangs, renferme
un ongle très-crochu, très-fort , & replié en defous.
La queue eft menue, & beaucoup plus courte que
le corps; elle paroiït très-large & très-aplatie , parce
qu'elle eft revêtue d’une membrane qui sétend de
chaque côté, & lui donne la forme dune forte de
rame. Il eft aifé cependant de diftinguer la véritable
queue que cette membrane recouvre, & qui préfente
pardeflus & pardeffous une petite faillie longitudinale,
Cette partie membraneufe n’eft point comme dans la
falamandre aquatique , placée verticalement ; mais
elle forme des deux côtés une large bande horizontale.
La peau qui revêt la tête, le corps , les pattes & la
queue du lézard à tête plate, tant deflus que deflous,
eftgarnie d’un très-grand nombre de petits points faillans,
Plus ou moins soie qui fe touchent & la font
Hhhij
428 Hrsrorre NATURELLE
paroitre chagrinée; & ce qui conftitue un cara@tère
jufqu'à préfent particulier au lézard à tête plate,
c’eft que la partie fupérieure de tout le corps eft
diftinguée de la partie inférieure par une prolonga-
tion de la peau qui règne en forme de membrane
frangée depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de
la queue, & qui s'étend également fur les quatre pattes,
dont elle diftingue de même le deffus d'avec Le defious.
Ce lézard n’a encore été trouvé qu'en Afrique; il
paroît fort commun à Madagafcar, puifque lon peut
voir, dans la colleétion du Cabinet du Roï, quatre in-
dividus de cette efpèce envoyés de cette Ifle. Cette
collection en renferme aufli un cinquième , que
M. Adanfon a rapporté du Sénégal; & c’eft fur ces
cinq individus, dont la conformation eft parfaitement
femblable, que j'ai fait la defcription que lon vient
de lire. Le plus grand a de longueur totale huit pouces
fix lignes, & la queue a deux pouces quatre lignes
de longueur. Aucun Naturalifte na encore rien écrit
touchant cet animal; mais il a été vu à Madagafcar
par M. Bruyéres, de la Société royale de Montpellier,
qui a bien voulu me communiqner fes obfervations
au fujet de ce Quadrupède ovipare. La couleur du
lézard à tête-plate, n’eft point fixe , ainfi que celle
de plufeurs autres lézards; mais elle varie, comme
celle du caméléon, & préfente fuccefhivement ou
tout-à-la-fois plufeurs nuances de rouge, de jaune ,
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2 con rent “rame à —
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 429
de vert & de bleu. Ces effets obfervés par M. Bruyères,
nous paroiffent dépendre des différens états de l'animal,
ainfi que dans le caméléon; & ce qui nous le perfuade,
c’eft que la peau du lézard à tête-plate ef prefque
entièrement femblable à celle du caméléon. Mais, dans
ce dernier, les variations de couleur s'étendent fur la
peau du ventre, au lieu que, dans le lézard dont il
eft ici queftion , tout le deffous du corps, depuis l'extré-
mité des mâchoires jufqu au bout de la queue, préfente
toujours une couleur jaune & brillante.
M. Bruyères penfe, avec toute raifon, que le lézard
que nous nommons téte-plate, eft le même que celui
que Flaccourt a défigné par le nom de Famo-cantrata ,
& que ce Voyageur a vu dans l'Ifle de Madagafcar (a):
C ’eft auffñi le Famocantraton dont Dapper a parlé (b).
Les Madégafles ne regardent le lézard à tête-plate
| qu'avec une efpèce d'horreur; dès qu'ils l apperçoivent,
ils fe détournent, fe couvrent même les yeux, &
fuient avec DÉCDIEE Flaccourt dit qu'il eft très-
dangereux , qu'il sélance fur les Nègres, & qu'il s’at-
(a) Hifloire de Madagafcar , par Flaccourt Chapitre XXXVIII,
Page 155-
Didionnaire d'Hifloire Tr de M. Bomare , article du Loue
CANTRATON.
(b) Dapper, deftription de L'Afrique , page 458.
430 HisTroirrse NAaTURELr=zE
tache fi fortement à leur poitrine (c) par le moyen
de la membrane frangée qui règne de chaque côté
de fon corps, qu'on ne peut l'en féparer qu'avec un
rafoir. M. Bruyères n'a rien vu de femblable ; il af-
fure que les lézards à tête-plate ne font point venimeux ;
il-en à fouvent pris À la main ; ils lui ferroient les
doigts avec leurs mâchoires, fans que jamais il lui
foit furvenu aucun accident. Il eft tenté de croire
que la peur que cet animal infpire aux Nègres, vient
de ce que le lézard ne fuit point à leur approche,
& qu'au contraire il va toujours au-devant d'eux la
gueule béante , quelque bruit que l’on faffe pour le
détourner; c'eft ce qui l’a fait nommer par des mate-
lots françois le Sourd; nom que l’on a donné aufñ
dans quelques Provinces de France à la falamandre
terreftre. Ce lézard vit ordinairement fur les arbres,
ainfi que le caméléon ; il sy retire dans des trous,
d'où il ne fort que la nuit, &, dans les tems pluvieux,
on le voit alors fauter de branche en branche avec
agilité ; fa queue lui fert à fe foutenir, quoique courte;
il la replie autour des petits rameaux; sil tombe à
terre, il me peut plus s’élancer; il fe traîne jufqu'à
Varbre qui eft le plus à fa portée; il y grimpe, &
y recommence à fauter de branche en branche. Il
, \ $ 2 .
(c) Le nom de Famocantrata que l'on à donné à ce lézard dans
Y'Ifle de Madagafcar , fignifie qué /aute à la poitrine.
y hi el
xabrés, É
5 un PL
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gale ONE
sent end
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Séba à
me, QU
en Arab
ec nor
Ke dell
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rt la def
eledeSé
h dits g
.
(4 Va
).
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A3
marche avec peine, ainfi que le caméléon; & ce
qui nous paroit devoir ajouter à la difhiculté avec
L | laquelle il fe meut quand il eft à terre, c’eft que | : ;
ex | fes pattes de devant font plus courtes que celles de
th | derrière, ainfi que dans les autres lézards, & que
LH | cependant fa tète forme un angle es le
“ | corps , de telle forte, qu'à chaque pas quil fait,
ui il doit donner du nez contre terre. nr
u | tion lui eft au dau favorable lorfqu il nie fur
L | | les arbres, fa tête pouvant alors fe trouver très-fouvent
| dans un plan horizontal. Le lézard à tête-plate ne ;
ñ | fe nourrit que d'infectes ; il a prefque toujours la
: { | gueule ouverte pour les faifir, & elle eft intérieure-
1 ment enduite d’une matière vifqueufe, qui les empêche
de s'échapper. | |
Séba a donné la figure d'un lézard qu'il dit fort
rare , qui, fuivant lui, e trouve en Egypte & |
_en Arabie, & qui doit avoir beaucoup de rapports
avec notre lézard à tête-plate: mais fi la defcription
& le deffin en font exacts , ils appartiennent à deux
efpèces différentes. On s'en convaincra , en compa-
rant la defcription que nous venons de donner, avec
celle de Séba (d). En effet fon lézard a, commelenûtre,
les doigts garnis de membranes , ainh que les deux
=.
(4) Stba , vol. à , planche 103, fig. 2
432 . Hisrorrx NarTurezzz
côtés de la queue; maïs il en diffère en ce que fa
tête & fon corps ne font point aplatis ; qu'il n’a point
la membrane frangée dont nous avons parlé; que les
pieds de derrière font prefque entièrement palmés ;
que la queue eft ronde , beaucoup plus longue que le
corps; & que la Hnbtase qui en garnit les côtés,
eft affé profondément feftonnée.
SIXIÈME DIVISION.
per
RTE
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eve Del.
Des
SEPS grandeur de /lature..
CÉZARDS
Qui n'ont que trois doigts aux pieds de devant
D ide pieds de derrière. |
14 E SEPS doit être confidéré de près, pour
nêtre pas confondu avec les ferpens. Ce qui en effet
diftingue principalement ces derniers d'avec. les lé.
zards , c'eft le, défaut de pattes & d'ouvertures pour
les. CUS mais on ne peut remarquer que difhici-
lement l'ouverture des oreilles du Seps; & fes pattes
font prefqu invifibles par leur extrême petitefle. Lorf-
quon le regarde, on crciroit voir un ferpent, qui, par
]
(a) La Cicigna, en Sardaigne. ee
Le Seps. M. d "Aubenton , Encydopédie méthodique. |
Lacerta Seps , 27. Linn. amphib. repr. ER
Ovipares , Tome I.
424 HisTOIREe NATURELILIr
une efpèce de monftruofité, feroit né avec deux pet tite
pattes aupies de la tête, & deux autres. ee
fituées aupres de l'origine de la queue. On le croiroit
d'autant plus, que le Seps a le corps très-long & très.
menu, & quil à l'habitude de fe rouler fur lui-même
comme les ferpens (b). À une certaine difiance, on:
feroit même tenté de ne prendre fes pieds que pour
des appendices informes. Le Seps fait done une des
nuances qui lient d’affez près les Quadrupèdes ovipares
avec Les vrais reptiles. Sa forme peu prononcée, fon carac-
tère ambigu, doivent contribuer à le faire reconnoître.
Ses yeux font très-petits, les ouvertures des oreilles
bien moins fenfibles que dans la plupart des lézards:
la queue finit par une pointe très-aigué ; elle eft com- | x pis
munément très-courte; cependant elle étoit aufñi longue sé du?
que le corps dans l'individu décrit. par M. Linné, & us neuf
qui faifoit partie de la collection du Prince äélphe: _ mul
Le Seps eft couvert d'écailles quadrangulaires, qui ax Jones
forment en tout fens des efpèces de ftries. à pouces
La couleur de ce lézard eft en général moins foncée lait en S
> 7 +. “ie ie »7
fous le ventre que fur le ve , le long duquel : sg
deux bandes, dont la teinte eft plus ou moins claire, à pit
ss A Ar s. es A 4 -# s PA ER :
& qui font bordées de chaque côté d'une petite raie eh q
La grandeur des Seps, ainfi que celle des autres dec]
e
ins
LT
(8) Hiffaire naturell: de la Sardaigne , par M. François Cetti.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AÀ3$
lézards, varie fuivant la température qu'ils éprouvent,
la nourriture qu'ils trouvent, & Ia tranquillité dont
ils jouiffent. C’eft donc avec raifon que la plupart des
Naturaliftes ont cru ne devoir pas afligner une grandeur
déterminée, comme un caractère rigoureux & diftinétif
de chaque efpèce ; mais il n'en eft pas moins intéreffant
d'indiquer les limites, qui, dans les diverfes efpèces,
circonfcrivent la grandeur, & fur-tout d’en marquer les
rapports, autant qu'il eft poflible, avec les diflérentes
contrées, les habitudes, la chaleur, &c. Les Seps, qui ne
parviennent quelquefois en Provence, & dans les autres
provinces méridionales de France, qu'à la longueur de
cinq ou fix pouces, font longs de douze ou quinze dans
des pays plus conformes à leur nature. Il y en a un aw
Cabinet du Roi, dont la longueur totale eft de neuf
pouces neuf lignes ; fa circonférence eft de dix-huit
lignes, à l’endroit le plus gros du corps; les pattes ont
deux lignes dé longueur, & la queue eft longue de
trois poucesatrois lignes. Celui que M. François Cetti
a décrit en Sardaigne, avoit douze pouces trois lignes
de long (apparemment mefure farde.)
Les pattes du Seps font fi courtes, qu'elles n’ont
quelquefois que deux lignes de long , quoique le corps
ait plus de douze pouces de longueur (c). À peine
paroiffent-elles pouvoir toucher à terre, & cependant
(c) Hifloire naturelle de la Sardaigne , pages 28 € füiv.
liii
436 | Hisrorrs NATURELLE
le Seps les remue avec vitefle, & femble sen LR
avec beaucoup d'avantage, 1? il marche (d). Les
pieds font divifés en trois doigts, à peine vifibles, &
garnis d'ongles, comme ceux de la plupart des autres
lézards. M. Linné a compté cinq doigts dans le Seps
qui faifoit partie de la colleétion du Prince Adoiphe
de Suède ; mais nous n'en avons jamais trouvé que
trois dans Îles individus de diflérens pays que nous avons
décrits, & qui font au Cabinet du Roi, avec quelque
attention que nous les ayons Écnfidérés. (ee quoique La
nous nous foyons fervis de très-fortes Lens
C'eft au Seps que lon doit rapporter le lézard indi-
qué par Ray, fous le nom de Seps, ou de lézard chal-
cide; M. Linné nous paroïit s'être trompé (e) en
appellant ce dernier lézard chalcide, & en le féparant
du Seps (f). Ea defcription que lon trouve dans Ray
convient très-bien à ce dernier animal; les raies noires.
le long du dos, & la forme rhomboïdale des écailles
que Ray attribue à fon lézard, font en effet des ca.
sactères diftinctifs du Seps (g). Le lézard défigné par
.(d) Hiffoire: naturelle de la Sardeigne , pages 28 € fuiv.
(e) Voyez, dans cette Hiftoire naturelle, l'article du chalcide..
-(f) Syflema naturæ amphib. reptilta. Lacerta ei tio 23:
(g) ce Seps ferpens pedatus potius eft quàm Lacerta. Parvus rat
»roturidus . lineis nigris in dorfo parallelis fecundum longitudinem
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ti, Da
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Sr
DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 437
22 élumma , fous le nom de + ou de chalcide (4),
féparé de Seps par M. Linné, & & appellé chalcide par
ce grand Naturalifte, eft aufli une fimple variété du
_Séps, affez voïûne de celle que l'on trouve aux en-
virons de Rome, aïnfi qu’en Provence, & dont on con-
ferve un individu au Cabinet du Roi. Le lézard de
Columna avoit , à là vérité, deux pieds de long, tandis
qué le Seps des environs de Rome, que l’on peut voir
au Cabinét du Roi, n'a que fept pouces huit lignes
de longueur; mais il préfentoit Les caractères ph dit
tinguent les véritables Seps. |
L'animal que M. Linné a rangé parmi les ferpens,
qu'il a appellé Anguis Quadrupède, & qu ‘il dit habiter
dans lifle de Java (i), eft de même un véritable Seps
tous les caractères rapportés par M. Linné conviennent
Ai À ce dernier lézard, excepté le défaut d'ouvertures
VE pour les oreïlles, & les cinq doigts de chaque pied;
mais M. Linné ajoutant Lo ces doigts font fi petits,
qu'on a bien de la peine à les apercevoir , on peut
croire que l'on.en aura aifément compté deux de
trop. D'aitleurs les ouvertures des oreilles du Seps font
dudtis d'ftindus … in acutanr caudam definebat.…. fquamæ reticulatæ, &
rhomboides. 5» Ray, Synopfis animaliurr,, fol. 272.
(h}) Fabii columneæ ecphra. Seps , Lacerta chalcidica, feu chalcides
{i) Syflema nature amphib., éditio 13, tom. ? , fol. 390.
430 HirsrTorrs NarTurgire
quelquefois fi petites, qu'il paroït en manquer abfo-
lument.
C'eft également au Seps qu'il faut rapporter les
lézards nommés vers ferpentiformes d'A frique, & dont
M. Linné a fait une efpèce particulière fous le nom
d'Anguina. Il fuffit, , pour s’en convaincre, de jeter les
yeux fur da lei de Séba, citée par L Naturalifte
Suédois ; la forme de la tête, la longueur du corps,
la difpoñition des écailles , ds pofition & la brièveté
des quatres pattes fe retrouvent dans ces prétendus
vers comme dans le Seps (£); & ce n’eft que parce
qu'on ne les a pas regardés d’aflez près, qu'on à attri-
bué des pieds non-divifés à ces animaux , que M. Linné
seit cru obligé par-là de féparer des autres: lézards,
Suivant Séba , les Grecs ont connu ces Quadrupèdes;
ils ont même cru être informés de leurs habitudes en.
certaïnes contrées, puifqu'ils les ont nommés acheloi &
elyoi, pour défigner leur féjour au milieu des eaux
troubles & bourbeufes. On les rencontre au Cap de.
Bonne-efpérance , vers la. baie de la Table, parmi.
. es rochers qui bordent la rivière. Suivant la figure de
Séba, ces Seps du Cap de Bonne-efpérance, ont la
queue beaucoup plus longue que Le comps (1).
#4
Cf ) fleme naturæ ar bia reptilie, edit. 13, vol. 1, page 372.
{ ! ) Séba.2, planche C8, fig.7 € 8.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 420
Columna , en diffléquant un Seps femelle, en tira
quinze fœtus vivans, dont les uns étoient déjà fortis
de leurs membranes, & les autres étoient encore
enveloppés dans une pellicule diaphane & renfermés
dans leurs œufs comme les petits des vipères. Nous
remarquerons une manière femblable de venir au
jour dans les petits de la falamandre terreftre; &
ainñ non-feulement les diverfes efpèces de lézards
ont entrelles de nouvelles analogies ; mais l’ordre
entier des Quadrupèdes ovipares fe lie de nouveau
avec les ferpens, avec les poiflons cartilagineux &
d'autres poiflons de différens genres, parmi lefquels
les petits de plufeurs efpèces fortent auf de leurs
œufs dans le ventre même de leur mère.
_Plufeurs Naturaliftes ont cru que le Seps étoit une
efpèce de falamandre. On a accufé la falamandre
d'être venimeule ; on a dit que le Seps Pétoit auf.
Il y a même long-tems que l’on a regardé ce lézard
comme un animal malfaifant , le nom de Seps que
les Anciens lui ont appliqué , ainfi qu'au chalcide,
ayant été auff attribué, par ces mêmes Anciens, à des
ferpens très-Venimeux, à des mille-pieds & à d’autres
bêtes dangereufes. Ce mot Seps dérivé de on7® (Sepo,
Je corromps ) peut être regardé comme un nom géné-
rique que les Anciens donnoient à la plupart des ani
maux dont ils redoutoient les poifons , à quelque ordre
d'ailleurs qu'ils les rapportaflent. On peut croire aufi
440 Hisrorre NATURErrz
qu'ils ont très-fouvent confondu , ainf que le plus.
grand nombre des Naturalifies venus après eux, le
chalcide & le Seps Se ils ont appellés tous deux non-
feulement du nom générique de Seps, mais encore
da nom particulier de chalcide (m ).
Quoi qu'il en foit, les ebfervations de M. Sauvage
paroiflent prouver que le Seps n'eft point venimeux
dans les provinces méridionales de France. Suivant ce
Naturalifte, la morfure des Seps n'a jamais été fuivie
d'aucun ct il rapporte en avoir vu manger
‘par une poule, fans qu’elle en ait été incommodée. Il
ajoute que la poule ayant avalé un petit Seps par la tête
fans l écrafer, il vit ce Iézard s'échapper du corps de la
poule, comme les vers de terre de celui des canards,
La poule le faifit de nouveau ; il sé “chappa de même;
mais à la troifième fois elle le coupa en deux. M. Sau-
vage conclut même, de la facilité avec laquelle ce
petit lézard fe glifle dans les inteftins , qu'il produiroit
‘un meilleur effet dans certaines maladies, que le plomb
& le vif argent (x). M. François Cetti dit auf que,
dans toute la Sardaigne, il n’a jamais entendu parler
d'aucun accident caufé par Ja morfure du Seps, que
(#2): Conradi er. Eré., H5j?. anim. Liber
fol v.
AA 7 a D é
(n) Mémoire, fur la nature des animaux venimeux , couronné par
L'Académie de Rouen > CN 1744
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DES QuAaDruPÈDEs OFIPARES. AA
teut le monde y regarde comme un animal innocent.
seulement, ajoute -t-il, lorfque les bœufs ou les
chevaux en ont avalé avec l’herbe qu'ils paiflent, leur
ventre s’enfle & ils font en danger de mourir , fi on
ne leur fait pas prendre une boiflon préparée avec
de l'huile, du vinaigre & du foufre (o).
‘Le Seps paroît craindre le froid plus que les tor-
tues terreftres & plufeurs autres Quadrupèdes ovi-
pares ; il fe cache plutôt dans la terre aux approches
de l'hiver. Il difparoît en Sardaigne , dès le commen-
cement d'Oétobre, & on ne le trouve plus que dans
des creux fouterrains; il en fort au phntene pour
aller dans les endroits garnis d'herbe, où il fe tient
encore pendant l'été, quoique l’ardeur du foleil l'ait
defléchée (p). - |
M. Thunberg a donné, dans les Mémoires de
l'Académie de Suède (g), la defcription d’un lézard
qu’il nomme abdominal, qui fe trouve à Java & à
Amboine , qui a les plus grands rapports avec le Seps
& qui n'en diffère que par la très-grande brièveté de
fa queue & le nombre de fes doigts. Mais comme il
‘paroït que M. Thunberg n'a pas vu cet animal vivant,
& que, dans la defcription ge il en donne, il dit que
(o) M. François Cetti, à l'endroit déjà cité,
(p) Idem, Tbidem.
{q) Mémoires de l'Académie de Stockoln ; trimefire d'Avril 1787
Ovipares, Tome I. Kkk
442 HisrTorre NATURE1IzE
l'extrémité de la queue étoit nue & fans écailles, où
peut croire que l'individu, obfervé par ce favant Dre.
fefleur , avoit perdu une partie de fa queue par quel-
que ic caE D'ailleurs nous nous fommes aflurés que
la longueur de la queue des Seps étoit en général très-
variable. D'un autre côté, M. Thunberg avoue qu’on
ne peut à l’œil nu dfngiet qu'avec beaucoup de peine
les doigts de fon lézard abdominal. Il _ donc
fe faire . l'animal eût été altéré après fa mort, de
manière à préfenter l'apparence de cinq petits doigts à à
chaque pied, quoique réellement il n’y en ait que trois,
ainfi que dans les Seps, auxquels il faudroit dès-lors le
rapporter. 5i au contraire le lézard abdominal a véri-
tablement cinq doigts à chaque pied, il faudra le re-
garder comme une efpèce diftinéte du Seps, & le com-
prendre dans la quatrième divifion où il pourroit être
placé à la fuite du fputateur. Au refte, perfonne ne
peut mieux éclaircir ce point d'Hiftoire naturelle, que.
M. Thunberg. |
= à ÈS
‘ LE CHALCIDE . grandeur de. flalture
DES: QUADRUPÉDES OVIPARES. 1443.
Li CHE CIDE.
Le sers net pas le feul lézard qui, par la petiteffe
de fes pattes à peine vifibles, & la grande diftance
qui fépare celles de devant de celles de derrière , faffe
la nuance entre les lézards & les ferpens; le Chalcide
eft également remarquable par la brièveté & la po-
fition de fes pattes, de même que par l’alongement
de fon corps. M. Linné, & plufieurs autres Natura-
lifles , ont regardé, ainfi que nous, le Chalcide comme
différent du feps, & ils ont dit que ces deux lézards
font diftingués l’un de l'autre, en ce que le feps a la
queue verticillée, tandis que le Chalcide la ronde, &
plus longue que le corps. Quelque fens qu’on attache
à cette expreflion verticillée , elle ne peut jamais repré-
{enter qu'un caractère vague & peu fenfble. D’un autre
côté, il n'y a rien de fi variable que les longueurs des
queues des lézards, & par conféquent toute diftinction
{pécifique fondée + ces longueurs, doit être regardée
comme nulle, à moins que leurs différences ne foient
très-grandes. Nous avons penfé d’après cela que le
lézard, appetlé Chalcide par M. Linné, pourroit bien
nêtre qu'une variété du feps, dont Difiénrs individus
Kkk ij
4AA Hrsrorrz NATuREtrE |
ont la queue à-peu-près aufli longue que le corps.
Nous l'avons penfé d'autant plus qu'il paroit que
M. Linné n'a point vu le lézard qu’il nomme Chal-
cide (a). Nous avons en conféquence examiné les
divers paflages des Auteurs cités par M. Linné, rela-
tivement à ce Quadrupède ovipare. Nous avons com-
paré ce qu'ont écrit à ce fujet Aldrovande, Columna,
Gronovius, Ray & Imperati : nous avons vu que tout
ce que rapportent ces Auteurs, tant dans leurs def-
criptions que dans la partie hiftorique, pouvoit s'ap-
pliquer au véritable feps (b). Il paroït donc qu’on
doit réduire à une feule efpèce les deux lézards connus
fous le nom de feps & de Chalcide. Mais il y a, au
Cabinet du Roi, un lézard qui refflemble au feps par
l'alongement de fon corps, la petitefle de fes pattes,
le nombre de fes doigts, & qui eft cependant d'une
efpèce différente de celle du feps, ainfi que nous allons
le prouver. Ce lézard n’a vraifemblablement été connu
P €
d'aucun des Naturaliftes modernes qui ont écrit fur le
Chalcide : c'eft, en quelque forte , une efpèce nouvelle
(a) L. Chalcides, 42. Linn. amphib. rept. |
Le Chalcide. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. :
_ (8) Aldrov. de Quadrup. digit. ovipar, Lib, I, fol, 638:
‘Column. ecphr. 2, fol. 35, t. 36
Gronoy. Zooph. 43.
Ray, Quadr. 272.
Imperat, nat. 917.
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. A4
que nous préfentons , & à laquelle nous appliquons cè
nom de Chalcide, qui n’a été donné par M. Linné &
les Naturaliftes modernes qu'à une variété du feps.
Notre Chalcide, le feul que nous nommerons ainfi,
diffère du feps par un caraétère qui doit empêcher de
les confondre dans toutes les circonftances. Le deflus
& le defflous du corps & de la queue font garnis dans
Je feps de petites écailles, placées les unes fur les au-
tres comme les ardoiïfes qui couvrent nos toits; tandis
que, dans le Chalcide, les écailles forment des anneaux
circulairés très-fenfibles, féparés les uns des autres par
des efpèces de fillons, & qui revêtent non-feulement
le corps, mais encore là queue.
Le corps de l'individu confervé au Cabinet du Roi,
a deux pouces fix lignes de longueur; il eft plus court
_que la queue, & entouré de quarante-huit anneaux.
La tête éft affez femblable à celle du feps, ainfi que
nous l’avons dit, mais il n'y a aucune ouverture pour
les oreilles, ce qui donne au Chalcide un rapport de
plus avec. lé ferpens. Les pattes font encore plus
courtes que celles du feps, én’ proportion de la lon-
gueur du corps; elles n’ont qu'une ligne de longueur.
Celles de devant font fituées très-près de la tête.
Ce lézard n’a que trois doigts à chaque pied, ainf
que le feps. Il eft d’une couleur fombre , qui peut-être
eft l'effet de l’efprit-de-vin dans lequel il a été con-
fervé, mais qui approche de la couleur de Pairain, que
446 - Hrirsrorre NATURE£EzrzEz
les Grecs ont défignée par le nom de Chaleis, (dérivé
de zaauoc airain) lorfqu'ils ont appliqué ce nom À
un lézard.
_ Cet animal, qui doit Hébiee les contrées chaudes,
a, par la MReserere de fes écailles & leur Fe
Fr en anneaux, d'aflez grands rapports avec le
ferpent orver, & les autres ferpens , que M, Linné a
compris fous la dénomination générique d’anguis, Il en
a auffi par-là avec plufeurs efpèces de vers, & fur-
tout avec un reptile, dont nous donnons l’hiftoire à la
fuite de celle des Quadrupèdes ovipares, & qui lie
l'ordre de ces derniers avec celui des ferpens encore
de plus près que le feps & le Chalcide.
Mais fi les efpèces de lézards, dont nous traitons
maintenant, préfentent , en quelque forte, une con-
formation intermédiaire entre celle des Quadrupèdes
ovipares, & celle des vrais reptiles, l’efpèce fuivante
donne à ces mêmes Quadrupèdes ovipares de nouveaux
rapports avec des animaux bien mieux organifés, &
particulièrement avec l’ordre des oifeaux, par les ef-
pèces d'ailes dont elle a été pourvue,
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. A4
LÉZARDS
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A ce CE NOM de Dci: Von conçoit toujours une
idée extraodinaire. La mémoire sg avec prompti=
tude, tout ce qu'on a lu, tout ce qu'on a oui dire
fur ce monftre fameux ; li nigination s’'enflamme par
(2) Le Dragon. M. d Hibentb, Encyclopédie méthodique.
© Draco volans, 7. Linn. amphib. rept.
® Bont. jav. Lib. V, Cap. 1, fol. 9. Lacertus volans feu Hrhcénéalos
indica. The flying indian lixard.
: Ray, Synopfis Quadrupedum, fol. 275. Lacerta volans,
. Brad. nat. t..9, f. 4. Lacerta volans.
_ Grim. Lacerta volans. ”
Séba 1, tab. 86, fig. 3. +
: Draco major , 76 Laurenti fpecimen medium:
448 Hrsrorre NAarurrt1E
le fouvenir des grandes images qu'il a préfentées au
génie poëtique : une forte de frayeur faifit les cœurs
timides; & la curiofité sempare de tous les efprits.
Les Anciens, les Modernes ont tous parle du Dragon.
Confacré par la religion des premiers Peuples, devenu
l'objet de leur mythologie, miniftre des volontés des
Dieux, gardien de leurs tréfors, fervant leur amour &.
leur haine, foumis au pouvoir je enchanteurs , vaincu
par les demi-Dieux des tems antiques, entrant même
dans les allésories facrées du plus faint des recueils &
il a été chanté par les premiers Poëtes, & repréfenté
avec toutes les couleurs qui pouvoient en embellir
l'image : principal ornement des fables pieufes, ima-
ginées dans des tems plus récens, dompté par les
héros, & même par les jeunes héroïnes, qui com-
battoient pour une loi divine; adopté par une feconde
mythologie, qui plaça les fées fur le trône des an-
ciennes enchanterefies; devenu l’emblème des actions
éclatantes des vaillans Chevaliers, il a vivifié la Poëñe
moderne , ainfi qu'il avoit animé l’ancienne : proclamé
par la voix févère de l'Hiftoire, Feu décrit, par-
tout célébré, par-tout redouté , montré fous toutes les .
formes , toujours revêtu de la plus grande puiflance,
inaolant fes victimes par fon regard, fe tranfportant
au milieu des nuées, avec la rapidité de l'éclair, frap-
pant comme la foudre, diflipant l'obfcurité des nuits
par l'éclat de fes yeux étincelans , réuniflant l’agilité
| de l'aigle,
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 449
de l'aigle, la force du lion, la grandeur du ferpent (6),
préfentant même quelquefois une figure humaine, doué
d'une intelligence prefque divine, & adoré de nos jours
dans de grands empires de lorient, le Dragon a été
tout, & s'eft trouvé par-tout, hors dans la Nature. Il
vivra cependant toujours, cet être fabuleux, dans les
heureux produits d'une imagination féconde. Il em-
bellira long-tems les images hardies d’une Poëfe en-
chanterefle : le récit de fa puiflance merveilleufe char-
mera les loïfirs de ceux qui ont befoin d’être quelque-
fois tranfportés au milieu des chimères, & qui defirent
de voir la vérité parée des ornemens d’un fiction
agréable : mais à la place de cet être fantaftique, que
trouvons-nous dans la réalité? Un animal, auf petit
que foible, un lézard innocent & tranquille, un des
moins armés de tous les Quadrupèdes ovipares, & qui,
par une conformation particulière, a la facilité de fe
tranfporter avec agilité, & de voltiger de branche en
branche dans les forêts qu’il habite. Les efpèces d’ailes
dont il a été pourvu, fon corps de lézard, & tous fes
rapports avec les ferpens, ont fait trouver quelque
forte de reflemblance éloignée entre ce petit animal
& le monftre imaginaire dont nous avons parlé, &
lui ont fait donner le nom de Dragon par les Natu-
raliftes. .
(2) Hy à des ferpens qui ont plus de quarante picds de long.
Ovipares , Tome IL. LI11
450 Hisrorre NATUREILE
Ces ailes font compofées de fix efpèces de rayons
cartilagineux , fitués horizontalement de chaque côté
de lépine du dos, & auprès des jambes de devant. Ces
rayons font écaibés en arrière ; ils foutiennent une
membrane, qui s'étend le long du rayon le plus an-
térieur jufqu'à fon extrémité, & va enfuite fe ratta-
cher, en sarrondiflant un peu, auprès des jambes de
derrière. Chaque aile repréfente ainfi un triangle, dont
la bafe s'appuie fur lépine du dos; du fommet d'un
triangle à celui de l’autre, il y a à-peu-près la même
diffance que des pattes de devant à celles de derrière.
La membrane qui recouvre les rayons eft garnie d'é-
cailles , ainfi que le corps du lézard, que l'on ne peut
bien voir qu’en regardant au--deflous des ailes , & dont
on ne diftingue par-deflus que la partie la plus élevée:
du dos. Ces ailes font conformées comme les nageoires
des poiflons, fur-tout comme celles dont les poiffons
volans fe fervent pour fe foutenir en l'air. Elles ne
reflemblent pas aux ailes dont les chauves-fouris font
ane & qui font compofées d'une membrane pla-
cée entre les doigts très-longs de leurs pieds de devant;
elles diffèrent encore plus de celles des oifeaux formées
de membres, que l’on a appellés leurs bras : elles ont
plus de rapport avec les membranes qui s ’étendent des
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jambes de devant à celles de derrière dans le pola-
touche & dans le taguan, & qui leur fervent à vol
tiger. Voilà donc le Dragon, qui placé, comme tous
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ASI
les lézards, entre les poiffons & les Quadrupèdes vivi-
pares, fe rapproche des uns par fes rapports avec les
poiflons volans, & des autres, par fes reflemblances
avec les polatouches & les écureuils, dont il eft l’ana-
logue dans fon ordre.
Le Dragon eft auffi remarquable, par trois efpèces
de poches alongées & pointues, qui garniflent le deffous
de fa gorge, & qu'il peut enfler à volonté pour aug-
menter fon volume, fe rendre plus léger, & voler
plus facilement. C’eft ainfi qu'il peut un peu compenfer
linfériorité de fes ailes, relativement à celles des
oïfeaux , & la facilité avec laquelle ces derniers,
Zorfqu’ils veulent s’alléger , font parvenir l'air de leurs
poumons dans diverfes parties de leur corps.
Si l’on ôtoit au Dragon fes ailes & les efpèces de
poches qu'il porte fous fon gofier, il feroit très-femblable
à la plupart des lézards. Sa gueule eft très-ouverte, &
garnie de dents nombreufes & aiguës. Il a fur le dos
trois rangées longitudinales de tubercules, plus ou moins
faillans, dont le nombre varie fuivant les individus.
Les deux rangées extérieures forment une ligne courbe,
dont la convexité eft en-dehors. Les jambes font affez
longues; les doigts, au nombre de cinq à chaque pied,
font longs, féparés, & garnis d'ongles crochus. La queue
eft ordinairement très-déliée, deux fois plus longue que
le corps, & couverte d’écailles un peu relevées en
carène. La longueur totale du Dragon n'excède guère
LI ÿ
452 HirsTorre NarTurEertzs=
un pied. Le plus grand des individus de cette efpèce
confervés au Cabinet du Roi, a huit pouces deux lignes
de long, depuis le bout du mufeau jufqu'à l'extrémité
de la queue , qui eft longue de quatre pouces dix
lignes.
Bien différent du Dragon ‘de la fable, il paffe inno-
cemment fa vie fur les arbres, où il vole de branche
en branche, cherchant les fourmis, les mouches, les
papillons, & les autres infectes dont il fait fa nourri-
ture. Lorfqu’il s’'élance d’un arbre à un autre, il frappe
l'air avec fes ailes, de manière à produire un bruit
affez fenfible, & il franchit quelquefois un efpace de
trente pas. Il habite en Afie (c), en Afrique & en
Amérique ; il peut varier, fuivant les différens climats,
par la teinte de fes écailles ; mais il préfente fouvent
{c) « Dans une petite Ifle voifine de celle de Java, la Barbinais vit
+5 des lézards qui voloient d'arbres en arbres, comme des cigales. Il en.
sstua un, dont les couleurs lui causèrent de l'étonnement par leur
‘ssvarièté. Cet animal étoit long d’un pied ; il avoit quatre pattes comme
sles lézards ordinaires, Sa tête étoit plate; & , f£ bien percée au milieu,
wgwon y auroit pu palfér une aiguille fans le bleffer. Ses.ailes étoient
ssfort déliées & refflembloient à celles du poiflon volant. Il avoit, autour
»du cou , une efpèce de fraife femblable à celle que les coqs ont au-
mdeflous du gofer. On prit quelques foins pour conférver un animal
auf rare; mais la chaleur le corrompit avant la fin du jour. »» Voyage:
de la Barbinais le Gentil, autour du monde. Hifloire générale des.
Voyages , tome 44, in-te,
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A53
un agréable mélange de couleurs noire , brune, pref-
que blanche ou légèrement bleuâtre , formant des
taches ou des raies. | | |
Quoiqu'il ait les doigts très-féparés les uns des autres,
il n’eft point réduit à habiter la terre sèche & le fom-
* met des arbres; fes poches qu'il développe & fes ailes
qu'il étend, replie & contourne à volonté, lui fervent
non-feulement pour s’élancer avec vitefle, mais.encore
pour nager avec facilité. Les membranes qui com-
pofent fes ailes, peuvent lui tenir lieu de nageoires
puiffantes ; parce qu’elles font fort grandes à propor-
tion. de fon corps ; & les poches qu'il a fous la gorge
doivent , lorfqu’elles: font gonflées, le rendre plus léger
que l’eau. Cet animal privilégié a donc reçu tout ce
qui peut être néceflaire pour grimper fur les arbres,
pour marcher avec facilité, pour voler avec vitefle,
pour nager avec force : la terre, les forêts, l'air, les
eaux lui appartiennent également ; fa petite proie ne
peut lui échapper ; d’ailleurs aucun afile ne lui ef
fermé ; aucun abri ne lui eft interdit; s'il eft pour-
fuivi fur la terre, il s'enfuit au haut des branches,
ou fe réfugie au fond des rivières ; il jouit donc d'un
fort tranquille & d'une deftinée heureufe , car il peut
encore, en s'élevant dans L'air, échapper aux ani-
maux que l’eau narrête pas.
M. Linné a compté deux efpèces de lézards volans.
a placé, dans la première, ceux de l’ancien monde,
454 Hirsrorre NATURELrE
dont les ailes ne tiennent pas aux pattes de devant,
& dans la feconde, ceux d'Amérique dont les ailes y
{ont attachées (d). Cette différence ne nous paroît pas
fuffire pour conftituer une efpèce diftinéte ; d’ailleurs
ce n’eft que fur l'autorité de Séba (e) dont les figures
ne font pas toujours exactes, que M. Linné a admis
lexiftence de lézards volans, dont les jambes de devant
fervent de premier rayon aux ailes ; il n’en a jamais
vu ainfi conformés; nous n'en avons jamais vu non
plus ; & nous mavons rien trouvé qui y eût rapport,
dans aucun Auteur, excepté Séba. Nous croyons donc
ne devoir admettre qu'une efpèce dans les lézards
volans, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations nous
obligent à en reconnoître deux (f).
(d) Draco præpos, Linn. amphib. rept.
Draco minor , 77. Laurenti fpecimen medicum,
(e) Séba 1, tab. 102, fig. 2.
(f) M. d'Aubenton n'a compté, comme nous , qu'une efpèce de
Hzard volant. Hifloire naturelle des Quadrupèdes ovipares ; Encycla-
pédie méthodique, | R
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Define del .
grandeur de. deux tirs de Mature ?.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, AS5
LÉZARDS
Qui ont trois ou quatre doigts aux pieds de bee
© @ quatre ou cing aux pieds de derrière.
LA SALAMANDRE
TERRESTRE (a)
ID SEMBLE que plus les objets de la curiofité de
À
l’homme font éloignés de lui, & plus il fe plaît à
leur attribuer des qualités merveilleufes, ou du moins
(a) En grec, Zarauaydiée,
En latin, Salamandra. …
En E/pagne, Salamanguefa & Salamantegua,
Samabras où Saambras par les Arabes.
Dans plufieurs Provinces de France , le Sourd,
Dans le Languedoc 6 La ages ; Blande,
En Dauphiné , Pkivine,
Dans le Lyonnois, Laverne,
En Bourgogne, Suifle,
456 HirsToirrEe NATURELLE
à fuppofer à des degrés trop élevés, celles dont ces
êtres, rarement bien connus, Jouiflent réellement.
L'imagination a befoin, pour ainfi dire, d'être de
tems-en-tems , fecouée par des merveilles ; l’homme
veut exercer fa croyance dans toute fa plénitude ;
il lui femble qu’il n'en jouit pas d'une manière aflez
libre , quand il la foumet aux loix de la raïfon: ce
n’eft que par-les excès qu'il croit en ufer; & il ne
sen regarde comme véritablement le maître, que
lorfqu'il la refufe capricieufement à la réalité, ou
qu'il l'accorde aux êtres les plus chimériques. Mais
Dans Le Poitou, Mirtil.
Dans plufieurs autres Provinces de France , Alebrenne où Arraffade.
En Normandie, Mouron.
En Flandres , Salemander.
. En quelques endroits d'Allemagne, Punter-Maal.
Le Sourd. M. d *Aubenton , Encyclopédie méthodique.
- Lacerta Salamandra, 47. Linn. amphibia rept.
Ray , Synopfis Quadrupedum , folio 273. Salamandra terrefis
Matthi. diofcor. 274, f. 274. Salamandra.
Aldroy. quadr. 641. Salamandra terreftris,
Jonff. Quadrup., t. 77, fol. 10.
Imperat. nat. 918.
Olear. mus. 1. 8, fig. 4
Wurfbainius. Salamandrologia, Norib. 1683.
Salamandra. Conrad Gefner , de Quadrup. ovip.
Salamandra maculofa , 4. Laurenti fpecimen medicum:
Séba, 2. tab. 12, fig. 5:
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DES QuarruPènrs OVIPARES, 457
il ne peut exercer cet empire de fa fantaifie, que
Jorfque la lumière de la vérité ne tombe que de loin
fur les objets de cette croyance arbitraire ; que lorfque
_l'efpace, le tems ou leur nature les LE panenit de nous;
& voilà pourquoi, parmi tous les ordres d'animaux,
il nen eft peut-être aucun qui ait donné lieu à tant
de fables que celui des lézards. Nous avons déjà vu
des propriétés aufli abfurdes qu'imaginaires accordées
à plufieurs efpèces de ces Quadrupèdes ovipares ; mais
nous voici maintenant à l'hiftoire d’un lézard pour
lequel l'imagination humaine s’eft furpañlée ; on lui a
attribué la plus merveilleufe de toutes les propriétés.
Tandis que les corps les plus durs ne peuvent échapper
à la force de l'élément du feu, on a voulu qu'un
petit lézard non - feulement ne fût pas confumé par
les flammes, mais parvint même à les éteindre. Et
comme les fables agréables s’'accréditent aifément, l’on
s'eft empreflé d'accueillir celle d’un petit animal fi
privilégié, fi fupérieur à l’agent le plus adtif de la
Nature, & qui devoit fournir tant d'objets de com-
paraifon à la poéfie, tant d'emblêmes galans à l’amour,
tant de brillantes devifes à la valeur. Les Anciens ont
cru à cette propriété de la Salamandre; defirant que
fon origine fût auffi furprenante que fa puiflance, &
voulant réalifer les fictions ingénieufes des poëtes, ils
ent écrit qu'elle devoit fon exiftence au plus pur des
élémens, qui ne pouvoit la confumer, & ils l'ont
Ovipares, Tome I, M m m
450 HisrTorre NATURE:r=»
dite fille du feu (&), en lui donnant cependant un
corps de glace. Les modernes ont adopté les fables
ridicules des anciens ; &, comme on ne peut jamais
sarrêter quand on a dépañlé les bornes de la vrai-
femblance, on eft allé jufquà penfer que le feu le
plus violent pouvoit être éteint par la Salamandre
terreftre. Des charlatans vendoient ce petit lézard,
qui, jeté dans le plus grand incendie, devoit, difoient-
ils , en arrêter les progrès. Il a fallu que des phyficiens,
que des philofophes priffent la peine de prouver par
le fait ce que la raïfon feule auroit dû démontrer ;
& ce n’eft que lorfque les lumières de la fcience ont
été très-répandues, qu'on a cefñlé de croire à la pro-
priété de la Salamandre.
Ce lézard, qui fe trouve dans tant de pays de l’ancien
monde , & même à de très-hautes latitudes ( c) , a
été cependant très-peu obfervé, parce qu'on le voit
rarement hors de fon trou, & parce qu'il a, pendant
long-tems, infpiré une aflez grande frayeur: Ariftote
même ne paroît en parler que comme d’un animal
qu'il ne connoifloit prefque point.
iQ
_ (8) Conrad Gefñer ; de Quadrupedibus oviparis. De Salamandra 3
fol. 79. | .
(c)» Auffi trouvames au rivage du Pont des Salamandres que nous
#2»nommons Sourds , Pluvines , Mirtils , font quañ communs en tous
lieux. » Bélon, ouvrage déja cité > Livre IIT, Chapitre zr, page a104
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A50
Il eft aifé à diftinguer de tous ceux dont nous nous
fommes occupés , par la conformation particulière de
fes pieds de devant, où il n’a que quatre doigts, tandis
qu'il en a cinq à ceux de derrière. Un des plus grands
individus de cette efpèce, confervés au Cabinet du
Roi, a fept pouces cinq lignes de longueur, depuis
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue, qui
eft longue de trois pouces huit lignes. La peau n’eft
revêtue d'aucune écaille fenfble ; mais elle eft garnie
d'une grande quantité de mamelons, & percée d’un
grand nombre de petits trous, dont plufeurs font très-
fenfibles à la vue fimple, & par lefquels découle une
forte de lait, qui fe répand ordinairement de manière
à former un vernis tranfparent au-deflus de la peau
naturellement sèche de ce Quadrupède ovipare.
Les yeux de la Salamandre font placés à la partie
fupérieure de la tête, qui eft un peu aplatie; leur
orbite eft faillante dans l’intérieur du palais, & elle y
eft prefque entourée d'un rang de très-petites dents,
femblables à celles qui garniffent les mâchoires (d).Ces
dents établiffent un nouveau rapport entreles lézards &
les poiflons dont plufieurs efpèces ont de même plu-
fieurs dents placées dans le fond de la gueule.
La couleur de ce lézard eft très-foncée ; elle prend
(d) Mémoires pour férvir à l'Hifloire des animaux , article de la
Salamandre.
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460 HisTorrEe NATUREILIE
une teinte bleuâtre fur le ventre, & préfente des
taches jaunes affez grandes, irrégulières, & qui s’éten-
dent fur tout le corps, même fur les pieds & fur les
paupières. Quelques-unes de ces taches font parfemées
de petits points noirs, & celles qui font fur le dos,
fe touchent fouvent fans interruption, & forment deux
longues bandes jaunes. La figure de ces taches a fait
donner le nom de Séellion à la Salamandre, ainf qu’au
lézard vert, au véritable ftellion, & au geckotte. Au
refte , la couleur des Salamandres terreftres doit être
fujette à varier, & il paroît qu'on en trouve dans
les bois humides d'Allemagne , qui font toutes noires
par-deflus , & jaunes pardeflous (e ). C'eft à cette
variété qu'il faut rapporter, ce me femble, la Sa-
lamandre noire que M. Laurenti a trouvée dans les
Alpes , qu'il a regardée comme une efpèce diftinéte,
& qui me paroît trop reflembler par fa forme à la
Salamandre ordinaire pour en être féparée (f). |
La queue prefque cylindrique paroit divifée en
anneaux par des renflemens d'une fubftance très-
molle. |
La Salamandre terreftre n’a point de côtes, non
plus que les grenouilles, auxquelles elle reffemble d'ail
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(e) Matthiole.
(f) Salamandra atra, Laurenti fpecimen medicum. Vienne , 2768 3
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AG
leurs par la forme générale de la partie antérieure
du corps. Lorfqu’on la touche, elle fe couvre prompte-
ment de cette efpèce d’enduit dont nous avons parlé ;
& elle peut également faire pañler très-rapidement
fa peau de cet état humide à celui de fécherefle. Le
lait qui fort par les petits trous que l’on voit fur fa
furface, eft très-âcre; lorfqu’on en a mis fur la langue,
“on croit fentir une forte de cicatrice à l'endroit où il
a touché. Ce lait, qui eft regardé comme un excellent
dépilatoire (g),reflemble un peu à celui qui découle des
plantes appellées tithimales & des eupherbes. Quand
on écrafe , ou feulement quand on prefle la Sala-
_mandre, elle répand d’ailleurs une mauvaife odeur qui
lui eft particulière. | | |
Les Salamandres terreftres aiment les lieux humides
& froids, les ombres épaïfles, les bois touffus des hautes
montagnes , les bords des fontaines qui coulent dans
les prés; elles fe retirent quelquefois en grand nombre
dans les creux des arbres, dans les haies, au-deffous
des vieilles fouches pourries ; & elles pañfent l'hiver
des contrées trop élevées en latitude , dans des efpèces
de terriers où on les trouve raffemblées, & entortillées
plufeurs enfemble (k). :
(g) Gefñer, de Quadrupedibus oviparis , de Salamandra , page 79.
(h) Idem, ibid,
462 Hrsrorre NATURELILF
La Salamandre étant dépourvue d'ongles, n'ayant
que quatre doigts aux pieds de devant , & aucun avantage
de conformation ne remplaçant ce qui lui manque,
fes mœurs doivent être & font en effet très- différentes
de celles de la plupart des lézards: elle eft très-lente
dans fa marche; bien loin de pouvoir grimper avec
vitefle fur les arbres, elle paroït le plus fouvent fe
traîner avec peine à la furface de la terre. Elle ne
s'éloigne que peu des abris qu'elle a choïfis. Elle pañfe
fa vie fous teire, fouvent aux pieds des vieilles mu
railles ; pendant l'été, elle craint l’ardeur du foleil , qui
la deffécheroit; & ce n’eft ordinairement que lorfque la
pluie eft prête àtomber, qu'elle fort de fon afyle fecret ,
comme par une forte de befoin de fe baigner & de
simbiber d’un élément qui lui eft analogue. Peut-être
aufli trouve-t-elle alors avec plus de facilité les in-
fectes dont elle fe nourrit, Elle vit de mouches, de
fcarabées, de limaçons & de vers de terre. Lorfqu'elle
eft en repos, elle fe replie fouvent fur elle - même
comme les ferpens (4). Elle peut refter quelque tems
dans l'eau fans y périr; elle sy dépouille d'une pelli-
cule mince d'un cendré verdâtre. On a même confervé
des Salamandres pendant plus de fix mois dans de
l’eau de puits; on ne leur donnoit aucune nourriture;
on avoit feulement le foin de changer fouvent l’eau.
(ë) Laurenti Jpecimen medicum, page 153:
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. - yé
On obferve que toutes les fois qu’on plonge une
Salamandre terreftre dans l’eau, elle s'efforce d'élever
fes narines au-deflus de la Gien. comme fi elle
cherchoit l'air de l’atmofpère, ce qui eft une nouvelle
preuve du befoin qu'ont tous les Quadrupèdes ovipares
de refpirer pendant tout le tems où ils ne font point
engourdis (£). La Salamandre terreftre n’a point
d'oreilles apparentes; & en ceci elle reflemble aux
_ferpens. On a prétendu qu’elle n’entendoit point; &
c'eft ce qui lui a fait donner le nom de Sourd dans
certaines Proviiees de France: on pourroit le préfumer,
pres sn on ne lui a jamais entendu jeter aucun cri,
& qu'en général le filence eft lié avec la furdité.
Axa c peut-être un fens de moins, & privée
de la faculté de communiquer fes fenfations aux ani-
maux de fon efpèce, même par des fons imparfaits,
elle doit être réduite à un bien moindre degré d’inftin& ;
auf eft-elle ftupide, & non pas courageufe, comme
on l’a écrit; elle ne brave pas le danger, ainfi qu’on
l'a prétendu, mais elle ne l’apperçoit point ; quelques
geftes qu'on fafle pour l’effrayer , elle savance toujours
fans fe détourner de fa route ; cependant, comme
aucun animal n’eft privé du fentiment néceflaire à fa
confervation, elle comprime , dit-on, rapidement
fa peau lorfqu’on la tourmente , & fait reJaillir contre
(4) Voyez le Difcours fur la nature des Quadrupèdes ovipares.
AGA Hrsrorre NarTursrze
ceux qui lattaquent le lait âcre que cette peau rez
couvre. Si on la frappe , elle commence par dreffer
fa queue ; elle devient enfuite immobile, comme fi
elle étoit faifie par une forte de paralyfe; car il ne
faut pas, avec quelques Naturaliftes , attribuer à un
animal fi dénué d’inftinét, aflez de finefle & de rufe
pour contrefaire la morte, ainfi qu'ils l'ont écrit. Au
refte, il eft difficile de la tuer; elle eft très-vivace;
mais trempée dans du vinaigre, ou entourée de fel
en poudre, elle périt bientôt dans des convulfions à
ainfi que plufeurs autres lézards & les vers.
I femble que lon ne peut accorder à un être une
qualité chimérique, fans lui refufer eng
une propriété réelle. On a regardé la fr oidé Salamandre
comme un animal doué du pouvoir miraculeux de
réfifter aux flammes, & même de les éteindre; mais
en même-tems on l’a rabaiflée autant qu'on l'avoit
élevée par ce privilège unique. On en a fait le plus
funefte des animaux ; les Anciens, & même Pline
l’ont dévouée à une forte d'anathème, en la confidé-
rant comme celui dont le poifon étoit le plus dan=
sereux (L). Ils ont écrit qu'en infeclant de fon venin
prefque tous les végétaux d'une vaîfte contrée, elle
pouvoit donner la mort à des nations entières. Les
Modernes ont aufhi cru pendant long-tems au poifon
{£) Plne, Livre XXIX , Chap. 1r, |
| de la Salamandre;
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DES QuADRUPÈDES OPIPARES. 465
de la Salamandre ; on à dit que fa morfure étoit
mortelle , comme celle de la vipère ("”) : on a cher-
ché & prefcrit des remèdes contre fon venin; mais
enfin on a eu recours aux obfervations par lefquelles
on auroit dû commencer, Le fameux Bacon avoit
voulu engager les Phyficiens à saflurer de l’exiftence
du venin de la Salamandre ; Gefner prouva par l'ex-
périence qu'elle ne mordoit point, de quelque manière
qu'on cherchât à lirriter; & Wurfbainus fit voir qu'on
pouvoit impunément la toucher, ainf que boire de
de l’eau des fontaines qu'elle habite. M. de Mauper-
tuis s’eft aufli occupé de ce lézard (n): en recher-
chant ce. que pouvoit être fon prétendu poifon,
il a démontré, par l'expérience, l’action des flammes
fur la Salamandre , comme fur les autres animaux.
Il a remarqué qu'à peine elle eft fur le feu, qu’elle
paroït couverte de gouttes de fon lait, qui raréfé par
la chaleur, s'échappe par tous les pores de la peau,
{ort en plus grande quantité fur la tête, ainf que fur
les mamelons, & fe durcit fur-le-champ. Mais on n’a
certainement pas befoin de dire que çe lait n’eft jamais
aflez abondant pour éteindre le moindre feu.
M. de Maupertuis, dans le cours de fes expériences,
(m) Matthiole, Liv. VI, Chap. 17.
{n) Mémoires de L'Académie des Sciences, année 1727.
Ovipares, Tome I, Nnn
F
466 Hrsrorre NATURE1:LIE
jrrita envain plufieurs Salamandres ; jamais aucune
n'ouvrit la bouche; il fallut la leur ouvrir par force,
Comme les dents de ces lézards font très-petites, on
-eut beaucoup de peine à trouver un animal dont la peau
fût affez fine pour être entamée par ces dents. Il eflaya
inutilêment de les faire pénétrer dans la chair d’un
poulet déplumé ; il prefla envain les dents contre la
peau; elles fe dérangèrent plutôt que de l’entamer;
il parvint enfin à faire mordre par une Salamandre
la cuifle d'un poulet dont il avoit enlevé la peau.
Il fit mordre aufli par des Salamandres , récemment
prifes , la langue & les lèvres d’un chien, aïnfi que
la langue d’un coq d'Inde: aucun de ces animaux
n'éprouva le moindre accident. M. de Maupertuis fit
avaler enfuite des Salamandres entières ou coupées
par morceaux à un coq d'Inde & à un chien, qui
ne parurent pas en foufirir.
M. Laurenti a fait depuis des expériences dans les
mêmes vues; il a forcé des lézards gris à mordre des
Salamandres, & il leur en a fait avaler du lait : les
lézards font morts trés-promptement (0). Le lait de la
Salamandre prisintérieurement pourroit donc être funefte
& même mortel à certains animaux, fur-tout aux plus
petits, mais il ne paroît pas nuifible aux grands animaux.
: (o) Jofeph Nicoï, Laurenti fpecimen medicum. Vienne, 1768;
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On a cru pendant long-tems que les Salamandres
n'avoient point de fexe, & que chaque individu étoit
ea état d’engendrer feul fon femblable » Comme dans
pluñeurs efpèces de vers (p). Ce n’eft pas la fable
la. plus abfurde qu’on ait imaginée au fujet des Sa-
Jaandres; mais fi la manière dont elles viennent à
la lumière n'eft pas aufli merveilleufe qu'on l’a écrit,
elle eft remarquable en ce qu’elle difére de celle
dont naïflent prefque tous les autres lézards, & en
ce qu'elle eft analogue À celles dont voient le jour
les feps où chalcides, ainfi que les vipères & plufeurs
efpèces de ferpens. La Salamandre mérite par - là
l'attention des Naturaliftes ; bien plus que par la fauffe
& brillante réputation dont elle a joui fi long-tems,
M. de Maupertuis ayant ouvert quelques Salamandres,
_ÿ trouva des œufs, & en méme -tems des petits tout
formés; les œufs étoient divifés en deux grappes alon=
gées; & les petits étoient renfermés dans deux efpèces
de tuyaux tranfparens ; ils étoient aufli bien conformés,
_ & bien plus agiles que les Salamandres adultes. La
Salamandre met donc bas des petits venus d'un œuf
_éclos dans fon ventre, ainfi que ceux des vipères (( qg).
(p) Georg. Agricola. |
Conrad Géfñer, de Quadrup. ovip., de Salamandré.
(g) Ray, finophis Quadrupedum , page 274.
Nana i
168 Hrsrorre NATURELrE
Mais d’ailleurs on a écrit qu’elle pond , comme les Sa-
lamandres aquatiques, des œufs élyptiques , d'où fortent
de petites Salamandres fous la forme de #erard (r).
Nous avons fouvent vérifié le premier fait, qui d'ail-
leurs eft bien connu depuis long-tems fs) ; mais nous
wavons pas été à même de vérifier le fecond. Il feroit
intéreflant de conftater que le même Quadrupède se
duit fes petits, en quelque forte, de deux manières
différentes; qu'il y a des œufs que la mère pond, &
d'autres dont le fœtus fort dans le ventre de la Sa-
lamandre , pour demeurer enfuite renfermé avec
plufieurs autres fœtus dans une une dé membrane
tranfparente, jufqu’au moment où il vient à la lumière.
Si cela étoit, on devroit difléquer des Salamandres à
différentes époques très-rapprochées , depuis le moment
où elles saccouplent, jufqu'à celui où elles mettent
bas leurs petits; l’on fuivroit avec foin Paccroiflement
fucceflif de ces petits venus à la lumière ‘tout formés ;
on le compareroïit avec le développement de ceux
qui {ortiroient de Vœuf hors du ventre de leur
mère , &c. Quoi qu il en foit, la Salamandre femelle
met bas des petits tous formés, & fa fécondité eft très-
grande: les Naturaliftes ont écrit depuis long - tems
(r) Wurfhainus & Impérati.
{s) Eonrad Gefher, de Quad, ovip., de Salamandré, page 79°
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 400
qu'elle faifoit quarante ou cinquante petits (+): &
M. de Maupertuis à trouvé quarante - deux petites
Salamandres dans le corps d’une femelle, & cinquante-
quatre dans une autre |
Les petites Salamandres font fouvent d’une cou
leur noire, prefque fans taches, qu'elles confervent
quelquefois pendant toute leur vie, dans certaines
contrées où on les a prifes alors pour une elpèce par-
ticulière , ainfi que nous l'avons dit. —
M. Thunberg a donné, dans les mémoires de l’Aca-
démie de Suède (4), la defcription d’un lézard qu'il
nomme lézard du Tapon, & qui ne paroît différer de
notre Salamandre terreftre que par l’arrangement de
fes couleurs. Cet animal eft prefque noir, avec plu-
fieurs taches blanchâtres & irrégulières, tant au - deflus
du corps, qu'au-deflus des pattes. Le dos préfente une
bande d’un blanc fâle, divifée en deux vers la tête ,
& qui s'étend enfuite irrégulièrement & en fe rétré-
ciflant jufqu'à l’extrémyté de là queue. Cette bande
blanchätre eft femée de très-petits points, ce qui forme
un des caractères diftinétifs de notre Salamandre ter-
reftre. Nous croyons donc devoir confidérer le lézard
du Japon décrit par M. Thunberg, comme une variété
conftante de notre Salamandre terreftre, dont l’efpèce
Re se
(4) Gefñer, de Quadrup. ovip., de Salamandrä , page 79.
(u) Mémoires de l'Académie de Siockolm , trimeflre d'Avril, 2787.
479 Hrsrorre Narurezrre , |
aura pu être modifiée par le climat du Japon: c’eft
dans la plus grande Ifle de cet empire nommée Niphon,
que J'on trouve cette variété; elle y habite dans les
montagnes & dans les endroits pierreux, ce qui in.
dique que fes habitudes font femblables à celles de
la Salamandre terreftre, & confirme notre conjecture
au fujet de l'identité d’efpèce de ces deux animaux...
Les Japonois lui attribuent les mêmes propriétés dons
on a cru pendant long -tems que le fcinque étoit doué,
ainfi qu'on les a attribuées en Europe À la Salamandre à
queue plate; ils la regardent comme un puifant
ftimulant & un remède très-adtif ; auffi trouve-t-on
aux environs de fédo un grand nombre de ces Sala
mandres de Japon, féchées & fufpendues aux planchers
des boutiques. |
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LA SALAMANDRE À QUEUE PLATE. 27. »a. 2. femelle.
grandeur de /adure:
“wss QvADRUPÈDES OVIPARES. A7Y
>
LA SALAMANDRE
A QUEUE PLATE (c),
Cr LÉZARD, ainfi que la Salamandre terreftre,
peut vivre également fur la terre & dans l’eau : mais
(a) En grec, =aie@- eve Gr.
En vieux François , Taflot,
En Italien, Marafandola.
"En Eceffle, Ask.
Sie à queue plate. M dAubenton, Encyclopédie ne
Eacerta paluftris, 44. Linn. amphib. rept.
Ray, Synopfis Quadrupedum, page 273. Salamandra aquatiqua, the
water eft.
Lacertus aquaticus. Conrad Cefier, de Quadrup. ovip.
0 Séba, mus. 1. planche 14, fig. 2, le male, © fig. 3, la femelle:
Lézards amphibies d'Afrique, id. , tab. 89, fig 4 © 5, volume 2,
planche 12, fig. 7-
Gronovius , mus &, page 77 , N° 51.
Triton criflatus, Laurenti fpecimen medicum:
{L'animal que Bélon a appellé cordule, eft la Salamandre à queue
plate, un peu défigurée : Gefner lui-même lavoit reconnu ). Conrad
Gefñer, de Quadr., Appendix , page 26.
Lacerta aquatica. Scotia illuffrata » Edimburget ; 1684.
Lacerta aquatica. Wulf, Ichthiologia cum amphibiis regni Boruffich
472 Hisrorre NaArTur£EttE
il préfère ce dernier élément pour fon habitation, au
lieu qu'on rencontre prefque toujours la Salamandre
terreftre dans des trous de murailles, ou dans de petites
cavités fouterraines ; & de-là vient qu'on a donné à
la Salamandre à queue plate, le nom de Salamandre
aquatique , & que M. Linné la appellée /ézard des
x
marais. Elle reflemble à la Salamandre dont nous
venons de parler, en ce qu'elle a le corps dépourvu
d'écailles fenfibles, ainfi que les doigts dégarnis d'on-
gles, & qu'on ne compte que quatre doigts à fes pieds
de devant : mais elle en difiére fur-tout par la forme
de fa queue. Elle varie beaucoup par fes couleurs ,
fuivant l’âge & le fexe. Il paroît d’ailleurs qu on doit
diftinguer dans cette efpèce de Salamandre. à queue
plate, plufeurs variétés plus ou moins éme qui
ne font diftinguées que par la grandeur & par les cou-
leurs, & qui doivent dépendre de la différence des pays,
ou même feulement de la nourriture (4). Mais nous
ne croyons pas devoir compter, avec M. Dufay, trois
efpèces de Salamandre à queue plate; & fi on lit avec
attention fon Mémoire, on fe convaincra fans peine,
d’après tout ce que nous avons dit dans cette Hifloire,
que les différences qu'il rapporte pour établir des
(b) Conrad Gefner ; de Quadrup. ovip., page 28.
Lettre de M. David Frskine Baker , au Préfident de la Société
Foÿals. Tranfiéiions philofophiques, Londres , 1747, in-4°, N°; 483.
diverfiiés
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DES QUADRUPRDES OPIPARES. 473
diverfités d’ efpèces, conftituent tout au plus des variétés
conftantes (c).
Les pre grandes Salamandres à queue plate n’ex-
cèdent guère la longueur de fix à fept pouces. La
tête eft aplatie ; la langue large & courte ; la peau
eft dure, & répand une efpèce de lait xt on la
bleffe. pe corps eft couvert de très- petites verrues
faillantes & blanchâtres : la couleur générale, plus où
moins brune fur le dos, s’éclaircit fous le ventre, &
ÿ devient d’un jaune tirant fur le blane. Elle piérers
de petites taches, fouvent rondes, foncées, ordinaire
ment plus brunes dans le mâle , bleuâtres & diver-
fement placées dans certaines variétés.
_ Ce qui diftingue principalement le mâle, c’eft une
forte de crête membraneufe & découpée, qui s'étend’
le Iong du dos, depuis le milieu de la tête jufqu’à l’ex-
trémité de la queue, fur laquelle ordinairement les
découpures s’effacent, ou deviennent moins fenfbles.
Le deflous de la queue eft auffi garni dans toute fa
longueur d’une membrane en forme de bande, placée
verticalement, qui a une blancheur éclatante, & qui
fait paroître die la — de la Sihéndte (d).
(c) Mémoire de M. Dufay , dans ceux de 1 Académie des Sciences,
année 1729.
(4) Cette defcription a ét£ faite d'après plufeurs individus confervés
au Cabinet du Roi.
Ovipares, Tome I, Ooo
474 . Hisrorre Narurzsirxr
. La femelle na pas de crête fur le dos, où lon
voit au contraire un enfoncement qui s'étend depuis la
tête jufqu'à l’origine de la queue. Cependant lorfqu’elle
eft maigre , l'épine du dos forme quelquefois une petite
éminence ; elle a fur le bord fupérieur de la queue,
une forte de crête membraneufe & entière, & le
bord inférieur de cette même queue eft garni de la
bande très-blanche qu'on remarque dans le mâle. En
général, les couleurs font plus pâles & plus égales
dans la femelle ; elles font aufli moins foncées dans
les jeunes Salamandres.
La Salamandre à ere plate aime les eaux li-
monneufes, où elle fe plaît à fe cacher fous les pierres ;
on la trouve dans les vieux foflés, dans les marais,
dans les étangs; on ne la rencontre prefque jamais
dans les eaux courantes: l'hiver, elle fe retire quel
quefois dans les fouterrains humides.
Lorfqu’elle va à terre, elle ne marche qu'avec peine
& très-lentement. res , lorfqu’elle vient refpi-
_rer au bord de l’eau, elle fait entendre un petit fiffle-
ment. Elle perd Étant la vie, & comme elle
n'eft ni aufh fourde, ni auffi filencieufe que la Sala
mandre terreftre, elle doit , à certains égards, avoir
l'inftinét moins ons. |
Le conte ridicule qu’on a EE pendant tant de
tems fur la Salamandre terreftre, n’a pas été étendu
jufqu'à la Salamandre à queue plate. Mais, au lieu
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(] 7 |
DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 475
de lui attribuer le pouvoir fabuleux de vivre au mi-
lieu des flammes, on a reconnu dans cette Salamandre
une propriété réelle & oppofée. Elle peut vivre aflez
long-tems, non-feulement dans une eau très-froide,
mais même au milieu de la glace (e). Elle eft quel-
quefois faifie par les glaçons qui fe forment dans les
fofés, dans les étangs qu’elle habite ; lorfque ces glaçons
fe fondent, elle fort de fon engourdiflement , en même-
tems que fa prifon fe diflout, & elle _—. tous fes
mouvemens avec fa liberté.
On a même trouvé, pendant l'été, des Salamandres
aquatiques renfermées dans des morceaux de glaces
tirés des glacières, & où elles devoient avoir été fans
mouvement & fans nourriture, depuis le moment où
on avoit ramaflé l'eau gelée dans les marais, pour en
remplir ces mêmes glacières. Ce phénomène en ap-
parence très-furprenant , n’eft qu'une fuite des pro-
priétés que nous avons reconnues dans tous les lézards,
& dans tous les Quadrupèdes ovipares ( PE;
La Salamandre ne mord point, À moins quon ne
lui fafle ouvrir la bouche par force ; & fes dents font
prefque imperceptibles : elle fe nourrit de mouches,
de divers infectes qu’elle peut trouver à la furface de
l'eau, du frai des grenouilles, &c. Elle eft aufli her-
(e) Voyez le Mémoire “déjà cité de M. L Du.
(f) Voyez le Difcours fur le nature des Quadrupèdes ovipares,
O0 i
476 Hrsrorre NAaTurFr1rz
bivore; car elle mange des lenticules, ou lentilles d'eau,
qui flottent fur la furface des étangs qu’elle habite.
Un des faits qui méritent le pes d'être rapportés
dans l'hiftoire de la Salamandre à queue plate, eft
la maniere dont fes petits fe développent (g) ; elle
neft point vivipare, comme la terreftre; elle pond,
dans le mois d'Avril ou de Mai, des Rte , qui, dans
certaines variétés, font ordinairement au nombre de
vingt, forment deux cordons, & font joints enfemble
par une matière vifqueufe, dont ils font également
revêtus lorfqu’ils font détachés les uns des autres. Ils fe
chargent de cette matière gluante dans deux canaux
blancs & très-pliffés, qui s'étendent depuis les pattes
de devant jufques vers l’origine de la queue, un de
chaque côté de l’épine du dos, & dans lefquels ils
entrent en fortant des deux ovaires. On apperçoit ,
attachés aux parois de ces ovaires, une multitude de
D œufs jaunâtres ; ils grofhffent infenfiblement
à l'approche du printems, & ceux qui font parvenus à
leur maturité dans la faifon des amours, defcendent
dans les tuyaux blancs & plifiés, dent nous venons de
parler, & où ils doivent être fécondés (A).
… | ; . .
(g) Mémoire de M. Dufay déja cité,
(h) Œuvres de M. l'Abbé FPE ; os de M. ns
vol, 3, p. 60.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 4%
: Lorfqw’ils font pondus, ils tombent au fond de l’eau,
d'où ils fe relèvent quelquefois jufqu'à la furface es
marais, parce qu'il fe forme dans la matière vifqueufe
qui lès entoure, des bulles d'air qui les rendent très-
légers; mais ces bulles fe difipent ; & ils retombent
fur la vafe.
A mefure qu’ils groffiflent , l’on diftingue au travers |
de la matière vifqueufe, & de la membrane tranfparente
qui en eft enduite, la petite Salamandre repliée dans
la liqueur que contient cette membrane. Cet embryon
sy développe infenfiblement ; bientôt il $y meut, &
sy retourne avec une Fee agilité ; & ste au
bout de huit ou dix jours, fuivant la chaleur du cli-
mat, & celle de la faifon, il déchire, par de petits
coups réitérés, la Re , qui eft. FL poRS ainfi dire,
la coque de a œuf (i). | +.
Lorfque la jeune Salamandre aquatique vient d'é
clore , elle a, ainfi que les grenouilles, un peu de
conformité avec les poiions. Pendant que fes pattes
font encore tres-courtes, on voit, de chaque côté, un
peu au-deflus de fes cd de détabé, de petites houppes
frangées, qui fe tiennent droites ne leau, qu'on x
(ä)C'eft cette membrane que M. PAbbE Spallanzani a appellée larmnios
de Ja jeune Salamandre, ce grand Obfervateur ne voulant pas regarder
les Salamandres aquatiques comme venant d’un véritable œuf Voyez
Î ouvrage déjà cité de ce Naturalifle. |
478 Hirsrorrs Narurgsrsx |
comparées à de petites nageoires, & qui reffemblent
affez à une plume garnie de barbes. Ces houppes tiennent
à des efpèces de demi-anreaux cartilagineux & den+
telés, au nombre de quatre de chaque côté, & qui
fent analogues à l'organe des poiffons, que l’on a ap-
pellé ouies. [ls communiquent tous à la même cavité;
ils font féparés les uns des autres, & recouverts, de
Chaque côté, par un panneau qui laifle paffer les houp-
pes frangées. À mefure que l'animal grandit, ces ef
pèces d'aigrettes diminuent & difparoiflent ; les pan-
neaux s’attachent à la peau fans laifler d'ouverture ;
les demi-anneaux fe réuniffent par une membrane
cartilagineufe ; & la Salamandre perd l'organe parti=
culier qu'elle avoit étant jeune. Il paroît qw’elle s'en
fert, comme les poiffons des ouies , pour filtrer Pair que
l'eau peut contenir, puifque quand elle en eft privée,
eile vient plus fouvent refpirer à la furface des
étangs, n |
Nous avons vu que les lézards changent de peau
une ou deux fois dans l’année : la Salamandre aqua
tique éprouve dans fa peau des changemens bien plus
fréquens ; & en ceci elle a un nouveau rapport avec
les grenouilles, qui fe dépouillent très- fouvent , ainñ
que nous le verrons, Etant douée de plus d'adivité
dans l'été, & même dans le printems, elle doit con-
fommer & réparer en moins de tems une plus grande
quantité de forces & de fubflance ; elle quitte alors
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 470
fa peau, tous les quatre ou cinq jours, fuivant cer-
tains Auteurs (4k), & tous les quinze jours ou trois
femaines , fuivant d’autres Naturaliftes (/) , dont
D aton doit être auf exacte que celle des pre-
miers, la fréquence des déponilemens de la Sala-
à queue plate devant tenir à la température,
à la nature des alimens , & à plufieurs autres caufes
accidentelles. e |
Un ou deux jours avant que l'animal change de
peau , il eft plus pareffeux qu'à l'ordinaire. Il ne paroît
faire aucune attention aux vers, & aux infectes qui
| 9 S |
peuvent être à fa portée, & qu'il avale avec avidité
dans tout autre tems. Sa peau eft comme détachée du
corps en plufieurs endroits, & fa couleur fe ternit.
L'animal fe fert de fes pieds de devant pour faire une
ouverture à fa peau, autour de fes mâchoires ; il la
repoufle enfuite fucceflivement au-deffus de fa tête,
jufqu'à ce qu'il puiffe dégager fes deux pattes, qu'il
retire l'une après l’autre. Il continue de la rejeter en
arrière, aufh loin que fes pattes de devant peuvent
: sde mais il eft obligé de fe frotter contre les.
pierres & les graviers , pour fortir à demi de fa vieille
enveloppe , qui bientôt eft retournée , & couvre le
derrière du corps & la queue. La Salamandre aqua-
(4) M. Dufay, Mémoire déja cité.
(2) Lettre de M. Baker déja citée.
480 HisrTorre NATuREzrzE
tique faififfant alors fa peau avec fa gueule, & en dé«
gageant l’une après l’autre les Par de derrière, achève |
de fe dépouiller. |
Si l’on examine la vieille peau, on la trouve tournée
Née TI « 9 1 sr £s e
à l'envers, mais elle n'eft déchirée en aucun endroit.
La partie, qui revêtoit les pattes de derrière, paroît
comme un gant retourné, dont les doigts font entiers
& bien marques ; celle qui couvroit les pattes de de+
vant eft renfermée dans l'efpèce de fac que forme la
dépouille : mais on ne retrouve pas la partie de la
peau qui recouvroit les yeux, comme dans la vieille
enveloppe de plufieurs efpèces de ferpens : ‘on voit
deux trous à la place, ce qui prouve que les yeux de
la Salamandre ne fe dépouillent pas. Après cette opé-
ration, qui dure ordinairement une heure & demie,
la Éatrsainee aquatique paroît pleine de vigueur, &
fa peau eft life & très-colorée. Au refte, il eft facile
d’obferver toutes les circonftances du de OT dt des
Salamandres aquatiques, qui a été très-bien décrit par
M. Baker (=) , en gardant ces lézards dans des vales |
de verre remplis d’eau.
M. Dufay a vu fortir, par l'anus de quelques Sala=
imandres, une efpèce de tnblé rond , d'environ une ligne |
de diamètre, & long à-peu-près comme le corps de
() ice . les Tranfaétions philofopliques ; , la lettre déjà
citée.
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DES QUADRUPÈDES OPIPARES. er
Vanimal. La Salamandre étoit un jour entier À s'en
délivrer , quoiqw'’elle le tirât fouvent avec les pattes &
avec la Dont Cette membrane, vue au microfcope,
paroïfloit parfemée de petits trous ronds, difpofés très+
régulièrement; l’un des bouts contenoit un petit os
pointu , aflez dur, que la membrane entouroit, & au-
_ quel elle étoit attachée ; l’autre bout préfentoit deux
petits bouquets de poils, qui paroifloient au microfcope
revêtus de petites franges, & qui fortoient par deux
_ trous voifins l’un de l’autre. Il me femble que M. D ufay
a conjecturé, avec raifon, que cette membrane pouviei
être la dépouille de a vifcère quiavoit éprouvé,
ainfi que l'a penfé l’Hiftorien de l’Académie, une
altération femblable à celle que l’on obferve tous les
ans dans l’eftomac des cruftacées (n),
On trouve fouvent la légère dépouille de la Sala-
mandre aquatique flottante fur la furface des marais;
l'hiver, fa peau éprouve. dans nos contrées, des altérations
moins fréquentes ; & ce n'eft guère que tous les quinze
jours, que cette Salamandre quitte fon enveloppe,
pour en reprendre une nouvelle; ayant moins de force
pendant la faifon du froid, il n’eft pas farprenant que
les changemens qu'elle fubit foient moins prompts, &
par conféquent moins fouvent répétés. Mais il fufit
qu'elle quitte fa peau plus d’une fois pendant l'hiver,
{n) Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1703.
Ovipares, Tome L Ppp
492 HisTorrEe NATUREIzr
à des latitudes aflez hautes, & par conféquent qu’elle
y en refafle une nouvelle pendant cette faifon rigou-
reufe, pour quon doive dire que la plupart des Sa-
lamandres à queue plate ne s'engourdifient pas tou-
jours pendant les grands froids de nos climats, & que,
par une fuite de la température un peu plus douce
qu'elles peuvent trouver auprès des fontaines, & dans
les différens abris qu’elles choïfiflent , il leur refte aflez
de mouvement intérieur, & de chaleur dans le fang,
pour réparer, par de nouvelles produétions, la perte
des anciennes
L'on ne doit pas être étonné que cette reproduction
de la peau des Salamandres à queue plate ait lieu fi
fréquemment. L'élément qu’elles habitent ne doit-il
pas en effet ramollir leur peau, & contribuer à l’al-
térer ?
M. Dufay dit, dans le Mémoire dont nous avons
déjà parlé, que quelquefois les Salamandres aquatiques
ne pouvant pas dépouiller entièrement une de leurs
pattes , la portion de peau qui y refte fe corrompt,
& pourrit la patte, qui tombe en entier, fans que l’a-
nimal en meure. Elles font très-fujettes, fuivant lui,
à perdre ainfi quelques-uns de leurs doigts; & ces
accidens arrivent plus fouvent aux pattes de ee S
qu'à celles de derrière.
L'accouplement des Salamandres aquatiques ne fe
fait point ainfi que celui des tortues, & du plus
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33 pag
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| DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 483
grand nombre de lézards; il a lieu fans aucune in-
tromiflion , comme celui des grenouilles (o) ; la liqueur
prolifique parvient cependant jufques aux canaux dans
lefquels entrent les œufs en fortant des ovaires de la
femelle (p), de même qu’elle y pénètre dans les lézards.
Les Salamandresàä queue plate réuniffent donc les lézards
& les grenouilles, par la manière dont elles fe multi-
plient, ainfi que par leurs autres habitudes & leur con-
formation. Il arrive fouvent que cet accouplement des
Salamandres à queue plate eft précédé par une pour-
fuite, répétée plufeurs fois, & mélée À une forte de
jeu. On diroit alors qu'elles tendent à augmenter les
plaifirs de la jouiffance par ceux de la recherche, &
qu'elles connoiffent la volupté des defirs. Elles préludent
par de légères careffes à une union plus intime. Elles
femblent s'éviter d’abord, pour avoir plus de plaifir à
fe rapprocher; & lorfque dans les beaux jours du
printems la Nature allume le feu de l'amour, même
au milieu des eaux, & que les êtres les plus froids
ne peuvent fe garantir de fa flamme, on voit quel-
quefois fur la vafe couverte d’eau, qui borde les étangs,
le mâle de la Salamandre, pénétré de l’ardeur vivi-
(o) Œuvres de M, l'Abbé Spallanzani , traduchion de M, Sennebier ,
vol. 3, page 50:
| bé M, l'Abbé Spallanzani s ouyrage déjà cité,
Ppp à
484 Hrsrorre NATUREIrE
fante de la faifon nouvelle, chercher avec empref:
fement fa femelle, jouer, courir avec elle, tantôt la
pourfuivre avec amour, tantôt la précéder, & lui
fermer enfuite le paffage, redrefer fa crête, eourber
{on corps, relever fon dos, & former ainfi une efpèce
d'arcade, fous laquelle la femelle pafle en courant,
comme pour lui échapper. Le mâle la pourfuit ; elle
s'arrête : il la regarde fixement; il ‘approche de très-
près ; il reprend la même pofture; la femelle repañle
fous l’efpèce d'arcade qu'il forme, s'enfuit de nouveau
pour s'arrêter encore. Ces jeux amoureux, plufieurs
fois répétés, fe changent enfin en étroites careffes. La
femelle, comme laffée d'échapper fi fouvent, garrête
pour ne plus s'enfuir; le mâle fe place à côté d’elle,
approche fa tête, & éloigne fon: corps, fouvent jufqu'à
un pouce de diftance. Sa crête flotte nonchalamment ;
fon anus eft très-ouvert ; il frappe de tems en tems
fa compagne de fa queue; il fe renverfe même fur
elle ; mais, reprenant fa première pofition, c’eft alors
que, malgré la petite diflance qui les fépare,, il lance
la liqueur prolifique, & les vues de la Nature font
remplies , fans qu’il y ait entreux aueune union intime
& immédiate, Cette liqueur active atteint la femelle
qui devient immobile, & elle donne à l’eau une lé-
gère couleur bleuâtre : bientôt le mâle fe réveille d’une
cfpèce d'engourdiflement dans lequel il étoit tombé ;
il recommence fes carefles, lance une nouvelle:
’ pr /
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(f) Hino
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DES Quadrurènés ovrbaress, AOS
liqüeur, achève de féconder fa femelle, & fe fépare
d'elle (aq). | |
Mais, loin de l’abandoner, il s’en räpproché fouvent,
jufqu'à ce que tous les œufs cohtenus dans les ovaires ;
& parvenus à l’état de groffeur convenable, foient entrés
dans les canaux, où ils fe chargent d’un humeur vif:
queufe, & qu'ils aient pu être tous fécondés. Ce tems
d'amour & de jouiffances dure plus ou moins, fuivant
la température, & quelquefois il eft de trente jours (r).
Matthiole dit que, de fon tems, on employoit dans
les pharmacies, les Salamandres aquatiques à la placé
des feinques d'Egypte, mais qu’elles ne devoient pas
produire les mêmes effets (s).
Les Salamandres aquatiques, jetées fur du fel er
poudre, y périflent , comme les Salamandres terreftres,
Elles expriment de toutes les parties de leur corps le
fuc laïteux dont nous avons parlé. Elles tombent dans
des convulfions, fe roulent , & expirent au bout de
trois minutes (4). Il paroît, d’après les expériences de
M. Laurenti, qu'elles ne font point venimeufes, comme
Vont dit les Anciens, & qu’elles ne font dangereufes,,
(q) Obfervañions faites par M. Demours , de l'Académie royale des
Sciences. ;
(r) M. l'Abbé Spallançant, ouvrage déja cité.
{s) Matthiole, diofc.
(+) Mémoire de M. Dufry, déjà cité.
486 Hisrorre NATuRrErLrz
ainfi que la Salamandre terreftre, que pour les petits
lézards (u).
Les vifcères de la Salamandre aquatique ont été
fort bien décrits par M. Dufay.
Elle habite dans prefque toutes les contrées, “a
feulement de l’Afie & de l’Afrique (v), mais encore
du nouveau Continent. Elle ne craint même pas la
température des pays feptentrionaux, puifqu’on la ren-
contre en Suède, où fon féjour au milieu des eaux doit
la garantir des effets d’un froid exceflif. On auroit donc
pu lui donner le nom de lézard commun, ainfi qu’on l’a
donné au lézard gris, & à un autre lézard défigné fous le
nom de lézard vulgaire, par M. Linné (x) , & qui ne nous
paroît être tout au plus qu'une variété de la Salamandre
à queue-plate. Mais ce lézard , que M. Linné a nommé
lézard vulgaire, n'eft pas le feul que nous croyons devoir
rapporter à la queue-plate, Le lézard aquatique , du même
Naturalifte (y), nous paroït être aufli de la même
efpèce, En effet, tous les caradtères qu'il attribue à
ces deux lézards fe retrouvent dans les variétés de la
Salamandre à queue plate tant mâle que femelle, ainf
{u) Laurenti fpecimen medicum.
(y) Jobi Ludolphi Æthopica.
(x ) Lacerta vulgaris, 42. Linn. amph. rePbs
( ÿ ) Lacerta aquatica , 43. Linn. amphib. repr.
Dhleur
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paroit ï
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af conm
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Fnesoese eee
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{ Mém
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AB
que nous nous en fommes aflurés en examinant les
divers individus ‘confervés au Cabinet du Roi. On
pourroit dire feulement que l’expreflion de cylindri-
que (teres & teretiufcula) que M. Linné emploie pour
défigner la queue du lézard vulgaire, & celle du lézard
aquatique , ne peut pas convenir à la Salamandre à
queue plate. Mais il eft aifé de répondre à cette objec-
tion. 1. Il paroît que M. Linné n’avoit pas vu le
lézard aquatique , & Gronovius, qu'il cite relativement
à ce lézard, dit que cet animal eft prefque entière-
ment femblable à celui que nous nommons queue-
plate (7) ; il ajoute que la queue eft un peu épaifle
& prefque carrée. 2. La figure de Séba, citée par
M. Linné, repréfente évidemment la gueue-plate (a).
D'ailleurs il y a plufieurs individus femelles dans lef-
pèce qui fait le fujet de cet article, dont la queue
paroît ronde, parce que les membranes qui la gar-
niflent pardeflus &' pardeflous font très-peu fenfibles.
Pluñeurs mâles, lorfqu'ils font très-jeunes, manquent
prefque abfolument de ces membranes , & leur queue
eft comme cylindrique (b). À l'égard de la queue du
2 « . / — 31 .
lézard vulgaire, M. Linné ne renvoie qu'à Ray, qui,
ER EP PE,
(2) Gronovius, mufæœum 2, page 78, N° ça.
(a) Séba, mus. 2. Tab. 12, fig. 7. Salamandra ceylanica.
{B) Mémoire &jà cité de M. Dufay.
\
A3 Hisrorre NAaTUREzzE
à la vérité, diftingue auffñi ce lézard d'avec notre Sa=
lamandre, mais dont cependant le texte convient en-
tiérement à cette dernière. Nous devons ajouter que
toutes les habitudes attribuées à ces deux prétendues
efpèces de lézards, font celles de notre Salamandre à
queue-plate. Tout concourt donc à prouver qu’elles
n'en font que des variétés, & ce qui achève de le
montrer, c’eft que Gronovius lui-même a trouvé une
grande reflemblance entre notre Salamandre & le
lézard aquatique, & qu'enfin l’article & la figure de
Gefner que M. Linné a rapportés à ce prétendu lézad
aquatique , ne peuvent convenir qu à notre Salamandre
femelle. | |
C’eft donc la femelle de notre Salamandre à queue-
plate, qui, trés-différente en effet du mâle, ainfi que
nous l'avons vu, aura été nommée lézard aquatique
par M. Linné & regardée comme une efpèce diftincte
par ce grand Naturalifte , ainfi que par Gronovius.
Quelques différences dans les couleurs de cette femelle,
auront même fait croire à quelques Naturaliftes & par-
ticulièrement à Petivers (c) qu'ils avoient reconnu le
mâle & la femelle, ce qui aura confirmé l'erreur.
Quelqu'autre variété, dans ces mêmes couleurs ou dans
la taille, aura fait établir une troifième efpèce fous le
nom de lézard vulgaire. Mais ce lézard vulgaire &
(Re LS CDR se +
(ec) Petivers, mufœum. 28, N° 212.
ce lezard
jeu K
Cp
prient |:
priculiè
Mexiquai
gute de.
ait quatr
avoit été
kate Les
ie, pu
à grandet
U } Syfer
le) Sa,
| Gefher
i Y:
Oinares
DES QuADrup ÉDES OVIPARES. À 8 o
ce lézard aquatique, ne font que la même efpèce,
ainfi que M. Linné lui-même lavoit foupçonné, puif-
qu'il fe demande (d) , fi le dernier de ces animaux
n'eft pas le premier dans fon jeune âge; & ces deux
lézards ne font que la femelle de notre Salamandre,
ce qui eft mis hors de doute par les defcriptions aux-
quelles M. Linné renvoie, ainfi que par les figures qu'il
cite, & fur-tout par celles de Séba (e ) & de Gef-
ner ( f). Au refte, nous n avons adopté l'opinion que
nous expofons ici, qu de avoir examiné ün grand
nombre de inde à queue-plate, & ie
plufieurs variétés de cette efpèce. "
C’eft peut-être à la Salamandre à See qu ap-
partient l'animal aquatique, connu en Amérique , &
particulièrement dans la nouvelle Efpagne , fous le nom
Mexiquain d Axolotl, & fous le nom Efpagnol d'In-
guete de Agua. Il a été pris pour un poiflon, quoiqu'il
ait quatre pattes; mais nous avons vu que Île fcinque
avoit été regardé aufli comme un poiflon, parce qu il
habite les eaux. L’Axolotl a, dit-on, la peau fort
unie, parfemée fous le ventre de petites taches, dont
la grandeur diminue depuis le milieu du corps, juf-
(d) ts naturæ , amphib. pe » editio 1 | |
(e) Séba, mus. à, tab. 12, fig 7.
5
(f) Gefñer, de Quadr. ovip. Lacertus aquaticus. )
Ovipares, Tome I. _. Qaq
490 Hisrorre Narvrerre
qu'à la queue. Sa longueur & fa groffeur font à-petr
près celles de la Salamandre à queue-plate ; fes pieds
font divifés en quatre doigts, comme dans les grenouilles 3:
ce qui peut faire préfumer que le cinquième doigt
ne manque qu'aux pieds de devant, ainf que dans
ces mêmes grenouilles & dans la plupart des Sala-
mandres. Il a la tête grofle en proportion du corps ,
la gueule noire & prefque toujours ouverte. On x
débité un conte ridicule au fujet de ce lézard. On
a prétendu que la femelle étoit fujette, comme les
femmes, à um écoulement périodique. Cette erreur
pourroit venir de ce quon la confondu avec les
Salamandres terreftres, qui mettent bas des petits
tout formés. Et peut-être même appartient - il aux
Salamandres terreftres plutôt qu'aux aquatiques. Au
refte , on dit que fa chair eft bonne à manger & d’un
$oût qui approche de celui de l'anguille ( g). Si cela
étoit, il devroïit former une éfpèce particulière , OÙ
plutôt, on pourroit croire qu’on n’auroit vu à la place
de ce prétendu lézard, qu'une grenouille qui n’étoit
pas encore développée & qui avoit fa queue de tétard.
C’eft à l’obfervation à éclaircir ces doutes.
ee RE ES
(£&) Voyez la defcription de la nouvelle Efpagne , Hiftoire générale
des Voyages, troilième Partie, Livre V.
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Aucerta ÿ
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. HOX
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«… LA PONCTUÉE ((«) :
Ox TROUVE, dam la Cudtie ‘une bib que
nous appellons 4 Ponctuée, à se de deux rangées
de points blancs, qui varient la couleur fombre de
fon dos, & qui fé réuniflent en un feul rang. Ce
‘lézard n'a que quatre doigts aux pieds de devant ;
tous sue bras font fans ongles, & fa queue eft FRANS
(a) Le Pondué. M 4 HE: EC antte dans |
Lacerta punétata, 45. Liñn. añphib. Tept.
Es ,» Caroli. 3, p. 10, tab. 20, fe 10. Stellio.
402 ::"Hisrorrx NATURELLE
=
Ox RENCONTRE , dans J’Amérique , feptentrionale
une falamandre dont le deflus du corps préfente
quatre lignes jaunes. L’algire a également quatre
lignes jaunes fur le dos; mais on ne peut pas les
confondre, parce que cé dernier a cinq doigts aux
pieds de devant, & que la Quatre-raies n'en a que
quatre. La queue de la Quatre - raies eft longue &
cylindrique : on remarque quelque apparence d'ongles
au bout des doigts.
(a) Le Rayé. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Lacerta 4 lineata, 46, Linn, amphib. rept.
L A Q UATRE-RA IE S (a).
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DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 493
LuEi:-ScAÀ-BR° OU RE,
T N OUS DEVONS entièrement la connoiffance de cette
nouvelle efpèce de falamandre à M. Bruyères, de la
Société royale de Montpellier, qui nous a commu-
niqué la defcription qu'il en a faite, & ce quil à
obfervé touchant cet animal dans l’Ifle de Madagafcar,
où il la vu vivant, & où on le trouve en grand
nombre. Aucun Voyageur ni Naturalifte n'ont encore
fait mention de cette falamandre; elle eft d'autant
plus remarquable, qu ’elle ‘eft plus grande que toutes
celles que nous venons de décrire. Elle a d’ailleurs
des écailles très-apparentes; & fes doigts font garnis
d'ongles, au lieu que, dans les quatre falamandres
dont nous venons de parler, la peau ne préfente que
des mamelons à la place d'écailles fenfibles, & ce
neft que dans le Quatre-raies qu'on apperçoit quelque
apparence dongle. Nous plaçons cependant le Sar-
roubé à la fuite de ces quatre falamandres, attendu
qu'il na que quatre doigts aux pieds de devant, &
qu'il préfente par - là le caraétère diftinctif d'après
lequel nous avons formé la divifion dans laquelle
ces falamandres font comprifes. |
404 HISTOIRE NAaTURgrrE
Le Sarroubé a ordinairement un pied de longueur
totale ; fon dos eft couvert d’une peau brillante -&
grenue , qui reflemble au galuchar; elle eft jaune &
tigrée de vert; un double rang d’écailles d’un jaune
clair garnit le deflus du cou qui eft très - large ; la
tête eft plate & alongée; les mâchoires font grandes,
& s'étendent jufqu'au- delà des oreilles ; elles font
fans dents, mais crénelées ; la langue eft enduite d’une
humeur ques: qui retient les petits infettes dont
le Sarroubé fait fa proie. Les yeux font gros; l'iris
eft ovale & fendu verticalement. La peau dù ventre
eftcouverte de petites écailles rondes & jaunes ; les bouts
des doigts font garnis de chaque côté d’une petite mem-
brane, & pardeflous d’un ongle crochu, placé entre
un double rang d'écailles, qui fe recouvrent comme
les ardoifes des toits, ainfi que dans le lézard à tête-
plate qui vit aufli à Madagafcar, & avec lequel le
_Sarroubé a de très-grands rapports. Ces deux derniers
lézards fe reflemblent encore, en ce qu'il ont tous
les deux la queue plate & Eee mais ils diffèrent
l'un de l’autre, en ce que le Sarroubé n’a point la
membrane frangée qui s'étend tout autour du corps du
lézard à tête-plate ; & d’ailleurs il n’a que quatre doigts
aux pieds de devant, ainfi que nous l'avons dit.
Le nom de Sairéubé qui lui a été donné par les
habitans de Madagafcar , paroït à M. Bruyères dé-
rivé du mot de leur: langue Jarrout, qui fignifie colere,
MARS “CENT 2
DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 495
Ces mêmes habitans redoutent le Sarroubé autant que
| le lézard à tête-plate; mais M. Bruyères penfe que
À | c'eft un animal très-innocent, & qui n'a aucun moyen
à | de nuire. Il paroït craindre la ‘trop grande chaleur ; |
À | LE. on le rencontre plus fouvent pendant la pluie que - ;
s | pendant un tems fec; & les Nègres de Madagafcar
lu | dirent à M. Bruyères qu'on le trouvoit en bien plus
grand nombre dans les bois pendant la nuit que pendant
le jour, |
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No US NOMMONS ainfi une nouvelle efpèce de
falamandre, dont aucun Auteur ma encore parlé,
& qu'il eft très-aifé de diftinguer des autres par
plufeurs caractères remarquables. Elle n'eft point dé-
pourvue de côtes, ainf que les autres Salamandres :
elle n'a que trois doigts aux pieds de devant, & quatre
doigts aux pieds de derrière ; fa tête eft aplatie &
arrondie pardevant ; la queue eft déliée, plus longue
que la tête & le corps ; & l'animal replie faci-
lement. C’eft à M. le Comte de Mailli, Marquis de
Nefle, que nous devons la chhnoidi de de cette
nouvelle efpèce de falamandre, dont il a trouvé un
individu fur le cratère même dé Véfuve , environné
des laves brülantes que Jette ce Eoloae C'eft une
place remarquable pour une falamandre qu’un endroit
entouré de matières ardentes vomies par un volcan;
beaucoup de gens pourroient même regarder la proximité
de ces matières comme une preuve du pouvoir de réfifter
aux flammes, que l’on a attribué aux falamandres :
Nous n'y voyons cependant que la fuite de quelque
accident & de quelques circonftances particulières qui
auront entraîné l'individu trouvé par M. le Marquis
de Nefle,
490.
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LXX7Z. p
75
grandeur de Mature:
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Oripare
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 497
de Nefle, auprès des laves enflammées du Véfuve.
Leur ardeur auroit bientôt confumé la Salamandre
à Trois-doigts, ainfi que tout autre animal, fi elle
m'avoit pas été prife avant d’être expofée de trop près
ou pendant trop long-tems à l’action de ces matières
volcaniques , dont la chaleur éloignée aura nui d'autant
moins à cette Salamandre, que tous les Quadrupèdes
ovipares fe plaifent au milieu de la température
brûlante des contrées de la zone torride.
M. le Marquis de Nefle a bien voulu nous envoyer
la Salamandre à Trois-doigts qu’il a rencontrée fur le
Véfuve ; & nous faififlons cette occafion de lui té-
moigner notre reconnoiflance pour les fervices qu’il
rend journellement à lHiftoire naturelle. L’individu
apporté d'Italie par cet illuftre amateur, étoit d’une cou-
leur brune foncée, mêlée de roux fur la tête, Les pieds,
la queue & le deflous du corps. Il étoit defléché au
point quon pouvoit facilement compter au travers
de la peau les vertèbres & les côtes ; la tête avoit
trois lignes de longueur, le corps neuf lignes, &
la queue feize lignes & demie.
A
Ovipares, Tome I.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES
Qui n'ont point de queue.
JL KE vous RESTE, pour compléter l’hiftoire des
Quadrupèdes ovipares, qu'à parler de ceux de ces
animaux qui nont point de queue. Le défaut de
cette partie eft un caractère conftant & très-fen-
fible , d'après lequel il eft aifé de féparer cette feconde
clafle d'avec la première, dans laquelle nous avons
compris les tortues & les lézards, qui tous ont une
queue plus ou moins longue. Mais, indépendamment
de cette différence, les Quadrupèdes ovipares fans
queue , préfentent des caractères d'après lefquels il eff
facile de les diftinguer. Leur grandeur eft toujours
très - limitée en comparaifon de celle de plufieurs
lézards ou tortues : la longueur des plus grands
n'excède guère huit ou dix pouces ; leur corps n’eft
point couvert d'écailles ; leur peau, plus ou moins
dure , eft garnie de verrues ou de tubercules , &
enduite d’une humeur vifqueufe.
La plupart n'ont que quatre doigts aux pieds de
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pee: à
DES QUADRUPÈDES OVIPARRS. 499
devant, & par ce caractère fe lient avec les Sala-
mandres. Quelques-uns, au lieu de n'avoir que cinq
doigts aux pieds de derrière comme le plus grand nombre
des lézards, en ont fix plus ou moins marqués : Les doigts
tant des pattes de devant que de celles de derrière :
font féparés dans plufieurs de ces Quadrupèdes ovipares,
& réunis dans d’autres par une membrane , comme
ceux des oifeaux à pieds palmés, tels que les oies,
les canards , les mouettes, &c. Les pattes de derrière
font, dans tous les Quadrupèdes ovipares fans queue,
beaucoup plus longues que celles de devant. Aufñi ces
animaux ne marchent-ils point, ne s’'avancent jamais
que par fauts, & ne fe fervent de leurs pattes de
derrière que comme d’un refort qu'ils plient & qu'ils
laiflent fe débander enfuite pour s'élancer à une dif-
tance & à une hauteur plus ou moins grandes. Ces
pattes de derrière font remarquables, en ce que le
tarfe eft prefque toujours auf long que la jambe
proprement dite.
Tous les animaux, qui scue -cette clafle, ont
d'ailleurs une bise offeufe bien plus ie que
ceux dont nous venons de parler. Ils n’ont point de
côtes, non plus que la plupart des falamandres ; ils
n'ont pas même de vertébres cervicales, ou du moins
ils n'en ont qu'une ou deux; leur tête eft attachée
prefqu'immédiatement au corps comme dans les poif-
fons avec lefquels ils ont auf de grands rapports par
REC
S00 Hisrorre NATURELLE
leurs habitudes, & fur-tout par la manière dont ifs
fe multiplient (a). Ils n'ont aucun organe extérieur
propre à la génération ; les fœtus ne font pas fécondés
dans le corps de la femelle; maïs, à mefure qu'elle
pond fes œufs, le mâle les arrofe de fa liqueur pro-
lifique, qu'il lance par l'anus : les petits paroiflent
pendant long-tems fous une efpèce d'enveloppe étran-
gère, fous une forme particulière, à laquelle on a
donné le nom de rérard, & qui reflemble plus ou
moins à celle des poiflons; & ce n'eft quà mefure
qu'ils fe développent, qu'ils acquièrent la véritable
forme de leurs efpèces.
Tels font les faits généraux communs à tous les
Quadrupèdes ovipares fans queue. Mais, fi on les exa-
mine de plus près, on verra qu'ils forment trois troupes
bien diftinctes, tant par leurs habitudes que par leur
conformation.
Les premiers ont le corps alongé , ainfi que Îa
tête; lun ou l’autre anguleux , & relevé en arêtes
longitudinales ; le bas du ventre prefque toujours délié,
& les pattes très-longues. Le plus fouvent la longueur
oo
(a) Les Quadrupèdes ovipares fans queue manquent de veflie pro-
prement dite, de même que les lézards , le vaifleau qui contient leur
urine, diflérant des veflies proprement dites, non-feulement par fa forme:
& par fa grandeur, mais encore par fa poñition, ainfi que par le nombre
& la nature des canaux avec lefquels il communique.
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DES QUADRUPÈDES OFIPARES, SOI
de celles de devant eft double du diamètre du corps
vers la poitrine ; & celles de derrière font au moins
de la longueur de la tête & du corps. Ils préfentent
des proportions agréables; ils fautent avec agilité ; bien
loin de craindre la lumière du jour , ils aiment à s’im-
biber des rayons du foleil.
Les feconds, plus petits en général que les premiers,
& plus fveltes dans leurs proportions, ont leurs doigts
garnis de petites pelottes vifqueufes, à l’aide defquelles
ils s’attachent, même fur la face inférieure des corps
les plus polis. Pouvant d’ailleurs s'élancer avec beau
coup de force , ils pourfuivent les infeétes avec
vivacité jufque fur les branches, & les feuilles des
arbres. |
Les troifièmes ont, au contraire, le corps prefque
rond, la tête très-convexe, les pattes de devant très.
courtes ; celles de derrière n'égalent pas quelquefois
la longueur du corps & de la tête; ils ne s’élancent
qu'avec peine; bien loin de rechercher les rayons du
foleil , ils fuient toute lumière; & ce n'eft que lorfque
la nuit eft venue qu'ils fortent de leur trou pour aller
chercher leur proie. Leurs yeux font aufli beaucoup
mieux conformés que ceux des autres Quadrupèdes
ovipares fans queue, pour recevoir la plus foible clarté;
& lorfqu’on les porte au grand jour, leur prunelle fe
contracte, & ne préfente qu'une fente alongée. Ils
différent donc autant des premiers & des feconds,
502 HirsTorrEe NATURELLE
que les hiboux & les chouettes diffèrent des oifeaux
de jour. |
Nous avons donc cru devoir former trois genres
diflérens des Quadrupèdes ovipares fans queue.
Dans le premier, qui renferme la grenouille com=
mune, nous plaçons douze efpèces, qui toutes ont la
tête & le corps alongés, & l’un ou l’autre anguleux.
Nous comprenons dans le fecond genre, la petite gre-
nouille d'arbre, connue en France, fous le nom de
raine Où de rainette, & fix autres efpèces, qu'il fera
ailé de diftinguer par les pelottes vifqueufes de leurs
doigts,
Nous compofons enfin le troifième genre, dans le-
quel fe trouve le crapaud commun, de quatorze ef=
pèces, dont le corps ni la tête ne font relevés en
arêtes faillantes.
Ces trente-trois efpèces, qui forment les trois genres
des grenouilles, des raines, & des crapauds, font les
feules que nous comptions dans la clafñle des Quadru-
pèdes ovipares fans queue, & auxquelles nous avons
Cru, d'après la comparaifon exacte des defcriptions
des Auteurs, ainf que d'après les individus confervés
au Cabinet du Roi , devoir réduire toutes celles dont
les Naturaliftes & les Voyageurs ont fait mention,
blance
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Harmeemnas—
(o) En
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 503
PREMIER GENRE.
x | Quadrupèdes ovipares fans queue , dont la tête & le
A) | corps font alongés, & lun ou Pautre anguleux.
nu) |
Ch CRENOUILLES
Î LA GRENOUILLE COMMUNE ( « ).
| C'EesT un grand malheur qu'une grande reffem-
blance avec des êtres ignobles ! Les Grenouilles
{
| communes font en apparence fi conformes aux
{l 4 ;
1
| | ;
1 | (a) En grec, BaraxQ- sauG-.
. 1 | La Grenouille mangeable. M. d’Aubenton , Encyclopédie méhodique.
PAR) | : ; rÉ
| À | Rana efculenta, 24. Linn. amphib. rept.
… Gefner , de Quadr. ovip., 42. Rana aquatica,
il | Res. Ran.,t. 61,1. 23. Rana viridis aquatica
. | Rana efculenta, Laurenti fpecimen medicum.
Rana, Scotia illuffrata , Edimburgt, 1684.
Rana efculenta, Wulff, Ichryologia , cum amphib. regni Borufhc
Rana efculenta, British Zoology, volume 3, Londres, 1776.
so HISTOIRE NATURELLE
crapauds , quon ne peut aifément fe repréfenter
les unes, fans penfer aux autres; on eft tenté de
les comprendre tous dans la difgrace à laquelle les
crapauds ont été condamnés , & de rapporter aux
premières les habitudes baffes, les qualités dégoüûtantes,
les propriétés dangereufes des feconds, Nous aurons
peut-être bien de la peine à donner à la Grenouille
commune la place qu'elle doit occuper dans l’ef-
prit des lecteurs , comme dans la nature : mais il
n’en eft pas moins vrai que sil n'avoit point exifté
de crapauds , fi l’on navoit jamais eu devant les
yeux ce vilain objet de comparaifon qui enlaidit par
fa reflemblance, autant qu'il falit par fon approche,
la Grenouille nous paroîtroit aufli agréable par fa
conformation , que diftinguée par fes qualités, &
intéreflante par les phénomènes qu elle préfente dans
les diverfes époques de fa vie. Nous la verrions comme
un animal utile dont nous n’avens rien à craindre,
dont l'inftinét eft épuré, & qui joignant à une forme
{velte des membres déliés & fouples, eft parée des
couleurs qui plaifent le plus à la vue, & préfente
des nuances d'autant plus vives, qu'une humeur vif
queufe enduit fa peau , & lui fert de vernis,
Lorfque les Grenouilles communes font hors de
l'eau, bien loin d’avoir la face contre terre, & d'être
baflement accroupies dans la fange comme les cra
pauds, elles ne vont que par fauts très-élevés : leurs
paîtes
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DES QuUADRUPÉDES OVIPARES. 505
pattes de derrière, en fe pliant & en fe débandant
enfuite , leur fervent de reflorts; & elles y ont aflez
de force pour s'élancer fouvent jufqu’à la hauteur de
quelques pieds.
On diroit qu’elles cherchent l'élément de Fair
comme le plus pur ; & lorfqu’elles fe repofent à terre,
ceft toujours la tête haute, leur corps relevé fur
les pattes de devant , & appuyé fur les pattes de
derrière , ce qui Le donne bien plutôt l'attitude
droite d’un animal dont l’inftinét a une certaine no-
blefle , que la poñtion bañle & horizontale dun vil
reptile. |
La Grenouille commune eft fi élaftique & fi fen-
fible dans tous fes points, qu'on ne peut la toucher,
& fur-tout la prendre par fes pattes de derrière,
fans que tout de fuite fon dos fe courbe avec viteffe,
& que toute fa furface montre, pour ainf dire, les
mouvemens prompts d'un animal asie , qui cherche
à s'échapper.
Son mufeau fe termine en pointe ; les yeux font.
gros , brillans & entourés d’un cercle couleur d'or ;
les oreilles placées derrière les Yeux , & recouvertes
par une membrane; les narines vers le fommet du
mufeau, & la bouche eft grande & fans dents; le
corps , rétréci parderrière, préfente fur le dos des
tubercules & des afpérités. Ces tubercules que. nous
avons remarqués fi fouvent fur les Quadrupèdes ovi-
_ Ovipares, Tome I, STE
506 HisTOorre NATURELLE
pares, fe trouvent donc non -feulement fur les cro=-
codiles & les très-grands lézards dont ils confolident
les dures écailles, mais encore fur des Quadrupèdes
foibles, bien plus petits, qui ne préfentent qu'une
peau tendre, & n'ont pour défenfe que l'élément
qu'ils habitent, & lafile où ils vont fe réfugier.
Le deflus du corps de la Grenouille commune eft
dun vert plus ou moins foncé; le deffous eft blanc :
ces deux couleurs, qui s'accordent très-bien, & forment
un aflortiment élégant , font relevées par trois raies:
jaunes qui s'étendent le long du dos; les deux des:
côtés forment une faillie, & celle du milieu préfente
au contraire une efpèce de fillon. A ces couleurs
jaune , verte & blanche, fe mêlent des taches noires:
fur la partie inférieure du ventre; & à mefure que
l'animal grandit, ces taches s'étendent fur tout le:
deflous du corps, & même fur fa partie fupérieure..
Qu’eft-ce qui pourroit donc faire regarder avec peine
un être dont la taille eft légère, le mouvement prefte,,
l'attitude gracieufe ? Ne nous interdifons pas un
plaifir de plus; &, lorfque nous errons dans nos
belles campagnes, ne foyons pas fâchés de voir Îles:
rives des ruifleaux embellies par les couleurs de ces:
animaux innocens, & animées par leurs fauts vifs:
& légers: contemplons leurs petites manœuvres; fui
vons-les des yeux au milieu des étangs paifbles dont:
ils diminuent fi fouvent la folitude , fans en troubler
sal
couleur
quil
k pré
puce de
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 5$0O7
le calme; voyons-les montrer fous les nappes d'eau les
couleurs les plus agréables, fendre en nageant ces eaux
tranquilles , fouvent même fans en rider la furface,
& préfenter les douces teintes que donne la uanfpa-
rence des eaux.
Les Grenouilles communes ont quatre doigts aux
pieds de devant, comme la plupart des Salamandres;
les doigts des pieds de derrière font au nombre de
cinq, & réunis par une membrane ; dans les quatre
pieds, le doigt intérieur eft écarté des autres, & le
plus gros de tous. |
Elles varient par la grandeur, fuivant leg pays
qu'elles habitent, la nourriture qu’elles trouvent, la
chaleur qu’elles éprouvent, &c. Dans les zones tempé-
rées, la longueur ordinaire de ces animaux eft de deux
À < + cs D 2: p $
à trois pouces , depuis le mufeau jufquà l'anus. Les
pattes de derrière ont quatre pouces de longueur
quand elles font étendues, & celles de devant enviren
un pouce & demi.
UN n y à qu un ventricule dans le cœur de Ja
Grenouille commune, ainfi que dans celui des autres
Quadrupèdes ovipares ; lorfque ce vifcère a été arraché
du corps de la Grenouille, il conferve fon battement
pendant fept ou huit minutes, & même pendant plu-
fieurs heures, fuivant M. Dole Le mouvement du
fang eft inégal dans les Grenouilles; il eft pouffé goutte
à goutte, & à de fréquentes reprifes; & lorfque ces
| Le
so8 - Hrsrorre NATURELLE
animaux font jeunes, ils ouvrent & ferment la bouche:
& les yeux à chaque fois que leur cœur bat. Les deux
_Jobes des poumons font compofés d'un grand nombre
de cellules membraneufes deftinées à recevoir l'air,
& faites à-peu-près comme les alvéoles des rayons de
‘miel (4) ; l'animal peut les tendre pendant un- tems:
aflez long, & fe rendre par-là plus. léger. :
“SA vivache, de fupériorité de fon naturel fur
celui des animaux qui lui reffemblent le plus, ne
doivent-elles pas venir de’ ce que, malgré fa petite
taille, elle eft un des Quadrupèdes ovipares les mieux
partagés pour les: fens extérieurs ? Ses yeux font en:
effet gros & faillans, ainf que nous lavons dit; fa
peau molle, qui n'eft recouverte ni d'écailles, ni d’en--
veloppes offeufes, eft fans cefle abreuvée & maintenue’
dans fa fouplefle par une humeur vifqueufe qui fuinte:
au travers de fes pores ; elle doit donc avoir la vue:
très-bonne , & le toucher un peu délicat; & fi fes:
oreilles font recouvertes par une membrane, elle n’en.
a pas moins louïie fine, puifque ces organes: renfer--
. ment dans leurs cavités une corde élaftique que Vanimal
peut tendre à volonté, & qui doit lui communiquer
avec aflez de précifion les vibrations de l'air agité par
les corps fonores. |
_ Cette fupériorité dans la fenfibilité des Grenouilles,,
PAS PNG RS 7 Les oO en
(8) Rays Synopfis animalium page 247 , Londres, 1693:
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DES: QuADRUPÈDES OVPARES SO9
fes rend plus difficiles fur la nature de leur nourriture;
elles rejettent tout ce qui pourroit préfenter un com-
mencement de décompoñtion. Si elles fe nourriflent de
vers, de fangfues, de petits limaçons, de fcarabées &
d’autres infeétes tant ailés que non ailés, elles n'en
prennent aucun qu’elles ne Paient vu remuer comme fi
elles vouloient s’aflurer qu'il vit encore (c) : elles de
meurent immobiles jufqu’à ce que l’'infecte foit aflez près
d'elles ;ellesfondent alors fur lui avec vivacité, s'élancent
vers cette proie, quelquefois à la hauteur d'un ou deux
pieds, & avancent, pour l’attraper, une langue enduite
d’une mucofité fi gluante, que les infeétes qui y touchent
y font aifément empêtrés. Elles avalent auffi de très-
petits limaçons tout entiers (d); leur œfophage a une
grande capacité; leur eftomac peut d’ailleurs recevoir,
en fe dilatant, un grand volume de nourriture; & tout
cela joint à l’activité de leurs fens, qui doit donner
plus de vivacité à leurs appétits, montre la caufe de
leur efpèce de voracité : car non-feulement elles fe:
nourriflent des très-petits animaux dont nous venons
de parler, mais encore elles avalent fouvent des ani-
Ÿ =
(c) Laurénti fpecimen medicum. Wieñne, 1768, page 137:
Didionnaire d'Hifloire. naturelle de M, Valmont. de Bomare, article-
des Grenouilles.
_d) Ray, Synopfis animalium , page 251
s10 HirsTOrRE NATURELLE
maux plus confidérables, tels que de jeunes fouris,
de petits oifeaux, & même de petits canards nouvel-
lement éclos , lorfqu'elles peuvent les furprendre fur
le bords des étangs qu’elles habitent.
La Grenouille commune fort fouvent de l’eau, non-
feulement pour chercher fa nourriture, mais encore
pour s’imprégner des rayons du foleil. Bien loin d'être
prefque muette comme plufieurs Quadrupèdes ovipares,
& particulièrement comme la falamandre terreftre,
avec laquelle elle a plufieurs rapports, on l'entend de
très-loin , dès que la belle faifon eft arrivée, & qu'elle
eft pénétrée de la chaleur du printems jeter un cri
qu'elle répète pendant aflez long-tems, fur-tout lorf-
qu'il eft nuit. On diroit qu’il y a quelque rapport de
plaifir ou de peine entre la Grenouille & l'humidité du
ferein ou de la rofée; & que c’eft à cette caufe qu'on
doit attribuer fes longues clameurs. Ce rapport pourroit
montrer pourquoi les cris des Grenouilles font , ainfi
qu'on l’a prétendu, d'autant plus forts, que le tems
eft plus difpofé à la pluie, & pourquoi ils peuvent
par conféquent annoncer ce météore, |
Le coaffement des Grenouilles, qui n’eft compofé
que de fons rauques, de tons difcordans & peu diftindts
les uns des autres, feroit Rs par lui-même,
& quand on n’entendroit qu une feule Grenouille à la
fois; mais c’eft toujours en grand nombre qu’elles coaf-
fent; & c’eft toujours de trop près qu'on entend ces
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DES QuUADRUPÉDES OVIPARES. SI
#ons confus, dont la monotonie fatiguante eft réunie
à une rudefle propre à bleffer l'oreille la moins déli-
cate. Si les Grenouilles doivent tenir un rang diftingué
1 parmi les Quadrupèdes ovipares, ce n'eft donc pas par :
ù | | leur voix : autant elles peuvent plaire par l’agilité de “
RD leurs mouvemens, & la beauté de leurs couleurs, au=
n | | tant elles importunent par leurs aigres coaffemens. Les
; : | mâles font fur-tout ceux qui font le plus de bruit ;
1 | les femelles n’ont qu’un grognement affez fourd, qu'elles:
| | font entendre en enflant leur gorge ; mais, lorfque les:
1 | mâles coaffent , ils gonflent de chaque côté du cou
deux veflies qui, en fe rempliffant d'air , & en devenant
pour eux comme deux inftrumens retentiflans , aug-
mentent le volume de leur voix. La Nature, qui n'a
pas voulu en faire les muficiens de nos campagnes.
n'a donné à ces inftrumens que de la force, & les:
fons que forment les Grenouilles mâles fans étre plus
agréables , font feulement entendus de plus loin que:
ceux de leurs femelles.
Ils font feulement plus propres à troubler ce calme
Æ des belles nuits de l'été, ce filence enchanteur qui
1 | règne dans une verte prairie, fur le bord d’un ruifleau
1 | tranquille, lorfque la lune éclaire, de fa lumière pai-
| - fible, cet afile champêtre, où tout goûteroit les charmes:
de la fraicheur, du repos, des parfums des fleurs, &c
où tous les fens feroient tenus dans une douce extafe,.
fi celui de l'ouie n'étoit défagréablement ébranlé par
s12 - HisTorre NATUREIzE
des cris aufli aigres que forts, & de rudes coaffemens -
fans cefle renouvellés.
Ce n'eft pas feulement lorfque les Grenouilles mâles
coaffent, que leurs vefles paroiflent à l'extérieur; on
peut, en preflant leur corps, comprimer l'air quil
renferme , & qui, fe portant alors dans ces vefles,
en étend le volume & les rend faillantes. J'ai aufi vu
gonfler ces mêmes veflies, lorfque j'ai mis des Gre-
nouilles mâles fous le récipient d’une machine pneu-
matique , & que j'ai commencé d’en pomper l'air.
= Indépendamment des cris retentiflans & long-tems
prolongés que la Grenouille mâle fait entendre fi {ou-
vent, elle a d’ailleurs un fon moins défagréable &
moins fort, dont elle ne fe fert que pour appeller fa
femelle :.ce dernier fon eft fourd & comme plaintif,
tant il eft vrai que l’accent de l'amour eft toujours mêlé
de quelque douceur. :
Quoique les Grenouilles communes fe plaifent 2 à des
latitudes très - élevées , la chaleur leur eft aflez
néceffaire , pour qu'elles perdent leurs mouvemens,
que leur fenfbilité foit très-afloiblie, & qu'elles
s'engourdiflent dès que les froids de l'hiver font venus.
C'eft communément dans quelque afile caché très-
avant fous les eaux, dans les marais & dans les lacs
qu'elles tombent dans la torpeur à laquelle elles font
fujettes. Quelques-unes cependant paflent la faifon du
froid dans des trous fous terre, foit que des circonf-
tances
yes
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mme
gonc de
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manière
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4) Mali
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. S13
tances locales les Y déterminent ;ou qu'elles foient fur-
_prifes dans ces trous par le degré de froid qui les engour-
dit. Elles font alimentées , pendant le tems de leur long
| fommeil , par une matière graiffeufe renfermée dans le
| tronc de la veine-porte (e). Cette graïfle répare jufqu’à
un certain point la fubftance du fang, & l’entretient de
manière à ce quil puifle nourrir toutes les parties du
| _ corps qu’il arrofe. Maïs quelque fenfibles que foient les
| _ Grenouilles au froid, celles qui habitent près des zones
| torrides, doivent être exemptes de la torpeur de l’hiver,
| de même que les crocodiles & les lézards qui y font
fujets à des latitudes un peu élevées, ne s’engourdif-
fent pas dans les climats très-chauds.
On tire les Grenouilles de leur état d’engourdifie-
ment, en les portant dans quelque endroit échaufté,
& en les expofant à une température artificielle, à
peu-près femblable à celle du printems. On peut fuc-
cefivement & avec aflez de promptitude les replonger
dans cet état de torpeur , ou les rappeller à la vie
par les divers degrés de froid ou de chaud qu'on leur
fait fubir. A la vérité, il paroît que l'adtivité qu'on
leur donne avant le tems où elles font accoutumées à
la recevoir de la Nature, devient pour ces animaux un
grand effort qui les fait bientôt périr. Mais il eft à pré-
fumer que fi lon réveilloitainfi des Grenouilles apportées
(e) Malpighi
Ovipares, Tome I, Cl
s14 Hirsrorrre NATURELLE |
de climats très-chauds où elles ne s’engourdiffent jamais»
bien loin de contrarier les habitudes de ces animaux;
on ne feroit que les ramener à leur état naturel, &
ils n’auroient rien à craindre de l’activité qu'on leur
rendroit. On eft même parvenu, par une chaleur arti-
ficielle, à remplacer aflez la chaleur du printems, pour
que des Grenouielles aient éprouvé, l'une auprés de
l'autre, les defirs que leur donne le retour de la belle
faifon. Mais, foit par défaut de nourriture, foit par
une fuite des fenfations qu’elles avoient éprouvées
trop brufquement, & des efforts qu’elles avoient faits
dans un tems où communément il leur refte à peiné
la plus foible exiftence , elles n'ont pas furvécu long-
tems à une jouiflance trop hâtée (f).
Les Grenouilles font fujettes à quitter leür peau,
de même que les autres Quadrupèdes ovipares; mais
cette peau eît plus fouple , plus conftamment abreuvée
par un élément qui la ramollit, plus fajette à être
altérée par les caufes extérieures ; d'ailleurs les Gre-
nouilles, plus voraces & mieux conformées dans Îles
organes relatifs à la nutrition, prennent une nourriture
plus abondante, plus fubflantielle , & qui fourniffant
une plus grande quantité de nouveaux fucs, forme
plus aifément une nouvelle peau au-deffous de lan
cienne. Il n’eft donc pas furprenant que les Grenouilles
0000
(f) Mémoires de M. Gleditsch, dans ceux de L Académie de Pruffe-
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. St
fe dépouillent très-fouvent de leur peau pendant la
faïfon où elles ne font pas engourdies, & qu’alors elles
en produifent une nouvelle prefque tous les huit jours :
lorfque l’ancienne eft féparée du corps de l'animal,
elle reflemble à une mucofité délayée.
C’eft fur-tout au retour des chaleurs que les Gre-
nouilles communes, ainfi que tous les Quadrupèdes
ovipares, cherchent à s'unir avec leurs femelles; ik
croît alors aux pouces des pieds de devant de la Gre+
nouille mâle, une efpèce de verrue plus où moins
noire, & garnie de papilles (g). Le mâle sen fert
pour retenir plus facilement fa femelle (4); il
monte fur fon dos, & l’embrafle d'une manière fi
étroite avec fes deux pattes de devant, dont les doigts
s’entrelacent les uns dans les autres, qu’il faut employer
un peu de force pour les féparer, & qu'on n'y par-
vient pas en arrachant les pieds de derrière du mâle.
M. l'Abbé Spallanzani a même écrit qu'ayant coupé la
tête à un mâle qui étoit accouplé, cet animal ne ceffa
pas de féconder pendant quelque tems les œufs de fa
femelle, & ne mourut qu'au bout de quatre heures (à).
(g) Rafel, page 54. ;
(A) M. Linné, vraifemblablement d’après Fréderic Menzius, a été
tenté de regarder cette efpèce de verrue, comme la partie fexuelle du
mâle ; pour peu qu'il eût réfléchi à cette opinion, il auroit été le premier
à la rejeter. Lin., fyfflema nat. , edit, 13.2 tom. 1, folio 354.
(ä) Vol. 3, page 86. |
Ttti
._ $16 HISTOIRE NATURELLE
Quelque mouvement que fafle la femelle, le mâle [x
retient avec fes pattes, & ne la laifle pas échapper .
même quand elle fort de l’eau (Æ): ils nagent ainfn
accouplés pendant un nombre de jours d'autant plus:
grand, que la chaleur de l’atmofphère eft moindre, &
ils ne fe quittent point avant que la femelle ait pondu:
fes œufs (?). C'eft ainfi que nous avons vu les tortues:
de mer demeurer pendant long-tems intimement unies,
& voguer fur la furface des ondes, fans pouvoir être:
féparées l'une de l’autre.
Au bout de quelques jours, la faite pond: fes:
œufs, en faifant entendre quelquefois un coafflement:
un peu fourd; ces œufs forment une efpèce de cordon...
étant colés enfemble par une matière glaireufe dont: ils:
font enduits; le mâle faifit le moment où ils fortent de:
l'anus de la femelle, pour les-arrofer de fa liqueur fémi-- :
nale, en répétant plufeurs fois un cri particulier (”2.);:
& il peut les féconder d'autant plus aifément, que:
{on corps dépañle communément , par le bas, celuï
de fa compagne : il fe fépare enfuite d'elle, & recom-
mence à nager, ainfi qu'à remuer fes pattes avec agi--
lité, quoiqu'il ait pañlé la plus grande partie du tems:
(4), Colleéion académ. ; rome 5 , page 549. Hifloire de la Grenouille ;;
gar Swammerdam,
(1) Swammerdam & Rafel.
{z.). Laurenti fpecimen medicum > Vienne , 1768, page: 1382.
lité,
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(x
DES QUADRUPHDES OVIPARES. S17
de fon union avec fa femelle dans une grande immo<
bilité, & dans cette efpèce de contraction qui ac=
compagne quelquefois les fenfations trop vives (r).
Dans les différentes obfervations que nous avons
faites fur les œufs des Grenouilles, & fur les chan-
gemens qu'elles fubiffent avant de devenir adultes, nous
avons vu, dans les œufs nouvellement pondus, un petit
globule, noir d’un côté, & blanchâtre de l’autre, placé
au centre d'un autre globule, dont la fubftance glu=-
tineufe & tranfparente doit fervir de nourriture à
l'embryon , & eft contenue dans deux enveloppes
membraneufes & concentriques: ce font ces membranes
qui repréfentent la coque de l'œuf (0).
Après un tems plus ou moins long, fuivant la tem
pérature , le globule noir d'un côté & blanchâtre de
Fautre, fe développe & prend le nom de rérard (p}):
_ (n) Swammerdam ,-à l’endÿoit déja cité.
(o) M. l'Abbé Spallanzani ne confdérant la membrane intérieure-
qui enveloppe le tétard-que comme un amnios ; a propofé de féparer
‘les grenouilles, les crapauds.& les raines, des. ovipares, pour les réunir
avec les: vivipares ; maïs nous n’avons pas cru devoir adopter l'opinion
de cet habile Naturalifte. Comment éloigner en effet les grenouilles ;
les raines & les crapauds, des tortues & des lézards avec lefquels ils
font liés par tant de rapports, pour les räpprocher des viviparés, dont:
is différent par tant de caractères intérieurs où extérieurs? Voyez le
troilième volume de M. FAbbé Spallanzani, page 76.
(g). M. Labbé Spallanzani ; ouvrage déjà cité volume 3» PAL 1%.
s18 Hisrorre NATUREL: r
cet embryon déchire alors les enveloppes dans lefquelles
il étoit renfermé, & nage dans la liqueur glaireufe
qui l'environne, & qui s'étend & fe née dans l’eau,
où elle flotte fous l'apparence d’une matière nuageufe;
il conferve, pendant quelque tems, fon cordom ombilical
qui eft attaché à la tête, au lieu de l’être au ventre,
ainfi que dans la plupart des autres animaux ; il fort de
tems en tems de la matière gluante, comme pour
effayer fes forces; mais il rentre fouvent dans cette
petite mafle flottante qui peut le foutenir; il y revient,
non-feulement pour fe repofer, mais encore pour pren-
dre de la nourriture. Cependant il grofhit toujours;
on diftingue bientôt fa tête, fa poitrine, fon ventre Sc
fa queue dont il fe fert pour fe mouvoir.
La bouche des tétards n'eft point placée, comme
dans la Grenouille adulte, au-devant de la tête, mais
en quelque forte fur la poitrine; aufli lorfqu'ils veu-
lent faifir quelque objet qui flotte à la furface de l'eau
ou chafler l'air renfermé dans leurs poumons, ils fe
renverfent fur le dos, comme les poiflons dont la
bouche eft fituée au-deflous du corps ; & ils exécu-
tent ce mouvement avec tant de vitefle que l'œil a
de la peine à le fuivre (g).
Au bout de quinze jours, les yeux paroiffent quel
quefois encore fermés, mais on découvre les premiers
(g) Siwammerdam,
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plus conftante, Voyez Swammerdam,
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 519
linéamens des pattes de derrière (r). À mefure qu’elles
croiflent, la peau qui les revêt s'étend en propor«
tion (s). Les endroits où feront les doigts, font mar-
qués par de petits boutons ; &, quoiqu'il n’y ait encore
aucun os , la forme du pied eft très-reconnoiflable,
Les pattes de devant reftent encore entièrement cachées
fous l'enveloppe: plufieurs fois les pattes de devant font
au contraire les premières qui paroïflent.
C’eft ordinairement deux mois après qu'ils ont
commencé de fe développer, que les tétards quittent
leur enveloppe pour prendre la vraie forme de Gre=
nouille, D'abord la peau extérieure fe fend fur le dos,
près de la véritable tête qui pafle par la fente qui
vient de fe faire. Nous avons vu alors la membrane,
qui fervoit de bouche au tétard, fe retirer en arrière
& faire partie de la dépouille. Les pattes de devant
commencent à fortir & à fe déployer ; & la dépouille
toujours repouflée en arrièré, laifle enfin à découvert
le corps, les pattes de derrière, & la queue qui,
diminuant toujours de volume , finit par s'oblitérer &
difparoître entièrement (+). | é
(r) Swammerdam , page 790 , Leyde, 1738,
(s) Idem, page 79t. :
(4) Pline, Rondelet & plufeurs autres Naturaliftes ont prétendu que
la queue de la jeune Grenouille fe fendoit en deux , pour former les.
deux pattes de derrière : cette opinion eft contraire à l’obfervation la
520 HisTorre NATurEzrr=r
Cette manière de fe développer eft commune, à
trés-peu près, à tous les Quadrupèdes ovipares fans queue:
quelque éloignée qu'elle paroife ,au premier coup-d'œil,
de celle des autres ovipares, on reconnoitra aïfément,
fi on l’examine avec attention, que ce qu ‘elle a de
particulier fe réduit à deux points.
Premièrement, l'embryon renfermé dans l'œuf, en
fort beaucoup plutôt que dans la plupart des autres
ovipares , avant même que toutes fes parties foient
développées, & que fes os & fes cartilages foient
formés. |
_Secondement, cet embryon à demi-développé eft
renfermé dans une membrane, & pour ainfi dire,
dans un fecond œuf Gone & très-tranfparent ,
auquel il y a une ouverture qui peut donner pañlage
à la nourriture. Mais de ces deux faits le premier ne
doit être confidéré que comme un très-léger change-
ment , & , pour aïnfi dire , une fimple abréviation
dans la durée des premières opérations nécefaires au
EAP Re des animaux qui viennent d'un œuf:
cette manière particulière peut avoir lieu fans que Île
fœtus en fouffre, parce que le tétard n’a prefque pas
befoin de force ni de membres pour les divers mou-
vemens qu'il exécute dans l’eau qui le foutient, &
autour de la fubftance tranfparente & av où
il trouve à fa portée une nowriture aualogue à la
foibleffe de fes organes,
da or
ler gl
h tblar
mate
nn
cf lù
mouvem
ls œuf
lére fo
dre,
flex
jontenn
fl ren
| Ori
DES QuaDruPÈDEs OVrPARES. $2T
A l'égard de cette efpèce de fac dans lequel la gre-
nouille ainfi que la raine & le crapaud font renfermés
pendant les premiers tems de leur vie fous la forme de
tétard , & qui préfente une ouverture pour que la
| os puifle parvenir au jeune animal on doit,
| ce me femble, le confidérer comme une ce ee
fecond œuf, ou pour mieux dire de feconde enye-
_loppe dont lanimal ne fe dégage qu'au moment qui
| lui a été véritablement fixé pour éclore : ce n’eft
be” que lorfque la grenouille ou le crapaud font ufage de
tous leurs membres, que l’on doit les regarder comme
véritablement éclos. Is font toujours dans un œuf tant
qu ils font fous la forme de tétard: mais cet œuf eft
| percé parce qu'il ne renferme point la nourriture né-
| ceflaire au fœtus, & parce que ce dernier eft obligé
| d'aller chercher fa fubfftance, foit dans l’eau, foit dans
| ‘Ja fubftance glaireufe qui flotte avec l'apparence d'une
14 matière nuageufe.
| Le tétard, à le bien confidérer, nef donc qu’ un
À | _ œuf fouple & mobile qui peut . prêter à tous les
: À _ mouvemens de l’embryon. Il en feroit de même de tous
L les œufs, & même de ceux de nos poules, fi au lieu
d'être (olides & formés d'une fubftance crétacée &
D | dure , ils étoient compofés d’une membrane très-molle, |
Li) | _ très-flexible & tranfparente. Le poulet, qui y feroit .
contenu, pourroit exécuter quelques mouvemens, quoi» _
L. que renfermé dans cette enveloppe, qui fe préteroit
| … Ovipares, Tome LE us de,
PE HISTOIRE NATURELLE
à fon aétion ; il le pourroit fur-tout , fi ces mouvemens
nétoient pas contrariés par les Lriéités des furfaces,
& les inégalités du terrain, & fi au contraire ils avoient
lieu au milieu de l’eau qui foutiendroit l’œuf & le
fœtus, & ne leur oppoferoit qu'une foible réfiftance.
Ces mouvemens feroient comme ceux d’un petit ani-
mal quon renfermeroit dans un fac d’une matière
fouple.
Que fe pañle- -t-il donc réellement dans le déve-
loppement des grenouilles, ainfi que des autres Qua-
drupèdes ovipares fans queue ? leurs œufs ont plufieurs
enveloppes : les plus extérieures, qui environnent le
globule noir & blanchâtre, ne fubfiftent que quelques
jours; la plus ce , qui eft très-molle & très-fouple,
par fe prêter à tous les mouvemens d'un animal qui
à Sans inflant acquiert de nouvelles forces ; elle
s'étend à mefure qu'il grandit ; elle ef percée d'une
ouverture, que l’on n'auroit pas dû appeller bouche,
car ce n'eft pas précifément un organe particulier, mais
un pañage pour la nourriture néceffaire à la jeune
grenouille, au jeune crapaud, ou à la jeune raine:
& comme les œufs des grenouilles, des raines & des
crapauds, font communément pondus dans Peau qui,
pendant le printems & lété, eft moins ride que
la terre & l'air de Fotbhhe , ils. éprouvent une
chaleur moins confidérable, que ceux des lézards &
des tortues qui font dépofés fur les rivages, de manière
in
tan)
ps fi
jient J
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AÏ
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peuple
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Li
jours.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. S23
à ètre échauffés par les rayons du foleil : ilneft donc
pas furprenant que, par exemple, les petites grenouilles
foient renfermées dans leurs enveloppes pendant deux
_ mois, ou environ, & que ce ne foit qu'au bout de ce
tems quelles éclofent véritablement en quittant 1a
forme de tétard, tandis que les lézards & les tortues
fortent de leurs Le he un aflez petit pee de
À l’égard de la queue qui s’oblitère dans les greh
nouilles , dans les crapauds & dans les raines , ne
doivent - ils pas perdre facilement une portion de
leur corps qui n'eft foutenue par aucune partie offeufe,
& qui d’ailleurs, toutes les fois qu'ils nagent, oppofe à
Veau le plus d'action & de réfiflance? Au refte, cette
forte de tendance de la Nature à donner une queue.
aux grenouilles, aux crapauds & aux raines, ainff
qu'aux lézards & aux tortues, et une nouvelle preuve
des rapports qui les lient &, en quelque forte, de F'u<
nité du modèle fur lequel les Quadrupèdes ovipares
ont été formés,
Les couleurs des “ee communes ne font ja=
mais fi vives qu'après leur accouplement ; elles pälif-
fent plus où moins enfuite, & deviennent quelquefois
aflez ternes & aflez rouffes pour avoir fait croire au
peuple de plufieurs pays, que, pendant l'été, les gre—
nouilles fe métamorphofent en crapauds, |
Lorfqu’ on ne bleile les grenouilles que dans une
Vvyvil
524 HisTOrRE NATUREIrE
feule de leurs parties, il eft très-rare que toute leur
organifation sen reflente, & que l’enfemble de leur
mécanifme foit dérangé au point de les faire périr.
Bien plus, lorfqw'on leur ouvre le corps, & quon en
arrache le cœur & les entrailles, elles ne confervent pas
moins pendant quelques momens leurs mouvemens ac-
coutumés (u) : elles les confervent aufli pendant quel-
que tems lorfqu'elles ont perdu prefque tout leur fang;
_ ie dans cet état, elles font CROIRE * à l’action en-
gourdiflante du EE leur fenfbilité s'éteint, mais fe
xanime quand le froid fe diflipe très-promptement, &
_elles fortent de leur torpeur, comme fi elles n’avoient
éprouvé aucun accident (v). Aufli, malgré le grand
nombre de dangers auxquels cliés font expofées ,
doivent-elles communément vivre pendant un tems
aflez long relativement à leur volume.
_ Les grenouilles étant accoutumées À demeurer un
peu de tems fous l’eau fans refpirer, & leur cœur
étant conformé de manière à pouvoir battre fans être
mis en jeu par leurs poumons comme celui des ani-
maux mieux organifés, il n'eft pas furprenant qu’elles
vivent aufh pendant un peu de tems dans un vafe
dont on a pompé l'air, ainf que l’ont éprouvé plufeurs
areas np SR nn ER EEE
Ca) Ray, Sbophs methodica animalium, Lond. 1693, page 248.
y) Voyez à ce fujet les Œuvres de M, Abbé Spallanzani, Traduéfion
de M, Sennebier , vol 2, page ir
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(on
DES-QuUADRUPÉDES OVIPARES. S23
Phyfciens, & que je lai éprouvé fouvent moi-même (x),
On peut même croire que l’efpèce de mal-aife ou de
douleur qu’elles reffentent lorfqu'on commence à ôter
l'air du récipient, tient plutôt à la dilatation fubite &
forcée de leurs vaifleaux, produite par la raréfadion
de Pair renfermé dans leur corps, qu'au défaut d’un
nouvel air extérieur. Il n'eft pas furprenant, d'après
cela, qu'elles vivent plus long-tems que beaucoup
ie animaux, ainfi que les crapauds & les fala-
mandres aquatiques, dans des vafes dont l'air ne peut
_ pas fe renouveller (y).
.. Les grenouilles font Mo par les ferpens d'eau,
les anguilles, les brochets, les taupes, les putois, les
loups (7), les oifeaux d’eau & de rivage, &c. Comme
elles fourniffent un aliment utile, & que même cer-
taines parties de leur corps forment un mets très-
agréable, on les recherche avec foin ; on a plufieurs
manières de les pêcher; on les ca. avec des filets
à la clarté des flambeaux qui les effraient & les rendent
fouvent commeimmobiles; ou bien on les pêche à la ligne
avec des hamecons qu'on garnit de vers, d’infeétes ) OÙ
(x) Réd; , ©& lecons de phyfique expérimentale de l'Abbé Noller,
gomme 3, page 270.
(y) Voyez les Œuvres de M. FAbbé Golirant traduction de
M. Sennebier , vol. 2, pages 160 & fuiv.
(x) M. d'Aubenton en a trouvé dans leftomac d’un loup.
526 Hrsrorrre Narursiriy
fimplement d'un morceau d’étoffe rouge ou couleur de
chair; car, ainfi que nous l'avons dit, Les grenouilles font
goulues ; elles faïfiflent avidement & retiennent avec
obflination tout ce qu'on leur préfente (a). M. Bour-
geois rapporte qu'en Suifle on les prend d’une manière
plus prompte par le moyen de grands rateaux dont les
dents font longues & ferrées: on enfonce le rateau dans
l'eau, & on ramène les grenouilles à terre, en le re-
tirant avec précipitation (b).
On a employé avec fuccès en médecine les diffé
rentes portions du corps de la grenouille , ainf que {on
frai auquel on fait fubir différentes préparations, tant
pour conferver fa vertu pendant long-tems, que pour
si
| ajouter à l'efficacité de ce remède (c). |
La grenouille commune habite prefque tous les pays.
On la trouve très-avant vers le nord, & même dans
la Lapponie Suédoife (d); elle vit dans la Caroline &
dans la Virginie, où elle eft fi agile, au rapport de
plufieurs Voyageurs, qu’elle peut, en fautant , franchiz
un intervalle de quinze à dix-huit pieds,
(a) Laurenti fpecimen medicum, Vienne, à 768, page 137.
(5) Didionnaire d'Hifloire naturelle, par M, Valmont de Bomare;
article des Grenouilles, |
() Idem. :
(d) Voyez, dans la continuation de l'Hiftoire générale des Voyages;
tome 76, édition in-12, la defcription de la Lapponie fuédoife, pag
M. Pierre Hxgeftrzm, traduite par M, de Kéralio de Gourlay,
Nos
sua li
nouile
contrées ;
confidere
rhfervai
pute à €
variétés
des race
Jes difé
mune ,
habitude
bzs QuaDRruPÈDES OVIPARES. 52?
Nous allons maintenant préfenter rapidement les
détails relatifs aux grenouilles différentes de la gre-
nouille commune, & que l’on rencontre dans nos
contrées, ou dans les pays étrangers : nous allons les
confidérer comme des efpèces diftinétes, peut-être des
obfervations plus étendues nous obligeront-elles dans la
fuite à en regarder quelques-unes comme de fimples
‘variétés dépendantes du climat, ou tout au plus comme
des races conftantes : nous nous contenterons de rapporter
les différences qui les féparent de la grenouille com
mune, tant dans leur conformation que dans leurs
habitudes. : 2
528 HrsTorre MERE
ge
:
du OUSSE 0
LL ssr AISÉ de diflinguer cette grenouille d'avec
les autres, par une tache noire qu'elle à entre les
yeux & les pattes de devant. Elle paroît, au premier
coup-d œil, n'être qu'une variété de la grenouille com
mune; mais comme elle habite dans le même Fo |
comme elle vit, pour ainfi dire, dans les mêmes
étangs , & quelle en diffère cependant conftamment
par quelques-unes de fes habitudes & par fes couleurs,
(a) Batracos, en grec.
La muette, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique,
Rara temporaria, 24. Linn. amph. rept.
Rana muta, Laurenti Jpecimen medicum.
Reel, tab. : & 3» Rana fufca terreftris.
Gefner, de Quadr. ovi., fol. its Rana AUS
fldr. ovip, 89, Rana.
Jonff. Quadr., t.75,f5,6,7,8
Ray, Quadr., 247, Rana el
Bradl. natur. tab. a1 , fig.
Batracos , Ariflote , Hifloire des animaux , Livre IV, chap. 9.
Frog common , Brrisk Zoology , vol. ce London , 2776.
Rana temporaria, Wxlf: Ichthyologia , cum amphibiis regni Borufficis
Rana ve cfpertina, Supplément au Voyage de M. Pallas.
on ne peut pas
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dé
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a Le
quand
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Din
DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 529
où ne peut pas rapporter fes caractères diftinctifs à la
différence du climat ou de la température, & l’on
doit la confidérer comme une efpèce particulière. Elle
a le deffus du corps d’un roux obfeur, moins foncé
quand elle a renouvellé fa peau, & qui devient comme
marbré vers le milieu de l'été. Le ventre eft blanc
& tacheté de noir à mefure . “elle vieillit. Les cuifles
{ont rayées de brun.
Elle a, au bout de la langue, une petite échan-
crure dont les deux pointes lui fervent à faifir les
infeétes qu’elle retient, en même-tems , par l'efpèce
de glu dont fa langue eft enduite, & fur lefquels elle
s'élance, comme un trait, dès qu'elle les voit à fa
portée. On l'a appellée la muette, par comparaifon,
avec la grenouille commune, dont les cris défagréa-
bles & fouvent répétés, fe foi entendre de très-loin.
Cependant, dans le tems de fon accouplement où
lorfqu’on la tourmente, elle poufle un cri fourd, fem
blable à une forte de grognement, & qui elt plus
fréquent & moins foible dans le mâle.
Les grenouilles rouffes paflent une grande partie de
la belle faifon à terre. Ce n'eft que vers la fin de
l'automne qu’elles regagnent les endroits marécageux,
&, lorfque le froid devient plus vif, elles s'enfoncent
de le limon du fond des étangs, où elles demeurent
engourdies jufqu’au retour du printems. Mais ; lorfque
la chaleur eft revenue, elles font rendues à la vie &.
Ovipares , Tome I, As
530 HirsTOorrEz NATURELLE
au mouvement. Les jeunes regagnent alors la terre
pour y chercher leur nourriture : celles qui font âgées
de trois ou quatre ans, & qui ont atteint le degré de
développement néceflaire à la reproduction de leur
efpèce, demeurent dans l’eau jufqu'à ce que la fai-
fon des amours foit pañlée. Elles font les premières
grenouilles qui s'accouplent, comme les premières ra-
nimées. Elles demeurent unies pendant quatre jours
ou environ. |
Les grenouilles roufles éprouvent, avant d'être
adultes , les mêmes changemens que les grenouilles
communes; mais il paroît qu'il leur faut plus de tems
pour les fubir, & que ce n’eft qu'à-peu-près au bout
de trois mois quelles ont la forme qu'elles doivent
conferver pendant toute leur vie.
Vers la fin de Juillet, lorfque les petites grenouilles
font entièrement éclofes ; & ont quitté leur état de
tétard , elles vont rejoindre les autres grenouilles rouffes
dans les bois & dans les campagnes. Elles partent le
foir , voyagent toute la nuit & évitent d'être la proie
des oïfeaux voraces, en pañlant le jour fous les pierres
& fous les différens abris qu'elles rencontrent, & en
ne fe remettant en chemin que lorfque les ténèbres
leur rendent la füreté. Cependant , malgré cette efpèce
de prudence, pour peu qu’il vienne à pleuvoir, elles
fortent de leurs retraites pour simbiber de l’eau qui
tombe.
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. S31
Comme elles font très-fécondes & qu'elles pondent
ordinairement depuis fix cens jufqu’à onze cens œufs,
il n’eft pas furprenant qu’elles fe montrent quelque-
fois en fi grand nombre, {ur-tout dans les bois & les
terrains humides, que la terre en paroit toute cou
_ verte.
La multitude des grenouilles roufles quon voit
fortir de leurs trous lorfqu'il pleut, a donné lieu à
deux fables ; l’on a dit, non-feulement qu'il pleuvoit
quelquefois des grenouilles, mais encore que le mé-
lange de la pluie avec des grains de pouffière pouvoit
les engendrer tout d'un coup. L'on ajoutoit que ces
grenouilles ainfi tombées des nues , ou produites d'une
manière fi rapide par un mélange fi bizarre, s'en alloient
auffi promptement qu'elles étoient venues, & qu’elles
difparoiïfloient aux premiers rayons du Soleil.
Pour peu qu'on eût voulu découvrir la vérité, on
les auroit trouvées, avant la pluie, fous des tas de
pierres & d’autres abris ; où on les auroit vues cachées de
nouveau après la pluie, pour fe dérober à une lumière
Me vive (Bb) ; mais on auroit eu deux fables de moins
à raconter , & combien de gens dont tout le mérite
TS les faits merveilleux !
On a prétendu que les grenouilles rouffes étoient :
b) Raæfel, pages 136 14.
X. x x ij
532 HISTOIRE NATURELLE
venimeufes ; on les mange cependant dans quelques
contrées d AMemanes & M. Laurenti ayant fait mor-
dre une de ces grenouilles par de petits lézards gris,
{ur lcfquels le moindre venin agit avec force, ils n'en
furent point incommodés (c). Elles font en ae
nombre dans lifle de Sardaigne (d), ainñ que. dans
prefque toute l'Europe ; il paroît qu’on les trouve dans
l'Amérique feptentrionale , & qu’il faut leur rapporter
les grenouilles appellées grenouilles de terre par Ca-
tefby (e); & qui habitent la Virginie & la Caroline.
Ces dernières paroïffent préférer , pour leur nourriture,
les infectes qui ont la propriété de luire dans les téné-
bres, foit que cet aliment leur convienne mieux, ou
qu elles puiflent l’appercevoir, & le faifir plus e
{c) Laurenti Jpecimen medicum , page 134.
(d) Hifloire naturelle des amphibies & des poiffons de la ns
par M. Francois Cetti.
-(e) & Le dos & le deflus de cette grenouille ( la grenouille de
siterre), font gris & tachetés de marques d’un brun obfcur fort proches
»»les unes des autres: le ventre eft d’un blanc fale & légèrement marqueté :
2: iris eft rouge. Ces grenouilles varient quelquefois par rapport à la
couleur , les unes étant plus grifes, & les autres penchant vers le
* brun ; leurs corps font gros, & elles reflemblent plus à un crapaud
#qu'à une Grenouille, cependant elles ne rampent pas comme les cra-
2» pauds , mais elles fautent. On en voit davantage dans les tems humides :
# elles font cependant fort communes dans les terres élevées, & paroiffent
dans le tems le plus chaud du jour. 22 Catefby, vol, à, page 69e
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. $33
lement lorfqw'elles cherchent leur pâture pendant la
nuit, Catefby rapporte en effet qu'étant dans la Caro-
line, hors de fa maïfon, au commencement d'une
nuit très- chaude, quelqu'un qui l’accompagnoit ,
laiffa tomber de fa pipe un peu de tabac brülant
qui fut faifi & avalé par une grenouille de terre,
tapie auprès d'eux, & dont l'humeur vifqueufe dut
amortir l’ardeur du tabac. Catefby eflaya de lui pré-
fenter un petit charbon de bois allumé , qui fut
avalé & éteint de même. Il éprouva conftamment
que les grenouilles terreftres faififloient tous les petits
corps enflammés qui étoient à leur portée, & il con-
jectura , d’après cela, qu’elles devoient rechercher les
vers ou les infectes luifans qui brillent en grand
nombre , pendant les nuits d'été, dans la Caroline &
dans la Virginie (f).
(f) Catefby , au méme endroit,
534 HISTOIRE NATURELLE
LA PÉUNTALE. (re)
Cerre GRENOUILLE eft couverte de verrues,
ce qui fert à la diftinguer d'avec les autres. La par-
tie poftérieure du corps eft obtufe & parfemée en
deflous de petits points. Elle a quatre doigts aux pieds
de devant , & cinq doigts un peu féparés les uns
des autres aux pieds de derrière. On la trouve dans
plufieurs contrées de l'Europe. Elle s’y montre fouvent
en grand nombre, après les pluies du printems ou de
l'été, ainfi que la grenouille roufle ; & c’eft de-là
qu’eft tiré le nom de Pluviale, que M. d'Aubenton
lui a donné, & que nous lui confervons. On a fait
fur fon apparition les mêmes contes ridicules que fur
celle de la grenouille roufle
(a) La Pluviale. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana corpore verrucofo, ano obtufo fubtus punétato, Faun. Suec., 276%
Rana rubeta, 4. Linn. amphib.-rept.
Rana palmis tetradaéty lis fffis, plantis pentadaétylis fubpalmatis ) anQ
fabtus punétato, |
Water Jack, British Zoology, vol. 3, London, 1776.
Rana rubeta. Wulf Ichthyologia » CUM amphibiis regni Boruffici
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TimiZ. : ; “es : Fe PLAT. pag: 588.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 535.
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LA SONNANTE («).
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Ox TROUVE, en Allemagne, une grenouille qui,
par fa forme , reflemble un peu plus que les autres
au crapaud commun, mais qui eft beaucoup plus
petite que ce dernier. Un de fes caractères diftinctifs
eft un pli tranfverfal quelle a fous le cou. Le fond
de fa couleur eft noir: le deffus de fon corps eft
couvert de points faillans, & le deflous marbré de blanc
& de noir. Les pieds de devant ont quatre doigts
divifés, & ceux de derrière en ont cinq réunis par
une membrane: on conferve ,au Cabinet du Roi, plu-
fieurs individus de cette efpèce. On la nomme la
Sonnante , à caufe d'une reflemblance vague , qu'on
a trouvée entre fon coaffement & le fon des cloches,
qu'on entendroit de loin. Sa forme & fon habitation
lont fait appeller quelquefois crapaud des marais.
(a) La Sonnante. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique, |
Rana campanifona, Laurent Jpecimen FREE
Gefñner, pile ; 942.
Rana bombina, 6 Linn. amph. rept.
Rana variegata, Wulff: Ichthyologie , cum amphibüs regni Borufir,
LA BORDÉE (:).
I L EST AISÉ de diftinguer cette grenouille qui fe
trouve aux Indes, par la bordure que préfentent fes
côtés ; fon corps eft alongé; les pieds de derrière ont
cinq doigts divifés. Le dos eft brun & life (à) ; le
deflous du corps eft d'une couleur pâle & couvert
d'un grand nombre de très- petites verrues qui fe
touchent, | /
Rana marginata, Laurenti fpecimen medicum.
Rana marginata, Linn., fÿflema naturæ , editio 13.)
Rana lateribus marginatis, mufæum ad, fr., fol 47.
(B) Suivant M. Laurenti , le deflus du corps eft couvert d’afpérités ;
mais nous avons cru devoir fuivre la defcription que M. Linné a faite de
cette Grenouille, d'après un individu confervé dans le muféum du Prince
Ad olphe,
(a) La Grenouille Bordée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. |
Ora
LA RÉTICULAIRE (+)
: Ox rrouvE ENCORE, dans les Indes, une gre-
4 LD nouille dont le caractère diftindif eft d’avoir le deflus
| {l É J : r ; \ Le 2 ES
1 | du corps veiné & tacheté de manière à préfenter l'ap
1 | parence d'un réfeau ; elle a les doigts divifés.
; ; |
| ja *.@ M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. La Grenouille réticulaire,
| Laurenti fpecimen medicum , Rana venulofa.
Séba, vol. 1, planche 72, fig. 4-
|
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Ovipares, Tome I,
538 Hirsrorre NATURELzE
LA PATTE D'OIE (4),
| C’Eesr une grande & belle grenouille dont le
corps eft veiné & panaché de différentes couleurs ; le
fommet du dos préfente des taches placées oblique-
ment. Des bandes colorées, rapprochées par paires,
règnent fur les pieds & les doigts. Ce qui la caracté-
rie & ce qui lui-a fait donner, par M. d'Aubenton,
le nom de Patte-d’oie que nous lui confervons, c’eft
que les doigts des pieds de devant, ainfi que des pieds de
derrière , font réunis par des Hé cette réunion
Hénais dans cette grenouille , un féjour aflez conf-
tant dans l’eau, & un rapport d’habitudes avec la
grenouille commune. On la rencontre en Virginie,
ainfi que la réticulaire avec laquelle elle a beaucoup
de rapport, mais dont elle diffère en ce que fes doigts
font réunis , tandis qu’ils font divifés dans la réticulaire.
(a) La Patte d'oie. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana maxima, Laurenti fpecimen RÉGREUITE
SP, 1, tab, 72, fig. 3.
GS
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DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 539
L'ÉPAULE-ARMÉE (:).
Ox TROUVE, en Amérique, cette grenouille re-
marquable par fa grandeur ; elle a quelquefois huit
pouces de longueur, depuis le bout du mufeau juf-
qu'à l'anus. On voit, de chaque côté, fur les épaules
une efpèce de bouclier charnu , d'un cendié clair
pointillé de noir, qui lui a fait donner, par M. d'Au-
benton , le nom qu’elle porte; fa tête eft rayée de
rouffâtre ; les yeux font grands & brillans ; la langue
eft large; tout le refte du corps eft cendré, parfemé
de taches de différentes grandeurs, d'un gris clair ou
d’une couleur jaunâtre. Le dos eft très-anguleux ; à la
partie poftérieure du corps, font quatre excroiffances
charnues, en forme de gros boutons. Les pieds de
devant font fendus en quatre doigts garnis d'ongles,
larges & plats. Les pieds de derrière diffèrent de ceux
de devant en ce qu'ils ont un cinquième doigt, &
que tous les doigts en font réunis par une petite mem-
1
(2) L'Epaule armée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Rana marina , 8. Linn. amphib. reptilia.
Rana marina, 21. Laurenti fpecimen medicum.
Séba, t , tab. 76, fig. 2. Rana marina maxima, Rana Americana,
Tyyi
s40 Hrsrorre Narurrerzse
brane près de leur origine. Cette efpèce qui paroît
habiter fur terre & dans l’eau, pourroit fe rapprocher
par fes habitudes de la grenouille rouffe. L'épithète
de marine qui lui a été donnée dans Séba, & confervée
par MM. Linné & Laäurenti, paroït indiquer qu’elle
vit près des rivages, dans les eaux de la mer: mais
nous avons de la peine à le croire, les Quadrapèdes
ovipares fans queue, ne tte den communément
que les eaux douces.
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LA MUGISSANTE («).
Ox RENCONTRE en Virginie une grande grenouille j
dont les yeux ovales font gros, faillans & brillans ;
l'iris eft rouge, bordé de jaune; tout le defflus du
ta) Bull frog, en Anglois.
La Mugiflante. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique:
: Bull frog, Grenouille Taureau, M. Smyth, Voyage dans les Etats=
Rs: 1
Dinaacellata, 10. Lin, amphib. rept.
7 Rana pentadaétyla, Laurenti [pecimen medicum.
© Brown, Jamaic. 466, planche 41, figure 4, Rana maxima comprefla
sifcella. : es | |
. Kalm it. 3, page 45, Rana halecina.
Catefby, Car., 2, folio 72, tab. a. Rana maxima Americans
aquatica. Fes 3 | |
© Séba, 2, tab. 74, fig. 2. Nous devons obferver qu'il y a une faute |
d'impreflion dans la treizième édition de M. Linné; la planche foixante:
feigième , figure première du premier volume de Séba, y eft citée, au
lieu de la figure premiere , planche foixante - quinrième du même
volume. Cette faute d’impreffion a fait croire que la Grenouille appellée
par M, Laurenti a cing-doigts, Rana pentadaëlyla , étoit difiérente de
ha Mugifante, parce que M. Laurenti a cité pour fa Grenouille crg«
«doigts , la figure première , planche foixante -quingième de Séba;
tandis que la Mugiflante &c la cing-doigts font ablolument le même
animal |
$42 Hrsrorrs NaAarurezre
corps eft d'un brun foncé, tacheté d’un brun plus
obfcur, avec des teintes d’un vert jaunâtre , particu=
lièrement fur le devant de la tête : les taches des
côtés font rondes, & font paroître la peau œillée, Le
ventre eft d'un blanc fale, nuancé de jaune, & lé-
gérement tacheté. Les pieds de devant & de derrière,
ont communément cinq doigts, avec une tubercule fous
chaque phalange. | |
Cette efpèce eft moins nombreufe que les autres
efpèces de grenouilles, La Mugiffante vit auprès des
fontaines, qui fe trouvent très-fréquemment fur les
collines de la Virginie : ces fources forment de petits
étangs, dont chacun eft ordinairement habité par deux
grenouilles Mugiffantes, Elles fe tiennent à l'entrée du
trou par lequel coule la fource; &, lorfqu’elles font
furprifes, elles s’élancent, & fe cachent au fond de
Veau. Mais elles n’ont pas befoin de beaucoup de pré-
cautions ; le peuple de la Virginie imagine qu’elles
purifient les eaux & entretiennent la propreté des
fontaines ; il les épargne d’après cette opinion, qui
pourroit être fondée fur la deftruction qu'elles font des
infectes, des vers, &c. mais qui fe change en fuperfti-
tion, comme tant d’autres opinions du peuple; car,
non-feulement ïl ne les tue jamais, mais même il
_croiroit avoir quelque malheur à redouter sil les in=
quiétoit. Cependant la crainte cède fouvent À l'intérêt ;
& comme la Mugiflante eft très-vorace & très-friande
du
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ferme
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 543
des jeunes oïfons, ou des petits canards, qu'elle avale
d'autant plus facilement qu'elle eft très-prande & que
fa gueule eft très-fendue, ceux qui élèvent ces oifeaux
aquatiques, la font quelquefois périr (b).
Sa grandeur & fa conformation modifient fon coaf-
fement, & l’augmentent, de manière que lorfqu'il ef
réfléchi par les cavités voifines des lieux qu’elle fré-
quente , il a quelque reffemblance avec le mugifle-
ment d’un taureau qui feroit très-éloigné, &, dit Ca-
tefby , à un quart de mille (c). Son cri, fuivant M. Smith,
eft rude, éclatant & brufque; il femble que l'animal
forme quelquefois des fons articulés. Un Voyageur eft
bien étonné, continue M. Smith, quand il entend le
mugiflement retentiflant de la grenouille dont nous
parlons, & que cependant il ne peut découvrir d'où part
ce bruit extraordinaire ; car les Mugiflantes ont tout
le corps caché dans l’eau, & ne tiennent leur gueule
élevée au-deflus de la furface que pour faire entendre
le coaflement très-fort qui leur a fait donner le nom
de grenouille-taureau (c).
L'efpèce de la grenouille Mugiffante que M. Lau-
renti appelle a cinq doigts ( Rana pentadaëfyla) , ren-
ferme, fuivant ce Naturalifte, une variété aifée à
(Bb) Catefby , à l'endroit déja cité.
(c) Idern, ibidem.
(d) M. Snuth, Voyage aux Etats-unis de l'Amérique,
$44 Hisrorre Narurerre
diftinguer par fa couleur brune, par la petiteffe du
cinquième doigt des pieds de devant . & par la nai£e
fance d’un fixième doigt aux pieds de derrière (d).
Il y a, au Cabinet du Roi, une grande grenouille Mu-
giflante, qui paroît fe rapprocher de cette variété in-
diquée par M. Laurenti; elle a des taches fur le corps;
le cinquième doigt des pieds de devant, & le fixième
des pieds de derrière font à peine fenfbles ; tous les
doigts font féparés; elle a des tubercules fous les pha-
langes ; fon mufeau eft arrondi; fes yeux font gros &
proéminens; les ouvertures des oreilles aflez grandes,
La langue eft large, plate, & attachée par le bout
au-devant de la mâchoire inférieure. Cet individu a fix
pouces trois lignes, depuis le mufeau jufquà l'anus.
Les pattes de derrière ont dix pouces ; celles de devant
quatre pouces; & le contour de la gueule a trois pouces
fept lignes. aa
(eg Laurenti fpecimen medicum, loco citato,
LA PERLÉE.
Dr Tr
a parlé
Mables à
k confo
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1) La pe
Rana mMarp
Wa, t,4
(B) Géta,
Obipare
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1]
|
LA PERLÉE (:)
x
Ox rRoUvE au Bréfil une grenouille, dont le corps
eft parfemé de petits grains d’un rouge clair, & fem-
blables à des perles. La tête eft anguleufe, triangulaire,
& conformée comme celle du caméléon. Le dos eft
d'un rouge brun; les côtés font mouchetés de jaune :
le ventre Hinchätre eft chargé de petites verrues ou
petits grains d’un bleu clair; les pieds font velus, &
ceux de devant n'ont que quatre doigts.
Une variété de cette efpèce, fi richement colorée
par la Nature, a cinq doigts aux pieds de devant, &
la couleur de LÉ corps eft d’un jaune clair (4).
L'on voit que, dans le continent de l'Amérique mé+
ridionale, la Nature n’a pas moins départi la variété
des couleurs aux Quadrupèdes ovipares, qu’elle paroît
EE
(a) La perlée, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Rana margaritifera, 15. Laurenti fpecimen medicurn.
_Séba, 1, tab, 71, fig 66 7.
(B) Séba , 1, tab. 71 , fig. 8.
Ovipares , Tome L.
546 - HISTOIRE NATURELLE
au premier coup-d’œil avoir dédaignés, qu'à ces nom-
breufes troupes d’oifeaux de différentes efpèces fur le
plumage defquels elle s’eft plue à répandre les nuances
les plus vives, & qui embelliflent les rivages de ces
sontrées chaudes & fécondes. #
Cr
} Surin
devien
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Rana pe
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-
DES QUANRUPÉÈDES OMIPARES. 547
LA TA CNE E (2).
Caerre GRENOUILLE Îe trouve en grand nombre
à Surinam. Elle eft d’une couleur jaune verdâtre, qui
devient quelquefois plus fombte. Le dos & les côtés
font mouchetés. Le ventre eft d’une couleur pâle &
nuageufe ; les cuiffes font parderrière ftriées oblique-
ment. Les pieds de derrière font palmés; ceux de de-
vant ont quatre doigts. Mademoifelle Mérian a rendu
| cette grenouille fameufe, en lui attribuant une méta- ;
| = morphofe oppofée à le des grenouilles communes.
Elle a prétendu qu’au lieu de pafler par l’état de tétard
pour devenir adulte, la Jackie perdoit infenfiblement
D fes pattes au bout d'un certain tems, acquéroit une
| - queue, & devenoit un véritable rs Cette méta-
nn |. morphofe eft plus qu’invraifemblable : nous n’en par-
D lons ici, que pour défigner l’efpèce particulière de
ne à laquelle Mademoifelle Mérian l'a attri-
55 (a) La Jackie, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique.
de Rana paradoxa, 13. Linn. amphib. rept,
Mus. ad fr., Rana pifcis. | | |
Séba, mus , 1, tab. 78.
Merian , Surinam ; 71, tab. 71.
-
:548 Hisrorre NATUREILZE
buée. L'on conferve au Cabinet du Roi, & l’on trouve
dans prefque toutes les collections de l’Europe, plufeurs
individus de cette grenouille fameufe, qui préfentent
les différens degrés de fon développement, & de fon
paflage par l'état de tétard, au lieu de montrer,
comme on l'a cru re. les diverfes nuances “
fon changement prétendu en poiflon. La forme du
tétard de la Jackie, San eft aflez grand, & qui ref-
femble plus où moins à un HS comme tous les
autres tétards, a pu donner lieu à cette erreur, dont
on na parlé que trop fouvent. D'ailleurs il paroît qu il
y a une efpèce particulière de poiflon, dont la forme
extérieure eft aflez femblable à celle du tétard de la
Jackie, & que l'on a pu prendre pour le dernier état
de cette grenouille. d'Amérique.
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M. La
corps d
Virgini
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- ls
Peezcarenareetnn
(a)
(6)
Ra
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DES QuapruPèDes OFIPARES, S49
PT Rilaniss ral
Ox TROUVE en Amérique cette grenouille, dont
M. Linné a parlé le premier. Son dos préfente quatre
lignes relevées & longitudinales; il eft d’ailleurs femé
de points faillans & de taches noires. Les pieds de
devant ont quatre doigts féparés; ceux de derrière en
ont cinq réunis par une membrane; le fecond eft plus
| long que les autres, & dépourvu de lefpèce d'ongle
PE) arrondi qu'ont plufieurs grenouilles.
Li __ Nous regardons comme une variété de cette efpèce,
Î | jufqu’à qu’on ait recueilli de nouveaux faits, celle que
.h M. Laurenti a appellée grenouille de Virginie (b). Le
pi corps de ce dernier animal, qu'on trouve en effet en
Virginie, eft d’une couleur cendrée, tachetée de rouge;
1 = le dos eft relevé par cinq arêtes longitudinales, dont
les intervalles font d'une couleur pâle. Le ventre &
. les pieds {ont jaunes.
1 om
| (a) Rana Typhonia, 9. Linn. amph. rept. de
4 . (b) La Galonnée. M. d Aubenton, Encyclopédie es |
Rana virginica, Laurenti fpecimen medicurn.
| He | Séba 1,175, f.4.
550 Hrsrorre NATURELIr.
D
Dane aires ane D î
ef ee ee 4e
DEUXIÈME GENRE.
Quadrupèdes ovipares qui n’ont point de queue & qui
ont , fous chaque doigt , une petite pelote vifqueufe.
DCS DENON EN CANAL EIRE SPC BTE D A AI M AE VON EE D ns 7 de
RAINES.
LA RAINE VERTÉ
u COMMUNE (à) "
ns co
Ie EST AISÉ de diftinguer des grenouilles la Raïne
verte, ainfi que toutes les autres Raïines, par des ef=
pèces de petites plaques vifqueufes qu'elle a fous fes
doigts, & qui lui fervent à s'attacher aux branches &
(a) BurraXG- dpvorerne , en grec.
La Raine verte, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique
Rana arborea, 26, Linn. amphibia reptilia. ( Des deux figures de Stba;
citées par M. Linné, celle de la planche Joixante treizième du premier
volume, doit être rapportée à la Raine fquelette, & celle de la planche
Joixante-dirième du fecond volume, à la Raine boffue ),
Gronoy., mus, 2, p. 84, N° 63, Rana.
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trés
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doigts,
qu'en
lon
L
DEs QuAnRuPphDEs OVIPARES. 551
aux feuilles des arbres. Tout ce que nous avons dit
de l’inftint, de la fouplefle, de l’agilité de la grenouille
commune, appartient encore davantage à la Raïine
verte; & comme fa taille eft toujours beaucoup plus
petite que celle de la grenouille commune, elle joint
plus de gentilleffe à toutes les qualités de cette dernière.
La couleur du deffus de fon corps, eft d’un beau vert;
le deflous, où l’on voit de petits tubercules, eft blanc.
Une raie Faune» légèrement bordée de violet, s'étend
de a die côté de la tête & du dos, depuis le mufeau
jufqu'aux pieds de derrière; & une raie femblable règne
depuis la mâchoire fupérieure jufqu'aux pieds de devant.
La tête eft courte, aufli large que le corps, mais un
peu rétrécie pardevant ; les mâchoires font arrondies,
les yeux élevés. Le corps eft court, prefque triangulaire,
très-élargi vers la tête, convexe par-deflus & plat
par-deflous. Les pieds de devant, qui n "ont que quatre
doigts, font aflez courts & épais; ceux de derrière ,
qui en ont cinq, font au’ contraire déliés & très-longs ;
les ongles font plats & arrondis.
La Raine verte faute avec plus d'agilité que les
Gefñer, Fe Quadrup ovip., page 55» Ranunculus viridis.
Ray, Quadrup. , 251, rana arborea, feu ranunculus viridis,
_ Rejel, tab. 9, 10 6 71.
Hyla viridis, Laurenti Jpecimen medicum.
ss arborea, Wulff, Ichthyologia , cum amplibiis regni Bora ich
Er
s52 °: Hrsrorrre NarTuReLLE
grenouilles, parce qu'elle a les pattes de derrière se
longues, en proportion de la grandeur du corps, C’eft
au milieu des bois, c’eft fur les branches des arbres
qu'elle pafle prefque toute la belle faifon ; fa peau eft
fi gluante, & fes pelotes vifqueufes fe collent avec
tant de facilité à tous les corps, quelque polis qu’ils
{oient, que la Raine n’a qu’à fe pofer fur la branche
la plus unie, même fur la furface inférieure des
feuilles, pour sy attacher de manière à ne pas tomber.
Catefby dit qu'elle a la faculté de rendre ces pelotes
concaves, & de former par-là un petit vide qui l'at-
tache plus fortement à la furface qu’elle touche. Ce
même Auteur ajoute qu'elles franchiflent quelquefois
un intervalle de douze pieds, Ce fait eft peut-être
exagéré; mais, quoi qu'il en foit, les Raines font auffi
agiles dans Les mouvemens que déliées dans leur
forme,
Lorfque les beaux jours font venus, on les voit
s’'élancer fur les infectes qui font à leur portée ; elles
les faïfiflent, & les retiennent avec leur langue, ainf
que les grenouilles; & fautant avec vitefle de rameau
en rameau, elles y repréfentent jufqu’à un certain
point les jeux & les petits vols des oifeaux, ces légers
habitans des arbres élevés. Toutes les fois même qu’ aucun
préjugé défavorable n'exiftera contre elles; qu'on ExA-
minera leurs couleurs vives qui fe marient avec le
vert des feuillages & l’émail des fleurs; qu’on remar-
quera
qe
des J!
célanc
fclité
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rs (APLELIZEEE DFIPARES, 553
quera leurs rufes & leurs embufcades ; ; qu on les fuivra
des yeux dans leurs petites chaffes ; qu'on les verra
s’élancer à plufeurs pieds de die , {e tenir avec
facilité fur les feuilles dans la fituatton la plus ren-
verfée & s’y placer d’une manière qui paroîtroit mer-
veilleufe fi l’on ne connoifloit pas l'organe qui leur à
été donné pour s'attacher aux corps les plus unis:
W'aura-t-on pas prefque autant de plaifir à les obfer-
ver qu'à confidérer le plumage, les manœuvres & le
vol de plufieurs efpèces d’oifeaux ?
L’habitation des Raïines au fommet de nos arbres,
eft une preuve de plus de cette analogie & de cette
reflemblance d’habitudes que l’on trouve même entre
les claffes d'animaux qui paroiflent les plus différentes
les unes des autres. La dragonne, l’iguane, le bafñilic,
le caméléon, & d’autres lézards très-grands habitent
au milieu des bois & même fur les arbres ; le lézard
aîlé sy élance comme l’écureuil avec une facilité &
à des diflances qui ont fait prendre fes fauts pour une
efpèce de vol; nous retrouvons encore fur ces mêmes
arbres les Raïnes, qui cependant font pour le moins
auf aquatiques que terreftres, & qui paroiflent fi fort :
fe rapprocher des poiffons ; & tandis que ces Raïnes,
ces habitans fi naturels de l’eau, vivent fur les ra-
meaux de nos forêts, l’on voit, d'un autre côté, de
srandes légions d'oifeaux prefque entièrement dépourvus
d'ailes, n'avoir que la mer pour patrie, & attachés,
Ovipares, Tome I, Aaaa
554 Hisrorre Narvrzrrn
pour ainf dire, à la furface de l'onde , pañfer leur
vie à la fillonner ou à fe plonger dans les flots.
Il en eft des Raïnes comme des grenouilles, leux
entier développement ne s'effeétue qu'avec lenteur;
& de même qu'elles demeurent long-tems dans leurs
véritables œufs, c’eft-à-dire fous l'enveloppe qui leur
fait porter le nom de tétards, elles ne deviennent
qu'après un tems aflez long en état de perpétuer leur
efpèce : ce n’eft qu'au bout de trois ou quatre ans
qu'elles s’'accouplent. Jufqu’à cette époque, elles font
pieique muettes ; les mâles mêmes qui, dans tant d’ef-
pèces diam ont la voix plus forte que les fe-
melles, ne fe nt point entendre, comme fi leurs cris
nétoient propres qu'à exprimer des defirs qu'ils ne
reflentent pas encore, & à appeller des compagnes,
vers lefquelles ils ne font point encore entraînés.
C’eft ordinairement vers la fin du mois d'Avril que
Jeurs amours commencent ; mais ce n'eft pas fur les
arbres qu’elles en goûtent les plaifirs ; on diroit qu’elles
veulent fe fouftraire à tous les rReauE, & fe mettre
à l'abri de tous les dangers, pour soccuper plus plei-
nement fans diftraction & Erouble de l’objet au—
quel elles vont s'unir; ou bien il femble que leur
première patrie étant l’eau, c’eft dans cet élément
qu’elles reviennent jouir dans toute fon étendue d’une:
exiftence qu’elles y ont reçue, & qu’elles font pouflées
par une forte d'inftin& à ne donner Le jour à de petits
tres
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À peine
lent
D PP Mo
rep
DES QUABRUPÈDES OVIPARES. 555
êtres femblables à elles, que dans les afiles favorables
où ils trouveront en naïflant la nourriture & la sûreté
qui leur ont été néceffaires à elles-mêmes dans les
premiers mois où elles ant vécu; ou plutôt encore
c'eft à l’eau qu'elles retournent dans le tems de leurs
amours, parce que ce neft que dans l’eau qu’elles
peuvent s'unir de la manière qui convient le mieux
à leur organifation.
Les Raïines ne vivent dans les bois que pendant le
tems de leurs chañles, car c’eft auffi au fond des eaux
& dans le limon des lieux marécageux, qu'elles fe
cachent pour pafler le tems de l'hiver & de leur
engourdiflement.
On les trouve donc dans les étangs dès la fin du
mois d'Avril, ou au commencement de Mai; mais,
comme fi elles ne pouvoient pas renoncer, même pour
un tems très-court, aux branches qu'elles ont habitées,
peut-être parce qu'elles ont befoin d'y aller chercher
l'aliment qui leur convient le plus lorfqu’elles font
entièrement développées, elles choififfent les endroits
marécageux entourés d'arbres : c’eft-là que les mâles
gonflant leur gorge, qui devient brune quand ils font
- adultes, pouffent leurs cris rauques & fouvent répétés,
avec encore plus de force que la grenouille commune.
À peine l’un d'eux fait-il entendre fon coaflément
retentiflant, que tous les autres mêlent leurs fons dif-
cordans à fa voix; & leurs clameurs font fi bruyantes
Aaaai
LL
536 Hirsrorre NATURELLE
qu’on les prendroit de loin pour une meute de chiens
qui aboient, & que, dans des nuits tranquilles, leurs
coaffemens réunis font quelquefois parvenus jufqu'à plus
d'une lieue, fur-tout lorfque la pluie étoit prête à
tomber.
Les Raines s’accouplent comme les grenouilles; on
apperçoit le mâle & la femelle defcendre fouvent
au fond de l’eau pendant leur union, & y demeurer
affez de tems; la femelle paroït agitée de mouvemens
_convulfifs, fur-tout lorfque le moment de la ponté
approche; & le mâle y répond en approchant plufieurs
fois l'extrémité de fon corps, de manière à féconder
plus aifément les œufs à leur fortie. |
. Quelquefois les femelles font délivrées, en peu d'heu-
res, de tous les œufs qu'elles doivent pondre ; d'autres
fois elles ne s’en débarraffent que dans quarante-huit
heures, & même quelquefois plus de tems; mais alors
il arrive fouvent que le mâle lafñé, & peut-être épuifé
de fatigue, perdant fon amour avec fes delirs, aban-
donne fa femelle, qui ne pond plus que des œufs
ftériles. | - |
La couleur des Raines varie après leur accou-
plement; elle eft d'abord roufle & devient grifâtre
tachetée de roux; elle eft enfuite bleue, & enfin
verte. |
Ce n’eft ordinairement qu'après deux mois, que Îles
jeunes Raines ont la forme qu’elles doivent conferver
velo
ci
0
ailes
pou
_furel
bot
corps
Yon d
celle
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flot
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Ses (
aol
de à
bleu
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ke co
DES QUADRUPÉDES OVIPARES, SS®y
toute leur vie; mais, dès qu'elles ont atteint leur dé-
veloppement & qu’elles peuvent fauter & bondir avec *
facilité, elles quittent les eaux & gagnent les bois.
On fait vivre aifément la Raïine verte dans les
maifons, en lui fourniffant une température & une
nourriture convenables. Comme.fa couleur varie très-
fouvent, fuivant l’âge, la faifon & le climat, & comme
lorfque l'animal eft mort, le vert du deflus de fon
corps fe change fouvent en bleu, nous préfumons que
Pon doit regarder comme une variété de cette Raine,
celle que M. Boddaert a décrite fous le nom de gre-
nouille à deux couleurs (b). Cette dernière Raine
El | faifoit partie de la colleétion de M. Schloffer, & avoit
D _ été apportée de Guinée; fes pieds n'étoient pas palmés.
Ses doigts étoient garnis de pelottes vifqueufes ; elle en
avoit quatre aux pieds dé devant & cinq aux pieds
” | | de derrière. La couleur du deflus de fon corps étoit
4 | bleue, & le jaune régnoit fur tout le deflous. Le
1.1 mufeau étoit un peu avancé ; la têté plus large que
ni le corps, & la lèvre fupérieure un peu fendue.
On rencontre la Raïne verte en Europe (c), em
a _— .
1 (Bb) Rana bicoloris, Petri Boddaert, epiff. de Rana bicolore. Ex
pli | mufeo Joan, Alb. Schloffer, Amfl., 1772.
| (c) Elle eft très-commune en Sardaigne. Hifloire naturelle des
les | amphibies & des poiffons de la Sardaigne , par M. François Cut »
PAUSE 3x
558 | HISTOIRE ot
Afrique , & en Amérique (d) ; mais, indépendamm
» de cette efpèce, les pays étrangers offrent Pak
Quadrupèdes ovipares fans queue, & avec des pla #
vifqueufes fous les doigts. Nous allons sert cts
caractères particulie:s de ces diverfes Raines. à
(d) CatelBy , Hifloire naturelle de la Caroline.
M Smith , Voyage dans les Egats-unis de l'Amérique.
je NS V4 RS
SD. = 4 NW?
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| 0 \
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 559
EH A4. B O! S'SAUGE *(%).
Ox% TROUVE, dans l'ile de Lemnos, une raine
qu'il eft aifé de diftinguer d'avec les autres, parce que
fur fon corps arrondi & plane, s'élève une bofle bien
fenfible. Ses yeux font faillans; & les doigts de fes
pieds garnis de pelottes gluantes comme celles de la
raine commune, font en même-tems réunis par une
membrane. Elle eft la proie des ferpens. Il paroît que
À | cette efpèce qui appartient à l’ancien continent , fe
Do. rencontre aufl à Surinam; mais elle y a fubi lin-
fluence du climat, & y forme une variété diftinguée
par les taches que le deflus de fon corps préfente (4).
/
(a) La Boflue. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique,
Hyla ranæformis, Laurent fpecimen medicum.
Séba,.2, tal 23: f 2.
(B) Hyk ranxformis, Var. B., Laurenti fpecimen medicure:
| Séba ; 23 tab. 70 ; fig. 4. |
La
RE DNS APP cs op one re ru
560 | Hisrornx NATURAILIE
LA BRUNE («).
Cerre RAINE, que M. Laurenti a le premier
décrite, fans indiquer fon pays natal, mais qui nous
paroît devoir appartenir à l'Europe, eft diftinguée d'avec
les autres par fa couleur brune, & par des tubercules
en quelque forte déchiquetés qu'elle a fous les pieds,
_ La Raïne, ou grenouille d'arbre dont parle Sloane
fous le nom de rana arborea maxima, & qui habite la
Jamaïque, pourroit bien être une variété de la brune;
fa couleur eft foncée comme celle de la brune: à la
vérité, elle eft tachetée de vert, & elle a de chaque
côté du cou une efpèce de fac ou de vefhe conique (os
‘mais les différences de cette raine qui vit en Amérique
avec la brune, ve paroît habiter l’Europe, es
être rapportées à À l'influence du climat, ou à celle de
la faïifon des amours, qui, dans ve tous les
animaux , rend plufieurs parties beaucoup plus ap
parentes,
(a) La Brune. M. d'Aubenron , Encyclopédie méthodique,
Hyla fufca, 27. Laurenti fpecimen medicum.
{B) Sloane, t. 2.
PAU
LA COULEUR
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. SGI
A eee ass _
PR CRÉES RÉ RAT NS MORE mamans nn Re TS CRE nsmeEs emannnses ©
LA COULEUR DE LAIT (2),
|
Be on
cons
ki Eve Hap ITE en Amérique: fa couleur eft d'un
| | blanc de neige, avec des taches d'un blanc moins
éclatant ; le bas- ventre préfente des bandes d'une
couleur cendrée pâle ; l'ouverture de la gueule eft
très - grande. Une variété de cette efpèce, au lieu
d'avoir le deflus du corps d’un blanc de neige, la a
| d'une couleur bleuâtre un peu plombée.
il Age (a) La couleur de lait, M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique.
(2 | | Hyla ladtea, 28, Laurenti fpecimen medicum, |
Ovipares, Tome I
+ br
562 Hirsroire NATURELLE
a es te SE
L'A FPLUT ÉUS.E .
Cerre ESPÈCE a le corps d'un blanc de neige,
fuivant M. Laurenti, de couleur jaune , fuivant
Séba, & tacheté de rouge. Les pieds de derrière font
palmés , & le mâle, en coaflant, fait enfler deux
veflies qu se a des deux côtés du cou, & que l'on a
comparées à des flûtes. Suivant Séba, elle coafle mé
lodieufement : mais je crois qu il ne faut pas avoir
Voreille très- délicate pour fe plaire à la mélodie de
la Flûteufe ; cette raine fe tait pendant les jours froids
& pluvieux, & fon cri annonce le beau tems; elle
eft oppofée en cela à la grenouille commune, dont
le coaffement eft au contraire un indice de pluie.
Mais la fécherefle ne doit pas agir également fur les
animaux dans deux climats aufli différens que ceux
de l'Europe & de l'Amérique méridionale. Le mâle de
(a) La Flûteufe. M. d Aubenton, Encyclopédie méthodique.
Hyh tibiatrix, 20. Laurenti fpecimen medicum.
Séba 1, tab. 7, fig 1 Ë 2.
h
den
ge
eule
sariét
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 503
la raine couleur de lait ne pourroit-il pas avoir auf
deux vefñes, qu'il n’enfleroit & ne rendroit apparentes
que dans le tems de fes amours, & dès-lors la Flû-
teufe ne devroit-elle pas être regardée comme une
variété de la couleur de lait ?
nant
L'ORANGÉE («)
LE corps de cette raine eft jaune , avec une
teinte légère de roux, & fon dos eft comme circonf-
crit par une file de points roux plus ou moins foncés.
Séba dit qu'elle ne diffère de la flûteufe que par le
défaut des vefñes de la gorge: elle vit à Surinam.
On rencontre au Bréfil une raine dont le corps eft
d'un jaune tirant fur la couleur de Vor:fon dos eft
à la vérité panaché de rouge, & on la vue d'une
maigreur fi grande , qu'on en a tiré le nom de raine
fquelette qu'on lui a donné (8 + Mais les raines, ainfi
que les grenouilles, font fujettes À varier RCE +
par l'abondance ou le défaut de graifle, même dans
un très-court efpace de tems. Nous penfons donc que:
(a) L'Orangée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique:
Hyla aurantiaca, 32. Laurenti fpecimen medicum.
Séba , 2500. Fr, fie ge
(B) La Raine Squelette, M. d Aubenton, Éretioné. méthodique.
Hyk fceleton, 33. Laurenti fpecimen. medicum.
SÉba LT, Hi 73; eg
DES QuUADRUPÈÉDES OVIPARES. 565
la raine fquelette , vue dans d’autres momens que
ceux où elle a été obfervée, nauroit peut-être pas
paru aflez maigre pour former une efpèce différente
de l’Orangée, mais fimplement une variété dépendante’
du climat, ou d'autres circonftances.
s66 Hisroire NATURELLE
LA ROU GE (a).
Ox LA TROUVE en Amérique : elle a la tête
grofle, l'ouverture de la gueule grande, & fa couleur
eft rouge.
NT. le Comte de Buffon a fait mention, dans l’hif-
toire des perroquets appellés cricks, dun petit Qua-
drupède ovipare fans queue de Péri méridionale,
dont fe fervent les Indiens pour donner aux Shoes
des perroquets une belle couleur rouge ou jaune, ce
qu'ils appellent sapirer. Ils arrachent pour cela les
plumes des jeunes cricks qu’ils ont enlevés dans leur
nid; ils en frottent la place avec le fang de ce Qua-
_ drupède ovipare ; les plumes qui renaiffent après cette
opération, au lieu d’être vertes, comme auparavant,
font jaunes ou rouges. Ce Quadrupède ovipare fans
queue vit communément dans les bois: il y a,au Cabi-
net du Roi, plufieurs individus de cette ie. con-
fervés dans l’efprit-de-vin, d'après lefquels il eft aifé
CRT + ANRT nr een ann ere amer Den
(a) La rouge. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Hyl rubra, 32, Luurenti fpecimen medicum.
Séba, 2, tab. C8, fig. s-.
HESSINITITATENITITEINRTES
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 567
de voir qu'il eft du genre des raines, puifqu’il a des
plaques vifqueufes au bout des doigts, ce qui ‘accorde
fort bien avec l'habitude qu'il a de demeurer au milieu
des arbres. Il paroït que la couleur de cette raine tire
fur le rouge; elle préfente fur le dos deux bandes
longitudinales , irrégulières, d'un blanc jaunâtre , ou
même couleur d’or. Il me femble qu'on doit regarder
cette jolie & petite raine comme une variété de la
rouge ou peut-être de l’orangée. Combien les grenouilles ,
les crapauds & les raines ne varient-ils pas , fuivant
l’âge, le fexe, la faifon, & l'abondance ou la difette
qu'ils éprouvent ! La raine à tapirer a, comme la rouge,
la tête groffe en proportion du corps, & l'ouverture
de la gueule eft grande.
Au refte, il eft bon de remarquer que nous re
trouvons GE les raines de l'Amérique méridionale les:
belles couleurs que la Nature y a accordées aux gre-
nouilles , & qu’elle y a prodiguées aufh avec tant
de magnificence aux oifeaux , aux infectes & aux
papillons
568 HISTOIRE NATURELLE
ne
%
TROISIÈME GENRE.
Quadrupèdes ovipares Jans queue, qui ont le corps
ramaflé & arrond.
di S LONG-TEMS de a flétri ect animal
dégoûtant , dont l'approche révolte tous les fens.
_ (a) &èv@r, en grec.
Bufo, en latin.
‘Toad, en Anglois.
Le Crapaud commun. M. d *Aubenton, Encyclopédie néisuios
Rana Bufo, 3. Linn. amphibia reptilia.
Bufo, Scotia illuffrata , Edimburei, 1684.
Rana Bufo, WA ulff, Ichthyologia, cum amphibiis regni Boruffiai.
Phrunos, Ariff., hiff. an., lib. 9, chap. 2 , 40.
Toad British, Zoology, Vol. 3, London, 1776.
Rubeta, feu Phrynum, Gefner , Lie : 807.
Pradl., nat, Eat, f.e.
Bufo , feu rubeta, Ray, Quadrup., ET
| | L'efpèce
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Jerties
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DEs QuanruPhDes OVIPARES. 569
L’efpèce d’horreur avec laquelle on le découvre, eft
produite même par l’image que le fouvenir en retrace;
beaucoup de gens ne fe le repréfentent qu'en éprouvant
une forte de frémifflement , &- les perfonnes qui ont
le tempérament foible & les nerfs délicats, ne peu-
vent en fixer l'idée, fans croire fentir dans leurs veines
le froid glacial que l’on a dit accompagner l’attouche-
ment du.craprud. Tout en eft vilain, jufqu'à {on nom,
qui eft devenu le figne dune bafie diflormité; on
s'étonne toujours lorfqu’on le voit conftituer une efpèce
conftante d'autant plus répandue, que prefque toutes
les températures lui conviennent, & en quelque forte
d'autant plus durable, que plufñeurs efpèces voifines
fe réuniflent pour former avec lui une famille nom-
breufe. On eft tenté de prendre cet animal in-
D forme pour un produit fortuit de l'humidité & de
L | : la pourriture, pour un de ces jeux bizarres qui échap-
pent à la Nature; & on n'imagine pas comment cette
mère commune, qui a réuni fi fouvent tant de beiles
L proportions à tant de couleurs agréables, & qui même
À | a donné aux grenouilles & aux raines une forte de
| grace, de gentillefle & de parure, a pu imprimer au
no. crapaud une forme fi hideufe. Et que lon ne croie
| | pas que ce foit d'après des conventions arbitraires
qu'on le regarde comme un des êtres les plus défa
vorablement traités: il paroit vicié dans toutes fes
| parties. S'il a des pattes, elles n'élèvent pas fon corps
Ovipares , Tome I. ces a. | \
570 Hrsrorre NATUREzIIr
difproportionné au-deffus de la fange qu'il habite, S'il
des yeux,ce n'eft point en quelque forte pour recevoir
une lumière qu'il fuit. Mangeant des herbes puantes ou
vénéneufes , caché dans la vafe, tapi fous des tas de
pierres, retiré dans des trous de rochers, fale dans fon
habitation, dégoûtant par fes habitudes, diflorme dans
fon corps, obfcur dans fes couleurs, infet par fon
haleine, ne fe foulevant qu'avec peine, ouvrant ,.
lorfqu'on l'attaque, une gueule hideufe, n'ayant pour
toute puiflance qu'une grande réfiftance aux coups qui
1e frappent , que l’inertie de la matière, que l’opiniâtreté
d'un être ftupide, n’employant d'autre arme qu’une
liqueur fétide qu'il lance, que paroît-il avoir de bon,
fi ce n'eft de chercher, pour ainfi dire, à fe dérober
De ï \ ° :
à tous les yeux, en fuyant la lumière du jour ?
Cet être ignoble occupe cependant une affez grande:
place dans le plan de la Nature: elle l’a répandu avec
bien plus de profufion que beaucoup d'objets chéris de:
fa complaifance maternelle. Il femble qu'au phyfique,
comme au moral, ce qui eft le plus mauvais, eft le
plus facile à produire; &, d’un autre côté, on diroit
que la Nature a voulu, par ce frappant contrafte,
relever la beauté de fes autres ouvrages. Donnons donc
dans cette hiftoire une place aflez étendue à ces êtres.
fur lefquels nous fommes forcés d'arrêter un moment
Vattention, Ne cherchons même pas à ménager la dé-
jaté
ich
Go
qu
mani ;
couleur
mé
di pri
je,
rouffatr
de veir
où d'un
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À
À
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DES QUADRUPÈDES OKEIPARES. 57
licatefle ; ne craignons pas de bleffer Les regards; &
tâchons de montrer le crapaud tel qu'il ef.
Son corps, arrondi & ramañlé, a plutôt l’air d’un
amas informe & pêtri au hafard, que d'un corps or-
ganilé, arrangé avec ordre, & fait fur un modèle. Sa
couleur eft ordinairement d'un gris livide, tacheté de
brun & de jaunâtre; quelquefois, au commencement
du printems, elle eft d’un roux fale, qui devient en-
fuite , tantôt prefque noir, tantôt olivätre, & tantôt
rouflâtre. Il eft encore enlaidi par un grand nombre
de verrues ou plutôt de puftules d’un vert noirâtre,
ou d'un rouge clair. Une éminence très-alongée, faite
en forme de rein, molle & percée de plufieurs pores
très-vifibles , eft placée au-deflus de chaque oreille.
Le conduit auditif eft fermé par une lame membra-
neufe. Une peau épaiffe, dure, & très-difficile à percer,
couvre fon dos aplati; fon large ventre paroît toujours
enflé ; fes pieds de devant font très-peu alongés, &
divifés en quatre doigts , tandis que ceux de derrière
ont chacun fix doigts réunis par une membrane (6).
‘Au lieu de fe fervir de cette large patte pour fauter
avec agilité, il ne l’emploie qu'à comprimer la vafe
humide fur laquelle il repofe; & au-devant de cette
| sr | |
_(B) Le doigt intérieur eft gros, mais très-court & peu fenfble dans
le fquelette, : |
GE € à
572 Hisrorre NATURELLE
mafle, qu'eft-ce qu'on diftingue? Une tête un peu plus
sroffe que le refte du corps, comme s'il manquoit quel
que chofe à fa difformité: une grande gueule garnie
de mâchoires raboteufes, mais fans dents; des paupières
gonflées, & des yeux aflez gros, faillans & qui révoltent
par la colère qui paroît fouvent les animer. On ef tout
étonné qu’un animal qui ne femble pêtri que d’une vile
& froide boue, puiffe fentir l’ardeur de la colère, comme
fi la Nature avoit permis ici aux extrêmes de fe mêler,
afin de réunir dans un feul être tout ce qui peut re-
pouffer l'intérêt. Il sirrite avec force pour peu qu'on.
le touche ; il fe gonfle, & tâche d'employer ainfi fa
vaine puiflance: il réfifte long - tems aux poids avec
lefquels on cherche à l’écrafer ; & il faut que toutes
fes parties & fes vaifleaux foient bien peu liés entre
eux, puifqu'on a vu des crapauds qui, gs d'outre
en outre avec un pieu , ont cependant vécu pluüfieurs
jours , étant fichés contre terre.
Tout fe reflent de la grofliéreté de larmofshète
“ordinairement répandue autour du crapaud, & de la
difproportion de fes membres: non-feulement ilne peut
point marcher, mais il ne faute qu'à une très- petite
hauteur; lorfqu'il fe {ent preflé, il lance contre ceux
qu'il pourfuit, les fucs fétides dont il eft imbu; il fait
jaillir une liqueur limpide que l'on dité être fon urine (c)
: RS RETIRE EDR PR à RO ER PA ÊPC AAIOI DT SPD ARLET AL PTE RE SG GEST ER RE |
(c) Voyez l'ouvrage déjà cité de M. Laurenti..
DES QuADRwuPÉDES OVIPARES. 573
& qui, dans certaines circonftances, eft plus ou moins
nuifible. Il tranfpire de tout fon corps une humeur
Jaiteufe, & il découle de fa bouche une bave qui
peuvent infeëter les herbes & les fruits fur lefquels il
pañle , de manière à incommoder ceux qui en man
gent fans les laver. Cette bave & cette humeur
laiteufe peuvent être un venin plus où moins actif,
où un corrofif plus ou moins fort, fuivant la tempé=
rature, la faifon, & la nourriture des crapauds, l'efpèce
de lanimal fur lequel il agit, & la nature de la
partie qu'il attaque. La trace du crapaud peut donc
être, dans certaines circonftances , aufli funefte que
fon afpect eft dégoûtant. Pourquoi donc laifler fub-
fifter un animal qui fouille & la terre & les eaux,
& même le regard? Mais comment anéantir une
efpèce auffi féconde & répandue dans prefque toutes
les contrées 2?
Le crapaud habite pour l'ordinaire dans les fofés ,
ur-tout dans ceux où une eau fétide croupit depuis
long-tems; on le trouve dans les fumiers, dans les
caves, dans les antres profonds, dans les forêts où il
peut fe dérober aifément à- la. clarté qui le blefle, .en:
choififfant de préférence les endroits. ombragés, fom-
bres, folitaires, en s’enfonçant fous les décombres,.
& fous les tas de pierres: & combien de fois n’a-t-on:
pas été faifi d'une efpèce d'horreur, lorfque foulevant-
quelque gros caillou dans des bois humides, on a:
s74 Hisrorre Narursrrre
découvert un crapaud accroupi.contre terre, anima
fes gros yeux, & gonflant fa mafle puftuleufe?
C'eft dans ces divers afiles obfcurs qu'il fe tient
renfermé DES tout le jour, à moins que la pluie
ne l’oblige à en foïtir.
J'y a des pays où les crapauds font fi fort répandus,
comme auprès de Carthagène, & de Porto-bello en
Amérique, que non - feulement lorfqu'il pleut ils y
couvrent les terres humides & marécageufes , mais
encore les rues, les jardins & les cours, & que
les habitans de ces provinces de Carthagène & de
Porto - bello ont cru que chaque goutte de pluie
étoit changée en crapaud. Ces animaux préfentent
même dans ces contrées du nouveau monde, un vo-
lume confidérable ; les moins grands ont fix pouces de
longueur. Si c’eft pendant la nuit que la pluie tombe,
ils abandonnent prefque tous leur retraite, & alors ils
pdroiflent fe toucher fur la furface de la terre que on
diroit qu'ils ont entièrement envahie. On ne peut
fortir fans les fouler aux pieds, & on prétend même
qu'ils y font des morfures d'autant plus dangereufes,
qu'indépendamment de leur groffeur, ils font, dit-on,
très - venimeux ( d ). Il fe pourroit en effet que
l'ardeur de ces contrées, & la nourriture qu'ils
(d) Voyage de Don Antoine d'Ulloa, # or sé des Voyages ; :
vol. 53 > Page 339 édit, in-12.
Ari
Ua C!
mont
éproi
rellen
À fans
fidèle
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 575
y prennent, viciât encore davantage la nature de leurs
humeurs. | |
Pendant l'hiver , les crapauds fe réuniffent plufeurs:
, enfemble, dans les pays où la température devenant
trop froide pour eux, les force à s'engourdir; ils fe
ramañflent dans le même trou, apparemment pour aug-
menter & prolonger le peu de chaleur qui leur refte
encore. C’eft dans ce tems qu’on pourroit plus facile-
ment les trouver, qu'ils ne pourroient fuir, & qu'il fau-
droit chercher à diminuer leur nombre.
Lorfque les crapauds font réveillés de leur long
afloupifflement , ils choififfent la nuit pour errer &
chercher leur nourriture; ils vivent, comme les gre-
nouilles, d’infectes, de vers, de fcarabées, de limaçons;
mais on dit qu'ils mangent aufli de la fauge, dont ils
aiment l’ombre, & qu'ils font fur-tout avides de ciguéë,
que l’on a quelquefois appellée Le perfil du crapaud (e).
Lorfque les premiers jours chauds du printems font .
arrivés, on les entend, vers le coucher du foleil, jeter
un cri aflez doux: apparemment c'eft leur cri da-
mour ; & faut-il que des êtres aufhi hideux, en
éprouvent l'influence, & qu'ils paroiflent même le
reflentir plutôt que les auttes Quadrupédes ovipares
fans queue? Maïs ne ceflons jamais d’être Hiftorien
fidèle ; ne négligeons rien de ce qui peut diminuer
(e) Matière médicale, cont, de Geoffroy , tome 22 > page 148».
576 Hirsrorre Narurerzrs
Yefpèce d'horreur avec laquelle on voit ces animaux:
& en rendant compte de la manière dont ils s’unif-
{ent , nomettons aucuns des foins qu’ils fe donnent,
& qui paroitroient fuppofer en eux des attentions
particulières , & une forte d'affection pour leurs
femelles.
C’eft en Mars ou en Avril que les crapauds FaCe :
couplent : le plus fouvent c’eft dans l'eau que leur
union a lieu , ainfi que celle des grenouilles & des raines. :
Mais le mâle faifit fa femelle fouvent fort loin des
ruifleaux ou des marais; il fe place fur fon dos,
l'embraffe étroitement, la ferre avec force: la femelle,
quoique furchargée du poids du mâle, eft obligée quel-
quefois de le porter à des diftances confidérables ; mais
-ordinairement elle ne laïfle échapper aucun œuf que
Jorfqu’elle a rencontré l'eau. |
Ils font accouplés pendant fept ou huit jours, &
même pendant plus de vingt, lorfque la faïfon ou le
climat font froids (f); ils coaffent tous deux prefque
fans cefle, & le mâle fait fouvent entendre une {orte
de grognement aflez fort, lorfqu'on veut l'arracher
à fa femelle, ou lorfqu’il voit approcher quelqu'autre
mâle, qu'il femble regarder avec colère, & qu'il tâche
de repoufler en alongeant fes pattes de derrière. Quel-
que bleflure qu'il éprouve, il ne la quitte pas: fi on
dmcmnrenmaaees. fre amet
(f) Œuvres de M. l'Abbé Spallanzani, vol. 3, page 31.
J'en fépare |
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 577
l'en fépare par force, il revient à elle dès qu'on le laifle
libre , & il s’'accouple de nouveau , quoique privé de
plufeurs membres, & tout couvert de plaies fan-
. glantes (g). Vers la fin de l’accouplement, la femelle
M À ns e
“pond fes œufs; le mâle les ramafle quelquefois avec
1 | fes pattes de derrière , & les entraine au-defous de
"| fon anus dont ils paroiflent fortir; il les féconde &
: | | les repoufle enfuite. Ces œufs font renfermés dans une
. liqueur tranfparente, vifqueufe, où ils forment comme
ds #! deux cordons toujours attachés à l'anus de la femelle.
6, | Le mâle & la femelle montent alors à la furface de l’eau
| | = pour refpirer ; au bout d’un quart d'heure ils s'enfoncent
Ni une feconde fois pour pondre ou féconder de nouveaux
\. | | œufs; & ils paroiffent ainfi à la furface des marais, &
h | difparoiflent plufeurs fois. À chaque nouvelle ponte, les
M, cordons qui renferment les œufs s'alongent de quelques
(1 | pouces : ilya ordinairement neuf ou dix pontes.Lorfque
k | _ tous les œufs font fortis & fécondés ,cequin'arrive fouvent
qu | qu'après douze heures , les cordons fe détachent ; ils
ie | ont alors quelquefois plus de quarante pieds de long (4);
We | les œufs, dont la couleur eft noire , y font rangés
(CN | F en deux files, & placés de manière à CRE le plus petit
de l | efpace noffible- on a rencontré de ces œufs à fec dans
ri | le fond de baflins & de foflés dont l’eau s'étoit évaporée.
| “ | (4) Œuvres de M. P'Abbé Spallanzani , yol, 2: page 84.
(2) Idem, page 33.
Ovipares, Tome I. D ddd
578 Hisrorre NATURELIE
Les crapauds craignent autant la lumière dans le
moment de leurs plaïfirs que dans les autres inftans
de leur vie: aufli n’eft-ce qu'à la pointe du jour, &
même fouvent pendant la nuit qu'ils s'uniflent à leurs
femelles. Les befoins du mâle paroiffent fubfifter quel-
quefois, après que ceux de la femelle ont été fatisfaits,
c'eit-à-dire après la ponte des œufs. M. Ræfel en a
vu refter accouplés pendant plus d’un jour, quoique
la femelle ni le mâle ne laïfflaflent rien fortir de leur
corps, & qu'en difléquant la femelle, il ait vu fes
ovaires vides (i). On retrouve donc, dans cette efpèce,
la force tyrannique du mâle, qui n'attend pas, pour
s'unir de nouveau à fa femelle, qu'un befoin mutuel
les raflemble par la voix d'un amour commun; mais
qui la contraint à fervir à fes jouiflances, lors même
que fes defirs ne font plus partagés ; & cet abus de
la force qu’il peut exercer fur elle . ne paroît-il‘
q P | ; paro
pas exifter aufli dans la manière dont il sen empare,
pendant qu’ils font encore éloignés du feul endroit où
fes jouiffances femblent pouvoir être communes à celle
qu'il s'eft foumife ? Il fe fait porter par elle, & com-
mence fes plaifirs, pendant qu’elle ne paroît reflentir
encore que la peine de leur nnion. |
Nous devons cependant convenir que, dans la ponte,
les mâles des crapauds fe donnent quelquefois plus de
(3) Refél, Hifloria naturalis Ranarum , Gc.
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DEs QUADRUPÈDES OVIPARES. 579
foins que ceux des grenouilles, non-feulement pour
féconder les œufs, mais encore pour les faire fortir
du corps de leurs femelles, lorfqwelles ne peuvent
| pas fe défaire feules de ce fardeau. On ne peut guère
en douter d'après les obfervations de M. Demours (Æ)
fur un crapaud terreftre trouvé par cet Académicien
dans le Jardin du Roi, furpris, troublé , fans être
interrompu dans fes foins, & non -feulement ac-
couplé hors de l’eau, mais encore aidant avec fes
. pattes de derrière la fortie des œufs que la femelle
\ ne pouvoit pas faciliter par les divers mouvemens
qu’elle exécute lorfqu’elle eft dans l’eau (L). |
Au refte, des œufs abandonnés à terre ne doivent
1 pas éclore, à moins qu'ils ne tombent dans quelques
ie | | endroits aflez obfcurs, aflez couverts de vafe, & aflez ê
BE |. pénétrés d'humidité, pour que les petits crapauds puif-
fent sy nourrir & sy développer (mn).
QAR, Les cordons augmentent de volume en même-tems
où | & en même proportion que les œufs qui, au bout de
ch à ne as
dr | (4) Mém. de l'Acad. des Sciences, an. 1741.
init | il (1) M. Laurenti a fait une efpèce particulière du Crapaud obfervé par
: | | M. Demours; il lui a donné le nom de Bufo obffreticans ; mais nous
L ne voyons rien qui doive faire féparer get animal du Crapaud commun:
pa | | (m) Les œufs des Crapauds fe développent, Fe la température
il b | | de l’atmofphère ne foit qu'à fix degrés au-deflus &e zéro du thermomètre
Fe 1: | de Réaumur. Œuvres de M. l'Abbé Spallanzani , traduëlion de M. Sen-
fl nebier, vol. 2, page 88.
PAL : Dddd i)j
580 “HisrTorre NATURELLE
dix ou douze jours, ont le double de grofieur que lors
de la ponte (n) ; les globules renfermés dans ces œufs,
& qui d’abord font noirs d'un côté, & blanchâtres
de l'autre, fe couvrent peu-à-peu de linéamens ; au
dix -feptième ou dix- huitième jour on apperçoit le
petit tétard ; deux ou trois jours après il fe dégage
de la matière vifqueufe qui enveloppoit les œufs; il
s'efforce alors de gagner la furface de l’eau, mais il
retombe bientôt au fond ; au bout de quelques jours
il a de chaque côté du cou un organe qui a quelques
rapports avec les ouies des poiffons, qui eft divifé en
cinq ou fix appeéndices frangées, & qui difparoit tout-
à-fait le vingt-troifième ou le vingt-quatrième jour.
Hi femble d'abord ne vivre que de la vafe & des
_ ordures qui nagent dans l’eau; mais, à mefure qu'il
devient plus gros , il fe nourrit de plantes aquatiques.
Son développement fe fait de la même manière que
celui des ieunes grenouilles : & lorfaw’il eft entièrement
} ; q
formé, il fort de l'eau, & va à terre chercher les
endroits humides. |
Il en eft des crapauds communs comme des autres Qua-
drupèdes ovipares ; ils font beaucoup plus grands &
beaucoup plus venimeux à mefure qu'ils habitent
des pays plus chauds élus convenables à leur na-
ture (o). Parmi les individus de cette efpèce, qui font
2 pe D AT NO
(2) M. l'Abbé Spallanzani, ouvrage déjà cité.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 501
confervés au Cabinet du Roi, il y en a un qui
a quatre pouces & demi de longueur, depuis le mur
feau jufqu’à anus. On en trouve fur la Côte d'or dune
| groffeur fi prodigieufe , que lorfqu'ils font en repos, on les | |
prendroit pour des tortues de terre; ils y font ennemis |
mortels des ferpens: Bofman a été fouvent le témoin |
des combats que fe livrent ces animaux. Il doit être |
curieux de voir le contrafte de la lourde mañle du UN
| crapaud, qui fe gonfle & s'agite pefamment, avec les qll
| mouvemens preftes & rapides des ferpens, lorfqu'irrités
tous les deux, & leurs yeux en feu, l’un réfifte par
fa force & fon inertie aux eflorts que fon ennemi
fait pour l'étoufler au milieu des replis de fon corps
tortueux , & que tous deux cherchent à fe donner la
mort par leurs morfures & leur venin fétide , ou leurs
liqueurs corrofves. | :
Ce n’eft qu'au bout de quatre ans que le crapaud
eft en état de fe reproduire. On a prétendu que fa
vie ordinaire n’toit que de quinze ou feize ans; maisfur
quoi l’a-t-on fondé ? Avoit-on fuivi avec :oin le même
crapaud dans fes retraites écartées? avoit-on recuellii
un aflez grand nombre d’obfervations, pour reconnoître
la durée ordinaire de la vie des crapauds, indépen-
damment de tout accident & du défaut de nourriture?
by (o\ En Sardaigne, on regarde leur contaét leul comme dangereux.
6 if. nat, des amph, Ÿ des poij. de veste Ifle , par M. François Ceiti , p. 40e
582 : Hrsrorre NaTure1rrr
Nous avons au contraire un fait bien conftaté 2
par lequel il eft prouvé qu'un crapaud a vécu plus
de trente-fix ans : mais la manière dont il a pañé fa
longue vie va bien étonner; elle prouve jufqu'à quel
point la domefticité peut influer fur quelqu'animal que
ce foit, & fur-tout fur les êtres dont la nature eft plus
fufceptible d’altération , & dans lefquels des reflorts
moins compliqués peuvent plus aifément , fans fe
rompre ou fe défunir , être pliés dans de nouveaux fens.
Ce crapaud a vécu prefque toujours dans une maifon où
il a été, pour ainfi dire, élevé & apprivoifé (p).Il
n'y avoit pas acquis fans doute cette forte d'affection
que l’on remarque dans quelques efpèces d'animaux
domefliques , & qui étoit trop incompatible avec fon
organifation & fes mœurs, mais il y étoit devenu fa-
milier ; la lumière des bougies avoit été pendant long-
tems pour lui le fignal du moment où il alloit recevoir
fa nourriture; aufli, non-feulement il la voyoit fans
crainte, mais même il la recherchoit: il étoit déja
très-gros lorfqu'il fut remarqué pour la première fois ;
il habitoit fous un efcalier qui étoit devant la porte
de la maifon; il paroïfloit tous les foirs au moment
où il appercevoit de la lumière, & levoit les yeux
comme sil eût attendu qu'on le prit, & qu'on le
portât fur une table, où il trouvoit des infeétes, des
{ P) Zoologie britannique » vol, 3.
Réal TR des
DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 583
cloportes , & fur -tout de petits vers qu'il préféroit
peut-être à caufe de leur agitation continuelle; il fixoit
fa proie; tout d'un coup il lançoit fa langue avec il
rapidité , & les infectes ou les vers y demeuroient |
attachés, à caufe de l'humeur vifqueufe dont l’extré-
mité de cette langue étoit enduite. :
Comme on ne lui avoit jamais fait de mal, il ne |
sirritoit ‘point lorfqu'on le touchoit ; il devint l'objet 1 :4] Il
d’une curiofité générale, & les Dames même deman- 4
dèrent à voir le crapaud familier. |
Il vécut plus de trente-fix ans dans cette efpèce de
domefticité ; & il auroit vécu plus de tems peut-être
fi un corbeau apprivoifé comme lui ne l’eût attaqué
ù À Ha à à l'entrée de fon trou, & ne lui eût crevé un œil,
x 1 malgré tous les efforts qu'on fit pour le fauver. Il ne
m | put plus attraper fa proie avec la même facilité,
ie À parce qu'il ne pouvoit juger avec la même juftefle
de | | de fa véritable place; aufli périt-il de langueur au ;
à | | bout d'un'an. : | ee
"| Les différents faits nt relativement à ce
é | peu pendant fa someone prouvent peut-être |
à : qu'on a exagéré la forte de méchanceté & les goûts .
L. fales de fon efpèce. On pourroit dire cependant que
u D. ce crapaud habitoit l'Angleterre, & par conféquent
. à une latitude affez élevée pour que toutes fes mau-
d | ÿ “vaifes habitudes fuflent tempérées par le froid : d’ail-
leurs, trente -fix ans de domeflicité, de sûreté &
+ AT me
»
sê4 HISTOIRE NATURELLE
d’abondance peuvent bien changer les inclinations d’un
animal tel que le crapaud, le naturel des Quadru-
pèdes ovipares paroiffant, pour ainf dire, plus flexible
que celui des animaux mieux Noais Qse l'on
croie tout au plus, qu'avec moins de dangers à courir,
& une nourriture d’une qualité particulière, l’efpèce
de crapaud pourroit être perfectionnée comme tant
d'autres efpèces; mais ne faudra-t-il pas toujours re
connoître dans les individus dont la Nature feule aura
pris foin, les vices de conformation & d'habitudes
qu'on leur a attribués? :
Comme l'art de l’homme peut rendre prefque tout
utile , puifqu'il change quelquefois en médicamens
falutaires les poifons les plus funeftes, on s'eft fervi
des crapauds en médecine ; on les y a employés de
plufieurs manières (g), & contre plufieurs maux.
On trouve plufeurs cbfervations, d'après lefquelles
il paroitroit au premier coup-d'œil qu'un crapaud a
pu fe SHÉRDRE & vivre pendant un nombre pro=
digieux d'années dans le creux d’un arbre ou d’un bloc
de pierre, fans aucune communication avec l'air
(g) « Mes Nègres, que les chaleurs du foleil & du fable avoient
»beaucoup incommodés, fe frottèrent le front avec des Crapauds vivans,
» dont ils trouvèrent encore quelques-uns fous les brouffailles: c’eft affez
» leur coutume lorfqu'ils font travaillés de la migraine , & ils en furent
mionlagés. Hifloire naturelle du Sénégal , par M. Adanfon, page 163:
extérieur :
| que da
latitude
dont il
de nouv
quil ne
dibracié
Pre
(r) Ere
Afru,
(4) Elo
fonde 277
Diig
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. S05
dl 1 __” . ) É 1
| exérieur : mais on ne l'a penfé ainfi, que parce |
h | quon n’avoit pas bien examiné l'arbre ou la pierre, li ||
ne | avant de trouver le crapaud dans leurs cavités (r). | ji
| Cette a ne peut pas être ie , mais cependant : Î {
k : | on doit regarder comme très-für quun crapaud peut il
| vivre très-long-tems, & même jufqu'à dix-huit mois juil
a | fans prendre aucune nourriture, en quelque forte fans | All
" | | refpirer, & HUGUES renfermé dans des boîtes fcellées | il
dl | | exactement. Les expériences de M. Hériffant le mettent Al
ul | | hors de doute (s), & ceci eft une nouvelle confirma- ji
po tion de ce que nous avons dit dans notre premier [ll
nf 4 difcours touchant la nature des Quadrupèdes ovipares, lil
f Voyons maintenant les caraétères qui diftinguent les pi,
\ crapauds différens du crapaud commun, tant en Europe ll |
k | que dans les pays étrangers ; il n’eft prefqu'aucune
| latitude où la Nature n'ait prodigué ces êtres hideux :
ls | dont il femble qu’elle n’a diverfifié les efpèces que par
lu | de nouvelles difformités , comme fi elle avoit voulu
1 | qu'il ne manquât auçun trait de laideur à ce genre
be | difgracié,
ür | ————————— |
F | (r) Encyclopédie rnéodiae - art. des Crapauds , par M. d'Aubenton,
_ “Affruc, Paris, 1737 än-4.°, pages 562 G Juiv.
ol | | (s) Eloge de M. Hériffant, Hifloire de l’Académie des Sciences ;
js | année 1773: |
ES
int | % S
= Ovipares, Tome I
586 _Hisrorre Narureirr
EE —_ EL
LE VERT 6)
nm mere
Ox TROUVE, auprès de Vienne, dans les cavités
des rochers où dans les fentes obfcures des murailles,
“un crapaud d'un blanc livide, dont le deffus du COrps
eft marqueté de taches vertes légèrement ponétuées,
entourées d'une ligne noire, & , le plus fouvent, réunies
plufieurs enfemble. Tout fon corps eft parfemé de
vérrues, excepté le devant de la gueule & les extré-
mités des pieds ; elles font livides fur le ventre , Vertes
fur les taches vertes, & rouges fur les intervalles qui
_féparent ces taches. | ”
I paroît que les liqueurs corrofives que répand ce
crapaud, peuvent être plus nuifibles que celles du
crapaud commun : fa refpiration eft accompagnée d’un
gonflement de la gueule. Dans la colère , fes yeux
tincelent ; & fon corps enduit d’une humeur vif
queufe, répand une odeur fétide, femblable à celle
de la morelle des boutiques (Solanum nigrum), mais
beaucoup plus forte. Il tourne toujours en dedans fes
(a) Le vert. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. |
Bufo viridis, 8. Laurenti Jpecimen medicum.
Rana fitibunda, M Pallas, Jupplément à fon voyage.
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 507
deux pieds de devant. Comme il habite le même pays
que le crapaud Commun, on ne peut décider, que
d’après plufeurs obfervations, fi les différences qu'il
préfente , quant à fes couleurs, à la difpofition de fes
verrues, &c. doivent établir, entre cet animal & le
crapaud commun, une diverfité d’efpèce ou une fim-
ple variété plus ou moins conftante. Suivant M. Pallas,
le crapaud Vert , qu'il nomme rana fitibunda , fe
trouve en affez grand nombre aux environs de la mer
Cafpienne (b).
(b) M. Pallas , à l'endroit déjà cité
588 Hrsrorre Narureirz.
Sée
LE RAYON-VERT (:).
Nous PLAÇONS à la fuite du vert, ce crapaud
qui pourroit bien n'en être qu'une variété. Il eft cou
leur de chair; fon caractère diftinétif eft de préfenter
des lignes vertes, difpofées en rayons; il a été trouvé
en Saxe. |
Nous invitons les Naturaliftes, qui habitent l’Alle-
magne , à rechercher fi Fon ne doit pas rapporter au
Rayon-vert, comme une variété plus ou moins dif-
tinéte , le crapaud trouvé en Saxe, parmi des pierres,
par M. Schréber, & que M. Pallas a fait connoître
fous le nom de grenouille changeante (Bb). |
Ce crapaud eft de la grandeur de la grenouille com-
mune ; fa tête eft arrondie ; fa bouche fans dents, fa lan-
gue épaifle & charnue ; les paupières fupérieures font à
peine fenfibles , le deflus du corps eft parfemé de verrues.
Les pieds de devant ont quatre doigts; ceux de derrière
en ont cinq, réunis par une membrane. M. Edler,
(a) Le Rayon-vert. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Bufo Schreberianus , 7 Laurenti fpecimen medicum. |
(b) Spidilegia zoologica , fafciculus feptimus , fol. 1.
pes QuapruPpÈDes opIPARES, $69
de Lubeck , a découvert que ce crapaud change fou-
ÿent de couleur, ainfi que le caméléon & quelques au
tres lézards, ce qui établit un nouveau rapport entre
les divers genres des Quadrupèdes ovipares. Lorfque
ce crapaud eft en mouvement, fa couleur eft blanche
parfemée de taches d'un beau vert, & fes verres
paroiffent jaunes. Lorfqu'il eft en repos , la couleur
verte des taches fe change en un cendré plus ou moins
foncé. Le fond blanc de fa couleur, devient auff
cendté lorfqu’on le touche & qu'on l'inquiète. Si on
Vexpofe aux rayons du foleil dont il fuit la lumière ,
la beauté de fes couleurs difparoîit, & il ne préfente
plus qu'une teinte uniforme & cendrée. Un crapaud,
de la même efpèce, trouvé engourdi par M. Schréber,
préfentoit, entre les taches vertes, une couleur de chair
femblable à celle du Rayon-vert. | =
#
LE BRUN EE:
RU
Cr CRAPAUD à la peau life, fans aucune verrue ,
& marquetée de grandes taches brunes qui fe tou-
chent, Les plus larges & les plus foncées, font fur le
dos, au milieu & le long duquel s'étend une petite
bande plus claire, Les yeux font remarquables en ce
que la fente que laifle la paupière en fe contractant,
eft fituée verticalement au lieu de l'être tranfverfale-
ment. Sous la plante des pieds de derrière qui font
palmés, on remarque un faux ongle qui a la dureté
de la corne, La femelle eft diftinguée du mâle par les
taches qu'elle a fous le ventre. | :
Ce crapaud fe trouve plus fréquemment dans les
marais, qu'au milieu des terres. Lorfqu’il eft'en colère,
il exhale une odeur fétide femblable à celle de l'ail,
ou de la poudre à canon qui brûle; & cette odeur eft
affez forte pour faire pleurer. 6
Dans l'accouplement, le mâle paroït prendre des
(a) Le Brun. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique,
Bufo fufcus, Laurenri Jpecimer medicum, 3
Reæfel, tab. 17 & 218.
Fana ridibunda , Supplément au voyage de M. Pallas.
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. SO
foins particuliers pour faciliter la ponte des œufs de
la femelle. Rœfel foupçonne qu'il eft venimeux ; &
Actius & Gefner aflurent même qu'il peut donier la
mort, foit par fon fouffle empoifonné lorfqu’on lap-
“roche de trop près, foit lorfqu'on mange des herbes
imprégnées de fon venin. Sans doute laflertion de
. Gefner & d'Actius peut être exagérée ; mais il reftera
toujours aux crapauds, & fur-tout au crapaud Brun,
aflez de qualités malfaifantes pour juilifier l'averfon
qu'ils infpirent.
I paroït que c’eft le crapaud Brun que M. Pallas
a nommé rana ridibunda (grenouille rieufe), qui fe
trouve en grand nombre aux environs de la mer Caf-
pienne,.& dont le coaffement , entendu de loin, imite
un peu le bruit que l’on fait en riants
592 Hisroïrrs NATuRkILE
1 nr LORS am on A MORTE EDS ENT RDS DE eu ee em à
LE CALAMITE (:)
É EST ENCORE un crapaud d'Europe qui a beau
coup. de reflemblance avec le crapaud brun, mais
qui en diffère cependant affez pour çonftituer une
efpèce diftinéte. Il a le corps un peu étroit : fes cou
teurs font très-diverfifiées ; fon dos , qui eft olivâtre, pré-
fente trois raies longitudinales, dont celle du milieu
eft couleur de foufre ; & les deux des côtés ondulées
& dentelées, font a rouge clair mêlé d’un jaune
plus foncé vers les parties fredres Les côtés du
ventre, les quatre pattes & le tour de la gueule,
font marquetés de plufeurs taches inégales & olivâtres,
Voilà la difpofition générale des couleurs de la
peau fur laquelle s'élèvent des puftules brunes fur le
dos , rouges vers les côtés, d’un rouge pâle près des
és des. & d'une couleur É chair éclatante vers les
angles de la bouche où elles font grouppées.
L'extrémité des doigts eft noirâtre, & garnie d’une
(a) Le Calamite. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Bufo calamita, 9 , Laurent: Jpecimen medicum,
Rafel, tab. 24,
peau
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raflemb
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Din
DES QUADRUPÉDES OVIPARES. SO
peau dure comme de la corne, qui tient lieu d’ongle
à l'animal. Au-defous de la plante des pieds de devant,
fe trouvent deux efpèces d'os où de faux ongles’dont
le Calamite peut fe fervir pour. s’accrocher : les doigts
des pieds de derrière font féparés. |
Le Calamite fe tient, pendant le jour, dans les
fentes de la terre & dans les cavités des murailles.
Au lieu d'être réduit à ne fe mouvoir que par fauts,
comme les autres Quadrupèdes ovipares fans queue ,
il grimpe, quoiqu'avec peine, & en sarrétant fou-
vent ; & à l’aide de fes faux ongles, & de fes doigts
féparés, il monte quelquefois le long des murs juf-
qu'à la hauteur de quelques pieds pour gagner fa
retraite. |
_ On ne trouve pas ordinairement les Calamites feuls
dans leurs trous. Ils y font raffemblés & ramañés au
nombre de dix ou douze. C’eft la nuit qu'ils fortent
de leur afile, & qu’ils vont chercher leur nourriture,
Pour éloigner leurs ennemis, ils font fuinter, au tra-
vers de leur peau , une liqueur dont l'odeur femblable à
celle de la poudre enflammée , eft encore plus forte.
Au mois de Juin, ceux qui ont atteint l’âge de
trois ans & à-peu-près leur entier accroifflement, fe
raflemblent pour saccoupler fur le bord des marais
remplis de joncs où ils font entendre un coaffement
retentiflant & fingulier, On pourroit penfer que les
habitudes particulières de ces crapauds, influent fur
Ovipares , Tome L, Ffff
$94 Hisrorrs NarTurerzre
la nature de leurs humeurs & empêchent qu'ils re
{oient venimeux ; cependant Rœfel a préfumé le con-
traire, parce que, fuivant lui, les cigognes qui font
fort avides de grenouilles, d'atratdd oi point les Ca=
lamites.
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DES QUADRUPÈDES OFIPARES. SOS |
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se | | LE COULEUR DE FEU (:)
M LAURENTI a découvert ce crapaud fur les
bords du Danube. C’eft un des plus petits. Son dos
d’une couleur olivâtre très-foncée eft tacheté d'un
| _ noir fale : mais le ventre, la gueule, les pattes & la
ii plante des pieds, font d'un blanc bleuâtre tacheté
| d'un beau vermillon, & c’eft de-là que lui vient fon
‘hi ; nom. Toute la furface de fon corps eft parfemée de
| _ petites verrues. Quand il eft expofé au foleil, fa pru-
CS nelle prend une figure parfaitement triangulaire dont
| le contour eft doré. Cette efpèce eft très-nombreufe
dans les marais du Danube; une variété de ce cra-
paud a le ventre noir tacheté & pondtué de blanc.
D. _ On trouve le couleur de Feu à terre , pendant
Li l'automne : lorfqu’on l'approche & qu'il eft près de
| Veau, il sy élance avec légèreté, ainf que les gre-
| nouilles: mais sil ne voit aucun moyen d'échapper,
| Ïl s'aflaife contre terre comme pour fe cacher; dès
|
(a) Feuer K, ot, en Allemand,
| Le couleur de feu. M. d’Aubenton ; Encyclopédie méthodique,
Li Bufo igneus, 23. Laurenti Jpecimen medicum.
Li Raæjfel , ” ar Ga.
Ffffi
56 É{ISTONRE NATURELLE
qu'on le touche, fa tête fe contracte & fe jette en
arrière; fi on le tourmente, il exhale une odeur fétide,
& répand par l’anus une forte d’écume. Son coafle-
ment qu'il fait entendre fans enfler fa gorge, eit une
forte de grognement fourd & entrecoupé, qui, quel-
quefois fe re & reflemble un peu , fuivant
M. Laurenti, à la voix d’une perfonne qui rit.
_ Les œufs Ke du corps de la femelle, font difpofés
par pelotons, ainfi que ceux des SM utie au lieu
d'être rangés par files, comme les œufs du crapaud
commun. Et ce qu'il y a de remarquable dans les
habitudes de ce petit animal qui femble faire, à cer-
tains égards, la nuance entre les crapauds & , € Bre-
nouilles , SR qu’ au lieu de craindre la lumière, il
fe plaït pe le bord de l'eau, à s'imbiber des rayons
du foleil. I ne paroît pas , d’après les expériences
de M. Laurenti, que les humeurs du couleur de Feu
aient d'autre propriété nuifible que celle d’ afloupir CET—-
tains petits animaux, tels que les lézards gris qui font
très-fenfibles à toute forte de venin, ainf que nous
avons déjà dit.
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LE, PUSTERBEUX 6}
Ox TROUVE, dans les Indes, ce crapaud remar- : ee MN
quable par fes doigts garnis de tubercules femblables ii
à des épines , & par les véficules ou puftules qui le I
couvrent. Sa couleur eft d’un roux cendré; elle eft | fl
plus claire fur Les côtés & fur le ventre où elle eft Li
tachetée de roux. Il a quatre doigts féparés aux pieds ll
de devant & cinq doigts palmés aux pieds de derrière. | [|
(a) Le Pufluleux. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique,
Bufo puftulofus, 4. Laurenti fpeciinen medicum.
SéDa, 1,1 T4slia:t st | -
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598 Hirsrorre NATURELLE
[este é 4
Sox CORPS arrondi eft d'une couleur rouffe, Son
dos eft fillonné par trois ritles longitudinales. Son bas-
ventre paroît enflé, & cet animal eft fur-tout diftingué
par un gonflement confidérable à la gorge. Les deux
doigts extérieurs de fes pieds de devant font réunis ;
il habite dans les Indes.
(a) Le Goîtreux. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana ventricofa, 7. Linn. amphib. rept.
Mus. Adolph. Fred.,.1. page 48.
But ventricofus, 4, Laurenti Jpecimen medicung
veuve Tardiew Je
PÈRE Pa:
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De Jève : del
Le
BOSSU.
LE CRAPAUD :
grandeur de. Mature.
4
DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 5$O9
um ea pe po vo re pren 7 me À sean tannembt codant en CE
Lcsismesod
L.: E B O $S S 1. Cas a
eee
1e A TÊTE de ce crapaud eft très-petite, obtufe &
enfoncée dans la poitrine. Son corps ridé, mais fans
verrués, eft très-convexe. Sa couleur eft nébuleufe :
fon dos préfente une bande longitudinale, un peu pâle
& dentelée; tous fes doigts font féparés les uns des
autres. Il en a quatre aux pieds de devant & fix aux.
pieds de derrière. On le trouve dans les Indes orien-
tales, ainfi qu'en Afrique L’individu que nous avons
décrit a été apporté du Sénégal au Gabinet du Roi.
(a) Le Boflu. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana gibbofa, $ , Linn. amphib. rept.
Bufo gibbofus, 6, Laurenti Jpecimen medicum.
LR P'ICR AS (2),
De rous les crapauds de l’Amérique méridionale,
l'un des plus remarquables eft le Pipa. Le mâle &
la femelle font aflez différens l’un de l’autre, tant par
a grandeur que par la conformation , pour qu'on les”
regarde, au premier coup-d’œil, comme deux efpèces
très-diftinétes. Auffi, au lieu dé décrire l’efpèce en
général, croyons-nous devoir parler féparément du.
male & de la femelle.
Le mâle a atre doigts féparés aux pieds de devant
& cinq doigts palmés aux pieds de derrière. Chaque.
doigt des pieds de devant eft fendu à l'extrémité en
quatre petites parties. On a peine à diflinguer le corps
d'avec la tête. L'ouverture de la gueule eft très- -grande:
(a) Cururu , dans l'Amérique méridionale.
Le pipa. M. dAubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana pipa, #4, Linn. amplub. rept,
Gronov., mus , 2, page 84, N° 64.
Séba, mus, 1, tab. 77, fig. 2, 4. Bufo, feu pipa americana,
Bradl., nat., t, aa, f. 1. Rana Surinamenfis,
iVallifn., nat. , 3, t, 41 ee 6,
Planches enluminées ; N.°
les yeux
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l'anus.
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES., (GCOHX
les yeux placés au-deflus de la tête font très-petits
& aflez diftans l'un de l'autre. La tête & le corps
font très-aplatis. La couleur générale en ef olivâtre
plus ou moins claire & femée de trés-petites taches
roufles ou rougeûtres. |
La femelle diffère du mâle en ce qu’elle eft beau-
coup plus grande. Elle a également la tête & le corps
aplatis. Mais la tête eft triangulaire & plus large à la
bafe que la partie antérieure du corps. Les yeux font
très — petits & très — diftans l’un de l’autre, ainfi que
dans le mâle. Elle a de même cinq doigts palmés aux
pieds de derrière & quatre doigts divifés aux pieds de.
devant, mais chacun de ces quatre doigts eft fendu à
l'extrémité en quatre petites parties Dh fenfibles que
dans le mâle. Son corps eft communément hériflé par-
tout de très-petites verrues. L'individu femelle , qui eft
confervé au Cabinet du Roi, a cinq pouces quatre
lignes de longueur depuis le hout du mufeau juiqu'à
l'anus.
Ce qui rend fur:tont remarquable ce grand cra-
paud de Surinam, c'eft la manière dont les fœtus de
cet animal croiflent, {e développent & éclofent (8).
Les petits du Pipa ne font point conçus fous la peau
du dos de leur mère, ainfi que l'a penfé Mademoi-
(è) Voyez un Mémoire de M. Bonnet, infêré dans le Journal de
Phyfique de 1779, vol. a, page qzs.
Ovipares | Tome I, | G688
602 Hisrotre NATUREzILIE
{elle de Mérian, à qui nous devons les premières obfer-
_vations fur cet aniual (c): maïs, lorfque les œufs ont
été pondus par la femelle & fécondés par le mâle de
Ja même manière que dans tous les crapauds, le mâle
au lieu de les difperfer, les ramaffe avec fes pattes, les
poufle fous fon ventre, & les étend fur le des de la
femelle où ils fe colent. La liqueur fécondante du
mâle, fait enfler la peau & tous les tégumens du dos
de la femelle qui forment alors autour des œufs , des
fortes de cellules. |
Les œufs cependant grofñffent , & doivent épronver ;
par la chaleur du corps de la mère, un développe-
ment plus rapide en proportion que dans les autres
efpèces de crapauds. Les petits éclofent, & fortent
enfuite de leurs cellules, après avoir pañlé, en quel-
que forte , par l’état de tétard ; car ils ont, dans
les premiers tems de leur développement , une
queue qu'ils n’ont plus quand ils font prêts à quitter
leurs cellules (4). |
Lorfqu'ils ont abandonné le dos sd leur mère, celle-
ci en fe frottant contre des pierres ou des sb : :
fe dépouille des portions de cellules qui reftent encore,
(c) Mérian, différtatio de generatione & metamorphofibus infééloruri
Surinamenfium ; &c, Amflerd. , 1719.
(d) Œuvres de H. l'Abbé Spallançani > VOL.3, page 296
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DES QuanrurÈDes orrparss, 603
& de fa propre peau qui tombe alors en partie pour
fe renouveller.
Mais la Nature na jamais préfenté de phéno-
mènes ifolés ; l’expreflion d’extraordinaire ou de fingulier
n'eft point abfolue, mais feulement relative à nos con
noiffances ; & elle ne défigne en général qu'un degré
plus ou moins grand dans une propriété déjà exiftante
ailleurs : aufli la manière dont les petits du Pipa fe
développent, n’eft point à la rigueur particulière à
cette efpèce. On en remarque une affez femblable,
même parmi les Quadrupèdes vivipares , puifque les
petits du farigue ou opoflum, ne prennent , pendant
quelque-tems , leur accroiflement que dans une efpèce
de poche que la femelle a fous le ventre (e).
_ Au refte, il paroît que la chair de ce crapaud
n'eft pas malfaifante ; &, fuivant le rapport de Made-
moifelle de Mérian, les Nègres en mangent avec
plaïtr.
(e) Voyez, dans l'Hifloire nat. des Quadrup., l'article de lopofum.
LT
604 Hisrorre Narvrerre
C: CRAPAUD que l’on trouve en Amérique , eft
Yun des plus hideux; fa tête eft prefqu'aufli grande
que la moitié de pe corps; l'ouverture de fa puis
eft énorme, fa langue épaifle & large; fes paupières
ont la due d'un cone aigu, ce qui le fait paroître
armé de cornes dans lefquelles fes yeux feroient placés.
Lorfqu’il eft adulte, fon afpe eft affreux ; il à le dos
& les cuifes hériffés d'épines. Le fond de fa couleur
eft jaunâtre ; des raies brunes font placées en long fur
le dos, & en travers fur les pattes & fur les doigts.
Une large bande blanchätre s'étend depuis la tête juf-
qu'à l'anus. A l'origine de cette bande, on voit de
chaque côté une petite tache ronde & noire. Ce vilain
animal a quatre doigts féparés aux pieds de devant
& cinq doigts réunis par une membrane aux pieds
de derrière. Suivant Séba, la femelle diffère du mâle,
en ce que fes doigts font tous féparés les uns des autres.
%
{a) Le Cornu. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique.
Rana cornuta , 22. Linn. amphib. rept. |
Bufo cornutus, Laurenti fpecimen medicum.
Séba , 1,172, fig 1 Cas
Sn
Le
des
fn
ne
Jaqu
effet
ja di
com
promène rene F
Le
PSS EE D
assis de
DES QuaDrüuPÈDEs orIPARES. (605
Le premier doigt des quatre pieds étant d’ailleurs écarté
des autres dans la femelle, donne à ces pieds une ref-
femblance imparfaite, avec une véritable main , réveille
une idée de monftruofité & ajoute à l'horreur avec
laquelle on doit voir cette hideufe femelle. Rien en
effet ne révolte plus que de rencontrer au milieu de
la difformité quelque trait des objets que l'on regarde
comme les plus parfaits. Le
606 Hrsrorre NATUREILIE
pont ms mme rer ocre =
, CREER EE RO ER
L'AGUA (a),
Ce GRAND CRAPAUD que l'on appelle au Bréfil
Aguaquaquan , & dont le deflus du corps eft couvert
de petites .éminences, eft d’un gris cendré femé de
taches rouflûtres preiquie couleur de feu. Il a quatre,
doigts féparés aux pieds de devant, & cinq doigts
palmés aux pieds de derrière, L’on en … au Cabinet
du Roi, un individu de cette efpèce , qui a tent pouces
quatre os de longueur, depuis le bont du mufeau
jufqu’à l'anus,
(a) _. M. d'Aubenton , de nc
Bufo Braflienfs, Laurent: fpecimen medicum.
Bufo Braflienfs, Séba, 1, tab, 73, fig : & 2,
LE MARBRÉ (:).
Czr ANIMAL reffemble un peu à lagua. Il 4;
comme ce dernier, quatre doigts divifés aux pieds de
devant, & cinq doigts palmés aux pieds de derrière:
mais il paroît être communément beaucoup plus petit,
D'ailleurs le deffus du corps eft marbré de rouge &
d'un jaune cendré; & le ventre eft jaune, moucheté
de noir.
ù | | (a) Le marbré, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique,
Bufo marmoratus, Laurenti fpecimen medicum, |
| | | Séba, 1, tab. 7, fig 4 & 4
LE CRIARD ai
Le Criarp que l’on trouve à Surinam, eft un des © Nc
. plus gros crapauds. Sa peau eft mouchétée ‘de vide: procl
| | _& de brun, & parfemée de verrues. Les épaules cou= Jeu
vertes de points faillans, de même que le ventre, font mai
relevées en bofle, & percées d’une multitude de petits mir
trous. [1 eft aifé de le diftinguer du marbré & du pipa
que l'on trouve aufli à Surinam , parce qu'il a cinq :
doigts à chaque pied ; les doigts des pieds de devant
font féparés, & ceux des pieds de derrière à demi-pal- où
_més. Il habite les eaux douces où il ne cefle de faire | +.
entendre fon coafflement défagréable. C’eft ce qui la qi
fait appeller Ze muficien, par M. Linné; mais le nom Lis
de criard que lui a Ébané M. a'Aaberiton: convient il
bien mieux à un animal dont la voix rauque & dif Man
cordante ne peut que troubler les concerts harmonieux = aile
ou le filence pairs de la Nature, & qui ne peut , um
faire entendre qu'un coaflement auffi défagréable dl
pour l'oreille , que fon afpect ns pour les Jeu 3 Le
de ce
Le Criard. M. d’ Po | Enelopédie méthodique, jufqu
Rina mul ia, 2. Linn. amphib. reptil. Ée
AS LA | : par q
REPTILES ne. de k
| | On
À
2 RRRe nn
Fe — s Fi or ne Do
ni QE MNT vor M ANA M VAE EN sacs MS (a dame 10 AR A
REPTILES BIPÈDES.
Nous AVONS VU le feps & le chalcide fe rap
procher de l’ordre des ferpens par l’alongement de
leur corps, & la brièveté de leurs pattes. Nous allons
maintenant jeter les yeux fur un genre de reptiles,
qui réunit encore de plus près les ferpens & les lézards.
Nous ne le comprenons pas parmi les Quadrupèdes
ovipares , puifque le caractère diftinctif de ce genre
eft de n'avoir que deux pieds; mais nous le plaçons
entre ces Quadrupèdes & les ferpens. Les reptiles
qui le compolent diffèrent des premiers, en ce qu’ils
n'ont que deux pattes au lieu d'en avoir quatre, &
ils font diftingués des feconds par ces deux pieds qui
manquent à tous les ferpens. Il feroit d’ailleurs fort
aifé de les confondre avec ces derniers, auxquels ils
reflemblent par l’alongement du corps, les proportions
de la tête & la forme des écailles.
L'on a douté , pendant long -tems, de l’exiflence
de ces animaux ; & en effet tous ceux que l’on a voulu
jufqu'à préfent regarder comme des reptiles Bipèdes,
étoient des feps ou des chalcides qui avoient perdu,
par quelque accident, leurs pattes de devant ou celles
de derrière; la cicatrice toit fenfible, & ils préfen-
Ovyipares, Tome L Hhkhh
610 Hrsrorrs NAaTurerrre
toient d'ailleurs tous les caraétères des feps ou des
chalcides : où bien c'étoient des ferpens mâles que l’on
avoit tués dans la faifon de leurs amours, lorfqu’au
moment d'aller s'unir à leurs femelles, ils font f{ortir
par leur anus leur double partie fexuelle, dont les
deux portions s'écartent l’une de l’autre, &, étant gar-
nies d'afpérités aflez femblables à des écailles , peu-
vent être priles, au premier coup - d'œil, pour des
pattes imparfaites. On nous a fouvent envoyé de ces
ferpens tués peu de tems avant leur accouplement, &
qu'on regardoit comme des ferpens à deux pieds, tandis
qu'ils ne différoient des autres qu’en ce que leurs par-
ties fexuelles étoient gonflées & à découvert. C’eft
parmi ces ferpens, furpris dans leurs amours , que nous
croyons devoir comprendre celui que M. Linné a placé
dans le genre des anguis, & qu'il a nommé anguis
bipède (a), |
On doit encore rapporter les prétendus reptiles
bipédes, dont on a fait mention jufqu’à préfent, à des
larves plus ou moins développées de grenouilles, de
raines, de crapauds & même de falamandres, tous ces
Quadrupèdes ovipares ne préfentant fouvent que deux
pattes dans les premiers tems de leur accroiflement.
Tel eft, par exemple, lanimal que M. Linné a cru
devoir placer non -feulement dans un genre, mais
(a) Linn., Jyflema nature , tom, 2 , fol. 190 , edit. 13.
mêi
ir
To
é]
frequ
dom
trou vl
dé €
yétul
(SL
tanfa
douté
gout
les ©
d'aill
trouv
cette
étoit
larve
de k
Joppé
Conno)
DES QuAnrurènes OFIPARES. GTI
même dans un ordre particulier, & qu'il a appellé
Jÿrene lacertine (Bb), 1 avoit été envoyé de Charles-
Town, par M. le Docteur Garden, à M. Ellis; il avoit
été pris à la Caroline, où on doit le trouver aflez
fréquemment, puifque les habitans du pays lui ont
donné un nom; ils lappellent mud inguana. On le
trouve communément fur le bord des étangs, & dans
des endroits marécageux, parmi les arbres tombés de
| vétufté, &c. Nous avons examiné avec foin la figure
| & la defcription que M. Ellis en a données dans les
| tranfactions philofophiques (c); & nous n'avons pas
douté un feul moment que cet animal, bien loin de il
conftituer un ordre nouveau , ne fût une larve; il a : \ {
\ À | les caractères généraux d'un animal imparfait, &
ù |. d'ailleurs il a les cara@tères particuliers que nous avons
ui | | trouvés dans les falamandres à queue-plate. A la vérité,
| cette larve avoit trente - un pouces de longueur ; elle
ls | étoit par conféquent beaucoup plus grande qu'aucune
ds | larve connue; & c’eft ce qui a empêché M. Linné
& | de la regarder comme un animal non encore déve
| loppé ; mais ne doit-on pas préfumer que nous ne
et |. connoïflons pas tous les Quadrupèdes ovipares de l’A-
el | DRE
| ol (8) Voyez l'addition qui eft à la fin du premier volime du fyftême
ni | | de la nature par M. Linné, treizième édition. è
D É (c) Lettre de Jean Ellis , Tranjadions philofophiques, année 1766,
Li Gomme $6.
| Hhhh ij
612 Hisrorre NArTuRrz1re
mériaue feptentrionale , & qu’on n’a pas encore dé-
couvert l’efpèce à laquelle appartient cette grande
larve? Peut-être l'animal dans lequel elle fe méta-
morphofe , vit-il dans l’eau de manière à n'être apperçu
que très-dificilement. Cette larve, envoyée à M. Ellis,
_“manquoit de pieds de derrière; ceux de devant n'a-
voient que quatre doigts, ainfi que dans nos falaman-
dres aquatiques ; les ongles étoient très-petits ; les os
des mâchoires crénelés & fans dents; il y avoit des
efpèces de bandes au-deffus & au-deflous de la queue,
& de chaque côté du cou étoient trois protubérances
frangées , aflez femblables à celles qui partent éga-
lement des deux côtés du cou, dans les falamandres à
queue-plate.
‘Maïs fi jufquà préfent les divers animaux que
Von a confidérés comme de vrais reptiles bipèdes,
doivent être rapportés à des efpèces de Quadrupèdes
ovipares, ou de ferpens, nous allons donner, dans l'ar-
ticle fuivant , la defcription d’un animal qui na que
deux pieds, que l’on doit regarder cependant comme
entièrement développé, & qu'il ne faut compter, par
conféquent , ni parmi les ferpens, ni parmi les Qua-
drupèdes ovipares. Nous traiterons enfuite d'un autre
bipède qui doit être compris dans le même genre, &
que M. Pallas a fait connoître.
tière
nous
ral
VC.
L
vende Larclieu
{|
ÈS
à
SE
——
EH NA
VAAMPITI
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A
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EE ——__— Æ : É : } 1
DeSfeve del
grandeur de moi
à
CANNELE,
+
de flaudture..
7
€
LE
BIPÈDES
Qui RE vo de pates de derrière.
LE CANNELÉ.
Nous sommoxs ainf un Bipède qui na encore
été décrit par aucun -Naturalifle, & dont aucun
Voyageur n’a fait mention. Il a été trouvé au Mexique
par M. Vélaiquès, favant Efpagnol, qui l'a remis,
pour nous l'envoyer, à M. Polony, habile Médecin
de Saint-Domingue; & c'eft Madame la Vicomtefle de
Fontanges, Commandante de cette ifle, qui a bien
voulu l’apporter elle-même en France, avec un foin
que l’on ne fe feroit pas attendu à trouver dans la
Beauté , pour un reptile ph DHpre: à l'eflrayer à
Jui Aie. ” |
Ce Bipède eft entièrement privé de pattes. de der-
rière. Avec quelque foin que nous l'ayons examiné,
nous n'avons appercçu, dans tout fon. COTPS, aucune ci=
catrice, aucune Ne qui pût faire foupçonner que
Y ul eût éprouvé, es accident, de perdu quel-
Ps
614 Hrsrorre Navurerre
qu'un de fes membres. Il a beaucoup de rapports, par
fa conformation générale, avec le lézard que nous avons
nommé chalcide; les écaiiles dont il eft revêtu, font
également difpofées en anneaux ; mais il diffère du
chalcide , non-feulement en ce qu’il n’a que deux pattes,
mais encore en ce quil a la queue très-courte, au
lieu que ce dernier lézard l’a très-longue, en proportion
du corps. Il eft tout couvert d'écailles, prefque carrées,
& difpofées en demi-anneaux fur le dos, ainfi que fur
le ventre ; ces demi - anneaux fe correfpondent de
manière que les extrémités des demi - anneaux fu-
périeurs aboutiffent à la ligne qui fépare les demi-
anneaux inférieurs. C'eft par cette difpoñtion qu'il
difière encore des chalcides, dont les écailles forment
des anneaux entiers autour du corps. La ligne où fe
réuniflent les demi-anneaux fupérieurs & les demi-
anneaux inférieurs, préfente de chaque côté, & le long
du corps, une efpèce de fillon qui s'étend depuis la
tête jufqu'à l'anus. La queue, au lieu d'être couverte
de demi-anneaux, ainfi que le corps, eft garnie d’an-
neaux entiers, mai de petites écailles de même
forme & de même grandeur que celles des demi-anneaux.
L'aflemblage de ces écailles forme un grand nombre
de ftries longitudinales ; la réunion des anneaux pro-
duit aufli un très-grand nombre de cannelures tranf-
verfales; & c’eft de-là que nous avons tiré le nom
de Cannelé, que nous donnons au Bipède du Mexique,
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. G15
Nous avons compté cent cinquante demi-anneaux fur
: le ventre de cet animal, & trente -un anneaux
| fur fa queue, qui eft grofle & arrondie À l'extrémité.
La longueur totale de cet individu eft de huit pouces
| fix lignes; celle de la queue, d’un pouce ; & fon dia-
Li métre, dans fa plus grande grofleur, eft de quatre
n | lignes. La tête a trois lignes de longueur; elle eft ar-
Li. _ rondie pardevant, & on a peine à la diftinguer du
_ corps. Le deflus en eft couvert d’une grande écaille ;
._ ie mufeau eft garni de trois écailles plus grandes as
| celles des anneaux, & dont les deux extérieures pré-
| fentent chacune un très-petit trou, qui eft l'ouverture
D des narines. La mâchoire Mieure eft auffi bordée
L: | d'écailles un peu plus grandes que celles des anneaux ;
1. les dents font très-petites ; les yeux, à peine vifibles
| __ & fans paupières ; je n'ai pu remarquer aucune ap-
| parence de trous auditifs. Les pattes, qui ont quatre
à | lignes de longueur, font recouvertes de petites écailles,
| | femblables à celles du corps, & difpofées en anneaux:
| il y a, à chaque pied, quatre doigts bien féparés,
’ garnis d'ongles longs & crochus; & à côté du doigt
“à extérieur de chaque pied, on apperçoit comme le
2} commencement d'un cinquième doigt. Nous n’avons
| pu remarquer aucun indice de pattes de derrière,
L } ainfi que nous l'avons dit ; aucun anneau du Corps ni
|
[| de la queue n'eft interrompu, & rien nindique que
| l'animal ait éprouvé quelqu'accident, ou reçu la plus
616, Hrsrorre NATURELLE
légère bleflure. L'ouverture de l’anus s'étend tranfver-
falement ; &, fur fon bord fupérieur, nous avons
compté fix tubercules percés à leur extrémité, & en-
tièrement femblables à ceux que nous avons vus fur
la face intérieure des cuiffes de l'iguane, da léyard
vert, du gecko, &c. ;
La queue du Bipède Cannelé étant aufi grofle à
fon extrémité que la tête de cet animal, il a beau-
coup de rapport, par fa conformation générale, avec
les ferpens que M. Linné a nommés amphisbènes, dont
les écailles font également difpofées en anneaux, les
yeux très-peu vifbles, la tête & le bout de la queue
prefque de la même groffeur, & qui manquent aufli
de trous auditifs. C’eft parmi ce genre d'amphifbènes,
qu'il faudroit placer le Cannelé sil n’avoit point deux
pattes; & c’eft particulièrement avec ce genre qu'il
lie l’ordre des Quadrupèdes ovipares. Comme cet ani-
mal a été envoyé, au Cabinet du Roi, dans du
tafa , nous n'avons pu juger de fa couleur naturelle;
mais nous avons préfumé qu’elle eft ordinairement
verdâtre & plus claire fur le ventre que fur le dos.
Nous ignorons fi on le trouve en très-grand nombre au
Mexique, & qu'elles font fes habitudes. Mais nous
penfons d'après {a conformation, aflez femblable à celle
des feps & des chalcides , que fon allure & fa manière
de vivre doivent reffembler beaucoup à velles de ces
derniers lézards,
SECONDE
No
_palles,
li con
Les hab
quent à
«parce q
vement
. Quaprurènrs ONIPARES. 617
SECONDE DIVISION.
BIPEDES
| Qui manquent de pattes de devant.
LE SHELTOPUSIK.
| |
| “
_ °
ER. Ç ire :
N ous ponrons 1ct une notice d'un reptile à deux de.
\ | | pattes, dont M. Pallas a parlé le premier:(a). Nous
: | lui confervons le nom de S'helropufik que fui donnent
| les habitans des contrées qu'il habite, quoiqu’ils appli-
ê! "1 < PL à |
| quent aufh ce nom à une véritable efpèce de ferpent,
N à ; |
D
| | de û Ve . :
h parce quil ne peut y avoir aucune équivoque relati-
| . 49 E
vement à deux animaux d'ordres ou du moins de
ù |.
Ni \
u | {a) Novi commentarii Academiæ Scientiarum imperialis Petropoli-
| Ds : à :
me | fanæ, tom. 29, fol. 435, pro anno r774.
4 |: Ovipares, Tome I. Tiii
618 Hisrorre NaArurxire
genres différens. On le trouve auprès du Volga, dans
le défert fablonneux de Naryn, ainfi qu'aux environs de
Terequm , près du Kumam ; il demeure de préférence
dans les vallées ombragées & où l’herbe croît en abon-
dance. Il fe cache parmi les arbriffeaux, & fuit dès
qu'on l'approche. Il fait la guerre aux petits lézards,
& particulièrement aux lézards gris. Sa tête eft grande,
plus épaifle que le corps. Le mufeau eft obtus. Les
bords de la gueule font revêtus d'écailles un peu plus
grandes que celles qui les touchent; les mâchoires
garnies de petites dents, & les narines bien ouvertes.
Le Sheltopuñk a deux paupières mobiles & des ouver-
tures pour les oreilles, femblables à celles des lézards.
Le deflus de la tête eft couvert de grandes écailles ;
celles qui garnifflent le corps & la queue , tant deflus
que deflous, font un peu feflonnées & placées les unes .
au-deffus des autres, comme les tuiles fur les toits. De
chaque côté du corps s'étend une efpèce de ride ou
de fillon longitudinal. A l'extrémité de chacun de ces
fillons, & auprès de l’anus, on voit un très-petit pied
couvert de quatre écailles, & dont le bout fe partage
en deux fortes de doigts un peu aigus. La queue ett
beaucoup plus longue que le corps. La longueur totale
du Sheltopufñk eft ordinairement de plus de trois pieds,
& fa couleur, qui eft aflez uniforme fur tout le corps,
eft d'un jaune pâle. On trouvera dans la note fui-
pl
ji
Longt
Longl
qu
Circon
Circon
Circonl
Long
(6)
DES QuADruPÈDEs OVIPARES, G19
vante. (b) les principales dimenfions de ce bipède
que M. Pallas a difféqué avec beaucoup de foin (c).
(b) Longueur depuis le bout du mufeau | pieds, | pouces. | lignes.
ia Pants ee , 4 I :
Lonpdeur. de ques 4". . à 2
Longueur de la tête depuis le mufeau juf-
OR AO AUdE. . : » .
Circonférence de la tête à fa bafe .
Circonférence du corps au-devant de l'anus.
Circonférence de la queue à fon origine.
Hébpueur dés pieds... . 5...
(c) M. Pallas , à l'endroit déjà cité.
620
TR 6e és
ee ee Con am ©
TABLE ALPHABÉTIQUE
De tous les Noms que l’on a donnés aux Quadrupèdes ovipares }
€ dont il eff fait mention dans cet Ouvrage.
LR
ÆAguaquaquan , Voyez Agua.
lebrenne ,
ÆAlligator ,
Mericima »
Anguis Quadrupes,
noles ,
ÆAnolis ,
Arrajfade ,
ASK ,
ÆAskalabotes ,
Axolotl ,
Ayamaka ,
S. Terreftre.
Crocodile.
Queue-bleue.
Seps.
Améiva.
Améiva.
S. Terreftre,
S. à queue-plate.
Galéote.
S. à queue-plate.
guane.
B.
BAsrrrevs Ame-
ricanuse
BarpayG- d'pvowerus,
Barpay © auC,
Bec à faucon ,
Bec à faucon ,
Bin Jawacok Jan-
gur eckor, :
- Blande ,
The blue lizard ,
Boiah ,
Brochet de terre ,
Bufo,
Bufo Brafilienfis ,
Bufo Calamita ,
Bufo Cornutus ,
Bufo Fufcus,
Bufo Gibbofus,
Bufo Igneus ,
Bufo Marmoratus,
Bufo Obffreticans ,
Bufo Puffulofus ,
BasrLrc:
Raine verte.
Grenouille com-
mune.
Caouane.
T. Carer.
L. Porte-crête;
S. Terreftre.
Agame.
Caméléon.
LE. Doré.
C. commun.
Agua.
Calamite,
C. Cornu.
Crapaud Brun.
C. Boflu.
Couleur de Feu.
C. Marbré.
C. Commun.
C. Pufluleux.
Bufo Schreberia- Rayon vert.
mus
Bufo Ventricofus ,
. Bufo Viridis,
Bullfrog ;
Bumbos ,
C. Goitreux.
C. Vert.
Grenouille mugif-
fante.
Crocodile.
C.
CALISCERTULA,
Canuaneros ,
Caret ,
Caudi-verbera ,
Cayman ;,
Cayman ;
Chamæleo >
Chamæleo Africa-
mus ,
-Chamæleo Bone-
_ Spe,
Chamæleo Candi-
dus ,
Chamaæleo Mexica-
mus ;
Chamæleo Pari-
Jienfium ,
Chamæleo Z'elany-
cus ÿ
Chamfan ,
Cordule ,
Cordylus
Cordylus Hifpidus,
Cordylus Orbicula-
FES ;
Cordylus Stellio ,
Cordylus Verus:,
Coffordilos ,
Crocodile % bec
alongé 3
L. VERT
Caouane:
Caouane.
Cordyle. :
Crocodile.
Fupinambis:
Caméléon.
Caméléon.
Caméléon.
Caméléon:
Caméléon.
Caméléon.
Caméléon.
Crocodile.
$. à queue-plate:
Dragonne,
Tapaye.
Tapaye.
Stellion.
Cordyle,
Stellion,
Gavial.
Drasl
Doocan
; Doogent
_ Daiot
Draco 1
Draco |
Draco ?
Dracunt
Drigof
que D
qui 0
Famoce
Famoce
Fardac
Fur
Gazro
Galliwal
Galtabé
Gecko n
Gecko ve
Gekko te
Grenou:|
geante
Grenoui
doigts
Grenoui
ble,
Grerou
Cobez
The
: Gros I
Goff |
12
se CSS bn 2° SE
Crocodile à mächoi: Voyez Gaviak
res dlongees ,
Crocodile à tête
alongee ,
Crocodile terreftre,
Cururu »
Gavial.
Scinque.
Pipa.
D,
DraAsrk ;
Doocame ;
Doogame »
Draco major ;
Draco minor,
Draco præpos ;
Draco volans ,
Dracunculus ,
Dragon d’Ameri-
que ,; amphibie
qui vole
CrocODILE.
T. Bourbeufe.
T. Bourbeufe: .
Dragon.
Dragori.
Dragon.
Dragon.
Dragon.
Bañlic.
F.
Famocantrata ;
Famocantraton »
Fardacho ,
Feuer Krote ;
tète-plate.
tête-plates
L. Vert: -
Couleur de Feu.
LL
L. à
CG
GALIoTE:
Galliwafp »
Galtabé ,
Gecko muricatus »
Gecko verticillatus,
Gekko teres ,
Grenouille
geante ;
Grenouille
dorgts ,
Grenouille mangea-
blé, |
Grenouille taureau,
chan-
cinq-
“Gobe-moucke y
The green turtle ;
Gros Leézard ,
Groffe Tortue»
GALÉOTÉ.
L. Doré.
Tupinambise
Geckotte.
Geckotte.
Gecko.
Rayon-vert,
G. Mugiffante.
Grenouille côm-
mune.
Grenoxille Mugif-
fante.
E: Vert
T. Fränche.
Jouane.
Caouane;
TABLE ALPHABÉTIQUE.
62%
Ground Lizard j Voyez Améiva,
Guan ;
Guana,
The Guana »
Thé Guana Lizard,
Guanas ;
Guano ,
Guaral ;
Crocodile.
Iguane.
Jguane.
Agame.
Ievane.
Tupinambiss
L. Marbré.
The Hawk’s-bill T. Caret.
Turtle »
H:
HécATE;
Héfiofcope ;
Hyla Aurantiaca ;
Hyla Fufca,
Hyla Laëea,
Hyls Ronæformis;
+ Hyla Rubra,
Hyla Scleton ,
Hyla Tibiatrix ;
Hyla Viridis ;
I.
TACARE= ;
Tenarucu ,
Iguana Calotes ,
Tguana Chalcidica ;
Tguana Clamofa ,
Tguana Cordylina ,
Aguana Delicatiffi-
ms + :
Touana Saläman-
_ drina ;,
Jguana Tubercula-
is
Inguete de Agua ;
Jogame ;
Jfcame »
Juruca ;
Jurucua ,
Jurucuja 3
T.GÉOMÉTRIQUE,
. LE Pliflé.
R. Orangée.
Raine Brune.
R. couleur de Laït,
Raine Boflue.
R. Rouge.
R. Orangée.
R. Fluteufe.
R. Verte.
Re.
Crocopire.
Dragonne.
Galéote.
Galéote.
Tête-fourchues
Agame.
fguane:
Agames
Iguanc,
S. à queue-plate:
T. Bourbeufe.
T. Grecque.
Caouane.
T. Franche.
T. Franche,
K.
DOPLINT
CaMéréonN,
TAB E
622
Kaouane 5: Keys, Caouae,
Xsrœn Xepsala, : Grecque.
Kimbuta , Crocodile.
Kim/ak , Crocodile.
Kobbera Guions Fouette-queue.
Kolotes , Galéote.
Krauthun ;. +. Vert.
Kpoxod'enG , Crocodile,
L,
LaAcerTA Abdo-
minalis ,
Lacertz Agama,
Lacerta Agilis ,
Lacerta Agilis (va-
rietas B),
Lacerta Algira ,
Lacerta Amboinen=
JES
Lacerta Anguina ,
“Lacerta Angulata ,
Lacerta Afurea ,
Lacerta Aurati,
M Ciin ;
LacertaBicarinata,
Lacerta Bullaris ,
Lacerta Calotes ,
Lacerta Caudi-ce-
rulea »
Lacerta Caudi-ver.
bera ,
Lacerta Dracæna ,
Lacerta Fafciata ,
Lacerta Japonica ,
Lacerta Iouana ,
Lacerta Lemni[ca-
ta,
Lacerta Lybia ,
Lacerta Marmore-
ta ,
Lacerta Maurita-
niCa ;
Lacerta maxima
Caudi-verbera ,
Lacerta minor ci-
nerea. maculata
Afiatica 3
SEPs.
Agame,
L. Gris.
Es = Vert.
Algire.
L. Porte-crète.
Seps..
L. Hexagone.
L. Azuré.
EL. Doré.
Bañilic.
L. Silloné.
L. Rouge-gorge.
Galéote.
Queue-bleue.
Fouette-queue,
Dragonne.
“Queue-bleue,
S. Terreftre,
Iguane.
L. Galonné.
Scinque.
L. Marbré.
Geckotte.
Dragonne.
Grifon.
Lacerta Monitor, Voyez Tupinambis:
Lacerta Nilotica ,
Lacerta Orbicula-
FES;
Lacerta Paluftris ,
Lacerta Plica ,
Lacerta Principa-
lis ;.
Lacerta Punéata ,
Lacerta Pundata ,
Lacerta quinque li.
neata ,
Lacerta Scutata ,
Lacerta [ex linea-
ta 3
Lacerta Stellio ,
Lacerta Strumofa ;
Lacerta Supercilio:
Je æ'y
Lacerta Turcica ,
Lacerta Umbra ,
Lacerta Viridis,
Lacerta Viridis Ja.
maïcenfis ,
Lacerta Viridis
pundis Albis,
Lacerta Vulgaris ,
Lacertus Aquati-
CUS 53
Lacertus Cinereus
minor »
Lacertus Cordylus,
Lacertus Cyprius
Scrncoides ,
Lacertus Indicus ,
Lacertus Indicus ,
Lacertus major ci-
nereus maculan
US 5.
Lacertus major vi.
TLdis ,
Lacertus marianus
minor Cauda-ce=
rulea ;
Lacertus maximus,
Lacertus Viridis ,
Lacertus Viridis
Carolinenfis ;
.
L. Triangulaire.
Tapaye.
S, à queue-plate,
L. Plifé.
L. Largedoiot.
Double-raie.
S. Ponctuée.
L, Strié.
Téte-fourchue,
L. Lion.
Stellion.
L, Goitreux.
L. Sourcilleux:
Grifon.
Umbre,
L. Vert.
L. Rouge-gorge
L. Vert.
S. à queue-plate.
S. à queue-plates
Roquet.
Cordyle,
Scinque.
Améiva.
Dragonne.
Améiva.
Améiva,
Queue-bleue,
Crocodile.
L. Vert.
Le Veir
| The |
Laver
* Laer
Th
Bro
Liu
Leguat
Leur
Leviat
Léord
Néñaggaer
: À Lacertus Volans , Voyez Dragon, : O,
! | La Cicigne , Seps.
l. Lagortisa , Lézard Gris. Occiput fourchu , Voyez Tête-fourchue,
+ [SA Lagarto , Le Ver Ophiomacus , Galéote.
“ { | Lagator , Crocodile, Oulla Ouna , L. Vert.
4 Lengrole ; L. Gris. |
Jai The large grey Caméléon. P.
| Chamaæleon ,
| The large fpotted, Améiva. DC, C. Commux.
hi AAVETRE ÿ S. Terreftre. Phrynum , C. Commun.
Li AZET 5 L. Vert. Pifällont , Stellion. |
|. The leaf light Roquet. Pluvine , S. Terreftre.
| + rown or grey Poiffon de Dieus T. Franche.
LE Lizard , Punter-Maal , S. Térreftre.
|: Leguan , Tguane. ;
LL Lepuana , Iguäne. R
L : Leviathan ; Crocodile, ,
ne Lézard couleur de Algire. RaAïvE Squelette, R. ORANGÉE.
| Sang; : are ; Grenouille com-
Li. Lezard Exagonal, L. Hexagone. mune.
|: Lezard mouchete , Tupinambis. Rana , R. Verte.
! Le Rayé, S. Quatre-Raies, Rana Americana, Épaule armée.
! | Leézard Sauveur, Tupinambis. Rana Aquatica , Grenouille com=
ni Lezard Sauve-gar- Tupinambis. mune,
Œ | ! de , Rana Arborea , R. Verte.
1h Lezard Véloce , L. Gris: Rana Bicoloris , Raine Verte.
| | | Lezards Amphibies S, à queue-plate. Rana Bufo, C. Commun.
| D. d'Afrique > Rana Cornuta , C. Cornu.
À | Ligan , Crocodile, Rana Efculenta ; Grenouille com-
L Lipan , Tupinambis. mune.
h | Ligans , Tupinambis, Rana Gibbofa , C. Boflu.
| (| Thelitle Brown Li. “CS, Rana Halecina ; G. Mugiffante,
El gard ; x Rana Margaritis G. Perlée.
| | The lodger head Caouane. fera ,
turile ,
M.
ALPHABÉTIQUE.
Rana Marina ,
Rana marina maxi-
ma 5
GC23
Epaule armée:
Epaule armée.
| 4 Rana maxima , Patte d'Oie.
| MABoùYA, L. Doré. Ranamaxima Ame: G. Mugiflante:
| Marafandola , S. à queue-plate. rIcana aquatica ,
| Mirtil , S. Terreftre. Rana maxima com G. Mugiffante.
| a Mouron , S. Terreftre. prefla mifcella ,
Mus Aguatilis ,
Mus Marinus,
T. Bourbeufe.
Tortue Franche,
C. Criard.
Rana mufica ,
mn fn
re ch tr
PL 2 MG AR TETE à Ve us ie
ge "
N.
NsnonponodenG- ,
CROCODILE.
Rana mutabilis ,
Rana ocellata ,
Rana paradoxa ,
Ranapentadidyla,
Rana pifcis ,
Rayon Vert,
G. Mugiffante.
ich:
G. Mugiflante,
Jackie.
624
TduB. LE |
Scincus maximus Voyez L. Doré.
Rana ridibunda ; Voyez C. Brun.
Rana fitibunda , É; Vert
Rana Surinamen- Pipa.
JS 5
Rana typhonia, G. Galonnée,
Rana ventricofa, G. Goîtreux.
Rana venulofa ;
Rana Vireinica,
Rana viridis aqua-
tiCA »
Ranunculus Viri-
dis ,
Rat de mers
Rubeta ;
S,
Torruzs Terref-
SABUTIS ;
Szlemander ,
Salamandra aqua-
tiCa »
Salamendra atra ,
S'alamandra Cey-
lanica ,
Salamandra ,
Salemandra Indi-
CZ y
Salamandra macu-
lofa
Salamandra mini-
ma fufca macu-
Lis albis notata y
Salamandre ,
Salamanguefa ,
Salamantegua ,
«Sanki 9
S'argantans ;
ZavpG endp@ ; ;
Zap xppO- 9
Zxiryuos',
Zxryye-,
SCENCUS s
Scincus ;
Grenouille Réticu-
lies
G. Galonnée,
Grenouille com-
mune.
R, Verte,
T. Luth,
C. Commun.
7
tres , peut - être
Tortues Grec-
ques.
S. Terreftre.
S. à queue-plate.
S. Terreftre.
S. à queue-plate.
Gecko.
Gecko.
S. Terreftre,
Mabouya.
L. Doré.
Salamandre Ter-
reltre,
S.Terréftré,
T. Grecaue.
Lézard Gris.
S. à queue-plate.
1; Verc 72
Scinque?
Scinque,
L. Doré,
Scinque.
fufcus ;
Scincus Officinalis,
Scing de terre ,
Scing marin ;
Senembi ,
Seps Argus ,
Seps Cerulefcens ,
Seps lemnifcatus ,
Seps muralis ,
Seps Surinamenfis ,
Seps T'erreftris ,
Seps Varius,
Seps Viridis,
Sourd (le),
Stellio ?
Stellion ;
StellioneTarentole,
Stellio purGatrs,
Stellio falvator,
Stellio J'aurus à.
Suife.
Scinque,
. Doré.
L. Doré,
Iguane.
L. Gris.
4, Ge
L, Galonné,
L. Gris.
Améiva.
L. Gris.
L. Vert.
cE. N\ct
S. Terreftre,
S. Ponctuée.
L. Vert.
Stellion.
Double-raie,
Tupinambis.
Tupinambis.
S. Terreftre.
T.
TAITAH»;
Takaie ,
T'amacolin »
Tapayaxin ,
T'apayaxin »
T'ar taruga »
T'affot ,
T'eéjuguacu ,
T'emapara ;
T'emaparatupinam-
ee
T'errapène ,
The Terrapin ;
T'efludo atra ;
T'effudo caretta ;
effudo carinata »
T'efudo Carolina ,
T'efludo Cartilagi-
T1ea »
T'efludo cephalo ,
T'effudo coriacea ,
Æefludo corticata
_ vel corticofa y
CAMÉLÉON:
Crocodile.
Iguane.
Stellion.
Tapaye.
T. Franche:
. à queue-platæ
upinampis.
L. Macbe we
Tupinambis,
+. Géométrique.
Terra
TE + *
Caouane.
T. Bombée.
+ Courte-queue.
T. Molle.
Caouane.
+ Euth.
Caouane,
Teftudo
gants »
Tefudo !
Ti
"4 ÿ
efudo
Lis
Tefludo
Téfudb S
Téfudo
des )
TfudoS
Tefludo
Teflu
Amb
tor
Tefludo
jor /
Tefudo
pajll
Orient
Tefudh
vulgan
Tefudo
minor
Tefludo
minor.
Tefudo
funor
fs,
ù
He
{
|
|
|
T'efudo Denti- Voyez T. Dentelée.
cudata ,
T'efudo Europæa ;
+ Tefludo ferox ,
L'effudo Fimbriata,
T'effudo Geometri-
Ca ;
T'efido Græca,
T'efludo imbricata ,
T'efludo Lutaria,
T'efludo Lyra ,
T'efhido Marira ,
T'efhudo marina vul-
Saris ,
T'eftido Midas s
Teftido Orbicula-
TIS »
Teffudo pida [eu
Stellata 3
T'effudo Pufilla ,
T'efido Scabra,
T'efudo Scorpioi-
es ;
T'efludo Serpentina,
T'efludo Squamata ,
Teffudo terreftris
ÆAmbornenfts mi-
ñor »
T'efludoterreftrisma-
Jor Americana ;
Teffudo terreftris
pufilla ex India
Orientali ,
Tefudo terreftris
vulgaris ;
Tefudo teffellata
AUNOFs |
T'effudo teffellata
minor Africana ;,
T'effudo teffellata
minor Carolinen-
fis »
Ovipares, Tome I.
T. Ronde.
T. Molle.
T. Scorpion.
T. Géométrique,
T. Grecque.
T. Caret.
T. Bourbeufe.
T. Luth.
Tortue Franche.
T. Franche.
. Franche.
. Ronde,
. Géométrique.
. Vermillon.
Raborteufe.
SCOrpion.
3 JS « go
. Serpentine.
T. Caret.
T, Raboteufe.
T. Courte-queue.
T. Vermillon.
T. Grecque.
: T. Géométrique.
T. Vermillon.
T. Courte-queue,
ALPHABÉTIQUE.
625
Tefludo tefla Voyez T. Géométrique.
teffellata major,
T'efludo Virginea,
T'efhido viridis ,
T'ilcuetz-pallin ,
T'iliguerta ,
T'iligugu ,
T'ilingons ,
ok£aie 3
Toad,
Tortue à Clin ,
Tortue Amazone;
Tovtue à Bahut ,
Tortue Bande blank
che ;
Tortue Bâtarde,
Tortue Coffre,
Tortue Mercuria-
le,
Tortue Midas ,
Tortue Orbiculai-
res
Tortue Soldat ,
Tortue Tuilee ,
Tortue Verte,
Tortue Verte,
Tortuga de Garri-
ps
Triton Criflatus ,
T. Vermillon.
T. Franche.
Tupmambis,
L. Vert.
Mabouya
Mabouya.
ecko.
C. Commun.
T. Luth,
T. Écaille-verte,
Caovane.
T. Vermillon.
T. Nafcorne,
Caouane.
T. Luch.
T. Franche.
T, Ronde.
T. Franche.
T. Carer.
T. Écaille-verte,
Tortue Franche,
T. Grecque.
S. à queue-plate,
7,
IW'ARRAI,
The Water eft »
L. Marsré.
Se à queue-plate:
F. é
IJcuaANE.
Z. ie
ZERMOUMÉAK
ALGIRE:
626
Dee Ÿ
FT ABLE
DES MATIÈRES.
A,
À
AccourzezmenT. Le tems de
l'accouplement des Tortues Fran-
ches , varie dans les différens pays,
fuivant la température, la faïifon
des pluies, &c. page 64. Accou-
plement des Crocodiles , page 206.
Accouplement des Lézards Gris ,
page 305.
Agame. L'Agame fe trouve en
Amérique, page 295. Defcription
de ce lézard , Idem. Ses rapports
& fes différences avec le Galéote,
Îdem.
Agua. Caraétères diftinétifs de ce
Crapaud , page 606.
Aigle. Anftinét des Aigles, pour
dévorer les Tortues Grecques,
page 168.
Air. Le Caméléon peut filtrer
Vair-de l'atmofphère au travers de
{es poumons, page 354. Il fe rend
par-là plus léger, page 344.
Algire, Sa defcription, page 367.
Pays qu'il habite, Idem.
Alimers. La Tortue Bourbeufe
peut vivre long-tems fans prendre
aucune nourriture , page 124. Le
Crocodile eft contraint quelquefois
de demeurer eaucoup de tems, &
même plufeurs mois fans manger,
page 217. Il avale alors de petites
n° & de petits morceaux de
ois capables d'empêcher fes intef-
tins de fe reflerrer , Îdem.
Amazone. Les Crocodiles font fi
abondans dans les grandes rivières
de l'Amazone & d'Oyapoc, dans
la baie de Vincent-pinçon, & dans
les lacs qui y communiquent ,
qu'ils y gênent, par leur multitude ,
la navigation des Pyrogues , p. 228.
Ils fuivent ces légers bâtimens , fans
cependant eflayer de les renverfer,
& fans attaquer les hommes, Idem.
Il eft quelquefois aifé de les écar-
ter à coups de rames, lorfqu'ils ne
font pas très-grands, Idem.
Améiya. Defcription de ce lézard
& fes caraétères diftinctifs, p. 329
€ fuivantes. I fe trouve dans les
deux Continens, page 332.
Amour. C’eft au retour du prin-
tems que les Quadrupèdes ovipares
éprouvent le fentiment de l'amour
& cherchent à s'unir à leurs femelles,
page 35. Malgré leur filence habi-
tuel , ils ont prefque tous des fons
particuliers pour exprimer leurs de-
firs. Le mâle appelle fa femelle par
un criexpreflif, auquel elle répond
par un accent femblable, page 35.
La conformation des Quadrupèdes
recher
fe fert
enfin (
vive
Les en
ren
de co
ne pe
_ &co
tel qu
froidet
Cvepr
pétueu
gran
brute
& de
té p
Maux
rebpir
& à
qu
à ii er
A RER nantes
TABLE DES
ovipares paroît des plus propres
aux jouiflances de lamour, Idem.
Les parties fexuelles des mâles font
renfermées dans l’intérieur de leur
corps, jufqu'au moment où ils s’ac-
couplent avec leurs femelles, Idem.
Parmi les animaux fufceptibles d’af-
feétions tendres & de foins em-
preflés , les efpèces les moins ar-
dentes en amour, font celles où le
mâle abandonne fa femelle, après
en avoir joui; enfuite viennent les
efpèces où le mâle prépare le nid
avec elle, où il ia foulage dans la
recherche des matériaux. dont elle
fe fert pour le conftruire, &c. &
enfin celles qui reffentent le plus
vivement les feux de l'amour , font
les efpèces où le mâle partage en-
tièrement avec fa compagne , le foin
de couver les. œufs, page 209. On
ne peut attribuer une vive, intime
&:conftante tendrefle à un animal,
tel que le Crocodile, qui, par la
froideur de fon fang , ne peut éprou-
ver prefque jamais, ni paflions im-
pétueufes, ni fentiment profond,
page 210.
Amphibie. La Tortue Grecque
eft amphibie , jufqu'à un cer-
tain point, par fon organifation,
age 142 :
k (les) différent des vé-
gétaux, & fur-tout de la matière
brute, en proportion du nombre
& de l'activité des fens dont ils ont
èté pourvus, page 6. Tous les ani-
maux qui ont du fang, doivent
refpirer l'air de l'atmofphère, p. 28.
Les animaux qui ne fuent point,
& qui ne pofsèdent point une
à : ;
MATIÉRES. 627
grande chaleur intérieure , mangent
très-peu, page 22.
Arcinoë ( ville de }, confacrée aux
Crocodiles auxquels on donna des
prètres, page 232.
Art, L'art de l'homme n'eft
qu'une application des forces de la
Nature , page 192.
Atmojphère. Les Quadrupèdes
ovipares ne peuvent rélifter aux
effets d'une atmofphère , plutôt
froide que tempérée , page 22.
Azuré, Defcription du lézard
Azur, page 362. .
B.
Bus 1LrC. Contes ridicules ré-
pandus au fujet du Baflic, p.284.
Il habite l'Amérique méridionale.,
page 285. Sa defcription , Idem. Il
faute & voltige, pour ainfi dire,
avec agilité de branche en branche,
page 286. Il témoigne une forte
de fatisfaction à ceux qui le regat-
dent , fdem.
Béguan. Nom donné par les In=
diens aux Bézoards d'Iguane, p.282.
Bézoards attribués à des Tortues
franches ; leur forme & leurs cou-
leurs , page 80. On trouve quel-
quefois des Bézoards dans le corps
des Crocodiles, ainfi que dans celui
de plufeurs autres lézards , p. à 30°
Defcription de ces Bézoards, Idem.
Leur couleur, dem. Bézoards du
Tupinambis , page 254. Bézoard
d'Iguane, page 281. Bézoard d’I-
guane apporté de l'Amérique mé-
ridionale , au Cabinet du Roi , Idem,
Sa defcription , Idem,
Kkkk i)
658 PARLE
Bimacule (lézard), defcription
& habitudes de ce lézard de lA-
mérique feptentrionale , page 264.
Bipèdes. Vrais reptiles Bipèdes,
pages 609 & fuivantes. Animaux
qu'on n'aufoit pas dû compter parmi
ces reptiles, Idem.
Bois aquatiques (les) , qui gar-
niflent les rivages de la Caroline,
font remplis de poiffons deftruc-
teurs, & d’autres animaux qui fe
dévorent les uns les autres; on y
rencontre auffi de grandes Tor-
tues , mais elles font le plus fouvent
la proie de ces poiffons carnaciers,
qui, à leur tour, fervent d’aliment
aux Crocodiles, plus puifflans qu'eux
tous , page 212.
Bombée (la Tortue) habite dans
les pays chauds, page 164. Def-
cription de fa forme, Idem. Dimen-
fions d’une carapace d’une tortue
de cette efpèce, Idem. Couleurs de
la Bombée , Idern. Son rapport avec
la tortue jaune, page 164.
Bonheur. Les tortues franches
font regardées par les Japonois ,
comme l'emblème du bonheur ,
page 82.
Bordure (la) de la carapace des
iortues eft communément garnie
de 22 ou 25 lames, page 49.
Boffu (crapaud): defcription de
cet animal, & lieux où on le trouve,
PAS 599-
Boffue (Raïne) , fa defcription,
Past 559.
Bourbeufe (la tortue) a cinq doigts
aux pieds de devant, & quatre
aux pieds de derrière ; le doigt
extéricur de chaque pied de de-
vant eft communément fans ongle ;
Page 120. Sa queue eft à-peu-près
longue comme la moitié de la ca-
rapace; elle la tient étendue lorf-
qu’elle marche, Idem ; elle eft beau-
coup plus petite que la tortue ter-
reftre, appellée la Grecque, p. 120.
Sa carapace eft noirâtée ; le difque
eft garni de treize lames boïdées
de ftriées légères , foiblement poin-
tillées dans le centre, & les cinq
de la rangée du milieu , {e relèvent
en arètes longitudinales, page 120.
La partie poftérieure du plaftron
eft terminée par une ligne droite,
Idem. Elle fait entendre quelque-
fois un fiflement entrecoupé, p. 222:
On la rencontre non - feulement
dans les climats tempérés & chauds
de l'Europe, mais encore en Afie, Id:
On a trouve à des latitudes beau-
coup plus élevées que les tortues de
mer, Idem. Dès les premiers jours
du printems, elle pañle la plus
grande partie du tems dans l’eau ;
page 122. Dans Fêté, elle eft pref-
que toujours à terre, Idem. Elle
multiplie beaucoup, 1dem. Elle ne
pond fes œufs quà terre; elle les
dépofe dans un trou & les recou-
vre de fable, page 122. Elle mar:
che avec bien moins de lenteur
que la tortue grecque, page 123.
Brun (crapaud) , fa defcription ;
page 590, fes habitudes, Idem.
Brune (Raine), fes caraétères )
page 560.
Ca LAMITE. Defcription de ce
Crapaud, & couleurs qu'il préfente,
$ 0 £
1
cel
C
que l
enco
ati
Gi d
_ muti
For
Méni
font :
rells
tenir!
ill
cinqu
le por
6
leur
fun.
de
Mar
fe,
feu
1
Ik
Pay
D ES MA
page 592. Ses habitudes, page 593.
Callofité au bout de la queue de
certaines Tortues Grecques, p. 156.
Caméléon. Après quon a diflé-
qué un Caméléon, fon cœur palpite
encore, p. 20. Propriétés fabuleufes
attribuées à ce Lézard, page 338.
Sa defcription , page 340. Confor-
mation de fes yeux , page 342.
Forme de fa langue, page 344.
Manière dont les doigts de les pieds
{ont réunis , Id. Ses habitudes natu-
relles, page 346. Sa manière de fe
tenir fur les branches des arbres, Id.
Il fe fert de fa queue comme d’une
cinquième main, {dem. Animaux qui
le pourfuivent, page 347. Lenteur
de fa marche, fd, Variétés de cou-
leur qu'il préfente, page 349
fuiv. Explication de fes changemens
de couleur , page 352 © Juiv.
Manière dont il s'enfle & fe défen-
fle, page 353. I fiffle comme plu-
fieurs efpèces de ferpents, p. 346.
11 pond de neuf à “douze œufs,
Idem Leur defcription , Idern.
Pays habités par le Caméléon; va-
riétés que cette efpèce préfente,
page 358 Variété du Camékon,
décrite par M. Parfons, Idem.
Cancers. On a vanté les proprié-
tés du Lézard gris contre les can-
cers, les maladies de la peau, celles
qui demandent que le fang foit
épuré, &c. page 307.
Cannelé. ( Bipède ) Defcription
de ce reptile, envoyé du Mexique
au Cabinet Roi, page 613 & Juiv.
Caouane (la) a êté appellée Caret
par plufeurs Naturalifies, page 95.
Elle furpafle en grandeur la Tortue
+ ; % F
FRERES,
Franche, dem. Elle en diffère par la
grofleur de la tête ; la grandeur de
gueule , l'alongement & la force de
la mâchoire fupérieure , page 96.
Les bords de fa carapace paroifient
dentés , Idem. Les écailles du milieu
de fon difque fe relèvent en bofe,
Idem. Le plaftron de la Caouare fe
termine du côté de l'anus par une
forte de bande un peu arrondie par
le bout, page 97. Un des carac-
tères diftinctifs de la Caouane, c'eft
que les pieds de derrière, ainfi que
ceux de devant , font garnis de
deux ongles aigus, Id. La Caouane
paroît fe plaire un peu plus vers le
nord , que la Tortue Franche, 14,
On la trouve très - fréquemment
dans la Méditerranée, page 97. Elle
eft plus hardie que les autres Tor-
tues, page 98. Elle eft vorace, p. 99.
Elle {e jette fur les jeunes Croco-
dilles, Jdern. Sa chair eft huileufe ,
coriace & d’un mauvais goût de
marine, Zdern. On la fale quelquefois
pour l’ufage des nègres, page 100.
Lorfqu’on s'approche de la Caouane,
pour la retourner,elle fe défend avec
fes pattes & fa gueule; & il eft très-
difhcile de lui faire lâcher ce qu'elle
a faifñiavec fes mâchoires, p. 207.
Carapace (la) & le plaftron font
compolés de plufeurs pièces ofleu-
fes dont les bords font comme den-
telés, & qui s'engrainent, les unes
dans les autres, d’une manière plus
ou moins fenfble ; dans certaines
efpèces, celles du plaftron peuvent
fe prêter à quelques mouvemens,
page 48. La carapace des grandes
Tortues, a, depuis quatre jufqu'à
630 T' A
cinq pieds de Îong, page 50. Ca-
rapace des Tortues - franches , em-
loyée à couvrir des maifons, p. 82.
Servant de nacelle, Zd. Servant de
bouclier , Idem. La Carapace de la
Tortue-grecque , eft très-bombée,
page 146. Lorfque cette Tortue eft
renverfée , elle peut aifément fe
remettre fur fes pattes, Idem.
Caret ( la Tortue) eft celle que
lon voit revêtue de belles écailles
qu'on emploie dans le commerce,
page 106. Il eft aifé de reconnoître
le Caret au luifant des écailles pla-
cées fur fa carapace, & fur-tout à
la manière dont elles font difpofes.
Elles fe recouvrent comme les ar-
doifes qui font fur nos toits, p, 206.
On trouve le Caret dans les mers
d'Afe & d'Amérique, page 207.
Il n'eft point aufli grand que la
Tortue-franche, page 108.Ses pieds
{ont quelquefois garnis chacun de
quatre ongles, Idem. Ses œufs font
plus délicats que ceux des autres
efpèces de Tortues, mais fa chair
n'eft ni agréable ni toujours faine,
page 108. La Tortue-Caret fe de-
fend avec plus d'avantage que les
autres Tortues lorfqu'on cherche
à la prendre, page 109. Elle peut
fe remettre fur fes pattes lorfqu'elle
a Été retournée, Idem.
Cayman. Les Caymans font abfo-
Jument de la même efpèce que les
Crocodiles du Nil, page 184. On
a prétendu que leur cri étoit plus
foible , leur courage moins grand,
& leur [longueur moins conlidéra-
ble ; mais cela n'eft vrai tout au
plus, que des Crocodiles de cer-
B-L-E
taines contrées de l'Amérique ; S&
particulièrement des côtes de la
Guyane , Idem. La prétendue petite
efpèce de Cayman eft celle d’un
grand Lézard, que l'on nomme ,
Dragonne , page 184.
Cerveau (le) des Quadrupèdes
ovipares eft très-peu étendu, p. 14.
Cervelle. Les Tortues grecques
peuvent vivre pendant fix mois,
après qu'on leur a enlevé la cer-
velle, page 148.
Chagrinée ( la Tortue) a été ap
portée des grandes Indes, Di 471)
Elle eft très-remarquable par la con=
formation de fa carapace, qui ne
reflemble à celle d'aucune T'ortue
connue , Idem. La couverture fupé-
rieure paroît compolée de deux
carapaces placées l'une fur l'autre ;
& dont celle de deflus feroit plus
étroite & plus courte, Idem. Def-
cription de cette Toïtue fingulière,
Idem. Les bords de la carapace font
cartilagineux & à demi tranfparens,
page 172. Le plaftron eft plusavancé
pardevant & parderrière que la
couverture fupérieure, Idem. L’ani-
mal peut alonger facilement le cou,
Idem. On peut prélumer que cette
Jortue cft plutôt d’eau douce que
de terre, Idem.
Chair (la) des Tortues Fran-
ches femelles, eft plus eftimée que
celle des mâles, fur-tout dans le
tems de la ponte, page 70.On fale,
non-feulement la chair, mais encore
les œufs & les inteftins de la Tortue
Franche ; cette nourriture eft très-
employée dans les Colonies d’Amée
rique , page 72. La faveur de-le:
mad
con
lerpe
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prend
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piète
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ik Î
On.
hardi
Croce
ventri
endro
Cl
Les ch
nomb,
DES MATIÈRES.
chair du Crocodile doit varier beau-
coup, fuivant l’âge, la nourriture,
& l'état de l'animal, page 230.
Chalcide. Defcription de ce Lé-
zard , page 445. Rapports de fa
conformation avec celle de plufieurs
ferpens, page 446.
Chaleur (la) eft f neceflaire aux
Crocodiles, que non -feulement ils
vivent avec peine dans les climats
très-tempérés, mais encore que leur
grandeur diminue, à mefure qu'ils
habitent des latitudes élevées, p.22 2.
On les rencontre cependant dans les
deux mondes à plufeurs degrés au-
deflus des tropiques, Idem.
Chaffe du Crocodile. Manière de
prendre les Crocodiles , employée
en Egypte, page 22%. Autre ma-
nière en ufage dans le même pays,
page 226. Chafle du Crocodile par
les fauvages de la Floride, Idem.
On dit quil y a des gens aflez
bardis pour aller jufques fous le
Crocodile , lur percer la peau du
ventre , qui eft prefque le feul
endroit où le fer puifle pénétrer, Id.
_ Claffès. La Nature à lié toutes
les clafles d'animaux par un grand
nombre de rapports, page 33.
Coaffèment des grenouilles com-
munes. Sa fréquence & fa mono-
tonie , page 510.
Cœur (le ) des Quadrupèdes ovi-
pares n'a qu'un feal ventricule,p. 24.
Lorfque le cœur des Grenouilles a
été arraché de leur corps, il con-
ferve fon battement pendant fept ou
huit minutes, page 407.
- Coffre. La T'ortue-Coffre paroît
*être la même que la caouane, p, 202.
63%
Coquillages. On trouve fouvent
de très-grands Coquillages à demi-
brifés par la caouane , page 107.
Cordyle. Defcription de ce lézard
& lieux où on le trouve, pag. 324.
Cornu ( crapaud ). Sa defcrip-
tion, page 604.
Coromandel. Grandeur d’une
Tortue grecque apportée du Coro-
mandel, page 154. Delcription de
cette Tortue , Idem © fuiy. Sa
queue étoit terminée par une pointe
d'une fubftance dure comme de la
COÏNC , PAGE 144.
Côtes. La plupart des falaman-
dres, les grenouilles , les crapauds
& les raines {ont dépourvus de
Cotes, page 13.
Cougars. Lorfque les Cougars
rencontrent quelque gros croco-
dile , ceténorme lézard plus vigou-
reux qu'eux , les entraine au fond
de l'eau, page 227.
Couleur de la chaïr des tortues
franches, page 79. Elle varie fui-
vant les individus, Idem. Couleur
des crocodiles, page 204. Les cou-
leurs du lézard gris font fuiettes à
varier, fuivant l'âge , le {exe &
le pays, page 302.
Couleur de lait. Defcription de
cette raine d'Amérique , page 467.
Couleur de feu. Sa delcription ,
P: 595. Endroits où on le trouve, Id,
Ses habitudes, Zdern. Il paroït faire
la nuance entre les crapauds é les
grenouilles, page 596.
Courage. Si le crocodile n'a pas
la cruauté des chiens de mer & de
plufieurs autres animaux de proie,
avec lefquels il a pluñeurs rapports,
632 TAÏBENE à
& qui vivent comme lui au milieu
des eaux, il n’a pas la fierté de leur
courage , page 222. Pline à écrit
qu'il fuit devant ceux qui le pour-
fuivent, qu'il fe laifle même gou-
verner par les hommes aflez hardis
pour fe jeter fur fon dos, & qu'il
n'eft redoutable que pour ceux qui
fuient devant lui, LZer. Il fe pour-
roit que les crocodiles de certaines
contrées de l'Amérique , où Fhu-
midité l'emporte fur la chaleur,
cuflent moins de courage & de force
que les animaux qui les repréfentent
dans Îes pays fecs de l’ancien Con-
tinent, {dem.
Courte - queue (la tortue) fe
trouve à la Caroline, page 269. Sa
defcription , Idem. Elle n’eft pas
abfolument fans queue, Zdern. Eile
devient aflez grande, page 270.
Crapaud commun. Sa defcrip-
tion, pages 572 © füivantes. Hu-
meur, laiteufe qui découle de {on
Corps, page 472. Ses habitudes ,
page 573. Tems de fes amours,
page 575. Manière dont il s’accou-
ple & dont fes petits fe dévelop-
pent,pages 476 & fuivantes. Gran-
deur à laquelle il peut parvenir,
Page 580. Crapaud devenu fami-
lier, page 582. Les crapauds com-
muns ont été employés en méde-
cine , page 584. Le crapaud com-
mun peut vivre jufqu'à dix-huit
mois fans prendre aucune nourri-
ture, page 584.
Créte-écailleufe, différence de fa
forme & de polition dans di-
verfes cfpèces de lézards, p. 249:
Crrard, (crapaud) Caraëtères dif.
tinctifs de cette efpèce , page Goz2
Crocodile. On à vu des croco-
diles demeurer, près d’un an, privés
de toute nourriture, page 21. Le
crocodile fréquente , de préférence,
les rives des grands fleuves, dont
les eaux furmontent fouvent leurs
bords, page 222. Il fe plaît, fur-
tout dans l'Amérique méridionale,
au milieu des lacs marécageux , &
des favanes noyées , page 2123. Il
lie les Iézards , avec les tortues de
mer; par une grande partie de fes
habitudes & de fa conformation ,
Page 181. On rencontre beaucoup
de cofitradictions, tant fur la forme
que fur la couleur, la taille , les
mœurs & l'habitation de ce grand
Quadrupède ovipare , page 282.
Les Voyageurs lui ont rapporté
ce qui ne convenoit qu'à d'autres
grands lézards , très-différens par
leur conformation & leurs habi-
tudes, dern. Tous les vrais croco-
diles ont cinq doigts aux pieds de
devant, quatre doigts palmés aux
pieds de derrière, & n’ont d'ongles
qu'aux trois doigts intérieurs de
chaque pied, page 183. On ne doit
compter que trois efpèces parmi ces
énormes animaux, Jdem. Les cro-
codiles de la Louifiane font enten-
dre une forte de mugiflement, pour
le moins aufli fort que celui des
crocodiles de l’ancien Continent,
qu'ils furpañlent quelquefois par
leur grandeur & leur hardiefle ,
page 184. La grandeur & les habi-
tudes du crocodile varient dans les
deux Continens, fuivant la tem péra-
ture , labondançe de la nourriture,
le plus
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com
Les ll
pier à
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jouit de
remue à
. malle 7.
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confus
qu, p
de Jui
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pat Le
(0
le plus où moins d'humidité, &c,
page 18% Le crocodile ordinaire ef
commun aux deux Mondes, Idem.
Les très-orands lézards que Dam-
pier a voulu regarder COMME UNE .
nouvelle efpèce de crocodiles, font
de l’efpèce des lézards que l'on à
nommés Fouette-queues, p. 286.
La Nature a abandonné au crocodile
les rivages des mers & des grands
fleuves des zones torrides, p. 288.
Il l'emporte en grandeur res tous
les animaux de fon ordre, p. 189.
Il doit être compté parmi les plus
grands animaux, Idem. Defcrip-
tion de quelques parties intérieures
des crocodiles, page 202. Gran-
deur ordinaire des crocodiles, page
203. Principales dimenfons d'un
crocodile , page 204. Manière
dont les crocodiles fortent de l'œuf,
page 208. Leur grandeur lorfqu'ls
brifent leurcoque, Idem. Le croco-
dile eft très-avide de poiflons,
d'oifeaux de mer, de tortues,
p- 214. I] s'élance auffi fur Îles
beliers , les cochons & même
fur les bœufs, Idem, Si la faim le
prefle, il dévore même les hommes,
& fur-tout les Negres fur lefquels
on a écrit qu'il fe jette de préfe-
rence, Idem. C’eft dans l’eau qu'il
jouit de toute faforce, & qu'il fe
remue avec agilité, malgré fa lourde
. malle , en faifant (ouvent entendre
une efpèce de murmure fourd &
confus , page 215. Ariftote a dit
que , pour l'apprivoifer, il fufh{oit
de Îui donner une nourriture
abondante , dont le défaut feul
peut le rendre très - dangereux,
Ovipares, Tome I,
DÉS.MATIERES Ga
page r21. Les Nègres , des
environs du Sénégal, ofent lat:
taquer pendant qu'il eft endorini,
& tächent de le furprendre dans
des endroits où il n'a pas aflez
deau pour nager, page a2%.
Leurs combats avec le crocodile ,
Idem. Sans le grand nombre de leurs
ennemis , les crocodiles feroient
trop multipliés , page 227. Un
grand nombre de crocodiles font
détruits avant d'éclore , page 229.
Des animaux trop foibles pour ne
pas fuir à l'afpeét de ces grands
lézards, cherchent leurs œufs fur
les rivages où ils les dépofent ,
Idem.
Crocodile noir. Ses différ:nces
avec le crocodile ordinaire, p. 2 ÉLe
Pays qu'il habite, page 234. |
_ Crocodilea. Excrémens du Stel-
lion, page 372.
Fée
Drnrerér (la tortue) n’eft con-
nue que par ce qu'en a rapporté
M. Linné , page 163. Ses doigts fe
réuniflent de manière à former une
patte ramallée & arrondie , comme
celles de beaucoup de Tortues ter-
reltres , Idem. La couverture fupé-
rieure a un peu la forme d’un
cœur , Idem. Les bords en font
dentelés & comme déchirés, Idem.
La couleur de fes écailles eft d’un
blanc fale , Idem. On la trouve en
Virginie , Idem.
Dents. Forme & nombre des
dents de la Dragonne, page 246,
Qn a pu les prendre pour des dents
L11]
Ür4 . TARETE
de petits Crocodiles , page 246.
Dépouillement. Tousles Quadru-
pèdes ovipares, excepté les tortues
& les crocodiles, quittent au prin-
tems [eur vieille peau, qui eft rem-
placée par une nouvelle, page 28.
Quelques-uns la quittent aufli plu-
fieurs fois pendant l'été des contrées
tempérées , page 29. Des animaux
d'ordres très-différens des Quadru-
pides ovipares ; éprouvent aufli
‘chaque année, & même à plufeurs
‘époques, une efpèce de dépouille-
ment... On peut particulièrement
le remarquer: dans les ferpens, dans
certains aninaaux à poil, & dans les
oifeaux ; les infectes & les végétaux,
{ont fujets auffi à une forte de mue,
page 30. Dans quelques êtres qu'on
remarque une forte de dépouille-
ment, 1] fut toujours l’attribuer au
défaut d'équilibre entre les mouve-
mens intérieurs & les caufes exter-
nes, page 38.
Développement. Les tortues fran-
ches n'atteignent à leur entier dé-
veloppement qu'au bout de vingt
ans Où environ , page 82. Dans
prefque tous les animaux , le déve-
loppement eft plus grand dans les
premiers tems de leur vie, p.222.
Difque. Le milieu de la carapace
des tortues s’äppelle difque. Il eft le
plus fouvent couvert de treize ou
quinze écailles placées fur trois
rangs, PAgE 49.
Divifions. Nombre & caractères
des Divifions établies dans le genre
des lézards, page 278 & Juiy.
Domefliaté. Pluleurs Quadru-
_pèdes ovipares préfentent une forte
de domefticité , page 40. La tortue
bourbeufe devient comme domef.
tique , page 123. On fait aifément
un animal domeftique, de la tortue
grecque , page 149.
Dorninateurs (les quatre grands}
des eaux , des rivages, des déferts,
& de l'air réuniflent, à la fupériorité
de la force, une certaine douceur
dans linftint, page 192.
Doré. (Lézard) Sa defcription.
p- 385. Lieux qu'il habite, p. 386.
Ses habitudes, page 387.
Double-Raie. Caractères diftinc-
tifs de ce lézard d’Âfie, page 408.
Dragon. Sa defcription, p. 450.
& Juiy. Habitudes de ce lézard,
page 452. IH paroït qu'on ne doit
en compter qu'une efpèce , p. ;
ee ne _ _.
& Jüiy. Principales dimenfons d'un
individu de cette efpèce , p. 245:
Ses habitudes , page 247 @ fiv.
Bon goût de fa chair, page 249.
Durée de la vie; Les Quadrupèdes
ovipares vivent en général très-long-
tems , page 40. Les tortues bour-
beufes parviennent quelquefois juf-
qu'à l'âge de quatre-vingts ans &
plus, page 123. Des tortues grec-
ques ont vécu plus de foixanteans;
Page Z AO:
Ecarireyerre ( la Tortüe }
eft plus petite que la tortue franche,
p.93: Elle habite prefque tous les ri-
vages chauds du nouveau monde ,
tant en deçà qu'au-delà de la ligne,
Idem. Sa chair & fes œufs font
très-bons à manger , page 94:
à
té
j Ca
Jeu
touj0
ge )
caret
us
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à une
çertall
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pélent
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Coule
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qu'ils:
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lures,
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lite d
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on
|
Am
Ecailles (les) des tortues tombent
quelquefois, page 49. Les écailles de
la Caouane font prefque de nulle va-
leur , page 98. Elles font prefque
toujours gâtées par une efpèce de
gale, Idem. Les écailles de la tortue
caret ont perdu de leur valeur de-
puis la découverte du nouveau
monde, page 106. Elles réuniffent
à une deimi-tranfparence l'éclat de
certains criftaux colorés , & une
fouplefle que l'on a eflayé , envain,
de donner au verre, page 106. Elles
pèfent quelquefois toutes enfemble
de, fept à huit livres, page 109.
Couleurs de celles que lon eftime
le plus, Fdem. Manière de les fa-
çonner , Idem. Les écailles qui
couvrent le ventre du lézard gris &
des autres lézards compris dans la
troifième divilion , forment des
bandes tranfverfales, page 301.
Engourdiffément. Lorlique les
Quadrupèdes ovipares font engour-
dis, leur torpeur eft fi grande
qu'ils ne peuvent être réveillés par
aucun bruit, ni même par des blef-
fures , page 24. Lorfqu'il furvient
un peu de chaleur pendant l'hiver,
ils font plus ou moins tirés de leur état
d'engourdiflement, page 2 5. La qua-
lité de leur nourriture, peut les
préferver de l'engourdifflement an-
nuel, page 26. Leur torpeur dure
quelquefois plus de fix mois , Id.
La mafle totale de leur corps ne
perd aucune partie très - fenfble
de fubftance, pendant leur longue
torpeur , p.27. La tortue bourbeufe
s'engourdit lhiver , même dans les
pays tempérés. C'eft à terre qu'elle
ea
DES SMATIBRES.,
635
demeure pendant fa torpeur , page
222. Elle creufe un trou daus lequel
elle fe cache, Idem. Aux latitudes
un peu élevées, les tortues grecques
pafient l'hiver dans des trous fouter-
raius, qu'elles creufent même quel-
quefois, & où elles font plusou moins
engourdies , fuivant la rigueur de la
faifon, page 140. Il paroît que les
crocodiles qui vivent près de l’équa-
teur ,ne s'engourdiflent dans aucun
tems de l'année, page 228. Ceux
qui habitent vers les tropiques, ou
à des latitudes plus élevées, fe re-
tirent lorfque le froid arrive, dans
des antres profonds auprès des ri-
vages, & y font, pendant l'hiver,
dans un état de torpeur , Idem. Il
paroïît que les crocodiles du Nil,
qui étoient les mieux connus des
Anciens , s'engourdifloient pendant
la faifon du froid , Idem.
Ennemis du Crocodile. L'homme
n'eft pas le feul ennemi que le Cro-
codile ait à craindre, page 226. Les
tigres en font leur proie, Idem.
L'hippopotame le pourfuit, Idem.
Les cougars détruifent un grand
nombre de crocodiles , p.227. Hs
attendent en embufcade les jeunes
Caymans fur les bords des grands
fleuves , Idern.
Epaule armée ( Grenouille }. Sa
delcription, page 439.
Efchyle. Mort fingulière du pote
Efchyle, qui fut tué, dit-on, par
le choc d'une tortue, qu'un aigle
laïfla tomber de très - haut. fur fa
tête nue, page 168.
Efpadons. Énnemis des tortues
franches, page 75.
TH +
636 TABLE
Etangs. On doit empêcher la
toitue bourbeufe de pénétrer dans
Îes étangs, & dans les autres endroits
habités par les poillons dont elle
le nourrit, page 124.
F,
F ÉcONDITÉ. Les Quadrupèdes
ovipares font très-féconds, & les
grandes efpèces de ces animaux font
quelquefois bien plus fécondes que
les petites, page 36.
Flüteufe( Raine). Sa defcription,
page 562.
Fole. Defcription de la Fole,
page 14: Manière de foler les tor-
tues franches fur les côtes de la
Guiane, Idem. Tems de foler les
tortues, page 7h: :
Force ( très-grande } des tortues
franches. Elles peuvent porter plu-
fieurs hommes fur leur dos, p. 78.
Formes. La Nature diftribue aux
différentes efpèces , & combine, de
toutes les manières, toutes les formes
& toutes les proprictés , COMME fi
elle vouloit , en tout, épuifer toutes
les modifications, page 32.
Fouette - queue. Ses caractères
diftin@ifs, & {a defcription, p. 240
€ fuivantes, pays où on le trouve,
page 241 des
Froid. Lorlque le froid devient
trop rigoureux , ou dure trop long-
tems, les Quadrupèdes ovipares en-
gourdis périflent , page 26.
G.
G 4 zÉéOTE. Delcription de ce
lézard , page 292, Contrées où on
L trouve, page 29 3. Habitudes de ce
lézard, Idem.
Galonné. ( Lézard ) Sa defcrip-
tion, page 335. Varicté de cette
efpèce , page 336.
Galonnée. ( Grenouille) Sa def-
cription , page 449. Varièté de cette
efpèce, Idern.
Gayial. Sa delcription, p. 235
& fuivantes. Principales dimenfons
d'un individu de cette efpèce ,
page 236. Grandeur du Gavial ,
page 2 37. Efpèce de poche obfervée
dans un individu de cette efpèce,
par M. Edvards, page 2 38.
Gecko. Ce lézard paroît très-
venimeux, page 414 6 fuivantes.
Sa defcription, Idem. Pays où on
le trouve , page 416. Ses habi-
tudes , Idem. I rend un fon fingu-
lier, page 418.
” Gectkotte. Différences de ce lézard
avec le Gecko, page 421. Pays où
on le trouve , page 422. Ses babi-
tudes , page 423.
Géornétrique (la tortue) a beau-
coup de rapports avec la grecque,
p.147. Sa delcription, Id. € fuiv.
Onlatrouve en Afie, à Madagafcar,
dans l'île de l'Afcenfion , au Cap
de Bonne - Efpérance , page 158.
Nombre de fes œufs, Id. Variétés
de cette tortue, Idem.
Glote. L'ouverture de là glote
eft très - étroite dans les tortues
franches, ainfi que dans les tortues
de terre , page 76.
Goftreux. ( lézard ) pays quil
habite , page 402. Ses caractères
diftinctifs , 1d, Ses mœurs , Idem
É /uivantes.
tude
ticité
Leur
deur
mens
Tem
Ps
de t
leur
accol
dont
DES MATIÈRES 637
Goitreux. ( crapaud ) Ses carac-
tères diftincifs » D. 698.
Grandeur ( la) des lézards varie
depuis la longueur de deux ou trois
pouces, jufqu'à celle de vingt-fix,
ou même trente pieds, page 176.
Grecque ( la tortue ) eft très-
commune en Grèce & dans plu-
fieurs contrées tempérées de l'Eu-
rope, page 142. On la rencontre
dans les bois & fur les terres éle-
vées, Idem. Tout le monde a parlé
de fa lenteur , Zdem. Ses mouve-
mens font cependant quelquefois
afiez agiles , page 143. Sa def-
cription , Îdem © fuivantes. Carac-
tère extérieur qui diftingue le mâle
d'avec la femelle, p. 246. Elle a
une très-grande force, p. 247. Ses
mâchoires font très - vigoureufss,
& peuvent encore claquer demi-
heure après que la tête de l'animal
a été coupée , Idem. Expérience
de François Rédi , relativement
aux tortues grecques ,; page 147
€ Juiv.
Grenouilles ( les ) ne meurent
pas tout de fuite, quoiqu'on leur
ait arraché le cœur, p. 20.
Grenouilles communes. Leur atti-
tude ordinaire, page 405. Leur élaf-
ticité , leur force pour s'élancer, Id,
Leurs couleurs, p. 506. Leur gran-
deur ordinaire, page 407. Leur ali-
mens, page 09. Leur voracité , Id.
Tems de leur engourdiflement ,
p.512 On peut les tirer de leur état.
de torpeur, page 513. Fréquence de
leur dépouillement , p. 524. Leur
accouplement, page 51%. Manière
dont leurs œufs font pondus &
fécondés , page 416. Forme & déve-
loppement de leurs œufs , p. 427.
Changemens qu'elles fubiflent avant
de devenir adultes, Idem.
Grijon. Defcription du lézard
grion, page 363.
FL.
Hazrrupss (les) des Qua-
drupèdes ovipares font, en général,
affez douces, page 32. Celles des
lézards font auf diverlfiées que
leur conformation extérieure ,
CA LOE
- . La tortue nommée Hé:
cate , par Brown, doit être rap-
portée à la tortue géométrique ,
page 159. Elle eft très-commune à
la Jamaique, Idem.
Hexagone. Sa defcription, p. 3e
Huile. On retire quelquefois de
la graille d’une grande tortue fran-
che , jufqu'à trente-trois pintes d’une
huile jaune ou verditre, page 72.
L'huile que lon retire des caouanes
eft fort abondante, page 100. Elle
eft bonne à brüler, & à enduire les
vaifleaux, den. |
Humidité. L'humidité nuit aux
animaux les mieux organifés ; elle
eft favorable au contraire à ceux
dont l'organifation eft moins par-
faite, page 17.
JT.
Jacx rs. (Grenouille ) Sa defcrip-
tion, page 547. Sa prétendue méta-
morphole, dem.
Jaune ( la Tortue ) na point
630 A BLEE
encore été décrite, page 234. Elle
parvient ordinairement à une gran-
deur double de celle des tortues
bourbeufes, Id. Sa defcription, Id.
Lorfqu’elle va s'accoupler, elle fait
entendre un petit cri d'amour,
page 136. On ne la rencontre pas
feulement en Amérique, mais on
la trouve encore dans l'ifle de PAS
cenfion, ainfi qu'en Europe, Id.
Tguane. Contrée où on le trouve
en très-grand nombre , page 267.
Ses caractères diftinctifs, page 270.
Defcription de ce beau lézard ,
p: 271. Principales dimenfions d’un
Tguane , Id. Ses habitudes, p. 274.
Ses amours , Îdem. Ses alimens ,
p: 276. Endroits où il {e retire, Id.
Manière de le prendre , page 277.
Il eft fufceptible d'une forte de
domefticité, page 279. Pays habités
par les Iguanes, page 283.
Imagination. C'eft fouvent parce
que nous manquons de connoif-
fances , que limagination la plus
bizarre, nous paroît allier des formes
& des qualités qui ne doivent pas
fe trouver enfemble, page 31.
Infeéles. Les Tortues bourbeufes
délivrent Les jardins des Infeétes
nuifbles , p.223. La tortue grecque
détruit beaucoup d’Infectes ; p. 240.
L.
Laircr - DOrGT. Caractères dif-
tinéhifs de ce lézard , p. 263. Con-
trées où on le trouve, Idem.
Légèreté fpécifique (la) destortues
franches eft très - voifine de celle
de l'eau, p.76
Lézard dont Séba a donné la def.
cription, & qui a beaucoup de rap-
portsavec la Téte-plate ,p. 431.
Lézards. Le genre des Lézards
eft le plus nombreux de ceux qui
compolent l’ordre des Quadrupèdes
ovipares , page 176, On doit en
compter cinquante - fix efpèces ,
toutes différenciées par leurs habi-
tudes naturelles, & par leurs carac-
tères extérieurs, page 176. On peut
diftinguer facilement les Lézards,
d'avec les autres Quadrupèdes ovi-
pares, parce qu'ils ne font pas cou-
verts d'une carapace comme les
tortues , & parce qu'ils ont une
queue , tandis que les grenouilles,
les raines & les crapauds n'en ont
point, Îderm. Leur corps eft revêtu
d'écailles plus où moins fortes , ou
de tubercules plus ou moins fail-
lans, Idem.
Lézard bleu (le) d'Edwardsdoit être
regardé comme un Agame, p. 297.
Lézard gris. Ses habitudes, page
299 & fuiy. Sa defcription, p. 300,
C'eft principalement dans les pays
chauds que le Lézard gris eft très-
agile , Id. Il fe nourrit de mouches,
de grillons, de fauterelles , de vers
de terre, de prefque tous les
Infeétes qui détruifent nos fruits &
nos grains, page 204. Il fe dépouille
comme les autres Lézards, p. 306,
Il éprouve, péndant l'hiver , un en-
gourdillement plus ou moins grand
fuivant le climat qu'il habite, Idern,
Il ne conferve pas toujours [a dou-
ceur de fes habitudes, Idem. Onen
a fait ufage en médecine, p. 307.
Lézard vert, Beauté de {es cou
point
entiet
noir,
cotes
fur la
ui
tide,
DES MA
leurs , page 310. Sa defcription ,
Idem © Jiuvantes. Longueur à
laquelle il parvient, page 312. Ses
habitudes, page 312 & ;uivantes.
Lion. ( Lézard, Defcription de
cette efpèce que l'on trouve à la
Caroline, page 333.
Longueur. On devroit compter
Vingt -lix mois d'âge pour chaque
vingt pouces que lon trouveroit
‘dans la longueur des grands croco-
diles, fi leur accroitlement fe faifoit
toujours fuivant la même propor-
tion, page 211. :
Luth ( la Tortue ) furpañle quel:
quefois par fa longueur, les plus
grandes tortues franches, p. 222.
On la trouve dans la Méditerranée ;
_ elle savance peu dans la mer Adria-
tique , & très-rarement jufqu'à la
mer Noire, page 112. Elle na pas
de plaftron apparent, Id. Sa cara-
pace eft terminée parderrière en
pointe très-aigue, Idem. Elle na
oint d’écailles ; elle eft couverte en
_entier d’une forte de cuir dur &
noir, Idem. On la trouve fur les
côtes du Pérou, du Mexique, &
fur la plupart de celles d'Afrique
qui font fituées dans la Zone T'or-
tide, page 114.
Masouy a. Caractères diftinc-
‘tifs de ce lézard , page 378. Ses
habitudes, p. 382. Contrées qu'il
habite, page 382 € fuivantes.
Machine ( la ) animale ne peut
conferver qu'un certain temps, les
mouvemens intérieus qui lui ont
g”
ES tr
été communiqués, page 26.
Mächoire ( la ) fupéricure des
tortues, recouvre la mâchoire infé-
rieure , page 48. La michoire
fupéricure du caret avance aflez
fur linférieure ; pour que le
mufeau ait une {orte de reflemblance
avec le bec d'un oifeau de proie;
page 107.
Michoire inférieure du Croco-
dile, (la) eft feule mobile, p. 294,
Mächoires ( les ) du crocodile
ont quelquefois pluñeurs pieds de
longueur, page 292. Leur defcrip-
tion, Idem.
Marbré, ( Lézard ) Pays où on
le trouve, page 394. Sa delcrip-
tion, Idem.
Marbré. ( Crapaud ) Sa defcrip-
tion , page Go.
Marmottes. Les Marmottes, les
loirs, les chauve-fouris, les hériflons,
ne ceflent de refpirer, quoiqu'en-
gourdis par le froid , page 2%.
Matières brutes ( la durée des)
doit toujours être très - longue ,
page 42. | |
Migrations des tortues franches,
page 85. La caouane voyage plus
ue les autres tortues; on l'a ren-
contrée à plus de huit cens lieues
de terre , page 100.
Molle (la Tortue) eft la plus
grande des Tortues d'eau douce,
page 137. Elle fe trouve dans les
rivières du Sud de la Caroline, ainfñ
que dans la Floride orientale , Id,
Elle pèfe quelquefois jufqu'à 70 liv.
Idem. Sa delcription ; page 138
G Juivantes. Elle a beaucoup de
force ; elle eft faroûche, & s'élance
TR
fouvent avec farie contre fon enne-
mi, page 140. Sa chair eft très-
délicate, Idem. On peut préfumer
qu'elle fe trouve dans l'Amérique
-méridionale, Idem.
Monfiruofités. Tortue à deux
têtes, & très - petit lézard à deux
têtes & deux cous bien diftin&s,
page 38.
Mudinguana. Grande larve,
page 611.
Mugiffänte. ( Grenouille )p. 542.
Ses habitudes, page 542. Force de
fon coaflement, page 543. Variétés
de cette efpèce, Idem.
Mugiffement. Dans la Caroline,
les crocodiles fortent de leur en-
gourdiflement, en faifant entendre
des mugifiemens horribles qui reten-
tiflent au loin, page 219. Dans la
Louihane , le cri de ces animaux
n'eft jamais répété plufñeurs fois de
fuite, mais leur voix eft auffi forte
que celle d'un taureau, Idem. Les
crocodiles qui font en grand nombre
dans la rivière de Gambie , en Afri-
que, & que les nègres appellent
Bumbos , y pouflent des cris que
l’on entend de fort loin ; l’on diroit
que ces cris fortent du fonds d’un
puits, Idem.
Multiplication des tortues fran-
ches, page 84.
Mujc. Il paroît que prefque tous
les Européens qui ont voulu manger
de la chair du crocodile, ont été
rebutés par l'odeur de mufc dont
elle eft imprégnée, page 229.
Mufique, Dans les contrées de la
Grèce , ou dans les autres pays
&ués fur les bords de la Méditere
ranée , les inventeurs de la mufique
choifirent la carapace d’une tortue
luth, pour former la première lyre,
page 246.
w.
N ASICORNE. Il eft aifé de diftin-
guer la tortue Naficorne, par un
tubercule d’une fubftance molle ,
qui s'élève au-deflus du mufeau,
& dans lequel les narines font pla-
cées, page 103. La Nafcorne fe
trouve dans les mers du nouveau
continent , voilines de l'équateur,
Idem. Elle à moins de rapports
avec la caouane, qu'avec la tortue
franche, der.
Nature. Ses effets font fans nom-
bre, mais non pas les caufes qu’elle
fait agir, page 43. Elle n'emploie
qu'un petit nombre de puiflances
pour mouvoir les corps, P+ 44.
Noirätre. (tortue) Delcription
de fa carapace & de fon plaftron,
page 175. Il n'en eft fait mention
dans aucun des Naturaliftes, ni des
voyageurs dont les Ouvrages font
le plus connus, Ze.
Noms. En Hiftoire Naturelle,
lorfque les noms font les mêmes,
on neft que trop porté à cioire
que les cbjets {e reflemblent, p. zo7.
Nuances. Une dégradation fuccef-
five de nuances divertfiées à l'infini,
eft le fceau dont la Nature marque
{es ouvrages, page 32,
O.
O DEU R. Prefque tous les Qua-
drupèdes ovipares répandent une
ru} vipares rép
odeur
Min :
DRE RRT QE UT
mp
r & a M PSE (3
odeur forte; qui ne diffère pas
beaucoup de celle du mufc, & qui
eft moins agréable, p. 40. L'odeur
de mufc, que la plupart des tortues
tépandent , eft exaltée dans la
caouane au point d'être fétide ,
page 99. Fe
Ufs. Les Quadrupèdes ovipares
abandonnent leurs œufs après Îles
avoir pondus ; la plupart choiliffent
la place où ils les dépofent ; quel-
ques-uns ; plus attentifs , la prépa-
rent & l'arrangent , ils creufent
même des trous où ils les renfer-
ment , & où ils les
fable & de feuillage , page 37. Les
œufs des très - petits Quadrupèdes
ovipares ont à peine une demi-liyne
de diamètre, tandis que les œufs
des plus grands ont deux ou trois
pouces de longueur, Idzm. L'en-
veloppe des œufs des crocodiles &
de quelques grands lézards eft d'une
fubitance dure & crétacée , mais
celle des œufs des autres Quadru-
èdes ovipares eft molle & fem-
Éable à du parchemin mouillé,
page 38. L’ardeur du foleil & de
latmoiphère fait éclore les œufs
des Quadrupèdes ovipares, Idem.
Les œufs des tortues franches font
ronds, de deux ou trois pouces de
diamètre, & la membrane qui les
recouvre , reflemble à du parche-
min mouillé, page 65. Elles les
couvrent d'un peu de fable, mais
cependant allez légèrement pour
que la chaleur du foleil puifle les
faire éclore , page 66. Forme des
œufs de la tortue molle, p. 240.
Nombre des œufs de la tortue
Ovipares, Tome I,
DES MATIÈRES.
couvrent de .
grecque , page 151. Nombre
& forme des œufs de l'iguane,
page 275. Grofieur des œufs du
lézard gris, page 304.
Œufs du Crocodile. Indépendam-
ment du témoignage des voyageurs,
on auroit dû refuler de croire ce
que dit Pline du crocodile mâle,
qui, fuivant ce grand Naturalifte,
couve ainf que la femelle, les œufs.
qu'elle a pondus, page 200. La
mangoulte, les finges, les fagouins,
les fapajous & plufeurs efpèces
d'oifeaux d’eau, fe nourriflent avec
avidité des œufs du crocodile , &
en caflent même un très - grand
nombre en quelque forte pour le
plaiñr de fe jouer , page 229. Les
œufs du crocodile, ainf que fa
chair , fur tout celle de la queue &
du bas-vèntre f=rvent de nourriture
aux nègres de l'Afrique, ainf qu'à
certains peuples de l'Inde & de
l'Amérique, Idem.
Ongles (les) de la tortue grece
ue & des autres tortues terreftres,
it communément plus émouflés
que ceux des tortues d'eau douce,
AE TA
5 Oransée.(Raine) Sa defcription ;
age 164.
% Ori Les grands aigles de mer,
nommés Orfraie , emportent une
tortue de terre du Cap , au plus
haut des airs, d’où ils la laifient
tomber à plufeurs reprifes fur des
rochers très-durs ; la hauteur de la
chüte produit un choc violent, qui
brife la carapace & laitle La tortue
en proie aux aigles, page 167,
Mum nm
G4t
642 | FABLE
F.
Psrrs-n'orr. ( Grenouille } Sa
defcription , page 538.
Pattes ( les ) de derrière des
lézards, font plus longues que celles
de devant, page 177.
Peau. Lorfque les Quadrupèdes
ovipares quittent leur vieille peau,
ils font plustimides, & fe tiennent
cachés jufqu'à ce que la nouvelle
foit fortifiée par de nouveaux fucs
& endurcie par les imprellions de
Vatmofphère, page 32.
Perlée. (Grenouille) Sa defcrip-
tion , page 545. Varièté de cette
efpèce , Idem.
Pétrifications de crocodile, trou-
vées en Thuringe , page 224. En
Angleterre, Idem.
Phalanges (les) des doigts font
au nombre de quatre dans plufeurs
lézards , ainfi que dans plufieurs
efpèces d'oifeaux , page 177.
Pipa. Delcription du mâle de
cette efpèce de crapaud , p. 600.
Defcription de la femelle, p. Go.
Manière remarquable dont les fœtus
de cet animal fe développent &
éclofent, page 604.
_ Plaffron ( le ) des tortues eft
couvert de douze ou quatorze
écailles dans certaines efpeces & de
vingt-deux ou vingt-quatre dans
d'autres, page 49.
Plfé. Defcription du Lézard
Phflé, page 26%.
Poids (le) total des grandes
tortues marines excède ordinaire-
ment huit cens livres. Dans les
petites efpèces d’eau douce ou de
terre , il eft quelquefois au-deflous
d’une livre , page 40. Les Tortues
franches peuvent fe rendre plus ou
moins pefantes, en recevant plus où
moins d'air dans leurs poumons,
page 77. Le poids qu'elles peuvent
fe donner n'eft cependant pastrès-
confidérable , Idem. «
Poiffons. Rapports des tortues
franches avec les poiflons, p. 82.
Ponduée. (Salamandre ) Sa def-
cription , page 491. -
Ponte. Les tortues franches pré-
fèrent pour leur ponte les fables
dépourvus de vale & de corps
marins, page 65. Elles creufent avec
leurs nâgeoires, & au- deflus de
l'endroit où parviennent les plus
hautes vagues, un ou plulieurs trous
d'environ un pied de largeur, &
deux pieds de profondeur , Idem.
Elles y dépofent leurs œufs au
nombre de plus de cent, Idem. Les
Tortues franches font plufñeurs
pontes éloignées l’une de Pautre ,
de quatorze jours ou environ , &
de trois femaines dans certaines
contrées, page 66. Elles choififfent
le temps de la nuit pour aller dé-
poler leurs œufs fur le rivage, Id.
Elles traverfent quelquefois deux
ou trois cens lieues de mer pour
parvenir au rivage où elles trouvent
le plus de facilité pour leur ponte,
page 67. Le temps de la ponte-des
tortues franches varie fuivant les
pays, page 69. Nombre des pontes
du crocodile,p. 206. Nombre des
œufs à chaque ponte, Id. Endroit où
la femeile dépole fes œufs, p. 207.
Porte-créte (le Lézard ) habite
à RSS PT EL à
Sn 1) as Eee 7
RS sel M ue
dans l'ifle d'Ambaine, & dans l'ifle
de Java, p. 287. Sa defcription, Id.
6 Juivantes. Crête remarquable qui
le diftingue, page 287. Différences
du mâle avec la femelle , p. 289.
Habitudes du Porte-crête, Idem &
Juivantes. Lieux où on le trouve,
Page 290. Sa chair a une faveur
fupérieure à celle de l'Iguane, p.292.
Pouce. Dans la plupart des lézards,
le doigt extérieur eft féparé des
autres , comme une ès de
AE ; tandis qu'au contraire, dans
es Quadrupèdes vivipares, le doigt
qui repréfente le pouce eft le doigt
interieur, page 177. |
Pufluleux. ( Crapaud )
cription , page 597.
Pyramides. On renfermoit reli-
gieufement en Égypte les cadavres
des crocodiles dans de hautes Pyra-
mides auprès des tombeaux des rois,
pe 232. |
Q.
Qvanrvrèpss oyipares (les)
approchent de très- près des plus
Sa def-
nobles & des premiers des animaux,
page 2. Leurs petits viennent d’un
œuf, Idem. Ils ne font point cou-
verts de poil, Id. Ils ne doivent pas
être appellés reptiles , Idem. Les
efpèces des Quadrupèdes ovipares
ne font pas en aufli grand nombre
que celles des autres Quadrupèdes,
page 3. Tous les Quadrupèdes ovi-
pares le reflemblent entr’eux & dif-
férent des autres animaux par des
caraétères & des qualités remarqua-
bles ; page 6. Le plus grand nombre
des Quadrupèdes ovipares ont des
DES MATIÈRES.
643
yeux affez faillans & aflez gros rela-
tivement au volume de leur corps,
page 7. Ils app=rçoivent les objets
de trésloin, Idem. Ils ont prefque
tous, les yeux garnis d'une meme
brane clignotante comme ceux des
oïfeaux , Idem. La plupart de ces
animaux jouiflent de la faculté de
contracter & de dilater leur pru-
nelle, Idem. Le fens de l'ouie des
Quadrupèdes ovipares, doit être plus
foible que celui des vivipares & des
oifeaux , page 8. Ils n’ont point
d'oreilles extérieures, Idem. Leur
oreille intérieure eft plus fimple
que celle des vivipares, Idem. La
plupart de ces quadrupèdes font pref-
quetoujours muets, oune fontenten<
dre que des fons défagréables , p. 9.
Leur odorat n'eft pas très-fin, Id,
Quelques-uns répandent une odeur
aflez forte, page 20. Le fiège de
l'odorat eft très-peu apparent dans
la plupart de ces animaux , Idem,
Leurs narines font très-peu ouvertes,
maïs les nerfs qui y aboutiflent , font
d'une grandeur extraordinaire dans
“plufeurs de ces Quadrupèdes, Id,
Le fens du goût eft foible dans plu-
fieurs de ces animaux, dem. Leur
toucher eft très-obtus , Idem.
Leur fang eft moins chaud que celui
des vivipares & des oifeaux , p. 22.
Il eft aufli bien moins abondant , Id.
Il peut circuler fans pafler par leurs
poumons , Idem. Il eft plus épais &
ne coule pas auffi vite que celui des
vivipares , page 23. Leur charpente
offeufe eft plus fimple, Idem. Leur
conduit inteftinal eft plus court que”
celui des vivipares, page 14. Leure
M m mm ij
pe
644 ever E
excrémens,tant liquides que folides,
aboutiffent à une efpèce de cloaque
commun , dem. Les principes du
mouvement vital font plus fimples
dans ces animaux , que dans les
vivipares, p. 1g. L'humidité, aidée
de la chaleur , fert à leur dévelop-
pement, p. 26. Ils font fupérieurs
à de grands ordres d'animaux, p. 18.
Leur nature eft, pour ainñ dire,
mi-partie entre celle des plushautes
&c des plus bafñles clafles des êtres vi-
. vans, elle montreles relations d’un
grand nombre de faits importans,
. Sdemn. Le féjour de tous les Quadru-
pèdes ovipares n'eft pas fixé au milieu
des eaux, Idern. Plufeurs de ces ani-
maux préfèrent les terreins fecs &
élevés ; d’autres habitent dans des
creux de rochers, ou au milieu des
bois ; prefque tous nagent & plon-
gent avec facilité , Idem. Ils ont
_êté appellés amphibies par plufieurs :
Naturaliftes, Idem. Ils périflent
“ute d'air lorfqu'ils demeurent trop
Jong-tems fous l'eau , page 29. Ce
n'eft que pendant leur état de tor-
peur qu'ils peuvent fe pafler pen-
dant très-long-tems de refpirer , Id.
. Ils peuvent étre privés de parties
allez confidérables , telles que leur
queue & leurs pattes, fans cepen-
dant perdre la vie; quelques-uns
d'eux les recouvrent, Idem. Leur
_ fyftème nerveux n'eft pas aufli lié que
celui des autres Quadrupèdes, p. 20.
Leurs vaifleaux fanguins ne com-
muniquent pas entr eux autant que
ceux des vivipares , page 21. Ils
. peuvent fe pañler de manger pen-
dant Un tems très-long , Idem,
X
Animés par une moindre chaleur , ils
n'éprouvent point cette grande def-
fication qui devient une foif ar-
dente dans certains animaux, Fhid.
A mefure que les individus & les
_varictés d’une même efpèce habitent
un pays plus éloigné de l'équateur,
plus élevé ou plushumide, & par con-
féquent plus froid , leurs dimen-
fions font beaucoup plus petites,
page 23. |
Quadrupèdes oyipares qui n'ont
point de queue. Leurs caractères
généraux & diftinctifs , ainfi que
leurs divers genres, page 498 &
Juivantes. La manière de fe déve-
Jopper de tous ces Quadrupèdes eft
à - peu - près la même , page #20.
Comparaifon de leur développe-
ment avec celui des autres ovi-
pares, Idem.
Quatre - raies. Defcription de
cette Salamandre , page 492.
ueue. La forme & la propor-
tion de la Queue varient dans les
lézards ; dans les uns, elle eft apla-
tie; dans d’autres, elle eft ronde;
dans quelques efpèces, fa longueur
égale trois fois celle du corps; dans
quelques autres, elle ef très-courte,
page 176. La Queue des lézards
eft prefqu'auffi grofle à fon originé,
que l'extrémité du corps à laquelle
elle eft attachée, p. 277. La queue
des lézards gris repoufle quelque-
fois , lorfquelle a été brifée par
quelqu'accident, & fuivant qu’elle
a été plus ou moins divifée, elle
eft remplacée par deux , & même
quelquefois par trois queues plus ou
moins parfaites , page 303.
DE SEMATIERES.
Queue = bleue. Sa defcription,
page 360.
R. :
Rasorrvsr ( la Tortue) eft
terreftre , page 161. Defcription
de fa forme , {4 Ses couleurs, Ja.
€ Juivante. On la trouve dans les
Indes orientales, & particulièrement
à Amboine, ain que dans.le nou-
veau monde, page 162. |
Raie ( peau de) defléchte &
décorée du ñom de baflic, p. 284.
,: Kaine- verte. Sa defcription ,
pages 550 & fuivantes. Son agilité,
page 651. Elle peut fe tenir fur
les corps les plus polis, page 442.
Manière dont elle chafle les in-
fetes dont elle fe nourrit, Idem.
Durée de fon développement ,
page 544. Tems de fes amours,
Idem. Force de fon coaflement ,
page 455. Manière dont elle s'ac-
couple, page 556. Sa couleur eft
fujette à varier, Idern. Pays où on
la trouve , page 557.
Rayon-yert. ( Crapaud } Sa def-
cription, p. 488. On le trouve en
Saxe , Idem. Il change fouvent de
couleur, page 589.
… Reguins ( lorfque les) rencon-
trent des tortues franches prifes
dans une fole , & hors d'état de
_ fuir & de fe défendre, ils les dévo-
rent, & brifent le filet, p. 74.
Refpiration ( la ) des Quadru-
pèdes ovipares eft lente & irrégu-
lière, page 14.
Réticulaire. ( Grenouille ) Sa def-
cription, page 537.
Retraite, Lorlque les Quadru-
*
645$
pèdes ovipares choififlent une re
traite , ils adoptent également, foit
qu'elle ne fufhfe que pour un feul
animal , ou foit qu’elle ait aflez
d’étendue pour receler pluleurs de
ces Quadrupèdes, page 34.
Ronde (la Tortue) fe trouve
en Europe, page 126, Sa delcrip-
tion , Id. Elle habite de.préférence
au milieu des rivières & des marais,
page 127. Manière donftles pay-
fans de Prufle la confervent, Idem.
Poche confdérable obfervée fur le
ventre de deux très jeunes Tortues
Rondes, p. 128.
Ronflement ( forte de ) attribué
aux tortues franches, p.76 :
Roguet. Caractères diftinifs de
ce lézard , page 397. Ses mœurs,
pag 398.
Rouge. ( Raine ) Sa defcription;
page 566. |
Rougeätre ( la Tortue } a èté
envoyée de Penfilvanie fous le nom
de tortue de marais, page 132. Le
bout de fa queue eft garni d’une
pointe aigue & cornée, Idem. Sa
couleur, Idem.
Rouge-gorge. Defcription de ce
Kfard , page 404.
= Roufjütre ( la Tortue ) a été
apportée de l’Inde, page 173. Sa
defcription , Idem. Couleur de fes
écailles , dem. Sa carapace eft apla-
tie, Idem, Ses ongles ne font point
émoullés, 4, On doit la regarder
comme d'eau douce , dem. Ses
œufs , page 174.
x S.
SALAMANDRE. Caraékères de la
646 i TABLE
divifion des Salamandres., p. 180.
Les Salamandres ont beaucoup de
rapports avec les grenouilles & les
autres Quadrupèdes ovipares qui
nont pas de queue, Idem. Elles
manquent de cotes, Idem.
Salamandre-terrefire. Contes ab-
furdes répandus au fujet de ce
lézard , page 47. Ses caractères &c
fa defMoion » page 459 © füiv.
Variété À cette efpèce, page 460.
Liqueur corrofive qui découle des
pores de fa peau, page 462. Habi-
‘tudes de cette Salamandre, Idem
É Juivantes. Erreur des anciens
relativement à l'humeur qui découle
de fon corps , page 464. Manière
_ dont fes petits viennent à la lumière,
page 467. “
Salamandre à queue plate. Def-
cription & variète de cette efpèce,
page 472. Diflérences du mâle avec
la femelle, page 473. Habitudes de
la Salamandre à queue pre P: 474:
Elle peut vivre aflez long-tems au
milieu de la glace, page 4746. Ma-
nière dont fes petits fe développent,
page 476. Elle fe dépeuille fouvent
pendant l'été, & même dans le prin-
tems, page 478. Manière dont elle
quitte fa peau, page 479. Accou-
plement des Salamandres à queue
plate , page 482 € fuivantes. Pays
où on les trouve, page 486. Lézards
qu'il faut rapporter à cette efpèce,
Îdem € juivantes.
Sang, Pendant l'engourdiffement
des Quadrupèdes ovipares , leur
fang ne conferve qu'un mouvement
très-lent, page 24. |
Sarroubé. Defcription & kabi-
tudes de cette Salamandre, p. 493.
Sauritin. Nom donné par Îles
anciens à une pierre qui devoit être
un bézoard d'Iguane, page 282.
Scorpion (la Tortue) {e trouve
à Surinam , page 133. Sa defcrip-
tion, Idem. Le bout de fa queue
cft garni d'une callofité , Id. Elle
habite les marais, page 134
Scinque. Defcription & couleur
de ce lézard , page 373. Ufage
qu'on en fait, page 374. Pays où
on trouve cet animal , page 376.
Sens. Bonté des fens extérieurs
des grenouilles communes, p. 508.
Senfations. Les Quadrupèdes ovis
pares font privés du plus grand
moyen de s'avertir de leurs difié-
rentes fenfations , page 39. |
Seps. Sa Defcription, p. 4 336
füiy. Il fait la nuance entre les
Quadrupèdes & les ferpens, p.434.
Manière dont les petits Seps vien-
nent au jour , page 439. Il paroïît
qu'on ne doit pas regarder le Seps
comme venimeux, au moins dans
tous les pays, page 440.
Serpentine (la tortue) fe diftin-
gue des autres par la longueur de
fa queue , page 1 31. Elle habite
au milieu des eaux douces de la
Chine, Idem.
Sheltopufik. Defcription de ce
Bipède, & lieux où on le trouve,
page 617 € fuivantes,
_ Silloné. (Lélard) Sa defcription,
page 266.
" Société. Les Quadrupèdes ovi-
pares font fouvent réunis en grandes
troupes ; lon ne doit cependant
pas dire qu'ils forment une vraie
> Ne
7 Less ans
AS
or EE SR
focité , page 34. Il ne réfulte de
Jeur attrouppement aucun ouvrage,
aucune chafle, aucune guerre qui
paroïflent concertés, page 34.
Sourcilleux. (Lézard ) Sa def-
cription, page 257 © füiv.
Sputateur. Defcription de ce
lézard d'Amérique , page 409. Ses
habitudes , page 410. Variété de
cette efpèce, page 411.
Stellion. Sa defcription, p. 369.
. Ufage que l'on fait de fes excré-
mens, Page 371.
Strié. ( Lézard ) Sa defcription,
age 393. :
homes La Nature a varié
les moyens de fubliftance pour
toutes les clafles d'animaux, p. 32.
Syrène lacertine. Voyez Muo
inguana , page 6tz.
ne.
T ABAC (le) en poudre eft pref-
que toujours mortel pour le lézard
gris, page 304 es
T'apaye. Caractères diftinctifs de
ee lézard d'Amérique , page 390.
Ses habitudes, page 391.
Tapirer. Raine qui fert en Amé-
rique à tapirer les perroquets ,
page 566.
Téguixin.Sa defcription, p. 404.
On le trouve au Bret], p. 406.
Terrapène. (la Tortue) fe trouve
aux Antilles ; elle y eft très -com-
mune dans les lacs & dans les marais,
page ‘129. Il paroït que c'’eft la
même que celle que Dampier à
nommée Hécate , Idem. Sa chair eft
un aliment auffi fain que délicat , Id,
DES MATIÈRES.
647
La Tortue Terrapène de Dampier,
eft la même que la géométrique,
page. 159. Sa carapace eft comme
naturellement taillée, page 160. Les
Terrapènes pénètrent dans les forêts
où les chafleurs ont peu de peine à
les prendre, Idem.
Terre. Lorfque Île crocodile eft
à Terre, ileft plus embarraffé dans
fes mouvemens, page 215. Pour
lui échapper alors , on doit fe
détourner fans celle, Idem.
Tétards. Développement des
Tétards des grenouilles communes,
page say & fuivantes. Manière dont
ils quittent leur enveloppe, p. 519.
Tête. La tortue bourbeufe peut
vivre quelque tems après avoir eu
la tête coupée, p. 224. Les tortues
grecques peuvent vivre plufeurs
jours après qu'on leur a coupé la
tète, page 149.
Téte-fourchue. Sa defcription &
pays que ce lézard habite, p. 267.
Tête -plate. Defcription de ce
lézard, page 424 © fuivantes. Con-
trées où on l'a trouvé , page 428.
Ses habitudes , p. 430.
Tortues ( les ) font plus fem-
blables par leur organifation aux
vivipares , que les autres Quadru-
pèdes ovipares , page 6. On a vu
des Tortues demeurer près d’un an
fans prendre aucune nourriture ,
page 217. Les Tortues feules ont
reçu ; en naïiflant, une forte de
doraicile durable, page 45. La plu-
part des Fortues peuvent retirer
leur tête , leurs pattes & leur queue,
{ous l'enveloppe dure & ofleuie qui
les revêt par-deflus & par-deflous,
648 TABLE
page 46. Les côtes de lépine du
dos font partie de la couveiture
fupérieure des Tortues, que l’on
appelle Carapace , & l'inférieure
que l'on nomme plaffron , eft réunie
avec les os qui compolent le fter-
num, page 47. Divihions du genre
des Tortues , Idem. Les Tortues
d'eau douce & de terre ont les pieds
très-ramafles, les doigts très-courts
&garnis d'ongles crochus , p. 52.
Leur carapace & leur -plaftron ne
font réunis l'un à l'autre, que dans
une petite, portion de leur con-
tour, Idem. La plupart peuvent fe
remettre fur leurs pâttes , lorf-
qu'elles font renverfées, page 53.
Il paroïit que les diverfes cfpèces
de Tortues ne fe mêlent point
enfemble, page 204. L'hiftoire des
Tortues demande encore un grand
nombre d'obfervations , page 160.
Tortue franche. Une des produc-
tions les plus utiles eft la Tortue
franche , page 54. Elle habite en
très-grand nombre fur les bas-fonds
revêtus d'algues de la Zone Tor-
ride , tant dans l’ancien que dans
le nouveau monde , page 46. Elle
fe nourrit de plantes marines, Id.
Elle a quelquefois fix ou fept pieds
de longueur , {dem. Elle joint à un
goût exquis, & à une chair fuccu-
lente & fubftantielle, une vertu
des plus actives & des plus falu-
taires, page 57. Sa carapace a quel-
quefois quatre ou cinq pieds de
long, fur trois ou quatre de lar-
geur, Idem. Le bord de la cara-
pace paroît onde, Idem. Le difque
fit ordinairement recouvert de
quinze lames ; Jdem. La forme &
le nombre de ces laines varient fui-
vant l’âge & peut-être fuivant le
fexe, Id. Le plaftron eft commu-
nément garni de vingt-trois ou
vingt-quatre écailles, page 58. Prin-
cipales dimenfons d’une jeune Tor-
tue franche , Idem. Le nombre &
la poftion des ongles de la Tortue
franche , peuvent varier ; mais il
ny en a jamais qu'un d'aigu aux
pieds de derrière, page 49. Le cer-
veau de la Tortue franche eft très—
petit, p. 60. Les mächoires de cette
Tortue ne font pas garnies de dents,
mais elles font très - fortes & très-
dures; & les os qui les compofent
font garnis de‘pointes & d’afpéri-
tés . page Go. Les Tortues franches
vont fouvent chercher l'eau douce
à l'embouchure des grands fleuves,
page Gr. Elles font timides, elles
longent, dès qu'elles apperçoivent
Fo de quelqu'objet à crain-
dre , Idem. Klles devroient être
regardées comme l'emblème de la
prudence, Zdem. Elles ont plutôt
des propriétés pailives , que des
qualités aétives, Idem. Elles ne dif-
putent point aux animaux de leur
efpèce, un aliment aqu’ellestrouvent
toujours en aflez grande abon-
dance, p. 62. Elles peuvent pañler
plufeurs mois, & même plus d’un
an , fans prendre aucune nourri-
ture, Îdeïn. Elles ne redoutent pas
la focièté de leurs femblables, Id.
La tortue franche n’épreuve pref-
que jamais de defirs véhémens. Elle
fe défend rarement, mais elle cher-
che à fe mettre à l'abri, page 63.
, . Dans
cit
_ Jar
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leur à
& L
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plutot
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page 7:
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Dans cette efpèce, le mâle paroït
rechercher fa femelle avec ardeur,
& léur accouplement dure pendant
près de neuf Jours, fans qu'aucune
crainte puifle les féparer l'un de
l'autre, Id. L'attachement mutuel
du mâle & de la femelle, pañe
avec le befoin qui l'avoit fait naître;
ils fe quittent bientot après que
leur accouplement a ceilé, page
63. Les petites tortues franches
éclofent vingt ou vingt - cinq
jours après la ponte , & même
plutôt dans certaines contrées ,
page 68. Élles n'ont que deux
ou trois pouces de longueur en
fortant de lœuf , Idem. Elles
vent d’elles-mêmes à la mer , Zbid.
Lorfqu'on a pris de petites tortues
franches, on les renferme quelque-
fois dans des efpèces de parcs où la
haute mer peut parvenir, page 69.
La tortue franche a [la cara-
pace trop plate pour pouvoir fe
remettre fur fes pattes, lorfqu'elle
a été chayirée. Klle fait entendre
alors une efpèce de gémifiement ,
page 71. Les tortues franches font
quelquefois jetées par des accidens
particuliers, vers de hautes lati-
tudes, p. 87. Il paroït que , non-
feulement elles peuvent y vivre,
mais même y parvenir à tout leur
développement , Idem. Ce n'eft que
fur les rivages prefque déferts ,
qu'elles peuvent en liberté parvenir
à tout l'accroiflement pour lequel
la Nature les à fait naître, & jouiren
paix de la longue vie à laquelle
elles ont été deftinées, page 89.
On devroit tâcher d'acclimater les
Ovipares, Tome I.
“DES MATIÈRES.
tortues franches , fur toutesles côtes
tempérées où elles pourroïient aller
chercher dans les terres des endroits
un peu fablonneux , & élevés au-
deflus des plus hautes vagues, p.90. -
Tortues grecques. Leur accou-
plement, page 241. Tems de leur
ponte, Idem. Leur groffeur, lortf-
qu'elles éclofent, p. 242. Pays où
on les trouve, 14. Il paroït qu'elles
habitent l'Amérique feptentrionale,
_ page 154: Leur grandeur dans les
contrées tempérées de lEu-
rope , eft bien au + deflous de
celle qu'elles peuvent acquérir dans
les régions chaudes de l'Inde, Id.
Tout confirme la douceur de leurs
habitudes, page 154. Dépouille de
deux grandes tortues grecques con-
{ervée au Cabinet du Roi, fdem.
Tortue grecque dont les écailles
étoient verdâtres, page 146. Grofle
tête de tortue grecque , qui fait
partie de la Collection du Roi, Id.
Tortues Marines (les pieds des)
reflemblent à des nageoires, p. 51.
Leurs deux boucliers {e touchent
dans une grande portion de leur
circonférence , Idern. lles ne peu-
vent retirer qu'à demi leur tête &
leurs pattes Un. leur carapace, Id.
Les écailles, qui recouvrent leur
plaftron, forment quatre rangées, Id.
Rapports des Tortues Marines avec
les phoques , les lamantins , &ec.
page 52.
Tortues terreffres (les) de FAmé-
rique Méridionale , font peut-être
différentes de la grecque, p. 243.
On les prend avec des chiens drefiés
à les chafler, Idem. On les nourrit
Nann
650 TA EE
dans des jardins où elles multiplient
beaucoup , Idem. Leur chair eft
d'aflez bon goût, Id. Les femelles
s'accouplent quoiqu'elles n'aient ac-
quis que la moitié de leur gran-
deur ordinaire , page 264.
Triangulaire. (Lézard ) Ses carac-
tères diftinétifs , page 407. On le
trouve en Égypte, Idem. |
Trois-doigts. ( Salamandre ) Sa
defcription, page 496. :
Troupes. Dans tous les pays où
Phomme n'eft pas en aflez grand
nombre pour contraindre le croco-
dile à vivre difperfé, cet animal va par
troupes nombreufes , page 220.
M. Adanfona vu fur la rivière du
Sénégal, des crocodiles réunis au
nombre de deux cents, Idem. L'at-
troupement des crocodiles n’eft
oint le réfultat d’un inftin@ heu-
reux , Idem. Il eft cependant une
nouveile preuve du peu de cruauté
que l’on doit attribuer à cesanimaux,
Idem.
Tubercules placès audeflous des
cuifles de lIguane , page 273. On
compte quelquefois plus de vingt
Tubercules , fur la face intérieure
des cuifles du lézard gris, p. 300.
Forme des Tubercules que lon
voit fur la furface intérieure des
cuilles du lézard vert, page 312.
Tubercules qui {e trouvent au-
defous des cuifles du lézard ga-
lonné, page 334.
Tupinambis. Contrées qu'il ha-
bite , page 241. Sa defcription ,
page 253 © Jui. Ses habitudes,
Page 253. On à cru qu'il avertifloit
l'homme de la préfence du croco-
dile , page 254. Sa chair eft fuc-
culente, Îiem.
Æ
V’arrez ou Harpon. Manière de
harponner Îes tortues franches ,
PAa£e 73:
Venin. L'on ne peut regarder,
comme venimeux,, qu'un très. petit
nombre de Quadrupèdes ovipares,
p.42. L'abondance des fucs mortels,
paroît d'autant plus grande dans les
êtres vivans , que leurs humeurs font
moins échauflées , & que leur orga-
nifation intérieure eft plus fimple,
Îdermn.
Vermillon ( la Tortue ) habite
au Cap de Bonne - Hfpérance ,
page 166. Worm en a nourri une
dans fon jardin, Id, Elle eft très-
petite, Idem. Les écailles de fa
carapace font agréablement variées
de noir, de blanc, de pourpre, de
verditre, & de jaune, Idem. Sur le
fommet de la tête, s’éleve une pro-
tubérance d’une couleur de Ver-
millon, Idem. Il paroît qu'on doit
lui appliquer ce que rapporte Kolb,
de la tortue de terre du Cap,
page 167. Il paroït qu'on rencontre
la Tortue Vermillon dans la partie
feptentrionale de l'Afrique, p. 168.
Vert. ( Lézard ) Ses alimens,
page 313. Sa manière d'attaquer,
pag 314. I paroiït qu'il n’eft point
venimeux , {derm. Endroits où on
le trouve, page 314. Delcription
d’une varièté de cette efpèce com-
mune aux environs de Paris, p. 326.
Defcription & habitudes d’un lézard
_}g
4
DES MATIERES.
d'Amérique quia de grand rapports
avec le lézard vert, page 317
Juivantes. Defcription d'un [ézard
de Sardaigne qui a aufli beaucoup de
rapports avec le vert ,page 320.
Vert. ( Crapaud) Sa defcription,
page 486. Ses liqueurs corrofives,
Îdem. |
Vertèbres. Les tortues ont huit
Vertèbres du cou; les crocodiles
en ont fept ; prefque tous les lézards
n'en ont jamais au-deflus de quatre ;
& tous les Quadrupèdes ovipares
fans queue en font privés, p. 23.
Voie. Les lézards , les gre-
nouilles , les crapauds ni les raines
n'ont pas de veflie proprement dite,
page 14. Les tortues ont une très-
grande Veflie, page 49.
Veffies aëriennes. On peut juger
par les Veflies aériennes que l’on
voit nager fur les étangs , que le
fond eft habité par des tortues
bourbeufes, page 125.
Veffies à air. Les mâles des gre-
aouilles ont de chaque côté du cou,
PRE
F
6ST
des Veffies qu'ils peuvent gonfler à
volonté, page £11.
Voracité. 11 paroït que là vora-
cité & la hardiefle des crocodiles
augmentent, diminuent, & même
pafient entièrement, fuivant le cli-
mat, la taille, l'âge, l'état de ces
animaux, la nature & fur-tout l'abon-
dance de leurs alimens, Page 217.
On ne doit pas penfer que la femelle
du crocodile , conduit à Peau fes
petits, lorfqu'ils font éclos, & que
le mâle & la femelle dévorent ceux
qui ne peuvent pas fe traîner, F4.
Umbre. Defcription du lézard
Umbre, p. 364.
Z.
L'or TORRIDE. On ne trouve
la plupart des tortues de mer, les
crocodiles & les autres grandes
elpèces de Quadrupèdes ovipares ,
que près des Zones torrides, ou
du moins à des latitudes peu éle-
vées , tant dans l’ancien que dans
le nouveau continent , page 22.
DE L'IMPRIMERIE DES BATIMENS DU ROL
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DAV TS TON,
Les doigts très-inégaux, & alongés en forme
< de nageoires.
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MesPÈcEs. [caracrèREs.
rememmerethssEpe tr phhé ect ienene
n feul ongle aigu aux pieds
TORTUE FRANCHE. Un feul ongle aig P
ï rtes fur la
AILLE- VERTE Des écaïlles ve
+ NASICORN . Un tubercule élevé fur le
Les écailles du difque LR
cées au-deffus les unes des |
autres, comme les ardoïfesiT. ROUGKATRE. {a Du jaune rougeâtre fur la
La carapace de confiftance
de cuir, & relevée par cinq
arêtes longitudinales.
FO CRC OON
PREMIÈRE CLASS
PREMIER GENRE.
FORMES.
Le corps couvert d'une carapace.
ni DIVISION.
Les doigts très-courts & prefque égaux.
ESPÈCES ÎCARACTÈÉR ES.
La carapace noire , les écail-
T. BOURBEUSE. ! les ftriées dans {eur contour»
& pointillées dans le centre.
T RowWDzx.. | La carapree aplatie & ronde.
Drouse aigus aux piedsËt px RAPÈNE.. 4 La carapace aplatie & ovale.
]
La queue auffi fungue que
T. SERP&NTINE.{ la carapace qui paroit dé-
coupée par derrière en cinq
pointes aiguës.
tête & fur le plaftron.
La carapace relevée par
trois arêtes Îongitudinales,
T. SCORPION... les cinq écailles du milieu du
difque très-alongées , le plaf-
tron ovale.
pets
T. JAUNL.. À La carapace verte, Ti
ë dé taches jaunes.
: La carapace fouple & fans
de EE écailles proprement dites. -
È La carapace très-bombée,
T. GALCQUE.. Lesbords très larges, les doigts
recouverts par unè mem-
brâne.
Rerpenee
Des rayons jaunes qui fe
réuniffent fur chaque écaille,
à un centre de la même co#-
leur.
T. GÉOMÉTRIQUE. :
|
] ———
Les écailles de la carapace
blanchâtres & préfentant de
très-petites bandes noirâtres,
celles du milieu du difque
relevées en arête, le plaftron
ce jeton pardevans
T. RASOYEUSE.
T. WENTXLÉE. .2 forme de cœur, les bords de
cette couverture très-den-
telés.
mt
|
La carapace très convexe,
T. BOMBÉE... . les écailles verdâtres rayées
de jaune, le AE RICOn ovale.
Les écailles de 1 de la carapace |
de pourpre, de verdâtre &
de LS
La carapace Pc etancres par- |
T, COURTEQUEUEZ, À devant, les écailles de cette |
& pointillées dans le milieu.
T. CHAGRINÉE.S
T. ROUSSATRES) La couleur roufâtre, fa
carapace aplatie, les écailles
1 minces.
T. NoIRATRES La couleur brune-noïrâtre,
| douces au toucher:
PERS Tru date re ESA AS. 7. PTT JATTE : M ele
ont vo nm rt rm etre 2 ares
:DRAGONNE.:.
NLARGr-DOIGTS.
La carapace un peu en LD EL etes en zrêre, le deffus de a
Ù
T. rares de noir, de blanc, |
)
collverture bordées de firies À
Le difque offeux & chagriné. |
les écailles épaifles & très- 8
FE}: DTIVES FO.
de devant.
CARAETÈRES.
e
ESPÈCES.
Quatre doigts palmés aux
pieds de derrière , la couleur
EE vert His
noire.
Quatre doigts palmés aux
GaAyIïial£. |
pieds de derrière, les mà.
choires très- étroites & très” L. PORT£Z-CRÊTE..
alongées,
| GECURE
Cinq doigts palmés aux
À pieds de derrière.
l Cinq doigts féparés aux
{ pieds de derrière, des écailles
fur la queue.
«
ua de très-petits grains
“Aruberculeux, & non rele-
Des doigts féparés à chaque
pied, les “écailles ovales, en-
TUPINAMBIS:.
jee en forme de crête.
Une arête, faillante ss
deffus des yeux, des écailles
Le SOURCILLEUX: * Leleyées en ne de crête,
depuis fa tête jufqu’au bout
de la queue.
—
Deux éminençces au-deffus
TÊTE-FOURCHUE. . 1
de Ja tête.
ee
Une membrâne fous Îe
cou, lavant dernière articu-
lation de chaque doigt plus
large que les autres.
Deux grandes taches noi
L BIMACULÉ. A râtres fur les épaules.
Deux firies fur Îe dos, {es
côtés du corps pliffés & re
RÉ ne
queue relevé par une double
faillie.
TR AUTRE 2 a NN ut M TS
DIT VISIO N.
La queue aplatie, cinq doigts aux pieds {La queue ronde, cinq doigts à chaque pied, & desiL
écailles élevées fur le dos en forme de crête.
Une poche fous le cou,
des écailles relevées en forme
de crête fous la gorge, & de-
puis Ja tête jufqu” au bout de RIT
Une poche fur a tête.
relevéæelCoORDYLE......
Une membrâne très-
& une forte de crête écail-
leufe au-deffus de {a queue.
Des écailles relevées au-ÎL. HEXAGONE.:
deffous des ouvertures des
oreilles, & depuis la tête
jufqu’au milieu du dos; lel À 11 & 1 va
(écris des HU noir.
elevées en forme de crête
Des ta relevées ent
forme de crête au-deflus de IL. LION
la partie antérieure du dos,
celles qui garnifient{e derrière
de Ja tête tournées vers le
AG AMB 5 000 ve
AL GALONNÉ....
k
;
! à
ELLE DEV ÉSTON.
devant, des bandes écailleufes fous le ventre.
Î
PRG EREINSEET Er { La couleur grife, de grandes
plaques fous | le cou.
La couleur verte, de gran
des plaques fous le cou.
see.
longues écailles terminées enlp \z ur f.
épines alongées, & qui for-
Er des anneaux larges &
Fine
arêtes trèés-vives.
cou.
I
f Troïs raies blanches &
Te ne R ré raies noires de chaque
ôté du dos.
blanc.
ee
Nota. Nous n'avons pas vu 1
famons qu'il a des bandes écaill
n’en avoit point » il faudroi
divifion, après le Téguixin,
’hexagone , nous pré-
eufes fiur le ventre. Péri
)
)
[ir a queue garnie de très-
: La queue préfentant fix
La couleur gvife ou verte,
e ... is grandes écailles fous le
Depuis fepç jufqu’à onzel LGIRE.
bandes blanchâtres furle dos,
les cuiffes mouchetées de
t Le placer deas la quatrième
RTE TT ACTA + RAR ASS SONY LIRE AE AG LS OUEN 20 KIA TETE
DSL PTE NA po ARR 22 Re € Mb nt à ae Me ln act 0 at ART entier Es s 3
SECOND GENRE
L'EtZe RDS
Le corps fans carapace.
ENV, DEV TS Fox.
devant, fans bandes écailleufes fous le ventre.
ssrèces| [camacrères ESPÈCES. jearacrenrs ESPICES|CARACTÈRES
Les doiots réunis trois à
trois, & deux à deux par
une membrâne.
CAMÉLÉON..
Pt
Cinq raies jaunâtres fur le
dos, la queue bleue.
QUEUE-BLLUE.
Des écailles pointues, le
dos bleu.
La eouleur orfe , mrquée
à de points roufsâtres, des ver-
rues fur le corps.
Une callofité fur Pocciput,
un pli fous la gueule.
GRISON..
LS
E
L:]
"1
wi
mn AN nn, — em
a
Deux plis fous la gueule,
deux verrues garnies de
pointes derrière les ouvertu-
res des oreilles.
(on
“
te
+
(2)
æ
E
ne
Quatre raies jaunes fur le
dos.
Tout le corps garni de
tutercules aigus , la queue
coaverte d’anneaux dentelés
S T E L L I O N.
Tout le corps garni d’é-
cailles qui fe recouvrent
comme les ardoifes des toits.
la mâchoire fupérieure plus
avancée que l’inférieure.
CINQUE.
Tout le corps garni d’é-
caïlles qui fe recouvrent
comme les ardoifes des toits,
la mâchoire inférieure auffi
avancée que la fupérieure,
la queue plus courte que le
corps.
MABOUYA..
—— ln SE PEL OR AMIE PRE RE CURE
Tout le corps garni d’é-
caïlles qui fe recouvrent
L Don É....) comme les ardoifes des toits,
une raie blanchâtre de chaque
côté du dos, la queue plus
longue que le Corps...
Le corps arrondi & garni
LAPS re
Le ET de pointes aiguës.
SHRIEÉ Te tête, cinq raies Jaunes fur
1
f
{ Six raies jaunes fur fa
Fe corps.
la gorge, le deflus des ongles
noir, la queue relevée par
aps arêtes + longitudinales.
L. MARBRÉ.
La couleur EX feuille morte,
marquée de taches jaunes &
noirâtres, une petite mem-
brâne de chaque côté de
l’extrémité des doigts.
Des écailles relevées en
forme de petites dents fous
RSOSON TEE |
La couleur verte, une véfi-
ROUGI-GORGE.! cule rouge fous [a fous Ja gorge.
brun , une poche couverte
de petits grains rougeâtres
fous a gorge.
Ù La couleur eur grife mêlée de
L. GOITREUX. À
Plufieurs plis le fong des
côtés du corps.
Re
L’extrêmité de la queue en
forme de pyramide à trois
faces.
TÉGUIXIN.
L. TRIANGULAIRE
DOUBLE-RAIE.! & fix rangées de points noi-
râtres fur le dos.
De petites plaques écail-
leufes au bout des doigts.
|
f
|
Deux raies d’un jaune fale,
|
SPUTATEUR. {
eee rmenéemne— |R
Nota, Comme en n'avons pas vu la queue bleue,
Pazuré ; le grifon, l'umbre, ni le pliflé, nous pouvons
feulement préfumer, après ‘les defcriptions des Auteurs,
aa ces cinq lézards n'ont point de bandes écailleufes
ur le Ventre, S'ils en avient, il faudroit les placer
dans la troifèmç divifon , à la fuite du galonné,
RSR UT en era
= ASE 2 RE AIDE RE CET
DIVISION.
a queue ronde, cinq doigts aux pieds delLa queue ronde, cinq doigts aux pieds delLes doigts garnis pardeflous de grandes écailles|T rois doigts aux pieds de devant & aux pieds
_qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits.
DIT VES TON DIVISION.
Trois ou quatre doigts aux pieds de devant, quatre
ou cinq doigts aux pieds de derrière.
DE VIT S RON
Des membrânes en forme d'ailes.
or
|
ESPÈCES. jonmacrèss EH SP EC. ES.
ESrÈCEs CaRACTÈRES.
ESPÈCES. jearacrères
mo
|
ESPÈCES, pr
Re en
Des tubercules fous Îes
cuiffes, de trés-petites écailles
difpofées fur fa queue e
bandes circulaires.
Les écailles placées les
La queue ronde, des taches
unes au-deffus des autres.
ne marquées de points
Trois poches alongées &ls, LAMANDR :
.GRENOUILLE
pointues fous la gorge.
DRAGON. |
COMMUNE:
TERRESTRE.
EE CRT EE Les écailles difpofées en
ÉRRIE
a queue garnie pardeffus |
ei d’une mem-
ae verticale.
Le deffous des cuiffes fans Îs. à QUEUE PLATL.
Le deffous du corps & de
la tête très aplatis, la queue
garnie des deux côtés, d’une
$. PONGTUÉEZ..)] Deux me se points blancs
G. PLUVIALL---] Je deffous de fa partie pofté-
)
QuaTRERAIES{ Re ER jaunes fur fe |
De grandes écailles & des |} RER
SARROUBÉ ongles “recourbés au - deflous |
Trois doigts aux pieds de PC: BORDÉE."-..
ÎTRots- -DOYG TS. devant, quatre doigts aux ||
pieds de derrière. | G. RÉTICULAIRE..
PATTE-D’OIE...
_ ÉPAULE ARMÉE.
G. MUGISSANTE.
(l
_G: PERLÉE....e. [reitss grains rougeâtres fur le
, Les cuiffes ftriées obli-
À
SECONDE CLASSE,
Quadrupèdes ovipares qui mont point de queue.
PREMIER GENRE. SECOND GENRE. | TROISIÈME GENRE.
GRENOUILLES. RAINES. CR AP
. La tête & le corps alongés, l'un ou fautre Le corps alongé, des pelottes vifqueufes |
anguleux. fous les doigts. Le corps ramaflé & arrondi.
CARACTÈRES|ESPÈCES [CARACTÈRES] ESPÈCES.
RE
|
La couleur verte, trois Le dos vert, deux raies
raies jaunes le long du dos ÎRAïINE VERTE jaunes bordées de violet, & U D .
Le: deuxextérieuresfaillantes.| 0 comMunNE. À di s'étendent depuis le nue
[ feau jufqu” aux pieds de der- |
La couleur rouffe, une rière. Dre
tache noire de chaque côté, | co.
entre les yeux & les pattesiR. BOSSU E..... -{ une boffe fur le dos. |
de devant.
| La couleur brune, des' Le ON-VERT. {
{ Des verrues fur le corps, [R+ BRUNE--.....: {rubereules fous es fous les pieds. |
euné dei | La couleur blanch
oints. a couleur blanche \
| ED ae BR. COULEUR] bleuâtre-pâle, des bandes C. BRUN........
La couleur noire, le deffus DE LAIT. es fur le bas-ventre.
du corps hériffé de points
faillans, un pli tranfverfaliR, rLUTEUSE. : Des taches rouges fur le |
fous le cou. dos. À
| | CALAMITE...,.
Une bordure de chaque La a ee jaune, le plus
{ côté du corps. , fouvent un file de point roux;
fl ÎR. oRANGÉE.. de chaque côté du dos qui! |
Le deffus du corps veiné,ÿ ‘ eft quelquefois panaché de ©, c o uLEuRr
Îles doigts féparés. rouge. DE _ U. {
j Les doigts de chaque pied La Se rouge, quel- |
j réunis par une membrâne. Î[R. ROUGE...... au deux raies jaunes le
a long du dos.
Un bouclier charnu fur
chaque épaule, quatre gros
boutons à la partie poftérieure
du corps.
|
f Des tubercules fous toutes
les phalanges des doigts.
É ta tête triangulaire , de
La couleur verdâtre mou-
Prpa. cote seen
quement par derrière,
Quatre ou cinq lignes lon-
oitudinales & relevées fur le
dos,
C CORNU......
<
AGUAe-rontessetes
CARACTÈRE S.)
rein, au-deflus de chaque ÿ
oreille,
d’épines fur les doigts, des
C. Re
Lait far le dos.
gorge, les deux doigts exté-|
rieurs des pieds de devant
réunis,
{ |
CROIS SUR. ree _
C. GOITREUX.. |
pâle & dentelée fur le dos À
qui eft convexe en forme de Ÿ
bofe, à
plate, les yeux très-petits &
trés-diftans l’un de Pautre.
(
Ris relevées en forme dei
pete Ride
ef js & prefque couleur:
LE feu.
£. marrasf
|
AUD 5:
Un tubercule en forme deë
Des taches vertes bordées ?
de noir, & réunies plufieurs à
enfemble.
Des lignes vertes en forme :
de rayons. Ï
La peau life, de grandes ‘|
taches brunes, un fiux- ongle à
fous Ja plante des pieds de
derrière.
|
Trois raies jaunes ou rou- à
geâtres Île long du dos, deux :
faux. ongles fous chaque pied j
de devant.
Le dos d’une couleur oli-!
vâtre très-foncée, & tachetée.
de noir.
Des tubercules en forme
Un gonflement fous la
Une bande longitudinale à
La tête très- re & très- 1
Les paupières fupérieures :
Le dos gris, femé de taches
Le dos marbré de rouge & :
de jaune cendré, le ventre 4
jaune moucheté de noir.
Le dos moucheté de brun, à
€. CRIARD.... -4{es épaules relevées & très-}
por ufes, cinq doigts à cha: è
Es pied. î
{
j 3
y
4
x
Si
+"
VZ SHARE GE 4 SAS
REPTILES BIPÈDES.
PR ENTAREE A
D'I V:I SEON DIVISION.
Deux pieds de devant. Deux pieds de derrière.
lEsPÈCEs. [CARACTÈRES | Espèces. |cARACTÈRES. ll
Des demi-anneaux
fur le corps & fur le
IBIPÈDE CANNELÉ. Ÿ
Un filon lonoitudinal | 4.
de chaque côté du is
corps, les trous auditifs if
aiez grands, fa queue |}
au moins auffi longue |}
ntiers fur fa queue SHELTOPUSIK.
qui eft très-courte.