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Full text of "Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares et des serpens"

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[ISTOIRE 
NATURELLE 
DKS QUADRUPÈDES OVIPARES 
_ ET DES SERPENS. 


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(TOME PREMIER. 


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NATURELLE 

DES QUADRUPÈDES OVIPARES 
ET DES SERPENS. 

pan Mises Courx DE LA CEPEDES 


GARDE du Cabinet du Roi; des Académies & Sociétés Royales 
de Dijon, Lyon , Bordeaux, Touloufe , Metz, Rome, 
Stockolm, Hefñle-Hombourg , Hefle-Caffel, Munich, &c. 


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A FARLS, 
HÔTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS. 


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Sous 1E PRIVILEGE DE 1° Acanémie Roy Arr Des Scrences. 


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AVERTISSEMENT. 


M. re Comre De Burrox travaillant, dans 
ce moment, à l'Hiftoire des Ceétacées, ainfi qu’à 
compléter celle des Quadrupedes Vraie & 
des Oifeaux, defirant de voir terminer l'Hiftoire 
Naturelle sr & particulière, & fa fanté 
ne lui permettant pas de s'occuper de tous 
les détails de cet Ouvrage immenfe dont 
fon génie a concu le vafte enfemble d’une 
maniere fi fublime , & exécuté les principales 
parties avec tant de gloire , a bien voulu me 
charger de travailler à l’'Hiftoire Naturelle des 
Quadrupédes Ovipares & des <a à que je 
nee aujourd'hur. 


EXTRAIT DES REGISTRES 
DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES, 


ne + a 
Du 25 Juillet 1787, ee 


Nous avons été nommés Commiffaires , M. Fougeroux, 
M. Brouflonnet, & moi, par l'Académie, pour lui 
faire le rapport d’un Ouvrage, qui a pour titre: 
Hifloire Naturelle des Quadrupèdes ovipares, par M. le 
Comte de la Cepède., 

L'Auteur préfente, à la tête de fon Ouvrage, une 
table méthodique de tous les Quadrupèdes ovipares 
dont il traite : il a choifi pour la compofer des carac- 
tères faillans , que les changemens de température , ou 
divers accidens , ne peuvent faire varier, qui fe trouvent 
dans le mâle, comme dans la femelle, dans les Jeunes 
animaux , comme dans Îles adultes, & qu'il a reconnus 
en examinant & en comparant attentivement un grand 
nombre d'individus de différentes efpèces de Quadru- 
pèdes ovipares , & les defcriptions d'un grans nombre 
d'Auteurs, 

M. le Comte de Ia Cepède à divifé l'ordre entier 


(7) 
des Quadrupèdes ovipares en deux grandes clafes; il 
a placé dans la première tous les Quadrupèdes ovipares 
qui ont une queue, & dans la feconde ceux qui n'en 
ont point. 

_ Ha établi deux genres dans la première claffe , celui 
des Tortues, & celui des Lézards, qui différent l'un de 
l'autre, en ce que les premiers ont le corps couvert d'une 
carapace offeufe & folide, que lon ne trouve fur aucun 
des feconds. 

Le genre des Tortues renfermant des efpèces dont la 
conformation & les habitudes préfentent des différences 
très-fenfibles, & M. le Comte de la Cepède, donnant 
la defcription de plufeurs efpèces nouvelles de ces ani- 
maux , il a cru devoir partager ce genre en deux divi- 
fions, pour lefquelles il a affigné des caraétères conftans, 
aifés à faifir, & d'après lefquels on pourra diftinguer les 
efpèces d'une divifion d'avec celles d'une autre, même 
en ne voyant que le carapace & le plaftron. 

Dans la première divifion, qui comprend les tortues 
marines, font placées fix efpèces, dont deux navoient 
“encore été que légèrement indiquées par les Voyageurs À 
M. de la Cepède a cru devoir les appeller l Écaillé-verte, 
& la Naficorne. Dans la feconde divifion, font les Tor- 
tues d'eau douce & de terre, au nombre de dix-huit 
efpèces , dont quatre étoient encore inconnues, & ont été 


(8) 
nommées par 1 Auteur, la Jaune, la Chagrinee, la Ronf° 
fätre, & la Noirûtre, | 
_ Le genre des Lézards étant beaucoup plus nombreux 
que celui des Tortues, & leur conformation, ainfi que 
leurs habitudes , préfentant plus de différences , 1 Auteur 
a cru devoir former huit divifions dans ce genre. La 


première , comprend le Crocodile, proprement dit, le. 


Crocodile noir, le Gavial, ou Crocodile du Gange, 


qui étoit à peine connu, & dont M. de la Cepède 


montre les rapports de grandeur & de conformition 
avec les autres Crocodiles, ainfi que huit autres efpèces 
de Lézards, La feconde divifion renferme l'Iguane , le 
Baflic, & trois autres efpèces. Dans la troifième divifion , 


font rangés le Lézard gris, le Lezard vert, à fix autres 


efpèces de Lézards. Dans la quatrième , l'on trouve le 


Caméléon, & vingt autres efpèces, dont deux nétoient 


point connues des Naturahftes. M. de la Cepède leur 
a confervé les noms de Mabouya & de Roquet, qu'on 
leur a donnés en Amérique. L'Auteur a placé dans la 
cinquième divifion trois efpèces de Lézards, dont 
‘une étoit encore inconnue, & a été appellée, par 


M. de la Cepède, Lézard à téte plate. La fixième 


divifion comprend le Seps & le Chalcide. L'Auteur à 
cru devoir donner ce dernier nom à un Lézard remar- 
quable par fa conformation, & qui navoit été décrit, 

ni même 


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ni même indiqué par aucun Naturalifle, Dans la feptième 
divifion eft placé le Dragon; & enfin les Salamandres , 
au nombre de fix, forment la huitième divifion. M. de 
la Cepède fait connoître deux efpèces de ces Salaman- 
dres , dont perfonne n'avoit encore parlé. | F 

M. dela Cepède pañle enfuite à la feconde claffe des 
Quadrupèdes ovipares, c'efl-à-dire, à ceux qui n'ont point 
de queue. Il les divife en trois genres, pour lefquels ül 
afigne des caraélères extérieurs , faciles à reconnoître, 
confians , & qu'il a trouvés en comparant attentivement 
la conformation de ces animaux avec ce qu'il a pu 
connoître de fa diflérence de leurs habitudes. 


Le premier genre, uniquement compofé des Gre- 
nouilles, en contient douze efpèces : le fecond genre, 


qui comprend la Raine-verte d'Europe , & toutes les 
autres Raines, préfente fept efpèces; & dans le troifième 
genre, qui termine l'hiftoire des Quadrupèdes ovipares, 
font placées quatorze efpèces de crapauds. 

L'Auteur ne seft pas contenté d’avoir obfervé plus 
fieurs Quadrupèdes ovipares vivans, & d'avoir examiné 
avec foin plufieurs individus de la plupart des efpèces 
dont il traite; il a recueilli les principales obfervations 
des divers Auteurs qui ont parlé des Quadrupèdes ovi- 
pares; 11 a d'ailleurs fait ufage d’un grand nombre de 
notes manufcrites , qui lui ont été communiquées par 

Quadrupedes, Tome I, B 


(10) 


plufeurs Naturaliftes de divers pays, & dont Ia plupart | su 
avoient voyagé dans les contrées où les Quadrupèdes | ji 
ovipares font le plus communs. ' | | 
. M. le Comte de la Cepède fait connoïtre pres de | à 
vingt efpèces, dont aucun Auteur navoit fait mention, | de 
ou qui n'avoient été ni claflées, n1 comparées avec foin. | . 
T1 préfente en tout la defcription de cent-treize efpèces [ ja 
de Quadrupèdes ovipares. : | je 
Mais il paroît s être attaché principalement à fimplifier | u 

la fcience, & à diminuer le nombre des efpèces arbi- : [ 
traires que l'on avoit admifes ; il a cherché avec foin | di 
Jinfluence du climat, de l’âge, du fexe & de la faifon | re 
fur les diverfes efpèces, pour ne regarder que comme | ls] 
des variétés les individus dont les différences ne font pas nl 
aflez grandes , ou aflez permanentes , pour conflituer | C 
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| 
| 
une efpèce; & il eft tel article où l'Auteur a rapporté Il 
à la même efpèce cinq ou fix individus, confidérés par | U 
| 
| 


certains Naturaliftes comme autant d'efpèces diftinéles. | a 
Chaque article comprend la lifle, non-feulement des | te 
: noms vulgaires attribués à l'animal dans les divers pays, | (up 
& par les différens Voyageurs, mais encore des noms | ds 
méthodiques qui lui ont été donnés par les Natura- ll 
lifles. | | 4 
On trouve, dans T'Ouvrage de M. de Ia Cepède, fa | . 
mefure & les proportions des diverfes parties du corps, | 


| (xi) 
pour un grand nombre de Quadrupèdes ovipares. H 
a tâché, de plus, de joindre à la defcription de chaque 
efpèce , l'hiftoire de fes habitudes ; il traite de l'endroit 
où on la trouve, du tems de laccouplement, de celui 
de 11 ponte, du nombre & de la forme des œufs, de la 
durée de l'accroifflement, de la longueur de la vie, de 
la manière de fe nourrir, de fe défendre, &c.; & pour 
faire mieux connoître les Quadrupèdes ovipares , ïl 
montre les rapports de forme & d'habitudes que les 
diverfes efpèces ontles unes avec les autres, & même avec 
des animaux d'ordres plus ou moins diflérens. Mais, pour 
éviter les répétitions ,il ne traite d'une manière étendue que 
des principales efpèces de chaque divifion, & il ne parle 
que des différences que les autres préfentent. 

Ce qui concerne chaque genre eft précédé de Tex- 


poñtion des traits généraux qui le caraélérifent, & 1 Ou- 


vrage commence par un Difcours, où la conformation 
extérieure, les principaux points de Îa conformation 
intérieure , & les habitudes communes à tous les Qua- 
drupèdes ovipares, font préfentés & comparés avec ceux 
des autres animaux : c'eft le réfultat général des obfer- 
vations faites ou recueillies par M. de la Cepède, & le 
tableau de leurs rapports. nas 

À la fuite de Thifloire des Quadrupèdes ovipares, 
M, de la Cepède donne la defcription de deux animaux , 

| Bÿ 


(123 
qu'il nomme Reptiles bipèdes, qui n'ont en eflet que deux 
jambes , au lieu de quatre, & que 1'Auteur croit devoir 
placer entre les Quadrupèdes ovipares & les Serpens, 
dont il fe propofe de préfenter inceffamment l'hifioire 
à l'Académie. Le premier de ces deux animaux na en- 


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core été indiqué par aucun Auteur; on la envoyé du 
Mexique; le fecond a été décrit par M. Pallas. M. de 
la Cepède fait voir qu'on ne peut pas regarder ces ani- 
maux comme des monftres, puifqu'ils font en très-grand 
nombre dans les pays où on les trouve. D'ailleurs 1 Au- 
teur, en comparant la conformation du Reprile bipède, 
qu'il a reçu du Mexique, avec celle des Lézards & des 
Serpens, montre qu'il diffère, par la forme de fa queue, 
ainfi que par l'arrangement & la figure de fes écailles, 
de tous les lézards, & particulièrement du Seps & du 
Chalcide , avec lefquels il a le plus de rapports; & par 
conféquent il ne croit pas devoir le regarder comme un 


monftre par défaut, ou comme un lézard qui auroit 
perdu deux de fes jambes. Î ne croit pas non plus devoir 


_ le confidérer comme un monftre par excès, ou comme un 


Serpent, qui, par une forte de monftruofité, feroit né avec 


deux jambes, parce que les jambes du Bipède du Mexique, 
fes pieds, fes doigts, les écailles qui les recouvrent, fes 


ongles, &c. préfentent la fymmétrie la plus régulière, & parce 
que ce Bipède differe de tous les Serpens connus par l'arrange: 


| (13) 
ment de fes écailles. M. Pallas a auffi prouvé que le 
Bipède, dont il a donné la defcriprion dans les Mé- 


moires de Péterfbourg ,ne pouvoit être regardé, ni comme 
un Lézard, ni comme un Serpent monflrueux. 
M. le Comte de la Cepède fait voir, dans l'article où 


il traite des Bipèdes, quexcepté celui que M. Pallas a 


décrit, & celui qu'il a reçu du Mexique, tous les Reptiles 
bipèdes , mentionnés jufqu'à préfent par les Naturaliftes, 
ne font que des larves de Salamandres, ou de Lézards, 
tels que le Seps & le Chalcide, nés monftrueux , ou 
privés de deux pattes par quelqu'accident. 

L’Auteur a joint à fon Ouvrage, le deflin des prin- 
cipales efpèces de chaque divifion, & fur-tout de celles 
qui ne font pas encore connues , ou qui ne le font 
qu imparfaitement. 

Quant à l'exiftence des Reptiles bipèdes, nous ne por- 
terons aucun Jugement à ce fujet. Nous croyons que, pour 
admettre ces animaux comme des efpèces conflantes, 1l 
faudroit avoir des obfervations & des preuves plus mul- 
tiphées. . 

L'Ouvrage de M. le Comte de Ia nid nous a 
paru fait avec autant de foin que d'intelligence. I y a de 
la clarté & de la précifion dans les defcriptions; les ca- 
raClères des clafles, des genres & des efpèces, font bien 
contraftés : la partie hiftorique, eft faite avec difcerne- 


(ad) 


ment, L'Auteur na pas négligé de rendre fon ftyle Z 
agréable, pour donner quelquattrait à des détails fafti. 1 


dieux, & fouvent dégoûtans, par la nature de leur objet, 
Nous penfons que cette Hiftoire Naturelle des Qua- 


22 FE il me à RER à 7 RE ; 
ne D CalR MES DS Le CM At —— - Dr au : x 


drupèdes ovipares mérite d'être approuvée par l'Acadé. || 
mie, & imprimée fous fon Privilége. | fu 
| EE 
; | : : 1 me 
Fait au Louvre, le 25 Juillet 1787, D'AUBENTON, | 
FoucEroux DE BONDAROY, BROUSSONNET. | . 
| ER 
1} Dir 
_ Je certifre le préfent Extrait conforme à l'original, & | Là 
au jugement de l'Académie. À Paris, le 25 J'uillèt 1787 fe 
_ ht 


Signe, Le Marquis DE CoNDORCET, | Ai 


TABLE DES ARTICLES 


Contenus dans ce Volurne. 


Eiruicanten de plufieurs planches 
de ce Volume. 

Table méthodique des Quadru- 
pèdes ovipares, en françois. 
Table méthodique des Quadru- 

pèdes ovipares, en latin. 
Difcours fur la nature des Quadru- 


pèdes ovipares, page 1 
Les Tortues, 45 
Tortues de mer ; 64 
La Tortue franche ; Tiem. 
La Tortue Ecaille-verte ; 92 
La Caouane, 95 
La Tortue Nafcorne , 202 
Le Caret, 205 
Le Luth, 212 
Tortues d'eau douce & de 

terre , 118 
La Bourbeufe , Idem. 
La Ronde, 1226 
La Terrapène ; : 129 
La Serpentine, ; 297 
La Rougeître, - 132 
La Tortue Scorpion; 133 
La Jaune, 275 
La Molle, 137 
Lai Grecque ou la Tortue de 
… "Éric commune ; > :! 142 
La Géometrique ; ne 2 0 
La Raboteufe, 161 
La Dentelée, 163 


La Bombée, 164 


La Vermillon, 

La Courte-queue ; 
La Chagrinée, 

La Rouflître, 

La Noirître, 

Des Lézards, 

Les Crocodiles ; 
Le Crocodile, 

Le Crocodile noir : 
Le Gavial, 

Le Fouette-queue ; 
La Dragonne, 

Le Tupinambis, 
Le Sourcilleux, 
La Tête-fourchue,; 
Le Large-doigt , 
Le Bimaculé, 
Le Silloné, 
L'Tguane , 

Le Bañlic, 

Le Porte-crète ; 


- Le Galéote, 


L'Apame, 

Le Lézard-priss 
Le Lézard-vert , 
Le Cordyle, 
L'Hexagone, 
L’Améiva, 

Le Lion, 

Le Galonné ; 

Le Caméléon ; 
La Queue-bleue ; 


| page 


266 
269 
27t 
173 
17% 
276 
282 
288 
233 
234 
240 
243 
251 
257 


RC 


263 
264 
266 
267 
284 
287 
LOZ 
296 
298 
309 
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16 TABLE DES MATIÈRES. 


L'Azuré, page 362 
Le Grifon, 363 
L'Umbre, 364 
Le-Piiie. 365 
L'Algire , :: 407 
Le Stellion , 369 
Le Scinque, 373 
Le Mabouya, 2378 
Le Doré, 384 
Le Tapaye, 390 
Le Strié, : 393 
Le Marbré, 394 
Le Roquet, 397 
Le Rouge-gorge ; 4OI 
Le Goïtreux, 402 
Le Téguixin, 40% 
Le Triangulaire , 407 
La Double-raie, 408 
Le Sputateur 409 
Lg Gecko, -: : 413 
Le Geckotte, 420 
EL Fetephte, 426 
Le Seps, 433 
Le Chalcide, 443 
Le Dragon, 447 


La Salamandre terreftre, 455 


La Salamandre à queue plate, 477 


La Ponctuée, 
La Quatre-raies , 
Le Sarroubé, 
La Trois-doists, 


492 
492 
493 
496 


Des Quadrupèdes ovipares qui 
n'ont point de Queue, 498 


Grenouilles, 


Le 


La Grenouille commune, Idem. 


La Roufle - 
La Pluvile, 
La Sonnante : 


_428 
534 
535 


La Bordée, 


La Réticulaire, 


La patte-d'oie, 
L'épaule-armée, 
La Mugifante, 

La Perlée, | 
La Jackie, 

La Galonnée ; 
Raines, 

La Raïne-verte ; 

La Boflue, 

La Brune, 

La Couleur-de-lait ; 
La Fluteule , 
L'Orangée, 

La Rouge, 
Crapauds, 

Le Crapaud commun ; 
Le Vert, 

Le Rayon vert, 

Le Brun, 

Le Calimite, 

Le Couleur de feu, 
Le Puftuleux , 

Le Crapaud goitreux, 
Le Bof, à. 

Le Pipa : 

Le Cornu, 
L'Agua, 

Le Marbré, 

Le Criard, 


* Reptiles Bipedes; 


Le Canneké, 
Le Sheltopuñk , 


page 536 


437 
538 
539 
54t 
545 
547 
549 
580 
Idem. 


Table alphabétique des noms 
donnés aux Quadrupèdes 


OVIPATES ; 620 
Table des matières, 626 
Explication 


Explication de quelques Planches de ce Volume. 


L'A TORTUE FRANCHE. 
Planche première, page 54. 


Le deffein à été fait d'après une 
tres-jeune Tortue, très-bien con- 


fervée, à laquelle on a fuppofé une 


longueur de fix pieds, pour donner 
une idée de la grandeur de l'ani- 
mal adulte dont la tête eft mois 
groffe en proportion du corps que 
dans la figure, & dont le difque 
préfente communément une ou 
deux écailles de plus que celur des 
très-jeunes Tortues. | 


LA TORTUE ROUSSATRE. 
Planche douxième , page 173. 


La Tortue eft reprélentée fans 
queue, parce que cette partie n’avoit 
pas été confervée dans l'individu 
que nous avons fait deffiner. 

L'AME IV À 
Planche 21, page 328. 


On à repréfenté à part le def 
fous de la tête & d'une partie du 


corps, pour montrer le défaut de 


grandes écailles au-deflous du cou, 
BE SPOUTATEUR. 
Planche 28, page 429. 
On peut voir dans cette Planche, 


Ovipares , Tome I. 


la figure du Lézard envoyé de 
Saint-Euftache avec le Sputateur, 
& que nous regardons comme une 
varièté de cette efpèce. 


LE GECK O, 
Planche 29, page 413. 


On a repréfenté à part & de 
grandeur de nature f dans le format 
in-4.°) le deflous des cuilles, de 
l'origine de la queue & des pieds, 
ainfi que la partie antérieure de 
la langue. 


LA TETE-PLATPE 
Planche 30, page 424. 


On a repréfenté de grandeur 
de nature (dans le format 57-49) 
un des pieds de devant du Lézard 
dont on a montré aufli la tête de 


face. 
LE SEPS 


Planche 31 , page 433. 


On a defliné de grandeur de 
nature / dans le format #n-4.9 ) un 
tronçon de Seps vu par-deflus pour 
montrer la difpofition des couleurs 
que préfente le dos, 


C 


ERRATA. 


Pa GR 17, ligne Ag, fes vapeurs; Life, 
cés vapeurs. 

Page 30, ligne 1 de la note, M. de 
Tourchy; Zifez, M. de Touchy. 
age So, dernière ligne, 

dif, de grandes, 

Page 8e, ligne $, immenfes cétacées ; 
Zifez, énormes cétacées. 

Page 92, ligne s, trop de précaution; 
Lifez, trop ‘de précautions. 

Page 99, ligne 3, fe jetters lifez, fe jeter. 

Page 106, ligne 13% techerchées ;:-lafer, 
recherchés, 

Page 132, ligne x de la note, glanures 
de l’hiftoire naturelle ; lifex , glanures d’hiftoire 
naturelle, 

Page 138, ligne 12, tané; Lifez, tanné. 

Page 146 , ligne 4, celle ; Liféz, la Tortue, 

Page 178, ligne 12, les Fouettes-queue; 
Lifez, les Fouette-queues. 

Page 179, ligne 13, garnis; lifez, garni, 

Page 184, ligne 4, des crocodiles ques 
lifez , des crocodiles, que. 

Page 185, lignes , à celle ;difez à pese 

Page 189 , ligne 22 de la 2ODP 3: AURAS 
Life, tab. 43. 

Page 198, digne 11, les rue lifez s 
les trois doigts. 

Page 220, ligne 15, reflemblent; Zifez, 
raffemblent. 


des grandes ; 3 


life ». 


ee étendu ; Lifez, 


Page nomb:e ; 
nombre à 


Page 


227% ligne. 28 


237; digne 


- étendus, . 


Page 253, ligne 12, formant; lifez, 
forment. 

Page 291, ligne T, à Cayenne ; Life, 
de Cayenne. 

Page. 1273, ligne 11, au-deflüus ; lifez, 
au-deflous. 

Page 3o1, ligne 7, eft par; Lifez, & par. 

Page 318, ligne 3, Gobes-mouches ; ifez, 
Gobe-mouches. 

Page 322, ligne 25 de la note, nous em 
fommes; Zifez, nous nous en fomimes. 

Page 328, ligne o de la note, caudi; liféz, 
cauda. 


Page 2351, ligne 13, revèêtue n’eft points. 
lifez-, n’eft point revêtue. 

Page 356, ligne 16, molafles dZifezs 
mollaffe. 

Paxe “417 , ligne 1s, prètes à; difez, 
près de. 

Page aux, ligne 6, de Geckotte Lifez.. 
de a ittes. 

Page 472, ligne 14, difiinguets Lifez, 
admettre. 

Page 393, ligne 15 ,leQuatre-raies; lifez.. 
Ka Quatre-raies, 


Page 593 , ligne 11, & à l’aide ; lifez , à l’aide, 


HISTORE 


F 
1 
f 


NATURELLE 
DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 


DE: S-CO-U K:6 


Sur la nature des Quadrupèdes ovipares. 


ORSQU'ON JETTE LES YEUX fur Le nombre immenfa 
des êtres organifés & vivans qui peuplent & animent 
le globe, les premiers objets qui attirent les regards, 
font les diverfes efpèces des Quadrupèdes vivipares, & 
des oïifeaux, dont les formes, les qualités & les mœurs 
#nt été repréfentées par le Génie dans un ouvrage ims 

Ovipares | Tome I, À 


" ” 
CE 


SAS 0m TETE TAROT EMPIRE LES 


2 Hisrorre NATURELLE 


mortel; parmi les feconds objets qui arrêtent l’atten- 


tion, fe trouvent les Quadrupèdes ovipares, qui ap- 
prochent de très-près des plus nobles & des premiers 
des animaux, par leur organifation, le nombre de leurs 
fens, la chaleur qui les pénètre, & les habitudes aux- 


quelles ils font foumis. Leur nom feul, en iñdiquant 
que leurs petits viennent d’un œuf, défigne là propriété 


remarquable qui les diftingue des vivipares : ils différent 
d’ailleurs de ces ue en ce qu'ils n'ont pas de 
mamelles; en ce qu'au lieu d'être couverts de poil, 

ils font revêtus d’une croûte offeufe, de plaques dures, 


d’écailles aigues, de tubercules plus où moins faillans, 


ou d’une peau nue & enduite d’une liqueur vifqueufe. 
Au lieu d'étendre leurs pattes comme les vivipares, ils 
les plient & les écartent de manière à être très-peu 
élevés au-deffus de la terre, fur laquelle ils paroiflent 
devoir plutôt ramper que marche C’eft ce qui les a fait 
comprendre fous la dénomination générale de reptiles, 
que nous ne leur donnerons cependant pas, & qui ne 
doit appartenir qu'aux ferpens & aux animaux qui, 
prefqu’entièrement dépourvus de pieds, ne changent de 
place qu'en appliquant leur corps même à la terre (a). 


—{a) Voyez à ce fujet l'excellent Ouvrage fur les Quadrupèdes OVI-. 


pares & fur les ferpens, compolé par M. d’Aubenton , & dont ce grand 
Naturalifte a enrichi l'Encyclopédie méthodique. Nous faiñflons, avec 


émpreflement, cette première occafion de lui témoigner publiquement 


tens 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 2 


Leurs efpèces ne font pas à beaucoup près en auf 
grand nombre que celles des autres Quadrupèdes. Nous 
en connoiflons à la vérité cent treize; mais MM. le 
Comte de Buffon & d’Aubenton ont donné l’hiftoire & 
la defcription de plus de trois cens Quadrupèdes vivi= 
pares. Il eft cependant diflicile de les compter toutes, 
& plus difiicile encore de ne compter que celles qui 
exiftent réellement. Il n'eft peut-être en effet aucune 
claffe d'animaux à laquelle les Voyageurs aient fait 
moins d'attention qu'à celles des Quadrupèdes ovipares: 
c’eft ordinairement d’après des rapports vagues, ou un 
coup-d’œil rapide , qu’ils fe font permis de leur impofer 
des noms mal conçus : n'ayant prefque Jamais eu recours 
à des informations sûres, ils ont le plus fouvent donné 
le même nom à divers objets, & divers noms aux 
mêmes animaux : & combien de fables abfurdes n'ont 
pas été accréditées touchant ces Quadrupèdes, parce 
qu'on les a vus prefque toujours de loin, parce qu'on 
ne les a communément recherchés que pour des pro- 
priétés chimériques ou exagérées, parce qu'ils préfen- 
tent des qualités peu ordinaires, & parce que tous les 
objets rares ou éloignés paffent aifément fous l'empire 
de l'imagination qui les embellit ou les dénature (0)! 


notre reconnoïflance, pour les fecours que nous avons trouvés dans 
fes lumières & dans fon amitié, 
(b) On trouvera particulièrement dans Conrad Cefrer, de Duras 


À i] 


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4 -Hrsrorre Narurerrr 


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Les Voyageurs ont-ils toujours reconnu , d’ailleurs, les 
caractères particuliers & les traits principaux de chaque 
efpèce, & n’ont-ils pas, le plus fouvent, négligé de 


réunir à une defcription exa@te de la forme, l'énumé- 


ration des qualités & l’hifloire des habitudes? | 
Lors donc que nous avons voulu répandre quelque 
jour fur l’'Hiftoire naturelle des Quadrupèdes ovipares’,. 
il ne nous à pas fuffi d'examiner avec attention & de 
décrire avec foin un grand nombre d’efpèces de ces 
Quadrupèdes, qui font partie de la collection du Ca- 


‘binet du Roï, ou que l’on a bien voulu nous procurer, 


& dont plufieurs font encore inconnues aux Natura-- 


Jiftes; ce n’a pas été affez de recueillir enfuite prefque: 
toutes les obfervations qui ont été publiées fur ces ani 
maux jufqu’à nos jours, & d’y joindre les obfervations 
particulières que l’on nous a communiquées, ou que 
nous avons été à portée de faire mous-mêmes fur des 


individus vivans; nous avons dû encore examiner les 
rapports de ces obfervations, avec la conformation de 
ces divers Quadrupèdes, avec leurs propriétés bien re- 
connues, avec l'influence du climat, & fur-tout avec 
les grandes loix phyfiques, que la Nature ne révoque 


jamais : ce n'eft que d’après cette comparaïfon que nous. 
“avons pu décider de la vérité de plufeurs de ces faits, 


ovip. l'énumération de toutes les proprictés vraies ou abfurdes attribuées. 
à ces animaux. | 


les 


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ave 
voque 


e no 
faites 


pbs 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ; 
& déterminer sil falloit les regarder comme des ré- 
fultats conftans de l’organifation d’une efpècé entière, 
où comme des produits pañlagers d'un inftinét indi- 
viduel, perfeétionné ou affoibli par des caufés acci- 


dentelles. 


Mais, avant de nous occuper en détail des faits 
parer aux diverfes efpèces , confidérons fous les 


mêmes points de vue tous les Quadrupèdes + 1e Ë 


repréfentons-nous ces climats favorifés du foleil, 

les plus grands de ces animaux font animés par toute 
la chaleur de latmofphère , qui leur eft néceflaire. 
Jetons les yeux fur l'antique Egypte, périodiquement 
arrofée par les eaux d'un fleuve immenfe, dont les 


rivages couverts au loin d'un limon humide, préfentent 
un féjour fi analogue aux habitudes & à la nature de 


ces Quadrupèdes : fes arbres, fes forêts, fes monumens, 

tout , jufqu'à fes orgueilleufes yramidess nous en MON 
treront quelques efpèces. Parcourons les cêtes brûlantes 
de l'Afrique, les bords ardens du Sénégat, de la Gam- 
bie; les rivages noyés du nouveau monde, ces folitudes 
profondes, où les Quadrupèdes ovipares jouiffent de la 
chaleur, de l'humidité & de la paix; voyons ces belles 
contrées de l'Orient, que la Nature paroît avoir enri- 
chies de toutes fes produétions; n'oublions aucune des 
Hfles baïgnées par les eaux chaudes des mers voifines de 
la zone torride; appellons, par la penfée, tous les Qua- 
drupèdes ovipares qui en peuplent les diverfes plages, 


6 HisTOrrRE NATURELLE 


& réuniflons-les autour de nous pour les mieux con- 


noître en les comparant. | < 

Obfervons d’abord les diverfes efpèces de tortues, 
comme plus femblables aux vivipares par leur orga- | , 
nifation interne; confidérons celles qui habitent les 1 F 
bords des mers, celles qui préfèrent les eaux douces, & P 
celles qui demeurent au milieu des bois fur les terres | L 
élevées ; voyons enfuite les énormes crocodiles qui peu- IE ù 
plent les eaux des grands fleuves, & qui paroiffent | L 
comme des géans démefurés à la tête des diverfes légions î el 
de lézards; jetons les yeux fur les différentes efpèces de | | p} 
ces animaux, qui réuniflent tant de nuances dans leurs | # 
couleurs, à tant de diverfités dans leurs organes, & qui ot 
préfentent tous les degrés de la grandeur depuis une | 4 
longueur de quelques pouces, jufqu'à celle de vingt- l | fut 
cinq ou trente pieds ; portons enfin nos regards fur des | de 
efpèces plus petites; confidérons les Quadrupèdes ovi- ki 
pares, que la Nature paroït avoir confinés dans la fange | oo 
des marais, afin d'imprimer par-tout l’image du mouve- 
ment & de la vie: malgré la diverfité de leur con- | by 
formation , tous ces Quadrupèdes fe reflemblent entre hs k 
eux, & différent de tous les autres animaux par des | | à 
caractères & des qualités remarquables : examinons ces ti 
caractères diftinctifs, & voyons d’abord quel degré de ET 
vie & d'activité a été départi à ces Quadrupèdes.  : 

Les animaux diffèrent des végétaux, & fur-tout | ni 
de la matiere brute, en proportion du nombre & | 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 7 
de l’activité des fens dont ils ont été pourvus, & qui, 
en les rendant plus ou moins fenfibles aux impreflions 
des objets extérieurs, les font communiquer avec ces 
mêmes objets d’une manière plus où moins intime. Pour 
déterminer la place qu'occupent les Quadrupèdes ovi- 
pares dans la chaîne immenfe des êtres, connoiflons 


donc le nombre & la force de leurs fens. Ils ont tous 


reçu celui de la vue. Le plus grand nombre de ces 
animaux ont même des yeux aflez faillans & affez gros 
relativement au volume de leur corps. Habitant la 
plupart les rivages des mers, & les bords des fleuves 
de la zone torride , où le foleil n'eft prefque jamais 
voilé par les nuages, & où les rayons lumineux font 


réfléchis par les lames d'eau & le fable des rives, il 


faut que leurs yeux foient aflez forts pour n'être pas 
altérés & bientôt détruits par les flots de lumière qui 
les inondent. L’organe de la vue doit donc être affez 


aétif dans les Quadrupèdes ovipares : on obferve en 


effet qu'ils apperçoivent les objets de très-loin; d'ail- 


leurs nous remarquerons , dans les yeux de plufieurs 


de ces animaux, une conformation particulière , qui 
annonce un organe délicat & fenfible : ils ont prefque 
tous, les yeux garnis d’une membrane clignotante, 
comme ceux des oifeaux; & la plupart de ces ani- 
maux, tels que les crocodiles, & les autres lézards, 
jouiffent , ainfi que les chats, de la faculté de contraéter 
& de dilater leur prunelle de manière à recevoir la 


8 Hirsrorre NATURELLE 


quantité de lumière qui leur eft néceflaire, ou à em 
pêcher celle qui leur feroit nuifible d'entrer dans leurs 
yeux (c). Par-là , ils diftinguent les objets au milieu 
de l’obfcurité des nuits, & lorfque le foleil le plus 
brillant répand fes rayons : leur organe eft très-exercé, 
& d'autant plus délicat qu'il n’eft jamais éblouï par une 
clarté trop vive. | 

Si nous trouvions dans chacun des fens des Qua- 
drupèdes ovipares, la même force que dans celui de 
la vue, nous pourrions attribuer à ces animaux une 
grande fenfibilité; mais celui de louïe doit être plus 
foible dans ces Quadrupèdes que dans les vivipares & 
dans les oifeaux. En effet, leur oreille intérieure n’eft 
pas compolée de toutes les parties qui fervent à la 
perception des fons dans les animaux les mieux orga- 
nifés (d) ; & l’on ne peut pas dire que la fimplicité 
de cet organe eft compeniée par fa fenfibilité, puifqu'il 
eft en général peu étendu & peu développé. D'ailleurs 
cette délicatefle pourroit-elle fuppléer au défaut des 
conques extérieures qui ramaflent les rayons fonores, 
comme les miroirs ardens réuniflent les rayons lumi- 
neux, & qui augmentent par-là le nombre de ceux 


Se 


{c) Voyez ez l'Hiftoire naturelle & la defcription du chat, par MM. le 
Comte de Buffon & d’Aubenton. 

(d) Voyez dans les Mémoires de l'Académie , de 1778, qui de. 
M, Vicg- d'Azyr fur l'organe dg l'ouie des animaux, 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 9 


qui parviennent jufqu'au véritable liège de l’ouïe fe) ? 

| Les Quadrupèdes ovipares n'ont reçu à la place de ces 
conques que de Re ouvertures, qui ne peuvent 
donner entrée qu'à un très-petit no be de rayons 
.fonores. On peut donc imaginer que l’organe de louie 


eft moins actif dans ces Quadrupèdes que dans les 


_.vivipares : d’ailleurs la plupart de ces animaux font 
_prefque toujours muets, ou ne font entendre que des 


{ons rauques, déercabies & confus ; il eft donc à pré- 


fumer qu ils ne reçoivent pas d'impreffions bien nettes 
des divers corps fonores : cd l'habitude d'entendre 
_diftinétement, donne bientôt celle de s'exprimer sc 


même (f). 


On ne doit pas non plus regarder. leur dde comme 


très-fin. Les animaux dans lefquels il eft le plus fort, 
ont « en général le plus de peine à fupporter les oAeuEe 
très-vives; & lorfqu’ils demeurent trop sn - tems 


(e) Voyez Mufchenbroëck, Effois ; RE ique. 

(f). On objectera peut-être que dans le plus grand nombre de ces 
animaux, l'organe de la voix n'eft point compofé des parties qui pa- 
roiflent les plus néceflaires pour former des fons, & qu'il fe refufe en- 
tièrement à des tons diftinéts & à une forte de langage nettemént 


prononcé; mais c’'eft une preuve de plus de la foiblefle de leur ouïe ; 
* quelque fenfible qu’elle pât être par elle-même , elle fe reflentiroit de 
 l'imperfection de l'organe de leur voix. Woyez à ce Jujet un Mémoire 


de M. Vicg-d'Ayyr Jur lg voix des animaux, infèré dans ceux de 
l'Académie de 1 710 


Ovipares, Tome I,  : 


1O Hrsrorre NATURELLE 
expofés aux impreflions de ces odeurs exaltées , leur 
organe s’endurcit, pour ainfi dire, & perd de fa fen- 
fibilité. Or le plus grand nombre de Quadrupèdes 
ovipares vivent au milieu de l'odeur infecte des ri- 


vages vafeux, & des marais remplis de corps organifés 


en putréfation ; quelques-uns de ces Quadrupèdes ré- 
pandent même une odeur, qui devient très-forte lorf- 
qu'ils font raffemblés en troupes. Le fiège de l'odorat 
eft aufli très-peu apparent dans ces animaux, excepté 
dans le crocodile ; leurs narines font très-peu ouvertes ; 
cependant, comme elles font les parties extérieures 
les plus fenfibles de ces animaux, & comme les nerfs 
qui y aboutiflent font d’une grandeur extraordinaire 
dans plufieurs de ces Quadrupèdes ( g), nous regardons 
 Vodorat comme le fecond de leurs fens. Celui du goût 
doit en effet être bien plus foible dans ces animaux: 
il eft en raifon de la fenfibilité de l'organe , qui en 
eft le fiège; & nous verrons dans les détails relatifs 
aux divers Quadrupèdes ovipares, qu'en général leur 
langue eft petite ou enduite d’une humeur vifqueufe, 
& conformée de manière à ne tranfmettre que difici- 
lement les imprefhons des corps favoureux. 


A l'égard du toucher, on doit le regarder comme 
bien obtus dans ces animaux. Prefque tous recouverts 


_ (3) Mémoires pour férvir à lHifloire naturelle des animaux. art. 
de la Tortue de terre de Coromandel, 


e lors 


odorat 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. IA 


d’écailles dures, enveloppés dans une couverture offeufe, 
ou cachés fous des boucliers folides, ils doivent recevoir 
bien peu d’impreflions diftinétes par le toucher. Plufieurs 
ont les doigts réunis de manière à ne pouvoir être appli- 
qués qu'avec peine à la furface des corps, & fi quelques 
lézards ont des doigts très-longs & très-féparés les uns 
des autres, le deffous même de ces doigts eft le plus 
fouvent garni d'écailles aflez épaifles pour ôter pref- 
que toute fenfibilité à cette partie. 

Les Quadrupèdes ovipares préfentent donc, à a 
vérité, un aufli grand nombre de fens, que les ani- 
maux les mieux conformés. Mais, à l'exception de 
celui de la vue, tous leurs fens font fi foibles , en 
comparaïfon de ceux des vivipares , qu’ils doivent T'es 
cevoir un bien plus petit nombre de fenfations, com- 
muniquer moins fouvent & moins parfaitement avec 
les objets extérieurs, être intérieurement émus avec 


moins de force & de os & c’eft ce qui produit 


cette froideur d’affections, cette efpèce d’apathie, cet 
inftinét confus, ces intentions peu décidées, que l’on 
remarque fouvent dans plufieurs de ces animaux. 

_ La foibleffe de leurs fens fufht peut-être pour mo- 
difier leur organifation intérieure, pour y modérer la 
rapidité des mouvemens, pour y ralentir le cours des 
humeurs, pour y diminuer la force des frottemens, 
& par conféquent pour faire décroitre cette chaleur 
interne, qui, née du mouvement & de la vie, les 

B i 


12 HirsTorre NATUREILE 


entretient à fon tour; peut-être au contraire cette foi= 
bleffe de leurs fens eft-elle un effet du peu de chaleur 
qui anime ces animaux : quoi qu'il en foit, leur fang 
eft moins chaud que celui des vivipares : on n’a pas 
encore fait, à la vérité, d’obfervations exactes fur la 
chaleur naturelle des crocodiles, des grandes tortues, 
& des autres Quadrupèdes ovipares des pays éloignés ; : 


le degré de cette chaleur doit d’ailleurs varier fuivant 


les efpèces, puifqu’elles fubfiftent à différentes latitudes; 


mais on eft bien afluré qu'elle eft dans tous les Qua- 


pèdes ovipares inférieure de beaucoup à celle des autres 


Quadrupèdes, & fur-tout à celle des oifeaux ; fans cela 


ils ne tomberoient point dans un état de torpeur à un 


degré de froid qui n’engourdit ni les oifeaux, ni les 


vivipares. Leur fang eft d’ailleurs bien moins abon- 
dant (A). 1} peut circuler long-tems fans pañler par les 
poumons, puifqu'on a vu une tortue vivre pendant quatre 


(h) Hañfelquift, qui a dique un croco lé au Caire en 17513 


rapporte que le fang fleuri & appauvri, ne coula pasen grande quan- 


tite de la grande artère, lorfqu'elle fut coupée. D'ailleurs, continue ce 


Voyageur naturalifte, celes vaifleaux des poumons, ceux des mufeles , 


2 8 les autres vaifleaux étoient prefque vides de fang. La quantité de 
ce fluide n'eft donc pas en proportion auf grande dans le croco- 
3 dile, que dans les Quadrupèdes : il en eft de même dans tous les 
35 Amphibies. » ( Hañelquift comprend tous les  Quadrupèdes ovipares 


fous cette dénomination. ) Woyage en Palefline de Frédéric Haffélqui f _ 


= l'Académie des Sciences de Stockolm, p. ess 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES 013 
jours, quoique fes poumons fuflént ouverts & coupés 
en plufeurs endroits, & qu'on eût lié l'artère qui va 
du cœur à cet organe. Ces poumons paroiflent d'ail 
leurs ne recevoir jamais d'autre fang que celui qui eft 
nécefaire à leur nourriture (i). Auf celui des Qua- 


drupèdes ovipares étant moins fouvent animé, renou« 


vellé, revivifié, pour ainf dire , par l'air atmofphé. 
rique qui pénètre dans les poumons, il eft plus épais; 
il ne reçoit & ne communique que des mouvemens 
plus lents, & fouvent prefque infenfibles; & il y a 
long-tems qu'on a reconnu que le fang ne coule pas 
auffi vite dans certains Quadrupèdes ovipares, & par 
‘exemple dans les grenouilles, que dans les autres Qua- 
drupèdes & dans les oifeaux. Les caufes internes fe 
réuniflent donc aux caufes externes pour diminuer 
l'adivité intérieure des Quadrupèdes ovipares. 

Si Von confidère d’ailleurs leur charpente offeufe, 
on verra quelle eft plus fimple que celle des vivipa- 
res ; plufieurs familles de ces animaux, tels que la 
plupart des falamandres, les grenouilles, les crapauds 
& les raines, font dépourvues de côtes; les tortues 
ont, à la vérité, huit vertèbres du cou; mais, excepté 
les droéiiles qui en ont fept, paie tous is lézards 
n'en ont jamais au-deffus de mené & tous les Que 


() Mémoires pour férvir à PHifloire naturelle des animaux, art, dé 
la Tortue de Coromandel, 


14 Hisrorre NATUREILIE 


drupèdes ovipares fans queue en font privés, tandis que 
parmi les oifeaux on en compte toujours au moins onze, 
& que l’on en trouve fept dans toutes les efpèces des Qua- 
drupèdes vivipares (k). Leur conduit inteftinal eft bien 
moins long, bien plus uniforme dans fa grofleur, bien 
moins replié fur lui-même;leurs excrémens, tant liquides 
que folides , aboutiflent à une efpèce de cloaque com 
mun (À) ; & il eft affez remarquable de trouver dans ces 
Quadrupèdes ce nouveau rapport, non-feulement avec 
les caftors, qui paflent une très-grande partie de leur vie 
dans l’eau, mais encore avec les oifeaux qui s’élancent 
dans les airs & s'élèvent jufqu'au-deffus des nuées. 

Le cœur eft petit dans tous les Quadrupèdes ovi- 
pares, & n’a qu'un feul ventricule, tandis que dans 
Tlhomme, dans les Quadrupèdes vivipares, dans les 
cétacées & dans les oifeaux, il eft formé de deux, 
Leur cerveau eft très-peu étendu, en comparaiïfon de 
celui des vivipares : leurs mouvemens d’infpiration & 
d'expiration, bien loin d'être fréquens & réguliers, font 
fouvent fufpendus pendant très-long-tems, & par des 


& : ù à 

__(Æ) Les obfervations que j'ai faites à ce fujet fur les fquelettes de 
Quadrupèdes ovipares, du Cabinet du Roi, s'accordent avec celles que 
M. Camper a bien voulu me communiquer par une lettre que ce 
célèbre Anatomifte m'a écrite le 29 Août 1786. | | 
(4) Les lézards, les grenouilles, les crapaudbs ; ni les raines, n’ont point 
de veille proprement dite, : su 


Que 
me, | 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 15. 
intervalles très-inégsaux (m). Si l’on obferve donc Îes 
divers principes de leur mouvement vital, on trouvera 
une plus grande fimplicité, tant dans ces premiers 
moteurs, que dans les effets qu'ils font naître : on verra 
les différens reflorts moins multipliés (x) ; on remar- 


quera même, à certains égards, moins de dépendance 


entre les différentes parties : aufhi l’action des unes fuÿ 
les autres eft-elle moindre ; les communications font- 
elles moins parfaites; les mouvemens plus lents; les 
frottemens moins forts. Et voilà un bien grand nombre 
de caufes pour rendre ces machines plus uniformes & 
moins fujettes à fe déranger, c’eft-à-dire, pour qu'il foit 
plus difficile d'arrêter dans ces animaux le mouvement 
vital, dont le principe répandu, en quelque forte, dans 
un efpace plus étendu, ne peut être détruit que lorf- 
qu’il eft attaqué dans pes points à-la-fois. 

Cette organifation hp des Quadrupèdes ovi- 


æ 


_ {m) Mémoires pour fervir à l Hifloire naturelle des animaux, art. 
de la Tortue de terre de Coromandel. 

(2) « Dans plufieurs Quadrupèdes ovipares, il paroït qu'il rangé 
quelques parties dans les organes deftinés aux fécrétions , & que ces « 
dernières doivent y être opérées d'une manière plus fimple.»s O- 
fervations anatomiques de Gérard Blafius, page 65. Voyex d'ailleurs 
des Mémoires pour fervir à lHifloire naturelle des animaux , articles 
‘de la Tortue de terre , du Crocodile, du _———. » du Tokai (Gecko), 
& de la Salamandre. 


Rhsesisisi eine rpm ES 


16 HISTOIRE Narurritre 


| es doit encore être comptée parmi les caufes de 
eur peu de fenfbilité; & cette efpée de froideur de 
| ph n’eft-elle pas augmentée par le. rapport 
‘de leur fubftance avec l’eau? Non-feulement, en effet, 
ils recherchent la lumière active du foleil, par défaut 


de chaleur intérieure, maïs encore ils fe plaifent au 


milieu des terreins fangeux & d’une humidité chaude 
par analogie de nature. Bien loin de leur être contraire, 
cette humidité, aidée de la chaleur, fert à leur déve- 
loppement ; elle ajoute à leur Pt en S ’introduifant 

dans leur organifation, & en devenant portion de leur 
fubftance; & ce qui prouve ‘que cette humeur aqueufe, 
dont ils font pénétrés, n’eft pas une vaine boufiflure, 
un gonflement nuifible, & une caufe de dépérifflement 
plutôt que d'un accroiflement véritable; © ’eft que bien 


Join de perdre quelqu'une de leurs propriétés, lorfque 


‘leur fubftance eft, pour ainf dire, imbibée de lhumi- 
dité abondante dans eTies ils font plongés, la faculté 
de fe reproduire paroît s'accroitre dans ces animaux à 
mefure qu'ils font remplis de cette humidité chaude, 
fi analogue à la nature de leurs corps, * 
| Cette convenance de leur nature avec l'humidité 
montre combien leur mouvement vital tient, pour ainfi 


dire, à plufieurs reflorts affez indépendans les uns des 


autres : en effet, cette furabondance d’eau eft avanta= 
geufe aux êtres . lefquels les mouvemens intérieurs 
peuvent être ralentis fans être arrêtés, dans lefquels la 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 7 
molleffe des fubftances peut diminuer fans inconvénient 
la communication des forces, & dont les divers mem 
bres ont plus befoin de parties groflières & de molécules 
qui occupent une place, que de principes actifs & de 
portions délicatement organilées. Elle caufe, au con< 
traire , le dépériffement des êtres SRE ent doués de 
vie, qui exiftent par une grande rapidité des mou- 
vemens intérieurs, par une grande élafticité des di- 


verfes parties, par une communication prompte de 


toutes les impreffions, & qui ont moins befoin, en 


quelque forte, d'être nourris cs mis en mouvement , 

d’être “plie que d’être animés. Voilà pourquoi ” 
-efpèces des animaux les plus nobles dégénérent bientôt 
{ur ces rivages nouveaux, où d’immenfes forêts arrêtent 
-& condenfent les vapeurs de l'air , Où des amas énormes 
de plantes bafles & rampantes retiennent fur une vafe 
bourbeufe une humidité que les vents ne peuvent diffi- 
per, & où le foleil n'élève par fa chaleur une partie 
de fes vapeurs humides , que pour en imprégner da- 
vantage l’atmofphère, ba répandre au loin, & en mul- 
tiplier les pernicieux effets. Les infectes, au contraire, 
craignent fi peu l'humidité, que c’eft précifément. fur 
les bords fangeux, à peine abandonnés par la mer & 
toujours plongés dans des flots de vapeurs & de brouil= 


‘lards épais, qu'ils acquièrent le plus grand volume, 
& font parés des couleurs les plus vives. 


: Mais, quoique les Quadrupèdes ovipares paroiffent 
Ovipares , Tome I, CG 


18  Hrsrorre NATUREILE 
être peu favorifés à certains égards, ils font cependant y 
bien fupérieurs À de grands ordres d'animaux ; & nous “1 u 
dévons les confidérer avec d'autant plus d'attention, | : 
que léur nature, pour ainfi dire  mi-partie entre celle “À k 
des plus hautes & des plus baffes clafles des êtres vivans ds 
& organifés, montre les relations d'un grand nombre 1 
de faits importans qui ne paroifloient pas analogues , ' 
“& dont on pourra entrevoir la caufe, par cela feul L 
qu'on rapprochera ces faits, & qu'on découvrira les if 
rapports qui les lient. Dr FRE Le 
Le féjour de tous ces Quadrupèdes n’eft pas fixé au qe 
milieu des eaux. Plufieurs de ces animaux préfèrent les | ga 
terreins fecs & élevés; d’autres habitent dans des creux | le 
| | 


de rochers; ceux-ci vivent au milieu des bois & grim— 
pent avec vitefle jufqu'à l'extrémité des branches les | EL) 
plus hautes : mais prefque tous nagent & plongent avec | L ri 
facilité, & c’eft en partie ce qui les a fait comprendre | | 
par plufieurs Naturaliftes fous la dénomination cénérale | 
d'amphibies. H n’eft cependant aucun de ces Quadru- | 
1 


pèdes qui n'ait befoin de venir de tems en tems à la 
. _ furface de l’eau, dans laquelle il aime à fe tenir plongé. | # 
Tous les animaux qui ont du fang doivent refpirer Pair de | | | : 
latmofphère , & fi les poiflons peuvent demeurer très- #1 | 1 


“long-tems au fond des mers & des rivières, c’eft qu'ils ont. 
«un organe particulier qui fépare de l’eau tout l'air qu’elle 
peut contenir, & le fait parvenir jufques à leurs vaifleaux 
‘fanguins. Les Quadrupèdes ovipares font donc forcés de 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 19 
refpirer de tems en tems; l'air pénètre ainfi jufques dans 
leurs poumons; ilparvient jufqu’à leur fang;ille revivifie, 
quoique moins fréquemment que celui des Quadrupèdes 
vivipares ,ainfi que nous l'avons dit ; il diminue la trop 
grande épaifleur de ce fluide & entretient fa circula- 
tion. Les Quadrupèdes ovipares périflent donc faute 
d'air, lorfqu'ils demeurent trop de tems fous Peau; ce 


r’eftquedansleurétat de torpeurqw’ils paroiffent pouvoir 


fe paffer pendant très-long-tems de refpirer, une grande 
fluidité n’étant pas néceflaire pour le foible mouvement 
que leur fang doit Rap id leur EE ME 
ment. | 

Les Quadrupèdes ovipares , moins fenfibles que lé 
autres, moins animés par des paîlions vives, moins 
agités au-dedans, moins agiflans à l'extérieur, font en 
général beaucoup plus à l'abri des dangers; ils sy ex= 
pofent moins, parce qu'ils ont moins d'appétits violens; 
& d’ailleurs Les accidens font pour eux moins à craindre. 

Us peuvent être privés de parties aflez confidérables, 

telles que leur queue & leurs pattes, fans ceseldnt 
perdre la vie (o); quelques-uns d'eux les recou- - 


(o) Pline, Livre IT, Ca. III. —Voyez auffi l'article des Sala= 
mandres à queue plate. AS ds 
L'on conferve au Cabinet du Roi un tr lézard, de l'efpèce! ap= 
pellée D ragonne , auquel ilmanque une patte ; il paroît qu ‘1] l'avoit perdue 
par quelqu'accident, lorfqu'il étoit déja aflez gross car la cicatrice: 


C i 


2 


20 | Mrsrorre NATUREIILE 


vrent (pb), fur-tout lorfque la chaleur de l'atmofphère 
en favorife la reproduction; & ce qui paroîtra plus 
| furprenant à À ceux qui ne jugent que d'après ce qu'ils 
ont communément fous les yeux, il eft des Quadru- 
pèdes ovipares qui peuvent fe mouvoir long-tems après 
qu'on leur a enlevé la partie de leur corps qui paroît 
la plus néceflaire à la vie; les tortues vivent plufeurs 
| jours après qu'on leur a coupé la tête (g); les gre- 
nouilles ne meurent pas tout de fuite, quoiqu'on leur 
ait arraché le cœur; &, dès le tems d’ Atiffate: on favoit 
que quelques momens après qu'on avoit difféqué un 
_ caméléon, fon cœur palpitoit encore (r). Ce grand: 
phénomène ne fuflroit-il pas pour démontrer combien 
les différentes parties des Quadrupèdes ovipares dé- 
pendent peu les unes des autres? Il prouve non-feu— 
lement que leur fyftême dé ae n’eft eu aufñ lié ie 


qui s'eft fie eft confdérable. Cet M. dE h Borde , Médecin 
du Roi à Cayenne , & correfpondant du Cabinet du Roi, qui Fa en- 
voyé. Il_a rencontré, dans l'Amérique méridionale, un lézard d'une 
autre efpèce, & n'ayant également que trois pattes. Il en fait mention 
dans un recueil d’obfervations nouvelles & très-intérefantes, qu'il fe 
propofe de publier far PHifoire naturelle de Amérique méridionale. 
| .(p) Voyez deux Mémoires de M. Bonnet , publiés dans le Journal 
de Phyfque, Fun en Novembre 1777, & l autre en Janvier 1779. 

{9 ) Voyez l'article de la Tortue, appellée là Grecque. 

.{r) Conrad Gefner ; Hifi. des. animaux , Liy. II, des Que: 
rdup. OYip. P. 4» Édit. de 2554 er ; 


DES QvADRUPÈDES OVIPARES. et 


à celui des autres Quadrupèdes , puifqu’ on peut féparer 
les nerfs de la tête de ceux qui prennent racine dans 


la moëlle épinière, fans que l'animal meure tout de 
faite, ni même paroifle beaucoup fouffrir dans les pre- 
miers momens; mais ne démontre-t-il pas encore que 


leurs ie fanguins ne communiquent pas entre 


eux autant que ceux des autres Quadrupèdes, puifque 
fans cela tout le fang s “échapperoit par les endroits où 


_les artères auroient été coupées; & lanimal refteroit 
fans mouvement & fans vie? Ceci s'accorde très-bien 
avec la lenteur & la froideur du fang des Quadrupèdes 
_ovipares ; & il ne faut pas être étonné que non-feule- 


ment ils ne perdent pas la vie au moment que leur 


_ tête eft féparée de leur corps , mais encore qu'ils vivent 


plufeurs jours fans l'organe qui leur ef néceflaire pour 


prendre leurs alimens. Ils peuvent fe pañler de manger 


pendant un tems très-long ; on a vu même des tortues 


_ & des crocodiles demeurer plus d’un an privés de toute 
nourriture (s). La plupart de ces animaux font revêtus 
_ d’écailles ou d’enveloppes offeufes, qui ne laiflent pañler 
la tranfpiration que dans un petit nombre de points : 


ayant d’ailleurs le fang plus froid, ils perdent moins 


de leur fubftance, & par a ils doivent moins 
_ da ou par une moindre chaleur, ils n’é- 


.{s ) Voyez les articles particuliers de leur hiftoire; 


22 HISTOIRE NATURELLE 
prouvent pas cette grande deflication, qui devient une 
foif ardente dans certains animaux; ils n'ont pas befoin 
de rafraîchir, par une boiflon très-abondante, des vaif- 
feaux intérieurs, qui ne font jamais trop échauffés. 
Pline, & les Anciens, avoient reconnu que les ani- 
maux qui ne fuent point, & qui ne poflèdent pas une 
grande chaleur intérieure, mangent très-peu. En effet, 

la perte des forces n 'eft-elle pas toujours proportionnée 
aux réfiftances ? les réfiftances ne le font-elles pas aux 
frottemens; les frottemens à la rapidité des mouvements; 


& cette rapidité ne l’eft-elle pas toujours à la chaleur 


intérieure ? | * 
Mais fi les Quadrupèdes ovipares réfiftent avec fa 


cilité à des Coups qui ne portent que fur certains points 
de leur corps, à des chocs locaux, à des léfions partis 


culières, ils fuccombent bientôt aux efforts des caufes 
extérieures, énergiques & conftantes qui les attaquent 


dans tout leur enfemble ; ils ne peuvent point leur op 


pofer des forces intérieures aflez actives : & comme la 
caufe la plus contraire à une foible chaleur interne, 
eft un froid extérieur plus ou moins rigoureux, il n ’eft 


pas furprenant que les Quadrupèdes ovipares ne puiffent 
réfifter aux effets d’une atmofphère plutôt froide que 


tempérée, Voilà pourquoi on ne rencontre la plupart 


des tortues de mer, les crocodiles, & les autres grandes 
efpèces de Quadrupèdes ovipares, que près des zones 


torrides, ou du moins à des latitudes peu élevées, tant 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 923 


dans Pancien que dans le nouveäu Continent ;: & non- 
q ; 


feulement ces grandes efpèces font confinées aux en- 
virons de la zone torride, mais encore à mefure que 
les individus & les variétés d'une même efpèce habitent 
un pays plus éloigné de Péquateur , plus élevé ou plus 
humide, & par conféquent plus froid , leurs dimenfions 


_ font beaucoup plus petites (r).Les crocodiles des contrées 


les plus chaudes l’emportent fur les autres par leur gran- 
deur & par leur nombre; & fi ceux qui vivent très-près 
de la ligne, font quelquefois moins grands que ceux que 
Ton trouve à des latitudes plus élevées, comme on le 


remarque en Amérique, c’eft qu'ils font dans des pays 


“plus peuplés, où on leur fait une guerre plus cruelle, 
& oùils ne trouvent ni la paix ni la nourriture, fans 
lefquelles ils ne DS parvenir à leur entier accroif 


_fement. 


_ La chaleur de latmofphère eft même fi néceffaire 
aux Quadrupèdes ovipares, que lorfque le retour des 
faifons réduit les pays voifins des zones torrides, à la froide 
température des contrées beaucoup plus élevées en lati- 
tude , les Quadrupèdes oviparés perdent leur aëtivité; 
leurs fens sémouflent; la chaleur de leur fang dimi- 
nue ; leurs forces s’affoibliffent ; ils sempreffent de gagnex 


(+) Les plus gros crocodiles, & le plus grand nombre de ces ani- 
aux, habitent la zone torride. Cathy , Hi foire nafurelle de La Cars 
anse voluine 2, page 63. | 


- EE TEE OO Se RE UUE ; 
i RSS = RE ET == = = 


24 - Hisrorre NATURELLE 

des retraites obfcures, des antres dans les rochers, des 
trous dans la vafe, ou des abris dans les joncs & les 
autres végétaux qui bordent les grands fleuves. Ils cher- 
chent à y jouir d’une température moins froide, & ày 
conferver , pendant quelques momens, un refte de cha- 
leur prêt à leur échapper. Mais le froid croiflant tou- 


jours, & gagnant de proche en proche, fe fait bientôt 


fentir dans leurs retraites, qu'ils paroiffent choifir au 


milieu de bois écartés, ou fur des bords inaccefibles ; 


pour fe dérober aux recherches & à la voracité de 


leurs ennemis pendant le tems de leur fopeur, où ils 


ne leur offriroient qu’une mafñle fans défenfe & un appas 


fans danger. Ils sendorment d’un fommeil profond ; ils 


tombent dans un état de mort apparente; & cette 
torpeur eft fi grande, qu'ils ne peuvent être réveillés 


par aucun bruit, par aucune fecoufle, ni même par 
des bleflures : ‘ls ré inertement la faifon de l'hiver 
dans cette efpèce d'infenfibilité abfolue où ils ne con 


fervent de lanimal que la forme, & feulement aflez 
de mouvement intérieur pour éviter la décompoftion 


.à laquelle font foumifes toutes les fubftances organi- 
.fées réduites à un repos abfolu, Ils ne donnent que 
quelques foibles marques du mouvement qui refte en- 


core à leur fang , mais qui eft d'autant plus lent , que 


fouvent il n ’eft animé paf aucune SxpieuRs ni be 
ration. Ce qui le prouve, c’eft qu’on trauve prefque 


toujours les Quadrupèdes ovipares engourdis dans la 
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 25 


vafe, & cachés dans des creux le long des rivages où 
les eaux les gagnent & les furmontent fouvent, où 
ils font par conféquent beaucoup de tems fans pouvoir 
refpirer, & où ils reviennent cependant à la vie dès 
que la chaleur du xs fe fait de nouveau ref- 


. fentir. 


Les Dradrüpèdes ovipares ne font pas les feuls ani- 
maux qui sengourdiffent pendant l'hiver aux latitudes 
un peu élevées : les ferpens, les cruftacées, font éga- 
lement fujets à s'engourdir ; des animaux bien plus par- 
faits tombent aufli dans une torpeur annuelle , tels que 
les marmottes, les loirs, les chauves-fouris, les hérif- 
fons, &c. Mais ces derniers animaux ne doivent pas 
éprouver une fopeur aufh profonde. Plus fenfibles que 
es Quadrupèdes ovipares, que les ferpens & les cruf- 
tacées , ils doivent conferver plus de vie intérieure ; 
quelqu'engourdis qu'ils foient, ils ne ceflent de refpirer, 
& cette action, quoiqu'afloiblie, naugmente -t- elle 


pas toujours lédrs mouvemens intérieurs ? 


Si , pendant l'hiver, il furvient un peu de chaleur , 
les Quadrupèdes ovipares font plus ou moins tirés ge 
léur état de fopeur (4); & voilà pourquoi des Voya- 
geurs, qui pendant des journées douces de Phiver ont 


> 


(u) Obférsations Jur le crocodile _. la Louifi iane , par M. de le 
Coudrenière. Journal de Phyfique 1782. 


Ovipares , Tome I. D 


LR 


26 Hisrorre NATURELLE 


rencontré dans certains pays des crocodiles, & d’autres 
Quadrupèdes ovipares, doués de prefque toute leur aéti- 
vité ordinaire, ont afluré, quoiqu'à tort, qu'ils ne s’y 
engourdifloient point. Ils peuvent aufli être préfervés 
quelquefois de cet engourdiflement annuel par la na- 
ture de leurs alimens. Une nourriture plus échauflante 
& plus fubftantielle augmente la force de leurs folides , 
la quantité de leur fang, l’activité de leurs humeurs , 
& leur donne ainf aflez de chaleur interne pour com- 
penfer le défaut de chaleur extérieure. Il arrive fou- 
vent que les Quadrupèdes ovipares font dans cet état 
de mort apparente pendant près de fix mois, & même 
davantage : ce long tems n'empêche pas que leurs fa- 
cultés fufpendues ne reprennent leur activité. Nous 
verrons dans l’hiftoire des falamandres aquatiques qu'on 
a quelquefois trouvé de ces animaux engourdis dans 
des morceaux. de glace tirés des glacières pendant l'été, 
& dans lefquels ils étoient enfermés depuis plufeurs 
mois; lorfque la glace étoit fondue, & que les fala- 
mandres-étoient. pénétrées d’une douce chaleur, elles. 
revenoient à la vie. | 

Mais, comme tout a un terme dans la nature, f 
le froid devenoit trop rigoureux ou duroit trop long- 
tems, les Quadrupèdes ovipares engourdis périroient : 
la machine animale ne peut en effet conferver qu'un 
certain tems.les mouvemens intérieurs qui lui ont été 
communiqués. Non-feulement une nouvelle nourriture 


autres 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 27 


doit réparer la perte de la fubfiance qui fe diflipe; 
mais ne faut-il pas encore que le mouvement intérieur 
foit renouvellé, pour ainfi dire, par des fecoufles ex- 
térieures, & que des fenfations nouvelles remontent 


tous les reflorts? 


La mafñle totale du corps des Quadrupèdes ovipares 
me perd aucune partie trés-fenfible de fubflance pen- 
dant leur longue torpeur (v) : mais les portions les plus. 


(v) «Le 7 Oltobre 1651, Mile Chevalier Georges Ent pefa exaétement 


une tortue terreftre, avant qu'elle ne fe cachât fous terre. Son poids 
_étoit de quatre livres trois onces & trois drachmes. Le 8 O&obre 


1652, ayant tiré la tortue de la terre où elle s’étoit enfouie la veille, 
il trouva qu'elle peloit quatre livres fix onces & une drachme. Le 
16 Mars 1653, la tortue fortit d'elle-même de fa rétraite : elle 
pefoit alors quatre livres quatre onces. Le 4 O&tobre 1653, la tor- 
tue, qui avoit té quelques jours fans manger, fut retirée du trou 
où elle s'étoit enterrée ; fon poids étoit de quatre livres cinq OnCEs. 
Les yeux, qu'elle avoit eus long-tems fermés, étoient dans ce mo- 
ment ouverts & fort humides. Le 18 Mars 1654, la tortue fortit 
de fon trou, & mife dans la balance, pefoit quatre livres quatre 
-onces & deux drachmes, Le 6 O&tobre 1654, étant fur le point d’hi. 
verner, elle péfoit quatre livres neuf onces & trois drachmes. Le der- 
nier Février 1655, jour auquel la tortue avoit abandonné fa retraite , 
fon poids ctoit de quatre livres fept onces & fix drachmes. Ainf, 
elle avoit perdu de fon ancien poids une once & cinq drachmes. Le 
2 Cétobre 1655, la tortue, avant de fe retirer dans fon trou pour 
y pañler l'hiver, pefoit quatre livres neuf onces. Elle avoit déja pañle 
un peu de tems fans prendre de nourriture. Le 25 Mars 1656, la 
tortue, au fortir de fon trou, pefoit quatre livres fept onces & deux 


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28 Hrsrorre NATURELLE 


extérieures, plus foumifes à l’action defléchante du froid, 


& plus éloignées du centre du foible mouvement in- 
terne qui refte alors aux Quadrupèdes ovipares, fu- 
biflent une forte d’altération dans la plupart de ces 
animaux. Lorfque cette couverture la plus extérieure 
de ces Quadrupèdes n’eft pas une partie ofleufe & 
très-folide, comme dans les tortues & dans les croco-. 
diles, elle fe deflèche, perd fon organifation, ne peut. 
plus être unie avec le refte du corps organifé, & ne 
participe plus ni à fes mouvemens internes , ni à fa 
nourriture. Lors donc que le printems redonne le mou- 
vement aux Quadrupèdes ovipares, la première peau, 
foit nue, foit garnie d'écailles , ne fait plus partie en 


quelque forte du corps animé ; elle n'eft plus pour ce 


corps qu'une fubftance étrangère; elle eft repouflée!, 


pour ainfi dire, par des mouvemens intérieurs qu'elie ne 


partage plus. La nourriture qui en entretenoit la fubf- 
tance fe porte cependant comme à l'ordinaire vers la 


3 drachmes. Le 30 Septembre 1656, la tortue, fur le point de fe 
2 retirer dans la terre, peloit quatre livres douze onces & quatre 
33 drachmes. Enfin, le $ Mars 1657,la tortue, de retour fur la terre, 
29 peloit quatre livres onze onces & deux drachmes & deraie. On peut 


» juger, par ces obfervations, combien cet animal, ainfi que tous ceux 
» qui fe cachent fous terre, pour fe garantir des froids de l'hiver , 
» perdent peu de leur fubftance par la tranfpiration, pendant un jeune 
2 abfolu de plufeurs mois, 2 (Collection académique , Tome VIT, pages 
120 & 121. | 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 20 


furface du corps; mais au lieu de réparer une peau 
qui na prefque plus de communication avec l’intérieur, 
elle en forme une nouvelle qui ne cefle de s'accroitre 
au-deffous de l’ancienne. Tous ces eflorts détachent 


peu-à-peu cette vieille peau du corps de l'animal, 


achèvent d’ôter toute liaifon entre les parties intérieures 
& cette peau altérée, qui, de plus en plus privée de 
toute réparation, der plus foumife aux caufes étran- 
gères qui tendent à la décompofer. Attaquée ainfi des 
deux côtés, elle cède, fe fend; & lanimal revêtu d'une 
peau nouvelle fort de cette efpèce de fourreau, qui 
métoit plus pour lui qu'un corps embarraffant. 

C’eft ainfi que le dépouillement annuel des Qua- 
drupèdes ovipares nous paroit devoir s'opérer ; mais il 
n’eft pas feulement produit par l’engourdiflement. Ijs 
quittent également leur première peau dans les pays 
où une température plus chaude les garantit du fom- 
meil de Phiver. Quelques-uns la quittent auf plufieurs 
fois pendant l'été des contrées tempérées ; le même effet 
eft produit par des caufes oppofées; la chaleur de l’at- 
mofphère es au froid & au défaut de mouvement ; 
elle defèche également la peau, en dérange le tiflu 5 
& en détruit l'organifation (x). 


(æ) La note fuivante m'a été communiquée par M. de Touchy. 
Ecuyer, de la Société royale des Sciences de Montpellier , &c. elle eft 
extraite d’un ouvrage que ce Naturalifte fe propofe de publier, & qui 
fera intitulé : Mémoires pour fervir à l'Hifloire des fonélions de l'éca-- 


30  Hisrorrs NAaTur£ezre 


Des animaux d'ordres très-différens des Quadrupèdes 
ovipares éprouvent aufhi chaque année, & même à 
plufieurs époques, une efpèce de dépouillement : ils 
perdent quelques-unes de leurs parties extérieures; on 
peut particulièrement le remarquer dans les ferpens, 


normie animale des oifeaux. «Je pris, le 4 Mai 178%, dit M. de Tour- | 
> chy, un lézard vert À taches jaunes & bleuâtres, & de dix pouces 
»» de long : je le mis vivant dans une boutcille couverte d'une toile 
» à jour, & polée fur une table de marbre dans une fäalle fraîche au 
»» rez-de-chauflée; ce lézard vécut deux mois dans cette efpèce de 
» prifon, fans prendre aucune nourriture. Les premiers jours, il fit 
» des eflorts pour en fortir, mais il fut aflez tranquille le refte du 
» tems. Vers le quarante - cinquième jour, je n'apperçus qu'il fe dif- 
» pofoit à changer de peau, & fucceflivement je vis cette peau fe 
» fécher , fe racornir, fe détacher par parties fanées & décolorées, 
> pendant que la nouvelle peau qui fe découvroit avoit une belle 
couleur verte avec des taches bien nettes. Il mourut le foixante- 
troifième jour , fans avoir achevé de muer, la vieille peau étant en- 
core attachée fur la tête, les pattes & la queue. Pendant le tems 
de da mue, & celui qui le précéda, il ne fut jamais dans un état 
de torpeur ; il marchoit dans fa bouteille, lorfqu'on la prenoit dans 
»> les mains, & même fans cela & de lui-même ; je lui vis quelquefois 
s) les yeux fermés; mais il les rouvroit bientôt, & avec vivacité. I 
s2 étoit à demi-arrondi dans cétte bouteille, dont le cul un peu relevé 
>> devoit ajouter à la gène de fa pofition. Il avoit certainement mué 
2 avant d'être pris, comme font tous les lézards & les ferpens, lorfque 
>> la chaleur du printems les fait fortir de leurs retraites. La fraicheur 
3» de fes couleurs & la délicatefle de fa peau me l'avoient prouvé lorf- 
> que je le pris. 3, 


Tour 


pouces 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 3 
dans certains animaux à poils, & dans les oifeaux; 
les infectes & les végétaux ne font-ils pas fujets 


aufñi à une forte de mue? Dans quelques êtres qu'on 


remarque ces grands changemens, on doit les rap- 


porter à la même caufe générale. Il faut toujours 


les attribuer au défaut d'équilibre entre les mouvemens 
intérieurs & les caufes externes : lorfque ces dernières 
{ont fupérieures, elles altèrent & dépouillent; & lorf- 
que le principe vital l'emporte, il répare & renouvelle. 


Mais cet équilibre peut être rompu de mille & mille 


manières, & les effets qui en réfultent font diverffiés. 
fuivant la nature des êtres organifés qui les éprouvent. 
Il en eft donc de cette propriété de fe dépouiller, 
ainfi que de toutes les autres propriétés & de toutes 
les formes que la Nature diftribue aux différentes ef- 
pèces, & combine de toutes les manières, comme fi 
elle vouloit en tout épuifer toutes les modifications. 
C’eft fouvent parce que nos connoiffances font bornées, 
que l'imagination la plus bizarre nous paroît allier des 
qualités & des formes qui ne doivent pas fe trouver 
enfemble. En étudiant avec foin la Nature, non-feu- 
lement dans fes grandes produétions, mais encore dans 
cette foule immenfe de petits êtres, où il femble que 
la diverfité des figures extérieures ou internes, & par 
conféquent celle des habitudes ont. pu être plus facile- 
ment imprimées à des mafles moins confidérables , l'on 
trouveroit des tres naturels, dont les produits de Fi- 


32 Hisrorre NATUREILIE 


magination ne feroient fouvent que des copies. Il y à 

aura cependant toujours une orande différence entre || U 

les originaux & ces copies plus ou moins fidèles : Vi- 1e 

magination, en aflemblant des formes & des qualités | . 

difparates, ne prépare pas à cette réunion extraordi- Ïl F 

naire; elle n'emploie ee cette dégradation fucceflive | (| ; 
de nuances diverffiées à l'infini qui peuvent rappro— wi. Û 
cher les objets les plus éloignés, & qui en décelant la | F 

vraie puiflance créatrice, font le fceau dont la Nature | à 

marque fes ouvrages anrsbies  & les diftingue des pro- | i 

ductions paflagères de la vaine imagination. | | 

Lorfque les Quadrupèdes ovipares quittent leurs | | ia 

Ju 


vieilles couvertures, leur nouvelle peau eft fouvent 
encore aflez molle pour les rendre plus fenfibles au | tk 


choc des objets extérieurs : aufli font-ils plus timides, | fil 
plus réfervés, pour ainf dire, dans leur démarche, & | | ds 
fe tiennent-ils cachés autant qu’ils le peuvent, jufqu'à | # 
que cette nouvelle peau ait été fortifiée par de nou- | ; du 
veaux fucs nourriciers & endurcie ‘par les imprefhons 2. | fr 
de l’atmofphère.. | on 
Les habitudes des Quadrupèdes ovipares font en gé- l| n 
néral affez douces : leur caraétère ef fans férocité ; 4 | à 
fi quelques-uns d'eux, comme les crocodiles, détruifent l m 
beaucoup, c’eft parce qu'ils ont une grande maffe à en- | | M 
tretenir (y); mais ce n’eft que dans les articles particuliers | | tn 
K : - | ln 
(y) Voyez particulièrement l'Hiftoire des Crocodiles. . N . 
ae . %e | fi 


ffons 


en ge 


à 
(EE 


pie 
pate 


aies 


/ 


D£s QUADRUPÈDES OVIPARES, 33 
de cette Hiftoire que nous pourrons montrer comment 
ces mœurs générales & communes à tous les Quadru- 
pèdes ovipares, font plus où moins diverfifiées dans 
chaque efpèce, par leur organifation particulière , & 
par les circonftances de leur vie. Nous verrons, par 
exemple, les uns fe nourrir de poiflons, les autres 
donner la chafle de préférence aux animaux qui ram- 
pent fur la terre, aux petits Quadrupèdes, aux oifeaux 
même qu'ils peuvent atteindre fur les branches des 
arbres; ceux-ci fe nourrir uniquement des infectes qui 
bourdonnent dans l’atmofphère ; ceux-là ne vivre que 
d'herbe, & ne choïfir que les plantes parfumées, tant 
la Nature fait varier les moyens de fubfiftance dans 
toutes les clafles, & tant elle les a toutes liées par un 
grand nombre de rapports. La chaîne prefque fnfinie 


des êtres, au lieu de fe prolonger d’un feul côté, & de 


ne fuivre, pour ainfi dire, qu'une ligne droite, revient 
donc fans cefle fur elle-même, s'étend dans tous les 
fens, s'élève, s'abaifle, fe replie, & par les différens 


contours qu'elle décrit, les diverfes finuofités qu'elle 


forme, les divers endroits où elle fe réunit, ne repré- 


fente-t-elle pas une forte de folide, dont toutes les 


parties senlacent & fe lient étroitement , où rien ne 
pourroit être divifé fans détruire l’enfemble, où l’on ne 


A e e e ; e A = X À 
reconnoît ni premier ni dernier chaînon, & où même 


Von n’entrevoit pas comment la Nature a pu former ce 
tiffu auf immenfe que merveilleux ? ù 
Ovipares | Tome I. E 


34 : HASTOTES NATURELLE 
Les Quadrupèdes ovipares font fouvent réunis en 
grandes troupes ; lon ne doit cependant pas dire qu'ils 
forment-une vraie fociété. Qu'eft-ce en effet qui réfulte 
de leur attroupement ? aucun ouvrage , aucune chafle, 
aucune guerre, qui paroiffent concertés. Ils ne conftrui- 
fent jamais d’afyle; &, lorfqw'ils en choififfent fur des 
rivages, dans des rochers, dans le creux des arbres, &c. 
ce n’eft point une habitation commode qu'ils préparent 
pour un certain nombre d'individus réunis, & qu'ils 
tâchent d'approprier à leurs différens befoins; mais c’eft 
une retraite purement individuelle, où ils ne veulent 
que fe cacher, à laquelle ils ne changent rien, & qu'ils 
adoptent également, foit qu’elle ne fuffife que pour un 
feul animal , ou foit qu’elle ait affez d'étendue pour re- 
celer plufieurs de ces Quadrupèdes. | 
So oi quelques-uns chaffent ou pêchent enfemble, c'eft 


qu'ils font également attirés par le même abpats US. 


attaquent à-la-fois, c’eft parce qu'ils ont la même proie 
.à leur portée; s'ils fe défendent en commun, c’eft parce 
qu'ils font attaqués en même-tems; & fi quelqu'un 
d'eux a jamais pu-fauver la troupe entiere, en l’avertif- 
fant par fes cris de quelqu'embûche, ce n'eft point , 
comme on la dit des finges & de quelques autres Qua- 
.drupèdes, parce qu’ils avoient été, pour ainf dire, 
chargés du foin de veiller à la sûreté commune, mais 


feulement par un effet de la crainte que Jon re- 


trouve dans prefque tous les animaux, & qui les rend 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. s 


‘ fans cefle attentifs à leur confervation individuelle. 


Quoique les Quadrupèdes ovipares paroïflent moins 
fenfibles que les autres Quadrupèdes, ils n'en éprou- 
vent pas moins, au rétour du printems, Le fentiment im- 


_périeux de l'amour, qui, dans la plupart des animaux, 


donne tant de force aux plus foibles, tant d’ activité aux 
plus lents, tant de courage aux re lâches. Malgré le 


filence habit el de plufeurs de ces: Quadrupèdes , i ils 


ont prefque tous des fons particuliers pour exprimer 
leurs defirs. Le mâle appelle fa femelle par un cri ex- 


prefhf, auquel ‘elle répond par un accent femblable. 


L'amour n’eft peut-être pour eux qu une flamme lé 


“gère, qu ils ne reffentent ; jamais” très-vivement, comme 
files humeurs, dont leur corps abonde, les CPE 
 decette Née intérieure & prsenices qu on à COmM- 


parée avec plus de raifon qu on ne le penfe à un-vé- 


. ritable feu, & qui eft de même amortie ou tempérée 
par tout ce qui tient au froid élément de l’eau. Il femble 


cependant que la Nature a voulu IRbÈer dans le plus 


grand nombre de ces Quadrupèdes, à l'activité inté— 


rieure qui leur manque, par une conformation des plus 
propres aux jouiflances de l'amour. Les parties fexuelles 
des mâles font toujours renfermées: dans l'intérieur. de 
leur corps jufqu’au moment où ils s'accouplent avec leurs 


femelles (7); la chaleur interne , qui ne ceffe de péné- 


PR EEE me 
(z) Ceft par l'anus que les mâles des lézards & des tortues font 


E i 


26 HrsTorre NATUREILIE 


trer les organes deftinés à perpétuer leur efpèce, doit 
ajouter à la vivacité des fenfations qu'ils éprouvent ; 
& d’ailleurs ce n’eft pas pendant des inftans très-courts, 
comme la plupart des animaux, que les tortues ma- 
rines, & plufeurs autres Quadrupèdes ovipares, com- 
“muniquent & reçoivent la flamme qu'ils peuvent ref- 
fentir : c’eft pendant plufeurs jours que dure l'union 


intime du mâle & de la femèle , fans qu'ils puiflent 


être féparés par aucune crainte, ni même par des blef- 
fures profondes (a). 


Les Quadrupèdes ovipares font auffi féconds que 


leur union eft quelquefois prolongée. Parmi les vivipa- 
res, les plus petites efpèces font en général celles dont 
les portées font les plus nombreufes ; cette loi conftante 
pour tous ces animaux, ne s'étend pas jufques fur les 
Quadrupèdes ovipares, dans lefquels fa force eft vain- 
cue par la nature de leur organifation. Il paroît même 
que les grandes efpèces de ces derniers Quadrupèdes font 
quelquefois bien plus fécondes que les petites, comme on 
pourra le voir dans l’hiftoire des tortues marines, &c. 

Mais fi les Quadrupèdes ovipares femblent éprouver 


{ortir & introduifent leurs parties fexuelles , & que ceux des grenouilles ; 
des crapauds & des raïnes, répandent leur liqueur fécondante fur les 
œufs que pondent leurs femelles ; ainfi que nous Le verrons dans les 
articles particuliers de leur hiftoire. | 
{a) Voyez l'article de la Tortue franche, — 


doi 
Yen; | 
US, 
Ma 


Cm: 
tr 
union 
ifent 
blef- 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 37 


affez vivement l'amour, ils ne reflentenit pas de même 
la tendrefle paternelle. [ls abandonnent leurs œufs après 
les avoir pondus; la plupart, à la vérité, choïfiflent la 
place où ils les dépofent ; quelques-uns, plus attentifs, 
la préparent & l’arrangent ; ils creufent même des trous 
où ils les renferment, & où ils les couvrent de fable 
& de feuillages : mais que font tous ces foins en com- 
_paraifon de l'attention vigilante dont les petits qui 
doivent éclorre font Pobjet dans plufeurs efpèces d'oi- 
feaux ? & l’on ne peut pas dire que la conformation 
de la plupart de ces animaux ne leur pers pas de 
tranfporter & de mettre en œuvre des matériaux né- 
ceflaires pour conftruire une efpèce de nid plus parfait 
que les trous qu'ils creufent, &c. Les cinq doigts longs. 
& féparés qu'ont la plupart des Quadrupèdes ovipares , 
leurs quatre pieds, leur gueule & leur queue, ne leur 
donneroient-ils pas en effet plus de HE pour y par- 
venir , que deux pattes & un bec n'en | donnent aux 
vifeaux ? | 
1 éroffour de leurs œufs varie, faivant les ae, 
beaucoup plus que dans ces derbiers animaux ; CEUX 
des très-petits Quadrupèdes ovipares ont à peine une 
demi-ligne de diamètre, tandis que les œufs des plus 
grands ont de deux à trois poucés de longueur. Les 
embryons qu'ils contiennent fe réuuiflent quelquefois 
avant d'y être renfermés, de manière à produire des monf- 
truofités 'ainfi que dans les oifeaux. On trouve dans Séba 


dé 


N 


38 Hirsrorre NATURELLE 


la figure d’une petite tortue à deux têtes, & l’on con— 
ferve au Cabinet du Roi un très-petit lézard vert qui 
a: deux têtes & deux cous bien diftinéts (b). 


L’enveloppe des œufs des Quadrupèdes ovipares n’eft 
pas la même dans toutes les efpèces ; dans prefque 
toutes, & particulièrement dans pluieus tortues, elle 
eft fouple , molle, & femblable à du ue à 
mouillé ; mais, dans les crocodiles & dans quelques 
grands lézards, elle eft d’une fubftance dure &  cré- 


tacée comme ve œufs des oifeaux, plus mince Er 


dant, & par conféquent plus fps 
L. œufs des Quadrupèdes ovipares ne font donc pas 


.- couvés par la femelle. L’ardeur du foleil & de l'atmof- 


phète les fait éclore, & lon doit remarquer que ! tandis 


que ces Ouade de ont befoin pour fubffter d’une 


plus grande chaleur que les oifeaux, leurs œufs _cepen- 
dant éclofent à une température ie froide que ceux 
de ces derniers animaux. Il femble quedes machines ani- 


males les plus compofées, & par exemple celle des oi- 


feaux, ne peuvent. être mifes en mouvement que par 


une chaleur extérieure très-active; mais que, lorfqu'elles 
jouent, les frottemens de leurs diverfes parties pro- 


duifent une chaleur interne, qui rend celle de l'atmof- 


(Bb) a été É envoyé par M. le Duc de la Rochefoucault, qui ne. 
cefle de donner des preuves de fes lumières & de fon zèle pour La 


vancement des fciences, 


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DES Quaprurèrs OVIPARES. 39 


phère moins nécefaire pour la confervation de leur 
mouvement. 

Les petits des de ne ovipares ne connoiffent 
donc jamais leur mère; ils n'en reçoivent jamais ni 
nourriture , ni foins, ni fecours, ni éducation; ils ne 
voient, ils nentendent rien qu ‘ils puiflent imiter; le 
befoin ne leur arrache pas long-tems des cris, qui n'étant 
point entendus de leur mère, fe perdroient dans les 
airs, & ne leur procureroient ni afiftance ni nourri- 
ture; jamais la tendrefle ne répond à ces cris; & jamais 
il nes “établit parmi les Quadrupèdes ovipares ce com- 
mencement d’une forte de langage fi bien fenti dans 
plufieurs autres animaux ; ils font donc privés du plus 
grand moyen de s avertir de leurs différentes fenfations, 
& d'exercer une fenfibilité qui auroit pu s’accroître par 
une plus grande communication de leurs affections 
mutuelles. ; | | 3 

Mais fi leur fenfibilité ne peut être augmentée, ds 
naturel eft fouvent modifié? On eft parvenu à appri- 
voifer les crocodiles, qui cependant font les plus grands, 
les plus forts, & les plus dangereux de ces animaux ; 
&aàr égard ge petits Quadrupèdes ovipares, la plupart 
cherchent une retraite autour de nos habitations; cer- 
‘tains de ces animaux partagent même nos demeures, 
où ils trouvent en plus grande abondance les infeétes 
dont ils font leur proie ; & tandis que nous recherchons 
des uns, tels que les pin Pas de tortues, tandis 


NUS A EG à D D à M SL à NU Sd éd 
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N et À 


AO Hisrorre NATURELLE 


que nous les apportons dans nos jardins, où ils font 
foignés, protégés & nourris, d'autres , tels que les lézards 
gris, préfentent quelquefois une forte de domefticité, 
moins parfaite, mais plus libre, puifqu'’elle eft entière- 
ment de leur choix, plus utile, parce qu'ils détruifent 
plus d’infectes nie: & , pour ainf dire, plus noble, 
paifqu ils ne reçoivent de l’homme ni nourriture pré- 
Fu ni retraite particulière. : 
Prefque tous les Quadrupèdes ovipares répandent 
une odeur forte, qui ne diffère pas beaucoup de celle 
du mufc, mais qui eft moins agréable, & qui par 
conféquent reflemble un peu à celle qu'exhalent des 
animaux d'ordres bien différens, tels que les fer- 
pens, les fouines, les belettes, . putois, les mouf- 
fètes d'Amérique , plufñeurs oifeaux , tels que la 
huppe, &c. cette odeur plus ou moins vive eft le pro- 
duit de fecrétions particulières, dont l'organe. eft très- 


apparent dans quelques Quadrupèdes ovipares, & par- 


ticulièrement dans le crocodile, ainfi que nous le ver- 


rons dans les détails de cette Hiftoire, 


Les Quadrupèdes ovipares vivent en général trés- 


Aong-tems. On ne peut guère douter, par exemple, que 
les grandes tortues de mer ne parviennent, ainf que 
celles d’eau douce & de terre , à un Âge très-avancé; & 


une très-longue vie ne doit pas étonner dans ces anij- 


maux, dont lé fang eft peu échaufté, qui tranfpirent à 


peine, qui peuvent fe pafler de nourriture pendant 
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. AK 


plufieurs mois, qui ont fi peu d’accidens à craindre, 


& qui réparent fi aifément les pertes qu'ils éprouvent. 
D'ailleurs ils vivent pendant un bien plus grand nombre 
d'années que les Quadrupèdes vivipares, fi l’on ne cal- 
cule lexiftence que par la durée. Mais fi l’on veut 
compter les vrais momens de leur vie, les feuls que 
lon doive eftimer, ceux où ils ufent de leur force & 
font ufage de leurs falcultés, on verra que lorfqw'ils 


habitent un pays éloigné de la ligne, leur vie eft bien 


courte, quoiqu' elle paroïfle renfermer un grand efpace 


de tems. Engourdis pendant près de fix mois, il faut 


d'abord retrancher la moitié de leurs nombreufes an- 
nées; & pendant le refte de ces ans, qui paroiffent 
leur avoir été prodigués, combien ne faut-il pas ôter 
de jours pour ce tems de maladie, où dépouillés de 
leur première peau, ils font obligés d'attendre dans une 


retraite qu'une nouvelle couverture les mette à l’abri 
q 


des dangers ! Combien ne faut-il pas ôter d'inftans pour 
ce fommeil journalier, auquel ils font plus fujets que 
plufieurs autres animaux, parce qu'ils reçoivent moins 
de fenfations qui les réveillent, & fur-tout parce qu'ils 
font moins preflés par l’aiguillon de la faim! Il ne 
reftera donc qu'un très-petit nombre d'années où les 
Quadrupèdes ovipares foient réellement fenfibles & 
actifs, où ils emploient leurs forces, où ils ufent leur 


machine, où ils tendent avec rapidité vers leur dépé- 


riflement. Pendant tout le tems de leur fopeur, inac- 
Ovipares , Tome I. F 


42 HirsToirEe NATURELLE 


ceflibles à toute impreffon, froids, immobiles, & pref- 
que inanimés, ils font en quelque forte réduits à l’état 
des matières brutes, dont la durée ef très-longue parce 
que le tems n’eft pour ces fubftances qu'une fucceffion 
d'états pañlifs & de pofitions inertes fans effets productifs, 
& par conféquent fans caufes intérieures de deftruc- 
tion, bien loin de pouvoir être compté par de vives: 
jouiffances, & par les effets féconds qui déploient mais 
ufent tous les reflorts des êtres animés. 

Plufieurs Voyageurs ont écrit que quelques lézards 
& quelques Quadrupèdes ovipares fans queue renfer- 
ment un poifon plus ou moins actif. Nous verrons dans 
les articles particuliers de cette Hiftoire, que l’on ne 
peut regarder comme venimeux qu’un très-petit nombre 
de ces Quadrupèdes. D'un autre côté, l’on fait qu'aucun. 
Quadrupède vivipare & qu'aucun oïifeau ne font in- 
fectés de venin; ce n'eft que parmi les ferpens, les. 
poiflons, les vers, les infectes & les végétaux que l’on. 
rencontre plufeurs efpèces plus ou moins venimeufes. 
H fembleroit donc que l’abondance des fucs mortels , 
eft d'autant plus grande dans les êtres vivans, que leurs: 
humeurs font moins échauflées, & que leur organifation. 
intérieure eft plus fimple. | 

Maintenant nous allons examiner de plus près les 
divers Quadrupèdes ovipares dont nous avons remarqué 
les qualités communes & obfervé les attributs généraux. 
Nous commencerons par les diverfes efpèces de tortues 


à l'état 
parce 
Ctelion 
fs, 
d ef. 


6 viva 


nt mais 


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pis les 
marqué 


péraus 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A? 
de mer, d'eau douce & de terre; nous confidérerons en- 
fuite les crocodiles & les différens lézards, dont les 
efpèces les plus petites, & particulièrement celles des 
falamandres, ont tant de rapports avec les grenouilles 
& les autres faune de Quadrupèdes ovipares qui n’ont 
pas de queue, & par l’hiftoire defquels nous términerons 
celle de tous ces animaux. Nous ne nous arrêterons ce- 
pendant beaucoup qu’à ceux qui, par la fingularité de 
leur conformation, l'étendue de leur volume, la gran- 
deur de leur Hate - la prééminencé de lents qua- 
lités, mériteront un plus grand intérêt & uné attention 
plus marquée; pour parvenir à péiñdré la Nature, 
tâchons de limiter; & de mêmé que lés efpèces dif: 
tinguées paroiffent avoir été lés objets de fa prédi- 
leétion, qu'elles foient ceux de notre attention particu- 
lière, comme réfléchiffant vers nous plus de lumière, & 
comme en répandant DÉReGEe fur tout ce qui les 
environne. Et lorfqu'il s'agira de tracer les limites qui 
féparent les efpèces les unes des autres, lorfque nous 
ferons indécis fur la valeur des cars dlérer on fe préfen- 
teront, nous aimerons mieux né compter qu'une efpèce 
que d'en admettre deux, bien aflurés que les individus 
ne coûtent rien à la Nature, mais que, malgré fon im- 
menfe fécondité, elle n’a point prodigué inutilement les 
efpèces. Ses effets font fans nombre, mais non pas les 
caufes qu’elle fait agir. Nous croirions donc mal re- 


préfenter l’augufte fimplicité de fon plan, & mal parler 


Fi 


A4 Hisroire NATUREL:rE 


de fa force, en lui rapportant fans raifon une vaine e 
multiplication d’'efpèces; nous penfons, au contraire, | 

mieux révéler fa puiflance, en difant que toutes ces de 
différences qui font la magnificence de l'univers, que | L 
toutes ces variétés qui l’embelliflent, elle les a fouvent 
produites en modifiant de diverfes manières les efpèces | P 
réellement diftinétes. Bien loin d'enrichir la fcience , | 
ne lappauvriflons pas; ne la rabaïflons pas en la fur- | F 
chargeant d’un poids inutile d’efpèces arbitraires ; & L il 
n'oublions jamais que du haut du trône fublime où | æ 
fiège la Nature, dominant fur le tems & fur l’efpace, nl 
elle n'emploie qu'un petit nombre de puifflances pour | | jte 
animer la matière, développer tous les êtres, & mouvoir | | kit 


tous les corps de ce vafte univers. 


ane 
lare, 
LE ce - 
que 
fouvent 
efpéux 
jence, 
k fur- 
es, & 
me où 
fpace, 
; pour 
QuvOIr 


DES QUADRUPÉDES OWIPARES. 45 


SEE S TORTUES. 
LA NATURE a traité prefque tous les animaux avec 
plus ou moins de faveur: les uns ont reçu la beauté, 
d'autres la force; ceux-ci la grandeur, ou des armes 
meurtrières; ceux-là des attributs d'indépendance, la 
faculté de nager ou celle de s'élever dans lés'airs. Mais 
expofés en naiflant aux intempéries de l’atmofphère, les 
uns font obligés de fe creufer avec peine des retraites 
fouterraines & profondes; les autres n’ont pour afyle que 
les antres ténébreux des hautes montagnes ou des vañtes 
forêts ; ceux-ci, plus petits, font réduits à fe tapir dans 
les creux des arbres & des rochers, ou à aller fe ré- 
fugier jufque dans la demeure de leurs plus cruels 
ennemis, aux yeux defquels ni leur petitefle, ni leur 
rufe ne peuvent les dérober long-tems; ceux-là, plus 
malheureux , moins bien conformés ; où Moins pourvus 
d'inftinét, font forcés de pañler triftement leur vie fur 


la terre nue, & n’ont pour tout abri contre les froids 


rigoureux & les tempêtes Les plus violentes, que quel- 
ques branches d'arbres & quelques roches avancées : 
ceux dont la demeure eft la plus commode & la plus 


sûre, ne jouiflent de la douce paix qu'elle leur pro- 


cure, qu'à force de travaux & de foins ; les tortues 
feules ont reçu en ,maiflant une forte de domicile 


46 Hisrorre NATUREzIzE 


durable. Cet afyle, capable de réfifter À de très- 


grands efforts, n’eft pas même fixé à un certain ef- 
pace : lorfque la nourriture leur manque dans les en- 
droits qu'elles préfèrent, elles ne font pas contraintes 


d'abandonner un toit conftruit avec peine, de perdre 
tout le fruit de longs travaux, pour aller peut-être avec 


plus de peine encore arranger une habitation nouvelle 
fur des bords étrangers ; elles portent par-tout avec elles 
l'abri que la Nature leur a donné, & c’eft avec toute 
vérité qu'on a dit qu’elles traînent leur maifon , fous 
laquelle elles font d'autant plus à couvert qu’elle ne 
peut pas être détruite par les efforts de leurs ennemis. 

La plupart des tortues retirent quand elles veulent 
leur tête, leurs pattes & leur queue fous l'enveloppe 
dure & offeufe qui les revêt par-deflus & par-deflous , 
& dont les ouvertures font aflez étroites pour que les 
ferres des oifeaux voraces, ou les dents des Quadru- 
pèdes carnafiers n’y pénètrent que difficilement. De- 
meurant immobiles dans cette poñtion de défenfe, elles 
peuvent quelquefois recevoir fans crainte, comme fans 
danger; les: attaques des animaux qui cherchent à en 
faire leur proie. Ce ne font plus des êtres fenfibles, 
qui oppofent fa force à la force, qui fouffrent toujours 
par la réfiftance, & qui font plus ou moins bleflés par 
leur viétoire même : mais, ne préfentant que leur épaifle 
enveloppe, c’eft en quelque forte contre une couverture 
infenfible que font dirigées. les armés de leurs ennemis ; 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 47 
les coups qui les menacent ne tombent, pour ainfi 
dire, que fur la pierre, & elles font alors aufli à l'abri 
fous leur bouclier naturel, qu’elles pourroient Pêtre 
dans le creux profond & inacceflible d’une roche dure. 
Ce bouclier impénétrable qui les garantit eft compoié 
de deux efpèces de tables offeufes plus ou moins ar- 
rondies & plus ou moins convexes. L’une eft placée 
au-deflus & l’autre au-deflous dù eorps. Les côtes & 
l'épine du dos font partie de la fupérieure, que l'on 
appelle carapace, & Yinférieure, que l’on nomme plaf- 
tron , eft réunie avec les os qui compoñfent le ffernum.. 
Ces deux couvertures ne fe touchent & ne font at- 
tachées enfemble que par les côtés : elles laiffent deux 
euvertures, lune devant & l’autre derrière; la pre- 
mière donne pañlage à la tête & aux deux pattes de 
devant ; la feconde aux deux pattes de derrière, à la 
queue & à la partie du corps où eff fitué l'anus. Lorfque 
les tortues veulent, ou marcher, ou nager, elles font 


. obligées d'étendre leur tête, leur col & leuts pattes, 


qui paroiflent alors à l'extérieur, & ces divers mem= 
bres, ainfi que la queue, le devant & le derrière du 
corps, font couverts d’une peau qui s'attache au-deffous: 
des bords de la carapace & du plaftron, qui forme 
plufieurs plis, lorfque les pattes & la tête font reti- 
rées, qui eft aflez lâche pour fe prêter à leuts divers: 
mouvemens d'extenfion , & qui eft garnie de petites: 
écailles comme celle des lézards , des ferpens & des: 


48 Hisrorïre NATURELLE 


poiflons, avec lefquels elle donne aux tortues un trait: 102 : 
de reflemblance. La tête, dans prefque toutes les ef- | mu 
pèces de ces animaux, eft un peu arrondie vers le | ki 
mufeau , à l'extrémité duquel font fituées les narines : - ë 
la bouche eft placée en-deflous ; fon ouverture s'étend | gd 
jufqu'au-delà des oreilles. La mâchoire fupérieure re- F4 
couvre la mâchoire inférieure ; elles ne font point com- | 
munément garnies de dents, mais les os qui les com- | ml 
_pofent font feftonnés , & affez durs pour que les tortues | M 
puiflent brifer aifément des fubftances très-compactes. | ml 
Cette pofition & cette conformation de leur bouche | ki 
leur donnent beaucoup de facilité pour brouter les | on 
algues & les autres plantes dont elles fe nourriflent. | mé, 
Dans prefque toutes les tortues, la place des oreilles | | à qu 
n'eft fenfible que par les plaques ou écailles particu- | gt 
“lières qui les recouvrent ; leurs yeux font gros & | qi 
faillans: | | cl 
Le plaftron eft prefque toujours plus court que la | pink 
carapace, qui le déborde & le recouvre pardevant, | | pu 
& fur-tout parderrière ; il eft aufli moins dur, & fou- | pu 
vent prefque plat. Ces deux boucliers font compofés ei 
de plufeurs pièces offeufes, dont les bords font comme | [he 
dentelés, & qui s’engrènent les unes dans les autres _. 


D Ê , Û | 
d'une manière plus ou moins {enfible ; dans certaines | LA 


ap 

efpèces, celles du plaftron peuvent fe prêter à quel- J 
| - | Ls 

ques mouvemens. La couverture fupérieure, ainfi que im 
l'inférieure, font garnies de lames ou écailles qui varient | ss | 
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 49 
par leur grandeur, par leur forme & par leur nombre, 
non-feulement fuivant les efpèces, mais même fuivant 
les individus. Quelquefois le nombre & la figure de 
ces écailles correfpondent à celles des piéces offeufes 
qu’elles cachent. 

On diftingue les écailles qui revêtent la circonfé- 


‘rence de la carapace d'avec celles qui en recouvrent 


le milieu; ce milieu eft appellé difque. Il eft le plus 
fouvent couvert de treize ou quinze lames, placées en 
long fur trois rangs; celui du milieu eft de cinq lames, 
& les deux des côtés font de quatre. La bordure eft 
communément garnie de vingt-deux ou vingt-cinq 
lames ; le nombre de celles du plaftron varie de douzé 
à quatorze dans certaines efpèces, & de vingt- - deux 
à vingt-quatre dans d’autres. Ces écailles tombent quel- : 
quefois par l'effet d’une grande deffication, ou de quel- 
qu'autre accident : elles font à dr-tanarents * 
pliantes, élaftiques ; elles préfentent, dans certaines ef- 
pèces, telles que le caret, &c. des couleurs affez belles 
pour être recherchées & fervir à des objets de luxe; & 
ce qui les rend d'autant plus propres à être employées 
dans les arts, c’eft qu’elles fe ramolliflent & fe fondent 


. un feu Me doux de manière à être réunies, moulées, 


& à prendre toute forte de figures. 
Les tortues font encore diftinguées des autres Qua- 
drupèdes ovipares par plufieurs caraétères intérieurs affez 


remarquables, & particulièrement par la grandeur très- 


gas. Tome I, G 


50 HISTOIRE NATURELLE 


confidérable de la veflie qui manque aux lézards, ainf 
qu'aux Quadrupèdes ovipares fans queue. Elles en 
diflèrent encore par le nombre des vertèbres du cou; 


nous en avons compté huit dans la tortue de mer, 


appellée la tortue franche, dans la grecque & dans la 
tortue d’eau douce, que nous avons nommée /a jaune, 
tandis que les crocodiles n’en ont que fept, que la 
plupart des autres lézards n'en ont jamais au-deflus 
de quatre, & que les QHsarnene ovipares fans queue 
en font entièrement privés. 

Tels font les principaux traits de la conformation 
générale des tortues: nous connoiffons vingt-quatre ef-- 
pèces de ces animaux ; elles diflérent toutes les. unes. 
des autres par leur grandeur, & par d’autres caractères 
faciles à diftinguer. La carapace des grandes tortues 
a depuis quatre jufqu'à einq pieds de long, fur trois 
ou quatre pieds de largeur; Le corps entier a quelqueiois 
plus de quatre pieds d’épaiffeur verticale à l'endroit 
du dos le plus élevé. La tête a environ fept ou huit 
pouces de long & fix ou fept pouces de large ; le cou 
eft à-peu-près de la même longueur, ainfi que la queue. 


Le poids total de ces grandes tortues excède ordinai- 
rement huit cens livres, & les deux couvertures en 


pèfent à-peu-près quatre cens. Dans les plus petites 


efpèces, au contraire, on ne compte que quelques; 


pouces depuis. A du mufeau jufqu’ au bout de 


la queue, même lorfque toutes les parties de la tortue 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, ST 
font étendues, & tout l'animal ne pèfe pas EE 
une livre. 

Les vingt-quatre chèse de tortues différent auffi 
beaucoup les unes des autres par leurs habitudes : les 
unes vivent prefque toujours dans la mer; les autres, 
au contraire, préfèrent le féjour des eaux douces où 
des terreins fecs & élevés. Nous avons cru d'après cela 
devoir former deux divifions dans le genre des tortues. 
Nous plaçons dans la première fix efpèces de ces ani- 
maux, les plus grandes de toutes, & qui habitent la 
mer de préférence. Il eft aifé de les diftinguer d'avec 
les autres, en ce que leurs pieds très-alongés & leurs 
doigts très-inégaux en longueur, & réunis par une 
membrane, repréfentent des nageoires dont la longueur 
eft fouvent de deux pieds, & égale par. conféquent 
plus du tiers de celle de la carapace. Leurs deux bou- 
cliers fe touchent d’ailleurs de chaque côté dans une 
plus grande portion de leur circonférence : l'ouverture 
de devant & celle de derrière font par-là moins éten- 
dues, & ne laiflent qu'un pañlage plus étroit à la griffe 
des oifeaux de proie & aux dents des caymans , des 
tigres, des cougars, & des autres ennemis des tortues; 
mais la plupart des tortues marines ne cachent qu'à- 
demi leur tête & leurs pattes fous leur carapace, & 
ne peuvent pas les y retirer en entier, comme les 
tortues d'eau douce ou terreftres. Les écailles qui re- 
yêtent leur plaftron, au lieu d’être difpofées fur deux 


Gi 


+2 Hirsrorre NarTurEerze 


rangs, comme celles du plaftron des tortues terreftres: | 
ou d’eau douce, forment quatre rangées, & leur nombre F 
eft beaucoup plus grand. dd 

Lies tortues marines repréfentent parmi les Quadru- : 
pèdes ovipares, la nombreufe tribu des Quadrupèdes nl 
vivipares, compofée des morfes, des lions marins, des D 
lamantins & des phoques, dont les doigts font égale- | | L 
ment réunis, & qui tous ont plutôt des nageoires que | ÿ 
des pieds : comme cette tribu, elles appartiennent bien | - 
plus à l'élément de l’eau qu'à celui de la terre, & elles | l “ 
lient également l’ordre dont elles font partie avec celui D 


des poiflons auxquels elles reflemblent par une partie 
de leurs habitudes & de leur conformation. 

Nous compofons la feconde divifion de toutes les 
autres tortues qui habitent, tant au milieu des eaux 
douces que dans les bois & fur des terreins fecs ; nous 
ÿ Comprenons par conféquent la tortue de terre, nom- 
mée la grecque, qui fe trouve dans prefque tous les 
pays chauds, & la tortue d’eau douce, appellée la 
bourbeufe , qui eft affez commune dans la France mé- 
ridionale , & dans les autres contrées tempérées de 
l'Europe. Toutes les tortues de cette feconde divifion 
ont les pieds très-ramañlés, les doigts très-courts & 
prefque égaux en longueur : ces doigts, garnis d'ongles 
forts & crochus, ne reflemblent point à des nageoires ; 
la carapace & le plaftron ne font réunis lun à 
l'autre que dans une petite portion de leur contour; 


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jntour; 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 53 
ils laiffent aux différentes parties des tortues plus de 
facilité pour leurs divers mouvemens ; & cette plus 
grande liberté leur eft d'autant plus utile, qu'elles 
marchent bien plus fouvent qu'elles ne nagent; leur 
couverture fupérieure eft d’ailleurs communément bien 
plus bombée ; auffi, lorfqu'elles font renverfées fur le 
dos , peuvent-elles la plupart fe retourner & fe remettre 
fur leurs pattes, tandis que prefque toutes les tortues 
marines, dont la carapace eft beaucoup plus plate, 
s’'épuifent en efforts inutiles lorfqu'elles ont été retour- 
nées, & ne peuvent point reprendre leur premiere 
pofition. 


HisTorre NATUrRErIrFr 


mm AAA À 2 pmmrenncens me error rem remasnurmunrans 


ne mens Lee LOS dE Lens modems pomme eme enemnsescnonenenntnnn sono ne in 


PREMIÈRE D VA ONE 


TORTUES DE MER. 


LA TORTUE FRANCHE. () 


Ur des plus beaux préfens que la Nature ait faits aux 
‘habitans des contrées équatoriales, une des productions 
les plus utiles qu'elle ait dépofées fur les confins de la : 
terre & des eaux, eft la grande tortue de mer, à la- 
quelle on a donné le nom de tortue franche. L'homme 


(a) En latin, teftudo marina & mus marinus. 
En anglois, the green turtle: : 
Jurucua , au Bréfil. _ 
Tartaruga, par les Portuguis. 
Jortue Mydas. M. d'Aubenton , Encyclopédie nn 
Teftudo Mydas. Linnœus J ÿfiema Nature , amphibia reptilia , edirio 
re Bts. tofs Mydas.3 4 
Ray, fynoplis Cuadrapedtits page 264. a marina vulgaris, 
Rochefort, tortue franche. 
: Mas. ad. fr. 1. p. so. teftudo atra, 
| | Du Tertre, tortue franche, 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES.  S4 
emploieroit avec bien moins d'avantage le grarid art 
de la navigation, fi vers les rives éloignées, où fes 
defirs l’appellent, il ne trouvoit dans une nourriture 
_aufli agréable qu'abondante, un remède afluré contre 
les fuites funeftes d'un long féjour dans un éfpace 
reflerré, & au milieu de fubftances à demi-putréfiées, 
que la chaleur & l'humidité ne ceffent d’altérer (4). 


Labat, tortue franche. 

Séba, mus. 2. tab. 79, fig: ds sb 

The green turtle. Patrick Brown. Natural hiflory of Jamaica, p. J6s. 
Teftudo unguibus palmarum duobus, plantarum fi ingularibus. 

Hans Sloane. Voyage aux Ifles Madère , Barbade, &c. avec PHifloire 
gaturelle de ces Ifles. Londres. 1725. vol. 2 , page 335. | 

Ofbeck. it. 292 

Gefner , Quadrup. ovip. 105. teftudo marina. 

Aldroy. Quadrup. 712, tab. 714. 

Olear, mus. 27, tab. 17, fig 2. 

Brad. natur. tab. 4, fig. 4. 

Catefby , Hifioire naturelle de la Caroline. 7. 2 , pag. 38- 

Marcgrave. Brafil. 2421. Jurucuja Brafilienfibus. 

Teftudo viridis. Hiff. natur. des Tortues, par M. Jean Séhnéder, 
& Leipfick , 1783. 

(b) ce On fait des bouiltons de tortues franches, que lon réa 
comme excellens pour les pulmoniques, les cacheëtiques, les fcorbu- 6s 
tiques », &c. La chair de cet animal renferme un fuc adouciffant , ce 
nourriflant, incilif & diaphorétique, dont j'ai de très-bons cæ 
effets. 

Note communiquée par M. de la Borde ” Médecin du Roi à a a 


6 


56 Hrsrorre NATURELLE 

Cet aliment précieux lui eft fourni par les tortues 
franches ; & elles lui font d'autant plus utiles qu’elles 
habitent fur-tout ces contrées ardentes, où une cha- 


leur plus vive accélère le développement de tous les 


germes de corruption. On les rencontre en effet en 
très-grand nombre , fur les côtes des Ifles & des Con- 
tinens fitués fous la zone torride , tant dans l’ancien 
que dans le nouveau monde ; les bas-fonds qui bordent 
ces Ifles & ces Continens, font revêtus d’une grande 
quantité d'algues (c) & d’autres plantes que la mer 
couvre de fes ondes, mais qui font aflez près de la 
furface des eaux pour qu'on puifle les diftinguer fa- 
cilement lorfque le tems eft calme. C’eft fur ces ef- 
pèces de prairies que l’on voit les tortues franches fe 
promener païfiblement. Elles fe nourriflent de l'herbe 
de ces pâturages (4), Elles ont quelquefois fix ou fept 


pieds de longueur, à compter rs le bout du mu- 


—. Marc Cat: H, foire n naturelle de la: Caroline, de la Floride, 
& des Ifles de Bahama, revue par M. Écwards. Londres, 17545 
& vol. page: 38. 

(d) 66 Dans ces grandes herbes, qui fe nomment /argaflés , & qui 
> paroïffent: en divers endroits fur la furface de la mer, mais dont le 


» grand nombre eft au fond de l'eau & fur les côtes, on trouve entre 
». plufeurs autres efpèces d'animaux marins, une prodigieufe quantité 
». de tortues. » 


Défcription de l'Ifle Efpagnole ; Hifi. générale des voyages, partie 3: 


À livre 4, 


feau 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 57 
feau jufqu'à lextrémité de la queue, fur trois ou 
quatre de largeur & quatre pieds ou environ d’épaif- 
feur, dans l'endroit le plus gros du corps; elles péfent 
Ru près de 800 livres; elles font en fi grand nombre 
qu'on feroit tenté de les regarder comme une efpèce: 
de troupeau raflemblé à deflein pour la nourriture & 


le foulagement des Navigateurs qui abordent auprès de: 


ces bas-fonds : & les troupeaux marins qu’elles forment 
le cèdent d'autant moins à ceux qui paiffent l'herbe de 
la furface sèche du globe, qu’ils joignent à un goût exquis 
& à une chair fucculente & fubftantielle, une vertu 
des plus actives & des plus falutaires. 

La tortue franche fe diftingue facilement des autres 
par la forme de fa carapace. Cette couverture fupé- 
rieure, qui a quelquefois quatre ou cinq pieds de long 
fur trois ou quatre de largeur, eft ovale & entourée 


d'un bord compofé de lames, dont les plus grandes 


font les plus éloignées de la tête, & qui, terminées 
à l'extérieur par des lignes courbes, font paroître ce 
même bord comme ondé : le difque, ou le milieu de 
cette couverture fupérieure , eft recouvert ordinaire- 
ment de quinze lames ou écailles, d’un roux plus ou: 
moins fombre, qui tombent es ainfi que celles 
de la bordure, par l'effet d’une grande deflication ou 
de quelqu'autre accident, & dont la forme & le 
nombre varient d'ailleurs fuivant l’âge & peut-être 
fuivant le fexe; nous nous en fommes aflurés en exa- 
Ovipares, Tome I. H 


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58 Hirsrorre NATURELLE 

minant des tortues de diflérentes tailles (e). Lorfque 
animal eft dans l’eau, la carapace paroît d'un brun 
clair tacheté de jaune (f). Le plaftron eft moins dur 
& plus court que la carapace; il eft garni commu 
nément de vingt-trois ou po be oué lames, difpofées 


far quatre rangs (g); & c’eft à caufe des deux bou- 


(e) « Le nombre des lames dans les tortues franches, varie fui- 
vant les individus ; mais il paroît cependant relatif à l'âge. » Note com- 
muniquée par M. le Chevalier de Widerfpach, Officier au Bataillon 
de la Guyane, & Correfpondant du Cabinet du Roë. 

(f) Mémoires manuferits fur les tortues , rédigés par M. de Fouge- 
roux de Bondaroy , de l'Académie des Sciences , & que ce favant Aca- 
démicien a bien voulu me communiquer. 

(g) Nous croyons devoir rapporter ici les dimenfions d'une jeune 
tortue franche, qui n’avoit pas encore atteint tout fon développement , 
& qui eft confervée au Cabinet du Roi. 

Dans cette tortue, ainfi que dans celles dont il fera queftion dans tt 
Ouvrage, nous avons mefuré la longueur totale de l'animal , ainf que la 
longueur & la largeur de la carapace, en fuivant la convexité de cette 
couverture fupérieure. | 
Longueur, depuis le bout du mufeau juf- | pieds. | pouces. | lignes. 

qu'à l'extrémité poftérieure de la cara- $ 

PACE. soso ss 3 


Longueur dé & tête. : à 45 42... 7 8 
Largeur dk été, soucie 50 3 9 
Longueur de la carapace. . . . . . . . .. 3 II 6 
Largeur de la carapace. . . . . . . . —. I 10 7 
Longueur des pattes de devant. . . ... I 2 3 
Longueur des pattes de derrière: .% + IT 


Nous avons compté neufcôtes de chaque côté, dans cette jeune tortue, 


REDONNER RENE 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 59 


cliers dont la tortue franche eft armée, qu’on lui a 
donné le nom de /oldat dans certaines contrées (4): 

Les pieds de la tortue franche font très-alongés; 
les doigts en font réunis par une membrane; ils ref- 
femblent beaucoup à de vraies nageoires, aufli lui 
fervent-ils à nager bien plus fouvent qu'à marcher, 
& lui donnent-ils une nouvelle conformité avec les 


poiflons & avec les phoques qui habitent comme elle 


au milieu des eaux. Sans cette conformation, elle 
abandonneroit un élément où elle auroit trop de peine 
à frapper l’eau avec des pieds qui, préfentant une trop 
petite furface, n’oppoferoient à ce fluide prefque aucune 
réfiftance : elle habiteroit fur la terre sèche, où elle 
marcheroit avec facilité comme les tortues de terre 
que l’on trouve au milieu des bois. | 

Dans les pieds de derrière, le premier doigt, qui 
eft le plus court, eft le feul qui foit garni d'un ongle 
aigu & bien apparent; le fecond doigt left d’un ongle 
moins grand & plus arrondi, & les trois autres n’en 
préfentent que de membraneux & peu fenfibles , tandis 
qu'aux pieds de devant, les deux doigts intérieurs font 
terminés par des ongles aigus, & les trois autres par 
des ongles membraneux : au refte , il fe peut que la 
forme , le nombre & la pofition des ongles varient dans 


(k) Conrad Gefner , Quadrup. ovip. Zurich. 2554, page 104. 
H ï 


6o Hrsrorre NATURELIIE | Î 


la tortue franche (à); mais il n'y en a jamais qu’ux 


d'aigu aux pieds de derrière, & c’eft un caractère dif- 4 . 
tinétif de cette efpèce. ; 
La tête, les pattes & la queue, font recouvertes de fs 

patte queu | 
petites in comme le corps dés lézards, des fer- | ik 
pens & des poiffons , & de même que dans ces ani- Î k 
maux, ces écailles font un peu plus grandes fur le | f 
lil ommet de la tête que fur le cou & fur la queue. | ë 
| 1! L'on a prétendu que, malgré la grandeur des tortues LE: 
fl | franches, leur cerveau métoit pas plus gros qu'une | | ( 
11 fève (k); ce qui confirmeroit ce que nous avons dit | j 
Il F de la petitefle du cerveau dans les Quadrupèdes ovi- L 
nil | . pates. La bouche, fituée au-deflous de la partie anté- | | “ 
| | ! rieure de la tête, s'ouvre jufqu'au-delà des oreilles; | | ie 

[ll les mâchoires ne font point armées de dents, mais | 
| elles font. très-dures & très-fortes; & les os qui les L 
compofent, font garnis de pointes ou d’afpérités. C’eft | 4 
avec ces mâchoires puiflantes que les tortues coupent | \l 
lherbe fur les tapis verts qui revêtent. les. bas- fonds | | { 
de certaines côtes, & qu'elles peuvent brifer des | fl 
pierres, & écrafer. ke coquillages dont elles fe nourrit L | 
{ent qiehjusiais | 
4 
| g 
(2) Lion. emphib. rept. tefludo mydas. (@ 
(Æ) Voyez les Mémoires pour fervir à l'Hiftoire naturelle des ani- pl 
maux , art. de R tortue. de terre de Coromaudel. 


LR 


e dif 


ke de 
es (er. : 
$ an 
fur ke 
queue. 
(ortues 
qu'une 
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anté- 
illes ÿ 


, Mai 


, Cel 


ouper | 


font 
fer dé 


nourrit 


, des 


qui le 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES, (4: 


Lorfque les tortues ont brouté l’algue au fond de 


Ja mer, elles vont à l'embouchure des grands fleuves 
‘chercher leau douce dans laquelle elles paroïflent fe 


plaire, & où elles fe tiennent paifiblement la tête hors 
de l’eau, pour refpirer un air dont la fraicheur fémble 
leur être de tems en tems néceflaire. Mais n'habitant 
que des côtes dangereufes pour elles, à caufe du grand, 


_mombre d'ennemis qui les y attendent, & de chaffeurs 
qui les y pourfuivent, ce neft qu'avec précaution 
qu’elles goûtent le plaifir d’humer l'air frais & de fe 
baigner au milieu d’une eau douce & courante. A 
peine apperçoivent-elles l'ombre de quelque objet à 
craindre, quelles plongent & vont chercher au fond 
de la mer une retraite plus sûre: | | 


La tortue de terre a de tous les tems pañlé pour 


le fymbole de la lenteur; les tortues de mer devroient 
être regardées comme l’emblême de la prudence. Cette” 
qualité, qui, dans les animaux, eft le fruit des dangers 


qu'ils ont courus, ne doit pas étonner dans ces tor- 


tues, que l’on recherche d'autant plus, qu'il eft peu 
dangereux de les chaffer, & très-utile de les prendre. 
Mais fi quelques traits de leur hiftoire paroiflent prouver 
qu’elles ont une forte de fupériorité d’inftinét, le plus 


grand:nombre de ces:mêmes traits, ne montreront dans 


ces grandes tortues de mer que des propriétés paflives,. 
plutôt que des qualités aétives. Rencontrant une nour-- 


riture abondante fur les côtes qu'elles fréquentent ,.fe: 


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62 Hrsrorrre NATURELLE | 


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| nourriflant de peu, & fe contentant de brouter l'herbe, N qu 
{| elles ne difputent point aux animaux de leur efpèce | je 
Î un aliment qu'elles trouvent toujours en aflez grande | gd 
quantité; pouvant d’ailleurs, ainfi que les autres tortues | dl 
& tous les Quadrupèdes ovipares, pafler plufieurs mois, L , 
& même plus d'un an, fans prendre aucune nourriture, | L 


elles forment un troupeau tranquille ; elles ne fe re- 
cherchent point, mais elles fe trouvent enfemble fans. 
peine, & y demeurent fans contrainte; elles ne fe réu- | | 


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niflent pas en troupe guerrière par un inftinét carnaflier 
pour s'emparer plus aifément d’une proie difficile à | | 
vaincre, mais conduites aux mêmes endroits par les | | P 
mêmes goûts & par les mêmes habitudes, elles con- | : 
- fervent une union paifble. Défendues par une cara- | F 
“pace offeufe, très-forte, & fi dure que des poids très- F* 
lourds ne peuvent lécrafer, garanties par cette forte ù 
de bouclier, mais ayant rien pour nuire, elles ne | | F 
redoutent point la fociété de leurs femblables, qu'elles EL 
ne peuvent à leur tour troubler par aucune offenfe. LE à 
La douceur & la force, pour réfifter, font donc ce | ï 
qui diftingue la tortue franche, & c’eft peut-être à ces | 
qualités que les Grecs firent allufion lorfqw’ils la don- E. 
nèrent pour compagne à la beauté, lorfque Phidias la t. 
plaça comme un fymbole aux pieds de fa Vénus (1). : 
Rien de brillant dans fes mœurs, non plus que dans E à 

#0 


© (7) Paufanias in eliacis. 


DES QUADRUPÈDES OFIPARES. (63 


les couleurs dont elle eft variée : mais fes habitudes 
{ont aufli conftantes que fon enveloppe a de folidité; 
plus patiente qu'agiflante, elle n'éprouve prefque ja- 
mais de defirs véhémens; plus prudente que courageufe, 
elle fe défend rarement , mais elle cherche à fe mettre 
à l'abri ; & elle emploie toute fa force à fe cramponer, 
lorfque, ne pouvant brifer fa carapace, on cherche à 
l'enlever avec cette couverture. . 

La conftance de fes habitudes paroît fe faire fentir 
jufque dans fes amours. Non- feulement le mâle re 
cherche fa femelle avec ardeur , mais leur union la 
plus intime dure pendant près de neuf jours; c’eft au 
milieu des ondes qu'ils s’accouplent plaftron contre 
plaftron (m). Ils sembraflent fortement avec leurs lon- 
gues nageoires ; ils voguent enfemble, toujours réunis par 
le plaïfir , fans que les flots amortiffent la chaleur qui les 


pénètre; on prétend même que leur efpèce de timidité 


naturelle les abandonne alors; ils deviennent, dit-on, 
comme furieux d'amour; aucun danger ne les arrête; 
& le mâle ferre encore étroitement fa femelle, lorfque 
pourfuivie par les chaffeurs, elle eft déja bleffée à mort, 
& répand tout fon fang (n). | 


(in) Mémoires manufcrits fur les torrues , rédigés Fr M. de Fou- 


geroux. 


(n) ce J'ai pris des mâles dans le tems de leur union avec leurs 


C4 Hisrorre NATUREIIE 


Cependant leur attachement mutuel pañle avec 


le befoin qui l’avoit fait naître. Les animaux n’ont 


point , comme l'homme, cette intelligence, qui, en: 
combinant un grand nombre d'idées morales, & en 
les réchauffant par un fentiment aétif, fait fi bien 


prolonger les charmes de la jouiflance, & faire goûter 
encore des plaifirs fi grands dans les heureux fouvénirs 
d'une tendrefle touchante. | 


La tortue mâle, après fon accouplement, abandonne 
bientôt la compagne qu'elle paroïfloit avoir tant chérie; 
elle la laïfle feule aller à terre, s'expofer à des dangers 
de toute efpèce, pour dépofer fur Le fable les fruits d’une 


union qui fembloit devoir être moins pañlagère. 


I1 paroît que le tems de l’accouplement des tortues 
franches, varie dans les différens pays fuivant la tem- 
pérature, la poftion en-deça ou au-delà de la ligne, 
la faifon des pluies, &c. C’eft vers la fin de Mars ou 


1» femelles ÿ on perce ficilement le mâle, car il n'eft pas fauvage. La 


> femelle, à la vue d’un canot, fait des eflorts pour s'échapper; mais il 
22 la retient avec fes deux nageoires (ou pattes) de devant. Lorfqu'on : 
cu les furprend accouplés, le plus sûr eft de darder la femelle: on eft, 


sûr alors du mâle. Dampier, Tome I, page 118.5 

M. de la Borde, Médecin du Roi à Cayenne, & Correfpondant du. 
Cabinet d'Hiftoire naturelle , foupconne que la forme des parties 
fexuelles du mâle contribue à ce qu'il demeure uni à fa femelle, quoi- 


qu'on les pourfuive , les prenne, les blefle , &c. Note communiquée 


par ce Naturalifle. 
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DES QuADruPËDEs ovrrares, GS 
dans le commencement d'Avril, qu’elles fe recherchent 
dans la plupart des contrées chaudes de l'Amérique fep- 
tentrionale ; & bientôt après les femelles commencent 
à pondre leurs œufs fur le rivage ; elles préfèrent Îles 
graviers, les fables dépourvus de vafe & de COTps ima- 
rins, où la chaleur du foleil peut plus aifément faire 
éclore des œufs, qu’elles abandonnent après les avoir 
pondus (0). | : 

Il femble cependant que ce n’eft pas par indiffé- 
rence pour les petits qui lui devront le jour, que la 
mère tortue laifle ces œufs fur le fable : elle y creufe, 
avec fes nageoires, & au-deflus de l'endroit où par- 
viennent les plus hautes vagues, un ou plufieurs trous 
d'environ un pied de largeur, & deux pieds de pro- 
fondeur : elle y dépofe fes œufs au nombre de plus de 
cent (p) ; ces œufs font ronds, de deux ou trois pouces 


de diamètre, & la membrane qui les couvre reflemble , 


en quelque forte, à du parchemin mouillé (q). Is 


(o) Ce fait eft contraire à l’opinion d'Ariftote & à celle de Pline ; 


mais il a été mis hors de doute par tous les Voyageurs & les Obfer- 


vateurs modernes; il paroît que Pline & Ariftote ont eu peu de ren- 
feignemens exaéts relativement aux Quadrupèdes ovipares, dont ils ne 
connoifloient qu'un très-petit nombre. 


(p) Mémoires manufcrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou- 
geroux. | 


(q) Ray, fnopfis anirnaliurn. #: 
Ovipares | Tome I. | | [) 


66 Hisrorrr NATURELLE | 


renferment du blanc qui ne fe durcit point , dit-on, | | 


à quelque degré de feu qu'on Fexpofe, & du jaune | ë 

qui fe durcit comme celui des œufs de poule (r). | jé 

Rien ne peut diftraire les tortues de leurs foins ma- | | gl 

ternels; uniquement occupées de leurs œufs, elles ne Li 

peuvent être troublées par aucune crainte (s); & LE 

comme fi elles vouloient les dérober aux yeux de ceux | P 4 

: qui les recherchent , elles les couvrent d'un peu de | l dl 
fable, mais cependant aflez légèrement pour que la | m 

chaleur du foleil puifle les échaufler & les faire éclore, | | x 

Elles font plufieurs pontes, éloignées l’une de l'autre | to 

de quatorze jours ou environ (£), & de trois femaines | | fi 

dans certaines contrées (4) ; ordinairement elles en l ke] 

font trois {v).L’expérience des dangers qu'elles courent, [LL 

lorfque le jour éclaire les pourfuites de leurs enne- | ä 

mis, & peut-être la crainte qu'elles ont de la chaleur | l. 

; ardente du foleil dans les contrées torrides, font qu'elles | | à 
| - | | di 

(r) Nouveau voyage aux Ifles de l'Amérique, Tome T, page 304: | Ù qu 

: (s) Cetefby, Hiff. natur. de la Caroline , vol. à, page 38. | lA 
(+) Idem, ibidem. D 

(u) Mérnoires manuftrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou- | j | 

geroux. | | l | 

(y) « Les tortues renouve#ent leur ponte: fur les côtes d'Afrique, | l À 

» il y en à qui pondent en tout jufqu'à deux cens- cinquante œufs 5 ; | | qi 

9» Labat, Afrique occidentale , vol. 2. La fécondité de ces Quadrupèdes | Î Dm 

+ nn 


ovipares, eft quelquefois plus grande,» 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 67 
choïfilent prefque toujours le tems de la nüit pour ailer 
dépofer leurs œufs, & c’eft apparéèmment d'après leurs 
petits Voyages route que les Anciens ont penfé 
qu elles couvoient srl les ténèbres (x). 

Pour tous leurs petits foins, il leur faut un fable 
mobile; elles ont une forte Patio marquée pour 
certains parages plus commodes , moins fréquentés, 
& par conféquent moins dangereux; elles traverfent 
même des efpaces de mer très-étendus pour y par- 
venir. Celles qui pondent dans les Ifles de Cayman (y), 
voifñines de la côte méridionale de Cuba, où elles 
trouvent l efpèce de rivage qu'elles préfèrent, y arrivent 
de plus de cent lieues de diftance. Celles qui paffent 
ûne grande partie de l’année fur les bords des Ifles 
Gallapagos , fituées fous la ligne & dans la mer du 
Sud, fe rendent pour leurs pontes far les côtes occi- 
dre de PAmérique méridionale , qui en font 
éloignées de plus de deux cens lice: & les tortues 
qui vont dépofer leurs œufs fur les bords de l’Ifle de 
l’Afcenfion, font encore plus de chemin, puifque les 


(x) Pline, Livre IX, Chapitre Xr1. 

(y) Les Ifles de Cayman font fi favorables aux tortues, que lorf- 
qu'elles furent découvertes, on leur donna le nom efpagnol de Las- 
Tortugas , à caufe du grand nombre de tortues dont leurs bords étoient 
couverts. Hz ifloire générale des voyages, IIT. Partie, Liv. V. Voyage 
de Chriflophe & Barthélemi Color. 


2. 


63 HrsTOorrE NATURELLE 


terres les plus voifines de cette Ifle, font à trois cens IL 
| 


| À 
lieues de diftance (7). | : | 
La chaleur du foleil fuffit pour faire éclore les | h & 
œufs des tortues dans les contrés qu'elles habitent ; | I 
vingt ou vingt-cinq jours après qu'ils ont été dépofés, BE 
on voit fortir du fable les petites tortues, qui pré-. l | 
fentent tout au plus deux ou trois pouces de longueur, | : 
fur un peu moins de largeur, ainfi que nous nous en E 
fommes aflurés par les mefures que nous avons prifes | | l 
fur des tortues franches enlevées au moment où elles | 
venoient d'éclore; elles font donc bien éloignées de | 
la grandeur à laquelle elles peuvent parvenir. Au refte, h 4 


éclore , doit varier fuivant la température. Froger 
aflure qu'à Saint-Vincent, Ifle du Cap-Vert, il ne faut | 
que dix-fept jours pour qu’elles fortent de leurs œufs; FE à 


| 
| 
| 
| 
le tems néceflaire pour que les petites tortues puiflent | | J 


mais elles ont befoin de neuf jours de plus pour de- UE 
: : ; e e | ! 

venir capables de gagner la mer (a). L'inftinét dont 2 

elles font déja pourvues, ou, pour mieux dire, la | Ù t 
| 

conformité de leur organifation avec celle de leurs || 1 

père & mère, les conduifent vers les eaux voifines, | | { 

où elles doivent trouver la sûreté & l'aliment de leur | | 

: : à ni 

vie. Elles s'y traînent avec lenteur; mais trop foibles 1 
; | 1 | 
li] 

IE 

(x) Dampier, tome L | | l 


(a) Froger, relation d'un voyage à la mer du Sud, page 42 


0 cens 


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épis, 
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DES QVADRUPÈDES OVIPARES. 69 


encore pour réfifter au choc des vagues, elles font 


rejetées par les flots fur le fable du rivage, où les 
grands oifeaux de mer, les crocodiles , les tigres, ou 
les cougars, fe raflemblent pour les dévorer (4). Aufñ 
n'en échappe-t-il que très-peu. L'homme en détruit 
d’ailleurs un grand nombre avant qu'elles ne foient 
développées. On recherche même dans les Ifles où elles 
abondent , les œufs qu'elles laiflent fur le fable, & qui 
donnent une nourriture aufli agréable que faine. 
C’eft depuis le mois d'Avril jufqu'au mois de Sep- 
tembre, que dure la ponte des tortues franches fur les 


côtes des Ifles de l'Amérique, voifines du golfe du 


Mexique : mais le tems de leurs diverfes pontes varie 
fuivant les pays; fur la côte d’Iffini, en Afrique, les 
tortues viennent dépofer leurs œufs depuis le mois de 


Septembre jufqu'au mois de Janvier (c) ; pendant toute 


la faifon des pontes, l’on va non-feulement à la re- 
cherche des œufs, mais encore à celle des petites 
tortues que l’on peut faifir avec facilité ; lorfqu'on les 
a prifes, on les renferme dans des efpaces plus ou moins 


grands, entourés de pieux, & où la haute mer peut 


parvenir ; & c’eft dans ces efpèces de parcs qu'on les 
laïifle croître pour en avoir au befoin, fans courir les 


_{b) Idem, ibidem. 
(c) Voyage de Loyer à Iffini fur la côte d'a: 


70 .  Hisrorre NATURELLE 


hafards d'une pêche incertaine, & fans éprouver les 


EE : AE . 
inconvéniens qui y font quelquefois attachés. Les iË 
Pécheurs choififfent auffi cette faïfon pour prendre les E 
grandes tortues femelles qui leur échappent fur les | 
rivages plus difficilement qu'à la mer, & dont la chair | | 
eft plus eftimée que celle des mâles, fur-tout dans le : | | 
tems de la ponte (d). D. | L 
Malgré les ténèbres dont les tortues franches cher- 1 F 
chent, pour ainfi dire, à s’envelopper lorfqu'’elles vont | ' 
| dépoler leurs œufs, elles ne peuvent fe dérober à la l ‘ 
pourfuite de leurs ennemis. A Ventrée de la nuit, | - 
fur-tout lorfqw'il fait clair de lune , les Pêcheurs fe | : 
tenant en filence fur la rive, attendent le moment … 
où les tortues fortent de l’eau ou reviennent à la mer L : 
après avoir pondu ; ils les affomment à coups de maf- LE J 
 fue (e), ou ils les retournent rapidement, fans leur | | i 
donner le tems de fe défendre, & de les aveugler | | À 
par le fable qu'elles font quelquefois rejaillir avec leurs | 
nageoires. Lorfqu'elles font très-grandes, il faut que plu | | 3 
fieurs hommes fe réuniflent (f), & quelquefois même fe | | l 
fervent de pieux comme d'autant de leviers pour les ren- | Ç 
(d) Sloane, à l'endroit déja cité, | | 
(e) Mémoires manufcrits fur les tortues , rédigés par M. de Fou- | 1 | l . 
Leroux, | 
(F) Deféription des Ifles du Cap- Vert. Hi. générale des VOYARES | | 


Livre 4 


V2 | 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. WI 


verfer fur le dos. La tortue franche a la carapace tron 


Fr 


_ plate pour pouvoir fe remettre fur fes pattes, lorfqu’eiie 


a été ainfi chavirée, fuivant l’expreffion des Pêcheurs. On 
a voulu rendre touchant le récit de cette manière de 
prendre les tortues; & l’on a dit que lorfau’elles étoient 
retournées, hors d'état de fe défendre, & qu’elles ne 
pouvoient né que s'épuifer en vains efiorts, elles 
jetoient des cris plaintifs & verfoient un torrent de 
larmes (g). Pluñeurs tortues, tant marines que ter- 
reftres (A), font entendre fouvent un fiflement plus 
ou moins fort, & même un gémiflement très-diftiné, 
lorfqu'elles éprouvent avec vivacité ou Pamour ou la 
crainte. [l peut donc fe faire que la tortüe franche 
jette des cris lorfqu'elle s'efforce envain de reprendre 
fa poftion naturelle & que la frayeur commence à 
la faifir; mais on a exagéré fans doute les fignes de 
fa douleur. 


ee 


Pour peu que les foient en nombre, ils. 


peuvent, dans moins de trois heures, retourner qua- 
rante ou cinquante tortues qui renferment une grande 
quantité d'œufs. 

Ils paflent le jour à mettre en pièces celles qu'ils 
ont priles pendant la nuit; ils en falent la chair, & 


(g) Ray, Synopfis animaliumn , page ak. 
(4) Voyez l'article de la Caouane. 


: 750 


72 HisTorrs NATUREILE 


même les œufs & les inteftins (à). Ils retirent quel- 
quefois de la graifle des grandes tortues, jufqu à trente- 
trois pintes d'une huile jaune ou verdâtre (£), qui fert 


à brûler, que l’on emploie même dans les alimens lorf- 


qu'elle eft fraîche, & dont tous les os de ces animaux 
font pénétrés, ainfi que ceux des cétacées; ou bien ils 
les traînent renverfées fur leur carapace, jufques dans 
les parcs où ils veulent les conferver. | 


Les Péêcheurs des Antilles & des Ifles de Bahama, 


qui vont fur les côtes de Cuba, fur celles des Ifles 
voifines, & principalement des Ifles de Cayman, ont 
achevé de charger leurs navires, ordinairement au 
bout de fix femaines ou de deux mois; ils rapportent 
dans leurs Ifles les produits de leur pêche Che 
cette chair de tortue falée, qui fert à la nourriture du 
peuple & des efclaves, n’eft pas moins employée dans 


les Colonies d'Amérique, que la morue dans les divers: 


pays de l'Europe (m). 


(2) Mémoires manufcrits , rédigés & communiqués par M, de Fou- 
geroux de Bondareyÿ, de l'Académie des Sciences. 


(£) Mémoires manufcrits fur les tortues, rédigés par M. de Fou- 
| geroux. 


(1) Voyage de Hawkins à la mer du Sud, page 29. 
(2) Toutes les Nations qui ont des pofleffions en Amérique, & 


_ paiticuliérement les Anglois, envoient de petits bâtimens fur la côte 
de la nouvelle Efpagne, & des Ifles défertes qui en font voifines, pour 


On peut 


DES QUADRUPÈDES OVrPARES. "2 

On peut aufli prendre les tortues franches au milieu 
des eaux (n) : on fe fert d’une varre, ou d’une forte 
de harpon, pour cette pêche, ainfi que pour celle de 
la baleine : on choifit une nuit câlme, où la lune 
<claire une mer tranquille. Deux pécheurs montent 
fur un petit canot que l’un d'eux conduit : ils recon- 
noiflent qu'ils font près de quelque grande tortue, à 
Técumé qu’elle produit lorfqu’elle monte vers la fur- 
face de l’eau; ils sen approchent avec aflez de vitefle, 
pour que la tortue n'ait pas le tems de s'échapper : 
un des deux pêcheurs lui lance aufli-tôt fon harpon 
avec tant de force, qu'il perce la couverture fupé- 
rieure, & pénètre jufqu'à la chair: la tortue blefée , 
fe précipite au fond de l’eau; mais on lui lâche une 
corde, à laquelle tient le harpon; &, lorfqu'elle a perdu 
beaucoup de fang, il eft aifé de la tirer dans le bateau, 
ou fur le rivage. | | | 
On a employé, dans la mer du Sud, une autre 
manitre de pêcher les tortues. Un plongeur hardi fe 
jette dans la mer, à quelque diftance de l'endroit où, 
pendant la grande chaleur du jour, il voit les tortues 
‘endormies nager à la furface de l’eau; il fe relève 


y faire la pèche des tortues. Note communiquée par M. de la Borde, 
Correfpondant du Cabinet du Roi, à ‘Cayenne. 
(n) Catefby, Hifi. naturelle de da Caroline, tome à » page 39. 
Ovipares, Tome I, K 


7À HISTOIRE NATUREILE 
très-près de la tortue, & faifit fa carapace vers la 
queue ; en enfonçant ainfi le derrière de l’animal, il 
le réveille, l’oblige à fe débattre, & ce mouvement 
fuffit pour Das fur l’eau la tortue & le plongeur 
qui l'empêche de s'éloigner jufqu'à ce qu on vienne les 
pêcher (o). 

Sur les côtes de la Guyane, on prend les tortues 


avec une forte de filet, nommé la fole; il eft large de 


quinze à vingt pieds , fr quarante ou cinquante de 
long. Les mailles ont un pied d'ouverture en quarré, 
& le fil a une ligne & demie de groffeur. On attache 
de deux en deux mailles, deux flots, d'un demi-pied 
de longueur , faits d’une tige épineufe , que les Indiens 
Ne AR Ut deu de di Lit 
(o) Voyoge d’Anfon autour du monde. Ce fameux Navigateur ce ad- 
# mire que fur les cotes de la mer du fud, voifñines de Panama, où les 
y vivres ne font pas toujours dans la même abondance, les Efpagnols 


s>qui les habitent, aient pu fe perfuader que la chair de la tortue foit 
s»mal-faine, & qu'ils la regardent comme une efpèce de poifon. II 


mjuge que c'eft à la figure fingulière de l'animal, qu “l faut attribuer 


ce préjugé. Les efclaves Indiens & nègres qui étoient à bord de 
slefcadre, élevés dans la même opinion que leurs maîtres, parurent 
5 füurpris de la hardiefle des Anglois, qu'ils voyoient manger librement 
sde cette chair ,. & s'attendoient à leur en voir bientôt reflentir les 
»mauvais eflets ; mais, reconnoïflant enfin qu ils. s’en portoient mieux , 
wils fuivirent leur exemple , & fe félicitèrent d’une expérience qui les 
saffuroit à l'avenir de pouvoir faire, avec aufli peu de frais que de 
p»peine, de meilleurs repas que leurs maîtres. 1» Hifloire générale des 


. Voyages, page 432» yol. 41 ; édit. in-12, 1753 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 75 
appellent moucou-moucou, & qui tient lieu de liège. 
On attache aufli au bas du filet quatre ou cinq groffes 
pierres, du poids de quarante ou cinquante livres, pour 


le tenir bien tendu. Aux deux bouts qui font à fleur- 


d'eau, on met des bouées, c'eft-à-dire de gros morceaux 
de moucou-moucou , qui fervent à marquer l’endroit où 
eft le filet : on place ordinairement les foles fort près 
des Iflots, parce que les tortues vont brouter des ef 
pèces de fucus, qui croifient fur les rochers, dont ces 


petites Ifles font bordées. 


Les Pêcheurs vifitent de tems en tems Îles flets. 
Lorfque la fole commence à caler, fuivant leur lan- 
gage, c'eft-à-dire, lorfqu'elle s’enfoncé d’un côté plus 
que de l’autre, on fe hâte de la retirer. Les tortues 


ne peuvent fe dégager aifément de cette forte de rets, 


parce que les lames d'eau, qui font aflez fortes près 
des Iflots, donnent aux deux bouts du filet un mou- 
vement continuel qui les étourdit, ou les embarrafñfe. 
Si l'on diffère de vifiter les filets, on trouve quelquefois 
les tortues noyées ; lorfque les requins & les efpadons 
rencontrent des tortues prifes dans la fole, & hors d'état 
de fuir & de fe défendre, ils les dévorent, & brifent le 
filet (p). Le tems de 27 la tortue franche, eft depuis 
Janvier jufqu'en Mai (q). 


: (p) Note communiquée par M. de la Borde , Médecin du Roi à Cayenne. $ 
(g) Hifloire gén. des Voy. tome 54, pages 380 € füiv. édit. in-ai 
K i] 


#6 Hisrorre NATURELLE ’ 

L'on fe contente quelquefois d'approcher doucement 4 ; 
dans un efquif des tortues franches, qui dorment & | : 
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{lottent À la furface de la mer: on les retourne , on | | j 
les faifit, avant qu’elles n'aient eu le tems de fe ré-- à 


: veiller & de #enfuir ; on les poufle enfuite devant foi | ' 
jufqu'à la rive; & c’eft à-peu-près de cette manière | 4 

que les Anciens les pêchoient dans les mers de Inde (r). L 

Pline a écrit qu'on les entend roniler d’affez loin, lort- 

D 


qu’elles dorment en flottant à la furface de l’eau. Le - 
ronflement que ce Naturalifte leur attribue, pourroit E 


venir du peu d'ouverture de leur glote, qui eft étroite .. | 
ainfi que celle des tortues de terre (s) ; ce qui doit. | Ë 
ajouter à la facilité qu'ont ces animaux de ne point I 
avaler l’eau dans laquelle ils font plongés. à 
Si les tortues demeurent quelque tems fur l’eau: | | 
expofées pendant le jour à toute l’'ardeur des con- | : 
trées équatoriales, lorfque la mer eft prefque calme & | | 
que les petits flots ne pouvant point atteindre jufqu'au- | 
deflus de leur carapace, ceflent de le baigner, le foleil | : 
deffèche cette couverture, la rend plus légère, & em- | k 
pêche les tortues de plonger aifément, tant leur légèreté | a 
fpécifique eft voifine de celle de l'eau, & tant elles | | 
L ql 
Cr) Pline, Liv. IX, Chap. XI. | } 


(s) Mém. pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux. art, de le. qu 
tortue de Coromandel. l 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 7 


ent de peine à augmenter leur poids (+). Les tortues 
peuvent en effet fe rendre plus on moins pefantes, 
en recevant plus où moins d'air dans leurs poumons, 
& en augmentant ou diminuant par-là le volume de 
leur corps, de même que les poiflons introduifent de 
Vair dans leur vefle aërienne lorfqu ils veulent s'élever 
à la furface de l'eau; mais il faut que le poids que les 
tortues peuvent fe donner en chaffant l'air de leurs 
poumons ne foit pas très-confidérable, puifqu'il ne 
peut balancer celui que leur fait perdre la defi- 
cation de leur carapace, & qui n'égale jamais le 
feizième du poids total de l'animal , ainfi que nous 
nous en fommes aflurés par l'expérience rapportée dans 
la note fuivante (4). 


(4) Pline, Eiv. IX, Chap. xr1. 


{u) Nous avons pelé avec foin la carapace d’une petite tortue franche: 
nous l'avons enfuite mife dans un grand vafe rempli d'eau, où nous lPavons 
laiflée un mois & demi; nous l'avons pefée de nouveau en la tirant de 
leau, & avant qu'elle cût perdu celle dent elle étoit pénétrée. Son poids 
a été augmenté par l'imbibition de #5: la deffication que la chaleur du: 
foleil produit dans la couverture fupérieure d’une tortue franche , 
qui flotte à la furface de la mer,ne peut donc la rendre plus légère 
que de #5: la carapace des plus grandes tortues ne pefant guère que 
278 livres ou environ, l’ardeur du folcil ne doit la rendre plus légère: 
que de 45 livres, qui font au-deflous du feizième de 800 livres, poids: 


total des très-grandes tortues. 


70 HisrorrEe NATURELLE 
La deffication de la carapace des tortues, en les 
empéchant de plonger, donne aux pêcheurs plus de 
facilité pour les prendre. Lorfqu'elles font très-près du 
rivage où l’on veut les entraîner, elles fe cramponent 
avec tant de force , que quatre hommes ont quelquefois 
bien de la peine à les arracher du terrain qu'elles 
faififlent : & comme tous leurs doigts ne font pas pourvus 
d'ongles, & que n'étant point féparés les uns des autres, 
ils ne peuvent pas embrafler les corps, on doit fuppofer, 
dans les tortues, une force très-grande ; qui d'ailleurs 
eft prouvée par la vigueur de leurs mâchoires, & par 
la facilité avec laquelle elles portent fur leur dos au- 
tant d'hommes qu'il peut y en tenir (v). On a même 
prétendu que , dans l'Océan Indien, il y avoit des tor- 
tues aflez fortes, & aflez grandes, pour tranfporter 
quatorze hommes (x) : quelqu'exagéré que puifle étre 
ce nombre, l’on doit admettre, dans la tortue franche, 
une puiflance d'autant plus remarquable, que, malgré 
{a force , fes habitudes font paifibles. 
Lorfqu’au lieu de faire faler les tortues franches, 
on veut les manger fraîches, & ne rien perdre du bon 
goût de leur chair, ni de leurs propriétés bienfaifantes, 


CE SERRE ET 


(y) Linnœus, fyfiema Nature , amphibia reptilia. Tejludo Mydes. 
(x) Voyez ce que dit à ce fujet Ray, dens fon Ouvrage intitulé: 
Synopfis animalium, page 255. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 79 


on leur enlève le plaftron, la tête, les pattes & la 
queue, & on fait enfuite cuire leur chair dans la ca- 


rapace, qui fert de plat. La dun la plus eftimée 


eft celle qui touche de plus près cette couverture {u- 
périeure , ou le plaftron. Cette chair, ainfi que les œufs 
de la tortue franche, font D hat très-falutaires 
dans les maladies auxquelles les gens de mer font le 
plus fujets : on prétend même que leurs fucs ont une 
affez grande activité, au moins dans les pays les plus 
chauds, pour être des remèdes très-puiflans dans toutes 
les maladies qui demandent que le fang foit épuré (y de 

Il paroît que c’eft la tortue franche que quelques 
peuples Américains regardent comme un objet facré, 
& comme un préfent particulier de la Divinité; ils la 
nomment poiffon de Dieu, à caufe de l'effet merveilleux 
que fa chair produit, difent-ils, lorfqu'on a avalé quel- 
que breuvage empoifonné. 

La chair des tortues franches eft au 0e d'un 
vert plus ou moins foncé ; & c'eft ce qui les a fait 
appeller, par quelques Voyageurs, Tortues-Vertes ; mais 
ce nom a été aufli donné à une feconde efpèce de 
tortue marine; & d’ailleurs nous avons cru devoir 
d'autant moins l’adopter, que cette couleur verdâtre 


de la chair n’eft qu'accidentelle; elle dépend de la 


(y) Barrère, effoi fur l'Hifl. naturelle de la France équinoxiale. 


80 Hrsrorrre NATURELLE 

diflérencé des plages fréquentées par les tortues; elle 
peut provenir aufli de la diverfité de la nourriture de 
ces animaux, & elle n'appartient pas dans les mêmes 
endroits à tous les individus. On trouve en effet fur 
les rivages dés petites Ifles voifines du continent de 


la nouvelle Efpagne, & fituées au midi dé Cuba, des. 


tortues franchés, dont les unes ont la chair vérte, 
d’autres noire, & d'autres jaune. 

Séba avoit dans fa collection plufeurs concrétions 
femblables à des bézoards , d’un gris plus ou moins 
mêlé de jaune, & dont la furface étoit hériflée de 
petits tubercules. I en avoit reçu une partie des 
grandes Indes, & l’autre d'Amérique. On les lui 
avoit envoyées comme des concrétions très-précieufes, 
trouvées dans le corps de grandes tortues de mer. 
Les Indiens y attachoient encore plus de vertu 
qu'aux bézoards orientaux, à caufe de leur rareté, & 
ils les employoient particulièrement contre la petite 
vérole , peut-être parce que les tubercules, que leur 
furface préfentoit , reflembloient aux boutons de la 
petite vérole (7). La vertu de ces concrétions étoit 
certainement auff imaginaire que celle des bézoàrds, 
tant orientaux qu ‘occidentaux ; mais elles auroient pu 
être formées dans lé corps des grandes tortues ma- 


(x) Séba , tome 2, page 141. 


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DES QuAnruPkprs OrrpArxs. 81 
rines, d'autres concrétions de même nature ayant été 
inconteflablement produites dans des Quadrupèdes ovi- 
pares , ainfi que nous le verrons dans la fuite de cette 
hiftoire. Mais fi les bézoards des tortues marines ne 
doivent être que des productions inutiles, il n’en eft 
pas de même de tout ce que ces animaux peuvent 
fournir: non - feulement on recherche leur chair & 
leurs œufs, mais encore leur carapace a été employée 
par les Indiens pour couvrir leurs maïfons (a) ; & 
Diodore de Sicile, ainfi que Pline, ont écrit que des 
peuples voifins de l'Ethiopie & de la mer Rouge sen 
fervoient comme de nacelles pour naviguer près du 
continent (b). | 

Dans les tems anciens, lors de l'enfance des fociétés, 


_ces grandes carapaces d’une fubflance très-compacte, & 


d'un diamètre de plufieurs pieds, étoient les boucliers 
de peuples qui n’avoient pas encore découvert l'art 
funefte d’armer leurs flèches d’un acier trempé plus 
dur que ces enveloppes offeufes; & les Hordes à demi- 
fauvages qui habitent de nos jours certaines contrées 
équatoriales, tant de l’ancien que du nouveau monde, 
n'ont pas imaginé de défenfes plus folides. 

Les diverfes grandeurs des tortues franches font ren- 


(a) Voyez Ælien, & Pline, Hifl. naturelle, Liv. IX, Chap. X1r. 
(b) Voyez Diodore de Sicile, € Pline à l'endroit déja cite. 
Ovipares , Tome I. - k: 


eZ . Hrsrorre NATURELLE 
fermées dans des limites aflez éloignées , puifque, de 
la longueur de deux ou trois pouces, elles parviennent 
quelquefois à celle de fix ou fept pieds ; & comme: 
cet accroiflement aflez grand a lieu dans une couver- 
ture très-ofleufe , très- compacte , très-dure , & où 
par conféquent la matière doit être, pour ainñ dire, 
refferrée , preflée, & le développement plus lent, il 
n'eft pas furprenant que ce ne foit qu'après plufieurs 
années que les tortues acquièrent tout leur volume. 
Elles n’atteignent à-peu-près à leur entier dévelop 
pement qu'au bout de vingt ans ou environ: & l’on 
a pu en Juger d'une manière certaine par des tortues: 
élevées dans les efpèces de parcs dont nous avons 
parlé. Si lon devoit eltimer la durée de la vie dans 
les tortues franches de la même manière que dans 
les Quadrupèdes vivipares, ont rouveroit bientôt, d'après 
‘ces vingt ans employés à leur accroiflement total, le 
nombre des années que la Nature leur a deftinées ; mais 
la même proportion ne peut pas être ici employée. 
Les tortues demeurent fouvent au milieu dun fluide 
dont la température ef plus égale que celle de l'air; 
elles habitent prefque toujours le même élément que 
les poiflons; elles doivent participer à leurs propriétés. 
& jouir de même d’une vie fort longue. Cependant , 
comme tous les animaux périffent lorfque leurs os font 
devenus entièrement folides, & comme ceux des tor-- 
tues font bien plus durs que ceux des poiffons, & par 


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DES OVADRUPÈDES OVIPARES. 83 
conféquent beaucoup plus près de létat d’offification 
extrême , nous ne devons pas penfer que la vie des 
tortues foit en proportion aufli longue que celle des 
poiflons ; mais elles ont avec ces animaux un aflez 
grand nombre de rapports, pour que , d'après les vingt 
ans que leur entier développement exige , on penfe 
qu'elles vivent un très-grand nombre d'années, mêmé 
plus d’un fiècle, & dès-lors on ne doit point être étonné 
que l’on manque d’obfervations fur un efpace de tems 
qui furpañle beaucoup celui de la vie des obfervatéurs. 

Mais fi l'on ne connoît pas de faits précis relati- 
vement à la longueur de la’ vie des tortues franches, 
on en a recueilli qui prouvent que la tortué d’eau 
douce , appellée la Bourbeufe, peut vivre au moins 
quatre-vingts ans, & qui confirment par conféquent 
notre opinion touchant l’âge auquel les tortues de mer 
peuvent parvenir. Cette longué durée de la vie des 
tortues les a fait regarder par les Japonois comme un 
emblème du. bonheur ; & c’eft apparemment par une 
fuite de cette idée > qu'ils ornent des images plus où 
moins défigurées de ces Quadrupèdes, les temples de 
leurs dieux, & les palais de leurs princes (c). 

Une tortue franche peut, chaque été, donner l’exif=. 
tence à près de trois cens individus, dont chacun ; 


= | 3 


(c) Hifloire gén. des Voyages , tome 40, page 381, édit. in-12. 
L à 


84 Hisrorre NATURELLE | 


au bout d’un affez court efpace de tems , pourroit 
faire naître à fon tour trois cens petites tortues. On | 
fera donc émerveillé, fi lon penfe au nombre pro- 
digieux de ces animaux, dont une feule tortue peut 
peupler une vafte plage pendant la durée totale de 
fa vie. Toutes les côtes des zones torrides devroient 
être couvertes de ces quadrupèdes, dont la multipli- 
cation, loin d’être nuifble , feroit certainement bien 
plus avantageufe que celle de tant d'autres efpèces; 
mais à peine un trentième de petites tortues éclofes 
peuvent parvenir à un certain développement ; un 
nombre immenfe d'œufs font d’ailleurs enlevés, avant 
que les petits aient vu le jour; & parmi les tortues 
qui ont déjà acquis une grandeur un peu conf“dérable, 
combien ne font point la proie des ennemis de toute 
efpèce qui en font la chafle, & de l'homme qui les 
pourfuit fur la terre & fur les eaux? Malgré tous les 
dangers qui les environnent, les tortues franches font 
répandues en aflez grande quantité fur toutes les plages | 
chaudes, tant de l’ancien que du nouveau Continent ( d), | 


ARTE RER EEE 


ARE TOUR 


= PARUS PREPIRERTEN 
+ ISSUE = 


a — 
— — a “APE ETISE 


ro 

( d) Elles font en fi grand nombre aux Ifles du Cap-Vert, que plufieurs 
vaiffleaux viennent s’en charger tous les ans, & les falent , pour les 
tranfporter aux colonies d'Amérique. * On dit qu'elles y mangent de D. 
lambre gris, que lon y rencontre quelquefois fur les côtes. Voyage | 
de Georges Robert au Cap Vert & aux Îfles de méme nom , en 1724, &C.. 


% Defcription des Ifles du Cap-Vert, Hifi, générale des Voyages, Lir, F. 


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tous lé 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 85 
où les côtes font baffes & fablonneufes: on les rencontre 
dans l'Amérique feptentrionale , jufqu'aux Ifles de Ba- 
hama, & aux côtes voifines du cap de la Floride (e). 
Dans toutes ces contrées des deux mondes, diftantes 


de l'équateur de vingt-cinq ou trente degrés , tant au 


nord qu'au fud, on retrouve la même efpèce de tor- 
tues franches , un peu modifiée feulement par la dif- 
férence de la température, & par la diverfité des herbes 
qu’elles paiflent , ou des coquillages dont elles fe nour- 
riflent; & cette grande & précieufe efpèce de tortue 
ne peut-elle pas pafler facilement d’une Ifle à une 
autre? Les tortues franches ne font-elles pas en efet 
des habitans de la mer , plutôt que de la terre? pou- 
vant demeurer aflez de tems fous l'eau, ayant plus de 


Auprès du Cap-blance, les tortues font en grand nombre & d'une 


telle groffeur, qu'une feule fufit pour raflafier trente hommes; leur 


carapace n'a pas moins de quinze pieds de circonférence. Voyage de 
Lemaire aux Îfles Canaries, &c. 

Dampier a vu des tortues vertes ( tortues franches ) fur les Côtes 
de lIfle de Timor : Voyage de Guillaume Dampier , aux terres 
auffrales. | 

. M. Cook les à trouvées en très-grande quantité auprès des rivages 
de la nouvelle Hollande. Re A 

À Cayenne, on en prend environ trois censtous les ans, pendant 
les mois d'Avril, de Mai & de Juin, où elles viennent faire leur ponte 
fur les amas de fable. Note communiquée par M. de la Borde. 

(e) Catefby ; ouvrage déja até. 


— ae 2 in néon a FRERE dde nus “ni | , 


86 Hrsrorre NATURELLE. HA | 


° D 3 " É 
peine à s'enfoncer dans cet élément qu'à s'y élever, 


| ll nageant avec la plus grande facilité à fa furface, ne | | | 
| | jouifient-elles pas dans leurs migrations de tout Pair EE 
Fu qui leur eft néceflaire? Ne trouvent-elles pas fur tous | | 
| || les bas- fonds, l'herbe & les coquillages qui leur con .. 

| | viennent? ne peuvent-elles pas d’ailleurs fe pafier de | 

| 1] nourriture pendant plufeurs mois ? & cette poññbilité l 
ib : | : E 
(| | de faire de grands voyages n'eft-elle pas RS E . 
nu le fait, puifqu'elles traverfent plus de cent lieues de E . 
| | 1 mer, pour aller dépofer leurs œuf fur les rivages qu’elles EE . 
| préfèrent , & puifque des navigateurs ont rencontré à | L. 
| plus de fept cens lieues de toute terre, des tortues | } | 
de mer d'une efpèce peu différente de la tortue | | l 
franche (f) ? ils les ont même trouvées dans des ré- pe 
gions de la mer aflez élevées en latitude , où elles || 
dormoient paifblement en flottant à la furface de l 
l’eau, | | EL. 
: \h 

(F) Troifième voyage du Capitaine Coot, Traduélion Françoifé, | | 

Paris, 1782 , page! 260. ; 
Catesby rapporte qu'étant , le 20 Avril 1725 , à trente degrés de la= | IL | | 

titude, & à peu-près à une diftance égale des Ifles Acores & de celles. 5 | 

de Bahama, il vit harponner une tortue Caouane , qui dormoit fur la | À 

furface de la: mer. Hifloire naturelle de la Caroline | volume à, page he 

40. | 

M. de là Borde à vu beaucoup de tortues qui nageoïent fur l’eau | 

ù à plus de trois cens lieues de terre. Note communiquée par M, de la h 


Borde. 


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DES. Quaprurèpes OVIPARES. 87 


Les tortues franches ne font cependant pas fi fort 
attachées aux Zones torrides, qu'on ne les rencontre 
quelquefois dans les mers voifines de nos côtes. Il fe 
pourroit quelles habitent dans la Méditerranée , où 
elles fréquenteroient de préférence , fans doute , les 
parages les plus méridionaux , & où les Caouanes , 
qui leur reflemblent beaucoup , font en très - grand 
nombre (g). Elles devroient y choïfir pour leur ponte 
les rivages bas, fablonneux, prefque déferts & très- 
chauds qui féparent l'Egypte de la Barbarie propre- 
ment dite, & où elles trouveroient la folitude, l'abri, 


_k A & le terrain qui leur font na ; On 


na du moins jamais vu pondre des tortues marines fur 
les côtes de Provence ni du Languedoc , où cependant 
lon en prend de tems en tems quelques-unes (4). 

Elles peuvent auffi être quelquefois jetées par des 
accidens particuliers vers de plus hautes latitudes, fans en: 
périr : Sibbald dit tenir d’un homme digne de foi, qu'on 
prenoit quelquefois des tortues marines dans les Or- 
cades (i); & lon doit préfumer que les tortues 
franches peuvent non-feulement vivre un certain nom- 


(g) Voyez l’article de la Caouane. | 

Fa Note communiquée par M. de Touchy ,.de la Société royale de: 
Montpellier. 

(2) Sibbald Prodomus , Hifl. naturalis, Edimburgi > 1084 


88 Hrsrorrx NATURSILE 

bre d'années à ces latitudes élevées, mais même y 
parvenir à tout leur développement (k). Des tempêtes 
ou d’autres caufes puiffantes font aufli quelquefois def- 
cendre vers les zones tempérées & chaffent des mers 


s e f re Ë Q È 
glaciales, lesimmenfes cétacées qui peuplent cet empire 


du froid : le hafard pourroit donc faire rencontrer en- 
femble les grandes tortues franches & ces immenfes 
animaux (/); & lon devroit voir avec intérêt fur 
la furface de l'antique Océan, d’un côté les tortues 
de mer, ces animaux accoutumés à être plongés dans 
les rayons ardens du foleil fouverain dominateur des 


contrées torrides, & de l’autre, les grands cétacées 


qui, relégués dans un féjour de glaces & de téné- 


bres, n’ont prefque jamais reçu les douces influences 


(4) M. Bomare a publié, dans fon Diétionnaire d'Hiftoire naturelle ; 
une lettre qui lui fut adreflée, en 1771, par M. de Laborie , Avocat 
au Confeil fupérieur du Cap, Ifle Saint-Domingue, d’après laquelle il 
paroït qu'une tortue pèchée,en 1754, dans le pertuis d'Antioche, étoit 
la même qu'une tortue embarquée fort jeune à Saint-Domingue en 1742; 
par M. de Laborie le pere. Elle pefoit alors près de vingt-cinglivres; elle 
s'échappa dans ce même pertuis d’Antioche ,au moment où la tempête brifa 
Je vaifleau qui lavoit apportée, & elle acheva de croître fur les côtes de 
France. Didlionnaire d’Hifloire naturelle de M. Valmont de Bomare, 
art. des tortues de mer. 


(1) On a pris de grandes tortues auprès de l'embouchure de la 
Loire, & un grand nombre de cachalots ont été jetés fur les côtes de 
h Bretagne il n’y a que peu d'année, 
du père 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 89 
du père de la lumière , & au lieu des beaux Jours 
de la nature, n'en ont prefque jamais connu que les 
tempêtes & dei horreurs. | 

On peut citer fur - tout à ce fujet deux exemples 
remarquables. En 75% une tortue fut prife à Dieppe 
où elle avoit été jetée dans le port, par une tour- 
mente : elle po de huit à neuf cens livres, & 
avoit à-peu-près fix ae de long, fur quatre fiéds 
de largeur: deux ans après, on pécha , dans le pertuis 
d'Antioche une tortue plus grande encore ; elle avoit 
huit pieds de long; elle pefoit plus & huit cens 
livres, & comme ordinairement, dans les tortues, lon 
doit compter le poids des couvertures pour près de 
la moitié du poids total (#1), la chair de celle du 
pertuis d'Antioche a pefer plus de quatre cens 
livres. Elle fut portée à l'abbaye de Long-veau, près 
de Vannes en Bretagne; la carapace avoit cinq Pise 
de long. 

Ce n'eft que fur les rivages prefque déferts, & par 
exemple fur une partie de ceux de l'Amérique, 
voifins de la ligne, & baïignés par la mer pacifique, 
que les tortues franches peuvent en liberté parvenir 


À tout l’accroiflement pour lequel la Nature les a 


(m) Not communiquée DRE le Chevalier de Wider/pach 
Ovipares » Tome I, M 


90  Hisrorre NATUREILIE 


fait naître, & jouir en paix de la longue vie à Ia- 
quelle elles ont été deflinées. | | 

Les animaux féroces ne font donc pas les feuls 
qui, dans le voifinage de l'homme, ne peuvent ni 
croître ni fe multiplier; ce roi de la Nature, qui fouvent 
en devient le tyran, non-feulement repoufle dans les 


déferts les efpèces dangereufes , mais encore fon infa- 


tiable avidité fe tourne fouvent contre elle - même, 
& relègue fur les plages éloignées, les efpèces les plus 
utiles & les plus douces; au lieu d'augmenter fes jouif- 
fances , il les diminue, en détruifant inutilement dans 
des individus , privés trop tôt de la vie, la poftérité 
nombreufe qui leur auroit dû le jour. 

On devroit tâcher d’acclimater les tortues franches 
fur toutes les côtes tempérées où elles pourroient aller 
chercher dans les terres des endroits un peu fablonneux, 
& élevés au-deffus des plus hautes vagues, pour y dé- 


pofer leurs œufs, & les y faire éclore. L’acquifition d’une 


efpèce aufli féconde feroit certainement une des plus 
utiles; & cette richefle réelle, qui fe conferveroit & 
fe multiplieroit d'elle-même, n’exciteroit pas au moins 
les regrets de la philofophie , comme les richeffes fu- 
neftes arrachées avec tant de fueurs au fein des terres 
équatoriales. 

Occupons - nous maintenant des diverfes efpèces 
de tortues qui habitent au milieu des mers comme 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. OX 
Ja tortue franche, & qui lui font aflez analogues par leur 
forme , par leurs propriétés, & par leurs habitudes, 


pour que nous puiflions nous contenter. d'indiquer Les 
différences qui les diftinguent. | 


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02 Hrsrorre Narurertx 


LA TORTUE ÉCAILLE-VERTE («). 


Nous NE CONSERVONS PAS à la tortue, dont il ef 
ici queftion, le nom de tortue-verte, qui lui a été 
donné par plufieurs Voyageurs, parce qu'on l’a appli- 
qué aufli à la tortue franche, & que nous ne faurions: 
prendre trop de précaution pour éviter l'obfcurité de 
la nomenclature ; nous ne lui donnons pas non plus: 
celui de tortue Amayone qu'elle porte dans une grande 
partie de l'Amérique méridionale, & qui lui vient du 
grand fleuve des Amazones dont elle fréquente les: 
bords (4), parce qu'il paroït que ce nom a été auf 
employé pour une tortue qui n'eft point de mer, &. 


EEE 
(a) La tortue verte, Dampier, Tome I. 


(B) La tortue écaille-verte, n'eft pas la feule qui fréquente la: 


grande rivière de l'Amazone. « Les tortues de lAmazone font fort: 


2 recherchées à Cayenne , comme les plus délicates; ce fleuve en nourrit 


» de diverfes grandeurs & de diverfes efpèces en fi grande abondance .. 
mque, feules avec leurs œufs, elles pourroient fuffire à la nourriture des: 


habitans de fes bords. 2 Hiffoire gén. des Voyages , Tome 53; 
page438 ; édit. int. | 


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DES QUADRUÜPÉÈDES OVIPARES. O3 
par conféquent qui eft très-différente de celle-ci. Mais 
nous la nommons écaille-verte, à caufe de la couleur 
de fes écailles, plus vertes en effet que celles des autres 
tortues; elles font d’ailleurs très-belles, très-tranfpa- 
rentes, très-minces, & éependant propres à plufeurs 
ouvrages. La tête des tortues écaille- vertes eft petite 
& arrondie. Elles reflemblent d’ailleurs aux tortues 
franches, par leur forme & par leurs mœurs; elles ne 
deviennent pas cependant aufli grandes que ces der 
nières; &, en général , elles font plus petites environ 
d'un quart (c). On les rencontre en aflez grand nom- 
bre dans la mer du Sud, auprès du cap Blanco, de la 


nouvelle Efpagne (d). IF paroît qu’on les trouve auffi: 


dans le golfe du Mexique’, & qu'elles habitent prefque 


(c) Note compuniquée par M. le Chevalier de Widerfpach, Corréf- 
pondant du Cabinet du Roi. 


(d) c Jai remarqué qu’à Blanco, cap de la nouvelle Efpagné dans’ 
la mer du Sud , les tortues vertes ( lefpèce dont parle ici Dampiercs: 
eft celle que nous nommMmons écaille- verte) qui font les feules que ce 
Fon y trouve, font plus. groffes qué toutes célles de la même mer. ce 
Elles y pèfent ordinairement deux cens quatfe-vingt ou trois cens ce’ 
livres; le gras en eft jaune, le maigre blänc, & la chair extraordi- ce: 
nairement douce. À Bocca - Toro de Verragua, elles ne font pas fice” 
grofles; leur chair eft moins blanche, & leur gras moins jaune. Celles: 
des baies de Honduras & de Campêché font encore plus petites ;ce* 
le gras en eft. vert, & le maigre plus noir; cependant un Capitainece’ 


pen een pt re em + En ER Pers 
seras drea 2 ss 


04 Hrsrorre NATURELLE 


tous les rivages chauds du nouveau monde, fant en- 
deçà qu'au- delà de la ligne; mais on ne les a pas 
encore reconnues dans l’ancien Continent. Leur chair 
eft un aliment auf délicat & peut-être aufli fain que 
celle des tortues franches; & il y a même des Pays 
où on les préfère à ces dernières. Leurs œufs falés & 
féchés au foleil, font très-bons à manger. M. Bomare 
eft le feul Naturalifte qui ait indiqué cette efpèce de 
tortue que nous n'avons pas vue, & dont nous ne par- 
lons que d'après les Voyageurs & les obfervations de 
M. le Chevalier de Widerfpach. 


3 Anglois en prit une à Port-Royal, dans la baie de Campéche, qui 
avoit quatre pieds du dos au ventre, & fix pieds de ventre en 
» largeur. Le gras produifit huit galons d'huile, qui reviennent à trente- 
cinq pintes de Paris,» Damnpier, TomeZ, page 113. 


e, qu 
tre en 
trentes 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. O5 


La PLUPART DES NATURALISTES qui ont décrit cette 
troifième efpèce de tortue de mer, lui ont donné le 


_nom de Caret; mais comme ce nom eft appliqué, 


depuis long-tems , par les Voyageurs, à la tortue qui 
fournit les plus belles écailles, nous conferverons à 


celle dont il eft ici queftion , la dénomination de 


Caouane fous laquelle elle eft déjà très-connue, & 
uniquement défignée par les naturels des contrées où 
on la trouve. Elle furpañle en grandeur la tortue 


- (a) Le Caret. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Teftudo Caretta, 4. Linn. Amph. rept. (Nous devons obferver que 
la figure de Séba, indiquée pour cette tortue par M. Linné , ne repréfente 
pas à tortue curet de ce Naturalifte , mais celle qu'ila défignée par l'épithète 
latine de émbricata , & qui eft notre caret. 

Teftudo Cephalo, Hif. nat. des tortues , par M. Schneider. 

Ray, Synopfis Quadrupedum, page 257. Teftudo marina , Caouana 
dicta.… 

The lodger head Turtle. Brown. Hiff. nat. de la Jamaïque , page 465. 


Teftudo 3, unguibus utrinque binis acutis, fquamis dorf quinque 
gibbis, 


… ppp ne MT 
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96. Hrsrorrre NATUREILE 
franche (4) , & elle en diffère d’une manière bien 


marquée par la groffeur de la tête, la grandeur de la 


gueule, lalongement & la force de la mâchoxe fu- 


périeure; le cou eft épais &c couvert d'une peau lâche, 
ridée & garnie de diftance en diftance d'écailles _ 
leufes (c); le corps eft ovale; & la carapace plus 
large au milieu & plus étroite parderrière, que dans 
les autres efpèces (d). Les bords de cette couver- 
ture font garnis de lames, placées de manière à 
les faire paroître dentés comme une fcie: le difque 
préfente trois rangées longitudinales d'écailles ; les 


pièces de la rangée du milieu fe relèvent en bofle 


\ 


Tortue caouane, Rochefort , Hifi. des Antilles, page 248. 

Id. Labat , page 308. 

Kaouane , du Tertre, page 228. 

Feftudo marina , Caouana diéta. Sloane, Voyage aux Ifles Madère; 
Barbade, Gc. vol. 2, page 331. 

Catefby ,-Car. vol. 2, page 39. 

Teftudo corticata vel corticofa. Rondelet , Hifi. des poiffons, Lyon, 
2558, page 337: 

Canuaneros & Juruca , aux Antilles. Didionnaire d'Hifloire naturelle , 
per M. Valmont de Bomare. 


(b) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. vol. à , pag 40! 
Note communiquée ‘par M. le Cheyalier de Widerfpach. 

(ec) Brown, Hif nat. de la Jamaïque , page 465- 

{d) Catefby, à l'endroit déjà cité. 


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2) 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 97 


& finifflent parderrière en pointe ;: la couverture 
fupérieure paroït d'un jaune tacheté de noir, lorf 
que l'animal eft dans l’eau fe). Le plaftron fe ter- 
mine du côté de l'anus, par une forte de bande un 
peu arrondie par le Eau il eft garni communément 
de vingt-deux ou vingt-quatre écailles. La queue eft 
courte; les pieds qui font couverts d’écailles épaifles, 
& dont les doigts font réunis par une membrane, ont 
une forme très-alongée & reffemblent à des nageoires , 
ainfi que dans la tortue franche ; ceux de devant font 
plus longs, mais moins larges que ceux de derrière; & 
ce qui eft un des caractères diftindifs de la es 


c'eft que les pieds de derrière, ainfi que ceux de ane. 


{ont garnis de deux ongles aigus. 
La Caouane habite les contrées chaudes du nou- 


veau Continent, comme la tortue franche ; mais elle 


paroït fe plaire un peu plus vers le Nord, que cette 
dernière; on la trouve moins fur les côtes de la Jamaï- 
que (f) ; elle habite auf dans l’ancien monde; on la 
trouve même très - fréquemment dans la Méditer- 
ranée où on en fait des pêches abondantes, auprès de 
Cagliari en Sardaigne & de Caftel-Sardo, vers le 


ARTS na. 


(e) Mémoires manufcrits rédigés & communiqués par M. Fougeroux 
de Bondaroy, de ? Académie des Sciences, 


(f) Brown, à l'endroit déja cité, 
Ovipares , Tome I. N 


90 HISTOIRE NATURELLE 


quarante-unième degré de latitude; elle y pèfe fou- 
vent jufquà 400 livres (poids de Sardaigne) (g). 
Rondelet, qui habitoit le Eanguedoc , dit en avoir 
nourri une chez lui pendant quelque tems, ire 
ment dans quelque baflin. He avoit été prife auprès 
des côtes de fa Province; elle faifoit entendre un petit 
fon confus, & jetoit des efpèces de foupirs. fembla— 
bles à ceux que lon a attribués à la tortue franche (h). 
Les laimes où écailles de la Caouane, font prefque 
de nulle valeur, quoique plus grandes que celles du 
caret dont on fait dans le commerce un f grand ufages 
on sen fervoit cependant autrefois pour carnir des 
miroirs & d’autres grands meubles de luxe ; maïs main 
tenant on les rebute , parce qu'elles font toujours oatées 
par une efpèce de gale. On a vu des Caouanes (i) 
dont la carapace étoit couverte de moufle & de coquil- 
lages, & dont les es plis de la peau étoient remplis dé 
petits cruftacées. 
La Caouane a l'air plus fiér que les autres tortues: 


‘étant plus grande & ayant plus de force, elle eft plus 


(g) Hifloire naturelle-des ds é des poiffons de Sardaigne ; 


par M. Frans ois Cette Laffari,. 1777 ; PAge 13. 


(4) Rondelet, Hif. des, poiffons.- Éyons 1558 ,.page 238: 


(è) Brown..d l'endroit déjà aité.. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, (99 
hardie ; elle a befoin d’une nourriture plus. fubftan- 
tielle; elle fe contente: moins de plantes marines ; elle 
eft même vorace; elle ofe fe jetter fur les jeunes cro- 
codiles , qu'elle mutile facilement (k) ; on aflure que, 
pour attaquer avec plus d'avantage ces grands Qua- 
drupèdes ovipares, elle les attend dans le fond des 
creux, fitués le long des rivages, où les crocodiles fe 
retirent & où ils entrent à reculons, parce que la 
longueur de leur corps ne leur permettroit pas de fe 
retourner ; & elle les y faifit fortement par la queue, 
fans avoir rien à craindre de leurs dents (1). | 

Comme fes alimens, tirés en plus grande abondance 
du règne animal, font moins purs & plus fujets à la 
décompoñition que ceux de la tortue franche, & qu'elle 
avale fans choix des vers de mer, des mollafles, &c. 
(m) fa chair s’en reflent: elle eft huileufe, rance, 
filamenteufe, coriace & d’un mauvais goût de marine. 
L’odeur de mufc, que la plupart des tortues répan- 
dent , eft exaltée dans la Caouane (#) , au point d’être 


(£) Mémoire de M. de la Coudrenière, Journal de Phyfique ; No- 
vemnbre 2782. ; 
(1) Note communiquée par M. Moreau de Saint-Méry, Procureurs 
Général au Conjfail fupérieur de Saint-Domingue. 


(m) Brown, à l'endroit déja cité. 


(a) Note communiquée par M, le Chevalier de Widerfpach. 
Ni 


re 


100 Hrsrorre NATURELLE 


fétide. Auf cette tortue eft-elle peu recherchée. Des 
Navigateurs en ont cependant mangé fans peine (0) 


$ & l’ont trouvée très-échauffante: on la fale aufli quel- | 
quefois, dit-on, pour l'ufage des Nègres (p) , tant on | R 
s'eft emprefé de faifir toutes les reflources que la terre | 
& la mer pouvoient offrir, pour accroître le produit | 
des travaux de ces infortunés. L'huile qu'on retire des | 
Caouanes eft fort abondante; elle ne peut être em- | | 
ployée pour les alimens, parce qu’elle fent très-mau- EE 
vais: mais elle eft bonne à brûler; elle fert auf à | | . 
préparer les cuirs, & à enduire les vaifleaux qu'elle En 
préferve , dit-on, des vers peut-être à caufe de la mau- | | 4 
vaife odeur qu’elle répand. E À 
La Caouane n'eft donc point fi utile que la tortue | ü 
franche : auff a-t-elle été moins pourfuivie, a-t-elle | k 
eu moins d'ennemis à craindre, & eft-elle répandue A 
en plus grand nombre fur certaines mers. Naturelle- 0 | 9 
ment plus vigoureufe que les autres tortues, elle voyage 1 
davantage : on l'a rencontrée à plus de huit cens lieues | t 
de terre, ainfi que nous l’avons déjà rapporté. D'ailleurs, EE 
e nourriflant quelquefois de poiflons, elle eft moins | Es 
attachée aux côtes où croiffent les algues. Elle rompt | LA 


(o) Brown, Hifi. nat. de la Jamaïque, page 46€. 


(p) Nouveau Voyage aux Îffes de l'Amérique, Tome I, page 308. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. OI 
avec facilité de grandes coquilles , de grands buccins, 
pour dévorer l'animal qui y eft contenu ; &., fuivant les 
pêcheurs de l'Amérique feptentrionale , On trouve fou- 
vent de très-grands coquillages , à demi-brifés par la 
Caouane (4). 

Il eft quelquefois dangereux de chercher à la pren- 
dre. Lorfqu'on s'approche d’elle pour la retourner, elle 
fe défend avec fes pattes & fa gueule ; & il ef très- 
dificile de lui faire lâcher ce qu’elle a faifi avec fes 
mâchoires. Cette grande réfiflance qu’elle oppofe à ceux 
qui veulent la prendre, lui a fait attribuer une forte 
de méehanceté: on lui a reproché, pour ainf dire, 
une jufie défenfe : on a condamné FPufage qu’elle fait 


de fes armes pour fauver fa vie : mais ce n’eft pas 


la première fois que le plus fort a fait un crime au 
plus foible de ce qui a retardé fes jantes ou mêlé 
quelques dangers à fa pourfuite. 

Suivant Catefby, on a donné le nom de Coffre à une 
tortue marine aflez rare, qui devient extrêmement 
grande , qui eft étroite, mais fort épaifle, & dont la 
couverture fupérieure, eft beaucoup plus convexe que 
celle des autres tortues marines (r ). C’eft certainement 


| | 
qg) Catefby , Vol. IT, page 40. 


à Teftudo arcuata, tortue appell lé coffre. Ca: By » Volurne IT, 
page 40. 


FHF MAIRE 


102 Hisrorre NATURELLE 
la même que la tortue dont Dampier (+) fait fa pre- 
mière efpèce , & que ce Voyageur appelle groffe-tortue , 
(tortue à bahut ou coffre. Toutes deux , font plus groffes 
que les autres tortues de mer, ont la carapace plus 
relevée, font de mauvais goût & répandent une odeur 
défagréable , mais fourniflent une grande quantité 
d'huile bonne à brûler. Nous les plaçons à la fuite 
des Caouanes, auxquelles elles nous paroiflent appar- | | | 
tenir, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations nous | 
obligent à les en féparer. 
mo | 
| HS nd : LL 
{s) Hifloire générale des Voyages, Tome 48 , pages 344 Ë fuiy, D 


par 


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LA TORTUE NASICORNE (:), 


Les NATURALISTES ont confondu cette efpèce avec 


la Caouane , quoiqu'il foit bien aifé de la diflinguer 
par un caractère afñez faillant , qui manque aux véritables 
Caouanes , & dont nous avons tiré le nom qué nous lui 
donnons ici. C’eft un tubereule d’une fubftanée molle, 

qui s'élève au - deflus du mufeau, & dans lequel les 
narines font placées. La Nancome fe trouve dans les 
mers du nouveau Continent, voifines de l'équateur ; 
nous manquons d'obfervations pour parler plus en dé- 


tail de cette nouvelle efpèce de tortue; mais nous 


nous regardons comme très- fondés à la féparer de: 
la Caouane , avec laquelle elle à même moins de: 
rapports qu'avec la tortue franche, un un. des Cor- 


(a) Ceft à cette tortue qu'il faut rapporter celle qui eft décrite 
dans Gronovius. Mus. 2, page 85, N° Co, & que M. Linné à regardé: 
eomme étant la même que fa tortue caret , qui eft notre caouane. Cette: 
tortue de Gronovius a au-deflus du mufeau le tubercule qui diftingue: 


ja. Nafcorne.. 


SLFLIEZISINES EE 


tO4 . Hrsrorrzs NaTursrzg 


refpondans du Cabinet du Roi (6): on la mange 
comme cette dernière, tandis quon ne fe nourrit 
prefque point de la chair de la Caouane. Nous invitons 
les Voyageurs à s'occuper de cette tortue, qui pourroit | 
être la tortue bâtarde des pêcheurs d'Amérique, ainf k 
qu à obferver celles qui ne font pas encore connues: 
il eft d'autant plus important d'examiner les diverfes 
efpèces de ces animaux , que quoiqu’elles ne foient 
diftinguées à l'extérieur que par un très-petit nombre 
de caraétères, il paroît qu’elles ne fe mélent point 
enfemble, & que par conféquent elles font très- 
différentes les ‘unes des autres (c). 


(5) M. Le Chevalier de Widerfbach. 
(c) Note communiquée par M. le Chevalier de Widerfpach. 


LE CARET 


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LE CARET . grandeur d'un Jixuwme de nalure . 


DES OFIPARES. I1O$ 


L'ÉLA RE" 7" 


EL E PHILOSOPHE mettra toujours au premier rang 
la tortue franche, comme celle qui fournit la nour- 
riture la plus agréable & la plus falutaire ; mais ceux 
qui ne recherchent que ce qui brille, préféreront la 


(a) La Tuiïlée. M, d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Teftudo imbricata. 2. Linn. amph. FRE 

Tortue caret. Rochefort. 

Teftudo imbricata, Hiff. natur. des Tortues , par M. Jean Schneider. 

Teftudo caretta. Cate/by, Hi cs naturelle dè La Caroline, vol. IT, 
PA£8E 59 | 

Gronoy. Zoophy. 72: 

Ray , Synopfis is animalum guadrapedum , pes ge 258 Teftudo 
caretta dicta. | 

Bont. jav. 82, Teftudo fquamata. FE 

The hawk {bill Turtle. Teftudo 1 major, unpuibus utrinque quatuor. 


Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, Londres, 1 RE. ; page 465: 


-Séba, mus. 2. tab. 80, fig. 9. | 

Teftudo caretta, Sloane. Voyage aux Ifles Madère, Barbade, Ece 
vol. 2. 

 Caret. Du Tertre, tome Rs PiR29 » N° Pr 

Caret , Labat, P- 314 

© Caret , Didlionnai re d'H ds natürélle ; > par M. Va almont de 
Bormnare: 


Ovipares , T OrI1e E O 


PE | 


106 Hirsrorre NATURELLE 


tortue à laquelle nous confervons le nom de Carer, 
qui lui eft généralement donné dans les pays us 
habite ; c’eft principalement cette tortuë que lon 
voit revêtue de ces belles écailles qui, dès les 
fiècles les plus reculés, ont décoré les palais les plus 
fomptueux : effacées dans des tems plus modernes 
par l'éclat de Por & par le feu que la taille a donné 
aux pierres dures & t'anfparentes, on ne les emploie 
prefque plus qu'à orner les bijoux fimples, mais élégans 
de ceux dont la fortune eft plus bornée, & peut-être 
le goût plus pur. Si elles fervent quelquefois à parer 
la beauté, elles font cachées par des ‘ornemens plus 
éblouiflans ou plus recherchées qu'on leur préfère, 
& dont elles ne font que les fupports. Mais fi les 
écailles de la tortue Caret ont perdu de leur valeur 
par leur comparaïfon avec des fubftances plus écla- 
tantes, & parce que la découverte du nouveau monde 
en a répandu une grande quantité dans l’ancien, leur 
ufage eft devenu plus général : on s'en fert d'autant 
plus qu'elles coûtent moins: combien de bijoux & de 
petits ouvrages ne font point garnis de ces écailles que 
tout le monde connoît, & qui réuniflent à une demi- 
tranfparence Péclat de certains criftaux colorés, & une 
foupleffe que l’on a eflayé envain de donner au 
verre | = _ 

+ Il eft aifé de reconnoitre la tortue Caret au luifant 
des écailles placées fur fa carapace, & fur-tout à la 


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DES QUADRUPÉÈDES OWIPARES. 107 


manière dont elles font difpofées. Elles fe recouvrent 
comme les ardoifes qui font fur nos toits; elles font 
d’ailleurs communément au nombre de treize fur le 
difque, & elles y font placées fur trois rangs , comme 
dans la tortue franche; le bord de la carapace , qui 
eft beaucoup plus étroit que dans la plupart des tortues 
de mer, eft garni ordinairement de vingt-cinq lames. 

La couverture fupérieure arrondie par le haut, & 
pointue par le bas, a prefque la forme d’un cœur : le 
Caret eft d’ailleurs diftingué des autres tortues marines 
par fa tête & fon cou, qui font beaucoup plus longs 
que dans les autres efpèces; la mâchoire fupérieure 
avance aflez fur l'inférieure, pour que le mufeau ait 
une forte de reflemblance avec le bec d’un oifeau de 
proie ; & c’eft ce qui l'a fait appeller par les Anglois 
bec à faucon (b ). Ce nom a un peu fervi à obfcurcir 
lhiftoire des tortues; lorfque les Naturaliftes ont tranf- 
porté celui de Caret à la Caouane, ils n'en ont point 
féparé le nom de bec à faucon, qu'ils lui ont aufli appli- 
qué (c); &, en hiftoire naturelle, lorfque les noms font 
les mêmes, on n'eft que trop porté à croire que les objets 
{e reflemblent. On rencontre le Caret, ainfi que la plu- 


part des autres tortues, dans les contrées chaudes de 


(Bb) Cateby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. 2, page 39. 
(c) Brown, a l'endroit déja cité. 


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108 HirsTorrEe NATURELLE 


l'Amérique ( d) ; mais on le trouve aufli dans les mers 
de lAfe. C'eft de ces dernières qu'on apportoit fans 
doute les écailles fines dont fe fervoient les anciens, 
même avant le tems de Pline, & que les Romains 
devoient d'autant plus eftimer, qu'elles étoient plus 
rares & venoient de plus loin ; car il femble qu'ils 
n'attachoient de valeur qu'à ce qui étoit pour eux 


le figne d'une plus grande puifflance, & d’une domi- 


nation plus étendue. 

Le Caret n’eft point auf grand que la tortue franche ; 
fes pieds ont également la forme de nageoires, & font 
quelquefois garnis chacun de quatre ongles. La faifon 
de fa ponte eft communément, dans l'Amérique fep- 
tentrionale , en Mai, Juin & Juillet; il ne dépofe pas 
fes œufs dans le fable, mais dans un gravier mélé de 
petits cailloux : ces œufs font plus délicats que ceux 
des autres efpèces de tortues, mais fa chair n’eft point 
du tout agréable ; elle a même, dit-on , une forte vertu 
purgative (e) ; elle caufe des vomiflemens violens ; 
ceux qui en ont mangé font bientôt couverts de petites 
tumeurs, & attaqués d'une fièvre violente, mais 
qui eft une crife falutaire lorfqu'ils ont aflez de 
vigueur pour réfifter à l'aivité du remède. Au refte, 


(4) Suivant Dampier , on n'en voit point dans la mer du Sud, 


(e) Dampier, Tome L 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ‘OO 


Dampier prétend que les bonnes ou mauvaifes qualités 


de la chair de la tortue Caret, dépendent de l'aliment 
qu'elle prend, & par conféquent très-fouvent du lieu 
qu’elle habite. 

Le Caret, quoique plus petit de beaucoup "Tr Ja 
tortue franche | doit avoir plus de force, puifqu'on l'a 
cru plus méchant: il fe défend avec plus d'avantage , 
lorfqu'on cherche à le prendre; & fes morfures font 


vives & douloureufes; fa couverture fupérieure eft plus 


bombée, & fes pattes de devant font en proportion de 
fa grandeur, plus longues que celles des autres tortues 
de mer ; aufli, lorfqu’il a été renverfé fur le dos, peut-il, 
en fe balançant, s'incliner aflez d’un côté ou de l'autre, 
pour que fes pieds faififlent la terre, qu'il fe retourne, 
& qu'il fe remette fur fes quatre pattes. Les belles 
écailles qui recouvrent fa carapace pêfent ordinaire- 
ment toutes enfemble de trois à quatre livres (f), 


& quelquefois même de fept à huit (g). On efime 


le plus celles qui font épaifles, claires, tranfparentes, 
d’un jaune doré, & jafpées de rouge & de blanc, ou 
d'un brun prefque noir (4). Lorfqu'on veut les façonner, 


(f) Dampier, Tome L ; 
(g) Ray, Synopfis quadrupedum , page 248. 


(h) Mémoires manufcrits , rédigés © communiqués par M, de Fou- 
geroux. 


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110 Hrsrorre NATUREILIE : 


on les ramollit dans de l’eau chaude, & on les met dans 


un moule dont on leur fait prendre aifément la forme, 
à l'aide d’une forte prefle de fer; on les polit enfuite, 
& on y ajoute les cifelures d’or & d'argent, & les autres 
ornemens étrangers avec lefquels on veut en relever 
les couleurs. 

On prétend que, dans certaines contrées, & parti- 
culièrement fur les côtes orientales & humides de 
l'Amérique méridionale, le Caret fe plaît moins dans 
la mer que dans les terres noyées, où il trouve ap- 
paremment une nourriture plus abondante ou plus con- 
venable à fes gouts (i). 


net raté nent ten entra ne retenir etananree 


(2) Note communiquée par M. le Chevalier de W ider/pach , Corref- 
pondant du Cabinet du Roi. 

€ On dit que les tortues caret fe nourrifent principalement d'une 
efpèce de fungus , que les Américains nomment oreille de Juif, 5 Catefby , 
à l'endroit déja cité. 


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La PLUPART DES TORTUES MARINES, dont nous 
avons parlé, ne s'éloignent pas beaucoup des régions 
| équatoriales ; la Caouane n’eft cependant pas la feule 
que l’on trouve dans une des mers qui baignent nos 
contrées ; on rencontre aufli dans la méditerranée , une 
efpèce de ces Quadrupèdes ovipares, qui furpafle même 
quelquefois par fa longueur les plus grandes tortues 
franches. On la nomme le Luth; elle fréquente de 
préférence , au moins dans le tems de la ponte, les 
rivages déferts & en partie fablonneux, qui avoifinent 


6 à 
| C 

(a) En latin, lyra. 
Rat de mer, € tortue à clin, par les pêcheurs de pluñeurs contrées. 
Tortue luth. M. d'Aubenton , Encyclopédie iméthodique. 
Teftudo Coriacea. 1. Linn, amphibia reptilia. 
Tortue couverte comme de cuir, ou tortue mercuriale. Rondelet à 

Hifloire des poiffons. Lyon, 2558. 

. Teftudo coriacca Wandell, ad Linn., Patay. 1761. 4. 

Feftudo cortacca, Hiff. naturelle des tortues , par M. Schneider: 


12 HisTorre NATURELIE «+ 


les Etats barbarefques ; elle savance peu dans la mer 


Adriatique, & fi elle parvient rarement jufqu'à la mer 
Noire, c’eft qu’elle doit craindre le froid des latitudes 
élevées. Elle eft diftinguée de toutes les autres tortues, 
tant marines que terreftres, en ce quelle n'a point 
de plaftron apparent. Sa carapace eft placée fur fon 
dos comme une forte de grande cuirafle, mais elle 
ne sétend pas aflez pardevant & parderrière pour 
que la tortue puifle mettre fa tête, fes pattes & fa 
queue à couvert fous cette forte d'arme défenfive. 
La tortue Luth paroît fe rapprocher par-là des croco- 
diles, & des autres grands Quadrupèdes ovipares qui 


eft convexe, arrondie dans une partie de fon contour, 
mais terminée parderrière en pointe fi aigue & fialongée, 
qu'on croiroit voir une feconde queue placée au-deflus 
de la véritable queue de l'animal; le long de cette 
carapace, s'étendent cinq arêtes aflez élevées, & dont 
celle du milieu eft fur-tout très-faillante ; quelques 
Naturaliftes ont compté fept arêtes, parce qu'ils ont 
compris dans ce nombre les deux lignes qui terminent 
la carapace de chaque côté. Cette couverture fupé- 
rieure n'eft point garnie d'écailles comme dans les 
autres tortues marines ; mais cette efpèce de cuirafle 
ainfi que tout le corps, la tête, les pattes & la queue, 
eft revêtue d’une peau épaifle, qui, par fa confiftance 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 113 


& fa couleur, reflemble à un cuir dur & noir. Auff 
Linné a-t-il appellé la tortue Luth, /a tortue couverte 
de cuir; & a-t-elle plus de rapport que les autres tortues 
marines, avec les lamantins & les phoques dont les 
pieds font recouverts d’une peau noirâtre & dure ; le 
deflous du corps eft aplati ; les pattes, où plutôt les 
nageoires , de la tortue Luth , font dépourvues d'ongles, 
fuivant la plupart des Naturaliftes ; mais j'ai remarqué 
une membrane en forme d’ongle aux pattes de der- 
rière de celle que lon conferve dans le Cabinet du 
Roi; la partie fupérieure du mufeau eft fendue de 
manière à recevoir la partie inférieure qui eft re- 
courbée en haut. Rondelet dit avoir vu une tortue de 
cette efpèce prife à Frontignan, fur les côtes du Lan- 
guedoc, longue de cing coudées, large de deux, & 
dont on retira une grande quantité de graifle ou d'huile 
bonne à brûler (4). M: Amoureux, le fils, de la 
Société royale de Montpellier, a donné la defcription 
d'une tortue de cette efpèce, pêchée au port de Cette, 
en Languedoc, & dont la longueur totale étoit de fept 
pieds cinq pouces (c). Celle qui a fervi à notre def- 
cription , & dont nous rapportons les dimenfions dans la 


(3) Rondekt, à l'endroit cité. 


(ec) Journal de Phyfique , 1778. 
Ovipares | Tome I. p 


114 Hrsrorre NATURELLE 
note fuivante (4), eft à-peu-près de la même gran- 
deur. | Fe 

Les tortues Luth n’habitent pas feulement dans la 
Méditerranée ; on les trouve auffñi fur les côtes du 
Pérou , du Mexique, & fur la plupart de celles d'A- 
frique, qui font fituées dans la zone torride (e):il 
paroit qu’elles s'avancent vers les hautes latitudes de: 
notre hémifphère , au moins pendant les grandes chaleurs. 
Le quatre Août, de l’année 1729, on prit, à treize’ 
“ieues de Nantes, au nord de l'embouchure de la 
Loire, une tortue qui avoit fept pieds un pouce de 


(4) Dimenfons d'une tortue Luth. FSieds, [pouces lignes. 
Longueur totale. .… . . ee de: 3 à 
God 3 Short SRE EI Ë ar 
Ppatflent.. 5; re 
Longueur de la carapace. . . 
Largeur de à carapace. . 
Longueur du cou & de la tête. 
Longueur. des mâchoires. . .. 
Grofleur du. cou . « . . 
Grand diamètre des yeux. … 
Longueur des pattes de devant. 
Grofleur des pattes de devant. . 
Longueur des pattes de- derrière. 
Grofleur des pattes de derrière. 
Longueur de la queue. . . 


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(e) Mémoires manuftrits , rédigés par M. de Fougeroux.. 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 115 
long , trois pieds fept pouces de large & deux pieds 
d’épaiffeur. M. de la Font, Ingénieur en chef À Nantes, 
€n envoya une defcription à M. de Mairan; tous les 
caractères qui y font rapportés, font entièrement coh- 
formes à ceux de la tortue Luth, confervée au Cabinet 
du Roi; à la vérité, il y eft parlé de dents, qui ne 
fe trouvent dans aucune tortue connue ; mais il eft 
aifé de prendre pour des dents, les grandes éminences 
formées par les échancrures profondes des deux m4- 
choires de la tortue Luth ; d’ailleurs la forme & la 
pofition de ces éminences répondent à celles des pré- 
tendues dents de la tortue péchée auprès de Nantes. 
Cette dernière tortue Luth poufoit d’horribles cris, fui- 
vant M. de la Font, quand on lui cafa la tête à coup 
de crochet de fer, fes hurlemens auroient pu être 
entendus à un quart de lieue; & fa gueule écumante 
de rage, exhaloit une vapeur très-puante (f). 

En 1756, un peu après le milieu de l'été, on prit 
auf, une aflez grande tortue Luth, fur les côtes de 
Cornouaille, en Angleterre (g). M. Pennant a donné, 
ans les tranfactions philofophiques, la defcription & 
Ja figure d'une très-petite tortue marine de trois pouces 


(Ÿ) Hifloire de l'Académie des Sciences , année 2729. 


_ {g) Zoologie Britannique ; Londres 2776, vol. II. | hs 


D ro a eh ml à ts Ah 


116 Hrsrorre NATURELLE. 


trois lignes de long, fur un pouce & demi de 
large. Il eft évident, d'après la figure & la def- 
cription, que cette très-jeune tortue étoit de l’efpèce 
du Luth, & avoit été prife peu de tems après fa 
fortie de l'œuf, ainfi que le foupçonne M. Pennant. 
Ce Naturalifte avoit vu cette tortue chez un Mar- 
chand de Londres, qui ignoroit d'où on l’avoit ap- 
portée (A). 

La tortue Lurh, eft une de celles que les anciens 
Grecs ont le mieux connues , parce qu'elle habitoit 
leur patrie : tout le monde fait que dans les contrées 
de la Grèce, ou dans les autres pays fitués fur les bords 
de la Méditerranée, la carapace d’une grande tortue 
fut employée par les inventeurs de la mufique comme 
un corps d'inftrument, fur lequel ils attachèrent des 
cordes de boyaux ou de métal. On a écrit qu'ils 
choifirent la couverture d'une tortue Luth; & telle 
fut la première lyre groffière qui fervit à faire goûter 
à des peuples peu civilifés encore, le charme d'un 
art dont ils devoient tant accroître la puiflance. Auf 
la tortue Luth a-t-elle été, pour ainf dire, confacrée 
à Mercure, que l’on a regardé comme l'inventeur de 
la lyre. Les Modernes l'ont même fouvent , à l’exemple 
des Anciens, appellée Lyre, ainfi que Lurh; & ïl 


(A) Tranfa“ions philofophiques , année 1772 , vol. 67. 


Les anciy 
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DES QUADRUPÈDES OVFIPARES. 117 
convenoit que fon nom rappellât le noble & brillant 
ufage que l’on fit de fon bouclier , dans les premiers 


âges des belles régions baignées par les eaux de da 
Méditerranée. | 


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D'EAU DOUCE ET DE TERRE. 


LA BOURBEUSE (+). 


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Les DIFFÉRENTES TORTUES dont nous avons 
déjà écrit l'hiftoire , non-feulement vivent au milieu 
des eaux falées de la mer, mais recherchent encore 
Peau douce des fleuves qui sy jettent : elles vont aufli 


( a) En latin, mus aquatilis. 
En Japonois , jogame , ou doogame , ou doocame. 
La Bourbeufe. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique, 
Teftudo lutaria, 7. Linn., amphib. rept. | 
Ray , Synopfis quadrupedum , page 254 ; Teftudo aquarum dulcium ; 
feu lutaria. | de SR 
Rondelet , Hifloire des poiffons. Lyon » 2548 » Jeconde partie L 
page 170. ne k 
_ Teftudo lutaria, 9. Schneider, 


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DES QUADRUPÈDES OPFIPARES. ES 


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quelquefois à terre, foit pour y dépofer là. 
foit pour y paître les plantes qui y croiffent. On ne 
peut donc pas les regarder comme entièrement relé- 
guées au milieu des grandes eaux de l'Océan; de même 
on doit dire œx’aucune des tortues dont il nous refte 
à parler, n'habite exclufvement l’eau douce ou les 
terrains élevés: toutes peuvent vivre fur la terre , toutes 
peuvent demeurer pendant plus ou moins de tems aw 
milieu de l'onde douce & de l'onde amère, & lon 
ne doit entendre ce que nous avons dit de la demeure 
des-tortues de mer, & ce que nous ajouterons de celles 
des tortues d’eau douce & des tortues de terre , que’ 
comme l'indication du féjour qu’elles préfèrent, plutôt 
que d’une habitation exclufive. Tout ce qu'on peut af- 
furer relativement à ces trois familles de tortues, c’eft: 
que Le plus fouvent on trouve la première au milieu des: 
eaux falées, la feconde au milieu des eaux douces, la 
troifième fur les hauteurs, ou dans les bois; & leur’ 
habitation particulière a été déterminée par leur con- 
formation tant intérieure qu'extérieure, ainfi que par 
la différence de la nourriture qu’elles recherchent , &. 
qu'elles ne peuvent trouver. que fur la terre., dans les 
fleuves ou: dans la mer. 

La Bourbeufe eft une des tortues que l’on rencontre. 
le plus fouvent au milieu des eaux douces; elle ef 
beaucoup plus petite qu'aucune tortue marine, puif-- 
que fa longueur, depuis: le bout du mufeau jufqu'à: 


HirsrTorre NATURELLE 


-xtrémité de la queue, n'excède pas ordinairement ji 
fept ou huit pouces , & fa largeur trois où quatre. Elle il 
eft auf beaucoup plus petite que la tortue terreftre, \n 
appellée la Grecque : communément le tour de la | # 
carapace eft garni de vingt-cinq lames, bordées de | 
ftries légères; le difque left de treize lames ftriées de | ? 
même, foiblement pointillées dans le centre , & | | | 
dont les cinq de la rangée du milieu fe relèvent en LE. 
arête longitudinale. Cette couverture fupérieure eft | 
noirâtre & plus ou moins foncée, | | | d 

La partie poftérieure du plaftron eft terminée par une | | h 
ligne droite; la couleur générale de la peau de cettetortue | | à 
tire fur le noir , ainfi que celle dela carapace; les doigts | Fe 
{ont très-diftinéts l’un de l’autre, mais réunis par une ù 
membrane; il y en a cinqaux pieds de devant, & quatre | d 
aux pieds de derrière; le doigt extérieur de chaque piedde Es 
devant eft communément fans ongle; la queue eft à-peu- | | di 
près longue comme la moitié de la couverture fupé- CS 
rieure ; au lieu de la replier fous fa carapace, ainf | | | 
que la plupart des tortues de terre, la Bourbeufe la l $ 

tient étendue lorfqu'elle marche (b); & c'eft de-là | 
que lui vient le nom de rat aquatique , mus aquatilis, | : 
que les anciens lui ont donné (c); lorfquon la voit LR 

(B) Hifloire naturelle des amphibies © des poiffons de la Sardaigne , | | ; 
page 12. | | Q | 

(ec) Rondeket , à l'endroit déjà cité, F0 | L 

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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. be) 
marcher, on croiroit avoir devant les yeux un lézard 
dont le corps feroit caché fous un bouclier plus ou 
moins étendu. Ainfi que les autres tortues, elle fait 
entendre quelquefois un fiflement entrecoupé. 

On la trouve non-feulement dans les climats tem 
pérés & chauds de l’Europe (d), mais encore en Afie, 
au Japon (e ), dans les grandes [ndes, &c. On la ren- 
contre à des latitudes beaucoup plus élevées que les 
tortues de mer: on l'a pêchée quelquefois dans les rivières 
de la Siléfie; mais cependant elle ne fupporteroit que 
très-difiicilement un climat très-rigoureux, & du moins 
elle ne pourroit pas y multiplier. Elle sengourdit pen— 
dant l'hiver, même dans les pays tempérés. C’eft à terre 
qu'elle demeure pendant fa torpeur: dans le Languedoc, 
elle commence vers la fin de l'automne à préparer 
fa retraite ; elle creufe pour cela un trou, ordi- 
nairement de fix pouces de profondeur; elle emploie 
plus d’un mois à cet ouvrage. Il arrive fouvent qu'elle 
pañle l'hiver fans être entièrement cachée, parce que 
la terre ne retombe pas toujours fur elle, lorfqw’elle 


À - + 
(d) Elle eft en très-grand nombre dans toutes les rivières de la 
Sardaigne, Hifloire naturelle des amphibies & des poiffons de ce Royaurne, 
par M. François Cette. À Saffäri, 2777, page 22. 


(e) Hifloire générale des Voyages, Tome 40, pige 382, édition 
an - 12. | 


Ovipares , Tome I. Q 


Le 


Histoire NATURELLE 

‘Dlat£e au fond de fon trou. Dès les premiers 
jours du printems elle change d'afyle; elle pañle alors 
la plus grande partie du tems dans l'eau; elle sy tient 
fouvent à la furface, & fur-tout lorfqu'il fait chaud, 
& que le foleil luit. Dans l'été, elle eft prefque toujours 
à terre. Elle multiplie beaucoup dans plufieurs endroits 
aquatiques du Languedoc, ainfi qu'auprès du Rhône, 
dans les marais d'Arles, & dans plufieurs endroits de 
la Provence (f). M. le Préfident de la Tour d'Aygue, 
dont les lumières & le goût pour les Sciences naturelles 
font connus , a bien voulu m’apprendre qu’on trouva une 
fi grande quantité de tortues Bourbeufes dans un marais 
d'une demi-lieue de furface, fitué dans la plaine de 
la Durance, que ces animaux fufhrent pendant plus 
de trois mois à la nourriture des payfans des environs. 

Ce n’eft qu'à terre que la Bourbeufe pond fes œufs; 
elle les dépofe , comme les tortues de mer, dans un 
trou qu'elle creufe, & elle les recouvre de terre ou 
de fable; la coque en eft moins molle, que celle des 
œufs des tortues franches, & leur couleur eft moins 
uniforme. Lorfque les petites tortues font éclofes, elles 
n'ont quelquefois que fix lignes ou environde largeur (g). 


#ë 


(f) Ces faits m'ont été communiqués par M. de Touchy, de la 
Société royale de Montpellier. 


(-g) Note communiquée par M. le Préfident de la Tour d Aygue. 


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La Bourbeufe ayant les doigts des pieds pl Ïss | 
& une charge moins pefante que la plupart des tortues, 
& fur-tout que la tortue terreftre , appellée la Grecque, 
il n’eft pas furprenant qu'elle marche avec bien moins 


de lenteur lorfqu’elle eft à terre, & que le terrain eft 


uni, 

Les Bourbeufes, ou les tortues d'eau douce propre- 
ment dites, croiflent pendant très-long-tems, ainfi que 
les tortues de mer; mais le tems qu'il leur faut pour 
atteindre à leur entier développement eft moindre que 
celui qui eft néceffaire aux tortues franches, attendu 
qu’elles font plus petites: auf ne vivent es pas fi 
D Ai On a cependant obfervé que lorfqu'elles 


n'éprouvent point d’accidens, elles parviennent jufqu'à 


l’âge de quatre-vingts ans & plus;.& ce grand nombre 
d'années ne prouve-t-il pas la longue vie que nous 
avons cru devoir attribuer aux grandes tortues de 
mer ? | | 
Le goût que la tortue d’eau douce a pour les Érnègoes, 

pour les vers, & pour les infectes dépourvus d'ailes qui 
habitent les rives qu’elle fréquente, ou qui vivent fur 
la furface des eaux, l’a rendue utile dans les jardins, 
qu’elle délivre d'animaux nuifibles, fans y caufer aucun 
dommage. On la recherche d’ailleurs à caufe de lufage 
qu’on en fait en médecine, ainfi que de quelques autres 
tortues : elle devient comme domeftique ; on la conferve 


Qi 


124. <> «Hrsrorrs : NATURELLE 


dans des baffins pleins d’eau, fur les bords defquels on 41 f 
a foin de mettre une planche qui s'étende jufqu’au fond, | 
quand ces mêmes bords font trop efcarpés , afin qu'elle | Ï 
puifle fortir de fa retraite, & aller chercher fa petite 108 À 
proie. Lorfque l’on peut craindre qu’elle ne trouve pas | 
une nourriture aflez abondante, on y fupplée par du | 
fon & de la farine. Au refte, elle peut, comme les | 
autres Quadrupèdes ovipares, vivre pendant long-tems | 
fans prendre aucun aliment, & même quelque tems | 
après avoir été privée d'une des parties du corps qui l 
paroïflent le plus effentielles à la vie, après avoir ew | 
2 la tête coupée. (A) - | 
Autant on doit la multiplier dans les jardins que 1 
lon veut garantir des infectes voraces, autant on doit | 
l'empêcher de pénétrer dans les étangs & dans les autres | | | 
endroits habités par les poiflons. Elle attaque même, | | 
dit-on, ceux qui font d’une certaine groffeur ; elle les Un 
- faifit fous le ventre; elle les y mord, & leur fait des | | 
bleflures affez profondes, pour qu'ils perdent leur fang, 
& s'affoibliflent bientôt; elle les entraîne alors au fond ' 
de l’eau, & elle les y dévore avec tant d’avidité , qu’elle | 


n'en laïffle que les arêtes , & quelques parties cartila= 7 su 
gineufes de la tête : elle rejette aufh quelquefois leur 


(AR) Ray, Synopfs animaliume, Londres , 1693, pag 254 


LA SM 


dins que 
on doit 


lesautres 


» même, 
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r fait des 
eur fans, 
s au fond 
f,quell 
s arûk- 
dis 


an 


Là 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 125 
veffie aérienne, qui s'élève à la furface de Peau, & 
par le moyen des veflies à air, que l'on voit nager fur 


les étangs, l’on peut juger que le a eft habité par 


| : des tortues bourbeufes. 


126 Hrsrorre NATURELLE 


LA RONDE LE 


C’Esr dans l'Europe méridionale, fuivant M. Linné, 
que l'on trouve cette tortue: fa carapace eft prefque 
entièrement ronde, &- c’eft ce qui lui a fait donner le 
nom d'orbiculaire. Les bords de cette carapace font re- 
couverts de vingt trois lames, dans deux individus 
confervés au Cabinet du Roi, & le difque left de treize. 
Ces lames font très-unies , & leur couleur , affez claire, 
eft femée de très-petites taches roufles, plus ou moins 
foncées. Le plaftron eft échancré parderrière, & recou- 
vert de douze lames. Le mufeau fe termine par üne 
pointe forte & aigue, en forme de très-petite corne. 
La queue eft trés-courte. Les pieds font ramañés, 
arrondis ; & les doigts réunis par une membrane coms 
mune, ne font , en quelque forte, fenfibles que par 
des ongles aflez forts & aflez longs. Ces ongles font 


+ 


(a) La Ronde. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique, 
 Teftudo orbicularis, 5. Linn. amphib, rept, 
Teftudo europæa, 5, Schneider. 


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DES QUADRUPÈDES ÉPIRARES, 12% 


au nombre de cinq dans les pieds de devant, & de 
quatre dans les pieds de derrière. La tortue Ronde. 
habite de préférence au milieu des rivières .& des 
marais, @& fes habitudes doivent reflembler plus ou 
moins à celles de la Bourbeufe, fuivant le plus ou 
moins d'égalité de leurs forces. se. 

On rencontre les tortues Rondes, non-feulement 
dans les pays Méridionaux de l'Europe, mais encore 
en Prufle (b): les Payfans de ce Royaume les pren- 
nent & les gardent dans des vaiffleaux, qui contien- 
nent la nourriture deftinée à leurs cochons; ils penfent 
que ces derniers animaux sen portent mieux & en 
engraiflent davantage ; les tortues Rondes vivent quel- 
quefois plus de deux ans dans cette forte d'habitation 
extraordinaire (c). 

Il fe pourroit que la Ronde parvint à une grandeur 
un peu confidérable, malgré la petite taille des deux 
individus que nous avons décrits, & qui n'ont pas plus 
de trois pouces neuf lignes de de dun totale , fur 
deux pouces cinq lignes de largeur, parce que ces 
deux petites tortues préfentent tous les fignes du pre- 
mier âge & d'un développement très-peu avancé. Si 

/ 


(b) Ichthyologia , cum amphibiis regni Boruffici methodo linnæana 
difpofita à Johan. Chrifloph. Wulf. 


(c) Wulff, ouvrage déjà cité. 


120 Hisrorre NATvrEsrrz 


cela étoit, nous ferions tentés de la regarder comme 
une variété de la Terrapène , dont nous allons parler. 
Mais, jufquà ce que nous ayons recueilli un plus 
grand nombre d'obfervations , nous les féparerons l’une 
de l’autre. | | | 
Les petites tortues Rondes, que nous avons exa= | 
minées, nous ont préfenté un fait intéreflant : les 
avant-dernières pièces de leur plaftron étoient féparées 
& laïifloient pafler la peau nue du ventre, qui for- 
moit une efpèce de poche ou de gonflement plus con- 
| fidérable dans l’une que dans l’autre, & au milieu 
M duquel on diftinguoit, dans une fur-tout, l’origine du 
cordon ombilical. Nous invitons les Naturaliftes à re- 
marquer fi, dans les autres efpèces, les très-jeunes tor- | 
tues prélentent cette fciflure du plaftron, & cette | 
_ marque d'un âge peu avancé. L'on a obfervé dans 
le crocodile & dans quelques lézards, un fait analogue 
que l’on retrouvera peut-être dans un trèsgrand nom- 
bre de Quadrupèdes ovipares. 


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LA TERRAPÈNE 


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LA TERRAPÈNE (4). 


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Nous CQNSERVONS à cette tortue de marais ou 
d'eau douce, le nom de Terrapène qui lui a été donné 
par Brown. On la trouve aux Antilles, & particuliè- 
rement à la Jamaïque ; elle y eft très-commune dans 
les lacs & dans les marais où elle habite parmi les 
plantes aquatiques qui y croiflent. Son corps, dit 
Brown , eft en général , ovale & comprimé; fa lon- 
gueur excède quelquefois huit ou neuf pouces. Sa 


chair eft regardée comme un mets aufli fain que dé- 


cat. (6), 


Il paroît que cette tortue. eft la même que celle 


que Dampier a cru devoir. nommer hécate. Suivant ce 


Voyageur, cette dernière aime en effet l’eau douce; 
elle cherche les étangs & les lacs, d’où elle va rare- 
ment à terre. Son poids eft de douze ou quinze livres. 


( a) The Terrapin, teftudo quarta minima lacuftris, unguibus pal- 
marum quinis, plantarum quaternis, tefta depreffa, Broipr, Hi ff, nat. 
de la Jamaïque , page 466. 


(5) Brown , à l'endroit déjà cite, 


Ovipares, Tome Ï, | + H 


129 HisrorrEe NATURELLE 


Elle a les pattes courtes, les pieds plats, le cou long 
& menu. Sa chair eft un fort bon aliment (c). Tous 
ces caractères femblent convenir à la Terrapène. 


(c) Dampier, Tome 2. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 121 


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LA SERPENTINE («) 


ÎL EST AISÉ de diftinguer cette tortue de toutes 
les autres, par la longueur de fa queue, qui égale 
prefque celle de la carapace. Cette couverture fupé- 
rieure eft un peu relevée en arête longitudinale, & 
comme découpée parderrière en cinq pointes aigues 
Les doigts des pieds font peu féparés les uns des 
autres. La Serpentine habite au milieu des eaux 
douces de la Chine. 

Il paroît que fes mœurs fe rapprochent de celles 
de la Bourbeufe; & que non-feulement elle détruit 
les infectes, mais encore qu'elle fe nourrit de poiflons. 


(a) La tortue ferpentine, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique: 


Teftudo ferpentina 15. Linn, amphib. rept 


TFeftudo ferpentina, 8. Schneider. 


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LEA ROUGEATRE. 


Nous DONNONS ici la notice d’une tortue envoyée 
de Penfylvanie, fous le nom de tortue de marais, & 
décrite par M. Edwards (a). Le bout de fa queue eft 
garni d'une pointe aigue & cornée comme celles de 
plufeurs tortues Grecques & de la tortue Scorpion. 
Ses doigts font réunis par une membrane. Sa couleur 
générale eft brune, mais les lames qui garnifflent fes 
côtés, & les écailles qui recouvrent le tour de fes 
mâchoires & de fes yeux, font d'un jaune rougeûtre 
- que lon retrouve aufñ fur fon plaftron. 


(a) Glanures de l'Hifloire naturelle , par Georges Edwards. Lôndres , 
8764 , Jeéconde parrie, chap. zx x y 17, planche 287. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 133 
LA TORTUE SCORPION (a). 


C'EsT à Surinam qu'habite cette tortue ; fa carapace 
eft ovale , d’une couleur très-foncée & relevée fur le 
dos par trois arêtes longitudinales; le difque eft garni 
de treize lames, dont les cinq du milieu font très- 


_ alongées, & on en compte communément vingt-trois 


{ur les bords: douze lames recouvrent le plaftron, qui 
neft prefque point échancré; la tête eft couverte par- 
devant d’une peau calleufe, qui fe divife en trois lobes 
{ur le front. La tortue Scorpion a cinq doigts à chaque 
pied ; ils font un peu féparés, & garnis d'ongles, excepté 
les doigts extérieurs des pieds de derrière: mais ce qui 
lui a fait impofer fon nom , & ce qui fert à la faire re- 
connoitre , c'eft une arme dure , en forme de corne ou 
d’ongle crochu , qu’elle porte au bout de la queue, & 
qui a une forte de refflemblance avec laiguillon du 
{corpion. M. Linné a fait connoître cette tortue, dont 


mets 


(a) La tortue fcorpion. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Teftudo fcorpioides, 8. Linn. armplub. rept, 
Teftudo fimbriata, 12. Schneider, 


134 HISTOIRE NarTureiie 


on conferve au Cabinet du Roi plufieurs carapaces & 


Platrons. Ils ont été envoyés comme ayant appartenu 
à une petite tortue de marais qui habite dans les favanes 
noyées de la Guiane , & qui ne parvient jamais à une 
taille plus conftiérable que celle qui eft indiquée par 
les couvertures envoyées au Cabinet du Roi: les plus 
grandes de ces carapacesont fix ou fept pouces de longueur, 


fur quatre ou cinq de largeur. Voilà donc une efpèce 


de tortue d’eau douce ou de marais, dont la queue eft 
garnie d’une callofité; nous remarquerons un caractère 
prefque femblable dans plufeurs tortues grecques ou 
tortues terreftres proprement dites, & particulièrement 
dans celles qui ont atteint leur entier développement. 


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Nous Avons vu vivans plufieurs individus de cette 
efpèce de tortue d'eau douce, qui n’a encore été décrite 
par aucun des Naturaliftes dont les ouvrages font le 
plus répandus. Onlesavoit fait venir d'Amérique dans des 
baquets remplis d’eau, pour les employer dans divers 
remèdes. Cette jolie tortue parvient ordinairement à 
une grandeur double de celle des tortues Bourbeufes. 
Une carapace qui avoit appartenu à un individu de cette 
efpèce, & qui fait partie de la colletion du Roi, a 
{ept pouces neuf lignes de longueur. La tortue jaune 
eft agréablement peinte d’un vert d'herbe un peu foncé, 
& d'un jaune qui imite la couleur de lor. Ces couleurs 
règnent non-feulement fur fa carapace, mais encore 
fur fa tête, fes pattes, fa queue & tout fon corps. Le 
fond de la couleur eft vert, & c’eft fur ce fond agréable 
que font diftribuées un très-grand nombre de très-petites 


taches d'un beau jaune, placées fort près les unes des 


autres, fe touchant en quelques endroits, imitant ailleurs 
des rayons par leur difpofition, & formant par-tout 
un mélange très-doux à la vue; le difque eft ordinaire 
ment recouvert de treize lames, & les bords de la 


126 Histoire NAaTurEzzE 


carapace le font de vingt-cinq. Le plaftron eft garni de 
douze lames, & la partie poftérieure de cette couver- 
ture eft terminée par une ligne droite, comme dans la 
Bourbeufe , avec laquelle la Jaune a beaucoup de rap- 
ports. La forme générale de la tête eft agréable ; les 
pattes font déliées ; les doigts un peu réunis par une 
membrane, & armés chacun d’un ongle long, aigu & 
crochu. La queue eft menue, & prefque auffi longue 
que la moitié de la carapace; lorfque la tortue marche, 
clle Ta porte droite & étendue comme la Bourbeufe. 
Elle fe meut avec moins de lenteur que les tortues de 
terre, & elle eft auf agréable à voir par la nature de 
fes mouvemens, que par la beauté de fes couleurs. 
Lorfqu’elle va s'accoupler , elle fait entendre un petit 
gémiffement ,un petit cri d'amour. Un individu de cette 
efpéce a été envoyé au Cabinet du Roi fous le nom 
de tortue terreftre, Ce qui a pu induire en erreur, c’eft 
que toutes les tortues d’eau douce paffentune très-grande 
païtie de l’année à terre, ainfñi que nous l'avons dit 
de la Bourbeufe, On ne la rencontre pas feulement 
en Amérique ; on la trotve encore dans l’Ifle de AL 
cenfion, d'où il eft arrivé un individu de cette efpèce 
au Cabinet du Roi: elle habite auffi dans les eaux douces 
de l'Europe, & n'y varie que par fes couleurs, qui 
font quelquefois moins vives. | 


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Cerre TORTUE eft la plus grande des tortues d’eau 
douce ; fa taille approche de celle des petites tortues 
marines. M. Pennant eft le premier qui en ait parlé (6); 
il avoit reçu cet animal de là Caroline méridionale. 
Le Docteur Garden, à qui on avoit Es a deux indi- 
vidus de cette efpèce, en avoit envoyé un à M. Ellis, 
& lautre à M. Pennant. Cette tortue fe trouve os 
les rivières du fud de la Caroline: on y appelle tortue 
à écailles molles ; mais comme elle n’a point d’écailles 
proprement dites, nous avons préféré de l’appeller fim- 
plement la Molle. Elle habite en grand nombre dans 
les rivières de Savannah & d'Alatamaha; & Pon avoit 
dit à M. Garden qu'elle étoit aufi très-commune dans 
la Floride orientale. Elle parvient à une grandeur con- 
fidérable, & pèfe quelquefois jufqu'à foixante-dix fivres. 
om , 
(a) TT obtiis cartilaginea , Petri Bodduert , epiflola de, tefudine 


cartilaginea, ex rufeo Joan. Albert Schlofferi. Amflerd: 1772. 
Teftudo ferox, 6 Schneider. . 


(b) Tranfaéions baie. » ONRCE. LUE .3oi. 6. 


Ovipares, Tome I. | ; 5 : S 


HirsTorrEe NATUREIIE 


Une de celles que M. Garden avoit chez lui, pefoit 
de vingt-cinq À trente livres: ce Naturalifle la garda 
près de trois mois, pendant lefquels il ne s’apperçut 
pas qu'elle eût rien mangé d’un grand nombre de chofes 
qu'on lui avoit préfentées. 

La carapace de cet individu avoit vingt pouces de 
long, & quatorze de large ; la couleur générale en 
étoit d’un brun foncé, avec une teinte verdûtre; le 
milieu de cette couverture fupérieure, étoit dur, fort 
& offleux; mais les bords, & particulièrement la partie 
poftérieure étoient cartilagineux, moux, plians, reflem- 
blant à un cuir tané, cédant aux impreflions dans tous 
les fens, mais cependant aflez épais & aflez forts , pour 
défendre & garantir l’animal. Cette carapace étoit cou- 
verte vers la queue de petites élévations unies & ob- 
longues, & vers la tête, d'élévations un peu plus 
grandes. | 

Le plaftron étoit d'une belle couleur blanchôtre; il 
étoit plus avancé de deux à trois pouces que la carapace, 
de teile forte que, lorfque l'animal retiroit fa tête, il 


pouvoit la repofer fur la partie antérieure, qui étoit 
pliante & cartilagineufe. La partie poftérieure du plaf- 
tron étoit dure, offeufe, relevée & conformée de manière 
à repréfenter, felon M. Garden, une /élle de cheval. 

La tête étoit un peu triangulaire & petite, relati- 
vement à la grandeur de l'animal; elle s’élargifloit du 
côté du cou, qui étoit épais, long de treize pouces & 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 139 


2h mé : . 
le k ‘ demi, & que la tortue pouvoit retirer facilement fous 
1e ie la carapace. re 
bre deg, | Les yeux étoient placés dans la partie antérieure 
& fupérieure de la tête, affez près l’un de l’autre ; 
x pou les paupières étoient sans & mobiles; la prunelle 
4 étoit petite, & l'iris entièrement rond, & d’un jaune 
Fe très-brillant, faifoit paroître les yeux très-vifs. Cette 
Verdi) tortue avoit une membrane clignotante, qui fe fermoit 
to dus lorfqu'elle éprouvoit quelque crainte , ou qu’elle s’en- 
EME dormoit. ee. | 
ins,rele La bouche étoit fituée dans la partie inférieure de 
ons anse _ Ja tête, ainfñ que dans les autres tortues: chaque màchoire 
z'forts pu _ étoit d’un feul os: mais un des caractères les plus parti- 
41:10 culiers à cette tortue, étoitla forme & la poftion de fes 
inieséce narines. Le deflus de la mâchoire fupérieure fe terminoit 
n peu pl par une produétion cartilagineufe un peu cilindrique, 
:__ Îlongue au moins de trois quarts de pouce, reflemblant au 
anche; groin d'une taupe , mais tendre, menue &-un peu-tran{- 
TT parente; à l’extrémité de cette production étoient placées 
Rte les ouvertures des narines qui s'ouvroient aufli dans 
Li le palais. 24 An 
# je | Les pattes étoient épaiffes & fortes; celles de devant 
ne” 4 avoient cinq doigts, dont lestrois premiers étoient plusforts, 
née le : plus courts que les deux autres, & garnis d'ongles crochus. 
Lis ; À la fuite du cinquième doigt, étoient deux efpèces de 
prit L faux doigts, qui fervoient à étendre une affez grande 
sup Si 


on hs bee > MR RE TE 2 


140 HISTOIRE NATURELLE 

membrane qui les réunifloit tous. Les ee de derrière 
étoient conformées de même, exceptéqu'iln'yavoit qu'un 
faux doigt, au lieu de deux : elles étoient, ainfñ que 
celles de devant, recouvertes d’une peau ridée, d’une 
couleur verdâtre & fombre. La tortue molle a rase 
de force; & comme elle eft farouche, il arrive fouvent 
que lorfqu’elle eft attaquée, elle fe lève fur fes pattes, 
séance avec furie contre fon ennemi, & le mord avec 
violence. 

La queue de l'individu apporté à M. Garden étoit 
grofe , large & courte. Cette tortue étoit femelle; elle 
pondit quinze œufs , & on en trouva à-peu-près un pareil 
nombre dans fon corps lorfqu'elle fut morte : ces œufs 
étoient parfaitement ronds, & à-peu-près d'un pouce 
de diamètre. 

La tortue Molle eft très-bonne à manger; & l'on 
dit même que fa chair eft plus délicate que celle de 
la tortue franche. 

Nous préfumons qu'à mefure que l’on connoîtra 
mieux les animaux du nouveau continent , on retrouvera 
dans plufeurs rivières de l'Amérique, tant feptentrionaie 
que méridionale, la tortue Molle que lon a vue dans 
celles de la Cible & de la Fioride. Pendant que 
M. le Chevalier de Widerfpach , Correfpondant du 
Cabinet du Roi, étoit fur es bords de lOyapock dans 
l'Amérique méridionale, fes nègres lui apportérent la 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 141 
tête & plufieurs autres parties d’une tortue d’eau douce 
qu'ils venoient de dépecer, & qu'ila cru reconnoître 


depuis dans la tortue Molle, dont M. Pennant a publié 
la defcription. 


HisToirrEe NATURELLE 


em DRE ONE LOL ADN Roanne 


LA GRECQUE, 
ou LA TORTUE DE TERRE COMMUNE (a). 


grrr rt qe me ere quete amp meer 
ne À 


Ox NOMME ainf la tortue terreftre la plus commune 
dans la Grèce, & dans plufeurs contrées tempérées de 
l'Europe. On l’a, pendant très-long-tems,appellée fimple- 
ment tortue cerreftre ; mais comme cette épithètene défigne 
que la nature de fon habitation , qui eft la même que 
celle de plufieurs autres efpèces, nous avons préféré la 
dénomination adoptée par les Naturaliftesmodernes.On la 
rencontre dans les bois, & fur les terres élevées; il n’eft 
perfonne qui ne lait vue, ou qui ne la connoiffe de nom; 
depuis les anciens jufqu'à nous, tout le monde a parlé de 
fa lenteur: le philofophe s’en eft fervi dans fes raifonne- 
mr EE 

(a) En grec, sai XEpoaÏ de. 

En Languedoc, tourtuga dé Garriga. 

En Japonois , Ificame ou Sanki. 

La Grecque. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Ray , Synopfs animalium , page 253, Londres, 1693. Teftudo 
terreftris vulgaris. : 

Linn. fyflema nature, édit. XIIT, page 352. Teftudo græca pedibus 
fubdigitatis, tefta poitice gibba, margine laterali obtulffimo fcutellis 
planiufculis. | 


Tefludo græca, 16. Schneider, 


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Délire del ; 
LA GRECQUE 2 grandeur d'un quart de lature.. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 143 
mens , le poëte dans fes images, le peuple dans fes pro- 
verbes. La tortue grecque peut, en effet, paifer pour un des 
plus lents des Quadrupèdes ovipares. Elle emploie beau- 
coup de tems pour parcourir le plus petit efpace: mais ft 
elle ne s'avance que lentement, les mouvemens des 
diverfes parties de fon corps font quelquefois aflez 
agiles ; nous lui avons vu remuer la tête, les pattes 
& la queue, avec un peu de vivacité. Et même ne 
pourroit-on pas dire que la pefanteur de fon bouclier, 
Ja lourdeur du poids dont elle eft chargée, & la po- 
fition de fes pattes placées trop à côté du corps, & 
trop écartées les unes des autres, produifent prefque 
feules la lenteur de fa marche? Ellé a en effet ie 
fang aufli chaud que plufieurs Quadrupèdes ovipares 
qui sélancent avec promptitude jufques au fommet 
des arbres les plus élevés; & quoique fes doigts ne 
foient pas féparés, comme ceux des lézards qui courent 
avec vitefle, ils ne font cependant pas conformés de 
manière à lui interdire une marche facile & prompte. 

Les tortues Grecques reflemblent, à beaucoup d'é- 
gards, aux tortues d’eau douce; leur taille varie beau- 
coup , fuivant leur âge & les Pays qu'elles habitent ; 
il paroît que celles qui vivent fur les montagnes, font 
plus grandes que les tortues de plaine. Celle que nous 
avons décrite vivante, & que nous avons mefurée en 
{uivant la courbure de la carapace, avoit près de qua- 
torze pouces de longueur totale, fur près de dix de 


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144 Hrsrorrx NATUR&ZIE 
largeur. La tête avoit un pouce dix lignes de long, fur 
un pouce deux lignes de largeur & un pouce d'épaif- 


 feur. Le deflus en étoit aplati & triangulaire. Les 


yeux étoient garnis d'une membrane clignotante ; la 
paupière inférieure étoit feule mobile, ainñ que l'a 
dit Pline, qui a appliqué faufflement aux crocodiles 
& aux Quadrupèdes ovipares en général, cette con- 
formation que nous avons obfervée dans la tortue Grec- 
que. Les mâchoires étoient très-fortes & crénelées ; & 
Pinsçéaieusé en étoit garni d’afpérités que l’on a prifes 
fauflement pour des dents. La peau recouvroit les trous 
auditifs; la queue étoit très-courte; elle n'avoit que 
deux pouces de longueur. Les pattes de devant 
avoient trois pouces fix lignes jufqu’à l'extrémité des 
doigts; & celles de derrière deux pouces fix lignes. 
Une peau grenue, & des écailles inégales, dures & 
d'une couleur plus ou moins brune, couvroient la 
ête , les pattes & la queue. Quelques-unes de ces 
écailles qui garnifloient l'extrémité des pattes étoient 
aflez grandes, aflez détachées de la peau & aflez 
aiguës pour être confondues au premier coup - d'œil 
avec des ongles. Les pieds étoient ramañlés, & comme 
ils étoient réunis & recouverts par une membrane, 
on ne pouvoit les diftinguer que par les ongles qui les 
termincient (b). | 


(8) Il cf bon d’obferver que, d’après cette conformation, M. Linné 


Les ongles 


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les trois 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 145 


Les ongles des tortues Grecques font communément 


plus émouffés que ceux des tortues d’eau douce , parce 
que la Grecque les ufe par un frottement … con- 
tinuel, @& par une preflion plus forte. Lorfqw’elle 
histène , elle frotte les ongles des pieds de devant 
féparément & lun après l’autre contre le terrain ; 
en forte que lorfquelle pofe un des pieds de 
devant à terre , elle appuie d’abord fur l’ongle 
intérieur , enfuite fur celui qui vient après, & ainfi 
fur tous fucceflivement jufqu'à l’ongle extérieur : fon 
pied fait, en quelque forte , par-là l’effet d’une roue ; 
comme fi la tortue cherchoit à élever très - peu fes 
pattes, & à savancer par une fuite de petits pas 


fuccefifs, pour éprouver moins de réfifiance de la 
part du Doit qu elle traîne. Treize lames, ftriées dans 


leur contour, recouvrent la carapace ; ie bords font 


garnis de vingt-quatre lames, toutes, & fur-tout celles 


de derrière, beaucoup plus nties en proportion que 
dans la plupart des autres efpèces de tortues; & par 
la manière dont elles font placées les unes te 


# 


_n'auroit pas dù employer l'expreffion pedes Sübdigitati , dont il s'eft 


fervi pour défigner les pieds de la grecque ; cette remarque a déjà été 
faite par M. François Cette, dans fon hiftoire naturelle des Amphibies 
&-4s Palo dt Sardaigne, : imprimée à Safari, en 1777, page 8. 


Ovipares, Tome I. T 


146 Hisrorre NATUREITE 


ment aux autres, elles font paroïître dentelée la cir- 
confrence de la couverture fupérieure. Le plafiron 
cft ordinairement revêtu de douze ou treize lames; 
äl y «en avoit treize dans-celle.que nous avons décrite, 
Lies lames, qui recouvrent la carapace , font marbrées 
de deux couleurs, l'une plus ou moins foncée, & 
d'autre blanchâtre. | 

La couverture fupérieure de la Grecque ef très 
bombée ; l'individu que nous avons décrit avoit quatre 
pouces trois lignes d'épaifleur ; & c’eft ce qui fait que 
lorfqu’elle eft renverfée ur le dos, elle peut reprendre 
_fa première fituation , & ne pas refter en proie à {es 
ennemis, comme :les tortues franches. Ce neft pas 
feulement à laide de fes pattes qu'elle s'eflorce de 
fe retourner; elle ne ‘peut pas aflez les écarter pour 
atteindre jufqu’à terre : elle fe fert uniquement de fa 
tête & de fon cou, avec lefquels elle s'appuie forte- 
ment contre le terrain, cherchant, pour ainf dire, à 
fe foulever, &»fe balançant à droite .& à gauche 
jufqu'à ce qu'elle sait trouvé Je côté du terrain qui 
eft le plus incliné, & qui lui oppofe le moins de ré-, 
fiftance. Alors, au dieu de faire des efforts dans les 
deux fens, elle ne cherche plus qu'à fe renverfer du 
côté favorable, & à fe retourner affez pour rencontrer 
la terre avec fes pattes, & fe remettre entièrement 
fur fes pieds. Il paroît qu'on peut difinguer les mâles 


que efti 
avoit qu 
e qui at 
at repreu 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 147 


d'avec les femelles, en ce que celles-ci ont leur 


plaftron prefque plat, au lieu que les mâles l’ont plus 
ou moins concave (c). 

L'élément dans lequel vivent les tortues de mer 
& les tortues d'eau douce, rend leur charge plus lé 
gère, car tout le monde fait qu'un corps plongé dans 
Veau perd toujours de fon poids; mais celle des tor- 
tues de terre n’eft pas ainfi diminuée. Le fardeau que 
la Grecque fupporte eft donc une preuve de la force 
dont elle. jouit : cette force eft d'ailleurs confirmée 
par la grande facilité avec laquelle elle brife dans 


fa gueule des corps très-durs; fes mâchoires font mues 


par des mufcles fi vivaces. que l’on a remarqué dans 
une petite tortue, dont la tête avoit été coupée une 
demi - heure auparavant | qu’elles claquoient encore 
avec un bruit aflez fenfible; &, dès le tems d’Ariftote : 


on regardoit la tortue comme: l'animal qui avoit en 


proportion le plus de force dans les mâchoires. 
Mais ce fait n’eft pas le feul phénomène remarquable 


que les tortues Grecques préfentent relativement à la 


difficulté que l'on: éprouve: lorfqu'on: veut ôter la vie 
aux Quadrupèdes ovipares. François Redi à fait à ce 
fujet, en Tofcane:, desexpériences-dont nous allonsrap- 


# | " , 


(ce) Hifloire naturelle des Amphibies 6 des: Poiffons: de Lx Sardaigne ; j 
par M. François Cette, page: 10. 


Ti 


| - M . der. naar bles a M fiat 
he mm a dm + à 
ge no à mar mt . = S 


140. _Hirsrorre Narurserrz 


porter les principaux réfultats (d). I prit une tortue 
Grecque au commencement du mois de Novembre ; il 
fit une lai rge ouverture dans le crâne, & en enleva 
la cervelle, fans en laifler aucune bortioh dans la cavité 
qui la contenoit, & qu ‘il nettoya, pour ainf dire, avec 
foin. Dès le moment que la cervelle fut actes les 
yeux de la tortue fe fermèrent pour ne plus fe rouvrir: 
mais l’animal ayant été mis en liberté, continua de 
fe mouvoir, & de marcher comme s'il n'avoit reçu 
aucun mal. À la vérité il ne s’avançoit , en quelque 
forte, qu'entâtonnant, parce qu'il ne voyoit plus. Après 
trois jours, une nouvelle peau couvrit l'ouverture du 
crâne , & la tortue vécut aïinfi, en exécutant tous fes 
mouvemens ordinaires jufqu'au milieu du mois de Mai, 
c’eft-à-dire, à-peu-pres pendant fix mois. Lorfqu'elle 
fut morte, Redi examina la cavité du crâne d'où il 
avoit Ôté la cervelle, &il n’y trouva qu’un petit grumeau 
de fang fec & noir; il répéta cette expérience fur 
plufieurs tortues, tant terreftres que d'eau douce, & 
même de mer; & tous ces divers animaux vécurent 
fans cervelle pendant un nombre de jours plus ou moins 
confidérable. Redi coupa enfuite la tête à une groffe 
tortue Grecque , & après que tout le fang qui pouvoit 


(d) Oférvazioni di Franafto Red, intorno Agli animali viventi ; 
che fi trovano negli animali viventi. Napoli , 1687, page 126. 


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rience À 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 149 


s'écouler des veines du cou fe fut épanché , la tortue 
continua de vivre pendant plufeurs jours, ce dont il 
fut facile de s'appercevoir par les mouvemens qu'elle 
fe donnoit , & la manière dont elle remuoit les pattes 
de devant & celles de derrière. Ce grand Phyficien 
coupa auffi la tête à quatre autres tortues, & les ayant. 
ouvertes douze jours après cette opération, il trouva 
se leur cœur palpitoit encore ; que le fang qui reftoit 
à l'animal y entroit & en fortoit, & par oué 
que la tortue étoit encore en vie. Ces expériences, 
qui ont été depuis répétées par plufeurs Phyficiens, 
ne prouvent-elles pas ce que nous avons déjà dit de 


la nature des Quadrupèdes ovipares (e)? 


La tortue Grecque fe nourrit d'herbes, de fruits, 
& même de vers, de limaçons & d’infectes : mais comme 
elle n’a pas l’habitude d'attaquer des animaux qui aient 
du fang, & de manger des poiflons comme la Bourbeufe 
que l’on trouve dans les fleuves & dans les marais, où la 
Grecque ne va point, les mœurs de cette tortue de terre 
font affez douces; elle eftauff paifble que fa démarche 
eft lente; & la tranquillité de fes habitudes en fait aifé- 
ment un animal domeftique, que lon peut nourrir 
avec du fon & de la farine, & que l’on voit avec 


(e) Voyez à la tête de ce volume le difcours fur la nature des 
Quadrupèdes ovipares. 


\ 
Éso Hrsrorre NAaTuRærtE 
plaifir dans les jardins, où elle détruit les infectes 
nuifibles. | 

Comme les autres tortues, & tous les Quadrupèdes 
ovipares, elle peut fe pafler de manger pendant très- 
long-tems. Gérard Blafius garda chez dui une tortue de 
terre, qui, pendant dix mois, ne prit abfolument aucune 
cfpèce denourriture ni de boiflon. Elle mourut au bout 
de ce tems; mais elle ne périt pas faute d'alimens, puif- 
qu'on trouva fes inteftins encore remplis d'excrémens, 
les uns noirâtres, & les autres verts & jaunes : elle 
fuccomba feulement à la rigueur du froid (f). 

Les Tortues Grecques vivent très - long - temps : 
M. François Cette en a vu une en Sardaigne qui 
pefoit quatre livres, & qui vivoit depuis foixante ans 
dans une maifon, où on la regardoit comme un vieux 
domeftique (g). Aux latitudes un peu élevées, les 
Grecques pañlent l’hiver dans des trous fouterrains , 
qu'elles creufent même quelquefois, & où elles font 
plus où moins engourdies, fuivant la rigueur de la faifon. 
Elles fe cachent ainfi en Sardaigne vers la fin. de No- 
vembre (#4). 


_ (f) Obfervations anatomiques de Gérard Blafius , page 64. 
(g) Hifloire naturelle des Amphibies & des Poiffons de la Sardaigne , 


past 9- 
{h) Tdem , ibidem. 


is DES QUADRUPÈDES OVIPARES, IS] 

Elles fortent de Jeur retraite au printems; & elles 

A s'accouplent plus ou moins de tems après la fin de 
: x LE 5 ) 

tt leur torpeur , fuivant la température des pays qu elles 


habitent : on a écrit & répété bien des fables (i) 


de. touchant l’accouplement de ces tortues, l’ardeur des 
. mâles, des craintes des femelles, &c. La feule chofe 
nn que l’on auroit dû dire, c'eft que les mâles de cette 
spé | efpèce , ont reçu des organes très-grands pour la pro- 
mi pagation de leur efpèce ; aufh paroiffent-ils rechercher 
s: dk : leurs femelles avec ardeur, & reflentir l'amour avec 
force; on a même prétendu que, dans les contrées de 
emps : l'Afrique où «elles font en très-grand nombre, les mâles 
1e qu fe battent fouvent pour la libre pofleflion de leurs 
NEA femelles ; & que dans ces combats, animés par un des 
1 vieux fentimens les plus impérieux , ils s'avancent avec 
es, LA courage , quoiqu'avec lenteur, les uns contre les autres, 
mn & s'attaquent vivement à coups de tête (k). - 
es fon Le tems de la ponte des tortues Grecques varie 
(aile _ avec la chaleur des contrées où on les trouve. En SAT 
Xe daigne, c’eft vers la fin de Juin qu'elles pondent leurs 
œufs ; ils font au nombre de quatre ou de cinq, & 
blancs comme ceux de pigeon. La femelle les dépofe 
ae dans un trou qu'elle a creufé avec fes pattes de devant; 
4 | 
Sr? (2) Conrad Géfner. 


(4) M. Linné , à l'endroit déja té. 


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152 Hirsrorre NATURELLE 


& elle les recouvre de terre. La chaleur du foleil 
fait éclore les jeunes tortues qui fortent de l'œuf dès 
le commencement de Septembre, n'étant pas encore 
plus groffes qu'une coque de noix (l). | 
La tortue Grecque ne va prefque jamais à l'eau, 
cependant elle eft conformée à l'intérieur comme les | 
tortues de mer (m) : fi elle n’eft point amphibie de 
fait & par fes mœurs, elle left donc jufqu'à un certain 
point par fon organifation. | 
On trouve la tortue Grecque dans prefque toutes 
les régions chaudes & même tempérées de l’ancien 
Continent, dans l'Europe méridionale, en Macédoine, 


en Grèce, à Amboine , dans l’Ifle de Ceylan, dans 


Jes Indes, au Japon (2), dans l'Ifle de Bourbon (o), 


us Hifloire naturelle des Amphibies 6 des Poiffons de la Sardaigne , 


page 10. 
( m) Gérard Blañus, en diffléquant une tortue de terre, trouva fon 


péricarde rempli d'une quantité confidérable d'eau limpide. * Nous 


verrons dans Particle du crocodile, que le péricarde d'un alligator , dif= 
fêqué par Sloane, étoit également rempli d’eau. 
* Oëfervations anatomiques de Gérard Blafius , page 63. 
(mn) Hifloire générale des Voyages, T. 40, page 382, éditionin-1a. 
(o)cs L'Ifle de Bourbon abondoit autrefois en tortues de terre; mais 


“ssles vaifleaux en ont tant détruit, qu'il ne s'en trouve plus aujourd'hui 


szque dans la partie occidentale, où Îes habitans même n'ont Îa permif- 

fion d'en tuer que pendant le carême. » Woyage de la Barbinais le 

Gentil autour du monde, | 
dans 


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l'ancie 


cédoine, 


in, dans 


bon (0) 


Sur, 


trouva 
de, * Nos 
gr, d* 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 153 


dans celle de l’Afcenfion, dans les déferts de l'Afrique : 


c'eft fur-tout en Libie & dans les Indes que - la: ‘chair 
de la tortue de terre eft plus délicate & plus faine 
que ceile de plufeurs autres tortues : & l’on ne voit 
pas pourquoi il a pu être défendu aux Grecs modérnes 
& aux Turcs de sen nourrir. 

Ce n'eft que d'après des obfervations qui manquent 
encore que l'on pourra déterminer fi les tortues ter 
reftres de l'Amérique méridionale , font différentes de 
la Grècque (p); fi elles y font naturelles, ou fi elles 
y ont été portées d'ailleurs. Dans cette même partie 
du monde, où elles font très-communes, on les prend. 
avec des chiens dreflés à les chaffer. Ils les découvrent 
à la pifte, & lorfqu’ils les ont trouvées, ils aboient juf- 
qu'à ce que les chaffeurs foient arrivés. On les em 
porte en vie; elles peuvent pefer de cinq à fix livres, 
& au-delà. On les met dans un jardin , ou dans un 
efpèce de parc; on les ÿ nourrit avec des herbes & 
des fruits ; & elles y multiplient beaucoup. Leur 
chair, quoiqu'un peu coriace, eft d’affez bon goût ; 
les petites tortues croifient pendant fept ou huit ans; 


Ch rm 


( plc Il y a des tortues de terre qui fe nomment Saburis dans la 
langue du Bréfil, & que les habitans du Para préfèrent aux autres ce 
efpèces. Toutes fe confervent plufeurs mois hors de l'eau fans nour- ce 
titure fenfble. »3 Hifloire générale des Voyages, tome 53, page 438, 
édit. in-12. | : 


Ovipares, Tome I. V 


$4 “ Hrsrorre NaTuRrEsits 
les femelles s’accouplent quoiqu’elles n'aient acquis que 
la moitié de leur grandeur ordinaire , maïs les mâles 
ont atteint prefque tout leur développement lorfqu'ils 
s’uniffent à leurs femelles ;ce qui paroïtroit prouver que, 
dans cette efpèce, les femelles ont plus de chaleur que 
les mâles (4), & ce qui fembleroit contraire à l’ardeur 
que les. Anciens ont attribuée aux mâles, ainfi qu'à Pef- 
pèce de retenue qu'ils ont fuppoñée dans les femelles. 

_ À l'égard: de l'Amérique feptentrionale, 6e desliles 
qui l’avoifinent,, il paroit que les tortues Grecques s'y 
trouvent avec quelques légères différences dépendantes 
de la diverfité du climat. ins 

Leur grandeur dans les contrées tempérées de l'Eu- 
rope eft bien au-deflous de celle qu'elles peuvent ac- 
quérir dans les régions chaudes de l'Inde. On a apporté 
de la côte de Coromandel, une tortue Grecque qui 
étoit longue de-quatre-pieds & demi, depuis l'extrémité | 
du mufeau jufques au bout de la queue, & épaifle: de: 
quaiorze pouces. La:tête avoit fept pouces de long fur 
cinq de large , le cerveau & le cervelet n'avoient en 
tout que feize: lignes de longueur fur neuf de largeur; 
la langue, un pouce de longueur, quatre lignes de lar- 
geur, une ligne d’épaifleur; la couverture fupérieure, 
trois pieds de long fur deux pieds de large. Cette tortue 


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(4) Note communiquée par I. de la Borde. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 155 
étoit mâle, & avoit le plaftron concave; la verge, qui 
étoit ee dans le rectum, avoit séut pouces de 
longueur, fur un pouce & re de diamètre : la vefie 
étoit dune grandeur extraordinaire ; on y trouva 
douze livres d’une urine claire & limpide. 

La queue étoit très-grofle; elle avoit fix pouces de 
diamètre à fon origine, & quatorze pouces de long. 
Aprés la mort de l'animal, elle étoit tellement in- 
flexible, qu'il fût impoñfible de la redrefler ; ce qui 
doit fire croire que la tortue pouvoit s’en férgtt pour 
frapper avec force. Elle étoit terminée par une pointe 
d'une fubflance dure comme de la corne (r), & afez 
femblable à celle que lon remarque au bout de la 
queue de la tortue Scorpion. Les grandes tortues de 
terre ont donc recu , indépendamment de leursboucliers, 
des armes offenfives aflez fortes: elles ont des mâchoires 
dures & tranchantes, une queue & des pattes qu’elles 
pourroient employer à attaquer; mais comme elles n’en 
abufent pas, & qu’il paroît qu’elles ne Sen fervent que 
pour fe défendre, rien ne contredit, & au contraire tout 
confirme la end des habitudes : & la tranquillité des- 
mœurs de a Grecque. 

L'on conferve, au Cabinet du Roi, la dépouille 


me 


(r) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , article 
de la tortue de Coromandel. 


Vi 


% 


150 “LHESrorse: NATVRELEE 


de deux tortues Grecques, qui étoient auffi très-grandes; 
la carapace de l’une a près de deux pieds cinq pouces 
de longueur, & la feconde, près de deux pieds quatre 
pouces. Nous avons remarqué au bout de la queue de 
la première, une callofité femblable à celle de la tortue 
de Coromandel : nous ne croyons cependant pas que cette 
callofité foit un attribut de la grandeur dans les tortues 
Grecques ; nous avons vu en efet une dureté fem- 
blable au bout d'une tortue vivante, qui étoit à-peu 
près de la taille de celle que nous avons décrite au 
commencement de cet article: à la vérité, comme elle 
en différoit par la couleur verdâtre & aflez claire de 
fes écailles, il pourroit fe faire que cet individu, fur 
lequel nous n'avons pu recueillir aucun renfeignement 
particulier, conftituât une variété conftante, dont la 
queue feroit garnie d’une callofité beaucoup plutôt que 
dans les tortues Grecques ordinaires (s). 

Le Cabinet du Roi renferme auffi une tête de tor- 
_ tue de terre apportée de l’'Ifle Rodrigue, & qui a près 
de cinq pouces de longueur. 

(s) Voyez l'Hiftoire naturelle des tortues, par M. Schneider, 


imprimée à Lcipfick en 1783 , page 348, & l’obfervation de M. Hermann, 
favant Profeffeur de Strafbourg , qui y eft rapportée. 


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LA GÉOMÉTRIQUE («) 


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Cerre rorrur TERRESTRE a beaucoup de rapports 
avec la Grecque ; fes doigts bien loin d'être divités, 
font réunis par une peau couverte de petites écailles, 
‘de manière à n'être pas diftingués les uns des autres 
_& à ne former qu’uné patte épaifle, & arrondie au- 
devant de laquelle leurs extrémités font feulement 
indiquées par les ongles. Ces ongles font au nombre 
de cinq dans les pieds de devant & de quatre dans 
les pieds de derrière; d’aflez grandes écailles recou- 
vrent le bas des pattes, & comme elles n'y tiennent 
que par leur bafe, & qu'elles font épaifles & quel- 
quefois arrondies à leur fommet, on les prendroit pour 
es ongles attachés à divers endroits de la peau. L'in- 7 


fa) La Géométrique. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Teftudo geometrica , 13. Linn, amplib. rept. | 
Teftudo pidta feu ftellata, Wormius, mus. 317. 
Ray, Synopfis quadr. pag. 269, teftudo tefeilata minor. 
 Teftudo tefta tefellata major, Grew. mus. 36, tab. 3, fig: Ge 
. Seba. mus. 1. tab. 80, fig 36 8. 
Teftudo geometrica, 13. Schneider. 


SD. : HMiérOl E DATURELEE 

dividu que nous avons décrit, avoit dix pouces de 
long, huit pouces de large & près de quatre pouces 
d'épaifleur. La couverture fupérieure de la tortue 
Géométrique eft des plus convexes. Les couleurs dont 
elle eft variée , la rendent très-agréable à la vue. Les 
lames qui revêtent les deux couvertures, & qui font 
communément au nombre de treize fur le difque, de 
vingt-trois fur les bords de la carapace , & de douze 
fur le plaftron, fe relèvent en boffe dans leur milieu; 
elles font fortement ftriées, féparées les unes des autres 
par des efpèces de fillons aflez profonds, & la plupart 
hexagones. Leur couleur eft noire; leur centre pré- 
fente une tache jaune à fix côtés, d'où partent plu- 
fleurs rayons de la même couleur ; elles montrent ainfi 
une forte de réfeau de couleur jaune, formé de lignes 
très-diftinctes, deflinées fur un fond noir , & refflemblant 
à des figures géométriques ; & c’eft de-là qu'a été tiré 
le nom que l’on donne à lanimal. On trouve cette 
tortue en Afie, à Madagafcar, dans l’Ifle de Afcen- 
fion , d'où elle a été envoyée au Cabinet du Roi, &: 
au cap de Bonne-Efpérance, où elle pond depuis douze 
jufqu'à quinze œufs (b). Plufieurs tortues Géométri- 
ques diffèrent de éelle que nous venons de décrire, 


nd 


(b) Note communiquée par M. Bruyère, de la Société royak de 
Montpellier. 


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centre pi 
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ontrent al 
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de Ale 


# 


DES QUADRUPÈDES OMFPARES. 159 


par le nombre & ia difjoftion des rayons jaunes que 


préfentent les écailles, par l'élévation de ces mêmes 


pièces, par une couleur jaunâtre, plus ou moins uni- 


forme fur le plaftron, & par le peu de faillie des lames 
qui garniflent cetie couverture inférieure. Nous igno- 
rons fi ces variétés font conftantes ; fi elles dépendent du 
fexe ou du climat, &e. Quoi qu’il en foit, nous croyons 
devoir rapporter à quelqu'une de ces variétés, pique 
ce que de nouvelles obfervations fixent les idées à à cé 
fujet, la tortue terreftre appellée hécate par Brown (c). 
Cette dernière eft, fuivant ce Voyageur, naturelle au 
continent de rame mais cependant très - com 
mune à la Jamaïque où on en porte fréquemment. Sa 
carapace eft épaifle & a fouvent un pied & demi de 
long: : la furface de cette couverture eft divifée em 
hexagones oblongs ; des lignes délices partent de: leurs 
circonférences & s'étendent jufqu'à Jersh centres qui 
font jaunes. 

Nous penfons aufli que cette hécate de Brown , ainf 
que la Géométrique font peut-être la même efpèce que 
la T errapène de Dampier. Les Terrapenes de ce: Navi- 
gateur font beaucoup moins roffes que les tortues 
qu'il nomme hécates, & qui font les Terrapènes de 
Brown, ainñ que nous l'avons dit. Elles ont le dos plus 


(c)Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 466. 


160 Hirsrorrr NATURELLE 

rond, quoique d’ailleurs elles leur reflemblent beau- 
coup. Leur carapace eft comme naturellement taillée, 
dit ce Voyageur ; elles aiment les lieux humides & 
marécageux. On eftime leur chair; il sen trouve beau- 
coup fur les côtes de l'Ifle des Pins, qui eft entre le 
continent de l'Amérique & celle de Cuba: elles péne- 
trent dans les forêts, où les chafleurs ont peu de peine 
à les prendre. Ils les portent à leurs cabanes ; &, après 
leur avoir fait une marque fur Ja carapace, ils les 
laiflent aller dans les bois, bien affurés de les retrou- 
ver à fi peu de diftance, qu'après un mois de chañe, 
chacun reconnoit les fiennes, & les emporte à Cuba (d). 
Au refte, nous ne ceflerons de le répéter, l’hiftoire 
des tortues demande encore un grand nombre d'obfer- 
vations pour être entièrement éclaircie ; nous ne pou- 
vons qu'indiquer les places vides, montrer la manière 
de les remplir, & fixer les points principaux autour 
defquels il fera aifé d’arranger ce qui refte à découvrir. 


(d) Defcription de la nouvelle Efpagne. Hifloire générale des Voya- 
ges , troifièmme Partie, livre y. 


et, 


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DES QUADRUPÈDES O"rPARES. 161 


LA RABOTEUSE (4). 


Cerre PETITE ESPÈCE de tortue eft terreftre, 
fuivant Séba ; fon mufeau fe termine en pointe ; les 
yeux , ainfi que dans les autres tortues, font placés 
obliquement ; la carapace ef prefque auffi large que 
longue; les bords en font unis pardevant & fur les 
côtés , mais inégalement dentelés fur le derrière: les 
écailles qui les garniflent , font liffes & planes, excepté 
celles du dos, dont le milieu eft rehauflé de manière À 
former une arête longitudinale. Leur couleur eft blan- 
châtre , traverfée en divers fens par de très-petites 
bandes noirâtres, qui la font paroître marbrée ; le plaf- 
tron eft feftonné pardevant; le milieu en étoit un peu 


(a) La tortue Raboteufe, M. d Aubenron , Encyclopédie méthodique, 
Teftudo fcabra , Linn. . | ; 
Teftudo pedibus palmatis , tefta planiufcula, feutellis omnibus inter- 
mediis dorfatis. Linn. amphib. rept. Teflud. 6. 
Gronovius Zoophit. 74. | : | 
- Seba mufœum, 1, rab. 79 » fig 1 , 2. Teftudo terreftris Amboinenfis 
minor. 


Ovipares, Tome I. à | À. 


162 Hisrorre NATURELLE 

concave dans l'individu que nous avons décrit, & qui 
avoit près de trois pouces de long, depuis le bout du 
mufeau , jufqw’à l’extrémité de la queue, fur près de 
deux pouces de largeur (b). Suivant Séba , la Raboteufe 
ne devient jamais plus grande. 

Cette tortue a cinq ongles aux pieds de devant, 
& quatre aux pieds de derrière, dont le cinquième 
doigt eft fans ongles; la queue eft courte ; la couleur 
de la tête, des pattes & de la queue reflemble beau 
coup à celle de la carapace ; elle eft d’un blanc tirant 
fur le jaune, varié par des bandes & des taches brunes, 
mais plus larges en certains endroits, & fur-tout fur 
la tête, que celles que lon voit fur la couverture fu 
périeure. C’eft dans les Indes orientales, & particulière- 
ment à Amboine qu'habite cette tortue, qui appartient 
aufñi au nouveau monde, & y vit dans la Caroline. 


3 


(à) Cet individu fait partie de k collection du Cabinet du Roi. 


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DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 1603 


L À Ph NC (a). 


Carre TORTUE neft connue que parce qu’en a rap- 
porté M. Linné; fes doigts, au nombre de cinq dans 
les pieds de devant, & de quatre dans ceux de derrière, 
ne font pas féparés les uns des autres ; ils fe réuniflent 
de manière à former une patte ramañlée & arrondie, 
comme celles de beaucoup de tortues terreftres. La 
couverture fupérieure a un peu la forme d’un cœur; 
fon diamètre eft ordinairement d’un ou deux pouces ; 


les bords en font dentelés, & comme déchirés. Les 


lames qui la couvrent font hexagones , relevées par 
des points faillans ; & leur couleur eft d’un blanc fale. 
On trouve cette tortue dans la Virginie. 


(a) La Dentelée, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Teftudo denticulata, o, Linn. amphib. reptil, 
Teftudo denticulata , 17. Schneider. 


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164 Hisrorre NATURELLE 


Ox RENCONTRE dansles payschauds, fuivant M. Linné, 
cette tortue qui doit être terreftre, & qui eft diftinguée 
des autres en ce que les doigts de fes pieds ne font 
pas réunis par une membrane, que fa couverture fu- 
périeure eft bombée , que les quatre lames antérieures 
qui garniflent le dos font relevées en arête, & que le 
plaftron ne préfente aucune échancrure. Nous avons 
vu , dans la colleétion de M. le Chevalier de la Marck, 

une carapace & un plaftron de cette tortue. La cara- 
pace avoit fix pouces de long, fur fix pouces & demi 
de large. L'animal devoit avoir deux pouces fept lignes 
d’épaifleur ; le difque étoit garni de treize lames légère- 
ment ftriées , les bords de vingt-cinq, & le plaftron de 
douze. La carapace étoit d'un brun verdâtre, fur le- 
quel des raies jaunes s’étendoient en tout fens. Les 


( a) La Bombée, M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
TFeftudo carinata, 12. Linn. amph. rept. 
Teftudo carinata , 18. Schneider. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 165 
couleurs de la tortue Jaune font prefque femblables, 
mais elles font difpofées par taches, & non pas par 
raies, comme celles de la Bombée; le plaftron étoit 
jaunâtre. 


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Au cAP de Bonne-efpérance, habite une petite tortue 
de terre, que Worm a vue vivante , & qu'il a nourrie 
pendant quelque tems dans fon jardin. Des marchands 
la lui avoient vendue comme venant des grandes Indes, 
où il fe peut en effet qu'on la trouve. La couverture 
fupérieure de cette petite & jolie tortue, eft à peine 
longue’de quatre doigts; les lames en fant agréablement 
variées de noir, de blanc, de pourpre, de verdâtre & 
de jee & Le elles dE ohent. la carapace pré- 


fente à leur place. du jaune noirâtre. Le plaftron eff 
blanchâtre, & fur le fommet de la tête, dont on a com- 


(a) La Bande blanche. M © Aubenton , Encyclopédie méthodique, 

TFeftudo pufilla, 24, Linn. amphib. rept. 

Teftudo terreftris pufilla, ex Indiâ orientali, H/orm. mus. 313. 

Teftudo virginea, Grew. mus. 38, Tab. 3, f. 3. . 

Ray , Synopfis quadrupedum , page 249. Veftudo terreftris Îla ex 
India oriental, 

George Edwards , Hifloire naturelle des oife éaux , Londres , 1748: 
Feftudo teflellata minor Africana. The African land Toro 

Feftudo pufñlla, 15. Schneider. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. i07 


paré la forme à celle de la tête d’un perroquet, s'élève 


une protubérance d’une couleur de vermillon mélangé 
de jaune. C’eft de ce dernier caractère , par lequel elle 
a quelque rapport avec la naficorne, que nous avons tiré 
le nom que nous lui donnons. Les pieds de cette tortue 
font garnis de quatre ongles, & d'écailles très-dures; les 
cuifles font revêtues d’une peau qui reflemble à du cuir; 
la queue eft effilée & très-courte. La Nature à paré cette 
tortue avec foin; elle lui a donné la beauté : mais, en la 
réduifant à un très-petit volume, elle lui a ôté prefque 
tout l'avantage du bouclier naturel fous lequel elle peut fe 
renfermer : car il paroît qu'on doit lui appliquer ce que 
rapporte Kolb de la tortue de terre du Cap de Bonne- 
efpérance. Suivant ce Voyageur , les grands aigles de 
mer, nommés Orfraie, font très-avides de la chair de 
la tortue: malgré toute la force de leur bec & de leurs 
ferres, ils ne pourroient brifer fa dure enveloppe; mais 
ils l’enlèvent aifément ; ils lemportent au plus haut 
des airs, d’où ils la laifflent tomber à plufeurs reprifes 
{ur des rochers très-durs: la hauteur de la chüûte & la 
très-grande vitefle qui en réfulte, produifent un choc 
violent; & la couverture de la tortue bientôt brifée, 
livre én proie à l'aigle carnacier l’animal qu'elle auroit 
mis à couvert, fi un poids plus confidérable avoit ré- 
fifté aux efforts de l'aigle, pour l'élever danslesnues (b). 
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(b) Voyage de Kolb ou Kolben, vol x , page 198. | 


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168 « Hrsrorre NarTurertre 


De tous les tems on a attribué le même inftinét aux 


aigles de l'Europe, pour parvenir à dévorer les tortues 


grecques; & tout le monde fait que les anciens fe font 
plu à raconter la mort fingulière du fameux poëte 
Efchyle, qui fut tué, dit-on, par le choc d’une tortue, 
qu'un aigle laiffa tomber de très-haut fur fa tête nue (c). 

La tortue Vermillon n’habite pas feulement aux en- 
virons du Cap de Bonne-efpérance; il paroît qu'on la 
rencontre aufl dans la partie feptentrionale de l'Afrique. 
M. Edwards a décrit un individu de cette efpèce, qui 
lui avoit été apporté de Sanéla-Crux , dans la Barbarie 
occidentale (d). 


(e ) Voyez Conrad Gefner, livre IT des Quadrupèdes ovipares , article 
des Tortues. ; 


(d) George Edwards , ouvrage déja cité, page 204. 


LA COURTE-QUEUE. 


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Dent auxe 
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DES QuAnruPÈDEs o"IPARES. 169 


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LA COURTE-QUEUE («). 


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Ox rrouvE À la Caroline cette tortue terreftre È 
dont la tête & les pattes font recouvertes d’écailles 
dures, femblables à des callofités. Les doigts font réunis: 
elle a cinq ongles aux pieds de devant, & quatre à 
ceux de derrière. Un de fes caradtères difinctifs, eft 
d'avoir la queue des plus courtes; mais elle n’eft pas 
abfolument fans queue , ainfi que Pa dit M. Linné. 
La couverture fupérieure échancrée pardevant en forme 
de croiffant , n'offre point de dentelures fur les bords ; 
& les de qui la garnifient , font larges, bordées 
de ftries, & pointillées dans leur milieu. Il paroit 


(a) La Courte-queue, M. d'Aubenton , Ereyclopédie méthodique. 

Teftudo carolina, 11, Linn. amphib. rept. 

George Edwards, Hifloire naturelle des oifeaux , page 205. Teftude 
tefellata minor Carolinenfis. 

Teftudo pedibus digitatis callofo-fquamofs , tefta ovali fubconvexa , 
scutellis planis ftriatis medio punétatis. Gron. Zooph. , 27, No FA 

Seba muf 1. Tab. 80 fig. 1 , Teftudo terreftris major Americana. 

Teftudo carolina, 7, Schneider, 


+ Ovipares, Tome I, - Ÿ 


170 Hisrorrs NATUREILE 


qu’elle devient affez grande. On conferve au Cabinet 
du Roi une carapace de cette tortue; elle a dix 
pouces fix lignes de long, & huit pouces dix lignes 


de darge. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 17] 


Nous Donwnows ce nom à une nouvelle efpèce de 
tortue apportée des grandes Indes au Cabinet du Roi, 
par M. Sonnerat. Elle eft très-remarquable par la con- 
formation de fa carapace qui ne reflemble à celle 
d'aucune tortue connue. Cette couverture fupérieure à 
trois pouces neuf lignes de longueur, fur trois pouces 
fix lignes de largeur ; elle paroït compofée, pour ainfi 
dire, de deux carapaces placées lune fur l'autre, & 
dont celle de deffus feroit plus étroite & plus courte. 
Cette efpèce de feconde carapace , qui repréfente le 
difque , eft longue de deux pouces huit lignes, large 
de deux pouces, un peu faillante, offeufe, parfemée 
d'une grande quantité de petits points qui la font pa- 
roître Chagrinée ; & c’eft de-là que nous avons tiré le 
nom de l'animal. Ce difque eft compofé de vingt-trois 
pièces, qui ne font recouvertes d'aucune écaille. Seize: 
de ces pièces, plus larges que les autres, font placées 
fur deux rangs féparés vers la tête par une troifième 
rangée de fix pièces plus petites; & ces trois rangs fe 
réuniffent à une dernière pièce, qui forme la partie 
| | St | 


ia Hrsrorre NATURELLE 

antérieure du difque. Les bords de la carapace font 
cartilagineux & à demi-tranfparens ; ils laifient apper- 
cevoir les côtes de l'animal, le long defquelles cette 
partie cartilagineufe eft un peu relevée, & qui font au 
nombre de huit de chaque côté; ces bords {ont par- 
derrière prefque aufli larges que le difque. 

Le plaftron eft plus avancé pardevant & parderrière 
que la couverture fupérieure ; il eft un peu échancré 
pardevant, cartilagineux, tranfparent & garni de fept 
plaques offeufes , chagrinées , femblables aux pièces 
du difque , différentes entrelles par leur grandeur & 
par leur figure , placées trois vers le devant, deux vers 
le milieu, & deux vers le derrière du plaftron. 

_ La tête reflemble à celle des tortues d’eau douce; 
les rides de la peau qui environne le cou, montrent que 

. Fanimal peut l’alonger facilement. Comme nous n’avons 
rien appris relativement aux habitudes de cette tortue, 
& comme les pattes & la queue manquoient à l'individu 
que nous venons de décrire, nous ne pouvons point dire 
fi la Chagrinée eft terreftre ou d’eau douce. Cependant 
comme fa couverture fupérieure m’eft prefque pas 
bombée, nous préfumons que cette tortue fingulière 
eft plutôt d’eau douce que de terre. 


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Cerre NOUVELLE ESPÈCE de tortue a été ap= 
portée de l'Inde au Cabinet du Roi, ainfique la Chagrinée, 
par M. Sonnerat; fa carapace eft aplatie , longue de 
cinq pouces fix lignes, & large d'autant ; le difque eft 
recouvert de treize lames ; les bords le font de douze. Ces 
écailles font minces, légèrement ftriées, unies dans le 
centre, d’une couleur rouflâtre très -femblable à celle 
du marron: & c’eft de-là que nous avons tiré le nom 
que nous lui donnons. Le plaftron eft échancré par- 
derrière, & revêtu de treize lames; la tête eft plus 
plate que celle de la plupart des autres tortues : les cinq 
doigts des pieds de devant ,ainf que de ceux de derrière , 
{ont garnis d'ongles longs & pointus. La queue man- 
quoit à l'individu apporté par M. Sonnerat. Mais, quoique 
nous n’ayons pu juger de la forme de cette partie , nous 
préfumons, d’après l’aplatiflement de la carapace, & 
_ fur-tout d’après les ongles qui ne font point émouflés, 
‘que la tortue rouflâtre ef plutôt d’eau douce que 
terreftre. L'individu que nous avons décrit étoit femelle: 


174 HISTOIRE Narureire 
aufli fon plaftron étoit-il plat. Nous avons trouvé dans 


fon intérieur plufeurs œufs d'une fubftance molle ; 
ovales & longs d'un pouce. 


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nn. NOMMONS ainfi une tortue dont il n’eft fait 
mention dans aucuns des Naturaliftes & Voyageurs 
dont les ouvrages font le plus connus , & dont nous ne 
pouvons donner qu’une F efcription ae parce 
que nous n'en avons vu que la carapace & le plaftron , 
-confervésau Cabinet du Roi. Cette te a cinq pouces 
quatre lignes de long fur à à-peu-près autant de large ; elle 
ft un peu bombée, d’une couleur très-foncée & noirâtre. 
Le difque eft recouvert de treize écailles épaifles, ftriées 
dans leur contour, & fi polties dans tout le refte de leur 
furface, qu’elles paroïffent ontueufes au toucher. Les 
cinq écailles de la range du milieu font un peu 
relevées, de manière à former une arëête longitudinale ; 
les ns font garnis de vingt-quatre lames; le plaftron 
eft échancré parderrière, & revêtu de treize écailles. 
Nous ignorons fi cette tortue eft terreftre ou d'eau douce, 
& dans quels lieux on la trouve. 


À 


DES aan. 


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ss 


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Le GENRE DES LÉZAR DS eft le plus nombreux de 
éeux qui forment l'ordre des Quadrupèdes ovipares. 
Après avoir comparé les uns avec les autres, les divers 
animaux qui le compofent, tant d'après nos Giférnlatièns 
que d’après celles des Voyageurs & des Naturaliftes, 4 
nous avons cru devoir en compter cinquante - ik k 
efpèces toutes différenciées par leurs habitudes natu- 
relles, & par des caractères extérieurs. On peut dif- 
tinguer facilement les lézards des autres Quadrupèdes 
ovipares, parce qu'ils ne font pas couverts d’une cara- | 
pace, comme les tortues, & parce qu'ils ont une 
queue, tandis que les grenouilles, les raines & les 
crapauds men ont point. Leur corps eft revêtu d'é- 
cailles plus ou moins fortes, ou de tubercules plus ou 
moins faillans. Leur odeur varie depuis la longueur 
de deux ou trois pouces, jufqu'à celle de vingt-fix ou 
même trente pieds. La forme & la proportion de leur 
queue varient aufl : dans les uns, elle eft aplatie; dans 
._ les autres, elle eft ronde. Dans quelques efpèces fa 
longueur égale trois fois celle du corps ; dans quelques 

autres, elle eft très-courte : dans tous, elle s'étend 
| horizontalement , 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. trs 
“horizontalement , & eft prefque auffi groffe à fon ori- 
gine que l'extrémité du corps à laquelle elle eft atta- 
.-Chée. : | 
Les pattes de derrière des lézards {ont plus longues 
que celles de devant. Les uns ont cinq doists à cha 
que pied, d'autres n’en ont que quatre ou même 
‘trois aux pieds de derrière ou à ceux de devant. Dans 
_ la plupart de ces animaux , Les cinq doigts des pieds 
de derrière font inégaux, le troifième & le quatrième 
font les plus longs, & l'extérieur eft {éparé des autres, 
comme une efpèce de pouce, tandis qu'au contraire 
dans les Quadrupedes vivipares, le doigt qui repréfente 
le pouce, eft le doigt intérieur. | 
Les"phalanges des doigts ne font pas toujours au 
nombre de trois ou de deux , Comme dans les vivi- 
pares, mais quelquefois au nombre de quatre, ainf 
que dans plufieurs efpèces d’oifeaux ; ce qui donne aux 
lézards plus de facilité pour faifir les branches des 
arbres fur lefquels ils grimpent. ae 
Les habitudes de ces animaux font auf diverfifiées 
que leur conformation extérieure : les uns paffent leur 
vie dans l’eau, ou fur les bords déferts des grands 
fleuves & des marais. D’autres, bien loin de fuir les 
“endroits habités, les choififfent de préférence pour leur 
demeure : ceux-ci vivent au milieu des bois, & y 
courent avec vitefle fur les rameaux les plus élevés ; 
ceux-là ont leurs côtés garnis de membranes en forme 
Ovipares, Tome I. + 


170 Hrsrorre NATURELLE 


d'ailes, par le moyen defquelles ils franchiflent avec 
facilité des efpaces étendus, & réuniflent ainfi à la 
faculté de nager , & à celle de grimper aifément juf- 
qu'au fommet des arbres, le pouvoir de s'élancer & 
de voler, pour ainfi dire, de branche en branche. 

Pour mettre de l’ordre dé l’expofition de ce grand 
nombre d'efpèces de lézards, nous avons cru devoir 
réunir celles qui fe reffemblent le plus par leur gran- 
deur, par leur conformation extérieure , & par leurs 
habitudes. Nous avons formé par-là huit divifions dans 
ce genre : la première, qui renferme onze efpèces, 
comprend les crocodiles , les fouettes-queue , les dragonnes 
& les autres lézards, qui ont tous la queue aplatie, 
& qui, prefque tous, FAP ARE à une longueur de 
plufieurs pieds. | 

Dans la feconde divifion fe trouvent les iguanes & 
d’autres lézards moins grands, mais qui cependant ont 
quelquefois quatre ou cinq pieds de longueur, & qui 
font diftingués d'avec les autres par des écailles rele- 
vées en forme de crêtes au-deflus de leur dos. Cette : 
feconde divifion renferme cinq efpèces. 

- Dans la troifième, nous plaçons le lézard gris fi 
commun dans nos contrées , le lézard vert que l'on 
trouve en très-grand nombre dans nos provinces méri- 
dionales , & cinq autres efpèces de lézards tous diftin- 
gués des autres, en ce qu'ils n'ont point de crêtes fur 
le dos, que leur queue eft ronde, & que le deffous de 


qe aplatk 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 179 
leur corps eft revêtu d’écailles affez grandes, difpofées 
en bandes tranfverfales. 

Ces bandes tranfverfales manquent , ainfi que les 
crêtes, aux lézards de la quatrième divifion; ce défaut, 
joint à la rondeur de leur queue, fuffit pour les faire 
reconnoitre ; & ils forment vingt-&-une efpèces, parmi 
lefquelles nous remarquerons principalement le Camé- 
léon , le Scinque, fauflement appellé crocodile terref= 
re EC. 

Le Gecko, le Geckotte, & une troifième & nou- 
velle efpèce de lézard compofent la cinquième divi- 
fion; & leur caractère diftinétif eft d’avoir le deflous 
des doigts garnis de larges écailles, placées les unes 
fur les autres, comme les ardoifes qui. couvrent les 
toits. 

_ La fixième divifion comprend le Seps & le Chal- 
cide, qui n'ont l’un & l’autre que trois doigts, tant 
aux pieds de devant qu'à ceux de derrière. 

Les lézards de la feptième divifion font remarqua- 
bles par les membranes, en forme d’ailes, dont nous 
venons de parler. Nous n'avons compté dans cette 


 divifion qu'une feule efpèce, à laquelle nous avons 


rapporté tous les lézards ailés, décrits par les Voya- 
geurs : on en verra les raifons à l'article particulier du 
Dragon. | 
La huitième divifion enfin comprend fix efpèces de 
lézards, parmi lefquelles nous rangeons la Salamandre 
Z ij 


t80 ‘+ Hrsrorre Narvesitr 


 terreftre & la Salamandre aquatique. Toutes les fix: 
font diftinguées des autres, en ce qu'elles ont trois où . 
quatre doigts aux pieds de devant , & quatre ou cinq 
aux pieds de derrière. Nous laiflons exclufivement à ces 
animaux , le nom de Salamandre, qui.a été fouvent 
attribué à plufieurs lézards, très - diflérens des vraies 
Salamandres, & même très-différens les uns des autres; 
ils ont beaucoup de rapports avec les grenouilles & les 
autres Quadrupèdes ovipares qui n'ont pas de queue ; 
ils leur reflemblent non-feulement par leur peau dé- 
nuée d’écailles apparentes, mais encore par leurs habi- 
tudes, par les efpèces de métamorphofes qu'ils fubif- 
fent avant de devenir adultes, & parle féjour, plus ou 
moins long, qu’ils font au milieu des. eaux..Îls s'en rap- 
prochent encore par. leurs parties intérieures , & par 
la forme & le nombre de leurs os. S'ils ont des ver- 
tèbres cervicales, de même que les autres lézards, ils 
manquent: prefque tous de côtes, comme les gre- 
nouilles, & ils font ainf la nuance, qui réunit les 
Quadrupèdes ovipares qui ont une queue avec ceux 
qui en font privés: prefqie tous les lézards n’ont que 
deux ou quatre vertèbres. cervicales ; mais le croco- 
dile placé, par fa grandeur & par fa puiflance, à la 
tête de ces animaux, & occupant, dans la chaîne qui: 
les réunit, l'extrémité oppofée à celle où fe trouvent: 
les Salamandres, a fept vertèbres au cou, comme tous: 
les Quadrupèdes vivipares. Il lie par - à les lézards: 


Our, plust 
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res, KR 
ont des 
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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 11 


avec ces animaux mieux organifés, pendant que, d’un 


autre côté, il les rapproche des tortues de mer par 


üune grande partie de fes habitudes & de fa confor-- 
ation. | - Fe 


l 


182 Hisrorre NATURELLE 


Don: la queue ef? aplatie, & qui ont ang dorgts 


aux pieds de devant. 


Lorsqu’ox COMPARE les relations des Voyageurs; les 
obfervations des Naturaliftes, & les defcriptions des No- 
menclateurs, pour déterminer fi l’on doit compter plu- 
fieurs efpèces de crocodile, ou fi les différences qu'on 
a remarquées dans les individus, ne tiennent qu’à l’âge, 
au fexe & au climat , on rencontre beaucoup de con- 
tradiétions, tant fur la forme, que fur la couleur, la 
taille, les mœurs & l’habitation de ce grand Quadru- 
pède ovipare. Les Voyageurs lui ont rapporté ce qui 
ne convenoit qu'à d'autres grands lézards très-différens du 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 103 
crocodile, par leur conformation & par leurs habitudes; 
ils lui en ont même donné les noms. Ils ont dit que 
le crocodile s’appelloit tantôt Ligan, tantôt Guan (a); 
noms qui ne font que des contraétions de celui du 
lézard Jguane. C’eft d'après ces diverfités de noms, de 
formes & de mœurs, qu'ils ont voulu regarder les 
crocodiles comme formant plufieurs efpèces diftinétes : 
mais tous les vrais crocodiles ont cinq doigts aux pieds 


de devant, quatre doigts palmés aux pieds de derrière, 


| 2 Û ° . 5 
& n'ont d'ongles qu'aux trois doigts intérieurs de cha- 


que pied. En examinant donc uniquement tous les 


grands lézards qui préfentent ces caractères, & en 
obfervant attentivement les différences des divers in- 
dividus, tant d'après les crocodiles que nous avons vus 
nous-mêmes, que d'après les defcriptions des Auteurs, 
& les récits des Voyageurs, nous avons cru ne de- 
voir compter que trois efpèces parmi ces énormes 
animaux. 

La première eft le crocodile ordinaire ou proprement 


dit, qui habite les bords du Nil; on l'appelle Aligator, 


principalement en Afrique, & l'on pourroit le défigner 
par le nom de Crocodile vert, qui lui a déjà été donné. 
La feconde eft le Crocodile noir, que M. Adanfon a vu 
fur la grande rivière du Sénégal ; & la troifième, le 


(a) Hifloire générale des Voyages , Livre VIL, 


10 4 *. Histoire NATURELLE 


crocodile qui habite les bords du Gange, & auquel nous 
confervons le nom de Gavial, qui lui.a été donné dans 
l'Inde. Ces trois efpèces fe roffemblent, par les carac- 

tèresdiftinétifs des crocodiles que nous venons d'indiquer; 
inais elles diffèrent les unes des autres par d'autres 
caractères que nous rapporterons dans leurs articles 

particuliers, | | 

On a donné aux crocodiles d'Amérique le nom de 
Cayman, que l’on a emprunté des Indiens; nous en 
‘AVOnS COMpParé avec foin plufieurs individus de différens 
âges, avec des crocodiles du Nil, & nous avons penfé 
qu’ils font abfolument de la même efpèce que ces cro- 
codiles d'Egypte; ils ne préfentent aucune différence 
remarquable , qui ne puifle être rapportée à 1 influence 
du climat. En effet, fi leurs mâchoires font quelque- 
fois moins alongées , ne ne diffèrent jamais aflez, par 
leur raccourciflement, de celles des crocodiles du Nil, 
pour que les Caymans conftituent une efpèce diftinéte, 
d'autant plus que cette différence eft très-variable, & 
que les crocodiles d'Amérique reffemblent autant à 
ceux du Nil par le nombre de leurs dents ÿ qu'un in- 
dividu refflemble à un autre parmi ces derniers cro- 
codiles, On a prétendu que le cri des Caymans étoit 
plus foible, leur courage moins grand, & leur lon- 
sueur moins confidérable; mais cela n’eft vrai tout au 
s que des crocodiles de certaines contrées de J’Amé- 
rique, & particulièrement tdes côtes de la Guiane. Ceux 
de la Louifiane 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 183. 
de la Louifiane font entendre une forte de mugifle- 
ment pour le moins aufli fort que celui des cro- 
codiles de l’ancien continent, qu’ils furpañlent quel- 
quefois par leur grandeur & par leur hardiefle, tandis 
que nous voyons d'un autre côté, dans l’ancien monde i 
plufieurs pays où les crocodiles font prefque muets , 
& préfentent une forte de lâcheté & de douceur de 
mœurs égales, pour le moins, à celle des crocodiles 
de la Guiane. | 

Les crocodiles du Nil, & ceux d'Amérique ne 
forment donc qu'une efpèce, dont la grandeur & les 
habitudes varient dans les deux continens, fuivant la 
température, l'abondance de la nourriture, le plus ou 
moins d'humidité, &c. Cette première efpèce eft donc 
commune aux deux mondes, pendant que le crocodile 
noir na été encore vu qu'en Afrique, & le Gavial fur 
les bords du Gange, | 

Les Voyageurs , qui font allés fur les côtes orien- 
tales de l'Amérique méridionale, difent que l’on y ren 
contre de grands Quadrupèdes ovipares, qu'ils regardent 
comme une petite efpèce de caymans, bien diftincte 
de l'efpèce ordinaire. Cette prétendue efpèce de cayman 
eft celle d'un grand lézard, que l’on nomme dragonne, 
& qui parvient quelquefois à la longueur de cinq où 
fix pieds. Notre opinion à ce fujet a été confirmée par 
un fort bon Obfervateur » qui arrivoit de la Guiane, 
à qui nous avons montré la dragonne, & qui la 

Ovipares | Tome I, | À à 


Le 23" dre dsl ca its 2, 2 sh 154 ons. | 
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186 Hrirsrorre NATURELLE 


reconnue pour le lézard qu'on y appelle la petite efpèce 
de cayman. ‘ | 

Le Navigateur Dampier a aufli\ voulu regarder 
comme une nouvelle efpèce de crocodile, de très-grands 
lézards que lon trouve dans la nouvelle Efpagne, 
ainfi que dans d’autres contrées de l'Amérique ( br}, 
& auxquels les Efpagnols ont donné également le 
nom de cayman. Mais il nous paroiït que les Quadru- 
pèdes ovipares, défignés par Dampier fous les noms 
de crocodile & de cayman, font de l'efpèce des grands 
lézards que l’on a nommés Fouette-queue. ls préfentent 
en effet le caraétère diftin@if de ces derniers ; lorf- 
qu'ils courent, ils portent, fuivant Dampier lui-même, 
leur queue retrouflée & repliée par le bout en forme 
d'arc , tandis que les vrais crocodiles ont LÉ ORJOUES la 
queue prefque traînante. 

D'ailleurs les vrais crocodiles ont, dans tous les 
pays, quatre glandes qui répandent une odeur de mufc 
bien fenfible. Les grands lézards que Dambpier a voulu 
comprendre parmi ces animaux, n'en ont point, fuivant 
lui ; nous avons donc une ue preuve que ces 
lézards de Dampier ne forment pas une quatrième 
efpèce de crocodiles. 


Nous allons examiner de près les trois efpèces que 


( b) Dampier, Tome 3, pages 287 © Juivantes. 


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DES QUADRUPÈDES OPIPARES, 167 


nous croyons devoir compter parmi ces lézards géans, 
en commençant par celle qui habite les bords du Nil, 
& qui eft la plus anciennement connue. 


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LE-CROCOBELE, 


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ou LE CROCODILE PROPREMENT DIT (a) 


Lu NATURE, en accordant à l'aigle les hautes 
régions de l’atmofphère, en donnant au lion, pour fon 
domaine , les vaftes déferts des contrées ardentes, a 
abandonné au crocodile les rivages des mers & des 
srands fleuves des zones torrides. Cet animal énorme, 


(a) KporefexG- E Nesnorporoles\ Gr en grecs 

Crocodilus, en latin. 

Alligator, fur les côtes d Afrique 

Diafñk, par les Nègres du Sénégal. 

Cayman en Amérique. 

Takaie, par les Siamois. 

Lagartor, dans l'Inde , par les Portugais. 

Jacare , au Bref. 

Kimbuta, dans PIfle de Ceylan, félon Ray. 

Leviathan de l'écriture, fuivant Scheuchzer , phyfique de 2. 
. Champfan, en Egypte. 

Kimfak, en certaines provinces de la Turquie. 
Le crocodile. M. d’Aubenton , Encyclopédie mérhodique. 

Lacerta crocodilus. 1, Linn, amplhib. reptil, 


& à ; Zomt, 7. 


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Marie Shcolk Se. : 


LE CROCODILE. 


D APE SR EE NP ANTON 


pes QuADRUPÈDES OVIPARES. 109 
vivant fur les confins de la terre & des eaux, étend 
fa puiffance fur les habitans des mers, & fur ceux que 
la terre nourrit. L'emportant en grandeur fur tous les 
animaux de fon ordre, ne partageant fa fubfflance 
ni avec le vautour, comme l'aigle, ni avec le tigre, 


Gronov. mus., page 74, N° 47, crocodilus. 

 Conradi Gefneri , Hifloriæ animalium , lib. IT, de Quadrup. ovip. 
crocodilus. ; 

Aldroy. aquat. 677 , crocodilus. 

Séba. 1. Tab. 103 Ë 104. 

Bellon. aquat. 41, crocodilus. 

Crocodilus, Brown, page 461. 

Crocodilus, Barrère , 142. 

Crocodilus, Job: Ludolphi commentarius. 

Crocodilus, Profper Alpin, Lugduni Batavorum 1734, tome 3 ; 
chap. y. : 

Jonff. Quadr., tab. 79 , fig. 3, crocodilus. 

Crocodilus Niloticus , crocodilus Americanus, crocodilus Africanus ; 
crocodilus terreftris. Laurent: Jpecimen medicum , Éc. Vienne 1768 , 
pages 53 & 54. (M. Laurenti, favant Naturalifte, qui a fait connoitre 
plufeurs efpèces nouvelles de Quadrupèdes ovipares, auroit certaine- 
ment regardé , comme de la même efpèce, les quatre individus que 
nous venons d'indiquer , s'il ne s’en étoit point rapporté à Séba). 
| Ray , Quadr. 261, Lacertus Maximus. 

Bont. jav. tab. 56, crocodilus caÿyman. 

Olear. mus. 8, tab. 7, fig 3, crocodilus. 

Vallifni. Nat. 1, tom.,42 

Catefby ; Hifloire naturelle de la Che , vol, 2, Lacertus Maximus: 


198 “ASHISTOIRE NATUREILE 


comme le lion ,il exerce une domination plus abfolué 
que celle du lion & de l'aigle; & il jouit d’un em 
pire d'autant plus durable, qu'appartenant à deux élé. 
mens , il peut échapper plus aifément aux pièges; 
qu'ayant moins de chaleur dans le fang, il à moins 
befoin de réparer des forces qui s’épuifent moins vite; 
& que pouvant réfifter plus long-tems à la faim, il 
livre moins fouvent des combats hafardeux. 

Il furpañle, par la longueur de fon corps, & l'aigle 
& le lion, ces fiers rois de l'air & de la terre; & 
fi l’on excepte les très-grands quadrupèdes , comme 
l'éléphant , l’hippopotame , &c. & quelques ferpens 
démefurés, dans lefquels la Nature paroît fe complaire 
à prodiguer la matière, il feroit le plus grand des ani- 
maux, fi, dans le fond des mers dont il habite les 
bords, cette Nature puiflante n’avoit placé d'immenfes 
cétacées. Il eft à remarquer qu'à mefure que les animaux 
font deftinés à fendre l'air ayec rapidité à marcher 
fur la terre y OU à cingler au milieu des eaux , ils 
font doués d'une grandeur plus confidérable. Les aigles 
& les vautours font bien éloignés d’égaler en gran- 
deur Le tigre, lé lion, & le chameau ; à mefure même que 
les quadrupèdes vivent plus près des rivages, il femble 
que leurs dimenfons augmentent, comme dans l'éléphant 
& dans l'hippopotame , & cependant la plupart des 
animaux quadrupèdes , dont le volume eft le plus 
étendu, font moins grands que les crocodiles qui ont 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 1lO 
atteint le dernier degré de leur développement. On 
diroit que la Nature auroit eu de la peine à donner 


à de très-grands animaux des reflorts aflez puiflans 


pour les élever au milieu d'un élément auf léger que 
l'air, & même pour les faire marcher fur la terre, 
& qu'elle n'a accordé un volume, pour ainfi dire gi- 


-gantefque , aux êtres vivans & animés, que lorfqu'ils 
‘ont dû fendre l'élément de l’eau, qui, en leur cédant 


par fa fluidité, les a foutenus par fa pefanteur. L'art 
de l'homme, qui n'eft qu'une application des forces 
de la nature, a été contraint de fuivre la même pro- 
greflion ; il n'a pu faire rouler fur la terre que des 
mafles peu confidérables; il n’en a élevé dans les airs 
que de moins grandes encore; & ce n’eft que fur la fur- 
face des ondes qu’il a pu diriger des machines énormes, 

Mais cependant comme le crocodile ne peut vivre 
que dans les climats très-chauds, & que les grandes 
baleines , &c. fréquentent de préférence, au contraire, 


les régions polaires, le crocodile ne le cède en gran- 


deur qu'à un petit nombre des animaux qui habitent les 
mêmes pays que lui. C’eft donc aflez fouvent fans 
trouble qu'il exerce fon empire fur les Quadrupèdes 
ovipares. Incapable de defirs très-ardens, il ne reffent 
pas la férocité (6). S'il fe nourrit de proie; s'il dé- 
vore les autres animaux ; s'il attaque même quelque- 
no oo 


(8) Ariftote eft le premier Naturalifte qui l'ait reconnu. 


192 ‘Hrsrorre Narvrerre 


fois l'homme, ce n’eft pas, comme on l’a dit du tigre: à 


pour aflouvir un appétit cruel, pour obéir à une foif 
de fäng que rien ne peut éasehiehe mais uniquement. 
pour fatisfaire des befoins d'autant plus impérieux, 
qu'il doit entretenir une mafle plus confidérable. Roi 
dans fon domaine, comme l'aigle & le lion dans les 
leurs, il a, pour ainfi dire, leur noblefle, en même 
tems que leur puiffance. Les baleines, les premiers 
des cétacées auxquels nous venons de le comparer, 
ne détruifent également que pour fe conferver ou fe 
reproduire ; & voilà donc les quatre grands domina- 
teurs des eaux, des rivages, des déferts & de l'air, 
qui réuniflent à la fupériorité de la force, une certaine 
douceur dans l'inftin&, & laiflent à des efpèces infé- 
rieures, à des tirans fubalternes, la cruauté fans befoin. 
La forme générale du crocodile eft affez femblable, 
en grand, à celle des autres lézards. Mais fi nous voulons 
faifir les caractères qui ui font particuliers, nous trou 
verons que fa tête eft alongée, aplatie, & fortement 
ridée ; le mufeau gros & un peu arrondi; au-deflus 
eft un efpace rond, rempli d'une fubftance noirâtre, 
molle & fpongieufe , où font placées les ouvertures 
des narines ; leur forme eft celle d’un croiflant, & 
leurs pointes font tournées en arrière. La gueule s'ouvre 
jufqu'au-delà des oreilles; les mâchoires ont quelque- 
fois plufieurs pieds de longueur; linférieure eft ter 
minée de chaque côté par une ligne droite; mais la 
fupérieure 


DES QuADRUPÉDES OVIPARES. 103. 
fupérieure eft comme feftonnée; elle s’élargit vers le 
gofer, de manière à déborder de chaque côté la mà- 
choire de deflous ; elle fe retrécit enfuite, & la laifle 
dépañler jufqu'au mufeau, où elle s’élargit de nouveau, 
& enferme, pour ainfi dire, la mâchoire inférieure. 

Il arrive de-là que les dents placées aux endroits 
où une mächoire déborde l’autre, paroïiflent à l’exté- 
rieur comme des crochets, ou des efpèces de dents 
canines: telles font les dix dents qui garniflent le 
devant de la mâchoire fupérieure. Au contraire , les 
deux dents les plus antérieures de la mâchoire infé- 


rieure, non -feulement s’enfoncent dans la mâchoire 


de deflus lorfque la gueule eft fermée, mais elles y 
pénètrent fi avant , qu’elles la traverfent en entier, & 

s'élèvent do du mufeau, où leurs pointes ou. 
ue si de petites cornes; c’eft ce que nous avons 
trouvé dans tous les se d'une longueur un peu 
confidérable que nous avons examinés. Cela eft même 
très-fenfible dans un jeune crocodile du Sénégal, de 
quatre pieds trois ou quatre pouces de long, que l’on 
conferve au Cabinet du Roi. Ce caraétère remarqua- 
ble n'a cependant été indiqué par perfonne, excepté 


_ par les Mathématiciens Jéfuites, que Louis XIV envoya 


dans l'Orient, & qui non un crocodile dans le 
Royaume de Siam (c). 


(c) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux, tome æ 


Ovipares , Tome LI. . Bb 


104 Hisroïrre NATURELIL:E 


Les dents font quelquefois au nombre de trente-fix | 
dans la mâchoire fupérieure, & de trente dans la 
mâchoire inférieure, mais ce nombre doit fouvent 
varier. Elles font fortes , un peu creufes, friées , coni- 
ques, pointues, inégales en longueur (d) , attachées 
par de groffes racines, placées de chaque côté fur un 
feul rang, & un peu courbées en arrière , principale- 
ment celles qui font vers le bout du mufeau. Leur 
difpofition eft telle que quand la gueule ef fermée ie 
elles paffent les unes entre les autres: les pointes de 
plufieurs dents inférieures , occupent alors des trous 
_creufés dans les gencives de deflus, & réciproquement. 
MM. les Académiciens qui | difléquèrent un très-jeune 
crocodile, amené en France en 1681, arrachèrent 
quelques dents, & en trouvèrent de trés-petites, pla- 
cées dans le fond des alvéoles; ce qui prouve que les” 
premières dents du crocodile tombent, & font rem- 
placées par de nouvelles, comme les dents incifives 
de l’homme & de pluñeurs Quadrupèdes vivipares (e). 

La mâchoire inférieure eft la feule mobile dans le 
crocodile , ainfi que dans les autres Quadrupèdes. Il 


{ 


7 


(d) Ce font les plus longues que Pline appelle Canines. Hifloire na- 
turelle, Livre XI, Chapitre Lx1. | 


(e) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , tome 33 
article du crocodile, 


SAUCE 
TOUTE Ge 
& font 
dents D 


vitipé 
mobile & 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 105 
fufñt de jeter les yeux fur le fquelette de ce grand 
lézard. pou en être convaincu, malgré tout ce qu'on 
a écrit à ce fujet (f). 

Dans la plupart des vivipares, la mâchoire infé- 
rieure, indépendamment du mouvement de haut en 
bas, a un mouvement de droite à gauche, & de 
gauche à droite, néceflaire pour la trituration de la 
nourriture. Ce mouvement a été refufé au crocodile, 
qui d’ailleurs ne peut mâcher que difficilement fa 
proie, parce que les dents d'une mâchoire ne font 


pas placées de manière à rencontrer celles de l’autre : 


mais elles retiennent ou déchirent avec force les ani- 
maux qu'il faifit, & quil avale le plus fouvent fans 
les broyer (g) : il a par-là avec les poiflons un trait 


de reffemblance, auquel ajoutent la conformation & 


la poñtion des dents de plufeurs chiens de mer, aflez 
femblables à à celles des dents du crocodile. 
_ Les anciens (4), & même quelques modernes (à ), 


(f) Labat, vol. 2, page 344. 

Ray, Sÿnopfis animalium:, page 262: * 

(g) «Le crocodile avale fes alimens fans les mâcher, & fans Îles 
mêler avec de Ia falive : il les digère cependant avec facilité, parcece 
qu'il a en proportion une plus grande quantité de bile & de fucsce 
digeftifs qu'aucun autre animal. » Woyez Le Voyage en Paleffine , par 
Hafélquift, page 246. 

(A) Voyez Pline, Livre XT, Chap. zxy. 

(à ) Hifloire naturelle de la Jamaïque , page 461. 


Bb ÿ 


196 CHisrorre NATURELI:IS 


ont penfé que le crocodile n’avoit pas de langue; il 
en a une cependant fort large, & beaucoup plus 
confidérable en proportion que celle du bœuf, mais 
qu'il ne peut pas alonger ni darder à l'extérieur, parce 
qu’elle eft attachée aux deux bords de la mâchoire 
inférieure , par une membrane qui la couvre. Cette 
membrane eft percée de plufieurs trous, auxquels 
aboutiflent des conduits qui partent des stades de 
la langue (Æ). | 

= Le crocodile n’a point de lèvrés; auffi, lorfqu'il 
marche ou qu'il nage avec le plus de tranquillité, 
montre-t-il fes dents, comme par furie; & ce qui 
ajoute à l'air terrible que cette conformation lui donne, 
c’eft que fes yeux étincelans, très-rapprochés lun a : 
Vautre, placés obliquement , & préfentant une forte 
de regard finiftre , font garnis de deux paupières 
dures , toutes les deux mobiles (1), fortement ri- 
dées , furmontées par un rebord dentelé, &, pour 
ainfi dire, par un fourcil menaçant. Cet afpet 
affreux n’a pas peu contribué, fans doute, à la 
réputation de cruauté infatiable que quelques Voya- 


(4) Mémoires pour us à FH if. naturelle des animaux , art. du 
crocodile, | 


(2) Pline a écrit que la paupière inférieure du crocodile étoit feule 
mobile; mais obfervation eft contraire à cette opinion, 


er 


DES Quape VPÈDES OVIPARES, 107 


geurs lui ont donnée : Ses yeux font aufli, comme 


ceux des oïifeaux, défendus par une membrane cli- 


gnotante, qui ajoute à leur force (m). 

Lés oreilles fituées très-près, & au-deflus des yeux, 
{ont recouvertes par une peau fendue & un peu rele- 
vée, de manière à repréfenter deux paupières fermées, 


& c’eft ce qui a fait croire à quelques Naturaliftes que le 


_ crocodile n’avoit point d'oreilles, parce que plufeurs 
autres lézards en ont louverture plus fenfble. La 
partie fupérieure de la peau qui ferme les oreilles 
eft mobile; & lorfqwelle eft levée, elle laiffe apper- 

_cevoir Fa membrane du tambour. Ga Voyageurs 
auront apparemment penfé que cette peau, relevée 
en forme de paupières, recouvroit des yeux; & voilà 
pourquoi l’on a écrit que l’on avoit tué des crocodiles 
à quatre yeux (n). Quelque peu proéminentes que 
foient ces oreilles, Hérodote dit que les habitans de 
Memphis attachoient des efpèces de pendans à des 
crocodiles privés qu’ils nourrifloient. 

Le cerveau des crocodiles eft très-petit (o). 
La queue eft très-longue ; elle eft, à fon origine, 


(yn) Brown, Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 461. 
(n) Hifloire des Moluques, Livre IT, page 116. | 


(o) Mémoires pour Jervir à à PH jf. refirelle des animaux , art. de 
crocodile; 


198 Hisrorre NATURELS 

auf groffe que le corps, dont elle paroît une pro- 
“Séeiion fa forme aplatie, & aflez femblable à 
celle d'un aviron, donne au crocodile une grande 
facilité pour fe gouverner dans l'eau, & frapper cet. 
élément de manière À y nager avec viteñle. Indé- 
pendamment de ce fecours, les doigts des pieds de 
derrière font réunis par des membranes, dont il peut 
fe fervir comme d'efpèces de nageoires: ces doigts 
font au nombre de quatre ; ceux des pieds de de- 
vant, au nombre de cinq; dans chaque pied, il n'y 
a que les doigts intérieurs qui foient garnis d'ongles, 
& la longueur de ces ongles cf ordinairement d'un 
ou deux pouces. 

La Nature a pourvu à la sûreté des es . 
en les revêtant d’une armure prefque impénétrable; 
tout leur corps eft couvert d'écailles , excepté le 
fommet de la tête, où la peau eft colée immédiate- 
ment fur l'os. Celles qui couvrent les flancs, les 
pattes & la plus grande partie du cou, font preique 
rondes , de grandeurs différentes, & diftribuées irré- 
gulièrement Celles qui nor le dos & le deflus 
de la queue, font quarrées, & forment des bandes 
tranfverfales, Il ne faut donc pas, pour blefler le 
crocodile, le frapper de derrière en avant, comme 
fi les écailles fe recouvyroient les unes les autres, 
maïs dans les jointures des bandes qui ne préfentent 
que la peau. Pluñeurs Naturaliftes ont écrit que le 


À 


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ent d'u 


crocodile 


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except 
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fus 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 100 
nombre de ces Bandes varioit, fuivant les individus. 
Nous les avons comptées avec foin fur fept croco- 
diles de différentes grandeurs , tant de l'Afrique que 
de l'Amérique : l'un avoit treize pieds neuf pouces fix 


lignes de long, depuis le bout du mufeau , jufqu'à l'extré- 


mité de la queue; le fecond neuf pig: le troifième 
& le quatrième huit pieds; le cinquième quatre; le 
fixième deux ; le feptième étoit mort en fortant de 
l'œuf. Ils avoient tous le même nombre de bandes, 
excepté celui de deux pieds ; qui paroïifloit, à la 
rigueur , en préfenter une de plus que les autres, 

Ces écailles quarrées ont une très-grande dureté, 
& une flexibilité qui les empêche d’être caffantes (p); 
le milieu de ces lames préfente une forte de crête 


(p) « Les écailles du crocodile font à l'épreuve de la balle, à 


moins que le coup ne foit tré de très-près, ou le fufl très chargé ,«e 
Les Nègres s'en font des bonnets, ou plutôt des cafques, qui ré-ce 
fiftent à la hache.sw Labat, vol. 2 , page 347 3 Voyage d its 


 Hifloire gén. des Voyages, Livre VIL 


La dureté de ces écailles doit être cependant, relative à l'âge » au 
individus , & peut-être au fexe. M. de la Borde aflure que la croûte 
dont les crocodiles font revêtus, ne peut être percée par la balle 
qu'au-deflous des épaules. Suivant M. de la Coudrenière ; on peut auffi 
la percer à coup de fuñl fous le ventre & vers les yeux. Obfervations 
Jr Le crocodil: de la Louifiane , Fe de la Coudrenicre, Journal de 
Phylique , 1782 : é À 


00 Hrsrorrs NArvUREzLzE 
dure, qui ajoute à leur folidité ( q); &, le plus 
fouvent, elles font à Pépreuve de la balle. L'on voit 
fur le milieu du cou, deux rangées tranfverfales de | 
ces écailles à there lune de quatre pièces, & | 
Yautre de deux; & de chaque côté de la queue, | 
s'étendent deux rangs d’autres tubercules, en forme | 
de crêtes, qui la font paroître hériffée de pointes, 
_& qui fe réuniflent à une certaine diffance de fon 
extrémité, de manière à n’y former qu'un feul rang. 
Les lames qui 8 oarniflent le ventre, le deflous de la 
_ tête, du cou, de la queue, des pieds, & la face 
| | ue des pattes, dont le bord extérieur, eft le 
plus fouvent dentelé, forment également des bague | 
tranfverfales ; elles font quarrées & flexibles, comme ‘ 
celles du dos, mais bien moins dures & fans crêtes. Î 
C’eft par ces parties plus foibles, que les cétacées & À 
les poiflons voraces attaquent le crocodile ; c’eft par- + 
là que le dauphin lui donne [a mort, ainfi que le Le | 


rapporte Pline, & lorfque le chien de mer, connu 1 | 
fous le nom de poiffon-fcie, lui livre un combat qu'ils a 
foutiennent tous deux avec furie, le poiffon-fcie ne 1 


pouvant percer les écailles Hbbretleite qui revétent 


(g) Les crêtes voilines des flancs ne font pas plus élevées que les 
autres, & ne peuvent point oppofer une plus grande réfiflance à la 
balle, ainf qu'on fa écrit. Je m'en fuis afluré par l'infpetion de plu- 
fieurs crocodiles de divers pays, 


le deffus | 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 20% 


le deflus du corps de fon ennemi, plonge & le frappe 
au ventre (r), 

La couleur des crocodiles t tire fur un jaune ver. 
dâtre, plus ou moins nuancé d’un. vert foible » par 


taches & par bandes, ce, qui repréfente affez es la 


couleur du bronze un peu rouillé, Le deflous du COrps, 
de la queue & des pieds, ainfi que la face intérieure 
des pattes, font dun blanc Jaunâtre : on a prétendu 
que le nom de ces grands animaux venoit de la ref 
femblance de leur couleur, avec celle du fafran, en 
latin crocus, & en grec 2p0%09, On a écrit auff qu'il 
venoit de crocos & de deilos , qui fignifie timide » parce 
qu'on a cru qu'ils avoient Heu du fafran (s ). Arif- 
tote paroît penfer que les crocodiles font noirs : il ÿ 
en a en eflet de très-bruns fur la rivière du Sénégal, 
ainfi que nous l'avons dit, mais ce grand FA RER 
ne devoit pas les connoître. … | 
Les crocodiles ont quelquefois cinquante-neuf VeT« 
icbres; fept dans le cou, douze dans le dos , cinq 
dans jé lombes , deux ? à la place de l'os facrum, & 
trente-trois Re la queue : mais le nombre de ces 
vertëbres eft variable, Leur œfophage eft très - vafte 


(r) H iffoire PRE des rame, Tome 39 5 PAS 35 à édition 


in 22, 


sale s) Gefner, de Quadrup. oyip., page TA 


Ovipares , Tome I. € € _ 


# 


= = + 


202 + Hrsrorre NATUREILZE 

& fufceptible d'une grande dilatation ; ils n’ont point 
de veflie comme les tortues; leurs uretères fe déchar- 
gent dans le rectum; l'anus eft fitué au-deflous & à 
l'extrémité poftérieure du corps; les parties fexuelles 
des mâles font renfermées dans l'intérieur du corps, 
jufq'au moment de l'accouplement , ainfi que dans 
les autres lézards & dans les tortues; & ce n’eft que 
par l'anus qu'ils peuvent les faire fortir. Ils ont deux 
glandes ou petites poches au-deflous des mâchoires, 
& deux autres auprès de lanus : ces quatre Sa 
contiennent une matière volatile, qui leur donne une 
odeur de mufc affez forte (#). di 


; (#) Voyez le Voyage aux Ifles Hire. Barbade, de la Jamaïque, 
Êc. par Sloane, tome 2, page 332. On y trouve une. defcription 
des parties intérieures du crocodile, que nous traduifons en partie icf, 
attendu qu'elle a été faite fur un affez grand individu , fur un alli- 
gator de. feize pieds de long. «6 La trachée-artère étoit fléchie : elle 
2) préfentoit une divifion avant d'entrer dans les poumons, qui n’étoient 
que des véficules, entremêlées de vailfeaux fanguins, & qui étoient 
» compofés de deux grands lobes, un de chaque côté de l’épine du 
#dos. Le cœur étoit petit; le ptricarde renfermoit une grande quan- 
» tité d'eau. Le diaphragme paroifloit membraneux, ou plutot tendi- 
oneux & nerveux. Le foie étoit long & triangulaire : il y avoit une 
grande véficule du fiel, pleine d’une bile jaune & claire. Je n’obfervai 
3» point de rate (c’eft toujours Sloane qui parle ) : les reins placés auprès 
# de l'anus, étoient larges & attachés à lépine.....Ce crocodile n "avoit 
» point de langue (ceci ne doit s'entendre que d'une langue libre & 


ia, 

nt, 
el, 
its fem, 
ur du 
inf que 
L ce né 
Is ot 
es mâche 
jatre gl 


r donner 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 92O3 

La taille des crocodiles varie fuivant la tempéra- 
ture des diverfes contrées dans lefquelles on les trouve. 
La longueur des plus grands ne pañle guère vingt-cinq 
ou vingt-fix pieds dans les climats qui leur convien- 
nent le mieux ; il paroît même que, dans certaines 
contrées qui leur font moins favorables, comme les 
côtes de la Guiane, leur longueur ordinaire ne s'étend 
pas au-delà de treize ou quatorze pieds (4). Un: indi- 


dégagée de toute membrane }: l'eftomac, qui étoit fort large & garnice 
intérieurement dune membrane dure, contenoit plufeurs pierres ce 
rondes & polies, du gravier tel qu'on le trouve fur le bord de lace 
mer, & quelques arêtes... ..Les yeux étoient fphériques, & garnises 
tous les deux d’une forte membrane clignotante: la pupille étoit alongée ce 


comme celle des chats. »» On peut comparer ces détails avec ceux que 
donne Haflelquift dans fon voyage en Palefltine, page 344 & fuiv. 


(z) Brown prétend que les crocodiles parviennent fouvent à la 
longueur de quatorze à vingt-quatre ot Hifl. nat. de la Jamaïque, 
page 461. 

- Les crocodiles, ou alligators, font très-communs fur les côtes & dans 
les rivières profondes de la Jamaïque , où on en prit un de dix - neuf 
pieds de long, dont on offrit la peau comme une rareté à Oloane. 


Voyage aux Ifles Madère, Barbade , 4e la Jamaïque, GC , par Sloane : 
volume 2 , page 332. 


66 La rivière du Sénégal, abonde auprès de Gh'am, en érébilés; 
beaucoup plus gros & plus dangereux que ceux qui fe trouvent àce 
l'embouchure, Les laptôts du Général en prirent un de vingt-cinq ce 
pieds de long, à la joie extrême des habitans, qui fe figurèrent que ce 
c'étoit le père de tous les autres, & que fa mort jetteroit Péffroice 


Cci 


SO *:SHESFOTRE NATURELLE ee 
vidu de cette longueur, dont la peau eft confervée 
au Cabinet du Roi, a plus de quatre pieds de circon- 


férence dans endroit le plus gros du corps, ce qui fup- 


parmi tous Îes res de fi race, 9 ES: voyage du fieur Brue 
Jur le Sénégal. Hiff. générale des Voyages. 

Quelques Voyageurs ont attribué une grandeur plus confidérable au 
crocodile. Barbot dit qu'il sen eft trouvé dans le Sénégal & dans la 
Gambie, qui n’avoient pas moins de trente pieds de long : fuivant Smith, 
ceux de Sierra-Léona ont la même longueur. Jobfon parle aufli d’un 


crocodile de trente-trois pieds de long ; mais comme il n’avoit mefuré 


que la trace que cet animal avoit liflée fur le fable, fon témoignage 
ne doit pas être compté. Smith , voyage en Guinée. Voyage du Cap. 
Jobfon.  Hifloire générale des Voyages, Livre VII 


On trouve, fuivant Catefby , à la Jamaïque , & dans plufieurs en= 


droits du continent de l'Amérique feptentrionale, des crocodiles de 
plus de vingt pieds de long. On peut voir dans Gefner, Livre II, 
article. du crocodile, tout ce que les Anciens ont écrit touchant la 
grandeur de cet animal, auquel quelques-uns d'eux ont. attribué une 
longueur de vingt-f ix coudées. 

.. Hañelquift dit, dans fon voyage ën Paleftine ; page 347, que les 
. de crocodile qu'il déctit, avoient Les à une femelle: de 
trente pieds. ! 

.« Sur. le bord d’une rivière, qui f jette dans la baie de Saint 
3 » Auguftin, lfle de Madagafcar, les gens du Capitaine Keeling tuèrent 
»à coup.de fufl-un alfigator ; efpèce de crocodile, qu'ils virent marcher 
»fort lentement fur la rive. Quoique mort d’un grand nombre de 
“coups, les mouvemens convulfifs qui lui reftoient encore étoient 
s»capables d’infpirer de la frayeur. Il avoit feize pieds de long; & fa 
wgucule étoit fi large, qu'il ne parut pas furprenant qu'elle pût en- 


Rap _—. _ ps MR = 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 305$ 
pofe une circonférence de huit à neuf pieds dans les plus 
grands crocodiles. Au refte, on pourra juger des propor- 
tions de ce grand Quadrupède ovipare, par la note fui- 
vante (v) qui préfente les principales dimenfons de 
l'individu dont nous venons de parler. 


gloutir un homme. Keeling fit tranfporter ce monftre jufqwà fonc 
vaïfleau , pour en donner le fpectacle à tuus fes gens. On louvrit :ce 
l'odeur qui s’en exhala parut fort agréable; mais quoique la chair necs 
le füt pas moins à la vue , les plus hardis matelots n’osèrent en goûter. ce 


Voyage du Capitaine William Keeling à Bantam 6 à Banda, en 260n 
RS RER Enennne vonr renenem 


pieds 

(+) Longueur totale, : 23 3: °.| 3 
Éoeueur de D à 2 
Longueur depuis l'entre-deux des yeux, 

. jufqu'au bout du mufeau. . . . . | x 
Longueur de la mâchoire fupérieure. . I 
Longueur de la partie de la mâchoire qui 

“PE ae de dede po Su, L 


Difente’des deux peus. SU: 4:13 124 
Grand-dismètre de. Poil... ..:.,2, 2 
Circonférence du corps à l'endroit le pu 

RO su, à + à à pe 
Largeur de la tête derrière les yeux, . 
Largeur du mufeau à l'éndroit le plus étroit. 
Longueur des pattes de devant in: 

bout des doigts. . . . 1 
Longueur des pattes de dense sin au 


= À 


bout desdoiots, 5 4" ox Li 
Longueur de la queue. . e 6 
Circonférence de la queue à ns sriginee Es : 


/ £ e 


506  Hrsrorre NATURELLE 
Cet au commencement du pairense que l'amour 
fait éprouver fes feux au crocodile. Cet énorme Qua- 
drupède ovipare s unit à fa femelle, en la renverfant 
fur Le dos, ainfi que les autres lézards; & leurs embraffe- 
mens peloton très-étroits. On ignore la durée de leur 
union intime ; mais, d'après ce que l’on a obfervé, 
touchant les lézards de nos contrées, leur me 
ment , quoique bien plus court que celui des tortues , 
doit être plus prolongé, ou du moins plus fouvent re- 
nouvellé que celui de plufieurs vivipares; & lorfqu'il 
a ceflé, l'attention du mâle pour fa CO PRÈRe ne pafñle 
pas tout-à-fait avec fes defrs, & il l'aide à fe remettre 
fur fes pattes. G 
On a cru, pendant long-tems, que les crocodiles 
ne faifoient qu'une ponte ; mais M. de la Borde nous 
apprend que, dans l'Amérique méridionale , la femelle 
fait deux & quelquefois trois pontes ie l'une 
de l’autre de peu de jours; chaque ponte eft de vingt 
à vingt-quatre œufs (x) , & par conféquent il eft pof- 
fible que le crocodile en ponde en tout foixante-douze, | 
ce qui fe rapproche de lafflertion de M, Linné, qui a 
écrit que les œufs du crocodile étoient dinsfas au 
RObre de cent, HSE" | : 


( #) Note communiquée par M de + un Mégecin du Roia Re 
& Correfpondant du Cabinet de Sa Majeéfié | 


né ne pl 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 20% 


_ La femelle dépofe fes œufs fur le fable, le long 
des rivages qu'elle fréquente ; dans certaines contrées, 
comme aux environs de Cayenne & de Surinam (y), 
elle prépare aflez près des eaux qu’elle habite, 
un petit terrain élevé, & creux dans le milieu; elle 
y ramafle des feuilles & des débris de plantes, au 
milieu defquels elle fait fa ponte; elle recouvre fes 
œufs avec ces mêmes feuilles; il s'excite une forte 
de fermentation dans ces végétaux, & c’eft la cha- 
leur qui en provient, jointe à celle de l’atmofphère, 
qui fait éclore les œufs. Le tems de la ponte com- 
mence aux environs de Cayenne, en même tems 
que celui de la ponte des tortues, c’eft-à-dire, dès 


le mois d'Avril; mais il eft plus prolongé. Ce qui eft 


très-fingulier , c’eft que l'œuf d’où doit fortir un ani- 
mal aufli grand que lalligator, n'eft guère plus gros 
que l'œuf d’une poule d'Inde, fuivant Catefby (7). 
I y a, au Cabinet du Roi, un œuf d'un crocodile de 
quatorze pieds de longueur, tué dans la haute Egypte, 
au moment où il venoit de pondre. Il eft ovale & 
blanchâtre ; fa coque eft d’une fubftance crétacée, 
femblable à celle des œufs de poule , mais moins 


dure ; la tunique intérieure qui touche à l'enveloppe 


(y) Note communiquée par M. de la Borde 


(x) Catefby, Hifi. naturelle de L Caroline, vol. 2, page 63, 


Go D nr Gad a» ts het de ph à 5 à 0 gt 
= Lau TES HE _ S _ 


208 Hisrorre NATUREL 


crétacée, eft plus épaifle & plus forte que dans Ia 
plupart des œufs d'oifeaux, Le grand diamètre neft 
que de deux pouces cinq lignes, & le petit diamètre 
d'un pouce onze lignes. Jen ai mefuré d'autres, 
pondus par des crocodiles d'Amérique , qui étoient 
plus alongés, & dont le grand diamètre étoit de 
trois pouces fept lignes, & le petit diamètre de deux 
pouces, ; « + Lu 
Les petits crocodiles font repliés fur eux-mêmes dans 
leurs œufs; ils n'ont que fix ou fept pouces de long 
Jlorfqu'ils brifent leur coque, On a obfervé que ce 
n’eft pas toujours avec leur tête, mais quelquefois 
avec les tubercules de leur dos qu'ils la caffent, 
Lorfqu’ils en fortent , ils traînent attaché au cordon 
ombilical , le refte du jaune de l'œuf, entouré d’une 
ee & une efpèce d'arrière- faix, compofé de 
l'enveloppe dans laquelle ils ont été enfermés. Nous 
l'avons obfervé dans un jeune crocodile , pris en 
{ortant de l'œuf, & confervé au Cabinet du Roi, 
Quelque tems après qu'ils font éclos, on remarque 
encore fur le bas de leur ventre, l’infertion du cordon 
ombilical (a), qui difparoît avec le tems 3100 les 
rangs d'écailles qui étoient féparés, & formoient une 
fente longitudinale par où il pafñloit, fe réuniflent 


(4) Séba , vol, z 3 PAS 162 & fuir. 
infenfiblement, 


| DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 200 
infenfiblement. Ce fait eft analogue à ce que nous 
avons remarqué dans de jeunes tortues, de l’efpèce 
appellée la Ronde, dont le plaftron étoit fendu, & 
dont on voyoit au-dehors la portion du ventre où le 
cordon ombilical avoit été attaché. 

Les crocodiles ne couvent donc pas leurs œufs; on 
auroit dû le préfumer, d'après leur naturel , & l’on auroit 
dû, indépendamment du témoignage des Voyageurs } 
refufer de croire ce que dit Pline du crocodile mâle, 
qui, fuivant ce grand Naturalifte, couve, ainfi que la 
femelle, les œufs qu'elle a pondus (b). Si nous jetons 
en effet les yeux fur les animaux ovipares qui font 
fufceptibles d’affections tendres, & de foins empreflés ; 


fi nous obfervons les oifeaux » NOUS verrons que les 


efpèces les moins ardentes en amour, font celles où 
le mâle abandonne fa femelle après en avoir joui: 
enfuite viennent les efpèces où le mâle prépare le 
nid avec elle, où il la {foulage dans la recherche 
des matériaux dont elle fe {ert pour le conftruire, 
où il veille attentif auprès d'elle, pendant qu'elle 
couve, où il paroît charmer fa peine par fon chant: 
& enfin celles qui reflentent le plus vivement les 
feux de l'amour, font les efpèces où le mâle pär- 
tage entièrement avec fa compagne le foin de couver 


(8) Pline, Liv. X, Chap. LXXXIr. 
Ovipares, Tome I. | D d 


210 | HISTOIRE NATUREIIE 


les œufs. Le crocodile devroit donc être regardé 
comme très-tendrement amoureux, file mâle couvoit 
les œufs , ainfi que la femelle. Mais comment attribuer 
cette vive, intime & conftante tendrefle à un ani- 
mal qui, par la froideur de fon fang, ne peut 
éprouver prefque jamais, ni pañlions impétueufes, ni 
fentiment profond ? La chaleur feule de l'atmofphère, 
ou celle d’une forte de fermentation, fait donc éclore 
les œufs des crocodiles; les petits ne connoiflent donc 
point de parens en naïflant (c): mais la Nature leur 
a donné aflez de force, dès les premiers momens de 
leur vie, pour fe fa de foins étrangers. Dès qu'ils 
font éclos, ils courent d'eux-mêmes fe jeter dans l’eau, 
où ils trouvent plus de sûreté & de nourriture (d).Tant 
qu’ils font encore jeunes , ils font cependant dévorés 
non-feulement par les poiflons voraces , mais encore 
quelquefois par les vieux crocodiles, qui, tourmentés par 
la faim , font alors par befoin, ce que d’autres animaux 
fanguinaires paroiffent faire uniquement par cruauté. 

On n'a point recueilli aflez d'obfervations fur les 


RP ne. maine Ge 


“1Èa) Chéôdét, fuivant M. de la Borde, à Surimam, la femelle du 
crocodile {e tient toujours à une certaine diftance de fes œufs, qu'elle 
garde, pour ainfi dire, & qu'elle défend avec une forte de fureur , . 
lorfqu'on veut y toucher. | 


& 


(d) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline, &c. vol. 2 ; page 63 


DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 91II 


crocodiles, pour favoir précifément quelle eft la durée 
de leur vie; mais on peut conclure qu’elle eft 
trés-longue, d'après lobfervation fuivante, que M. le 
Vicomte de Fontange, Commandant pour le Roi dans 
VIfle Saint - Domingue , a eu la bonté de me com- 
muniquer. M. de Fontange a pris à Saint-Domingue 
de jeunes crocodiles qu'il a vus fortir de l'œuf; il les 
a nourris , & a eflayé de les amener vivans en France; 
le froid qu'ils ont éprouvé dans la traverfée, les a 
fait périr. Ces animaux avoient déjà vingt-fix mois, 
& ils n'avoient encore qu’à-peu-près vingt pouces de 
longueur. On devroit donc compter vingt-fix mois 
d'âge pour chaque vingt pouces que l’on trouveroit 
dans la longueur des grands crocodiles, fi leur accroiffe. 
ment fe faifoit toujours fuivant la même proportion; 
mais, dans prefque tous les animaux, le dévelop- 
pement eft plus confdérable dans les premiers tems 
de leur vie. L'on peut donc croire qu'il faudroit 
fuppofer bien plus de vingt-fix mois pour chaque 
vingt pouces de la longueur d'un crocodile. Ne 
comptons cependant que ving-fix mois, parce qu'on 
pourroit dire que, lorfque les animaux ne Jouifient 
pas d’une liberté entière, leur accroiflement eft re- 
tardé, & nous trouverons qu'un crocodile de vingt. 
cinq pieds, n’a pu atteindre à tout fon développe- 
ment qu'au bout de trente-deux ans & demi, Cette 
lenteur dans le développement du crocodile, eft con 
| D di 


213 Hrsrorre NATURELLE 

fiimée par lobfervation des Miffionnaires mathémati- 
ciens que Louis XIV envoya dans l'Orient, & qui 
ayant gardé un er a crocodile en vie pendant 
deux mois, remarquèrent que fes dimenfions n'avoient 
pas augmenté, tas ce tems, d’une manière fen- 
fible (e). Cette même lenteur a fait naître, fans 
doute, l'erreur d’Ariftote & de Pline, qui penfoient 
que lé crocodile croifloit jufqu'à fa mort; & elle 
prouve combien la vie de cet animal peut être 
longue. Le crocodile habitant en effet au milieu des 
‘eaux, prefque autant que les tortues marines, n'étant 
pas revêtu d'une croûte plus dure qu'une carapace, 
& croiffant PE bien plus de tems que la tortue fran- 
che , qui paroît être entièrement développée après 
vingt ans, ne doit-il pas vivre plus long-tems que cette 


grande tortue, qui cependant vit plus d'un fiècle? 
Le crocodile fréquente de préférence les rives des 
grands fleuves, dont les eaux furmontent fouvent leurs 
bords, & qui, couvertes d’une vafe limonneufe, offrent 
en plus grande abondance les teftacées , les vers, les 
grenouilles & les lézards dont il fe nourrit (f). Il 


(e) Mémoires pour fervir à l'Hif. naturelle des animaux, tome 3: 
(f) « Les crocodiles de l'Amérique feptentrionale fréquentent non 


® feulement les rivières falées proche de la mer, mais aufli le courant 
s des eaux douces plus avant, dans les terres, & les lacs d'eaux falées & 


Une carapa 
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Aems que & 
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ont Jouve: 
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e nou | 


DES QUADRUPÉDES OFIPARES., 213 


fe plaît fur-tout dans PAmérique méridionale (#), au 


milieu des lacs marécageux , & des favanes noyées, 
Catefby, dans fon Hiftoire naturelle de la Caroline (4), 
nous repréfente les bords fangeux , baignés par les 
eaux falées, comme couverts de forêts épaifles d’ar- 
bres de banianes, parmi lefquels des crocodiles vont 
fe cacher. Les plus petits s’enfoncent dans des buiffons 
épais, où les plus grands ne peuvent pénétrer , & où 
ils font à couvert de leurs dents meurtrières, Ces bois 
aquatiques font remplis de poiflons deftructeurs, & 
d'autres animaux qui fe dévorent les uns les autres. 
On y rencontre aufh\ de grandes tortues; mais elles 
font le plus fouvent la proie de ces poiflons carna- 
ciers, qui, à leur tour, fervent d’aliment aux cro- 
codiles, plus puiffans qu'eux tous. Ces forêts noyées 
préfentent les débris de cette forte de carnage, & 
Yon y voit flotter des reftes de carcafles d'animaux 
à demi- dévorés. C’eft dans ces terrains fangeux, que 


\ 
couvert de boue, & reflemblant à un arbre renverté, 


il attend immobile, & avec la patience que doit 


d'eaux douces. Ils fe tiennent cachés fur leurs bords, parmi les ro-ce 
feaux, pour furprendre le bétail & les autres animaux. » Cathy, 
Hifloire naturelle de la Caroline, vol. à , page 63. 


{g) Obféryvutions communiquées par M. de la Borde, 


(k) Catefby , vol. à , page 63. 


214  Hrsrorre NATURELLE 


lui donner la froideur de fon fang, le moment fa. 
vorable de faïfir fa proie. Sa couleur, à forme alongée, 
fon filence trompent les Paie les oifeaux de mer, 
les tortues, dont il eft très- avide. Il sélance auf 
fur les beliers, les cochons (i), & même fur les 
bœufs : lorfqu’il nage, en fuivant le cours de quelque 
grand fleuve , il arrive fouvent qu’il n’élève au-defüs 
de l’eau que la partie fupérieure de fa tête; dans 
cette attitude, qui lui laïfle la liberté des yeux, il 
cherche à prends les grands animaux qui s'ap- 
prochent de l’une ou de l'autre rive; & lorfqu'il en 
voit quelqu'un qui vient pour y boire, il plonge, va 
jufqu'à lui en nageant entre deux eaux, le faifit par 
les jambes, & l’entraîne au large pour Fy noyer. Si 
la faim le preffe, il dévore auffi les hommes (k), & 

particulièrement les Nègres, fur lefquels on a écrit 
qu'il fe jette de préférence (1). Les très - grands 
crocodiles fur-tout#ayant befoin de plus d’alimens, 
pouvant être apperçus & évités plus facilement par 


(2) Cotefby, Hifloire naturelle de la Caroline , vol, 2, page 63: 


(#) Dans l'Egypte fupérieure, ils dévorent très-fouvent les femmes 
qui viennent puifer de Feau dans le Nil, & les enfans qui fe jouent 
fur le bord du fleuve. Haffèlquifr, Voyage en Palefline, page 347. 


(1) Obférvations fur le crocodile de la Louifiane, par M. de la 
Coudrenière, , Journal de Payfi que , 1782. 


tu, 
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 215 
les petits animaux, doivent éprouver plus fouvent & 
plus violemment le tourment de la faim, & par con- 
féquent être quelquefois très-dangereux, principale- 
ment dans l’eau. C’eft en effet dans cet élément que 
le crocodile jouit de toute fa force, & qu'il {e remue 
avec agilité, malgré fa lourde maffe , en faifant fouvent 
entendre une efpèce de murmure fourd & confus. 
S'il a de la peine à fe tourner avec promptitude, 
à caufe de la longueur de fon corps, c'eft toujours 
avec la plus grande vitefle qu'il fend l’eau devant lui 
pour fe précipiter fur fa proie: il la renverfe d'un 
coup de fa queue raboteufe , la faifit avec fes griffes, 


la déchire, ou la partage en ie avec fes dents fortes 


& po & l’engloutit dans une gueule énorme, 
qui s'ouvre jufqu' au-delà des oreilles pour la recevoir. 
Lorfqu’il eft à terre, il eft plus embarraflé dans fes 


mouvemens, & par conféquent moins à craindre pour 
les animaux quil pourfuit: mais, quoique moins agile 
que dans l’eau, il avance très-vite, quand le chemin 
eft droit, & le terrain uni. Auf, lorfqu'on veut lui 


ane , doit-on fe détourner . cefle. On lit dans 
la defcription de la nouvelle Efpagne (m1), qu'un 
voyageur Anglois fut pourfuivi avec tant de vitefle 
par un monftrueux crocodile forti du lac de Nicaragua, 


(m) Hifloire générale des Voyages, 5° Partie. 


216 _Mrsrorrze NATURELLE. 
que files Efpagnols qui l’'accompagnoient ne lui euffent 
crié de quitter le chemin battu, & de marcher en 
tournoyant, il auroit été la proie de ce terrible animal, 
Dans l'Amérique méridionale, fuivant M. de la Borde, 
les grands crocodiles fortent = fleuves plus rarement 
que les petits; l’eau des lacs qu'ils fréquentent venant 
quelquefois à as ’évaporer, ils demeurent fouvent pendant 
quelques mois à fec, fans pouvoir regagner aucune 
rivière, vivant de gibier, ou fe paflant de nourriture, 
& étant alors très-dangereux. s: 
Il y a peu d’endroits peuplés de crocodiles un peu 
gros , où l’on puiffe tomber dans l’eau, fans rifquer 
de perdre la vie (n). Ils ont pendant la 
nuit, grimpé ou fauté dans des canots, dans lefquels 
on étoit endormi, & ils en ont dévoré tous les paf 
fagers. Il faut veiller avec foin lorfqu'on fe trouve 
le long des rivages habités par ces animaux, M. de 
la Borde en a vu fe dreffer contre les très - petits 


7 


(n) « Les crocodiles font plus dangereux dans la grande rivière de 
5 Macaflar, que dans aucune autre rivière de l'Orient : ces monftres ne 
#fe bornent point à faire la guerre aux poifons, s’affemblent quelque- 
# fois en troupes, & fe tiennent cachés au fond de l'eau, > pour attendre 
sle pañge des petits bâtimens. Ils les arrêtent , & fe fervant de leur. 
s2queue comme d'un croc, ils les renverfent & fe jettent fur les hom- 


mes & les animaux, qu ‘ils entraînent dans leurs retraites.» DefCription 
de l'Ile Célebes , ou Macaffar. Hi ife, era des Voyages , LOIRE 39» 
page 248 , édit. in-72 


entent 1e 


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ans lelqu 
tous Les jé 
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maux, Me 


RE 


DES QUADRUPÈDES OFIPARFS. 219 


bâtimens. Au refte, en comparant les relations des 


Voyageurs, il paroît que la voracité & la hardiefle 
des crocodiles augmentent , diminuent , & même pañlent 
entièrement, fuivant le climat, la taille , l'âge, l’état 
de ces animaux, la nature, & fur-tout l'abondance 
de leurs alimens. La faim peut quelquefois les forcer 


à fe nourrir d'animaux de leur efpèce, ainfi que nous 


l'avons dit; & lorfqu'un extrême befoin les domine, 
le plus foible devient la vidtime du plus fort; mais, 
d'après tout ce que nous avons expofé , lon ne doit 
point penfer, avec quelques Naturaliftes que la fe- 
melle du crocodile conduit à l’eau fes petits lorf- 
qu'ils font éclos, & que le mâle & la femelle dévorent 
ceux qui ne peuvent pas fe traîner, Nous avons vu 
que la chaleur du foleil ou de l’atmofphère faifoit 
éclore leurs œufs ; que les petits alloient d'eux-mêmes 
à la mer; & les crocodiles métant jamais cruels que 
pour aflouvir une faim plus cruelle , ne doivent 
point être accufés de l’efpèce de choix barbare qu'on 
leur a imputé, G | | 

Malgré la diverfité des alimens que recherche le 
crocodile ; la facilité que la lenteur de fa marche 
donne à plufieurs animaux pour léviter , le contraint 
quelquefois à demeurer beaucoup de tems & même 


… plufieurs mois fans manger (o) : il avale alors de 


(o} Brown dit que l'on à obfervé plufeurs fois des crocodiles qui 


Ovipares, Tome I, E ç 


018 Hrsrorre NATURELLE 


petites pierres & de petits morceaux de bois capables 
d'empêcher fes inteftins de fe reflerrer (p). 

I paroït, par les récits des Voyageurs, que les croco 
diles, qui vivent près de l'équateur , ne s’'engourdiflent 
dans aucun tems de année ; mais ceux qui habitent 
vers les tropiques ou à des latitudes plus élevées, fe 
retirent , lorfque le froid arrive, dans des antres pro- 
fonds auprès des rivages, & y font pendant l'hiver dans 
un état de torpeur. Pline a écrit que les Crocodiles 
pafloient quatre mois de Phiver dans des cavernes, & 
fans nourriture , ce qui fuppofe que les crocodiles du 
nil qui étoient les mieux connus des anciens, sen- 
gourdifloient pendant la faifon du froid (q). En Amé- 
rique à une latitude aufñ élevée que celle de l'Egypte, 
& par conféquent fous une température moins chaude, 
le nouveau continent étant plus froid que l’ancien , les 
crocodiles font engourdis pendant l'hiver. Ils fortent 


ont vécu plufeurs mois fans prendre de nourriture, & qu'on s'en eft 
afluré, en leur liant le mufeau avec un fil de métal, & en les laiffant 
ainfi liés dans des étangs, où ils venoient de tems en temms à la furface 


‘de Peau pour refpirer. Hifloire naturelle de la Jamaïque, page 461. 
(p) Brown, Hifloire naturelle de la Jarmaïgue , page 461. 


(q) Pline, Liy. VIII, Chap. xxxy111. L'engourdiflement des 
crocodiles paroît encore indiqué par ce que dit Pline, Livre XI, 
Chapitre Lcr, 


(4). En 
Le de lEzr 


moins che 


DES QuADruPÈDES OFIPARES. D19 
dans la Caroline de cet état de fommeil profond en 
faifant entendre , dit Catefby , des mugiflemens horri- 
bles qui retentiflent au loin (r). Les rivages habités 
par ces animaux , peuvent être entourés d’échos qui 
réfléchiffent les fons fourds formés par ces grands Qua- 
drupèdes ovipares & en augmentent la force de ma- 
nière à juftifier, jufqu'à un certain point , le récit de 
Catefby. D'ailleurs M. de la Coudrenière dit que, dans 
la Louifiane , le cri de ces animaux n’eft jamais répété 
plufeurs fois de fuite, mais que leur voix eft auffi forte 


que celle d’un taureau (s). Le Capitaine Jobfon aflure 


aufh que les crocodiles, qui font en grand nombre dans 
la rivière de Gambie en Afrique, & que les Nègres 
appellent Bumbos , y pouflent des cris que l’on entend 
de fort loin: ce Voyageur ajoute que l'on diroit que 
ces cris fortent du fond d’un puits ; ce qui fuppofe, dans 
la voix du crocodile, beaucoup de tons graves qui la 
rapprochent d’un mugiffement bas & comme étoufté (4). 
Et enfin le témoignage de M. de la Borde que nous 
avons déja cité, vient encore ici à l'appui de laffer- 
tion de Catefby, 


EP) Catefby » Hifi. naturelle de la Caroline, vol. à, page 62. 

(s) OË/érvations ur le crocodile de la Louifiane. Journal de Phyfique, 
PER INA | : | | 

(t) Voyage du Capitaine Jobfon à la rivière de Gambie. Hifi. gér: 
des Voyages , Livre VIT. 


Eci 


ra 


220 Hisrorre NATURELLE 


a 


Si le crocodile s’engourdit à de hautes latitudes 
comme les autres Quadrupèdes ovipares, fa couver- 


ture écailleufe n’eft point de nature à être altérée par 


le froid & la difette , ainfi que la peau du plus grand 
nombre de ces animaux ; & il ne fe dépouille pas 
comme ces derniers. 

Dans tous les pays où l’homme n’eft pas en aflez 
grand nombre pour le contraindre à vivre difperfé, il 
va par Hugo nombreufes ; M. Adanfon a vu, fur la 
grande rivière du Sénégal, des crocodiles réunis au nom- 
bre de plus de deux cens, CSP ‘enfemble la tête 
hors de l’eau, & fon blar à un grand nombre de 


troncs d'arbres, à une forêt que les flots entraîneroient. 


Mais cet attroupement des crocodiles n’eft point le 
réfultat d’un inftin heureux : ils ne fe reffemblent pas 
comme les caftors pour s'occuper en commun de tra- 
vaux combinés ; leurs talens ne font pas augmentés 
par limitation , ni leurs forces par le concert ; ils ne 
fe recherchent pas comme les phoques & les laman- 
tins par une forte d'aflection mutuelle , mais ils fe réu- 
niflent , parce que des appétits femblables les attirent 
dans les mêmes endroits: cette habitude d’être enfemble 
eft cependant une nouvelle preuve du peu de cruauté 
que l’on doit attribuer aux crocodiles; & ce qui con- 
firme qu'ils ne font pas féroces , c’eft la flexibilité de 


leur naturel. On eft' parvenu à dé apprivoifer. Dans 


lille de Bouton, aux Moluques, on. engraifle mé 


CNT 
être lé, 
du je 
* épuil 


À pas a 

Îvre die 

on à nu 

réunis au 
femble Lx 
1d nombre 
entrainetoi 
nel pui 
effemblet 
mmun de! 


ps a 


oncert; À 
& les 


DES QvAaDRUPÈDES OVIPARES D21 
ans de ces animaux devenus par-là en quelque forte 
domeftiques ; dans d’autres paÿs, on les nourrit par of- 
tentation. Sur la côte des efclaves en Afrique, le Roï 


de Saba à par magnificence deux étangs remplis de 


crocodiles. Dans la rivière de Rio-San- Domingo égale- 
ment près des côtes occidentales de l'Afrique, où les 
habitans prennent foin de les nourrir , des enfans ofent, 
dit-on, jouer avec ces monftrueux animaux (u). Les 
anciens connoifloient cette facilité avec laquelle le 
crocodile fe laïfle apprivoifer : Ariftote a dit qué, pour 
y parvenir , il fufhfoit de lui donner une nourriture 
abondante , dont le défaut feul peut le rendre très 
dangereux (v). FSI 


(u) « On à remarqué , avec étonnement, dans la rivière de Rio-San- 


Domingo, que les caymans, ou les crocodiles, qui font ordinaire-ce 
ment des animaux fi terribles, ne nuifent ici à perfonne. Les enfansce 


en font leur jouet, jufqu’à leur monter fur le dos, & les battre même ce 


fans en recevoir aucune marque de reflentiment. Cette douceur ec 
leur vient peut-être du foin que Les hahitans prennent de lesc 
nourrir & de les bien traiter. Dans toutes les autres parties de lA-ce 
frique , ils fe jettent indifféremment fur les hommes & fur les ani-ce 
maux, Cependant il fe trouve des Nègres affez hardis pour les atta- cé 
quer à coup de poignard. Un Laptôt du Fort Saint-Louis; s’en fifoité 
tous les jours un amufement , qui lui avoit long-tems réuffi ; fais ilce 
reçut enfin tant de bleffures dans ce combat ; que fans Le fecours de “ 
{es compagnons, il auroit perdu la vie entre les dents du monftre. 5 
Voyage du fieur Brue aux Ifles de Biffäo , &c. Hif. gén. des Voyages: 
{v) M. de R Borde a vu, à Cayenne , des caymans confervés avez 


EN 


222 Hrsrorre Narurzizer 

Mais fi le crocodile n’a pas la cruauté des chiens de 
mer & de plufieurs autres animaux de proie , avec 
lefquels il à plufeurs rapports, & qui vivent comme 
lui au milieu des eaux, il n’a pas aflez de chaleur 
intérieure pour avoir la fierté de leur courage : auffi 
Pline a-t-il écrit qu'il fuit devant ceux qui le pour- 
fuivent, qu'il fe laiffle même gouverner par les hommes 
aflez hardis pour fe jeter fur fon dos, & qu'il n'eft 
redoutable que pour ceux qui fuyent dns ui (x). 
Cela pourroit être vrai des crocodiles que Pline ne 
connoifloit point, qui fe trouvent dans certains endroits 
de l'Amérique, & qui, comme tous les autres grands 
animaux de ces contrées nouvelles où l'humidité l’em— 
porte fur la chaleur, ont moins de courage & de force 
_que les animaux qui les repréfentent dans les pays fecs de 


des tortues dans un baflin plein d'eau. Ils y vivent long-teras fans faire 
même aucun mal aux tortues. On les nourrit avec les reftes des cuifines, 
Note communiquée par M. de la Borde, 


(x) Pline, Hifloire naturelle, Livre VIIT, Chap. xxxXV 111. 

On peut aufli voir, dans Profper Alpin, ce qu’il raconte de la ma: 
nière dont les payfans d'Egypte faifioient un crocodile, lui lioient 
la gueule & les pattes, le portoient à des acheteurs, le faifoient mar- 
cher quelque tems devant eux après l'avoir délié, rattachoient enfuite 
fes pattes & fa gueule, l'égorgeoient pour le dépouiller , &c. Prof- 
per Alpin, Hifl. naturelle de l'Egypte, à che 21764 ind" (ONE 4 à 
Chapitre y. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 222 
Vancien continent (y) ; & cette chaleur eft fi nécef- 
faire aux crocodiles que non-feulement ils vivent avec 
peine dans les climats très-tempérés (7) , mais encore 
que leur grandeur diminue à mefure qu’ils habitent des 
latitudes élevées. On les rencontre cependant dans les 
deux mondes à plufieurs degrés au-deffus des tropi- 
ques (a) : lon a même trouvé des pétrifications de 


Los, oo 


(y) ce Dans l'Amérique méridionale, aux environs de Cayenne , les 
Nègres prennent quelquefois de petits caymans , de cinq à fix pieds ce 
de long. Ils leur attachent les pattes, & ces animaux fe laiffent alorsce 
manier & porter, même fans menacer de mordre. Les plus prudensce 
Jeur attachent les deux mâchoires, ou leur mettent une grofle lame «« 
dans la gueule. Mais dans certaines rivières de Saint-Domingue , où lece 
crocodile ou cayman eft aflez doux, les Nègres le pourfuivent ; l’a-ce 
nimal cache fa tête, & une partie de fon corps, dans un trou. Once 
pale un nœud coulant, fait avec une grofle corde, à une de fesce 
pattes de derrière; plufeurs Nègres le tirent enfuite, & le traînent ce 
par-tout jufque dans les mailons ‘fans qu’il témoigne la moindre enviecs 


de fe défendre. » Note communiquée par M. de Le Borde. 


(x) Mémoires pour fervir à PHifloire naturelle des animaux , 


article du crocodile 


(a) 6e Les rivières de la Corée font fouvent infeftles de crocodiles ; 
ou alligators, qui ont quelquefois dix-huit ou vingt aunes de long. 13 
Relation de Hamel, Hollandois, & deftription de la Corée. Hi Hi 
générale des Voyages , tome 24, page 244, in-12. 1749. 

Les rivages de la terre des Papous, font aufi peuplés de crocodiles. 
Voyage de Fernand Mendez Pinto, Hifloire générale des Voyages , 
Jeconde partie, Livre IL 


| ü | 
22A HirsrTorre NATURELLE 


crocodiles à plus de cinquante pieds fous terre dans les 
mines de Thuringe ainfi qu’en Angleterre (b) ; mais 
ce n’eft pas ici le lieu d'examiner le TDR de ces 
offemens fofliles avec les révolutions qu'ont éprouvées 
les diverfes parties du globe. 

Quelque redoutable que paroifle le crocodile, les 
Nègres des environs du Sénégal ofent l’attaquer pen- 


Dampier a rencontré des alligators fur les côtes de l’Ifle de Timor. 
Voyage de Guillaume Dampier aux terres Auffrales. 

«ya beaucoup de crocodiles dans le continent de P Amérique; 
s dix degrés plus avant vers le nord que le tropique du Cancer, par- 
sticulièrement aufli loin que la rivière Neus dans la Caroline fepten- 
»trionale, environ au trente-troifième degré de latitude : je n'ai jamais 
out parler d'aucun de ces animaux au-delà. Cette latitude répond à- 
»peu-près aux parties de l'Afrique les plus feptentrionales, où on en. 
strouve aufii. 2» CateJby , Hifi. nat. de la Caroline, vol. 2, , page 63. 

5 Les crocodiles font fort communs dans tout le cours de l'Amazone, 
s»& même dans la plupart des rivières que l’Amazone reçoit. On aflura 
5 M. de la Condamine qu'il s'y en trouve de vingt pieds de long, & 
2»même de plus grands. Il en avoit déjà vu un grand nombre, de 
» douze, quinze pieds & plus, fur la rivière de Guyaquil. Comme ceux 
5 de PAmazone font moins chaflés & moins pourfuivis, ils craignent 
3) peu les hommes. Dans le terus des inondations, ils entrent quelque- 
32 fois dans les cabanes des Endiens. >>. Hi iffoire générale des Voyages, 
fomne 53, pas 439 » Fr 4 in-22. : 


(3) On a découvert dans l: province de Nortingam , le ljuelette | 
entier d'un crocodile. Bibliothèque angiotfe , tome 6, page 406. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 9225 
dant qu'il eft endormi, & tâchent de le furprendre 
dans des endroits où il n’a pas aflez d’eau pour nager; 
ils vont à lui audacieufement, le bras gauche enveloppé 
dans un cuir ; ils attenient à coups de lance ow 


de zagaye ; ils le percent de plufeurs COUPS AU go 


fier & dans les yeux; ils lui ouvrent la gueule, la 


tiennent fous l’eau, & l’'empêchent de fe fermer en 


plaçant leur zagaye entre les mâchoires, jufqu'à ce 
que le crocodile foit fuffoqué par l’eau qu'il avale 
en trop grande quantité (c). 

En Egypte, on creufe fur les traces de cet animal 
démefuré un foflé profond, que l'on couvre de bran- 


(c) Labat, vol. 2, page 337. 

6 Un de mes Nègres tua un crocodile de fept pieds de long : il 
lavoit apperçu endormi dans les brouflilles, au pied d’un arbre, furce 
le bord d’une rivière. Il s’en approcha, aflez doucement pour ne lecc 
pas éveiller, & lui porta fort adroitement un coup de couteau dansce 
le côté du col, au défaut des os de la tête & des écailles, & lecc 
perça, à peu de chofe près, de part en part. L'animal, blefé à mort ,ce . 
fe repliant fac lui-même, quoiqu'avec peine, frappa les jambes duce 
Nègre d’un coup de fa queue, qui fut fi violent, qu'il le renverface 
par terre. Celui-ci, fans lâcher prife, fe releya dans l'inftant , &, afin dece 
n'avoir rien à craindre de la gueule meurtrière du crocodile , il l’en-ce 
veloppa d'une pagne, pendant que fon camarade lui retenoit la queue : œ 


_ je lui montai auffi fur le corps pour l'aflujettir, Alors le Nègre retira 


fon couteau, & lui coupa la tête, qu'il fépara du tronc. » Voyage de 
M. Adanfon au Sénégal, page 148. 


Ovipares, Tome I. FÉ 


006  Hisrorre NATUREELE 

chages & de terre; on effraie enfuite à grands cris 
le crocodile qui , reprenant pour aller à la mer le 
chemin qu'il avoit fuivi pour s'écarter de fes bords, 
pañle fur la fofle, y tombe, & y eft aflommé ou 
pris dans des filets. D'autres attachent une forte corde 
par une extrémité à un gros arbre; ils lient à l’autre 
bout un crochet & un agneau, dont les cris attirent 
le crocodile, qui, en voulant enlever cet appas, fe 
prend au crochet par Ja gueule. À mefure qu'il s'agite, 
le crochet pénètre plus avant dans la chair: on fuit 
tous fes mouvemens en lâchant la corde, & on at- 
tend qu'il foit mort, pour le tirer du fond de Peau. 

Les Sauvages de la Floride ont une autre manière 
de le prendre; ils fe réuniflent au nombre de dix 
ou douze ; ils ‘avancent au devant du crocodile, 
qui cherclie une proie fur le rivage; ils portent un 
arbre qu'ils ont coupé par le pied ; le crocodile va 
à eux la gueule béante; mais en enfonçant leur 
arbre dans cette large gueule, ils lont bientôt ren- 
verfé & mis à mort. | ee. 

On dit auffñi qu'il y a des gens affez hardis pour 
aller en nageant jufque fous le crocodile, lui percer 
la peau du ventre, qui eft prefque le feul endroit où 
le fer puifle pénétrer. : | | 

Mais l’homme n’eft pas le feul ennemi que le cro- 
codile ait à craindre: les tigres en font leur proie: 
Yhippopotame le pourfuit, & il eft pour lui d'autant 


mbre de { 
du crocoli 


s pate 


» crocodk 


# 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. Dar 


” plus dangereux, qu'il peut le fuivre avec acharnement 


jufqu'au fond de la mer. Les Cougars, quoique plus 
foibles que les tigres, détruifent aufi un grand nombre 
de crocodiles ; ils attaquent les jeunes caymans ; ils 
les attendent en embufcade fur le bord des grands 
fleuves, les faififfent au moment qu'ils montrent la 


tête hors de l’eau. & les dévorent. Mais lorfawils 
; OTiq | 


en rencontrent de gros & de forts, ils font attaqués 
à leur tour ; envain ils enfoncent leurs griffes dans les 
yeux du crocodile, cet énorme lézard, plus vigoureux 
qu'eux, les entraîne au fond de l’eau (d), 

Sans ce grand nombre d'ennemis, un animal aufli 
fécond que le crocodile feroit trop multiplié; tous les 
rivages des grands fleuves des zones torrides feroient 
infeftés par ces animaux monftrueux, qui deviendroient 
bientôt féroces & cruels, par l’impofhbilité où ils feroient 
de trouver aifément leur nourriture. Puiffans par leurs 
armes, plus puiflans par leur multitude, ils auroient 
bientôt éloigné l’homme de ces terres fécondes & nou- 
velles que ce Roi de la Nature a quelquefois bien de la 


peine à leur difputer : car comment réfifter à tout ce qui. 


donne le pouvoir, à la grandeur, aux armes, à la 


force & au nombre. Profper Alpin dit qu'en Egypte, 
les plus grands crocodiles fuyent le voilinage de 


(4) Hifloire générale des Voyages , tome 53, page 440 , édit. in-12 
| _ F fi 


2 Dr LE AA M 


220 Hirsrorrz NATURAILIE 

l’homme, & fe tiennent fur les rivages du Nil, aus 
deflus de Memphis (e). Mais, dans les pays moins 
peuplés, il ne doit pas en être de même; ils font 
fi abondans dans les grandes rivières de lAmazone 
& d'Oyapoc, dans la baie de Vincent Pinçon, & 
dans les lacs qui y communiquent, qu'ils y gènent, 
par leur multitude, la navigation des pyrogues; îls 
fuivent ces légers bâtimens, fans cependant eflayer de 
les renverfer, & fans attaquer les hommes: il eft 
quelquefois aifé de les écarter à coups de rames, 
lorfqu'ils ne font pas très-grands (f). Mais M. de la 
Borde raconte que naviguant dans un canot, le long 
des rivages orientaux de l'Amérique méridionale , il 
rencontra une douzaine de gros caymans à l’embou= 
chure d'une petite rivière dans laquelle il vouloit 
entrer ; il leur tira plufeurs coups de fufl, fans 
qu'ils chanel de place ; il fut tenté Fe faire 
pafler fon canot par-deffus ces animaux; il fut 
arrêté cependant , par la crainte qu'ils ne fiflent 
chavirer fon petit bâtiment, & qu'ils ne le dévo- 


(e) On y en rencontre, fuivant cet Auteur’, de trente coudées de long: 
Fifloire naturelle de l'Egypte, par Profper Alpin, tome 1, Chap. w+ 

(f) Note communiquée par M. le Cheyalier de Widerfpach , a 
Poñdant du Cabinet de Sa Majelté.. 


DES QvAnrurËDes OVIPARES, 250 
raffent lorfqu'il feroit tombé dans l’eau. Il fut obligé 
d'attendre près de deux heures, après lefquelles les 
caymans séloignèrent, & lui laifièrent le paflage 
libre (£): 

Héureufement un grand nombre de crocodiles, font 
détruits avant d’éclore. Indépendamment des ennemis 
puiflans dont nous avons déja parlé, des animaux trop 
foibles pour ne pas fuir à lafpect de ces grands lézards, 
cherchent leurs œufs fur lès rivages où ils les dépofent : 
la mangoufte, les finges, les fagouins; les fapajous & 
plufieurs efpèces d’ Ses d'eau, sen nourriflent avec 
avidité (A), & en caflent même un très-grand nombre ; 
en quelque forte, pour le plaifir de fe jouer. 

Ces mêmes a ainfi que la chair du crocodile, 
fur-tout celle de la queue & du bas-ventre, ni 
de nourriture aux Nègres de l'Afrique, ainf qu'à certains 
peuples de l'Inde & de l'Amérique (à). Ils trouvent déli- 


cate & fucculente cette chair qui eft très-blanche; mais 
il paroït que prefque tous les Européens qui ont voulu 


en manger, ont été rebutés par l'odeur de mufc dont 


(g) Note communiquée par M. de la Borde. 


(4) Defcription de lIfle Jpagnok. Hifloire général des re 
troifième Partie, Livre V. 


(2) Catefby , Hifioire naturelle de la Caroline, vol, 2, page 6% 


| 


éd # 
L 
NS a 


_ a mnt de titres st me ea NE 


230 Hisrorre NATURELIS 


elle eft imprégnée. M. Adanfon cependant dit qu'il 
goûta celle d'un pue crocodile , tué fous fes yeux 
au Sénégal, & qu'il ne la trouva pas mauvaile. Au 
refte , la faveur de cette chair doit varier beaucoup 
 fuivant l'âge , la nourriture & l'état de l'animal. 

On trouve quelquefois des bézoards dans le corps 
des crocodiles, ainfi que dans celui de plufeurs autres 
lézards. Séba, avoit dans fa collection, plufieurs de ces 
bézoards qui lui avoient été envoyés d'Amboine & de 
Ceylan; les plus grands étoient gros comme un œuf 
de canard , mais un peu plus longs, & leur furface 
préfentoit des éminences de la most des plus petits 
grains de poivre. Ces concrétions étoient conrpofées 
comme tous les bézoards, de couches placées au-deflus 
les unes des autres ; leur couleur étoit marbrée & d'un 
cendré obfcur plus ou moins mêlé de blanc (k). 

Les anciens Romains ont été long-tems fans con- 
noître les crocodiles par eux-mêmes : ce n’eit que cin- 
quante-huit ans avant l'Ere chrétienne , que PEdile 

 Scaurus en montra cinq au peuple (/). Augufte lui 
en fit voir un grand nombre vivans, contre lefquels 


Pi 


(#4) Séba, vol. 2, Page 139: 
(4) Pline, Livre WITI, Chap. xx 


DES QuUADRUPÈDES OVFIPARES. 231 


il fit combattre des hommes. Héliogabale en nourrifloit. 


Les tyrans du monde faifoient venir à grands frais de 


l'Afrique ; des crocodiles , des tigres, des lions : ils 
S ’emprefloient de réunir A d'eux ce que la terre 
paroït nourrir de plus féroce. 

Les crocodiles étoient donc, pour les Romains & 
d'autres anciens peuples, des animaux très-redoutables: 
ils venoient de loin : il n’eft pas furprenant qu'on leur 
ait attribué des vertus extraordinaires. Il nya pref- 
de aucune partie dans les crocodiles , à laquelle on 
n'ait attaché la vertu de guérir quelque maladie. Leurs 
dents (m), leurs écailles, leur chair , leurs inteftins, tout 
en étoit merveilleux (7). On fit es dans Be pays 


natal. Ils y infpiroient une grande terreur; ils y répan- 


doient quelquefois le ravage ; la crainte dégrada la 
raifon , on en fit des Dieux ; on leur donna des Prêtres ; 
la ville d'Arcinoë leur fut confacrée (o) ; on renfer- 


(m2) Pline, Livre XXVIIL, Chap. xxyrrr. 


(nr) Voyez, dans le voyage en Paleftine-d'Haffelquift, page 347, 
y yag q pag 
quelles propriétés vraies ou faufles, les Egyptiens & les Arabes attri- 
buent encore au fiel, à la graifle, & aux yeux des crocodiles. 

8 : 


(o) Encyclopédie méthodique. Didionnaire d'antiquités, par M. l'abbé 
Mongez l'ainé, Garde du Cabinet d'Antiques © d'Hifloire naturelle de 
Sainte-Genevièye , de l'Académie des Infcriptions , &c. 


pie > Hrsrorre NATURELLE 

. moit religieufement leurs cadavres dans de hautes Pyra+ 

mides, auprès des tombeaux des Rois; & maintenant 

dans ce même pays, où on les adoroit il y a deux mille 

ans, on a mis leur tête à prix; & telle cit la vicifitude 
des opinions humaines. E 


LE CROCODILE 


auf 


LE CROCODILE NOIR. 


SECONDE ESPÈCE, 


Ceres SECONDE ESPÈCE diflère de la premiére, 
en ce que fa couleur eft prefque noire au lieu d’être 
verdâtre ou bronzée comme celle des crocodiles du 
Nil; c'eft M. Adanfon qui a fait connoître ces croco- 
diles noirs, qu'ila vus fur la grande rivière du Sénégal (a). 
Leurs mâchoires font plus alongées que celles des alli- 
gators ou crocodiles proprement dits. Ils font d’ailleurs 
plus carnaciers que ces derniers, & pourroient par con- 
féquent en différer aufli par des caractères intérieurs , 
la diverfité des mœurs étant très-fouvent fondée fur celle 
de l’organifation interne. L’on ne peut pas dire qu’ils 
font de la même efpèce que le crocodile du Nil, qui 
auroit fubi dans fa couleur , & dans quelques parties 
de fon corps, l'influence du climat, puifque, fuivant le 
même M. Adanfon, la rivière du Sénégal nourrit auffi 
un grand nombre de crocodiles verts, entièrement fem 


(a) Voyage au Sénégal, par M. Adanfon, page 73. 
Ovipares, Tome I, | (CE 


234 Hrisrorre Narurezzrz 


blables à ceux d'Egypte. Non-feulement on n’a point 
encore obfervé ces crocodiles noirs dans le nouveau 
monde ; mais aucun voyageur n'en a parlé que 
M. Adanfon, & ce favant Naturalifte ne les a trouvés 
que fur le grand fleuve du Sénégal. 


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LE GA V FT Ars 
« LE CROCODILE A MACHOIRES ALONGÉES, 
TROISIÈME ESP ËÈ.CE. 


Cerre TROISIÈME ESPÈCE de crocodile fe 
trouve dans les grandes Indes : elle y habite les bords 
du Gange, où on l’a nommée Gavial ; elle reflemble 
aux crocodiles du Nil par la couleur, & par les carac- 
tères généraux & diftinctifs dés crocodiles. Le Gavial 
a , comme les alligators , cinq doigts aux pieds de 
devant, & quatre doigts aux pieds de derrière ; il n’a 
d'ongle qu’aux trois doigts intérieurs de chaque pied ; 
mais il diffère des crocodiles d'Egypte, par des carac- 
tères particuliers & très-fenfbles. Ses mâchoires font 
plus alongées & beaucoup plus étroites, au point de 
paroître comme une forte de long bec qui contrafte 
avec la groffeur de la tête ; les dents ne font pas iné- 


_gales en groffeur, & en longueur comme celles des cro= 


codiles proprement dits; elles font plus nombreufes , 
& l’on conferve, au Cabisie du: Roi, un. individu de 
cette efpèce , qui a environ douze pieds de long, & 
qui a cinquante-huit dents à la mâchoire fupérieure 
& cinquante à la mâchoire inférieure. 
Le nombre des bandes tranfverfales & tuberculeufes 
Ggi 


936 :: Mrsrorre NAPURÉÈLIR 
qui garniflent le deflus du corps, eft plus confidérable 
de plus d’un quart , dans les crocodiles du Gange que 
dans l’alligator ; d’ailleurs elles fe touchent toutes, 
& les écailles carrées qui les compoñfent , font plus 
relevées dans leurs bords, fans l’être autant dans leur 
centre, que celles du crocllile du Nil. Ces différences 
avec le crocodile proprement dit, font plus que fufi- 
fantes pour conftituer une efpèce diftincte. 3 
Les crocodiles du Gange (4) parviennent à une gran- 
{a) Dimenfons d'un crocodile à tête 
alongée. ‘+ d'arts Lt iee 
Éonguenr totale... ses à + . 
Éénpucurt de ER re rte. 
Longueur depuis l'entre-deux des yeux, 
jufqu'au bout du mufeau. . . . . 
Longueur de la mâchoire fupérieure. . 
Longueur de la partie de fa mâchoire qui 
Caine dd re 
Life des deuxyenm 4". Le 
Grand diamètre dé. Fil 5° 7 
Circonférence du corps à l'endroit le plus 
gros. _e e 0 e e e 9- e > e Li 
Circonférence de la tête derrière les yeux. 
Circonférence du mufeau à l'endroit le 
PAL ÉMMOES ve pe 0 
Longueur des pattes de devant juiqu au 
bout des RSS 
Longueur des pattes de derrière jufqu'au 
DOut des dotés, es en 
Longueur.dé-h queue. + 2, 0, 
Circonfeérence de la queue à fon origine. 


—+s 
> 


LE 


DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 23% 
deur très-confidérable , ainfi que ceux du Nil L'on 
peut voir, au Cabinet du Roi, une portion de mâchoire 
de ces crocodiles des grandes Indes, d’après laquelle 
nous avons trouvé que l'animal auquel elle a appartenu 
devoit avoir trente pieds dix pouces de longueur. Au 
refte, nous ne pouvons donner une idée plus nette de 
ces énormes animaux qu'en renvoyant à la figure & à 
la note précédente, où nous rapportons les principales 
dimenfions de l’individu de près de douze pieds, dont 
nous venons de parler. 

C’eft apparemment de cette efpèce qu'étoient les 
crocodiles vus par Tavernier fur les bords du Gange, 
depuis Toutipour jufqu'au bourg d’Acérat | qui eri eft 
à vingt-cinq coffes. Ce Voyageur apperçcut un très 
grand nombre de ces animaux, couchés fur le fable; 


il tira fur eux; le coup donna dans la mâchoire d’un 


grand crocodile , & fit couler du fang ; mais l’ani- 
mal fe retira dans le fleuve. Le lendemain, Taver- 
nier, en continuant de defcendre le Gange, en vit 
un auf grand nombre , également étendu fur le 
rivage ; il tira fur deux de ces animaux deux coups 
de fufil chargé à trois balles, au même inflant ‘ils fe 
renverférent fur le dos, ouvrirent la gueule, & expi- 
rèrent (b). | 

Il paroît que le Gavial n'étoit point inconnu des 


(b) Voyage de Tavernier. Hifloire générale de Voyages, Partie 2; 
Livre IL, : 


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239 Hisrorre Narurerre 


Anciens , puifqu'au rapport d'Élien , ôn difoit de fon 
tems que l’on trouvoit fur les bords du Gange des crok 
codiles qui avoient une efpèce de corne au bout du 
mufeau. Mais M. Edwards ef le premier Naturalifte 
moderne qui ait parlé du Gavial; il publia, en 1756, 

la figure & la defcription d’un dou de cette efpèce, 
dont il a comparé les mâchoires longues & étroites 
au bec du harle, & quil a nommé crocodile à bec 
aloñgé (c). Cet individu, qui piétentait tous les fignes 
d'un développement peu avancé, avoit au-deffous du 
ventre une poche ou bourfe ouverte ; nous n'avons 
trouvé aucune marque d'une poche femblable dans le 
crocodile du Gange dont nous venons de donner les 
dimenfions , ni dans un jeune crocodile de la même 
efpèce , & long de deux pieds trois pouces, qui fait 
auih partie de la collection du Cabinet du Roi. Peut- 
être cette poche s'efface-t-elle à mefure que l'animal 
grandit, & n'’eft-elle qu'un refte de l'ouverture par 


laquelle s’infère le cordon ombilical : ou peut-être l'in 
aq >; OU P 


dividu de M. Edwards étoit-il d’un fexe différent de 
ceux dont nous avons vu la dépouille, 

L'on conferve au Cabinet du Roi une portion de 
mâchoire garnie de dents, à demi-pétrifiée, renfermée 
dans une pierre calcaire trouvée aux environs de Dax 


Ce) Tranfadions philofophiques , année 1756. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 239 
en Gafcogne, & envoyée au Cabinet par M. de Borda, 


Elle nous a paru , d’après l'examen que nous en avons 
fait, avoir appartenu à un Gavial. 


2 AO Hrsrorre NATURELLE 


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LE FOUETTE-QUEUE (e). 


Le Nom de Fouette-queue a été employé par diffé 
rens Naturaliftes, pour défigner diverfes efpèces de 
lézards qui peuvent donner à leur queue des mouve- 
mens femblables à ceux d'un fouet: ce nom a été 
particuliérement appliqué au lézard dont il eft ici 
queftion, & à la dragonne dont nous parlerons dans 
Particle fuivant : il en eft réfulté une obfcurité d’au= 
tant plus grande dans les faits rapportés par les Voya- 
geurs, relativement aux lézards, que le nom de cordyle 
a été aufli donné par plufeurs Auteurs À la dragonne, 
& quenfuite le nom de Fouette - queue a été lié 
avec celui de cordyle, de manière à être attribué 
non - feulement à la dragonne, qui a réellement la pro- 
priété de faire mouvoir fa queue comme un fouet , 
mais encore à d'autres efpèces de lézards, privées de cette 
faculté, & défignées également par le nom de cordyle, 


ET 


(a) Le Fouctte-queue, M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. | 

Lacerta caudi-verbera, 2, Linn. amphib. rept. | | 

Séba, mus 1, tab. 106, fig. 2. 

Caudi-yerbera peruviana. Laurenti Jpecimen medicum , Vien. 2768; 
page 37. 


d'euillée à, page 319. 


Nous croyons 


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feurité di 
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La drague 
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DES QuapruPipes OVIPARES. DAT 


Nous croyons donc , Pour éviter toute confufion, devoir 


conferver uniquement au lézard, dont il s'agit ici, le 


nom de Fouette-queue. 


_H habite ies climats chauds de l'Amérique -méri- 
dionale, & on le trouve particulièrement au Pérou. 
Il a Re plufeurs pieds de longueur. Son dos 
eft couvert de plaques carrées & d’écailles ovales qui 
garniflent aufli fes côtés. Sa queue, qui paroît dentelée 
par les bords, & qu'il a la facilité d’agiter comme un 


fouet, l’aflimile un peu à la dragonne ; & la forme 


Marie de cette même queue, ainfi que fes pieds 
palmés , le rapprochent du crocodile, dont il eft cepen- 
dant bien aifé de le diftinguer, parce que le crocodile 
n'a que quatre doigts aux oe de derrière, tandis que 
le Fouette-queue en a cinq à chaque ed C'eft ce 
qui nous a déterminé à regarder comme un Fouette- 
queue l’animal repréfenté dans la planche cent fixième 
du premier Volume de Séba : M. Linné Fa rapporté 
au crocodile ; mais il a cinq doigts aux pieds de der- 
rière, &, d’un autre côté, il ne peut pas être confondu 
avec la dragonne , puifque fes pieds font palmés. D’ail- 
leurs Séba donne l'Amérique pour patrie à ce grand 
lézard, ce qui s’accorde fort bien avec ce que M. Linné 
bi anéme a dit de celle du Fouette-queue (4). Nous 
éroyons devoir obferver auff que le lézard repréfenté 


dans Séba , tome 1, planche 103, fioute à , & que 
RER TR ns < 
(b) M. Linné, à l'endroit déjà cité. 


Ovipares , Tome I, | H h 


or 


249 Hrsrorre NATUREIIE 
M. Linné a indiqué comme un Fouette-queue , eft une 
dragonne, attendu que quoique le deflinateur lui ait 
donné des membranes aux pieds de derrière, il eft dit 
dans le texte qu'il n'en a point. 

Le Fouette-queue nous paroît être, ainfi que nous 


Tavons déja dit (c) , le lézard que Dampier regardoit 


comme une feconde efpèce de cayman d'Amérique. 
Il y a, dans llfle de Ceylan, un grand lézard, qui, 
par fa forme , reffemble beaucoup au crocodile : mais 
il en diffère par fa langue bleue & fourchue, qu'il 
alonge d’une manière eflrayante, lorfqu'il la tire pour 
filer , ou feulement pour refpirer. On le nomme 


Kobbera-Guion. 11 a communément fix pieds de lon- | 


gueur ; fa chair eft d’un aflez mauvais goût ; il plonge 
fouvent dans l’eau, mais fa demeure ordinaire eft fur 
la terre où il fe nourrit des oifeaux , & des divers 
animaux qu'il peut faifir. Il craint l’homme , & n’ofe 
rien contre lui ; mais il écarte fans peine les chiens 
& plufieurs des animaux qui veulent l'attaquer , en 
les frappant violemment de fa queue, qu'il agite & 


fecoue comme un long fouet. Nous ignorons fi les 


doigts de fes pieds font réunis par des membranes : 
s'ils le font, il doit être regardé comme de la même 
efpèce que le Fouette-queue du Pérou, qui peut-être 


aura fubi l'influence d’un nouveau climat; finon il 


faudra le confidérer comme une dragonne. 
6 D SR DEEP TONER APR VE 


(c) Article des crocodiles. 


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243. 


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LA DRAGONNE. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 243 


LA DRAGONNE (:), 


LA DRAGON NE reffemble beaucoup, par fa forme , 
au crocodile ; elle a, comme lui , la gueule très-large, 
des tubercules fur le dos, & la queue aplatie; fa 
grandeur égale quelqueïois celle des jeunes caymans : 
fa couleur, d’un jaune roux foncé, & plus ou moins 
mêlé de verdâtre, eft femblable auffi à celle de ces ani- 


maux; c'eft ce qui a fait que , fur les côtes orientales de 


l'Amérique méridionale, elle a été prife pour une 
petite efpèce de crocodiles ou de caymans (b). Mais 
la Dragonne en difière principalement , parce que, 
au lieu d’avoir les pieds palmés, fes doigts, au nombre 

(a) La Dragonne. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. Hiff. 
naturelle des Quadrupèdes OYIPATrES. 

Lacerta Dracæna 3. Linnœus. | 

Ray, Synopfis Quadrupedum , page a7o. Lacertus indicus. 

Seba, locupletiffimi rerum naturalium Thefauri accurata defcriptio ; 
tome 1, planche 107 ; fig. 2. Lacerta maxima caudi-verbera, cordylus, 

Mujæum Wormianum , Chap. xx1r, page 313. Laceïtus indicus, 


{b) Note communiquée par M. le Chevalier de Wider/bach, 
Hp j 


244 Hisrorre NATURELLE 


de cinq à chaque pied, font très-féparés les uns des 
autres, comme ceux de prefque tous les lézards. fs 
font d’ailleurs tous garnis d'ongles aigus & erochus ; 
la tête, aplatie pardeflus, & comprimée par les 
côtés, a un peu la forme d’une pyramide à quatre 
faces, dont le mufeau feroit le fommet; elle refflemble 
te à celle de plufeurs ferpens, ainfi que la langue, 
qui eft fourchue, & qui loin d’être cachée & prefque 
immobile comme celle du crocodile, peut être dardée 
avec facilité. Les yeux font gros & brillans ; lou 
verture des oreilles eft grande, & entourée d'une 
bordure d’écailles; le corps épais, arrondi, couvert 
d’écailles dures, offeufes comme celles du crocodile, 
& prefque toutes garnies d’une arête faillante; plufeurs 
de celles du dos font plus grandes que les autres, 
& relevées par des tubercules en forme de crêtes, 
dont les plus hauts font les plus voifins de la queue, 
fur laquelle les lignes qu'ils forment font prolongées 
par d’autres tubercules. Ceux-ci font pe aigus, & 
produifent deux dentelures femblables à celle d'une 
fcie, & réunies en une feule vers l'extrémité de la 
queue, qui eft très-longue. La Dragonne , ainfi que lé 
Fouette-queue , a la facilité de la remuer vivement, 
& de l’agiter comme un fouet. Cette faculté lui a 

fait donner le nom de Fouette-queue, que nous avons 
confervé uniquement à l’efpèce précédente, & que 
nous n'emploierons jamais en parlant de la Dragonne, 


nte; plu 
e Îles au 


e de ct 


de la qu 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 245 
pour éviter toute confufñon: on l’a auf appellée 
Cordyle : mais nous réfervons ce nom pour un lézard 
diflérent de celui que nous décrivons, & auquel on 
la déjà donné. | 

C'eft principalement dans l'Amérique méridionale 
que l’on rencontre la Dragonne ; il ya, au Cabinet du 
Roi, un individu de cette efpèce, qui a été envoyé 
de Cane par M. de la Borde, & d’après lequel 
nous avons fait la defcription que l’on vient de 
lire (c); elle eft affez conforme à ce que dit 


= Wormius de cette efpèce de grand lézard, dont il 


avoit un individu long de quatre pieds romains (d). 
Clufius connoifloit aufli le même animal (e ) A 


Séba l’avoit dans fa collection. 


(c) Principales dimenfons d’une Dra- pieds. | pouces. | lignes. 
gonne qui eft au Cabinet du Roi. | 


Éonemuirtonle. Tu... rl 2 $ 4 
Contour de kpueuler, ni, 45, 4 4 
MDilance: des-deux yeux: 5e... : £ 
Circonférence du corps à l'endroit le plus 

D rar | 6 
Longueur des pattes de devant, juiqu'au | 

Aout des doper tie. Son 3 10 
Longueur des pattes de derrière , jufqu’au | 

DU GE dhiots sn. ce. | $ & 
Longueur de la queue........... Cole T 4 6 
Circonférence de la queue à fon origine... s 8 


{d) Mufœum Wormianum : de pedefiribus ; Cap. 22 SSSR 
(e) Clufius , Livre , Chap. xx, | 


246 Hisrorre NATURELLE 


Wormius a parlé du nombre & de la forme des 
dents de la Dragonne; il a dit que ce lézard en a 
dix-fept de chaque côté de la mâchoire inférieure: 
que celles de devant font petites & aigues, & celles 
de derrière , grofles & obtufess Nous avons re- 
marqué la même chofe dans la Dragonne du Cabinet 
du Roi. On a reproché à Pline de s'être trompé 
touchant la forme des dents du crocodile, en les dif- 
| tinguant en dents incifives, en canines, & en mo- 
laires ( f ). Nous avons déjà vu ce qu'entendoit ce 
grand Naturalifte par les dents canines du crocodile (g); 
& à l’égard des dents molaires, il pourroit fe faire que 
fon erreur eft venue de la méprife de ceux qui lui ont 
fourni des obfervations. Il fe peut en effet que la Dra- 
gonne habite dans les contrées orientales que les anciens 
connoifloient ; que fes grofles dents aient été regardées 
comme des dents molaires, & que l’animal lui-même 
ait été pris pour un vrai crocodile. C’eft ainfi que, dans 
des tems très-récens, la confufon que plufieurs voya- 
geurs ont faite des efpèces de grands lézards, voifines 
de celles du crocodile, a produit plus d’une erreur, 
relativement à la forme & aux habitudes naturelles 
de ce dernier animal. | | 


(F) Mémoires pour férvir à l'Hifloire naturelle des animaux, 


{ g ) Article du crocodile. 


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Des QUADROPÈDES OVIPARES. 24% 
La grande reflemblance de la Dragonne avec le 
crocodile , feroit penfer au premier coup-d’œil que 
leurs mœurs font femblables: mais ces deux lézards 
différent par un de ces caraéères dont la préfence 
ou l’abfence a la plus grande influence fur les habi- 
tudes des animaux. M. de Buffon a montré, dans 
lhiftoire naturelle des oïfeaux , combien la forme de 
leurs becs détermine Flefpèce de nourriture qu'ils 
peuvent prendre ; les force à habiter de préférence 
l'endroit où ils trouvent aifément cette fubfiftance , 
& produit ou modifie par-là leurs principales habi- 
tudes. La faculté de voler qu'ils ont reçue, leur 
donne la plus grande facilité de changer de place, 
& les rend par conféquent moins dépendans de la 
forme de leurs pieds: cependant nous voyons certaines 
claffes d'oifeaux , dont les habitudes font produites par 
les pieds palmés, avec lefquels ils peuvent nager 
aifément, ou bien par les griffes aigues & fortes qui 
leur fervent à attaquer & à fe défendre, Mais il n’en 
eft pas de même des Quadrupèdes, tant vivipares 
qu'ovipares; la nature de leurs alimens eft non-feu- 
lement déterminée par la forme de leur gueule, ou 
de leurs dents, mais encore par celle de leurs pieds, 
qui leur in des moyens plus ou moins puifflans 
de faifir leur proie; d'aller avec viteffe d’un endroit à 
un autre ; d'habiter le milieu des eaux, les rivages, 
les plaines ou les forêts, &c. Une gueule plus ou 


248 Hrsrorre NATUREILE 


, moins fendue ; quelques dents de te ou de moins : 
des ongles aigus ou obtus; des doigts réunis ou di 
en voila plus qu il n'en faut pour faire varier. leurs 
mœurs fouvent du tout au tout. On en peut voir 
des exemples dans les Quadrupèdes vivipares, parmi 
lefquels la plupart des animaux qui ont des habi- 
tudes communes, qui habitent des lieux femblables , 

ou qui fe nourriflent des mêmes fubftances, ont me 
dents, leur gueule ou leurs pieds conformés äà-peu- 
près de la même manière, quelque différens quils 
{oient d’ailleurs par la forme générale de leurs Corps, 
par leur force & par leur grandeur. La Dragonne & 
le crocodile en font de nouvelles preuves : la Dra- 
sonne reflemble beaucoup au crocodile; mais elle en 
diffère par fes doigts, qui ne font pas palmés: dès 


_ lors elle doit avoir de habitudes différentes : elle 


doit nager avec plus de peine; marcher avec plus de 
vitefle ; retenir les objets avec plus de facilité; grimper 
fur les arbres; fe nourrir quelquefois des animaux 
des bois; & c’eft en effet ce qui eft conforme aux 
obfervations que nous avons recueillies M. de la 
Borde, qui a nommé cet animal Léçard - Cayman , 
parce qu’il le regarde, avec raifon, comme faïlant la 
nuance entre les crocodiles & les petits lézards, dit 
qu'il fréquente les favanes nee, & les terrains ma- 
récageux; mais qu'il fe tient à terre, & au foleil , 
plus fouvent que dans l'eau. Il eft ue difiicile à 
prendre, 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 249 
ù prendre, parce qu'il fe renferme dans des trous ; il 
mord cruellement ; il darde prefque toujours fa langue 
comme les ferpens. M. de la Borde a gardé chez lui, 
pendant quelque tems, une Dragonne en vie; elle 


w . fe tenoit des heures entières dans l’eau; elle sy : 
Cl cachoit lorfquelle avoit peur; mais elle en fortoit 
pi fouvent pour aller fe chauffer aux rayons du foleil (A). 
La grande différence entre les mœurs de la Dra- 
om à gonne & celles du crocodile, neft cependant pas 
ère q produite par un fens de ee ou de moins, mais 
Rusoÿ  feulement par une membrane de moins, & os 
agonné ongles de plus. On remarque des effets femblables 
es: la D dans prefque tous les autres animaüx, & il en feroit 
nais elle: de même dans l’homme, & des différences très-peu 
almés: | fenfibles dans la conformation extérieure, produiroient 
rentes: £ une grande diverfité dans fes habitudes, fi lintellis 
sec DE gence humaine, accrûe par la fociété, n'avoit pas 
lité: gis inventé les arts pour compenfer les défauts de nature, 
des anis Les animaux, qui dsl le crocodile, doivent | 
fort auf donner la Sete à la Dragonne, qui a bien  …. 
M moins de force pour leur réfifter, & on même eft 
ra fouvent dévorée par les grands caymans. 
rt Sa manière de vivre peut donner à fa chair un 
# u goût différent de celui de la chair du crocodile: il 
dis 1 pe | 
ET —— 
Ka? 
f (4) Note communiquée par M. de la Boris, 


fs # : Ovipares, Tome I, | li 


an. 


2 mr ge a sde 


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À 
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ES Hrsrorre NATURE:zE 


ne feroit donc pas furprenant qu’elle füt aufli bonne 


“% manger que le difent les habitans des Îfles Antilles, 


où on la regarde comme très-fucculente, & où on la 
compare à celle d'un poulet. On recherche aufli à 
Cayenne les œufs de ce grand lézard, qui à de 
nouveaux rapports avec le crocodile par fa fécondité, 
Ja femelle pondant ordinairement plufieurs douzaines 
d'œufs (i). de 


On trouve au Bréfil, & particulièrement auprès 


de la rivière de Saint-François, une forte de lézard, 
nommé Îenarucu, qui reflemble beaucoup at eroco- 


dile, grimpe facilement fur les arbres, & paroît ne 
différer de la Dragonne que par une couleur plus 
foncée, & des ongles moins forts ( k). Si les Voya- 
geurs ne fe font pas trompés à ce fujet, Von ne doit 
regarder lignarucu que comme une variété de la 
Dragonne. 

(i) Note communiquée par M. de la Borde. 


(4 ) Voyez, dans le Diéfionnaire d'Hifloire naturelle de M. Bomure, 
Particle Igtarucu. | 


FÉRCFREERPTENNNEEN ANNEE ENENESEESENEENENIPENTEE FER DES PEN ENEIEEENNENEESNSISNINEPENSNENANNENTISEET : #E#2+34883 342 ne ra ee” 


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E —— : ; St 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 2S1 


Ce LÉZARD habite également hé contrées chaudes 
‘ de l'ancien & du nouveau Continent. On a prétendu 
que fur les bords de la rivière des Amazones, auprès 
de Surinam & des pays voifins , le Tupinambis acqué- 


roit une grande taille & parvenoit jufqu'à la longueur 
de douze pieds: mais on aura fürement pris des caÿ- 


mans pour des Tupinambis ; ; & l’on doit ranger cette 
fable parmi | tant ste qui ont défiguré l’hiftoire des 


(a) Tupinambis, en Amérique. 
_Galtabé, au de 
fait RÉ avec c E Me inf cu les AE 


à he Palin , ns k nouvelle Faye 


S « 4 4 % à à LOpEAR, 5 + 4% à € « +244 © 


7 osithr. sr emph. . | | 
Seba, 1; tab. 94; fig. 1»25.3: tab. 96, fe, 2,3 Had, 97 fe 2. 
2, tab. 99, fig. 2. tab. 100, fig. 3. 


&, tab. 30, fig. 2. tab. 49, fig. 2. 86 LA 2. tab. 105, Pr 2. 
Stellio Saurus, 80. Laurenti., fpecimen. medicum , “page SG" É 


Stellio Salvator, 90. Laurenti : Jpecimen medicumn, page ic 
| fi ij 


28 Hrsrorre NATUREIZE 


Quadrupèdes ovipares. Le Tupinambis a tout au plus 
une longueur de fix ou fept pieds dans les contrées o où 
il trouve la nourriture la plus abondante & la tempé- 
rature la plus favorable. L'individu que nous avons 
décrit & qui eft au Cabinet du Roi, a trois pieds huit 
perse de long en y comprenant la queue (b);ila 
été envoyé du Cap de Bonne- efpérance. J'ai vu un 
autre individu de cette efpèce, apporté du Sénégal, & 
dont la longueur totale étoit de quatre pe dix pou 
La queue du Tupinambis eft aplatie & à- peu-près 
de la longueur du corps. Il a à chaque pied cinq doigts 
affez longs , féparés les uns des autres & tous armés 
d'ongles jee & crochus. La queue ne préfente pas de 
crête comme celle de la Dragonne, mais le deffus & 
le deffous du corps, la tête, la queue, & les pattes 


(Bb) Principales dimenfons du Tupinambis. | 
Longueur SR | PERS CNP ire db 
Contour de la gueule... | 4 8 
Circonférence du is à l'endroit le plus ; 

ou ARR he 
Longueur des pattes de devant, jufqu'au 

“bout des doigtéi 2 iles 
Longueur des pattes de derrière, jufqu'au 

D die à 
Longueur de la queue, .7.:..7.,...... 


Circonférence de là queue à fen origine... 


à-pei. 
d cinq à 
E tous an 
fente as 
Le def 
&lsy 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 993 
font garnies de petites écailles qui fuffiroient pour dif- 
tinguer le Tupinambis des autres grands léfards à queue 
plate. Elles font ovales, dures, un peu élevées, prefque 


‘toutes entourées d’un cercle de petits grains durs, pla- 


cées à côté les unes des autres, & difpofées en bandes 


circulaires & tranfverfales. Leur grand diamètre eft à- 
‘peu-près d'une demi-ligne dans l'individu , envoyé du 
Cap de Bonne-efpérance au Cabinet du Roi (c). La 


manière dont elles font colorées, donne au T'upinambis 


‘une forte de beauté ; fon corps préfente de grandes 
taches ou bandes irrégulières d'un blanc affez éclatant 


qui le font paroïître comme marbré, & formant même 


fur les côtés une efpèce de dentelle. Mais, en le revé- 
tant de cette parure agréable , la nature ne lui à fait 
qu'un préfent funefte ; elle l’a placé trop près du cro- 
codile fon ennemi mortel, pour lequel fa couleur doit 
A Ê , A Ê 
être comme un figne qui le fait reconnoître de loin. Il 


a, en effet, trop peu de force pour fe défendre contre 


les grands animaux. Il n’attaque point l’homme ; il fe 


- nourrit d'œufs d’oifeaux (4) , de lézards beaucoup plus 


(c) L'on peut voir, dans la colleétion du Cabinet du Roi, un Tupi- 
pambis mâle, tué dans le tems de fes amours ; fes parties fexuelles font 
hors de l'anus ; les deux verges, très- féparées l’une de l'autre, ont un 
pouce trois lignes de Iergéeuss.à L'animal à deux pieds huit pou: de 
longueur totale, 


(4) « Mademoilelle Mérian trouva plus d'une fois un Sauve - pd 


sh . Hirsrorre NATURELLE 


petits que lui, ou de poiffons qu'il va chercher au fond 
des eaux ; mais, n'ayant pas la même grandeur , les 
mêmes armes, ni par conféquent la même puiflance 
que le crocodile, & pouvant manquer de proie bien- 
plus fouvent , il ne doit pas être fi difhcile dans le choix 
-de fa nourriture; il doit d’ailleurs chaffer avec d'autant 
‘plus de crainte , que le crocodile auquel il ne peut 
réfifter eft en très-grand nombre dans les pays qu’il ha- 
bite. On rapporte même que la préfence des caymans, 
infpire une fi grande frayeur au Tupinambis , qu'il fait 
entendre un fifflement très-fort. Ce fiflement d’effroi eft 
une efpèce d’avertiflement pour les hommes qui fe 
“baïgnent dans les environs; il les garantit, pour ainf 
dire, de la dent meurtrière du crocodile, & c’eft de-là 
qu'eft venu au Tupinambis le nom de Sauvegarde ou 
Sauveur , qui lui a été donné par plufieurs Voyageurs 
& Naturaliftes. II dépofe fes œufs comme les caymans, 
dans des trous qu'il creufe dans le fable fur le bord de 
quelque rivière ; le foleil les fait éclore ; ils font aflez 
gros & ovales , & les Indiens s’en nourriffent fans pei- 
ne (e); la chair du Tupinambis eft auf très-fuccu- 
lente pour ces mêmes Indiens, & plufeurs Européens 


# (un Tupinambis) mangeant des œufs dans fa bafle-cour. » Hi Fes 
générale des Voyages , tome 44, page 430, édit. in-12. 


(e) Hi foire générale des Voyages, tome 54, page 430 , édit, in-12 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 255 
qui en avoient mangé tant en Amérique qu'en Afrique, 
m'ont dit lavoir trouvée délicate. | 

Cet animal produit des bézoards, ainf que le croco- 
dile & d’autres lézards ; ces concrétions refflemblent aux 
bézoards des crocodiles, quant à leur forme extérieure; 


elles font de la grofieur d'un œuf de pigeon & d’une 


couleur cendrée claire tachetée de noir. On leur a 
attribué lés mêmes vertus chimériques qu'aux autres 
Bézoards , & particulièrement à ceux du crocodile 
& de l’iguane (f). 

La difette que le Tupinambis éprouve fréquemment, 
à dû altérer fes goûts, tant la faim & la mifère déna- 
turent Les habitudes. Il fe nourrit fouvent de corps in- 
fedts & de fubftances à demi-pourries ; & , lorfque cet 
aliment abjeét lui manque , il le remplace par des 
mouches & par des fourmis. Il va chafler ces infeétes 
au milieu des bois qu'il fréquente ainfi que les bords 
des eaux : la conformation de fes pieds dont les doigts 
font très-féparés les uns des autres , lui donne une 
grande facilité de grimper fur les arbres où il cherche 
des œufs dans les nids, mais où il ne peut fouvent que 
vivre miférablement en pourfuivant avec fatigue des 
animaux bien plus agiles que lui. Le feul Quadrupède 
ovipare ee on a cru devoir appeller Sauve-garde, fouflre 


(f) Séba , vol, 2, page 140. 


250. Hisrorre NATURELLE 
donc une faim cruelle , ne peut fe procurer qu'avec 
peine & inquiétude la nourriture dégoûtante à laquelle 
il eft fréquemment réduit , & finit prefque toujours par | 
être la vidime du plus fort. tas 

Le Tupinambis eft le même animal que le lézard du 
Bréfil, appellé Téjuguacu & Temapara T\ upinambis , & 
dont Ray ainf que d’autres Auteurs ont parlé (g).Marc- 
grave en a vu un vivre fept mois, fansrien manger ; quel- 
qu'un ayant marché fur la queue de ce Tupinambis, & | 
en ayant brifé une partie, elle repoufa de deux doigts ; £ 
au refte, il eft important de remarquer que ces noms L 
de Téjucuacu & de Temapara ont été donnés à plufeurs 
lézards d'efpèces différentes, ce qui n'a pas peu aug- 
menté la confufion qui a régné dans l’hifloire des Qua= 
Fe drupèdes ovipares. Lise 


LE SOURCILLEUX, 


DÉS QuaDRruPÈDES OWMIPARES. 295% 


ne rar torreRe coretru*cnemmumee ur 0 


Ox rROUVE dans lle de Ceylan, dans celle 
d’'Amboine, & vraifemblablement dans d’autres ré- 
gions des grandes Indes, dont la température ne dif- 
fère pas beaucoup de celles de ces Ifles, un lézard 
auquel on a donné le nom de Sourci ue parce que 


fa tête eft relevée au-deflus des yeux par une arête 


faillante , garnie de petites écailles en forme de fourcils. 
Cet animal eft auf remarquable par une crête com- 
pofée d’écailles ou de petites lames droites, qui orne 
le derrière de fa tête, & qui fe prolonge en forme 


de peigne ou de dentelure, jufqu'au bout de la queue. 
Les yeux font grands, ee que les. ouvertures des 


oreilles; le mufeau eft pointu, la gueule large , la 
queue aplatie & beaucoup plus longue que le corps; 


(a) Le Sourcilleux. M d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, 
* Lacerta fuperciliofa. 4 Einn-amplibia reprilia. sua: 
Seba, mujæum, tome 1, pires 129 » Î8 4 é gaie 04 fr 4 
Ovipares, TomeZ, Kk 


2 5è HISTOIRE NATURE ILE 


ce lézard a les doigts très-féparés les uns des autres, 


& très-longs , fur-tout ceux des pieds de derrière, dont 


le quatrième doigt égale la tête en longueur ; les 
ongles font forts & crochus ; les écailles, dont tout 
le corps eft recouvert, font très-petites, inégales en 
grandeur, mais toutes relevées par une arête longi- 


tudinale, & placées les unes au-deffus des autres, 
comme les écailles de plufeurs poiflons. La couleur 
générale des Sourcilleux eft d'un brun clair tacheté de 
rouge plus ou moins foncé ; la longueur totale de 


l'individu que nous avons décrit, & que l’on conferve 
au Cabinet du Roi, eft d'un pied. Comme les doigts 
de ces lézards font très-longs & très-divifés, leurs habi- 
tudes doivent approcher à beaucoup d'égards de celles 


de la dragonne. On dit qu'ils poufflent des cris, qui 


leur fervent à fe rallier (b). 

Au refte, ce caractère très-apparent d'écailles re- 
levées , cette forte d'armure , qui donne un air dif- 
tingué au lézard qui en eft revêtu, & que nous trouvons 
ici pour la fecondé fois, n'a pas été uniquement ac- 
cordé au Sourcilleux & à la dragonne. Il en eft de 


ce caractère comme de tous les autres, dont chacun 


eft prefque toujours exprimé avec plus ou moins de 


€) Séba , premier volume, page 17% 


me les di 
&s,leurh 
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t des ch 


t d'écall 
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. DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 259 


force, dans plufeurs efpèces différentes. Cette crête, 
que nous venons de remarquer dans le Sourcilleux , 


fert aufli à défendre ou parer la tête-fourchue, 
l'iguane, le bafilic, &c. Non-feulement même. elle 
a des formes différentes dans chacun de ces lézards; 


_ non-feulement elle préfente tantôt des rayons alongés, 


tantôt des lames aigues, larges & très-couftes , ec 
mais encore elle varie par {a poñtion : elle élève 
en rayons fur tout le corps du bafilic, depuis le 
fommet de la tête jufqu'à l'extrémité de la queue; 
elle orne de même la queue du porte-créte, & garnit 


enfuite fon dos en forme de dentelure ; elle revêt 


non-feulement le corps, mais encore une partie de 
la membrane du cou de l’iguane ; elle s'étend le long 


du dos du mâle de la falamandre à queue plate; elle 


paroît comme une crénelure fur celui du pliffe ; 

peine fenfible fur le deflous de la gorge du marbré, 
elle défend, dans le galéote, la tête & la partie an- 
térieure du dos ; elle fe trouve auffi fur cette païtie 
antérieure dans l'agame; elle fe préfente, pour ainfi 
dire, fur chaque écaille dans le flellion, V'ayuré, le 
téguixin ; elle règne le long de la tête, du corps & 


du ventre du caméléon; elle paroît à l'extrémité de . 


la queue du cordyle; &, pour ne pas rapprocher ici 
un plus grand nombre de Quadrupèdes ovipares, elle 


eft compofée d'écailles clair-femées fur le lézard 


Kk i 


x. 


le deflus du corps 


ête & de la queue dans le Sourcilleux, & nous 


© Hrsrorre NATUREIIF 


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Dans L'ISLE D'AMBOINE, & par conféquent dans le 
même climat que le fourcilleux , on trouve un lézard 
qui reflemble beaucoup à ce‘Quadrupède ovipare. Il a 


A e 


k £ 0 À Le Se = c 2 SA 
comme lui, depuis la tête jufqu'àa l'extrémité de la 
) £ \ 


queue, des aiguillons courts en forme de dentelure, 
mais qui font fur le des, plus féparés les uns des autres 
que dans le fourcilleux. La queue comprimée , comme 
celle du erocodile , eft tout au plus de la longueur du 
corps. Le deflus de la tête qui eft très-courte & très- 
convexe , préfente deux éminences qui ont une forte de 
refflemblance avec des cornes. Suivant Séba, la‘ pointe 
du mufeau eft gérnie d’un gros tubercule entouré d'au- 
tres tubercules blanchätres ; le cou eft goitreux , & le 
corps femé de boutons blancs , ronds , élevés , que 


: Es à 
-Fon retrouve encore au-deffous des yeux” & de la 


(a) L'occiput Fourchu. M. d'Aubenron , Encyclopédie méthodique: 
Lacerta feutata, $. Linn. amphib. rept. 

Fguana clamofa , 74. Laurenti fpecimen medicum. 

Séba , 1. Table 109, figure 3. 


202 . -Hisrorre Narurezrs 

mâchoire inférieure. Les cuifles, les jambes & les doigts 
font longs & déliés. Ce lézard & l'efpèce précédente 
“ont trop de caractères extérieurs communs pour ne pas 
fe reflembler beaucoup par leurs habitudes naturelles, 
d'autant plus qu’ils préfèrent l’un & l’autre les contrées 
chaudes de l'Inde. Aufi leur attribue-t-on à tous les 
deux la faculté de fe rallier par des cris (2). 


(à) Séba, volume 1, Page 173: 


Frs 
s =. à 
TRE 

va 


une membrane aflez femblable à celle de liguane 
mais qui n’eft point dentelée. A chaque doigt , tant 
des pieds de devant que des pieds de derrière, lavant- 
dernière articulation eft pardeflous plus large que les 
autres, & c'eft de-là que M. d’Aubenton a tiré le nom 


PT LADA VI CR MIANE MON AREAS LL ASIA An onu tent Ÿ 


LE LARGE-DOIGT (4). 


pers ct 


Les CARACTÈRES DISTINCTIFS de ce lézard, 
qui fe trouve dans les Indes, font d’avoir la queue deux 
fois plus longue que le corps, comprimée, un peu 
relevée en carène pardeflus, flriée pardeflous, & 
divifée en plufieurs portions , compofées chacune de 
cinq anneaux de très-petites écailles. Il a , fous le cou, 


y) 


que nous lui confervons. La tête eft plate, & compri- 
mée par les côtés; le mufeau très-délié; les ouvertures 


des narines font très-petites , ainfi que les trous des 


oreilles. 


(a) Le Large-doigt. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Eacerta principalis, 7. Linn. amphib. rept. 


LS 


264 Hrsrorrx NATUREILE 


LE SBIMA CLÉ. 


Nous DEVONS la connoiflance de cette nou- 
velle efpèce de lézard à M. Sparrman, favant Aca- 
démicien de Stockolm , qui en a décrit plufeurs individus 
envoyés de l'Amérique feptentrionale, par M. le Doc- 
teur Acrélius, à M. le Baron de Géer (a) ; quelques- 
uns de ces individus avoient le deflus du corps femé 
de taches noires ; tous avoient deux grandes taches de 
la même couleur fur les épaules; & c'eft ce qui leur 
a fait donner, par M. Sparrman, le nom de Bimacules. 
La tête de ces lézards eft aplatie par les côtés ; la 
queue eft comprimée & deux fois plus longue que le 
corps. Tous les doigts des pieds de devant & de ceux 
de derrière, excepté les doigts extérieurs, font garnis 
de lobes où de membranes qui en élargifient la fur- 
face, & qui donnent au Bimaculé un nouveau rapport 
avec le large-doigt. 

Suivant M. le Docteur Acrélius , le Bimaculé nef 


(a) Mémoires de l'Académie des Sciences de Siockolm , année 21784 
roifième Trimeflre, page 169 | 
point 


6 cétes 
, Rvant 4 
jeurs ind 


r M le) 


DES. QUADRUPÈDES OVIPARES. 265 

point méchant , il fe tient fouvent dans les bois, où il 

fait entendre un fifflement plus ou moins fréquent. On 
p* q 


le prend facilement dans un piège fait avec de la 


paille, qu’on approche de lui en fiflant, & dans lequel 
il faute & s'engage de lui-même. La femelle dépofe fes 
œufs dans la terre. On le trouve à Saint-Euftache & 
dans la Penfilvanie. Le fond de fa couleur varie: il eft 
quelquefois d’un bleu noirâtre. ns de 


< 


Ovipares, Tome Î. | 


LE SILLONÉ (:). 


1 


Os TROUVE, dans les Indes, un affez petit lézard 
gris dont nous plaçons ici la notice, parce qu'ila des 
écailles convexes en forme de tubercules fur les flancs, 
& parce que fa queue eft aplatie par Îles côtés comme 
celle du crocodile & des autres lézards dont nous 
venons de donner lhiftoire. Son corps n ’eft point garni 
d'aiguillons ; il n’a point de crête au- deflous du cou ; 
mais on voit fur fon dos deux ftries très-fenfibles. Il a 
les deux côtés du corps comme pliffés, & relevés en 
arête ; fon ventre préfente nue rangées tranf- 
verfales d'écailles ; St rangée eft compofée de fix 
pièces ; la queue , à peine plus longue que la moitié 
du corps, eft ftriée pardeflous , lifle par les côtés , & 
relevée en deflüs par une double faillie. 


(a) Le Silloné. M d Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta bicarinata. 8. Lin, amphibia reptilia. 


ex pet 

ace qu 

Sur let 

côtés con 

d dont » | | 
AE point ga | : ji 
fous du à 

-fenfbles 

, & rele 

: rangées! 

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L'IGCLANE. 


7 


ATTA7A 
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ARS 
FAR 


NS ANS 


DES GRARPPÉRAS. OVIPARES.. 267. 


T e ZARDS 


. ; 5 2 s 7 : X ° 
Qui ont la queue ronde, cing doigts à chaque pied, 
& des écailles élevées fur le dos en forme de créte. 


L'EQUA NS" (rc) 


Dans CES CONTRÉES de l'Amérique méridionale, 
où la Nature plus aétive fait defcendre à grands 
flots, du fommet des hautes cordilières, des fleuves 
immenfes, dont les eaux s'étendant en liberté, inon- 


dent au loin des campagnes nouvelles, & où la main 


(a) Leguana. 
. En angloës , the Guana. 
Senembi. 
À Tamacolin, en Amérique, Jüivant Séba. Se 
L Tguane, M. d'Aubenton ; Encyclopédie méthodique. je 
Lac. Jguana, 26, Lin. amphib, reptilia, .. 


Liÿ 


268 . Hisrorre Narureizr 


de l'homme n’a jamais oppofé aucun obitacle à leur 
éourfe ; fur les rives limonneufes de ces fleuves ra- 
pides, s'élèvent de vaftes & antiques forêts. L’hu- 
midité chaude & vivifiante qui lés abreuve , de- 


Ray, Synopfis Quadrupedum , page 265. Lacertus indicus Senembi 
& Iguana dictus. 

Iguana delicatiffima, 72. Iguana tuberculata, 72. Laurent Ha 
médichm | 

Leguana. Dééionnaire d'Hifioire naturelle , par M. Valmont de 


Borare. 


Seba, 2. Table 95, figures 1, 2, table 96, figure 4 : table 97» 


figure 3, table 98, figure 1. 
The Guana. Brown, Hifloire naturelle de la ue, 


Lacerta, 1. Major fquamis dorfñ lanceolatis erectis è nuch3 ad extre- 
mitatem caudæ porreétis, Idem. | 

Grand lézard ou Guanas. Catefby ; Hifloire naturelle de la Caroline, 
volume 2 , page 64. | 

Grand lézard. Dutertre , page 308. 

Gros lézard, nommé Iouane. Rochefort, page 144. 

Gros lézard. Labat , tome 1 , page 314. 

Guana. Sloane , vol. 2. 
Jguana. Gronoy. mus. 2 , page 82, N° Go. 

Marcer. braf. 236, fig. 236. Senembi feu Iguana. 

Jonfi. Quadrup., tab. 77, fe £: 

Olear. mus., tab. 6, fig. à. Yvana. 

Bont. jay. 56, tab. 56. Lacerta Leguan, 

Nieremberg nat. 271, tab, 274. 

Worm. mufœum. 313. 

Cluf. exot. 116. Yvana, 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 269 


vient la fource intariflable d'une verdure toujours 
nouvelle pour ces bois touflus, images fans cefle re- 


naiflantes d’une fécondité fans bornes, & où il femble 
que la Nature, dans toute la vigueur de la jeuneffe, 
fe plaît à entafler les germes productifs. Les végétaux 
ne croiflent pas feuls au milieu de ces vañtes foli- 
tudes; la Nature a jeté fur ces grandes productions 
la variété, le mouvement & la vie. En attendant que 
l’homme vienne régner au milieu de ces forêts, elles font 
le domaine de plufeurs animaux, qui, les uns par 
la beauté de leurs écailles, l'éclat de leurs couleurs, 
la vivacité de leurs mouvemens » lagilité de leur 
courfe ; les autres, par la fraicheur de leur plu- 
mage, l’agrément de leur parure, la rapidité de leur 
vol; tous, par la diverfité de leurs formes, font, des 
vaftes contrées du nouveau monde , un grand & 
magnifique tableau, une fcène animée, auf variée 
qu'immenfe. D'un côté, des ondes majeftueufes rou- 
lent avec bruit; de l'autre, des flots écumans fe 
précipitent avec fracas de roches élevées; & des 
tourbillons de vapeurs réfléchiflent au loin les 
rayons éblouiffans du foleil: ici l'émail des fleurs fe 
mêle au brillant de la verdure, & eft effacé par 
l'éclat plus brillant encore du plumage varié des 
oifeaux ; là, des couleurs plus vives, parce qu'elles font 
renvoyées par des corps plus polis, forment la parure 
de ces grands Quadrupèdes ovipares, de ces gros 


ge. Hisrorre NATURELLE 


lézards que l’on eft tout étonné de voir décorer le 
fommet des arbres, & partager la demeure des habi- 
tans ailés. | 

Parmi ces ornemens remarquables & vivans dont 
on fe plait à contempler, dans ces forêts épaifles, la 
forme agréable & piquante , & dont on fuit avec 
plaifir les divers mouvemens au milieu des rameaux 
& des fleurs, la dragonne & le tupinambis attirent 
l'attention ; mais le lézard dont nous traitons dans cet 
article, fe fait diftinguer bien davantage par la beauté 
de fes couleurs, l'éclat de fes écailles, & la fingu- 
Jarité de fa conformation. 

I1 eft aifé de reconnoître l’Iguane à la grande poche 
qu'il a au-deflous du cou, & fur-tout À la crête den- 
telée qui s'étend depuis la tête, jufqu'à l'extrémité de 
la queue, & qui garnit aufli le devant de la gorge. 
La longueur de ce lézard, depuis le mufeau, jufqu'au 
bout de la queue, eft aflez fouvent de cinq ou fix 
pieds (4); celui que nous avons décrit, & qui a été 


(B) ce Pendant le féjour que Brue fit à Kayor fur le Sénégal, on 
5 lui fit voir un Guana (Iguane) long de trois pieds, depuis le mufean 
jufqu'à la queue, qui devoit avoir encore deux pieds de plus.» (L'on 
doit croire que Ja queue de ce lézard avoit éprouvé quelque acci- 
dent , les Iguanes ayant la queue plus longue que le corps). « Sa peau 
#rétoit couverte de petites écailles de différentes couleurs, jaunes, vertes 
gs & noires, fi vives qu'elles paroifloient colorées d'un beau vernis, I] 


DS ES 


CA RS 


= 


Lesage +) 


Et e- 


inde pi 
1 crête der 
xtrémité À 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 271 
envoyé à Cayenne au Cabinet du Roi par M. Sonini : 
a quatre pieds de long (c). 

La tête eft comprimée par les côtés, & aplatie 
pardeflus ; les dents font aigues, & afez Hnulébies. 
par leur forme, à celles des lézards verts de nos pro- 
Vinces méridionales. Le mufeau , l’entre - deux des 


avoit les yeux fort grands, rouges, ouverts jufqu'au fommet de lac 


tête. On les auroit pris pour du feu, lorfqu'il étoit irrité : alors face 


gorge s’enfloit aufli, comme celle d'un pigeon. » Hi ifloire générale des 
Voyages, Livre VIT, Chapiere XVIII. 


(c) Principales dimenfions d’un Jguane, pieds. | pouces. | lignes. 
confervé au Cabinet du Roi, 


ÉOREUEUL LOUE, à 2 À té nus 4 
Circonférence dans l'endroit le plus gros | 

pape uif, ba, ie ee al I 4 
Circonférence à l'origine de Ja queue. 5 9 
Contour de la mâchoire RTE 3 3. 
Longueur de la plus grande écille des 

cotés de la tête, : [ 
Longueur de la poche qui fe _.. 

du cou. pi . Fe Ds. 4 
Largeur de la es ss: I 10 
Longueur des plus grandes écailles & la 

A M Le I 19 
Longucur de la queus. Lu 2 7 _4 
Longueur des pattes de . jufqu’à 

l'extrémité des doigts. . 7 ï 
Longueur des pattes de derrière, 9 9 
Longueur du plus grand ongle. , , 8 


Due. + Hirsrorre NATUREILE 


yeux, & le tour des mâchoires font garnis de larges 
écailles très-colorées, très-unies & très-luifantes; trois 
écailles plus larges que les autres, font placées de 
chaque côté de la tête, au-deflous des oreilles ; la 
plus grande des trois eft ovale, & fon éclat, fem- 
blablé À celui des métaux polis, relève la beauté 
des couleurs de lIguane; les yeux font gros ; lou 
verture des oreilles eft grande ; des tubercules qui ont 
la forme de pointes de diamans, font placés au-deflus 
des narines, fur le fommet de la tête, & de chaque 
côté du cou. Une efpèce de crête, compofée de 
grandes écailles faillantes, & qui, par leur figure, 
reflemblent un peu à des fers de lance, s'étend depuis 
la pointe de la mâchoire inférieure , jufques fous la 
gorge , où elle garnit le devant d'une grande poche, 
que l’Iguane peut gonfler à fon gré. | 
De petites écailles revêtent le corps, la queue & 
les pattes: celles du dos font relevées par une arête. 
La crête remarquable, qui s'étend, ainfi que nous 


l'avons dit, depuis le fommet de la tête jufqu’à l'ex- 


trémité de la queue, eft compofée d'écailles très-lon- 
gues , très-aigues, & placées verticalement ; les plus 
hautes font fur le dos, & leur élévation diminue ir 
fenfiblement, à mefure qu'elles font plus prés du 
bout de la queue, où on les diftingue à peine. 

La queue eft ronde, au lieu d’être aplatie comme 
celle des crocodiles. | | 


Les doigts 


es! x 
il A 
1 LM 


& le pays (d). 


DES QVADRUPÉDES OMIPARES. 273 

Les doigts font féparés les uns des autres , au 
nombre de cinq à chaque pied, & garnis d'ongles 
forts & crochus ;-dans les pieds de devant, le premier 
doigt, ou le doigt intérieur, n'a qu'une phalange ; le 
fecond en a deux, le troifième trois , le quatrième 
quatre , & le cinquième deux. Dans les pieds de. 
derrière , le premier doigt n’a qu’une phalange ; le 
fecond en a deux, le troifième trois, le quatrième 
quatre , & le cinquième, qui eft féparé comme un 
pouce, en a trois. | 

Au-deflus des cuifles s'étend, de chaque côté, un 
cordon de quinze tubercules creux & percés à leur 
fommet, comme pour donner pañlage à quelques fé- 
crétions! nous retrouverons ces tubercules dans plu- 
fieurs efpèces de lézards ; il feroit intéreffant d’en 
connoître exactement l’ufage particulier. 

La couleur générale des Iguanes eft ordinairement 
verte, mêlée de jaune, ou d'un bleu plus ou moins 
foncé; celle du ventre, des pattes & de la queue 
eft quelquefois panachée; la queue de l'individu, que 
nous avons décrit, préfentoit plufieurs couleurs dif- 
polées par bandes annulaires & aflez larges; mais 


les teintes de lIguane varient, fuivant l’âge, le {exe, 


(d) Nous nous en fommes aflurés par l'infpeétion d’un grand nom- 
bre d'individus des deux fexes de différens pays & de différens Âge, & 
Ovipares, Tome I. M m 


27 À Hrsrorre NATURELLE 
Ce lézard eft très- doux; il ne cherche point à 
nuire; il ne fe nourrit que de végétaux & d'infectes. 
Il n'eft cependant pas furprenant que quelques Voya- 
geurs aient trouvé fon afpe& effrayant, lorfque agité 
ar la colère, & animant fon regard, il a fait en- 
tendre fon fifflement , fecoué fa longue queue, gonflé 
fa gorge, redreflé fes écailles, & relevé fa tête hériflée 
de callofités. 

La femelle de lIguane eft ordinairement plus pe- 
tite que le mâle; fes couleurs font plus agréables, fes 
proportions plus fveltes ; fon regard eft plus doux, & 
fes écailles préfentent fouvent l'éclat d'un très-beau 
vert. Cette parure & ces fortes de charmes ne hi 
ont pas été donnés envain; on diroit que le mâle 
a pour elle une paflion trés-vive ; non-feulement, dés 
les premiers beaux jours de la fin de l'hiver, il la 
recherche avec empreffement, mais il la défend avec 
fureur. Sa tendreffe change fon naturel; la douceur 
de fes mœurs, cette douceur fi grande, qu'elle a été 
comparée à la flupidité, fait place à une forte de rage. 
41 Sélance avec hardieffe, lorfqu'il craint pour l'objet 
qu'il aime ; il faifit avec acharnement ceux qui ap- 
prochent de fa femelle ; fa moïfure n’eft point veni- 
meufe; mais, pour lui faire lâcher prife, on ef obligé 
A RME en EU ou NU 


c'eft ce qui explique les différences que on trouve dans les defcriptions 


que les Voyageurs & les Naturaliftes ont données de lTouane, 


Fplus dou 
dun trés 
charmes nt 
it que ke: 
feulemet 
Le L'hiver, 
} la défel 


DES QUADRUPÈDES OVFIPARES. 27$ 


de le tuer , ou de le frapper violemment fur les 
narines (e). 

C'eft environ deux mois après la fin de l'hiver que 
les Iguanes femelles defcendent des montagnes, ou for- 
tent des bois, pour aller dépofer leurs œufs fur le fable 
du bord de la mer. Ces œufs font prefque toujours 
en nombre impair, depuis treize, jufqu'à vingt-cinq. 
Hs ne font pas plus gros, mais plus longs que ceux 
de pigeons ; la coque en eft blanche & fouple, comme 
celle des œufs des tortues marines, auxquels ils ref- 
femblent plus quà ceux des crocodiles. Le dedans 
en eft blanchâtre & fans glaire. Ils donnent, difent 
la plupart des Voyageurs qui font allés en Amérique, 
un excellent goût à toutes les fauces, & valent 
mieux que ceux de poules. | | 

L'Iguane, fuivant plufieurs Auteurs, a de la peine 
à nager, quoiqu il fréquente de préférence les rivages 
de la mer ou des fleuves. Catefby rapporte que lorf- 
qu'il eft dans l’eau, il ne fe conduit prefque qu'avec 
la queue, & qu'il tient fes pattes colées contre fon 
corps (f). Cela s'accorde fort bien avec la difculté 
qu'il éprouve pour fe mouvoir au milieu des flots ; 
& cela ne montre-t-il pas combien les Quadrupèdes 


(e) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. à , page 62, 
(f) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. 


Mm ij 


276 _ Hisroïrre NATURELLE 


ovipares, dont les doigts font divifés, nagent avec 
peine, ainfi que nous l'avons dit, & combien. cette con- 
formation influe fur la nature de leurs habitudes ? 

Dans le printems, les Iguanes mangent beaucoup 
de fleurs & de feuilles des arbres auxquels on a donné. 
le nom de mahot, & qui croiflent le long des rivières: 
ils fe nourriflent aufli d’anones , ainfi que de plufñeurs 
autres végétaux (g) ; & Catefby a remarqué que leur 
graiffe prend la couleur des fruits qu'ils ont mangés 
les derniers; ce qui confirme ce que jai dit des 
diverfes couleurs que donne à la chair des tortues 
de mer l'aliment quelles préfèrent. 

Les Iguanes defcendent fouvent des arbres, pour 
aller chercher des vers de terre, des mouches & d’au- 
tres infectes (A). 

Quoique pourvus de fortes mâchoires, ils avalent 
ce qu'ils mangent prefque fans le mâcher (2). 

Ils fe retirent dans des creux de rochers , ou 
dans des trous d'arbres ( & ). On les voit sélancer 
avec une agilité furprenante jufqu'au plus haut des 
branches , autour defquels ils Sentortillent, de manière 


(g) Catefby, à l'endroit déja cité. 
(A) Note communiquée par M. de la Borde. 
(4) Catefby , à l'endroit déjà cité. 
(4) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. 


DES QvanruPÈDEs OMIRARES. 2977 


à cacher leur tête au milieu des replis de leur 
corps (/). Lorfqu'ils font repus, ils vont fe repofer 


fur les rameaux qui avancent au-deflus de l'eau. C’eft 


ce moment que l'on choïfit au Bréfl pour leur donner 
la chañe. Leur douceur naturelle. jointe peut-être 
à l’efpèce de torpeur à laquelle les lézards font 
fujets, ainfi que les ferpens , lorfqu’ils ont avalé une 
grande quantité de nourriture, leur donne cette forte 
d'apathie & de tranquillité remarquée par Les Voya 
geurs, & avec laquelle ils voyent approcher le danger, 
fans chercher à le fuir, quoiqu'ils foient naturelle- 
ment très-agiles. On a de la peine à les tuer, même 
a coups de fufl: mais on les fait périr très-vite, en 
enfonçant un poinçon, ou feulement un tuyau de paille 
dans leurs nafeaux (m) ; on en voit fortir quelques 
gouttes de fang, & l'animal expire. 

La ftupidité que l’on a reprochée aux Iguanes, ou 
plutôt leur confiance aveugle, prefque toujours le 
partage de ceux qui ne font point de mal, va f loin, 


(4) « Une efpèce de jafmin d'une excellente odeur, qui croit de 
toutes parts, en buiffon, dans les campagnes de Surinam, eft la retraite ct 
ordinaire des ferpens & des lézards, fur-tout de lTguane ; c'eft une ce 
chofe admirable que la manière dont ce dernier reptile s’entortille auce 
pied de cette plante, cachant fa tête au. milieu de tous fes replis. 23. 
Hifloire générale des Voyages , tome 54, page 411 , édit. in-v2.. 


(rR) Hifloire générale des Voyages, Liyre VII, Chapitre x p11. 


278 Hrsrorre NATURELLE 


qu'il eft très-facile de les faifir en vie. Dans plufeurs 
contrées de l'Amérique, on les chañle avec des chiens 
dreflés à les pourfuivre; mais on peut auff les prendre 
aifément au piège (n). Le chaffeur qui va à la re- 
cherche du lézard, porte une longue perche, au bout 
de laquelle eft une petite corde, nouée en forme de 
lac. (o ). Lorfawil découvre un Iguane étendu fur 
des branches, & sy pénétrant de l’ardeur du foleil, 
il commence à fiffler: le lézard, qui femble prendre 
plaifir à l'entendre, avance la tête; peu-à- peu le 


chaffeur s'approche, & en continuant de fiffier, il 


chatouille avec le bout de fa perche les côtés & la 


gorge de lIguane, qui non-feulement foufire fans 


peine cette forte de carefle, mais fe retourne dou- 
cement , & paroît en jouir avec volupté. Le chaffeur 
le féduit, pour ainfi dire, en fifflant & en le chatouil- 
lant, au point de lengager à porter fa tête hors des 
branches, aflez avant pour embarrafler fon cou dans 
le lac : auflitôt il lui donne une violente fecouile, 
qui le fait tomber à terre; il le faifit à l’origine de la 
queue ; il lui met un pied fur le corps; & ce qui 
prouve bien que la ftupidité de VIguane n’eft pas auil 
grande qu'on le dit, c'eft que lorfque fa confiance et 


(n) Note communiquée par M. de la Borde. 


(o) Voyages du Père Labar en Afrique & en Æinérique. 


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fais 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 279 
trompée, & quil fe fent pris, il a recours à la force, 
dont il n'avoit pas voulu ufer. Il s’'agite avec violence; 
il ouvre la gueule; il roule des yeux étincelans; il 
gonfle fa gorge : mais fes eforts font inutiles; le chaf- 
feur, en le tenant fous fes pieds, & en l'accablant 
du poids de tout fon corps, parvient bientôt à lui 
attacher les pattes, & à lui lier la gueule, de ma- 
nière que ce malheureux animal ne puifle ni fe dé- 
fendre, ni senfuir (p ). | 

On peut le garder plufeurs jours en vie fans lui don- 


ner aucune nourriture (q) ; la contrainte femble d’a- 
bord le révolter ; il eft fier; il paroïît méchant ; mais 
bientôt il s'apprivoife ; il demeure dans les jardins ; il 


{p) Catefby, Hifloire naturelle de la Caroline. 


(g) Brown dit avoir garde chez lui un Iguane adulte pendant plus 
de deux mois. Dans le commencement il étoit fier & méchant; mais, 
au bout de quelques jours, il devint plus doux: à la fin, il pañoit la 
plus grande partie du jour fur un lit, mais il couroit toujours pendant 


da nuit. « Je n’ai jamais obfervé , continue ce Voyageur, que cet 


Iguane ait mangé autre chofe que les particules imperceptibles qu'ile 
lapoit dans l'air, (ces particules étoient fürement de très-petits infcétes). ce 
Quand il fe promenoit , il dardoit fréquemment fa langue, comme letce 
caméléon. La chair de l’Iguane eft recherchée par beaucoup de gens, ce 
& lorfqu'elle eft fervie en fricaflée, elle eft préférée à celle de la meil-ce 
leure volaille. L'Iguane peut être aifément apprivoifé, quand il eftce 
jeune ; il eft alors un animal auffi innocent que beau. » Hifloire natu- 
relle de la Jamaïque par Brown , Londres, 1756 , pag: 462. 


260 Hrsrorre NATUREL 

pañle même la plus grande partie du jour dans les ap- 
partemens; il court pendant la nuit, parce que fes yeux, 
comme ceux des chats, peuvent fe dilater de manière 
que la plus foible lumière lui fafife , & parce quil 
prend aifément alors les infeétes dont il fe nourrit. 
Quand il fe promène, il darde fouvent fa langue ; il 
vit tranquille ; il devient familier (r).. 

On ne doit pas être furpris de l'acharnement avec 
lequel on pourfuit cet animal doux & pacifique qui ne 
recherche que quelques feuilles inutiles , ou quelques 
infectes malfaifans , qui n'a befoin pour fon habitation 
que de quelques trous de rocher , ou de quelques bran- 
ches prefque fèches , & que la nature a placé dans les 
grandes forêts pour en faire l’ornement. Sa chair eft 
excellente à manger, fur-tout celle des femelles qui 
eft plus tendre & plus grafle (s) ; les habitans de Ba- 
hama en faifoient même une efpèce de commerce, ils 
le portoient en vie à la Caroline & dans d'autres con- 


trées , ou ils le faifoient faler pour leur ufage (+) * 


dans certaines Îfles où ils font rares , on les réferve 
pour les meilleures tables (u) ; & l’homme ne sef 


(r) Note communiquée par M. de la Borde, 

(s) On dit que la chair de l'Iguane-eft nuifible à ceux dont le {ang 
n'eft point pur, & M. de la Borde la croit difficile à digérer. 

{#) Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline. | 

{æ) Note communiquée par M. de la Borde, 


jamais 


; OÙ quék 
on habitai 
elques ra 
Jacé dans| 
Sa chair! 
 femellest 
bitans de) 
commertt 
; d'autrél 
ur use | 
ok É 
pomnt E 


DE 


est 
Lu 


DES QvVADRUPÉÈDES OVIPARES. 981 


jamais tant exercé à détruire les animaux nuifibles, qu’à 
faire fa proie de ceux qui peuvent flatter fon appétit. 
D'ailleurs on trouve quelquefois dans Le corps de l’Iguane, 
ainf que dans les crocodiles & dans les tupinambis , des 
concrétions femblables aux bézoards des Quadrupèdes 
vivipares, & particulièrement à ceux que l’on a nommés 
bézoards occidentaux. M. Dombey a apporté de l’Amé- 
rique méridionale au Cabinet du Roi, un de ces bé- 
zoards d’Iguane. Cette concrétion repréfente aflez exac- 
tement la moitié d’un ovoïde un peu creux; elle 
eft compofée de couches polies , formées de petites 


aiguilles , & qui préfentent comme d’autres bézoards , 


une efpèce de criftallifation. Elle eft convexe d’un 
côté, & concave de l’autre; elle ne doit cependant pas 
être regardée comme la moitié d’un bézoard plus con- 
fidérable , les couches qui la compofent étant placées 
les unes au-deflus des autres fur les bords de la cavité, 
ainfi que fur la partie convexe. Le noyau, qui a fervi 
à former ce bézoard , devoit donc avoir à-peu-près la 
même forme que cette concrétion. La furface de Ja 
cavité qu'elle préfente , n’eft point polie comme celle 
des parties relevées, qui ont pu fubir un frottement 
plus ou moins confidérable. Le grand diamètre de ce 
bézoard eft de quinze lignes, & le petit diamètre à- 
peu-près de quatorze. 

Séba avoit, dans fa collection, plufeurs bézoards d’1- 


guanes, de la groffeur d'un œuf de pigeon , & d'un 


Ovipares, Tome I. Na 


282 Hirsrorre NATUR=rIrR 
jaune cendré avec des taches foncées. Ces concrétions 
font appellées Beguan par les Indiens, qui les efliment 
plus que beaucoup d'autres bézoards (v). Elles peu- 
vent avoir été connues des Anciens, Fliguane habitant 
dans les Indes orientales , ainfñi queen Amérique ; & 
comme cet animal n'a point été particulièrement in- 
diqué par Ariftote ni par Pline, & que les Anciens n'en 
ont viaifemblablement parlé que fous le nom de Léyard- 
vert, ne pourroit-on pas croire que la pierre, appellée 
par Pline Sauritin, à caufe du mot Saurus ( Lézard), 
& que l’on regardoit , du tems de ce Naturalifte, 
comme fe trouvant dans le corps d’un lézard-vert, r'eft 
autre chofe que le bézoard de l’Ignane , & qu’elle 
nétoit précieufe que par ce qu'on lui attribuoit les 
fauffes propriétés des autres bézoards (x) ; ce qui con- 
firme notre opinion ; à ce fujet , c'eff que ce mot 
S'auritin wa été appliqué par les anciens , ni par les 
modernes à aucun autre corps, tant du règne animal 
que du règne minéral. 

Les Iguanes font très-communs à Surinam, ainfi que 
dans les bois de la Guiane, aux environs de Cayenne (y), 


(y) Séba, vol. 2, page 140: 


(x) Sauritin in ventre viridis lacerti arundine difleéti tradunt inve= 
mini. Pline, Eiyre XX X VII, Chapitre LXrr1. 


(y) Note communiquée par D, de la Borde. 


ardent, n 
e,& que 
cattribuoit 
); cequit 
t que ct! 
en ,n f 
u rège D 


DES Quanrurkpes ovrparrs. 903 
& dans la nouvelle Efpagne. Ils font aflez rares aux 
Antilles, parce qu'on y en a détruit un grand nombre, 
à caufe de la bonté de leur chair f 7). On trouve auffi 
JIguane dans l’ancien continent en Afrique , ainfi qu'en 
Afie (a) ; il eft par-tout confiné dans les climats chauds ; 
{es couleurs varient fuivant le fexe , l’âge & les di- 
verfes régions qu'il habite ; mais il eft toujours remar- 
quable par fes habitudes, fa forme & l'émail de fes 
écailles. | | 


(x) Note communiquée par M. de la Borde. 


(a) Auprès de la Baye des chiens marins, dans la nouvelle Hollande, 
le Voyageur Dampier trouva des Guanos ou Iguanes, qui, lorfqu'’on 
$'approchoit d'eux, s'arrétoient & fiffloient fans prendre la fuite. Voyage 
de Guillaurne Dampier , aux terres Aufirales , Arnflerdam 170$. 


Nn i 


204 Hisrorre NATURELLE 


L'EBASTIPFC "(ET 


L'erreur seft fervie de ce nom de Bafilic, pour 
défigner un animal terrible, qu'on a tantôt repréfenté 
comme un ferpent, tantôt comme un petit dragon, 
& dont le regard perçant donnoit la mort. Rien de 
plus fabuleux que cet animal, au fujet duquel on a 
répandu tant de contes ridicules, qu'on a doué de tant 
de. qualités merveilleufes, & dont la réputation fert 


encore à faire admirer entre les mains des Charlatans, 


par un peuple ignorant & crédule, une peau de raie 
defléchée, contournée d’une manière bizarre, & que 
l’on décore du nom fameux de cet animal chimé- 


rique (b). 


(a) Le Bañlic. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Lacerta Bañlifcus 25, Linn. amphib. rept. 

Dragon d'Amérique, amphibie qui vole, Baflic, Séba. s , planche 160, 
figure 2. 

Bafilicus Americanus, 75. Laurenti fpecimen medicum. 

(b) « Le Bañlic, que les Charlatans & les Säkinbanques expofent 
tous les jours avec tant d'appareil, aux yeux du public , pour l'attirer 
»»& lui en impofer, n'eft qu'une forte de petite raie, qui fe trouve 


at té 


| de Balle, 
lantot rep 
n pet da 
mort. Ra 
# duquel o 
a doué det 
réputation 
des Chart 
ne peal & 
bizarre, À 
“animal à 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 285 


Nous ne conferverions pas ce nom de Bafilic, dont 
on a tant abufé, à l’animal réel dont nous parlons, 
de peur que l’exiftence d’un lézard, appellé Bañilic, ne 
pût faire croire à la vérité de quelques-unes des fables 


X 


attachées à ce nom, fi elles n'étoient aufli abfurdes 


que rifibles, fi par-là nous n'étions bien raflurés fur 
la croyance qu’on leur accorde, & d'ailleurs fi ce nom 
de Bafñilic n'avoit pas été donné au lézard dont il eff 
queftion dans cet article, par tous les Naturaliftes qui 
s’en font occupés. 

Le lézard bafilic habite l'Amérique méridionale ; 
aucune efpèce n’eft auffi facile à diftinguer, à caufe 


d’une crête très-exhauflée qui s'étend depuis le fommet 


de la tête, jufqu’au bout de la queue, & qui eft com- 
pofée d’écailles en forme de rayons, un peu féparées 
les unes des autres. Il a d’ailleurs une forte de capu- 
chon qui couronne fa tête; & c’eft de-là que lui vient 
fon nom de Bafilic, qui fignifie petit roi. Cet animal 
parvient à une taille affez confidérable ; il a fouvent 
plus de trois pieds de longueur, en comptant celle de 
la queue. Ses doigts, au nombre de cinq à chaque pied, 
ne font réunis par aucune membrane. Il vit fur les 


p ee 
dans la méditerranée, & qu'on fait deflécher fous la bizarre configu- ce 
ration qu'on y remarque.» Dédionnaire d'Hifloire naturelle , par 
M. Valmont de Bomare. | 


256 Hrsrorre NarTursrre 

arbres, comme prefque tous les lézards, qui ayant les 
doigts divifés peuvent y grimper avec facilité, & en 
faifir aifément les branches. Non-feulement il peut y 
courir aflez vite, mais rempliffant d'air fon efpèce de 
capuchon, déployant fa crête, augmentant {on volu- 
me, & devenant par-là plus léger, il faute & voltige, 
pour ainfi dire, avec agilité de branche en branche, 
Son féjour n'eft cependant pas borné au milieu des 
bois ; il va à l’eau fans peine, & lorfquil veut nager 
il enfle également fon capuchon, & étend fes mem- 
branes. 

La crête, qui diftingue le Baflic , & qui peut lui fers 
vir d'une petite arme ft ve , eft encore pour lui un 
bel ornement. Bien loin de tuer par fon regard, comme 
animal fabuleux dont il porte le nom, il doit être 
confidéré avec plaifir, lorfqw'animant la folitude des 
immenfes forêts de l'Amérique, il s'élance avec ra- 
pidité de branche en branche, ou bien lorfque dans 
une attitude de repos, & tempérant fa vivacité na- 
turelle , il témoigne une forte de fatisfaction à ceux 
qui le regardent, fe pare, pour ainf dire, de fa 
couronne , agite mollement fa belle crête, la baïfle, 
la relève, & par les différens reflets de fée écailles, 
renvoie aux yeux de ceux qui l’examinent, de douces 
ondulations de lumière. | 


Nous CONSER VONS à ce lézard le nom de Porte 
crête, qui lui a été donné par M. d’Aubenton. Cet animal 
préfente en effet une crête qui s'étend depuis la tête juf- 
qu'à l'extrémité de la queue. Le plus fouvent elle eft 
compofée {ur le dos de foixante-dix petites écailles pla- 


tes, longues & pointues; &, à l’origine de la queue, elle 


s'élève & repréfente une nageoire très-longue, très-large, 
formée de quatorze ou quinze rayons cartilagineux, & 
garnie à fon bord fupérieur .de petites écailles aigues, 
penchées fouvent en arrière. C’eft dans l’Ifle d'Amboine: 
& dans l’Ifle de Java (b), qu'on trouve le Porte-crête. 
M. Schlofier eft le premier Naturalifte qui en ait 


(a) Bin jawacok jangur eckor , par les Melases , juivent M. Hornffedt.. 

Le Forte-crête. M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique. 

Lacerta Amboinens, Schjoffér de Lacerta Amboïnenft , Amfier- 
dam , 1778 ,.in-4.° ( L'individu, décrit par M. Schlotier. fut acheté par 


feû M. le Baron de’ Géer, & appartenoit, en 178$, à l'Académie de 


Stockolm }. 
(5) M. Hornfledt. Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolnr 
année 178% , trim, 2, page 130: 


200 Hisrorre NATURELLE 


parlé (c). Ce lézard eft dans PAfe le repréfentant du 
Bafilic qui habite le nouveau continent ; il a aufh de 
grands rapports avec la Dragonne, & les autres grands 
lézards à queue comprimée, dont le dos paroït den- 
telé, en ce que fa tête eft prefque quadrangulaire, 
aplatie, revêtue de tubercules & de grandes écailles: 
il a les yeux grands , & les narines élevées ; les 


ouvertures des oreilles laiflent voir la membrane nue 


du tympan; le deffous de la tête préfente une forte 
de poche aplatie & très-plifiée, à laquelle on a donné 
le nom de collier. La langue eft épaifle, charnue, & 
légèrement fendue ; les dents font ferrées, pointues , & 
d'autant plus grandes qu’elles font plus éloignées du 
devant des mâchoires, où l’on en rencontre huit en 
haut & fix en bas arrondies, courtes, aigues , tournées 
obliquement en-dehors, & féparées par un petit in- 
tervalle, des plus groffes ou des molaires ( 4) RE 
Porte-crête en a ainfi de deux fortes, comme la 


Dragonne à laquelle il reffemble encore par la forme 


& la difpofition des dents. 
Les cinq doigts de chaque pied font garnis d'ongles, 


& préfentent de chaque côté un rebord aigu, dentelé 


Entaiennmtnmannnun dnprnen Rs anne Q - "+ = 


(c) Schloffér , ouvrage déja cité. 
(4) M. Hornfledt. Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolm , 
année 1785 (Tim. 2, page 130. 
- comme 


DES QUADRUPÈDES orrpArRzES. 289 
comme une fcie, La queue et près de trois fois plus 
longue que le corps. La couleur de la tête & du 
collier eft verdâtre, avec des lignes blanches ; la crête 


-& le dos font d’un fauve plus où moins foncé; le 


ventre eft d’un gris blanchâtre, & chaque côté du 
Corps préfente des taches ou bandes blanches, qui 
s'étendent jufque fur les pieds ; il paroït que, dans plu- 
fieurs individus, la couleur générale du Porte-crête eft 
verdâtre, avec des raies noires, & le ventre blan- 
châtre (e). Le mâle diffère de la femelle par une 
crête beaucoup plus élevée, & par des couleurs plus 
vives. | 

Ce lézard n'eft pas feulement beau: il eft aflez 
grand, puifqu'il a quelquefois trois ou quatre pieds de 
long ; fa gueule & fes doigts font bien armés ; fon dos & 
fa queue préfentent une forte de défenfe ; fes pieds con- 
formés de manière à lui permettre de grimper fur les 
arbres, laiflent moins de reflources À fa proie pour lui 
échapper; fa tête tuberculeufe & garnie de grandes 
écailles, paroït être à l'abri des bleffures ; d’après tous 
ces attributs, on croiroit que le Porte-crête eft vorace, 
carnacier, & dangereux pour plufieurs petits animaux. 
Mais nous avons encore ici un exemple de la réferve 
avec laquelle on doit juger de l’enfemble du naturel], 


(e) M. Hornfledt , à l'endroit déjà ciré 
Ovipares, Tome I, + 409 


890 Hrsrorre NATUREILE 


d’après les caractères particuliers de la conformation 


extérieure, tant lerganifation interne ; & même un 
concours de circonftances locales , plus ou moins conf 
tantes, agiflent quelquefois avec force fur les habi 
tudes. : 
Le Porte-crête habite de préférence fur le bord 
des grands fleuves : mais ce n'eft point en embufcade 
qu'on ly trouve: il ne fait point la guerre aux ani 


maux plus foibles que lui: il fe nourrit tout au plus 
de quelques petits vers: il pañle tranquillement fa vie 


fur les rives peu fréquentées ; il dépofe fes œufs {ur 
les bancs de fable & les petites Ifles, comme s’il cher- 


choit à les y mettre en fûreté : il grimpe fur les arbres 
qui s'élèvent au bord de l’eau, & y cherche en paix 


les fruits & les graines dont il fait fæ principale nour- 
riture. Il n’a donc ufé prefque jamais de toute fa force, 
qui peut-être même n'eft pas très - confidérable : aufh 
s'alarme-til aifément. Il fuit au moindre bruit, fans 
chercher à fe défendre, comme fi l'habitude de la 


défenfe tenoit le plus fouvent à celle de l'attaque. il 


fe jette dans l’eau lorfqu'il redoute quelqu'ennemi ; il 
nage avec d'autant plus de vitefle que la membrane 
élevée de fa queue, lui fert À frapper Peau avec fack 
lité ; & ilfe cache à la hâte fous les roches. 

Les fruits dont ce lézard fe nourrit, lui donnent 
un naturel doux & paifible, & communiquent à fa chair 
une faveur fupérieure à celle qu’elle auroit, sil choi- 


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DES QUADRUPÈDES OPIPARES. 9201 
fifloit un aliment moins pur. Malheureufement pour 
cet innocent lézard , le bon goût de fa chair, qu'on dit 
être préférable à celle de l’Iguane, eft affez connu 
des habitans des contrées qu'il habite, pour qu'on le 
pourfuive jufqu'au milieu des eaux, & fous les roches 
avancées qui lui fervent de dernier afile. Il s’y laifle 


_ même prendre à la maïn, fans jeter aucun cri, fans 
faire le moindre mouvement pour fe défendre. Cette 


efpèce d'abandon de fa vie ne provient peut-être que 
du naturel tranquille de cet animal frugivore, qui n’a | 
jamais eflayé fes armes, ni fenti tout ce qu'il peut 
pour fa confervation. On a cependant donné à fa dou- 


_ceur le nom de ftupidité ; mais combien de fois n’a- 


t-on pas défigné, par un nom de mépris, les qualités 


_paiñbles & peu brillantes ! 


Oo i 


Ce LézarD a , depuis la tête jufqu'au milieu du 
dos, une crête produite par des écailles féparées l’une 
de l’autre, grandes, minces & terminées en pointe. 
Quelques écailles femblables s'élèvent d’ailleurs vers 

le derrière de la tête, au-deflous des ouvertures des 
oreilles. Mais cette crête hériffée ne s'étend pas fu 
la gorge, & depuis le fommet de la tête jufqu’à l'ex- 
trémité de la queue, comme dans lIguane. Toutes les” 


A 
A Ni 


(a) Par les Grecs, Kolotes & Askalabotes. IN à 
Par les Latins, Ophiomacus. \ 
Le Galéote. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. ‘ 
Galiote. Didionnaire d’'Hi Grau naturelle, de. M. Valmont & 140 
Bornare. 0 
Séba. 1. Tab. 89, fig. 2, tab. 93 fe» 2, cb. 94 dé 2543 ei) 
tab. 76 , fig: 5. 0 
Jguana calotes , 73. eee medicum. 
Iguana chalcidica, 69. Idem , Ibidem. 
Lacerta calotes, 27. Lion. amphib, rept. 
Edwards, ay. 74, & 244: A 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 293 


autres écailles qui revêtent le Galéote, préfentent une 


arète faillante & aigue, qui le fait paroître couvert 


d'une multitude de ftries difpofées dans le fens de fa 
longueur. | . 

La tête eft aplatie, très-large parderrière, & affez 
femblable par-làà celle du caméléon; les yeux font 
gros ; les ouvertures des oreilles grandes; la gorge eft 
un peu renflée, ce qui lui donne un petit trait de ref- 
femblance avec l'Iguane ; les pattes font aflez longues, 
ainfi que les doigts qui font très-féparés les uns des 
autres ; le dos des ongles eft noir. La queue eft eflilée, 
& plus de trois fois aufli longue que le corps. L'indi- 
vidu que nous avons décrit, & qui eft confervé au 
Cabinet du Roi, a trois pouces dix lignes, depuis le 
bout du mufeau jufqu'à l'anus; la queue a quatorze 
pouces de longueur. Quelquefois la couleur du dos 
eft azurée , & celle du ventre blanchitre. 

Le Galéote fe trouve dans les contrées chaudes de 
l'Afie , particulièrement dans l’Ifle de Ceylan, en 
Arabie, en Efpagne, &c. il court dans les maifons 


& fur les toits, où il donne Ja chaffe aux araignées: 


on prétend même qu'il eft aflez fort pour faire fa 
proie de petits rats, contre les dents defquels il pour- 


roit étre un peu défendu, par fes écailles aiguës, & 


par la crête qui règne le long de fon dos. Ce qui 
eft bien certain, c'eft que fes longs doigts, très-divifés, 


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Hrsrorre NATuREzL» 
es. H fe bat contre les petits ferpens, a 


que le lézard vert & plufeurs autres lézards, 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 50% 


Ponieseenee 


Ox rrouvE en Amérique un lézard qui a beau= 
coup de rapports avec le Galéote. Le derrière de la 
tête & le cou font garnis d’écailles aiguës. Celles qui 


couvrent le deffus du corps, & fur-tout celles qui 
revétent la queue, font relevées en cärêne & ter- 


minées par uñe épiné, Ce qui donne uné forme angus 


leufe à à la queue, qui d'ailleurs eft menue & longue, 
Le dos préfente, vers fa partie antérieuré, une crête 


compofée d’écailles droites, plates & aiguës. +. deflous 
de la gueule eft couvert d’une peau lâche , en forme 
de petit fanon. Ce qui le diftiigué principalement du 
Galéote, avec lequel il eft aifé de le confondre, c’eft 
que fes couleurs paroiffent plus pâles , que fon ventre 


(a) L'Agame. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Eacerta Agama, 28. Linn. amplhub. rept. 

Gronov. Zooph. 13, N. 54. 

Séba. Tome. 1 , planche 107, fig 2,2%, 5. 

Eguana Cordylina 67; & Iguana Dalamandrina, 68. Laurenti JPeeb: 
men medicurn, 


206 . Hrsrorre Narurrzre 


_femble moins frié, & que les écailles, qui garniffent 
le derrière de la tête, font comme renverfées, & 
tournées vers le mufeau. Le mâle ne diffère de la 
femelle qu'en ce que fa crête eft compofée d'écailles 
plus grandes , & fe prolonge davantage fur le dos, 
D'ailleurs il n'y a point d'épines latérales fur le cou 
de la femellé; mais on en voit de très-petites fur les 
côtés du corps, & celles qui défendent la queue & 
les parties antérieures du dos, font plus aiguës que fur 
le mâle. Suivant Séba, ce lézard fe plaît au milieu 
des eaux. Nous préfumons que c’eft à cette efpèce 
qu'il faut rapporter le lézard, repréfenté dans l’ou- 
vrage de Sloane, planche 273, figure à (b), ainf 
que celui que Brown a dit être commun à la Jamaï- 
que, & dont il fait une cinquième efpèce (c). Nous 


(Bb) Lacertus major è 5 cinereus ; dorfo criffa breviori donato. Ce 
lézard fe trouve en très-grand nombre dans les bois de la Jamaïque ; 
il diffère très-peu du Gzane (Iguane) ; mais il eft plus petit , fa cou- 
leur eft plus verte, & ila, le long du dos, une crête plus courte. Il 
pond des œufs moins gros que les œufs de pigeon. us vol 23 
Peer 337 

(c) Lacerta , 4 minor ni cauda bains ereclis criflata. The Gars 
lizard; and blue lizard of Edwards. Ce lézard eft très-commun à la 
Jamaïque ; il paroït en général d’un beau vert; mais fa couleur change 
fuivant fa poñtion, ainf que celle des animaux de fon genre ; il femble 
même qu ‘elle eft plus variable que celle des autres lézards, & qu ‘elle 


croyons 


Q 


DES QUADRUPÈDES oOPIPARES, 267 
croyons devoir encore regarder, comme un Agame, 
le lézard bleu d'Edwards [4 ) ; & ces trois lézards ne 
nous paroiflent être tout au plus que des variétés de 
celui dont il eff queftion dans cet article. 
prend plutôt les différentes nuances qu'elle préfente, fuivant l'endroit 
où il fe trouve. Son corps eft couvert d’écailles légères; mais celles qui 


font au-deflus de la queue , font relevées & forment une petite crête 


qui a quelques rapports avec celle du Guena (Iguane) ; fa longueur 
excède rarement neuf ou dix pouces ; il eft très-doux. Brown, page 463. 


(d) « Le lézard bleu eft fort particulier, à caufe de la ftructure de 
fes doigts, qui ont de petites membranes qui s'étendent de chaquece 
côté , non pas de la nature de celles que les oifeaux aquatiques ontcs 
aux pattes; mais plutôt comme certaines fortes de mouches en ont,ce 
qui agiflent par voie de fuction : ain, je COnÇOIS que ces membranes ce 
leur fervent à fe tenir & à marcher fur la furfaice unie des grandes ce 
feuilles des arbres & des plantes: il a une petite élévation fur le dos, ce 
en forme de fillon qui règne tout du long, jufqu'à la queue , où ellec 
devient dentelée : tout le deflus du corps eft bleuâtre, varié tranfver-ce 
falement de nuances plus claires & plus foncies: le deflous en eftce 
d'une couleur de chair pâle. » Glanures d'Hifloire naturelle , parEdwards ; 
pag 74, planche 245. Le lézard, décrit par Edwards, ayant été apporté 
dans de l'efprit-de-vin , de l'Ifle de Nevis ; dans les Indes occidentales , 

il ne feroit pas furprenant que fa couleur eût été aliérée, & de verte 
fût devenue bleue ; jai vu fouvent la couleur de pluleurs lézards cons 
fervés dans de l'efprit-de-vin , changer ainf du vert au bleu, 


Ovipares , Tome I, Pp : 


298 Hirsrorrs NATURELLE 


(TROISIÈME DIVISION À 


LEZ. AR D.S 
Dont la queue eftronde , qui ont cinq doigts aux pieds 
de devant , & des bandes écailleufes fous Le ventre. 


Les LézarD Gris paroit être le plus doux, le | | 
plus innocent & l’un des plus utiles des lézards. Ce |! 
joli petit animal fi commun dans le pays où nous écri- 
: k 

4 


(a) Lagariija & Sargantana, en Ejpagne. 

Langrola, aux environs de Montpellier. | 

Le lézard Gris. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 

Le lézard Gris, le lézard ordinaire ou commun, Lacerta terreftris, 
M. Valmont de Bormare , Difionnaire d'Hifloire naturelle. 
Lacerta agilis, 15. Zinn. amphib. repr. 

corses Edivards. Glanures d'Hifloire naturelle, Londres , 1764. 
Seconde partie, Chapitre xy, planche 225. The little Brown lizard, 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 299 


vons, & avec lequel tant de perfonnes ont joué dans 
leur enfance, n’a pas reçu de la nature un vêtement 
aufhi\ éclatant que plufeurs autres Quadrupèdes ovi- 
pares ; mais elle lui a donné une parure élégante ; fa 
petite taille eft fvelte; fon mouvement agile ; fa courfe 
fi prompte qu'il échappe à l'œil, aufli rapidement que 
l'oifeau qui vole. Il aime à recevoir la chaleur du 
foleil ; ayant befoin d’une température douce, il cher- 
che les abris; & lorfque, dans un beau jour de prin- 
tems, une lumière pure éclaire vivement un gazon en 
pente, ou une muraille qui augmente la chaleur en 


la réfléchiflant, on le voit s'étendre fur ce mur, ou fur 


l'herbe nouvelle avec une efpèce de volupté. Il fe pénè- 
tre avec délices de cette chaleur bienfaifante ; il mar- 
que fon plaifir par de molles ondulations de fa queue 


délice ; il fait briller fes yeux vifs & animés ; il fe pré- 


cipite comme un trait pour faifir une petite proie , ou 
pour trouver un abriplus commode. Bien loin de s'enfuir 
à l'approche de l’homme, il paroît le regarder avec com- 


plaifance : mais au moindre bruit qui l’effraie, à la chûte 


feule d'une feuille, il fe roule, tombe & demeure 


— 


Séba, 2. Table 79, figure 5. 

Lacerta agilis. Ichthyologia cum amphibiis regni Boruffiai. , à Job. 
Chrifl. Wulf _. ; 

Seps argus 105$, Seps muralis 106, Seps terreftris 107, Seps cæru- 
lefcens 109. Laurenti fpecimen medicum, 


P p ij 


300 HISTOIRE NATURELLE 

pendant quelques inftans comme étourdi par fa chûte; 
ou bien, il sélance, difparoît , fe trouble, revient, 
fe cache de nouveau, reparoït encore, décrit en un 
inftant plufieurs circuits tortueux que l'œil a de la 
peine à fuivre, fe replie plufeurs fois fur lui-même, 
& fe retire enfin dans quelque afile jufquà ce que 
fa crainte foit difipée (b). 

Sa tête eft triangulaire & aplatie ; le deflus ef 
couvert de grandes écailles, dont deux font fituées au- 
_ deflus des yeux, de manière à repréfenter quelquefois 
des paupières fermées. Son petit mufeau arrondi pré- 
fente un contour gracieux; les ouvertures des oreilles 
font aflez grandes; les deux mâchoires égales & garnies 
de larges écailles; les dents fines, un peu crochues 
& tournées vers le gofer. - , A en 

Il a à chaque pied cinq doigts déliés, & garnis 
d'ongles recourbés, qui lui fervent à grimper aifément 
fur les arbres & à courir avec agilité le long des murs; 
_& ce qui ajoute à la vitefle avec laquelle il s'élance, 
même en montant, c'eft que les pattes de derrière, 
ainfi que dans tous les lézards, font un peu plus lon- 
gues que celles de devant. Le long de l'intérieur des 
cuifles, règne un petit cordon de tubercules, fembla- 

A 
(Bb) Cet principalement dans les pays chauds que le Kzard Gris ef 
très-agile, & qu'il exécute les divers mouvemens que nous venons de 


décrire. 


l 


DES QuaDRuPiDEs o"IPARES. 3OÏ 
bles, par leur forme, à ceux que noûs avons remar- 
qués fur Plguane : le nombre de ces petites éminences 
varie, & on en compte quelquefois plus de vingt. 
Tout eft délicat & doux à la vue , dans ce petit 
lézard. La couleur grife que prélente le deflus de fon 
Corps, eit variée par un grand nombre de taches blan- 
châtres, eft par trois bandes preique noires, qui par- 
courent la longueur du dos; celle du milieu ef plus 
étroite que les deux autres. Son ventre eft peint 
de vert, changeant en bleu ; il neft aucune de {es 
écailles dont le reflet ne foit agréable ; & pour 
ajouter à cette fimple , mais riante parure, le defflous 
du cou eft garni d’un collier compolé d'écaillés, ordi- 
nairement au nombre de fept, un peu plus grandes 
que les voifines, & qui réuniflent l'éclat & la cou- 
leur de l'or. Au refte, dans ce lézard comme dans 
tous les autres , les teintes & la difribution des cou- 


leurs font fjettes À varier fuivant l’âge , le fexe & le 
} : (See) 


pays : mais le fond de ces couleurs reite à-peu-près le 
même (c). Le ventre eft couvert d’écailles beaucoup 


plus grandes que celles qui font au-deflus qu COTPS ; | 


elles y forment des bandes tranfverfales, ainfi que dans 


tous les lézards que nous avons compris dans la troi- 


fième divifon. 


(c) Nous avons décrit le Izard Gris, d'après des individus vivans. 


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_ je Done 2 de © Bac dédie ae deg coma © co AA 


a tn Po to D + ms ds ardt Sté Abe à mm 


302 Hisrorrs NATUREAILE 


Ïl a ordinairement cinq ou fix pouces de long, & 


un demi-pouce de large : & quelle différence entre 


ce petit animal & l’énorme crocodile ! Aufli ce pro- 
digieux Quadrupède ovipare n'eft-il prefque jamais 
apperçu qu'avec effroi; tandis qu'on voit avec intérêt 
le petit lézard Gris jouer innocemment parmi les fleurs 
avec ceux de fon efpèce, & par la rapidité de fes 


agréables évolutions, mériter le nom d’agile que Linné 
Jui a donné. On ne craint point ce lézard doux & 


paiñble ; on l’'obferve de prés ; il échappe communé- 


ment avec rapidité. lorfau on veut le faifir ; mais lorf- 
P ) Ÿ | ; 


qu'on l’a pris, on le manie fans qu'il cherche à mor- 


dre ; les enfans en font un jouet; & par une fuite de 
Ja grande douceur de fon caractère, il devient familier 


avec eux. On diroit qu'il cherche à leur rendre carefle 
pour carefle ; il approche innocemment fa bouche de 
leur bouche; il fuce leur falive avec avidité; les 


Anciens l'ont appellé l’ami de l’homme, il auroit fallu 
l’appeller l'ami de l’enfance : maïs cette enfance fou- 


vent ingrate ou du moins trop inconftante , ne rend 
pas toujours le bien pour le bien à ce foïble animal; 


elle le mutile; elle lui fait perdre une partie de fa 


queue trés-fragile, & dont les tendres vertebres peu- 
vent aifément fe féparer (d). 


(d) « M. Marchand a remarqué, dans les Mémoires de l'Académie 
s royale des Sciences , année 1718, que ces animaux avoient quelquefois 


L 2 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 303 

Cette queue qui va toujours en diminuant de grof- 
feur , & qui fe termine en pointe, eft à-peu-près deux 
fois aufli longue que le corps: elle eft tachetée de 
blanc & d'un noir peu foncé, & les petites écailles 
qui la couvrent forment des anneaux aflez fenfbles, 
fouvent au nombre de quatre-vingt. Lorfqu’elle a été 
brifée par quelqu'accident , elle repouffe quelquefois ; 


_& fuivant qu'elle a été divifée en plus où moins de 


parties , elle eft remplacée par deux & même quel- 


deux queues, & c'eft ce que Pline & plufeurs autres avoient déjà cs 
obfervé avant lui. On en trouve quelquefois de tels en Portugal ;cs 
mais comme rien n'eft plus commun, dans ce pays-R , que de voircec 
les enfans les tourmenter de toutes fortes de façons , peut être arrive-c« 
til que leur ayant fendu la queue fuivant fa longueur, chacune desce 
portions s’arrondit , & devient une queue complète ; car il eft très-ce 
ordinaire que fi toute leur queue , ou feulement une partie, fe perdce 
par quelqu'accident, elle recroifle d'elle-même, j'en ai vu une infinitéce 
d'exemples; & c'eft-là une perte à laquelle ils font expofés tous lesce 
jours, lors même qu'ils ne font que jouer entr'eux; car les petites ce 
vertèbres ofleufes, qui forment leur queue , font très-fragiles , & fecs 
féparent aïfément les unes des autres : aufli voit-on très-fouvent desc 
queues de toutes fortes de longueurs à des lézards, qui font d’ailleurs ce 


de même taille. Au refte, M. Marchand nous apprend qu'ayant vouluce 


être témoin de cette production, l'expérience ne lui a pas réufli, fansce 
qu'il ait pu découvrir à quoi il en tenoit. Suivant lui, cette nouvellece 
queue eft une efpèce de tendon, & n’eft point formée par des ver-«e 
tèbres cartilagineufes, comme la vicille, 5 Nouvelles obferyations Imicrof 
copiques ; par M. Needham, page 141. | 


| 
44 


"A A D Ed dd AR 5-2 « 


304 Hisrorre NATURELLE 


quefois par trois queues plus ou moins parfaites, dont 
une feule renferme des vertèbres ; les autres ne con- 
tiennent qu’un tendon (e). 

Le tabac en poudre ef prefque toujours mortel 
pour le Jézard Gris: fi l'on en met dans fa bouche, 
il tombe en convulfion & le plus fouvent il meurt 
bientôt après. Utile autant qu'agréable wi fe nourrit 
de mouches, de grillons, de fauterelles, de vers de 


de terre, de prefque tous les infectes qui détruifent 


nos fruits & nos grains; aufli feroit-il très-avantageux 
que lefpèce en fût plus multipliée; à mefure que le 
nombre des lézards Gris s'accroitroit , nous verrions 
diminuer les ennemis de nos jardins ; cé féroit alors. 
qu on auroit raifon de les regarder, ainfi que certains 
Indiens les confidèrent , comme ee animaux d'heu- 
reux augure, & comme des fignes aflurés d’une bonne 
sa | 
Pour faifir les infectes dont ils fe nourriffent, 
lézards Gris dardent avec viteflé une langue rougeë= 
tre, aflez large, fourchue, & garnie de petites afpé- 


tités à peine fenfibles, mais qui fuffifent pour les aider 


à retenir leur proie ailée (f). Comme les autres 


ES 


(e) Continuation de la matière médicale de Geofroi, tome 12; pages 
78 & fuiv. Mémoire de M. Marchand , dans ceux de / * Académie des 
Sciences , année 1718. 


(f) Needham , ob/érvations microféopiques, 


Quadrupèdes 


 feroit ak 
que certal 
maux de 
d'une due 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 303 


Quadrupèdes ovipares , ils peuvent vivre beaucoup de 
tems fans manger, & on en a gardé , pendant fix 
mois, dans une bouteille, fans leur donner aucune 
nourriture, mais aufll fans leur voir rendre aucun 
excrément (g). 
Plus il fait chaud, & plus les mouvemens du lézard 


Gris font rapides : À peine les premiers beaux jours du 


printems viennent-ils réchauffer atmofphère | que le 
lézard Gris fortant de la torpeur profonde que le 
grand froid lui fait éprouver, & renaiffant , pour ainfi 
dire, à la vie avec les zéphirs & les fleurs , reprend 
fon agilité & recommence fes efpèces de joutes, aux- 
quelles il allie des jeux amoureux. Dès la fin d'Avril, 
il cherche fa femelle : ils s’uniffent enfemble par des 


embraffemens fi étroits qu’on a peine à les diftinguer lun 


de l'autre ; & sil faut juger de l'amour par la vivacité 
de fon expreflion , le lézard Gris doit être un des plus 
ardens des Quadrupèdes ovipares. | 

La femelle ne couve pas fes œufs qui font pref- 
que ronds, & n'ont pas quelquefois plus de cinq 
lignes de diamètre. Mais comme ils font pondus dans 
le tems où la température commence à être -très-douce à 
ils éclofent par la feule chaleur de l'atmofphère , avec 
d'autant plus de facilité, que la femelle a le foin de 


(g) Séba, vol. 2 , page 84. 
Ovipares , Tome I - Q q 


306 HrsrTorrEe NATURELLE 


les dépofer dans les abris les plus chauds , & , par 
exemple , au pied d'une muraille tournée vers le 
midi. 

Avant de fe livrer à l'amour, & de chercher fa 
femelle , le lézard Gris fe dépouille comme les autres 
lézards; ce n’eft que revêtu d'une parure plus agréable, 
& d’une force nouvelle, qu'il va fatisfaire les defirs 
que lui infpire le printems. Il fe dépouille aufli lorf- 
que l'hiver arrive ; il pafle triftement cette faifon du 
froid , dans des trous d'arbres ou de muraille, ou dans 
quelques creux fous terre : il y éprouve un engourdif- 
fement plus ou moins grand , fuivant le climat quil 
habite & la rigueur de la faifon ; & il ne quitte com- 
munément cette retraite que lorfque le printems 
ramène la chaleur. Cet animal ne conferve cependant 
pas toujours la douceur de fes habitudes. M. Edwards 
rapporte, dans fon Hiftoire naturelle, qu'il furprit un 
jour un lézard Gris attaquant un petit oifeau qui ré- 


chaufloit dans fon nid des petits nouvellement éclos 


C'étoit contre un mur que le nid étoit placé. L'ap- 


proche de M. Edwards fit cefler l’efpèce de combat 


que l’oifeau foutenoit pour défendre fa jeune famille ; 
l'oifeau s'envola ; le lézard fe laïfla tomber; il auroit 
peut-être, dit M. Edwards, dévoré les petits, s'il avoit 
pu les tirer de leur nid (4). Maïs ne nous preflons 


mnt 


(2) Glanures d'Hifl. nar., par George Edwards , Chap. XVe 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 307 
pas d'attribuer une méchanceté qui peut n'être qu’un 
défaut individuel, & ne dépendre que de circonftances 
pafñlagères , à une efpèce foible que l'on a reconnue 
‘pour innocente & douce. 

On a fait ufage des lézards Gris en Médecine ; on 
les a employés aux environs de Madrid, dans des ma- 
ladies graves (à) : la Société royale a reçu des individus 
de l’efpèce dont fe fervent les Médecins Efpagnols; ils 
ont été examinés par MM. d'Aubenton & Mauduit (4), 
& un de ces lézards a été dépofé au Cabinet du Roi: 
il ne diffère, dulézard Gris de nos Provinces, que par 
des nuances de couleur très-légères , & qui font la 
fuite prefque néceflaire de la diverfité des climats de 
la France & de l’'Efpagne. | 

Il paroît qu'on doit regarder comme une variété 
du lézard Gris, un petit lézard très-agile, & qui lui 
reflemble par la conformation générale du corps, par 
celle de la queue, par des écailles difpofées fous la 
gorge en forme de collier, & par des tubercules pla- 
cés fur la face intérieure des cuifles M. Pallas l’a 


(#) Ona vanté les propriétés des lézards Gris, principalement con- 


tre les maladies de la peau, les cancers, les maux qui demandent que 


le fang foit épuré, &c. Voyez, à ce fujet, les avis & inftructions publiés 
par la Socièté royale de Médecine de Paris. 


(4) Hifloire de La Société royale de Médecine ; pour les années 


Qqi 


_ 4780 & 1781. 


208 Hisrorre NATOREI:E 

appellé lézard véloce dans le fupplément latin du 
Voyage qu'il a publié en langue Ruffe. Ce petit lézard 
eft d’une couleur cendrée , rayée longitudinalement , 
femée de points roux fur le dos, & bleuâtres fur les 
côtés, où l’on voit aufli des taches noires. On le ren- 
contre parmi les pierres, auprès du lac d'Ind'erskoi, 
& dans les lieux les plus déferts & les plus chauds; il 
s'élance, fuivant M. Pallas, avec la rapidité d'une flèche, 


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grandeur de deux CUS ææ (laure. 


EZARD VER. 


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4 


LI 


LE LÉZARD VERT (:). 


La NATURE, en formant le lézard Vert, paroït 


avoir fuivi les mêmes proportions que pour le lézard 


Gris; mais elle a travaillé d'après un module plus 


E 


(a) Savns Xo@+, en grec. 
Krauthun, aux environs de Vienne en Autriche. 
Lagarto & Fardacho, en E/pagne. 


 Lazer, aux environs de Montpellier. 
 Lézard Vert. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 


Ray, Synopfis animalium Quadrupedum , page 264. Lacertus viridis: 
The green lizard. 
Aldroy. Quadr. 634. Lacertus viridis. 
Lacerta agilis (varietas B.) Linn. fÿffema nature amplib. reptil. (Lin- 


néus ne regarde le lézard Vert que comme une variété du lézard Gris; 
mais , indépendamment d'autres raifons, la grande différence qui fe trouve 


entre les dimenfions de ces deux lézards, & les obfervations que nous 


avons faites plufeurs fois fur ces animaux vivans, ne nous permettent 


pas de les rapporter à la même efpèce ). 
_ Eacertus viridis. Gefñer, de Quadrup. ovip., page 35. 
Séba, tome 2, planche 4, fig 4 & $. 
Lacerta viridis, Lacerta viridis punétis albis. Æchthyologia cum amphè- 
biis regni Boruffici , à Joh. Chrif. Wulf. 
 Seps varius 110, Seps viridis 111, Leurenti fpecimen medicum. 


310  Hisrorre NaTuRrettrE 
confidérable. Elle n’a fait, pour ainf dire, qu'agrandir 
Je lézard Gris, & le revêtir d’une parure plus belle. 

C’eft dans les premiers jours du printems, que le 
lézard Vert brille de tout fon éclat, lorfqu'ayant quitté 
fa vieille peau, il expofe au foleil fon corps émaillé 
des plus vives couleurs. Les rayons qui rejailliflent de 
defflus fes écailles, les dorent par reflets ondoyans ; elles 
étincellent du feu de l’'éméraude; & fi elles ne font 
pas diaphanes comme les criftaux, la réflexion d'un 
beau ciel qui fe peint fur ces lames ne & polies, 
compenfe l'effet de la tranfparence pe un nouveau 
jeu de lumière. L'œil ne cefe d’être réjoui par le vert 
qu'offre le lézard dont nous écrivons l’Hiftoire. Il fe 
remplit, pour ainf dire, de fon éclat, fans jamais en 
être ébloui : autant la couleur de cet animal attire la 
vue par la beauté de fes reflets, autant elle l’attache 
par leur douceur. On diroit qu’elle fe répand fur Fair 
qui l’environne, & qu’en s’y dégradant par des nuances 
infenfibles , elle fe fond de manière à ne jamais blef- 
er, & à toujours enchanter par une variété agréable; 
féduifant également , foit qu'elle refplendifle avec 
moliefle au milieu de grands flots de lumière, ou que 
ne renvoyant qu'une foible clarté, elle préfente des 
teintes aufli fuaves que délicates. 

Le deflus du corps de ce lézard eft d’un vert plus 
ou moins mêlé de jaune, de gris, de brun & même 
quelquefois de rouge ; le deffous eft toujours plus 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 311 
blanchâtre. Les teintes de ce Quadrupède ovipare font 
fujettes à varier ; elles päliflent dans certains tems de 
l'année, & fur-tout après la mort de l’animal ; mais 
c’eft principalement dans les climats chauds qu'il fe 
montre avec l'éclat de l'or & des pierreries; c’eft-là 
qu'une lumière plus vive anime fes couleurs & les 
multiplie. C’eft aufli dans ces pays moins éloignés de 
la zone torride, qu'il eft plus grand, & qu’il parvient 
quelquefois jufqu'à la longueur de trente pouces (4). 
L'individu , que nous avons décrit & qui a été envoyé 
de Provence au Cabinet du Roi, a vingt pouces de 
longueur, en y comprenant celle de la queue qui eft 
prefque égale à celle du corps & de la tête; le dia 
mètre du corps eft de deux pouces dans l'endroit le : 
plus gros. Le deffus de la tête, comme dans le lézard 
Gris, eft couvert de Scies écsiel arrangées fymé— 
triquement & placées à côté l’une de Pautre. Les 
bords des mâchoires font garnis d’un double rang de 
grandes écailles. Les ouvertures des oreilles font ovales ; 
leur grand diamètre eft de quatre lignes, & elles laif- 
fent appercevoir la membrane du tympan. L’efpèce 
de collier qu'a le lézard Vert , ainf que le lézard Gris, 
eft formé dans l'individu envoyé de Provence au 


(b) Note communiquée par M. de la Tour d'Aygue , Préfident à 
Mortier au Parlement de Provence , & dont les lumières font auffi 


connues que fon vèle pour l'avancement des Sciences. 


ste Hirsrorre NATURELLE 
Cabinet du Roi, par onze grandes écailles. Celles qui 
couvrent le dos font les plus petites de toutes; elles 


font hexagones, mais les angles en étant peu fenfibles; 


elles paroiflent prefque rondes ; les écailles qui font fur 
le ventre font grandes , hexagones , beaucoup plus 
alongées , & forment trente demi-anneaux ou bandes 
tranfverfales. | 

Treize tubercules s'étendent le long de la face 
intérieure de chaque cuifle ; ils font creux, & nous 
avons vu à leur extrémité un mamelon très-apparent, 
& qui s'élève au-deffus des bords de la petite cavité 
du tubercule dont il paroît fortir (c). La fente qui 


forme l'anus, occupe une très-grande partie de la 


largeur du corps. La queue diminue de groffeur depuis 
l’origine jufqu'à la pointe ; elle eft couverte d’écailles 
plus longues que larges, plus grandes que celles du 
dos, & qui forment ordinairement plus de quatre- 
vingt-dix anneaux. | 

La beauté du lézard Vert fixe les regards de tous 
ceux qui l’apperçoivent ; mais il femble rendre atten- 
tion pour attention ; il s'arrête lorfqu’il voit l’homme; 
on diroit qu’il lobferve avec complaifance, & qu'au 
milieu des forêts qu'il habite , il a une forte de plaifir 
à faire briller à fes yeux, fes couleurs dorées, comme 


(e) Woyez, d ce Jujet, les ouvrages de M. Duvernay. 


dans 


à petite & 
La fente 
partie de 
oleur dep 
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ere | 


A voi 
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{ 
1 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 313 
dans nos jardins le paon étale avec orgueil l'émail 
de fes belles plumes. Les lézards Verts jouent avec 
les enfans , ainfi que les Gris; lorfqu'ils font pris & 
qu'on les excite les uns contre les autres, ils s’at- 
taquent & fe mordent quelquefois avec acharne- 
ment (d). | 

Plus fort que le lézard Gris, le Vert fe bat contre 
les ferpens; il eft rarement vainqueur ; l'agitation qu'il 
éprouve & le bruit qu’il fait lorfqu'il en voit appro- 
cher , ne viennent que de fa crainte; mais on seft 
plu à tout ennoblir dans cet être diftingué par la beauté 
de fes couleurs ; on a regardé fes mouvemens comme 
une marque d'attention & d’attachement ; & l’on a 
dit qu'il avertifloit l’homme de la préfence des ferpens 
qui pouvoient lui nuire. Il recherche les vers & les 
infectes ; il fe jette avec une forte d’avidité fur la 
falive qu'on vient de cracher, & Gefner a vu un 
lézard Vert boire de l’urine des enfans. Il fe nourrit 
auffi d'œufs de petits oifeaux, qu'il va chercher au 
haut des arbres où il grimpe avec aflez de vitefte. 

Quoique plus bas fur fes pattes que le lézard Gris, 
il court cependant avec agilité, & part avec afflez de 
promptitude pour donner un premier mouvement de 
furprife & d'effroi, lorfqu'il sélance au milieu des 


nee een 


{d) Gefner, Quadrup. oyipar., page 36. 
Ovipares, Tome I. Rr 


314 Hirsrorre NATURELLE 

brouflailles ou des feuilles sèches. 1l faute très-haut ; 
& comme il eft plus fort, il eft aufli plus hardi que le 
lézard Gris ; il fe défend contre les chiens qui l’atta- 
quent. L'habitude de faifir par l'endroit le plus fenf- 
ble, &: par conféquent par les narines, les diverfes 


efpèces de ferpens avec lefquelles il = fouvent en 


guerre, fait qu'il fe jette au mufeau des chiens; & 


il les y mord avec tant d’obfination, qu'il fe laife 


emporter & même tuer plutôt que de defferrer les 
dents; mais il paroït qu’il ne faut point le regarder 
comme venimeux, au moins dans les pays tempérés, 
& qu'on lui a attribué fauflement des morfures mor- 
telles ou dangereufes (e). | 


.t(e):ee Un :lézard Vert: (le lézard dont parle ici M. Laurenti, & 


quil a diftingué par le nom latin de Seps varius , n'eft qu'une variété 
du lézard Vert) » faifit un petit oifeau auprès de la gorge , & non- -feu- 
lement l'y bleffa, mais même faillit à l'étoufer ; loifeau guérit de lui- 
#imême, & le lendemain chanta comme à l'ordinaire. 

» Le même animal mordit un pigeon avec beaucoup de colère; le 
»fang coula de chacune des petites bleflures que firent les dents du 
lézard ; cependant le pigeon n ‘en mourut pas, quoiqu'il parût foufrir 
»> pendant quelques heures, 

3» Le lendemain, il mordit le même pigeon à la cuifle, empotta la 
speau, & fit une blellure aflez grande ; la plaie fut guérie & la peau 
»revenue au bout de peu de jours, 

_sJ'enlevai la peau de la cuifle d'un chien & d’un chat, je les fs 
smordre par le même lézard à l'endroit découvert ; l'animal fit pénétrer 


tt di ane Éd SU ec SL dt Le 2e dd dd à 


DES QUADRVPÈDES oprpanrme, 


FR 


Ses habitudes font: d'ailleurs aflez fembiables À 
celles du lézard Gris: & les œufs font ordinairement 
plus gros que ceux de ce dernier, 

_ Les Africains fe nourriffent de la chair des lézards 
Verts (f) ; mais ce n’eft pas feulement dans les pays 
chauds des deux Continens qu'on trouve ces Kzards: 
ils habitent aufli les contrées très-tempérées, & même 
un peu feptentrionales, quoiqu’ils y foient moins nom- 
breux & moins grands (g). Ils ne font point étrangers 
aux parties méridionales de la Suède (4), non plus 
qu'au Kamfchatka , où malgré leur beauté, un pré 
————_—_————_—_—_—— 
fon écume dans la bleflure ; le chien & le chat s'efforçoient de s'échap-ce 
per, & donnoient des fignes de douleur; mais ils ne préfentèrent ce 
d'ailleurs aucune marque d’incommodité, & leurs phies ayant étéce 
coufues , furent bientôt guéries. | F9 ce 

Un lézard: Vert ordinaire mordit un pigeon à la cuiffe droite, avecce 
tant de force qu'il emporta la peau ; il faifit enfuite avec acharnement ce 
les mufcles mis à nud & ne les licha qu'avec peine. La peau fut cou- 6e 


due, & le pigeon guérit aifément après avoir boîté pendant un jour. ce 


Ce lézard Vert mordit un jeune chien au bas-ventre ; le fang nec 
coula pas, & l’on ne remarqua pas d'ouverture à la peau; mais le chience 
pouffa d'horribles cris, & n’éprouva aucune incommodité. » Extrais 
des expériences faites , en Autriche, au mois d Août, par M. Laurent, 
Jpecimen medicum. Viennæ , 1768. | 

(F) Gefner, de Quadrup. ovip. , page 3. 

(g) Ray, à l'endroit déja cité, 

(h) M. Linné, 

Rr ij 


416 _ Hrsroirre NATURELLE 


jugé fuperftitieux fait qu ils infpirent l'effroi. Les 
Kamfchadales les regardent comme des envoyés des 
puiflances infernales : ; auffi sempreffent-ils, lorfqw'ils en 
rencontrent, de les couper par morceaux (i); & sil 
les laiflent échapper, ils redoutent fi fort le pouvoir 


des divinités dont ils les regardent comme les repré- 


fentans, qu'à chaque inflant ils croient qu'ils vont 
mourir, & meurent même quelquefois, difent quel- 
ques Voyageurs, à force de le craindre. 

On trouve , aux environs de Paris, une variété du 
lézard Vert, diftinguée par une bande qui règne depuis 
le fommet de la tête jufqu'à l'extrémité de la queue, 
& qui s'étend un peu au-deflus des pattes, fur-tout 


de celles de derrière. Cette bande eft d’un gris fauve, 


tachetée d’un brun foncé, parfemée de points jaunä- 
tres, & bordée d’une petite ligne blanchâtre. Nous 
avons examiné deux individus vivans de cette variété; 
ils paroiïfloient jeunes, & cependant ils étoient déjà de 
la taille des lézards Gris qui ont atteint prefque tout 
leur développement. 

En Italie on a donné, au La Vert, le nom 
de ffellion, que l'on a su attribué à la ne 
terreftre, ainfi qu'à d’autres lézards. C’eft à caufe des 
taches de couleurs plus ou moins vives, dont eft par- 

(à) Troifième Voyage du Capitaine Cook ; traduit de l'Anglois. 
Paris, 1782, page 478 


delà que 
tes, fur 
gr fus 
pins hr 
che. À 
cette Wu 
Aojent 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 317 


femé le deffus du corps de ces animaux, & qui les 
font paroître comme étoilés, qu’on leur a tranfporté 
un nom que nous réfervons uniquement avec M. Linné 
& le plus grand nombre des Naturaliftes, à un lézard 
d'Afrique , très-différent du lézard Vert, & qui a tou- 
jours été appellé ffellion (k). | 

Nous plaçons ici la notice d’un lézard (1) que l’on 
rencontre en Amérique, & qui a quelques rapports 
avec le lézard Vert. Catefby en a parlé fous le nom 
de lézard Vert de la Caroline; Rochefort & après lui, 
Ray l'ont défigné par celui de gobe-mouche. Ce joli 
petit animal n'a guère que cinq pouces de long (mn); 
quelques individus même de cette efpèce, & les 
femellés fur-tout, n’ont que la longueur & la grof- 


(4) On trouve, dans la defcription du mufœum de Kircker, une 
notice & une figure relatives à un lézard pris dans un bois des Alpes, 
& appellé fellion d'Italie , qui nous paroît être une variété du lézard 
Vert. Rerum naturalium Hifloria , exiflentium in mufæo Kirkeriano , 
Korne, 1773, page 40. Stellion d'Italie. 


(1) Oulla ouna, par les Caraïbes. 

Rochefort, Hifloire des Antilles. Gobe-moache. 

Ray , Synopfis Quadrupedum , page 269. 

Catefby , Hifloire naturelle de la Caroline , vol. 2 , page 65. Lacertus 
viridis Carolinenfis. 

Voyez , dans le Diétionnaire de M. de Bomare, l'article du lézard” 
gobe-mouche. 


(m) Catefby , à l'endroit déja cité, 


318 Hisrorre Narure1tr 


feur du doigt; mais sil ef inférieur, par fa taille, à 
notre lézard Vert, il ne lui cède pas en beauté. La 
plupart de ces gobes-mouches font d'un vert très-vif; 
il y en a qui paroiflent éclatans d’or & d'argent: d’autres 
font d'un vert doré, ou peints de diverles couleurs auf 
brillantes qu D bles Ils deviennent très- utiles en 
délivrant les habitations des mouches, des ravets &.. 
des autres infectes nuifibles, Rien n’approche de linduf. 
trie, de la dextérité, de l’agilité avec lefquelles ils les, 
cherchent, les sducalrei & les faififlent. Aucun asp 
n'eft p plus patient que ces charmans petits lézards : 

demeurent quelquefois immobiles pendant une ee 
journée , en attendant leur proie ; dès qu’ils la voient, 
ils s’'élancent comme un trait, du haut des arbres, où 
il fe plaifent à grimper. Les œufs qu'ils pondent font 
de la grofleur d'un pois; ils les couvrent d'un peu de 
terre, & la chaleur du foleil les fait éclore. Ils font 
fi familiers, qu'ils entrent hardiment dans les appar- 
temens; ils courent même par-tout fi librement , & 
font fi peu craintifs, qu'ils montent fur les tables pen 
dant les repas; & sils appercoivent quelque infecte, 
ils fautent fur lui, & pañlent pour l’atteindre jufque 
fur les habits des convives; mais ils font fi propres & 
fi jolis, qu'on les voit fans peine traverfer les plats &. 
toucher les mets {z). Rien ne manque donc au lézard 


(nr) Ray, à l'endroit fs . 


| DES OUADRUPEÉDES OPFIPARES. 319 
gobe- mouche pour plaire : parure , beauté, agilité, 
utilité, patience, induftrie, il a tout reçu pour char- 
mer l'œil & intérefler en fa faveur. Mais il ef aufli 
délicat que richement coloré ; il ne fe montre que pen- 
dant l'été aux latitudes un peu élevées, & il y pañle 
la faifon de lhiver dans des crevafles & des trous 
d'arbres où il s'engourdit (o ). Les jours chauds & fereins 
qui brillent quelquefois pendant l'hiver , le raniment 
au point de le faire fortir de fa retraite ; maïs le froid 
revenant tout d'un coup , le rend fi foible qu'il n'a pas 
la force de rentrer dans fon afile , & qu'il fuccombe 
à la rigueur de Ja faifon. Quelque agile qu'il foit, il 
n'échappe, qu'avec beaucoup de peine, à la pour- 


luite des chats & des oïifeaux de proie. Sa peau ne 


peut cacher entièrement les altérations intérieures qu'il 
fubit ; fa couleur change comme celle du caméléon, 
fuivant l’état où il fe trouve, où , pour mieux dire, 
fuivant la température qu'il éprouve. Dans un jour 
chaud , il eft d’un vert brillant ; & fi, le lendemain , il 
fait froid, il paroît d’une couleur brune. Auffi, lorf- 
qu'il ef mort, l'éclat & la fraicheur de fes couleurs 


difparoiffent, & fa peau devient pâle & livide (p). 


Les couleurs fe terniflent & changent ainfi dans 


(o) Catefby, à l'endroit déjà cité 


(p) Idem, Ibid. 


320 _Hisrorre NATURELLE 


plufieurs autres efpèces de lézards; c'eft ce qui pro- 
duit cette grande diverfité dans les defcriptions des 


Auteurs qui fe font trop attachés aux couleurs des 


Quadrupèdes ovipares, & c’eft ce qui a répandu une 
grande confufon dans la nomenclature de ces ani- 
maux. Il y a quelque reflemblance entre les habitudes 
du gobe-mouche & celles d'un autre petit lézard du 
nouveau monde, auquel on a donné le nom d'Anolis, 
. s x 3 r 
qu'on a appliqué aufli à beaucoup d'autres lézards. 
Nous rapportons ce dernier au goîtreux qui vit dans 
les mêmes contrées. (g). Comme nous n'avons pas vu 
le gobe-mouche, nous ne favons fi l’on ne devroit pas le 


regarder de même, comme de la même efpèce que 


le goîtreux, au lieu de le confidérer comme une variété 
du lézard Vert. HS 

M. François Cetti, dans fon Hiftoire des amphi- 
bies & des poiflons de la Sardaigne , parle d’un lézard 
Vert très-commun dans cette Ifle, & qu’on y nomme, 
en certains endroits , tiliguerta & califcertula: il ne 


reflemble entièrement ni au lézard Vert de cet article, 


ni à l’améiva , dont nous allons traiter (r). M. Cetti 


(g) Voyez l'article du Goitreux. 

( r) 6 Les habitans de la Sardaigne donnent, à un même lézard, le 
»nom de tiliguerta & celui de califéertula.... Il paroït ètre une 
ssefpèce de lézard vert, car il eft comme ce dernier lézard , d’un vert 


sÉclatant, mais relevé par des taches noires, & par des raies de la 


préfume 


lg 


DES Qu4aDRuPÈDESs oVrPARES. 321 
2 ls Te 
préfume que ce tiliguerta eft une efpèce nouvelle, 
intermédiaire entre ces deux lézards ; il nous paroît 


même couleur, qui s'étendent le long du dos....La face intérieure « 
des cuifles préfente une rangée de tubercules > ainfi que dans le [ézard' cc 
Vert; il a cinq doigts & cinq ongles à chaque pied. Une différence « 
femarquable le diftingue cependant d'avec Le Iézard Vert décrit par ce 
lès Auteurs ; ils attribuent, à ce dernier lézard, une queue de la lon-ce 
gueur du corps, mais le tiliguerta a la queue bien plus étendue; elle ce 
eft deux fois aufli longue que le corps de l'animal; & c'eft ce que ce 
j'ai trouvé dans tous les lézards de cette efpèce que j'ai mefurés. À Lace 
vérité, les lézards Verts ont, pour ainfi dire, une grande vertu pro-ce 
ductrice dans leur queue ; s'ils la perdent, elle fe rencuvelle, & fice 
elle eft partagée par quelqu'accident , chaque portion devient bientôtce 
une queue entière. Il fe pourroit donc que l'excès de la queue duce 
tiiguerta fur celle du lézard Vert ordinaire, ne füt pas une marquece 
d'une diverfité d'efpèce , & dût être feulement attribué à l'influence ce 
du climat de la Sardaigne. Mais, d’un autre côté, comment regarder ce 
la Tongueur de la queue du tiliguerta comme un attribut accidentel , ce 
puifque les Naturaliftes font entrer dans les caractères fpécifiques desce 
différens lézards , la diverfe longueur de la queue relativement àcs 
celle du corps? Ceux qui ont décrit, par exemple, le l‘zard Vertce 
d'Europe, l'ont caraétérifé , ainf que nous l'avons vu, en difant que cc 
fa queue eft aufli longue que le corps; & ceux qui décrivent un lézard ce 
d'Amérique, nommé Améiva par M. Linné, le cara@trifent par ace 
longueur de fa queue, trois fois plus confidérable que celle du corps ce 
du lézard... Le tiliguerta n'eft donc pas un lézard Vert, quoiqu'il ce 
lui reflemble beaucoup ; & ceux qui voudront le décrire , devront ce 
le défigner par la phrafe fuivante , lézard à queue menue deux foiscs . 
plus longue que le corps. L'améiva a été défigné par les mêmes expref- ce 


Ovipares, Tome I. S 


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322 _ Hisrorrz NATUREIZE 


cependant d après ce qu en dit cet habile Naturalifte, 
qu'on pourroit le regarder comme une variété du Fab 


3: fions dans les aménités Académiques . L'on pourroit donc foupcon- 
3) net que le tiliguerta de Sardaigne eft de la même efpèce que FAméiva 
2 du nouveau monde : il ne feroit pas furprenant en effet de rencontrer, 
sen Europe, un animal qu'on a cru particulier au continent de l’Amé- 
rique... Mais, outre que l'on peut foupçonner d'après la defcriptiow 
» de Gronovius , l'exactitude de celle que l'on trouve dans les arnénités 
x Académiques , on ne doit pas croire le tiliguerta de la même efpèce 
»# que l’améiva, fi lon confidère le nombre des bandes écailleufes qui 
 garniflent le ventre de ce dernier lézard , ainfi que celui du tiliguerta. Le 
»> nombre de ces bandes n’eft pas en effet le même dans ces deux animaux. 
» Le tiliguerta reflemble donc beaucoup à laméiva, ainf qu'au lézard 
3 Vert, quoiqu'il ne foit ni l'un ni l'autre: c'eft une efpèce particulière 
x dont il convient d’angmenter la lifte des lézards,  & qu'il faut placer. 
#parmi ceux que M. Linne a défignés par le caraétère d'avoir la queue 
» verticillée (cauda verticillata ). - | 

5 Le tiliguerta eft auf innocent que le lézard Vert ; il habite parmi 
les gazons, ainfi que fur les murailles que lon trouve dans la cam- 
22 pagNE .H eft très-commun en Sardaigne ; & il y ef même en. 
beaucoup plus grand nombre que le lézard V ert én Italie. »» Extrait de 
L'Éfloire naturelle des amphibies & des poiffons de la Sardaigne, par: 
M. François Ceiti. Safari, 1777, page 14: 

Il eft important d’obferver que la longueur de la queue des lézards, 
fa forme étagée où verticillée, ainfi que le nombre des bandes écail- 
leafes qui recouvrent le ventre de ces animaux, font des caractères, 
variables ou fans précifion; nous en fommes convaincus par l'infpeétion 
d’un grand nombre d'individus de plufeurs efpèces ; auf n'avons-nous 
pas cru devoir les employer pour diftinguer les divifions des lézards l'une 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 322 
Vert, s'il a, au-deflous du cou, une efpèce de demi- 
collier compofé de grandes écailles, ou comme une 

LES. y fe 3e 3 ° ° . 

varièté de l'améiva, sil n'a point ce demi-collier. 
nr enr acenm noenonn caarene rt 
d'avec l’autre; nous ne nous en fommes fervis pour la diftinétion des 
efpèces, que lorfqu’ils ont indiqué des différences très-confidérables ; & 
d'ailleurs nous n'avons jamais afligné à la rigueur telle ou telle propor- 
tion, nitel où tel nombre pour üne marque conftante d’une diverfité 


d’efpèce , & nous avons déterminé au contraire rigoureufement & avec 
pfécifion , la forme & l’arrangement des écailles de la queue. 


Sœe 


S{i 


LE. GCORDYHEEs- 6er 


Oxrrouve en Afrique & en Afe, un lézard auquel 
M. Linné à appliqué exclufivement le nom de Cerdyle, 
qui lui a été donné par quelques Voyageurs, mais dont 
On 5 “eft aufli fervi pour défigner la dragonne, ainf que 
nous l'avons dit. Il paroît qu'il habite quelquefois dans 
l’Europe méridionale, & Ray dit lavoir rencontré auprès 
de Montpellier (b ). Nous allons le: décrire, d’après 
les individus confervés au Cabinet du Rüi. | 

La tête eft très-aplatie, élargie parderrière, & trian- 
gulaire ; de grandes écailles en revêtent le deflus & 
les côtés ; les deux mâchoires font couvertes d’un double 
rang d'autres grandes écailles, & armées - très-petites 
dents égales, fortes & aiguës. | | 


(a) Le Cordyle. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lacerta Cordylus, 9. Einn. amph. rept. 

Cordylas, Gronovi. mu/œum 2, page 79, N° 55. 

Ray, Synopfis Quadr., page 263. dos feu A rie 
DébaymMUS te EUDIE Otedibe si dr: = 
Cordylus verus. Laurenti fpecimen medicum. 


(b) Ray, Synoplis Quadrupedum , page 26 ge 


mélée de châtain, par tâches ou par bandes. 
Ë g D —— É her LS - 


DES QUADRUPÉDES OMIPARES. 325. 
Les trous des narines font petits; les ouvertures des 
oreilles étroites, &. fituées aux deux bouts de la bafe 


du triangle, dont le mufeau eft la pointe. 


Le Corps eft très-aplati; le ventre eft revêtu d’écailles 
prefque carrées, & aflez grandes, qui y forment des 
demi-anneaux, ou des bandes tranfverfales; les écailles 
du dos font aufli prefque carrées, mais plus grandes ; 
celles des côtés étant relevées en carëne, font paroître 
les flancs hériffés d'aiguillons. 

La queue eft d'une longueur à-peu-près égale à 
celle du corps ; les écailles qui la revêtent, préfentent 
une arête faillante, qui fe termine en forme d'épine 
alongée & garnie des deux côtés d’un très- petit ai- 
guillon : ces écailles étant lougues & très-relevées par 
le bout, forment des anneaux très-fenfibles, feftonnés, 
aflez Éloignés les uns des autres, & qui font paroitre 
la queue comme étagée. Nous en avons compté dix- 
neuf fur un individu femelle, dont la queue étoit 
entière. À | 

Les écailles des pattes font aigues, & relevées par 
une arête. Il y a cinq doigts garnis d'ongles aux pieds 


de devant & à ceux de derrière. 


La couleur des écailles eft bleue, & plus ou moins 


EVE. LANCE OI 

: 9 : 

hériflé (corpore lœvigato ) : cela ne doit sentendre que 
du dos & du ventre, qui en effet ne le paroïflent pas, 


Er © 


326 Hisrorre NATURELTE 


lorfqw'on les compare avec les pattes, les côtés, & 
fur-tout avec la queue. Le long de l'intérieur des 
cuifles , règnent des tubercules comme dans l'Iguane, 
le lézard gris, le lézard vert, &c. une variété de cette 
efpèce, a les écailles du corps beaucoup plus petites 
que celles des autres Cordyles. 


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DH SE LA.G 0 NE; («) 


ML Linné a fait connoître ce lézard, qui habite em 


Amérique. Ce qui forme un des caractères diftin@ifs 


de l'Hexagone, c’eft que fa queue, plus longue de 
moitié que le corps, eft comprimée de manière à 
préfenter fix côtés & fix arêtes très-vives. Il eft aufi 
fort reconnoiflable par fa tête, qui paroit comme 
tronquée parderrière, & dont la peau forme plufeurs 
rides. Les écailles, dont fon corps eft revêtu , font 
pointues & relevées en forme de carëne, excepté 
celles du ventre : il les redrefle à volonté, & il paroît 
alors hériflé de petites pointes ou d'aiguillons ; fous fa. 
gueule font deux grandes écailles rondes; fa couleur 
tire fur le roux. Nous n'avons pas vu ce lézard, & 
nous pouvons feulement préfumer que fon ventre eff 
couvert de bandes tranfverfales & écailleufes : fi cela 
neft point, il faudra le placer parmi les lézards de 
la Divifion fuivante. 


(a) L'Exagonal. M. a Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lacerta angulata,, 19. Linn. amph. rept, fflema net. 
Lacerta cauda Exagona longa fquamis carinatis mucronatis, Zdemr, Hi. 


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L'AIMÉ PR ste 


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x 4 ‘4 


C'est un des Quadrupèdes pHipates dont l'Hiftoire 
a été le plus obfcurcie : premièrement, parce que ce 
nom d Améiva ou d'Améira, a été donné à à des lézards 


(a) Améiva. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Lacerta Ameiva, 14. Linn. armph. repit. 

Lacerta cauda verticillata longa, feutis abdominis triginta, collari 
fubtus ruga duplici. + 

Amen, Acad 1, page 127 293. Laccrta cauda tereti corpore 
duplo longiore , pedibus pentadaétilis, crifta nuile , fcutis SSL 
bus 30. AR | 
Mus. Ad. Fr. 1 , page 45. Lacerta sr : 

Gron. mus. 2 , page 80 , t. 56. Lacerta caudi tereti corpore triplo 
longiore, fquamis Irvifimis ; Re oblongo quadratis. 

Cluseror 175. Lacertué loue. à 

Edw. ay. 202,1 202 , 2O3. Lacertus major viridis. 

Worm. mus. 313, f ne £ 

Rey, Quadr. 270. Lacertus indicus. 

Deus. Est LCR ANS. 

t. 88, f.: 62, 

Jam. 2, page 3335 1 273 . a Lou major cinereus 
maculatus, : 

Seps Surinamenfs, 08. Laurent Jpecimen medicum. 

The large fpotted ground lizard. Brown, page 462. 


d'efpèces 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 329 


d’efpèces différentes de celle dont il s’agit ici: fecon- 
dement, parce que le vrai Améiva a été nommé di- 
verfement en différentes contrées ; il a été appellé 
tantôt Témapara, tantôt Tüaletec, tantôt Tamacolin 5 
noms qui ont été en même-tems attribués à des efpèces 
différentes de l’'Améiva, particulièrement à l’Iguane : 
& troifièmement enfin, parce que cet animal étant 
très-fujet à varier par fes couleurs fuivant les faifons, 
l'âge & le pays, divers individus de cette efpèce ont 
été regardés comme formant autant d'efpèces diftinttes. 
Pour répandre de la clarté dans ce qui concerne cet ani- 
mal, nous confervons uniquement ce nom d’_Améiva à 
un lézard qui fe trouve dans l'Amérique, tant fepten- 
trionale que méridionale, & qui a beaucoup de rapports 
avec les lézards gris & les lézards verts de nos contrées 
tempérées : on peut même, au premier coup-d’œil , le 
confondre avec ces derniers; mais pour peu qu’on l’exa- 
mine , il eft aifé de l'en diftinguer. Il en diffère en 
ce qu'il n'a point au-deffous du cou cette efpèce de 
demi-collier, formé de grandes écailles , & qu'ont tous 
les lézards gris ainfi que les lézards verts ; au contraire à 
la peau revêtue de très-petites écailles, y forme un ou 
deux plis. Ce caractère a été fort bien faif par M. Linné; 
mais nous devons ajouter à cette différence celles que 
nous avons remarquees dans les divers individus que 
nous avons vus, & qui font confervés au Cabinet du Roi. 
La tête de l'Améiva eft en général plus alongée & 
Ovipares, Tome I, a 


230 Hirsrorre NATUREIIE 
plus comprimée par les côtés, le deflus en eft plus 
étroit, & le mufeau plus pointu. Sécondement , la queué 
eft ordinairement plus longue en proportion du corps. 
Les Améiva parviennent d'ailleurs à une taille prefque 
auffi confidérable que les lézards verts de nos Provinces 
méridionales. L’individu que nous décrivons, & qui a 
été envoyé de Cayenne par M. Léchevin, a vingt-&-un 
pouces de longueur totale, c’eft-à-dire depuis le bout 
du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue, dont la 
longueur eft d'un pied fix lignes; la circonférence du 


corps à l’endroit le plus gros, eft de quatre pouces neuf 


lignes ; les mâchoires font fendues jufques derrière Les 
yeux, garnies d'un double rang de grandes écailles, 
comme dans le lézard vert, & armées d'un grand 
nombre de dents très-fines . dont les plus petites font 
placées vers le bout du mufeau, & qui reffemblent 
un peu à celles de l'iguane. Le deffus de la tête eft 
couvert de grandes lames, comme dans les lézards verts 
& dans les lézards ne se 
Le deffus du corps & des pattes eft garni d’écailles 
à peine fenfibles; mais celles qui revêtent le deffous du 
corps font grandes, carrées, & rangées en bandes tranf- 
veifales. La queue eft entourée d'anneaux , compofés 
d’écailles, dont la figure eft celle d'un quarré long. Le 
deflous des cuifles préfente un rang de tubercules. Les 
doigts longs, & féparés les uns des autres, font garnis 
d'ongles aflez forts. | 


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(DES QUADRUPÈDES OVIPÂRES. 311 
La couleur de l'Améiva varie beaucoup füivant le 
fexe, le pays, l’âge & la température de l’atmofphère, 


ainfi que nous l’avons dit; mais il paroît que le fond 


en eft toujours vert ou grifâtre, plus ou moins diver- 
fifié par des taches ou des raies de couleurs plus vives, 
& qui étant quelquefois arrondies de manière à le faire 
paroître œillé , ont fait donnerle nom d’Arousà l'Améiva, 
ainfi qu'au lézard vert. Peut-être l’'Améiva forme-t-il, 
comme les lézards de nos contrées, une petite famille, 


_ dans laquelle on devroit diftinguer les gris d'avec les 


verts: mais on n’a point encore fait aflez d’obferyations 
pour que nous puiflions rien établir à ce fujet. 

Ray (8) & Rochefort (c) ont parlé de lézards, 
qu'ils ont appellés Anolis ou Anoles , qui, pendant le 
jour , font dans un mouvement continuel, & fe retirent, 
pendant la nuit, dans des creux, d’où ils font entendre 
une ftrideur plus forte & plus infupportable que celle 


(b) Synopjis animalium , page 268, 

(c) 6 Les anolis font fort communs dans toutes les habitations. Ils 
font de la grofeur & de la longueur des lézards gqi’on voit en France:ce 
mais ils ont la téte plus longuette , la peau jaunâtre , & {ur le dos ilsce 
ont des lignes rayées de bleu, de vert & de gris, qui prennentce 
depuis le deflus de la tête jufqu'au bout de la queue. Ils font leur retraite ce 
dans les trous de la terre , & c’eft de-là que, pendant la nuit, 1ls fontce 
un bruit beaucoup plus pénétrant que celui des cigales. Le jour , ilsce 
font en perpétuelle aétion , & ils ne font que roder aux environs desce 
cales, pour chercher de quoi fe nourrir. »» Rochefort , Hifloire des 
Antilles , tome 1, page 300. | 


Tei 


| 332 es Hisrorre NATURELLE 


des cigales. Comme ce nom d'Anolis ou d’Anoles à été 
donné à plufieurs fortes de lézards, & que Ray ni 
Rochefort n’ont point décrit de manière à ôter toute 
équivoque , ceux dont ils ont fait mention, nous in- 
vitons les Voyageurs à obferver ces animaux, fur l'ef- 
pèce defquels on ne peut encore rien dire. Nous devons 
ajouter feulement que Gronovius a décrit, fous le nom 
d’Anolis, un lézard de Surinam, évidemment de la 
même efpèce que l'Améiva de Cayenne, dont nous 
venons de donner la defcription. 

L’Améiva fe trouve non-feulement en Amérique, 
mais encore dans l'ancien continent. J'ai vu un indi- 
vidu de cette efpèce, qui avoit été apporté des grandes 
Indes par M. le Cor, & dont la couleur étoit d’un 
très-beau vert plus ou moins mêlé de jaune. | 


DES QUADRUPÉDES OFIPARES. 333 
PL LION, 


Voici L'EMBLÈME de la force appliqué à la foi- 
bleffe, & le nom du roi des animaux donné à un 
bien petit lézard : on peut cependant le lui conferver, 
parce que ce nom eft aufli fouvent pris pour le figne 
de la fierté que pour celui de la puiffance. Le lézard- 
Lion redrefle prefque toujours fa queue en la tour- 
nant en rond ; il a l'air de la hardiefle, & c’eft appa- 
remment ce qui lui a fait donner par les Anglois le 
furnom de Lion, que plufieurs Naturaliftes lui ont con- 
fervé (Bb). Il ie trouve dans la Caroline : fon efpèce 
ne diffère pas beaucoup de celle de notre lézard gris: 

trois lignes blanches & autant de lignes noires règnent 
de chaque côté du dos, dont le milieu eft blanchà- 
tre ; il a deux rides fous le cou; le deflous des cuifles 
eft garni d’un rang de petits tubercules, comme dans 
l'iguane, le lézard gris, le lézard vert, l'améiva, &c. 
la queue fe termine infenfiblement en pointe. 


(a) Le Lion. M d Aubenton, Encyclopédie méthodigne. 
Lacerta fex-lineata, 18. Linn. amph. rept. 


(5) Catefby, Hifloire naturelle de la Caroline , page 68. 


334 Hirsrorrre NATUREIIE 


Fe lézard-Lion n’eft point dangereux ; il fe tient. 
fouvent dans des creux de rochers, fur le bord de ta: 
mer; ce n'eft pas feulement dans la Caroline qu'on 
le rencontre, mais encore à Cuba, à Saint-Domingue, 
& dans d’autres Îfles voifines, Ayant les jambes alon- 
gées, il eft très-agile , comme le lézard gris, & court 
avec une trèsgrande vitefle ; mais ce joli & innocent 
lézard n° en eft pas moins la proie des grands oifeaux 
de mer, à la pourfuite defquels la AE de fa 
courle ne peut le dérober. 


Abe à 


is Li 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES 333$ 


Frresfisecstieans 
D nent mens anne 
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To or re 
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. LÉZARD habite dans l’ancien Continent, où ori 
le trouve aux Indes & en Guinée. Il eft . en 
Amérique ; & il y a, au Cabinet du Roi, deux indi- 
vidus de cette de , qui ont été envoyés de la 
Martinique. C'eft avec raïfon que M. Linné aflure 
que le Galonné a un grand nombre de rapports 
avec l’Améiva; il eft beaucoup moins grand, mais 
les écailles, qui revêtent le deflous du corps, for- 
ment également des bandes tranfverfales dans ces 
deux lézards. Le deflous des cuifles eft garni d'un 
rang de tubercules, comme dans l’iguane , le lézard 
gris, le lézard vert, le cordyle , l’'améiva , &c. : 
a la queue menue & plus longue que lé corps. Il eft 
d’un vert plus ou moins fonce ; & le long de fon does 
s'étendent huit raies blanchâtres, fuivant M. Linné, 


(a) Le Galonné. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta lemnifcata, 30. Linn. amph. rept. 
Lacerta eadem. mus. ad. fr. 1, page 47. 
Séba, mus. 2, planche 53 , fig: 9 © planche 92, fig. 4: 
2, planche 9, fig s. 
 Seps Lemnifcatus, 103. Laurenti fpecimen medicum. 


336 _Hrsrorre NATURELLE 

Nous en avons compté neuf fur les deux individus, 
qui font au Cabinet du Roi. Les pattes font mouche- 
tées de blanc. 

Il paroït que ce lézard eft fit À varier par le 
nombre & la difpoñition des raies qui règnent le long 
du dos. M. d’Antic a eu la bonté de nous faire voir 
un petit Quadrupède ovipare, qui lui a été envoyé de 
Saint-Domingue, & qui eft une variété du Galonné. 
Ce lézard eft d’une couleur très-foncée. Il a fur le 
dos onze raies d’un jaune blanchâtre , qui fe réunifient 
de manière à n’en former que fept du côté de la tête, 
& dix vers l’origine de la queue, fur laquelle ces raies 
fe perdent infenfiblement. Ce font là les feules diffé- 


_rences qui le diftinguent du Galonné. Sa longueur totale 


eft de fix pouces, & celle de # 1 de quatre pouces 
une ligne, | 


QUATRIÈME 


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inbsesisirirititarétteet 


a ’ Ka nn. : 


LÉZARDS 


Qui ont cing doigts aux pieds de devant : ; fans 
Bandes rente Jous le corps. 


LE CAMÉLÉON (a). 


Le NOM du Gndex eft fameux. On l’emploie 
métaphoriquement, depuis long-tems, pour défigner la 
vile flatterie. Peu de gens favent cependant que le 


(a) xapantor, en grec. 

Chamzæleo, en latin. 

Taitah ou Bouiah, en Barbarie, Jüéivant M. Shaw. 

Caméléon. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 

Conradi Gefñeri FH roue arimalium  liber fècundus de ue OVE 
Chamzleo. 

Ray , Synopfis Ou, » page naTe. Giro: ie Cbameleon. 

Brown y page 464. Chamæleon, en Angloës rs largegrey Chameleon: 

Lacerta Chamzæleon, 20, Linn. amph. rept. 


Ovipares, Tome I y v_ 


228 Hrsrorre NATUREILE 

Caméléon eft un lézard ; & moins de perfonnes encore 
connoiflent les traits qu'il préfente & les qualités qui le 
diftinguent. On a dit que le Caméléon changeoït fou- 
vent de forme ; qu'il n’avoit point de couleur en propre ; 
qu'il prenoit celle de tous les objets dont il appro- 
choit ; qu'il en étoit par-là une forte de miroir fidele ; 
qu'il ne fe nourrifloit que d'air. Les Anciens fe font 
plu à le répéter : ils ont cru voir, dans cet être qui 
n’étoit pas le Caméléon , mais un animal fantaftique 
produit & embelli par l'erreur , une image aflez ref- 
femblante de plufieurs de ceux qui fréquentent Îles 
cours : ils sen font fervi comme d'un objet de com- 
paraifon, pour peindre ces hommes bas & rampans, qui 
ayant jamais d'avis à eux, fachant fe plier à toutes les 


formes, embrafler toutes les opinions, ne fe repaiflent 


que de fumée & de vains projets. Les Poëtes fur-tout fe 
 — 
Séba , 2. Tab. 82, fig, 2,3, 4, 5 tab. 83, fig. 4 6 &. 
Chamzxleo mexicanus, 59. Chamzleo Parifenfium , Go. Chamæleo 
zeylanicus , 61. Chamæleo africanus , 62. Chamzleo candidus, 63. 
Chamæico Bonæ-fpei, 64. Laurenti fpecimen medicum. 
Gron. mus. 2, page 76, N° 50. Chamæleon. 
Oleer. mus. 9 ,r. 8,f. 3. Chamælcon. 
Bellon. itin. Livre II, Chapitre zx. Chamæleon. 
Valent. mus. Livre TIT, Chapitre XXXxI. Chamæleon. 
Kircher. mus. 275, t: 293, f. 44. Chamæleon. 
Jonff. Quadr., t. 79. Chamæleon. | 
Ad. Quadr. 670. Chamæleon, 


re 


RSC GREEN SITES 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 339 


font emparés de toutes les images fournies par des rap- 
dt ports qui, n'ayant rien de réel, Fees être aifément 
eur ep étendus :ils ont paré eo chetRes d ie a ; 
ont : = les diverfes comparaifons tirées , un animal ga ils ont 
miroir ik regardé, comme faifant' par crainte ce me on dit, 
+ i Fe tant de coran font pet soit … Aa « 
Set in agréables ont été copiées, muitipliées, animées par. 
li les beux génies des fiècles les plus éclairés. Aucun 

| animal ne réunit, fans doute, les propriétés imaginaires 

® auxquelles nous une tant d'idées riantes. Mais une 
un fiion fpirituelle ne peut qu'ajouter au charme des 
fade | ouvrages où font répandues ces peintures gracieufes. 
si Le Caméléon des Poëtes na point exifté pour la 
ratoutel Nature ; mais il pourra exifter à jamais pour le génie 
le repas ._& pour l'imagination. | 
fur Lorfque cependant nous aurons écarté les qualités 
Le fabuleufes attribuées au Caméléon , & lorfque nous 
feat 4 Vaurons peint tel qu'il eft, on devra le regarder encore 
à. comme un des animaux les plus intéreflans aux yeux 
hall des Naturaliftes, par la fingulière conformation de fes 
j diverfes parties, par les habitudes remarquables qui 

en dépendent, & même par des propriétés, qui ne 

font pas très-différentes de celles qu’on lui a fauffement 
ù attribuées (& ). 
ge 


(Bb) On peut voir dans Pline, Livre XXVTIT, Chapitre XX1X , 
les vertus chimériques que les Anciens attribuoient au Caméléon. On: 


*Vy 


340 Hrsrorrse NATURErIIrE 


On trouve des Caméléons de plufieurs taillesaflez dif- 
férentes les unes des autres. Les plus grands n’ont guère 
plus de quatorze pouces de longueur totale. L’individu 


que nous avons décrit, & qui eft confervé avec beau 


coup d'autres au Cabinet du Roi, a un pied deux pouces 


trois lignes, depuis le bout du mufeau jufqu’à l’extré- 


mité de la queue, dont la longueur eft de fept pouces. 
Celle des pattes, y compris les doigts, eft de trois 
pouces. 


La tête aplatie pardefus, left aufli par les côtés ; 
deux arêtes élevées partent du mufeau, pañfent prefque 
immédiatement au-deflus des yeux, en fuivent à peu- 
près la courbure, & vont fe réunir en pointe derrière 


la tête; elles y rencontrent une troifième faillie qui 


part du fommet de la tête, & deux autres qui viens . 


nent des coins de la gueule ; elles forment , toutes cinq 
enfemble ,une forte de capuchon, ou, pourmieux dire, 
de pyramide à cinq faces, dont la pointe eft tournée 
en arrière, Le cou eft très-court, Le deflous de la 
tête & la gorge font comme gonflés, & repréfentent 
une efpèce de poche, mais moins grande de beaucoup 
que celle de l’iguane, ; | | 

_ La peau du Caméléon eft parfemée de petites 
Éminences comme le chagrin : elles font très-lifles , 


trouvera aufli dans Gefner, Livre II, tous les contes ridicules qu'ils 
ont publiés au fujet de cet animal, 


© à 0 te 


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DES QUuADRVPÉDES OVIPARES AI 


plus marquées fur la tête, & environnées de grains 


prefque imperceptibles : un rang de petites pointes 


coniques règne en forme de dentelure fur les faillies 


“de la tête, fur le dos, fur une partie de la queue 


& au-deflous du corps, depuis le mufeau jufqu’à 
l'anus. | | 

Sur le bout du mufeau, qui eft un peu arrondi, 
font placées les narines qui doivent fervir beaucoup à 
la refpiration de l'animal; car il a fouvent la bouche 
fermée fi exaétement , qu'on a peine à diftinguer la 
féparation des deux lèvres. Le cerveau eft très-petit 
& n'a qu'une ligne ou deux de diamètre. La tête du 
Caméléon ne préfente aucune ouverture particulière 
pour les oreilles, & MM. de l'Académie des Sciences, 


qui difléquèrent cet animal, crurent qu’il étoit privé 


de l'organe de louïe qu’ils napperçurent point dans ce 
lézard (c), mais que M. Camper vient d’y découvrir (d). 
C’eft une nouvelle preuve de la foiblefle de l’ouïe dans 
les Quadrupèdes ovipares, & vraifemblablement c’eft 
une des caufes qui concourent à produire l’efpèce de 
ftupidité que l’on a attribuée au Caméléon. 

Les deux mächoires font compofées d’un os dentelé 


(c) Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , article 
du Carnéléon. | | 


( d) Note communiquée par M. Camper. 


3434 Hisrorrse NATUurEzr= 


qui tient lieu de véritables dents (e). Prefque tout 
eft particulier dans le Caméléon : les lèvres font fen- 
dues même au - delà des mâchoires, où leur ouverture 
{e prolonge en bas: les yeux font gros & très-faillans : 
& ce qui les diftingue de ceux des autres Quadru- 
pèdes, c’eft qu'au lieu d’une paupière qui puifle être 
levée & baïflée à volonté, ils font recouverts par une 
membrane chagrinée , attachée à l'œil, & qui en fuit 
tous les mouvemens. Cette membrane eft divifée par 
une fente horizontale, au travers de laquelle on apper- 
çoit une prunelle vive » brillante & comme bordée de 
couleur d’or. 

Les lézards, & tous les Quadrupèdes ovipares en 
général, ont les yeux très-bons. Le fens de la vue à 
ainfi que nous l'avons dit, paroît être le premier de 
tous dans ces animaux, de même que dans les oifeaux. 
Mais les Caméléons doivent jouir par excellence de 
cette vue exquife : il femble que leur fens de la vue 
eft fi fin & fi délicat, que fans la membrane qui revêt 
leurs yeux , ils feroient vivement offenfés par la lu- 
mière éclatante qui brille dans les climats qu’ ils habi- 
tent. Cette précaution qu’on difoit que la Nature a 

(e) Nous nous fommes aflurés de l'exiftence de cet os dentele, par 
linfpedtion des fquelettes de Caméléon , que l'on a au Cabinet du 


Roi. Profper Alpin a nié, en quelque forte, l'exiftence de cet os. Voyez 
fon Hiftoire naturelle de l'Egypte, tome 1, Chapitre v. 


qu tu | 
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DES QUADRUPÈÉDES OVIPARES. 343 


prife pour eux, refflemble à celle des Lapons & d’au- 
tres habitans du Nord, qui portent au-devant de leurs 
yeux, une petite planche de fapin fendue , pour fe. 
garantir de l'éclat éblouiflant de la lumière fortement 
réfléchie par les neiges de leurs campagnes ; ou plutôt 
ce n’eft point pour conferver la finefle de leur vue, 
qu'il leur a été donné des membranes : mais c’eft parce 
qu'ils ont reçu ces membranes préfervatrices, que leurs 
yeux moins ufés, moins vivement ébranlés, doivent 
avoir une force plus grande & plus durable. | 
Non-feulement le Caméléon a les yeux enveloppés 
d'une manière qui lui eft particulière, mais ils font 
mobiles indépendamment l'un de lautre; quelquefois 
il les tourne de manière que l’un regarde en arrière, 
& l’autre en avant; ou bien de l’un il voit les objets 
placés au-deflus de lui, tandis que de l'autre il ap- 
perçoit ceux qui font fitués au-deflous ( f). Il peut 
par-là confidérer à-la-fois un plus grand efpace; &., 
fans cette propriété fingulière, il feroit prefque privé 
de la vue malgré la bonté de fes yeux, fa prunelle 
pouvant uniquement admettre les rayons lumineux 
qui paflent par la fente très-courte & très-étroite que 
préfente la membrane chagrinée. | 
Le Caméléon eft donc unique dans fon ordre, par 


(f) Le Bruyn. Voyages au Levant. 


344 Hisrorre NATUREIIE 
pluñeurs caractères très- -remarquables : mais ceux dont 
nous venons de parler, ne font pas les feuls qu'il pré. 
fente : fa langue , dont on a comparé la forme à 
celle d'un ver de terre, eft ronde, longue commu 
nément de cinq ou fix pouces, terminée par une forte 
de gros nœud, creufe , attachée à une efpèce de flilet 
cartilagineux qui entre dans fa cavité, & fur lequel 
l'animal peut la retirer , & enduite d’une forte de 
vernis vifqueux qui fert au Caméléon à retenir les 
mouches, les fcarabées, les fauterelles, les fourmis, 
& les autres infeftes dont il fe nourrit , & qui ne 
peuvent lui échapper, tant il la darde & la retire 
avec vitefle (g). L 
Le Caméléon eft plus élevé fur fes jarabes que le 

plus grand nombre des lézards; il a moins lair de 
ramper lorfqu’il marche : Ariftote & Pline l’avoient 
remarqué. Il a, à chaque pied, cinq doigts très-longs, 
prefque égaux & garnis d'ongles forts & crochus; mais 
la peau des jambes s'étend jufqu’au bout des doigts, 

(g) ce Quand les Caméléons veulent manger, 1e tirent leur langue 
“longue , quafi d'un demi-pied, ronde comme la langue d’un oifeau, 
nommé pcivert, femblable à un ver de terre; & à l'extrémit! d’icelle 
#3 ont un gros nœud fpongieux , tenant comme glu : duquel ils attachent 
bles infectes favoir eft fauterelles , chenilles & mouches, & les attirent 
sen la gueule. Ils pouflent hors leurs langues, les dardant de roideur 
auffi vitement qu'une arbalète ou un arc fait le trai@, 2 Bélon, objére 
vetions, Éc Livre TT, Chapitre XXXIV: 


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DES QvAaDruPÈDEs oprparrs. 345 
& les réunit d’une manière qui eft encore particulière 
à ce lézard. Non-feulement cette peau attache les 


doigts les uns aux autres > Mais elle les enveloppe, & 


en forme comme deux paquets, l’un de trois doigts , 
& l'autre de deux : & il y a cette différence entre les 
pieds de devant & ceux de derrière, que, dans les 
premiers, le paquet extérieur eft celui qui ne contient 
que deux doigts, tandis que c’eft l’oppofé dans les 
pieds de derrière (4). 

Nous avons vu à l’article de la dragonne combien 
une membrane de moins entre les doigts, influoit fur 
les mœurs de ce lézard, &, en lui donnant la facilité 
de grimper fur les arbres, rendoit fes habitudes diffé. 
rentes de celles du crocodile » Qui a les pieds palmés. 
Nous avons obfervé en général , qu’un léger changement 
dans la conformation des pieds devroit produire de très- 
grandes diflemblances entre les mœurs des divers: Qua- 
drupèdes. Si l’on confidère, d'après cela, les pieds du 
Caméléon réunis d’une manière particulière , recouverts 
par une continuation de la peau des jambes, & divifés 
en deux paquets, où les doigts font rapprochés & 


(A) Quelques Auteurs ont écrit qu'il ÿ avoit des efpèces de Ca- 


méléon , dont les cinq doigts de chaque pied étoient féparés les uns 


des autres; ils auront certainement pris pour des Caméléons d’autres 


Kzards, &, par exemple, des tapayes dont la tête reflemble en effet 
un peu à celle du Caméléon, 


Ovipares , Tome I. X x 


346 Hirsrorre NATURELLE 


collés, pour'ainf dire, les uns contre les autres, on 
ne fera pas étonné de l'extrême différence qu à y 
a entre les habitudes naturelles du Caméléon & 
celles de plufeurs lézards. Les pieds du Caméléon ne 
pouvant guère lui fervir de rame, ce n'eft pas dans 
Veau qu'il fe plaît, mais les deux paquets de doigts 
alongés qu'ils préfentent font placés de manière à 
pouvoir faifir aifément les branches fur lefquels il 
aime à fe percher : il peut empoigner ces rameaux, 
en tenant un paquet de doigts devant & l’autre derrière, 
de même que les pics, les coucous, les perroquets, & 
d'autres ojifeaux, faififlent les branches qui les fou- 
tiennent, en mettant deux doigts devant & deux 
derrière. Ges deux paquets de doigts, placés comme 
nous venons de le dire, ne fourniflent pas au Caméléon 
un point d'appui bienoieble lorfqu'il marche fur la 
terre : c’eft ce qui fait qu'il habite de préférence fur 
les arbres, où il a d'autant plus de facilité à grimper 
& à fe tenir, que fa queue eft longue & douée d'une 
affez grande force. Il la replie, ainñ que les fapajous; 
il en entoure les petites branches, & s’en fert comme 
d'une cinquième main pour His de tomber , 

ou _pañer avec facilité d'un endroit à un autre (2). 

PR DS Rd és ie do 


(à) « Les haies qui font des jardinages auprès du Caire, font en 
tous lieux couvertes de Caméléons, & principalement le long des 
rivages du Nil, en forte qu'en peu de tems nous en vimes grand 


ets de ds 
de man 
ft gi 
cé rame 

tre br 
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qui Je les dr 
ant À deu 
cé comm 
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référence 


DES Quaprurèpes OVIPARES. 347 
Bélon prétend que les Caméléons fe tiennent ainfi 


perchés fur les haies pour échapper aux vipères & 
aux céraftes qui les avalent tout entiers , lorfqu” ils 


peuvent les atteindre. Mais ils ne peuvent Hé fe dé- — 


rober de même à la mangouite , & aux oïifeaux de 
proie qui les recherchent. | 

Voilà donc le Caméléon, que l’on peut regarder 
comme l'analogue du fapajou, dans les Quadrupèdes 
ovipares. Mais fi fa conformation lui donne une ha- 
bitation femblable à celle de ce léger animal, sil 
pañle de même fa vie au milieu des forêts & fur 
les fommets des arbres, il n° en a ni l’élégante agilité, 
ni l’activité pétulante. On ne le voit pas sélancer 


comme un trait de branche en branche, & imiter, 


par la vitefle de fa courfe & la grandeur de fes 
fauts, la rapidité du vol des oifeaux : maïs c’eft toujours 
avec ur qu il va d'un rameau à un autre ; & il 
eft plutôt dans les bois en embufcade fous les féuilles 


pour retenir les infeétes äilés qui peuvent tomber fur 


fa langue gluante, qu'en mouvement de es pour 
aller les furprendre (4). 


nombre : car les vipères & les céraftes les avalent entiers, quand elles ce. 


les peuvent prendre, 13 Bélon , obfervations , Ge. Livre IT, Cha- 


pitre XXXIV. 


(4) Haflelquift a trouvé, dans leftomac d’un Caméléon , des reftes 


X x i) 


348 Hisrorre NATURELLE 
_ La facilité avec laquelle il les faifit le rend utile 
aux Indiens, qui voient avec grand plaïfir dans leurs 

maifons cet innocent lézard. I eft en effet fi doux, 

qu'on peut, fuivant Alpin, lui mettre le doigt dans 

la bouche, & l'enfoncer très-avant, fans qu'il cherche 

à mordre (l), & M. Desfontaines, favant Profefleur 
du Jardin du Roi, qui a obfervé les Caméléons en 

Afrique, & qui en a nourri chez lui, leur attribue La 
même douceur qu'Alpin. 

Soit que le Caméléon grimpe le long des arbres, 


foit que caché fous les feuilles il y attende paiible gi 
ment les infectes dont il fe nourrit, foit enfin quil fm 
marche fur la terre, il paroït toujours affez laid : il ikk 
n'offre pour plaire à la vue, ni proportions agréables, ET 
ni taille fvelte, ni mouvemens rapides. Ce n’eft qu'avec | hi. k 
une forte de circonfpection qu'il ofe fe remuer. S'il  C 
ne peut pas embrafler les branches fur lefquelles il fé 
veut grimper, il saflure, à chaque pas qu'il fait, que : dépen 
fes ongles font bien entrés dans les fentes de l'écorce; fe 
sil eft à terre il tâtonne; il ne lève un pied que lorf- _ltû 
qu'il eft sûr du point d’appui des autres trois ; par toutes Lane 
ces précautions, il donne à fa démarche une forte de IT 
gravité, pour ainfi dire ridicule, tant elle contrafte 1 Lu 
Lo 
de papillons & d’autres infeétes, HAT » Voyage en Palefiine » È . 
Page 349- se 


(1) Profper _——. îome 2, Chapitre y, pager1s. 


dd NN... 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 340 
avec la petitefle de fa taille & lagilité qu'on croit 
trouver dans un animal aflez fembläble à des lézards 
fort leftes. Ce petit animal , dont l'enveloppe & la 
mobilité des yeux, la Con des pieds, & prefque 
toute la conformation, méritent l’attention des Phy+ 
ficiens, n'arréteroit goss les regards de ceux qui ne 
jettent quun coup-d’œil fuperfciel, que pour faire 
naître le rire & une forte de mépris : il auroit été 
bien éloigné d’être l’objet chéri de tant de Voyageurs 
& de tant de Poëtes; fon nom n’auroit pas été répété 
par tant de bone de & perdu fous les rameaux où 
il fe cache , il n’auroit été connu que des Naturaliftes, 
fi la faculté de préfenter, fuivant fes différens états, 
des ds plus ou moins variées n’avoit attiré fur 
lui , depuis long-tems, une attention particulière. 

Ces diverfes teintes changent en effet avec autant 
de fréquence que de rapidité ; elles paroïffent d’ailleurs 
dépendre du climat, de l’âge ou du fexe; il eft donc 
aflez difficile d’afigner quelle eft la couleur naturelle 
du Caméléon. Il paroît cependant qu'en général ce 
lézard eft d’un gris plus ou moins foncé (m) , ou plus 
ou moins livide. 

Lorfqu'il eft à l'ombre & en repos, depuis quelque 
tems, les petits grains de fa peau font quelquefois 


(m3) Le Bruyn, Voyages au Levanr. 


{ 


2s6. . Hrsrorre NATURELLE 


d’un rouge pâle, & le deflous de fes pattes eft d'un blanc 
un peu jaunâtre. Mais, lorfqu’il eft expofé à la lumière 
du _. , fa couleur change; la partie de fon corps qui 
eft éclairée , devient fouvent d’un gris plus brun, & 
la partie fur laquelle les rayons du foleil ne tombent 
point directement, offre des couleurs plus éclatantes, & 
des taches qui paroiffent ifabelles par le mélange du 
jaune pâle que préfentent alors les petites éminences , 
& du rouge clair du fond de la peau. Dans les inter- 
valles des taches, les grains offrent du gris mêlé de 
verdâtre & de bleu ; & le fond de la peau eft rou- 
geâtre. D’autres fois le Caméléon et d'un beau vert 
tacheté de jaune; lorfqw’on le touche il paroït fouvent 
couvert tout d'un coup de taches noirâtres affez grandes, 
mêlées d’un peu de vert : lorfqu'on l'enveloppe dans 


e f 
un linge, ou dans une étoffe de quelque couleur qu'elle 


foit, il devient quelquefois plus blanc qu'à l'ordinaire ; 
mais il eft démontré, par les obfervations les plus 


exactes, qu'il ne prend point la couleur des objets 


S « 2 e 
2° « 
qui l’environnent, que celles qu'il montre acciden- 


tellement ne font point répandues fur tout {on corps, 


comme le penfoit Ariftote, & qu'il peut offrir la couleur 
blanche, ce qui eft contraire à l'opinion de Plutarque 
& de Solin (a). 


(n) Mémoires pour fervir à l'Hiff. naturelle des animaux : art, de 
Caméléon , pages 31 © fuivantes, 


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DES QuADRUPÈDEAS OVIPARES. 351 


‘ Il n’a reçu prefqu'aucune arme pour fe défendre; 
ne marchant que très-lentement, ne pouvant point 
échapper par la fuite à la pourfuite de fes ennemis, il 
eft la proie de prelque tous les animaux qui cherchent 
à le dévorer ; il doit par conféquent être très-timide, 
fe troubler aifément, éprouver fouvent des agitations 
intérieures plus ou moins confidérables. On croyoit, 
du tems de Pline, qu'aucun animal n’étoit auf craintif 
qué-le Caméléon, & que c'étoit à caufe de fa crainte 
habituelle qu’il changeoïit fouvent de couleur. Ce trouble 
& cette crainte peuvent en effet fe manifefter par les 
taches dont il paroît tout d'un coup couvert à l’ap- 
proche des objets nouveaux ; fa peau revêtue n’eft point 
d’écailles, comme celle de beaucoup d’autres lézards; 
elle eft tranfparente, quoique garnie des petits grains 
dont nous avons parlé; elle peut aifément tranf- 
mettre à l'extérieur, par des taches brunes, & par 
une couleur jaune ou verdâtre, l'expreflion des divers 
mouvemens que la préfence des objets étrangers doit 
imprimer au fang & aux humeurs du Caméléon. Haf- 
felquift, qui la obfervé en Egypte, & qui l’a difléqué 
avec foin, dit que le changement de la couleur de ce 
lézard provient d’une forte de maladie, d’une jauniffe, 
que cet animal éprouve fréquemment, fur-tout lorf- 
qu'il eft irrité. De-là vient, fuivant le même Auteur, 
qu'il faut prefque toujours que le Caméléon foit en 
colère, pour que fes teintes changent du noir au jaune 


TE 


352 :.:° Hisrorre -Naruwreire |. 

ou au vert. [l préfente alors la couleur de fa bile qu 
que l’on peut appercevoir aifément, lorfqw’elle eft très | Qu 
répandue dans le corps, à caufe de la ténuité des muf- LL 
cles, & de la tranfparence de la peau (o). Il paroît ju 
d'ailleurs que c'eft au plus ou moins de chaleur dont PTL 
il eft pénétré, qu'il doit les changemens de couleur qu'il | é pl 
éprouve de tems-en-tems (p). En général, fes couleurs aide 
font plus vives lorfqu’il eft en mouvement, lorfqu'on | Cap 
le manie, lorfqw'il eft expofé à la re du foleil api 
ès tend dans les climats qu’il habite : elles deviennent ge Ca 
au contraire plus foibles lorfqu'il eft à l'ombre, c’eft- bible 
a-dire privé de l'influence des rayons folaires, lorfqu'il a pu 
eft en repos, &c. Si fes couleurs fe terniflent po qu 
fois lorfqw’on P enveloppe dans du linge ou dans quelqu’é- um d 
toffe, c'eft peut-être parce qu'il eft refroidi par les linges he 
ou par l’étoffe dans lefquels on le plie. Il pâlit toutes les je 
nuits, parce que toutes les nuits font plus ou moins Le 

| fraiches, fur-tout en France, où ce phénomène a été da 

obfervé par M. Perrault. I] Hhirghit enfin lorfqu'il eft mé 
mort, parce qu'alors toute chaleur intérieure eft éteinte. fs ü 


La crainte, la colère & la chaleur qu'éprouve le 


(o) Hafélquifl. Voyage en Palefline, page 349. 
(p) ce Chamzæleonis color verus cinereus eft, fed juxta animi affectus 
s’quandoque cum calore colorem mutat, ut & ratione calidioris vel 
frigidioris aeris, non vero fubjeéti, ut quidam volunt. 2: Æ#’ormi. mus. 
de pedefribus , Cap. XXII ; fol. 316. 


Caméléon, | 


DES QUADRUPÈDES OPrPARES. 353 


Caméléon , nous paroiffent donc les caufes des diverfes 


couleurs qu'il préfente, & qui ontété le fujet de tant 
de fables (q). | 
Il jouit, à un degré très-éminent, du pouvoir d’en- 
fler les différentes parties de fon corps, de leur don- 
ner par-là un volume plus confidérable, & d’arrondir 
ainfi celles qui feroient naturellement comprimées. 
C’eft par des mouvemens lents & irréguliers , & 
non point par des ofcillations régulières & fréquentes, 
que le Caméléon fe gonfle : il fe remplit d'air au point 
de doubler fon diamètre: fon enflure s'étend jufques 
dans les pattes & dans la queue : il demeure dans cet 
état, quelquefois , pendant deux heures, fe défenflant 
un peu de tems-en-tems, & fe renflant de nou- 
veau; mais fa dilatation eft toujours plus foudaine que 
fa compreflion. | 
Le Caméléon peut aufi demeurer très-long-tems 
défenflé : Il paroît alors dans un état de maigreur fi 
confidérable , que l’on peut compter fes côtes, & que 
l'on diftingue les tendons de fes pattes & toutes les 
parties de lépine du dos. | 
_ C'eft du Caméléon, dans cet état, que Pon a eu 
raifon de dire qu’il reffembloit à une peau vivante (r); 
EE ————_—_—_—_—_— _— 
(g) Mémoires pour fervir à l'Hifi, naturelle des animaux » art, du 
Caméléon, pages 48 € fuiv. | 
(r) Tertullien. SE 
Ovipares, Tome I. Le 


= 
354 Hrsrorre NATURELLE 
car en effet il paroît alors n'être qu'un fac de peau, 
dans lequel quelques os feroient renfermés; & c’eft 
fur-tout lorfqu’il fe retourne, qu'il a cette apparence. 
Mais il en eft de cette propriété de seniler & de 
fe défenfler, comme de toutes les propriétés des ani- 
maux, des végétaux & même de la matière brute ; 
aucune aus n’a été, à la rigueur , accordée exclu- 
fivement à une. hu, ce n’eft que faute d'obfer- 
vations que lon a cru voir des animaux, des végétaux 
ou des minéraux, préfenter des phénauienes que d'au- 


tres n’offroient point. Quelque propriété qu'on remar-— 
que dans un être, on doit s'attendre à la trouver dans 


un autre, quoiqu'à la vérité, à un degré plus haut ou 
plus bas; toutes les qualités, tous les effets fe dégradent 
ainfi par des nuances fucceflives, gévanouiflent, ou fe 
changent en qualités & en efiets oppofés. Et pour ne 
parler que de la propriété de fe gonfler, prefque tous les 
Quadrupèdes ovipares, & particulièrement les orenouil- 
| les, ont la faculté de s’enfler & de fe défenfler à volonté; 


mais aucun ne la pofsède comme le Caméléon. M. Per- 


rault paroît penfer qu'elle dépend du pouvoir qu'a ce 
lézard de faire fortir de fes poumons, l'air qu'il ref- 
pire , & de le faire gliffer entre les mufcles & la 
peau ( s). ui propriété de filtrer ainfi l'air de l’at- 


(s ) Mémoires pour férvir à PHifloire naturelle des animaux ; article du 


Caméléon , page 30. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 355 


mofphère au travers de fes poumons, & ce gonfle 


ment de tout fon corps, que le Caméléon peut pro- 
duire à volonté, doivent le rendre beaucoup plus lé- 
ger , en ajoutant à fon volume , fans augmenter fa 
mafle. Il peut plus facilement, par-là, s'élever fur les 
arbres, & y grimper de branche en branche: & ce 
pouvoir de faire pafler de l'air dans quelques parties 
de fon corps, qui lui eft commun avec les oïifeaux, 
ne doit pas avoir peu contribué à déterminer fon féjour 
au milieu des forêts. Les Caméléons gonflent aufli leurs. 
poumons qui font compofés de plufieurs véficules, ain 
que ceux d'autres Quadrupèdes ovipares. Cette con- 
formation explique les contradiétions des Auteurs qui 
ont difféqué ces animaux, & qui leur ont attribué les 
uns de petits & d’autres de grands poumons, comme 
Pline & Bélon. Lorfque ces vifcères font flafques, plu- 
fieurs véficules peuvent échapper ou paroître très- 
petites aux Obfervateurs, & elles occupent au con- 
traire un fi grand efpace , lorfqu'elles font foufflées , 
qu'elles couvrent prefque entièrement toutes les par- 
ties intérieures (4). 

Le battement du cœur du Caméléon eft fi foible, 
que fouvent on ne peut le fentir en mettant la main 


au-deflus de ce vifcère (4). 


(1) Ray, Synopfis Quadrupedum , page 282. 
(u) Mém, pour fervir à l'Hifl. nat, des animaux , art. du Caméléon. 


Tri 


356  Mirsrorre NarTurserrr 


Cet animal , ainfi que les autres lézards, peut vivre: 


près d’un an fans manger ; & c’eft vraifembliable_ 
ment ce qui a fait dire quil ne fe nourrifloit que 


d'air (v).Sa conformation ne lui permet pas de pouffer 


de véritables cris; mais lorfqu'il eft fur le point d’être: 
furpris, il ouvre la gueule, & fiffle cornme plufeurs 
autres Quadrupèdes ovipares & les ferpens. 

Le Caméicon fe retire dans des trous de rochers , 
où d'autres abris, où il fe tient caché pendant l'hiver, 
au moins dans les pays un peu tempérés, & où il y & 
apparence qw'il s'engourdit. Ce fait étoit connu d’Arif- 
tote & de Pline. | | 

La ponte de cet animal eft de neuf à douze œufs : 
nous en avons compté dix dans le ventre d’une femelle 
envoyée du Mexique au Cabinet du Roi:ils font ovales, 


revêtus d'une membrane molafle comme ceux des. 


tortues marines, des iguanes, &c. ils ont à-peu-près: 
fept ou huit lignes dans leur plus grand diamètre. 


Lorfqu'on tranfporte le Caméléon. en vie. dans les 
q P 14 ) € ; Les. 


pays un peu froids, il refufe prefque toute nourriture, 
il fe tient immobile fur une branche , tournant feule- 
ment les yeux de tems-en-tems ; & il périt bien 
tôt (x). | 


(y) Bélon. 
Ex) Séba, vol. +. . 
M.. Bomare . article du. Caméléon:. 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 357 
On trouve le Caméléon dans tous Les climats chauds, 
tant de l’ancien que du nouveau Continent, au Mexi- 
que, en Afrique (y),au Cap de Bonne-efpérance, 
dans l'ile de Ceylan, dans celle d’Amboine, &c. La 
deftinée de cet animal paroît avoir été d’intérefler de 
toutes les manières. Objet, dans les pays anciennement 
policés, de contes ridicules, de fables agréables, de 
fuperftitions abfurdes & burlefques, il jouit de beaucoup: 
de vénération fur le bord du Sénégal & de la Gambie. 
La religion des Nègres du Cap de Monté, leur défend 
de tuer les Camélons, & les oblige à les fecourir 
lorfque ces petits animaux tremblans le long des ro 
chers, dont ils cherchent à defcendre , s’attachent avec: 
peine par leurs ongles , fe retiennent avec leur queue , 
& sépuifent, pour ainfi dire, en vains efforts : mais 
quand ces animaux font morts, ces mêmes Nègres font 
fécher leur chair & la mangent. 


- FCRRNSS CS RAR EE 

(y) « Ceux qui ont Fœil bon, découvrent des faitah > PBouiah: 
ou Caméléons fur toutes les haies. La langue du Caméléon eftes 
longue de quatre pouces, elle a la figure d’un pilon ; cet animales: 
la lance avec une rapidité furprenante, fur les mouches ou autresce 
infectes qu'il ÿ accroche avec une efpèce de glu qui fort à pointe 
sommé du bout de fa langue. Les Maures & les Arabes , après ce: 
en avoir féché la peau, la portent au cou, dans la perfuañon que cette ce: 
amulette, les garantit contre les influences d'un œil malin.» Vivyage: 
de Shasp , dans plufieurs Provinces de la Barbarie & du Levant, d! 
la Haye, 1743, volume 1, page 323. | 


350 Hisrorre NATURELLE 

Il y a, au Cabinet du Roi, deux Caméléons, l’un 
du Sénégal, & l’autre du Cap de Bonne -efpérance, 
qui n’ont pas fur le derrière de la tête cette élévation 
triangulaire, cette forte de cafque, qui diftingue non- 
feulement les Caméléons d'Egypte & des grandes Indes, 
mais encore ceux du Mexique : les Caméléons différent 
aufli quelquefois les uns des autres, par le plus ou le 
moins de prolongation de la petite dentelure qui sé- 
tend le long du dos & du deflous du corps; on a d’après 


cela voulu féparer les uns des autres, comme autant 


d'efpèces diftinétes, les caméléons d'Egypte, ceux d'A- 
rabie, ceux du Mexique (7), ceux de Ceylan, ceux 
du Car de Bonne-efpérance, &c.; mais ces légères 
différences, qui ne changent rien aux Sera d'après 
lefquels il eft aifé de reconnoître les Caméléons, non 
plus qu’à leurs habitudes, ne doivent pas nous empé- 
cher de regarder l’efpèce du Caméléon comme la même 
dans les diverfes contrées qu'il fréquente, quoiqu'elle 
foit quelquefois un peu altérée par l'influence du climat, 
ou par d'autres circonftances, & qu’elle fe montre 
avec quelque variété dans fa forme ou dans fa gran- 
deur, fuivant l’âge & le fexe des individus. 

M. Parfons a donné dans les Tranfaétions philofo- 
phiques la figure & la defcription d'un Caméléon qui 


(x) Voyez Bélon, & Jo. Faber Emès , dans fon capofie tion des 


animaux de la nouvelle Efpagne, 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 359 
avoit été apporté à un de fes amis, parmi d'autres 
objets d'Hiftoire naturelle, & dont il ignoroit le pays 
natal (a). Cet animal ne difiéroit, d'une manière re- 
marquable , des autres Caméléons, tant de l’ancien que 
du nouveau monde, que par la forme du cafque que 
nous avons décrit. Cette partie faillante ne s’étendoit pas 
feulement fur le derrière de la tête dans le Caméléon 
de M. Parfons ; mais elle fe divifoit pardevant en deux 
protubérances crénelées qui s’élevoient obliquement Le 


52 


savançoient jufquau-deflus des marines. Ce ne fera 


qu'après de nouvelles obfervations fur des individus 


femblables, que l'on pourra déterminer fi le Caméléon 
trés-bien décrit par M. Parfons, appartenoïit à une race 
conftante ou ne formoit qu'une variété individuelle. 


(a) Tranfaélions philofophiques , année 1768 , tome 58 , page 192 


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360 Hisrorre Narure:re 


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Eja QUEUE-BLEUE habite principalement la Ca ns 

roline. Ce lézard fe retire fouvent dans les creux des _ lime 

arbres. Il n’a qu'environ fix pouces de longueur. IL eft om À 
brun ; fon dos préfente cinq raies jaunêtres & lon- M 
en ; & ce qui fert fur-tout à le diftinguer, c'ef | 

la couleur bleue de fa queue menue & communé- 


ment plus longue que le corps. Catefby dit que plu- Le 
fieurs habitans de la Caroline prétendent qu'il eft ve= à 
nimeux : mais il aflure n’avoir été témoin d'aucun fait 
qui püt le prouver. 

On devroit peut-être rapporter à cette efpèce un 
lézard du Bréfil , dont Ray parle d'après Marcgrave, 
& qui fe nomme Amerigima (b). Suivant la defcrip- | 


(a) La Queue-bleue. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Lacerta fafciata, go. Linn. amph. rept. |. 

Catefby , Carol. 2 , t. 67. Lacerta cauda cærulea, 

Per. Gaz.1,t.2,f. 2. Lacertus Marianus min. Cauda cærulea. | 

(Bb) Arnericina Brafilienfibus Margr. es Lacertulus 3 digitis longus | 
s> & pennam olorinam craflus, crura & pedes fenembi, Corpus fere qua- | 
> dratum. Videtur totum dorfum fquamis leucophzis; latera caput, & 
acrura fufcis, cauda vero cæruleis. Omnes americimæ fplendent, & ad 


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tactum apprimè funt læves. Digit. in pedibus, inftar fetarum porci-« 
narum. Venenofum animal cenfetur. :» Ray , Synopfis animalium ï 


page 267. 


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Ovipares, Tome I. 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 
tion que Ray en donne, il eft long de deux pouces; 
fon dos eft couvert d'écailles grifes cendrées ; fa tête , 
fes côtés, fes cuifles le font d’écailles jaunes ; & fa 
queue l'eft d’écailles bleues; les B 
comme venimeux. 


rafiliens le regardent 


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L'azuré fe trouve en Afrique ; fes écailles poin- 
tues le font paroître hériflé de petits piquans: un ca- 


raère d'après lequel il eft aïfé de le reconnoiître, & 
qui lui a fait donner le nom qu'il porte, eff la cou= 


leur bleue dont le deffus de fon corps eft peint, & 
qui forme une efpèce de manteau azuré. Sa queue 
eff courte. | 

(a) L'Azuré. M. d'Aubenton , Pop gétiodique. 


Lacerta afurea, 12. Einn. amph. rept 
Séba, mus, a, tab. 62, fig 6. 


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DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 2303 


LÉ )GR IE S ON (a). 


‘fall, Jr EST AISÉ de diftinguer ce lézard , qui fe trouve 
qu: dx | dans les-contrées Orientales, par des verrues qui font 
Fecumole à diftribuées , fans aucun sde fur fon corps; par fa 
te, eh couleur re tachetée de roufftre & par fa queue 
pet à à peine plus longue que le corps, que des bandes 
“ | difpofées avec une forte d'irrégularité rendent inéga— 
lement étagée. 

A … (a) Le Grifon. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. 


Lacerta Turcica, 23. Linn. amphib. rept. 


ÆEdw. av. 204, tab, 204. Laceïta minor cinerea maculata abatica, 


264 HisTOrrEe NATURELLE 


L’UMBRE (:) 


L'Uusre , qui fe trouve dans plufeurs contrées 


chaudes de l'Amérique , a la tête très-arrondie ; l’occi- 
put eft chargé d’une callofité aflez grande & denuée 
d'écailles. La peau, qui eft fur la gorge, forme un 
pli profond : la couleur du corps eft nébuleufe ; les 


écailles étant relevées en arête, & leur fommet étant 


aigu, le dos paroît ftrié. La queue eft ordinairement 
plus longue que le corps. # 


(a) L'Umbre. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta Umbra , 29. Linn. amph. rept. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 365$ 


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Le Prissé a l'occiput calleux comme l’umbre; 
mais la peau, qui eft fur la gorge, forme deux plis 
au lieu d’un. Il diffère encore de l’umbre par plufieurs 
traits : des écailles coniques font paroître fa peau cha- 
grinée ; le deflus des yeux eft comme à demi-crénelé: 
derrière les oreilles font deux verrues garnies de pointes. 
Sur la partie antérieure du dos règne une petite den- 
telure formée par des écailles plus grandes que les 
voifines, & qui lie le PIiffé avec le galéote & l’agame. 
Une ride élevée s'étend de chaque côté du cou jufques 
-fur les pattes de devant, & fe replie fur le milieu du 
dos. Les doigts font die. garnis d'ongles aplatis, 
& couverts par-deflous d’écailles aiguës. La queue eft 
ronde, & ordinairement plus longue que le corps. Le 
PIifté 2 trouve dans les Indes. 

C'eft à ce lézard qu'il paroït qu'on doit rapporter 


celui que M. Pallas a nommé /éliofcope , dans le fup- 


plément latin de fon voyage en différentes parties 


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(a) Le Phffé. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta Plica, 30, Linn. amphib. rept. 


3066 Hirsrorre NATURELLE 
de l'Empire de Ruffie. Il habite les provinces les moins 
froides de ce vafte empire ; on le trouve communément 
fur les collines dont la température eft la plus chaude, 
expofé aux rayons du foleil, la tête élevée, & fouvent 
tournée vers cet aftre; fa courfe eft très-rapide., 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 30% 


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) | 15 N’EST SOUVENT que de la Îongueur du doigt ; 
 . les écailles du dos relevées en carêne, le font paroîtré 
à À un peu hériffé. Sa queue diminue de groffeur jufqu’à 


l'extrémité qui fe termine en pointe. Il eft jaune fous 
le corps, & d’une couleur plus fombre fur le dos, lé 
long duquel s'étendent quatre raies jaunes. Îl n’a point 
fous le ventre de bandes tranfverfales. | 

L’efpèce de l’Algire n’eft pas réduite à fes petites 
dimenfions , par défaut de chaleur, puifque c’eft dans 
: = la Mauritanie & dans la Barbarie qu'il habite. Ceft 
. de ces contrées de l’Afrique qu'il fut envoyé pat 
| M. Brander à M. Linné qui la fait connoître ; & l’on. 
à ne peut pas dire que les côtes feptentrionales de PA= 
: frique étant plus échauffées qu'humides, l’ardenté féche- 
: refle des contrées où l’on trouve lPAlgire, influe fur fon 
À volume, & qu'il na une très-petite taille, que parce 
| qu'il manque de cette humidité fi néceflaire à plu- 
fieurs Quadrupèdes ovipares, puifque l'on conferve aû 


{a) L’Algire. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, 
Lacerta Algira , 26. Linn. amph. rept, 


368 HisrTorre NATURELLE 


Cabinet du Roi un Algire entièrement femblable aux 
lézards de fon efpèce, & qui cependant a été envoyé 
de la Louifiane, où l'humidité eft auf grande que la 
chaleur eft vive. | 

M. Shaw a écrit que l’on trouve très-fréquemment 
en Barbarie fur les haies & dans les grands chemins, 


un lézard nommé 7ermouméah ; il n'indique point la 


grandeur de cet animal ; il dit feulement que fa queue 
eft longue & menue; que le fond de fa couleur eft 
d'un brun clair; qu'il eft rayé d’un bout à l’autre, & 
qu'il préfente particulièrement trois ou quatre raies 
| jaunes (b). Peut-être ce lézard eft-il un Algire. 

Au refte, il paroïit que l’Algire fe trouve auffi dans 
les contrées méridionales de l'Empire de Ruflie, & 
que l’on doit regarder comme une variété de ce lézard, 
celui que M. Pallas a nommé /ézard enfanglanté ou 
couleur de fang (c), qui reflemble prefquen tout à 
l’Algire, & qui a quatre raies blanches fur le dos, 
mais dont la queue cendrée par-deffus & blanchâtre à 
l'extrémité, eft par-deflous d'un rouge d'écarlate. 


(b) Voyage de M. Shaw , dans plufeurs Provinces de la Barbarie 
€ du Levant, à la Haye, 1743 vol. 1, page 324. 
(ce) Supplément au Voyage de M. Pallas, 


D 2° 


LE STELLION. 


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LE STELLITON (). 


LX QUEUE de ce lézard eft communément aflez 
courte, & diminue de groffeur jufqu’à l'extrémité. Les 


7 Re , qui la couvrent, font aiguës & difpofées par 


anneaux. D’autres nd. petites & pointues revêtent 
le deflus & le deffous du corps , qui d’ailleurs eft 


garni, ainfi que la tête, de tubercules aigus où de. 


piquans plus ou moins  . bien loin d’avoir une 
forme agréable, le Stellion reflemble un peu au cra- 
paud, fur-tout par la tête, de même que le tapaye 
avec lequel il a beaucoup de rapports, & dont quel- 
ques Auteurs lui ont donné les divers noms. Mais fi 
fes proportions déplaifent , {es couleurs charment ordi- 
a —_———— 

(2) Stellione tarentole, en plufieurs endroits d'Italie. 

Piftilloni , en plufieurs autres endroits du méme Pays. 

Tapayaxin, en Afrique. 

Le Stellion. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 

Lacerta Stellio, 20. Linn. amphib. rept. 

Haffèlquift itin. 301. Lacerta Stellio. 

Tourneforé, Voyag. 1, page 119, t. 220. Cofordilos. 


Séba, mus 2, tab. 8 , fig. 6 & 7. 
Cordylus Stellio, 80. Laurenti fpecimen medicum. 


Ovipares, Tome I. Aaa 


Le Hrisrorrs NATURELLE: 
nairement la vue. Il préfente le plus fouvent un doux. 
mélange de blanc , de noir, de gris & Re de 
vert, dont il eft comme be 

Il habite l'Afrique, & il ny eft pas confiné dans 
les régions les plus chaudes, puifqu’ il eft également 
au Cap de Bonne-efpérance & en Egypte (b). On 
le rencontre auffi dans les contrées Orientales & dans 


les Ifles de VArchipel, ainfñi qu'en Judée & en Syrie 


où il paroit d’après Bélon, qu’il devient très-grand (c). 
M. François Cetti dit qu’il eft affez commun en Sar- 
daigne , & qu'il y habite dans les maifons ; on l'y 
nomme tarentole, ainfi que dans plufeurs provinces 
d'Italie (d) ; & c’eft une nouvelle preuve de l'emploi 
qu'on a fait pour plufñeurs efpèces de lézards de ce 
nom de farentole , donné, ainfi que nous l'avons dit, à 


une variété du lézard vert. Mais c’eft fur - tout aux 


environs du Ni, que les Stellions font en grand nom- 
2 « ; | | ; 


(8 ) L'individu, que nous avons décrit, a Êté apporté d'Egypte, au 
Cabinet du Roi. | 


(c) cc fl ÿ a une manière de lézards noirs, nommés lors. ve 


auf gros queft une petite belette , lear ventre fort enflé & la tête 


groffe , defquels le pays de Judée & de Syrie eft bien garni. » Bélon, 
obfervations , &c. Edit. de Paris, 15543 Livre II, Chap. LXXIX, 


| Page 139. 
(d) Hifloire naturelle des Es & des fe de la SATRNeREe 
Safari , 2777 » page 20. 


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DES Qraprvrinss OVFIPARES. 371 


bre. On en trouve beaucoup autour des pyramides 


& des anciens tombeaux qui fubfiftent encore fur 


l'antique terre d'Egypte. Ils sy logent dans les inter- 


valles que laiffent les différens lits de pierres, & ils 
sy nourriflent de mouches & d’infeétes ailés. | 

On diroit que ces pyramides , ces éternels mo- 
numens de la puiflance & de la vanité humaines, ont 
été deftinées à préfenter des objets nait en 
plus d'un genre; c'eft en effet dans ces vaftes mau- 
{olées qu'on va recueillir avec foin les excrémens du 
petit lézard dont nous traitons dans cet article. Les 
Anciens qui en faifoieut ufage , ainfi que les Orientaux 
modernes, leur donnoïent le nom de crocodilea (e), 
apparemment parce qu'ils penfoient qu'ils venoient 
du crocodile (f) ; & peut-être ces excrémens n’au- 
roient-ils pas été aufli recherchés, fi l’on avoit fu que 
l'animal qui les produit n’étoit ni le plus grand ni le 
plus petit des lézards, tant il eft vrai que les extrêmes 
en impofent préfque toujours à ceux dont les regards 


ne peuvent pas embrafler la chaine entière des objets. 


Les modernes, mieux inftruits, ont rapporté ces 


(e) Nous trouvions aufli des Stellions, defquels les Arabes re- 
cucillent les excrémens, qu'ils portent vendre au Caire, nommés ence 
grec crocodilea. De-R , les Marchands nous les apportent vendre. » 
Bélon, Livre II, Chap. LXy 111, page 132. 


(f) Stercore fucatus crocodili, Horace. 


Aaaï 


2 Hisrorre Narurgsizz. 


excrémens au Stellion, à un lézard qui n'a rien de 
très-remarquable ; mais déjà le fort de cette matière 

abjecte étoit décidé ; & fa valeur vraie ou fauñe étoit 
” établie. Les Turcs en ont fait une grande confomma- 
tion , ils sen fardoient le vifage : ; & il faut que les l 
Stellions aient été bien nombreux en Egypte, puifque, . 
pendant long-tems, on trouvoit prefque par-tout, & L 
en très-grande abondance , cette matière que l'on nom- 
moit ffercus lacerti , ainfl que (rer erenes 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 373 


LE.SCINOUE Ce, 


Cz LÉZARD eft fameux, depuis long-tems, par la 
vertu remarquable qu’on lui a attribuée. On a pré- 
tendu que pris intérieurement , il pouvoit ranimer des 
forces éteintes, & rallumer Les feux de l'amour mal- 
gré les glaces 7 l'âge & les faites funeftes des excès. 
Auffi lui a-t-on déclaré en plufeurs endroits, & lui 
fait-on encore une guerre cruelle. Les payfans d Egypte 
prennent un grand nombre de nues qu fils portent 


(a) cxiynos OU XIyY0S » en grec. 
Scincus, en latin. 
Ray, Synopfis animalium, page 271. Scincus, 
Le Scinque. M. d'Aubenton ; Encyclopédie méthodique. 
:  Lacerta Scincus, 22. Linn. amphib. rept. | . 
Gron. mus. 2 , fol. 76, N° 49. Scincus. 
Seb. mus. 2, fol. 112, tab. 105, fig 3. 
Imperat. nat.;s 906. Lacerta Lybia. 
Olear. mus. 9, tab.8, fig 1. | 
Aldr. ovip., Livre I, Chap. xr1. Lacertüs cyprius Scincoides. 
Hafela. Itin. 309, N° 58. 
Scincus officinalis, 87. Laurenti Jpecimen medium. 


374 HrsrTorre NATURELLE 


au Caire & à Alexandrie, d'où on les répand dans 
différentes contrées de l'Afie. Lorfqu'ils viennent d’être 
tués, on en tire une forte de jus dont on fe fert dans 
les maladies; &, quand ils ont été defléchés, on les 
réduit en poudre qu'on emploie dans les mêmes vues 


que les fucs de leur chair. Ce n'eft pas feulement en 
Âfe, mais même en Europe qu on a eu recours à 


ces moyens défavoués par la Nature, de fuppléer par 
des apparences trompeufes, à des forces qu’elle refufe, 
de hâter le dépériflement plutôt que de le retarder, 


& de remplacer par des jouiflances vaines, des plai- 


“à qui ne valent que par un nn. A tous 
s fecours d'un art menfonger ne peu ent taie 
pie (b). : 


Il n'eft pas + que ceux qui n’ont vu le 


Scinque que de loin & qui l'ont apperçu fur le bord 
des eaux, laient pris pour un poifion, il en a un peu 
l'apparence par fa tête qui femble tenir immédiate- 
ment au corps, & par fes écailles affez Sands; lifes, 
d'une forme femblable tant au-deflus qu'au-deflous 
du corps, & qui fe recouvrent comme les ardoifes fur 


les toits. La mâchoire de deflus eft plus avancée que 


(8) Hañlelquift dit que l'on apporte Les Scinques de l'Egypte 


fupérieure & de l'Arabie à Alexandrie, d'où on les envoie à Venile &. 


à Marfeille, & de-là dans les différens endroits de l'Europe, “ee 
Voyage en Palefiine, page 36: L. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 375 


celle de deflous: la queue eft courte & comprimée 
par le bout. 

La couleur du Scinque eft d’un roux plus ou moins 
foncé , blanchâtre fous le corps , & traverfée fur 
le dos par des bandes brunes. Mais il en eft de ce 
lézard, comme de tous les autres animaux dont la 
couverture eft trop foible ou trop mince pour ne point 
participer aux diflérentes altérations que l'intérieur 
de l'animal éprouve. Les couleurs du Scinque fe ter 
niflent & blanchifilent lorfqw'il eft mort ; &, dans l’état 
de deffication & d’une forte de nr où on l'ap- 
porte en Europe, il paroït d'un jaune blanchâtre & 
comme argenté. Au refte, les couleurs de ce lézard, 
ainfi que celles du plus _ nombre des animaux, 
font toujours plus vives dans les pays chauds que dans 
les pays tempéré; & leur éclat ne doit-il pas aug- 
menter en eflet avec l'abondance de la lumière, la 
vraie & l'unique fource première de toute ee de 
couleurs ? 

M. Linné a écrit que les Scinques mavoient point 
d'ongles : tous les individus que nous avons examinés 
paroïfloient en avoir: mais, comme ces animaux étoient 
defléchés, nous ne pouvons rien aflurer à ce füujet. Au 
refte , notre préfomption fe trouve confirmée par celle 
d'un . Obfervateur, M. FAos. C Cetti fc). 


{c) Hifloire naturelle des amphibies € des poigins de la Sade 


376 Hisrorre Narurettre 


Ontrouve le Scinque dans prefque toutes les con- 
trées de l'Afrique, en Egypte, en Arabie , en Libie 
où on dit quil eft plus grand qu'ailleurs, dans les Indes 
& peut-être même dans la plupart des pays très- 
chauds de l'Europe. Non-feulement fon habitation de 
choix doit être déterminée par la chaleur du climat, 
mais encore par l'abondance des plantes ee 


dont on dit qu il fe nourrit. C’eft peut-être à à cet ali- 


ment plus exalté, & par conféquent plus adif, qu'il 
doit cette vertu ftimulante qu'on auroit pu fans doute 


employer pour foulager quelques maux (d) , mais 


dont il ne falloit pas fe fervir pour dégrader le noble 
feu que la Nature fait naître , en s'eflorçant envain 
de le rallumer, lorfqu'une dafion in Lee P a éteint 
pour toujours. 

= Le Scinque vit dans l’eau, ainfi qu'à terre. On l'a 
cependant appellé crocodile terretre , & certainement 


c’eft un grand abus des dénominations que l’applica- 


tion du nom de cet énorme animal à un petit lézard, 
qui n’a que fept ou huit pouces de longueur. Auf 
Profper Alpin penfe-t-il que le Scinque des modernes 
n'eft pas le lézard défigné , fous le nom de crocodile 
terreftre , par les Anciens ot par D. 


(4) Pline dit que le Scinque a été regardé comme un remède contre 
les bleflures faites par des fiches empoifonnées, Livre XX VIIT, LE 
pitre XXX. 


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DES OvADR UPÈDES OYIPARES. 27 
dote, Paufanias, Diofcoride, & célébré pour fes vertus 


actives & ftimulantes. Il croit u’ils avoient en vue 
au q 


un plus grand lézard que l’on trouve, ajoute-t-il, au- 
deflus de Memphis, dans les lieux fecs , & dont il 
donne la figure. Mais cette figure ni le téxte n’indi- 
quant point de caractère très-précis, nous ne pouvons 
rien déterminer au fujet de ce lézard mentionné par 
Alpin (e). Au refte, la forme & la brièveté de fa 
queue empêchent qu'on ne le regarde comme de la 
même efpèce que la dragonne, ou le tupinambis, ou 


iguane. 


(e) Profper Alpin, tome 1, Chap. y. De animalibus Lacertofis ia 
Ægypto viventibus. 


Ovipares, Tome I. Bbb 


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Le LÉZARD, dont il eft ici queftion, a une très- 
‘grande reffemblance avec le fcinque ;. il n'en difière 
bien fenfiblement À Pextérieur que parce que fes pattes 
font plus courtes en proportion du corps, & parce 
‘que fa mâchoire fupérieure ne recouvre pas la mâchoire 
inférieure comme celle du fcinque. Il n’eft point le 
{eul Quadrupède ovipare auquel le nom de Mabouya 
ait été donné. Les Voyageurs ont appellé de même 
un affez grand lézard, dont nous parlerons fous le nom 

de doré, & qui a aufl\ beaucoup de reflemblance avec 
le fcinque, mais qui eft diftingué de notre Mabouya, 
en ce que fa queue eft plus longue que le corps, tandis 
qu’elle eft beaucoup plus courte. dans le lézard dont 

nous traitons. Pre EN A 
_ Le Mabouya paroît être d’ailleurs plus petit que le 
doré ; leurs habitudes diffèrent à beaucoup d'égards ; 
(a) Sloane , vol 2 ; planche 273, fig 7 & 8. Salamandra minima 


fufca maculis albis notata. 


Dutertre. Hifi. naturelle des Antilles , vol. 2, page 375: Mabouyas 


Rochefort, page 147. Mabouya. 
Tiligugu & Tilingoni, en Sardaigne. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 379 


& comme ils habitent dans le même pays, on ne peut 
pas les regarder comme deux TA dépendantes du 
climat; nous les confidérerons donc comme deux ef: 
pèces diffinétes , jufqu'à ce que de nouvelles obferva- 


tions détruifent notre opinion à ce fujet. Ce nom de 


Mabouÿa, tiré de la langue des Sauvages de lAmé- 
rique {eptentrionale , défigne tout objet qui infpire du 
dégoût ou de l'horreur ; & à moins qu'il ne foit relatif 
aux habitudes du (ératd dont il eft ici queftion , ainfi 
qu'à celles du doré, il ne nous paroît pas devoir con- 
venir à ces animaux, leur conformation ne préfentant 
rien qui doive rappeller des images très-défagréables. 
Nous l’adoptons cependant, parce que fa vraie figni- 
fication peut être regardée comme nulle, Le de gens 
fachant. la langue des Sauvages d'où il a été tiré, & 
parce qu'il faut éviter avec foin de multiplier fans 
néceffité les noms donnés aux animaux. Nous le con— 
ervons de préférence au lézard dont nous » parlons , 


parce qu'il n’en a jamais reçu d'autre, & que Île ne 


Mabouya a été nommé le doré par M. Linné, & par 
d'autres Naturaliftes, | | 
La tête du Mabouya paroît tenir immédiatement au 


corps, dont la groffeur diminue infenfiblement du côté 
de la tête & de celui de la queue. Il eft tout couvert. 
pardeflus & pardeflous d’écailles rhomboïdales, fem 


blables à celles des poiflons ; le fond de leur té 


cft d'un jaune doré; plufeurs de celles qui garniflent : 


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le dos font quelquefois d'une couleur très-foncée, avec: 
une petite ligne blanche au milieu. Des écailles noi- 


râtres forment, de chaque côté du corps , une bande: 
longitudinale ; la couleur du fond s’éclaircit le long. 


du côté intérieur de ces deux bandes, & on y voit 


régner deux autres bandes prefque Hlanches. Au refte,, 
la couleur de ces écailles varie fuivant l'habitation des: 
Mabouya : ceux qui demeurent au milieu. des bois 
pourris, dans les endroïts marécageux, ainfi que dans: 


les vallées profondes & ombragées, où les rayons du 


foleil ne peuvent point parvenir, font prefque Noirs :: 


& peut-être leurs couleurs juftifient-elles alors, jufqu'à 


un certain point, ce quon a dit de leur afpeét, que 


l’on a voulu trouver hideux ; leurs écailles paroiflent 
enduites d'huile, ou d’une forte de vernis (4). 


Le mufeau des Mabouya eft obtus; les ouvertures: 


des oreilles font aflez grandes; les ongles crochus; la 
queue eft grofle, émouflée, & très-courie. L'individu 
confervé au Cabinet du Roi, a huit pouces de long. 
Les Mabouya décrits par Sloane étoient beaucoup plus 


(B) « Tertiam fpeciem Mabouyas appellat. Colore different qui in: 
#arboribus patridis, in locis paluftribus, aut vallibus profunidioribus 
» quo radit folares non penctrant, degunt. Nigri funt & afpcétu horridi;: 
»unde Mabouyas id eft diabolorum nomen. 2b: indis is impoñtum. Pol- 
wlicem circiter, aut paulo plus craffi funt; fex aut feptem pollices Jongi.. 
Pellis velut oleo inunéta videtur, 5 Ray, Synopfis Quadrupedum , 
_ page 268. - 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 301 
petits, parce qu'ils n’avoient pas encore atteint leur 
entier développement. 
Les Mabouya grimpent fur les arbres, ainf que fur 
le faite & les chevrons des cafes des Nègres & des 
Indiens ; mais ils fe logent communément dans les cre 
vafles des vieux bois pourris ; ce n’eft ordinairement 
que pendant la chaleur qu'ils en fortent. Lorfque le: 
tems menace de la pluie, on les entend faire beau 
coup de bruit, & on les voit même quelquefois quitter 
leurs habitations. Sloane penfe que l'humidité qui règne: 
dans l'air, aux approches de la pluie, gonfle les bois, 
& en diminue par conféquent les intervalles au point 
d'incommoder les Mabouya, & de les obliger à fortir. 
Indépendamment de cette raifon, que rien ne force À 
rejeter, ne pourroit - on pas dire que ces animaux font 
naturellement fenfibles à l'humidité ou À la féchereffe . 
de même que les grenouilles , avec lefquelles la. plupart 
des lézards ont de grands rapports ; & que ce font les: 
impreflions que les Mabouya reçoivent de l’état de l’at- 
mofphère, qu’ils expriment par leurs mouvemens & par’ 
le bruit qu'ils font? Les Américains les crotent venim EUX, 
ainf que le doré, avec lequel il doit être aifé > au premier 
coup-d'œil, de les confondre ; mais cependant Sloane 
& Brown difent qu’ils n'ont jamais pu avoir une preuve 


 Sertaine de l’exiftence de leur venin (c). Il arrive 


_(6) Sloane , à l'endroit déjà cité. 


302 Hisrotre NATURELLE 
feulement quelquefois qu'ils fe jettent avec hardieffe 
fur ceux qui les irritent, & qu'ils sy attachent aflez 
fortement pour qu'on ait de la peine à s'en débar- 
_raffer. | 

C’eft principalement aux Antilles qu'on les ren- 
contre. Lorfqu’ils font très-petits, ils deviennent quel- 
quefois la proie d'animaux qui ne paroiflent pas au 
premier coup-d'œil devoir être bien _ pour 
eux. Sloane prétend en avoir vu un à demi-dévoré 
par une de ces grofes araignées, qui font fi communes 
dans les contrées chaudes de l'Amérique (C&). On 
trouve aufh le Mabouya dans l’ancien monde : il eft 
très-commun dans l’ifle de Sardaigne , où il a été 
obfervé par M. François Cetti, qui ne la défigné que 
par les noms fardes de as & tilingoni; Ce Natu- 


ralifte à fort bien faifi fes traits de reflemblance & de 
différence avec le fcinque (e), & comme il ne con- 


noifloit point le Mabouya d'Amérique mentionné dans 
Sloane , Rochefort & Dutertre, & qui eff entièrement 
femblable au lézard de Sardaigne, qu’il a comparé au 
fcinque , il n’eft pas furprenant qu'il ait penfé que fon 


lézard n’avoit pas encore été indiqué par aucun Auteur. 


M. Thunberg, favant Profeffeur d'Upfal, vient de 

(à ) Sloane , à l'endroit déja cité. 

(e) Hif. naturelle des amphibies © des e de la Sie 
Safari , 1777 , page at. 


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DES QUADRUPÈDES OPIPARES. 303 


. donner la defcription d'un lézard qu'il a vu dans lIfle 


de Java, & qu'il compare, avec raifon, au doré , ainfi 
qu'au fcinque, en difant cependant qu'il difière de 
l'un & de l'autre, & fur-tout du premier dont il eft 
diftingué par la groffleur & la brièveté de fa queue. 
Cet animal ne nous paroît être qu'une variété du 
Mabouya , qui, dès-lors, fe trouve en Afe, ainfi qu'en 
Europe & en Amérique. L'individu, vu par M. Thun- 
berg , étoit gris cendré fur le dos, qui préfentoit quatre 
rangs de taches noires, mélées de taches blanches, & 
de chaque côté duquel $étendoit une raie noire. 
M. Afzelius, autre favant Suédois , à vu dans la col- 


lection de M. Bættiger, à Vefteras , un lézard qui ne 


différoit de celui que M. Thunberg a décrit, que parce 
qu'il n'avoit pas de taches fur le dos, & que les raies 
latérales étoient plus noires & plus égales (f). 


(f) Mémoires de l'Académie de Stockolm ; trimeflre d'Avril , de 
l'année 1787 , page 123. : 
Deféription du lézard appellé, par M. Thunberg , lacerta lateralis. | 


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€ EST M. LINNÉ qui a donné à ce lézard le nom 
que nous lui confervons ici ; ce Quadrupède ovipare 
eft très-commun en Amérique, où il a été appellé, pe 
Rochefort, brochet de terre, & où il a aufi été nommé 
mabouya : mais comme È premier de ces noms pré- 
fente une idée faufle , & que le fecond a été donné 


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_ (a) Le Doré. M. d’Aubenton , Encyclopédie méaique : 

 Lacerta aurata, 35. Lin. re reptilia. 

Scincus maximus fufcus. Slga: ne, Hifloire nature elle de la tes - 
yol. à , planche 273, fig. 9. Dans la planche de Sloane , le Doré eft 
repréfenté avec la queue bsauronp plus courte que le corps ; fi la figure 
eft exacte, ce ne doit être qu une varièté individuelle , les autres Dorés, 
mentionnés par les divers Naturaliftes, ayant tous la queue plus longue 


que le corps, ainfi que les individus confervés au Cabinet du Roi, Se. 


particulièrement celui qui a fervi pour la defcription contenue dans cet : 


article. Brown dit d’ailleurs pofñtivement (page 463) que le lézard que 
nous nommonsle Doré, a la queue plus longue qu ‘elle n'eft PR FAR 
reprélentée dans les figures. 

À Galliwafp, en Anglois , (voyez Sloane, Ibid), 

Dutertre, page 314. Mabouya ou fcinq de terre, 

Rochefort, page 149. Brochet de terre. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 305 


à un autre lézard dont nous avons déjà parlé (6), & 


auquel il a.été attribué plus généralement , nous pré- 
férons la dénomination employée par M. Linné. Le 
Doré a beaucoup de rapports, par fa conformation, 
avec le fcinque, & fur-tout avec le mabouya ; il à 
de même le cou auffi gros que le derrière de la tête ; 
mais il eft ordinairement plus grand, & fa queue eft 


beaucoup plus longue que le corps, au lieu aw’elle eft 


plus courte dans le fcinque & dans le mabouya: d’ail- 
leurs la mâchoire fupérieure n'eft pas plus avancée 
que l’inférieure, comme dans le fcinque ; les ouver- 
tures des oreilles font très-grandes & garnies à l’inté- 
rieur de petites écailles qui les font paroître un peu 
feftonnées. Ces caractères réunis le féparent de l’ef. 
pèce du fcinque & de celle du mabouya ; mais il 
leur reflemble cependant aflez pour avoir été com- 
paré à un poiflon, comme ces derniers lézards : és 


Brown, Voyage aux Antilles, page 463. Lacerta media fquamof , 
corpore & cauda oblongo-fubquadratis, auribus majoribus nudis. The 


Gal ey-Wafn. 


Séba, tome 2 , planche 10, fig. 4 © #. Scinq marin. Le lézard repré- 
fenté dans le même volume, au N.° 6 de la planche 12, paroît être 
le Doré. Séba le croyoit d'Afrique. Au refte , il eft bon d'obferver 
que le N° de Séba, indiqué à l'article du Doré, dans la treizième édis | 
tion de M. Linné, repréfente un tout autre lézard. 

Gron. mus. 2, planche 75, N° 48. Scincus. 

{b) Article du Mabouya. | à 


Ovipares, Tome I 


386 Hirsrorre Narurertrr 


particulièrement pour avoir reçu le nom de Brocher 
de terre, ainfi que nous venons de le dire. Il eft cou- 
vert pardeflus & pardeflous de petites écailles arron- 
dies , ftriées & brillantes : fes doigts font armés d’on- 
gles aflez forts ; la couleur de fon corps eft d'un gris 
argenté , tacheté d'orange, & qui blanchit vers les 
côtés (c). Comme celles de tout animal, la vivacité 
de fes couleurs s’efflace lorfqu’il eft mort ; mais, tandis 


que la chaleur de la vie les anime, elles brillent. 


d'un éclat très - vif qui donne une couleur d’or au 
roux dont il eft peint; & c’eft de-là que vient fon 
nom. Ses couleurs paroiflent d'autant plus brillantes 
que fon corps eft enduit d’une humeur vifqueufe qui 
fait l'effet d’un vernis luifant. Cette forte de vernis, 
joint à la nature de fon habitation, l'ont fait appeller 
falamandre ; mais nous ne regardons, comme de vraies 
falamandres, que les lézards qui n'ont pas plus de 
quatre doigts aux pieds de devant. Linné a écrit qu'on 
le trouvoit dans lfle de Jerfay, près les côtes d'An- 
gleterre ; à la vérité, il cite, à ce fujet, Edwards (tab. 
247), & le lézard qui y eft repréfenté, elt très 
différent du Doré. Il vit dans l'Ifle de Chypre: mais 
c'eft principalement en Amérique & aux Antilles 
qu'il eft répandu. Il habite les endroits maréca- 


(c) Suivant Brown, fa couleur eft fouvent fale & rayée tranfverfa- 
lement. Voyez l'endroit déja cité, 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 387 
geux (d); on le rencontre auffi dans les bois (e) ; 
fes pattes font fi courtes qu'il ne s’en fert, pour ainfi 
dire , que pour fe traîner, & quil rampe comme les 
ferpens , plutôt qu'il ne marche comme les Quadru- 
pèdes (f). Auffi les lézards Dorés déplaifent -ils par 
leur démarche & par tous leurs mouvemens, quoi 
qu'ils attirent les yeux par l'éclat de leurs écailles & 
la richefle de leurs couleurs. Mais on les rencontre 


rarement, ils ne fe montrent guère que le foir, tems 


apparemment où ils cherchent leur proie : ils fe tien- 
nent prefque toujours cachés dans le fonds des cavernes 
& dans les creux des rochers , d'où ils font entendre, 
pendant la nuit, une forte de coaffement plus fort 
& plus incommode que celui des crapauds & des 
grenouilles (g). Les plus grands ont à-peu-près quinze 
pouces de long (4). Brown dit qu’il y en a de deux 
pieds (i). L'individu que nous avons décrit, & qui 
eft confervé au Cabinet du Roi, a quinze pouces huit 
lignes de longueur, depuis le bout du mufeau jufqu’à 
l'extrémité de la queue, qui eft longue de onze pouces 


(d) Sloane , vol. 2. 
{e) Brown, à l'endroit déja cité. 


(F) Ray, Synopfis animalium Quadrupedum » page 269. 
(g) Ray, id | 

(A) Ray, Ibid, 

3) Brown, à l'endroit déjà cité, 


Ccciÿ 


388 Hisrorre NATUREITE 


une ligne. Les jambes de derrière ont un pouce onze 
lignes de long ; celles de devant font plus courtes, 
comme dans les autres lézards. 

Suivant Sloane , la morfure du Doré eft regardée 
comme très- venimeufe, & on rapporta à ce Natu- 
ralifle, que quelqu'un qui avoit été mordu par ce 
lézard , étoit mort le lendemain. Les habitans des 
Antilles dirent généralement à Brown, qu'il n'y avoit 
point d'animal qui püt échapper à la mort, après 
avoir été mordu par le Doré ; mais aucun fait pot 
tif, à ce fujet, ne lui fut communiqué par une per- 
fonne digne de foi (k). Peut-être eft-ce le nom de 
Jalamandre qui a valu au Doré, comme au fcinque, 
la réputation d'être venimeux, d'autant plus qu'il a 
un peu les habitudes des vraies falamandres, vivant, 
ainfi que ces lézards fur terre & dans l’eau. Cette 
réputation laura fait pourfuivre avec acharnement, 
& c'eft de la guerre qu'on lui aura faite, que fera 
venue la crainte qui l’oblige à fuir devant l'Homme. 
Jl paroît aimer les viandes un peu corrompues ; il 
recherche communément les petites efpèces de crabes 
de mer; & la dureté de la croûte qui revêt ces crabes, 


» 


(Æ) ce Ces animaux, continue Brown, ont les dents courtes, égales 
& immobiles. » Ce qui lui fait penfer que leur poifon, fi réclement 
ils font venimeur, eft dans leur five. Brown, a l'endroit déjà 
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DES QUADRUPÈDES ÔVIPARES. 389 


ne doit pas l'empêcher de s’en nourrir, fon eflomac 
étant entièrement mufculeux. En tout , cet animal 
bien plus nuïfible qu'avantageux, qui fatigue loreille 
par fes fons, lorfqu'il ne blefle pas les yeux par fes 
mouvemens défagréables , n’a pour lui qu’une vaine 
richefle de couleurs qu'il dérobe, même aux regards, 
en fe tenant dans des retraites obfcures, & en ne fe 
montrant que lorfque le jour s’enfuit. 


390 . .Hisrorre NarTurEerre 


LE TAPAYE («) 


Nous CONSERVONSà ce lézard té nom de Tapaye 
que M. d’Aubenton lui a donné, par contraction du 
nom fapayaxin, par lequel on le défie au Mexique 
& dans la nouvelle Efpagne. Cet animal, qui a de 
grands rapports avec le Stellion, eft remarquable par 
les pointes aigues dont fon dos ef hériflé: fon corps 
que l'on croiroit gonflé, eft prefque aufli large que 
long; & c'eft ce qui lui a fait conferver par M. Linné 
le nom d’orbiculaire, I] n’a point de bandes tranfver- 
fales fous le ventre ; la queue eft courte; les doigts 
font recouverts d'écailles pardeflus & pardeflous; le 
fond de la couleur eft d'un gris blanc plus où moins 
tacheté de brun ou de jaunâtre. Il y a, dans cette 


(a) Le Tapaye, M. d’ Aubenron , Encyclopédie méthodique. 

Lac, orbicularis, 2 3 Linn. amphib. rept. Lacerta cauda tereti mediocri, 
yertice trimuricato abdomine fubrotundo. 

Ray , Synopfis Quadrupedum , page 263. se feu Lacertus 
otbicularis, 

Séba mus. : , planche 109, figure 6. 

Cordylus hifpidus, 79. Laurenti PERTE medicume. 


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DES QUADRUPÈDES orrPARES. 391 


‘efpèce , une variété diftinguée par la forme triangulaire 


de la tête, affez femblable à celle du Caméléon, &. 
par une forte de bouclier qui en couvre le deffus 622 
On a donné auffi le nom de Tapaxin au Stellion qui 
habite en Afrique; & comme le ftellion & le Tapaye 
ont des piquans plus ou moins grands & plus ou moins 
aigus , il n'eft pas furprenant que des Voyageurs aient , 
à la première vue, donné le même nom à deux ani 
maux aflez différens cependant par leur conformation, 
pour conftituer deux efpèces diftinctes. Le Tapaye n’eft 
point agréable à voir; ila, par la groffeur & prefque 
toutes les proportions de fon corps, une aflez grande 
reflemblance avec un crapaud qui auroit une queue , 
& qui feroit armé d’aiguillons. Auffi Séba lui en a-til 
donné le nom : mais fa douceur fait oublier fa diffor- 
mité, dont l'effet eft d’ailleurs diminué par la beauté 
de fes couleurs. Il femble n'avoir de piquants que pour 
fe défendre ; il devient familier ; on peut le manier 
fans qu'il cherche à mordre ; il a méme l'air de defirer 
les carefles; & l’on diroit qu'il fe plaît à être tourné 
& retourné. Il eft très-fenfible dans certaines parties 
de fon corps, comme vers les narines & les yeux , 


(2) B. Lacerta cauda tereti brevi, trunco fubglobofo fupra muricato, 
Linn. amphibia reptilla 122, + 


Seba mus. 2, planche 83, figures 1, 2. 
Cordylus orbicularis, 78. Laurenti fpecimen medicum, 


392 Hrsrorre NATUREILE 


& les Voyageurs affurent que, pour peu qu'on le touche 

dans ces endroits, on y fait couler le fang. Il habite 

dans les montagnes. Cet animal, qui ne fait point de 

mal pendant fa vie, efl utile après fa mort ; on Pemploie 

avec fuccès en médecine, féché & réduit en poudre (4). 

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(c) Ray, Synoplis Quadrupedum , page a63. 


LE STRIÉ, 


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LE 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 393 


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LE STRIÉ (a), 


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M. LINNÉ a le premier parlé de ce lézard , que 
lon trouve à la Caroline, & qui lui avoit été envoyé 
par M. le Docteur Garden. La tête de ce Quadrupède 
ovipare eft marquée de fix raies jaunes ; deux entre 
les yeux, une de chaque côté fur l'œil, & une éga- 
| lement de chaque côté au-deffous. Le dos eft noirâtre; 
| cinq raies jaunes ou blanchâtres s'étendent depuis la tête 
| jufqu'au milieu de la queue; le ventre eft garni 
: d'écailles | qui fe recouvrent comme les tuiles des 
| toits, & forment des ftries. La queue eft une fois & 
demie plus longue que le corps, & n’eft point étagée. 


(a) Le Strié. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lacerta quinque-Lineata, 24. Lin. fYffema naturæ, edit. 13 


Ovipares, Tome I. sr D d 4 si) 


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LE MARBRÉ. (>) 


Le MARBRÉ fe trouve en Efpagne, en Afrique & 

dans les grandes Indes. Il eft auffi très-commun en 
Amérique ; on l'y a nommé très-fouvent 7: éMAPArA à 

nom qui a été donné dans le même continent à plu- 
fieurs efpèces de lézards, ainfi que nous l'avons déjà 
vu, & que nous ne on à aucune, pour ne pas 
_obfcurcir la nomenclature. Il paroït que, me les deux 
continens, le voifinage de la zone torride. Jui eft très- 
favorable; fa tête eft couverte de grandes écailles ; ; il 
a fousla gorge une rangée d’ autres écailles plus petites, 

& relevées en forme de dents. , qui s'étend jufque vers 
la poitrine, & forme une Morte de crête plus fenfible 
dans le mâle que dans la femelle. Le ventre n’eft point 
couvert de bandes tranfverfales ; le deflous des cuifles 
eft garni d’un rang de huit ou dix tubercules difpofés 
longitudinalement , mais moins marqués dans la femelle 


LT 


(a) Le Marbre. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta Marmorata, 37. Linn, amphib. rept. 

Seba, mus. 2 , planche 88, fig. 4. Temapara, 6 2, planche 76, fa + 
Edwards ay., tabula 245, fig 2. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 395 


que dans le mâle. Le Marbré a le deflus des ongles 
noir , ainfi que le galéote. Un de fes caractères diftinctifs, 
eft d'avoir la queue beaucoup plus longue en proportion 
du corps qu'aucun autre lézard. Un individu de cette 
efpèce, envoyé des grandes Indes au Cabinet du Roi 
par M. Sonnerat , a la queue quatre fois plus longue 
que le corps & à tête. Les écailles dont la queue du 
Marbré eft couverte, la font paroïtre a par neuf 
arètes longitudinales. | 

La couleur du Marbré eft verdâtre fur la téte, 
grifâtre, & rayée tranfverfalement de blanc & de noir 
fur le deffus du corps; elle devient roufle fur les 
cuifles & les côtés du bas-ventre , où elle eft marbrée 
de blanc & de brun; & l’on voit fur la queue des 
taches évidées & rouffâtres , qui la font paroître tigrée. 

L'on devroit peut-être rapporter au Marbré le lézard 
d'Afrique, appellé warral par Shaw, & Guaral par 
Léon. Suivant le premier de ces auteurs, le warral 
a quelquefois trente pouces de long ( apparemment 
en y comprenant la queue ): fa couleur eft ordinaire- 
ment dun rouge fort vif, avec des taches noirâtres. 
Ce rouge n'eft pas très-différent du roux que préfente 
le Marbré; d’ailleurs la couleur de ce dernier reffemble 
bien plus à celle qu’indique Shaw , que celle des autres 
lézards d'Afrique. Shaw dit qu’il a obfervé que toutes 
les fois que le warral s'arrête, il frappe contre terre 
avec fa queue. Cette habitude peut très-bien convenir 
D dd ij 


306 Hrsrorre NATURELLE 


au Marbré, qui a la queue extrémement longue & 
déliée , & qui, par conféquent , peut l’agiter avec 
facilité. Les Arabes , continue Shaw , racontent fort 
gravement que toutes les femmes qui font touchées par 
le battement de la queue du warral, deviennent ftcriles. 
Combien de merveilles n'a-t-on pas attribuées dans 
tous les pays aux Quadrupèdes ovipares (à)! 


(b) Voyage de Shaw, du plufieurs provinces de la Barbare ë da 
Levant , à la Haye, 1743, vol à , pages 32 3 © Juivant Fed 


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Nous APPELLONS AINSI un lézard de la Mar- 
tinique qui a été envoyé au Cabinet du Roi, fous le 
nom d'anolis, & de lézard de jardin. Il n’eft point 
le vrai anolis de Rochefort & de Ray, que nous avons 
cru devoir regarder comme une variété de Paméiva. 
Ce nom d’anolis a été plus d’une fois attribué À des 
efpèces différentes l’une de Pautre. Mais fi le lézard, 
dont il eft queftion dans cet article, n’a point les ca- 
radères didtindifs du véritable anolis ou de laméiva, 
il a beaucoup de rapports avec ce dernier animal. 
Il eft femblable au lézard décrit fous le nom de 
|  Roquet, par Dutertre & par Rochefort, qui connoif- 
_ oïient bien le vrai anolis, & qui avoient obfervé l’un 
& l’autre en vie dans leur pays natal. Nous avons 


1 


1) 


{a) Dutertre, vol. 2, page 3123. Roquet. 
* Rochefort, Hifloire des Antilles, page 147: Kogsé 
Ray, Synopfis Quadrupedum , page 268. 
Sloane , vol. 2, planche 273, fig. 4. 
Lacertus cinereus minor, en Anglois the leaft Hght Brown , or Grey 
bizard. | | | 


399 Hrsrorre NATUurREzIr 


donc cru devoir adopter l'opinion de ces deux Voya- 
geurs; & c’eft ce qui nous a engagé à lui confervet 
le nom de Roguet , que Ray lui a auf donné. 

Il fe rapproche beaucoup, par fa conformation, 
du lézard gris; mais il en diffère principalement, en 
ce que le deflous de fon corps n’eft point garni d’écailles 
plus grandes que les autres , & difpofées en bandes 


pui 
tranfverfales. Il ne devient jamais fort grand ; celui ji 
qui eft au Cabinet du Roi a deux pouces & demi de 


| 

long, fans compter la queue , qui eft une fois plus La 
longue que le corps (b). Il eft d'une couleur de feuille ‘ ki 
morte , tachetée de jaune & de noirâtre : les yeux font Ê F 
brillans , & l'ouverture des narines eft aflez grande: it, 
il a, prefqu'en tout, les habitudes du lézard gris. Il vit re 
comme lui dans les jardins ; il eft d'autant plus agile, Le û 
que fes pattes de devant font longues, & en élevant Lin 
fon corps, augmentent fa légèreté. 11 a d’ailleurs les #, al 
ongles longs & crochus, & par conféquent il doit un de À 
grimper aifément. Il joint à la rapidité des mouvemens, ds; il à 
l'habitude de tenir toujours la tête haute. Cette atti- ti qu 
tude diftinguée ajoute à la grace de fa démarche, ou M « 
plutôt à l'agrément de fa courfe, car il ne cefle, pour que 
ainfi dire, de s'élancer avec tant de promptitude, que que réf 
l'on a comparé la vivacité de ces petits bonds, à la … 
(8) Le Roquet , que Sloane 2 décrit , étoit beaucoup plus petit. LT 


corps n'avoit qu'un pouce de long, & la queue un pouce & demi, 1 dou | 
+ au” 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 399 


vitefle du vol des oifeaux fc ). I aime les lieux hu- 
mides ; on le trouve fouvent parmi les pierres, où il fe 
plait à fauter de l’une fur l’autre (d ). Soit qu'il coure 
ou qu'il s'arrête, il tient fa queue prefque toujours re- 
levée au-deflus de fon dos , comme le lézard de la 
Caroline, auquel nous avons confervé le nom de lézard- 
lion. Il replie même cette queue, qui ef très-déliée, 
de manière à ce qu’elle forme une efpèce de cercle. 
Malgré fa pétulance, fon caraétère eft doux : il aime 
la compagnie de l’homme , comme le lézard gris & 
le lézard vert. Lorfque fes courfes répétées l’ont fa- 
tigué, & qu'il a trop chaud, il ouvre la gueule, tire 
fa langue, qui eft très-large & fendue à l'extrémité , 
& demeure pendant quelque tems haletant comme 
les petits chiens. C’eft apparemment cette habitude ; 
qui, jointe à fa queue retrouflée, & à fa tête rele- 
vée, aura déterminé les Voyageurs à lui donner le 
nom de Kyard Roguet. Il détruit un grand nombre d'in- 
fectes ; il s'enfonce aifément dans les petits trous des 
terrains qu'il fréquente, & lorfquil y rencontre de 
petits œufs de lézards ou de tortues, qui, n'étant re- 
vêtus que d'une membrane molle , n’oppofent pas une 
grande réfiflance à fa dent, on a prétendu qu'il sen 


(c) Ray, Synopfis animalium , page 268. 


(d) Sloane, à l'endroit déja cité. 


2400 Hisrorre NATURELLE 

nourrifloit (e). Nous avons déjà vu quelque chofe de 
{emblable dans lhiftoire du lézard gris ; & fi le Roquet 
préfente une plus grande avidité que ce dernier ani- 
mal, ne doit-on pas penfer qu'elle vient de la vivacité 
de la chaleur bien plus forte aux Antilles, où il a 
été obfervé, que dans les différentes contrées de l'Eu- 
rope, où l'on a étudié les mœurs Ms lézard gris ? 


(e) Voyez, dans le Dictionnaire d'Hiftoire naturelle de M. Bomare, 
Particle du lézard-Roquet. | 


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LE ROUGE-GORGE (4) 


Le ROUGE-GORGE, que l'on voit À la Jamaïque , 
dans les haies & dans les bois, eft ordinairement long 
de fix pouces, & de couleur verte ; il a au-deflous du 
cou une véficule globuleufe qu’il gonfle très-fouvent , 
particulièrement lorfqu'on l'attaque ou qu’on lefftaie À 
& qui paroit alors rouge, ou couleur de rofe. Il na 
point de bandes tranfverfales fur le ventre : la queue 
eft ronde & longue. Sa parure eft, comme l’on voit, 
afez jolie; & c’eft avec plaifir qu'on doit regarder 
l'agréable mélange du beau vert du deflüs de fon 
corps avec le rofe de fa gorge. 1 
mm 
(a) Le Rouge-gorge. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Lacerta bullaris , 32. Linn. amph. rept. | . 
Catefby, car, 2 , tabula 66. Lacerta viridis Jamaicenfis. 


Ovipares 3 Tome ° 


402 Hisrorre NAruRH1zLE 


ann n es nsrr nn ue LL Entrer evene perrrtrernre rose nr contenu rome) € 
DESSERTE Co QI DRÉERRÉTOARTER RRE AR ET EREE VÉRDE RASE Paponarmcees | éminent 520 mecs sas « nes © 


LE GOITREUX (:) 


Le GoÎTREUX , qui habite au Mexique & dans 
l'Amérique méridionale, préfente de belles couleurs, 
mais moins agréables & moins vives que celles du 
Rouge-gorge. I1 eft d’un gris pâle, relevé fur le corps 
par des taches brunes, & fur le ventre par des bandes 
d'un gris foncé. La queue eft ronde, longue, annellée, 
d’une couleur livide & verdâtre à fon origine. I a, 
vers la poitrine , une efpèce de goître, dont la fur- 
face eft couverte de petits grains rougeâtres, & qui 
‘étend en avant en s'arrondiflant, & en formant une 
très-grande boffe. | 

Ce lézard eft fort vif, très-lefte, & fi familier, 
qu'il fe promène fans crainte dans les appartemens, 
fur les tables, & même fur les convives. Son attitude 
eft gracieufe, fon regard fixe; il examine tout avec 


(a) Le Goïîtreux. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lacerta ftrumofa, 33. Linn. amphibia reptilia. 
Seba , mus. à , tabula 20, fig. 4. Salamandra mexicana ftrumofa, 


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lier, | 
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DES QuanruPrkpes OPIPARES. AD. 


une forte d'attention ; on croiroit qu'il écoute ce 
que l’on dit. Il fe nourrit de mouches, d'araignées, & 
d'autres infectes, qu’il avale tout entiers. Les Goitreux. 


grimpent sénent fur les arbres; ils sy battent fou- 


vent les uns contre les autres. Lorfque deux de ces 
animaux s'attaquent, c’eft toujours avec hardieñe; ils 
S'avancent avec fierté; ils femblent fe menaceren agitant 
rapidement leurs têtes; leur gorge s’enfle; leurs yeux 
étincellent ; ils fe Cds enfuite avec  . & fe 
battent avec acharnement. D’autres Goîtreux e. ordi- 
nairement fpectateurs de leurs combats, & peut-être ces 
témoins de leurs efforts font-ils les femelles qui doivent 
en être le prix. Le plus foible prend Ja fuite : fon ennemi 
le pourfuit vivement, & le dévore, sil l’atteint ; mais 
quelquefois il ne peut le faifir que par la queue, qui 
de rompt dans fa gueule, & qu'il avale, ce qui donne 
au lézard vaincu le tems de be ber. 

On rencontre plufieurs Goîtreux privés de queue; 
il femble que le défaut de cette partie influe fur leur 
courage, & même fur leur force : ils font timides, 
foibles & languiffans: il paroît que la ee ne repense 
pas toujours, & qu'il fe forme un calus à l'endroit où 
elle a été coupée. 

Le Père Nicolfon, qui a donné plufieurs détails re- 
latifs à l’hiftoire naturelle du Goîtreux l'appelle anolis, 


nom que l'on a donné à l’améiva & à notre roquet :. 


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44 -  Hrsrorre NATuR£Irz 

mais la figure, que le Père Nicolfon a publiée, prouve 
que le lézard dont il a parlé ; eft celui dont il eft 
queftion dans cet article (B). 


(b) Effai fur l'Hifloire naturelle de Saint-Domingue, par le Père - 
Nicoljon, Paris 1776, Jéélion 3, page 350 out 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. A4O$ 


LE TÉGUIXIN (:) 


La COULEUR de ce lézard eft blanchâtre, tirant 
fur le bleu, diverfifiée par des bandes d’un gris fombre, 
& femée de points blancs & ovales. Son COrps pré 
{ente un très - grand nombre de ftries. La queue fe 
termine en pointe ; elle eft beaucoup plus longue que 
le corps; les écailles qui la couvrent, forment des 
bandes tranfverfales de deux fortes, placées alterna- 
tivement. Les unes s'étendent en arc fur la partie {u- 
périeure de la queue, que les autres bandes entourent 
en entier. Maïs ce qui diftingue principalement le 
Téguixin , c'eft que plufeurs plis obtus & relevés 
règnent de chaque côté du corps, depuis la tête 
jufqu'aux cuiffes : on voit aufli trois plis fous la 
gorge. 


ane ron set 


(a) Le Téguixin. M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique. 

Lacerta Teguixin, 34. Linn. amphib. rept. | 

Séba 2 , tab. 98, figure 3. M. Linné a indiqué la première figure de 
la planche 96 du même Volume, comme repréfentant le Téguixin : 
mais elle repréfente évidemment le £upinambis que l'on a aufli appellé 
T'épuixin. 


406 Hisroirre Narvreitr 
C’eft au Bréfil, fuivant article de Séba, indiqué 
° RS, F 
par M. Linné, quon. trouve ce lézard, dont le nom 
Téguixin a té donné au Zupinambis par quelques 
auteurs (b). | 


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(5) Séba, vol. z, page 150. ee mie: 
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LE TRIANGULAIRE (:). 


C’esr dans l'Egypte qu'habite le lézard à queue 
triangulaire : ce qui le diftingue des autres, c’eft la 
forme de pyramide à trois faces que fa longue queue 
préfente à fon extrémité, Le long de fon dos s'étend 
une bande formée par quatre rangées d’écailles qui 
différent par leur figure de celles qui les avoifinent. 
Ces détails fufliront pour faire reconnoître ce lézard 
par ceux qui lauront fous leurs yeux. Il vit dans 
des endroits marécageux & voifins du Nil. Il a beaucoup 
de rapports dans fa conformation avec le fcinque. C’eft 
M. Hañfelquift qui en a parlé le premier. | 

Les Egyptiens ont imaginé un conte bien abfurde 
à l’occafion du Triangulaire: ils ont dit que les œufs 
du crocodile renfermoient de vrais crocodiles lorf- 
qu'ils étoient dépofés dans l’eau, & qu’ils produifoient 
les petits lézards dont il eft queftion dans cet article, lorf- 
qu'au contraire ils étoient pondus fur un terrain fec (4). 


(a) Le Triangulaire. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Nilotica, 37. Linn. amphib. rept. | 
Haffelquifi. Itin. 311, N° 59. 

(2) Hafelquifi. Voyage déja cité. 


LA DOUBLE-RAIE (4) 


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Ce LÉZARD,que lon rencontre en Afe, eft com- 
munément très-petit ; la queue eft très-longue , rela- 
tivement au corps; deux raies d’un jaune fale s'étendent 
de chaque côté du dos, qui préfente d’ailleurs fix 
rangées longitudinales de points noirâtres. Ces points 
font aufli répandus fur les pieds & fur la queue, & 
ils forment fix autres lignes fur les côtés: le corps eft 
arrondi & épais. Séba avoit reçu de Ceylan un individu 
de cette efpèce: Suivant cet Auteur, les œufs de ce 
lézard font de la groffeur d’un petit pois (4). 


(a) La Double-raie, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lac. pundtata, 38. Linn. amphib. reptilia. | 
Séba , tome 2 , planche à , fig. 9. | 

Stellio punétatus, 06. Laurenti fpecimen medicum, 

(2) Séba, à l'endroit déjà cité. 


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LE SPUTATEUR. 


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LE SPUTATEUR (x). 


——.— ep 


Nous AVONS DÉCRIT ce lézard d’après un individu 
envoyé de Saint-Domingue à M. d’Antic, & que ce 
Naturalifte a bien voulu nous communiquer. Sa lon- 
gueur totale eft de deux pouces, & celle de la queue 
d'un pouce. Il n’a point de demi-anneaux fous le COTPS ; 
toutes fes écailles font luifantes ; la couleur en eft 
blanchâtre fous le ventre, & d’un gris varié de brun 
foncé fur le corps. Quatre bandes tranfverfales d’un 
brun prefque noir règnent fur la tête & fur le dos; 
une autre petite bande de la même couleur borde la 
mâchoire fupérieure , & fix autres bandes femblables 
forment comme autant d'anneaux autour de la queue. 
ll ny a pas d'ouverture apparente pour les oreilles ; 
la langue eft plate, large & un peu fendue à ler 
trémité. Le fommet de la tête & le deflus du mufeau 
{ont blanchâtres , tachetés de noir; les pattes variées 
de gris, de noir & de blanc ; il y a , à chaque pied, 


D rh part mm mm à 1 


(a) Lacerta Sputator, M. Sparman, Mémoires de l Académie des 
Sciences de Stockolm s année 1784, fécond tr imefire À ol. 164. 


Ovipares , Tome I. FFf 


AIO Histrorrre NATURELLE 

cinq doigts, qui font garnis pardeflous de petites écailles, 
& terminés par une efpèce de pelote ou de petite 
plaque écailleufe , fans ongle fenfible. 

M. Sparman a déjà fait connoître cette efpèce de 
lézard , dont il a trouvé plufeurs individus dans le 
Cabinet d'Hifioire naturelle de M. le Baron de Géer, 
donné à l'Académie de Stockolm (4). Ces individus 
ne diffèrent que très-légèrement les uns des autres, 
par la difpofition de leurs taches ou de leurs bandes. 
Îls avoient été envoyés, en 1755, à M. de Géer par 
M. Acrelius qui demeuroit à Philadelphie, & qui 
les avoit reçus de Saint-Euftache. 

M. Acrelius écrivit à M. de Géer que le Sputateur 
habite dans les contrées chaudes de l'Amérique ; on 


_ l'y rencontre dans les maïfons, & parmi les bois de 


charpente : on ly nomme Wood - Slave. Ce lézard 
ne nuit à perfonne lorfqu'il n'eft point inquiété : mais 
il ne faut l’obferver qu'avec précaution, parce qu'on 
Jirrite aifément. Il court le long des murs; & fi 
quelqu'un, en s'arrêtant pour le regarder, lui infpire 
quelque crainte, il s'approche autant quil peut de 
celui qu'il prend pour fon ennemi; il le confidere 
avec attention, & lance contre lui une efpèce de 
crachat noir affez venimeux , pour qu'une petite goutte 


(b) Mémoires de l Académie de Stockolm , à l'endroit déja cité. 


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DES QTADRUPÉÈDES OVIPARES. AIT 


fafle enfler la partie du corps fur laquelle elle tombe. 
On guérit cette enflure par le moyen de Pefprit-de- 
vin ou de l'eau-de-vie du fucre mélés de camfre, 
dont on fe fert aufli en Amérique contre la piquure 
des fcorpions. Lorfque lanimal s'irrite, on voit quel- 
quefois le crachat noir fe ramafler dans les coins de 
fa bouche. C’eft de la faculté qu'a ce lézard de lancer 
par fa gueule une humeur venimeufe, que M. Sparman 
a tiré le nom de Sputator qu'il lui a donné, & qui fignife 
cracheur. Nous avons cru ne devoir pas le traduire, 
mais le remplacer par le mot Spurateur qui le rappelle. 
Ce lézard ne fort ordinairement de fon trou que pen- 
dant le jour. M. Sparman a fait defliner de très-petits 
œufs cendrés, tachetés de brun & de noir, quil a 
regardés comme ceux du Sputateur, parce qu'il les 
a trouvés dans le même bocal que les individus de 
cette efpèce , qui faifoient partie de la collection de 
M. le Baron de Géer. | 

Nous croyons devoir parler ici d’un petit lézard 
femblable au Sputateur par la grandeur & par la 
forme. Nous préfumons qu’il n’en eft qu'une variété, 
peut-être même dépendante du fexe. Nous l'avons 
décrit d'après un individu envoyé de Saint - Domingue 
à M. d'Antic avec le Sputateur; & ce qui peut faire 
croire que ces deux lézards habitent prefque toujours 
enfemble, c’eft que M. Sparman l’a trouvé dans le 
même bocal que les Sputateurs de la collection de 

| FFE 


A12 Hirsrorre NATURF1IIE 

M. de Géer (c): aufñi ce favant Naturalifte penfe-t-if 
comme nous, quil n'en eft peut-être qu'une variété. 
L'individu que nous avons décrit a deux pouces deux 
lignes de longueur totale, & la queue quatorze lignes; 
il a, ainfi que le Sputateur , le bout des doigts garni 
de pelotes écailleufes, que nous n'avons remarquées 
dans aucun autre lézard. Sa couleur, qui eft le feul 
caractère par lequel il diffère du Sputateur, eft aflez 
uniforme ; le deffous du corps eft d’un gris fale, mêlé 
de couleur de chair, & le deffus d'un gris un peu 
plus foncé, varié par de très-petites ondes d'un brun 
noirâtre, qui forment des raies longitudinales. L’indi- 
vidu décrit par M. Sparman, différoit de celui que 
nous avons vu, en ce que le bout de la queue étoit 
dénué d’écailles , apparemment par une fuite de 
quelqu'accident. | 


(c) Mémoires de l'Académie des Sciences de Stockolm , année 1784» 
fécond trimefire. | 


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. À et B. grandeur de Mature. 


grandeur de lroid quart de flature 


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Dont les doigts font garnis re de pis écailles , 3. 


qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits (*). 


le 


D E tous les Quadrupèdes ovipares, dont nous publions 
l'hiftoire , voici le DÉEREr qui paroifle renfermer un 
poifon at Nous n'avons VU, en quelque forte jar 


; dans. fa planche qui repréfente le Gecko,  l'rran 


É (*) On peut voir 


| : gement de ces écailles au-deflous des doigts. 


(a) Tockaie, par les Siamois. 


* Le Gecko. M. d’Aubenron, Encyclopédie méthodique. 


Lac, Gecko , 22. Linn. amphib. rept. 

 Séba t, tab. 108 , fig 2, 5, 8 6 9. 
 Gekko teres., 57. Laurenti fpecimen medicum, 
* Haffelg. Lier. 306. Lacerta Gecko. 


A14 | Hirsrorre Narur£sitr 

qu'ici les animaux fe développer, leurs propriétés aug 
menter & leurs forces saccroître , que pour ajouter au 
nombre des êtres vivans , pour contrebalancer lation 
deftrudtive des élémens & du tems; ici la Nature paroît, 
au contraire, agir contre elle-même ; elle exalte dans un 
lézard , dont l’efpèce n’eft que trop féconde, une liqueur 
corrofive , au point de porter la corruption & le dé- 


périflement dans tous les animaux que pénètre cette 


humeur active ; au lieu de fources de reprodu“tion & 
de vie, on diroit qu’elle ne prépare dans le Gecko 
que des principes de mort & d’anéantiflement. 

Ce lézard funefte, & qui mérite toute notre atten- 
tion par fes qualités dangereufes , a quelque reffem- 
blance avec le caméléon; fa tête, prefque triangu- 
laire, eft grande en comparaïfon du corps; les yeux 
font gros, la langue eft plate, revêtue de petites écailles, 
& le bout en eft échancré. Les dents font aigues, & 
fi fortes, fuivant Bontius, qu’elles peuvent faire impref- 
fion fur des corps très- durs, & même fur l'acier. Le 
Gecko eft prefque entièrement couvert de petites 
verrues plus ou moins faillantes; le deflous des cuiffes eft 
garni d'un rang de tubercules élevés & creux, comme 


Gron. mus. 2, page 78, N. 43. Salamandra. 

Bont. jay. Lib. II, Cap. y, fol. 57. Salamandra indica. 
… Jobi Ludolphi alias Leut-Holf di&i, Hifloria Æthiopica , Lib. Ti 
Caput x111,/64, 5. Ejufdem commentanus , fol. 267. 


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DES QUADRUPÉDES OVFIPARES A15 


dans liguane, le lézard gris, le lézard vert, l’'améiva, 
le cordyle, le marbré, le galonné, &c. Les pieds font 
remarquables par des écailles ovales plus où moins 
échancrées dans le milieu, auffi larges que la furface 
inférieure de ces mêmes doigts, & difpofées régulière 
ment au-deffus les unes des autres comme les ardoïifes 
ou les tuiles des toits ; elles revêtent le deflous des doigts, 
dont les côtés font garnis d'une petite membrane, qui 
en augmente la largeur, fans cependant les réunir. 
M. Linné dit que le Gecko n'a point d'ongles, mais 
dans tous les individus confervés au Cabinet du Roi, 
nous avons vu le fecond, le troifième, le quatrième 
& le cinquième doigt de chaque pied, garnis d’un ongle 
très-aigu, très-court & très-recourbé, ce qui sac- 
corde fort bien avec l'habitude de grimper qu'a le 
Gecko, ainfi qu'avec la force avec laquelle il s'attache 
aux divers corps qu'il touche. 

Il en eft donc des lézards comme datés anîmaux 


bien diférens, & par exemple des oifeaux. Les uns 
_ont les doigts des pieds entièrement divifés; d’autres 


les ont réunis par une peau plus ou moins lâche; 
d’autres ramañlés en deux paquets, & d’autres enfin 
ont leurs doigts libres, mais cependant garnis d’une 
membrane qui en augmente la furface. | 

La queue du Gecko eft communément un peu plus 
longue que le corps; quelquefois cependant elle eft plus 
courte : elle eft ronde, menue, & couverte d'anneaux 


416 Hrsrorre Narvrerirg. 


ou de bandes circulaires très-fenfibles; chacune de ces 
bandes eft compofée de plufieurs rangs de très-petites 
écailles dans le nombre & dans l’arrangement def. 
quelles on n'obferve aucune régularité, ainf que nous 
nous en fommes aflurés par la conpittatfon de PPURRSS 
individus ; c'eft ce qui explique les différences qu’on a 
remarquées dans les defcriptions des Naturaliftes qui 
avoient compté trop exactement dans un feul individu, 

les rangs & le nombre de ces très-petites écailles. 
Suivant Bontius, la couleur du Gecko eft d'un vert 
clair, tacheté d’un rouge très-éclatant, Ce même 
Obfervateur dit qu'on appelle Gecko le lézard dont 
nous nous occupons, parce que ce mot imite le cri 
qu'il jette, lorfqu’il doit pleuvoir, fur-tout vers la fin 
du jour. On le trouve en Egypte, dans l'Inde , à Am- 
boine , aux autres ifles Moluques, &c. Il fe tient de 
préférence dans les creux des arbres à-demi pourris, 
ainf que dans les endroits humides; on le rencontre 
aufli quelquefois dans les maifons, où il infpire une 
grande frayeur, & où on semprefle de le faire périr. 
Bontius a écrit en effet que fa morfure eft venimeufe, 
au point que fi la partie affetée n’eft pas retranchée 
ou brûlée, on meurt avant peu d'heures. L’attouche- 
ment feul _. pieds du Gecko eft même très-dangereux, 
& empoifonne, fuivant plufieurs Voyageurs, les viandes 
fur lefquelles jl marche : lon à cru qu'il les infectoit 
par {on urine, que Bontjus regarde comme un poifon 
des 


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DES QvADRUPÈDES OPIPARES. 417 
des plus corrofifs; mais ne feroit-ce pas auf par l'hu- 
meur qui peut fuinter des tubercules creux placés fur 
la face inférieure de fes cuifles? Son fang & fa fa- 
live, ou plutôt une forte d'écume, une liqueur épaifle 
& jaune, qui s'épanche de fa T lorfqu'il eft irrité, 
ou lorfqu'il éprouve quelqu'affection violente, font 
regardés de même comme des venins mortels ne 
Bontius, ainfi que Valentin, rapportent que les habi- 
tans de Java s'en fervoient pour empoifonner leurs 
flèches, 

Hañelquift afure aufh que les doigts du Gecko ré- 
Patent un poifon, que ce lézard recherche les Corps 
imprégnés de fel marin, & qu’en courant deflus, il 
laïffe après lui un venin ee Il vit, au Cats. 
trois femmes prêtes À mourir, pour avoir mangé du 
fromage récemment falé, & fur lequel un Gecko avoit 
dépofé fon poifon, Il fe convainquit de l’âcreté des 
exhalaïfons des pieds du Gecko, en voyant un de ces 
lézards courir fur la main de quelqu'un qui vouloit le 
prendre : toute la partie fur laquelle le Gecko avoit 
pañlé, fut couverte de petites puftules, accompagnées 
de rougeur , de chaleur, & d’un peu de douleur, comme 
celles qu'on éprouve quand on a touché des orties. Ce 
témoignage formel vient à l'appui de ce que Bontius 
dit avoir vu. Il paroït donc que , dans les contrées 
chaudes de l'Inde & de l'Egypte, les Gecko contiennent 
un poifon dangereux, & fouvent mortel; il n’eft dong 

Ovipares, Tome I, | Gsg 


415 Hirsrorre NATURErLIE 

pas furprenant qu'on fuie leur approche, qu’on ne les 
découvre qu'avec horreur , & qu'on s'efforce de les 
éloigner ou de les détruire. Il fe pourroïit cependant 
que leurs qualités malfaifantes variaflent fuivant les 
pays, les faifons, la nourriture, la force, & l'état des 
individus (b). 


Le Gecko, felon Hafelquift, rend un fon fingulier, 


qui reflemble un peu à celui de la grenouille, & qu'il 
eft fur-tout facile d'entendre pendant là nuit. Il ef 
heureux que ce lézard, dont le venin eft fi redou- 
table, ne foit pas filencieux, comme plufieurs autres 
Quadrupèdes ovipares, & que fes cris très-diftinéts & 
particuliers puiflent avertir de fon approche, & faire 
éviter fes dangereux poifons. Dès qu'il a plu, il fort 
de fa retraite; fa démarche eft aflez lente : il va à 
la chaflfe des fourmis &i des vers. C’eft à tort que 


Wurfbainius a prétendu dans fon livre, intitulé: Sa- 
damandrologia , que les Gecko ne pondoient point. 
Leurs œufs font ovales, & communément de la 


groffeur d’une noifette. On peut en voir la figure dans 


la planche de Séba, déjà citée. Les femelles ont foin 
de les couvrir d’un peu de terre, après les avoir dé 


pofés ; & la chaleur du foleil les fait éclore. 


_(B) Les Indiens prétendent que la racine de Curuma (terre mérite 


ou fafran Indien) eft un très-bon remède contre la morfure du Gecko. 
Bontius , à l'endroit déja cité, 


sé dific 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. Al9 
Les Mathématiciens Jéfuites, envoyés dans les Indes 
orientales par Louis XIV, ont décrit & figuré un lézard 
du Royaume de Siam, nommé rokaie, & qui eft évi- 
demment le même que le Gecko. L’individu qu’ils ont 
examiné , avoit un pied fix lignes de long, depuis le 
bout du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue (c). 
Les Siamois appellent ce lézard rokaie, pour imiter 
le cri qu'il jette ; ce qui prouve que le cri de ce Qua- 
drupède ovipare eft compofé de deux fons proférés 
durement, difficiles à rendre, & que l’on a cherché à 
exprimer, tantôt par tokaie, tantôt par Gecko. 


.(c) Mémoires pour férvir à l'Hifloire naturelle des animaux ; (OM 3, 
article du Tockaie, : | 


420 Hirsroirre NATUR=:IzIY 


LE GECKOTTE («} 


Nous CONSERVONS ce nom à un lézard qui a une 


* fi grande reflemblance avec le gecko, qu il eft très- 
difficile de ne pas les confondre l’un avec l’autre quand 
on ne les examine pas de près. Les Naturaliftes n'ont 
même indiqué encore aucun des vrais caractères qui 
les diftinguent. M. Linné feulement a dit que ces deux 
lézards ont le même port & la même forme, mais 
que le Geckotte, qu il appelle le mauritanique, a la 
queue étagée , & que le gecko ne l'a point. Cette nes à 
différence n’eft réelle que pepdans la jeunefle du tuilletr 
Geckotte; lorfqu'il eft un peu âgé, fa queue eft au A 
contraire beaucoup moins étagée que celle du gecko. | 
proifent 
Ces deux Quadrupèdes ovipares fe reflemblent fur- . 
_ tout par la conformation de leurs pieds. Les doigts du Fit ln 
Geckotte font comme ceux du gecko, garnis de mem- me : ï 
io 2 | HET à 
(a) Le Geckotte. M. Agent Encyclopédie méthodique. > ou 
(| 5 Lacerta mauritanica, 22. Linn. amphib. reptilia. % plu f 
| Seba, mus. 1 , tab. 108 ,fig 1, 3:4, 66 7. À premier: 
Gecko verticillatus , 56, Gecko muricatus, 58. Laurenti fpecimen ile 6 


medicurn. 


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AMAER En 


DbE£s QuADRUPÈDES OVIPARES, 421 
brânes, qui ne les réuniflent pas, mais qui en élargif- 
fent la furface ; ils font également revêtus par-deflous 
d'un rang d'écaillés ovales, larges, plus ou moins 
échancrées, & qui fe recouvrent comme les ardoifes 
des toits. Mais, én exäminant attentivement un grand 
nombre de gecko & de Geckotte de divers pays, con- 
fervés au Cabinet du Roi, nous avons vu que ces deux 
efpèces différoient conftlamment l’une de l'autre par 
trois caractères très-fenfibles. Premièrement, le Geckotte 
a le corps plus court & plus épais que le gecko; 
fecondement, il n’a point au-deflous des cuifles un 
rang de tubercules comme le gecko; & troïfièmement, 
fa queue éft plus courte & plus grofle. Tant qu'il eft 
encore jeune , elle eft recouverte d'écailles, chargées 
chacune d’un tubercule en forme d'aiguillon, & qui, 

par leurs difpofitions , la font paroître garnie d'anneaux 
écailleux : mais à mefure que l'animal grandit, les 
anneaux les plus voifins de l’extrémité de la queue dif. 
paroiflent ; bientôt il n'en refte plus que quelques-uns 
près de fon origine, qui s’oblitèrent enfin comme les 
autres, de telle forte que quand l'animal eft parverh 
à-peu-près. à fon entier développent on n'en voit 
plus aucun autour de la queue : elle eft alors beau- 
coup plus grofle & plus courte en proportion que dans 
le premier âge; & elle n'eft plus couverte que de 
très-petites écailles, qui ne préfentent aucune appa- 
rence d’anneaux. Le Geckotte eft le feul lézard dans 


422 © Hisrorre Narurszie 


lequel on ait remarqué ce changement fucceffif dans 
les écailles de la queue, Les tubercules ou aiguillons 
qui la revêtent pendant qu’il eft jeune, fe retrouvent 
fur le corps de ce lézard, ainfi que fur les pattes ; 
ils font plus ou moins faillans, & fur certaines parties, 
telles que le derrière de la tête, le cou, & les côtés 
du corps, ils font ronds, pointus, entourés de tuber- 
cules plus petits, & difpofés en forme de rofette.… 
Le Geckotte habite prefque les mêmes pays que le 
_gecko, ce qui empêche de regarder ces deux animaux 
comme deux variétés de la même efpèce, produites 
par une différence de climat. On le trouve dans l'ifle 


d'Amboine , dans les Indes, & en Barbarie, d'où 


M. Brander l’a envoyé à M. Linné. L'on peut voir, 
au Cabinet du Roi, un très-petit Quadrupède ovipare, 
qui y a été adreflé fous le nom de lézard de Saint- 
Domingue ; c'eft évidemment un Geckotte: & peut- 
être cette efpèce fe trouve-t-elle en effet dans le 
nouveau monde, On la rencontre vers les contrées 
tempérées, jufques dans la partie méridionale de la 
Provence, où elle eft très-commune (b). 

On l'y appelle rarente, nom qui a été donné au 


(8) Note communiquée par M. Olivier , qui a bien voulu nous 


faire part des obférvations qu'il a faites für les habitudes de cette eJpèce 
de lard. rite | 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 433 


ftellion, & à une variété du ‘lézard vert, ainf. que: 
nous l'avons vu. On le trouve dans les ae (ea 
dans les vieilles maiïfons, où il fuit les endroits Aie 
bas, & humides, & où il fe tient communément fous 
les toits. Il fe plaît à une expoñtion chaude ; il aimé 
le foleil : il pafñle l'hiver dans des fentes & dans des 
crevañles , fous les tuiles, fans y éprouver cependant 
un engourdiflement parfait ; car, lorfqu’on le découvre; 
il cherche à fe fauver, en marchant lourdement. Dès 
les premiers jours du printems, il fort de fa retraite, 
& va fe réchauffer au foleil; mais il ne s’écarte pas 
beaucoup de fon trou, & il y rentre au moindre bruit : 
dans les fortes hu. il fe meut fort vite, quoiqu'il 
n'ait jamais l’agilité “æ pluficurs autres ii Il fe 
nourrit principalement d’infectes. Il fe crampone faci- 
lement , par le moyen de fes ongles crochus, & des 
écailles qu'ika fous les pieds; auffi peut-il courir, non 
feulement le long des murs, mais encore au- defoue 
des planchers, & M. Oipiers que nous venons de 
citer, l’a vu demeurer immobile pendant très-long- 
tems a la voûte d’une églife. 

Il reffemble donc au gecko, par fes habitudes, autant 
que par fa forme. On a dit qu'il étoit venimeux, peut- 
être à caufe de tous fes rapports avec ce dernier Qua- 
drupède ovipare, qui, fuivant un très-grand nombre 
de Voyageurs, répand un poifon mortel. M. Olivier 


je 
#, 


424 HISTOIRE NATURELLE 

affure cependant qu'aucune obfervation ne le prouve; 
& que ce lézard cherche toujours à s'échapper larfs 
qu'on le faifit. 

Les Geckottes ne fortent point de leur trou lorfqu'il 
doit pleuvoir; mais jamais ils n’annoncent la pluie par 
quelques cris, ainfi qu'on l'a dit des gecko; & M. Oli 
vier en à rest pris avec des pinces, fans qu ‘ils 
fiflent entendre aucun fon. 


LA TÉTE-PLATE 


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N OUS NOMMONS ainfi un lézard qui n’a encore 
été indiqué par aucun Naturalifte. Peu de Quadrupèdes 
ovipares font aufli remarquables par la fingularité de 
leur.conformation. Il paroît faire la nuance entre plu- 
fieurs efpèces de lézards: il femble particulièrement 
tenir le milieu entre le caméléon , le gecko & la 
falamandre aquatique; il a les principaux caractères 
de ces trois efpèces. Sa tête, fa peau & la forme 
générale de fon corps reflemblent à celles du camé- 
lon; fa queue à celle de la falamandre aquatique, 
& fes pieds à ceux du Gecko: aufi aucun lézard 
_n'eft-il plus aifé À reconnoître, À caufe de la réunion 
de ces trois caractères faillans; il en a d’ailleurs de 
très-marqués , qui lui font particuliers. | 
__ Sa tête, dont la forme nous à fuggéré le nom que 
nous donnons À ce lézard, eft très-aplatie ; le deflous en 
eft entièrement plat; l'ouverture de la gueule s'étend 
jufqu'au-delà des yeux; les dents font très-petites & 
en très- grand nombre; la langue eft plate , fendue 
& aflez femblable à celle du Gecko. La mâchoire 

Ovipares, Tome IL |. 


42.6 HISTOIRE NATURELLE | 

inféricure eft fi mince, quau premier coup-d'œil on 
_feroit tenté de croire que l'animal a perdu une portion 
de fa tête, & que cette mâchoire lui manque. La 
tête eft d’ailleurs triangulaire, comme celle du ca- 
méléon ; mais le triangle qu’elle forme eft 
& elle ne pe point l'efpèce de cafque, ni les 
dentelures qu'on remarque fur cette derniere. Elle ef 
articulée avec le corps, de manière à former en 
deflous un angle obtus, ce qui ne fe retrouve pas dans 
la plupart des autres Quadrupèdes Hire Fe ci 
très-grande; fa longueur eft à-peu-près la moitié de 
celle du corps ; les yeux font très-gros & très-proémi- 
nens; la cornée laiffe appercevoir fort diftinétement 
l'iris, dont la prunelle confifte en une fente verticale, 
comme celle des yeux du Gecko, & qui doit être 


très-fucceptible de fe dilater, ou “ fe contracter, ï } 
pour recevoir ou repouffer ï lumière. Les narines son 
font placées prefqu'au bout du mufeau, qui eft moufle, We la 
& qui fait le fommet de lefpèce de DL alongé, KE que € 
formé par la tête. Les ouvertures des oreilles font tres- val 
petites ; elles occupent les deux autres angles du “pre 
triangle, & font placces auprès des coins de la gueule; tante à 
la peau du deflous du cou forme des plis: le deflous me de, 
du corps eft entièrement plat. RAT 
Les quatre pieds du lézard à Fe ee font 8e lé 
chacun divifés en cinq doigts; ces doigts font réunis dm 


à leur origine par la peau des jambes qui les re- ia noi 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 427 


couvre pardeflus & pardeflous ; mais ils font enfuite 
très-divifés, fur-tout ceux de derrière, dont le doigt 
intérieur cf féparé des aptes comme se beaucoup 
de lézards, de manière à repréfenter une forte de 
pouce. Mr leur extrémité , ils font garnis d’une 
membrane qui les élargit , comme ceux du Gecko 
& du Geckotte; & à cette même extrémité, ils font 
revêtus Da de lames ou écailles qui fe recou- 
vient comme les ardoifes des toits; elles font commu 
nément au nombre de vingt, & placées fur deux rangs 
qui s'écartent un peu l’un de l’autre au bout du doigt; 
le petit intervalle qui fépare ces deux rangs, renferme 
un ongle très-crochu, très-fort , & replié en defous. 

La queue eft menue, & beaucoup plus courte que 
le corps; elle paroiït très-large & très-aplatie , parce 
qu'elle eft revêtue d’une membrane qui sétend de 


chaque côté, & lui donne la forme dune forte de 


rame. Il eft aifé cependant de diftinguer la véritable 
queue que cette membrane recouvre, & qui préfente 
pardeflus & pardeffous une petite faillie longitudinale, 
Cette partie membraneufe n’eft point comme dans la 
falamandre aquatique , placée verticalement ; mais 
elle forme des deux côtés une large bande horizontale. 
La peau qui revêt la tête, le corps , les pattes & la 
queue du lézard à tête plate, tant deflus que deflous, 
eftgarnie d’un très-grand nombre de petits points faillans, 


Plus ou moins soie qui fe touchent & la font 


Hhhij 


428 Hrsrorre NATURELLE 


paroitre chagrinée; & ce qui conftitue un cara@tère 
jufqu'à préfent particulier au lézard à tête plate, 
c’eft que la partie fupérieure de tout le corps eft 
diftinguée de la partie inférieure par une prolonga- 
tion de la peau qui règne en forme de membrane 
frangée depuis le bout du mufeau jufqu'à l'origine de 
la queue, & qui s'étend également fur les quatre pattes, 
dont elle diftingue de même le deffus d'avec Le defious. 

Ce lézard n’a encore été trouvé qu'en Afrique; il 
paroît fort commun à Madagafcar, puifque lon peut 
voir, dans la colleétion du Cabinet du Roï, quatre in- 
dividus de cette efpèce envoyés de cette Ifle. Cette 
collection en renferme aufli un cinquième , que 
M. Adanfon a rapporté du Sénégal; & c’eft fur ces 
cinq individus, dont la conformation eft parfaitement 
 femblable, que j'ai fait la defcription que lon vient 
de lire. Le plus grand a de longueur totale huit pouces 
fix lignes, & la queue a deux pouces quatre lignes 
de longueur. Aucun Naturalifte na encore rien écrit 
touchant cet animal; mais il a été vu à Madagafcar 
par M. Bruyéres, de la Société royale de Montpellier, 


qui a bien voulu me communiqner fes obfervations 


au fujet de ce Quadrupède ovipare. La couleur du 
lézard à tête-plate, n’eft point fixe , ainfi que celle 
de plufeurs autres lézards; mais elle varie, comme 
celle du caméléon, & préfente fuccefhivement ou 
tout-à-la-fois plufeurs nuances de rouge, de jaune , 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 429 
de vert & de bleu. Ces effets obfervés par M. Bruyères, 


nous paroiffent dépendre des différens états de l'animal, 


ainfi que dans le caméléon; & ce qui nous le perfuade, 
c’eft que la peau du lézard à tête-plate ef prefque 
entièrement femblable à celle du caméléon. Mais, dans 
ce dernier, les variations de couleur s'étendent fur la 
peau du ventre, au lieu que, dans le lézard dont il 
eft ici queftion , tout le deffous du corps, depuis l'extré- 
mité des mâchoires jufqu au bout de la queue, préfente 
toujours une couleur jaune & brillante. 

M. Bruyères penfe, avec toute raifon, que le lézard 
que nous nommons téte-plate, eft le même que celui 
que Flaccourt a défigné par le nom de Famo-cantrata , 
& que ce Voyageur a vu dans l'Ifle de Madagafcar (a): 
C ’eft auffñi le Famocantraton dont Dapper a parlé (b). 

Les Madégafles ne regardent le lézard à tête-plate 


| qu'avec une efpèce d'horreur; dès qu'ils l apperçoivent, 


ils fe détournent, fe couvrent même les yeux, & 
fuient avec DÉCDIEE Flaccourt dit qu'il eft très- 
dangereux , qu'il sélance fur les Nègres, & qu'il s’at- 


(a) Hifloire de Madagafcar , par Flaccourt Chapitre XXXVIII, 
Page 155- 

Didionnaire d'Hifloire Tr de M. Bomare , article du Loue 
CANTRATON. 


(b) Dapper, deftription de L'Afrique , page 458. 


430 HisTroirrse NAaTURELr=zE 

tache fi fortement à leur poitrine (c) par le moyen 
de la membrane frangée qui règne de chaque côté 
de fon corps, qu'on ne peut l'en féparer qu'avec un 
rafoir. M. Bruyères n'a rien vu de femblable ; il af- 
fure que les lézards à tête-plate ne font point venimeux ; 
il-en à fouvent pris À la main ; ils lui ferroient les 
doigts avec leurs mâchoires, fans que jamais il lui 
foit furvenu aucun accident. Il eft tenté de croire 
que la peur que cet animal infpire aux Nègres, vient 
de ce que le lézard ne fuit point à leur approche, 
& qu'au contraire il va toujours au-devant d'eux la 
gueule béante , quelque bruit que l’on faffe pour le 
détourner; c'eft ce qui l’a fait nommer par des mate- 
lots françois le Sourd; nom que l’on a donné aufñ 
dans quelques Provinces de France à la falamandre 
terreftre. Ce lézard vit ordinairement fur les arbres, 
ainfi que le caméléon ; il sy retire dans des trous, 
d'où il ne fort que la nuit, &, dans les tems pluvieux, 
on le voit alors fauter de branche en branche avec 
agilité ; fa queue lui fert à fe foutenir, quoique courte; 
il la replie autour des petits rameaux; sil tombe à 
terre, il me peut plus s’élancer; il fe traîne jufqu'à 
Varbre qui eft le plus à fa portée; il y grimpe, & 
y recommence à fauter de branche en branche. Il 


, \ $ 2 . 
(c) Le nom de Famocantrata que l'on à donné à ce lézard dans 


Y'Ifle de Madagafcar , fignifie qué /aute à la poitrine. 


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(4 Va 


). 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A3 


marche avec peine, ainfi que le caméléon; & ce 
qui nous paroit devoir ajouter à la difhiculté avec 


L | laquelle il fe meut quand il eft à terre, c’eft que | : ; 
ex | fes pattes de devant font plus courtes que celles de 
th | derrière, ainfi que dans les autres lézards, & que 
LH | cependant fa tète forme un angle es le 
“ | corps , de telle forte, qu'à chaque pas quil fait, 
ui il doit donner du nez contre terre. nr 
u | tion lui eft au dau favorable lorfqu il nie fur 
L | | les arbres, fa tête pouvant alors fe trouver très-fouvent 
| dans un plan horizontal. Le lézard à tête-plate ne ; 
ñ | fe nourrit que d'infectes ; il a prefque toujours la 
: { | gueule ouverte pour les faifir, & elle eft intérieure- 
1 ment enduite d’une matière vifqueufe, qui les empêche 


de s'échapper. | | 
Séba a donné la figure d'un lézard qu'il dit fort 
rare , qui, fuivant lui, e trouve en Egypte & | 
_en Arabie, & qui doit avoir beaucoup de rapports 
avec notre lézard à tête-plate: mais fi la defcription 
& le deffin en font exacts , ils appartiennent à deux 
efpèces différentes. On s'en convaincra , en compa- 
rant la defcription que nous venons de donner, avec 
celle de Séba (d). En effet fon lézard a, commelenûtre, 
les doigts garnis de membranes , ainh que les deux 


=. 


(4) Stba , vol. à , planche 103, fig. 2 


432 .  Hisrorrx NarTurezzz 


côtés de la queue; maïs il en diffère en ce que fa 
tête & fon corps ne font point aplatis ; qu'il n’a point 
la membrane frangée dont nous avons parlé; que les 
pieds de derrière font prefque entièrement palmés ; 
que la queue eft ronde , beaucoup plus longue que le 
corps; & que la Hnbtase qui en garnit les côtés, 
eft affé profondément feftonnée. 


SIXIÈME DIVISION. 


per 


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eve Del. 


Des 


SEPS grandeur de /lature.. 


CÉZARDS 


Qui n'ont que trois doigts aux pieds de devant 
D ide pieds de derrière. | 


14 E SEPS doit être confidéré de près, pour 


nêtre pas confondu avec les ferpens. Ce qui en effet 
diftingue principalement ces derniers d'avec. les lé. 
zards , c'eft le, défaut de pattes & d'ouvertures pour 
les. CUS mais on ne peut remarquer que difhici- 
lement l'ouverture des oreilles du Seps; & fes pattes 
font prefqu invifibles par leur extrême petitefle. Lorf- 
quon le regarde, on crciroit voir un ferpent, qui, par 


] 


(a) La Cicigna, en Sardaigne. ee 
Le Seps. M. d "Aubenton , Encydopédie méthodique. | 
Lacerta Seps , 27. Linn. amphib. repr. ER 


Ovipares , Tome I. 


424 HisTOIREe NATURELILIr 


une efpèce de monftruofité, feroit né avec deux pet tite 

pattes aupies de la tête, & deux autres. ee 
fituées aupres de l'origine de la queue. On le croiroit 
d'autant plus, que le Seps a le corps très-long & très. 
menu, & quil à l'habitude de fe rouler fur lui-même 
comme les ferpens (b). À une certaine difiance, on: 
feroit même tenté de ne prendre fes pieds que pour 
des appendices informes. Le Seps fait done une des 
nuances qui lient d’affez près les Quadrupèdes ovipares 
avec Les vrais reptiles. Sa forme peu prononcée, fon carac- 
tère ambigu, doivent contribuer à le faire reconnoître. 
Ses yeux font très-petits, les ouvertures des oreilles 
bien moins fenfibles que dans la plupart des lézards: 


la queue finit par une pointe très-aigué ; elle eft com- | x pis 
munément très-courte; cependant elle étoit aufñi longue sé du? 
que le corps dans l'individu décrit. par M. Linné, & us neuf 
qui faifoit partie de la collection du Prince äélphe: _ mul 
Le Seps eft couvert d'écailles quadrangulaires, qui ax Jones 
forment en tout fens des efpèces de ftries. à pouces 
La couleur de ce lézard eft en général moins foncée lait en S 
> 7 +. “ie ie »7 
fous le ventre que fur le ve , le long duquel : sg 
deux bandes, dont la teinte eft plus ou moins claire, à pit 
ss A Ar s. es A 4 -# s PA ER : 
& qui font bordées de chaque côté d'une petite raie eh q 


La grandeur des Seps, ainfi que celle des autres dec] 
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(8) Hiffaire naturell: de la Sardaigne , par M. François Cetti. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AÀ3$ 
lézards, varie fuivant la température qu'ils éprouvent, 
la nourriture qu'ils trouvent, & Ia tranquillité dont 
ils jouiffent. C’eft donc avec raifon que la plupart des 
Naturaliftes ont cru ne devoir pas afligner une grandeur 
déterminée, comme un caractère rigoureux & diftinétif 
de chaque efpèce ; mais il n'en eft pas moins intéreffant 
d'indiquer les limites, qui, dans les diverfes efpèces, 
circonfcrivent la grandeur, & fur-tout d’en marquer les 
rapports, autant qu'il eft poflible, avec les diflérentes 
contrées, les habitudes, la chaleur, &c. Les Seps, qui ne 
parviennent quelquefois en Provence, & dans les autres 
provinces méridionales de France, qu'à la longueur de 
cinq ou fix pouces, font longs de douze ou quinze dans 
des pays plus conformes à leur nature. Il y en a un aw 
Cabinet du Roi, dont la longueur totale eft de neuf 
pouces neuf lignes ; fa circonférence eft de dix-huit 
lignes, à l’endroit le plus gros du corps; les pattes ont 
deux lignes dé longueur, & la queue eft longue de 
trois poucesatrois lignes. Celui que M. François Cetti 
a décrit en Sardaigne, avoit douze pouces trois lignes 
de long (apparemment mefure farde.) 

Les pattes du Seps font fi courtes, qu'elles n’ont 
quelquefois que deux lignes de long , quoique le corps 
ait plus de douze pouces de longueur (c). À peine 
paroiffent-elles pouvoir toucher à terre, & cependant 


(c) Hifloire naturelle de la Sardaigne , pages 28 € füiv. 
liii 


436 | Hisrorrs NATURELLE 


le Seps les remue avec vitefle, & femble sen LR 
avec beaucoup d'avantage, 1? il marche (d). Les 
pieds font divifés en trois doigts, à peine vifibles, & 
garnis d'ongles, comme ceux de la plupart des autres 
lézards. M. Linné a compté cinq doigts dans le Seps 
qui faifoit partie de la colleétion du Prince Adoiphe 
de Suède ; mais nous n'en avons jamais trouvé que 
trois dans Îles individus de diflérens pays que nous avons 
décrits, & qui font au Cabinet du Roi, avec quelque 


attention que nous les ayons Écnfidérés. (ee quoique La 


nous nous foyons fervis de très-fortes Lens 

C'eft au Seps que lon doit rapporter le lézard indi- 
qué par Ray, fous le nom de Seps, ou de lézard chal- 
cide; M. Linné nous paroïit s'être trompé (e) en 


appellant ce dernier lézard chalcide, & en le féparant 


du Seps (f). Ea defcription que lon trouve dans Ray 


convient très-bien à ce dernier animal; les raies noires. 
le long du dos, & la forme rhomboïdale des écailles 
que Ray attribue à fon lézard, font en effet des ca. 
sactères diftinctifs du Seps (g). Le lézard défigné par 


.(d) Hiffoire: naturelle de la Sardeigne , pages 28 € fuiv. 
(e) Voyez, dans cette Hiftoire naturelle, l'article du chalcide.. 
-(f) Syflema naturæ amphib. reptilta. Lacerta ei tio 23: 


(g) ce Seps ferpens pedatus potius eft quàm Lacerta. Parvus rat 
»roturidus . lineis nigris in dorfo parallelis fecundum longitudinem 


bn ile € 
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gima À 
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(Ru 
Sr 


DES QUADRUPÈDES OFIPARES. 437 


22 élumma , fous le nom de + ou de chalcide (4), 
féparé de Seps par M. Linné, & & appellé chalcide par 
ce grand Naturalifte, eft aufli une fimple variété du 
_Séps, affez voïûne de celle que l'on trouve aux en- 
virons de Rome, aïnfi qu’en Provence, & dont on con- 
ferve un individu au Cabinet du Roi. Le lézard de 
Columna avoit , à là vérité, deux pieds de long, tandis 
qué le Seps des environs de Rome, que l’on peut voir 
au Cabinét du Roi, n'a que fept pouces huit lignes 
de longueur; mais il préfentoit Les caractères ph dit 
tinguent les véritables Seps. | 
L'animal que M. Linné a rangé parmi les ferpens, 
qu'il a appellé Anguis Quadrupède, & qu ‘il dit habiter 
dans lifle de Java (i), eft de même un véritable Seps 
tous les caractères rapportés par M. Linné conviennent 
Ai À ce dernier lézard, excepté le défaut d'ouvertures 
VE pour les oreïlles, & les cinq doigts de chaque pied; 
mais M. Linné ajoutant Lo ces doigts font fi petits, 
qu'on a bien de la peine à les apercevoir , on peut 
croire que l'on.en aura aifément compté deux de 
trop. D'aitleurs les ouvertures des oreilles du Seps font 
dudtis d'ftindus … in acutanr caudam definebat.…. fquamæ reticulatæ, & 


rhomboides. 5» Ray, Synopfis animaliurr,, fol. 272. 


(h}) Fabii columneæ ecphra. Seps , Lacerta chalcidica, feu chalcides 


{i) Syflema nature amphib., éditio 13, tom. ? , fol. 390. 


430 HirsrTorrs NarTurgire 
quelquefois fi petites, qu'il paroït en manquer abfo- 
lument. 


C'eft également au Seps qu'il faut rapporter les 
lézards nommés vers ferpentiformes d'A frique, & dont 


M. Linné a fait une efpèce particulière fous le nom 


d'Anguina. Il fuffit, , pour s’en convaincre, de jeter les 


yeux fur da lei de Séba, citée par L Naturalifte 
Suédois ; la forme de la tête, la longueur du corps, 

la difpoñition des écailles , ds pofition & la brièveté 
des quatres pattes fe retrouvent dans ces prétendus 


vers comme dans le Seps (£); & ce n’eft que parce 


qu'on ne les a pas regardés d’aflez près, qu'on à attri- 
bué des pieds non-divifés à ces animaux , que M. Linné 
seit cru obligé par-là de féparer des autres: lézards, 
Suivant Séba , les Grecs ont connu ces Quadrupèdes; 
ils ont même cru être informés de leurs habitudes en. 
certaïnes contrées, puifqu'ils les ont nommés acheloi & 
elyoi, pour défigner leur féjour au milieu des eaux 


troubles & bourbeufes. On les rencontre au Cap de. 
Bonne-efpérance , vers la. baie de la Table, parmi. 


. es rochers qui bordent la rivière. Suivant la figure de 
Séba, ces Seps du Cap de Bonne-efpérance, ont la 
queue beaucoup plus longue que Le comps (1). 


#4 


Cf ) fleme naturæ ar bia reptilie, edit. 13, vol. 1, page 372. 


{ ! ) Séba.2, planche C8, fig.7 € 8. 


Pie 
dprce & 


d'être ve 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 420 
Columna , en diffléquant un Seps femelle, en tira 
quinze fœtus vivans, dont les uns étoient déjà fortis 
de leurs membranes, & les autres étoient encore 
enveloppés dans une pellicule diaphane & renfermés 
dans leurs œufs comme les petits des vipères. Nous 
remarquerons une manière femblable de venir au 
jour dans les petits de la falamandre terreftre; & 
ainñ non-feulement les diverfes efpèces de lézards 
ont entrelles de nouvelles analogies ; mais l’ordre 
entier des Quadrupèdes ovipares fe lie de nouveau 
avec les ferpens, avec les poiflons cartilagineux & 
d'autres poiflons de différens genres, parmi lefquels 


les petits de plufeurs efpèces fortent auf de leurs 


œufs dans le ventre même de leur mère. 

_Plufeurs Naturaliftes ont cru que le Seps étoit une 
efpèce de falamandre. On a accufé la falamandre 
d'être venimeule ; on a dit que le Seps Pétoit auf. 
Il y a même long-tems que l’on a regardé ce lézard 
comme un animal malfaifant , le nom de Seps que 
les Anciens lui ont appliqué , ainfi qu'au chalcide, 
ayant été auff attribué, par ces mêmes Anciens, à des 
ferpens très-Venimeux, à des mille-pieds & à d’autres 


bêtes dangereufes. Ce mot Seps dérivé de on7® (Sepo, 


Je corromps ) peut être regardé comme un nom géné- 
rique que les Anciens donnoient à la plupart des ani 
maux dont ils redoutoient les poifons , à quelque ordre 
d'ailleurs qu'ils les rapportaflent. On peut croire aufi 


440 Hisrorre NATURErrz 


qu'ils ont très-fouvent confondu , ainf que le plus. 


grand nombre des Naturalifies venus après eux, le 
chalcide & le Seps Se ils ont appellés tous deux non- 
feulement du nom générique de Seps, mais encore 
da nom particulier de chalcide (m ). 

Quoi qu'il en foit, les ebfervations de M. Sauvage 
paroiflent prouver que le Seps n'eft point venimeux 
dans les provinces méridionales de France. Suivant ce 
Naturalifte, la morfure des Seps n'a jamais été fuivie 
d'aucun ct il rapporte en avoir vu manger 
‘par une poule, fans qu’elle en ait été incommodée. Il 
ajoute que la poule ayant avalé un petit Seps par la tête 


fans l écrafer, il vit ce Iézard s'échapper du corps de la 


poule, comme les vers de terre de celui des canards, 
La poule le faifit de nouveau ; il sé “chappa de même; 
mais à la troifième fois elle le coupa en deux. M. Sau- 
vage conclut même, de la facilité avec laquelle ce 
petit lézard fe glifle dans les inteftins , qu'il produiroit 
‘un meilleur effet dans certaines maladies, que le plomb 
& le vif argent (x). M. François Cetti dit auf que, 
dans toute la Sardaigne, il n’a jamais entendu parler 
d'aucun accident caufé par Ja morfure du Seps, que 


(#2): Conradi er. Eré., H5j?. anim. Liber 


fol v. 


AA 7 a D é 
(n) Mémoire, fur la nature des animaux venimeux , couronné par 


L'Académie de Rouen > CN 1744 


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DES QuAaDruPÈDEs OFIPARES. AA 


teut le monde y regarde comme un animal innocent. 
seulement, ajoute -t-il, lorfque les bœufs ou les 
chevaux en ont avalé avec l’herbe qu'ils paiflent, leur 
ventre s’enfle & ils font en danger de mourir , fi on 
ne leur fait pas prendre une boiflon préparée avec 
de l'huile, du vinaigre & du foufre (o). 

‘Le Seps paroît craindre le froid plus que les tor- 
tues terreftres & plufeurs autres Quadrupèdes ovi- 
pares ; il fe cache plutôt dans la terre aux approches 
de l'hiver. Il difparoît en Sardaigne , dès le commen- 
cement d'Oétobre, & on ne le trouve plus que dans 
des creux fouterrains; il en fort au phntene pour 
aller dans les endroits garnis d'herbe, où il fe tient 
encore pendant l'été, quoique l’ardeur du foleil l'ait 
defléchée (p). - | 

M. Thunberg a donné, dans les Mémoires de 
l'Académie de Suède (g), la defcription d’un lézard 
qu’il nomme abdominal, qui fe trouve à Java & à 
Amboine , qui a les plus grands rapports avec le Seps 
& qui n'en diffère que par la très-grande brièveté de 
fa queue & le nombre de fes doigts. Mais comme il 
‘paroït que M. Thunberg n'a pas vu cet animal vivant, 
& que, dans la defcription ge il en donne, il dit que 


(o) M. François Cetti, à l'endroit déjà cité, 
(p) Idem, Tbidem. 
{q) Mémoires de l'Académie de Stockoln ; trimefire d'Avril 1787 


Ovipares, Tome I. Kkk 


442 HisrTorre NATURE1IzE 


l'extrémité de la queue étoit nue & fans écailles, où 
peut croire que l'individu, obfervé par ce favant Dre. 
fefleur , avoit perdu une partie de fa queue par quel- 
que ic caE D'ailleurs nous nous fommes aflurés que 
la longueur de la queue des Seps étoit en général très- 
variable. D'un autre côté, M. Thunberg avoue qu’on 
ne peut à l’œil nu dfngiet qu'avec beaucoup de peine 
les doigts de fon lézard abdominal. Il _ donc 
fe faire . l'animal eût été altéré après fa mort, de 
manière à préfenter l'apparence de cinq petits doigts à à 
chaque pied, quoique réellement il n’y en ait que trois, 
ainfi que dans les Seps, auxquels il faudroit dès-lors le 
rapporter. 5i au contraire le lézard abdominal a véri- 
tablement cinq doigts à chaque pied, il faudra le re- 
garder comme une efpèce diftinéte du Seps, & le com- 
prendre dans la quatrième divifion où il pourroit être 
placé à la fuite du fputateur. Au refte, perfonne ne 
peut mieux éclaircir ce point d'Hiftoire naturelle, que. 
M. Thunberg. | 


= à ÈS 


‘ LE CHALCIDE . grandeur de. flalture 


DES: QUADRUPÉDES OVIPARES. 1443. 


Li CHE CIDE. 


Le sers net pas le feul lézard qui, par la petiteffe 
de fes pattes à peine vifibles, & la grande diftance 
qui fépare celles de devant de celles de derrière , faffe 
la nuance entre les lézards & les ferpens; le Chalcide 
eft également remarquable par la brièveté & la po- 
fition de fes pattes, de même que par l’alongement 
de fon corps. M. Linné, & plufieurs autres Natura- 
lifles , ont regardé, ainfi que nous, le Chalcide comme 
différent du feps, & ils ont dit que ces deux lézards 
font diftingués l’un de l'autre, en ce que le feps a la 
queue verticillée, tandis que le Chalcide la ronde, & 
plus longue que le corps. Quelque fens qu’on attache 
à cette expreflion verticillée , elle ne peut jamais repré- 
{enter qu'un caractère vague & peu fenfble. D’un autre 
côté, il n'y a rien de fi variable que les longueurs des 
queues des lézards, & par conféquent toute diftinction 
{pécifique fondée + ces longueurs, doit être regardée 
comme nulle, à moins que leurs différences ne foient 
très-grandes. Nous avons penfé d’après cela que le 
lézard, appetlé Chalcide par M. Linné, pourroit bien 
nêtre qu'une variété du feps, dont Difiénrs individus 
Kkk ij 


4AA  Hrsrorrz NATuREtrE | 

ont la queue à-peu-près aufli longue que le corps. 
Nous l'avons penfé d'autant plus qu'il paroit que 
M. Linné n'a point vu le lézard qu’il nomme Chal- 
cide (a). Nous avons en conféquence examiné les 


divers paflages des Auteurs cités par M. Linné, rela- 


tivement à ce Quadrupède ovipare. Nous avons com- 
paré ce qu'ont écrit à ce fujet Aldrovande, Columna, 
Gronovius, Ray & Imperati : nous avons vu que tout 
ce que rapportent ces Auteurs, tant dans leurs def- 
criptions que dans la partie hiftorique, pouvoit s'ap- 
pliquer au véritable feps (b). Il paroït donc qu’on 
doit réduire à une feule efpèce les deux lézards connus 
fous le nom de feps & de Chalcide. Mais il y a, au 
Cabinet du Roi, un lézard qui refflemble au feps par 
l'alongement de fon corps, la petitefle de fes pattes, 
le nombre de fes doigts, & qui eft cependant d'une 


efpèce différente de celle du feps, ainfi que nous allons 


le prouver. Ce lézard n’a vraifemblablement été connu 
P € 


d'aucun des Naturaliftes modernes qui ont écrit fur le 


Chalcide : c'eft, en quelque forte , une efpèce nouvelle 


(a) L. Chalcides, 42. Linn. amphib. rept. | 

Le Chalcide. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. : 
_ (8) Aldrov. de Quadrup. digit. ovipar, Lib, I, fol, 638: 

‘Column. ecphr. 2, fol. 35, t. 36 
 Gronoy. Zooph. 43. 
Ray, Quadr. 272. 

Imperat, nat. 917. 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. A4 
que nous préfentons , & à laquelle nous appliquons cè 
nom de Chalcide, qui n’a été donné par M. Linné & 
les Naturaliftes modernes qu'à une variété du feps. 

Notre Chalcide, le feul que nous nommerons ainfi, 
diffère du feps par un caraétère qui doit empêcher de 
les confondre dans toutes les circonftances. Le deflus 
& le defflous du corps & de la queue font garnis dans 


Je feps de petites écailles, placées les unes fur les au- 


tres comme les ardoiïfes qui couvrent nos toits; tandis 
que, dans le Chalcide, les écailles forment des anneaux 
circulairés très-fenfibles, féparés les uns des autres par 
des efpèces de fillons, & qui revêtent non-feulement 
le corps, mais encore là queue. 

Le corps de l'individu confervé au Cabinet du Roi, 
a deux pouces fix lignes de longueur; il eft plus court 


_que la queue, & entouré de quarante-huit anneaux. 


La tête éft affez femblable à celle du feps, ainfi que 
nous l’avons dit, mais il n'y a aucune ouverture pour 
les oreilles, ce qui donne au Chalcide un rapport de 
plus avec. lé ferpens. Les pattes font encore plus 


courtes que celles du feps, én’ proportion de la lon- 


gueur du corps; elles n’ont qu'une ligne de longueur. 
Celles de devant font fituées très-près de la tête. 

Ce lézard n’a que trois doigts à chaque pied, ainf 
que le feps. Il eft d’une couleur fombre , qui peut-être 
eft l'effet de l’efprit-de-vin dans lequel il a été con- 
fervé, mais qui approche de la couleur de Pairain, que 


446 - Hrirsrorre NATURE£EzrzEz 


les Grecs ont défignée par le nom de Chaleis, (dérivé 
de zaauoc airain) lorfqu'ils ont appliqué ce nom À 
un lézard. 

_ Cet animal, qui doit Hébiee les contrées chaudes, 
a, par la MReserere de fes écailles & leur Fe 
Fr en anneaux, d'aflez grands rapports avec le 
ferpent orver, & les autres ferpens , que M, Linné a 
compris fous la dénomination générique d’anguis, Il en 
a auffi par-là avec plufeurs efpèces de vers, & fur- 
tout avec un reptile, dont nous donnons l’hiftoire à la 
fuite de celle des Quadrupèdes ovipares, & qui lie 
l'ordre de ces derniers avec celui des ferpens encore 
de plus près que le feps & le Chalcide. 

Mais fi les efpèces de lézards, dont nous traitons 
maintenant, préfentent , en quelque forte, une con- 
formation intermédiaire entre celle des Quadrupèdes 
ovipares, & celle des vrais reptiles, l’efpèce fuivante 
donne à ces mêmes Quadrupèdes ovipares de nouveaux 
rapports avec des animaux bien mieux organifés, & 
particulièrement avec l’ordre des oifeaux, par les ef- 
pèces d'ailes dont elle a été pourvue, 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. A4 


LÉZARDS 


Qui ont des membranes en | forme. r Mie | 


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A ce CE NOM de Dci: Von conçoit toujours une 
idée extraodinaire. La mémoire sg avec prompti= 
tude, tout ce qu'on a lu, tout ce qu'on a oui dire 
fur ce monftre fameux ; li nigination s’'enflamme par 


(2) Le Dragon. M. d Hibentb, Encyclopédie méthodique. 
© Draco volans, 7. Linn. amphib. rept. 
® Bont. jav. Lib. V, Cap. 1, fol. 9. Lacertus volans feu Hrhcénéalos 
indica. The flying indian lixard. 
: Ray, Synopfis Quadrupedum, fol. 275. Lacerta volans, 
. Brad. nat. t..9, f. 4. Lacerta volans. 
_ Grim. Lacerta volans. ” 
Séba 1, tab. 86, fig. 3. + 
: Draco major , 76 Laurenti fpecimen medium: 


448 Hrsrorre NAarurrt1E 

le fouvenir des grandes images qu'il a préfentées au 
génie poëtique : une forte de frayeur faifit les cœurs 
timides; & la curiofité sempare de tous les efprits. 
Les Anciens, les Modernes ont tous parle du Dragon. 
Confacré par la religion des premiers Peuples, devenu 
l'objet de leur mythologie, miniftre des volontés des 


Dieux, gardien de leurs tréfors, fervant leur amour &. 


leur haine, foumis au pouvoir je enchanteurs , vaincu 
par les demi-Dieux des tems antiques, entrant même 


dans les allésories facrées du plus faint des recueils & 


il a été chanté par les premiers Poëtes, & repréfenté 
avec toutes les couleurs qui pouvoient en embellir 
l'image : principal ornement des fables pieufes, ima- 
ginées dans des tems plus récens, dompté par les 
héros, & même par les jeunes héroïnes, qui com- 
battoient pour une loi divine; adopté par une feconde 
mythologie, qui plaça les fées fur le trône des an- 
ciennes enchanterefies; devenu l’emblème des actions 
éclatantes des vaillans Chevaliers, il a vivifié la Poëñe 
moderne , ainfi qu'il avoit animé l’ancienne : proclamé 
par la voix févère de l'Hiftoire, Feu décrit, par- 


tout célébré, par-tout redouté , montré fous toutes les . 


formes , toujours revêtu de la plus grande puiflance, 
inaolant fes victimes par fon regard, fe tranfportant 
au milieu des nuées, avec la rapidité de l'éclair, frap- 
pant comme la foudre, diflipant l'obfcurité des nuits 


par l'éclat de fes yeux étincelans , réuniflant l’agilité 
| de l'aigle, 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 449 


de l'aigle, la force du lion, la grandeur du ferpent (6), 
préfentant même quelquefois une figure humaine, doué 
d'une intelligence prefque divine, & adoré de nos jours 
dans de grands empires de lorient, le Dragon a été 
tout, & s'eft trouvé par-tout, hors dans la Nature. Il 
vivra cependant toujours, cet être fabuleux, dans les 
heureux produits d'une imagination féconde. Il em- 
bellira long-tems les images hardies d’une Poëfe en- 
chanterefle : le récit de fa puiflance merveilleufe char- 
mera les loïfirs de ceux qui ont befoin d’être quelque- 
fois tranfportés au milieu des chimères, & qui defirent 
de voir la vérité parée des ornemens d’un fiction 
agréable : mais à la place de cet être fantaftique, que 
trouvons-nous dans la réalité? Un animal, auf petit 
que foible, un lézard innocent & tranquille, un des 
moins armés de tous les Quadrupèdes ovipares, & qui, 
par une conformation particulière, a la facilité de fe 
tranfporter avec agilité, & de voltiger de branche en 
branche dans les forêts qu’il habite. Les efpèces d’ailes 
dont il a été pourvu, fon corps de lézard, & tous fes 
rapports avec les ferpens, ont fait trouver quelque 
forte de reflemblance éloignée entre ce petit animal 
& le monftre imaginaire dont nous avons parlé, & 
lui ont fait donner le nom de Dragon par les Natu- 
raliftes. . 
(2) Hy à des ferpens qui ont plus de quarante picds de long. 
Ovipares , Tome IL. LI11 


450 Hisrorre NATUREILE 
Ces ailes font compofées de fix efpèces de rayons 
cartilagineux , fitués horizontalement de chaque côté 
de lépine du dos, & auprès des jambes de devant. Ces 
rayons font écaibés en arrière ; ils foutiennent une 
membrane, qui s'étend le long du rayon le plus an- 
térieur jufqu'à fon extrémité, & va enfuite fe ratta- 
cher, en sarrondiflant un peu, auprès des jambes de 
derrière. Chaque aile repréfente ainfi un triangle, dont 
la bafe s'appuie fur lépine du dos; du fommet d'un 
triangle à celui de l’autre, il y a à-peu-près la même 
diffance que des pattes de devant à celles de derrière. 
La membrane qui recouvre les rayons eft garnie d'é- 
cailles , ainfi que le corps du lézard, que l'on ne peut 
bien voir qu’en regardant au--deflous des ailes , & dont 
on ne diftingue par-deflus que la partie la plus élevée: 
du dos. Ces ailes font conformées comme les nageoires 
des poiflons, fur-tout comme celles dont les poiffons 
volans fe fervent pour fe foutenir en l'air. Elles ne 
reflemblent pas aux ailes dont les chauves-fouris font 
ane & qui font compofées d'une membrane pla- 
cée entre les doigts très-longs de leurs pieds de devant; 


elles diffèrent encore plus de celles des oifeaux formées 


de membres, que l’on a appellés leurs bras : elles ont 
plus de rapport avec les membranes qui s ’étendent des 


\ 


jambes de devant à celles de derrière dans le pola- 


touche & dans le taguan, & qui leur fervent à vol 


tiger. Voilà donc le Dragon, qui placé, comme tous 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. ASI 
les lézards, entre les poiffons & les Quadrupèdes vivi- 
pares, fe rapproche des uns par fes rapports avec les 
poiflons volans, & des autres, par fes reflemblances 
avec les polatouches & les écureuils, dont il eft l’ana- 
logue dans fon ordre. 

Le Dragon eft auffi remarquable, par trois efpèces 
de poches alongées & pointues, qui garniflent le deffous 
de fa gorge, & qu'il peut enfler à volonté pour aug- 
menter fon volume, fe rendre plus léger, & voler 
plus facilement. C’eft ainfi qu'il peut un peu compenfer 
 linfériorité de fes ailes, relativement à celles des 
oïfeaux , & la facilité avec laquelle ces derniers, 
Zorfqu’ils veulent s’alléger , font parvenir l'air de leurs 
poumons dans diverfes parties de leur corps. 

Si l’on ôtoit au Dragon fes ailes & les efpèces de 
poches qu'il porte fous fon gofier, il feroit très-femblable 
à la plupart des lézards. Sa gueule eft très-ouverte, & 
garnie de dents nombreufes & aiguës. Il a fur le dos 
trois rangées longitudinales de tubercules, plus ou moins 
faillans, dont le nombre varie fuivant les individus. 
Les deux rangées extérieures forment une ligne courbe, 
dont la convexité eft en-dehors. Les jambes font affez 
longues; les doigts, au nombre de cinq à chaque pied, 
font longs, féparés, & garnis d'ongles crochus. La queue 
eft ordinairement très-déliée, deux fois plus longue que 
le corps, & couverte d’écailles un peu relevées en 

carène. La longueur totale du Dragon n'excède guère 
LI ÿ 


452 HirsTorre NarTurEertzs= 


un pied. Le plus grand des individus de cette efpèce 
confervés au Cabinet du Roi, a huit pouces deux lignes 
de long, depuis le bout du mufeau jufqu'à l'extrémité 
de la queue , qui eft longue de quatre pouces dix 
lignes. 

Bien différent du Dragon ‘de la fable, il paffe inno- 
cemment fa vie fur les arbres, où il vole de branche 
en branche, cherchant les fourmis, les mouches, les 
papillons, & les autres infectes dont il fait fa nourri- 
ture. Lorfqu’il s’'élance d’un arbre à un autre, il frappe 


l'air avec fes ailes, de manière à produire un bruit 


affez fenfible, & il franchit quelquefois un efpace de 
trente pas. Il habite en Afie (c), en Afrique & en 
Amérique ; il peut varier, fuivant les différens climats, 


par la teinte de fes écailles ; mais il préfente fouvent 


{c) « Dans une petite Ifle voifine de celle de Java, la Barbinais vit 


+5 des lézards qui voloient d'arbres en arbres, comme des cigales. Il en. 


sstua un, dont les couleurs lui causèrent de l'étonnement par leur 


‘ssvarièté. Cet animal étoit long d’un pied ; il avoit quatre pattes comme 
sles lézards ordinaires, Sa tête étoit plate; & , f£ bien percée au milieu, 
wgwon y auroit pu palfér une aiguille fans le bleffer. Ses.ailes étoient 
ssfort déliées & refflembloient à celles du poiflon volant. Il avoit, autour 


»du cou , une efpèce de fraife femblable à celle que les coqs ont au- 


 mdeflous du gofer. On prit quelques foins pour conférver un animal 
auf rare; mais la chaleur le corrompit avant la fin du jour. »» Voyage: 
de la Barbinais le Gentil, autour du monde. Hifloire générale des. 


Voyages , tome 44, in-te, 


21 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A53 
un agréable mélange de couleurs noire , brune, pref- 
que blanche ou légèrement bleuâtre , formant des 
taches ou des raies. | | | 

Quoiqu'il ait les doigts très-féparés les uns des autres, 
il n’eft point réduit à habiter la terre sèche & le fom- 


* met des arbres; fes poches qu'il développe & fes ailes 


qu'il étend, replie & contourne à volonté, lui fervent 
non-feulement pour s’élancer avec vitefle, mais.encore 
pour nager avec facilité. Les membranes qui com- 
pofent fes ailes, peuvent lui tenir lieu de nageoires 
puiffantes ; parce qu’elles font fort grandes à propor- 


tion. de fon corps ; & les poches qu'il a fous la gorge 


doivent , lorfqu’elles: font gonflées, le rendre plus léger 


que l’eau. Cet animal privilégié a donc reçu tout ce 

qui peut être néceflaire pour grimper fur les arbres, 
pour marcher avec facilité, pour voler avec vitefle, 
pour nager avec force : la terre, les forêts, l'air, les 
eaux lui appartiennent également ; fa petite proie ne 


peut lui échapper ; d’ailleurs aucun afile ne lui ef 


fermé ; aucun abri ne lui eft interdit; s'il eft pour- 
fuivi fur la terre, il s'enfuit au haut des branches, 


ou fe réfugie au fond des rivières ; il jouit donc d'un 


fort tranquille & d'une deftinée heureufe , car il peut 


encore, en s'élevant dans L'air, échapper aux ani- 
maux que l’eau narrête pas. 

M. Linné a compté deux efpèces de lézards volans. 
a placé, dans la première, ceux de l’ancien monde, 


454 Hirsrorre NATURELrE 


dont les ailes ne tiennent pas aux pattes de devant, 
& dans la feconde, ceux d'Amérique dont les ailes y 
{ont attachées (d). Cette différence ne nous paroît pas 
fuffire pour conftituer une efpèce diftinéte ; d’ailleurs 
ce n’eft que fur l'autorité de Séba (e) dont les figures 
ne font pas toujours exactes, que M. Linné a admis 
lexiftence de lézards volans, dont les jambes de devant 
fervent de premier rayon aux ailes ; il n’en a jamais 


vu ainfi conformés; nous n'en avons jamais vu non 
plus ; & nous mavons rien trouvé qui y eût rapport, 
dans aucun Auteur, excepté Séba. Nous croyons donc 
ne devoir admettre qu'une efpèce dans les lézards 
volans, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations nous 
obligent à en reconnoître deux (f). 


(d) Draco præpos, Linn. amphib. rept. 

Draco minor , 77. Laurenti fpecimen medicum, 
(e) Séba 1, tab. 102, fig. 2. 

(f) M. d'Aubenton n'a compté, comme nous , qu'une efpèce de 


Hzard volant. Hifloire naturelle des Quadrupèdes ovipares ; Encycla- 
pédie méthodique, | R 


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grandeur de. deux tirs de Mature ?. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, AS5 


LÉZARDS 


Qui ont trois ou quatre doigts aux pieds de bee 
© @ quatre ou cing aux pieds de derrière. 


LA SALAMANDRE 
TERRESTRE (a) 


ID SEMBLE que plus les objets de la curiofité de 


À 


l’homme font éloignés de lui, & plus il fe plaît à 
leur attribuer des qualités merveilleufes, ou du moins 


(a) En grec, Zarauaydiée, 
En latin, Salamandra. … 
En E/pagne, Salamanguefa & Salamantegua, 
Samabras où Saambras par les Arabes. 
Dans plufieurs Provinces de France , le Sourd, 
Dans le Languedoc 6 La ages ; Blande, 
En Dauphiné , Pkivine, 
Dans le Lyonnois, Laverne, 
En Bourgogne, Suifle, 


456 HirsToirrEe NATURELLE 

à fuppofer à des degrés trop élevés, celles dont ces 
êtres, rarement bien connus, Jouiflent réellement. 
L'imagination a befoin, pour ainfi dire, d'être de 
tems-en-tems , fecouée par des merveilles ; l’homme 
veut exercer fa croyance dans toute fa plénitude ; 
il lui femble qu’il n'en jouit pas d'une manière aflez 
libre , quand il la foumet aux loix de la raïfon: ce 
n’eft que par-les excès qu'il croit en ufer; & il ne 
sen regarde comme véritablement le maître, que 
lorfqu'il la refufe capricieufement à la réalité, ou 
qu'il l'accorde aux êtres les plus chimériques. Mais 


Dans Le Poitou, Mirtil. 
Dans plufieurs autres Provinces de France , Alebrenne où Arraffade. 
En Normandie, Mouron. 
En Flandres , Salemander. 
. En quelques endroits d'Allemagne, Punter-Maal. 
Le Sourd. M. d *Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
- Lacerta Salamandra, 47. Linn. amphibia rept. 
Ray , Synopfis Quadrupedum , folio 273. Salamandra terrefis 
Matthi. diofcor. 274, f. 274. Salamandra. 
Aldroy. quadr. 641. Salamandra terreftris, 
Jonff. Quadrup., t. 77, fol. 10. 
Imperat. nat. 918. 
Olear. mus. 1. 8, fig. 4 
Wurfbainius. Salamandrologia, Norib. 1683. 
Salamandra. Conrad Gefner , de Quadrup. ovip. 
Salamandra maculofa , 4. Laurenti fpecimen medicum: 
Séba, 2. tab. 12, fig. 5: 


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DES QuarruPènrs OVIPARES, 457 


il ne peut exercer cet empire de fa fantaifie, que 
Jorfque la lumière de la vérité ne tombe que de loin 
fur les objets de cette croyance arbitraire ; que lorfque 
_l'efpace, le tems ou leur nature les LE panenit de nous; 
& voilà pourquoi, parmi tous les ordres d'animaux, 
il nen eft peut-être aucun qui ait donné lieu à tant 
de fables que celui des lézards. Nous avons déjà vu 
des propriétés aufli abfurdes qu'imaginaires accordées 
à plufieurs efpèces de ces Quadrupèdes ovipares ; mais 
nous voici maintenant à l'hiftoire d’un lézard pour 
lequel l'imagination humaine s’eft furpañlée ; on lui a 
attribué la plus merveilleufe de toutes les propriétés. 
Tandis que les corps les plus durs ne peuvent échapper 
à la force de l'élément du feu, on a voulu qu'un 
petit lézard non - feulement ne fût pas confumé par 
les flammes, mais parvint même à les éteindre. Et 
comme les fables agréables s’'accréditent aifément, l’on 
s'eft empreflé d'accueillir celle d’un petit animal fi 
privilégié, fi fupérieur à l’agent le plus adtif de la 
Nature, & qui devoit fournir tant d'objets de com- 
paraifon à la poéfie, tant d'emblêmes galans à l’amour, 
tant de brillantes devifes à la valeur. Les Anciens ont 
cru à cette propriété de la Salamandre; defirant que 
fon origine fût auffi furprenante que fa puiflance, & 
voulant réalifer les fictions ingénieufes des poëtes, ils 
ent écrit qu'elle devoit fon exiftence au plus pur des 
élémens, qui ne pouvoit la confumer, & ils l'ont 
Ovipares, Tome I, M m m 


450 HisrTorre NATURE:r=» 


dite fille du feu (&), en lui donnant cependant un 
corps de glace. Les modernes ont adopté les fables 
ridicules des anciens ; &, comme on ne peut jamais 
sarrêter quand on a dépañlé les bornes de la vrai- 


femblance, on eft allé jufquà penfer que le feu le 


plus violent pouvoit être éteint par la Salamandre 
terreftre. Des charlatans vendoient ce petit lézard, 
qui, jeté dans le plus grand incendie, devoit, difoient- 
ils , en arrêter les progrès. Il a fallu que des phyficiens, 
que des philofophes priffent la peine de prouver par 
le fait ce que la raïfon feule auroit dû démontrer ; 
& ce n’eft que lorfque les lumières de la fcience ont 
été très-répandues, qu'on a cefñlé de croire à la pro- 
priété de la Salamandre. 

Ce lézard, qui fe trouve dans tant de pays de l’ancien 
monde , & même à de très-hautes latitudes ( c) , a 
été cependant très-peu obfervé, parce qu'on le voit 
rarement hors de fon trou, & parce qu'il a, pendant 
long-tems, infpiré une aflez grande frayeur: Ariftote 
même ne paroît en parler que comme d’un animal 
qu'il ne connoifloit prefque point. 


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_ (8) Conrad Gefñer ; de Quadrupedibus oviparis. De Salamandra 3 
fol. 79. | . 
(c)» Auffi trouvames au rivage du Pont des Salamandres que nous 
#2»nommons Sourds , Pluvines , Mirtils , font quañ communs en tous 
lieux. » Bélon, ouvrage déja cité > Livre IIT, Chapitre zr, page a104 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. A50 

Il eft aifé à diftinguer de tous ceux dont nous nous 
fommes occupés , par la conformation particulière de 
fes pieds de devant, où il n’a que quatre doigts, tandis 
qu'il en a cinq à ceux de derrière. Un des plus grands 


individus de cette efpèce, confervés au Cabinet du 
Roi, a fept pouces cinq lignes de longueur, depuis 


le bout du mufeau jufqu'à l'origine de la queue, qui 
eft longue de trois pouces huit lignes. La peau n’eft 
revêtue d'aucune écaille fenfble ; mais elle eft garnie 
d'une grande quantité de mamelons, & percée d’un 
grand nombre de petits trous, dont plufeurs font très- 
fenfibles à la vue fimple, & par lefquels découle une 
forte de lait, qui fe répand ordinairement de manière 
à former un vernis tranfparent au-deflus de la peau 
naturellement sèche de ce Quadrupède ovipare. 

Les yeux de la Salamandre font placés à la partie 
fupérieure de la tête, qui eft un peu aplatie; leur 
orbite eft faillante dans l’intérieur du palais, & elle y 
eft prefque entourée d'un rang de très-petites dents, 
femblables à celles qui garniffent les mâchoires (d).Ces 
dents établiffent un nouveau rapport entreles lézards & 
les poiflons dont plufieurs efpèces ont de même plu- 
fieurs dents placées dans le fond de la gueule. 

La couleur de ce lézard eft très-foncée ; elle prend 


(d) Mémoires pour férvir à l'Hifloire des animaux , article de la 
Salamandre. 


M m m ji; 


460 HisTorrEe NATUREILIE 


une teinte bleuâtre fur le ventre, & préfente des 
taches jaunes affez grandes, irrégulières, & qui s’éten- 
dent fur tout le corps, même fur les pieds & fur les 
paupières. Quelques-unes de ces taches font parfemées 
de petits points noirs, & celles qui font fur le dos, 
fe touchent fouvent fans interruption, & forment deux 
longues bandes jaunes. La figure de ces taches a fait 
donner le nom de Séellion à la Salamandre, ainf qu’au 
lézard vert, au véritable ftellion, & au geckotte. Au 
refte , la couleur des Salamandres terreftres doit être 
fujette à varier, & il paroît qu'on en trouve dans 
les bois humides d'Allemagne , qui font toutes noires 
par-deflus , & jaunes pardeflous (e ). C'eft à cette 
variété qu'il faut rapporter, ce me femble, la Sa- 
lamandre noire que M. Laurenti a trouvée dans les 
Alpes , qu'il a regardée comme une efpèce diftinéte, 
& qui me paroît trop reflembler par fa forme à la 
Salamandre ordinaire pour en être féparée (f). | 

La queue prefque cylindrique paroit divifée en 
anneaux par des renflemens d'une fubftance très- 
molle. | 

La Salamandre terreftre n’a point de côtes, non 
plus que les grenouilles, auxquelles elle reffemble d'ail 
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(e) Matthiole. 

(f) Salamandra atra, Laurenti fpecimen medicum. Vienne , 2768 3 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AG 


leurs par la forme générale de la partie antérieure 
du corps. Lorfqu’on la touche, elle fe couvre prompte- 
ment de cette efpèce d’enduit dont nous avons parlé ; 
& elle peut également faire pañler très-rapidement 
fa peau de cet état humide à celui de fécherefle. Le 
lait qui fort par les petits trous que l’on voit fur fa 
furface, eft très-âcre; lorfqu’on en a mis fur la langue, 
“on croit fentir une forte de cicatrice à l'endroit où il 
a touché. Ce lait, qui eft regardé comme un excellent 
dépilatoire (g),reflemble un peu à celui qui découle des 
plantes appellées tithimales & des eupherbes. Quand 
on écrafe , ou feulement quand on prefle la Sala- 
_mandre, elle répand d’ailleurs une mauvaife odeur qui 
lui eft particulière. | | | 
Les Salamandres terreftres aiment les lieux humides 
& froids, les ombres épaïfles, les bois touffus des hautes 
montagnes , les bords des fontaines qui coulent dans 
les prés; elles fe retirent quelquefois en grand nombre 
dans les creux des arbres, dans les haies, au-deffous 
des vieilles fouches pourries ; & elles pañfent l'hiver 
des contrées trop élevées en latitude , dans des efpèces 
de terriers où on les trouve raffemblées, & entortillées 
plufeurs enfemble (k). : 


(g) Gefñer, de Quadrupedibus oviparis , de Salamandra , page 79. 
(h) Idem, ibid, 


462 Hrsrorre NATURELILF 


La Salamandre étant dépourvue d'ongles, n'ayant 
que quatre doigts aux pieds de devant , & aucun avantage 
de conformation ne remplaçant ce qui lui manque, 
fes mœurs doivent être & font en effet très- différentes 
de celles de la plupart des lézards: elle eft très-lente 
dans fa marche; bien loin de pouvoir grimper avec 
vitefle fur les arbres, elle paroït le plus fouvent fe 
traîner avec peine à la furface de la terre. Elle ne 
s'éloigne que peu des abris qu'elle a choïfis. Elle pañfe 
fa vie fous teire, fouvent aux pieds des vieilles mu 
railles ; pendant l'été, elle craint l’ardeur du foleil , qui 
la deffécheroit; & ce n’eft ordinairement que lorfque la 
pluie eft prête àtomber, qu'elle fort de fon afyle fecret , 
comme par une forte de befoin de fe baigner & de 
simbiber d’un élément qui lui eft analogue. Peut-être 
aufli trouve-t-elle alors avec plus de facilité les in- 
fectes dont elle fe nourrit, Elle vit de mouches, de 
fcarabées, de limaçons & de vers de terre. Lorfqu'elle 
eft en repos, elle fe replie fouvent fur elle - même 
comme les ferpens (4). Elle peut refter quelque tems 


dans l'eau fans y périr; elle sy dépouille d'une pelli- 


cule mince d'un cendré verdâtre. On a même confervé 

des Salamandres pendant plus de fix mois dans de 

l’eau de puits; on ne leur donnoit aucune nourriture; 

on avoit feulement le foin de changer fouvent l’eau. 
(ë) Laurenti Jpecimen medicum, page 153: 


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7 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. - yé 


On obferve que toutes les fois qu’on plonge une 
Salamandre terreftre dans l’eau, elle s'efforce d'élever 
fes narines au-deflus de la Gien. comme fi elle 
cherchoit l'air de l’atmofpère, ce qui eft une nouvelle 
preuve du befoin qu'ont tous les Quadrupèdes ovipares 
de refpirer pendant tout le tems où ils ne font point 
engourdis (£). La Salamandre terreftre n’a point 
d'oreilles apparentes; & en ceci elle reflemble aux 
_ferpens. On a prétendu qu’elle n’entendoit point; & 
c'eft ce qui lui a fait donner le nom de Sourd dans 
certaines Proviiees de France: on pourroit le préfumer, 
pres sn on ne lui a jamais entendu jeter aucun cri, 
& qu'en général le filence eft lié avec la furdité. 

Axa c peut-être un fens de moins, & privée 
de la faculté de communiquer fes fenfations aux ani- 
maux de fon efpèce, même par des fons imparfaits, 
elle doit être réduite à un bien moindre degré d’inftin& ; 
auf eft-elle ftupide, & non pas courageufe, comme 
on l’a écrit; elle ne brave pas le danger, ainfi qu’on 
l'a prétendu, mais elle ne l’apperçoit point ; quelques 
geftes qu'on fafle pour l’effrayer , elle savance toujours 
fans fe détourner de fa route ; cependant, comme 
aucun animal n’eft privé du fentiment néceflaire à fa 
confervation, elle comprime , dit-on, rapidement 
fa peau lorfqu’on la tourmente , & fait reJaillir contre 


(4) Voyez le Difcours fur la nature des Quadrupèdes ovipares. 


AGA Hrsrorre NarTursrze 

ceux qui lattaquent le lait âcre que cette peau rez 
couvre. Si on la frappe , elle commence par dreffer 
fa queue ; elle devient enfuite immobile, comme fi 
elle étoit faifie par une forte de paralyfe; car il ne 
faut pas, avec quelques Naturaliftes , attribuer à un 
animal fi dénué d’inftinét, aflez de finefle & de rufe 
pour contrefaire la morte, ainfi qu'ils l'ont écrit. Au 
refte, il eft difficile de la tuer; elle eft très-vivace; 
mais trempée dans du vinaigre, ou entourée de fel 


en poudre, elle périt bientôt dans des convulfions à 


ainfi que plufeurs autres lézards & les vers. 
I femble que lon ne peut accorder à un être une 
qualité chimérique, fans lui refufer eng 


une propriété réelle. On a regardé la fr oidé Salamandre 


comme un animal doué du pouvoir miraculeux de 


réfifter aux flammes, & même de les éteindre; mais 


en même-tems on l’a rabaiflée autant qu'on l'avoit 
élevée par ce privilège unique. On en a fait le plus 
funefte des animaux ; les Anciens, & même Pline 
l’ont dévouée à une forte d'anathème, en la confidé- 
rant comme celui dont le poifon étoit le plus dan= 
sereux (L). Ils ont écrit qu'en infeclant de fon venin 

prefque tous les végétaux d'une vaîfte contrée, elle 
pouvoit donner la mort à des nations entières. Les 


Modernes ont aufhi cru pendant long-tems au poifon 


{£) Plne, Livre XXIX , Chap. 1r, | 
| de la Salamandre; 


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DES QuADRUPÈDES OPIPARES. 465 
de la Salamandre ; on à dit que fa morfure étoit 
mortelle , comme celle de la vipère ("”) : on a cher- 
ché & prefcrit des remèdes contre fon venin; mais 
enfin on a eu recours aux obfervations par lefquelles 
on auroit dû commencer, Le fameux Bacon avoit 
voulu engager les Phyficiens à saflurer de l’exiftence 
du venin de la Salamandre ; Gefner prouva par l'ex- 
périence qu'elle ne mordoit point, de quelque manière 
qu'on cherchât à lirriter; & Wurfbainus fit voir qu'on 
pouvoit impunément la toucher, ainf que boire de 
de l’eau des fontaines qu'elle habite. M. de Mauper- 
tuis s’eft aufli occupé de ce lézard (n): en recher- 
chant ce. que pouvoit être fon prétendu poifon, 
il a démontré, par l'expérience, l’action des flammes 


fur la Salamandre , comme fur les autres animaux. 


Il a remarqué qu'à peine elle eft fur le feu, qu’elle 


paroït couverte de gouttes de fon lait, qui raréfé par 


la chaleur, s'échappe par tous les pores de la peau, 
{ort en plus grande quantité fur la tête, ainf que fur 
les mamelons, & fe durcit fur-le-champ. Mais on n’a 
certainement pas befoin de dire que çe lait n’eft jamais 
aflez abondant pour éteindre le moindre feu. 

M. de Maupertuis, dans le cours de fes expériences, 


(m) Matthiole, Liv. VI, Chap. 17. 


{n) Mémoires de L'Académie des Sciences, année 1727. 


Ovipares, Tome I, Nnn 


F 


466 Hrsrorre NATURE1:LIE 
jrrita envain plufieurs Salamandres ; jamais aucune 
n'ouvrit la bouche; il fallut la leur ouvrir par force, 

Comme les dents de ces lézards font très-petites, on 


-eut beaucoup de peine à trouver un animal dont la peau 


fût affez fine pour être entamée par ces dents. Il eflaya 


inutilêment de les faire pénétrer dans la chair d’un 


poulet déplumé ; il prefla envain les dents contre la 
peau; elles fe dérangèrent plutôt que de l’entamer; 
il parvint enfin à faire mordre par une Salamandre 
la cuifle d'un poulet dont il avoit enlevé la peau. 
Il fit mordre aufli par des Salamandres , récemment 
prifes , la langue & les lèvres d’un chien, aïnfi que 
la langue d’un coq d'Inde: aucun de ces animaux 
n'éprouva le moindre accident. M. de Maupertuis fit 
avaler enfuite des Salamandres entières ou coupées 
par morceaux à un coq d'Inde & à un chien, qui 
ne parurent pas en foufirir. 

M. Laurenti a fait depuis des expériences dans les 
mêmes vues; il a forcé des lézards gris à mordre des 
Salamandres, & il leur en a fait avaler du lait : les 
lézards font morts trés-promptement (0). Le lait de la 
Salamandre prisintérieurement pourroit donc être funefte 
& même mortel à certains animaux, fur-tout aux plus 
petits, mais il ne paroît pas nuifible aux grands animaux. 
: (o) Jofeph Nicoï, Laurenti fpecimen medicum. Vienne, 1768; 
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On a cru pendant long-tems que les Salamandres 
n'avoient point de fexe, & que chaque individu étoit 
ea état d’engendrer feul fon femblable » Comme dans 
pluñeurs efpèces de vers (p). Ce n’eft pas la fable 
la. plus abfurde qu’on ait imaginée au fujet des Sa- 
Jaandres; mais fi la manière dont elles viennent à 
la lumière n'eft pas aufli merveilleufe qu'on l’a écrit, 
elle eft remarquable en ce qu’elle difére de celle 
dont naïflent prefque tous les autres lézards, & en 
ce qu'elle eft analogue À celles dont voient le jour 
les feps où chalcides, ainfi que les vipères & plufeurs 
efpèces de ferpens. La Salamandre mérite par - là 
l'attention des Naturaliftes ; bien plus que par la fauffe 
& brillante réputation dont elle a joui fi long-tems, 
M. de Maupertuis ayant ouvert quelques Salamandres, 
_ÿ trouva des œufs, & en méme -tems des petits tout 
formés; les œufs étoient divifés en deux grappes alon= 
gées; & les petits étoient renfermés dans deux efpèces 
de tuyaux tranfparens ; ils étoient aufli bien conformés, 
_ & bien plus agiles que les Salamandres adultes. La 
Salamandre met donc bas des petits venus d'un œuf 
_éclos dans fon ventre, ainfi que ceux des vipères (( qg). 


(p) Georg. Agricola. | 
Conrad Géfñer, de Quadrup. ovip., de Salamandré. 


(g) Ray, finophis Quadrupedum , page 274. 
Nana i 


168 Hrsrorre NATURELrE 

Mais d’ailleurs on a écrit qu’elle pond , comme les Sa- 

lamandres aquatiques, des œufs élyptiques , d'où fortent 

de petites Salamandres fous la forme de #erard (r). 

Nous avons fouvent vérifié le premier fait, qui d'ail- 
leurs eft bien connu depuis long-tems fs) ; mais nous 


wavons pas été à même de vérifier le fecond. Il feroit 


intéreflant de conftater que le même Quadrupède se 
duit fes petits, en quelque forte, de deux manières 
différentes; qu'il y a des œufs que la mère pond, & 


d'autres dont le fœtus fort dans le ventre de la Sa- 


lamandre , pour demeurer enfuite renfermé avec 
plufieurs autres fœtus dans une une dé membrane 
tranfparente, jufqu’au moment où il vient à la lumière. 
Si cela étoit, on devroit difléquer des Salamandres à 
différentes époques très-rapprochées , depuis le moment 
où elles saccouplent, jufqu'à celui où elles mettent 
bas leurs petits; l’on fuivroit avec foin Paccroiflement 
fucceflif de ces petits venus à la lumière ‘tout formés ; 


on le compareroïit avec le développement de ceux 
qui {ortiroient de Vœuf hors du ventre de leur 


mère , &c. Quoi qu il en foit, la Salamandre femelle 
met bas des petits tous formés, & fa fécondité eft très- 
grande: les Naturaliftes ont écrit depuis long - tems 


(r) Wurfhainus & Impérati. 
{s) Eonrad Gefher, de Quad, ovip., de Salamandré, page 79° 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 400 


qu'elle faifoit quarante ou cinquante petits (+): & 
M. de Maupertuis à trouvé quarante - deux petites 
Salamandres dans le corps d’une femelle, & cinquante- 
quatre dans une autre | 

Les petites Salamandres font fouvent d’une cou 
leur noire, prefque fans taches, qu'elles confervent 
quelquefois pendant toute leur vie, dans certaines 
contrées où on les a prifes alors pour une elpèce par- 
ticulière , ainfi que nous l'avons dit. — 

M. Thunberg a donné, dans les mémoires de l’Aca- 
démie de Suède (4), la defcription d’un lézard qu'il 
nomme lézard du Tapon, & qui ne paroît différer de 
notre Salamandre terreftre que par l’arrangement de 
fes couleurs. Cet animal eft prefque noir, avec plu- 
fieurs taches blanchâtres & irrégulières, tant au - deflus 
du corps, qu'au-deflus des pattes. Le dos préfente une 
bande d’un blanc fâle, divifée en deux vers la tête , 
& qui s'étend enfuite irrégulièrement & en fe rétré- 
ciflant jufqu'à l’extrémyté de là queue. Cette bande 
blanchätre eft femée de très-petits points, ce qui forme 
un des caractères diftinétifs de notre Salamandre ter- 
reftre. Nous croyons donc devoir confidérer le lézard 
du Japon décrit par M. Thunberg, comme une variété 
conftante de notre Salamandre terreftre, dont l’efpèce 
Re se 
(4) Gefñer, de Quadrup. ovip., de Salamandrä , page 79. 

(u) Mémoires de l'Académie de Siockolm , trimeflre d'Avril, 2787. 


479 Hrsrorre Narurezrre , | 
aura pu être modifiée par le climat du Japon: c’eft 
dans la plus grande Ifle de cet empire nommée Niphon, 
que J'on trouve cette variété; elle y habite dans les 
montagnes & dans les endroits pierreux, ce qui in. 
dique que fes habitudes font femblables à celles de 
la Salamandre terreftre, & confirme notre conjecture 
au fujet de l'identité d’efpèce de ces deux animaux... 
Les Japonois lui attribuent les mêmes propriétés dons 
on a cru pendant long -tems que le fcinque étoit doué, 
ainfi qu'on les a attribuées en Europe À la Salamandre à 
queue plate; ils la regardent comme un puifant 
ftimulant & un remède très-adtif ; auffi trouve-t-on 
aux environs de fédo un grand nombre de ces Sala 
mandres de Japon, féchées & fufpendues aux planchers 
des boutiques. | 


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LA SALAMANDRE À QUEUE PLATE. 27. »a. 2. femelle. 


grandeur de /adure: 


“wss QvADRUPÈDES OVIPARES. A7Y 


> 
LA SALAMANDRE 
A QUEUE PLATE (c), 


Cr LÉZARD, ainfi que la Salamandre terreftre, 
peut vivre également fur la terre & dans l’eau : mais 


(a) En grec, =aie@- eve Gr. 

En vieux François , Taflot, 

En Italien, Marafandola. 

"En Eceffle, Ask. 

Sie à queue plate. M dAubenton, Encyclopédie ne 

Eacerta paluftris, 44. Linn. amphib. rept. 

Ray, Synopfis Quadrupedum, page 273. Salamandra aquatiqua, the 
water eft. 

Lacertus aquaticus. Conrad Cefier, de Quadrup. ovip. 

0 Séba, mus. 1. planche 14, fig. 2, le male, © fig. 3, la femelle: 

Lézards amphibies d'Afrique, id. , tab. 89, fig 4 © 5, volume 2, 
planche 12, fig. 7- 

Gronovius , mus &, page 77 , N° 51. 

Triton criflatus, Laurenti fpecimen medicum: 

{L'animal que Bélon a appellé cordule, eft la Salamandre à queue 
plate, un peu défigurée : Gefner lui-même lavoit reconnu ). Conrad 
Gefñer, de Quadr., Appendix , page 26. 

Lacerta aquatica. Scotia illuffrata » Edimburget ; 1684. 

Lacerta aquatica. Wulf, Ichthiologia cum amphibiis regni Boruffich 


472 Hisrorre NaArTur£EttE 


il préfère ce dernier élément pour fon habitation, au 
lieu qu'on rencontre prefque toujours la Salamandre 
terreftre dans des trous de murailles, ou dans de petites 
cavités fouterraines ; & de-là vient qu'on a donné à 
la Salamandre à queue plate, le nom de Salamandre 
aquatique , & que M. Linné la appellée /ézard des 


x 


marais. Elle reflemble à la Salamandre dont nous 


venons de parler, en ce qu'elle a le corps dépourvu 


d'écailles fenfibles, ainfi que les doigts dégarnis d'on- 
gles, & qu'on ne compte que quatre doigts à fes pieds 
de devant : mais elle en difiére fur-tout par la forme 
de fa queue. Elle varie beaucoup par fes couleurs , 

fuivant l’âge & le fexe. Il paroît d’ailleurs qu on doit 
diftinguer dans cette efpèce de Salamandre. à queue 
plate, plufeurs variétés plus ou moins éme qui 
ne font diftinguées que par la grandeur & par les cou- 
leurs, & qui doivent dépendre de la différence des pays, 


ou même feulement de la nourriture (4). Mais nous 


ne croyons pas devoir compter, avec M. Dufay, trois 
efpèces de Salamandre à queue plate; & fi on lit avec 
attention fon Mémoire, on fe convaincra fans peine, 
d’après tout ce que nous avons dit dans cette Hifloire, 
que les différences qu'il rapporte pour établir des 


(b) Conrad Gefner ; de Quadrup. ovip., page 28. 
Lettre de M. David Frskine Baker , au Préfident de la Société 
Foÿals. Tranfiéiions philofophiques, Londres , 1747, in-4°, N°; 483. 


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DES QUADRUPRDES OPIPARES. 473 
diverfités d’ efpèces, conftituent tout au plus des variétés 
conftantes (c). 

Les pre grandes Salamandres à queue plate n’ex- 

cèdent guère la longueur de fix à fept pouces. La 
tête eft aplatie ; la langue large & courte ; la peau 
eft dure, & répand une efpèce de lait xt on la 
bleffe. pe corps eft couvert de très- petites verrues 
faillantes & blanchâtres : la couleur générale, plus où 
moins brune fur le dos, s’éclaircit fous le ventre, & 
ÿ devient d’un jaune tirant fur le blane. Elle piérers 
de petites taches, fouvent rondes, foncées, ordinaire 
ment plus brunes dans le mâle , bleuâtres & diver- 
fement placées dans certaines variétés. 
_ Ce qui diftingue principalement le mâle, c’eft une 
forte de crête membraneufe & découpée, qui s'étend’ 
le Iong du dos, depuis le milieu de la tête jufqu’à l’ex- 
trémité de la queue, fur laquelle ordinairement les 
découpures s’effacent, ou deviennent moins fenfbles. 
Le deflous de la queue eft auffi garni dans toute fa 
longueur d’une membrane en forme de bande, placée 
verticalement, qui a une blancheur éclatante, & qui 
fait paroître die la — de la Sihéndte (d). 


(c) Mémoire de M. Dufay , dans ceux de 1 Académie des Sciences, 
année 1729. 


(4) Cette defcription a ét£ faite d'après plufeurs individus confervés 
au Cabinet du Roi. 


Ovipares, Tome I, Ooo 


474  . Hisrorre Narurzsirxr 

. La femelle na pas de crête fur le dos, où lon 
voit au contraire un enfoncement qui s'étend depuis la 
tête jufqu'à l’origine de la queue. Cependant lorfqu’elle 
eft maigre , l'épine du dos forme quelquefois une petite 
éminence ; elle a fur le bord fupérieur de la queue, 
une forte de crête membraneufe & entière, & le 
bord inférieur de cette même queue eft garni de la 
bande très-blanche qu'on remarque dans le mâle. En 


général, les couleurs font plus pâles & plus égales 


dans la femelle ; elles font aufli moins foncées dans 
les jeunes Salamandres. 

La Salamandre à ere plate aime les eaux li- 
monneufes, où elle fe plaît à fe cacher fous les pierres ; 
on la trouve dans les vieux foflés, dans les marais, 
dans les étangs; on ne la rencontre prefque jamais 
dans les eaux courantes: l'hiver, elle fe retire quel 
quefois dans les fouterrains humides. 

Lorfqu’elle va à terre, elle ne marche qu'avec peine 
& très-lentement. res , lorfqu’elle vient refpi- 
_rer au bord de l’eau, elle fait entendre un petit fiffle- 


ment. Elle perd Étant la vie, & comme elle 
n'eft ni aufh fourde, ni auffi filencieufe que la Sala 


mandre terreftre, elle doit , à certains égards, avoir 
l'inftinét moins ons. | 

Le conte ridicule qu’on a EE pendant tant de 
tems fur la Salamandre terreftre, n’a pas été étendu 
jufqu'à la Salamandre à queue plate. Mais, au lieu 


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(] 7 | 


DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 475 


de lui attribuer le pouvoir fabuleux de vivre au mi- 
lieu des flammes, on a reconnu dans cette Salamandre 
une propriété réelle & oppofée. Elle peut vivre aflez 
long-tems, non-feulement dans une eau très-froide, 
mais même au milieu de la glace (e). Elle eft quel- 
quefois faifie par les glaçons qui fe forment dans les 
fofés, dans les étangs qu’elle habite ; lorfque ces glaçons 
fe fondent, elle fort de fon engourdiflement , en même- 
tems que fa prifon fe diflout, & elle _—. tous fes 
mouvemens avec fa liberté. 

On a même trouvé, pendant l'été, des Salamandres 
aquatiques renfermées dans des morceaux de glaces 
tirés des glacières, & où elles devoient avoir été fans 
mouvement & fans nourriture, depuis le moment où 
on avoit ramaflé l'eau gelée dans les marais, pour en 
remplir ces mêmes glacières. Ce phénomène en ap- 
parence très-furprenant , n’eft qu'une fuite des pro- 
priétés que nous avons reconnues dans tous les lézards, 
& dans tous les Quadrupèdes ovipares ( PE; 

La Salamandre ne mord point, À moins quon ne 
lui fafle ouvrir la bouche par force ; & fes dents font 
prefque imperceptibles : elle fe nourrit de mouches, 
de divers infectes qu’elle peut trouver à la furface de 
l'eau, du frai des grenouilles, &c. Elle eft aufli her- 


(e) Voyez le Mémoire “déjà cité de M. L Du. 
(f) Voyez le Difcours fur le nature des Quadrupèdes ovipares, 


O0 i 


476 Hrsrorre NAaTurFr1rz 
bivore; car elle mange des lenticules, ou lentilles d'eau, 
qui flottent fur la furface des étangs qu’elle habite. 
Un des faits qui méritent le pes d'être rapportés 
dans l'hiftoire de la Salamandre à queue plate, eft 
la maniere dont fes petits fe développent (g) ; elle 
neft point vivipare, comme la terreftre; elle pond, 
dans le mois d'Avril ou de Mai, des Rte , qui, dans 
certaines variétés, font ordinairement au nombre de 
vingt, forment deux cordons, & font joints enfemble 
par une matière vifqueufe, dont ils font également 
revêtus lorfqu’ils font détachés les uns des autres. Ils fe 
chargent de cette matière gluante dans deux canaux 
blancs & très-pliffés, qui s'étendent depuis les pattes 


de devant jufques vers l’origine de la queue, un de 


chaque côté de l’épine du dos, & dans lefquels ils 
entrent en fortant des deux ovaires. On apperçoit , 
attachés aux parois de ces ovaires, une multitude de 
D œufs jaunâtres ; ils grofhffent infenfiblement 
à l'approche du printems, & ceux qui font parvenus à 
leur maturité dans la faifon des amours, defcendent 
dans les tuyaux blancs & plifiés, dent nous venons de 
parler, & où ils doivent être fécondés (A). 


… | ; . . 


(g) Mémoire de M. Dufay déja cité, 


(h) Œuvres de M. l'Abbé FPE ; os de M. ns 


vol, 3, p. 60. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 4% 


: Lorfqw’ils font pondus, ils tombent au fond de l’eau, 
d'où ils fe relèvent quelquefois jufqu'à la furface es 
marais, parce qu'il fe forme dans la matière vifqueufe 
qui lès entoure, des bulles d'air qui les rendent très- 
légers; mais ces bulles fe difipent ; & ils retombent 
fur la vafe. 

A mefure qu’ils groffiflent , l’on diftingue au travers | 
de la matière vifqueufe, & de la membrane tranfparente 
qui en eft enduite, la petite Salamandre repliée dans 
la liqueur que contient cette membrane. Cet embryon 
sy développe infenfiblement ; bientôt il $y meut, & 
sy retourne avec une Fee agilité ; & ste au 
bout de huit ou dix jours, fuivant la chaleur du cli- 
mat, & celle de la faifon, il déchire, par de petits 
coups réitérés, la Re , qui eft. FL poRS ainfi dire, 
la coque de a œuf (i). | +. 

Lorfque la jeune Salamandre aquatique vient d'é 
clore , elle a, ainfi que les grenouilles, un peu de 
conformité avec les poiions. Pendant que fes pattes 
font encore tres-courtes, on voit, de chaque côté, un 
peu au-deflus de fes cd de détabé, de petites houppes 
frangées, qui fe tiennent droites ne leau, qu'on x 


(ä)C'eft cette membrane que M. PAbbE Spallanzani a appellée larmnios 
de Ja jeune Salamandre, ce grand Obfervateur ne voulant pas regarder 
les Salamandres aquatiques comme venant d’un véritable œuf Voyez 
Î ouvrage déjà cité de ce Naturalifle. | 


478 Hirsrorrs Narurgsrsx | 
comparées à de petites nageoires, & qui reffemblent 
affez à une plume garnie de barbes. Ces houppes tiennent 


à des efpèces de demi-anreaux cartilagineux & den+ 


telés, au nombre de quatre de chaque côté, & qui 
fent analogues à l'organe des poiffons, que l’on a ap- 
pellé ouies. [ls communiquent tous à la même cavité; 
ils font féparés les uns des autres, & recouverts, de 


Chaque côté, par un panneau qui laifle paffer les houp- 


pes frangées. À mefure que l'animal grandit, ces ef 
pèces d'aigrettes diminuent & difparoiflent ; les pan- 
neaux s’attachent à la peau fans laifler d'ouverture ; 
les demi-anneaux fe réuniffent par une membrane 
cartilagineufe ; & la Salamandre perd l'organe parti= 
culier qu'elle avoit étant jeune. Il paroît qw’elle s'en 
fert, comme les poiffons des ouies , pour filtrer Pair que 
l'eau peut contenir, puifque quand elle en eft privée, 
eile vient plus fouvent refpirer à la furface des 
étangs, n | 
Nous avons vu que les lézards changent de peau 
une ou deux fois dans l’année : la Salamandre aqua 
tique éprouve dans fa peau des changemens bien plus 
fréquens ; & en ceci elle a un nouveau rapport avec 
les grenouilles, qui fe dépouillent très- fouvent , ainñ 
que nous le verrons, Etant douée de plus d'adivité 
dans l'été, & même dans le printems, elle doit con- 
fommer & réparer en moins de tems une plus grande 
quantité de forces & de fubflance ; elle quitte alors 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 470 
fa peau, tous les quatre ou cinq jours, fuivant cer- 
tains Auteurs (4k), & tous les quinze jours ou trois 
femaines , fuivant d’autres Naturaliftes (/) , dont 
D aton doit être auf exacte que celle des pre- 
miers, la fréquence des déponilemens de la Sala- 
à queue plate devant tenir à la température, 
à la nature des alimens , & à plufieurs autres caufes 


accidentelles. e | 


Un ou deux jours avant que l'animal change de 
peau , il eft plus pareffeux qu'à l'ordinaire. Il ne paroît 
faire aucune attention aux vers, & aux infectes qui 

| 9 S | 


peuvent être à fa portée, & qu'il avale avec avidité 


dans tout autre tems. Sa peau eft comme détachée du 


corps en plufieurs endroits, & fa couleur fe ternit. 


L'animal fe fert de fes pieds de devant pour faire une 
ouverture à fa peau, autour de fes mâchoires ; il la 
repoufle enfuite fucceflivement au-deffus de fa tête, 
jufqu'à ce qu'il puiffe dégager fes deux pattes, qu'il 
retire l'une après l’autre. Il continue de la rejeter en 
arrière, aufh loin que fes pattes de devant peuvent 


: sde mais il eft obligé de fe frotter contre les. 


pierres & les graviers , pour fortir à demi de fa vieille 
enveloppe , qui bientôt eft retournée , & couvre le 
derrière du corps & la queue. La Salamandre aqua- 


(4) M. Dufay, Mémoire déja cité. 
(2) Lettre de M. Baker déja citée. 


480 HisrTorre NATuREzrzE 


tique faififfant alors fa peau avec fa gueule, & en dé« 
gageant l’une après l’autre les Par de derrière, achève | 


de fe dépouiller. | 
Si l’on examine la vieille peau, on la trouve tournée 

Née TI « 9 1 sr £s e 

à l'envers, mais elle n'eft déchirée en aucun endroit. 


La partie, qui revêtoit les pattes de derrière, paroît 
comme un gant retourné, dont les doigts font entiers 
& bien marques ; celle qui couvroit les pattes de de+ 


vant eft renfermée dans l'efpèce de fac que forme la 


dépouille : mais on ne retrouve pas la partie de la 
peau qui recouvroit les yeux, comme dans la vieille 
enveloppe de plufieurs efpèces de ferpens : ‘on voit 
deux trous à la place, ce qui prouve que les yeux de 


la Salamandre ne fe dépouillent pas. Après cette opé- 
ration, qui dure ordinairement une heure & demie, 


la Éatrsainee aquatique paroît pleine de vigueur, & 
fa peau eft life & très-colorée. Au refte, il eft facile 


d’obferver toutes les circonftances du de OT dt des 


Salamandres aquatiques, qui a été très-bien décrit par 
M. Baker (=) , en gardant ces lézards dans des vales | 


de verre remplis d’eau. 


M. Dufay a vu fortir, par l'anus de quelques Sala= 
imandres, une efpèce de tnblé rond , d'environ une ligne | 
de diamètre, & long à-peu-près comme le corps de 


() ice . les Tranfaétions philofopliques ; , la lettre déjà 


citée. 


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DES QUADRUPÈDES OPIPARES. er 
Vanimal. La Salamandre étoit un jour entier À s'en 
délivrer , quoiqw'’elle le tirât fouvent avec les pattes & 
avec la Dont Cette membrane, vue au microfcope, 
paroïfloit parfemée de petits trous ronds, difpofés très+ 
régulièrement; l’un des bouts contenoit un petit os 
pointu , aflez dur, que la membrane entouroit, & au- 


_ quel elle étoit attachée ; l’autre bout préfentoit deux 


petits bouquets de poils, qui paroifloient au microfcope 
revêtus de petites franges, & qui fortoient par deux 


_ trous voifins l’un de l’autre. Il me femble que M. D ufay 


a conjecturé, avec raifon, que cette membrane pouviei 
être la dépouille de a vifcère quiavoit éprouvé, 
ainfi que l'a penfé l’Hiftorien de l’Académie, une 
altération femblable à celle que l’on obferve tous les 
ans dans l’eftomac des cruftacées (n), 

On trouve fouvent la légère dépouille de la Sala- 
mandre aquatique flottante fur la furface des marais; 
l'hiver, fa peau éprouve. dans nos contrées, des altérations 
moins fréquentes ; & ce n'eft guère que tous les quinze 
jours, que cette Salamandre quitte fon enveloppe, 


pour en reprendre une nouvelle; ayant moins de force 


pendant la faifon du froid, il n’eft pas farprenant que 
les changemens qu'elle fubit foient moins prompts, & 
par conféquent moins fouvent répétés. Mais il fufit 


qu'elle quitte fa peau plus d’une fois pendant l'hiver, 


{n) Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1703. 


Ovipares, Tome L Ppp 


492 HisTorrEe NATUREIzr 


à des latitudes aflez hautes, & par conféquent qu’elle 
y en refafle une nouvelle pendant cette faifon rigou- 
reufe, pour quon doive dire que la plupart des Sa- 
lamandres à queue plate ne s'engourdifient pas tou- 
jours pendant les grands froids de nos climats, & que, 
par une fuite de la température un peu plus douce 
qu'elles peuvent trouver auprès des fontaines, & dans 
les différens abris qu’elles choïfiflent , il leur refte aflez 
de mouvement intérieur, & de chaleur dans le fang, 
pour réparer, par de nouvelles produétions, la perte 
des anciennes 

L'on ne doit pas être étonné que cette reproduction 
de la peau des Salamandres à queue plate ait lieu fi 
fréquemment. L'élément qu’elles habitent ne doit-il 
pas en effet ramollir leur peau, & contribuer à l’al- 
térer ? 

M. Dufay dit, dans le Mémoire dont nous avons 
déjà parlé, que quelquefois les Salamandres aquatiques 
ne pouvant pas dépouiller entièrement une de leurs 
pattes , la portion de peau qui y refte fe corrompt, 
& pourrit la patte, qui tombe en entier, fans que l’a- 
nimal en meure. Elles font très-fujettes, fuivant lui, 
à perdre ainfi quelques-uns de leurs doigts; & ces 
accidens arrivent plus fouvent aux pattes de ee S 
qu'à celles de derrière. 

L'accouplement des Salamandres aquatiques ne fe 
fait point ainfi que celui des tortues, & du plus 


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33 pag 


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| DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 483 
grand nombre de lézards; il a lieu fans aucune in- 
tromiflion , comme celui des grenouilles (o) ; la liqueur 
prolifique parvient cependant jufques aux canaux dans 
lefquels entrent les œufs en fortant des ovaires de la 
femelle (p), de même qu’elle y pénètre dans les lézards. 
Les Salamandresàä queue plate réuniffent donc les lézards 
& les grenouilles, par la manière dont elles fe multi- 
plient, ainfi que par leurs autres habitudes & leur con- 


formation. Il arrive fouvent que cet accouplement des 


Salamandres à queue plate eft précédé par une pour- 
fuite, répétée plufeurs fois, & mélée À une forte de 
jeu. On diroit alors qu'elles tendent à augmenter les 
plaifirs de la jouiffance par ceux de la recherche, & 
qu'elles connoiffent la volupté des defirs. Elles préludent 
par de légères careffes à une union plus intime. Elles 
femblent s'éviter d’abord, pour avoir plus de plaifir à 
fe rapprocher; & lorfque dans les beaux jours du 
printems la Nature allume le feu de l'amour, même 
au milieu des eaux, & que les êtres les plus froids 
ne peuvent fe garantir de fa flamme, on voit quel- 
quefois fur la vafe couverte d’eau, qui borde les étangs, 
le mâle de la Salamandre, pénétré de l’ardeur vivi- 


(o) Œuvres de M, l'Abbé Spallanzani , traduchion de M, Sennebier , 
vol. 3, page 50: 


| bé M, l'Abbé Spallanzani s ouyrage déjà cité, 
Ppp à 


484 Hrsrorre NATUREIrE 

fante de la faifon nouvelle, chercher avec empref: 
fement fa femelle, jouer, courir avec elle, tantôt la 
pourfuivre avec amour, tantôt la précéder, & lui 
fermer enfuite le paffage, redrefer fa crête, eourber 
{on corps, relever fon dos, & former ainfi une efpèce 
d'arcade, fous laquelle la femelle pafle en courant, 
comme pour lui échapper. Le mâle la pourfuit ; elle 
s'arrête : il la regarde fixement; il ‘approche de très- 
près ; il reprend la même pofture; la femelle repañle 
fous l’efpèce d'arcade qu'il forme, s'enfuit de nouveau 
pour s'arrêter encore. Ces jeux amoureux, plufieurs 
fois répétés, fe changent enfin en étroites careffes. La 
femelle, comme laffée d'échapper fi fouvent, garrête 
pour ne plus s'enfuir; le mâle fe place à côté d’elle, 
approche fa tête, & éloigne fon: corps, fouvent jufqu'à 
un pouce de diftance. Sa crête flotte nonchalamment ; 
fon anus eft très-ouvert ; il frappe de tems en tems 
fa compagne de fa queue; il fe renverfe même fur 


elle ; mais, reprenant fa première pofition, c’eft alors 


que, malgré la petite diflance qui les fépare,, il lance 
la liqueur prolifique, & les vues de la Nature font 
remplies , fans qu’il y ait entreux aueune union intime 


& immédiate, Cette liqueur active atteint la femelle 
qui devient immobile, & elle donne à l’eau une lé- 


gère couleur bleuâtre : bientôt le mâle fe réveille d’une 
cfpèce d'engourdiflement dans lequel il étoit tombé ; 
il recommence fes carefles, lance une nouvelle: 


’ pr / 
jar (f ) 
EN 
ji 


jan” 


ps les CÊ 
qu k 
gano 6 
R terpér 
Matth 
fs pharm 
je foinqu 
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Le 


poudre, 


Elles ex 


fc lait 


des con 
trois mi 
M Laure 
T'ont dit L 


(g)0Her 


die, 
fr MP, 
(s) Mo 
(f) Hino 


ù a PET ST 
ne CL: SR 


DES Quadrurènés ovrbaress, AOS 
liqüeur, achève de féconder fa femelle, & fe fépare 
d'elle (aq). | | 
Mais, loin de l’abandoner, il s’en räpproché fouvent, 
jufqu'à ce que tous les œufs cohtenus dans les ovaires ; 
& parvenus à l’état de groffeur convenable, foient entrés 
dans les canaux, où ils fe chargent d’un humeur vif: 
queufe, & qu'ils aient pu être tous fécondés. Ce tems 
d'amour & de jouiffances dure plus ou moins, fuivant 
la température, & quelquefois il eft de trente jours (r). 
Matthiole dit que, de fon tems, on employoit dans 
les pharmacies, les Salamandres aquatiques à la placé 
des feinques d'Egypte, mais qu’elles ne devoient pas 
produire les mêmes effets (s). 
Les Salamandres aquatiques, jetées fur du fel er 


poudre, y périflent , comme les Salamandres terreftres, 


Elles expriment de toutes les parties de leur corps le 


fuc laïteux dont nous avons parlé. Elles tombent dans 


des convulfions, fe roulent , & expirent au bout de 
trois minutes (4). Il paroît, d’après les expériences de 
M. Laurenti, qu'elles ne font point venimeufes, comme 
Vont dit les Anciens, & qu’elles ne font dangereufes,, 


(q) Obfervañions faites par M. Demours , de l'Académie royale des 
Sciences. ; 

(r) M. l'Abbé Spallançant, ouvrage déja cité. 

{s) Matthiole, diofc. 

(+) Mémoire de M. Dufry, déjà cité. 


486 Hisrorre NATuRrErLrz 


ainfi que la Salamandre terreftre, que pour les petits 
lézards (u). 

Les vifcères de la Salamandre aquatique ont été 
fort bien décrits par M. Dufay. 

Elle habite dans prefque toutes les contrées, “a 
feulement de l’Afie & de l’Afrique (v), mais encore 
du nouveau Continent. Elle ne craint même pas la 
température des pays feptentrionaux, puifqu’on la ren- 
contre en Suède, où fon féjour au milieu des eaux doit 
la garantir des effets d’un froid exceflif. On auroit donc 
pu lui donner le nom de lézard commun, ainfi qu’on l’a 
donné au lézard gris, & à un autre lézard défigné fous le 
nom de lézard vulgaire, par M. Linné (x) , & qui ne nous 
paroît être tout au plus qu'une variété de la Salamandre 
à queue-plate. Mais ce lézard , que M. Linné a nommé 
lézard vulgaire, n'eft pas le feul que nous croyons devoir 
rapporter à la queue-plate, Le lézard aquatique , du même 
Naturalifte (y), nous paroït être aufli de la même 
efpèce, En effet, tous les caradtères qu'il attribue à 
ces deux lézards fe retrouvent dans les variétés de la 
Salamandre à queue plate tant mâle que femelle, ainf 


{u) Laurenti fpecimen medicum. 
(y) Jobi Ludolphi Æthopica. 
(x ) Lacerta vulgaris, 42. Linn. amph. rePbs 


( ÿ ) Lacerta aquatica , 43. Linn. amphib. repr. 


Dhleur 


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paroit ï 


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prélque à 
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(0) Sa 
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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. AB 
que nous nous en fommes aflurés en examinant les 
divers individus ‘confervés au Cabinet du Roi. On 
pourroit dire feulement que l’expreflion de cylindri- 
que (teres & teretiufcula) que M. Linné emploie pour 
défigner la queue du lézard vulgaire, & celle du lézard 
aquatique , ne peut pas convenir à la Salamandre à 
queue plate. Mais il eft aifé de répondre à cette objec- 
tion. 1. Il paroît que M. Linné n’avoit pas vu le 
lézard aquatique , & Gronovius, qu'il cite relativement 
à ce lézard, dit que cet animal eft prefque entière- 
ment femblable à celui que nous nommons queue- 
plate (7) ; il ajoute que la queue eft un peu épaifle 
& prefque carrée. 2. La figure de Séba, citée par 
M. Linné, repréfente évidemment la gueue-plate (a). 
D'ailleurs il y a plufieurs individus femelles dans lef- 
pèce qui fait le fujet de cet article, dont la queue 
paroît ronde, parce que les membranes qui la gar- 
niflent pardeflus &' pardeflous font très-peu fenfibles. 
Pluñeurs mâles, lorfqu'ils font très-jeunes, manquent 
prefque abfolument de ces membranes , & leur queue 
eft comme cylindrique (b). À l'égard de la queue du 


2 « . /  — 31 . 
lézard vulgaire, M. Linné ne renvoie qu'à Ray, qui, 


ER EP PE, 
(2) Gronovius, mufæœum 2, page 78, N° ça. 
(a) Séba, mus. 2. Tab. 12, fig. 7. Salamandra ceylanica. 
{B) Mémoire &jà cité de M. Dufay. 


\ 


A3 Hisrorre NAaTUREzzE 
à la vérité, diftingue auffñi ce lézard d'avec notre Sa= 
lamandre, mais dont cependant le texte convient en- 
tiérement à cette dernière. Nous devons ajouter que 
toutes les habitudes attribuées à ces deux prétendues 
efpèces de lézards, font celles de notre Salamandre à 
queue-plate. Tout concourt donc à prouver qu’elles 
n'en font que des variétés, & ce qui achève de le 
montrer, c’eft que Gronovius lui-même a trouvé une 
grande reflemblance entre notre Salamandre & le 
lézard aquatique, & qu'enfin l’article & la figure de 
Gefner que M. Linné a rapportés à ce prétendu lézad 
aquatique , ne peuvent convenir qu à notre Salamandre 
femelle. | | 

C’eft donc la femelle de notre Salamandre à queue- 
plate, qui, trés-différente en effet du mâle, ainfi que 
nous l'avons vu, aura été nommée lézard aquatique 
par M. Linné & regardée comme une efpèce diftincte 
par ce grand Naturalifte , ainfi que par Gronovius. 
Quelques différences dans les couleurs de cette femelle, 
auront même fait croire à quelques Naturaliftes & par- 
ticulièrement à Petivers (c) qu'ils avoient reconnu le 
mâle & la femelle, ce qui aura confirmé l'erreur. 
Quelqu'autre variété, dans ces mêmes couleurs ou dans 
la taille, aura fait établir une troifième efpèce fous le 
nom de lézard vulgaire. Mais ce lézard vulgaire & 


(Re LS CDR se + 
(ec) Petivers, mufœum. 28, N° 212. 


ce lezard 


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| Gefher 


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Oinares 


DES QuADrup ÉDES OVIPARES. À 8 o 


ce lézard aquatique, ne font que la même efpèce, 


ainfi que M. Linné lui-même lavoit foupçonné, puif- 


qu'il fe demande (d) , fi le dernier de ces animaux 
n'eft pas le premier dans fon jeune âge; & ces deux 
lézards ne font que la femelle de notre Salamandre, 
ce qui eft mis hors de doute par les defcriptions aux- 
quelles M. Linné renvoie, ainfi que par les figures qu'il 
cite, & fur-tout par celles de Séba (e ) & de Gef- 
ner ( f). Au refte, nous n avons adopté l'opinion que 
nous expofons ici, qu de avoir examiné ün grand 
nombre de inde à queue-plate, & ie 
plufieurs variétés de cette efpèce. " 

C’eft peut-être à la Salamandre à See qu ap- 
partient l'animal aquatique, connu en Amérique , & 
particulièrement dans la nouvelle Efpagne , fous le nom 
Mexiquain d Axolotl, & fous le nom Efpagnol d'In- 
guete de Agua. Il a été pris pour un poiflon, quoiqu'il 


ait quatre pattes; mais nous avons vu que Île fcinque 


avoit été regardé aufli comme un poiflon, parce qu il 
habite les eaux. L’Axolotl a, dit-on, la peau fort 
unie, parfemée fous le ventre de petites taches, dont 
la grandeur diminue depuis le milieu du corps, juf- 


(d) ts naturæ , amphib. pe » editio 1 | | 
(e) Séba, mus. à, tab. 12, fig 7. 


5 


(f) Gefñer, de Quadr. ovip. Lacertus aquaticus. ) 
 Ovipares, Tome I. _. Qaq 


490 Hisrorre Narvrerre 
qu'à la queue. Sa longueur & fa groffeur font à-petr 
près celles de la Salamandre à queue-plate ; fes pieds 
font divifés en quatre doigts, comme dans les grenouilles 3: 
ce qui peut faire préfumer que le cinquième doigt 
ne manque qu'aux pieds de devant, ainf que dans 
ces mêmes grenouilles & dans la plupart des Sala- 
mandres. Il a la tête grofle en proportion du corps , 
la gueule noire & prefque toujours ouverte. On x 
débité un conte ridicule au fujet de ce lézard. On 
a prétendu que la femelle étoit fujette, comme les 
femmes, à um écoulement périodique. Cette erreur 
pourroit venir de ce quon la confondu avec les 
Salamandres terreftres, qui mettent bas des petits 
tout formés. Et peut-être même appartient - il aux 
Salamandres terreftres plutôt qu'aux aquatiques. Au 
refte , on dit que fa chair eft bonne à manger & d’un 
$oût qui approche de celui de l'anguille ( g). Si cela 
étoit, il devroïit former une éfpèce particulière , OÙ 
plutôt, on pourroit croire qu’on n’auroit vu à la place 
de ce prétendu lézard, qu'une grenouille qui n’étoit 
pas encore développée & qui avoit fa queue de tétard. 
C’eft à l’obfervation à éclaircir ces doutes. 

ee RE ES 


(£&) Voyez la defcription de la nouvelle Efpagne , Hiftoire générale 
des Voyages, troilième Partie, Livre V. 


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Aucerta ÿ 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. HOX 


< (pannes © À SJ 


«… LA PONCTUÉE ((«) : 


Ox TROUVE, dam la Cudtie ‘une bib que 
nous appellons 4 Ponctuée, à se de deux rangées 
de points blancs, qui varient la couleur fombre de 
fon dos, & qui fé réuniflent en un feul rang. Ce 
‘lézard n'a que quatre doigts aux pieds de devant ; 
tous sue bras font fans ongles, & fa queue eft FRANS 


(a) Le Pondué. M 4 HE: EC antte dans | 
Lacerta punétata, 45. Liñn. añphib. Tept. 
Es ,» Caroli. 3, p. 10, tab. 20, fe 10. Stellio. 


402 ::"Hisrorrx NATURELLE 


= 


Ox RENCONTRE , dans J’Amérique , feptentrionale 
une falamandre dont le deflus du corps préfente 
quatre lignes jaunes. L’algire a également quatre 


lignes jaunes fur le dos; mais on ne peut pas les 


confondre, parce que cé dernier a cinq doigts aux 
pieds de devant, & que la Quatre-raies n'en a que 
quatre. La queue de la Quatre - raies eft longue & 
cylindrique : on remarque quelque apparence d'ongles 
au bout des doigts. 


(a) Le Rayé. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Lacerta 4 lineata, 46, Linn, amphib. rept. 


L A Q UATRE-RA IE S (a). 


Nous Î 
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DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 493 


LuEi:-ScAÀ-BR° OU RE, 


T N OUS DEVONS entièrement la connoiffance de cette 


nouvelle efpèce de falamandre à M. Bruyères, de la 


Société royale de Montpellier, qui nous a commu- 


niqué la defcription qu'il en a faite, & ce quil à 
obfervé touchant cet animal dans l’Ifle de Madagafcar, 
où il la vu vivant, & où on le trouve en grand 
nombre. Aucun Voyageur ni Naturalifte n'ont encore 
fait mention de cette falamandre; elle eft d'autant 


plus remarquable, qu ’elle ‘eft plus grande que toutes 
celles que nous venons de décrire. Elle a d’ailleurs 
des écailles très-apparentes; & fes doigts font garnis 


d'ongles, au lieu que, dans les quatre falamandres 
dont nous venons de parler, la peau ne préfente que 
des mamelons à la place d'écailles fenfibles, & ce 
neft que dans le Quatre-raies qu'on apperçoit quelque 


apparence dongle. Nous plaçons cependant le Sar- 


roubé à la fuite de ces quatre falamandres, attendu 
qu'il na que quatre doigts aux pieds de devant, & 
qu'il préfente par - là le caraétère diftinctif d'après 
lequel nous avons formé la divifion dans laquelle 
ces falamandres font comprifes. | 


404 HISTOIRE NAaTURgrrE 


Le Sarroubé a ordinairement un pied de longueur 
totale ; fon dos eft couvert d’une peau brillante -& 
grenue , qui reflemble au galuchar; elle eft jaune & 
tigrée de vert; un double rang d’écailles d’un jaune 
clair garnit le deflus du cou qui eft très - large ; la 
tête eft plate & alongée; les mâchoires font grandes, 
& s'étendent jufqu'au- delà des oreilles ; elles font 
fans dents, mais crénelées ; la langue eft enduite d’une 
humeur ques: qui retient les petits infettes dont 
le Sarroubé fait fa proie. Les yeux font gros; l'iris 
eft ovale & fendu verticalement. La peau dù ventre 
eftcouverte de petites écailles rondes & jaunes ; les bouts 
des doigts font garnis de chaque côté d’une petite mem- 
brane, & pardeflous d’un ongle crochu, placé entre 
un double rang d'écailles, qui fe recouvrent comme 
les ardoifes des toits, ainfi que dans le lézard à tête- 
plate qui vit aufli à Madagafcar, & avec lequel le 
_Sarroubé a de très-grands rapports. Ces deux derniers 
lézards fe reflemblent encore, en ce qu'il ont tous 
les deux la queue plate & Eee mais ils diffèrent 
l'un de l’autre, en ce que le Sarroubé n’a point la 
membrane frangée qui s'étend tout autour du corps du 
lézard à tête-plate ; & d’ailleurs il n’a que quatre doigts 
aux pieds de devant, ainfi que nous l'avons dit. 

Le nom de Sairéubé qui lui a été donné par les 
habitans de Madagafcar , paroït à M. Bruyères dé- 
rivé du mot de leur: langue Jarrout, qui fignifie colere, 


MARS “CENT 2 


DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 495 


Ces mêmes habitans redoutent le Sarroubé autant que 


| le lézard à tête-plate; mais M. Bruyères penfe que 

À | c'eft un animal très-innocent, & qui n'a aucun moyen 

à | de nuire. Il paroït craindre la ‘trop grande chaleur ; | 

À | LE. on le rencontre plus fouvent pendant la pluie que  - ; 
s | pendant un tems fec; & les Nègres de Madagafcar 

lu | dirent à M. Bruyères qu'on le trouvoit en bien plus 


grand nombre dans les bois pendant la nuit que pendant 
le jour, | 


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LA TROIS-DOIGTS. 


No US NOMMONS ainfi une nouvelle efpèce de 
falamandre, dont aucun Auteur ma encore parlé, 
& qu'il eft très-aifé de diftinguer des autres par 
plufeurs caractères remarquables. Elle n'eft point dé- 
pourvue de côtes, ainf que les autres Salamandres : 
elle n'a que trois doigts aux pieds de devant, & quatre 
doigts aux pieds de derrière ; fa tête eft aplatie & 
arrondie pardevant ; la queue eft déliée, plus longue 
que la tête & le corps ; & l'animal replie faci- 
lement. C’eft à M. le Comte de Mailli, Marquis de 
Nefle, que nous devons la chhnoidi de de cette 
nouvelle efpèce de falamandre, dont il a trouvé un 
individu fur le cratère même dé Véfuve , environné 
des laves brülantes que Jette ce Eoloae C'eft une 
place remarquable pour une falamandre qu’un endroit 
entouré de matières ardentes vomies par un volcan; 
beaucoup de gens pourroient même regarder la proximité 
de ces matières comme une preuve du pouvoir de réfifter 
aux flammes, que l’on a attribué aux falamandres : 
Nous n'y voyons cependant que la fuite de quelque 
accident & de quelques circonftances particulières qui 


auront entraîné l'individu trouvé par M. le Marquis 
de Nefle, 


490. 


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LXX7Z. p 


75 


grandeur de Mature: 


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Oripare 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 497 
de Nefle, auprès des laves enflammées du Véfuve. 
Leur ardeur auroit bientôt confumé la Salamandre 
à Trois-doigts, ainfi que tout autre animal, fi elle 
m'avoit pas été prife avant d’être expofée de trop près 
ou pendant trop long-tems à l’action de ces matières 
volcaniques , dont la chaleur éloignée aura nui d'autant 
moins à cette Salamandre, que tous les Quadrupèdes 
ovipares fe plaifent au milieu de la température 
brûlante des contrées de la zone torride. 

M. le Marquis de Nefle a bien voulu nous envoyer 
la Salamandre à Trois-doigts qu’il a rencontrée fur le 
Véfuve ; & nous faififlons cette occafion de lui té- 
moigner notre reconnoiflance pour les fervices qu’il 
rend journellement à lHiftoire naturelle. L’individu 
apporté d'Italie par cet illuftre amateur, étoit d’une cou- 
leur brune foncée, mêlée de roux fur la tête, Les pieds, 
la queue & le deflous du corps. Il étoit defléché au 
point quon pouvoit facilement compter au travers 
de la peau les vertèbres & les côtes ; la tête avoit 
trois lignes de longueur, le corps neuf lignes, & 
la queue feize lignes & demie. 


A 


Ovipares, Tome I. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES 


Qui n'ont point de queue. 


JL KE vous RESTE, pour compléter l’hiftoire des 
Quadrupèdes ovipares, qu'à parler de ceux de ces 
animaux qui nont point de queue. Le défaut de 
cette partie eft un caractère conftant & très-fen- 
fible , d'après lequel il eft aifé de féparer cette feconde 
clafle d'avec la première, dans laquelle nous avons 
compris les tortues & les lézards, qui tous ont une 
queue plus ou moins longue. Mais, indépendamment 
de cette différence, les Quadrupèdes ovipares fans 
queue , préfentent des caractères d'après lefquels il eff 
facile de les diftinguer. Leur grandeur eft toujours 
très - limitée en comparaifon de celle de plufieurs 
lézards ou tortues : la longueur des plus grands 
n'excède guère huit ou dix pouces ; leur corps n’eft 
point couvert d'écailles ; leur peau, plus ou moins 
dure , eft garnie de verrues ou de tubercules , & 
enduite d’une humeur vifqueufe. 

La plupart n'ont que quatre doigts aux pieds de 


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pee: à 


DES QUADRUPÈDES OVIPARRS. 499 


devant, & par ce caractère fe lient avec les Sala- 
mandres. Quelques-uns, au lieu de n'avoir que cinq 
doigts aux pieds de derrière comme le plus grand nombre 
des lézards, en ont fix plus ou moins marqués : Les doigts 
tant des pattes de devant que de celles de derrière : 
font féparés dans plufieurs de ces Quadrupèdes ovipares, 
& réunis dans d’autres par une membrane , comme 
ceux des oifeaux à pieds palmés, tels que les oies, 
les canards , les mouettes, &c. Les pattes de derrière 
font, dans tous les Quadrupèdes ovipares fans queue, 
beaucoup plus longues que celles de devant. Aufñi ces 
animaux ne marchent-ils point, ne s’'avancent jamais 
que par fauts, & ne fe fervent de leurs pattes de 
derrière que comme d’un refort qu'ils plient & qu'ils 
laiflent fe débander enfuite pour s'élancer à une dif- 
tance & à une hauteur plus ou moins grandes. Ces 
pattes de derrière font remarquables, en ce que le 
tarfe eft prefque toujours auf long que la jambe 
proprement dite. 

Tous les animaux, qui scue -cette clafle, ont 
d'ailleurs une bise offeufe bien plus ie que 
ceux dont nous venons de parler. Ils n’ont point de 
côtes, non plus que la plupart des falamandres ; ils 
n'ont pas même de vertébres cervicales, ou du moins 
ils n'en ont qu'une ou deux; leur tête eft attachée 
prefqu'immédiatement au corps comme dans les poif- 
fons avec lefquels ils ont auf de grands rapports par 
REC 


S00 Hisrorre NATURELLE 

leurs habitudes, & fur-tout par la manière dont ifs 
fe multiplient (a). Ils n'ont aucun organe extérieur 
propre à la génération ; les fœtus ne font pas fécondés 
dans le corps de la femelle; maïs, à mefure qu'elle 
pond fes œufs, le mâle les arrofe de fa liqueur pro- 
lifique, qu'il lance par l'anus : les petits paroiflent 
pendant long-tems fous une efpèce d'enveloppe étran- 
gère, fous une forme particulière, à laquelle on a 
donné le nom de rérard, & qui reflemble plus ou 
moins à celle des poiflons; & ce n'eft quà mefure 
qu'ils fe développent, qu'ils acquièrent la véritable 
forme de leurs efpèces. 

Tels font les faits généraux communs à tous les 
Quadrupèdes ovipares fans queue. Mais, fi on les exa- 
mine de plus près, on verra qu'ils forment trois troupes 
bien diftinctes, tant par leurs habitudes que par leur 
conformation. 

Les premiers ont le corps alongé , ainfi que Îa 
tête; lun ou l’autre anguleux , & relevé en arêtes 
longitudinales ; le bas du ventre prefque toujours délié, 
& les pattes très-longues. Le plus fouvent la longueur 


oo 


(a) Les Quadrupèdes ovipares fans queue manquent de veflie pro- 


prement dite, de même que les lézards , le vaifleau qui contient leur 


urine, diflérant des veflies proprement dites, non-feulement par fa forme: 
& par fa grandeur, mais encore par fa poñition, ainfi que par le nombre 
& la nature des canaux avec lefquels il communique. 


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DES QUADRUPÈDES OFIPARES, SOI 
de celles de devant eft double du diamètre du corps 
vers la poitrine ; & celles de derrière font au moins 
de la longueur de la tête & du corps. Ils préfentent 
des proportions agréables; ils fautent avec agilité ; bien 
loin de craindre la lumière du jour , ils aiment à s’im- 
biber des rayons du foleil. 

Les feconds, plus petits en général que les premiers, 
& plus fveltes dans leurs proportions, ont leurs doigts 
garnis de petites pelottes vifqueufes, à l’aide defquelles 
ils s’attachent, même fur la face inférieure des corps 
les plus polis. Pouvant d’ailleurs s'élancer avec beau 
coup de force , ils pourfuivent les infeétes avec 
vivacité jufque fur les branches, & les feuilles des 
arbres. | 

Les troifièmes ont, au contraire, le corps prefque 
rond, la tête très-convexe, les pattes de devant très. 
courtes ; celles de derrière n'égalent pas quelquefois 
la longueur du corps & de la tête; ils ne s’élancent 
qu'avec peine; bien loin de rechercher les rayons du 
foleil , ils fuient toute lumière; & ce n'eft que lorfque 
la nuit eft venue qu'ils fortent de leur trou pour aller 
chercher leur proie. Leurs yeux font aufli beaucoup 
mieux conformés que ceux des autres Quadrupèdes 
ovipares fans queue, pour recevoir la plus foible clarté; 
& lorfqu’on les porte au grand jour, leur prunelle fe 
contracte, & ne préfente qu'une fente alongée. Ils 
différent donc autant des premiers & des feconds, 


502 HirsTorrEe NATURELLE 
que les hiboux & les chouettes diffèrent des oifeaux 
de jour. | 

Nous avons donc cru devoir former trois genres 
diflérens des Quadrupèdes ovipares fans queue. 

Dans le premier, qui renferme la grenouille com= 
mune, nous plaçons douze efpèces, qui toutes ont la 
tête & le corps alongés, & l’un ou l’autre anguleux. 

Nous comprenons dans le fecond genre, la petite gre- 
nouille d'arbre, connue en France, fous le nom de 
raine Où de rainette, & fix autres efpèces, qu'il fera 
ailé de diftinguer par les pelottes vifqueufes de leurs 
doigts, 

Nous compofons enfin le troifième genre, dans le- 
quel fe trouve le crapaud commun, de quatorze ef= 
pèces, dont le corps ni la tête ne font relevés en 
arêtes faillantes. 

Ces trente-trois efpèces, qui forment les trois genres 
des grenouilles, des raines, & des crapauds, font les 
feules que nous comptions dans la clafñle des Quadru- 
pèdes ovipares fans queue, & auxquelles nous avons 
Cru, d'après la comparaifon exacte des defcriptions 
des Auteurs, ainf que d'après les individus confervés 
au Cabinet du Roi , devoir réduire toutes celles dont 
les Naturaliftes & les Voyageurs ont fait mention, 


blance 
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Harmeemnas— 


(o) En 
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Rana el 
Gr, 
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Rana, S 
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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, 503 


PREMIER GENRE. 


x | Quadrupèdes ovipares fans queue , dont la tête & le 
A) | corps font alongés, & lun ou Pautre anguleux. 
nu) | 
Ch CRENOUILLES 
Î LA GRENOUILLE COMMUNE ( « ). 
| C'EesT un grand malheur qu'une grande reffem- 


blance avec des êtres ignobles ! Les Grenouilles 


{ 
| communes font en apparence fi conformes aux 
{l 4 ; 
1 
| | ; 
1 | (a) En grec, BaraxQ- sauG-. 
. 1 | La Grenouille mangeable. M. d’Aubenton , Encyclopédie méhodique. 
PAR) | : ; rÉ 
| À | Rana efculenta, 24. Linn. amphib. rept. 
… Gefner , de Quadr. ovip., 42. Rana aquatica, 
il | Res. Ran.,t. 61,1. 23. Rana viridis aquatica 
. | Rana efculenta, Laurenti fpecimen medicum. 


Rana, Scotia illuffrata , Edimburgt, 1684. 
Rana efculenta, Wulff, Ichryologia , cum amphib. regni Borufhc 
Rana efculenta, British Zoology, volume 3, Londres, 1776. 


so HISTOIRE NATURELLE 


crapauds , quon ne peut aifément fe repréfenter 
les unes, fans penfer aux autres; on eft tenté de 
les comprendre tous dans la difgrace à laquelle les 
crapauds ont été condamnés , & de rapporter aux 
premières les habitudes baffes, les qualités dégoüûtantes, 
les propriétés dangereufes des feconds, Nous aurons 
peut-être bien de la peine à donner à la Grenouille 
commune la place qu'elle doit occuper dans l’ef- 
prit des lecteurs , comme dans la nature : mais il 
n’en eft pas moins vrai que sil n'avoit point exifté 


de crapauds , fi l’on navoit jamais eu devant les 


yeux ce vilain objet de comparaifon qui enlaidit par 
fa reflemblance, autant qu'il falit par fon approche, 
la Grenouille nous paroîtroit aufli agréable par fa 
conformation , que diftinguée par fes qualités, & 
intéreflante par les phénomènes qu elle préfente dans 
les diverfes époques de fa vie. Nous la verrions comme 
un animal utile dont nous n’avens rien à craindre, 
dont l'inftinét eft épuré, & qui joignant à une forme 
{velte des membres déliés & fouples, eft parée des 
couleurs qui plaifent le plus à la vue, & préfente 


des nuances d'autant plus vives, qu'une humeur vif 


queufe enduit fa peau , & lui fert de vernis, 


Lorfque les Grenouilles communes font hors de 


l'eau, bien loin d’avoir la face contre terre, & d'être 
baflement accroupies dans la fange comme les cra 
pauds, elles ne vont que par fauts très-élevés : leurs 

paîtes 


_ mou] 
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DES QuUADRUPÉDES OVIPARES. 505 
pattes de derrière, en fe pliant & en fe débandant 
enfuite , leur fervent de reflorts; & elles y ont aflez 
de force pour s'élancer fouvent jufqu’à la hauteur de 
quelques pieds. 

On diroit qu’elles cherchent l'élément de Fair 
comme le plus pur ; & lorfqu’elles fe repofent à terre, 
ceft toujours la tête haute, leur corps relevé fur 
les pattes de devant , & appuyé fur les pattes de 
derrière , ce qui Le donne bien plutôt l'attitude 
droite d’un animal dont l’inftinét a une certaine no- 
blefle , que la poñtion bañle & horizontale dun vil 
reptile. | 

La Grenouille commune eft fi élaftique & fi fen- 
fible dans tous fes points, qu'on ne peut la toucher, 
& fur-tout la prendre par fes pattes de derrière, 
fans que tout de fuite fon dos fe courbe avec viteffe, 
& que toute fa furface montre, pour ainf dire, les 
mouvemens prompts d'un animal asie , qui cherche 
à s'échapper. 

Son mufeau fe termine en pointe ; les yeux font. 
gros , brillans & entourés d’un cercle couleur d'or ; 
les oreilles placées derrière les Yeux , & recouvertes 
par une membrane; les narines vers le fommet du 
mufeau, & la bouche eft grande & fans dents; le 
corps , rétréci parderrière, préfente fur le dos des 
tubercules & des afpérités. Ces tubercules que. nous 
avons remarqués fi fouvent fur les Quadrupèdes ovi- 
_ Ovipares, Tome I, STE 


506 HisTOorre NATURELLE 

pares, fe trouvent donc non -feulement fur les cro=- 
codiles & les très-grands lézards dont ils confolident 
les dures écailles, mais encore fur des Quadrupèdes 
foibles, bien plus petits, qui ne préfentent qu'une 
peau tendre, & n'ont pour défenfe que l'élément 
qu'ils habitent, & lafile où ils vont fe réfugier. 

Le deflus du corps de la Grenouille commune eft 
dun vert plus ou moins foncé; le deffous eft blanc : 
ces deux couleurs, qui s'accordent très-bien, & forment 
un aflortiment élégant , font relevées par trois raies: 
jaunes qui s'étendent le long du dos; les deux des: 
côtés forment une faillie, & celle du milieu préfente 
au contraire une efpèce de fillon. A ces couleurs 
jaune , verte & blanche, fe mêlent des taches noires: 
fur la partie inférieure du ventre; & à mefure que 
l'animal grandit, ces taches s'étendent fur tout le: 


deflous du corps, & même fur fa partie fupérieure.. 


Qu’eft-ce qui pourroit donc faire regarder avec peine 


un être dont la taille eft légère, le mouvement prefte,, 


l'attitude gracieufe ? Ne nous interdifons pas un 
plaifir de plus; &, lorfque nous errons dans nos 
belles campagnes, ne foyons pas fâchés de voir Îles: 
rives des ruifleaux embellies par les couleurs de ces: 
animaux innocens, & animées par leurs fauts vifs: 


& légers: contemplons leurs petites manœuvres; fui 


vons-les des yeux au milieu des étangs paifbles dont: 
ils diminuent fi fouvent la folitude , fans en troubler 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES, 5$0O7 
le calme; voyons-les montrer fous les nappes d'eau les 
couleurs les plus agréables, fendre en nageant ces eaux 
tranquilles , fouvent même fans en rider la furface, 
& préfenter les douces teintes que donne la uanfpa- 
rence des eaux. 

Les Grenouilles communes ont quatre doigts aux 
pieds de devant, comme la plupart des Salamandres; 
les doigts des pieds de derrière font au nombre de 
cinq, & réunis par une membrane ; dans les quatre 
pieds, le doigt intérieur eft écarté des autres, & le 
plus gros de tous. | 

Elles varient par la grandeur, fuivant leg pays 


qu'elles habitent, la nourriture qu’elles trouvent, la 


chaleur qu’elles éprouvent, &c. Dans les zones tempé- 
rées, la longueur ordinaire de ces animaux eft de deux 
À < + cs D 2: p $ 
à trois pouces , depuis le mufeau jufquà l'anus. Les 


pattes de derrière ont quatre pouces de longueur 


quand elles font étendues, & celles de devant enviren 
un pouce & demi. 
UN n y à qu un ventricule dans le cœur de Ja 


Grenouille commune, ainfi que dans celui des autres 


Quadrupèdes ovipares ; lorfque ce vifcère a été arraché 
du corps de la Grenouille, il conferve fon battement 
pendant fept ou huit minutes, & même pendant plu- 
fieurs heures, fuivant M. Dole Le mouvement du 
fang eft inégal dans les Grenouilles; il eft pouffé goutte 


à goutte, & à de fréquentes reprifes; & lorfque ces 
| Le 


so8 - Hrsrorre NATURELLE 
animaux font jeunes, ils ouvrent & ferment la bouche: 
& les yeux à chaque fois que leur cœur bat. Les deux 
_Jobes des poumons font compofés d'un grand nombre 
de cellules membraneufes deftinées à recevoir l'air, 
& faites à-peu-près comme les alvéoles des rayons de 
‘miel (4) ; l'animal peut les tendre pendant un- tems: 
aflez long, & fe rendre par-là plus. léger. : 

“SA vivache, de fupériorité de fon naturel fur 
celui des animaux qui lui reffemblent le plus, ne 
doivent-elles pas venir de’ ce que, malgré fa petite 
taille, elle eft un des Quadrupèdes ovipares les mieux 

partagés pour les: fens extérieurs ? Ses yeux font en: 
effet gros & faillans, ainf que nous lavons dit; fa 
peau molle, qui n'eft recouverte ni d'écailles, ni d’en-- 
veloppes offeufes, eft fans cefle abreuvée & maintenue’ 
dans fa fouplefle par une humeur vifqueufe qui fuinte: 
au travers de fes pores ; elle doit donc avoir la vue: 
très-bonne , & le toucher un peu délicat; & fi fes: 
oreilles font recouvertes par une membrane, elle n’en. 


a pas moins louïie fine, puifque ces organes: renfer-- 


. ment dans leurs cavités une corde élaftique que Vanimal 


peut tendre à volonté, & qui doit lui communiquer 
avec aflez de précifion les vibrations de l'air agité par 


les corps fonores. | 
_ Cette fupériorité dans la fenfibilité des Grenouilles,, 
PAS PNG RS 7 Les oO en 
(8) Rays Synopfis animalium page 247 , Londres, 1693: 


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DES: QuADRUPÈDES OVPARES  SO9 
fes rend plus difficiles fur la nature de leur nourriture; 
elles rejettent tout ce qui pourroit préfenter un com- 
mencement de décompoñtion. Si elles fe nourriflent de 
vers, de fangfues, de petits limaçons, de fcarabées & 
d’autres infeétes tant ailés que non ailés, elles n'en 
prennent aucun qu’elles ne Paient vu remuer comme fi 
elles vouloient s’aflurer qu'il vit encore (c) : elles de 
meurent immobiles jufqu’à ce que l’'infecte foit aflez près 
d'elles ;ellesfondent alors fur lui avec vivacité, s'élancent 
vers cette proie, quelquefois à la hauteur d'un ou deux 
pieds, & avancent, pour l’attraper, une langue enduite 
d’une mucofité fi gluante, que les infeétes qui y touchent 
y font aifément empêtrés. Elles avalent auffi de très- 
petits limaçons tout entiers (d); leur œfophage a une 
grande capacité; leur eftomac peut d’ailleurs recevoir, 
en fe dilatant, un grand volume de nourriture; & tout 
cela joint à l’activité de leurs fens, qui doit donner 
plus de vivacité à leurs appétits, montre la caufe de 
leur efpèce de voracité : car non-feulement elles fe: 
nourriflent des très-petits animaux dont nous venons 
de parler, mais encore elles avalent fouvent des ani- 


Ÿ = 


(c) Laurénti fpecimen medicum. Wieñne, 1768, page 137: 
Didionnaire d'Hifloire. naturelle de M, Valmont. de Bomare, article- 
des Grenouilles. 


_d) Ray, Synopfis animalium , page 251 


s10 HirsTOrRE NATURELLE 


maux plus confidérables, tels que de jeunes fouris, 
de petits oifeaux, & même de petits canards nouvel- 
lement éclos , lorfqu'elles peuvent les furprendre fur 
le bords des étangs qu’elles habitent. 

La Grenouille commune fort fouvent de l’eau, non- 
feulement pour chercher fa nourriture, mais encore 
pour s’imprégner des rayons du foleil. Bien loin d'être 
prefque muette comme plufieurs Quadrupèdes ovipares, 
& particulièrement comme la falamandre terreftre, 
avec laquelle elle a plufieurs rapports, on l'entend de 
très-loin , dès que la belle faifon eft arrivée, & qu'elle 
eft pénétrée de la chaleur du printems jeter un cri 
qu'elle répète pendant aflez long-tems, fur-tout lorf- 
qu'il eft nuit. On diroit qu’il y a quelque rapport de 
plaifir ou de peine entre la Grenouille & l'humidité du 


ferein ou de la rofée; & que c’eft à cette caufe qu'on 


doit attribuer fes longues clameurs. Ce rapport pourroit 
montrer pourquoi les cris des Grenouilles font , ainfi 
qu'on l’a prétendu, d'autant plus forts, que le tems 
eft plus difpofé à la pluie, & pourquoi ils peuvent 
par conféquent annoncer ce météore, | 
Le coaffement des Grenouilles, qui n’eft compofé 
que de fons rauques, de tons difcordans & peu diftindts 
les uns des autres, feroit Rs par lui-même, 
& quand on n’entendroit qu une feule Grenouille à la 
fois; mais c’eft toujours en grand nombre qu’elles coaf- 
fent; & c’eft toujours de trop près qu'on entend ces 


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DES QuUADRUPÉDES OVIPARES. SI 
#ons confus, dont la monotonie fatiguante eft réunie 
à une rudefle propre à bleffer l'oreille la moins déli- 
cate. Si les Grenouilles doivent tenir un rang diftingué 


1 parmi les Quadrupèdes ovipares, ce n'eft donc pas par : 
ù | | leur voix : autant elles peuvent plaire par l’agilité de “ 
RD leurs mouvemens, & la beauté de leurs couleurs, au= 
n | | tant elles importunent par leurs aigres coaffemens. Les 
; : | mâles font fur-tout ceux qui font le plus de bruit ; 
1 | les femelles n’ont qu’un grognement affez fourd, qu'elles: 
| | font entendre en enflant leur gorge ; mais, lorfque les: 
1 | mâles coaffent , ils gonflent de chaque côté du cou 


deux veflies qui, en fe rempliffant d'air , & en devenant 
pour eux comme deux inftrumens retentiflans , aug- 
mentent le volume de leur voix. La Nature, qui n'a 
pas voulu en faire les muficiens de nos campagnes. 
n'a donné à ces inftrumens que de la force, & les: 
fons que forment les Grenouilles mâles fans étre plus 
agréables , font feulement entendus de plus loin que: 
ceux de leurs femelles. 

Ils font feulement plus propres à troubler ce calme 
Æ des belles nuits de l'été, ce filence enchanteur qui 
1 | règne dans une verte prairie, fur le bord d’un ruifleau 
1 | tranquille, lorfque la lune éclaire, de fa lumière pai- 
| - fible, cet afile champêtre, où tout goûteroit les charmes: 
de la fraicheur, du repos, des parfums des fleurs, &c 
où tous les fens feroient tenus dans une douce extafe,. 
fi celui de l'ouie n'étoit défagréablement ébranlé par 


s12 - HisTorre NATUREIzE 


des cris aufli aigres que forts, & de rudes coaffemens - 


fans cefle renouvellés. 

Ce n'eft pas feulement lorfque les Grenouilles mâles 
coaffent, que leurs vefles paroiflent à l'extérieur; on 
peut, en preflant leur corps, comprimer l'air quil 
renferme , & qui, fe portant alors dans ces vefles, 
en étend le volume & les rend faillantes. J'ai aufi vu 
gonfler ces mêmes veflies, lorfque j'ai mis des Gre- 
nouilles mâles fous le récipient d’une machine pneu- 
matique , & que j'ai commencé d’en pomper l'air. 
= Indépendamment des cris retentiflans & long-tems 
prolongés que la Grenouille mâle fait entendre fi {ou- 
vent, elle a d’ailleurs un fon moins défagréable & 
moins fort, dont elle ne fe fert que pour appeller fa 
femelle :.ce dernier fon eft fourd & comme plaintif, 
tant il eft vrai que l’accent de l'amour eft toujours mêlé 
de quelque douceur. : 

Quoique les Grenouilles communes fe plaifent 2 à des 
latitudes très - élevées , la chaleur leur eft aflez 
néceffaire , pour qu'elles perdent leurs mouvemens, 
que leur fenfbilité foit très-afloiblie, & qu'elles 
s'engourdiflent dès que les froids de l'hiver font venus. 
C'eft communément dans quelque afile caché très- 
avant fous les eaux, dans les marais & dans les lacs 
qu'elles tombent dans la torpeur à laquelle elles font 
fujettes. Quelques-unes cependant paflent la faifon du 
froid dans des trous fous terre, foit que des circonf- 

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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. S13 
tances locales les Y déterminent ;ou qu'elles foient fur- 
_prifes dans ces trous par le degré de froid qui les engour- 

dit. Elles font alimentées , pendant le tems de leur long 
| fommeil , par une matière graiffeufe renfermée dans le 
| tronc de la veine-porte (e). Cette graïfle répare jufqu’à 
un certain point la fubftance du fang, & l’entretient de 
manière à ce quil puifle nourrir toutes les parties du 
| _ corps qu’il arrofe. Maïs quelque fenfibles que foient les 
| _ Grenouilles au froid, celles qui habitent près des zones 
| torrides, doivent être exemptes de la torpeur de l’hiver, 
| de même que les crocodiles & les lézards qui y font 
fujets à des latitudes un peu élevées, ne s’engourdif- 
fent pas dans les climats très-chauds. 

On tire les Grenouilles de leur état d’engourdifie- 
ment, en les portant dans quelque endroit échaufté, 
& en les expofant à une température artificielle, à 
peu-près femblable à celle du printems. On peut fuc- 
cefivement & avec aflez de promptitude les replonger 
dans cet état de torpeur , ou les rappeller à la vie 
par les divers degrés de froid ou de chaud qu'on leur 
fait fubir. A la vérité, il paroît que l'adtivité qu'on 
leur donne avant le tems où elles font accoutumées à 
la recevoir de la Nature, devient pour ces animaux un 
grand effort qui les fait bientôt périr. Mais il eft à pré- 
fumer que fi lon réveilloitainfi des Grenouilles apportées 


(e) Malpighi 
Ovipares, Tome I, Cl 


s14 Hirsrorrre NATURELLE | 

de climats très-chauds où elles ne s’engourdiffent jamais» 
bien loin de contrarier les habitudes de ces animaux; 
on ne feroit que les ramener à leur état naturel, & 
ils n’auroient rien à craindre de l’activité qu'on leur 
rendroit. On eft même parvenu, par une chaleur arti- 
ficielle, à remplacer aflez la chaleur du printems, pour 
que des Grenouielles aient éprouvé, l'une auprés de 
l'autre, les defirs que leur donne le retour de la belle 
faifon. Mais, foit par défaut de nourriture, foit par 
une fuite des fenfations qu’elles avoient éprouvées 
trop brufquement, & des efforts qu’elles avoient faits 
dans un tems où communément il leur refte à peiné 
la plus foible exiftence , elles n'ont pas furvécu long- 
tems à une jouiflance trop hâtée (f). 

Les Grenouilles font fujettes à quitter leür peau, 
de même que les autres Quadrupèdes ovipares; mais 
cette peau eît plus fouple , plus conftamment abreuvée 
par un élément qui la ramollit, plus fajette à être 


altérée par les caufes extérieures ; d'ailleurs les Gre- 


nouilles, plus voraces & mieux conformées dans Îles 
organes relatifs à la nutrition, prennent une nourriture 


plus abondante, plus fubflantielle , & qui fourniffant 


une plus grande quantité de nouveaux fucs, forme 
plus aifément une nouvelle peau au-deffous de lan 
cienne. Il n’eft donc pas furprenant que les Grenouilles 
0000 

(f) Mémoires de M. Gleditsch, dans ceux de L Académie de Pruffe- 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. St 


fe dépouillent très-fouvent de leur peau pendant la 


faïfon où elles ne font pas engourdies, & qu’alors elles 


en produifent une nouvelle prefque tous les huit jours : 
lorfque l’ancienne eft féparée du corps de l'animal, 


elle reflemble à une mucofité délayée. 


C’eft fur-tout au retour des chaleurs que les Gre- 


nouilles communes, ainfi que tous les Quadrupèdes 


ovipares, cherchent à s'unir avec leurs femelles; ik 
croît alors aux pouces des pieds de devant de la Gre+ 
nouille mâle, une efpèce de verrue plus où moins 
noire, & garnie de papilles (g). Le mâle sen fert 
pour retenir plus facilement fa femelle (4); il 
monte fur fon dos, & l’embrafle d'une manière fi 
étroite avec fes deux pattes de devant, dont les doigts 
s’entrelacent les uns dans les autres, qu’il faut employer 
un peu de force pour les féparer, & qu'on n'y par- 
vient pas en arrachant les pieds de derrière du mâle. 
M. l'Abbé Spallanzani a même écrit qu'ayant coupé la 
tête à un mâle qui étoit accouplé, cet animal ne ceffa 
pas de féconder pendant quelque tems les œufs de fa 
femelle, & ne mourut qu'au bout de quatre heures (à). 


(g) Rafel, page 54. ; 

(A) M. Linné, vraifemblablement d’après Fréderic Menzius, a été 
tenté de regarder cette efpèce de verrue, comme la partie fexuelle du 
mâle ; pour peu qu'il eût réfléchi à cette opinion, il auroit été le premier 
à la rejeter. Lin., fyfflema nat. , edit, 13.2 tom. 1, folio 354. 

(ä) Vol. 3, page 86. | 
Ttti 


._ $16 HISTOIRE NATURELLE 

Quelque mouvement que fafle la femelle, le mâle [x 
retient avec fes pattes, & ne la laifle pas échapper . 
même quand elle fort de l’eau (Æ): ils nagent ainfn 
accouplés pendant un nombre de jours d'autant plus: 
grand, que la chaleur de l’atmofphère eft moindre, & 
ils ne fe quittent point avant que la femelle ait pondu: 
fes œufs (?). C'eft ainfi que nous avons vu les tortues: 
de mer demeurer pendant long-tems intimement unies, 
& voguer fur la furface des ondes, fans pouvoir être: 
féparées l'une de l’autre. 

Au bout de quelques jours, la faite pond: fes: 
œufs, en faifant entendre quelquefois un coafflement: 
un peu fourd; ces œufs forment une efpèce de cordon... 
étant colés enfemble par une matière glaireufe dont: ils: 
font enduits; le mâle faifit le moment où ils fortent de: 


l'anus de la femelle, pour les-arrofer de fa liqueur fémi-- : 


nale, en répétant plufeurs fois un cri particulier (”2.);: 
& il peut les féconder d'autant plus aifément, que: 
{on corps dépañle communément , par le bas, celuï 
de fa compagne : il fe fépare enfuite d'elle, & recom- 
mence à nager, ainfi qu'à remuer fes pattes avec agi-- 
lité, quoiqu'il ait pañlé la plus grande partie du tems: 


(4), Colleéion académ. ; rome 5 , page 549. Hifloire de la Grenouille ;; 
gar Swammerdam, 


(1) Swammerdam & Rafel. 
{z.). Laurenti fpecimen medicum > Vienne , 1768, page: 1382. 


lité, 
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DES QUADRUPHDES OVIPARES. S17 
de fon union avec fa femelle dans une grande immo< 
bilité, & dans cette efpèce de contraction qui ac= 
compagne quelquefois les fenfations trop vives (r). 
Dans les différentes obfervations que nous avons 


faites fur les œufs des Grenouilles, & fur les chan- 


gemens qu'elles fubiffent avant de devenir adultes, nous 
avons vu, dans les œufs nouvellement pondus, un petit 
globule, noir d’un côté, & blanchâtre de l’autre, placé 
au centre d'un autre globule, dont la fubftance glu=- 
tineufe & tranfparente doit fervir de nourriture à 
l'embryon , & eft contenue dans deux enveloppes 
membraneufes & concentriques: ce font ces membranes 
qui repréfentent la coque de l'œuf (0). 

Après un tems plus ou moins long, fuivant la tem 
pérature , le globule noir d'un côté & blanchâtre de 
Fautre, fe développe & prend le nom de rérard (p}): 


_ (n) Swammerdam ,-à l’endÿoit déja cité. 
(o) M. l'Abbé Spallanzani ne confdérant la membrane intérieure- 
qui enveloppe le tétard-que comme un amnios ; a propofé de féparer 


‘les grenouilles, les crapauds.& les raines, des. ovipares, pour les réunir 


avec les: vivipares ; maïs nous n’avons pas cru devoir adopter l'opinion 
de cet habile Naturalifte. Comment éloigner en effet les grenouilles ; 
les raines & les crapauds, des tortues & des lézards avec lefquels ils 
font liés par tant de rapports, pour les räpprocher des viviparés, dont: 
is différent par tant de caractères intérieurs où extérieurs? Voyez le 
troilième volume de M. FAbbé Spallanzani, page 76. 


(g). M. Labbé Spallanzani ; ouvrage déjà cité volume 3» PAL 1%. 


s18 Hisrorre NATUREL: r 


cet embryon déchire alors les enveloppes dans lefquelles 
il étoit renfermé, & nage dans la liqueur glaireufe 
qui l'environne, & qui s'étend & fe née dans l’eau, 
où elle flotte fous l'apparence d’une matière nuageufe; 
il conferve, pendant quelque tems, fon cordom ombilical 
qui eft attaché à la tête, au lieu de l’être au ventre, 
ainfi que dans la plupart des autres animaux ; il fort de 
tems en tems de la matière gluante, comme pour 
effayer fes forces; mais il rentre fouvent dans cette 
petite mafle flottante qui peut le foutenir; il y revient, 

non-feulement pour fe repofer, mais encore pour pren- 
dre de la nourriture. Cependant il grofhit toujours; 


on diftingue bientôt fa tête, fa poitrine, fon ventre Sc 


fa queue dont il fe fert pour fe mouvoir. 

La bouche des tétards n'eft point placée, comme 
dans la Grenouille adulte, au-devant de la tête, mais 
en quelque forte fur la poitrine; aufli lorfqu'ils veu- 
lent faifir quelque objet qui flotte à la furface de l'eau 
ou chafler l'air renfermé dans leurs poumons, ils fe 
renverfent fur le dos, comme les poiflons dont la 
bouche eft fituée au-deflous du corps ; & ils exécu- 
tent ce mouvement avec tant de vitefle que l'œil a 
de la peine à le fuivre (g). 

Au bout de quinze jours, les yeux paroiffent quel 
quefois encore fermés, mais on découvre les premiers 


(g) Siwammerdam, 


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(r) Sy 
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(t) Pi 
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}s conf, 


D. 2 


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plus conftante, Voyez Swammerdam, 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 519 
linéamens des pattes de derrière (r). À mefure qu’elles 
croiflent, la peau qui les revêt s'étend en propor« 
tion (s). Les endroits où feront les doigts, font mar- 
qués par de petits boutons ; &, quoiqu'il n’y ait encore 
aucun os , la forme du pied eft très-reconnoiflable, 
Les pattes de devant reftent encore entièrement cachées 
fous l'enveloppe: plufieurs fois les pattes de devant font 
au contraire les premières qui paroïflent. 

C’eft ordinairement deux mois après qu'ils ont 
commencé de fe développer, que les tétards quittent 
leur enveloppe pour prendre la vraie forme de Gre= 
nouille, D'abord la peau extérieure fe fend fur le dos, 
près de la véritable tête qui pafle par la fente qui 
vient de fe faire. Nous avons vu alors la membrane, 
qui fervoit de bouche au tétard, fe retirer en arrière 
& faire partie de la dépouille. Les pattes de devant 
commencent à fortir & à fe déployer ; & la dépouille 
toujours repouflée en arrièré, laifle enfin à découvert 
le corps, les pattes de derrière, & la queue qui, 
diminuant toujours de volume , finit par s'oblitérer & 
difparoître entièrement (+). | é 


(r) Swammerdam , page 790 , Leyde, 1738, 
(s) Idem, page 79t. : 
(4) Pline, Rondelet & plufeurs autres Naturaliftes ont prétendu que 
la queue de la jeune Grenouille fe fendoit en deux , pour former les. 
deux pattes de derrière : cette opinion eft contraire à l’obfervation la 


520 HisTorre NATurEzrr=r 


Cette manière de fe développer eft commune, à 
trés-peu près, à tous les Quadrupèdes ovipares fans queue: 
quelque éloignée qu'elle paroife ,au premier coup-d'œil, 
de celle des autres ovipares, on reconnoitra aïfément, 
fi on l’examine avec attention, que ce qu ‘elle a de 
particulier fe réduit à deux points. 

Premièrement, l'embryon renfermé dans l'œuf, en 
fort beaucoup plutôt que dans la plupart des autres 
ovipares , avant même que toutes fes parties foient 
développées, & que fes os & fes cartilages foient 
formés. | 

_Secondement, cet embryon à demi-développé eft 
renfermé dans une membrane, & pour ainfi dire, 
dans un fecond œuf Gone & très-tranfparent , 
auquel il y a une ouverture qui peut donner pañlage 
à la nourriture. Mais de ces deux faits le premier ne 
doit être confidéré que comme un très-léger change- 
ment , & , pour aïnfi dire , une fimple abréviation 
dans la durée des premières opérations nécefaires au 
EAP Re des animaux qui viennent d'un œuf: 
cette manière particulière peut avoir lieu fans que Île 
fœtus en fouffre, parce que le tétard n’a prefque pas 
befoin de force ni de membres pour les divers mou- 
vemens qu'il exécute dans l’eau qui le foutient, & 
autour de la fubftance tranfparente & av où 


il trouve à fa portée une nowriture aualogue à la 
foibleffe de fes organes, 


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DES QuaDruPÈDEs OVrPARES. $2T 
A l'égard de cette efpèce de fac dans lequel la gre- 
nouille ainfi que la raine & le crapaud font renfermés 
pendant les premiers tems de leur vie fous la forme de 
tétard , & qui préfente une ouverture pour que la 
| os puifle parvenir au jeune animal on doit, 
| ce me femble, le confidérer comme une ce ee 
fecond œuf, ou pour mieux dire de feconde enye- 
_loppe dont lanimal ne fe dégage qu'au moment qui 
| lui a été véritablement fixé pour éclore : ce n’eft 
be” que lorfque la grenouille ou le crapaud font ufage de 
tous leurs membres, que l’on doit les regarder comme 
véritablement éclos. Is font toujours dans un œuf tant 
qu ils font fous la forme de tétard: mais cet œuf eft 
| percé parce qu'il ne renferme point la nourriture né- 
| ceflaire au fœtus, & parce que ce dernier eft obligé 
| d'aller chercher fa fubfftance, foit dans l’eau, foit dans 
| ‘Ja fubftance glaireufe qui flotte avec l'apparence d'une 
14 matière nuageufe. 


| Le tétard, à le bien confidérer, nef donc qu’ un 

À | _ œuf fouple & mobile qui peut . prêter à tous les 

: À _ mouvemens de l’embryon. Il en feroit de même de tous 

L les œufs, & même de ceux de nos poules, fi au lieu 

d'être (olides & formés d'une fubftance crétacée & 

D | dure , ils étoient compofés d’une membrane très-molle, | 

Li) | _ très-flexible & tranfparente. Le poulet, qui y feroit . 

contenu, pourroit exécuter quelques mouvemens, quoi» _ 
L. que renfermé dans cette enveloppe, qui fe préteroit 


| … Ovipares, Tome LE us de, 


PE HISTOIRE NATURELLE 


à fon aétion ; il le pourroit fur-tout , fi ces mouvemens 
nétoient pas contrariés par les Lriéités des furfaces, 
& les inégalités du terrain, & fi au contraire ils avoient 
lieu au milieu de l’eau qui foutiendroit l’œuf & le 
fœtus, & ne leur oppoferoit qu'une foible réfiftance. 
Ces mouvemens feroient comme ceux d’un petit ani- 
mal quon renfermeroit dans un fac d’une matière 
fouple. 

Que fe pañle- -t-il donc réellement dans le déve- 


loppement des grenouilles, ainfi que des autres Qua- 


drupèdes ovipares fans queue ? leurs œufs ont plufieurs 
enveloppes : les plus extérieures, qui environnent le 
globule noir & blanchâtre, ne fubfiftent que quelques 


jours; la plus ce , qui eft très-molle & très-fouple, 


par fe prêter à tous les mouvemens d'un animal qui 
à Sans inflant acquiert de nouvelles forces ; elle 
s'étend à mefure qu'il grandit ; elle ef percée d'une 
ouverture, que l’on n'auroit pas dû appeller bouche, 
car ce n'eft pas précifément un organe particulier, mais 
un pañage pour la nourriture néceffaire à la jeune 
grenouille, au jeune crapaud, ou à la jeune raine: 
& comme les œufs des grenouilles, des raines & des 
crapauds, font communément pondus dans Peau qui, 

pendant le printems & lété, eft moins ride que 
la terre & l'air de Fotbhhe , ils. éprouvent une 
chaleur moins confidérable, que ceux des lézards & 
des tortues qui font dépofés fur les rivages, de manière 


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jours. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. S23 
à ètre échauffés par les rayons du foleil : ilneft donc 
pas furprenant que, par exemple, les petites grenouilles 
foient renfermées dans leurs enveloppes pendant deux 


_ mois, ou environ, & que ce ne foit qu'au bout de ce 


tems quelles éclofent véritablement en quittant 1a 
forme de tétard, tandis que les lézards & les tortues 
fortent de leurs Le he un aflez petit pee de 


À l’égard de la queue qui s’oblitère dans les greh 
nouilles , dans les crapauds & dans les raines , ne 
doivent - ils pas perdre facilement une portion de 
leur corps qui n'eft foutenue par aucune partie offeufe, 
& qui d’ailleurs, toutes les fois qu'ils nagent, oppofe à 


Veau le plus d'action & de réfiflance? Au refte, cette 


forte de tendance de la Nature à donner une queue. 
aux grenouilles, aux crapauds & aux raines, ainff 


qu'aux lézards & aux tortues, et une nouvelle preuve 
des rapports qui les lient &, en quelque forte, de F'u< 


nité du modèle fur lequel les Quadrupèdes ovipares 
ont été formés, 

Les couleurs des “ee communes ne font ja= 
mais fi vives qu'après leur accouplement ; elles pälif- 
fent plus où moins enfuite, & deviennent quelquefois 
aflez ternes & aflez rouffes pour avoir fait croire au 
peuple de plufieurs pays, que, pendant l'été, les gre— 
nouilles fe métamorphofent en crapauds, | 

 Lorfqu’ on ne bleile les grenouilles que dans une 
Vvyvil 


524 HisTOrRE NATUREIrE 


feule de leurs parties, il eft très-rare que toute leur 
organifation sen reflente, & que l’enfemble de leur 
mécanifme foit dérangé au point de les faire périr. 
Bien plus, lorfqw'on leur ouvre le corps, & quon en 
arrache le cœur & les entrailles, elles ne confervent pas 
moins pendant quelques momens leurs mouvemens ac- 
coutumés (u) : elles les confervent aufli pendant quel- 
que tems lorfqu'elles ont perdu prefque tout leur fang; 


_ ie dans cet état, elles font CROIRE * à l’action en- 


gourdiflante du EE leur fenfbilité s'éteint, mais fe 
xanime quand le froid fe diflipe très-promptement, & 


_elles fortent de leur torpeur, comme fi elles n’avoient 


éprouvé aucun accident (v). Aufli, malgré le grand 
nombre de dangers auxquels cliés font expofées , 
doivent-elles communément vivre pendant un tems 
aflez long relativement à leur volume. 

_ Les grenouilles étant accoutumées À demeurer un 
peu de tems fous l’eau fans refpirer, & leur cœur 


étant conformé de manière à pouvoir battre fans être 


mis en jeu par leurs poumons comme celui des ani- 


maux mieux organifés, il n'eft pas furprenant qu’elles 


vivent aufh pendant un peu de tems dans un vafe 
dont on a pompé l'air, ainf que l’ont éprouvé plufeurs 
areas np SR nn ER EEE 

Ca) Ray, Sbophs methodica animalium, Lond. 1693, page 248. 


y) Voyez à ce fujet les Œuvres de M, Abbé Spallanzani, Traduéfion 
de M, Sennebier , vol 2, page ir 


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DES-QuUADRUPÉDES OVIPARES. S23 


Phyfciens, & que je lai éprouvé fouvent moi-même (x), 
On peut même croire que l’efpèce de mal-aife ou de 
douleur qu’elles reffentent lorfqu'on commence à ôter 
l'air du récipient, tient plutôt à la dilatation fubite & 
forcée de leurs vaifleaux, produite par la raréfadion 
de Pair renfermé dans leur corps, qu'au défaut d’un 
nouvel air extérieur. Il n'eft pas furprenant, d'après 
cela, qu'elles vivent plus long-tems que beaucoup 
ie animaux, ainfi que les crapauds & les fala- 
mandres aquatiques, dans des vafes dont l'air ne peut 
_ pas fe renouveller (y). 
.. Les grenouilles font Mo par les ferpens d'eau, 
les anguilles, les brochets, les taupes, les putois, les 
loups (7), les oifeaux d’eau & de rivage, &c. Comme 


elles fourniffent un aliment utile, & que même cer- 


taines parties de leur corps forment un mets très- 
agréable, on les recherche avec foin ; on a plufieurs 
manières de les pêcher; on les ca. avec des filets 
à la clarté des flambeaux qui les effraient & les rendent 
fouvent commeimmobiles; ou bien on les pêche à la ligne 
avec des hamecons qu'on garnit de vers, d’infeétes ) OÙ 

(x) Réd; , ©& lecons de phyfique expérimentale de l'Abbé Noller, 
gomme 3, page 270. 

(y) Voyez les Œuvres de M. FAbbé Golirant traduction de 


M. Sennebier , vol. 2, pages 160 & fuiv. 
(x) M. d'Aubenton en a trouvé dans leftomac d’un loup. 


526 Hrsrorrre Narursiriy 


fimplement d'un morceau d’étoffe rouge ou couleur de 
chair; car, ainfi que nous l'avons dit, Les grenouilles font 
goulues ; elles faïfiflent avidement & retiennent avec 
obflination tout ce qu'on leur préfente (a). M. Bour- 
geois rapporte qu'en Suifle on les prend d’une manière 
plus prompte par le moyen de grands rateaux dont les 
dents font longues & ferrées: on enfonce le rateau dans 
l'eau, & on ramène les grenouilles à terre, en le re- 
tirant avec précipitation (b). 

On a employé avec fuccès en médecine les diffé 
rentes portions du corps de la grenouille , ainf que {on 
frai auquel on fait fubir différentes préparations, tant 


pour conferver fa vertu pendant long-tems, que pour 


si 


| ajouter à l'efficacité de ce remède (c). | 
La grenouille commune habite prefque tous les pays. 


On la trouve très-avant vers le nord, & même dans 
la Lapponie Suédoife (d); elle vit dans la Caroline & 
dans la Virginie, où elle eft fi agile, au rapport de 
plufieurs Voyageurs, qu’elle peut, en fautant , franchiz 


un intervalle de quinze à dix-huit pieds, 


(a) Laurenti fpecimen medicum, Vienne, à 768, page 137. 

(5) Didionnaire d'Hifloire naturelle, par M, Valmont de Bomare; 
article des Grenouilles, | 

() Idem. : 

(d) Voyez, dans la continuation de l'Hiftoire générale des Voyages; 
tome 76, édition in-12, la defcription de la Lapponie fuédoife, pag 
M. Pierre Hxgeftrzm, traduite par M, de Kéralio de Gourlay, 


Nos 
sua li 
nouile 
contrées ; 
confidere 
rhfervai 
pute à € 
variétés 
des race 
Jes difé 
mune , 


habitude 


bzs QuaDRruPÈDES OVIPARES. 52? 


Nous allons maintenant préfenter rapidement les 
détails relatifs aux grenouilles différentes de la gre- 
nouille commune, & que l’on rencontre dans nos 
contrées, ou dans les pays étrangers : nous allons les 
confidérer comme des efpèces diftinétes, peut-être des 
obfervations plus étendues nous obligeront-elles dans la 
fuite à en regarder quelques-unes comme de fimples 
‘variétés dépendantes du climat, ou tout au plus comme 
des races conftantes : nous nous contenterons de rapporter 
les différences qui les féparent de la grenouille com 
mune, tant dans leur conformation que dans leurs 
habitudes. : 2 


528 HrsTorre MERE 


ge 
: 


du OUSSE 0 


LL ssr AISÉ de diflinguer cette grenouille d'avec 


les autres, par une tache noire qu'elle à entre les 
yeux & les pattes de devant. Elle paroît, au premier 
coup-d œil, n'être qu'une variété de la grenouille com 


mune; mais comme elle habite dans le même Fo | 


comme elle vit, pour ainfi dire, dans les mêmes 
étangs , & quelle en diffère cependant conftamment 
par quelques-unes de fes habitudes & par fes couleurs, 


(a) Batracos, en grec. 

La muette, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, 
Rara temporaria, 24. Linn. amph. rept. 

Rana muta, Laurenti Jpecimen medicum. 

Reel, tab. : & 3» Rana fufca terreftris. 

Gefner, de Quadr. ovi., fol. its Rana AUS 
fldr. ovip, 89, Rana. 

Jonff. Quadr., t.75,f5,6,7,8 

Ray, Quadr., 247, Rana el 

Bradl. natur. tab. a1 , fig. 

Batracos , Ariflote , Hifloire des animaux , Livre IV, chap. 9. 
Frog common , Brrisk Zoology , vol. ce London , 2776. 
Rana temporaria, Wxlf: Ichthyologia , cum amphibiis regni  Borufficis 
Rana ve cfpertina, Supplément au Voyage de M. Pallas. 


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DES QuADRUPÈDES OVIPARES, 529 


où ne peut pas rapporter fes caractères diftinctifs à la 
différence du climat ou de la température, & l’on 
doit la confidérer comme une efpèce particulière. Elle 
a le deffus du corps d’un roux obfeur, moins foncé 
quand elle a renouvellé fa peau, & qui devient comme 
marbré vers le milieu de l'été. Le ventre eft blanc 
& tacheté de noir à mefure . “elle vieillit. Les cuifles 
{ont rayées de brun. 

Elle a, au bout de la langue, une petite échan- 
crure dont les deux pointes lui fervent à faifir les 
infeétes qu’elle retient, en même-tems , par l'efpèce 
de glu dont fa langue eft enduite, & fur lefquels elle 
s'élance, comme un trait, dès qu'elle les voit à fa 
portée. On l'a appellée la muette, par comparaifon, 
avec la grenouille commune, dont les cris défagréa- 
bles & fouvent répétés, fe foi entendre de très-loin. 
Cependant, dans le tems de fon accouplement où 
lorfqu’on la tourmente, elle poufle un cri fourd, fem 
blable à une forte de grognement, & qui elt plus 
fréquent & moins foible dans le mâle. 

Les grenouilles rouffes paflent une grande partie de 
la belle faifon à terre. Ce n'eft que vers la fin de 
l'automne qu’elles regagnent les endroits marécageux, 
&, lorfque le froid devient plus vif, elles s'enfoncent 
de le limon du fond des étangs, où elles demeurent 
engourdies jufqu’au retour du printems. Mais ; lorfque 
la chaleur eft revenue, elles font rendues à la vie &. 

Ovipares , Tome I, As 


530 HirsTOorrEz NATURELLE 


au mouvement. Les jeunes regagnent alors la terre 
pour y chercher leur nourriture : celles qui font âgées 
de trois ou quatre ans, & qui ont atteint le degré de 
développement néceflaire à la reproduction de leur 
efpèce, demeurent dans l’eau jufqu'à ce que la fai- 
fon des amours foit pañlée. Elles font les premières 
grenouilles qui s'accouplent, comme les premières ra- 
nimées. Elles demeurent unies pendant quatre jours 
ou environ. | 

Les grenouilles roufles éprouvent, avant d'être 
adultes , les mêmes changemens que les grenouilles 
communes; mais il paroît qu'il leur faut plus de tems 
pour les fubir, & que ce n’eft qu'à-peu-près au bout 
de trois mois quelles ont la forme qu'elles doivent 
conferver pendant toute leur vie. 

Vers la fin de Juillet, lorfque les petites grenouilles 
font entièrement éclofes ; & ont quitté leur état de 
tétard , elles vont rejoindre les autres grenouilles rouffes 
dans les bois & dans les campagnes. Elles partent le 
foir , voyagent toute la nuit & évitent d'être la proie 
des oïfeaux voraces, en pañlant le jour fous les pierres 
& fous les différens abris qu'elles rencontrent, & en 
ne fe remettant en chemin que lorfque les ténèbres 
leur rendent la füreté. Cependant , malgré cette efpèce 
de prudence, pour peu qu’il vienne à pleuvoir, elles 
fortent de leurs retraites pour simbiber de l’eau qui 
tombe. 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. S31 


Comme elles font très-fécondes & qu'elles pondent 
ordinairement depuis fix cens jufqu’à onze cens œufs, 


il n’eft pas furprenant qu’elles fe montrent quelque- 


fois en fi grand nombre, {ur-tout dans les bois & les 
terrains humides, que la terre en paroit toute cou 


_ verte. 


La multitude des grenouilles roufles quon voit 
fortir de leurs trous lorfqu'il pleut, a donné lieu à 
deux fables ; l’on a dit, non-feulement qu'il pleuvoit 


quelquefois des grenouilles, mais encore que le mé- 


lange de la pluie avec des grains de pouffière pouvoit 
les engendrer tout d'un coup. L'on ajoutoit que ces 
grenouilles ainfi tombées des nues , ou produites d'une 
manière fi rapide par un mélange fi bizarre, s'en alloient 
auffi promptement qu'elles étoient venues, & qu’elles 
difparoiïfloient aux premiers rayons du Soleil. 

Pour peu qu'on eût voulu découvrir la vérité, on 
les auroit trouvées, avant la pluie, fous des tas de 
pierres & d’autres abris ; où on les auroit vues cachées de 
nouveau après la pluie, pour fe dérober à une lumière 
Me vive (Bb) ; mais on auroit eu deux fables de moins 
à raconter , & combien de gens dont tout le mérite 

TS les faits merveilleux ! 
On a prétendu que les grenouilles rouffes étoient : 


b) Raæfel, pages 136 14. 
X. x x ij 


532 HISTOIRE NATURELLE 


venimeufes ; on les mange cependant dans quelques 
contrées d AMemanes & M. Laurenti ayant fait mor- 
dre une de ces grenouilles par de petits lézards gris, 
{ur lcfquels le moindre venin agit avec force, ils n'en 
furent point incommodés (c). Elles font en ae 
nombre dans lifle de Sardaigne (d), ainñ que. dans 
prefque toute l'Europe ; il paroît qu’on les trouve dans 


l'Amérique feptentrionale , & qu’il faut leur rapporter 


les grenouilles appellées grenouilles de terre par Ca- 
tefby (e); & qui habitent la Virginie & la Caroline. 
Ces dernières paroïffent préférer , pour leur nourriture, 
les infectes qui ont la propriété de luire dans les téné- 
bres, foit que cet aliment leur convienne mieux, ou 
qu elles puiflent l’appercevoir, & le faifir plus e 


{c) Laurenti Jpecimen medicum , page 134. 
(d) Hifloire naturelle des amphibies & des poiffons de la ns 
par M. Francois Cetti. 

-(e) & Le dos & le deflus de cette grenouille ( la grenouille de 
siterre), font gris & tachetés de marques d’un brun obfcur fort proches 
»»les unes des autres: le ventre eft d’un blanc fale & légèrement marqueté : 
2: iris eft rouge. Ces grenouilles varient quelquefois par rapport à la 
couleur , les unes étant plus grifes, & les autres penchant vers le 
* brun ; leurs corps font gros, & elles reflemblent plus à un crapaud 
#qu'à une Grenouille, cependant elles ne rampent pas comme les cra- 
2» pauds , mais elles fautent. On en voit davantage dans les tems humides : 
# elles font cependant fort communes dans les terres élevées, & paroiffent 


dans le tems le plus chaud du jour. 22 Catefby, vol, à, page 69e 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. $33 
lement lorfqw'elles cherchent leur pâture pendant la 
nuit, Catefby rapporte en effet qu'étant dans la Caro- 
line, hors de fa maïfon, au commencement d'une 
nuit très- chaude, quelqu'un qui l’accompagnoit , 
laiffa tomber de fa pipe un peu de tabac brülant 
qui fut faifi & avalé par une grenouille de terre, 
tapie auprès d'eux, & dont l'humeur vifqueufe dut 
amortir l’ardeur du tabac. Catefby eflaya de lui pré- 
fenter un petit charbon de bois allumé , qui fut 
avalé & éteint de même. Il éprouva conftamment 
que les grenouilles terreftres faififloient tous les petits 
corps enflammés qui étoient à leur portée, & il con- 
jectura , d’après cela, qu’elles devoient rechercher les 
vers ou les infectes luifans qui brillent en grand 
nombre , pendant les nuits d'été, dans la Caroline & 
dans la Virginie (f). 


(f) Catefby , au méme endroit, 


534 HISTOIRE NATURELLE 


LA PÉUNTALE. (re) 


Cerre GRENOUILLE eft couverte de verrues, 
ce qui fert à la diftinguer d'avec les autres. La par- 
tie poftérieure du corps eft obtufe & parfemée en 
deflous de petits points. Elle a quatre doigts aux pieds 
de devant , & cinq doigts un peu féparés les uns 
des autres aux pieds de derrière. On la trouve dans 
plufieurs contrées de l'Europe. Elle s’y montre fouvent 
en grand nombre, après les pluies du printems ou de 
l'été, ainfi que la grenouille roufle ; & c’eft de-là 
qu’eft tiré le nom de Pluviale, que M. d'Aubenton 
lui a donné, & que nous lui confervons. On a fait 
fur fon apparition les mêmes contes ridicules que fur 
celle de la grenouille roufle 


(a) La Pluviale. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Rana corpore verrucofo, ano obtufo fubtus punétato, Faun. Suec., 276% 
Rana rubeta, 4. Linn. amphib.-rept. 
Rana palmis tetradaéty lis fffis, plantis pentadaétylis fubpalmatis ) anQ 
fabtus punétato, | 
Water Jack, British Zoology, vol. 3, London, 1776. 
Rana rubeta. Wulf Ichthyologia » CUM amphibiis regni Boruffici 


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TimiZ. : ; “es : Fe PLAT. pag: 588. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 535. 


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LA SONNANTE («). 


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Ox TROUVE, en Allemagne, une grenouille qui, 
par fa forme , reflemble un peu plus que les autres 
au crapaud commun, mais qui eft beaucoup plus 
petite que ce dernier. Un de fes caractères diftinctifs 
eft un pli tranfverfal quelle a fous le cou. Le fond 
de fa couleur eft noir: le deffus de fon corps eft 
couvert de points faillans, & le deflous marbré de blanc 
& de noir. Les pieds de devant ont quatre doigts 
divifés, & ceux de derrière en ont cinq réunis par 
une membrane: on conferve ,au Cabinet du Roi, plu- 
fieurs individus de cette efpèce. On la nomme la 
Sonnante , à caufe d'une reflemblance vague , qu'on 
a trouvée entre fon coaffement & le fon des cloches, 
qu'on entendroit de loin. Sa forme & fon habitation 
lont fait appeller quelquefois crapaud des marais. 

(a) La Sonnante. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique, | 

Rana campanifona, Laurent Jpecimen FREE 


Gefñner, pile ; 942. 
Rana bombina, 6 Linn. amph. rept. 
Rana variegata, Wulff: Ichthyologie , cum amphibüs regni Borufir, 


LA BORDÉE (:). 


I L EST AISÉ de diftinguer cette grenouille qui fe 
trouve aux Indes, par la bordure que préfentent fes 
côtés ; fon corps eft alongé; les pieds de derrière ont 
cinq doigts divifés. Le dos eft brun & life (à) ; le 
deflous du corps eft d'une couleur pâle & couvert 
d'un grand nombre de très- petites verrues qui fe 
touchent, | / 


Rana marginata, Laurenti fpecimen medicum. 

Rana marginata, Linn., fÿflema naturæ , editio 13.) 

Rana lateribus marginatis, mufæum ad, fr., fol 47. 

(B) Suivant M. Laurenti , le deflus du corps eft couvert d’afpérités ; 
mais nous avons cru devoir fuivre la defcription que M. Linné a faite de 
cette Grenouille, d'après un individu confervé dans le muféum du Prince 


Ad olphe, 


(a) La Grenouille Bordée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. | 


Ora 


LA RÉTICULAIRE (+) 


: Ox rrouvE ENCORE, dans les Indes, une gre- 


4 LD nouille dont le caractère diftindif eft d’avoir le deflus 
| {l É J : r ; \ Le 2 ES 
1 | du corps veiné & tacheté de manière à préfenter l'ap 
1 | parence d'un réfeau ; elle a les doigts divifés. 


; ; | 


| ja *.@ M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. La Grenouille réticulaire, 
| Laurenti fpecimen medicum , Rana venulofa. 
Séba, vol. 1, planche 72, fig. 4- 


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Ovipares, Tome I, 


538 Hirsrorre NATURELzE 


LA PATTE D'OIE (4), 


| C’Eesr une grande & belle grenouille dont le 
corps eft veiné & panaché de différentes couleurs ; le 
fommet du dos préfente des taches placées oblique- 
ment. Des bandes colorées, rapprochées par paires, 
règnent fur les pieds & les doigts. Ce qui la caracté- 
rie & ce qui lui-a fait donner, par M. d'Aubenton, 
le nom de Patte-d’oie que nous lui confervons, c’eft 
que les doigts des pieds de devant, ainfi que des pieds de 
derrière , font réunis par des Hé cette réunion 
Hénais dans cette grenouille , un féjour aflez conf- 
tant dans l’eau, & un rapport d’habitudes avec la 
grenouille commune. On la rencontre en Virginie, 
ainfi que la réticulaire avec laquelle elle a beaucoup 
de rapport, mais dont elle diffère en ce que fes doigts 
font réunis , tandis qu’ils font divifés dans la réticulaire. 


(a) La Patte d'oie. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Rana maxima, Laurenti fpecimen RÉGREUITE 


SP, 1, tab, 72, fig. 3. 


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DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 539 
L'ÉPAULE-ARMÉE (:). 


Ox TROUVE, en Amérique, cette grenouille re- 
marquable par fa grandeur ; elle a quelquefois huit 
pouces de longueur, depuis le bout du mufeau juf- 
qu'à l'anus. On voit, de chaque côté, fur les épaules 
une efpèce de bouclier charnu , d'un cendié clair 
pointillé de noir, qui lui a fait donner, par M. d'Au- 
benton , le nom qu’elle porte; fa tête eft rayée de 
rouffâtre ; les yeux font grands & brillans ; la langue 
eft large; tout le refte du corps eft cendré, parfemé 
de taches de différentes grandeurs, d'un gris clair ou 
d’une couleur jaunâtre. Le dos eft très-anguleux ; à la 
partie poftérieure du corps, font quatre excroiffances 
charnues, en forme de gros boutons. Les pieds de 
devant font fendus en quatre doigts garnis d'ongles, 
larges & plats. Les pieds de derrière diffèrent de ceux 
de devant en ce qu'ils ont un cinquième doigt, & 
que tous les doigts en font réunis par une petite mem- 


1 
(2) L'Epaule armée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Rana marina , 8. Linn. amphib. reptilia. 

Rana marina, 21. Laurenti fpecimen medicum. 
Séba, t , tab. 76, fig. 2. Rana marina maxima, Rana Americana, 


Tyyi 


s40 Hrsrorre Narurrerzse 

brane près de leur origine. Cette efpèce qui paroît 
habiter fur terre & dans l’eau, pourroit fe rapprocher 
par fes habitudes de la grenouille rouffe. L'épithète 
de marine qui lui a été donnée dans Séba, & confervée 
par MM. Linné & Laäurenti, paroït indiquer qu’elle 
vit près des rivages, dans les eaux de la mer: mais 
nous avons de la peine à le croire, les Quadrapèdes 


ovipares fans queue, ne tte den communément 
que les eaux douces. 


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grandeur de 


Le 


LA MUGISSANTE («). 


Ox RENCONTRE en Virginie une grande grenouille j 
dont les yeux ovales font gros, faillans & brillans ; 
l'iris eft rouge, bordé de jaune; tout le defflus du 


ta) Bull frog, en Anglois. 
La Mugiflante. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique: 
: Bull frog, Grenouille Taureau, M. Smyth, Voyage dans les Etats= 
Rs: 1 

 Dinaacellata, 10. Lin, amphib. rept. 
7 Rana pentadaétyla, Laurenti [pecimen medicum. 

© Brown, Jamaic. 466, planche 41, figure 4, Rana maxima comprefla 
sifcella. : es | | 

. Kalm it. 3, page 45, Rana halecina. 

Catefby, Car., 2, folio 72, tab. a. Rana maxima Americans 

aquatica. Fes 3 | | 

© Séba, 2, tab. 74, fig. 2. Nous devons obferver qu'il y a une faute | 
d'impreflion dans la treizième édition de M. Linné; la planche foixante: 
feigième , figure première du premier volume de Séba, y eft citée, au 
lieu de la figure premiere , planche foixante - quinrième du même 
volume. Cette faute d’impreffion a fait croire que la Grenouille appellée 
par M, Laurenti a cing-doigts, Rana pentadaëlyla , étoit difiérente de 
ha Mugifante, parce que M. Laurenti a cité pour fa Grenouille crg« 
«doigts , la figure première , planche foixante -quingième de Séba; 
tandis que la Mugiflante &c la cing-doigts font ablolument le même 


animal | 


$42 Hrsrorrs NaAarurezre 
corps eft d'un brun foncé, tacheté d’un brun plus 


obfcur, avec des teintes d’un vert jaunâtre , particu= 


lièrement fur le devant de la tête : les taches des 
côtés font rondes, & font paroître la peau œillée, Le 
ventre eft d'un blanc fale, nuancé de jaune, & lé- 
gérement tacheté. Les pieds de devant & de derrière, 
ont communément cinq doigts, avec une tubercule fous 
chaque phalange. | | 
Cette efpèce eft moins nombreufe que les autres 
efpèces de grenouilles, La Mugiffante vit auprès des 
fontaines, qui fe trouvent très-fréquemment fur les 
collines de la Virginie : ces fources forment de petits 
étangs, dont chacun eft ordinairement habité par deux 
grenouilles Mugiffantes, Elles fe tiennent à l'entrée du 
trou par lequel coule la fource; &, lorfqu’elles font 
furprifes, elles s’élancent, & fe cachent au fond de 
Veau. Mais elles n’ont pas befoin de beaucoup de pré- 
cautions ; le peuple de la Virginie imagine qu’elles 
purifient les eaux & entretiennent la propreté des 
fontaines ; il les épargne d’après cette opinion, qui 
pourroit être fondée fur la deftruction qu'elles font des 


infectes, des vers, &c. mais qui fe change en fuperfti- 


tion, comme tant d’autres opinions du peuple; car, 
non-feulement ïl ne les tue jamais, mais même il 
_croiroit avoir quelque malheur à redouter sil les in= 
quiétoit. Cependant la crainte cède fouvent À l'intérêt ; 


& comme la Mugiflante eft très-vorace & très-friande 


du 


| fi gue 


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ment 
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levée a 


le coafle 
de grenc 

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renti à] 
ferme 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 543 
des jeunes oïfons, ou des petits canards, qu'elle avale 
d'autant plus facilement qu'elle eft très-prande & que 
fa gueule eft très-fendue, ceux qui élèvent ces oifeaux 
aquatiques, la font quelquefois périr (b). 

Sa grandeur & fa conformation modifient fon coaf- 
fement, & l’augmentent, de manière que lorfqu'il ef 
réfléchi par les cavités voifines des lieux qu’elle fré- 
quente , il a quelque reffemblance avec le mugifle- 
ment d’un taureau qui feroit très-éloigné, &, dit Ca- 
tefby , à un quart de mille (c). Son cri, fuivant M. Smith, 
eft rude, éclatant & brufque; il femble que l'animal 
forme quelquefois des fons articulés. Un Voyageur eft 
bien étonné, continue M. Smith, quand il entend le 
mugiflement retentiflant de la grenouille dont nous 
parlons, & que cependant il ne peut découvrir d'où part 
ce bruit extraordinaire ; car les Mugiflantes ont tout 
le corps caché dans l’eau, & ne tiennent leur gueule 
élevée au-deflus de la furface que pour faire entendre 
le coaflement très-fort qui leur a fait donner le nom 
de grenouille-taureau (c). 

L'efpèce de la grenouille Mugiffante que M. Lau- 
renti appelle a cinq doigts ( Rana pentadaëfyla) , ren- 
ferme, fuivant ce Naturalifte, une variété aifée à 


(Bb) Catefby , à l'endroit déja cité. 
(c) Idern, ibidem. 
(d) M. Snuth, Voyage aux Etats-unis de l'Amérique, 


$44 Hisrorre Narurerre 
diftinguer par fa couleur brune, par la petiteffe du 


cinquième doigt des pieds de devant . & par la nai£e 


fance d’un fixième doigt aux pieds de derrière (d). 
Il y a, au Cabinet du Roi, une grande grenouille Mu- 
giflante, qui paroît fe rapprocher de cette variété in- 
diquée par M. Laurenti; elle a des taches fur le corps; 
le cinquième doigt des pieds de devant, & le fixième 
des pieds de derrière font à peine fenfbles ; tous les 
doigts font féparés; elle a des tubercules fous les pha- 
langes ; fon mufeau eft arrondi; fes yeux font gros & 
proéminens; les ouvertures des oreilles aflez grandes, 
La langue eft large, plate, & attachée par le bout 
au-devant de la mâchoire inférieure. Cet individu a fix 
pouces trois lignes, depuis le mufeau jufquà l'anus. 
Les pattes de derrière ont dix pouces ; celles de devant 
quatre pouces; & le contour de la gueule a trois pouces 
fept lignes. aa 


(eg Laurenti fpecimen medicum, loco citato, 


LA PERLÉE. 


Dr Tr 
a parlé 
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(B) Géta, 


Obipare 


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LA PERLÉE (:) 


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Ox rRoUvE au Bréfil une grenouille, dont le corps 
eft parfemé de petits grains d’un rouge clair, & fem- 
blables à des perles. La tête eft anguleufe, triangulaire, 
& conformée comme celle du caméléon. Le dos eft 
d'un rouge brun; les côtés font mouchetés de jaune : 
le ventre Hinchätre eft chargé de petites verrues ou 
petits grains d’un bleu clair; les pieds font velus, & 
ceux de devant n'ont que quatre doigts. 

Une variété de cette efpèce, fi richement colorée 
par la Nature, a cinq doigts aux pieds de devant, & 
la couleur de LÉ corps eft d’un jaune clair (4). 

L'on voit que, dans le continent de l'Amérique mé+ 


ridionale, la Nature n’a pas moins départi la variété 


des couleurs aux Quadrupèdes ovipares, qu’elle paroît 
EE 
(a) La perlée, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. 


Rana margaritifera, 15. Laurenti fpecimen medicurn. 
_Séba, 1, tab, 71, fig 66 7. 


(B) Séba , 1, tab. 71 , fig. 8. 
Ovipares , Tome L. 


546 - HISTOIRE NATURELLE 

au premier coup-d’œil avoir dédaignés, qu'à ces nom- 
breufes troupes d’oifeaux de différentes efpèces fur le 
plumage defquels elle s’eft plue à répandre les nuances 
les plus vives, & qui embelliflent les rivages de ces 
sontrées chaudes & fécondes. # 


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ment. 


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DES QUANRUPÉÈDES OMIPARES. 547 


LA TA CNE E (2). 


Caerre GRENOUILLE Îe trouve en grand nombre 
à Surinam. Elle eft d’une couleur jaune verdâtre, qui 
devient quelquefois plus fombte. Le dos & les côtés 
font mouchetés. Le ventre eft d’une couleur pâle & 
nuageufe ; les cuiffes font parderrière ftriées oblique- 
ment. Les pieds de derrière font palmés; ceux de de- 
vant ont quatre doigts. Mademoifelle Mérian a rendu 
| cette grenouille fameufe, en lui attribuant une méta- ; 
| = morphofe oppofée à le des grenouilles communes. 
Elle a prétendu qu’au lieu de pafler par l’état de tétard 
pour devenir adulte, la Jackie perdoit infenfiblement 
D fes pattes au bout d'un certain tems, acquéroit une 
| - queue, & devenoit un véritable rs Cette méta- 
nn |. morphofe eft plus qu’invraifemblable : nous n’en par- 
D lons ici, que pour défigner l’efpèce particulière de 
ne à laquelle Mademoifelle Mérian l'a attri- 


55 (a) La Jackie, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. 

de Rana paradoxa, 13. Linn. amphib. rept, 
Mus. ad fr., Rana pifcis. | | | 

Séba, mus , 1, tab. 78. 

Merian , Surinam ; 71, tab. 71. 


- 


:548 Hisrorre NATUREILZE 


buée. L'on conferve au Cabinet du Roi, & l’on trouve 
dans prefque toutes les collections de l’Europe, plufeurs 


individus de cette grenouille fameufe, qui préfentent 


les différens degrés de fon développement, & de fon 
paflage par l'état de tétard, au lieu de montrer, 
comme on l'a cru re. les diverfes nuances “ 
fon changement prétendu en poiflon. La forme du 
tétard de la Jackie, San eft aflez grand, & qui ref- 
femble plus où moins à un HS comme tous les 


autres tétards, a pu donner lieu à cette erreur, dont 


on na parlé que trop fouvent. D'ailleurs il paroît qu il 
y a une efpèce particulière de poiflon, dont la forme 
extérieure eft aflez femblable à celle du tétard de la 
Jackie, & que l'on a pu prendre pour le dernier état 
de cette grenouille. d'Amérique. 


jf 


M. La 
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Virgini 


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\& inte 


- ls 


Peezcarenareetnn 


(a) 
(6) 
Ra 
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DES QuapruPèDes OFIPARES, S49 


PT Rilaniss ral 


Ox TROUVE en Amérique cette grenouille, dont 
M. Linné a parlé le premier. Son dos préfente quatre 
lignes relevées & longitudinales; il eft d’ailleurs femé 
de points faillans & de taches noires. Les pieds de 
devant ont quatre doigts féparés; ceux de derrière en 
ont cinq réunis par une membrane; le fecond eft plus 
| long que les autres, & dépourvu de lefpèce d'ongle 
PE) arrondi qu'ont plufieurs grenouilles. 
Li __ Nous regardons comme une variété de cette efpèce, 
Î | jufqu’à qu’on ait recueilli de nouveaux faits, celle que 
.h M. Laurenti a appellée grenouille de Virginie (b). Le 
pi corps de ce dernier animal, qu'on trouve en effet en 
Virginie, eft d’une couleur cendrée, tachetée de rouge; 
1 = le dos eft relevé par cinq arêtes longitudinales, dont 
les intervalles font d'une couleur pâle. Le ventre & 
. les pieds {ont jaunes. 
1 om 
| (a) Rana Typhonia, 9. Linn. amph. rept. de 


4 . (b) La Galonnée. M. d Aubenton, Encyclopédie es | 
Rana virginica, Laurenti fpecimen medicurn. 


| He | Séba 1,175, f.4. 


550 Hrsrorre NATURELIr. 


D 


Dane aires ane D î 
ef ee ee 4e 


DEUXIÈME GENRE. 


Quadrupèdes ovipares qui n’ont point de queue & qui 


ont , fous chaque doigt , une petite pelote vifqueufe. 


DCS DENON EN CANAL EIRE SPC BTE D A AI M AE VON EE D ns 7 de 


RAINES. 


LA RAINE VERTÉ 


u COMMUNE (à) " 


ns co 


Ie EST AISÉ de diftinguer des grenouilles la Raïne 


verte, ainfi que toutes les autres Raïines, par des ef= 


pèces de petites plaques vifqueufes qu'elle a fous fes 
doigts, & qui lui fervent à s'attacher aux branches & 


(a) BurraXG- dpvorerne , en grec. 
La Raine verte, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique 
Rana arborea, 26, Linn. amphibia reptilia. ( Des deux figures de Stba; 
citées par M. Linné, celle de la planche Joixante treizième du premier 
volume, doit être rapportée à la Raine fquelette, & celle de la planche 
Joixante-dirième du fecond volume, à la Raine boffue ), 
Gronoy., mus, 2, p. 84, N° 63, Rana. 


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Une 

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peu 
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trés 
par-de 
doigts, 
qu'en 
lon 

L 


DEs QuAnRuPphDEs OVIPARES. 551 


aux feuilles des arbres. Tout ce que nous avons dit 


de l’inftint, de la fouplefle, de l’agilité de la grenouille 


commune, appartient encore davantage à la Raïine 
verte; & comme fa taille eft toujours beaucoup plus 
petite que celle de la grenouille commune, elle joint 
plus de gentilleffe à toutes les qualités de cette dernière. 
La couleur du deffus de fon corps, eft d’un beau vert; 
le deflous, où l’on voit de petits tubercules, eft blanc. 
Une raie Faune» légèrement bordée de violet, s'étend 
de a die côté de la tête & du dos, depuis le mufeau 
jufqu'aux pieds de derrière; & une raie femblable règne 
depuis la mâchoire fupérieure jufqu'aux pieds de devant. 
La tête eft courte, aufli large que le corps, mais un 
peu rétrécie pardevant ; les mâchoires font arrondies, 
les yeux élevés. Le corps eft court, prefque triangulaire, 
très-élargi vers la tête, convexe par-deflus & plat 
par-deflous. Les pieds de devant, qui n "ont que quatre 
doigts, font aflez courts & épais; ceux de derrière , 
qui en ont cinq, font au’ contraire déliés & très-longs ; 
les ongles font plats & arrondis. 
La Raine verte faute avec plus d'agilité que les 


Gefñer, Fe Quadrup ovip., page 55» Ranunculus viridis. 


Ray, Quadrup. , 251, rana arborea, feu ranunculus viridis, 


_ Rejel, tab. 9, 10 6 71. 
Hyla viridis, Laurenti Jpecimen medicum. 
ss arborea, Wulff, Ichthyologia , cum amplibiis regni Bora ich 


Er 


s52 °: Hrsrorrre NarTuReLLE 


grenouilles, parce qu'elle a les pattes de derrière se 
longues, en proportion de la grandeur du corps, C’eft 
au milieu des bois, c’eft fur les branches des arbres 
qu'elle pafle prefque toute la belle faifon ; fa peau eft 


fi gluante, & fes pelotes vifqueufes fe collent avec 


tant de facilité à tous les corps, quelque polis qu’ils 
{oient, que la Raine n’a qu’à fe pofer fur la branche 
la plus unie, même fur la furface inférieure des 
feuilles, pour sy attacher de manière à ne pas tomber. 
Catefby dit qu'elle a la faculté de rendre ces pelotes 
concaves, & de former par-là un petit vide qui l'at- 
tache plus fortement à la furface qu’elle touche. Ce 
même Auteur ajoute qu'elles franchiflent quelquefois 
un intervalle de douze pieds, Ce fait eft peut-être 
exagéré; mais, quoi qu'il en foit, les Raines font auffi 
agiles dans Les mouvemens que déliées dans leur 
forme, 


Lorfque les beaux jours font venus, on les voit 


s’'élancer fur les infectes qui font à leur portée ; elles 
les faïfiflent, & les retiennent avec leur langue, ainf 
que les grenouilles; & fautant avec vitefle de rameau 
en rameau, elles y repréfentent jufqu’à un certain 
point les jeux & les petits vols des oifeaux, ces légers 
habitans des arbres élevés. Toutes les fois même qu’ aucun 
préjugé défavorable n'exiftera contre elles; qu'on ExA- 
minera leurs couleurs vives qui fe marient avec le 
vert des feuillages & l’émail des fleurs; qu’on remar- 

quera 


qe 


des J! 


célanc 


fclité 


yerfee 

veillell 
été do 
n'aura 
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vol dé 
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elpèce 
ubres 
au à 
le ap] 


ces ha 


Meaux 


gandes 
dalles 
( 


rs (APLELIZEEE DFIPARES, 553 


quera leurs rufes & leurs embufcades ; ; qu on les fuivra 
des yeux dans leurs petites chaffes ; qu'on les verra 
s’élancer à plufeurs pieds de die , {e tenir avec 


facilité fur les feuilles dans la fituatton la plus ren- 


verfée & s’y placer d’une manière qui paroîtroit mer- 
veilleufe fi l’on ne connoifloit pas l'organe qui leur à 
été donné pour s'attacher aux corps les plus unis: 
W'aura-t-on pas prefque autant de plaifir à les obfer- 
ver qu'à confidérer le plumage, les manœuvres & le 
vol de plufieurs efpèces d’oifeaux ? 

L’habitation des Raïines au fommet de nos arbres, 
eft une preuve de plus de cette analogie & de cette 
reflemblance d’habitudes que l’on trouve même entre 
les claffes d'animaux qui paroiflent les plus différentes 
les unes des autres. La dragonne, l’iguane, le bafñilic, 
le caméléon, & d’autres lézards très-grands habitent 
au milieu des bois & même fur les arbres ; le lézard 
aîlé sy élance comme l’écureuil avec une facilité & 
à des diflances qui ont fait prendre fes fauts pour une 
efpèce de vol; nous retrouvons encore fur ces mêmes 
arbres les Raïnes, qui cependant font pour le moins 
auf aquatiques que terreftres, & qui paroiflent fi fort : 
fe rapprocher des poiffons ; & tandis que ces Raïnes, 
ces habitans fi naturels de l’eau, vivent fur les ra- 
meaux de nos forêts, l’on voit, d'un autre côté, de 
srandes légions d'oifeaux prefque entièrement dépourvus 
d'ailes, n'avoir que la mer pour patrie, & attachés, 
Ovipares, Tome I, Aaaa 


554 Hisrorre Narvrzrrn 


pour ainf dire, à la furface de l'onde , pañfer leur 
vie à la fillonner ou à fe plonger dans les flots. 
Il en eft des Raïnes comme des grenouilles, leux 


entier développement ne s'effeétue qu'avec lenteur; 


& de même qu'elles demeurent long-tems dans leurs 
véritables œufs, c’eft-à-dire fous l'enveloppe qui leur 
fait porter le nom de tétards, elles ne deviennent 
qu'après un tems aflez long en état de perpétuer leur 
efpèce : ce n’eft qu'au bout de trois ou quatre ans 
qu'elles s’'accouplent. Jufqu’à cette époque, elles font 
pieique muettes ; les mâles mêmes qui, dans tant d’ef- 
pèces diam ont la voix plus forte que les fe- 


melles, ne fe nt point entendre, comme fi leurs cris 


nétoient propres qu'à exprimer des defirs qu'ils ne 


reflentent pas encore, & à appeller des compagnes, 


vers lefquelles ils ne font point encore entraînés. 
C’eft ordinairement vers la fin du mois d'Avril que 
Jeurs amours commencent ; mais ce n'eft pas fur les 
arbres qu’elles en goûtent les plaifirs ; on diroit qu’elles 
veulent fe fouftraire à tous les rReauE, & fe mettre 
à l'abri de tous les dangers, pour soccuper plus plei- 
nement fans diftraction & Erouble de l’objet au— 
quel elles vont s'unir; ou bien il femble que leur 
première patrie étant l’eau, c’eft dans cet élément 
qu’elles reviennent jouir dans toute fon étendue d’une: 
exiftence qu’elles y ont reçue, & qu’elles font pouflées 
par une forte d'inftin& à ne donner Le jour à de petits 


tres 
où if | 
qu Jeu 
prié 
“tal 
amou, 
pelrent 
à Jeut ( 

Les 
tems dé 
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DES QUABRUPÈDES OVIPARES. 555 
êtres femblables à elles, que dans les afiles favorables 
où ils trouveront en naïflant la nourriture & la sûreté 
qui leur ont été néceffaires à elles-mêmes dans les 
premiers mois où elles ant vécu; ou plutôt encore 
c'eft à l’eau qu'elles retournent dans le tems de leurs 


amours, parce que ce neft que dans l’eau qu’elles 
peuvent s'unir de la manière qui convient le mieux 


à leur organifation. 

Les Raïines ne vivent dans les bois que pendant le 
tems de leurs chañles, car c’eft auffi au fond des eaux 
& dans le limon des lieux marécageux, qu'elles fe 
cachent pour pafler le tems de l'hiver & de leur 
engourdiflement. 

On les trouve donc dans les étangs dès la fin du 
mois d'Avril, ou au commencement de Mai; mais, 
comme fi elles ne pouvoient pas renoncer, même pour 
un tems très-court, aux branches qu'elles ont habitées, 
peut-être parce qu'elles ont befoin d'y aller chercher 
l'aliment qui leur convient le plus lorfqu’elles font 
entièrement développées, elles choififfent les endroits 
marécageux entourés d'arbres : c’eft-là que les mâles 
gonflant leur gorge, qui devient brune quand ils font 


- adultes, pouffent leurs cris rauques & fouvent répétés, 


avec encore plus de force que la grenouille commune. 
À peine l’un d'eux fait-il entendre fon coaflément 
retentiflant, que tous les autres mêlent leurs fons dif- 


cordans à fa voix; & leurs clameurs font fi bruyantes 


Aaaai 


LL 


536 Hirsrorre NATURELLE 

qu’on les prendroit de loin pour une meute de chiens 
qui aboient, & que, dans des nuits tranquilles, leurs 
coaffemens réunis font quelquefois parvenus jufqu'à plus 
d'une lieue, fur-tout lorfque la pluie étoit prête à 
tomber. 

Les Raines s’accouplent comme les grenouilles; on 
apperçoit le mâle & la femelle defcendre fouvent 
au fond de l’eau pendant leur union, & y demeurer 
affez de tems; la femelle paroït agitée de mouvemens 
_convulfifs, fur-tout lorfque le moment de la ponté 
approche; & le mâle y répond en approchant plufieurs 
fois l'extrémité de fon corps, de manière à féconder 
plus aifément les œufs à leur fortie. | 
. Quelquefois les femelles font délivrées, en peu d'heu- 
res, de tous les œufs qu'elles doivent pondre ; d'autres 
fois elles ne s’en débarraffent que dans quarante-huit 
heures, & même quelquefois plus de tems; mais alors 
il arrive fouvent que le mâle lafñé, & peut-être épuifé 
de fatigue, perdant fon amour avec fes delirs, aban- 
donne fa femelle, qui ne pond plus que des œufs 
ftériles. | - | 

La couleur des Raines varie après leur accou- 
plement; elle eft d'abord roufle & devient grifâtre 
tachetée de roux; elle eft enfuite bleue, & enfin 
verte. | 

Ce n’eft ordinairement qu'après deux mois, que Îles 
jeunes Raines ont la forme qu’elles doivent conferver 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES, SS®y 


toute leur vie; mais, dès qu'elles ont atteint leur dé- 
veloppement & qu’elles peuvent fauter & bondir avec * 
facilité, elles quittent les eaux & gagnent les bois. 
On fait vivre aifément la Raïine verte dans les 
maifons, en lui fourniffant une température & une 
nourriture convenables. Comme.fa couleur varie très- 
fouvent, fuivant l’âge, la faifon & le climat, & comme 
lorfque l'animal eft mort, le vert du deflus de fon 
corps fe change fouvent en bleu, nous préfumons que 
Pon doit regarder comme une variété de cette Raine, 
celle que M. Boddaert a décrite fous le nom de gre- 
nouille à deux couleurs (b). Cette dernière Raine 


El | faifoit partie de la colleétion de M. Schloffer, & avoit 
D _ été apportée de Guinée; fes pieds n'étoient pas palmés. 
Ses doigts étoient garnis de pelottes vifqueufes ; elle en 
avoit quatre aux pieds dé devant & cinq aux pieds 
” | | de derrière. La couleur du deflus de fon corps étoit 
4 | bleue, & le jaune régnoit fur tout le deflous. Le 
1.1 mufeau étoit un peu avancé ; la têté plus large que 
ni le corps, & la lèvre fupérieure un peu fendue. 


On rencontre la Raïne verte en Europe (c), em 


a _— . 
1 (Bb) Rana bicoloris, Petri Boddaert, epiff. de Rana bicolore. Ex 
pli | mufeo Joan, Alb. Schloffer, Amfl., 1772. 

| (c) Elle eft très-commune en Sardaigne. Hifloire naturelle des 
les | amphibies & des poiffons de la Sardaigne , par M. François Cut » 


PAUSE 3x 


558 | HISTOIRE ot 


Afrique , & en Amérique (d) ; mais, indépendamm 

» de cette efpèce, les pays étrangers offrent Pak 
Quadrupèdes ovipares fans queue, & avec des pla # 
vifqueufes fous les doigts. Nous allons sert cts 
caractères particulie:s de ces diverfes Raines. à 


(d) CatelBy , Hifloire naturelle de la Caroline. 
M Smith , Voyage dans les Egats-unis de l'Amérique. 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 559 


EH A4. B O! S'SAUGE *(%). 


Ox% TROUVE, dans l'ile de Lemnos, une raine 
qu'il eft aifé de diftinguer d'avec les autres, parce que 
fur fon corps arrondi & plane, s'élève une bofle bien 
fenfible. Ses yeux font faillans; & les doigts de fes 
pieds garnis de pelottes gluantes comme celles de la 
raine commune, font en même-tems réunis par une 
membrane. Elle eft la proie des ferpens. Il paroît que 
À | cette efpèce qui appartient à l’ancien continent , fe 
Do. rencontre aufl à Surinam; mais elle y a fubi lin- 
fluence du climat, & y forme une variété diftinguée 
par les taches que le deflus de fon corps préfente (4). 


/ 


(a) La Boflue. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique, 
Hyla ranæformis, Laurent fpecimen medicum. 

Séba,.2, tal 23: f 2. 

(B) Hyk ranxformis, Var. B., Laurenti fpecimen medicure: 
| Séba ; 23 tab. 70 ; fig. 4. | 


La 


RE DNS APP cs op one re ru 


560 | Hisrornx NATURAILIE 
LA BRUNE («). 


Cerre RAINE, que M. Laurenti a le premier 
décrite, fans indiquer fon pays natal, mais qui nous 
paroît devoir appartenir à l'Europe, eft diftinguée d'avec 
les autres par fa couleur brune, & par des tubercules 
en quelque forte déchiquetés qu'elle a fous les pieds, 
_ La Raïne, ou grenouille d'arbre dont parle Sloane 
fous le nom de rana arborea maxima, & qui habite la 
Jamaïque, pourroit bien être une variété de la brune; 
fa couleur eft foncée comme celle de la brune: à la 
vérité, elle eft tachetée de vert, & elle a de chaque 
côté du cou une efpèce de fac ou de vefhe conique (os 
‘mais les différences de cette raine qui vit en Amérique 
avec la brune, ve paroît habiter l’Europe, es 
être rapportées à À l'influence du climat, ou à celle de 
la faïifon des amours, qui, dans ve tous les 
animaux , rend plufieurs parties beaucoup plus ap 
parentes, 


(a) La Brune. M. d'Aubenron , Encyclopédie méthodique, 
Hyla fufca, 27. Laurenti fpecimen medicum. 
{B) Sloane, t. 2. 


PAU 
LA COULEUR 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. SGI 


A eee ass _ 


PR CRÉES RÉ RAT NS MORE mamans nn Re TS CRE nsmeEs emannnses © 


LA COULEUR DE LAIT (2), 


| 
Be on 


cons 


ki Eve Hap ITE en Amérique: fa couleur eft d'un 
| | blanc de neige, avec des taches d'un blanc moins 
éclatant ; le bas- ventre préfente des bandes d'une 
couleur cendrée pâle ; l'ouverture de la gueule eft 
très - grande. Une variété de cette efpèce, au lieu 
d'avoir le deflus du corps d’un blanc de neige, la a 
| d'une couleur bleuâtre un peu plombée. 
il Age (a) La couleur de lait, M. d’Aubenton , Eneyclopédie méthodique. 
(2 | | Hyla ladtea, 28, Laurenti fpecimen medicum, | 


Ovipares, Tome I 


+ br 


562 Hirsroire NATURELLE 


a es te SE 


L'A FPLUT ÉUS.E . 


Cerre ESPÈCE a le corps d'un blanc de neige, 


fuivant M. Laurenti, de couleur jaune , fuivant 
Séba, & tacheté de rouge. Les pieds de derrière font 


palmés , & le mâle, en coaflant, fait enfler deux 


veflies qu se a des deux côtés du cou, & que l'on a 
comparées à des flûtes. Suivant Séba, elle coafle mé 
lodieufement : mais je crois qu il ne faut pas avoir 


Voreille très- délicate pour fe plaire à la mélodie de 
la Flûteufe ; cette raine fe tait pendant les jours froids 
& pluvieux, & fon cri annonce le beau tems; elle 
eft oppofée en cela à la grenouille commune, dont 
le coaffement eft au contraire un indice de pluie. 
Mais la fécherefle ne doit pas agir également fur les 


animaux dans deux climats aufli différens que ceux 


de l'Europe & de l'Amérique méridionale. Le mâle de 


(a) La Flûteufe. M. d Aubenton, Encyclopédie méthodique. 
Hyh tibiatrix, 20. Laurenti fpecimen medicum. 
Séba 1, tab. 7, fig 1 Ë 2. 


h 
den 


ge 
eule 
sariét 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES, 503 
la raine couleur de lait ne pourroit-il pas avoir auf 
deux vefñes, qu'il n’enfleroit & ne rendroit apparentes 
que dans le tems de fes amours, & dès-lors la Flû- 
teufe ne devroit-elle pas être regardée comme une 
variété de la couleur de lait ? 


nant 


L'ORANGÉE («) 


LE corps de cette raine eft jaune , avec une 
teinte légère de roux, & fon dos eft comme circonf- 
crit par une file de points roux plus ou moins foncés. 


Séba dit qu'elle ne diffère de la flûteufe que par le 


défaut des vefñes de la gorge: elle vit à Surinam. 
On rencontre au Bréfil une raine dont le corps eft 
d'un jaune tirant fur la couleur de Vor:fon dos eft 


à la vérité panaché de rouge, & on la vue d'une 
maigreur fi grande , qu'on en a tiré le nom de raine 
fquelette qu'on lui a donné (8 + Mais les raines, ainfi 
que les grenouilles, font fujettes À varier RCE + 
par l'abondance ou le défaut de graifle, même dans 
un très-court efpace de tems. Nous penfons donc que: 


(a) L'Orangée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique: 
Hyla aurantiaca, 32. Laurenti fpecimen medicum. 
Séba , 2500. Fr, fie ge 


(B) La Raine Squelette, M. d Aubenton, Éretioné. méthodique. 
Hyk fceleton, 33. Laurenti fpecimen. medicum. 
SÉba LT, Hi 73; eg 


DES QuUADRUPÈÉDES OVIPARES. 565 
la raine fquelette , vue dans d’autres momens que 
ceux où elle a été obfervée, nauroit peut-être pas 
paru aflez maigre pour former une efpèce différente 
de l’Orangée, mais fimplement une variété dépendante’ 
du climat, ou d'autres circonftances. 


s66 Hisroire NATURELLE 


LA ROU GE (a). 


Ox LA TROUVE en Amérique : elle a la tête 
grofle, l'ouverture de la gueule grande, & fa couleur 
eft rouge. 

NT. le Comte de Buffon a fait mention, dans l’hif- 
toire des perroquets appellés cricks, dun petit Qua- 
drupède ovipare fans queue de Péri méridionale, 
dont fe fervent les Indiens pour donner aux Shoes 
des perroquets une belle couleur rouge ou jaune, ce 
qu'ils appellent sapirer. Ils arrachent pour cela les 
plumes des jeunes cricks qu’ils ont enlevés dans leur 
nid; ils en frottent la place avec le fang de ce Qua- 
_ drupède ovipare ; les plumes qui renaiffent après cette 
opération, au lieu d’être vertes, comme auparavant, 
font jaunes ou rouges. Ce Quadrupède ovipare fans 
queue vit communément dans les bois: il y a,au Cabi- 
net du Roi, plufieurs individus de cette ie. con- 
fervés dans l’efprit-de-vin, d'après lefquels il eft aifé 


CRT + ANRT nr een ann ere amer Den 


(a) La rouge. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Hyl rubra, 32, Luurenti fpecimen medicum. 
Séba, 2, tab. C8, fig. s-. 


HESSINITITATENITITEINRTES 


TIEFESPESEFSENAS SEEN PINTEINENNTENS 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 567 
de voir qu'il eft du genre des raines, puifqu’il a des 
plaques vifqueufes au bout des doigts, ce qui ‘accorde 
fort bien avec l'habitude qu'il a de demeurer au milieu 
des arbres. Il paroït que la couleur de cette raine tire 
fur le rouge; elle préfente fur le dos deux bandes 
longitudinales , irrégulières, d'un blanc jaunâtre , ou 
même couleur d’or. Il me femble qu'on doit regarder 
cette jolie & petite raine comme une variété de la 
rouge ou peut-être de l’orangée. Combien les grenouilles , 
les crapauds & les raines ne varient-ils pas , fuivant 
l’âge, le fexe, la faifon, & l'abondance ou la difette 
qu'ils éprouvent ! La raine à tapirer a, comme la rouge, 


la tête groffe en proportion du corps, & l'ouverture 


de la gueule eft grande. 

Au refte, il eft bon de remarquer que nous re 
trouvons GE les raines de l'Amérique méridionale les: 
belles couleurs que la Nature y a accordées aux gre- 
nouilles , & qu’elle y a prodiguées aufh avec tant 
de magnificence aux oifeaux , aux infectes & aux 
papillons 


568 HISTOIRE NATURELLE 


ne 


% 


TROISIÈME GENRE. 
Quadrupèdes ovipares Jans queue, qui ont le corps 
ramaflé & arrond. 


di S LONG-TEMS de a flétri ect animal 
dégoûtant , dont l'approche révolte tous les fens. 


_ (a) &èv@r, en grec. 
Bufo, en latin. 
‘Toad, en Anglois. 
Le Crapaud commun. M. d *Aubenton, Encyclopédie néisuios 
Rana Bufo, 3. Linn. amphibia reptilia. 
Bufo, Scotia illuffrata , Edimburei, 1684. 
Rana Bufo, WA ulff, Ichthyologia, cum amphibiis regni Boruffiai. 
Phrunos, Ariff., hiff. an., lib. 9, chap. 2 , 40. 
Toad British, Zoology, Vol. 3, London, 1776. 
Rubeta, feu Phrynum, Gefner , Lie : 807. 
Pradl., nat, Eat, f.e. 
Bufo , feu rubeta, Ray, Quadrup., ET 
| | L'efpèce 


ÉrES 


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Jerties 

On 


DEs QuanruPhDes OVIPARES. 569 
L’efpèce d’horreur avec laquelle on le découvre, eft 
produite même par l’image que le fouvenir en retrace; 
beaucoup de gens ne fe le repréfentent qu'en éprouvant 
une forte de frémifflement , &- les perfonnes qui ont 
le tempérament foible & les nerfs délicats, ne peu- 
vent en fixer l'idée, fans croire fentir dans leurs veines 
le froid glacial que l’on a dit accompagner l’attouche- 
ment du.craprud. Tout en eft vilain, jufqu'à {on nom, 
qui eft devenu le figne dune bafie diflormité; on 
s'étonne toujours lorfqu’on le voit conftituer une efpèce 
conftante d'autant plus répandue, que prefque toutes 
les températures lui conviennent, & en quelque forte 
d'autant plus durable, que plufñeurs efpèces voifines 
fe réuniflent pour former avec lui une famille nom- 
breufe. On eft tenté de prendre cet animal in- 
D forme pour un produit fortuit de l'humidité & de 
L | : la pourriture, pour un de ces jeux bizarres qui échap- 
pent à la Nature; & on n'imagine pas comment cette 
mère commune, qui a réuni fi fouvent tant de beiles 
L proportions à tant de couleurs agréables, & qui même 
À | a donné aux grenouilles & aux raines une forte de 
| grace, de gentillefle & de parure, a pu imprimer au 
no. crapaud une forme fi hideufe. Et que lon ne croie 
| | pas que ce foit d'après des conventions arbitraires 

qu'on le regarde comme un des êtres les plus défa 

vorablement traités: il paroit vicié dans toutes fes 
| parties. S'il a des pattes, elles n'élèvent pas fon corps 
Ovipares , Tome I. ces a. | \ 


570 Hrsrorre NATUREzIIr 

difproportionné au-deffus de la fange qu'il habite, S'il 
des yeux,ce n'eft point en quelque forte pour recevoir 
une lumière qu'il fuit. Mangeant des herbes puantes ou 


vénéneufes , caché dans la vafe, tapi fous des tas de 


pierres, retiré dans des trous de rochers, fale dans fon 


habitation, dégoûtant par fes habitudes, diflorme dans 


fon corps, obfcur dans fes couleurs, infet par fon 


haleine, ne fe foulevant qu'avec peine, ouvrant ,. 
lorfqu'on l'attaque, une gueule hideufe, n'ayant pour 
toute puiflance qu'une grande réfiftance aux coups qui 


1e frappent , que l’inertie de la matière, que l’opiniâtreté 


d'un être ftupide, n’employant d'autre arme qu’une 
liqueur fétide qu'il lance, que paroît-il avoir de bon, 


fi ce n'eft de chercher, pour ainfi dire, à fe dérober 
De ï  \ ° : 
à tous les yeux, en fuyant la lumière du jour ? 


Cet être ignoble occupe cependant une affez grande: 


place dans le plan de la Nature: elle l’a répandu avec 


bien plus de profufion que beaucoup d'objets chéris de: 


fa complaifance maternelle. Il femble qu'au phyfique, 
comme au moral, ce qui eft le plus mauvais, eft le 
plus facile à produire; &, d’un autre côté, on diroit 
que la Nature a voulu, par ce frappant contrafte, 


relever la beauté de fes autres ouvrages. Donnons donc 
dans cette hiftoire une place aflez étendue à ces êtres. 


fur lefquels nous fommes forcés d'arrêter un moment 
Vattention, Ne cherchons même pas à ménager la dé- 


jaté 
ich 
Go 
qu 
mani ; 
couleur 


mé 


di pri 
je, 
rouffatr 
de veir 
où d'un 


a font 


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| Pomsmssane 


G)L 
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À 
À 


RÉ mnt 


DES QUADRUPÈDES OKEIPARES. 57 
licatefle ; ne craignons pas de bleffer Les regards; & 
tâchons de montrer le crapaud tel qu'il ef. 

Son corps, arrondi & ramañlé, a plutôt l’air d’un 
amas informe & pêtri au hafard, que d'un corps or- 
ganilé, arrangé avec ordre, & fait fur un modèle. Sa 
couleur eft ordinairement d'un gris livide, tacheté de 
brun & de jaunâtre; quelquefois, au commencement 
du printems, elle eft d’un roux fale, qui devient en- 
fuite , tantôt prefque noir, tantôt olivätre, & tantôt 
rouflâtre. Il eft encore enlaidi par un grand nombre 
de verrues ou plutôt de puftules d’un vert noirâtre, 
ou d'un rouge clair. Une éminence très-alongée, faite 
en forme de rein, molle & percée de plufieurs pores 
très-vifibles , eft placée au-deflus de chaque oreille. 
Le conduit auditif eft fermé par une lame membra- 
neufe. Une peau épaiffe, dure, & très-difficile à percer, 
couvre fon dos aplati; fon large ventre paroît toujours 
enflé ; fes pieds de devant font très-peu alongés, & 


 divifés en quatre doigts , tandis que ceux de derrière 


ont chacun fix doigts réunis par une membrane (6). 


‘Au lieu de fe fervir de cette large patte pour fauter 


avec agilité, il ne l’emploie qu'à comprimer la vafe 
humide fur laquelle il repofe; & au-devant de cette 


| sr | | 
_(B) Le doigt intérieur eft gros, mais très-court & peu fenfble dans 
le fquelette, : | 
GE € à 


572 Hisrorre NATURELLE 
mafle, qu'eft-ce qu'on diftingue? Une tête un peu plus 


sroffe que le refte du corps, comme s'il manquoit quel 


que chofe à fa difformité: une grande gueule garnie 
de mâchoires raboteufes, mais fans dents; des paupières 
gonflées, & des yeux aflez gros, faillans & qui révoltent 
par la colère qui paroît fouvent les animer. On ef tout 
étonné qu’un animal qui ne femble pêtri que d’une vile 
& froide boue, puiffe fentir l’ardeur de la colère, comme 
fi la Nature avoit permis ici aux extrêmes de fe mêler, 
afin de réunir dans un feul être tout ce qui peut re- 


pouffer l'intérêt. Il sirrite avec force pour peu qu'on. 
le touche ; il fe gonfle, & tâche d'employer ainfi fa 


vaine puiflance: il réfifte long - tems aux poids avec 


lefquels on cherche à l’écrafer ; & il faut que toutes 
fes parties & fes vaifleaux foient bien peu liés entre 
eux, puifqu'on a vu des crapauds qui, gs d'outre 


en outre avec un pieu , ont cependant vécu pluüfieurs 
jours , étant fichés contre terre. 
Tout fe reflent de la grofliéreté de larmofshète 


“ordinairement répandue autour du crapaud, & de la 


difproportion de fes membres: non-feulement ilne peut 


point marcher, mais il ne faute qu'à une très- petite 


hauteur; lorfqu'il fe {ent preflé, il lance contre ceux 


qu'il pourfuit, les fucs fétides dont il eft imbu; il fait 


jaillir une liqueur limpide que l'on dité être fon urine (c) 


: RS RETIRE EDR PR à RO ER PA ÊPC AAIOI DT SPD ARLET AL PTE RE SG GEST ER RE | 


(c) Voyez l'ouvrage déjà cité de M. Laurenti.. 


DES QuADRwuPÉDES OVIPARES. 573 
& qui, dans certaines circonftances, eft plus ou moins 

nuifible. Il tranfpire de tout fon corps une humeur 

Jaiteufe, & il découle de fa bouche une bave qui 

peuvent infeëter les herbes & les fruits fur lefquels il 

pañle , de manière à incommoder ceux qui en man 

gent fans les laver. Cette bave & cette humeur 

laiteufe peuvent être un venin plus où moins actif, 

où un corrofif plus ou moins fort, fuivant la tempé= 
rature, la faifon, & la nourriture des crapauds, l'efpèce 
de lanimal fur lequel il agit, & la nature de la 
partie qu'il attaque. La trace du crapaud peut donc 

être, dans certaines circonftances , aufli funefte que 
fon afpect eft dégoûtant. Pourquoi donc laifler fub- 
fifter un animal qui fouille & la terre & les eaux, 
& même le regard? Mais comment anéantir une 

efpèce auffi féconde & répandue dans prefque toutes 
les contrées 2? 

Le crapaud habite pour l'ordinaire dans les fofés , 
ur-tout dans ceux où une eau fétide croupit depuis 
long-tems; on le trouve dans les fumiers, dans les 
caves, dans les antres profonds, dans les forêts où il 
peut fe dérober aifément à- la. clarté qui le blefle, .en: 
choififfant de préférence les endroits. ombragés, fom- 
bres, folitaires, en s’enfonçant fous les décombres,. 
& fous les tas de pierres: & combien de fois n’a-t-on: 
pas été faifi d'une efpèce d'horreur, lorfque foulevant- 

quelque gros caillou dans des bois humides, on a: 


s74 Hisrorre Narursrrre 

découvert un crapaud accroupi.contre terre, anima 

fes gros yeux, & gonflant fa mafle puftuleufe? 
C'eft dans ces divers afiles obfcurs qu'il fe tient 

renfermé DES tout le jour, à moins que la pluie 

ne l’oblige à en foïtir. 


J'y a des pays où les crapauds font fi fort répandus, 


comme auprès de Carthagène, & de Porto-bello en 
Amérique, que non - feulement lorfqu'il pleut ils y 
couvrent les terres humides & marécageufes , mais 
encore les rues, les jardins & les cours, & que 
les habitans de ces provinces de Carthagène & de 
Porto - bello ont cru que chaque goutte de pluie 
étoit changée en crapaud. Ces animaux préfentent 
même dans ces contrées du nouveau monde, un vo- 
lume confidérable ; les moins grands ont fix pouces de 
longueur. Si c’eft pendant la nuit que la pluie tombe, 
ils abandonnent prefque tous leur retraite, & alors ils 
pdroiflent fe toucher fur la furface de la terre que on 
diroit qu'ils ont entièrement envahie. On ne peut 
fortir fans les fouler aux pieds, & on prétend même 
qu'ils y font des morfures d'autant plus dangereufes, 
qu'indépendamment de leur groffeur, ils font, dit-on, 
très - venimeux ( d ). Il fe pourroit en effet que 
l'ardeur de ces contrées, & la nourriture qu'ils 


(d) Voyage de Don Antoine d'Ulloa, # or sé des Voyages ; : 
vol. 53 > Page 339 édit, in-12. 


Ari 


Ua C! 
mont 
éproi 
rellen 


À fans 


fidèle 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 575 

y prennent, viciât encore davantage la nature de leurs 

humeurs. | | 
Pendant l'hiver , les crapauds fe réuniffent plufeurs: 


, enfemble, dans les pays où la température devenant 


trop froide pour eux, les force à s'engourdir; ils fe 
ramañflent dans le même trou, apparemment pour aug- 


menter & prolonger le peu de chaleur qui leur refte 


encore. C’eft dans ce tems qu’on pourroit plus facile- 
ment les trouver, qu'ils ne pourroient fuir, & qu'il fau- 
droit chercher à diminuer leur nombre. 

Lorfque les crapauds font réveillés de leur long 


afloupifflement , ils choififfent la nuit pour errer & 
chercher leur nourriture; ils vivent, comme les gre- 


nouilles, d’infectes, de vers, de fcarabées, de limaçons; 
mais on dit qu'ils mangent aufli de la fauge, dont ils 
aiment l’ombre, & qu'ils font fur-tout avides de ciguéë, 


que l’on a quelquefois appellée Le perfil du crapaud (e). 


Lorfque les premiers jours chauds du printems font . 
arrivés, on les entend, vers le coucher du foleil, jeter 


un cri aflez doux: apparemment c'eft leur cri da- 
mour ; & faut-il que des êtres aufhi hideux, en 
éprouvent l'influence, & qu'ils paroiflent même le 


reflentir plutôt que les auttes Quadrupédes ovipares 


fans queue? Maïs ne ceflons jamais d’être Hiftorien 
fidèle ; ne négligeons rien de ce qui peut diminuer 


(e) Matière médicale, cont, de Geoffroy , tome 22 > page 148». 


576 Hirsrorre Narurerzrs 

Yefpèce d'horreur avec laquelle on voit ces animaux: 
& en rendant compte de la manière dont ils s’unif- 
{ent , nomettons aucuns des foins qu’ils fe donnent, 
& qui paroitroient fuppofer en eux des attentions 
particulières , & une forte d'affection pour leurs 
femelles. 


C’eft en Mars ou en Avril que les crapauds FaCe : 


couplent : le plus fouvent c’eft dans l'eau que leur 


union a lieu , ainfi que celle des grenouilles & des raines. : 
Mais le mâle faifit fa femelle fouvent fort loin des 
ruifleaux ou des marais; il fe place fur fon dos, 


l'embraffe étroitement, la ferre avec force: la femelle, 
quoique furchargée du poids du mâle, eft obligée quel- 
quefois de le porter à des diftances confidérables ; mais 
-ordinairement elle ne laïfle échapper aucun œuf que 
Jorfqu’elle a rencontré l'eau. | 
Ils font accouplés pendant fept ou huit jours, & 
même pendant plus de vingt, lorfque la faïfon ou le 
climat font froids (f); ils coaffent tous deux prefque 
fans cefle, & le mâle fait fouvent entendre une {orte 
de grognement aflez fort, lorfqu'on veut l'arracher 
à fa femelle, ou lorfqu’il voit approcher quelqu'autre 
mâle, qu'il femble regarder avec colère, & qu'il tâche 
de repoufler en alongeant fes pattes de derrière. Quel- 
que bleflure qu'il éprouve, il ne la quitte pas: fi on 


dmcmnrenmaaees. fre amet 


(f) Œuvres de M. l'Abbé Spallanzani, vol. 3, page 31. 


J'en fépare | 


À 


Jen fe 
bre, 
pluie 
gants 
pd Î 
fs pal 
fon an 
les 1e 
liqueur 
ieux C 
Lemik 
purrel 
une {ec 
eus, 
dar 
cordon 
pouces 
“tous les. 
qu'après 


_ ontalor 


les œuf 
en deux 


ehhace 


DES QUADRUPÉDES OVIPARES. 577 
l'en fépare par force, il revient à elle dès qu'on le laifle 
libre , & il s’'accouple de nouveau , quoique privé de 
plufeurs membres, & tout couvert de plaies fan- 


. glantes (g). Vers la fin de l’accouplement, la femelle 
M À ns e 

“pond fes œufs; le mâle les ramafle quelquefois avec 
1 | fes pattes de derrière , & les entraine au-defous de 
"| fon anus dont ils paroiflent fortir; il les féconde & 
: | | les repoufle enfuite. Ces œufs font renfermés dans une 
. liqueur tranfparente, vifqueufe, où ils forment comme 
ds #! deux cordons toujours attachés à l'anus de la femelle. 
6, | Le mâle & la femelle montent alors à la furface de l’eau 
| | = pour refpirer ; au bout d’un quart d'heure ils s'enfoncent 
Ni une feconde fois pour pondre ou féconder de nouveaux 
\. | | œufs; & ils paroiffent ainfi à la furface des marais, & 
h | difparoiflent plufeurs fois. À chaque nouvelle ponte, les 
M, cordons qui renferment les œufs s'alongent de quelques 
(1 | pouces : ilya ordinairement neuf ou dix pontes.Lorfque 
k | _ tous les œufs font fortis & fécondés ,cequin'arrive fouvent 
qu | qu'après douze heures , les cordons fe détachent ; ils 
ie | ont alors quelquefois plus de quarante pieds de long (4); 
We | les œufs, dont la couleur eft noire , y font rangés 
(CN | F en deux files, & placés de manière à CRE le plus petit 
de l | efpace noffible- on a rencontré de ces œufs à fec dans 
ri | le fond de baflins & de foflés dont l’eau s'étoit évaporée. 
| “ | (4) Œuvres de M. P'Abbé Spallanzani , yol, 2: page 84. 


(2) Idem, page 33. 
Ovipares, Tome I. D ddd 


578 Hisrorre NATURELIE 

Les crapauds craignent autant la lumière dans le 
moment de leurs plaïfirs que dans les autres inftans 
de leur vie: aufli n’eft-ce qu'à la pointe du jour, & 
même fouvent pendant la nuit qu'ils s'uniflent à leurs 


femelles. Les befoins du mâle paroiffent fubfifter quel- 


quefois, après que ceux de la femelle ont été fatisfaits, 


c'eit-à-dire après la ponte des œufs. M. Ræfel en a 


vu refter accouplés pendant plus d’un jour, quoique 
la femelle ni le mâle ne laïfflaflent rien fortir de leur 
corps, & qu'en difléquant la femelle, il ait vu fes 
ovaires vides (i). On retrouve donc, dans cette efpèce, 
la force tyrannique du mâle, qui n'attend pas, pour 
s'unir de nouveau à fa femelle, qu'un befoin mutuel 
les raflemble par la voix d'un amour commun; mais 
qui la contraint à fervir à fes jouiflances, lors même 
que fes defirs ne font plus partagés ; & cet abus de 


la force qu’il peut exercer fur elle . ne paroît-il‘ 
q P | ; paro 


pas exifter aufli dans la manière dont il sen empare, 
pendant qu’ils font encore éloignés du feul endroit où 
fes jouiffances femblent pouvoir être communes à celle 
qu'il s'eft foumife ? Il fe fait porter par elle, & com- 
mence fes plaifirs, pendant qu’elle ne paroît reflentir 
encore que la peine de leur nnion. | 

Nous devons cependant convenir que, dans la ponte, 
les mâles des crapauds fe donnent quelquefois plus de 


(3) Refél, Hifloria naturalis Ranarum , Gc. 


{ons 
| fécon 
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DE VOYOn: 


de l'tmo 


de Réum 
Béier » VO 


{ 


DEs QUADRUPÈDES OVIPARES. 579 
foins que ceux des grenouilles, non-feulement pour 
féconder les œufs, mais encore pour les faire fortir 
du corps de leurs femelles, lorfqwelles ne peuvent 
| pas fe défaire feules de ce fardeau. On ne peut guère 
en douter d'après les obfervations de M. Demours (Æ) 

fur un crapaud terreftre trouvé par cet Académicien 

dans le Jardin du Roi, furpris, troublé , fans être 
interrompu dans fes foins, & non -feulement ac- 

couplé hors de l’eau, mais encore aidant avec fes 

. pattes de derrière la fortie des œufs que la femelle 
\ ne pouvoit pas faciliter par les divers mouvemens 
qu’elle exécute lorfqu’elle eft dans l’eau (L). | 

Au refte, des œufs abandonnés à terre ne doivent 


1 pas éclore, à moins qu'ils ne tombent dans quelques 
ie | | endroits aflez obfcurs, aflez couverts de vafe, & aflez ê 
BE |. pénétrés d'humidité, pour que les petits crapauds puif- 


fent sy nourrir & sy développer (mn). 


QAR, Les cordons augmentent de volume en même-tems 
où | & en même proportion que les œufs qui, au bout de 
ch à ne as 
dr | (4) Mém. de l'Acad. des Sciences, an. 1741. 
init | il (1) M. Laurenti a fait une efpèce particulière du Crapaud obfervé par 
: | | M. Demours; il lui a donné le nom de Bufo obffreticans ; mais nous 
L ne voyons rien qui doive faire féparer get animal du Crapaud commun: 
pa | | (m) Les œufs des Crapauds fe développent, Fe la température 
il b | | de l’atmofphère ne foit qu'à fix degrés au-deflus &e zéro du thermomètre 
Fe 1: | de Réaumur. Œuvres de M. l'Abbé Spallanzani , traduëlion de M. Sen- 


fl nebier, vol. 2, page 88. 
PAL : Dddd i)j 


580 “HisrTorre NATURELLE 


dix ou douze jours, ont le double de grofieur que lors 
de la ponte (n) ; les globules renfermés dans ces œufs, 
& qui d’abord font noirs d'un côté, & blanchâtres 
de l'autre, fe couvrent peu-à-peu de linéamens ; au 
dix -feptième ou dix- huitième jour on apperçoit le 
petit tétard ; deux ou trois jours après il fe dégage 
de la matière vifqueufe qui enveloppoit les œufs; il 
s'efforce alors de gagner la furface de l’eau, mais il 
retombe bientôt au fond ; au bout de quelques jours 
il a de chaque côté du cou un organe qui a quelques 
rapports avec les ouies des poiffons, qui eft divifé en 
cinq ou fix appeéndices frangées, & qui difparoit tout- 
à-fait le vingt-troifième ou le vingt-quatrième jour. 
Hi femble d'abord ne vivre que de la vafe & des 
_ ordures qui nagent dans l’eau; mais, à mefure qu'il 
devient plus gros , il fe nourrit de plantes aquatiques. 
Son développement fe fait de la même manière que 


celui des ieunes grenouilles : & lorfaw’il eft entièrement 
} ; q 


formé, il fort de l'eau, & va à terre chercher les 
endroits humides. | 

Il en eft des crapauds communs comme des autres Qua- 
drupèdes ovipares ; ils font beaucoup plus grands & 
beaucoup plus venimeux à mefure qu'ils habitent 
des pays plus chauds élus convenables à leur na- 
ture (o). Parmi les individus de cette efpèce, qui font 


2 pe D AT NO 


(2) M. l'Abbé Spallanzani, ouvrage déjà cité. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 501 
confervés au Cabinet du Roi, il y en a un qui 
a quatre pouces & demi de longueur, depuis le mur 
feau jufqu’à anus. On en trouve fur la Côte d'or dune 
| groffeur fi prodigieufe , que lorfqu'ils font en repos, on les | | 
prendroit pour des tortues de terre; ils y font ennemis | 
mortels des ferpens: Bofman a été fouvent le témoin | 
des combats que fe livrent ces animaux. Il doit être | 
curieux de voir le contrafte de la lourde mañle du UN 
| crapaud, qui fe gonfle & s'agite pefamment, avec les qll 
| mouvemens preftes & rapides des ferpens, lorfqu'irrités 
tous les deux, & leurs yeux en feu, l’un réfifte par 
fa force & fon inertie aux eflorts que fon ennemi 
fait pour l'étoufler au milieu des replis de fon corps 
tortueux , & que tous deux cherchent à fe donner la 
mort par leurs morfures & leur venin fétide , ou leurs 
liqueurs corrofves. | : 

Ce n’eft qu'au bout de quatre ans que le crapaud 
eft en état de fe reproduire. On a prétendu que fa 
vie ordinaire n’toit que de quinze ou feize ans; maisfur 
quoi l’a-t-on fondé ? Avoit-on fuivi avec :oin le même 
crapaud dans fes retraites écartées? avoit-on recuellii 
un aflez grand nombre d’obfervations, pour reconnoître 
la durée ordinaire de la vie des crapauds, indépen- 
damment de tout accident & du défaut de nourriture? 


by (o\ En Sardaigne, on regarde leur contaét leul comme dangereux. 
6 if. nat, des amph, Ÿ des poij. de veste Ifle , par M. François Ceiti , p. 40e 


582 : Hrsrorre NaTure1rrr 


Nous avons au contraire un fait bien conftaté 2 


par lequel il eft prouvé qu'un crapaud a vécu plus 


de trente-fix ans : mais la manière dont il a pañé fa 


longue vie va bien étonner; elle prouve jufqu'à quel 
point la domefticité peut influer fur quelqu'animal que 
ce foit, & fur-tout fur les êtres dont la nature eft plus 
fufceptible d’altération , & dans lefquels des reflorts 
moins compliqués peuvent plus aifément , fans fe 
rompre ou fe défunir , être pliés dans de nouveaux fens. 
Ce crapaud a vécu prefque toujours dans une maifon où 
il a été, pour ainfi dire, élevé & apprivoifé (p).Il 
n'y avoit pas acquis fans doute cette forte d'affection 
que l’on remarque dans quelques efpèces d'animaux 
domefliques , & qui étoit trop incompatible avec fon 
organifation & fes mœurs, mais il y étoit devenu fa- 
milier ; la lumière des bougies avoit été pendant long- 
tems pour lui le fignal du moment où il alloit recevoir 
fa nourriture; aufli, non-feulement il la voyoit fans 
crainte, mais même il la recherchoit: il étoit déja 
très-gros lorfqu'il fut remarqué pour la première fois ; 
il habitoit fous un efcalier qui étoit devant la porte 
de la maifon; il paroïfloit tous les foirs au moment 
où il appercevoit de la lumière, & levoit les yeux 
comme sil eût attendu qu'on le prit, & qu'on le 
portât fur une table, où il trouvoit des infeétes, des 


{ P) Zoologie britannique » vol, 3. 


Réal TR des 


DES QuADRUPÈDES OVIPARES. 583 


cloportes , & fur -tout de petits vers qu'il préféroit 
peut-être à caufe de leur agitation continuelle; il fixoit 
fa proie; tout d'un coup il lançoit fa langue avec il 
rapidité , & les infectes ou les vers y demeuroient | 
attachés, à caufe de l'humeur vifqueufe dont l’extré- 
mité de cette langue étoit enduite. : 

Comme on ne lui avoit jamais fait de mal, il ne | 
sirritoit ‘point lorfqu'on le touchoit ; il devint l'objet 1 :4] Il 
d’une curiofité générale, & les Dames même deman- 4 
dèrent à voir le crapaud familier. | 

Il vécut plus de trente-fix ans dans cette efpèce de 
domefticité ; & il auroit vécu plus de tems peut-être 
fi un corbeau apprivoifé comme lui ne l’eût attaqué 


ù À Ha à à l'entrée de fon trou, & ne lui eût crevé un œil, 

x 1 malgré tous les efforts qu'on fit pour le fauver. Il ne 
m | put plus attraper fa proie avec la même facilité, 
ie À parce qu'il ne pouvoit juger avec la même juftefle 
de | | de fa véritable place; aufli périt-il de langueur au ; 
à | | bout d'un'an. : | ee 
"| Les différents faits nt relativement à ce 
é | peu pendant fa someone prouvent peut-être | 
à : qu'on a exagéré la forte de méchanceté & les goûts . 
L. fales de fon efpèce. On pourroit dire cependant que 

u D. ce crapaud habitoit l'Angleterre, & par conféquent 

. à une latitude affez élevée pour que toutes fes mau- 
d | ÿ “vaifes habitudes fuflent tempérées par le froid : d’ail- 


leurs, trente -fix ans de domeflicité, de sûreté & 


+ AT me 
» 


sê4 HISTOIRE NATURELLE 


d’abondance peuvent bien changer les inclinations d’un 
animal tel que le crapaud, le naturel des Quadru- 
pèdes ovipares paroiffant, pour ainf dire, plus flexible 
que celui des animaux mieux Noais Qse l'on 
croie tout au plus, qu'avec moins de dangers à courir, 
& une nourriture d’une qualité particulière, l’efpèce 


de crapaud pourroit être perfectionnée comme tant 


d'autres efpèces; mais ne faudra-t-il pas toujours re 
connoître dans les individus dont la Nature feule aura 
pris foin, les vices de conformation & d'habitudes 
qu'on leur a attribués? : 

Comme l'art de l’homme peut rendre prefque tout 
utile , puifqu'il change quelquefois en médicamens 
falutaires les poifons les plus funeftes, on s'eft fervi 
des crapauds en médecine ; on les y a employés de 
plufieurs manières (g), & contre plufieurs maux. 

On trouve plufeurs cbfervations, d'après lefquelles 
il paroitroit au premier coup-d'œil qu'un crapaud a 
pu fe SHÉRDRE & vivre pendant un nombre pro= 
digieux d'années dans le creux d’un arbre ou d’un bloc 


de pierre, fans aucune communication avec l'air 


(g) « Mes Nègres, que les chaleurs du foleil & du fable avoient 
»beaucoup incommodés, fe frottèrent le front avec des Crapauds vivans, 
» dont ils trouvèrent encore quelques-uns fous les brouffailles: c’eft affez 
» leur coutume lorfqu'ils font travaillés de la migraine , & ils en furent 
mionlagés. Hifloire naturelle du Sénégal , par M. Adanfon, page 163: 
extérieur : 


| que da 


latitude 
dont il 
de nouv 
quil ne 
dibracié 
Pre 
(r) Ere 
Afru, 
(4) Elo 
fonde 277 


Diig 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. S05 


dl 1 __” . ) É 1 
| exérieur : mais on ne l'a penfé ainfi, que parce | 
h | quon n’avoit pas bien examiné l'arbre ou la pierre, li || 
ne | avant de trouver le crapaud dans leurs cavités (r). | ji 
| Cette a ne peut pas être ie , mais cependant : Î { 
k : | on doit regarder comme très-für quun crapaud peut il 

| vivre très-long-tems, & même jufqu'à dix-huit mois juil 
a | fans prendre aucune nourriture, en quelque forte fans | All 
" | | refpirer, & HUGUES renfermé dans des boîtes fcellées | il 
dl | | exactement. Les expériences de M. Hériffant le mettent Al 
ul | | hors de doute (s), & ceci eft une nouvelle confirma- ji 

po tion de ce que nous avons dit dans notre premier [ll 
nf 4 difcours touchant la nature des Quadrupèdes ovipares, lil 
 f Voyons maintenant les caraétères qui diftinguent les pi, 
\ crapauds différens du crapaud commun, tant en Europe ll | 
k | que dans les pays étrangers ; il n’eft prefqu'aucune 
| latitude où la Nature n'ait prodigué ces êtres hideux : 

ls | dont il femble qu’elle n’a diverfifié les efpèces que par 
lu | de nouvelles difformités , comme fi elle avoit voulu 
1 | qu'il ne manquât auçun trait de laideur à ce genre 
be | difgracié, 
ür | ————————— | 
F | (r) Encyclopédie rnéodiae - art. des Crapauds , par M. d'Aubenton, 

_ “Affruc, Paris, 1737 än-4.°, pages 562 G Juiv. 
ol | | (s) Eloge de M. Hériffant, Hifloire de l’Académie des Sciences ; 


js | année 1773: | 
ES 
int | % S 


= Ovipares, Tome I 


586 _Hisrorre Narureirr 


EE —_ EL 
LE VERT 6) 


nm mere 


Ox TROUVE, auprès de Vienne, dans les cavités 
des rochers où dans les fentes obfcures des murailles, 
“un crapaud d'un blanc livide, dont le deffus du COrps 
eft marqueté de taches vertes légèrement ponétuées, 
entourées d'une ligne noire, & , le plus fouvent, réunies 
plufieurs enfemble. Tout fon corps eft parfemé de 
vérrues, excepté le devant de la gueule & les extré- 
mités des pieds ; elles font livides fur le ventre , Vertes 
fur les taches vertes, & rouges fur les intervalles qui 
_féparent ces taches. | ” 
I paroît que les liqueurs corrofives que répand ce 
crapaud, peuvent être plus nuifibles que celles du 
crapaud commun : fa refpiration eft accompagnée d’un 
gonflement de la gueule. Dans la colère , fes yeux 
tincelent ; & fon corps enduit d’une humeur vif 
queufe, répand une odeur fétide, femblable à celle 
de la morelle des boutiques (Solanum nigrum), mais 
beaucoup plus forte. Il tourne toujours en dedans fes 
(a) Le vert. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. | 
Bufo viridis, 8. Laurenti Jpecimen medicum. 


Rana fitibunda, M Pallas, Jupplément à fon voyage. 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. 507 
deux pieds de devant. Comme il habite le même pays 
que le crapaud Commun, on ne peut décider, que 
d’après plufeurs obfervations, fi les différences qu'il 
préfente , quant à fes couleurs, à la difpofition de fes 
verrues, &c. doivent établir, entre cet animal & le 
crapaud commun, une diverfité d’efpèce ou une fim- 
ple variété plus ou moins conftante. Suivant M. Pallas, 
le crapaud Vert , qu'il nomme rana fitibunda , fe 
trouve en affez grand nombre aux environs de la mer 


Cafpienne (b). 


(b) M. Pallas , à l'endroit déjà cité 


588 Hrsrorre Narureirz. 


Sée 
LE RAYON-VERT (:). 


Nous PLAÇONS à la fuite du vert, ce crapaud 


qui pourroit bien n'en être qu'une variété. Il eft cou 
leur de chair; fon caractère diftinétif eft de préfenter 
des lignes vertes, difpofées en rayons; il a été trouvé 
en Saxe. | 

Nous invitons les Naturaliftes, qui habitent l’Alle- 
magne , à rechercher fi Fon ne doit pas rapporter au 
Rayon-vert, comme une variété plus ou moins dif- 
tinéte , le crapaud trouvé en Saxe, parmi des pierres, 
par M. Schréber, & que M. Pallas a fait connoître 
fous le nom de grenouille changeante (Bb). | 

Ce crapaud eft de la grandeur de la grenouille com- 
mune ; fa tête eft arrondie ; fa bouche fans dents, fa lan- 
gue épaifle & charnue ; les paupières fupérieures font à 
peine fenfibles , le deflus du corps eft parfemé de verrues. 
Les pieds de devant ont quatre doigts; ceux de derrière 
en ont cinq, réunis par une membrane. M. Edler, 


(a) Le Rayon-vert. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Bufo Schreberianus , 7 Laurenti fpecimen medicum. | 


(b) Spidilegia zoologica , fafciculus feptimus , fol. 1. 


pes QuapruPpÈDes opIPARES, $69 


de Lubeck , a découvert que ce crapaud change fou- 
ÿent de couleur, ainfi que le caméléon & quelques au 
tres lézards, ce qui établit un nouveau rapport entre 
les divers genres des Quadrupèdes ovipares. Lorfque 
ce crapaud eft en mouvement, fa couleur eft blanche 
parfemée de taches d'un beau vert, & fes verres 
paroiffent jaunes. Lorfqu'il eft en repos , la couleur 
verte des taches fe change en un cendré plus ou moins 
foncé. Le fond blanc de fa couleur, devient auff 
cendté lorfqu’on le touche & qu'on l'inquiète. Si on 
Vexpofe aux rayons du foleil dont il fuit la lumière , 
la beauté de fes couleurs difparoîit, & il ne préfente 
plus qu'une teinte uniforme & cendrée. Un crapaud, 
de la même efpèce, trouvé engourdi par M. Schréber, 
préfentoit, entre les taches vertes, une couleur de chair 
femblable à celle du Rayon-vert. | = 


# 


LE BRUN EE: 
RU 


Cr CRAPAUD à la peau life, fans aucune verrue , 
& marquetée de grandes taches brunes qui fe tou- 
chent, Les plus larges & les plus foncées, font fur le 
dos, au milieu & le long duquel s'étend une petite 
bande plus claire, Les yeux font remarquables en ce 
que la fente que laifle la paupière en fe contractant, 
eft fituée verticalement au lieu de l'être tranfverfale- 
ment. Sous la plante des pieds de derrière qui font 
palmés, on remarque un faux ongle qui a la dureté 
de la corne, La femelle eft diftinguée du mâle par les 
taches qu'elle a fous le ventre. |  : 
Ce crapaud fe trouve plus fréquemment dans les 

marais, qu'au milieu des terres. Lorfqu’il eft'en colère, 
il exhale une odeur fétide femblable à celle de l'ail, 
ou de la poudre à canon qui brûle; & cette odeur eft 
affez forte pour faire pleurer. 6 

Dans l'accouplement, le mâle paroït prendre des 

(a) Le Brun. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique, 

Bufo fufcus, Laurenri Jpecimer medicum, 3 

Reæfel, tab. 17 & 218. 

Fana ridibunda , Supplément au voyage de M. Pallas. 


DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. SO 


foins particuliers pour faciliter la ponte des œufs de 
la femelle. Rœfel foupçonne qu'il eft venimeux ; & 
Actius & Gefner aflurent même qu'il peut donier la 
mort, foit par fon fouffle empoifonné lorfqu’on lap- 
“roche de trop près, foit lorfqu'on mange des herbes 
imprégnées de fon venin. Sans doute laflertion de 
. Gefner & d'Actius peut être exagérée ; mais il reftera 
toujours aux crapauds, & fur-tout au crapaud Brun, 
aflez de qualités malfaifantes pour juilifier l'averfon 
qu'ils infpirent. 
I paroït que c’eft le crapaud Brun que M. Pallas 
a nommé rana ridibunda (grenouille rieufe), qui fe 
trouve en grand nombre aux environs de la mer Caf- 
pienne,.& dont le coaffement , entendu de loin, imite 
un peu le bruit que l’on fait en riants 


592 Hisroïrrs NATuRkILE 


1 nr LORS am on A MORTE EDS ENT RDS DE eu ee em à 


LE CALAMITE (:) 


É EST ENCORE un crapaud d'Europe qui a beau 
coup. de reflemblance avec le crapaud brun, mais 
qui en diffère cependant affez pour çonftituer une 


efpèce diftinéte. Il a le corps un peu étroit : fes cou 


teurs font très-diverfifiées ; fon dos , qui eft olivâtre, pré- 
fente trois raies longitudinales, dont celle du milieu 
eft couleur de foufre ; & les deux des côtés ondulées 
& dentelées, font a rouge clair mêlé d’un jaune 
plus foncé vers les parties fredres Les côtés du 
ventre, les quatre pattes & le tour de la gueule, 
font marquetés de plufeurs taches inégales & olivâtres, 
Voilà la difpofition générale des couleurs de la 
peau fur laquelle s'élèvent des puftules brunes fur le 
dos , rouges vers les côtés, d’un rouge pâle près des 
és des. & d'une couleur É chair éclatante vers les 
angles de la bouche où elles font grouppées. 


L'extrémité des doigts eft noirâtre, & garnie d’une 


(a) Le Calamite. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Bufo calamita, 9 , Laurent: Jpecimen medicum, 


Rafel, tab. 24, 


peau 


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DES QUADRUPÉDES OVIPARES. SO 


peau dure comme de la corne, qui tient lieu d’ongle 
à l'animal. Au-defous de la plante des pieds de devant, 
fe trouvent deux efpèces d'os où de faux ongles’dont 
le Calamite peut fe fervir pour. s’accrocher : les doigts 
des pieds de derrière font féparés. | 
Le Calamite fe tient, pendant le jour, dans les 
fentes de la terre & dans les cavités des murailles. 
Au lieu d'être réduit à ne fe mouvoir que par fauts, 
comme les autres Quadrupèdes ovipares fans queue , 
il grimpe, quoiqu'avec peine, & en sarrétant fou- 
vent ; & à l’aide de fes faux ongles, & de fes doigts 
féparés, il monte quelquefois le long des murs juf- 
qu'à la hauteur de quelques pieds pour gagner fa 
retraite. | 
_ On ne trouve pas ordinairement les Calamites feuls 
dans leurs trous. Ils y font raffemblés & ramañés au 
nombre de dix ou douze. C’eft la nuit qu'ils fortent 
de leur afile, & qu’ils vont chercher leur nourriture, 
Pour éloigner leurs ennemis, ils font fuinter, au tra- 
vers de leur peau , une liqueur dont l'odeur femblable à 
celle de la poudre enflammée , eft encore plus forte. 
Au mois de Juin, ceux qui ont atteint l’âge de 
trois ans & à-peu-près leur entier accroifflement, fe 
raflemblent pour saccoupler fur le bord des marais 
remplis de joncs où ils font entendre un coaffement 
retentiflant & fingulier, On pourroit penfer que les 
habitudes particulières de ces crapauds, influent fur 
Ovipares , Tome L, Ffff 


$94 Hisrorrs NarTurerzre 


la nature de leurs humeurs & empêchent qu'ils re 


{oient venimeux ; cependant Rœfel a préfumé le con- 


traire, parce que, fuivant lui, les cigognes qui font 
fort avides de grenouilles, d'atratdd oi point les Ca= 
lamites. 


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se | | LE COULEUR DE FEU (:) 


M LAURENTI a découvert ce crapaud fur les 
bords du Danube. C’eft un des plus petits. Son dos 
d’une couleur olivâtre très-foncée eft tacheté d'un 
| _ noir fale : mais le ventre, la gueule, les pattes & la 
ii plante des pieds, font d'un blanc bleuâtre tacheté 
| d'un beau vermillon, & c’eft de-là que lui vient fon 
‘hi ; nom. Toute la furface de fon corps eft parfemée de 
| _ petites verrues. Quand il eft expofé au foleil, fa pru- 
CS nelle prend une figure parfaitement triangulaire dont 
| le contour eft doré. Cette efpèce eft très-nombreufe 
dans les marais du Danube; une variété de ce cra- 

paud a le ventre noir tacheté & pondtué de blanc. 
D. _ On trouve le couleur de Feu à terre , pendant 
Li l'automne : lorfqu’on l'approche & qu'il eft près de 
| Veau, il sy élance avec légèreté, ainf que les gre- 

| nouilles: mais sil ne voit aucun moyen d'échapper, 
| Ïl s'aflaife contre terre comme pour fe cacher; dès 
| 


(a) Feuer K, ot, en Allemand, 

| Le couleur de feu. M. d’Aubenton ; Encyclopédie méthodique, 
Li Bufo igneus, 23. Laurenti Jpecimen medicum. 

Li Raæjfel , ” ar Ga. 


Ffffi 


56  É{ISTONRE NATURELLE 


qu'on le touche, fa tête fe contracte & fe jette en 
arrière; fi on le tourmente, il exhale une odeur fétide, 
& répand par l’anus une forte d’écume. Son coafle- 
ment qu'il fait entendre fans enfler fa gorge, eit une 
forte de grognement fourd & entrecoupé, qui, quel- 
quefois fe re & reflemble un peu , fuivant 
M. Laurenti, à la voix d’une perfonne qui rit. 

_ Les œufs Ke du corps de la femelle, font difpofés 
par pelotons, ainfi que ceux des SM utie au lieu 
d'être rangés par files, comme les œufs du crapaud 


commun. Et ce qu'il y a de remarquable dans les 


habitudes de ce petit animal qui femble faire, à cer- 
tains égards, la nuance entre les crapauds & , € Bre- 
nouilles , SR qu’ au lieu de craindre la lumière, il 
fe plaït pe le bord de l'eau, à s'imbiber des rayons 


du foleil. I ne paroît pas , d’après les expériences 


de M. Laurenti, que les humeurs du couleur de Feu 


aient d'autre propriété nuifible que celle d’ afloupir CET—- 
tains petits animaux, tels que les lézards gris qui font 
très-fenfibles à toute forte de venin, ainf que nous 


avons déjà dit. 


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DES OvADRUPÈDES OVIPARES. 


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LE, PUSTERBEUX 6} 


Ox TROUVE, dans les Indes, ce crapaud remar- : ee MN 
quable par fes doigts garnis de tubercules femblables ii 


à des épines , & par les véficules ou puftules qui le I 
couvrent. Sa couleur eft d’un roux cendré; elle eft | fl 
plus claire fur Les côtés & fur le ventre où elle eft Li 
tachetée de roux. Il a quatre doigts féparés aux pieds ll 
de devant & cinq doigts palmés aux pieds de derrière. | [| 


(a) Le Pufluleux. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, 
Bufo puftulofus, 4. Laurenti fpeciinen medicum. 
SéDa, 1,1 T4slia:t st | - 


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598 Hirsrorre NATURELLE 


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Sox CORPS arrondi eft d'une couleur rouffe, Son 
dos eft fillonné par trois ritles longitudinales. Son bas- 
ventre paroît enflé, & cet animal eft fur-tout diftingué 
par un gonflement confidérable à la gorge. Les deux 
doigts extérieurs de fes pieds de devant font réunis ; 
il habite dans les Indes. 


(a) Le Goîtreux. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Rana ventricofa, 7. Linn. amphib. rept. 

Mus. Adolph. Fred.,.1. page 48. 

But ventricofus, 4, Laurenti Jpecimen medicung 


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LE CRAPAUD : 


grandeur de. Mature. 


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DES QUADRUPÉÈDES OVIPARES. 5$O9 


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Lcsismesod 


L.: E B O $S S 1. Cas a 


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1e A TÊTE de ce crapaud eft très-petite, obtufe & 
enfoncée dans la poitrine. Son corps ridé, mais fans 
verrués, eft très-convexe. Sa couleur eft nébuleufe : 
fon dos préfente une bande longitudinale, un peu pâle 
& dentelée; tous fes doigts font féparés les uns des 
autres. Il en a quatre aux pieds de devant & fix aux. 
pieds de derrière. On le trouve dans les Indes orien- 
tales, ainfi qu'en Afrique L’individu que nous avons 
décrit a été apporté du Sénégal au Gabinet du Roi. 

(a) Le Boflu. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. 

Rana gibbofa, $ , Linn. amphib. rept. 

Bufo gibbofus, 6, Laurenti Jpecimen medicum. 


LR P'ICR AS (2), 


De rous les crapauds de l’Amérique méridionale, 
l'un des plus remarquables eft le Pipa. Le mâle & 
la femelle font aflez différens l’un de l’autre, tant par 


a grandeur que par la conformation , pour qu'on les” 


regarde, au premier coup-d’œil, comme deux efpèces 
très-diftinétes. Auffi, au lieu dé décrire l’efpèce en 


général, croyons-nous devoir parler féparément du. 


male & de la femelle. 
Le mâle a atre doigts féparés aux pieds de devant 


& cinq doigts palmés aux pieds de derrière. Chaque. 


doigt des pieds de devant eft fendu à l'extrémité en 
quatre petites parties. On a peine à diflinguer le corps 
d'avec la tête. L'ouverture de la gueule eft très- -grande: 


(a) Cururu , dans l'Amérique méridionale. 

Le pipa. M. dAubenton , Encyclopédie méthodique. 

Rana pipa, #4, Linn. amplub. rept, 

Gronov., mus , 2, page 84, N° 64. 

Séba, mus, 1, tab. 77, fig. 2, 4. Bufo, feu pipa americana, 
Bradl., nat., t, aa, f. 1. Rana Surinamenfis, 

iVallifn., nat. , 3, t, 41 ee 6, 

Planches enluminées ; N.° 


les yeux 


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DES QUADRUPÈDES OVIPARES., (GCOHX 
les yeux placés au-deflus de la tête font très-petits 
& aflez diftans l'un de l'autre. La tête & le corps 
font très-aplatis. La couleur générale en ef olivâtre 
plus ou moins claire & femée de trés-petites taches 
roufles ou rougeûtres. | 

La femelle diffère du mâle en ce qu’elle eft beau- 
coup plus grande. Elle a également la tête & le corps 
aplatis. Mais la tête eft triangulaire & plus large à la 


bafe que la partie antérieure du corps. Les yeux font 


très — petits & très — diftans l’un de l’autre, ainfi que 


dans le mâle. Elle a de même cinq doigts palmés aux 
pieds de derrière & quatre doigts divifés aux pieds de. 


devant, mais chacun de ces quatre doigts eft fendu à 
l'extrémité en quatre petites parties Dh fenfibles que 
dans le mâle. Son corps eft communément hériflé par- 
tout de très-petites verrues. L'individu femelle , qui eft 
confervé au Cabinet du Roi, a cinq pouces quatre 
lignes de longueur depuis le hout du mufeau juiqu'à 
l'anus. 

Ce qui rend fur:tont remarquable ce grand cra- 
paud de Surinam, c'eft la manière dont les fœtus de 
cet animal croiflent, {e développent & éclofent (8). 
Les petits du Pipa ne font point conçus fous la peau 
du dos de leur mère, ainfi que l'a penfé Mademoi- 


(è) Voyez un Mémoire de M. Bonnet, infêré dans le Journal de 
Phyfique de 1779, vol. a, page qzs. 


Ovipares | Tome I, | G688 


602 Hisrotre NATUREzILIE 

{elle de Mérian, à qui nous devons les premières obfer- 
_vations fur cet aniual (c): maïs, lorfque les œufs ont 
été pondus par la femelle & fécondés par le mâle de 
Ja même manière que dans tous les crapauds, le mâle 
au lieu de les difperfer, les ramaffe avec fes pattes, les 


poufle fous fon ventre, & les étend fur le des de la 


femelle où ils fe colent. La liqueur fécondante du 
mâle, fait enfler la peau & tous les tégumens du dos 
de la femelle qui forment alors autour des œufs , des 
fortes de cellules. | 

Les œufs cependant grofñffent , & doivent épronver ; 
par la chaleur du corps de la mère, un développe- 
ment plus rapide en proportion que dans les autres 


efpèces de crapauds. Les petits éclofent, & fortent 


enfuite de leurs cellules, après avoir pañlé, en quel- 
que forte , par l’état de tétard ; car ils ont, dans 
les premiers tems de leur développement , une 


queue qu'ils n’ont plus quand ils font prêts à quitter 


leurs cellules (4). | 
Lorfqu'ils ont abandonné le dos sd leur mère, celle- 

ci en fe frottant contre des pierres ou des sb : : 

fe dépouille des portions de cellules qui reftent encore, 


(c) Mérian, différtatio de generatione & metamorphofibus infééloruri 
Surinamenfium ; &c, Amflerd. , 1719. 


(d) Œuvres de H. l'Abbé Spallançani > VOL.3, page 296 


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DES QuanrurÈDes orrparss, 603 
& de fa propre peau qui tombe alors en partie pour 
fe renouveller. 
Mais la Nature na jamais préfenté de phéno- 
mènes ifolés ; l’expreflion d’extraordinaire ou de fingulier 
n'eft point abfolue, mais feulement relative à nos con 
noiffances ; & elle ne défigne en général qu'un degré 
plus ou moins grand dans une propriété déjà exiftante 
ailleurs : aufli la manière dont les petits du Pipa fe 
développent, n’eft point à la rigueur particulière à 
cette efpèce. On en remarque une affez femblable, 
même parmi les Quadrupèdes vivipares , puifque les 
petits du farigue ou opoflum, ne prennent , pendant 
quelque-tems , leur accroiflement que dans une efpèce 
de poche que la femelle a fous le ventre (e). 
_ Au refte, il paroît que la chair de ce crapaud 
n'eft pas malfaifante ; &, fuivant le rapport de Made- 
moifelle de Mérian, les Nègres en mangent avec 
plaïtr. 


(e) Voyez, dans l'Hifloire nat. des Quadrup., l'article de lopofum. 


LT 


604 Hisrorre Narvrerre 


C: CRAPAUD que l’on trouve en Amérique , eft 
Yun des plus hideux; fa tête eft prefqu'aufli grande 
que la moitié de pe corps; l'ouverture de fa puis 
eft énorme, fa langue épaifle & large; fes paupières 


ont la due d'un cone aigu, ce qui le fait paroître 


armé de cornes dans lefquelles fes yeux feroient placés. 


Lorfqu’il eft adulte, fon afpe eft affreux ; il à le dos 


& les cuifes hériffés d'épines. Le fond de fa couleur 


eft jaunâtre ; des raies brunes font placées en long fur 


le dos, & en travers fur les pattes & fur les doigts. 
Une large bande blanchätre s'étend depuis la tête juf- 
qu'à l'anus. A l'origine de cette bande, on voit de 


chaque côté une petite tache ronde & noire. Ce vilain 


animal a quatre doigts féparés aux pieds de devant 


& cinq doigts réunis par une membrane aux pieds 


de derrière. Suivant Séba, la femelle diffère du mâle, 
en ce que fes doigts font tous féparés les uns des autres. 


% 


{a) Le Cornu. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. 
Rana cornuta , 22. Linn. amphib. rept. | 

Bufo cornutus, Laurenti fpecimen medicum. 

Séba , 1,172, fig 1 Cas 


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DES QuaDrüuPÈDEs orIPARES. (605 


Le premier doigt des quatre pieds étant d’ailleurs écarté 


des autres dans la femelle, donne à ces pieds une ref- 


femblance imparfaite, avec une véritable main , réveille 
une idée de monftruofité & ajoute à l'horreur avec 
laquelle on doit voir cette hideufe femelle. Rien en 
effet ne révolte plus que de rencontrer au milieu de 
la difformité quelque trait des objets que l'on regarde 
comme les plus parfaits. Le 


606 Hrsrorre NATUREILIE 


pont ms mme rer ocre = 
, CREER EE RO ER 


L'AGUA (a), 


Ce GRAND CRAPAUD que l'on appelle au Bréfil 
Aguaquaquan , & dont le deflus du corps eft couvert 
de petites .éminences, eft d’un gris cendré femé de 
taches rouflûtres preiquie couleur de feu. Il a quatre, 
doigts féparés aux pieds de devant, & cinq doigts 
palmés aux pieds de derrière, L’on en … au Cabinet 
du Roi, un individu de cette efpèce , qui a tent pouces 
quatre os de longueur, depuis le bont du mufeau 
jufqu’à l'anus, 


(a) _. M. d'Aubenton , de nc 
Bufo Braflienfs, Laurent: fpecimen medicum. 
Bufo Braflienfs, Séba, 1, tab, 73, fig : & 2, 


LE MARBRÉ (:). 


Czr ANIMAL reffemble un peu à lagua. Il 4; 
comme ce dernier, quatre doigts divifés aux pieds de 
devant, & cinq doigts palmés aux pieds de derrière: 
mais il paroît être communément beaucoup plus petit, 
D'ailleurs le deffus du corps eft marbré de rouge & 
d'un jaune cendré; & le ventre eft jaune, moucheté 
de noir. 


ù | | (a) Le marbré, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique, 
 Bufo marmoratus, Laurenti fpecimen medicum, | 
| | | Séba, 1, tab. 7, fig 4 & 4 


LE CRIARD ai 


Le Criarp que l’on trouve à Surinam, eft un des © Nc 


. plus gros crapauds. Sa peau eft mouchétée ‘de vide: procl 
| | _& de brun, & parfemée de verrues. Les épaules cou= Jeu 
vertes de points faillans, de même que le ventre, font mai 
relevées en bofle, & percées d’une multitude de petits mir 
trous. [1 eft aifé de le diftinguer du marbré & du pipa 
que l'on trouve aufli à Surinam , parce qu'il a cinq : 
doigts à chaque pied ; les doigts des pieds de devant 
font féparés, & ceux des pieds de derrière à demi-pal- où 
_més. Il habite les eaux douces où il ne cefle de faire | +. 
entendre fon coafflement défagréable. C’eft ce qui la qi 
fait appeller Ze muficien, par M. Linné; mais le nom Lis 
de criard que lui a Ébané M. a'Aaberiton: convient il 
bien mieux à un animal dont la voix rauque & dif Man 
cordante ne peut que troubler les concerts harmonieux = aile 
ou le filence pairs de la Nature, & qui ne peut , um 
faire entendre qu'un coaflement auffi défagréable dl 
pour l'oreille , que fon afpect ns pour les Jeu 3 Le 
de ce 
Le Criard. M. d’ Po | Enelopédie méthodique, jufqu 
Rina mul ia, 2. Linn. amphib. reptil. Ée 
AS LA | : par q 
REPTILES ne. de k 


| | On 


À 


2 RRRe nn 
Fe — s Fi or ne Do 
ni QE MNT vor M ANA M VAE EN sacs MS (a dame 10 AR A 


REPTILES BIPÈDES. 


Nous AVONS VU le feps & le chalcide fe rap 
procher de l’ordre des ferpens par l’alongement de 
leur corps, & la brièveté de leurs pattes. Nous allons 


maintenant jeter les yeux fur un genre de reptiles, 


qui réunit encore de plus près les ferpens & les lézards. 
Nous ne le comprenons pas parmi les Quadrupèdes 
ovipares , puifque le caractère diftinctif de ce genre 
eft de n'avoir que deux pieds; mais nous le plaçons 
entre ces Quadrupèdes & les ferpens. Les reptiles 
qui le compolent diffèrent des premiers, en ce qu’ils 
n'ont que deux pattes au lieu d'en avoir quatre, & 
ils font diftingués des feconds par ces deux pieds qui 
manquent à tous les ferpens. Il feroit d’ailleurs fort 
aifé de les confondre avec ces derniers, auxquels ils 
reflemblent par l’alongement du corps, les proportions 
de la tête & la forme des écailles. 

L'on a douté , pendant long -tems, de l’exiflence 
de ces animaux ; & en effet tous ceux que l’on a voulu 
jufqu'à préfent regarder comme des reptiles Bipèdes, 
étoient des feps ou des chalcides qui avoient perdu, 
par quelque accident, leurs pattes de devant ou celles 
de derrière; la cicatrice toit fenfible, & ils préfen- 
Ovyipares, Tome L Hhkhh 


610 Hrsrorrs NAaTurerrre 


toient d'ailleurs tous les caraétères des feps ou des 
chalcides : où bien c'étoient des ferpens mâles que l’on 
avoit tués dans la faifon de leurs amours, lorfqu’au 
moment d'aller s'unir à leurs femelles, ils font f{ortir 
par leur anus leur double partie fexuelle, dont les 
deux portions s'écartent l’une de l’autre, &, étant gar- 
nies d'afpérités aflez femblables à des écailles , peu- 
vent être priles, au premier coup - d'œil, pour des 


pattes imparfaites. On nous a fouvent envoyé de ces 


ferpens tués peu de tems avant leur accouplement, & 
qu'on regardoit comme des ferpens à deux pieds, tandis 
qu'ils ne différoient des autres qu’en ce que leurs par- 
ties fexuelles étoient gonflées & à découvert. C’eft 
parmi ces ferpens, furpris dans leurs amours , que nous 
croyons devoir comprendre celui que M. Linné a placé 
dans le genre des anguis, & qu'il a nommé anguis 
bipède (a), | 

On doit encore rapporter les prétendus reptiles 
bipédes, dont on a fait mention jufqu’à préfent, à des 
larves plus ou moins développées de grenouilles, de 
raines, de crapauds & même de falamandres, tous ces 
Quadrupèdes ovipares ne préfentant fouvent que deux 
pattes dans les premiers tems de leur accroiflement. 
Tel eft, par exemple, lanimal que M. Linné a cru 


devoir placer non -feulement dans un genre, mais 


(a) Linn., Jyflema nature , tom, 2 , fol. 190 , edit. 13. 


mêi 
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étoit 
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Joppé 


Conno) 


DES QuAnrurènes OFIPARES. GTI 


même dans un ordre particulier, & qu'il a appellé 
Jÿrene lacertine (Bb), 1 avoit été envoyé de Charles- 
Town, par M. le Docteur Garden, à M. Ellis; il avoit 
été pris à la Caroline, où on doit le trouver aflez 
fréquemment, puifque les habitans du pays lui ont 
donné un nom; ils lappellent mud inguana. On le 
trouve communément fur le bord des étangs, & dans 
des endroits marécageux, parmi les arbres tombés de 
| vétufté, &c. Nous avons examiné avec foin la figure 
| & la defcription que M. Ellis en a données dans les 
| tranfactions philofophiques (c); & nous n'avons pas 
douté un feul moment que cet animal, bien loin de il 
conftituer un ordre nouveau , ne fût une larve; il a : \ { 


\ À | les caractères généraux d'un animal imparfait, & 
ù |. d'ailleurs il a les cara@tères particuliers que nous avons 
ui | | trouvés dans les falamandres à queue-plate. A la vérité, 
| cette larve avoit trente - un pouces de longueur ; elle 

ls | étoit par conféquent beaucoup plus grande qu'aucune 
ds | larve connue; & c’eft ce qui a empêché M. Linné 
& | de la regarder comme un animal non encore déve 
| loppé ; mais ne doit-on pas préfumer que nous ne 
et |. connoïflons pas tous les Quadrupèdes ovipares de l’A- 
el | DRE 
| ol (8) Voyez l'addition qui eft à la fin du premier volime du fyftême 
ni | | de la nature par M. Linné, treizième édition. è 
D É (c) Lettre de Jean Ellis , Tranjadions philofophiques, année 1766, 

Li Gomme $6. 

| Hhhh ij 


612 Hisrorre NArTuRrz1re 
mériaue feptentrionale , & qu’on n’a pas encore dé- 
couvert l’efpèce à laquelle appartient cette grande 
larve? Peut-être l'animal dans lequel elle fe méta- 
morphofe , vit-il dans l’eau de manière à n'être apperçu 
que très-dificilement. Cette larve, envoyée à M. Ellis, 


_“manquoit de pieds de derrière; ceux de devant n'a- 


voient que quatre doigts, ainfi que dans nos falaman- 
dres aquatiques ; les ongles étoient très-petits ; les os 


des mâchoires crénelés & fans dents; il y avoit des 


efpèces de bandes au-deffus & au-deflous de la queue, 
& de chaque côté du cou étoient trois protubérances 
frangées , aflez femblables à celles qui partent éga- 
lement des deux côtés du cou, dans les falamandres à 


queue-plate. 


‘Maïs fi jufquà préfent les divers animaux que 
Von a confidérés comme de vrais reptiles bipèdes, 
doivent être rapportés à des efpèces de Quadrupèdes 
ovipares, ou de ferpens, nous allons donner, dans l'ar- 
ticle fuivant , la defcription d’un animal qui na que 
deux pieds, que l’on doit regarder cependant comme 


entièrement développé, & qu'il ne faut compter, par 


conféquent , ni parmi les ferpens, ni parmi les Qua- 
drupèdes ovipares. Nous traiterons enfuite d'un autre 
bipède qui doit être compris dans le même genre, & 
que M. Pallas a fait connoître. 


tière 
nous 


ral 
VC. 


L 


vende Larclieu 


{| 


ÈS 


à 


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H 


EE ——__— Æ : É : } 1 


DeSfeve del 


grandeur de moi 


à 


CANNELE, 


+ 


de flaudture.. 


7 


€ 


LE 


BIPÈDES 


Qui RE vo de pates de derrière. 


LE CANNELÉ. 


Nous sommoxs ainf un Bipède qui na encore 
été décrit par aucun -Naturalifle, & dont aucun 
Voyageur n’a fait mention. Il a été trouvé au Mexique 
par M. Vélaiquès, favant Efpagnol, qui l'a remis, 
pour nous l'envoyer, à M. Polony, habile Médecin 
de Saint-Domingue; & c'eft Madame la Vicomtefle de 
Fontanges, Commandante de cette ifle, qui a bien 
voulu l’apporter elle-même en France, avec un foin 
que l’on ne fe feroit pas attendu à trouver dans la 
Beauté , pour un reptile ph DHpre: à l'eflrayer à 
Jui Aie. ” | 

Ce Bipède eft entièrement privé de pattes. de der- 
rière. Avec quelque foin que nous l'ayons examiné, 
nous n'avons appercçu, dans tout fon.  COTPS, aucune ci= 
catrice, aucune Ne qui pût faire foupçonner que 
Y ul eût éprouvé, es accident, de perdu quel- 


Ps 


614 Hrsrorre Navurerre 


qu'un de fes membres. Il a beaucoup de rapports, par 
fa conformation générale, avec le lézard que nous avons 
nommé chalcide; les écaiiles dont il eft revêtu, font 
également difpofées en anneaux ; mais il diffère du 


chalcide , non-feulement en ce qu’il n’a que deux pattes, 


mais encore en ce quil a la queue très-courte, au 
lieu que ce dernier lézard l’a très-longue, en proportion 


du corps. Il eft tout couvert d'écailles, prefque carrées, 


& difpofées en demi-anneaux fur le dos, ainfi que fur 
le ventre ; ces demi - anneaux fe correfpondent de 
manière que les extrémités des demi - anneaux fu- 
périeurs aboutiffent à la ligne qui fépare les demi- 
anneaux inférieurs. C'eft par cette difpoñtion qu'il 


difière encore des chalcides, dont les écailles forment 


des anneaux entiers autour du corps. La ligne où fe 
réuniflent les demi-anneaux fupérieurs & les demi- 
anneaux inférieurs, préfente de chaque côté, & le long 
du corps, une efpèce de fillon qui s'étend depuis la 
tête jufqu'à l'anus. La queue, au lieu d'être couverte 
de demi-anneaux, ainfi que le corps, eft garnie d’an- 


neaux entiers, mai de petites écailles de même 


forme & de même grandeur que celles des demi-anneaux. 
L'aflemblage de ces écailles forme un grand nombre 
de ftries longitudinales ; la réunion des anneaux pro- 
duit aufli un très-grand nombre de cannelures tranf- 
verfales; & c’eft de-là que nous avons tiré le nom 
de Cannelé, que nous donnons au Bipède du Mexique, 


DES QUADRUPÈDES OVIPARES. G15 
Nous avons compté cent cinquante demi-anneaux fur 
: le ventre de cet animal, & trente -un anneaux 
| fur fa queue, qui eft grofle & arrondie À l'extrémité. 


La longueur totale de cet individu eft de huit pouces 
| fix lignes; celle de la queue, d’un pouce ; & fon dia- 
Li métre, dans fa plus grande grofleur, eft de quatre 
n | lignes. La tête a trois lignes de longueur; elle eft ar- 
Li. _ rondie pardevant, & on a peine à la diftinguer du 
_ corps. Le deflus en eft couvert d’une grande écaille ; 
._ ie mufeau eft garni de trois écailles plus grandes as 
| celles des anneaux, & dont les deux extérieures pré- 
| fentent chacune un très-petit trou, qui eft l'ouverture 
D des narines. La mâchoire Mieure eft auffi bordée 
L: | d'écailles un peu plus grandes que celles des anneaux ; 
1. les dents font très-petites ; les yeux, à peine vifibles 
| __ & fans paupières ; je n'ai pu remarquer aucune ap- 
| parence de trous auditifs. Les pattes, qui ont quatre 
à | lignes de longueur, font recouvertes de petites écailles, 
| | femblables à celles du corps, & difpofées en anneaux: 
| il y a, à chaque pied, quatre doigts bien féparés, 
’ garnis d'ongles longs & crochus; & à côté du doigt 
“à extérieur de chaque pied, on apperçoit comme le 
2} commencement d'un cinquième doigt. Nous n’avons 
| pu remarquer aucun indice de pattes de derrière, 
L } ainfi que nous l'avons dit ; aucun anneau du Corps ni 
| 


[| de la queue n'eft interrompu, & rien nindique que 
| l'animal ait éprouvé quelqu'accident, ou reçu la plus 


616, Hrsrorre NATURELLE 


légère bleflure. L'ouverture de l’anus s'étend tranfver- 
falement ; &, fur fon bord fupérieur, nous avons 
compté fix tubercules percés à leur extrémité, & en- 
tièrement femblables à ceux que nous avons vus fur 
la face intérieure des cuiffes de l'iguane, da léyard 
vert, du gecko, &c. ; 

La queue du Bipède Cannelé étant aufi grofle à 
fon extrémité que la tête de cet animal, il a beau- 
coup de rapport, par fa conformation générale, avec 
les ferpens que M. Linné a nommés amphisbènes, dont 
les écailles font également difpofées en anneaux, les 
yeux très-peu vifbles, la tête & le bout de la queue 
prefque de la même groffeur, & qui manquent aufli 
de trous auditifs. C’eft parmi ce genre d'amphifbènes, 
qu'il faudroit placer le Cannelé sil n’avoit point deux 
pattes; & c’eft particulièrement avec ce genre qu'il 
lie l’ordre des Quadrupèdes ovipares. Comme cet ani- 
mal a été envoyé, au Cabinet du Roi, dans du 
tafa , nous n'avons pu juger de fa couleur naturelle; 
mais nous avons préfumé qu’elle eft ordinairement 
verdâtre & plus claire fur le ventre que fur le dos. 
Nous ignorons fi on le trouve en très-grand nombre au 
Mexique, & qu'elles font fes habitudes. Mais nous 
penfons d'après {a conformation, aflez femblable à celle 
des feps & des chalcides , que fon allure & fa manière 
de vivre doivent reffembler beaucoup à velles de ces 
derniers lézards, 


SECONDE 


No 
_palles, 
li con 


Les hab 
quent à 


«parce q 


vement 


. Quaprurènrs ONIPARES. 617 
SECONDE DIVISION. 


BIPEDES 
| Qui manquent de pattes de devant. 


LE SHELTOPUSIK. 


| | 

| “ 
_ ° 

ER. Ç ire : 

N ous ponrons 1ct une notice d'un reptile à deux de. 

\ | | pattes, dont M. Pallas a parlé le premier:(a). Nous 

: | lui confervons le nom de S'helropufik que fui donnent 

| les habitans des contrées qu'il habite, quoiqu’ils appli- 

ê! "1 < PL à | 

| quent aufh ce nom à une véritable efpèce de ferpent, 

N à ; | 

D 


| | de û Ve . : 
h parce quil ne peut y avoir aucune équivoque relati- 
| . 49 E 
vement à deux animaux d'ordres ou du moins de 


ù |. 

Ni \ 
u | {a) Novi commentarii Academiæ Scientiarum imperialis Petropoli- 

| Ds : à : 

me | fanæ, tom. 29, fol. 435, pro anno r774. 

4 |: Ovipares, Tome I. Tiii 


618  Hisrorre NaArurxire 

genres différens. On le trouve auprès du Volga, dans 
le défert fablonneux de Naryn, ainfi qu'aux environs de 
Terequm , près du Kumam ; il demeure de préférence 
dans les vallées ombragées & où l’herbe croît en abon- 
dance. Il fe cache parmi les arbriffeaux, & fuit dès 
qu'on l'approche. Il fait la guerre aux petits lézards, 
& particulièrement aux lézards gris. Sa tête eft grande, 
plus épaifle que le corps. Le mufeau eft obtus. Les 
bords de la gueule font revêtus d'écailles un peu plus 
grandes que celles qui les touchent; les mâchoires 
garnies de petites dents, & les narines bien ouvertes. 
Le Sheltopuñk a deux paupières mobiles & des ouver- 
tures pour les oreilles, femblables à celles des lézards. 
Le deflus de la tête eft couvert de grandes écailles ; 
celles qui garnifflent le corps & la queue , tant deflus 


que deflous, font un peu feflonnées & placées les unes . 


au-deffus des autres, comme les tuiles fur les toits. De 
chaque côté du corps s'étend une efpèce de ride ou 
de fillon longitudinal. A l'extrémité de chacun de ces 
fillons, & auprès de l’anus, on voit un très-petit pied 
couvert de quatre écailles, & dont le bout fe partage 
en deux fortes de doigts un peu aigus. La queue ett 
beaucoup plus longue que le corps. La longueur totale 
du Sheltopufñk eft ordinairement de plus de trois pieds, 
& fa couleur, qui eft aflez uniforme fur tout le corps, 
eft d'un jaune pâle. On trouvera dans la note fui- 


pl 

ji 
Longt 
Longl 

qu 
Circon 
Circon 
Circonl 


Long 


(6) 


DES QuADruPÈDEs OVIPARES, G19 
vante. (b) les principales dimenfions de ce bipède 
que M. Pallas a difféqué avec beaucoup de foin (c). 


(b) Longueur depuis le bout du mufeau | pieds, | pouces. | lignes. 
ia Pants ee , 4 I : 

Lonpdeur. de ques 4". . à 2 

Longueur de la tête depuis le mufeau juf- 

OR AO AUdE.  .  : » . 

Circonférence de la tête à fa bafe . 


Circonférence du corps au-devant de l'anus. 
Circonférence de la queue à fon origine. 
Hébpueur dés pieds... . 5... 


(c) M. Pallas , à l'endroit déjà cité. 


620 


TR 6e és 


ee ee Con am © 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


De tous les Noms que l’on a donnés aux Quadrupèdes ovipares } 


€ dont il eff fait mention dans cet Ouvrage. 
LR 
ÆAguaquaquan , Voyez Agua. 


lebrenne , 
ÆAlligator , 
Mericima » 
Anguis Quadrupes, 
noles , 
ÆAnolis , 
Arrajfade , 
ASK , 
ÆAskalabotes , 
Axolotl , 
Ayamaka , 


S. Terreftre. 
Crocodile. 
Queue-bleue. 
Seps. 

Améiva. 
Améiva. 
S. Terreftre, 
S. à queue-plate. 
Galéote. 

S. à queue-plate. 
guane. 


B. 


BAsrrrevs Ame- 
ricanuse 

BarpayG- d'pvowerus, 

Barpay © auC, 


Bec à faucon , 
Bec à faucon , 
Bin Jawacok Jan- 
gur eckor, : 
- Blande , 
The blue lizard , 
Boiah , 
Brochet de terre , 
Bufo, 
Bufo Brafilienfis , 
Bufo Calamita , 
Bufo Cornutus , 
Bufo Fufcus, 
Bufo Gibbofus, 
Bufo Igneus , 
Bufo Marmoratus, 
Bufo Obffreticans , 
Bufo Puffulofus , 


BasrLrc: 


Raine verte. 

Grenouille com- 
mune. 

Caouane. 

T. Carer. 

L. Porte-crête; 


S. Terreftre. 
Agame. 
Caméléon. 

LE. Doré. 

C. commun. 
Agua. 
Calamite, 

C. Cornu. 
Crapaud Brun. 
C. Boflu. 
Couleur de Feu. 
C. Marbré. 

C. Commun. 


C. Pufluleux. 


Bufo  Schreberia- Rayon vert. 


mus 


Bufo Ventricofus , 
. Bufo Viridis, 


Bullfrog ; 
Bumbos , 


C. Goitreux. 

C. Vert. 

Grenouille mugif- 
fante. 

Crocodile. 


C. 


CALISCERTULA, 
Canuaneros , 

Caret , 
Caudi-verbera , 
Cayman ;, 

Cayman ; 
Chamæleo > 
Chamæleo Africa- 


mus , 


-Chamæleo Bone- 


_ Spe, 
Chamæleo Candi- 


dus , 


Chamaæleo Mexica- 


mus ; 
Chamæleo  Pari- 
Jienfium , 
Chamæleo Z'elany- 
cus ÿ 
Chamfan , 
Cordule , 
Cordylus 
Cordylus Hifpidus, 
Cordylus Orbicula- 
FES ; 
Cordylus Stellio , 
Cordylus Verus:, 
Coffordilos , 
Crocodile % bec 
alongé 3 


L. VERT 
Caouane: 
Caouane. 
Cordyle. : 
Crocodile. 
Fupinambis: 
Caméléon. 
Caméléon. 


Caméléon. 
Caméléon: 
Caméléon. 
Caméléon. 
Caméléon. 
Crocodile. 
$. à queue-plate: 
Dragonne, 
Tapaye. 
Tapaye. 
Stellion. 
Cordyle, 
Stellion, 


Gavial. 


Drasl 
Doocan 


; Doogent 
_ Daiot 


Draco 1 
Draco | 
Draco ? 
Dracunt 
Drigof 
que D 
qui 0 


Famoce 
Famoce 
Fardac 
Fur 


Gazro 
Galliwal 
Galtabé 
Gecko n 
Gecko ve 
Gekko te 
Grenou:| 
geante 
Grenoui 
doigts 
Grenoui 
ble, 


Grerou 


Cobez 


The 
: Gros I 


Goff | 


12 


se CSS bn 2° SE 


Crocodile à mächoi: Voyez Gaviak 


res dlongees , 
Crocodile à tête 

alongee , 
Crocodile terreftre, 
Cururu » 


Gavial. 


Scinque. 
Pipa. 


D, 


DraAsrk ; 
Doocame ; 
Doogame » 
Draco major ; 
Draco minor, 
Draco præpos ; 
Draco volans , 
Dracunculus , 
Dragon d’Ameri- 
que ,; amphibie 
qui vole 


CrocODILE. 
T. Bourbeufe. 
T. Bourbeufe: . 
Dragon. 
Dragori. 
Dragon. 
Dragon. 
Dragon. 
Bañlic. 


F. 


Famocantrata ; 
Famocantraton » 
Fardacho , 
Feuer Krote ; 


tète-plate. 
tête-plates 
L. Vert: - 

Couleur de Feu. 


LL 
L. à 


CG 


GALIoTE: 
Galliwafp » 
Galtabé , 
Gecko muricatus » 
Gecko verticillatus, 
Gekko teres , 
Grenouille 
geante ; 
Grenouille 
dorgts , 
Grenouille mangea- 
blé, | 


Grenouille taureau, 


chan- 


cinq- 


“Gobe-moucke y 


The green turtle ; 
Gros Leézard , 
Groffe Tortue» 


GALÉOTÉ. 
L. Doré. 
Tupinambise 


Geckotte. 


Geckotte. 
Gecko. 
Rayon-vert, 


G. Mugiffante. 
Grenouille côm- 


mune. 
Grenoxille Mugif- 
fante. 
E: Vert 
T. Fränche. 
Jouane. 
Caouane; 


TABLE ALPHABÉTIQUE. 


62% 


Ground Lizard j Voyez Améiva, 


Guan ; 

Guana, 

The Guana » 

Thé Guana Lizard, 
Guanas ; 

Guano , 

Guaral ; 


Crocodile. 
Iguane. 
Jguane. 
Agame. 
Ievane. 
Tupinambiss 
L. Marbré. 


The Hawk’s-bill T. Caret. 


Turtle » 


H: 


HécATE; 
Héfiofcope ; 
Hyla Aurantiaca ; 
Hyla Fufca, 
Hyla Laëea, 
Hyls Ronæformis; 


+ Hyla Rubra, 


Hyla Scleton , 
Hyla Tibiatrix ; 
Hyla Viridis ; 


I. 


TACARE= ; 
Tenarucu , 

Iguana Calotes , 
Tguana Chalcidica ; 
Tguana Clamofa , 
Tguana Cordylina , 

Aguana Delicatiffi- 

ms + : 

Touana Saläman- 
_ drina ;, 

Jguana Tubercula- 
is 

Inguete de Agua ; 

Jogame ; 

Jfcame » 

Juruca ; 

Jurucua , 

Jurucuja 3 


T.GÉOMÉTRIQUE, 


. LE Pliflé. 


R. Orangée. 
Raine Brune. 

R. couleur de Laït, 
Raine Boflue. 

R. Rouge. 

R. Orangée. 

R. Fluteufe. 

R. Verte. 


Re. 


Crocopire. 
Dragonne. 
Galéote. 
Galéote. 
Tête-fourchues 
Agame. 


 fguane: 


 Agames 


Iguanc, 

S. à queue-plate: 
T. Bourbeufe. 
T. Grecque. 
Caouane. 

T. Franche. 

T. Franche, 


K. 


DOPLINT 


CaMéréonN, 


TAB E 


622 

Kaouane 5: Keys, Caouae, 
Xsrœn Xepsala, : Grecque. 
Kimbuta , Crocodile. 
Kim/ak , Crocodile. 
Kobbera Guions  Fouette-queue. 
Kolotes , Galéote. 
Krauthun ;. +. Vert. 
Kpoxod'enG , Crocodile, 


L, 


LaAcerTA Abdo- 
minalis , 
Lacertz Agama, 
Lacerta Agilis , 
Lacerta Agilis (va- 
rietas B), 
Lacerta Algira , 
Lacerta Amboinen= 
JES 
Lacerta Anguina , 
“Lacerta Angulata , 
Lacerta Afurea , 
Lacerta Aurati, 
M Ciin ; 
LacertaBicarinata, 
Lacerta Bullaris , 
Lacerta Calotes , 
Lacerta Caudi-ce- 
rulea » 
Lacerta Caudi-ver. 
bera , 
Lacerta Dracæna , 
Lacerta Fafciata , 
Lacerta Japonica , 
Lacerta Iouana , 
Lacerta Lemni[ca- 
ta, 
Lacerta Lybia , 
Lacerta Marmore- 
ta , 
Lacerta Maurita- 
niCa ; 


Lacerta  maxima 


Caudi-verbera , 
Lacerta minor ci- 
nerea. maculata 


Afiatica 3 


SEPs. 


Agame, 
L. Gris. 
Es = Vert. 


Algire. 
L. Porte-crète. 


Seps.. 

L. Hexagone. 
L. Azuré. 

EL. Doré. 
Bañilic. 

L. Silloné. 


L. Rouge-gorge. 


Galéote. 
Queue-bleue. 


Fouette-queue, 
Dragonne. 
“Queue-bleue, 
S. Terreftre, 
Iguane. 

L. Galonné. 


Scinque. 
L. Marbré. 


Geckotte. 
Dragonne. 


Grifon. 


Lacerta Monitor, Voyez Tupinambis: 


Lacerta Nilotica , 

Lacerta Orbicula- 
FES; 

Lacerta Paluftris , 

Lacerta Plica , 

Lacerta Principa- 
lis ;. 

Lacerta Punéata , 

Lacerta Pundata , 

Lacerta quinque li. 
neata , 

Lacerta Scutata , 

Lacerta [ex linea- 
ta 3 

Lacerta Stellio , 

Lacerta Strumofa ; 

Lacerta Supercilio: 
Je æ'y 

Lacerta Turcica , 

Lacerta Umbra , 

Lacerta Viridis, 

Lacerta Viridis Ja. 
maïcenfis , 

Lacerta Viridis 
pundis Albis, 

Lacerta Vulgaris , 

Lacertus  Aquati- 
CUS 53 

Lacertus Cinereus 
minor » 

Lacertus Cordylus, 

Lacertus  Cyprius 
Scrncoides , 

Lacertus Indicus , 

Lacertus Indicus , 

Lacertus major ci- 
nereus maculan 
US 5. 

Lacertus major vi. 
TLdis , 

Lacertus marianus 
minor Cauda-ce= 
rulea ; 

Lacertus maximus, 

Lacertus Viridis , 

Lacertus  Viridis 
Carolinenfis ; 


. 


L. Triangulaire. 
Tapaye. 


S, à queue-plate, 
L. Plifé. 
L. Largedoiot. 


Double-raie. 
S. Ponctuée. 
L, Strié. 


Téte-fourchue, 
L. Lion. 


Stellion. 


L, Goitreux. 
L. Sourcilleux: 


Grifon. 

Umbre, 

L. Vert. 

L. Rouge-gorge 


L. Vert. 


S. à queue-plate. 
S. à queue-plates 


Roquet. 


Cordyle, 
Scinque. 


Améiva. 
Dragonne. 
Améiva. 
Améiva, 
Queue-bleue, 
Crocodile. 


L. Vert. 
Le Veir 


| The | 


Laver 


* Laer 
Th 


Bro 
Liu 
Leguat 
Leur 
Leviat 
Léord 


Néñaggaer 


: À Lacertus Volans , Voyez Dragon, : O, 
! | La Cicigne , Seps. 
l. Lagortisa , Lézard Gris. Occiput fourchu , Voyez Tête-fourchue, 
+ [SA Lagarto , Le Ver Ophiomacus , Galéote. 
“ { | Lagator , Crocodile, Oulla Ouna , L. Vert. 
4 Lengrole ; L. Gris. | 
Jai The large grey Caméléon. P. 
| Chamaæleon , 
| The large fpotted, Améiva. DC, C. Commux. 
hi AAVETRE ÿ S. Terreftre. Phrynum , C. Commun. 
Li AZET 5 L. Vert. Pifällont , Stellion. | 
|. The leaf light Roquet. Pluvine , S. Terreftre. 
| + rown or grey Poiffon de Dieus T. Franche. 
LE Lizard , Punter-Maal , S. Térreftre. 
|: Leguan , Tguane. ; 
LL Lepuana , Iguäne. R 
L : Leviathan ; Crocodile, , 
ne Lézard couleur de  Algire. RaAïvE Squelette, R. ORANGÉE. 
| Sang; : are ; Grenouille com- 
Li. Lezard Exagonal, L. Hexagone. mune. 
|: Lezard mouchete , Tupinambis. Rana , R. Verte. 
! Le Rayé, S. Quatre-Raies,  Rana Americana, Épaule armée. 
! | Leézard Sauveur,  Tupinambis. Rana Aquatica , Grenouille com= 
ni Lezard Sauve-gar-  Tupinambis. mune, 
Π| ! de , Rana Arborea , R. Verte. 
1h Lezard Véloce , L. Gris: Rana Bicoloris , Raine Verte. 
| | | Lezards Amphibies S, à queue-plate.  Rana Bufo, C. Commun. 
| D. d'Afrique > Rana Cornuta , C. Cornu. 
À | Ligan , Crocodile, Rana Efculenta ; Grenouille com- 
L Lipan , Tupinambis. mune. 
h | Ligans , Tupinambis, Rana Gibbofa , C. Boflu. 
| (| Thelitle Brown Li. “CS, Rana Halecina ;  G. Mugiffante, 
El gard ; x Rana Margaritis G. Perlée. 
| | The lodger head Caouane. fera , 


turile , 


M. 


ALPHABÉTIQUE. 


Rana Marina , 
Rana marina maxi- 
ma 5 


GC23 


Epaule armée: 
Epaule armée. 


| 4 Rana maxima , Patte d'Oie. 

| MABoùYA, L. Doré. Ranamaxima Ame: G. Mugiflante: 
| Marafandola , S. à queue-plate. rIcana aquatica , 

| Mirtil , S. Terreftre. Rana maxima com G. Mugiffante. 
| a Mouron , S. Terreftre. prefla mifcella , 


Mus Aguatilis , 
Mus Marinus, 


T. Bourbeufe. 
Tortue Franche, 


C. Criard. 


Rana mufica , 


mn fn 
re ch tr 


PL 2 MG AR TETE à Ve us ie 


ge " 


N. 


NsnonponodenG- , 


CROCODILE. 


Rana mutabilis , 
Rana ocellata , 
Rana paradoxa , 
Ranapentadidyla, 
Rana pifcis , 


Rayon Vert, 
G. Mugiffante. 
ich: 

G. Mugiflante, 
Jackie. 


624 


TduB. LE | 
Scincus maximus Voyez L. Doré. 


Rana ridibunda ; Voyez C. Brun. 


Rana fitibunda , É; Vert 
Rana Surinamen-  Pipa. 

JS 5 
Rana typhonia, G. Galonnée, 
Rana ventricofa,  G. Goîtreux. 


Rana venulofa ; 


Rana Vireinica, 

Rana viridis aqua- 
tiCA » 

Ranunculus  Viri- 
dis , 

Rat de mers 

Rubeta ; 


S, 


Torruzs Terref- 


SABUTIS ; 


Szlemander , 
Salamandra aqua- 
tiCa » 
Salamendra atra , 
S'alamandra Cey- 
lanica , 
Salamandra , 
Salemandra Indi- 
CZ y 
Salamandra macu- 
lofa 
Salamandra mini- 
ma fufca macu- 
Lis albis notata y 
Salamandre , 
Salamanguefa , 


Salamantegua , 
«Sanki 9 
S'argantans ; 
ZavpG endp@ ; ; 
Zap xppO- 9 
Zxiryuos', 
Zxryye-, 
SCENCUS s 
Scincus ; 


Grenouille Réticu- 


lies 
G. Galonnée, 
Grenouille com- 
mune. 


R, Verte, 


T. Luth, 
C. Commun. 


7 


tres , peut - être 


Tortues Grec- 


ques. 
S. Terreftre. 
S. à queue-plate. 


S. Terreftre. 
S. à queue-plate. 


Gecko. 
Gecko. 


S. Terreftre, 
Mabouya. 


L. Doré. 

Salamandre Ter- 
reltre, 

S.Terréftré, 

T. Grecaue. 

Lézard Gris. 

S. à queue-plate. 

1; Verc 72 

Scinque? 

Scinque, 

L. Doré, 

Scinque. 


fufcus ; 
Scincus Officinalis, 
Scing de terre , 
Scing marin ; 
Senembi , 
Seps Argus , 
Seps Cerulefcens , 
Seps lemnifcatus , 
Seps muralis , 
Seps Surinamenfis , 
Seps T'erreftris , 
Seps Varius, 
Seps Viridis, 
Sourd (le), 
Stellio ? 
Stellion ; 
StellioneTarentole, 
Stellio purGatrs, 
Stellio falvator, 
Stellio J'aurus à. 


Suife. 


Scinque, 

. Doré. 
L. Doré, 
Iguane. 
L. Gris. 
4, Ge 
L, Galonné, 
L. Gris. 
Améiva. 
L. Gris. 
L. Vert. 


cE. N\ct 


S. Terreftre, 
S. Ponctuée. 
L. Vert. 

Stellion. 

Double-raie, 
Tupinambis. 
Tupinambis. 
S. Terreftre. 


T. 


TAITAH»; 

Takaie , 

T'amacolin » 

Tapayaxin , 

T'apayaxin » 

T'ar taruga » 

T'affot , 

T'eéjuguacu , 

T'emapara ; 

T'emaparatupinam- 

ee 

T'errapène , 

The Terrapin ; 

T'efludo atra ; 

T'effudo caretta ; 
effudo carinata » 

T'efudo Carolina , 

T'efludo Cartilagi- 
T1ea » 

T'efludo cephalo , 


T'effudo coriacea , 


Æefludo  corticata 


_ vel corticofa y 


CAMÉLÉON: 
Crocodile. 
Iguane. 
Stellion. 
Tapaye. 
T. Franche: 

. à queue-platæ 
upinampis. 
L. Macbe we 

Tupinambis, 


+. Géométrique. 


Terra 

TE + * 
Caouane. 

T. Bombée. 

+ Courte-queue. 


T. Molle. 
Caouane. 


+ Euth. 
Caouane, 


Teftudo 


gants » 
Tefudo ! 
Ti 
"4 ÿ 
efudo 
Lis 
Tefludo 
Téfudb S 
Téfudo 
des ) 
TfudoS 
Tefludo 
Teflu 
Amb 
tor 
Tefludo 
jor / 
Tefudo 
pajll 
Orient 
Tefudh 
vulgan 
Tefudo 
minor 
Tefludo 
minor. 
Tefudo 
funor 


fs, 


ù 


He 


{ 
| 
| 
| 


T'efudo Denti- Voyez T. Dentelée. 


cudata , 


T'efudo Europæa ; 


+ Tefludo ferox , 


L'effudo Fimbriata, 
T'effudo Geometri- 
Ca ; 
T'efido Græca, 
T'efludo imbricata , 
T'efludo Lutaria, 
T'efludo Lyra , 
T'efhido Marira , 
T'efhudo marina vul- 
Saris , 
T'eftido Midas s 
Teftido Orbicula- 
TIS » 
Teffudo pida [eu 
Stellata 3 
T'effudo Pufilla , 
T'efido Scabra, 
T'efudo Scorpioi- 
es ; 
T'efludo Serpentina, 
T'efludo Squamata , 
Teffudo  terreftris 
ÆAmbornenfts mi- 
ñor » 


T'efludoterreftrisma- 


Jor Americana ; 


Teffudo  terreftris 
pufilla ex India 


Orientali , 


Tefudo  terreftris 
vulgaris ; 

Tefudo  teffellata 
AUNOFs | 

T'effudo  teffellata 
minor Africana ;, 

T'effudo  teffellata 
minor Carolinen- 
fis » 


Ovipares, Tome I. 


T. Ronde. 

T. Molle. 

T. Scorpion. 
T. Géométrique, 


T. Grecque. 

T. Caret. 

T. Bourbeufe. 
T. Luth. 
Tortue Franche. 
T. Franche. 


. Franche. 
. Ronde, 


. Géométrique. 
. Vermillon. 


Raborteufe. 
SCOrpion. 


3 JS « go 


. Serpentine. 
T. Caret. 
T, Raboteufe. 


T. Courte-queue. 


T. Vermillon. 


T. Grecque. 


: T. Géométrique. 


T. Vermillon. 


T. Courte-queue, 


ALPHABÉTIQUE. 


625 


Tefludo tefla Voyez T. Géométrique. 


teffellata major, 
T'efludo Virginea, 
T'efhido viridis , 
T'ilcuetz-pallin , 
T'iliguerta , 
T'iligugu , 
T'ilingons , 

ok£aie 3 
Toad, 
Tortue à Clin , 
Tortue Amazone; 
Tovtue à Bahut , 
Tortue Bande blank 

che ; 
Tortue Bâtarde, 
Tortue Coffre, 
Tortue Mercuria- 

le, 
Tortue Midas , 
Tortue Orbiculai- 

res 
Tortue Soldat , 
Tortue Tuilee , 
Tortue Verte, 
Tortue Verte, 
Tortuga de Garri- 


ps 
Triton Criflatus , 


T. Vermillon. 
T. Franche. 
Tupmambis, 
L. Vert. 
Mabouya 
Mabouya. 
ecko. 
C. Commun. 
T. Luth, 
T. Écaille-verte, 
Caovane. 


T. Vermillon. 


T. Nafcorne, 
Caouane. 


T. Luch. 


T. Franche. 
T, Ronde. 


T. Franche. 

T. Carer. 

T. Écaille-verte, 
Tortue Franche, 
T. Grecque. 


S. à queue-plate, 


7, 


IW'ARRAI, 
The Water eft » 


L. Marsré. 
Se à queue-plate: 


F. é 


IJcuaANE. 


Z. ie 


ZERMOUMÉAK 


ALGIRE: 


626 


Dee Ÿ 


FT ABLE 
DES MATIÈRES. 


A, 


À 
AccourzezmenT. Le tems de 
l'accouplement des Tortues Fran- 
ches , varie dans les différens pays, 
fuivant la température, la faïifon 
des pluies, &c. page 64. Accou- 
plement des Crocodiles , page 206. 
Accouplement des Lézards Gris , 
page 305. 

Agame. L'Agame fe trouve en 
Amérique, page 295. Defcription 
de ce lézard , Idem. Ses rapports 
& fes différences avec le Galéote, 
Îdem. 

Agua. Caraétères diftinétifs de ce 
Crapaud , page 606. 

Aigle. Anftinét des Aigles, pour 
dévorer les Tortues Grecques, 
page 168. 

Air. Le Caméléon peut filtrer 
Vair-de l'atmofphère au travers de 
{es poumons, page 354. Il fe rend 


par-là plus léger, page 344. 


Algire, Sa defcription, page 367. 


Pays qu'il habite, Idem. 

Alimers. La Tortue Bourbeufe 
peut vivre long-tems fans prendre 
aucune nourriture , page 124. Le 
Crocodile eft contraint quelquefois 
de demeurer eaucoup de tems, & 
même plufeurs mois fans manger, 


page 217. Il avale alors de petites 


n° & de petits morceaux de 
ois capables d'empêcher fes intef- 


tins de fe reflerrer , Îdem. 


Amazone. Les Crocodiles font fi 
abondans dans les grandes rivières 


de l'Amazone & d'Oyapoc, dans 
la baie de Vincent-pinçon, & dans 
les lacs qui y communiquent , 
qu'ils y gênent, par leur multitude , 
la navigation des Pyrogues , p. 228. 


Ils fuivent ces légers bâtimens , fans 


cependant eflayer de les renverfer, 
& fans attaquer les hommes, Idem. 
Il eft quelquefois aifé de les écar- 
ter à coups de rames, lorfqu'ils ne 
font pas très-grands, Idem. 

Améiya. Defcription de ce lézard 
& fes caraétères diftinctifs, p. 329 
€ fuivantes. I fe trouve dans les 
deux Continens, page 332. 


Amour. C’eft au retour du prin- 
tems que les Quadrupèdes ovipares 


éprouvent le fentiment de l'amour 
& cherchent à s'unir à leurs femelles, 
page 35. Malgré leur filence habi- 
tuel , ils ont prefque tous des fons 
particuliers pour exprimer leurs de- 
firs. Le mâle appelle fa femelle par 
un criexpreflif, auquel elle répond 
par un accent femblable, page 35. 
La conformation des Quadrupèdes 


recher 
fe fert 
enfin ( 
vive 
Les en 
ren 
de co 
ne pe 


_ &co 
tel qu 


froidet 


Cvepr 


pétueu 


gran 


brute 


& de 
té p 


Maux 


rebpir 
& à 


qu 


à ii er 
A RER nantes 


TABLE DES 


ovipares paroît des plus propres 
aux jouiflances de lamour, Idem. 
Les parties fexuelles des mâles font 
renfermées dans l’intérieur de leur 
corps, jufqu'au moment où ils s’ac- 
couplent avec leurs femelles, Idem. 
Parmi les animaux fufceptibles d’af- 
feétions tendres & de foins em- 
preflés , les efpèces les moins ar- 
dentes en amour, font celles où le 
mâle abandonne fa femelle, après 
en avoir joui; enfuite viennent les 
efpèces où le mâle prépare le nid 
avec elle, où il ia foulage dans la 
recherche des matériaux. dont elle 
fe fert pour le conftruire, &c. & 
enfin celles qui reffentent le plus 
vivement les feux de l'amour , font 
les efpèces où le mâle partage en- 
tièrement avec fa compagne , le foin 
de couver les. œufs, page 209. On 
ne peut attribuer une vive, intime 
&:conftante tendrefle à un animal, 
tel que le Crocodile, qui, par la 
froideur de fon fang , ne peut éprou- 
ver prefque jamais, ni paflions im- 
pétueufes, ni fentiment profond, 
page 210. 

Amphibie. La Tortue Grecque 
eft amphibie , jufqu'à un cer- 
tain point, par fon organifation, 

age 142 : 
k (les) différent des vé- 
gétaux, & fur-tout de la matière 
brute, en proportion du nombre 
& de l'activité des fens dont ils ont 
èté pourvus, page 6. Tous les ani- 
maux qui ont du fang, doivent 
refpirer l'air de l'atmofphère, p. 28. 
Les animaux qui ne fuent point, 
& qui ne pofsèdent point une 


à : ; 
MATIÉRES. 627 
grande chaleur intérieure , mangent 
très-peu, page 22. 

Arcinoë ( ville de }, confacrée aux 
Crocodiles auxquels on donna des 
prètres, page 232. 

Art, L'art de l'homme n'eft 
qu'une application des forces de la 
Nature , page 192. 

Atmojphère. Les Quadrupèdes 
ovipares ne peuvent rélifter aux 
effets d'une atmofphère , plutôt 
froide que tempérée , page 22. 

Azuré, Defcription du lézard 
Azur, page 362. . 


B. 


Bus 1LrC. Contes ridicules ré- 
pandus au fujet du Baflic, p.284. 
Il habite l'Amérique méridionale., 
page 285. Sa defcription , Idem. Il 
faute & voltige, pour ainfi dire, 
avec agilité de branche en branche, 
page 286. Il témoigne une forte 
de fatisfaction à ceux qui le regat- 
dent , fdem. 

Béguan. Nom donné par les In= 
diens aux Bézoards d'Iguane, p.282. 

Bézoards attribués à des Tortues 
franches ; leur forme & leurs cou- 
leurs , page 80. On trouve quel- 
quefois des Bézoards dans le corps 
des Crocodiles, ainfi que dans celui 
de plufeurs autres lézards , p. à 30° 
Defcription de ces Bézoards, Idem. 
Leur couleur, dem. Bézoards du 
Tupinambis , page 254. Bézoard 
d'Iguane, page 281. Bézoard d’I- 
guane apporté de l'Amérique mé- 
ridionale , au Cabinet du Roi , Idem, 
Sa defcription , Idem, 


Kkkk i) 


658 PARLE 


Bimacule (lézard), defcription 
& habitudes de ce lézard de lA- 
mérique feptentrionale , page 264. 

Bipèdes. Vrais reptiles Bipèdes, 
pages 609 & fuivantes. Animaux 
qu'on n'aufoit pas dû compter parmi 
ces reptiles, Idem. 

Bois aquatiques (les) , qui gar- 
niflent les rivages de la Caroline, 
font remplis de poiffons deftruc- 
teurs, & d’autres animaux qui fe 
dévorent les uns les autres; on y 
rencontre auffi de grandes Tor- 
tues , mais elles font le plus fouvent 
la proie de ces poiffons carnaciers, 
qui, à leur tour, fervent d’aliment 
aux Crocodiles, plus puifflans qu'eux 
tous , page 212. 

Bombée (la Tortue) habite dans 
les pays chauds, page 164. Def- 
cription de fa forme, Idem. Dimen- 
fions d’une carapace d’une tortue 
de cette efpèce, Idem. Couleurs de 
la Bombée , Idern. Son rapport avec 
la tortue jaune, page 164. 

Bonheur. Les tortues franches 
font regardées par les Japonois , 
comme l'emblème du bonheur , 
page 82. 

Bordure (la) de la carapace des 
iortues eft communément garnie 
de 22 ou 25 lames, page 49. 

Boffu (crapaud): defcription de 
cet animal, & lieux où on le trouve, 
PAS 599- 

Boffue (Raïne) , fa defcription, 
Past 559. 

Bourbeufe (la tortue) a cinq doigts 
aux pieds de devant, & quatre 
aux pieds de derrière ; le doigt 
extéricur de chaque pied de de- 


vant eft communément fans ongle ; 
Page 120. Sa queue eft à-peu-près 
longue comme la moitié de la ca- 
rapace; elle la tient étendue lorf- 
qu’elle marche, Idem ; elle eft beau- 
coup plus petite que la tortue ter- 
reftre, appellée la Grecque, p. 120. 
Sa carapace eft noirâtée ; le difque 
eft garni de treize lames boïdées 
de ftriées légères , foiblement poin- 
tillées dans le centre, & les cinq 
de la rangée du milieu , {e relèvent 
en arètes longitudinales, page 120. 
La partie poftérieure du plaftron 
eft terminée par une ligne droite, 
Idem. Elle fait entendre quelque- 
fois un fiflement entrecoupé, p. 222: 
On la rencontre non - feulement 
dans les climats tempérés & chauds 


de l'Europe, mais encore en Afie, Id: 


On a trouve à des latitudes beau- 
coup plus élevées que les tortues de 
mer, Idem. Dès les premiers jours 
du printems, elle pañle la plus 
grande partie du tems dans l’eau ; 
page 122. Dans Fêté, elle eft pref- 
que toujours à terre, Idem. Elle 
multiplie beaucoup, 1dem. Elle ne 
pond fes œufs quà terre; elle les 
dépofe dans un trou & les recou- 
vre de fable, page 122. Elle mar: 
che avec bien moins de lenteur 
que la tortue grecque, page 123. 

Brun (crapaud) , fa defcription ; 
page 590, fes habitudes, Idem. 

Brune (Raine), fes caraétères ) 
page 560. 


Ca LAMITE. Defcription de ce 
Crapaud, & couleurs qu'il préfente, 


$ 0 £ 
1 
cel 
C 
que l 
enco 


ati 


Gi d 


_ muti 


For 


Méni 


font : 


rells 


tenir! 
ill 
cinqu 
le por 
6 
leur 
fun. 
de 
Mar 
fe, 
feu 
1 
Ik 
Pay 


D ES MA 


page 592. Ses habitudes, page 593. 
Callofité au bout de la queue de 
certaines Tortues Grecques, p. 156. 
Caméléon. Après quon a diflé- 
qué un Caméléon, fon cœur palpite 
encore, p. 20. Propriétés fabuleufes 
attribuées à ce Lézard, page 338. 
Sa defcription , page 340. Confor- 
mation de fes yeux , page 342. 
Forme de fa langue, page 344. 
Manière dont les doigts de les pieds 
{ont réunis , Id. Ses habitudes natu- 
relles, page 346. Sa manière de fe 
tenir fur les branches des arbres, Id. 
Il fe fert de fa queue comme d’une 
cinquième main, {dem. Animaux qui 
le pourfuivent, page 347. Lenteur 
de fa marche, fd, Variétés de cou- 
leur qu'il préfente, page 349 
fuiv. Explication de fes changemens 
de couleur , page 352 © Juiv. 
Manière dont il s'enfle & fe défen- 
fle, page 353. I fiffle comme plu- 
fieurs efpèces de ferpents, p. 346. 
11 pond de neuf à “douze œufs, 
Idem Leur defcription , Idern. 
Pays habités par le Caméléon; va- 
riétés que cette efpèce préfente, 
page 358 Variété du Camékon, 
décrite par M. Parfons, Idem. 

Cancers. On a vanté les proprié- 
tés du Lézard gris contre les can- 
cers, les maladies de la peau, celles 
qui demandent que le fang foit 
épuré, &c. page 307. 

Cannelé. ( Bipède ) Defcription 
de ce reptile, envoyé du Mexique 
au Cabinet Roi, page 613 & Juiv. 

Caouane (la) a êté appellée Caret 
par plufeurs Naturalifies, page 95. 


Elle furpafle en grandeur la Tortue 


+ ; % F 
FRERES, 
Franche, dem. Elle en diffère par la 
grofleur de la tête ; la grandeur de 
gueule , l'alongement & la force de 
la mâchoire fupérieure , page 96. 
Les bords de fa carapace paroifient 
dentés , Idem. Les écailles du milieu 
de fon difque fe relèvent en bofe, 
Idem. Le plaftron de la Caouare fe 
termine du côté de l'anus par une 
forte de bande un peu arrondie par 
le bout, page 97. Un des carac- 
tères diftinctifs de la Caouane, c'eft 
que les pieds de derrière, ainfi que 
ceux de devant , font garnis de 
deux ongles aigus, Id. La Caouane 
paroît fe plaire un peu plus vers le 
nord , que la Tortue Franche, 14, 
On la trouve très - fréquemment 
dans la Méditerranée, page 97. Elle 
eft plus hardie que les autres Tor- 
tues, page 98. Elle eft vorace, p. 99. 
Elle {e jette fur les jeunes Croco- 
dilles, Jdern. Sa chair eft huileufe , 
coriace & d’un mauvais goût de 
marine, Zdern. On la fale quelquefois 
pour l’ufage des nègres, page 100. 
Lorfqu’on s'approche de la Caouane, 
pour la retourner,elle fe défend avec 
fes pattes & fa gueule; & il eft très- 
difhcile de lui faire lâcher ce qu'elle 
a faifñiavec fes mâchoires, p. 207. 

Carapace (la) & le plaftron font 
compolés de plufeurs pièces ofleu- 
fes dont les bords font comme den- 
telés, & qui s'engrainent, les unes 
dans les autres, d’une manière plus 
ou moins fenfble ; dans certaines 
efpèces, celles du plaftron peuvent 
fe prêter à quelques mouvemens, 
page 48. La carapace des grandes 
Tortues, a, depuis quatre jufqu'à 


630 T' A 
cinq pieds de Îong, page 50. Ca- 


rapace des Tortues - franches , em- 
loyée à couvrir des maifons, p. 82. 
Servant de nacelle, Zd. Servant de 
bouclier , Idem. La Carapace de la 
Tortue-grecque , eft très-bombée, 
page 146. Lorfque cette Tortue eft 
renverfée , elle peut aifément fe 
remettre fur fes pattes, Idem. 
Caret ( la Tortue) eft celle que 
lon voit revêtue de belles écailles 
qu'on emploie dans le commerce, 
page 106. Il eft aifé de reconnoître 
le Caret au luifant des écailles pla- 
cées fur fa carapace, & fur-tout à 
la manière dont elles font difpofes. 
Elles fe recouvrent comme les ar- 
doifes qui font fur nos toits, p, 206. 
On trouve le Caret dans les mers 
d'Afe & d'Amérique, page 207. 
Il n'eft point aufli grand que la 


Tortue-franche, page 108.Ses pieds 


{ont quelquefois garnis chacun de 
quatre ongles, Idem. Ses œufs font 
plus délicats que ceux des autres 
efpèces de Tortues, mais fa chair 
n'eft ni agréable ni toujours faine, 
page 108. La Tortue-Caret fe de- 
fend avec plus d'avantage que les 
autres Tortues lorfqu'on cherche 
à la prendre, page 109. Elle peut 
fe remettre fur fes pattes lorfqu'elle 
a Été retournée, Idem. 

Cayman. Les Caymans font abfo- 


Jument de la même efpèce que les 


Crocodiles du Nil, page 184. On 
a prétendu que leur cri étoit plus 
foible , leur courage moins grand, 
& leur [longueur moins conlidéra- 


ble ; mais cela n'eft vrai tout au 


plus, que des Crocodiles de cer- 


B-L-E 


taines contrées de l'Amérique ; S& 
particulièrement des côtes de la 
Guyane , Idem. La prétendue petite 
efpèce de Cayman eft celle d’un 
grand Lézard, que l'on nomme , 
Dragonne , page 184. 

Cerveau (le) des Quadrupèdes 
ovipares eft très-peu étendu, p. 14. 

Cervelle. Les Tortues grecques 
peuvent vivre pendant fix mois, 
après qu'on leur a enlevé la cer- 
velle, page 148. 

Chagrinée ( la Tortue) a été ap 
portée des grandes Indes, Di 471) 
Elle eft très-remarquable par la con= 
formation de fa carapace, qui ne 
reflemble à celle d'aucune T'ortue 
connue , Idem. La couverture fupé- 
rieure paroît compolée de deux 
carapaces placées l'une fur l'autre ; 
& dont celle de deflus feroit plus 
étroite & plus courte, Idem. Def- 
cription de cette Toïtue fingulière, 
Idem. Les bords de la carapace font 
cartilagineux & à demi tranfparens, 
page 172. Le plaftron eft plusavancé 
pardevant & parderrière que la 
couverture fupérieure, Idem. L’ani- 
mal peut alonger facilement le cou, 
Idem. On peut prélumer que cette 
Jortue cft plutôt d’eau douce que 
de terre, Idem. 

Chair (la) des Tortues Fran- 
ches femelles, eft plus eftimée que 
celle des mâles, fur-tout dans le 
tems de la ponte, page 70.On fale, 
non-feulement la chair, mais encore 
les œufs & les inteftins de la Tortue 
Franche ; cette nourriture eft très- 
employée dans les Colonies d’Amée 


rique , page 72. La faveur de-le: 


mad 


con 
lerpe 
4 
(roc 
viven 
trs-t 
rand 
habit 
On Le 


deux 


deflir 
_C 
prend 
. Ég 
piète 

og 
ik Î 
On. 
hardi 
Croce 
ventri 
endro 

Cl 
Les ch 
nomb, 


DES MATIÈRES. 


chair du Crocodile doit varier beau- 
coup, fuivant l’âge, la nourriture, 
& l'état de l'animal, page 230. 

Chalcide. Defcription de ce Lé- 
zard , page 445. Rapports de fa 
conformation avec celle de plufieurs 
ferpens, page 446. 

Chaleur (la) eft f neceflaire aux 
Crocodiles, que non -feulement ils 
vivent avec peine dans les climats 
très-tempérés, mais encore que leur 
grandeur diminue, à mefure qu'ils 
habitent des latitudes élevées, p.22 2. 
On les rencontre cependant dans les 
deux mondes à plufeurs degrés au- 
deflus des tropiques, Idem. 

Chaffe du Crocodile. Manière de 
prendre les Crocodiles , employée 
en Egypte, page 22%. Autre ma- 
nière en ufage dans le même pays, 
page 226. Chafle du Crocodile par 
les fauvages de la Floride, Idem. 
On dit quil y a des gens aflez 
bardis pour aller jufques fous le 
Crocodile , lur percer la peau du 
ventre , qui eft prefque le feul 
endroit où le fer puifle pénétrer, Id. 
_ Claffès. La Nature à lié toutes 
les clafles d'animaux par un grand 
nombre de rapports, page 33. 

Coaffèment des grenouilles com- 
munes. Sa fréquence & fa mono- 
tonie , page 510. 

Cœur (le ) des Quadrupèdes ovi- 
pares n'a qu'un feal ventricule,p. 24. 
Lorfque le cœur des Grenouilles a 
été arraché de leur corps, il con- 
ferve fon battement pendant fept ou 
huit minutes, page 407. 

- Coffre. La T'ortue-Coffre paroît 
*être la même que la caouane, p, 202. 


63% 


Coquillages. On trouve fouvent 
de très-grands Coquillages à demi- 
brifés par la caouane , page 107. 

Cordyle. Defcription de ce lézard 
& lieux où on le trouve, pag. 324. 

Cornu ( crapaud ). Sa defcrip- 
tion, page 604. 

Coromandel. Grandeur d’une 
Tortue grecque apportée du Coro- 
mandel, page 154. Delcription de 
cette Tortue , Idem © fuiy. Sa 
queue étoit terminée par une pointe 
d'une fubftance dure comme de la 
COÏNC , PAGE 144. 

Côtes. La plupart des falaman- 
dres, les grenouilles , les crapauds 
& les raines {ont dépourvus de 
Cotes, page 13. 

Cougars. Lorfque les Cougars 
rencontrent quelque gros croco- 
dile , ceténorme lézard plus vigou- 
reux qu'eux , les entraine au fond 
de l'eau, page 227. 

Couleur de la chaïr des tortues 
franches, page 79. Elle varie fui- 
vant les individus, Idem. Couleur 
des crocodiles, page 204. Les cou- 
leurs du lézard gris font fuiettes à 
varier, fuivant l'âge , le {exe & 
le pays, page 302. 

Couleur de lait. Defcription de 
cette raine d'Amérique , page 467. 

Couleur de feu. Sa delcription , 
P: 595. Endroits où on le trouve, Id, 
Ses habitudes, Zdern. Il paroït faire 
la nuance entre les crapauds é les 
grenouilles, page 596. 

Courage. Si le crocodile n'a pas 
la cruauté des chiens de mer & de 
plufieurs autres animaux de proie, 
avec lefquels il a pluñeurs rapports, 


632 TAÏBENE à 


& qui vivent comme lui au milieu 
des eaux, il n’a pas la fierté de leur 
courage , page 222. Pline à écrit 
qu'il fuit devant ceux qui le pour- 
fuivent, qu'il fe laifle même gou- 
verner par les hommes aflez hardis 
pour fe jeter fur fon dos, & qu'il 
n'eft redoutable que pour ceux qui 
fuient devant lui, LZer. Il fe pour- 
roit que les crocodiles de certaines 
contrées de l'Amérique , où Fhu- 
midité l'emporte fur la chaleur, 
cuflent moins de courage & de force 
que les animaux qui les repréfentent 
dans Îes pays fecs de l’ancien Con- 
tinent, {dem. 

Courte - queue (la tortue) fe 
trouve à la Caroline, page 269. Sa 
defcription , Idem. Elle n’eft pas 
abfolument fans queue, Zdern. Eile 
devient aflez grande, page 270. 

Crapaud commun. Sa defcrip- 
tion, pages 572 © füivantes. Hu- 
meur, laiteufe qui découle de {on 
Corps, page 472. Ses habitudes , 
page 573. Tems de fes amours, 
page 575. Manière dont il s’accou- 
ple & dont fes petits fe dévelop- 
pent,pages 476 & fuivantes. Gran- 
deur à laquelle il peut parvenir, 
Page 580. Crapaud devenu fami- 
lier, page 582. Les crapauds com- 
muns ont été employés en méde- 
cine , page 584. Le crapaud com- 
mun peut vivre jufqu'à dix-huit 
mois fans prendre aucune nourri- 
ture, page 584. 

Créte-écailleufe, différence de fa 
forme & de polition dans di- 
verfes cfpèces de lézards, p. 249: 

Crrard, (crapaud) Caraëtères dif. 


tinctifs de cette efpèce , page Goz2 

Crocodile. On à vu des croco- 
diles demeurer, près d’un an, privés 
de toute nourriture, page 21. Le 


crocodile fréquente , de préférence, 


les rives des grands fleuves, dont 
les eaux furmontent fouvent leurs 
bords, page 222. Il fe plaît, fur- 
tout dans l'Amérique méridionale, 
au milieu des lacs marécageux , & 
des favanes noyées , page 2123. Il 
lie les Iézards , avec les tortues de 
mer; par une grande partie de fes 
habitudes & de fa conformation , 
Page 181. On rencontre beaucoup 
de cofitradictions, tant fur la forme 
que fur la couleur, la taille , les 


mœurs & l'habitation de ce grand 


Quadrupède ovipare , page 282. 
Les Voyageurs lui ont rapporté 
ce qui ne convenoit qu'à d'autres 
grands lézards , très-différens par 
leur conformation & leurs habi- 
tudes, dern. Tous les vrais croco- 
diles ont cinq doigts aux pieds de 


devant, quatre doigts palmés aux 


pieds de derrière, & n’ont d'ongles 
qu'aux trois doigts intérieurs de 
chaque pied, page 183. On ne doit 
compter que trois efpèces parmi ces 
énormes animaux, Jdem. Les cro- 
codiles de la Louifiane font enten- 
dre une forte de mugiflement, pour 
le moins aufli fort que celui des 
crocodiles de l’ancien Continent, 
qu'ils furpañlent quelquefois par 
leur grandeur & leur hardiefle , 
page 184. La grandeur & les habi- 
tudes du crocodile varient dans les 
deux Continens, fuivant la tem péra- 
ture , labondançe de la nourriture, 


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le plus où moins d'humidité, &c, 
page 18% Le crocodile ordinaire ef 
commun aux deux Mondes, Idem. 
Les très-orands lézards que Dam- 


pier a voulu regarder COMME UNE . 


nouvelle efpèce de crocodiles, font 
de l’efpèce des lézards que l'on à 
nommés Fouette-queues, p. 286. 
La Nature a abandonné au crocodile 
les rivages des mers & des grands 
fleuves des zones torrides, p. 288. 
Il l'emporte en grandeur res tous 
les animaux de fon ordre, p. 189. 
Il doit être compté parmi les plus 
grands animaux, Idem. Defcrip- 
tion de quelques parties intérieures 
des crocodiles, page 202. Gran- 
deur ordinaire des crocodiles, page 
203. Principales dimenfons d'un 
crocodile , page 204. Manière 
dont les crocodiles fortent de l'œuf, 
page 208. Leur grandeur lorfqu'ls 
brifent leurcoque, Idem. Le croco- 
dile eft très-avide de poiflons, 
d'oifeaux de mer, de tortues, 
p- 214. I] s'élance auffi fur Îles 
beliers , les cochons & même 
fur les bœufs, Idem, Si la faim le 
prefle, il dévore même les hommes, 
& fur-tout les Negres fur lefquels 
on a écrit qu'il fe jette de préfe- 
rence, Idem. C’eft dans l’eau qu'il 
jouit de toute faforce, & qu'il fe 
remue avec agilité, malgré fa lourde 


. malle , en faifant (ouvent entendre 


une efpèce de murmure fourd & 
confus , page 215. Ariftote a dit 
que , pour l'apprivoifer, il fufh{oit 
de Îui donner une nourriture 
abondante , dont le défaut feul 
peut le rendre très - dangereux, 


Ovipares, Tome I, 


DÉS.MATIERES Ga 


page r21. Les Nègres , des 
environs du Sénégal, ofent lat: 
taquer pendant qu'il eft endorini, 
& tächent de le furprendre dans 
des endroits où il n'a pas aflez 
deau pour nager, page a2%. 
Leurs combats avec le crocodile , 
Idem. Sans le grand nombre de leurs 
ennemis , les crocodiles feroient 
trop multipliés , page 227. Un 
grand nombre de crocodiles font 
détruits avant d'éclore , page 229. 
Des animaux trop foibles pour ne 
pas fuir à l'afpeét de ces grands 
lézards, cherchent leurs œufs fur 
les rivages où ils les dépofent , 
Idem. 

Crocodile noir. Ses différ:nces 
avec le crocodile ordinaire, p. 2 ÉLe 
Pays qu'il habite, page 234. | 
_ Crocodilea. Excrémens du Stel- 
lion, page 372. 

Fée 

Drnrerér (la tortue) n’eft con- 
nue que par ce qu'en a rapporté 
M. Linné , page 163. Ses doigts fe 
réuniflent de manière à former une 
patte ramallée & arrondie , comme 
celles de beaucoup de Tortues ter- 
reltres , Idem. La couverture fupé- 
rieure a un peu la forme d’un 
cœur , Idem. Les bords en font 
dentelés & comme déchirés, Idem. 
La couleur de fes écailles eft d’un 
blanc fale , Idem. On la trouve en 
Virginie , Idem. 

Dents. Forme & nombre des 
dents de la Dragonne, page 246, 
Qn a pu les prendre pour des dents 


L11] 


Ür4 . TARETE 


de petits Crocodiles , page 246. 
 Dépouillement. Tousles Quadru- 
pèdes ovipares, excepté les tortues 
& les crocodiles, quittent au prin- 
tems [eur vieille peau, qui eft rem- 
placée par une nouvelle, page 28. 


Quelques-uns la quittent aufli plu- 


fieurs fois pendant l'été des contrées 
tempérées , page 29. Des animaux 
d'ordres très-différens des Quadru- 
pides ovipares ; éprouvent aufli 
‘chaque année, & même à plufeurs 
‘époques, une efpèce de dépouille- 
ment... On peut particulièrement 
le remarquer: dans les ferpens, dans 
certains aninaaux à poil, & dans les 


oifeaux ; les infectes & les végétaux, 


{ont fujets auffi à une forte de mue, 
page 30. Dans quelques êtres qu'on 
remarque une forte de dépouille- 
ment, 1] fut toujours l’attribuer au 
défaut d'équilibre entre les mouve- 
mens intérieurs & les caufes exter- 
nes, page 38. 

Développement. Les tortues fran- 
ches n'atteignent à leur entier dé- 
veloppement qu'au bout de vingt 
ans Où environ , page 82. Dans 
prefque tous les animaux , le déve- 
loppement eft plus grand dans les 
premiers tems de leur vie, p.222. 

Difque. Le milieu de la carapace 
des tortues s’äppelle difque. Il eft le 
plus fouvent couvert de treize ou 
quinze écailles placées fur trois 
rangs, PAgE 49. 

Divifions. Nombre & caractères 
des Divifions établies dans le genre 
des lézards, page 278 & Juiy. 

Domefliaté. Pluleurs Quadru- 
_pèdes ovipares préfentent une forte 


de domefticité , page 40. La tortue 
bourbeufe devient comme domef. 
tique , page 123. On fait aifément 
un animal domeftique, de la tortue 
grecque , page 149. 

Dorninateurs (les quatre grands} 
des eaux , des rivages, des déferts, 
& de l'air réuniflent, à la fupériorité 
de la force, une certaine douceur 
dans linftint, page 192. 

Doré. (Lézard) Sa defcription. 
p- 385. Lieux qu'il habite, p. 386. 
Ses habitudes, page 387. 

Double-Raie. Caractères diftinc- 
tifs de ce lézard d’Âfie, page 408. 

Dragon. Sa defcription, p. 450. 
& Juiy. Habitudes de ce lézard, 
page 452. IH paroït qu'on ne doit 
en compter qu'une efpèce , p. ; 

ee ne _ _. 
& Jüiy. Principales dimenfons d'un 
individu de cette efpèce , p. 245: 
Ses habitudes , page 247 @ fiv. 
Bon goût de fa chair, page 249. 

Durée de la vie; Les Quadrupèdes 
ovipares vivent en général très-long- 
tems , page 40. Les tortues bour- 
beufes parviennent quelquefois juf- 
qu'à l'âge de quatre-vingts ans & 
plus, page 123. Des tortues grec- 


ques ont vécu plus de foixanteans; 
Page Z AO: 


Ecarireyerre ( la Tortüe } 
eft plus petite que la tortue franche, 
p.93: Elle habite prefque tous les ri- 
vages chauds du nouveau monde , 
tant en deçà qu'au-delà de la ligne, 
Idem. Sa chair & fes œufs font 
très-bons à manger , page 94: 


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Ecailles (les) des tortues tombent 


quelquefois, page 49. Les écailles de 


la Caouane font prefque de nulle va- 
leur , page 98. Elles font prefque 
toujours gâtées par une efpèce de 
gale, Idem. Les écailles de la tortue 
caret ont perdu de leur valeur de- 
puis la découverte du nouveau 
monde, page 106. Elles réuniffent 
à une deimi-tranfparence l'éclat de 
certains criftaux colorés , & une 
fouplefle que l'on a eflayé , envain, 
de donner au verre, page 106. Elles 
pèfent quelquefois toutes enfemble 
de, fept à huit livres, page 109. 
Couleurs de celles que lon eftime 
le plus, Fdem. Manière de les fa- 
çonner , Idem. Les écailles qui 
couvrent le ventre du lézard gris & 
des autres lézards compris dans la 
troifième divilion , forment des 
bandes tranfverfales, page 301. 
Engourdiffément. Lorlique les 
Quadrupèdes ovipares font engour- 
dis, leur torpeur eft fi grande 
qu'ils ne peuvent être réveillés par 
aucun bruit, ni même par des blef- 
fures , page 24. Lorfqu'il furvient 
un peu de chaleur pendant l'hiver, 
ils font plus ou moins tirés de leur état 
d'engourdiflement, page 2 5. La qua- 
lité de leur nourriture, peut les 
préferver de l'engourdifflement an- 
nuel, page 26. Leur torpeur dure 
quelquefois plus de fix mois , Id. 
La mafle totale de leur corps ne 


perd aucune partie très - fenfble 


de fubftance, pendant leur longue 
torpeur , p.27. La tortue bourbeufe 
s'engourdit lhiver , même dans les 
pays tempérés. C'eft à terre qu'elle 


ea 


DES SMATIBRES., 


635 


demeure pendant fa torpeur , page 
222. Elle creufe un trou daus lequel 
elle fe cache, Idem. Aux latitudes 
un peu élevées, les tortues grecques 
pafient l'hiver dans des trous fouter- 
raius, qu'elles creufent même quel- 
quefois, & où elles font plusou moins 
engourdies , fuivant la rigueur de la 
faifon, page 140. Il paroît que les 
crocodiles qui vivent près de l’équa- 
teur ,ne s'engourdiflent dans aucun 
tems de l'année, page 228. Ceux 
qui habitent vers les tropiques, ou 
à des latitudes plus élevées, fe re- 
tirent lorfque le froid arrive, dans 
des antres profonds auprès des ri- 
vages, & y font, pendant l'hiver, 
dans un état de torpeur , Idem. Il 
paroïît que les crocodiles du Nil, 
qui étoient les mieux connus des 
Anciens , s'engourdifloient pendant 
la faifon du froid , Idem. 

Ennemis du Crocodile. L'homme 
n'eft pas le feul ennemi que le Cro- 
codile ait à craindre, page 226. Les 
tigres en font leur proie, Idem. 
L'hippopotame le pourfuit, Idem. 
Les cougars détruifent un grand 
nombre de crocodiles , p.227. Hs 
attendent en embufcade les jeunes 
Caymans fur les bords des grands 
fleuves , Idern. 

Epaule armée ( Grenouille }. Sa 
delcription, page 439. 

Efchyle. Mort fingulière du pote 
Efchyle, qui fut tué, dit-on, par 
le choc d'une tortue, qu'un aigle 
laïfla tomber de très - haut. fur fa 
tête nue, page 168. 

Efpadons. Énnemis des tortues 
franches, page 75. 


TH + 


636 TABLE 


Etangs. On doit empêcher la 
toitue bourbeufe de pénétrer dans 
Îes étangs, & dans les autres endroits 
habités par les poillons dont elle 
le nourrit, page 124. 


F, 


F ÉcONDITÉ. Les Quadrupèdes 
ovipares font très-féconds, & les 
grandes efpèces de ces animaux font 
quelquefois bien plus fécondes que 
les petites, page 36. 


Flüteufe( Raine). Sa defcription, 
page 562. 

Fole. Defcription de la Fole, 
page 14: Manière de foler les tor- 
tues franches fur les côtes de la 
Guiane, Idem. Tems de foler les 
tortues, page 7h: : 

Force ( très-grande } des tortues 
franches. Elles peuvent porter plu- 
fieurs hommes fur leur dos, p. 78. 

Formes. La Nature diftribue aux 
différentes efpèces , & combine, de 
toutes les manières, toutes les formes 
& toutes les proprictés , COMME fi 
elle vouloit , en tout, épuifer toutes 
les modifications, page 32. 

Fouette - queue. Ses caractères 
diftin@ifs, & {a defcription, p. 240 
€ fuivantes, pays où on le trouve, 
page 241 des 

Froid. Lorlque le froid devient 
trop rigoureux , ou dure trop long- 
tems, les Quadrupèdes ovipares en- 
gourdis périflent , page 26. 


G. 


G 4 zÉéOTE. Delcription de ce 
lézard , page 292, Contrées où on 


L trouve, page 29 3. Habitudes de ce 
lézard, Idem. 

Galonné. ( Lézard ) Sa defcrip- 
tion, page 335. Varicté de cette 
efpèce , page 336. 

Galonnée. ( Grenouille) Sa def- 
cription , page 449. Varièté de cette 
efpèce, Idern. 

Gayial. Sa delcription, p. 235 
& fuivantes. Principales dimenfons 
d'un individu de cette efpèce , 
page 236. Grandeur du Gavial , 
page 2 37. Efpèce de poche obfervée 
dans un individu de cette efpèce, 
par M. Edvards, page 2 38. 

Gecko. Ce lézard paroît très- 

venimeux, page 414 6 fuivantes. 
Sa defcription, Idem. Pays où on 
le trouve , page 416. Ses habi- 
tudes , Idem. I rend un fon fingu- 
lier, page 418. 
” Gectkotte. Différences de ce lézard 
avec le Gecko, page 421. Pays où 
on le trouve , page 422. Ses babi- 
tudes , page 423. 

Géornétrique (la tortue) a beau- 
coup de rapports avec la grecque, 
p.147. Sa delcription, Id. € fuiv. 
Onlatrouve en Afie, à Madagafcar, 
dans l'île de l'Afcenfion , au Cap 
de Bonne - Efpérance , page 158. 
Nombre de fes œufs, Id. Variétés 
de cette tortue, Idem. 

Glote. L'ouverture de là glote 
eft très - étroite dans les tortues 
franches, ainfi que dans les tortues 
de terre , page 76. 

Goftreux. ( lézard ) pays quil 
habite , page 402. Ses caractères 
diftinctifs , 1d, Ses mœurs , Idem 
É /uivantes. 


tude 
ticité 
Leur 
deur 
mens 


Tem 
Ps 
de t 
leur 
accol 
dont 


DES MATIÈRES 637 


Goitreux. ( crapaud ) Ses carac- 
tères diftincifs » D. 698. 

Grandeur ( la) des lézards varie 
depuis la longueur de deux ou trois 
pouces, jufqu'à celle de vingt-fix, 
ou même trente pieds, page 176. 

Grecque ( la tortue ) eft très- 
commune en Grèce & dans plu- 
fieurs contrées tempérées de l'Eu- 
rope, page 142. On la rencontre 
dans les bois & fur les terres éle- 
vées, Idem. Tout le monde a parlé 
de fa lenteur , Zdem. Ses mouve- 
mens font cependant quelquefois 
afiez agiles , page 143. Sa def- 
cription , Îdem © fuivantes. Carac- 
tère extérieur qui diftingue le mâle 
d'avec la femelle, p. 246. Elle a 
une très-grande force, p. 247. Ses 
mâchoires font très - vigoureufss, 
& peuvent encore claquer demi- 
heure après que la tête de l'animal 
a été coupée , Idem. Expérience 
de François Rédi , relativement 
aux tortues grecques ,; page 147 
€ Juiv. 

Grenouilles ( les ) ne meurent 
pas tout de fuite, quoiqu'on leur 
ait arraché le cœur, p. 20. 

Grenouilles communes. Leur atti- 
tude ordinaire, page 405. Leur élaf- 
ticité , leur force pour s'élancer, Id, 
Leurs couleurs, p. 506. Leur gran- 
deur ordinaire, page 407. Leur ali- 
mens, page 09. Leur voracité , Id. 
Tems de leur engourdiflement , 
p.512 On peut les tirer de leur état. 
de torpeur, page 513. Fréquence de 
leur dépouillement , p. 524. Leur 
accouplement, page 51%. Manière 
dont leurs œufs font pondus & 


fécondés , page 416. Forme & déve- 
loppement de leurs œufs , p. 427. 
Changemens qu'elles fubiflent avant 
de devenir adultes, Idem. 

Grijon. Defcription du lézard 
grion, page 363. 


FL. 
Hazrrupss (les) des Qua- 
drupèdes ovipares font, en général, 
affez douces, page 32. Celles des 
lézards font auf diverlfiées que 
leur conformation extérieure , 

CA LOE 
-  . La tortue nommée Hé: 
cate , par Brown, doit être rap- 
portée à la tortue géométrique , 
page 159. Elle eft très-commune à 
la Jamaique, Idem. 

Hexagone. Sa defcription, p. 3e 

Huile. On retire quelquefois de 
la graille d’une grande tortue fran- 
che , jufqu'à trente-trois pintes d’une 
huile jaune ou verditre, page 72. 
L'huile que lon retire des caouanes 
eft fort abondante, page 100. Elle 
eft bonne à brüler, & à enduire les 
vaifleaux, den. | 

Humidité. L'humidité nuit aux 
animaux les mieux organifés ; elle 
eft favorable au contraire à ceux 
dont l'organifation eft moins par- 
faite, page 17. 


JT. 


Jacx rs. (Grenouille ) Sa defcrip- 
tion, page 547. Sa prétendue méta- 
morphole, dem. 

Jaune ( la Tortue ) na point 


630 A BLEE 


encore été décrite, page 234. Elle 
parvient ordinairement à une gran- 
deur double de celle des tortues 
bourbeufes, Id. Sa defcription, Id. 
Lorfqu’elle va s'accoupler, elle fait 
entendre un petit cri d'amour, 
page 136. On ne la rencontre pas 
feulement en Amérique, mais on 
la trouve encore dans l'ifle de PAS 
cenfion, ainfi qu'en Europe, Id. 
Tguane. Contrée où on le trouve 
en très-grand nombre , page 267. 
Ses caractères diftinctifs, page 270. 
Defcription de ce beau lézard , 
p: 271. Principales dimenfions d’un 
Tguane , Id. Ses habitudes, p. 274. 
Ses amours , Îdem. Ses alimens , 
p: 276. Endroits où il {e retire, Id. 
Manière de le prendre , page 277. 
Il eft fufceptible d'une forte de 
domefticité, page 279. Pays habités 
par les Iguanes, page 283. 
Imagination. C'eft fouvent parce 
que nous manquons de connoif- 
fances , que limagination la plus 
bizarre, nous paroît allier des formes 
& des qualités qui ne doivent pas 
fe trouver enfemble, page 31. 
Infeéles. Les Tortues bourbeufes 


délivrent Les jardins des Infeétes 


nuifbles , p.223. La tortue grecque 
détruit beaucoup d’Infectes ; p. 240. 


L. 


Laircr - DOrGT. Caractères dif- 
tinéhifs de ce lézard , p. 263. Con- 
trées où on le trouve, Idem. 
Légèreté fpécifique (la) destortues 
franches eft très - voifine de celle 


de l'eau, p.76 


Lézard dont Séba a donné la def. 
cription, & qui a beaucoup de rap- 
portsavec la Téte-plate ,p. 431. 

Lézards. Le genre des Lézards 
eft le plus nombreux de ceux qui 
compolent l’ordre des Quadrupèdes 
ovipares , page 176, On doit en 
compter cinquante - fix efpèces , 


toutes différenciées par leurs habi- 


tudes naturelles, & par leurs carac- 
tères extérieurs, page 176. On peut 
diftinguer facilement les Lézards, 
d'avec les autres Quadrupèdes ovi- 
pares, parce qu'ils ne font pas cou- 
verts d'une carapace comme les 
tortues , & parce qu'ils ont une 
queue , tandis que les grenouilles, 
les raines & les crapauds n'en ont 
point, Îderm. Leur corps eft revêtu 
d'écailles plus où moins fortes , ou 
de tubercules plus ou moins fail- 
lans, Idem. 
Lézard bleu (le) d'Edwardsdoit être 
regardé comme un Agame, p. 297. 
Lézard gris. Ses habitudes, page 
299 & fuiy. Sa defcription, p. 300, 
C'eft principalement dans les pays 
chauds que le Lézard gris eft très- 
agile , Id. Il fe nourrit de mouches, 
de grillons, de fauterelles , de vers 
de terre, de prefque tous les 
Infeétes qui détruifent nos fruits & 
nos grains, page 204. Il fe dépouille 
comme les autres Lézards, p. 306, 
Il éprouve, péndant l'hiver , un en- 
gourdillement plus ou moins grand 
fuivant le climat qu'il habite, Idern, 
Il ne conferve pas toujours [a dou- 
ceur de fes habitudes, Idem. Onen 
a fait ufage en médecine, p. 307. 
Lézard vert, Beauté de {es cou 


point 
entiet 
noir, 
cotes 
fur la 
ui 
tide, 


DES MA 


leurs , page 310. Sa defcription , 
Idem © Jiuvantes. Longueur à 
laquelle il parvient, page 312. Ses 
habitudes, page 312 & ;uivantes. 

Lion. ( Lézard, Defcription de 
cette efpèce que l'on trouve à la 
Caroline, page 333. 

Longueur. On devroit compter 
Vingt -lix mois d'âge pour chaque 
vingt pouces que lon trouveroit 
‘dans la longueur des grands croco- 
diles, fi leur accroitlement fe faifoit 
toujours fuivant la même propor- 
tion, page 211. : 

Luth ( la Tortue ) furpañle quel: 
quefois par fa longueur, les plus 
grandes tortues franches, p. 222. 
On la trouve dans la Méditerranée ; 


_ elle savance peu dans la mer Adria- 


tique , & très-rarement jufqu'à la 
mer Noire, page 112. Elle na pas 
de plaftron apparent, Id. Sa cara- 
pace eft terminée parderrière en 
pointe très-aigue, Idem. Elle na 
oint d’écailles ; elle eft couverte en 
_entier d’une forte de cuir dur & 
noir, Idem. On la trouve fur les 
côtes du Pérou, du Mexique, & 
fur la plupart de celles d'Afrique 
qui font fituées dans la Zone T'or- 
tide, page 114. 
Masouy a. Caractères diftinc- 
‘tifs de ce lézard , page 378. Ses 
habitudes, p. 382. Contrées qu'il 
habite, page 382 € fuivantes. 
Machine ( la ) animale ne peut 
conferver qu'un certain temps, les 
mouvemens intérieus qui lui ont 


g” 


ES tr 
été communiqués, page 26. 

Mächoire ( la ) fupéricure des 
tortues, recouvre la mâchoire infé- 
rieure , page 48. La michoire 
fupéricure du caret avance aflez 
fur linférieure ; pour que le 
mufeau ait une {orte de reflemblance 
avec le bec d'un oifeau de proie; 
page 107. 

Michoire inférieure du Croco- 
dile, (la) eft feule mobile, p. 294, 

Mächoires ( les ) du crocodile 
ont quelquefois pluñeurs pieds de 
longueur, page 292. Leur defcrip- 
tion, Idem. 

Marbré, ( Lézard ) Pays où on 
le trouve, page 394. Sa delcrip- 
tion, Idem. 

Marbré. ( Crapaud ) Sa defcrip- 
tion , page Go. 

Marmottes. Les Marmottes, les 
loirs, les chauve-fouris, les hériflons, 
ne ceflent de refpirer, quoiqu'en- 
gourdis par le froid , page 2%. 

Matières brutes ( la durée des) 
doit toujours être très - longue , 
page 42. | | 

Migrations des tortues franches, 
page 85. La caouane voyage plus 

ue les autres tortues; on l'a ren- 
contrée à plus de huit cens lieues 
de terre , page 100. 

Molle (la Tortue) eft la plus 
grande des Tortues d'eau douce, 
page 137. Elle fe trouve dans les 
rivières du Sud de la Caroline, ainfñ 
que dans la Floride orientale , Id, 
Elle pèfe quelquefois jufqu'à 70 liv. 
Idem. Sa delcription ; page 138 
G Juivantes. Elle a beaucoup de 
force ; elle eft faroûche, & s'élance 


TR 


fouvent avec farie contre fon enne- 
mi, page 140. Sa chair eft très- 
délicate, Idem. On peut préfumer 
qu'elle fe trouve dans l'Amérique 
-méridionale, Idem. 
Monfiruofités. Tortue à deux 
têtes, & très - petit lézard à deux 
têtes & deux cous bien diftin&s, 
page 38. 
Mudinguana. Grande larve, 
page 611. 
Mugiffänte. ( Grenouille )p. 542. 
Ses habitudes, page 542. Force de 


fon coaflement, page 543. Variétés 


de cette efpèce, Idem. 

Mugiffement. Dans la Caroline, 
les crocodiles fortent de leur en- 
gourdiflement, en faifant entendre 
des mugifiemens horribles qui reten- 
tiflent au loin, page 219. Dans la 
Louihane , le cri de ces animaux 
n'eft jamais répété plufñeurs fois de 
fuite, mais leur voix eft auffi forte 
que celle d'un taureau, Idem. Les 
crocodiles qui font en grand nombre 
dans la rivière de Gambie , en Afri- 
que, & que les nègres appellent 
Bumbos , y pouflent des cris que 
l’on entend de fort loin ; l’on diroit 
que ces cris fortent du fonds d’un 
puits, Idem. 

Multiplication des tortues fran- 
ches, page 84. 

Mujc. Il paroît que prefque tous 
les Européens qui ont voulu manger 
de la chair du crocodile, ont été 
rebutés par l'odeur de mufc dont 
elle eft imprégnée, page 229. 

Mufique, Dans les contrées de la 
Grèce , ou dans les autres pays 


&ués fur les bords de la Méditere 


ranée , les inventeurs de la mufique 
choifirent la carapace d’une tortue 
luth, pour former la première lyre, 


page 246. 
w. 


N ASICORNE. Il eft aifé de diftin- 
guer la tortue Naficorne, par un 
tubercule d’une fubftance molle , 
qui s'élève au-deflus du mufeau, 
& dans lequel les narines font pla- 
cées, page 103. La Nafcorne fe 
trouve dans les mers du nouveau 
continent , voilines de l'équateur, 
Idem. Elle à moins de rapports 
avec la caouane, qu'avec la tortue 
franche, der. 

Nature. Ses effets font fans nom- 
bre, mais non pas les caufes qu’elle 
fait agir, page 43. Elle n'emploie 
qu'un petit nombre de puiflances 
pour mouvoir les corps, P+ 44. 

Noirätre. (tortue) Delcription 
de fa carapace & de fon plaftron, 
page 175. Il n'en eft fait mention 
dans aucun des Naturaliftes, ni des 
voyageurs dont les Ouvrages font 
le plus connus, Ze. 

Noms. En Hiftoire Naturelle, 
lorfque les noms font les mêmes, 
on neft que trop porté à cioire 
que les cbjets {e reflemblent, p. zo7. 

Nuances. Une dégradation fuccef- 
five de nuances divertfiées à l'infini, 
eft le fceau dont la Nature marque 
{es ouvrages, page 32, 


O. 
O DEU R. Prefque tous les Qua- 


drupèdes ovipares répandent une 
ru} vipares rép 


odeur 


Min : 


DRE RRT QE UT 


mp 


r & a M PSE (3 


odeur forte; qui ne diffère pas 
beaucoup de celle du mufc, & qui 
eft moins agréable, p. 40. L'odeur 
de mufc, que la plupart des tortues 
tépandent , eft exaltée dans la 
caouane au point d'être fétide , 
page 99. Fe 
Ufs. Les Quadrupèdes ovipares 
abandonnent leurs œufs après Îles 
avoir pondus ; la plupart choiliffent 
la place où ils les dépofent ; quel- 
ques-uns ; plus attentifs , la prépa- 
rent & l'arrangent , ils creufent 
même des trous où ils les renfer- 
ment , & où ils les 
fable & de feuillage , page 37. Les 
œufs des très - petits Quadrupèdes 
ovipares ont à peine une demi-liyne 
de diamètre, tandis que les œufs 
des plus grands ont deux ou trois 
pouces de longueur, Idzm. L'en- 
veloppe des œufs des crocodiles & 
de quelques grands lézards eft d'une 
fubitance dure & crétacée , mais 
celle des œufs des autres Quadru- 
èdes ovipares eft molle & fem- 
Éable à du parchemin mouillé, 


page 38. L’ardeur du foleil & de 


latmoiphère fait éclore les œufs 
des Quadrupèdes ovipares, Idem. 
Les œufs des tortues franches font 
ronds, de deux ou trois pouces de 
diamètre, & la membrane qui les 
recouvre , reflemble à du parche- 
min mouillé, page 65. Elles les 
couvrent d'un peu de fable, mais 
cependant allez légèrement pour 
que la chaleur du foleil puifle les 
faire éclore , page 66. Forme des 
œufs de la tortue molle, p. 240. 
Nombre des œufs de la tortue 


Ovipares, Tome I, 


DES MATIÈRES. 


couvrent de . 


grecque , page 151. Nombre 
& forme des œufs de l'iguane, 
page 275. Grofieur des œufs du 
lézard gris, page 304. 


Œufs du Crocodile. Indépendam- 
ment du témoignage des voyageurs, 
on auroit dû refuler de croire ce 
que dit Pline du crocodile mâle, 
qui, fuivant ce grand Naturalifte, 


couve ainf que la femelle, les œufs. 


qu'elle a pondus, page 200. La 
mangoulte, les finges, les fagouins, 
les fapajous & plufeurs efpèces 
d'oifeaux d’eau, fe nourriflent avec 
avidité des œufs du crocodile , & 
en caflent même un très - grand 
nombre en quelque forte pour le 
plaiñr de fe jouer , page 229. Les 
œufs du crocodile, ainf que fa 
chair , fur tout celle de la queue & 
du bas-vèntre f=rvent de nourriture 
aux nègres de l'Afrique, ainf qu'à 
certains peuples de l'Inde & de 
l'Amérique, Idem. 


Ongles (les) de la tortue grece 

ue & des autres tortues terreftres, 
it communément plus émouflés 
que ceux des tortues d'eau douce, 

AE TA 
5 Oransée.(Raine) Sa defcription ; 

age 164. 
% Ori Les grands aigles de mer, 
nommés Orfraie , emportent une 
tortue de terre du Cap , au plus 
haut des airs, d’où ils la laifient 
tomber à plufeurs reprifes fur des 
rochers très-durs ; la hauteur de la 
chüte produit un choc violent, qui 
brife la carapace & laitle La tortue 
en proie aux aigles, page 167, 


Mum nm 


G4t 


642 | FABLE 


F. 


Psrrs-n'orr. ( Grenouille } Sa 
defcription , page 538. 

Pattes ( les ) de derrière des 
lézards, font plus longues que celles 
de devant, page 177. 

Peau. Lorfque les Quadrupèdes 
ovipares quittent leur vieille peau, 
ils font plustimides, & fe tiennent 
cachés jufqu'à ce que la nouvelle 
foit fortifiée par de nouveaux fucs 
& endurcie par les imprellions de 
Vatmofphère, page 32. 

Perlée. (Grenouille) Sa defcrip- 
tion , page 545. Varièté de cette 
efpèce , Idem. 

Pétrifications de crocodile, trou- 
vées en Thuringe , page 224. En 
Angleterre, Idem. 


Phalanges (les) des doigts font 


au nombre de quatre dans plufeurs 
lézards , ainfi que dans plufieurs 
efpèces d'oifeaux , page 177. 

Pipa. Delcription du mâle de 

cette efpèce de crapaud , p. 600. 
Defcription de la femelle, p. Go. 
Manière remarquable dont les fœtus 
de cet animal fe développent & 
éclofent, page 604. 
_ Plaffron ( le ) des tortues eft 
couvert de douze ou quatorze 
écailles dans certaines efpeces & de 
vingt-deux ou vingt-quatre dans 
d'autres, page 49. 

Plfé. Defcription du Lézard 
Phflé, page 26%. 

Poids (le) total des grandes 
tortues marines excède ordinaire- 
ment huit cens livres. Dans les 
petites efpèces d’eau douce ou de 


terre , il eft quelquefois au-deflous 
d’une livre , page 40. Les Tortues 
franches peuvent fe rendre plus ou 
moins pefantes, en recevant plus où 
moins d'air dans leurs poumons, 
page 77. Le poids qu'elles peuvent 
fe donner n'eft cependant pastrès- 
confidérable , Idem. « 
Poiffons. Rapports des tortues 
franches avec les poiflons, p. 82. 
Ponduée. (Salamandre ) Sa def- 
cription , page 491. - 
Ponte. Les tortues franches pré- 
fèrent pour leur ponte les fables 


dépourvus de vale & de corps 


marins, page 65. Elles creufent avec 


leurs nâgeoires, & au- deflus de 


l'endroit où parviennent les plus 
hautes vagues, un ou plulieurs trous 
d'environ un pied de largeur, & 
deux pieds de profondeur , Idem. 
Elles y dépofent leurs œufs au 
nombre de plus de cent, Idem. Les 
Tortues franches font plufñeurs 
pontes éloignées l’une de Pautre , 


de quatorze jours ou environ , & 


de trois femaines dans certaines 
contrées, page 66. Elles choififfent 
le temps de la nuit pour aller dé- 
poler leurs œufs fur le rivage, Id. 
Elles traverfent quelquefois deux 
ou trois cens lieues de mer pour 
parvenir au rivage où elles trouvent 
le plus de facilité pour leur ponte, 
page 67. Le temps de la ponte-des 
tortues franches varie fuivant les 
pays, page 69. Nombre des pontes 
du crocodile,p. 206. Nombre des 
œufs à chaque ponte, Id. Endroit où 
la femeile dépole fes œufs, p. 207. 

Porte-créte (le Lézard ) habite 


à RSS PT EL à 
Sn 1) as Eee 7 
RS sel M ue 


dans l'ifle d'Ambaine, & dans l'ifle 
de Java, p. 287. Sa defcription, Id. 
6 Juivantes. Crête remarquable qui 
le diftingue, page 287. Différences 
du mâle avec la femelle , p. 289. 
Habitudes du Porte-crête, Idem & 
Juivantes. Lieux où on le trouve, 
Page 290. Sa chair a une faveur 
fupérieure à celle de l'Iguane, p.292. 

Pouce. Dans la plupart des lézards, 
le doigt extérieur eft féparé des 
autres , comme une ès de 
AE ; tandis qu'au contraire, dans 


es Quadrupèdes vivipares, le doigt 


qui repréfente le pouce eft le doigt 
interieur, page 177. | 
Pufluleux. ( Crapaud ) 
cription , page 597. 
Pyramides. On renfermoit reli- 
gieufement en Égypte les cadavres 
des crocodiles dans de hautes Pyra- 
mides auprès des tombeaux des rois, 


pe 232. | 
Q. 


Qvanrvrèpss oyipares (les) 
approchent de très- près des plus 


Sa def- 


nobles & des premiers des animaux, 


page 2. Leurs petits viennent d’un 
œuf, Idem. Ils ne font point cou- 
verts de poil, Id. Ils ne doivent pas 
être appellés reptiles , Idem. Les 
efpèces des Quadrupèdes ovipares 
ne font pas en aufli grand nombre 
que celles des autres Quadrupèdes, 
page 3. Tous les Quadrupèdes ovi- 
pares le reflemblent entr’eux & dif- 
férent des autres animaux par des 
caraétères & des qualités remarqua- 
bles ; page 6. Le plus grand nombre 
des Quadrupèdes ovipares ont des 


DES MATIÈRES. 


643 


yeux affez faillans & aflez gros rela- 
tivement au volume de leur corps, 
page 7. Ils app=rçoivent les objets 
de trésloin, Idem. Ils ont prefque 
tous, les yeux garnis d'une meme 
brane clignotante comme ceux des 
oïfeaux , Idem. La plupart de ces 
animaux jouiflent de la faculté de 
contracter & de dilater leur pru- 
nelle, Idem. Le fens de l'ouie des 
Quadrupèdes ovipares, doit être plus 
foible que celui des vivipares & des 
oifeaux , page 8. Ils n’ont point 
d'oreilles extérieures, Idem. Leur 
oreille intérieure eft plus fimple 
que celle des vivipares, Idem. La 
plupart de ces quadrupèdes font pref- 
quetoujours muets, oune fontenten< 
dre que des fons défagréables , p. 9. 
Leur odorat n'eft pas très-fin, Id, 
Quelques-uns répandent une odeur 
aflez forte, page 20. Le fiège de 
l'odorat eft très-peu apparent dans 
la plupart de ces animaux , Idem, 
Leurs narines font très-peu ouvertes, 
maïs les nerfs qui y aboutiflent , font 
d'une grandeur extraordinaire dans 


“plufeurs de ces Quadrupèdes, Id, 


Le fens du goût eft foible dans plu- 
fieurs de ces animaux, dem. Leur 
toucher eft très-obtus , Idem. 
Leur fang eft moins chaud que celui 
des vivipares & des oifeaux , p. 22. 
Il eft aufli bien moins abondant , Id. 
Il peut circuler fans pafler par leurs 
poumons , Idem. Il eft plus épais & 
ne coule pas auffi vite que celui des 
vivipares , page 23. Leur charpente 
offeufe eft plus fimple, Idem. Leur 
conduit inteftinal eft plus court que” 
celui des vivipares, page 14. Leure 


M m mm ij 


pe 


644 ever E 


excrémens,tant liquides que folides, 
aboutiffent à une efpèce de cloaque 
commun , dem. Les principes du 
mouvement vital font plus fimples 
dans ces animaux , que dans les 
vivipares, p. 1g. L'humidité, aidée 
de la chaleur , fert à leur dévelop- 
pement, p. 26. Ils font fupérieurs 
à de grands ordres d'animaux, p. 18. 
Leur nature eft, pour ainñ dire, 
mi-partie entre celle des plushautes 
&c des plus bafñles clafles des êtres vi- 
. vans, elle montreles relations d’un 
grand nombre de faits importans, 
. Sdemn. Le féjour de tous les Quadru- 
pèdes ovipares n'eft pas fixé au milieu 
des eaux, Idern. Plufeurs de ces ani- 
maux préfèrent les terreins fecs & 
élevés ; d’autres habitent dans des 
creux de rochers, ou au milieu des 
bois ; prefque tous nagent & plon- 
gent avec facilité , Idem. Ils ont 


_êté appellés amphibies par plufieurs : 


Naturaliftes, Idem. Ils périflent 
“ute d'air lorfqu'ils demeurent trop 
Jong-tems fous l'eau , page 29. Ce 
n'eft que pendant leur état de tor- 
peur qu'ils peuvent fe pafler pen- 
dant très-long-tems de refpirer , Id. 
. Ils peuvent étre privés de parties 
allez confidérables , telles que leur 
queue & leurs pattes, fans cepen- 
dant perdre la vie; quelques-uns 
d'eux les recouvrent, Idem. Leur 
_ fyftème nerveux n'eft pas aufli lié que 
celui des autres Quadrupèdes, p. 20. 
Leurs vaifleaux fanguins ne com- 
muniquent pas entr eux autant que 
ceux des vivipares , page 21. Ils 


. peuvent fe pañler de manger pen- 


dant Un tems très-long , Idem, 


X 


Animés par une moindre chaleur , ils 
n'éprouvent point cette grande def- 
fication qui devient une foif ar- 
dente dans certains animaux, Fhid. 
A mefure que les individus & les 


_varictés d’une même efpèce habitent 


un pays plus éloigné de l'équateur, 
plus élevé ou plushumide, & par con- 
féquent plus froid , leurs dimen- 
fions font beaucoup plus petites, 
page 23. | 
Quadrupèdes oyipares qui n'ont 
point de queue. Leurs caractères 
généraux & diftinctifs , ainfi que 
leurs divers genres, page 498 & 
Juivantes. La manière de fe déve- 
Jopper de tous ces Quadrupèdes eft 
à - peu - près la même , page #20. 
Comparaifon de leur développe- 
ment avec celui des autres ovi- 
pares, Idem. 
Quatre - raies. Defcription de 
cette Salamandre , page 492. 
ueue. La forme & la propor- 
tion de la Queue varient dans les 
lézards ; dans les uns, elle eft apla- 
tie; dans d’autres, elle eft ronde; 
dans quelques efpèces, fa longueur 
égale trois fois celle du corps; dans 
quelques autres, elle ef très-courte, 
page 176. La Queue des lézards 
eft prefqu'auffi grofle à fon originé, 
que l'extrémité du corps à laquelle 
elle eft attachée, p. 277. La queue 
des lézards gris repoufle quelque- 
fois , lorfquelle a été brifée par 
quelqu'accident, & fuivant qu’elle 
a été plus ou moins divifée, elle 
eft remplacée par deux , & même 
quelquefois par trois queues plus ou 
moins parfaites , page 303. 


DE SEMATIERES. 


Queue = bleue. Sa defcription, 
page 360. 


R. : 


Rasorrvsr ( la Tortue) eft 
terreftre , page 161. Defcription 
de fa forme , {4 Ses couleurs, Ja. 
€ Juivante. On la trouve dans les 
Indes orientales, & particulièrement 
à Amboine, ain que dans.le nou- 
veau monde, page 162. | 
Raie ( peau de) defléchte & 
décorée du ñom de baflic, p. 284. 
,: Kaine- verte. Sa defcription , 
pages 550 & fuivantes. Son agilité, 
page 651. Elle peut fe tenir fur 
les corps les plus polis, page 442. 
Manière dont elle chafle les in- 
fetes dont elle fe nourrit, Idem. 
Durée de fon développement , 


page 544. Tems de fes amours, 


Idem. Force de fon coaflement , 
page 455. Manière dont elle s'ac- 
couple, page 556. Sa couleur eft 
fujette à varier, Idern. Pays où on 
la trouve , page 557. 
Rayon-yert. ( Crapaud } Sa def- 
cription, p. 488. On le trouve en 
Saxe , Idem. Il change fouvent de 
couleur, page 589. 
… Reguins ( lorfque les) rencon- 
trent des tortues franches prifes 
dans une fole , & hors d'état de 
_ fuir & de fe défendre, ils les dévo- 
rent, & brifent le filet, p. 74. 
Refpiration ( la ) des Quadru- 
pèdes ovipares eft lente & irrégu- 
lière, page 14. 

Réticulaire. ( Grenouille ) Sa def- 
cription, page 537. 

Retraite, Lorlque les Quadru- 


* 


645$ 


pèdes ovipares choififlent une re 
traite , ils adoptent également, foit 
qu'elle ne fufhfe que pour un feul 
animal , ou foit qu’elle ait aflez 
d’étendue pour receler pluleurs de 
ces Quadrupèdes, page 34. 
Ronde (la Tortue) fe trouve 
en Europe, page 126, Sa delcrip- 
tion , Id. Elle habite de.préférence 
au milieu des rivières & des marais, 
page 127. Manière donftles pay- 
fans de Prufle la confervent, Idem. 
Poche confdérable obfervée fur le 
ventre de deux très jeunes Tortues 
Rondes, p. 128. 
Ronflement ( forte de ) attribué 
aux tortues franches, p.76  : 
Roguet. Caractères diftinifs de 
ce lézard , page 397. Ses mœurs, 
pag 398. 
Rouge. ( Raine ) Sa defcription; 
page 566. | 
Rougeätre ( la Tortue } a èté 
envoyée de Penfilvanie fous le nom 
de tortue de marais, page 132. Le 
bout de fa queue eft garni d’une 
pointe aigue & cornée, Idem. Sa 
couleur, Idem. 
Rouge-gorge. Defcription de ce 
Kfard , page 404. 
= Roufjütre ( la Tortue ) a été 
apportée de l’Inde, page 173. Sa 
defcription , Idem. Couleur de fes 
écailles , dem. Sa carapace eft apla- 
tie, Idem, Ses ongles ne font point 


émoullés, 4, On doit la regarder 


comme d'eau douce , dem. Ses 
œufs , page 174. 

x S. 
SALAMANDRE. Caraékères de la 


646 i TABLE 


divifion des Salamandres., p. 180. 
Les Salamandres ont beaucoup de 
rapports avec les grenouilles & les 
autres Quadrupèdes ovipares qui 
nont pas de queue, Idem. Elles 
manquent de cotes, Idem. 
Salamandre-terrefire. Contes ab- 
furdes répandus au fujet de ce 
lézard , page 47. Ses caractères &c 
fa defMoion » page 459 © füiv. 
Variété À cette efpèce, page 460. 
Liqueur corrofive qui découle des 
pores de fa peau, page 462. Habi- 
 ‘tudes de cette Salamandre, Idem 
É Juivantes. Erreur des anciens 
relativement à l'humeur qui découle 
de fon corps , page 464. Manière 
_ dont fes petits viennent à la lumière, 
page 467. “ 
Salamandre à queue plate. Def- 
cription & variète de cette efpèce, 
page 472. Diflérences du mâle avec 
la femelle, page 473. Habitudes de 
la Salamandre à queue pre P: 474: 
Elle peut vivre aflez long-tems au 
milieu de la glace, page 4746. Ma- 
nière dont fes petits fe développent, 


page 476. Elle fe dépeuille fouvent 


pendant l'été, & même dans le prin- 
tems, page 478. Manière dont elle 
quitte fa peau, page 479. Accou- 
plement des Salamandres à queue 
plate , page 482 € fuivantes. Pays 
où on les trouve, page 486. Lézards 
qu'il faut rapporter à cette efpèce, 
Îdem € juivantes. 

Sang, Pendant l'engourdiffement 
des Quadrupèdes ovipares , leur 
fang ne conferve qu'un mouvement 
très-lent, page 24. | 

Sarroubé. Defcription & kabi- 


tudes de cette Salamandre, p. 493. 
Sauritin. Nom donné par Îles 
anciens à une pierre qui devoit être 


un bézoard d'Iguane, page 282. 


Scorpion (la Tortue) {e trouve 
à Surinam , page 133. Sa defcrip- 
tion, Idem. Le bout de fa queue 
cft garni d'une callofité , Id. Elle 
habite les marais, page 134 

Scinque. Defcription & couleur 
de ce lézard , page 373. Ufage 
qu'on en fait, page 374. Pays où 
on trouve cet animal , page 376. 

Sens. Bonté des fens extérieurs 
des grenouilles communes, p. 508. 

Senfations. Les Quadrupèdes ovis 
pares font privés du plus grand 
moyen de s'avertir de leurs difié- 
rentes fenfations , page 39. | 

Seps. Sa Defcription, p. 4 336 
füiy. Il fait la nuance entre les 
Quadrupèdes & les ferpens, p.434. 
Manière dont les petits Seps vien- 
nent au jour , page 439. Il paroïît 
qu'on ne doit pas regarder le Seps 
comme venimeux, au moins dans 
tous les pays, page 440. 

Serpentine (la tortue) fe diftin- 
gue des autres par la longueur de 
fa queue , page 1 31. Elle habite 
au milieu des eaux douces de la 
Chine, Idem. 


Sheltopufik. Defcription de ce 
Bipède, & lieux où on le trouve, 


page 617 € fuivantes, 
_ Silloné. (Lélard) Sa defcription, 
page 266. 


" Société. Les Quadrupèdes ovi- 


pares font fouvent réunis en grandes 
troupes ; lon ne doit cependant 
pas dire qu'ils forment une vraie 


> Ne 
7 Less ans 


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focité , page 34. Il ne réfulte de 
Jeur attrouppement aucun ouvrage, 
aucune chafle, aucune guerre qui 
paroïflent concertés, page 34. 

Sourcilleux. (Lézard ) Sa def- 
cription, page 257 © füiv. 

Sputateur. Defcription de ce 
lézard d'Amérique , page 409. Ses 
habitudes , page 410. Variété de 
cette efpèce, page 411. 

Stellion. Sa defcription, p. 369. 


. Ufage que l'on fait de fes excré- 


mens, Page 371. 

 Strié. ( Lézard ) Sa defcription, 

age 393. : 

homes La Nature a varié 

les moyens de fubliftance pour 

toutes les clafles d'animaux, p. 32. 
Syrène lacertine. Voyez Muo 

inguana , page 6tz. 


ne. 


T ABAC (le) en poudre eft pref- 
que toujours mortel pour le lézard 


gris, page 304 es 
T'apaye. Caractères diftinctifs de 


ee lézard d'Amérique , page 390. 


Ses habitudes, page 391. 

Tapirer. Raine qui fert en Amé- 
rique à tapirer les perroquets , 
page 566. 

Téguixin.Sa defcription, p. 404. 
On le trouve au Bret], p. 406. 

Terrapène. (la Tortue) fe trouve 
aux Antilles ; elle y eft très -com- 
mune dans les lacs & dans les marais, 
page ‘129. Il paroït que c'’eft la 
même que celle que Dampier à 
nommée Hécate , Idem. Sa chair eft 
un aliment auffi fain que délicat , Id, 


DES MATIÈRES. 


647 
La Tortue Terrapène de Dampier, 
eft la même que la géométrique, 
page. 159. Sa carapace eft comme 
naturellement taillée, page 160. Les 
Terrapènes pénètrent dans les forêts 
où les chafleurs ont peu de peine à 
les prendre, Idem. 

Terre. Lorfque Île crocodile eft 
à Terre, ileft plus embarraffé dans 
fes mouvemens, page 215. Pour 
lui échapper alors , on doit fe 
détourner fans celle, Idem. 

Tétards. Développement des 
Tétards des grenouilles communes, 
page say & fuivantes. Manière dont 
ils quittent leur enveloppe, p. 519. 

Tête. La tortue bourbeufe peut 
vivre quelque tems après avoir eu 
la tête coupée, p. 224. Les tortues 
grecques peuvent vivre plufeurs 
jours après qu'on leur a coupé la 
tète, page 149. 

Téte-fourchue. Sa defcription & 
pays que ce lézard habite, p. 267. 

Tête -plate. Defcription de ce 
lézard, page 424 © fuivantes. Con- 
trées où on l'a trouvé , page 428. 
Ses habitudes , p. 430. 

Tortues ( les ) font plus fem- 
blables par leur organifation aux 
vivipares , que les autres Quadru- 
pèdes ovipares , page 6. On a vu 
des Tortues demeurer près d’un an 
fans prendre aucune nourriture , 
page 217. Les Tortues feules ont 
reçu ; en naïiflant, une forte de 
doraicile durable, page 45. La plu- 
part des Fortues peuvent retirer 
leur tête , leurs pattes & leur queue, 
{ous l'enveloppe dure & ofleuie qui 
les revêt par-deflus & par-deflous, 


648 TABLE 


page 46. Les côtes de lépine du 
dos font partie de la couveiture 
fupérieure des Tortues, que l’on 
appelle Carapace , & l'inférieure 
que l'on nomme plaffron , eft réunie 
avec les os qui compolent le fter- 
num, page 47. Divihions du genre 
des Tortues , Idem. Les Tortues 
d'eau douce & de terre ont les pieds 
très-ramafles, les doigts très-courts 
&garnis d'ongles crochus , p. 52. 
Leur carapace & leur -plaftron ne 
font réunis l'un à l'autre, que dans 
une petite, portion de leur con- 
tour, Idem. La plupart peuvent fe 
remettre fur leurs pâttes , lorf- 
qu'elles font renverfées, page 53. 
Il paroïit que les diverfes cfpèces 
de Tortues ne fe mêlent point 
enfemble, page 204. L'hiftoire des 


Tortues demande encore un grand 


nombre d'obfervations , page 160. 

Tortue franche. Une des produc- 
tions les plus utiles eft la Tortue 
franche , page 54. Elle habite en 
très-grand nombre fur les bas-fonds 
revêtus d'algues de la Zone Tor- 
ride , tant dans l’ancien que dans 
le nouveau monde , page 46. Elle 
fe nourrit de plantes marines, Id. 
Elle a quelquefois fix ou fept pieds 
de longueur , {dem. Elle joint à un 
goût exquis, & à une chair fuccu- 
lente & fubftantielle, une vertu 
des plus actives & des plus falu- 
taires, page 57. Sa carapace a quel- 
quefois quatre ou cinq pieds de 
long, fur trois ou quatre de lar- 
geur, Idem. Le bord de la cara- 
pace paroît onde, Idem. Le difque 
fit ordinairement recouvert de 


quinze lames ; Jdem. La forme & 
le nombre de ces laines varient fui- 
vant l’âge & peut-être fuivant le 
fexe, Id. Le plaftron eft commu- 
nément garni de vingt-trois ou 
vingt-quatre écailles, page 58. Prin- 
cipales dimenfons d’une jeune Tor- 
tue franche , Idem. Le nombre & 
la poftion des ongles de la Tortue 
franche , peuvent varier ; mais il 
ny en a jamais qu'un d'aigu aux 
pieds de derrière, page 49. Le cer- 
veau de la Tortue franche eft très— 
petit, p. 60. Les mächoires de cette 
Tortue ne font pas garnies de dents, 
mais elles font très - fortes & très- 
dures; & les os qui les compofent 
font garnis de‘pointes & d’afpéri- 
tés . page Go. Les Tortues franches 
vont fouvent chercher l'eau douce 
à l'embouchure des grands fleuves, 
page Gr. Elles font timides, elles 

longent, dès qu'elles apperçoivent 
Fo de quelqu'objet à crain- 
dre , Idem. Klles devroient être 
regardées comme l'emblème de la 
prudence, Zdem. Elles ont plutôt 
des propriétés pailives , que des 
qualités aétives, Idem. Elles ne dif- 
putent point aux animaux de leur 
efpèce, un aliment aqu’ellestrouvent 
toujours en aflez grande abon- 
dance, p. 62. Elles peuvent pañler 
plufeurs mois, & même plus d’un 
an , fans prendre aucune nourri- 
ture, Îdeïn. Elles ne redoutent pas 
la focièté de leurs femblables, Id. 
La tortue franche n’épreuve pref- 
que jamais de defirs véhémens. Elle 
fe défend rarement, mais elle cher- 


che à fe mettre à l'abri, page 63. 


, . Dans 


cit 

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Dans cette efpèce, le mâle paroït 
rechercher fa femelle avec ardeur, 
& léur accouplement dure pendant 
près de neuf Jours, fans qu'aucune 
crainte puifle les féparer l'un de 
l'autre, Id. L'attachement mutuel 
du mâle & de la femelle, pañe 
avec le befoin qui l'avoit fait naître; 
ils fe quittent bientot après que 
leur accouplement a ceilé, page 
63. Les petites tortues franches 
éclofent vingt ou vingt - cinq 
jours après la ponte , & même 
plutôt dans certaines contrées , 
page 68. Élles n'ont que deux 
ou trois pouces de longueur en 
fortant de lœuf , Idem. Elles 
vent d’elles-mêmes à la mer , Zbid. 
Lorfqu'on a pris de petites tortues 


franches, on les renferme quelque- 


fois dans des efpèces de parcs où la 
haute mer peut parvenir, page 69. 
La tortue franche a [la cara- 
pace trop plate pour pouvoir fe 
remettre fur fes pattes, lorfqu'elle 
a été chayirée. Klle fait entendre 
alors une efpèce de gémifiement , 
page 71. Les tortues franches font 
quelquefois jetées par des accidens 
particuliers, vers de hautes lati- 
tudes, p. 87. Il paroït que , non- 
feulement elles peuvent y vivre, 
mais même y parvenir à tout leur 
développement , Idem. Ce n'eft que 
fur les rivages prefque déferts , 
qu'elles peuvent en liberté parvenir 
à tout l'accroiflement pour lequel 
la Nature les à fait naître, & jouiren 
paix de la longue vie à laquelle 
elles ont été deftinées, page 89. 
On devroit tâcher d'acclimater les 


Ovipares, Tome I. 


“DES MATIÈRES. 


tortues franches , fur toutesles côtes 
tempérées où elles pourroïient aller 
chercher dans les terres des endroits 
un peu fablonneux , & élevés au- 
deflus des plus hautes vagues, p.90. - 

Tortues grecques. Leur accou- 
plement, page 241. Tems de leur 
ponte, Idem. Leur groffeur, lortf- 
qu'elles éclofent, p. 242. Pays où 
on les trouve, 14. Il paroït qu'elles 
habitent l'Amérique feptentrionale, 


_ page 154: Leur grandeur dans les 


contrées tempérées de lEu- 
rope , eft bien au + deflous de 
celle qu'elles peuvent acquérir dans 
les régions chaudes de l'Inde, Id. 
Tout confirme la douceur de leurs 
habitudes, page 154. Dépouille de 
deux grandes tortues grecques con- 
{ervée au Cabinet du Roi, fdem. 
Tortue grecque dont les écailles 
étoient verdâtres, page 146. Grofle 
tête de tortue grecque , qui fait 
partie de la Collection du Roi, Id. 

Tortues Marines (les pieds des) 
reflemblent à des nageoires, p. 51. 
Leurs deux boucliers {e touchent 
dans une grande portion de leur 
circonférence , Idern. lles ne peu- 
vent retirer qu'à demi leur tête & 
leurs pattes Un. leur carapace, Id. 
Les écailles, qui recouvrent leur 
plaftron, forment quatre rangées, Id. 
Rapports des Tortues Marines avec 
les phoques , les lamantins , &ec. 
page 52. 

Tortues terreffres (les) de FAmé- 
rique Méridionale , font peut-être 
différentes de la grecque, p. 243. 
On les prend avec des chiens drefiés 
à les chafler, Idem. On les nourrit 


Nann 


650 TA EE 


dans des jardins où elles multiplient 
beaucoup , Idem. Leur chair eft 
d'aflez bon goût, Id. Les femelles 
s'accouplent quoiqu'elles n'aient ac- 
quis que la moitié de leur gran- 
deur ordinaire , page 264. 
Triangulaire. (Lézard ) Ses carac- 
tères diftinétifs , page 407. On le 
trouve en Égypte, Idem. | 
Trois-doigts. ( Salamandre ) Sa 
defcription, page 496. : 
Troupes. Dans tous les pays où 
Phomme n'eft pas en aflez grand 
nombre pour contraindre le croco- 
dile à vivre difperfé, cet animal va par 
troupes nombreufes , page 220. 
M. Adanfona vu fur la rivière du 
Sénégal, des crocodiles réunis au 
nombre de deux cents, Idem. L'at- 
troupement des crocodiles n’eft 
oint le réfultat d’un inftin@ heu- 
reux , Idem. Il eft cependant une 


nouveile preuve du peu de cruauté 


que l’on doit attribuer à cesanimaux, 
Idem. 

Tubercules placès audeflous des 
cuifles de lIguane , page 273. On 
compte quelquefois plus de vingt 
Tubercules , fur la face intérieure 
des cuifles du lézard gris, p. 300. 
Forme des Tubercules que lon 
voit fur la furface intérieure des 


cuilles du lézard vert, page 312. 


Tubercules qui {e trouvent au- 
defous des cuifles du lézard ga- 
lonné, page 334. 

Tupinambis. Contrées qu'il ha- 
bite , page 241. Sa defcription , 
page 253 © Jui. Ses habitudes, 
Page 253. On à cru qu'il avertifloit 
l'homme de la préfence du croco- 


dile , page 254. Sa chair eft fuc- 
culente, Îiem. 


Æ 


V’arrez ou Harpon. Manière de 
harponner Îes tortues franches , 
PAa£e 73: 

Venin. L'on ne peut regarder, 
comme venimeux,, qu'un très. petit 
nombre de Quadrupèdes ovipares, 
p.42. L'abondance des fucs mortels, 
paroît d'autant plus grande dans les 
êtres vivans , que leurs humeurs font 
moins échauflées , & que leur orga- 
nifation intérieure eft plus fimple, 
Îdermn. 

Vermillon ( la Tortue ) habite 
au Cap de Bonne - Hfpérance , 
page 166. Worm en a nourri une 
dans fon jardin, Id, Elle eft très- 
petite, Idem. Les écailles de fa 
carapace font agréablement variées 
de noir, de blanc, de pourpre, de 
verditre, & de jaune, Idem. Sur le 
fommet de la tête, s’éleve une pro- 
tubérance d’une couleur de Ver- 
millon, Idem. Il paroît qu'on doit 
lui appliquer ce que rapporte Kolb, 
de la tortue de terre du Cap, 
page 167. Il paroït qu'on rencontre 
la Tortue Vermillon dans la partie 
feptentrionale de l'Afrique, p. 168. 

Vert. ( Lézard ) Ses alimens, 
page 313. Sa manière d'attaquer, 
pag 314. I paroiït qu'il n’eft point 
venimeux , {derm. Endroits où on 
le trouve, page 314. Delcription 
d’une varièté de cette efpèce com- 
mune aux environs de Paris, p. 326. 
Defcription & habitudes d’un lézard 


_}g 


4 


DES MATIERES. 


d'Amérique quia de grand rapports 
avec le lézard vert, page 317 
Juivantes. Defcription d'un [ézard 
de Sardaigne qui a aufli beaucoup de 
rapports avec le vert ,page 320. 

Vert. ( Crapaud) Sa defcription, 
page 486. Ses liqueurs corrofives, 
Îdem. | 

Vertèbres. Les tortues ont huit 
Vertèbres du cou; les crocodiles 
en ont fept ; prefque tous les lézards 
n'en ont jamais au-deflus de quatre ; 
& tous les Quadrupèdes ovipares 
fans queue en font privés, p. 23. 

Voie. Les lézards , les gre- 
nouilles , les crapauds ni les raines 
n'ont pas de veflie proprement dite, 
page 14. Les tortues ont une très- 
grande Veflie, page 49. 

Veffies aëriennes. On peut juger 
par les Veflies aériennes que l’on 
voit nager fur les étangs , que le 
fond eft habité par des tortues 
bourbeufes, page 125. 

Veffies à air. Les mâles des gre- 
aouilles ont de chaque côté du cou, 


PRE 


F 


6ST 
des Veffies qu'ils peuvent gonfler à 
volonté, page £11. 

Voracité. 11 paroït que là vora- 
cité & la hardiefle des crocodiles 
augmentent, diminuent, & même 
pafient entièrement, fuivant le cli- 
mat, la taille, l'âge, l'état de ces 
animaux, la nature & fur-tout l'abon- 
dance de leurs alimens, Page 217. 
On ne doit pas penfer que la femelle 
du crocodile , conduit à Peau fes 
petits, lorfqu'ils font éclos, & que 
le mâle & la femelle dévorent ceux 
qui ne peuvent pas fe traîner, F4. 

Umbre. Defcription du lézard 
Umbre, p. 364. 


Z. 


L'or TORRIDE. On ne trouve 
la plupart des tortues de mer, les 
crocodiles & les autres grandes 
elpèces de Quadrupèdes ovipares , 
que près des Zones torrides, ou 
du moins à des latitudes peu éle- 
vées , tant dans l’ancien que dans 
le nouveau continent , page 22. 


DE L'IMPRIMERIE DES BATIMENS DU ROL 


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Les doigts très-inégaux, & alongés en forme 
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MesPÈcEs. [caracrèREs. 
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n feul ongle aigu aux pieds 
TORTUE FRANCHE. Un feul ongle aig P 


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AILLE- VERTE Des écaïlles ve 


+ NASICORN . Un tubercule élevé fur le 


Les écailles du difque LR 
cées au-deffus les unes des | 
autres, comme les ardoïfesiT. ROUGKATRE. {a Du jaune rougeâtre fur la 


La carapace de confiftance 
de cuir, & relevée par cinq 
arêtes longitudinales. 


FO CRC OON 


PREMIÈRE CLASS 


PREMIER GENRE. 
FORMES. 


Le corps couvert d'une carapace. 


ni DIVISION. 


Les doigts très-courts & prefque égaux. 


ESPÈCES ÎCARACTÈÉR ES. 


La carapace noire , les écail- 
T. BOURBEUSE. ! les ftriées dans {eur contour» 
& pointillées dans le centre. 


T RowWDzx.. | La carapree aplatie & ronde. 


Drouse aigus aux piedsËt px RAPÈNE.. 4 La carapace aplatie & ovale. 
] 


La queue auffi fungue que 
T. SERP&NTINE.{ la carapace qui paroit dé- 
coupée par derrière en cinq 
pointes aiguës. 


tête & fur le plaftron. 


La carapace relevée par 

trois arêtes Îongitudinales, 

T. SCORPION... les cinq écailles du milieu du 

difque très-alongées , le plaf- 
tron ovale. 


pets 


T. JAUNL.. À La carapace verte, Ti 
ë dé taches jaunes. 


: La carapace fouple & fans 
de EE écailles proprement dites. - 


È La carapace très-bombée, 
T. GALCQUE.. Lesbords très larges, les doigts 


recouverts par unè mem- 
brâne. 
Rerpenee 
Des rayons jaunes qui fe 
réuniffent fur chaque écaille, 
à un centre de la même co#- 
leur. 


T. GÉOMÉTRIQUE. : 


| 
] ——— 

Les écailles de la carapace 
blanchâtres & préfentant de 
très-petites bandes noirâtres, 
celles du milieu du difque 


relevées en arête, le plaftron 
ce jeton pardevans 


T. RASOYEUSE. 


T. WENTXLÉE. .2 forme de cœur, les bords de 
cette couverture très-den- 


telés. 


mt 


| 
La carapace très convexe, 
T. BOMBÉE... . les écailles verdâtres rayées 
de jaune, le AE RICOn ovale. 
Les écailles de 1 de la carapace | 


de pourpre, de verdâtre & 
de LS 


La carapace Pc etancres par- | 
T, COURTEQUEUEZ, À devant, les écailles de cette | 


& pointillées dans le milieu. 


T. CHAGRINÉE.S 


T. ROUSSATRES) La couleur roufâtre, fa 
carapace aplatie, les écailles 
1 minces. 


T. NoIRATRES La couleur brune-noïrâtre, 


| douces au toucher: 


PERS Tru date re ESA AS. 7. PTT JATTE : M ele 
ont vo nm rt rm etre 2 ares 


:DRAGONNE.:. 


NLARGr-DOIGTS. 


La carapace un peu en LD EL etes en zrêre, le deffus de a 


Ù 
T. rares de noir, de blanc, | 
) 


collverture bordées de firies À 


Le difque offeux & chagriné. | 


les écailles épaifles & très- 8 


FE}: DTIVES FO. 


de devant. 


CARAETÈRES. 


e 


ESPÈCES. 


Quatre doigts palmés aux 
pieds de derrière , la couleur 
EE vert His 


noire. 


Quatre doigts palmés aux 
GaAyIïial£. | 


pieds de derrière, les mà. 


choires très- étroites & très” L. PORT£Z-CRÊTE.. 


alongées, 


| GECURE 
Cinq doigts palmés aux 
À pieds de derrière. 


l Cinq doigts féparés aux 
{ pieds de derrière, des écailles 


fur la queue. 


« 


ua de très-petits grains 
“Aruberculeux, & non rele- 


Des doigts féparés à chaque 
pied, les “écailles ovales, en- 
TUPINAMBIS:. 
jee en forme de crête. 


Une arête, faillante ss 

deffus des yeux, des écailles 

Le SOURCILLEUX: * Leleyées en ne de crête, 
depuis fa tête jufqu’au bout 

de la queue. 


— 
Deux éminençces au-deffus 


TÊTE-FOURCHUE. . 1 
de Ja tête. 


ee 

Une membrâne fous Îe 
cou, lavant dernière articu- 
lation de chaque doigt plus 
large que les autres. 


Deux grandes taches noi 


L BIMACULÉ. A râtres fur les épaules. 


Deux firies fur Îe dos, {es 
côtés du corps pliffés & re 


RÉ ne 


queue relevé par une double 
faillie. 


TR AUTRE 2 a NN ut M TS 


DIT VISIO N. 


La queue aplatie, cinq doigts aux pieds {La queue ronde, cinq doigts à chaque pied, & desiL 
écailles élevées fur le dos en forme de crête. 


Une poche fous le cou, 
des écailles relevées en forme 
de crête fous la gorge, & de- 
puis Ja tête jufqu” au bout de RIT 


Une poche fur a tête. 
relevéæelCoORDYLE...... 


Une membrâne très- 
& une forte de crête écail- 
leufe au-deffus de {a queue. 


Des écailles relevées au-ÎL. HEXAGONE.: 
deffous des ouvertures des 
oreilles, & depuis la tête 
jufqu’au milieu du dos; lel À 11 & 1 va 


(écris des HU noir. 
elevées en forme de crête 


Des ta relevées ent 
forme de crête au-deflus de IL. LION 
la partie antérieure du dos, 
celles qui garnifient{e derrière 
de Ja tête tournées vers le 


AG AMB 5 000 ve 


AL GALONNÉ.... 


k 
; 
! à 


ELLE DEV ÉSTON. 


devant, des bandes écailleufes fous le ventre. 


Î 
PRG EREINSEET Er { La couleur grife, de grandes 


plaques fous | le cou. 


La couleur verte, de gran 
des plaques fous le cou. 


see. 


longues écailles terminées enlp \z ur f. 
épines alongées, & qui for- 
Er des anneaux larges & 


Fine 


arêtes trèés-vives. 


cou. 


I 
f Troïs raies blanches & 
Te ne R ré raies noires de chaque 


ôté du dos. 


blanc. 


ee 


Nota. Nous n'avons pas vu 1 
famons qu'il a des bandes écaill 
n’en avoit point » il faudroi 
divifion, après le Téguixin, 


’hexagone , nous pré- 
eufes fiur le ventre. Péri 


) 
) 
[ir a queue garnie de très- 


: La queue préfentant fix 


La couleur gvife ou verte, 
e ... is grandes écailles fous le 


Depuis fepç jufqu’à onzel LGIRE. 
bandes blanchâtres furle dos, 
les cuiffes mouchetées de 


t Le placer deas la quatrième 


RTE TT ACTA + RAR ASS SONY LIRE AE AG LS OUEN 20 KIA TETE 
DSL PTE NA po ARR 22 Re € Mb nt à ae Me ln act 0 at ART entier Es s 3 


SECOND GENRE 
L'EtZe RDS 


Le corps fans carapace. 


ENV, DEV TS Fox. 


devant, fans bandes écailleufes fous le ventre. 


ssrèces| [camacrères ESPÈCES. jearacrenrs ESPICES|CARACTÈRES 


Les doiots réunis trois à 
trois, & deux à deux par 
une membrâne. 


CAMÉLÉON.. 


Pt 


Cinq raies jaunâtres fur le 
dos, la queue bleue. 


QUEUE-BLLUE. 


Des écailles pointues, le 
dos bleu. 


La eouleur orfe , mrquée 
à de points roufsâtres, des ver- 
rues fur le corps. 

Une callofité fur Pocciput, 
un pli fous la gueule. 


GRISON.. 


LS 
E 
L:] 
"1 
wi 


mn AN nn, — em 


a 

Deux plis fous la gueule, 
deux verrues garnies de 
pointes derrière les ouvertu- 
res des oreilles. 


(on 
“ 
te 
+ 
(2) 
æ 
E 


ne 
Quatre raies jaunes fur le 
dos. 


Tout le corps garni de 
tutercules aigus , la queue 
coaverte d’anneaux dentelés 


S T E L L I O N. 


Tout le corps garni d’é- 
cailles qui fe recouvrent 
comme les ardoifes des toits. 
la mâchoire fupérieure plus 
avancée que l’inférieure. 


CINQUE. 


Tout le corps garni d’é- 
caïlles qui fe recouvrent 
comme les ardoifes des toits, 
la mâchoire inférieure auffi 
avancée que la fupérieure, 
la queue plus courte que le 
corps. 


MABOUYA.. 


—— ln SE PEL OR AMIE PRE RE CURE 


Tout le corps garni d’é- 
caïlles qui fe recouvrent 
L Don É....) comme les ardoifes des toits, 
une raie blanchâtre de chaque 
côté du dos, la queue plus 
longue que le Corps... 


Le corps arrondi & garni 


LAPS re 
Le ET de pointes aiguës. 


SHRIEÉ Te tête, cinq raies Jaunes fur 


1 
f 
{ Six raies jaunes fur fa 
Fe corps. 


la gorge, le deflus des ongles 
noir, la queue relevée par 
aps arêtes + longitudinales. 


L. MARBRÉ. 


La couleur EX feuille morte, 
marquée de taches jaunes & 
noirâtres, une petite mem- 
brâne de chaque côté de 
l’extrémité des doigts. 


Des écailles relevées en 
forme de petites dents fous 
RSOSON TEE | 


La couleur verte, une véfi- 
ROUGI-GORGE.! cule rouge fous [a fous Ja gorge. 


brun , une poche couverte 
de petits grains rougeâtres 
fous a gorge. 


Ù La couleur eur grife mêlée de 
L. GOITREUX. À 


Plufieurs plis le fong des 
côtés du corps. 


Re 
L’extrêmité de la queue en 
forme de pyramide à trois 
faces. 


TÉGUIXIN. 


L. TRIANGULAIRE 


DOUBLE-RAIE.! & fix rangées de points noi- 


râtres fur le dos. 


De petites plaques écail- 


leufes au bout des doigts. 


| 
f 
| 
Deux raies d’un jaune fale, 
| 
SPUTATEUR. { 


eee rmenéemne— |R 


Nota, Comme en n'avons pas vu la queue bleue, 
Pazuré ; le grifon, l'umbre, ni le pliflé, nous pouvons 
feulement préfumer, après ‘les defcriptions des Auteurs, 
aa ces cinq lézards n'ont point de bandes écailleufes 
ur le Ventre, S'ils en avient, il faudroit les placer 
dans la troifèmç divifon , à la fuite du galonné, 


RSR UT en era 


= ASE 2 RE AIDE RE CET 


DIVISION. 


a queue ronde, cinq doigts aux pieds delLa queue ronde, cinq doigts aux pieds delLes doigts garnis pardeflous de grandes écailles|T rois doigts aux pieds de devant & aux pieds 
_qui fe recouvrent comme les ardoifes des toits. 


DIT VES TON DIVISION. 
Trois ou quatre doigts aux pieds de devant, quatre 
ou cinq doigts aux pieds de derrière. 


DE VIT S RON 


Des membrânes en forme d'ailes. 


or 


| 


ESPÈCES. jonmacrèss EH SP EC. ES. 


ESrÈCEs CaRACTÈRES. 


ESPÈCES. jearacrères 
mo 
| 


ESPÈCES, pr 


Re en 


Des tubercules fous Îes 
cuiffes, de trés-petites écailles 
difpofées fur fa queue e 
bandes circulaires. 


Les écailles placées les 


La queue ronde, des taches 
unes au-deffus des autres. 


ne marquées de points 


Trois poches alongées &ls, LAMANDR : 


.GRENOUILLE 
pointues fous la gorge. 


DRAGON. | 
COMMUNE: 


TERRESTRE. 


EE CRT EE Les écailles difpofées en 


ÉRRIE 


a queue garnie pardeffus | 
ei d’une mem- 
ae verticale. 


Le deffous des cuiffes fans Îs. à QUEUE PLATL. 


Le deffous du corps & de 
la tête très aplatis, la queue 
garnie des deux côtés, d’une 


$. PONGTUÉEZ..)] Deux me se points blancs 


 G. PLUVIALL---] Je deffous de fa partie pofté- 


) 
QuaTRERAIES{ Re ER jaunes fur fe | 


De grandes écailles & des |} RER 


SARROUBÉ ongles “recourbés au - deflous | 


Trois doigts aux pieds de PC: BORDÉE."-.. 


ÎTRots- -DOYG TS. devant, quatre doigts aux || 


pieds de derrière. | G. RÉTICULAIRE.. 


PATTE-D’OIE... 


_ ÉPAULE ARMÉE. 


G. MUGISSANTE. 


(l 


_G: PERLÉE....e. [reitss grains rougeâtres fur le 


, Les cuiffes ftriées obli- 
À 


SECONDE CLASSE, 


Quadrupèdes ovipares qui mont point de queue. 


PREMIER GENRE. SECOND GENRE. | TROISIÈME GENRE. 
GRENOUILLES. RAINES. CR AP 


. La tête & le corps alongés, l'un ou fautre Le corps alongé, des pelottes vifqueufes | 
anguleux. fous les doigts. Le corps ramaflé & arrondi. 


CARACTÈRES|ESPÈCES [CARACTÈRES] ESPÈCES. 


RE 
| 


La couleur verte, trois Le dos vert, deux raies 
raies jaunes le long du dos ÎRAïINE VERTE jaunes bordées de violet, & U D . 
Le: deuxextérieuresfaillantes.| 0 comMunNE. À di s'étendent depuis le nue 

[ feau jufqu” aux pieds de der- | 

La couleur rouffe, une rière. Dre 
tache noire de chaque côté, | co. 
entre les yeux & les pattesiR. BOSSU E..... -{ une boffe fur le dos. | 
de devant. 


| La couleur brune, des' Le ON-VERT. { 
{ Des verrues fur le corps, [R+ BRUNE--.....: {rubereules fous es fous les pieds. | 
euné dei | La couleur blanch 
oints. a couleur blanche \ 
| ED ae BR. COULEUR] bleuâtre-pâle, des bandes C. BRUN........ 
La couleur noire, le deffus DE LAIT. es fur le bas-ventre. 
du corps hériffé de points 
faillans, un pli tranfverfaliR, rLUTEUSE. : Des taches rouges fur le | 
fous le cou. dos. À 
| | CALAMITE...,. 
Une bordure de chaque La a ee jaune, le plus 
{ côté du corps. , fouvent un file de point roux; 
fl ÎR. oRANGÉE.. de chaque côté du dos qui! | 
Le deffus du corps veiné,ÿ ‘ eft quelquefois panaché de ©, c o uLEuRr 
Îles doigts féparés. rouge. DE _ U. { 
j Les doigts de chaque pied La Se rouge, quel- | 
j réunis par une membrâne. Î[R. ROUGE...... au deux raies jaunes le 
a long du dos. 
Un bouclier charnu fur 


chaque épaule, quatre gros 
boutons à la partie poftérieure 
du corps. 


| 


f Des tubercules fous toutes 
les phalanges des doigts. 


É ta tête triangulaire , de 


La couleur verdâtre mou- 
Prpa. cote seen 


quement par derrière, 


Quatre ou cinq lignes lon- 
oitudinales & relevées fur le 
dos, 


C CORNU...... 


< 


AGUAe-rontessetes 


CARACTÈRE S.) 


rein, au-deflus de chaque ÿ 
oreille, 


d’épines fur les doigts, des 


C. Re 
Lait far le dos. 


gorge, les deux doigts exté-| 
rieurs des pieds de devant 
réunis, 


{ | 
CROIS SUR. ree _ 


C. GOITREUX.. | 


pâle & dentelée fur le dos À 
qui eft convexe en forme de Ÿ 
bofe, à 


plate, les yeux très-petits & 
trés-diftans l’un de Pautre. 


( 
Ris relevées en forme dei 
pete Ride 
ef js & prefque couleur: 

LE feu. 


£. marrasf 
| 


AUD 5: 


Un tubercule en forme deë 


Des taches vertes bordées ? 


de noir, & réunies plufieurs à 
enfemble. 


Des lignes vertes en forme : 


de rayons. Ï 


La peau life, de grandes ‘| 


taches brunes, un fiux- ongle à 
fous Ja plante des pieds de 
derrière. 


| 


Trois raies jaunes ou rou- à 


geâtres Île long du dos, deux : 
faux. ongles fous chaque pied j 
de devant. 


Le dos d’une couleur oli-! 


vâtre très-foncée, & tachetée. 
de noir. 


Des tubercules en forme 


Un gonflement fous la 


Une bande longitudinale à 


La tête très- re & très- 1 


Les paupières fupérieures : 


Le dos gris, femé de taches 


Le dos marbré de rouge & : 


de jaune cendré, le ventre 4 
jaune moucheté de noir. 


Le dos moucheté de brun, à 


€. CRIARD.... -4{es épaules relevées & très-} 


por ufes, cinq doigts à cha: è 
Es pied. î 


{ 


j 3 
y 
4 
x 
Si 
+" 


VZ SHARE GE 4 SAS 


REPTILES BIPÈDES. 


PR ENTAREE A 


D'I V:I SEON DIVISION. 


Deux pieds de devant. Deux pieds de derrière. 


lEsPÈCEs. [CARACTÈRES | Espèces. |cARACTÈRES. ll 


Des demi-anneaux 
fur le corps & fur le 
IBIPÈDE CANNELÉ. Ÿ 


Un filon lonoitudinal | 4. 
de chaque côté du is 
corps, les trous auditifs if 
aiez grands, fa queue |} 
au moins auffi longue |} 


ntiers fur fa queue SHELTOPUSIK. 


qui eft très-courte.